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Full text of "Mémoires de la Société archéologique du midi de la France, Volume 9"

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Mémoires  de  la  Société 
archéologique  du  midi  de  la  France 

Société  archéologique  du  Midi  de  la  France 


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MÉMOIRES 


DB  LA 


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SOCIETE  ARGHEOLOGIQUE 

DU  MIDI  .DE  LÀ  FRANGE. 


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TOULOUSE,  IMPRIÌIERIE  DE  A.  CHAUVIN  ET  FILS,  RUE  MIREPOIX,  3. 


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MÉMOIRES 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 


DU  MIDI  DE  LA  FRANGE, 


Reconnue  ótablissement  d'utilitó  publique  par  dóoret  du 
10  novembre  1850. 


TOME  IX. 
Axméem  ISBB  à  18Y1. 


PARIS,     . 

YIGTOR  DIDRON,  LlBRAlRE-ÉD]TEURt 

(LIBHAlhlB  ARCHtOLOGIOOE  ) 

13,rueHautef60iUe. 


TOULOUSB» 

AUI  ARCHIVES  DE  LA  S0GI£TÉ, 
Place  Saint-Semin,  7. 


1872 


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HARVARD  COLLEGE  LIBRARY 
INGRAHAM  FUND 


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SOGIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 


DU  MIDI  DE  LA  FRANGE. 


USTE  DES  FONDATEURS  DE  LA  SOGIÉTE 

TKLUE  QITELLK  EST  CONSIGNÉB  DAN8  LE  PROCÉS-VEREAL  DE  U  SÉANCE  DE  SON  INSTITimON 

DU  t  JUIN  1681. 


MM. 

Le  marquis  de  CASTELLANE,  presidente 

Le  comte  Boni  de  CASTELLANE, 

Le  marquis  de  RESSÉGUIER  , 

L'abbé  JAMES,  chanoine  de  la  métropole , 

Du  MÉGE,  ancien  ofBcier  du  genie  militaire , 

Bruno  de  BASTOULH,  conseiller  à  la  Cour, 

Auguste  d'ALDÉGUIER,  conseiller  à  la  Cour, 

DUPUTy  colonel  d'état-iQajor  en  retraite , 

DUBARRT,  lieutenant-colonel  en  retraite , 

SAUYAGE,  professeur  de  littérature  latine  à  la  Faculté, 

BELHOHHE,  homme  de  lettres, 

De  LAVERGNE,  homme  de  lettres, 

Leon  DUCOS,  négociant,  jage  au  Tribunal  de  commerce, 

SOULAGES  fils,  antiquaire. 


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VI  — 


TABLEAU 

DBS 

MEMBRES  QUI  CONSTITUENT  LA  SOCIÈTÉ 

AU  31  MARS  i872. 


lEltiltiBSAtJ. 


MM.    < 
L'abbé  CARRIÈRE,  préMent, 
Adolphe  de  CLAUSADE,  directeur. 
Edw.  BARRY,  secrétaire  general. 
E.  CARTAILHAC,  secrétaire-adjoint. 
E.  TRUTAT,  archiviste. 
Ed.  GIAAMBERT,  trésarier. 


BIEBIBRES    HOIVORAIRB». 


MM« 


Le  baron  TAYLOR,  membre  de  l'iDstitut,  à  Paris. 

De  CAUMONT,  fondateur  et  directeur  de  Tlnstìtut  des  provinces 

*  et  de  la  Société  frangaise  d'archeologie,  à  Caen. 

Mi^  BAILLÉS,  ancien  évèque  de  LuQon,  à  Rome. 

Myr  GOUSSEAU. 

G.  HA6EMANS. 

Mk-  X.  BARBIER  de  MONTAULT. 

Le  comte  J.  GOZZADINI,  sénateur  duroyaume  d'Italie,  présidentdu 

Congrès  international  d'anthropologie  et  d'archeologie  préhis- 

torìque,  session  de  Bologne,  1871. 
J.  CAPELLINI,  recteur  de  l'aniversité  de  Bologne^  secrétaire  gè* 

néral  du  Congrès  international  d'anthropologie  et  d'archeologie 

prélilslorique,  1871. 
N... 
N... 


Date  de  lentiominatioa. 

i«'  octobre  ISSI . 

8  décembre  183^. 
10  décembre  i851. 
28  avrii  1868. 
7  juillet  1868. 
19  décembre  1871  « 


9  janvier  1872. 


9  janfìer  1872. 


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—    VII 


BIEMBRBS  RilSIDAIVTS. 


MM. 


SAUVA6E,  i^y  fondateur,  doyen  honorairede  la  Faeulté  desléttres. 
D'ANDRÉ  DE  SERVOLLES ,  ancien  protiseur  du  lycée ,  ancien 

ìnspecteur  d'académie. 
Edmond  CHAMBERT,  architecte  diocésain. 
Vicomte  G.  de  JUILLAC,  anoien  oapitaine  de  cavalerie. 
MAacEL  DUBOR,  ancien  magistrat. 
Comte  F.   db  RESSÉGUIER,  secrétaire  perpétnel  de  Facadéinie 

des  jeux  Fioraux. 
Adolphe  de  CLAUSADE. 
L.  BUNEL,  avocat. 
V.  FONS,  *,  ancien  magietrat. 
Clément  COMPAYRE. 

Edward  BARRY^  ^  ,  professeur  à  la  Faeulté  des  lettres. 
Abbé  CARRIÈRE. 

DESBARREAUX-BERNARD,  ^,  docteur  en  médecine.. 
BÉ6UÉ,  docteur  en  médecine»  inspecteur  des  enfants  assistés. 
Comte  de  SAMBUCYLUZENgON. 
Ernest  ROSCHACH,  conservateur  du  Musée  des  antiques. 
CAUSSÉ,  conseiller  à  la  Cour  d'appel. 
Abbé  MASSOL,  chanoine. 
De  CROZANTBRIDIER,  directeur  d'assurances. 
ARMIEUX,  ^,  médeein  principal  à  Fhòpital  militaire. 
D'HUGUES,  ^,  professeur  à  la  Faeulté  des  lettres. 
E.  TRUTAT  ,  conservateur  du  Musée  d*histoire  natnrelle. 
Antoiiiè  DU  BOURG. 
E.  CARTAILHAC,  «,  directeur  de  laRevue  Hatérianx  pour  This- 

toire  de  Thomme. 
Comte  V.  d'ADHÉMAR. 
Comte  R.  de  TOULODSE-LAUTREC. 
Achille  JANOT,  «,  docteur  en  médecine. 
D>'  NOULET,  ^,  professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  directeur  du 

Musée  d'histoire  naturelle. 
L.  de  MALAFOSSE. 
JEAN-FAANgOI8  BLADÉ. 
CHALANDE. 

Comte  L.  ds  NEUVILLE. 
PESSEMESSE. 


Date  de  lenr  DoninatioB. 

2  juinl831. 

il  juin  1881. 
i  juin  1836. 

7  mars  1846. 

16  aoùt  1850. 

À  févrìer  1852. 

14  juillet  1852. 

13  décembre  1854. 

21  mai  1856. 

9  février  1859. 
9  février  1859. 
28  juillet  1860. 

17  mars  1863. 
24  mars  1863. 
24  mars  1868. 

8  mars  1864. 
^2  aoùt  1864. 

8  janvier  1865. 
1«'  mai  1866. 

26  décembre  1866. 
19  février  1867. 
19  février  1867. 

26  février  1867. 
26  février  1867. 

9  avril  1867. 
30  avril  1867. 

18  février  1868. 
18  février  1868. 
28  décembre  1869. 

15  mars  1870. 

22  mars  1870. 
11  avril  1871. 


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•—▼•II  — 


MH. 

LAPÈNE  pére,  ayocat  à  Saint-Gaudens. 

Le  Ticomte  de  GOURGUES,  au  chàteau  de  Lanquaìs  (Dordogne). 

DULAURIER,  membre  de  riastitut,  professeur  au  Collège  de 

Franco,  à  Paris,  ancien  membre  résidant. 
De  QUàTREFàGES,  membre  de  rinstiiut ,  professeur  au  Moséum 

d'histoire  naturelle,  à  Paris,  ancien  membre  résidant. 
HiPPOLYTE  CROZES,  président  du  Tribunal  civil,  à  Albi. 
Ern .  BRETON,  membre  de  rinstitut,  à  Paris. 
Adolphe  RICARDy  secrétaire  general  de  la  Société  archéologique, 

à  Montpellier. 
Cesar  DALY,  architecte  à  Paris. 
Comte  de  FOUCAULT,  au  chàteau  de  Braconac  (Tarn). 
6ASCLE  DE  LAGRÉSE,  conseiller  à  la  Cour  de  Pau. 
Chevalier  GRIFI,  secrétaire  general,  à  Rome. 
EuG.  d'AURIAC,  à  la  Bibliothéque  natìonale,  à  Paris. 
L.  deLAVERGNE,  membre  deTInstitut,  à  Paris,  ancien  m.  résidant. 
Abbé  CANÉTO,  grand-yicaire,  à  Auch. 
Abbé  GUILLAUME,  à  Nancy. 
MOREL,  avocat  à  Saint-Gaudens. 
Vicomte  DUFAUR  de  PIBRAC,  à  Orìéans. 
JOUGLAR,  notaire  à  Bouillac  (Tarn-et-Garonne). 
Due  de  LÉVIS-MIREPOIX,  au  chàteau  de  Léran  (Arìége). 
DEVALS  alné,  archiviste  du  département,  à  Montauban. 
DOM-BERNARD,  juge  de  paix  à  Montauban. 
Marquis  de  SAINT-GENIÉS,  au  chàteau  deTErmitage,  près  Béziers. 
E.  ROSSIGNOL,  à  Montans,  près  Gaillac  (Tarn). 
J.  GARNIER,  archiviste  à  Amiens. 
Abbé  CORBLET,  directeur  de  VArt  chrétìen,  à  Amiens. 
P.  GOUARAZE  DE  LAA,  professeur  au  lycée  d'Albi. 
Abbé  HUREL,  chapelain  à  Paris. 

L.  DE  COMBETTES-L  ABOUREUE,  au  chàteau  deLabourelie  (Tarn) . 
H.  SCHUERMANS,  conseiller,  àLiége. 
BaronEn.  de  RIVIÉRES,  au  chàteau  deRivières,  près  Gaillac. 
Gabriel  BONNELS,  avocat  à  Narbonne. 
GURIE-SEIHBRES,  ancien  sous-préfet,  à  Trie-sur-Balse. 
Chevalier  da  SILVA,  architecte  à  Lisbonne. 
DUCOS  (FLOREiTTiK),à  Cugneaux  (H.-G.),  ancien  membre  résidant. 


Dita  d«  le«r  aominitiM. 

15  oclobre  1881. 
5juilleti834. 

9  janvier  1S36. 

23  novembre  i840. 
23  janvier  1841. 

20  mars  1841. 

19  Janvier  1845. 
19  juillet  1845. 

28  février  1846. 
18  février  1846. 
8  juillet  1848. 

16  aoùt  1850. 

4  février  1852. 

5  mai  1852. 

4  janvier  1854. 
18  janvier  1854. 

10  janvier  1855. 
16  a?ril  1856. 

21  janvier  1857. 
8  avril  1857. 

16  novembre  1859. 
7  décembre  1857. 
30  mai  1860. 

29  janvier  1861. 
2  jailletl861. 

2  juillet  1861. 

3  juin  1862. 

18  février  1868. 
7  juillet  1868. 
25  juin  1868. 

28  décembre  1869. 

3  juillet  1870. 

19  décembre  1871. 

4  février  1872. 


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—  a  — 


i4a  tov  DMBinatioo. 


PAGÉS  (Fbrnàiid),  à  Bannière,  par  Verfeil  (Tarn),  ancien  membro 

résidant.  -  4  féyrier  1872. 

PIFTEAU  (Irénée),  à  Drémil-Lafage,  ancien  membre  résidant  4  février  1872. 

General  de  CHANAL,  me  de  la  Michodière,  23,  à  Paris,     id.  4  fémer  1872. 

6ANTIER  (Antoine),  au  chàteau  de  Picayne,  près  Gazères.  20  février  1872. 

CABIÉ  (Edmond),  à  Roqueserrière  (Haute-Garonne).  15  mars  1872. 


Dan»  le  coiir»  de»  «nnée*  Ì94MI  A  19Tt^  Ui  Sodété  m  perda  • 

FARMI  LE8  MEMBRES  RÉSIDANT8   : 

MM. 

Le  marquis  de  SAINT-FELIX  MAUREMONT. 

FOURNALÈS,  chimrgien. 

Auguste  d'ALDÉGUIER,  conseiller  à  la  Gour,  président  de  la  Società. 

Le  doetenr  BESSifMS. 

De  MARCELIER  DE  GAUJAG. 

Le  ¥Ìcomte  db  LAPASSE,  secrétaire  general  de  la  Société. 

Le  président  GAZE,  directeor  de  la  Société. 

JULIA,  peintre. 

Le  baron  Du  PÉRIER,  président  de  la  Société. 

Le  marqnis  de  RESSÉGUIER. 

FARMI  LE3  MEMBRES  H0N0RAIRE8   : 

MM. 

A.  LE  PRÉVOST. 
CHAMPOLUON-FIGEAG. 
Ficomte  DE  KERGKHOVE-VARENS. 

FARMI  LE3  MEMBRES  G0RRESP0NDANT8   : 

MM. 

Le  vicomte  Eugène  db  KERCKHOVE-VARENS. 

EuGÉNE  GENS. 

Don  JoAQUiif-MARU  ROVER  de  ROSELLO. 

A.  SCHUEPKENS. 

L  de  GUYPER. 

Docteur  OURGAUD. 

LAMI  de  NOZAN. 

LedoctenrBUZAIRIES. 


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-*  K  — 


TABLEAU  DES  SOCIETÉS  SAVANTESi 

À?EC  LESQUELLE8  LA  SOGIÉTÉ  AHCHÉOLOGIQUE  DU  MIDI  DE  LA  FRANGE  GORRESPOND. 


1.  A6EN  (Société  d'agrìculture,  sciences  et  arts  d').  —  Lot-et-Garonne. 

2.  ALAIS  (Société  scientifique  et  lìttéraire  d')«  — -  Gard. 

3.  ALPES-MARITIMES/Société  de^  lettres,  scieiices  et  arts  de  Nice. 

4.  AVEYRON  (Société  de  lettres,  sciences  et  arts  de  T),  à  Rodez. 

5.  BAYEUX  (Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de).  —  Calvados. 

6.  BEL6IQUE  (Académie  arcbéologiquede),  à  Anvers. 

7.  BEL6IQUE.  Société  d'émulation^àLiége. 

8.  BÉZIERS  (Société  archéologique  de).  —  Hérault. 

9.  BOULOGNE-SUR-HER  (Société  académique  de). 

10.  CANNES  (Société  des  sciences  naturelles,  des  lettres  et  des  arts  de). 

11.  CARCASSONNE  (Société  archéologique  de).  —  Aude. 

12.  CASTRES  (Société  littéraìre  et  scientifique  de).  ~  Tarn. 

13.  CHALON-SUR-SAONE  (Société  archéologique  de). 

14.  CHARENTE  (Société  archéologique  de  la).  Angoulème. 

15.  CHATEAU-THIERRY  (Société  historique  et  archéologique  de).. 

16.  COTE-D'OR  (Commission  des  antiquités  de  la),  à  Dijon. 

17.  CREUSE  (Société  des  sciences  naturelles^et  archéologiques  de  la),  à  Guéret. 

18.  DEUX-SÈVRES  (Société  de  statistique  des),  à  Niort. 

19.  DRAGUIGNAN  (Société  d'études  archéologiques  de).  —  Var. 

20.  GARD  (Académie  du),  à  Ntmes. 

21.  GERS  {Reme  de  Gascogne)^  à  Auch. 

22.  GIRONDE  (Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  de  la),  à  Bordeaux. 

23.  GIRONDE  (Commission  des  monuments  historiques  de  la),  à  Bordeaux. 

24.  INVESTIGATEUR  (Commission  de  Y),  journal  de  Tlnstitut  des  provinces,  à  Paris. 

25.  LILLE  (Société  des  sciences,  d'agrìculture  et  des  arts  de).  —  Nord. 

26.  LIHOUSIN  (Société  archéologique  du),  à  Limoges. 

27.  LISBONNE  (Academia  real  das  sciencias  de  Lisboa).  —  Portugal. 

28.  LORRAINE  (Société  archéologique  de  la),  à  Nancy.  —  Neurthe. 

29.  MACON  (Académie  de).—  Sadne-et-Loire. 

30.  MARNE  (Société  d'agrìculture  de  la),  à  Chalons. 

31.  MARSEILLE  (Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de). 


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—  XI  — 

32.  MARSEILLE  (Société  de  statislique  de). 

33.  MAYENNE  (Société  d'archeologie,  scienceset  arts  de  la). 

34.  METZ  (Académie  de).  —  Moselle. 

35.  HONTAUBAN  (Société  archéologique  de).  —  Tarn-et-Garonne. 

36.  MONTPELLIER  (Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de).  —  Hérault. 

37.  MONTPELLIER  (Société  archéologique  de).  —  Hérault. 

38.  MORBIHaN  (Société  polymathique  du),  à  Vaunes. 

39.  MORINIE  (Société  des  autiquaires  de  la),  à  Saint-Omèr. 

40.  NARBONNE  (Commission  archéologique  de).  — Aude. 

41.  NORD  (Société  des  sciences,  d'agriculture  et  des  arts  du),  à  Douai. 

42.  NORHANDIE  (Société  des  antiquaires  de),  àCaen. 

43.  NUMISMATIQUE  ET  D'ARCHEOLOGIE  (Société  fran^aise  de),  à  Paris. 

44.  OISE  (Société  académique  d'archeologie,  scieuces  et  arts  de  1'),  à  Beauvàis. 

45.  ORLÉANAIS  (Société  archéologique  de  1'),  à  Orléans.  —  Loiret. 

46.  GUEST  (Société  des  antiquaires  de  1'),  àPoitiers.  —  Vienne. 

47.  PARIS  (Société  des  antiquaires  de  France). 

48.  PARIS.  Société  philotechnique. 

49.  PICARDIE  (Société  des  antiquaires  de),  à  Amiens.  —  Somme. 

50.  PYRÉNÉES-BASSES  (Société  des  sciences,  lettres  et  arts  des),  à  Pdu. 

51 .  PYRlÉÉES-ORIENTALES  (Société agricole,  scientifiqueet littérairedes), àPerpignao. 

52.  RAMBOUILLET  (Société  archéologique  de).  —  Seine-et-Oise. 

53.  REIMS  (Académie  de).  —  Marne. 

54.  RHONE  (Société  littéraire  du),  à  Lyon. 

55.  SAONE-ET-LOIRE  (Société  Eduenne),  à  Autun. 

56.  SEINE-ET-MARNE  (Société  d'archéologie.de),  à  Melun. 

57.  SENLIS  (Cernite  archéologique  de). 

.  58.  SENS  (Société  archéologique  de).  —  Yonne. 

59.  SOCIÉTÉS  SAVANTES  {Revue  des)  à  Paris. . 

60.  SA1NT-PÉTERSB0UR6  (Commission  imperiale  archéologique  de).  — Russie. 

61.  TOULOUSE  (Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belles-lettres  de). 

62.  TOULOUSE  (Académie  des  jeux  Floraux  de). 

63.  TOULOUSE  (Société  de  médecine,  de  chirurgie  et  de  pharmacie  de). 

64.  TOULOUSE  {Journal  d'agricuUure  pratique  du  midi  de  la  France,  à). 

65.  TOURAINE  (Société  archéologique  de  la),  à  Tours.  —  Indro- et-Xoire. 

66.  VAR  (Société  des  sciences  du),  à  Toulon. 

67.  VENDÉE  (Société  d'émulation  de  la),  à  Napoléon-Vendée. 

68.  YONNE  (Société  centrale  de  1*),  à  Auxerre. 


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ÉLOGE 


D£ 


M.   AUGUSTE  D'ALDÉGUIER, 

Par  IH.  C^m^E,  Président, 

Li\i  à.  la.  Béanoe  de  rentrée  du  20  novemlDre  1866  (1). 


Messieurs  , 

Le  titre  que  je  tiens  de  vos  suffrages  m'aurait  procure  rhonneur , 
comme  aussi  le  triste  privìlége,.  de  consacrer  a  un  pieux  et  douloureux 
hommage  les  premières  paroles  proDOUcées  dans  Feuceiute  de  dos  réo- 
nions  ,  à  la  reprise  de  nos  travaux. 

Souffrez  qu'une  abseuce,  ìndépeudante  de  ma  volonté,  uè  m'eulève  pas 
le  droit  d'étre  Tinterprèle  de  vos  sentimenls  et  Técho  fldèle  de  vos  coeurs. 

Je  veux,  en  m'assocìant  a  vos  regrets,  étre,  par  la  pensée»  au  milieu  de 
vous,  lorsque  vos  regards  attristés  se  porleront  sur  ce  siége  voile  de  deuil, 
où  chaque  année,  a  pareille  epoque,  unevoix  émue  faisait  entendre  detoa- 
chantes  paroles  sur  ceux  de  nos  confrères  que  la  mort  nous  avait  ravìs* 

C'est  donc  notre  vènere  président  qui  nous  manque  aujourd'hui. 

Quel  est  celui  d'entre  nous  qui ,  s'associant  aux  douleurs  de  sa  famille  > 
n'a  pas  reporté  son  esprit  sur  notre  .compagnie  et  mesuré  Fétendue  de 
laperte  qu'elle  a  faite  ? 

M.  Auguste  d'Aldéguier  n'était  pas  seulement  le  président  de  notre 


(4)  Gette  allocution  a  été  transente  9ur  le  registre  des  délibérations ,  à  la  suite  du  procès- 
yerbal  de  la  séance  du  20  novembre  4866. 

4 


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Société  par  le  choix  libre  etsympatbique  de  ses  coDfrères  :  il  en  était  Tami 
dévoué  :  il  eo  était  pour  alasi  dire  la  persoDoification  yivante. 

loitié  aux  pensées  les  plus  inlimes  de  sod  principal  fondateur,  de  regret- 
table  mèmoire,  il  fut  Tun  de  ceux  qui  concoururent,  par  de  persévérants 
efforts ,  a  doler  uotre  ville  d'une  institutiou  qui  répoudait  aux  besoius  im- 
périeux  d'étudier  et  de  coDDailre  les  choses  du  passe. 

Ce  n'est  pas  que  la  scieuce  archèologique  ne  comptàt  de  dignes  et 
savanls  inlerprètes;  mais  il  fallali  concentrar  les  forces,  organiser  les  tra- 
vaux,  imprimer  une  direction  harmonieuse  aux  labeurs  individuels.  Dans 
ces  conditions,  la  Sociélé  nouvelle  pouvail,  avec  quelque  conflance,  se  pro- 
poser  pour  bui  de  rechercher  et  de  recueillir  d'abondanls  malériaux  pour 
rhisloire  de  l'art ,  dans  nolre  vieille  cilé  et  dans  le  pays  où  elle  élend  un 
rayonnement  d'influence;  de  poursuivre  ses  invesligations  sous  des  ruines 
et  dans  lapoussière  des  arcbives;  de  dérober,  par  des  fouilles  intelligentes, 
à  la  terre,  (;ui  les  recélail  depuis  des  siècles,  de  précieux  produits  de  la 
staluaire  antique,  des  fragments  de /la  sculpture  architecturale  ;  d'offrir  le 
concours  de  son  action  et  de  son  zèle  pour  la  conservation  des  monumenls 
lègués  par  les  àges ,  afin  de  prevenir  d'avèugles  profanations  et  des  muti- 
lations  brutales  ou  inintelligentes,  décorées  du  titre  de  restauration  ;  de 
demander  aux  vieux  manuscrils ,  aux  inscriptions ,  aux  monnaies,  aux 
médailles,  des  euseignements  et  des  preuves;  de  souslraire  ainsi  à  Tin- 
différence  ou  aux  dédains,  tous  ces  lémoìgnages  muels  et  parfois  éloquenls 
des  idées  d'aulrefois,  des  moeurs,  des  caraclères,  des  aspirations,  des  ten- 
dances  et  des  actes  des  générations  écoulées. 

Tel  est  le  programmo  qui  s'im posai t  aux  laborieuses  investigations  et  à 
la  sollicitude  de  nos  fondateurs  :  vous  savez  si  le  succès  a  justifié  leurs 
espérances.  Vous  savez  surtout  si  nolre  vènere  président  fut  fldèle  à  celle 
mission  :  quel  autre,  raieux  que  lui,  compril  le  devoir  d'une  association 
fondée  pour  une  aussi  noble  enlreprise ?  qui  les  remplil  avec  plus  d'assi- 
duite ,  de  constance  et  de  dévouement,  preoccupò  sans  cesse  d'en  propager 
le  bienfail,  d'en  étendre  l'influence,  de  lui  assurer  la  faveur  publique  et 
les  sympalhies  de  tous  ceux  qu'inléressent  le  progrès  de  la  science  et  le 
développement  des  ètudes  hisloriques  ? 

D'aulres  que  nous,  en  celle  enceinte  méme  et  ailleurs ,  diront  les  qua- 
lités  morales  de  l'homme  prive,  du  chef  de  famille  et  de  1  epoux,  les  vertus 


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da  chrétien,  cellesdu  magistrat.  Pour  nous,  a  la  première  heure  de  cette 
réunion  douloureusemeDt  émue  de  sod  absence ,  nous  n'avons  voalu  que 
rappeler,  au  risque  de  les  affaìblir  beaucoup  sans  doule,  les  titres  de 
M.  Auguste  d'Aldéguier  à  notre  reconnaissance  et  a  nos  respects. 

Ed  déplorant  cette  perte  prématurée,  inspirons-nous  de  ses  exemples 
et  de  SOD  attachement  à  uue  oeuvre  qui  fut  à  la  fois  pour  lui  Tobjet  de 
sérieux  travaux,  la  source  de  vives  jouissauces  ìntellectuelles  et  des  plus 
cordiales  relations. 

Si  nos  voeux  peuvent  arriver  jusqu'à  lui,  avec  Texpression  de  notre  dou- 
leur  et  de  nos  regrets ,  que  son  nom  reste  ìnséparablement  uni  au  sort 
d'une  instìlution  qui  lui  fut  si  chère  :  c'est  le  plus  digne  hommage  que 
nous  puissions  offrir  a  sa  mémoire  ! 


Gaillac,  18  novembre  1866. 


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FRAGMENTS  HISTORIQUES 


CONCIRNAirr 


LA  VILLE  DE  BUZET. 

DESCRIPTION  DE  SON  ÉGLISE. 


A  trente  kilomètres  de  Toulouse  du  coté  du  nord-est,  sor  les  bords  du 
Tarn,  est  assise  la  petite  ville  de  Buzet.  Au  centre,  une  tour  massive 
semble  protéger  les  habitalions,  resserrées  dans  un  étroit  espace,  ferme 
autrefois  au  midi  et  au  levant  par  une  enceinte  fortlQée,  défendu  au  nord 
et  au  couchant  par  la  rivière  du  Tarn  et  un  profond  ravin.  A  ce  point  de 
jonction  dans  la  rive  taillée  perpendiculairemenl ,  au  milieu  des  brous- 
sailles,  on  aper^oit  l'entrée  d'un  souterrain ,  asile  mystérieux  dans  des 
temps  de  terreur,  et  moyen  de  communication  entre  le  moderne  et  Fan- 
cien  chàteau  de  Buzet.  Gette  dernière  construction  n'existe  plus  ;  mais 
les  fondements  presque  entièrement  conservés  indiquent,  par  leurs  con- 
tours  et  leur  épaisseur,  la  destìnation  de  Tédiflce. 

Place  sur  une  ligne  à  peu  près  parallèle  à  la  tour,  il  permettali  ou 
interdisait  le  passage  d'un  pont,  dont  on  aper^oit  les  ruines.  Son  histoire 
est  encore  racontée  dans  le  pays^  et  ces  dires  populaires  forment  plusieurs 
légendes.  Isolées,  elles  restent  un  peu  confuses,  réunies  elles  sont  en  par- 
fait  accord  avec  l'histoire. 

Ces  légendes,  cesconstructions,  ces  ruines,  plusieurs  documeats  inédits, 
étudiés  sérieusement,  peuvent  aider  à  parvenir  a  la  connaissance  plus 
parfaita  de  quelques  fragments  de  nutre  histoire  de  Languedoc  aux 
treizième,  quatorzième  et  quinzième  siècles. 

Au  moyen  àge  Buzet  était  le  lieu  de  passage  le  plus  ordinaire  de  l'Al- 


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—  5  — 

bigeois  aaToulousaìn;  un  pool  jeté  sor  le  Tarn  reliaìt  les  deui  rives, 
privées  à  une  grande  dislance  de  tonte  aulre  communìcation.  On  avait 
jugé  prudent  de  ne  pas.  interrompre  une  ligne  naturelle  de  défense  et  d'en 
surveilier  les  abords. 

En  1235,  le  comte  Raymond  VII,  convaincu  de  rutilile  defortifier  ce 
point ,  acheta  à  un  certain  Peiifort  de  Rapistagno  (de  Rabaslens),  homme 
de  guerre,  une  porlion  de  terrain  sur  lequel  il  assit  un  chàteau-fort.  Le 
site  était  heureux  et  imprenable  du  coté  de  l'Albigeois.  Les  eaux  du  Tarn, 
profondes  et  rapides  à  cet  endroit,  viennent  battre  contre  un  rocher 
escarpé,  doni  le  sommet  était  couronné  par  le  chàteau  ;  il  occupali  le  cen- 
tre  d'une  enceinte  fortifiée  qui  bientòl  devinl  rasile  d'une  populalion  crain- 
live  et  assez  nombreuse  pour  former  une  pelile  ville.  Dans  une  ordon- 
nancedatéedu  12  du  mois  d'aoùl  1241,  le  comte  Raymond  la  frappai! 
d'une  redevanceann nelle.  Le  méme  jour,  le  comte  Raymond,  alors  àBeau- 
caire,  fit  de  Buzet  le  cheMieu  d'un  bailliage  et  lui  donna  pour  dépendance 
tout  le  terriloire  compris  dans  un  triangle  donile  sommet  étail  occupé  par 
Buzet.  La  seule  ìnspection  du  lìeu  révèle  tonte  la  pensée  de  Raymond,  par- 
faitemenl  saisie  et  mise  à  exéculion  par  nos  rois  bientòt  successeurs  des 
comtesde  Toulouse  :  c'élail  d'opposer  noe  ligne  de  défense  aux  bandes 
et  aux  Albigeois  qui  descendaienl  le  long  du  Tarn  et  de  TAgoùt ,  et  opé- 
raienl  leur  jonclion  au -dessous  des  confluenls  des  deux  rivières. 

Les  limites  fixées,  Raymond  voulol  retenir  par  Taffection  ceux  qu'il 
avait  peut-élre  assujélis  par  la  force  y  et  il  leur  donoa  ou  reconnut  des 
immunilés,  francbises,  libertés  et  usages  qu'il  jura,  sur  les  saints  Evan- 
giles,  de  garder.  Le  serment  eul  lieu  en  présence  de  Gaìllard ,  prévót  de 
l'église  Saint-Sai vy,  de  mailre  Guillaume  dePuis-Laurens,  notairedel'évé- 
qae  de  Toulouse,  de  Raymond  Gausselin,  seigneur de  i^unelle  et  de  più- 
sieurs  autres  grands  personnages,  tous  pris  comme  témoins. 

La  promesse  suivanle  clólure  ce  pacle  :  «Voulant  donner  une  plus  grande 
faveur  à  notre  ch&leau  de  Buzet  et  a  tous  ceux  qui  y  habitent  ou  qui  dans 
la  suite  viendront  y  fixer  leur  residence,  nous  prometlons  et  jurons,  les 
deux  mains  appuyées  sur  l'Evangile ,  que  le  chàteau  de  Buzet  avec  ses 
dépendances,  resterà  toujours  en  notre  pouvoir  et  dominalion ,  ne  sera 
jamais  vendu,  donne  en  gage  ou  en  flef  ;  que  nous  ne  ferons  aucun 
écbange  avec  qui  que  ce  soil,  ni  en  parile  ni  en  son  entier ,  a  moins  que 


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Dous  ne  permutions^  doDnioDS  ou  échangioDS  tout  notre  comlé  de  Tou- 
iouse,  de  manière  que  nous  tiendrons  pour  fait  et  consommé  toat  con- 
lenu  ci-dessas.  Et  aQn  que  les  habilants  de  Buzet  soient  bien  convaincus 
que  les  présenles  leltres,  par  nous  a  eux  accordées^  sonlchoses  sùresà 
perpetuile,  y  avons  appose  le  sceau  du  irès-illuslre  prince  Jacques,  roi 
d'Àragon,  par  la  gràce  de  Dieu  et  du  seigneur  Raymond  Bérenger,  comte 
de  Provence.  » 

Celle  dernière  clause  conslilua  un  droil  auquel  il  fui  dérogé  en  1771, 
epoque  de  concession  de  la  chàlellenie  de  Buzet,  de  la  pari  de  Louis  XV, 
en  faveur  ducomle  de  Clarac,  seigneur  de  Mirepoix. 

Jeanne,  dernière hérilière  de  Raymond  VII,  venait  de  mourir  sans  postè- 
rité  en  1272  ;  le  comtè  de  Toulouse  demeurait  acquis  au  roi  en  vertu  des 
disposilions  prises  lors  du  mariage  de  Jeanne  avec  Alpbonse,  frère  de 
Louis  IX.  Philippe  le  Hardi  se  bàia  de  les  mettre  à  exèculion  et  en  char- 
gea  Guillaume  de  Cobardon,  cbevalier,  sénècbal  de  Carcassonne.  La  com- 
rnission  fui  remplie  avec  aclivité  et  intelligence,  et  pendant  Taccomplisse- 
meni  des  exigences  du  cèrèmonial  en  usage  pour  la  prestation  du  sermenl, 
Guillaume  de  Cobardon  fit  l'inventaire  des  meubles  et  autres  effets  de 
Raymond  VII  gardés  dans  le  chàteau  de  Buzet. 

Il  exigea  des  babilants  le  serment  de  fidelità  ;  il  fut  prète ,  mais  sous 
la  réserve  des  liberlés  et  coulumes.  Celle  réserve  fut  reconnue  par  plu- 
sieurs  de  nos  rois ,  nolammenl  par  Jean  IL  Avant  de  cèder  le  comtè  a  la 
couronne,  ce  prince ,  en  residence  à  Villeneuve-d'Avignon,  accueillit  fa- 
vorablemenl  la  demando  des  babitants  de  Buzet,  à  Feffet  d'étre  exonérés 
des  taxes  et  subsides  fournis  au  roi  leur  seigneur.  La  réponse,  datèe  du 
17  janvier  1363,  mentionne  les  dégàls  causés  par  les  courses  des  ennemis. 
Dans  ces  luttes  fratricides ,  nèes  de  la  jalousie  et  de  l'intèrét ,  soutenues 
par  le  fanatisme  et  Tappai  du  gain ,  les  timides  babitants  de  la  campagne 
se  prècipitèrenl  en  fonie  dans  la  ville  de  Buzet.  On  les  accueillit  et  ils  des- 
cendirent  dans  un  soulerrain,  cavile  formée  d'abord  pour  l'enlèvement 
des  sables  employès  à  la  construction  du  cbàteau,  de  la  tour  et  de  Téglise. 
Le  dèblai  fut  ensuile  continue  règulièrement  pour  fournir  de  la  terre  et 
des  matériaux  aux  murailles  d'enceinle  et  des  maisons.  On  creusa  dans 
le  tuf,  on  allongea  les  galeries,  on  fit  un  vaste  soulerrain  :  il  serpentait 
sous  les  rues  tortueuses  de  la  petite  ville,  la  contourn«HÌt  entièrement,  et,  se 


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—  7  — 

repliant  sur  lui-méme,  longeait  la  rivière  du  Tarn,  après  avoir  rais  en  com- 
municatioD  enlre  eux  tous  les  poìnts  de  défense. 

Les  trois  portes  de  la  ville  élaient  surveillées  par  les  ouverlares  da  soa- 
terrain  ;  elles  s'ouvraient  dans  le  fosse,  suivaDl  une  iigne  oblique  :  excel- 
lente  situalion  pour  voir  sans  élre  vu.  Vis-à-vis  l'ouverture,  on  avait 
simulé,  en  lìgnc  droile ,  une  galene  sans  issue ,  et  gamie  sur  les  còtés  de 
cachettes,  piége  habilemenl  pratiqué  où  Tennemi  courait  avec  confiance 
se  faire  prendre.  Les  réfugiés  altendaìent  dans  cetasile  l'éloignement  d^s 
bandes  ennemies;  ils  en  sortirent  pour  rèclamer  a  Jean  II  leurs  fran- 
chises,  libertés  et  coutumes.  Elles  furent  reconnues,  et  plus  tard  augmen- 
téespar  plusienrs  de  nos  rois  et  principalement  par  Charles  VII  (1422), 
comme  récompense  de  fidélilé  envers  le  roi  et  de  valeur  contre  leurs  en- 
nemis  et  les  Ànglais  a  la  renconlre  suivante. 

Dans  Pannée  1385  des  bandes  anglaises,  après  avoir  battu  la  campagne 
dans  l'Àgenais,  s'avancèrent  dans  l'Àlbigeois,  et,  au  nombre  de  cinq  cenls 
combattants,  se  ruèrent  sur  Rabastens,  qu'ils  faìUirent  prendre  par  esca- 
lade.  Repoussés,  ils  tentèrent  de  pènètrer  dans  le  Toulousain,  et  de  forcer 
le  passage  du  Tarn  a  Buzet  ;  les  babilants ,  prévenus,  s'opposèrent  à  la 
marche  des  Anglais;  ceux-ci,  après  d'inutiles  efforts,  eurent  recours  à  la 
trahison  et  mènagèrent  quelques  intelligences  avec  deux  militaires  en  gar- 
nison  dans  le  chàteau. 

((  Mais  bien  que  le  Castel  de  Buzet  ait  està  vendu  aux  Anglais,  sitòt  que 
»  on  l'a  5U,  on  en  a  avisè  ceux  du  dit  Castel,  et,  tant  que,  a  Taide  de  Notrc- 
»  Seigneur,  il  se  gardera  bien  que  ceux  que  vendu  Tont,  en  ont  dèjà  regu 
»  en  parti  de  Targent,  et  n'ont  pas  pu  en  bailler  la  possession  aux  dits 
»  Anglais,  pour  cause  du  dèbat  qui  a  estè  entre  les  capitaines  anglais.  » 

Ce  dèfaut  d'entente  donna  le  temps  de  dècouvrir  la  conspiration.  Les 
deux  coupables  furent  arrétéset  condamnès:  Tun,  comme  prompte  salis- 
faction  donnée  à  la  justice,  eut  la  téte  tranchèasur  le  lien  méme  du  crime; 
l'autre,  rèservé  pour  donner  de  plus  amples  informations,  fut  emmené  à 
Tonlouse,  où  il  subit  la  mème  peine. 

Aux  Anglais  succédèrent  les  bandes  de  partisans,  et  dans  les  trisles 
démélés  des  Bourguignons  ou  de  la  reine  mère  contre  le  Dauphin,  la  lo- 
calité  de  Buzet  jona  un  ròle  quelquefois  assez  sérieux  :  on  en  jugera  par 
le  faìt  sui  vani. 


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En  1418,  les  capitouls  de  Toulouse,  ies  coDsals  de  GarcassooDe  et  de 
Béziers,  ayant  faìl  leur  soumissìon  à  la  reine  mère,  Jean  deBoaoay,  séné- 
cbal  de  Toalouse,  attaché  au  parti  do  Daophin ,  se  jeta  dans  le  chàteau 
(le  Buzet  et  s'y  mainlint  huìt  ou  neuf  mois,  epoque  ou  Ies  Toulousains 
reDtrèrent  sous  rautoritè  duDauphin.  L'anaée  suivante  le  fidèle  Jean  de 
Bounay  vìnt  a  Touloose  rejoindre  son  maitre  au  moment  de  son  passage. 
ConQrmé  dans  sa  chargé  de  sénéchal  le  4  mai,  le  12  da  méme  mois  il 
emmenait  le  Dauphin  aa  chàteau  de  Buzet  réparé  exprès. 

Le  Dauphin  jugea  par  lui-méme  de  l'importance  de  la  situalion.  Àussi, 
vingt  ansplus  tard  (en  1440),  aprèsavoir  destituépour  cause  d'intelligence 
avecsesennemis  Jacques  de  Thabanne  de  ses  fonclions  de  sénéchal  de 
Toulouse  et  instituant  à  sa  place  un  militaire  nommé  de  Galobie  de  Pané- 
sac  ,  il  investiti  ce  dernier  d'un  commandement  militaire  dans  la  chàtel- 
lenie  de  Buzet,  où,  sur  l'ordre  de  son  maitre,  il  eut  a  se  rendre  plus  d'une 
fois.  Ses  visites,  peu  imporlantes,  sont  tombées  en  oubli  devant  le  souvenir 
dn  séjour  au  chàteau  de  Buzet  de  Tinfortunée  Jeanne,  fiUe  de  Gaston  IV, 
comte  de  Foix^  et  mariée,  en  1468,  à  Jean  V,  comte  d'Àrmagnac,  per- 
sonnage  trop  connu  par  le  scandale  de  son  mariage  incestueux  et  par  son 
ingratitude  envers  Louis  XI ,  qui  le  flt  mettre  à  mortdans  Lectoure(1473). 
Que  devint  alors  la  comtesse  Jeanne  ? 

Le  lieu  de  sa  residence  a  été  désigné  d'une  manière  bien  incertaine  par 
Ies  auteurs  modernes,  ils  se  sont  più  à  grossir  Ies  ténèbres  qui  ont  régné 
sur  sa  tombe.  Les  erreurs  de  quelques  savants,  l'exagération  dans  Ies 
rècits  de  ses  parlisans  ou  de  ses  ennemis  ont  jeté  dans  Thistoire  une  véri- 
table  confusion.  Espérons  la  dlssìper  à  Taide  d'anciens  documents,  des 
légendes  et  des  fails  récemment  découverts  ;  nous  essaierons  d'ajouter  un 
trait  certain  à  notre  histoire  du  Languedoc. 

Voici  la  relation,  un  peu  suspecte  sans  doute,  faite  par  le  secrétaire 
du  comte  d'Arraagnac.  Après  avoir  raconté  la  mori  du  comte  tue  le 
14  mars  1476,  dans  sa  chambre  àcoucher,  àcóté  de  son  épouse,  ilajoute: 
cOn  òta  par  force  ses  bagues  et  ses  joyaux  à  la  comtesse  ;  on  la  conduisit  au 
chàteau  ;  le  sénéchal  de  Toulouse  se  chargea  de  la  comtesse,  qui  était  en- 
ceinte,  et  la  fit  conduire  au  chàteau  de  Buzet  dans  le  Toulousain.  Au  mois 
d'aoùt  suivant,  quelques  gens  apostés  lui  ayant  domande  si  elle  était 
enceinte ,  on  la  forga  de  prendre  un  breuvage  qui  la  flt  avorter  d'un 


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—  9  — 

enfant  male,  action  détestable  dont  le  roi  aurait  dù  faire  une  punition 
exemplaire;  maisce  prìnce  récompensa,  au  contraìre,  celui  qui  avaittué  le 
comte  el  lui  Qt  présent  d'une  tasse  pleine  d'écus.  Bonnal  ajoute  que  Ie& 
principaux  auleurs  d'un  si  noìr  atienlat  élaient  des  seigneurs  qui  dési- 
raient  non-seulement  la  mort  du  comi  13  d'Àrmagnac,  mais  encore  qu'il  ne 
laissàt  aucune  postérité  légitime.  Prócaution  inutile.  Nous  ferons  remar- 
quer  Terreur  de  Bonnal,  adoptée  par  le  savant  Dom  Vaissette:  un  jeune 
enfant  du  comte  d'Àrmagnac  survécut  au  sac  de  Lectoure  et  a  laissé  une 
posteri  té. 

Les  circonstances  au  sujet  de  la  com lesse  se  trouvent  retatées  a  peu  près 
de  la  méme  manière  dans  un  plaidoyer,  fait  au  mois  de  février  1483,  en 
faveur  de  Charles  d'Armagnac  frère  de  Jean  V  d'Armagnac.  Le  plaidoyer 
ent  lieu  devant  les  états  généraux  du  royaume  assemblés  à  Tours  en  pré- 
sence  du  roi  Charles  Vili  et  de  tonte  sa  cour.  Il  exagère  les  meurlres 
commis  dans  le  palais  de  Lectoure  et  fait  intervenir  Gaston  de  Lyon,  qui 
prend  la  comtesse  sous  sa  protection.  Cette  dernière  fut  emmenée,  trois 
jours  après,  au  ch&teau  de  Buzet,  étant  grosse  de  sept  mois.  Quelques 
jours  après  son  arrivée  dans  ce  chàteau,  le  seigneur  de  Castelnaud  de  Bré- 
tenous,  Mattres,  Masse,  Guardon  et  Olivier  le  Roux,  secrètaires  du  roi, 
étant  enlròs  dans  sa  chambre  avec  un  apothicaire,  l'obligèrent  à  prendre 
un  breuvage  qui  la  flt  avorler,  et  dont  elle  mourut  deux  jours  après. 

A  cesdocuments  nous  ajouterons  la  legende  suivanle,  Graduile  mot  a 
mot  du  langage  languedocien  telle  qu'elle  a  èté  racontée  dans  le  pays  : 
«  L'ancien  chàteau  de  Buzet  a  servi  autrerois  de  prison  d'Elat.  C'est  là,  que 
»  par  ordre  de  la  Cour  a  été  enfermée  une  princesse.  Elle  deraandait 
»  constamment  au  ciel  la  coosolation  refusée  sur  la  terre  ;  Dieu  fut  sen- 
>  sible  a  sa  prière  et  adoucit  les  amertumes  de  son  exil  par  les  joies  ma- 
]»  ternelles.  Elles  furent  de  courledurée  :  après  quelque  temps,  l'enfant  mou- 
y>  rut  ;  la  malheureuse  mère  ne  survécut  pas  longlemps  à  sa  douleur.  » 
Examinons  encore  un  fait  assez  récent.  Les  fondements  de  l'ancien  chà- 
teau de  Buzet  environnent  divers  potagers  cultivés  avec  soin.  Des  tenan- 
ciers,  en  pratiquant  un  défoncement  à  une  assez  grande  profondeur,  trou- 
vèrent,  dans  les  soubassements  du  chàteau,  un  tombeau  creusé  dans 
l'épaisseur  de  la  muraille  ;  il  avait  été  soigneusement  ferme  et  contenait 
les  restes  d'un  petit  enfant.  Auprès  de  lui,  mais  dans  la  terre,  était  conche 


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—  40  - 
UD  sqaeletteréduilpresqueentièremeDl,  aìnsi  que  l'enfant,  a  TétatcieceD- 
dres,  moins  quelqaes  ossements.  Peut-étre  ces  travailleurs  tenaient  en 
maio  le  dernier  anneau  de  la  tradìlìon  de  Thisloire  des  comtes  d'Arma- 
gnac.  lls  le  brisèrent  après  un  moment  d'hésitalion  causée  par  la  sorprise, 
par  le  souvenir  de  vagues  rumeurs  ;  ils  dissipèrent  pierres,cendres,  osse- 
ments, peut-étre  inscriplions,  et  contìnuèrenl  leurs  travaux  avec  la  deso- 
lante indifférence  d'un  insouciant  cullivateur. 

Les  relalions  contemporaines  et  les  autres  falts  prouvent  évidemment 
que  la  cointesse  Jeanne,  au  moment  de  la  chute  de  Lecloure,  a  été  enlevée 
de  son  palais  et  transportée  à  Buzet.  Gelte  dernière  residence  est  seule 
désignée  par  les  historiens  de  son  epoque.  Ils  écrivent  un  fait  passe  pres- 
que  sous  leurs  yeux  et  .inléressant  une  personne  dont  l'existence  n'est 
pas  indifferente  pour  eux.  Témoins,  ils  nepeuvenl  pas  étre  trompés,  ils 
ne  veulent  pas  tromper.  Quels  motifs  auraient-ils  de  consigner  volontaìre- 
menl  une  erreur  dans  l'bisloire  ?  Auraient-ils  voulu  tromper  ;  ils  ne  le 
pouvaient  pas.  Ils  écrivaient  ou  parlaient  devant  des  partisans  ou  des  ad- 
versaires  de  la  famille  des  d'Armagnac,  tous  parfaitement  bien  fixés  sur 
le  lieu  de  la  residence  de  la  comtesse  Jeanne.  L'erreur  aurait  été  immé- 
dialemenl  menlionnèe. 

Notre  croyance  esl  encore  appuyée  d'une  preuve  lirée  de  la  legende  ; 
elle  parie,  il  est  vrai ,  d'une  princesse  ;  mais  cette  différence  et  autres  dans  les 
circonstances  accidentelles  du  récit  prouve  qu'ìl  n'y  a  pas  d'accord  enlre 
les  partis.  Le  fait  découle  de  la  méme  source,  et  arrivo  jusqu'à  nous  par 
deux  lignes  difrérentes  :  l'hisloire  écrite  et  la  tradition  orale.  Celle-ci  est 
formée  par  des  gens  illettrés;  leurs  dires  supposent  uue  prisonnière  de 
distinclion,  dans  l'état  ou  ètait  la  comtesse  Jeanne,  et  emmenée  par  ordre 
du  roi  a  Buzet.  G'est  le  fait  en  questìon. 

Enfin,  la  residence  de  Buzet,  assignée  à  l'inforlunée  Jeanne,  sembleétre 
le  lieu  le  plus  convenable  à  la  polilique  de  Louis  XI.  Que  veul-il  ?  séparer 
la  comtesse  de  sa  famille  et  de  ses  partisans  ;  retenue  à  Buzet,  elle  est 
également  séparée  de  la  Gascogne  et  de  TAriége  et  placée  dans  un  pays 
dévoué  au  roi. 

S'il  n*y  a  pas  incertitude  sur  le  fait  de  la  residence ,  nous  en  trouvons 
une  très-grande  sur  les  circonstances  de  la  mort  de  la  comtesse  Jeanne  et 
sur  le  prétendu  breuvage ,  cause  d'un  avortement  suivi  de  sa  mort. 


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Ce  récit,  fait  devant  Fassemblée  des  Etats  généraux  a  Tours,  soulève 
une  violente  opposilion  entre  les  parlisans  du  roi  et  les  parlisans  da 
comte  d'Àrmagnac.  Le  récil  n'esl  donc  pas  accepté  par  tous  les  audìteurs. 
Oq  doit  remarquer  eocure  que  le  breuvage,  occasion  de  la  mot  t  de  Jeanne 
enccinte  de  sepl  raois,  est  donne  immédialement  après  la  prìse  de  Lec- 
toure,  arrivée  le  4  mars  1473,  et  le  11  mai,  le  roi  accorde  a  Jeanne  de 
Foix,  veuve  de  Jean  V  d'Armagnac,  une  rente  annuelle  de  six  mille  livres  : 
elle  n'élaìt  donc 'pas  morte  des  suiles  immédiates  du  breuvage. 

Quel  avantage  Louis  XI  aurait-il  retiré  de  ce  crime?  L'extinction  de  la 
famille  des  d'Àrmagnac  ;  supposilion  imaginée  par  Bonnal  et  suivie  par 
Dom  Vaissetle;  mais  le  but  n'étail  pas  alteint:  la  cataslropbe  de  Lectoure 
n'avait  pas  anéanti  la  posléritè  des  d'Àrmagnac,  les  nole^  de  nolre  ancien 
coUègue ,  le  chevalier  du  Mége,  le  dèmontre  clairement. 

La  legende  du  pays  aurait  conserve  un  faible  souvenir,  au  moìns,  d'un 
attentai  abominable  commis  au  su  et  au  vu  de  plusieurs  personnes. 

L'incertilude  sur  ce  fait  et  le  défaut  d'indication  sur  le  lieu  de  la  sépul- 
ture  ont  égaré  plusieurs  auteurs  modernes.  Ils  ont  perdo  les  dernières 
traces  de  la  malheureuse  Jeanne;  nous  les  relrouvons,  croyous-nous, 
dans  une  des  salles  basses  du  chàteau  de  Buzel,  là  où  la  comlesse  Jeanne 
et  son  fils  ont  étè  ensevelis  ;  il  est  probable  que  la  mère  iufortunée  ne 
voulut  pas  se  séparer  de  son  enfant ,  et  flt  creuser,  dans  les  soubasse- 
mentsdu  ch&teau  ,  le  lombeau  dont  nous  avons  parie.  L'enfant,  enseveli 
avec  soin  et  prive  du  contact  de  l'air ,  a  pu  conserver  ses  cendres  et  quel- 
ques  faibles  débris  d'ossements  jusqu'à  ce  jour.  La  mère  aura  demandé 
une  sèpulture  auprès  de  son  flis,  la  famille  descomtes  de  Foix  et  d'Àrma- 
gnac aura  respecléla  volontéde  leur  parente.  Des  troubles  survenus  plus 
tard  ,  le  chàteau  de  Buzet  surpris  plusieurs  fois  et  abandonnè ,  tout  aura 
contribué  à  l'oubli  de  la  tombe. 

11  serait  difficile  de  supposer  que  les  restes  de  la  Qlle  des  comtes  de 
Foix ,  de  la  veuve  du  comte  d'Àrmagnac,  aient  étè  ensevelis  sans  dislinc- 
tion  ,  sans  marques ,  et  jetès  plus  tard  dans  une  fosse  commune,  lorsque 
les  principaux  habitants  de  Buzet  avaient  leur  sèpulture  séparèe. 

Ce  dernier,  fait  joinl  aux  autresélémentsquo  nous  avons  essayé  de  ras^ 
sembler,  nous  parai t  su ffisant  pour  ècrire  :  La  comtesse  Jeanne,  après  la 
mort  de  son  mari  Jean  V  d'Àrmagnac,  a  étè  transportée  dans  le  chàteau 


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—  12  — 

de  BuzetdésigDé  comme  lieu  de  residence.  Àprèsquelque  lemps  de  sèjour 
dans  ce  liea,  elie  donna  naissance  à  un  fiis  doni  la  vie  fut  decoarle  durée. 
Elle  ne  lui  survécul  pas  longtemps.  La  mère  et  Tenfanl  ont  été  probable- 
ment  ensevelis  dans  une  des  salles  basses  du  cbàteau  de  Buzet. 

Los  précautions  prises  par  Louis  XI  à  Toccasion  de  la  residence  de  la 
comtesse  Jeanne  mainlinrent  longtemps  le  calme  et  la  paix  dans  les  envi- 
rons  de  Buzet  ;  le  chàleau  fut  converti  en  place  d'armes;  on  complèta  les 
fortiQcations  de  Téglise.  Aujourd'hui  elles  sont  enlièrement  ruinèes.  Le 
reste  de  l'èdifice,  assez  bien  conserve,  est  digne  d'étre  examiné  dans  tous 
ses  détails. 

Bàtie  au  temps  des  guerres  civiles  et  religieuses ,  Téglise  de  Buzet  pré- 
sente dans  son  archìtecture  le  caractère  d'un  èdiQce  militaire  et  religieux , 
rappelle,  par  son  aspect,  un  cbàteau-fort  du  moyen  àge,  et  impose  par  sa 
masse  plutòt  que  par  ses  formes  élancées.  De  grandes  lignes  dessinent  le  pre- 
mier coutour  deTègliseetenferment  dans  une  cein ture  lescontre-forts,  sans 
laisser  aucun  abri  à  l'assiégeant.  L'abside,  àpan  coupès,  est  solidiQèe  par 
des  piliers  intérìeurs  encbàssés  dans  les  murailles  jusqu'à  la  bauteur  de 
vingt  mètres.  La  fa^ade,  semblable  au  reste  de  TèdiQce,  se  développe  sans 
décoration  et  signes  religieux.  Au  centre  est  placée  une  porte  étroite  ter- 
minée  en  ogive.  Sa  mince  embrasure  est  insuffisante  pour  cacher  une  per- 
sonue.  Aif-dessus  est  une  galerie  entièrement  ruinée.  A  l'extrèmilè  du 
coté  nord,  sur  la  rive  du  Tarn,  s'élève,  sans  aucune  saiilie,  une  tour  de 
guelteur,  Iransformée  aujourd'hui  en  clocher.  Ses  murailles  ont  trois 
mètres  d'épaisseur.  Elle  se  montre  sans  graves  dégradations,  et  conserve, 
comme  une  page  de  l'histoire,  l'erapreinte  des  projectiles  dirigés  contre 
ses  meurlrières  et  ses  crèneaux.  Sa  base  reclangle,  de  dix  mètres  sur  sept 
mètres  soixante  et  dix  centimètres,  conserve  sa  forme  massive  jusqu'à  la  bau 
leur  de  vingt-trois  mètres;  l'extrémité  est  couronnée  par  une  ceinture  de 
m&checoulis,  présentant  une  serie  d'arcs  à  plein  ceintre,  portès  sur  des 
consoles.  Les  màchecoulis  supportaient  un  mur  crénelè  qui  n'existe  plus; 
un  peu  èlevè  au-dessus  des  contre-forts,  ils  permettaient  de  surveiller 
l'extérieur  de  l'èdiflce. 

A  colte  èlèvation ,  après  une  retraite  assez  largo  pour  permeltre  à  plu- 
sieurs  hommes  de  se  mouvoir,  d'allaquer  ou  de  se  défendre,  est  superposée, 
sur  le  rectangle^  la  vèritable  tour-guetteur,  ainsi  désignèe  du  nom  del'homme 


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—  43  — 

qui  veiiiail  et  qui  était  chargé  d'arborer  un  drapeau  pour  indiquer  le  coté 
d'où  venait  l'ennemi.  Celle  coustructioo  est  la  mieux  conservée  et  la  plus 
parfaite  en  son  geure  que  oous  ayous  reucontrée.  Celle  secoude  tour,  à 
forme  octogone,  et  de  dix-huit  mètres  d'élévalioo,  est  divisée  eu  trois  èia- 
ges.  Chaque  face  est  percée  d'uue  feuélre  ceinlrée;  chaque  angle  est  ren- 
forcé  par  une  colonnelle portée  sur  un  pieddroil;  les  cbapiteaux  et  les  tailloirs 
n'ont  jaroais  élé  Iravaillés  ;  le  couronnemenl  n'a  pas  étè  pose.  La  hauteur 
totale au-dessus  du  sol  est  dequarante  et  un  mètres.  L'intérieur  de  l'église 
contrasto  agréablemenl  avec  Texlèrieur.  Celuici  rappelle  la  pensée  poli- 
lique  du  comle Raymond,  l'aulre  l'expression  de  ses  senlimenls  pieux.  La 
nef  et  le  sancluaire  semblenl,  pour  ainsi  dire,  se  dilaler,  tandis  que  la 
voùte  atteint  de  belles  proportions.  La  longueur  totale  de  l'édiQce,  exéculé 
dans  sa  plus  grande  parile  dans  le  slyle  ogival  priinilif,  est  de  trenle-cinq  . 
mètres  cinquantecer^timètres  sur  dix  mètres  soixanle  centimèlres  de  lar- 
geur  ;  la  hauteur  de  la  voùte  est  de  vingt  et  un  mètres. 

La  nef  est  divisée  en  quatre  travées.  Cbacune  élail  ornée  primitive 
meni  d'une  belle  fenétre,  et,  au  rez-de-chaussée,  d'une  arcade  ogivale  bien 
élancée.  C'élail  l'entrée  d'une  chapelle  decinq  mètres  quaran  le  centimèlres 
de  largeur  sur  quatre  deprofondeur.  Huil  chapelles  soni  ouverlesdansla  nef  : 
quatre  du  còlè  nord  et  quatre  du  coté  sud.  Plus  tard,  deux  ont  élé  murées 
pour  servir  desacrislie  ou  de  décharge.  Àu  moyen  àge,  les  salles  deslinées 
a  ranger  les  ornemenls  de  l'église  et  les  vélements  des  prélres  étaient 
très-rares.  Quand  il  existait  une  sacrislie  speciale,  c'élait  un  petit  bàli- 
meni  annexé  àl'édiQce,  vers  le  Iransept  ordinairement.  Souvent  une  cha- 
pelle servali  de  sacrislie.  Un  prie-dieu,  des  armoires  ciselées  composaienl 
la  parlie  importante  de  l'ameublement.  Le  sancluaire  est  polygonal,  iuclì- 
nant  légèremenl  sur  le  coté,  pieuse  allégorie  de  l'agonie  du  Sauveur. 
Onze  piliers  engagés  dans  les  murailles  et  lerminés  par  un  lailloir  peu 
sensible  et  bàli  en  tuiles  rectangulaires  appareillées  supporlenl  des  arcs 
de  la  grande  voùte.  Les  nervures  diagonales  ou  aréliers  se  coupentsous  un 
are  variable  et  ont  leur  poinl  d'inlerseclion  décoré  d'une  pelile  rosace 
doni  le  rìnceau  encadrait  autrefois  les  armoiries  des  comtes  de  Toulouse, 
de  la  comtesse  Jeanne,  réunies  à  celles  d'Alphonse,  frère  de  sainl  Louis  : 
page  de  l'histoire  enlevée  dans  des  jours  mauvais  avec  une  intelligence 
coupable.  Noas  avoos  a  déplorer  la  méme  mulilalion  sur  les  pieds  droils 


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—  u  — 

supports  des  arétiers  des  chapelles.  On  a  conserve  intacts  seulement  ceux 
qui  représeDtenl  des  animaux  fanlasliques  oa  des  fleurs  ioiaginaires.  Un 
seal,  dans  la  chapelle  de  la  Vierge,  a  écbappé  a  la  dégradatloD  :  c'esl  Teca 
royal;  il  semble  iridiquer  l'epoque  où  ODtélé  terminèes  les  voùles  des  cha- 
pelles après  la  réunion  da  comté  de  Toulouse  au  doooaine  des  rois  de 
France. 

La  voùle  du  sanctaaire  est  en  éventaìl,  formée  par  une  sèrie  de 
lunettes.  Les  fenélres ,  largeraent  percées  sur  les  murs  goutlereaux ,  de- 
vaient  laisser  peu  d'inlervalle  enlre  les  piliers;  de  sorte  qu'à  Pinlérieur  la 
voùte  aurait  serablé  élre  appuyée  sur  des  murs  de  verre  coloriè.  On  sait 
qu'à  cette  epoque  les  artislés  du  moyen  àge  tenlaient  de  réaliser  Tidée  de 
cette  Jèrusalem  celeste,  bàlie  de  pierres  précleuses,  dont  il  est  parie  dans 
.  la  sainte  Ecriture,  Àujourd'hui  ces  fenétres  sont  privées  de  leur  antique 
ogive  géminée  surmontée  d'une^rose.  Rétrécies  par  une  épaisse  bàtisse, 
elles  sontdevenues  étroites,  et,  touten  conservant  l'ogive,  elles  sont  d'une 
ouverture  égale  à  la  première  croisée  à  forme  ceintrée.  L'are  de  celle-ci 
est  pareli  à  celui  des  fenétres  de  la  tour  du  guetteur.  Une  autre  défectuo- 
site  apparali  dans  le  premiar  arceau ,  ouvert  dans  Tinlérieur  à  la  base  de 
la  tour.  Son  ogive  produit  l'effet  d'un  élément  étranger  et  ne  se  marie  pas 
avec  les  aulres  parlies  del'édiflce.  L'are  en  plein  ceintre  est  devenu  aigu 
sans  que  ses  proportions  aientélé  changèes;  il  n'est  ni  plus  ètroil  ni  plus 
élevé ,  elsa  pointe  est  peu  prononcée.  Quelle  est  la  cause  de  ce  contraste  ? 
Deux  soudures,  l'une  cachée  sous  le  premier  contre-fort,  l'aulre  Irop  visi- 
ble  sur  le  mur  de  la  fa^ade,  ont  tout  révélé.  La  tour  rectangulaire ,  forti- 
ficalion  deslinée  à  défendre  ou  à  permettre  le  passage  du  poni  et  la  tour 
octogonale  du  guetteur,  furent  d'abord  élevées  et,  avec  elles,  la  parile  de 
muraille  où  se  trouvé  la  fenétre  ceintrée,  comme  espèce  de  contre-fort 
provisoire  ou  moyen  de  mieux  lier  la  ma^onnerie.  Or,  a  cette  epoque,  dans 
la  première  partie  du  treizìème  siede,  le  slyle  ogival  semblait  pénétrer 
difflcilement  dans  le  Languedoc.  Dans  ce  pays,  aux  onzième  et  douzième 
siècles,  on  avait  solidement  coustruit  de  belles  églises.  Les  cathédrales  au 
style  ogival  d'Albi,  de  Lavaur,  ont  été  élevées  plus  tard  aux  quatorzième, 
quinzième  et  seizième  siècles.  Un  siede  avant,  dans  les  édifices  meridie- 
naux,  l'ogive  est  employée  exceptionnellement  comme  moyen  de  solidité. 
£n  me  servant  d'un  mot  d'un  auteur  connu,  l'ogive  se  mentre  en  corps  et 


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—  <5  — 

QOD  en  esprit;  elle  De  fusionne  pas  avec  les  antres  parties  et  se  place  comme 
une  date  sans  liaison  dans  le  corps  d'un  ouvrage.  Nous  raccueillons 
ainsi  dans  la  première  partìe  de  l'église  de  Buzet ,  et  la  regardons  avec 
piaìsir  non-seulement  comme  indice  de  l'epoque  de  la  fondation  ,  mais 
encore  comme  observatìon  importante  dans  les  classiQcations  architecto- 
niques. 

SoQS  ce  rapport ,  on  ne  doit  pas  s'arréter  au  mode  de  fortiflcation 
employé  pour  quelques  églises  :  il  n'indique  pas  une  date ,  mais  une 
epoque;  il  n'appartient  pas  à  une  partie  de  Tbisloìre ,  mais  plutòt  à  une 
histoire  tout  entière  et  souvent  bien  longue.  En  preuve  de  ce  fait ,  nous 
citerons  l'édifice  objet  de  nos  études.  Il  existait  déjà  depuis  trois  siècles , 
lorsque  Montine,  pour  mettre  fin  aux  déplorables  luttes  qui ,  en  1562 , 
ensanglantèrenl  les  rues  de  Toulouse  »  résolut  de  couper  aux  religionnai- 
res  les  secours  venanl  d'Albi  et  de  Castres.  A  cel  effel ,  au  mois  de  mai , 
il  flt  occuper  Buzet  et  abrita  ses  troupes  sous  les  fortifications  du  cbàteau- 
fort  et  de  l'église.  Le  passage  du  pont  fut  ainsi  défendu  et  les  religion- 
naires  refoulés. 

Un  an  plus  tard ,  les  habitants  de  cette  localité  furent  moins  heureux 
et  durent  leur  salut  aux  fortifications  de  l'église  et  du  cbàleau. 

Sur  la  foi  des  traités,  les  catholiques  reposaient  en  paix,  et  le  jour  de 
P&ques ,  11  avril  1563,  à  Tbeure  de  vépres,  chantaient  joyeusement 
V Alleluia,  sans  se  douter  d'une  trahison.  Quinze  cents  relìgion naires , 
partis  de  Castres  et  de  Puylaurens ,  pénétrèrent  dans  la  ville  par  une  brè- 
cbe  donnant  entrée  à  la  principale  rue  longitudinale.  Le  nom  de  rue  des 
Albigeois,  laissé  encore  à  ce  passage,  rappellela  surprise  des  traUres;  et 
l'empreinte  des  coups  d'arquebuses ,  encore  visibles  sur  les  meurtrières  de 
la  tour ,  rappelle  le  courage  des  assiégés  :  ils  ne  voulurent  pas  livrer 
leur  église  et  le  cbàleau.  Le  souterrain  roeltait  en  communication  ces 
deux  édifices.  Les  nombreuses  issues  cacbèes  dans  l'obscur  ravin ,  on 
pratiquées  sur  la  rive  inaccessible  du  Tarn,  permettaient  d'aller  cbercber 
quelques  secours  en  vivres  ou  en  munition ,  en  atlendant  celui  que  la 
ville  de  Toulouse  devait  infailliblement  envoyer.  Il  tarda  d'arriver ,  les 
religionnaires  ayant  retenu  prisonnier  Texprès  du  cardinal  d'Armagnac. 
Le  lieutenant  du  roi  croyait  tout  obtenir  par  une  simple  remontrance 
adressée  aux  religionnaires  ;  mais  ils  furent  d'un  autre  avis ,  et  trouvèrent 


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—  16  — 

bon  de  garden  un  poste  important ,  où  ils  laissèrent  une  forte  garnison  , 
après  avoir  tenie  inutilement  de  s'emparer  du  chàteau  et  de  Téglise.  Ils 
inlerrompirent  ainsi  toute  communicalion  enlre  TAlbigeois  et  le  Toulou- 
sain.  Cet  événeraent  causa  une  vive  peine  au  cardinal ,  et  sa  correspon- 
dance  avec  la  reine  mère  a  révélé  toutes  ses  émotions ,  et  la  crai n te  de 
perdre  la  conflance  de  sa  souveraine  ou  d'étre  victirae  de  la  violence 
du  peuple  ;  celui-ci  raurmurait  et  menagait  de  prendre  les  armes ,  irrite 
par  la  privation  des  subsides  qui  lui  venaient  du  Rouergue  et  de  TAlbi- 
geois.  Celte  voie  importante  fui  bienlót  après  dègagée  par  les  efforts  com- 
binés  du  roi  et  du  parlement. 

Averli  par  cet  échec ,  Henri  de  Montmorency  ,  seigneur  de  Damville , 
nommè  gouverneur  du  Languedoc  ,  se  hàta  d'aller  visitor  Buzet.  Il  entra 
à  Toulouse  accompagné  du  cardinal  d'Armagnac,  de  Montine  et  de  pln- 
sieurs  seigneurs,  préta  sermoni  entro  les  mains  du  premier  prèsident, 
rovini  coucher  aux  Minimes ,  où  les  capitouls  lui  donnèrent  un  diner 
splendide  et  une  coupé  d'or  de  cinq  cenls  ècus.  Il  parlit  le  lendemain 
pour  passer  quelques  jours  à  Buzet.  Montine,  dans  ses  Commentaires , 
assigne  un  antro  molif  au  départ  precipite  de  Damville  :  c'osi  la  peur 
plulót  qu'une  pensée  guerrière.  «  Damville,  dit-ìl,  alla  a  Toulouse  seu- 
lement  pour  se  montrer  au  peuple  ,  qui  avait  une  merveilleuse  envie  de 
le  voir,  n'y  pouvant  arréler  à  cause  de  la  peste  qui  y  était.  »  Nous  n'avons 
pas  à  sonder  rintenlion  de  Damville  :  elle  imporle  peu  à  nolre  bistoire. 
Sa  retraile  sur  Buzet  suppose  toujours  un  poste  important  corame  point 
stratègique;  Monlluc  lui-méme  Tenvisagea  ainsi  en  1569.  Ayant  été 
chargé  de  s'enlendre  avec  Damville  pour  combattre  Montgomery  chez 
des  religionnaires,  afln  d'éviter  Ionie  surprise ,  il  porta  ses  vues  sur  Buzet 
et  dècrit  ainsi  les  disposi lions  prises  par  lui-méme  :  <  J'avais  donne  com- 
mission  aux  capitaincs  Dupleìx  et  Pommiés,  qui  soni  de  Gondomois ,  do 
faire  chacun  une  compagnie  ,  et  leur  manday  quMls  se  rendissent  vers 
Buzet ,  et  quo  je  voulais  essayer  de  passer  la  rivière  de  Garonne ,  et  s'ils 
cntendaient  quo  les  ennemis  me  vinsent  empescher  le  passage,  qu'ils  leur 
donnassent  des  alarmes  par  derrière.  » 

La  nécessité  de  défendre  ce  passage  fui  reconnue  par  les  Etats  du  Lan- 
guedoc assemblés  à  Narbonne  en  1596.  Ils  prièrent  le  maréchal  de 
Joyeuse  et  le  due  de  Ventadour  de  réunir  leurs  forces  pour  reprimer  le 


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—  47  — 

capìtaioe  Caravelles ,  contre  leqoel  ia  peioe  de  mori  fui  décrélée  poar 
s'étre  emparé  de  Buzel.  Après  cet  échec,  celle  localilé  jouit  de  la  paix  et 
des  avanlages  accordés  par  Henri  IV.  En  récompense  de  leur  fldélilé,  ce 
prince  porla  le  nombre  de  leurs  consuls  de  deux  à  trois  el  les  revélìt  de 
la  robe  des  capìlouls  de  Toulouse ,  rcconnut  leurs  coulumes  et  octroya  de 
Douvelles  fraucbises  et  llbertés.  Ces  liberlés  furent  défeudues  devaut  les 
cours  et  les  parlemeols  par  plusieurs  nobles  persoDuages,  qui  recevaieot 
des  babitauts  aide  et  secours  au  temps  de  la  ebasse  dans  ia  grande  forèt. 
Eprìs  des  agréments  de  la  plaine  du  Taro  et  de  la  beaulé  du  site,  en  1664» 
ils  pricrent  saint  Vincent  de  Paul  de  se  fixer  a  Buzel  aiin  d'élever  leurs 
enfants.  Louis  Abelly ,  évéque  de  Rodez ,  raconte  aiosi  le  fait  :  «  Saint 
Vincent  de  Paul  prit  la  résolution  d'accepter  une  pelile  régence  qu'on  lui 
offrii  à  qualre  lieues  de  Toulouse,  dans  la  ville  de  Buzel,  où  plusieurs 
genliisbommes  des  environs  lui  donnèrenl  leurs  enfanls  en  peusion  ,  et 
mème  on  lui  en  envoya  de  Toulouse ,  comme  il  le  manda  à  sa  mère  par 
une  lettre  qu'il  lui  écrivit.  »  Au  milieu  de  ces  paisibles  occupalions  el  des 
courses  des  seigneurs ,  Buzet  laissait  tomber  ses  remparls  et  l'enceinle 
de  défense  du  chàleau-forl ,  doni  les  malériaux  servirenl  à  bàlir  un  nou< 
veau  cbàleau.  Malheureusement ,  les  nouvelles  conslruclions  s'embelli* 
reni  aux  dépens  des  anciennes,  et  les  débris  de  celles-ci  furenl  ulilisés, 
sous  prélexle  de  dèg&ls  occasionnés  par  les  eaux  pluviales ,  à  combler 
d'un  mètre  el  demi  l'inlérieur  de  Téglise  et  les  rues  adjacenles.  Le  corps 
principal  du  cbàleau  des  comics  Raymond  subsisla  seni  jusqu'aux  pre- 
mìers  lemps  de  la  République.  Quelques  années  avant  celle  epoque  ,  il 
ètait  ulilisé  comme  dépendance  du  cbàleau  moderne ,  ayec  lequel  on  pou- 
vali  communiquer  par  le  souterrain.  Celle  issue  scerete,  prolougée  le  long 
du  Tarn  au  delà  du  fosse  qui  avail  élé  comblè ,  sauva  la  vie  à  plusieurs 
personnes  dans  les  circonstances  suivantes.  L'an  1771 ,  Louis  XV  cèda 
au  comic  de  Clarac  la  chàlellenie  de  Buzet,  avec  privilège  de  baule  et 
basse  juslice  ;  celle  clause,  diamélralement  opposée  aux  engagemenls  pris 
par  Raymond  VII  de  ne  jamais  céder  la  cbàlellenie  de  Buzet  en  loul  ou 
en  parile,  blessa  l'orgueil  des  babilanls  et  amena  naturellement  quelques 
modiflcations  aux  usages ,  coulumes  et  liberlés,  ou  du  moins  les  soumit  a 
un  examen  plus  rigoureux.  Froissé  dans  son  orgueil  et  gène  dans  ses 
coutumes,  le  people  se  laissa  aller  a  une  baine  violente.  Ce  senlimenl , 


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—  48  — 

refoulé  aa  fond  des  ccBurs,  éclata  vingt  ans  après,  comme  une  vengeance, 
dans  les  journées  des  7  et  8  janvier  1791. 

Le  comle  de  Ciarac ,  après  avoir  émigré  avec  les  princes ,  revenait  aa 
moderne  cb&teau  de  Buzet  ;  son  éloigaemeot  et  son  retour  éveiilèreut  les 
soupgoDS  des  habilaols  maiintenlioDDés.  Une  aclive  surveillance  ,,rendue 
facile  par  la  trabìson  de  plusieurs  domesUquejS  >  fut  exercée  contre  lui. 
L'arrivée  de  son  parent,  M.  d'Escayrac,  colonel  de  gendarmerie,  de  M.  de 
Cuminel ,  son  ami ,  et  aulres  personnages  inconnus,  fut  sìgnalée  et  inter- 
prétée  d'une  manière  odieuse. 

L'interprétalion ,  cbez  ce  peuple  surexcilé,  se  cbangea  en  cerlitude  par 
la  conduile  équivoque  de  deux  domestiques  :  ils  se  rendaient  auprès  de 
ieur  maitre,  M.  d'Escayrac,  et ,  au  iieu  de  suivre  la  route  ordinaire,  ils 
prirent  une  voie  détournée ,  s'arrétèrent  dans  une  auberge  isolèe ,  où  ils 
attendaient  la  nuit  pour  arriver  au  cbàteau.  Précaution  dangereuse  :  ils 
sont  arrélés  ;  leurs  portemanteaux  sont  visités.  Rien  de  compromettanl 
n'est  découvert  dans  leurs  effets;  mais  daus  leurs  personnes,  le  peuple 
soupQonneux  volt  deux  émissaires  de  Ieur  maitre ,  déjà  accuse  d'attentai 
à  la  liberlé  publique.  L'état  d'arrestation  est  maintenu ,  sans  ègard  aux 
remontrances  du  comte  de  Ciarac.  Une  dénonciation  contre  lui  est  en-^ 
voyée  immédiatemeut  au  general  commandant  les  légions  toulonsaines , 
et  le  lendemaiu  ,  7  janvier ,  à  neuf  beures  du  matin  ,  la  municipalilé , 
sui  vie  de  la  garde  nalionale,  se  présente  dans  le  vestibule  du  cbàleau,  où 
descend  le  comte  de  Ciarac.  Soil  senlimenl  d'une  légilime  défense ,  im- 
prudente indignalion  ou  toute  aulre  cause ,  il  tira  et  blessa  le  major  de 
la  garde  nalionale;  celle-ci  riposta  ;  il  n'y  eul  pas  de  victimes.  Aussilòt , 
le  rappel  ballu  dans  loules  les  direciioos ,  le  bruit  du  tocsin  ,  des  déto- 
nalioDS  successives  appelleot  de  nouveaux  agresseurs  ,  tenus  à  distance 
par  plusieurs  décbarges  parlies  du  cbàleau  ;  les  munilions  épuisées ,  on 
lente  de  s'evader.  Toules  les  issues  sont  gardées.  Comme  dernier  essai , 
on  jette  Tor ,  l'argent ,  les  bijoux  ,  les  effets  précieux  du  seigneur  et  de 
ses  arnis.  La  multitude  avfde  les  ramasse  et  répond  d'un  gesle  meoagant , 
suivi  d'une  fatale  exéculion.  L'incendie  dévore  entièrement  le  cbàleau. 
Converti  en  peu  d'inslanls  en  borrible  brasi^r  ;  il  devient  la  base  d'une 
immense  pyramide  de  flammes.  La  sinistre  lueur  porte  l'effroi  dans  le 
coeur  des  babitants  de  Saint-Sulpice ,  doni  la  garde  nalionale  arrive  vers 


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—  49  — 

miDoit  aux  portes  du  pare;  elles  sont  fermées  et  gardées  par  des  senti- 
nelles  et  des  munìcìpaax.  On  ìntime  Pordre  de  rester  ìmpassible ,  l'arme 
au  bras^  et  d'arréler  tout  secours  venant  de  Lavaur.  Dans  celle  dernière 
extrèmìlé ,  le  comte  de  Clarac  et  son  personnel  étaient  descendus  dans  le 
souterrain  ,  dont  on  avait  bouché  el  gami  de  malières  inflammables  tou- 
ites  les  ouvertures.  L'air  devenail  de  plus  en  plus  rare,  lorsque,  vers  deax 
heures  de  la  nuit ,  on  sentii  un  courant  assez  vif  :  une  porte  enUèrement 
carbonisée  venali  de  tomber.  Auprès  d'elle ,  à  l'extérieur ,  veiliaìt  un  do- 
inesUque  :  il  avertit  son  maitre  de  se  sauver  au  plus  vite.  Le  moment 
était  favorable  :  on  se  trouvait  à  l'extrémité  la  plus  opposée  du  chàleau  ; 
rìssue donnait dans  le  ravin  profond,  au  confluenl  du  Tarn,  dont  la  rive 
était  sillonnée  par  un  sentier  aboutissant  au  pori ,  où  était  amarrée  une 
barque  appartenant  au  seigneur.  L'obscurilé  de  la  nuit  était  augmentée 
par  les  brouillards  de  la  rivière  :  tout  semblait  favoriser  l'évasion.  Le  co- 
lonel  de  gendarmerìe ,  M.  d'Escayrac ,  se  présente  le  premier  :  atleint  en 
pleine  poitrine  de  deux  coups  de  feu ,  il  tombe  mortellement  frappé.  On 
était  trahi.  On  rentre,  on  erre  dans  l'inlérieur  du  souterrain  jusqu'au 
lendemain  ,  où  arrivenl  de  Toulouse  deux  commissaires  revélus  de  loule 
autorité  :  ils  ordonnenl  à  cent  hommes  de  la  garde  nationale  de  Lavaur  et 
de  Sainl-Sulpice  de  protéger  el  de  conduire  hors  de  tonte  atleinte  les 
personnes  encore  dans  le  souterrain  ,  à  l'exception  du  comte  de  Clarac , 
maintenant  en  élat  d'arrestation.  Depose  sur  une  charrelte  et  protégé  par 
la  méme  escorte,  il  fui  dirige  vers  Toulouse,  où  il  devail  étre  acquine. 

Débarrassés  de  tout  surveiliant,  des  hommes  à  Qgure  sinìslre  reve- 
naienl  au  chàleau  ,  cherchaient  encore  au  milieu  des  ruines  et  des  lour- 
billons  de  fumèe,  et,  dans  une  precoce  cupidilé,  calculaient  les  suites 
possibles  de  leur  attentai  ;  le  lendemain  ,  une  revolution  passali  et  em- 
portait  coulumes  el  franchises  communales. 

AuG.  MASSOL. 

Gbanome  honoraire. 


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ANTIQUITÉS  DU  SAHARA  ALGÉRIEN. 


Dans'un  voyage  au  Sahara ,  faìt  en  1849 ,  a  la  suite  d'une  de  oos  co- 
lonnes  expédilioonaires,  je  recueillis  les  documenls  nécessaires  pour  éta- 
blir  la  lopograpbie  medicale  de  ce  curieux  pays.  J'eo  exlrais  les  notes 
suivantes ,  qui  offrironl  peut-étre  un  cerlain  inlérét  si  Fon  songe  a  la 
région  inconnue  qui  les  a  fournies. 

11  est  probable  que  les  Romains  n'étendirent  pas  leurs  conquétes  au 
delà  du  Teli  (parlie  cuUivée  de  rAlgèrie)  ;  ils  ne  dépassèrenl  pas  les 
grands  lacs  salés,  ou  Cholt,  nommés  par  Ploléméeet  rilinéraire  d'Anto- 
Din  :  Salince  nubonenses.  Si  Marius ,  à  la  poursuite  de  Jugurtba , 
s'avanza  jusqu'au  lac  Melghir,  c'esl  que,  de  ce  coté,  la  transilion  entro 
le  Teli  el  le  Sahara  est  insensible ,  tandis  que ,  dans  l'ouest ,  ces  deui 
règions  sont  séparées  par  de  vastes  espaces  arides  el  sans  eau. 

Les  expéditions  dans  le  sud  ne  fureut  point  tentées  à  ces  époques  recu- 
lées  ;  elles  ne  paraissaient  point  nécessaires ,  et  les  tribus  nomades  du 
déserl ,  Gétuies  el  Garamantes ,  n'inquiélaient  point  les  possesseurs  des 
rives  de  la  Mediterranée. 

Coque  les  anciens  savaienl,  par  les  explorations  des  còtes  orìentales 
de  la  Libye  et  par  le  fameux  pérìple  d'Hannon,  qui  Qt  connailre  la  còte 
occidentale  ou  océanique,  c'est  qu'un  vaste  déserl  de  quatre  cents  lieues 
de  largo  occupali  le  centro  de  TAfrique  et  separali  les  règions  seplentrio- 
nales  des  lerres  auslrales;  nous  n'en  savons  guère  plus  aujourd'bui. 

Hannon  s'avanza ,  au  sud  ,  jusqu'au  delà  du  Senegal ,  et  crut  avoir 
fait  le  tour  de  l'Afrique  ;  celle  erreur  se  perpètua  longtemps. 

Plolèmèe  rapporto  Texpèdition  de  Julius  Malernus,  parli  de  Leptis 
Magna,  dans  la  Tripolilaine,  avec  le  concours  du  roi  des  Garamantes , 
pour  explorer  les  lerres  aurifères,  visitèes  dèjà  par  Septimius  Flaccus. 
Les  légions  romaines,  après  quatre  mois  de  marche  vers  le  sud^  s'avan- 


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—  24  - 

cèreot  jusque  sous  le  5'  degré  de  latitude ,  après  avoir  tra?ersé.des  oasis 
Dombreuses  séparées  par  des  sables  brùlaots  ;  ils  s'arrétèrent  au  poiol 
centrai  des  trois  lacs  d'où  sortenl  les  deux  bras  du  Nil  Blanc  et  du  Nil 
Bleu.  Ce  voyage  est  sans  doule  uoe  des  enlreprises  les  plus  hardies  qui 
aieot  été  teutées  par  les  Romains. 

Les  Gélules  étaient  appelés  aussi  Troglodytes;  od  supposait  qu'ils  vi- 
vaieut  dans  des  grottes  ou  des  trous  creusés  daus  la  terre.  Les  Gara- 
mantes  babilaieot,  a  l'est  des  premiers,  le  centre  de  la  Libye  (Sahara 
de  Tunis  et  de  Tripoli);  on  disail  de  leur  laugage  qu'il  ressemblait  au 
gazouillemeDt  des  cbauves-souris.  Ils  mélaieot  le  sei  au  sable  pour  le 
reodre  fertile.  Leurs  femmes  étaieut  ea  commuo;  ils  maugeaient  des 
reptiles,  et  étaieut  rapides  à  la  course. 

Le  Sahara,  d'après  les  auteurs  grecs  et  romains,  étail  infeste  de  ser- 
pents  venimeux  ;  les  rivières  fourmiilaient  d'hippopotames  et  de  croco - 
diles;  les  montagnes  étaieut  remplies  de  bétes  féroces  et  d'éléphants. 

Voilà  le  résumé  des  connaissauces  des  anciens  sur  le  Sahara  et  ses 
habitants.  Quels  sont  les  monuments  de  leur  epoque  qui  subsisleul  encore 
aujourd'hui? 

11  existe  des  ruiues  romaines  uorobreuses  a  la  limile  du  Teli  et  du 
Sahara,  c'est-à-dire  sur  la  ligne  de  ceinture  qui  a  été  longlemps  la  libile 
sud  de  notre  occupation.  Celle  ligne  est  actuellement  jalonnée  par  une 
suite  de  postes  fraueais,  bàlis  presque  tous  sur  Templacement  d'anciens 
forts  romains.  Pour  ne  parler  que  de  la  province  d'Oran,  Sebdou ,  Saìda, 
Tiarety  et  leurs  environs  offrent  des  vesliges  de  construclions  importantes. 
Au  moyen  de  Tilinéraire  d'Anlonin ,  on  peut  rétablìr  les  noms  porlés 
aulrefois  parces  ruines  :  Sebdou  serail  l'ancìenne  Calama,  Salda  Victo- 
ria y  Tiaret  Gada-Castrum ;  etc. 

M.  Azéma  de  Montgravier  a  parfaitemeut  étudié  celle  panie  de  l'Al- 
gerie. 

Au  delà  du  Teli ,  dans  la  région  du  Sahara  et  des  oasis,  nous  n'avons 
pas  vu  de  ruines  romaines  ;  il  n'en  existe  point ,  du  moins  dans  la  parile 
que  nous  avons  parcourue  pendant  quatre  mois.  Si  les  armées  romaines 
ont  habité  ces  régions,  c'est,  corame  nous,  temporairemeot  et  sans  laisser 
trace  de  leur  passage. 

Les  monuments  d'origine  numide,  qu'on  rencontre  dans  le  Sahara, 


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—  22  — 

doivent  étre  assìmìlés  a  d'autres  coDStructioDS  qui  eiistent  dans  le  Teli  ; 
c'est  la  méme  arcbiteclure ,  c'est  sans  doate  aussi  la  méme  destiDalion. 
Od  les  regarde  géDéralement  comme  les  lombeaux  des  anciens  rois  de 
Namidie. 

Je  cilerai^  dans  le  Teli,  le  monoment  de  Medragen^  à  quelques 
lieues  de  l'ancieone  Lambèse,  et  le  Koubba-er-Roumia ,  décrit  par  Bruce 
[Voyage  aux  sources  du  Nil),  qui  est  sitaé  sur  une  montagne,  aa 
bord  de  la  mer,  entreKoléah  et  Cberchell  ;  Slrabon  en  parie  et  le  nomme 
monumentum  regalis  geniis.  On  pense  qu'il  servit  de  sépulture  a  Clèo- 
pàtre  Sélénée ,  Alle  d'Anloine  et  de  la  fameuse  Cléopàlre  ;  elle  fut  mariée 
en  Fan  25,  à  Juba,  roi  de  Mauritanie,  qui  avaìt  fixé  sa  residence  à  Cesa- 
ree {Cherchelt).  Ce  dernier  monument  est  en  ce  moment  Tobjel  de  fouilles 
imporlanles. 

Sur  les  hauts  plateaux  du  Sahara,  il  exìsle  quelques-uns  de  ces  monu- 
menls.  A  Sidi-Lackdary  au  sud  de  Frendah ,  on  volt  plusieurs  tom- 
beaux  de  ce  genre.  En  voici  la  descriplion  :  Sur  une  élévalion,  a  Taspect 
du  midi ,  s'èièvent  six  pyramides  bien  conservées ,  reposant  sur  une  base 
carrée  en  magonnerie ,  supporlée  elle-méme  par  un  large  soubassement 
en  terre.  La  pyramide  a  la  forme  d'un  cóne  dont  l'aréte  est  légèremenl 
courbe.  Ce  cóne  a  environ  un  mèlre  de  diamètre  a  sa  base  et  trois  mè- 
tres  de  hauteur  ;  il  devaìt  étre  surmonté  d'un  monolilhe  plus  ou  moins 
élevé.  Le  cube  de  ma(5onnerie  a  environ  trois  mètres  de  cóle  sur  deux  de 
bauleur;  le  lerrassement  a^uaranle  ou  cinquanle  pas  de  longueur. 

Ces.monuments  ont  la  plus  grande  analogie  avec  les  Nur-hags  de  Sar- 
daigne ,  dont  l'origine  est  pbénìcienne  et  la  destination  èvidemment  fune- 
raire. 

Il  me  reste  à  parler  des  dessins  tracés  sur  les  rocbers  du  Sahara. 

C'est  dans  la  région  des  oasis,  vers  le  32*^50^  de  lougitude  nord  et  le 
2^30^  de  latitude  ouest ,  a  Tyout  et  a  Moghar,  sur  la  limite  du  grand  dé- 
sert,quenous  avons  renconlré  et  observé,  gravées  sur  la  pierre,  les 
images  les  plus  fantasliques ,  les  plus  étranges  qu'on  puisse  imaginer. 

Nous  donnons  une  reproduction  de  celles  qui  existent  à  Tyout  et  que 
Dous  avons  dessinées  nous-méme  sur  les  lieux. 
Ce  soni  de  véritables  hiéroglyphes,  des  copies  naìves  d'hommes  et 


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—  23  ~ 

d'anìmaux.  Le  trait  eD  est  ferme  et  profond;  il  ne  manque  ni  d'inlention» 
ni  d'étude;  le  procède  seul  a  fait  défaut  à  Tarlisle. 

Il  a  fallu  beaucoop  de  patieoce  et  de  temps  pour  écrire  cette  page 
gigantesque. 

A  Tyout ,  les  dessins  se  voient  sur  les  rochers  de  grès  rouge  qui  sont 
accumulés  sur  la  rive  gauche  de  l'oasìs  ,  à  Texposìtion  du  sud. 

Le  bloc  de  grès  ferruglneux  sur  la  face  verticale  duquel  on  a  trace  ces 
grossières  images  a  eovirou  ceut  pieds  de  long  et  trente  pieds  de  bauteur. 
La  surface  de  la  pierre  est  presque  noire ,  et  les  figures  ressortent  par  la 
teinle  rouge  qu'on  a  oblenue  eu  gratlanl  et  creusaot  la  surface  du  roc. 
Le  trait  a  souvent  un  ceulimèlre  de  largeur  sur  deux  ou  trois  millimètres 
de  profondeur  ;  od  ne  saurait  dire  quel  est  rinstrument  qui  a  servi  à  le 
creuser. 

Il  est  impossible  de  mèconnaftre  les  types  divers  des  animaux  qu'on 
a  voulu  figurer.  Le  boBuf,  le  cbien  ,  la  chèvre,  le  lion,  Tanlilope  ,  l'au- 
truche,  rélèpbanl,  le  rhinocéros,  le  lièvre,  la  vipere^  sont  fldèlement 
représentés. 

Les  bommes  sont  nus  ;  leur  bras  est  arme  de  Tare  et  des  fiiècbes. 
Les  sujets  qui  ont  semblé  le  plus  dignes  d'étre  burinés  sont  ordinaire- 
ment  obscènes. 

Od  ne  voil  ni  le  cheval ,  ni  l'àne,  ni  le  mulet,  ni  le  mouton,  ni  le 
chameau  ;  mais  l'on  reconnaft  parfaitemeut  rélépbaDl ,  qui  a  disparu 
depuis  longtemps  de  ces  régions,  ce  qui  pourrait  servir  a  meltre  une  date 
au  bas  de  ces  rocbers. 

D'un  autre  coté,  le  costume  et  les  armes  des  iudividus  indiquent  que 
les  dessins  remontent  a  la  plus  haute  antiquitè,  aux  temps  antèhìstori- 
ques ,  a  moins  que  l'artiste  n'ait  voulu  reprèseater  des  personnages  de 
fantaisie,  ce  qui  n'est  guère  probable. 

Il  faut  remarquer  que  le  trait  qui  unit  les  individus  entro  eux ,  daos 
un  raéme  sujet,  sert  à  iudiquer  une  espèce  de  parente.  Mainlenant,  que 
celte  lìgne  parte  des  organes  sexuels  et  y  aboulisse,  rien  ne  semble  plus 
naturel ,  surtout  quand  un  songe  combien ,  pour  des  gens  peu  civilisès,  les 
rapports  des  sexes  ont  d'importance  et  d'attrait.  Ce  serait  dono  là  le  signe 
de  la  familie. 

Certains  traits  d'union  ne  permetteDt  pas  de  douter  que ,  à  cette  ópo- 


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—  24  — 

qne ,  les  peDchants  les  plus  honteux  n'aient  été  familiers  aux  habitants 
de  ces  climats.  '^ 

Le  signe  qui  distingue  l'honome  est  vertical  sur  la  poitrine;  celui  de  la 
femme  est  horizontal  à  la  ceìnlure  ;  il  est  probable  qu'elle  portaìt  un  véte- 
ment  rudimentaire  autour  des  reins. 

D'autres  femmes  onldes  espèces  de  mancbes ,  ce  qui  iudìque  un  grand 
Inxe  de  toilette.  Quelques  honnmes  portent  des  couronnes  de  plunies  ;  ce 
sont  les  lireurs  d'arcs  qui  eu  sont  spécialenoent  orués  :  ce  serait  le  signe 
de  la  grandeur  et  du  commandement. 

Les  cbasseurs  sont  quelquefois  accompagnés  de  femmes  qui  paraissent 
émerveillées  de  l'adresse  de  leurs  maris.  Il  y  a  une  chasse  a  l'autruche 
compièle  et  fori  réjouissante  ;  le  chien  semble  en  élre  Tauxiliaire. 

A  Mogbar,  les  dcssins  sont  moins  nombreux  ,  mais  plus  compliqués. 
Ils  sont  tracés  sur  des  rocbes  horizontales  de  calcaire  grossier  ou  traver- 
tin;  ils  soni  moins  bien  conservés  et  plus  dlfflciles  à  déchiffrcr;  cepen- 
dant  on  y  remarque  la  girafe,  qui  n'existe  pas  à  Tyout. 

On  doit  reconnattre  que  tous  ces  dessins  remontent  à  une  epoque  anté- 
rìeure  a  l'invasion  arabe;  caf,  en  supposant  qu'un  mahométan  eùt  l'idée 
et  le  talent  de  reproduire  les  objets  qui  frappaient  ses  regards  ou  son 
imagìnation,  sa  religion  lui  eùt  défendu  de  pousser  si  loin  un  travail 
contraire  aux  lois  iconoclastes.  Du  reste,  les  babitants  actuels  du  pays 
ne  donnent  aucun  renseignement,  traditionnel  ou  autre,  sur  ces  dessins , 
dont  ils  ignorent  l'origine. 

Leur  aspect  inspire  une  foulede  pensées  et  de  suppositions. 

Esl-ce  là  un  fait  isole?  est-ce  le  produit  de  rintelligence  ou  de  l'adresse 
d'un  Seul ,  ou  bien  était-ce  un  art  rèpandu  et  enseigné  dans  ces  contrées 
ou  venu  de  plus  loin?  L'auteur  s'est-il  inspifé  de  la  nature  seule,  ou  bieu 
avait-il  voyagéet  vu,  en  Egypte  ou  ailleurs,  des  images  sembiables? 
Sont-ce  là  les  premìers  pas  d'un  art  dans  l'enfance,  ou  les  derniers  ves- 
tiges  d'une  civilisalion  perdue?  Cependant,  maigré  la  naiveté  du  dessin  , 
on  ne  sauraìt  voir  là  une  tentalive  hasardée.  Pour  arriver  à  celle  perfec- 
tion,  tonte  incomplète  qu'elle  paraisse,  il  a  fallu  des  brouillons,  des  essais, 
des  tàtonnemenls,  dont  nous  voyons  le  resultai  déQnitif. 

Peut-étre  une  colonie  ègyptienne  s'était-elle  flxée  à  Tyout,  dont  le  nom 
peut  servir  d'indice  ? 


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—  85  — 

Pendant  roccupalion  romaine ,  une  légìon  aura  stationné  dans  ces  pa- 
rages ,  et  quelque  soidat'égyptien  aura  peut-étre  occupé  les  loisìrs  de  la 
garnison  en  esquissant ,  a  la  mode  de  son  pays ,  ces  grossières  images. 
Cette  dernière  hypothèse  me  semble  la  plus  vraisemblable. 

Voici  pourquoi  : 

J'assìmìle  ces  dessins ,  non  pas  aux  hiéroglyphes ,  mais  aux  Qgures 
qui  décoraìenl  les  monumenls ,  les  maisons ,  les  lombeaux ,  dans  Fan^ 
denne  Egypte.  Ce  ne  sont  pas  des  caraclères  hiératiques  oxidémotiqueSy 
vam  ce  sont  des  sìgnes  figuratifs ,  par  lesquels  rimagÌDalion  antique 
reproduisait  ses  idées  les  plus  capricieuses.  Il  y  a  aussi ,  sans  doute , 
quelques  signes  symboliques ,  mais  le  sens  en  échappe  à  un  observateur 
vulgaire. 

Le  Sahara  aura  peat-élre  un  jour  son  ChampoIIion. 

Quoiqu'il  ne  soit  pas  question  de  signes  semblables  dans  les  travaux  de 
Fimmortel  traducteur  de  l'inscription  de  Rosette ,  cependanl  on  peut  faire 
le  rapprochement  remarquable  qu'il  ne  parie  pas  du  chameau ,  iequel 
n'élait  poìnl  employé  par  les  ancieos  Egyptiens  et  n'est  dessiné  sur  aucun 
de  leurs  moDuments.  De  plus,  le  cheval  étail  exclusivement  réservé  à 
trafner  des  chars  et  ne  servait  pas  de  monture  à  l'homme.  Ceci  expli- 
querait  l'absence  de  ces  deux  aoimaux  dans  nos  dessins;  l'artiste  n'aura 
représenté  que  ce  qu'il  avait  sous  les  yeux. 

Dans  son  voyage  en  Egypte  et  en  Nubie,  J.-J.  Ampère  me  fonrnit  une 
preuve  de  plus  pour  soutenir  que  les  dessins  du  Sahara  sont  d'origine 
égyptienne. 

En  effet,  à  Silsilis,  sur  les  bords  du  Nil,  le  savanl  touriste  relève, 
sur  les  rochers ,  des  signes  tout  parliculiers.  «  Ce  ne  sont  pas  des  hiéro- 
glyphes ,  dit-il  ;  ils  ne  ressemblent  aux  letlres  d'aucun  alphabet  connu. 
Peut-étre  ont-ils  èie  dessinés  par  une  populalion  illeltrée  !  ^  Il  sìgnale 
les  images  grotesques  de  divers  animaux  :  lions,  girafes ,  autruches, 
éléphants,  etc. 

Plus  loin  y  au-dessus  de  la  première  cataracte ,  un  peu  en  avant  de 
rile  de  Philse,  nolre  voyageur  remarque  sur  les  rochers  de  vérilables 
honshommes.  <  Evidemment  ces  inscriplions  ont  une  origine  populaire; 
»  quelques-unes  ont  servi  peut-étre  a  dèsennuyer  un  soldat  de  la  garnison 
))  de  Philae?  »  Ces  dessins  sontsouvent  indécents;  et,  ainsi  que  le  dit 

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AiQpère  :  «  L'hiéroglyphe ,  parfois,  brave  l'hoDDéteté,  comme  le  latin.  » 
Cesi  UD  rapport  de  plas  avec  les  images  du  Sahara. 

Aq  priDtemps  de  1850,  le  docteur  Barlh  rencontrail  dans  le  Sahara 
de  Tripoli ,  entre  Mourzouk ,  capitale  du  Fezzan  ,  el  l'oasis  de  Ghàt ,  des 
dessios  semblables  Iracés  également  sur  de  grands  blocs  de  grès.  L'un 
des  groupes  décrils  reprèsente  un  homme  a  téle  de  taureau  et  uq  autre  à 
téle  d'oiseau  {ibis). 

Il  y  a  différeutes  représentations  d'animaux  :  boeufs ,  chevaux  ,  ànes  ; 
ces  deux  deroières  espèees  uè  QgureiU  pas  a  Tyout ,  mais  l'abseDce  da 
chameau  est  coDslatée  par  le  docleur  Barlh  comme  par  dous;  ce  qui 
cooQrme  celle  idée  que  ce  précieux  ruminant  est  une  acquisilion  relalive- 
menl  récenle  pour  le  déserl.  Le  docteur  Barlh  ne  dil  pas  que  l'éléphant 
soit  reprèsente  sur  les  rochers  de  Ghàt;  il  esl  d'accord  avec  nous  pour  at- 
tribuer  ces  figures  à  l'ari  égyplien. 

On  peut  rapprocher  des  dessins  recueillis  dans  le  Sahara  algérien  les 
bas-reliefs  et  les  figures  rapportés  de  l'Asie  Mineure  par  la  mission  scien- 
tiflque  de  1862,  ou  trouvés  dans  les  cavernes  du  nord  de  TAmérique. 
Cesi  la  méme  uaivelé  de  forme,  d'expression ,  le  méme  slyle,  les  mémes 
détails  graphiques.  La  seule  différence,  et  elle  est  capitale,  c'est  que  les 
dessins  anciens  el  azlèques  soni  en  relief  sur  la  pierre,  tandis  qu'au  Sa- 
hara ,  comme  en  Egyple,  les  figures  soni  indiquées  par  un  Irail  profond 
qui  accuse  les  contours  el  les  principaux  détails. 

Une  remarque  generale  peul  donc  élre  faile  :  c'est  que  les  dessins  au 
trail  apparliennent  aui  anciens  babllanls  du  nord  de  TAfrique,  tandis 
que  les  figures  en  relief  caraclérisent  les  races  primilives  de  l'Asie  el  de 
TAmérique. 

Je  n'insiste  pas  sur  ce  sujel  inléressanl,  que  je  ne  me  flatte  pasd^avoir 
approfondi,  mais  doni  je  n'ai  pas  besoin  de  faire  ressorlir  l'importance 
archéologique  et  elhnographique. 

ARMIEUX. 


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SAINT-SULPIGE-DE-LA-POINTE. 

SAN  SOMPLISI,  GASTRUM  SANGTI  SULPìTII. 


Il  est  impossible  au  voyageur  qui  parcourt  la  route  parfois  un  peu  mo- 
notone d'Albi  a  Toulouse  de  ne  pas  arréler  ses  yeux  sur  le  pilloresque 
paysage  qne  lui  présente  le  pelil  village  de  Saint* Sulpice-de-la-Poinle.  Co- 
quellement  assis  sur  les  rives  boisées  et  presque  abruptes  de  l'Agoùt ,  il 
semble  étaler  avec  complaisance  son  clocher  sevère^  a  la  leinte  grisàtre , 
et  les  vieux  pans  de  murs  de  son  caslel  en  ruines.  Le  conlraste  de  celle 
nature  fraiche,  riante  et  toujours  jeune ,  avec  ces  débris  légués  par  des 
hommes  qui  ne  soni  plus ,  est  bien  fait  pour  parler  a  l'imaginalion  de 
celui  pour  qui  les  beautés  de  la  nature  onl  des  charraes ,  et  les  souvenirs 
des  siècles  passés  une  voix. 

Aussi  est-ce  avec  un  véritable  intérét  que  j'ai  mis  à  exécution  le  projet 
des  longtemps  nourri  d'aller  visiler  Saint-Sulpice-de-la-Poinle.  Mon  attente 
n'a  pas  élé  trorapée  ;  car,  oatre  son  sile  enchanteur,  qu'on  ne  peul  se  las- 
ser  d'admirer,  ce  petit  village  offre  a  l'elude  de  l'archéologue  une  réunion 
précieuse  d'objets  inflniment  intéressanls. 

Sainl-Sulpice  ,  autrefois  forliflé ,  étail  prolégé  du  còlè  du  couchant  par 
un  ravin  très-profond  servant  de  lit  au  pelil  ruisseau  de  la  Planquette.  La 
berge  de  droile  de  ce  ravin ,  presque  laillée  a  pie,  seri  de  soubassement  a 
de  vieilles  murailles,  solidiflées  par  d'énormes  conlre-forls.  Ces  débris  des 
anciennes  forliQcalions  de  Saint-Sulpice  ne  présentent ,  du  reste  ,  aucun 
caractère  bien  distinct ,  et  n'exislent  pas  méme  a  Tétat  de  vesliges  sur  les 
autres  còlés  de  la  ville.  Celle  bastide  était  donc ,  comme  on  le  volt ,  en- 
fermée  dans  une  espèce  de  triangle  forme  par  ce  ravin ,  l'Agoùt  et  un 
fosse  exìslanl  encore  aujourd'hui,  qui  complélail  la  défense  de  la  ville  du 
coté  du  midi. 


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—  28  — 

Od  franchil  le  ravin  de  la  Planquette  sur  un  pout  gotbique ,  remon- 
tant ,  à  ce  quii  m'a  paru  ,  au  quatorzième  siede.  Son  ogive,  très-élancée, 
est  surmontée  d'un  écussoT\  tellement  fruste ,  que  je  n'ai  pu  en  distinguer 
le  conlenu.  Ce  ravin ,  avec  ses  berges  rocbeuses  et  les  ronces  qui  les  la- 
pissent ,  ces  vieilles  murailles  et  ce  pont  noirci  par  les  années  forinent  un 
ensemble  a  la  fois  sevère  et  pittoresque. 

A  l'extrémitédu  pont  on  dislingue,  mais  a  peine ,  la  naìssance  de  l'are 
qui  formali  la  porte  de  la  ville ,  et  qui  existait  encore  il  y  a  une  Irentaine 
d'années.  A  droite,  une  ouverture  dans  la  muraille  donne  entrée  dans 
une  échauguette  cu  guérile  d'observation ,  doni  il  ne  reste  plus  aujour- 
d'bui  que  la  base.  Deux  bàliments  assez  considérables  forment  les  deux 
eùtés  de  la  rue  et  soni  adossés  aux  murs  d'enceinte  de  la  ville.  A  droile , 
c'était  un  couvent  aujourd'hui  tellement  mutile ,  tellement  approprié  aux 
usages  des  babitants  actuels,  qu'il  faut  que  la  Iradition  Vienne  en  indiquer 
la  primitive  deslination  ;  de  l'autre  coté ,  une  assez  vaste  demeure  ,  ornée 
d'un  portali  Renaissance  ,  et  où  résidaienl  les  seigneurs  de  Sainl-Sulpice 
après  la  chute  de  l'ancien  cbàteau. 

ÉGLISE. 

Les  diverses  parlies  de  l'église  de  Saint-Sulpice  remontent  a  des  épo- 
ques  différentes,  et  présentent,  par  suite,  des  caractères  très-distincts.  Nous 
allons  les  étudier  successivement. 

§  1.  —  Parade  de  l'église.  ' 

Celle  masse  imposante  et  sevère ,  presque  entièrement  dénuèe  d'ouver- 
tures  et  d'ornements,  et  surmontée  de  ses  màcbecoulis,  est  un  beau  spe- 
cimen de  l'architecture  religieuse  et  militaire  du  moyen  àge.  L'emploi 
simullané  de  l'ogive  et  du  plein  cintre  fait  remonter  celle  construclion  à 
l'epoque  de  transition  du  roman  au  gotbique^  c'est-à-dire  vers  le  com- 
mencement  du  treizième  siede.  Deux  tours  carrées ,  sévères  comme  le 
reste  de  la  fa^ade  ,  l'encadrent  en  lui  servanl  de  conlre*forts.  L'ogive  ne 
se  mentre  que  dans  le  portai! ,  qui  est  bas  et  d'une  extréme  simplicitè , 
comme  il  convenait  dans  cet  édiQce  ,  ayant  l'aspect  plutòl  d'une  ciladelle 
que  d'un  lieu  de  prières.  Il  se  compose  simplement  de  trois  arcbivolles 


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—  89  — 

saDS  ornements ,  chacune  d'elles  veoant  sé  reposer  sur  des  systèmes  de 
deuK  coloQDes  gémioées.  Les  cbapiteaui  de  ces  colonnes,  quoìque  rongés 
par  le  temps,  sont  poartant  caractérisUques  et  orués  d'enroulemeots  de 
feuiiiages. 

Aa-dessus  de  l'ogive  du  portali  od  voli  la  trace  d'un  écusson  effacé 
par  raclion  lente  du  temps  »  ou  par  la  maio  quelqoefois  plus  impitoyable 
des  révolutioDS.  Plus  haut,  neuf  arcalures  aveugles,  reposant  sur  des 
corbeaux  taillés  en  flgures  grima^nles ,  dout  deux  seulemeot  sout  con* 
servées ,  viennent  rompre  la  monotonie  de  la  fagade  et  y  produisent  le 
meilleur  effet. 

Audessus  règne  une  première  terrasse  gamie  de  machecoulìsà  plein 
cintre  et  remarquables  par-leur  saillie  coosidérable  sur  la  fagade.  Cette 
galene  se  termine  a  son  exlrémilé  par  un  moucharaby  appuyé  contro  la 
tour  de  gauche.  Nous  trouvons  ensuite ,  en  remonlant,  qualre  arcades  à 
plein  cintre ,  portées  sur  des  piliers  carrés  et  massifs  ;  c'est  sous  ces  arca- 
des qu'élaient  et  que  sont  encore  placées  les  clocbes  de  Tégllse.  La  fa^ade 
se  termine  enQa  par  une  seconde  galerie  de  màcbecoulis  qui  est  la  repro- 
ductìon  de  la  première ,  et  que ,  par  suite  de  sa  posilion  en  relrait  sur 
celle-ci ,  je  pense  n'avoir  été  placée  là  que  comme  sirople  ornemcnt. 

Le  tout  est  surmontè  d'un  petit  clochelon  centrai  avec  ceinture  de  ere- 
neaux ,  et  de  deux  pyramides  hexagonales  placées  aux  extrèmités  ;  ces 
dernières  constructions^  ajoutées  du  reste  évidemment  après  coup,  et  qui, 
par  leur  exìguité  ,  paraissent  disproportionnèes  avec  le  reste  de  la  fagade , 
me  semblent  servir  à  en  faire  ressortir  la  masse  imposante. 

La  hauteur  de  la  fagade  ,  du  pavé  de  l'église  au  sommet  des  flèches,  est 
de  trente-buil  mèlres  environ. 

§  2.  —  Intérieur  de  Féglise. 

Pour  pénètrer  dans  rintérìeur  de  Tèglise  ,  on  est  obligè  de  descendre 
sept  marcbes.  On  peut  se  convaincre  facilement,  tant  par  la  diffèrence  de 
l'appareil  magonnique  employè  que  par  celle  du  style  architeclonique,  que 
rintérìeur  est  bien  plus  récent  que  la  fagade  ;  j'estimerais  approximative- 
ment  qu'il  doit  y  avoir  près  de  deux  siècles  d'ialervalle  entre  les  àges  des 
deux  parties  de  l'église.  L'intérieur  se  compose  d'une  seule  nef  ogivale 


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—  30  — 

d'eoviroD  douze  mètres  de  large  sur  Irente-six  de  loDg ,  et  divisée  en 
qaalre  Iravées  ;  elle  est  d'un  très-bel  effet ,  inalgré  la  couche  de  mauvai- 
ses  peintures  dont  oa  Ta  revétae,  il  y  a  quelques  années.  Les  arcs  de  cette 
nef  soni  élancés;  leurs  nervures  sont  cordiformes  (lores  avec  une  aréle 
jnoQsse) ,  ce  qui  indiquerait  la  fin  du  quatorzième  siede  pour  date  de  sa 
«construclion.  L'abside  est  circulaire,  à  six  relombées  d'arcs ,  qui  viennent 
se  reposer  sur  des  faisceaux  de  trois  colonnettes  en  saillie. 

Si  Fon  jelle  un  coup  d'oeil  sur  les  cbapelles,  on  est  frappé  tout  d'abord 
par  le  peu  de  profondeur  de  celles  du  midi ,  particularité  qui  n'est  expli- 
quée  par  aucune  cause  apparente.  La  première,  en  entrante  est  circu- 
laire,  avec  six  aréliers  supporlès  par  de  sìmples  consoles  sans  ornement; 
elle  sert  de  baptistère.  Les  autres,  du  méme  còlè ,  sont  carrées;  les  qua- 
tre  arcs  d'aréle  de  leur  voùle  viennent  se  reposer  sur  des  corbeaux  ornés 
de  flgures  assez  bien  conservées.  Les  chapelles  du  còte  du  nord  diffèrent 
de  leurs  vis-a-vis  en  ce  qu'elles  sont  plus  profondes  et  présenlent  plu- 
sieurs  parlicularitès  que  nous  allons  signaler  rapidement.  La  troisième 
chapelle,  d'une  construction  beaucoup  plus  recente,  ne  doit  remonter 
qu'au  seizième  siede;  sa  voùte,  plus  surbaissée  que  les  autres,  est  déco- 
rèe  d'énlrelacemenls  de  liernes  et  de  tiercerons  dont  les  intersections  avec 
les  arcs  principaux  sont  ornèes  de  pendenlifs  dans  le  goùt  de  celle  epo- 
que. La  qualrième  chapelle  est  divisée  par  un  are  formerei  en  deux  espè- 
ces  de  Iravées  secondaires  ;  celle  du  fond  est  remarquable  par  la  conser- 
vation  des  tétes  bumaines  qui  supportent  les  arcs  aréliers. 

Avanl  de  sortir  de  Téglise,  on  ne  peut  se  dispenser  d'aller  admirer  un 
magniflque  specimen  de  la  sculplure  religieuse  au  moyen  àge.  Dans  la 
quatrième  chapelle  de  gauche  se  trouve  un  tabernacle  qui,  vu  à  dislance, 
est  loin  de  frapper  l'esprit  et  les  yeux  par  son  encadrement  Renaissance 
en  plàtre  dorè  ;  pourlant ,  il  popte  sur  ses  faces  antérieures  trois  tabletles 
en  ivoire,  dont  les  denlelures  délicales  et  les  sculptures  pleines  de  vie  et 
d'expression  forcent  le  vislteur  a  s'arréter  et  a  s'extasier.  Ce  pelil  chef- 
d'oeuvre  de  l'art  au  moyen  àge  a  figure  a  la  dernière  exposition  d'Albi  et 
a  excilé  déjà  Tadmiration  d'un  grand  nombre  d'archéologues.  Toulefois , 
je  crois  que  celle  elude  sur  l'église  de  Saint-Sulpice  serali  bien  incomplète 
si  j'omellais  de  faire ,  en  quelques  mols ,  la  description  de  ce  tabernacle , 
qui  en  est  le  principal  ornement. 


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—  34  — 

Les  trois  tabletles  soDt  diviséés  chacune  en  deux  compartiments,  eDca- 
drés  dans  des  ogives  trilobées  et  surmofitées  de  leor  gable.  Cbacun  de  ' 
ces  compartimeDts  coQlieot  an  des  principaux  actes  de  la  Naissaoce  et  de 
la  PassioD  de  Jésus-Cbrist  :  1"*  l'Àdoration  des  mages;  2^  TExaltalioD  de 
la  sainte  Vierge  ;  3^  la  Présentation  du  Sauveur  au  terapie  ;  4^  le  Porte- 
ment  de  la  croix  ;  5**  le  Crucifieraent  ;  6°  la  Desceote  de  croix.  Toules 
oes  figares  soDt  remarquables  par  leur  expression  et  leur  Daiveté  ;  les  dra- 
peries  et  tous  les  détails  sont  traités  avec  une  gràce  et  une  simplicitè 
charmanles.  Si  certains  corps  pècheot  an  peu  contre  les  lois  exactes  du 
dessiQ,  le  Cbrist  élendu  sur  la  croix,  par  exemple ,  ces  légers  défauts 
sont  amplement  racbetés  par  la  finesse  de  l'exéculìon  et  surtout  par  le 
profond  sentiment  religieux  que  Tartisle  a  su  faire  respirer  dans  sou  oeu- 
vre ;  c'est  cela  surtout  qui  fait  le  caractère  dislinclif  des  scuiptures  du 
moyen  àge;  la  foi  vive,  qui  régnait  dans  le  coBur  des  arlisles  de  cotte 
epoque ,  guidait  leur  main  et  leur  faisait  produire  des  ouvrages  religieux 
que  Tart  moderne ,  malgré  tonte  sa  perfection  y  essaierait  en  vain  de  sur- 
passer. 

Avant  de  quilter  cotte  rapide  étude,  signalons  une  parlicularité  qui  se 
trouve  dans  le  compartiment  représentant  la  Descente  de  croix.  Sur  le 
premier  pian  se  lient  accroupi  un  personnage  de  structure  difforme,  qui  j^^^^,^^^ 
sous  les  traits  d'un  bouffon  ,  a  Tair  de  se  moquer  de  l'auguste  sckn^^y:\:\ 
laquelle  il  assiste.  Peut-étre  n'est-ce  qu'une  de  ces  mille  fanlaisies  qu^lW     •  ì| 
arlistes  de  cetle  epoque  aimaient  à  piacer  dans  leurs  oeuvres  les  lè^^^  -  >? 
sérieuses;  peul-élre  aussi  le  sculpteur  a-t-il  voulu  flgurer  sous  ces  traìife^ii^^ 
l'Esprit  du  mal,  qui ,  vaincu  dans  colte  grande  lutto  terminée  par  la  mort 
du  Sauveur ,  veut  cacber  sous  son  ricanement  la  houle  de  sa  défaite.  Je 
ne  parie  pas  des  anges  portant  le  soleil  et  la  lune  au-dessus  des  bras  de 
la  croix  dans  la  scène  du  CruciQement ,  cotte  parlicularité  se  trouvant  re- 
produile  dans  presque  toules  les  représenlalions  de  ce  sujet  par  les  arlis- 
tes du  moyen  àge. 

Ces  tablettes ,  que  rornementalion  de  leurs  ogives  et  la  disposition  de 
leurs  personnages  me  feraienl  allribuer  a  un  artiste  du  quinzième  siede, 
proviennent  de  la  cbapelle  de  l'ancien  couvent.  Du  reste,  il  est  facile  de 
voir  qu'elles  n'étaient  pas  placées  autrefois  sur  les  faces  d'un  labernacle , 
comme  elles  le  soni  aujourd'bui  ;  je  croirais  plulótque, réunies  au  moyeu 


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—  Sa- 
de cbarnières ,  elles  formaient  rornement  d'aotel  conna  soas  le  nom  de 
triptyqae.  Oatre  ces  tablettes,  FancieD  couvenla  fourpià  l'église  les  qua- 
tre  colonnes  monoiilhes  en  marbré  rouge  qui  se  troavenl  dans  une  des 
chapelles. 

Par  une  porte ,  située  à  gaucbe  du  sanctuaìre ,  on  enlre  dans  la  sacrìs- 
tie ,  qui  est  vaste  et  voùlée.  Un  couloir  la  fait  communiquer  avec  une  cba- 
pelle,  mainlenant  condamnée  et  divisée  par  un  are  formeret  en  deux  tra- 
vées  secondaires ,  dìsposilion  que  nous  avons  déjà  remarquée. 

Au-dessus  des  chapelles  règne  un  rang  de  fenétr^s  étroites  et  ogivales 
àsommels  trilobés.  Leurs  verrièressontpourla  plupart  inodernes.  L'église 
est  enQn  environnée  d'une  douzaine  de  conlre-forls  à  ressauts  dont  la 
slructure  massive  ajoute  a  Taspect  sevère  de  Texlérieur  de  cet  édiflce. 

€HATEAU. 

Bàti  au  sommel  de  sa  motte  féodale,  qui  est  prolégée  de  trois  cdtés  par 
un  ravin  profond  et  de  Pautre  par  TAgoùl,  le  chàleau  de  Sainl-Sulpice 
étale  encore  fìèremenl  ses  pans  de  murs  a  demi  détruits  et  ses  poéliques 
ruines  recouvertes  de  lierre.  Mais  ce  ne  sont ,  bèlas  1  que  des  ruìnes  trop 
réelles ,  et  l'elude  que  nous  en  ferons  sera  bieo  conrte ,  car  le  temps  ne 
Ta  que  trop  simpliBée. 

Los  restes  de  cette  demeure  féodale  consìstent  en  un  rectangle  forme 
par  de  vieux  murs  en  briques  croulants  de  tous  cdlés,  et  où  l'on  pénètre 
par  une  porte  dont  l'are  cintré  est  a  moitié  détruit.  A  la  partie  nord  de  ce 
rectangle  se  voientles  extrémilés  inférieures  d'arcs  ogivaux,  qui  indiquent 
la  place  de  la  chapelle  seigneuriale.  Enfìn,  au  milieu  de  la  fa^ade  tournée 
vers  l'Agoùt  se  trouve  un  tron^on  en  ruine  d'une  tourelle  dont  la  base  est 
détruite  et  qui  semble  ainsi  suspendue  dans  les  airs.  D'après  l'inspection 
de  ces  ruines,  je  supposerais  qu'elles  composaient  le  donjon  du  magniQ- 
que  chàteau  bàti ,  au  treizième  siede,  par  Sìcard  d'Alaman  ,  détruit  au 
dix-seplième,  et  dont  il  ne  reste  plus  vestige  aujourd'bui.  Le  haut  de  la 
motte  était,  du  reste ,  environné  de  fortifications  donton  volt  encore  quel- 
ques  débris. 

En  quittant  ces  lieux ,  on  ne  peut  se  défendre  du  profond  sentiment  de 
tristesse  qu'inspire  la  vue  de  presque  touleslesgrandes  ruines  ;  c'est  qu'en 


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—  33  — 

effet,  dans  bien  peu  de  jours,  de  ce  cbàteaa  antiqae,  témoìn  de  taot 
d'événemenls ,  il  ne  resterà  qae  le  souvenir  ;  el  les  ruines  de  ce  donjoa, 
qui  parleal  sì  bieo  aax  yeux  et  à  l'imagination ,  auront  disparu  ,  comme 
ont  disparu  déjà  depuis  longlemps  les  seigaeurs  paissaotsqui  l'ont  babité 
et  ìllnstré. 

Si  l'on  descend  la  pente  de  la  motte ,  du  cdtè  de  TAgoùt ,  on  trouve ,  i 
mi-hauteur,  l'entrée  de  ceqo'oQ  appelle  les  souterrainsda  cbàteau.  Crea* 
sés  dans  une  marne  très-résistante  et  soutenus  de  distance  en  distance  par 
de  solides  arceaux ,  ces  couloirs  voùtés  de  deux  mètres  de  baut  sur  trois 
mètres  de  large  en  moyenne  n'ont  éprouvé  aucun  éboulement.  Se  croisant 
perpendiculairement ,  ils  s'étendent  dans  toutes  les  direclions  sur  un  dé- 
veloppement  Irès-considérable.  J'ai  cbercbé  vaìnement  quelques  vesliges 
de  Communications  entre  ces  couloirs  et  le  cbàteau;  j'en  ai  conclu  qu'ils 
servaient  plulòt  de  magasin  ponr  les  provisions  de  la  garnison  que  de 
souterrains  proprement  dits.  Ce  qui  m'a  confirmé  dans  cetle  opinion , 
c'est  qu'à  rextrémité  de  cbacun  de  ces  couloirs  se  trouve  une  cbambre 
rectangulaire  qui  devait  servir  de  dépdt.  Da  reste ,  je  ne  pense  pas  qu'on 
doive  attribuer  a  ces  souterrains  une  construclion  anlérieure  et  les  pren- 
dre  pour  une  babitation  trc^lodytique  ;  car^  dans  ce  cas,  on  trouverait 
plusieurs  étages  superposés  et  des  cbeminées  pratiquées  pour  te  renou- 
vellement  de  l'air,  ce  doni  on  ne  volt  nul  vestìge. 

HISTORIQUB  DB  LA  BARONNIE. 

Saint-SuIpice-de-la-Pointe  a  joué  un  ròte  assez  important  dans  le 
moyen  àge;  et  il  est  peu  de  communes  de  cetordre  qui  aient  vu  passer  a 
leur  téle  une  sèrie  si  nombreuse  de  noms  marquants  dans  l'bisloire  du 
pays.  Nous  allons  jeter  un  coup  d'oBil  rapide  sur  les  seigneurs  les  plus 
ìllustres  qui  ont  possedè  cette  baronnie  et  sur  les  èvénements  remarqua- 
bles  de  son  passe. 

Dans  le  principe,  Saint-Sulpice  dèpendait  des  domaines  des  comtes  de 
Toulouse.  L'un  <de  ceux-ci  en  fit  donation  pendant  le  douzième  siede  a 
la  puissante  abbaye  d'Aurillac ,  donation  qui  fut  conQrmée  par  Ray- 
mond VII ,  dernier  représentant  male  de  la  brancbe  ainèe  des  comics  de 
Toulouse.  Àu  commencement  du  treizième  siede ,  un  des  abbès  d'Au- 

5 


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—  84  — 

fillac  l'inféoda  a  uo  seigneur  de  la  maison  d'AIaman,  qui  était  déjà  très- 
puissante  daDS  la  coutrée.  Il  parati,  d'an  aotre  coté,  qae  les  frères 
hospitalicrs  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  avaienl  un  couvenl  et  un  fief  à 
Saint-Sulpice ,  ainsi  qu'on  le  trouve  indìqué  dans  les  archi ves  de  Rodez, 
citées  par  Dom  Vaissetle  toucbant  Féreclion  de  la  Baslide  de  Sainl-Sul- 
pice  (1).  La  présence  dans  ces  lieux  des  chevaliers  hospitaliers  donne 
rexplicalion  de  l'architecture  a  la  fois  religieuse  et  militaire  de  la  fagade 
qui  dans  ce  cas  aurait  appartenu  a  l'église  de  leur  couvent. 

Alplìonse  de  Poiliers ,  frère  de  saint  Louis,  qui  avail  épousé  Jeanne  ». 
fille  unique  de  Raymond  VII ,  hérita  des  domaioes  de  son  beau-père  en 
1249.  Après  avoir  fait  solennellement  son  entrée  à  Toulouse,  et  avoir 
re^u  lesserments  de  fidélité  de  ses  principauxvassaux,  parmi  lesquels  on 
citeSicard  d'Alaman^  seigneur  de  Saint-Sulpice  et  deRabastens,  Alphonse 
s'occupa  de  racheter  diverses  enclaves  qui  se  trouvaient  dans  ses  Etats  et 
d'y  conslruire  des  bastides  pour  leur  défense.  Par  Timportànce  de  sa  po- 
sition  stratégique ,  Saint-Sulpice  devait  élre  une  des  premières  places  à 
flier  son  cboix.  Aussi  s*empressa-l-il  de  faire  Tacquìsilion  du  flef  des 
cbevaliers  de  Saint-Jean  et  de  fortlQer  cette  ville,  dont  il  confla  la  défense 
à  Sicard  d'Alaman  y  dèjà  seigneur  d'une  partie  de  Saint-Sulpice. 

Sicard,  ancien  ministre  de  Raymond  VII,  et  qui  avait  conserve  cette 
dignitésous  Alphonse  de  Poitiers,  fut  un  des  seigneurs  qui  contribuèrent 
le  plus  puissammeot  a  la  prosperile  et  a  Tagrandissement  de  Saint-Sul- 
pice. Il  y  attira  un  grand  nombre  d'habitanls  par  les  concessions  qu'il 
leur  accorda;  il  leur  oclroya,  en  1247,  une  conslìtution  communale  des 
plus  larges  dont  nous  aurons  occasion  de  reparler.  Ce  fut  lui  qui  complèta 
la  défense  de  Saint-Sulpice  par  la  construction  de  son  magniQque  cbàleau. 
Il  fonda  encore  un  hòpital  qu'il  dota  de  possessious  énormes,  et  un  cou- 
vent qu'il  conBa  à  des  religieuses  de  l'ordre  de  Cileaux.  Ce  couvent ,  qui 
fut  erige  en  abbaye  dans  le  seizième  siede,  était  d'une  très-grande  ma- 
gnificence ,  surtout  son  église ,  placée  sous  Tinvòcation  de  saint  Antoine 


(1)  Extrait  de  la  liste  des  bastides  érigées  par  Alphonse  de  Poitiers  : 

In  primis  aequisivit  tam  ex  dono  quam  ex  empitone  loca  in  quilms  bastida  sunt  fundaia.., 

Bastidam  S.  Sulpicii  acquisitam  prò  parte  ex  dono  Bospilalariorum  anle  temput  fundationis , 

vahntem  citrà  4  Ub.  Tur...  (Archi ves  de  Rodez.) 


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—  35  — 

et  commuDÌquant  par  od  cloftre  golbique  au  reste  de  Tédiflce.  En  1273, 
après  la  mort  de  saiDt  Louis  et  d'Alphonse  de  PoUiers,  Philippe  le  Bardi 
envoya  des  commissaìres  pour  la  rechcrche  de  ses  droits  dans  le  ToqIou- 
saiD,  qai  était  entré  déQnitìvement  sous  la  puissance  immediate  du  roi  de 
FraDce.  Devant  ce  tribuDal  fut  cilé  Sicard  d'Alaman,  sous  l'accusation 
d'avoir  usorpé  cerlaìDS  droits  à  Rabaslens  pendant  Tabsence  d'Àlphonse 
de  Poiliers ,  qui  avaìt  passe  la  mer  pour  comballre  les  infldèles  ;  on  exi- 
geail  de  lui  des  reslilutions  énormes.  Cette  affaire  traina  en  longueur 
josqu'à  la  mort  de  Sicard,  qui  légua,  dans  son  lestamente  vìngt  mille  sols 
tournois  en  ceuvres  pies ,  enlre  aulres  :  YOEuvre  de  la  chapelle  de  son 
chàtcau  de  Sainl-Sulpice  et  de  téglise  qui  était  hors  du  chdteau;  et  la 
construction  du  poni  de  Saint-Sutpice  sur  FAgoùt. 

Son  fils,  Sicard  d'Alaman,  rfamoweaw,  autorisé  par  Bertrand  vìcomte  de 
Lautrec,  son  onde  et  curateur,  s'était  accorda  au  roi  devant  les  commis- 
saìres dèputés  pour  juger  le  procès  de  son  pére.  Par  celaccord,  confirmé 
par  le  roi,  on  laissa  au  jeune  Sicard  le  chàteau  et  la  ville  de  Saint-Sulpice, 
les  chàteaux  de  Bonnajoux ,  de  La  Bastide  de  Montfort ,  en  Albigeois ,  et 
de  La  Fos,  en  Agenais,  en  le  dèclarant  libre  de  toule  autre  demande. 

A  la  mort  de  Sicard  d'Alaman,  qui  ne  laissa  pas  d'enfants  de  sa  femme 
Marguerite  de  Castillon,  Bertrand  de  Lautrec ,  son  curateur,  qu'il  avait 
fait  héritier  par  son  testament,  et  Hélils^  sa  soeur  consanguine,  qui  avait 
épousé  Amalric  de  Lautrec,  frère  du  précédent,  se  disputèrent  sa  succes- 
sion.  Ce  différend  se  termina  par  un  partage  à  Tamiable  fait  a  Albi  le 
13  mars  1279.  Dans  ce  partage,  le  cbàteaude  Saint-Sulpice  et  ses  dépen- 
dances écburent  à  Bertrand,  vicomte  de  Lautrec.  Celui-ci,  a  sa  mori, 
transmitses  biens  àBéatrix  sa  fllleunique,  qui  les  porla,  par  son  mariage, 
dans  la  puìssante  maison  des  Jourdaìn,  seigneurs  de  lisle. 

Jourdain  V,  fils  de  Jourdaìn  IV  et  de  Béalrix  ,  avaìt  été  destine  dans 
sa  jeunesse  a  élre  cbanoine  régulier  de  l'église  de  Toulouse.  11  en  avait 
méme  pendant  quelque  temps  porte  Thabit  ;  s'étant  dégoùté  de  son  état , 
il  l'abandonna  avant  d'avoir  prononcé  ses  vceux  ,  et  finii  par  se  marier 
avec  Guillaumètte  de  Durfort,  doni  il  eul  un  fils,  Bernard  Jourdain.  Peu 
de  temps  après  ,  je  ne  sais  pour  quels  motifs ,  salsi  de  scrupules  rélroac- 
tifs  sur  l'abandon  de  son  premier  élat ,  il  les  exposa  à  rautorité  ecclésias- 
tique,  qui  designa  des  commissaìres  cbargés  d'examiner  la  question. 


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-  36  — 

D*après  leur  décisioo ,  Jourdaìn  fut  déclaré  libre  des  oblìgations  de  Tétat 
ecclésiasUque,  et  autorisé  a  restar  dans  les  lieos  da  mariage.  Après  avoir 
ainsi  calme  sa  conscieDce,  Jourdain^  de  coucert  avec  sa  femme,  émaD* 
cipa  son  fils  Bernard ,  auquel  il  laissa  tous  ses  biens  par  uq  ade  sigoé  à 
SaiDlSulpice  en  1307. 

Saint-Sulpice  passa  successivemeat  à  plusieurs  seigoeurs  de  la  maison 
de  risle ,  et  enQn  a  Bertrand  de  l'Isle,  qui  laissa  en  mouraol  ses  domaines 
àsa  femme  Eléonore  de  Comminges  (1370).  Celle  dernière  deviai  dono 
dame  de  Sainl-Sulpice  ;  dix  ans  plus  lard ,  elle  l'apporta  avec  sa  maia  à, 
Jean  comte  de  Boulogne  et  d'Auvergne. 

Après  eux ,  Sainl-Sulpice  écbut,  ea  1390 ,  a  Gaston  Pboebus,  comte 
de  Foix ,  flls  de  Gaslon  de  Foix  et  d'Elòonore  de  Comminges ,  tante  de  la 
précédente.  Alors  commence,  dans  Tbistoire  de  ce  fief,  une  sèrie  debou- 
leversements  occasionnés  par  les  Iroubles  de  celle  epoque,  et  qui  Areni 
passer  successi vement  celle  ville  dans  les  mains  d'un  grand  nombre  de 
maisons  différenles.  Gaslon  de  Foix  ,  proQlanl  du  désordre  produit  par 
les  faclìons  qui  décbiraient  le  pays  >  leva  l'élendard  de  la  révolle  contro  le 
due  de  Berry  y  qui  Tavait  rem  place  dans  la  lìeulenance  du  roi  au  pays  de 
Languedoc.  Après  que  celle  rébellion  eul  élé  élouffée ,  le  roi  Charles  VI 
confìsqua  une  partìe  des  domaines  du  comte  coupable ,  et  entro  aulres 
Sainl-Sulpice ,  qu'il  donna  en  récompense  à  Jeanne  de  Boulogne ,  femme 
du  due  de  Berry  et  cousine  du  comte  dépossédé.  Celle  dame  élablit  son 
domicile  au  cbàleau  de  Saint  Sulpice  (1392). 

Quelque  lemps  après,  le  dfic  de  Berry,  oublianl  ses  devoirs  et  les 
bienfaits  du  roi,  s'allia  au  comte  d'Armagnac  et  se  mil a  la  tele  des  révol- 
tés  contre  Tauloritè  royale.  Jean,  comte  de  Foix,  d'un  còlè,  et  le  seigneur 
de  Saint-Georges  de  l'aulre ,  marcbèrent ,  à  la  téle  des  armèes  royales , 
contre  le  comte  d'Armagnac  et  les  aulres  parlisans  du  due  de  Berry , 
qu'ils  déQrenl  et  doni  ils  confìsquèrent  les  domaines.  lls  saisirenl ,  entro 
aulres ,  les  baronnies  de  Lunel  et  de  Sainl-Sulpice  sur  la  duchesse  de 
Berry  (1412).  Le  roi  commil  le  seigneur  de  Crolli  pour  gouverner  les 
terres  de  celle  princesse ,  tanl  qu'elles  seraienl  en  sa  possession.  L'annèe 
suivanle,  le  due  de  Berry  Ql  sa  soumission,  rentra  en  gràce,  et  la  baron- 
nie  de  Sainl-Sulpice  fui  resliluée  à  sa  femme,  qui  vini  de  nouveau  y  èla- 
blir  son  domicile. 


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—  37  — 

Peo  iostruile  par  TexpéneDce  il'uoe  ¥ie  si  agi  tèe  »  avide  de  richesses  et 
dévorée  d'ambilion ,  elle  se  mit  à  fobriquer  de  la  fausse  moonaie  (sans 
dente  dans  les  soolerrains  da  chàleau) ,  et  eolrelint  des  inlelligences  se- 
crètes  avec  le  roi  de  Portogal ,  alors  ennemi  de  TEtat.  Le  roi  Charles  VI 
chargea  le  séoéchal  de  Toulouse  de  saisir  ses  domaìDes  et  de  confisqoer 
la  baronnìe  de  Saint-Sulpice ,  tènioio  de  ses  méfails.  Ce  fief  renlra  dès 
lors  dans  le  domaìae  royaL  Charles  VII  conQrma  celle  conQscation  ea 
1422,  et,  par  arrét  du  20  avrìl  1423,  il  nomma  le  maréchal  Gilbert 
de  Larayette  à  la  capitaioerie  de  Saint-Sulpice ,  doni  il  lui  donna  tons  les 
revenns. 

Par  arrét  du  7  juin  1440 ,  le  roi  Charles  Vii  donna  la  ville  et  le  chà- 
teau  de  Saint-Sulpice ,  devenus  vacants  à  la  mort  du  maréchal  de 
Lafayelle ,  a  Charles  d'Àlbret ,  cernie  de  Dreux ,  pour  le  récompenser  de 
ses  loyaux  services  et  le  dédommager  de  la  perle  de  la  pluparl  de  ses 
places ,  qne  le  comte  do  Hotlinglon ,  commandant  Farmée  anglaise ,  lui 
avail  enlevées  en  Guyenne. 

En  1480,  Marie  d'Albret,  petite-fllle  du  précédente  apporta  en  mariage 
Saint-Sulpice  à  Bonfll  de  Juge ,  comte  de  Caslres.  C'était  un  chevalier 
lombard ,  qui ,  par  ses  services ,  avail  su  gagner  la  conflance  et  raffeclion 
du  roi  Louis  XI.  Aulant  ce  roi  était  terrible  dans  ses  vengeances  ,  autant 
il  était  géiiéreux  et  méme  prodigue ,  au  dire  de  Philippe  de  Commines , 
dans  ses  récompenses.  11  Tavait  monlré  pour  Bonfìl ,  à  qui  il  avail  donne 
successivemeut  le  comté  de  Caslres  el  la  vice-royaulé  du  Roussillon.  Apres 
ceux-ci ,  la  baronnio  de  Saint-Sulpice  rentra  dans  le  domaine  royaL 

Une  guerre  éclata  peu  de  lemps  après  entro  Calherine ,  princesse  de 
Viano ,  el  son  onde ,  Jean  de  Foix  ,  vicomle  de  Narbonne ,  au  sujel  de 
la  succession  de  Phoebus ,  roi  de  Navarro,  frère  de  la  princesse.  L'impor- 
tance  de  la  succession  el  la  grande  puìssance  des  dcux  prélendants  Areni 
quo  toul  le  Midi  prit  pari  à  celle  lulle.  Fouquaull  de  Pierre- BufQères, 
qui  commandail  les  Iroupes  de  la  princesse,  vini  occuper  la  sénéchaossée 
de  Toulouse  el  pril  posilion  à  Sainl-Sulpice  pour  domioer  le  pays  (1486). 
Il  ne  Tèvacua  qu'après  l'arrivée  el  les  sommalions  des  commissaires 
royaux ,  Rogier  de  Graumonl  el  Jean  de  Blancheforl. 

A  partir  de  colte  epoque ,  Saint-Sulpice  resla  pendant  longlemps  dans 
le  domaine  royal.  Un  capilaine  ,  élabli  dans  le  chàleau  ,  y  commandail 


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—  38  — 

àu  Dom  da  roi.  Les  archives  de  Saint-Solpice  foDt  meDUon  de  Michel  de 
Gardon  comme  tilulaire  de  celle  charge  en  1568,  et  font  réDoméralion  de 
tous  les  revenus  qui  lui  élaient  affeclés.  Quant  au  resle  de  la  baronnie, 
les  rois  de  France  le  Iransmirenl  (probablement  a  litre  de  récompense)  à 
noe  suite  de  seigneurs  doni  nous  allons  citer  les  plus  marquants. 

1536.  Antoine  du  Bourg,  baron  de  Saillaos.  Il  avail  suivi  brillamment 
la  carrière  du  barreau  au  parlemenl  de  Paris,  où  soq  babìlelé  l'avait  fait 
iiommer  lieulenanl  civil  du  Chàtelel.  Nommé  président  du  conseìl  de  la 
régente-mère,  en  1531,  il  fui,  bienlòt  après,  pourvu  de  la  charge  de  mai- 
tre des  requétes ,  en  récompense  de  ses  bons  et  loyaux  serinces;  charge 
qu'il  échangea,  en  1535  ,  contre  la  dignilé  de  chancelier  de  France,  où 
il  fui  promu  à  la  mori  de  Dupral.  Après  avoir  jouè  un  ròle  important 
dans  les  affaires  de  celle  epoque ,  il  mourul,  en  1538  ,  a  Laon  ,  où  son 
corps  fui  inhumé. 

1550.  Jean  Sluart,  due  d'Albanie,  allié  à  la  famille  royale  de  France 
par  son  mariage  avec  Anne  de  la  Tour ,  fille  de  Jean  de  la  Tour ,  comte 
d'Auvergne  et  de  Lauragais,  et  de  Jeanne  de  Bourbon-Vendòme.  Pendant 
quo  ce  seigneur  possédait  Sainl-Sulpice  ,  la  baronnie  ne  fui  pas  exempte 
des  maux  que  les  guerres  de  religlon  prodiguaient  à  celle  epoque  dans 
tonte  la  France ,  et  surlout  dans  celle  conlrée  où  cathoiiques  et  protes- 
tanls  étaient  partout  en  présence  et  vengeaient  un  massacre  par  un  autre 
massacro.  C'estce  qui  advint  en  1652.  Après  le  massacre  des  proleslants 
à  Gaiilac ,  leurs  frères  de  Rabastens  ayant  requis  le  secours  du  vicomte 
d'Arpajon  ,  mirenl  le  pays  à  feu  et  à  sang;  ils  s'emparèrent  notamment 
de  Saint-Sulpice-de-la-Poinle ,  qui  s'èlait  dèciaré  contre  eux  ,  et  massa- 
crèrent,  avec  beaucoup  d*aulres  habilants,  sept  prélres  qui  s'y  trouvaienl. 
Du  resle,  Saint-Sulpice  ètaìt  renommé  pour  son  atlachemenl  a  la  foi 
catbolique,  atlachemenl  d'aulant  plus  remarquable  que  toutes  les  aulres 
villes  de  la  contrae  ,  Rabasiens,  L'isle,  Gaiilac,  eie,  s'élaienl  déclarées 
pour  la  religion  rèformée.  Les  habilants  donnèrent  vers  celle  epoque  une 
preuve  assez  frappante  de  leur  zèle  pour  leur  religion.  Dans  une  dèlibé- 
ralion  generale ,  ils  dècidèrent  que  l'èglise  de  Sainle-Marie ,  qui  se  trou- 
Tait  hors  des  murs  d'enceinte ,  serait  démolie ,  pour  Tempécher  de  lomber 
entre  les  mains  des  huguenols  et  la  sauver  de  leurs  profanations.  Celle 
délibéralion  se  trouve  rapporlée  dans  un  manuscrit  du  seizième  siede. 


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—  89  — 

1585.  Pierre  de  Catelan  ,  secrétaire  du  roì  au  parlemenl  de  Toulouse* 

1595.  Roger  de  SaiDt-Lary  ,  due  de  Bellegarde,  baron  de  Termes.  Il 
fut  Gomblé  d'bonneurs  par  Henri  IV,  qui  Tavail  en  grande  amilié.  Ainsi , 
il  fut  fall  successivement  pair  et  grand  écuyer  de  France,  gouverneur,  poor 
le  roi ,  de  la  Bourgogne  et  de  la  Eresse ,  cbevalier  des  ordres  du  roi  ea 
1595.  Depuis  ,  il  fai  surinlendant  de  la  maison  et  premier  gentilhomme 
de  la  chambre  de  Gaston  de  France,  due  d'Orléans.  Il  mourut  sans  en- 
fants  légitimes,  en  1646. 

1602.  Hugues  de  Guicbard,  allié  à  la  maison  royale  par  sa  mère  Mari^ 
de  Bourbon-iMalauze. 

1605.  Gaston  de  Foii  de  Caudale ,  seìgneur  de  Villefranche ,  baron  de 
Sainl-Sulpice  ,  cbevalier  des  ordres  du  roi,  conseiller  de  Sa  Majeslé  dans 
ses  conseils  d'Etat  et  prive.  Son  fils  y  Gaston  Bernard ,  lui  succèda  dans 
ses  domaines  et  mourut  sans  enfants.  En  1622  ,  Saint-Sulpice  fut  honoré 
de  la  visite  royale.  Louis  XIII ,  marcbant  en  personne  à  la  lète  de  l'ar- 
mée  dirìgée  contro  la  révolle  des  huguenots  du  midi  de  la  France ,  après 
s'étre  emparé  de  Négrepelisse  et  de  Saint-Antonin ,  dans  le  Rouergue , 
alla  coucher  a  Saìnt-Sulpice  le  26  juin  ,  pour  se  rendre  a  Toulouse  et 
de  là  a  Montpellier ,  où  fut  signée  la  paii. 

En  1698  ,  pour  subvenir  probablement  aui  besoins  de  la  France  ,  me- 
nacée  de  tous  les  còlés ,  Louis  X4V  envoya  des  commissaìres  generane , 
chargés  de  vendre  divers  fiefs  faìsant  parile  du  domaine  de  la  couronne. 
Ils  vendirent  la  baronnie  de  Saint-Sulpice ,  avec  loutes  les  prèrogalives 
qui  y  étaient  atlacbées,  à  Nicolas  de  la  Reynie,  conseiller  ordinaire  du 
roi  en  ses  conseils  d'Etat  et  directeur  des  fìnances. 

Sa  petile-fille,  Marie  de  la  Reynie,  l'apporta  par  son  mariage  dans  la 
famìUe  d'Àlbis ,  seigneurs  de  Giroussens.  Plùsieurs  seigneurs  de  celle 
maison  ,  qui  possédèrent  successivement  Saint-Sulpice  ,  se  dislinguèrent 
comme  membres  du  parlement  de  Toulouse. 

Lors  de  la  Revolution,  la  baronnie  de  Saint*Sulpiceétait  possédée  con- 
jointement  par  les  deux  maisons  d'Albis  et  de  Mourlens ,  qui  furent  dé- 
pouillées  dans  la  tourmente  de  93.  Avec  eux  tomba  aussi  l'ancien  couvent 
qui  élait  devenu  de  jour  en  jour  plus  florìssant ,  et  doni  les  religieuses 
avaient  ouvert  une  école  où  aftluaient  toutes  les  demoiselles  nobles  des 
environs.  La  Revolution  les  en  ebassa  ,  sans  leur  lenir  compie  des  bien- 


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—  40  — 

faits  qn'elles  répandaient  dans  le  pays ,  et  dont  gaelques  vieillards  ont 
conserve  encore  le  souvenir.  Le  vandalismo  vint  acbever  celle  oeuvre  ;  ce 
magniflque  couvent  fui  connplétement  détroit  de  1792  à  1796;  et,  comme 
Dous  Tavons  remarqué  plus  haul ,  il  n'en  reste  aujourd'bui  quo  quelqoes 
débris  infortnes. 

La  commune  de  Saint-Sulpice  avait  rec.u  de  Sicard  d'Alanfian ,  ainsi  que 
DOUS  l'avons  dit  plus  baut,  une  constìlulioQ  remarquable  par  les  lìbertéà 
^a'elle  octroyait.  Celle  conslitulion  communale,  cilée  tout  au  long  dans 
l'excellent  ouvrage  de  M.  Compayré  sur  FÀIbigeoìs^  monlre  quels  étaient, 
dans  ce  cas-cì ,  les  rapporls  presque  palriarcaux  du  cbàleau  avec  la  ville. 
Les  priviléges  qu'elle  conlenaìl  furent  conflrmés  et  méme  augmenlés  par 
un  grand  nombre  des  successeurs  de  Sicard.  Chaque  seigncur  tenail  à 
bonneur  de  marquer  son  passage  à  Saint-Sulpice  par  de  nouvelles  con- 
cessions.  Ainsi  les  habitanls  pouvaient  vendre  ou  donner  leurs  terres  saì- 
vant  leur  volonté,  sans  en  informer  le  seigneur  ;  ìls  furenl  exemplès  de 
tout  droil  de  péage  au  port  de  Goufoulcui  ou  Conflouens  (sìluéà  La 
Poinle)  ;  ìls  avaient  droil  de  péche  et  de  chasse  (exceplé  aux  endroils  ré- 
servés),  privilége  excessi vement  rare,  et  partant  très-apprécié  a  celle 
epoque.  Les  priviléges  de  la  commune  étaient  prolégés  par  qualre  con- 
suls.  A  cbaque  mulalion  de  seigneur ,  ceux-ci ,  dans  la  nef  de  l'église  de 
Sainte-Marie  et  en  présence  de  tout  le  peuple,  prétaient  le  serment  de 
fldélité.  Voici  le  commencement  de  ce  serment ,  rapporlé  dans  les  Cou- 
tumes  de  Saint-Sulpice  en  1311  :  Jurabant  fidem  caiholicam  servare  et 
tenere  et  infectos  hereticà  pravitate  fautores  et  conciliatores  heretico- 
rum  persegui  totis  viribus  suis  et  eos  revelarcy  eie.  On  volt,  d'après 
les  premiers  mols  de  celle  formule ,  que  le  caractère  distinclif  des  babi- 
tants  de  Sainl-Sulpice  pendant  le  moyen  àge  était  leur  atlacbement  invio- 
lable  a  la  foi  calholique.  Le  seigneur ,  de  son  còlè ,  jurait  d'observer  et  de 
maintenir  les  coulumes  et  les  priviléges  de  la  commune.  Cesi  aussi  dans 
celle  méme  église  qu'on  se  réunissail  pour  discuter  les  inléréls  généraux 
de  la  ville  :  coulume  toucbante  de  ces  bommes  de  foi  qui  plagaieut  leurs 
ìntéréts  et  leurs  libcrtès  sous  la  sauvegarde  de  leur  Dieu. 

Ces  coulumes  si  libérales  et  ces  priviléges,  exceplionnels  à  celle  epo- 
que ,  accrurent  en  peu  de  temps  la  prosperile  de  Saint-Sulpice  ,  qui 
is'étendait  alors  bien  au  delà  de  ses  limites  acluelles.  La  ville  était  divisée 


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—  44  — 

CD  qnalre  gaches  ou  quarliers,  ainsi  qu'il  suit  :  i""  La  gache  del  Castel ^ 
silaée  a  renoplacemenl  de  la  ville  moderDe  et  protégée  par  uoe  eaceinte 
de  marailles  ;  e'est  là  qoe  veoaieot  se  réfugier ,  ea  cas  de  danger,  lee 
habitanls  des  aotres  qaartìers.  ^'^  La  gache  de  Fontpeyre  ,  s'étendant  à 
l'est  josqo'aa  ruisseao  da  Cassiea,  et  domìDée  par  qd  tumulus  fortiflé, 
tumulus  doDt  il  est  souvent  qaesUon ,  dans  les  plus  aDcieoDes  chartes  ^ 
soos  le  Dom  de  la  Motha.  G'était  là  que  se  Irouvait  encore  Téglise  Sainte- 
Marie,  doni  Doas  avons  ea  plasieurs  fois  l'occasioD  de  parler.  S""  La  gache 
de  la  Fontanelle ,  ao  nord ,  conteoant  la  place  des  marchés  et  le  cime- 
tière  des  habilants  (1).  i""  La  gache  de  la  Rostang ,  à  Touest  de  la  ville, 
et  s'éteodant  jusqa'aa  port  de  Conflouens.  Oq  peat  constater  encore  au- 
joard'hai  l'éiendoe  de  Saint-Salpice  aa  moyen  àge  par  les  débris  de  con* 
structioQs  et  une  foale  de  puits  comblés ,  qa'oQ  retroave  ea  travaillant  les^ 
champs  d'aleatour. 

CAMP  ROMAIN  (2). 

A  Qo  demi-kilomètre  de  Saial^Sulpice  y  au  conflaent  de  l'Agoftt  et  da 
Tarn ,  se  troave  an  vestige  bien  intéressaat  de  slècles  encore  antérieurs. 
Je  veax  parler  d'un  ancien  camp  romain  très-bien  conserve  ,  et  que  les 
habilants  da  pays ,  perpétuant  dans  leur  langage  ce  souvenir  historique , 
appellent  encore  :  Lou  camp  de  Giulo.  A  Taspect  de  cette  position  on  est 
conduit  à  constater  encore  une  fois  Tbablieté  des  Romains  pour  le  choii 
de  leurs  posilions  dans  le  pays  conquis.  Protégés  de  Irois  còlés  par  le& 
rivières  de  TAgoùt  et  da  Tarn  et  par  le  ravin  profond  d'un  petit  ruisseaa 
nommé  la  Sodrone,  ils  n'avaient  plus  à  se  défendre  que  da  coté  de  la  plaine. 
Dans  cette  position ,  ils  commandaient  deux  rìches  vallées ,  et  étaient  à 
cheval  sur  la  route  de  Toulouse,  route  dont  on  retrouve  plusieurs  tron- 


(4)  lì  y  avait  un  autre  dmetière,  appelé  par  oppoBilion  cìmetière  des  étrangers,  et  des- 
tinò è  servir  de  sepolture  aux  bérótiques. 

(2)  Quoique  TAgoùt  serve  de  limite  au  terrltoire  de  Saint-Salpice  et  que  le  camp  romain 
B'y  soit  par  conséquent  pas  oompris,  nous  avons  cru  qu'à  cause  de  sa  proximité  nous  ne 
pouvions  nous  dispenser  de  dire  quelques  mots  d*un  lieu  si  intéressant  pour  i'bistoire  do 
pays,  nous  réservant  d'y  revenir  peut-étre  dans  la  suite  pour  compléter  une  étude  que 
nous  ne  faiaons  qo'ébaocher  aojoord'hoi. 

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—  «  — 

Qons  et  qui  franchissait  le  Tarn  en  cel  endroit  (de  là  le  Dom  de  Le  Gua\. 
Du  coté  de  l£f  plaiDe ,  nous  troavons  les  restes  très-marqués  et  non 
ÌDterrompQs  de  deux  retraDchements  coDcentriqaes  séparés  par  qd  fosse 
d'une  ciDquantaioe  de  mètres  de  largeur.  Ce  doublé  valium  laisse  ouverte 
et  très-distincle  la  porle  du  camp.  Vis-a-vis  la  porte,  à  l'angle  forme 
par  les  deux  rivières  et  entouré  d'un  fosse  profond,  s'élève  le  tumulti. 
Celte  éminence  fut  transformée ,  au  moyen  àge ,  en  une  motte  féodale 
surmontée  de  son  donjon  ;  en  souvenir  de  quoi  les  paysans  désignent 
ce  lieu  sous  le  nom  de  la  Tour ,  bien  qu'il  ne  reste  aujourd'hui  nul 
veslige  de  cotte  construction. 

Je  ne  serais  pas  éloigné  de  penser  que  cotte  éminence ,  où  ont  été  pla- 
cées  successivement  la  lente  du  préteur  romain  et  la  tour  du  seigneur 
féodal,  était  un  ancien  tumulus  cellique.  Je  n'indique  cotte  opinion  que 
comme  une  simple  hypothèse ,  autorisée ,  du  reste ,  par  la  forme  et  la 
position  de  celle  hauteur  ;  mais  j'aime  à  supposer  celle  masse  de  terre 
amoncelée  par  les  mains  des  premiers  hommes  qui  aient  laissé  une  trace 
de  leur  habilation  dans  notre  pays  ^  et  à  me  représenler  celte  suite  de 
races  humaines  venant  successivement  soometlre  et  peupler  nos  contrées, 
et  établissanl  le  siége  de  leur  domination  aux  lieux  mémes  d'où  les  races 
vaincues  avaient  régné  avant  elles. 

Antoine  du  BOURG  , 

Membre  de  te  Société  Archéologìque  da  Midi  de  te  Fnnce. 


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Nota.  —  <  Une  inspectioD  plos  approfondie  des  tablettes  da  triplyque 
de  réglise  de  Saint-Sulpice  m'a  coDvaiDCo ,  depuis ,  qa'il  s'élail  glissò 
qaelqoes  erreors  dans  la  description  qoe  j'eii  ai  faile.  Aiosi  la  Vierge  , 
dans  le  comparliment  ioférieor  de  la  lablette  principale,  au  liea  de  tenir 
lesbras  éteodus,  cornine  je  Tavaiscra  d'abord,  devaitporler  l'enfant 
Jesus  dont  on  apertoti  encore  quelqaes  traces,  et  le  présenter  aux  ado- 
rations  des  anges.  En  second  lieo  le  personnage ,  que  fai  pris  pour  un 
bouffon  ,  dans  la  scène  de  la  Descente  de  croix,  n'est  autre,  à  ce  qu'il 
me  semble ,  qu'un  des  acteurs  de  la  Passion ,  occupé  à  arracher  au 
moyen  de  tenailles  les  clous  des  pieds  du  Sauveur.  » 


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RECHERCHES 


SUR 


l'HISTOffiE  DE  LA  NIMSMATIQUE  DES  ATACINS. 


I.  Àvant  rìDvasioD  de  la  Gaole  méridioDale  par  les  mìlices  romaiDes , 
dìverses  peuplades  ,  ayant  chacoDe  un  nom  distiDclif ,  s'étaient  partagé 
ce  pays.  Les  vìeux  géographes  ont  fail  connaltre  plnsieurs  de  ces  peupla* 
des;  c'étaient  les  plus  importantes.  Il  en  existait  d'antres  plus  circonscrì- 
tes,  doDt  les  vieux  géographes  n'ont  pas  era  devoir  recaeillir  le  nom  ; 
les  Atacins  sont  de  ce  Dombre.  Ed  s'aidaDt  de  quelques  docaments ,  que 
le  temps  a  respectés,  on  peat  espérer  néanmoius  de  constaler  l'existeDce 
de  cotte  peuplade  sur  les  bords  de  TÀude  ;  je  vais  essayer  d'oD  doDDer  la 
proavo.  /rp; 

II.  EDviron  un  siècio  avant  Fero  chrétienne,  lorsqne  lavieìlle  cité^'àW  ;;: 
boQDaiso  était  déjà  aa  pouvoir  des  milices  latiDOS ,  ud  homme  de  l^tum 
originairo  do  la  Caule  meridionale  alla  à  Rome  et  s'y  fit  remarquei^\paf  ^^ 
l'èclal  de  ses  talonts  littéraires.  Ses  contemporains  ,  voulant  le  distinguer 
d'autros  homonymes,  l'appelèrent  Yarron  VAtacin.  Borace,  qui  vivait 
plus  d'un  demì-siècle  avant  Jésus-Ghrìst  (1),  Quintilien  (2)  et  d'autres 
écrivains  du  siècle  d'Auguste ,  le  désignent  de  cotte  manière.  Pourquoi  on 
était-il  ainsi?  Porphyro,  Tun  des  commentateurs  d'Horace,  croit  que  lo 
poeto  gauloìs  avait  emprunté  son  sumom  au  fleuve  Atax  (3).  On  no  san- 
cì) Hoc  eroi  esDpfrto  frtutra  Torrone  Ataeino,  Satires  ,  livre  I»,  satire  X. 

(2)  AtcLcinui  farro  in  Us  per  qtta  nomen  e$t  asseeutus,  (Oratorie^  institutionii ^  liber  X.)  — 
I.  Quintilien  paratt  avoir  vécu  pendant  les  premières  années  de  l'ère  chrétienne. 

(3)  Tereneiui  Varrò  Narboneneie,  AtcìeimUf  ab  Ataee  flimno  dieitur.  (Porphyr,  ad  Horat. 
Satir.,  lib.  1,  satir.  X,  vera.  46.)  Porphyre  vivait  vers  le  milieu  du  troiaièine  siècle. 


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rail  s'expliqoer  comment  Varron  fat  distiogué  de  ses  homonymes  en  pre- 
Dant  le  nom  d'un  fleuve  près  duquel  il  avait  vécu  ;  il  est  plus  probable 
qu'il  avait  empranté  son  surnom  à  la  ville  qui  Favait  vu  natlre,  cu  bìen 
à  la  peuplade  doni  il  avait  fait  parile  pendant  son  jeune  àge.  Yoilà  un  pre- 
mier fait  qui  semble  établirque  sur  lesbords  de  TÀude  [Atax),  il  existaìt 
une  ville  (Atace),  ou  bien  un  petit  peuple  (Atacins),  quelques  années 
avant  l'ère  cbrétienne.  D'autres  faits  viennent  confirmer  celle  induction. 
III.  Un  demi'Siòcle  après  la  naissance  du  Ghrist  «  Pompotiius  Mèla  (1) 
écrivaìt  son  livre  sur  la  descriplion  du  globe.  &n  parlant  de  Narbonne , 
rune  des  villes  des  Gaules  le  mieux  connue  par  les  Roroains ,  à  cause  de 
la  dominalion  qu'ils  exer^aient  sur  elle  depuis  longues  années ,  il  s'ex- 
prime  en  ces  termes  :  <  Atacinorum  colonia...  Narbo; Narbonne,  colonie 
d' Atacins.  »  Ce  qui  est  dit  par  Mèla  indique  dairement  qu'il  existait  dans 
la  Gaule  meridionale  une  peuplade  appelée  Atadns^  et  cotte  peuplade  s'était 
largement  agrandie,  puisque  des  colons  sortis  de  son  sein  avaient  servì  a 
repeupler  la  ville  de  Narbonne. 

Le  surnom  A^Atacin ,  donne  à  un  poeto  gaulois ,  conduit  à  faire  croire 
qu'il  existait  une  peuplade  portant  la  méme  dénomination  ;  catte  conjec* 
ture  devient  une  certitude ,  puisque  un  géographe  du  premier  siede  de 
rère  cbrétienne  la  designo  d'une  manière  formelle,  et  qu'il  donne ,  en 
méme  temps ,  la  mesure  de  son  importance  dans  la  province  Narbonnaise. 

IV.  Les  Atacins  avaient-ils  une  mère  patrie?  On  ne  saurait  en  douter. 
Eusèbe  la  designo  par  son  nom  (2).  En  parlant  de  Varron  ,  le  poeto  gau- 
lois y  il  le  fait  naftre  quatre-vingt-deux  ans  avant  Jésus-Chrisl ,  dans  le 
bourg  Atace.  P.  T.  Varrò  vico  Atace,  in  provindd  Narbonmsi  fèasd- 
tur  (174  Olympiade,  —  5,119  du  monde).  Les  parolesd'Eusèbe  mérilant 
d'étre  notées  ;  Publius  Varron  était  né,  dit41 ,  a  Atace ,  et  ce  bourg,  qui 
lui  avait  servi  de  berceau ,  était  place  dans  la  province  Narbonnaise. 

V.  Où  faut-il  chercber  la  position  d'Atace  dans  la  province  Narbon- 
naise ?  Tantòt  on  a  cru  que  c'était  à  Narbonne  (3),  par  la  raison  quo  cotte 


(4)  PompoDÌus  Mèla  yivait  vers  le  milieu  du  premier  siècle  de  l'ère  chrétienne. 

(2)  Eusèbe  vivait  vers  le  milieu  du  troisième  sipcle. 

(3)  Porphyre  le  pensali  aìosi ,  puisqu*il  déaignait  Publiua  Varrou  par  les  moto  Nari9MMis, 
Àtacinus.  [Ad  Horaf.  Satir.  I  ;  lib.  I,  satir.  10.)  —  Isidore  de  Séville  devait  partager  la 


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ville  avait  été  repeuplée  a?ec  des  colons  atacins  ;  taotOt  on  a  afflrmé  que 
c'était  a  Garcassonne  (1),  parce  que  cette  ci  té  est  bàlie  sor  les  bords  de 
TAode.  Mais  ces  Goojectores  soni  ioadmissibles ,  puisqae  les  cités  de 
Narbonne  et  de  CarcassooDe  n'ont  pas  changè  de  nom  et  qa'elles  oQt  too* 
jours  été  désìgnées  par  ceux  qu'elles  portent  de  nos  jours  (2). 

Tout  coDdait  à  peDser  quo  e*est  à  Limou^c  qu'on  peut  espérer  de  trou- 
ver  la  position  d' Atace.  Yoici  les  faits  qui  viennent  servir  d'appui  à  cette 
opinioD  :  1^  le  nom  de  Limoux  [Limosum)  paralt  ètre  d^origine  moderne. 
Le  premier  acte  qui  en  fait  mention  porte  la  date  de  854 ,  et  cependant 
on  trouve  dans  le  sol  qui  le  supporto  des  restes  qui  attestenl  que  cette 
ville  était  babitée  pendant  l'epoque  gallo-romaine  (5);  V  Limoux  est  la 
ville  la  plus  populeuse  sur  les  bords  de  TAude ,  vers  la  source  de  ce  cours 
d'eau  (4)  ;  3^  près  de  Limoux ,  le  terrain  qui  paralt  avoìr  été  le  premier 
habité  est  désigné  par  le  nom  de  Tax  dans  les  cbartes  latìnes  (5),  et  par 
celui  de  Tatchy  dans  la  langue  patoise  de  ce  pays.  Or  Tatch  n'est  que  la 
traduction  de  Tax,  par  la  raison  que  la  lettre  x  des  mots  latins  est  pres- 
que  toujours  traduite  par  ich  dans  les  mots  correspondants  de  Tidiome 
patois  (6).  Tax  est  l'abrégé  A'Atax;  on  pourrait  citer  plusieurs  noms  de 
villes  qui  ont  ainsi  perdu  la  première  syllabe  de  leur  nom  en  passant  de 
la  domination  romaine  à  celle  du  moyen  àge  (7). 

Le  nom  d'un  terrain  voisin  de  la  ville  de  Limoux  (  Tax  ou  Atax)  ;  la 

idée,  putsqull  rapportait  l'origine  de  Narbonne  en  ces  termes  :  Colonit  propriit.  {Originet  ou 
éttjmologie»,  livre  XY,  chap.  I.)  -—  Isidoro  vivait  vera  la  fin  du  aixième  siòde. , 

(1)  Besse,  HUtaire  de§  eomUs  de  Carcauonns^  4645,  p.  4. 

(2)  Nolamment  dans  les  OBUvres  de  Jules  Cesar,  de  Pliae,  de  Strabon,  de  Ptolémée,  et 
dans  les  anciens  itinéraires. 

(3)  Tableau  kUi^Hque  de  la  ville  de  Limoux  (Règlements  et  sentenoes  consulaires  de  cette 
ville),  4853,  p.  9  et  45. 

(4)  Voir  la  carte  joiote  à  ces  recherches  ,  fol.  8. 

(o)  In  toto  terminio  de  Taxo  et  de  F ladano  et  de  AUena  et  dehaguello  et  de  Limoso.  (Acte  de 
4234.  —  Foods-Lamothe ,  Notieee  hietorique*  tur  la  ville  de  limoux,  p.  52.)  —  Territorii 
beati  Martini  de  Limoeo  et  territorii  de  Taxo  eidem  contigui.  (Acte  de  1107.  —  Riglemente  et 
senteneee  congulaires  de  la  vUle  de  Limoux,  p.  54.) 

(6)  fuwmn  a  été  tradait  par  Fouich  (ville  de  l'Ariége)  ;  Buxum,  par  Bouicho  (village  des 
Corbières ,  dans  l'Aude)  ;  etc. 

(7}  SaxoJhm  a  été  tradoit  par  Axai  (village  de  l'Ande)  ;  Hebromagui,  par  Bram  (village  de 
i*Aude)  ;  Stahulmn,  par  Boulou  (ville  des  Pyrénée»*Orientales). 


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—  «  — 

position  de  cette  ville  sur  le8  bords  et  vers  les  soorces  de  FAode  (Atax)-, 
le  degré  d'importanee  qoe  la  ville  de  Limoox  a  offerì  dans  les  temps 
aDciens  et  daas  les  temps  modernes  :  toos  ces  faits  réanis  disent  claire- 
meol  que  raocien  Dom  de  Limonx  était  Aiace. 

YI.  Ce  bourg  Atace  {Atax)  a-t*il  donne  son  nom  a  la  rivière  (Atax) 
qui  baignail  ses  murs  ?  ou  bien  est-ce  la  rivière  qui  a  donne  le.sien  au 
l)ourg  ?  Il  est  probable  que  les  premiers  babitants  qui  se  sont  dissèminés 
sur  les  bords  de  l'Aude  y  ont  bàli  une  demeure,  et  que  ce  groupe  d'habi- 
tations,  après  avoir  re^u  un  nom  ,  l'a  transmisau  cours  d'eau  prèsduquel 
il  était  èdifiè.  On  connait  un  grand  nombre  de  rivières  qui  ont  ainsi  ètè 
dèsignées;  je  n'en  citerai  qu'un  seul  exemple  pris  dans  les  OBuvres  d'un 
écrivain  célèbre  :  «  Le  Rhòne ,  dit  Pline ,  aemprunté  son  nom  a  Rhodes, 
la  mère  patrie  des  Rbodiens  (1).  » 

VII.  Les  faits  que  je  viens  de  signaler  rapidement  semblent  ne  laisser 
aucun  doute  sur  l'existence  d'une  ancienne  peuplade  appelée  les  Atacins; 
cette  existence  va  étre  établie  par  un  nouveau  fait^  en  donnant  la  preuve 
que  ce  peuple ,  qui  paraissait  méconnu  dans  la  Caule  meridionale ,  a 
èmis,  à  diverses  époques,  et  peut-étre  aussi  en  divers  lieux,  des  mon- 
naies  sur  lesquelles  on  lit  distìnclement  son  nom. 

A.  —  La  première  monnaie  qui  a  paru  d'origine  atacine  porte  pour 
legende  le  mot  Atacum,  écrit  en  caraclères  ibériens.  Carcia  de  la  Torre, 
ancien  ministre  de  la  juslice  a  Madrid,  en  avait  recueilli  un  exemplaire 
dans  les  provioces  bispaniques  ;  et  c'est  à  M.  Caillard ,  numismate 
fran^ais^  qu'on  en  doit  la  description  avec  le  dessin  (2). 

M.  Boudard  ,  de  Béziers,  a  fait  sur  les  monnaies  ibériennes  des  étu- 
des  qui  ne  manquent  pas  d'intérét.  En  décrivanl  celle  A'Atacum,  il  s'ex- 
prime  en  ces  termes  :  <  Téle  jeune  a  droite  entre  deux  poissons  ;  —  au 
»  revers,  cavalier  galopant  à  droite,  la  lance  en  arrét.  La  legende  lue  par 
»  Taipbabel  ibérien  donne  la  traduction  otakhsh  y  OTAKmsH ,  avec  la 
»  dernière  voyelle  omise  ;  et  bìen  que  dans  Atacum  la  première  voyelle 


(4)  At^iue  ubi  Rhoda  Rhodiorum  fuit,  unde  dictm  multo  GalHarum  fertiU$Hmus  Modanus 
puvius.  {Bi$L  nat.,  liv.  IH,  chap.  lY.) 

(2)  Dneription  des  monnaiés  e*pagnole$  eomposant  le  cah%ne$  de  donJoeé  Gareia  de  la  Torre, 
par  J.  Gaillard.  Madrid ,  4852  ,  p.  85,  n»  4339  et  pi.  8,  no  4 . 


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—  47  — 

»  soit  changée»  j'aUribae  à  cette  ville  la  monnaie.  Je  poorrais  citer  più- 
»  sieurs  exemples  de  noms  grecs  qui,  traduits  en  latiu ,  ont subì  ce  chan- 
»  gement  d'uoe  voyelle  en  uue  autre.  —  Atacum  élait  une  ville  de  la 
»  Tarraconaise  que  Ptolémée  place  dans  le  districi  de^  Gellibères ,  entre 
»  Mediolum  et  Ergavia  (1).  Moralès  rapporle  une  inscription  où  elle 
»  prend  le  rang  de  municipe  [Atacensis  municipii).  Je  cite,  ajoute 
»  M.  Boudard ,  d'après  Ortélius,  n'ayanl  point  Moralès  pour  vérifler  cette 
»  asserlioD  (2).  » 

Je  n'ai  jamais  élé  plus  beureui  que  le  numismatiste  biterrois  ;  malgré 
les  recbercbes  que  j'ai  faites  dans  les  grandes  bibliothèques  de  la  capi- 
tale ,  il  m'a  été  impossible  de  trouver  Touvrage  de  Moralès ,  et  je  n'ai 
rencontré  que  celui  d'Orlèlius,  qui  a  été  exactemenl  cité  par  M.  Bou- 
dard (5). 

Avant  d'aller  plus  loia  ,  il  faul  reproduire  ici  la  legende  ibérienne  qu'on 
trouve  sur  les  monnaies  dont  Garda  de  la  Torre  avait  recueilli  un  exem- 
plaire  :  0  ^/KX"^#  M.  Boudard ,  en  s'aidant  d'un  alphabet  qu'il 
avait  laborieusement  forme ,  a  traduit  ces  lettres  par  celles  qui  suivent  : 
0^  T,  A,  KH,  SH  ;  avec  une  telle  traductìon  il  compose  le  mot  Atachish, 
et  dans  ce  mot  il  trouve  celui  A^ Atacum.  Les  documents  sur  lesquels 
s'est  appuyè  le  numismatiste  biterrois,  pour  former  son  alphabet  ibérien , 
paraissent  bien  choisis ,  et ,  par  suite ,  on  peut  accepter  avec  conflance 
la  traductìon  que  je  viens  de  faire  connaltre  (4).  Dans  tous  les  cas ,  Tal- 


(4)  Oa  lit  dans  l'ouvrage  de  ce  géographe  :  Higpanics  Tarracanen»i$  ntui,..  In  majit  orUn-- 
iales  sunt  Céltiberi,  inquihus  eivitaiu...  Médiohm  43-44,  Attaeum  43  72^44  ^/s,  Ergama 
{Erganicium  hodie),,.  {Claudii  PtolmuBi  Alexandrini  geographia  enarraiionis,  libri  VHI.  4541.) 

(2)  Etudet  sur  Valphabet  ibéHetit  par  P.  Boudard.  Béziers,  1852,  p.  445. 

(3)  Od  lit  dans  ce  livre  :  AUaemì,..  Celtibn-orum  in  HUpanià  urbs,.,  ÀUaeen9ii  mwnieipii 
mrnninit  veiuà  lapis  apmd  Moralem.,.  {AbraKami  OrUlU  JntiMrptanì,  Th$$auru$  geographieus. 
4587). 

(4)  Ghaque  lettre  ibérienne  pouvant  repréaenter  plusieurs  lettres  de  notre  alpbabet , 
M.  Boudard  a  été  amene,  dans  son  Essai  sur  la  mmUstnatique  ibérienne ,  publié  en  4859  , 
(p.  255),  à  indiqaer  ane  autre  lectare  pour  la  legende  que  j*ai  reproduite  dans  le  texte;  mais 
cette  variante  ne  paratt  pas  préférable  à  celle  qui  a  été  proposée  par  le  mème  numismatiste, 
cn  4852,  dans  ses  Etudes  sur  Valphabet  ibérien,  p.  445. — Loricb,  apròs  avoir  adopté  une  me- 
tbode ,  qui  a  été  généralement  repoussée ,  pour  lire  les  légendes  monétaires  en  caractòres 
ibériens ,  proposait  à  son  tour  une  nouvelle  lecture  pour  la  legende  que  j*ai  reproduite  dans 


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-^  48  — . 

phabet  de  M.  Boadard  semble  préfèrable  a  ceux  qui  avaient  été  proposés 
avant  le  sien ,  et  notamment  à  ceox  de  dom  Toostain  (17S0) ,  de  Yelas- 
quez  (1752),  de  Erro  (1806) ,  de  Paertas  (1817) ,  de  Sostini  (1818),  de 
Saulcy  (1840),  de  Lorich  (1852),  eie. 

La  monDaie  ibérienne ,  avec  la  legende  Ataeum ,  s'est  montrée  JDS- 
qu'ici  fort  rare  dauB  les  collecUons  des  Dumismatistes  ;  M.  Gaillard  n'en 
ìDdiqae  qu'on  seul  exemplaire  dans  la  grande  eolleclioD  de  Garcia  de  la 
Torre,  en  Espagne  (1);  Lorich  n*en  fait  connaltre,  a  son  tour,  qu'un 
Seul  exemplaire ,  sans  dire  le  nom  da  lieo  où  elle  avait  été  recueillie  (2)  ; 
M.  Boudard  en  décrit  deux  variélés  dont  la  provenance  n'est  pas  con- 
nue  (3).  On  n'est  renseigné  que  sur  la  provenance  d'une  seale  de  ces 
monnaìes.  Qaant  aox  autres ,  tout  porte  a  presumer  qu'elles  avaient  été 
recueillìes  dans  les  provinces  hispaniques.  De  là  il  serait  permis  de  con- 
clure  que  le  peuple  qui  les  flt  frapper  habitait,  dans  des  temps  très-recu- 
lés  ,  le  pays  appelé  des  Ibères ,  au  delà  des  roontagnes  pyrénéennes. 

Cette  roonnaie,  avec  sa  legende  en  caraetères  ibériques,  remonte  à 
une  epoque  antérieure  a  l'invasion  des  Yolces  aa  delà  des  Pyrénées , 
c'est-à-dire  à  des  temps  anlérieurs  au  quatrième  siècle  avant  Fere  chré* 
tienne.  On  sait  que  les  Volces  n'ont  fait  irruplion  dans  les  provinces  his- 
paniques que  vers  le  quatrième  siècle  avant  notre  ère ,  et  que  ces  peupla- 
des  faisaient  usage  sur  leurs  monnaies  d'une  écriture  moins  ancienne  que 
celle  adoptée  par  les  Ibères.  Ces  considérations  conduìsent  à  penser  que 
la  ville  ibérienne  appelée  Ataeum ,  au  delà  des  monts  pyrénéens^  devaìt 
remonter  à  une  epoque  très-ancienne ,  et  qu'elle  était  bàlie  avant  la 
fondation  du  bourg  Atax  sur  les  bords  de  l'Àude.  On  pourrait  méme 
croire ,  avec  quelque  fondement ,  que  ce  dernier  bourg  n'a  dù  son  exis- 
tence  qu'à  un  groupe  de  population  s'éloignant  ù* Ataeum ,  sa  mère  patrie 
dans  la  péninsule  ibérique ,  pour  venir  se  flxer  sur  les  bords  de  TAude , 
à  une  epoque  qu'on  ne  saurait  indiquer.  Nous  verrons  plus  loia  ce  qu'U 
faul  penser  de  cette  conjecture. 

le  texte.  lì  est  inutile  de  dire  que  la  méthode  de  Lorioh,  ponr  lire  les  légendes  monétaires» 
étant  très-hypothétique,  la  lectore  qn'il  a  proposée  ne  saurait  étre  adoptée. 

(4)  Dueription  dn  momnaUà  upagnolei  d$  G,  d$  la  Torre,  par  Gaillard,  p.  85,  n«  i339. 

(2)  Mech§rche$  wmUtmaHqu$$  tur  hi  médaiUe$  eelUbérimnés,   4862,  p.  82,  83,  pi.  ti,  n»  4. 

(3)  JStMM'  fiir  In  fwmi§maiiqu§  ibérimn$,  p.  255,  §  74,  pi.  30,  n*«  40, 4. 


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—  49  — 

B.  —  La  seconde  moDuaie,  qui  a  paru  d^orìgine  atacine,  porte  pour 
legende  le  mot  ATTA.  — Un  nuinismatiste  poloDsus,  M.  Lelewel,  en 
a  doDQé  la  descriptioQ  suivante ,  dans  ses  Etudes  sur  le  type  gau- 
lais  ou  celtique  (1)  ;  «  ATTA  se  présente  constamment  en  quatre  let- 
»  tres ,  sur  des  pièces  assez  fréquentes  ,  de  différents  poids  et  de  nom- 
»  breuses  variétés ,  ce  qui  pronve  que  l'atelier  d'ATTA  fut  très-aclif.  Les 
»  deux  exemplaires  que  ma  bonne  fortune  et  la  complaìsance  empressée 
»  des  amateurs  ont  confiés  a  mes  études  en  donnent  une  idée  sufflsante; 
»  elles  pèsent,  Fune  202  gi^ains,  Tautre  132  ;  leurs  empreintes,  pea 

>  attrayantes ,  sont  différentes  :  celle  de  la  première ,  éminemment  grec* 
»  que  par  le  trìdent  place  sous  le  cavalier  au  javelot ,  se  rattache  aux 
»  cdtes  de  la  mer  ;  Tautre  ,  plus  grossière  et  cependant  plus  recente  par 

>  ses  disques ,  se  rapproche  de  l'epoque  romaine.  Les  cavaliers  des  deux 

>  pièces  sont  des  Gaulois  armés  de  javelots ,  matera ,  montés  sur  diffé- 
»  rents  cbevaux  ;  colui  du  premier  parait  pluldt  imiter  le  cheval  grec  ; 

>  colui  de  Tautre  est  de  race  ratalinéo  des  Volks.  Tout  porte  à  croire  qua 
»  ces  médailles  sont  des  Atacins...  Le  nom  des  Alacins  ne  figure  paa 
»  dans  les  événements  bistoriques  ;  mais  il  n'était  point  sans  certaine 
»  renommée.  » 

Près  d'un  siècle  avant  Lelewel ,  Pellerin  avait  rencontrè  des  monnaies 
portant  la  legende  ATTA ,  et  il  les  avait  considérées  comme  ayant  étè 
frappées  en  Espagne  (2).  Plus  tard,  Eckel  rencontra  les  mémes  monnaies, 
et  il  les  classa  parmi  celles  qui  ont  une  origine  barbare  (3).  D'après  ce 
numìsmatiste ,  elles  appartenaient  à  Tancienne  Dacie  ,  a  la  Mésie  supé- 
rieure  ou  à  la  Pannonie  infèrieure.  M.  de  la  Saussaie  ,  s'occupant  à  son 
tour  des  mémes  monnaies,  s'est  rangé  à  l'opinion  d'Eckel.  Voici  en  quels 

{i)  Eiitdùi  wmiimatiquei  $t  arehéologiquei,  —  Type  gaulois  ou  celtique,  4844,  p.  879» 
pi.  4,  no  42,  pi.  3,11»  44. 

(S)  Pellerin,  Midaillet  de$  peuple$,  1765,  ree.  4,  tab.  44,  n»  24.  —  Num,  ATTA,  hune  quo- 
gw  PtlUriniUM  Bispauiam  putavit  ;  et  ailleurs ,  pour  compléter  Topinion  de  Pellerin ,  il  est 
dit  :  S9querimr  ergo  mOfore  eoi  in  ipià  HUpanià  rtperiri,..  (Eckel,  Boetr.  wum,  vef.,  1792  » 
t.  IV,  p.  472.) 

(3)  Eckel,  Doctr,  num.  vet.,  t.  IV,  p.  470,  472.  Notirum  una  ést  et  eoneon  ientenHa,  veierem 
IKieìam,  Meuiam  superiorem^  Pannoniam  inferiorem,  ium  el  Mediterrimea  monianaqué  Jimte 
inferiori f  Thraeim,  MoùedonitB^  Pann4mùB,  lUiriei  einUUmn  eese  nummorum  eerUun  pairiam.,, 
(Eckel,  Ihcir.  mm.  vet.^  1792,  t.  IV,  p.  472.) 

7 


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—  M  — 

termos  il  exprime  sod  opinion  dans  le  livre  qu'il  a  publié  sar  la  Numis- 
matique  de  la  Gaule  narbonnaise  (1)  :  «La  legende  ATTA ,  attribuèe 
»  par  M.  Lelewel  aux  Alacins,  apparlient  à  des  médaillons  d'argent 
»  élrangers  au  sol  de  la  Gaule,  bìen  que  produits  du  monnayage  gaulois. 
»  Eckel  les  avait  atlribués  avec  raisou  a  Tancienne  Dacie ,  à  rUlyrie ,  à 
»  la  Mésie  et  à  la  Pannonie,  où  ils  se  trouvent  en  grand  nombre.  C'est  de 
))  là  qu'ils  arrivent ,  par  la  voie  du  commerce ,  dans  les  cabinels  de 
))  France.  Ainsi ,  il  u'y  a  pas  lieu  de  douter  qu'ils  n'aienl  été  frappés  par 
»  les  descendants  de  ces  Gaulois  élablis  sur  les  bords  du  Danube  dès  le 
»  sixième  siede  avant  l'ère  cbrétienne.  » 

Mìonnet  a  rangé  la  monnaie  portant  la  legende  ATTA  parmi  celles 
qui  onl  apparleuu  à  la  Gaule  (2),  et  Ducbalais  ,  quoique  convaincu  que 
cetle  monnaie  offre  des  caractères  d'une  origine  gauloise ,  la  considère 
comme  une  imitalion  des  pièces  monétaires  de  la  Pannonie  (3).  Que  con< 
dure  de  ces  opinions  diverses?  Examinons  :  Pellerin ,  comme  on  l'a  vu  , 
attribuait  la  monnaie  portant  la  legende  ATTA  aux  provinces  hispani- 
ques ,  parco  que  c'était  là ,  sans  doute  ,  quii  l'avait  recueillìe.  Lelewel , 
après  avoir  fait  observer  que  ces  monnaies  sont  assez  abondantes  en 
France ,  est  porte  à  leur  altribuer  une  origine  atacine.  Eckel ,  au 
contraire ,  et  M.  de  la  Saussaie  croient  qu'elles  ont  été  frappées  dans 
la  Pannonie. 

L'opinion  de  Lelewel  paraft  étre  la  plus  probable.  Comment  croire  que 
des  monnaies  qui  auraient  été  frappées  depuis  plusieurs  siècles  dans  les 
provinces  appelées  aujourd'bui  autrichiennes  ou  hongroìses,  aient  été 
apportées  en  grand  nombre  dans  nos  contrées?  Comment  penser  aussi 
que  Lelewel ,  qui  avait  habité  la  Pologne ,  son  pays  natal ,  no  les  eùt  pas 
rencon Ireos  dans  sa  patrio,  placée  dans  lo  voisinago  do  l'ancienne  Pannonie? 
11  est  probable  que  la  monnaie  portant  la  legende  ATTA  a  été  frappée, 
comme  le  pensali  Lelewel^  par  les  Atacins  établis  sur  les  bords  do  l'Aude 
(Atax),  ou  bien  qu'olle  provenait  des  provinces  bispaniques,  comme 
Tavait  presume  Pellerin. 


(4)  NumismaHque  de  la  Gaule  narbonnaite ,  1842  •  p.  5. 

(2)  Déteription  des  médaUle»  antiques^  ^—  Supplementi  chefs  gaulois,  no  16. 

(3)  Déteription  desmédaillee  gauloisee  de  la  Bibliothéque  royaUt  1846,  p.  3i)3. 


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—  54  — 

On  a  y\x  qiie  le  nomismatiste  poloDais  trouvait ,  daas  la  moDoaie 
offraDt  la  legende  ATTA,  tous  les  caraclères  da  moDnayage  voice,  plus  oa 
moìDS  imité  de  celai  des  Grecs.  Celle  monnaie  a  été  donc  frappée  après 
rinvasioD  des  proviaces  hispaniques  par  les  peoplades  volces ,  c'esl-à-dire 
peodaDt  le  coars  da  deuxième  siede  avant  l'ère  chrétienne.  A  celle  epo- 
que, les  Ibères  d'Espagne  avaienl  été  refoulés  en  grande  parile  en  de^à 
des  Pyrénèes ,  où  ils  prirenl  le  nom  de  Cellibères.  Les  Ibères  A^Atacum 
durent  saivre  ce  moavemenl  d'émigralion  ;  ce  soni  eux  peul-élre  qui , 
après  avoir  franchi  les  monts  pyrénéens  ,  vinrenl  s'élablir  sor  les  bords  de 
l'Aade  (Àtax).  S'il  en  a  été  aiusi ,  on  serali  amene  à  conciare  qae  les 
Atacins ,  après  avoir  pris  naissance  dans  la  ville  hìspanique  ù^Atacum , 
pendanl  la  dominalion  ibérienne ,  se  seraient  éloignés  de  lear  patrie , 
envahie  par  les  Volces ,  poar  aller ,  sur  les  bords  de  l'Aude ,  donner  leur 
nom  au  bourg  Alax,  qui  dui,  à  son  tour,  le  Iransmellre  a  la  rivière  qui 
baìgnail  ses  murs.  Cesi  dans  la  cilé  d'Atacum ,  au  delà  des  Pyrénèes  , 
ou  bien  dans  celle  A'Atax ,  en  de^  de  ces  monlagnes ,  qu'auraienl 
élé  frappées  les  monnaìes  sur  lesquelles  on  lil  le  mol  ATTA;  el  si 
Topinion  de  Lelewel  élail  erronee ,  celle  de  Pellerìn  se  Irouverail  fondée. 

C.  —  La  Iroìsième  monnaie ,  qui  a  paru  d'origine  alacine ,  a  élè 
recueillie  en  Provence  ,  dans  le  voisinage  de  Sainl-Remi ,  sur  les  bords 
du  Rhòne.  Celle  pièce  esl  en  or;  elle  a  élé  décrile  de  la  manière  suivanle 
par  M.  de  Lagoy  (i)  :  «  ATACIACO  VICO ,  lète  à  droile  ;  au  revers  : 
»  NOX  CHADVC,  croix  simple,  un  peu  longue,  enlre  les  bras  de  la  croix 
>  AT,  dans  un  cercle  perle.  » 

«  Le  nom  à^Ataciaco,  »  dil  M.  de  La  Saussaie  (2),  «  ayant  beaucoup 
»  de  rapporl  avec  celai  A*Atacini  (les  babilanls  des  bords  de  l'Aude), 
»  pourrail  peut-élre  designer  Narbonne,  appelée  anciennement  Atacino- 
»  rum  colonia;  mais  le  lilre  de  vicus  ne  parati  pas  convenir  a  une  ville 
»  aussi  importante,  et  il  contrarie  celle  opinion.  > 

M.  de  Crazanes  a  propose  une  altribulion  qui  est  plus  salisfaisanle  (3)  : 

(4)  De$eripti<m  de  quelque$  monnaies  méravingiennés  découvertei  en  France,  1839,  p.  8.  — 
Combrous^,  Monéiaires  de$  roi$  mérovingiens^  4843,  pi.  8.  — Rmjue  numUmatiqw,  4839, 
p.  470  et  474. 

(2)  Revw  numùmatique  de  4839,  p.  449,  470,  474. 

(3)  Ibid. 


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—  58  — 

«  Je  crois,  diMl,  qa'il  est  ici  questioa  de  ce  boarg  d'Àtace  sor  l'Àude 
»  (dont  il  prit  le  nom),  dont  parie  saint  Jerome  et  où  Daquit  le  poète  gaa* 
»  lois  P.  Téreocius  VarroD,  Atacm  vicus;  ce  qui  flt  donuer  à  cet 
9  auteur  le  nom  A'Atacinus,  pour  le  distinguer  de  l'aulre  Varron. 
»  Atad,  aco ,  acuSj  acum,  mot  a  mot  :  bourg  ou  village  d'Àtace  ;  ac,  eo 
»  gaulois ,  exprimaol  une  aggloméralion  de  population  ,  un  vicus,  etc. 
»  Ce  qui  n'a  pas  empécbé  les  Romains  et  leurs  successeurs  d'ajouter  aui 
»  noms  de  lieux  se  terminant  en  ac  celUque  la  dénominatiou  romaine 
9  de  vicus.  » 

La  monnaie  mérovingienne  (du  cinquieme  au  huitième  siècle)  qui  a 
été  recueillie  sur  les  bords  du  Hbòue ,  peut  étre  rapportée ,  avec  une 
grande  vraisemblance ,  au  bourg  Atace,  aujourd'bui  Limoux.  Celle  mon- 
naie ,  il  est  vrai ,  n'a  pas  élé  rencontrée  sur  les  rives  de  l'Aude  ;  mais  est-ce 
là  un  motif  suffisant  pour  croire  qu'elle  n'a  pas  été  frappée  dans  le  bourg 
Aiace?  Rien  n'autorise  à  l'affirmer.  L'atelier  monétaire  des  Atacins,  si 
toutefois  ils  en  ont  eu  un,  pendant  la  domination  des  rois  mérovingiens , 
n'a  pas  eu  besoin  de  frapper  un  grand  nombre  de  pièces  en  or.  Ces  pièces, 
depuis  qu'elles  ont  été  émises,  ont  dù  étre  dispersèes  en  divers  lieux  ,  et 
parliculièrement  vers  la  Provence^  là  où  le  marcbé  annue!  de  Beaucaire 
atlirait,  depuis  plusieurs  siècles,  un  grand  nombre  d'industriels,  et  oo- 
tamment  ceui  qui  s'adonnaient ,  comme  à  Limoni ,  à  la  fabrication  dra- 
pière.  D'un  autre  coté ,  les  puys  d'amour,  qui  paraissent  avoir  eu  lieu  en 
Provence  pendant  le  cours  du  moyen  àge  ,  peuvent  avoir  attiré  sur  les 
bords  du  Rbòne  les  cbevaliers  du  comté  de  Rasez ,  enclins  à  se  laisser 
mollement  impressionner  par  les  cbants  des  trouvères,  et  étre  une  des 
causes  qui  ont  fait  retrouver,  à  Saint-Remi,  des  monnaies  d'or,  d'origine 
mérovingienne ,  frappées  dans  le  bourg  d'Alace.  Il  faut  ajouter  aussi  que 
peu  d'amaleurs  de  vieilles  monnaies  se  sont  occupés  jusqu'ici  de  les  re- 
cueillir  dans  l'ancien  comté  de  Rasez,  et  celles  quiétaient  fabriquées  avec 
un  metal  précieux ,  tei  que  l'or,  disparaissaient  par  la  fonte  à  mesure 
qu'elles  étaient  rencontrées. 

Quant  à  la  monnaie  à'Atacum,  dont  la  legende  est  écrite  en  caractères 
ìbériens ,  on  l'a  rencontrée  en  Espagne ,  dans  un  pays  où  l'on  trouvait 
autrefois  une  ville  qui  portali  ce  nom.  Il  est  nature!  d'en  condure  que 
c'est  dans  celle  ville  qu'elle  a  été  frappée.  La  similitude  des  noms  d'Alace 


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—  58  — 

et  d'Àtacum  semblerait  indiqaer  qa'il  a  existé  aoe  sorte  de  filiation  eolre 
ces  deui  gronpes  de  population.  Le  premier  doit  peut-étre  sod  origine  au 
second.  A  une  epoque  qui  se  perd  dans  la  duìI  des  temps  passés ,  une 
tribù  ibérieuDe  a  pu  émigrer  au  delà  des  moots  pyrénéeos,  pour  aller  sur 
les  bords  de  TÀude  jeter  les  fondemeuts  du  bourg  Àtace.  Ce  o'est  pas  là 
le  Seul  exemple  qui  se  présente  d'une  ville  du  midi  de  la  Caule  dont  le 
nom  a  une  grande  analogie  avec  celui  d'autres  vieilles  cités  appartenant 
à  la  péninsule  hispanique:  Or  un  fait  aussi  significatif  n'esl  pas  le  resul- 
tai d'une  simple  coincidence  :  il  doit  se  lier,  selon  toutes  les  vraisem- 
blances^  à  un  déplacemenl  de  population. 

Un  pareli  déplacement  »  s'il  était  bien  prouvé ,  viendrait  confirmer  les 
enseignements  historiques,  qui  disent  que  les  peuples  primitifs  de  nos 
contrées  sont  venus  de  la  péninsule  bispanique.  On  sait  qu'ils  ne  soni 
arrivés  dans  cette  péninsule  qu'après  avoir  erre  en  Afrique  et  sur  les 
cdles  de  la  mer  intérieure  dès  qu'ils  se  furent  éloignés  des  régions  asiali- 
ques,  premier  berceau  de  toutes  les  races  bumaines. 

Pour  ce  qui  est  des  monnaies  porlant  la  legende  ATTA,  qu'on  a  re- 
cueillies  en  Espagne  et  dans  les  Caules,  elles  paraissentdevoir  leur  origine 
à  des  tribus  atacines  fixées  au  delà  des  Pyrónées ,  ou  bien  en  degà  de  ces 
montagnes ,  sur  les  bords  de  l'Ande.  Ce  n'est  là ,  il  est  vrai ,  qu'une  con- 
jecture;  mais  cette  conjecture  acquiert  un  certain  degré  de  vraisemblance 
quand  elle  se  mentre  d'accord  avec  les  ìnvestìgations  de  Thistoire.  Les  tra- 
ditions  bistoriques,  en  nous  montrant  des  flots  de  population  exubérante 
désertant  les  terres  d'Orient  pour  aller,  à  travers  les  mers,  se  flxer,  tantót 
eu  Afrique  et  tantòtdans  la  péninsule  bispanique,  pour  aller  de  là  daos 
les  Gaules,  confirment  ce  qui  est  révélé  par  les  documents  numismati- 
ques.  On  est  donc  amene  à  admettre  que  les  Atacìnsétaient  des  peuplades 
dont  le  ròle ,  dans  les  temps  antiques ,  n'a  pas  été  sans  importance.  Ils 
ont  frappé  monnaie  en  Espagne  et  peut-étre  aussi  sur  les  bords  de 
l'Aude.  Il  n'en  faut  pas  davantage  pour  faire  voir  tout  le  parli  qu'on  peni 
tirer  des  études  monétaires ,  quand  od  les  fait  servir  à  éclairer  les  poinis 
obscurs  des  sciences  bistoriques. 

L..A.  BUZAIRIES, 

Docteur  en  nédectne,  à  Limoui-sttr-Aude. 


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STATUETTE  HUMAINE 


TROUYÉE 


DANS  UNE  CAVERNE  DU  ROUERGUE. 


Permettez-moi ,  Messieurs,  de  revenir  sur  une  petite  communication, 
faile  il  y  a  troìs  ans,  et  qui  me  parait  retrouver  plus  d'actualité  encore, 
plus  d'importauce,  au  milieu  de  toules  les  recherches  relatives  à  Thomme 
des  temps  primordiaux. 

On  saìt  que  dans  les  cavernes  réputées  antéhistariqws ,  les  vestìges 
de  riudustrie  humaiue  ne  sont  pas  rares,  et  que  Ton  y  rencoulre  souveut 
en  abondauce ,  des  couteaux,  des  haches  en  silex,  des  poiotes  de  flèches 
enos^  des  poleries  grossières  à  base  quartzo-granuleuse ^  etc.,  etc. 
L'art  primilif  lui-méme,  quoique  daos  une  proporlioD  bieu  moiudre,  y 
fouruil  son  contingent  par  la  reproduction  de  cerlains  animaux,  plus  ou 
moins  reconnaissables ,  soit  sur  des  ardoises,  soit  sur  des  bois  de  renne 
ou  de  cerf,  soit  sur  des  plaques  dHvoire  fossile,  etc.  Mais  ce  que 
Ton  ne  connaissait  pas  encore^  ce  qui  manquait  absolument  à  ces  àges 
reculés,  aux  débris  et  aux  gisements  qui  les  caractérisent,  c'étail  la  repro- 
duction  de  Fimage  de  Phomme,  de  Vhomme  leur  contemporain. 

Eb  bien ,  Messieurs,  celle  lacune  semble  commencer  a  disparattre,  et 
la  lumière  se  faire  peu  à  peu  au  fond  de  ces  ténébreux  réduits  ;  car 
voici  yenir  Vlwmme  des  cavernes...  en  efflgie  ! 

C'est  dans  une  caverne^  en  effet,  et  dans  une  caverne  exclusivement 
gamie  d'objets  de  Vàge  de  la  pierre  que  ce  personnage  a  été  découvert ,  aux 
environs  de  la  ville  de  Saint-Affrique,  à  Sainl-Jean  d'Àlcas,  par  un  archéo- 
logue  distingue,  M.  Albert  Ancessi,qui  a  bien  voulu  s'en  dessaisir  enma 
faveur  et  tue  fournìr  ainsi  l'occasion  d'en  faire  hommage  à  notre  Société. 


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—  55  — 

Josqu'ici,  la  vue  de  certaios  poin^ns ,  de  cerlaines  aiguìlles  en  os  ou 
en  arétes  de  poissoD,  certaines  entailles  longitudinales  sur  des  os  de 
renne,  nous  avaient  fait  adnoettre,  chez  le  pretenda  homme  primitif,  le 
latonage,  la  couture  de  peaux  de  bétes  au  moyen  de  tcndons  en  guise  de 
61^  —  toutes  les  pauvretés  d'une  existence  vérilablement  sauvage  et  tout 
à  fait  rudimentaire. 

Il  ne  semblerait  pas  toutefois  quii  en  alt  étè  rigoureusement  ainsi,  si 
nous  tenons  quelque  compie  de  Taccoutrenoent  de  nolre  personnage,accou- 
trement  qui  constitue  un  costume  aussì  confortable  qu'èlégant. 

Il  sufQt  de  le  voir,  en  effet,  avec  sa  tunique  serrée  par  une  ceinture 
autour  de  la  taille  ;  avec  une  arme  pendant  au  coté  droit,  avec  une  sorte 
de  besace  ou  de  bourse  à  la  main  et  avec  un  manteau  sur  ses  épaules. 

Mais  ce  costume,  n'est-ce  pas  le  costume  mème  du  Gaulois ,  tei  qu'il  a 
été  si  souvent  décrit,  et  notamment  par  Strabon  ?  Ne  reconnaissez-vous 
pas  la  tunique,  la  ceinture,  et  surtout  cela,  la  saie  rayée,  le  mgum 
virgatum  ou  sagula  ?  Remarquez  les  raies  si  neltement  accusées  et  si 
bien  fouillées  dans  l'originai. 

D'après  ce  fait,  Messieurs,  il  me  semble  que  ce  petit  homme  noir ,  — 
nouvel  Epiménide  sortant  de  sa  caverne  après  un  sommeil,  non  pas  de 
cinquante  années,  mais  bien  peut-étre  de  deux  ou  trois  mille  ans, — 
nous  dit  encore  quelque  cbose.  Quant  a  moi,  je  crois  l'entendre  mur- 
murer  à  mon  oreille  ces  mots  : 

«  J'appartiens  aux  tempsbistoriques...  et  ne  suis  pas  aussi  vieux  qu'on 
»  pourrait  le  croire.  » 

C^  F.  DE  SAMBUCY-LUZENgON. 

28  mai  1867. 


P.  S.  —  La  grolle ,  avons-nous  dit ,  était  exclusivement  remplie  d'ob- 
jets  de  l'àge  de  la  pierre  ;  et  celle  observalion  est  des  plus  importantes  ; 
car ,  si  elle  avait  conlenu  des  objets  d'une  nature  ou  d'un  àge  différents, 
on  aurait  pu  croire  à  une  superposition  de  vestiges  de  l'industrie  hu- 
maine ,  ou  à  des  prises  de  possession  successives  du  méme  lieu  ,  ou  à 
des  remaniements  du  sol ,  plus  ou  moins  réitérés  ;  et  dès  lors  la  sta- 


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—  56  — 

tuette  dont  il  s'agit  n'aurait  plas  eo  de  signiflcation  et  restait  à  peu 
près  sans  valeur... 

Il  est  bien  vrai  que  parmi  toas  ces  objets  de  l'àge  de  la  pierre ,  reD- 
fermés  dans  la  grotte,  se  troovait  une  petite  boale  de  verre  ou  de  cristal, 
recouverte  d'ornemeots  émaillés  et  dìsposés  en  spirale  ;  mais  ce  geore 
d'ornements  ou  d'amuleltes  se  retrouye  aossi  dans  les  tomali-dolmens 
du  Morbihan  ;  et  l'on  sait  que  (  abstraction  faite  des  Duances  pour  des 
époques  encore  imparfaitement  classées  et  peu  solidement  défiuies)  les 
tumuli  appartienueut  ou  sout  rangés  au  nombre  des  mouuments  de 
l'àge  de  la  pierre ,  et  par  conséqueut  aux  àges  dits  antéhistoriques. 

Eoflo ,  si  la  statuette  de  bois  n'était  pas  la  reprodnctiou  d'un  vieux 
Gaulois ,  ne  pourraìt-elle  pas  étre  celle  dn  Mercure  phénicien  ?  —  G'est 
une  nouvelle  question  que  je  pose. 


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L'IMPRIMERIE   A  TOULOUSE 

AUX  XV,    XVP   ET  XVII'   SIÈCLES<*). 


PREMIÈRE  PARTIE. 

GATÀL06UB    lAISOlOIÉ    DBS    UTBB8    UiPRUUfiS    AU    Xy«    SifeCLB. 


B  ett  ifflpOMÌble  de  lUre  un  oavrage  Ubttognphiqar 
qii  Boit  sani  bota  :  malgré  li  più  s^rèra  attMtioa  fl 
•n  écbappe  toojonrf .  On  ne  connalt  pn  aiaei  lei  diffl- 
coltéi  qae  présentent  l'bisUùre  liltéraire  et  k  biUio- 
f nphle  &  eenx  qal  les  coUivent.  Les  trann  de  ce 
genie  lent  pénibles .  minotienx,  sans  édat,  tana  gloiit» 
nna  pitillt  a^ionidlwi.  Da  lont  eependant  ntiles... 

(Bkichot.) 


SIMPLE  REMARQUE. 

Les  livres'  imprimés  eo  France  aa  quÌDzième  siè|lè_ab^c^a  de  parti* 
cQlier  qa'il  eùt  été  facile,  si  l'on  avait  voalu  s'eo  dpQiiet'I^peiQe,  d'en 
formar  aulaDt  de  groupes  qu'il  y  eot  alors  d'imprimeors  dlt^émiaés  dans 
qoelques-uoes  de  dos  provioces. 

Les  avaotages  d'un  pareil  classement  soot  aìsés  à  dédaire.  La  descrip- 
UoQ  eiacte  de  chacuD  de  ces  groupes  aurait  d'abord  permis  de  suivre 
pas  a  pas  les  progrès  de  rimprimerie  dans  les  priDcipales  villes  do 
royaume  ;  elle  aurait  égalemeot  déraoutré  qu'on  a  trop  géoéralisé  peot- 
étre  celte  pensée  :  de  tom  les  arts,  Part  typographique  est  le  seul  qui 
ait  atteint  la  perfection  à  san  début;  od  se  fui  dès  lors  aper^u  que  cha- 
que  typographe  avait  un  faire  toot  particulier,  oo,  mieux  encore,  si  le 

(1)  Voir  l'avanf-^ropof ,  tome  VUI,  aonée  4865,  page  361. 


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—  58  — 

mot  Q'élait  pas  Irop  ambitieax,  une  manière  qui  lai  ètait  propre:  si  bi^n 
^ue  l'on  aurait  pa,  sans  grande  difQculté,  leur  restituer  cette  part  de 
leurs  oeuvres  quMIs  négligeaient  si  souvent  de  signer  et  de  dater. 

Par  ce  moyen,  la  délermiDation  des  incunables  serait  devenue  moins 

'  difQcile,  et  l'on  aurait  eu  l'avantage  de  faire  disparailre  de  nos  traités  de 

biblìographie  celle  phrase  presque  banale  :  Védilion  paraìt  èlre  sartie 

des  presses  parisienneSy  lyonnaises,  eie,  ou  toute  autre  semblable. 

ÈnQn,  et  comme  conséquence  dernìère,  on  eùt  certainement  tire  de 
Toubli,  on  aurait  peut-ètre  méme  vulgarisé  le  noin  de  quelques  savants 
éditeurs,  typographes  émlnents,  inconnus  de  nos  jours,  et  qui  attendent 
vainement  encore  un  modeste  souvenir  de  la  postérité. 

Dans  le  catalogne  des  ìncunables  toulousains  que  nous  allons  présen- 
ter,  nous  avons  mis  en  pratique  ce  système  de  classement.  A  moins  d'im- 
possibilité,  nous  désignerons  donc  par  le  nom  d'un  typographe  chacun 
des  groupes  qu'il  nous  a  été  permis  de  former. 

On  comprend  aisément  qu'un  pareil  classement  n'a  d'utilité  que  pour 
les  livres  imprimés  au  quinzième  siede,  puisque,  dès  le  commencement 
du  seizième,  la  plupart  des  imprimeurs  prirent  l'babilude,  non-seulement 
de  dater  et  de  signer  leurs  livres,  mais  encore  d'y  mentionner  leur 
adresse  et  jusqu'à  la  formule  de  leur  enseigne. 


PREMIER  GROUPE.  (De  1476  a  1479.) 

LES  OUYRIERS  DE  SGHOIFFER  (?). 

N®  1.  Jean  André  ou  Andrea.  —  Ista  est  summa  (1)  Johannis  An- 
dree,  brevis  et  utilis  ordinata  super  secundum  decretalium  antequam 
dicant  aliquid  de  processu  judicii.  In-4**,  goth.,  s.  1.  et  a^,  de  28  flf., 
le  premier  et  le  dernier  sont  blancs.  23,  25  ou  26  lignes  aux  pp.  entiè- 

(4)  Dans  Timpossibilité  où  nous  nous  sommes  trouvé  de  reproduire  exactement  les  abré- 
viatìons  nombreuses  employées  par  les  imprimeurs  du  quinzième  siècle,  nous  avons  pris 
le  parti  de  les  supprimer. 


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—  59  — 

res.  SaDS  chìfiFr.,  réclam.  ni  sìgnat.  Lelivre  est  coDstitué  par  4  cahiers  de- 
6  ff.  et  1  de  4.  La  1"  parlie  occupe  les  12  premiers  ff.  et  se  termine  par 
ces  mols  :  Explicit  summa  Johannis  andree,  super  secando  {libro)  de- 
cretalium.  En  téte  de  la  2*"  partie,  qui  commence  au  f.  13,  satrouve  le 
titre  suivant  :  Incipit  summa  Johannis  andree,  super  quarto  libro 
decretalium. 

Le  papier,  épais  et  grisàlre,  a  pour  filigrane  un  croissant  (pi.'  i, 
fig.  1), 

La  première  édition  des  Commentaires  d'Andrea  sur  les  six  livres  des^ 
décrétales  parut  à  Mayence  en  1455.  Nous  ignorons  si  Téditeur  ou  Tim- 
^rimeur  toulousain  a  publié  le  commentaire  des  autres  livres  des  décré- 
tales. Nos  recherches,  à  cel  égard,  ont  été  vaines  (1). 

N*  2.  Saint  Cyrille  (2).  —  Speculum  sapientie  beati  drilli,  episcopi^ 
alias  quadripartitus  apologieticus  [sic)  vocatus  in  cujus  quidem  prò- 
verJbiis  omnis  et  totius  sapientie  speculum  claret.  In-4®,  golii.,  s.  1.  et 
a^  Sanschiflfr., réclam.  ni signat.,  ayant  26  lignes  aux  pp.  entières  et  ren- 
fermant  15  cahiers  de  8  ff.,  soit  120  ff.,  dont  le  1*'  est  blanc  (3). 

M.  Adry  (4),  dècrit  ainsi  la  fin  du  volume  :  «  A  la  fin  du  4*  et  dernier 
»  livre,  on  trouve  la  table  des  fables  ;  plusieurs  étymologies,  la  plupart 
))  ridicules,  du  mot  Apologus;  et  enfin  une  maxime  devote  en  cinq  vers. 
»  Le  120*  et  dernier  f.  n'est  point  imprimé  au  verso.  Suit  le  Speculum 
»  de  Saint  Bernard ,  imprimé  avec  les  mémes  caraclères  ;  et  le  Cahier, 
»  qui  est  de  8  ff.,  me  paralt  faire  corps  avec  le  Speculum  de  saint. 
»  Cyrille.  » 

Meme  papier,  méme  filigrane  que  celui  de  l'Andrea.      .    ' 

(4)  Les  biographes  ont  rcproduit,  à  Tenvi,  les  titres  pompeux  prodigués  à  Andrea  daus 
soD  épìtaphe  ;  mais  la  plupart  d'entra  eux  ont  neglige  de  rapporter  Tanecdote  relative  à  sa 
fille  Novella,  «e  Elle  était  si  bien  instcuite  daus  le  droit,  que,  lorsque  son  pére  était  occupé, 
»  elle  donnait  les  legans  à  sa  place  ;  mais  elle  avait,  dit-on,  la  précaution  de  tirer  un  rìdeau 
0  devant  elle,  de  peur  que  sa  beauté  ne  donnàt  des  distractions  auz  écoliers.  d  (Cbaudon  et 
Delandine.) 

(f)  a  Ce  recueil  d'apologues,  communément  attrìbué  à  saint  Cyrille  d'AIexandrie,  serait, 
»  d'après  une  note  de  Tabbé  Guillon,  d'un  auteur  latin  et  récent.  Voy.  D.  Ceillier,  Hist.  des^ 
»  écriv,  ecclésiast.,  t.  XllI,  p.  368.  »  {Cat.  de  la  biblioth.  de  M.  ff.  Yemenix.) 

(3)  V.  La  ehasse  aux  incunableSf  note  1,  p.  10. 

(4)  Magasin  encyelopédique,  4806,  t.  H. 


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-  60  — 

N^  3.  Barbatìa  (André)  (1).  —  Repetitio  solemnis  rubrice  de  fide  in- 
Mrumenlorum,  edita  per  excellentissimum  virtnn  etjuris  utriuègue 
monarcham  divum  dominum  Andream  Barbatiam,  SictUum' UesM- 
nensem. 

In  fine  :  Clarissimi  juris  uiritisque  monarce  ac  serenissitni  regis 
Aragonuniy  etc.y  nobilis  consiliarii.  Do.  Andree  Barbatie  Siculi.  De 
fide  instrumenlorum  solemnis  repetido  Tholose  est  impressa,  xii  Ca- 
lendasjulii  Mxccclxxvi  (1476),  finit  felidter. 

In'4%  golh.  de  110  ff.,  doQt  ì  blaocs,  un  au  commeDcement  et  w  a 
la  Qn,  de  27  lignes  aux  pp.  enlières.  Sans  chiffr.,  reclama  ni  sìgoàt. 

Pap.  forl^  UQ  peu  fauve;  pour  filigrane,  to  main  qui  bénit  «-  et  to 
roue  dentée  (pi.  1,  fig.  2,  5). 

Le  sujet  de  ce  livre,  comme  nous  Favons  dit  aiileurs(2),  est  ane  expo- 
si  tion,  en  forme  de  legon,  d'un  des  livres  du  DigosiejDe  fideinstrumen- 
torum,  «de  la  foi  due  aux actes. »  Il  parait mémecertain, d'après  une  des 
phrases  du  début,  que  cette  legon  de  droit,  celle  repetitio.  àcirait  réelle* 
meni  été  faile  par  i'auleur  à  récole  supérieure  de  Bologne  (primario 
Bononiensi  studio),  el  devant  un  illustre  auditoire  qu'il  traile  fort  révé- 
rencieusement  de  venerandi  patrcsy  de  domini  optimi  et  de  scolares 
prestantissimi;  et  ce  qui  le  conQrmerait,  du  reste,  ce  sont  les  mols  par 
lesquels  I'auleur  termine  son  exposé.  Après  avoir  indìqué  une  opinion  da 
jurisconsulle  Balde,  conforme  à  sa  thèse,  il  ajoute  :  El  quia  hora 
est  tarda  et  reverentie  vestre  nimis  lasse  sunt,  finem  imponam 
huic  scolastico  documento  ad  lauderà  et  gloriam  optimi  ctemen- 
tissimi  Dei  et  sue  Matris  Virginis  gloriose ,  et  beati  Bernardi , 
totiusque  curie  triomphantis  ,  ac  sacrosancte  romane  Ecclesie 
in  hoc  famosissimo  studio  Bononiensi  ,  XIX  mensis  februarii 
M.CCCC.LII. 


(4)  Andres  Barbatius,  seu  de  Barhatia^  de  Sìcile,  célèbre  jurisconsuUe,  enseigna,  à  Bologne 
et  à  Ferrare,  vers  l'an  4460.  Il  fut  surnommé,  par  son  savoir,  Monateha  Ugum  et  lucmma 
juris.  Il  a  donne  à  un  de  ses  ouvrages  ,  Johannina,  fìoc  est  :  leetura  super  cap.  Maynaldue  de 
TestamentiSf  BononisB,  4475,  in-fol.,  le  nom  de  sa  fille  aloóe,  en  quoi  il  suivit  Texemple  du 
célèbre  jurisconsulte  Joan.  Andreas.  (La  Sema,  H,  no  213.) 

(3)  Quelques  reeherches  sur  les  débuts  de  Vimprimerie  à  Toulouse^  Mém,  de  l'Àcadémie  des 
Sciences  de  Toulouse,  3«  serie,  t.  IV,  p.  393. 


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—  M  — 

N^  4.  CessoUes  (Jacques  de)  (i).  —  Incipit  libellus  de  ludo  scacho- 
rum  e$  de  dictis  faclisque  nobilium  virorum  philosophorum  etanti- 
quorum  prologus  libelli. 

In  fine  :  Explicit  doctrina  vel  morum  informano  accepta  de  modo 
et  ordine  ludi  scachorum.  Dea  gratias  (sic),  finit  feliciter.  Au-dessous 
de  ces  derniers  mots  sont  placèes  ces  qualre  majuscQles,  M  H  D  B,  qui 
ne  se  trouvent  pas  dans  le  Barbatia. 

In-i"^,  golh.  de  72  £F.,  doot  S  bianca,  Tuo  au  commencemeut,  et  Tau- 
tre  à  la  fin  ;  les  pp.  eolières  ont  29  ligoes.  S.  1.  et  a"".  Sans  chiffres , 
réclam.  ni  sìgnat. 

Méines  "papier,  méme^filigranes  que  ceux  du  Barbatia. 

Jacques  de  Cessolés  termina  sod  livre  du  Jeu  des  écbecs,  De  ludo  sca- 
chorum, en  TauDée  1290.  Cet  ouvrage  de  morale  eut,  pendant  longtemps, 
unevogueexlraordinaire,  et,  vers  la  fin  du  qui nzième  siede,  on  le  traduisit 
dans  toutes  les  langues. 

«^  Dans  ce  livre,  »  dit  M.  de  Castellane  (toc.  cit.\  «  Tauteur  dépeint 
»  la  forme  de  cbaque  pièce,  et,  a  la  saite  de  sa  description^  il  raconte 
»  des  faits  qui  n'ont  qu'un  rapport  très-éloigné  avec  les  écbecs.  Suivant 
»  lui,  les  pions  sont  le  populaire,  comme  les  agriculteurs,  lesarlisans; 
»  et  ayant  a  parler  du  sixième  pion  place  devant  le  fou^  à  gauche  du  roi, 
»  il  dit  qu'il  représente  les  cabaretiers  et  les  aubergisles.  »  A  ce  propos, 
M.  de  Castellane  cite  textuellement  Tbistoire,  rapportée  par  J.  de  Ces- 
soUes, d'un  pèlerin  se  rendanl  à  Saint-Jacques  de  Toulouse^  et  qui,  faus- 
semeot  accuse  par  un  cabarelier  de  lui  avoir  volé  une  lasse  d'argent,  fut 
pendu»  puis  miraculeusement  sauvé  par  l'intercession  du  bienheureux 
Saint  Jacques.  Inutile  d'ajouter  que  le  cabarelier  remplaga  au  gibet  le 
pèlerin  dèpendu. 

M,  de  Castellane  tirait  de  ce  conte ,  relativement  à  la  question  des 
deux  Tholostty  un  argument  en  faveur  de  Tholosa  de  France  :  «  Je  ne 
»  sais,  »  dit-il,  «  si  on  trouverait  un  exemple  des  expressions  :  urbs  iho- 
»  losana,  hospes  tholosanus,  appliquèes  à  Tholosa  d'Espagne.  » 

N^  5.  Antonin  de  Forriglioni  (saint).  —  Incipit  titulus  de  sponsalibus 


(I)  Voir,  k  propos  du  nom  de  Cessolles,  rexplication  que  La  Sema,  t.  Il,  p.  293,  donne 
<\e  l'épithèle  de  Thesialonia,  accolée  au  nom  de  /oeofrttf,  dans  la  ^ve  édit.  de  son  liyre. 


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—  62  — 

et  matnmonio  cxtraclus  de  tertia  parte  summe  venerabilis  patris  fra- 
tris  Antonini^  archiepiscopi  fiorentini^  ordinis  Fratrumpredicatorum. 

Le  lilre  se  trouve  en  téle  du  2*  f. 

In  fine  :  Finis  hortim  viliorum  et  per  consequens  hiiius  tractatus  seu 
tituli  de  ìnatrimonio  et  sponsalibus. 

Et,  après  la  table,  les  capitales  suivaDtes  :  H  A  D  B  M  H  0  (1). 

Pet.  in-4°,  goth.  de  126  fif.,  doni  le  I*'^  est  blanc,  de  27  lignes  aux  pp. 
entières,  s.  1.  et  a^.  Sans  chiffr.^  réclam.  dì  signat. 

Papier  fort  ;  pour  flligrane  la  main  qui  bénit ,  la  roue  dentée  et  le 
croissant  (v.  pi.  1,  flg.  1,2,  3). 

Ce  livre  a  été  imprimé  à  Toulouse  vers  1476;  les  caractères,  le  papier 
et  les  filigranes  sont  ceux  du  Barbatia  et  du  J.  de  Cessolles;  l'ideutité  est 
parfaite.  Quoique  le  litre  porte  :  Extractus  de  tertia  parte  summe  vene- 
rabilis palris  fratris  Antonini,  nous  croyons  qu'il  a  été  imprimé  d^après 
un  manuscrit,  et  non  d'après  l'èdition  de  la  Somme  de  saint  Àntonin, 
imprimée  a  Venise,  par  Jenson,  en  1477  (2). 

Ce  rarissime  volume,  relié  à  la  suite  du  Quadrivium  Ecclesie,  de  Jean 
Hugo  (Paris,  Guill.  Eustace,  1509),  appartieni  à  la  bibliothèque  de  Tou- 
louse. 

Les  cinq  ouvrages  dont  nous  venons  de  donner  un  signalement  exact 
et  dont  on  Irouvera  les  spécimens  pi.  3  et  4,  forment  seuls,  jusqu'à  pré- 
sente la  première  sèrie  des  incunables  toulousains,  sèrie  qui  commence 
peut-élre  avant  1476,  et  qui  finit  en  1479. 

Un  selli  de  ces  incunables,  le  De  fide  instrumentorumy  de  Barbatia, 
porte  la  date  de  1476.  Celte  date  fiixe  d'une  manière  certaine  l'introduc- 
tion  de  l'imprimerie  à  Toulouse. 

En  comparant  entro  eux  ces  cinq  ouvrages,  on  voit  de  suite  qu'ils  appar- 
tiennent  à  la  méme  famille.  Pourtant,  en  les  examinant  attentivement  et 
de  près,  il  est  facile  de  s'apercevoir  que  les  papiers,  les  caractères,  les 
majuscules  plutòt  que  les  minuscules,  et  la  justification,  présentent  des 
différences  qui  échappent  à  la  première  vue. 


(1)  Nous  avons  vaiDement  cherché  la  significa  tion  de  ces  majuscules,  véritables  sigles, 
dont  les  mots  nous  sont  inconnus. 

&)  Saint  Antonin,  né  en  4389,  est  mort  en  4459. 


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—  63  — 

Dans  V Andrea  et  le  saint  Cyrille^  le  papier  est  plus  fort,  plus  com- 
mun  qoe  celui  da  Barbatia  et  da  /.  de  Cessolles.  Le  papier  des  premiers 
a  poar  filigrane  le  croissant  (p\.  ì ,  flg.  1),  et  celai  des  dernìers,  la  main 
qui  hénit  (pi.  I ,  flg.  2).  Dans  V Andrea  et  le  saint  Cyrille,  les  caraclères 
ODt  quelque  cbose  d'irrégalier,  de  plus  primìtif.  Leurs  pages  entières  n'ont 
que  26  lignes,  tandis  que  celles  da  Barbatia  en  ont  27,  et  celles  da  /.  de 
Cessolles  29.  C'est  là  la  seule  différence  qui  exisle  entre  ces  deux  derniers 
oavrages,  car  ils  ont  été  bien  évidemment,  ainsi  que  le  saint  Antonin, 
imprimés  avec  les  mémes  caractères  et  sur  un  papier  identìque: 

Ces  remarques  nous  porlent  à  penser  que  V Andrea  et  le  saint  Cyrille 
ont  étè  imprimés  avant  le  Barbatia^  le  /•  de  Cessolles  et  le  saint  Anto- 
nin.  Cétait,  comme  nous  Tavons  dit  ailleurs  (1),  l'opinion  de  M.  Mac- 
Carlhy. 

Ces  impressions,  du  reste,  attestent  Tenfance  de  Tart  (v.  pi.  3).  L'on 
comprend  qu'elles  ont  étè  mises  en  oeuvre  à  l'aide  d'un  outillage  impar- 
fait,  et  qae  les  caraclères  dont  on  s'est  servi  étaient  fondus  depuis  long- 
temps  ou  Favaient  été  dans  des  matrices  anciennes. 

Cela  est  si  évident,  qu'en  comparant  ces  livres  avec  des  impressions 
beaucoup  plus  vieilles,  —  par  exemple,  avec  le  Speculum  sacerdotum, 
imprimé  vers  1463 ,  par  Guttenberg,  et  dont  nous  avons  un  specimen 
sous  les  yeux  (2),  —  la  ressemblance  est  Ielle  qu'on  se  demando,  malgré 
les  Ireize  années  qui  les  séparent,  si  ces  incunables  ne  sont  pas  tous  sor- 
tis  du  méme  atelier  typograpbiqae. 

Il  y  aurait  peut-étre  un  moyen  d'expliquer  cette  ressemblance  entre 
quelques-uns  des  types  de  Guttenberg,  de  Fust  et  de  SchoifiFer  et  ceux 
des  incunables  toulousains. 

Nous  savons  d'une  manière  certaine  que  ces  célèbres  imprimeurs,  mais 
surtout  Fust  et  Schoiffer,  vinrenl  plusieurs  fois  à  Paris  pour  y  vendre 
leurs  livres  et  qu'ils  y  enlretenaient  méme  des  facteurs  à  gages. 

L'un  d'eux,  «  Hermann  de  Slatboeo,  est  celui-là  méme  qui  avait  vendu, 
»  en  1471,  à  Angers,  pour  le  libraire  Guymier,  de  Paris,  la  Bible  de 
»  SchoifFer,  de  1462.  Il  était  compatriote  de  Schoiffer,  étant  né  dans  le 


(i)  Voir  La  ehasse  aux  incunables,  p.  43. 

(2)  Auguste  Bernard,  De  l'origine  et  des  déhuts  de  Vimprimerie  en  Europe,  pi.  Vili,  no  42, 


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—  ftt — 

»  diopèsa  de  Monster^  ce  qui  fot  assez  fàcheux  poar  ses  cooolinettMite. 
»  Exì  effet,  Harna^n  ètaot  mort  vers  1474,  saos avoif  de  leltres  deaerili- 
»  ralit^,  cornine  on  disait  alors»  toas  ses  dépòts  de  iivres,  tant  à  Paris, 
»  qn'à  ÀQgers  et  aiUeurs,  fareot  saisis,  en  verta  da  droit  d'aabaioe  (1).  » 

Puisque  Schoiffer  avail  des  dépòls  de  livres  à  Paris,  à  Angersei ail^ 
levrs,  il  Q'y  aurait  rìen  de  bieD  ei^traordioaire  à  ce  quii  eo  ait  eu  àToe- 
louse  (2). 

Une  circonslaoce,  intéressante  à  connaftre,  rapportée  par  Schceptin 
(Vindicice  typog.^  p.  6,  note  7),  viendraìt  peat  étre  en  aide  à  notre  stìp- 
posilion. 

Sor  un  exemplaire  de  la  T  édition  des  Offkes  de  Cicéron,  imprimée  à 
Mayence,  par  Scboiflfer  et  Fast,  le  4  février  1466,  et  que  possedè  la  hi- 
blìotbèque  de  Genève,  se  troave  la  note  salvante  :  «  Hic  liber  Marcii  Tallii 
>  pertinet  Michi-Ludovico  de  Lavernade,  militi  cancellarlo  domìni  mei 
»  ducis  Borbonii  et  Àlvernie,  ac  primo  presidenti  parlamenti  lingue 
'  occitanie  (3),  quem  dedit  Michi  lo.  Fusi  sapradictos  (4),  Parisius,  in 
'  mense  julii,  anno  Domini  M.CCCG.LXVI,  me  tane  esistente  Parisios, 
»  prò  generali  reformatione  loUas  Francorom  regni.  » 

Un  tei  présent,  à  colte  époqae  surtoat  (1466),  attesto  an  service  renda 
dont  on  ne  poavait  pas  s'acquilter  avec  de  Targent;  et  la  nàtare  mème  de 
la  rémanération  attesto,  selon  toate  apparence,  la  natare  de  ce  service. 

P'après  cela,  ne  pourrait-on  pas  admeltre  quo  Louis  de  Lavernade, 
alors  commissaire  réformatenr  de  la  j astice  en  Languedoc  (5),  désireux  de 
propager  dans  colte  province  la  grande  décoaverle  de  Fimprimerie,  prit 
sous  sa  protection  les  deux  associés  Fast  et  Schoiffer,  et  qo'il  leur  facilita 
les  moyens,  soit  d'écouler  leurs  produits  dans  le  midi  de  la  Franco,  soit 


(4)  Auguste  Bernard,  loc.  ciL,  t.  IT,  p.  329. 

(5)  W^urdtwein  (Biblioth.  moguntina)  et  W^olf  (Monumenta  typogr,),  citent  ud  piivilége 
da  24  avril  4475,  acoordé  par  Louis  XI,  à  Conrad  Hannequis  et  à  P.  Schoiffer,  pour  vendre 
leurs  livrea  en  Franco...  (Dopoot,  Siti,  de  l'imprimerie,  t.  I,  p.  93,  note.) 

(3)  Ce  qui  est  ici  en  italiqoe  est  ajouté  par  un  renvoi  dans  l'originai.  (Note  de  M .  Auguste 
Bernard.) 

(4)  Ce  mot  se  rapporte  au  nom  de  Fust  qui  est  dans  la  souscription  imprimée  au-dessna 
de  la  note  de  Lavernade.  (Note  de  H.  Auguste  Bernard.) 

(5)  U  n'était  pas  encore  premier  président  du  Parlement  de  Toulouse. 


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—  «6  — 

méme  de  fonder,  dans  un  grand  centre  nniversitaire  tei  qne  Toalouse» 
noe  imprimerie ,  à  la  téle  de  laqnelle  ils  placèrent  un  de  leors 
oavriers  (i)? 
Nous  nous  expliqaerions  alors  la  ressemblance  des  types  ;  nous  nona 


(1)  Les  historiens  qui  se  sont  occupés  de  Louis  de  Lavernade  ne  sont  pas  d*aocord  sur 
répoque  à  laquelle  ii  fut  nomine  premier  président  da  Parlement  de  Toulouse. 

Io  H.  de  La  Mure  ,  Bistoire  du  pays  de  Forex  ,  Lyon  ,  1674,  p.  367,  s'exprime  ainsi  : 
«  (il)  Obtint  la  charge  de  premier  président  du  parlement  de  Toulouse  ,  vers  4461 ,  et 
»  la  garda  ,  au  moina,  jusqu*en  4474...  » 

2o  Lafaille ,  Annali  de  la  ville  de  Toulouse  ^  4687,  t.  I,  p.  233,  rapporte  qu'au  moia 
d'octobre  4467,  les  officiers  du  Parlement  eurent  ordre  de  se  rendre  à  Montpellier,  pour 
y  tenir  le  Parlement. 

Plus  loin,  p.  234,  il  dlt  :  a  Au  mola  de  janvier  de  la  méme  année  (4468,  n.  style]  il  (le  roi} 
»  destitaa  Damian,  Bertelot  et  Bruières,  conseillers...  Le  premier  président  de  Marles  ne  fut 
»  point  épargné  et  souiTrit  une  pareille  destitution.  Le  roi  mit  en  sa  place  Jean  de  Laver- 
»  nade,  chevalier...  » 

Z<^  Dom  \aìsaeie,  Hiitoire  du  Languedoct  4745,  t.  V,  p.  37,  a  copie  Lafaille,  et  n'eat  pas 
plus  clair  que  lui.  Il  donne  sussi  à  Louis  de  Lavemade  le  prénom  de  Jean. 

4«  Selon  Dumège,  Bistoire  des  instiMions  de  la  ville  de  Toulouse,  1844,  t.  Ili,  p.  353, 
a  Louis  de  Lavemade  aurait  été  installéle44  février  4467  (4468)  et  destitué  la  méme 
»  année.  » 

Nous  avons  cru  devoir  reproduìre  lei  le  texte  originai  des  arréts  relatifs  à  cette  pérlode  do 
i'hifltoire  du  Parlement  de  Toulouse,  texte  qife  quelques-uns  des  historìens  cités  ci-dessus 
n'ont  pas  pu  consulter  et  que  les  autres  ne  se  sont  méme  pas  donne  la  peine  de  lire. 

Archiybs  départbhbntalbs.  Section  judidaire, 

«  Le  mardy  44  mars  4465  (4466),  aujourd'huy  measìre  Henry  de  Marie,  chevalier,  ooo- 
»  seiller  du  roy  a  este  receu  à  Toffioe  de  premier  préaident  en  la  Court  de  céans.  »  (Hegietre 
des  ÀrréU,B,  3,  f»  24,  verso.) 

a  Le  mercredy  48  mars  4466  (4467),  Henry  de  Marie  aiège  encore  comme  premier  prèsi- 
»  dent  (Péques  tomba  le  29  mare).  »  (Id.,  B,  3,  f»  95,  verso,) 

a  Le  ieudi  30  avril  4467,  il  reprend  aon  aiége  apròa  une  absence  d*un  moia  et  42  jours.  » 
(Id.,  B,  3,  fo  402,  redo.) 

a  Aujourd*huy  messire  Henry  de  Marie,  chevalier  et  premier  président  en  la  Court  d& 
9  céans,  s'est  oppose  à  ce  qu'aucun  autre  ne  soit  receu  en  la  dite  Court  au  dit  office  de  pre- 
»  mier  président,  pour  les  causes  et  raisons  à  dire  et  à  declarer  par  lui  en  temps  et  lieu.  » 
(Id.,  B,  3,  fo  402,  verso.) 

a  Le  mercredy  43  mai  4467,  lecture  de  lettres  patentes  du  roy  Louis  XI,  portant  a  que  la 
9  Court  de  Parlement  de  Tholouse  cesserà  et  vaquera,  »  attendu  qu'il  a  mandé  venir  devers 
»  lui  son  ami  et  féal  conaeiller  et  premier  président  en  son  Parlement  de  Tholouse , 
»  Henry  de  Marie,  chevalier;  ordonné  à  M«  Jehan  Duvergier,  aussi  président  en  icelle 
9  Court ^  aller  en  ambassado  de  par  lui  au  royaume  d'Espagne,  et,  avec  ce,  ordonné  taire 

9 


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—  66  — 

expliqoerions  pourqaoi  il  semblaii  à  M.  Adry  que  le  Speculum  de  saifU 
Cyrille  fui  de  Fimprimeur  Schaiffer,  qui  a  pu  faire  celie  éditian 
à  Mayence,  vers  1475,  et  pourquoi  M.  Brunet  affirme  qn'elle  a  été  im- 
primée  eii  Allemagney  de  1475  à  i480. 


DEUXIÈME  GROUPE  (De  1479  a  i486). 

JEAN  PARXX,   BSTBTAN  GLÌBAT. 

Arr eslum  querele  de  novis  dissaysinis  (I). 

In  fine  :  Arrcstum  querele  de  novis  dissaysinis  finii  feliciler.  Im- 

»  venir  par  devers  lui  3  ou  4  dea  aatres  conseillers  en  icelle  ;  a  parquoy  seroot  et  de- 
»  meurroDt  les  autres  ea  trop  petit  nombre.  »  (B.  3,  f»  404,  recto.) 

Tout  ceci  concerne  Toulouse. 

MoNTPSLLiBH. —  Parlement  commence  le  42  novembre  4667.  Jeudy  44  février  1467 
(4468).  <r  Veues  par  la  Court  les  letlres  patentes  du  roy  nostre  Sire,  données  à  Gbartres  le 
]»  dernier  jour  de  juing  dernler  passe  (30  juin  4  467),  par  lesquelles  et  pour  les  causea  con- 
9  tenues  en  icelles  le  dict  seigneur  a  donne  et  donne  à  messire  Loys  de  La  Yernade ,  cbe- 
D  valier,  Tofflce  de  premier  président  en  la  Court  de  céana ,  en  deschargeant , .  privant 
»  et  dóboutant  d'icelui  office,  messire  Henry  de  Marie  ,  cbevalier;  et  actendues  lea  autres 
»  jussions  et  commandemens  faiz  par  ce  dict  seigneur,  à  la  diete  Court,  touchant  la  matière 
»  et  eue  délibération  ;  sur  ce  : 

9  La  Court  a  ordonné  et  ordonne  que  le  dict  messire  Loys  de  La  Yernade  sera  receu 
V  audict  office  de  premier  président  en  la  Court  de  céans  et  en  sa  reception ,  laquelle  sera 
»  escrìpte  more  solito  sur  les  dictes  lettres ,  après  la  diete  reception  faicte  seront  mises  les 
»  paroles  qui  s*en  suivent  :  Dominus  Ludovicus  de  La  Yernade,  io  albo  nominatus  recep- 
9  tus  est  ad  officium  primi  presidentis,  in  albo  eodem  mentionatum  de  expresso,  et  multi- 
»  plicatio  domini  nostri  regis  mandato  et  solitum  prestitit  juramentum. 

»  En  ensuivant  laquelle  ordonnance  ou  appoinctement  le  dessus  dict  messire  Loys  de  La 
»  Yernade  a  esté  receu  par  la  Court  à  Toffice  de  premier  président  en  icelle  et  en  a  faict 
»  le  serement  en  tei  cas  acostumé.  »  (B.  3,  fo  422,  veno,) 

Hercredi  44«  jour  de  septembre  4474,  messire  Loys  de  I^a  Yernade  siége  encore  comme 
premier  président.  (B.  3,  f»  399,  ruto.) 

A  partir  de  cette  date  son  nom  n'est  plus  mentionné. 

Qttinze  mois  après,  sous  la  date  du  mercredi  23«jour  de  décembre  i472,  on  lit  :  a  Au- 
»  jourd'hui  maistre  Bernard  Lauret,  docteur  en  cbacun  droit  et  par  cy  devant  avocai  du  roy 
»  nostre  Sire  en  la  Court  de  céans,  a  esté  receu  en  Toffice  de  premier  président  en  icelle 
j»  et  en  a  fait  le  serement  en  tei  cas  acostumé.  » 

(1)  Dtjccto  a  po$i9$iion$  ,  GalL  Dessaisisiemeni,  (Ducange,  Ghss,  art.  Diisaisina). 


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—  67  — 

pressum  Tholose  juxta  pontem  veterem  anno  Domini  M.cccc.  Ixosix 
(1479)  mense  augusti. 

Petit  in-4«  goth.  12  fif.  Le  !•"  blanc,  32  lignes  aux  pp.  entières, 
Sans  chiff.,  récl.  nisignat. 

Le  papier,  d'un  grain  assez  fin,  un  pea  gris,  a  poar  filigrane  la  main 
qui  béfiit. 

Les  caractères  sont  nets ,  régaliers  ;  ils  ont  sii  points  lypographiques 
(i  ligne)  de  hauleur. 

Les  majuscules  M.  et  A  sont  d'une  forme  remarquable  (V.  pi.  V). 

Ce  livre  est  une  glose  sur  les  dissaisines  ou  cas  de  nouvelletez. 

Dans  un  règlement  du  parlement  de  Paris  (1) ,  inséré  au  tome  2 
des  ordonnances  des  Rois  de  France,  p.  542.  —  Col.  2  (Paris,  Impr. 
roy.,  1729),  on  trouve  celte  note  des  édileurs  :  u  A  peu  près  dans  le 
))  méme  temps,  (1353)  le  parlement  fit  le  règlement  qui  suit  toucbant 
»  les  dissaisines  ou  nouvelletez,  auquel  on  ne  peut  donner  aucune  date 
»  certaine  et  qui  est  au  méme  registro  A  du  parlement,  ^  24,  verso.  » 

Les  citations  suivantes  Qxeront  l'esprit  du  lecleur  sur  la  nature  des 
dissaisines  et  sur  la  valeur  des  termos  qui  constiluent  le  titre  de  cet 
ouvrage  : 

Arestum  querele  de  novis  dissaysinis  non  venit  in  parlamentis,  sed 
quilibet  Baylivus  in  sua  baglivia,  vocatis  secum  probis  viris,  adeat 
locum  debati,  et  sine  strepitu  et  figura  judicii,  sdat  et  se  informet  si 
sit  nova  dissay  Sina  impedimentum  seu  tur  balio.  Et  si  invenerit  ita 
esse,  faciat  statim  resaysiri  locum  et  interim  recipiat  ad  manum 
regiam  atque  nostram  ponat  et  faciat  jus  partibus  coram  se  vocatis  et 
celerà. 

Arestum  querele.  Notanter  dicit  querele,  quia  non  ex  officio  sine 
partis  requisitione ,  sed  potius  ad  partis  postulationem  fil.  Super 
Novis.  Novum  est  quod  nunquam  alias  fuit... 

DissAYsmis  hoc  enim  novum  veì*bum  in  gallico  est  vulgare  et  idem 
sonai  quod  spoliatio... 

Avant  de  connaf tre  l'existence  du  Bocce  imprimé  a  Tolosa  de  Fran- 

(4)  Voici  le  titre  de  ce  règlement  :  Conititutio  super  casibut  novitatis  in  patria  juris 
scripti. 


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da,  VArestum  querele  eat  saffi»  a  lui  seul ,  poar  traocher  la  qaestiOD 
des  deux  Tolosa  (1). 

N^  ì.  Maino  (Ambr.-Jason  de).  —  De  Iure  emphiteotico  Rubrica.  — 
In-fol.,  goth.,  de  62  ff-  (2),  Tholosa.  1479.  —  Saos  oom  d'imprimeor 
(Jean  Parix),  a  2  colonoes  de  68  ligDes  aax  pages  entières;  les  ff.  soDt 
irrégulièrement  chiffrès.  SigDat.  a.-g.  Les  8  ff.  de  la  table  ne  sont  ni 
4^hifFrés  ni  signés.  Au  bas  de  la  dernière  colonne,  avant  la  table,  on 
Iroave  les  vers  saivaats  : 

Legerit  hune  quamvis  titulum  preelarus  Jason  : 
Sunt  et  apìid  multos  seripta  priora  i)iros  : 
InvMies  nune  multa  tamen  iuperaddita  leetor 
Àuetoris  quam  istic  plura  notata  manu, 
Maine  tuum  nomen  quis  non  super  ethera  tollat  f 
Quis  ve  tibi  grates  non  agat  innumeras  ? 
Sunt  colleeta  abete  simul  emphiteotiea  tura  : 
Que  poeita  in  variis  ante  fuere  lode, 
Maine  equidem  vivee  omni  mortalie  in  evo  : 
Qui  tante  ediderie  utilitatis  opus. 
Quique  operis  tabulas  perstrinxeris  ordine  spulerò 
Singula  ne  magnus  ft  reperire  labor, 
Leetor  emas  moneoque  elarus  seripsit  Jason, 
Nam  tibi  Jasonii  velleris  instar  erunt. 
Nempe  sub  ingenua  teutonicus  arte  Joannes 
Clarum  opus  ad  vires  preseerat  ipse  suas. 

Au-dessous  :  Finii  Tholose.  Anno  Christi  M.cccclxxix.  Papier 
fort,  sans    filigrane,  Mémes  caraclères  que  ceux  de  VArestum  querele. 

Le  catalogue  Mac-Carlby  porte  le  tilre  suivant  :  Tractalus  dejure 
emphiteolico  juxta  verbum  Ulpiani,  per  Jasanem  de  Mayno.  Tho- 
losae  (3),  Joannes  Teutonicus,  1479,  in-fol.,  goth. 

A  propos  de  ce  livre,  M.  Brunet  dil  :  «  Cotte  édition  est  remarquable, 
»  parco  qu'elle  est  un  des  plus  anciens  livres  connus  imprimés  à  Tou- 
»  louse,  ville  dans  laquelle  on  imprimait  déjà  en  1476  (voy,  Barbatia), 

(4)  y.  l'avant-propos,  p.  319  et  suiv. 

(2)  Le  Dombre  des  ff.  ne  peut  pas  dire  impair,  le  Cahier  A,  n'ayant  que  7  ff.,  il  man- 
^ue  un  f.  blaac  au  commencement. 

(3)  De  Bure  et  M .  Branet  ont  commia  une  erreur  en  pla^nt  la  diphthongue  «  dans  le 
litre  d*i|ne  édition  du  quinzième  sièclc. 


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»  et  où  parat  aussi,  eu  i479,  De  clericis  concubinariis ,  pet.  10-4"^.  » 
(Man.  du  libt\,  art.  Maino,  édil.  1860.) 

CommeDt  expliquer ,  après  une  affirmation  semblable,  la  phrase  am- 
bìgue, ou  plotòt  restrictive ,  qui  se  trouve  dans  le  Manuel,  à  Tarticte 
Imitatian,  et  que  nous  avoos  rapportée  daus  noìre  Avant-propos,  pp.  31 1 
et  312?  La  remarque  de  M.  de  Castellane  à  ce  sujet  est  fort  curieuse  : 
«  Cette  opinion  de  M.  Brunet,  dit-il,  est  bien  positive,  et  il  est  bon  juge 
»  en  pareille  matière.  Nous  le  Yerrons  émellre  un  avis  encore  plus  tran- 
»  chant  au  sujet  de  Vlmiiation.  S'il  avait  eu  à  revenir  sur  ce  quHl 
>  avancaitf  il  n'y  a  pas  de  doute  qu'il  ne  l'eùt  fait  dans  son  supplé- 
•  ment  (1)...  »  11  y  revint  plus  tard  :  M.  de  Caslellane  Tavait  pressenti. 

N*  3.  Alfonse  de  Benevenl  (Jean).  —  De  clericis  concubinariis.    ^ 

Dans  rexemplaire  de  la  bibliolhèque  imperiale  le  1''  f.  manque.  Il 
était  blanc  probablemenl. 

En  téte  du  9r  t  on  Ut  :  Iste  sunt  conclusiones  pnnàpales  istius 
sequentis  tractatus  qui  est  de  clericis  in  publico  concubinatu  viven- 
iibus. 

In  fine  : 

Et  sic  finii  presens  de  clericis  concubinariis  traclalulus  ab  eximio 
sacrorum  canonutn  Io.  de  Beneuento,  doctore,  atque  unam  de  qua- 
tuor  cathedris  scole  Salamantice  actu  regente  ad  profectum  fidelium 
salubriter  ordinatus  imprimente.  M""  Io.  Parix  de  Almania,  Tho- 
losCj  sub  anno  Christi  M.cccc.lxxix  (1479).  Citépar  M.  de  Castellane» 
d'après  M.  Brunet,  qui  ne  le  menUonne  qu'à  Toccasion  du  Jason  de 
Maino  (2). 

In*4^goth.,  de  30  fl.  Sans  chiff.,  réclam.,  ni  signat.  —  Pour  filigrane 
la  main  qui  bénit.  Meme  papier,  mémes  caractères  que  ceni  de  VAres- 
tum  querele  de  1479. 

N^  4.  Arétin  (Ange),  jurisconsulte  du  quiozième  siede,  originaire 
d'Arezzo  (d'où  le  nom  d'Arélìn)  et  d'une  famille  du  nom  de  Gambiglioni. 


(4)  Loc.  eii.,  p.  44. 

(2)  a  Alfonse  de  Bénevent  (J.)»  caooDiste  espagnol,  vivait  vers  le  milieu  du  quinzléme 
nècle.  »  {Biegrapk.  JHd^t,  U,  ool.  61).  —  Farmi  les  ouvrages  attribucs  a  AlphoDse  de  Bène- 
veot,  le  biographe  ne  cito  pas  le  D9  elericU  concubinariis. 


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—  70  — 

Sacratissimarum  legum  famosissimi  interpretis  alque  professoris 
eximii  domini  Angeli  de  Gambiglionibus  de  AretiOj  exactissima  super 
civilium  inslitutionum  libro  Icctura.  Cupide  que  legalium  sanctio- 
numjuventuti  longe  accomodatissima  feliciter  incipit. 

In  fine  : 

Et  sic  est  finis  operis  quod  ego  Angelus  de  Gambiglionibus  de 
AretiOy  legum  doctor  per  feri,  die  uìlima  mensis  decembris  M.cccc.xlix. 
dum  publice  legeremjus  civile  in  civitate  Ferrariesub  inclito  et  exelso 
domino  Lionello  Marchione  existente.  Deo  gratias. 

iD-fol.  magno  golh.,  de  316  S.,  a  2  col.  de  65  tignes  aux  pp.  en- 
Uères.  Sans  cbiff.  ni  réclam.,  sìgnat.  A.  DD.  Les  cahiers  sont  de  6,  8 
ou  10  ff,  —  s.  1.  et  a^  (Toulouse,  1479). 

L'oovrage  est  divise  en  2  parties  et  chaqoe  partie  en  2  livres.  Le 
l^'  livre  occupe  76  ff.,  doni  le  1"  est  blanc.  Il  est  signé  des  minuscules 
a-i  10; le  2*  livre  occope  H8  ff.,  signés  des  majuscules  A-P  6  ;  le  5*  li- 
vre (2*  partie)  occupe  46  fl.,  signés  Q-X  6;  et  le  4*  40  ff.,  signés 
Y-D.D  6.  Le  dernier  f.  est  blanc.  EnQn,  36  ff.  de  table,  sans  signat.  et 
dont  le  1""'  est  blanc,  terminent  le  volume. 

N^  5.  On  troave,  à  la  suite,  Touvrage  suivant  : 

Incipit  solennis  (sic)  et  aurea  lectura  famosissimi  legum  doctoris 
Domini  Angeli  de  Gambiglionibus  de  Aretio ,  super  titulo  de  actio- 
nibus  institutionum  in  almo  studio  Bononiensi  edita  (1). 

In  fine  : 

Nunc  breuis  et  facilU  feliciter  explicit  orde  ; 

Et  modus  et  forma  :  que  bene  quenque  doeent. 

Qualiter  koe  toto  memorabilit  Angelus  orbe, 

Magna  dedit  pieno  pectore,  Vulgus  ades. 

Quid  referam?  dociles  nunc  [nunc]  (sic)  advertere  mentes 

Cura  sit.  et  nullum  tempus  abibit  iners, 

Nam  bene  querenti  quasi  cuncta  preparata  debuntur. 

Nam  bene  querenti  multa  petenda  faeent. 

Beo  igitur  quieunqu»  leges  cum  remige  seripta  : 

Hic  nuper  posilo  dieere  pigeat. 


(4)  H.  Brunet  l'a  cité  dans son Manuel,  en  renvoyant le  lecteur au  Répertoire  de  Hain  ponr 
les  autres  ouvrages  da  méme  auteur. 


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—  Ih  — 

Au-dessoas  de  ces  vers  :  finii  Tholose,  anno  M.cccc.lxxx  (1480)^ 
die  xxix  mcf^is  aprilis. 

lo-fol.  magno,  de  128  ff.  (le  l""'  blanc),  à  2  colon,  de  65  lignès  aux 
pp.  eniières.  La  table  occupe  Ics  onze  derniers  ff.,  sar  lesquels  la  signa- 
iure  conlinoe>  conlrairement  à  ce  quo  noas  avons  observé  dans  le  vo* 
lame  précédenU 

Le  Manuel  n'a  décrit  qa'un  seul  de  ces  ouvrages.  Nous  croyons  cepen- 
dant  qae  les  denx  traìtés  parurent  en  méme  temps  ;  l'identité  typographi- 
que  absolae  qui  existe  entre  eux,  et  la  date,  rejetée  à  la  fin  du  dernier, 
nous  délerminent  à  le  croire. 

Ce  livre  est,  sans  contredit,  l'un  des  plus  beaux  spècimens  des  débats 
de  rimprimerie  en  France.  Quoìqu'il  alt  élè  relié  deux  ou  trois  fois,  ses 
marges  sont  très-grandes,  et  il  a  encore  36  cenlimètres  de  baut  et  29 
de  large.  Le  papier  est  fort,  légèrement  fauve  et  très-sonore  ;  on  entend 
réellement  la  voix  desfeuilles  en  les  tournant  (1).  11  a  pour  filigrane  une 
téte,  de  proflU  au  nez  épalé,  couronnée  du  bandeau  imperiai  et  sur- 
monlée  d'une  étoile  en  forme  d'aigrette  (v.  pi.  1,  flg.  4)  (2).  A  part  un 
seul  f.,  marqué  de  la  téle  de  bcBuf  (v.  pL  1,  fig.  5),  la  téle  couronnée 
est  la  seule  marque  que  l'on  rencontre  dans  le  volume  entier,  et  chaque 
Cahier  en  renferme  deux  ou  trois  spècimens.  Les  caractères  sont  les 
mémes  que  ceux  de  VArestum  querele. 

N*»  5  (bis),  1480.  Commentaires  sur  les  Institules.  In-fol.  — Dans 
le  t.  !•',  p.  109  de  VHistoire  de  FAcadémie  des  Sciences,  Inscriplions 
et  BelleS'Letlres  de  Toulouse  (in-4%  1782),  se  Irouve  la  note  suivante  : 
«  ...M.  Reboutier  se  chargea,  en  1757,  de  faire  le  catalogne  de  la  biblio- 
»  thèque  des  RR.  PP.  Domiuicains  de  Toulouse.  11  y  trouva  5,774  vo- 
»  lumes,  dont  la  benne  moitié  concerne  la  tbéologie,  sans  compier  quel- 


(4)  Dibdin,  Voyage  bibliogr,,  arekéol.,  e(c.,  en  France. 

(2)  Nous  avons  retrouvé  cette  figure  : 

4»  Dbds  uu  exemplaìre  dii  D9  proprietatilnu  rerum  que  possedè  la  bibliothèque  de  Tou- 
louse. Ce  volume,  s.  I.  et  a»,  renferme  la  plupart  des  fìllgranes  qui  caractérlsent  le  papier 
«les^livres  imprimés  à  Toulouse.  M.  Bninet  le  croit  imprimé  à  Bàie,  chez  Bichel  ctWensler; 

to  Dann  le  Fasdculus  temporum,  de  Gologne,  4481  ; 
'    Bt  30  Dans  le  Annai  Lucenii  pharsalÙB  liber,  etc,  imprimé  à  Venise  par  Nicolas  Barti- 
bone  Alexandrlno,  en  4486. 


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—  7Ì  — 

»  ques  manascrìls,  la  pluparl  sans  date  et  ìD-foKo^  qui  ont  èté  imprimés 
»  depois  1480  jusqu'en  1500;  et,  entre  autres,  un  Commentaire  sor  les 
>  Instilo tesen  on  gres  voi.  in-folio,  imprimé  à  Toulouse,  en  1480,  sans 
»  nom  (Timprimeur.  » 

Malgré  le  vagoe  de  cette  note ,  noos  pensons  qo'elle  se  rapporto  ao 
Commentaire  de  Gambiglioni,  qoe  noos  venons  de  décrire.  Cétait  aos^ 
ropioion  de  M.  de  Castellane. 

N^  6.  Boetius.  De  consolatione  phUosaphie. 

In  fine. 

Finii  Tholosej  anno  Christi.  M.cccc.txxx  (1).  M.  Johanne  PariXy 
feliciter  imprimente. 

In*fol.  goth.^  de  144  ff.  Sans  chiffr.  ni  réclam.;  signat.  a-q  iiii. 

Les  cahiers  sont  de  6^  de  8  oo  de  10  ff.  —  Le  volome  commence 
par  6  ff.  de  table,  non  signés.  Le  l*',  qoi  est  blanc ,  manqoe  sooyent. 
—  Dans  le  1"  Cahier  (il  est  de  10  ff.)  le  l**  f.est  blanc;  le  second  est 
sans  signat.;  et  le  3^  porte  la  signat.  a-ii. 

En  téle  da  V  f.  se  troove  le  tilre  suivant  :  Sancii  Thome  de  Acquino 
super  libris  Boetii  de  consolalione  philosophie  comentum  cum  exposi- 
liane  feliciter  incipit  (2). 

Le  Commentaire  occope  les  marges  do  volome  et  encadre  en  qoelqoe 
sorte  le  texte  de  Boéce. 

Les  caractères  sont  de  deox  grandeors  :  le  plos  petit  a  6  points 
typographiqoes  et  le  plos  grand  en  a  7. 

Le  papier  est  fori,  on  peo  faove.  Il  a  poor  filigrane  la  lète  de  btBuf 
(v.  pi.  l,flg.  6,  7  et  8). 

N*  7.  Incipit  libellus  de  vita  et  moribus  philasophorum  et  poetarum. 


{i)  Cette  édilioD  de  BoCce,  malgré  Thistoire  du  grattoir»  racontée  par  H.  J.-Ch.  Bruoet, 
est  bien  réellement  de  1480.  L'exemplaire  de  la  bibliothèque  de  Toulouse,  que  noua  avona 
sous  les  yeux,  est  pur  de  tout  grattage,  et  le  point  final,  place  après  le  3*  x»  est  parfal- 
tement  imprimé.  Le  catalogne  Hao-Carthy  porte  doDC»  avec  raìaon,  la  date  de  4480. 

(3)  a  Plusieurs  éditions  de  BoCce  ont  été  pablìéea  daos  le  quiozième  siècle ,  a»m 
9  tario  Thome  de  Aqyino,  Il  paraitrait,  d*aprÒ8  Gh.  Nodier  [Bihlioth.  eacrée^ 
B  latine) t  que  ces  Commentaires  ne  sont  pas  de  saint  Thomas  d'Aquio ,  mais  d'un  cardinal 
»  nommé  Thomas,  o  (Note  de  H.  Ch.  Sénémaud.  V.  la  bibliothèque  de  Charles  d'Orléane, 
eomte  d'Àngouléme.) 


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—  73  — 

In  fifèe  : 

Explidt  vita  philosophorum. 

Pel.  ìD-4^  s.  1.  et  a%  de  102  ff.,  doni  le  1"  est  blanc  (1).  32  lignes 
aux  pages  entières.  Sanschiffr.,  réclam.  dì  sigoat. 

MoiDS  le  format,  ce  volarne  est  en  tout  semblable  aa  Boèce  de  1480. 
Papier,  flligraoes,  caractères,  tout  est  identique. 

Od  relroave  daDS  ce  livre  les  deai  sortes  de  caractères  employés  par 
JeaD  Parix,  pour  l'impressioD  da  Boèce  de  1480,  et,  de  plas,  la  sèrie  des 
méroes  majuscules ,  recoDoaissables  sartout  a  la  forme  particulière  de  TA 
et  da  M  (v.  pi.  4). 

Le  Libellus  de  vita  et  moribus  Philosophorum  et  Poetarum  coDtieot 
UD  cbapilre  pour  chaqae  auteur.  Le  premier  est  coDsacré  à  Thalès  ;  le 
deroier,  et  c'est  le  plus  long,  à  Sènèque.  Dans  le  chapitre  d'Aristote, 
l'auteur  enumero  tous  les  ouvrages  qu'avait  publiés  ce  grand  homme  et 
doDt  la  majeure  partie  do  dous  est  pas  parvenue.  Dans  l'article  consacré 
à  Uippocrate  et  à  Galien ,  il  fait  une  courte  analyse  des  anciens  syslèmes 
de  médecine  indiqués  par  ces  auteurs. 

Uoe  traduction  simple ,  elegante  et  claire  de  ce  petit  volume  aurait  du 
succès.  Peul-étre  existe-t-elle?  Toujours  est-il  que  ce  volume  est  ìdcoddu 
à  tous  les  bibliographes  :  peul-étre  n'avons-Dous  pas  su  le  trouver.  Quel 
en  est  Tauteur  ? 

En  eiaminant  avec  soìd  les  sept  ouvrages  dont  nous  venons  de  faire 
la  descriptioD ,  il  est  facile  de  reconnaltre  qu'ils  sont  sortis  des  presses 
da  méme  typographe.  Leurs  caractères  d'ailleurs  sont  tellement  sem- 
blables ,  que  l'export  le  plus  scrupuleux  n'hésiterait  pas  à  constaler  Tiden- 
tité  parfaite  de  leurs  alphabets. 

Du  reste ,  on  peut  aisément  se  convaincre  de  cotte  ìdentité  en  compa- 
rante une  à  une,  les  majuscules  dans  cebx  de  ces  ouvrages  qui  possè- 
dent  une  table  alphabétique  des  matières  (2).  En  oulre,  certaines  de  ces 
majuscules,  FA  et  le  M ,  entro  autres,  ont  une  forme  tellement  caracté- 


(4)  Ce  f.  portait-ii  le  titre  du  livre?  Nona  rignorons;  car  il  manque  à  Texeinplaire  de  la 
biblìothèque  de  Toulouse  »  le  seul  que  nous  ayons  vu. 

(t)  Par  exemple ,  dans  les  ouvrages  d*Ange  de  Gambiglionibui  et  dans  le  Vita  et  moribus 
philoiophormn, 

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—  74  — 

risUque,  que  l'idée  de  Va  peuprès  ne  se  présente  méme  paa  à  l'esfirit 
de  l'observateur. 

Nous  insistoQS  avec  d'aulant  plus  de  raison  sor  l'identilé  de  ces  inco- 
nables  que  cela  nous  permettra  d'éclaircir  quelques  poiots  obscurs  de 
leur  hisloire,  et  de  relever  une  erreur  imporlante  coosacrée,  depuis  long* 
temps ,  par  d'émioeuts  bibliographes. 

Les  sept  ouvrages  décrits  ci-dessus  ne  sont  pas  tous  dalés;  quel- 
ques-uns  sont  saus  lieu  dì  date»  et  deox  seulement,  le  De  clerieis  con- 
cubinariis  et  le  Boetius,  portaut  le  nom  de  rìmpriineur  :  cet  imprimeur 
se  Qommait  Jeau  Parix. 

Dans  une  note  de  son  Examen  ciitique  dun  nouvel  opuscìile  de 
M.  le  docteur  Desbarrea^juc- Bernard  (Marseille,  1866,  p.  27),  fea 
M,  Hubaud ,  à  propos  de  VArestum  querele,  nous  engagé  à  faire  des  re- 
cherches,  a  afin  de  parvenir  à  découvrir  quel  était  riroprimeur  qui ,  en 
»  1479,  avait  son  ètaìAissQmenijuxtapontem  veterem.  » 

Gràce  à  Tidentité  parfaite  que  nous  avons  conslalée  entre  les  caraclères 
de  VArestum  querele y  iraprimó  en  1479,  yua?/a  pontem  vetercm,  mais 
sans  nom  d'imprimeur,  et  le  De  clerieis  concubinariis ,  imprimé  la 
méme  année  par  Jean  Parix^  mais  sans  indication  de  demeure ,  nous 
pouvons  afflrmer  que  les  deux  ouvrages  sont  sorlis  de  la  méme  presse 
et  que  l'imprìmerie  de  J.  Parix  ètait  située  tuo  du  Pont-Vleux. 

Uà  rapprochement  semblable  entre  le  De  clerieis  concubinariis,  im- 
primente Io.  Parix  de  Almania,  Tholose,  1479,  et  le  De  Jure  emphir 
teotico,  finii  Tholosey  anno  Cliristi  1479,  sans  nom  d'imprimeun, 
permet  d'afQrmer,  avec  la  méme  certitude,  que  ce  dernier  ouvrage^  a 
été  imprimé  par  Jean  Parix  et  non  par  Jean  Tiùuàùmcus,  qui  n'a  jamais 
existé.  On  a  èvidemment  pris  pour  un  nom  patronymiquet  Tépilhète  de 
Teutoniaus  employée  pour  la  mesure  de  Tun  des  vers  placés  a  la  fin  dn 
livre  en  rhopneur  du  typographe  Jean  (1)... 

Nempe  sub  ingenia  tnUonicus  arte  Joannes, 

ce  qui  veut  dire  :  A  savoir  par  Fart  admirable  de  Jean  Tallemand- 
L'inconlestable  similitude  des  types  de  tous  les  incunables  imprimés 

(1)  A  la  fin  du  quinzième  siècle  on  désignait  encore  lea  personnes  par  le  seol  nfim  puopire. 


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—  75  — 

à  ToQlouse  en  1479  et  1480,  —  de  tous  ceux  que  nous  coonaissons  do 
moins,  —  ne  nous  permellait  pas  d'admettre ,  dans  une  anssi  coarte 
pérjode,  rexìslence  de  deux  imprimears  faisant  osage  des  mémes  carac- 
tères  et  employaot  des  papiers  identiques. 

Le  Dom  de  Jean  Parix  de  Almania,  imprimé  dans  la  souscrìption  Qnale 
dn  De  clericis  concubinariis  et  da  BoethiSy  quand  celai  da  pretendo 
Jean  Teutonicus  ne  se  trouve  que  dans  l'un  des  vers  placés  à  la  fin  du 
livre  de  Jason  de  Maino,  sont  aalant  de  consìdérations  qui  nous  obligent 
de  reslilner  à  Jean  Parix  la  gioire  d'avoir,  Fan  des  preraiers,  introduit 
l'imprimerie  a  Toulouse;  gioire  que  La  Sema  Santander  (1),  Née  de  la 
Rochelle  (2),  Gabriel  Peignot  (3),  M.  J.-Ch.  Brunet  (4),  de  Castellane  (5), 
Paul  Dupont  (6)  et  tant  d'autres,  avaient  attribué,  sans  exaraen  sérieux, 
à  Jean  Teutonicus, 


auquel  on  ajoiitait  quelquefois  le  nom  de  leur  pére  ou  de  leur  pays.  Aussi ,  trouve-t-OD  tou- 
jours,  dans  les  souscriptiODS  finales  des  livrea  de  cette  epoque,  le  nom  propre  (ou  de  bap- 
téme)  écrit  avec  une  majuscule,  tandis  qu*OQ  ne  place  qu'une  miniiscule  en  lète  du  nom 
jiatronymique  ou  da  nom  du  pays.  La  fln  du  vers  Dejure  empkUeotico  en  est  un  exemple, 
car  le  ...  teutonicus  arte  Joannes  n'est  qu'une  variante  du  prosaTque  Joannes  parix  de  alma^ 
nia,  employó  par  le  méme  imprìmeur  dans  la  souscripliou  du  De  elericU  concubinariis, 

G'est  probablement  cet  usage  qui  determina  Conrad  Gesner  ò  suivre  Tordre  alphabétique 
des  noms  de  baptéme,  dans  son  Bibliotheca  universaliSt  plutót  quo  l'ordre  des  noms  patro- 
nyroiques. 

L*ordre  alphabétique  des  noms  de  baptéme  a  toujours  été  svivi  <)aD8  les  oombreuz  Inde^ 
lihrorum  prohibitorum,  qui  ont  paru  depuis  4540  jusqu'à  nos  jours. 

(4)  La  Serna  Santander,  Diclionnaire  bibliographique  choisi  du  quinzième  siede,  t.  I«r,  p.  386. 

La  note  de  ce  bibliographe,  consacrée  au  Traetatus  de  jure  emphiteotico ,  est  au  moias 
singulière.  Après  le  titre  du  livre,  il  donne  la  souscription  suivante  :  Tholose,  Joannes 
Teutonicus,  4479,  in-fol.  Cette  souscription  est  tout  à  fait  inexacte;  la  voici,  telle  que  nous 
l'avons  relevée  sur  Texemplaire  de  la  biblìothèque  imperiale  : 

Au-dessous  des  seize  vers  que  nous  avons  cités,  on  lit  :  Finit  Tholose.  Anno  Christi  4479. 

A  la  fin  de  sa  note ,  La  Serna  se  demande  si  ce  Jean  Teutonicus  n'est  pas  le  mème  que 
celui  qui,  sous  le  nom  de  Joannes  Trecbsel ,  allemand.  Imprima  ensuite  à  Lyon,  depuis  4488 
Jusqu'en  4498!!! 

(2)  Née  de  La  Rochelle,  Recherckes  historiques  et  eritiques  sur  Vétablissement  de  l'art 
typographique  en  Espagne  et  en  Portugal  pendant  le  quinzième  siede,  p.  32. 

(3}  Peignot,  Diclionnaire  raisonné  de  bibliologie^  t.  HI,  p.  328. 

(4)  J.-Cb.  Brunet,  Manuel  du  libraire,  t.  !«',  col.  646,  art.  Barbatius  (édit.  de  4860). 

(5)  Loc,  eit, 

(6)  Histoire  de  Vimprimerie.  Paris,  4854,  t.  l«r,  p.  446. 


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—  76  — 

DésiraDt  toutefois  faire  passer  notre  conviction  daos  l'esprit  da  lec- 
teur ,  Dous  avoQS  dù  rechercher  s'il  n'existail  pas,  par  hasard,  d'autres 
axemples  do  mot  teutonicus  employé  poar  caractériser  la  nationalité 
de  quelques  imprimears  célèbres. 

Nos  recherches  n'oDt  pas  été  vaioes,  et,  cbose  bizarre,  c'est  précise- 
ment  dans  un  incanable  touloasain  que  doqs  avoDS  trouvé  la  preave  de 
notre  allégatioQ. 

Voici  ce  qu'oQ  Ut  à  la  fin  d'un  volume  qoe  possedè  la  bibliothèque 
Saint-Jean  de  Barcelone  et  dont  nous  n'avons  trouvé  la  description  nulle 
part  : 

Subtilissimi  doctoris  patris  Francisci  Maronis  (?),  ou  plutót  Mayro- 
nis,  de  ordine  minorum  editianes  in  cathegorias  Porphyrii  et  predi- 
camenla  Aristotelis  ;  impressioni  dedit  magisier  Henricus  Meyer 
THEUTONicus  ,  in  civitùte  Tholosana  anno  incarnationis  Christi 
M.cccc.lxxxx  (1490)^  die  vero  xx  mensis  septemhris ,  pet.  in-i*' 
golb.,  à  2  col. 

Cet  argumenl  nous  paraft  sans  réplique.  Toutefois,  poussant  le  scru- 
polo jusqu'à  sa  dernière  limite,  nous  avons  cberché  de  nouveau ,  et  voici 
ce  qu'à  notre  grande  surprise  nous  avons  trouvé  dans  le  Dictionnaire 
bibliographique  de  La  Sema  Sanlander,  t.  II,  p.  250  : 

«  Bruni,  Leonardi,  Aretini,  De  hello  Italico  adversus  Gothos.  Ful- 
»  ginei,  Emilianus  de  orflnis  et  socii ,  1470,  in-fol.  On  Ut,  à  la  fin, 
»  cotte  souscription  :  Hunc  libelltim  Emilianus  de  or  finis,  fulginas  (1) 
»  et  Joimnnes  numcister  theutunicus  (sic)  :  ejusque  sotii  impresse- 
la runt  Fulginei  in  domo  ejmdem  emiliani y  anno  Domini  1470.  » 
Nous  nous  sommes  domande,  aprèscela,  comment  il  se  fait  que  La 
Sema,  en  écrivant  le  nom  de  Johannes  numeister  theutunicus ,  ne  se  soit 
pas  rappelé  le  Joannes  teutonici^  des  vers  placés  à  la  fin  du  De  jure 
empkUeoticof 

Indiquons  encore,  ponr  compléter  nos  preuves,  les  quatre  vers  qui  se 
trouvent  a  la  fin  du  livre  suivant,  et  qui,  sous  une  forme  diflférente,  afflr- 
ment  la  nationaUté  du  lypographe. 


(1)  De  Foligno. 


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—  77  — 

Augustini,  S.  Aurelii,  confessionum,  libri  XIII .  Mediolani.  Johan- 
nes banm,  1475,  ìn-4^.  In  fine  : 

Qman  UBtum  auguttina  ferat  confesiio  faium, 

Prasens  fratte  refert  pagina  presMa  mo  (4). 
Theutonieis  delatiu  enim  Bontà  cere  Johannes 

Hoc  Mediolani  ferìiU  preait  opus  (2). 

Nous  Dous  permettrons,  a  ce  propos,  de  faire  observer  que,  durant 
la  fin  da  quiDzième  siede  et  pendant  le  commencement  du  seizième,  les 
imprìmears  se  montrèrent  jaloux  d'af&rmer  leur  nalionalité  a  la  dernière 
page  des  livres  qu'ils  mettaient  en  lumière.  Les  artistes  allemands  sur- 
tout ,  flers ,  à  juste  litre ,  de  la  gioire  que  la  découverle  de  Pimpriroerie 
faisait  rejaillir  sur  leur  pays,  n'y  faillirent  jamais.  Àussi  ont-ils  varie 
de  plusieurs  manières  la  formule  de  celte  attestation.  C'est  tanlòt  Johan- 
nes Parix  A'Almania,  tantòt  Henricus  Mayer  Teulonicus,  tantòt  Johan- 
nes Cleyn  Alemanus,  eie.  Les  imprimeurs  des  différentes  parties  de 
l'Europe  suivirent  quelquefois  cet  exemple,  et  signalèrent,  par  une  épi- 
thète,  le  nom  du  pays  ou  de  la  cité  qui  les  avait  vus  nattre.  Pour  ne 
citer  qu'un  exemple ,  nous  rappellerons  ici  que  Jenson  signail  ainsi  ses 
livres  :  Nicolaus  Jenson  Gallicus  (3). 

Nous  placerons  à  la  suite  de  celte  deuxième  sèrie  plusieurs  ouvrages 
que  nous  ne  pouvons  y  rattacher  fante  de  documents  précis,  et  dont, 
par  le  méme  motif,  nous  ne  pourrions  former  un  groupe  particulier. 

N^  8.  Pierre  de  Castrovol.  —  Incipit  tractatus  super  psalmum  qui- 


(4)  Pour  dissiper  Tobsciirité  qui  rógne  dans  les  deux  premiers  vere,  il  faut  se  rappeler 
que  cette  édition  des  Confeuions  de  Saint  Augustin  parut  peu  de  temps  après  la  première , 
c'est-è-dire  après  celle  que  les  bibliograpbes  attrìbuent  généralement  è  Hentelin.  Cela  étant 
admis,  nous  rlsquoos  ici  la  traductioD  de  cette  espèce  de  casse-téte  rhythmó  : 

e  L*heureiix  fruit  qu*avaient  enfanté  les  types  des  Confessione  de  saint  Augustin,  trouve  sa 
ressemblaDce  dans  ce  présent  livre,  imprimé  avec  des  types  jumeaux,  car  Jean  Bon  l'AUe- 
mand  (littéralement  :  qui  compie  parmi  les  Allemande),  a  imprimé  cet  ouvrage,  plein  d'ensei- 
gnements  féoonds,  è  Milan,  à  l'aide  de  caractères  d'airain.  » 

(2)  La  Sema,  t.  II.  p.  420. 

(3)  Un  autre  imprimeur  francala,  établi  à  Milan  en  4497,  signait  ainsi  ses  livres  :  Impru- 
smn  Mediolani  per  magistrum  GuiUrmium,  signerre,  Bothomagensem,  (V.  La  Sema,  art. 
Apidus,) 


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—  78  — 
cunque  vult,  naminaium,  qui  alio  nomine  didtur  simbolus  Atha- 
nasiij  episcopi  Alexandrie,  compilatus  per  fratrem  Petrum  de  Gas- 
trovolj  ordinis  Fratrum  minorum,  ac  sacre  theologie  magistrum. 

In  fine  :  Tractatus  super  psalmum  quicumque  vult  per  reverendum 
in  Christo  seraphici  ordinis  fratrum  Petrum  de  Casiravol  (sic),  in 
sacra  pagina  magistrum  compilatus.  Rursus  Tholose  revisus  diligen- 
ter,  fideliterque  examinatus  :  Sic  quoque  ibidem  impressus  finii  feti- 
citer.  La  table  occupe  le  verso  da  méme  feuillet  et  le  recto  da  suivant, 
au  verso  duquel  on  lit  : 

Interpretatio  psalmi,  quicunque  vult  :  qui  alias  simbolus  beati 
Athanasii  intitulatur. 

S.  1.  (Touloase)  el  a^  (1489?).  —  Iq-4^  golii.  (1),  de  96  flf.  dont  le  l'I- 
esi blanc,  ayaDt  31  Hgnes  aux  pp.  enlières;  le  livre  est  constitué  par 
cabiers  de  8  fF.,  exceplé  f.  et  n.  qai  n'en  ont  que  4.  Sans  chiffres  ni 
réclam.;  sìgnat.  a-n.  Le  papier,  d'après  la  descriplion  qne  M.  Deloye, 
conservaleur  de  la  bibliothèque  d'Avignon ,  a  bien  voulu  nous  adresser, 
n'aurail  qu'an  seul  flligrane,  un  B  (v.  pi.  1 ,  flg.  9),  à  Favant-dernier 
feuillet  du  cabier  m ,  et  encore  ne  le  remarque-l-OQ  que  dans  l'un  des 
deux  exemplaires  de  ce  livre  que  possedè  la  bibliothèque  d'Àvignon.  — 
L'uQ  de  ces  exemplaires  provient  de  la  bibliothèque  des  Célestins  dont 
il  porte  la  marque  et  sur  la  première  page  daquel  on  lit  :  Celestinorum 
Avinionis  beati  Petri  de  Lucemburgo.  L'autre  exemplaire  avait  appar- 
tenu  au  couvent  des  Doctrinaires  d'Àvignon. 

Ce  second  exemplaire  est  d'antan t  plus  précieux  qu'il  contieni  cinq 
incunables  dont  voici  les  litres,  que  je  copie  d'après  la  note  que  je  dois  à 
Foblìgeance  de  M.  Deloye. 

«  i""  De  passione  Chrisli  sermo j  eie.,  Guilermi  de  Aquisgrano.  Ce 
»  sermon  est  imprimé  a  Lyon,  en  1489  ,  pour  Johannem  Trcchsel 
»  Alemanum  (2).  » 


(1)  Les  poQtaseaux  sout  eu  travers,  séparéB  les  uns  des  autres  de  0m,038 ,  et  le  filigrane 

se  trouve  dans  les  marges  du  dos. 
[%)  Voici  le  titre    ezact  du  livre  de  Guillaume  d'Aix-la-Chapelle  : 
De  paisione  Christi  sermo  tacre  theologie  doctorit  Guilermi  de  Aquisgrano.  —  Lugd,  per 

loHBM  Trbchssl,  4489.  Iq-4<*  goth.  Pericaud  Tatoó ,  Biographie  lyonnaite  du  qwnxième  siéelo,) 


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—  7ft  — 

€i^  Epistola  rabbi  Samuelis,  ete.,  de  prophetUSj  ete.  Sans  date, 
»  niliea  d'impressioo.  »  (Voir  au  sujet  de  ce  volume,  imprimé  paat* 
éireàToalouse,  la  Chasse  aux  incunables.) 

((  3<^  Tractatus  perutilis  d(  phitonicis  (sic)  mtUieribus.  Ce  traile  est 
»  aossi  sans  date  d'impression,  mais  la  dédicace  de  Touvrage  par  Tau- 
».teur,  Ulric  Molitor  de  Constance,  est  dalée  da  10  janvier  14&9;  le 
»  voi.  est  in-4®.  »  (Voir  à  ce  sajet  le  Manuely  art.  Molitor.) 

«  4«  Flagellum  maleficorum  a  magistro  Petro  Mamoris,  ete,  sans 
».  date.  » 

((  K""  Tractatus  de  supersticiosis  qmbusdam  casibus,  ete.,  per,  ete., 
»  Henricum  de  Gorchen,  s.  1.  et  a^,  sans  nom  d'imprimear.  Au  der- 
»  nier  f.  da  livre  uue  marque  d'imprimeur  composée  d'un  J  et  d'un  G , 
»  en  moQogramme  dans  un  rectangte  fleuronné  d'espèces  de  fleurs  de 
»  lis.  »  (Probablement  in-4^.) 

Quoique  nous  ne  connaissìons  pas  le  flligrane  du  papier  de  ce  dernier 
volarne,  nous  u'bésitons  pas  a  croire  qu'il  est  sorli  des  presses  lyon- 
naises,  car  le  monogramme  J.  G.,  comme  nous  Tavons  prouvé  dans  la 
Chasse  aux  incunables  (p.  Ì2),  est  celui  de  Guillaume  Balsarin  de 
Lyon  (!)• 

N*  9.  Si  nous  devons  en  croire  Los  Rios  {OEuvres,  1789,  p.  58), 
on  aurait  commencé  d'imprimer  en  1480,  a  Toulouse,  de  pelils  livres  de 
dévotioD ,  le  Pelerinage  de  la  vida  humana  (sic),  et  la  Croix  de  Dieu , 
autremeot  dit  VA,  £,  C,  pour  apprendre  a  lire  aux  enfanls. 

Los  Rios  n'indiquant  pas  les  sources  où  il  a  puisé  ce  fall  inléressant , 
nous  ne  le  donnons  ici  qu'à  litre  de  renseignement. 

N^  10.  Drouyn  (loh.).  —  Ars  notariatus. 

In  fine  : 

Finitf tractatus  de  arte  notariatus. 


(f)  Ce  monogramme  a  fort  intrigué  plusieurs  savants  bibliographes ,  entre  autres,  MH.  £. 
Gasserà  (a),  Hnbaad  {b),  Perìoaad  l'atné  (e),  ete. 

(a)  Obiervation  bibliographique  au  sujet  d'un  opuscule  faussement  attribué  à  Péirttrque  (Ménudre  de 
VAcad.  des  Sciences  de  Turin.i,  28, 1851). 
{b)  Happ^ri  sur  un  mémoirt  de  Af.  C.  Gaiobera  (Marseille,  1851,  p.  23). 
(e)  Bmoihèqué  lyomurìse  du  q^mUme  iiècU,  p.  8. 


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—  80  — 

In-i^'  de  8  ff.  golh.,  52  lignes  aux  pp.  eotières,  s.  1.  et  a^  Sans  chiff. 
ni  réclam.;  signat.  a-4. 

Le  recto  da  prebier  f.  ne  contient  que  le  tilre  sur  nne  seule  ligne; 
aa  verso  se  trouve  la  table. 

Ce  volume,  qui  était  relié  avec  YArestum  querele  de  1479,  nous  pa- 
rut,  au  premier  aspect,  sortì  des  presses  da  méme  imprimeur  ;  mais  en 
y  regardant  de  près  on  s'apergoit  de  la  différence  qui  existe  entre  ces 
deux  ouvrages. 

VArsnotariatus  est  mieux  imprimé;  les  caractères  sont  très-nets; 
ceux  de  VArestum  sont  un  peu  baveux ,  les  abréviations  ne  sont  pas 
tout  a  fait  semblables  et  les  capitales  ne  sont  rien  moins  qu'identiques. 
Le  papier  est  de  méme  graia  et  de  méme  ténuité.  VArestum  a  pour 
filigrane  la  main  qui  bénitj  et  VArs  notariatus  la  rou^  dentée^  sur- 
montée  d'une  houle.  Les  pages  de  celui-ci  ont  33  lignes,  celles  de  l'autre 
n'en  onl  que  32. 

Cet  ouvrage  est  de  Jean  Drouyn,  mort  en  1507,  Tauteur  de  la  Nef 
des  folles,  de  VHistoire  des  trois  maries^  etc 

Nous  ignorions  le  nom  de  Tauteur  de  YArs  notariatus^  lorsque  dans 
le  catalogne  Le  Glay  (Glaudin,  1464),  nous  trouvàmes  mentionné  le 
livret  suivant,  que  nous  nous  empressàmes  d'acheler  :  Libellus  de  arte 
notariatus  novissime  correctus  ac  emendatus.  Au-dessous  de  ce  titre, 
une  gravure  sur  bois,  répélée  au  verso,  représente  un  personnage,  —  un 
tabellion  sans  doute ,  —  écrivant  dans  un  regislre  place  sur  un  pupitre. 

En  téte  du  f.  a-ij,  on  lit  :  Incipit  libellus  de  arte  notariatus  novis- 
sime  correctus  ac  emendatus  per  magistrum  lohannem  Drouyn, 
vtriusque  juris  bachalarium. 

A  la  fin  et  avant  la  table,  on  lit  :  Finii  tractatus  de  arte  notariatus 
noviter  impressus  Lugduni,  per  Claudium  Nourry  alias  le  Prince. 
Anno  Domini  M.ccccc.xxiij,  die  V\  xxi  marta.  Petit  in-8^  goth.,  de 
8  fF.  Sans  cbifiF.  ni  réclam.;  signat.  a.  iiii.  —  Pas  de  filigrane  appréciable. 

On  devra ,  désormais ,  ajouter  YArs  notariatus  aux  nombreux  ou- 
vrages de  Jean  Drouyn,  mentionnés  dans  les  biographies  (1). 


(4)  VÀrs  notariatus  de  Jean  Drouyn  a  été  souvent  réimprimé  dans  le  commencement  du 
seìzième  siede.  Nous  Tavons  rencontré  naguère  dans  l'ouvrage  suivant  :  Formulare  (sic) 


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—  Si  — 

NMl.  In  nomine  domini  nostri  Ihesu  Christi.  Incipit  doctrinale 
florum  artis  notarie. 
Ed  téle  da  126'  et  dernier  L  on  lit  : 

VERSUS. 

Aedpe  primevaM  decapmtha  quoque  thHroB 
Primorum  litteras  eapitulorum  et  illas 
Ordine  conjunge  debito  He  inde  liqtiebit 
Aetoris  (sic)  hujue  tibi  nomen  libelli  quod  erit, 

Iq-4^  goth.,  de  126  fiF.,  ayaDt  28  ligoes  aux  pp.  entières.  Chififré  en 
téte^  au  recto  seulement,  s.  1.  (Toulouse?)  et  a%  sigoat.  a-q,  papier  fort; 
pour  filigrane  tme  petite  cloche  et  la  roue  dentée  (V.  pi.  1,  flg.  10). 

Ce  livre  apparlient  à  la  bìbliolhèque  de  Toaloase.  Il  faisait  parlie  d'un 
volume  de  Mélanges  renfermant  plusìeurs  incunables  toulousains. 

Les  bibliographes  soni  a  peu  près  muets  sur  les  anciens  livres  qui 
traitent  de  la  science  du  notariat  (1);  c'est  à  lort,  selon  nous.  Quel- 
ques-uns  de  ces  traités,  colui  dont  nous  nous  occupons,  par  exemple, 
ofifrent,  au  point  de  vue  des  moeurs,  des  usages,  de  l'histoire  locale  en  un 
mot,  un  très-grand  intérét,  et  renferment  certains  délails  que  Fon  cber- 
cherait  vainement  ailleurs. 

Etranger  à  Tétude  du  droit,  nous  ne  tenterons  pas  l'analyse  de  ce 
livre,  mais  nous  appellerons  l'attention  du  lecteur  sur  la  partie  la  plus 
intéressante  de  l'ouvrage,  c'est-à-dire  sur  les  formules  des  dififérents 
actes  qui  incombaient,  au  quinzième  siede ,  a  la  profession  de  tabellion. 

Il  est  facile  de  se  convaincre  que  Tauteur  de  ce  livre  exergait  son 
ministère,  soit  à  Àlais,  soit  à  Uzès ,  soit  enfln  dans  une  des  paroisses  de 
ces  anciens  diocèses;  car  les  noms  de  personnes  ou  de  lieux  qu'il  cite 
dans  ses  formules  se  trouvent  encore  dans  la  carte  de  Cassini. 

Quant  au  nom  de  Tauteur,  il  nous  a  élè  facile  de  le  découvrir  en  sui- 
vant  les  indications  contenues  dans  les  quatre  vers  qui  terminent  son 

instrummtorumj  etc.,  etc.,  Adita  arte  notariati,  etc.  Lugduni,  apud  Scipionem  de  Gabiano, 
4534,  ÌD-8o. 

(4)  M.  Branet  (Manuel  du  libr.,  t.  !•',  col.  608)  cite  une  ódltion  in-8<»,  de  VAr$  notariatust 
impr.  à  Paris,  en  4545,  P.-J.  Manugue.  —  li  cite  également,  à  l'article  Prothoeolle,  un  formu- 
taire  ou  etile  et  art  dee  notairee  royaua,  tahellUme,  greffiere,  etc.,  imprimé  à  Paris  en  4544. 

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livre,  c'esl-à-dire  en  preaant  les  qaìDze  premières  leltres,  —  Primevas 
decapentha  quoque  thetras  litteras,  —  des  premiers  chapitres  et  en 
les  plagant  dans  qd  ordre  coDvenable.  Ce  qui  donne  poar  résultat  :  Ste- 
PHANUS  Marcil  ,  ou  Marcilloti  j  si  le  mot  t€tra{s)  signifie -^uatre  an  lieu 
de  notr(es). 

Catte  fa^n  bizarre  d'enigmatiser  son  nom  existait  déjà  au  quatorzième 
siècle.  En  voici  un  exemple  :  Dans  les  initiales  des  19  stances  compo- 
sant  le  prologue  d'une  traduction  de  Boéce,  on  trouve  frère  Renaud 
de  Louens  (Louhans).  C'est  le  nom  d^  Tauleur  qui  acheva  cette  traduc- 
tion le  23  mars  1556,  dans  la  ville  de  Poligny  en  Franche-Coralé  (1). 

Les  noms  en  acrosliche  vulgaire  se  rencontrent  plus  fréquemment. 
Nous  citerons  le  suivant  : 

Le  nom  de  Téditeur  du  Matheolus,  imprimé  en  1492,  par  Àn teine 
Vérard,  se  trouve  dans  les  seize  vers  placés  a  la  fin  de  Touvrage;  il 
s'appelait  Alesandre  (sic)  Primet. 

N"*  12.  Aresium  querelai  (sic)  de  novis  dissaisinis  non  venit  in  par- 
lamentiSy  etc. 

Edilio  vetus  circa  annum  1484  impressa  Tliolosce  (sic),  in-4^  golh. 
(catal.  Mac-Carlhy,  n^  1504),  (Voir  ci-dessus,  p.  66.) 

N°  15.  Scotus  pauperum  super  quatuor  libris  sententiarum  (2). 
—  Pas  de  souscription  finale.  Après  le  1^'  f.,  portant  au  recto  le  titre^ 
imprimé  sur  deux  lignes,  se  trouve  Tépitre  de  Tauteur  :  Reverendissimo, 
in  Qhristo  patri,  et  illustrissimo  domino  domino  Alphonso  de  Ara- 
gonia ,  archiepiscopo  cesaraugustanense  dignissimo  ;  subditus  Guil- 
lermus  Gorris,  posi  devotissima  manuum  oscula  se  humilime  com- 
mendai. —  Celle  lettre  est  ainsi  datée  :  Dalum  Tholose  die  decimo 
may,  anno  Domini  I486. 

Suit  le  prologue,  qui  commence  au  5*  f.,  par  l'entète  suivant  :  Scotus 


(1)  Paulin  Paris.  Manuserit  frangaU^  t.  V,  pp.  38-58,  description  des  mss.  noi  7074, 
70745  et  70723.  3.  . 

(2)  Jean  Duns ,  surnommé  Scot  parco  qa'il  était  natif  de  Donston  en  Ecosse,  entra  dans 
l'ordre  de  Saint-Frangois ,  où  il  se  distingua  par  son  merveilleux  talent  pour  les  chicanes 
scolastiques  ;  ce  qui  lui  merita  le  nom  de  docteur  gubtil.  Il  mourut  à  Cologne  en  1308,  àgé 
de  30  à  3o  ans,  après  a  voir  forme  une  école  dont  les  partisans  portent  le  nom  de  bco^ 
tUtes ,  par  opposition  à  celle  de  saint  Thomas  ou  des  thomiste$  (La  Sema,  t.  H,  p.  385). 


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—  88  — 

pauperum  in  quo  doctorum  et  Scoti  opiniones  in  quatuor  libris  sen* 
tentiarum  continente  diliundantur.  Tholose  editus  per  emmium  ar- 
tium  et  sacre  theologie  professorem  Guillermum  Gorris  aragonensem 
ad  pauperum  vtilitatem  feliciter  incipit. 

I0.40  goth.,  256  fF.  de  39  ligoes  aux  pp.  eDlières,  s.  1.  et  a""  (Toolonse, 
1486).  SaQS  chiff.  ni  réclam.;  signat.  a-b.  Tous  les  cahierssont  de  8  ff., 
exceplé  sor  le  l""  Cahier,  dont  la  sìgDat.  se  tronve  sor  le  2*  f.;  la  signat. 
est  invariablement  placée,  dans  toas  les  antres,  sar  le  l*'  et  le  Z\  —  La 
signat.  de  ce  3*  f.  ofFre  une  parlicularité  qae  noas  n'avons  rencontrée 
nulle  part  :  c'est  que  la  lettre,  au  liea  d'étre  chiffrée  III ,  est  suivie  d'un 
.Z.  entredeux  points.  Mentionnons  encore  deux  cahiers  signés  S,  mais 
dont  les  S  ont  une  forme  differente. 

Ce  livre  est  fort  bien  imprimé.  Les  caraclères  du  texte  sont  menus , 
très-nets,  et  ont  à  peine  i  points  typographiques.  Les  caractères  du  titre 
et  des  tétes  de  cbapitre  en  ont  7.  Le  papier  est  épais,  corse,  un  peu  fauve, 
et  il  porle  pour  filigrane  la  main  qui  bénit.  La  place  des  capitales  est  en 
blanc  et  occupée  quelquefois  par  une  minuscule. 

Yoici,  au  sujet  de  ce  rare  volume,  ce  qu'on  Ut  dans  Caballero  (1)  : 

«  Ex  lob.  a  sancto  Antonio,  in  bibliotheca  casanatensi  legi  opus  cujus 
»  hacè  est  inscriptio  :  Scotus  pauperum,  vel  ahbreviatus,  in  quo  doc- 

>  torumy  et  Scoti  opiniones  in  4  libros  sententiarum  compendiose, 
»  elucidantur.  Sequitur  auctoris  epistola  ad  Alphonsum  de  aragona^ 

>  archiep.  coesaraugustanum.  Proxime  post  epistolam  est  prologus  Scotus 

>  pauperum.  » 

«  Tolosce'  editus  per  eximium  artium  et  sacrce  theologice  professo- 
»  rem  Guillerinum  Gorris  Aragonensem  ad  pauperum  utilitatem  feti- 
»  dter  incipit.  Est  volumen  in-P,  sine  typographo  et  anno.  Locus 
»  Tolosce  videtur  fuisse,  in  cujus  Academia  Theologiam  Guillerinus 
»  profitebatur  (2).  » 

N""  14.  Jean  d'Arras.  —  Historia  de  la  linda  Melosyna. 

En  Tolosa,  Juan  Paris  {sic)  y  Estevan  Cleblat  [sic)  (3),  14  jul.  1489, 
in-fol.  goth.,  fig. 

(4)  D9  prima  typographia  hispaniea  €Btat$  Mpeeimm.  RomiB,  4773,  in-4o,  p.  SO. 

(5)  V.  t.  VUI,  p.  344 ,  Avant-propoif  la  conséquence  que  noas  avons  tirée  de  cette  citation. 
(3)  Dans  le  De  clerieii  coneuhinariii  et  le  Bo9tw$,  le  nom  de  rimprìmeur  est  alnsi  orthogra- 


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—  84  — 

«  EditioD  aussi  précieose  qa'eitrémement  rare  ;  elle  a  des  signat,  de 
»  a-v,  et  37  ou  38  lignes  par  page.  Le  1*^  f.,  MaDc  ao  recto,  porte  sor 
»  le  verso  une  gravare  en  bois^  et  le  texte  commence  aa  recto  da  V  f., 
»  sìgn.  a  ij.  » 

N'ayant  jamais  va  ce  rare  volarne ,  noas  en  donnons  la  descrìption 
d'après  La  Sema  Saotaader,  art.  Arras  (Jean  de) ,  et  M.  J.-Ch.  Braaet. 

Ce  livre  est  la  tradaction  de  la  Melusine^  de  Jean  d'Arras,  imprimée 
pour  la  première  fois,  à  Genève,  en  1478. 

N^  15.  Torre  (Alfonso  de  la).  —  Ymon  deleitable  de  la  philosofia 
y  artes  liberales. 

Version  en  catalan,  ou  dialecte  limoasin,  de  Toavrage  espagnoL 

Nous  empranterons  encore  à  M.  J.-Gh.  Brunet  la  descrìption  de  ce 
rarissime  volarne  que  noas  n'avons  jamais  vu.  Après  avoir  dècrit  l'édition 
de  Barcelone  (t.  V,  col.  887,  èdit.  de  1860),  le  savant  bibliographe 
ajoate  :  «  ...Il  en  existe  une  autre  de  1489 ,  in-fol.  goth.,  laquelle  est 
portée  dans  la  bibliogr,  Grenvil^  p.  750,  sous  le  titre  suivant  :  Camienfa 
»  el  tratado  llamado  vision  deleytahk  de  la  philosofia  e  de  los  otras 
»  sciencias.  Aqui  se  acaba  el  libro  de  la  vision  delectable  con  la  tabla 
»  que  Irata  de  la  philosofia  (sic)  e  de  los  otras  sciencias  brevemente 
»  e  que  declaron  el  fallada  en  ellas.  Imprimido  en  la  muy  noble  e 
»  leal  cibdad  de  Tholosa,  por  los  muy  discretos  maestros  Juan 
•  Palrix  {sic)  Estevan  Gleblat.  M.cccc.lxxxix.  —  L'exemplaire  dècrit  a 
100  ff.,  mais  il  paraft  y  manquer  2  fif.  du 'Cahier  A.  La  date  est  aa  recto 
>  du  dernier  f.  de  la  table,  dont  le  verso  est  blanc.  L'exemplaire  venda 
»  2  liv.  19  sh.  Ueber  avait  de  plus^  àce  qu'il  paraissait,  505  proverbios 
»  de  Lopez  de  Mendoza  (voy.  Lopez),  sui,vis  da  Tratado  de  providenda 
»  contra  fortuna,  de  Diego  de  Valera.  » 

Dans  l'édition  da  Manuel,  de  1843,  M.  Brunet  signalait  des  fig.  sur 
bois  (1). 

phié  :  loannu  Parix,  et  M.  de  Castellane  écrìt  Clebat  au  lieu  de  Cleblat,  La  2e  ódit.  deMen- 
dez  (Madrid,  4864-66)  porte,  tantót  Clebat,  tantót  CUblat. 

(4)  Dans  la  2«  édit.  de  Mendez ,  Madrid  ,  1866 ,  p.  378  ,  od  trouve  sur  cotte  édition  de  la 
Ftiùm  les  détaila  suivants  : 

Vision  delectable , 

Portada  en  letra  gòtica  pequena ,  à  la  cabeza  de  la  primera  hoja.  La  segunda  dice  :  a  Go- 


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—  86  — 

N*  16.  Voragine  (Jacobus  Ae).— Legenda  aurea  (sive  flores  sanctorum). 

Pet.  in-foh  s.  d. 

(f  Edition  imprimée  eo  caractères  ronds  et  avec  des  capitales  golbi- 
»  ques,  sar  2  coloDDes ,  doni  celles  qai  sont  entières  portent  39  ligoes. 
»  Le  volarne  se  compose  de  360  ff.,  y  comprìs  les  deux  premiers,  qui 
»  coDtienneQl  le  prologue  et  la  table.  A  la  fin  de  celle<^i ,  se  lisent  hait 
»  vera  latins.  »  (Manuel  du  lihraire,  \.  V,  col.  1367.) 

M.  Branet  n'ayant  cité  que  quelqaes-uos  de  ces  vers,  doqs  les  don- 
noDS  toas  ici,  d'après  Née  de  La  Rochelle  (1)  : 

Ta  qui  famam  cnpis  ffiternam  cumulare, 
Àwrm  legenda  aspice ,  ne  careaa  ; 


»  mien^  el  tratado  llamado  vision  deley table  (aai).  De  la  philoaofla  e  de  las  otras  acien^ias  : 
»  compuesto  por  Alfonso  de  la  Torre ,  bachiller  :  enderegado  al  noble  don  Juan  de  Vea- 
»  monte ,  prìor  de  Sant^uan  en  Navarro.  9 

Despuós  de  este  epigrafe,  que  ocupa  las  cuatro  primeras  lineas ,  va  un  grabado  en  madera 
representando  el  acto  de  ofrecer  el  autor  la  obra  à  quien  la  dedica.  Sigue  en  la  misma  pàgina, 
que  està  orlada,  la  dedicatoria,  la  qual  ooncluye  en  el  anverso  de  la  tercera  hoja,  à  cuyo  final 
se  ve  otro  grabado  tambien  en  madera ,  y  que  representa  al  autor  dormido  y  sonando  que 
vela  lo  que  cuenta  eu  el  libro. 

Concluye  el  texto  en  la  hoja  404  y  à  la  vuelta  de  ella  va  la  a  tabla  de  los  capitulos 
del  libro  llamado  vision  delectable  :  compuesto  por  Alfonso  de  la  Torre ,  bachiller  ó  jns- 
tancia  del  muy  noble  seiior  don  Juan  de  Veemente.  £1  qual  libro  es  dividido  en  dos  partes. 
En  la  primera  parte  trata  de  las  artes  liberales  e  de  la  metafisica  e  de  la  natura.  En  la  se- 
gunda  trata  de  la  philosofia  moral.  Los  capitulos  del  qual  dicho  libro  son  divididos  en  la 
sigulente  forma.  » 

Està  tabla  ocupa  cuatro  pàginas  ;  la  ùltima  de  óstas  concluye  asi  : 

«  Aqui  se  acaba  el  libro  de  la  vision  delectable  con  la  tabla.  » 

On  lit  à  la  fin  :  Fenesce  la  ystaria  de  Melosinat  enpremida  en  Thohia,  por  los  honorables 
e  diioreios  maestroi  Juan  Parix  e  Estovan  Cleblat  alemanes ,  que  con  grand  diligenfia  la 
hixieron  panar  de  frances  en  caetellano,  E  despuee  de  muy  emendada  la  mandaron  ynprtmtr. 
En  el  ano  del  Senor  de  nUll  et  quatro  dentos  e  oehanta  (sic)  et  nueve  anoea.  Xiiij  dUu  del 
mes  dejulio. 

En  40  mayor,  pasta ,  latra  de  Tortis ,  fólios  romanos  y  signaturas ,  sin  reclamos ,  linea  se- 
guida,  grabados  en  madera  intercalados  en  el  texto,  403  bojas  segun  la  numeracion  de  los 
folioa  en  realidad  402.  Pues  pasa  del  37  al  39  por  error.  Estan  equivocados  los  fólios  74  y 
76;  i)apel  grueso. 

A  la  fin  la  marque  des  imprimeurs  (v.  pi.  IX,  flg.  2).  Provenance  :  biblioteca  de  Fomento. 

(4)  £oc.  di.,  p.  xiì. 


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Quam  nitide  pressam  Parix  ounc  tibi  tradit, 
Profesflorque  fldei  Jacobi  oorrezit. 
Quo8  diversoB  solum  genuit,  nunc  Tholosa  pasdt. 
Muodusque  aspiciet  totus  eorum  Opera, 
Interque  prsBferre  debes  hoc  ai  bene  porla; 
Tunc  jugia  porta  tusB  manet  anime  requiea. 

A  la  saite  de  ces  vers ,  Née  de  La  Rochelle  doos  dit  :  «  Je  o'y  ai  rieo 
»  ajouté ,  si  ce  n'est  la  ponctuation,  qui  n'existe  qo'à  la  deraière  ligne, 
»  mais  j'en  ai  fait  disparaflre  les  abréviations.  » 

L'exemplaire  que  Née  de  La  Rochelle  avait  sous  les  yeux  était  celai 
de  Gaignat,  inscrit,  dans  le  catalogne  de  cet  amateur,  soas  le  d""  2779. 

Née  de  La  Rochelle ,  et  M.  Bronet  d'après  lai ,  le  déclarent  imprimé 
sur  papier  fort,  en  caractères  ronds ,  dans  ksquels  la  «  plupart  des 
capitales  soni  gothiques.  » 

Nous  n'avoQS  jamais  va  ce  livre  ;  mais ,  noas  Tavouerons ,  nous  ne 
comprenons  pas  biea  ce  qu'on  enteod  par  des  caractères  ronds  avec 
des  capitales  gothiques.  Et  pais ,  ce  qui  nous  déroate  toat  à  fait ,  c'est 
que ,  dans  l'exemplaire  du  catalogne  Gaignat ,  les  types  sont  désignés 
par  ces  mols  :  litteris  quadbatis!  Des  caractères  carrés,  —  quadratus 
ne  veut  pas  dire  autre  chose^  —  ne  sauraient  étre  ronds!  Qui  se  trompe 
ici  de  De  Bure  ou  de  Née  de  la  Rochelle,  auquel  s'en  est  rapportò 
M.  J.-Ch.  Brunet?  Il  y  a  là  un  malentendu ,  et  ces  bibliographes  ont 
sans  doute  voulu  designer,  à  leur  manière,  les  caractères  qui  tenaient 
lieu  de  notre  romain  lorsque  le  gothique  moderne  regnati  encore  et 
que  Fournier  (Manue/ /^po^rap/i.,  t.  II,  p.  143)  designo  sous  le  nom 
de  lettres  de  forme. 

Ces  lettres  se  rapprochent  beaucoup  des  gros  caractères  employés  par 
Mayer  dans  Vlmitation,  le  Stylus  parlamenti,  la  Coronica  de  Espana. 
S'il  en  était  ainsi,  nous  aurions  peut-étre  là  la  transition  du  gothique  em- 
ployé  par  Jean  Parix  à  celui  dont  s'est  servi  Henri  Mayer,  et  dont  nous 
nous  occuperons  tout  à  Theure. 

La  date  du  Legenda  aurea  devrait  donc,  d'après  cela,  étre  fixée  avant 
l'année  1488,  epoque  ou  Henri  Mayer  imprima  la  Imitadon.  Nous  ne 
pourrìons  pas,  du  reste,  la  piacer  plus  tard,  puisque,  dès  1489,  Jean  Parix 
était  associé  avec  Estévan  Cleblat. 


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—  87  — 
TROISIÈME  GROUPE. 

HENRI  MAYER.   —   1488-1494. 

N^  1.  Summuli  magisiri  Ioannis. 

In  fine  : 

Famosissimi  bonarum  artium  ac  philosophie  monarche  Parisiensis 
magistri  Ioannis  de  magistris  summula  et  Petri  Hy spani  glosule  exac- 
tissime  ad  mentem  doctoris  subtilis  felici  sydere  finiunt  opera  et 
impensa  magistri  Henrici  Mayer  almani.  —  Anno  salutis  nostre 
JiT.ccc&'.lxxxviij'',  die  xxijj  mensis  aprilis. 

Pet.  in-fol.  goth.,  à  2  col.«  sans  chiffr.  dì  réclam.,  signat... 

Le  papier  a  pour  filigrane  la  main  qui  bénit. 

Il  ne  se  troave  dì  dans  Mendez  ni  dans  Caballero. 

Ce  livre  appartieni  aux  archives  de  la  couronne  d'Aragon  ,  a  Barce- 
lone.  Il  m'a  été  ìndiqué  par  M.  Volger  (l), 

N^  2.  La  2*  édil,  de  Mendez  (Madrid,  1866)  porte,  dans  les  AdicioneSy 
p.  377,  l'article  suivant  : 

«  Versor  (Ioannes),  —  Expositio  super  summulas  Petri  hispani; 
»  Tholose;  fol.  goth.,  mai,  et  mìa.,  voi.  1.  » 

»  Edicion  sin  cifras,  reclamos  ni  ano  de  ìmpresion,  por  dos  molivos, 
»  rara  y  singular  :  1°  Por  no  poderse  designar  si  pertenece  a  las  prensas 
»  de  Tolosa,  capital  de  Langaedoc,  en  Francia,  o  a  la  capital  de  Gui- 
»  puzcoa,  en  Espana  (2).  2°  Por  no  verta  mencionada  por  los  mas  acre- 
»  ditados  biblìografos ,  debiendo  lenerse  corno  rara  é  impresa  entre  los 
»  anos  de  1479  y  I486,  » 

Provenance  :  Biblioteca  nacional  de  Lisboa. 

Delandine ,  Michaad  et  la  Nouvelle  biographie  de  MM.  Didot  frères , 

(4)  En  4  864 ,  M.  Ernest  Volger,  consul  des  Etato-UnisàBarcelone,  et  bibliophile  fort  instruit, 
voulut  bien  me  faire  pervenir  la  liste  des  ouvrages  imprimés  à  Toulouse  que  renferme  la 
riche  bibliothèque  des  archives  d'Aragon. 

(5)  El  autor  del  a  Relatorio  a*ce£ca  da  Bibliotheca  nacional  de  Lisboa ,  »  Jose  Feliciano 
de  Caetillo,  Barreto  e  Noronha,  dudaba  una  cosa  que  en  el  dia  pasa  ya  por  averiguada  :  y 
es  que  Tolosa  de  Guipuzcoa,  en  Espana,  no  tuvo  impronta  en  el  siglo  xy. 


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—  88  — 

ont  gardé  le  silence  sur  cet  intrèpide  commentatear  d'Àristote  (1).  Le 
lecteur  nous  saura  peut-étre  gre  de  lui  dire,  un  peuy  ce  que  fut,  au  quin- 
zième  siede,  le  chef  de  la  famille  des  Yersorìs.  Nous  lui  éviteroDS  dosi 
la  peine  d'ouvrir  son  dixième  volume  de  Moreri ,  ou  le  quatrième  volarne 
de  Bayle,  ari.  Yersoris. 

<  Yersoris,  famille  qui  a  donne  plusieurs  illlustres  avocats  au  parlement 
»  de  Paris^  était  autrefois  établie  aux  environs  de  Falaise  en  Normandie. 
»  Son  nom  étoit  le  Tourneur^  et  fut  lalinisé  en  colui  de  Yersor  par  Jean 
j)  le  Tourneqr,  qui  vini  s'élablir  à  Paris ,  vers  le  règne  de  Charles  VII. 
»  Il  y  fut  un  des  premiers  docteurs  de  FUniversité,  et  composa  plusieurs 
»  ouvrages  latins,  que  Fon  nomma  Yersori  operos,  ce  qui  donna  le  nom 
»  de  Yersoris  à  sa  famille,  »  (Moreri.) 

N°  3.  Cy  comance  le  livre  tressalutaire  de  la  ymitacion  Ihesu 
Christ  et  mesprisement  de  ce  monde ,  premierement  compose  en  latin 
par  sainct  Bernard  ou  par  autre  devote  persone ,  atribue  a  maistre 
iehan  Gerson  chancelier  de  paris  et  apres  translate  en  francoys  en  la 
cite  de  Tholouse. 

A  la  fin  : 

Cy  finist  le  Ilare  de  la  ymitacion  ihesu  christ  et  mesprisement  de 
ce  monde ,  imprime  a  Tholose  par  maistre  henric  mayer  alaman  lan 
de  grace  Mxccc.lxxxviii,  et  le  xxviii  tour  de  may. 

In^""  goth.,  de  152  ff.,  chiffrés  au  milieu  de  la  page,  mais  au  recto 
seulemenl.  Les  cahiers  sont  de  8  flf.,  signés  a-p,  pour  les  trois  premiers 
livres,  et  A-D,  pour  le  4«.  —  Le  l*'  et  le  3'  f.  soni  seuls  chiffrés ,  et  ce 
dernier  porle  invariablement  après  la  signature  le  chiffre  romain  IL 

Une  particularité  digne  de  remarque  et  que  nous  n*avons  rencontrée 
que  dans  quelques  incunables  d'une  date  plus  ancienne,  c'est  que  le 
nombre  des  lignes,  aux  pages  entières,  varie  singulièrement.  Yoici 
quelques  indications  prises  au  hasard  :  %""  livre,  fol.  i,  26  lignes;  idem^ 
fol.  iì,  27  lignes.  —  3*  livre,  fol.  liii,  25  lignes.  —  4®  livre,  foL  i  verso, 
22  lignes;  idem,  fol  ij  recto,  21  lignes;  idem,  verso,  23  lignes. 


(4)  Le  Répert.  bibliograph.  de  Haio  contient  44  oavrages  de  Versor  (du  no  46,0SS  Jus- 
qu*au  no  16,063]  ;  presqae  tous  sont  des  commentaires  ou  des  gloses  sur  les  différents  traitós 
d'Arìstote. 


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—  89  — 

Ed  téle  da  Yolaroe  se  tronve  une  gravare  sur  boìs ,  dont  M.  de  Castef- 
lane  (toc.  et/.,  p.  19)  a  donne  ane  copie  pea  fidèle,  d'après  Teiemplaire- 
de  la  Imitacion  ,  appartenant  à  M.  Bouchet-Doumeng,  de  Montpellier. 
(V.  pi-  5.) 

Gette  flgare  représente  Jesus  portant  sa  croix.  Derrière  Jesus  un  per- 
sonnage  a  genoux  s'écrìe  : 

Riens  Je  De  pays  Seigneur  aans  toy 
Penser  parler  de  {sic)  bien  ouvrer 
Pourtant  après  toy  tire-moy 
Et  t'eu  soyvray  sans  point  errer. 

Jesus,  en  le  regardant,  lui  dit  : 

si  tu  veux  venir  apres  moy 
Charge  ta  croiz  toi  desnyant. 
Tes  coDCupiscences  et  toy  ^ 
M'ensuyuras  eo  mortifiant  (4). 

N^  i.  A  la  suite  de  la  Ymìlacion  se  trouve  un  traile  de  saint  Àuguslin, 
que  M.  de  Castellane  a  décrit  le  premier  (loc.  cit.,  p.  20).  En  voicì  le 
titre  :  Le  schele  de  paradis.  Sensuyt  ung  petit  et  singulier  traictìe  de 
sainct  Augustin  appelle  le  schelle  (sic)  de  paradis  :  ou  est  contenu 
rofflce  de  lecon  (sic)  medilacion  :  oroison  et  contemplacion. 

Id-4®  goth.,  16  ff.  réunis  en  deui  cahiers  de  8  ff.,  sìgnés  ab.  Le  der- 
nìer  est  blanc  et  manque  dans  rexemplsùre  Doumeng.  Au  verso  da  faux 
titre  existe  une  figure  sur  bois,  du  méme  style  que  celle  de  la  Yrnita- 
cien.  Elle  représente  Jesus,  un  pied  sur  la  boule  du  monde ,  montrant 
aa  personnage  place  à  genoux  près  de  lui  l'échelle  de  paradis,  au  haut 
de  laquelle  on  apergoit  une  multitude  d'anges. 

(4)  Cette  legende  se  trouve  ausai  au  verso  du  4«r  f.  de  la  2«  édit.  de  Vhnitaihn  de  Jéiut» 
Chriit,  Paris,  Jean  Lambert,  4493,  in-4o  gotb. 

D*après  le  Catalogue  MRehelin,  Potter,  4864,  la  legende  de  Tacolyte  de  Jesus  présente  quel- 
ques  variantes  : 

Se  te  Teulx  venir  apres  moy 
CSiarge  ta  croix  inoontìnant. 
Tes  concnpiscenoes,  etc. 

42 


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—  90  - 
La  legende  de  Tacolyte  de  Jésas  est  ainsi  con^oe  : 

Sans  toy  Sire  rien  ne  puys 
Faire  dire  ne  bien  penser 
Las  encores  mondain  suys 
Ed  toy  Seul  fays  moy  repouser. 

A  quoi,  Jesus  répond  : 

Se  veuls  ce  monde  mespriser 
Moy  eDSuyr  en  feis  eD  dis 
Per  ces  degres  porras  monter 
Aa  realme  de  paradis. 

Sur  chacuD  des  degrés  de  l'échelle  placée  à  la  gauche  du  Christ  on 
lit  :  Contemplacion  oràyson  meditacion  le^on.  (V.  pi.  6.) 

La  Ymitacion  et  le  Schele  de  paradis  ont  été  très-certaìnemeut  im- 
primés  ea  méme  temps;  papier,  ^raclères,  format,  justificalion ,  gra- 
vures,  etc,  tout  le  prouve. 

Ainsi  réunis,  ces  deux  ouvrages  constituent  un  des  plus  beaux  lìvres 
que  nous  ayons  vus.  Le  papier  en  est  fort,  sonore,  d'un  blanc  légèremenl 
fauve.  Il  a  pour  filigrane  la  main  qui  bénit  et  le  p  ondai  bifurqué. 
(V.  pi.  2,  flg.  9.)  On  ne  trouve  dans  le  papier  de  YEchcUe  de  paradis 
qu'un  Seul  filigrane  :  c'est  le  Bj  que  nous  a^ons  dèjà  signalé  dans  le 
Tractatus  super  psalmorum,  de  Pierre  de  Caslrovol,  2®  parile,  fol.  22. 
—  Les  caraclères  golhiques  dont  Mayer  a  fait  usage  pour  Tirapression 
de  VYmitacion  sont  remarquables  par  leur  forme,  leur  netletè  et  surtout 
par  leur  grandeur  ;  celui  du  texte  a  9  points  typographiques  (4  millim.) 
et  celui  des  tétes  de  chapitre  en  a  12  (5  millim.)  (1).  (V.  pi.  7.) 

Nous  ne  saurions  dire  si  Henri  Mayer  fut  Finventeur  de  ces  types,  ou 
si,  le  premier,  il  les  mit  en  oeuvre  a  Toulouse.  Xoujours  est-il  qu'en  les 
comparant  avec  ceux  de  Jean  Parix,  ils  attestent  de  très-grands  perfec- 
tionnements  dans  la  gravure  des  poin^ns  et  dans  la  fonte  des  caractères. 

Gomme  tous  les  perfectionnements ,  ceux  de  la  typographie  toulou- 
saine  se  sont  produits  successivement.  Il  est  facile  de  s'en  assurer  en 

(4)  Fournier,  Manuel  typographique  (t.  II,  p.  443),  signale  ce  type  sous  le  nom  de  lettre 
de  forme. 


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—  w  — 
comparant  les  impressions  de  notre  premier  groape  d'incunables  avec   * 
celles  da  second.  Mais ,  si  l'on  compare  les  impressions  du  deuxième 
avec  celles  da  troisième ,  c'est-à-dire  les  impressions  de  Jean  Parix  a 
celles  de  Henri  Mayer,  la  transition  est  si  brusque  et  le  perfecUonne- 
ment  si  grand,  qu'il  y  a  vraiment  liea  d'étre  sarpris. 

Cela  tient,  probablement^  à  ane  circonstance  que  noas  allons  signaler. 
A  part  le  ScotìAS  pauperum,  que  nous  supposons  avoir  été  imprimé  vers 
U86 ,  —  et  dont  le  plus  gros  des  caractères  se  rapproche  de  celui  da 
texte  de  YYmitacion^  —  Fon  ne  connalt  aucun  livre  imprimé  à  Toulouse 
durant  une  période  de  buit  années,  c'est-à-dire  de  1480  a  1488. 

Que  s'est-il  passe?  quels  livres  ont  été  imprimés  pendant  cette  lacune? 
Un  nouvel  imprimeur  vint-il  s'établir  à  Toulouse  et  faìre  concurrence  à 
Jean  Parix? 

Le  Legenda  aurea  (v.  ì!"  sèrie,  pp.  85  et  86),  que  nous  n'avons 
jamais  yu,  et  qui  résoudrait  peut-étre  ìb  problème,  renferme-t-il  les  nuan- 
ces  de  perfectionnement  propres  a  combler  la  lacune  que  nous  venons 
de  signaler?  Nous  n'en  savons  rien. 

Il  est  évident  que  depuis  1480  jusqu'à  1488  les  imprlmeries  ne  chd- 
mèrent  pas  à  Toulouse ,  et  que  Jean  Parix  continua  de  faire  rouler  ses 
presses,  puìsque,  en  1489,  nous  le  retrouvons  imprimant  a  Toulouse  pia* 
sieurs  ouvrages  en  compagnie  d'Estévan  Clébat. 

Avant  cette  association ,  Estévan  Clébat  avait-il  imprimé  seni  poar 
son  compie?  avait-il,  de  son  coté,  apporté  quelques  perfectionnements  à 
son  art?  Il  n'y  aurait  rien  dMmpossible  à  cela. 

Nous  connaissons  cinq  exemplaires  de  la  Ymitacion  de  Ihem^Chrìst, 
imprimée  a  Tholouse  en  1488,  par  Henry  Mayer  : 

r  Celui  doni  nous  avons  déjà  parie,  appartenant  à  M.  Boachet-Doa- 
meng,  dont  M.  de  Castellane  a  donne  la  description  dans  son  Essai  de 
catalogne,  etc.  Il  ne  manque  à  cet  exemplaire,  d'une  admirable  conserva- 
tion,  qae  le  f.  blanc  qui  termine  le  Schele  de  paradis.  C'est  aussi  dans 
cet  exemplaire  qae  nous  avons  puisé  les  nombreux  détails  indiqaés  ci- 
dessas  et  relevé  les  gravures  qae  noas  donnons  ici. 

S""  Celui  de  la  bibliothèque  imperiale.  Incomplet  da  l*'  f.  de  Vlmita- 
tion  et  de  le  Schele  de  paradis. 

Z""  Celai  da  docteur  Teilleax.  Comme  celai  de  la  bibliothèqae  impé- 


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ri^e»  Il  est  iQcomplet  da  l""  t  de  Vlmitatian  et  de  le  Schel^  de  parodia. 

if  CqIuì  4e  M.  Rìcard  (1),  maQofacturier,  a  Vabre.  Las  deux  premiors 
0.  de  la  Ymitadon  et  le  Schele  de  paradis  maoqaeot  a  sod  exeoiplaire. 

5^  Celtui  de  M.  Vésy,  biblìothécaire  a  Rodez.  Il  est  imprimé  sur  yélia. 
MalheureusemeDt ,  le  l""'  f.  de  la  Ymitacion  et  les  deax  derniers  de  le 
Sfhfile  de  paradis  manqueot  à  ce  bel  exemplaire,  qui  oe  cenlieot  pa»  Don 
plci8  les  deux  gravures  décrites  plqs  baut. 

(ipptme  co^plémeot  de  rechercbes,  nous  croyons  devoir  menlioDaer 
ici  le  beaq  mapuscrit  de  Vlmitation  de  Jésus-Christ ,  appartenant  ^  la 
bibliolbèque  imperiale,  et  doot  le  titre^  le  le^le  et  les  flgures  sout  absola* 
I9.eut  semblables  a  ceux  d^  Vlmitation  imprimée  par  Heorì  Mayer, 

Ce  pianuscrit  porle,  auìourd'hui^  le  a""  909  da  fou^  fran(^s.  Yoici 
la  descriptioQ  qu'en  donne  M.  Paulin  Paris  dans  ses  Manuscrits  fran- 
^(jé$  de  la  bibliothèque  du  roi,  t.  7»  pp.  276-278  :  «  Voi.  in-i"*  parvo, 
»  Yélio,  de  101  ff.  (2)  a  longues  lignes  (3) ,,  deux  miniaturesioitiales; 
?  pr^mlères  aanées  da  sei^ème  sièele,  Relié  od  mar.  rouge,  aux  armes 
»  de  Franco  sur  les  plats,  à  la  fleur  de  lis  du  régeut  sur  le  do$. 

^  Manuscrit  dout  FexécutiÒA  rappelle  celle  du  livre  des  Echecs  amou- 
»  r^m,  et  qui  fut  écrtt,  soit  pour  Frs^uQois  duQ  d'Aogoulème,  soit  pQur 
n  ^  scBur  Marguerite  »  sousi  le  règae  de  Louis  XIL  Dans  )a  premere 
»  vignette  est  Técu  des  ducs  d'Orléans.  La  miniature  du  froiiligpiM  re- 
?  présente  Jesus  portaut  sa  croix,  et,  derrii»re^  un  personnage  en  manteau 
»  et  cbaperon  rouge  fourré  d'bermine,  agenoqillé.  Le  méme  personnage 
»  est  encore  agenouillè  près  de  JéSiUS-Christ  òws  la  seconde  miniature 
n  placèe  au-devant  de  YEchelte  de  Paradis.  n 

L'existence  de  ce  manuscrit  soulève  une  question  qui  se  présente  tout 
naturellement  a  l'esprit  :  A-tril  été.  ei^écuté  avant  oiu  après  l'editici)  de 
Henri  Mayer?  M.  P.  Paris,  on  vient  de  le  voir,  penso  qu'il  date  dee  pre- 


ci) h.  RicarQ  nous  ayant  cède  le  vohime  de  mélanges,  que  nous  avons  minutieusement 
décrft  diiBS  1»  Cha§9€  aux  inwnable$ ,  le»  dìfféreats  ouvrages  qu*il  reofeiiBail  foni  anjaui^ 
d'hni  partie  de  notre  bibliottièque. 

(2)  I^  m^inusorU  n'a  que  90  ff.  seulement^  en  y  comprenaat  3  ff.  blancs  aa  conunencement 
et  3  ff.  de  table.  (Note  du  D'  D.-B.) 

(3)  36  par  page  d'une  écriture  fine ,  appartenant  à  la  fin  du  quinzième  siede  cu  au  com- 
miykoemeoi  du.  aeiuÀme.  (Id.) 


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—  93  — 

mìères  années  da  seìzième  siècle,  et  qae  son  exécutìon  rappelie  celle  des 
Echecs  amaureux  j  maouscrit  qui  fot  écrit  soft  poor  Franoois  I^,  b<Aì 
pam  sa  soeur  Margoerìte. 

Nous  noQS  garderoDS  bien  d'aller  à  l'eDcontre  de  Tassertion  du  maitre, 
mais  11008  lai  demanderons  la  permission  de  lai  soumeltre  les  observa- 
tiofis  smvantes  : 

1^  Quoìqoll  exìste ,  à  n'en  pas  douter,  des  manascrits  exéeatés 
d'^ès  des  lìvres  imprimès ,  ce  faìt  pourtant  n'ea  était  pas  moios  rare  a 
la  fin  du  qaiDZìème  siede.  Et  pais^  doos  l'avouerons,  nous  avoos  de  la 
peine  à  croire  que  d'habiles  miniaturistes  se  soient  coDdamnés  à  copìer  des 
gravures  sur  bois  aussi  grossièrement  travaillées  que  celles  de  Vlmitation 
et  de  VEchelle  de  Paradis. 

2^  li  est  hors  de  doule  que  le  maDuscrit  des  Echecs  amoureux 
a  été  exécuté  pour  Louise  de  Savoie,  ou,  par  son  commandement,  pour 
ses  enfants,  puìsque,  «  dans  la  dernière  miniature,  une  feoétre  présente 
*  les  armes  d^Orléans  demi-écartelées  de  Milan  et  parties  de  Savoie,  n 

La  méme  certilude  existe^l-elle  pour  la  Ymitacion  Ihesu-crist?  Nous 
ne  le  pensons  pas. 

Les  SMrmes  d^Orléans  demi-écartelées  de  Milan  n'y  soni  pas  figurées^ 
et)  au  lieu  de  ces  armes ,  on  remarque^  au  bas  de  Fencadrement  qui 
entoure  la  première  miniature,  les  armes  de  Charles  d'Orléans.  (V.  le  P. 
Aùselme,  t.  1,  p.  209.) 

3®  On  trouve,  sous  le  n°  24  de  la  Bibliothéque  de  Charles  dOrléans, 
publiée  par  M.  Ed.  Sénemaud,  Tarlicle  suivant  :  «  Item.  Le  libre  de  la 
»  ymtacion  lesu-Crist  et  mesprisement  du  monde^  et  FEschelle  de 
»  Paradis f  escript  a  la  main  et  en  parchemin,  historié,  couvert  de  satin 
»  violet  et  sans  fermoers.  » 

Ne  serait^^  pas  le  méme  exemplaire  que  celui  qui  porte  aujourd'bui  le 
n""  929,  et  qtt'on  aurait  fait  relier  en  maroquin  àux  armes  de  Franco  sur 
les  plats,  et  à  la  fleur  de  lis  du  régent  sur  le  dos? 

4""  On  comprend  très-bien  que  Louise  de  Savoie  ait  mis  entro  les  mains 
de  ses  enfiants  le  Jeu  (Féchecs  amoureux,  qui  renferme  des  histoires,  plus 
oa  moìns  divertissantes,  il  est  vrai,  mais  qui,  en  somme,  pouvaient 
amiiser  et  mtòresser  le  jeana  prince  et  sa  soeur;  mais,  franchement^ 
none  hésitons  à  croire  que  la  régente  ait  fait  exécuter  pour  eux  un  livre 


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—  M  — 
d'un  ascélisme  aussi  rìgoureuK  qoe  Vlmitatian  de  JéSìis-Christ,  Ime 
qa'ils  Q'étaient  certainemeDt  pas  en  ^e  d'apprécìer  et  de  comprendre. 

ìi""  En&D,  quoique  rédition  de  Toulouse  soit  la  plas  ancienne  de  toutes 
celles  que  nous  connaissons,  il  ne  nous  est  pas  démontré  qu'elle  soit  la 
première.  En  fait  de  contrefacon,  Henri  Mayer  nous  est  fort  sospect, 
et  nous  le  prouverons  tout  à  l'heure.  Dès  lors^  si  notre  supposiUon  était 
vraie,  nous  croirions  à  Texìstence  d'une  édilion  de  Paris,  anlérieure 
à  celle  de  Toulouse,  imprimée  d'après  le  manuscrìt  de  Charles  d'Orléans, 
et  dont  Mayer  donna,  en  1488,  une  contrefa^on  plus  ou  moins  exacte. 

Ajoutons  en  terminant,  que  cetle  traduction  date,  suivant  Barbier,  de 
Tannée  1450.  Or,  de  1450  a  1488,  bien  des  copies  ont  dù  circaler  en 
France.  Par  conséquent,  de  ce  que  Vlmitatian  a  été  translatée  en  la 
cité  de  Tholouse  (en  1450),  il  ne  s'ensuit  pas  nécessairement  qoe  l'édi- 
tion  de  Mayer  ait  été  imprimée  sur  le  manuscrit  originai. 

N*'  5.  Boetius  (Anicius  Torq.  Severinus). 

<  Boecio  de  consolacion  tornado  de  latin  en  rromance  por  el  muy 
rreuerendo  fray  Anton  Gìnebreda  maestro  en  la  santa  theologia  de  la 
orden  de  los  predìcadores  de  Barcelona  (1).  » 

Despues  de  este  tilulo  sigue  en  bianco  la  secunda  pagina  :  la  torcerà 
en  cabeza  con  <  el  prohemio  »  el  cual  con  la  tabla  de  los  cince  libros 
occupa  8  hojas.  A  la  vuelta  de  està  ultima  bay  un  grabado  en  madera 
que  representa  el  acto  de  ofrecer  el  libro  a  un  rey  que  se  balla  sentado 
en  su  trono,  con  estas  dos  leyendas  : 

«  Alto  prìncipe  exelente  De  vos  doctor  muy  prudente 

Rey  poderoso  senor  Huy  sotii  muy  inuentor 

Tomad  pequeno  presente  Quiero  muy  de  buenamente 

De  pequeno  servìdor.  Recebille  con  amor.  » 

Empieza  despues  el  texto  de  los  ciuco  libros  basta  su  conclusion,  lo 
cual  occupa  74  bojas.  Al  fin  de  la  segunda  columna  de  està  ultima  dice  : 

(1)  La  Sema,  ignorant  Texiatence  do  l'édìtion  que  nous  dócrìvona  id,  considérait  Fédition 
suivante  comme  la  première  de  cette  veraion  eapagnole  : 

Boecio  de  oomolaeion  e  Vergei  de  consolacion ,  tradueido  por  Antonio  de  Ginebreda,  del 
orden  de  Predicadoree.  En  SevUla,  Menardo  Ungut,  Lanzalao  Polono»  1497,  in-fol.  (V.  Là 
Sema,  art.  Boecio.) 


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—  95  — 

«  Aqui  feDe^  el  libro  de  consolacìon  de  Boezio ,  el  guai  faé  impreso 
en  Tolosa  de  Francia,  por  maestro  Enrique  Mayer  Aliman,  e  acabose  a 
qoatro  dias  del  mes  de  jolio.  Ano  del  nascimìento  de  Ntro  Senor  Ihuxpo, 
de  Hill,  e  quatrocienlos,  e  ochenta  e  oche  anos.  » 

Es  un  tomo  eD-4''  mayor  a  dos  columnas,  letra  tortis,  cum  foliacion 
romana  y  signaturas.  Las  nueve  primeras  hojas  no  estan  foliadas  y  sa 
signatura  es  la  contìnuacion  de  la  del  texto.  Los  folios  de  este  estan  equi- 
vocados,  pues  pasa  del  1  al  3  y  se  pone  XY  en  vez  de  ser  XIIL  La 
obra  completa  consta  de  83  hojas,  de  papel  fuerte  y  perfectamente 
conservado.  Existe  en  la  biblioteca  del  ministerio  de  Fomento. 

Segan  el  proemio  de  està  obra,  ya  se  habia  intentado  por  algnnos 
ponerta  en  romance,  y  uno  entre  ellos  la  dirige  o  dedica  al  Infante  de 
Mallorca,  pero  adoleciendo  la  dicba  esposicion  de  varios  defectos,  comò 
son  la  supresion  de  la  cuarta  y  quinta  prosas  y  el  tercero  y  cuarto  metros 
del  quinto  libro,  y  la  historia  de  Theodorico  y  persecucio.n  de  Boecio, 
Bernal  Juan  Doncel  ,  morador  de  Valencia,  rogò  a  fray  Antonio 
Ginebreda,  de  la  orden  de  predicadores  de  Barcelona  que  supliese 
aquellos  defectos  y  dieso  completa  la  obra.  Este  proemio,  escrito  por  el 
mismo  Ginebreda,  revela  que  antes  que  él  hubo  otros  que  tradujeron 
elBoecio;  pero  no  se  colige  si  la  traduccion  o  traducciones  anteriores 
Uegaron  a  imprimirse.  Debe  creerse  que  no,  cuando  ninguno  de  los  que 
se  han  ocupado  de  estas  antigùedades  hace  mencion  de  ella. 

Este  ejemplar  decide  la  cuestion  de  si  es  Tolosa  de  Espana,  o  Tolosa 
de  Francia,  en  donde  imprimio  Enrique  Mayer  el  libro  De  proprietà- 
tibìAS  rerum,  pues  en  la  inscripcion,  al  fin  de  este,  se  dice  que  es 
Tolosa  de  Francia  en  donde  fué  impreso  por  el  espresado  Enrique 
Mayer  el  Boecio.  » 

Tel  est  le  texte  originai  de  Tarticle  du  Boletin  bibliografico  espanol 
qui  nous  a  fait  connaitre  l'existence  de  ce  rarissime  volume.  Nous  croyons 
devoir  Taccompagner  d'une  traduction  fran^aise,  à  cause  de  la  nomencla- 
ture bibliographique  peu  familière  a  la  plupart  des  lecteurs. 

TRADUCTION. 

BtMetin  bibliographique  espagnoL  Rédacteur-éditeur,  don  Denis 
Hidalgo.  1''  aoQée,  n""  1  (!"'  janvier  1860),  p.  8. 


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—  96  — 

N"*  41.  Boèce,  De  la  consolacion,  traduit  da  latto  en  langue  ei^- 
gDoIe,  par  le  T.-R.  P.  frère  AoloiDe  Ginebreda,  professeur.  de  philoso- 
phie,  de  Tordre  des  Frères  précheurs  de  Barcelone. 

Le  verso  da  tìtre  est  blanc;  rayant-propos  et  la  table  occupent  8 
pages.  Ah  verso  da  haitìème  feuiUet  se  trouve  ane  gravare  en  bois 
représeotant  Taateur  offraat  son  livre  à  an  rei  assis  snr  son  tròne.  Aa- 
dessous  sont  ces  deux  légeodes  : 

* 

Grand  et  excellent  prince  De  vous,  doctoar  très-prudent, 

Roi,  puìssant  seigneur,  Tròs-subiil,  très-ingénieux, 

Daigne  accepter  ce  petit  présent  J*accept6  avec  bienveillance 

De  ton  humble  senriteur.  Et  avec  amitié  votre  préaent. 

Le  livre  contìeDt  soìxaole  et  qaatorze  feaìllets,  et  à  la  seconde  cokmne 
da  dernier  feuillet  on  lit  :  lei  finit  le  livre  De  la  consolation  de  Boece, 
lequel  a  été  imprimé  à  Tolosa  de  France,  par  maitre  Henri  Mayer. 
Alaman,  et  a  été  achevé  d'imprimer  le  4  juìUet,  Tan  de  Notre-Seigneur 
Jésas-Christ  1488. 

Ce  volume,  parfaitement  conserve,  appartient  à  la  bibliothèqoe  da 
minìstère  de  Fomento.  Cesi,  un  petit  in-fol.  gotbique,  a  deux  colonnes; 
les  chiffres  et  les  signatures  soni  en  caractères  romains.  Les  neuf  pre- 
miers  feuillets  ne  sont  pas  paginés  et  leur  signature  est  la  continuation 
de  celle  du  titre;  les  feuillets  qui  suivent  sont  mal  signés;  da  n^  l  on 
passe  au  n^  IH,  et  le  feuillet  XIII  est  signé  XV.  L'ouvrage  complet 
conlient  quatre-vingt-trois  feuillets  ;  il  est  imprimé  sur  papier  fort. 

Il  paralt,  d'apres  Tavant-propos ,  que  plusieurs  personnes  avaient 
essayé  déjà  de  traduire  Boéce  en  espagnol,  et  que  l'un  des  auteurs  avait 
dédié  sa  traduction  a  l'infant  de  Majorque  ;  mais  comme  elle  se  tfouvsùt 
entachée  de  plusieurs  défauts»  tels  que  la  suppression  des  quatriène 
et  cinquième  commentaires,  Fabsence  des  troisième  et  quatrième  vers 
du  cinquième  livre,  l'histoire  de  Théodoric  et  la  persécution  de  Boece^ 
Bernard- Jean  Doncel,  habitant  de  Valence,  pria  le  F.  Antonio  Gine^ 
breda  de  corriger  ces  défautset  de  compléter  l'ouvrage.  L'avant-propos, 
écrit  par  le  méme  Ginebreda ,  constate  qu'avant  lui  d'autres  avaient 
tradait  Boéce;  mais  il  n'est  pas  prouvé  que  lears  traddéttoos  aieftt 
été  imprimées.  On  doit  croire  qoe  non;  car  aacun  de  ceoK  qui  se  .Mot 


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—  «7  — 

occopés  des  livres  imprimés  ao  qaiDzième  siècle  De  meDtioDiie  ce  faiU 
Cet  exemplaire  décide  la  question  de  savoìr  si  c'est  à  Touloase  d'Espa- 
gne  oa  à  Toalouse  de  France  qu'UeDrì  Mayer  imprima  le  livre  De 
praprietatibus  rerum ,  poisque  la  soascrìption  porte  que  c'est  à  Tou- 
lotise  de  France  que  le  Boéce  dont  nons  parlons  a  été  imprimé  par 
ledit  H.  Mayer. 

Nons  compléterons  cettt  descriptìon  en  y  ajootant  quelques  délails 

consigDés  dans  la  lettre  de  Tua  de  nos  correspondants  de  Madrid, 

M.  Fedro  de  Madrazo,  peiotre  de  la  reioe.  Après  avoir  exactement  repro- 

duit  le  ti  tre  et  la  souscription,  il  ajoate  : 

«  L'avaDt-propos  et  la  table  analytiqoe  de  Fceuvre  occupent  sepl 

feoìlles  et  demie.   Aa  verso  de  la  huitième  feuille  se  trouve  une 

gravure  sur  bois ,  qui  remplit  toute  la  page,  représentaut  un  rei  assis 

sur  son  trdne  et  recevant  un  livre  des  maìas  d'un  moine  agenouillé 

devant  lui.  A  droite  et  à  gauche  sont  des  courtisaus  rìchemeut  costu- 

més,  à  la  fa^on  du  quiuzième  siècle.  Au-dessus  du  tróoe  denx  anges 

sonlèveut  des  rideaux  au  sommet  desquels  est  un  aigle  teuaut  un 

écusson  aux  armes  de  Castille  et  d'Aragon. 

»  Cotte  grande  vignette ,  malgré  le  travail  grossier  du  graveur,  est 
remarquable  par  le-  beau  dessin  des  draperies,  qui  tient  de  Técole 
flamande  contemporaine  plus  encore  que  de  Fècole  fiorentine. 
»  Les  flligranes  que  Fon  trouve  dans  ce  curieux  volume  sont  :  la 
main  qui  bénit,  le  P  hifurqué,  le  maillety  et  une  autre  marqua 
dont  la  forme  se  rapproche  du  B  ou  du  R.  Ce  filigrane  se  trouve 
reproduit  dans  la  Chasse  aux  incunables  de  M.  Desbarreaux-Ber- 
nard  (pi.  3,  fig.  9),  qui  Favait  rencontré  dans  le  papier  du  ForiaU- 
cium  fidei.  »  (V.  pi.  2,  fig.  H,  12,  13,  14,  15). 
»  La  main  qui  bénit  se  renconlre...  (suit  le  n''  des  fenillets  dans 
lesquels  se  trouvent  les  marques  indiquées  ci-dessus). 
»  Il  est  fort  possible,  malgré  la  conscience  que  j'ai  mise  dans 
Fexamen  de  ce  volume,  que  quelques  marques  aient  èchappé  a  mes 
recherches  ;  car  tous  les  flligranes^  sans  exception,  se  trouvent  dans 
le  milieu  de  la  seconde  colonne  et  sont  en  quelque  sorte  noyés 
dans  les  caractères  d'imprimerle. 

43 


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»  Jamais,  dans  ce  lìvre,  od  De  trouve  de  filigraDe  daDs  la  marge  da 
«  dos ,  DÌ  daDS  la  coloDDe  iatérieore.  » 

Ces  derDières  ìDdicatioDS  nons  proavèreDt  que  le  rédacteur  de  Tar- 
ticle  du  Bulletin  de  Madrid  s'était  trompé  eD  doDoaDt  aa  Boecio  le 
format  graDd  ìd-4^.  —  L'abseDce  da  filigraDe  daas  la  marge  du  dos ,  sa 
positioD  au  milieo  de  la  feuille  daDS  la  coIoddo  de  droite  élablisseat 
fort  clairemeDt  qae  le  format  de  ce  livre  est  petit  iD-folio.  Du  reste ,  la 
directìoD  des  poDtuseaux  aurait  sufQ  seule  pour  le  démoutrer ,  si  Tod 
s'étail  doDDè  la  peioe  d'y  regarder  de  près. 

Nous  termiDeroDS  cetle  Dote  ea  faisaat  observer  que,  rieo,  daus  la 
descrìptioD  du  Boletin  bibliografico  de  M.  Deuis  Hidalgo,  dì  daas 
celle  de  Dotre  correspoDdaut  de  Madrid,  do  fait  soupQODuer  qu'oD  ait 
surchargé  le  texte  de  la  souscriptioD  fioale  du  Boecio  des  deux  mots 
DE  Francia. 

Cette  additioD  serait,  seloD  M.  Hubaod,  le  fait  du  rédacteur  du 
catalogue  (1),  qui,  partageant  les  errements  de  M.  D.  B.j  a  cru  faire 
preuve  d^intelligence  en  ajoutant  les  deux  mots  de  Francia  (2). 

Nous  ea  demaudoDS  bica  pardoa  à  Dotre  hoDorable  coDlradicteur; 
mais  dès  que  la  crilìque  s'abaudoDDe  à  de  telles  iosìDuatious,  elle 
affirme  sod  impuissauce. 

Nier  D^est  pas  répoodre.  Le  Boecio,..  el  guai  fue  impreso  en  Tolosa 
de  Francia^  est  ud  fait  que  rieu  do  peut  détruire.  Le  savaut  critique 
marseillais  aura  beau  eutasser  argumeuts  sur  argumeuts ,  PélioD  sur 
Ossa,  Dous  lui  répoDdroDS  toujours  par  ces  mots  :  Boecio...  el  guai 
fue  impreso  en  Tolosa  de  Francia,  el  c'est  le  cas  oa  jamais  de  ren- 
yerser  Taxiome  bieu  coddu  el  de  dire,  à  ce  sujet  :  l'esprit  tue  et  la 
lettre  vivifie. 

N^  6.  Stilus  curie  parlamenti  domini  nostri  regis  pei'  guem 
stiluz  omnes  curie  supreme  parlamenti  tocius  regni  Francie  reguntur 
et  gubemantur  ac  domini  officiarii  et  curiales  ejusdem. 

(4)  H.  Httband,  a-t-il  bien  réfléchi  en  attrìbuant  la  prétendne  anrcbarge,  dans  la  sona- 
cription  da  Boéce,  à  un  Eapagnol  ?  Nous  ne  le  pensona  pas. 

Nous  aimons  mieux  croire,  si  elle  eùt  réellement  existé,  que  M.  Denis  Hidalgo  se  seiait 
fait  un  devoir  de  la  signaler. 

(2)  V.  ì'ExofMn  eritique^  p.  49. 


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—  eg- 
ee titre,  compose  de  quatre  lìgnes,  se  trouve  aa  recto  du  l""'  t  dont 
le  Terso  est  blaoc.  Od  a  rejeté  la  sìgoat.  a-j  aa  bas  da  2*  f.  —  Eq 
téle  de  ce  f.  od  a  reprodaìt  le  titre  ci-dessus  ea  ajoutaat  ces  mots  : 
Editus  a  magistro  Guillermo  de  Brolio.  Feliciter  incipit. 
In  fine  :  Opus  stili  parlamenti  curie  finit  feliciter. 

Id-4**  goth.  s.  1.  et  ao  (Toulouse,  H.  Mayer,  148.?),  de  98  ff. 
chiffrés  CD  téle  aa  miliea  da  recto.  26  lìgaes  aux  pp.  eatìères.  12 
cahiers  de  8  ff.  chaque;  excepté  le  deraier,  qui  od  a  10;  ìls  soDt  sigaés 
a-Di.  Les  deax  ff.  qai  complèteat  le  Cahier  m  do  soDt  pas  chiffrés;  Toq 
coDtieDt  la  Ad  de  la  table  et  Tautre  est  blaac. 

Le  papier  est  fort,  ud  pea  faave  et  brait  quaad  od  l'agite.  Il  a  poar 
filigraDe  la  main  qui  bénit  avec  une  petite  lyre  dans  la  manchette. 
Cette  petite  lyre  isolée  se  reacoDtre  daas  plusiears  ff.  da  volarne.  (Y. 
pi.  %  flg.  16.) 

Cet  oavrage,  —  que  Doas  croyoDS  fort  rare,  —  dous  a  été  iadiqaé 
par  M.  Yésy,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Rodez. 

Si  DOUS  l'avoDS  place  à  la  suite  de  la  Ymitadon ,  c'est  que  les  élé- 
meats  qui  le  coDStitueut  soDt  ea  tout  semblables  a  ceox  de  ce  deraier 
oavrage.  Papier,  caractères ,  justiflcatioD ,  proveaaace  (1) ,  rìea  De 
maaqoe  a  Tideatité.  Nous  D'hésitoDs  doDc  pas  à  ea  attribuer  l'impres- 
sioD  à  Heari  Mayer.  (V.  pi.  8.) 

N*»7.  Tractatus  de  modo  vacandi  beneficiorum. 
Tractatus  de  modo  acceptandi  beneficia. 
Modus  seruandus  in  executione  seu  prose 
Cutione  gracie  expectative. 

Id4^  goth.  s.  1.  et  a^.  10  ff.  s.  chiffr.  dì  réclam.;  sìgaat.  a.  —  Papier 
et  caractères  semblables  a  ceux  du  Stilus  parlamenti.  Pour  filigraue  la 
petite  lyre.  (PI.  2,  flg.  16.) 

Imprimé  par  H.  Mayer.  ÀppartieDt  à  la  bibliothèque  de  Toulouse. 
Il  était  relié  à  la  suite  d'uD  exemplaire  du  Stilus  parlamenti  récem- 
iDeDt  découvert. 


(4)  U  est  relié  avec  une  édition  de  VArnhm  qwrele ,  imprimée  à  Toulouse  au,  quiusième 
siècle  et  que  nous  décrirons  à  sa  date. 


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—  «do  — 

N''  8.  Bartholas  oa  Bartolas  de  Saxo-Ferrato.  —  Tractatus  judicio- 
rwn^  Processus  Sathane  contra  gmus  humanum. 

In-40  goth. 

A  la  suite  des  deox  ouvrages  précédeols  se  troove  le  petit  traité  de 
Barthole  doni  dous  veoons  de  donner  le  titre.  Malbeureusement  le  volume 
est  iocomplel  et  il  D'en  reste  qua  deux  cahiers  de  8  ff.  signés  À-B ,  et 
doDt  la  signature  est  placée  sur  le  2^ 

Le  papier,  les  caractères  sont  ideotiques  avec  les  différeuts  ouvrages 
imprimés  par  Mayer.  Pour  filigrane  :  ì^  la  main  qui  bénit,  avec  un 
ccBur  percé  (Fune  flèche  y  dans  la  manchette  ;  1^  une  petite  fleur  de 
lis.  (V.  pi.  2,  flg.  17  et  18.) 

N*  9.  Thomas  Valois  et  Nicolas  Trivelli  (1).  —  Sacre  pagine  prò fes- 
sorum  ordinis  predicatorum  Thome  Valois  et  Nicolai  Triveth  in 
libros  beati  Augustini  de  civitate  dei  commentarla  felidter  inchoant. 

In  fine  ;  Commentaria  eximii  sacre  theologie  professoris  fratris 
Thome  Valoys  anglici  una  cum  complemento  sacre  theologie  professo- 
ris fratris  Nicolai  Cerseth  (  sic  pour  Trivelh  )  super  lihris  divi  aurelii 
Augustini  de  civitate  dei  finii  feliciter.  Impres.  Tholose  pet  Henri- 
cum  Mayer  Alamanum.  Anno  Salvatoris  Mxccc.lxxxviij  (1488)  die 
xij  octohris  (2). 

In-fol.  goth.,  à  2  coU;  signat.  a-k.  88  ff.  par  cahiers  de  8  ff.  Le  titre 


(i)  Ce  méme  ouvrage  a  été  imprimé  la  méme  atfnée  à  Louvain ,  par  Joannem  Westfal , 
iD-fol.  (V.  Haittaire.) 

(2)  Triveth  oa  Treveth  (Nicolas),  historien  et  pbilosopbe,  né  vera  1S58,  fut  élevé  par  les 
dominioains  de  Londrea.  Il  embraasa  la  vie  rellgieuae,  fot  envoyé  à  Oxford,  puis  à  Paria. 
De  retour  à  Londrea,  il  partagea  aa  vie  entre  Tétude  et  Tenseignement. 

Le  pére  Quétif  cite  trente-cinq  ouvragea  de  lui ,  entre  autres  l'expoaition  des  vingt-deux 
livrea  de  la  Citi  de  Dieu  de  aaint  Auguatin. 

Thomaa  Walley  (oa  Yaloia),  autre  dominicain  anglaia,  concut,  aprèa  Triveth,  le  deaseio 
d'expliquer  Touvrage  de  aaint  Auguatin,  maia  ne  l'exécuta  que  aur  lea  dix  premiera  livrea. 
Dans  la  suite,  lea  copistes  complétèrent  son  travail  avec  celui  de  Triveth. 

La  4r»  éditlon  de  ce  doublé  commentaire  est  de  4473.  —  MAguntiee,  per  Petrom  Sohoiffer, 
ìn^ol.  goth.,  de  364  ff.,  à  S  col. 

En  4484,  Colard  Hanaion  traduiait,  compila  et  imprima,  à  Bruges,  la  première  édition  des 
Miiamorphosés  moraliiée$,  par  Th.  Waleya. 

Babelàis ,  au  aujei  de  oe  livre ,  a  fori  mallraité  ce  pauvre  dominicain.  (Yoir,  à  ce  aiijet,  le 
prologue  de  GarganhM.) 


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—  m  — 

et  le  f.  blanc  de  la  fin  manquent  à  Teiemplaire  de  la  bibliothèque  im- 
periale. 

Le  papier  est  fori;  il  a  pour  filigrane  la  main  qui  hénit.  Les  caractères 
sont  petits  et  très-nets. 

NMO.  Frane.  Mayronis  Theologicce  (sic)  veritatis  in  Augustinum. 
Tolos»  {sic),  1488. 

(Maittaire,  l.  V\  p.  502). 

N^  H.  Thamce  Gorsii,  commentarius  in  Augustinum  de  civitate  Dei. 

Tolosae,  1488. 

(Maittaire,  t.  !•',  p.  502). 

Ces  trois  commentaires,  de  Triveth,  Mayron  et  Gorsius  sont  cités  par 
Maittaire,  d'après  Loescher  (Valentino-Ernest)  (1). 

N*  12.  Diego  de  Valera.  —  Coranica  de  Espana. 

Tolosa,  Henrico  Mayer^  1489. 

In-fol.  goth.,  176  ff.,  s.  chiffr.  ni  réclam.,  à  2  col.  de  35  lignes  aux 
pp.  entières  ;  signat.  a-y.  Le  plns  grand  nombre  de  cahiers  est  de  8  ff. 
Les  cahiers  F,  L ,  M,  Q ,  n'ont  que  6  ff.  Le  Cahier  Y  en  a  10.  Le  der- 
nier  f.,  dont  le  verso  est  blanc,  n'est  imprimé,  au  recto,  que  sur  une  col. 
contenant  18  lignes ,  depuis  le  mot  està,  jusqu'au  mot  gracias.  Les  6 
premiers  ff.  renferment  la  table  des  chapitres,  en  téte  de  laquelle  on  Ut 
ce  sommaire  de  4  lignes  :  Està  siguiente  (sic)  Cranica  illustrissima 
princesa  (2)  e^  partida  en  quatra  partes  prindpales.  Le  texte  com- 
mence  au  7*  f.,  recto^  1'*  col.,  par  un  autre  sommaire  en  12  lignes.  Le 
Yoici  :  Camiencia  la  coranica  de  E  spana  dirigida  a  la  muy  alta  et 
muy  excelente  princesa  serenissima  reyna  e  senora  nuestre  senora 
dona  Ysahel  reyna  de  Espana  de  Secilia  et  de  Cerdena.  Duqm.sa  de 
Atheìxas.  Candesa  de  Barcelona.  Abreviada  por  su  madado  por  mosen 
Diego  de  Valer  a  su  maestre  sala  et  del  su,  consejo. 

Au  verso  de  Tavant-dernier  f.,  !'•  col.  :  Fue  acahada  està  copilafion 
en  la  villa  Bel  puerta  de  Santa  Maria  bispera  de  sant  Juan  de  Junia 


(4)  Siromola,  ««u  dia$§natianu  ioeri  $t  UtterarH  orgumenH.  Wittemberg  ,  47S4 ,  in-S».  — 
GoUeoUoo  de  ooticeB  sur  les  premiers  produits  de  rimprimerie.  (Nowelle  biographit  gène- 
raU^  Paris ,  Dldot.) . 

(2)  Cette  illustre  princesse  était  Isabelle  la  Catholiciue. 


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—  408  — 

del  ano  del  Senor  de  mill  et  quatro  cientos  et  ochenta  un  anos  seyendo 
el  abreviador  della  e  i  hedadde  sesenta  et  nueve  anos  sia  dadas  infi- 
nitas  gradas  a  nuestro  Redentor  el  a  la  gloriosa  Virgen  su  madre 
senora  nuestra. 

2*  col...  :  Agora  de  nuevo  serenissima  princesa  de  singular  ingenio 
adornada  de  loda  doctrina  alumbrada  de  claro  entendimento  ma- 
nual.  Asi  corno  en  socoro  puestos  ocuren  con  tan  maravillosa  arte 
d  scrivir  do  tornamos  en  las  hedades  aureas  restituendo  nos  por  mul- 
tiplicados  codices  en  conoscimiento  de  lo  pasado  presente  et  futuro 
tanto  quanto  ingenio  humano  conseguir  puede.  Por  na^ion  Alemanos 
muy  espertos  et  continuo  inventores  en  està  arte  de  impremir  que  sin 
eror  divino  delir  se  puede.  De  los  quales  alemanos  es  uno  Uenrico 
Mayer  d'maravilloso  ingenio  et  doctrina.  Muy  esperto  de  copiosa 
memoìia  familiar  de  vuestra  alteza  a  honra  del  soberano  e  immenso 
Bios  vero  en  essencia  et  trino  en  personas  e  a  honra  de  vuestro  real. 
estado  e  instrugion  e  aviso  de  los  de  vuestros  Reynos  e  comarcanos 
en  la  muy  noble  dbdad  de  Tolosa  fu  impresa  per  el  dicho  Uenrico  en 
el  ano  del  nascimienio  de  nuestro  Salvador  Ihesu  Christo  de  mill  e 
quatro  cientos  e  ochenta  e  nueve  anos.  Deo  gratias. 

Le  papier  de  la  Cronica  est,  en  general ,  d'une  certaine  épaìsseor; 
cependant  on  y  rencontre  des  feuìllets  fort  minces.  Il  a  poor  filigrane 
la  main  qui  bénit ,  el  la  petite  lyre  dans  la  manchette.  (Y .  pL  2  » 
fig.  19.) 

Les  caractères  sont  les  mémes  qae  ceux  de  Vlmitation.  Ges  deux  ou- 
vrages  sont,  sans  contredit,  les  chefs-d'oeavre  d'Henri  Mayer. 

La  descriptìon  exacte  que  nous  venons  de  donner  de  ce  beau  livre, 
d'après  Texeroplaire  de  la  bibliothèque  de  Marseille,  nous  permettra  de 
relever  quelques  erreurs  que  renferment,  au  sujet  de  cet  ouvrage,  les  deux 
dernières  éditions  du  Manuel  du  libraire. 

l""  La  Coronica  n'a  que  176  ff.  et  ne  pouyait,  dans  auoun  cas,  en 
ayoir  179,  par  la  raison  que,  dans  les  incunables,  les  feuillets  ne 
sont  jamais  impaìrs. 

2""  M.  J.-Ch.  Brunet  donne  8  ff.  à  la  table;  elle  n'en  a  que  6. 

S""  Enfin,  le  texte  commence  au  7*  fol.,  recto,  et  non  pas  au  9^ 

Ces  erreurs  ont  sans  doute  peu  d'importance ,  mais  elles  ont  Un- 


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—  «08  — 

convéuient  d'an  foai  sigDalement ,  elles  jetteot  de  l'incertilude  dans 
Tespril  de  celui  qui  cherche. 

Uq  molif  piQS  sérieux  nous  a  engagé  à  reproduire  in  extemo  l'épftre 
à  ]a  reine  Isabelle,  épitre  dans  laquelle  plQsieurs  bibliographes  frangais 
ODt  era  troQver  des  preoves  irréfragables  eo  favear  de  Fétablissemeat 
de  Pimprimerie  à  Tolosa  d'Espagne  au  quiDzième  siècle. 

Feu  M.  Hubaud ,  surtout,  a  beaacoop  iosislé  dans  sa  dernière  bro- 
chure (1),  sor  ce  fait  que^  dans  cette  épttre ,  Mayer  «  parie  a  la  reine 
»  comme  à  sa  souveraine,  qu'il  lui  rappelie  qn'il  est  depuis  bien  long- 
»  temps  (de  copiosa  memoria)  à  son  service  (familiar  de  vuestra 
»  alteza),  et,  par  conséqnent,  devena  son  sajel,  etc.  )> 

II  est  certain  qa'il  n'y  aarail  rien  a  répliquer  à  de  pareils  argaments, 
si  rédition  de  la  Cronica,  publiée  par  Mayer,  n'avait  pas  été  précédée  des 
édilions  de  Sévilie  et  de  Bargos. 

Mais  Yoici  ce  qa'a  fait  Mayer  :  il  a  reprodait ,  sans  plas  de  facon ,  tex- 
toellement  el  mot  à  mot,  non-sealement  l'épitre  à  la  reine  Isabelle,  qai  se 
troave  dans  les  èditions  qne  noas  venons  de  citer ,  mais  encore  le  som- 
maire  de  la  lable  et  celai  qai  se  troave  en  téle  du  V  t 

Il  n'avait  fait,  da  reste  ,  qu'imiter  l'imprimear  de  Burgos,  qai,  pas 
plus  qae  Mayer,  n'est  l'aatear  de  l'épitre  en  qaestion. 

Aassi  M.  J.-Cti.  Branet,  en  décrivant  l'édition  de  Mayer,  s'exprime-t-il 
ainsi  à  ce  snjet  :  «  ...Le  dernier  f.  recto  contient  aussi  l'épitre  à  la  reine 
»  Isabelle,  morceaa  dans  leqael  on  a  substitué  (2)  aux  noms  de  Michael 
»  Dachaver,  qui  se  Ut  dans  l'édition  de  1482,  et  à  celai  de  Federico  de 
»  Basilea,  qui  est  dans  l'édition  de  U87  ,  Ics  noms  de  Henrico  Mayer, 
»  imprimeur  du  présent  volume.  » 

Ainsi  donci  on  le  volt,  l'édition  de  Toulouse  est  une  contrefa^on  de 
l'édition  de  Burgos,  qui,  elle-méme,  est  une  conlrefagon  de  l'édition  de 
Sévilie  (3). 

II  est  donc  évident,  puisque  Mayer  n'est  pas  l'auteur  de  l'éptlre  adressée 

(4)  Loe.  dt.,  t.  VUI,  p.  3U. 

(2)  Après  ces  mots  :  d$  to$  qualu  alemanoi  e$  uno.., 

(3)  A  propos  des  contrefagons  du  Speculwn  judiciaU  ,  de  Dura  odi ,  La  Sema  fait  cette  ré- 
flexioD  :  a  On  voit  qu'en  tout  temps  il  y  a  eo  jalousie  de  métier ,  et  que  les  imprìmeurB  ont 
B  cherchó  à  se  nuire  rédproquement  par  des  contrefa^ns.  »  {Loc.  eU,,  t.  U,  p.  589.) 


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—  404  — 

à  la  reiae  Isabelle  par  Michael  Dachaver,  qu'à  ce  dernier  seoU  et  dob  à 
Mayer ,  doivent  se  rapporter  les  ÌDductioDS  puisées  daos  Téptlre ,  par 
M.  Hubaad,  pour  le  besoin  de  sa  cause. 

A  la  page  20  de  sa  dernière  brochure ,  H.  Hobaud  noas  reproche  de 
n'avoir  pas  méme  essayé  de  combattre  san  argument  (celai  tire  de  la 
Coranica  de  Espana).  M.  Hubaod  se  trompe,  puisqae,  dans  notre  premier 
opascale  (1),  nous  avions  été  au-devaot  de  robjectioa  en  disant,  p.  405  : 
<  RestBDt  maiatenant,  !<>  la  Caronica  de  Espana^  conlrefacoo  de  l'éditicm 
»  originale  imprimée  à  Bargos...  »  Est-ce  clair? 

Henri  Mayer  n^étant  pas  l'auteur  de  l'épitre  a  Isabelle,  noas  croyons 
inutile  de  combattre  une  à  une  les  objections  que  M.  Hubaud  avait  fon- 
dées  sur  elle. 

M''  13.  Quatro  libros  de  las  fabulas  de  Esopo  :  las  extravagantes : 
otras  de  la  trdnsladon  de  Remigio  :  las  de  Aviano  :  las  coUectas  de 
Alfofìso  y  Pogio.  Tolosa,  U89;  in-foL,  avec  flg.  sur  bois. 

Cette  édition,  signalée  par  M.  J.*Gh.  Brunet,  1 1,  col.  99,  «  est  portée 
»  sous  le  n^"  1526  d'un  catalogne  des  libraires  Payne  et  Foss,  de  Loqdres, 
»  pour  1824,  et  y  est  annoncée  coinme  incannile  à  tous  les  bibliogra- 
»  phes.  » 

M'ayant  jamais  vu  ce  rarissime  volume,  nous  éUons  fort  embarrassé 
pour  opérer  son  classement.  Toutefois^  connaissant  l'habìleté,  disons 
mieux,  les  tendances  de  Mayer  pour  les  contrefa^ons,  nous  nous  som- 
mes  décide  à  le  lui  attribuer,  plutòt  qu'à  Jean  Parix,  qui,  en  compa- 
gnie d'Estévan  Clébat,  imprimait  aussi  en  1489. 

Mous  ferons  du  reste  rémarquer  que  H.  J.-Ch.  Brunet  ne  dte 
l'édition  de  Tolosa  qu'après  avoir  décrit  celle  de  Zaragoza,  imprimée 
la  méme  année  (1489)  par  Juan  Hurus.  Or,  comme  il  n'y  a  pas  de 
doute  que  cette  traduction  des  Fables  d'Esope  fut  d'abord  imprimée 
en  Espagne  avant  de  Tètre  en  Franco^  notre  supposition  acquiert  une 
certaine  vraisemblance. 

No  14.  Mayron  (Francois).  —  Subtilissimi  docioris  patris  Fran- 


(4)  Mém,  ih  VAead,  du  Scìffieei,  inseriptian$  et  BèUu'lMtra  de  Joii/oiMe,  3«  sèrie,  t.  IV, 
p.  393. 


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—  405  — 

mei  Maronis  (?)  (oa  plutól  Mayronis  (1)  de  ordine  minorum  aditiones  in 
cnthegorias  Porphyrii  et  predicamento  Aristotelis  :  impressione  dedit 
magister  Henricus  Meyer  Theutonicus  in  civitate  Tholosana  anno 
incarnationis  Christi  M.cccc.lxxxx  j  die  vero  xx  mensis  septembris. 

Pet.  in-4^  golh. ,  a  2  col.  avec  signat.  —  A  la  Ad  ,  le  moDogramme 
d'Henri  Mayer  (v.  pi.  9,  flg.  1). 

Orìgioe.  Bibliolhèque  SaioUJean ,  à  Baroelone.  Ne  se  trouve  ni  dans 
Mendez,  ni  dans  Gaballero. 

Ce  volarne  dous  a  été  indiqué  par  M.  Volger. 

N""  15.  Goillaome  de  Guilleville.  —  Et  peregrinage  de  la  vida  hu- 
mana,  compu€$topor  fray  Guillermo  de  Guilleville.  —  Traduzido  en 
vulgar  castellano^  por  fray  Vincentio  MazuellOy  en  Tolosa^  por  Henri- 
qae  (Meyer)  Aleman,  1490. 

In-fol.  goth.  (2). 


(4)  Scoti  dUeipuli,,,  Cujas  fuerit  Bassolius  non  ìnvenio,  qui  dicat  :,  epitheto  ordinatiisimi 
(focforis  prò  illiustemporisratiooe,  qua  illuslrioribus  viri»  agnomina  affigebantur,  ex  optimo 
ordine,  etclara  methodo,  gaudet  inter  antiquos  theologos.  Secundus  Antonius  Andreeas  ex 
provincia  Àragonis,  fidelissimus  per  omuia  sui  magistri  sectator,  Doetor  Dulcilluu$  nuncupa- 
tU8.  Tertius,  Franciscus  Mayronius ,  coguomento  Doetor  illuminattu.,.  (Annales  Minorum, 
t.  VI,  p.  436.) 

(2)  Voici  la  description  de  ce  livre  d'après  Meodez  (2«  édit.,  Madrid,  4866,  p.  456). 

e  Pelegrinage  de  la  vida  humana.  » 

Debajo  de  este  titulo  bay  una  grande  estampa  ,  abierta  en  madera  (con  la  que  se 
nena  loda  la  plana) ,  que  representa  un  ermitano  con  una  espada  desnuda  en  la  derecha  y 
un  bondon  en  la  izquierda.  En  la  boja  siguiente  : 

a  €omienza  el  prologo  del  trasladador  de  este  libro  intitulado  :  El  Pelegrinaje  de  la  vida 

»  A  bonor  e  gloria  de  Dios  todo  poderoso  por  obedecer  a  la  demanda  de  la  muy  Alta  e 
)»  muy  Excelente  princessa  Juana  de  Labal,  por  la  divina  providencia  rreyna  de  Ihrlm  e 
B  de  Cicilia,  duqueza  de  avion  e  d*bar.  Condesa  de  Provensa  ,  vo  so  bomill  servidor  e  su- 
»  bieoto  indigno  de  ser  aqui  nombrado  repatando  sa  rrequesta  por  singular  mandado  tome 
9  pena  de  trasladar  el  presente  libro  de  metro  en  prosa  sometiendome  a  su  correcion  e 
»  mas  benignam  intrepretacion  de  los  otres  quo  meyor  pasar  lo  sabran  e  emendar  do  les 
»  paresciere  falloso.  E  esto  siguiendo  mas  propriamente  la  propriedad  e  sentencia  de  los 
»  Tocabk>8  del  componedor ,  que  fue  un  muy  notable  rreligioso  e  letrado  muy  profundo 
w  Uamado  fray  Craillelmo  de  Ouillevila,  de  la  abadia  d'Chalis-Cerca,  de  la  cibdade  Santlis.  » 

Comienza  la  tabla ,  etc. 

T  «oaba  : 

«  Fenesce  el  quarto  libro  e  vltimo  del  Pelegrinaie  humano,  trasladado  de  Frances  en 

44 


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—  406  ^ 

Gotte  édition,  très-rare,  a  été  mal  annoDcée,  sous  la  date  de  1480,  dans 
la  Biblioth.  hisp.  vetus.  d'Antonio.  —  11,  Sii.  —  (V.  YEssai  de  catal., 
p.  22.) 

N^  16.  Barthélemy  Gianville.  —  El  libro  de  propieia  (sic)  tibus 
rerum. 

Ce  lilre,  ainsi  dispose,  est  place  sur  le  recto  du  i"  f. ,  au-dessous 
d'un  large  écusson,  aui  armes  d'Espagne  et  d'Àutriche  ,  surmonlé  d'un 
aigle  éployé  couronné, 

A  la  fin  :  Fene^e  el  libro  de  las  propiedades  de  lascosas  trasladado  de 
'latin  en  romance  por  el  reverendo  padre  fray  Vincente  de  burgos. 
Emprimido  en  la  noble  civdad  de  Tholosa  por  Henrique  Meyer  d!Ale- 
mana  a  honor  de  Bios  e  d'nuestra  Senora.  E  alprouecho  de  muchos 
rudos  e  ynorantes ,  acabose  en  el  ano  del  Senor  de  mil  e  qualro  ^ien- 
tos  e  noventa  quatro  a  diez  e  ocho  del  mes  de  setiembre  (18  septem- 
bre  1494). 

Au-dessous  de  celte  souscription ,  le  monogramme  de  Henri  Mayer 
(V.  pi.  9,  fig.  1). 

In-fol.  gotti,  de  320  flf. ,  a  2  col.  de  47  llgnes  auK  pp.  entières ,  sans 
chiff.  ni  réclam.;  sìgnat.  a  o.  A-M.  aa-pp.  Les  cahiers  sont  presque  tous 
de  8  Gf.  ;  —  quelques-uns  n'en  ont  que  6  ;  un  seul  n'en  a  que  4  :  c'esl  le 
dernier. 

Le  papier  est  fort ,  d'un  blanc  légèrement  fauve ,  sans  filigrane.  Les 
caraclères  sont  plus  petits  que  ceux  de  Vlmitation.  Le  texte  est  accom- 
pagnò de  fig.  sur  bois. 

Get  ouvrage  est  de  Barthélemy  Gianville,  «  pbilosophe  anglais  du  qua- 
0  torzième  siede.  11  appartenait  à  la  famille  des  comtes  de  Suffolk  et 
»  entra  dans  l'ordre  des  Franciscains  »  [Biogr.  Bidot). 

Son  livre  est  une  vérilable  encyclopédie ,  dans  laquelle  il  traile  de 
toutes  les  connaissances  humaines  :  philosophle ,  cosmograpbie ,  astrono- 
mie, géograpjiie,  physiologle,  mèdecine,  histoire  naturelle,  eie,  etc;  rien 

»  CasteilaDO,  por  el  revereado  padre  preeentado  fray  Vioeule  Maguelo,  a  istancia  del  hoDO- 
B  rable  senor  maestro  Henrico  AlemaD  »  que  eoo  grande  diligencia  lo  hìzo  imprimir  en  la 
9  villa  de  Tholosa,  en  el  ano  del  Senor  mille  quatro  cientos  Ixxxx.  » 

Tomo  en  folio;  existe  en  la  real  Bibliotheca,  y  en  la  del  Colegio  de  N.  P.  S.  Aaguatin  de 
Aleala. 


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—  «07  — 

ne  lui  est  étraDger.  Il  est  facile  de  s'apercevoìr,  en  le  lisant,  que  l'aateur 
avait  fait  une  étude  approfondie  des  écrivains  anciens,  mais  principale- 
ment  d'Arislote,  de  Pline  et  des  Pères  de  TEglise. 

L'ouvrage  de  Gian  ville  est  divise  en  19  livres.  La  Biographie  Didot 
annonce  que  certains  manuscrits  de  cct  ouvrage  contiennent  un  ving- 
tième  livre,  sur  les  nombres,  les  mesures,  les  poids  et  les  sons  (1). 

Nous  ne  sommes  pas  en  mesure  pour  infirmer  ou  affirmer  ce  fait;  mais 
ce  qu'il  y  a  de  sur,  c'est  que  le  19*  chapilre  de  Texemplaire  que  nous 
venons  de  décrire  et  qui  appartient  à  la  bibliothèque  imperiale,  traite  pré- 
cisément  des  malières  signalées  par  la  Biographie  Didot  comme  appar^ 
tenant  à  un  vinglième  livre. 

Volti  le  titre  du  livre  XIX  de  l'édition  de  Tbolosa  : 

Libro  XIX.  De  los  colores,  de  los  olores,  de  los  sabores ,  et  de  los 
liquores  ,  et  de  los  huefws,,  et  de  la  diferen^a  de  los  numeros ,  et  de 
los  medidos  et  pesos^  de  los  sones  de  musica  et  de  sus  propriedades. 

La  première  édition,  avec  date  certaine  du  livre  de Glain ville,  parut 
à  Strasbourg  en  1480.  Il  ne  tarda  pas  à  étre  Iraduit  dans  toutes  les  lan- 
gues.  On  est  à  peu  près  sur  que  Will.  Gaxton  en  publia  une  traduction 
anglaise  vers  1470. 

La  première  traduction  fran^aise  datée  est  celle  de  Jean  Gorbichon. 
Elle  a  été  imprimée  a  Lyon  en  1482,  par  Mattbieu  Hus  (J.-Gh.  Brunet, 
art.  Glanvilte). 

N""  17.  Mendez,  après  avoir  reproduit,  p.  138  (èdit.  de  Madrid,  1866), 
lamarque  de  Henri  Mayer  (2),  ajoute  :  «  El  mismo  escudo,  aunque  mas 


(4)  Ce  20«  chapitre  a-t-il  réellement  existé?  Nous  en  doutons  ;  car  voici  ce  qu*on  lit  dans 
la  traduction  de  Jean  Gorbichon,  sous  la  rubrique  suivante  :  De  la  réeapiiulation  de  ce  qui  est 
dit  exlviii, 

a  Ce  qui  est  briefuement  dit  des  accldens  des  cboses  naturelies  ,  si  comme  des  couleurs, 
»  J«*s  saucurs  des  odcurs  :  des  liqueurs  :  des  mesures  des  poys  :  des  voix  :  et  des  sons 
»  suffise  quant  à  présent  :  car  je  croy  que  aux  rudes  et  petis  comme  je  suis  doit  suffisé  (He); 
j»  ce  qui  est  dirige  en  xix  parties  de  ce  volume  des  propri étés  des  choses  naturelies...  » 

{%)  Au  mois  de  septembre4865,  en  poursuivant  à  la  bibliothèque  imperiale  nes  recherdies 
sur  les  incunables  toulousains ,  nous  trouvAmes  dans  un  volume  imprimé  par  Henri  Mayer  : 
SI  libro  de  proprietatibue  rerum ,  la  marque  de  cct  imprlmeur ,  que  Téditeur  de  Mendez  a 
reproduite  en  négligeant  tout^fois  Ics  points  placés  sur  les  jambages  du  m.  (V.  Bevue  de 
TomIoiim,  mai  4866.) 


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—  408  — 

»  redocido ,  se  encuentra  en  el  libro  del  dialogo  del  bienaventurado 
»  senor  san  Gregorio  papa  :  en  el  cual  no  se  espreso  lugar  dì  fecha  de 
»  ano  de  impresion.  i> 

G'est  dono  un  onvrage  de  plas  a  ajouter  à  la  liste  de  ceux  imprìmés 
par  H.  Mayer.  Il  est  fàcbenx  que  Mendez  n'ait  pas  pris  la  peine  de  décrire 
celle  édition  des  Dialogues  de  saint  Grégoire. 

Elle  D'est  pas  naeDUonnée  dans  le  Manuel  de  M.  J.-Gh.  Brunet. 

N*  18.  Arrestum  querele. 

In  fine  :  Arestum  querele  de  novis  dissaisinis  finii  felidter.  Impres- 
sum  Tholose  die  septimo  mensis  decembris.  Anno  Domini  milleHmo 
quadringentesimo  nonagesimo  sexto  (1496). 

In4''  goth.  de  12  ff.;  2  cahiers  de  6  flf.  chaque  ;  saos  chiff.  ni  réclam. 
Signat.  a-b.  (gotb.)  à  longues  lignes  de  51  par  pp.  enlières. 

Le  titre,  sur  une  seule  ligoe,  est  en  lettres  gotbiqoes  absolaroent  sem- 
blables  à  celtes  des  tétes  de  cbapitre  de  Ylmitation  et  da  Stiliti  parla- 
menti (no  4,  3*  partie).  Le  texte  est  en  leltres  plus  petites  qne  celles  des 
deax  volames  que  nous  venons  de  citer.  Nous  n'bésìtons  pas  à  attribuer 
à  Henri  Mayer  celle  3'  édition  de  V Arestum  querele  (v.  les  n~  i  et  10  de 
la  2^  parile). 

Le  papier  est  fort^  d'un  blanc  un  peu  roux.  Il  a  pour  filigrane  un 
écusson  fleurdelisé  (v.  pi.  2 ,  fig.  20). 

Une  cbose  digne  de  remarque,  c'est  que  cet  écusson  est  lout  à  fait  sem* 
blable  aux  armes  des  comtes  d'Eslaing ,  et  que  ce  volume,  qui  appar- 
tieni à  la  bibiiolbèque  de  Rodez  (fonds  des  Cbartreux),  porte,  sur  le  titre, 
la  signature  d'un  membre  de  celle  famille  illustre  :  P.  Destaings.  Celle 
famille  possédail-elle  une  papeterie  sur  le  Lot  ?  Cela  nous  expliquerait 
le  dessin  du  filigrane  (1). 

N^  19.  De  ludo  scachorum. 


(4)  Les  d'Eslaing  portaìent  d'azur  à  3  fleurs  de  lis  d'or  »  su  chef  de  méme.  —  On  troove 
ce  filigrane  dans  le  papier  des  livres  imprìmés  à  Cotogne,  loh.  Guldenschoff.  —  A  BruxeUeSf 
Fratret  eommunis  vita, 
A  Paris,  Voeahulariui  viriusqw  jurii,  4476. 

Idem,  Adveritu  heretieoi,  Gttill.  Ockam. 
Idem,  Liber  ientmtiarumf  Gregorius  Ariminius. 
A  Lyon,  Da  proprietatibus  rerum.  S.  1.  et  ao. 


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—  409  — 

En  tòte  du  2«  f.  oq  Ut  : 

Incipit  libellìis  de  ludo  scachorum  et  de  dictis  factisque  nobilium 
virorum  philosophorum  et  antiquorum  prologus  libelli. 

In  fine  :  Explicit  doctrine  vel  morum  informatio  accepta  de  modo 
et  ordine  ludi  scachorum.  Beo  gratias. 

In-i""  goth.  de  60  flf.  de  29  lignes  aux  pp.  entières.  S.  1.  et  a*>,  s.  chiflf. 
ni  réclam.  Signat.  a-h.  —  Tous  les  cahiers  sont  de  8  ff. ,  exceptè  le  der- 
nier,  qui  n'en  a  qae  4.  Le  1*^  f.  est  blanc.  Il  oe  porte  au  reclo  que  le 
titre  sur  une  seule  ligne.  Le  papier  a  pour  filigrane  la  main  qui  bénit. 

Cet  exemplaire  est  celui  cité  par  M.  de  Castellane  {loc.  dt.,  p.  13). 
Get  autear,  en  comparant  cette  2*  édition  a  la  précédente  (n""  i,  V^  sèrie), 
ajoQte  :  «  Le  papier  et  les  caractères  sont  meilleurs  ;  da  reste  ^  aucon 
changement,  eie.  » 

Aacun  changemenl  dans  le  texte ,  sans  doute  ;  mais  il  y  en  a  beau- 
coup  dans  l'impression.  Le  papier  est  plus  fin ,  plus  blanc  que  celui  de 
rédilion  de  1476.  Les  caractères,  qui  ont  7  poinls  typographiques ,  sont 
évidemment  d'une  epoque  plus  avancée,  et  se  rapprochent  beaucoup  de 
ceux  de  VArestum  querele  de  1496. 


QUATRIÈME  GROUPE  (de  1491  a  1500). 

JEAN  DE  GUERLINS. 
TypoflpraplieB  inconnu». 

N^  1.  Les  ordonnances  faictes  par  le  Roy  nostre  Sire  touchant  le  fait 
de  la  iustice  du  pays  de  Languedoc  leuees  publiees  et  enregistrees  en 
la  court  de  parlement  de  Tholose. 

A  la  fin  :  Cy  finissent  les  ordonnances  Royaulx. 

Impressus  Tholose  per  Magistrum  Johannem  de  Guerlins  (1). 

(I)  Quoique  le  titre  du  livre  en  indique  assez  le  sujet,  nous  alIoDS  en  citer  deux  ou 
trois  passages  qui  en  feront  comprendre  Timportance  et  Tesprìt. 
a... Gomme  les  gens  dea  trois  estata  de  nostre  paia  de  Languedoc  nous  ayent  pluaieura  foiz 


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—  i\Q  — 

Iq-8''  goth.  y  de  32  ff.  de  32  lig.  aux  pp.  entières.  Les  caractères  soQt 
très-nets,  fort  petits  et  ont  a  peine  cinq  points  typographiqaes. 

Quoique  sans  date,  nous  pensons  que  ces  ordonnaDces  ont  été  impri- 
mées  à  Toulouse  dans  les  premiers  mois  de  TanDée  1491  ;  car  on  Ut,  à 
la  fin  du  106'  artìcle  :  «  Donne  à  Moalins  xxviij  (sic)  jour  de  décembre 

fait  supplier  et  rcquerir  que  nostre  plaisir  fut  faìrc  donDcr  ordre  on  fait  de  la  justioe  police  et 
entretenement  dìceluy  pays  reparer  et  faire  cesser  tous  abbuz  exactions  detrìmens  et  domai- 
ges  que  noz  subjectz  ont  porte  et  portent  chescun  jour  tant  à  cause  de  la  grant  multitude  et 
nombre  excessif  des  notaires  sergens  et  autres  menuz  officiers  qui  sont  audit  paia  connu  au 
moyen  des  multiplications  des  proces  immorteli  qui  y  affluent  proliei tes  des  proces  et  prò- 
cedures  grans  escriptz  forme  de  proceder  on  Cait  de  playdoirìes  salaires  de  juges  advocatz 
procureurs  greffiers  et  coramissaìres  le  stille  du  petit  seel  de  Montpellier,  et  aussy  au  moyen 
de  la  diversite  et  confusion  des  provisions  lettres  et  mandemens  que  sont  continuellement 
donnees  par  la  chancellerie  de  Tholose  et  les  seneschaulx  et  juges  dudit  pais  dont  s'ensuy- 
vent  les  ditz  proces  et  plusieurs  autres  abbuz  faultes  et  desordres  prejudiciables  a  tote  la 
chose  publique  de  notre  pais.  sur  quoy  nous  obstemperent  de  tres  bon  cueur  a  la  requeste 
des  dittes  gens  des  ditz  estatz  pour  le  ^rant  desir  que  nous  avons  de  pourveoir  aux  choses 
dessusdittes  et  soulager  nos  ditz  subjectz  eussions  des  les  estatz  derniers  tenuz  on  dit  pais 
fais  communiquer  et  praticquer  avecques  euls  par  nous  commissaires  pour  adviser,  etc,  etc.  » 

Voici  maintenant  quelques-unes  des  modifications  apportées  à  Tétat  de  cboses  dont  se 
plaignaient  les  requérants  : 

altem,  pour  relever  le  peuple  des  grans  fraiz  et  tauxations  des  notaires  qui  exigent  grana 
sommes  de  deniers  des  proces  qui  se  font  de  pctites  choses  teilement  que  souveiiteffoiz  les 
fraiz  montent  plus  que  le  prìucipal  a  este  ordonne  que  des  proces  qui  seront  doresnavant 
esdictes  cours  ou  il  ne  sera  questìon  que  de  trois  livres  tournois  une  fois  poter  ou  au  des- 
soubz.  se  vuyderont  les  ditz  procez  sommairement  et  de  plain.  et  nen  sera  receue  que 
la  premiere  appeilation  au  pro^hain  juge  royal  a  qui  il  appertiendra  lequel  fera  apporter  de- 
verà luy  le  proces  in  prima  figura  sans  grosser... 

D  Item,  et  pour  pourveoir  aux  querelies  et  plainctes  que  on  fait  des  tauxations  excessi ves 
des  voyages  et  commissions  des  juges  mages  lieutenans  et  autres  subroguez  a  faire  enquestes 
executions  d'arrestz  ou  autres  commissions  A  esté  advise  et  ordonne  que  dorsnavant  les 
ditz  juges  mages  lieutenans  de  seneschal  clero  ou  lay  seront  payez  a  deux  escutz  petitz 
par  jour  vallans  cinquanta  et  cinq  solz  tournoys  et  leur  despens  moderez  et  raisonnables  a 
trois  chevaulx  seuUement  et  non  plus  sur  peine  de  lamende  et  de  suspension  de  leurs  offl- 
ces,  etc.,  etc... 

9  /r«m,  les  dictz  notaires  en  ordonnant  les  proces  nommeront  à  la  premiere  journee  les  noms 
du  magistrast  et  des  autres  parties  et  advocatz  dicelle  qui  comparesttront  en  la  cause  et  es 
contiuuations  des  journeez  ne  y  reitereront  les  noms  des  dictes  parties  advocatz  et  procu- 
reurs sy  non  qu*il  y  eust  mulation  diceiles  parties  advocatz  et  procureurs  mais  seulement  y 
mettront  eomparentibui  coram  tali  judiee  vel  lowmtenenti ,  delaissant  les  parolles  superflues 
dont  les  dictz  notaires  ont  accouslume  de  vser  pour  accumuler  leurs  proces  sans  aucun 
fruit  ..  9 


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»  laQ  de  grace  mil  quatre  cens  qaatre  viDgts  et  dix  el  de  notrc  règne 
»  le  huicliesme.  »  Au-dessous  du  liire  se  Irouve  Técusson  royal. 

Cest ,  jusqu'à  présent,  le  premier  incunable  toulousain ,  de  format 
in-8®,  que  noQs  ayons  reoconlré. 

N®  2.  Ad  vsum  ecclesie  atixitane  missale  feliciter  incipit. 

In  fine  : 

Liber  missalis  ad  vsum  ecclesie  metropolitane  Sancte  Marie  auxis 
ductu  et  impensa  nobilissimi  viri  Hugonis  de  Cossio  mercatoris  Tolo- 
sani.  Impressus  ad  lauderà  dei  ejusdemque  intemerate  virginis  Marie 
felici  sidere  explicit.  Anno  Domini  Mxcccxcj.  die  vero  xiiij.  mensis 
aprilis. 

Pet.  ÌD-foI.  golh.,  à  2  col.,  23  lìgnes  aux  pp.  enlières.  294  flf.  chiffrés^ 
signés  a-aa-gg-À-C,  précédés  de  8  flf.  limin.  non  chiffr.,  doDt  le  premier 
est  bl.,  et  qui  out  pour  signat.  +  i-iiij.  Toas  les  cahiers  sont  de  8  flf. , 
excepté  G,  qai  n'en  a  qae  6.  Le  cahler  t  renferme  deax  gravures  sur  bois, 
une  au  verso  du  f.  l  iij,  représentanl  le  Cruciflement  de  N.-S. ,  et  Tau- 
tre,  au  redo  du  f.  liiij,  représenlant  la  Résurreclion  des  morts.  Ces  gra- 
vures soni  siguées  des  iniliales  I  D. 

i.es  caractères  sout  de  deux  grandeurs  :  le  plus  graud  a  10  points 
typographiques,  et  le  plus  petit  en  a  8.  Les  rubriques  et  la  vignette  sont 
imprimées  eu  rouge. 

Le  papier  a  pour  filigrane  un  serpent  couronné  (v.  pi.  2,  flg.  22), 
que  nous  avìons  déjà  trouvé  dans  le  Marcus  Tullius  Cicero^  de  o/ficiis 
amicitia  senectute.  In-fol. ,  imprimé  a  Lyon-,  per  Ioannem  de  Prato, 
en  1492. 

Àu-dessaus  de  la  souscripUon  finale  se  trouve  une  vignette ,  ayant  la 
forme  d'un  carré  long,  au  centro  de  laquelle  est  un  écu  en  losange,  sou- 
tenu  par  deux  génies  ailés  enlièrement  nus. 

Le  Missel  d!Auch  apparlient  au  grand  séminaire  de  celle  ville.  L'exem- 
plaire  est  assez  bien  conserve ,  et ,  quoiqu'il  ait  été  plusieurs  fois  relié , 
il  a  encore  31  cent,  de  hauteur  (1). 


(4)  W  nous  a  été  mgnalé  par  M.  Aloys  Kunc*  organiste  fort  érudit,  et  c*estsur  sa  demande 
que  M .  Tabbé  Couture  a  bien  voulu  nous  adresser  la  description  de  ce  curieux  incuiiable. 
Nous  prions  ces  messieurs  d'agréer  ici  Texpression  de  notre  grati tude. 


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—  142  — 

Ce  mìssel  a-til  èté  rèellement  imprimé  a  Toolouse?  Noas  n'osons  TafOr- 
mer,  bien  qa'il  ait  été  exécuté  par  le  commandement  et  aux  dépens  de 
très-noble  Hugues  de  Gos  y  marctiand  de  Toulouse  ,  qui ,  treize  ans  plus 
tard,  en  1504,  fut  promu  au  capiloulat. 

La  marque  du  papier,  qae  dous  avions  déjà  rencontrée  dans  le  Cice- 
ron  de  Jean  Dupré,  de  Lyon  ,  nous  ferali  pencher  pour  la  negative ,  si 
noas  ne  savions  qoe  les  incanables  lyonnais  et  les  incunables  tonlou- 
sains  ont  élè  soavent  imprimès  sar  des  papiers  portant  le  méme  filigrane. 
Toutefois,  tanl  que  nous  n'aurons  pas  trouvè  le  serpent  (v.  pi.  2,  flg.  22) 
dans  un  incunable  toulousaìn ,  nous  aurons  lout  lieu  de  croire  que  le 
missel  d'Àuch  est  sorti  des  presses  lyonnaises.  Une  circonstance  tonte 
particulière  viendrait  à  l'appui  de  cette  opinion. 

Nous  possédons  un  missel  de  Toulouse,  imprimé  à  Lyon  en  1524  (1), 
et  la  bibliotbèque  de  Toulouse  en  possedè  un  aulre ,  imprimé  a  Paris  en 
1552  (2).  N'est-il  pas  surprenant,  si  le  missel  d'Àuch  a  été  imprimé  en 
1491  a  Toulouse  9  de  voir,  trente-trois  ans  après ,  le  missel  de  Toulouse 
imprimé  à  Lyon,  d'abord,  et  quelques  années  plus  tard  à  Parisi 

Si  Fon  veni  bien  se  rappeler  que,  dès  la  fin  du  quinzième  siècle ,  — 
et  cela  se  volt  encore  de  nos  jours,  —  un  grand  nombre  d'imprimeurs 
se  livrait  exclusivement  à  Timpression  des  livres  de  liturgie ,  missels , 
brévìaires,  livres  d'heures,  etc,  le  fait  que  nous  venons  de  signaler  pa- 
raftra  moins  extraordinaire. 

N^  3.  Les  ordonnances  faictes  par  le  Roy  nostre  Syre  touchant  le 
fait  de  la  justice  des  pays  de  Languedoc  leues  publieez  et  enregistreez 
en  la  court  de  parlement  de  Tholose: 

A  la  fin  : 

Gy  achevent  les  ordonnances  faictes  par  le  Roy  nostre  Syre  tou- 
chant le  fait  de  la  juslice  du  pais  de  Languedoc  leues  publieez  et  en- 


(4)  MUiale  ad  vtum  eeeleiie  metropolitane  Saneti^Stephani  Tholoie.,.  In  fine  :  Minali  ad 
vmm  ecclesie  metropolitane  Sancti-Stephani  Tholose  nuperrime  speeiosis  characteribus  Lugdtmi 
per  Dionysium  de  Harsy  diligenter  impressum  : ...  Anno  natalis  Domini ,  M.cecccxx.iiii»  Iji-4o 
goth.,  à  %  col.,  37  ligDes  aux  pp.  entières;  caractères  rouges  et  noìrs;  fig.  daDs  le  texte; 
papier  fort.  Pour  filigrane,  une  petite  fleur  de  lis  dani  le  bas.  de  la  marge  intórieure. 

(2)  Missale  ad  vsum  insignis  ecclesie  ThoUnane  Sancti-Stephani  prQthomartyrie.,.  Prostat 
Pariaiis  apud  Gulielmum  Merlin  455S.  In  fol. 


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—  443  — 

regisireez  en  la  court  de  parlement  de  Tholose  le  xxviij.  Jour  d^auril 
lan  mil.cccc.lxxxxi.  (1491). 

Io-i''  goth.  de  30  fi.,  ayant  30  lìgnes  aux  pp.  entières;  —  quel- 
ques-UDes  n'en  ont  que  29.  Saos  chiff.  ni  réclam.  Signat.  AD.  Les 
cahiers  soDt  de  8  fi.,  excepté  la  lettre  D  ^  qui  n'en  a  que  6  ;  —  le  papier 
est  roui,  d'une  épaisseur  variable  ;  il  a  pour  filigrane  le  B,  déjà  men- 
tionné. 

Sur  le  recto  du  1"  f.,  au-dessous  des  cinq  lignes  dont  le  titre  est  com- 
pose, se  trouve  une  gravure  sur  bois  représentant  le  roi ,  assis  sur  son 
tròno,  et  s'enlretenant  avec  des  hommes  de  loi.  Le  verso  de  ce  méme 
f.  est  rempli  en  entier  par  une  autre  gravure  sur  bois ,  représentant  un 
juge  portant  Fépitoge  herminée ,  assis  dans  une  chaire ,  et  tenant  un 
livre  ouvert  sur  ses  genoui.  Celle  gravure  se  trouve  reproduite  au  verso 
du  dernier  f.  (v.  pi.  10,  flg.  1). 

Ges  deui  éditions  des  Ordonnances  touchant  le  fait  de  la  justice  du 
pays  de  LanguedoCy  datées  de  Moulins  le  28  décembre  1490,  furent 
très-certainement  imprimées  a  Toulouse,  peu  de  temps  après  leur  promul- 
gation. 

L'édition  in-8^  (n^  1),  signée  par  Jean  de  Guerlins,  est  le  premier  livre 
sur  lequel  se  trouve  le  nom  de  ce  typograpbe ,  que  nous  retrouverons 
au  seizième  siede,  et  dont  nous  nous  sommes  longuement  occupé  dans  un 
mémoire  publié  tout  récemment. 

L'édition  in^""  (n""  2) ,  n'est  malheureusement  pas  signée,  et  nous  le 
regrettons ,  car  la  forme  parliculière  des  caractères  dont  on  s'est  servi 
s'éloigne  tellement  de  celle  des  types  menlionnés  jusqu'ici  (v.  pi.  10, 
fig.  2),  qu'elle  nous  révèle  Texìslence  d'un  typograpbe  inconnu  auquel 
nous  devons  la  plupart  des  ouvrages  renfermés  dans  ce  4*  groupe. 

Personne  n'ignoro  que  ces  Ordonnances  ont  élé  souvent  imprimées 
dans  les  dernières  années  du  quinzième  siede.  Ce  fut  donc ,  entre 
Guerlins  et  son  coUègue ,  une  affaire  de  concurrence.  Laquelle  de  ces 
deui  éditions  parut  la  première?  Nous  ne  saurions  le  dire.  Pourtant ,  si 
nous  nous  en  rapporlons  à  la  date  de  Tenregistrement  en  la  Cour  du 
parlement y  l'édition  de  Guerlins  aurait  paru  la  première.  En  effet,  elle 
porte  la  date  du  28  décembre  1490,  tandis  que  l'autre  porte  celle  du 
28  avril  1491.  Quoi  qu'il  en  soit,  Timportant  pour  nous,  c'est  de  con- 

45 


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stàter  qQ6  Jean  de  Goerlins  imprìmail  à  Tooloase  en  1491  et  peat^tre 
avant. 
N*  4.  La  Danse  Macabre.  Oa  Ut  a  la  fin  les  vers  saivaots  : 

Arti  nova  ptéstos  $%  Mmit  mente  Hbellai 
Ingenium  totiem  exuperavit  opus 
NuUui  adhuo  potuit  huju$  eontingere  nimmiim. 
Ars  modo  plura  nequit,  ars  dsdU  omns  swtm. 
Vir  fuit  istud  opus  quod  eondUor  indieat  ejus  (4). 

La  soQscription  suivante  termine  le  volarne  :  Cy  finist  la  Danse  Maca- 
bre augmentée  de  plusieurs  beaux  dit,  et  les  troisvifsetlestroisrnors 
ensemble  nouvellement  composes  et  imprimez  lan  mil.ccccdxxxxij 
(1492). 

In^""  goth.,  de  26  ff.  de  24  lignes  aux  pp.  entières,  une  seuleen  a  29, 
s.  chiffr.  ni  réclam.;  signat.  a-d.  Cbaque  cablerà  6  flf.,  excepté  le  pre- 
mier, qui  en  a  8.  Le  papier,  un  peu  grìs,  a  pour  filigrane  le  croissant. 

M.  A.  Glaudin,  qui  voulut  bien  nous  confier  cette  rarissime  plaqueite , 
Tayant  comparée  avec  nolre  exemplaire  des  Ordonnances  enregistrées 
au  parlement  de  Toulouse  le  S8  avril  i49i,  fui  frappé^  comme  nous, 
de  la  ressemblance  qui  eiiste  entre  ces  deui  impressions,  et  nous  n'hé- 
sit&mes  pas,  Tun  et  Taulre ,  à  les  altribuer  aux  presses  toulousaines.  En 
y  réfiécbissant  davantage ,  et  après  avoir  pris  Tavis  de  quelques  bi- 
bliophiles ,  la  conviction  de  M.  Ciaudin  a  molli  y  et  «  il  est  porte  a 
croire.i»  nous  écritil,  «  que  ces  éditions  sont  sorties  des  presses  lyon- 
»  naises,  ou  bien,  —  si  elles  ont  été  imprimées  à  Toulouse,  —  qu'un 
»  imprimeur  de  Lyon  aura  cède  à  son  coUègue  de  Toulouse  une  fonte 
»  de  caraclères.  » 

Cette  opinion,  de  la  part  d'un  homme  qui  s'occupe  depuis  longtemps , 

(4)  Ne  comprenaDt  rieD  au  sena  de  ce  méchant  latin,  nous  allions  définitivement  jeter, 
comme  on  dit,  notre  langue  aux  chiens,  lorsque  Tidée  nous  vint  de  soumetlre  le  problème 
à  un  jeune  bénédictin  de  nos  amis,  grand  déchiffreur  de  grìmoire.  La  solution  ne  se  flt  pas 
attendre;  la  void  : 

e  Dans  ces  petits  livrea  imprìmés  par  un  art  nouvean  l'esprit  reste  de  beaucoup  supé- 
»  rieur  à  Tceuvre  :  l'esprit  a  des  sommets  que  personne  n'a  encore  atteints.  lei,  l'art,  au 
»  contraire,  ne  peut  rien  davantage  :  il  a  donne  toute  sa  mesure  ;  et  l'on  voit  à  ce  signe 
»  qu'un  horame,  et  rien  qu'un  homme,  est  l'auteur  de  cet  ouvrage.  i 


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—  416  — 

avec  ardeur  ^  de  l'histoire  de  l'imprimerie  dans  les  anciennes  provin- 
ces  de  France  a  jeté  le  doate  dans  nolre  esprit. 

Les  docoments  nous  manquent  pour  trancher  la  questioo ,  car  ce 
n'est  pas  chose  facile  qae  de  coostater  ridenlité  parfaite  des  impres- 
sioDS,  absque  nota,  da  qaiDzième  siede.  Ponr  arriver  a  une  conclusìon 
évideole,  il  faut  avoir  soqs  les  yeui  les  pièces  en  litige,  les  confrooter 
entre  elles,  relever  leurs  alphabels,  et  jager,  en  un  mot,  avec  con- 
naissance  de  canse. 

Malbenreusement,  de  semblables  rechercbes  sont  impossibles  aui  Ira- 
vailleurs  de  province;  on  le  comprend  aisément,  car,  éioignés  des  gran- 
des  coUecUons  de  livres,  ils  n'ont,  en  general,  à  leur  dìsposition  que 
les  traités  courants  de  bibliographie,  Iraités  d'aulant  plus  insuffisants 
pour  résoudre  le  problème  pose,  qu'ils  manquent  entièrement  de  ce 
que  Fon  nous  permellra  d'appeler  l'élément  plastique. 

Quels  services,  en  effet,  n'eussent  pas  rendus  à  ces  bibliographes 
exilés  les  La  Serna-Santander,  les  J.-Ch.  Brunet,  les  Pérìcaud,  ete.,  etc., 
slls  avaienl  joint  a  leurs  ouvrages  les  facsimile  et  les  alpbabets  des  in- 
cunables  importants  qulmprioìèrent  au  quinzième  siede  les  typographes 
en  renona  ! 

N*  5.  VUnion  des  Pr incesa  —  Dans  la  colleclion  Ricard  exisle  une 
pièce  de  415  vers,  divisés  en  slrophes  de  4,  8,  10,  etc.  vers.  Elle  a  10 
ff.  in^^"  (un  Cahier  de  6  ff.  et  un  de  4).  Goth.,  s.  1.  et  a""  (1491),  s.  chif* 
fr.  ni  réclam.  ;  signal.  ab,  24  à  26  vers  par  page. 

Le  f.  a-j  manquant  à  Texemplaire,  nous  ne  pouvons  pas  en  donner 
le  titre  eiact. 

Colte  pièce  est  un  dialogue  entre  VVnion,  la  Division  et  la  Paix, 
Elle  est  relative  à  la  paix  survenue  entre  Charles  Vili  et  le  due  d'Or- 
léans, après  le  marìage  ou  au  moment  du  mariage  du  roi  avec  Anne 
de  Bretagne. 

La  date  de  cotte  pièce  est  facile  à  deviner  ;  on  la  trouve  dans  la  der- 
nière  strophe,  sous  forme  de  mauvais  rèbus,  la  voici  : 


DiyiSION. 


VfmUm  des  prinees  nomme 
Je  «Ufi  qui  fui  eouche  en  rime 


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—  416  — 

Lan  par  ces  lettru  wjtrime 
Mais  qui  peut  sxprimer  V exprime 
Il  fut  de  plwnei  de  geline 
Quatreeens,  dont  Vune  lexprime 
QuatrivingU  galaiH»  de  tarine 
Onxe  foys  ont  leu  le  iouseript. 

Papier  fort.  Poar  flligrane  la  roue  dentée.  Non  mentiooné  dans  le 
ManiieL 

N*  6.  Les  articles  de  la  paix  et  accord  demierement  fait  (sic)  entre 
le  treschretien  roy  de  France  dune  pari.  Et  le  roy  des  Romaim  tous- 
iours  auguste  (Pautre  pari. 

In-if"  gotti.»  de  18  ff.  dont  le  dernier  est  blaac;  sans  chiffr.  ni  ré- 
clam.;  sigQat.  a-c,  trois  cahiers  de  6  ff.  cliaque. 

Le  1*'  f.,  presque  enlièremeot  déchìré,  portail,  probablement,  une 
gravure  sur  bois,   aa-dessoas  de  laqueile  étaìt  le  titre  dont  on  peut 
lire  eucore  les  fragments  restauts  : 
Articles  de  la 
fait  eotre  le 
dune  part 
jours  auguste 

Papier  gris,  très-épais.  Il  a  pour  filigrane  le  croissant. 

Ce  livre  renferme  le  trai  té  de  paix  entre  le  roi  Charles  Vili,  d'une 
part,  et  Maximilien  I'',  roi  des  Romains,  et  son  flls  Philippe,  archiduc 
d'Autriche,  de  Tautre  (pour  la  remise  de  Marguerite  d'Autriche),  à  Senlis, 
le  25  mai  1493  (1). 

Les  préliminaires  et  la  promulgation  dù  traité  de  paix  ont  été  sup- 
primés  dans  l'exemplaire  que  nous  venons  de  décrire  et  qui  faisait  partie 
de  la  coUection  Ricard. 

N^  7.  Les  Ordonnances  Royalles  faictes  par  le  Roy  nostre  Sire 
au£C  les  princes  et  gens  de  son  sang  et  son  grand  conseil  sur  le  faict 
de  la  justice,  tant  de  marchandiseSj  apressiemens  de  vivres  et  pris 
de  monnoyes  Auec  la  table  et  plusieurs  autres  choses.  lesquelles  ne 
sont  point  es  autres  imprimees,  leues,  publiees  et  enregistrees  au 

(4)  V.  Recueil  des  Traités  de  paix,  etc.,  par  Fred.  Léonard.  Paris,  4693,  t.  I,  p.  354. 


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—  447  - 

parkment  de  Thoulouse.  Present  monsHgneur  dAlby  commissaire 
deppute  par  le  Ray. 

Au  recto  da  55*  f.  od  Ut  : 

Donne  a  ThotUouse  le  xxijour  du  moys  daoust  fon  de  grace  1499 
et  de  nostre  regne  le  secand. 

Id-4^  goth.  de  10-58  ff.,  sans  chiffr.  dì  réclam.  ;  sigDat.  A-a^.  Sur 
le  recto  da  l**  f.  UDe  gravare  sar  bois  représeDte  le  rei  remettaat  ses 
ordoDDaDces  aoi  magistrats.  Pour  flligraDe  la  lettre  B.  —  ProveaaDce  : 
bibliolhèqae  de  Toaloase»  d'  129  (1). 

Aa  bas  da  recto  da  deraier  f.,  Taa  des  propriétaires  de  ce  volarne 
a  écrit  :  Hujusmodi  liber  ordinationum  Regiarum  fuit  emptus  per 
me  Boezy  infrascriptum  studentem  in  vrbe  Tholosana  decimo  trium 
solidos  tumoy  (2).  anno  Domini  millesimo  quinquagesimo  t;l^(1505). 

Boezy. 

Cet  oavrage  est  probablemeat  le  méme  qae  celai  porte  ao  Cat.  Bigot 
(Parisiis,  1706,  iD-12,  p.  110),  soas  ce  titre  : 

Ordonnances  des  Rois  Charles  Vili  et  Louis  XII,  sur  le  fait  de  la 
justice.  Toaloase,  1499. 

N*  8.  La  confession  generale  de  frère  Olivier  Maillard. 

iD-i^'goth.,  de  6  ou  8  fF.,  saas  chiffr.  dì  réclam.;  sìgoat.  a.  —  28 
lìgDes  aax  pp.  eotìères  ;  saas  flligraDe. 

Cet  eiemplaìre  apparUeat  à  la  coUectioD  Rìcard  ;  mais  comme  le  pre- 
mier et  le  derDìer  f.  maaqueDt,  il  dous  eùt  été  difflcile  d'ea  formaler 
le  titre  si  Doas  D'avioDS  pu  comparer  le  tolte  avec  le  texte  patoìs  de  la 
Confession  generala  de  frayre  Olivier  Mailhart  (sic)  en  languatge  de 
Tholosa,  qae  Doas  avioDs  soas  les  yeax. 

Maillard,  cbassé  de  Paris,  se  réfagia  à  Toaloase,  vers  la  fio  de  TaDDée 
U99,  OD  il  moarat  od  1502.  C'est  bieo  certaiaemeat  peadaot  TémotioD 
profoDde  qa'il  prodaisit  sar  ses  aaditears,  qae  Tod  imprima  à  Toaloase 
plasiears  de  ses  oavrages. 

11  De  faat  pas  coofoDdre  la  Confession  generale  de  frère  Olivier 


(4)  Cet  exemplaire  est  celui  de  Secousse.  Le  nom  et  les  armes  du  célèbre  bistorien  se 
trouvent  sur  la  garde  du  volume. 
(t)  Environ  4  fr.  50  e.  de  notre  moDDaie. 


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-  448  - 

Maillardy  dont  nous  parloQS  ici,  avec  un  livre  portaot  le  méme  litre 
et  imprimé  à  Paris  d'abord,  en  1481 ,  et  réimprimé  plus  tard  sans 
date. 

Ce  deroier  ouvrage  est  un  Examen  de  comcience  qai  roule  sur  les 
Commandemeats  de  Dieu  ;  tandis  que  Taotre  décrit  toat  simplemeot  la 
manière  de  se  confesser ,  en  indiquaat  prolixernent  tous  les  péchés  que 
Fon  peut  commettre  par  les  cinq  seus,  etc,  etc. 

Ce  dernier  opuscule  a  été  imprimé  plusieurs  fois,  pendant  la  fin  du 
quiuzième  siede  et  pendant  le  seizième.  M.  Brunel  en  cite  plusieurs 
édìlions,  ainsi  que  M.  de  Castellane  [loc.  cit.). 

N®  9.  A  la  suite  de  la  Confession  generale  de  frère  Olivier  Mail- 
lard  y  on  trouve ,  dans  la  coUection  Ricard»  une  partie  de  6  ff.  in-4* 
goth.yàlaquelle  il  manque  le  1^  f.  et  la  fin. 

En  lisant  ces  ff.  incomplets,  il  est  facile  de  reconnaitre  quMls  faisaient 
parile  du  livre  intitulè  VArt  de  bien  mourir. 

Les  quatre  fig.  sur  bois  que  ces  ff.  renferment  ne  laissent  ancan 
doute  à  cet  égard.  En  voici  les  titres  : 

Temptation  du  dyable  de  la  foy. 

Benne  inspiration  par  lange  de  la  foy. 

Temptation  du  dyable  de  desesperation. 

Bonne  inspiration  de  lange  contre  desespérance. 

Papier  fort,  un  peu  gris;  pour  filigrane  la  roue  dentée. 

N®  10.  Lucidaire  en  francoys.  Pel.  in-4*  goth.  s.  1.  et  a*^,  à  lon- 
gues  lignes,  de  58  ff.,  non  chiffrés,  ayanl  24  lignes  aux  pp.  entières; 
sìgnat.  a-f.  Les  cahiers  sont  de  6  ff.,  eicepté  le  cabier  a.,  qui  en  a  8. 

Le  litre  est  place,  —  au  redo  du  1"  f.,  —  au-dessus  d'une  grande 
vignette  sur  bois,  de  15  V2  cenlim.  de  hauteur,  représenlant,  au  centre 
d'un  portique,  un  personnage  debout  (le  maitre,  sans  doute) ,  enveloppè 
d'une  longue  robe,  coiffé  d'une  petite  calotte,  et  s'appuyant  de  la  main 
droile  sur  un  bàton  autour  duquel  flotte  et  s'enroule  une  banderolle. 
Celle  vignette  est  reproduite  au  verso  du  tilre  (v.  pi.  9,  fig.  3). 

Le  2'  f.  commence  ainsi  :  Sensuit  le  lucidaire  francoys.  Quant  à 
parler  de  noblesse  espirituelle  cesi  la  plus  grani  noblesse  qui  soit  et 
que  hamme  puisse  se  auoir.  Cesi  dauoir  tousiours  son  cu£ur  et  son 
affection  a  son  createur  et  dacquerir  congnoissance  de  luy  et  de  ses 


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—  4i9  — 

ordonnances.  Camme  pourquay  fit  il  les  anges.  lemme  et  la  femme. 
mariage.  paradis  et  enfer  et  ant  ilz  sont.  et  pourquay  il  vaulut 
naistre  de  la  vierge  Marie,  et  gue  signifient  ses  faictz  et  ses  euures. 
et  aìMsi  de  lanthecrist.  et  des  trepassez  et  camment  an  se  doit  con- 
tesser  et  a  qui.  Or  enqì{erans  donc  quelques  unes  de  ces  choses 
camme  fait  le  disciple  qui  demando  a  san  maistre  et  le  maistre  res- 
pond  a  ses  demandes  camme  sensuit. 

Le  livre* finii  an  bas  du  redo  do  SS""  f.,  doDt  le  verso  est  blanc.  Le 
papier  est  fori,  un  pea  gris.  Il  a  poar  fllìgrane  uq  grand  B  comme  celai 
de  Le  schele  de  Paradis,  du  SUlus  parlamenti,  da  Pierre  de  Cas- 
traval,  etc,  eie. 

Placèe  après  la  Ymitadan  el  avant  les  Ordannances  tauchant  le  pays 
de  LanguedaCy  dans  le  recueil  de  M.  Ricard,  marqoée  da  méme  filigrane 
que  les  papiers  de  plusiears  livres  imprimés  aa  quinzième  siede  à  Tou- 
louse,  noas  n'hésitoos  pas  à  classer  celle  édilion  du  Lucidaire  en 
francays  parmi  les  incunabies  loulousains. 

Nous  croyons  devoir  indiquer  ici  la  Iraduclion  paloise  du  livre  pré- 
cédenl,  traduclion  signalée,  pour  la  première  fois,  par  M.  de  Castel- 
lane dans  son  Essai  de  catalague  chranalagique,  eie.,  p.  25, 26. 

Il  est  fàcheux  que  M.  de  Castellane,  qui  a  eu  enlre  ses  mains  les  frag- 
ments  de  cet  ouvrage  réduits  à  quelques  feuillets,  ne  nous  en  ail 
pas  donne  une  descrìption  plus  détaillée.  Sachons-lui  gre  cependanl 
de  l'avoìr  mentionné ,  el  de  nous  avoir  donne  le  facsimile  du  titre  el 
du'sommaire  qui  l'accompagne. 

La  rarelé  de  ce  fragmenl^  doni  nous  avons  vaìnemenl  rechercbé  la 
trace ,  nous  fall  un  devoir  de  reproduire  ici  les  passages  déjà  publiés 
par  M.  de  Castellane  : 

«  Al  present  libre  apelat  Lucidari.  » 

«  Dona  a  entendre  plusors  causas  mervilhosas  et  subtHas ,  las- 
»  quallas  demanda  lenfant  a  son  mestre,  quina  causa  es  Dieu, 
»  hont  era  Dieu  auant  que  fes  la  monde  (I)^  don  ven  la  piega  ^ 


(1)  Cotte  phrase  nous  remet  eQ  mémoire  un  opuscule  de  7  pages,  publió  dans  le  dix- 
septième  siècle,  et  ayant  pour  titre  :  Quelles  étaient  les  occupatiom  de  Dieu  avant  la  créatùm. 
(Y.  la  Rmm$  ritroepective,  n^  9,  juin  4834,  in-8o,  pp.  456-463.) 


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—  ISO  — 

»  Cam  se  engendra  lo  traneyre.  De  las  fadas.^Dels  quobelis  Faitilhe- 
»  ras.  Dels  sontges.  Coma  se  deu  hom  confessar  et  de  qui.  Com 
»  vendra  lantecrist.  Del  grani  iutgamen  de  Dieu.  Et  plusors  autt^is 
»  causas  ben  vtilas  et  proffitablas.  » 

<c  A  parlar  de  noblessa  espirituala  Ma  es  la  plus  granda  no- 
»  blessa  que  sia  et  que  lame  posqueaver ,  so  es  de  aver  son  cor  et 
»  son  affection  a  son  creator  et  de  aver  cognoissanssa  del  et  de  sas 
»  ordonensas ,  coma  et  per  quel  fec  los  angeles,  Ihome  et  la  fenna, 
»  mariage,  paradis  et  yfem,  et  ont  els  son,  perque  el  volguet  naisse 
»  de  la  verger  Mafia,  et  que  significan  ses  faits  et  sas  obras.  » 

A  la  fin  du  quinzième  siècle  et  dans  le  couraot  da  seizième ,  on  Ira- 
duisit  en  patois ,  —  enlo  lenguatge  de  Tholosa,  —  od  grand  nombre 
d'ouvrages  de  dévolioa  et  de  morale,  qui  sont  aojoard'hui  extrémement 
rares,  et  doQt  doqs  reproduirons  les  titres  à  la  date  de  leor  publication. 

NMl.  Quodlibetajuridica.  Tolos»,  in-16  (1). 

Maìltaire,  1. 1 ,  pars  prior ,  p.  790,  cite  cet  ouvrage,  sur  la  foi  de  La 
Caille. 

M.  de  Castellane  [loc.  cit.,  p.  23)  rindique  comme  ayanté té  imprimé  à 
TolosechezJacq.  Ck>lomiés  (sic)  (2),  et,  puisque  le  i''  volume  de  Mail- 
tairCj  dit-il,  ne  contieni  que  les  livres  quHl  a  crus  imprimés  avant  1500, 
OD  doit  en  conclure  qu'it  apparlient  aux  incunables  du  quinzième  siècle. 

Yoici  l'article  de  La  Caille  (3)  :  «  Année  1488.  A  Thoulouze,  on  im- 
»  prima,  en  1488,  Gommentaria  Thomas  de  Valois  in  D.  Augustin. 
»  de  civitate  Dei.  Il  y  fut  aussi  imprimé  avant  Fan  1500,  par  Jein- 
>  Jacques  Colomiez,  quot  libeta  juridica  in-lS.  Cette  famille  des 
»  Colomiez  a  toùjours  executé  l'art  de  Timprimerie  en  cotte  ville  el  est 
»  presentement  exercée  {sic)  par  Guillaume-Louis  Colomiez.  » 

MM2.  Rabbi  Samuel.  —  Epistola  Rabbi  Samuelis  Judei  :  ad 
rabbi  Ysaacjudeum  de  pìvfetiis  Veteris  Testamenti  secundum  trans- 
lationem  eorum  quibus  lex  judaica  destruitur  :  christianaque  religio 
aprobatur. 


(4)  Uu  ìn-46  au  quinzième  siècle? 

(t)  Les  Golomiés  n^apparaissent  qa'en  4649? 

(3)  Bisioire  de  l'imprimerie  et  de  la  librairie,  Paris,  Jean  de  La  Caille,  4689,  in-4«. 


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—  484  — 

In  fine  : 

ExpUcit  epistola  Rabbi  Samuelis  missa  Rabbi  Ysaac  et  supra  in 
proliemio  continetur  sub  anno  Domini  millesimo.  Jranslata  de  ara- 
bico in  latinum  per  fratrem  Alfonsum  boni  hominis  ordinis  predica- 
forum  sub  anno  Domini  M.ccc.xxxix. 

Id-4^  gotb.^  de  26  ff.  de  30  lignes  aux  pp.  entières ,  s.  1.  et  a"";  sans 
chiffr.  ni  réclam.;  signat.  A-D.  Le  1*'  f.  ne  porte  que  te  titre  en  4  lignes  ; 
le  verso  da  dernier  f.  est  blanc. 

Le  papier  est  épais,  cotonneux  ;  il  a  pour  filigrane  une  lète  de  bosuf 
d'une  forme  singulière.  (V.  pi.  2,  fig.  21.) 

Ce  livre  fait  parile  de  la  coUection  Ricard  et  nous  le  croyons»  par  cela 
méme,  imprimé  à  Touloase  vers  la  fin  da  quinzième  siede.  Non  men- 
lionné  dans  le  Manuel. 

N«  13.  iSOOf  —  Bertrand  (Nicolas)  —  Nicolai  Bertrandi  Gesta 
Tolosanorum,  fol.  Tolos.  1500. 

Mailtaire  (t.  I,  p.  471)  et  Prosper  Marchand  [ex  Catal.  Billaine, 
chil.  II,  p.  24)  se  soni  évìdemmenl  trompés.  Celle  édilion  n'a  jamais 
elisie.  Le  catalogue  Billaine,  ao  lieu  de  1515,  date  de  la  seule  édilion 
des  Gesta  Tolosanorum,  aura,  par  erreur,  mis  le  chiffre  1500,  cbiffre 
que  Mailtaire,  et  plus  tard  Marcband,  ont  reproduit  sur  la  foì  des  traités. 


En  terminant  celle  première  parlie  de  nolre  travail,  nous  ferons  ob- 
server  qu'à  daler  des  dernières  années  du  quinzième  siede ,  les  plus 
cbauds  parlisans  des  produclìons  lypograpbiques  de  Tolosa  d'Espagne 
ne  s'inquiètent  plus  de  leurs  deslinées.  Les  presses  auxquelles  ils  attri- 
buaienl  les  cbefs-d'oeuvre  de  Jean  Parix  et  de  Henri  Mayer  cessenl  tout 
a  coup  de  fonctionner,  demeurent  silencieuses,  et  disparaissent,  comme 
disparaissent  les  réves,  sans  laisser  trace  de  leur  passage  (1). 


(4)  Void  quelle  est  anjourd'hvi  Topioioa  des  bibljogrtphes  espagnols,  relatiTement 
aox  prétendues  impressions  da  quiosième  siede,  de  Telata  de  Gaipusooa. 

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—  «2  — 

On  Ut,  dans  la  2»  édition  de  Mendes  (a)  : 

«  No  cabe  dodarse  que  toda  laa  impressiones  del  siglo  XV  que  se  dicen  hechas  eo  Jo- 
»  Iota,  corresponden  à  la  de  Francia  y  no  à  la  de  Gaipuzcoa,  lo  uno  porque  en  las  mas  de 
»  ellas  se  la  llama  ciudad,  corno  en  la  Ckronica  abreviada  de  Valera,  ano  de  4489,  y  ade- 
»  lante  ano  de  4494  en  el  libro  De  proprietatib.  rer,;  y  aunque  una  ù  otra  vez  solo  vUla 
»  al  estilo  de  Francia,  stendo  unos  mismos  los  impresores  y  la  letra,  basta  lo  cierto  para 
»  interpretar  Io  dudoso.  Lo  otro ,  porque  el  que  boy  tenga  la  provincia  de  Guipùzcoa  su 
V  imprenta  y  archi vo  en  la  villa  de  Tolosa  siendo  corno  esa  es  una  disposicion  moderna  nada 
9  sirve  para  arguir  lo  mismo  en  el  siglo  XV.  » 

Ce  que  nous  croyons  devoir  traduire  ainsi  : 

«  Il  est  bors  de  doute  que  toutes  les  impressions  du  quinzième  siede  qui  portent  le  nom 
»  de  Tolosa  appartiennent  à  Tolosa  de  France  et  non  à  To/oxa  de  Guipuscoa;  d*abord,  parce 
»  que,  dans  la  plupart  de  ces  impressions,  on  donne  à  Tolosa  Tépithète  de  eiudad  (6), 
»  tandis  que,  dans  quelques  autrìes,  on  lui  donne  celle  de  villa  (e),  suivant  Tusage  de 
»  France;  le  nom  des  imprimeurs  et  les  caractères  etani  d'ailleurs  les  mémes,  le  certain 
9  suffitdonc  pour  interpréter  Tincertain.  En  second  lieu,  de  ce  que  la  province  de  Guipus- 
»  eoa  a  aujourd*bui  son  imprimerle  et  ses  arcbives  à  Tolosa^  —  cette  disposition  est  toute 
»  moderne,  —  on  ne  peut  pas  en  conclure  qu*il  en  alt  été  de  méme  au  quinzième  siècle.  » 

La  note  suivante,  p.  377,  est  facile  à  comprendre  : 

e  Està  obra  y  la  que  sigue  [Scotus  pauperum,  —  Expositio  super  summulas  Petri  Hispani^, 
»  ya  por  estar  en  latin,  ya  porque  indudablemente  no  estan  hecbas  en  nuestra  nacion,  pa- 
»  rece  que  debieron  no  incluìrse  en  la  Tipografia  Espanola;  pero  siguiendo  en  estas  adi- 
»  ciones  el  mètodo  de  Hendez,  es  preciso,  à  mi  juicio,  completar  en  lo  possible  las  impre- 
»  siones  hechas  en  Tolosa.» 

La  rareté  des  ouvrages  de  Mendez  et  de  Caballero  ne  nous  ayant  pas  permis  de  les  con- 
sulter  nous-méme,  nous  avions  été  mal  renseigné  par  notre  correspoodant.  Et  puis,  d*ail- 
leurs,  comment  ne  pas  croire  au  silence  de  ces  autcurs,  relativement  aux  livrea  imprìmés 
à  Tholosa,  en  voyantnos  bibliograpbes  les  plus  renommés,  La  Serna-Santander,  Née  de  La 
Rochelle,  M.  J.-Ch.  Brunet,  Peignot,  etc,  etc,  trailer,  trancher  méme  la  qucstion  en 
litiga,  sans  se.donner  la  peine  de  recbercber  quelle  avait  été  ou  quelle  était,  à  cet  égard, 
ropinion  des  bibliograpbes  espagnois? 

Nous  avons  pu  nous  procurer  les  éditions  de  Mendez  et  de  Caballero,  tout  récemment 
publiées  à  Madrid,  et  nous  sommes  beureux  de  confesser  et  de  réparer  aujourd*bui  Terreur 
que  nous  avions  commise  dans  notre  avant-propos  (v.  la  p.  46). 

Mendez,  art.  Imprenta  de  Tolosa^  cite,  après  avoir  fail  suivre  ce  titre  du  mot  Dudosa  , 
six  des  ouvrages ,  portant  la  souscriptìon  de  Tholosa^  imprìmés,  soit  par  Jean  Parix  et 
Bstévan  Clébat,  soli  par  Henry  Mayer. 

Quant  à  Caballero,  qui  cite  ces  mémes  ouvrages,  il  est  beaucoup  plus  précis  que  Men- 


(a)  loc.  c«.,  p.  167. 

{b)  Gomme  cela  se  volt  dans  la  Ckronica  abreviada  de  Valera,  imprimée  en  1489,  et  dans  le  livre  De  prò- 
prietatibus  rerum^  imprìmé  plus  tard,  en  1494. 

(e)  Gomme,  par  exemple,  dans  £1  pere^irimige  de  la  Ma  humana,..  A  instaneia  del  honarable  smor 
maestro  Henrico  Aleman  que  con  grande  diligenda  la  hi%o  imprinUr  en  la  villa  de  Tholosa.., 


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—  423  — 

dez.  Il  décUre  n*avoir  place,  dans  son  Catalogue  dss  livres  eipagnoU,  lea  livrea  impri- 
més  à  Toulouse,  qa'en  conaidéralioo  d'an  de  ses  amis ,  dont  il  reproduit  lea  argumeots 
en  faveur  de  Tolosa  d'Espagoe ,  quoiqu'il  n9  doute  pre»qu$  pa$  de  la  vérité  de  Vopinion 
eontraire,  Voici  comment  il  s'exprime  dans  sod  a  vis  au  lecteur  : 

e  Neqve  me  velini  mirerìs,  benevole  lector,  inter  editionea  hiapanicos,  Toloaanas  etiam 
9  recensere.  Quia  enim  nescit,  Tolosam  nobilissiniam  esse  Galli»  urbem?  Cum  vero  in  His- 
»  pania  nobile  quoque  oppidum  Toloa»  sit  apud  Guipuzcoanos  sita,  contendebat  mecum 
•  vir  satis  eruditus ,  editiones  toloaanas,  quas  refero,  non  Gallicos,  sed  Guipuzcoanas  esse. 
»  Duobus  indiciis  is  utebatur.  Alterum  erat ,  quod  opera  Tolosse  edita  ab  auctoribua  His- 
9  pania  essent  conscripta.  Alterum  prsBclpuum,  quod  eorumdem  operum  plura  sermone 
9  loquerentur  hispano  :  quos  duaa  res  minime  ad  Gallos  pertinere  arbitrabatur.  Ut  mro 
»  amico  ratione  saltem  ad  speciem  probabile  conieetanti  morem  gererem  locum  inter  hispanieat 
9  tohsanis  editionibue  dedi  :  et  $i  fere  de  alterius  opinionis  veritate  nil  ambigerem.  b 


IMPRIMEURS  A  TOULOUSE 

AU  QUINZIÉME  SIÈGLE. 


Les  ouvriers  de  Fast  et  Schoiffer  (?) 

Jean  Parix. 

Estévan  Clébat  ou  Cléblat. 

Henri  Mayer. 

Jean  de  Guerlins. 


Toulouse  est  la  cinquième  ville  de  France  qui  ait  imprimé  au  quin- 
zième  siede. 


4.  Strasbourg.  Jacques  Mentel 4465  (?) 

2.  Paria.  M.  Crantz,  UI.  Gering,  M.  Friburger 4470 

3.  Lyon.  Bartbélemy  Buyer 4473 

4.  Angers.  Jean  de  La  Tour  (de  Turre)  et  Jean  Morel.  5  février 4476 

5.  Toulouse.  42  Juillet 4476 

6.  Chablis.  Pierre  le  Rouge 4478 


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—  484  - 

7.  Poitìen.  J.  Bouger,  Gnill.  Bouchet 4479 

8.  Gaen.  J.  Durandus,  Gilles  Quijoue 4480 

9.  Metz.  J.  Colini,  Gerard  et  Villeneave 448S 

40.  Troyes 4483 

44.  Vienne  (Dauphiné).  P.  Schenck 4484 

4t.  Rennea 4484 


Le  Cmaiop^e  des  livres  da  seizième  siècle  paraitra  prochainement. 


D'  DESBARREAUX-BERNARD , 

Membre  résidant. 


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MÉLANGES  ARCHÉOLOGIQUES. 


SOUVENIRS  D'UN  VOYAGE  DE  QUELQUES  HEURES. 


Messieurs  , 

Je  n'ai  pas  rintenUoQ  de  faire  l'histoire  des  lieui  que  je  vais  parcoorir. 
Celle  histoire  trouvera  peut-élre  un  jour  sa  place  aillears ,  daos  un  oq- 
vrage  special.  Je  ne  veux  qae  signaler  mainleoant  quelques  monumenls 
ancieos  très-peu  connos  ou  entièrement  ìnédils. 

J'ai  élé  beaucoup  aidé  en  cecl  par  M.  Alexandre  Figuères ,  qui  a  bien 
voulu  m'accompagner  dans  loules  mes  courses  et  meltre  à  ma  disposition 
des  notes  précìeuses  qa'il  avait  déja  recueillies. 

I 

LA  GRACE-DIED. 

Àrrétons-nous  d'abord  a  La  Gràce-Dieu ,  modeste  village  au  pied  du- 
quel  coule  le  petit  ruisseau  de  la  Roze. 

Tout  esl  poélique  ìci  :  le  lieu ,  les  souvenirs ,  le  nom  du  ruisseau 
et  colui  du  village. 

Celle  localilé  esl  placée  sous  la  protection  de  saint  Jean  rEvangéliste. 
C'est  peut-étre  de  là  que  lui  vieni  son  joli  nom  ;  car  Jean ,  d'après  Jac- 
ques de  Voragine,  signiQe  Grdce  de  Dieu  :  «  Johannes  inlerpretatur 
«  Dei  Gralia^  vel  in  quo  est  gralia,  vel  cui  donatum  est,  vel  cui  donatio 
«  a  Deo  facla  est.  Per  hoc  intelligunlur  quatuor  privilegia  qu2B  fuerunl 

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—  4S6  — 

»  in  beato  Johanne.  Prìmum  est  praecipua  Christi  dilectìo.  Christus  eoim 
#  praB  caeteris  apostolis  eum  dìlexit  et  Dìajora  dilectionis  et  famìliaritalis 
»  signa  osleodit.  Et  inde  dicilur:  Deigralia,  qui  à  Domino  gratiosus.  » 
(Legenda  aurea.) 

Il  y  avail  ud  couvent  de  religieuses  de  l'ordre  de  FoDtevrault,  fonde 
dans  la  première  moilié  du  douzième  siècle,  et  détruil  par  la  Revolution. 

La  supérieure  du  couvent  n'avait  que  le  titre  de  prieure ,  et  non  colui 
d'abbesse ,  comme  l'ont  avance  faussement  quelques  auleurs  ;  mais  elle 
était  seigneuresse  de  La  Gràce-Dieu^  ayant  droit  de  juslice  haute, 
moyenne  et  basse.  Ceci  ressort  de  plusieurs  |)ièces  conservées  dans  les 
archives  de  celle  commune. 

Le  prieuré  a  complélement  disparu.  Des  jardins  et  des  champs  culli- 
vés  occupent  aujourd'hui  la  place  où  s'élevaient  autrefois  les  cloftres  et  les 
bàtiments  monasliques. 

L'Eglise  elie-mème,  qui  servali  jadis  à  la  paroisse  et  au  couvent,  a 
subi  les  plus  déplorables  muiilations. 

Elle  n'a  gardé  de  sa  splendeur  passée  que  Tadmirable  tombeau  en 
Pierre  de  Sicard  de  Miramonl,  que  Ton  considero  comme  Tun  des  bien- 
faileurs  du  couvent. 

Ce  tombeau  a  élé  mentionné  par  MM.  Fons  et  Roschach.  M.  Fons  en 
a  donne  l'inscriplion ,  mais  le  tombeau  lui-méme  n'a  jamais  été,  que 
je  sacbe ,  dessiné  ni  publiè  par  personne  (1). 

Je  suisheureux,  Messieurs,  de  pouvoir  mettresous  vos  yeux  ledessin  de 
ce  beau  monumenl  encore  inédil. 

Le  couvercle  est  surmonté  de  la  statue  couchée  du  chevalier  de  Mira- 
moni.  Celui-ci  porle  sur  sa  colle  de  mailles  la  tunique  de  l'ordre  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem ,  doni  il  élait  chevalier.  Il  est  probable  qu'il 
fui  aussi  précepleur  des  hospilaliers  de  Boulbonne  pendant  plus  de  qua- 
rante  ans  (2). 

Àu-dessous  de  la  statue,  et  sur  le  biseau  du  couvercle,  rogne  l'inscrip- 


(4)  Il  l'a  été  par  moi  dans  la  Meme  arehéohgique  du  Midi ,  dirìgée  par  M.  B.  Dasan ,  mais 
seulement  après  la  commuaication  que  j'ai  ea  Tbonneur  de  faire  à  la  Sociétó  archéologique 
du  midi  de  la  France. 

(i)  Foia  et  ComnUngeif  par  E.  Roschach,  p.  306. 


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—  427  — 

tion  soivaole,  gravée  tout  autour  en  belles  leltres  da  treizième  siede  : 
«  Addo  D"*  1280,  seplimo  non.  septembris,  obiit  nobilis  Sicardus  de 

>  Miramonte,   miles,  cujus  anima  requiescat  in  pace.   Amen.   Pater 
»  nosler.  > 

Une  sèrie  de  quadrilobes  dans  le  goùt  du  treizième  siede  se  développe  sur 
lesflancs  da  tombeaa,  enfermant  chacan  un  écusson  chargé  d'une  pièce 
héraldique  alternati vement  répèlèe.  C'est  lanlòt  une  croix  perronnée  et 
tanldt  un  lion  rampant.  L'écusson  da  milieu  est  seul  chargè  de  fasces. 

On  volt  à  Miramont,  dans  une  ferme  à l'entrée  de  la  ville,  le  lombeaa 
d'Honor  deDurfort,  femme  deSicard  de  Miramont.  L'auge  de  ce  tombeaa> 
placée  dans  la  cour  à  coté  da  puits,  seri  à  abreuver  les  boeufs  et  les  che- 
vaux  de  la  ferme.  Le  couvercle,  renversé  à  l'angle  da  hangar,  seri  de 
mangeoire  aux  pourceaux  ! 

Le  lombeaa  de  la  noble  chàlelaine  serali  digne  pourlanl  d'un  meillear 
seri! 

Les  décoralions  doni  il  est  orné  diffèrent  de  celles  qui  règnenl  sur  le 
lombeaa  da  chevalier.  Le  milieu  de  l'auge  est  occupé  par  un  quadrilobe 
semblable  à  ceux  que  Ton  volt  sur  le  lombeau  de  Sicard  ;  il  enferme  un 
écu  chargé  d'une  croix  perronnée.  De  chaque  còlè  de  cel  ècu  s'élance  un 
gracieux  rinceau  de  pampres ,  doni  les  volules  s'épanouissenl  en  une 
feuille  de  vigne  déchiquelée. 

Le  porlrait  d'Honor  de  Durfort  est  grave  au  Irail  sur  le  couverde.  Ses 
pieds ,  doni  on  apergoil  a  peine  l'ex  tremile  sous  les  longs  plis  de  sa  robe 
flottante,  reposent  sur  un  gros  chien  de  garde  accroupi. 

Des  écussons  soni  dìsposés  sur  le  biseau,  près  des  quatre  angles  da 
coavercle  :  ils  portoni  les  mémes  pièces  héraldiques  que  les  écussons  qui 
décorenl  le  lombeau  de  Sicard  de  Miramont.  Sur  Tun  des  biseaux  est 
gravée  l'inscription  suivante^  disposéesur  trois  lignes  parallèles: 

«  Anno  Cbristi  1286,  decimo  terlio  kal.  aprilis,  obiit  Dna  Honoris 

>  de  Duroforli,  monaca,  uxoris  Dui  Cicardi  de  Miramonle,  mililis, 
»  cujus  anima  reqescal  [sic)  in  pace.  Amen.  » 

Fera-l-on  quelque  chose  pour  arracher  ce  précieux  lombeau  >  a  la 
regrellable  deslinée  qu'il  subii?  Ce  serait  fori  a  désirer.  Pourquoi  n'au- 
rail-il  pas  sa  place  a  coté  da  lombeau  da  chevalier  de  Miramont ,  dans 
l'église  de  La  Gràce-Diea? 


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—  428  ^ 

II 

BEAUHONT-DE-LÉZAT  ,   OU  BEÀUMONT-SUR-LÉZE. 

La  seule  chose  aujaurd'hui  remarquable  dans  celle  localìlé ,  qu^oo 
ne  trouve  menlionnée  nulle  pari,  c'est  le  clocher  de  son  église,  qui 
tombe  en  ruine  et  qu'on  va  décìdément  remplacer  par  ane  églìse  toote 
neuve. 

Ce  clocher  est  d'un  aspect  vraìment  originai.  Bàli  en  brique,  il  forme 
comme  deux  étages  crénelés  et  flanqués  de  tour^lles,  doni  l'une  renferme 
Fescalier  qui  conduit  aux  combles  de  l'église  et  à  la  galene  crénelée  qui 
règne  sur  la  fagade  au -dessous  des  cloches. 

Deux  grands  arcs  d'ogive  surbaissée  s'élèvent  au-dessus  de  deux  im- 
roenses  baies  aveugles  qui  occupenl  la  fa^ade  du  clocher  enlre  ses  contre*. 
forls.  Àu-dèssus  de  ces  deux  ogives  s'élend  une  ligne  horìzontale  de 
màchecoulis  fermés. 

Au  point  de  vue  de  reslhélique,  ce  clocher  n'esl  peul-élre  pas  un  mo* 
nument  bien  digne  de  fixer  rallenlion.  Il  a  des  forroes  lourdes  et  bar- 
bares;  il  est  entièrement  dépouillé  de  tonte  espèce  d'ornementation. 
Qu'esl*ce  donc  qui  a  pu  lui  attirer  mon  atlenlion?  Rien  autre^  Messieurs, 
qiie  ce  cachet  d'antiquité/ imprimé  par  le  temps  sur  chacune  de  ses 
briques  décharnées ,  et  qui  lui  a  valu  lous  mes  respecls.  Je  ne  pnis 
retrouver  nulle  pari  la  trace  des  siècles  sans  étre  ému.  J'aìme  ces  vieux 
témoins  d'un  autre  àge^  non  à  cause  de  leur  beante ,  —  ils  ne  sont  pas 
toujours  beaux ,  —  mais  parce  qu'ils  sont  des  monuments  incorruplibles 
de  Thistoire.  Ce  qu'ils  ra'apprennent  des  temps  passés  est  loujours  vrai, 
et  j'aime  ces  hisloriens  qui  ne  peuvent  mentir. 

Je  ne  proposerai  jamais ,  à  coup  sur,  le  clocher  de  Beaumont  comme 
un  modète  (quoique ,  à  vrai  dire  ,  il  valile  encore  inflniment  mieux  que 
bien  des  clochers  très-élevés,  très-pointus  et  d'un  parfail  mauvais  goàt, 
dont  on  se  plait  tant  de  nos  jours  à  décorer  nos  pauvres  églises  de  village)^ 
et  pourtant  j'ai  demandò  sa  conservalion.  Me  sera-t-elle  accordée? 

Il  n'y  a  pas  à  craindre  qu'il  dépare  la  nouvelle  église  :  elle  n'aura  rien 
de  commun  avec  l'ancienne.  La  nouvelle  église  projetée  doit  élre  con- 


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—  429  — 

struile  sur  un  beau  plateau,  un  peu  plus  élevé  que  le  sol  où  s'élève 
réglise  actuelle.  Ce  plateau  domine  à  la  fois  tout  le  village  de  Beaumonl 
et  cetle  riche  vallèe  de  la  Lèze  qui  s'élend  à  ses  pìeds. 

Ce  clocher  n'a  point  de  date ,  et  ses  caraclères  archilectoniques  ne 
sauraient  autoriser  à  luì  en  assigner  une.  Mais  son  air  de  place  forte  et 
quelques  traces  d'ogive  autorìsent  a  le  faire  remonter  au  moins  aux  der- 
nières  années  du  quinzième  siede. 

Ccs  màchecoulis  et  ces  créneaux  n'étaient  pas  là  comme  un  vain  orne- 
meni.  Ils  étaient  bien  destinés  à  la  dèfense  de  la  place.  Le  cbàteau  du 
gouverneur  s'élendait,  à  partir  de  l'église  actuelle ,  jusqu'au  plateau  sur 
lequel  on  veut  bàlir  l'église  nouvelle.  L'église  faisait,  pour  ainsi  dire, 
partiedu  cbàteau  ,  et  devait  élre  forliQée  cornine  lui.  Celle  disposilion  se 
retrouve  dans  la  plupart  des  églises  anciennes  auxquelles  on  a  laissè 
quelque  chose  de  leur  cachet  primitìf.  Je  citerai  notamment  rintéressante 
église  de  Monjart,  dans  le  canton  de  Nailloux,  dont  je  me  propose  d^entre- 
tenir  plus  tard  la  Société. 

J'ai  retrouve  à  Beaumont  quelques  traces  des  anciens  fossés  d'enceinte, 
et,  cà  et  là,  dans  plnsieurs  roaìsons,  et  au  niveau  du  sol  de  la  grande 
place,  Texistence  d'une  quanti  le  considérable  de  silos  ^  tous  creusès  de  la 
méme  manière  et  ne  différant  que  par  leurs  dimensions  respectives.  Plu- 
sieurs  soni  creusès  dans  le  tuf. 

Sur  le  fianc  droil  de  l'église,  à  l'extèrìeur,  on  volt,  encastrés  dans 
le  mar ,  un  bas-relief  en  marbré  blanc ,  représentant  un  Ecce  homOy  et 
une  inscriptìon  lumulaire  gravèe  en  creux  sur  une  plaque  de  marbré 
noir. 

Sur  le  bas-relief  on  volt  le  buste  de  Notre-Seigneur ,  dont  la  téle  est 
couronnée  d'èpines ,  et  dont  les  mains  croisées  et  garroUées  s'appuient 
sur  une  sorte  de  rampe.  Deux  personnages  l'accompagnent  :  celuì  de 
droite  semble  étre  la  sainte  Yierge,  celui  de  gauche  saint  Jean  le  bien- 
aimé.  Au-dessous,  deux  personnages,  un  homme  et  une  femme,  soni  à 
genoux,  les  mains  jointes  et  èlevèes,  dans  l'atlitude  de  la  prìère. 

La  plaque  de  marbré  noir  renferme  l'inscription  suivanle  : 

((  t  Anno  Dui  1339,  sexto  kal.  februarii,  obiit  magister  Bernardus 
»  Siola,  notari,  cujus  corpus  jacet  bic,  anima  ejus  reqiescat  in  pace. 
>  Amen ,  PR.  » 


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—  430  — 

Ed  bas,  au  miliea,  une  croìx  grecque  patée  ;  de  chaque  coté  \m  écos- 
son,  portarli  :  l'un  un  roc  d'échìquìer,  Tautre  une  cloche. 

Dans  le  sancluaire ,  au  pied  des  marches  de  Tautel ,  on  voit  une  vaste 
dalle  funéraire  qui  recouvre  le  tombeau  de  Jean  de  Carrière,  mori  le 
15  septembre  1772.  Une  branche  de  sa  famille  habile  encore,  à  Beaumont, 
Tanlique  chàteau  de  Vignolles. 

Yoici  rinscription ,  presque  effacée,  qu'on  Ut  avec  peine  sur  celle 
dalle  : 

«  lei  reposc  en  paix  un  magistrat  fameux  , 
»  Flcuron  du  Capitole  et  l'bonneur  de  la  ville , 
B  Cosefgneur  de  ce  lieu  ;  d*Qn  commerce  facile , 

»  Ami  secret  des  malheureux , 
j»  Fils  de  cet  avocat  qu*on  appelail  Miracle, 
»  Lui-méme  prodigeDouveau, 
9  11  fut  trente  ans  la  gioire  du  barreau , 
»  Et  se  vit  consulte  neuf  ans  comme  un  oracle. 

»  Du  droit  fran^is  devenu  professeur, 
»  La  mort,  six  mois  après,  termina  sa  carrière. 
»  A  ce  portrait ,  fruit  prompt  d'un  pinceau  non  flatteur, 
»  Qui  ne  reconnattra  l'illustre  Jean  €ARRifcRB  ? 
9  II  mourutle  45  septembre  4772, 
9  Agé  de  57  ans.  » 
R.  I.  P.  A. 

Les  armes  des  Carrière  soni  :  d'aznr ,  au  lion  d'or  passanl  sur  une 
carrière  en  pointe.  Supports  :  deux  aigles  couronnés  de  la  couronne  de 
marquis.  L'écu  Umbre  de  la  couronne  de  comte. 

La  plus  importante  et  la  plus  intéressante  pièce,  conservée  dans  les 
archi ves  de  cette  èglise ,  c'est  une  bulle  d'indulgence  concédée  a  perpe- 
tuile ,  par  le  pape  Innocent  XII ,  à  la  confrèrie  des  deux  sexes  insUtuée 
à  Beaumonl-de-Lèzal  sous  VinvocaUon  de  sainl  MarUal.  Il  faul  remar- 
quer  que  Tèglise  est  elle-méme  sous  le  vocable  de'«e  sainl. 

Celle  bulle  fui  donneo  a  Rome,  à  Sainte-Marie-Majeure ,  le  9  des  ides 
de  mai  1690. 

LAGARDELLE. 

Ce  bourg ,  silué  aussi  sur  l'une  des  hauleurs  qui  dominenl  la  vaUée 


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—  m  — 

de  la  Lèze ,  faisait  parlie ,  pendant  la  pérìode  guerrière  du  moyen  àge , 
des  propriétés  hèrédìtaires  de  la  maison  de  Mohtaut  (1). 

L'église,  évidemment  ancienne,  a  dù  subir,  dans  ses  diverses  restaa- 
rations ,  des  modiQcalions  si  graves ,  qu'elle  n'offre  aujourd'hui  que  très- 
peu  d'inlérél,  —  J'ai  Irouvé  dans  la  sacrislie  de  celle  èglise  deux  croix  qui 
mérilent  d'élre  noenlionnées.  La  première  est  une  grande  croix  reliquaire 
en  lames  de  cuivre  repoussées  et  clouées  sur  bois.  Celle  croix  a  èie  argen- 
tee, dorée  et  émaillée.  Un  Chrisl,  d'un  faire  remarquable,  occupe  le  milieu 
de  la  croix.  Sa  téle,  couronnèe  du  nimbe  crucìfère,  repose  sur  une  niello 
carrèe,  richemenl  ornementèe,  et  porlant,  sur  ses  quatre  angles,  quatre 
globes  de  fer-blanc.  Ces  globes  ont ,  à  coup  sur,  remplacé  les  cabocbons 
donton  avail  dù  l'orner  aulrefois. 

Je  puis  en  dire  autant  des  globes  semblables  disposès  aux  extrémités 
des  quadrilobes  que  Ton  voil  aux  qualre  bouts  des  branches  de  la  croix« 
Chacune  de  ces  nielles  quadrilobées  renferme  un  personnage  qu'il  serait 
facile  de  designer  alors  méme  que  rinscriplion  qui  règne  tout  autour  ne 
Dous  Fapprendrail  pas.  Les  quatre  bras  de  la  croix  se  terminent  par  une 
sorte  d'efflorescence  trilobée,  ornée  de  gracieux  rinceaux. 

Le  revers  de  la  croix  offre  les  mémes  ornements  :  les  personnages  seuis 
sont  changès.  Àinsi,  derrière  le  Christ  se  trouve  une  statuette  de  la 
sainte  Vierge.  Elle  est  accompagnée  des  quatre  animaux  symboIiques« 

Le  tombcau  qui  renferme  la  relique  de  la  vraie  croix  a  été  fait  récem- 
meni,  ainsi  que  la  douille  et  le  noeud. 

A  celle  croix  est  appendue  une  autre  croix  tonte  petite,  en  argent  mas- 
sif  et  d'un  caraclère  originai.  Le  fronlon  triangulaire  qui  couronne  la 
statuelle  de  la  Yierge  est  orné  de  crochets.  L'ensemble  de  ce  petit  bijou , 
qui  a  élé  assez  mallrailé  pour  perdreson  Christ,  m'autorise  à  i'attribuer 
au  quatorzième  siede. 

EÀUNES. 

Ce  qui  reste  aujourd'hui  de  celle  importante  abbaye  cistercienne  est 
bien  peu  de  chose  (2). 

(4)  Fffix  0t  Cùmmingu,  par  E.  Roschach,  p.  88. 

(2)  Elle  fut  foDdée  en  4  4 40  ,  par  Guillauine  de  Mootaut  d'Aodoufielle  »  óféque  de  Lectoure , 
et  plus  tard  archevóque  d'Auch. 


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—  43S  — 

L'église,  par  ses  caraclères  archilecloniques,  accuse  le  quinzicme  siècle, 

Pillée  el  en  partie  detraile^  aa  seizième  siede,  par  les  calvinistes,  qui 
rasèrent  Tabbaye,  elle  fut  rélablie  dans  son  ancienne  splendeur  par 
Francois-Barlhélemy  de  Grammont,  qui  occupail  le  siége  abbatial  en 
1658,  el  qui  releva  aussi  le  monastère. 

11  était  réservé  à  la  révoluUon  de  1790  de  la  supprimer  à  jamais.  Le 
monaslère  et  les  bìens  des  religieux  furenl  vendus  comme  propriélé  na- 
lionale.  L'église  seule  est  reslée,  mais  mutitée. 

La  plus  regreltable  peat-étre  des  raodiflcalions  qu'elle  a  subies,  tfest  la 
dernière.  Oa  a,  je  ne  sais  pourquoi,  changé  son  orienlalion  en  transpor- 
tant  le  mailre-aulel  à  rexlrémilé  du  bras  de  la  croix  qui  regarde  le  nord. 
Ce  qui  fait  que  le  transept  est  devenu  Tégllse  principale.  Il  en  resulta 
nécessairemenl  que  le  transept  actuel ,  qui  était  Téglise  autrefoìs ,  est  plus 
large ,  plus  beau  et  couvert  d'une  voùte  plus  riche  que  Téglise,  Je  n'ai 
jamais  compris  la  raison  de  cette  anomalie.  Àjoutez  à  cela  la  conslruction 
d'une  maigre  fagade,  surmontée  d'un  de  ces  pauvres  clochers  très-aigus 
el  trèS'élevès  qui  n'ont  d'autre  mèrito  que  d'èlre  fori  laids  el  de  coùler 
fori  cber,  et  vous  comprendrez  la  tristesse  que  l'on  éprouve  à  la  vue  de 
taot  de  ruines  et  de  si  maladroites  restaurations.  On  voit  encore  à  la 
voùte  quatre  clés  portant  quatre  écussons  vìdes. 

J'ai  retrouvé,  dans  Fune  des  anciennes  cours  du  couvent,  deui  clés  de 
voùte  scuiptées ,  portant  l'une  quatre  et  l'autre  cinq  écussons  vides» 

La  parile  horìzon tale  de  Tune  de  ces  clés  offre  un  ange  nimbé,  aux 
ailes  éployées  (1);  on  voit  à  l'autre  un  abbé  eresse  et  chaperonné. 

GuUIaume  UI  dit  Taillefer,  comte  de  Toulouse ,  avait  deux  flUes  :  CoDstanoe,  qui  deviiit  la 
femme  de  Robert  le  Pieux ,  roi  de  France,  et  Hervèze  ou  Gervaise ,  qui  fut  épousée  par  Atoa 
Raymond  de  Yla,  seìgneur  d'/ca'um  ou  Setium  Castrum  (risle-en-Jourdaiu). 

De  leur  marìage  naquirent  Bertrand,  qui  devint  évéque  de  Comminges,  et  fut  canonisé 
en  4 134;  Raymond,  qui  fit  partie  de  la  première  croisade  et  mitsur  sa  bannière  la  croix  d'or, 
qui  passa  dans  i*écu  de  la  maison  de  Toulouse  ;  et  Aton  Raymond ,  qui  prit  le  nom  d'Andou- 
fieQe,  d'un  fief  qui  lui  fut  donne  par  son  pére. 

Ce  dernier  épousa  la  fiUc  du  baron  de  Montaut ,  et  de  cette  union  naquit  Guillaume  de 
Montaut  d*Andoufielle,  évéque  de  Lectoure,  puis  archevéque  d'Auch,  fondateur  de  l'abbaye 
d'Eaunes  en  4440.  11  était  dono  neveu  de  saint  Bertrand  et  cousin  du  roi  de  Franco. 

lì  fut  élevé  à  Lugdunum  Convenarwn.  [Vie  et  miracles  de  eaint  Bertrand,  par  le  bftron 
L.  d'Agos.) 

(4)  Probablement  saint  Hicbel. 


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—  133  — 

DaDS  le  mar  de  fagade,  à  rinlériear  de  l'église,  est  encastrée  noe  belle 
dalle  eD  marbré  noir  portant  rinscription  suivante  ;  celle  plaqoe  mesare 
0",56  de  haateur,  sor  0",76  de  largear  : 

D  +  0  +  M  +  ET  +  B  +  M  +  V+ D 
HAS  JEDES  DEO  REDDIDIT  BAR 
THOLOMEVS  QVAS  ADEMERAT 
PENE  VETVSTAS  QVIBVSNONTAM 
POSSESSOR  QVAM  RESTA VRATOR 
ACCESSIT  PROFVTVR"  POTI"  QYAM 
FRYITVRVS  .  VT  ABAS  HOC  EGIT  RELIGIOSE  VT 
SENATOR  IVSTE  VT  PATRICIVS 
SPLENDIDE  .  VIDE  IN  VINDICATO 
SVIS  ET  RVINIS  C(ECNOBIO  QVALIS 
FVERIT    IN    PVBLICO    QVOD    EXERCVIT  . 

CLERI   MINISTERIO  . 

PIETATEM   IN    CORDE  FOVERAT    ARCA 

NAM   lAM    IN    .EOE    FECIT    PVBLICAM 

NONAS  OCT   .    1661 

Telle  esl  l'inscriptioD  qae  j'ai  copiée  sur  place  avec  tonte  l'exactilude 
possible.  Elle  est  reproduile  dans  le  Gallia  Christiana,  mais  avec  quel- 
qaes  différences.  Aiosi  la  première  ligne  manque  complélemenl.  A  la 
dixième  ligne,  suis  et  ruinis,  le  mot  et  se  troave  transformé  daos  le 
Gallia  par  la  préposilioD  è.  A  la  ligoe  saivaole,  le  mot  exercuit  de  l'in- 
scripUoD  devieDt  exercuerat.  A  la  treizième  ligne ,  le  Gallia  a  ajouté , 
après  le  mot  corde,  le  mot  quam.  A  la  qnatorzième  ligne,  da  moi Jatn, 
le  Gallia  a  fail  eam.  EnQn,  à  la  dernière  ligne,  le  mot  nonas  est  écrit 
dans  le  Gallia,  nonis;  et  après  l'abrèviation  oct.  le  Gallia  ajoute  :  an  . 
rep  .  sai  . 

Soas  l'appai  de  communion  de  la  chapelle  qai  est  à  coté  de  la  sacris- 

48 


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—  «4  — 

tie,  etqQidevrait  étre^  comme  autrefois^  le  sanctuaire  de  l'église,  on 
Yoit  eocore  une  grande  pierre  funéraire,  cu  on  lit  Tinscription  sui- 
vanle  : 

CY  GIT  messire  Francois  de  Barlhélemy  de  Grammont^  sieur  de 
Beauregard  (Beauvoir?)  VIVAN  CON  .  du  roy  en  ses  conseils  et  en  son 
parlement  de  Toulouse^  abbè  et  restauraleur  de  l'abbaye  d'Eaunes  et  de 
son  église.  Il  est  mort  dans  la  maison  de  Tabbaye  le  22  oclobre  1668, 
àgé  de  71  ans.  Pries  Dieu  pour  luy.  (Les  armes.) 

Le  Gallia  Christiana  donne  la  liste  complète  des  quarante-deux  abbés 
qui  ont  gouvernè  l'abbaye  d'Eaunes  dcpuis  lUO  jusqu'en  1790.  On  re- 
marque,  parrai  eux ,  le  cardinal  Francois  de  Joyeuse  (1591-1606),  et 
l'abbé  Henri  de  Lorraine  (1620-1658).  M.  de  Cambon,  pourvu  par  le  roi, 
en  1785,  en  fut  le  dernier  commendalaire.  Cetle  abbaye  donnait  alors 
deux  mille  livres  de  rente  et.payait  deux  cent  vingt  florins  de  taxe  en 
cour  de  Rome. 

UabbéM.-B.  CARRIÈRE, 

Membre  réàdant. 


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L' ANCIEN  PONT  DE  MURET 

SUR  LA  GARONNE. 


Ed  face  du  plas  ancien  marche  de  la  ville  de  Ma  rei ,  lo  Merendar  de 
la  Cbronique  romane  sur  la  guerre  des  Albigeois,  dit  aujourd'hui  la 
Place  aux  Herbes ,  s'élevail  aulrefois  sur  la  Garonne  un  pont  en  bois , 
dont  l'histoire  a  consacrè  le  souvenir.  Ce  pont,  sur  lequel  Simon  de 
Montforl  flt  plus  d'une  foìs  dèQIer  ses  troupes ,  avait  élé  établi  par  les 
comlès  de  Comminges  pour  faciliter  les  Communications  de  Muret  »  la 
principale  ville  de  leur  comté,  avec  les  pays  situès  sur  la  rive  droite  du 
fleuve.  Aucun  livre,  avant  la  publication  de  ma  Notice  historique  sur 
Varrondissement  de  Muret,  n'avait  fait  connaitre  l'epoque  de  sa  con- 
struction.  J'en  ai  indiqué  la  date,  qui  remonte  au  9Q^ehtt(^  juin  de  l'année 
1203,  et  j'ai  donne  un  extrait  de  la  charte  pa/)ai^u^ue  le  comle  qui 
régoait  alors  sur  le  Comminges  en  avait  ord(|jiné  ,f^blissement.  Je 
communique  aujourd'hui  à  la  Société  àrchéol(!n^iqu^>^||1  traduclion  de 
celle  charte  inedile  qui  fut  falle  à  Montauban  ,'fe^6  juin  1694,  sur 
l'originai  lalin  ,  par  un  ancien  garde  des  arcbìves  du  roi  en  la  généralilé 
de  celle  ville.  Voici  la  copie  exacle,  avec  son  orlhographe,  de  celle  traduc- 
lion, dont  je  possedè  le  tei  le  originai  : 

((  A  Thonneur  de  Dieu  tout-puissant  Pere,  Fils  et  Saint-Eiprit,  de  tons 
»  les  anges ,  arcanges  ,  palriarches ,  prophèles ,  apòtres ,  martyrs ,  con- 
»  fesseurs,  et  des  sainles  vierges,  moy,  Bernard,  par  la  mizéricorde  di- 
»  ulne,  compie  de  Comenge,  voyant  et  antendant  par  la  voyx  de  plusieurs 
»  que,  par  le  danger  des  fluves,  les  hommes  perissent  et  paruiennent  a  la 
»  fin  de  leur  vie,  et  que  ce  n'est  pas  ihi  petit  péché,  eslant  touché  de  la 
»  grace  diuine ,  de  boun  coeur,  d'une  volente  déuole ,  de  la  crainte  et 
»  amour  de  Dieu ,  et  en  remission  de  mes  péchés ,  Je  veus  et  concède 
»  que  sur  le  fluue  de.Garonne  soit  fait  un  pont  ayant  son  entrée  et  sortie 


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—  <36  — 

»  dans  la  ville  de  Murel  et  dans  Talleu  ou  terroir  de  St  Marcel ,  et  qae 
»  le  passage  de  ce  poot  soit  assuré  pour  les  pouves  passans  et  pour  toas 
»  les  hommes  et  femmes  tant  Qdelles  qulnfidelles,  pour  toos  les  animaux 
9  et  pour  toutes  cliozes  de  quelle  mauière  quelles  soieut;  moy,  dooc,  Ber- 
»  nard,  susdìt  compie  de  Comeuge ,  otroye,  veux  et  comande  que  ce  pont 
9  soit  fait  à  celle  condilioD  que  chaque  homme  ou  cbaque  femme  auec 
»  chaque  choze,  puisse  passer  sur  ledit  pool,  assuré  et  frane  de  toute 
9  leude  et  de  loul  péage  ou  passage;  je  fais  ce  don  à  tous  les  prudbom- 
»  mes  de  Murel,  à  tout  le  puble  de  sa  ville  présent  et  aduenìr,  et  à  tous 
»  ceux  quy  voudront  prendre  leur  passage  sur  ledit  pont,  lequel  don,  moy 
»  dit  compie  de  Comenge ,  je  fais  et  acorde  pour  moy  mesme  et  pour  tous 
9  mes  successeurs  sans  aucune  rcservalion  que  je  ny  fais  point  ;  et  aOn 
9  que  celle  donalion  et  celle  liberlé  comme  elle  est  mieux  contenue  aa 
9  présent  ade  ou  quelle  pourroit  èlre  mieux  contenue  et  déterminée  en 
9  quelque  manière,  demeure  loujours  slable  et  ferme  a  perpetuile, 
9  item,  moy  compie  Bernad^  pour  moy  et  pour  tous  mes  successeurs, 
9  promelz  et  conuiens  fermemenl  destre  bon  et  fldelle  sans  aucune  ré- 
9  seruation  ny  fraudo  ny  complesance  ny  obslacle,  que  moy  ny  bomme 
9  ny  femme  ne  faira  ny  ne  prèzumera  de  faire  aucune  violance  sur  ledit 
9  poni,  mais  qu'il  demeure  loujours  en  une  verilable  et  irréuoquable 
9  Jiberlé  par  tous  les  siìcles  des  siècles  :  Amen.  —  De  celle  liberlé,  de  ce  don 
9  et  de  loule  celle  affaire  sus  escrille  soni  lesmoings  Roger  de  Montani , 
9  R.  Delavelhe,  B.  de  Bergonahs,  quy  est  appellé  Laco,  et  B.  Baron  quy 
9  esloienl  alors  Baly  du  seig'  compie ,  et  Àrnaud  Mascaron  quy  estoit 
9  Baly  de  Murel,  et  Vilal  Jean  et  B.  Debaneres,  et  Thomas  de  Dabls,  et 
9  B.  den  Arnaud  fllz  Darnaud  den  Maisy,  et  B.  de  Cabenx,  et  Amaluin , 
9  et  R.  Engara,  archidiacre  et  chapellain  des  esglises  de  Muret,  qui  a  escrit 
9  celle  cbarle  au  mois  de  juin  ferio  2  :  Tan  de  lincarnation  du  Seigneur 
9  mil  deux  cent  Irois,  Reignant  Philipe,  roy  de  franco ,  Raymond  estant 
9  compie  deTbolose,  et  Raymond  Esvesque  ;  ledit  R.  Engarre  na  pas  escrit 
9  celle  icy ,  mais  l'autre  de  laquelle  moy  Jacques  Claustra,  no^  public 
9  de  Murel,  ay  Irenscrit  celle  icy  aux  mesmes  motz  et  raisons,  au  mois 
9  de  may  soubz  lan  de  lincarnation  du  Seig'  1309,  reignant  Philipe,  roy 
9  de  franco ,  Bernad  estant  compie  de  Comenge ,  et  Gai! hard  esvesque  de 
9  Tholose;  de  ce  Iranscrit  sont  lesmoings  Guilhaume  Bernad  de  Yaziere 


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—  487  — 

»  et  Jean  Eyercii ,  no'**  publiqs  de  Muret,  el  raoy  Jacques  Clauslra  susdil 
»  qay  lay  escrit  avec  le  sein  el  parafe  de  ce  no""  en  forme  dune  croix  de 
»  Tholose  coucbée  ;  moy  Guilhaume  Bernard  de  Daziere  susdit  me  subs- 
»  cris  ;  moy  Jean  Eyercii  susdit  m*  subscris  avec  le  sein  ou  parafe  de 
»  ces  deux  no'**,  chacun  en  forme  dune  pelile  croix.  » 

Et  puis,  le  Iraducteur,  Pierre  Ledere,  docteur-ès-droii  et  advocat 
en  parlenientj  constale  qu'il  a  Iraduit  sur  Toriginal  latin  a  escrit. en  une 
petite  peau  de  parchemin  lirée  des  archives  de  la  communauté  de  Muret.  » 

Comment  loriginal  de  la  charte  du  2  juin  1203  se  Irouvait-il  aux 
arcbives  de  Montauban  ?  —  Il  est  à  presumer  qu'après  le  démembrement  de 
la  Coar  des  aides  de  Montpellier,  et  lorsque ,  par  suite  de  ce  démembre- 
ment ,  une  Cour  des  aides  fui  établie,  en  1642,  à  Cahors,  et  transférée 
ensuite,  eq  1659 ,  à  Montauban  ,  les  lilres  et  papiers  concernant  le  do- 
maine  du  roi  furent  transportès  de  Muret  aux  arcbives  de  la  nouvelle 
Cour. 

Quoì  qu'il  en  soit ,  le  pont  de  bois  de  Muret  eut  des  desUnées  fatales. 
Il  avait  èie  établi ,  je  l'ai  dit,  pour  meltre  Muret  en  communication  plus 
facile  avec  les  contrées  de  la  rive  droite  de  la  Garonne.  L'ennemi  des 
comtes  de  Comminges  en  profila  pour  s'emparer  plus  aisément  de  leur  ville. 
Et,  en  efifet,  neuf  années  après  son  établissement ,  un  an  avant  la  célè- 
bre bataille,  les  babilants  de  Muret,  voulant  empéeber  Simon  de  Mont- 
fort ,  qui  accourait  avec  ses  croisés  du  còlè  d'Auterive ,  de  pénétrer  dans 
la  ville ,  mellent  le  feu  a  leur  pont  de  bois  et  prennent  la  fuite.  Mais 
Simon ,  suivi  de  plusieurs  de  ses  cavaliers ,  passe  le  fleuve  à  la  nage , 
donne  des  ordres  pour  éteindre  le  feu  ;  et  ayant  rétabli  le  pont ,  il  y  fait 
défiler  ses  troupes  et  se  rend  maitre  de  Muret.  C'est  encore  par  ce  pont 
que,  l'année  suivante,  la  velile  de  la  bataille  ,  il  entro  dans  la  ville ,  mais 
cotte  fois  sans  trouver,  comme  le  dit  la  Chronique  romane  déjà  cilée,  aucun 
obstacle,  aucune  résistance,  sans  deguna  contradiction  (Thome  viven. 

Après  avoir  longlemps  servi  aux  habitants  du  pays  pour  le  passage 
d'une  rive  à  Tautre,  notre  pont  disparut^  —  Quand  et  de  quelle  manière  ?  — 
Des  documents  que  j'ai  découverts  depuis  peu  vont  me  permettre  de  fixer 
l'epoque  où  le  pont  fut  détruit  et  les  causes  de  sa  destruction. 

11  est  certain  que  le  pont  existait  encore  en  1557.  Plusieurs  énoncia- 


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—  438  - 

tions  da  cadaslre  de  la  ville,  de  celle  epoque,  ne  laisseot  aucun  doale  à 
cel  égard.  Ce  poni  s'écroula  vers  le  milieu  da  dix-seplième  siede  :  c'est 
ce  que  nous  apprenneni  les  procès-verbaux  des  Elats  de  Comminges  lenus 
dans  la  ville  de  Samalan  .  les  25 ,  26  el  27  oclobre  1655  (1).  En  effel,  à 
la  première  séance  des  Elats,  noble  Pierre  de  Fabas,  qui  y  assistali 
comme  premier  consul  el  dépulé  de  la  ville  de  Muret ,  représenta  à  l'as- 
semblée que  «  le  poni  de  Murel  eslanl  tombe  ruyné^  le  commerce  des 
»  provinces  voisines  de  Languedoc  et  Guyenne  eo  souffroit,  parce 
»  qu'on  De  pouvoit  passer  la  rivière  de  Garonne,  sur  laquelle  il  éloit  con- 
»  strali,  qu*avec  des  bàleaux  el  Irès-difflcilemenl,  veu  qu'il  n'y  avoit  pas 
D  de  pori  commode ,  aìns  fori  rude  (la  descenle  au  nord  de  l'hospice)  , 
»  les  cbevaux  ne  pouvant  passer  qu'en  Ale.  »  El  M.  de  Fabas  ajootait 
qu'il  élail  «  aussi  imporlant  de  fere  réparer  le  poni  ponr  le  service  du  roy 
»  afin  de  facililer  le  passage  des  gens  de  guerre  qui  esloienl  obligès  de 
>  sèjourner,  divers  jours,  aux  environs  de  la  rivière,  allendant  l'occa- 
»  Sion  de  pouvoir  recouvrer  des  bàleaux  pour  le  passage.  »  Là-dessu6,  le 
dépulé  de  Murel  demandali  l'inlervenlion  des  Elals  pour  soUiciter  da  roi 
la  concession  d'un  droit  modéré  de  «  ponlenage  »  (péage)  qui  pourrait 
procurer  les  ressources  nècessaires  pour  la  reconslruclion  el  la  réparalion 
du  poni,  dont  les  frais ,  suivanl  le  premier  consul  de  Murel,  devaient  se 
porler  a  une  somme  'de  quinze  à  vìngl  mille  livres. 

Les  Elals  accueillirenl  la  demando  de  M.  de  Fabas  el  prirent  ane  déli- 
béralion  dans  ce  sens ,  pourvu  ,  loulefois ,  que  les  habilanls  du  pays  de 
Comminges  fussenl  exempls,  suivanl  leurs  priviléges,  du  droit  de  «  pon- 
lenage »  à  élablir.  Cesi  à  la  séance  du  27  que  les  Elals  chargèrent  l'abbé 
d'Eaunes ,  qui  en  élail  Tun  des  membres  pour  l'ordre  du  clergé ,  de  faire 
toules  les  démarches  nècessaires  pour  le  succès  de  celle  affaire. 

Les  démarches  de  Tabbé  d'Eaunes  aboulirenl-elles,  el  le  poot  de 
Muret  ful-il  reconslruil?  —  Il  le  fui.  Voici,  a  ce  sujel,  un  témoignage 
précieux  :  c'esl  celui  de  M.  de  Froidour  (2),  qui  visita  Murel  en  1667.  Il 
dìt  :  «  L'unique  chose  qui  nous  ayt  più  est  un  poni  de  bois  qa'oo  a  fait 
»  depuis  peu  sur  quelques  piles  restantes  d'un  ancien  poni  de  pierre 


(4)  y.  mon  mémoire  sur  les  Etats  d$  Comming$$. 

(2)  Louis  de  Froidour,  commissaire  député  pour  la  réformation  des  Eauz  et  Foréts. 


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»  (orreor  :  il  étail  également  de  bois)  qui  a  eslé  rompa  et  emporlé.  L'io- 
»  venlion  de  ce  poni  esl  la  pièce  de  charpeolerie  la  plus  bardie  que  j'aye 
»  veue  de  ma  vie  el  que  Ton  puisse  s'imaginer.  Je  ne  sgaurois  vous  en 
9  bieo  faire  la  descriplion  ;  mais  il  semble  estre  fait  en  l'air.  11  n'y  a  pas 
»  d'ingénieur  et  d'officiar  d'arlillerie  qui  ne  deusl  s^avoir  ce  trait  de  gèo- 
»  mèlrie ,  tant  il  esl  curieux  el  utile  ;  et  je  vous  asseure  que  jamais  je 
»  n'iray  a  Muret  que  je  n'en  tire  un  pourfil  de  ce  poni  (1).  » 

Mais  ce  nbuveau  poni ,  reconslruil  dès  1 667 ,  qui  falsali  l'admiralìon  de 
M.  de  Froidour,  ne  subsisla  pas  longlemps.  Il  disparul  à  son  lour.  11  esl 
permis  de  conjecturer  qu'il  dui  céder  à  celle  grande  inondalion  du  mois 
de  seplembre  1727,  qui  fui  un  vérìlabie  déluge  el  qui  causa  dans  loule  la 
province  de  Languedoc  el  le  Comminges  les  plus  graves  dommages  (Si). 
Depuis  celle  epoque ,  le  poni  n'a  plus  èie  relevé. 

Nous  n'avons  aujourd'bui  de  cel  ancien  monumenl  de  la  bienveillance 
des  comtes  de  Comminges  pour  le  pays  que  les  resles  des  culées  qui  se 
voient  ancore  sur  les  deux  rives  du  fleuve  (voir  ci-joinl,  au  n""  1  de  la 
plancbe ,  la  figure  de  ces  deux  culées) ,  et  les  fondalions  des  piliers  sur 
lasquels  reposaient  les  pièces  de  cbarpenle  deslinées  à  soulenir  le  plan- 
cber  du  poni,  el  qui  étaient ,  parall-il ,  au  nombre  de  cinq  ou  six.  Deux 
de  ces  fondalions  soni  encore  lrès*apparenles  à  l'epoque  des  basses  eanx  ; 
les  aulres  sont  recouvertes  par  les  alterrissemenls  qui  se  soni  formés 
depuis  quelque  temps  dans  le  lit  du  fleuve  ,  principalement  du  còlè  de  la 
rive  gauche. 

La  culèe  de  la  rive  droile  est  construile  en  ma^nnerie  mix  te,  brìque 
et  caillou ,  avec  morlier  de  cbaux  grasse.  On  ne  trouve  qu'une  seule 
pierre  de  laille  placée  a  l'un  des  angles  èvasés  des  cdlés  de  la  culèe.  La 
brique  forme  lous  les  parements  exlérieurs  ;  le  caillou  n'a  élé  employé 
quecomme  remplissage.  La  bauleur  acluelle  de  la  culèe  est  de  4  mèlres 
75  cenlimèlres  au-dessus  de  rèliage.  On  remarque ,  sur  la  face  de  celle 
culèe ,  des  Irous  qui  pourraienl  élre  Templacemenl  des  poulres  qui  for- 
maient  le  plancher  da  poni ,  et ,  au-dessous  de  ces  trous ,  des  entailles 


(k)L§ttru  etrelations  d$M.  de  Froidour^  VI«  recueil,  22  aoùt  4667.  Hss.  à  la  Bibliothòqtte 
de  la  ville  de  Toulouse. 
(2)  y.  Hiitaif  gMraU  d$  Lamgu$doe,  continuóe  par  M.  Dumège,  t.  X,  p.  499  et  600. 


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obliques  paraissant  avoir  élé  destinées  a  recevoir  des  contre-Oches ,  pia- 
cées  évidemment  pour  soulager  la  porlée  des  poulres.  Ces  entailles  ne 
soDt  qu'à  3  mèlres  au-dessus  des  basses  eaux. 

Da  coté  d'amont  »  le  mur  se  prolonge  en  aile  sur  une  longueur  de 
112  mèlres  ,  el  s'arréte  a  un  roc  très-dur  qui  s'avance  de  2  mèlres  envi- 
ron  dans  le  fleuve.  Ce  mur  en  aile ,  que  Ton  pourrait  appeler  plulót  un 
mur  de  quai ,  parali  avoir  élé  diminué  dans  sa  hauleur  ;  car,  près  du  roc 
doni  je  viens  de  parler,  ce  mur  n'a  que  2  mèlres  de  hauleur  àu-dessus 
des  basses  eaux. 

La  culée  de  la  rive  gauche  est  bàlie  avec  les  mémes  qualilés  de  malé- 
riaux  el  a  la  méme  forme  que  la  culée  de  la  rive  droile ,  sauf  qu'elle  n'a 
jamais  eu  de  mur  en  aile ,  ni  en  amonl  ni  en  aval. 

La  largeur  du  lil  du  fleuve,  d'une  culée  à  Taulre ,  esl  de  162  mèlres. 

Le  poni  une  fois  déOnilivemenl  délruil  pendanl  la  première  moilié  da 
dix-huilième  siede ,  le  passage  d'une  rive  à  l'autre  s'opera  au  moyen  d'un 
baleau  doni  les  droils  de  péage  apparlenaienl  aux  rols  de  France,  comme 
successeurs  des  comics  de  Comminges ,  depuis  la  réunion  du  comlè  a  la 
couronne  ;  el  ces  droils  se  levèrenl  conslammenl  à  leur  pro&l  jusqa'à  la 
Revolution  ;  mais  s'il  faul  ajouler  foi  au  dire  des  pelils-Qls  du  dernier  fer- 
mier  à  celle  epoque ,  ils  n'élaienl  exigés  que  des  personnes  élrangères  a 
la  ville  de  Murel.  Les  habitants  de  celle  ville  auraienl  loujours  eu  le 
passage  gratuita  en  verlu,  sans  doule,  du  privilégeque  leur  availassuré 
la  charle  du  2  juin  1203.  Mais  je  n'afflrme  rien  sur  ce  poinl. 


LA  VILLE  DE  SAINT-BERTRAND 

ETAIT-ELLE  LA  CAPITALE  DU  PAYS  DE  COxMMINGES? 


L'hisloire  de  Tancien  lerriloire  des  Convence  esl  connue.  L'on  saìt  que 
ce  pays  élail  devenu ,  dès  le  dixième  siede ,  un  comlé  qui  pril ,  dans  la 
suile^  le  nom  de  comlé  de  Comminges,  borné  par  le  Langaedoc»  le  pays 


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de  Foix ,  leCouseraQ ,  les  Pyrénées ,  le  Bigorre  et  TArmagaac.  Ce  comlé, 
dans  les  derQiers  temps ,  était  distribaé  eQ  huìt  chàtellenies,  compreoant 
deux  cent  quatre-vingl-huit  villes ,  bourgs  ou  villages  dont  j'ai  donne 
aiUeurs  les  noms  (1). 

Farmi  les  villes  du  pays,  on  disUnguail  Muret,  qui  avait  été  incorporé 
dans  le  comté  aa  commencement  du  douzième  siede,  par  suite  du  mariage 
de  Bernard  IV  avec  la  cbàtelaine  Dias,  Alle  de  Godefroy,  seigneur  de 
Muret  ;  Lombez ,  ville  episcopale  depuis  'le  quatorzième  siede  ;  Saint- 
Bertrand,  aussi  ville  episcopale  et  l'ancienne  Lugdunum  Convenarum  de 
Pompée,  détruite,  en  585,  par  Leudégésile,  general  des  troupes  du  roi 
Gontran.  A  la  fin  du  onzième  siede  ou  au  commencement  du  douzième» 
le  Saint  évéque  Bertrand  rebàlit  les  murs  de  Lyon  de  Comminges,  et 
donna  son  nom  à  la  nouvellecité.  Sousles  successeurs  de  saint  Bertrand, 
la  ville  s'embellil  d'une  église  catbédrale ,  beau  monument  d'arcbitecture 
gothique  et  romane ,  que  le  voyageur,  qui  Tapergoit  de  loin ,  considero 
avec  admi  ralion .  y^"^"^^ 

A  raison,  sans  doute,  des  grands  souvenirs  hislort^es  j^^^^ 
s'atlachent  a  son  exislence,  quelques  anciens  bisto^epfi^cmiés  par  de^ 
géographes  modernes ,  se  sont  più  a  qualifler  la  villò^^.Sa^Berlrand, 
les  uns  de  capitale  (2) ,  les  autres  simplement^de  cheMféu  (3)  du  Com- 
minges.  Si  l'on  a  voulu  parler  de  l'ancienne  ville  des  Convènes,  de 
Lugdunum  Convenarum,  avant  sa  destruction  par  les  Franks  et  les 
Burgondes  y  la  qualiflcalion  est  exacle.  Lugdunum  Convenarum  était 
réellement,  avant  celte  epoque,  la  ville  principale,  le  cheMieu,  la  capitale 
du  pays  des  Convènes.  Mais  si  l'on  enlend  appliquer  ce  litro  a  la  ville 
réédiflée  par  saint  Bertrand ,  ce  n'est  là  qu'une  assertion  sans  fondement 
et  dont  il  est  facile  de  démontrer  la  fausseté. 

Une  ville  n'est  autorisée  à  se  dire  la  capitale,  le  cbeMieu  d'un  pays, 
d'un  Etat,  d'une  province,  que  parco  qu'elle  est  le  siége  du  gouvernement 
de  ce  payS;  la  residence  habi lucile  de  ses  souverains ,  le  lieu  où  se  traitent 
les  affaires  publiques.  La  ville  de  Saint-Bertrand,  je  dis  Saint-Bertrand 

(4)  Les  Etati  du  Cormminges  et  du  Nébouxemj  aesmnhléi  à  Muret  paur  la  nomination  dee  dépu- 
tu  aux  Etaie  généraux  de  4789,  p.  8  et  suiv. 

(2)  Y.,  entro  autres,  Gastelìer  de  Latour,  Armorial  dee  Etats  du  Languedoe. 

(3)  Bouillet ,  Dictionnaire  d'Metoire  et  de  giogmpki: 

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—  uà  — 

et  noD  Lugdunum  Convenarum  y  ne  peut  reveodiquer  poor  elle^  à 
aucune  epoque  de  son  cxistence ,  ODe  seule  de  ces  prérogatives.  Elle  n'a 
jamais  élè ,  eD  effet ,  le  siége  de  radministralion  civile  et  publiqae  de  la 
province;  jamais  il  n'a  exislé  aucun  rapport  de  subordination  de  la  part 
des  autres  villes  du  comté  envers  Saint-Bertrand.  Toutes  étaient  indépen- 
dantes  les  unes  des  autres.  A  aucune  epoque ,  les  comtes  de  Comminges 
n'ont  possedè  à  Saint-Bertrand  ni  chàteau,  ni  palais.  L'évéque  et  les 
membres  de  son  chapilre  y  avaìent,  seuls,  établi  leur  demeure;  et  encore, 
depuis  longtemps  avant  la  revolution  de  1789,  les  évéques  de  Comminges 
résidaient  tantót  a  Saint-Gaudens ,  et  lanlòt  dans  une  magnifique  habita- 
tion  qu'ils  possédaient  dans  la  bourgade  d'Alan. 

Cesi  dans  les  chàteaux  féodaux  qu'ils  avaient  fait  élever  sur  divers 
points  de  leur  comté ,  que  les  souverains  du  Comminges  faisaient  d'ordì- 
naire  leur  demeure.  Ils  ne  quiltaient  ces  résidences  comtales  que  pour 
aller  babiter  quelque  temps  un  hotel  qu'ils  possédaient  à  Toulouse  près 
du  Chàleau-Narbonnais  el  dont  on  volt  encore  quelques  vestiges:  Vhostal 
del  comte  de  Cumcnge,  comme  l'appelle  Guillaume  de  Tudéla  dans  sa 
Cbronique  en  vers  sur  la  guerre  des  Albigeois. 

On  retrouve  fréquemnaent  ces  comtes  dans  leur  chàteau  de  Muret»  d'où 
l'un  d'eux,  du  nom  de  Bernard,  ordonnait,  au  moìs  de  juin  1203,  Téta- 
blissement,  sur  la  Garonne^  de  ce  pont  de  bois  dont  j'ai  eu  l'honneur  déjà 
d'enlretenir  la  Société  arcbéologique  ;  où  furent  arrétées,  en  1224,  les 
condilions  du  mariage  de  Bernard,  fils  du  comte  de  Comminges  alors 
régnant ,  avec  Cécile  de  Foix  (1)  ;  où  Pierre  Raymond  II  fit  son  testamenti 
le  19  octobre  1375;  où,  trois  ans  plus  tard^  en  1378,  Marguerite,  sa 
Alle  et  son  bérilière ,  épousa  en  premières  noces ,  dans  Téglise  des  Corde- 
liers  attenanl  au  chàteau,  Jean  III ,  comte  d'Armagnac.  C'est  encore  an 
cbàteau  du  Muret  que  le  comte  d'Astarac  alla  trouver,  de  Tordre  de 
Charles  VII ,  le  21  février  1443 ,  Matthieu  de  Foix ,  pour  le  sommer  de 
comparaitre  à  Toulouse  où  le  roi  avait  convoqué  les  Etals  de  Comminges 
pour  traiter  des  démélés  de  ce  comte ,  soit  avec  le  comte  d'Armagnac,  soit 

(4)  L'acte  ne  porte  pas ,  il  est  vrai,  que  le  contrai  de  mariage  est  passe  dans  le  chàteau  de 
Muret  ;  mais  ce  fait  est  suffisamment  établi  par  le  nom  et  la  quelite  des  tómoins  qui  signò- 
rent  au  contrat ,  et  parmi  lesquels  on  trouve  Arnaud  Mascaron ,  bailli  de  Muret,  et  Thomas 
de  Dabls ,  deux  des  tómoins  de  la  charte  de  IS03. 


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—  4*3  — 

avec  la  comtesse  Marguerite ,  sa  femme.  Enfia ,  ce  fot  aa  ch&teau  de 
Murel,  encore  deboul,  que  mourut,  le  5  janvìer  1526,  la  connesse  de 
Comminges,  Tépoiise  de  messire  Odel  de  Foix ,  seigneur  de  Lautrec, 
alors  corale  de  ce  pays  ;  et  c*est  à  Muret  qu'eurent  lieo,  le  surlendemain, 
en  grande  pompe,  ses  fanérailles  (1). 

Cesi  des  résidences  comtales  que  je  vìens  d'indiquer  que  les  souve- 
rains  du  Comminges  Iransmeltaient  à  leurs  offlciers  les  ordonnances  dont 
ils  prescrivaieni  rexéculion  pour  radminislralìoh  de  leur  vaste  seigneurie. 
Qu'on  lise  les  Charles ,  les  actes  divers  émanés  de  la  volontà  souveraine 
des  successeurs  d'Asnarius,  et  rapporlés  dans  VHistoire  generale  de  Lan- 
guedoc  ou  ailleurs  :  on  n'en  trouvera  aucun  qui  soit  date  de  la  ville  de 
Saint-Bertrand ,  aucun  qui  alteste  un  séjour  plus  ou  moins  prolongé  des 
comics  dans  celle  ville.  Saint-Bertrand  élait  la  cité  de  Févéque  et  de  ses  cha- 
noines,  la  ville  episcopale,  la  métropole  du  diocèse  de  Comminges,  qui  ne 
comprenait,  d'ailleurs,  qu'une  parile  du  comté^  et  pas  aulre  cbose.  Le^ 
souverains  du  pays  n'y  avaient  poinl  leur  sépullure;  leurs  dépouilles 
mortelles  reposaient  dans  réglisedeTabbaye  de  Bellefont,  élablie,  en  1 136^ 
dans  la  cbàlellenie  d'Aurignac.  Et  comment  la  ville  de  Saint-Bertrand 
aurait-elle  pu  se  considérer  comme  la  capitale  du  Comminges,  alors  qu'elle 
élait  du  gouvernement  de  Guyenne ,  et  que ,  d'un  aulre  coté ,  elle  restali 
étrangère  à  radministralion  des  affaires  de  la  province,  en  n'envoyant  poinl 
des  députés  aux  Etats  du  pays  (2)? 

L'on  chercherait  vainement  des  lilres  pour  juslifier  Fassertion  que  je 
combats.  Dom  de  Vie  et  dom  Vaissèle,  qu'il  faut  toujours  ci  ter  lorsqu'oa 
parie  de  nos  anciennes  provinces  mèridionales,  menlionnent  plusieurs 
fois,  dans  lescolonnes  de  leur  savanle  hisloire  du  Languedoc^  la  ville  de 
Saint-Bertrand ,  mais  jamais  ils  ne  Fappellent  que  ville  da  pays  de 
Comminges  (3).  M.  Dumège,  dans  ses  Additions  a  Tun  des  volumes  de 
celle  hisloire,  reproduìl  le  passage  de  Guillaume  de  Tudéia  dans  la  Causo 
deh  Erctges  d'Albetges,  où  il  est  queslion  d'un  conseil  lenu  dans  la  ville 
de  Saint-Bertrand  par  Raymond  VI,  corate  de  Toulouse,  et  où  assistèrent 

(4)  y.  ci-après  mon  mémoire  sur  lei  Armoiriei  de  la  ville  de  Muret. 

(2)  V.  mes  Etats  du  Comminges  et  du  Néhouxan  assemblés  à  Muret  en  4789,  p.  44. 

(3)  Y.  notaramcDt  t.  Vili,  p.  26,  36  et  46,  8«  édìt.  —  Je  ne  parie  pas  des  tables,  qui,  pro- 
bablement,  sont  Touvrage  d*un  secrétaire. 


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—  Hi  — 

le  comte  de  CommiDges,  Roger  de  MoDlaut,  etaotres  grands  seigneura. 
Le  comte  de  Toulouse  deroandait  leur  avis  pour  recouvrer  ses  Etats  et 
reprendre  sa  ville  capitale,  doDt  Simon  de  Monlfort  s'était  emparé.  La 
Yille^  lieu  de  la  rèanioD^  est  simplement  appelée,  dans  le  poeme  de  Guil- 
laume de  Tudéla,  la  ville  de  Comminges,  déoomioatioD  qui  n'est  que  la 
traduclioD  li  Iterale  de  ces  mots  latius  urbs  Convenarum,  par  lesquels  saint 
Jerome  désignail  l'ancieDDe  capitale  des  Gouvènes  ,  Lugdunum  Con'' 
venarum. 

fai  fouJllé  les  archi ves  de  notre  ancien  parlement  ;  j'y  ai  dépouillé  des 
documents  qui  pouvaient  intéresser  la  ville  dont  je  m'occupe^  et  dans 
aucun  y  Saint-Bertrand  n'est  qualiflé  de  capitale  du  Comminges.  Je 
citerai,  enlre  autres,  deux  anciens  arréls  :  l'un,  du  19  décembre  1503, 
portant  opposilion  du  Parlement  à  une  commission  donnée  par  le  rei  à 
Toccasion  de  la  ville  de  Saint-Bertrand;  l'autre,  du  5  mai  1586,  renda 
con  tre  les  religionnaires  qui ,  à  cette  epoque,  s'étaient  emparés  de  cotte 
ville.  Dans  ces  deux  arréts  (1)^  Saint-Bertrand  n'est  jamais  qualiflé  de 
capitale  :  c'est,  tout  court,  la  ville  de  Saint-Bertrand. 

Si  le  Comminges  avait  une  capitale,  c'était,  dans  l'opinion  desbommes 
du  dix-seplième  siede ,  Muret  plutdt  que  Saint-Bertrand  qui  était  considerò 
comme  ayant  ce  titre.  Ce  que  j'avance,  je  le  prouve.  Il  y  a,  aux  arcbives 
du  Parlement,  un  registro  in-folio,  de  l'année  1 685,  intilulé  Etat  general 
des  parts  et  portions  du  domaine  du  lioy  des  anciennes  sénéchaussées  de 
Toulouse,  Carcassonne  et  comté  de  Gaure,  Lauraguais  et  Castres.  On 
y  lit^  à  la  page  113  :  «  La  ville  de  Muret  est  la  capitale  de  Commeuge  où 
»  les  anciens  comtes  faisaient  leur  residence  dans  un  grand  et  fort  cbàteau 
»  scis  à  une  des  ex  tremi  tés  de  la  ville  (2),  faisant  une  pointe  où  les  eaux 
9  de  la  rivière  de  Louge  sont  jointes  avec  celles  de  la  rivière  de  Garonne, 
»  lequel  cbàteau  est  entièrement  dèmoly ,  et  il  n'y  a  que  le  sol  et  la  place 
))  du  chàleau,  laquelle  apparlient  au  Boy.  »  Et  c'est  aussi  à  Muret  que 
fut  établi,  en  1603,  lors  de  son  inslilulion,  VElcclion  de  Comminges, 
rune  des  onze  qui,  au  moment  de  la  Bèvolution,  ressortissaient  de  la 


{i)  Rapportés  aux  registres  de  Malenfant,  t.  I,  p.  269,  et  t.  IX,  p.  34S. 
(S)  Y.  ma  Pfotice  Mstorique  sur  Varrondiaement  de  Muret,  p.  84  et  8S. 


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—  145  — 

Gour  des  aides  de  MoDtauban,  Tribunal  dont  la  jurìdiction  comprenait 
TaocieD  comlé  deCommioges,  le  Nébouzan  et  le  Couseran  (1). 

Ed  écrivanl  ces  lignes ,  j'aì  sous  les  yeux.  les  pièces  d'un  dossier  relatif 
à  l'enregislrement  d'un  édit  du  roi ,  du  mois  d'aoùt  1594 ,  qui  permei  à 
la  ville  de  Muret  de  s'imposer  poQr  payer  les  gages  d'un  régent.  Dans 
une  requéte  présentée  par  les  habilanls  de  celle  ville  à  la  Cour  des  aides 
de  Montpellier,  en  1 599 .  pour  demander  renregìstrement  de  l'édit  de 
1594,  les  habilanls  de  Muret  qualiQent  leur  ville  de  capitale  du  pays  de 
Comminges;  et  celle  qualification ,  leurs  consuls  Toni  conslamment  don- 
Dée^  dans  leurs  délibéralions,  jusqu'à  la  revolution  de  1789,  à  la  ci  tè  qu'ils 
adminislraiènt. 

Je  signale  ces  documenls  divers  non  comme  pouvanl  faire  preuve  que 
Muret  élail,  en  réalilé,  la  capitale  du  Comminges ,  mais  comme  établis- 
sani  que  ce  titre  n'était  point  altribué  à  la  ville  de  Saint-Bertrand. 

VEtat  génét^al  des  parts  et  portions  du  domaine  du  roi  n'est  pas  la 
seule  aulorilé  que  je  puisse  invoquer  à  l'appui  de  ma  Ihèse.  Elle  est  en- 
core  justiflée  par  un  documet)t  souverain  que  j'ai  fait  connaflre  dans  mes 
Etats  du  Comminges  et  du  Nébouzan  assemblés  à  Muret  en  1789  , 
document  qui  établit  le  jugement  que  nos  rois  avaient  porle  sur  la  posi- 
tion  de  la  ville  de  Saint-Bertrand  dans  le  Comminges. — En  1789,  Louis  XVI 
convoque  les  Etats  particuliers  de  l'ancien  comlé  pour  nommer  des  de- 
putès  aux  Etats  génèraux  qui  devaient  se  réunir  a  Versailles ,  le  5  mai 
de  celle  année.  La  lettre  portant  convocalion  des  trois  Etats  du  pays  de 
Comminges ,  Nébouzan  et  Couseran ,  que  le  monarque  réunissait  dans  la 
circonstance,  rappelle  et  constale^  en  termes  exprès,  «que  le  pays  de  Com- 
»  minges  ne  renfermait  aucun  siége  qui  eùl  tous  les  caraclères  auxquels 
»  fui  attaché  le  droit  de  convoquer  les  trois  ordres  ;  »  et  parlant  de  ce 
fait ,  ce  n'est  pas  à  Saint-Bertrand ,  ville  dont  la  population  a  été  toujours 
celle  d'un  bourg  d'une  mediocre  importance,  que  soni  appelés  a  s'assem- 
blerles  représentanls  du  pays,  mais  dans  la  ville  de  Muret,  quoique  si- 
tuée  à  l'une  des  extrémités  de  la  province ,  parco  que^  sans  doule ,  aux 
yeux  du  gouvernement,  Muret,  par  les  souvenirs  qui  se  raltachaient  aussi 
à  son  passe ,  était  pluldt  la  ville  des  anciens  comics  du  pays  que  Saint- 
li)  V.  ma  Notie$  hittorique  tur  Varrondissement  de  Muret,  p/427  et  428. 


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—  446  — 

Bertrand,  qui  toujours  n'avaìl  été  que  celle  de  Tévéque  (1)  ;  et  c'est  pro- 
bablement  poar  le  méme  molif  que*  M.  Dumège ,  daos  sa  Statistique 
generale  des  départements  pyrénéens,  a  dit ,  tome  II,  page  41,  en  par- 
laut  de  Muret  :  «  Pelile  ville  qui ,  daos  lous  les  temps ,  avail  fait  partie 
»  du  Comminges  ou  du  territoire  des  Convence,  et  qui  avait  encore,  eu 
»   1788,  une  influence  polilique  sur  celle  pelile  province.  • 


LES  ANCIENNES  AMOIBIES  DE  LA  VILLE  DE  MURET, 


Farmi  les  vìlles  qui  font  aujourd'hui  partie  de  l'arrondissement  de 
Muret,  plusieurs  avaient  des  armoiries.  Je  citerai,  d'apres  VArmorial 
des  Etats  du  Languedoc,  Gaillac-Toulza ,  Clntegabelle,  Aulerive,  Mire- 
moni,  Saìnt-SuIpice,Carbonne,Rleux,  Montesquieu  de  Volveslre,  Cazères, 
Le  Fousseret.  Mais  je  me  bornerai  à  rappeler,  parmi  ces  armoiries , 


(4)  Il  est  si  vrai  que  la  ville  de  Saint-Bertrand  n'avait  d*autre  seigneur  qae  l'évéque,  qu'il 
résulte  d'une  charte  de  4208  quec*est  Tévéque  de  Comminges  qui  confirme  les  libertés  mu- 
nicipales  des  habitants.  Certains  articles  de  cette  charte  parlent  sans  doute  du  seigneur  do  la 
ville,  dominus  eivitatii,  sans  autre  designa tion  ;  mais  il  est  dit,  dans  Tarticle  25,  que  c*est 
révéque;  car  il  porle  que  Pévéque,  c*esl-à-dire  le  seigneur,  episcopus  dominus  videlicet,  ne 
peut  établir  ni  queste,  ni  taille,  ni  albergue,  sans  le  consentement  des  babitants.  — Autre 
preuve  que  Tévéque  de  Comminges  était  bien  le  seigneur  de  la  viUe  de  Saint-Bertrand  : 
Des  documenta  du  quatorzième  sìècle ,  que  nous  avons  fait  connaltre  aillcurs  (Y.  le  RectieU 
de  VAcadémie  de  législation  de  Toulouse,  t.  XII,  p.  81 ,  89  et  suiv.),  nous  apprennent  que  c'est, 
non  le  représentant du comte  de  Comminges,  maiscelui  de  l'évéque,  en  son  absence,  qui  y 
rendait  la  justice  :  Aos  Vicarine  generalis  tàm  in  spiritualihue  quàm  in  temporalibue  Convena^ 
rum  prò  Reverendo  in  Ch risto  patre  et  domino  nostro  iV..,  Convenarum  episcopo,  inremotis 
agente.,,  —  Troisième  preuve  :  Un  arrét  du  parlement  de  Toulouse,  du  28  janvier  1556 ^ 
rendu  à  l'occasion  de  Télection  des  consuls  de  Saint-Bertrand,  ordonna  que  l'évéque  et  le 
chapitre  a  jouiroient  de  la  faculté  de  faire  eslire  par  les  consuls  de  cette  ville ,  à  la  fin  de 
B  leur  année  et  au  jour  destine ,  huit  personnages  ydoines ,  capables  et  de  qualité  requise, 
9  lesquels  consuls  seroient  après  tenus  porter  et  présenter  auxdits  évéque  et  chapitre  en  la 
9  maison  episcopale,  l'électìon  par  eux  faite  desdits  huit  personnages  pour  par  iceux  évéque 
ì>  et  chapitre  en  estre  choisis  et  eslus  quatre  dea  plus  capables ,  prendre  et  recevoir  le  ser- 
»  ment  d'iceux.  » 


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—  447  - 

comme  les  plus  curìeoses^  celles  de  Montesquieu ,  qui  coosistaient  eu  une 
piqué  d'or  flcbèe,  en  un  champ  d'azur,  sur  un  moni  de  sinopie.  Au  cen- 
tro de  l'écusson,  on  apercevait  Irois  lignes  blanches  horizonlales  et  paral- 
lèles^  ayant  figure  de  serpent,  allusion  evidente  aux  trois  cours  d'eau 
qui  arrosent  et  fertilisent  Fancien  pays  de  Volveslre  :  la  LèzCy  VArize  et 
le  Volp{{).  C'est  entre  la  première  et  la  dernlère  de  ces  rivìères  qu'était 
circonscrit  aulrefois  le  Volvestre ,  d'où  Montesquieu ,  qui  en  élail  Fune 
des  Tilles  principales,  a  lire  la  partie  dislinclive  de  son  nom  ;  et  ce  mot 
de  Volveslre,  selon  les  demi-savanls  du  lieu  ,  dériverail  de  l'ancienne 
langue  cellique  et  signiflerait  trois  rivìères. 

Mais  si  VArmorial  des  Etals  du  Languedoc  nous  fall  connaitre  les 
signes  béraldiques  des  vìlles  que  je  viens  de  nommer,  personne ,  que  je 
sache,  n*a  parie  (2)  des  armoiries  de  Muret.  Cependant,  celle  ville  qui , 
dans  les  derniers  temps,  était  devenue  le  siége  d'une  juslice  royale  dont 
le  litulaire  prenait  la  qualité  de  conseiller  du  roi,  son  juge  en  chefcivil 
et  criminel  de  la  ville  et  juridiclion  de  Muret ,  siégb  principal  du  pays 
et  comté  de  Comminges,  avail  adoplé  des  emblèmes  qui ,  sans  nul  doute, 
faisaient  allusion  à  son  glorieux  passe.  Des  documents  cerlains  établis- 
senl,  en  effet,  que  les  maglslrats  consulaires  de  la  cité  qui  fui  la  resi- 
dence favorite  de  la  plupart  des  comles  de  Comminges ,  avaient  pris  pour 
enseigne  communale  un  écusson  écarlelé^  cbargé,  au  premier  et  au  qua- 
trième,  d'un  cbàteau  a  trois  tours;  au  deuxième  et  au  troisième,  dequa- 
tre  otelles  adossées.  Cet  écusson,  qui  avail  élé  trace  à  la  piume  en  téle 
d'un  feuillel,  le  premier  d'un  ancien  registro  des  délibéralions  des  consuls 
de  Muret,  commencant  a  l'année  1526,  mais  sans  indicalion  de  mélaui 
ni  d'émaux,  pourraìl,  ce  nous  semble,  étre  blasonné  ainsi:  Aux  premier 
et  quatrième,  de  gueules?  (3),  avec  chdteau  ouvert  et  ajouré  à  trois 
tours  d^argentj  madonne  de  sable,  qui  est  de  Muret;  au  deuxième  et 


(1)  V.  le  DO  2  de  la  planche. 

(2)  Ceci  s'écrivait  en  1856. 

(3)  Si  je  propose  ici  la  couleur  rouge  pour  le  champ  des  armoiries  particulières  à  Muret, 
c*est  uniquement  parce  que  j'ai  suppose  qu*il  devait  y  avoir  de  Tanalogie  entre  l'email  de  ce 
champ  et  celai  de  Técu  des  armoiries  du  comté ,  qui  était ,  comme  je  le  rappelle ,  de 
gueulei» 


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—  U8  — 

au  traisième,  de  méme,  à  quatre  otelles  (Pargent  adossées  etposées  en 
sautoir,  QUI  est  de  Comhinges  (1). 

Les  trois  tours  rappelaieiit  ÌDContestablement  ce  chàteaa  de  Maret 
devenu  si  célèbre  daos  l'bistoire  de  la  gaerre  des  Àlbigeois  (2).  Les  qaatre 
otelles  adossées  étaìent  les  armoiries  des  popalatioDS  da  CommÌDges  (3). 
On  les  voit  encore  au-dessus  de  quelqaes  portes  à  Saint-Bertrand  ;  et,  il  y 
aquelques  années,  on  pouvait  les  remarquer  sur  deux  pierres  au-dessus  de 
la  porte  de  Thólel  de  la  mairie  de  Muret,  construit  en  1738  et  récem- 
ment  abandonné.  Vers  la  fln  du  premier  Empire,  en  1814,  quelques 
jours  avant  Tarrivée  des  Anglais ,  on  les  flt  dìsparallre,  parce  que  le  cbef 
de  la  municìpalllé  de  celle  epoque  les  aurait  prlses  pour  des  emblèmes 
compromellants. 

Le  dessin  béraldique  qui  accompagno  le  litro  du  registro  des  délibéra- 
tions  des  consuls  de  Muret,  en  1526,  représente  évidemment  les  an- 
ciennes  armoiries  de  cotte  ville.  Cela  resulto  de  la  première  de  ces  déli- 
bèrations,  qui  est  à  la  date  du  6  janvier  1526  :  —  Messire  Odet  de  Foix^ 
seigneur  de  Laulrec ,  alorscomte  de  Comminges,  avait  informe  par  lettres 
les  consuls  de  la  ville  que  la  comtesse,  sa  femme,  venait  de  trépasser. 
Sur  col  avis,  les  consuls  s'empressent  de  convoquer  lous  les  manants  et 
habitants  de  Muret,  abiles  pour  assister  au  conseil  general...  a  Teffet 


(1)  V.  le  no  3  de  la  planche. 

(t)  Le  chàteau  de  Muret  avait,  en  effet,  troia  tours,  nommées  :  la  tour  Prime,  la  tour  de 
XtMacetla  tourdeLouge^  la  plus  élevée  et  la  plus  forte  des  trois.  Y.  au  recueil  des  Mémoiree 
de  l'Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belles-leltres  de  Toulouse,  6»  sèrie ,  t.  IV ,  p.  1  et 
suiv.,  mon  mémoire  intìtulé  le  Chàteau  de  Muret  demolì  par  les  capitouls  de  Toulouse. 

(3)  Gastelier  de  Latour,  Armorial  des  Etats  du  Languedoc.  —  Cet  auteur  qualifle ,  en  effet , 
d* armoiries  du  pays  de  Comminges  seulement  l'écusson  aux  quatre  otelles  adossées ,  quii 
reproduit  à  la  page  227  de  son  livre.  Ce  qui  pourrait  venir  à  Tappui  de  cette  qualification , 
c*est  l'origine  étrangc  que  d*aucuDs  se  sont  più  à  attribuer  aux  quatre  otelles ,  qui  ressem- 
blent  à  des  amandes  pelées.  L'on  sait  que  les  habitants  du  Comminges  passent  pour  étre 
les  descendants  d*une  race  d*hommes  que  saint  Jerome  qualifie  tout  simplement  de  bri- 
gands,  de  semine  latronum,  restes  fugitifs  des  légions  de  Sertorius,  que  Pompée  aurait  réunis 
et  établis  dans  une  ville  qui,  pour  cette  circonstance  aurait  pris  le  nom  de  Urbs  Convenarum. 
Les  descendants  de  ces  hommes  se  seraient,  dans  la  suite  des  temps,  amendés.  De  là, 
dit-on ,  pour  manifester  et  nous  apprendre  ce  changement  de  vie ,  Temblème  aux  quatre 
amandes  qu'auraient  adopté ,  à  une  epoque  inconnue ,  les  peuples  du  Comminges.  Mais  cette 
interprétation  des  quatre  otelles  ne  serait-elle  pas  plus  ingénleuse  qu'exacte  ? 


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—  449  — 

d'arréter  en  quelle  sorte  et  manière  falloit  procéder  aux  honneurs  de 
ladite  dame.  Quatre-vingt-oDze  manaDls  et  habitaDts,  dont  la  délibéra- 
tioD  iDdique  les  noms ,  se  présentent ,  el  «  après  plusieurs  oppìnioDS  et 
»  advis  fast  conclud  etarreslé  que  le  plustòt  qui  seroit  possible,  lesdils 
»  honneurs  fussent  faicls ,  et  que  l'on  y  eusl  vingt-qualre  enfans  ou  filles 
»  abillées  de  deuil  ;  que  chescung  pourlast  une  entorcbe  de  ciré,  des- 
»  quelles  les  (illisible)...  fussent  plus  grands  pour  flambeaulx,  et  a 
»  chescung  desdils  flambeaulx  fussent  affigées  les  armes  de  ladite  ville, 
»  et  à  chescung  des  autres,  les  armes  de  ladite  dame;  et  que  honneste- 
»  ment  tous  partisi  de  ladite  maison  commune.  » 

Ce  passage  de  la  délibération  du  6  janvier  1526  prouve,  sans  nul 
doute^  que  la  figure  héraldique  qui  la  précède  n'avait  élé  reproduite  là, 
par  le  rédacteur  de  cette  délibération  ,  que  pour  rappeler  la  forme  des 
armoiries  de  la  ville  qui  entraient  dans  le  programmo  de  la  cérémonie 
funebre. 

Il  paralt  que  ces  armoiries  subirent ,  plus  tard ,  a  une  epoque  incon- 
Due^quelques  modiflcations.  Tantdt,  en  effet,  une  muraille  crénelée 
remplaga  sur  Técu  le  chàteau  a  trois  tours;  tantòt  il  n'y  eut  tout  sìm- 
plement,  au  centro,  que  ce  chàteau  ou  la  muraille  crénelée ,  sans  les 
oielles,  etc,  eie.  J'ai  observé  quelques-unes  de  ces  variantes  dans  un  pro- 
grammo imprimé  que  j'ai  eu  longtemps  en  ma  possession,  d'une  féte  pom- 
peuse  célébrée  à  Muret,  en  1744 ,  à  Toccasion  de  la  convalescence  du  roi 
Louis  XY.  Au-dessous  du  titre  de  ce  programmo,  on  avait  figure  un  écus- 
son  portant  les  quatre  otelles  et  une  muraille  crénelée.  Ce  n'est  qu'à  la 
vignette  qui  encadrait  la  lettre  majuscule  L,  à  la  première  ligne  de  la 
première  page,  qu'on  remarquait  un  chàteau  donjonné  de  trois  tours.  La 
muraille  représentait  probablement  les  anciens  remparts  de  la  ville,  dont 
quelques  pans  sont  restés  longtemps  debout ,  méme  après  la  destruction 
du  chàteau  opérée  en  1623.  Quel  fut  le  motif  du  changement  que  je 
viens  de  signaler  dans  les  anciennes  armoiries  de  Muret?  —  Je  Tignore. 
Mais,  selon  tonte  probabilité,  il  n'y  en  eut  pas  d'autre  que  l'ignorance 
ou  le  caprice  des  consuls  qui  le  firent. 

Victor  FONS, 

Juge  au  Tribunal  dfil  de  Tontoose. 
.20 


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ARCHÉO-GÉOLOGIE. 


J'auraì  ThoDDeur  de  soumettre  a  la  Société  le  compie  renda  et  les 
résuUats  matériels  de  nolre  campagne  d'automne  :  campagne  arctiéo-géo- 
logique  enlreprise  avec  M,  Anloine  du  Bourg. 

Nolre  première  excursion  a  élé  vers  le  village  de  Viala-du-Tarn ,  où , 
dès  l'aonée  dernière ,  nous  avioDS  era  reconnaitre  les  indìces  d'une  habi- 
taUon  Iroglodylìque ,  taillée  dans  une  roche  de  grès.  Revenanl  celle  fois  à 
la  ebarge  avec  des  ouvriers,  el  proQlanl  d'une  bospilalilè  largemenl  offerte 
par  le  principal  propriélaire  de  la  localilé  (M,  d'Arvieux) ,  nous  avons  fall 
dèblayer  presque  en  entìer  le  réduil  soulerrain  ,  de  manière  à  pouvoir  y 
pénèlrer  d'un  cóle  a  plain-pied.  L'inlérieur  de  la  cavile  s'offrii  dès  lors 
comme  dans  le  dessin  ci-joint  (plancbe  I)  et  conforme  au  pian,  très- 
exaclement  leve  el  mesurè  par  M.  da  Bourg  (plancbe  II),  c'est-à-dire 
avec  trois  cbambres  sur  la  gaucbe,  ayanl  cbacune  une  ouverture  au  midi  ; 
puis  avec  un  couloir  se  prolongeant  vers  l'est  el  se  lerminant  par  une 
oaverture ,  encore  du  cóle  du  midi. 

Les  fouilles  les  plus  minulieuses  n'ont  pu  permellre  de  reconnaitre  le 
moindre  veslige  de  l'industrie  bumaine;  et  cependant  nous  pouvions 
compier  sur  tout  le  zèle  de  l'ouvrier  en  cbef ,  sorte  de  paysan  lettre  qai 
«  se  souvenait  d'avoir  lu  quelque  pari,  disail-il,  que,  dans  les  caves  des 
»  pyramides  d'Egypte  ,  on  rencontrail  des  corps  de  prìncesses  couvertes 
»  de  bijoux...  » 

lei  y  je  l'avoue ,  nous  n'avons  renconlrè  ni  corps  de  prìncesses  ni 
bijoux ,  pas  méme  le  plus  petit  débrìs  de  l'àge  de  la  pierre.  Malgré  cela , 
nous  avons  tout  liea  de  croire  que  celle  babitation  rocbeuse  remonte  aux 
àges  les  plus  reculès.  €omme  pourles  dolmens  des  environs,  la  tradition 
populaire  entoure  ce  réduil  d'une  terreur  superstilieuse  el  de  merveiilea- 
ses  légendes. 


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—  454  — 

Notre  seconde  exploralion  a  èie  dirigée  sor  les  bords  de  la  Jonte,  au 
milieu  des  rocbers  de  Nabrìgas,  non  loin  de  Méraeyes.  Trois  grotles  ont 
élé  visilées  :  les  deux  premières  descendant ,  comme  des  abimes ,  en  spi- 
rale ,  a  une  profondeur  non  sondée  par  nous  faute  de  lenops;  et  la  troi- 
sième  offrant  un  abord  facile  et  un  parcours  borizontal.  Cesi  dans  catte 
dernière,  souvent  fouillée  ,  et  dans  un  recoin,  où  l'épaisseur  de  la. sta- 
lagmite nous  promettait  la  virginità  des  rechercbes  désirée ,  que  le  pie 
d'un  mineur  mit  bienlót  a  découvert  une  enorme  lete  d'ours  {Vursus  spe- 
Iceus,  a  front  bombe),  mesurant  50  centimètres  de  long  sur  30  de 
large. 

Àjoutons ,  avant  de  sorlir  de  cetle  caverne ,  que  nul  débris  bumain  ne 
s'est  montré  à  nous ,  au  milieu  d'une  abondance  extréme  d'ossements 
d'animaux.  Quant  au  restant  du  squelette  de  l'ours,  l'heure  avancée  et  la 
longueur  du  retour  a  parcourir  ne  nous  ont  pas  permis ,  a  notre  très- 
grand  regret,  d'en  compléter  l'exhumalion. 

La  troisième  exploralion  a  eu  lieu  sur  la  montagne  du  Sargel,  non  loia 
de  Saint-Georges-de-Luzengon.  Plusieurs  groltes,  les  unes  en  larges  ves- 
ti bules,  les  autres  en  profonds  et  obscurs  couloirs,  s'enfoncent  dans  les 
fliincs  de  cetle  montagne  (bastion  détaché  de  Larzac);  mais  une  seule^ 
exposée  au  midi,  d'un  accès  étroit,  facile  à  défendre,  d'une  salubrité 
parfaite ,  d'une  temperature  des  plus  douces ,  munie  méme  d'une  source 
limpide,  semblait  nous  assurer  de  fructueuses  rechercbes.  En  effet,  des 
tracesde  foyers,  plusieurs  couches  de  cbarbons,  de  nombreux  tessons  de 
poteries  celtiques  et  méme  romaines,  y  compris  une  jolie  bacbette^  ont 
successivement  apparu  sous  les  instruments  de  nos  ouvriers ,  ne  nous 
laissant  aucun  doute  sur  la  superposition  de  stations  humaines,  tour  à 
tour  cherchées  dans  ce  lieu.  Le  tout  se  trouvait  enfoui  dans  un  sable  jau* 
nàtre ,  parfaitement  homogène^  et  que  Ton  ne  découvre  pourtant  ni  sur 
le  terrain  du  plateau  ni  dans  le  terrain  des  pentes.  Ce  sable ,  d'où 
venait-il  donc?  Autre  question  à  ajouter  à  tant  d'autres. 

Une  caverne  d'un  plus  grand  intérét ,  et  qui  jusque-Ià  se  montrait 
grande-ouverte  au  bord  d'un  chemin  sans  que  personne  y  soupgonnàt  le 
moindre  trésor,  a  été  par  moi  fouillée^  et^  dans  un  de  ses  recoins  les 
plus  ignorés,  m'a  donne  de  très-curieux ,  de  très-riches  resultate  (dont 
la  planche  IH  présente  les  principanx  spécimens).  Les  objets  en  nature 


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—  452  — 

ODt  été  envoyés  a  Rodez,  poar  étre  offerts ,  en  mon  oom ,  à  la  Société 
des  Sciences  de  TAveyron.  Notre  savant  coUègae ,  M.  Trulat,  y  avait  lai 
àussi  reconnu  les  caraclères  les  moios  douteux  de  Yàge  de  la  pierre  non 
polle s  et  tout  cela  empàlé  dans  aoe  gangue  limoDeuse^  dilu Vienne,  des 
plus  dares  :  circonslance  remarqaable  au  poinl  de  vue  archéo-géologique. 
Ajoulons  qaec'est  la  première  caverne  de  ce  genre,  le  premier  gise- 
ment  de  cette  nalare  qui  se  soient  révélés  dans  la  région  sud-est  de  notre 
Rouergue. 

Non  loin  de  cette  cavitò,  et  a  200  mètres  environ  au-dessus  ,  au  nord- 
ouest  da  village  de  Peyre ,  avait  été  aussi  par  moi  (Jécouverle ,  il  y  a 
troisans,  une  autre  cavitò;  mais  celle-ci  sans  vestiges  de  Thomme,  et 
uniquement  remplie  d'auimaux  de  l'epoque  quaternaire  {mammouth , 
ours  ,  hyène,  cerf,  chevalj  etc.)  ;  le  tout  mèle  à  un  limon  rougeàtre , 
tnoins  dur  et  moins  foocé  que  le  limon  de  la  caverne  inférieure ,  celle  de 
l'habitat  bumain  précité.  Une  panie  de  ces  débris  a  été  déposée  entre  les 
mains  de  M.  le  docteur  Noulet,  et  l'autre  au  musée  de  Rodez ,  associéé  à 
Tenvoi  des  silex. 

Remarquons  enfln  que  le  voisinage  de  ces  deux  cavernes  de  Peyre  ne 
semble  nullement  impliquer  pour  elles  la  contemporanéilè  de  Tbomme  et 
des  grands  auimaux  de  Tépoque  quaternaire,  chacune  ayant  son  caractère 
zoologique  ou  paléontologique  bien  distiuct. 

C-  Felix  de  SAMRUCYLUZENgON. 


i  févrìer  1868. 


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ÉLOGE 


DE 


M.  LE  VIGOMTE  DE  LAPASSE , 

SECRÉTAIRE  -GENERAL  DB  LA  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  DU  MIDI  DE  LA  FRANGE. 


En  prenant  aujourd'hui  la  parole  pour  tracer  à,  véj^jrwards,  corame 
dans  UD  dernìer  el  solennel  adieu,  les  grandes  lìgìì«^^^im  vie  du  noble 
et  cher  confrère  que  nous  avons  perdu,  je  me  seos  en  proie  à  un  doublé 
sentimenlde  Irislcsse. 

A  la  douloureuse  nécessilè  de  vous  monlrer  le  vide  qui  s'est  fait  parrai 
tìous,  se  joint  le  regret  d'élre  obligé  de  remplacer  une  voix  plus  aulorisée 
que  la  ralenne  et  plus  digne  du  sujet  que  je  suis  force  de  trailer. 

Cette  voix  s'élevait  ici,  il  y  a  un  an,  pour  vous  signaler  un  autre  vide 
que  la  Sociélé  n'a  pas  cru  devoir  se  b&ter  de  remplir,  tant  elle  compre- 
nait  la  grandeur  de  la  perle  qu'elle  avait  faite  en  la  personne  de  M.  Au- 
guste d'Aldéguier,  son  président  depuis  de  si  longues  années. 

En  exprimant,  dans  un  langage  ému,  ses  regrels  personnels,  M,  Caze 
fut  rìnterprèle  fidèle  de  nolre  coraraune  affliction. 

Aujourd'hui,  Messieurs,  une  maladie  grave  le  retient,  àson  lour^  loin 
de  nous. 

Puissé-je,  en  parlant  de  cette  absence,  me  défendrede  tonte  crainle,ou 
me  persuader,  du  moins,  que  nos  alarraes  ne  soni  qu'une  exagération  de 
ootre  amilié(l)! 

(4)  Cet  éloge  a  été  lu  à  la  Sociélé  archéologìque ,  dans  sa  séance  du  24  janvier  4868. 
M.  Caze  est  mort  le  34  mars. 


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—  164  — 

Louis- Charles-Edouard,  vicomle  de  Lapasse,  est  né  à  Toulouse,  le  21 
janvier  1792  (1). 

Des  éludes  brillai) les,  accomplies  aa  collège  de  Bordeaux,  le  prépa- 
rèrent  de  bonne  heure  a  celle  vie  d'aclivilé  intellectuelle  qui  fui  le  cachet 
parliculier  de  son  exislence.  Cependanlla  culture  des  lellres  uè  futpas  la 
préoccupalion  exclusive  de  ses  jeunes  années.  Son  nom,  les  tradilions  de 
sa  famllle,  Thonneurde  représenler  seul  loules  les  gloires  de  sa  race  (2), 
le  deslinaient,  corame  ses  ancélres,  a  la  noble  carrière  des  armes. 

Il  avail  environ  vingl-deux  ans  lorsqu'il  entra  daos  la  maison  da  roi 
en  qualilé  de  chevau-lcger. 

Que  voulail-il,  a  celle  epoque?  La  gioire  militaire  avait-elle  donc  si  bien 
fascine  Tesprit  du  jeune  vicomle  de  Lapasse  qu'il  lui  eùt  déja  sàcriflé  ses 
goùls  lìlléraires? 

Les  plus  brillanles  deslinées  lìennent  souvent  à  l'un  de  ces  hasards 
doni  les  caprices  voilent  le  doigt  de  Dieu. 

L'homme  s'agite  dans  le  cercle  étroit  de  ses  pensées.  Il  se  fait  un  ave- 
nir  doni  le  présenl  est  la  base  et,  lout  a  coup,  un  événement  imprévu  ren- 
verse  ses  projets. 

Paris  avait,  a  coup  sur,  de  quei  séduirele  vicomle  de  Lapasse.  Lacour, 
avec  le  preslige  de  sa  renaissance,  se  présenlait  a  son  imagination  a?ec 
tous  ses  atlraits.  Elle  reliait  aux  grandeurs  du  passe  toutes  les  espérances 
d'un  heureux  avenir. 

Celai t  un  beau  réveil. 

La  Providence  avait  place  son  berceau  au  seuil  d'une  revolution  épou- 
vanlable.  Les  horreurs  de  93  lui  apparaissaìent  comme  le  souvenir  lu- 
gubre d'un  cauchemar  douloureux  et  lourd,  et  les  gloires  du  premier 
Empire  n'avaient  pu  lui  faire  oublier  les  malbeurs  des  Bourbons  et  les 


(1)  Soa  pére,  M.  de  Lapasse,  descendait  de  l'antique  famille  espagnole  de  ce  nom,  dont 
plusienrs  membres  se  sont  illuatrés  sur  les  cbamps  de  bataille  au  scrvìce  des  comtes  de  Foix. 

Sa  mère  appartenait  à  la  famille  des  Cardailiac-Lomné ,  alliée  aux  plus  grands  noms  du 
pays.  Elle  était  cousine  germafne  du  marquis  d'Osmond ,  que  nous  retrouverons  plus  tard 
ambassadeur  de  la  Restauration  è  Londres.  Deux  évéques  de  ce  nom  et  de  cette  famille  ont 
occupé  successivement  le  siége  de  Comminges,  supprimé  par  le  concordat.  Le  dernier  mou- 
rut,  après  l'exil  et  la  suppression  de  r^vécbó  de  Comminges,  évéque  de  Nancy. 

(2)  M.  le  vicomte  de  Lapasse  n*eut  qu'un  frère  qui  mourut  jeune. 


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—  465  — 

spleDdeurs  de  taDt  de  grands  règnes.  Sa  foi  politique ,  puisée  aux  mémes 
soarces  que  sa  loi  religieose,  se  nourrissaìt  de  la  méme  seve  et  devait 
poasser  daos  celle  riche  nalare,  ardente  el  loyale,  des  racìDes  profondes. 
L'ane  et  l'aulre  devaient  étre  a  l'abri  de  toules  les  alteintes. 

NoasnesavoDS  pas  si  le  jeune  vicomle  de  Lapasse  eutjamais  un  goùt 
proDoncé  pour  la  gioire  mililaire.  Il  est  probable  que  ses  aspiralions  les 
plus  intimes  ne  lendaientpas  de  ce  coté.  D'ailleurs,  aux  premières  années 
de  la  Restauration  ,  la  période  guerrière  élail  a  peu  près  Soie  pour  la 
Franco  ;  les  balailles  commengaient  a  passer  de  mode.  La  socìélé,  fati- 
guéede  lanl  de  secousses  el  épuisée  de  tant  de  lutles,  ne  voulait  que  la 
paix.  Elle  avail  besoin  de  retrouver  la  sécurité,  la  force  et  la  prosperile 
dans  le  repos.  Elle  n'aimailpas  les  ruines  que  la  Bévolullon  avail  semées. 
Si  la  Revolution  fui  un  chàlimenl,  ce  ch&limenl  devait  avoir  un  terme. 
On^  poavail  déplorer  les  malbeurs  qu'elle  avail  faìls  et  jouir  des  bienfails 
qu'elle  avail  apportés  :  ils  coùlaienl  assez  cher.  Les  destinées  des  empires 
ne  se  réglaient  plus  avec  Fépée;  c'élait  à  la  dipiomalie  que  la  sociélé  re- 
nouvelée  demandali  la  consolidalion  de  ses  constilutions  récenles. 

Le  vicomle  de  Lapasse  trouvail  là  une  magniflque  voie  ouverle  a  sa  haute 
intelligence,  à  son  aclivilé  el  à  son  dévouemenl  a  lachose  publique. 

Il  y  entra  résolùment. 

Son  oncle^  le  marquis  d'Osmond,  venali  d'étre  nommé  ambassadeur  à 
Londres.  Il  s'altacha  son  neveu  en  qualité  de  secrétaire. 

Jeune,  aclif,  généreux^  il  apporta  dans  Fexercice  de  ces  fonctions  dif* 
ficiles  toules  les  richesses  d'une  nature  élevée.  Ses  débuts  dans  la  carrière 
diplomalique  obtinrent  un  succès  éclatant.  Ils  altirèrenl  les  regards  de  son 
gouvernement  et  lui  valurent  Thonneur  d'élre  appelé  au  congrès  d'Aix-la- 
Chapelle.  Il  y  négocia ,  près  du  due  de  Richelieu,  la  retraite  des  armées 
étrangères  et  y  arréta  déQnitivement  le  règlement  des  charges  Qnancières 
qui,  depuis  les  Cent-Jours,  pesaìenl  sur  la  France.  Puis  il  passa  comme 
chargé  d'affaires  à  Ilanovre,  a  Berne  et  à  Naples  (1). 


(4)  Envoyé  à  Hanovre  au  moia  de  mai  4848 ,  eo  qualité  de  premier  secrétaire  de  légalion, 
M.  de  Lapasse  y  fut  bientót  chargé  d'a/faires  en  l'absence  du  tìtulaire. 

Le  9  juin  4824,  il  fut  nommé  premier  secrétaire  d'ambassade  et  chargé  d'a/faires  à  Berne, 
le  9  aoùt  suiv  ant  le  rei  le  nommait  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 


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—  466  — 

Soo  séjour  a  Naples  fut  [teut-étre  le  poinl  le  plus  brillant  de  sa  vie 
pu1)lique.  Il  retroQvait  daDS  celle  cour  comme  qd  écho  de  la  coor  de 
France.  Celali  Paris  traDsplanlé  sous  ud  plus  beaa  ciel^  aa  mìliea  d'un 
paysage  enchanleur,  aussi  nobie,  aussi  éléganl^  mais  plus  poélique  etplas 
rìche  CD  souveuirs. 

Dans  ce  temps  bcureux  de  calme  et  de  prosperile,  les  exigeDces  deveoues 
moins  impérieuses  de  la  diplomalie  lui  laissaient  des  loisirs.  Il  sul  les 
faire  tourner  au  proflt  de  la  scieuce  et  des  leltres. 

Le  roi  de  Naples  cbargea  plusieurs  fois  le  vicomle  de  Lapasse  de  pré- 
sider  aux  fouilles  exéculées  a  Pompei.  Il  eul  le  bonbeur  de  retrouver 
sous  les  ceodres  vomies  par  le  volcan,  des  maisons  entières  avec  leurs 
nieubles,  leurs  ustensiles  de  ménage,  des  bijoux  précieux,  et  il  fut  Tuo 
des  beureux  savanls  qui  coulribuèrenl  a  enricbir  le  célèbre  musée  dff 
Studi,  celle  coUeclioo  unique  au  monde ,  si  slupidemeol  pillée  dans  ces 
derniers  temps  par  les  iDvasioDS  ilalienoes.  Notre  coufrère  preludali  aiusi, 
sur  celle  terre  classique,  àceséludes  de  rautiquité,  qui  devaient,  quelques 
années  plus  tard,  lui  doDuer  le  droil  de  venir  s'asseoir,  au  sein  de  celle 
compagnie  savanle»  a  còlè  des  fondaleurs  de  la  Socìélé  arcbéologique  du 
midi  de  la  France. 

Aux  souvenirs  scienlifiques  rapporlés  de  ces  pacifiques  expéditions , 
M.  de  Lapasse  joignail  d'aulres  souvenirs  plus  inlimes,  finement  recueil- 
lis,  fidèlemenl  conservés.  Il  tirali  de  ce  fonds  cbarmant  ces  anecdolesai- 
mables  qu'il  racontait  si  bien  et  ou  se  reflélaient ,  avec  la  connaissance 
des  bommes ,  la  fréquentalion  des  premiers  salons  de  l'Europe. 

Yous  vous  rappelez ,  Messieurs ,  avec  quel  cbarme  il  nous  redisait ,  un 
jour ,.  une  bisloire  de  sa  vie  de  savant  à  Naples. 

Après  avoir  enlièremenl  déblayé  une  maison  anlique  retrouvée  intacte 
a  Pompei ,  avec  ses  cours ,  ses  galeries ,  ses  grandes  salles ,  ses  cuisioes  et 
leurs  dépendances,  il  organisa  une  pelile  féle  que  ifous  appellerions  au- 
jourd'bui  archéologique. 

Les  of/icince  élaienl  encore  garnies  de  tout  l'allirail  culinaire  des  an- 
ciens  Romains  ;  le  triclinium  avail  conserve  ses  tables  et  ses  trois  lils. 

Notre  jeuue  diplomale  pensa  qu'il  seraìt  piquanl  de  Iransformer  un  jour 
du  dix-neuvième  siede  en  un  jour  du  temps  d'Augusle.  La  cbose  lui 
paraissait  d'autai^t  plus  aisée,  qu'il  ne  s*agissait  que  de  rappeler  des  hom- 


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—  457  — 

nes  vi?anls  dans  cette  maison  latine  ressuscitée  toni  à  coup  avec  sa  phy- 
sionomie  prìmitive  après  une  mori  de  diiL-huit  siècles. 

Le  monde  savant ,  la  cour  el  Tarislocralie  napolitaines  farent  invités. 
On  s'y  rendit  en  costume  romain  ;  les  hommes  transformés  en  togati , 
les  dames  en  matronoe.  Ce  jour-là  tout  se  fil  à  la  romaìne.  La  ccena  fut 
ordonnée  à  la  romaine  ;  les  servi,  revétus  da  costume  romain  des  gens 
de  leur  condition,  s'acquittaient  de  leurs  fonctions,  à  la  romaine,  avec 
une  gravite  plaisan te. 

Pour  pousser  Tillusion  jusqu'au  bout ,  on  voulut  méme  substiluer  pour 
quelques  moments,  à  la  langue  de  Metastasio  et  de  Silvio  Pellico ,  la 
ìangue  de  Virgile  et  de  Cicéron. 

Lesuccèsfut  complet.  On  comprend  quelles  durentétre  les  jouissances 
inteliectuelles  de  M.  de  Lapasse  au  milieu  do  cette  transformation  éclose 
d'un  noble  caprice  d'érudit. 

Ce  fut  une  des  plus  heureuses  diversions  apportées  aux  tristesses  de  son 
veuvage. 

M.  de  Lapasse  avait  épousé,  le  1 1  juin  1826,  M^^*  Bianche  de  Lagarde(l), 
qui  mourut,  après  deux  annèes  seulement  de  la  plus  douce  union  ,^en 
ilonuant  le  jour  à  une  Alle  qui  devint  M"^  la  marquise  de  La  Bourdon- 
Daye.  La  minute  de  bonheur  intime  accordée  au  jeune  vicomle  fut  bien 
courte.  Il  n'y  a  pas  de  proporlion  sur  la  terre  enlre  la  joie  et  la  douleur. 

Ce  premier  deuil  jeté  tout  à  coup  sur  cette  jeune  et  brillante  existence, 
étendit  ses  voiles  sombres  sur  lous  les  jours  qui  suivirent. 

M.  de  Lapasse  appartenait  à  cette  forte  race  d'hommes  qui  ne  connais- 
sent ,  dans  le  domaine  de  Tesprit ,  qu'une  conviction  :  celle  de  la  vérilé 
et  du  devoìr ,  et  dans  le  domaine  du  ccBur ,  qu'un  seni  amour. 

Cette  douloureuse  tombe  une  fois  fermèe  sur  des  restes  si  chers ,  il  ne 
sut  plus  cbercher  ailleurs  une  diversion  impossible. 

Ces  hommes-là  n'oublient  pas. 

Quelque  cbose  survivait  à  cette  noble  et  douce  compagne ,  uniquement 
aimée  :  c'ètait  sa  fiUe. 


(1)  Elle  était  fille  da  marquis  de  Lagarde  et  Tune  des  plus  riches  béritìères  du  Midi  :  elle 
apportali  en  dot  cent  mille  livres  de  rente.  Le  marlage  fut  célèbre  à  Paris,  et  le  roi  signa  au 
eontrat. 

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—  168  — 

Un  berceau  ne  peot  faire  oublier  UDe  tombe  ;  mais^  du  mmas ,  il  peat 
en  voiler  les  Irisles  aspects  et  tempérer  par  qaelque  sourire  les  amertomes 
da  souvenir. 

M.  de  Lapasse  s'assit,  triste,  mais  non  découragé,  auprès  de  ce  ber* 
ceau ,  qui  désormais  devait  rèuoir  toutes  les  teodres  soUicitudes  du  pére 
au  culle  pieux  de  l'époux. 

A  ce  deuil  de  famille  se  joignìt  bientót ,  pour  M.  de  Lapasse»  un  dou- 
veau  sujet  de  douleor.  La  revolution  de  1830  éclata  pendant  qu'il  ètaU 
encore  à  Napies ,  où  le  comle  de  Laferronnaye  l'avait  accrédilé  en  qua- 
nte de  chargè  d'affaires  auprès  du  gouvernement  napolitain.  Sa  san  té  > 
gravemeat  alteinle  par  la  mort  de  M'*''  la  vicomtesse  de  Lapasse ,  lui  avait 
rendtt  nécessaire  le  doux  climat  d'Italie. 

L'événement  politiqoe  de  1830,  qn'il  n'avait  pas  prévu,  renversait 
tous  ses  plans.  Le  gouvernement  de  Juillet  ne  pouvait  réaliser,  dans  sa 
pensée ,  cet  avenir  de  prosperile  et  de  grandeur  qu'il  avait  rèvè  pour  la 
France,  ni  ébranler  ce  dévouement  chevaleresque  qu'il  avait  vooé  à  la 
branche  afnée  dont  on  avait  usurpé  les  droits.  Il  resta  pourtant  à  Napies, 
où  son  devoir  Tattachait  encore.  Ce  ne  fut  qu'en  1831 ,  aprés  avoir  sau- 
végardé  sa  dignité ,  en  refusant  de  s'associer  à  la  politique  nouvelle>  qu'il 
rentra  dans  la  vie  privée. 

Une  nature  moins  ardente  et  moins  passionnée  que  la  sienne  pour  les 
intéréts  de  son  pays  se  fut  dès  lors  ensevelie  dans  un  repos  sans  gioire  ; 
lui  n'a  jamais  connu  que  l'action.  Royalisle  et  légilimiste  quand  méme ,  il 
veut  servir  toujours  la  cause  du  rei  légitime.  Les  victorieux  de  la  velile 
peuvent  étre  les  vaincus  du  lendemain.  La  fldélité  du  dévouement  et 
l'energie  des  convicUons  ont  une  puissance  d'entratnement  qui  peut  quel* 
quefois  cbanger  la  face  des  aflfaires.  11  ne  s'agissait  plus  de  porter  la 
lumière  dans  le  conseil  des  souverains ,  c'était  les  masses  égarées  et 
séduites  qu'il  fallait  éclairer. 

Ce  fut  dans  ces  pensées  que  M.  de  Lapasse  >  aidé  de  quelques  amis, 
comme  lui  hommes  de  coeur  et  de  talent,  fonda,  dans  la  capitale,  Le 
Rénovateur.  Dans  ces  temps.de  luttes  où,  au  nom  de  la  liberté ,  tant  de 
libertés  furent  sacrifiées,  il  restait  au  moins  la  liberté  d'exprimer  sa  pen- 
sée. M.  de  Lapasse  en  usa  pour  le  service  d'une  cause  qu'il  n'a  jamais 
cru  perdue.  Qu'eùt-il  fait  de  ses  talents  et  de  cotte  activité  dévorante 


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qd'ìl  a  conservée  jasqu'à  sa  dernière  heure?  Il  n'élait  pas  homme  a  reca- 
ler  devant  le  sacrìflce  de  sod  repos  et^  chose  qu'on  appréciera  surtoat  de 

008  jours,  où  souveot  le  dévooemenl  s'achèle ,  ni  devanl  le  sacrìflce  de  sa 
fortone. 

Uardeur  da  combat  ne  lui  fit  jamais  oablier  les  lois  de  TurbaDilé  la 
plus  exquise.  Il  étail  geotilbomme  sur  le  champ  des  diseussions  politi- 
qttes  comme  il  l'élait  sur  le  terraio  de  rhonneur.  Il  sut  couserver  des 
amis  dans  les  camps  les  plus  opposés ,  parco  qu'il  sut  les  combaltre  sans 
les  blesser. 

Est-ce  dono  par  découragemeut  et  par  lassìtude  qu'il  abandoona  tout  à 
coup  cette  arène  où  la  gioire  et  le  succès  sont  loin  d'étre  toujours  la  ré- 
compense  du  labeur  ?  Je  ne  veux  pas  rechercher  les  causes  qui  le  porte- 
rent  à  se  retirer  du  jouroalisme.  Il  me  suffit  de  coustater  qu'après  avoir 
été  re^u  membro  de  la  Société  archéologique  du  midi  de  la  Frauce ,  le 

9  aoAt  1854^  une  largo  part  deson  exislence,  plus  calme  et  plus  recueil^ 
lie ,  fut  consacrée  aux  études  scieutifiques  et  au  eulte  des  letlres. 

La  médecine  avait,  pour  M.  de  Lapasse,  des  attraits  tout  particuliers* 
Il  se  livra  à  cette  étude  avec  ardeur  et  y  obtint  bientòt  des  succès  ècla- 
lants.  Les  Considérations  sur  la  durée  de  la  vie  humaine  et  les  moyem 
(le  la  prolonger ,  qu'il  fitparattre  en  1845,  est  peut-étre  moins  le  fruit 
de  ses  études  quo  de  ses  observations  personnelles.  Il  ne  m'appartieot  pas 
de  juger  le  fonds  de  ce  U?re  ;  la  forme  e»  est  exquise.  Je  l'ai  lu  avec  déli^ 
ces ,  peut-étre  parco  que  je  ne  suis  pas  médecin  «  mais ,  à  coup  sur ,  parco 
qu'il  est  bien  fait.  La  science  s'y  dépouille  de  ses  allures  pédantes  pour  s'y 
revélir  de  gràce  et  de  poesie.  Cet  ouvrage  fut  l'ainé  d'un  autre  publié» 
quelques  années  après ,  sur  le  memo  sujet ,  par  M.  Flourens. 

L'exercice  de  la  médecine  ne  fut,  pour  M.  de  Lapasse,  qu'une  occa- 
sion  de  lalsser  à  sa  charité  un  cours  plus  libre  et  plus  fécond. 

Les  malades  pauvres  étaient  robjet  à  peu  près  exclusif  de  ses  soins 
assidus.  Il  ne  leur  donnait  pas  seulement  ses  conseils  :  il  leur  fournissait 
aussi  les  remèdes,  le  bouillon,  souvent  des  sommes  assez  considérables 
d'argent,  aQn  qu'ils  pussent  se  procurar  unejiourriture  plus  saineet  mieux 
appropriée  à  leur  état. 

On  connaissait  peu  dans  le  monde  ses  pieuses  libéralités,  mais  les 
panvres  les  savaient  bien.  Dieu  les  comptait,  et  je  le  remercie^  pour  ma 


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part,  d'avoir  eu  rhoDoeur,  plos  d'oDe  fois,  d'en  étre  le  mioistre  et  le 
dispensateur. 

Failleurs,  par  ses  ouvrages  de  médecioe,  M«  de  Lapasse  défendait 
mìeux  la  philosopbie  spiritaaliste  et  chrétienne  qae  par  ses  arlicles  de 
VEcho  franfais  et  de  te  Quotidienne. 

Les  prescrìplions  thérapeotiques  les  plus  savantes  lui  paraissaient  moios 
propres  a  la  coDservation  de  la  vie  bamaine  que  celle  hygiène  morale 
qui  consiste  dans  le  développeinent  incessant  de  nos  facultés  :  e  Le  moa- 
Yemen t  de  Fesprit  et  la  jeuuesse  du  coeur  (1)  »  serout  eucore,  et  malgré 
l'or  potable,  le  meilleur  élixir  de  loogue  vie. 

J'ai  bàte,  Messieurs,  d'arriver  à  cetle  pérìode  trop  courte  de  la  vìe 
de  M.  de  Lapasse  où  il  vous  appartint  à  peo  près  tout  eulier.  Bien  qu'il 
comptàt,  depuis  1834,  parmi  les  membres  de  nolre  Compagnie,  les 
préoccupatioDS  d'une  vie  dévorée  par  tant  de  iuttes  et  d'étudessi  diverses» 
Tempécbèrcnt,  sans  doute,  de  prendre  une  part  active  à  vos  travaux.  Il 
vous  réservait  pour  plus  lard  les  fruits  de  son  expérience  et  de  soq  éru* 
dition  arcbéologique. 

Vous  connaissez  comme  moi  les  nombreux  travaux  qu'il  a  publiés  dans 
nos  mémoires.  J'ai  eu  d'abord  la  pensée  d'indiquer  les  plus  importants; 
en  les  parcourant,  j'ai  vu  qu'il  me  faudrait  les  citer  tous. 

Il  n'élait  étranger  à  aucune  des  questions  qui  se  traitaient  parmi  nous; 
il  ne  s'est  pas  fait  ici  une  seule  leclure  qui  ne  lui  ait  fourni  l'occasion  de 
présenter  quelques  observations  piquanles,  toujours  pleines  d'à-propos  et 
de  cboses  utiles. 

Il  nous  disait  un  jour  avec  cette  allure  de  franche  bonhomie  qué  vous 
lui  connaissiez  :  «  Il  y  a  eu  une  epoque  de  ma  vìe  où  je  lisaìs  tout.  J'ai 
beaucoup,  beaucoup  lu,  »  et  il  ajoutait  :  «  mais  j'ai  beaucoup  oublìé.  » 

L'on  ne  s'en  apercevait  guère,  tant  ses  connaissances  étaient  sùres  et 
variées. 

Nous  attendions  toujours  avec  impatience  son  tour  de  lecture,  parco 
que  nous  étions  certains  qu'il  nous  apporlerait  quelque  sujet  utile  et 
inattendu. 

Yous  vous  rappelez,  Messieurs,  son  esprit  de  concìliation  et  de  douceur. 

(4)  H.  de  YoisÌDS-La vernìère ,  Réponse  au  remerciment  de  M,  de  Lapasse, 


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Il  aimait  beancoup  les  moyens-termes,  comme  il  disait.  Dans  les  discus- 
siODs  qui  n'avaieot  pas  poar  sujet  exclusif  les  qaestioDS  scieDlifiques,  il  lais* 
Sait  ordinairemeDt  parler  sos  confrères.  Pais  il  prenait  la  parole,  résumait 
les  opioioDS  émises  et,  faisanl  appel  a  son  mayen-terme,  il  réussissait 
presqoe  toujoors  à  coDcilier  les  dissidenls,  emporlés,  peut-élre,  par  la 
chaieur  de  la  controverse  au  delà  des  limiles  qu'ils  avaieot  prévues. 

Ce  furent  toutes  ses  qualités  réuuies  qai  le  désignèreot  tout  natorelle- 
tnent  à  vos  saffrages,  pour  rempiacer  M.  Du  Mège,  dans  sa  ebarge  de 
secrétaire  general  de  la  Sociélé. 

M.  de  Lapasse  fut,  en  effet,  élevé  à  celie  dignilé  le  15  janvier  1863. 

L'bonneur  qa'il  recevait  fat  poar  lui  comme  un  nouveau  slimolant.  Il 
faisait  face  a  tout,  et  si  sa  vue,  un  peu  affaiblie^  ne  lui  permettali  pas  de 
lenir  le  plumitif  de  nos  séances ,  il  n'abandonnait  qu'à  regret  la  rédac- 
tion  de  ces  cbarmants  comples  rendus  de  nos  travaux  que  la  Société  a 
rhabitude  de  publier  dans  les  journaux.  On  lui  pardonnait  voiontiers  de 
s'écarter  un  peu  de  celle  forme  académique,  toujours  lecbnique  et  pré* 
cise.  consacrée  par  Tusage,  en  faveur  de  ce  vernis  plein  de  gràce  qu'il 
savait  y  répandre.  On  y  sentali  le  savanl  voile  du  gentilhomme.  Si  ses 
résumés  étaient  moins  concis,  ils  n'en  élaient  que  plus  aimables  et  on  ne 
les  lisàit  que  mieux. 

En  1864,  il  représenla  la  Société  arcbéologique  a  la  Sorbonne. 

Vous  n'avez  pas  oublié,  Messieurs,  Timpression  que  fit,  sur  cel  aadi- 
toire  d'elite,  son  remarquable  mémoire  où  il  rendali  compie  des  travaux 
récents  de  nolre  Compagnie.  Outre  Tbonneur  d'étre  imprimé  en  entier 
dans  le  recueil  des  principaux  mémoires  lus  aux  séances  de  la  Sorbonne, 
le  travail  de  M.  de  Lapasse  nous  valut  des  encouragements  efflcaces 
accordéspar  Son  Exc.  M.  le  Ministre  de  rinstruction  publìque  et  des  cultes. 

En  quiltanl  Paris,  M.  de  Lapasse  se  rendit  en  Bretagne,  où  il  était 
curieux  de  visiler  les  récentes  découvertes  dues  aux  intelligenles  investi- 
gations  des  membres  de  la  Sociélé  des  antiquaires  du  Morbiban. 

Il  vii  les  nombreux  débris  d'antiquités  celtiques  exbumés  dans  les  en- 
virons  de  Karnac.  Une  inscriplion  trouv^e  à  Tumiac  sous  un  tumulus 
fixa  particulièrement  son  attenlion.  Celle  inscriplion,  gravée  en  creux, 
est  formée  de  caraclères  inconuus  qui  ont  quelques  rapporls  avec  l'écri- 
ture  cuneiforme.  M.  de  Lapasse,  qui  n'oublìait  jamai^  les  intéréls  de  notre 


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compagnie,  en  obtint  aisément  un  fetc-simile,  qn^iì  fattoot  heureui,  àsoo 
retoar,  de  jeiDdre  à  nos  «oHecUcins. 

L'qd  de  ses  ré?es  qa'il  caressait  wec  le  plas  d'amour,  était  de  réaair 
assez  de  moQuroents  de  ce  genre  poar  ajouter  à  notre  ricbe  Mosée  aoe 
salle  d'antiquités  celUqoes. 

L'acUvité  iotellecluelle  de  M.  de  Impasse  semblait  grandir  a?ec  les 
aonées.  11  travaillait  saos  cesse.  Le  travail  allait  bien  à  ses  habitades  et 
à  ses  goùts.  Eotouré  d'amis  et  d'une  société  d'bommes  inslruits,  sa  vie 
s'écoulait  douce  et  varièe,  sans  lui  laisser  le  loisir  de  compier  les  henres 
et  de  s'apercevoir  de  la  marcbe  incessante  du  temps. 

Qui  eùt  pu  lui  predire  que,  dans  ce  cercle  beureux  où  se  mou?ait  sa 
facile  exislence,  de  nouveaux  malbeurs^  plus  grands  que  ceux  qu'il  avait 
éprouvés,  Tattendaient  ? 

Je  me  rappelie  ce  jour  lugubre  où,  étant  alle  faire  ma  visite  ordinaire  a 
ce  cber  confrère,  je  le  trouvai  seuI  dans  son  cabinet,  assis  dans  son  grand 
fauteuil,  enveloppé  de  sa  robe  de  chambre,  morne,  muet,  la  téte  pencbée 
sur  sa  poitrine.  Je  m'avance  vers  lui^  agile  par  je  ne  sais  quelle  crainte 
secrète  ;  je  le  salue,  et  Ini,  ordinairement  si  empressé  pour  ses  amis,  ne 
me  regarde  pas.  Je  lui  demando  s'ii  est  malade,  il  ne  me  répond  pas.  Du 
gesto,  il  me  désigne  un  fauteuil  ;  je  lui  demando  encore  s'il  est  malade, 
il  me  répond  par  ces  mots  foudroyanls  :  «  J'ai  perdu  ma  Alle.  »  Je  ne  ré- 
pondis  pas,  mais  je  serrai  avec  effusion  la  main  qu'il  me  lendait.  Il  com- 
prit  que  je  respectais  sa  douleur  et  que  je  la  partageais. 

Gel  bomme  ne  pleuraìt  pas.  La  douleur  avait  brulé  ses  larmes.  J'étais 
brisé.  Quelques  instants  après  il  m'apprit,  en  deux  mots,  quo  M"*  la 
marquise  de  La  Bourdonnaye  était  morte  Tavant-veille^  dans  deux  heures. 

Il  ne  dut  qu'à  Ténergie  naturelle  de  sa  grande  àme  et  à  sa  foi  de 
cbrétien,  de  supporler  sans  faiblesse  un  si  terrible  coup. 

Il  entrait  dans  les  destinées  de  cotte  nature  tendre  et  forte  d'époiser 
jusqu'à  la  lie  le  calice  de  la  douleur. 

M.  de  Lapasse  a  élé  Tun  des  types  les  plus  parfaits  de  l'amour  Aliai. 
Nous  savons  tous  de  quel  culle  pieux  il  a  loujours  enlouré  sa  mère  cbérie. 

Qu'il  était  beau,  ce  vieillard,  lorsque,  recevant  ses  amis,  il  les  conduisait 
auprès  de  sa  mère  en  leur  disant  :  «  Yous  allez  bien  saluer  un  pea  ma 
mère  ?  »  On  y  allait,  et  il  rayonnait  de  bonbeur.  Sa  mère  était  pour  M.  de 


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Lapasse  plas  que  Tobjet  d'ao  eulte  de  teodresse  :  il  en  était  fier.  C'était, 
da  reste,  le  dernier  lieo  qni  le  rattachàl  au  foyer  où  tant  d'ili  asions  heu- 
reoses  s'élaìent  évanoaies  en  lui  brisant  le  coeur. 

Hélasl  à  Tàge  où  ils  étaient  arrivés  tous  deux,  ce  lieu  était  deveou  bien 
fragile.  Il  sufQsait  d'un  soufflé  pour  le  rompre. 

M.  de  Lapasse  avait  déjà  essuyé  bieu  des  orages  ;  un  deroier  coup  de 
foudre  éclala  sur  sa  téte  et  lui  eoleva  sa  pauvre  mère  si  aimée.  M""^  de 
Lapasse  mourut  presque  cenlenaire. 

SoD  flis  avait,  a  celle  epoque,  soixanle  et  douze  ans. 

Quel  vide  désormais  autour  de  lui  ! 

«Me  voilà  bieo seul,»  me  disail-il  un  jour,  «mais  je  n'y  veux  paspen- 
»  ser  !  Je  veux,  autant  que  mes  forces  me  le  permeUroDl,  demander  a  la 
»  science  les  seules  dislraclìons  qui  me  puisseut  couveoir.  » 

Jamais  peuUétre  la  force  de  sou  caraclère  n'éclala  plus  visiblement 
qu'après  cette  sèrie  de  calaslrophes.  Vous  le  viles  toujours  sur  la  brècbe. 
A  la  Sociétè  d'agriculture,  il  était  de  toules  les  commissious  doni,  le  plus 
souveot,  il  était  le  rapporteur.  Od  putadmirer  une  fois  de  plus  la  variété 
de  ses  connaissances  el  relegante  souplesse  de  sa  piume. 

Presqu'au  méme  temps,  le  suffrage  de  ses  compatrioles  Tinvitait  à 
prendre  part  aux  affaires  de  la  citè.  En  acceptanl  la  charge  de  conseiller 
municipale  M.  de  Lapasse  voulut  prouver  qu'il  savait  allier  au  souvenir 
d'un  passe  sur  lequel  reposaient  ses  convictions  les  plus  inébranlables, 
ses  plus  légitimes  aspirations  vers  un  avenir  social  plus  prospère.  11  ne 
comprenait  pas  qu'on  pùt  s'ensevelirdans  le  eulte  stationnaire  d'une  tra- 
dition,  si  noble  et  si  respectable  fùt-elle,  sans  songer  au  prc^rès  inces- 
sant  d'une  société  qui  se  développe  el  se  transforme.  En  un  mot,  M.  de 
Lapasse  n'avait  pas  son  regard  toujours  tourné  en  arrière;  il  regardait 
surtout  en  avanl.  Il  eùt  volontiers  servi  de  trait  d'union  entro  les  gran- 
deurs  passèes  de  son  pays  et  ses  futures  splendeurs. 

Son  ardeur  pour  le  bien  public  lui  falsali  accepler  toutes  les  charges,  et 
il  menali  toni  à  bien  sans  empressemenl  et  sans  ostentalion^  mais  avec 
une  dignilé  calme  et  soutenue. 

Un  autre  appel  plus  flalleur,  depuis  longtemps  atlendu,  vint  enfin  le 
piacer,  parmi  les  mainteneurs  de  l'académie  des  jeux  Floraux ,  sur  le 
fauleuil  laissé  vacant  par  la  mori  de  Bl.  Pagès. 


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—  464  — 

c<  L'hoDDeur  qui  vieni  conroDoer  mes  cheveax  blancs,  »  disait-il  dai|8 
son  Remercìment,  «  est  le  comble  de  Tambilioa  d'un  vieax  Toalousain  t 
»  Ed  remontant  a  mes  plas  lointains  souveoirs,  je  me  rappelle  les  pores 
»  émolions  de  la  jeunesse,  alors  qae,  dans  le  naif  entbousiasme  de  la 
»  gioire  lilléraire,  je  venais,  avec  mes  condisciples  des  écoles,  assister  a 
»  ces  féles  du  3  mai,  où  l'académie,  ìncertaine  entre  les  beaux  vers  de 
»  Soumet  et  les  toucbantes  élégies  de  Millevoye,  épaisail,  poar  lesrécom- 
»  penser,  le  trésor  des  fleurs  de  Clémence  Isaure.  Avec  quelle  sympathie 
»  nous  applaudissions  au  laureai;  avec  quelle  déférence  nous  écoutions 
»  les  académiciens,  qui  dislribuaient  ces  fleurs  resplendissantes,  qui  prò- 
»  nongaient  ces  belles  barangues,  où  notre  zèle  étail  slimulé  par  Tèmnla- 
»  tion,  où  le  culle  des  lellres  était  predarne  comme  un  bienfail  réparateur 
»  des  désastres  révolulionnaires!  Nous  aimions  ces  vieillards  écbappés 
»  eux-mémes  aux  orages  qui  avaienl  bouleversé  la  France,  et  dont  le  cos- 
»  tume,  le  langage  et  les  manicres  rappelaient  un  aulre  siede.  Nous  n'é- 
»  lions  sèparés  de  ce  siede  que  par  un  petit  nombre  d'anuées;  mais  déjà 
9  il  nous  semblait  relégué  dans  la  periodo  des  temps  légendaires.  L'idée 
»  de  venir  un  jour  siéger  parmi  les  oracles  du  goùt,  ces  dìspensateurs  de 
»  la  Renommée,  nous  apparaissait  dans  un  avenir  vague  et  lointain, 
»  comme  la  plus  haute  rècompense  d'une  vie  bien  remplie. 

»  Ces  émotions  du  jeune  dge  se  réveillent  quand  on  revient  se  reposer, 
»  sur  le  sol  natal,  des  mécomptes  de  la  politique  et  des  fatìgues  d'une  lon- 
»  gue  carrière.  En  m'appelant  aujourd'hui  dans  son  sein,  Tacadémie  a 
»  comblè  des  voeux  qui  dataient  de  loin.  Elle  m'a  rapproché,  par  les  sou- 
»  venirs,  de  mes  débuts  dans  la  vie  :  c'est  une  sorte  de  rajeunissement 
»  plus  efficace  que  les  élixirs  des  alcbimistes.  » 

Vous  me  pardonnerez,  Messieurs,  d'avoir  rappelé  cette  belle  page,  la 
dernière  écbappée  à  la  piume  académiqne  de  notre  noble  confrère. 

Ne  nous  plaignons  pas  de  n'avoir  pas  eusa  dernière  parole;  nousavons 
eu  sa  dernière  pensée.  En  quittant  Toulouse  pour  ne  plus  la  revoir,  il 
priait  la  Commission  cbargée  d'exécuter  des  fouilles  pendant  lesyacance^, 
d*attendre  son  retour  ;  il  tenait  a  y  assister.  Il  devait  nous  étre  rendu  dans 
le  courant  du  mois  de  septembre. 

Hélas!  la  Commission  a  atlendu  !!!... 

Quel  coup  foudroyant,  Messieurs,  que  cette  nouvelle  apporlée  par  le^ 


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—  465  — 

joarnaux  :  <(  M.  le  vicomle  de  Lapasse  vient  de  moorir  aa  chàteau  de  Las- 
sac!  »  Cela  nous  paraissait  impossible,  laot  noasTavìons  vu  nagoère  plein 
de  vigueur  et  de  sante  !  Tant  nous  avions  besoin  de  nous  faire  illusion 
sur  celte  triste  réalité  1 

Qu'est-ce  dono  que  la  vie  de  Thomme,  sìdod  ud  flot  qui  s'écoule,  une 
famée  qui  s'envole?  Seul,  le  souvenir  de  ses  vertus  lui  survit. 

Cellesqui  ont  embelli  la  vie  et  console  la  mort  de  M.  de  Lapasse  perpé- 
tueront  sa  mémoire  et  la  feront  bénir. 

Laissez-moi,  Messieurs,  en  flnissant,  céder  la  parole  à  une  voix  qui  lui 
fut  chère. 

-M.  Louis  de  Montesquiou,  nutre  confrère  et  son  neveu,  qui  a  regu  lea 
derniers  battements  de  son  grand  et  noble  coeur,  m'écrivaìt  à  la  date  da 
7  novembre  dernier  : 

«  Les  derniers  moments  de  mon  excellent  onde  ont  éte  exemplaires; 
»  sa  mort  a  été  belle  comme  sa  vie.  Quand  il  sut  que  son  état  était  sans 
»  ressources,  il  voulut  aussilót  régler  les  affaires  de  sa  conscience,  et  le 
>  bon  cure  de  nolre  paroisse  Tassista  dans  ses  derniers  moments.  Il  passa 
p  la  journée  du  vendredi^  4  octobre,  en  conversaUon  intime  avec  son 
»  confesseur.  Le  samedi  matin,  il  regut  la  communion,  le  samedi  soir 
»  Textréme-onction.  Le  calme  et  la  rèsignation  ne  Font  pas  abandonnéun 
3»  Seul  instant.  Ses  forces  allaient  toujours  s'affaiblissant,  et  cependant  il 
»  s'informait  des  nouveiles  poliliques  apportées  par  les  journaux,  et  sur- 
»  tout  des  affaires  de  Rome.  Nous  lui  lisions  le  journal,  mon  pere  et  moi, 
»  et,  malgré  la  gravite  de  son  état,  il  voulait  raisonner  encore  sur  les 
»  événements.  Nous  lui  avons  lu  le  journal  lundi  soir  à  six  heures,  et  c'est 
»  à  neuf  heures  qu'il  a  tout  doucement  rendu  son  àme  a  Dieu,  comme 
»  s'il  se  fùt  endormi. 

*  Voilà,  Monsieur,  un  peu  à  la  hàte,  les  détails  bien  consolants  de  la 
»  fin  si  cbrélìenne  deM.  de  Lapasse.  Il  ne  pouvait  pas  en  étre  autrement  : 
»  les  hommes  de  ce  caraclère  savent  envisager  la  mort  sans  appréheosion 
»  et  sans  crainte,  parco  que  leur  vie  ne  peut  leur  laisser  ni  épouvante  ni 
»  remords.  » 

Uabbé  M.  B.  carrière, 

Secrétaire  adjoint. 


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ÉCOLE, 

SOCIÉTÉ  ET  ACADEMIE  DES  BEAUX-ARTS  DE  TOllLOUSE. 


La  vérité  apparati  toujours  a  un  seul  homme  avant  de  devenir  l'apa- 
nage  de  lous,  et  c'esl  toujours  a  rinìlialive  d'un  seul  que  la  généralilé 
doit  l'établissement  des  cboses  utiles.  L'bisloire  a  oublié  bien  des  noms 
de  ces  initiateurs;  souvenl  méme  elle  a  laissé  perdre  le  nom  des  rénova- 
teurs,  qui,  par  leurs  efforts,  avaienl  relevé  d'un  dépérissement  injuste 
les  inslitutions  nécessaires  à  la  gioire  de  leur  pays. 

Plus  beureux  à  Toulouse,  nous  connaissons  ce  ciloyen,  qui,  cullivant 
Tari  pour  l'art,  pour  lui-méme,  voulul  le  raviver  dans  notre  ville.  Il  guida 
les  intelligences  inférieures,  se  mit  en  opposilion  avec  les  puissants,  tou- 
jours disposés  à  règlementer  et  asservir  le  talent,  et  fut  le  vérilable  et  seul 
protecteur  des  arts  qui  cbarment,  éclairenl,  agrandissent  l'bomme  et  l'a- 
Doblissent.  Vous  avez  tous  nommé  Bernard  Dupuy  du  Grcz,  avocat  au 
Parlement,  auteur  d'un  traile  de  peinture  (1699),  et  savant  arcbéologue. 

Dupuy  du  Grez,  à  ses  frais  (longtemps  encore  nous  trouverons  le  dés- 
intéressement ,  celle  grande  verlu  si  inconnue  de  nos  jours),  élablil  en 
1694  une  école  de  peinlure  en  nutre  cité. 

Là  des  mailres  cboisis  inslruìsaient  des  élèves  épris  de  del  et  (Tari,  et 
trois  ans  après,  pour  exciler  leur  émulation,  dislribuaienl  aux  plus  mèri- 
tanls  des  médailles,  rares  aujourd'bui,  portante  àl'avers,  une  Pallas 
assise  qui  s'appuie  sur  une  ègide ,  au  revers ,  Tolosce  Pallad.  Proemium 
graphices  privato  sump.  datura  anno  1697. 

Celle  heureuse  initialive,  les  longs  et  constants  efforts  de  Dupuy  du 
Orez  donnèrent  à  quelques  Toulousains  l'idée  de  fonder  après  sa  mort 
(1720)  une  école  des  beaux-arts,  qui  devint  plus  tard  Sociélé  des  beaux- 
arts,  enfln  académie  royale  de  peinture,  sculplure  et  architeclure  de 
Toulouse. 


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—  467  — 

Rien,  je  crois,  n'a  eucore  été  pablié  sor  celle  école,  celle  Sociélé  oa 
celle  académie:  permetlez-moi  de  vous  apporler  aujoard'hui,  doq  une 
élade  qai  dépasserait  de  beaacoop  les  proporlions  d'une  leclare,  mais 
toas  les  malériaux  que  j'ai  su  découvrir;  seulemeut,  dans  celle  longue 
compilalioQ,  je  laisserai  de  còlè  ce  qui  concerne  les  arlislesde  celle  epoque 
pour  ne  pas  empiéler  sur  le  livre  depuis  longtemps  annoncé  d'un  de  nos 
honorables  coUègues. 

Si  Dupuydu  Grez  est  le  vérilable  iniliateur  de  l'ari  enseignéà  Toulouse, 
car  les  peinlres  qui  depuis  1271  faisaient  le  porlrait  des  Capilouls  n'é- 
taienl  que  les  reproducleurs  de  pelites  vanilés  personnelles  ;  en  1724,  più- 
sieurs  élèves  d'Antoine  Rìvals,  Subleyras;  qui  bienlól  sera  le  plus  grand 
nom  de  notre  école,  Despax^  Cammas,  Maran,  Crozal,  Lucas  lesculpleur, 
se  colisèrent  pour  faire  les  frais  d'un  modèle  vivanl.  Ce  fui  là  une  vérila- 
ble renaissance. 

A  ces  élèves  viennenl  sejoindreles  deux  Bordes,  Samson^  Cadel,  Saint- 
Amans,  Helies  et  plusieurs  aulres  jeunes  gens. 

Anloine  Rivals  leur  enseigna,  graluilemenl,  dans  sa  maison  (8,  rue 
Rivais),  la  peinlure^  la  sculplure  et  l'archileclure  :  el  celle  graluilé,  ce 
4ésinléressemenl  des  maltres,  c'esl,  laissez-moi  le  répéler,  le  grand  cóle, 
bien  longlemps  vivant,  de  Tari  à  Toulouse. 

Les  capilouls  daignent  (1724)  faire  une  visite  à  Talelier  de  Rivals  et 
approuver  celle  école  naissanle.  En  1726,  d'accord  avecle  conseil  polili- 
que,  ils  accueillenl  le  projel  d'élablissemenl  de  Fècole  el  accordenl  géné- 
reusement  400  fr.  pour  l'aider  dans  ses  frais  (sèance  du  5  seplembre 
1726). 

Tonte  chose  nouvelle  a  ses  parlisans  et  ses  dèlracleurs.  lei  dèjà  s'èlè- 
venl  quelquesliraillemenls  que  nous  allons  relrouver  jusqu'à  la  fin  de  ce 
travail. 

Le  17  seplembre,  le  conseil  de  bourgeoisie  assemblé  déclare,  sur  la 
proposilion  de  M.  de  Balbarìa,  qu'il  n'a  pas  enlendu  donner  400  fr.  an- 
nuellement  à  Fècole  de  peinture,  mais  qu'il  les  a  donnés  pour  la  présente 
année  seulemenl,  el  l'assemblée  exige  que  M.  de  Boìssy  corrige  la  délibé- 
ralion  du  5  seplembre,  doni  la  rédaclion  laissail  supposer  celle  somme 
annuelle. 

Si  Fècole  a  des  ennemis  qui  doutenl  de  son  avenir,  elle  a  aussi  de 


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chands  et  tenaces  protecteurs.  Le  16  septembre  1727,  M.  de  Bailloz, 
avocai,  capitoul  et  chef  du  consistoire,  réunit  l'assemblée  et,  sur  Ténei^i* 
qoe  detnaDde  de  MM.  Cormouls  et  Baylot,  syndìcs,  elle  délibère  qoe  la 
somme  de  400  fr.  sera  aonuellemeot  accordée,  comme  soutien,  pendant 
la  vie  d'Antoioe  Rivals  sealement,  a  la  dou velie  école  doDt  les  progrès  out 
dépassé  toute  attente. 

Dans  le  manuscrit  de  Cammas,  Guilbaame  Cammas  est  nommé  peintre 
de  rbòtel  de  ville  en  1735,  et  je  copie  :  «Les  temps  càlamiteox  n'ayantpas 
permis  à  ThOtel  de  ville  de  s'occaper  de  cet  enseignement  atile  (colui  de 
Técole),  G.  Cammas  continua  l'instruction  pubiique  a  ses  frais  et  rouvrit 
Fècole,  avec  Tapprobation  des  capitouls,  le  6  octobre  1755.  » 

Cest  une  erreur.  Rivals  ne  mourut  que  le  7  dècembre  1735.  Il  designa 
pour  son  successeur  G.  Cammas.  Cest  donc  le  7  dècembre  que  la  pension 
qui  reposait  sur  sa  téle  s'éleignil,  et  ce  ne  fui  èvidemment  qu'après  celle 
date  que  Cammas  dui  enprendre  la  direction.  Aussi  le  manuscrit  deM.  de 
Moudran,  de  l'école  des  arls,  déclare-l-il  que  Tècole  ne  fui  rou verte  que  le 
10  janvier  1738  :  là  est  la  vèrilé  ;  et  le  14  janvier  le  corps  de  ville  accorde 
400  fr.  pour  payer  le  modèle,  Thuile  et  le  charbon  de  Técole  sous  la  di- 
rection de  G.  Cammas  et  rautorilè  des  capitouls.  Le  sieur  Darcis,  sculp- 
teur  célèbre,  est  méme  prie  de  prèsider  et  d'assister  l'école. 

Cammas  enseigna  le  dessin  de  5  à  7  heures  du  soir,  la  peintureet  l'ar- 
chìlecture  dans  son  propre  atelier.  Celle  mémeannée  1738,  il  domande  à 
la  ville  quelques  prix  en  mèdailles  d'or  ou  d'argenl. 

Ce  n'esl  qu'en  1744,  dans  la  séance  du  28  juillel,  que  le  corps  de  ville 
accorde  celle  domande  et  donne  pour  celle  année  500  fr.  qui  se  divise- 
ront  en  3  prix  :  300  fr.  pour  un  ouvrage  de  dessin  ou  de  peìnture,  100 
pour  un  travail  descuipture  et  100  pour  un  travail  d'architecture. 

Dans  celle  méme  séance.  Fècole  proposant  de  se  constiluer  en  Société 
des  beaux-artSj  la  demando  est  renvoyée  aux  capitouls  afin  qu'ils  dressent 
an  règlement. 

Les  capitouls  approuvent  le  projet  et  donnent  le  règlement  après  s'élre 
mis  d'accord  avec  le  conseil  de  ville. 

L'école  reconnue  avait dure  dix-huit ans.  A  l'avenir,  la  Sociétédes beaux- 
arts  se  composera  de  :  1^  MM.  les  capitouls  qui  seront  dèclarés  fondateurs 
6t  qui  présideront,  méme  un  seul,  en  l'absence  des  autres  ;  2^  d'associés 


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Huit  Capitoals. 


—  «9  — 

amatears;  S*"  de  10  professeurs  de  dessin  qui  doiventenseigner  chacun  oq 
mois. 

Bientòt  OQ  noavel  arrangement  change  la  distribution  des  récompenses 
accordées  aux  élèves.  Pendant  deux  ans  on  donnera  de  petits  prix,  et  la 
troisième  apnèe  des  médailles  de  300  fr.  Dès  lors  les  prix  deviennentan- 
noels  et  définitifs;  mais  ce  règlement  n'ayant  pas  Fassentiment  general,  le 
7  janvier  1746,  un  nouveau  règlement  nomme  des  adjoipts  artistes  et  des 
adjoints  honoraires.  La  Sociètè  se  compose  de  26  membres  :  je  les  cite 
pour  cette  fois  seulement  : 

MM.  Laporte»  chef  du  consistoire. 

Raynaud. 

Delfau. 

Lassaìgne. 

Prévosl. 

Berdole. 

2  absents. 
MM.  Poisson,  avocai  capitouK 

D'Héliot,  ancien  capitoul. 

De  Caupène,  écuyer,  ancien  capitoul. 

Destadens,  écuyer,  ancien  capitoul. 
M.  Bailot,  avocai,  ancien  capitoul. 
MM.  Fabbè  de  Sapte. 

Comte  de  Caraman. 

Gomle  de  Fumel. 

de  Moudran. 

de  Lagorrée. 

Maduron,  chanoinede  St-Sernin. 
/   MM.  Cammas,  directeur,  peintre  de  l'bòtel 
de  ville. 

Despax,  peintre. 

Rivals,  peintre. 

Simonin  afné,  graveur. 

Lucas,  sculpteur. 

Darcis  fils. 

Rossard,  sculpteur. 


Quatre  commissaires. 
Syndic  de  la  ville. 

Associès  honoraires 
Dommès  le  8  janvier  1746. 


Associès  artistes 
nommés  le  13  janvier  1746. 


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15  francs. 
15      )) 
30       » 

60  fr.  pelo  ture. 
15      estampe. 
60      scQlpture. 


—  no- 
ie coDseil  de  ville  fit  ces  nominations;  mais,  a  ravenir,  la  Sociélé  c)ìoi- 

slra  elle-méme  ses  membres. 
Le  10  mai  1746,  l'assemblée,  réanie  cbez  M.  Cammas,  nomme  M.  de 

Caraman   modérateur ,    et  M.   l'abbé  Maduron   secrétaire    perpétue!. 

L'abbé  Maduron  refuse  et  l'abbé  de  Saple  le  remplace  le  14  mai. 
La  Société  distribue  ses  prix  de  1745  et  de  1746.  Je  les  iDdiquerai 

aussi  pour  cetle  seule  fois  : 

ÌMM.  Bastide.  . 
Gros.  .  . 
Lagrenée. 

ÌGaubert  Labérie  < 
G.  Labérie.  .  , 
1    Lagrenée  .  . 

Les  liraillements  coutiouent.  Despax  et  Rossard  se  brouilleot  avec  la 
Société  avec  des  procédés  qu'elle  ne  veul  pas  consigner  dans  ses  registres, 
par  discrétion  pour  eux.  Sur  leur  refus  de  s'excuser,  leurs  places  sont 
déclarées  vacantes  le  11  juin  1746. 

Le  5  septembre,  la  Société  délibère  que  cbaque  associé  honoraire  fera,  a 
son  tour,  l'analyse  de  quelque  ouvrage  depeinture,  de  sculpture  ou  d'archi- 
tecture  ;  les  commissaires  iriennaux  sont  astreints  au  méme  travail,  et  les 
associés  arlistes  sont  invités  à  faire  une  académie  qui  servirà  de  modèle 
à  la  classe  de  dessin.  Les  artisles  ne  se  sont  jamais  conformés  a  ce  voeu  : 
ils  professaient  gratuitement  et  ne  vouiaient  pas  augmenter  leurs  cbarges. 

En  1747,  un  nouvel  arrangement  des  statuls  augmente  le  nombre  des 
adjoints.  A  celle  date  aussi  commence  une  bien  loiigue  et  bien  ennuyeuse 
discussion  sur  un  locai  convenable  pour  la  Société,  doni  je  serai  contraint  de 
Tous  souvent  parler.  M.  de  Caraman  veut  réunir  la  Société  à  l'académie 
des  Sciences;  M.  de  Moudran,  s'appuyant  sur  l'exemple  de  Bordeaux,  ou 
les  Sciences  ont  absorbé  les  arls,  parvient  par  sa  fermelé  à  sauver  la 
Société.  Pour  le  remercier,  elle  le  nomme  son  modérateur,  le  24  février 
1748. 

Le  30  mars,  la  Société  publie  de  nouveaux  statuls  :  ils  sont  autorisés 
par  le  conseil  de  ville  le  12  juillel  1748.  L'affaire  du  locai  se  poursuit 
toujours  ;  M.  de  Kichelieu  vieni  visiter  la  Sociélé,  et  trouvant  les  classes 


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—  471  — 

trop  exigaés,  demande  une  grosse  toar  daas  la  seconde  coar  de  l'hotel  de 
ville  ;  mais  elle  n'est  pas  accordée. 

Alors  la  Société,  avec  la  protection  de  M.  Castel,  présìdeut  des  tréso- 
riers  de  France,  de  M.  de  Caylos,  de  l'arcbevéqoe  de  Toulouse  et  du  due 
de  Ricbeliea,  demande  à  élre  erigée  en  académie.  Son  espoir  est  déQU,  le 
corps  de  ville  qui  avait  fonde  la  Sociélé  n'ayanl  pas  fait  lui-méme  la  pé- 
tilion  au  roi. 

Le  li  juillet,  la  Sociélé  norome  M.  de  Boisset-GlaQas  secrétaire  perpé- 
tuel,  sur  la  démissìon  de  M.  l'abbé  de  Sapte,  déjà  secrétaire  perpéluel  de 
Facadémie  des  sciences. 

En  1749,  la  Sociélé  publie  un  nouveau  règlement  en  six  articles. 

Le  5  seplerabre  1750,  le  corps  de  ville  concerie  un  nouveau  projet 
de  staluls  en  14  articles  et  demande  Téreclion  de  la  Société  en 
académie. 

EnQn,  la  Société  recoit  les  leltres  patentes  de  décembre  1750,  par  les- 
quelles  le  roi  erige  la  Société  des  beaux-arls  en  académie  royale  de 
peinture,  sculpture  et  archileclure  ;  ces  leltres  sont  enregìslrées  au  Parle- 
ment  de  Toulouse  en  1751.  L'académie  refoit  ses  slaluts  et  son  règle- 
ment en  42  articles  (Parchemin  du  25  décembre  1750). 

La  Société  avait  dure  six  ans.  Avec  sa  nouvelle  académie,  Toulouse 
posséda  un  institut presque  compiei:  ses  jeux  Floraux  avaìent  élé  rélablis 
en  1694,  son  académie  des  sciences,  ìnscriptions  et  belles-leltres  en  1746. 

Les  élèves  toulousains  ou  étrangers  sont  devenus  tellementnombreux, 
que  la  salle  de  l'hotel  de  ville  et  la  salle  qui  attenail  l'atelier  de  peinture 
ne  peuvent  plus  les  contenir. 

La  ville  donne  Tancien  hotel  dit  de  l'Ecu,  et  voyant  les  heureux  effets 
de  cet  agrandissement ,  elle  accordo  la  somme  annuelle  de  1442  li v., 
qui  doit  servir  à  payer  les  honoraires  des  professeurs  de  dessìn^  d'un  prò- 
fesseur  de  perspective,  d'un  professeur  d'anatomie  et  d'un  teneur  de 
livres.  Celle  somme,  joinle  aux  900  livres  que  la  ville  fournissait  déjà, 
porte  la  recette  de  l'académie  a  2,342  livres. 

Dans  la  séance  du  29  mars  1751,  la  ville  accordo  710  livres  10  sous  9 
deniers  à  l'académie,  pour  frais  d'obtention  des  staluls,  leltres  patentes 
et  arrél  de  registro  contenanl  érection  de  la  Société  en  académie. 

La  ville  s'engage  à  réparer  l'hotel  de  l'Ecu  qui  louche  l'bòlel  de  ville^  à 


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la  condition  qae  racadèmie  ne  meltra  pas  d'inscription  sor  la  porte  et  ne 
pratiquera  pas  d'ouverture  daos  Phótel  de  ville.  L'académie  Indemnise  le 
sieur  Lanes,  traiteur,  qui  occupait  Thótel  de  l'Ecu,  et  slnstalle  dans  ce 
nouveau  locai,  quoique  le  trouvaat  insuffisant. 

L'académie  délibère,  le  4  juillet,  qu'à  Tavenir  elle  aura  une  exposi- 
tion  publìque  et  annuelle  de  pelature  et  de  sculpture.  Cette  exposition 
durerà  huit  jours  et  commencera  le  2S  aoùt.  Cette  méme  année,  elle  eut 
lieu  a  l'epoque  flxée. 

Les  professeurs  de  pelature,  sculpture  et  architecture  restent  toujoars 
sans  appointements. 

Le  li  juillet,  l'académie  royale  de  peinture  tint,  en  grand  apparai,  sa 
première  séance  publique  dans  la  salle  du  grand  Gonsisloire.  Les  acadé- 
miciens  se  placent  sur  les  mémes  bancs  que  MM.  les  capitouls.  Pour  se 
rendre  du  petit  au  grand  consistoire,  les  capitouls  marchent  devant  et  à 
la  file  ;  viennent  ensuìte  les  qualre  commissaires  de  la  ville  et  le  syndic, 
ayant  a  sa  droite  le  modérateur  et  les  associés  honoraires;  enfln  chacun  des 
académiciens  reste  a  la  droite  d'un  des  membres  de  l'hotel  de  ville. 

Le  23  janvier  1753,  la  ville  accordo  99  livres  10  sous  à  l'académie, 
pour  des  flambeaux,  une  écritoire  et  le  drap  nécessaire  à  couvrir  les 
tables. 

L'acadénìie  est  maintenant  une  puissance;  aussi,le  8  avril  1753,  les  ca- 
pitouls ayant  déclaré  que  les  élèves  peuvent  concourir  pour  les  prix  sans 
qu'il  soit  nécessaire  de  présenter  un  certificat  d'assiduite,  l'académie  refuse 
'  d'oblempéror  à  cet  ordre.  Un  de  Messieurs  les  capitouls  s'emporte  contro  le 
modérateur,  jusqu'à  dire  que  les  voix  se  pèsent  et  ne  se  comptent  pus. 
Le  4  juillet,  le  modérateur  porte  plainte  contre  ce  capitoul.  Gràce  à 
rintervention  de  M.  de  Saint-Florenlin ,  M.  de  Laviguerie  reconnatt,  au 
nom  des  capitouls,  le  mèrito  et  l'égalité  de  tous  les  membres  de  la  com- 
pagnie, et  retire  les  expressions  qui  avaient  froissé  l'académie  dans  sa 
dignité  et  son  honneur  et  dont  elle  s'était  justement  alarmée. 

Le  23  juillet  1754,  la  ville  rejette  la  proposition,  faite  par  l'académie,  de 
tenir  ses  séances  dans  une  des  galeries  de  Fècole,  attendu  que,  de  tous 
temps ,  les  ai^semblées  publiques  ont  eu  lieu  dans  le  grand  consistoire  et 
qu'il  ne  serait  pas  décent  de  les  tenir  ailleurs. 

L'académie  augmente  les  gages  du  modèle  vivant. 


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—  473  — 

Une  décision  da  conseil  décharge,  sar  leur  demando,  les  professeors 
et  arlistes  de  l'académie  da  paiement  du  vÌDgtième  d'industrie,  paìenient 
qui  les  assimilo  aux  artisans  et  pourrait  décourager  les  élèves.  Le  conseil 
déclare  quo  les  professeurs  et  arlistes  ont  été  déchargés,  par  lettres  patentes, 
de  toutes  impositions  quelconques  et  honorés  du  droit  de  commillimus. 

En  1757,  M"^  Carlos  est  la  première  de  son  sexe  qui  se  présente  pour 
étre  admise  au  concours.  Elle  romporlo  lo  prix  avec  éloge  le  27  février, 
Uexemple  de  M**  Carlos  fut  heureusemenl  suivi  ;  Cammas  s*en  félicile  : 
«  On  ne  saurait,  dit-il,  trop  faire  pour  éloigner  de  Toisivoté  un  sexe 
dontil  est  si  prudent  d'oc<^upor  utìlement  et  agréablement  les  loisirs.  »  Dans 
la  suite,  la  succès  des  dames  fut  fréquent,  l'académie  eut  a  couronner 
M~  de  Gavarret,  M"*  Daosson,  M"-  Rigaud,  M»'  Barbot  et  M-  Cammas. 
Le  11  avril,  nouveau  règlement  en  20  articles.  Ils  furent  approuvès^ 
transcrits  sur  le  registro  et  imprimés. 

Ce  quo  les  capilouls  avaient  vainement  essayé  de  faire  pour  tous  les 
élèves  en  1753,  Tacadémìe,  en  1760,  l'accordo  aux  flls  des  professeurs 
vivants.  Elle  déclare  qu'ils  ne  soront  poinl  assujélis  à  l'assiduite,  et  les 
autorise  memo ,  après  avoir  remporté  le  prix  de  composition ,  à  dispater 

colui  du  modèle.  /^'^^^3^\ 

Les  capitouls  saisis  d'une  requéte  de  plusieurs  él|(^'{^àksés  par  un 
professeur  et  par  le  commissaire  des  écoles  pour  matl^iié  da/rfospect,  de* 
clarent  que  ces  élèves  seront,  par  provision,  réintégrés.  d^  leur  classe 
et  pourront  concourir  pour  les  prix.  Cot  abus  de  pouvoif  ijfouille  tous  les 
associés  ordinaires  et  une  partie  des  artistes  avec  les  capitouls.  Le  conflit 
dura  quatre  mois  et  demi  et  s'envenima  aupointqueM.de  Moudran,  mo- 
dérateur,  ayant  présente  requéte  à  M.  deSaint-Florenlin,  celui-ci  rendit 
compte  de  l'affaire  au  roi.  Le  roi  cassa  deux  délibérations  de  l'académie, 
du  7  septembre  et  du  26  décembre  1760,  les  fit  rayer  et  biffer  des  regis- 
tres  et  relègue  a  Niort,  par  lellre  de  cachet,  le  sieur  Carrière,  avocat  au 
parlement  et  capitoni.  Déjà,  dans  l'assemblée  du  25  janvier,  les  élèves, 
sur  leur  repenlir  et  leurs  excusos,  avaient  été  réintégrés  dans  l'école. 

L'académie  ayant  imploré  la  clémence  du  roi,  il  pardonne  M.  Carrière 
le  i«' avril  1761. 

Le  28  juin  1761,  l'académie  envoio  des  commìssaires  demander  à 
Messieurs  les  capitouls  la  salle  de  peìnturo  pour  lenir  sa  séance  publique. 

S3 


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—  474  — 

La  demande  dot  étre  rejetée,  car  le  12  juillet  l'acadéhiie  distribaa  ses  prix 
dans  le  grand  consistoire.  Le  locai  à  procurer  à  racadémie  est  toajours 
l'objet  de  ses  voeux  ;  MM.  de  Moadran  et  Tabarié  sont  autorìsés,  par  délibé- 
ration  du  23  mai  1766,  à  faire  tout  ce  qui  convieodra  pour  procurer  a 
Facadémie  des  classes  conveuables.  Le  8  février  1767  ud  mémoire  est  eu- 
Yoyé  par  Messieurs  les  capilouis  a  M.  de  Saiot-Floreutìn  et  renvoyé  par 
ce  ministre  à  Monsieur  Tintendant,  qui  le  communique  à  Tacadémie  : 

1®  I^'hòtel  de  ville  se  plaint  que,  par  décision  royale,  les  anciens  capi- 
touis  ne  sont  plus  admis  dans  la  S""'  classe  de  Tacadémie; 

V  L'académie  constate  l'élernel  refus  de  l'hotel  de  ville  à  sa  demande 
de  salles  pour  ses  assemblées  publiques  et  particulières  ; 

3®  Enfln  les  capilouis  sont  fàcbés  qne  l'académie  demande  une  aug- 
mentalion  de  revenu  pour  payer  ses  professeurs  de  peinture,  de  sculpture 
et  d'arcbitecture. 

Les  commissaires  de  l'académie  ne  purent  s'entendre  avec  le  consci!  de 
ville. 

A  ces  conflits  sérieux  j'en  ajouterai  un  presque  puérìl.  Un  avocat  an 
parlement,  M.  Marlin,  dans  un  mémoire  pour  un  procèsd'un  sieur  Gri- 
maud,  rejeta  le  lémoignage  du  sieur  Lavergne  comme  méprisable  parce 
qu'il  était  modèle  a  l'académie  :  les  modèles,  disait-il,  élanl  loujoursdes 
gens  sans  bonneur  et  le  rebut  de  la  société.  L'académie,  craignant  de  ne 
plus  trouver  de  modèles,  exigea  que  l'avocai  Marlin  décbiràt  la  page  des 
exemplaires  de  son  mémoire  et  en  subsUtuàt  une  nouvelle  pour  déclarer 
que  la  profession  de  modèle  n'a  rien  en  soi  de  conlraire  a  l'honneur,  a  la 
probìlé  et  a  la  religion.  Ce  qui  eul  lieu. 

L'académie  demande  loujours  un  logemenl  sur  la  fa^ade  de  l'bòlel  de 
ville.  Le  corps  de  la  bourse  désirail  les  salles  de  peinture  pour  élablir  sa 
juridiclion,  jusqu'à  ce  que  son  hotel,  qui  menatali  ruine,  fùt  reconstruit; 
mais  après  une  longue  défense  de  l'académie,  la  demande  du  corps  de  la 
bourse  fui  repoussée  le  19  seplembre. 

Les  élèves  commen^anls  sont  ìnstallés  aux  frais  de  l'académie  dans  sa 
salle  d'assemblée;  les  adjoints  sont  chargés  de  celle  classe  à  36  fr.  d*ho- 
Doraires  par  mois. 

L'hdlel  de  ville  refusali  loujours  un  locai  ;  M.  Dazas,  modéraleur,  offre 
soD  hdlel,  qui  esl  accepté. 


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—  475  — 

L'académie  oblient  des  étals  une  gratification  de  600  fr.  Les  capitoals 
euvoient  M.  de  Chabanettes  promettre  a  racadémie  la  grande  salle  de 
l'hotel  da  Pelil-Yersailles  où  est  la  commulation. 

Les  professeurs  de  pelature,  sculplore  et  arcbileclure  demandent  pour 
la  première  fois  (en  1768)  des  hoooraires.  Ils  professaient  gratis  depuis 
qaaraDte-qualre  aos.  Le  corps  de  ville  lear  accorde,  le  22  janvier,  une 
somine  de  508  fr.,  et  une  somme  de  150  fr.  est  oclroyéepoar  le  paiement 
d'uD  secoQd  modèle,  afta  que  l'école  ne  chòme  pas,  soa  modèle  venant  a 
tomber  malade. 

L'académie  se  volt  forcée  de  faire  une  nouvelle  divlsioD  de  ses  classes. 
Les  élèves  du  modèle  vivant  et  de  la  ronde  bosso  réunis,  furent  corrigés 
par  le  professeur  en  exercice.  Les  élèves  qui  dessinaieot  la  figure  furent 
placès  dans  un  locai  séparé;  Tacadémie  avait  cède  sa  salle  d'assemblées 
a  cenx  qui  dessinaienl  la  téte  ou  des  fragments.  Les  professeurs  de  ces 
deuK  dernières  classes  n'avaient  pas  d'appointements  et  lesquatre  profes- 
seurs de  principes  servirent  gratuitement  de  1760  a  1767. 

L'académie  tient  toujours  ses  séances  chez  M.  Dazas,  malgré  le  boa 
Touloir  du  prince  de  Beauveau  et  de  Tarchevéque  pour  lui  procurer  un 
locai  ;  enfin  le  30  juillet  1769  l'académie  est  installée  dans  les  sai  les  spa- 
cieoses  de  Thòlel  de  ville,  a  la  dernière  porte ,  rue  Lafayette,  du  coté  de 
la  rue  Porte-Nove. 

En  1771  les  états  accordent  une  nouvelle  gratification  annuelle  de 
400  fr.  MM.  Dujeon  et  Bastide  professeurs  adjoints  sont  payés,  sur  leur 
domande,  a  raison  de  150  fr.  par  an.  ' 

Le  13  juin  1773  l'académie  décide  qu'elle  aura  une  classe  de  vétérans, 
anciens  académiciens  qui  voudraient  se  reposer. 

En  1774  la  palrouille  ayant  élé  établie  à  Toulouse,  par  ordre  du  com- 
mandant  de  la  province,  pour  veiller  la  nuit  à  lasùreté  generale,  Messieurs 
les  capitouls  y  comprirent  les  arlistes  :  sur  leur  plaintes,  le  commandant 
exempla  les  modèles  vivanls,  le  portier  de  l'académie,  l'écrivain,  tous  les 
académiciens,  tous  les  élèves  jusqu'àTàge  de  vingtans.  Ceuxqui  ont  rem- 
porte  le  grand  prix  seront  exempls  pendant  trois  ans. 

Le  21  juin  1777,  Monsieur,  frère  du  roi,  fait  une  visite  à  l'académie;  il 
dispense  par  décret  du  13  septembre  les  membres  et  les  élèves  de  tout  service 
dans  la  garde  bourgeoise  et  de  se  Irouver  en  armes  avec  le  corps  des  métiers. 


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—  476  — 


Ed  1778  les  étals  accordentune  nouvelle  gratificalion  de  1,000  fraucs. 

En  1779  racadémie  tient  poor  la  première  fois  sa  séance  publiqae  dans 
la  galerie  de  peinlure^  chose  qu'elle  n'avait  pu  oblenir  eu  vingt-septaosde 
^emaDdes  incessanles. 

Ud  professeur  d'architeclure  civile  et  hydranlique  et  un  professear  de 
mathématiqaes  sont  adjoints,  en  1782,  àracadémìe.M.Dejean,  médecin, 
se  ebarge  du  cours  de  mathématiqaes.  Ces  denx  professears  donnent 
gratQìtemeDt  leurs  legons  tous  les  jours^  excepté  le  dimancbe,  les  jeudis  et 
les  fétes. 

Le  corps  de  ville  accorde,  le  9  septembre  1784,  une  gralificatioo  an* 
nuelle  de  1,400  fr.  A  Tavenir^  Tacadémie  palerà,  comme  abonnement, 
200  fr.  par  an  pour  réparation  à  son  locai,  ainsi  qu'il  avait  été  coQvena 
le  21  mai  1782. 

Le  31  mars  1785,  il  est  décide  que  Tacadémie  recevra  a  Taveair  ses 
revenus  en  deax  écbéances. 

Le  9  septembre,  le  conseil  politique  accorde  1,200  fr.  pour  fouruirit 
rhonoraire  des  professeurs  de  malhémaUques  et  d'architeclure  civile  et 
hydraulique.. 

Les  états accordent;  en  1786,  une  gratlfication  annuelle de 3,000  fr.; 
racadémie  prend  alors  un  professeur  d'histoire  et  de  costume. 

Elle  s'adjoint,  en  1787,  un  professeur  de  l'art  du  trait  et  de  la  coupé 
des  pierres.  II  devra  professor  gratuitement. 

L'académie  fait,  le  dimanche,  matin  et  soir,  a  d'autres  beures  que 
celles  des  offices,  des  cours  publics  pour  les  ouvriers  que  leurs  travaux 
empéchaient  de  suivre  Técole  pendant  la  semaine. 

Les  fonds  alloués  deviennentinsufflsants.  Yoicison  budget  des  recettes. 

Dotation  de  Tannée. 
1736.  Ujanvier. 
1744.  28juillet.. 
1751.  29  mars.  . 
1768.  22janvier. 
1768.  22janvier. 


1771.   .   .   . 

1778 

1784.  21  mai..  . 
4784.  9  septembre 
1786..  ...... 


Plus  pour  un  2«  modèle. 


Totaux. 


Ville. 

Prariace. 

400 

500 

1443 

600 

508 

150 

400 

1000 

200 

1300 

3000 

4,400 

5,000 

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San  budget  de  dépenses  se  decompose  aitisi  : 

5  professeurs  de  dessio  et  de  mod^e,  «xer^ant  cbacun  3mois,  à  300  fr. 

chacttiì..  ...;.....;.. •  .  .  •  .      1,500  fr. 

4  professeurs  de  principes,  exergant  5  mois,  k  300  fr.  chacun. .....      1,200 

3  professeurs  de  perspective  ,  anatomie,  geometrie  pratique,  donnant 

1  leQon  par  semaine,  à  180  fr.  chacun. 540 

3  professeurs  de  peinture ,  sculpture,  histoire  et  costume ,  donnant  3 

'   fe^ons  par  semaine,  à  360  fr.  chacun,    ....••.; 1,080:' 

.  1  prcfesseur  de  stéróotùnaie,  donnaot  le^on  matin  et  sofr  les  jours  de 

(éAe,  à'350fr. .  .   i   .   .  .   , 350 

.2  professeurs  d'architecturetct  de  mathématiques,  3  le^pns  par  semaine,    . 

[     à  700  fr.  chàcup.    .   .   .  '. ......: '.      1,400 

Gafeés  des  modèleis,  de  Técrivain,  conciergc,  frais  des  prix,  d'entretien 
'  ètdivers..   ................:..  ^   ....  .      8,tóè 

Total.  '.  .  .' 10,400  fr. 

Ce  D'est  pas  d'aujoard'hai  qu^  les  dépenses  excèdent  les  revenus. 

L'académie  présente  à  l'assemblée  nalioDale,  eo  exécution  de  son  de- 
crei  d'aoùt  1790,  sesstatutsen  SSarticIes. 

Elle  se  coDoipose  ialors  de  Mèssieurs  les  officiers  manicipaux,  de  qaatre 
Dolables  ,  du  procureur  syndic  de  la  comnnune  et  des  académicieos  élas 
par  le  scrutin. 

Cette  méme  aonée ,  M.  Ingres,  dessioateiir,  est  adjoiDt  à  l'académie; 
son  fils,  un  des  grands  maltres  que  la  France  vieni  de  perdre,  avait  alors 
dlx  ans. 

Lesdivers  corps  admìnistratifs,  réunis  le  17  juin  1791,  font  une  nou- 
velle  réparlition  des  fonds  accordésà  l'académie,  et  le  8  décembre  1791, 
le  conseil  general  da  département  de  la  Haule-Garonne  arréte  que  le  de- 
partement  donnera  5,000  fr.  et  autorise  la  ville  à  donner  4',400  fr. 

Le  conseil  general  de  la  commune  délibère,  en  1792,  quii  est  inutile  d'a- 
voir  à  gages  un  peintre  de  la  commune. 

Le  30  décembre  1792,  sur  la  proposition  de  M.  Bertrand,  une  com- 
mission  estch^rgée  de  la  création  du  musée Bertrand;  Lucasalnéet  Cadet 
Vigar  sontles  membres  cholsis.  Le  musée  fut  ouvert  à  la  fin  de  Fan  III. 

La  loi  du  8  aoùl  1793  supprima  toutes  les  académies.  Les  classes  con- 
tinuèrent  néanmoins.  Le  22  nivòse  an  II  le  représenlant  du  peuple  Paganel 


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—  478  — 

charge  MM.  Lucas,  Goudio,  Suau  el  Sabéras,  de  professar  le  dessin; 
M.  Bertrand  la  peinture  et  l'anatomie;  M.  Maillot  le  costarne  et  les  for- 
tificalioDS,  et  M.  Benazel  les  matbématiques. 

Le  3  brumaire  an  IV  créa  les  écoles  centrales.  Àlors  finii  déflaitivement 
Dotre  enseignement. 

Si  Gammas,  comme  je  yous  l'ai  dit,  voulail  agréablemenl  occoper  Toisi- 
veté  des  dames,  ne  vous  semble-t-il  pas,  après  celle  trop  longue  élQde^ 
qu'avec  tous  ces  conflits  de  patronage,  de  suprématie,  de  direclioo  d'ar- 
geni,  de  locai,  de  règlement,  noas  pourrions  à  notre  toar  penser  que, 
pendant  la  periodo  que  nous  venons  deparcourir,  les  hommesde  Tooloose 
aaraient  pu  mieux  el  plus  utilement  eroployer  leurs  loisirs?  L'art  n'eat-il 
pas  à  souffrir  de  toutes  ces  discussions  et  de  tous  ces  tiraiilements ,  et 
sat-il  s'élever  à  ces  régions  sereines  où  seulement  il  peul  vivre?  Cest  ce 
que  nous  apprendra  bientdt,  j'espère,  le  livre  de  notre  confrère. 

MODÉRATEURS  DE  L'ACADÉMIE. 

MM.  1  le  comte  de  Caraman 1746,  1747. 

2  deMoudran,  écuyer 1748,  1749,  1750,  1751,  1752- 

8  Poisson ,  ancien  capitoul 1753. 

4  d'Héliot 1754. 

5  baron  de  Puymaurin 1755. 

6  Franquain,  ancien  capitoul..   .   .  1756. 

7  Castel ,  présidenl  du  bureau  des 

finances 1757. 

8  Desiadens,  ancien  capitoul..   .   .     1758. 

9  de  Marie,  greffier  en  chef  du  bu- 

reau des  finances 1759. 

10  baron  de  Puymaurin 1760,1761. 

11  marquis  de  Chalvet,  sénéchal. .   .  1762,  1763. 

12  Raspide,  écuyer 1764. 

13  Darquier,  écuyer 1765. 

14  Tabarie,  docteurmédecin.  .  .  .  1766. 

15  de  Berlhier,  abbé  de  Saint-Sernin.  1767. 

16  d'Azas,  conseiller  au  parlement.  .  1768. 

17  corate  de  Bournazel 1769,  1770. 

18  marquis  de  Fourquevaux 1771. 

19  de  Garipuy,  écuyer 1772. 


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—  179  — 

MH.  30  baron  de  Puymaurin 1773. 

21  Darquier,  écuyer 1774. 

32  comte  de  Bournazel 177&. 

23  chevalier  d'Aufréry 1776,  1777,  1778,  1779. 

34  Dazas,  conseiiler  au  parlement.  .  1780. 

35  Devoisìns,  écuyer 1781,1783,1783. 

36  de  Saget ,  directeur  en  chef  des 

travaux  de  la  province 1784,  1785  jusqu'en  1790. 

ARCHIVES  DE  LA  VILLE. 

i.  Regìslres  de  rhóiel  de  ville. 

3.  Minuscrit  historique  de  1760  à  1766. 

3.  Mémoire  que  présente  la  Société  des  beaux-arls  de  Toulouse  pour  obtenir  des 
leltres  patentes,  par  M.  de  Moudran. 

4.  Règlement  de  la  Société  en  14  articles. 

5.  Statuts  et  réglements  de  Tacadémie  (35  décembre  1750). 

6.  Règlement  donne  par  le  roi  en  43  articles. 

7.  Règlement  general  fait  par  Tacadémie  royale  de  peinture ,  sculpture  et  arcbitec- 
ture  de  Toulouse,  pour  avoir  force  de  loi  et  servir  de  suite  aux  statuts  annexés 
aux  lettres  patentes,  en  39  articles. 

8.  Catalogue  des  différenls  membres  de  Tacadémie  en  1779. 

9.  Ordre  du  travail  de  Facadémie  pendant  Tannée  1775. 

10.  Idem  pour  Tannée  1776. 

11.  Tableau  de  Tacadémie  pour  Tannée  1784. 
13.  Ordre  du  travail  pour  Tannée  1784. 

13.  Tableau  de  Facadémie  pour  Tannée  1785. 

14.  Idem  pour  Tannée  1787. 

15.  Idem  pour  Tannée  1788. 

16.  Idem  pour  Tannée  1790. 

ÉCX)LE  DES  ARTS. 

1.  Manuscrit  historique  par  M.  de  Moudran. 
3.  Parchemin  royal,  lettres  d'érection  de  la  Société  (décembre  1750). 
3.  Parchemin  règlement  (35  décembre  1750). 
.4.  Prière  d'enregistrament  des  lettres  patentes  et  du  règlement  (11  juin  1751). 

5.  Procès-verbaI  de  la  3«  séance  de  la  commission  (30  mars  4757). 

6.  Idem  de  la  3*  séance  de  là  commission  des  statuts  (3  avrii  1757). 

7.  Suite  des  réglements  (17  avriI  1757). 

8.  Arrangements  particuliers  pour  avoir  force  de  règlement  (6, 30  et  37  mars  1757). 


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-  «eo  — 

9.  Lettre  d'A.  d'Orléans,  qui  félicite  Facadfeiie  de  son  érectioB. 

10.  Travati  historiqae  très-rapide  de  M.  Suau. 

11.  Médaille  de  TEcoIe  de  Dapuy  du  Grez. 

PIÈCES  DIVERSES  ENTRE  LES  MAINS  DE  PARTICULIERS. 

1.  Lettres  d'érection  de  la  Société  des  beaiix-arts  en  Àcadémie  royale« 

3.  Règlement  ordonné  par  le  roi  pour  Tacadémie  royale,  en  43,  arlicles. 

8.  Prióre  des  modérateurs  et  associés  de  la  Société  des  beaux-arts  à  nosseigneurs 
du  parlement  d'eriger  la  Société  en  àcadémie.  Extrait  du  registre  du  parlement 
de  Toulouse. 

4.  Lettre  de  monseigneur  le  comte  de  Saint-Florentin. 

5.  Àrrét  dvconseil  d'Etat  du  roi  (13  janvier  1706,  décision  do  conseil). 

6.  Statuts  et  réglements  de  Tacadémie, 

7.  Règlement  general. 

8.  Catalogne  des  diflerents  membres  (1779). 

8.  Modèle  pour  faire  Tordre  du  travail  de  Tacadémie.  Ordre  des  concours  pour  les 
prix. 

10.  Manuscril  d'une  séance  (18  joillet  1790). 

11.  Manuscrit.  Statuts  de  l'académie  présentés  à  l'Assemblée  nationale  (1790). 
13.  Manuscrit  Mémoire  bistorique  par  M.  Cammas. 


P.   PAGÈS. 


Dus  le  raénioire  de  M.  Pagès,  an  lieu  de  Moudran,  tis€z  Mondran. 


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NOTICE  NÉCROLOGIQDE 


SUR 


If  •  V'OURIViULJÈ»  9  membjre  residente 


La  Société  m'a  conile  le  soin  de  faire,  sur  M.  Poaroalès,  la  notice 
qo'elle  est  dans  l'usage  de  consacrer  à  ceux  de  ses  membres  que  la  mort 
lui  enlève,  et  j'ai  accepté  cetle  mission  avec  le  doublé  seutiment  d'un  de- 
Toir  à  remplir  vis-à-vis  de  uotre  confrère,  et  d'un  souvenir  à  adresser  à  un. 
ami. 

La  personnalité  de  M.  Fournalès  n'étail  pas  une  de  ces  personnalités 
saillantes,  soit  par  Téclat  de  la  naissance,  soit  par  les  dons  brillants  de 
l'esprit.  Enfant  desesoeuvres,  notre  regretté  confrère  devait  à  son  travail 
opiniàtre  la  position  modeste  qu'll  avait  conquise.  Prive  des  bienfaits 
d'une  instruction  complète,  il  ne  lui  fut  pas  donne  d'atteindre  jusqu'aa 
dernier  grado  de  la  profession  medicale  ;  mais  une  eipérience  de  près  de 
quaranle  années  en  avait  fait  un  habile  pralicien.  A  une  grande  unifor- 
mite  de  caractère ,  M.  Fournalès  joignait  un  fond  de  bonté  qui  rayon- 
nait  sur  ses  traits  et  se  traduisait  dans  sa  vie  eitérieure,  par  des  actes  de 
dèvouement  et  de  charitè  dont  l'exercice  ajoute  à  la  profession  du  mède- 
cin  le  prestige  d'une  grande  et  noble  mission. 

Appelé  à  donner  ses  soins  à  une  clientèle  aussi  nombreuse  que  peu 
fortuoée,  notre  confrère  ne  compta  jamais  avec  les  peines  et  les  fatigues, 
et  fréquemment,  après  avoir  prodigoè  les  secours  de  son  art,  il  laissa 
quelques  ressources  au  chevet  du  malade,  avec  le  regret  que  sa  position  de 
fortune  ne  lui  permit  pas  de  seconder  les  élans  de  sa  sensibilité. 

24 


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—  482  — 

Si  je  soulève  le  voile  qui  doil  couvrir  toujours  les  bonnes  aclions  pour 
CD  conserver  le  mérite ,  c'est  parce  que  plusìeurs  fois  j'ai  été  initié  aux 
actes  de  cbarité  de  nptre  confrère,  et  qa'ane  famille  académique  ne 
saurait  resler  étrangère  aux  qualités  qui  dislingaent  la  vie  privée  de  ses 
membres. 

Il  est  rare  que  les  àmes  seasibles  ne  soient  pas  impressionnées  par  les 
graodeurs  de  la  nature,  et  que  le  sentiment  du  beau  n'engendre  pas  en 
elles  celui  de  l'art.  M.  Fournalès  était  à  cet  égard  parfaitement  doué.  Il 
aimait  Tart  et  il  le  pratiquait.  Bon  dessinateur,  peintre  agréable,  il  consa- 
crait  ses  rares  moments  de  loisir  à  reproduiresur  latoiledes  paysagesoù 
la  composilion  jouaìt  le  principal  ròle  ;  il  sentait  la  nature  plutdt  qu'il 
ne  la  voyait.  Ses  études  anatomiques  Tavaient  iusensiblement  amene  à 
une  reproduclìon  plus  rèelle  de  la  forme ,  et  Tusage  du  scalpel  le  poussa 
aa  manlement  du  ciseau  de  sculpteur.  Son  cabinet  renfermait  des  bustes 
gracieux  et  des  ébauches  que  n'auraient  pas  désavouées  de  bons  arllstes. 

Cotte  réunion  de  connaissanceset  d'aptitudes  valuta  nolre  confrère  d'étre 
appelé  à  TEcole  des  beaux-arts,  avec  le  litro  de  professeur  d'anatomie. 
Le  choix  était  parfaitement  justi&é;  il  émanait,  du  reste,  d'un  bommepour 
lequel  le  lalent  était  un  titre  réel,  et  M.  le  baron  Lejeune,  directeur  de 
l'Ecole,  avait  comprìs  que  pour  professor  l'anatomie  à  des  élèves  en  peìn- 
tare  et  en  scuipture,  il  fallait  beaucoup  moins  la  facilité  de  la  parole  que 
réloqoence  du  crayon. 

Depuis  le  20  avril  1841  jusqu'à  sa  mort,  M.  Fournalès  a  occupé  la 
chaire  d'anatomie,  et  je  ne  veux  d'autre  éloge  de  la  valeur  de  ses  legons 
que  les  brillants  résultats  obtenus  par  l'Ecole  des  arts  de  Toulouse,  dans 
les  grands  concours  de  Paris,  pour  la  classe  de  scuipture  principalement, 
dont  les  travaux  reposent  sur  de  fortes  études  en  anatomie. 

Gomme  médecin,  M.  Fournalès  a  laissé  des  souvenirs  de  son  dévooe- 
ment  et  de  sa  bonté  pour  les  malades;  comme  professeur,  il  a  mérité  les 
regrets  de  ses  élèves;  comme  archéologuoi  sa  mort  a  creusé  un  vide  dans 
les  rangs  des  collectionneurs  et  des  amateurs  passionnés  da  beau  dans 
l'art  et  de  l'art  dans  l'antique. 

Notre  regretté  confrère  aimait  en  effet  les  choses  qui  toucbent  a  Tar- 
chéologie.  Il  était  arcbéologue,  non  pas  à  la  manière  des  érudits,  mais 
à  la  facon  des  chercheurs  infatigables;  il  Télait  d'instinct,  et  depuis  lon- 


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—  483  — 

goes  années>  il  s'occupali,  avec  la  patieace  des  antiqualres,  a  découvrir  de 
vieilles  cboses.  Le  cbamp  de  ses  iDvesligatioDS  élait  saDs  limites.  Des  me- 
dailles,  des  objets  fuoéraires,  des  tableaux,  des  stalaes,  des  meables^  il 
preoait  tout,  dès  qu'il  reconDaissait  dans  les  objels  uq  cacbet  d'aotiquité. 
Sa  colleclioD,  iDComplète  soqs  beaucoup  de  rapporU  et  fori  modeste  d'ail* 
lears,  indìquait  Tbomme  de  goùt. 

Une  atlracUoQ  irrésistible  ratUrait  sans  cesse  vers  les  coteaux  de  Pech- 
David  et  les  sommets  de  VieiUe-Toaloase,  mine  feconde  explorée  depais 
un  siede  et  encore  cependant  inconnue  ;  et  de  cbacone  de  ces  excarsìons 
il  rapportait  qaelqae  objet  trouvé  avec  un  indicible  plaisir  et  conserve  par 
lui  avec  amour. 

Ces  antécédenls  arcbéologiques  désignaient  M.  Fournalès  pour  ocouper 
un  siége  dans  le  seìn  de  nolre  Société,  et  sa  nomination  comme  membre 
résident,  prononcèele  7  décembre  1857,  vint  saUsfaire  Tune  de  ses  ambi- 
tìons  les  plus  ardemment  caressées. 

Son  passage  trop  rapide  au  milieu  de  nous  n'a  été  marqué  par  aucun 
de  ces  trails  caractèrisliques  qui  appellent  une  altenliou  particulière  sur 
les  membres  d'une  académìe.  La  nature  lui  avait  refusé  le  don  de  la  pa- 
role, et  il  n'a  laissé  que  quelques  rares  notes  écriles.  Mais  un  grand  fond 
de  simplicité  et  de  modestie  s'alliaiten  lui  à  un  sens  droit  qui  lui  faisait 
accepter  les  critiques  et  les  observations  de  ses  confrères  avec  la  plus 
enlière  déférence. 

Comme  moi,  Messieurs,  vous  avez  pu  apprécier  les  excellentes  qualités 
de  M.  Fournalès,  et  l'élogeque  j'en  fais  aujourd'hui  nedoit  ajouter  à  votre 
eslime  que  l'occasion  de  leur  donner  une  consécration  officielle. 

Mais  il  est  une  qualilé  que  je  prise  pour  ma  part  à  une  baule  valeur  : 
c'est  celle  du  coUectionneur  qui  se  dépouille,  soit  dans  Tintérél  de  l'art, 
soit  par  un  généreux  senliment  de  confraternite. 

M.  Fournalès  avait  celle  précieuse  qualilé.  Sans  doute  il  élait  heureux 
de  Irouver  des  objets  dignes  d'élre  conservés  dans  sa  colleclion  ;  mais  il 
l'élail  bien  davanlage,  lorsqu'il  arrivali  à  nos  séaoces  porteur  de  quelque 
médaille,  de  quelque  fragment  antique  dont  il  nous  faisait  gracieusement 
Toffre.  La  Sociclé  possedè  plusieurs  pièces  inléressanles  qu'elle  doit  à  la 
générosilé  de  nolre  regrellé  confrère,  et  la  salle  de  nos  séances,  notam- 
menl,  est  enricbie  d'une  belle  statue  de  laVierge  terrassanl  le  démon,  que 


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—  484  -* 

M.  Fonrnal&s  eut  ToccasioD  d'acquérir  et  dont  il  s'empressa  de  noas  fair» 
bommage. 

Qoe  je  paie  à  notre  coDfrère,  au  nom  de  noos  tous,  la  dette  de  la 
reoonnaissaDce,  poar  ses  gèoéreoses  et  délicates  altentions  vis-a-vis  de  ht 
Société  :  si  sa  vie  académiqoe  ne  regoit  aucan  éclat  de  ses  ceavres^  ette 
s'est  du  moìDS  signalée  par  son  dévouement. 

Tel  a  été  notre  confrère,  M.  Fournalès;  tei  il  m'a  été  donne  de  le 
€onnaitre  dans  sa  vie  privée  ;  tei  vous  avez  pa  vous-mémes  l'apprécier, 
Messieurs;  et  lorsque  la  cruelle  inaladie  dont  il  élait  affecté  depuis  quel- 
^nes  années  Ta  emporté,  Fon  a  pu  dire  queTarchéologie  perdait  un  de  ses 
plus  fervents  adeptes ,  la  Sociélé  un  de  ses  membres  les  plus  dévoués , 
ohacun  de  nous  un  excellent  confrère,  et  celui  qui  vient  de  consacrer  ces 
quelques  lignes  à  sa  mèmoire,  un  véritable  ami. 

Louis  BUNEL, 

Membro  résidtfit 


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RAPPORT 


DS  LA 

'COMMISSION  NOMMÉE  PAR  LA  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQDE 

DU  MIDI  OE  mjL  PRA.IVGE: 

A  LHXiGASION  Dn  PROJET  DE  REGONSTRUCTION  DU  CAPITOLE. 


Da  la  eonsarration  at  da  la  rastanration  das  monnmants  historiiiaas  ranfarméa 
dam  la  pórimòtra  da  l'hotel  da  villa  da  Tonloiua. 


Il  enlre  dans  les  atlribatioos  de  la  Sociélé  archéologiqae  da  midi  de  la 
Franco  de  signaler  à  l'admioistralioD  les  moQuments  historiques,  afln 
d'en  prevenir  la  destruction ,  et  d'indiquer  les  moyens  de  conservalion 
qni  lai  paraissenl  le  plus  convenables.  Elle  a  plus  d'ane  fois  déjà  dési« 
gnè,  comme  étant  très-dignes  d'inlérét,  les  monaments  renfermés  dans 
Tenceinte  de  Phótel  de  ville ,  et  puisqa'ìl  est  de  notoriélé  publiqae  que  les 
intentions  de  l'aatoritè  locale  sont  de  reconslroire  rhólel  de  ville  ;  que  les 
projets  proposés  jusqu'à  ce  joar  ne  paraissent  pas  lenir  an  compte  sufQ- 
sant  des  monuments  historiques  ;  que  celui  qui  a  oblenu  la  préférence  de 
rautoritè  municipale  ne  remplit  qu'en  parUe  TobUgalion  de  conserver  les 


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—  486  — 

moDomeots  classés ,  il  est  opportun  que  la  Sociètè  archéologiqae  ramène 
TatlenlioD  de  radministration  supórieare  el  de  la  commission  des  mona- 
meots  bistorìques  sur  le  mérite  des  monumeots  de  Thótel  de  ville  de 
Toalouse ,  et  sur  les  meilleurs  moyens  de  les  coDserver. 


II 


Les  monumenls  hìstoriques  da  palais  manicipal  appartieDDenl  à  divers 
siècles  ;  plasieurs  remonlent  à  une  liaate  aDtiqaité.  Oq  y  voit ,  en  effet  : 

1^  Une  tour  faisant  une  saìllie  demi-circulaire  dont  la  base  appartieni  à 
répoque  gailo-romaìne.  Elie  falsali  partìe  de  la  ceinture  de  défense  dont 
Toulouse  s'entoura,  sous  les  empereurs  romaìns,  lorsqu'elle  dut  se  pre- 
munir contro  les  invasìons  des  peuples  du  Nord  ;  des  tours  pareilles  se 
voient  encore  dans  ce  qui  reste  de  celle  antique  ceinture  sur  d'autres 
points ,  ceinture  qui  lui  fll  donner  par  Àusone  le  nom  de  civitas  Tur- 
vita.  Aux  joints  où  la  base  de  celle  lour  s'arrondit  en  saillie,  des  sub- 
slructìons  indiquent  les  déparls  des  murailles  qui  allaient»  vers  Test,  se 
relìer  à  la  porte  Villa-Nova ,  et,  vers  Touest,  à  la  parta  Arietis.  Des  évé- 
nemenls  rapportés  dans  l'bistoire  ont  donne  lieu  à  des  mntilalions  et  à 
des  reconstruclions  successìves.  Tello  qu'elle  est  aujourd'hui,  cotte  con- 
strucUon  ,  antique  par  sa  base,  est,  dans  ses  parties  bautes,  antérieure 
au  quinzìème  siede  ;  elle  sert  de  dépdt  au  matériel  des  pompìers. 

T  Un  donjon  ou  tour  carrée  dont  la  base  est  antique.  Le  petit  Consis- 
toire ,  c'est-à-dire  l'assemblée  des  capitouls  de  Toulouse ,  se  tenait  dans  la 
salle  qui  forme  le  rez-de-chaussée  de  cet  edifico.  Cest  là  que ,  pendant 
une  suite  de  plusieurs  siècles ,  il  a  élé  délibéré  sur  les  affaires  de  la  cité. 
Les  parties  moyennes  et  bautes  ont  été  plus  d'une  fois  défaites  et  reta* 
blìes.  Aujourd'bui,  le  rez-de-chaussée  sert  de  prétoire  au  tribunal  de 
police  municipale  ;  la  partie  moyenne  ou  premier  étage  contieni  les  archi- 
ves  de  la  commune  ;  la  partie  supérieure,  c'est*à-dire  la  plate*forme,  les 
créneaux ,  les  faux  m&cbecoulis  et  les  tourelles,  ont  fait  place,  après  1830, 
à  un  toit  piai  de  tuiles  à  canal. 

S""  La  porle  nord  extèrieureetla  cour  de  Tarsenal  sontdu  dix-septième 
siècle  ;  la  porte  intérieure  de  cotte  memo  cour  est  du  seizième  ;  le  mur  et 


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—  487  — 

la  porte  ooest  de  ce  méme  arsenal  soDt  aassi  da  seizième  ;  an  bàlimeot  ^ 
qai  porte  encore  qoelques  roarques  da  seizième  siede ,  relie  eatre  eax  et 
lai  toQS  ceax  qui  viennent  d'étre  iodiqaés  ;  il  sert  mainteDant  de  caserae 
aax  pompiers. 

5®  CoDtre  la  face  meridionale  de  celle  caserne  est  plaquée  une  tour 
carrée  eo  pierres  de  laille.  Celle  tour  coolient  un  escalier ,  qui  est  à  la 
fois  un  chef'd'oeuvre  d'art  et  un  monumenl  rìcbe  en  souvenirs.  Le  der- 
nier  retour  et  la  piate-forme  qui  devaienl  le  recouvrir  maoquent.  Dans  ce 
beau  travail ,  eiécuté  au  commencement  du  seizième  siècle ,  chaque 
pierre  est  reslèe  à  sa  place ,  pas  une  n'a  fait  de  mouvement.  Il  dessert 
au  nord  le  logement  des  pompiers,  et  au  midi,  il  se  raltacbe  par  un 
arceau  au  donjon  doni  il  sert  les  ètages  supérieurs. 

Ainsi  celle  sèrie  rappelle  un  passe  de  plus  de  quinze  siècles.  On  y  volt 
Toulouse  se  prémunissant  contre  Tinvasion  venant  du  nord;  résislant 
TÌ<;torìeusement  aux  Sarrasins  avec  Eudes  d'Àquilaine  ;  se  dèfendànt  avec 
scs  Èomtes  contre  Simon  de  Montforl  ;  la  ville  royale  posant  un  terme  à 
Tintrusion  anglaise  ;  enfia  y  sur  les  parlìes  les  plus  modernes  de  ces  mo- 
numenls,  nous  retrouvons  les  signalures  des  quinzième,  seizième  et  dix- 
seplième  siècles. 

Dans  ce  groupe ,  les  cbatnons  juxlaposès  se  succèdent  sans  se  confon- 
dre  ;  chacun  est  fort  et  solide  en  dépit  des  mulilalions ,  et  les  dègrada- 
tions  qu'on  y  volt  proviennent  de  la  main  violente  des  bommes  beaucoup 
plus  que  des  atteintes  du  temps.  Cbacun  a  son  mèrito  parliculier  et  très- 
remarquable. 

A  la  vérité,  ils  ont  lous  perdu  leur  couronne  ;  la  main  de  l'bomme  a 
remplacé  leurs  failages  variès  par  une  toiture  uniforme  et  piale  en  lale- 
feuille  et  tuiles  à  canal.  Malgré  leur  élat  de  dégradalion  ,  rinlérét  qu'ils 
doivenl  inspirer  est  donc  du  premier  ordre  et  commanderait  seni  leur 
conservation. 

Des  monuments  des  seizième ,  dix-seplième ,  dix-builième  siècles ,  font 
parile  du  corps  principal  de  l'hotel  de  ville  :  leur  conservation  paraissant 
assurée  dans  les  construclions  projelées ,  il  sufQl  d'en  faire  menlion  ici. 

11  s'agii  mainlenant  de  choisir  le  meilleur  moyen  de  conservation 


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—  tw- 


in 


Oo  connati  deux  modes  de  conserver  les  monumaatjs  :  l""  la  traosla- 
tìon  ;  V  la  conservaiioa  sor  place. 

£l  d'abord ,  dans  l'espèce  y  la  translation  est-elle  possible  ?  EvAdemment 
non  ;  car  la  plas  grande  partie  de  ces  monaments  est  de  briqnes  qoe  l'cm 
ne  peut  toacher  sans  en  briser  beauconp ,  ou  sans  les  faire  tomber  en 
poussière.  Mais  en  admettanl  que  ces  matériaux  alnsi  maoiés  et  disjoìAts 
pussent  élre  reliés  de  noaveaa  entro  enx ,  que  pourrait-on  en  faire  ? 

Les  reconslraire  en  parties  mutilées  ,  disséminer  ces  parties  qui ,  dao» 
Fétat  actuel,  forment  une  sèrie  de  monuments ,  ce  n'est  pas  conservar  et 
restaurer  des  édlfices  historiqaes. 

Disséminer  ^  plaquer ,  incruster  des  morceaux  d'art  ancien  dans  une 
oeuvre  monumentale  neuve ,  c'est  détruire  l'ordonnance ,  l'unite  de  l'oeu- 
vre nouvelle  ,  lui  dter  sa  vraie  signiQcation.  Ce  serait  accabler  de  dégoùts 
Tarcbitecle  habile  qui  serait  chargé  d'exécuter  un  projet  si  malheureuse- 
ment  modiflé. 

Quant  à  Toeuvre  ancienne ,  que  deviendraient  sa  valeur  et  sa  significa- 
tion ,  soit  au  point  de  vue  de  l'bistoire  proprement  dite ,  soit  au  point  de 
yue  de  l'bistoire  de  l'art  arcbitectural ,  si  elle  était  déplacée ,  mutilée  et 
disséminée  ?  En  nutre,  serait-il  possible  que  des  portes  faites  exprès  pour 
le  lieu  qu'elles  occupent ,  qui  ont  leurs  fattages  complets  ou  déterminés , 
vinssent  se  plaquer  à  des  construclions  neuves^  bétérogènes ,  et  qui  leur 
feraient  supporter  plusieurs  étages  ? 

La  translation  est  donc  un  mode  inadmìssible  de  conservation  et  de 
restauration  pour  les  monuments  bistoriques  de  l'bOtel  de  ville  de  Tou- 
louse. 

Le  second  mode  de  conservation  est  le  maintien  sur  place. 

C'est  avec  grande  raison  que  la  commission  des  monuments  bistori- 
ques et  que  les  Sociétés  arcbéologiques  qui  lui  correspondent ,  attacbent 
une  importaoce  capitale  à  la  conservation  sur  place ,  et  ne  tolèrent  que 
comme  expédient  la  translation  des  monuments  appliquée ,  d'ailleurs , 
dans  un  but  special. 


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—  <89  — 

En  general ,  les  monumenls  ancieos  ont  lear  raìson  d'elee  en  òccu- 
pant  la  place  od  ils  ohi  élé  élevés  ;  il  en  est  rarement  ainsi  l'orsqu'on  les 
déplace.  Cesi  en  parliculler  le  cas  de  ceux  qui  noas  occopent.  Le  groupe 
d'édiflces  doni  il  est  question  n'occupe  qn'un  petit  éspacé  dans  l'angle 
nord-ouest  da  jardin  de  l'hotel  de  ville ,  et  n'empiete  sur  le  terrain  qui 
appartient  aux  constructìons  nouvelles  que  pour  une  faible  parlie  de  la 
ligne  qui  borde  la  rue  Louis-Napoléon.  Cet  empiélement  est  fait  par  la 
cour  et  la  porle  du  dix-septième  siede.  Celle  porle  ne  gène  pas  ;  au  con- 
traire ,  elle  reste  utile  ,  et  peul  élre  facilement  raccordée  avec  l'édiflce 
nouveau  ,  et  qnand  elle  sera  pourvue  de  ses  galèrìes  supérieures  et  du 
faìtage  qui  lui  appartient ,  elle  devìendra  un  bel  ornemenl  architeclural 
pour  un  còlè  de  la  place  du  nouveau  théàtre. 

IV 

La  caisse  municipale  n'a  qu'à  gagner  à  la  conservation  et  à  la  restau- 
ration  sur  place  des  monumenls  historiques  de  l'hotel  de  ville. 

Un  premier  bénéQce  resulterà  d'une  moindre  dépense.  Demolir ,  Irans- 
porler ,  reconstruire ,  plaquer  ou  incruster ,  sont  des  opérations  mulli- 
ples  et  plus  chères  que  la  seule  opération  de  restaurer  sur  place  ;  doni 
nous  avonssous  les  yeux  de  beaux  et  bons  exemples. 

Il  est  évident ,  d'un  autre  còlè ,  que  la  conservation  sur  place  des  mo- 
numenls historiques  de  l'hotel  de  ville,  encadrés  convenablement  dans  le 
jardin  municipal ,  loin  de  nuire  à  l'aspect  des  constructions  projetées , 
jeur  donnera  un  attrait  plus  piquant  qui  rendra  leur  location  plus  aisée 
et  plus  avantageuse. 

Il  existelà  plus  de  douze  siècles  d'annales  toulousaines  écrites  en  lan- 
gage  archi tectonique  de  chaque  epoque.  Quelle  cité  possédant  un  pareli 
trésor,  pouvant  le  garder  et  en  tirerde  si  grands  avantages,  consen tirali 
à  sa  destruction  ? 

Eq  conséquence ,  la  commission  vous  propose  d'émettre  le  vobu  suìvant  : 

«  Ouì  le  rapport  de  la  commission,  et,  après  en  avoir  delibare,  la 
»  Sociélé  archèologique  du  midi  de  la  Trance  émet  le  voeu  que  les  mo- 
»  numents  historiques  de  l'hotel  de  ville  de  Toulouse,  classés  comme 
»  tels ,  soient  conservés  dans  leur  intègrité  et  restaurés  sur  place.  » 

S5 


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—  i90  — 

Le  rapport  ci-dessus,  lu  au  seÌD  de  la  Société  archéologique  du  midi 
de  la  France  dans  la  séance  du  12  mai  1868,  est  adopté  daos  son  entier. 

La  Sociélé  décide,  dans  la  méme  séance,  gue,  outre  la  transcriplion 
qui  doil  en  étre  faite  dans  le  regìstre  de  ses  délibérations ,  ledil  rapport 
sera  imprimé  sans  délai  et  inséré  dans  ses  Mémoires. 

Vu  : 

Le  Président ,  Le  Secretaire  generai» 

Baron  Du  PERRIER.  Edw.  BARRY, 


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NOTICE  HISTORIQUE 


SUR 


L'ACADÉMIE  D'ÉQUITATION  DE  TOULOUSE. 


I 

Farmi  les  nombreuses  ècoles  ouvertes  a  Touloase  pour  rédacalion  de 
la  jeunesse ,  il  ea  est  uDe  fort  modeste ,  peut-étre  méme  celle  de  toutes 
la  moins  entourée  de  renommée;  et  cependant  c'est  d'elle  dont  je  veux 
vons  entretenir. 

L'Ecole  d'équilatioa  de  Toulouse  ne  compte  pas  moins  de  deux  cent 
qaarante-sept  années  d'existence;  elle  a  eu  ses  jours  de  grandeur  et  de 
décadence  :  en  suivant  les  diverses  péripélies  de  son  histoire,  nous  ren- 
coQtrerons  quelques  acles  administratifs ,  dont  le  caractère  ne  sera  pas 
sans  intérét  pour  les  annales  de  la  cité;  quelques  traits  de  moeurs  qui 
contrasteront,  d'une  fagon  piquante^  avec  les  usages  modernes  ;  enfin^  ^à 
et  là^  quelques  noms  que  vous  saluerez  comme  d'anciens  amis. 

Les  matériaux  que  j'ai  eus  à  ma  disposilion  sont  quelques  lignes  des 
annales  de  Du  Rozoy ,  cinq  annuaires  de  la  province  de  Languedoc  (175 1 , 
1752,  1754,  1781  et  1791)^  et  un  dossier  compose  de  dix-huit  pièces, 
appartenant  aux  arcbives  du  département,  dossier  dont  j'ai  dù  la  com- 
munication  à  l'obligeance  de  M.  Baudoin,  archiviste. 

II 

Qui  ne  connait,  de  réputation  au  moins ,  ce  livre  si  curieux  :  De  Fin- 
strwtion  du  roy  en  Fexerdce  de  monter  à  cheval ,  par  messire  Àntoine 
de  Pluvinel^  escuyer  principal  de  S.  ÌA. 


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—  492  — 

Il  esl  de  1625.  Plavinel  élail  mori;  le  livre  fut  publié  par  son  élève  et 
ami  René  de  Menoa,  sieur  de  Charnezay ,  esciiyer  da  roi  el  gouverneur 
de  Monseigneur  le  due  de  Mayenne.  Le  qualrain  obligé ,  en  phébus  da 
lemps ,  ne  manque  pas  au  porlrait  de  Tédìtear  : 

Si  Ton  doit  rendre  à  Pluvinel 
Honneur  pour  avoir  fait  ce  livre , 
Charnezay,  qui  le  fait  revivre, 
Mérite  un  renom  immortel. 


Le  texle  du  livre  est  un  dialogue  enlre  le  roi,  àgé  de  seize,  M.  le 
Grand,  René ,  due  de  Rellegarde ,  pair  et  grand  écuyer  de  France,  et  le 
sieur  de  Pluvinel.  Dans  les  planches,  qui  sont  fori  belles  et  nombreuses, 
et  oa  les  personnage^  sont  Irès-certainement  des  portrails ,  toates  les 
phases  de  l'éducaUon  equestre  du  roi  sont  reproduites.  Pluvinel ,  déjà 
àgé,  en  poorpoint,  avec  la  fraise  a  la  Henri  IV ,  ayant  mème  le  profll  et 
la  barbe  du  Rèarnais,  donne  la  legon;  M.  le  Grand  est  toujours  présent , 
souvent  aussi  le  vieuK  maréchal  de  Soubise.  Quelquefois  le  cheval,  aa 
lieu  d^étre  tenu  par  un  simple  page  de  la  grande  écurie ,  est  monte  par  un 
seigneur  de  la  cour,  disciple  de  Pluvinel,  dit  la  legende.  Le  nom  est 
inscrit  au-dessous  du  cavalier  :  un  jour  c'est  le  comte  de  Soissons^  un 
autre  le  comte  d'Harcourt;  le  grand  saut  entro  les  piliers  est  e&écuté  par 
le  baron  de  Lussan ,  un  nom  de  Toulouse. 

Quand  le  roi  commence  ses  exercìces,  il  a  seize  ans;  il  en  a  dix-sept 
à  la  fin  du  livre  ;  cela  est  soigneusement  note  ;  mais  alors  les  courses  de 
bagues  en  pourpoìnt  ou  arme ,  les  lances  rompues  contro  le  quintan ,  les 
passes  du  tournoi  et  du  carrousel  ont  un  bien  plus  nombreux  public.  Oq 
volt  défiler  derrière  la  lice  tonte  la  cour,  depuis  les  maréchaux  et  prìnces 
du  sang  :  le  comte  de  Saint-Poi ,  le  maréchal  de  Bassompierre ,  le  due  de 
Relz,  le  due  d'Àngouléme,  la  Trémouille,  et  jusqu'à  M.  le  cbancelier^ 
M.  le  premier ,  Chàleauneuf,  et  le  secrétaire  d'état  de  la  Villaudeu, 

Cependant  le  cours  est  termine ,  et  Plavinel^  s'approchant  respectueuse- 
ment  de  son  royal  élève ,  lui  adresse  un  beau  discours,  dontles  exlrails, 
bien  écourtés ,  vous  paraitront  peut-étre  encore  un  peu  longs^  mais  sont 
la  meilleure  des  préfaces  au  sujet  qui  nous  occupe. 


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—  493  — 

.  «  La  Doblesse^  depuis  bien  des  années,  n'a  plas  les  moyens  de  s'in- 
stroìre  ;  les  écoles  soDt  lenaes  par  de  pauvres  écuyers  doDt  réducation 
s'est  faite  à  l'étranger.  » 

Plavinel  faisait  allusìon  aax  ólèves  dégénérés  du  célèbre  Pignalelli , 
le  grand  écuyer  da  seìzième  siede,  en  Italie. 

€  Cesi  poorquoi ,  Sire ,  j'ose  supplier  Yotre  Majesté  de  Irouver  boa 
Tadvis  que  je  lui  donne  de  fonder  quatre  académies  en  votre  royaume, 
Tane  a  Parì§,  la  seconde  à  Poictiers ,  la  tierce  a  Bordeaux  et  la  qualrième 
a  Lyon.  Et  y  commettre^n  cbacune  une  personne  de  qualilé  et  de  sufQ- 
sance ,  digne  d'en  avoir  la  conduile ,  leur  donnant  commodilez  pour  cela , 
afin  que  9  par  le  moyen  de  cet  ayde,  ils  puissent  faire  meilleur  marche 
des  pensions,  et  qu'ainsi  les  pauvres  genlilsbommes  y  soient  aussi  bien 
rè^us  que  les  riches.  D'autant  qu'il  n'y  a  aujourd'huy  que  ceux  qui  ont 
qnantité  de  biens  qui  puissent  faire  instruire  leurs  enfans  aux  bonnes 
moeurs  ;  en  ce  que,  pour  faire  eslever  un  jeune  homme,  il  faut  première- 
ment,  pour  la  pension  de  luy  et  de  celuy  qui  le  servirà,  500  escus 
par  an ,  sans  compier  les  habils  et  autres  choses  nècessaires. 

»  Et  si  encore  ceux  qui  tiennent  les  écoles  ne  peuvent  à  ce  prix-là  faire 
ce  que  je  dirai  ci-après,  ni  s'acquilter  si  dìgnement  de  cet  office  qu'ils  le 
désireraient,  mais  estant  un  peu  secourus  de  Votre  Majesté ,  ils  pourront 
mettre  les  pensions  à  1^000  llvres  au  moins,  s'ils  trouvent  qu'ils  y 
puissent  subsister;  et  que  MM.  les  gouverneurs  et  magislrats  des  lieux 
où  sont  situées  ces  belles  escoles  cognoissent  quMIs  s'y  puissent  sauver  : 
estant  nécessaire  que  la  taxe  des  pensions  soit  faide  en  la  présence  da 
gouverneur  avec  celuy  qui  sera  ordonné  pour  conduire  et  enseigner  cette 
jeunesse  par  les  magistrats  du  lieu.  )> 

Cette  subvention  a  encore,  aux  yeux  de  Pluvinel,  un  aulre  but,  celui-ci 
tout  moral  : 

«  Il  faut  qu'il  y  aye  un  fonds  dont  il  soit  assurè ,  afin  quii  ne  soit  pas 
force  a  user  de  complimens;  d'atraicls  a  la  jeunesse  qui  est  soubs  sa  con- 
duite  et  quelques  fonds  de  tolérance  aux  vices...  » 

Enfin ,  il  trace  tout  un  programme  d'études ,  qui  nous  fait  voir  en  quei 
consistait  réducation  d'un  gentilhomme  au  commencementdu  dix-seplième 
siècle. 

«  Il  faut  au  moins  vingt  chevaux ,  gens  pour  les  panser ,  ofQciers  et 


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—  494  — 

servìteurs  pour  son  affaire;  tireurs  d'armes,  maitre  a  danser,  voltigear, 
malbémalicien ,  un  homme  de  lettres...  Le  matin  serait  employé  poar 
Texercice  de  la  cavalerie  et  pour  coarre  la  bague;  Taprès-disner ,  savoir  : 
lelundy,  mercredy  ,  vendredy  et  samedy  pour  les  exercices  de  tireries 
armes,  danser,  et  voltlgerel  les  malhémalìques.  Et  pour  lesdeux  autres, 
savoir  :  le  raardy  et  jeudy ,  Taprès-disner ,  il  serait  a  propos  que  celuy 
que  cy-dessus  j'ai  quallQé  homme  de  lettres  y  traictàt  en  préseuce  de 
loule  celle  jeunesse  assemblée.  » 

Disous  de  suile  en  quoi  consistaient  ces  mathématiques ,  dont  le  mot 
pourrait  parailre  occuper  une  singulière  place  dans  ce  programme ,  etqoe 
nous  retrouverons  souvent  daus  le  couraut  de  celle  nolice.  Il  s'agissait  de 
quelques  éléments  de  geometrie  appliquèeà  la  fortiQcation. 

La  guerre,  eu  effet,  jusqu'à  Louis  XIV,  cousistait  surtout  en  siéges. 
Ghaque  ville  était  plus  ou  moins  fortiQée ,  et  souvent  l'attaque  ou  la  dé- 
fense  d'une  bicoque  occupait  tonte  une  campagne. 


Ili 


Le  roi  avait  dix-sept  ans  quand  Pluvinel  lui  tenait  ce  discours  ;  c'était 
par  conséquent  en  1618.  Les  capilouls  de  Toulouse  n'avaient  dono  pas 
ea  vue  la  réalisation  de  son  projet  quand,  en  1616 ,  deux  ans  plus  tòt, 
par  délibéralion  du  24  février,  le  consul  de  ville  fonda  Tacadèmie 
d'équitalion.  Voici  comment  s'exprime  du  Rozoy  : 

«  Leslroubles  relatifs  a  la  religion  continuent.  »  En  effet,  Henri  lY 
était  mort  en  1610,  et  dès  que  ce  grand  homme  ne  fui  plus  là  pour  sou- 
tenir  son  oeuvre  de  pacification,  à  chaqiie  revolution  ministérielle  à  Paris, 
le  nouveau  pouvoir  falsali  acte  de  popularilé  en  mena^ant  les  prolestants. 
Ceux-ci,  juste.^enl  inquiets,  armaient  de  tous  còlés  et  se  tenaient  sur  la 
défensive.  Les  capilouls,  a  qui  le  voisinagoéde  Montauban  imposait  de 
grands  devoirs ,  prirent  leurs  précaulions  :  <  On  fournit  des  armes  et  des 
9  munilions  aux  Iroupes  que  la  ville  avait  levées  ;  on  exerga  les  jeunes 
»  gens  aux  évolulions  militaires.  De  là  rétablissemenl  du  manége  sous 
»  les  le^ons  du  sieur  Dubord,  aux  gages  de  300  livres,  pour  appren- 
»  dre  à  monter  a  cbBval  et  exercer  les  enfants  de  la  ville.  Bienlòt  après, 


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—  <95  — 

» 

»  cet  écuyer  est  remplacé  par  M.  de  Cerac,  geDlilhomoie,  qui  ea  re^oit 
»  commissìon  da  roi.  » 

Pendant  la  première  année,  les  le^ons  se  donnèrent  en  plein  air;  car 
ce  ne  fut  qu'en  1617  qu'on  conslruisil  un  manége  couvert,  ayanl  treize 
Cannes  de  longueur  sur  sii  de  largeur,  près  la  porte  Montgaillard,  sur  un 
terrain  qui  avait  été  accordò  auparavant  a  un  cerlain  capilaine  Laboureur, 
pour  les  exercices  noilitaires  de  la  jeunesse.  Il  est  probable  que  l'on  fondit 
alors  les  deux  institutions ,  celle  du  capitaine  Laboureur  et  celle  du  sieur 
Dubord  ,  et  que  Ton  créa'ainsi  une  véritable  école  militaire^  a  laquelle  li 
fallut  pour  chef  un  genlilhomme  commissionnè  du  roi. 

L'Ecole  élait  cependanl  purement  municipale  et  ne  recevait  que  la 
jeunesse  toulousaine;  elle  conserva  ce  caraclère  pendant  quaranle-sept 
anSy  jusqu'en  1663 ,  où  elle  prit  alors  une  plus  grande  imporlance. 

En  janvier  1640  ,  les  étals  de  Languedoc  forment  une  académie  de  la 
province.  On  doit  y  monlrer  le  manége,  la  danse,  les  armes,  les  mathé- 
matiques ,  les  langues  et  le  dessìn.  Le  chef  de  Fècole  sera  un  ècuyer  de 
la  grande  écurie,  nommé  par  le  gouverneur ,  agréé  par  lesétats,  et 
recevra  des  letlres  de  provisìon  du  roi  ;  Fècole  sera  sous  la  protection  do 
grand  ècuyer  de  France. 

Voilà  bien  cette  foìs  Fècole  de  Pluvinel  Ielle  que  le  vieìl  ècuyer  voulait 
en  fonder  à  Paris,  Tours,  Bordeaux  et  Lyon.  Elle  fut  éiablìe  d'abord  a 
Montpellier.  La  notice  hìstorique  que  Fon  trouve  dans  Fannuaire  de 
Baour,  de  1781 ,  notice  rèpétée  dans  les  annuaires  suivants,  veut  que 
Fècole  ait  èie  fondèe  ìmmèdiatement  a  Toulouse,  puis  transférèe  à  Mont- 
pellier ,  sur  la  domande  de  M,  de  Schomberg. 

«  M.  de  Vitrac,  »  dit-elle,  «  fut  nommé,  en  janvier  1640,  par  les 
»  états  de  la  province ,  qui  lui  accordèrent  une  pension  de  400  livres  y 
)>  pour  montrer  le  manége  et  tous  les  exercices  de  corps  aux  jeunes  gens. 
»  On  lui  dònna  un  locai  sur  FEsplanade  avec  deux  lo.urs  adjacentes* 
j>  M.  de  Bartbe  lui  succèda  en  1646;  mais  les  malheurs  du  temps  ne 
^)  permirent  plus  a  la  ville  de  payer  la  pension.  En  1663 .  M.  de  Barlhe, 
))  quk  avait  étè  appelè  à  Montpellier  par  M.  de  Schomberg,  offrit  de 
))  revenir  à  Toulouse,  si  la  provìnce  voulait  lui  accorder  une  pension  de 
»  1,000  livres.  Son  fils  lui  succèda  en  1674;  mais  la  pension  ayant  èie 
»  supprimée  de  nooveau,  il  obtinl  un  arrét  da  conseil,  qui  le  reintegra.  » 


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—  196  — 

Il  y  a  là  une  erreur  posi  Uve  ,  une  confasion  difficile  mais  aon  impos- 
sible  a  déméler  ;  car  la  miQute*de  l'arrét  du  conseil  cilé  fait  partie  da 
dossier  des  archives  de  la  préfecture.  Il  y  est  dit  que  les  capitouls  de 
Touloase  appelèrent  M.  de  Viirac  pour  venir  tenir  a  Toulouse  Facadèmie 
qu'il  tenait  à  Montpellier;  que,  par  une  délibération  du  10  septembre 
1665,  ils  lui  avaìent  donne,  à  cotte  considération,  1,000  livres  de  pension 
et  deux  tours  de  la  ville  pour  y  tenir  ses  fourrages;  qu'en  1672  le  grand 
ècuyer  de  Franco,  corate  d'Armagnac,  à  la  date  du  12  novembre,  donna 
permission  au  sieur  de  Yitrac  fils  de  tenir  académie  conjointement  avec 
son  pere,  à  Texclusion  de  tous  autres  dans  la  province  de  Languedoc. 
Enfin  •  que  des  provisions  furent  accordées  par  Sa  Majesté  au  sieur  de 
Yitrac  fils,  le  8  mai  1674  ,  pour  la  charge  de  maitre  de  l'académìe  de 
Montpellier,  vacante  par  le  décès  de  son  pere. 

Il  resulto  évidemment  de  ces  documents  que  si  M.  de  Barthe  prit  l'école 
de  Toulouse  en  1646  ,  ce  fut  corame  successeur  de  M.  de  Cerac  et  non  de 
M.  de  Yitrac ,  et  que  tout  ce  qui  est  rais  au  corapte  de  M.  de  Barthe  pere 
et  fils ,  aux  dates  de  1663  et  1Q74,  doit  étre  reporté  à  colui  de  MM.  de 
Yitrac. 

On  volt  encore  qu'en  1674,  si  Tacadémie  de  Toulouse  était  en  fait 
Facadèmie  de  la  province,  le  titre  officici  élalt  reste  à  Facadèmie  de 
Montpellier. 

Mais  elle  ne  tarda  pas  a  étre  et  à  s'appeler  :  L'Acadèmie  pour  Fèduca- 
tion  des  gentilshoraraes  de  la  province. 

Cest  ainsi  qu'elle  est  dèsignée  dans  Fannuaire  de  1751 ,  qui  ajoute 
qu'elie  est  pensionnèe  par  la  ville  et  la  province,  sous  la  protection  du 
prìnce  Charles ,  grand  ècuyer  de  Franco  ;  qu'on  y  apprend  les  exercices 
convenables  a  la  noblesse  et  aux  gens  de  guerre;  qu'il  y  a,  outre  Fècuyer, 
des  raaitres  de  mathèraaliques ,  d'arraes,  de  danse,  de  langues,  de 
dessin  et  d'instruraenls. 

.  Il  est  vrai  que  le  raérae  annualre  ajoute  qu'il  y  a  une  autre  espèce 
d'acadèmìe,  où  Fon  re^oit  des  pensionnaires  et  où  Fon  apprend  à  monter 
à  cheval.  .  • 

Getto  espèce  d'acadèmie  était-elle  Fhèritière  directe  de  la  preraière 
acadéraie  da  siear  Dubord?  Dans  tous  les  cas,  elle  ne  subsistait  que  sous' 
raatorìté  et  par  la  tolérance  de  Facadéraie  de  la  province  ;  car  la  perrais- 


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—  197  — 

Sion  da  grand  écuyer  comte  d'Àrmagnac,  en  date  du  18  novembre  1672, 
accordée  au  sieur  de  Vi  trac  fils^  de  lenir  académie  conjoiDtemenl  avec  son 
pére,  spécifie  qne  c'est  à  Veiclasion  de  tous  antres  dans  la  province  de 
Languedoc ,  et  le  sieur  de  Yitrac  n*a  garde  de  laisser  lomber  ce  privilége. 
Par  arrét  da  conseìl  d'état,  en  date  du  14  décembre  1677,  rendu  sor 
la  requéte  da  comte  d'Armagnac  ;  il  est  fait  défense  aux  sieurs  Baron  et 
Laborie  d'ouvrir  académie  a  Toulouse. 

Mais  celte  petite  académie  était  deslinée  a  absorber  la  grande ,  en  se 
fondant  ^vec  elle  (1). 

Degrands  changements  avaienteu  lieu  dans  l'élat  militaire  de  la  Franco. 
En  1682,  Louis  XIY  avait  créé  les  compagnies  de  cadets  genlilshommes  ; 
des  professeurs  de  mathématiques,  de  dessin,  laogue  allemande,  escrime, 
danse,  étaient  attachés  à  ces  compagnies. 

L'admission  fut  d'abord  gratuite;  on  exigeaensuile  50  écus  de  pension. 
Réservées  aux  gentiisbommes  exclusivement,  elles  ne  tardèrent  pas  a  étre 
ouvertes  aux  fils  des  gens  vivant  noblement,  c'est-à-dire  de  leur  revena. 

Licenciées  en  1 692,  elles  furent,  Irente-quatre  ans  plus  tard,  reconstì- 
taées  par  Louis  XV;  six  compagnies  de  cadets  furent  rétablies  à  Cambrai, 
Metz,  Strasbourg,  Perpignan,  Bayonne  et  Caen.  Réduites  a  deux  en 
1729,  elles  furent  licenciées  définilivement  en  1733. 

Èn  1751 ,  un  frère  da  flnancier  Pàris-Duvernoy  faisait  goùler  a  M"*  de 
Pompadour  l'idée  d'une  école  militaire  unique  pour  tonte  la  France;  et 
Louis  XV  signait  Tédit  qui  fondait  Técole  dont  on  volt  enoore ,  au  Champ- 
de-Mars  de  Paris,  les  somptueux  bàtimenls. 

En  4776,  Fècole  comptaìt  six  cents  élèves;  mais  les  embarras  finan- 
ciers  du  temps  la  faisaient  licencier ,  et  les  élèves  étaient  réparlis  dans 
douze  collèges,  qui  prenaient  le  nom  d'écoles  militaires;  c'étaienl  : 
Auxerre,  Beaumont,  Brienne,  Dòlo,  Efflat,  Pont-à-Mousson,  Pontlevoy, 
Rebais ,  Sorrèze,  Tournon,  Tyron  et  Vendòme. 

De  ces  collèges,  il  est  vpai,  les  élèves  ne  sortaient  plus  officiers,  mais 
siroples  cadets.  Un  empiei  avait  été  créé  à  ceteffet  dans  chaque  régiment 
d'infanterie,  le  régiment  du  roì  excepié;  Tédit  spécifiait  que  nul  ne  peut 

(4)  Ea4752,  Tannuaire  ne  parie  plus  quo  d*UDe  académie  ayaot  pour  professeurs  les  deux 
écuyers  cités  séparément  dans  celui  de  4754 . 


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_  498  — 

de?eDir  officier  s'il  n'est  pas  passe  par  le  grade  de  cadet,  exceptè  les  pages 
du  roi ,  de  la  reine  et  des  fils  de  France. 

L'année  suivanle,  ea  1777 ,  Técoie  de  Paris  était  rou verte,  mais  seale- 
meni  pour  les  élèves  les  plus  dislingaés  des  douze  colléges;  ceax-ci  sor- 
taient  ofQcìers  après  une  année  d'études ,  les  autres  occupaient  les  emplois 
de  cadets.  Dix  ans  plus  tard  ,  en  1787  ,  Técole  militaire  était  déiìDitive- 
ment  fermée. 

Oq  coDQoit  gue,  devaot  de  semblables  ìnslitutions ,  l'académie  de  Tou- 
louse  ne  pouvait  se  maiolenir  dans  les  condilions  où  elle  avait  été  créée; 
ses  foDctioDS  d'école  militaire  étaient  deveoues  sans  emplois. 

Quand  l'académie  de  Toulouse  perdit-elle  son  tilre  pompeux  d'académie 
pour  réducalion  des  gentilshommes  de  la  province?  Je  n'ai  pu  le  dé- 
couvrir. 

En  1781,  l'annuaire  de  Baour  ne  parie  plus  que  de  l'académie  d'équi- 
tatìon.  En  1785^  dans  un  mémoire  où  le  directeur  de  Fècole  détaille  toutes 
ses  cbarges ,  il  n'est  question  ni  de  maitre  à  danser ,  ni  de  mathémati- 
ques ,  ni  d'homme  de  lettres. 

Depuiscette  epoque  ;,  l'académie  de  1616  est  restée  une  simple  école 
d'equi tation  ,  et  rien,  dans  les  nouvelles  organisations  qu'elle  a  subies^ 
n'est  venu  cbanger  celle  dernière  destinalion. 

IV  ^ 

Nous  avons  vu  que  le  premier  écuyer  chargé  de  Tacadèraie  de  Tou- 
louse fut  un  M.  Dubord,  auquel  succèda  M.  de  Cerac,  puis,  peut-étre, 
M.  de  Barlhe.  En  1663,  M.  de  Yitrac  transporte  son  académie  de  Mont- 
pellier a  Toulouse,  et  obtient  une  pension  de  1,000  livres  des  capitouis; 
;son  fils  lui  succèda  en  1674,  et  la  méme  année,  par  une  délibération  da 
15  novembre,  la  ville  continua  au  fils  la  pension  et  les  avantages  faits  au 
pére ,  c'est-à-dire  les  bàtiments  et  les  deux  tours  pour  mettre  le 
fourrage. 

L'existence  de  nolre  acadépnie  semblait  assurée  ;.  treize  ans  plus  tard» 
elle  èlait  sérieusement  mise  en  perii. 

En  1677,  un  arrét  du  conseil  avait  enjoint  a  des  écuyers  nommés 
Baron  et  Laborìe  d'avoir  à  fermer  un  manège  qu'ìls  tenaìent  contraire- 


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r 


_  199  — 

ment  au  privilége  du  sieur  de  Viirac.  il  y  avait  de  cela  dix  ans ,  et  Tarrét 
n'élait  pas  exécuté.  Etait-ce  connivence  de  la  pari  des  capilouls?  Cesi 
possible.  Ceux-ci,  en  16,87,  avaientde  nombreux  griefs  conlre  le  pouvoir 
royal;  Tannèc  précédente  on  avail  enlevé  à  la  ville  son  arlillerie  :  soixante 
et  DDe  pièces  de  fonie,  treize  mille  cinq  cents  projecliles  de  irente-trois 
livres,  dix-sept  cent  douze  de  vingt-quatre  ,  et  slx  mille  cinq  cenls  de 
seize;  sur  les  réclamalions  du  Conseil,  Louvois  s'élail  coniente  de  répon- 
dre  qu'il  lui  restali,  sur  le  clocher  de  Saint-Sernin ,  deux  petlles  pièces  de 
fonte  pour  les  réjouissances.  D'un  autre  coté ,  la  ville  avait  accordé  a  un 
avocai,  ancien  capitoul,  procureur  du  roi ,  pour  avoir,  sans  inlèrét,  suivi 
de  nombreuses  procédures  a  son  profit ,  une  gratiQcation  de  60  livres,  et 
rintendant  de  la  province  avail  biffe  la  délibèralion.  Enfln ,  de  graves 
changemenls  venaient  d'étre  apportés  dans  Texìslence  méme  du  pouvoir 
municipal  ;  un  édil  enlevait  la  nomination  des  capilouis  à  la  ville  :  le 
Conseil  assemblé  n'avait  plus  que  le  droil  de  présenler  au  choix  du  roi 
trois  candidats  par  capitoulut.  C'était  le  14  février  1687  que  devaient 
entrer  en  fonclions  ces  capilouis  d'origine  royale. 

On  condoli rirrilalion  qui  devait  régner  dans  les  conseils  de  la  ville;  le 
pauvre  écuyer  de  la  grande  écurie  allait  en  étre  viclime. 

Le  15  janvierles  capilouis  supprimenlla  pension  de  1,000  livres,  elle 
26  ils  envoient  des  soldals  et  dòs  archers  de  la  maison  de  ville  enfoncer 
les  por  les  du  manége  oà  se  faisaient  les  exercìces.  Le  sieur  de  Vi  trac  se 
plaignit  au  roi,  qui  ordonna  au  sieur  de  Basville ,  conseiHer  ordinaire  en 
ses conseils,  et  inlendant  de  juslice  en  Languedoc ,  d'entendre  tant  le 
siéur  de  Yilrac  que  les  syndics  de  la  ville  de  Toulouse ,  dresser  procès- 
verbal  de  leurs  diverses  conteslalions,  et  Tenvoyer,  avec  son  avis,  au  sieur 
marquis  de  Chàteauneuf,  secrétaire  d'Elat. 

Le  resultai  de  l'enquéle  fut  un  arrél  du  conseil  d'état,  en  date  da 
25  juìn  1687,  contresigné  Phelipeaux,  qui  faìt  défense  très-expresse  aux 
sìeurs  Laborie  et  Baron',  et  tousautres,  de  donner  au  sieur  de  Yilrac  aucun 
trouble  ou  empéchement  à  son  privilége ,  ordonne  au  capilouis  de  conli- 
nner  la  pension  de  1 ,000  livres  et  de  lui  rendre  la  jouissance  da  manége 
et  des  deux  tours. 

Uarrél  est  suivi  d'une  ordonoance  royale  du  méme  jour,  qui  cliarge  de 
son  exécutìon  l'intendant  de  la  province.  La  signìQcation  fut  faite  le 

87 


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—  200  — 

22  juillel  aux  capitouls  et  syndics  par  Lavergne ,  huissier  au  parlement; 
racle  est  contròlé  par  BouzauU 

Il  y  eut  encore  une  pelile  coDlestatioD  ;  le  maDége  et  les  toars  étaient 
dans  un  assez  mauvais  clat.  Il  fallui  une  ordonnance  du  20  juillet  1688, 
deM.  deBasville,  poar  faire  dresser  uà  devis  de  réparalion.  Oq  com- 
mengapar  quelques  travauxde  lorrassement  ;  le  19  seplembre,  sur  un  cer- 
tiflcatde  reception  donne  la  velile  par  le  sieur  Buterne,  architecte,  M.  de 
Mariolle,  trésorier  de  la  ville,  acquine  136  liv.  aux  entrepeneurs  qui  ont 
démoli  et  aplani  cent  trenie-six  toises  cubes  de  terre.  C'est  le  méme  tra- 
vail  qui  vieni  de  se  faire  sous  nos  yeux  a  quelques  pas  de  là ,  en  avant 
du  Jardin  royal.  En  1 688,  une  tenne  cube  de  terre  remuée  coulait  20  sols  ; 
aujourd'hui  elle  revient  a  15  ou  14  fr.  Restait  les  réparations  de  magon- 
nerie  et  de  charpenle,  elles  furent  peu  considérables,  si  l'on  en  juge  par  le 
prix.  Il  est,  du  reste ,  assez  curieux  de  voir  déjà  à  celle  epoque  toutes  les 
formes  administratives  de  nos  jours  en  usage. 

Ainsi,  le  1^  octobre,  rarchitecte  Buterne  fall  un  devis  estimatif.  Il  y  a 
adjudication  ouverte  du  4  au  8;  le  14  M.  de  Mariolte ,  le  Irésorier  de  la 
ville^  adjuge  les  Iravaux  au  nommé  Martin  Sarraute,  comme  le  dernier 
moins  disant. 

Le  10  janvier  1689,  les  travaux  sont  regus  par  Tarchitecte  ;  le  12  fé - 
vrier  M.  de  Basville  rend  une  ordonnance  qui  enjoìnt  à  M.  de  Mariolte  de 
payer  la  somme  de  140  liv.  au  sieur  Marlin  Sarraute,  qui  donne  quiltance 
le  19. 

Enfin,  M.  de  Vilrac  prit  possession  dumanége. 

La  paix  dura  une  vingtaine  d'années,  mais  de  nouvelles  difQcullés  pour 
le  paiement  de  la  pension  survinrent  ;  car  voìci  une  ordonnance  de  l'in- 
tendant,  en  date  du  7  oclobre  1708  : 

«  Nous  ordonnons,  conformément  à  l'arrét  du conseil  du  23 juin  1 687 ,  et 
a  nos  ordonnances,  qui  sereni  exécutées  selon  leur  forme  et  teneur,  que 
dans  la  huitainele  sieur  Boyer,  ou  autre  Irésorier  de  la  ville,  payera  au 
suppliant,  sur  sa  quiltance  de  six  mois  en  sixmois,  la  somme  de  1,000  li- 
vres  pour  la  pension  annuelle,  à  ce  faire  conlraint,  én  cas  de  refus ,  en  la 
manière  accoutumée. 

»  Fait  a  Montpellier.  »  Signé  :  De  Lamoignon.  » 

Cependant  les  réparations  de  1689  n'avaient  pasélébienfaites,  audire 


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—  204  — 

de  M.  de  Vitrac;  Tentrelien  avait  élé negligé  audire  des syndics.  Toojours 
était-il  que  les  toitures  et  planchers  des  tours  s'étaieot  effondrés  et  que 
le  manége  menacait  raine.  Nouvelle  conteslation  dont  les  pièces  exisleot 
aux  archives. 

La  première  est  une  lettre  de  M.  de Basville  à  M.  de  Vitrac: 

«  Pai  renvoyé ,  MoDsieur,  la  requéte  que  yoqs  m'avez  adressée  à 
M.  Bousqaet,  afin  qu'il  parie  aux  capitouls  pour  faire  raccommoder  les 
tours  qui  vous  ont  été  données  pour  y  lenir  vos  fourrages*  Je  voas  re- 
mercie  de  votre  compliment  sur  Texpédilion  de  Celle ,  et  suis ,  Monsieur, 
votre  très-humble  et  Irès-obéissant  seryiteur. 
^   ))  A  Montpellier,  24  aoùt  1710.  «  De  Lamoignon.  » 

On  volt  que  M.  de  Vitrac  ne  négligeaìt  rien  pour  se  rendre  favorable 
son  puisisant  prolecteur  :  Texpèdition  de  Cette  élait ,  en  effet,  une  affaire 
fòrtglorieuse  qui  venait  desauver  la  France  d'un  véritable  danger. 

On  élait  au  plus  fort  de  la  guerre  de  la  succession.  Le  grand  rei  avait 
en  vain,  par  sesambassadeurs,  le  maréchal  d'tixelles  et  Tabbéde  Polignac, 
demandé  la  paix  au  congrès  de  Gertrudenberg.;  elle  lui  avait  été  refusée  ; 
il  semblait  accablé:  quand  loul  a  coup  Vendòme  rélablit  les  affaires  de 
Philippe  en  Espagne,  gagne  la  bataille  de  Villa-Viciosa  et  entro  à  Madrid • 
Cependant  une  flotte  de  vingt-quatre  vaisseaux  de  guerre  fall  une  descente 
à  Cette.  Celle  entreprìse  était  d'une  grande  conséquence  par  rapport  au 
Vivarais  et  aux  Cévennes,  et  par  le  danger  qu'il  y  avait  que  Fennemi  ne 
prit  un  établissement  qù'il  lui  auraitété  aisé  de  soulenir  p^^^^^^i^urs  de 
lamer.  Le  due  de  Noailles,  accouru  du  Roussillon  avecneuf  ffl^iJBcaevaux, 
mille  grenadiers  et  du  canon,  qu'fl  ftt  venir  avec  une  diligètfce^l*^ 
sauva  la  place,  forga  les  ennemis  a  s'éloigner  d'Agde,  en  bìattit^liHlx  cents 
près  de  Celle,  et  reprit  le  fort  dont  ils  s'étaient  emparé. 

Ce  n'élait  pas  cependant  en  faveur  du  compliment  que  l'allier  inlendant 
du  Languedoc  se  disait  le  très-humble  et  Irès-obéissant  serviteur  d'un 
assez  modeste  écuyer  do  la  grande  écurie.  La  formule  était  ds^ns  les 
usages  du  temps;  nous  la  retrouvons  dans  une  autre  lettre  du  méme 
Basville  de  1716.  Elle  va  néanmoins  en  s'affaiblissant  sans  sortir  de 
notre  dossier.  En  1751,  M.  de  Saint-Priest ,  écrivant  a  son  subdéléguè, 
dit  :  «  j'ai  rhonneur  d'étre  volre  très-humble,  »  eie.  Le  subdéléguè  ré- 
pond  :  «  je  suis...;  )>  il  y  a  déjà  une  nuance.  En  1781,  le  méme  M.  de 


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_  202  — 

SaìDl-Priest  écrit  aux  capitouls  :  «  j'ai  l'hoDDeor  d'étre  parfailement...  » 
Ceux-ci  répondeDt  :  a  nous  sommes  avec  respect.;.  »  En  1783  ,  le  con-' 
tròleur  general  des  flaances  d'Ormesson,  un  mioislre ,  a  l'inlendanl  de  la 
province  :  «  j*ai  l'honneur  d'élre,  avec  un  sincère  allachement...  »  Laméme 
année,  M.  de  Saint-Priest  à  M.  de  Ginesly,  subdélégaé:  «  je  sais  votre 
très-humble  el  Irèsobéissant  servitear,  »  tout  comme  M.  de  Basville,  mais 
M.  de  Ginesty  répond  :  ((Monseignear,  je  suis  avec  un  profond  respect.  )> 
La  formule  de  Tinférieur  au  supèrieur  n'a  pas  changé  aujourd'buì  ;  mais 
^uel  progrès  daus  celle  du  supèrieur  a  l'inférieur  1  quelle  habileté  poor 
échapperàce  a  très-humble  et  Irès-obéissant  serviteur!  >)  il  n'est  si  mince 
sous-préfet  qui  ne  vous  croie  très-bonoré  s'il  vous  assure  de  sa  parfaitcf 
consid^alion. 

Il  ne  fut  pas  donne  a  M.  deBasville  de  terminer  cette  nouvelle  querelle 
de  M.  de  Yitrac  et  des  capitouls  ;  elle  dura  quatorze  ans,  et  ce  ne  futqu'en 
1724,  sur  un  rapport  fori  long  et  fort  bien  molivé,  en  date  du  12  septem- 
bre  1724y  dusubdélégué  M.  de  Ck)mmynihan,  qu'intervint  uneordonnance 
de  son  successeur.  M.  de  Bernage,  qui  condamna  la  ville  à  payer  les 
deux  tiers  de  la  dèpense,  et  M.  de  Yitrac  le  tiers  (1) ,  avec  la  ebarge  en 
plus  de  maintenir  en  bon  èlat  d'entrelien  le  manége  et  les  deux  tours. 
Le  devis  avait  ètè  fait  le  14  juillet  1723  par  le  sie.ur  Seguin^  arcbilecte  de 
la  ville:  ilmontaità  3,552  liv.;  mais  les  capitouls  le  flrent  réduire  consi- 
dèrablement,  en  faisant  supprimer  dans  Tintérieur  des  tours  les  plancbers 
et  escaliers  qu'on  voulait  relè  ver,  etqu'ils  jugèrent  inutilesà  Temmagasi- 
nement  des  fourrages. 

En  1726,  M.  de  Yitrac  mourut;  sa  ebarge  passa  à  son  gendre  le  baron 
de  Yilleneuve,  quilui-roéme,  quelques  annèes  plus  tard,  eut  son  flls 
ponr  successeur.  Alors  vinrent  pour  Tacadémie  les  jours  de  décadence 
dont  nous  avons  plus  baut  sìgnalé  les  causes.  Il  y  avait  ^  comme  nous 
avons  vu,  en  1751 ,  une  autre  acadèmie.où  Ton  monlrait  a  monter  à 
cheval,  et  qui  ètait  tenue  par  un  sieur  Fraiche.  En  1752,  M.  de  Yille- 
neuve,  le  fils,  s'associa  le  sieur  Fraicbe,  qui  ne  tarda  pas  a  devenir  lai- 
méme  le  commandant  de  Tècole.  Getto  substitution  est  constatée  par  les 
deux  lettres  suivanles. 


(4)  Désigné  pour  la  première  fois  comme  baron  de  Yitrac. 


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-  «03  — 

Le  16  septembre  1759,  Gaigoard  de  Saiot-Priest,  le  nouvel  iatendant 

de  la  province  écrit  aa  sabdélégué  M.  Amblard  :  <(  Je  crois  me  souvenir^ 

j  HoDsìeur ,  qae  dans  le  voyage  que  je  fis  a  Toalouse  ,  il  fut  qae^lion  de 

récoyer  da  roi,  qai  a  la  direction  de  racadémie,  et  qVon  me  fit  enjendre 

j  qa'ìl  ne  faisait   ancone  fonctlon  et  qu'il  les  faisait  remplir   par   un 

tiers.,.  » 

Et  le  22  septembre,  M.  le  subdélégué  répond  :   a  Vous  vous  rappelez 

très-exactement  le  fait  concernant  l'écuyer  da  roi ,  qai  avait.la  direction 

I  de  i'académie  de  Toaloase.  C'était  M.  de  Villeneuve  qui  avait  succède  à 

I  son  pere,  et  faisait  remplir  ses  fonclions  par  M«  Fraiche.  Mais^  depois, 

I  M.  de  Villeneuve  a  abdiqué  cotte  place.  La  ville  a  nommé  le  sieur  Fraiche^ 

I  qui  est  en  fonclions  depuis  trois  ou  quatre  ans  ,  et  qui  a  été  agcéé  par 

M.  le  grand  écuyer  de  Franco.  Il  s'acquilte  très-bien  de  ses  fonclions ,  et 

le  consoli  de  la  bourgeoisie  a  delibero  sous  votre  bon  plaisir,  dans  le  mois 

d'avril  dernier,  de  lui  accorder  une  gratiQcation  de  l,OOOJiv.  pour  Tin- 

I  «demniser  de  la  perle  qu'il  a  falle ,  dans  ces  deux  dernières  années,  de 

plosieurs  chevaux  de  grands  prix.  Getto  délibératiòn  vous  sera  bientdt 

présentée  pour  vous  en  demander  Taulorisation,  et  je  puis  vous  cerliQer> 

puisque  roccasioo  s*en  présente,  que  le  sieur  Fraiche  est  bien  digne  de 

cotte  gracieuseté,  ou  plulòt  qu'il  mèrito  la  juslìce  qui  lui  a  ole  rendue.  » 

Nous  voilà  bien  loin  de  la  guerre  de  M.  de  Yitrac  et  des  capilouls.  La 
faveur  de  M.  Fraiche  ne  fit  que  crottre,  si  bien,  qde  vingl-deux  ans  plus 
tard,  les  capitouls,  le  24  juillet  1781 ,  prenaient  une  délibératiòn  pour 
porter  a  3,000  liv.  les  .l,0001iv.  de  pension  si  fori  contestées  autrefois,  et 
rappuyaient,  le  30,  par  une  lettre  pressante  a  l'intendant.  : 

«  Monseigneur, 

»  ...  Vous  connaissez  rutilile  de  Fècole  d'équitation  de  cotte  ville.  La 
jeunenoblesseetbiend'aulres  j^unes  gens  seraient  prìvés  des  avantages 
qu'ils  en  retirent  si  l'écuyer  ne  pouvait  s'y  soulenir.  Le  zèlo  du  sieur 
Fraiche,  son  désintéressemenl,  sa  probilé,  et  les  sacriflces  qu*il  a  faits , 
ont  déterminé  Fadminislralion  à  les  apprècier  ce  qu'ils  mérilent  et  à  aug- 
menter  son  bonoraire.  Nous  n'avons  fait  que  rendre  j  astice  a  la  vérité  et 
remplir  notre  devoir.  La  légitimité  de  la  demando  nous  est  un  sur  garant 
quo  vous  voudrez  bien ,  Monseigneur,  autorìser  la  délibératiòn  da  Gon- 


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—  2Ó4  — 

seil  polilìqae.  Yotre  zèle  et  votre  amour  pour  le  bien  public  nous  assure 

que  dans  peu  Von  jouira  des  avantages  qui  résulleront  de  celle  augmen- 

talion. 

»  Sìgnés  :  Le  cbevalìer  Le  Comte  ,  le  marquis  de 

Thezan-Poujol,  Arexy,  et  un  nona  iliisible.  » 

Malgré  ces  belles  phrases,  M.  deSaint-Priesl,  qui  était  encore  inlendant, 
refusa péremploirement  :  «fai  memo  lieu  de  eroine,  écrivail-il,  que  le 
Ministre  ne  se  porterait  à  aucune  espèce  d'augmentation  qu'autant  que 
Yous  proposeriez  de  la  prendresur  des  objets  doni  la  suppression  lui  pa- 
raitrail  praticable.  » 

Les  capilouls,  non  plus  que  le  sieur  Fraiche,  ne  se  tinrent  pas  pour 
baltus*,  ainsi  que  le  prouve  celle  lettre  du  contróleur  des  finances  d'Or- 
messon  à  M.  de  Saint-Prìest  : 

et  Versailles,  19  aoùt  1783. 

»  J'ai  rhonneur  de  vous  énvoyer  un  mémoire  par  lequel  le  sieur 
Fraìche,  directeur  de  Tacadémìe  d'étjuitalion  de  Toulouse ,  expose  que« 
YOUS  avez  refusò  d'approuver  une  délibération  des  capitouls  de  celle  ville 
qui  lui  accorde  une  augmentalion  de  Iraitement.  Je  vous  prie  de  me  mar- 
quer  quels  soni  les  molifs  de  volre  refus,  et  de  me  donner  les  éclaircisse- 
menls  convenables  sur  Télat  de  celle  académie^  ainsi  que  sur  robjet  de 
la  délibération.  » 

Le  51  aoùl,  M-  de  Saint-Priest  renvoi  le  dossier^  de  l'affaire  au  subdé- 
léguè ,  qui  est  alors  M.  de  Ginesty ,  avec  ordre  de  lui  donner  son  avis 
molivé. 

Ainsi,  en  1688,  Tinlendant  ordonne  au  Conseil  de  la  ville  de  payer  la 
pension  du  sieur  de  Vitrac,  supprimée  sans  raison ,  et  en  1781,  ce  méme 
fonclionnaire,  gardien  celle  foisdes  inléréts  de  la  ville  y  refuse  d'aulorìser 
une  augmentalion  exagérée  des  appointements  du  successeur  de  M.  de 
Yilrac;  il  y  a  appel  au  ministre ,  qui  deihande  a  l'intendant,  son  repré- 
\sentant,  et  celui-ci  au  subdélégué ,  une  inslruclion  de  l'affaire. 

Ne  sont-ce  pas  là  toules  les  phases  de  nolre  cenlralisalion  moderne? 
€ette  cenlralisalion,  l'objet  des  imprécalions  irréfléchies  des'uns,  de 
Tadmiration  un  peu  adulalrìce  des  autres ,  remonterait  dono  a  une 
epoque  que  les  premiers  font  profession  de  véoérer  tout  en  maudissant 
sa  plus  grande  oeuvre,  et  ne  serali  pas  sortie  tout  armée  da  cerveau  de 


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^  205  — 

quelque  JapUer  moderne,  comme  semblent  le  croire  ses  suspects  adora- 
tears.  C'cst  qu'eo  effet  elle  esl  née  de  la  force  méme  des  cboses.  C'est 
Tappel  des  iotéréts  lésés ,  intéréts  pablics  ou  privés,  de  ville  ou  de  ei- 
toyens,  aa  poavoir  immédiatement  supérieur  ;  appel  qui  devait  nécessaire- 
roent  aboutir,  de  procbe  en  proche,  au  pouvoir  qui  u'avait  plus  rieu  au- 
dessusdelui,  au  pouvoir  centrai. 

Le  l*''  octobre ,  M.  de  Ginesty  envoya  son  avis,  très-fortement  motivé  ; 
il  concluait  a  donner  au  sieur  Fraicbe,  à  tilre  de  graliQcalion,  une  somme 
de  1 ,000  liv. ,  une  fois  payée. 

On  sentdéjà,  dansce  rapport,  l'influence  des  idées  économiques  mo- 
dernes  :  «  Cest  le  nombre  et  le  concours  des  élèves  qui  conslituent 
»  rutilile  d'une  école.  Si  ie  sieur  Fraiche  n'a  pas  un  nombre  siiffisant 
»  d'élèves  pour  ses  ordinaires,  il  n'a  qu'à  les  diminuer.  » 

...  Un  peu  plus  loin  on  trouve  la  trace  du  mèpris  des  nouvelles  écoles 
mililaires  pour  les  anciennes  :  «  S'il  fauten  croire  messicursles  mililaires, 
))  les  principes  d'équitalion  qu'on  puisedans  celteacadémiesontmauvais, 
)>  il  n'eslpoint  de  corps  de  cavalerieoù  Ton  ne  fasse  reprendre  cet  exercice, 
»  quelques  legons  qu'on  en  ait  déjà  regues  dans  les  écoles  parliculières 
n  telles  que  celles  du  sieur  Fraiche.  » 

...  Enfln,  un  argumenl  qui  estbien  du  dix-buitième  siede,  comme 
slyle  et  comme  pensée,  est  celui-ci  :  a  Si  la  ville  élait  assujétie  a  tout  le 
»  détail  de  ce  qui  esl  nécessaire  a  une  école  pubUque ,  la  préférence  de- 
»  vrait  étre  en  faveur  des  écoles  plus  utiles.  Celle  de  chirurgie,  par 
))  exemple ,  puisqu'elle  est  directement  consacrée  à  la  conservalion  du 
»  genre  humain.  » 

Les  bureaux  de  M.  de  Saint-Priesl  furent  sans  doule  charqaés  de  la 
phrase,  car  ils  s'en  emparèrent  pour  la  faire  flgurer  dans  la  réponse  que, 
le  15  octobre,  l'intendant  fit  au  ministre. 

Il  n'est  pas  probable  que  M. 'Fraiche  fut  aussi  sensible  à  cet  argument 
tire  de  la  conservalion  du  genre  humain.  Dans  son  mémoire  qui  est 
annexé  à  Tavis  de  M.  de  Ginesty  :  a  Son  ètabllssementesttellement  con- 
))  venable,  dans  une  riche  province,  qu'il  serali  presque  indécent  de  le 
»  laisser  tomber.  Pour  ce  qui  est  de  la  qualité  des  jeunes  élèves  qui  ont 
))  passe  sous  la  chambrière ,  il  peut  dire ,  avec  vérité ,  qu'il  a  eu  tout  ce 
»  qu'il  y  a  de  mieux  dans  la  province ,  tant  dans  l'épée  que  dans  la  robe , 


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—  806  -* 

)à  commeM.  de  Mirepoix^  lesMM.  deThezan,  M.  deBerDis,  MM.Dapché 
))  pére  etflis,  M.  de  Valance,  MM.  de  Cbalvet,  M.  le  Comte,  les  MM.  de 
»  Piverl,  de  méme  qae  tout  ce  qui  compose  notre  parlemenl,  tant  prèsi- 
»  dents  à  mortier  que  conseillers  ,  sans  compier  plusieurs  seìgneurs 
»  anglais,  espagnols  et  ilaliens.  )> 

Dans  ce  mémoire ,  quelqaes  chiffres  soni  aussi  curieux  a  relever.  Les 
académistes  payent24Iiv.  par  mois.  Les  pensionnaires  1,200  liv.  par  an, 
100  fr.  par  mois,moyennant  quoi  l'écuyer  leur  mentre  à  mooter  àchevaU 
les  Dourrit,  les  loge,  et  leur  fournit  le  boìs  et  la  cbandelle.  Le  mémoire 
ajoute  :  a  Ce  sont  les  prix  d'autrefois,  et  cependant  les  denrées  ou t  augm.eoté 
du  triple.  Les  malheurs  du  temps  ne  permeltent  pas  a  la  noblesse  de 
laisser  les  jeunes  gens  pendant  l'année  enliére,  et  l'académie  est  toujours 
ouverle.  » 

Les  dernières  pièces  du  dossier  des  archives  ont  trait  a  quelques  répa- 
rations.  Le  31  mars  1786,  l'intendant  aulorise  une  réparalion  àia  cou- 
verlure,  montant  à  242  liy. 

L'année  suivante  le  sieur  Yirebent,  directeur  des  travaux  publics  de  la 
ville,  dresse  un  devis  de  2,468  liv.  6  d.  Dans  ce  devis  élait  compris  un 
prolongement  du  manége,  projet  que  protégeait  le  marquis  de  Fontenel- 
les.  Ce  fut  une  nouvelle  lutto.  Le  6  juillet  les  capilouls  nomment  une 
commìssion  pour  fixer  texluellement  les  réparatìons  urgentes  seulement, 
et  le  31  aoùt  le  devis  est  réduit  à  926  liv.  13  s.  4.  Le  marquis  de  Fonte* 
nelles  revint  à  la  ebarge,  et  il  fallut,  le  20  février  1788 ,  une  nouvelle  dé- 
libération  pour  maintenìr  celle  du  6  juillet  1787. 

Celle  domande  de  926  liv.  13  s.  4  ne  parut  méme  pas  très-modérée  a 
M.  Bernard  de  Ballainvillers,  qui  avait  pris  la  place  de-M.  de  SaintrPriest. 
Aussi  écrit-il^  le  31  mai.  1 788 ,  au  subdélégué,  qui  est  encore  M.  de 
Ginesty  : 

«  Vous  verrez,  Monsieur,  par  les  requéteset  les  pièces  ci-jointes,  que 
Messieurs  les  capilouls  demandent  la  permission  de  faire  certaìns  ouvrages 
au  manége,  estimés  à  926  liv.;  je  vous  prie  de  vèrifler  et  de  me  marquer 
si  les  réparations  et  cbangements  qui  en  font  l'objel  sont  véritablement 
utiles  et  nécessaires. 

»  Je  suis,  Monsieur^  votre  très-bumble  et  Irès-obéissant  servileur. 

»  Montpellier.  »  Ballainvìllers.  » 


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807  — 


Nous  trouvons  dans  TanQuaire  de  Baour ,  en  1791 ,  M.  Fraiche  encor& 
eaexercice;  mais  il  s'est  adjoìDt,  avec  la  survivance  de  l'emploi,  M.  Ber- 
doulat.  Il  y  avait  trente-neaf  ans  qu'il  dirigeait  l'académie.  Le  baron  de 
Yitrac  l'avait  dirigée  pendant  cinquanle-deux  ans  sans  interrupUon. 

M.  Berdoulat  élait  ricbe  ,  et  Tacadémie  se  distingua  par  le  luxe  de  ses 
chevaax.  Pendant  tonte  la  Béyolation ,  elle  ne  cessa  de  fonclionner.  L'in- 
surreclion  royalisle  ducomle  de  Paulo,  en  1799,  mil  un  inslant  ses  jours 
en  perii.  Un  rassemblement  de  paysans,  plus  ou  moins  bien  armés,  est 
signalé  a  Puech-David.  La  ville  est  en  émoi  ;  on  mit  les  chevaux  de  Taca- 
démie  en  réquisilion  :  c'étaient  de  beaux  chevaux,  avons-nous  dit  ;  quand 
on  les  rendi t,  ils  élaient  transformés  en  vérilables  rosses  morveuses  pour 
la  pluoart.  Notre  école  n'en  mourut  pas  cependant,  et  M.  Berdoulat  con* 
tinua  à  la  tenir  ouverte  jusqu*au  moment  où  M.  de  Bellegarde,  étant 
maire  de  Toulouse ,  il  fut  appelé  a  remplir  les  fonclions  d'adjoint. 

Ce  fut  un  M.  Leduc  qui  lui  succèda.  Alors  vinrent,  pour  notre  acadé- 
mie,  les  jours  les  plus  tristes  qu'elle  cut  encore  connus.  La  ville  lui  retira 
la  jouìssance  de  son  manége  pour  y  élablir  un  atelier  de  charronnage  des- 
tine aux  charrois  de  Tarmée  d'Espagne  ;  elle  semblait  bien  près  de  perir, 
quand  parut  le  dècret  imperiai  du  17  mai  1809. 

L'article  TMndique  Tesprit  du  décret  :  «Il  sera  élabli  à  Paris  un  comi  té 
centrai ,  qui  s'occuperà  de  tout  ce  qui  est  relatif  a  la  propagation  des 
races  de  chevaux ,  à  Tamélioration  des  ètablissemenls  de  haras  et  d'età- 
lons,  a  rhippiatrique ,  à  Tart  vétérinaire  et  a  l'équitation.  » 

L'artiele  7  portait ,  en  conséquence  :  «  Il  pourra  étre  établi  flans  tout 
l'empire  onze  écoles  impériales  d'équìtation  :  une  a  Paris  non  classée  ; 
quatre  de  première  classe  a  Lyon,  Caen,  Àngers,  Strasbourg;  cinq  de 
deuxième  à Turin  ,  Bruxelles,  Bordeaux,  Rennes  et  Sienne  ;  enOn ,  une 
de  troisième  classe  à  Toulouse.  » 

Toulouse,  par  l'importance  de  sa  populalion,  l'anciennelé  de  l'établis- 
sement  dont  la  nouvelle  école  n'étaìt  qu'une  continualion ,  méritait  prò- 
bablement  d'étre  un  peu  mieux  classée.  J'ignore  si  la  création  /acuitati ve 
de  toutes  ces  écoles  eut  lieu;  mais  ce  qui  est  certain ,  c'est  que  bien  pea 

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—  208  — 

d'eDtre  celles  qui  fureDt  fondées  ont  survécu ,  taadis  que  TuDiqoe  et 
humble  école  de  troisième  classe  subsisle  encore ,  pleine  de  vìe  et  de 
prosperile. 

L'école  devail  avoir  aii  miDìmum  dix  chevaux  ,  au  maximum  quinze. 
Son  commandaDt  élait  a  la  nomioalioD  de  Tempereur ,  sur  la  préseo- 
talion  du  ministre  de  Tiatérieur. 

Jamais  le  directeur  de  Tancienne  académie  n'avait  été  si  richement 
rétribué.  Les  nouveaux  appointements  fixes  élaieni  de  2,000  fr. ,  plus 
une  part  contributive  du  Irésor,  qui  pouvait  varier  de  2,000  fr.  au 
maximum  à  1,250  au  minimum.  La  ville  vota  1,500  fr.  d'ìndemnité  de 
logement  ;  le  département  ne  resta  pas  en  arrière  de  générositè.  En  defi- 
nitive ,  le  commandant  de  Técole  ne  tonchait  pas  moins  de  7,500  fr.  Ce 
f ut  M.  Gayen  de  Marin ,  ancien  capitaine  de  dragons ,  et  sous-écuyer  du 
manége  de  Turin ,  qui,  par  un  décret  du  14  novembre  1810 ,  fui  appelé 
à  celle  posilion. 

La  Reslauralion  respecta  l'école  ;  Texergue  du  boulon  de  l'uniforme , 
car  il  n'y  avail  pas  de  bonne  créatión  imperiale  sans  uniforme ,  seul , 
subii  le  changement  d'école  imperiale  en  école  royale  d'équitatìon. 

Cet  uniforme  élait  un  habit  gros  bleu,  coUet  écarlate  brode  en  argent, 
bouton  d'argent  avec  un  cheval  équipe  en  relief ,  aulour  duquel  on  lisait , 
suivant  les  circonstances  :  «  Ecole  imperiale  ou  royale  d'équitatìon  ;  »  la 
bolle  à  récuyère ,  le  chapeau  a  trois  cornes  ;  la  broderie ,  pour  les  com- 
mandants ,  avait  vingt-sept  millimètres  de  largeur  sur  les  parements  et  le 
coliet;  celle  des professeurs,  Técuyer,  quinze  millimètres;  enflnles  pale- 
freniers  avaient  la  tenue  de  ceux  des  haras. 

'  Malgré  tant  de  splendeurs ,  l'école ,  en  1830 ,  élait  dans  un  élat  peu 
prospère.  L'àge  et  les  infirmités  de  M.  de  Marin  y  aidaient  sans  doute; 
l'aulorilé  municipale  ouvrit  un  concours  pour  lui  trouver  un  adjoìnt,  et 
le  21  septembre,  le  maire  nomma  M.  Arnichand,  ancien  élève  de  Fècole 
de  Saumur ,  nomination  qui  fui  confirmée  par  un  arrété  préfectoral  du 
13  octobre. 

En  1831 ,  toules  les  allocations  de  l'Etat ,  du  département,  de  la  ville 
furent  supprimées  a  la  fols.  Ce  qui  devail  élre  le  coup  de  gràce  de  Taca- 
démie  fui,  au  conlraire,  l'aurore  d'une  prosperile  qu'elle  n'avait  jamais 
eoDQue. 


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—  809  - 

M.  Cayen  de  Marin  mourut  ea  1832,  àgé  de  près  de  qualre-viogte 
ans;  la  place,  corame  on  le  volt ,  portait  bonheur.  Abandonné  a  ses  prò- 
pres  ressources ,  M.  Arnichand  redoubla  d'efforls  ,  efforts  heureux  :  les 
élèves  affluèrent  de  loules  parls  ;  l'adminislration  municipale  ne  voulQt 
pas  resler  élrangère  à  un  pareli  succès  :  elle  vota  500  fr.  ;  puis,  en  1834, 
1,000  fr.  de  subvention,  à  la  condilion  de  faire  donner  gralaitement  la 
lecon  à dix  élèves  du  collège;  cnfln ,  le Conseil  general ,  en  1839 ,  vota, 
à  son  tour ,  500  fr. 

Un  gymnase ,  qui  rappelle  un  peu  les  projels  du  bon  Piuvinel,  et  nous 
reporte  aux  premiers  jours  de  l'académie,  lui  fui  annexé  en  1837. 

Aujourd'hui,  en  1863,  l'école  compie  vingl-qualre  chevaux;  jamais 
elle  n'avait  atleint  un  pareil  chifFre,  et  il  n'y  a  pas  moins  de  deux  cenls 
élèves  qui  passenl,  tous  les  ans,  sous  la  chambrière,  corame  on  disait 
en1781. 

Ielle  est ,  Messieurs ,  Thisloire  de  l'académie  d'équilalìon  de  Toulouse. 
Si  je  me  suis  laissè  enlrainer  a  donner  à  celle  nolice  une  élendue  peut* 
élre  hors  de  proporlion  avec  l'importance  du  sujel,  qu'on  veuille  bien  se 
rappeler  que  celle  modeste  instilulion  a  près  de  deux  siècles  et  demi 
d'existence.  Combien  peuvent  se  vanter  d^ine  aussi  longue  durée?  Les 
compagnies  des  cadets  de  1682  ne  vivenl  que  dix  ans;  celles  de  1726 
septans;  la  première  école  mililaire  vingl-cinq  ans,  la  deuxième  dix 
ans;  les  écoles  de  cavalerie  de  M.  de  ChameU  on  1764 ,  a  Donai ,  Metz , 
Besangon,  Angers,  septans;  Saumur^  créée  sur  leur  mine,  etfermée 
en  1790.  Sente  nolre  acadèmie  subsiste  sans  interruplion ,  malgré  les 
malbeurs  des  temps ,  Ics  troubles  polìliques.  Les  murs  de  son  manége 
assislent  aux  trois  grandes  révolutions  de  Tari  de  réquitalion  :  c'est 
d'abord  Télève  de  Piuvinel ,  ferme  sur  ses  argons,  le  corps  pris  dans  la 
selle  àpiquets,  les  jambes  tendues ,  endossanl  parfois  Tarmure  des  vieux 
temps  pour  courre  la  bague  ou  rompre  la  lance  contro  le  quintan.  Le 
grand  Frédéric  cbange  le  ròte  de  la  cavalerie  sur  les  cbamps  de  balailte  ; 
il  faut  abandonner  les  anciens  princìpes.  M.  de  la  Guerìnière  abat  le  tour 
de  piquets  de  la  selle  ;  les  jambes ,  le  corps  de  l'écuyer  s'assouplissent  ;  on 
torture  cependant  encore  un  peu  sa  posilion ,  et  il  reste  majeslueux  avec 
son  chapeau-lampion ,  ses  vastes  bolles  à  Técuyère  et  sa  culotle  de  peau. 
Enfin ,  parait  l'école  moderne ,  qui  supprime  toules  les  enlraves ,  sauté  et 


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—  240  — 

M  tient  a  cheval  comme  les  cavaliers  de  Phìdias  sar  la  frise  du  PartbéDOD. 

Sa  loDgae  carrière  a  sobi  tous  les  régimes. 

Ecole  municipale  fondée  par  les  capilouis,  elle  est  absorbée  par  l'aca- 
^émie  provinciale  des  états;  son  direcleur  fait  partie  de  la  grande  écurie 
et  relève  directement  da  grand  ècayer;  elle  devient  un  instant,  a  la  Revo- 
lution ,  une  institulion  privée;  puis  la  voilà  ècole  imperiale ,  école  royale; 
son  commandant  est  un  fonctionnaire  de  l'Etat.  Tant  de  splendeurs  lui 
semblent  fatales;  elle  va  perir,  quand  tout  à  coup,  comme  Àntée  en  em- 
brassant  sa  mère ,  elle  se  reprend  à  la  vie ,  plus  prospère  que  jamais ,  en 
redevenant  ce  qu'elle  ètait  à  son  berceau  :  un  simple  enfant  de  la  cité. 

De  CHANAL. 


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MONOGRAPHIE 


DB 


LA  GATHÉDRALE  D'URGEL 


(i) 


EIV   GìIlXìIlIuOGIVE:. 


I 


L'église  cathédrale  de  la  Seo  dUrgel  est  sous  le  vocable  de  saiDl 
Odon. 

Elle  est  un  des  plus  purs  et  des  plus  beaox  spécimens  de  cette  archi- 
tectore  romaDe  da  onzième  siede,  qui  a  laìssé  dans  nos  contrées  pyré- 
néenDes  des  Iraces  si  nombreuses,  et  soavent  des  monomerits  si  remar- 
qoables.  Bàtie  par  saint  Erroengaalt  (2) ,  dans  la  première  moitié  da 
ODzième  siede,  cette  église  semble  avoir  été  faite  d'an  seul  jet,  avec  le 
beau  doftre  qui  s'appuie  sur  sod  flanc  droit  (3). 

(4)  Urgel  est  nommé  diversement  Orgellum,  Orgia ^  Orgella,  Urgella,  (Moréri  citant 
Marea  Hispanica.) 

(9)  Saint  ErmeDgault  ou  Ermengolt,  ou  Hertnengaud ,  ou  bien  Uermangaud. 

(3)  Saint  Ermengault  bdtit,  en  effet,  Tégllse  et  le  cloitre,  et  y  établit  des  chanoines  régu- 
liers  de  Saint- Augustin  auxquels  il  assigna  des  revenus  sufiSsants.  (Praprium  du  Bréviaire 
romain  pour  le  diocèse  d'Urgel.  ) 

Richard ,  dans  sa  Géographie  ecclésiastique ,  assìgne  une  autre  date  à  la  construction  de  la 
cathédrale  d'Urgel.  Il  dit  qu'elle  fut  élevée  du  temps  de  Charlemagne  et  de  Louis  le  Débon- 
naire.  Cette  opinion  serait  une  erreur  manifeste  si  elle  se  rapportait  à  la  cathédrale  actuelle. 
Mais  je  crois  que  son  asserlion  peut  et  doit  s'appliquer  à  une  autre  église  qui  existe  encore 
près  du  clottre ,  que  les  traditions  locales  dlsent  plus  ancienne  que  celle  de  saint  Ermen- 
gault, et  qui,  d'après  les  mémes  tradilions,  aurait  été  primitivement  la  cathédrale.  Elle  est 
sous  le  Yocable  de  saint  Michel. 


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—  842  — 

Je  vais  essayer  de  donner  de  ces  édifices  une  description  aassi  d^taillée 
que  possible. 

Je  dois  rappeler  d'abord  que  l'archìtecture  du  onzième  siede  se  fait 
remarquer  par  une  grande  sobriété  d'ornementalìon.  Ce  n'esl  pas  de  la 
pauvreté  ;  car  la  décoralion  qu'on  apergoil  sur  les  édifices  de  celle  epoque 
accuse  la  force  el  la  ricbesse  d'une  imaginalion  dans  la  plénilude  de  sa 
puissance.  L'art  chrélien  n'élail  pas  encore  parvenu  à  son  enlier  dévelop- 
pement;  on  seni  qu'un  principe  fécond  l'anime ,  et  que  l'beure  n'est  pas 
loin  où  il  s'èpanouira  dans  loule  sa  gràce  el  sa  majeslueuse  beaulé. 

Ne  noQS  élonnons  donc  pas  de  ne  point  renconlrer  sur  les  monumenls 
de  celle  période  les  ornemenls  mullipliés  doni  se  charge  l'arcbilecture  des 
siècles  suivanls,  et,  avant  de  l'avoir  éludié,  gardons-nous  bien  d'appeler 
barbare  un  art  qui  conserve  encore  queique  chose  de  la  sevère  el  classìque 
beaulé  des  lignes  anliques,  qui  ajoule  aux  souvenirs  du  passe  des  ricbes- 
ses  qu'il  lire  de  son  propre  fonds  et  qui  Irabissent  ses  nobles  aspiralions 
vers  un  idéal  de  perfeclions  qu'on  n'avail  pas  encore  alleìnt. 

11  n'entre  nullement  dans  ma  pensée  d'élablir  une  comparaison  quel- 
conque  enlre  l'art  grec  el  l'art  du  moyen  àge.  L'art  grec,  en  effet,  élait 
l'expression  de  l'idée  paìenne-:  il  a  Iraduit  celle  idée  avec  un  suprème 
bonbeur.  Le  paganismo  avait  adressé  un  culle  a  la  beaulé  sensueile  et 
plaslique;  l'art  paìen  s'élait  èlevé ,  par  la  beaulé  de  ses  formes  et  l'har- 
mbnie  de  ses  proporlions,  à  la  hauteur  de  ce  culle. 

L'art  du  moyen  àge  élait  l'expression  d'une  idée  spiriluelle  et  mysti- 
que.  Il  devait  reproduire  un  idéal  que  nulle  forme  malérielle  ne  pouvait 
rendre;  il  devait  donc  employer  des  formes  a  pari  et  traduire  sa  pensée 
par  une  langue  arlislique  qui  lui  fui  propre.  Il  devait  méme  souvent  ne- 
gliger un  peu  celle  barmonie  des  proportions  et  celle  régularilé  du  Irait , 
doni  on  avait,  je  l'avoue ,  perdu  beaucoup  lo  souvenir ,  aQn  que  la  beante 
ìnlérieure  des  dogmes  que  cet  art  abritail  pùl  percer  aisémenl  a  travers 
ces  voiles  grossìers. 

Les  invasions  barbares  avaient  disperse  ce  qui  reslait  des  civilisalions 
antìques ,  entrafnées ,  par  leur  propre  corruplion ,  dans  les  abimes  od 
elles  s'élaient  ensevelies.  L'^rt  et  les  langues  avaient  suivi  celle  décré- 
pitude,  et  la  sociélé  humaine,  qui  ne  pouvait  pas  perir,  devait,  pour 
retrouver  sa  jeunesse,  se  reconstituer.         i 


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—  843  — 

Xe  christianisme  fat  son  saaveur.  L'esprit  tiot  le  sceplre  da  poavoìr  ; 
les  seos  obéirent  en  esclaves  ;  on  oublia  tout  uq  passe  de  honleax  sen- 
soalisme  et  d'apothéoses  matérielles  ;  l'homme  n'était  plus  un  animai 
raisonnable ,  il  ètait  une  dme  à  laquelle  Dieu  avait  prète  des  sens  pour 
la  servir. 

L'humanité,  redevenue  enfant,  avait  a  refaire  son  éducation.  Ueùtété 
dangereoxde  rappeler  les  charmes  de  l'art  antique^  qui  n'était  plus  en  har- 
monie  avec  ses  nouveaux  besoins  et  ses  nouvelles  destinées.  Il  lui  fallali 
trouver  dans  son  sein  un  art  nouveau,  digne  d'elle,  degagé,  comme  sa 
foi,  de  la  matière  et  des  sens,  et  qui  ne  lui  rappelàt  que  des  idées  subli- 
mes  comme  ses  croyances  et  pures  comme  sa  morale. 

C'est  là,  croyons-nous,  le  secret  de  cet  art  admirable  du  moyen  àge, 
que  tout  le  monde  ne  comprend  pas  assez ,  et  que  l'on  condamne  comme 
tout  ce  qu'on  ignoro. 

La  cathédrale  d'Urgel  est  l'une  des  remarquables  expressions  de  ce 
bel  art. 

Essayons  de  la  faire  connattre. 

II 

FACADE. 

Le  milieu  de  la  fa^ade  est  occupé,  dans  le  bas,  par  un  grand  portali 
roman  du  onzième  siede. 

Àu  pied  du  portali ,  le  soubassement  des  jambages  est  forme  de  deux 
animaux  Irès-frustes ,  qui  paraissent  étre  des  lions  dévorant  un  élre 
humain.  On  remarque  au  haut  des  jambages,  au  niveau  des  cbapiteaux, 
les  tétes  de  deux  grands  lions  accroupis,  qui  semblent  guéter  leur  prole. 

Ces  lions,  placés  en  dehors  de  la  porte,  paraissent  symboliser  l'esprit 
du  mal  qui ,  dans  le  monde  et  bors  de  la  maison  de  Dieu  »  róde  sans  cesse 
autour  des  àmes,  cherchaot  à  les  dévorer  :  Tanquam  leo  rugiens  circuii 
qucerens  quem  devoret. 

L'archivolle  de  la  porte  est  composée  de  Irois  voussoirs ,  supporlés  par 
autanl  de  colonnes ,  surmonlées  de  chapileaux  animés  ou  feuillagés. 

Ainsi^  le  premier  chapileau  qu'on  voit  a  droile,  en  entrant,  est  orné 
de  feuilles  d'acanthe. 


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—  S14  — 

.  Sur  le  second  cbapìteau,  des  tètes  de  iponstres  formeot  les  angles  et 
tieDnent ,  dans  leur  gueule ,  les  tiges  des  rinceaux  dont  les  feuilles  s'épa- 
nooissent  sor  les  faces. 

Le  premier  chapiteau  a  gauche ,  eu  entrant ,  esl  Irès-fruste.  On  y  voil 
deux  aoimaux  dont  les  tétes  accolées  dessinent  la  volute  du  ceotre. 

Le  second  chapiteau  représenle  un  de  ces  nombreux  obscenay  que  Fon 
retrouve  partout  dans  la  symbolique  naive  du  moyen  àge.  Un  étre 
hìdeux ,  a  forme  humaine  et  a  Ggure  de  singe ,  se  livre  à  une  action  dés- 
honnéle,  landis  que^  de  chaque  còlè,  des  monstres  hybrìdes,  figurant 
le  diable,  vomissant  par  leurs  gueules  de  longues  flammes,  altendent 
qu'il  ail  consommé  sa  honteuse  et  coupabìe  action  pour  se  saìsir  de  lui. 

La  gorge  de  Tarchivolte  est  occupée  par  des  tétes  grimagantes  ;  celle 
des  jambages  par  des  billettes. 

Au-dessus  de  la  porte,  sur  les  trumeaux  qui  sont  aux  deux  còtés  da 
tympan,  on  voit  deux  groupes  pareils  se  correspondanl.  Chacun  de  ces 
groupes  est  forme  d'un  lion  qui  dévore  le  cràne  d'un  homme  qu'il  vieni 
de  terrasser.  Un  autre  homme;  plus  petit,  conche  à  plat  ventre  sur  le 
dos  du  lion^  dont  il  tient  le  cou  enlacé  dans  ses  bras,  semble  se  réjouir  et 
encourager  le  feroce  animai. 

.11  y  a  là  tout  un  poéme  de  symbolisme  chrétien.  Il  est  évident  qua 
rhomme  terrassè  représente  l'àme  humaine  vaincuo  par  le  péché  el  dévorèe 
par  le  démon  dont  elle  est  devenue  la  prole.  L'homme  conche  sur  le  lion^ 
qu'il  caresse  et  encourage,  représente  ces  hommes  méchants  qui  sem- 
blent  avoir  fait  un  pacte  avec  le  diable ,  qui  tendent  des  embùches  a  l'in- 
nocence ,  se  réjouissent  de  ses  chutes  et  sont  tout  fiers  da  mal  qu'ils  ont 
fait.  Le  diable,  auquel  ils  sont  extrèmement  utiles  et  qui  est  sur  de  les 
posseder ,  ne  les  tourmente  pas  ;  il  leur  rend  tout  facile ,  et  l'action  de 
les  porter  sur  son  dos  indique  qu'il  veut  leur  communiquer  sa  vitesse  et 
leur  éviter  les  faligues  du  chemin,  afln  de  hàler  l'oeuvre  du  mal.  Le  grand 
portai!  est  flanqué,  de  chaque  coté ,  d'une  porte  cintrée,  dont  la  baie  est 
magonnée ,  et  dont  l'archivolte  est  composée  de  quatre  voussoirs  sans 
ornements. 

Les  tours  des  angles  de  la  fa$ade,  dépourvues  d'ornementations,  ne 
sont  pas  finies;  elles  s'arrétent,  comme  a  Saint-Sernin  de  Touloase,  à 
hauteur  du  faitage. 


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~  245  — 

Àa-dessus ,  et  sur  toute  la  largeur  du  mur  de  fagade ,  règne  une  belle 
frise  hìstoriée. 

La  Pierre  qui  occupe  le  milieu  de  celle  frise  représente  un  monstre 
saistssant  deux  brebis  ou  agneaux  dont  les  tétes  affrontées  et  baissées  se 
toucbent.  La  téle  du  monstre  respire  une  joie  feroce. 

A  droile ,  deux  élres  bumains  tiennent  dans  leurs  mains  deux  tiges 
dont  Textrémité  s'épanouit  en  fleuron. 

La  pierre  qui  suit  offre  la  figure  d'un  loup ,  lance  au  galop ,  regardant 
en  arrière. 

Puis  vieni  un  bomme  accroupi. 

Plus  loin ,  un  monstre,  a  face  de  loup,  dévore  deux  bommes,  dont  il 
a  déjà  mangé  le  corps ,  et  dont  les  tétes  qui  resten t  forment  les  deux 
extrémilés. 

Enfm ,  un  monstre ,  à  lete  de  lion  et  a  queue  de  sirène  ^  accroupi  et 
tirant  la  langue. 

Revenons  au  milieu  de  la  frise  et  parcourons  la  parile  qui  se  présente 
a  gancbe  du  spectateur. 

On  y  apertoli  d'abord  un  guerrier  arme  et  comme  poste  en  embuscade. 

Puis  un  élre  bumain  emporté  par  un  monstre ,  lance  au  galop,  et  sur 
lequel  il  est  place  comme  a  cbeval. 

Trois  monstres,  a  téle  de  lion  et  a  queue  de  sirène. 

Des  reptiles  fantasliques  enroulés. 

Un  monstre  poursuivi  par  un  élre  bumain. 

Un  monstre  a  téle  bumaine,  lantani  une  flècbe  avec  un  are. 

Un  élre  bumain  nu ,  ayant  les  bras  et  les  jambes  écartés  et  relevés. 
Il  semble  caresser  la  lète  de  deux  animaux  formant  les  angles. 

Téle  de  monstre  au  milieu  d'enroulements. 

Enfin,  téle  grima^ante. 

Au-dessus  de  la  frise  s'ouvrent  trois  grandes  fenélres  cintrées.  EUes 
n'ont  d'autre  ornement  que  les  cbapiteaux  a  larges  feuilles  d'eau  qui  cou- 
ronnent  les  colonnettes. 

Vieni  ensuile  un  fronton  triangulaire  très-ornementé.  Deux  colonnes 
en  divisent  le  tympan  en  trois  zones.  La  zone  centrale  est  occupée  par  * 
une  fenétre  à  plusieurs  voussoirs.  Les  moulures  soni  des  tores  et  des 
gorges;  les  gorges  sont  ornées  de  billelles. 

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—  246  — 

Les  deux  zones  latérales  soDt  percées  d'oeils-de-boBuf ,  décorés  de  tores 
et  de  gorges  ornées  de  billettes. 

Sous  le  triaogle  du  fronton  règoe  une  sèrie  asccndante  et  descendante 
de  neuf  arcalures  a  plein  cintre^  aveugles  et  supportèes  par  des  modilloDS 
à  léles  grimagantes. 

Les  moulures  qui  forment  l'extrados  du  triaugle  sont  :  une  ligne  de 
tétes  de  diamants  ;  un  lore  enlre  deux  fllets  ;  un  zigzag;  un  boudin  lorda 
cu  cable  enlre  deux  listels;  une  aulre  ligne  de  létes  de  diamants;  une 
doublé  ligne  de  bouls  de  bàlons. 

Le  chevet  exlérieur  des  croisées  du  Iransept  est  carré.  Dans  un  vaste 
retrait ,  deux  pilaslres  bruls  ronopent  la  monotonie  des  lignes.  Le  hant 
est  orné  d'une  sèrie  de  neuf  ^rcalures  à  plein  cintre ,  aveugles  et  sup- 
portèes par  des  modillons  ornés  de  tétes ,  de  roseltes  et  de  palmettes. 

Le  chevet  de  l'église  se  termine  par  une  admirable  abside  circulaire, 
faisant  face  a  la  grande  nef  ou  nef  centrale.  Celle  abside  est  ajourèe  par 
trois  fenétres  à  plein  cintre.  Celle  du  milieu ,  plus  grande  queles  autres, 
offre  quatre  voussoirs^  quatre  colonnes  et  quatre  cbapiteaux,  doni  deux, 
du'méme  coté ,  sont  animés;  les  deux  qui  occupent  le  còlè  oppose  sont 
feuillagés.  Ces  chapiteaux  sont  très-remarquables.  Le  baut  de  l'abside 
est  couronné  d'une  suite  d'ouvertures  cintrées  doni  les  baies  sont  ma- 
Connées. 

Yers  le  milieu  du  flanc  droit  de  la  cathédrale ,  une  grande  porte  très- 
ornemenlée  ouvre  dans  le  cloitre.  On  y  remarque  sìx  voussoirs  com- 
posés  d'un  lore  accoste  de  deux  gorges ,  dans  lesquelles  sont  semées,  à 
distances  égales ,  des  tétes  humaines  et  des  billettes  se  correspondant. 
La  grande  gorge  du  voussoir  centrai  est  comblée  de  ciment,  dans  lequel 
on  a  engagé  rexlrèmité  des  barres  de  fer  de  la  grillo  a  deux  battants  qui 
va  du  baut  en  bas.  Les  tores  des  deuxième  et  quatrième  voussoirs  sont 
beaucoup  plus  forts  que  les  autres.  Ils  ont  le  méme  diamètre  que  les  fùts 
des  colonnes  doni  ils  ne  seroblent  étre  que  le  prolongement. 

Les  chapiteaux  des  angles  sont  animés.  Celui  de  droite  est  forme  de 
deux  animaux  (lions?)  dbnt  les  corps  occupent  les  deux  faces  apparentes; 
les  deux  tétes  se  touchent  et  semblent  collées  l'une  à  l'autre. 

Le  chapiteau  qui  est  en  face,  à  gauche  en  entranl  da  cloitre  dans 
l'église,  ^est  compose  de  six  animaux  superposés  trois  sur  trois  (mons- 


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—  217  — 

tres  à  forme  humaiae).  Les  trois  supérieurs  tienuent  dans  leur  gaeule  la 
moìlié  du  cràne  des  inferi eurs.  Cesi  très-curieux  ;  nous  n'avons  rien  de 
pareli  dans  uolre  riche  collection. 

Les  deux  aulres  chapiteaux ,  de  chaqae  còlè ,  soni  composès  de  gros- 
sières  feaìlles  d'acanlbe  avec  enroalements  a  gres  crochels.  Aa-dessus  des 
chapiteaux  animès  apparaissent  de  peliles  volules  surmontées  de  pelites 
billettes. , 

Les  tailloirs  soni  unis.  Une  pelile  billetle  sur  les  angles  de  la  plìnlbe 
des  bases  des  colonnes. 

II^TÉRIEUR. 

L'inlérieur  de  la  calbédrale  d'Urgel  n'a  pas  aussi  bien  conserve  son 
caraclère  prirailif  que  rextérieur. 

Des  reslauralions ,  des  décoralions  ou  des  approprialions  diverses 
accusent  les  différenles  époques  auxquelles  elies  appartiennenl.  Quelques- 
unes  de  ces  décoralions,  plus  ou  moìns  récenles,  ne  manquent  pas  de 
mérlte  ;  mais  elies  ont  le  tort  de  déflgurer  un  monument  remarquable^ 
qui  serali,  sans  cela^  un  vrai  bijou  de  Tarcbilecture  romane. 

Ainsi ,  le  cboeur  des  chanoines ,  le  cancel  ou  chancel  du  presbylerium 
(sanctuaire) ,  la  cbaire  à  précher  el  le  mailre-autel ,  très-ricbemenl  de- 
corò, soni  des  premières  annéesdu  seizième  siede.  Cesi  Irès-beau;  mais 
ce  devrait  élre  ailleurs.  Les  orgues  soni  placées  dans  le  cboeur  an-dessus 
des  slalles.  Il  y  a  deux  orgues;  un  de  cbaque  còlè.  L'un,  qu'on  appello 
grand  orgue,  seri  pour  tous  les  doubles  el  au-dessus;  l'aulre,  qu'on 
appello  petit  orgue,  seri  pour  les  senii-doubles  et  au-dessous.  Ces  orgues 
sont  fermées  par  deux  grands  volels  peinls  à  Thuile.  On  y  a  représenté 
Saint  Odon ,  saint  Ermengauld ,  palrons  et  fondateurs  de  la  calbédrale , 
et  sainte  Cécile. 

J'ai  remarqué,  sous  la  grande  stalle  d'honneur,  une  misèricorde  qui  a 
attirò  mon  atlention.  On  y  volt  un  homme  barbu  fllant  une  quenouille; 
il  est  prosterné  dans  l'alti  ludo  de  la  résignatioo  et  de  la  pènilence.  Une 
femme  jeune,  largement  drapèe,  tieni  une  couronne  dans  la  main  droite. 
Elle  symbolise  la  religion,  toujours  prète  à  pardonner  ;  la  couronne  est  la 
récompense  accordée  au  repentir.  Cesi  donc  ici  une  synlbèse  expressive 


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—  248  — 

de  la  vie  du  pécheur  repentant;  ony  voit  la  fante  ^  Vexpiation,  la  ré- 
compense.  Celle  miséricorde ,  d'une  Irès-grande  purelé  d'exéculion , 
parafi  appartenìr  a  la  Renaissance. 

Les  croisées  da  transepl  soni  ornées  ,  a  leur  exlrémilé,  d'une  grande 
porle  murée,  dans  le  goùt  des  deux  portes  que  j'ai  décrites.  Seulemenl, 
il  a  bien  fallu  qu'un  badigeon  éclatant  de  blancbeur  vini  les  salir. 

On  reraarque  à  Textérieur  du  choeur ,  el  sous  le  petil  orgue ,  une  cha- 
pelle  dédiée  a  saint  Odon  ,  bàlie  en  méme  lemps  que  Féglise,  et  ornée, 
suT  la  piate-bande  extérieure  des  jambages  et  de  rarcbivolte,  de  sculp- 
tures  charmanles  représenlant ,  en  méplat,  des  évéques,  des  papes,  des 
moines ,  etc.  Cesi  une  des  plus  jolies  cboses  que  j'ai  vues  dans  celle 
église^  où  les  richesses  de  l'ari  abondent.  La  voqte  du  transepl  se  brise  au 
milieu ,  à  la  renconlre  du  grand  axe  de  l'église,  et  s'èlève  en  forme  de 
dòme  sphérìque.  Cesi  un  souvenir  de  la  coupole  byzantine,  qu'on  relronve 
dans  presque  toules  nos  églises  romanes. 

La  cbapelle  de  Sainte-Croìx ,  située  dans  le  bras  gauche  du  transepl^ 
près  du  chevet^  possedè  un  monumenl  d'un  haut  inlérét  archéologiqoe  : 
c'est  la  ch&sse  qui  renferme  les  saintes  reliques  du  bienheureux  Ponce  de 
Planèdes,  el  la  cbapelle  des  saintes  Lucie  el  Madeleine,  placée  dans  le 
bras  droit  du  méme  transepl ,  conserve-  aussi  le  sarcophage  du  bienheu- 
reux Bernard  de  Traversères. 

Ce  soni  deux  jolis  spécimens  de  Tari  aux  treizième  el  quatorzième  siècles 
que  j'ai  cru  devoir  connaf tre  avec  quelquedèlail. 

Je  commence  par  la  chàsse  qui  contieni  les  reliques  du  bienheureux 
Ponce  de  Planèdes. 

Disons  d'abord  que  ce  saint  religieux,  de  l'ordre  des  Frères  prècheurs, 
fut  massacré  par  les  héréliques  en  baine  de  la  foi ,  l'an  1242 ,  à  Castelbo, 
lieu  silué  au  couchant  d'Urgel,  à  deux  lieues  el  demie  de  dislance,  el 
alors  soumis  au  comlede  Foix. 

La  chàsse  qui  garde  ses  précieux  restes  mesure,  en  longeur,  1"*,84; 
en  profondeur,  0"*,34;  en  hauteur,  0",62. 

La  face  principale  se.  divise  en  six  comparlimenls,  séparés  par  des 
pilaslres  en  guise  de  conlre-forts  et  composés  d'un  faisceau  de  colonnelles 
couronnées  d'ogives  aveugles  el  aulrefois  de  pinacles  aigus  aujourd'hui 
disparus;  ils  onl  élé  sciés.  La  décoralion  sculplurale  est  parlout  identique- 


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—  249  — 

meDt  la  méme.  Elle  se  compose  d'un  grand  are  d'ogive  a  iiers-point ,  en- 
fermant  deox  petlts  arcs  d'ogive ,  retombant  au  centro  sor  un  fleuron 
trìlobé.  Llntérieur  de  cbacun  de  ces  petits  arcs  est  lui-méme  ornè  d'une 
arcalure  trilobée.  Sous  la  brisure  da  grand  arc^  on  remarque  alternative- 
roent  un  trilobe  allongé ,  encadré  dans  un  triangle  ogival  y  et  une  rose 
quadrilobée.  L'extrados  de  cbacun  des  deux  arcs  composant  la  grande 
ogive  esterne  d'un  grand  fleuron  épanoui. 

Le  centro  supérieur  de  chaque  compartiment  offre  un  vase  feuillé,  pose 
sur  une  base  triangulaire  et  contenant  un  fruit  rouge. 

Le  couvercle  est  orné  d*une  sèrie  de  losanges  formès  par  des  lignes  de 
différentes  largeurs  et  de  couleurs  noire,  bianche,  gris  foncé.  L'intérieur 
du  losange  est  un  seme  de  pois  de  couleur  gris  foncé ,  sur  un  fond  rouge 
éclatant. 

La  face  du  petit  còlè  droit  se  compose  d'un  fronton  triangulaire  aigu 
dont  le  fleuron  a  disparu.  Sous  l'angle  du  fronton,  on  voit  un  trilobe 
au-dessus  d'une  grande  et  riche  rose ,  dans  le  goùt  le  plus  pur  du 
treizième  siede.  Une  doublé  baie  ogivale,  séparée  par  un  faisceau  de 
colonnettes,  renferme  deux  personnages  abrités  sous  une  arcature  trilobée. 

Le  premier  de  ces  personnages  porte  l'habit  dominicain.  Il  lient  un  livre 
dans  la  maio  gauche;  il  bénit^  de  la  main  droite,  a  la  manière  latine. 

Le  second  personnage  est  barbu.  Il  a  la  chevelure  épaisse  et  noire.  Il 
porle  également  un  livre  ferme  dans  la  main  gauche ,  landis  que  sa  main 
droile  relìent  les  plìs  de  sa  robe  rouge ,  brodèe  d'or.  Sa  téle ,  légèrement 
inclinée,  est  nimbée.  Sa  figure  exprime  une  douceur  ineffable ,  et  comme 
une  pressante  invilalion.  Àux  pieds  de  cbacun  de  ces  deux  personnages, 
on  apergoit  des  traces  ioforraes  d'inscriplions  ;  mais  elles  soni  si  frusles 
qu'elles  ne  nous  peuvent  rien  apprendre  de  cerlain. 

Grande  facade.  Premier  compartiment ,  à  droite.  —  Deux  person- 
nages abrilés  sous  les  pelits  arcs  d'ogive  trilobès.  Tous  les  deux  sont 
nimbès.  Le  premier  a  la  figure  d'un  vieìUard  ;  il  a  la  barbe  et  les  cheveux 
blancs.  Il  lient  un  livre  ferme  dans  sa  main  droile;  son  bras  gauche 
retient  les  plis  de  son  manteau.  Le  second  est  saint  Barlhélemy,  carac- 
térisé  par  son  attribuì  ordìnaire  :  le  couleau  qu'il  tieni  dans  sa  main 
droile.  Sa  main  gauche  relève  les  pans  de  son  manteau  noir,  doublé  de 
rouge,  bordé  d'or.  Il  a  la  barbe  noire.  ^■ 


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—  220  — 

Deuxième  compartiment.  —  Deux  personnages.  Le  premier  est  nimbé. 
Sa  téle  se  pencbe  légèrement  sur  l'épaole  droite.  Sa  bouche  sourit  ;  son 
visage  jeune  exprime  la  douceur.  II  a  les  cbeveux  loDgs ,  blonds ,  aboD- 
dants.  Il  tieni  un  livre  dans  la  main  droite.  Sa  main  gaucbe  relève  les 
plis  de  son  manteau  noir,  doublé  de  rouge,  bordò  d'or.  Ce  personnage  est 
Saint  Jean ,  Tévangéliste ,  le  disciple  bien-aimè  du  Sauveur.  Celui  qui 
vieni  après  esl  nimbé;  il  a  la  barbe  et  les  cheveux  noirs  et  abondanls.  Il 
tieni  dans  sa  main  gaucbe  la  longue  bampe  d'un  Agnus  Dei  qu'il  designo 
avec  l'index  de  la  main  droite.  Cesi  saint  Jean-Baptiste. 

Troisième  compartiment.  —  Deux  personnages.  Le  premier  est  un 
vieillard.  Sa  figure  est  d'une  perfeclion  de  lignes  admirable.  Sa  téle  est 
nimbée  et  ornée  d'une  belle  et  épaisse  couronne  de  cheveux  blancs.  Sa 
barbe  esl  bianche.  De  sa  main  droile,  il  bénil  à  la  manière  des  Latins.  Sa 
main  gaucbe  s'appuie  sur  une  béquille  courle.  Il  est  vétu  de  la  tunìque 
capucbonnée  à  larges  mancbes.  Il  porle  sur  sa  poilrine  une  grande  croix 
pàlée. 

Le  deuxième  personnage  est  vétu  de  l'habit  dominicain.  Il  porle  le  livre 
dans  la  main  droile ,  il  bénil  de  la  main  gauche  el  il  n'est  pas  nimbé. 
Cesi  peut'étré  l'image  du  marlyr  Ponce  de  Planèdes. 

Quatrième  compartiment.  —  Deux  personnages.  Le  premier  est  saint 
Paul,  caractérisé  par  son  attribuì  ordinaire  :  l'épée  qu'il  tieni  de  la  main 
droile.  Il  porte  le  livre  dans  la  main  gaucbe.  Son  largo  front  chauve  n'est 
occupé  que  par  une  touffe  de  cheveux  noirs.  Il  a  la  barbe  et  la  mous- 
tache  noires.  Le  manteau  est  rouge;  la  tunique  noire,  bordée  d'or. 

Le  deuxième  personnage  esl  saint  Pierre.  Il  est  nimbé.  Il  tieni  les  clés 
de  la  main  droile ^  le  livre  de  la  main  gaucbe.  Il  porte  la  couronne  de 
cheveux  monaslique.  Il  a  la  barbe  hérissée  el  gréle;  le  front  largement 
et  profondément  ride.  Le  manteau  esl  d'un  bleu  foncé,  doublé  de  rouge  ^ 
bordò  d'or  ;  la  tunique  est  grise. 

Cinquième  compartiment.  —  Deux  personnages.  Le  premier  est  un 
évéque.  Il  esl  nimbé.  Il  est  coiflé  de  la  mitre  rouge ,  bordée  d'or,  afifeo- 
tanl  la  forme  si  connue  des  milres  du  treizième  siede.  Il  est  revéla 
de  ses  habils  ponlificaux.  Il  esl  gante;  il  porte  l'anneau  pasloral  à  sa 
main  gauche  ainsl  que  la  crosso  fleuronnée.  Il  tieni  un  livre  dans  sa 
main  droile. 


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Le  deuxième  personnage  est  nimbé.  Il  a  les  cbeveux  longs,  blancs  et 
séparés  sur  le  milieu  du  frout.  Sa  flgure  a  été  brùlée  par  Tua  des  cierges 
que  la  piélè  des  iidèles  tenait  allumés  sur  les  bords  de  la  chàsse.  Il  lient  le 
livre  de  la  main  droite ,  qui  ramène  eu  méme  temps  les  paus  de  son  man- 
teau Doir^bordé  d'or.  Il  béuit  de  la  maio  gaucbe.  Sa  lunique  est  rouge. 

Sixième  campar timent.  —  Deux  personnages.  Le  premier  est  nirabé; 
coiffé  d'une  calotte  noi  re  ;  cbeveux ,  barbe  et  moustaches  rares.  Il  a  le 
livre  dans  la  main  droite.  La  gauche  relève  les  pans  de  son  manteau 
noir,  doublé  de  rouge. 

Le  deuxième  personnage  est  nimbè,  coiffé  de  la  calotte  noire.  Les 
cbeveux,  la  barbe  et  la  moustache  sont  clairs  et  chàtaìns.  Il  a  le  livre  dans 
la  main  gaucbe.  Il  bénit  de  la  main  droite.  Il  a  le  manteau  rouge,  la 
tunique  noire ,  bordée  d'or. 

Deuxième  pelile  face  laterale.  —  L'ornementalion  est  entièrement 
semblable  a  celle  de  l'autre  petite  face  laterale.  Deux  personnages  affron- 
tés,  portant  l'habit  de  Cfteaux.  Ils  appuient  chacun  une  main  sur  une 
longue  bèquille ,  et  paraissent  bénir  de  l'autre  main. 

Àprès  avoir  ainsi  parcouru  en  détail  tonte  l'ornementation  du  sarco- 
phage  que  nous  venons  de  décrire ,  et  après  l'avoir  longtemps  et  mùre- 
ment  examinée,  nous  sommes  demeuré  convaincu  qu'il  doit  remonter 
environ  au  milieu  du  treizième  siede. 

La  chàsse  qui  renferme  les  précieux  osseraents  de  Bernard  de  Traver- 
sères  (1) ,  placée  dernière  l'autel  de  la  chapelle  des  saintes  Lucie  et  Made- 
leine,  est  en  bois.  Elle  affecte  la  forme  d'un  cercueilet  le  couvercle  est  en 
forme  de  tolt  aigu  et  a  arète  vive.  Nous  avons  voulu  d'abord  déterminer 
la  nature  du  bois  dont  elle  est  falle.  Après  un  examen  atlenlif,  nous 
avons  cru  pouvoir  affìrmer  que  les  deux  bouts  de  la  chàsse  étaient  en 
bois  de  pin  commun  du  pays ,  tandis  que  les  autres  parlies  de  la  méme 
chàsse  nous  ont  paru  élre  d'un  bois  plus  précieux  :  du  pin  des  Landes , 
ou  peul-étre  du  bois  de  Nerva. 

(1)  Traversères  est  un  bourg  de  la  Cerdagne,  à  l*orient  d'Urgel.  On  y  voit  la  maison  da 
martyr.  Oa  Thonoie  dans  oette  localité  comme  Saint,  et  le  peuple  l'appello  sax  Bbrnat  de 
TaATiRskais. 


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—  222  — 

La  face  anlérìeure  de  ce  sarcophage  représente  le  bienheareux  Bern^d 
couché.  Il  est  à  peu  près  de  grandeur  naturelle.  Il  a  les  yeux  fermés.  Sa 
lète  porte  la  couronne  relìgieuse  ;  elle  repose  sur  un  coussio  rouge  à  car- 
reaux.  Le  centre  de  cbaque  carreau  est  occupé  par  une  petite  Ceorelte. 
Les  coinssont  terminés  par  un  bouton  uni.  Le  bieobeureux  Bernard  est 
revétu  de  Tbabìt  dominicain.  Il  a  les  maias  crdsées,  la  droite  sur  la 
gaucbe^  el  appuyées  sur  le  milieu  du  corps. 

Le  sarcopbage  mesure  l'^^SO  de  longueur;  0°'^40  de  bauteur  jusqu'aa 
couvercle. 

Le  couvercle,  0°,28  de  bauteur. 

Notre  altenlioD  s'est  ensuite  portée  sur  les  autres  peiutures  qui  déca- 
rent  le  sarcopbage.  Nous  avons  remarqué  le  saisissaot  tableau  qu'offre  aa 
regard  la  petite  face  de  droite.  Là,  le  bienbeureux  est  en  cbaire,  dans. 
nue  église,  précbant  la  vérité  a  une  foule  attentive.  Le  peìutre  a  voula 
représeoter  le  bienbeureux  Bernard  accompiissant  Fune  des  principales 
fonctions  de  son  saint  mìnistère ,  qui  lui  valut  la  mort  glorieuse  qu'il  a 
subie. 

La  face  antérieure  du  couvercle  est  seule  peinle. 

Sur  un  fond  de  carreaux  émaillés  rouge,  blanc  et  noir,  bordè  d'or,  se 
trouvent  trois  médaillons  posés,  Tun  au  centre,  les  autres  aux  deux 
extrémités. 

Le  médaillon  qui  occupe  rextrémité  de  gaucbe  représente  deux  grands 
anges,  nimbés  d'or,  aux  grandes  ailesd'or  éployées,  vétus  d'une longue 
tunique  verte,  bordée  d'or.  L'extrémité  de  leur  corps  et  les  derniers  plis 
de  leur  robe  flottante  se  perdent  dans  des  nuages. 

Ils  tiennent  par  les  quatre  coins  un  drap  de  soie  rouge,  bordò  d'or, 
au  milieu  duquel  apparait  l'àme  du  bienbeureux  sous  la  forme  d'un  très- 
jeune  adolescent,  a  genoux,  les  mains  croisées  sur  la  poìtrine,  les  yeux' 
à  demi  baissés ,  la  boucbe  effleurant  un  sourire  comme  dans  une  extase 
béalifique.  Celte  àme  porle  toujours  sur  sa  téte  la  couronne  religieuse, 
et  elle  est  revétue  de  l'babit  dominicain ,  mais  blanc  et  sans  cape. 

Cesi  l'apotbéose  du  bienbeureux  Bernard  de  Traversères. 

Les  autres  médaillons  porlent,  sur  un  champ  de  sinopie  contourné 
d'un  doublé  liseré  rouge,  un  écu.  Cet  écu  est  :  de  gwules,  à  la  lune  ou 
croissant  dPargent ,  les  cornes  en  pointe. 


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—  ttS  — 

Ce  sont  lesarmes  de  Fedro  de  Luna,  qui,  ètant  devenu  évégue,  garda 
les  armoiries  de  sa  famitte.  Ce  prélat  occupa  le  siége  épiscopal  d'UrgeU 
depuis  1365  jasqu'ea  1370,  aonée  de  sa  mort.  Cesi  ce  qui  conste^ 
d'après  rioscripUon  gu'on  lisait  sur  soq  tombeau ,  rapportée  par  /•  d& 
Villanueva ,  daos  le  tome  II  de  soo  Viage  literario  à  las  Iglesias  de 
Espana,  pag.  223.  Cette  inscripUon  est  aìDsi  con^ue  :  Anno  MCCCLXX 
vicessima...  decessa  nobilis  Petrus  de  Luna,  docior  episcopus  Urgel- 
lensis  et  in  cràstin...  sepultus.  Aussi  n'est-il  pas  possible  de  le  confoudre 
avec  cet  autre  Fedro  de  Luna,  élu  pape  quatre  ans  plus  tard  (1374) ,  à 
ÀYignon ,  sous  le  nom  de  Beoolt  XIII. 

La  préseuce  des  armes  de  Fedro  de  Luna  sur  notre  sarcopbage  nous 
a  donne  la  date  précise  à  laquelle  il  faut  le  rapporter.  Cette  date  concorde 
parlai lement  d'ailleurs  avec  tous  les  caractères  essentiels  que  nous 
avons  remarqués  sur  ces  peintures,  et  qui  ne  nous  permettent  pas  de 
léur  assìgner  une  autre  epoque  que  le  quatorzième  siècle. 

La  remarquable  inscription  qui  règne  sur  le  biseau  de  la  plancbe  qui 
forme  le  fond  du  sarcopbage  avait  déjà  arrété  nos  convictions  sur  Tàge 
de  cette  cbàsse ,  puisqu'elle  existe  encore  dans  un  état  de  conservation 
assez  parfaile.  Elle  est  écrite  en  belles  lettres  du  quatorzième  siècle^  et 
dans  le  style  le  plus  pur  de  cette  epoque.  Cette  inscription  est  ainsi 
congue  : 

FRA  i  BERNARD  \   DE  TRAVESERES  i  PREICADOR  •  EN  •  (sic) 
QVERIDOR  i  DLL  i  EREGES  i 

CLOtTRE. 

Le  cloìtre  a  la  forme  d'un  carré  légèrement  allongé.  Le  grand  còte 
renferme  dix-buit  colonnes;  Tautre  dix-sept.  L'un  des  quatre  còtés  a  été 
démoli  dànsle  siècle  dernier,  et  Ton  a  substitué  à  l'elegante  arcbitecture 
romane  une  lourde  et  massive  construction  en  pierre  de  grand  appareil , 
dépourvue  de  tout  ornement,  C'est  parfaitement  dans  le  goùt  du  dernier 
siècle  ;  mais  c'est  ignoble. 

Quatre  colonnes  avec  leurs  bases,  leurs  cbapileaux  etileurs  arcbivolles 
ont  seules  été  conservées.  EUes  forment  un  charmant  abri  à  une  belle 
fontaine  qui  est  à  coté  de  la  porte  du  grand  séminaire. 

30 


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—  82i  — 

Les  chapileaax  da  clottre  sont  taalòt  aaimés,  lantdt  fenillagés.  Ce 
^Dt  des  animaux  fantastiqnes ,  des  hippogriffes,  des  monstres  à  face 
hnmaioe,  etc...  Ceui-ci  semblent  écrasés  sous  lepoidsde  Tabaque  qullè 
soutiennent. 

Les  tailioirs  ea  biseaa  sont  souvent  ornés  de  riaceaux  ;  d'autres  fois 
d'une  sinopie  rosette  appliquée  sur  le  milieu  de  la  face;  ce  n'est  aussi 
quelquefois  qu'une  combinaison  de  différentes  moulures. 

Les  chapiteaux  feuillagés  sont  formés  de  larges  feuilles  d'eau  à  volutes. 

Un  chapiteau  très-remarquable  se  compose  de  quatre  hommes  barbus , 
4ìbaussés  a  la  poulaine ,  et  jouant  de  la  viole  et  da  rebec. 

Toutes  les  petites  gorges  qui,  soit  à  l'iotérieur,  soil  à  Texlérieur, 
viennent  se  réunir  sur  le  milieu  du  tailloir  qui  supporte  la  retombée  des 
arcs  cintrés ,  $ont  ornées  de  billettes. 

Le  grand  chapiteau  de  l'angle  qui  termine  la  galerie  par  laquelle  on  va 
à  l'ancien  réfectoire  des  chanoines  réguliers  est  très-curieux.  il  repré- 
esente  un  homme  imberbe ,  vétu  d'un  simple  cale^on  qui  ne  descend  qu'à 
moitié  cuisse.  Il  Uent  les  mains  élevées  et  semble  se  cramponner  aux 
Tolutes  du  chapiteau ,  pendant  que  deux  lions^  dont  les  tétes  forment  les 
angles  supérieurs  du  chapiteau ,  tiennent  dans  leur  gueule  l'extrémité  de 
ses  jambes  qu'ils  dévorent.  La  figure  de  ce  personnage  exprime  la  douleur. 
Ce  chapiteau  est  reproduit  dans  Tancién  cloftre  des  dominicains.  * 

Un  autre  chapiteau  est  compose  de  grands  oiseaux  qui  paraissent  des 
aigles ,  empiétant  des  serpents  qui  les  mordent  sous  les  ailes. 

Plusieurs  chapelles  existent  encore  dans  le  cloftre.  Eiles  n'ont  rien  de 
bien  remarquable;  elles  sont  surchargées  d'ornements  qui  accusent  plus  de 
profusion  que  de  goùt.  Je  ferai  remarquer  que  tout  le  monument  est  pare- 
mente  sur  ses  deux  faces,  en  moyen  appareil  cubique,  en  pierre  da  pays. 

Yoid  les  inscriptions  tumulaires  que  j'ai  pu  recueillir  dans  ce  clottre 
qm ,  comme  lous  les  édifices  de  ce  genre,  était  primitivement  destine  à 
étre  une  espèce  de  campo  santo,  de  lieu  du  repos. 

(<  Sepultura  del  III'  (illustre)  S'  Joseph  de  Boquet^  S'  de  Calvinya  y 
»  dels  seus.  1604.  » 

Att  milieu  son  écu  écartelé  :  au  premier ,  à  la  tour  crénelée  ;  au  deuxième, 
à  trois  ètoiies  posées  en  bande  ;  aux  troisième  et  quatrième,  à  deux  chàvres 
affrontées  passantes. 


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—  886  — 

Aa  bas  :  Requiescat  in  pace.  Amen. 

Vècn  est  timbré  d'un  heaame  ferme,  orné  de  ses  lambrequios.  A  dextre^ 
une  téte  de  mort  sor  deux  os  ea  saatoir. 

((  SepoUara  del  D' Geroninet  y  dels  sens.  » 


((  Don  Juan  Pavriera,  Don  Jaan  Arajolynet.  » 

1738. 

((  Seif  a  expensas  del  R"*  (révérend)  Franco  Fusler  per 
))  dessendents  I  (I)  del  seos.  1738.  » 


SOS  Germans  j 


Une  riche  dalle  tumulaire ,  en  marbré  noir,  encastrée  dans  le  mor^ 
porte  cetle  inscription  : 

((  S.  Philipus  hic  dormit  et 

»  DerminaBanat  ejus  (uxor?)  ossa  I  AIA.  )> 

Aq  milieu  de  la  dalle,  un  coeur,  percé  de  trois  clous  a, téte  pointne,, 
accoste  de  deux  fers  à  cheval. 

(c  Sepul^Père 
»  Dellares 
))  Anton  Pnj 
»  ol.  Ceroni 
»  Berg  A.  Juan 
»  Penoll.  y 
»  Dels  seus 
»  1738.  » 

«  Sep.  a  expen 
»  as  de  l*"  obra 
))  De  N"  &•  de 
»  UrgeP  1738.  » 

L'abbé  M.-B.  Carrière^ 

Membre  résidant. 


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DES  MÉDAILLES  GADLOISES,  ROMAINES  ET  DD  MOYEN  AGE 

TROUVÉES  A  MONTANS. 


Les  médailles,  au  point  de  vue  hìstorìque,  oot  noe  importance  ìdcoq- 
testable.  Les  uoes,  par  les  légendes  qu'elles  portent ,  servent  à  combler 
les  lacuoes  oa  à  éclaiircir  les  passages  doateux  de  aos  anoales  ;  les  aatreSi 
par  les  délaìls  dn  costarne  des  personnages ,  les  scènes  et  les  diflféreots 
objets  qu'elles  représeotent^  complèteot  les  teites  et  en  rendeDl  l'iatelli- 
gence  facile  par  la  configuration  et  la  reproduclioo  de  pièces  doot  nous 
ne  pourrioDS  avoir  sans  elles  qu'ane  idée  assez  confuse.  EUes  marcheDt  de 
pair  avec  les  inscriptioos  lapidaires;  mais  bienplus  communes,  elles  soot 
souveot  d'un  plus  grand  secours.  Que  laisse d'ailleurs  à  désirer  leur  mode 
d'exécution?  Les  médailles  romaines  n'oot-elles  pasun  relief  etun  fini  re- 
marquable,  et  n'égalent-elles  pas,  si  elles  ne  les  surpassent,  les  médailles 
modernes  réputées  les  plus  belles? 

Une  àutre  consìdération  révèle  encore  Timportance  des  médailles  :  elles 
aident  à  prouver  Texlstence  d'une  localité  à  Ielle  epoque  ou  a  telle  autre. 
Dansbien  des  cas,  une  pièce  de  monnaie  donne  une  date  à  des  débris^  a 
des  substructions  au  milieu  desquelles  elle  a  été  trouvée.  La  date  est 
cependant  relative ,  car  les  médailles  ont  eu  cours  pendant  plusieurs  siè- 
cles  après  leur  émission.  Elles  circonscrivent  les  recherches ,  soit  qu'elles 
aient  été  déposées  avec  intention  dans  des  édiflces  et  dans  des  tombeaui, 
soit  qu'elles  se  retrouvent  accidentellement  parmi  des  débris  de  construo- 
tions ,  ou  au  milieu  des  champs.  Une  médaille  isolée  ne  prouve  pas  rocca- 
pation  da  pays  par  le  peuple  auquel  elle  appartient  ;  elle  peut  proaver 
que  ce  peuple  a  passe  par  là^  ou  qu'il  a  commercé  avec  ses  habitants. 

Ces  considérations  m'amènent  à  parler  de  quelques  médailles  gauloi- 
ses,  romaines  et  du  moyen  àge  trouvées  à  Montans  ou  dans  ses  environs. 


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—  f  2T  — 
L'histoire  de  Montans  voqs  est  déjà  connue.  Occapé  par  les  Celtes  et  les 
RomaiDS,  le  vìUage  était  eocore,  au  dixième  sìècle,  un  des  premiers  dans 
le  pays,  et  son  nom  est  rappelé  ,  dans  la  suite  ,  dans  les  divers  évéoe* 
ments  que  relracenl  oos  annales.  J'y  ai  Irouvé  des  médailles  ibériennes 
et  gaaloises,  des  médailles  romaioes,  et  des  pièces  des  diffèrenls  peoples 
qui  oQt  succède  aax  Romains  dans  la  domioation  da  pays ,  depois  les 
Francs  jusqa'aux  Anglais. 

Les  médailles  antèrieures  oa  conlemporaiDes  de  rèpoqae  romaine  ap- 
partienneDt  a  des  peaplades,  quelques-uDes  très-éloigoées  de  Montans, 
doni  les  habilants  devaient  commercer  avec  ceux  àe  notre  localité  :  ce 
sont  d'abord  qualre  médailles  ibériennes  représentant,  deux ,  la  téte  cas- 
qnée  de  Minerve  et  au  revers  un  cheval  ailé  avec  des*  caraclères  cellibé- 
riens  dont  Yelasquez,  6n  1752,  a  donne  un  alphabet  esUmé ,  et  que  de 
nos  jours ,  M.  Boudard,  de  NImes,  a  étudiés  avec  succès;  la  troisième, 
une  téte  d'Apollon  oa  d'Hercule  jeune  ;  la  quatrième  est  de  la  ville  d'Em- 
poures,  en  Espagne^  avec  la  téte  casquée  de  Minerve^  et  Pègaso  ailé  au 
revers.  Une  antro  médaillo^  dont  la  patine  est  très-belle,  reprèsente  la  téte 
de  Mercure ,  et  au  revers  un  trépied  ornementé  avec  Tinscriplion  grecque 
A0IT02TA  AHTnN.  Los  pièces  de  ce  type,  communesà  Vieille-Toulouse, 
ont  èie  tour  à  tour  attribnées  aux  habitantsdeTbalet  en  Laconie,  aux  rois 
de  Galatie  et  aux  rois  des  Àuvergnals;  maiselles  sont,  comme  Tont  prouvé 
les  rechercbes  de  M.  Du  Mège,  d'une  colonie  grecque  établiesur  le  littoral 
de  la  Mediterranée  auprès  de  Narbonne^  et  avec  laquelle  Montans  devail  étre 
en  relation.  11  Tétait  aussi  avec  Marseille,  si  l'on  en  juge  par  une  petite 
]Àèce  decotte  ville  célèbre,  trouvée  en  ce  lieu  (à  l'avers,  la  téte  d'Àpollon 
lauree,  et  au  revers  un  taureau  frappant  de  la  come,  et  la  legende 
MAiXAAiHTaN).  Plusiours  médailles  en  argent,  épaìsses,  rondes  et  carrèes, 
appartiennent  aux  TolosateSy  et  un  petit  bronzo  au  peùple  rutène.  Cotte 
dermière  est  très-remarquable  :  avers,  téle  radièe  et  barbue;  revers^  cava, 
lier  avec  la  legende  TATINOC.  Classée  par  Duchalais  cornine  apparle- 
nant  a  la  Caule  cisalpine^  colte  médaille  doit  étre,  par  le  fait  de  sa  dècou- 
verteà  Montans,  considérée  comme  gauloise ,  et  rattribution  quo  M.  de 
Saulcy  en  faisait  d'ìnslinct  au  peuple  rutène  est  pleinement  justifièe. 

Les  médailles  romaines  y  sont  très-nombreuses.  Médailles  gonsulaires  : 
femiUe  Clodia,  dealer  d'argent  :  téte  lauree  de  femme;  b.  P  CLODIVS 


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—  M8  —    . 

M.  F.  Diane  deboat  tenant  dans  chaque  main  an  flambeao  ;  cette  pièce 
est  saocée.  —  Famille  Cardia^  denier  d'argeat  :  téte  des  Dioscares  avec 
la  legende  RYFVS  III  VIR;  r.  MON  GORDIVS ,  femme  debout  avec  une 
choaette  sar  l'épaole,  tenant  une  balanceet  la  baste.  -^  Famille  Plautia. 
Médaille  saucée.  Médailles  impériales  :  Auguste,  denier  d'argent,  trois 
revers;  M.,et  P.  B.  représentant  l'autel  de  Lyon  (communes)  ;  li.  B., 
plasieurs  types.  Plotius  y  monétaire  d'Auguste ,  M.  B.  Casinius,  id.  — 
Agrippa,  M.  B.  (très-communes).  —  Médailles  de  NImes  (très^ommu- 
nes).  —  GermanicuSy  fils  de  Drusus,  M.  B.  —  Caligula,  M.  B.  — 
Claude,  M.  B.  Plusìeurs  types.  —  Néron,  G.  B.,  revèrs  :  Decursio;  M. 
B.,  revers,  le  tempie  de  Janus.  —  Yespasien,  quìnaire,  revers,  les  altri- 
buts  du  grand  pontife,  M.  B.,  plusieurs  types.  —  Domitien,  G.  B.  et  M. 
B.,  plusieurs  types.  —  Nerva ,  quìnaire  et  M.  B.  —  Trajan ,  G.  B.  et 
M.  B.,  plusieurs  types.  —  ^lius  Cesar,  M.  B..  revers  :  Pannonia.  — 
Anionin  le  Pieux,  G.  B.  —  Faustine  mère,  G.  B.  —  Marc-Aurèle^ 
G.  B.,  plusieurs  revers.  '—  Faustine,  plusieurs  revers.  —  LuciUe  , 
G.  B. 

Ces  médailles,  on  le  volt,  sont  toutes  comprises  entre  Auguste  et  Marc- 
Aurèle.  Mais,  de  ce  fait,  il  faudrait  se  garder  de  conclure  que  Montana  a 
cesse  d'exister  après  le  règne  de  Marc-Aurèle,  car  on  sait  que  les  grands 
bronzesduHaut-Empireonteucours  jusqu'auisixième  et  septième  siècles 
de  notre  ère.  J'ai  retirè  une  médaille  grand  bronzo,  de  Vespasien,  du  fond 
d'un  puits,  où  elle  était  incruslée  dans  un  des  rocs  de  la  première  assise, 
et  dans  une  cavile  circulaire  creusée  pour  la  recevoir  :  cette  circonstance 
de  la  découverte  prouve  que  cette  médaille  a  été  déposée  avec  intention^ 
lors  de  l'édiflcation  du  puits ,  pour  en  donner  la  date ,  comme  Fon  fait 
encore  de  nos  jours. 

Non  loin  de  Montans ,  mais  sur  Tautre  rive  du  Tarn,  à  Aveins,  qui 
était  une  des  résidences  royales  de  Charles  le  Ghauve,  qui  y  signa  en  843 
une  cbarte  en  faveur  de  TEglise  de  Toulouse,  a  élé  trouvé  un  tiers  de  sol 
d'or mérovingien  entièrement  inédit.  Il  figure,  d'un  coté,  une  téte  vue 
de  profll,  et  de  l'autre,  un  monogramme  avec  cette  legende  tout  autour  : 
+  GOSOXVS .  M .  Dans  l'interprétation  d'une  médaille,  rien  de  plus  em- 
barrassant  qu'un  monogramme,  parco  que  souvent  ses  lettres  se  prétent  à 
plus  d'une  combinaison,  et  qu'il  est  rare  que  les  numismates  en  donnent 


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—  3t9  — 

toQS  la  méme  leclure.  àìdsì,  dans  le  monogramme  de  notrepièce^  les  qds 
ont  lu  Atalaricus,  les  aulres  Sigebertus  ^  et  enfio  d'aotres ,  et  M.  de 
Saulcy  est  de  ce  nombre,  Rutenis.  Cette  deroière  lectare  noos  parati  la 
meilleure ,  et  notre  pièce  doit  étre  od  triens  méroviogieo  do  mooétaire 
<}osox OS,  frappé  en  Aovergne,  probablement  à  Rodez,  aociennemeot 
Segodunum,  mais  pois  Rutena,  do  nom  do  people  doot  il  était  la  capi- 
tale. Les  moDétaires,  qoi  étaient  sans  doole  alors  les  mattres  oo  fermiers 
de  la  moonaie,  mettaieot  la  figore  mais  non  le  nom  do  rei  sor  les  médail- 
les  qo'ils  frappaieot  oo  pio  tòt  doot  ils  sorveillaient  la  fabrication  ,  et  y 
marqoaient  leor  pròpre  nom,  et  celoi  do  lieo  où  la  médaille  était  frappèe. 

A?ant  le  milieo  do  dixième  siede ,  les  grands  vassaox  jooissaient  do 
droitde  faire  battre  monnaie;  pois,  et  soccessivemeot ,  les  seigneors,  les 
évéqoes  et  les  cités  s'arrogèrent  ce  privilége,  dont  ils  osèreot  josqoe 
bien  avant  dans  le  moyen  àge.  Un  atelier  monétaire  fot  méme  erige  aoi 
environs  d'Albi,  par  les  soins  des  comtes  de  Tooloose.  Les  monnaies  sei- 
gneoriales  qoi  eorent  coors  dans  notre  pays ,  presqoe  à  l'exclosioo  des 
monnaies  royales,  forent  les  sols  etdeniers  melgoriens^y  narbonnais, 
cawcens  et  raimondins.  Il  n'est  pas  rare  d'en  retroover  encore  ;  toos 
sont  grossièrement  frappés. 

Ao  nombre  des  monnaies  seigneoriales  qòi  eorent  coors  dans  notre 
pays,  il  faot  signaler  celles  do  Béarn.  En  mars  1844,  en  faisant  le  cbe- 
min  de  halage ,  oo  décoovrit ,  à  Montans,  dans  one  excayation  arliflcielle, 
nne  cassette  en  bois  renfermant  one  grande  qoaotité  de  pièces  argentées, 
aox  armes  do  Béaro,  de  la  grandeor  et  de  la  forme  des  gros  blancs  des 
rois  de  France.  Elles  portaient  poor  legende  ces  mots  :  +  HENRICVS  : 
DEI  :  Gratia  :  DNS  (dominos)  :  BEarnii,  gravés  toot  aotoor  de  Téco  de 
Boaro;  et  ao  revers  ooe  croix,  et  la  legende  :  +  PAX  :  ET  :  HONOR  : 
FORQVIE  • ,  c'esl-à-dire  lerritoire  et  joridiction  de  La  Foorqoié  de  Mor- 
las.  Le  terme  pax  est  employé  ici  dans  le  sens  de  banlìeoe ,  territoire , 
étendoe  do  pays  où  régnait  la  paix  do  vicomté ,  et  le  mot  honor  dans 
celai  de  terre  possédée  dans  la  plénitode  de  la  sooveraiDeté.  Ao  reste, 
Texplication  de  cette  legende  a  donne  lieo  à  divers  mémoifes.  La  caisse 
contenait  aossi  trois  oo  qoatre  mooles  en  fer,  qoi  sembleraieot  proover 
la  fabricatioo  de  faosse  monnaie.  Les  vicomtes  de  Béarn  ,  soit  de  leor 
chef,  soit  par  leor  alliance  avec  les  maisons  de  Commioge  et  de  Foix , 


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possédaient  des  domaioes  considérables  en  Albigeois.  Les  caractères  de 
ces  pièces  révéleraient  le  quinzième  siede;  mais  le  nom  da  prioce,  qoi 
De  saurait  étre  qu'Henri  d'ÀIbrel,  les  classe  dans  le  seìzième  siècle. 

J'ai  troQvé  eocore  à  Montans  une  moDnaie  en  argent  portant  l'effigie 
de  Pierre  le  Cruel,  roi  de  Gastilie^  1350  à  1368,  et  aa  revers  les  mots 
CIYITÀS  BARGENONÀ,  médaille  apportée  sans  dente  par  qaelqae  sol- 
dat  des  Compagnies  qoe  Daguesclin  amena  en  1365  en  Espagoe;  un  flo- 
rin  d'or  avec  l'effigie  de  saiot  Jean-Baptiste  S.  lOHÀMES  B.  et  aa  revers 
la  flear  d'or,  dite  floreoce  d'or,  avec  ces  mots  :  ARÀG!t>NUM  REX .  P.  ; 
des  mèdailles  d'argent  de  plasiears  modales  de  FerdiDaad  et  d'Elisabeth 
d'Espagne,  noe  pièce  d'Edooard,  dit  leprinceNoir,  prince  de  Galles  et  de 
Gayenne  :  EDwardus  PrimO  GeNitus  REGIS  AqGUE,  etau  revers  PRIN- 
GEPS  AQUITanise,  croix  cantonéede  deax  léopards  et  de  deax  fleors  de 
lis;  et  enfia  a  ne  pièce  d'or  d'André  Gritti,  doge  de  Venise^  1523  à  1588, 
fait  prisonnier  et  amene  a  Paris  par  Gaston  de  Foix.  —  Ces  médallles 
rappellent  les  temps  malheureax  de  nos  guerres  nationales  avec  les  An.- 
glais  et  de  nos.dissensions  intèrieures  compliqaées  par  les  coorses  de 
routiers,  en  méme  temps  qae  les  haats  faits  d'armes  de  nos  soldats  en 
Italie  :  la  France  pacifièe  et  ramenée  à  l'unite  monarchiqne  répondìt  à 
Tappel  de  ses  rois  chevaleresqoes ,  et  en  prodigaant  son  sang  sur  tant 
de  cbamps  de  bataille^parvint  àoccuper  le  premier  rang  parmi  les  natioos 
de  l'Europe. 

ROSSIGNOL, 

Membre  correspondant. 


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CHARTE  DE  CHARLES  LE  CHAUVE 

EN  PAVBUR 

DE  L'ÉGLISE  DE  SAINT-ETIENNE  ET  SAINT-JACQUES 

ET  DES  HONÀSTÈRES  DB  NOTRE-DAME  ET  DE  SAINT-SERNIN, 
DE  TOULOUSE. 


Lorsque  les  communautés  religieuses  furent  sapprimées,  les  archi- 
Tes  de  l'abbaye  de  SaiDt-Sernin  ne  furent  point  Iransférées  au  districi; 
elles  demearèrent  dans  la  salle  qu'élles  occupaient  avant  la  Revo- 
lution et  n'ont  élé  transportèes  que  cette  année  a  la  préfecture. 
Farmi  les  documents  dont  Fadminislration  départementale  vient  récem- 
ment  de  prendre  possessione  le  plus  précieux  par  son  antìquité  est 
incontestablement  Toriginal  de  la  cbarte  de  sauvegarde  concédée  par 
Charles  le  Chauve  à  l'église  de  Saint-Etienne  et  Saint-Jacques ,  et  aux 
monaslères  de  Notre-Dame  de  la  Daurade  et  de  Saint- Sernin.  L'abbé 
Salvan,  qui^  pour  son  bistoire  de  saint  Saturnin,  avait  faitdenombreuses 
recbercbes  dans  les  arcbives  de  Tabbaye ,  n'avait  pas  su  y  voir  ce  litro 
yénérable  qu'il  croyait  perdu  y  et  qui^  quoique  mèle  à  de  volumineux  pa- 
piers,  élait  loin  d'étre  confondu  avec  eux.  Les  cbanoines  de  l'abbaye,  qui 
en  connaissaient  le  prix,  avaient  eu  soin  de  le  préserver  d'une  destruc- 
tion  complète  en  le  renfermant  dans  un  étui  en  fer-blanc,  où  il  a  élé 
retrouvé,  et  qui  devait  facilement  en  révéler  l'existence.  Celle  sollicilude, 
quoiqu'un  peu  tardive ,  ainsi  que  le  témoigne  l'état  malériel  de  celle 
pièce,  remonte  cependant  a  une  epoque  dèjà  reculèe ,  puisqu'au  verso 
d'une  cbarte  de  1154,  on  Ut,  en  une  écriture  qui  parait  étre  du  dix- 
septième  siede,  une  note  annoncant  que  ce  moyen  de  conservalion 
avait  élé  déjà  adoptè.  Quoique  cette  note  soit  muette  sur  un  autre 

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—  232  — 

moyen  employé  pour  sauver  ce  titre  di&  fois  sécalaire ,  dèjà  deteriore, 
OQ  peut  avaocer  qu'à  la  méme  epoque ,  aQn  qu'il  ne  fùt  pas  osé  par  le 
pliage,  OQ  Tappliqua  sur  du  papier  très-fort  et  ayant  presque  la  consis- 
tance  du  cartoo.  Les  dimeosions  de  Tétui,  en  rapport  avec  celies  da  tilre, 
ne  permeltent  pas  de  douter  que  ces  deux  précaations  n'aient  élé  prises 
eD  méme  temps.  Si  la  règie  de  SainlAugustin,  que  les  chauoioes  de 
Saint-Sernin  suivaieot,  ne  proposait  pas  pour  but  a  leur  activité  la  recherche 
et  la  coQservation  des  anciens  documenls  lotéressaDt  Thistoire ,  ces  relt- 
gieux  étaient  loia  de  negliger  les  titres  s'accumulaot  dans  leurs  archi- 
ves  qui  étahlissaient  leur  ooble  antiquité  et  leur  droit  à  des  priviléges 
dont  la  jouissauce  souvent  contestée  les  obligeait  à  eu  reproduire  lapreuve 
en  originai;  Telai  matériel  en  était  consUtué  en  vue  d'une  longue  dorèe  ; 
le  classement  en  était  fait  avec  ordre  et  régularité;  les  inventaires  en 
étaient  dressés  avec  une  exaclitude ,  on  pourrait  méme  dire  avec  un  luxe 
que  les  arcbivistes  modernes  se  plaisent  a  louer. 

La  sauvegarde  de  Charles  le  Ghauve  a  èie  reproduite  par  dom  Yais- 
sète,  dans  les  preuves  de  Thistoire  de  Languedoc,  en  Taccompagnant  de 
celle  note  :  ce  qui  est  entre  crochets  se  Ut  sur  plmieurs  copies,  qui 
sont  aux  archives  de  Saint-Etienne  et  de  Saint-Sernin  de  Toulouse  ; 
mais  dans  V originai  Fendroit  de  la  date  est  déchiré ,  et  on  n*y  Ut 
plus  que  Uindiction  VI,  corame  nous  en  a  averti  dom  Jerome  Deidier, 
qui  a  vu  Foriginal ,  et  les  indications  placées  entre  crochets  sont  les 
suivantes  :  Jonas  diaconus  ad  vicem  Ludovici  rccognivit  :  Data 
Avinciis  villa  super  fluvium  Tarni.  L  D.  N.  F.  A. 

En  distinguant  entre  Toriginal  et  la  copie  d'un  titre,  dom  Vaìssète 
a  mentre  la  préférence  qu'il  attachait  au  premier  sur  des  reproductìons 
quelquefois  infidèles,  et  a  donne  la  mesure  de  la  perfection  avec  la- 
quelle  il  a  élevé  les  assises  du  monument  qui  a  immortalisé  son  nom  ; 
mais  le  religieux  ani  bons  offlces  duquel  il  avait  eu  recours  ne  lui  avait 
pas  exactement  transmis  le  texte  du  titre  primitif  ni  celui  de  l'une  des 
copies  qu'il  pouvait  retrouver  dans  les  archives  de  Saint-Sernin ,  et 
qui  avait  élé  faite  en  téle  d'une  charte  originale  par  laquelle  Louis  VI 
dit  le  Jeune,  revenant  d'un  pèlerinageà  Saint-Jacques  en  Calice,  et  s'étant 
arrélé  à  Toulouse,  confirma  les  priviléges  concédés  par  Charles  le  Chauve. 

Afin  qu'on  mette  en  regard  le  texte  originai  de  celai  que  dom  Yaissète 


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—  233  — 

a  doDDé,  j'ai  fait  reprodaire  par  la  pbotographie  un  monument  paléogra- 
pbiqoe  curieux,  puisqu'il  remonte  à  une  epoque  dont  il  reste  si  peu  de 
débris  en  toul  genre,  surtout  si  peu  d'écritures.  Par  ce  moyen,  le  lecteur 
sera  pour  ainsi  dire  mis  en  possession  de  récriture^  du  système  des 
abrévialioDS,  du  mode  de  signer  et  de  la  forme  des  actes  de  Fere  carlovin- 
gienne,  sans  qu'il  ait  à  se  tenir  en  garde  contre  les  erreurs  des  copistes  et 
llmperfection  des  autresprocédésde  reproduction  (1).  Unecharte  conflrma- 
tive  donneo  en  1 1 54,  quoiqu'elle  ait  élé  publiée,  m'a  pam  devoir  élre  placée 
à  coté  afin  de  réanir  les  deui  concessions.qui  se  complètent  ets'expliquent 
Fune  par  Tautre  (2).  Après  la  transcription  de  la  cbarle  de  843,  Louis  VI 
s*exprime  ainsi  :  Ego  autem  Ludovicus  Dei  gratta  Francorum  rex ,  re- 
diens  a  S.  Jacobo  et  per  Tolosani  transiens,  viso  privilegio  Tolosanoe 
ecclesicB  quod  fecesserat  antecessor  noster  gloriosissima  rex  Karolus 
Magnus,  preedictamecclesiam  pretiosissimi  sancti  martyris  Saturnini, 
quas  est  in  suburbio  cum  ecclesice  protomartyris  Stephani  et  ecclesiatn  b. 
Marioe  quoe  est  infra  muros  ad  petitionem  dericorum  corumdem  eccle- 
siarum  subeàdem  protectione  et  emunitateposui.  Hoc  autem  feci  consi- 
Ho  et  volontate  Raymondi  Tolosani  comitis  et  in  prcesentia  Toìosano- 
rum  civium  et  burgensium  in  capitulo  S.  Saturnini.  Et  ut  autoritas 
nostra  semper  inconvulsa  maneat,  sigillo  nostro  subter  firmavimus, 
prcesentibus  Dragone  de  Petra fonte^  et  Ugone  archiepiscopo  Senonensi^ 
et  ferrico  Gualleranno,  et  Arveo  de  Gualardone,  et  Guidone  buticu- 
lario  et  Frogerio  camerario  et  Melone  de  Melfa.  Data  ToIosob  per 
manum  Rogerii  cancellari  regis  et  abbatis  sancii  Euvercii  Aurelia- 
nensis  anno  ab  Incarnatione  Domini  MCLIIII. 

L'oQ  ne  peutqu'étre  frappé  de  la  date  de  ces  deux  concessions.  La  pre- 
mière sauvegarde  remonte  à  une  epoque  où  Fon  devait  redouter  les  rava- 
ges  des  Normands,  qui  avaient  dèjà  menacé  Tempire  de  Charlemagne,  et 
qui  ne  tardèrent  pas  à  faire  irruption  dans  TAquitaine,  et  le  retour  des 
Sarrasins,  qui,  en  721,  avaient  détruit  le  premier  monastère  de  Saint-Ser- 

(4)  La  Société  arohéologique  n'a  pas  pa  Joindre  à  la  notloe  une  pbotographie  de  la  Chaite, 
mais  eUe  a  fait  reproduire  ce  document  par  uà  procède  qui  en  garantii  la  parfaite  ressem- 
blance. 

(t)  Cette  charte  était  loln  d*offrir  le  méme  intérét  que  celle  de  843,  il  a  paru  suffisant  d*e& 
dftnner  le  teite. 


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dìd,  mais  elle  n'était  pas  destinée  a  mettre  les  lieax  que  le  roì  prenait 
soQS  sa  protecUoQ  à  l'abri  des  violeDces  de  ces  barbares,  qui  ne  devaient 
s'iQcliner  ni  devant  rautorilé  royale  ni  devaal  les  choses  saintes  ;  elles 
avaienl  pour  but  de  les  préserver  des  irruptions  dévastatrices  d'an  peaple 
qui,  ayant  conquis  la  Caule»  cberchait  à  vaincre  les  deroières  résistances 
d'une  civilisation  qu'il  aimait ,  mais  qui  le  repoussait.  C'est  encore  a  la 
Telile  de  la  guerre  des  Àlbigeois,  et  comme  par  un  pressenti- 
ment  des  ruines  dont  le  sol  de  Tancienne  Aquilaine  aliali  étre  couvert» 
que  Louis  VI  fut  supplié  de  proclamer  de  nouveau  les  immunités  dont 
jouissaient  les  églises  les  plus  célèbres  et  les  monastères  les  plus  opu- 
lents  de  Toulouse ,  afin  de  les  proléger  contro  un  ennemi  tout  intérìeur. 

Un  seni  exemplaire  de  la  charle  de  Charles  le  Chauve  èlant  parvenu 
jusqu'à  nous,  Fon  se  domande  si  cotte  concession  fut  faite  en  autant 
d'originaux  qu'il  y  avait  d'églises  participant  à  la  munificence  im- 
periale. Dom  Yaissète  ne  parait  pas  le  supposer,  puisque»  dans  la  note 
que  nous  avons  rapportée,  il  ne  parie  que  d'un  originai ,  et  si  l'on 
ne  veut  pas  donner  une  pareille  exlension  aux  expressions  dont  il  s'est 
servi,  il  faut  au  moins  admettre  que  colui  que  nous  possédons  était  le 
seni  exislant  à  l'epoque  où  dom  Deidier  fournissait  des  matériaux  à 
l'auteur  de  VHistoire  de  LanguedoCj  car  il  l'a  eu  évidemment  sous  les 
yeux  et  n'en  a  pas  vu  d'autré.  S'il  en  avait  été  fait  plusieurs,  dom  Deidier 
aurait  pu  consulter  colui  que  le  monastèro  de  la  Daurade,  qu'il  habitait» 
aurait  conserve,  ou  colui  de  Saint-Etienne,  et  Fon  aurait  retrouvé  celui-d 
dans  les  archives  du  chapitre  lorsqu'elles  furent  transférées  au  districi. 
Tout  porte  dono  à  croire  a  rexislence  d'un  originai  unique  comme  le 
puissant  intercesseur  à  la  prière  duquel  le  roi  condescendait ,  et  qui ,  en 
sa  qualité  d'évéque  de  FEglise  de  Toulouse ,  exer^ant  une  suprématie  ac- 
ceptée,  n'avait  pas  besoin  d'un  instrument  multiple,  parco  que  la  féoda- 
lite  ecclésiastique  n'était  point  encore  parvenue  à  enlever  à  la  juridiction 
des  évéques  les  monastères  et  les  cloftres. 

La  possession ,  par  l'abbaye  de  Saint* Sernin,  du  seni  originai  qui  pa- 
raisse  avoir  été  dressè  s'explìque  par  l'importance  que  l'abbaye  avait  déjà 
prise  sous  la  race  carlovingienne,  ou,  mieux  encore,  par  ce  qui  se  passa 
en  1154.  Ainsi  que  le  texte  de  la  charte  de  Louis  VI  l'indique,  la  conflr- 
mation  des  privilèges  dont  jouissaient  les  lieux  dèsignès  dans  la  charte 


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—  236  — 

de  843  fot  doanée  dans  le  cbapilre  de  SaiDt-Seroin ,  et  par  coDséquent 
l'originai  que  i'on  a  reproduit  en  téle  de  celle  coofirmatioD ,  s'il  élail  ail- 
leurs,  dui  élre  apporlé  a  SaiDl-Sernin ,  qui  en  esl  demeuré  dépo- 
silaire.  Devanl  celle  abbaye,  devenue  paissanle ,  les  autres  églises  s'effa- 
ceni.  Àussi,  tandis  que  dans  le  diplòme  carlovingien  elle  est  Dommée  la 
deroière,  dans  celui  de  Louis  VI  elle  est  en  téle,  et  c'est  dans  son  soia 
que  le  roi  daigne  solenniser  un  acte  intéressant  les  grandes  communau- 
lès  de  la  cilé  et  dans  lequel,  en  méme  temps  que  l'abbaye  passait  au  pre- 
mier rang ,  Tinlervenlion  de  l'évéque  du  neuvième  siede  est  remplacée 
par  la  demande  des  clercs  doni  Tindépendance  et  la  puissance  avaient  fait 
des  progrès  sensibles.  On  doil  encore  remarquer  dans  la  charte  de  1854 
les  termos  dans  lesquels  la  parlicipalion  du  comle  de  Toulouse  à  cet  acte 
est  menlionnée;  il  sembleque  le  roi  avail  besoin  du  consoli  et  de  l'assen- 
timent  de  son  puissant  vassal. 

Le  rapprochement  de  Toriginal  et  de  la  copie  envoyée  à  dom  Yaissète 
fait  ressorkir,  dans  le  lexlede  la  copie,  plus  de  vingt  ineiaclitudes,  la 
pluparl,  il  esl  vrai,  insigniQantes  ;  mais  quelques-unes  me  semblent  de- 
Toir  élre  signalées  parco  qu'elles  ont  engagé  les  premiers  historiens 
dans  des  erreurs  qui  ont  élé  suivies  par  tous  ceui  qui  soni  venus  après 
eux. 

Après  avoir  parie  des  priviléges  accordés  par  les  prédécesseurs  de 
Charles  le  Chauve^  et  doni  Tévéque  de  Toulouse  demandali  une  nou- 
TOlle  proclamalion^  la  cbarte  continue  ainsi  :  Sed  prò  firmilatis  studio 
peliit  idem  episcopus  circa  prcedicta  loca  sanctorum  denuo  ialia  prò 
mercedis  nostrce  augmento  concedere  et  con  firmare  deberemus;  dans 
la  copie,  au  mot  Ialia  on  a  substilué  claustra,  qui  forme  une  pbrase 
d'une  conslruclion  vicieuse  etdépourvuedesens,  tandisque  dans  le  texle 
primilif  la  pbrase  est  d'une  conslruclion  ìrréprochable  et  signiQe  que 
l'évéque  demande  les  priviléges  mémes  que  les  prédécesseurs  de  Charles  le 
Chauve  avaient  octroyés.  Adoplanl  le  mot  claustra,  l'abbé  Salvan  s'est 
écrié  :  «  A  cóle  de  ces  églises,  il  exislail  des  monaslères  et  des  clotlres.  > 
Si  ces  deux  mots  élaienl  à  celle  epoque  synonymes,  la  conclusion  de  l'abbé 
Salvan  ne  serali  point  erronee  a  l'égard  des  églises  de  Notre-Dame  et  de 
Sainl-Sernin^  mais  elle  serail  loujours  faulive  à  l'égard  de  Saint-Etienne, 
dans  les  dépendances  duquel  rien  n'annonce  l'existence  d'un  monastèro. 


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Qu'il  me  soit  permis  de  faire  remarqaer  en  passant  que  la  qualification 
de  moDastère  »  donnée  a  l'église  de  Notre-Dame  de  la  Danrade ,  réfote 
l'opinion  de  Chabanel,  qni,  trop  épris  des  prérogalivesdela  dìgnitèderec- 
teor  de  cette  église  doni  il  élait  investi,  a  pretendo  qn'ellenefutpaspltAS. 
tòt  dédiée,  qu^elle  fui  érigée  en  paraisse,  et  baillée  a  un  prétre  pour  la 
régir,  et  qui  n'ayant  trouvé  aucune  trace  de  son  érection  en  collegiale 
avant  ladonation  qa'Izard  évéque  de  Tonlonse  en  fit,  en  1077,  à  Hugues, 
de  Clany,  semble  ne  faire  remonter  l'établissement  des  chanoìnes  pour  la 
psalmodie  qu'à  une  epoque  voisine  de  cette  donalion. 

La  date  a  été  incomplétement  rapportée  par  dom  Yaissète,  qui  ne  men- 
tionne  que  l'indiction  VI ,  tandis  que  l'on  lit  aisément  dans  Forigìnal,  en 
OQtre  de  cette  indiction,  nanas  aprilis,  et  un  extrait  rapportò  par  Gatel 
ajoutanl  anno  quarto;  on  volt  que  ces  mots  remplissaient  le  vide  qui 
existe  dans  l'originai  entro  la  mention  des  nones  et  celle  de  Tindiction^et 
qui  ne  devait  pas  étre  encore  forme  lorsque  Gatel  écriTait  ;  ainsi,  la  date 
entière  peul  étre  reconstituée.  Cependant  quelquesdifflcultés  seprèsentent 
pour  la  préciser. 

Sans  m'arréter  à  Terreur  que  renferme  la  chartede  Louis  VI  lorsqu'elle 
attribue  à  Charlemagne  la  charte  de  843 ,  je  dirai  un  mot  de  Topinion 
de  ceux  qui  ont  essayé  de  reporter  cette  charte  à  Tannée  844.  Cette  opi- 
nion se  fonde  sur  plusieurs  diplòmes  délivrés  par  Charles  le  Chauve  dans 
lesquels  la  quatrième  année  du  règne  se  trouve  à  cOté  de  Tindiction  VII> 
et  sur  ce  que  Tannée  8i4  correspondait  à  la  quatrième  année  da 
r^e  de  ce  roi,  en  le  faisant  commencer  à  la  mort  de  son  pére,  Louis  le 
Débonnaire,  survenue  en  840.  Les  savantes  dìssertations  de  dom 
Yaissète  et  celles  de  Mabillon  (De  re  diplomatica ,  p.  179)  ont 
établi  que  les  rois  de  la  première  et  de  la  deuxième  race^  dont  les 
guerres  ou  les  partages  changeaient  fréquemment  le  titre  et  le  territoire, 
qui  méme  quelquefois,  du  vivant  de  leur  père^  envers  lequel  ils  conser- 
*vaient  toujours  des  liens  de  vassalité ,  ètaient  investis  d'une  parlìe  de 
son  royaume,  dataient  leors  actes  tantòt  de  cette  prise  de  possession,  tan- 
tdt  de  la  mort  de  leur  pére.  Or,  en  prenant  pour  point  de  départ  le  traitè 
par  lequel  son  frére  Lothaire  cèda  TAquitaine  a  Charles  le  Chauve,  Tan 
643  correspond  a  la  quatrième  année  de  la  prodamation  de  ce  dernier 
eomme  roi  de  ce  royauine.  Eq  oatre,  la  coincidence^  sur  certaines  char- 


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—  837  — 
tes,  de  riodiclioD  VII  avec  Tannée  4,  a  para  le  résullat  d'ane  erreur  de- 
moDlrée  de  deui  facons  :  d'abord  par  de  Dombreax  documents  où  celle 
iDdiclioD  est  rapprochée  de  Tannée  5,  et  eosuite  par  d'autres  tilres  dans 
lesqaels  TaoDée  4  est  à  cóle  de  rindiclioo  VI  comme  dans  la  cbarte  don* 
née  à  Aveins. 

Mais  si  ropioioD  des  dean  savants  béoédictins  doit  prévaloir  sor  ce 
poiDt,  je  ne  puis  accepler  sans  réserve  le  passage  saivaot  de  dom 
Yaissète  :  Charles  le  Chauve  fui  devant  Toulouse  depuis  le  15  mai 
de  Fan  845  jusqu^au  SO  de  juin  suivant;  mais  noiis  n'avons  aucun 
témoignage  certain  que  ce  prince  ait  pris  alors  celle  ville;  il  y  a  au 
contraire  sujel  de  croire  quHl  en  leva  le  siége  pour  se  rendre  en  Franca 
pour  assister  à  t assemblée  de  Verdun...  A  san  retour,  ilprit  la  raule 
de  FAlbigeois  et  passa  par  Aveins ,  maison  royale  située  sur  la  rivière 
du  Tarn.  Samuel ,  évéque  de  Toulouse,  qui  élait  sans  doute  à  la  suite 
de  ce  prince ,  oblint  de  lui,  dans  cet  endroity  une  charte  qui  confirme 
son  égliscj  de  méme  que  le  monastère  de  Sainte-Marie  et  de  Saint- 
Saturnin,  dans  la  possession  de  leurs  biens. 

Il  n'est  pas  possible  de  doater  que  la  charte  de  Charles  le  Chaa?o  ne 
porte  la  dale  des  nones  d'avrii,  c'est-à-dire  da  3  de  ce  mois,  et  par  consé* 
qaent,  si  Charles  le  Chaave  assié^ea  Toaloase  da  30  mai  au  20  juin ,  ce 
n'est  pas  après  la  levée  du  siége  et  en  partaatpour  celle  assemblée  de  Ver- 
dun, quifixa  les  limiles  des  trois  grandesnalionalilés  frangaise^  allemande 
etitalienne.et  constitua  socialement  l'Europe  pour  huit  siècles,  que  Charles 
accèda  à  la  prière  de  Samuel.  L'inexacUtude  de  dom  Vaissète  adoptée 
sans  examen  par  les  auteurs  de  la  Gallia  Christiana ,  n'a  cesse  d'avdr 
cours  jusqu'à  nos  jours ,  et  cependant,  méme  sans  remonter  à  Toriginal , 
il  était  facile  de  la  constater,  puìsque  Catel»dans  la  reproduclion  qu'il  en 
a  donnée,  précise  ainsi  la  date  de  la  charte  :  Data  nonis  aprili  anno 
quarto,  indictione  sexta. 

Il  parali  méme  certain  qu'en  843 ,  Charles  le  Chauve  n'était  pas 
devant  Toulouse  pour  faire  ce  siége»  dont  Tauteur  de  Thistoire  de 
Languedoc  parie  avec  hésitation  et  comme  par  conjeclure ,  pnisqull  ne 
donne  aucun  détail  sur  les  opérations  qui  l'ont  accompagné  et  sur  son 
issue.  Par  le  traile  provisionnel  inlervenu  quatre  aos  auparavant  entro 
Lolhaire  et  son  frère  Charles  le  Chauve^  celui-ci  avait  élé  déclaró  roi 


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-  J88  — 

d'AqaitaiDe  à  la  place  de  Pepio  II ,  et  od  ne  volt  pas  qne  le  roi  déponilié 
ait  conserve  la  capitale  de  soq  royaume.  C'est  immédiatement  après  la 
célébratioD  de  soq  mariage  a  Kiersy  que  Charles  le  Chaave  se  met  en 
route  avec  sa  femme  pour  la  conduire  daos  soq  royaame  ;  il  entreprend 
ce  Toyage  aa  commencement  de  Thiver  ;  od  volt  à  sa  suite  sa  couf ,  mais 
noQ  pas  une  armée  ;  il  parcourt  ses  villas  :  vers  le  commeDcement  do 
moisd'avrii,  il  est  a  Aveins;  vers  la  fio^  à  Castelferrus  ;  aa  milieu  de  mai, 
à  Tabbaye  de  Saint-SeruiD,  aiusi  que  Tétablissent  diverses  chartes  datées 
de  ces  résidences.  Ces  déplacements  n'aDDÒucent-ils  pas  plutòt  la  marche 
d'un  souverain  qui  parcourt  paisiblement  ses  Etats  que  celle  d'un  préteu- 
daut  réduit  à  en  faire  la  conquéte?  Ces  chartes  méme  qu'il  octroie,  et  par 
lesquelles  il  distribue  à  ses  leudes  des  territoires  importauts,  ne 
soQt-elles  pas  l'exercice  d'une  autorité  plutòt  reconnue  que  contes- 
tèe?  Dès  qu'il  est  Constant  que  la  charte  accordée  à  Samuel  a  précède 
rarrivéo  de  Charles  devant  Toulouse ,  peut-on  supposer  que  si  les 
lieux  que  cet  ^véque  demandait  au  roi  de  prendre  sous  sa  proteclion 
eussent  été  au  pouvoir  de  Pepin ,  il  se  fùt  rapproché  da  roi  pour 
en  obtenir  la  sauvegarde,  s'exposant  ainsì  à  la  colere  d'un  ennemi? 
Toulouse  fut  assiégée  Tannée  suivante,  et  du  monastèro  de  Sainl- 
Sernin  Charles  le  Chauve  donna  un  édit  en  faveur  des  Espagnols  réfu- 
giès  dans  la  Septimanie,  qu'il  voulait  rattacher  à  sa  cause;  mais,  dans  sa 
situation  prècaìre,  il  s'abslient  de  distribuer  des  terres,  et  l'édit  méme 
porte  :  Data  in  monasterio  sancii  Saturnini  dum  obsideretur  Tolosa, 
menlion  qui  ne  se  trouve  dans  aucun  de  ses  actes  de  Tannèe  précé- 
dente ,  et  dont  l'absence  permet  de  rèvoquer  en  doute  l'existence  d'un 
siége  correspondant  à  leur  date. 

Si,  en  SiZ,  Toulouse  a  été  assiégée^  il  faut  admettre  que  l'èvéque  de 
Toulouse  n'a  pas  craint  de  faire  scission  avec  celui  qui  élait  maitre  de  la 
place  et  que,  par  une  hardiesse  léméraire,  il  a  tout  compromis  pour  satis* 
faire  à  un  ressentiment  dont  la  cause  est  inconnue,  au  lieu  de  cèder  à  Tentrat- 
nement  general  qui,  dans  cette  perìodo  de  Thistoire,  poussait  le  clergè 
gallo-romain  à  se  livrer  aux  conquérants  venus  du  Nord.  On  dirait  que^ 
par  un  pressentiment  de  la  deslinèede  ces  barbares,  il  lescroyait  appelés 
a  recueillir  Thèritage  de  la  civilisation  romaine ,  préts  a  régènérer  par  an 
sang  pur  une  nationalitè  appauvrie,  et  moins  redoutables  que  les  arìens 


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—  «89  — 

dont  le  YoisiDage  inquiétant  les  exposail  aox  borreors  d'une  guerre  reli- 
gieuse.  Le  fracUonnement  du  pays  clait  surtout  antipaihique  au  clergé , 
parce  que  toule  division  élait  opposée  à  Tunilé  vers  laquelle  tendent  tou- 
jours  les  principes  calboliques. 

Le  lilre  donne  à  Samuel  dans  la  charte  soulève  une  question  dont  on 
s'est  plusieurs  fois  préoccupé  sans  qu'elle  ail  regu  une  solution 
definitive  :  celle  de  savoir  si,  pendant  son  episcopati  Fèglise  où  il  avait  sou 
sìége  était  sous  Tinvocalion  de  sainl  Etienne  et  de  saint  Jacques  y  ou  s'il 
existait  deui  églises  voisines,  sous  le  patronage  chacune  de  l'un  de  ces  saints. 
En  parlant  de  ce  qu'il  avait  sous  ses  yeui,  Calel  a  dit  :  La  chapelle  de 
Fégllse  Saint-Jacques  estjoignant  Féglise  SainlElienne  dans  laquelle 
on  entre  de  tous  cólés  par  le  cloitre.  Il  semble  que  ce  soit  une  méme 
église  que  celle  de  Sainl- E  Henne,  car  Charles  le  Chauve,  petit- fils  de 
Charlemagne ,  dans  les  letlres  de  sauvegarde  qu'il  octroya  à  lévesque 
de  Tolose,  Samtiel,  mei  par  lesdites  lettressous  sa  sauvegarde  :<i  eccle- 
Siam  sancii  Jacobi  seu  sancii  Stephani,  »  ce  qui  témpigne  assez  que 
Féglise  Saint-Jacques  est  une  dépendance  de  Saint-Etienne.  La  tradi- 
tion  est  qu'elle  a  été  bàlie  par  Charlemagne ,  laquelle  demeure 
confirmée  par  ce  qu*a  écrit  Twpin  dans  les  gestes  de  Charle- 
magne, car  parlant  des  églises  par  lui  bdties,  il  dit  :  a  Et  wdificavit 
ecclesiam  Sancii  Jacobi  Tolosas.  »  Catel  n'a  admis  qu'une  église;  ce- 
pendant  la  controverse  sur  ce  point  dure  encore ,  ou  plulòt  les  deui  opi- 
DionSy  sans  étre  discutées»  sont  parvenues  avec  un  égal  crédit  jusqu'à 
nous  ;  mais  cette  paix  armée  doit  céder  à  Texamen  attentif  de  notre 
document,  qui  ne  permet  pas  de  reconnaitro  l'exislence  simultanee  de 
deux  églises;  les  termes  dont  il  se  sert,  reproduits  par  Catel  avec  une 
légòre  variante,  qui  leur  enlòve  uno  partie  de  leur  force,  prouvent  mani- 
feslement  qu'il  exislait  une  église  unique  placée»  ainsi  qu'on  en  trouve 
de  nombreux  exemples,  sous  Finvocalion  de  deux  patrons,  puisqu'ils  sont 
ceux-ci  :  Ecclesia  Sancii  Stephani  seu  et  Sancii  Jacobi.  Cette  démons- 
tration  s'appuie  encore  sur  la  cbarte  de  Louis  VI ,  que  Ton  n*a  jamais 
consultée  sur  cette  question  et  où  il  n'est  fait  mention  que  d'une  scale 
église  sous  le  nom  de  Saint-Etienne,  parce  qu'à  cette  epoque ,  un  nouvel 
édifice  ayanl  été  b&tl ,  on  avait  attribué  à  Saint-Etienne  une  souverai- 
neté  sans  partage  et  place  sous  le  vocable  de  saint  Jacques  une  cbapelle 

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Toisine  où  les  docteurs  ont  longtemps  pris  leurs  grades.  Si  la  charte 
de  845  se  fùt  appliqnée  à  deal  églises ,  comme  elles  D'avaient  pas  cesse 
d'exister  en  1154,  puisqu'elles  sont  arrivées  à  un  àge  posiériear,  onles 
anrait  rappelées  Tane  et  l'autre  dans  la  charte  de  Louis  VI,  parce  quìi 
ìmportait  à  toutes  deux  que  les  priviléges  qu'elle  garantissait  leur  fusseot 
commuDS. 

Le  monogramme  de  Charles  le  Ghauve,  qu'on  pourrait  classer^eu  sui- 
Taut  ringénieuse  idée  que  Fétude  des  regislres  des  notaires  de  Toulouse 
a  suggérée  a  M.  Roschach,  dans  les  sigues  alphabétiques  et  mystiques, 
comprend  toutes  les  premières  lettresdes  syllabes  du  mot  Karolus,  reliées 
par  des  trails  qui  lui  doDoent  la  forme  d'une  croix  au  centro  de  laquelle 
est  un  développement  que  l'on  pourrait  considérer  comme  la  représen^ 
tation  de  la  téte  du  Christ.  Cotte  signature  vient,  du  reste,  a  Tappui  des 
dires  de  Leblanc  et  de  Mabillon  ,  qui  ont  remarquè  que  Charlemagne 
avait  toujoùrs  écrit  son  nom  avec  un  K ,  au  lieu  que  ses  successeurs  du 
Dom  de  Charles.ont  toujoùrs  employé  un  G. 

Pour  en  fluir  avec  ces  trop  longues  observations  sur  le  précieux  trésor 
que  nos  archives  départemeotalés  possèdent,  il  me  reste  à  parler 
des  recliflcations  dont  deux  mols  illisibles  ou  mal  lus  paraltraient  suscep* 
tibles.  Au  lieu  de  :  Jonas  diaconns  ad  vicem  Ludowici  recognivit,  ainsi 
que  dom  Vaissète  Fa  écrit ,  il  faut  lire  :  Jonar,  parce  que  la  dernière 
lettre  de  ce  nom  est  exactement  semblable  à  Yr  du  mot  Karoli  et  que  Fon 
ne  peut  supposer  que  l'auteur  de  la  signature  ait  commis  une  erreur;  il 
faut  aussi  supprimer  recognivit,  qui  a  été  ajoo'lé.  ^ 

La  seconde  recliflcation  regarde  le  lieu  où  la  charte  aurait  été  concédée, 
et  qui  forme  incontestablement  le  mot  le  plus  difficile  à  déchiffrer.  On 
avait  toujoùrs  cru  que  c'était  à  Avens ,  situé  sur  les  bords  du  Tarn  en 
face  de  Montans.  Aucune  divergence  ne  s'était  produite  jusqu'à  nous  ;  c'est 
ainsi  qu'en  transcrivant  la  chàrle  sur  le  parchemin  de  Louis  VI,  on  avait 
écrit  Aventiis,  que  Gatel  avait  reproduit  Aventus,  et  dom  Vaissète  Avin- 
do;  mais  un  habile  paléographe  nous  a  fait  part  de  ses  doules,  et 
ne  pouvant  pas,  d'une  manière  certaine,  retrouver  Avinciis,  ou  Avindo^ 
il  inclinerait  à  lire  Auvrico^  c'est-à-dire  Villaudric,  où  il  placerait  une 
villa  royale  dont  l'existence  probable  lui  parattrait  avoir  valu  à  cotte  lo- 
calità une  exemption  constante  detoutimpdt.  Toutenrecohnaissantla  dif- 


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-«41  — 

flcQlté  qae  Fon  èprouveà  lire  ce  doid,  od  ne  trouve  aucun  molif  sérieux  poar 
rejeter  Undication  donnée  par  tous  les  autears  et  j'en  vois  un  decisi! poar 
repousser  Yillaudric,  dìstant  de  sii  kilomèlres  des  rives  du  Tarn^  tandis 
qo'AveDS  les  domine  et  réalise  parfaitement  Ténergie  de  Texpression  super 
fluvium  Tarni.  A  Yillaudric ,  d'ailleurs^  on  ne  retrouve  ancone  trace 
d'une  existence  ancienne,  et  Thistoire  est  complétement  muetlesur  le  passe 
de  cette  localité.  Aujourd'hui^  sans  doute,  elle  est  plus  importante  qu'A- 
Tens;  mais  celleci,  siluée  sur  les  bords  d'une  rivière,  au  milieu  d'une 
plaine  èlendueet  qui  se  prolongeaitjusqu'àla  capitale  des  Albienses^  rap- 
prochée  de  la  voie  ròmaine ,  allant  de  Toulouse  à  Ségodunum  en  traver- 
sant  la  vallee  du  Tarn,  était  plus  favorablement  placée  pour  devenir  le 
siége  d'une  residence  royale.  Pas  plus  que  Yillaudric  elle  ne  présente 
aucune  ruine  qui  se  rapporto  à  Texistence  d'un  ancien  chàleau;  ce- 
pendant  on  y  a  relrouvé,  à  la  surface  du  sol,  des  briques  a  rebords^ 
et,  récemment,  un  ouvrier  a  ramasse  un  triens  ou  ticrs  de  sol  me- 
rovingien  du  monèlaire  Gosoxus  et  au  monogramme  des  Rulbènes.  Son 
antiquilé  peut  encore  étre  élabiie  par  la  dédìcace  de  son  église  à  saint 
Yincent^  dont  les  reliques,  possédées  par  la  ville  de  Castres,  ont  élé,  pen- 
dant les  invasions  des  Normands,  souvent  déplacées  pour  élre  préservées 
de  la  profanation  de  ces  Barbares. 

Avens  a  d'ailleurs  unebisloire  modeste  mais  certaine;  il  est  irommè^en 
1266,  dans  uneenquéle  relative  a  l'élendue  de  la  communauté  de  Gaillac. 
En  1304,  Bernard  do  Grave,  qui  s'en  était  appropriò  les  dimes ,  est  tenu 
de  les  resti tuer  à  l'évéque  d'Albi.  En  1400,  il  Qgure  au  nombre  des  pa- 
roisses  qui  formaienl  la  claverie  de  Lisle;  le  roi  en  était  seigneur  foncier 
et  direct,  et  enQn,  privilége  qui  dislinguait  éminemment  celte  paroisse, 
elle  jouissait  du  droit,  qu'elle  partageait  avec  celle  de  Saint-Salvy  sa 
voisine,  de  présenler  les  candldats  paysans  pour  les  éleclions  consulaires 
de  la  communauté  de  Lisle.  C*en  est  bien  assez  pour  y  voir  un  débris  des 
honneurs  et  de§  priviléges  d'une  villa  dn  neuvième  siècle. 

Considérée  au  point  de  vue  de  l'hisloirc  generale ,  la  charte  qui  nous 
a  occupé  offrirait  des  renseìgnements  précieux  sur  l'organisation  admi- 
nistrative  et  judiciaire,  la  déQnilion  des  dignilés,  descbarges  et  des  mots 
en  usage  a  l'epoque  dont  elle  porle  la  date  ;  mais  celle  elude  a  été  déjà 
falle  sur  des  documenls  de  la  méme  epoque  el  n'ajouterail  rien  aux  ré- 


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—  S42  — 

sultats  coDStàlés.  l'ai  essayé  seulemeot  d'en  faire  jaillir  quelqaes  rayons 
de  lamière  sur  aolre  bistoire  locale,  rayoos  bien  affaiblls,  j^ea  eoa* 
vieDS,  par  la  dislance  qa'ils  ont  ea  à  francbir  pour  arriver  jusqa'i 
Dous,  et  par  l'iababileté  da  commeQlatear;  mais  eo  explorant  une  époqae 
aussi  reculée,  je  me  sais  iaterdil  la  faDlaisie,  et»  m'attacbant  aai  déduo- 
tìoDS  qui  m'ont  para  les  plus  ratiooDelles,  j'ai  mieux  aimé  m'exposer  aa 
reprocbe  de  ne  pas  en  avoir  assez  dit  qa'à  celai  de  m'étre  livré  à  des 
conjectares  sans  fondement. 


G.  CAUSSÉ. 


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LE 


FAUBOURG  SAINT-CYPRIEN 


ET 


L'ÉGLISE  SAINT-NICOLAS. 


La  parile  de  la  ville  de  Touloase  qui  s'éleod  sor  la  rive  gaache  de  la 
Garoniie  peut  étre  coQsìdérée  comme  Tane  des  plus  ancieuDCs.  S*il 
fallail  ajouler  foi  à  certaioe  iolerprélation,  soq  origine  remonterait  aux 
siècles  reculés  de  Tépoque  cellìque^  et  Tod  appuie  celle  opinion  de  la 
sfgniflcalion  du  nom  porle  encore  de  nos  jours  par  l'une  des  rues  de 
celle  parlfe  de  A  cilé,  la  rue  Peyrolade^  en  langue  romane  peyro  lebado, 
cu  Pierre  levée.  Il  y  aurait,  ce  nous  semble,  quelque  présomption  a 
admeltre  celle  origine,  qu'une  simple  conjeclure  ne  saurait  sufQsamment 
jQSlifier. 

En  allribuant  les  premiere  élablissements  du  faubourg  Sainl-Cyprien 
a  la  periodo  romaine,  nous  lui  donnons  une  anliquilé  assez  respeclable, 
et  nous  avons  le  mérile  d'élre  dans  le  vrai  ;  car ,  à  Tappai  de  nolre  asser- 
tion ,  nous  pouvons  invoquer  des  témoins  irrécusables  de  celle  origine.  Il 
safQl,  en  effel,  de  parcourir  lés  différents  quarliers  qui  s'étendenl  depuis 
le  carrefour  de  la  rue  de  la  Laque  jusqu'au  coleau  de  Fonlaine-Leslang , 
pour  constalèr  la  présence  des  vesliges  de  conslruclions  dont  on  ne  peut. 
méconnailre  le  caractère.  Cesi  ainsi  qu'à  l'angle  de  la  rue  de  la  Laquo  et 
de  la  rue  des  Teinluriers,  il  eiislaii,  naguère,  un  massif  enorme  de 
ina(jonnerie  en  petit  appareil,  qui  a  disparu  pour  faire  place  à  la  con- 
strudion  de  Técole  des  Frères  de  la  doclrine  chrélienne  ;  c'est  ainsi  que, 
toul  le  long  de  la  rue  des  Arcs,  on  Irouve  les  subslruclions  d'une  sèrie  d'ar- 


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—  Sii  — 

ceaux ,  derniers  débris  d'aa  aquedac  romain  ;  c'est  aiDsi  qoe ,  dans  one 
proprìété  peu  éloignée ,  apparaissent  les  foodations  de  bains  antiques  ; 
c'est  ainsi  enfin ,  quo  Tuae  des  parlies  de  ce  vaste  quartier  porle  encore 
le  Dom  i'Antipoul ,  qae  nous  n'avoDs  pas  de  scrupule  à  faire  dèrivef 
da  mot  grec  Antipolis ^  «  oppose  a  la  ville.  » 

Ainsi  donc,  pour  Tobservateur  le  moiDs  exercé,  et  sans  le  seconrs  de 
la  plus  légère  hypothèse ,  il  est  évidentqa'à  une  cerlaioe  epoque  de  la 
domìDalion  romaine^  il  a  exislé,  presque  en  regard  da  chàleaa  Narbon- 
nais  et  des  èdiflces  considérables  qui  coDStiluaieat,  avec  cotte  forteresse, 
le  point  le  plus  important  de  la  cité ,  un  centro  de  population  d'une  assez 
grande  èlendue ,  dont  la  posilion ,  sur  la  rive  gauche  du  fleuve ,  pou- 
vait  servir  à  défendre  la  ville  ;  car  les  débris  romains  qui  ont  dispara 
paraissaient^  par  leur  masse,  avoir  appartenu  a  un  ensemble  de  fortifi- 
catìons.  Ce  centro  de  population  s'est  successivement  développé ,  suivant 
la  loi  generale  des  agglomérations  établies  sur  les  bords  des  fleuves ,  c'est- 
à-dire  dans  le  sens  du  courant,  et  dans  des  proportions  conformes  à 
l'agrandissement  de  la  ville  elle-méme  ;  et  de  nos  jours,  il  forme  un  fau- 
bourg  d'une  grande  surfacc,  possédant  une  population  qu'envierait  plus 
d'un  cheMieu  de  nos  départements. 

Les  rechercbes  sur  l'étymologie  et  l'origine  des  noms  de  iocalités  don- 
nent  fort  souvent  lieu  à  des  éludesintéressantes  :  il  faut  doncsegarder  de 
negliger  cette  branche  d'invesligations ,  qui  peut  fournir  à  l'archeologìe  et 
à  rhisloire  des  éléments  précieux.  Appliquant  ce  principe  au  sujet^ui 
nous  occupe ,  nous  avons  dù  nous  demander  quel  était  le  nom  ancien  de 
la  parile  de  la  ville  située  sur  la  rive  gauche  de  la  Garonne;  pourquoi  et 
comment  elle  a  élé  appelée  faubourgSaint-Cyprien. 

Youloir  dècouvrir  sous  quelle  dénomination  était  connu  le  faubourg 
Saint-Cyprien  a  l'epoque  romaine  serali  tenter  l'impossible,  en  présence 
du  mulisme  des  anciens  auteurs  et  du  défaut  absolu  de  documents.  Aussi 
ne  Tavons-nous  pas  essayé.  Il  nous  suffit  de  savoir  que  le  nom  de  Saint- 
Cyprien  remonle  à  une  epoque  fort  reculée ,  et  nous  espérons  établir  à 
quelle  circonstance  on  peut  altribuer  l'origine  de  cette  appellatioo. 

Le  marlyrologe  chrétien  compie  deux  sainls  du  nom  de  Cyprien  ;  Fan 
appelc  Cyprien  de  Carlhage,  le  second  surnommé  le  Magicien. 

A  la  sulle  da  récil  du  martyre  de  Cyprien  le  Magicien  et  de  i^ainte 


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—  245  — 

JastiDO,  décapités  ensemble,  en  Tàn  304  de  ootre  ère ,  sur  les  bords  da 
Galltis,  ruisseaa  qui  coule  près  de  Nicomédie,  Baillet  ajoute  :  «  On 
»  préteud  qu'on  a  donne,  dans  les  siècles  antérieurs,  quelques  reliques 
»  de  ces  deui  martyrs  a  la  ville  de  Toulouse,  et  qu'on  les  garde  encore 
»  dans  l'église  du  faubourg  ;  dédiée  sous  le  nom  &e  saint  Gyprien  et  . 
»  sainte  Justine  et  sous  celui  de  saint  Nicolas  (1).  » 

L'auteur  de  la  Vie  des  saints  ne  donne  pas  comme  certaine  la  conces-  ' 
Sion  des  reliques  de  saint  Gyprien  et  sainte  Justine  à  la  ville  de  Toulouse, 
et  il  semble  indiquer  que  la  mème  église  qui  posséderait  ce  précieux 
dépòt  seraU  dédiée  en  méme  temps  à  ces  deux  saints  et  à  saint  Nicolas. 

Or,  il  est  difficile  d'adopter  cette  doublé  version.  A  quelle  epoque,  en 
effet,  pourrait-on  piacer  la  donalion  des  reliques?  Àucun  document  ne 
rindique ,  et  la  version  de  Baillet  se  bofne  à  relater  les  siècles  antérieurs. 
Nous  savons  cependant  que  depuìs  le  onzième  siede  le  faubourg  porte  le 
nom  de  suburbium  SancH'Cypriani  ou  de  barri  de  Sen-Subra.ce  qui, 
en  latin  et  en  langue  vulgaire,  veut  dire  «  faubourg  de  Saint-Cyprien.  » 
D'un  autre  coté ,  une  ancienne  tradition  raconte  Texistence  d'une  cha- 
pelle  dédiée  a  saint  Gyprien ,  et  située  dans  la  rue  aujourd'bui  connue 
sous  le  nom  de  rue  du  Grucifix.  Mais  Gatel ,  daus  ses  mémoires  sur  l'his- 
toire  du  Languedoc,  s'exprime,  à  ce  sujet,  de  la  manière  suivante  : 
«  L'on  peut,  avec  raison,  douler  pourquoi  ce  quarlier  de  ville  qui  se 
»  trouve  au  delà  de  la  Garonne  est  appelé  SanhSubra  ou  Sainct-Gyprien, 
»  allendu  qu'il  n'y  a  aucune  église  qui  soit  bastie  sous  l'invocalion  de 
»  sainct  Gyprien  ou  de  sant  Subra;  »  et  nos  rechercbes,  soit  dans  . 
les  annalistes  toulousains,  soit  dans  les  cadastres  les  plus  anciens  du 
capitoulat  de  la  Daurade ,  nous  ont  convaincu  de  la  non-existence  de  cetle 
chapelle. 

Donc  ce  n'est  ni  à  la  donation  des  reliques ,  ni  à  l'existence  d'une  char 
pelle  dédiée  à  saint  Gyprien^  qu'il  faut  atlribuer  le  nom  donne  au  fan* 
bourg. 

Yoici  maintenant  notre  version. 

L'Église  a  toujours  pratiqué,  plus  parliculièrement  dans  les  temps  où  la 
foi  était  naissante,  le  pieux  usage  de  piacer  sous  le  patronage  d'un  saint 

(4)  BaiUet,  VieeUsSamU. 


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—  216  — 
Ics  centrcs  de  populatìon  qui  se  formaienl  et  qui  D'avalent  pas  acquis  le 
développement  nécessaire  àia créalion  d'une  église.  Des  millìersd'exemples 
de  cel  usage  pourraicnl  corroborer  natre  asserlion.  Or,  le  faubourg Saint- 
Cyprlen  se  développa  dès  les  premiers  temps,'et  il  acqui t  une  cerlaine 
imporlance^  puisqu'au  milieu  du  quinzième  siede  il  comptait  dèjà  vìngt- 
huit  nsoulons;  il  relevait,  au  spirìluel,  de  la  jurìdicUon  des  prieurs  da 
monaslère  des  Bénédiclins.  Il  èst  donc  probable  que ,  dès  les  premiers 
temps  aussi ,  le  faubourg  naissant  dut  élre  place  sous  une  proleclion  tute- 
laire,  il  est  probable,  en  oulre,  que  le  choix  du  saint  chargèderexercer 
n'a  pas  èie  l'oeuvre  du  hasard. 

Par  sa  posilion,  le  faubourg  Sainl-Cyprien  élail  exposé  à  des  inonda- 
lions  fréquenles,  et  les  eaux  ,  en  séjournanl  sur  le  sol,  devaìent  dévelop- 
per,  dans  celle  parile  de  la  ville,  des  miasmes  peslilenliels  et  des  fièvres 
qui  décimaient  sa  populalion.  De  nos  jours  encore,  malgré  les  travaux 
d'assainissemcnl  qui  ont  été  pratiqués ,  quelques  quarliers  soni  périodi- 
quement  alleinls  de  maladies  qui  tiennent  évidemment  à  la  nature  da 
terrain.  La  conviction  que  Fon  avait  au  «loyen  àge  de  Tintervention  des 
saints  dans  la  guérison  de  cerlaines  épidémies  a  dù  étre  la  raison  de  Tia- 
Tocalion  de  saint  Cyprien  à  Tapparilion  de  la  calamite  qui  affligeait  les 
habitants  du  faubourg;  car saint  Cyprien  était  venere  à  cause  du  pouvoir 
qu'on  lui  attribuait  de  guérir  les  fièvres.  Ainsì  nous  Tapprend  BaiUet, 
dans  la  vie  de  ce  saint,  et  nous  voyons,  dans  ce  rapprochement,  rorigine 
selon  nous  positive  du  nom  donne  au  faubourg. 

Nous  bornons  ce  que  nous  avions  à  dire  da  faubourg  Saint-Cyprien  à 
ce  court  exposé,  donne  en  manière  de  prologue,  notre  projet  n'ayant  pas 
élé  de  faire  une  elude  complète  de  ce  faubourg ,  dont  Thlsloire  et  la  topo- 
graphie  descripliveflgurent  dans  les  divcrs  Iravaux  surla  ville  deToulouse. 
Mais  ces  délails  nous  ont  paru  dignes  d'intérét,  parce  qu'ils  servent  à 
compléter  ce  qui  a  èté  écrìt  à  ce  sujet. 

CHAPITRE  PREMIER. 

l'ÉGLISE   SAINT-NICOLAS.   SON  HISTOIRE. 

Uéglìse  Saint-Nicolas  est  l'église  paroissiale  du  faubourg  Saint-Cyprien. 
De  tous  les  anciens  annalisles  loulousains,  Catel  est  le  seul  dont  les 


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—  tl7  — 

oovrages  meQtioDnent  rorigine  de  cet  édiflce.  La  Gallia  Christiana,  Nou- 
goier ,  BertraDd ,  Lafaille  sont  muels  à  cet  égard ,  et  dom  Vaisisète ,  qui 
parie  de  toutes  les  églises,  ne  mentìonne  méme  pas  celle  qui  nous  occupa. 
Daus  SOQ  Histoire  des  institutions  de  la  ville  de  Toulouse, ,  Du  Mège  ^ 
en  reproduisant  la  versiòn  de  Calel ,  consacre  quelques  pages  à  la  des- 
crìplion  du  monument;  mais  cette  descripliou  est  loia  d'étre  complète,  et 
la  partie  hislorique  fait  entièremeut  défaut. 

Cette  nolice  a  pour  bui  de  combler  des  lacunes  regrettables,  en  ré- 
parant  l'oubli  dans  lequel  on  a  teuu  un  édiflce  remarquable  à  plus  d'un 
lilre ,  et  dont  l'histoire  offre  de  Tlntérét. 

Le  faubourg  Saint^yprien ,  nous  l'avons  déjà  dit ,  a  été  de  tout  temps 
exposé  aui  débordements  de  la  Garonne. 

Or,  a  une  epoque  malbeureusemeot  très-incertaine,  les  eaui  du  fleuve 
euTahirent  le  faubourg,  meltant  en  perii  la  fortune  et  la  vie  d'un  grand 
nombre  de  ses  habitants. 

Au  milieu  du  danger  auquel  ils  élaient  exposés ,  ceux-ci  flrent  voeu ,  si 
Dieu  daignait  apaiser  le  flèau ,  de  bàtir  une  église  sous  l'ìnvocalion  de 
Saint  Nicolas,  vènere  comme  le  patron  <k  et  le  saioct  tutélaire  de  ceui  qui 
»  vont  par  eau  et  craignent  le  naufrago ,  »  comme  le  dit  Calel  dans  sa 
narralion  a  ce  sujet.  Le  flèau  s'apaisa,  le  voeu  s'accomplit,  et  voilà  com- 
»  meni  la  ville  de  Toulouse  est  redevable  à  une  inondalion  de  la  Garonne 
de  réglise  de  Saint-Nicolas. 

Les  annales  de  Toulouse  relateut  un  nombre  prodigieux  de  déborde* 
ments  de  la  Garonne,  causes  des  plus  affreux  ravages;  il  s'agit  de  pré- 
ciser,  parmi  ces  événemcnls,  colui  qui  provoqua  le  voeu  des  habilants  du 
faubourg.  Entro  les  plus  anciens  de  ceux  dont  l'bistoire  a  gardé  le  souve- 
nir, nous  cilerons  le  débordement  de  1220,  que  Nouguier  (1)  décriten 
ces  termes  :  <(  Il  plut  pendant  l'espace  de  trois  jours  et  trois  nuits  sans 
))  cessar ,  de  manière  que  grandes  inondalions  survindrent  en  la  rivière 
»  de  Garonne,  laquclle  deborda bien  largement ,  si  que  ne  laissa  moulin , 
^>  paixière,  ni  autre  chose  debout  qu'elle  ne  l'amenàt  à  vai.  Le  pont  de 
»  Sainct-Subran  fut  ruiné  par  sa  fureur ,  sans  y  laisser  que  les  deux 
»  tours.  » 


(1)  Nouguier,  HUtoire  louZoiMatne ,  liv.  UI,  p.  86. 

88 


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—  248  — 

Une  autre  inondalion  ent  lieu  deux  siècies  plus  tard,  suivie  des 
plds  grands  désaslres,  dans  laquelle  Tbòpilal  Saint- Jacqaes  de  Saint- 
Subra  fut  délruìt.  Elle  date  de  1430,  et  «  surmonta  Teaa  les  tayles  da 
»  Chàteau-Narbonnais  de  Tolose,  afOuant  par  la  rivière  de  Garonne,  » 
dit  un  manuscrit  ancien  (1). 

Quoique  les  débordements  du  fleuve  aient  eu  liea  très-fréquemment, 
néanmoins  les  deux  que  nous  avons  rapporlés  sont  les  seuls  qui^  par 
leur  gravile ,  paraisscnt  avoir  présente  des  caractères  assez  mena^^ants 
pour  comprometlre  Texistence  du  faubourg;  c'estdónc  entre  eux  que  noos 
devons  choisir  pour  trouver  Torìgine  de  Téglìse  Saint-Nicolas. 

Uéglise  Saint-Nicolas  doit-elle  son  origine  à  l'inondation  de  4430?  Non  ; 
car  nous  avons  retrouvé  un  acte  du7  avril  1304,  dont  uous  parlerons 
tout  à  rbeure ,  et  qui  constate  son  existence. 

La  doit-elle  à  l'inondation  de  1220?  Non  encore;  car  Tbistorien  Ber* 
trand  nous  parie  de  celle  église,  en  cilant  un  fait  important  que  nous 
croyons  devoir  rapporler.  «  Ainsy,  »  dit  cet  historien  (2),  «  le  comte 
»  Symon  loujours  était  prét  a  batailler  contre  les  héréliques,  mais 
»  encore  n'est  pas  au  bout  de  ses  entreprises;  car  lui  estant  à  la  messe  à 
»  l'église  de  Saint-Nlcbolas ,  ès  faubourg  de  Saìnct-Subran ,  luy  fat  rap- 
»  porte  que  les  Tolosains  sortaieut  contre  ses  gens,  eie...  > 

Or  ,  le  comte  Simon  de  Montfort  périt  sous  les  murs  de  Toulouse ,  le 
25  juin  1218;  donc  TégUse  Salini-Nicolas  existait  au  commencement 
du  Ireìzìème  siede;  elio  serali  anlérieure  à  Tinondalion  de  1220,  et  il 
faul  rechercher  dans  un  précédent  débordement  du  fleuve  Tèvénement 
qui  lui  donna  naissance. 

En  Tabsence  de  dale ,  nous  essaierons  de  préciser ,  a  Taide  d'un  rap- 
prochement,  Tépoquc  probable  de  la  construclion  de  Téglise. 

Etani  donne  ce  principe  archèologique ,  que  Page  d'un  monument  se 
reconnail  a  son  slyle ,  il  esl  facile  d'arriver  à  une  conclusion. 

I/arcbilGcture  rdigieuse  a  eu  deux  slyles  principaux^  le  roman  et  le 
golblque ,  consécuUfs  Tun  à  Faulre ,  mais  néanmoins  séparés  par  uà 
intervalle  assez  sensiblo/ pendant  lequel  le  caractère  des  conslructions 


(4)  Manuscrit  de  4547.  Archives  des  hospices. 
(2)  Bertrand,  Gestes  toulousains y  p.  64. 


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^  «49  — 

n'ètait  plus  le  roman  pur ,  et  n'était  pas  eocore  le  golhique.  Ce  caractère 
est  ce  que  reo  est  con  vena  d'appeler  slyle  de  traosilioD.  La  pérlode  de  son 
existence  est  parfaitement  circoDScrite  dans  le  douzième  siede.  De  Ielle 
sorte  qae  I'oq  peut  précìsér ,  avec  quelque  cerlitude ,  que  lout  édiflce 
roman  pur  n'est  généralement  pas  postérieur  au  ónzième  siede ,  comme 
tout  édiflce  golhique  n'est  pas  anlérieur  au  Ireizième.  L'on  peut  égale- 
ment  affirmer  que  tou^e  construclion  romano-golbique  appartieni  à  l'epo- 
que de  transition ,  au  siede  inlermédiaire,  c'esl-à-dire  au  douzième. 

Or,  la  partie  la  plus  ancienne  de  l'église  Saint-Nicolas  appartieni  au 
style  de  transition ,  ainsi  que  nous  le  démontrerons  tout  à  rheure;  donc , 
Dous  sommes  amene  à  celle  conclusion  dernière,  que  Tinondalion  doni 
parie  Catel  doit  élre  reportée  au  douzième  siede ,  et  que  Téglise  Saint- 
Mlcolas  date  desdernières  annèes  de  cesicele.  Elle  est,  après  la  basilique 
de  Saint-Sernin ,  la  plus  ancienne  èglise  de  Toulouse. 

Quels  soni  maìntenant  les  principaux  fails  de  l'hìsloire  de  celle  église  ? 

Les  archives  de  Saint-Nicolas,  fori  incomplèles,  fournissent  quelques 
dèlailsintéressanls^  qui  concourent^  avec  divers  èlèmenls  recueillis  d'aulre 
pari ,  à  faire  le  fond  de  ce  récit. 

L'organisalion  primilive  de  la  paroisse  consislail  dans  radminislration 
d'un  recteur,  soumis  à  la  nomination  du  prieur  du  monaslère  des  Béné- 
dictins  de  la  Daurade,  doni  la  juridlclion  s'èlendait  sur  le  faubourg  Saint- 
Cyprien.  Nous  avons  déjà  parie  de  la  présence  de  Simon  de  Monlfort  à 
Tofflce  divin  dans  l'église  Saint-Nicolas,  pendant  le  siége  de  Toulouse,  en 
1218  :  ce  fall  est  le  plus  ancien  que  les  documenls  écrils  menlionnent 
concernant  nolre  èglise. 

En  1304,  une  conteslation  s'eleva  cnlre  le  recleur  et  les  bailes  de 
rhópital  Saint- Jacques ,  nouvellemenl  créé  dans  le  faubourg,  a  Toccasion 
de  la  sépullure  des  Irépassés  de  cel  hòpital.  Le  parlemenl  inlervinl  dans 
le  diÉférend ,  et,  par  une  décislon  souveraine ,  le  recleur,  qui  se  refusali 
à  procéder  à  ces  fonclions ,  fui  condamné  a  Ics  accomplir. 

Quelques  années  plus  lard  (13i0)  fut  ìnsliluée  la  table  de  Saint- 
Nicolas  ,  ou  confrérie  sous  Tinvocalion  du  patron  de  la  paroisse.  Puis , 
successi vement,  s'organisèrenl  les  confrérics  du  Purgaloire,  du  Saint- 
Sacrement ,  des  Cinq-Plaies ,  de  Sainl-Roch  ,  de  Sainl-Nazaire  et  de  Saint- 
Barlhélemy. 


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-  tM  — 

Chacone  de  ces  confréries  regut  des  legs  et  des  dooations  qni  compa- 
sereni»  dans  la  suite,  des  ressoarces  coDsidérables ,  et  les  aociens  regb« 
tres  (1491 ,  1518 ,  1644)  ainsi  que  les  cootrats  saavés  de  la  deslraclìoD 
eonstatent  qae  la  lable  de  Notre-Dame  et  celle  da  Pargatoire  possédaient, 
dans  le  faubourg ,  plusieors  maisons  et  des  Ttgnes  aax  environs.  Ellet 
étaienl  admìnìstrées  par  des  régents  et  an  syndic,  organisation  qai  s'est 
perpélaée  jusqu'à  nos  joars. 

Un  regislre  de  1622  renferme  la  mention  de  nombreuses  foDdatioos 
faites  en  faveur  de  Téglise  Saint-Nicolas. 

Yoici ,  dans  le  langage  naif  de  l'epoque ,  la  descriplion  d'une  cérémonie 
religieuse^  du  3  mai  1574 ,  jour  de  la  féte  de  sainte  Croix  (1). 

«  Feust  fait  un  grand  triumpble  tant  alla  porselion ,  messe  et  sermon^ 
»  où  asysta  Monsieur  le  cardinal  Darmaniac,  arsevesque  de  Tolose,  tant 
))  alla  porselion,  messe  que  sermon,  et  tout  fyst  le  dcboyrde  sa  charge 
»  et  ly  assislarent  Mons'  labesque  de  Rodez ,  et  belbe  companye  de 
»  gentils  homes,  consselhiers  au  parlement,  consselhiers  au  senechal, 
»  capilols  et  grand  companye  de  borgoys,  notables  pcrsonnages,  tant 
»  domes  que  femes,  où  jamays  a  vye  dome  n'est  veu  si  beau  et  grand 
»  triumphie.  » 

Le  12  juillet  1598,  les  prétres  de  la  table  du  Purgatoire  rèdigèrent  un 
règlemenl  qu'ils  soumirent  à  Tapprobalion  du  cardinal  de  Joyeuse,  arche- 
Yéque  de  Toulouse.  L'esprit  de  ce  règlement  est  celui  d'une  communaulé. 
Ces  prélres,  au  nombre  de  douze,  s'appelaient  les  prétres  de  la  Dou- 
zaine  (2). 

Nous  pourrons  encore  citer,  comme  ade  duseizième  siede,  le  paiement 
fail,  en  1557,  de  la  somme  de  30  livres,  pour  achever  de  payerlacon- 
strudion  de  la  chapelìe  de  Notre-Dame ,  fixée  à  80  livres.  Cet  ade  aura 
son  importance ,  lorsqu'il  s'agirà  de  constater  l'epoque  à  laquelle  appar- 
tieni une  panie  de  l'édiQce  (3). 

Au  dix-seplìème  siede ,  nous  découvrons  des  délails  dignes  d'intèrét, 
dans  un  actedu  16  mai  1652  (4)  conlenaùt  transacìion  entre  le  redeur 

{\)  Manascrit.  Archives  de  Saint-Nicolas. 

(2)  Archives  de  Saint-Nicolas. 

(3)  Idem. 

(4)  Archives  des  hospices. 


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de  Saiot-Nicolas  et  les  iDteDdaats  de  rHòtel-Dieu ,  aa  sujet  des  fonoUoDS 
Goriales  daos  rbòpital.  Cet  ade  Doas  appreod  qoe  le  rectear  de  cetle 
époqae  était  messire  Raìmond  de  Gomioban ,  magislrat  presidiai  en  la 
sètiòchaussée  de  Toulouse;  que  les  domesliqaes  de  rHólel-Dieu  élaient 
tenas  de  recoanaltre  chaqae  année,  à  Pàques,  laparoisse  Saint-Nicolas; 
enfio  que  les  prétres  se  réuDissaieot  dans  un  lieu  particulier  de  Téglise , 
désigné  sous  le  noni  de  petite  poUt^te. 

En  1654 ,  le  24  juin ,  un  acte  est  passe  avec  Georges  Legouse ,  sculp- 
teur ,  pouf  la  confection  du  relable  de  la  chapelle  de  Notre-Dame.  Il  est 
dtt^  dans  cet  acte^  que  les  sculpluresseront  exéculéessur  lesdessins  faits 
par  Artus,  moyennant  550  livres.  Arlus  étail^  avec  Guépin,  élève  de 
Baohelier;  ils  ont  eiéculé  le  jubé  de  l'églìse  Saint-Elienne,  dont  la  dèmo- 
litioo  vient  d'étre  récemment  opérée.  Cet  acle  renferme  encore  d'autres 
détails  inléressants  (1). 

Dans  la  seconde  moilié  du  dix-huilième  siede ,  nous  trouvons  la  con- 
sécralion  du  mailre-autel ,  faite  le  23  février  1762,  par  monseigneur 
révéque  et  prince  de  Grenoble,  Jean  de  Calvet ,  à  la  prière  de  M.  Havard 
de  Lamazoire,  cure  de  Saint-Nicolas  (2). 

L'année  suivante,  1763,  en  seplembre,  une  visite  pastorale  eut  lieu 
dans  l'église  Saint-Micolas ,  et  le  procès-verbai,  dressé  à  l'occasion  de 
cette  visite,  constate  que  la  paroisse  est  adminislrée  par  une  consorce,  ou 
cooomunaulé  de  douze  prétres ,  sous  Tobéissance  du  recteur ,  qui  doivent 
assister  au  cbcBur ,  à  la  messe  de  paroisse  et  aux  vèpres. 

Le  nombre  des  feux  de  la  paroisse  est  de  quatorze  cents;  il  y  eut  cette 
méme  année  deux  mille  quatre  cents  communiants;  le  nombre  des  sépul- 
tures  dans  l'intériedr  de  l'église  était  de  deux  cent  cinquanle,  que 
l'oeuvre  vendali  selon  Tusage  immémorial  (3). 

Trois  années  plus  tard,  en  aoùt  1766^  une  scène  déplorable,  qui  se 
passa  dans  Tinlérieur  de  l'édìGce,  provoqua  l'interdit  de  l'église.  Le 
carillonneur  et  le  bedeau ,  ancien  suisse ,  d'assez  mauvaises  moeurs  ,  se 
prirent  de  querelle  et  se  batlirent  jusqu'à  Teffusion  du  sang.  Monseigneur 
de  Fumel ,  évéque  et  comte  de  Lodève ,  procèda  à  la  cèrémonie  de 

(4)  Archives  de  Saint-Nicolas. 
(8)  Inscription  sous  les  orgaes. 
(3)  Archives  départementales. 


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—  WS  — 

la  levée  de  Tiaterdit.  Une  procession  soleonelle  eat  liea:  l'égUse  fai 
aspergée  d'eau  bèni  le,  composée  d'eau,  de  cendres  et  de  sei,  avec  hd 
goupìIloQ  fait  d'uDe  poignée  d'hysope.  Les  lamières  élaieDt  éleiotes,  et 
lorsque  la  réserve  fut  apporlée  sous  an  dais,  od  illumina.  Àvant  de  céié- 
brer  la  messe,  l'évéqoe,  se  proslernant  au  milieu  de  la  nef ,  fit  amende 
bonorable.  Ces  détails  se  trouvent  consignés  dans  un  manuscrit  contem* 
porain  intilulé  Les  heures  perdues  de  M.  Pierre  Barthés  (1). 

Enfln,  le  dernier  fait  concernant  rhisloire  de  Tégllse  Saint-Nicolas 
est  la  restàuralion  de  Tédiflce ,  le  17  seplembre  1772.  Une  plaque  de  mar- 
bré ,  placée  sous  les  orgues,  donne  les  causes  de  celle  reslauration  et  les 
noms  des  régents  de  l'oeuvre  qui  y  prèsidèrent. 

Nous  ne  devons  pas  passer  sous  sllence  une  cérémonie  assez  bizarre , 
dont  l'instilution  se  rallacbe,  dans  une  cerlaine  mesure ,  à  rhistoire  de 
notre  église.  C'est  la  procession  des  pécheurssur  laGaronne.  Ilexislaità 
Toulousedeuxconfréries  de  pécheurs,  Tune  à  Saint-Pierre  des  Cuisines, 
Tautre  à  Saint-Nicolas.  Tous  les  ans  y  la  velile  de  l'Àscension ,  ces  deux 
confrérles  se  réunissaient  pour  se  rendre,  accompagnées  de  ménétriers, 
au  monastèro  des  Bénédictins ,  où  elles  prenaient  un  religieux  de  cet  or- 
dre,  qui  devaitétre  conduìt  en  baleau  surla  rivière.  Le  religieux  porlaìt, 
attaché  à  son  bras,  un  reliquaire  renfermant  un  fragment  de  la  vraie 
croix.  La  barque,  montée  par  le  religieux  et  les  dignilaires  des  confré- 
rles,  était  escorlée  d'une  quan lite  innombrable  d'esquifs  de  tonte  sorte, 
dont  quelques-uns  consislaient  cn  petiles  huches,  pétrins,  sébilles,  ce 
qui  donnait  à  catte  procession  Taspoct  le  plus  pitloresque.  On  remontait 
ainsi,  au  son  des  ìnslruments,  jusqu'à  une  ile,  voisine  de  l'ancien 
moulin  a  poudre,  et,  arrivée  là,  la  procession  stationnait.  Le  religieux 
plongeait  le  reliquaire  dans  le  fleuve ,  récilait  certaìnes  prières,  puis  la 
procession,  redescendant  le  cours  de  la  Garonne,  allait  débarquer  au 
Pont-Neuf,  d'où  elle  se  rendaiLàSaint-Nicolas,  et  à  Toraloire  du  Cru- 
cifix,  où  s'accomplissaient  d'autres  cérémonies;  puis  on  ramenait  le 
bénédìclin  à  son  couvent. 

Le  manuscrit  auqucl  nous  emprunlons  ce  narré  rapporto  que  la  pro- 
cession des  pécheurs  fut  instituée  à  Toccasion  de  la  découverte  d'un  frag- 

(4)  Bibliothèque  de  la  ville. 


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meni  de  la  vraie  croix  dans  l'ile  voisine  da  moulin  a  poudre ,  par  uà 
eocbon;  il  ajoute  que  souveDt,  lorsque  les  eaax  élaient  grosses,  le  reli- 
gieox  faisait  difQcallé  pour  s'embarquer,  el  que  les  pécheurs  s'eogageaìent 
à  le  rameoer  au  couveal  mori  ou  vif ,  ce  qui ,  enlre  pareDlbèse,  devait 
manquer  de  gaieté  pour  le  bénédiclin  ;  il  constate  enfia ,  que  les  religieux 
recevaient,  a  cetle  occasion ,  une  paire  de  ganls,  et  qu*en  1281  »  lorsque 
la  procession  acbevait  de  passar ,  le  poni  vieux ,  cbargé  de  spectateurs , 
s'écroula,  entrainant  dans  sa  cbule  plus  de  deux  cents  personnes  qui 
périrent  (1). 

CHAPITRE  II. 

DESCRIPTION. 

Il  y  a  deux  manières  de  décrire  un  édifice  :  Tane  consiste  a  prendre 
le  monument  tei  qu'il  se  présente  au  spectatear  et  a  l'analyser  pièce  a 
pièce ,  en  commengant  par  celles  qui ,  les  premières^  frappent  les  regards. 
C'est  la  manière  vulgaire. 

Suivanlla  seconde,  on  recbercbe  quels  soni  les  différents  àges  du  monu- 
ment; car  il  est  peu  de  moaumenls  importanls  qui  ne  soient  frappès  au 
sceau  de  plusieurs  époques,  et  l'on  en  fait  la  descriplion  en  partant  de 
répoqae  la  plus  reculèe. 

C'est  la  manière  scienliQque ,  celle  que  nous  avons  adoplée. 

L'ègllse  Saint-Nicolas  apparlient-elle  à  plusieurs  èpoques?  Nous  allons 
le  dèmontrer  en  pènélranl  sous  scs  voùtes. 

L'edifico  remonle,  nous  le  savons^  au  douzième  sìècle;  il  porle  la 
trace  manifeste  de  Tarcbitecture  de  celle  epoque,  et  la  cbapelle  des 
fonts  bapUsmaux,  la  plus  ancienne,  offre  tous  les  caraclères  du  slyle  da 
transilion  qui  lui  est  propre. 

PREMIÈRE   EPOQUE. 

La  cbapelle  des  fonls  baplìsmaux  s'ouvre  la  première ,  à  gaucbe,  dans 
la  nef ,  en  regard  de  la  porle  d'entrée  acluelle. 

(4)  Hanascrit  trouvé  dans  les  papiers  de  M.  Du  Mège. 


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L'ogive,  qui  forme  sa  principale  ouverture,  est  proDoncée  à  p^e; 
elle  fait  comprendre  les  efforts  de  l'art»  qui  tend  à  se  mètamorpboser  et 
à  développer  Tarcature  en  plein  cintre ,  signe  caractéristìque  da  style 
roman.  Le  méme  caractère  se  reproduit  a  l'inlérieur  de  la  cbapelld.  Les 
nervures ,  qui  se  croisent  à  l'ìntrados  de  la  voùle,  diffèrent  pea  do  plein 
cintre;  elles  sont  d'une  simplicilé  extréme;  elles  se  relient  à  leiir  poiat 
d'intersection  par  une  clé  de  voùte  sans  ornementation ,  et  se  ternioeoft 
par  des  culots  représenlant  des  personnages  grotesques. 

Les  fenélres  qui  ajourent  la  chapelle  sont  en  plein  cintre.  Elles  ne  se 
trouvent  plusdans  leur  état  primilif,  etleurs  dimensions  ont  élé  augmen- 
tées;  car  les  fenétres  romanes  sont  gènéralement  basses  et  étroites,  pour 
laisser  pénèlrer  dans  l'édiflce  un  jour  incertain  et  mystérieux. 

La  voùle  est  ornée  de  grisailles  en  fond  bleu  représenlant  des  guir- 
landes ,  des  pampres  et  des  fruils.  Au  centro  de  cbacun  de  ses  arcs  est 
peint  un  écusson.  Le  premier  figure  le  Saint-Esprit;  en  face  est  une 
gioire;  puis,  successivement ,  saint  Roch,  saint  Jean-Baptiste ,  laVierge 
et  le  Gbrist.  L'autel  est  ornò  d'un  tableau  représentant  Jésus-Gbrist 
remellant  à  saint  Pierre  les  clés  du  paradis  ;  il  est  flanqué  de  deux 
slatucs,  celle  de  saint  Pierre ,  à  gauche  ;  à  droite ,  celle  de  saint  Paul. 

Dans  l'angle  gauche  est  placée  une  vasque  en  marbré  blanc ,  supportée 
par  un  piédouche  doni  la  base  est  en  marbré  rouge.  Une  vaste  coquiUe 
surmonle  colte  vasque ,  et  sur  le  centro  de  la  coquille  s'étale  un  ^leii. 

On  afQrme  qu'à  une  epoque  recente ,  le  projet  fut  agile  de  demolir  la 
chapelle  des  fonls  baplismaux ,  et  quo  celle  deslruclion  ne  s'accomplit 
pas,  sur  les  instaoces  de  nolre  confrère  M.  Du  Mège. 

Combien  il  est  regrellable  que  le  reste  de  l'edifico  ne  soit  plus  dans  le 
style  de  la  chapelle  des  fonls  baplismaux  !  Toulouse  possederai  un  monu- 
ment  compiei  de  Tépoque  de  transilion  ,  qui  serait  la  seconde  page  da 
grand  livre  d'archileclure  doni  la  basilique  de  Sainl-Sernin  est  le  pre- 
mier et  le  plus  admirable  feuillet. 

DEUXIÉME  EPOQUE. 

Près  de  deux  siècles  nous  séparent  de  l'epoque  de  la  conslruction  de 
la  chapelle  des  fonls  baplismaux  4e  celle  de  la  nef.  Par  quels  événemenls 


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pourrait-on  combler  celle  immense  lacune?  àquelles  causes  doil-on  atlri- 
buer  celte  seconde  pèriode  de  Tédifice?  Si  les  pierres  avaient  la  parole, 
elles  noQS  raconleraient  à  suite  de  quel  fléau  ,  inondation  ou  incendio, 
elles  ont  remplacé  leurs  ainées.  Mais  les  pierres  soni  immobiles  et  muet- 
tes,  attendant  une  voix  pour  suppléer  au  silence  des  traditions,  à  l'oubli 
des  hìstoriens.  Cotte  voii  sera  la  nòtre,  qui  proclamerà,  non  les  circon- 
stances  de  la  construction ,  mais  l'àge  de  la  nef ,  relrouvé  dans  l'im- 
mense cartulaire  de  rédifice,  a  Taide  de  deux  témoins  :  un  écusson  et 
•  une  cloche. 

Eh  !  qu'aurions-nous  besoin  de  témoins ,  pour  attester  que  la  nef  de 
réglise  Saint-Nicolas  date  des  dernières  années  du  qualorzième  siede? 
Ne  sufQt-il  pas,  pour  reconnailre  ce  fait,  de  jeter  un  coup  d'oeil  sur  la 
partie  elle-méme  de  Tédiflce?  Comparée  avec  les  fonls  baplismaux ,  la  nef 
présente,  en  effet,  les  trails  bien  caraclérisés  d'une  epoque  poslérieure. 
L'ogive  s'élève  et  atteint  les  proportions  régulières  de  Tare  en  tiers-point, 
c'est-à-dire  du  style  ogival  de  la  belle  epoque. 

Les  arcs-doubleaux ,  qui  divisent  l'édiiìce  en  cinq  travées,  viennent  se 
relier  de  chaque  còlè  avec  des  pilaslres  cngagés  dans  les  murs  latéraux. 
Une  saillie,  sansscuipture,  remplacé  les  chapiteaux.  La  voùle  d'ogive  est 
d'enne  simplicitè  primitive.  L'espace  compris  entro  chaque  arc-doubleau 
^e  circonscrit  par  quatre  voùtes ,  dont  le  sommet  présente  une  clé ,  indi- 
^aant  le  point  d'interseclìon  de  leurs  nervures.  Ces  nervures  ou  for- 
merets  sont  prismatiques  ;  ils  retombent  le  long  des  murs ,  en  se  prolon- 
geant  jusqu'au  sol,  sous  la  forme  de  petites  colonnes  flanquant  le 
pilastro  principal. 

Les  clés  de  voùte  ne  portent  trace  d'aucune  sculpture.  Sur  la  première 
est  peint  un  ècu  barre,  ayant  une  eroix  en  chef;  les  autres  représentent 
des  fignres ,  un  calice ,  etc.  Des  grisailles  sur  fond  bleu  décorent  la  voùte. 
Au  milieu  d'arabesques  de  pampres  et  de  fruits ,  on  y  distingue  des 
armes  de  prélats ,  des  tétes  d'apòtre  et  de  saints.  Ces  peintures  sont  de 
beaucoup  postérieures  à  la  construction  de  la  nef. 

On  ne  peut  s'empécher  d'admirer  le  beau  style  des  fenétres  ogivales 
de  la  nef.  Longues,  élancèes,  sans  ornements  qui  altèrent  la  pureté  de 
leurs  lignes ,  elles  sont ,  avec  Tensemble  de  TédiQce ,  dans  une  proportìou 
et  une  harmonie  irréprochables.  Une  belle  rosace ,  gamie  de  verrières  et 

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—  856  — 

à  demi  masquée  par  les  orgaes,  occupe  la  parile  supérìeure  da  mar  de 
face. 

L'ancienne  entrée  de  l'église  s'oavrait  sur  la  petite  roe  Saint-Nicolas. 
Rien  de  svelle ,  d'élégant  et  de  sevère  a  la  fois  comme  le  portali  extérienr 
actuellement  condamné.  Les  tores  cylindriques  ,  qui  suivent  les  contoars 
des  ogives ,  sont  d'une  légèreté,  d'une  délicatesse  remarquables. 

Un  seni  tableau  orne  la  nef  :  il  représente  Jesus  entouré  de  la  solda- 
tesque  romaine,  aa  moment  où,  frappé  de  soufflets,  on  lui  demando, 
avec  dèrision  :  Devine  qui  Va  frappé?  Cette  toile,  qui  offre  de  belles 
qualités  de  dessin  et  decoloris,  est  sìgnée  :  Jules  Jollivet,  1859. 

Yoilà  faite  la  part  de  la  description;  laissons  maintenant  la  parole  aax 
témoins  que  nous  avons  invoqués  à  l'appai  de  no  tre  opinion ,  sur  l'epo- 
que de  la  construction  de  la  nef.  Do  sommet  de  l'ogive,  qui  forme  l'entrée 
de  l'église  a  l'intérienr ,  ressort ,  incrosté  dans  la  ma(^nnerie ,  on  éca 
servant  de  clé  de  voùte.  Cet  éca  porte  :  à  la  croix  d'hermine ,  écartelé 
4  et  4  de  clocbes,  2  et  3  de  creusets. 

Que  signifie  cet  emblème  béraldique? 

Seton  nous,  c'est  le  souvenir  d'un  fait  importante  qui  n'est  aatre  que 
la  construction  àe  la  nef.  Nous  n'aurions  pas  grands  efforts  à  taire  pour 
démontrer  que  dans  le  corps  des  grands  édifices  on  pla$ait  généralcr 
ment  des  marques  apparentes,  rappelant  soli  la  date  de  la  constractioD, 
soit  les  personnages  qui  y  ont  prèside.  Taftldt  ce  sont  des  inscriptìo&s, 
tantòt  des  armoiries  qui>  dans  leur  langage  particulier,  sont  des  inserii^- 
tions  véritables.  Dans  les  églises  anciennes ,  les  dés  de  voùte  portent  ces 
témoignages. 

L'écu  que  nous  signalons  rappellerai  doac  le  pensonnage  qui  a  prè- 
side à  la  construction  de  la  nef  ou  qui  Fa  consacrée. 

Quel  est  ce  personnage  et  à  quelle  epoque  nous  reporte-t-il?  C'est  le 
aecond  tèmoin  qui  va  nous  l'apprendre. 

llontons  au  clocher  ;  pla^ons-nous  à  ciiMiiiaiite  pieds  daos  l'espaost 
sur  une  plancbe  étroite ,  accrocbé  poor  ainsi  dire  an  marteaui  gd 
fODtt  Yeteotir  Fairain  sacrè^  et  dans  calte  position  peacommode,  mais  que 
les  arohéologues  sont  quelqnefois  exposés  a  subir ,  déchiffrons  pénibiAh 
«M»t  les  inscriptioos  eu.  lettres  goihiques  qui  entoiirant  une.  belle  et  man 
Jestueuse  clocbe. 


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An  sommet^  et  dans  le  pourtour  supériear^  un  vers  latin,  que  voici  : 

SudaHum  Christi  servet  no$  funere  trisU. 
(Le  fuaire  du  Christ  nous  preservo  d*une  triste  mort.) 

Dans  le  pourtour  inférieur  cette  legende  : 

En  le  an  mil  CCCXCVII B.  ABBAI,  de  CADVN  BERNA!  DEMERENX 
IOANA  DANIO  SA  MOLHE  ME  BATI. 

(En  l'an  1397  ^  B. ,  abbé  de  Cadun,  Bernard  Demerens,  et  Jeanne 
Danio  sa  femme ,  me  baltirent.) 

L'usage  était  que  les  parrain  et  marraine  d'une  cloche  en  tirassent  le 
premier  son. 

Cette  cloche  nous  fournit  donc  des  renseignements  précieux  :  le  nom 
d'un  abbé,  la  date  de  1397;  elle  nous  apprend,  en  outre,  que  l'écu 
signalé  a  la  voùte  renferme  les  armes  de  Tabbé  de  Caduin  ;  car  sur  la 
circonférence  de  la  cloche  sont  représenlés  plusieurs  fois  le  méme  écu  et 
un  sceau  abbatial  portant  pour  legende  ces  mots  : 

Sigillum  Bertrandi  abbatis  Caduini.  0:.^'^"^ 

(Sceau  de  Bertrand,  abbé  de  Caduin.)  U   n-^--^ 

Donc,  la  nef  ella  cloche  ont  un^  corrélatioà^^&^^^^e;  elles  sont 
Fune  et  l'autre  dues  a  Fabbé  de  Caduin ,  et  elles  comlufiar  Fune  et  Tautre 
quatre  siècies  et  demi  d'existence ,  puisqu'elles  remontont  à  Fan  de  gràce 
1397. 

L'abbaye  de  Caduin  fut  fondée  en  1114  par  Gerard  de  Sales.  Elle 
appartenaitàFordre  illustre  de  Saint-Benolt,  ainsi  que  Fabbaye  de  Grand- 
selve  ;  elles  furent  confondues  sous  une  méme  autorité  ;  et  la  liste  des 
abbés  de  ces  monastères  (1)  nous  fait  connaftre  un  Bertrand  lY,  en 
13?! ,  celui-là  méme  dont  le  nom  et  les  armes  se  retrouvent  dans  la  nef 
et  sur  la  cloche  de  Féglise  Saint-Nicolas. 

Poursuivant  nos  Investigalions  ,  nous  avons  pu  découvrir  la  raison  de 
Finvocation  au  saint  suaire,  gravée  sur  la  cloche  de  1397. 

L'abbaye  de  Caduin  était  célèbre^  au  quatorzième  siede,  par  la  posses- 
sion  du  Saint  suaire  de  Jésus-Christ. 

Le  27  mai  1395  furent  faites  des  conventions  entro  le  syndic  de  la 

(4)  Gallia  Christiana,  Grandselve. 


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ville  de  Touloose  et  l'abbé  de  Caduin ,  assistè  des  dépotes  du  cbapitre 
géDéral  de  l'ordre  de  Ctleaax ,  pour  la  translation  da  saint  saaire  »  da 
monaslère  de  Caduin  eu  Téglise  du  Taur. 

L'aoDée  suivante ,  le  roi  de  France  Charles  VI  désirant  voir  le  saiot 
suaire,  cet  objel  vènere  fui  Iransporlè  à  Paris;  et,  en  1399 ,  il  y  fui 
dèrobé  par  deux  religìeux.  EnQn,  retrouvè  peu  de  temps  après,  on  le 
transporla  à  Caraman ,  d'où  il  fut  reintegre  à  l'église  da  Taar  (1). 

La  dévolion  toule  particulière  des  religieux  de  Caduin  explique  rinlen- 
tion  de  l'abbè  Bertrand  IV  de  piacer  l'église  de  Saint-Nicolas  sous  l'ègide 
da  Saint  suaire ,  et  consèquemment  Tinscription  que  nous  avons  relatée- 

Le  clocber  n'offre  aucune  particularité  digne  de  remarque.  Sur  une 
base  quadrangulaire  s'élève  une  tour  octogonale ,  à  deux  étages  ^e  fené- 
tres  ogivales  accouplées,  présenlant  le  type  da  gotbique  en  triangle^  assez 
usité  dans  nos  contrèes,  et  que  Fon  a  par  cette  raison  qualiflé  de 
gotbique  toulousain.  Cette  tour  est  couronnèe  par  un  acrotère  en  ma^on- 
nerie  pleine  et  surmontèe  d'une  flèche  que  ses  proportions  mesquines 
rendent  learde  et  ècrasèe.  Le  tout  est  badigeonné  en  gris. 

TROISIÉME  EPOQUE. 

Dans  la  troisième  epoque  architecturale  de  l'église  Saint-Nicolas,  noas 
rangerons  les  cbapelles  latèrales  de  Notre-Dame ,  de  la  Sainte-Croix ,  de 
Saint-Nazaire  et  de  Saint-Barthélemy ,  le  portali  extérieur,  enfin  la 
sacristie. 

La  cbapelle  Notre-Dame  date  de  la  première  moitiè  du  seizième  siècle. 
Sa  construction  conta  80  livres  tournois ,  que  la  confrérie  de  cette  cba- 
pelle ne  put  intégralement  payer  qu'en  1557.  Elle  est  ornèe  avec  goùt; 
ses  peinturcs  murales  sont  bien  entendues  et  ne  manquent  pas  d'une  cer- 
taìne  ricbesse.  Mais  leretableexècutè  par  Legouse  n'existe  plus.  Colui  qui 
le  remplace  reprèsente ,  dans  le  panneau  de  c6té  de  l'èpftre ,  la  Nativité 
de  la  Yierge;  dans  le  panneau  oppose,  la  Présentation  aa  tempie. 
Au-dessus  sont  placés  deux  tableaax,  lasainte  Famille  et  la  Vlsitation.  Le 
centro  da  retable  est  gami  par  une  Yierge  tenant  Jesus  enfant;  de  cbaque 
còte,  un  auge  semble  montrer  ce  groupe  aux  fldèles.  Des  colonnes  can- 

(4)  ÀnnaliM  de  Touìoum.  Archi ves  de  la  ville. 


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—  859  — 

nelées,  filels  blanc  et  or^  des  testons,  des  arabesques  surmontés  d'an- 
ges  forment  l'eDsemble  de  rornemenlatioD. 

Les  aalres  cbapelles  n'offrent  de  saillant  que  leurs  voùles.  La  préseoce 
des  liernes  et  des  tiercerons  qui  se  groopent  et  s'eDtre-croisent  sur  leur 
iDtrados,  aDDoncent  la  fin  du  quinzienie  siede,  c'est-à-dire  une  epoque 
de  décadence  du  style  ogìval.  Selon  nolre  senliment ,  il  y  a  loin  de  l'ogive 
de  ces  voùtes  à  celle  de  la  nef ,  et ,  en  les  comparaut ,  od  est  frappé  de  la 
tendance  de  ce  style  a  se  compliquer  et  à  se  surcbarger  de  ligues  et 
d'ornements. 

La  sacristie  préseote  les  mémes  caraclères.  Sa  porle  d'entrée  est  ornée 
de  deux  coloDues  corinlbieDues ,  cannelées,  surmoutées  d'un  tympan 
doQt  le  centro  est  occupé  par  une  iliche  d'où  se  détache  une  statue  de 
Saint  Nicolas.  Sur  l'architrave  est  inserite  la  date  de  1562. 

Arrivons  enQn  au  portai!  exlérieur.  Que  dirons-nous  de  cotte  intéres- 
sante parile  de  l'édiQce?  Notre  ròle  d'hislorien  nous  impose  le  devoìr,  en 
signalant  l'état  de  sa  baie  gothique,  qui  offre  de  beaux  restes  ,  de  lancer 
l'anathème  sur  les  vandales  qui  ont  brisé  impitoyablement  Togive ,  pour 
lui  subsliluer  l'affreuse  demi-lune  mauresque  »  dont  les  amis  de  l'art  de- 
plorent  la  présence.  Le  portail  apparlient  au  seizième  siècle.  Son  tympan 
renferme  la  scène  de  l'adoration  des  Mages.  Àbritée  par  un  dais  gothique, 
la  Vierge  est  assise  »  tenant  l'enfant  Jesus  sur  ses  genoux  y  et  se  tournant 
dans  la  direction  de  trois  personnages  richement  vétus,  qui  se  présentent 
à  elle.  L'un  de  ces  personnages,  à  genoux ,  offre  une  cassette;  le  second 
tient  dans  la  main  un  vaso  à  brùler  les  parfums  ;  le  troisième  une  ampoule. 
Ce  soni  les  rois  Mages  faisant  hommage  aa  Roi  des  rois  de  l'or,  de  l'en- 
cens  et  de  la  myrrhe.  Saint  Joseph  se  tient  à  la  droite  de  la  Vierge ,  et , 
dans  le  lointain ,  derrière  une  crèche ,  paraissent  un  àne  et  un  boeuf . 
L'exécution  des  personnages  et  des  détails  de  cotte  scène  sont  d'un  fini 
remarquable. 

Quatre  statues  occupent  les  niches  du  portali.  Deux  d'entro  elles  peu- 
vent  étre  prises ,  l'uno  pour  saint  Pierre ,  l'autre  pour  saint  Paul  :  c'est 
da  moins  l'intention  que  l'on  doit  supposer  à  l'artiste ,  en  voyant  les 
atlributs  des  personnages;  mais  en  vérìté,  en  matìère  d'art,  l'intention 
ne  suffit  pas  pour  donner  le  caractère  propre  a  une  oeuvre ,  et  n'étaient 
la  clé  et  le  glaive ,  on  ne  se  doulerait  nollement  que  ces  deux  person- 


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—  860  — 

Bages  représeotent  les  deax  saints  que  l'on  a  voula  figorer.  Qaant  ani 
deox  autres  statues ,  avec  la  meilleare  volontè  da  monde ,  nous  n'avons 
pa  parvenir  à  les  baptiser. 

Il  serali  vivement  à  désirer  que  la  restauratioD  da  beaa  portali  de 
Sainl-Nicolas  fòt  enlreprise ,  et  prlacipalemenl  qae  Ton  fit  disparaitre 
l'importane  coalear  d'ocre ,  dont  les  scalptares  sont  soaillées. 

QUÀTRIÉME  EPOQUE. 

Par  l'ensemble  de  son  ornementatìon ,  le  choeur  appartieni  a  la  qua- 
trième  periodo  de  l'bistoire  arcbitectarale  de  Fédiflce.  Le  roattre-aatel  fat 
consacré  le  23  février  1762,  ainsi  qae  noas  l'avons  précédemment  rap- 
portò. Il  existait  primilìvement  un  matlre-autel ,  CBUvre  de  Nicolas  Bacbe- 
lier  ;  mais  on  lui  a  subslilué  le  baldaquin ,  dont  l'adoption  dans  le  Midi 
a  produit  les  résultats  les  plus  déplorables  ;  car  les  retables  souvent  splen- 
dides  de  détails  da  moyen  àgeet  de  la  Renaissance  ont  fall  place  à  Tome- 
mentation  la  plus  mauvaise  et  la  plus  ridicnle  comme  goùt.  Il  n'a  survécu, 
de  l'oBuvre  du  maitre ,  qu'un  bas-relief  reprèsentant  la  Cène ,  incrusté 
aujourd'hui  sur  la  face  postérieure  du  maitre-autel ,  et  entièrement  mas* 
què  aux  regards. 

Le  centro  du  baldaquin  est  occupé  par  un  vaste  tableau  qui  a  pour 
sqjet  la  mort  et  Tapotbéose  de  saint  Nicolas  ;  à  droite  du  cboeur  on  Toit 
la  consécration  de  ce  saint»  et  a  gauche  l'Àssomption  de  la  Yierge.  Ces 
excellentes  toiles  sont  dues  au  pinceau  de  Despai. 

CmQUIÉME  EPOQUE. 

Nous  arrivons  au  terme  de  notre  descrìption ,  avec  la  douleur  de  la 
cldturer  en  signalant  des  actes  de  destrucUon  déplorables.  Nous  avons 
fait  beaucoup  de  cbemin  depuis  le  style  de  transition  du  douzième  siècie 
jusqu'à  nos  jours  j  et  il  faut  nous  arréler  sur  une  epoque  dont  les  oeuvres 
b&tardes  sont  marquées  au  cachet  de  la  décrépilude  de  l'art.  Que  sont 
devenues  les  bellesogives  qui  marquaient  l'entrée  decbaquechapelle? 
Nous  devons  le  confessor  à  notte  bonte ,  elles  ont  disparu  soos  le  ridicale 
arceau  dont  on  les  a  recouvertes^  affreui  pastiche  qui  donne  à  ces  aanexes 


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—  264  — 

d'une  splendide  nef  l'aspecl  d'une  église  de  viliage.  Les  pilaslres  ont  élé 
tranchés  ;  les  coionnelles  mutilées  ;  d'affreuses  peìnlures,  a  demi  profanes, 
s'élalenl  sur  les  bas-cólés  de  la  nef.  Voilà  l'oeuvre  du  dix-neuvième  siede. 
Nous  nous  absliendrous  de  le  caraclériser  aulrement. 

Notre  tàche  est  terminée.  Malgré  les  lacunes  de  ce  travail,  lacunes 
qu'il  n'apas  été  possible  de  combler,  Féglise  Sainl-Nicolas  sera,  nous 
Fespérons,  mieux  connue,  plus  justement  appréciée ,  et  nous  nous  eslime- 
rions  heureux  si  le  resultai  de  nos  efforls  était  couronné  par  une  res- 
tauration  digne  de  Tédifice  auquel  nous  les  avons  consacrés. 

Louis  BUNEL , 

Membre  résidant. 


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ÉTUDE 


SUR 


LES  DOLMENS  DU  DEPARTEMENT  DE  LA  LOZERE 


(1) 


Dans  les  quatte  déparlemenlsderAveyron,  de  la  Lozère,  du  Card  elde 
rHérauU,  s'élendenl  de  vasles  plaleaux  de  calcaire  jurassique  appelés 
caiissesj  que  coupent  de  profondes  vallées  dont  les  deux  principales  sont 
celles  du  Lot  et  du  Taru.  Leur  aUilude  alleint  dans  ]a  Lozère  1200  mè- 
tres  et  ne  descend  guère  plus  bas  que  800 ,  tandis  que  dans  les  autres 
de  ces  départements  elle  ne  s'élève  pas  plus  haut  que  900  ou  1000  me- 
tres  y  et  s'abaisse  jusqu'à  SOO.  Ces  causses  occupent  environ  un  liers  de 
TAveyron  et  de  la  Lozère^  mais  sont  beaucoup  moins  importants  dans  le 
Card  et  THérault. 

Cesila,  sur  ces  étendues  tantòt  rocheuses  et  tourmentées,  tantòt  aa 
conlraire  presque  plates ,  mais  souvent  sèches  et  stériles ,  que  sont 
rèpandus  en  très-grand  nombre  des  dolmens  qui  sont  plus  que  rares 
dans  les  autres  parties  de  ces  contrées. 

Je  viens  étudier  aujourd'hui  ceux  de  ces  monumenls  qui  sont  situés 
dans  la  Lozère.  Dètaillant  ce  que  j'ai  trouvè  ou  vu,  je  n'ènoncerai  que 
comme  hypothèses  plus  ou  moins  probables  les  pensées  ou  les  supposi- 
tions  nèes  de  ces  documenls.  Les  faits ,  dans  les  éludes  de  ces  temps  si 
éloignès,  sont,  je  crois,  plus  importants  que  des  traditions  lègendaires,  qui 
proviennent  souvent  d*une  epoque  relativement  très-rapprochée  de  nous  ; 
traditions  ou  méme  rècits  historiques  souvent  altèrès  qui  doivent  s'effacer 
devant  une  découverte  bien  constalèe. 

(4)  Lu  à  la  séaDce  du  49  janvier  4869. 


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—  263  — 

Le  nom  sous  leqoel  od  désìgne  généralement  le  dolmen  dans  ces  con* 
trées  est  loi-méme  noe  première  erreor  de  la  tradilion.  Jugeant  de  la 
grandeor  de  Toavrier  par  la  grandeur  de  l'oeQvre,  Ton  a  baptisé  ces  méga- 
lilhes  du  nom  génèrìque  de  tombe  de  géant ,  ou  pierre  des  géants.  Or, 
parmi  tous  les  squeleltes  retirés  de  ces  tombeaux  (et  od  les  compie  par 
centaines),  il  D'a  pas  été  trouvè  ud  seal  ossemeDt  qui  dépassàt  la  taille  de 
Dotre  génératioD. 

Je  sais,  Messieurs,  que  je  parie  ici  devaDt  udo  assemblée  d'archéologaes, 
et  DOD  de  Dataralistes  ;  aussì  D'ai-jc  poiDt  apportò  les  nombreux  ossemeDls 
recueillis  daDS  ces  cryptes  faoéraires,  ossemeDls  que  j'ai  préseDlés  a  udo 
aulre  société.  Pai  voulu  méme  toucher  ce  sujet  eu  dèbulaDt,  pour  D'avoir 
plus  à  m'eD  occuper  lorsque  je  parlerai  des  moDumeuls  eux-mémes,  et 
des  objets  de  l'ari  de  celle  epoque  qu'ils  reufermeot. 

Il  serail  difficile  de  fixer  le  Dombre  de  doImoDs  existaDl  daDS  le  dé- 
parlemeDl  de  la  Lozère  (1).  Beaucoup  sout  dissimulés  par  d'épais  buis- 
soDS,  d'aulres  eosevelis  sous  des  tas  de  pierres  faits  par  les  paysaus;  d'ao- 
tres,  eD  parile  délrulls  el  brisés,  passeDt  iuapercus  des  habitanls  méme  du 
YoisiDage,  surtoul  s'iis  sout  silués,  comme  cela  arrive  souveol,  daDS  un 
eudroit  aride  el  Ioìd  de  tout  lieu  habilé. 

Je  puis  dire  loulefois  que  le  Dombre  de  ceux  que  j'ai  fouillés  ou  visités 
ou  qui  m'oDt  élé  sùremoDl  signalés  dépasse  cent,  el  je  crois  que  ce  chiflfre 
pourrait  élre  largemeut  doublé  si  Fon  arrivali  a  coDDatlre  seulemenl  tous 
ceux  qui  soni  encore  apparente  sur  le  sol. 

Il  eslà  remarquer,  eo  effel,  qtfe  la  contrée  oùsoDlsiluéscesmégalìlhes 
contieni  d'immenses  espaces  a  la  fois  dèserts  et  arides,  el  que  c'esl  préci- 
sément  dans  ces  sorles  de  landes,  où  le  Iravail  agricole  n'a  pu  les  délruire, 
qu'on  en  voil  le  plus  grand  Dombre.  Il  a  dù  probablemcDl  eD  exister  au- 


(1)  Àu  congrès  archéologique  teDU  à  Mende  en  1857,  on  n'en  signala  que  vingt  et  un 
pour  tout  le  département.  Quatre  ou  cinq  seulemeut  avaient  été  alors  fouillés  (sur  le  causse 
de  Changefège ,  près  Mende),  par  MM.  Roussel  et  de  More.  Ils  avaient  fourni  si  peu  de  docu- 
ments  que,  dans  le  rapport  de  ce  congrès,  fon  croitvolr,  dans  les  débrisde  poterìe décou- 
verts  là ,  les  débris  d'urnes  où  étaient  les  restes  des  morts ,  sans  Taire  attention  que  les  os- 
sements  trouvés  entiers  indiquent  un  ensevelissement  et  non  le  dépót  du  cadavre  dans  une 
urne  qui  eùt  du  avoir,  en  ce  cas,  les  dimensions  des  arnes  à  momies  de  l'Amérique  du  Sud, 
dimensions  que  les  petits  débris  trouvés  dans  les  dolmens  démenlent  compléterccnt. 

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—  S«4  — 

tant  dans  les  eodrolts  voidos  colUvés,  et  sans  remoDter  plus  baot  qae  ce 
siècle,  OQ  recaeille  chez  les  paysans  les  souvenirs  de  beaacoup  de  ces  mo- 
numeDls  disparus,  soit  pour  utiliser  leurs  larges  dalles,  soil  pour  cultiTer 
le  sol  qu'il$  recouvraient  (1).  A  la  vae  de  celle  qaanlilé  de  lombeaai 
rassemblés  dans  celle  région ,  une  rèflexioQ  doit  naitre  dans  l'esprit  de 
toQS  ceu3L  qui  y  foni  des  recberches.  Commeot  ces  caqsses,  où  soni  jetés 
$à  el  là  aujourd'bai  quelques  pelits  villages  et  quelques  rares  ferroes  iso- 
lées,  ètaienUils  si  peuplés  a  Tépoqae  de  la  constracUoQ  defi  dolmeos  ? 

LarépoDse  la  plus  nalurelle  me  parali  étre  que  ces  peuples,  qui  devaient, 
ainsi  que  toutes  les  ualions  primitives  ,  Tivre  de  la  vìe  pastorale  oa 
de  la  ebasse,  n'avaient  pas  l'inlérét  des  populalioas  acluelles  àsegrouper 
sur  un  sol  fertile.  D'ailleurs^  les  vallées  du  Gévaudacìi>^ujourd'bui  fécoo- 
des  et  bìen  arrosées ,  devaient  étre  alors  pleines  de  marèb^es  dangereui 
et  pestilentiels,  que  les  premiers  babilants  ont  dù  fuir  pouri}es  bauleurs 
plus  saines  et  plus  faciles  à  parcourìr  ea  cbassant.  Le  déboisen^nt,  opere 
sor  une  si  grande  écbelle  dans  ces  cootrées,  doit  avoir  aussi  nìgdifié  la 
pbysionomie  de  ces  bauts  plateaux,  où  restent  eocore  cà  et  là  qtielques 
bois  de  pins,  derniers  restes  de  ces  foréls  de  l'ancienne  Caule. 

Bien  souvent ,  place  contre  un  dolmen ,  et  tandis  que  ma  lorgnette 
ecrutait  Tborizon,  cbercbant  sur  les  croupes  voisines  un  autre  mégalill^e, 
je  comparais  menlalement  Taspect  actuel  de  ces  régìons  désolées  avec  leikr 
ancien  état.  Àulour  de  moi,  aulant  que  Fon!  pouvail  embrasser,  je  odi 
voyais  quelquefois  pas  une  seule  babilallon  ;  à  part  quelques  maigres  \ 
fihamps  dans  de  petite  bas-fonds,  ce  n'élait  partoul  que  des  rochers  aux  < 
formes  bizarres  ou  des  landes  couvertes  de  buis  et  de  grands  genévriers. 
Les  seuls  monumente  que  la  main  de  Thomme  eùt  placés  là  élaieot  des 
tombeaux  de  générations  déjà  si  loin  de  nous.  C'élaient  ces  gardiens  de 
la  mori  qui  m'alleslaient  une  vie  pour  jamais  retirée  de  ces  sleppes  arides 
et  descendue  dans  la  vallèe. 

Il  est  rare,  en  effet,  soil  qu'il  y  ail  enlre  eux  une  corrélation  réelle,  soit 
a  cause  de  leor  position  en  general  élevée ,  que  d'un  dolmen  on  o'en 


(4)  lì  esiste  quelques  raree  dolmens  «ir  le  flaoo  dee  ooteavx  deus  dee  eudrolts  eulli^és  : 
ì*- citerai  panai  eux  celui  qui  se  trouve  à  mi-ooteau,  entre  Chine  et  le  cratère  éteiot  de  la 
Fare  ,  et  celui  de  Aodier,  dans  la  luéme  commune;  ce  dernier  a  étó  converti  en  cabane. 


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aper^ive  pas  no  oo  plasiears  autres.  Souvent  méme  ils  forment  une  loa-' 
gfoe  ligne  de  plosiears  kilomètres,  orientée  ordinairementdans  le  sensest" 
eoest. 

le  me  saia  servi  da  terme  de  tombeau  en  parlant  des  dolmens ,  et  je 
me  trauve  par  ià  en  contradiclion  non-seulemenl  avec  celle  vieille  tradì- 
tiOQ,  attjourd'hQi  abandonnée,  qui  en  faisail  des  autels  droidigues ,  liiaid 
encore  avec  certains  explorateurs  modernes,  qui  veulent  y  voir  de$  autels 
d'un  peuple  ÌDConnu  posés  sur  les  corps  de  victimes  immaiées  en  sacri- 
flce.  Gomme  pour  discuter  les  raisons  qui  me  font  croire  à  des  tombemx 
U  nous  faut  d'abord  connaitre  les  objets  trouvés  dans  tes  dolmens,  elce^ 
mégalilbes  eux-mémes,  je  vaìs  décrire  ceux-ci,  au  moins  en  general,  ne 
preoant  que  quelques  exemples  particuliers  pour  spécifier  chaqoe  genré^ 

FORME  DES  DOLMENS. 

Sans  aucune  exception,  les  dolmens  sont  faits  en  pìerre  brute.  On  a 
utilisè  les  dalles  telles  qu'on  pouvait  les  extraire  du  banc  calcaire ,  sans 
doute  au  moyen  de  coins,  mais  en  leur  laissanl  des  formes  irréguiières , 
tendanl  toutefois  vers  le  rectangle,  par  la  nature  méme  des  fentes  du  cal- 
caire. 

Leur  grandeur  et  leur  épaisseur  varie  suivanl  les  lieux  où  sont  di- 
verses  qualités  de  bancs ,  plus  ou  moins  épais ,  et  plus  ou  moins  solides. 
Je  crois,  à  ce  sujel,  pouvoir  dire  que  Fon  n'a  pas  été  qhercher  au  loin  les 
dalles  du  dolmen,  ainsi  que  le  prélendent  cerlaines  traditions  locales.  Si, 
au  premier  aspect,  le  pierre  parali  quelquefois  differente  de  la  roche  envi- 
ronnante ,  un  examen  allentìf  m'a  toujours  faìt  trouver  non  loin  de  là  le 
banc  d'où  elle  provieni.  Quelquefois  cependant,  ce  banc  peut  étre  épuisé 
par  la  main  des  hommes,  ou  cache  par  des  terres  éboulées;  mais  au 
moyen  des  assises  géologiques  ou  des  débris  épars  ^  et  là,  on  peut  en 
retrouver  les  traces.  Il  serail  en  effel  trop  surprenant  qu'avec  le  peu  de 
moyens  de  transporl  doni  pouvaienl  disposer  ces  peuplades,  elles  allassent 
chercber  au  loin  ce  qu'elles  avaienl  auprès  ;  et  il  est  déjà  merveilleux 
qu'elles  aleni  pu  élever  sur  leurs  supports  d'aussi  pesanles  tables. 

La  forme  des  dolmens  de  la  Lozère ,  doni  je  vous  preselle  diversea 
Tues  photographiques,  est  à  peu  près  la  nième,  ou  peut  étre  ramenée  à 


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—  266  — 

trois  des  types  que  vous  avez  sous  les  yeax.  Le  plus  commun  et  en  méme 
temps  le  plus  régulier  (1),  doni  le  dolmeo  de  Chirac  (flg.  I)  peut  étre 
pris  pour  exemple ,  consiste  en  trois  immenses  dalles ,  dont  deux  enfon- 
€ées  peu  profondémenl  en  terre ,  sur  lesqaelles  repose  horizontalement 
la  table,  plus  considérable  encore.  Quelquefois,  au  lieu  de  deux  dalles  la- 
térales,  il  en  exisle  quatre  de  plus  pelile  grandeur,  telles  sans  doute  qu'a 
pu  les  fournir  le  banc  voisin.  Aux  deux  ouverlures  des  exlrémités  (car^ 
dans  ce  genre,  la  forme  est  toujours  allongée),  sont  des  pierres  beaucoup 
plus  petiles  et  engagées  généraiement  entro  les  grandes  dalles  latérales. 
Souvent  méme  une  seule  de  ces  pierres  est  posée  à  une  des  extrémités 
(ouest  ou  nord,  suivant  l'orientation);  l'entrée,  ouverte  aujourd'hui,  devait 
étre  bouchée,  soit  par  une  muraille  grossière,  soit  par  des  pierres,  fadles 
à  manier^  qui  permissent,  sans  doute,  d'introduire  sans  grands  travaux  de 
nouveaux  cadavres;  car,  aiosi  que  je  le  démontrerai  plus  bas,  cescbambres 
funéraires  ont  donne  asilo  a  plusieurs  morts  de  diverses  générations. 


Fig.  1.  Dolmen  de  Cbirac. 


(4)  11  n'existe  pas,  à  ma  coQDaissance ,  dans  la  Lozòre ,  de  (able  reposant  sur  des  piliers 
comme  dans  une  partie  de  l'ouest  de  la  Frauce.  Les  supports  sont  toujours  des  dalles  per- 
pendiculaires  formant  une  cella  assez  bien  dose  et  n'ayant  qu^une  ouverture. 


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—  S«7  — 

Les  dimensioDs  de  ce  genre  de  dolmen  sont  varìables.  Yoici  du  reste 
les  mesures  prises  sur  les  plus  grands  et  les  plus  petits. 


DOLMEN  DB    GHIRÀG. 

(Orìeotation  est-ouest.) 

Table.  Longueur,  3m60. 

LargeaP)  2^85. 

Epaìsseur,  0,45. 
Hauteur  inlérieure,  4  "32. 
LoDgueur  intérieure,  3ml0. 
Largeur  intérieure,  1^12. 

PETIT  DOLMEN  DU  GHÀRDONNBT. 

(OrienUtion  est-ouest.) 

Table.  Longueur,  2^50. 

Largeur,  I^SO. 

Epaisseur,  0'"33. 
Hauteur  (table  affaissée). 
LoDgueur  intérieure,  2'"80. 
Largeur,  1». 


DOLMEN   BE  RODIBR. 

(Orìentation  nord-sud.) 

Table.  En  parlìe  brìsée. 
Hauteur,  4m68. 
Largeur,  1*35. 
Longueur,  3". 

DOLMEN  DU    SEC  (fìg.  4). 

(Orìentation  est-ouest.) 

Table.  Longueur,  2^50. 

Largeur,  4n»55. 

Epaisseur,  0"i33. 
Longueur  intérieure,  2°>20. 
Hauteur,  0«80. 

Largeur  intérieure,  1>°02  à  une  ex  tre- 
mile, 0^80  à  Tautre. 


Le  dolmen  de  la  Rouvière  (fìg.  2)  représente  un  autre  lype,  le  lype  eo- 
seveli.  lei,  Messieurs,  permettez-moi  de  vous  dire  que  sì  je  me  sers  de  cetle 
expressioD,  je  n'y  attaché  pas  ud  sens  absolu.  Il  n'existe  pas,  a  ma  con- 
Daissance,  dans  le  déparlement  qui  nous  occupe,  de  dolmen  entièrement 
recouvert  d'un  tumulus,  comme  en  Bretagne,  par  exemple. 

Tous  ceux  autour  desqnels  on  a  accumulé  de  la  terre  ou  des  pierres 
laissent  toujours  emerger  leur  table.  Qu'ìls  aient  été  autrefois  entièrement 
recouverts^  je  ne  le  penso  pas;  car,  placés  sur  des  bauteurs  où  Teau  des 
torrenls  ne  venait  pas  les  atteindre,  il  s'en  serait  trouvé  qui  auraient  con- 
serve leur  forme  primitive  ;  d'autant  plus  que  ,  dans  les  mémes  régions, 
existent  de  vrais  tumuli,  contemporains  de  la  pierre  polio  ou  du  bronzo, 
qui  sont  restés  entlers  depuis  cette  longue  sèrie  de  siècles.  En  sondant 
plusieurs  de  ces  dolmens  à  moitiè  recouverls,  j'ai  pu  m'assurer  qu'ils  re- 
posaient  sur  le  roc  vif.  Je  serais  dono  porte  à  croire  que  Fon  n'a  entassé, 
tout  autour  et  dans  l'intérieur,  de  la  terre  ou  des  pierres  que  pour  main- 
tenir  les  dalles  verticales. 

Quoiqu'il  en  soit  de  cette  opinion,  le  dolmen  de  laRouvière  (commune 
de  Cbanac),  formé^  comme  la  plupart  des  autres,  de  trois  dalles,  a  de  plus 


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une  qnatrième  pierre  posée  en  biais  dans  sa  parile  orientale^  de  fogoo  à 
laisser  une  ouverture  de  SO  à  55  ceDtimèlres  eutre  elle  et  Textrémité  de 
la  dalle  sud  (pian  :  flg.  Z). 

Cette  ouverture  permettait  d'entrer  dans  la  chambre  sépulcrale  poor 
y  apporter  d'autres  corps  sans  entamer  le  tas  de  pierres  pose  tout  aatoar^ 
et  pouvait  étre  bouchèe  avec  une  petite  pierre. 

Dimensions  du  dolmen  de  la  Rouvière  :  table  en  partie  brisée ,  lon- 
gueur  intérieure,  2"45,  coté  nord;  2"*82,  coté  sud;  largeur,  1*10;  bau- 
teur,  1»20. 


Flg.  2.  Dolmen  de  la  Rouvière. 


Fig.  3.  Pian  du  dolmen  de  la  Rouvière. 

La  Iroisième  forme^  dont  le  dolmen  du  Chardonnet  (fig.  4)  nous  effre 


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rexemple,  se  rapproche  beaucoup  de  Tallée  couverte.  Dans  ce  mégalitbe 
de  pian  alloDgé  l'ouverture  se  Irouve  sur  le  cóle,  aa  sud,  et  est  accom- 
pagnée  de  deux  dalles  (B  et  C,  plau  :  Qg.  5)  faisant  ud  angle  droit  avec 
la  chambre  orienlée  est-ouest.  Ces  dalles,  aujourd'hui  brisées  à  une  fai- 
ble  hauteur  de  terre,  étaient-elles  recouverles  d'une  seconde  table,  où  for- 
maìent-elles  sìmplement  une  sorte  de  vestibule  sans  utìlité  apparente  ? 


Fig.  4.  Dolmen  du  Chardonnet. 


/; 


B..,,*tz2r^i 


Fig.  5.  Pian  du  dolmen  du  Chardonnet. 

On  ne  peut,  je  croìs,  se  prononcer  là-dessus.  Je  dirai  seulement  qae  pour 
le  dolmen  da  Chardonnet  il  exisle  de  nombreux  débris  de  dalles  qui  de- 
vaient  aatrefois  lui  appartenir  et  compléter  sa  forme  ;  mais  peat-étre  ser- 
Taient-elles  à  le  prolonger  dans  la  direction  de  l'ouest,  où  ces  débris  sont 
plus  nombreux. 
DimensiODS  de  ce  dolmen  (commune  d'Àuxillac)  :  Table  (fendue),  lon- 


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—  270  — 

gueur,  4"50;  largeor,  ^''SS;  épaisseor,  50  centimèlres  ;  haulear  iole- 
rieure,  1™52;  longueur,  4  mèlres;  largeur,  l^SS. 

Celle  forme  de  monuments  est  la  plus  rare ,  et  je  n'en  coDoais  qoe 
deux  dans  le  départemenl. 

J'ai  reDCoiilré  aiissi  une  seule  fois  deux  dolmens  de  grandes  dimen- 
sìons  juxtaposés,  mais  séparés  par  deux  dalles  latérales  disllnctes.  Leurs 
tables  etani  dòlruiles,  je  D'ai  pu  conslater  s'ìls  élaient  recouverls  par  une 
méme  dalle  immense  ou  par  deux  tables  séparées. 

Il  existe  aussi  quelques  dolmens  qui  soni  élevés  sur  une  éminence  ar- 
tificielle  et  la  conche  a  ossemenls  se  trouve  alors  au-dessus  du  niveau  da 
terrain  environnant  ;  mais  celle  différence  de  niveau  ne  m'a  paru  jamais 
dépasser  60  a  70  cenlimèlres. 

DISPOSITION    INTÉRIEURE  DES  DOLMENS. 

Si  Fon  a  l'beureuse  chance  de  rencontrer  un  dolmen  intact  depuis 
Tépoque  où  l'on  y  a  depose  les  cadavres ,  on  trouve  d'abord  une  conche 
de  pierraille  calcaire,  appelée  clap  dans  ce  pays^  ou  de  pierres  brisées 
de  toutes  les  grandeurs,  conche  doni  l'épaisseur  varie  depuis  25  centimè- 
lres jusqu'à  80.  En  approchant  de  la  terre,  il  se  trouve  généralement  des 
pierres  plus  grandes  posées  a  piai.  Celle  conche  de  pierraille,  soulenue 
par  les  parois  de  la  chambre  sépulcrale ,  est  souvent  a  un  niveau  plus 
élevé  quelesol  environnant,  surlout  si  le  lombeau  est  en  parlie  enseveli. 
Cesi  là,  je  dois  le  dire,  la  parlie  la  plus  péuible  des  fouilles  d'un  dolmen  ;  car 
ces  pierres  cassées,à  surfaces  plales,  ne  peu veni  souvent  élredéblayéesavec 
la  pelle,  el  Fon  doil,  en  ce  cas,  les  enlever  une  par  une  avec  les  mainsdans 
tonte  la  longueur  de  la  chambre  sépulcrale,  où  il  faut  souvent  se  tenir  ac- 
croupi.  L'ulililé  de  celle  conche  de  pierres  me  parali  élre  de  défendre 
contre  les  fauves,  loups  ou  chiens  erranls,  les  restesdes  morts  déposés  au- 
dessous.  Les  patles  de  ces  animaux ,  qui  eussent  pu  fouiller  la  terre , 
s'arrétaient  nécessairement  sur  celle  épaisseur  de  pierres  aìguès. 

Immédiatement  au-dessous  de  celle  pierraille  eslune  terre  noiràtre, 
grasse,  parloul  la  méme,  où  se  trouvent  des  ossemenls  souvent  presque 
à  découvert.  Je  serais  méme  porle  à  croire  que  celle  terre-la  ne  provieni, 


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—  274  — 

60  certains  cas ,  qne  de  la  ponssìère  apportée  par  le  vent  ou  de  la  boae 
€DtratDée  par  les  pluìes  dans  la  chambre  sépnlcrale,  et  il  me  paraftrait , 
da  moins  pour  les  ensevelissements  les  plus  anciens ,  que  les  cadavres 
ontdù,  après  avoir  è\è  déposés,  recevoir  immédiatement  sur  eui  les 
pierres  plates  ou  concassées  pour  les  préserver. 

Voici,  da  reste,  le  resultai  des  fouiiies  d'un  dolmen,  faìtes  avec  le  plus 
grand  soia,  et  qui  me  paraìssent  devoir  con&rmer  cetle  opinion. 

Ce  monumenta  de  dìmensions  assez  petites  (voir  aux  dimensions  du 
petit  dolmen  du  Chardonnel,  page  267),  avait  sa  table  a  demi  renversée 
à  cause  de  la  rupture  de  Fune  des  dalles  latérales  sur  les  débris  de  la- 
quelie  elle  avait  glissé.  Un  immense  buisson  de  buis  avait  poossé  dans  la 
chambre  méme,  à  demi  découverte,  et  cacbail  ainsi  ce  dolmen  aux  yeai 
des  paysans,  qui  auraient  pu  le  fouiller  comme  tanld'aulres  dans  un  bat 
de  cupidità.  Il  faisait  parile  d'une  ligne  de  cinq  de  ces  tombeaux  échelonnés 
sur  un  parcours  d'environ  1200  mètres,  entre  le  village  des  Fonts  et  celui 
de  Cadoule,  commune  de  la  Canourgue.  Ce  fùt  en  suivant  cette  ligne 
orientée  de  Test  à  Tóuest  que  la  table  a  demi  cachée  attira  mes  regards. 
Après  avoir  coupé  le  buis,  je  Irouvai  une  conche  d'environ  25  cenlimètres 
de  ces  pierres  dont  j'ai  parie  plus  haut ,  puis  la  conche  de  terre  à  osse- 
ments.  Cette  conche,  qui  n'avait  pasplus  de  20  centimètres,  s'arrétaìt  à 
ane  forte  dalle  posée  à  plat  et  engagée  sous  Fune  des  pierres  latérales. 
Elle  n'occupait  qu'un  mètro  de  longueur  dans  la  partieouest  de  la  chambre 
sépulcrale,  et  ce  n'élait  que  dans  cette  parlie-là  que  se  trouvaient  des 
ossements  ou  des  objels  divers  travaillés.  Rien  ne  paraissait  avoir  été 
depose  dans  la  partie  est  où  ne  s'étendait  pas  cetle  dalle  et  où  je  pus 
fouiller  le  sol  assez  profondément  sans  rien  rencontrer. 

Un  Seul  squelette  occupali  ce  tombeau;  les  ossements  du  cràne,  Irès- 
détériorés,  mélangés  avec  les  verlèbres,  les  bras  juxtaposés  aux  fémurs 
et  aux  tibias,  le  toul  dans  une  espace  qui  n'excédait  pas  80  centimètres 
en  longueur,  me  fireni  comprendre  que  le  cadavre  avait  dù  étre  depose 
là,  assis  oa  accroupi ,  et  adossè  à  la  partie  occidentale. 

A  sa  droite,  au  milieu  des  os  de  la  main,  élait  une  pointe  de  lance  en 
silex  d'un  très-beau  tra  vali  (planche,  flg.  4);  un  peu  plusbas,  vers  les  pieds, 
étaient  des  débris  de  potorie  très-grossière  avec  des  fragments  de  pierre 
dans  la  pàté,  poterle  que  Ton  rencontre  dans  tous  le3  dolmens  les  plus 

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—  aw  — 
anciens.  A  coté  ^  se  trouvait  uq  fragmeot  assez  volomioenx  dHioe  pierre 
raiige  friable,  que  je  reeoonns  ètre  de  la  sanguiDS.  La  déconverte  de  ce 
dernìer  objet  fftUelle  isolée  sersdt  assez  importante  ;  mais  comme  colte 
méme  substance  ocrease  s'est  représeatée  dans  d'autres  dolmeos  foaillés 
par  moì ,  je  suis  persuado  qne  celle  coaleqr  rooge  devait  servir  à  oBf 
peuples  primitifs  à  se  peiodre  le  corps  ou  la  figure  à  l'ìostar  des  pea- 
plades  actaelles  de  rOcéanie.  Cela  paratt  d'aatant  plus  oatorel ,  qoe  lep 
auteors  anciens  nous  apprennent  que  les  barbares ,  notamment  les  Gau* 
lois,  se  peignaient  pour  le  combat. 

Les  ossements ,  qui  élaient  ceni  d'an  bomme  de  petite  taille,  qnoiqoe 
adulte,  ne  portaienl  aucune  trace  d'incinération  et  élaient  très^léli^ 
riorés.  Je  ne  pus  emporter  que  la  màchoire  inférieure  avec  les  deots  et 
les  ossements  des  membres  avec  quelques  débrìs  de  verlèbres.  Parmi 
eux,  sans  que  je  pusse  determinerà  quel  endroit  il  se  trouvait  (n«  rn^en 
etani  apergu  qu'après  coup),  je  rencontrai  un  morceau  decorna  de  cerf 
laillé^  doni  la  forme  bizarre  rappellerait  assez  celle  d'un  priapide,  mais 
sur  Tusage  où  le  symbolisme  duquel  je  n'ose  nuUement  me  prononcer. 

Celle  fouille  me  semble  démontrer  que  le  corps  avait  dù  étre  pose  sur 
la  dalle  sans  étre  recouvert  de  terre ,  car  celle  faible  couche  de  20  centi- 
mètres  aurait  èie  sans  utililé  pour  un  cadavre  accroupi.  Je  crois,  an  eoo- 
traire,  que  Ton  avait  dù  poser  sur  lui  des  pìerres  plates  et  concassées  sous 
le  poids  desquelles  le  corps  s'est  d'abord  affoissé,  puis,  après  la  dècoia^ 
position  des  muscles^  la  téle  ella  parile  supérieure  du  trono  tomber  entre 
les  cuisses ,  et  ces  ossements  emmélés,  en  supporiant  les  pierres,  laisser 
des  vldes  que  la  terre,  entrainée  par  les  eaux,  a  remplis. 

Celle  dalle  posée  au*dessous  des  ossements  est  un  fall  que  je  crois  rare 
dans  la  Lozère  ;  je  n'en  ai  retrouvé  qu'une  autre  dans  l'un  des  deux  dol- 
mens  jumellés  dont  j*ai  parie  plus  haut,  et  des  divers  renseignements 
qu*onl  bien  voulu  me  donner  les  quelques  personnes  qui  ont  eu  fouillé 
d'autres  de  ces  tombeaux,  il  résulte  que  c'est  un  fall  presque  exceptionneL 

Il  est  aussi  assez  rare  de  ne  rencontrer  qu'un  seni  squelette  dans  les 
doUnens.  Généralement  ils  ont  servi  a  un  assez  grand  nombre  de  raerts 
de  tout  àge  et  detoni  sexe,  qui  doivent  répondre  pour  quelques  cas  à  a«e 
sèrie  assez  longue  de  générations.  Dans  le  dolmen  en  forme  d'alleo  eoa* 
verte  notamment  (fig.  4  et  5),  se  tronvaient  des  ossements  tout  a  Mi 


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—  «73  — 

déoomposés  et  d'aatres  d'ane  cooservation  eDtìère.  Aa  centre  étaìent  àes 
oàsements  portaot  des  Iraces  légères  dlDcinératìoD  et  sur  les  cdtés  d^s  os 
de  tonte  grandear,  brisés  et  entassés  dans  un  péle-méle  qui  prouvaìt  qne 
Yon  avaìt  vonla  faire  large  place  au  nouvel  occupant. 

Le  nombre  des  squelettes  aìosi  déposés  dans  ces  cbambres  funéralres 
«st  sottvent  eitraordinaire.  D'un  dolmen  situé  au  centre  de  constructions 
trèfi-aneieniies  qui  pourraient  peut-élre  remonter  jusqu'à  son  érectioo , 
M.  le  doctear  Prunìères  et  M.  Tabbé  Boissonade  m'ont  dit  avoir  reliré 
cent  dix-neuf  huméras,  ce  qui  supposerail  soixante  cadavres.  Du  dolmen 
sitQè  à  la  Galline  (fig.  6),  d'où  provieni  la  scie  (plancbe,  flg.  3) ,  il  a  été 
ratiré  au  oooins  fingi  sqoeleltes,  les  uns  portanl  des  traces  d'incinération, 
te8  autres  intacts. 

La  posilion  accroupie  ou  assise  doni  j'ai  sìgnalé  un  exemple  à  la  pa^gB 
précédente ,  n'est  point  generale,  et  Fon  renconlre  aussi  souvent  des  corps 
allongés. 


Fig.  6.  Dolmen  de  la  Galline. 
^  OBJETS  TROUVÉS  DANS  LES  DOLMENS. 

Il  est  temps  de  parler  des  òbjets  qui  se  rencontrent  avec  les  ossemeofls. 
Si  je  crois  pouvoir  sur  ce  sujet  poser  des  apprécialions  générales ,  ce 
D'est  pas  en  me  basant  sur  mes  seules  recbercbes.  Les  quelques  per- 
sonnes  qui  se  soni  occupées  de  ces  fouìUes  dans  un  but  scìentiflque  ont 
bieo  voulu  me  montrer  le  fruit  de  leurs  recbercbes. 


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—  874  - 

Le  musée  de  Meode  ou  le  conservatear,  M.  André,  archiviste  do  dépar- 
tement ,  a  apportò  un  ordre  et  qq  classemeot  parfaits ,  m'a  permis  de 
prendre  le  desslD  d'armes  oii  de  parures  proveoaDt  de  quatorze  dolmens 
fouiilés  par  MM.  de  More,  Boissooade  et  Solanet.  M.  le  doctear  Pra* 
nières,  de  Marvejols,  etM.  H.  Poujol,  deMeyrueis,  m'ont  montré  de  nom- 
breux  objets  trouvés  par  eoi ,  ce  qui ,  avec  les  dolmens  qae  j'ai  pa 
explorer  moi-méme,  me  permet  de  baser  mes  observations  sor  une 
soìxantaine  de  ces  moDQtnents.  Ce  chiffre  consUtue  déjà  noe  moyenoe 
considérable,  et  représente  a  pea  près,  je  crois,  le  nombre  de  ces  méga- 
lithes  explorés  dans  un  but  scientifique  dans  le  département  de  la  Lozère. 

Il  est  a  déplorer,  aìnsi  que  je  le  raconterai  plus  tard ,  que  de  nombreux 
objets  aienl  été  perdus  ou  détériorés  par  des  personnes  que  Tidée  d'un 
trésor  cache  a  engagées  à  creuser  le  sol  de  ces  lombeaux  (sans  trésors 
pour  elles),  ou  qui  ne  les  ont  scrulés  que  dans  un  but  de  curiosile  banale 
pour  en  relìrer  des  armes  ou  des  parures  auxquelles  elies  n'atiachaient 
d'autre  prix  que  d'étre  un  ornement  singulier  d'etagere  ou  de  cheminée. 
Ces  objets ,  ainsi  mélamorphosés  en  bìbelols ,  ont  été  pour  la  plupart 
perdus  ou. détériorés,  car  on  n'apportait  généralement  que  peu  d'impor- 
tance  à  leur  conservalion. 

Pour  faciliter  l'elude  de  cerlains  objets  doni  on  peut  tirer  des  déduc- 
lìons  importantes,  je  crois,  avant  d'enlrer  dans  lesdélails,  devoir  tracer 
le  tableau  general  suivant. 

OBJBTS  BN  PIERRE. 

Àrmes  )  P^'^*®®  delances  (ou  poigDards?)  ensilex  (rares). 

Flèches  en  sìlex  (commones). 
Couteaux  etscies  en  silex  (rares). 
Grains  de  collier  en  pierre  dare,  calcaire  ou  jayet  (commans). 

ORJBTS  EH  HlTl&RBS  DIVERSBS. 

Grains  de  collier  en  verro  (rares). 

Deuts  percées,  des  genres  urstM^  canis  eisus  (communes). 

Comes  de  cerf  travaillées  (rares). 

Goquillespercées  oafragmentsdecoquillesde  divers  genres  (com.)» 

BROIfZB. 

Bracelets  oa  anneaux  (rares). 

Fibules,  brochesou  épingles  (rares). 

Grains  de  collier  de'diverses  formes,  ou  amulelles  (assez  rares). 


Parures. 


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—  J75  — 


POTERIBS. 


Vases  à  pale  grossière  avec  grains  de  pìerre  ((rès*commut)s). 
Vases  à  endaìt  noir  oa  brun,  avec  ou  sans  dessins  (rares). 
Grains  percés  ou  amulettes  (rares). 

Il  D'a  pas  élé  Irouvé,  à  ma  coDoaissance,  uDe  seule  h^cbe  en  pierre  oa 
eo  broDze  dans  les  dolmeDS  de  la  Lozère ,  quoiqae  dans  les  mémes  ré- 
gioDS  OQ  ea  reDConlre  parfois  sur  le  sol  (1). 

Il  résalte  da  tableau  précédent  que  le  fer  ne  se  trouve  pas  dans  les 
mégalilhes  lozériens,  et  que  le  brooze,  qui  est  parlout  bieu  plus  rare  que 
la  pierre ,  est  cbose  assez  précieuse  à  celle  epoque  pour  étre  exclusive- 
ment  un  objet  de  parure. 

Il  esl  d'aulaut  plus  ètoDDaot  de  uè  pas  voir  le  fer  employé  pour  un 
asage  quelconque  par  ces  peuples ,  que  ce  melai  se  trouve  Irès-répandu 
dans  la  contrée,  apparaissant  sur  le  sol  sous  la  forme  de  rogoous,  sou- 

(4)  Od  voit  aa  musée  de  Mende  plusieurs  flèches  en  broDze  Dotées  cornine  proveoant  d'an 
dolmen.  Mais,  d*après  les  renseignements  qui  m'ont  été  donnés  par  M.  l'abbé  Boissonade, 
qui  a  fouillé  ce  tombeau  de  concert  avec  M.  l'abbé  Solanet,  je  croia  qu'il  ne  peut  étre  assi- 
mìlé  à  un  dolmen  etconstitue  une  sépulture,  il  est  vrai,  tròa-ancienne ,  mais  probablement 


Fig.  7. 


Fig.  8. 


Pointes  en  flèches  en  bronze. 


postérieure.  Celte  tombe,  en  eCfet,  était  enfoncée  complétement  en  terre;  la  dalle  supérieure, 
de  petite  dimension,  affleurait  avec  le  sol,  et  ressemblait  beaucoup  plus  à  une  tombe 
gauloise  qu*à  un  dolmen ,  dont  les  deux  qualités  distinctives  sont  la  grandeur  des  pierres 
et  la  position  de  la  chambre  sépulcrale ,  au-desaus  du  sol ,  quelquefois  méme  sur  le  roc  vif. 


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—  S78  — 

Tent  gros  comme  le  po'mg,  de  lìmooite  oa  fer  hydraté.  Comment» 
ayanl  sous  la  main  cettepierre  si  ioarde,  d'onaspect  siDgulieret  brillaat, 
les  hommes  de  cet  àge  n'ont-ils  pas  eu  l'idée  de  Tuliliser?  Ce  problèffie 
s'esl  représenté  de  nos  jours  en  Oceanie,  où  les  saovages  ignoraient,  il  y  a 
vingt  ou  trente  ans  encore ,  Tusage  du  fer,  tandis  que  la  plupart  de  lears 
fles  éD  conliennenl  à  profusion. 

J'ai  dit  que  Ton  ne  trouvail  pas  de  fer  dans  les  dolmens ,  mais  je  dois 
toutefois  faire  une  observalion  à  cet  égard.  Si  la  plupart  de  ces  mégalilhes 
sont  silués  sur  le  calcaire  oolithique,  il  en  est  cependant  un  certain 
Dombre  dans  les  terrains  du  lias.  lei  le  fer,  au  lieu  d'élre  à  Tétat  de 
lìmonite  peu  oxydée^  se  renconlre  frequemment  en  pelits  noyaux  de  py- 
rile,  réduits  souvent  à  un  tèi  état  d'oxydation^  qu'ils  se  délitent  enlière- 
ment  sous  la  pression  des  doigts. 

Il  arrive  dono  qu^en  passant  au  criblela  terre  contenue  dans  la  chambre 
funérairo,  on  trouve  quelquefois  des  aglomérations  ferrugineuses  qui 
peuvent  faire  croire  à  Texistence  d'un  morceau  de  fer  Irès-oxydé  ;  mais 
un  peu  d'attention  fall  reconnailre  facilement  un  de  ces  noyaux  de  sulfure 
de  fer  nalurel. 

Les  lances  (ou  poignards)  en  silex  sont  assez  rares.  Il  en  exisle  trois  très^ 
remarquables  au  musée  de  Mende;  la  plus  grande  de  ces  trois  (Qg.  2,  PI.) 
mesure  20  cent.  5  mill.  en  longueur,  5  cent.  3  mill.  a  sa  plus  grande  lar- 
geur,  et  12  mill.  d'épaisseur,  et  est  pointue  des  deux  bouts,  quoique  plus 
acérée  de  l'un  que  de  l'autre.  Une  seconde  plus  petite  lui  est  semblable 
par  la  forme,  et  la  troisième  (flg.  1,  PI.),  de  16  cent,  et  demi  de  longueor 
et  5  cent,  et  demi  de  largeur,  1  cent,  d'épaisseur,  porte,  au  cóle  oppose  à 
la  poinle,  six  entailles  ou  échancrures  qui  prouvent  qu'on  devait  l'atta- 
cher  à  un  manche.  Une  autre  poinle  de  lance  (Gg.  4,  PI.),  trouvée  par  moi 
dans  le  dolmen  du  Ghardonnet,  est  d'un  travail  beaucoup  plus  délicat , 
ne  mesure  que  11  cent,  de  long,  5  cent.  3  mill.  de  largeur,  6  mill.  d'é- 
paisseur, et  a  Fune  de  ses  faces  enlièrement  piate  et  Irès-polie.  Elle  est 
d'un  silex  très-fin,  a  paline  complélement  bianche,  qui  me  parati  devoir 
provenir  des  terrains  crayeux.  En  voyant  celle  lance  de  silex  longue, 
mince  et  cassante  >  on  se  demando  si  ce  n'élait  pas  plutdl  une  arme  de 
'  parade  qu'une  arme  de  guerre.  Il  parafi  en  effet  difficile  qu'une  fms  ie 
coup  porle;  on  eùt  pu  relirer  celle  arme  de  la  plaie  sans  la  casser,  et 


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—  «7  — 

devaat  an  obstacle  un  pea  dar,  elle  devait  voler  ea  éclats.  Or,  c'était  un 
tra?ail  trop  long  et  Irop  difQcile  qoe  la  préparatioa  d'aa  si  grand  frag- 
roenlde  silex,  pour  ne  pas  étre  tenie  de  le  remplacer  dans  le  combat  par 
un  pìeu  acéré  plus  résislant  et  soffisant  poar  percer  pregne  tont  ce  qu'au- 
rait  pu  percer  celte  arme. 

Il  devait  en  étre  autremeot  des  poìntes  de  flècbes  en  sìlex  beaucoup 
plas  nombreuses  dans  les  dolmens  de  la  Lozère ,  mais  offrant  beaucoup 
moìos  de  varìétés  de  formes  que  dans  les  dolmens  des  conlrées  voisines. 
Les  deux  types  les  plus  distincts  sont  ceux  des  flgures  5  et  6,  PI.,  dont 
Tun  appartieni  au  musée  de  Mende.  lei  le  travail  était  moindre  que  pour 
tes  lances  et  la  solidità  beaucoup  plus  grande,  car  la  pointe  en  pierre 
était  maintenue  jusqu'à  moilié  longueur  par  le  bois  de  la  flèche. 

Les  couteaux  et  les  scies  peuvent  étre  ramenés  avec  peu  de  différence 
au  type  que  je  vous  présente,  qui  mesure  13  cent,  et  demi  de  long  et  qui 
provieni  du  dolmen  euseveli  de  la  Galline  (&g.  3,  PI.)-  L.^  seule  diffé- 
rence existant  entro  ces  deux  sortes  d'armes  ou  d'outils,  consiste  dans  la 
dentelure  faite  pour  former  la  scie  par  renlèvemebt  de  petiles  écailles  de 
silex  sur  les  bords  trancbants,  enlèvement  produit  par  de  légers  coups 
portés  avec  beaucoup  d'adresse.  Que  ces  couteaux-scies  soient  rectilignes 
ou  un  peu  courbes,  ils  ont  toujours  un  coté  piai  et  l'autre  à  trois  fa- 
cettes. 

Ces  armes  sont  de  différentes  sortes  de  silex.  Des  recbercbes  failes  sor 
une  grande  étendue  des  terralns  jurassiqoes  de  la  contrée  (plus  de 
70  kil.),  m'onl  amene  à  croire  que  les  instruments  a  grands  éclats  ou 
dépassant  iO  cenlimètres  comme  les  lances  ou  les  couteaux ,  ne  pouvaient 
pas  provenir  des  ces  régions.  Le  silex  des  causses,  en  effet,  malgré  la 
diversité  de  ses  patines,  qui  vonl  du  blanc  au  noìr  en  passant  par  le 
jaune,  le  rouge  et  le  violet,  n'est  pas  assez  compacte  pour  se  tailler  en 
grands  éclats  tranchants  ;  il  se  délìte  facilement ,  et,  sous  le  choc,  se  brise 
en  pelits  morceaux  affectant  rarement  des  formes  allongées.  Je  penso 
toutefois  que  la  plupart  des  flècbes  (dont  j*ai  vu  deux  écbantillons  en 
quarlz  transparent  assez  mal  taillé),  ont  pu  étre  failes  avec  la  pierre  da 
pays.  Elles  ont,  du  reste,  rarement  une  patine  semblable  à  celle  des 
lances  ou  couteaux ,  qui  sont  pour  la  plupart  en  silex  pyromaque  de  la  * 
craie. 


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—  278  — 

Les  orDemenls,  sarlout  les  graios  de  colUers,  se  retrooveat  fréqaemmeot. 
Les  petites  coquilles  marìoes,  deotales,  peigaes,  trochus,  pétoDcles  oq 
cóaes,  veDues  saos  doule  par  le  commerce,  y  soni  assez  nombreuses. 
Quelquefois  ellessoDt  entières  el  percées  d'aa  pelit  trou  le  plus  soiivent; 
ce  n'est  qu'uo  pelit  anneau  habilemeol  découpè  dans  une  des  valves  d'an 
pecteo  ou  d'un  cardium. 

Puls  vieonent  les  dents  de  divers  aoimaax  (flg.  7  et  8,  PI.),  des  canÌDes 
généralemcDl,  quelquefois  percées  d'un  trou  quelquefois  eulières  comme 
une  maguiQque  défeuse  de  saoglier,  du  musée  de  Meude.  ^ 

Oa  rencontre  aussi,  assez  souvent  dans  les  dolmeus  des  grains  de 
coUiers  en  os  soit  unis  el  arroudis  (fig.  7,  PK),  soit  avec  deux  ou  trois 
dépressions  circulaires  comme  colui  que  je  vous  présente ,  et  que  j'ai 
trouvé  dans  le  grand  dolmen  du  Chardonnel. 

Les  grains  de  colliers  en  pierre  sont  les  plus  rares ,  et  parmi  eux ,  je 
n'ai  vu  que  Irès-peu  de  pierres  dures.  Le  plus  remarquable  de  ces  grains 
qu'il  m'ait  élé  donne  de  voir  est  colui  de  la  flg.  11,  PI.  ;  il  est  de  la  forme 
et  de  la  grosseur  d'une  olive,  et  d'une  pierre  verte  transparente  que  je 
crois  étre  de  la  jadéite.  Je  l'ai  trouvé  dans  un  petit  dolmen  contenant  un 
Seul  squelelte  de  femme. 

Avec  lui  était  un  autre  grain  d'une  semblable  forme  mais  moins  bien 
poli  et  en  jaspe  veri  ordinaire  (Qg.  10,  PI.),  plus  quelques  fragments  de 
coquilles  percés  et  arrondis. 

Je  me  domande,  en  voyant  celle  pierre  si  dure  ainsi  percée  régulière- 
ment  et  polio  à  Tinlérieur  comme  a  l'extérieur ,  si  des  peuples  assez  sau- 
vages  pour  se  contenter  de  dents  de  chiens  percées,  ou  de  fragments  de 
coquilles  enfilés,  peuvent,  avec  des  outils  très-imparfaits  ,  avoir  fait  une 
oeuvre  a  la  fois  si  difficile  et  si  disproporlionnée  avec  leurs  colliers  habi- 
tuels.  D'ailleurs  la  qualité  de  la  pierre,  appartenant  probablement  à  des 
conlrées  assez  éloignées,  me  ferait  croire  que  des  relations  avec  un  peu- 
ple  élranger,  que  je  ne  cbercherai  pas  à  designer,  ont  dù  l'introduire  dans 
ce  pays. 

D'aulres  perles  de  colliers  plus  étranges  ont  élé  Irouvéespar  M.  ledoc* 
tour  Prunières,  qui  m'a  monlré  une  dizaine  de  grains  de  verro  bleu  émaiilé 
de  blanc  provenant  d'un  beau  dolmen  dont  j'aurai  occasion  de  parler 
plus  bas. 


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—  279  — 

Faot-il  voir  dans  ces  graios  de  verre  od  travail  phénicieD  remoDlant  au 
douzième  oq  treizième  siede;  ou  faut-il  croire  que  ce  dolmen  ait servì  de 
sépaltore  à  Fere  gauloise  ?  Je  ne  veox  pas  me  livrer  sor  ce  sujet  à  des 
commentaires,  car  je  sais  qne  M.  Pranières^  qui  a  fait  la  découverte  » 
compte  donner  à  une  autre  Société  les  conclusìons  qa'il  en  tire. 

BRONZE. 

Le  bronze  est  en  minorile  parmi  les  objels  retirés  des  mégalithes  lozé- 
rìens.  Je  ne  crois  pas  qu*on  Tait  trouvè  exclusivementseal  :  il  est  toujours 
mèle  avec  des  objets  en  pierre^  coqoille,  oq  come  de  cerf.  Du  reste,  il  n'eo 
a  pas  été  rencontré,  a  ma  connaissance ,  dans  les  dolmens  ne  contenant 
qn'un  seni  squelette. 

C'est  toujours  lorsquil  y  a  eu  une  sèrie  d'ensevelissements  successifs , 
qui  onl  fait  jeler  sur  les  còtès,  quelquefois  en  dehorsde  la  chambre  sèpul- 
crale,  les  ossements  des  premières  gènèrations,  ossements  parmi  lesqnels 
se  rencontrent  souvent  des  objets  en  pierre  rejetès  avec  eux.  Il  meparaf- 
trait  résulter  de  là  que  le  bronze  s'est  introduit  dans  ces  peuplades  pos- 
térìeurement  à  l'édificalion  des  dolmens,  pendant  cette  période,  difficile  à 
dèterminer,  où  l'on  a  continue  à  y  déposer  les  morts. 


Fig.  9. 


Bagues  en  bronze. 


Fig.  tO. 


Les  objets  en  bronze  soni  de  Irois  sortes  :  !•  Les  bagues  ou  bracelets. 
Les  bagues  soni  unies  et  tantót  ouvertes,  lantót  soudées;  elle  n'indiquent 
pas  une  grosseur  de  doigt  masculin.  Les  bracelets,  d'une  faible  épaisseur, 
soni  ouverts,  et  offrenl  gènéralement  des  pelils  stries  aux  deux  bouts  de 
la  tige  en  metal,  comme  si  on  eùt  dù  les  altacher  avec  un  ligament  quel- 
conque.  Je  dois  dire  que  s'il  ne  m'a  èie  donne  de  voir  que  des  anneaux 
de  celte  forme ,  il  ra'en  a  été  signalé  d'autres  plus  forts  et  plus  grands, 

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trouvés  par  dcs  paysans  dans  des  fouilles  failes  à  la  recherche  d'on  tré- 
sor;  aDDeaux  qui  onl  été  vendus  à  poids  de  cuivre  ou  ^mployés  à  divers 
asages,  et  doni  il  ne  m'a  pas  été  possible  de  me  faire  prése;! ter  un  se»l 
échantilion. 

Les  (ibuies,  broches  oq  cpingles  sont  très-rares.  Le  plus  beau  aiodèle 
de  ce  geme  est  au  musèe  de  Mende,  et  provieni  des  fouilles  failes  près  de 
Saint-Georges-de-Lèvéjac  par  MM.  Boissonade  et  Solanet,  pour  le  compie 
de  la  Sociélé  d'agricullure.  Cesi  une  lige  en  bronze  de  12  cent,  et  demi 
(fig.  il)  ayant  dans  sa  parlie  supérieure  un  médaillon  bombe  et  dentelé 
de  5  cent,  de  diametro,  termine  au  haut  par  un  enroulemeat  de  la  tige  en 
bronze.  Ce  médaillon  ,  autant  dans  ses  denlelures  que  dans  son  renfle- 
meni,  est  trèsrégulier;  mais  sur  runedesesfacesilaététracéquatrecerdes, 
€oncentriques  de  dessins  divers  (points,  losanges  ou  triangles)  ,  qui  tra* 
hìssent  dans  leur  irrégularilé  une  main  malhabile.  Il  me  semble  évident, 
pour  peu  que  Ton  veuille  faire  attmlion  à  cet  ensemble,  qu'une  diffèrence 
immense  séparé  Tart  exercé  qui  a  prèside  a  la  fonte  régulière  de  cet  ob- 
jet,  et  l'art  encore  dans  T^fance  qui  a  voulu  y  faire  des  dessins. 


Fig.  11.  Fibule  en  bronze. 

Celle  Qbule ,  livrèe  tout  tinie  par  le  commerce ,  aux  hommes  des  dol- 
mens  a  été  gravée  par  eux  probablement  avee  la  pointe  d'un  sUex,  tenu 
à^xm&  main  peu  sùre.  J'ajouterai  qu'une  très-belle  patine  verte  luisauite, 
lecouvre  tonte  celle  fibule. 

Les  grains  de  coUiers  en  bronze  sont  très-rares,  mélés  le  pliis  souv^nl 
à  des  grains  en  os  ou  jayet  (9g.  9^  PI.),  et  semblables  à  ceux  trouvès 


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—  281  - 

daós  les  départements  voisins,  quoique  offrant  beaucoap  moias  de  varié^ 
tés.  Oa  remarqae  panni  eux  deux  espèees  très-distÌDctes.  Les  uns  soni 
eoulés  d'ane  pièce  et  affectent  une  forme  spbérique  ou  obloDgae;  lias 
autres  soni  formés  par  uae  petite  plaqae  de  bronze  roulée  ea  tube  et 
soudée  grossièrement ,  j'iguore  par  quel  procède.  Teo  ai  trouvé  un  de  ce 
dernier  modèle  dans  le  grand  dolmen  du  Gbardonnet  avec  des  graìna  em 
OS  et  des  dents  percées. 

Les  poteries  doot  les  fragments  se  reucontreot  dans  tous.  les  dolmons 
penvent  se  rappoaler  à  deux  types  :  l'un ,  le  plus  ancien  et  le  plus  ré- 
pandu  ,  d'une  pàté  grossière  et  non  tournée ,  cui  te  souvent  dans  la  parttt 
extérìeure  seulement.  Àutant  que  Ton  peut  juger  de  la  forme  par  dei 
fragments  assez  détériorés,  elle  est  arrondie  dans  le  has  avee  un  tout  pa^ 
tit  bonrrelet  sur  les  bords ,  et  on  n'y  voit  pas  de  dessins.  Ces  vases  m 
paraissenl  guère  avoir  dépassé  la  capacitò  d'un  demi-litre. 

Uautre  type,  beaucoup  plus  fin,  a  une  sorte  de  vernis  noir  ou  brua  de 
peu  d'éclat.  On  y  voit  quelquefois  des  dessins  qui  ne  sortent  pas  de  raies 
plus  on  moins  profondes  affeclant  toujours  des  figures  géométriques.  fai 
toutefois  trouvé  dans  l'un  des  dolmens  jumellés  dont  j'ai  parie  plus  haut 
un  fragment  de  poterle  noire  portanl  des  carrés  en  relief  entourés  de 
marques  irrégulières  faites  je  crois  avec  un  os  taillé  ou  le  bout  d'un  mor- 
ceau  de  bois.  Ces  dessins  étaient  recouverls  d'un  enduit  noir  très-uni. 

Je  me  permettrai  de  dire  ici  que  j'attacbe  peu  d'importance  a  ces  pote- 
ries trouvées  dans  lesdolmens.il  m'est  arrivé,  en  effet,  de  rencontrer  dans 
des  demeures  troglodytiques  des  débris  de  la  poterie  laf  plus  grossière  et  la 
plus  ancienne  mélés  a  d'autres  débris  d'une  extréme  finesse  et  d'un  beau 
vernis,  et  cela  dans  des  condilions  où  leur  coexistence  ne  peut  étre  con- 
testée. 

A  cóle  de  ces  objels  du  travail  bumain,  qui  peuvent  jeter  un  certaio 
jour  sur  l'art  de  cette  epoque  ,■  il  se  rencontre  aussì  divers  indices  qui 
peuvent  donner  lieu  à  des  hypotbèses  sur  les  moeurs  de  ces  peuples. 

Peti  de  dolmens  sont  fouillés  attenti vement  sans  que  l'on  y  rencontre , 
soit  mélés  aux  ossements ,  ou ,  le  plus  souvent  a  une  exlrémité  de  la> 
chambre  sépulcrale ,  divers  ossements  d'animaux.  Les  plus  nombremc 
appartiennent  aux  genres  wis^  sììs  et  cervus.  Ici,  ce  n'est  plus  un  objet 
d'ornement,  ou  un  emblème  symbolique,  commedes  fragments  Iravaillés 


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—  282  — 

ou  des  dents  percées.  Ces  os  ne  portent  pas  de  trace  de  calcìDalion  ;  rare- 
menl  ils  sont  coupés  et  qaelquefois  od  voit  ìnélés  des  ossements  d'espèces 
différentes. 

'  Voici  uà  fait  qui  m'a  fort  étonoé  a  ce  sujet,  et  que  je  crois  devoìr  li- 
vrer  à  votre  apprécialion.  J'avais  découvert  ces  deux  dolmens  jumellés  dont 
je  vous  ai  parie,  et  voyant  qu'ils  n^avaienl  été  fouillés  qu'àu  ceulre  par 
des  paysans  qui  avaient  voulu  y  cbercher  un  trésor ,  je  me  mis  à  faire 
«nlever  les  pierres  et  la  terre  des  bords  et  des  extrémilés. 

Los  dalles  latérales  étaientde  dimeosion  peu  ordinaire  et  profondémeDt 
enfoncées  eu  terre.  A  environ  80  cent,  au-dessous  du  niveau  du  sol 
environnant,  je  rencootrai  une  dalle  d'une  soliditè  eccessive  sur  laquelle 
élaient  des  ossements  bumainsendébris.  Jen'avaispas  d'instrument  assez 
fort  pour  lever  cette  pierre ,  qui  étail  d'une  grande  lourdeur ,  et  en  outre 
fortement  engagèe  entre  les  dalles  perpendiculaires.  Je  parvins  toulefois  à 
découvrir  à  Tun  des  angles  ud  espace  de  20  à  2S  cent,  où  une  brèche  me 
permettali  de  creuser  le  sol  au-dessous.  A  Taide  d'un  petit  instrument,  je 
pus  sortir  par  cette  écbancrure  une  dizaine  d'ossements  dont  les  uns 
étaient  a  fleur  de  terre,  les  autres  engagés  sous  la  dalle.  Ces  os  apparte- 
naient  au  genre  sus  scrofa  ;  parmi  eux  élait  une  màcboire  inférieure  et 
une  patte  de  l'un  de  ces  animaux,  extrémement  jeune  et  qui  ne  portaient 
aucune  trace  de  carbonisation.  La  màcboire  avait  une  incision  profonde 
faite  avec  un  instrument  trancbant  qui  avait  enlevé  un  morceau  de  l'os.  * 

Cette  incision  très-nette  a-t-elle  été  produite  par  un  instrument  de  si-' 
lex?  Ces  ossements  avaient-ils  été  déposés  sous  la  dalle  du  fond ,  ou  en- 
trainés  par  les  eaux  dans  le  trou  laissé  par  l'ècbancrure  de  cette  dalle  ? 

Je  crois  qu'un  silex  acére  a  pu  produire  cette  incision  dans  l'os  d'un 
animai  aussi  jeune  ;  mais  il  m'aurait  fallu  pouvoir  soulever  la  gpande  dalle 
pour  étre  sur  que  ces  ossements  avaient  été  déposés  au-dessous. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  il  n'en  reste  pas  moins  certain  que  des  membres 
d'animaux  comestibles  ont  été  déposés  dans  les  dolmeus  avec  les  corps 
humains.  La  non-carbonisation  des  ossements  de  ces  animaux  porte  à 
croire  que  ce  n'était  pas  les  débris  d'un  repas ,  mais  une  offrande  ou  un 
reste  de  sacrifico  accompli  sans  le  feu. 

Je  dois  ajouter  que  i'on  ne  trouve  pas  des  squelettes  d'animaux  entiers, 
mais  seulement  des  membres  séparés. 


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—  983  — 

Le  fait  de  ces  ossemenls  d'animaux  et  Tidée  de  sacrifice  qu'ils  suggè- 
rent  me  font  revenir  a  ud  sujet  que  j'aurais  dù  peal-élre  aborder  plus  tòt. 

QUEL   A  ÉTÉ   l'eMPLOI   DES  DOLMENS. 

Je  crois  que  l'on  peut  assurer  qu'ils  ont  èie  des  tombeaux  daus  la 
Lozère  comme  dans  presque  toutes  les  autres  régious  voisines.  Les  corps 
placés  seuls  ou  accolés ,  assis  ou  allongés ,  les  ornements  dont  on  les 
avait  parès ,  les  précautious  que  Fon  preuait  pour  préserver  ces  restes  de 
la  dent  des  fauves ,  me  semblent  étre  toutautant  d'indices  coutre  lesquels 
ropinion  qui  voudrait  voir  daos  ces  os  les  débris  de  sacriflces  humaius 
ne  peut  lutler. 

Mais  ODt-ils  aussì  servi  d'autels  à  Toccasion  des  funérailles?  Cet  usage, 
qui  se  retrouve  chez  beaucoup  de  peuples  ancieus ,  peut  avoir  existé  à 
l'epoque  des  dolmeus  saus  que  Ton  ait,  ce  me  semble»  de  sérieuses 
preuves  pour  ou  contre.  Il  est  certain,  toutefois,  que  Tod  n'y  apas  allume 
des  feux  ;  car  la  pierre  calcaire  de  la  table  supérieure  en  porterait  des 
traces  que  j'ai  vaioemeut  cherchées. 

Une  tradilion,  soutenue  par  quelques  archèologues ,  veut  qu'à  une 
epoque  postérieure,  sousles  Celles,  par  exemple,  on  ait  erige  ces  méga- 
lithes  en  autels.  Assurément,  il  est  possible  que  le  polylhéìsme  gaulois^  qui 
honorait  souvent  un  roc  ou  un  arbre  singuliers,  ait  eu  un  cerlain  eulte 
pour  ces  immenses  dalles  superposées ,  où  il  pouvait  voir  l'oeuvre  d'un 
étre  fort  et  puissaut;  mais  je  n'ai  pu,  pour  la  Lozère  du  moins,  en  trouver 
de  preuves  apparentes. 

Certaines  personnes,  toulefois,  ont  voulu  voir  des  traces  d'autels  à  sacri- 
fice dans  des  cuvettes  creusées  sur  la  table  de  plusieurs  dolmens.  J'ai 
pholographié  l'une  de  ces  tables  (fig.  12)  d'un  mègalilhe  siluè  au  Sec, 
commune  de  Chanac,  où,  en  susde  la  cuvette,  sont  des  lignes  hièrogly- 
phiques  profondément  gravées  dans  la  pierre. 

On  est  étonnè,  a  première  vue,  par  ces  creux,  dont  la  profondeur  varie 
de  5à  12centimètres,etle  diamèlre  de  8  a  20.  Mais  si  l'on  veut  examiner, 
au  point  de  vue  géologique  ou  minèralogique,  la  conslitution  de  cette 
roche  calcaire.  on  y  reconnaìt  bientót  l'oeuvre  de  la  nature  (1).  Cette 

(1)  Je  suis  heureux  d*étre  en  cela  de  Topinion  du  savant  M.  de  LonguemaF)  qui  a  démon- 


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—  88*  — 

pierre  est  en  effet  de  deax  sortes.  Ou  bien  d'ao  calcaire  oolUbique  dur, 
presque  cristallin  et  pea  sensible  aux  iQlempéri^;.  elle  conUeot  alovs 
des  géodes  (vulgairemeni,  pierre  d'aigle  ou  poche  a  cristaux),  formées  d'une 
concrélion  cristalline  de  carbonaie  de  chaux  dans  te  forme  d'une  boole 
doni  la  grosseur  va  jusqu'à  25  centimèlres  de  diametro.  Ces  géodes,  peu 
adhérentes  a  la  rocbe^  s'en  séparent  au  moindre  coup  see ,  et  laisseat  un 
vide  hémispbérique  considèrable. 


-c^ 


Fig.  12.  Dolmen  du  Sec. 

Si  au  contraire  la  table  du  mégalilhe  provieni  d'un  calcaire  dolomiti- 
que,  il  est  essentiellement  caverneux  de  sa  nature  et  les  inlempéries  de 
l'air  grandissent  facilement  les  moindres  creux  de  celle  pierre  lendre.  Le 
dolmen  de  Rodier ,  converti  en  cabane ,  mentre  une  dalle  où  ces  exca- 
vations  soni  tellement  profondes ,  qu'elles  traversent  méme  la  pierre-  l'ai  ' 
d'ailleurs  retrouvé  ces  mémes  cuveltes  et  ces  mémes  dessins  creusès  en 
grand  nombre  sur  le  banc  calcaire  d*où  élait  sortie  la  pierre  du  mégalithe. 

Je  ne  crois  donc  pas  que  l'on  ail  la  preuve  de  sacrifices  faits  sur  les 
dolmens  calcaires  de  laLozère,  surlout  avec  du  feu,  et  l'on  peut,  sur  cette 
queslion ,  prononcer  le  mot  de  Técole  : 

Gratis  affirmalur ,  gratis  negatur. 

Il  est  temps  de  résumer  les  quelques  faits  qui  me  paraissent  résulter  de 
cette  description  peut-élre  Irop  longue  des  dolmens  de  la  Lozere. 

l""  Ces  dolmens  sont  presque  semblables  à  ceux  des  autres  plateaux 

tré ,  par  une  sèrie  de  dessins ,  que  les  creux ,  dessins  oa  rlgoles ,  observés  sur  certains  dol- 
mens du  Poitou  avaient  leurs  similaires  sur  les  rochers  calcaires  voisins  qui  avaient  été 
exposés  aux  intempéries  de  Tair. 


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—  S85  — 
inférìeurs  des  déparlements  voisins,  mais  contieDDenl  idoìds  de  bronze  et 
soDt  ea  general  faìls  avec  de  plus  grandes  pierres. 

2^  On  n'y  a  jamais  trouvé  de  hache  ;  ce  qui  les  séparé  de  ceux  de  Touesl 
de  la  France. 

3^  Us  ne  conUennenl  pas  de  fer. 

4""  Le  sileii  des  plus  grandes  armes  ou  ìnstruments  provieni  d'une 
conlrée  éloignée  ainsi  que  divers  grains  de  collier. 

5^  Le  bronze  ne  s'y  Irouve  que  comme  bijou  et  malière  précieuse ,  el 
provieni  d'un  autre  peuple  qu'il  me  parafi  difQcile  de  déterminer  (1). 

Q""  Les  corps  y  soni  dèposés  tantdl  assis,  tanldt  allongés;  mais  rare- 
men  complétement  ensevelis  sous  la  terre. 

7®  Il  y  a  eu,  dans  cerlains  dolmens,  des  superposilions  de  corps  pendant 
une  période  assez  longue  doni  il  est  difficile  de  préciser  le  terme. 

8^  Le  dolmen  n'y  est  jamais  complétement  enseveli  et  quelquefois 
méme  il  est  èlevé  sur  un  faible  lerlre. 

9""  On  trouve  avec  les  ossements  bùmains  quelques  ossements  d'ani- 
maux  comestibles. 

10"^  Les  populations  qui  ont  élevé  ces  monuments  devaient  étre  plus 
considérables  sur  ces  plateaux  que  les  populalions  actuelles. 

Dans  une  prochaine  elude  je  me  propose  de  vous  entretenir  des  de- 
meures  de  ces  peuples,  soit  dans  les  nombreuses  cavernes  des  flancs  de 
ces  cau^^e^,  soit  sur  ces  plateaux  méme,  ou  sur  ceux  d'une  autre  région  : 
celle  de  l'Aubrac. 

Mais  d'autres  recberches  et  d'autres  fouilies  me  soni  encore  nècessaìres 
cette  année  pour  éclaircir  bien  des  points  obscurs  et  pour  sonder  les  secrets 
de  ces  grottes  profondes  ou  de  ces  villes  mortes  des  herbages  de  l'Aubrac. 

Je  n'ose  non  plus  me  prononcer  encore  sur  les  dèbris  retirés  d'un  lac 

de  ces  régions,  le  lac  de  Saint-Andéol,  qui  pourrail  bien  avoir  élé,  au 

temps  de  ces  peuples^  un  lieu  célèbre  de  leur  eulte  et  qui  est  encore  le 

sujet  d'un  pèlerinage  superslìtieux  d'un  effet  étrange  au  milieu  de  notre 

civilisation. 

L.  deMALAFOSSE, 

Membre  résidant. 
(f)  NilssoD  attribue,  pour  rOccident,  les  premiers  objets  de  bronze  aux  Phénìciens. 


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ETUDE 


SUR 


L'ÉGLISE  JADIS  COLLEGIALE  DE  SAINT-GAllDENS. 


Domine,  dilexì  decorem  domùs  tuae  et 
locum  habitationis  glori»  tuse.  Ne  per- 
das  cum  impiis,  Deus,  animam  meam. 


Depuis  un  demi-siècle ,  une  simple  croix^  gibe^jjplltivit^  devenne 

l'insigne  étendard  d'une  religion  qui  devait  régénà^èn^monde ,  et  les 
apdtres ,  partis  de  la  Judée,  allaient  par  toutes  les  nations  afin  d'y  répan- 
dre  les  trésors  de  la  doctrine  évangélique.  Ne  pouvant  sufBre  a  cette  tàche 
immense,  ils  envoyèrent  à  leur  tour  de  fervents  disciples.  Le  bienheu- 
reux  Saturnin  fut  choisi  pour  porter  aux  Tolosates  et  aux  Aquitains  les 
consolants  enseignements  du  divin  Maitre  (i).  Dotées  par  Auguste  des 
droils  altribués  jadis  aux  villes  du  Latium,  avant  Fassimilation  complète 
de  celles-ci  avec  Rome,  Tolosa,  Lugdunum  Convenarum  et  la  plupart 
des  cités  comprises  dans  les  deux  Aquitaines  s'agrandissaient ,  s'embel- 
lissaient.  Leur  population  patricienne  couvrait  les  collines  et  les  plaines 


(4)  Grégoire  de  Tours  semble  renyoyer  au  troisième  siècle  l'apostolat  de  saiot  Saturnin. 
D'après  les  auteurs  de  VArt  de  vérifUr  /et  dates,  ce  saint  évéque  ftit  martyrìsé  à  Toulouse 
dans  le  premier  siècle,  et  ils  signalent  un  autre  Saturnin  qui  aurait  été  martyrisé  à  Rome,  en 
150 ,  80US  le  pontificat  de  Fabianus  et  le  consulat  de  Décius  et  de  Gratus.  D'une  part ,  Tau- 
torìté  de  ces  sayants  étant  généralement  admise,  et,  d'autre  part,  les  éminents  tra^aux  de 
MM.  Arbelot  et  Maxime  Latoue  le  corroborant ,  je  ne  crois  pas  pouvoir  mieux  faire  que 
d'adopter  leur  opinion. 

38 


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—  288  — 

d'alentour  de  somplueuses  villas ,  ainsi  qae  l'altestent  les  vieux  débris 
qu'exhume  jourDellemeot  le  laboareur,  presque  à  chaque  pas.  Mais  catte 
spleodeur  annoDQait  une  modiQcatioQ  capitale  dans  la  soqiété  gallo-romaine  : 
les  chefs  de  tribù,  oubliant  leur  turbulence  et  leur  horreur  de  la  servilude, 
se  Iransformaient  pea  a  peu  en  sènateurs  romains  ;  les  chefs  de  famille , 
jaloux  de  conserver  lears  honneurs  et  leur  rang,  recherchaient  les  fonc- 
tions  de  décurion  qui  devaieut  les  ruiner.  L'bomme  des  champs  ne  culti- 
vait  plus  la  terre  de  son  ancien  tiern ,  devenu  sénateur  et  vivant  à  la 
romaine,  entouré  d'esclaves  et  de  clients;  oisif  et  paresseui,  colon  oq 
métayer,  il  exploitait  les  terres  qui  lui  étaient  conflées,  au  nioyen  d'esclaves 
pris  à  la  guerre  {mancipia),  dont  les  bras  étaient  substitués  a  ceux  des 
hommes  iibres  dans  presque  toutes  les  Industries. 

Aussi  le  pieux  envoyé  des  apdtres  fut-il  bien  accueilli  par  les  habìtants 
de  celle  province  aux  abois.  Partout  les  dieux  impuissants  fureat  aban- 
donnés,  renversés  de  leurs  autels  par  une  foule  qui  cherchait,  dans  les 
eaux  du  baptéme,  la  vigueur  et  la  noble  indépendance  de  ses  pères,  espé- 
rant  ressaisir  ainsi  la  nalionalilé  perdue.  Dans  son  ardente  charité ,  le 
Saint  prédicateur,  après  avoir  conquis  à  son  divin  Maitre  une  multitude 
de  cceurs,  se  trouvait  à  Tétroit  dans  le  Toulousain  (1).  L'ancien  bréviaire 
de  Comminges  nous  apprend  qu'il  arriva ,  en  effét,  jusqu'à  Lugdunum 
Convenarum ,  ville  ayant  droit  de  Citò  romaine ,  remarquable  par  le 
uombre  et  Turbanité  de  ses  habitants,  et  la  convertit  presque  entièrement 
a  Jésus*Cbrist.  Puis,  à  deux  lieues  de  là,  il  bàtit  une  église  en  l'honneur 
du  prince  des  apdtres ,  qui,  ruinèe  plus  tard  par  les  barbares,  fut  recons- 
truite  sous  Tinvocation  de  saint  Gaudens  (2).  Il  ne  faut  pas  attribuer  la 
destruction  de  l'église  bàtte  par  saint  Saturnin  aux  Vandales  qui  désolèrent 

(1)  Breviariwn  Convenarum  in  futo  ioncti  Saturnini  :Multos  ab  ìdolis  ad  Christum  con- 
vertit, nec  intra  agri  Tolosani  se  se  continuit,  quod  incensus  propagandse  fidei  zelus. 

(2)  Brwiarium  Convmarum  in  festa  sancii  Saturnini  :  Convenis  usque  pervenit  sanctus 
Evangelii  praco,  urbemque  jure  civitatis  romanee^  numero  urbanitateque  incolarum  tunc 
oonspicuam ,  fere  totam  Ghristo  subjugavit  ;  duabus  leucis  adhinc  prope  Ganinnam  in  hono- 
rem principia  apostolorum  Ecclesiam  sBxtruzit,  qusB  multos  post  annos  a  barbaris  diruta 
sub  invocatione  sancti  Gaudenti!  resdificata  est.  —  Ibidem,  in  festo  sancti  Gaudentii  :  urbs 
sancii  Gaudentii  duabus  a  ci  vitate  leucis  ad  Garunnam  sita  a  sancto  martyre  nomen  suum 
derivatur.  Ubi  vetus  extabat  oratorium  quod  ruderibus  antiqu»  Eoclesise  a  sancto  Saturnino 
extructffi  a  barbaris  eversae  super  imposuerant. 


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—  Mo- 
la Novempopulanie  de  408  à  411,  mais  Meo  anx  Wisigolbs  vers  480.  A 
celle  epoque ,  en  effel ,  Evarik ,  roi  des  Wisigolhs  à  Toulouse ,  desola  ce 
paysàtel  poìot,  qoe  Sidoine  Àpollinaire  écrivait  a  sod  ami  Basilius, 
archevéque  d'Aix  :  «  Les  hérétiques  du  siede  comme  ceux  des  dges 
passés  pourraient  étre  attendris ,  tant  il  est  triste  de  voir  les  peuples 
privés  de  leurs  évéques  et  désespérés  de  la  perle  de  la  fot  (1).  »  Ce 
moDarque ,  plus  ardent  sectaire  que  politique ,  inonda  TAquilaine  du  sang 
de  ses  habitants  qui  refusèrent  d'accepter  l'arianisme.  Il  envoya  dans  la 
région  des  Convence  un  préfet  nommé  Malet,  qui ,  exécuteur  Adele  de  sa 
cruauté,  délruisit  l'église  bàlie  par  saiut  Saturnio,  en  l'bonneur  de  saint 
Pierre,  dans  la  ville  qui  pril  le  nom  de  sainl  Gaudens,  jeune  enfant  dont 
il  fit  trancher  la  téle  (2). 

Le  persécuteur  survécul  peu  à  ses  cruautés,  nous  dit  Grégoire  de 
Tours(3).  Soo  successeur  vit  sa  puissance  s'évanouìr  devant  lés  conquétes 
de  Clodowig,  et  fut  tue  par  Sigebert  le  Boiteux,  flls  du  héros  de  Tolbiac, 
qui ,  chassant  de  Toulouse  Amalaric,  détruisit  à  tout  jamais  le  royaume 
des  Wisigoths  dans  cette  capitale  (4).  La  dominatlon  franke  rendit  la  paix 
a  l'église  d'Aquitaine ,  et,  gr&ce  à  elle,  les  habitants  de  Saint-Gaudens 


(1)  Apollinarius  Sidooius,  lib.  VU,  Epi$L  6  :  Non  solum  quoslibet  hsereticos  prsesentum 
verum  etiam  heBresiarchas  priorum  temporum  potuerit  inflectere ,  ita  populos  excessu  pon- 
tificum  orbatos  Iristis  intercisisB  fide!  desperatio  premit. 

(2)  Bravtartwm  Can^inarwn  in  festo  saneti  GaudmUi  :  Gaudentius  in  oppido  cui  nomen 
dedit  quinto  saculo,  matre  Quitteria  natus,  imperante  Toios»  Evarìco  rege  ariano  qui 
pulsis  Romanorum  reliquiis  Aquitaniam  invasi.  Hinc  in  catholicos,  nulla  setatis,  sexus  aut 
condilionis  habita  ratione  immanissime  ssevire  coBpit.  Lugent  horum  temporum  scriptorea, 
Gonvenas,  Auscios,  Beneharnos  omni  clade  attritoa,  eversa  tempia,  episcopos  pulsos  aut 
interfectos,  abolitam  reiigionem,  omnium  fere  ordinum  clericis,  carceribus  ezilio  et  morte, 
sublatis.  Persecutionis  incendia  in  omnem  Aquitaniam  sparsurus  impius  rex ,  in  regionem 
Gonvenarum  quemdam  pr^fectum,  sffivitisB  susb  ministrum  nomine  Maletum  misit,  qui 
Ecclesiam  quam  sanctus  Saturninus  Vasconise  Apostolus  in  ea  urbe,  cui  Gaudentius  nomen 
reliquit,  in  honorem  sancti  Petri  exUuerat  funditus  delevit,  juvenique  Gaudentio  caput 
abscidit. 

(3)  Greg.  Tur.,  Hist.  Frane.,,  lib.  11,  cap.  25  :  Sed  persecutor  non  post  multum  tempus , 
ultione  divina  percussus  interiit. 

(4)  Greg.  Tur.,  Hi$t,  Frane,  lib.  II ,  passim.  =Paulus  iEmilius  Veronensis  De  Reb,  Gest. 
Frane,  in  regno  Glodovei,  jam  prseter  Tolosates  ubi  regia  Visigothorum  erat,  in  fidem  omnia 
venerant. 


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—  890  — 

élevèreDt  sur  les  ruines  de  l'église  détruite  par  Malet  od  simple  ora- 
toìre  (1). 

Un  manuscrit  de  Floriac  perda,  déjà  en  1733,  depuis  plus  de  trois 
cents  ans ,  attribaant  la  mort  de  saint  Gaudens  aux  Sarrasins,  le  Bré- 
viaire  auscitain  dit  que  cela  porte  a  piacer  le  martyre  de  ce  saint  enfant 
an  huitième  siede  (2).  Je  crois  avoir  établi  qoe  c'est  aux  Wisigoths  ariens 
qu'il  dut  la  gioire  da  martyre  ;  ajoutons-y  le  tèmoìgnage  de  Nicolas  Ber- 
trandi,  qui  dit  :  a  Saint  Saturnin  alla  au  lieu  de  Saint-Gaudens  où,  ayant 
converti  les  Vascons,  il  construisit  une  église  qui,  démolie  par  les  perse- 
cuteurs  et  par  Malet.  roi  des  Convence,  fut,  de  nouveau,  bàtìe  par  les  chré- 
tiens  (3).»  Je  ne  parie  pas  de  cette  tradition  populaire,  non  écrite,  se  redisant 
chaque  jour,  d'après  laquelle  Malet  fut  le  meurtrier  da  jeune  Gaudens,  et 
qui  semble  prendre  pour  synonyme  de  cruel  ce  nom  tristement  célèbre. 

Près  d'un  siede  s'étant  écoulé ,  Gonlramm  ,  roi  de  Burgondie ,  crai- 
gnant  pour  son  autorità  dans  le  Midi,  envoya  Leudegisile  a  la  poursuite 
de  Gondowald.  Ce  dernier,  malbeureux  flls  adultérin  de  Chloter  I^,  réfugié 
à  Lugdunum  Convenarum,  fut  livré  par  un  traftre,  et  la  ville  qui  lui 
avait  donne  asilo  détruite  de  fond  en  comble.  Les  soldats  burgondes  ne 
laissèrent  que  la  terre  vide,  pour  me  servir  du  langage  de  Grégoire  de 
Tours  (4).  Mais  les  Vascons  établis  dans  les  hautes  vallées  des  Pyrénées 

t 

(1  )  BremaHwtn  Convenarum  in  festo  sancti  Gaudentii  :  Ibi  (sancto  Gaudentio)  vetus  extabat 
oratorium  quod  ruderibus  antiquee  Ecclesia  a  saDcto  Saturnino  extructjB  et  a  barbaris  evers» 
super  imposuerant. 

(2^  Brev,  ause.  :  Celebris  est  in  dioecesi  Conveniensi  memoria  sancti  Gaudentii  martyris  qui 
in  tenera  «tate  prò  Christo  sanguinem  fudit.  Extat  in  monasterio  Floriacensi  manuscriptus 
codex  de  vita  sancii  Gaudentii,  ante  annos  circiter  trecentos  exaratus,  in  quo  sanctus  puer 
perhibetur  a  Sarracenis  in  odìum  fldei  trucidatus  et  a  mulieribus  piis  secreto  sepultus  in 
ruderibus  basilicss  quam  eo  loco  in  bonorem  beati  Petri  apostoli  sanctus  Saturninua  Tolo- 
sanus  antistes  olim  ordinaverat  quse  qua  tu  ne  jacebat  diruta.  Hsec  suadent  octavo  seculo 
martyrium  ejus  coUocandum  esse.  Urbs  sancti  Gaudentii  duabus  ab  oppido  conveniensi 
leucis  a  Garunnam  sita  a  sancto  nostro  martyre  nomen  suum  derivatur. 

(3)  Bistoria  sancti  Saturnini  apud  Bertrandum  :  fuit  insuper  beatus  Saturninua  in  loco  de 
Sancto-Gaudentio  quo  Vascones  postquam  ad  fidem  convertit  in  honorem  beati  Petri  apostoli 
Ecclesiam  ibi  eedificavit,  sed  a  tyrannis  demolita  et  Haleto  rege  Convenarum  de  Gothonim 
genere ,  iterumque  cbristicolis  restaurata. 

(4)  Greg.  Tur.,  Hist.  Frane,  lib.  VU,  cap.  38  :  Postquam  autem  cunctos  intefeceront ,  ut 
non  remaneret  mingens  ad  parietem,  omnem  urbem  cum  Ecclesiis  reliquiisque  sadificiis 
auocenderunt  nlbil  ibi  prseter  humum  vacuum  relinquintes. 


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—  «94  — 

ètaient  élroilemeDt  lìés  avec  les  Convenoe,  leurs  frères  d'orìgine.  Ils 
répondirent  aux  cbaots  de  victoire  de  Tarmèe  burgonde  par  de  longs  cris 
qui,  boDdissant  de  cime  en  cime  sqf  toute  la  cbatoe  occidentale  des Pyré- 
nées,  annooQaient  a  la  plaine  que  ces  rudes  monlagnards  préparaient 
dans  leurs  retrailes  inaccessibles  une  terrible  vengeance  ;  bientòt»  quillant 
leors  montagnes,  ils  descendirent  comme  un  lorrent  impélueux,  dévastant 
vignes  et  champs,  incendiant  les  maisons  ,  s'emparant  des  troupeaux  et 
faisant  un  grand  nombre  de  prisonniers.  Le  due  Àustrowalde,  alors  à 
Tolosa,  vint  immèdiatement  à  leur  rencontre;  mais  les  pertes  qu'il  leur 
flléprouver  furentfort  minimes  (1);  les  ressources  restreintes  d'une  région 
sauvage  et  infeconde  ètaient  loin  de  suffire  pour  nourrir  une  peuplade 
turbolente  et  guerrière  comme  celle  des  Vascons.  Àussi  firent-ils  de  frè- 
quentes  excursions  dans  la  Novempopulanie .  gèmissante  sous  le  joug 
dètestè  des  Franks  (2),  et  bon  nombre  d'Aquitains  venaient  grossir  leur 
bordo  terrible.  Cette  sorte  d'insurrectìon,  arrivée  en  587^  amena  la  recon- 
struction  de  l'église  de  Saint-Gaudens.  Yoici  le  rècit  légendaire  que  nous 
a  conserve  à  ce  sujet  le  chanoine  Abadie,  dans  son  Nouveau  catalogne  des 
évéques  de  Comminges  (manuscrìt ,  vers  1700)  (a)  :  <  Des  brigands  du 
»  Tursan,  du  Béarn  et  de  la  Vasconie,  formant  une  armèe  formidable, 
»  jaloux  de  la  paix  dont  jouissaient  les  peuples  voìsins  et  avides  de  s'en- 
»  graisser  de  la  sueur  d'aatruì^  firent  une  brusque  irruplion  dans  le 
»  dìocèse  de  Comminges  et  dèpouillèrent  impitoyablement  le  pays  de  tout 
»  ce  qu'ils  purent  emporter.  Les  plaintes  et  les  gémissements  des  victimes 
»  frappèrent  les  babitants  des  municipes  et  des  villages  situès  autour  du 
»  territoire  du  saint  martyr  (saint  Gaudens)^  et  comme  ils  n'étaient  pas 
»  en  ètat  de  se  défendre  contro  une  si  grande  mullitude  d'agressenrs ,  ils 
»  se  réfugièrent  dans  le  pays  du  saint,  ne  doutant  pas  qu'il  les  sauvàt  par 
»  sa  protection.  Cependant  ces  dèprèdateurs ,  animès  par  leur  course 

(1)  Greg.  Tur.,  Hi$t.  Frane,  lib.  IX,  cap.  7  :  Vascooes  vero  moDtibus  porrumpentes  in 
plana  descenderunt ,  vineas  agrosque  de  populaotes,  domos  tradentes  incendio,  non  nullos 
adducentes  capUvos  cum  pecoribus ,  contra  quos  ssepiua  Austrovaldus  dux  processit  sed 
parvam  ultionem  exercuit  ab  eia. 

(2)  Oyenardns,  Notitia  utriusque  Fofoonicp,  lib.  HI ,  cap.  4  :  Unde  tam  angaatis  asperoB  et 
infoBcund»  regionis  facultatibus  numerosa  et  valida  Vascooum  gena  auatentari  minua  posaet, 
frequentes  in  agram  NovempopulaniiB  Francorum  imperio  obnoxium  excuraiones  facere 
cogebatur. 


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~  8«  - 

»  furibonde  et  leur  esprit  envabisseur,  dirigèreot  leurs  pas  vers  cette 
»  coatrée;  mais  à  peine  l'eurent-ils  apergue  de  loin  que,  saìsis  de  frayear 
»  et  tremblant  au  récit  des  prodiges  qui  signalaient  là  poissance  da 
»  marlyr,  ils  touroèrent  le  dos  et  se  relirérenl  avec  une  impètoense 
»  rapidité.  Les  peuples  que  le  perii  avait  réuDis  autoar  de  son  tombeaa, 
»  voyant  qae,  par  sa  grande  vertu,  il  les  protégeait  plus  efficacement  que 
»  n'auraient  pu  falre  des  remparls  et  des  fossés,  abandonnèrent  entière- 
»  ment  leurs  anciennes  habilalions  et  résolurent  d'un  commun  accord 
»  de  fixer  leur  demeure  sur  les  terres  da  marlyr,  et  là,  construisant  des 
»  maisons ,  plantant  vignes  el  arbres ,  ils  enserrent  les  fruits  pour  la 
»  saison  mauvaise.  La  ville  se  remplit  bientòt  d'une  si  grande  quantité 
))  d'babitants,  que  les  bourgeois,  jugeant  Toratoire  insuffisant  pour  une 
»  81  grande  affluence  de  lìdèles  aux  ofQces  divins ,  décidèrent  unanime- 
»  ment  de  construire  une  nouvelle  église  beaucoup  plus  vaste  eu  l'honneur 
»  du  bienheureux  saint  Gaudens  et  du  bienheureux  sainl  Pierre,  prìnce 
»  des  apòtres ,  auquel  Fan  lei  du  premier  oraloire  avait  èté  consacré.  On 
»  construisit  donc  sur  l'emplacement  de  cet  oratoire  une  église  en  pierre, 
))  remarquable  par  ses  grandes  dimensions.  Le  maitre-autel  fut  dédié  à 
)>  l'apòtre  saint  Pierre^  celui  de  gauche  a  saint  Gaudens  et  celui  de  droite 
»  à  la  Vierge,  mère  de  Dieu.  »  (A.) 

Il  est  facile  de  retrouver  dans  Téglise  actuelle  les  traces  de  l'église  b&tie 
à  la  fin  du  sixième  siede.  Il  existe  à  l'extérìeur  de  l'abside  centrale,  au- 
dessous  du  cordon  de  billetles  servant  de  base  aux  fenétres  qui  éclairent 
le  choeur,  troìs  baies  a  plein  cintre  fermées  en  ma^nnerie.  Pendant  la 
restauration  de  1856,  on  dut  fouiller  dans  les  matérìaux  accumulés  sous 
le  pavé  du  sanctuaire,  et  l'on  trouva  :  i^des  demi-colonnes  engagèes  dans 
le  mur  supportant  les  bases  des  colonnes  restaurées  en  1856  (on  ne  fit 
alors  que  remplacer,  pour  les  arcatures  de  la  grande  abside ,  ce  qui  avait 
été  casse  ou  enlevé);  T  le  sol  du  sanctuaire  du  sixième  siècle  a  1  mètro 
70  centimètres  en  contre-bas  du  sol  actuel  ;  3^  à  travers  des  débris  et  maté- 
rìaux de  toute  sorte,  des  fragments  de  cbapiteaux  grossièrement  taillés  dans 
des  morceaux  de  statues  conservant  quelques  traces  de  peintures.  Enfin , 
au-dessus  des  voùles  des  bas-cdtés  ,  on  voyait  les  restes  de  murs  d'un 
clocher  en  éventail  reliant  les  deux  tourelles  latérales.  De  tout  cela  on 
peut  induire  que  l'église  de  ja  fin  du  sixième  siècle  avait  trois  nefs  comme 


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celle  d'aujourd'hui ,  mais  s'arrétait  aax  tourelles  qui  flanqoaient  le  clocher 
au  milieo  duguel  devait  se  troover  la  porte  principale.  Le  sanctuaire  ne 
dépassait  pas  l'are  doableau  ,  doni  les  murs  élaient  percés  a  droite  et  à 
gauche  d'arcades  murées  au  dixième  ou  onzìème  siècie ,  destinées  à  mettre 
en  commuDicalioQ  ce  sanctuaire  avec  les  chapelles  absidales  des  coliate- 
raux.  Cette  disposition  se  retrouve  a  Téglise  de  Notre-Dame  de  Sabar 
(Arìége)  et  à  Saint-Just  de  Valcabrère. 

Ces  mémes  données  nous  font  retrouver  les  dimensions  de  ce  monu- 
meut,  disparu  ou  pour  mìeux  dire  agrandi  ou  complète;  elles  sont  de 
21  mètres  de  large,  27  mètres  de  long  et  7  mètres  de  haut,  ce  qui  élait 
de  belles  proporlious  pour  la  populatìon  d'alors ,  et  la  legende  a  eu  raison 
de  dire  d'elle  :  Mira  magnitiidinis,  latiludinis  et  profunditatis ;  puisque 
cette  èglise  pouvait  contenir  aisément  deux  mille  personnes,  et,  si  Toq 
coDsidère  l'étroit  espace  dans  lequel  était  circonscrìte  à  cette  epoque  la 
ville  de  Saint-Gaudeus ,  on  aura  une  idée  de  la  place  qui  demeurait  vide 
dans  cette  maison  de  prière. 

La  citè  que  le  saint  martyr  avait  décorée  de  son  nom  oubiiait,  dans  une 
douce  quiétude,  les  douloureuses  anxiétés  et  les  tourments  qu'Evarik  lui 
avait  prodigués.  Mais  voilà  que,  dès  l'aube  du  huitième  siècie,  les  Maures, 
venus  d'Àfrique,  après  avoir  conquis  l'Espagne,  tournèrent  leurs  regards 
vers  notre  beau  pays.  Tous  les  cols  des  Pyrénées  furenl  franchis  par 
autant  de  petites  armées,  semblables  à  d'impétueux  torrents,  renversant 
tout  sur  leur  passage.  Poussés  par  un  fanatisme  aveugle ,  ces  sectateurs 
de  Mabomet  voulaient  soumettre,  par  le  cimeterre,  Tunivers  entìer  à  la  loi 
de  leur  prophète.  L'bumble  bourgade  de  Saint-Gaudens,  se  trouvant  entre 
deux  hordes  venues  par  les  vallées  de  la  Garonne  et  du  Salat,  ne  fut 
point  épargnée.  Le  chanoine  Abadie  se  trompe;  il  est  vrai,  en  leur  attri- 
buant  les  dégàts  dont  la  petite  porte  (1),  au  pied  du  clocher,  porte  les 

(4)  Chanoine  Abadie,  Ncuveau  eataU)gu$  de$  évéquét  d$  CommingeSf  liv.  I,  remarque  XIII. 
Il  parait  méme  encore  aujourd'hui,  sur  le  dehora  de  la  porte  qui  est  sous  le  clocher  de  l'óglise 
de  Saint-Gaudens ,  que ,  cette  porte  ayant  été  barricadée  par  ceux  d'entre  les  habitants  qui 
s'étaient  réfugiós  dans  cette  église,  les  incendiaires  allumèrent  un  si  grand  feu  pour 
brùler  cette  porte  qu'ii  gàta  quantité  de  pierres  de  cette  tour  qui  en  conservent  encore  quel- 
que  rougeur;  ils  brisèrent  à  coups  de  marteau  les  pilastres  de  marbré  qui  étaient  aux  deux 
cótés  de  la  porte  et  le  labarum  qui  était  sous  le  couronnement. 


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—  294  - 

Iraces ,  poisque  le  clocber  D'existait  pas  encore.  Mais  ìls  détruisireDt , 
par  l'iDceDdie,  le  moDastère  de  Saint- Benolt  (1)  qui  devait  occuper  par 
une  de  ses  parlies  la  place  où  s'élève  ce  clocber;  car  sous  Tarceau,  qui 
s'appuie  sur  le  mur  de  celle  tour,  on  voit  eocore  la  baie  d'une  porte 
doni  les  formes  rudimenlaires  accusent  une  origine  fort  reculée. 

M;  Louis  d'Àgos ,  et  avant  lui  le  savant  palèograpbe  Larcber,  pensent 
qu'après  la  mine  de  Lugdunum ,  l'église  Saint-Just  de  Valcabrère  avait 
été  bàlie  pour  servir  de  cathédrale.  Un  fail  me  parafi  conlredire  celle  opi- 
nion sans  lenir  compie  de  la  présomplion  qui  resulto  des  fails  généraux  : 
a  la  fin  du  dixième  siede,  Roger  Bernard ,  de  la  famille  de  Gomminges, 
agrandit ,  embellil  l'église  de  Sainl-Gaudens  et  y  fonda  un  cbapitre.  Il 
demeurait  donc  dans  celle  ville.  Eh  !  en  pouvail-il  étre  aulremenl  a  cette 
epoque  où  les  Franks  cbercbaienl  à  devenir  maltres  de  rAquitaine,  et  où 
celle-ciy  quoique  vaincue,  se  révollail  souvent  contro  eux,  malgré  le 
danger  plus  redoutable  encore  doni  les  mena^aient  les  Sarrasins  déjà 
maltres  de  l'Aragon  et  de  la  vallèe  d'Aure?  C'étaìt  le  temps  où  tonte  auto- 
rité  s'abritait  derrière  dès  fortiflcations ,  et  je  ne  penso  pas  que  rautorìté 
spiriluelle  du  diocèse  de  Gomminges  fùt  assez  téméraire  pour  s'exposer 
aux  insultes  de  la  soldatesque ,  au  milieu  de  ruines  amoncelées  et  acces- 
sibles  a  tous.  Je  crois  donc  que  la  petite  église  du  sixième  siècle^  qui 
m'occupo,  a  servi  de  cathédrale  au  clergé  de  Gomminges  pendant  quatre 
siècles  environ. 

A  Vapproche  de  Tan  mille  et  de  son  redoutable  cortége  de  terreurs  reli- 
gieuses,  ce  diocèse  de  Gomminges  était  sous  la  garde  d'un  pieux  pasteur. 
Issu  de  la  plus  puissanle  maison  du  pays  (celle  de  Gomminges) ,  il  ne 
jngea  pas  à  propos  de  relever  Tancienne  cathédrale  tombèe  sous  le  fer  et 
le  feu  des  Franks  et  des  Burgondes.  Il  crul  étre  plus  agréable  a  Dieu  et 
travailler  plus  efflcacement  à  sa  gioire  en  enlourant  le  tombeau  du  jeune 


(4)  Chanoine  Abadie,  Nouveau  eatalogue  des  Mqu$$  de  ComnUnges^  liv.  I,  remarque  X1I1  : 
e  On  tient  au  reste  que  ces  infidèles  y  mirent  le  feu  ;  il  y  avait  là  une  communauté  de  moines 
de  Saint-Benolt  dont  ils  brùlèrent  le  monaatère.  Lea  moinea  de  l'abbaye  de  Peaaan ,  diooèae 
d'Aucb ,  disent  qu*ils  aavent  par  traditioD  qu'ila  ont  été  fondés  par  dea  religieux  yenua  de  la 
ville  de  Saint-Gaudeoa ,  ce  qui  marque  que  oes  religieux  furent  contraiots  d*abandonoer  cette 
ville  et  de  se  tranaférer  à  Peaaao.  La  penaion  qu*ila  font  encore  au  cbapitre  confinne  cette 
tradiUon.  a 


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—  295  — 

martyr  de  tout  le  lastre  qu'il  pouvait  lui  donner.  Dans  ce  bul^  il  ìnslitua 
QQ  cbapitre  de  cbaaoines,  sous  la  règie  de  Sainl-Augaslin ,  auxquels  il 
donna  son  patrìmoine  de  famille  avec  tous  les  droits  seigneuriaux  qui  y 
étaient  altachés.  Àprès  avoir  assuré  Texistence  des  cbanoines  destinés  à 
fòrmer  une  couronne  de  prières  autour  des  reliques  vénèrées ,  il  songea 
au  tempie  matériel  dont  il  augmenta  les  proportions  et  Tornementation  (1); 
il  y  joignit  méme  un  cloltre.  Ce  pieux  pontife  élait ,  comme  je  Fai  déjà 
dit,  Roger  Bernard,  qui  fut  évéque  de  Comminges  de  990  à  1003.  Ielle 
est  du  reste  l'opinion  du  cbanoine  Abadie  dans  son  Nouveau  catalogne 
des  évèques  de  Comminges,  de  Raymond  Pomian ,  secrétaire  de  Tévécbé 
en  1788)  qui  ont  eu  en  mains  tous  les  documents^  de  M.  Louis  d'Agos 
et  de  tous  ceux  qui  ont  écrit  sur  les  évéques  de  Comminges.  Le  bréviaire 
Auscitain  semble  élre  d'un  avis  contraire,  en  attribuant  les  travaux  faits  a 
réglise  à  un  évéque  nommé  Bernard,  qui  assista,  en  1056,  au  synode 
tenu  a  Toulouse  par  ordre  du  pape  Victor  (2).  Un  mot  d'bistoire  locale 
prouvera  que  le  bréviaire  confond  Roger  Bernard  avec  Bernard  II ,  qui , 
au  lieu  de  bàtir  a  Saint-Gaudens,  aurait  relevé  la  cathédrale  de  Lugdu- 
numy  conformément  aux  prescriplions  du  synode  de  Toulouse  dont  il  avait 
fait  panie ,  en  justiflant  Topinion  des  premiers  qui  est  aussi  la  mienùe. 
Yers  940,  Asnarius,  comte  de  Comminges  et  de  Couserans ,  élait  mort 
laissant  à  Tun  de  ses  flls,  Arnaud,  le  Couserans  et  le  liers  du  Comminges. 
Par  son  mariage  avec  Arseinde,  cet  Arnaud  joignit  a  cela  les  comtés  de 
Foix  et  de  Razez.  Aussi  Tunique  fruit  de  celle  union  fut-il  un  des  plus 
puissants  princes  du  Midi.  Vers  la  fin  du  dixième  siede,  et  au  plus  tard, 
selon  Marca,  vers  1012,  Roger  distribue  ses  biens  à  ses  trois  flls  :  Faine 

(1)  Voir,  aux  preuves,  la  charte  de  foDdation  (  Privilegium  )  marquée  lettre  B.  —  Brw, 
Conv.  in  fésto  saneti  Gaudentii  :  Hac  sub  invocatione  sancti  Petri  et  sancti  Gaudenti! ,  ud- 
decimo  seculo  ampliavit  et  adornavit  Bernardus  quandam  episcopus  Couvenarum ,  illudque 
clericis  qui  rei  divinse  ethorìs  caaoDicis  ^acarent,  concessit,  assignati  ìd  hunc  finem  con- 
gniis  redditibus. 

(8)  Brtv.  Auidensium  :  Ibi  sub  invocatione  sancti  Petri  et  sancti  Gaudentii  un  decimo  seculo 
tedificata  est  Ecclesia  a  Bernardo  episcopo  Gonveniensi  qui  anno  millesimo  quinquagesimo 
sexto  synodo  Tolosano  jussu  Yictoris  papse  habito  subscripsit.  Hujus  modi  basilicam  clericis 
qui  rei  divinse  et  horis  canonicis  vacarent,  concessit,  assignatis  in  hunc  finem  congruis  red- 
ditibus. In  vetustioribus  breviariis  et  Missalibus  Ausciencibus  habetur  sancti  Gaudentii  oom- 
memoratio  ad  diem  trigesimam  augusti. 

39 


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—  in  — 

eul  daos  soq  lot  le  liers  que  soq  pére  ayait  daos  le  Gomminges,  et  Pierre, 
engagé  dans  les  ordres  sacrés,  eul  tous  les  biens  ecclésia^ligues  po^sédós 
par  SOQ  pere  (C).  Ce  Pierre  est  place  daos  toates  le»  lìstes  d'évéque»  (^ 
ComcDinges  comme  ayanl  occapé  ce  siége  de  1003  i  1035.  Par  acte  da 
mois  d'aoùt,  féle  de  saint  Hippolyle»  seizième  lune,  soit  22  aoùt  1003, 
SaDcUus  Ato  et  Bleseyre^  sa  femme,  parents  saas  doute  d^  Boger  Bernardi 
augmentent  royalement  les  revenus  du  chapitre  en  fondant  TégiUe  d9 
Cazeneuve  qQ'its  placent  sous  son  patronage  (D),  Si  l'on  accordo  pleÌQ« 
créauce  au  bréviaire  d'Àuch  ,  le  seigoeur  Sanctius  Àto  et  sa  pieuse  cop^r 
pagne  auraient  fait  une  donation  à  un  corps  moral  qui  n'anrail  étè  instiUi9 
que  cinquante-trois  ans  après.  Evideinment  les  auteurs  de  ce  livre  litur^ 
gique  se  sont  trooipés.  Cela  est  peu  surprenant.  En  effet ,  quoique  sufr 
fragant  d'Àucb,  l'évéché  de  Comminges  avait  de  fori  rares  relati4)n$  a¥9& 
sa  métropole,  tandis  qu'il  en  avait  d'incessantes  am  T^ulouse  dont  J9 
chapitre  métropolitain  a  fourni  tant  d'évèques  a  Comcoinges  (eatre  avlMre» 
Saint  Bertrand),  et  nommait  des  notaires  a  Saiot-Qaudieas  (0). 

11  y  a  Ueu  de  jcroire  que  Roger  Bernard  ne  pjqt  poiiU  terwin^  les  tra- 
yaux  d'agrandìssement  et  d'oroemenjlatìon  que  lui  ^ttrilMiej^t  la  (diarie  (te 
fojDbdatìoQ  du  chapijtre  et  le  bréviaire  de  Coimmìoges;  mais  qu'ils  furent 
menès  à  benne  fin  par  Àrnaud,  qui  occupa  le  siége  de  Comminges  de  1635 
à  1040.  Un  chapiteau  du  pilier  de  droite,  à  rentrée duchoeur,  représentant 
une  céréro^nie  episcopale  (la  bénédjction  d'une  église,  sans  dople),  porte  sur 
un  de  ses  rinceaux  ]e  nom  ARNALDUS  ;  si  ce  n'est  pas  une  pre«ve  topìqi»^; 
00  peul  du  moins  y  puiser  une  présomption  grave  de  ce  que  j'^avance , 
car  on  ne  saurait  renvoyer  en  1294,  sous  le  court  épiscopal  d'Arpaud  d$ 
Mascaron  (une  année  environ) ,  la  fin  de  travaux  entrepris  deui  siècles 
auparavant^  alors  surtout  que  ce  méme  Arnaud  de  Mascaron  semli^le  a?oir 
donne  tous  ses  soins  à  l'érection  du  monastèro  fles  Frères  prdebeurs  a 
Saint-Gaudens ,  comme  il  semble  résulter  de  la  cbronique  de  fondation 
de  ce  couvent  (F)  et  de  la  présence  plusieurs  fois  répétée  des  armoiries  de 
cet  évéque  dans  ce  qui  reste  du  vieux  moutier.  Quoi  quii  en  soit,  si 
Roger  Bernard  ne  termina  pas  ce  qu'il  avait  commencé ,  Il  laìsga  son 
exemple  a  suivre ,  ^t  on  ne  peut  lui  contester  le  mèrito  d'avoir  trace  ces 
belles  et  harmonìeuses  Jignes  que  npus  aijlmirons  malgré  tous  les  rav^es 
qu'y  put  faire  le  comte  de  Montgomery  en  1549. 


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Elle  forme  un  parallélogramme  régulier  de  40  mètres  de  long  sur  21 
de  large;  elle  est  termÌDée  à  rorienl  par  trois  absides  voùlées  en  cui -de- 
foor,  doDt  la  principale  a  6  mèlres  de  profondeur,  et  a  Foccident  par  la 
grosse  tour  carrée  du  clocher.  Fille  de  l'art  roman»  elle  charme  Tceìl  par 
sa  pureté  de  style  et  les  gracieux  mofifs  qu'elle  renferme  à  profusion  :  sa 
grande  voùte,  ses  arcades»  ses  fenétres  offrent  partoul  Tare  plein  cintre 
surbaussé  avec  doublé  archi  volle;  l'arcade  seule  du  clocher  s'ìnfléchit 
légèrement  vers  sa  base  comme  celles  de  rAlhambra,  afin  de  rappeler  les 
vains  efforts  des  fils  de  rislam  pour  délruire  les  restes  vénérés  du  martyr 
et  les  larmes  que  le  kalife  de  Cordone  fit  répandre  à  tout  le  Midi  ;  ses 
voùtes  latérales  en  quart  de  cercle  ressemblent  à  deux  arcs-boutants  con- 
tinus  destìnés  a  soutenir  la  voute  principale,  qui  est  en  berceau  sans  arétes 
^ni  nervures;  les  gracìeux  triforiums  formant  un  étage  eu  avant  des 
petites  absides  donnent,  par  lenrs  doubles  arcatures  à  colonne ttes,  un 
grand  cachet  d'élégance  au  sanctuaire,  tandis  que  l'arcade  génainée  qui  le 
domine,  en  laissant  passer  la  lumière  d'une  triple  fenélre,  semble  dire  aa 
chrétien  agenouillé  qu'à  l'extréme  orient  les  trois  personnes  divines  sau- 
vèrent  les  hommes  par  Jesus  en  qui  furent  réunies  la  divinité  et  rbumanité. 

Au  dehors  comme  au  dedans ,  la  partie  réservée  au  clergé  est  plus 
ornementèe  que  le  reste,  ce  qui  se  comprend  très-bien;  car  c'est  là  que 
se  consomme  le  sacrifico,  et  que  la  prìère  s'élève  plus  frequente  et 
avec  plus  d'ensemble,  surtout  lorsqu'il  y  a  un  chapitre,  comme  cela  était 
dans  notre  collegiale*  D'ailleurs  l'ornementation  est  partout  d'une  extréme 
sobriété.  A  l'intérieur,  deux  colonnades  superposées  avec  arcatures, 
une  comiche  à  boules  :  voUà  pour  le  choeur.  Un  cordon  de  htllettes , 
séparant  les  arcatures  en  deux  étages,  s'étend  par-dessous  le  grand  are 
doubleau  et  va  faire  faire  le  tour  des  absides  latérales;  une  cornichei  à 
peine  saillante  a  palmetles,  court  à  droite  et  à  gauche  au  niveau  du  sai  des 
triforiums  jusqu'au  contre-pilier  correspondant  aux  tourelles  ;  les  piliers 
lourds  et  massifs,  en  forme  de  croix»  portoni  des  colonnes  engagées  à  cba- 
piteaux  historiès  du  plus  pur  roman  ;  a  mesure  qu'on  s'éloigne  du  chorar, 
les  chapiteaux  sont  plus  corrects  de  dessin  comme  de  sculpture. 

A  rextérieur,  un  cordon  de  billettes  contourne  les  trois  absides  servant 
de  base  aux  fenétres  à  boudin  de  la  grande  abside;  un  peu  plus  haut,  un 
second  cordon  de  billettes  entoure  la  méme  abside  centrale  «t  forme  eba- 


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—  S98  - 
pileau  a  quatre  colonnes,  ainsi  que  Tarchivolle  des  trois  fenétres  ;  enfin , 
une  comiche  à  raodillons  variés  soulient  les  loils  en  pietre  des  trois  hémi- 
cycles.  La  grande  toiture  s'élève  peu  au-dessus  des  coUatéraux  :  les  mars 
qui  la  soutiennent  de  chaque  còlè  soni  décorés  de  colonnes  engagées  assez 
courtes,  a  chapileaax  décorés  de  feuillages,  de  pommes  de  pin  ou  de 
boules,  et  d'une  comiche  à  raodillons;  ce  décor  s'arréte  aux  lourelles  et 
de  là  se  change  jasqu'au  clocher  en  simples  pilastres,  tandis  que  la 
riche  comiche  à  raodillons  devient  un  siraple  pan  coupé.  Pai  parie  des 
toarelles;  il  y  en  a  deux  :  Fune  est  oclogonale,  d'une  gràce  inflnie;  l'aatre 
carrée ,  sans  omeraent  ni  comiche  ;  les  raars  soni  lisses  partoul ,  d'un 
appareil  quasi-régulier;  la  monotonie  n'en  esl  interrompue  que  par  les 
archivolles ,  à  billettes ,  de  trois  fenélres  au  nord  ;  les  murs  du  clocher 
sont  nus  et  trisles,  perccs  de  fenétres  sans  saillie;  la  porte  qui  s'ouvre  au  • 
pied  de  cette  tour,  tronquée  on  ne  sait  trop  quand,  élait  Irès-belle.  Deux 
colonnetles  ornaient  chacun  de  ses  cdtés;  un  doublé  boudin  correspondant 
aux  colonnetles  encadrait  le  tympan  au  milieu  duquel  s'épanoaissait 
le  monogramme  du  Christ.  Montgomery  voulut  pénétrer  dans  l'église 
et  méme  la  détruire  ;  dans  ce  bat ,  il  entassa  des  fascines  qui ,  en  bru- 
lanl,  réduisirent  à  l'état  de  chaux  une  partìe  de  la  pierre. 

Quant  a  la  grande  porte  qui  appartieni  au  style  golhique,  ce  n'est  qu'on 
placage  qu'on  altribue  généralement  à  Bérenger,  chanoine  d'Urgel  et  vicaire 
general  du  cardinal  Pierre  de  Foix ,  qui,  après  avoir  été  évéque  de  Com- 
mìnges ,  fut  évéque  d'Arles  et  cardinal-évéque  d'Albano.  D'apròs  le  bré- 
viaire  de  Goraminges ,  ce  Bérenger  donna  a  l'église  de  Saint-Gaudens  un 
reliquaire  d'argent  pour  renferraer  les  restes  de  saint  Gaudens,  en 
1443  (1). 

On  trouverait  avec  raison  étrange  que  je  ne  parie  pas  du  clottre  bàli 
par  Roger  Bernard,  ni  de  la  sacristie  qui  fut,  pendant  plusieurs  sìècles,  la 
salle  capitulaire.  J'ai  en  horreur  les  incertitudes  en  archeologie.  Or,  que 
dire  d'un  cloitre  disparu  sans  laisser  d'autre  trace  qu'une  colonne  gérninée 
noyée  dans  un  raur  et  deux  slatues  dissiraulées  sous  une  conche ,  fort 


(4)  Breviarium  Convenarum  infesto  saneti  Gaudentii:  Partem  eapitis  et  ossa  quasdam  anno 
miUesimo  quadringintesimo  quadragesimo  tertìo  extraxit  et  seorsum  in  pretiosa  reposuit 
theca  argentea  Berengerius  canoDicus  Urgellensis  et  cardinalls  Fiuensis  vicarias  generalis. 


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épaisse,  d'un  grossier  badigeon?  Quant  à  la  sacrislie ,  jadis  salle  capita- 
laire,  comblée  jasqa'au  nìveau  des  accoudoìrs  des  fenélres,  ouvraot  sur. ce 
qui  fut  jadis  le  cloitre ,  on  ne  peut  avoir  que  des  dimensious  bypolhéli- 
ques.  Tout  ce  qu'on  peut  eo  dire ,  c'§sl  qu'elle  est  l'oeuvre  de  la  plus  belle 
epoque  romane  :  ses  quatre  voùles  d'aréle  plein  cintre  venant  s'appuyer 
sur  l'unique  colonne  du  milieu,  la  couvrent  d'une  fagon  noble  et  gracieuse 
a  la  fois;  les  fenétres  et  la  porte  sout  ornées  à  l'inlérieur  de  gros  boudins 
d'angle;  enfln  ,  chaque  aréte  de  la  quadruple  voùle  vient  relomber  sur 
une  colonnette  correspondante,  dont  le  fùt  est  coupé  à  une  cerlaine  bau- 
teur  par  un  gros  anneau  assez  semblable  à  ceux  qu'on  voit  aux  pleds  de 
quelques  vases  sacrés  ou  de  reliquaires  des  onzicme  et  douzième  siècles. 

Un  mot  mainlenaut  sur  les  reslauralions  récenles: 

On  aurait  presque  pu  se  passer  d'archi lecte  :  car  on  n'a  fait  que  repro- 
duire  ce  qui  exislait  a  Tétat  de  débris ,  si  l'on  peut  parler  ainsi  :  on  a 
changé  des  colonnes  mutilées,  complète  des  corniches  dont  on  ne  retrou- 
vait  qu'une  partie ,  copie  des  chapiteaux  brisés  en  réunissant  les  fragments 
pour  avoir  le  modèle,  remis  les  arcalures  que  des  traces  bien  apparentes 
ìndiquaient  d'une  maoière  incontestable ,  complète  le  campanile  èbauché 
au  dixième  siede,  couronné  la  toiture  conformément  à  un  fragmenl  de 
dalle  retrouvé.  On  a  mis  des  pierres  neuves,  mais  on  n'a  rien  innové.  Il 
a  bien  fallu  remplacer  la  pierre  calcinèe  par  les  sectaires.  C'est  ce  qu'on  a 
fait. 

La  restauration  de  l'abside  terminée,  on  a  songé  à  remplacer  l'autel 
roman  disparu  depuis  longs  jours.  M.  Malhieu ,  sculpteur  à  Toulouse ,  a 
prète  pour  cela  son  concours  et  son  talent.  Son  oeuvre,  admirèe  à  l'expo- 
sition  de  Toulouse,  est  une  belle  et  sèrieuse  composition  qui,quoiqueun 
peu  lourde,  s'harmonise  bien  avec  Tédiflce.  Pour  les  peintures ,  la  com- 
mission  des  monuments  historiques  dota  l'église  de  Saint-Gaudens  d'un 
artiste  de  grand  mèrite,  M.  Denuelle.  Gelui-ci  conQa  les  figures  a  M.  Louis 
Lamolhe,  l'èlève  de  prèdileclion  de  deux  grands  mai Ires,  Ingres  et  Flandrin. 
Aussi,  quelle  dèlicieuse  scène  dans  la  coupole  t  Jesus  sur  son  tròno  semble 
se  préparer  a  juger  pour  l'eternile;  mais  sa  main  ne  se  lève  que  pour 
bènir  ;  a  sa  droite,  saint  Pierre,  premier  patron  de  l'église ,  lui  présente 
Saint  Saturnin  qui  en  posa  les  fondements;  à  sa  gauche,  c'est  le  joune 
martyr  qui  présente  au  divin  Maitre  saint  Bertrand^  patron  du  diocèse, 


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—  300  — 

qatl  illustra  de  ses  verlus.  Au-dessous^  dans  les  quatre  arcatnres^  saìnt 
Jean-Baptisle  annonce  la  loi  nouvelle ,  qoe  saint  Elienoe  est  le  premier  à 
affirmer  par  le  marlyre  ;  saiot  Raymond ,  enfant  de  Saint-Gaude&s ,  qui  y 
moine  et  soldat ,  sauva  Galatrava  des  Maures,  et  y  fonda  un  ordre  auquel 
TEspagne  dut  en  parlie  son  affranchissement ,  et  enfin  saint  Blaise ,  que 
les  paisibles  laboureurs  des  campagnes  ont  èlu  pour  patron  special. 

Ces  quelques  pages  sont  sans  doute  bien  au  dessous  du  sujet.  Mais  il 
faudrait  un  maitre  ès  arts ,  ès  lettres  et  ès  sciences  pour  le  traiter  digne- 
ment.  Que  la  Société  archéologique  du  midi  de  la  France  raccueille  ayec 
indulgence  en  faveur  du  sentìment  qui  m'anime  et  qui  n'est  autre  que  de 
saluer  l'inauguration  de  ses  concours  en  lui  adressant  le  fruit  de  mes 
études. 


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NOTES  ET  PREUVES. 


Nora  (a).  Le  manuscrìt  du  chanoine  Àbadie,  ayant  poar  titre  Nouveau  cataiogue 
des  évéques  de  Comminges ,  est  conna  de  quelques  amateurs,  mais  on  ìgnorait  jasqa'à 
06  joar  l'époqae  précise  à  laquelle  cel  autear  a  écrit.  Je  troave  dans  les  oorapies  de 
rhospìce  de  Saint-Gaudens  deux  pièces  qui  m'ont  porte  à  piacer  son  oovrage  vere 
1700.  L'ane  a  pour  titre  :  Compie  de  la  reeette  et  de  la  dépeme  faites  par  le  S.  Abaiie^ 
chanoine  du  chapiire  de  Saint-Gaudens  et  prieur  de  Thòpital  de  ladite  nille ,  peur  la 
nourriture  des  pauvres  dudit  hópiialy  depuis  le  commencement  de  Fannie  it9^ju$fu*a^ 
moie  d'avril  4701.  La  seconde  est  un  compie  renda  et  affirmé  enire  les  mains  dei 
directeurs  dudit  h6pitai,  le  4^  mars  4744,  par  le  S.  Verdier,  syndìc,  duquel  resulto 
la  preuve  de  la  mort  du  chanoine  Abadie  avant  le  4«r  février  4708,  poisque  lui  oo 
ses  héritìers  avaient  pourvu  aux  dépenses  de  l'hospice  jusqu'à  cotte  date. 

PftBDVB  A.  —  Legenda  Sancti  Gaudeniiij  Martyrii. 

Raptores  de  Bearnica,  Tursanica,  Vasconica  terris,  in  hostem  congregati,  pad 
ei  tranquillitati  vidnarum  regionum  tyrannica  dementia  invidentesi  de  alieno  sudore 
victum  et  necessaria  sibi  quaerere  molienles ,  raptorio  impetu  et  cum  armis  Gonre- 
narum  dioecesim  intra verunt,  spoliare  eamdem,  quantum  in  ipsis  erat,  bonis 
omnibus  immanius  laborantes.  Quo  lacrymoso  vicinum  clamore  compesto ,  habita- 
Cores  qui  in  municipiis  et  villulis  circumdantìbus  territorìum  sancti  Martyris  {(iaa- 
dentii)  morabantur ,  cum  non  haberent  munitiones  quibus  crederint  à  tot  invasoribas 
se  et  sua  posse  defendere,  in  Sancti  territorio  se  cum  suis  bonis  applica  veruni , 
sanctitate  Martyris  sperantes  salvari ,  et  quamvis  furibundo  cursu  et  animò  irrea- 
venti  dicti  prasdones  versus  territorium  dirigerent  gressus  suos,  tamen  locum 
vìdentes  de  longe ,  steterunt,  auditaque  signorum  potentia,  stupefacti  et  trementes , 
terga  vertentes ,  veloci  impetu  recesserunt.  Videns  autem  populus  qui  protectiom 
•  sui  Sancti  commiserat ,  reliotis  ex  tote  habitaculìs  et  antiquis  villulis ,  quod  ìlartyris 
merita  fueraot  illis  prò  munitionibus  et  sanotitas  prò  fossa tis,elegerunA  concorditer 
in  Martyris  possessionibus  remanere  ;  ibique  fabricantes  4lomos  et  seminantes  «gros 
plantaverunt  vineas ,  fructus  ubertatia  prò  tempore  co%;entes.  Villa  siquideoi  babi- 
tatoribus  ampliata ,  arbi^rantes  incolse ,  quos  struotura  oratoriì  non  poterat  omnes 
capere  ad  divida,  quasi  da vinHus  inspirati  iractatu,  communis  ordinavemnt  fabiieare 
ecclesiam  in  honorem  Beatissimi  Martyris  liaudentii  et  Beala  'Petrì  Apostolomm 
prindpis ,  ad  cujus  titulum  fiierat  dedicatum  altare  dioti  .oratorìi.  — *  In  loco  oratorii 


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—  302  — 

fabricata    est  ecclesia  lapìdea,    mira  magnitudiuis ,  latitudinis  et  profunditatis. 
Dedicatam  est  in  ecclesia  aliare  majus  in  honorem  Beati  Petri  Apostoli,  aliud  in 
honorem  Sancii  Gaudenti! ,  et  in  dextra  parte  altare  Virginis  matris  Dei. 
(Le  chanoine  Abadie,  Nouveau  catalogue  des  évéques  de  Comminges,  p.  238.) 

Prboyb  B.  —  Privilegium  Sancii  Gaudentii  quod  Bernardus  Rogerins  dedii  Domino 
et  habitatoribus  ecclesice  Sancii  Gaudentii. 

Omnis  quy  ad  Patrìam  coelestium  civium  desiderium  eundy  habet,  in  qua  requies 
datur  universis  habitatoribus,  necesse  est  ut  in  actìva  vita  in  qua  messis  iliigalur 
doloribus,  efficiatur  instrumentum  alicujus  relìgiosse  bonitatis  quo  dirigatur  siby 
iter  ascendendy  ad  contemplativam  istius  uranicae  regionis  in  qua  electorum  vuUus 
specìem  retinet,  et  Deus  sine  ullo  intervallo  facie  ad  faciem  contempla  tur  in  fui- 
genty  sede  suse  Majestatis. 

Ob  amorem  hujus  tam  maguse  suavitatis  et  dulcedinis ,  ego  Bernardus ,  peccator 
et  tamen  quondam  infelix  pontifex  ob  pondus  tam  magny  honoris,  sciens  me  fere 
obligalum  charìtative,  dimisy  ut  inchoavy  tale  aedificium  quod  existimary  me 
aditurum  consortia  supernorum  civium.  Sed  Deus,  quy  de  nihilo  cuncta  perpetravit, 
videns  facinora  quae  peregy  et  intuens  quae  impelranda  a  me  essent  dedit  mihy 
gratta  sua  consilium  quo  abluerem  iniquitates  perpetratas  ;  nam  idem  ipse  omni- 
potens,  quy  neminem  vult  perire,  dedit  mihy  hunc  talem  sensum  ut  aedificium 
sancty  Petry  atque  sancty  Gaudenti y  quod  incceperam  in  loco  mey  dimitterem 
dericis  digne  Domino  Deo  sérvientibus. 

Pro  redemptionis  animsB  mese  genitorisque  mey  atque  meae  genitrìcis  omnisque 
meae  parentelae,  ego  Bernardus  istud  dedy  necnon  et  allodium  quod  est  subter 
vineas,  libere  et  absolute,  sicuty  ego  teneo,  et  vinum  istius  villae,  decimas  Didano 
et  casale  de  Linos ,  et  leddam  salis ,  et  coemeierium  et  offerentia  ;  et  praeterea  post 
obitum  meum  totum  meum  honorem  sine  calumnia  tribuo  clericis  Deo  sérvientibus. 
Et  ut  firmius  atque  obnixo  teneatur,  loco  mey  pono  Abbatem  Fortìuni  quy  dirigat 
omnia  secundum  posse  data  atque  danda  regat  et  custodiat ,  canonicos  quosdam 
habeat  submissos  siby  non  tepide  quy  horas  canonicas  peragant ,  scilicet  Guilhelmum 
de  Ibiclrìo,  Garciam  Guilhelmum  ,  Guilhelmum  de  Besset,  Hartinum  de  Aulo. 

Hanc  donationem  quemadmodum  fecy ,  adfuerunt  visores  ìdoney  et  auditores  : 
Eaymundus  G.  de  Lignac  et  G.  Amelius  de  Lignac  cum  suo  fratre  Izamo,  Rus  At  de 
Broqua  et  G.  A.  de  Lignac  et  Guilhelmus  de  Puadledaly,  quy  scriptum  servat, 
vigeat  per  secula  cuncta  et  quy  de  trahis  dissipentur  conventus  meorum  electorum. 
PoQO  Fortium  Abbatem  atque  dominantem  istius  locy  post  obitum  meum,  eo 
defuncto  ponatur  eleclioae  canonicorum  servientium  Domino ,  sanctoque  Petro  atque 
sancto  Gaudentio  praecipuo  ut  sit  Abbas  Sancti-Gaudentii  nulla  designalione  alicujus 
persoDSB  alterius  nisi  ab  ìpsis  canonicis  et  quemadmodum  in  istis  constituo  ut  fiat 


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ita  et  à  sequentìbus  pcrpetualiter  teneatar  cum  supradictis  canonicis  pono  W.  Dai, 
Geraldum  et  Guilhelmum  Caubera. 

(Collationné  sur  un  acte  de  production,  fait  le  8  aoAt  4694 ,  par  Rimailho,  pro- 
cureur  en  la  cour  du  sénéchal  de  Thoulouse  et  Albigeois ,  occupant  pour  le  chapitre 
de  Saint-Gaudens.  Ledit  acte  de  production,  conserve  aux  archives  communales 
de  Saint-Gaudens.  ) 

Prbuyb  C.  —  Testament  de  Roger,  comte  de  Carcassonne.  Circa  990  selon  les  une, 

et  104S  selon  Marca. 

Ego  Rogerius ,  comes ,  facio  brevem  divisionem  Inter  61ios  meos  Raymundo  et 
Bernardo  ;  ad  Raymundo  filìo  meo  dono  civitatem  Carcassonam  cura  ipso  comitatu 
Carcassense  exceptas  ipsas  abadias  quae  ego  dono  ad  filio  meo  Patrone ,  sicut  con- 
junctum  est  inter  matre  sua  Adelalfc  et  te  Raymundo ,  et  dono  ad  ìpsum  Raymundum 
filium  meum  Redas  castellum  cum  suo  comitatu  ipsam  meam  partem ,  excepta  mea 
parte  de  ipsas  abadias  quae  ego  dono  ad  Patrone  filio  meo  et  exceptos  illos  alodes 
quue  ego  acceptavi  in  ipso  comitatu  Redense  quae  ego  dono  ad  Domino  meo  et  ad 
Sanctis  suis  propter  remedium  animse  meae ,  et  dono  ad  ipsuni  Raymundum  ipsa 
convenientia  de  comitatu  Redense  quae  habeo  cum  fratre  meo  Odone  cernite  et  filio 
suo  Arnaldo  de  Cairacurbo  cum  Cairacurbenso  remaneat  ad  ipsum  Raymundum  et 
alia  convenientia  quae  ego  habeo  cum  meo  fratre  Odone  Colia  Castello  et  de  Coliense 
remaneat  similiter  ad  filium  meum  Raymundum  et  ipso  Castello  quem  dicunt  Sexago 
cum  ipsa  casthania  et  ipsas  Viguerias  quae  ad  ipsum  castellum  pertìnent  et  cum  ipsos 
alodes ,  sicut  Arnaldus  pater  meus  ibi  tenebat  per  ipsum  remaneat  ad  Raymundum  , 
exceptas  abadias  quae  ego  dono  ad  filium  meum  Petronem ,  et  ipsos  alodes  de  comi- 
tatu Tolosano  quae  fuerunt  de  Bernardo  Rufo,  quae  Baymundus  vicecomes  tenet  per 
me  Rogerio  et  per  te  Raymundo  ;  Remaneant  ad  le  filio  mèo  Raymundo  et  ipso  cas- 
tello quae  nominant  Sancta  Gavella  cum  ipsos  alodes  qui  ad  ipsum  pertinent ,  rema- 
neant ad  filio  meo  Raymundo  et  ipsa  Medietate  Bolbastreso  et  ipsa  iertia  parte  de 
comitatu  Cominico  remaneat  ad  filio  Raymundo  et  ipsa  mea  parte  de  Castello  Minerba 
quae  Raynardus  vicecomes  mibi  donavit  ad  mortem  suam  cum  ipsa  terra  quae  ad 
ipso  castello  pertinet  et  ipsos  alodes  quae  habeo  in  Narbonensem  remaneant  ad 
Raymundo  filio  meo  exceptos  ipsos  alodes  quae  dono  ad  Deum  omnipotentem  et 
Sanctis  propter  remedium  animae  meae  et  ipsa  abadia  de  Chaunas  et  ipsa  abadia  de 
Vernasona  remaneant  ad  filio  meo  Raymundo.  Et  ipsa  Vigueria  de  Savartense  post 
obitum  Adelaìc  remaneat  ad  Bernardo  filio  meo  si  ille  non  lo  forsa  et  si  lo  forsa  et 
emendare  voluerit  ipsa  convenientia  de  Savartense ,  et  de  Castel  lo -pendente  quae 
ego  abui  ab  Odone  fratre  meo  et  Arnaldo  filio  suo  post  obitum  illorum  remaneat  ; 
ad  Bernardo  filio  meo  dono  ipsum  comitatu  de  Cosoragno  cum  ipso  Episcopatu  et 
cum  ipsa  medietate  de  Bolbastreso  et  ipso  castello  de  Fuxo  cum  ipsa  terra  Fuxense  ; 
Dono  ad  AlaYs  uxor  mea  et  Bernardo  filio  meo  insimul  et  Dalmazanense  et  Podaza- 

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gense  et  Agarnagense  et  medietatem  de  tote  bosco  fiolbonae  qu8Q  est  inter  flamen  de 
Ercio  et  Aregiee ,  dono  ad  Bernardo  filio  meo  cum  ipsos  alodes  quae  ibi  habeo  ipsas 
exceptas  abadìas  et  ipsas  eclesias  quse  ego  dono  ad  filio  meo  Petrone  et  exceptos 
ipsos  alodes  quse  ego  dono  ad  D.  Deo,  Sanctis  suis  propter  reroedium  animae,  et 
exceptos  ipsos  alodes  Bscossia  et  Avesaco  quae  ego  dono  ad  conjugem  meam  AdelaYs» 
Mater  vostra  superius  scriptum  est. 

Sic  habeat  fìrmitatem  ìsta  scriptura  si  ego  Rogerìus  non  hoc  desfaciam,  sì  ego  non 
hoc  camvio  cum  meo  gradiente  animo  ;  ista  omnia  supradicta  teneat  AdelaYs  uxor 
mea  in  Badlia  quantum  volueril  sicut  superius  scriptum  est  sic  habeat  firmitatem.  In 
tali  vera  ratione;  ut  dum  ìlli  vivunt  teneant  et  possideant  si  ìnfantes  habuerint  de 
legitima  matrimonio,  similiter  teneant  in  Badlia  illi  qui  vivi  erunt.  Vendere  nec 
alienare  lìcentiam  unus  non  habet  nisi  unius  ad  alium.  Et  si  infantes  non  habuerint 
de  legitimo  matrimonio  remaneat  ipsa  haereditates  ad  ipsos  fratres  qui  vivi  erunti 
Ista  scriptura  Rogerìus  comes  manu  sua  firmavit.  Facta  charta  divisionis  istae  Calen- 
das  aprilis  anno  Ghrìsti  incarnati  MoX1I<>  H.  Rege  Francorum  S.  Guil.  de  Sancto 
Silicio  S.  Ram.  Ademari  S.  Pentii  Alberti  S.  Ermengardi  de  Combreto  S.  Amald. 
Pelapolh.  Sifredus,  notarius,  scripsit  die  et  atino  quo  supra. 

Prbuvb  D.  —  De  fundatime  B^  Maria  de  Casanova. 

Anno  1003  die  22  augusti. 

In  Dey  nomine.  Deus  per  suam  misericordiam  dedit  mihi  Sanctìo  Atto  et  adlau- 
dem  hiermem  quy  est  in  comitatu  Convenico  in  terra  ubi  dicitur  Burgiaco  et  in  ilio 
loco  quy  vocatur  Gazano  va ,  Et  idem  Dominus  quy  prsedictum  mihy  dedit,  compo- 
nuit  in  corde  et  anima  mea  ut  aedificarem  domum  in  honorem  Dominy  nostry  Jesu- 
Christy  et  Sanctse  Marise  ejus  genitricis  et  Sancty  Micfaa^lis  et  Sancty  Salvatorìs  Ecclesia 
factum  est,  Emisit  Dominus  in  cordibus  nostris  et  in  corde  meo  et  in  corde  uxorìs 
Bleseira  ut  collectionem  faciamus  in  quo  loco  ad  legem  canonicam  observandam 
probter  amorem  Patris  et  Filiy  et  Spiritus  Sancty  ut  in  die  judiciy  nobis  mercede 
accerceat  et  ut  mereamur  illam  beatam  vocem  audire  quam  Dominus  suis  electis 
dicturus  est ,  Venite ,  patris  mei  percipite  regnum  quod  Vobis  prseparatum  est  ab 
origine  Mundy  ;  sed  ego  et  uxor  mea  facimus  hoc  ut  lex  canonica  adimplatur  qua 
Dominus  dicit  vivo  :  Ego  nolo  mortem  peccatoris  sed  erit  conservatus  et  vivatur 
quacumque  bora  peccator  conversus  fuerit  iby  ingemitu  erìt  omnia  peccata  ejus  in 
oblivione  coram  me  erunt,  coram  me  dicit  Dominus  et  nos  misery  et  infelices  facimus 
electionem  istam  probter  omnes  negligentias  nostras  et  prò  patre  nostro  et  maire 
nostra  ut  sy  in  Geanna  sunt  ad  iaetitiam  claritatis  faciat  illos  Deus  pervenire  et 
parentes  nostry  et  omnes  parentum  nostrorum  usque  in  quintam,  vel  sextam  aut 
septìmam  generationem  sint  participes  et  quod  lex  et  consuetudo  est  ut  unus 
quisque  homo  de  sua  hsereditate  dare  debet  ad  Sacram  Dey  Matrem  Ecclesiam,  Ego 


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Sanctìus  Àto  et  uxor  mea  fileseyra  damus  ìpsum  allodem  Domino  Deo  et  Ecclesiae 

quae  vocat  Sancta  Maria  com  signis ,  libris  et  vestimentìs  cum  calicibus  et  patenis  et 

omnibus  ornamentis  ecclesiasticis  Et  ego  dono  terras  et  vineas  cultas  et  incultas 

silvas  et  campos  cumquas  ipse  adiaude  adjecenlias  habet,  in  se  montes  adjacent 

Rusta  rivulum  uby  gutta  cadit  quy  venit  per  quandam  cumbam  et  per  ipsam  cum- 

barn  et  per  quamdam  viam  usque  in  loco  et  de  ìlio  loco  venit  ad  fouens  quse  exultat 

vlres  et  de  ipsa  fouens  usque  ad  alium  laYsque  rusta  sìlvam  usque  in  gutta  currente 

et  commodo  silva  tenet  et  alias  adjasentias  scilicet  duo  rivulys  quy  ambo  adjuncantur 

in  ipso  rivulo  quy  dicitur  Lubunensy.  —  EgoSanctius  Alo  facio  hoc  laly  paolo  ut  sy 

intra  illos  canonicos  ira  aut  discordia  aut  ulla  perturbalio  venerit  quod  inter  semet- 

ipsos  concordent  et  sy  facere  noluerint  veniat  justicia  a  fratre  nostro  Guilhelmo  et 

Odone  filio  meo  et  illy  distrutum  faciant  et  concordent  per  amorem  Dey  et  badlium 

non  accipiant  nec  panem  nec  vinum  nec  aliquam  rem  et  sy  isty  defuerint  veniat  ad 

Raymundum  filium  meum ,  quod  sy  Raymundus  defuerit  veniat  ad  alium  filium 

meum  quy  obligationes  isty  defuerint  veniat  ad  illum  quy  propinque  est  miby  in  con- 

sanguinitate  sy  meliorem   habet  sapientiam  et  bonitatem.  —  Quod  iily  canonicy 

nullum  Seignorem  habeant  nisy  ipsos  quy  supra  loquentur   et  illy  teneant  hoc 

donum  in  perpetuum  quod  illy  bomines  quy  hanc  electionem  exaltaverint  vel  adju- 

torium  hujus  electionis  de  verbo  aut  opere  fiat  messis  caritatìs  abundantia  longani- 

mitas ,  bonitas,  benignitas  et  mansuetudo  fides  continentia  castistas  et  occurat  eis 

Dominus  Deus  in  adjutorio  et  sit  eis  defensor  cum  choro  Apostolorum ,  Martyrum, 

Gonfessorum  atque  Virginum  et  absolventur  a  Patre  et  Filio  et  Spirilu  Santo  et  a 

Sancta  Maria  matre  Dominy  nostry  Jesu-Cristy  et  ab  omnibus  Sanctis  et  quod  de  isto 

die  usque  ad  infinitum  temporum  quy  cartam  istius  donationis  credere  noluerit  ex- 

communicatur  et  exequatur  ab  Ecclesia  et  ad  obitum  mortis  nullus  sacerdos  audeat 

ey  corpus  Dominy  ministrare  vel  sepelire  unde  ab  hodierno  die  non  filius  nec  filia 

nec  fratris  ncque  aliquis  de  mea  cognatione  aut  de  meis  hseredibus  neque  omnes 

nec  Episcopus  nec  aliqua  persona  facit  centra  hanc  cartam.  —  Et  ego  Sanctius  Ato 

et  uxor  mea  Bleseyre  dedimus  totum  hoc  ey  insuper  scriptum  et  ad  dominum  Patrem 

omnipotentem  et  ad  regulam  canonicam  continendam  facta  charta  est  in  mense 

Augusty  in  festa  S^y  Hipolyty  luna  decima  sexta ,  regnante  comite  Rogerio ,  Pelro 

Episcopo.  Dominus  Sanctius  Àto  et  uxor  Domina  Bleseyre  quy  hanc  cbartam  scribere 

fecerunt  ab  omnibus  suis  illam  firmaverunt  et  firmare  fecerunt  Raymundo  et  Bernardo 

et  Odone  filio  ejus  et  Aldierda  et  filiis  et  filiabus  ejus  Guilhelmo  Ato  S.   Arcos 

S.  Rodulpho  doncello  S.  Ato  Accordo  SWS  sign*  Garsia  Guilhelmo  sig.  Atto  Sanctio 

de  Casaly.  —  Ego  Sanctius  et  ego  Beseyra  volumus  deprecary  ne  nullum  hominem 

aut  femineam  quy  ad  hunc  locum  venerit  pìgnoratis  aut  capiatis  Deo  et  Beato  Petro 

Apostolo  et  Sancto  Gaudentìo  et  habitatoribus  illae  ecclesia  nunc  et  in  perpetuum 

(Extraitd'un  acte  de  production,  fait  le  8  aoùt  4694,  par  Rimailho,  procureur 

du  chapitre  de  Saint-Gaudens  en  la  Court  du  Sénéchal  de  Tboulouse ,  iedit  acte  de 

production  conserve  aux  archives  de  la  mairie  de  Saint-Gaudens.  ) 


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—  306  — 

Preuyb  e.  —  Acquisitio  cujusdam  vinea  per  FF,  P.  Sancii  GaìidenHÙ 

Anno  1532  die  21  mensis  febmarii. 

Id  nomine  Domini  amen.  Novenni  universi  prsesentes  pariter  et  futuri  quod  anno 
ab  incarnatione  Domini  millesimo  quingentesimo  trigesimo  secundo  et  die  vigesima 
prima  mensis  februarii  apud  Sanctum  Gaudentium,  Regnantibus  lUustrissimis  Pria- 
cipibus  et  Dominis  nostris  Francisco  Dei  gratia  Francorum  rege  et  Henrico  eadem 
gratia  Navarrae  rege ,  Fuxi  et  bigorrse  comlte  ac  Nebozani  vicecomite ,  nec  non  Reve- 
rendo in  Christo  Patre  et  Domino  Jeanne  de  Malaleone  Divina  miseratione  dicecesis 
Convenarum  Episcopo  PraBSulante,  in  meinotarii  publiciet  testium  infra  scriptorum 
praesentia  personaliter  conslitutse  videlicet  Borguina  de  Planchis  et  Catharina  de 
Carré  mater  et  Glia,  Vili»  San^cti  GaudenUi  habitalores,  quae,  gratis  ambae  insimul 
et  qualibet  earum  in  solidum  et  praesentes  ibidem  dantes  et  concedentes  per  se  suos 
que  successores  quoscumque  vendiderunt  et  cesserunt  ac  vendendo  tradiderunt 
honorabili  fratri  Joanni  Gospeyra  majordierum ,  Priori  sindicoque  Fratrum  Preedi* 
catorum  villae  Sancti  Gaudentii  et  sindicario  nomine  praesenti,  stipulanti  et  recipienti 
prout  de  ejus  instrumento  sindicatus  constai  eie.  Videlicet  medietatem  cujusdam 
vinese  quam  habere  dixerunt  in  juridictione  dictae  villse  loco  dicto  a  Baccarrillas, 
illam  parlem  quae  est  prope  vineam  dicti  conventus  dans  per  medium  de  capite  ad 
finem  confrontans  a  parte  superiori  cum  dictis  vendiiricibus  a  parte  meridionali  cum 
vinea  dicti  conventus ,  a  parte  occasus  cum  Joanneto  de  Raymundo  et  a  parte  aqui- 
lonis  cum  quodam  itinere  publico  et  cum  omnibus  aliis  suis  confrontationibus 
verioribus;  ad  habendum,  tenendum,  utendum ,  fruendum  et  ad  omnes  voluntates 
ipsius  eie.  Et  hoc  prò  preiio  et  pretii  nomine  sexdecim  scutorum  parvorum  compu- 
tando etc.  Quod  quidem  preiium  dictorum  sexdecim  scutorum  parvorum  dictae 
venditrices  ab  eodem  fratre  habuisse  recognoverunt  de  quibus  se  tenuerunt  prò 
bene  pagatis  etc. 

Acta  fuerunt  hsec,  anno,  die,  mense,  loco  et  regnaniibus  quibus  supra  in  prse- 
sentia  et  testimonio  Petri  Artigua ,  Joannis  Draduc  hospitis ,  et  Joannis  Laporta  dictae 
vilisB  Sti  Gaudentii  habitatorum  testium  ad  praemissse  vocatorum  et  rogalorum  et 
mei  Sancii  Caubera  authoritate  Domvwrum  de  capituh  Tholosano  notarti  publici 
villw  <Sti  Gaudentii  habitatoris  qui  de  promissis  praesens  instrumentum  retinni  in 
fidem  omnium  et  singulorum  praemissorum. 

(Libre  des  obits  des  FF.  Prescheurs  de  Saint-Gaudens). 


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—  307  — 

Collatio  Ubrarum  et  protocolhrum  Magistri  Porianerii  d'Avezae  per  Dominos 

de  capitulo  Thoìosce. 

Anno  1529  die  6  aprilis. 

Gapìtulum  nobilium  RegiaB  urbis  et  subarbii  Tolosae  universis  prsesentes  litteras 
inspecturis  salutem.  —  Nolum  vobis  facimus  per  praesentes  quod  nos  attenta  bona 
fama  et  laudabili  testimonio  de  Magistro  Guilheimo  d'Avezae  notario  nostro  publico 
Tolosae  et  habitatore  de  S<>  Gaudentio  eidem  libros ,  notulas  et  protocolla  nuper  de- 
funcli  Magistri  Fortanerìi  d'Avezae  quondam  notarii  nostri  Tolosse  publici  et  habi- 
tatoris  dicti  loci  S*  Gaudentii  nec  non  et  aliorum  notariorum  de  quibus  per  vos  seu 
praedecessores  vestros  et  dicium  Fortanerium  d'Avezae  tempore  quo  vivebat  collatio 
facta  fuit,  Dedimus  et  concessimus  eidem  Magistro  Guilheimo  d'Avezae  tenore  prse- 
sentium  licentiam  et  authoritatem  omnia  et  singula  instrumenta  per  dictum  Forta- 
nerium et  alios  notarios  de  quibus  eidem  collatio  facta  fuìt  recepta  de  notis ,  cedis  et 
protocoUis  dictorum  defunctorum  notariorum  et  ceda  non  cancellata  abstrahendi , 
grossandi  et  in  formam  publicam  redigendi  et  signo  suo  signandi,  si  et  dum  per 
illos  quos  dieta  instrumenta  per  pertinebunt  fuerit  requisitus;  volontes  etìam  quod 
instrumenta  dictos  notarios  recepta  et  per  dictum  Guilhelmum  d'Avezae  notarium 
grossata  et  in  publicam  formam  redacta  et  signo  suo  signata  tantum  valeant  et 
tantum  babeant  roboris  firmitatem  in  judicio  et  extra ,  ac  si  per  dictos  quondam 
notarios  grossata  et  in  publicam  formam  redacta  fuisse ,  jure  tamen  haeredum  dic- 
torum defunctorum  notariorum  salvo. 

Datum  Tolosae  die  6<^  mensis  aprilis  anno  D<^^  Mo  D®  XXo  IXo. 

(  Ex  testamento  Joanoti  Caubera.  —  Libre  des  obits  du  couvent  des  FF.  Prescheurs 
de  Saint-Gaudens,  f»  88.) 

PfiBUVB  F.  —  Incifit  cronica  de  incceptiane  conventm  Sti  Gaudentii. 

Anno  Domini  millesimo  ducentesimo  nonagesimo  secundo  in  capitulo  provinciali 
firiviae  celebrato  in  feste  Assumptionis  Beatae  Marise  fuit  approbatus  locus  Fratrum 
Praedicatorum  Saneti-Gaudentii ,  sequenti  vero  anno  in  capitulo  provinciali  Garcas- 
sonno ,  in  feste  Beatae  Mdriae  Magdalenae  celebrato  fuit  positus  conventus  S^^-Gaudentii, 
autem  fratres  fuerunt  ibi  per  dictum  capitulum  assìgnati  :  Prior  frater  Bernardus  de 
Campo  de  Insula  Domini  Jordanis  tunc  lector  in  conventu.  S^-iEmiliani ,  Lector 
frater  Ademarius  de  S»  Paulo  de  Oculo.  ejusdem  praedìcatorum  vir  sanctae  vitae  et 
magnaB  orationis  qui  etiam  in  eodem  conventu  novem  annis  vixit  post  annum  Jubilei, 
et  fratres  Bertrandus  de  Huos,  Vitalis  de  Trano,  Joannes  Deodati,  Bernardus  de 
Sera,  Vital  de  Anglada,  Bonus  homo  de  Aranno,  Petrus  de  Lessio,  et  omnes  isti 
erant  Sacerdotes ,  Layci  fratres  fuerunt  ibi  Vital  de  Abbacia  et  Petrus  Joannis, 


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—  308  — 

fuerunt  ibi  Novissii  recepii  usque  ad  seqaens  festum  Purìficationis  Beatae  Mariae 
fratres  Jacobus  de  Monte  layco ,  Vital  de  Trexinbano ,  Pranciscus  de  Peyreguerio , 
Aroaidus  de  Transvinea,  Bernardus  de  Casalibus,  Bernardus  de  Monteclario  et 
Àrnaldus  Bipparìae;  Fratres  aulem  ante  approbationem  loci  fuerunt  in  So-Gaudentio 
jn  loco  diete  barrìo  Vigordano  per  biennium  antequam  conventus  poneretur  et 
quantum  a  Dominica  Passione  usqùe  ad  Diem  consecrationis  semiterii  infra  scriptam. 

Anno  aulem  Domini  Mo-C<>Co-XCo-IIIo-  in  feste  Purìficationis  Beatse  Virginis  frater 
Reverendus  Amelius  de  Palherìis  lune  prior  fratrum  prsedicatorum  Riuentium  ad- 
duxit  Priorem  et  conventum  apud  Sanclum-Gaudexitium  associantibus  eum  fratribus 
conventus  Rìuensis  Ponzio  de  Abbe,  Guìlhelmò  Ali  de  Belomonte,  Bernardo  de  Bosco, 
Bertrando  de  Abbe  ^  Bernardo  Guilhelmo  de  Rustralo  y  Bernardo  de  Rìpparia ,  Bej'- 
nardo  Qaverii ,  Bernardo  Barthae ,  Guìlhermo  Ilheni,  Arnaldo  de  Monte-acuto ,  Attone 
de  Turrede  Almaresìo  Conudoso;  Tunc  in  crastino;  Purìficationis  fuit  emptus  locus 
de  la  Planqueta  ubi  nunc  est  conventus,  quidem  locus  erat  prius  despectus  et 
magnae  diffamationis  et  nunc  cooperante  Domino  factus  est  locus  magnse  sedifica- 
tionis ,  emerunt  igitur  supra  dìcti  fratres  a  Raymundo  de  Sancta  fide  XVI  bra- 
chiatas  isti  loci  et  a  quadam  muliere  qua  vocabaiur  Flos  Vili  bracbiatds  versus 
caput  ecclesise,  alia  autem  loca  S.  Bedi  de  S*'  Ylario  et  afius  locus  qnev^  tenebat 
uxor  Bi  de  Pardelhano  et  locus  Geraldi  de  Bellomonte  qui  confroptat  cum  loco  Boni- 
hominis  de  Cassanha  empta  erant  sed  nondum  publicata  nec  soluta  nisi  solum  in 
universis  CL  sol.  Thol. 

Prsedicta  vero  die  Purìficationis  Dominus  Bertrandus  de  Ho  de  Villa  Vallis- 
Caprarise,  canonicus  S^^-Bertrandi  et  archidiaconus  S*<-Gaudentii,  celebravit  missam 
in  loco  supradicto  S.  in  barrio  Vigordano  et  procuravit  conventum ,  in  crastino 
autem  procuravit  Dominus  Archidiaconus  Riuensis  de  Aspello,  tertia^ero  die  Domi- 
nus de  Villafrancha  sacerdos  et  Rector  de  Faucoenda  et  Dominus  Joannes  de  Tremo- 
leto  Rector  de  Marignaco. 

Anno  autem  Domini  Mo.CoCo.XGo.IIIIo.  sede  Convenarum  vacante  anno  nono; 
Domino  Arnaldo  Mascaronis  canonico  Ecclesiae  Sti  Slephani  de  Tholosa  electo ,  die 
lunae  ante  festum  Beatae  Potentianse  Virginis  S.XVJ<>  calendse  junii  y  venerabilis  vir 
Dominus  Bernardus  Àrnaldus  de  Caudaraza,  Episcopus  Tarviensis,  consecravit  seme- 
therium  in  loco  de  la  Pls^nqueta  et  praedictus  Prior  celebravit  missam  de  Beato  Domi- 
nico  et  est  totum  locum  consecratum  circa  oram  valli  seu  fossati  majoris  versus 
villam  sicut  vadit ,  patuse  Ecclesiae  et  tota  carrerìa  versu3  occidentem  usque  ad 
vigneam  quae  fuit  Boni-hominis  de  Cassanha ,  Item  Ecclesia  et  Ciaustrum  et  Sacristia 
et  Capitulura  et  totum  cantum  tenebat ,  refectorium  antiquum  cum  dispensatorìo  et 
continuo  usque  ad  refectorium  novum  de  retro  dictum  antiquum  refectorium  versus 
occidentem  usque  ad  duas  cannas ,  erat  enim  refectorium  antiquum  situm  versus 
partem  claustri  occidentalem  et  protendebatur  ab  achilone  in  merìdiem  et  dictum 
dispensatorium  erat  continuum  refectorio  in  parte  achilonali  ad  latus  dispensatori 
erat  domus  ubi  fratres  hospites  commedebant,  Item  consecratus  est  locus  retro  caput 


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—  309  — 

ecclesiae  et  retro  sacristiae  ^t  retro  capitulum  totum  prseter  novem  cannas  versus 
sanciam  et  versus  locum  Guìlhelmi  de  Casalibus  qui  fuit  ommissus  prò  necessaria 
aedificiis  faciendis. 

Prima  autem  missa  quam  celebravit  frater  Vitalis  de  Anglada  fuit  celebrata  in  loco 
novo  de  la  Planqueta  ubi  nunc  est  conventus  anno  Domini  H<>.CoGo.XGo.IIIo  quarto 
nonas  martii  scilicet  feria  III»  post  carniprivium  et  fuit  missa  de  Beata  Virgine. 

Pratres  autem  fuerunt  in  loco  veteri  S.  in  barrio  Vigordano  per  quatuor  annos  et 
quantum  est  a  Dominica  in  passione  usque  ad  festum  Vedasti  et  Amandi  Episcopo- 
rum  ,  et  mutaveront  se  ad  locum  novum  anno  Domini  Mo.C<>.Go.XCo.IIIIo,  in  festo 
autem  dicto  S.  Sancii  Vedasti  et  Amandi  et  fuit  eadem  die  LX  et  ita  fuerunt  fratres 
in  loco  veteri  quasi  per  quinque  annos. 

(  Libre  des  obits  du  couvent  des  FP.  Prescheurs  de  Saint-Gaudens,  f®  30  ). 

S.  L.  D. 


J.-P.-M.  MOREL, 

Correspondant  de  la  Société  archéologique  du  midi  de  la  France 
et  de  plusieurs  autres  Sociétés  savantes. 


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ÉLOGE 


DB 


M.  LE  DOGTEUR  BESSIÈRES. 


Messieurs  , 

Vous  m'avez  chargé  de  vous  préseDter  une  notice  biographique  sur 
votre  confrère  le  docleur  Bessières.  Je  suis  arrivé  trop  tard  dans  votre 
Soeìété  pour  avoir  l'avantage  d'y  élre  son  collègue  ;  mais  j'ai  été  Tami  de 
M.  Bessières;  je  l'ai  reocoolré  souveot  dans  rexercice  d'une  profession 
qui  nous  était  commune  :  a  ce  doublé  litre ,  il  m'est  doux  de  venir  vous 
dire  quelques  mots  de  cet  homme  de  bien ,  de  cel  ami  de  l'humanité  > 
qui  fui  aussi  ami  des  lettres  et  des  arts ,  à  la  fois  observateur  de  l'bomme 
et  observateur  des  monuments ,  qu'il  laìsse  en  passant  sur  la  terre  comme 
témoins  de  sa  vìe  morale,  de  ses  travaux  ,  de  son  genie. 

M.  Bessières  naquit  à  Toulouse,  en  1796.  Après  y  avoir  fail  ses  ètudes 
classiques  avec  succès  et  avoir  été  inilié  aux  premières  notions  de  la  me- 
decine  par  quelques-uns  des  praticiens  les  plus  recommandables  de  sa 
ville  natale,  il  fut  envoyé  à  Paris,  en  1817. 

Tout  en  y  suivant  avec  une  grande  assiduite  les  cours  de1a  Faculté  de 
médecine,  il  frequentai!  les  le^ons  de  la  Sorbonne,  visitait  souvent  les 
musées;  une  de  ses  distraclions  préférées  était  dussi  d'aller  enlendre  les 
chefs-d'oBuvre  de  la  musique  contemporaine. 

Par  cetle  culture  a  la  fois  scientiQque  et  lilléraire ,  il  se  preservai t  de 
la  raideur  que  donne  quelquefois  Télude  exclusive  de  la  science;  il  per- 
fectionnait  cette  urbanìté  naturelle  qui  devait  lui  attirer  toujours  et  par- 
tout  tant  de  sympathie. 

Regu  docteur  en  1821  ^  il  arriva  à  Toulouse  en  1822  ,  et  il  ne  tarda 


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—  844  — 

pas  à  s'y  faire  la  positioD  honorable  qa'il  méritait  :  il  fut  Dommé  succes- 
sìvement  professeur  a  l'Ecole  de  médecine,  médecin  en  chef  de  THótel- 
Dieu  ,  membre  de  la  Société  de  médecine ,  dont  il  devint  plus  tard  prési- 
dent  ;  il  montra  partout  le  méme  zèle  ^  la  méme  intelligeDce ,  la  méme 
donceur  de  caraclère  et  de  manìères. 

Gette  bienveillaDce^  qui  faisait  partie  de  son  tempérament  moral,  lui 
était  si  naturelle  qu'elle  avait  servi  à  le  caractériser,  et  qu'il  s'était  par  là 
fait  une  place  à  part.  Nommer  M.  Bessières,  c'ètait  Dommer  pour  le 
peuple  l'homme  accessible ,  coDdescendant  ;  pour  les  gens  élevés ,  c'était 
rhomme  aimable  sans  obséquiosité ,  doux  sans  faiblesse;  pour  tous, 
c'était  rhomme  de  coeur ,  de  bon  conseil ,  de  dévouement. 

Sans  élre  arrivé  a  ce  succès  dp  premier  ordre  qui  produil  ce  qu'on 
appelle  la  vogue,  M.  Bessières  s'était  fait  uue  belle  clientèle,  qu'il  soignait 
ayec  une  attenUon  scrupuleuse  et  une  irréprochable  régularitè. 

Estimé  de  tous  ses  conci toyens,  entouré  d'affeclion,  goùtant  les  joies 
les  plus  pures  de  la  vie  de  famille  y  il  était  heureux  ;  mais  il  yit  bientdt 
s'éyanouir  un  bonheur  trop  grand  pour  ne  pas  étre  entouré  de  périls  ;  il 
regut  le  coup  le  plus  cruel  qui  pùt  l'atteindre  :  sa  Alle  unique  lui  futen- 
levée  par  une  maladie  de  consomption  ;  son  coeur  était  brisé.  Pendant 
quelques  annks,  il  vécut  comme  étranger  à  ce  monde,  alimentant  sa 
blessure  avec  une  amère  voluplé. 

La  médecine,  les  lettres,  les  arts  paryinrent  peu  à  pen  à  diminuer 
l'irritation  de  sa  douleur  ;  l'enseignement  surtout  contribuait  à  le  calmer 
età  le  distraire;  mais  une  nouvelle  épreuve  Tattendait  encore  :  par  une 
mesure  inattendue  qui  atteignil  en  méme  temps  plusietirs  de  ses  collègues 
de  l'Ecole  de  médecine^  il  fut  mis  à  une  retraite  prématurée.  Longtemps 
il  conserva  le  ressentiment.  de  cetle  deslitulion  aussi  imprévue  qu'immé- 
ritée;  mais,  j'oserai  le  dire,  il  lui  arriva,  quelques  années  après,  une  joie 
qui  fut  pour  lui  presque  une  compensation.  Je  rencontrai  un  jour  mon 
confrère  le  docteur  Bessières  sur  la  place  du  Capitole  avec  une  physio- 
noraiè  plus  souriante  que  d'habitude  et  avec  l'expression  d'un  bonheur 
qui  se  contenait  à  peine.  Etant  enlré  en  conversation  avec  mei,  il  ne 
tarda  pas  a  m'annoncer  qu'il  venaìt  d'étre  nommé  membro  de  la  Société 
archéologique  du  midi  de  la  Franco ,  ajoutant  que  cet  appel  tout  spontané 
de  votre  part  lui  avait  cause  une  des  plus  douces  émotions  de  sa  vie. 

44 


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—  31S  — 

Il  avait  dù  sans  doote  cette  faveur  à  une  conspiration  d'amitié  au  seìn 
de  la  Société  ;  mais  il  s'étail  recommandé  par  quelques  travaax  dignes 
d'eslime.  Àyant  consacré  quelqaes  mois  à  faire  un  voyage  en  Italie  et  dans 
le  midi  de  la  France,  il  avait  écrlt  jour  par  jour,  ville  par  ville,  le  journal 
de  ce  voyage  :  il  y  avait  depose  ses  impressions  courantes  sur  les  monu- 
ments,  sur  les  musées,  sur  les  bommes,  sur  la  nature;  il  y  décrivait 
avec  une  verve  elegante  et  facile  les  objels  qu'il  contemplait.  Ce  livre, 
qui  parut  en  feuilletons  dans  un  journal  de  Toulouse ,  sous  un  pseudo* 
nyme  y  révélait  un  goùt  cultivé  pour  les  arts ,  beaucoup  de  lecture  et 
l'amour  des  études  de  l'antiquilé.  Ce  petit  ouvrage  fut  remarqué  dès  son 
début  par  la  Société  archéologique  ;  et  si  votre  confrère  s'est  félicité  de 
l'avoir  écrit ,  c'est  quand  il  a  vu  que  vous  lui  en  aviez  tenu  un  grand 
compie,  et  que  vous  aviez  trouvé  dans  son  oeuvre  la  promesse  de  quelques 
nouveaux  travaux  et  de  nouvelles  études  qu'il  ne  put  malbeureusement 
achever. 

Je  ne  sache  pas ,  en  effet ,  que  M.  Bessières  ait  beaucoup  écrit  depuis 
cette  epoque.  Les  sollicitudes  constantes  de  sa  profession  et  une  grande 
modestie  Tempéobaient  de  livrer  ses  pensées  au  public. 

Depuis  son  entrée  dans  votre  Société ,  M.  Bessières  a  vécu  trop  peu 
d'années  pour  'qu'il  ait  pu  composer  beaucoup  de  travaux  sur  les  objets 
habituels  de  vos  études  ;  mais  dans  le  peu  de  temps  qu'il  est  reste  votre 
confrère,  il  a  montré  une  assiduite  et  une  attention  des  plus  grandes  à 
vos  séances ,  écoutant  toujours  avec  cet  intérél  avide  et  quelquefois  ému 
de  colui  qui ,  en  écoutant,  découvre  en  méme  temps  qu'il  se  souvient. 
Nul  ne  se  laissait  plus  volontiers  emporter  a  travers  les  sìècies  écoulés  ; 
nul  n'était  plus  docile  à  vous  y  suivre  avec  bonbeur  quand  les  sujets  de 
vos  Communications  ou  de  vos  discussions ,  lui  étant  peu  familiers ,  ne 
lui  permettaient  pas  d'en  parler ,  méme  avec  cette  retenue,  ce  tact,  com- 
pose de  finesse  et  de  modestie,  qu'il  apportali  en  toutes  cboses. 

Toutefois,  en  1865,  il  vous  communiqua  le  récit  d'un  voyage  qu'il 
avait  fait  à  Barcelone.  Dans  cet  opuscule,  il  presenta  des  observations  et 
des  réflexions  ìntéressantes  sur  les  principaux  monuments  de  toutes  les 
villes  espagnoles  dans  lesquelles  il  s'arréta. 

Ce  mémoire ,  bien  plus  ricbe  que  le  premier  en  apergus  arcbéologi- 
ques ,  témojgnait  de  tout  ce  que  votre  confrère  avait  appris  et  de  tout  ce 


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—  343  — 

qu'oD  apprend  aa  milieu  de  vous  pour  parvenir  à  recomposer  habilement 
le  passe  au  moyen  des  indices  découverts  daos  TexploralioD  du  présent. 

Ainsi ,  après  un  exercice  des  plus  aclifs  de  sa  profession ,  qui  n'avait 
jamais  exclu  la  culture  des  lettres  et  des  arts ,  au  milieu  d'une  alternative 
de  joies  et  de  souffrauces,  de  succès  et  de  déceptions,  M.  Bessières  était 
arrivé  à  la  paix,  qui  n'est  pas  le  bonheur,  mais  qui  est  le  repos;  il  goùtait 
celle  sagessemèlancolique,  qui  se  compose  du  souvenir  calme  des  orages 
passés  et  du  pressentiment  d'un  monde  meilleur. 

Diminuant  peu  à  peu  ses  occupations  extérieures ,  il  se  réservait  pour 
la  lecture,  pour  les  causeries  intimes,  pour  vos  séances  et  celles  de  la 
Sociélé  de  médecine,  lorsqu'un  événement  terrible  et  inaltendu  vint  arréler 
le  cours  paisible  de  celle  vie  sereine  et  apaisée.  Un  soir ,  un  ìncendie  for- 
midable  /  ravageant  en  quelques  heures  un  des  plus  vastes  et  des  plus 
beaux  magasins  de  Toulouse,  se  déclara  tout  près  de  sa  demeure;  il  en 
descendit  précipitamment.  Déjà  les  reflets  sinislres  des  flammes  toujours 
grandissantes  èclairent  les  murs  de  la  maison  qu'il  habilait;  il  se  mèle 
au  concours  tumullueux  des  citoyens  et  des  soldats^  accourus  pour  con- 
templer  ou  éleindre  l'incendie  ;  il  se  mei  a  la  chatne  et  y  travaille  più- 
sieurs  heures  ;  mais  l'émolion  avail  été  trop  forte  pour  ses  forces  et  pour 
son  àge  :  un  saisissemenl  profond,  une  crìse  intérieure  avail  ébranlé  sa 
vie  ;  il  tomba  pour  ne  plus  se  relever.  On  le  porla  dans  son  apparlement 
où  il  expira  aussilòt  dans  les  bras  de  sa  femme ,  atterrée  d'épouvante  et 
de  douleur.  Sa  mort  fui  un  deuil  public ,  et  un  concert  unanime  de  regrets 
retentil  sur  la  tombe  de  M.  Bessières.  Tous  répélèrent  qu'il  était  passe 
en  faisant  le  bien ,  qu'il  avait  été  bon  pour  tous  et  dévoué  surtout  aux 
malheureux^  aux  pauvres  pour  lesquels  il  avait  un  sourire  de  bienveil- 
lance  qui  semblait  tout  ex  près  pour  eux. 

Voilà  une  figure  aimable  dans  celle  galerie  des  membres  disparus  de 
la  Sociélé  archéologìque ,  qui  a  été  dans  ces  dernières  aunées  si  cruelle- 
meni  frappée. 

Au  train  rapide  doni  vont  les  cboses  humaines,  il  se  sera  passe  bien 
des  événemenls  dans  trois  ou  qualre  siècles.  Si  à  celle  epoque,  quelque 
curieux  du  passe ,  feuilletanl  nos  poudreux  volumes ,  échappés ,  il  faut 
l'espérer,  à  bien  des  naufrages,  s'arrétail  sur  la  biographie  d'un  travailleur 
depuis  longlemps  oublié,  et  venali  par  hasard  à  lire  ces  quelques  simples 


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—  344  — 

lignes  où  il  est  parie  de  lui ,  il  n'y  rencoDtrerait  aacun  de  ces  faits  me- 
morables  qui  dooneDt  ou  rendeDt  la  gioire  à  un  nono ,  mais  il  y  recon- 
nattrait  les  traits  véritables  d'un  homme  de  bien ,  d'un  observateur  con- 
sciencieux,  d'un  ami  sincère  de  l'humanité  ;  et  cette  lecture  ne  serait-elle 
pas  aussi  une  espèce  de  découverte? 

La  vie  d'un  homme  d'honneur  et  de  bien  ne  vaut-elle  pas  une  médaille, 
un  débris  de  monument ,  un  fragment  de  statue,  un  tableau?  N'est-il  pas 
beau ,  n'est-ce  pas  un  spectacle  bienfaìsant  de  revoir  apr^s  des  sìècles  ces 
existences  modestes  et  utiles,  qui  se  sont  composées  de  luttes,  de  services 
rendus ,  d'inefFables  joìes  et  d'amères  soufFrances?  G'est  donc  un  heureux 
usage  que  la  Société  archéologique  a  adopté  de  conserver  dans  ses  annales 
le  récit  sommaire  de  la  vie  de  ceux  qui  en  ont  fait  partie ,  et  d|honorer 
ainsi  leur  mémoire  par  quelques  pages  de  pieux  souvenirs.  Heureux 
serai-je  si  j'ai  pu ,  d'une  manière  qui  ne  soit  pas  trop  imparfaite ,  vous 
esquisser  la  figure  de  l'un  de  vos  confrères  qui  ont  mérité  le  plus  votre 
estime  et  vos  regrets ,  et  vous  dépeindre  M.  Bessières  tei  que  vous  l'avez 
connu  et  tei  que  vous  l'avez  aimé. 

D'  JANOT , 

Membre  résidant. 


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(1) 


GARIDECH. 

GARICODECHIUM-GARIDECHIUM. 


Isolée  aa  bord  de  la  route  de  Toulouse  a  Albi,  Téglise  de  Garidech 
arréte  foccément  les  yeax  et  l'atlenUon  da  voyageur  par  sod  aspect  ori- 
gÌDal  et  sevère.  Sa  fagade  offre,  à  défaut  d'ornemeots,  une  masse  un  peu 
lourde,  mais  imposante,  et  qui  faisait  méme  ud  pittoresqoe  effet,  avant 
qu'uDe  cognée  municipale  mal  iaspirée  n'eùt  abatta  les  deax  magaifiqaes 
ormeaax  qui  délachaleat  leur  vert  feuillage  sar  le  fond  grisàtre  da  mona- 
ment.  Une  muraille  d'ane  cinqaaDtaioe  de  mètres  de  haut  eavìroD,  ioter- 
rompae  sealement  par  quelques  simples  frises  et  percée  de  cioq  baies 
pour  les  cloches,  se  termine  à  sa  partie  supérieare  par  un  pinacle  sur- 
monté  de  la  croix  de  Saint- Jean.  A  gauche  de  cette  fagade,  dont  la  sim- 
plicité  méme  n'est  pas  dépourvue  de  grandeur,  un  clocheton  hexagonal 
renferme  Tescalier  a  lima^on  qui  conduit  au  haut  de  Tédiflce.  Une  parti- 
cularité  qui  m'a  frappé  dans  Tétude  de  cette  portion  du  monument,  est 
la  forme  des  baies  où  sont  placées  les  cloches;  à  première  vue^on  les  croi- 
rait  à  plein  cinlre,  et  ce  n'est  qu'un  examen  plus  approfondi  qui  m'apermis 
d'y  conslater  une  faible  intention  d'are  ogival  ;  on  dirait  que  nous  som- 
mesici.en  plein  àge  de  transition  entro  le  roman  et  le  gothique;  or, 

(4)  J*avais  déjà  avance  mes  recherches  sur  Thistorique  de  Garidech,  lorsque  le  hasard  m*a 
fait  découyrir  que  j'avais  étó  devancé  sur  ce  terrain  par  H.  Caze ,  dans  un  mémoire  lu  par 
lui ,  il  y  a  quelques  années ,  à  rAcadémie  des  sciences ,  sous  ce  titre  :  Une  commune  rurah 
•f  %m9  oommofuitfrie...  J'allais  ioterrompre  mes  recherches,  malgró  l'intérét  que  j*y  trouvais; 
cependant  j*ai  pensé  qu*ua  travail  très-bien  fait  d'aiUeurs,  mais  ne  considérant  la  question 
que  sous  un  poìnt  de  vue  tout  special,  ne  devrait  pas  m*emp6cher  de  poursuivre  une 
étude  plus  generale  et  de  compléter  celle  de  notre  regretté  confrère  par  la  publication  de 
documenta  encore  inèdita. 


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—  316  — 

comme  noas  leverroDS  dans  le  cours  de  calte  étode,  l'église  deGarìdech 
date  de  la  première  moitié  du  seizième  siede,  et  son  clocher  ne  fot  bàti 
qu'en  1557,  c'est-à-dire  eo  pleine  Renaissance.  Cette  anomalie  de  con- 
straclion  est  à  remarquer,  et  proaverait  que  nos  architectes  du  Midi 
étaìent  très-indépendanls  dans  lears  oeuvres  et  obéissaient  assez  peu  ani 
préceples  de  l'art  contemporain. 

Ne  descendons  pas  da  clocber  sans  jeter  un  coup  d'oeil  sur  le  carillon. 
La  Revolution  n'a  laissé  que  deux  cloches,  des  cinq  qui  devaient  exister 
dans  le  prìncipe.  La  plus  pelile  mème  appartenait,  parait-il,  à  Tannexe 
de  Saint- Vi vian  ;  elle  porte  cette  inscriplion,  en  caractères  majuscules 
ordinaires  : 

AVE  M ARIS  STELLA.  1596. 

Sur  Tautre  est  grave  le  distique  : 

HIC  LABOR  EST  SEMPER  DIVES,  CERTISSIMA  MESSIS 
EXPELLIT  CHRISTUS  NUBILA  VOCE  SUA.  1654. 

On  penetro  dans  Tintérieur  de  Téglise  par  un  portali ,  place  sur  le  coté 
droit  et  doni  lès  trois  arcbivoltes  ogivales  et  en  briques  sont  ornées  de 
simples  moulures  toriques.  La  nef ,  largo  et  surmontée  d'une  voùte  à 
ogive  surbaissée^  se  compose  de  trois  travées,  ornées  de  nervures  diago- 
nales.  Les  arcs-doubleaux  et  les  arétiers  viennent  reposer  sur  des  pilìers 
a  demi-colonnes,  réunis  en  faisceaux  avec  stylobate  commun  ;  leur  profil 
est  simple  et  sans  moulures.  L'abside  est  heptagonale  ;  les  arcs  arétiers 
de  sa  voùte  en  éventail  sont  supportés  par  des  coìonnes  cylindrìques 
élancées.  Getto  partie  de  l'édiflce  est  éclairée  par  sept  baies  ogivales  à 
meneaux  en  pierre  scuiptée,  faites  ou  réparées  avec  beaucoup  de  goùt  par 
les  soins  de  M.  Roig^  cmè  actuel  de  Garìdech,  a  Texception  d'une  seule, 
qui  a  servi  de  modèle  aux  autres.  C'estencore  à  son  intelligente  direction 
qu'on  doit  les  peintures  qui  décorent  les  murs  du  sanctuaire,  et  notam- 
ment  les  sept  grands  tableaux  à  fresque,  représentant  les  principaux 
épisodes  de  la  vie  de  saint  Jean-Baptiste,  patron  de  la  paroisse.  Les  trois 
chapelles,  quis'ouvrent  sur  la  nef,  sont  surmontées  de  voùtes,  ornées  de 
nervures  qui  reposent  sur  des  consoles  sculptées. 


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-  347  - 

L'extérieiir  de  l'église  est  gami  de  massifs  contre-forts  à  ressauts.  Tout 
aatour  de  renceiDle  se  voient  les  restes  d'une  litre.  Cetle  ceintore  funé- 
raire,  à  laqoelle  les  commandenrs  avaieot  droit,  comme  patrons  de 
réglise,  est  d'une  très-grande  simplicité ,  puisqu'elle  ne  consiste  qu*en 
une  bande  de  mortìer  de  cbaux,  large  de  30  cenlimètres  envìron;  nulle 
trace  d'écussons  de  FOrdre;  ils  devaient  sans  doute  étre  mobiles  et  ne 
s'adapter  sur  la  litre  que  lors  des  obsèques  des  commandeurs.  A  quel- 
ques  mètres  au-dessus,  se  voient  les  restes  d'une  autre  bande  qui  ne 
diffère  de  la  précédente  qu'en  ce  qu'elle  est  falle  au  mortier  de  terre  ^  et 
qui  a  été  par  suite  presque  complélement  détruite  en  peu  de  temps. 

A  Fétude  de  l'église  se  ratlache  encore  celle  d'une  magniQque  croix 
processionnelle  en  argent  ciselé,  qu'on  peut  admirer  dans  son  trésor.  On 
saitque  l'art  de  l'orfévrerie  fut  toujours  très*florissant  à  Toulouse  ;  voiciun 
specimen  qui  peut  étre  présente  comme  lui  faisant  honneur.  Avant  une 
malheureuse  restauralion ,  qui  date  d'une  quarantaine  d'années  et  qui 
prolongea  la  branche  inférieure»  c'était  une  croix  grecque ,  comme  celle 
de  Malte.  Ses  quatre  branches ,  décorées  d'ornements  délicats^  se  termi- 
nent  par  des  médaillons  contenant  des  sujets  divers  :  ainsi ,  sur  la  face, 
où  est  représenté  le'Cbrist,  nous  trouvons,  à  l'extrémité  des  bras,  deux 
saints  en  adoration,  probablement  la  Vierge  et  l'apdtre  saint  Jean  ;  au- 
dessus,  un  pélican^  dans  sa  pitie,  symbole  de  rbospitalilé  de  TOrdre  »  et 
au-dessous,  le  Sauveur  sortant  de  ce  tombeau,  dont  la  défense  avait  été 
un  des  principaux  buts  de  l'instituliou  des  chevaliers;  sur  l'autre  face, 
autour  de  la  statue  de  saint  Jean-Baptiste,  tenant  à  la  main  le  livre  des 
règles  de  l'Ordre,  sur  lequel  est  conche  un  chien,  image  de  la  fldélité  que 
tous  devaient  avoir  pour  les  observer,  nous  voyons  flgurés  les  symboles 
des  quatre  évangélistes.  Tous  ces  sujets  sont  traités  avec  beaucoup  d'art 
et  une  grande  perfection  de  dessin  ;  quelques  parlies  en  sont  dorées. 
Cette  (Buvre  d'art  fut  achetée  dans  les  premières  années  du  dix-huitième 
siede  par  le  commandeur  et  la  communauté  de  Garidech,  au  prix  de 
800  francs. 

Après  l'elude  de  l'église i  celle  du  reste  de  la  commanderie  sera  bientdt 
faite  ;  car  elle  se  résumé  dans  la  constalation  de  ce  qui  a  disparu ,  plutòt 
que  dans  la  description  de  ce  qui  subsisle  encore.  A  une  porlée  de  mous- 
quel  de  l'église  se  trouvait^  disent  les  anciens  actes,  le  fori  de  Garidech, 


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—  348  — 

renfermant  dans  son  enceinte  la  demeure  des  commaodears,  demeare 
bìen  pea  fastueose,  doDt  dous  aaroDS  roccasìoD  de  donner  la  descripUon 
dans  lecourantdeceUe  étude.  Aujourd'hui^  il  ne  reste  plus  decette  place, 
qoi  ne  parati  jamais  avoir  èté  d'une  grande  imporlance,  qu'one  partie 
des  anciens  fossés,  convertis  actaellement  en  abreavoir,  et  qo'ane  masare 
qui  porte  encore  le  nom  de  Fortj  mais  qui  n'a  de  commun  avec  lui  que 
son  emplacement  et  peut-élre  les  matériaux  dont  elle  a  été  construite.  Ce 
n'est  encore  presque  que  par  la  tradition  qu'on  connati  la  place  où  s'éle- 
vait  la  petite  église  de  Saint- Vidian,  annexe  de  Garidecb,  et  qui  a  servi 
au  eulte  jusqu'à  la  Revolution. 

Mais  si  celle  commanderie  nous  a  légué  peu  de  monumenls  à  étudier, 
en  revanche  ses  archives  (déposées  à  la  Préfeclure)  soni  excessivement 
ricbes  et  nous  pouvons  y  faire  une  ampie  moisson.  Peut-étre  ne  sera-l-il 
pas  sans  inlérél  de  reconstiluer  son  passe,  de  suivre  pendant  le  moyen 
&ge  les  luttes  que  ses  précepteurs  ont  eu  constamment  à  soutenir,  tanldt 
con  tre  rautorité  royale,  tanldt  contro  les  seigneurs  du  voisinage,  mais  le 
plus  souvent  contro  leurs  vassaux  de  Garidech  ;  car  la  suite  de  celle 
elude  nous  permettra  de  constater  combien  Tespril  de  certaines  de  nos 
populalions  du  Midi  élait  attaché  à  leur  indépendance  et  à  leurs  droits  : 
ainsi  nous  verrons  plus  d'une  fois  les  consuls  de  celle  petite  commune 
resister  aax  volonlés  des  commandeurs^  les  citer  devant  les  Iribunaux 
et  les  forcer  quelquefois  a  transiger  avec  eux  et  à  se  démellre  de  préten- 
lions  exagérées. 

HISTORIQUE  DE  LA  COMMAMDERIE. 

L'hisloire  et  les  archives  soni  mueltes  sur  Tépoque  de  Fétablissemenl 
des  Hospilaliers  a  Garidech.  Cependanl  loul  porle  à  croire  que  celle 
donalion  leur  fui  fatte  immédìatement  après  la  fondalion  de  Thòpital  et 
du  prieuré  de  Saint-Gilles  (1113),  auquel  ce  flef  fui  d'abord  réuni  (1).  Il 
faìsait  parUe  du  bailliage  de  Buzel ,  domaine  parliculier  des  comles  de 
Toulouse,  et,  par  suite,  fui  inféodé  aux  Hospilaliers  par  quelqu'nn  de  ces 
princes,  en  qui  Tordre  de  Saint* Jean  Irouva  loujours  des  protecteurs 

(4)  Expilly,  DUt.  d9  giog.,  liv.  3. 


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—  349  — 

déctarés,  depois  Raymond  de  Saio  t-Gilles ,  qai  avaìt  vu  les  services 
rendas  par  lui  en  Palestine,  jusqu'à  Raymond  VI,  qui,  partant  pour 
Rome,  légua  à  la  maison  de  Toulouse  une  partie  de  ses  revenus  et  son 
cheval,  et  regut,  pendant  le  siége  de  sa  capitale  par  Simon  de  Montfort, 
des  mains  du  prieur  de  Thòpital,  Thabit  de  frère  de  Saint-Jean. 

Yers  1120,  Amélius,  évéque  de  Toulouse,  donna  l'église  de  Sainl-Rémy 
à  rOrdre,  quiy  fonda  un  établissement,  erige,  peu  de  temps  après,  en 
prieuré.  Garidecb  lui  fut  réuni ,  si  l'on  peut  en  juger  par  le  consente- 
ment  que  donna  en  1210,  à  une  venie  qui  y  fut  fatte,  frère  Rernard  de 
Capoulége ,  précepleur  de  l'bòpital  de  Jérusalem  de  Toulouse ,  comme 
seigneur  de  ce  fief. 

Dans  le  principe,  toutes  les  possessions  de  l'Ordre  en  Europe  étaient 
affermées  a  des  receveurs  sèculiers  ;  mais,  des  abus  s'étant  introduits 
dans  ce  mode  d'adminislration  à  cause  de  l'éloignement  de  Jérusalem  ;  et 
Fargent  n'arrivant  pas  exaclement  dans  le  trésor  de  FOrdre,  le  grand 
maitre,  Hugues  de  Revel,  modifla  cet  état  de  choses,  vers  le  milieu  du 
treizième  siede.  Il  decida  qu'à  Favenir  on  commettrait  à  un  cbèvalier^  de 
désintéressement  et  de  capacitò  connus,  la  ebarge  de  régir  cbaque  portion 
de  biens  de  FOrdre  ;  a  cotte  fonctlon  en  était  jointe  ordinairement  une 
autre  :  celle  de  Féducation  de  quelques  cbevaliers  novices^  résidant  avec 
lui  dans  le  centro  de  son  commandement;  c'est  cotte  dernière  mission 
qui  avait  donne  le  nom  de  précepteurs  aux  cbefs  de  ces  petites  commu- 
naulés  disséminées  de  toutes  parts,  désignation  qu'ils  écbangèrent  dans  la 
suite  contro  celle  de  commandeurs. 

Le  premier  Hospitalier  que  nous  trouvons  à  la  téte  de  cotte  comman- 
derle  est  frère  Raymond  Pailheris,  que  nous  voyons  figurer,  dans  un  acte 
de  1260,  avec  le  titre  de  précepteur  de  la  maison  de  l'bòpital  de 
Garidecb. 

Son  successeur  futfrère  Rernard  deCaminières.Les  possessionsde  Saint- 
Jean  s'accrurent  considèrablement  sous  son  administration ,  soit  par  la 
liberante  des  ISdèles,  soit  par  des  acbats.  Ainsi  nous  trouvons  en  1264 
la  donation  d'une  maison  et  d'aulres  propriétés,  situées  à  Garidecb,  faite, 
par  Pierre  de  Pereilba  et  son  fils  Olivier,  à  Dieu,  à  la  bienheureme 
Vierge  Marie,  àia  sainte  maison  de  tkópitalde  Garidech,  au  frère  Ber- 
nard de  CaminièreSy  précepleur,  et  aux  autres  frères  de  celle  maison. 

4S 


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—  320  — 
Plasieursactes  d'acbats,  faits  par  le  mémc  préceptear,  proavent  quii 
coDlribua  beaacoup,  pour  sa  part^  a  raccroissement  des  possessions  dont 
la  gérance  lai  avait  été  confiée. 

Bientòl  memo  la  maison  de  Garrdech  fut  assez  florissaotepour  inspirer 
de  la  jalousie  aux  seigneurs  do  voisinage.  Geox  qui  vireDt  avec  le  plus 
dMmpatìeDce  la  puissance  rivale  qui  s'élevait  auprès  d'eux,  furent  Boa 
Mauclp  de  Maurand  el  soq  flls  Bertrand.  Ils  étaient  les  représentaots 
d'une  de  ces  anciennes  maisons  dont  le  nom  brille  si  souvent,  dans  les 
prenìières  annales  capitulaires,  àcòlè  deceuxdesYilleneuve  etdesRoaix. 
Je  ne  saìs  s'ils  étaient  parents  de  ce  famcux  hérétique  albigeois,  Pierre 
Maurand,  dont  parie  Calel  dans  son  Histoire  des  comtes  de  Tolosa,  el 
qui  fut  condamné,  malgré  rabjuralioo  de  seserreurs,  àse  rendre  à  Saint- 
Sernin  pieds  nus,  à  y  ótre  fouetlé  depuis  la  porle  jusqu'à  Tautel,  el,  après 
avoir  vu  ses  biens  confisqués  et  avoir  sub!  maints  aulres  chàtiments 
corporels,  à  quitter  Toulouse,  pour  aller  pendant  trois  ans  servir  lespau- 
vres  en  la  ville  de  Jérusalem.  Peut-étre  le  souvenir  de  ces  durs  traile- 
ments,  infligés  par  l'Eglìse  à  Tun  des  leurs,  joint  à  la  jalousie  que  leur 
inspirali  la  puissance  croissante  de  la  commanderie,  les  porta-t-il  à  se 
mettre  à  la  lète  des  adversaires  du  précepleur.  Toujours  est-il  que 
celle  animosilé  finii  par  dégénérer  en  voies  de  fall  qui  nécessitèrenl  le 
recours  à  Tarbitrage  de  frère  Raymond  d'Aure,  précepleur  de  Rayneville, 
lieulenant  du  grand  prieur  de  Saint-Gilles.  La  sentence,  qui  contieni  le 
récilque  font  successi vemenl  les  deux  adversaires  de  celle  lutto,  est  des 
plus  intéressantes,  comme  peinture  des  moBurs  de  celle  epoque  el  indica* 
lion  des  armures  dont  on  se  servali  alors  :  c'esl  unenarralion  de  combat  à 
la  fagon  de  celle  d'Homère,  avec  la  poesie  en  moins,  où  chaque  combat- 
tant  enumero  avec  complaisance  les  blessures  qu'il  a  regues,  les  injures 
et  les  menaces  dont  l'accablait  le  parli  oppose.  Je  me  contenterai  d'en 
donner  une  courte  analyse,  la  longueur  de  ce  document,  aussi  bien  que 
les  déchirures  el  les  taches  produites  par  le  lemps  en  maints  endroils  du 
parchemin,  s'opposanl  à  ce  que  je  le  publie  dans  son  enlier. 

Ecoulons  d'abord  le  précepleur  B.  de  Gaminières.  Il  venait,  raconle- 
t-il,  de  faire  enfermer  les  gerbes  de  la  moisson  dans  sa  maison  de  Gari- 
dech ,  lorsque  Bertrand  de  Maurand  y  fall  irruption ,  à  la  téle  d'une 
troupe  de  complices  et  de  vassaux  dont  voici  les  noms  :  Terrassone^ 


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—  324  — 

Raymond  Beranger ,  damoisean  ;  Pierre  de  Grazac  y  Arnaud  de  Valsègur , 
Yitalis  Raymond  y  avec  une  foule  d'aatres ,  armés  jusqu'aux  dents  ;  ils 
enlèvent  leurs  gerbes  en  litìge,  en  insultant  le  commandeur,  qui  de- 
mande  pour  punilion  de  ce  premier  méfait  que  les  Maurand  remettent  à 
sa  jaridiction  leurs  possessions  ao  lieu  dit  le  Pay-Saint-Pierre.  Bernard 
de  Caminières  rassemble  à  la  hàte ,  pour  se  mettre  a  la  poursuite  des 
ravisseurs,  les  cbevaliers  et  les  frères  servants ,  composant  la  maison  de 
l'hòpital  de  Garidech  ;  ce  sont  les  frères  Raymond ,  chapelain  ;  Raymond 
Fabri,  R.  de  Rayssac,  Pierre  de  Porquières,  Vidal  de  Caminières,  frère 
du  précepteur  ;  Arnaud  de  Forlon ,  R.  de  Sus ,  Adam  Anguiet ,  Raymond 
de  Lacaune.  Dans  celle  rencontre  y  Bertrand  de  Maurand  s'est  jelè  sur  le 
précepteur,  le  mena^ant  de  sa  lance,  et  a  brisé  le  frein  de  son  palefroi. 
Le  chapelain  Raymond,  qui,  malgrè  son  caraclère  sacre,  n'èlait  pas , 
paralt-il ,  au  dernier  rang  des  combaltants ,  a  èté  frappé  d'un  coup  d'ar- 
balèle,  et  puis  ren verse  sans  connaissance  par  une  flèche  lancée  par  Ter- 
rassone;  il  a  encore  regu  des  coups  de  massue.  Bertrand  de  Maurand  ne 
cessait  de  crier,  pendant  ce  temps  :  a  Qu'il  meure!  qu'il  meuret  »  Le 
précepteur  reclame  pour  le  chapelain  une  satisfaction  de  50  livres  tolo- 
sanes.  Le  frère  Raymond  Fabri  a  été  frappé  à  la  téle  d'un  coup  d'épée 
si  violenta  qu  il  Taurait  tue  y  s'il  n'avait  été  protégé  par  son  chapeau  de 
feulre.  Le  précepteur  continue  ainsi ,  faisant  voir  tous  les  siens  sortant 
de  la  mélée  plus  ou  moins  éclopés ,  et  reclame*  pour  chacun  d'eux  une 
satisfaction  pécuniaire ,  proporlionnée  a  la  blessure  regue ,  mais  surtout 
à  la  qualité  du  bléssé. 

Yoici  ensuite  le  récit  qoe  Bertrand  de  Maurand  oppose  à  celui  du  pré- 
cepteur. li  accuse  ce  dernier  d'avoir  enlevé ,  malgré  les  protestations  de 
son  bailli  y  les  gerbes  d'un  cbamp  appartenant  a  son  pére.  D'après  lui , 
Bernard  de  Caminières  l'a  allaqué,  lui  et  les  siens,  a  la  téle  d'une  troupe 
armée  de  lances,  d'arbalètes^  de  bàtons,  de  poignards,  de  glaives, 
d'épées  (1)  et  de  beaucoup  d'autres  armes ,  a  mis  en  fuile  ses  partisans  et 
les  a  poursuivis  en  les  frappante  les  mallraitant,  leur  criant  des  insultes 
et  des  menaces^  et  en  blessant  plusieurs.  Pour  ce  premier  grief ,  il  se  croit 


(4/  Cum  caparellis,  spatis^  segobianis.  Ce  dernier  mot  signifie  littéralement  épée  fabriquée 
à  Segovia ,  ville  qui  avait  précède  Toledo  daas  la  réputation  des  armes  qa'on  y  fabriquait. 


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—  322  — 
en  droit  de  réclamer  salisfaction  de  200  marcs  d'argent.  Il  se  plaiat 
encore  que  Bernard  de  Paìlherìs,  l'aDcieD  précepteur,  aurait  dépouillé 
sa  famille  de  la  possession  d'une  maison  ^  silaée  à  Garidech  ;  que ,  lors- 
qu'ìl  en  avait  demandé  la  restilution  au  précepteur  actuel ,  celui-ci  ne 
répondlt  à  ces  justes  réclamalions  qu'en  fondant  sur  lui  etles  siens,  a  la 
téle  de  sa  troupe.  Après  avoir  mis  en  fuite  leurs  adversaires,  les  Hospi- 
taliers  les  ont  poursuivis  a  coups  de  bàtons ,  de  flèches  y  de  pierres  et  de 
carreaux  d'arbalètes.  F^e  frère  chapelain,  Raymond,  se  tignala  entre 
tous  :  il  precipita  dans  le  Girou  Raymond  Yitalis ,  qu'il  poursuivait ,  et 
se  rendit  coupable  de  beaucoup  d'aulres  violences  du  méme  genre.  Le 
précepteur  s'esl  jelé  sur  Bon-Mancip  de  Maurand  lui-méme,  en  le  mena- 
^anl  de  son  pieu  et  en  le  désar^onnant.  Bertrand  de  Maurand  demande 
que  chacun  de  ces  méfaits  soit  expié  aussi  par  une  satisfaction  péco- 
Diaire. 

La  seutence  arbitrale  fut  rendue ,  le  14  aoùt  J265,  par  frère  Pierre  du 
Fort,  précepteur  de  SaintSulpice  en  Gascogne,  qui  avait  remplacé 
Raymond  d'Aure  dans  l'enquéte  que  ce  dernier  n'avait  pu  continuer. 
Quoiqu'il  dùt  étre  naturellement  porte  à  la  partialité  pour  un  précepteur 
de  son  Ordre,  le  jugement  de  Tarbitre  paraìt  diete  par  la  plus  stricte  jus- 
tice.  Bernard  de  Caminières  et  les  siens  conserveront  les  terres,  qu'ils 
ont  possédées  de  benne  foi,  en  payanl  aux  Maurand  460  sois;  la  maison 
reviendra  à  ces  derniers  ,  moyennanl  la  redevance  annuelle  de  4  deniers 
tolosans.  Quanl  aux  injures  et  aux  voies  de  fait ,  Tarbiire,  trouvant  sans 
doute  que  les  torts  devaient  étre  partagés ,  décide  qu'elles  seront  remises 
et  oubliées  de  pari  et  d'autre,  et  qu'elles  ne  se  renouvelleront  plus. 

Conformément  à  cet  arrét ,  la  paix  se  rélablit  entre  les  deux  adver- 
saires;  car  Bon-Mancip  de  Maurand  vendit,  en  1275,  à  Bernard  de 
Caminières ,  quelques  pièces  de  terre. 

Son  successeur  fut  frère  Raymond  d'Aure ,  que  nous  venons  de  voir 
figurer  comme  arbitro  dans  l'enquéte  précédente.  Les  archives  laissées 
par  lui  contiennent  un  document  fort  inléressant,  intitulé  Procedure 
faide  en  rayson  de  la  haulte  justice  entre  le  procureur  du  roy  et  le 
précepteur  de  Garidech.  Dans  cotte  pièce,  malheureusemenl  incom- 
plète, analysée,  du  reste,  avec  beaucoup  de  soin  par  M.  Caze,  l'on  voit 
que  Gilles  Caumel ,  procureur  du  roi ,  conteste,  devant  les commissaires , 


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—  323  — 

ao  précepteor  de  Garidech ,  frère  Raymond  d'Aure,  le  droìt  de  halite  et 
moyenne  j  astice  y  qui ,  sui  vani  lui ,  doit  reveuir  au  roi.  Il  demande  qu'à 
l'aveuir  od  remédie  à  cet  abus.  Pour  appuyer  ses  prélentions ,  il  produit 
plusieurs  témoins,  qui  afflrmenl,  l'un ,  que  Garidech  faisait  parile  du 
bailliage  de  Buzet;  un  second,  que  les  baillis  de  cette  chàtellenie  pour- 
suivirent  plusieurs  de  ses  habitants  pour  les  albergues  dues  au  comte  de 
Toulouse  ;  que  notamment  Tun  d'eux  arréta  un  paysan  de  Garidech  pour 
un  certain  crime,  le  flt  conduire  à  Buzet  et  enfermer  dans  les  prisons  du 
comte.  — Raymond  d'Aure  prétend,  au  contraire ,  que  de  temps  immé- 
morial  les  Hospitaliers  ont  joui  du  droit  cotitesté ,  qu'il  existe  encore  à 
Garidech  la  hache  et  les  chatnes  pour  l'exercice  de  la  baule  juslice,  et 
enfln  qu'aux  précepleurs  revient  la  faculté  d'instiluer  les  consuis  de  la 
communauté.  Il  cite,  pour  prouver  son  droit,  un  grand  nombre  d'exem- 
ples.  Ainsi,  vingt  ans  auparavant,  une  femme,  nommée  Rixende,  fut 
condaronée  par  le  tribunal  des  Hospitaliers  à  courir  la  ville  un  drap  sur 
le  cou,  et  à  étre  fustigée,  pour  avoir  volé  un  drap  de  lin.  Un  bomme  fut 
condamné  par  la  méme  cour  à  courir  la  ville  et  à  étre  marquè  au  front , 
pour  avoir  volé  une  poulo  et  une  paire  de  souliers  ;  un  autre ,  à  étre  fus- 
tigé  et  à  perdre  ses  biens,  pour  avoir  volé  des  fourrages  et  des  oulils;  il 
fut  méme  longtemps  détenu  pour  ce  crime  dans  les  prisons  des  Hospi- 
taliers. Il  n'y  avait  pas  plus  de  trois  ans  que  le  précepleur  avait  condamné 
une  femme,  nommée  Amalvina,  à  courir  la  ville ,  à  étre  conduite  sur  le 
fort  et  à  y  étre  marquée  au  front  avec  un  fer  rouge,  pour  le  voi  d'une 
chemise,  de  trois  draps  et  d'une  mesurede  lin.  A  l'appui  du  dire  du  pré- 
cepteur,  plusieurs  témoins  viennent  déposer  des  faits  analogues. 

Malheureusement ,  la  fin  du  parcbemin  a  été  enlevée  ;  ce  qui  nous 
prive  de  connaitre  la  sentence  des  commissaires  et  la  date  de  cet  acte. 
Nous  pouvons ,  du  reste ,  y  suppléer  en  parlie.  D'après  les  documents 
postérieurs,  tout  me  porle  à  croire  que  Tarrét  des  jugès  fut  enlièrement 
favorable  aux  prélentions  du  procureur  du  roi  ;  car  les  précepleurs  de 
Garidech,  dans  les  dénombrements  de  leurs  possessions  et  de  leurs  droils, 
qu'ils  élaient  tenus  de  faire  devant  les  commissaires  délégués  pour  la 
visite  de  la  commanderie,  ne  menlionnent  jamais  le  droit  de  haute  ou 
moyenne  justice  ;  on  ne  leur  reconnut  pas  davantage  le  pouvoir  d'ins- 
tiluer les  consuis,  qui  leur  témoignèrent  plus  d'une  fois ,  du  reste,  leur 


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—  324  ^ 

ìndépendaDce.  Quanta  la  date,  M.  Caze  croit  poovoir  la  piacer  entre 
1271  et  1285;  mes  recfaerches  personnelles  me  permetteot  de  la  flxer 
avec  plus  de  précision.  En  effet,  nous  avons  vu  plus  bautqu'eu  1275  la 
préceptorerìe  de  Garidech  élait  encore  occupée  par  Bernard  de  Gami- 
nières;  d'un  autrecòté,  nousllsoDs,  dans  dom  Yaissète  (  liv.  XXYII, 
chap.  27) ,  le  passage  suivant  : 

c(  Philippe  le  Bardi  envoya ,  en  1275 ,  Foulques  de  Laon ,  archidiacre 
»  dePonthieu,  dans  Téglise  d'Amiens,  et  Thomas  de  Paris,  chanoine 
»  de  Rouen  ,  dans  le  Toulousain ,  pour  faire  la  recherche  de  ses  droits; 
p  il  nomma  Gilles  Camelin  ;  chanoine  de  MeauK,  pour  exercer  les  fonc- 
»  tions  de  procureur  general  dans  colte  commission.  » 

Or ,  Gilles  Camelin  et  Gilles  Caumel ,  quo  nous  venons  de  voir  figurer 
comme  procureur  du  roi,  n'étant  évidemment  qu'un  seul  et  méme  per- 
sonnage^  nous  en  pouvons  conclure  que  la  procedure  en  question  se  rap- 
porto certaìnement  a  l'enquéte  dont  nous  venons  de  parler,  et  qui  était 
terminée  avanl  1277  ,  puisque  nous  voyons  à  celle  epoque  le  roi  envoyer 
de  nouveaux  commissaires  pour  compléter  ToBuvrede  leurs  devancìers. 

Après  Raymond  d'Aure ,  nous  voyons  successivement ,  à  la  téte  de  la 
préceptorerìe,  Pierre  de  Falmète  (1294),  Forlanier  de  Gordon  (1320), 
Arnauld  de  Jor  (1324),  sous  l'administralion  desquels  ne  se  passa  rien 
qui  mérite  d'étre  menlionné.  La  commanderie  étant  devenue  vacante,  le 
grand  prieur  de  Saint-Gilles ,  sous  la  dépendance  duquel  elle  était  placée  > 
la  confla  a  frère  Raymond  de  Saint-Just.  Mais,  pendant  cotte  période, 
un  événement  incroyable ,  sur  lequel  piane  encore  de  nos  jours  un  sombre 
myslère,  était  venu  modifler  compléteraent  Timportance  de  Tordre  de 
Saint-Jean  :  je  veux  parler  de  la  suppression  des  Templiers.  Leurs  im- 
menses  possessions  furent  adjùgées  à  leurs  rivaux,  les  Rospi taliers ,  qui 
se  trouvèrent  par  suite  chargés  seuls  d'opposer  une  digue  à  Finvasion 
musulmane,  mission  dont  ils  se  sont,  du  reste,  si  magnìfiquement 
acquitlés.  Par  suite  de  Taccroissement  des  possessions  de  TOrdre,  on  fut 
obligé  de  diviser  davanlage  le  commandement ,  et  ce  fut  alors  que  la 
maison  de  Toulouse  fut  érigée  en  grand  prieuré  (1315).  Une  des  attri- 
butions  du  grand  prieur  était  la  nomination  aux  commanderies  placées 
sous  sa  dépendance.  Aussi,  en  1347,  Dieudonné  de  Gozon  ,  alors  grand 
maitre  de  l'Ordre,  adressa  une  bulle  à  Esconle  de  Ryaterio,  grand  prieur 


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de  ToaloQse,  poar  réanir  Garidech  au  grand  prieuré  Douvellement  forme, 
el  lai  remettre  la  nomination  du  préceptear;  corame  Raymond  de  Saint- 
Just  était  déjà  pourvu  de  celle  dìgnité»  le  grand  maitre,  par  celle  méme 
bulle ,  lai  fail  proposer  d'échanger  Garidech  conlre  un  autre  poste  d'égale 
valeur.  (Yoir  aux  pièces  jusliflcatives.)  Celle  proposilion  ne  fut-elle  pas 
du  goùt  de  rinléressé,  ou  le  grand  prieur  de  Toulouse  conQrma-t-il  la 
nomination  déjà  falle?  nous  Fignorons;  toujours  esl-il  que  noas  relrou- 
vons,  en  1367,  le  précepteur  de  Sainl-Jusl ,  adjoignant  quelques  nou- 
Telles  terres  aux  possessions  de  FOrdre  a  Garidech. 

Son  successeur  fui  le  frère  Pierre  de  Salinier.  Une  bulle ,  accordée  le 
18  seplembre  1374,  par  Robert  de  Juillac,  grand  mailre  de  l'Ordre,  con- 
firme la  nominalion  de  ce  chevalier  à  ce  poste  qu'exigeail  son  mérile  {suis 
exigenlibus  meritis).  En  1392 ,  il  élablil  à  Garidech  une  forge-bannière 
où  tous  les  habitants  élaienl  obligés  d'aller  faire  aiguiser  et  accommoder 
leurs  outils,  a  la  charge  de  payer  annuellement  au  forgeron ,  pour 
son  travail,  cinq  pugnerées  de  blé  par  paire  de  boeufs,  oblìgalion 
onéreuse ,  conlre  laquelle  nous  verrons  les  habitants  de  Garidech  opposer 
de  fréquenles  protestalions. 

Dans  rhérilage  des  Templiers  élait  la  maison  qu'ils  possédaient  à  Tou- 
louse ,  presque  vis-à-vis  de  rélablissement  rivai  des  Hospitaliers  (1).  Pour 
utiiiser  ce  bàUment ,  dans  un  bui  conforme  à  rinslilulìon  de  TOrdre  , 
Raymond  de  Lescure ,  grand  prieur  de  Toulouse ,  demanda  et  oblint 
Térectioo  de  celle  maison  en  un  hòpital  pour  les  pauvres ,  et  en  parliculier 
pour  les  infirmes  allant  en  pèlerinage  à  Sainl-Jacques-de-Composlelle  ou 
ailleurs.  Par  la  méme  bulle  du  24  novembre  1408,  le  grand  mailre  Phi- 
libert  de  Naillac  afFecte  Garidech  à  renlretien  du  nouvel  élablissement  et 
en  déclare  le  précepleur  hospilalier  du  Tempie.  (Yoir  aux  pièces  juslifl- 
catives les  exlrails  de  ce  document.  ) 

Celle  bulle  regni  son  immediate  exéculion  ;  le  précepleur  de  Garidech 
le  fui  aussi  de  rbdpilal  du  Tempie  de  Toulouse.  Des  lors  celle  comman- 
derie  ,  jusqu'alorà  une  des  moius  riches  et  des  plus  peliles  de  TOrdre, 
acquil  uue  loul  autre  importance. 

Un  des  successeurs  de  Pierre  de  Salinier,  frère  Jean  de  Margatle,  pour 

(i)  Sur  l'emplacemeiit  occupé  actuellement  par  le  couvent  des  religicuses  de  la  Visitation. 


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•  —  326  — 

assurer  le  droìt  de  forge,  qai  commen(^it  probablemeDt  à  pesef  beaacoop 
aux  habitauts,  exigea  que  Ics  codsuIs  et  Tuniversité  de  Garidecb  le  lai  recon- 
DusseDt  de  nouveau  (1432).  Après  lai,  noas  troavons  investì  de  la  dignité 
de  précepteur ,  Pierre  de  Pagèse ,  issa  d'une  famille  dont  riUastration 
était  déjà  ancienne,  et  qui  avait  fourni  à  TOrdre  plusieurs  chevaliers  (1437). 

La  commanderie  de  Garidecb  passa  ensuite  aux  mains  d'un  relìgienx 
cbapelain  ,  frère  Jean  du  Puy ,  dont  le  noii\  avait ,  pour  ainsi  dire ,  pris 
droit  de  cité  dans  Tordre  de  Saint-Jean ,  presque  depuis  sa  fondation. 
Vers  ce  temps-là,  comme  les  revenus  de  la  commanderie  de  Garidecb 
ètaient  insufQsants  pour  l'entrelien  de  Thópital  ^  on  lui  adjoignit  diverses 
annexes  :  la  commanderie  de  Cornebarrieu ,  près  de  Toulouse ,  et  les 
domaines  de  Labartbe  et  de  Flamarens^  près  de  Monlauban.  De  sorte 
que  Jean  du  Puy  et  ses  successeurs  prirent  toujours  depuis  le  titre  de 
précepteurs  de  Garidecb ,  de  Cornebarrieu  et  du  Tempie  de  Toulouse. 
Nous  trouvons  de  ce  commandeur  une  fonie  d'actes  d'acbats ,  qui  prou- 
venl  qu'il  s'occupa  aclivement  à  agrandir  les  possessions  qui  lui  avaient 
èie  conQées. 

Après  noble  frère  Etienne  Labola ,  qui  ne  fit  que  passer  à  la  comman- 
derie de  Garidecb ,  nous  la  voyoos  occupée  par  Pons  de  Ràffln^  de  1475  . 
à  1490.  Les  Turcs,  à  cetle  epoque,  avaient  commencé leurs  armements 
formidables  contro  les  Hospitaiiers  ;  en  1480  leur  flotte  se  montra  pour 
la  première  fois  devant  l'ile  de  Rbodes.  Pierre  d'Aubusson,  alors  grand 
maitre ,  avait  fait  un  appel  a  tous  ses  cbevaliers ,  et  ils  étaient  accourus  en 
fonie  se  ranger  sous  ses  ordres.  C'est  ce  qui  fut  cause  que  Pons  de  RafSn 
ne  parut  jamais  à  sa  commanderie  y  et  que  dans  tous  les  acles  nous  le 
trouvons  représenté  lantót  par  frère  Antoine  du  Puy,  prétre  de  l'Ordre  et 
recleur  de  l'èglise  de  Garidecb ,  et  tantót  par  Pierre  de  Bourdalèse ,  pré- 
cepteur de  Gapestang. 

La  ebarge  de  cbapelain  du  Tempie  de  Toulouse  étant  devenue  vacante 
par  la  mort  de  son  tilulaire,  nous  en  voyons  la  collation ,  faite  en  1497, 
parno6/e  et  religieux  homme  frère  Guillaume  Saisler,  précepteur  de 
Garidecb ,  avec  Tapprobation  de  Jean  de  Nolbac ,  précepteur  de  Ràyne- 
ville  et  lieutenant  du  grand  prieur  de  Toulouse. 

Son  successeur  fut  frère  Marquiot  ou  Melcbior  d'Aspremont.  Des  docu- 
ments  très-nombreux  et  assez  intéressants  se  rapportent  à  son  adminis- 


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tratioQ.  Ea  1618,  il  fit  faire,  ea  présence  de  deux  prétres  de  l'Ordre  et 
de  Mathurine  Bianca ,  veave  de  Malhieu  de  Àthas  y  et  hospitalière  dans 
la  maison  da  Tempie ,  Tinventaire  de  tout  ce  qui  composail  cet  hópital. 
Il  ne  sera  peut-étre  pas  hors  de  propos  d'en  faire  connattre  le  sommaìre 
et  d'étudier  par  ce  moyen  les  établissements  de  ce  genre  à  cette  epoque; 
on  y  verrà  que  tout  y  était  réduit  a  sa  plus  slmple  expression ,  et  que  peu 
d'objets  y  étaient  deslinés  au  luxe  ou  à  Tagrément.  L'hòpital  se  composait 
d'un  Seul  corps  de  logìs  »  ou  il  ne  se  trouvait  sans  doute  qu'une  salle , 
avec  une  grande  cheminée,  quatre  fenétres  bien  closes,  une  grande  table, 
neuf  llls,  garnis  chacun  d'un  matelas,  d'un  oreiller,  de  rideaux  bien 
ajustés,  d'une  paìre  de  draps  et  de  couverlures;  on  y  Irouvail  encore  une 
lampe  a  bulle  pour  éclairer  la  nuit.  Àuprès  de  ce  principal  corps  de  logis 
était  un  petit  bàtimenl  destine  au  logementde  THospitalière ,  et  un  autre 
pour  metlre  le  boisel  le  Unge  sale.  Plus  loin  était  1^  cimelière,  destine  à 
la  sépulture  des  pauvres^  morts  à  Tbòpital.  Enfln^  Tinventaire  décrit 
l'église  et  son  clocber  avec  deux  cloches  ;  dans  l'intérieur ,  son  presbytère, 
séparé  de  la  nef  par  une  simple  baluslrade  de  bois,  ses  trois  autels,  « 
dédiés ,  le  premier  à  Notre-Dame,  le  deuxième  a  salute  Barbe ,  et  le 
troisième  à  salute  Catherine  ;  puis  vient  la  description  très-détaillée  des 
ornements  et  des  objets  sacrés  qui  s'y  trouvaient. 

Il  paraft  du  reste  que  le  commandeur  d'Aspremont  s'occupait  des 
devoirs  de  sa  charge  avec  assez  de  négligence  ;  on  l'accusait  de  ne  pas 
entretenir  convenablement  Thópilal  conflé  a  ses  soins  et  de  ne  pas  payer 
exactementsesredevances.  Le  bruit  en  étantarrivé  jusqu'au  grand  prieur 
de  Toulouse,  frère  Francois  Flotte,  qui,  comme  la  plupart  des  chevaliers 
de  Saint-Jean,  se  trouvait  à  Rhodes  pour  concourir  a  la  défense  de  l'ile ^ 
celui-ci,  par  une  bulle  du  17  juillet  1518,  délègue  les  frères  Jacques  de 
Manas  ou  d'Abessan  et  Jehan  Salomon,  commandeur  de  Montsaunès, 
pour  aller  inspecter  la  commanderie  de  Garidech  et  s'assurer  de  la  vérité 
des  accusations  portées  contre  le  chevalier  d'Aspremont.  En  vertu  de  cette 
commission,  le  3  juillet  1519,  le  commandeur  Jehan  Salomon  se  trans- 
porta dans  l'église  du  Tempie  de  Toulouse,  pour  procéder  à  son  enquéte; 
devant  lui  comparurent  le  frère  d'Aspremont  d'une  part,  et  de  l'autre 
frère  Julien  Sicard,  trésorier  de  l'Ordre,  comme  procureur  du  révérend 
prieur  de  Toulouse.  Ce  dernier  requiert  le  commissaire  de  s'informer  si 

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le  commaDdeur  faisoit  san  devoir  audiet  hospital ,  si  ks  pouvres  de 
N.S.  Jésus-Chrìst  estoient  hien  traités  de  lictSj  de  linceulx,  couvertes^, 
serviettes  et  autres  choses  à  eulx  nécessaires.  Pour  se  conformer  àcette 
requéle,  le  commissaire  visite  les  pauvres  et  leur  demande  s'ils  sont  bieo 
servis;  ils  répondent  tous  affirmativemeDl.  Puis,  après  noe  visite  con- 
sciencieuse,  il  ordonne  dififérentes  améliorations  ;  aiDsi  il  prescrit  Tachat 
de  neaf  paires  de  draps  ;  il  veut  que  tous  les  ans  od  fasse  une  provisioQ 
de  bois  et  de  charbon  ponr  la  somme  de  6  escus;  qa'on  remette  15  sols 
ès  mains  de  Phospitalièrepour  qu'elle  en  achepte  des  grazals,  tran- 
cheurSy  plats  et  escuelles  pour  le  service  des  pouvres;  il  ordonne  de 
plus  que  quand  un  pauvre  sera  fort  malade  et  en  danger  de  mort^  la 
lampe  de  l'hòpital  reste  allumée  tonte  la  nuit.  Qaantaux  autres  reclama* 
tions  du  procureur,  le  commissaire  suspend  son  jugement  jusqu'au 
moment  où  on  lui  aum  expédié  de  Rbodes  la  copie  de  la  bulle  de  fonda- 
tion  de  l'hòpital. 

Les  Capitouls ,  parmi  leurs  multìples  attributions ,  avaient  eux.  aussi 
celle  de  l'inspection  et  de  la  surveillance  des  bòpitaux  de  Toulouse.  Je  ne 
sais  si  la  mauvaise  adminìstration  du  frère  d'Aspremont  en  fut  cause^ 
toujours  est-il  qu'ils  voulurent  confier  le  soin  de  cet  hdpital  aux  soBurs  de 
Sainte-Claire  de  Saint-Gyprien  (d'un  monastèro  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre  avec  colui  qui  élait  établi  sous  le  méme  nom  dans  le  voisinage 
méme  du  Tempie).  Les  Capitouls  portèrent  cotte  affaire  devant  le  parie* 
ment,  qui  rendil  un  arrét  par  lequel  le  précepteur  était  tena  à  présenter 
dans  un  très*bref  délai  la  bulle  de  fondation  de  l'hòpital,  fante  de  quei  il 
se  verrait  force  de  le  céder  aux  prétentions  de  ses  compétiteurs.  Or,  comme 
nous  l'avons  dit  plus  haut^  Tordre  tout  entier  était  dans  un  moment  de 
crise  suprème;  toutes  les  forces  musulmanes  s'apprétaient  à  fondre  sur 
l'ile  de  Rhodes  ;  les  chevaliers  s'étaient  tous  rendus  aupràs  du  grand 
maitre  pour  prendre  leur  part.de  périls  et  de  gioire;  les  Communications 
étaient  interrompues.  Il  était  dès  lors  bien  difficile  de  se  conformer  à 
l'arrét  de  la  Gour.  Heureusement  que  l'Ordre  avait  un  protectear  déclaré 
dans  la  personne  du  roi  Francis  I^.  Aussi  ce  fut  à  lui ,  quo,  dans  leor 
embarras,  s'adressèrent  le  grand  prieur  de  Toolouse  et  le  commandear 
de  Garidech.  Leur  conflance  ne  fut  pas  trompée.  Le  roi  leur  accorda  des 
lettres  patentes,  dans  lesquelles,  indigné  de  voir  les  Capitouls  vouloir 


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—  829  — 

translater  ung  tas  de  religieuses ,  assizes  et  habitantes  en  ung  ben 
couvent  à  Tholoze^  en  la  maison  et  hospitalitté  du  Tempie,  et  consi- 
déranl  rimpossibilité  où  se  troavaient  les  chevaliers  de  prodaire  leurs 
tilres  de  possession,  à  cause  de  leur  probable  absence  et  occupation 
cantimieUe  quHls  ont  en  la  ville  de  Rhodes  pour  la  tuhition  et  défense 
de  nostre  fay  catholique,  cantre  les  Turcs  infèdelles,  qui  notoirement 
se  soni  mis  suspour  guerroyer  et  opprimer  les  dicts  religieux;  il  leur 
accorde  un  an  de  surséance  et,  jusqu'à  celle  epoque,  casse,  rèvoque  et 
auDule  tool  ce  qui  a  élé  fait  contre  eux. 

Lesdroils  ÌDContestables  des  chevaliers  et  peut-élre  aussi  lebon  vouloir 
du  roi  aidaut,  la  seulence  definitive  fui  sans  doute  complétement  en  leur 
faveur,  et  les  soeurs  de  Sainte-Claìre  durenl  se  desister  de  leufs  préten- 
tions,  doni  il  n'est  plus  queslion  dans  la  suite,  et  se  résigner  à  habiter 
leur  couvenj  de  Saint-Cyprien,  qu'elles  se  bornèrent  àfaire  agrandir  pour 
l'adapterà  leurs  besoios. 

Le  percepteur  fit  commencer  en  1522  l'église  actuelle  de  Garidech;  il 
s'engagea,  pour  lui  et  pour  ses  successeurs,  à  payer  annuellement  pour 
celle  conslruclion  le  tiers  des  fruits  et  grains  de  la  dime.  Louis  Privai , 
maitre  ma^on  juré  de  la  ville  de  Toulouse,  fui  l'enlrepreneur  qui^ 
moyennant  les  condilions  consenties  par  le  commandeur  et  le  syndic  de 
l'église,  s'engagea  à  la  bàtir  dans  Tespace  de  Irente-cinq  ans. 

Vers  ce  temps-là ,  Touloose  fut  souvent  désolée  par  la  famine  et  la 
peste  y  qui  en  élait  alors  la  triste ,  mais  presque  inévilable  conséquence. 
Aussi,  malgré  la  charilé  dont  les  Toulousains  ont  donne  de  si  nombreuses 
preuves  en  ces  affreuses  calamités ,  ne  voyaient-ils  pas  sans  crainte  celle 
masse  d'hdpitaux  qui,  disséminés  dans  Ionie  la  ville  (Galel  en  compie  aa 
moìns  vingl-huit) ,  devenaient ,  en  temps  d'epidemie ,  comme  aulant  de 
foyers d'où  le  terrible fléau étendait  ses  ravages  sur  les  quarliers  voisins.  Pour 
satisfaire  à  ces  justes  appréhensions ,  un  arrét,  rendu  le  25  février  1524 
par  le  parlement ,  iréunit  la  plupart  de  ces  hdpitaui  à  celui  de  Saint- 
Jacques.  Dès  lors  la  maison  du  Tempie  ne  servii  plus  qu'à  la  residence 
du  précepteur,  quand  il  étail  à  Toulouse.  Mais ,  pendant  quelques  temps 
encore,  cet  établissemenl  ne  fut  pasofficiellement  sopprime,  ella  majeure 
parile  des  reyenus  de  la  Commanderie  étail  versée  au  trésor  de  THòtel- 


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—  330  — 

Dieu ,  pour  le  surcrott  de  charges  que  la  suppressioo  de  l'hdpital  da 
Tempie  lui  avait  impose. 

Quelques  années  plus  tard,  la  famine  ayaut  recommeocé  à  sévir  avec 
plus  d'intensité  que  jamais,  et  faisaut  affluer  dans  Toulouse  un  nombre 
très-considérable  d'ìndìgents,  les  ressources  ordinaires  ne  suffisaient  plus 
à  leur  enlrelien;  les  deniers  publics  élaienl  épuisés.  Dans  cette  détresse, 
plutdl  que  d'expulser  le  trop  plein  de  la  population  nécessiteuse,  la  par- 
lement  decida,  le  5  février  1528^  que  tous  les  corpsreligieux,  à  commen- 
cer  par  Tarchevéque,  seraient  tàxés  pour  conlribuer  à  Fentretainement  et 
au  nourrissement  des  pouvres,  estant  en  grand  et  excessif  nombre  en 
la  cité,  à  cause  de  la  sterilite  des  fruicts  et  famine  de  cette  année.  Dans 
cet  arrél,  le  commandeur  du  Tempie  est  taxé  à  quinze  francs  par  mois, 
en  outre  des  aumònes  ordinaires. 

La  conslruclion  de  l'église  avait  èté  poussée  vivement  pendant  tout  ce 
temps.  Au  mois  de  janvier  1534,  elle  était  assez  avancée  pour  pouvoir 
étre  consacrée  ;  elle  le  fut  par  reverendissime  George  de  Selve  ^  évéque 
de  Lavaur,  remplagant^  pour  la  circonstance,  Odon  de  Ghàtillon ,  cardi- 
nal nommé  a  rarchevéché  de  Toulouse.  L'ardeur  qu'on  avait  mise  à 
l'érection  de  cette  église  se  ralentit  peu  à  peu,  etbien  des  années  s'écou- 
lèrent  avant  son  entier  achèvement ,  comme  nous  le  verrons  dans  la 
suite. 

A  la  mort  de  Marquiot  d'Aspremont  en  1536,  Pierre  de  Grace ,  alors 
grand  prieur  de  Toulouse ,  se  hàta  de  disposer  de  la  Gommanderie  de 
Garidech  en  faveur  de  son  neveu  frère  André  de  Guiramand,  nomination 
qui  ne  fut  conflrmée  que  douze  ans  après,  en  1548. 

A  cette  epoque  surviennent  des  démélés  entre  le  commandeur  et  les 
habitants  de  Garidech.  Ges  derniers  refusaient  de  payer  la  dime  du  pastel, 
culture  qui  faisait  alors  la  richesse  du  pays  toulousain  et  qui  était  en 
très-grand  honneur  dans  tonte  la  contrée.  Le  commandeur,  n'ayant  pu 
venir  à  bout  de  ses  vassaux  récalcitrants,  eut  recoars  au  sénécbai  46 
Toulouse,  Antoine  de  Rochechouart ,  qui  condamna,  en  1538,  les  babi- 
tants  a  payer  à  leur  seigneur  la  dime  contestée.  Malgré  cette  sentence , 
cette  affaire  traina  encoreen  longueur,  et  ce  ne  fut  qu'en  1565  que  le  sue- 
cesseur  de  Guiramand  put  en  voir  le  terme. 

Francois  P%  par  des  lettres  patentes  données  a  Fontainebleau  au  mois 


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—  334  — 

de  mai  1546,  avaitattribué  aui  parlemeots,  baillis  et  séDéchaux,  toates  les 
quesUoDS  relatives  aux  hòpilaax,  à  leur  police  et  a  leurs  réformes,  ques- 
tioDS  portées  jasque-là  devant  le  grand  conseil.  Les  capitouls  et  lesyndic 
de  l'Hòtel-Dieu  profitèreot  avec  empressement  de  celte  nouvelie  dìsposi- 
tioD  pour  porter  devant  leparlement  des  plaintes ,  d'ailleurs  assez  justes, 
contre  le  commandeur  ;  ils  raccusaiènt  de  ne  verser  au  trésor  de  rhòpilal 
qu'ane  portion  illusoire  des  revenus  de  la  Commanderie  de  Garìdecb/ 
dont  la  plus  grande  partie  devait  revenir  à  Tentrelien  des  pauvres,d'après 
la  bolle  de  1408.  André  de  Gairamand  pretendali ,  au  conlraire,  que  la 
maison  du  Tempie  n'avait  été  destinée  qu'à  servir  de  demeure  au  com- 
mandeur ou  aux  autres  chevaliers.  La  hardiesse  avec  laquelle  celte  pré- 
tention  était  soutenue  est  bien  faìte  pour  étonner,  si  Ton  songe  qu'il  n'y 
avait  pasplus  de  vingt-cinq  ans  que  Fbòpital  du  Tempie  subsistait  encore. 
Le  parlement  rendit  un  arrétqui  ordonnaìtau  commandeur  de  présenter 
dans  un  déiai  de  quatre  mois  la  bulle  de  fondation;  et,  en  atlendant, 
prescrivait  la  saisie  des  revenus  de  Garidech.  Pour  se  soustraire  à  cette 
sentence,  André  de  Guiramand  eut  recours  à  Fintervention  de  Henri  II , 
qui^  comme  son  pere,  professali  un  grand  atlacbement  pour  Tordre  de 
Saint-Jean,  el  qui,  en  effet,  accorda  par  des  lettres patentes  la  main-. 
levée  des  revenus  mis  sous  le  séquestre.  Quant  à  la  première  partie  de 
Varrei  du  parlement ,  elle  était  d'une  bien  plus  grande  imporlance  :  la 
bulle  de  fondation  condamnait  formellemenl  le  commandeur,  qui  écrivit 
à  Malte  pour  faire  pari  au  chapitre  de  l'Ordre  de  ses  embarras.  La  ques- 
tion  y  fut  traitée  longuement;  les  archives  contiennent  de  nombreux 
mémoires  faits  sur  cette  affaire;  il  parati  méme  qu'on  proposa,  pour  sortir 
de  cette  difQcullé,  le  moyen  coupable  d'allérer  la  bulle  ;  ce  qui  fut  rejeté 
da  reste  avec  indignation.  La  grande  matlrise  était  alors  occupéepar  Jean 
de  Homédès,  religieux,  qui,  perdanl  les  tradilions  de  désintéressement  de 
ses  prédécesseurs,  avait  pour  butprincipal  d'enrichir,  au  moyen  du  trésor 
de  l'Ordre,  divers  membres  de  sa  famille;  et  qui,  ne  désirant  nuUement 
que  les  revenus  des  commanderies  f ussenl  employés  aux  bòpitaux ,  s'adressa 
à  Henri  IL  Celui-ci ,  pour  prendre  plus  directement  cette  affaire  sous  sa 
prolection ,  révoqua ,  en  ce  qui  concernali  les  Hospitaliers ,  Tordonnance 
rendue  par  son  pére  en  1546.  Dans  ces  lettres  patentes  données  à  Fon- 
tainebleau  le  8  janvier  1549,  aprèsavoir  exprimé  son  mécontentemenl 


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—  S8S  — 

de  voir  qu'on  tàchaìt  de  diminuer  les  ressourees  de  ces  bons  zélateurs  et 
deffenseurs  de  la  foi ,  le  roi  termioait  en  altribuant  au  gr^nd  coDseil , 
comme  par  le  passe,  les  affaires  relalives  aux  bdpìlaax  de  TOrdrc. 

Polir  assnrer  plus  complétemeot  le  snccès  de  eette  affaire  y  le  grand 
maitre  ordonna ,  par  une  bulle  dti  20  mai  1549 ,  la  soppressioD  de  l'ho* 
pital  du  Tempie ,  suppression  qui  existait  de  fall  dè)à  depois  longtemps. 
Dans  cette  bulle,  après  avoir  rapporlé  celle  de  sod  prédéeesseur,  Philibert 
de  Naillac,  coosidérant  que  Tardeur  des  pèlerinages  à  Saint* Jacques 
s'était  depuis  bien  refroidie;  que,  d'un  autre  coté,  les  cbarges  qui  pesaient 
sur  Malte  deveoaient  de  jour  en  jour  plus  lourdes,  et  que  Ttle,  esposte 
sans  défense  aux  insultes  des  ennemis  de  la  croix,  réclamait  impérieose-- 
ment  d'étre  protégée  par  des  fortificaUons ,  Jean  de  Homédès  casse  et 
révoque  la  fondation  de  Tbòpital  du  Tempie;  il  ordonne  que  Garidech 
soit,  comme  elle  était  avant  1408,  une  sìmple  commanderie  de  l'Ordre. 
Cette  suppression  fut  bientòt  après  approuvée  par  le  pape. 

Malgré  tous  ces  eflforts,  Mfaire  avec  l'Hotel -Dieu  ne  fut  terminée  que 
quelques  années  après.  A  la  mort  d'André  de  Guiramand ,  arrivée  en 
1564,  le  grand  maitre,  Claude  de  la  Sengle ,  remit ,  par  une  bulle  du 
.  31  dècembre  de  laméme  année,  a  Claude  de  Gruel,  alorsprieur  de  Toa- 
louse,  le  soin  de  nommer  un  successeur  au  commandeor  decèdè.  Son 
cboìx  se  porta  sur  frère  Antoine  de  Thèzan.  André  de  Guiramand  avait 
lègué  a  son  successeur plusieursprocèsrestèssanssòlution.  En  1557,  Jean 
de  la  Valette,  grand  maitre  de  l'Ordre,  expèdia,  sous  forme  de  bulle, 
l'ordre  au  commandeur  de  Garidech  de  terminer  à  l'amiable  le  procès 
pendant  depuis  si  longtemps  avec  Tbdpital  Saint-Jacques.  En  consè- 
quence  de  ces  instruetions,  devant  vénérables  et  égrèges  personnes  Mes- 
seigneurs  Jean  DaffiSy  quart  président  en  la  court  supresme  de  parie- 
ment  de  Thoulouse,  Guerin  d^Alzon,  Francois  d^Auriac,  conseillers 
en  icelle,  Bertrand  Daigna^  advocat  general  en  la  diete  court ^  nobles 
Jean  del  Puech,  Nicolas  d^Hispania,  Rogier  du  Prat ,  Bertrand  Sére, 
capitoulSy  arbitres  choisis  dans  cette  affaire,  comparurent,  d'une  part, 
•Antoine  de  Thèzan  et,  de  l'autre,  le  trésorier,  les  surintendants  et  le 
syndic  de  l'hòpital  Saint-Jacques.  Les  arbitres  décidèrent  que  le  com- 
mandeur de  Garidech  serait  tenu  de  payer  annuellement  la  somme  de 
300  livres;  moyennant  quoi  l'Hòtel-Dieu  devait  entretenir  toute  Fho^i- 


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—  333  — 

Ialite ,  à  laqoelle  était  obligée  la  maison  db  Tempie  ^  saDS  avoir  rien  à 
réclamer  ea  plus.  Les  deux  parties  jurèreat  sur  les  qaàtre  évangiles  de 
Diea  de  se  soumettre  poor  Tavenir  à  cette  sentence  et  de  n'y  jamaìs  cod- 
trevenir. 

Mous  avons  va  le  commandeur  d'Àspremoot  s'engager  à  payér  le  liers 
de  ses  dimes  pour  TéreclioD  de  l'église  de  Garidech;  ses  successeurs 
s'élaient,  pendant  qaelque  terops,  conformés  à  cet  engagement;  mais 
pea  à  peu ,  le  zèle  de  la  maison  de  Dieu  s'étant  refroidi^  les  paiemenls 
devinrent  moins  exacls ,  et  Antoine  de  Thèzan  les  supprima  tont  à  fait. 
L'enlrepreneur  ne  pouvant  conlinuer  son  oeuvre  et  craignant  pour  la 
solidité  de  ce  qui  élaìt  dé]à  construit,  se  joignit  aux  consuls  de  Garidech 
pour  prier  le  commandeur  de  se  conformer  aux  promesses  failes  par  un 
de  ses  prédécesseurs  ;  mais^  absorbé  d'ailleurs  par^les  préparatirs  de  la 
défense  de  Malie  et  les  dangers  que  courait  l'Ordre  dans  ce  temps-là, 
Antoine  de  Tbézan  ne  tint  aucun  compte  de  ces  réclamatìons.  Ne  se 
rebutant  pas  du  mauvais  succès  de  leurs  efforls ,  le  syndic  de  l'église  et 
les  consuls  porterent  raffaire  devant  le  sénéchal  de  Toulouse,  Joacbim  de 
CbabanneS;  qui  leur  donna  gain  de  cause.  Le  commandeur  dut  céder;  il 
chargea  le  chevalier  de  Verdalle  d'aller  en  son  nom  transiger  avec  les 
consuls  et  les  gens  les  plus  notables  de  Garidech.  Ceux-ci  acceptèrent  la 
proposilion  qu'Antoine  de  Tbézan  leur  fit  faire  de  se  cbarger  de  la  con- 
struction  du  clocher,  et  bienlót  après  l'église  de  Garidech  fui  entièrement 
achevée(1557). 

Nous  trouvons  ensuite  \ine  assez  longue  lacune  dans  la  sèrie  des  com- 
mandeurs  de  Garidech,  ceux  de  celle  période  n'ayant  pas  laissé,  dans  les 
archìves,  de  traces  de  leur  passage.  A  celle  epoque,  Garidech  eut  à  tra- 
verser  des  jours  troublés  :  celle  pelile  commune  eut  aussi  sa  pari  de 
désolations  dans  celle  grande  anarchie  de  la  fin  du  seizième  siècle,  d'où 
la  Franco  sorlit  converte  de  ruines  et  de  sang.  Nous  trouvons ,  en  effet, 
dans  le  procès-verbal  d'une  visite  pastorale  falle  le  26  seplembre  1596 
par  M*  Chabannes,  archiprétre  de  Monlastruc,  délégué  par  le  cardinal  de 
Joyeuse,  le  passage  suivant  : 

»  ...Le  Saint  Sacrement  y  soloit  estre  réservé  au  milien  da  grand  autel, 
»  dans  un  petit  taberoacle,  qui  fast  destruict  et  rompa  par  les  Reistres... 


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—  334  — 

»  Le  baptislère  est  sans  coQverl,  sans  pavillon  ^  et,  ce  qui  est  bieo  pis , 
})  saDS  couverturè  de  toit,  de  sorte  qu'il  y  pleat  en  dedans.  » 

Or,  Dous  pouvons  flxer  à  peu  près  la  date  de  cet  acte  de  vandalisme , 
qui  devailétre  encore  tout  récent  eD  1596.  Le  passage  suivant  de  dom 
Vaissete  (liv.  59),  nous  en  fournit  le  moyen  : 

((  Les  prÌDces  de  Navarre  et  de  Gondé,  après  avoir  pris,  àMontauban, 
A  pour  payer  les  Reistres^  tout  l'argent  qu*OD  y  avait  rassemblé ,  conflè- 
»  reot  au  viconite  de  Bruniquel  le  gouvernement  de  cotte  ville,  où  ils  mi- 
»  rent  une  boùue  garuison...  Ils  partirent  ensuite  avec  de  l'artillerie  et 
»  s^avancèrent  vers  la  Garonne...  Ils  campèrent  le  22  janvier  1590  a  la 
»  BasUde-Saint-SerniQ ,  à  deur  lieues  de  Toulouse;  ils  s'étendirent 
»  ensuite  daos  tous  les  euvirons  de  cotte  ville  où  ils  portèrent  le  fer  et  le 
»  feu.  » 

Or  Garidech  n'étant  éloigné  de  la  Bastide-Saint-Sernin  quo  de  quel- 
ques  kilomètres,  od  est  autorisé  à  conclure  quo  ce  fut  alors  qu'eut  lieu  la 
dévastatioD,  dont  on  coustatait  encore  les  traces  six  ans  plus  tard  et  quo 
les  malheurs  des  temps  n'avaient  pas  encore  permis  de  réparer.  Du  reste, 
les  muraillesde  la  place  ^  peu  redoutables  par  elles-mémes ,  négligées 
depuìs  longtemps  et  démunies  de  tout  engin  de  défense ,  ne  durent  pas 
présenter  de  sérieui  obstacles  aux  envahisseurs.  Ils  furent  pourtant 
obligés  d'employer  l'artillerie  pour  en  venir  à  bout  ;  ce  qui  prouve  en 
faveur  de  la  résistance  que  leur  opposèrent  les  habitants.  Du  passage 
dévastateur  des  Beilres,  seul  épisode  militaire  que  nous  rencontrons  dans 
le  passe  de  Garidech,  il  ne  reste  plus  que  quelques  traces  de  projectiles 
sur  de  vieilles  nourailles  et,  dans  la  sacristie  de  l'église,  un  boulet  de  cou- 
leuvrine  transformé  en  pilon  pour  écraser  l'encens,  et  ayant  ainsi  com- 
plétement  changé  sa  desUnation  primitive. 

Il  nous  faut  aller  jusqu'en  1630  pour  reprendre  la  suite  des  chevaliers 
qui  ont  possedè  la  commanderie.  Gotte  année  nous  trouvons  le  comman- 
deur  de  Montagut  de  Fromigières  passant  une  transaction  avec  les  con- 
suls  et  les  habitants  de  Garidech  pour  régler  l'eiercice  de  ses  droits  sei- 
gneuriaux.  Non  contents  de  cette  précaution ,  les  consuls  obtinrent  un 
édit  de  Louis  XIII,  au  mois  d'avril  1639,  qui  les  confirma  dans  leurs 
prérogalives  et  leurs  priviléges  et  qui  leur  reconnut  le  droit  de  juger  par 
prévention  les  matières  criminelles  avec  un  assesseur,  et,  en  seuls^  les 


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affaires  de  sìmple  policeet  les  petites  caoses  jusqo'à  cent  sols  et  ensemble 
les  gages  des  valets.  Cet  édit  fut  confirmé  par  Louis  XIV  en  1688  (1). 

Ud  acte  de  peu  d'importance  sigaale  le  passage  à  la  téle  de  la 
coramanderie  de  frère  Antoine  de  Blacas-Vérignon  (1650).  Son  succes- 
seur  fat  frère  Thomas  des  Villages ,  chevalier  d'uo  mérile  supérieur, 
si  Fon  peat  en  juger  par  sa  nomination  presque  immediate  au  poste 
important  de  recevear  de  i'Ordre  aa  grand  prieuré  de  Saint-Gilles; 
ces  fonclions  Tempéchaient  de  s'éloigner  de  Marseille  et  le  dispensaient 
de  tonte  residence  ou  visite  personnelle  a  Garìdech.  La  prescription , 
d'après  laquelle  le  cbapitre  provincial  da  prieuré  de  Toulouse  devait  faire 
visiter  annuellement  la  commanderie^  ne  s'exécutait  pas  sansdoute  très- 
régulièrement,  car  nous  voyons  le  chevalier  des  Villages  lui-méme  récla 
mer  et  obtenir  cette  visite.  Les  commissaires  désignés  furent  les  cheva- 
liers  Francois-Paul  de  Béon-Gazaux  et  Paul  de  Cardaillac-Douzon ,  qui 
re^urent  le  dénombrement  de  la  commanderie,  présente  par  le  procureur 
de  Thomas  des  Villages.  Il  est  dit  :  1""  que  le  commandeur  est  seigneur 
spirituel,  fonder  et  direct  de  Garidech  et  de  son  annexe  de  Saint- Vidian, 
ainsi  que  patron  et  cure  primitif  de  ces  deux  èglises ,  et  qu'en  cette  qua- 
lite  il  a  droit  à  la  dime,  suivant  ce  qui  avait  été  règie  prècèdemment,  et 
à  la  collation  et  inslitution  de  ces  deux  vicaireries;  qu'outre  la  possession 
de  rOrdre  a  Garidech,  il  jouit  de  divers  autres  fiefs  à  Gémil ,  à  Montas- 
truc,  eie.  ;  2^  qu'il  a  la  collation  de  la  chapellenie  du  Tempie  à  Toulouse 
et  la  jouissance  des  bàlimenls  qui  en  dépendent  ;  3<>qu'il  est  seigneur  spi- 
rituel  de  Gornebarrieu  ,  conjointement  avec  le  prieur  de  la  Daurade  et  le 
cbapitre  de  Saint-Etienne,  avec  lesquels  il  partage  la  dime;  4^  enQn  quii 
possedè  les  ténements  de  Labartheet  de  Flamarens,  près  de  Montauban. 

Àprès  avoir  regu  ce  dénombrement ,  les  comnoissaixes  procèdent  à  la 
visite  de  la  commanderie,  dont  le  procès-verbal  reuferme,  entre  autres 
détails,  la  descripliou  du  chàteau  du  commandeur.  Gomme  le  temps 
en  a  fait  disparailre  jusqu'aux  moindres  vestiges,  j'ai  cru  devoir  la  trans- 
crire  ici  : 

«  —  On  entre  par  un  grand  portali  fermant  a  deux  porles  dans  une 
»  basse-court,  entourrée  de  levant  et  d'acquilon  de  murailles,  de  midy 

(4)  Archi ves  du  parlement. 

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—  836  — 

»  sont  les  escuries,  et  joiguant  icelles  el  le  dict  cbasleau  une  pelile  cui- 
»  sine  avec  sa  cheminée  de  briques ,  de  couchaDl  une  porle  par  laquelle 
»  on  eutre  daus  le  bas  da  cbasleau...  Procbe  la  porle  est  la  moulée  da 
»  cbasleau  en  forme  de  tour;  eslaut  le  dici  cbasleau  compose  de  deux 
»  salles  qui  prenneot  jour  dans  la  basse-court  par  une  croisèe  gamie  de 
»  deux  vollaots;  celle  en  eutranl  de  roain  gaucbe  prand  anchore  jour 
»  daus  la  place  du  viilage,  et  daos  celle  de  maio  droile  il  y  a  une  cbe- 
i>  miuée  de  briques  ;  oq  eotre  de  chaque  salle  dans  sa  cbambre  séparée 
»  par  un  conroudat  de  toursis;...  et  dansl'une  des  quelles  cbambres  est 
»  une  cheminée  en  briques.  Le  dict  cbasleau  est  basii  en  murailtes,  sauf 
»  du  cóle  de  la  basse-court  qui  est  de  conroudat  et  de  toursis,  et  entourré 
»  de  midy  el  de  coucbant  d'un  fosse...  » 

Malgrésasimplicilé^cellebumbledescription  m*aparu  présenterun  cerlain 
intérét;  car  elle  nous  mentre  probablement  avec  très-peu  de  modificali ons 
la  demeure  qui  avait  été  construite  au  Ireizième  siede  pour  les  comman- 
deurs  el  les  cbevaliers  qu'ils  avaient  aulour  d'eux,  et  qui  leur  avait  servi 
de  residence  pendant  près  de  cent  ans.  Plus  tard^  en  effet,  quand,  forcés 
de  résider  presque  continuellement  au  siége  de  l'Ordre,  à  cause  des  atta- 
ques  incessanles  desTurcs>  ils  n'babitèrent  plusà  Garidecb,  les  comman* 
deurs  ne  senlirent  pas  la  nécessité  de  transformer  le  cbàleau  pour  Tadapter 
aux  exigences  de  la  civilisalion,  et  laissèrent  subsister  les  anciennes  con- 
slructions  dans  leur  élal  primitif. 

Les  commissaires,  a  la  fin  de  leur  inspection,  atleslent  que  le  frère 
Tbomas  des  Villages  a  règi  et  adminìstré  sa  commanderie  en  fori  bon 
religieux. 

En  1680,  Gbarles  de  Martins-Puylobrier,  alors  commandeur  de  Cari- 
dech,  éprouva  à  son  tour  les  effels  de  l'indèpendance  de  ses  vassaux , 
dans  la  lentalive  qu'il  flt  pour  rélablir  le  droil  de  forge ,  que  ses  prède- 
cesseurs  avaient  laissè  tomber  en  dèsuèlude.  Il  rencontra  une  tei  le  oppo- 
sition  qu'il  ne  put  la  vaincre  qu'en  faisant  consacrer  ses  prètentions  par 
un  arrél  du  parlement. 

Àprès  lui,  on  ne  trouve  trace  du  passage  de  son  successeur,  le  cbeva- 
lier  de  Beaujeu,  que  par  les  reconnaissances  que  lui  firent  en  1686  et 
1687  ses  différents  lenanciers. 

Le  cbevalier  Francois  de  Beausset  lui  succèda  en  1689.  Cinq  ans  plus 


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—  337  — 

tard,  le  grand  maitre  cbargea  les  cbevaliers  Augustin  de  Grilles  et  Joseph 
de  Madron  d'ìnspecter  la  commanderie.  Dans  cette  visite,  le  commandeur 
de  Barbantane,  procureur  du  chevalier  de  Beaosset,  expose  aux  coromìs- 
saìres  qoe  ce  dernier,  voalant  doDDer  des  preuves  de  soq  zèle  pour  la 
religioo,  et  trouvant  qa'uDe  vieille  grange,  presque  en  ruines,  occupali  le 
plus  bel  endroit  de  Tenclos  du  Tempie,  attenda  quHl  a  sa  vue  sur  la 
rivière  de  Garonne  et  sur  le  pats  de  Gascogne  jusqu'aux  Pyrénées,  y 
aTait  construit,  avec  Tautorisation  du  cbapitre  provincia!,  un  second 
corps  de  logis  à  quatre  élages  ;  le  procureur  donne  avec  soin  la  descriptlon 
de  cette  bàtissequi  paraitavoir  été  fai  te  somptueusemeut;  il  ajoute  que 
le  cbevalìer  de  Beausset  avail  faitconstruire  de  nouvelles  écuries  entro  la 
grande  rue  du  Tempie  et  la  cour  de  rétablissemeol,  qu'il  avait  fail  en- 
duire  la  muraille  qui  fait  fagade  à  la  rue  et  Vavait  faite  couronner 
par  de  beaux  créneaux  de  briques ,  ce  qui  fait  un  joly  effet  pour  la 
maison.  Toutes  ces  bàtisses  avaienl  coùté  au  commandeur  la  somme  de 
6768  livres  i6  sols  li  deniers. 

Uadministration  de  ses  successeurs  n'offre  rien  de  remarquable,  et 
nous  ne  connaìssons  leurs  noms  que  par  les  procès-verbaux  des  visites  de 
la  commanderie.  Ce  sont  : 

N.  dePuget-Clapière(1712); 

Joseph  de  Gastellane-MazaQgues  (1721); 

Claude  de  Simiane  (1730); 

Joseph  Balthazar  de  Gras-Presville  (1740); 

Alpbonse  de  Ponlevès-Maubourguet  (1751); 

Paul-Antoine  de  Viguier  (1763); 

N.  deLafare(1785). 

Du  procès-verbal  de  la  dernière  vìsite  nous  extrayons  Tindication  des 
revenus  de  la  commanderie ,  qui  montaient  à  6840  livres  ;  les  charges, 
qui  se  décomposaientendécimes  du  roi,  responsions,  taxedes  vaisseaux, 
capitalion  et  caisse  commune,  s'élevaient  à  la  somme  de  712  livres  :  de 
sorte  que  le  commandeur  en  retirait  annuellement  6128  livres. 

Nous  ne  trouvons  plus  d'aulres  commandeurs  avant  la  Revolution.  En 
1790,  l'Assemblée  déclara  biens  nationaux  toutes  les  possessions  ecclé- 
siastìques  et,  avecelles,  toutes  les  commanderies  de  l'ordre  de  Saint-Jean, 


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—  338  — 

à  qai  le  premier  codsuI  allait»  quelgues  aonées  après,  si  facilement  porter 
le  dernier  coup. 

lei  s'arréte  Dolre  étude  sar  la  commanderie  de  Garidech;  peut-élre  les 
Dombreux  documenls  sur  lesquels  elle  est  fai  te  pourront-ils^  pris  isolé- 
meot,  paraitred'un  iatérètsecoadaire;  mais  il  m'a  semblé  qu'il  n'eu  était 
pas  de  méme  de  Teosemble ,  car  il  reconstitue  devant  nous  Teiisteoce 
complète  d'une  petite  commune  rurale  dont  dous  avous  eu  plus  d'une 
fois  l'occasion  de  constaler  la  vitalilé^  en  méme  temps  qu'il  nous  retrace 
un  tableau  de  la  vie  fle  ces  hommes,  moilié  guerriers  et  moitié  moines, 
représenlation  fldèle  de  la  foi  militante  du  moyen  àge,  qui  rendirent  à  la 
civilisation  et  a  l'Europe  de  si  incontestables  services;  mais  qui,  a  mesure 
que  le  soufflé  de  l'esprit  moderne  se  faisait  sentir,  perdaient^  avec  leur 
raison  d'étre^  leqr  caractère  primitif. 


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PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 


I.  —  ExtraiU  de  la  bulle  de  réunion  de  Garideck  au  grand  prieuré  de  Toulouse. 

Frère  Dieudonné  de  Gozod  ,  humble  maitre  de  la  sainte  maison  de  ThApital  de  Saint- 
Jean  de  Jérasalem  et  gardien  des  pauvres  de  Jésus-Christ,  à  notre  très-cher  frère 
Esconte  de  Ryateris ,  prieur  de  la  maison  de  Toulouse ,  salut  et  sincère  charité  dans 
le  Seigneur...  D*après  le  rapport  de  notre  très-cher  frère  Béranger  de  Saint-Felix, 
notre  délégué^  la  maison  de  Garidech  dépend  naturellement  de  la  chambre  prieu- 
rale  de  Toulouse ,  qui  en  a  absolument  besoin  pour  son  entretien  y  et  doit  par  suite 
lui  étre  réunie...  d*un  autre  cAté,  dans  notre  chapitre  general  dernièrement  tenu  à 
Rhodes ,  la  direction.de  cotte  maison  a  été  confiée  à  notre  très-cher  frère  Raymond 
de  Saint-Just  ;  nous  ne  pouvons,  à  cause  de  cela,  sans  injustice,  en  disposer  qu'avec 
son  consentement...  Si  donc  il  veut  se  contenter  d'une  autre  maison  de  valeur  au 
moins  égale...  il  nous  plalt  et  nous  autorisons  par  ces  présentes  que  la  maison  de 
Garidech  soit  réunie  à  notre  chambre  prieurale  de  Toulouse.  Donne  à  Rhodes ,  le 
premier  jour  du  mois  de  juin ,  Fan  de  rincamation  4347. 

IL  —  ExtraiU  de  la  bulle  de  fondation  de  Phópital  du  Tempie. 

Frère  Philibert  de  Naillac,  par  la  gr&ce  de  Dieu  humble  maitre  de  la  sainte  maison 
de  ThApital  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  et  gardien  des  pauvres  de  Jésus-Christ  et  le 
couvent  de  cotte  mème  maison,  à  tous  ceux  qui  verront  ou^ntendront  c%s  présen- 
tes lettres,  salut  sempiternel  dans  le  Seigneur.  Nous  foisons  savoir  que  notre  très- 
cher  frère  en  Jésus-Christ,  Raymond  de  Lescure ,  prieur  de  Toulouse  et  précepteur 
de  Ghypre ,  ainsi  que  les  autres  frères  de  la  langue  deProvence,  tantde  ce  prieuré 
que  de  colui  de  Saint- Gilles,  assemblés  dans  notre  couvent,  nous  ont  exposé  qu'un 
grand  nombre  d'infirmes ,  allant  en  pèlerinage  à  Saint-Jacques  ou  ailleurs ,  aSluent 
dans  la  ville  de  Toulouse ,  n'ayant  pas  où  reposer  leur  téte  ;  pour  accomplir  leur  man- 
dat  de  miséricorde ,  ils  nous  ont  suppliés  de  donner  l'autorisation  de  fonder  dans 
notre  maison  du  Tempie  de  Toulouse  un  bdpital  ou  infirmerie,  où  les  pauvres  de 
Jésus-Christ  pourront  étre  ref us  et  pourvus  de  iits ,  de  matelas ,  de  draps ,  de  cou- 
vertures  et  de  touleschosesusuelles,  nécessaires  à  leurservice;  et  que,  pour  Ten- 
tretien  de  cet  hdpital  et  de  son  hospitalier  y  nous  y  affections  la  préceptorerìe  de 


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—  340  — 

Garidech,  dépendante  de  notre  prieuré  de  Touloase,  à  la  condition  loulefois  de  payer 
les  responsions  annuelles  de  celle  préceplorerie ,  aìnsi  que  les  vingl-cinq  qaarlons 
de  blé  que  le  baillìage  de  Garìdech  doil  à  celuì  de  Sainl-Jean. . .  ;  que  le  prìeur  de  Tou- 
louse  el  ses  successeurs  ,  avec  le  conseil  des  frères  précepleurs ,  réunis  dans  le  cha- 
pitre  provincial ,  aìent  le  droit  a  TaveDir  de  piacer  à  la  lèle  de  cet  hdpilal  un  frère 
propre  à  sa  geslion  ;  qu*i!s  soient  lenus  de  faire  chaque  année  la  visite  de  ThApital  ^ 
et ,  au  cas  où  rhospilalier  ne  s'acquiUerait  pas  bien  de  ses  foDCtions ,  de  le  rempla- 
cer  par  un  aulre  frère  plus  propre  à  celle  charge... 

Cesi  pourquoi,  eu  égard  aux  soins  et  à  rhospitalité  auxquels  dous  sommes  lenus 
envers  les  pauvres  de  Jésus-Christ,  nous  raliOons  loules  ces  demandes.  Nous  man- 
dons  el  ordonnons  à  tous  nos  frères ,  nos  soeurs  el  nos  donals ,  sous  la  vertu  de  la 
sainte  obéissance,  à  nos  hommes,  à  nos  vassaux  el  à  lous  nos  autres  sujets,  habi- 
lanl  dans  celle  préceplorerie  ou  cet  hdpilal ,  sous  le  serment  de  fidélilé  et  d'hommage 
par  lesquels  ils  soni  liés  enyers  nous  el  notre  maison,  de  respecler  ledit  hospitalier, 
comme  leur  supérieur  et  ieur  précepteur,  de  lui  obéir ,  de  lui  préter  aide  et  conseil 
dans  lout  ce  qui  concerne  Vutililé  de  la  préceplorerie  ou  de  Thópital,  toutes  les  fois 
qu'il  en  sera  besoin  ou  qu'il  les  en  requerra.  —  Nous  défendons  aussi  à  lous  nos  frè- 
res présenls  et  à  venir,  quel  que  soìt  le  rang  ou  la  dignilé  qu'ils  occupent ,  de  rìen 
faire  conlre  les  précédentesprescriptions  ;  nous  inlerdìsons  également  à  lliospitalier , 
sous  la  vertu  de  la  sainte  obéissance ,  la  facullé  de  vendre ,  de  donner,  d'aliéner , 
de  distraire,  de  concéder  en  emphythóose  perpéluelle,  ou  d'enlever  à  nolre  Ordre, 
sous  quelque  prélexte  que  ce  soit,  une  parlie  quelconque  des  biens,  possessions  ou 
droits  de  cet  hdpilal  el  de  celle  préceplorerie ,  sans  nolre  exprès  consentemenl  ;  et 
nous  cassons ,  révoquons  et  déclarons  de  nulle  valeur  lout  ce  qui  pourra  ètre  fait 
contro  notre  défense...  En  témoignage  de  quoi ,  nous  avons  fait  appendre  aux  pré- 
sentes  nolre  sceau  commun  de  plomb.  Donne  à  Rhodes ,  le  vingt-quatrième  jour  du 
mois  de  novembre,  Fan  de  rincarnation  U08. 

III.  ny  Extrait  des  leitres  patentes  de  Henri  II  enfaveur  des  hospitaliers. 

(8 /anwer  4  549.) 

Notre  cher  et  cousin  le  grand  maitre ,  prieurs ,  baillifs  ,  commandeurs,  che- 

valiers  et  frères  de  TOrdre  de  Saint- Jean  de  Jérusalem,  nous  auraient  faict  dire  et 
remonslrer,  que ,  combìen  que  la  diete  rcligion  soit  seulement  fondée  pour  mayn- 
tenir  la  saincle  foy  calholique,  la  paix  el  union  chreslienne  à  Tencontre  des  infidelles 
et  perlurbaleursdlcelles,  et  les  religieux,  suyvant  leurs  devoirs,  soyent  en  perpé- 
tuelle  guerre  avec  les  Turcs  tant  à  leur  couvenl  de  Mallhe,  chasteau  de  Tripoly  en 
Barbarie,  qu'en  divers  aultres  endroicts  de  la  mer  ;  par  quoy  faire  leur  a  convenu  et 
convieni  avoir  et  enlrelenir  navires,  gallères  ,  gallions  et  aultres  vaisseaux  de  mer  , 
munis  et  ecquippés  d'armes  et  de  gens ,  lesquels  au  nombre  de  sept  à  huit  cents  che- 
valiers  el  mille  aultres  hommes  nourrys  et  soudoyés  auxdespensde  la  diete  religion, 


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—  341  — 

et  par  aiosi  les  dictes  commanderìes  et  le  temporel  dlcelles  appartiennent  à  la  diete 
religion  et  ne  sont  de  la  qualité  des  aultres  hospitaulx  de  nostre  royaulme  et  par  tant 
non  comprins  dans  Fédit  de  feu  nostre  seignear  et  pere... 

Antoine  DU  BOURG, 

Membre  résidant. 


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LE  PRIEURÉ  D'UNAC 

(ARIÉGE). 


Interrogez  les  génératioDs  passées; 
coDsultez  avec  soin  les  histoires  de  vos 
pères. 

(Job,  Vili.  8.) 


Aq  centre  de  la  vallèe  de  la  haute  Ariége,  peoplée  de  plusiears  petites 
villes  et  de  très-nombreoi  villages^  sillonnée  par  la  limpide  rivière  que 
les  gènéraux  romains  avaient  nommèe  Atirigera,  que  les  Wisigolhs  et 
les  Franks,  qui  y  dominèrent  après  eux ,  appelèrenl  Arrega  (1),  d'où 
vient,  par  corruplion,  le  nona  d'AriégCy  a  sepl  kilomètres  en  aval  d'Ax, 
sur  UQ  bauc  de  schistes  tourmeuté  par  le  travail  du  pauvre  exploileur,  od 
voit  se  détacher  ,  du  flanc  de  la  montagne,  une  tour  massive,  quadran- 
gulaire,  percée  de  plusieurs  rangs  de  baies  géminèes  dont  la  construclion, 
sans  ornements  et  d'un  slyle  assez  primitif ,  annonce  seule  l'antiquitè. 
Elle  a  étè  affublèe ,  à  diverses  èpoques ,  soit  d'un  flècbe  en  charpente 
converte  en  ardoises,  soit  de  plusieurs  couches  d'enduit.  C'est  là  le  do- 
cher  du  vieux  prieuré  cPUnac.  Celle  tour,  encore  solide  et  pleine  de  vie , 
malgré  les  meurlrissures  résullant  de  la  pose  de  ces  oripeaux  de  tous  les 
àgeset  frappée  de  la  foudre  (2),  devint^il  ya  déjà  presque  huit  cents  ans^  le 
clocher  d'une  nouvelle  église  qui  lui  fui  accolèe  après  la  destruclion  de  la 
première.  Cette  nouvelle  église,  nonobstant  ses  petites  dimensions^  attire, 
plus  que  la  vieille  tour  de  son  clocher,  raltention  des  touristes ,  par  ses 

(4)  D'Jp-ri>^,  «f  rivière  d*eQ  haut,  »  dlt-on. 

(2)  Cotte  tour  a  été  frappée  de  la  foudre,  le  27  juin  4867. 


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—  343  — 

proportioDS  el  ses  orDementatìoDS  architectarales,  et  a  mérité  d'étre 
classée  parmi  les  moDameDts  doot  le  goavernemenl  fraogais  protége  la 
conservation  (1). 

Ce  vieax  roonumeot  de  deax  époques^  gu'on  volt  d'un  coup  d'oeìl  eo 
méme  lemps  avec  les  démantelures  da  grand  chàleau  fort  de  Lordat, 
negligé,  oublié  peut-étre  de  l'admiDìstration  départementale ,  tout  classe 
qo'il  est,  et  recommandé  à  sa  vigilance  par  l'Etat,  apparali  entouré  d'une 
agglomération  de  pauvres  babitations ,  qu'on  nomme  le  village  d'Unac. 
Les  baigneurs  et  les  toaristes  ont  le  temps  de  conlempler  de  loin  toutes 
cesruines,  pendant  qu'ils  gravissent  les  rampes  mullipliées  à  plaisir^ 
sur  une  route  imperiale  ttacée,  dit-on,  par  des  ingénieurs  frangais,  etque 
pour  ce  motif  leurs  successeurs  n'ont  pas  plus  hàte  de  rectifier  que  Tad- 
ministration  départementale  elle-méme. 

Inutile  de  rappeler,  après  tant  d'autres,  que  la  grande  vallèe  de 
TAriége,  la  voie  relianl  le  plus  directement  Toulouse  a  Barcelone^  à  tra- 
vers  les  passages  les  plus  pralicables  des  Pyrénées,  ne  nous  offre  aucun 
intérét  historique  connu  et  appréciable ,  ni  avant,  ni  pendant  la  domina- 
tion  romaine  dans  les  Gaules  et  FEspagne.  Couverte  alors  de  hautes  et 
noires  foréts  d'arbres  résìneux  et  d'aulres  essences ,  celle  vallèe  n'ètait 
peuplèe  que  de  quelqaes  agglomérations  d'habilations  :  les  mémes  que 
nousy  voyons  aujoard'hui  dans  les  bas-fonds cuUivés ^  seuls  pralicables, 
entre  les  deux  nations.  Les  noms  d'origine  antique  et  d'un  idiome  inconnu 
de  ces  agglomèralions,  ne  nous  rappellent  là  aucun  cenlre  de  dominalion. 
Aucun  monument  ne  nous  a  conserve,  de  ce  petit  pays,  pendant  tous  ces 
temps  que  nous  pouvons  appeler  primilifs ,  aucune  trace  d'hisloire  des 
lleux  ,  ni  aucune  dépendance  d'un  peuple  de  renom.  Les  Romains  Tont 
conquis,  sans  nul  doule;  ils  y  ont  circulé  plus  tard.  Mattres  des  Gaules 
et  des  Espagnes  sous  les  consuls  de  leur  république  et  sous  leurs  empe- 
reurs,  ils  avaient  de  grandes  voies  connues ,  conduisant  leurs  armées  a 
travers  les  Pyrènèes  orienlales  et  occidentales  ;  mais  les  cohortes,  qui 
stationnaient  dans  les  conlrèes  du  cenlre,  correspondaient  entre  elles  par 
de  petites  voies  plus  direcles  a  travers  ces  montagnes.  Depuis  Saint-Jean- 
de-BerjoSj  où  les  archéologues  onl  recueilli  lanl  de  souvenirs  d'une  de  leurs 

(4)  Le  classeraent  de  cctte  églisc  romane  date  de  i'année  48i3. 

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—  S44  — 

imporlantes  statioos  y  a  rentrée  de  notre  versaDt ,  jusqa'à  la  petite  ville 
romaine  de  Livia,  que  Tod  trouve  de  Fautre  coté  des  monts,  correspon- 
dant  a  la  méme  temperature ,  sinon  à  la  méme  distance  des  hauts  som* 
mets,  leur  petite  voie  directe  de  Tholose  à  Barcelone  leur  était  d'une 
familière  pratique.  Leurs  peliles  stations,  Fuxensium  (de  Foix),  Tarasco- 
norum  (deTarascon),  Aquensium  (d'Ax),  s'y  trouvaienléchelonnées.  On 
y  retrouve  enfouies  leurs  monnaies,  leurs  urnes  funéraires  et  leurs  armu- 
res;  mais  on  ne  peut  y  reconnaitre  aucun  de  ces  ouvrages  impérissables 
du  grand  peuple  romain,  pas  méme,  auprès  des  riches  sources  thermales 
d'Ax,  aucun  de  ces  établissements  dont  ses  fastueux.  proconsuls  ne  devaient 
se  passer nulle  part  pour  le  confort  ette  luxe  de  la  vie. 

Des  hommes  plus  familiarisés  que  nous  dans  les  recherches  archéolo- 
giques  reconnaìtront  peut-étre  trois  postes  avancés  de  leur  station  straté- 
gique  d'Ax ,  devant  Tétroite  brèche  ojiverte  par  la  nature  au  milieu  des 
rochers  taillée  a  pie  en  degà  de  Mérens,  sous  le  chàteau  majeur  (costei  de 
Maou),  dans  les  trois  hameaux  appelés  encore  première ,  deuxième  et 
troisiéme  Bazerques  {BeceraSj  dans  une  charte  latine  de  994),  puisque 
des  archéologues  de  mèrito  contemporains  afflrment  que  les  Romains 
consacraient  leurs  stations  au  dieu  Mercure,  protecteur  du  commerce, 
sous  le  nom  de  Béasiris.  Ces  trois  postes  avancés^  en  face  de  la  petite 
voie  romaine  tracée  sur  la  rive  opposée  de  FAriége,  protégés  par  le  tor- 
rent  profonda  étaient  habìtés  et  leurs  mkigres  terrains  environnantsétaient 
livrés  à  la  culture  a  cette  epoque  reculée. 

Quelques  écrivaìns  ont  cru  aussi  que  les  Romains  ont  construit  tous 
les  chàteaux  forts^  protecteurs  de  cette  petite  voie  romaine  :  chàteaux  doni 
on  volt  les  ruines  indestructibles  depuis  Foix  jusqu'à  Ax.  11  est,  en  effet, 
digne  de  remarque  que  les  cbartes  qui  nous  restent  du  moyen  àge  ne 
mentionnent  nulle  part  Torigine  de  ces  forteresses ,  au  moment  où  les 
seignenrs  féodaux  les  ont  rendues  plus  célèbres  dans  notre  histoire. 

En  retrouvant  le  nom  assez  bizarre  et  inexplicable  pour  nous  de  Tun 
de  nos  villages,  dans  une  description  de  l'antique  Ravenne,  fai  te  par  un  de 
ses  archevéques,  Goth  de  naissance  (1),  nous  n'avons  pu  nousdéfendrede 
cette  persuasion,  que  la  dénomination  d'Ascou,  auprès  d'Ax,  est  d'origine 

(4)  Jornandès,  Hi$toir$  généraU  d$s  Gothi^  liv.  29. 


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—  3i5  — 

romaìDeou  wisigothe.  Jornaodès,  écrivain  du  sixième  siècle,  Dousappread 
qu'oQ  appelait  fosse  d'Ascoa  le  fosse  profond  forme  par  un  bras  da  P6 
qu'on  voyait  alors  dans  un  qoartìer  aa  nord  de  celle  ville.  ;Noas  osods 
croìre  qae  VaDcieo  village  appelé  Aase,  d'origine  primitive,  silué  au  nord- 
est d'AXy  auprès  du  profond  ravin  forme  par  la  rivière  d'Ause,  aura  alors 
èté  appelé ,  à  cause  de  ses  analogies  lopographiques,  du  nom  plus  récent 
d'Ascou ,  et  qu'il  aura  prévalu  sur  le  nom  primitif  que  nous  relrouvons 
cependant  dans  les  plus  vieilles  Charles. 

Tout  en  courant  rapidement  a  travers  ces  ténèbres,  remarquons  plus  à 
loisir  une  date  célèbre  de  transilion  qui  interesse  nolre  conlrée  :  c'est  celle 
de  la  fin  de  la  domination  romaine  et  du  commencement  de  celle  des 
Wisigotbs  dans  la  baule  Ariége. 

L'an  418»  sous  l'empereur  Honorius ,  son  general  Constance  venali 
d'épouser  Placidie ,  soeur  de  cel  empereur  et  fille  du  grand  Théodose , 
prisonnière  de  guerre  d'Alarle  dans  le  sac  de  Rome  et  veuve  de  son  beau- 
frère  Alaulphe.  Leur  successeur^  W^Hia,  auxiliaire  wisigolh  des  Romains 
en  Espagne  contro  d'autres  barbares ,  les  Vandales ,  les  Suèves  et  les 
Alains,  venali  de  remeltre  celle  princesse,  et  c'élait  le  patrlce  qui  conciai 
ce  traile  avec  ce  roi  des  Wisigotbs.  «  Par  ce  Irailé,  Constance  cèda  aux 
»  Wisigotbs ,  au  nom  d'Honorius ,  pour  leur  demeure,  une  parile  de  la 
»  Narbonnaise,  de  la  Novempopulanie  et  de  TAquilaine  seconde,  depuis 
»  Toulouse,  des  deux  còtés  de  la  Garonne,  jusqu'à  Rordeaux  et  a  l'Océan. 
))  Ainsi  Wallia,  ayant  repassé  les  Pyrénèes,à  la  fin  de  Fan  418,  s'élablil^ 
»  avec  les  Wisigotbs^  ses  sujets^  dans  une  parile  des  sepl  provinces  des 
»  Gaules,  c'est-à-dire  dans  sepl  cilés  ou  diocèses  de  la  Narbonnaise  pre- 
))  mière,  de  l'Aquilaine  seconde  et  de  la  Novempopulanie.  Ces  sepl  cités 
»  furent  :  1^  celle  de  Toulouse  avec  la  ville  dece  nom,  où  Wallia  et  les 
»  rois  wisigotbs  ses  successeurs  flxèrent  leur  courei  leur  principal  sèjour. 
»  La  ci  té  ou  diocèse  de  Toulouse  comprenail  tout  ce  qui  compose  aujour- 
»  d'bui  la  province  ecclésiaslique  de  ce  nom ,  où  soni  les  diocèses  de 
»  Toulouse,  Pamiers,  Lavaur,  Mirepoix,  Monlauban,  Rìeux,  Lombez  et 
))  Sainl-Papoul.  Les  autres  cilés  ou  diocèses  soni  :  2^^ Rordeaux;  5®  Sain- 
»  les;  4^Périgueux  ;  5^  Àgen;  6^  Lecloure;  7°  Razas.  Ce  furent  ces  sept 
»  cités,  cédées  alors  par  Tempereur  Honoriusailx  Wisigotbs  dans  diverses 
»  provinces  des  Gaules,  qui  donnèrenl  occasion,  envìron  cinquanle  ans 


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—  3i6  — 

»  après,  au  célèbre  Sidoine  ApoUiDaire,  de  qualifler  ces  différents  pays 
»  par  le  Dom  collectif  de  Septimanie,  nom  qui  passa  daos  la  suite  aux 
»  autres  pays  queles  rois  wisìgoths  possédèreot  dans  les  Gaules  jusqu'à 
»  ce  que  Clovis  leur  eùt  enlevé  Toulouse  quatre-vingt-buit  aas  plus 
»  tard  (1).  » 

Par  ce  traile,  nous  coQuaissons  la  circonscriplion  de  la  Septimanie  et 
l'origine  de  ce  uom  aussi  bien  que  la  date  et  la  circonscription  civile  et 
ecclésiastique  de  notre  diocèse  de  Toulouse ,  que  dous  yerrons  bientdt 
après  appelée  Toulousain  ou  Pays  toulousain  ,  Pagus  TolosanuSy  dans 
les  Charles  de  notre  contrée ,  renfermée  dans  celle  circonscription  civile 
et  ecclésiastique.  «  Àprès  la  mort  de  Clovis,  le  Toulousain  échut  a  Chil- 
»  debert,  roi  de  Paris,  troisième  flls  de  ce  prince,  »  dit  le  méme  auteur 
de  YHistoire  de  Languedoc;  «  il  étendit  sa  domination  jusqu'aux  Pyré* 
»  nées  ;  ce  qui  fit  que  les  évéques  de  Toulouse ,  qui  avaient  étè  soumis 
)>  jusqu'alors  a  la  mélropolede  Narbonne,  dépendirent  dans  la  suite Jus- 
»  qu'au  milieu  du  septième  siede,  de  celle  de  Bourges.  En  suivant 
)>  l'usage  de  ce  temps ,  les  princes  ne  permettaient  pas  que  les  évéques 
)>  de  leur  domination  fussent  soumis  à  un  mélropolilain  étranger,  et  ces 
»  évéques  dépendaient  du  mélropolilain  le  plus  voisin  soumis  aa  méme 
»  prince  (2).  » 

LetempsdelH)ccupalionwisigothe,  qui  dura  quatre-vingl-neuf  ans,nous 
y  a  laissé  recueillir  les  délails  du  marlyre  de  saint  Udaut  et  la  domina- 
tion, pendant  deux  siècles,  des  rois  et  ducs  de  la  race  mérovingienne , 
DOUS  y  a  rappelé  Teihumation  a  Ax  et  la  canonisalion  du  méme  saint , 
doni  Dieu  faisait  connaitre  les  mériles  pa'r  des  prodiges  mullipliés. 

Il  est  permis  de  croire  cependant  que  celle  vallèe  sans  nom  ,  pendant 
tant  de  siècles,  fui  mille  fois  saccagée  sous  le  passage  de  nombreuses  armées 
de  toules  nalions;  puisque  l'armée  du  célèbre  conquéranl  Attila  est  venue 
elle-méme,  comme  a  la  dérobée,  y  graver  un  cerliflcat  de  présence  avec 
le  sang  d'un  illustre  martyr.  Beaucoup  d'apòtres  de  Jésus-Christ  durent 
aussi  la  parcourir;  la  religion  cbrétienne  en  avait  pris  possession,  en  y 

(4)  Abrégé,  de  Vhistoire  generale  de  Languedoo  ,  par  dom  Joseph  Vaissète ,  liv.  IV,  g  8, 
page  483. 

(8)  W.,  page  260. 


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—  347  — 

marquant  ses  limites  diocésaioes  sur  les  plus  bauls  sommels ,  du  temps 
desaìnlSaluruia^  qui,  ne  l'oublions  pas,  y  flt  euteudre  la  parole  évau- 
gélique  peu  de  temps  après  les  apòtres. 

Aqcuq  bistorìen  ne  nous  apprend  que  les  Sarrasius,  successeurs  des 
WisigotLs  depuis  raDnée712,  aleni  couquis aucune  partie  du  Toulousain. 
Arrivons  doDC  rapidement  au  buitième  siede,  où  celle  voiesibaltue  com- 
menceà  avoir  ud  nom ,  lorsquelesarmèes  de  Cbarlemagnevinrentrefouler 
les  Sarrasins  dans  le  coeur  de  l'Espagne.  Les  valeureux  ducs  d'Aqui- 
taine  ne  pouvaient  plus  resister  aux  ìnvasions  fréquentes  de  ces  ìnQdèles. 
Après Cbarles-Martel,  quileur  flt  éprouver  des  perles  irrèparables,  Cbar- 
lemagne  et  ses  enfants  établirenl  la  iigne  de  dénoarcation  entre  l'Espagne 
mauresque  et  la  France,  bien  au  delà  des  Pyrénées.  Les  deux  a^nes 
frangaise  el  espagnole  de  Toulouse  a  Barcelone,  en  degà  et  au  delà  de  la 
ebaine,  prirenl  le  nom  de  marches  ou  limites,  divisées  encomlés^  subdi- 
vìsées  en  vìgueries,  ministèrials  elcbàtellenies,  gouvernées  par  des  comles, 
des  vicomtes  et  des  viguiers,  sous  la  suzeraineté  des  rois  de  France. 
Quelques  bistoriens  nous  assurent  aussi  que  Cbarlemagne  établit  encore 
dans  ces  marcbes  des  abbayes  miliiaires.  Nous  sommes  porte  à  croire 
qu'il  en  établit  une  première  à  Sabar^  une  seconde  a  Foix  et  une  troìsìème 
a  Unac ,  pour  la  moralisation  du  pays  et  la  surveillance  des  Maures  du 
Yoisinage;  mais  puisque  l'bistoire  ni  aucun  monument  ne  nous  ont 
conserve  aucun  nom  d'abbaye  ainsi  caractérisèe^  dans  le  pays  dont 
nous  nous  occupons,  on  peut  croire  que  s'il  y  a  eu  là  quelque  abbè 
militaire,  il  y  a  rempli  simplement  les  fonctions  de  viguier,  car  depuis 
ce  moment  la  vallèe  de  VArrega  a*  porte  le  nom  de  vigueriede  SabarièSy 
à  partir  du  passage  le  plus  abaissé  des  Pyrénées  centrales  appelé  Col  de 
Puymorenc  jusqu'au  Pas  de  la  Barre ,  entre  Foix  et  Saint-Jean-des- 
Yerges.  Celle  viguerie  pril  le  nom  de  Sabartès,  parce  que  le  viguier  eut 
sa  residence  officielle  fixée  au  poste  mìlitaire  de  Sabar  (1),  situé  au  centro 


(4)  On  a  recherché  l'étymologie  du  nom  de  Sabar  et  Sabartès;  qu*il  noas  soit  permis  d*en 
émettre  une  nouvelle.  EUe  nous  est  suggérée  par  nos  relations  jonrnaliòres  avec  les  paysans 
les  plus  routiniers  de  la  contróe.  Nous  avons  remarqué  qu*ils  appellent  bar  les  jennes  ra- 
meaux  de  sapin  qu'ils  emploient  en  guise  de  palmes  à  la  procession  des  Pàques  ^eurìes,  et 
barte,  les  quartiers  ombreux  où  se  multiplìent  les  arbres  verta,  et  d*où  ils  retirent  le  plus  de 
fagotaille  parce  qu'Us  les  tiennent  en  taillis.  Aussi  chaque  viilage  a  sa  barte.  Le  lieu  de  Sabar 


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—  3i8  — 
le  plas  habìté,  commandaDt  lesquatre  vallées  prineipales  de  Foix,  d'Ax, 
de  Vicdessos  et  de  Saurat,à  quelquesceDls  mèires  de  TaraseoD.  L'histoìre 
ne  Dous  a  conserve  dans  cette  viguerie  qae  le  nom  de  deox  ministérìats  : 
celui  de  Foix  et  celui  de  Lordat ,  subdivisés  en  beaucoup  de  chàtellenies. 

Il  parati  que  dans  cette  première  circonscription  des  Marches ,  Cbarle- 
magne  ou  ses  lìeulenants  eurent  égard  aux  circonscriptions  ecclésìastìqaes 
déjà  existantes,  et  que  la  vigaeriede  Sabartès,  setrouvantcomprisedans 
le  diocèse  de  Toulouse,  elle  dut  ressorlir  da  comlé  touloasain.  Les  bisto- 
riens  qui  ont  voulu  attribuer  ce  pays,  avant  rélablissement  du  comlé  de 
Foix,  aux  comtéset  diocèses  de  Couserans  et  de  Comminges^  oublienlles 
révoltes  incessanles  des  comtes  descendants  de  la  race  mérovingienne , 
maintenus  dans  les  Marcbes  occidentales  en  qualìté  de  comtes  feada- 
taires  de  Charlemagne  et  de  ses  enfanls.  Ayant  possedè  ces  contrées,  ces 
comtes  y  avaient  conserve  des  alleux,  y  avaient  des  créatures,  des  amis; 
Ils  y  faisaienl,  par  conséquent,  des  tentatives  de  revendication  toutes  les 
fois  qu'ils  en  avaient  Toccasion,  appelanl  à  leur  aide  les  pillards  normands. 
Quelquefois  ils  triomphaient  ;  le  plus  souvent  ils  payaient  bien  cher  leur 
révolte  ;  mais  toujours  ils  causaient  des  bouleversements  et  des  ruines. 
Cet  élat  de  choses  dura  jusqu'au  moment  où  les  comtes  des  Marcbes,  tous 
issus  des  deux  premières  races  royales,  ou  de  nobles  familles  illustrées 
par  des  exploits,  pouvant  s'apprécier  les  uns  et  les  autres  dans  leurs  san- 
glantes  mais  loyales  conteslations,  s'allièrent  enlre  eux  par  des  mariages 
et  flrent  des  transaclions  d'échanges  et  de  ventes  des  nombreux  allenx 
qu'ils  possédaient  les  uns  cbez  les  autres. 

Ces  alliances  et  ces  transaclions  nobs  donnent  le  mot  de  l'énigme  de 
rélablissement  du  comté  de  Foix  par  la  famille  des  comtes  de  Carcas- 
sonne.  Celle  mosaìque  ou  ce  corps  compose  de  diverses  piècesassemblées. 


était  la  barte  de  Tarascon.  D*un  autre  coté,  la  première  syllabe  sa  peut  ótre  ane  abréviation 
d*un  autre  motceltique  sala,  qui  veut  dire  «  tnaison  ,  »  importé  chez  nous  par  les  Celtes, 
Franks  Saliens  ou  ceux  qui  les  avaient  précédés.  La  syllabe  sa  peut  étre  eucore  une  abré- 
viation du  mot  latin  salltu,  a  foréts.  d  Les  iieutenants  de  Charlemagne  parlaient  le  latin 
comme  les  Romaius.  Ainsi  sabar  serait  a  la  maison  de  sapin  ou  des  taillis,  »  et  le  Sabartès^ 
a  le  pays  des  sapinsou  des  maisons  de  sapin,  i>  —  car  toutes  nos  anciennes  maisons  étaient 
plus  construitcs  en  charpente  qu*en  ma^onnerìe,  —  ou  peut-étre  enoore  a  le  chemin  des 
taillis  dans  les  bas-fonds.  d 


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selon  rexpressioQ  de  M.  de  Marca,  était  en  majeure  panie  compris  daDS 
le  Toalousaio  el  devail  ressorlir  des  comles  de  Toulouse.  Nous  osods 
croire  que,  dix-hait  aas  avaot  cet  élablissement,  Dptre  ministèriat 
sapérieur  de  Lordai  était  eacore  daos  cette  illustre  maison.  Une  cbarle 
de  Fan  994,  sous  le  règne  d'IIugues  Capet ,  semble  nous  en  donner  la 
certitade.  Elle  est  écrite  en  latin  barbare.  Elle  est  peu  citée ,  qtfoiqn'elle 
se  trouve  dans  Doat  et  le  cartuUaire  de  Carcassonne.  Nous  la  tronvons 
anssi  in  extenso  dans  la  notice  intitulée  La  ville  dAx,  son  consulat  et 
sa  chàtellenie.  Elle  nous  apprend  qu'un  seigneur  du  nom  d'Arnaud,  fils 
de  Garsinde,  était  en  cette  année  possesseur  de  la  ville  d'Ax,  de  ses  églises, 
de  presque  tonte  cette  chàtellenie  et  de  la  moitié  de  la  chàtellenie  et  de 
réglise  de  Mérens.  Ce  vaste  alien ,  dit  ce  seigneur,  fait  partie  d'un  alleu 
plus  considérable  que  ses  parents  y  possèdent.  Or^  ce  riche  seigneur,  pour 
de  solides  raisons ,  nous  parai t  étre  un  fils  ou  légitime  ou  naturel  de  la 
célèbre  comtesse  de  Toulouse,  Garsinde,  veuve  encore  verte  après  la  roort 
du  comte  Pons,  son  mari,  et  tutrice  de  Guillaume-Taillefer  et  de  ses  deux 
f rères^  pkks  connus  qu'Arnaud  dans  l'histoire.  La  maison  des  comtes  de 
Toulouse  aurait  donc  possedè  encore,  a  la  findu  dixième  siede,  de  vastes 
propriétés  dans  le  Sabarlès.  «  Ne  soyons  pas  surpris  de  ces  incertitudes; 
))  on  doit  ies  attribuer,  »  dit  dom  Yaissete,  «  au  défaut  d'bistoriens  pen- 
»  dant  Ies  dixième  et  onzième  siècles,  n'y  ayant  presque  que  Ies  cbartes 
»  dont  on  pnisse  tirer  des  lumières.  D'ailleurs,  la  plupart  de  ces  cbartes 
»  ne  soni  pas  dalées,  et,  comme  Ies  noms  de  familles  n'étaient  pasencore 
»  alors  bien  établis,  il  n'est  pas  étonnanl  qu'on  marcbe  à  làlons  dans  le 
»  récit  des  èvénemenls  et  qu'on  àit  souvent  recours  aux  conjectures.  » 

Cesi  pendant  Ies  conquétes  de  Cbarlemagne  sur  Ies  Sarrasins ,  pen- 
dant Torganisation  des  Marcbes ,  par  lui-méme  ou  par  ses  lieutenants , 
complélée  sous  le  gouvernement  de  son  fils  Louis  le  Débonnaire,  régnant 
à  Toulouse  sous  le  titre  de  roi  d'Aquilaine,  c'est-à-dire  depuis  778  jusqu'à 
812 ,  que  fui  fonde  ìeprieuré  d'Unac  (1) ,  dont  nous  voyons  encore  sur 
pied  la  grosse  tour  du  clocber,  solidement  conslruiteen  assises  régulières 


(4)  Nous  appelons  priiwré  la  fondatìon  religiease  primitive  dTJnac,  bien  que  nous  ne 
puiasions  precisar  si  elle  flit  établie  sous  le  nom  d'abbaye  militaire  ou  de  maison  conven- 
tuelle. 


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de  oioyeD  appareil,  a  peiDe  ébaachè  par  la  nature  et  par  le  pie  de  Pappa- 
Feilleur. 

Nous  avoDS  d'autres  témoignages  de  la  fondation  de  cet  antique  prieuré, 
à  cetle  date,  que  le  style  et  les  matériaux  de  cet  édìQce,  évidemment 
anlérieurs  à  la  construction  de  l'église  du  onzième  siede ,  en  assises  de 
taf,  qui  a  remplacé  la  première  église  démolie.  Nous  pouvons  iuvoqner 
la  similìtude  de  cet  établissement  religìeux  et  milìtaire ,  installé  dans  les 
mémes  conditions  slralégiques  que  celui  de  Sabar^  à  l'entrée  de  quatre 
yallées,  chàteau  fort  lui-méme,  au  pied  du  chàteau  imprenable  de  Lordata 
en  face  d'un  cbemin  dirige  vers  l'Andorre ,  où  la  tradition  signale ,  par 
la  désignation  de  cimetière  des  Andorrans ,  un  plateau  précède  d'un 
ravin ,  qui  porte  encorc  le  nom  de  coumo  de  Louis;  assemblage  mona- 
mental  de  mots ,  constatant  en  ce  lieu  un  exploit  de  Louis  le  Pieux  sur 
les  Sarrasius ,  élablis  alors  en  Andorre  et  autres  parties  des  Marcbes ,  où 
il  établit  méme  des  gouverneurs  de  celle  nailon  conservée  dans  ce 
pays  (1). 

Gomme  témoignage  tradition  nel  de  cet  ancien  prieuré ,  nous  pouvons 
citer  encore  le  pèlerinage  immémorial  de  saint  Eutrope,  établi  à  Unac, 
qui  se  pratique  toujours  comme  ceux  de  Sabar,  de  Celles  et  de  Mont- 
gausi,  d'où  les  pèlerins  em portoni  encore  le  vin  bèni,  tous  les  ans,  au 
jour  de  celle  féte.  Ajoulons-y  le  nom  de  Castrum,  chàteau  fort,  que 
donnenl  au  méme  prieuré  plusieurs  Charles^  jusqu'au  treizième  siede,  et 
le  nom  de  Claustrumy  cloitre,  que  les  habitants  lui  onl  conserve  jusqu'à 
ce  jour ,  en  le  dénaturant  progressivement ,  puisque  nous  voyons,  dans 
les  vieux  registres,  qu'ils  Toni  appelé  Claustro,  et  que  nous  Tentendons 
nommer  Crasto,  confondant  dans  leur  ignorance  la  signiQcation  des  deux 
appellations  Castrum  et  Claustrum ,  qui  lui  ètaient  autrefois  appliquées 
en  sa  qualitè  de  templum  incastellatum. 

Une  autre  preuve  de  l'antiquitè  de  ce  prieuré  est  l'existence ,  dans  le 
pelli  village  d'Unac,  d'une  seconde  église  dédiée  a  saint  Felix ,  marlyr^ 


(1)  A  la  diète  ou  assemblée  generale  de  ses  états,  tenue  à  Toulouse,  au  palaia  des  anciens 
duca  d*Aquitaine,  l'an  790,  le  jeune  roi  Louis  le  Pieux  regut,  a vec  leurs  presenta  magniflques, 
le  sermeut  de  fidélitéde  ses  gouverneurs  sarrasins  de  la  frontière  d'Espagne,  représentés  par 
leurs  députés  (HUloire  generale  de  l'EglUe  de  Toulouse,  t.  ì^,  page  31 6.) 


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dèmolie  aa  seizième  siede  par  les  hugaenots ,  édifice  qui  devait  avoir  été 
l'église  paroissiale  avant  rérection  du  priearé ,  paisqu'on  y  ensevelissait 
encore,  tout  àTentour,  au  seizième  siede,  les  morts  des  aonexes  Luze- 
nac  et  Tignac.  Enfio,  une  deroière  preuve  à  l'appui  de  nos  présomplions, 
c'est  la  conduite  de  Roger  II ,  comte  de  Foix.  Ce  comte,  signalant  son 
avéoement  au  ponvoir  féodal  par  des  libéralités  et  des  actes  religieux,  fait 
reconstruire  l'église  da  vieux  prìeurè  d'Unac ,  et ,  dèsireux  d'y  rétablir 
Tandenne  maison  religieuse  conventuelle,  la  donne  à  l'abbaye  de  Cluny 
et  a  son  saint  abbò  Hugues,  d*accord  avec  sa  femme,  la  comtesse  Sicarde, 
dontnoQS  allons  parler.  Toules  ces  drconstances  ne  nous  laissent  aucun 
doQle  sur  l'exìstence  de  la  petite  communauté  d'hommes  religieux,  élablie 
à  Unac ,  a  l'ombre  de  la  vieille  tour,  sous  le  règne  de  Charlemagne  oa 
de  son  fils  Louis  le  Débonnaire.  Ce  couyent  subit  le  méme  sort  que 
l'abbaye  de  Saìnt-Volusien  de  Foix.  Il  fut  détruit,  et  ses  biens  usurpés 
par  le  méme  seigneur,  que  nous  fait  connaìtre  le  jugemenl  arbitrai  rendu 
àNarbonne^  dans  un  plaid  de  Pan  867,  con  tre  le  seigneur  Athon ,  que 
l'on  croit  étre  le  comte  de  Paillas ,  descendant  des  rois  méroviogiens. 

Ayec  le  onzième  siede  commence  l'epoque  la  plus  glorieuse  du  haut 
pays  de  l'Àrìége.  La  viguerìe  du  Sabartès,  dans  l'ordre  politique  et  civil, 
est  remplacée  par  le  comté  de  Foix  ,  et  ses  viguiers  par  une  noble  lignee 
de  comtes ,  illustres  dans  l'histoire  de  France.  Le  nom  de  Sabartès  ou 
Savartès  n'est  plus  maintenu  que  par  TEglise,  qui  alme  à  conserver  les 
traditions,  pour  designer  qne  circonscription  ecclésiastique ,  dans  cette 
partie  de  la  vallèe,  depuis  Sabar  jusqu'au  port  de  Puymaurenc,  et  cette 
circonscription  porta  le  nom  d^archiprélré  du  Savartès,  don t le  titulaire 
résida  a  Ax,  crossé  et  mitre  comme  un  évéque  sans  pouvoirs  épiscopanx, 
et  sahs  autre  juridiction  que  celle  que  les  canons  lui  donnaient  sur  ses 
trois  vìcaires  des  églises  de  Vaychis,  d'Ascou  et  de  Sorgeat,  et  autres 
prétres  résidants  sur  sa  paroisse.  Nous  laissons  a  qui  de  droit  le  soin  de 
résoudre  le  problème  de  cette  anomalie  d'insignes  épiscopaux  dans  un 
simple  archiprétré.  Nos  pères  ont  vu  mille  fois  les  archiprétres  d'Ax 
of&cier  avec  ces  insignes ,  dans  toutes  les  grandes  solennités  de  l'année. 
Nous  les  avons  entendus  raconler  quii  n'y  avait  que  quatre  archiprétres 
en  France  bonorés  de  ce  privilége.  L'explicatìon  que  nous  en  lisons  dans 
une  brochure  remarquable,  imprimée  Tannée   dernière,  intituléa  La 

46 


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vaie  tiPÀx,  soti  conMlat  et  sa  chcUelleniCt  esplicatioa  eitraìlie  des 
nunariiues  sur  YHislaire  de  Lmsn^doc ,  par  Pierre  Louvet ,.  de-  Beau- 
vaàs,  nenons  semble  Qu'aae  de  ces  maUces  coDtre  l'Eglìse,  invQQtóes 
par  les  écrìvaiDS  huguenols.  Aucun  évéque  de  Pamiers  n'aurait  tcdéré  aoe 
inaavatioD  sembtable  dans  les  riies  et  les  costumes  sacerdat^u^i,  pmdafit 
les  saints  mystères ,  par  Fan  de  leurs  arcbiprétrea. 

Vers  la  fin  de  ce  roéme  onsiòme  siècie  ,  les  nooveaiii  cqmtes  de  Fdx 
étant  assez  richement  établis  pour  pouvoìr  s'oceuper ,  comise  les  plus 
girands seigDears  de  cette  epoque,  de  fondatioos  religieuses,  Roger  li  »  se 
trouvant  sans  enfauts  de  la  comtesse  Sicarde  sa  première  femmet  solUciié 
a  raceomplissemenl  d'cBarres  pies ,  par  Isara  sqd  évéque  ^  de  Touloi^e ^ 
60  réparation  peui-élre  d'usurpalions  de  sa  pari  et  de  la  part  de  ses  an* 
ctoes  sur  les  biens  ecclésiastiqaes ,  pleio  d'adfoiration  d'ailleurspoor  tee 
iUnstres  abbés'de  Cluny  :  Odilon  et  Hugues  ,  après  avoir  aulorisé.  Tao 
1073)  TunioD  de  l'abbaye  xle  Lézat  à  celle  de  Cluoy  pour  ta  rèforme, 
dopoaìl ,  Fan  1074  et  raouée  1076: ,  à  eette  méoae  célèbre  abbaye  div/era 
alleui,  daos  la  vallee  de  Savartès,  avec  le  cbàleau  fort  de  Lordala ,  ei  une 
église  remarquable  quHl  venati  dy  faire  construire  sur  Hune  de  $cs 
citadelles.  Oa  no  saurait  douter,  eu  lisaot  les  extraits  dea  cbartes  de  ces 
dales  9  doonées  par  MalHllon ,  que  naus  oe  trouvioos  là  la  date  précise  ^ 
antheotique  de  rérection  de  la  petite  égiise  moouuientale  ^tUA.nous  voyons 
à  .Unac,  où  le  comte  Roger  Ilappelait  les  religieui  de  Cluuy*  Tous  les  ar«- 
ehéologues  qui  voieot  cette  égiise  n'hésitent  potot  à  recoooaf tre  ea  elle  ujm 
coDStrnction  bien  caractérisée  de  cette  epoque.  Voici  uà  estrait  du  rapport 
de  Fiospecteur  dea  monumeuts  bisloriques .  que  le  préfet  de  TAriége 
adressait  en  1841au  ministre  de  l'intérieur,  a  la  demaade  de  M#  Dagal)é> 
dóputé  de  ce  département,  pour  en  demander  le  classemeùt  a  l'Etat  ; 

M  L!église  d'Unac  est  construite  dans  la  forme  des  basiliques  de  deuxi^e 
»  ordre,  sansaulre  chapelle  que  les  déux  autels  parallèles  placiés  daDS  le 
9  rond-poinl  des  chevets  des  bas-cótés^  à  droite  et  à  gauche  du  maitre- 
9  autch  Le  roaitreautel  est  place  dans  le  food  de  Fbémicycle  principal  » 
»  plus  grand  de  moitié  que  les  deux  latéraux.  Le  style  de  cei  édifice  est 
»  le  slyle  roman  n>odiflé  par  le  style  byzantin.  Les  mnrs  et  ì^  plliera, 
9  b&tis  en  blocs  de  tuf ,  taillés  de  moyen  apparejl,  soat  loords  et  masaf^^ 
9  La  tour  du  clocher  est  quadrangulaire ,  et.qttoiqu'elie  soil  aujourd'buìi 


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—  S58  — 

»  snrmonlée  d'une  flèche  iea  charpeole,  recoa verte  d'ardoises ,  comme  les 
»  clochers  da  onzième  siede ,  on  voit  facilemeot  qne  celle  llècbe  a  étè 
»  superposée  a  la  piate-forme  crénelèe  de  la  voùle  sapérieare.  On  y  trouve 
»  partoQt  Tarcade  a  plein  ceintre  sur  les  piliers,  ainsi  que  sur  1^6  portes 
»  et  fenétres,  excepté  dans  la  voùte  principale  el  Tarceau  de  rhétnicycle» 
n  qui  fbrment  un  are  surhaussé.  Les  décorations  du  sanctuaìre  sont  en 
»  catcaire  granttique ,  plus  ou  moins  dur.  On  y  remarque  douze  colon- 
»  nes  svelles  et  gracienses  avec  socles  ornés  de  marmousets  d'un  c6tè  et 
))  de  ciselures  de  Tautre.  Les  chapìteaux  de  ces  colonnes  soni ,  les  uns 
»  sculptés  à  jour,  les  aotres  ornés  de  feuillages,  de  fruiis,  de  petites 
»  figures  d'animaox  fantasliques  et  de  chimères  ciselés  avec  dèlicalesse. 
»  Des  corniches  paréés  d'arabesques  ou  de  modillons ,  sculptés  en  diver* 
)>  ses  fa^ns,  couronnent  les  chapìteaux ,  sans  architrave  etsans  frise^ 
»  forment  les  entre^colonnements  et  suivent  en  lignes  festonnées  les  pour^ 
)>  tours  semi-circulaires.  Le  sanctuaire  est  éclairé  par  trois  fenetres  dòtait 
»  lés  archivoltes ,  en  moulnres  et  décorations  vidées  et  satllantes ,  repo- 
»  sent,  a  rìntérìeur  comme  à  Texlérieur,  sur  de  courtes  colonnettes  a 
»  grands  chapiteaux  sculptés...  Il  n'éxiste  pas,  dans  le  département  de 
»  l'Ariége ,  d'édiflce  religieux,  monument  d'archi tectu re  romane,  dòrit 
»  la  conservation  aprite  autant  qoe  celui-là  rattention  de  Taotoriìè. 
»  Encore  qa'il  soit  construit  sur  une  petite  échelle^  H  a  du  grandiose 
»  et  porte  le  cachet  da  siècle  auquel  il  apparttent.  » 

Nous  croyons  qu'apres  la  donnation  de  cette  églìse  a  Gluny^parle 
còm te  Roger  li,  qui  venali  de  la  faire  reconstruire ,  quelques  religieax 
de  cette  abbaye  soni  venus  habtter  le  prièuré ,  et  que  des  moines  scalp- 
tenrs  de  la  fàmeuse  basilique  de  Cluny,  rainée  en  1795,  ontscalpté  sur 
place  les  pierres  du  sanctuaire  d'Unac. 

Ce  qui  nous  porte  encore  a  crolre  que  Téglise  d^Inac,  avec  ses  alleax, 
était  an  pouvoir  des  religieux  de  Cluny  au  cemmencement  da  douzièmé 
siècle,  c'est  que  Tan  1104  ,  lorsque  Tabbayè  de  Saint- Volusien  de  Foix 
fa(t  réorganisée  en  al>bàye  de  chanoines  réguliers,  par  la  volente  da 
méme  comle  Roger  II,  le  prìeuré  d'Unac  ne  lui  fut  pas  adjoint,  comme 
ce  comte  devait  le  faire  sMl  eùt  été  a  sa  disposi tion ,  et  comme  le  lit  un 
de  ses  successeurs»  Cependant,  nons  apprenons,  par  Thistorien  André  de 
Ravenac,  qui  nous  a  donne  tous  les  détails  les  plus  circonslanciés  de  eelle 


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—  364  — 

réorganisation  ^  qae  le  cure  de  la  paroisse  d'Unac,  Etienne  Lagusta, 
personoage  autre  que  le  litulaire  religieux  du  prieurè  et  de  ses  nobles 
dépendances ,  devint  l'un  des  vingt-deux  chanoines  réguliers  de  Saint- 
Yolusien,  lui  donna,  comme  les  autres  rectears,  ses  pairs^  avec  Tauto- 
risalioa  pontificale  et  episcopale ,  les  deux  tiers  des  fruits  décimaux  de  sa 
paroisse,  et  porta  comme  eux,  sa  vie  durant,  le  titre  de  prieur  de  sa 
paroisse.  Pendant  la  vie  de  cet  Etienne  Lagasta  y  il  y  ent  donc  dans  le 
comté  de  Foix  deax  personnages  qui  furent  honorés  régulièrement  du 
lì  tre  de  prieurs  d'Unac. 

Cent  ans  plus  tard,  il  n'y  avait  plus  de  religieux  de  Cluny  a  Unac, 
puisque  Fan  1188,  Roger-Bernard,  dit  le  Gros,  comtedeFoìx,  après 
avoir  gouvernè  son  comté  quarante-quatre  ans ,  mourant  a  Mazères,  don- 
nait  par  son  testament ,  nous  est-il  dit  dans  le  Gallia  Chistiana ,  a  la 
mèmoire  de  Saint- Volusien ,  Yèbre ,  ,  le  cbàteau  de  Perles ,  Véglise 
d'Unac,  etc.  (1).  Cette  église  était  donc  rentrée  dans  le  domaine  des 
comtes  de  Foix.  Elle  fut  conQéeavec  ses  biens  nobles,  en  1188,  àTabbé 
de  Saint- Volusien  de  Foix ,  et  cet  abbé  en  fit  reconstruìre  les  bàliments 
claustraux  pendant  une  de  ses  visites  abbatiales  a  ce  prieuré.  Fan 
1196(2). 

A  cause  de  son  église  forliQée ,  le  prieuré  claustral  d'Unac  comptait  au 
aombre  des  places  défensables  et  prolectrices  de  la  contrée,  pendant  les 
troubles  et  les  guerres.  Aussi,  nous  voyons  que  pendant  que  Simon  de 
Montfort  réduisait  les  comtes  de  Toulouse  et  de  Foix  a  invoquer  la  prò- 
tection  du  roi  d'Aragon ,  ce  roi  rècevait  an  concile  de  Lavaur,  l'an  1213, 
en  garantie  des  bonnes  intentions  envers  l'Eglise ,  des  comtes  de  Foix 
Raymond-Roger  et  Roger-Bernard  son  flls ,  le  cbàteau  fort  d'Unac  avec 
bon  nombre  d'aulres  forteresses  de  la  frontière  (3). 

Depuis  le  moment  où  le  prieuré  d'Unac  eùt  été  rattaché  à  Tabbaye  de 
Foix,  les  abbés  de  Saint^ Volusien  eurent  le  soin  de  faire  cònfirmer,  dans 
toQtes  les  occasions  et  par  toutes  les  autorités,  cette  avantageuse  acqui- 
sition.  La  première  occasion  qui  s'offri t ,  nous  la  trouvons  dans  le  témoi- 

(^)  Gallia  Christiana^  XHI*  voi. 

(2)  Testament  de  Roger  Bernard.  Supplément  au  Xin«  voi  du  Gallia  Christiana,  Notes. 

(3)  Innoccni  UI,  liv.  IV,  rég.  46,  ép.  47.  -«  Histoire  du  comté  de  Foix,  par  Gastillon,  t.  I«% 
page  S73. 


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—  355  — 

gnage  d'uDe  bulle  du  pape  Honorius  III ,  de  1224 ,  qui  désigoe  nommé- 
meDt  Féglise  d'Unac  avec  ses  décimes,  comme  apparlenant  à  celle  abbaye. 

Une  seconde  occasion  de  coDQrmalioD  venue  a  notre  connaissance  s'of- 
frail  l'an  1312.  Elle  porle  la  garanlie  de  Tévéque  diocèsain  et  du  roi  de 
France  régnant.  Cesi  une  charte  passée  en  celle  année ,  d'une  pari  enlre 
Bernard  Paisseli>  nommé  à  l'évéchè  de  Pamiers  avanl  salnt  Louis,  arche- 
véque  de  Toulouse ,  lorsque  enfin  il  avait  oblenu  les  bonnes  gràces  de 
Philippe  le  Bel ,  el  d'autre  pari  les  procureurs  fondés  de  la  noblesse  et  les 
syndics  des  communes  du  haut  pays  de  Foix.  Dans  le  diplòme  d'appro- 
balion  de  celle  charte ,  Philippe  le  Bel  nomme  en  première  ligne  el  expli- 
citement  après  Tabbé  el  les  chanoines  de  Sainl-Volusien  le  prieur  d'Unac  : 
«  L'abbé  el  la  cominunauté  da  monastèro  de  Foix  ,  les  prieurs  à'Unac, 
»  de  Vicdessos,  de  Miglos,  le  prèvdl  de  Rabat,  les  cbapeiains  el  recleurs 
»  et  aulres  ecclésiasliques  de  Tarchiprélré  du  Savarlès,  au  diocèse  de 
»  Pamiers  (1).  » 

Dans  les  acles  poslérieurs,  nous  voyons  figurer,  au  nombre  des  prieurs 
d'Unac ,  des  membres  des  familles  les  plus  honorables  de  ce  pays.  Un 
ade  en  latin,  de  Ù91 ,  nous  en  fait  connallre  un  du  nom  de  Raymond 
Depeyre.  C'est  un  ade  de  venie,  fall  a  Ax,  «  venerabili  et  discreto 
»  viro  religioso  Ramundo  Petrii,  priori  prioratus  Sancti-Martini  de 
»  Unaco  dicecesis  Appamiensis.  »  Un  autre  prieur  d'Unac  porle  le  nom 
de  messire  Pierre  Mausard  en  16S6.  Il  élait  parent  des  familles  de  Savi- 
gnac  de  Garanou  et  de  Yeychis  ;  il  élait  chaooine  règulier  de  Tabbaye  de 
Foix  y  en  méme  temps  qne  prieur  d'Unac.  Dans  un  procès  porte  devant 
le  parlemenl  de  Toulouse,  par  son  neveu  Francois  Mèrle,  cure  d'Unac, 
contre  ses  paroissiens  de  Tannexe  de  Luzenac ,  auxquels  il  refusali  de 
donner  un  vicaire  ,  le  prieur  reclame  sa  pari  des  fruils  décimaux  saisis 
avec  ceux  da  cure.  Puisqu'au  milieu  du  dix-seplième  siede  ce  prieur 
d'Unac  élait  chanoine  de  Tabbaye  de  Foix,  résidant  à  Foix  ,  il  [larait  que 
le  couvent  d'Unac  n'élail  plus  habilé  par  des  religieux  a  celle  epoque.  Ce 
méme  fait  est  constale  d'ailleurs  par  la  tradilion,  sans  précision  d'epoque. 


(4)  Abbas  et  coDventus  monasterii  Fuxi,  priores  de  Vnaco,  de  So9,  de  Meglesià,  prseposi- 
»  tua  de  Ravato ,  et  capellani,  rectores  et  allise  persoDse  ccclesiasticsD  archipresbytcratus 
»  Savartenais  diceceais  Appamianim.  » 


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—  356  - 

Depuis  longtemps ,  le  tìtre  de  prieur  d'Uoac  D'était  plus  qu'un  Utre  hom^ 
rifiqae  et  revenant.  ' 

A  coté  de  ce  prieurè  d'bommes  dans  le  Lordadais  ^  il  est  fait  mention 
de  deux  prieurés  de  femmes,  appartenant  aux  dames  des  Salenqaes,  Van 
dans  le  dìmaire  d'Unac,  appelé  Sainle-Sophie  (Santo-Sophio),  entre 
Garanou  et  Luzenac,  ruiné  par  les  hérétiques  protestants  en  1565,  et 
Tautre  a  Axiat.  Ces  deux  prieurés  n^élaient  point  ancièns,  puisque  la 
maison  mère  de  celle  congrégation  religieuse,  dite  l'Abondance^Dieu  des 
Salenques^  sise  au  diocèse  de  Rieux,  ne  fut  fondée  qu'en  1351  par 
Gaston  Phébus^  comte  de  Foix  (1).  Il  est  probable  qu'il  y  eut  un  atrtre 
couventà  une  datebien  antérieure,  à  Axiat,  puisqu'il  y  existe encore  une 
petite  ^lise  d'archilecture  romane  du  onzième  siede  y  qui  ne  pouvait  étre 
qtfune  chapelle  de  couvent. 

Le  commandeur  deGabre,  des  chevaliers  de  Malte ,  coseigneur  du 
Lordadais,  possédait  des  alleux  dans  le  vUlage  d'Unac  et  dans  le  voisinage 
de  son  église;  mais  nous  n'avons  pas  ea  connaissance  qu'il  ait  eu'des 
droits  sur  le  prieuré  d'Unac. 

L'abbé  AUTHIER,  cure  dTnac.      . 

(4)  Métnorial  de  Delesoases,  pages  404-448. 


.'>    A.'   *'         '1 


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INSCRIPTIONS  LATINES. 


Messieurs, 

Ce  n'est  pas  un  mémoire  que  je  me  propose  de  vous  lire  ce  soir;  ce 
soni,  simplement  quelques  ioscriptions  ìnédiles ,  iotéressant  l'histoìre  de 
Dfìtre  localUé,  doni  je  suìs  heureux  de  vous  offrir  laprimeur. 

Ges  inscriptioqs  n'ont  enlre  elles  aucone  relation  de  date  ;  elles  dìffèrent 
essentiellemeot  les  unes  des  autres  par  le  style  autant  que  par  le  food.  Lo 
Seul  lien  qui  les  rattache  et  qui  puisse  me  faire  pardonuer^  peul-élre ,  de 
puiiser  dan3  des  ^léments  si  divers  le  sujet  d'une  lecture  y  c'est  qu'elles 
se  ra^pprtent  tontes  p$r  qqelque  coté  à  notte  cité  toulousaine. 

J'en  dois  la  comqaunicaliou  a  Tobligeance  de  mon  savant  amì^  Monsei- 
gneur  X,  Barbier  de  Montault. 

I 

F.  (frater)  Antoninus  Massoulié,  Tolosan  (us) 
Cathedrat.  (icus).  Dein  Tfieol  (ogus).  Cosami  (ensis)  Antea 
Vicarie.  Gen  (eralis).  (h^d  (inis).  Munere.  Fwwim 
Obiit  An  (do)  1706. 

Je  dois  rappeler  que  le  mot  de  Tkeologus  est  ici  synonyme  de  Biblio- 
thecarius.  Dans  les  ordres  savants  ,  les  blbliolhécaires  sont  appelés 
théologiens. 

Le  P.  Antonio  MassouUé,  mort  en  1706,  était  donc  bibUothécaire  de  la 
biblìotbèque  Casanatcnse. 

Cette  bibliothèque  est  celle  du  couvent  de  la  Minerve,  a  Rome,  appar- 


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—  3M  — 
tenanl  aux  Frères  précheurs.  Elle  a  èté  fondée  par  le  cardinal  Casanatc, 
de  Naples. 

Le  P.  Massouliè  étaìl  aussl  professeur,  corame  Tindique  le  liire  deCa- 
thedraticus  que  porte  rinscription. 

Od  Ut  cette  inscriptìon  au-dessous  du  portrait,  peint  a  l'buile,  de  ce  sa- 
vant  relìgieux ,  qu'oQ  volt  dans  le  veslibule  de  la  bibliothèque  de  la 
Minerve. 

Quanl  au  cardinal  Casanale,  voici  ce  qu'en  dil  la  Biographie  univer- 
selle  de  Feller  : 

«  Casanate  (Jerome),  né  a  Naples  ,  en  1620  et  mort  le  3  mars  1700, 
»  fut  créè  cardinal  par  Clément  X,  en  1673.  Innocent  XII,  qui  connaìssait 
»  sa  Science  et  son  amour  pour  les  letlres ,  le  nomma  bìbliothécaire  du 
»  Vatican.  L'abbé  Zaccagni  donna  sous  sa  direction  un  recueil  d'ouvrages 
))  anciens  manuscrits,  sous  le  tìtre  de  Collectanea,  Rome,  1698,  in-4^ 
»  Casanate  laissa,  par  son  testament,  sa  bibliotbèque  au  couvent  de  la 
»  Minerve  des  Dominicains,  à  Rome,  a  condilion  qu'elle  serait  publique, 
)>  avec  quatre  mille  écus  romains  de  revenu ,  pour  l'entretien  de  cette 
»  bibliothèque.  On  y  volt  sa  statue  en  marbré.  Àudiffredi  en  avait  fait 
»  le  catalogne  sous  ce  titre  :  Catalogus  bibliothecoe  Casanatensis  libra- 
ry rum,  typis  impressorum^  4  voi.  in-fol.  ;  mais  il  n'est  pas  termine  :  il 
»  ne  va  que  jusqu'à  la  lettre  L.  » 

II 

1647. 

Inscriptìon  tumulaire  de  Bonaventure  de  la  Fant^  oratorien  et  abbé 
de  Foix,  a  Notre-Dame  des  Ardilliers(Saumur.)  — Marbré. 

«  Eoe  epigraphe 
»  Sitos  UtiUos  clausit^  et  suos  signavit  cinerea 
»  Rever^'^  antistesj  abbas  Ftuvensis,  et  oratoricusy 

»  Bonaventura  de  la  Font. 
»  Fuit  hic  gente  GaUtts ,  patria  TolosaSy  famUiapatricitMy 
»  Natalilncs  venetus,  paire  nattcs  prolegato  regio. 
»  Sed  quod  portentum  fatearis 
»  Fuit  hicpuer  stoicus,  adolescens  academicus^  juvenisperipatetictis, 


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—  359  — 

»  Virpolitictcs ,  maturus  sacri  ficus  ^  semper  christiantcs , 
»  Non  mentior,  sim  licei  epitaphium. 
»  Fuit  hicpuer  stoicus ,  quia  sapiens  prceter  annos.  Adolescens  academic(ìis) 
»  Quia  Tolosce  solerter  eruditics,  juvenis peripateii&  quia  gentes  invisenijB) 
»  Exteras,  paucos  t?iesauros  devexit,  ut  ingentes  reveherety  videlicet 
»  Peregrinans  eximius  mercator,  quia  politicus, 

»  At  quaZis  politicus  ? 
»  Statura  nóbilis ,  vultu  serenus ,  eloquio  facilis ,  ingenio  sitblimis , 
»  Judicio  solidtcs ,  fortuna  félix ,  sub  regina  matre  Maria  Mediccea 
»  Validus  minister,  sub  rege  Lud^  xiij<*.  Fidus  à  conciliis ,  in  arcanis 
»  Mutus ,  in  coUoquiis  elegans ,  in  omnibus  pius ,  nimirum  sa/ri  ficus. 

»  At  quantum  sacrificus? 
»  Inter  sacerdotes  humilis ,  inter  hereticos  ojcer^  inter  judices  integer, 
»  Inter  aulicos  syncerus,  inter  omnes  innocensy  pauperum  amans , 
»  Semper  amabilis ,  semper  honoratus ,  wt?^n*  scilicet  ut  chrtstianus, 

»  5ed  vere  christianus. 
»  Qwi  *«en5  Atnc  esse  demigrandum ,  ri^am  patiens  et  diligens  mortem 
»  5e  fortunis  ab  omnibus  abdicavit^  peculio  tantum  reservatOy  non  quofamiliam 
»  Decoraret,  sed  quo  arceret  inopiam,  nihil  hic  struendum  judicans  ^  prq^ter 
»  Septdchrumy  quod  Ardiliensi  virgini  devotus  et  oratorii  cpngr^  deditus, 
»  Sanus  et  valens  in  hac  cede  posuit,  nuncupari  volens  sine  nomine ,  sine 
»  Titulo  f  sed  non  sine  gratia ,  non  terra  j  nonpulins,  non  nihil  ^  sed  aliquid 
»  Humilius  terra ,  pulvere  vilitcs,  et  nihil  minttSy  miser  peccator  ^ 
»  Huc  ades  igitur  6  viator  et  tanto  studens  prceceptori 
>  Morere  vivus  ut  vivas  mortuus, 
»  Vita  functus  est  Salmurij  id.  septemb.  anno  m.  vi.»  xlvu  (4647).  Meritis  clarus 
»  Et  honoribits^  annos  natus  lxxij  (72).  Et  hoc  iUi  moerens  posuit  monumentum 

»  Franciscus  de  Lavedan. 
»  Nostras  Domince  de  oratorio  aòbasy  ex  sorore  nepos^  et  ex  corde  filius. 
>  B^  V»  meritis  et  omnium  coslitum ,  tuisque  viator  parecibus 

»  Requiescat  in  pace. 

Voos  aTez  remarqoé ,  Messieurs ,  le  ton  empbatique  de  catte  épitaphe. 
Je  croisbien  qoe  si,  eomme  elle  rafflrme,  elle  ne  ment  pas»  bieD  qa'en 
sa  qoalité  d'épilaphe  elle  en  eùt  peut-étre  le  droit , 

€  Non  mentioTy  sim  licet  epitaphium^  » 

elle  se  laisse  da  moins  aller  volontiers  a  une  exagération  de  langage  qui 
fait  un  peu  craindre  pour  la  vérité.  Il  est  difficile  d'imaginer  un  panégy- 
riqne  plus  pompeux  que  celoMà.  Si  les  éloges  que  notre  épilapbe  donne 
a  son  héros  sont  mérités^  je  n'ai  qu'à  me  réjouir  de  pouvoir  ajouter  a  la 
Biographie  toulousaine  un  nom  illustre  oublié  jusqu'à  ce  jour. 

47 


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—  360  — 

Qaoi  qu'il  en  soit^  du  reste,  du  plus  ou  moiDS  de  mérile  réel  de  l'abbé 
BooaveDtare  de  la  Font,  mérile  que  dous  n'avons  pas  a  discuter  ici^  il  y  a 
deux  faits  hisloriques  incontestés  que  notre  épilaphe  nous  révèle  :  c'est 
que  Tabbé  de  la  Font  fui  ud  courageux  ministre  sous  la  régence  de  la 
reine-mère  Marie  de  Médicis,  et  qu'il  fui  couseiller  du  roi  Louis  XIII. 

Ces  deux  titres  suffiseDt^  a  coup  sùr^  pour  dooner  a  ce  personnage  le 
droit  de  figurer  dans  la  liste  de  nos  illustrations  toulousaioes. 

Mais  je  vais  plus  loia  :  je  ne  puis  admettre  que  Temphase  de  Tépitaphe 
ne  soit  qu'uue  épigramme  déguisèe  qui,  sous  des  éloges  menteurs,  révèle 
lanullitéde  ce  personnage. 

Celle  épilaphe  a  éte  posée  sur  la  tombe  d'un  étre  chéri,  par  une  main 
pieuse,  après  avoir  élé  diclée  par  un  coeur  plein  de  tendresse.  C'est  un 
monument  qui  doli  témoigner  a  jamais  de  la  trislesse  et  de  la  douleur  de 
celai  qui  ì'a  place  ; 

«  Et  hoc  illi  mcsrens  posteit  momtmentum.  » 

Francois  de  Lavedan,  fils  de  la  soeur  du  défunt,  son  fils,  à  lai,  par  le 
cceur, 

€  Ex  sorore  nepoSf  et  ex  corde  /UiuSf  » 

n'eùt  pas  voulu,  bi«n  sur,  exposer  a  la  risée  de  ses  contemporains  la  me- 
moire  d'un  onde  aimé  comme  un  pere,  en  lui  prodiguant  sur  la  tombe 
des  éloges  que  ceux  qui  Tavaientconnu  auraient  bien  sa  qu'il  ne  méritait 
pas. 

Il  est  donc  certain  à  mes  yeux  que  Bonaventure  de  la  Font  fui  un  des 
hommes  remarquables  de  son  temps ,  utile  a  son  pays  qu'il  servii  avec 
intelligence  et  dévouement,  utile  à  l'Eglise  qu'ilédifiadeses  vertu8,etque 
l'oubli  qui  pese  sur  sa  mémoire  n'est  peul-élre  que  l'accomplissement  de 
son  dernier  voeu  ,  puisqu'il  s'estimait  «  moins  qu'un  peu  de  terre,  moins 
»  qu'un  atome ,  mois  qu'un  rien ,  n'èlant  qu'un  misérable  pécheur ,  »  et 
quii  n'eùt  pas  méme  voulu  voir  son  nom  grave  sur  la  pierre  de  sa 
tombe  : 

«...  Nuncupari  volens  sine  nomine,  sine 

»  TittdOj  non  terra  y  nonptUvis,  non  nihil^  sed  aliquid 

»  Humilius  terrà,  polvere  vilttcs  et  nihil  minus^  miser  peccator.  » 


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—  364  — 

Mais  soD  neveu,  juste  apprécialeur  des  mèrites  de  son  onde ,  n'a  pas 
cru  devoìr  laisser  perir  une  mémoire  si  bonorable  et  si  cbère^  et  il  a  Gon- 
fie a  la  Pierre  da  tombeau  non-senlement  le  nom ,  mais  encore  le  récit 
des  qualités  éminentes,  des  titres  et  des  mérites  du  défunt. 

Remercions-le  decette  beureuse  infraction  aux  dernières  volontès,  d'une 
modestie  peut-étre  exagérée ,  de  son  onde.  Sa  pieuse  fante  a  rendu  à 
l'bistoire  de  notre  dté  un  souvenir  éteint  et  une  figure  perdue. 

Le  latin  de  cette  épitapbe,  très-remarquable  a  plus  d'un  titre  malgrè 
son  empbase  ,  est  assez  pur  et  ne  manqne  pas  d'une  certaine  élégance. 
C'est  une  piece  intéressante  à  ajouter  aux  monuments  de  la  littérature  da 
dix-septième  siede,  et  ce  monument,  si  modeste  qu'il  paraìsse,  peut  en- 
core avoir  sa  valeur. 

IH 

1649. 

INSCRIPTIONS  DE  LA  TAPISSERIE  DE  SAINT  SATURNIN  A  LA  CATHÉDRALE 

D'ANGERS. 

1.   MISSION  DE  S.    SATURNIN. 

€  S.  Pierre  venant  à  Rome  y  amena  S.  Saturnin  que  il  y  sacra 
»  Evesque  avec  plnsienrs  grands  personnages.  Puis  les 
»  Enroia  en  divers  endroits  de  la  France.  Afin  desclairer 
»  Ces  contrées  la  de  la  lumière  de  lévangile. 

2.    PRÉDICATIONA   ARLES. 

»  S.  Saturnin  se  rendit  en  peu  de  iours  à  Arles  en  Provence 
»  Ou  il  convertit  plusiears  payens  a  la  foy  de  iesus 
»  Christ.  Et  leur  donna  le  sacrement  de  baptesme.  Puis 
>  Sen  alla  a  Tolose  avec  S.  Papoul  et  S.  Honestus.  4649. 

3.    ARRESTATION   DE  S.  SATURNIN. 

»  Incontinent  ijue  ils  y  ftirent  arrivés.  Les  diables  qui  rendoient 
»  Responce  aux  uns  et  aux  aultres  deyinrent  muets.  Ce  qui 
»  Donna  bien  de  lestonnent  (sic)  a  un  chascun  ne  sachant  . 
»  Quelle  en  estoit  la  cause. 

4.  CYRIAQUE  EST  GUÉRIE  DE  LA  LÈPRE. 

»  Mais  ce  qui  la  donna  a  connoistre  fùt  un  aultre  meryeille 
»  Que  Dieu  iit  par  N.  S.  Saturnin  lors  que  donnant  le 


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1»  Baptesme  à  Cyriaque  dame  de  qnalité  il  la  guérit  antierement 

>  De  la  lepre  .  dont  elle  estoit  toute  infectée. 

5.  BAPTÉBfE  ADMINISTRÉ    PAR  S.   SATURNIN. 

>  S.  Saturnin  ayant  envoyé  Honestus  à  Pampelone  .  le  suivit  test 

»  Après  pour  conflrmer  sa  doctrine  .  quii  réassit  si  merveilleusemeiit 
»  Par  la  grace  de  Dieu  q'en  lespace  de  sept  iours  seulement .  il 

>  Baptisa  quarante  mil  ames.  4649. 

6.    DÉLIYRANCE  DE   LA    FILLE   DU   ROI. 

»  Estant  retourne  à  Tolose  .  il  delivra  la  illle  da  roy  .  da 
»  Diable  qai  la  possedoit .  ce  que  ce  malicieux  roy  attribaa  a 
»  La  verta  de  ses  idoles  .  et  le  voalat  contraindre  par 

>  Promesses  .  dons  .  et  menasses  de  lear  sacrifler. 

7.    SUPPLICE   DE  S.   SATURNIN. 

»  Mais  les  ayant  faiet  tomber  a  ses  pieds  .  il  fat  lié  a  an  taareaa  et  trèno 
»  Depais  le  haalt  du  capitole  le  long  des  marches  jasques  à  la  place  pablique 
»  Oa  ayant  la  teste  rompue  et  la  ceryelle  aa  vent .  il  rendit  lame  a  Dieu 
»  Le  89«  Nov.  lan  de  N.  S.  38  et  de  son  aag.  ete.  70«. 

8.  CULT|B  DÈCERNE  AU  MARTTR. 

»  Son  corps  demeura  en  terre  jasques  à  ce  q.  S.  Hilaire  evesqae  de  Tolose  le 
»  Leva  et  le  mit  en  une  petite  chapelle.  Don  il  fut  depuis  transporté 
»  Dans  une  magniflq.  Eglise  bastie  en  son  honneur  .  ou  se  sont  faiots  et 
»  Font  encore  auiourdhuy  plusieurs  beaux  et  grands  miracles.  4649. 

1527. 

LEGENDE  EN  VERS  FRANgAIS  DE  LA  TAPISSERIE  DE  S.  SATURNIN  A  LA 

CATHÉDRALE  D'ANGERS. 

—  Gothique  carróe.  — 

1 .  S.    SATURNIN  DISCIPLE  DE  S.  J.  BAPTISTE  ET  DE  N.  S. 

«  Sainct  Saturnin  donq  apres  que  tout  en  appert . 
»  Eut  prins  congé  de  Sainct  Jehan  ne  tarda  venir  . 
»  A  Jesus  Christ  prechat  et  baptizat  come  pert . 
»  Es  sainctz  euagiles  lesquels  nos  fault  tenir  . 
»  Alors  de  Nre  dict  Sauiueur  le  bon  plaisir  . 
»  Fut  de  receuoir  benignement  et  baptiser  . 
»  Salct  Saturnin  qua  pour  premier  voulut  choisir  . 
»  Des  septante  deux  disciple  sans  nul  despriser  . 


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—  363  — 

2.   PRÉDIO ATION  DE  8.   8ATURNIN. 

<  De  sainct  Satamin  breuemet  dire  ne  Bomer  (sommairementf) 
»  On  ne  scauroit  la  grande  prerogatiue  . 

»  Que  nre  doulx  Saulueur  iesus  daigna  luy  doner  . 

»  Tant  en  sermon  qnen  verta  operatine  . 

»  Car  apres  la  passion  tres  afflictiue  . 

»  De  nre  Seigneur  il  alla  precher  en  maint  lien  . 

»  Couertissant*  par  sa  belle  traditine  . 

»  Plnsieurs  infldeles  a  la  saìncte  ioy  de  Dieu  . 

3.   0T7ÉRIS0N  DB  LA  FILLB  DB  l'BMPBRBUR  ET  SUPPUGB   DB   S.  SATURNIN. 

(Getto  pièce  est  datée,  sur  un  des  pilastres  de  la  bordure,  de  l'an  15)7.) 

<  Finablement  sainct  Satana  apres  anoir  scea  . 

>  Quii  deaoit  endurer  mort  pour  le  nom  divT . 
»  A  Tolose  retonrna  par  quoy  fat  tatost  yen  . 

>  Guarir  la  Alle  de  lempereur  Antonin  . 

»  Lequel  attribuat  ce  par  vouloir  malin  . 
»  A  maleflce  flst  trayner  a  ung  grad  taareau  . 

>  Par  les  degrez  du  Capitol  sainct  Satnmin  . 

»  En  sorte  qui  luy  brisa  le  corps  et  le  ceraeau. 

(Le  donateor  et  sa  femine  afeoonfllés  invoquent  leur  patron.  —  L*mvocalioii  qui  suit  est  eo  nujoscoles 
romaines.  ) 

€  O  .  BON  .  MARTTR  .  BVESQUB  .  ET  .  PRBlflBR  .  DISCIPLB  .  DB  . 
»  JUSCHRtST  .  PRIE  .  POUR  .  NOUS  . 

IV 

11  m'a  para  inléressaot  de  recaeillir  ces  deiix  légendes  coDc^ernaot  le 
premier  apòtre  de  Toaiouse.  Je  -ne  les  donne  pas  comme  des  modeles  de 
crìtique  historiqae  ;  elles  peuvenl  avoir,  en  dehors  de  ce  mérite,  une  im- 
portance  assez  grande  pour  allirer  uolre  attention. 

Ily  a  dansCatel  (Mémoires  de  l'Hisloire  de  Languedoc,  liv.  V)unpas- 
sage  que  je  me  plais  à  Iranscrire  lei  : 

(c  La  commune  tradition,  dit  cet  auleur^  est  qu'il  (saint  Saturnin)  estoit 
»  dìsciple  desapostres,  et  qu'il  fut  envoyé  par  sainct  Pierre  pour  prescher 
»  la  Foy  chrestienne,  tant  en  Franco  qu'en  Espagne  :  et  les  deux  aj^cien- 
»  NES  LÉGENDES  quo  j'ay  chez  moy  escrites  à  la  main  le  nomment  disci- 


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—  364  — 

»  pie  de  Nostre  Seigneur,  et  disent  qu'il  auoit  ouy  prescher  saint  leao  aa 
»  désert,  qu'ìl  auoit  eslé  touiours  avec  nostre  Sauveur,  et  qu'après  sapas- 
»  sionilfut  envoyé  en  ces  quarliers  par  sainct  Pierre  pourysemer  la  Foy. 
))  A  quoy  sont  aussi  conformes  les  ancieDS  monuments  et  inscriptions 
))  que  nous  voyons  de  sainct  Sernin.  » 

Qu'élaienl  ces  deux  légendes  escrites  à  la  main  dont  parie  Catel  ?  On 
TigDore.  Ce  qu*il  y  a  de  bien  assuré,  c'est  que  Calèl  lespossédailet  qu'el- 
les  ressemblaieot  fort  à  nos  deux  légendes  des  tapisseries  de  la  calhèdrale 
d'Angers. 

Les  unes  et  les  aulres  font  saint  Saturnia  disciple  da  Chrisl  eldeJean- 
Bapliste.  D'après  Catel  et  mes  légendes  d'Angers,  Tapólre  de  Toulouse  a 
été  envoyé  par  sainct  Pierre  pour  prescher  la  Foy  chrestienne  tant  en 
France  qxCen  Espagne.  Et  si  nos  criliques  modernes  les  plus  sévères 
lai  font  recevoir  sa  mission  du  pape  Clément,  qui  abdiqaa  le  souverain 
pontificai  le  3  décembre  de  Fan  76  de  notre  ère,  il  tfy  a  enlre  lear  opi- 
nion et  celle  de  nos  légendes  ,  relativement  a  l'epoque  de  la  mission  de 
saint  Salurnin,  qu'une  différence  dequelques  années. 

Je  n'ai  nullement  l'intention  de  ressusciter  ici  la  qaerelle  historique  de 
la  mission  des  sept  évéques^mais  je  ne  puis  m'empécber  de  faire  ane  re- 
marque. 

J'ai  beaucoup  éludié  l'ancien  pays  de  Gomminges,  et  surtout  le  haat 
Comminges.  J'ai  parcoura  unepartie  de  la  Catalogne  et  j'ai  constate  main- 
tes  fois,  sur  les  deux  versants  de  nos  Pyrénées^  combien  le  souvenir  de 
la  mission  de  saint  Saturnin,  aux  premières  années  da  cbristianisme,  est 
encore  vivant  dans  ces  contrées. 

Une  tradition  qui  persevero  ainsi  à  travers  les  siècles ,  sans  s'affaiblir 
ni  se  corrompre,  me  paralt  mériter  quelque  respect.  Si  Ton  ne  peut  proa- 
ver que  cette  tradition  est  Texpression  de  la  vérité,  Ton  ne  peut  da  moins 
lui  refuser  les  plus  sérieuses'  présomptions  en  sa  faveur.  Il  faut  que  ceux 
qui  ont  la  prétention  deTattaquer  soient  bien  armés.  Le  simple  bon  sens 
donne  le  droit  d'exiger  de  leur  pari  les  preuves  les  plus  positives  et  les 
plus  irréfutables. 

J'ai  fait  encore  une  autre  observation  qui,  je  crois,  fera  sur  l'esprit  de 
tout  le  monde  l'impression  qu'elle  a  produìte  sur  le  mien. 

J'ai  eu  entro  mes  mains  pendant  quelque  temps  un  précieux  manascrit 


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—  365  =• 

sauvé  da  pillage  el  de  rinceodie  des  archi? es  de  TanpieD  diocèse  de  Com- 
rainges,  brùlèessur  la  place  publiquede  Sainl-Gaudens  en  1793  (1). 

Ce  maQuscrit  est  Tud  des  documenls  doni  s'est  servi  l'abbé  Pomian  pour 
la  rédaclion  d'un  remarquable  mémoire  adressé,  en  1788,  à  M«'  d'Os- 
mond,  dernier  évéque  de  Sainl-Berlrand.  Dans  ce  Iravail  l'auleur  assure 
qiie  sainl  Saturnìn  parcourut  le  pays  de  Comminges  el  fil  bàtir  une 
église  en  Vhonneur  de  saint  Pierre,  à  Saint-Gaudens,  ville  appelée  alors 
le  Mas  de  Commuìges^u  Petit  Mas. 

Cetle  église,  bàlie  à  Saint-Gaudens  par  sainl  Salurnin,  en  llionneur  de 
Saint  Picfrey  élail  désignée  par  le  vocablede  saint  Fé.  En  remonlanl  le 
cours  de  la  Garonne  oo  relrouve,  à  diverses  dislances,  plusieurs  égllses  ou 
chapelles ,  oa  ,  si  ces  monumenls  ont  disparu ,  des  localilés  conservani 
encore  le  vocable  de  saint  Pé. 

Le  méme  vocable  se  renconlre  aussi  frèquemmenl  de  Taulre  cóle  des 
Pyrénées ,  el  tous  les  auleors  qui  parlent  de  ces  sancluaires,  conformes 
en  cela  aui  IradUioos  locales,  leur  assignent  une  anliquilé  très-reculée. 

Celle  particolari  le,  qvA  m'a  frappò  dès  ipes  premiers  voyages  en  ces 
pays,  est  restéf  pour  moi  loogtetnps  inexpUqtiée.  Il  élail  bieo  évident 
qu'one  idée  graode  et  fécoode  avaìt  prèsi  imbre  s^ 

considérable  d'églises  jelées  sur  ces  vasles  es  asse» 

rapprocbées.  Mais  (]uelle  élail  celle  pensée  1  le  avail- 

elle  empruQlée?  Voilà  deux  questions  ai  i  encore 

su  répondre. 

Àujourd'bui,  Messieurs,  permeltez-nfioi  de  hasarder  une  opinion. 

S'il  est  vrai^  comme  il  le  parati,  que  sainl  Salurnin  a  élé  envoyé  dans 
nos  contrées  par  l'apòtre  saint  Pierre,  il  n'esl  nullemenl  élonnanl  qu'a- 
près  la  mori  du  prince  des  apòlres ,  marlyrisé  a  Rome  Tan  66  de  notre 
ère,  sainl  Salurnin,  son  disciple,  aìl  voulu,  par  un  senlimeultrès-nalurel 
de  reconnaissance  et  de  dévouemenl  a  Tégard  de  celui  doni  il  tenail  son 
noble  mandai,   meltre  sous  sa  proleclion  puissanle  son  aposlolal ,  les 

(4)  Ce  manuscrit  porte  cette  note  au  frontispice  : 

«  Ce  recaeil  est  très-précieux  et  utile  à  Thistoire  du  Comminges.  Je  Tal  sauvé 
»  du  pillage  du  secrétariat  de  l'évèché  de  Comminges  dont  les  papi(3rs  furent 
»  brùlés  sur  la  place  publique  de  Saint-Gaudens  en  4793. 

>  Signé,  POMIAN,  prétre  et  ci-devant  secrétaire  general  de  l'évèché.  » 


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—  366  — 

peuples  qu'il  convertissait  à  la  religìoa  chrélieDoe  et  les  églises  qu'il 
construisait. 

Les  Dombreux  sancluaires  érigés  dans  nos  contrées  sous  le  vocable  de 
Saint  Pierre,  troaveraient  doDc  là  Torigine  de  leur  érectioD  et  reiplicalioD 
de  leur  vocable. 

Il  y  a  plus,  Messieurs.  Ne  pourrait-on  pas  ,  en  touruant  la  question, 
trouver  dans  Texistence  méme  des  sanctuaires  désignés  encore  sous  le 
vocable  de  saint  Péj  uoe  preuve  de  plus  a  ajouter  aux  arguments  qui 
mililent  en  favenr  de  l'opinion,  aujourd'hui  très-accréditée,  qui  fait  remon- 
ter  au  premier  siede  de  notre  ère  la  mission  des  sept  évéques  dont  saint 
Saturnin  faisait  parile? 

Quanl  a  la  date  du  martyre  de  saint  Saturnin ,  fixée  par  notre  legende 
des  tapisseries  d'Àngers  à  Fan  38  de  notre  ère ,  elle  est  matériellement 
inadmissible,  puisque,  d'après  les  auteurs  les  plus  sèrieux ,  saint  Pierre 
ne  vint  pour  la  première  fois  à  Rome  que  vers  l'an  40. 

Je  ne  me  charge  pas,  par  consèquent,  de  mettre  d'accord  les  deux  tex- 
tes  contradictoires  de  notre  lègende>,  qui  afflrme  que  saint  Saturnin  fut 
amene  à  Rome  par  saint  Pierre^  qui  Ty  sacra  èvéque  et  Tenvoya  précher 
dans  les  Gaules,  ce  qui  ne  put  avoir  lieu  qu'après  Tan  40,  et  qu'il  re^ut 
le  martyre  Fan  38. 

L'abbé  M.-B.  CARRIÈRE, 

Directeur. 


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DISCOURS  DE  RENTREE 

PRONONCft 

Par   HI*  Pabbé  CìIlKMÉRE:  ,  Dlrecteur, 

A  LA  SÉANCE  DU  22  NOVEMBRE  1870. 


Messieurs, 

Ce  ne  sont  pas  nos  statuts  qui  m'imposent  la  tàche  qae  je  remplis  en 
ce  moment  auprès  de  vous«  Est-ce  donc  simplement  poar  obéir  à  un  usage 
banal  el  contìnuer  une  Iradition,  sans  appui  comme  sans  bui,  que  celui 
qui  a  l'honneur  de  vous  présider  doil  vous  adresser  la  parole  au  retour 
de  cbaque  année  académique? 

Il  y  a,  Messieurs,  dans  les  sociélés  polies,  des  usages  dont  la  délicalesse 
et  la  convenance  sufQraient  au  besoin  à  expliquer  Torìgine ,  alors  méme 
qu'elle  serali  inlrouvable^  el  a  juslifler  sa  persislance. 

L'usage  qui  impose  a  volre  président  le  devoir  de  vous  souhaìter  la  bien- 
venne  a  la  rentrée  de  nos  sèances  est  un  de  ces  usages-là. 

Jesuis  loln  de  m'en  plaindre  et  de  cbercher  à  m'y  soustraire;  je  suis 
trop  heureux  en  ce  moment  de  vous  tendre  une  main  fraternelie  et 
de  constaterà  en  nous  comptant,  qu'aucun  de  nous,  celle  année ,  ne  man- 
que  a  Tappel. 

Lorsque  nous  avons  échangé  nos  adieux  ,  au  commencemenl  des  va- 
cances,  c'élail  sous  les  porliques  de  nolre  Capitole.  Ce  vieux  monuraent 
de  nolre  bisloire  loulousaine  s'élait  vu  menacé  dans  ses  plus  nobles  et  ses 
plus  anliques  débrìs.  La  Société  arcbéologique  prit  sa  défense ,  et  ce  ne 
fut  pas  sans  perii.  L'énergique  opposition  que  la  compagnie  crut  devoir 
faire  aux  projets  destructeurs  de  radministration  municipale  sauva  peut- 

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éU'e  ces  respectables  restes,  et  le  Capitole  paya  sa  dette  de  reconnaissance 
en  nous  donnant ,  dans  une  do  ses  salles  ,  une  hospitalité  de  quelqaes 
jours. 

Je  n'ai  nulle  envie  de  vous  rappeler  les  affligeanls  détails  de  celle  dé- 
plorable  affaire,  ni  les  menaces  doni  la  Socièié  archéologique  fui  robjet 
pour  avoir  faìt  son  devoir.  Mais,  a  coup  sur,  nul  de  vous,  Messieurs,  n'a 
oublié  avec  quelle  rapidités'exéculcrent  lesdiverses  démolltlons  de  l'ancien 
réfecloire  des  Auguslins  et  des  salles  qu'une  adnìinìslralìon  intelligente 
nous  avait  livrées^dansle  Musée.  Notre  allilude,  en  face  des  exigences  de 
radraìnistration  municipale,  a  I-elle  ètè  pour  quelque  chose  dans  celle 
coupable  prècipitation  ?  Je  ne  veux  pas  méme  essayer  de  le  rechercher. 
Je  me  contente  de  constater  que,  sans  avis  prèalable ,  nous  fùmes  lout 
à  coup  jetès,  pour  ainsi  dire,  dans  la  rue,  sans  que  personne  songeàt 
à  nous  accueillir  ou  à  nous  protéger.  Nos  rèclamalions  auprès  de  celle 
adminislration,  doni  nous  n'avions  pu,  sans  forfaire  à  nos  consciences, 
servir  les  projets,  n'aboutirent  qu'à  de  stèriles  paroles  d'une  sympathie 
doni  je  n'ai  pas  a  apprécier  la  sincerile ,  mais  qui ,  du  moins,  nous  fui 
inutile. 

Quant  a  celle  salle,  dite  magasin  des  tahleaux,  que  nous  avons  de- 
mandée  avec  ìnstances  et  dont  nous  nous  serions  conteutés,  malgré  son 
exigu'ìté,  il  nous  a  toujours  ètè  impossible  de  Toblenir. 

U  n'y  availdonc  plus  de  place,  évidemment,  pour  nous  dans  ce  Musée 
des  antiques,  au  milieu  de  ces  coUections  si  intéressantes  et  si  précieu- 
ses  dues  a  l'initiative  ou  aux  libéralilés  de  la  compagnie  ou  de  plusieurs 
de  ses  membres. 

Àussi  depuis  le  jour  où  nous  dùmes  en  tonte  bàie  dégarnir  les  salles 
que  nous  occupions  dans  le  Musée  pour  les  livrer  auiL  démolisseurs ,  nos 
arcbives,  notre  bibliothèque,  nos  coUections  parliculières,  en  un  mot  toul 
le  matèrici  de  la  Société^  disperse  gà  et  là,  attendaìt  un  locai  convenable 
où  il  nous  fùt  psrmis  de  le  déposer  provisoirement  ;  car  la  Société  archéo- 
logique n'a  jamaisabandonné  ses  justesprèlentìonssur  lelogement  qu'elle 
ne  peut  manquer  d'oblenir^  tòt  ou  tard>  dans  le  Musée. 

Nous  en  étions  là,  menantune  vie  nomade,  tenantnos  réunions  un  pea 
partout  :  tantòt  cbez  notre  regretté  président,  le  baron  du  Périer,  lanlòt 
au  Capitole,  tantòt  cbez  moi,  lorsque^  danslecourantdumoisdeseptem- 


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bre  dernier,  je  fus  averli  loul  a  coup  qu'en  verta  d'ordres  supérieurs  ,  il 
nous  fallait,  «  sans  le  moindre  relard,  »  relirer  duMusée  ce  qui  nous  ap- 
parlenail.  Je  convoquai  immèdialement  la  commission  permaneule  qui, 
seule,  dans  Ics  conjoncUires  présentes,  poavail  statuer  sur  la  posilion  faite  à  la 
compagnie  et  prendre  telles  mesures  qui  lui  paraitraientuliles. 

Nous  étions  en  présence  d'un  cas  de  force  raajeure  :  impossible  de  recu- 
ler  ou  d'atlendre.  Ce  fui  donc  séance  lenanle  et  sous  Tétreinte  d'une  iné- 
luctable  necessitò  que  la  commission  permanente  ,  représentant,  pendant 
les  vacances,  la  Société  tont  entière  doni  elle  possedè  les  pleins  pouvoirs, 
se  vit  contrainte  de  voler  et  votaen  effelà  Tunanimité  la  location  imme- 
diate d*un  appartemenl  dans  lequel  il  nous  fùt  possible  de  lenir  désor- 
mais  nos  séances  et  de  renfermer  tout  le  malériel  de  la  compagnie. 

M.  Trutat,  au  zèle  et  à  rintelligence  duquel  je  me  plais  à  rendre  ici 
Thommage  qu'il  mérile,  voulut  bien  se  charger,  ens'aidant  de  M.  Dusan, 
notre  bibliolhécaire,  des  dèmarches  nècessaires. 

Il  s'agissait  de  trouver  un  locai  convenable,  aussi  rapproché  du  Musée 
que  possible. 

Ce  locai,  Messieurs,  c'est  celui  que  nous  inaugurons  en  ce  moment. 

Vous  l'avez  visite  tout  à  Theure,  et  il  ne  me  sied  pas  de  vous  én  dirje 
du  bien  ou  du  mal.  A  ceux  qui,  comme  nous^  du  resle,  trouveraient 
qu'il  manque  un  peu  d'ampleur,  je  rèpondrais  que  de  lous  les  apparle- 
ments  que  nous  avons  visilés,  celui-ci  est  le  plus  spacieux ,  le  moins  ìn- 
commode  et  le  moins  cber.  Voilà,  Messieurs,  comment  et  pourquoi  nous 
sommes  ici. 

Je  viens  de  laisser  tomber  de  mes  lèvres  un  mot  que  nous  ne  pronon- 
(;ons  guère  que  dans  le  secret  de  nos  réunions  les  plus  intimes. 

Il  s'agit,  non  pas  de  hautes  spéculations  scientifiques,  mais  d'une  com- 
binaison  d'intéréls  tout  matériels. 

La  grande  préoccupalion  de  la  commission  permanente  a  été  de  sauve- 
garder  autant  que  possible  lous  les  intéréls  de  la  compagnie.  NosQnances, 
si  sagement  administrées  par  M.  Cbambert,  notre  zèlé  trésorier,  nous  of- 
fraienl  encore  assez  de  ressources  pour  sufflre  aux  besoins  les  plus  pressanls 
da  moment.  C'est  là-dessusque  la  commission  s'est  baséepour  délibérer, 
beaucoup  plus  que  sur  la  réalisation,  qui  pourrait  bien  étre  un  peu  tar- 
dive, decertaines  espérances. 


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Mais  en  se  résigoant  à  la  dure  nécessitè  de  payer  un  loyer  de  500 
francs,  elle  n'a  pas  oublié  qu'ane  allocation  de  la  méme  somme  lui  a  été 
faite  Tannée  deruière^  à  lilre  d'indemnilé  de  logement,  par  la  commis- 
sion  municipale  que  présidail  M.  Ed.  de  Planet.  J'ai  blen  enlendu  dire 
que  ce  n'est  peut-étre  là  qu'un  lèmoignage  d'intérét  personnel.  Je  De  sais, 
Messieurs,  quelle  est  votre  manière  de  voir  là-dessus;  quant  à  moi  il  me 
parali  impossible  d'admettre  que  quels  que  soient  les  édiles  de  la  cité 
Palladienne,  ils  puissent  l'amener  à  oubtier  le  rang  qu'elle  a  toujours  oc- 
cupé  dans  la  République  des  lellres.  Ses  académies  Tont ,  de  tous  temps , 
rendue  célèbre,  et  Toulouse  occupe  encore,  dans  le  domaine  des  iatelli- 
gences,  une  place  d'bonneur.  Ce  serali  faire  injure  a  Toulouse  la  savante 
que  de  lui  supposer  de  nosjours  des  goùls  moins  nobles  et  des  aspiratìons 
moins  èlevées.  Non  ,  non ,  je  ne  permetlrai  jamais  qu'on  nous  fasse  Tin- 
jure  d'inserire  sur  le  fronlispice  de  nolre  tempie  ce  vers  célèbre  : 

Voi  ch'intrate,  lasciate  ogni  speranza. 

Non  ,  Messieurs ,  nous  ne  pouvons  nous  résigner  à  désespérer  de 
l'avenir  d'une  Société  savante  qui  compie  déjà  quaranle  années 
d'une  existence  utile,  quoique  modeste;  qui  ne  domande  à  la  cité  qui  la 
protége  qu'un  asilo  au  sein  des  coUections  qu'elle  a  créées  ,  et  au  budget 
municipal  que  celle  obolo  qui  l'éloigne  aulanl  de  la  misere  que  de 
l'opulence. 

La  Société  archéologique  traverse  en  ce  moment  une  crisepénible;  mais 
si  elle  parlicipe  aux  malbeurs  de  la  patrie ,  pourquoi ,  lorsque  sonnera 
Theure  de  la délivrance  et  du  triomphe, n'auraitelle  pas  aussi sa  pari  dans 
la  prosperile  publique? 

Elle  a  d'ailleurs  fall  entendre  une  des  premières  son  énergique  cri  de  pro- 
testation  contro  le  vandalismo  impie  de  ces  Barbares  qui  n'ont  pas  su  encore 
apprendre  a  respecler  les  oeuvres  du  genìe  :  les  monuments,  les  bibliothè- 
ques,  tous  les  chefs  d'oeuvre  de  l'art  et  de  la  pensée.  Il  n'est  pas  possi- 
ble  que  sa  voix  ait  été  converte  enlièrement  par  le  bruii  des  balailles;  il 
en  reste  quelque  cbose,  croyez-le,  dans  les  échos,  pour  le  moment  endor- 
mis,  du  monde  savanl.  Et  que  faut-il  pour  que  celle  voix  soit  enlendue?.. 
Une  heure  de  calme  et  de  sécurité. 


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On  nous  reconnatlra,  Messieurs,  à  ce  nobie  cri  d'alarme  ;  on  verrà  qaels 
soni  les  gardiens  qui  veilleDt  sur  les  trésors  de  la  Cile,  et  après  avoir  bien 
mèrilé  de  la  science,  des  lettres  et  des  arts  qui  font  notre  bonbeur  plus 
encore,  peut-étre>  que  notre  gioire,  il  nous  sera  dit  que  nous  avons  aussi 
bien  mèrité  de  la  patrie. 

En  attendante  Messieurs,  nous  saurons  nous  montrer  les  dignes  frères 
de  ceux  qui  sont  restés  fidèles  aux  gloires  et  a  Pbonneur  de  la  France. 
Nousaurons,  nous  aussi,  le  courage  dusacriQce.  Heureux  de  vivre,  nous 
nous  interdirons  tonte  dépense  qui  ne  sera  pas  d'une  absolue  nécessilé  et 
nous  redoublerons  de  zèle  et  d'activité  dans  l'accomplissen^ent  de  notre  t&- 
cbe.  L'auslérité  du  labeur  deviendra  pour  nous  une  source  plus  abondante 
de  nobles  et  délicales  jouissances. 

Hérodote  raconte  (1)  que  les  Scythes  crevaient  lesyeux  à  leurs  esclaves 
aQn  que  rien  ne  pùt  les  distraire  et  les  empécber  de  battre  leur  lait  (2). 
L'ìgnorance  et  l'oisiveté  sont  des  Scythes  qui  aveuglent  ;  livrons-nous  aa 
travail  qui  éclaire  et  ennoblit. 

L'abbé  M.-B.  Carrière, 

Directeur. 


(1)  Lib.  IV. 

(2)  Montesquieu ,  Esprit  des  lois ,  circa  finem . 


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RlSIDENCES  HISTORIQUES  DE  LALBIGEOIS  "'. 


LA  CASTAGNE  (2). 

Farmi  les  plus  gracieux,  lesplus  rianls  faobourgs,  donnés  par  la  vapeur, 
en  1864,  à  la  capitale  da  midi  de  la  France,  nous  n'bésilons  pas  à  signa- 
ler  Rabaslens  d'Albigeois.  Cesi  la  première  station  que  renconlre  le 
Grand-Ceolral,  lorsqu'il  remonte  la  plaine  du  Tarn,  après  avoir  délaissè, 
bien  a  tort,  la  riche,  induslrieuse  et  large  vallèe  de  l'Agoùt.  Assise  au 
bas  de  coteaux  peu  élevés ,  mais  assez  pitloresques ,  la  vieille  ville  pré- 
sente de  loin  une  longue  ligne  onduleuse  de  murs  et  de  toits  noircis  par 
le  temps,  sur  laquelle  se  détachent  quelques  maisons  blancbes  et  neu- 
ves,  et  que  surmonte  une  sombre  èglise  de  construction  singulière. 
L'hiver,  le  paysage  est  nu  ;  Tèté ,  la  plaine  est  sèche  et  les  coteaux  dèboi- 
sés  montrenl  leurs  chaumes  roussìs;  mais  au  prìnlemps,  en  avril  sur- 
tout,  celle  masse  obscuro  d'babitations  ancieniles  s'encbàsse  dans  un 
cadre  ravissant.  La  plaine  et  les  hauteurs  sont  couvertes  de  péchers  en 
fleurs,  de  pruniers  et  d'amandiers  d'un  blanc  de  neige,  de  verdure 
naissante.  Quand  on  arrive  par  le  traìn  du  soir,  vers  Theure  où  le  soleil 
disparaìt,  s'il  a  più,  si  le  couchant  est  dorè  et  le  del  bleu  parsemé  de 
naages  rougis  par  les  derniers  rayons ,  rien  de  plus  calme  et  de  plus 
charmant  que  ce  paysage,  où  le  blanc ,  le  rose ,  le  vert  tendre  se  mélent 
dans  leurs  plus  délicales  nuances.  Aucun  bruit  que  celui  du  train ,  au- 
cune  fumèe  noire  que  celle  de  la  locomotive  ne  souille  la  pureté  de  Tair. 


(1)  Dcux  notices,  sous  ce  litre  general,  ont  paru,  il  y  a  quelques  années,  dans  VUlustralion 
du  Midi  :  le  cbàUau  de  Saìnt-Géry  et  le  chMeau  de  Paiilin. 

(2)  A  Rabastens  d'Albìgeois,  dans  le  Bourg-Méja. 


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Le  pays  n'a  pas  d'iDdustrìe,  pas  de  commerce ,  et  sur  la  ville,  au  lieu  du 
panache  épais  des  cheminées  des  fabrìques  ,  flolle  ce  léger  voile  iranspa- 
rent  et  azuré  qui  s'échappe  des  feux  du  soir  et  fail  réver  d'honnéles  et  de 
paisibles  foyers  autour  desquels  se  retrouve  la  famille  après  les  travaux 
du  jour. 

Je  ne  veux  pas  parler  aujourd'hui  de  Téglise  Notre-Dame  du  Bourg  et 
de  ses  peiutures,  ni  de  Taspcct  originai  des  rues  élroiles  et  torlueuses, 
seul  veslige  d'un  passe  tròs-reculé  ;  ni  des  fossés  profonds  que  traverse 
encore  un  poni  très-ancien  et  Irès-ólevé,  à  Irois  arches  ogivales.  On  les 
comble,  ces  fossés ,  de  jour  en  jour,  avec  une  ardeur  incroyable.  Encore 
quelques  années,  et,  à  la  place  du  ravin  verdoyant  qui  séparait  le 
Bourg-Méja  de  ses  faubourgs  et  du  chàleau  et  lui  faisait  une  défense  res- 
peclable,  s'étalera  un  boulevard  monotone,  dont  une  parile,  la  Lice,  existe 
depuis  longlemps  et  sufQsail  amplement  pour  la  promenade  des  babitants. 

Aujourd'hui,  je  voudrais  seulement  faire  connailre  une  maison  doni 
Taspect  ne  peut  manquer  de  frapper  le  voyageur.  Elle  est  située  à  droile 
du  pool  suspendu,  en  venanl  de  la  station.  Celle  maison  a  divers  carac- 
tères  Irès-parliculiers  :  elle  est  de  proportions  exceplionnellemenl  consi- 
dérables.  Tandis  que  toutes  les  aulres ,  en  aval ,  soni  prolégées  par  une 
longue  élendue  de  quais  aux  arceaux  en  ogive ,  et  en  amont  par  des 
terrasses  et  des  jardins  en  pente ,  celle-ci  s'est  posée  forlement  au  bord 
de  l'eau ,  et  se  mire  dans  les  flols  du  Tarn  ,  quand  ils  veulent  bien  élre 
verls  et  Iransparenls  et  non  pas  d'un  rouge  terne  et  boueux.  Elle  a  six 
étages ,  doni  Irois,  à  demi  souterrains ,  ne  soni  apparents  que  du  còlè  de 
la  rivière;  les  irois  aulres  s'élèvent  au-dessus  du  niveau  du  sol  de  la 
berge.  Des  arbres  vigoureux  monlent  de  la  rive  à  la  hauteur  du  rez-de- 
chaussée  (4^  sur  la  fa^ade  exlérieure).  Un  grand  jardin,  deux  aulres 
corps  de  logis,  de  vasles  communs  complèlenl  celle  habitaiion ,  une  des 
plus  belles  et  des  plus  heureusement  siluées  de  TAlbigeois. 

Les  èlages  inférieurs  soni  anciens,  éclairéè  de  rares  el  élroiles  ouver- 
lures,  séparées  par  sept  robusles  conlreforls  à  plusieurs  relrails.  A  l'in- 
lérieur  de  ces  énormes  soubassemenls  reslenl  quelques  rares  Iraces 
d'arcbilecture  du  seizième  siede  ;  mais  toni  ce  qui  pouvail  rappeler  le 
passe  a  été  le  plus  soigneusement  possible  délruil,  au  siede  dernier,  par 
des  possesseurs  opulenls. 


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En  outre  de  sa  grandeur ,  de  la  beaulc  des  appartemenls ,  celle  de- 
meure  a  une  disUnclion  Irès-significalive  :  celle  de  porler,  au  milieu  d  une 
ville,  un  nom  à  elle,  un  nom  chanopélre,  comme  qui  dirait  un  chàleau 
ou  une  residence  rurale.  Elle  se  nomme  la  Castagne.  11  semble  qu*elle 
ait  élé  le  cenlre  d'un  fief ,  dans  celle  ville  qui  ne  reconnaissait  de  sei- 
gneur  que  le  roi.  Oulre  ses  possesseurs ,  je  vois  dans  les  anciens  actes  : 
Antoine  Trégan ,  de  la  Castagne  ;  Mouillel ,  de  la  Caslagne ,  bour- 
geois ,  eie. ,  eie. 

Que  le  lecteur  veuille  bien  mainlenant  pénélrer  avec  moi  dans  les 
archives  de  Rabastens.  Je  crois  pouvoir  lui  promellre  que  celle  excursion 
ne  sera  pas  sans  inlérél.  Nous  allons  trouver  d'ailleurs ,  au  seuil  de  celle 
elude ,  un  nom  qui  a  le  don  ,  depuis  bien  plus  de  deux  cenls  ans ,  de 
faìre  ballre  le  coeur  de  loul  Languedocien. 


L'année  1621  fui  Irès-laborieuse  à  Rabaslens.  Les  consuls,  «  a  savoir, 
saiges  personnes  :  sire  Pierre  DussoUier ,  bourgeois  ;  M«  Laurent  Vinel , 
bachillier  y  advocat  et  nolaire  ;  sire  Jean  Giscard  second ,  marchand 
chaussalier,  et  Vilal  Veyries  »  deSainl-Àmans,  »  ne  rèunirenlpas  moins 
de  qualre-vingt-lreize  fois  le  nombreux  Conseil  qui  les  assistali  dans  Tex- 
pédilion  des  afifaires  de  la  ville. 

On  se  doule  aujourd'hui  si  peu  de  ce  qu'était  alors  une  commune ,  de 
son  self-government  y  qu'on  serail  surpris,  et  peut-élre  effrayé,  de  voir 
celle  immixlion  si  considérable  et  si  conlinuelle  des  ciloyens  dans  les 
affaires  publiques.  La  composilion  de  ces  Conseils  ne  paraitrait  pas 
moins  élonnanle.  Mous  nous  conlentons,  depuis  les  conquèles  de  la 
Revolution  ,  à  beaucoup  moins  de  frais.  Je  prends  au  hasard  le  person- 
nel  d'une  de  ces  assemblées.  Il  n'esl  peul-élre  pas  mauvais,  dans  une 
ère  de  liberlè  et  d'égalilé  parfailes,  de  se  rappeler  commenl  se  passaienl 
les  choses  dans  un  lemps  d'asservlssemenl  et  de  privilége. 

Je  renconlre^  dans  mes  notes,  une  sèance  du  31  aoùt  1608.  L'as- 
semblée se  composail,  oulre  le  lieulenant  du  roi  et  les  quatre  consuls, 
de  qualre-vingl-douze  personnes. 

C'élaienl  d'abord  vlngt  et  un  bourgeois,  parmi  lesquels  les  Resclauze  , 
les  Albine ,  les  nobles  Pierre  Duvernel  d'AurevilIier  et  Pierre  Duvernet 


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frères  ;  les  frèrcs  Rolland  y  Pierre  de  Fìgeac  et  les  nobles  Géraud  et  Paul 
d'Albières ,  etc.  ; 

Deox  Dotaires ,  non  boargeois  ; 

Deux  praliciens  ; 

Vingt  marchands  ; 

Six  costuriers  ; 

Deux  teyssendriés  (lisserands)  ; 

Deux  hòtes,  doni  Nicholas  Àstoalb  dit  Gradordy  ; 

Un  fornier; 

Un  charpentìer,  Jean  Boussac  ; 

Un  arbaleslrier,  Ànthoine  Gombres  ; 

Deox  Gordon  niers  ; 

Un  ma^^n ,  Jean  Delcros  ; 

Un  forg.Ton ,  Anlhoine  Turroque  ; 

Un  menoisier  ; 

Un  mangonnier  ; 

Deux  fusliers  ; 

Un  musnier  ; 

Deux  travaìUeurs  de  la  paroisse  de  Rabaslens ,  habitant  hors  des  murs 
d'icelle. 

La  juridiction  de  Rabaslens  y  était  représentée  par  : 

Deux  laboureurs  et  un  chaussalier  de  Grazac  (t)  ; 

Deux  laboureurs  de  Monlongue  ; 

Cinq  laboureurs  de  Ladin  ; 

Un  forgeron  et  un  laboureur  de  Guidalh  ; 

Un  laboureur  de  Sainl-Marlin-d'Araours  ; 

Qualre  laboureurs  de  la  paroisse  de  Sainl-Salvy  de  la  Rescoste  ; 

Un  laboureur  de  la  paroisse  de  Saint-Crambary  ; 

Deux  laboureurs  de  la  paroisse  de  Puycheval. 

J'ai  cilé  ces  noms ,  oublìés  ou  obscurs ,  à  l'appui  d'une  observation 
curieuse  :  c'est  que  les  noms  des  nobles  ou  de  la  haute  bourgeoisie  du 
dix-seplièrae  siede  n'existent  plus  a  Rabaslens,  à  très-peu  d'exceplions 


(4)  Ce  nom  et  les  suivants  soDt  ceux  des  paroisses  comprises  dans.  le  consulat  de  Rabas- 
lens. 

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près,  et  qae  les  noms  populaires  s'y  sont  coDservés  soQvenl  dans  la 
méme  profcssion. 

Celle  assemblée ,  où  toules  les  professions  ,  toutes  les  posilions  étaient 
si  largetuent  représentées,  se  réunissail  un  peu  partout  :  dans  la  maison 
consulaire ,  dans  Téglise  paroissiale  ou  la  sagrestanie  d'icelle ,  dans  le 
corps-de-garde  du  Pont-del-Pa,  sous  les  ormes  de  la  porle  Soubirane, 
sur  la  place  Publique,  eie,  eie. 

A  l'epoque  où  nous  sommes  remonlés,  le  siége  do  Montauban  imposait 
des  charges  à  toules  les  communaulés  du  voisinage. 

Entro  le  25  et  le  28  seplembre  1621 ,  Rabastens  posséda  Thòle  le  plus 
illuslre  de  la  province. 

Le  25 ,  les  consuls  donnent  une  grallflcation  de  six  pisloles  d'or  aa 
sieur  Bryoudes,  maréchal  des  logìs  de  Monseigneur  de  Montmorency. 

Le  26,  '<  on  baille  des  mules  et  aulre  besliailb  pour  conduire  les  cha- 
riols  et  munilions  de  Monseigneur.  » 

Le  28,  les  consuls  demandent  «  si  la  communauté  doit  payer  la 
dépense  fai  le  par  les  chevaux  du  seigneur  de  Montmorency  et  autres  de 
sa  suite,  lanl  aux  hostes  qu'aux  autres  habilanls  qui  en  avaient  pendant 
le  séjour  de  trois  jours  que  ledit  seigneur  a  fait  en  ville;  et  des  garsons, 
tels  que  furenl  remisaux  bosles,  et  à  quel  prix.  » 

Le  prix  fui  fixé  a  U  sols  par  jour  et  par  cheval,  et  à  8  sols  par 
valel. 

Une  semblable  visite  était  un  grand  honneur  qui  n'était  pas  sans  en- 
irainer  des  dépenses  et  de  Tembarras. 

Les  consuls  voulaient  savoir  aussi  s'il  fallali  payer  a  Jacob  Oulier  deux 
pipes  de  vln  qu'il  a  fournies  audit  seigneur  de  Montmorency ,  à  55  livres 
la  pipe ,  en  outre  de  trois  barriques  à  lui  payées  par  les  gens  dudit  sei- 
gneur ;  plus  le  bois,  le  charbon  et  les  chandelles  par  lui  fournis  au  loge- 
meni  dudit  seigneur  dans  la  maison  de  M.  de  Gragniague,  et  le  linge 
quis'y  est  perdu. 

Henri  de  Montmorency  avait  demandò  à  la  ville  un  quinlal  de  cordes, 
soixante  pics,  quarante  pelles,  cinq  cognées,  trois  scies  avec  leurs  garni- 
tures,  pour  s'en  servir  au  siége  de  Montauban.  Il  avait  ordonné  de  rece- 
voir  les  malades  et  les  blessés  de  Tarmée  assiégeante. 

Un  Conseil  tenu  un  peu  plus  tard  (2  septembre  1622)  nous  apprend 


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ce  qui  était  dù  aox  blessés  et  malades  :  «  Monseigneur  le  dac  de  Ven- 
dosme  mandait  aux  consuis  de  leor  fournir  pain  ,  via ,  potaìge ,  vìande 
deux  fois  le  jour,  mesme  leur  fournir  de  linseuls  »  (draps  de  Ut;  en 
languedocien  :  lensot). 

Celle  précaulion  ne  tarda  pas  à  élre  ulilisée  pour  Montmorency  lui- 
méme. 

((  11  arriva  devaut  Monlauban ,  »  dit  M.  Amédée  Reuée,  «  avec  toules 
»  les  forces  dont  il  put  disposer  ;  il  y  prlt  le  poste  le  plus  exposé  anx  sor- 
»  lies ,  le  plus  périlleux...  Mais  les  maladies  épuisaient  l'armée  plus  en- 
»  core  que  le  feu  de  la  place  :  le  due  de  Montmorency  fui  atteint  de  la 
»  coQtagion,  et  od  l'emporta  mouraot...  La  duchesse  de  Montmorency 
»  accourut  a  Rahasteins  (sic) ,  od  le  malade  avaii  élé  transporté.  Àprès 
»  des  semaines  d'angoisse ,  elle  vit  le  mal  céder  aux  prodiges  de  son 
»  dévouement...  Montnoorency  (doot  Tabsence  avait  fait  abandonner  le 
»  siégc  de  Monlauban) ,  dès  qu'il  fui  en  état  de  se  lever,  se  fit  transpor- 
»  ter  à  Toulouse,  eie,  eie.  (1).  » 

En  efTet,  le  lundi  25  oclobre  1621 ,  les  consuis  de  Rabaslens  repré- 
senlent  au  Conseil  : 

«  Que  Monseigneur  de  Montmorency  eslant  malade  en  la  présente 
»  ville  ,  il  sera  jornellement  visite  par  de  grands  seigneurs;  mesme  que 
»  M*  de  la  Croix ,  capitaìne  des  gardes  dudil  seigneur,  s'en  est  alle  a 
»  Béziers  pour  amener  en  ceste  ville  Madame  de  Montmorency  (2) ,  pour 
»  visiter  ledit  seigneur ,  son  mary  ;  à  cause  de  quoy  est  nécessaire  de 
»  pourvoir  à  bonne  henre  au  logement  tant  de  ladite  dame  et  des  aultres 
»  seigneurs  qui  viendront  et  viennent  jornellement  en  ceste  ville  ;  en 
»  quoy  se  rencontrent  de  grandes  difflcullés ,  parco  que  toules  les  mai- 
»  sons  de  la  ville  sont  occupées  au  logement  des  gentilshommes  qui  soni 
»  de  la  suite  dudil  seigneur,  de  sorte  quii  serali  bon  de  dépuler  certains 
1)  habitans  devers  MM.  de  Senaulx,  de  la  Cesquière  et  Delherm,  con- 
»  seillers  en  la  Cour,  de  Veyd,  médecin,  et  Vinel ,  advocat  en  Thie 
»  (Tholose),  qui  ont  tous  maisons  en  la  présente  ville ,  pour  les  supplier 
»  de  trouver  bon  qu'on  se  serve  de  leurs  maisons,  pour  y  loger  lesdils 


(1)  Amédée  Rénée,  Ifme  de  Montmorency  ^  p.  24.  i  voi.  in-S».  Paris,  Firmin  DMot,  4858. 

(2)  Marie-Felice  des  Ursins,  deuxième  fìUe  de  Virginio  Orsini,  due  de  Bracciano. 


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>  seigneurs  et  survenanls...  Les  mémes  dépulés  seront  ehargés  de  remer- 
»  cier  M.  de  Graniague,  aussi  conseiller  en  la  Cour,  de  l'hODDeor  qa'il 
»  lai  a  più  de  faire  à  la  ville  de  ioger  ledit  seìgneur  de  Monlmorency  en 
»  sa  maison. 

»  De  plas ,  il  faut  pourvoir  ledit  seignear  de  Unge  pour  le  service  de 
»  soD  lougis.  MM.  Boyssière  et  Glauzade  sont  dépulés  pour  advizer  à  eo 
»  relirer  de  loulz  les  habilanls  d'ung  chascung  suivaot  sa  porlèe  et  en 
»  cas  où  il  vieudraìt  à  se  perdre  leur  sera  payé  aux  dépeus  do  la  com* 
»  munaulé. 

»  Le  28  octobre ,  on  décide  quo  la  dépense  des  carabios  du  seigoeur 

>  due  d'Aogoulesme  (1)  et  autres  gentiishommes  de  sa  suite  sera  payée 
»  duranl  le  séjour  qu'il  fera  en  la  présente  ville ,  venaot  voir  Monseigoeur 
»  de  Montmorency  ^  aux  dépens  de  la  communauté. 

»  Sy  fourniront  au  seigneur  de  Monlmorency ,  pendant  le  temps  que 
»  demeurera  en  ville,  le  bois  nécessaire  pour  sa  maison. 

))  Les  hostes  et  autres  habitans  qui  norrissent  les  chevaux  dudit  sei* 
»  gneur  et  ceux  de  sa  suite  seront  payés  d'hors  en  avant  a  raison  de 

>  16  sols  par  cbeval  et  par  jour,  et  10  sols  par  chasque  vallet. 

»  Les  carabins  de  Monseigneur  de  Montmorency  employés  par  les  con- 
»  suls  aux  afifaires  de  la  communauté  seront  payés  par  icelle.  » 

Le  6  novembre ,  Monseigneur  de  Montmorency  est  encore  à  Rabas- 
tens  : 

«  Les  sieurs  consuls  procureront  le  paiement  de  20  cestiers  de  bled, 
»  qui  ont  élé  baillés  par  M.  Massot  aux  bolangiers  de  Monseigneur  de 
»  Montmorency ,  et  au  cas  ledit  seigneur  ne  le  palerà  à  son  départ ,  ils 

>  lui  en  passeront  oblìgation  au  nom  de  la  communauté  pour  étre  payé  a 
»  raison  de  10  livres  le  ceslier. 

»  Néantraoings  que  la  dépense  faite  par  les  charretiers  envoyés  par 
»  Monseigneur  de  Montmorency,  judi  dernier,  4«  de  ce  mois ,  a  ceux  de 
»  Montauban ,  soli  payée  par  la  communauté. 

»  Et  inconlinent  que  led.  seigneur  de  Montmorency  sera  venu  en 

(\)  Bcau-frère  de  Montmorency. 


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»  reconvalesceoce ,  les  consols  en  feront  faire  ung  feu  de  joìe  avec  les 

>  salempoilés  qu'ils  advìzeroDt  aux  frais  de  la  communaulé. 

»  Le  8  novembre ,  il  est  conclu  par  le  Conseil  que  le  carabin  envoyé 
9  par  le  seigaear  de  Monlmorency  au  camp  de  Monlauban  sera  rem- 

>  boursé  de  la  somme  de  %i  livres  10  sols  gu'il  a  fouroie  pour  la  dépense 
»  faite  par  douze  charreliers  qui  ont  porle  les  munilions  el  bagages  dudit 
»  seigaeur  en  la  présente  ville ,  outre  i  cestier  d'avoine  donne  par  les 
9  consals  auxdits  charreliers. 

»  Le  16  novembre,  les  bolangiers  de  Monseigneur  de  Monlmorency 
»  demandenl  encore  5  cestiers  de  bled. 

»  Le  28  novembre ,  les  bolangiers  de  Monseigneur  de  Monlmorency 
»  s'en  soni  allés  et  ont  promis  de  payer  en  Thie  (Tolose)  la  légitime 
»  valeur  de  59  cestiers  de  bled  qui  leur  ont  èie  baillés ,  soil  588  livres 
»  15  sols  (un  peu  plus  de  9  livres  le  cestier). 

»  Il  faut  de  plus  commettre  des  soldals  pour  conduire  a  Thle  (Toulouse) 
»  les  munilions  de  guerre  que  Monseigneur  de  Monlmorency  a  laissées 
»  dans  les  Cordeliers. 

»  Et  enfin  on  doit  payer  22  livres  1  sol  au  secrétaire  de  Monseigneur 
»  de  Monlmorency  pour  avoir  les  ordonnances  d'exemption  de  logement 
9  données  par  ledit  seigneur. 

»  Henry  de  Monlmorency  avail  dù  arriver  à  Rabastens  entro  le  21  oc- 
»  lobre  et  le  25  ;  car  le  21  les  consuls  lui  envoyaient ,  à  Monlauban ,  un 
»  message  par  MM.  Dalbières  jeune  el  Etienne  Roques  :  ils  devaient 
»  supplier  Monseigneur  de  Monlmorency  d'empescber  que  la  compagnie 
3  de  M.  de  Yendosme  ne  preigne  cartier  pour  loger  en  ceste  ville  coume 
»  il  se  jacle  de  le  faire,  et  a  cesi  fins  leur  soil  baillé  un  bomme  pour  les 
»  accompagner.  » 

Le  28  novembre,  Monlmorency  avait  quitte  Rabastens,  puisque  ses 
gens  et  ses  munilions  èvacuaient  la  ville. 

Onze  ans  moins  vingt-neuf  jours  après ,  le  30  octobre  1 632 ,  Henri  U , 
due  de  Monlmorency  et  de  Damville,  comte  de  Dammartin  et  d'Osse* 
moni,  premier  baron  et  pair,  amirai  et  maréchal  de  Franco,  cbevalier 
des  ordres  du  roi ,  atlendait  la  mort  dans  une  des  salles  du  Capitole. 
Louis  XHI ,  soil  par  peur ,  soit  par  une  dérisoire  roìséricorde ,  avait 
accordò  que  Texécution  aurail  lieu  dans  la  conr  du  Capitole  et  non  sur 


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la  place  du  Salin  ,  comme  le  porlaìt  Tarrét.  Il  n'étail  pas  maìade  alors  : 
presqae  guéri  des  blessures  dont  11  fut  couvert  an  combat  de  Castelnao- 
dary,  il  ètait  dans  tonte  la  force  de  Tàge ,  dans  toni  Téclat  de  la  gioire. 
Poartant,  une  cour  nombreose  ne  l'entourait  plus.  Il  était  seni,  dans 
cet  état  de  misere  et  de  délaissement  sans  nom  du  condamné  j  attendant 
qne  maìnlevée  fùt  donnée  au  bourrean.  Qui  sait  si  dans  ces  heures  où 
la  vie  éconlée  doit  passer  rapidement  tout  entière  sous  les  yenx  da 
patient,  qui  sait  s'il  ne  revit  pas  ces  jours  où  un  autre  daoger  a?ait 
menacé  savie?  Qui  sait  si,  au  souvenir  de  sa  femme  si  tendre  et  si 
dévouée,  de  ses  amis  passionnés,  de  ses  courtisans,  de  la  popularité  qui 
Tavait  entouré,  ne  vint  pas  se  méler  celui  de  la  petite  ville  hospitalière , 
de  sa  population  empressée  et  atlentive ,  et  de  ce  feu  de  joie  qui  celebra 
ce  retour  si  désiré  à  la  vie,  par  lequel  il  fut  conserve  au  glaive  de 
Richelieu  ? 

«  On  ne  règia  qua  le  17  avril  1622  les  avances  failes  par  les  hostes, 
»  lorsque  Monseigneur  de  Montmorency  ètait  en  ville. 

»  Bernard  Bertrand  avait  a  réclamer  1097  livres  17  sols. 

»  Michel  Gaubert 222  2 

»  Antoine  Laporte 80  10 

»  Guillaume  Coppène 650  » 

»  Jacques  Peyron net 19  16 

Total 2070  livres    5  sols. 

»  Le  17  mai  1622,  il  fut  décide  qu'on  dédommagerait  M.  de  Grania- 
»  gue  de  divers  dommages  quii  s'est  plaint  avoir  èté  faits  en  sa  maison 
»  lors  du  logement  en  ville  de  Monseigneur  de  Montmorency ,  et  qu'on 
»  le  remercierait  de  la  faveur  qu'il  a  faite  à  la  ville  en  logeant  ledit 
»  seigneur.  » 

On  con^oit  aisémenl  que  ,  muni  de  ces  dètails  sur  le  sèjour  de  Mont- 
morency a  Rabastens,  j'aie  cberché  à  savoir  quelle  était  colte  maison  de 
M.  de  Gragnague ,  ce  toit  hospilalier  sous  lequel  souffrit  et  vècut  Tun  des 
gouverneurs  les  plus  illustres  et  les  plus  aimés  de  notre  province. 

Rien  ne  désignait  son  emplacement  dans  le  livre  des  dèlibèrations 
consulaires  :  c'est  dans  les  mémoires  particuliers ,  dans  les  anciens  actes 
des  notaires  que  je  Qnis  par  dècouvrir  que  c'était  la  Castagne  qui  appar- 


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tenail ,  en  1621,  à  M.  de  Gragnague,  et  à  reconsUluer  la  genealogie  de 
ses  possesseurs. 

Le  premier  doni  j'ai  relrouvé  la  trace  à  ces  diverses  sources  est  : 

l""  Barlhélemy  Delberm  de  la  Castagne,  marie  à  sa  cousìne  Claire 
Deliierm. 

Celte  famiile  Delherni ,  qui  n'existe  plus  a  Rabastens ,  y  a  été  puis- 
sanle.  Le  premier  qui  vini  s'y  élablìr  est  Olivieri'  Delherm,  en  1446  (1). 
Leurs  armes,  de  gueules  a  trois  larmes  d'argenl,  2,  1 ,  soni  placées  an 
claveau  centrai  d'une  cbapelle  de  Motre-Dame  da  Bourg.  A  la  cbapelle 
suivante ,  appelée  Notre-Dame  de  Piliè ,  le  claveau  porle  un  Olivier  et  le 
Dom  d'Olivier  Delberm.  Cesi  dans  celle  cbapelle  que  Barlbélemy  Delberm 
el  Claire  Delberm  avaienl  leur  tombeau. 

2o  Leur  fiUe,  Marie  Delberm ,  épouse  M.  de  Caulet ,  conseiller  au  par- 
lement. 

Z"^  Ils  eurenl  pour  Alle  Marie  de  Caulet ,  mariée  a  messire  Pierre  Des- 
platSy  seigneur  et  baron  de  Graniague,  grand  président  au  parlemenl  de 
Toulouse. 

C'est  lui  qui  possédait  la  Castagne  en  1621  (2). 

4""  Dame  Anne  Desplats  y  leur  fille ,  épouse  N.  de  Caminade. 

5<>  Marlbe  de  Caminade,  leur  lille,  épouse  N.  de  Garaud  de  Cami- 
nade. 

6«  Très-haule  el  Irès-puissanle  dame,  Jeanne-Frangoìse  de  Garaud  de 
Caminade ,  leur  iille ,  épouse  le  maréchal  de  France ,  marquis  d'Alègre. 

T"  N.  d'Alègre,  leur  fille,  se  marie  avecle  comle  de  Rupelmonde. 

8^  Leur  fils,  Irèsbaul  el  Irès-puissant  seigneur,  Yves-Marie  de  Boulo- 
gne  Lens  de  Ligne,  comle  de  Rupelmonde,  lequel  a  vendu  la  Cas- 
tagne a 

9""  Messire  Pierre-Hercule  de  Cbastenel  de  Puysségur,  cbevalier,  sel- 


ci) Mémoires  de  F.  de  Lasserre  d'Aroux. 

(2)  «  Uessire  Pierre  Desplats,  seigneur  et  baroD  de  Graniague,  président  en  la  cour  du  par- 
lement  de  Toulouse,  et  dame  Frangoise  de  Caulet,  mariés,  tiennent  dans  la  ville  de  Rabas- 
tens et  Bourg-Méja  douze  ayrals,  maison;  tinayral ,  basse  cour  et  demy-quart  jardin 
meilleur  hors  des  murs  de  la  dite  ville ,  confrontant  avec  la  grand'rue ,  autre  maison  et 
jardin  de  M*  Pierre  Ciauzel ,  docteur  ;  fluve  du  Tarn  ;  maison  et  Jardin  de  Pierre  Duvernet 
d'Aure viliier.  o  (Cadaslre  de  Rabastens,  4638.) 


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gneur  de  Barrasi ,  vers  Fan  1739.  Il  était  marie,  dit  ODe  genealogie 
maDUScrite  de  la  famille  de  Puységur,  à  Gabrielle  de  Gaininade. 

L'acqaéreur  el  le  vendeur  étaient  parenls  ,  descendant  égalemeot  de 
Pierre  Desplals,  baron  de  Graniague  y  et  de  dame  Marie  de  Caulet. 

Le  comte  de  Rupelmonde  demeuraìt  a  Paris  ,  rue  Saiat-Domioiqae, 
paroisse  Saint-Sulpice  (1).  Ses  biens  étaienl  affermés,  car  je  trouve  des 
reotes  payées,  en  1738  et  1739,  aux  sieurs  Bécat  et  Pigerou,  fermiers 
des  biens  de  la  Castagne,  appartenant  aux  hérltiers  du  maréchal  d'Alègre. 
La  Castagne  n'élait  donc  pas  habitée  probablement  ;  mais  elle  était  libé- 
ralement  ouverte  pour  les  plaisirs  des  babitants  de  Rabastens.  Je  lis,  en 
effet,  dansnn  livre  de  raison  conserve  dans  ma  famille  : 

«  4  mai  1755.  —  S'est  représenlée  en  celle  ville  une  tragèdie  ìnlilulée 
»  Jephté,  où  ma  lille,  àgée  de  dix  ans  et  quelques  mois,  a  représenlé 
»  le  molle  de  Jair ,  fils  de  Jaìr,  juge  et  chef  des  Israélites  avant  Jephlé, 
»  et  a  porte  le  compliment  et  l'argumeut  de  la  pièce,  ce  qui  lui  a  attiré 
»  les  applaudissemenls  et  l'approbalìon  de  tous  les  espectateurs ,  qui 
»  étaient  au  nombre  de  plus  de  deux  mille  au  grand  grenier  de  la  Cas- 
»  laigne.  Elle  s'est  fori  dislinguée  dans  son  roolle ,  infiniment  au-dessus 
»  de  la  portée  de  son  àge,  ce  qui  a  surpris  et  charme  tous  les  habitans 
»  de  la  ville.  A  Rabastens,  lesdils  jours  et  an.  —  Lasserre  d'Aroux  (2).  » 

Au  risque  de  muUiplier  les  épisodes ,  je  ne  resiste  pas  au  plaisir  d'en 
ajouter  un  dernier,  qui  a  d'ailleurs  une  saveur  assez  myslérieuse  au  point 
de  vue  archéologique  et  artislique. 

Le  comte  de  Rupelmonde,  par  un  acte  du  8  septembre  1740,  dans 
lequel  il  était  représenlé  par  W  Pierre  Doriard,  conseiller  du  roi,  cèda 
le  patronage  de  la  chapelle  de  Sainl-Aubin ,  à  laquelle  il  pretendali  avoir 
droit,  comme  bérìlier  des  Desplats ,  des  Caulet  et  des  Delherm,  à  mes- 
sire  Pierre-Hercule  de  CtiasleneU  Grande  colere  des  paroissiens  de  Notre- 
Dame  du  Bourg ,  qui  prélendaient  que  les  Delherm  n'avaient  jamais  eu 
droit  a  celle  chapelle ,  qui  devenait  ainsi  celle  de  la  Castagne.  Preuve, 
c'est  que  les  armes  du  roi  el  celles  de  la  ville  soni  encore  aux  vilraux  de 
la  nef  audessus  de  celle  chapelle,  ce  que  les  Delherm  n'eussent  jamais 


(\)  Acte  de  1740,  de  M«  Verdier,  notaire  à  Rabastens. 
(2)  Livre  de  Raison  de  la  fanr.ille  de  Lasserre  d'Aroux. 


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soaffert  sMls  eo  avaìent  été  les  patrons.  Une  autre  preave  sìngolière  fut 
doDDée  que  ceUe  chapelle  n'avait  jamais  servi  de  sépulture  aux  asceD- 
dants  materoels  d'Yves-Marie  de  Boologne  Lens  de  Ligne  de  Rupel- 
moDde  : 

«  29  décembre  1740.  —  A  esté  ensevelie  dans  la  chapelle  de  Saint- 
»  Aobin ,  aDciennemeDl  de  SaiDt-Pierre  el  de  Saint-Paul ,  Mademoiselle 
»  Vicloìre  de  Ghastenet,  àgée  de  5  ou  6  ans,  fille  de  M.  de  Chastenet- 
»  Puysógor. 

»  Eq  creusant  sous  la  grande  pierre  qui  est  au  milieu  de  la  chapelle^ 
»  on  y  à  trouvé  une  grande  statue  de  pierre  bianche  représentant  la 
»  figure  d'un  jeune  homme  cuìrassé^  avec  trois  petites  flgures  d'enfants, 
»  et  la  teste  d'un  cbien  ou  lion  que  ladite  figure  tient  par  l'oreille  de  la 
»  main  gauche  :  figure  indecente,  estant  nne  de  la  ceinlure  en  bas,  et 

>  qu'on  dit  qu'un  archevéque  fil  enterrer  dans  ladite  chapelle  pour  cette 
»  raison ,  parce  qu'elle  était  exposée  avec  deux  anlres  dans  la  chapelle 
»  Saint-Joseph,  ce  qui  ne  laìsse  aucun  doubte  qu'il  y  eùt  aucun  des 
»  Delherm  ou  des  Caulet  qui  soient  enterrés  dans  cette  chapelle,  etc.  ; 
»  car  il  n'y  a  aucun  homme  vivant,  quoiqu'il  y  en  eùt  àgés  de  plus  de 
»  88  ans,  qui  puisse  dire  en  avoìr  entendu  dire  à  leurs  auteurs  qu'aucun 
»  des  Delherm  de  la  Castagne,  ni  Caulet,  ni  Graniague,  ait  été  enterré 

>  dans  la  chapelle  de  Saint-Aubin,  excepté  un  certain  M.  Ensausado, 
»  prétre  qui  y  fut  enterré  il  y  a  plus  de  60  ans,  etc,  etc.  (1).  » 

Je  me  domande  ce  que  poovait  représenter  ce  groupe  si  naivement 
décrit  et  qui  fut  Tobjet  d'un  tei  vandalismo. 

De  1739  à  1848,  la  Castagne  est  restèe  entro  les  mains  de  la  famille 
de  Puységur ,  et  c'est  de  messire  Plerre-Hercule  de  Puységur  que  datent 
les  récentes  illustralions  que  nous  allons  rapidement  énumérer,  sans 
entrer  dans  le  dètail  de  leurs  services  et  de  leurs  alliances.  L'histoire 
d'une  maison,  de  ses  quatre  murs  aimés,  ne  saurait  étre  celle  de  tonte 
une  famille. 

1^  Pierre-Louis  de  Chastenet,  chevalier,  comte  de  Puységur,  baron  de 
Salvagnac  et  de  Puycelci ,  seigneur  de  Barrast  et  lieutenant  general , 
grand'croix  de  Saint-Louis ,  ministre  de  la  guerre  sous  Louis  XVI ,  com- 


(I)  Livre  de  Baison  de  Lasserre  d'Aroax. 


50 


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—  884  - 

mandant  eo  chef  des  proviaces  de  Picardie  et  d'Àrlois,  né  eD  1727,  mort 
a  la  Castagne  en  1807. 

2o  Jean-Àagaste  de  Chastenet  de  Pay$é|[ar ,  évéque  de  Saint-Omer , 
puis  de  Garcassonne,  archevéqae  de  Bourges  et  primat  des  Aquitaines, 
frère  d^  précédent ,  mort  en  1815  et  enterré  dans  la  chapelle  de  Saint- 
Àubin. 

3^  Jean-Louis  de  Chastenet,  vicomte  de  Pay segar ,  né  en  1758,  liea- 
tenant  general ,  gouverneur  de  la  9*  division  militaire,  capitaine  d'une 
des  deux  compagnies  de  gardes  du  corps  de  Monsieur,  frère  du  roi  (dont 
il  étail  rami  particulier) ,  mort  aux  Tuileries  en  1820. 

4''  GaspardHercule  de  Chastenet,  comte  de  Puységur,  pair  de  Franco, 
né  en  1769,  mort  a  Rabastens  le  10  fèyrier  1848 ,  bienfaiteur  des  pan- 
vres  de  Rabastens. 

C'est  le  dernier  possesseur  de  la  Castagne  sous  lequel  cotte  maison  ait 
jeté  un  grand  éclat.  Il  y  regut,  en  1814,  Monseigneur  le  due  d'Àngou- 
léme. 

Sous  la  Terreur,  la  Castagne  servit  de  prison  aux  mspects  de  Rabas- 
tens ,  où  la  Revolution  fut  d'ailleurs  benigne ,  et  qui  fut  témoin  d'une 
héroique  tentativo  royaliste  d'un  paysan  des  environs,  Francois  Ratlier. 
C'ètait  peut-étre  un  Cathelineau  dont  la  bache  révolutionnaire  trancha  la 
téte^àCaillac,  en  1794. 

La  branche  de  la  maison  de  Puységur ,  dont  nous  venon»  de  parler , 
compte  plusieurs  représentants  en  Albigeois  et  dans  l'Agenais  ;  mais  la 
Castagne ,  d'où  sont  sorlis  les  personnages  que  nous  avons  cilés ,  ne  leur 
appartient  plus.  Elle  est  inhabitée  maintenant.  Le  silence  a  remplacé  les 
fèles. 

A  la  mort  du  dernier  comte  de  Puységur,  que  son  flls  avait  depuis 
longtemps  précède  dans  la  tombe  y  elle  est  devenue  la  propriété  de  son 
gendre,  M.  le  marquis  de  Montcalm-Gozan,  veuf  de  M"*  Zoe  de  Chastenet 
de  Puységur. 

O-  DE  TOULOUSE-LAUTREC. 

ftaint-Sauveur ,  2  mai  1870. 


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NOTE 

8I1R  LES  liDAILLES  ET  IEDAILLON8  ENCASTfiS , 

Lue  à  la  Socióté  Archóologique  du  Midi  de  la  France. 


Séance  du  %%  mars  1870. 

Je  suis  de  Topinion  des  numismatistes  qui  distingueni  dans  le  classe- 
ment  de  ieurs  pièces  autiques  les  mounaies  des  médailles  et  des  médail- 
lons. 

Les  monnaies  étant  la  représentation  conventionnellede  tous  les  objets 
nécessaires  a  la  vie,  afin  d'en  faciliter  les  échanges,  n'avaienl  rigoureu- 
sement  de  \aleur  intrinsèque  que  par  le  poids  et  le  titre.  Les  mouétaires 
ont  toujours  dù  les  frapper  ou  les  couler  avec  le  moins  de  frais  et  le 
plus  rapidement  possible. 

Si  chez  les  Grecs,  à  l'epoque  de  leur  splendeur ,  et  chez  les  Romains , 
Ieurs  imitateurs,  sous  les  premiers  Gésars  et  sous  les  Àntonins ,  Fon  re- 
marque  un  travail  d'art  dans  le  relief  et  le  dessin  de  leur  simple  mon- 
naie,  c'est  que  l'art  ne  leur  coùtait  rien  ;  il  faisait  en  quelque  sorte  partie 
de  l'organisation  de  l'homme. 

Les  médailles  et  les  médaillons  étant  des  pièces  destinées  à  perpétuer 
le  souvenir  de  quelques  grands  faits  historiques ,  de  quelques  hommes 
célèbres,  ou  de  quelques  qualités  (très-souvent  problématiques),  les 
souvenirs  qui  les  faisaient  frapper  nécessitaient  dans  leur  fabrication  plus 


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—  2  — 
de  soins  ;  et  ni  le  temps  ni  les  frais  ne  devaient  étre  épargnés  pour  cette 
oeuvre  ordinairement  Uree  à  un  nombre  d'exemplaires  limite.  Le  travail 
d'ari,  quoique  vulgarisé ,  devait  cependant  en  ètre  plus  soìgné  que  pour 
les  monnaies;  raais  ce  qui  devait  offrir  le  plus  de  difficultés,  c'était 
surtout  le  moyen  d'obtenir  un  flan  régwlier  et  d'éviter  la  cassure  des 
bords. 

Bien  que  la  manière  de  frapper  les  monnaies  chez  les  Romains  ait  été 
décrite  assez  souvent,  rappelons  ici  quelques  détails  techniques  néces- 
saires  à  notre  suje't. 

Les  coins  dont  les  Romains  se  servaient  pour  frapper  leurs  monnaies 
etleur  médailles  étaient  en  bronze^  ce  qui  est  prouvé  par  ceux  qui,  par- 
venus  jusqu'à  nous,  sont  conservés  dans  nos  musées.  Ces  coins,  n'ayant 
pas  la  dureté  du  fer  ou  de  Tacier ,  devaient  s'émousser  très-vite.  Pour 
éviter  qu'ils  fussent  hors  de  service  en  peu  de  temps,  le  monnayeur  de- 
vait, selon  tonte  probabilité,  faire  chauffer  le  flan  à  un  certain  degré 
avant  d'y  imprimer  l'empreinte  du  coin. 

L'on  peut  donc  supposer  que  Ton  frappait  sur  un  flan  chauffé  préala- 
blement  et  que  Touvrier  ne  donnait  qu'un  seul  coup  de  marteau  ;  car  s'il 
avait  été  obligé  de  faire  cette  opération  en  plusieurs  fois ,  il  aurait  été 
obligé  de  faire  rajuster  le  flan  entre  les  coins  :  opération  presque  impos- 
sible  sur  un  flan  chauffé  et  par  conséquent  peu  facile  à  manier  ;  de  plus 
cela  aurait  occasionné  des  surfrappes  qui  eussent  rendu  les  pièces  pres- 
que toutes  défectueuses. 

Si  le  flàn  avait  été  frappé  à  froid  et  d'un  seul  coup ,  il  n'aurait  pas 
offert  assez  de  ductilité  pour  recevoir  une  empreinteparfaite,  quelle  que 
f&t  la  puissance  de  la  pression ,  et  Topération  faite  ainsi  aurait  mis  le 
coin  hors  de  service  du  premier  coup,  la  plupart  du  temps. 

La  pression  extraordinaire  sur  le  flan ,  par  un  seul  coup  de  marteau , 
malgié  le  ramollissement  par  le  chauffage,  ne  trouvait  un  metal  ni  assez 
ductile  ni  assez  malléable  pour  éviter  que,  le  plus  souvent,  il  n'éclatàt; 
de  là,  la  grande  quantité  de  monnaies  romaines  dont  la  tranche  est 
éclatée. 

Pour  éviter  cet  inconvénient  dans  la  fabrication  des  médailles  et  des 
médaillons,  les  anciens  ont  dù  imaginer  Tencastage. 

Les  médailles  et  les  médaillons  encastés  sont,  comme  on  le  sait,  des 


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-  3  — 
flans  d'or,  d'argent  ou  de  bronze  enfermés  daiis  un  cercle  de  metal  de 
mème  nature,  ou  de  nature  differente;  pour  ceux  de  bronze,  le  cercle 
est  presque  généralement  du  méme  metal  que  le  flan ,  mais  souvent  ces 
deux  parties  de  la  pièce,  quoique  de  méme  nature,  diffèrent  par  la  cou- 
leur  :  ainsi  le  flan  sera  d'un  cuivre  ou  bronze  rouge,  tandis  que  le  cer- 
cle aura  une  teinte  jaune  de  laiton  ou  légèrement  bianche.  Cette  diffé- 
rence  de  couleur  dans  le  bronze  ou  cuivre  provient  de  ce  que  les 
Romains  n'affinaient  pas  le  metal  pour  la  fabrication  des  monnaies  ou  des 
médailles;  ils  réduisaient  le  minerai  de  cuivre  tei  qu'ils  le  trouvaient 
dans  la  nature  ;  et  comme  ce  minerai  est  presque  toujours  accompagno 
d'autres  métaux ,  tels  que  le  zinc  (blende) ,  ou  combinaison  des  deux 
(calamine  ou  lailon),  ou  avec  le  plomb  sulfuré  (galène)  ,  de  là  vient  la 
grande  variété  de  couleurs  que  nous  voyons  dans  les  monnaies  ou^  mé- 
dailles romaines. 

Nous  devons  ajouter  que  les  Romains,  connaissant  la  manière  de  fìler 
les  métaux,  ainsi  que  nous  Tindique  une  fonie  d'objets  en  filigrane  con- 
servés  jusqu'à  nous,  avaient  dù  remarquer  que  le  bronze  file  offre  une 
plus  grande  ténacité  que  celui  qui  a  été  fondu. 

Nous  pouvons  donc  admettre  que  c'était  pour  empècher  l'éclatcment 
du  flan  des  médailles  ou  médaillons  privilégiés ,  à  la  «conservation  des- 
quels  ils  tenaient  particulièrement,  que  les  Romains  avaient  la  précaution. 
de  circonscrire  le  metal  du  flan  dans  une  virole  en  metal  file  ;  et  ce  qui 
vient  corroborer  mon  opinion,  c'est  que  les  légendes  des  médailles  ou 
médaillons  encastés  sont  généralement  imprimées  sur  le  point  de  joiic- 
tions  de  deux  parties  du  metal.  ^ 

Tels  doivent  étre,  je  crois,  la  raison  et  le  mode^e  fabrication  des  mé- 
dailles et  médaillons  encastés. 

CHALANDE. 

Toulouse.  le  15  juillet  1870. 


TODLOUSB.   —  IMPRIMEIUB  A.  CHAOVIN   BT  Pll^  ,   li  UE  MIRBIH>1X  ,   3. 


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MONNAIES  INÉDITES 


DE 


LA  PROVINCE  DU   LANGUEDOC 


Soos  le  rapport  namismatique ,  la  province  da  Langaedoc  est  sans 
coDtredit  une  des  plus  ricbes,  par  la  variété  de  ses  types  et  le  nombre  de 
ses  ateliers. 

Les  premières  publications  sor  le  monnayage  de  cetle  province  ont 
été  faìtes  par  Fauris  de  Saint-Vincens  et  Tobiesin  Daby.  Ce  dernier  sur- 
toot ,  dans  son  excellent  oovrage  sur  les  Monnaies  des  barons,  publié  a 
Paris  en  1785,  peni  étre  considéré  comme  le  créateur  de  la  numismati- 
que  languedocienne ,  et  son  livre  sera  toujours  un  trésor  où  tous  ceux 
qui  se  livrent  à  l'étude  des  monnaies  seigneuriales  viendront  puiser  de 
précìeux  renseignements. 

Le  travail  le  plus  important  qui  ait  été  fait  sur  l'bistoire  monétaire  da 
Languedoc  est  celui  qu'on  peut  lire  dans  le  2*  volume  de  Touvrage  publié 
par  Faustin  Poey  d'Avant  (Monnaies  féodales  de  France,  3  volumes 
in-4°,  Paris,  1860).  11  donne  la  description  de  deux  cent  qualre-vingt- 
une  monnaies  languedocìennes;  Duby  n'en  avait  fait  connaitre  que  trente 
et  une. 

Depuis  de  nombreuses  années ,  je  me  suis  occupé  d'une  manière  pres- 
que  exclusive  à  former  une  saile  des  monnaies  da  Languedoc;  j'ai  en  la 
benne  chance,  il  y  a  quelque  temps ,  de  Paugmenter  de  quelques  belles 
raretés  que  renfermait  la  coUection  Soalage,  et  maintenant  je  possedè 
cent  sept  des  mpnnaies  des  comtes  de  Toulouse  (Poey  d'Avant  n'en  fait 
connattre  que  soixante^deux  ) ,  deox  cent  soixante-trois  poar  le  Langae- 
doc, cent  soéxante-hait  pour  le  Marqaisat  et  la  Provence;  plas  cent 


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-  386  — 
soixaDle-quatre  monnaies  royales^  jetons  et  médailles  de  l'atelier  de  Toa< 
loQse  ;  et  j'ai  DOD-seulemeDt  daos  ma  coUection  tout  ce  qui  a  été  poblié 
jQsqu'à  ce  jour ,  mais  eocore  beaucoup  de  pièces  inédites.  Cest  de  ces 
dernières  doDt  je  vaìs  avoir  Thonneur  de  vous  entreleoir. 


LANGUEDOC. 

NM.  —  Raymond  IV,  comte  de  Toulouse,  de  1088  à  1105. 

RAMVNDO.  Croix. 
^  -+-  TOLOSA  .  GIVI.  Dans  le  champ,  les  lettres  VP  T  et  une  croisette. 
Denier  argent  de  billon  j  poids ,   1  gr.  20  e. 
Ce  denier  a  uà  type  bien  différent  de  celui  décrit  par  Poey  d'Avant. 

N«  2.  —  RAMVNDO  .  COME.  Croix. 
1$  H-  TOLOSA  GIVI.  Dans  le  champ ,  le  monogramme  de  V  G  0  très-dégé- 
néré.  Obole  d'argent  ;  poids  0  gr.  50  e. 

N«  3.  —  Bertrand ,  de  1105  à  1112. 

BERTRAND  .  COME.  Croix  simple. 
^  -+-  TOLOSA  .  CIVL  Dans  le  champ,  les  lettres  S  0  V. 
Obole  argent  de  billAn  ;  poids,  0  gr.  65  e. 

G'est  le  méme  type  que  le  denier  décrit  par  Poey  d'Avant ,  n®  3682  , 
planche  90,  n**  14. 

N«  4.  —  BERTRAND  COME.  Croix  cantonnée  d'un  annelet  au  4»'. 
^  -+-  TOLOSA  .  GIVI.  Croix  à  long  pied  accostée  de  deux  annelets. 
Obole  argent  de  billon  ;  poids ,  0  gr.  47  e. 

Méme  type  que  le  denier  décrit  par  Poey  d'Avant,  n**  3683,  planche  90, 
n«  15. 

N*»  5.  —  Obole  inèdite  de  Bertrand,  comte  de  Toulouse ,  de  1105  à  1112. 

B.  I  CO  I  MI  I  TO.  Croix  coupant  la  legende. 
^  ■+-  TOLO  place  verticalement  et  SA  GIVI  en  legende  circulaire. 
Obole  argent  de  billon  ;  poids,'  0  gr.  50  e. 

Méme  type  que  le  denier  décrit  par  Poey.d'Avant,  n*  3684,  planche  90, 
n«  16. 

Poey  d'Àvaot  a  décrit  od  denier  da  méme  type  dans  son  V  volume 
des  Monnaies  féodales  de  France,  page  247  ,  n^  3,684^  plaDChe  hXKx, 


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—  387  - 

D®  \6.  Daos  la  note  qai  soit  cette  descriptioQ ,  il  signale  l'empreinte  de 
celle  monnaie  cornine  élaol  très-remarquable  et  nouvelle. 

Les  premières  monnaìes  de  la  province  du  Langaedoc  ont  presqae 
toQles  le  type  immobilisé  du  roi  Eudes.  Sous  Charles  le  Simple  (ainsi  qoe 
le  fall  remarquer  Poey  d'Avant)  naqail  ane  rude  concurrence  faite  aa 
type  odonique  et  qui  finii  par  le  sopplanter.  Elle  fui  due  aux  évéques, 
doni  le  premier,  appelé  Hugues ,  inscrivit  son  nom  dans  le  champ  da 
revers  des  monnaies,  à  la  place  qu*occupail  ordinairemenl  celui  du  roi. 
Le  mot  VGO  varia  de  forme  selon  les  époques  et  fut  quelquefois  rem- 
place  par  les  lellres  E,  T,  0,  ou  L,  0,  S,  doni  la  significalion  est  encore 
ìnexpliquée  '^  mais  depuis  le  commencemenl  de  la  dominalion  des  comics 
jusqua  l'année  1271  ,  aucune  monnaie  de  ces  seigneurs  u'exisle  avec  la 
croix  coupanl  la  legende,  sauf  celle  du  comte  Bertrand. 
.  Catel,  page  158  de  son  Histoire  des  comtes  de  Toulouse,  donne  (sauf 
une  diflférence  de  date  qu'il  signale)  la  version  de  deux  hisloriens  espa- 
{[nols,  le  premier  Estevan  de  Garivoy,  le  deuxièroe  Hiéronimo  Zurita, 
lesquels  affirment  que  Bertrand  eut  recours  à  Àlphonse,  roi  d'Aragon, 
afln  qu'il  lui  vini  en  aide  pour  reconquérir  ses  Etats,  qui,  pendant  son 
séjour  en  Terre-Sainle ,  avaient  élé  envahis  par  Guillaume,  comte  de 
Poiliers ,  due  d'Aquitaine.  Afin  d'obtenir  l'appui  du  roi  d'Aragon ,  il  lui 
soumil  ses  villes  de  Toulouse,  Narbonne,  Béziers ,  Àgde,  tlarcassonne , 
Albi,  Gahors ,  Rodez,  etc,  en  se  déclarant  son  vassal  et  feudataire. 

Les  monnaies  du  royaume  d'Aragon  ont  constamment  le  type  d'une 
croix  coupanl  la  legende ,  depuis  le  commencemenl  du  douzième  siede 
jusqu'en  Fan  1621.  Ne  pourrait-on  pas  admettre  que  le  comte  Bertrand , 
en  dounant  à  sa  monnaie  le  type  de  celles  du  roi  d'Aragon ,  alt  voulu 
fairé  hommage  ou  acte  de  vassalité  vìs-à-vis  de  son  suzerain  ?  Ce  qui 
f ient  corroborer  l'opinion  que  j'émets  sous  tonte  réserve ,  c'est  que  les 
vicomtes  de  Béziers  et  de  Carcassonne ,  qui  ont  eu  recours  au  roi  d'Ara- 
gon dans  les  guerres  qu'ìls  eurenl  à  soutenir,  ont  égalemenl  dérogé  au 
type  ordinaire  de  leur  monqayage  et  en  ont  fall  forger  avec  la  croix  cou- 
panl la  legende. 

Je  laisse  à  plus  habile  que  moi  le  soin  de  vérifier  si  mon  appréciatìon 
est  jusle. 


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—  38&  — 

MARQUISAT  DE  PROVENCE. 

N»  6.  —  Raymond  VI  ou  VII,  de  t222  à  1249. 

-+-  R  .  COMES.  Le  soleil  et  la  lune. 
^  DVX  •  M.  Groix  coupant  la  legende  évidée  avec  irois  besants  à  chague 

eitrémité. 
Obole  de  billon  ;  poids,  0  gr.  31  e. 
Meme  type  que  le  denier  décrit  par  Poey  d'Avant,  n*  3720,  planche  91, 

n«  17. 

BÉZIERS. 

N'»  7.  —  Roger  II,  de  1167  à  1194. 

RO  .  VICECO.  Dans  un  champ ,  un  R  barre. 
^  -4-  BITERI  CIVIT.  Croix  cantonnée  d'un  annelet  au  2»«. 
Obole  de  billon  ;  poids ,  0  gr.  35  e. 
Meme  type  (jue  le  denier  décrit  par  Poey  d'Avant,  n®  3830,  planche  95, 

n0  7.  , 

NARBONNE. 

N"»  8.  —  Alfonso  Jourdain,  de  1134  à  1143. 

ANFOS  .  DVX.  Croix  cantonnée  d'un  annelet  au  l«^ 
^  NARBONE  CIVI.  Dans  le  champ,  quatre  annelets. 
Denier  d'argent;  poids,  1  gr.  40  e. 

Type  différent  de  celui  décrit  par  Poey  d'Arant ,  n*  3759 ,  planche  92  , 
n«  16. 

•    CHALANDE, 

Membre  titulaire. 


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TAPISSERIES 


DE 


SAINT-ETIENNE 


MESSIEURS. 


Notre  église  cathédrale  a  été  l'objel  de  plusieiìi:^  Aòmés  historiques  et 
moDographìqaes.  On  s'esl  occupé  du  moDument;Ìm  a  toujoprs  Déglìgé 
d'étudier  son  mobilìer.  Il  D'y  a  pas  là  de  quoi  s'étonner. 

Ed  effet^  gràce  aux  révolutioQS,  au  temps  toajours  destructeur,  à  la 
ceotralisatioD  des  archives  et,  peot-étre,  à  bien  d'autres  caases,  le  trésor 
de  Dotre  cathédrale  se  troave  bien  appauvri.  Il  ne  reste  guère  plus,  de  ce 
qui  aotrefois  pouvait  le  reodre  digne  d'envie ,  que  les  qaelques  tapisse- 
ries  doDt  je  vais  avoir  ThonDeur  de  vous  entretenir. 

Farmi  elles ,  il  en  est  encore  d'assez  bien  conservées.,  Beaucoup  soat 
daDS  un  état  de  dégradatìon  qui  a  éveillé  les  sollicitudes  du  Couseil  de 
fabrique.  Les  hommes  d'intelligence  et  de  goùt  qui  le  composent  regret- 
taìent  de  se  voìr  peut-ètre  dans  la  necessitò  de  laìsser  passer  dans  des 
cabinets  de  coUectionneurs  ces  vénérables  témoins  de  la  pieuse  générosité 
de  nos  pères. 

Avant  de  prendre  une  décision ,  ces  messieurs  voulurent  avoir  votre 
avis  sur  la  valeur  intrinsèque  des  tapisseries  de  la  cathédrale ,  sur  Tioté- 
rét  historique  qu'eltes  présentent  et  sur  la  possìbilité,  si  elle  existe  encore, 
de  leur  restauration. 

La  Compagnie  accueìllit  avec  empressement  Touverture  qui  lui  en  fut 
faite  par  l'un  de  ses  membres,  et  M.  le  président  nomma  siir-le-champ  une 
GommissioD  chargée  d'étudier  la  question  proposée.  La  Commission  nom- 


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—  890  — 

mée  par  M.  le  président  de  la  Société  archéologiqae  se  composait  de 
MM.  le  baron  da  Périer,  président;  Chambert,  architecte  diocèsain, 
Irésorier  de  la  Compagnie  ;  de  Claosade;  Bunel  ;  Fabbé  Carrière,  direc- 
teur. 

De  soii  coté,  la  Fabrique  de  Saint  Etienne  avait  nommé,  poor  la 
représenler,  une  Commission  composée  de  MM.  de  Marsac^  de  Resse- 
gaier,  Ressigeac. 

Dans  une  première  visite ,  a  laquelle  assistaient  MM.  da  Périer , 
Chambert,  Bunel,  Fabbé  Carrière,  Fabbé  Roger,  vicaire general,  Fabbé 
Piéchaud ,  arcbiprétre  de  la  Métropole ,  Fabbé  de  Fleyres ,  cbanoine 
titulaire ,  Ressigeac  et  Fabbé  Reulel ,  prétre-sacristain  et  trésorier  de  la 
Fabrique,  tout  le  monde  fui  frappé  de  Fintérét  qu'offraient  à  tous  les 
points  de  vue  les  objets  qu'on  allait  étudier. 

La  Commission  mixte  dont  je  viens  de  donner  les  noms  me  fit  FboD- 
neur  de  me  nommer,  séance  tenante,  rapporteur  de  ses  travaux. 

Cesi  ce  rapporl,  Messieurs,  que  j'ai  Fhonueur  de  vous  soumettre 
aujourd'hui. 

Pour  plus  de  facilité  dans  Fétude  et  plus  de  clarté  pour  le  lecteor,  je 
diviserai  les  tapisseries  de  Féglise  Saint-Etienne  en  plusieurs  groupes. 

PREMIER  GROUPE. 

Ce  groupe ,  compose  de  neuf  pièces  de  forme  allongée ,  reproduit  loute 
la  legende  de  sainl  Etienne  :  sa  vie,  son  martyre  et  Fhistoire  de  ses 
reliques. 

On  pense  que  ces  tapisseries ,  ainsi  que  celles  qui  foriì)ent  le  groupe 
suivanl,  étaient  deslinées  à  revétir  aux  jours  de  solennité  les  hauts  dos- 
siers  des  slalles. 

Au  bas  >de  cbaque  tableau ,  un  distique  latin ,  écrit  sur  une  seule 
ligne  ;  explique  le  sujet  qu'il  représente. 

Nous  allons  les  parcourir  dans  leur  ordre  cbronologique  et  par  nume- 
ros  distincls. 

NM .  —  Election  de  Saint  Etianne. 

SEPTENOS  .  VELVT  .  ANTE  .  MICAT  .  SOL  .  AVREV8  .  IGNES 
SIC  .  STEr>HANE  .  E .  SEPTEM  .  GLORIA  .  PRIMA  .  TVA  .  EST. 


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—  &94  — 

Aa  ceùtre  da  tableau^  od  apercolt  ^nl  Pierre  4)imbé ,  tenant  les  clés 
dans  la  maio  gauche  et  imposaDt  la  maio  droìle  sur  la  lète  de  saiot 
Etienne,  à  genoux  devant  lui  et  ayantles  mains  jointes. 

A  gauche ,  derrière  saìnt  Etienne,  on  remarque  les  six  diacres  revétns 
de  la  Uinique  et  portant  la  tonsure  monastique;  ils  sont  à  genoux. 

A  droile ,  lout  le  collège  apostolique.  Tous  les  apdtres  sont  nimbès. 
Gelai  Qui  occape  Textrémitè  dn  tableau  et  qui  est  le  plus  apparent  ttent 
un  livre  ferme  sous  son  bras  gauche.  Serait-ce  saint  Paul?... 

Un  chien. 

No  2.  —  Miracles  de  saint  Etienne. 

SIGNA  .  PATRET  .  NOVA  .  PRODIGIIS  .  MIRACVLA  .  IVNGAT  . 
VLLVM  .  lìPSO  .  «IGNVM  .  TVIAIVS  .  ERIT  .  SfÉPHANO. 

Malades  de  toute  sorte ,  assis,  à  genoux ,  deboul,  etc... 

Au  centro,  saint  Etienne  debout,  la  main  droite  èlevée  vers  leciel,  la 
gauche  éleodoe  ver»  la  torre.  11  est  aimbé  et  il  polle  (a  tonsafe  fiaonas- 
tique. 

Un  chien. 

N""  3.  —  Saint  Etienne  devant  ses  accusateurt. 

INSONTEM  .  DAHNATE .  REI .  ET  .  ME  .  P'LEGTtTte  .  VlNDtìX  . 
SED  .  TAMEN  .  IPSE  .  SVVM  .  STAT  .  MEVS  .  ANTE  .  PATREM. 

Aa  centro,  le  juge,  sur  son  tróne,  déchire  ses  vèlements  sur  sa  poi- 
trine.  Saint  Etienne  deboat  devant  lui. 
Un  chien  accroupi. 

N""  4.  —  Condamnation  de  saint  Etienne. 

DAIVD^  (?)  E .  MAN  VS .  SIC  .VINCI .  ET .  VINCERE  .  PVLCHRVM  .  EST . 
*  ìEQVA  .  VBI .  VICTOBiI^  PROEMIA  .  VCCTVS  .  HABET. 

Saint  Etienne,  debout,  tient  dans  la  main  gauche  un  rouleaa  déployé, 
sor  lequel  il  indique  avec  Tindex  de  la  maio  droite ,  dans  Tattitnde  de  la 
dèmonstration. 

N""  5.  *—  Lapidation  da  saint  Etienne. 

0 .  LMTM  .  SILICES  .  O  .  FELIX .  SAXE VS  .  IMBER  . 
QVAM  .  FIETT .  TALI .  GRANDINE  .  TERRA  .  FERAX. 

61 


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—  398  — 

N*  6.  —  EnseTelisseineiit  de  Saint  Etienne. 
SAXA  .  SIMVL  .  CORPVSQVE  ,  BPPER  .  VESPILLO... 

• 

Cette  inscriplioD  est  incomplète.  Une  partie  de  reDcadrement  manqae 
aa  tableau.  Deox  chìens  lancés  ao  galop.  Deux  oiseaox  de  fantaisie  per- 
chés  sur  des  arbres.  Dans  le  loinlain,  une  ville  fortifiée...  A  l'arrière- 
pian,  des  montagoes. 

N^"  7.  —  Apparition  de  Oamaliel  au  prdtre  Lucien. 

( Inveii tion  des  reliques  de  saint  Etienne.) 

EVIGILA  .  COELIQVE  ROSAS  .  AGNOSCE  SACERDOS  . 
HEV  .  NESCIS .  FVNDO  BJEC  ESSE  ROS... 

Inscription  incomplète. 

N<»  8.  *—  Le  prdtre  Lucien  raconte  sa  vision  à  Tévéque  Jean. 

MONSTATAS  .  I .  PROFER  •  OPES .  QVID  .  IVSSA .  MORARIS  .  (PI.  L) 
ALTERA  .  SAT .  DIVVM  .  TE  .  MONVISSE  .  FVIT. 

Chien  accroopi. 

Cette  tapisserie  est  noe  des  mieax  cooseryées  du  groape. 

^o  g^  _  Translation  des  reliques  de  saint  Etienne. 

SALVETE  .  0  .  SACRI .  CINERESS  {sic)  ET  •  DEBITA  .  CCELO  . 
OSSA  .  SIT  .  HIC  .  NOSTRI  .  PIGNVS  .  AMORIS  .  HONOR. 

Gelle-ci  est  encore  bien  conservée  et  est  fort  belle.  Toat  ce  groupe 
peut  étre  facilement  restaurò. 

DEUXIÈME  GROUPE. 

Saints  évéques  de  Toulouse. 

N«  1. 
En  haut ,  sur  un  cartouche  : 

S.  SATVRNINVS.  (PI.  II,  A.) 

Gomme  dans  le  groupe  précédent ,  un  disUque  écril  sur  une  senle 


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—  393  — 

Ugno  sor  qd  carloacbe  déployè ,  aax  eitrémités  flottantes ,  expliqae  le 
SQjet  représeoté  dans  le  tableau. 

Au  bas  du  n*  1,  on  lit  : 

HVNC  DIVVM  MACTAT  TAVRVS  MACTANDV8  AD  ARAS 
VT  FIERET  VERO  VICTIMA  SAGRA  DEO. 

N»  2. 
Ed  haut: 

SANCTVS  HILARIVS  E.  TOLOSANVS.  (PI.  il,  B.) 
En  bas: 

HIC  SATVRNINI  ONERES  E  PVLVERE  TOLLIT 
HILARIVS  SACRA  ET  DIGNIVS  ^DE  LOCAT. 


-Ea  haut  : 
En  bas  : 


En  haut  : 


N»  3. 
S.  SYILVIVS  E.  TOLOS.  (PI.  III,  C.) 

CVR  IMPERFECTA  DECEDERE  COGERIS  iBDE 
SYLVI  TE  VOLVIT  NON  TVA  TEMPIA  DEV8. 

N»  4. 
S.  EXVPERIVS  E.  TOL.  (PI.  HI.  D.) 


En  bas  : 

HOSTEM  DEPELLIT .  PRìESENS  .  SVCVRRIT  (sic)  EGENIS 
SEMITA  SIC  QVJE  NOS  DVCAT  ADASTRA  {sic)  DOCET. 

N*  5. 
En  haut  : 

S.  GERMERIVS  E.  TOLOSANVS. 
En  bas: 

LVTETIAM  IRE  PARÀT  GERMERIVS  ANGELVS  IPSI 
FIT  COMES  :  I  PRìESVL  .  TVTA  FVTVRA  VIA  EST. 

Le  Ihème  de  celte  inscriplion  a  été  fourni  par  la  legende  de  saiol  Ger- 
mìer ,  rapportée  par  Nicolas  Bertrandi,  qui  s'exprime  ainsi  à  ce  sajet  : 

«  Miro  enim  à  Tbolosauis  (Germerius)  diligebalur  amore  :  sed  cùm 
»  polleret  sanctitate  à  Domino  Gregorio  sancUssimo  viro  apud  Xanctoni- 
»  cam  civitatem  prsBsuI  subdiaconus  ordinatas  :  ubi  eleemosynis ,  oralio- 
*  nibus ,  et  doclrinis  incolas  replebat  :  ubi  angelum  splendidìorem  sole 


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».  vi.djyi  moDeotein  efim  qI  Pari3i(ua  accederei.  Sed  cùm  primùm  en 
»  insolilà  visione  terrore  hamano  contorbaretur  :  coafortalQS  ab  ao^lo 
.  »  Parisium  peliit  cam  duobus  soisclericis  fidei  faatoribus.  »  (N.  Beri., 
De  Tolos.  Gestis.) 

N»  6. 
En  haut  : 

S.  LVDOVIGVS  EPVS  TOLOSANVS. 
En  bas  : 

SPONTE  RELIQVISTI  PRO  ME  TVA  REGNA  :  VIGISSIM 
ECCE  LVBENS  PRO  TE  CHRISTE  RELINQVO  MEA. 

N*  7, 
Une  seule  inscription  placée  au  bas  du  tableau  sans  cartouche  : 
me  MARTIALI8  SCRIBIT  HIC  ìEDEM  LOCAT. 

N*  8. 
£n  haut  : 

,     S.  BERTRANDVS  ARCHIDIACONVS  TOLOSANVS 
ELECT.  EPS.  CONVENARVM. 
En  bas  : 

DA  FERRVM  BERTRÀNDE  DEVS  NOVA  TE  INDVIT  ARMA 
BASTA  ERIT  HIC  LÌTVVS  INFVLA  ERIT  GALEA. 

Farmi  les  huit  tableaux  qui  composent  ce  deuxième  groupe ,  les  deax 
deroiers,  qui  représeulent  saiut  Martial  et  saiut  Bertrand,  sembleraient 
ne  devoir  pas  lui  appartenir  ;  mais  nous  avons  voulu  respecter  la  pensée 
du  donateur  en  ne  séparant  pas  ce  qu'il  avait  uni. 

Saint  Martial ,  compagnon  de  saint  Saturnin  ,  a  été  l^n  des  premiers 
à  précher  la  foi  à  Toulouse.  Saint  Bertrand  nous  appartieni ,  parco  quii 
était,  par  sa  mère,  de  la  fami  He  de  nos  comtes ,  et  parce  quii  a  illustre, 
par  ses  vertus  et  par  sa  sainteté ,  le  Chapitre  régulier  de  Saint-Sernin. 

Ces  huit  tapisseries,  à  la  différence  de  celles  qui  représentent  la 
legende  de  saint  Etienne,  n'ont  pas.de  cadre.  D'ailleurs,  méme  tissu, 
méme  faire  ,  mémes  couleurs/méme  perfection  de  dessin. 

EUes  sont  ornées  du  méme  blason  ;  la  forme  des  lettres  qui  composent 
les  légendes  est  la  méme  ;  il  n'y  a  qu'une  différence  dans  la  disposilion  : 


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c'osi  qfìQ  lfis>  laoisserioa  qui  reproduiseot  la  legende  de  saiat  ì^enae 
n'oDt  pas  d'inscripUon  à  la  partie  supéneare. 

Ghaqae  tapisserie  des  saints  évéqoes  de  Touloqse  représeote  le  saiot. 
en  pied ,  vu  de  face ,  aa  milieu.  Sur  les  cólés  sont  reproduits  les 
principaux  faits  de  sa  legende.  C'ést  la  vie  du  saint  eo  ìmages. 

Toutes  ces  tapisseries  ont  évideminent  la  méme  orìgine  et  proviennent 
du  méme  donateur. 

Les.  daui  plus  bdltes,  aa  poiot  ds  Toe  de  leur  coneeinnalion ,  sont 
celles  da  saint  Kxupèiie  et.  de  saint  Germier. 

TROISIÈME  GROUPE. 

Trois  tableaux  composent  ce  groupe. 

N'»  1. 

En  haut,  sur  une  pièce  d'étoffe  en  carré  long,  à  fond  bleu  ,  on  Ut: 

COMMENDAT  .  OVES  .  PETRO 
CHRISTVS  .  DICENS  .  PASCE  . 
OVES  .  MEAS  .  IOAN  .  XXI.  , 

Gelte  tapisserie  rep^ésente  Notre-Seignéur  donnant  les  clés  du  royaume 
des  cieui  à  saint  Pierre,  en  présence  des  apòtres.  Des  brebis  paissent  aux 
pieds  du  Sauveur. 

Le  tableau  est  encadré  dans'une  bande  historiée,  reproduisant ,  d'un 
Seul  coté,  les  trois  flgures  allégoriques  de  la  Victoire,  de  la  Bénédiction, 
de  la  Chartté. 

Ces  trois  flgures  sont  disposées  de  cotte  manière  :  la  Victoire  en  haut; 
au-dessous  est  écrit  le  mot  Victoria. 

Au  milieu  la  Bénédicdon ,  avec  le  mot  benedigtio. 

Dans  le  bas  la  Charité,  à  coté  du  groupe  allégorìque  qui  la  représente 
habituellemenl  :  une  femme  et  des  enfants.  La  legende  est  écrite  sur 
deui  lignes ,  de  cette  manière  : 

CARI 
TAS. 

N»  2. 

Cette  tapisserie  a  étè  assez  maladroitement  remaniée.  Aìnsi ,  au  haut 


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—  396  — 

do  tableau  y  od  lit  ane  iDScrìption  qai  ne  se  rapporte  pas  aa  sujet  repré- 
sente  au-dessoQS. 

Getta  inscriptìan ,  écrite  sur  trois  lignes ,  est  alasi  concue  :. 

ELIMAS  .  PRIVATVR  .  VISV 
A  .  S  .  PAVLO  .  CORAM 
PROCONSVLE  .  SERGIO. 

Or,  le  tableau  représente  saint  Pierre  guérissaQt  le  paralytiqae  deraut 
idi  porta  speciosa  da  tempie  de  Jérosalem.  LlQScripUoD  a  dù,  par  coDsé- 
qaent  y  étre  rapportée  après  coup  et  appliquee  par  erreur  à  cette  tapisse- 
rie  qui,  d'ailleurs,  est  fort  belle,  aìosi  que  la  précédeute,  et  semble 
provenir  des  vieui  Cobelins. 

L'encadrem^nt  est  le  méme  que  colui  du  n^"  4 .  11  y  a  une  différence 
dans  la  bordure  d'en  bas ,  où  les  trois  vertus  théologales  sont  reproduites 
de  cette  manière  : 

SPES.  CHARI  FIDES. 

TAS. 

N'»  3. 

G*est  ancore  ici  la  lapidation  de  saint  Etienne. 

En  haut,  sur  fond  bleu ,  une  inscription  en  trois  lignes  : 

IMPETVM  .  FECERVNT  . 
IN  .  STEPHANVM  .  ET  • 
LAPIDABANT  .  ACT .  VIL 

Méme  bordure  que  celle  du  n*  1. 
Au  fond  :  GHARI 

QUATRIÈME  GROUPE. 

Ici ,  pas  d'ìnscription  qui  indique  le  sujet  qu'on  a  voulu  représenter* 
Il  faut  donc  s'inspirer  du  tableau  lui-méme  pour  en  déterminer  le  sens. 

Ce  groupe  se  compose  de  cinq  tapisseries ,  dont  trois  offrent  aux  re- 
gards  des  scènes  dont  il  est  facile  de  coiqprendre  le  sens  ;  les  deui  autres 
présentent  quelques  dìfflcultés.  Nous  en  dirons,  maissous  toute  réserve, 
ce  qui  nous  a  paru  le  plus  probable. 


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—  397  — 


N»  1. 


Daos  la  tapisserie  que  Doas  placoDS  sous  ce  numero ,  doqs  avons  era 
recoDoaltre  celie  scèae  si  pathétique  de  Yaccusation  racontée  daQS  le 
XLIV*  otiapitre  de  la  Genèse. 

Joseph  y  après  avoir  fait  remplir  les  sacs  de  ses  frères  de  toat  le  grain 
qa'ils  poavaient  contenir,  ordonne  à  son  iDlendant  d'y  remettre  aossi, 
tout  à  fait  au-dessQS,  le  prix  qu'ils  eo  avaient  doDué.  De  plus,  il  fait 
piacer  dans  le  sac  de  Benjamin ,  qui  ètail  le  plus  jeune ,  la  coupé  d'ar- 
gent  doni  il  se  servail  pour  boire  dans  ses  repas  : 

«  Praecepit  autem  Joseph  dispensatoti  domùs  suae,  dicens  :  Imple  saccos 
»  eorum  frumento,  quanlum  possunt  capere;  et  pone  pecuniam  singulo- 
»  rum  in  summitale  sacci. 

»  Scyphum  autem  meum  argénteum ,  et  pretium  quod  dedit  tritici , 
»  pooe  in  ore  sacci  junioris.  Faclumqueestilà.  »  (Gen.,  e.  XLIV,  v.  1,  2.) 

Puis  il  envoie  cet  intendant  à  la  poursuite  de  ses  frères  ,  avec  ordre , 
dès  qu'il  les  aura  rejoints,  de  leur  reprocher  leur  mauvaise  action ,  en 
les  accusant  d'avoir  volé  le  prix  du  blé  et  la  coupé  d'argent  de  son  mai- 
tre. L'intendant  remplit  son  mandai  avec  exactitude,  et  il  ne  lui  fui  pas 
difficile  de  retrouver  dans  chaque  sac  Targent  ainsi  que  la  coupé  qu'il 
avait  lui-méme  placée  dans  le  sac  de  Benjamin,  et  doni  les  frères  de 
Joseph  ne  soup^onnaient  méme  pas  Teiistence. 

En  consèquence^  il  les  ramène  en  prèsence  de  son  maitre,  qui  leur 
reproche  avec  sèvérilè  un  crime  doni  il  les  .sali  innocents.  Ne  pouvanl  se 
dèfendpe  en  prèsence  des  preuves  matérielles  qui  les  accablent,  ils  se 
conslituent  d'eui-mémes  ses  esclaves.  Mais  Joseph  ne  prélend  retenir 
que  colui  qui  est  le  détenteur  de  sa  coupé ,  et  veut  renvoyer  les  autres. 
Cesi  alors  que  Judas ,  l'atné  de  tous ,  s'avance  et  lui  adresse  cet  admira- 
ble  discours  dans  lequel  il  lui  représenle  l'impossibilitè  où  ils^  soni  de 
revenir  auprès  de  leur  péro  Jacob  sans  cet  enfant  bien-aimé,  qu'il  ne  leur 
a  conflé  qu'avec  un  extréme  regret  et  parco  que  Joseph  lui-méme  avait 
exigé  sa  prèsence.  Il  a  d'ailleurs  rèpondu  personnellement  de  son  jeune 
frère ,  et  s'ils  élaient  condamnès  à  revenir  sans  lui  auprès  de  leur  vieux 
pére,  il  en  mourrait  de  dooleur,  car  son  dme  estpendue  à  Vdme  de  son 
Benjamin  :  cum  anima  illius  ex  hujus  anima  pendeat. 


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Si  tei  est  le  sajel  représentè ,  c'est  Joseph  qa'on  aper$oit  place  aa 
miliea  da  tableaa.  Derrière  lui  se  tient  deboat  un  homme  à  barbe  bian- 
che, véta  da  burcoas  larabe.  A  droite,  les  accaaés*  Le  pios  rapproché, 
sans  doute  Jadas ,  adresse  la  parole  à  Joseph  daas  la  postare  la  ptas 
hamble.  Il  a  les  vélements  déchirés,  ce  qui,  chez  les  Juife,  ètait  le 
sigae  de  la  suprème  douleur  ;  et  autour  de  ses  jambes  naes  od  aper^oit 
seulemeot  un  laaibeau  de  bas  bleu.  A  gauche  y  plusieurs  persounages , 
doQt  UD ,  richemenl  vétu ,  semble  accuser.  Ce  serait  alors  lluteudant  do 
Joseph. 

N*»  2.  —  Péche  miraculetiM. 

lei,  nuUe.difflculté  d'interprétation.  Tout  y  est  :  les  eaux  du  lac,  la 
barque,  les  apdtres,  le  Sauveur,  et,  eufln,  le  fllet  qui  se  rompt  sous 
le  poids  des  poissous  qu'on  vient  de  prendre. 

Il  y  a  une  parlicularité  à  sìgnaler  :  c'est  que  le  Christ  est  seni  nimbé , 
mais  non  du  nimbe  crucifère.  Son  nìmbe  est  rond,  place  loin  de  la  téle 
et  relié  avec  elle  par  un  pèdoncule  qui  lui  donne  la  forme  d'un  cham- 
pignon- 

\  N""  3.  —  Lapidation  de  saint  Etienne. 

Ce  sojet  se  trouve  reproduit  dans  presque  tous  lesgroapes  des  tapisseries 
que  nous  étudìons.  Il  n'offre  d'ailleurs  ici  aucune  particalarité  remar- 
quable.  Aussi  nous  contea toas-nous  de  le  mentioDoer. 

N""  4.  —  Saint  Pierre  recevant  les  clés. 

Rien  de  special  à  noter  dans  ce  tableau,  où  l'on  volt  saint  Pierre, 
àgenoux»  recevant  des  mains  du  Saaveor,  qui  se  tient  deboat,  leeclés 
da  royaame  des  cienx.  Tous  les  apòtres  assistent  avec  une  atteatioa 
recueiilie  à  cotte  scène. 

N«  5.  —  Prédication  da  saint  Paul  (?). 

Ce  n'est  pas  sans  qaelque  hésitation  qae  nous  assignons  ce  thème  au 
tableau  qui  nous  occupo,  bien  que  tous  les  détails  qui  le  composent 
semblent  se  rapporter  aa  sujet. 

Ainsi,  à  gauche  da  spectatear,  on  apergoit  un  personnage  nimbo 
tenaot  un  livre  ferme  soos  ^on  bras  gauche  ;  son  bras  droit  est  leada  et 


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—  399  — 

leve.  Son  costarne  se  compose  d'une  tunique  et  d*un  manteau  bleus. 
A  gauche  apparaissent  des  soldats  armés  de  pìques  et  de  lances,  écoutant 
avec  attenlion. 

Au  pied  du  priucipal  personnage,  un  jeune  homme  tient  en  laisse  un 
roagniflque  chien  épagneul. 

Les  cinq  tapisseries  dont  se  compose  ce  groupe  sont  encadrées  d'une 
bordure  pareille,  à  palmettes^  et  d*une  grande  richesse.  Elles  sont  évi- 
demment  sorties  du  méme  atelier,  en  vertu  d'une  seule  commande. 

Elles  sont  d'ailleurs  dépourvues  dMnscrìplions  et  n'ont  jamais  été  répa- 
rées.  On  doit  s'en  féliciter;  car  leur  restauration ,  extrémement  désirablet 
Dous  parali  facile  et  relalivement  peu  coùteuse. 

CINQUIÈME  GROUPE. 

N""  1.  —  Mofse  sauYé  des  eauz. 

Très-belles  couleurs.  Bordure  inférieure  rapportée  ;  le  tissu  de  cette 
bordure  est  beaucoup  plus  fin  que  celui  de  la  pièce.  Les  quatre  tapisseries 
qui  forraent  ce  groupe  manquenl  d'inscriplions. 

N«  2.  —Jacob  et  Rebecoa  (?). 

Encore  ici  un  peu  de  doute,  malgré  toules  les  probabilités.  Du  reste, 
voici  la  description  du  tableau  :  Au  milieu ,  un  puits.  Près  du  puils,  une 
femroe  jeune  tenant  de  la  main  gauche  une  houlelte  spatulée.  Un  homme, 
maigre,  fatigué,  lui  prend  doucement,  du  bout  des  doigts,  la  main  droite. 
Derrière  lui ,  une  autre  femmó ,  la  main  gauche  appuyée  sur  la  margelle 
du  puits ,  tandis  que  sa  main  droite  repose  sur  l'oriflce  d'un  vase  place 
sur  la  margelle.  Au-dessous,  un  troupeau  de  brebis  et  de  chèvres,  et  un 
chien.  De  Tautre  còte  du  puits,  un  grand  nombre  de  pasteurs  qui  sem- 
blent  étonnés. 

N^"  3.  —  Abigail,  auz  pieds  de  David,  demande  la  gràoe  de  Nabal, 

son  épouz. 

On  se  rappelle  le  récit  émouvanl  qui  est  rapportò  au  chapitre  XXV*  du 
!•'  livre  des  Rois. 

Nabal  élait  un  homme  rìche  et  puissant  qui  habilait  le  désert  de 
Maon  ,  sur  les  hauteurs  du  Garmel.  Or,  pendant  que  ses  nombreui  pas- 
si 


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-  m  — 

teors  toDdaìeol  ses  brebis,  David  lui  eDvoya  des  messagers  pour  conclure 
avec  lui  UD  traile  de  paix  et  d'amitié.  Mais  Nabal ,  aa  lieo  d'accueillir 
favorablemeut  la  proposition  amicale  de  David ,  reQoit  ses  messagers  en 
eouemis  et  ieur  répond  avec  arrogance  et  mépris.  Ceui-ci  rapporteDt 
textuellemeut  à  ieur  maitre  les  paroles  de  Nabal.  Àlors  David  dit  a  ses 
serviteurs  de  s'armer  de  Ieur  glaive,  ce  qu'il  fait  lui-méme,  et  se  dispose 
a  marcber  contre  Nabal  à  la  téte  de  quatre  ceols  bommes. 

Cest  alors  qu'un  des  serviteurs  de  Nabal  se  présente  devaut  Abigail, 
lui  fait  part  du  danger  qui  les  menace,  et  lui  rappelle  les  bons  offlces 
qu'ils  ont  recus  de  la  l^roupe  de  David  dans  le  désert.  Abigail  se  b&te  de 
ramasser  des  présents  magnifiques,  se  fall  escorter  d'une  suite  nom- 
breuse  et  va  se  jeter  aux  pieds  de  David.  Elle  lui  adresse  ud  long  et 
patbétique  discours  qui  toucbe  le  coeur  de  David,  qui  accepte  ses  présents 
et  lui  accorde  la  gràce  qu'eile  soUicite. 

Tel  est  le  sujet  représenié  dans  ce  tableau.  On  y  volt,  en  effet,  Abigail 
prosternée  aux  pieds  de  David.  Une  partie  des  présents  qu'eile  apporte 
esldéjà  déposée  par  terre.  Un  àne  lourdement  cbargé,  conduit  par  un 
serviteur,  arrive  après  elle;  ce  serviteur  tient  un  vase  rempli  de  vin.  Les 
guerriers  de  David  y  tous  bien  armés  ,  apparaissent  au  dernier  pian. 

NM.  —  Agar  au  désert. 

Ce  sujet  est  très-connu.  L'art  cbrétien  l'a  reproduit  a  loutes  les  époques 
et  de  toutes  les  manières.  Il  nous  paratt  donc  inutile  d'essayer  ici  Tana- 
lyse  de  ce  récit  biblique.  Il  n'y  a  qu'une  seule  cbose  à  noter  :  c'est  que 
des  quatre  tapisseries  qui  forment  ce  groupe,  celle-ci  est  la  seule  qui  soit 
intacte  dans  toutes  ses  parties;  le  fond  de  l'encadrement  des  autres  est 
rapporté. 

A  part  cette  légère  altération,  ces  quatre  tableaux  sont  évidemmenl  les 
mieux  conservés  ;  ils  nous  paraissent  aussi  les  plus  récents.  La  beante  de 
Ieur  tissu,  de  Ieur  dessin  et  de  leurs  couleurs,  et  surtout  Téclat  et  la 
solìdilè  de  cette  belle  couleur  rouge  particulière  aux  Gobelins,  nous 
autorisent  a  penser  que  ces  quatre  tapisseries  spnt ,  en  effet,  sorties  de 
ces  ateliers  célèbres.  Nous  sommes  donc  porte  a  croire  que  ce  sont  là 
les  tapisseries  données  à  Téglise  de  Saint-Etienne  par  M.  de  Cucsac,  le 
27  mai  1808,  ainsi  que  le  prouve  la  pièce  suivante. 


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-  401  - 
Noos  avons  trouvé,  en  eflfet,  dans  les  archives  de  la  Métropole,  ane 
délibératìoo  qoe  dous  doqs  plaisoDs  à  transcrire  ici  dans  sod  entier  : 

Registre  des  délibérations  de  la  Fahrique  de  la  paroisse  Saint-Etienne. 

(6juin  1808. —  Art.  3.) 

M.  le  core  a  remis  sur  le  bureau  une  déclaration  de  M.  de  Cucsac, 
eoncoe  en  ces  teirmes  : 

«  Je ,  soussigué ,  déclare  que  je  donne  volontairement  et  de  bon  gre , 
»  à  l'église  paroissiale  et  métropolitaìne  de  Toulonse ,  les  lapìsserìes  des 
»  Gobelins  »  que  j'avais  jusqu'ici  prétées  à  ladite  église.  Je  veux  et  entends 
))  qu'elle  en  jouisse  en  tonte  propriété,  pour  étre  employées  an  eulte 
»  divin.  Je  les  donne  à  Dieu  et  à  l'église  susdite,  afln  que  mon  don  lui 
))  soit  agréable  par  Tenlremise  de  la  sainte  Vierge.  En  foì  de  quoi ,  à 
»  Toulouse,  ce  27  mai  1808.  Signé  :  Cucsac,  approuvant  Pécritore 
»  ci-dessus.  »  / 

L'assemblée,  en  remerciant  M.  le  cure  des  soins  qu'il  s'est  donnés,  a 
nommé  MM.  Bergès,  Amouroux,  Martin  Lacroix  et  Dolive,  pour  porter 
à  M.  de  Gucsac  l'expression  de  la  reconnaissance  de  la  Fabriqoe,  et  elle 
a  deliberò  que  la  susdìte  déclaration  sera  déposée  ani  arcbives. 

Signés  :  Cambon ,  vicaire  general ,  président  ; 
Mézamat,  secrétaire. 

Il  est  fàcheui  que  ni  M.  de  Cucsac  ni  la  délibération  de  la  Fabriqoe 
de  Saint-Etienne  ne  mentionnent  les  sujels  de  ces  tapisseries.  Ce  silence 
nous  livre  oécessairement  au  hasard  d'une  attribntion  qui  peut  élre 
erronee,  mais  qui  réunil  au  moins  en  sa  faveur  les  plus  grandes  proba- 
bilités. 

SIXIÈME  GROUPE. 

Nous  voici  maintenant  en  présence  d'un  des  groupes  les  plus  intéres- 
sants,  et  c'est  aussi  celui  qui  eidte  le  plus  de  regrets.  Les  quatre  immen- 
ses  tapisseries  qui  le  composent  ont  tant  souffert ,  elles  sont  dans  un  tei 
état  de  dégradation ,  deux  surtout ,  qu'on  n'ose  presque  pas  espérer  la 
possibilitè  d'une  restauration.  Si  pourtantles  spécialistes,.  gens  du  métier, 


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-  4©8  - 

croyaieDt  celle  reslauration  possible«  nous  n'hésilerioos  pas,  méme  aa 
prix  de  grands  sacrìflces  »  a  la  demander.  Les  qualre  lapisseries  onl 
toates  la  chatne  en  fil  de  chanvre  et  la  trame  eo  fils  de  soie. 

N"*  1.  —  Naissanoe  de  saint  Etienne. 

Celle  tapisserie  est  Irès-remarquable,  soil  par  sod  dessio  ,  soit  par  les 
Dombreuses  parlicularités  qa'offre  celle  parile  de  la  legende  de  saint 
Etienne.  Ce  n'esl  pas  qu'on  puisse  la  iroaver  irréprochable  aa  doublé 
point  de  vue  du  dessin  et  de  la  perspeclive  ;  mais  il  y  a  une  grande 
variété  dans  la  conception,  de  la  richesse  dans  les  toDs,  et»  dans  Teiéca- 
tion,  outre  la  finesse  do  tissn,  de  Télao,  du  grandiose,  et  cependant  de 
la  gràce. 

De  plus ,  celle  tapisserie  est  dalée  et  enrichie  d'une  belle  inscription 
bien  conservée. 

Sa  date  est  1532. 

Voici  rinscription  : 

JuDEi .  Stephanum  .  SoLiMis  .  Genuere  .  Parentes 

MOVERAT  .  UXOR  .  NeBES  .  NUMINA  .  VlRQUE  .  RUBEN 

At  .  Malus  .  Invidit  .  Genius  .  Puerumque  .  removit 

SUPPOSITUSQUE  .  GrAVES  .  EdIDIT  .  ORE  •  80N0S 

Ignari  .  Tremuere  .  Lares  .  Pendebat  .  in  .  ethera 
Yerus  .  Eremite  .  Mox  .  Datur  .  Ipse  .  Pio. 

Celle  inscription^  composée  de  trois  distiques  lalins,  résumé  lous  les 
délails  du  sujel  représenté  dans  ce  tableau. 

On  volt ,  en  efifet ,  dans  le  haut  et  un  peu  vers  la  droite ,  la  ville  de 
Jérusalem.  Au-dessous,  vers  le  milieu  ,  les  parents  de  saint  Etienne;  sa 
naissance;  Tesprit  malin.  —  Malus  Genius,  sous  la  forme  hybride  d'un 
repUle  ailé,  a  qualre  palles  armèes  de  griffes  et,  à  figure  de  singe»  cber- 
ebani  à  enlever  dans  les  airs  le  nouveau-né.  Enfiu,  un  bon  ormile  l'em- 
porlanl  en  lieu  sur. 

A  droite,  sur  une  bande ,  les  deux  sigles  I.  P. 

Tm^  2.  —  Un  baptéme. 

Celle  tapisserie  porle  la  date  1534. 

Elle  représenté  un  baptéme.  Au  milieu  une  cuve  baplismale ,  dans 


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—  WS  - 

laqaelle  se  tieot  debout  un  homme  barbu.  Do  évéqoe  lui  impoBe  les 
maiDS.  ToQt  à  cóle ,  od  apergoit  une  femme  et  un  bomme.  Serait-ce  le 
roi  Clovis  baptisé  par  saiol  Rèmi  en  prèsence  de  saiDte  Clotilde? 

Du  reste ,  les  fragments  d'ìoscriptions  extrémement  incomplets  qae  je 
vais  rapporter  ne  dous  apprenoent  rieD. 

STHICON 

VDE  PATREM  .  REPETENS 

NE  CVNIS 

ACRIS  PVRGAT  .  ADLTV8. 

Par  suite  d'une  réparation  que  celle  pièce  a  subie^  il  y  a  sans  doule 
loDgtemps,  UD  lambeau  d'une  autre  tapisserie  idenlique  à  celle-ci  par  le 
Ussu ,  le  dessìn ,  les  couleurs  et  la  forme  des  leltres  (ce  qui  peni  autoriser 
a  supposer  quii  en  exislait  aulrefoìs  un  plus  grand  nombre ,  dont  più- 
sieurs  ont  èie  eutièrement  usées  et  ont  disparu) ,  nous  fotirnit  un  autre 
fragment  informe  d'inscription.  Bien  qu'il  soìt  impossible  de  réunir  ces 
lettres  pour  en  former  méme  un  seul  mot  »  nous  avons  cru  devolr  les 
transcrire  selon  leur  disposition.  Nous  devons  faire  observer  seulement 
que  sur  la  tapisserie  ces  leltres  se  trouveot  renversèes  : 

D 

TVS     . 
£M 
T 

N^  3.  —  Un  baptème. 

Celle  tapisserie  est  coupée  horizontalement ,  à  peu  près  au  tiers  de  sa 
hauleur  ;  toul  le  bas  manque. 

Elle  représenle  un  bapléme,  Irès-probablement  celui  de  Notre-Seigneur 
.par  Saint  Jean. 

Le  baptisè  et  celui  qui  baplise  sont  nimbés;  le  bapléme  est  donne  par 
infusion  au  moyen  d'une  coquille. 

La  date  1533  est  inserite  sur  un  petit  cartouche  place  au  milieu,  vers 
le  baut. 

N"*  4.  ^  Lapidation  de  saint  Etienne. 

Les  principaux  personnages  sont  de  grandeur  colossale  ;  il  n'y  a  nulle 
proportion  entro  leur  taille  et  celle  des  autres. 


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-  404  - 

QaàDt  &  Pinscription ,  composée  de  qoatre  hdiamètres  latìns ,  elle  offre 
plQsieurs  mols  absolumeot  ioinlelligibles.  Cest  évidemment  la  faote  de 
Fouvrier^  qui  n'a  pas  sa  copier  le  texte  qo'on  lai  avait  foarni.  Da  reste, 
iious  la  IraDscrivons  lei  avec  aoe  exactUade  scrupulease,  telle  qu'elle  se 
voìt  encore  sar  la  tapisserie  qai  noas  occupe  : 

GENS  .  REGNTIT  (sic)  A  SACRE  . 
FroEI .  PRECEPTA  .  DOCENTBM  . 

AD  LAPIDES  .  STEPHANZ  .  S  MARTIR  (sic) 
NIMQZ  (S?)  AHIT. 

LICTORVM  .  SAXIS  .  CELOS  . 
VIDET  .  ICTVS  .  APERTOS  . 

ET  .  SVPERVM  .  NEBVLA  , 
Si/SPICIT  .  ESSE  .  PATEM  (sic), 

Ces  qaatre  grandes  tàpisseries  élateat  à  coap  sftr  la  propriété  do  Cha<^ 
pitre  métropolitaìD  ;  peat-élre  méme  avaieot-elles  été  exécutées  à  ses 
frais;  car  elles  porteot  toates  les  armoiries  capitolaires. 

Il 

Nous  venoDS  de  parcoarìr  ane  sèrie  de  trente-lrois  tapisseries  divisées 
en  six  groapes.  G'est  déjà  ud  assez  magDiflqae  fonds  de  richesse  archéo- 
logique,  doDt  le  trésor,  bieo  appaavri  saas  doote,  de  notre  Métropole,  a 
cepeadaQt  le  droit  d'étre  fler. 

Il  y  en  avait  un  bien  plus  grand  nombre  autrefois.  Les  plus  vieìlles  oa 
les  plus  usées  oot  fourui^  a  diverses  époques ,  leurs  lambeaux  les  mieai 
coDservés  aux  réparatìons  de  quelques-unes  de  celles  qui  nous  restent 
encore.  Félicitons-nous  de  ce  qu'une  si  belle  épave  a  échappé  au  naufrage 
dans  lequel  ont  péri  tant  d'autres  monuments  dont  le  souvenir  ne  nous 
laisse  plus  que  d'inutiles  regrets. 

II  eAt  été  intèressanl  de  remonler  à  Torigine  de  chacune  de  ces  pièces , 
d'en  connattre  les  donateurs,  les  ateliers  où  elles  ont  été  fabriquées,  etc. 
Ce  travail  nous  tentait  ;  nous  Tavons  essayé  sans  trop  d'espoir ,  el,  en 
effet ,  les  plus  noinutieuses  recberches  ne  nous  ont  donne  qa'un  résaltat 
ìncomplet. 


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—  405  — 

Voici  poortant  le  résomé  de  nos  iovestigatioDS  ani  archives  départe- 
mentales  : 

Registre  des  délibérations  d%  Chapitre  de  1598  à  1618,  page  494. 

Il  y  est  dit  que  le  Chapitre  délibère  que  les  armes  du  cardinal  de 
Joyease,  de  Daffls,  évéque  de  Lombez,  et  du  Chapitre ,  seront  placées 
sor  le  grand  portai!  da  ebcaor,  «  de  la  plus  belle  facon  qu'ils  se  pourront 
»  faire ,  sur  le  frontispice.  » 

Cette  note,  qui/au  premier  coup  d'(Bil ,  sembie  n'avoir  aucun  rapport 
avec  nos  tapìsseries ,  est  cependant  très-importanle.  On  comprend  aisé* 
ment  que  le  Chapitre  ait  voulu  piacer  les  armes  du  cardinal  de  Joyeuse, 
archevéque  de  Toulonse ,  et  les  siennes,  sur  le  grand  portai!  du  chosur. 
Mais  pourquoi  a-t-il  voulu  y  joindre  ^elles  de  Jean  Daffls  ^  Nous  trouvons 
la  raison  de  cette  honorabLe  distìnctìon ,  non  dans  la  charge  de  prévòt 
du  Chapitre  que  ce  personnage  occupa  ni  dans  sa  dìgnité  d'évéque  de 
Lombez,  mais  dans  ses  libéralités.  C'est  lui,  en  efifet,  qui  flt  don  à 
Téglise  cathédrale  de  SaintrEtienne  des  dii-sept  magniflques  tapisseries 
qui  coinposenl  nos  deux  premiers  groupes  et  qui  reproduiseot  la  legende 
de  Saint  Etienne  et  celles  des  saints  évéques  de  Tonlouse. 

Toutes  ces  tapisseries  portent  ses  armes,  qui  sont  d'argent,  à  la  bande 
de  gueules  chargée  de  trots  rosettes  cTor. 

Les  accessoires  de  cet  éeu  indiquent  que  Jean  Daffls  était  déjà  évéque 
lorsqu'il  flt  exécuter  ces  tapisseries ,  et  qu'elles  furent  faites  spécialement 
pour  Saint-Etienne.  Ainsi,  Técu  est  timbré  d'une  mitre  accostée,  à 
dexlre,  d'une  crosso.  Pour  tenants  ,  on  y  remarque  un  personnage 
debout,  vètu  de  la  tuuique  diaconale,  et  tenant  dans  la  main  opposée  à 
l'écu  une  palme.  Ce  personnage  est  évidemment  saint  Etienne,  diacre  et 
martyr. 

Ces  détails  nous  donnent ,  au  moins  approximalivement ,  la  date  des 
tapisseries  qui  composent  nos  deux  premiers  groupes.  L'épiscopat  de 
Daffls  ne  datant  que  de  Tannée  1598  (1),  et  sa  mori  étant  survenue  le 
1^  février  1614,  c'est  évidemment  dans  cette  periodo  que  nous  devons 
piacer  la  date  de  ces  tapisseries.  Toul  nous  porte  à  croire  que  Daffls  a 

(4)  li  succèda  à  Pierre  de  Lancrau,  mort  le  18  oclobre  4598. 


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—  406  — 

Youlo ,  en  devenaDt  évéqoe ,  laisser  ao  CbapUre  dont  il  cessati  d'étre  le 
prévòt  UD  souvenir,  et  qae  les  tapisseries  quii  fit  faìre  poar  cel  objet 
ODt  dù  étre  eiéculées  dans  les  premières  années  du  dii-septième  siècle. 

12S30. 

«  En  Tannée  1539,  les  tapisseries  de  la  chapelle  Sainte-Anne  forent 
»  finies  par  le  nommé  Heclor  Plcbaud ,  lapissier  de  Tooloose ,  qui  avait 
D  poar  enseìgne  la  teste  du  Maure,  auquel  fut  payé  ponr  la  fa^n 
))  d'icelles,  à  raison  de  5  livres  la  demi-canne  et  pour  137  Cannes  et 
»  demie,  la  somme  de  1375  livres,  qui  lui  furent  payées  en  diverses 
»  reprises  et  plnsieurs  paiements  dans  Fespace  de  sii  annèes,  ainsi  qa'ii 
»  se  justifie  pai^  Tarrété  du  compie  fait  entre  les  Bailes  et  ledit  Pichaud 
»  en  l'année  1539.  )) 

Celle  note  est  tirée  d'un  registre  des  statuts  de  la  Confrérìe  de  Sainte- 
Anpe,  depose  aui  archìves  déparlementales.  D'après  ce  registre,  les 
tapisseries  doni  on  se  servali  dans  celle  chapelle  lui  appartenaient  el 
élaieni  indépendantes  de  celles  de  la  Mélropoie. 

Getto  observation  se  trouve  conflrmée  par  un  invenlaire  dressé  à  l'epo- 
que de  la  Revolution  de  93,  dans  leqnel  il  est  fail  menlion  de  neuf 
tapisseries  appartenant  à  la  Confrérie  de  Sainte-Anne.  Ces  tapisseries 
furent  alors  réunies  à  tous  les  objets  du  eulte  déposés  dans  l'église 
Saint-Etienne.  (Archives.  —  Parile  moderne.  —  Venie  du  mobilier  des 
propriétés  nationales.) 

Ces  tapisseries  de  la  Confrérie  de  Salute- Anne  seraient-elles  par  hasard 
celles  qui  composenl  nos  troisième  el  quatrième  groupes  reslés  sans 
désignalion?  Cesi  une  question.  Ces  deui  groupes  comptaienl  neuf 
tapisseries,  il  y  a  rooins  d'un  an.  L'une  d'elles  a  disparu  lout  à  coup,  il 
y  a  quelques  moìs ,  a  l'occasion  d'un  déplacemenl  qu'eìles  ont  dù  subir 
pendant  Texéculion  de  certains  travaui  dans  les  dépendances  de  la 
calbédrale. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  note  précilée  nous  parati  d'un  inlérét  capital 
pour  rhisloire  de  Toulouse.  Elle  semble  nous  révéler,  en  effet,  l'existence 
dans  celle  ville,  pendant  la  première  moitié  du  seizième  siècle,  d'une 
industrie  doni  on  avait  complétemenl  perdu  la  trace  et  le  souvenir. 


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toQloase  n'aurait  plas  à  envier  à  d*autres  villes,  qo'on  avait  craes 
mieiix  partagées  soqs  ce  rapport ,  la  possessioD  eiclusìve  d'un  art  dont 
Vègììse  de  Saint-Etienne  possedè  encore  peat-élre  qaelques  préeieoi 
specimina.  Des  aieliers  de  haule-lisse  auraient  été  établis  dans  ses  murs  ; 
on  connaltrait  désormais  le  nom  d'un  de  ses  haule-lisseurs ,  Hector 
Ptehaud  ;  et  si  les  remarquables  tapisseries  qui  composent  nos  troisième 
et  quatrième  groupes  élaienl  vraiment  ToeuTre  de  cet  artiste,  Toulouse 
aorait  le  droit  d'en  étre  fière  (1). 

(4)  Nous  donnons  id  en  note,  et  sans  commentaìres ,  les  documenls  que  nons  ont  fourni» 
les  StatutM  des  corpi  d9  méti$r$  conservés  dans  les  archives  da  Capitole  : 

«  StATDTS  DXJ  MBSTIBR  JOBS  TaPISSIBRS  BN  BBROAHHB  (*)  on  ADTBB  POUR  LBSTABLISSBMBlfT 
»  DB  LA  M A1STRI8B  SUIYANT  LA  DÉLIBÉRATION  PRIN8B  LB  VINfiTlfeMB  DU  M0I8  DB  JAlfYIBR  VIL 
»  SIX  CBNT  801XANTB  8BPT  BNTRB  LB8  T  IfOMMÉS  IT  COMPRIlfS  Blf  NOMBRB  DB  DIX  HUIT  BT  POUR 
»   BIT  OBTBRIR  LAUTHORISATIOlT  DAUTHOBITÉ  DB  1IB88IBUR8  LBS  GapITOULS  DB  TOLO8B.   » 

Art.  8. 

«  Itbm  ceux  qui  voudront  parvenir  à  l'advenir  à  la  dite  maistrise  seront  tenus  de  se  pré- 
]B(^  senter  aux  baillis  du  dit  mestier  qui  leur  bailleront  leur  chef  dceuvre  et  leur  assigoeront 
9  lieu  et  jour  pour  le  faire  lequel  chef  doeuvre  consisterà  a  un  essay  de  tapisserie  selon  le 
»  temps  et  a  la  moderne  dont  le  travail  ne  sera  aa  plus  que  de  longoeur  de  neuf  pans  et  le 
»  dit  chef  dosuvre  fait  et  Jugé  par  les  dits  Baillis  et  HM.  les  prud'hommes  du  dit  mestier 
»  qu'ils  adviseront  laspirant  sera  présente  devant  Messieurs  les  Capitouls  pour  prester  le 
»  serment  et  payera  à  la  viUe  et  Ihospital  Saint  Jàiques  pareille  somme  de  trois  livres  à  cha» 
»  qa'un.  » 

Art.  9. 

«  Itbm  sera  deffendu  très  expressément  à  toute  sorte  de  personnes  soit  Tisserant  ou  autres 
»  n'ayant  pas  fait  le  dit  chef  doeuvre  du  dit  mestier  de  simmisser  dentravailler  ni  faire  au- 
»  cnnes  tapìMerìes  dans  Tolose  en  secret  nj  en  public  a  peine  de  cinquante  livrea  et  de  con- 
»  flscation  des  ouvrages.  b 

Le  mdme  registre  conttent  une  suppliqtle  adréssée,  le  tt  janvier  1667,  aux  Capitolila  par 
dix-huit  compagnons  tapissiers  à  l'effet  d*obtenir  l'órection  de  la  maltrlse  en  Maitrisb  jubéb 
«  coiùme  dans  les  autres  villes  du  Royaume  notamment  en  la  villb  de  Rbuan  »  (ite). 

Us  se  disent  tous  a  Compagnons  tapissiers  sur  la  tapisserie  de  Bergamme  et  auires.  » 

{*)  La  bergame  est  ane  grosse  tapisserie  qo'on  fabriqae  wec  diverses  sortes  de  matières  filées,  bonrre  de 
soie,  laine,  colon ,  cban^re,  poU  de  bcsof ,  de  yacbe  oa  de  chèvre  :  c*est  un  tissu  de  tons  ces  fils  ;  celai  de  la 
disine  est  ordtnadrement  de  chuine,  et  TélofTe  se'fabrique  sur  le  métier  à  pe«i  près  comme  la  toile.  Ce  nom  de 
«  bergame  »  lui  a  été  donne  parce  que  les  halntuits  de  Bbrgamb  fkirent  les  premiers ,  dit-on ,  qui  en  ilid>rìqué- 
rait.  {Bnteyd,  etUk,^  r  Bbusaib.) 

53 


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—  408  — 

N'attachons  pas ,  si  voqs  voulez ,  plus  d'importaDce  qn'il  ne  faot  à  la 
précieuse,  qooique  bien  iocomplète  décoaverte  que  dous  avoos  faite. 
Nous  n'afQrinons  pas,  loin  de  là,  qoe  les  neaf  tapisserìes  de  dos  troisième 
et  qualrième  groupes  soni  l'oeuvre  de  dos  baule-lisseurs  loulousains  an 
seizième  siècle.  Les  preuves  posilives  doqs  faisant  défaot,  nous  sanrons 
noas  lenir  dans  une  sage  et  prudente  réserve.  Mais  il  y  a  toujours  deux 
faits  importants  et  incontestables  : 

l""  G'est  que,  en  1539,  la  Confrérie  de  Sainte-Ànne  a  fait  fabriquer  à 
Toulouse ,  par  Hector  Pichaud  ,  des  tapisserìes  dont  les  comptes  de  cotte 
Confrérie  nous  donnent  le  prix,  mais  dont,  belasi  ils  ne  mentionnent 
pas  les  sujets  ; 

V  C'est  que  l'inventaire  du  mobilier  de  la  chapelle  Sainte-Anne 
signale  neuf  tapisserìes  lui  appartenant;  que,  d'après  cet  inventaire, 
ces  neuf  tapisserìes  furent  réunies  aux  autres  objets  du  eulte  déposés 
dans  règlise  Saint-Etienne,  et  que,  parmi  les  tapisserìes  que  conserve 
encore  notre  église  mélropolitaine  ,  nous  en  trouvons  neuf  qui  paraissent 
n'avoir  pas  toujours  appartenu  au  Gbapitre. 

Uo  peu  plus  loio ,  dans  une  autre  suppiique  ooncernant  les  règlements  oa  statate ,  ils  se 
qoalifieDt  encore  toas  de  «  taplssiers  sur  la  bergamme  et  antee  tapisserie.  » 

L'autorìsatìoD  d'éìever  la  mattrise  des  tapissiers  en  Màitrisb  jurAb  fut  acooidée  et  enre- 
gistrée  le  4»  février  4667. 
.    Elle  fut  enregistrée  au  Parlement  le  8  février  de  la  méme  année  4667. 

Ainsi ,  en  moins  de  trois  semaìnes ,  toute  cette  affaire  fut  réglée.  Notre  vietile  Gour  du  Par- 
lement et  nos  andens  officiers  muoicipaux ,  tous  nobles,  n'avaient  pas ,  on  le  volt,  rhabi- 
tude  de  laisser  dormir  les  affaires  qui  intéressaient  le  peuple  et  la  classe  ouvrière. 

Voici ,  du  reste,  un  document  plus  récent  qui,  si  je  ne  me  trompe,  n'est  pas  sana  offrir 
quelque  intérét  à  plus  d'un  titre. 

Il  est  tire  d'un  registre ,  portant  la  date  4 687,  et  fesant  partie  des  Steiiuts de$  torpide  miiiwM. 

«  Ed  4687,  des  plaintes  furent  faites  sur  ce  que  quelques  maltres  tapissiers,  plus  riches 
»  que  tous  les  autres,  mieuz  approvisionnés  delaines,  fila,  etc...,  empéchaient  d'autres 
»  mattres  de  travailler  pour  leur  propre  compte  ;  ils  les  employaient  comme  ouvriers  en  ne 
»  leur  donnant,  de  leurs  ouvrages,  que  le  prix  qui  leur  plaisait.  Les  plaignants,  c'esUà-dire 
»  les  maìtres  pauvres  que  les  mattres  plus  riches  qu'eux  ródutsaient  à  une  condition  pire  que 
»  celle  des  simples  ouvriers,  demandaient  simplement  que  les  anciens  prix  fussent  maintenus. 

»  Les  Capitouls,  faisant  droit  à  leur  deroande ,  règlent ,  en  effet ,  que  les  mattres  tapissiers 
»  qui  font  travailler  ceux  dont  s'agit  paieront  comme  ils  ont  toujours  fait ,  savoir  :  À  raUon 
B  de  qwnxe  $olMpour  canne  de  la  tapiuerie,  qui  a  neuf  pani  de  large;  dix  iole  pour  celle  qui 
3  a  $ix  pane  de  large  ;  douxe  toh  pour  canne  de  celle  appelée  à  la  turque.  » 

Cette  admioistration-là  comprenait  à  merveille  la  protection  qu'elle  devait  aux  faibles. 


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—  409  — 

En  effet ,  les  dii-sept  tapisseries  données  par  Jean  DafQs  porteot  ses 
armes  ;  les  qualre  qui  composent  le  siiième  groape  sont  chargées  des 
armoiries  capitalaires  ^  et  les  qoatre  da  cioquième  groupe,  d'après  toutes 
les  probabilités ,  soDt  dues  à  la  générosité  de  M.  de  Gucsac.  Restent  doDc 
ces  Deuf  tapisseries  dont  rien  ne  noas  indiqae  la  provenance  et  la  desli- 
DalioD.  Yoilà,  Messiears,  le  raisonnement  que  nous  nous  sommes  fait. 
Nous  avoDS  voqIq  voqs  en  faire  part ,  sans  arrière-pensée  comme  sans 
parti  pris.  Noas  n'en  tìrons  aocune  cooclasion ,  parce  qoe  les  données 
qne  nons  possédons  ne  noas  aatorisent  pas  a  le  faire. 

Dans  le  regislre  des  délibérations  du  Chapitre  de  1618  à  1634, 
page  140,  noas  avons  troavé  cette  simple  mention  :  «  Commìs  à 
»  M.  Parlhian,  faire  réparer  la  tapisserie  da  Chapitre  »  (1621). 

C'est  laconiqae  et  désolant  comme  ane  note  de  foarnlssear.  Cela  ne 
noas  apprend  rien. 

Da  reste ,  les  tapisseries  do  Chapitre  de  Saint-Etienne  devaient  étre 
très-nombreases.  Noas  poavons  en  juger,  nonseulement  par  celles  qui 
nous  restent,  mais  encore  par  cette  délìbération  conservée  dans  le  registro 
qui ,  dans  les  archives,  porte  le  numero  145.  Il  y  est  dit  qu'à  Toccasion 
de  rentrée  à  Toulouse  de  M.  le  prince  de  Condé,  qui  eoi  lieu  le  samedi 
4  septembre  1711 ,  le  Chapitre  décide  que  «  l'église  sera  tapissée  aa 
»  dedans  et  au  dehors  du  choeur  ;  l'église  Saint-Jacques-du-Clottre  sera 
»  aussi  bien  tapissée,  et  le  Cloitre  aussi  sera  tapissé.  » 

III 

Après  rétude  que  nous  venons  de  faire  des  tapisseries  de  Saint-Etienne, 
il  ne  nous  reste  plus  qu'à  dire  notre  opinion  sur  l'usage  qu'il  convieni 
d'en  faire. 

Naturellement ,  on  se  pose  d'abord  cette  question  :  Ces  trente-trois 
tapisseries,  telles  qu'elles  sont,  ont-elles  quelque  valeur? 

Il  y  a,  Messieurs,  plusieurs  aspects  sous  lesquels  se  présente  la  ques- 
tion ainsi  posée.  En  effet,  la  valeur  d'un  objet  dVt,  et  surtout d'art 
antique ,  est  plutòt  relative  que  réelle.  *Tel  monument ,  quoique  Irès- 
dégradé,  peut  avoir  encore  une  très-grande  valeur,  soit  à  cause  de  sa 


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-  4*0  - 
rareté,  soit  parce  qu'il  est  le  précieux  témoìn  de  l'art  à  Tépogae  quii 
r^présepte.  Il  est  donc  importapl,  avaut  de  hasarder  aae  réponse  abftQi- 
lae ,  de  préoiser  Taspect  sous  leqQ^l  on  envisage  la  questioo. 

Dans  le  c^s  présente  dqus  devoQS,  ce  poas  semble,  nous  piacer  d'abord 
eo  préseace  du  mérite  iotriDsèqae  des  tapisseries  qae  dous  étodiona. 
(Ih  bien,  copsidérées  à  ce  poiot  de  Yue,  doqs  a'hésilons  pas  à  lear 
recoonattre  une  valear  réelle.  GéDéralemeDt  le  dessin  eo  est  boD,  ^, 
daDS  la  plupart ,  excellent*  Presque  toutes  oot  conserve ,  qui  plqs  qji^i 
molDS ,  plusieurs  de§  cooleurs  primitives.  Le  tissu  eo  est  Ad  ,  et  les 
malièreb  premières  qui  ont  sorvi.à  leur  fabrìcation  élaieul  de  boune  qua- 
lità. S'il  oe  Dous  est  guère  possible  de  détermlDer^  du  moins  pour  toutes, 
les  ateliers  qui  les  oot  produites  nous  pouvons  toujours  affirmer  qu'ell^s 
Tiennenl  de  bon  lieu. 

A  leur  mérite  intrinsèque  et  à  leur  valear  réelle,  nous  pouvons  ajouter 
le  prii  qui  s'altache  au  souvenir.  Sur  trente-trois  »  dix-sept  sont  dues  à 
la  générosité  d'un  personnage  dont  le  nom  brille  avec  éclat  dans  les 
annales  toulousaìnes.  Les  armes  de  Jean  Daffls  ont  disparu  de  la  graB4e 
porte  du  chceur  ;  on  ne  les  voit  plus  que  sur  une  vernerò  du  chevet. 
I^  tapisseries  qu'il  a  données  au  Ghapìtre  dont  il  cessait  d'étre  le  prévdt 
en  devenant  évéque  de  Lombez  sont  le  seul  souvenir  qui  attesto  encore 
ses  libéralités. 

Les  quatre  tapisseries  données  par  M.  de  Cucsac  dòivent  étre  considé* 
rées  au  méme  point  de  vue  et  nous  paraissent  respectables  au  méqoe 
tilre. 

Ces  vingt  et  une  tapisseries  ont  donc ,  en  dehors  de  leur  mérite  intrin- 
sèque bien  réel ,  colui  du  souvenir. 

C'est  une  chose  bien  digde  de  nos  respects ,  Messieurs  ,  que  le  souve- 
nir. L'histoire  n'est-elle  pas  là  tout  entière  ?  Ne  s'alimente-t-elle  pas  de 
tous  les  souvenirs  du  passe?  N'est-ce  pas  parce  que,  de  nos  jours,  on  fi^it 
trpp  bon  marche  du  riche  héritage  que  nous  avaient  légué  nos  pères , 
qu'on  abdique  tout  respeict  pour  un  passe  qu'on  ne  compr0nd  plus  ?  Les 
monumeiuts  que  les  sièdes  nous  avaient  tr^nsmis,  nous  npus  plaisons  à 
les  renverser  comme  un  enfant  s'ampse  à  déchlrer  ses  titres  de  noble^ 
^  a  délruire  les  portraits  d^  ies  aieux. 

Nou^  sommes  beureux  de  pouvoir  afflrcper  qua»  les.  tapisseries  de  Safnt- 


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—  444  — 

Eti6DD6  D'oDt  rìoD  à  craiodre  de  cet  oubll  des  souvenirs.  Les  membres 
actuels  de  la  Fabrìque^  avec  cette  délicatesse  de  tact,  cet  amoar  des 
arts  et  cette  intelligeDce  qai  les  distiogue ,  n'ont  pas  ea  de  peine  à  com- 
preodre  combien  cette  partie  do  trésor ,  hélas  t  bien  appauvri ,  de  la 
Métropole,  était  digne  de  lear  sollicitode,  et,  eo  demaodant  à  la  Société 
archéologiqae  le  coDcoors  de  ses  lumières ,  ils  ont  moins  agi  avec  Tìd- 
tentioD  arrétée  de  se  défaire  de  ces  objels  si  précieai  que  poar  s'eocou- 
rager  à  s'imposer  des  sacriflces ,  peot-étre  ODéreax ,  afin  de  conserver  et 
de  restaorer,  si  c'est  possible  y  ^s  admirables  tapisseries. 

Ils  ODt  compris,  d'ailleurs,  qae,  daos  le  Qas  où  la  Fabrique  se  serait 
eroe  dans  la  pénible  nécessité  de  vendre  à  des  brocanteors  ces  respecta- 
bles  témoins  de  la  piété  géoéreose  de  dos  pères ,  elle  n'aurait  jamais  pn 
espérer  d'eo  retirer  qae  des  sommes  insigpiflaDtes ,  et  que,  surtoat,  il 
lui  eftt  été  impossible,  méme  en  y  consacraut  des  sommes  considérables, 
de  remplacer  ces  chefs-d'oeuvre  de  nos  aocieus  haute-lissenrs  par  les  pro- 
duits  seulement  veloutés  de  nolre  industrie  moderne.  L'art  vrai^  la  poesie 
du  beau  entrent  pour  peu  de  ehose  dans  les  oeuvres  écloses  au  sein  de 
nos  manufactures  modernes ,  si  l'on  en  excepte  la  manufacture  des 
Gobelins. 

Aussi ,  Messieurs ,  la  fabrique  de  Saint-Etienne  ne  veut  pas  vendre 
ces  vieilles  tapisseries  ;  elle  alme  mieux  les  restaurer  et  offrir  ainsi  un 
bel  exemple,  venu  d'assez  haut  pour  étre  utile,  de  son  respect  pour  les 
choses  du  passe,  de  son  amour  éclairé  de  Tart  chrétien  et  du  eulte  pieux 
dont  elle  entoure  le  souvenir  de  ceux  qui  lui  firent  du  bien. 

L'abbé  M.-B.  CARRIÈRE. 


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TABLE  DES  MATIÈRES 

GONTENUES  DANS  LE  TOME  II. 


LISTE  DES  FONDATEURS  DE  LA  SOCIÉTÉ  ,  telle  qu'elle  est  consignée  dans  le  procès-verbal 

de  la  s^ance  de  son  institution  du  2  juin  1831 ••••         v 

TABLEAU  DES  MEMBRES  aUl  CONSTITUEUT  LA  SOCIÉTÉ   AU  f  JANVIER  I87S i   •         TI 

LISTE  DES  MEMBRES  DÉCÉDÉS  dans  le  cours  des  années  1865  à  1872 z 

TABLEAU  DES  80CIÉTÉS  SAVANTES  avec  lesquelles  la  Société  archéologique  du  midi  de  la 

France  correspond ••••••       zo 

ÉLOOE  DE  M.  AUGUSTE  D*ALDÉQUIER,  par  M.  Cazb,  président»  lu  à  la  séai^ce  dereptrée  du 

20  novembre  1866 ' 1 

FRAQMENTS  HISTORiaUES  CONCERNANT  LA  VILLE  DE  BUZET.  Descrìpt^on  de  «on  ^1Ì8^ ;  par 

M.  le  chanoine  Auguste  Massol,  membre  résidaut 4 

ANTiauiTÉS  DU  SAHARA  ALGÉRIEN  .  par  M.  le  I^  Armucux  ,  médecin  principal ,  membre 

résidant « •••       20 

SAINT-SULPICE  DE  LA  POINTE.  —  San  SompleH»  castrum  sancii  Sulpieii,  par  M.  Antoine  Du 

BouRG,  membre  résidant 21 

RECHERCHES  SUR  UHISTOIRE  DE  LA  NUMISMATiaUE  DES  ATACINS,  parM.  le  docteor  L.  A. 

BuzAiiuBS,  de  Limoux,  membre  correspondant •••••       4S 

STATUETTE  HUMAINE  TROUVÉE  DANS  UNE  CAVERNE  DU  ROUERQUE,  par  M.  le  COmte  F.  DB 

SAMBUCY-LuzBNpoN,  membre  résidant •••••        S4 

LMMPRIMERIE  A  TOULOUSE  AUX  XV*,  XVI*  ET  XVII*  SIÈCLES.  —  Première  partie.  Catalogne' 

raisonnédes  livrea  imprimésau  quinzième  siècle,  parM.  le  docteurDBSBARRBAUX-BBRifjUiD, 

membre  résidant 57 

MÉLANQES  ARCHÉOLOQiaUES.   —  80UVENIR8    D'UN  VOYAQE  DE    aUELttUES    HEURES»  par 

M.  l'abbé  M.-B.  Carribre  membre  résidant 125 

L'ANCIEN  PONT  DE  MURET  SUR  LA  QARONNE.  par  M.  Victor  FoNS,  juge  au  tribunal  civil  de 

Toulouse.  membre  résidant •   '  1S5 

ARCHÉO-QÉOLOQIE.  par  M.  lecomte  F.  de  SAMBUCY-LuzENgoN ,  membre  résidant 150 

ÉLOOE  DE  M.  LE  VICOMTE  DE  LAPA88E,  secrétaire  general  de  la  Seciété  archéologique  du 

midi  de  la  France,  par  M.  Tabbé  M.-B.  CarriArb,  secrétaire-adjoint 15S 

ÉCOLE,  SOCIÉTÉ  ET  ACADÉMIE  DES  BEAUX-ARTS  DE  TOULOUSE.  par  M.  F.  PaOÈS,  membre 

résidant.  .  , 166 

NOTICfi  NÉCROLOQiaUE  SUR  M.  FOURNALÈS,  MEMBRE  RÉSIDANT,  par  M.  L.  BuNBL,  mem- 
bre résidant • •  .  •  •      181 

RAPPORT  DE  LA  COMMISSION  NOMMÉE   PAR  LA  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOQIOUE  DU  MIDI  DE    LA 

FRANGE,  A  L*0CCASI0N  DU  PROJET  DE  RECONSTRUCTION  DU    CAPITOLE.   •   # •       185 


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—  4U  — 

NOTICE  HISTORIQUE  SUR  UACADÉMIE  D*ÉQUITATION  DE  T0UL0U8E,  par  M.  le  OOlouei  de 
Chanal,  membre  résidant 191 

MONOQRAPHIE  DE  LA  CATHÉDRALE  D*URQEL,  EN  CATALOGNE,  par  M.  l'abbélf.-B.  CarribRB, 
membre  résidant 211 

DE8  MÉDAILLE8  QAUL018ES,  ROMMNCS  ET  DU  HMTEN  AÌE  TRDUVÉEt  A  N 0NTAN8  ,  par 
M.  RossiftNOL,  membre  correspondant ; 226 

CHARTE  DE  CHARLE8  LE  CHAUVE  EN  FAVEUR  DE  UÉQLI8E  DE  SAINT-ETIENNE  ET  DE  SAINT- 
JACQUES ,  ET  DES  MONASTÈRES  DE  NOTRE-DAHE  ET  D£  SlMUT-SERNIN  DE  TOULOUSE, 
par  M.  G.  Caussé,  conseiller  à  la  Gour  de  Toulouse,  membre  résidaat 231 

LE  FAUBOURQ  8AINT-CYPRIEN  ET  UÉQLI8E  SAINT-NICOLAS,  par  M.  Louis  BUMBL ,  avocat, 
membre  résidant 243 

ÉTUDE  SUR  LES  DOLIIENS  DU  DÉPARTEMENT  DE  LA  LOZÈRE,  par  ÌL  L.  de  MalaFOSSB,  mem- 
bro résidant 262 

ÉTUDE  SUR  L'ÉQLISE  JADIS  COLLEGIALE  DE  SAINT-GAUDENS,  par  M.  J.-P.-M.  MORBL,  mem- 
bre correspondant..  .  • • 287 

ÉLOQE  DC  M.  LE  DOCTEUR  BESSIÈRES,  par  M.  le  docteur  Jakot,  membre  résidant.  <  •  .  .      31K^' 

GÀRIDECH.  —  GARiCODECmuM,  GARiDECHiu»,  par  M.  Antoine  Du  BouR«,  membre  résidìant.      315 

LE  PRIEURÉ  D'UttAC  (AmÉGE),  par  M.  fabbé  AuTiBBR»  cure  dtJnac,  laoréat  de  ka^  Soelété 
archéologique  du  midi  de  la  Franco ....•.•*.••      Mfc 

INSCRIPT10NS  LATINCS,  par  M.  l'abbé  M.-B.  Gaerièrb,  directeor  de  la  Soeiété. Wl 

DI8C0URS  DB  RENTRÉE  ;  prononcé  par  M.  Tabbé  Garrièkb  ,  directeur,  à  la  séance  da  22  no- 
vembre 1870  •  .  •  .  • • •      367 

RÉSIDENCES  HISTORIQUE»  DE  L*ALBlGEOlS,  par  M.  le  comte  de  ToiJLOusB-L^iTTRBC,  membre 
résidant.  .••.•• «      379^ 

MONNAiES  mÉDiTES'De  lA PROVINCE  D€  LANQUCDOC,  par  M.  Ghalahdb,  membro  résidant*      388 

TAPiSSERie»  DE  SAim-ÉTiCNNE ,  par  M.  l'abbé  M.-6.  GARaiJteB ,  dk«i3t«ur  de  la  Société.  .     9S^ 


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É6LISE    DE    SAINT-SULPICE-DE-LA-POINTE. 


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ANCiEN     TRIPTYQUE     TRAriSFORMÉ     EN     TABERN&CLE 
(Eglise  de  Sainl-Suipicp.) 


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u- 


ANCIEN    TRIPTYQUE    TRANSFORMÉ    EN    TAiEMACLE 
(BgttM  de  SaiBt-8ulple«.) 


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Haiionne 

hxkwkCataìi) 


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W2 


EXTRAITES  DE 

imCMUkmE  pf^ncheVJIIW.Ì.  s.LELEWEC  pMche I  fl2 

2.B0UDARD pknckXXm  6.LELEWEL pkncklll  W.ìì 

3BOUDARD pJmcheXXXim,  7LAGOY planchel  W.ì 

4LORÌCH .pknckXXIVM 


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STATUETTE    EN    JAIS 


Trouvée  dant  une  eaverne  du  Lame  panni  det  hacbes  en  serpentine  et  dea  eouteaux  en  sllex ,  de  l'&ge  de  plerre. 


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PL.l. 


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ng.5. 


n^.7. 


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PL.8. 


fOÌiOÀi. 

Stìiwcmt  parlamenti  oni  noflrf 
itgie  per  qué  (nla5  oea  curie  rap2eme 
panamemitodud  regni  franderegu 
tur  t  gubefnlmr  ac  Domini  oflmanii 
cnrialea  eittfdem  fèiitm  a  magiilro 
iSutUermo  oe  brolio.féliciter  mc^t. 

Soniam  ^miiuiiii  menunta  labh 

li0  eft  ptiio4if  do.luj«£.ft  IIU1102 

fé  ma.Di.cuin  mntUbua.^Deftilo 

curie  Francie  paucarepenutìir*  j^ 

t)idU0  (ltlu0  quaiido(^Dùier(ìficatua  fuicid^ 

pauca  t)eipro  tnl^clibcUocomptlduictcttin 

mainmaoùierfificationeeicpertozum  iii  curia  t 

mueHtfiicaco^um.  ec  maiamo  laboie  ad  mecum 

fubcilr cautela  a^plicauu  J^r  tpfa  perepenipla 

craddn^vtficuouopo2teatfLali(iuidin  t)ubù^ 

rettocetunufi  adrq^^ucune  recurreread^ 

De  cu  De  nouo.j6tDe  offi.Dele.c.leX 

'Bt  mo  et  gelln  aduocatcxi:  .cp^imu 

obeat  aduocatu^  modu  t  ^dhim  mati^ 
cum  niUu  lete  moderate  fit  l^umtb'tf  r  cu 
rìali0  ^m  flatum  fuum  receuta  lameo  aucto:ita 
tcfiatud  fuirelrenet  motum  animi  fui  ab  rta 
cumparte^tediabuiu  eump^eninw)  eloquio, 
fdaltaaquoquomodo  tudruacea^  neeu5one 

a  .j* 


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laàbavttnttMwe^         '^ 


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Pl.9. 


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0,  35 


•EGLISE  DE  BEAUMONT  DE  LEZAT 
Vue  el  Fra§men1s . 


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CROIX  CONSERVEES  A  LAGARDELLE 


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TOMBEAU  O'HONOR  OE  OURFORT    —  (A  9}100.) 


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NM    Rcio^nc    Ac   V^npitìn    Vnn\   rio    Mnppt 


Avant  Juin  1BS6. 


N*2. 
Armoines  4t  Murel 


(faC'Simtt^   ^ttn.  ^Un  i^  fX^J 


N"3. 

Armoiries 
jp.  MmiVp.sniiip.il  -'\JnWeslre 


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PL,  S. 


Legende 

1.1?  Chambre. 
2.2!  Chambre. 
5-3.    Chambre. 

4 


4 
4 


Ouverl 


ui-cs . 


fàistiie  ea  couloir 
et   cachelte. 


^  TlordL 


h+«*- 


3  "*•' 


•tre» 


ècktllt'    <t        foo 


PLAN    D'UNE  HABITATION  TROG-LODYTIQUE, 


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PL.5, 


5  rèa. 


5r 


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A  -.  Petit  Nudéus.  de  face  et  de  coté  (5ilex) 

B  -.  05  a^lutiaés:  (fra^meat  de  Pkalau^e^  de  doi^t  huinaiii?] 

C  ^  Couteaux  eii  5ilex  . 

D  «  Poiiites de  Flèches. en  5jÌex . 

L-  Petite  pointe.barbelèe  eii  forme  d«  5cie. 


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Uilhie.ik/. 


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DOLMENSDE  LALOZBRE. 


Ctraìiiéc.dsl. 


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Eiéva^ion  de  l'Abside.al'exlei'ieur 
ÉGLISE  DE  S^  GAUDENS . 


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É&LISE    D'UNAC 

(Ariège.) 


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