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MÉMOIRES
DE LA SOCIÉTÉ
DE L'HISTOIRE DE PARIS
ET DE L'ILE-DE-FRANCE.
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IMPRIMERIE G. DAUPELEY-GOUVERNEUR
A NOGBNT-LE-ROTROU.
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MÉMOIRES
DE LA SOCIÉTÉ
DE
L'HISTOIRE DE PARIS
ET DE
L'ILE-DE-FRANCE
TOME XI
(1884)
A PARIS
Chez H. CHAMPION
Libraire de la Société de l'Histoire de Paris
Quai Malaquais, i5
i885
+
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CHRONIQUE PARISIENNE
ANONYME
^DE 1316 A 1339
PRÉCÉDÉE
D'ADDITIONS A LA CHRONIQUE FRANÇAISE
DITE DE GUILLAUME DE NANGIS
(i2o6-i3i6].
INTRODUCTION.
Le document que nou9 publions n'est pas seulement inédit ; il était,
de plus, resté jusqu'alors complètement ignoré, bien que l'existence
du manuscrit de Rouen qui nous Ta conservé fût parfaitement
connue.
Trompé par Tintitulé d'une chronique dont ce document semblait
faire partie intégrante, nous avions cru tout d'abord n'avoir sous les
yeux qu'un des nombreux exemplaires de la rédaction développée de
la Chronique française dite de Guillaume de Nangis < ; des recherches
entreprises au sujet des joutes solennelles de i33o nous ont mis sur
la trace de la vérité. Ces Routes entre les bourgeois de Paris et ceux
de Rouen et autres bonnes villes n'avaient été signalées par aucun
écrivain moderne, et l'existence de semblables fêtes était inconnue à
plusieurs savants que nous avions consultés ; il importait de savoir
si les manuscrits de la Chronique française quo possède la Bibliothèque
I. Voir une notice de M. L. Delisle dans les Mémoires de V Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres^ t. XXVII, 2* partie, p. 34a et suivantes.
uéu, XI I
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2 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
nationale ne pourraient pas fournir des variantes intéressantes ; exa-
men fait, nous acquîmes la preuve qu'aucun d'eux ne renfermait le
récit des joutes de 1 33o, non plus que celui des joutes de 1 3o5 et de 1 33 1 .
Ce premier résultat nous engagea à vérifier s'il en était de même
pour un certain nombre de faits, relatifs à l'histoire de Paris, qu'avaient
omis les Grandes Chroniques de Saint-Denis, les seules que nous
eussions à notre disposition comme terme de comparaison. Cette
vérification, faite obligeamment par M. Deprez, bibliothécaire au
département des manuscrits, d'après une copie partielle fournie par
nous, eut la même issue que nos recherches sur les joutes.
Enfin, après avoir constaté par nous-même que, pour la période de
i3i6 à 1339, le manuscrit de Rouen présentait une rédaction entiè-
rement originale et complètement distincte de la Chronique française^
nous avons, sur l'insistance bienveillante de M. L. Delisle, entrepris
cette édition, que nous espérons, n'ayant pas su la faire savante,
donner tout au moins rigoureusement exacte.
L
Le manuscrit auquel nous avons feit allusion est unique. Il est
conservé à la Bibliothèque municipale de Rouen, où il est catalogué,
avec le seul titre ô^ Histoire universelle^ sous le n* 56 de la série Y,
ancien fonds.
C'est un in-folio de 39 centimètres de haut sur 28 centimètres de
large ; il a conservé son ancienne reliure en bois recouvert de par-
chemin, mais il a perdu ses fermoirs et ses coins, dont il ne reste plus
que les traces. Il se compose de 195 folios non numérotés, écrits à
. longues lignes, en écriture cursive du xv* siècle, avec initiales et
titres à l'encre rouge et avec majuscules courantes rehaussées de
jaune.
Ces 195 folios forment quatorze cahiers composés chacun de six
feuilles de papier (moins le dernier, qui l'est de six feuilles et demie)
encartées dans quatorze feuilles de parchemin. Ils sont écrits en
entier, sauf le verso du dernier feuillet de papier qui est resté en
blanc, et sauf le premier feuillet de la première feuille de parchemin
et le second feuillet de la dernière, qui servent de gardes.
Les feuillets 119, 120 et 121, d'abord enlevés au moyen d'un ins-
trument tranchant, ont été rétablis à leur première place à l'aide de
bandes de papier collées. Quelques-unes de leurs marges sont rognées,
mais le texte est demeuré intact.
Le papier, vergé, du manuscrit porte pour filigrane le plus souvent
le globe du monde surmonté de la croix et parfois une feuille de
trèfle.
Le ms. Y. 56 provient de la célèbre abbaye de Saint-Wandrille, où
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INTRODUCTION. 3
il était catalogué sous le n* 24, comme nous rapprennent deux men-
tions inscrites Tune au verso du premier feuillet de garde et l'autre
en tête du premier folio de texte :
Il se termine par ce vers, forgé par quelque copiste altéré du moyen
âge:
Explicit koe totum ; fropena da michi potum^
et par la mention suivante, qui nous fournit le nom du transcripteur,
le lieu et la date de la transcription : « Cest livre a fait faire et
cscripre domp Jehan de Brametot, abbé de Saint- Wandrille, par la
main par {sic) Jehan Raveneau, religieux de la dicte abbaye, Tan Mil
iiij« Ixvij. »
Cette mention, qui émanait du copiste même du manuscrit, a été
biffée, puis reproduite au-dessous, moins les mots par la mairty et
avec addition du mot frère devant le nom de Jehan Raveneau, nom
que l'on a fait suivre de son titre nouveau de prieur de Marcoussis.
ff Frère Guillaume La Vieille, » auteur de cette nouvelle mention,
et dont le nom a été intercalé, notamment aux f" 24 et 48, comme
étant celui du propriétaire du manuscrit, fut pareillement « religieux
de Saint-Wandrille et prieur de Saint -Wandrille de Marcoussis et de
Saint- Wandrille de Milleboz, près Gamaches. »
Outre divers fragments hagiologiques qui nous ont conduit à sup-
poser, comme nous l'avons dit ailleurs ^, que le manuscrit ou les
manuscrits copiés par Raveneau provenaient de l'abbaye de Saint-
Denys, le manuscrit de Rouen renferme plusieurs documents histo-
riques, dont les deux principaux sont : la Chronique française dite
de G. de Nangis, augmentée de l'œuvre que nous publions (du
f* 67 V*, 24* ligne, au f 1 56 r*, 42* et avant-dernière ligne), et la C/rro-
nique de Rains^ publiée, d'après d'autres manuscrits*, par M. N. de
Wailly, sous le titre de Récits d'un ménestrel de Reims au XIII* siècle
(du f 1 57 r% i" ligne, à la 46« et dernière ligne du f 178 r*).
Le début de la Chronique française dans notre manuscrit se lit aussi
au commeçcement de la plupart de ceux que possède la Bibliothèque
nationale : « Icy commenchent les croniques des gestes royaulx et
franchoises. — Pour ce que mont de gens et mesmes les baux
hommes et les nobles, qui souvent viengnent en l'église monsei-
gneur Saint-Denis de France, a [où] grant partie des vaillans roys de
France gisent en sépulture, désirent acongnoistre la naissance et la
descendue de leur très noble generacion et les merveilleux faiz qui
sont ùAz et racontez par maintes terres des devant dis roys de France,
Je Guillaume de Nange [Nangis], moygne de la dicte abbaie de
i. Remse des Sociétés sapantes, 1882, VI, p. 33o-338.
a. Od trouve encore un extrait de la Chronique de Rains, du fol. 76 v«
au fol. 80 r, dans le ms. 6027 dont il sera parlé plus loin.
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4 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
Saint-Denis, ay translaté de latin en franchois, en la requeste de
bonnes gens, ce que j'avoie autrefois fait en latin selon la fourme
d'un arbre de la generacion des diz roys, pour que ceux qui latin
n'entendent puissent sçavoir et congnoistre donc si noble gent et si
vertueuse lignie vint et descendit »
Du f» 88 v* au f^ 1 24 r* du manuscrit de Rouen, sont intercalés
les passages qui forment la première partie de notre publication.
A la 44* ligne du f* 124 r®, commence, après le premier paragraphe
de notre seconde partie, la chronique originale que nous avons eu
la bonne fortune de découvrir, et elle se continue jusqu'au f* i56 r*.
Le manuscrit de Raveneau n'est pas exempt de fautes et il renferme
quelques bourdons ; mais il paraît avoir été copié sans altération
volontaire du texte original, sauf pour un mot sans importance et
sauf peut-être aussi quant à l'orthographe. Malheureusement le reli-
gieux de Saint- Wandrille n'a eu à sa disposition ni le manuscrit pri-
mitif ni même une des premières copies de ce manuscrit, ce que
démontrent certaines interpolations et transpositions que nous signa-
lerons en note ; et néanmoins l'étude que nous avons faite du ms. Y. 56
nous a convaincu qu'en supprimant les unes et réparant les autres, on
rendrait à l'œuvre du chroniqueur, à fort peu de chose près, sa phy-
sionomie originelle.
Comme nous l'avons dit, le manuscrit de Rouen est unique, ce qui
le rend d'autant plus précieux, mais ce qui, par contre, empêche
l'établissement d'un texte critique, les éléments de contrôle et de
comparaison faisant défaut.
Il est pourtant un autre document qui paraîtrait devoir fournir
quelques-uns de ces éléments : c'est le manuscrit 5027 du fonds latin
de la Bibliothèque nationale (autrefois 45o3. 3, auparavant 567 de
Baluze), dont certains extraits ont été imprimés, sous le titre de
Chronique anonyme finissant en i383^ dans le tome XXI des Histo^
riens des Gaules et de la Francey pp. 142 à 145. Le transcripteur de
ce document a eu certainement entre les mains un manuscrit de la
même famille que celui copié par Raveneau ; mais, au lieu de con-
server intégralement, comme l'a fait celui-ci, le texte de son modèle,
il en a supprimé un grand nombre de passages (et non des moins
intéressants), et, quant aux autres, il les a plutôt résumés que repro-
duits. Aussi le ms. B (c'est ainsi que nous désignerons dorénavant
le ms. 5027, de même que nous appliquerons la lettre A au ms. Y. 56),
aussi le ms. B, disons-nous, ne nous a-t-il procuré que quelques
variantes sans grande importance, et n'y retrouve-t-on (encore sont-
I. On sait que Guillaume de Nangis mourut vers i3oo; par conséquent,
toute la partie postérieure des chroniques qui portent son nom est l'œuvre
de continuateurs inconnus qui se sont couverts de ce nom.
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INTRODUCTION. 5
ils très abrégés) qu'un peu moins du tiers des paragraphes de notre
édition; ce sont, rangés dans Tordre suivant, les paragraphes II, III,
IV, V, VII, VIII, /X*, X, XII, XIV, XV, XVII, XVIII et XXI, - 4,
5, 11, i3, i5, 17, 7^, 21, 22, 24^ 3o, 35,36, 4^,4^, 4^,49, 33, 63,
67, 77, 78, 81, 83, 82, 88, 89, 90, 119, 127, J28, 12g, i3o, i36,
7^7, i3g, i4jy 142, 145, 147, 148, 143, 144, 14g, i5o, j52, i54,
i55, i56, 157, i58, 160, 1649 ^^^1 ^^7> ^^^1 ^70^ 16g, 1^3, 1^4,
175, 176, 178, 179, 180, 181, 182, 184, 186, 188, 189, 201, 2o3, 206,
208, 212, 2i3, 214, 228, 23o, 234, 240, 270, 237, 238, 239, 273, 274,
275, 290, 291, 295 et 3i32.
IL
L'histoire de Paris tient une grande place dans l'œuvre de notre
auteur, et il ouvrira maintenant la série des chroniqueurs parisiens ',
qui jusqu'ici ne commençait qu'au xv* siècle. Nous lui devrons la
connaissance de bon nombre de faits nouveaux, en même temps que
de précieux renseignements sur l'état social et les mœurs au com-
mencement du xiv<> siècle, sur la bourgeoisie et sur les commerçants
parisiens en particulier.
Mais si l'histoire locale, surtout, est appelée à profiter des lumières
inattendues qu'apporte notre chronique, l'histoire générale de la
France et de ses institutions ne laissera pas d'y puiser d'utiles indi-
cations ; et de même peut-être l'histoire littéraire.
Nous ne relèverons pas ici les points qui méritent de fixer l'atten-
tion du lecteur; un coup d'œil jeté sur la table analytique des
matières suffira pour l'édifier à cet égard.
III.
Notre chroniqueur ne s'est pas borné à raconter les événements
concernant directement la France. Si, pour l'Allemagne, l'Espagne
1 . Les nombres imprimés ici en italiques désignent les paragraphes que
les éditeurs du tome XXI des Historiens de la France ont publiés en tout ou
partie d'après le ms. B (ce manuscrit est un de ceux dont des fragments
existent dans la collection Barrois ; BibL de l'École des Chartes^ 1869,
p. 212, note de M. L. Delisle). A partir de xBSg, le ms. B suit de nouveau
la Chronique française de Nangis^ telle qu'on la lit dans les autres mss. de
la Bibliothèque nationale (et non les Grandes Chroniques, car, par exemple,
il rapporte à l'année 1840 l'érection de la seigneurie d'Harcourt en comté,
érection que les Grandes Chroniques relatent sous l'année i338).
2. Ms. B : du fol. 80 r« au fol. 85 r% pour les paragraphes II à XXI; du
fol. &6 r«, ligne 16, au fol. 89 v% ligne 3o, pour les paragraphes 4 à 3i3.
3. Ayant écrit en français; — car M. L. Delisle a signalé, en 1877, ^^^
chronique parisienne latine du xixx* siècle {Mémoires de la Société de
VHistoire de Paris, t. IV, p. 184).
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6 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
et ritaiie, il n'a réuni que des renseignements très sommaires et peu
précis en général, si, pour la « Terre sainte d'oultre mer, » il n'a
guère recueilli que des légendes, il a su se procurer, sur Thistoire
intérieure de TAngleterre et de T Ecosse, principalement à partir
de i32i, des données qui, dans leur précision et leurs développe-
ments (supérieurs à ceux des Grandes Chroniques), sont dignes
d'attention et d'examen.
Il a eu certainement sous les yeux, comme il le déclare d'ailleurs
lui-même, des chroniques anglaises originales, et c'est dans ces
chroniques qu'il a puisé le récit rétrospectif des luttes auxquelles
donnèrent naissance la question de suzeraineté, puis la conquête de
rÉcosse. Mais, à partir de i32i, il a dû, de plus, s'appuyer sur les
témoignages oraux des Anglais qui fréquentaient la cour de France
ou que les alternatives de succès et de revers forçaient, après les
révoltes tentées contre Edouard II, à se réfugier de ce côté-ci du
détroit. Ces témoignages, variables selon que tel ou tel parti était
vaincu, expliquent, par exemple, comment, après avoir condamné les
trahisons de Thomas de Lancastre, le chroniqueur en est venu à se
déjuger en représentant implicitement son exécution comme un
crime digne de vengeance ; ils expliquent aussi la sévérité des juge-
ments qu'il a portés contre Ysabel, reine d'Angleterre, sévérité qui
tranche singulièrement avec l'indulgence du Continuateur de Nangis.
Nous aurions voulu rechercher quelles sont ces chroniques contem-
poraines que notre auteur a compulsées ou dont il a même pu con-
naître les rédacteurs. Mais, si intéressant que fût cet examen, nous
avons dû y renoncer, faute de documents à notre portée, et lious
nous contentons, bien malgré nous, de le signaler à la curiosité des
érudits.
IV.
Notre chroniqueur a gardé l'anonyme, et, comme on le verra, il a
tenu, jusqu'à la fin, à laisser croire à ses lecteurs qu'il ne faisait
qu'un avec l'auteur de la Chronique française de Nangis K Le succès
de cette innocente supercherie dut encore être facilité par l'imitation
du style de la même chronique, imitation à laquelle il fut amené sans
doute, moins par l'admiration (que ce style ne mérite guère) que par
la paresse, l'inexpérience, et un sentiment de défiance de soi-même.
Expressions, phrases, alinéas même presque tout entiers, sont si
I. Ainsi, chaque fois qu'il rappelle un événement d'une date antérieure
à i3oo, époque où il n'avait pas encore commencé à écrire, il se sert de
ces formules c si comme nous avons dit devant i, c pour les causes que
nous avons dist es ans... i Nous avons rejeté en note ces formules qui ren-
voyaient à des faits qu'exclut le cadre de notre publication.
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ÎNTROimCnON. 7
souvent empruntes par lui à son modèle ^ que, si ces emprunts ne
remontaient pas trop haut dans la Chronique firançmse^ on serut
tenté de conclure de l'identité du style à l'identité de la personne du
rédacteur de Tune et l'autre chronique.
Puisque nous devons nous résigner à ignorer le nom de notre
chroniqueur parisien, serait-il impossible de découvrir au moins
quels étaient sa condition sociale, le lieu et le temps où il a écrit ?
C'est à partir de l'expédition dirigée par le régent Philippe, comte
de Poitiers, contre Robert d'Artois, en octobre i3i6, que l'auteur,
— qui avait débuté en intercalant, dans sa copie de la Chronique
française^ quelques faits puisés à d'autres sources et, pour ceux pos-
térieurs à 1297, dans ses souvenirs personnes, a laissé de côté le
manuscrit 3 qu'il avait suivi jusque-là, et a fait œuvre complètement
originale jusqu'au moment où il a cessé subitement d'écrire, c'est-à-
dire dans la seconde moitié de l'année 1 3 39.
Jusqu'en 1339 au moins, il eut, sinon son domicile unique, tout au
moins sa résidence habituelle à Saint-Denis', où il occupait peut-
être quelque fonction relevant de l'abbaye de ce nom. Aussi, en 1 3 14,
note-t-il que la sentence d'excommunication portée contre les Fla-
mands fut affichée dans l'église de cette même abbaye; en 1 3 19, il
rapporte que l'abbé de Saint-Denis triompha de ses moines dans une
action intentée par eux devant le pape (ces deux premiers faits, omis
par le continuateur de Nangis, moine de Saint-Denis, comme par le
rédacteur des Grandes Chroniques^ ne sont relatés que par notre
auteur); en j323, racontant l'entrée solennelle de Charles le Bel et
de Marie de Luxembourg à Paris, il écrit que les bourgeois et les
métiers vinrent (et non pas allèrent) de Paris* au devant du roi et de
la reine jusque bien près du champ de Lendit^ qui était situé vers
Saint-Denis; en 1329, lorsqu'il rapporte un vol sacrilège commis à
Paris dans l'église Saint-Gervais, c'est en ceste ville de Saint*'Denys^
écrit-0, que le coupable emporta et tenta de vendre le calice soustrait
par lui.
En i33o, sa résidence fut sans doute définitivement transférée à
Paris, car, après i329, non seulement il ne cite plus un seul fait
1. Nous avons signalé en note les principaux exemples; mais nous aurions
pu multiplier beaucoup ces rapprochements de textes.
2. Peut-être aussi ce manuscrit s'arrêtait-il à cette même époque d'oc-
tobre i3i6, car, de ce moment jusqu'à Tannée i322y la Chronique frati'
çaise n'est qu'un extrait littéral des Grandes Chroniques.
3. Ce qui ne l'empêchait pas d'assister à Paris aux exécutions criminelles,
qu'il raconte en témoin oculaire.
4. Remarquer que ces mots de Paris ont été ajoutés par lui au récit plus
ancien qu'il copiait comme style.
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8 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
concernant spécialement la ville ou l'abbaye de Saint-Denis, mais son
récit des joutes solennelles est d'un habitant de Paris : pour lui,
Renier Le Flamenc est notre roi Priam.
Cette dernière expression nous autoriserait même à croire qu'il
appartenait à la bourgeoisie parisienne ; toutefois cet indice ne laisse
pas d'être contre-balancé par le soin que prend le chroniqueur de
mentionner toujours la présence du menu peuple aux fêtes et aux pré-
dications, aussi bien qu'aux supplices (à propos de l'émeute de 1 3o7,
il va même jusqu'à citer les noms des petites gens qui furent pendus),
par certains détails favorables aux Pastoureaux, etc.
Son indignation contre les prévôts de Paris, Le Jumiaux et Loncle,
qui avaient osé violer les privilèges des clercs et des écoliers de
l'Université, montre que lui-même avait droit ou avait eu droit à ces
privilèges. On doit supposer, au reste, qu'il n'était que simple ton-
suré, car les études théologiques les plus élémentaires lui auraient
évité de commettre certaines inadvertances, par exemple de qualifier
saint Laurent d! apôtre et la fête de la Trinité de Trinité Notre Sei-
gneur*, inadvertances qu'on ne saurait attribuer à Jehan Raveneau
sans faire injure à celui-ci et dont la reproduction fait honneur, au
contraire, à sa fidélité de copiste.
La foi à la sorcellerie et aux miracles les plus apocryphes était si
générale au moyen âge qu'on ne saurait tirer aucune induction de la
crédulité du chroniqueur sur ces deux points.
Il est certain qu'il appartenait, comme nous dirions aujourd'hui, au
monde judiciaire. Nous n'en voulons pour preuves que ses appels au
droit, au droit escript, c'est-à-dire au droit romain, base des doc-
trines des nouveaux juristes, sur lesquels s'appuyait l'absolutisme
royal 2, — sa transcription de diverses ordonnances, spécialement de
celle sur le payement des frais et dépens, — son exaspération à pro-
pos de la taille mise (pour la première fois, dit-il) sur les avocats et
procureurs, — sa connaissance de certaines pièces de procédure
criminelle, qu'il cite textuellement.
Ses fonctions d'avocat ou de procureur l'avaient mis sans doute en
relations suivies avec les Anglais établis ou résidant à Paris, car,
bien que les autres chroniqueurs français aient en général désap-
prouvé la spoliation de ces étrangers en i326, il n'en est pas un qui
ait flétri avec autant d'énergie et d'insistance les procédés fiscaux de
Charles le Bel, ni poursuivi de ses ressentiments l'un des inspirateurs
de la mesure, Jean de Cherchemont, au point de présenter en
quelque sorte sa mort subite comme un châtiment céleste. Aucun de
1. Voir paragraphes 21 et 22, XV et 34.
2. Voir surtout le paragraphe i56.
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INTRODUCTION. 9
ces chroniqueurs, non plus, n'a su nous apprendre, comme Ta fait
notre auteur, dans quelles proportions la confiscation avait atteint les
Anglais mariés à des Françaises et les Anglaises qui avaient épousé
des Français.
Les relations d'affaires auxquelles nous avons fait allusion ci-dessus
expliquent encore l'exactitude des récits de notre chroniqueur tou-
chant l'histoire contemporaine de l'Angleterre, et aussi, il faut bien
le dire, son antipathie pour les Écossais, son animosité ou son dédain ^
à l'égard de Charles, comte de Valois, adversaire ordinaire des Anglais
dès le temps de Philippe le Bel, et la défaveur avec laquelle il
accueille toute entreprise militaire dirigée contre eux ; en effet, tandis
qu'il exalte patriotiquement les succès remportés sur les Flamands,
il raconte froidement, sinon d'une manière hostile, toute heureuse
expédition, maritime ou terrestre, des Français contre les sujets du
roi d'Angleterre ; et il est remarquable qu'il n'ait pas trouvé un mot
pour désapprouver expressément les prétentions d'Edouard III à la
couronne de France.
Malgré ces considérations, qui pourraient faire tenir en suspicion
sur quelques points l'impartialité de notre auteur, son œuvre nous
paraît digne de faire presque constamment autorité pour les événe-
ments de la trop courte période qu'elle comprend, événements qu'il
semble avoir consignés par écrit au fur et à mesure qu'ils se produi-
saient ou, pour quelques-uns, tout au moins à une date fort rappro-
chée. On ne trouve pas, en effet, dans le ms. A, d'allusions à des faits
postérieurs à l'événement raconté, allusions qui ne manquent pas, au
contraire, dans le ms. B, reproduction tout à la fois moins complète
et moins fidèle du texte primitif. Notre conviction au sujet de la
valeur de la chronique publiée par nous sera, nous l'espérons, parta-
gée par le lecteur, quand il aura vérifié combien sont relativement
rares les erreurs certaines de l'auteur, même si l'on met à sa charge
celles dont ses copistes successifs sont seuls responsables, et com-
bien, en revanche, sont nombreux les faits racontés dont l'exactitude
est dès aujourd'hui démontrée.
Malheureusement, à l'avantage de combler en partie le vide pour
une période très pauvre en documents originaux, notre chronique ne
joint pas le mérite qui en aurait rendu la lecture attrayante, nous
voulons dire le style. Sans atteindre à la perfection d'un Joinville ou
d'un Froissart, l'auteur ^ aurait pu trouver matière à quelques récits
pittoresques et d'allure aisée comme ceux du chroniqueur des Quatre
premiers Valois, Loin de là : pour les combats singuliers par exemple,
même pour ceux auxquels il a assisté, il répète à satiété les mêmes
I. Voir notamment les paragraphes 64, 69 et i3i.
a. Il écrivait à peu près entre la mort de l'un et la naissance de l'autre.
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lO CHRONIQUE PARISIRNNE ANONYME.
formules ; et elles ne sont pas des plus heureuses. Deux fois seulement
il a tenté, non sans succès, de faire œuvre d'écrivain : malgré
l'incorrection et l'embarras du style, ses descriptions de la bataille de
Cassel et des joutes de i33o sont des pages colorées et vivantes. Mais
c'est là de sa part un effort exceptionnel ; presque toujours sa chro-
nique a le caractère de simples notes jetées avec indifférence sur le
papier. Tantôt le verbe manque, tantôt la phrase reste inachevée;
aussi est-il fort difficile parfois d'établir, pour le texte, une ponctua-
tion satisfaisante. Et cependant notre chronique, ne fût-ce que pour
nous avoir révélé certains mots de la langue usuelle et quelques accep-
tions nouvelles de certains autres, ne sera pas considérée, nous le
pensons, comme dénuée d'intérêt même au point de vue littéraire.
V.
Nous avons divisé notre publication en deux parties.
La première comprend les Additions à la Chronique française de
G, de NangiSy c'est-à-dire les passages, antérieurs à la seconde moitié
de Tannée i3i6, qui ne se rencontrent dans aucun des manuscrits^
de cette chronique existant à la Bibliothèque nationale, et spéciale-
ment dans le ms. Fr. 17267, que, grâce à l'autorisation de M. le
Ministre de l'Instruction publique, nous avons pu plus particulière-
ment étudier à Rouen, où il nous a été communiqué avec le ms. du
fonds latin 5027. A nos yeux, le style et l'esprit de ces passages, à
partir du paragraphe XIV inclus, prouvent qu'ils ont pour auteur le
même personnage que la seconde partie et qu'ils reposent, comme nous
l'avons déjà dit, sur des souvenirs personnels au chroniqueur. Quant
aux paragraphes I-XIII, qui n'offrent d'ailleurs qu'un intérêt restreint,
il a dû en puiser la matière à d'autres sources que nous n'avons pas
su découvrir.
La seconde partie, — sauf le paragraphe i", préambule nécessaire
emprunté à la Chronique française^ — est tout entière une œuvre
originale, à laquelle nous avons donné le titre de Chronique pari'
sienne^ que justifient le domicile, sinon même le lieu de naissance de
Tauteur, et surtout les nombreux faits d'histoire locale, qui ont été de
sa part l'objet d'une préoccupation toute particulière.
Dans le ms. A, le texte est divisé en alinéas généralement très longs
et dans lesquels sont souvent réunis des récits sans corrélation néces-
saire. Nous avons subdivisé, en conséquence, la plupart de ces ali-
néas en paragraphes distincts qui ont reçu une série de numéros, de
I à XXIII pour la première partie, et de i à 314 (y compris un
n* 172 bis) pour la deuxième. Seulement, afin de conserver la trace de
I. Sauf le ms. B.
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INTRODUCTION. 1 1
la division primitive, nous avons marqué d'un astérisque le commen-
cement de chaque alinéa du texte manuscrit.
Nous nous sommes cru autorisé, par les motifs expliqués dans la
note I du paragraphe 257, à modifier l'ordre dans lequel le ms. A
présentait les paragraphes 257 à 273. C'est là, avec Tintercalation de
quelques mots qui étaient faciles à suppléer et que nous avons signa-
lés par des crochets, et avec le rejet en note des quelques membres de
phrase dont nous avons parlé plus haut^, le seul changement que
nous nous soyons permis d'apporter au contexte du manuscrit ori-
ginal. Respectant scrupuleusement jusqu'à l'orthographe^ variable de
ce manuscrit, si défectueuse qu'elle soit parfois, nous n'avons pas
même tenté de rectifier ou de compléter les phrases les plus incor-
rectes ou les plus obscures, entreprise hasardeuse qui nous aurait
exposé à défigurer les idées du chroniqueur et la physionomie de son
œuvre.
Dans les notes qui accompagnent le texte, nous avons réuni les
éclaircissements et les justifications qui nous ont paru indispensables ;
ces notes confirment le plus souvent les dires du chroniqueur. A ceux
de nos lecteurs pour qui l'histoire de Paris est une histoire familière
et qui ont le loisir de consulter les nombreux documents originaux
dont se sont enrichies la Bibliothèque et les Archives nationales (docu-
ments dont quelques-uns seulement ont passé sous nos yeux), nous
laissons, à notre grand regret, le soin de compléter ces notes par des
recherches et des rapprochements instructifs, auxquels, nous n'en
doutons pas, la Chronique parisienne fournira ample matière.
Une table analytique termine notre publication. Nous y avons .
inséré quelques mots de notre vieille langue française, moins usités
que les autres, ou qui manquent dans les glossaires, ou dont la signi-
fication variable ou indécise pourra être éclaircie par l'emploi qu'en
a fait notre chroniqueur.
A. Hellot.
I. Note If p* 6 ci-dessus.
a. Il n'est peut-être pas inutile de faire remarquer spécialement que les
mots poinûr, povtât, freLideur, envoiàientf etc., sont orthographiés ainsi
dans le ms. A. Cest une des caractéristiques du dialecte parisien.
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12 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
PREMIÈRE PARTIE.
ADDITIONS A LA CHRONIQUE FRANÇAISE
DITE DE GUILLAUME DE NANGIS
(l206-l3l6).
I. — En cest an [m. ce. vj]^^, commencha l'ordre des Frères
Mineurs... (Fol. 88 v% 1. 3i.)
II. — Et en yceste mesmes année [m. ce. xvj]*, Tordre des
Frères Prescheurs* fut confermée... (Fol. 90 r^, 1. 40.)
III. — [m. ce. xxiiij.]' Icîl gentil et vaillant roy de France,
Philippe dist Auguste... fut enterré en Saint- Denis, devant le
maistre autel, .... et parla main Tarchevesque Guillaume de Jain-
ville^ de Rains, qui luy chanta la messe; et fut faicte à chacune
reposée* une croix où son image est figurée'*... (Fol. 91 v®, 1. 7.)
IV. — *Et après, en Tan de grâce m. ce. xxvj^ après mont
1. ~ I. On rapporte ordinairement à l'année 1209 la fondation par saint
François d'Assise de Tordre des Frères Mineurs, Franciscains ou Cordeliers.
II. — I. Ms. B : En Pan m. ije xv.
2. Fondé par saint Dominique et approuvé par le pape Honorius lU en
1216.
III. — I. Lire i223.
2. Guillaume de Joinville. Le ms. B ne le nomme pas, mais seulement
le légat du pape, Conrart, évêque de Poetrie (Conrad, évéque de Porto),
qui célébra, en effet, la messe en même temps que l'archevêque de Reims.
3. Ms. B : et en le portant de Paris à Saint-Denis, à chacune déposée. —
La Philippéide de Guill. le Breton (vers 606-611, Recueil des Historiens
des Gaules et de la France^ XVII, p. 281) ne parle que d'une croix, por-
tant seulement le nom du roi. — Notre paragraphe III est en partie la
reproduction presque textuelle du paragraphe 307 des Récits d'un Mènes-
trel de Reims au XIII* siècle. — Dans les divers mss. qui renferment la
Chronique française dite de G. de Nangis, manquent les mots c de Jain-
ville • et la phrase « et fut faicte figurée. »
4. Dans le ms. A, les mots c par la main • sont suivis de ceux-ci c aprez
lequel roy ainssi enterré, i qui se rapportent aux mots c Louys son filz, »
lesquels, après le mot c figurée, i commencent une nouvelle phrase.
rv. — I. Le 4 octobre. Il s'agit ici, comme dans le paragraphe VI, de
saint François d'Assise.
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PREMIÈRE PARTIE. l3
d^agreables fais à Dieu de mons. saint Franchoiz, clouistsonde»-
raîn jour... (Fol. 92 v*, 1. 34.)
V. — Et en ycest an [m. ce. xxx] \ saint Anthoyne *, de Tordre
des Frères Mineurs, clouist son desrain jour... (Fol. 94 r^^ 1. 38.)
VI. — Et en ycest [an m. ce. xx±] *y fut canonizé saint Fran-
choys... (Fol. 94 v% 1. 18.)
VII. — *Après, en Tan de grâce ensuivant m. ce. xlvj, saint
Louys, roy de France, à la f«ste de la Penthecoustes^, Charles,
son frère, fist nouvel chevalier; et lors luy donna la conté d^ An-
jou*... (Fol 96 r*», 1. 16.)
VIII. — [m. ce. 1.] Ycil saint roy de France Louys, à la requeste
de ses sergens d'armes, fonda à Paris, delez les murs de la porte
Saint-Anthoine, Peglise de Sainte-[Katherîne], que Pen dist le
Val des Escoliers^... (Fol. 97 v^, 1. 23.)
IX. — *Après, en Tan de grâce ensuivant m. ce. liiij, saint
Louys, roy de France, filz de paix et de concorde, repaira et revint
des parties d'oultre mer. — *Et pource que vous saches, comme
le saint roy estoit en mer, au revenir qu'il fist de la prison oîi il
avoit esté en la terre d'oultre mer, comme vous avez ouy cy-des-
sus, ung tourment se esmut et leva en mer, si grant que, se n^eust
esté par la grâce de Dieu, le saint roy et les siens eussent esté
selon corps perilz. En ce péril où le roy et le peuple crestien
estoit, le roy demanda au maistre marinier de la nef quelle
heure il estoit ; et il luy respondi : « Sire, il est minuit. > Adonc
dist le roy : « A ceste heure, a tant de nos amys de religion
levez qui prient Dieu pour nous que, se Dieu plaist, nous
n'airons mal, et que ce tourment se abaissera. » Tantost que
le saint eust ce dist, par la vertu de Dieu le tourment se cessa
et apaisai Adonc saproucha le roy d'une roche en mer, et
V. — I. Le i3 juin i23i (Art de vérifier les dates).
2. Saint Antoine de Padoue.
VI. — 1. Le 16 juillet 1228 (Art de vérifier les dates).
VIL — I. Le 27 mai.
2. c Et toute la terre du Maine 9 (Grandes Chroniques de France, édition
Paulin Paris, petit in-folio. Paris, Techener, col. 992).
VUL— I. \oy. F. de Guilhermy, Inscriptions de la France, Ancien dio-
cèse de Paris, t. I, p. 889 et ss.
IX. — I. Comparer le paragraphe 70 des Récits d'un Ménestrel de Reims,
où semblable question, attribuée à Philippe- Auguste, provoque la même
réponse de la part des mariniers, auxquels il réplique : c Soiez asseur que
nous n'avérons garde ; car mi ami de Vordre de Citiaus sont relevés pour
chanteir matines et pour prier pour nous. »
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14 CHRONtQUS PARISIENNE ANONYME.
lors il senti qu^il y avoit si grant oudeur comme merveiUez. Si
fut mont esbahiz que c^estoit, et demanda au marinier que c'es-
toit ; et il luy dist que là estoient hermites qui le divin service &i-
soient en l'onneur de Dieu et de Nostre-Dame sainte Marie. Adonc
s'approucha le roy d'illec et y arriva. Maiz ceux qui Pouirent dire
que le roy les debvoit visiter, si vindrent au devant, à grant pro-
cession, à la croix et à Peaue Ipenoite. Qjoant le saint roy fut laiens,
si luy pleust mont le lieu et la gent de leans. Et, quant il s^en
parti, il en amena avec luy viij, donc lez deux allèrent à Thou-
îouse et deux en Angleterre, et les iiij le saint roy retint, et ks
mist et fohda delez Paris, et leur donna la terre et le pourpris,
et leur fist faire leur moustier ^ sur la rivière de Saine, entre l'ab«
baie de Saint-Anthoine et les murs de Paris. Par quoy cest lieu
est et fut appeliez les Barrés, pour ce que Tabit de ces frères estoit
que ilz estoient barrés de travers de blanc et de gris '... (Fol. 98 V,
1. II.)
X. — ^Et en yceste mesmes année [m. ce. lx]\ delec les murs
de la ville fut fondée l'église de Saint- Franchoiz. . . (FcL 99 v^, 1. 1 1 .}
XI. — Et en yceste année [m. ce. Ixx], fut dédiée P^lise Saint-
Franchoiz*... (Fol. loi r*, 1. 41.)
XI L — Et en ycest mesmes an [m. ce. iiij« et x] \ le jour de feste
delà Résurrection Nostre Seigneur ', à Paris, en la rue dicte des Jar-
dins, fut bouly le sacrement de Tautel Nostre Seigneur Jhesu-
Crist par ung juif; le quel juif fut Tendemain ars ', et sa char et
ses os ramenés en pouldre... (Fol. 106 v^, 1. 9.)
2. Premier établissement de Carmes à Paris.
3. Le ms. B ajoute : ouquel lieu sont les Célestins. — Les Célestins s'éta-
blirent à Paris en iSig (Du Breul, Le Théâtre des Antiquité^ de Paris,
Paris, 161 2, p. 569 et 906). Cest d'eux qu'est provenu le ms. B. — Le pape
Honorius IV (1285-1287) donna aux Carmes un manteau entièrement blanc
(Bernard Gui, Historiens des Gaules et de la France, XXI, p. 708}. Notre
paragraphe IX a donc été rédigé avant 1287, bien que Louis IX, cano-
nisé en 1297 seulement, y soit qualifié de saint par quelque copiste pos-
térieur.
X. — I. Du Breul, p. 5 18, dit seulement que l'église des Frères Mineurs
(Ms. B: l'église des Cordeliers) fut achevée vers 1262.
XI. — I. Le même, p. 519, donne le 6 juin 1262 pour date de la dédicace.
XII. — I. Ms. B : m. ijc iiijxx et ix. La date vériuble est bien 1290.
2. Ms. B : le jour de Pasquez les grans. — Le 2 avril.
3. Voir les Grandes Chroniques de France, col. 1146, et le tome XXII
des Historiens, p. 32, au sujet de ces faits, dont notre paragraphe XII ne
rapporte pas les circonstances miraculeuses (Miracle des Billeties).
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PRKUdatB PARTIS. l5
XIII . «- Et en ycest an [m. ce. iiij^ et xvij], douist son desrain
jour en Nostre Seigneur Louys, l'ainsné ûlz le roy de Sezille et
evesque de Thoulouse ^... (FoL 109 v», 1. 45.)
XIV. — Et en cest an [m. ce. iiij" xviij], lez marchandisez
de bûchez esuna à Paris, en la rue diste^ PEscole-Saint-Germain^,
et les maisons, par cas de fonune piteable furent ars et ramenez
en pooldre^.. (Fol. 110 r*, 1. 24.)
XV. — *Çypove:{ savoir en quel temps les fil\ aux bourgoi\
de Paris et le clerc escalier furent pendus,
*Et adecertez en icest temps [m. ccc. iij], comme Pierres Le
Jumiaux * , prevost de Paris, du commandement Philippe le Beaux,
roy de France, qui mont estoit espris en Tardeur de ses guerres
de Flandres, en Fan de son règne xviij«^, pour plusieurs anciens
cas' et aultres fbrfaiz que aucuns dez bourgoiz de Paris avoient
feit et faisoient de jour en jour*, c'est assavoir Jehan de Poissi,
Jehan de Lescureul*, Oudinet Pisdos* et Tassîn Fleuret, à plu-
XIII. — I. Louis de Sicile, second fils (selon le P. Anselme, Histoire
généalogique de la maison de France et des grands officiers de la Couronne,
I, p. 399) de Charles II le Boiteux, roi de Naples^ de Sicile et de Jérusa-
lem. II mourut le 19 août 1297.
XIV. — I. Ms. A : distre.
2. Ms. B : en la rue Saint-Germain-l'Auzerrois.
3. Les Grandes Chroniques relatent un incendie arrivé dans la même rue,
mais en i3oi (le 26 décembre, d'après Jean de Saint- Victor et un chroni-
queur anonyme; Historiens, XXI, p. iSg et 638).
XV. — I. Ms. B : Pierre de Jumiaux. — Brussel (Usage des fief s^ p. 486)
cite Pierre le Jumeaulx comme prévôt de Paris en janvier i3o3.
2. Philippe le Bel régnait depuis le 5 octobre X285.
3. Ms. A : ancis ras^ mots inintelligibles.
4. Ces premiers faits ne sont rapportés par aucun autre chroniqueur, si
ce n'est l'auteur d'une Chronique anonyme de 1270 à i333, dont la Biblio-
thèque nationale possède deux manuscrits (Fonds latin, 4641 B, et fonds
français 17327, ce dernier publié en partie dans le tome XXI des Histo-
riens^ p. 140) : c Et pou avant ou après [la bataille de Mons-en-Puelle],
furent pendus les enfens de la bourgoisie de Paris, et celle heure fut tué
Gervaisot (Oudinet, dans Fr. 17527) Pidoc et autre. Si fist le prevost,
bien pou après, despendre ung des enfens qui estoit clerc » (îAs. 4641 B,
fol. i32 r).
3. M. A. de Montaiglon a publié en i833 (Paris, P. Jannet) les Chansons,
ballades et rondeaux de Jehannot de Lescurel, poète du XIV' siècle, en
avouant qu'il ne savait rien de l'auteur lui-même; mais il incline à le croire
originaire de l'Ile-de-France, le nom de Paris revenant seul et plusieurs fois
dans ses vers. Les poésies erotiques de Jehannot de Lescurel n'ont rien de
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l6 CHRONIQUE PARI8IBMNE ANONYME.
sieurs famés de religion' et à aultrez, et le roy des diz for£Eiis par
enqueste enfourmé, leurs tonsures toutes rèses de leurs testes, et
chacun vestu d^une robe de drap tirtaine de Saint-Marcel^, en
vitupérant le trésor de noble science, comme tonsurés en clers
quUlz estoient, si comme Ten disoit, furent penduz, en cest habit,
à Paris, au commun gibet des larrons. Donc au dit prevost la paine
luy ensui ® : car, par les mauvaises parolles d^aucuns, si comme
on dist, eux disans ung lonbart à Saint-Laurens delez Paris estre
ochis de Philippe Le Barbier ', escolier clerc, qui illec estoit tout
hors de son mémoire ^^, la quelle chose fut menchonge pure,
si comme il fut dist, et yceluy clerc, de eux prins et au prevost
baillié, tantost, sans congnoissance de cause nulle ^\ en une des
dictez cotez de tiretaine vestu, de illec fut trainné au gibet et de
costé yceux bourgoiz penduz, le dit navré** prochainement guery
et en santé mis. Et comme ceste horribleté de cest clerc tantost
après vint à la vraie congnoissance de toute F Université de Paris,
mont courouchée et dolent, le cas horrible et piteable de eux mons-
tre en complaingnant au beau roy de France Philippe, qui en grant
tristesse estoit embatu de sez amis des Flamens prouchainement
occiz **, leur respondi, si comme on dit, que à ceste chose voulen-
tiers entendroit quant dez Flamens airoit chevi. Et aprez ce l'Uni-
versité de ce non comptent, par l'église tous lez jours yceluy pre-
vost escommenié, du jour du samedi ** vigille de la Sainte-Trinité
Nostre Seigneur, que yceux enfTans bourgoiz furent penduz
bien licencieux ; pourtant^ nous serions fortement disposé à voir en lui
notre Jehan de Lescureul.
6. Ou mieux Pisdoë ou Pizdoë {pectus anseris),
7. Le drap tiretaine de Saint-Marcel est cité dans les Nouveaux Comptes
de Pargenterie des rois de France, p. 70 ; mais M. Douêt d'Arcq n'a donné
aucune explication au sujet de cette sorte d'étoffe. — Ms. Â : cirtaine.
8. On remarquera que la sépulture en terre sainte ne fut pas accordée
depuis aux fils des bourgeois de Paris, quoique clercs.
g. Des lettres de Philippe le Bel, du mois de novembre iSo^, [Historiens,
XXI, p. 643, note), le nomment Philippus Barborius et le disent originaire
de Rouen.
16. Hors de son bon sens.
11. Sans forme de procès, sans instruction préalable.
12. Le lombard, qui n'avait été que blessé.
i3. A Courtray, le 11 juillet i3o2.
14. 23 mai i3o4. Cette date n'est précisée ni par Jean de Saint-Victor {Hiâ^
toriens, XXI, p. 643) ni par les Grandes Chroniques,
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PREMIÈRE PARTIE. I7
si comme est dist, jusques au moys d^octobre^'^ le jour saint Lie-
nart^ que, par sentence diffi^itive sur ce donnée, et du comman-
dement Philippe le Beaux, roy de France, iceluy clerc fut des-
pendu et osté du gibet de Paris, à grant joye et à grant luminaire,
en apparant •• le grant meudre et vitupère au prevost ; car, en
venant du gibet jusquez en Teglise des Frères Prescheurs à Paris,
où le dist clerc fut mont honnourablement enterré, en touz les
carrefours du chemin par où le corps fut poné, yceluy prevost
metant sa main sur la bière, disant : a Bonnes gens, vecy le clerc
que, à ton et sans nulle cause, j'ay fait mourir; priez pour luy. »
Et adecertez briefment aprez yceluy Pierres, prevost de Paris, en
requérant absolucion de ceste malefachon, commechetif età grant
confusion, se retourna vers les parties de Romme*^... (Fol. 1 1 5 v»,
1. 6.)
XVI. — Et en cest an [m. ccc. v], au moys de may, par ung
bourgoiz de Paris appelle Renier Le Flamenc, maistredela mon-
noyc du roy % et par Pierres Le Flamenc, son frère ^, furent à
Paris, en la place de Grève', faictez lez joustez d'un dez bourgoiz
i5. Lire novembre, SUxit Léonard, solitaire en Limousin, abbé de Noblac,
est fêté le 6 novembre. Il y a bien un autre saint Léonard, abbé de Ven-
deuvre, dont la fête se célèbre, dans quelques localités, le i5 octobre; mais
il s'agit certainement ici du premier. Selon Jean de Saint- Victor, les leçons
recommencèrent le mardi après la Toussaint, dest-à-dire le 3 novembre 1 804.
16. En taisant apparaître, — sens non indiqué dans les glossaires.
1 7. A Avignon (Grandes Chroniques), — Dans le ms. A, notre paragraphe XV
est intercalé entre un fait du 14 mars i3o3, v. st., et la bataille de Mona-
en-Puelle qui fut livrée le x8 août i3o4. L'ensemble du récit prouve que,
seul, l'ordre d'informer contre Jehan de Poissi et ses compagnons se rap-
porte à l'année i3o3, v. st., et que les autres faits sont de i3o4 (Pâques,
le 29 mars), la bataille se plaçant forcément entre la première exécution
et l'inhumation de Philippe Le Barbier. Le ms. B, qui retranche tout ce
qui concerne les fils des bourgeois de Paris, date de i3o3 l'aventure du
clerc rouennais ; mais Jean de Saint-Victor et les Grandes Chroniques sont
d'accord pour la placer en 1 304.
XVI. — I. Renier Le Flamenc, le même sans doute que le Reynerius
Plamingus qui fit, en 1294, construire la chapelle expiatoire dite Maison
des Miracles, en commémoration du miracle des Billettes (V. notre para-
graphe XII et le tome XXII des Historiens, p. 33).
2. V. le paragraphe 34 de la Chronique parisienne.
3. Les Le Flamenc avaient leur demeure sur cette place (Voir, dans les
Documents inédits sur l'histoire de France, Géraud, Paris sous Philippe le
Bel, p, 117).
lObc. xt 2
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l8 CHRONIQUB PARISIENNE ANONYME.
de Paris, que Vea nommoit Gencien Crestien, attendant '^ de la
feste, contre lez aultrez bourgoiz de Rouen et d'aultrez citez du
royaulme*... (Fol. ii6 v«, 1. 33.)
XVII. — Et adecertez en cest an [m. ccc, vj], à Paris, pour lez
louagez des maisons que lez bourgoiz de Paris vouUoient prendre
du menu peuple, si comme espiciers, foulions, tysserrens et taver-
niers, et plusieurs aultrez ouvrans d^aultrez manierez de mestiers *,
firent aliance ensemble^ et alerent et coururent sus à ung bour-
goiz de Paris nommé Estienne Barbeite^, du quel conseil, sicomme
il estoit dit, les louagez des dictez maisons estoient prins à la forte
monnoie, par la quelle chose le menu peuple estoit grevé'. Et lors
premièrement, à ung jeudi devant la Thyphaine^^ envairent et
4. Attendant, champion. ^ Ce mot attendant manque dans tous les glos-
saires, même dans le plus récent, le Dictionnaire de l'ancienne langue fran-
çaise, de M. Godcfroy. Les éditeurs du tome XXII des Historiens l'ont tra-
duit très exactement par Celui qui attend de pied ferme et, par extension,
le combattant. Attendant est l'expression qui correspond à tous venants,
tous sourvenants (V. paragraphe 212 de la Chronique parisienne).
5. Ces joutes ne sont rapportées que par notre ms. A. Voir note i du
paragraphe 212. ~ Philippe le Bel, qui avait interdit ces ffites, les autorisa
peut-être, exceptionnellement, par reconnaissance pour le dévouement des
deux bourgeois parisiens, Pierre et Jacques Gencien, qui s'étaient fait tuer
devant lui à Mons-en-Puelle.
XVII. — I. Ms. B : comme foulions, thiesserans, cousturiers, pelletiers,
cordonniers, et plusieurs autres de divers ouvrages. — > Ms. fr. 17267 de
la Bibliothèque nationale : sicomme espoir, foulions et tanneurs
2« Etienne Barbette, échevin en 1293, prévôt des marchands de 129$ à
1304., voyer de Paris en i3o6, de nouveau prévôt des marchands en i3i4,
mort en iSai*
3. Les loyers se trouvaient ainsi triplés, selon Jean de Saint- Victor {His^
toriens, XXI, p. 647).
4« Grandes Chroniques : le premier jeudi devant la Thiphaine. — Ma.
fr. 17267 : premièrement au jeudi devant la Thiphaine. — La leçon du
ms. A noua paraît la meilleure : l'Epiphanie tombant le vendredi en x3o7,
n. st., il est impossible que l'émeute, son apaisement, l'emprisonnement
des principaux coupables, leur jugement et leur supplice, aient eu Heu en
un seul jour, le jeudi 5 janvier. On doit donc placer la révolte au jeudi
3o décembre i3o6 (c à ung jeudi devant la Thyphaine i), la capture des
vingt-huit au vendredi 3i (c le jour ensuivant i), et leur exécution au
5 janvier (c le jeudi vigille de la Tiphaine, i comme le répète l'auteur
des Additions)^ bien que, selon Jean de Saint- Victor (qui ne précise pas la
date de l'émeute ; quadam die, dit-il), ils aient été pendus le jour même
de l'Epiphanie, ce qui, à la rigueur, permettrait d'attribuer à la révolte la
date du 5.
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PREMIÈRE PARTIE. I9
assaillirent au manoir du devant dit bourgoiz Estienne, qui estoit
nommé le G^urtille-Barbeste, et par feu mis iceluy lieu ' degas-
terent et destruirent, et lez arbres du jardin du tout en tout cor-
rumpirent et froissierent. Et aprez [d'Jillec eux departans, en grant
multitude alans, à iiistz et bastons, revindrent en la rue Saint-
Martin et desrompirent la porte de la maison du devant dist bour-
goiz, et entrèrent ens efforciement, et tantost lez tonneaux de vin
au celier froissèrent et le vin par places espandirent ; et aucuns
d'iccluy® tant en burent que ilz en furent enivrez. Et aprez ce,
les biens meublez^ de la dicte maison, c'est assavoir couiftez, cois-
sins, huches, coffres et aultrez biens froissans et debrisans, par la
rue en la boe les espandirent, et aux coustiaux les plumes dez
coustez et des oreliers traians, contre le vent despitement geterent,
et la maison en aucune manière destruirent ^, et mont d'aultrez
dommaigez illec firent. Et ce fait, d'illec repairans et retournans,
crians : « Alo! Alo*! » vers le Temple, le manoir dez Templiers,
où le roy de France Philippe estoit avec aucuns de ses barons,
vindrent, et illec le roy assidrent, si que nul n'osoit bien seure-
ment entrer ne yssir hors^® du Temple, et lez viandez que l'en
apportoit pour le roy foulèrent et geterent despitement en la boe ;
la quelle chose leur tourna au desrenier à honte et à dommaige et
à destruiement de corps. Les quieux après ce, par le prevost de
Paris, appelle F[r]emia de Coquereil, d'Amyens*\ si comme Pen
dist^ et par aucuns barons^ par souefvez parolles et blandisse-
mens^^ appaisiez, à leurs maisons paisiblement s'en retournèrent.
Des quieux, par le conseil et commandement du roy, le jour ensui-
5. Sic ms. fr. 17267. — Ms. A : iceluy !e.
6. Ms. fr. 17267 : d'iceulx.
7. Ms. A : les biens ice meublez. — Ms. fr. 17267 : les biens et les meubles.
8. Ms. fr. 17267 : en aucune part descouvrirent.
9. On trouve, dans le Glossaire de Du Gange, allot, c terme usité en Lan-
guedoc pour animer et exciter. » — Ms. fr. 17267 : alon ! alon !
10. Sic ms. fr. 17267. — Ms. A : yssir ne entrer hors.
11. Ces mots « appelle... d'Amyens, » manquent dans tous les mss. de la
Chronique française de G. de Nangis, — Fremin ou Firmin de Coquerel
appartenait à une fomille de laquelle sont sortis plusieurs personnages his*
toriques, entre autres un évéque de Noyon, chancelier de France sous Phi-
lippe de Valois, et un maire d'Amiens, mis à mort en i358 comme parti-*
San du roi de Navarre.
12. Selon Jean de Saint-Victor, ce seiréit à main armée que les nobles
auraient dispersé les émeutiers.
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20 ' CHRONIQUE PimtSIBNNE ANONYME.
vant, plusieurs furent pris et mis en prison, et en ung jour vigille
de la Thyphaine, par le commandement du roy, especialment,
si comme il fut dist, pour sa viande qu'ilz avoient foullé en la boe,
et pour le fait du dit Estienne, xxviij aux iiij ourmes des quatre
entrées de la ville, c^est assavoir à l^ourme devers la partie de
Saint- Denys faisant entrée vij, et vij à Pourme devers la partie de
Saint-Anthoine faisant entrée, et vj à Tourme devers la partie du
RouUe vers lez Aveuglez ^^ faisant entrée, et viij à l'ourme devers
la partie de Nostre-Dame-dez-Champz^* faisant entrée, furent
penduz. Les noms dUceux, c'est assavoir premièrement Oudinet
Le Basennier, Jehan Bon-Temps, Pernot Le Bourguignon, Guillot
de Serens, Thonmas Lennelier en la rue Saint-Martin, Robert
d^Atainville, Michelet de Paris à la porte Baudet, Jehan Savouret,
Yvon Le Breton, Pierres Le Houdiaux, Jehan d'Amyens, Jaquez
Le Breton, Guillot Le Picart, Richart Le Fourbeur, Ouvry Heuse,
tixeran, Hanequin Du Port, RobertdeChambelly, Jehan Millot,
Maciot Le Keu, Jehan Beaugendre, Nicholas Delay en la rue Ger-
vaise-Laurens*', Thyerryon, Roussel, Dreue de Flagy, Buffet**,
penduz le jeudi vigille de la Thiphaine, Tan m. ccc. vj, jugiez
par mons. Guillaume Courteheuse*^ et mons. Guillaume de Mar-
cilly *®, chevaliers, et par le prevost de Paris, Fremin de Coquerel**.
Lezquieux, ung poi aprez ce, dezourmez remués et ostez, en
gibès nouveaux faiz, yceux, en chacune d'ices parties et entrée,
de rechief tous mors pendus ^®. La quelle chose envers le menu
peuple de Paris chey en grant douleur... (Fol. 117 r*, 1. 4.)
XVIII. — *Yçy povés savoir en quel temps les Templiers
furent prins et mis en diverses prisons par le royaulme de
France et d^Engleterre,
*Et en cel an dessusdit m. ccc. vij, tous lez Templiers, du com-
mandement du roy de France Philippe le Beaux et Edouart le
i3. Ms. A : à Pentrée. — Ms. B : devers la porte Saint-Honnouré.
14. Ms. A : et viij à la partie. — Ms. B : devers la porte Saint-Jaques.
i3. Rue Gervaise Loliarenc, depuis Gervais Laurent ?
16. Ponctuée ainsi, la phrase ne fournit que vingt-cinq noms.
17. Guillaume Courteheuse, chevalier du roi, maintenu comme maître
lai à la Chambre des Comptes en i320, existait encore en 1329.
18. Guillaume de Marsilly ou Marcilly, aussi chevalier, qualifié de con-
seiller du roi en février i327, v. st., mort en i328.
19. La phrase a Les noms d'iceux... de Coquerel » manque dans tous les
mss. de la Chronique française de G. de Nangis,
20. Fr. 17267 : pendus tous mors.
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PREMIÈRE PARTIE. 21
roy d^Angletcrre, filz du grant Edouart, et de rasscntcment et
otroy du souverain evesque pappe Qiment*, le jour d'un ven-
dredi ' aprez la feste saint Denys, aussy comme sus le monment
d^une heure, souspechonnez de de[te]stablez, horriblez et diflfa-
mablez crismes, furent prins par tout le royaulme de France et le
royaulme d'Angleterre^, et en diverses prisons furent mis...
{Fol. 117 v<», 1. 3.)
XIX. — Et en cest an [m. ccc. viij], par vaines paroUes et
simulacions^ des parties de Germenie, qui au temps d^ore est
appellée AUemaigne sicomme nous avons dist au commanche-
ment de ces Gestes de France, se esboulirent' et assemblèrent
plusieurs peuples, eux vendans leurs heritagez et du tout deles-
sans leurs biens, venans et sejournans par Paris en France, bien
armez et appareillez, pour aller et passer oultre en la sainte terre
d'oultremer. Maiz en la parfin, comme ilz vinssent à Marceillez
le port de la mer, pource que nulz vesseaux ne appareil bataille-
reux illec n'avoit points se espandirent et anientirent aussy comme
fumée... (Fol. 117 v«, 1. 17.)
XX. — Et en cest an [m. ccc. xj], à Paris, deux monniers *, les
quieux, pource que du blé c'on apportoit à leurs moulins et que
lez gens de la ville y envoiaient * en prenoient furtivement leur
part avec l'argent qu^ilz en avoient, et ainssi ilz en avoient et blé
et argent^ sur ce encusés et au Chastelet de Paris emprisonnés, la
chose confessée par Jehan Plonbauch', prevostde Paris, le samedi'*
avant la feste de la Magdaleine, à Paris, au commun gibet des
larrons, entre les aultres larrons furent penduz... (Fol. 118 v%
1. 26.)
XXI. — Et en cest an ensement [m. ccc. xiij], à moys de mars,
XVm. — I. Edouard II, fils d'Edouard I". — Clément V (i3o5-i3i4).
2. i3 octobre iSoy.
3. Voir Historiens y XXI, p. 142, note.
XIX. — I . Aucun autre chroniqueur français ne fait mention (ce qui semble
étrange) de ce mouvement populaire. Si le paragraphe XIX était une inter-
polation, on ne voit pas à quelle autre époque pourrait se rapporter la
commotion qu'il raconte.
2. Se esboulirent, s'émurent, se soulevèrent.
XX. — I. Faits inédits.
2. Voir Delamare, Traité de la Police j t. Il, p. 246.
3. Jehan Ploiebauch ou Ploibaut. On le trouve occupant les fonctions de
prévôt en i3io, i3ii et i3i2,
4. 17 juillet.
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32 CHROKtQUE PARISIENNE ANONYME.
au temps de karesme, en ung lundi xj jour ^ d^iceluy moys de
mars, le gênerai maistre jadiz de Tordre du Temple, frère Jaques
de Mourlay^, et ung aultre grant maistre aprez luy en l'Ordre,
firere Guieffroy de Gonssanvult', du Temple, si comme l'en dist à
Paris visiteur, en Tlsle dez Juifz ^ au fleuve de Saine, furent ars,
et lez os de eux en pouldre furent ramenez. Maiz oncquez de leurs
fbrfaiz n'eurent nulle recongnoissance*... (Fol. 119 r*, 1. 34.)
XXII. — Et en ceste mesmes année [m. ccc. xiiij], le dimenche
iii)^ jour d'aoust ^ pour les choses qui sont de paix accordées de
ceux de Bruges et du commun peuple et de tous les nobles de
Flandres, et soulz leurs seaulx, sur sentence d'excom[un]icacion
encurer^, quatre foiz aprez lé rebellement le conte Robert de
Flandrez^, sur ung eschaufault ad ce appareillié au parmy de la
maîtresse église Nostre-Dame de Paris, — présent Philippe le
Beau, roy de France, Louys son filz, roy de Navarre *, et grant
multitude de prelaz et barons et du commun peuple de Paris, —
de l'archevesche de Rains', de Parchevesche de Sens Philippe •,
et d'aultres plusieurs prelaz, furent dénonciez faulz parjures et
escommeniés, et Tescommeniement escript en Teglise Nostre-Dame
XXI. — I . Le II mars aussi, suivant Bernard Gui (Historiens^ XXI,
p. 723); le 18, d'après VArt de vérifier les dates,
2. Jacques de Molay, grand-maître.
3. Ms. B : Gonssaunlt. — Geoffroy de Gonneville est le seul Templier
connu dont le nom se rapproche de ceux fournis par les mss. A et B, mais
il était maître de la province d'Aquitaine.
4. Les Grandes Chroniques l'appellent Tlle devant les Augustins (établis
alors sur la rive gauche). — Elle fut depuis réunie à la pointe occidentale
de l'Ile Notre-Dame ou de la Cité.
5. Les Grandes Chroniques^ dont ce paragraphe est en grande partie la
reproduction, n'indiquent (non plus que le ms. fr. 17267) ni le nom du
second personnage, ni le jour du supplice.
XXII. — I. Faits inédits.
2. L'exécution du traité du 16 janvier 1804 avait été garantie par une
menace d'excommunication contre ceux qui le violeraient (Boutaric, La
France sous Philippe le Bel, p. 404), menace renouvelée depuis (Voir Les
Anciennes Chroniques de Flandres, tome XXII des Historiens^ p. 400, et
notes). — Le mot encurer est d'une lecture douteuse.
3. Robert III dit de Béthune, comte de Flandre depuis le 7 mars i3o5,
fils aîné de Guy de Dampierre et de Mahaut de Béthune, sa première
femme. II mourut en i322.
4. Du chef de sa mère, Jeanne de Navarre, morte eti i3o4.
5. Robert de Courtenay, mort en i323.
6. Philippe de Marigny, frère d'Enguerrand. Il mourut vers la fin de i3i6.
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OEUXIÈMB PARTIS. 23
de Parisy en la chappelle du Palaix, et en Teglise Saint-Denys de
France... (Fol. 1201*, 1. 6.)
X.Xni. — Et en cest an [m. ccc. xvj], certainement, eust mont
giant disseodon entre lez bourgoiz de Paris et les boulengiers
d'ice lieu, par Tesmouvement, si comme on dist, d'un boulengier
nommé Rogier Bon-Temps *. Et pour voir il fut dist que c^estoit
pource que les boulengiers faisoient leur pain trop petit à la quan-
tité que le septier de blé valoit lors ^, et que en ce pain ilz metoient
lie et aultre chose trop diffamable ' ; donc le menu peuple de
Paris et d^environ estoient tous engloutiz '* et mors, sans ce que
nombre en peust estre fait. Et d'iceux boulengiers, qui tieux deve-
ries faisoient, au jour du dimence' devant la feste saint Jehan-
Baptiste, en y eust mis^ au milieu des Hallez de Paris, jusquez
au nombre de xvj sur xij roes% les pies liés, de la main au bour-
rd, chetifz, moqués et hués du peuple de Paris ^ . . . (Fol. 1 24 r^, 1. 2 •)
DEUXIÈME PARTIE.
CHRONIQUE PARISIENNE
DE l3l6 A 1339.
[L^AN m. ccc. XVI.]
1. — En cest an^, au moys de septembre, Robert d'Artoys^,
XXJII. — I. La Chronique rimée de Geoffroi de Paris {HistorienSj XXI,
p. i63) n'indique pas sa profession.
2. Voir Delamare, Traité de la Police, II, p. 246. -* Le prix du pain ne
devant pas varier, le poids seul en était modifié suivant le prix du blé.-
3. Fœces viiii, stercora porcorum (Jean de Saint- Victor, Historiens, XXI,
p. 663).
4. Étoufiés.
5. 30 juin i3i6.
6. Sur seize roues (J. de Saint- Victor).
7. Et de plus bannis de France (Voir paragraphe. 188 de la Chronique
parisienne. — G>nf. Geoffroi de Paris et J. de Saint*- Victor).
1. — 1. Ms. k: Et en cest an aussi. — Ce paragraphe est pris tout entier
delà Chronique française de G. de Nangis (Ms. fr. 17267, fol. ix3 r*);
mais, dans cette chronique, il est suivi immédiatement du récit de l'accou-
chement de la reine Qémence, récit tout autre que celui qu'on lira au
paragraphe 4,
2. Robert d'Artois (fait depuis comte de Beaumont-le-Roger), fils de Phi-
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v*lrtv\SIQCE PARISIENNE ANONYME.
^ N.iîfS^v u Vrtot^quifutfilz Robert conte d'Aitoiz qui mou-
^v . ^ v>*^».»<t> <u Flandrcz, entra, à tout grant et noble chevale-
.^ ..V H»K^4ù<rî^ *liês', en la cité d'Arras, à luy usurpant et pre-
h^a; .ig.6*i vvoime par violence la conté d'Artolz, au préjudice de
.a svHH<<8^ M^eut d'Artoiz, fille le dessus dit conte Robert d^Artoiz.
%. — Wu queP Robert d'Artoiz, Philippe*, conte de Poitiers,
t>*j^t k« royaulmes de France et de Navarre, manda première
ù>u> s«cuQde foiz, tierce foiz, qu^il fût à son parlement, et que il,
$iHoi) Texpedicion de droit et par le conseil des barons et des pers
Je France^ se tint en paix. Le quel Robert, le mandement du
élevant dit conte régent refusant, fut fait du tout en tout désobéis-
sant. Pour la quelle chose Philippe le devant dist conte de Poi-
ners, rcgent lez royaulmes de France et de Navarre, avecCharlez
te conte de la Marche ', son frère, et avec Charlez le conte de
Valoiz * et Louys le conte d'Evreux ', ses oncles, et avec forte
compagnie de noblez à cheval et de gens à pié, contre le devant
dist Robert, à Amiens, au moys d'octobre, assembla grant host ;
et comme illec noz Franchoiz parvenissent et iliec par Tespace de
lippe (f Artois seigneur de Conches et de Blanche de Bretagne, et petit-
fils de Robert II d'Artois tué en i3o2 à Courtray. Il prétendait avoir droit
au comté d'Artois comme représentant le fils aîné de Robert H (Philippe
était mort dés 1298) et exclure Mahaut d'Artois, sa tante paternelle, femme
d'Othon IV, comte palatin de Bourgogne. Dés iSog, il avait été décidé
contre lui que la représentation n'était pas admise en Artois ; l'arrêt, rati-
fié par lui, puis méconnu, fut renouvelé le a8 mai i3i8 (V. Lancelot,
Mémoires de l'Académie des Inscriptions, VIII, p. 671, et X, p. 582).
3. Les nobles de plusieurs provinces s'étaient confédérés, dés le règne
de Philippe le Bel, pour résister aux exactions de ce prince. Ceux de l'Ar-
tois avaient des griefs particuliers contre Mahaut (Voir le Continuateur de
Nangis, édition de Géraud, I, p. 4x2, 425 et 429 ; P. Anselme, III, p. 7; et
Lancelot, dans les Mémoires cités).
2. — I. A partir de ce paragraphe, notre Chronique présente une rédac-
tion absolument originale, comme nous l'avons dit dans l'Introduction.
2. Second fils de Philippe le Bel. La régence lui avait été dévolue, parce
que Louis X le Hutin, mort le 5 juin i3i6 sans enfants, avait laissé sa
femme enceinte.
3. Troisième fils de Philippe le Bel.
4. Charles, comte de Valois, d'Anjou et du Maine, fils puîné de Phi-
lippe III le Hardi et d'Isabelle d'Aragon, sa première femme. Il mourut
en i325.
5. Louis, comte d'Évreux, fils de Philippe III et de Marie de Brabant, sa
seconde femme. Il avait épousé Marguerite d'Artois, sœur du futur comte
de Beaumo&t.
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DEUXIÈME ^PARTIE. 3 5
XV )oars ou environ fussent, ordenans à aller à forche d'armez
contre le dist Robert d^Artoiz et contre sa compagnie des devant
diz chevaliers allez, le devant dist Robert d^Artoiz, son fel * orgueil
aperchevant et la forche du conte de Poitiers régent, soupple,
begnin et bien veuUant venant, requist humblement choses qui
sont de paix, sauve son droit en toutez choses. Le quel Robert, du
commandement du dit régent, fut à Paris amené, et illec au Chas-
tellet de Paris, au moys de novembre^, fut emprisonné. Le quel,
aprez ce, fut osté du Chastelet, et fut à Saint-Germain-dez-Prés
emprisonné, et illec par long temps détenu. Le quel Robert d^Ar-
toiz, aprez ce aucun temps passé, de par luy donné plaiges envers
le roy de France de ses forfés amender, par la prière du duc de
Bretaigne, son oncle de par sa mere^, et de plusieurs grans
maistres et barons de France, fut de la prison au roy de France
délivré.
3, — Et en cest an, le vendredi * aprez la Magdalaine, au palaiz
de Paris, denoncierent [en] leur predicacion, et mont piteable-
ment, le patriarche de Jherusalem Pierres^ et Pabbé de Saint-
Germain-dez-Prés de Paris*, à Robert, de Clermont conte, filz
du roy saint Louys ^, et à Louys son filz dist de Qermont, et à
Jehan son frère ', et d'aultre grant foison de chevaliers et d'aultre
peuple, le besoing de secours de la Terre sainte de oultremer, donc
ce estoit douleur. Et adecertez yccluy conte de Clermont, Louys
et Jehan, ses enffans, et mont de aultrez chevaliers et grant mul-
timde de peuple, illec asermentez devant le patriarche que secours
feroient au peuple crestien dez parties de delà [et] de eux mou-
6. Ou mieux : fol ?
7. Voir une note de Géraud^ tome I, p. 433 de son édition de Nangis.
8. Jean IH dit le Bon, mort en 1341. Il était filsd'Artus II, fils lui-même
de Jean II. D'après le P. Anselme, Blanche de Bretagne, mère de Robert
d'Artois, était aussi fille de Jean II ; Jean III n'aurait donc pas été oncle, mais
cousin germain de Robert.
3. — I. 23 juillet i3i6.
2. Qu'il ne fiiut pas confondre avec Pierre de la Palu, nommé patriarche
en 1329 seulement.
3. Pierre de G>urpalayy mort en i334.
4. Robert, comte de Clermont en Beauvoisis, sixième fils de Louis IX et
de Marguerite de Provence, mort en i3i8, n. st.
3. Louis I" de Clermont, depuis duc de Bourbon, dit le Boiteux ou te
Grand, mort en janvier 1341, n. st. — Jean de Clermont, son frère, sei-
gneur de Charolaîs et de Saint- Just, mort cette même année i3i6, selon le
P. Anselme.
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26 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYBIE.
voir à la feste de Penthecouste en Tan de l'Incaraacion Nostre
Seigneur m. ccc. zviij.
4. — Et en cest an, le xiij* jour * de novembre, Climence* la
roynne de France, famé du roy de France et de Navarre Louys,
trespassé au moys de juing dessus dit, eust enffant en la cité de
Paris, au Louvre, le quel fut nommé Jehan. Le quel roy Jehan,
le xviij» jour du moys dessus dit, au Louvre trespassa de cest
siècle ' ; et le xx« jour du devant dit moys de novembre, c'est assa-
voir le [deusiesme] dimence aprez la saint Martin* d'iver, à
Saint-Denys en France fut porté, et delez son père fut honnoura-
blement enterré.
* Philippe, le roy de France et de Navarre,
LE V* PhII^IPPE roy DE FrANCE.
5. — * Après [Louys] le roy de France et de Navarre*, régna en
France le conte de Poitiers, son frère *; et commencha à régner
Tan de grâce M. ccc. xvj. Et, le dimenche' aprez la Thiphaine,
avec Jehanne sa fame^ fille le conte de Bourgongne *, fut couronné
à Rains en roy de France.
6. — Et en cest an, le xxiiij* jour du môys de frevrier, jour de
feste saint Mathias appostre, en Fostel du palaiz de Paris, mou-
rut Louys*, filz Philippe le roy de France et de Navarre, et
enterré à Paris en Feglise des Frères Mineurs.
4. — 1. M». B : le viij« jour. — Deux chroniques anonymes {Historiens^
XXI, p. 140, et XXII, p. 30) indiquent aussi le samedi i3 novembre comme
date de la naissance de Jean I*'; Bernard Gui (XXI, p. 726), la nuit du x3
au 14.
2. Clémence de Hongrie, fille afnée de Charles I*' dit Martel, roi de
Hongrie, et de Clémence de Habsbourg. Louis le Hutin Tavait épousée le
3i juillet i3i5, Marguerite de Bourgogne, sa première femme, étant morte
au mois d'avril précédent.
3. Les divers chroniqueurs varient beaucoup sur la date du décès,
comme sur celle de la naissance.
4. Le jeudi 11 novembre, en i3i6.
6. — I. Ms. B : après le roy Loys. ~ Le chroniqueur ne tient pas
compte ici de Jean I'% parce qu'il n'avait pas été sacré.
2. Ms. B : Philippe... dit le long ou grant (Voir paragraphes 168 et 182}.
3. o janvier i3i7, n. st.
4. Voy. note 2 du paragraphe i^.
6.-1. Cest aussi le prénom que lui donnent les autres chroniqueurs
(Voir également le paragraphe 78), sauf Bernard Gui qui le nomme Phi«
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deuxième partie. %7
[l'an m. ccc. xvii.]
7. — *L'an de grâce m. ccc. xvij, entre Pasques * et rAscencion
Nostre Seigneur Jhesucrist^, entre leroy Philippe de France et
lez aliez de Picardie et d'aultrez plusieurs lieux, grant discorde et
coniens s'esmut et esleva. Pour la quelle chose Philippe le roy de
France plusieurs citez de son royaulme visita *, et illec les cueurs
du menu peuple et lez citoyens de Paris si eust en telle manière à
luy adjoint que, non pas seuUement ceux de Paris, maiz toutes
les aultrez communes de son royaulme de France luy promirent
à faire aide et secours et garantie encontre toutez gens, et espe-
ciaulment contre lez barons aliez, se en aucune manière meussent
contre luy guerre *. Maiz après ce, ice Philippe roy de France,
devant TAscencion Nostre Seigneur Jhesucrist, assembla et fist
célébrera Paris grant concilie et grant parlement de barons et de
prelaz du royaulme de France ', et illec la concorde faicte entre
icil roy Philippe et le conte de Valoiz Charlez, son oncle, et
Cbarlez le conte de la Marche, son frère, qui de luy se vouUoit
descorder sicomme l'en dist, icil roy Philippe donna à icil Charlez
lippe {Historiens^ XKl, p. 726), comme un document authentique du temps
{ibidem^ note). Le G>ntinuateur de Nangis place le décès au 18 février, et
le P. Anselme au 8.
7. — I. Pâques iSiy, le 3 avril.
2. Le 12 mai.
3. Du 3 avril au 12 mai, le tableau des MaHsiones et itinera {Historiens,
XXI, p. 468 et 469) ne constate la présence de Philippe le Long qu'à
Bourges, à Châteauneuf-sur-Loire, à Paris, à Montargis, et dans quelques
autres localités sans importance ; et Boutaric {La France sous Philippe le
Bel y p. 61) et M. Hervieu {Recherches sur les premiers Etats généraux, Paris,
Thorin, 1S79, P- *^5) ^^ citent que l'envoi, en janvier iSiy, n. st., de
commissaires royaux pour engager les prélats et barons à dissoudre les
ligues provinciales. Il ne faudrait donc pas prendre ici à la lettre ou avec
sa signification moderne le mot visita^ quMl convient d'interpréter simple-
ment dans le sens d'une action directe et personnelle exercée par le roi
sur les représentants de Paris et des autres bonnes villes, convoquées, celles
de la langue d'oil à Paris pour la quinzaine des Brandons (6 mars) et celles
de la langue d'oc à Bourges pour Pâques fleuries (27 mars).
4. M. Hervieu n'indique pas cet objet des délibérations du Tiers état* -*
Voir Historiens^ XXI, p. i5i.
b. Cette assemblée de la noblesse et du clergé n'est pas non plus citée
par M. Hervieu. -^ On remarquera que notre chroniqueur n'a rien dit des
Etats généraux ou restreints du 2 février i3i7, auxquels auraient cepen-»
dant concouru des bourgeois de Paris (M, Hervieu, p. 119).
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28 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
son frère la conté de Poitiers ^ à perpétuité, deluy et du royaulme
de France en foy et en honmaige tenir. Et, si comme on dist, par
le devant dist conte de Valoiz la paix entre le roy et lez barons
aliez, par aucunes condicions entregetéez, fut refburmée et faiae.
8. — Et en cest an ensement, entre Penthecouste et saint Jehan-
Baptiste % Philippe le roy de France fist toutez les portez de
Paris, tant grandez comme petitez, de toutez lez entrées de ladiae
ville, clorre de nouvellez portez de merveilleuse et coustable euvre,
noblement ouvrées ^.
9. — Et en cest an vraiement, entre la Penthecouste et la feste
de la Magdalaine^ la grant chierté de blé à Paris et au royaulme
de France ensuivi. Et fut vendu en cest an le septier de fburment,
en la ville de Paris, Ix. sols parisis, forte monnoie, et en cest an
decourant ^. Pour la quelle chose le menu peuple fut malement
grevé et oppressé.
10. — Et en cest an *, le roy d'Ermenie * et le roy de Tharse *,
6. Philippe le Long ayant refusé précédemment une augmentation d'apa-
nage au comte de la Marche, celui-ci avait quitté Reims le matin même du
couronnement {Cont, de Nangis^ I, p. 481, et Historiens^ XXII, p. 20).
Aucun document imprimé ne confirme le don du comté de Poitiers au
futur Charles le Bel, bien que notre chroniqueur lui attribue encore ce
comté deux ans plus tard (Voy. paragraphe 3o). En i32o, il ne qualifie plus
Charles que de comte de la Marche et de Bigorre (paragraphe 5i}, et l'on
voit en i32i Philippe le Long visiter son comté de Poitiers {Cont, de Nan-
giSj II, p. 3i. Voir aussi paragraphe 5y). Peut-être le comté de Bigorre,
que Charles avait possédé du chef de sa mère dès x3i6 (V. acte d'hommage
du II mai de cette année, dans d'Ârgentré, Histoire de Bretagne, 16 18,
p. 332), lui avait-il été enlevé lors du don du comté de Poitiers et lui fut-il
rendu, depuis, en échange de ce second apanage.
8.-1. Entre le 22 mai et le 24 juin,
2. Fait inédit.
9. — I. 22 juillet.
2. V. Girard de Frachet, Historiens, XXI, p. 5i.
10. ^ I. La plupart des récits de notre chroniqueur sur l'Arménie et les
contrées voisines, récits entièrement originaux d'ailleurs, ont un caractère
presque uniquement légendaire. Il faut les considérer comme un curieux
écho des bruits semés dans le peuple de Paris c à ce que leurs cueurs
feussent esmeuz de faire ayde » (paragraphe 97). — VArt de vérifier les
dates et V Histoire généalogique du P. Anselme fournissent, sur l'histoire,
encore fort obscure, des princes d'Arménie, de Géorgie, etc., des rensei-
gnements qui paraissent peu concordants et qui, de plus, sont en contra-
diction avec notre chronique. Que le lecteur veuille donc bien nous par-
donner la pauvreté de nos annotations.
2, Oissim, Chioyssîm ou Chir Oyssim, mort en i32o. Il avait épousé
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DEUXIÈME PARTIE. 29
crestiens, prindrent leur erre à aller en pèlerinage en Jherusalem
au saint sépulcre Nostre Seigneur Jhesucrist. Maiz pource quUlz
ne feussent destourbez des Sarrasins, et pource qu'ilz peussent
seurement leur pelerinaige parfaire, trievez données entre eux et
le soudanc de Babilone *. Si yindrent au dit soudanc parler, et luy
dirent : <c Sire soudanc, nous vous prions que vous nous veullez
baiUier sauf et seur conduit, que nous puissons par vostre terre
aller en Jherusalem en pèlerinage. » Lequel soudanc, par amours
démené, leur bailla pour lez conduire en Jherusalem son filz,
jeune damoisel. Lez quieux roys, comme ilz venissent en Jheru-
salem , firent, au sépulcre Nostre Seigneur Jhesucrist, chanter
hoimourablement et soUempnellement célébrer une messe, et illec
offrirent beaux dons. Maiz comme le prestre fut en Toffice de la
messe, le filz au soudanc demanda aux deux roys quieux enchan-
temens Peu vouUoit illec faire. Et lors les deux roys, humblement
responnans, luy dirent que Ten debvoit chanter la messe en Ton-
neur Jhesucrist. Adonc le filz au soudanc cracha, en despit de
Dieu et de la crestienté, en la face du prestre. Et tantost et incon-
tinant son visaige tourna s'en devant desriere. Et quant ce aper-
chut le filz au soudanc, si fut mont esbahy, et pria les ij roys
qu'ilz priassent leur Dieu qu^i le voulsist guérir et reifourmer sa
feche en son estât devant. La quelle prière faicte desdiz roys envers
Nostre Seigneur, Dieu luy restourna sa fâche en son estât devant,
et illec très bel miracle fist et demonstra. Pour la quelle chose le
filz au soudanc se fist tantost baptiser. Et par aultre chemin que
par le soudanc s'en vindrent lez diz roys, avec le filz au soudanc,
en leur pays. Et quant ce ouy le soudanc, si fut aussi comme
forcené, et encontre lez devant diz roys assembla grant host, mais
d'une part et d'aultre en rapporta poi de prouffit, et fut, si comme
Ten dit, des dessus dis roys par ij foys^ luy et sa gent, vaincu.
11. — Et en ceste mesmes année, commencha iceluy Louys de
Qermont par devant nommé et plusieurs des personnes qui ser-
ment avoient fait de aller avec luy oultre mer, sîcomme nous
avons pardevant dist, une confi-arie qui au temps de lors fut appel-
Jeanne (ou Irène), fille de Philippe de Sicile, prince de Tarente (Art de péri-
fier les dates, II, p. 41).
3. Il n'y a jamais eu de roi de Tarse. Un frère du roi d'Arménie, noyé
dans le Cydnus en i3i7y était baron de Tarse (Communication de M. le
comte Riant).
4. Le sultan d'Egypte, Naser-Mohammed.
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30 CHRONrQtm PARtSIENKB ANONYME.
lee la confrarie du Saint-Scpukre Nostre Seigneur. Et pour Ton-
neur de Dieu et du saint voiage, ilz s^en alloient lors par Paris,
au jour de PExaltacion-sainte-Croix % faisant mont grant feste, et
vestuz de draps rouges'; et en faisoient foire le service Nostre
Seigneur à Paris, en la rue neufve dicte Saint-Marry*, en Peglise
Sainte-Croix^, que le saint roy de France Louys fonda.
12. — Et en cest an vraiement, en la cité d'Avignon en Prou-
vence, saint Louys, jadiz evesque de Thoulouse, de l'Ordre des
Frères Mineurs, filz du segond Charlez, jadiz roy de Jherusalem et
de Sezille, de pappe Jehan * fut canonizé et fut escript en chato-
logue des sains. Et le jour d'un vendredi le xix« jour* d'aoust,
après la feste de FAsumpcion à la glorieuse vierge Marie mère
Nostre Seigneur Jhesucrist, la feste d'iceluy fiist premièrement
célébrée, et especialment soUempnellement, à Paris^ en Peglise des
Frères Mineurs, présente la roynne Climence, niepce du dit saint
Louys*, jadiz famé du roy de France et de Navarre Louys, et
avec luy* grant multitude de noblez et de menu peuple. '
13. — Et en ycest an ensement, Robert d'Artoîz, filz Othelin
jadiz conte de Bourgongne^ [et] de Maheult, contesse d'Artoiz,
fille Robert, jadiz conte d'Artoiz, jadiz à Courtray ochiz, mourust
à Paris, et en Peglise des Frères Mineurs fut honnourablement
enterré*.
11. — I. Le 14 septembre.
2. Détail inédit de costume.
3. Saint-Merry (Voy. Leroux de Lincy, Paris et ses historiens^ p. 212).
4. Le ms. B, qui ne relate pas la fondation de la G>nfrérie du Saint*
Sépulcre, porte seulement : c Mens. S. Loys en son vivant fonda l'église
de Sainte-Croix à PariS| en la Bretonnerie » (Voy. Lebeuf, Histoire du dio-
cèse de Paris, I, p. 147, et Sauvai, Histoire et Antiquités de Paris^ 1724,
I, p. 426).
12. — I. Jean XXII (i3i6.i334).
2. Ms. A : le xx*. ^ Saint Louis, évéque de Toulouse, fîit canonisé le
7 avril i3i7 (Bernard Gui, Historiens, XXI, p. 727). Le 20 août i3i7
tombant un samedi et la fête du saint se célébrant le jour anniversaire de
sa mort, c'est-à-dire le 19 août, notre texte appelait la correction que nous
avons faite.
3. Charles I*' Martel, père de la reine Clémence, était, comme Pévéque
de Marseille, fils de Charles II, roi de Naples et de Sicile.
4. Avec luy (elle).
18. — 1. Ms. B : Oudit an ic. ccx. xv}.., duc de Bourgogne.
2. D'après le P. Anselme, ce Robert dit d'Artois, fils d'Othon IV comte
de Bourgogne, serait mort vers i3i5 et aurait été inhumé à Poligny. Mais
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DEUXtàME PARTIE. 3l
14. — Et en cest an aussi, lezxi** jour du moys de septembre,
le jour de la feste saint Mahieu appostre, à Tanuitier, Tesdipse de
lune au royaulme de France fut veue, et especialment à Paris ^.
15. — Et en cest an aussi mourut Marguerite roynne d'Engle-
terre, fille du roy Philippe, filz saint Louys roy de France, et
seur Philippe le beaux, et fille de la roynne Marie de France. Et
la quelle Marguerite fut £ame segonde au grant Edouart jadiz roy
de EngleterreS père au jeune roy Edouart qui eust espousée
Ysabel fille Philippe le beaux' devant dit.
16. — Et en [cest an] aussi, mons. Jehan de Varennes * et mons.
Ferry de Piguegny*, nobles chevaliers, le jour d'un mardi aprez
la feste saint Remy, c^est assavoir le quart jour d^octobre^, à
Paris, au jardin du palaiz du roy*, devant le roy de France et de
Navarre Philippe et grant multitude denoblez barons et de bour-
goiz de Paris et grant habondance de menu peuple, pour batailler
Tun contre l'autre, es lices pour eux faictes, armez très noblement
vindrent. Le quel mons. Jehan devant dit Ferry de traïson, le roy
* et le royaulme de France touchant, avoit appelle, et mesmement
pour râliance dez barons allez que le devant dit Ferry avoit sous-
notre chroniqueur est dans le vrai {Mémoires de la Société de FHistoire
de Paris^ Wl, p. 290}; la mort est c des derniers jours de septembre > i3i7,
avant le 21, suivant la place occupée par notre paragraphe,
14. — I. Ms. A : le xx». La fête de saint Mathieu se célèbre le 21 sep-
tembre.
2. L'éclipsé eut lieu à six heures et demie du soir {Art de vérifier les
dates).
15 — I. Marguerite, fille de Philippe III le Hardi et de Marie de Bra«
bant, sa seconde femme. Edouard I*' l'avait épousée le 8 septembre 1299.
2. Voir le paragraphe 87 .
16. ~ I. Jean de Varennes était-il un descendant du maréchal de France
du même nom, dont le P. Anselme, Vf, p. 639, n'a pas tracé la généalogie?
«— Un Jean de Varennes, seigneur de Vignacourt et vassal du vidame
d'Amiens, avait épousé Jeanne de Picquigny et était par suite beau-frère
de Ferry de Picquigny (Communication de M. Garnier, bibliothécaire de
la ville d'Amiens).
2. U semblerait, d'après V Histoire d'Amiens du P. Daire, I, p. 43, que ce
Ferry de Picquigny aurait été fils d'un Matthieu de Picquigny, sénéchal de
Toulouse en i3o3. Mais M. Oarnier le croit seigneur d'Ailly-sur-Somme
et de Villers-Faucon, et quatrième fils de Jean, seigneur de Picquigny et
vidame d'Amiens.
3. Ms. A : avant la feste. — La Saint-Remy tombe le i"* octobre. Le
4 octobre iBxy était bien un mardi.
4. Dans la Cité ou Ue-Notre-ûame.
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32 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
tenu, si comme Fen disoit communément. Maiz comme ilz feussent
au parc convoitant à aller l'un contre l'autre, adonc yceux avi-
ronnez de mont de paroUez et de conseulz de la paix traitier des
amys d'une part et d'aultre faiz, la besongne de eux, si comme
l'en dist, sus mons. Louys de France, conte de la cité d'Evreux,
fut mise, et ainssi de la bauille sans coup ferir' retraiz.
17. — Et en cest an aussi, Robert conte de Clermont, filz de
saint [Louys] jadizroyde France, au Bois-de-Vincennes mourut;
et le jour d'un vendredi * aprez les octavez de la Purificacion
Nostre Dame, en Teglise des Frères Prescheurs, à Paris, fut
honnourablement enseveli.
18. — Et en cest an aussi, en la cité d'Avignon, en Prouvence,
Tevesque de Cahours', très pesme* traître, qui avoit procuré à
ochire pappe Jehan par venin^ fut tout vif escorchié, et audesrain
fut ars, et lez os de luy en cendre furent ramenez.
19. — Et en cest [an] aussi, pappe Jehan aucunes nouvellez
constitucions, lesquellez son prédécesseur pappe Climent quint,
à diligent courage et à diligent cure, pour Pestât et le prouffit
de l'universelle église, compiller et ordener avoit [feit], en com-
menchementcompillaet fist ordener de saigesen droit canonique,
et du tout en tout au desrenier conferma, et en plain consistoire,
en la dicte cité d'Avignon, devant tous ceux qui presens y estoient,
bailla à lire ; et yceux à grant diligence leuez et des cardinaux
approuvées, fist son decreit* icil pappe que, au vj"« livre des
Decretalez adjoustéez, feissent le vij« livre ^.
5. Sur des duels qui se terminèrent de même, voir Boutaric, La France
sous Philippe le Bel, p. 52, les Cronicques de Normendie, Rouen, Métérie,
i88i, p. 184, et nos paragraphes 28, 55, 56 et 201.
1*7. — I. 10 février i3i8, n. st. -^Le P. Anselme, I, p. 296, qui date la
mort de Robert du 7, d'après son épitaphe, a donc raison contre G. Cor-
rozet {Les AntiquiteJi[, Chroniques, etc. de Paris, i56i, p. 76) et Du Breul,
p. 5o8, qui avaient lu le z i sur cette même épitaphe.
18. — I. Hugues Géraud ou Gérard, évéque de Cahors, avait été écorché
vif, in aliqua parte corporis, dit Bernard Gui, puis brûlé, dès le mois de
juillet i3z7. Ce paragraphe n'occupe donc pas, chronologiquement, la place
qui lui appartiendrait. Il en est de même pour le paragraphe suivant.
2. Pesme, de pessimus.
19. — I. Le 25 octobre iSiy.
2. Ce paragraphe est calqué littéralement, aux noms et aux chiffres près,
sur un récit analogue, de l'année 1297, que l'on trouve, dans lems. A, au
fol. X09 V, et, dans le ms. fr. 17267, au fol. 88 r*.
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DEUXIÈME PARTIE. 33
[l*AN m. CCC. XVIII.]
20. — *En Tan de grâce ensuivant* m. ccc. xviij, comme lez
Flamens eussent jour assigné au premier jour de may, à Paris,
du roy de France Philippe, en son palaiz royal, à apaiser le dis-
cort qui entre eux et le roy estoit, se en bonne manière peust estre
fait, et yce jour les Flamens pour eux en la court envaierent, mais
poi ou néant de leur besongne firent, et sans paix et triefves s^en
départirent ; pour la quelle chose le roy de France Philippe envoia
vers lez frontières de Flandrez v« hommez d^armez à cheval et vi»
de pié, qui estroitement les pas et les frontières de Flandres gar-
doient jusques à tant que le roy, par deliberacion et conseil eus '
de la besongne des Flamens aultrement partraiteroit^. Le quel
roy Philippe, aprez ce, envoia en Flandres, avec grant bataillereux
appareil '*, son oncle mons. Louys de France, conte de la conté
d^Èvreux, et le connestable du royaulme de France '^, et aultres
barons et plusieurs grans maistres. Maiz comme illec par Pespasse
de XX jours ou environ feussent, triefves données aux Flamens
jusques à Pasquez ensuivant par aucunes condicionsentrejetées*,
environ la feste de la Magdaleîne ^ en France s'en revindrent.
21. — Et en cest an ensement, le jour de la feste de la Trinité *
Nostre Seigneur, à Paris au palaiz royal, le duc de Bourgongne
Jehan[ne] Tainsnée fille du roy de France et de Navarre Philippe
espousa; et Philippe, filz de mons. Louys, [conte de la conté
d'Evreux, Marie Tainsnée fille de Louys, jadiz roy] de France et de
Navarre, espousa^. Mais, pource qu'il y avoit consanguinité et
20. — I. Pâques i3i8, le 23 avril.
2. Ma. A : eux.
3. Ms. A : partraiterent.
4. Les autres chroniqueurs omettent cet envoi de troupes à la frontière,
puis en Flandre.
5. Gaucher II de Crécy ou de Chastillon, seigneur de Chastillon et
comte de Porcean ou Porden, mort en 1329.
6. Voir Jean de Saint-Victor (Historiens, XXI, p. 666 et 667) et le Cont.
de Nangis, II, p. 2.
7. 22 juillet.
M. — I. 18 juin i3i8.
2. Ms- A : espouserent. — Eudes IV, duc de Bourgogne (mort en i35o),
épousa Jeanne, fille aînée de Philippe le Long; et Philippe, fils aîné de
Louis !• comte d'Évreux, et futur roi de Navarre (mort en i343), épousa
UÉM. XI ' , 3
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34 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
lînaige entre eux, le mariage fut confermé par pappe Jehan. Par
les quieux mariages ainssi faiz le discord qui, entre le foy Phi-
lippe et le devant dit duc de Bourgongne, pour la devant dicte
Marie, sa niepce, fille du dessus dit [roy] Louys, chacun jour
montoit et croissait, fut apaisée, et la paix du tout en tout entre
eux refourmée et faicte^.
22. — Et adecertez en ycest an, par le commandement du sou-
verain evesque pappe Jehan, en tous lez membrez de son espiri-
tuel puissance, au jour du jeudi aprez la Trinité Nostre Seigneur
Jhesucrist, fut célébrée, à grant feste et grant exaltacion des
Crestiens, la feste du Sauveur du monde Nostre Seigneur Jhesu-
crist *, qui du souverain evesque pappe Urban^, au temps devant
passé, avoit esté canonizée entre tous les Crestiens.
23. — Et en cest an, au moys d'octobre, fut sentence de excom-
municacion getée, du commandement d'iceluy pappe Jehan, au
royaulme d'Escoce, c'est assavoir à Robert de Bruis et à tous ses
complices et aidans* ; et iceux par toutez les caihedraux églises des
royaulmes de France et d'Engleterre, chacun jour, à la première
messe et en la grant, en la manière acoustumée, furent mis hors
du povair de sainte église^.
24. — Et en celle année *, aux proieres et supplicacions des
Jeanne (et non Marie), fiUe unique de Louis le Hutîn et de Marguerite de
Bourgogne, sœur d'Eudes IV. De ce second mariage sortit Charles le Mau-
vais. — Le ms. B porte aussi : Marie.
3. Voir Secousse, Mémoires, pour servir à P Histoire de Charles II sur-
nommé le Mauvais. Paris, i758, I, p. 7, 12 et 14; II, p. 2 et 6.
22. — I. Ms. B : la feste du précieux corps Jhesucrist. — La Fête-Dieu
ou Fête du Saint-Sacrement (V. Historiens, XXII, p. 412 et note). Le CArro-
nicon triplex et unum, ms. Y 124 de la Bibliothèque municipale de Rouen,
fol. i56, confirme notre chronique : c Circa idem tempus primo celebratum
estfestumdeEucharistia inpartibus istis, scilicetsub tempore Johannis XXII
papœ, licet institutum primo fuit ab Urbano papa. >
2. Par Urbain IV, en 1264.
23. — I. Robert Bruce (V. paragraphe m, note 3) ayant pris Berwick
sur les Anglais, malgré la trêve promulguée par Jean XXII de sa propre
autorité, le pape donna pouvoir à ses légats, le 4 des calendes de juillet
i3i8, d'excommunier Robert et ses adhérents. Edouard II, dans une lettre
du g janvier i3ig, n. st., parle de cette excommunication comme pronon-
cée récemment, nuper (Rymer, Fœdera, etc., regum Angliœ^ La Haye,
1739, II, V partie, p. i5i et 167).
2. Détails à noter.
24. — I. Notre chronique est la seule qui raconte ces faits.
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DEUXIÈME PARTIE. 35
marchans de poissons de mer et habitans à Paris, — es Halles, en la
place que l'en appelle Champiaux ^, que le roy de France Philippe,
dist Auguste, avoit fait faire en Fan m. g. iiij» iij, avoient lez
prevostz de Paris, dès yce temps, du commandement des roysqui
puis le temps d^iceluy Philippe- Auguste avoient régné en France,
acoustumé à faire toutes justices, comme de bouUir gens ouvrans
faulse monnoie et marchandant d^icelle, et de meitre gens sur roes,
et de briser leurs jambez et braz, et faire lez illec mourir, et d'iUec
mener en chareitez pendre au conmiun gibet des larrons, — adonc
ceste acoustumance illec faicte sicomme dessus est dit, Philippe
le roy de France et de Navarre, de sa grâce especial, accorda aux
diz marchans et habitans que, desormaiz en avant, nulle justice de
mort* n'y seroit plus faicte, et par ces^ lettres seellées en cire verte.
Et yceux de ceste grâce et otroi aians en leurs cueurs grant joie,
ung de yceux marchans, qui avoit nom Guillaume, fist faire, aux
proprez coustz d'iceux marchans, au millieu de la dicte place, au
lieu où Une famé de Biauveis en Picardie avoit esté arse, une
croix' mont belle et de coustable euvre.
26. — Et en cest an ensement, le noble roy d'Arménie, qui
tout le temps de sa vie lez Sarrasins avoit oppressez et selon son
povair tous jours destruisoit, en une bataille que contre le Sou-
danc eust, Crestiens et Sarrasins de toutez pars combatans, par cas
fortunable et piteux fut pris et au soudanc de Babilone présenté.
Le quel Penvoia à Damas, et illec fut mis en chartre, et illec,
sicomme Tendist, par Toppression des Sarrasins mourust. Et ade-
certez aprez ce, le roy * de Tarse, qui de douleur pour la prinse du
a. Champeauz.
3. Les éditeurs du tome XXI des Historiens des Gaules et de la France
font observer avec juste raison^ p. 143, qu'une exécution capitale eut pour-
tant lieu aux Halles en x32i (paragraphe 67 ; elle avait été précédée de
plusieurs autres; voy. paragraphes 44, 32 et 61 ; celle de i32i est la der-
nière que constate, aux Halles, notre chroniqueur]. Peut-être le roi n'avait-
il promis la suppression que de certains supplices mal spécifiés par le chro-
niqueur, ou encore cette suppression ne s'appliquait-elle qu'à la partie des
Halles où se tenaient les marchands de poissons de mer et quelques autres,
ou enfin les marchands n'obtinrent-ils l'accomplissement de la promesse
du roi qu'après quelques difficultés.
4. Ces pour ses, ici et ailleurs.
5. La Croix des Halles est figurée sur tous les plans de Paris (Mémoires
de la Société de VHistoire de Paris^ III, 293), mais son origine étoit igno-
rée jusqu'ici.
86. — I. Ms. A : Aprez ce que le roy.
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36 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
roy d'Arménie estoit afflit et courouché griefment, contre le Sou-
danc et sa gent sarrasine eust à pié ' bataille. Et le filz du Soudanc,
qui en Tan précèdent prouchain passé par la voulenté divine estoit
fait crestien, combatist sur lez Sarrasins viguereusement, et de eux
fist très grant occision. Si advint que^ par la puissance divine,
que, pource que en la multitude dez Sarrasins follement s'embati,
Ait prins et à son père le Soudanc présenté. Le quel, comme il le
tint, sans demeure luy demanda se il guerpiroit la foy crestienne
et Mahommeit aoureroit. Le quel responnant dist : ce J^ayme mieux
mourir que Nostre Seigneur Jhesucrist renier. » Et yce ouy, le
Soudanc son père si commanda ung feu à faire et yceluy ardre. Et
ce dist, si le bailla à x^ hommez d'armez, qui le meneroient' au
lieu oti il debvoit estre ars et de rescousse le gardassent. Maiz
comme illec fiist amené et au feu deust estre gecté, le noble roy
de Tarse, qui en son aide avoit appelle le roy de Géorgie et le roy
de Cyppre^, à toutez leurs forchez et o plusieurs grans maistres
et barons du royaulme d^Ermenie et especiaulment mons.
Lyon', très noble chevalier, qui la terre d'Ermenie pour le
roy d'Ermenie, mort comme dist est dessus, gardoit, alla au
secours et pour secourre* le devant dist filz du Soudanc. Maiz
comme les Crestiens feussent si loings, en telle manière que
le devant dist en£fant à temps ne peussent secourre que il ne fût
ars, jà soit ce que très grande flamble de feu de loings veissent,
adonc tous mis à genoulz Nostre Seigneur Jhesucrist de bon cueur
deprierent que illec miracle demonstrast. Et yce fait, le tout puis«
sant et piteable Nostre Seigneur, lez prières de eux ouyes, tel
miracle fist que la flambe du feu, que^ Tenffant debvoit ardre,
encontre le visage des Sarrasins fut tournée, en telle manière que
renffant veoir ne povaient. Et ainssi la flambe en nulle manière
nul mal au dist enflant ne fist. Adonc lez Sarrasins esbahiz s^es-
crierent, disant que ce estoit enchantement. Maiz endementiers
que lez Sarrasins estoient ainssi esbahiz et ainssi comme par la
voulenté de Dieu aveuglez, le devant dist roy de Tarse, avec les
deux devant diz roys et toutez leurs gens, les Sarrasins envairent
2. Ms. A : apte ou apié,
3. Ms. A : menoient.
4. Henri H, roi de Chypre, mort en i3a4 (P. Anselme, U, p. Sgô)..
5. Livon m ?
6. Ms. A : et pour le secourre.
7. Que pour qui, ici et ailleurst
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DEUXIÈME PARTIE. 3j
et très grande occision de eux firent, et le dist filz du Soudanc du
tout en tout délivrèrent, et luy baillèrent armes et cheval. Le quel,
ses armez prinses et à son cheval monté, grant abateiz de la gent
sarrasine fist, et de la bataille son père à toute sa gent sarrasine
laidement encacha [et] avec lez devant diz roys victoire en rapporta.
Maiz aprez ce aucun poi de temps passé, le Soudanc si ramena
ung très grant host, et à toute sa forche le roy de Tharse et lez
roys de Cyppre et de Géorgie grieftnent envay et assaîlly , et encontre
eux eust bataille; et, si comme l'en dist, par la permission divine,
lez deux roys, c'est assavoir de Géorgie et de Cyppre, dez Sarra-
sins furent prins et au Soudanc présentez. Et en ycelle bataille
iut ËEiicte grande occision de Crestiens, et en y eust bien t.* d'oc-
cis ; et ainssi le Soudanc à grant joye victoire en rapporta. Le
quel, aprez ce, lez devant diz roys fist venir devant luy, et à ce
lez amena qu'ilz renoiassent Jhesucrist, ou ilz lez feroit escorcher
et ardre. Lez quieux, si comme Pen dist, la mort doubtans, de
bouche et non de cueur Dieu renoierent, si comme au roy de Tarse
le mandèrent. Le quel roy de Tarse au pappe Jehan manda que
secours luy envoiassent, ou se non toute la terre sainte des Cres-
tiens d'oultre mer aussi comme à nient seroit ramenée. Le quel
pappe Jehan, ouyes les lettres du roy de Tarse, si comme l'en dist,
si ploura piteablement, et icelles lettres avec les siennes au roy de
France envoia. Le quel. roy de France Philippe^, venez les lettres
du pappe et du roy de Tharse, si souppira mont tendrement; et
lors fist faire ung concilie, et illec, si comme l'en dist, fut fait
ung decreit que, lez terres de Flandrez, d'Escosse et d'Engleterre
appaisés se il peust estre fait, en Tan ensuivant, aprez la Pasque,
grant secours de Crestiens * en la Terre sainte envoiraient.
M. — El en ceste mesmes année certainement, en la iiij nonne
de juingS droitement à heure de compile, en aucuns lieux au
royaulme de France, especiaument en la prevosté de Paris,
chairent du ciel grosses pierres, aussi comme gelées, figées par la
fraideur de Tair en hault, mais, que Ten appercheust, par la
voulenté de Dieu, oncquez nul mal ne firent. Et Tendemain, qui
8. Ms. A : Philippe Philippe,
9. Le i3 septembre i3i8, le commandement de la future expédition
fut conféré à Louis de Clermont (M. Hervieu, Recherches, p. i33).
28. — I. Le dimanche 4 juin, d'après ce qui suit, et non le 2 juin
(quatre des nones de juin).
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38 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
fut |our de lundi, de Teure de midi nonne' jusquez à heure de
vesprez, une estoille au dessus de soleil fut veue de plusieurs parmy
le royaulme de France*.
87. — Et en cest an ^ vraiement, aprez la Penthecouste', mons.
Ferry de Piquegny, chevalier, à Paris, au palaiz royal, devant le
roy et plusieurs barons et prelas du royaulme de France au con-
cilie assemblez, pour mont de causes et de felonnies et de crismes
contre le roy et le royaulme de France, de luy si comme Pen disoit
&iz, fut accusé. Pour la quelle chose, en la devant dicte ville de
Paris par le commandement du roy fut arresté, et lui futde£fendu
que hors de la dicte ville de Paris sans la voulenté royal ne yssist'.
Le quel mons. Ferry, aucuns poi de jours aprez ce passez, doub-
tant le roy de France aussi comme noient et à luy non obéissant,
la large prison, c^est assavoir toute la ville de Paris, que le roy de
sa begninité luy avoit otroiée, du tout en tout fraint, et s'en yssi
et departist. La quelle chose comme le roy sceust^ si envoia aprez
luy plusieurs sergens d armez, qui iceluy vers Mont le Hery fuiani
prindrent, et sus luy plusieurs lettres trouvèrent, les quelles il
avoit escriptez de sa main^ es quellez le conseil du roy et des barons
de France estoit contenu, les quellez, se il n^eust esté pris, aux
Flamens^ et aux barons de Picardie aliez entendoit envoler, en
telle manière que, se il peust, le roy et le royaulme de France
agravast. Le quel, quant il fut prins, par le commandement du
roy, en la tour du Mont le Hery fut emprisonné et en aneaux de
fer estroitement, soulz estroite garde, fut détenu. Maiz comme en
la dicte tour, aussi comme par ij moys ou environ, ainssi fut
détenu, toutesfoiz, ainssi comme Pen dist, par le conseil et aide de
ses amys, par nuit, de la devant dicte tour s'en escbappa, et en ses
2. Midi notme* — L'office de none se chantait à midi, et non à la neu-
vième heure ou trois heures après midi (c meridie n<ma$, à midi nonnes»,
dans deux chartes de i35o, Archives de la Seine-Inférieure, G. i633} ; de
là l'anglais noon (midi).
3. Cette chute de pierres ou glaçons et cette apparition d'étoile ne sont
relatées par aucun chroniqueur.
87. — I. Faits inédits.
2. IX juin z3i8.
3. Ms. A : nyessist.
4. Selon Jean de Saint-Victor {Historiens, XXI, p. 667), les barons de la
ligue picarde auraient refusé d'accepter l'entrée des Flamands dans leur
alliance; mais voir paragraphe 67. Ferry se réfugia auprès du com.te de
Flandre (Charte citée note 2 du paragraphe 85}.
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DEUXIÈME PARTIE. 3g
[terres] et en son pais, aux barons aliez, sain et haitié, s'en revint.
88. — Et en cest [an] ensement^ le jour d'un mardi aprez lez
octavez à la benoite glorieuse vierge mere^ Nostre Seigneur Jhe-
sucrist, ij noblez barons, c'est assavoir ij chevaliers et ij escuiers
de la terre d^ Auvergne, si comme l'en di$t, que eux ensenble de
la traison devant la magesté royal avoient appelle, à Paris, au jar*
din roial du palaiz, es lices pour mons. de Piquegny et mons.
Jehan de Warennes, si comme dessus est dit, en Tan précèdent
passé faiaesi devant le roy Philippe de France^ et grant multi-
tude de noblez d'ice royaulme et des bourgoiz de Paris grant
habondance et de menu peuple aussi, pour batailler ij contre deux,
armez noblement vindrent. Maiz comme ilz feussent au parc,
convoitans à aller ensemble, par mont de conseux et deparlemens
de la paix faire, dez amys d^une part et d^autre avironnez etempes-
chiez, du dit champ sans coup ferir furent retraix.
29. — Et ensement, le jeudi ensuivant^, que ij chevaliers Tun
contre Tautre de traison avoient dez piecha appelle, Pun de eux,
devant le roy et lez barons devant dis, au lieu devant dit, pour
combatre* vint noblement armé; maiz comme illec fut et le che-
valier attendist, ainchoiz quMI entrast au parcTautre chevalier luy
manda que en nulle manière contre luy ne combatroit ne en armez
ne vendroit. Et pource à honneur yceluy chevalier du dit champ
s'en revint.
[l'an m. CGC. XIX.]
80. — * En Tan de grâce après ensuivant^ m. ccc. xix, le jour
d'un vendredi aprez l'Ascencion Nostre Seigneur*, Louys de
88. — I. L'Assomption, le mardi i3 août z3i8; le mardi après Poc-
tave, le 29 du même mois. » Voir la note 1 du paragraphe 68 ci-après.
a. On remarquera que, si la plupart des duels entre nobles se termi-
naient sans effusion de sang, la royauté en permettait l'usage plus sou-
vent que ne le ferait croire le silence des autres chroniqueurs.
89. — I. Le 3i août i3x8.
2. Ms. A : pour combatre pour combatre.
80. — I. Pftques iSig, le 8 avril.
2. L'Ascension, le jeudi 17 mat. — J. de Saint-Victor et le Continuateur
de Nangis donnent, comme Girard de Frachet, le samedi 19 pour date du
décès, ce qui est conforme à l'épitaphe du comte d'Évreux, telle que la
rapportent G. Corrozet et Du Breul. Ils ne mentionnent pas l'inhumation
du cœur aux Cordeliers. — Le ms. B porte que le décès eut lieu t au
moys d'aoust. >
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40 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
France conte de la cité d'Evreuz, frère Philippe le Beaux jadiz roy
de France, à Loncpont mourut. Et le mardy ensuivant, le corps
de luy à Paris, en Teglise des Jacobins, présent le roy de France
et de Navarre Philippe, nepveu au devant dist Louys, et Charlez
de la Marche et de Poitiers conte, et plusieurs grans maistres et
barons et plusieurs , fut honnourablement enterré. Du quel
devant dit conte d'Evreux le cueur en Teglise des Frères Mineurs
de Paris, présent le roy et lez dessus dis barons, fut honnoura*
blement enterré.
31. — Et en yceste année, à la feste saint Jehan-Baptiste, au
royaulme de Gamace^ advint par la voulenté de Dieu que lez
Crestiens furent délivrez en chetiveté des mescreans Sarrasins, et
avec tous destruis et ochiz par fer en bataille', au grant préjudice
et pitié dez Crestiens, en Tan du règne à yceluy Philippe iij«.
38. — Et en cest an, la nuit de la saint Jehan«Baptiste, plusieurs
draperies de Rouen, de Maalignes et d^ailleurs^ estant en la foire
du Lendit de France ^ arsezet ramenez en pouldre, et aucuns dez
mardians povres par le cas fortunable.
33. — Et en cest an, à Avignon en Prouvence, du souverain
evesque pappe Jehan Tabbé Gille^ de Saint-Denys-en-France
absoulz dez oppressions infamablez que son couvent disoit luy
avoir faictes à eux '.
34. — * Et aprez ce, en cest an aussi, en la veille du glorieux
appostre et martir mons. saint Laurens^ comme aucuns des
bourgoiz de Paris, c'est assavoir Pierre Le Flamenc, Philippe Point-
Larue', Jehan Le Flamenc, et ung aultre d'Orliens' feussent, au
temps devant, du roy de France et de Navarre establiz à faire
81. — I. Grenade.
2. Les trois chroniqueurs cités à ravant-dernière note disent que la
bataille fut livrée contre les Maures vers la Saint-Jean-Baptiste, 24 juin.
Les deux tuteurs d'Alphonse XI, roi de Castille, y perdirent la vie.
32. — I. La foire du Lendit, (de Tlle) de France, se tenait encore dans
un champ situé entre Paris et Saint-Denis, sur le chemin qui reliait ces
deux villes (Voy. paragraphe 273, note 3). — Maalignes, Malines.
33. — I. Gilles de Pontoise ou de Chambly.
2. Aucun autre chroniqueur, non plus que le Gallia christiana^ ne fait
allusion à ces accusations.
34 I. Saint Laurent, diacre et martyr, mais non apôtre; sa fètt, le
10 août.
2. Lire : Point-lasne {pimgens asinum),
3. Orléans.
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DEUXIÈME PARTIE. 4I
bonne monnoye et vraie, et yceux faisans feulse monnoie ailleurs
estoient, aux propres coings du roy, en la cité de Troies en Cham-
paîgne furent lez devant diz Philippe et Jehan Le Flamencet yce-
luy d*Orliens prins, et condampnez à mourir comme faulx mon-
noiers et au prevost de Paris Henry de Taperel^ délivrez. Le quel
iceux Philippe, et Jehan Le Flamenc', en la dicte vigille saint
Laurens, de nuit, en repost^, noya au fleuve de Sainne en France ;
et le tiers qui d^Orliens estoit, par devant le peuple, au jour cler,
en la place dez Pourceaux, la chair et lez os de luy en eaue bouUiz ^.
35. — Et en cest an fut refifourméeet faicte la paix * entre Phi-
lippe le roy de France et de Navarre et le conte de Flandrez
Robert de Bethune et ses Flamens, en Pa[n] du règne à ce Phi-
lippe iij«.
36. — Et en ceste mesmes année, le mardi aprez les Brandons * ,
xix jour au moys de février*, de Jehanne la roynne de France et
4. Henry de Taperel occupait ces fonctions depuis i3i6 (Voy. para-
graphes 5 a et 53).
5. Ainsi Pierre Le Flamenc ne fut pas compris dans la condamnation
(Voy. paragraphe 212].
6. En secret. — On remarquera cette sorte de faveur accordée à deux
membres de la bourgeoisie parisienne.
7. Le récit, inédit, de notre chroniqueur nous permet d'édaircir un point
de l'histoire de la célèbre Maison aux Piliers, qui fut, après i357, le pre-
mier Hôtel de ville sur la place de Grève. Cette maison a été confisquée
deux fois, d'abord, en i3o9, sur « Jehan Le Flamenc, fils de Renier, pour
faute ou délit naguère commis (06 delictum nuper incommissum) par lui, »
et ensuite, en août i3ig (après le 9 de ce mois), sur c Jehan Le Flamenc, jadis
bourgois de Paris, justicié par son méfiait » (Voir Leroux de Lincy, Hist.
de l'hôtel de ville de Paris, p. 7, et M. Cousin, Bulletin de la Société de
PHistoire de Paris, iSy5, p. 20). 11 est impossible de confondre le délit
de x3o9 avec le crime capital de i3i9, et il est évident que la confiscation
de cette dernière année se rattache aux faits relatés dans notre paragraphe 34.
Soit que Jehan Le Flamenc, le faux-monnayeur, fût Pancien délinquant de
i3o9, soit qu'il fût un personnage distinct, il avait sans doute acquis du
comte d'Évreux, auquel Philippe le Bel l'avait donnée, la Maison aux Piliers,
dont à son tour Philippe le Long fit donation à Henry de Sully, « son cher
et amé cousin. »
35. — I. Il ne s'agit ici que d'un accord préliminaire. Voir les para-
graphes 41 et 49 et le Continuateur de Nangis, II, p. 19.
38. — I. Les Brandons ou premier dimanche de carême, 17 février
i320, n. st.
a. Et non en janvier, comme le dit l'Art de vérifier les dates. — Voir La
Confrérie des Pèlerins de Saint-- Jacques, par M. H. Bordier, dans les
Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris, I, p. 186, et II, p. 33o.
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42 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
de Navarre, de Maheult sa mère, contesse d'Artoiz et de Bour-
gongne, de la duchesse de Bourgongne' fille de la dicte roynne,
et dez confrères fut fondé à Paris, en la grant rue appellée Saint-
Denys, dedens lez murs du roy, ung hospital en Ponneur de Dieu
et de saint Jaque, confrarie de saint Jasque, soulz Nicholas Le
Loquetier et Guillaume Pisdoz, aultrement dist Boufifart^, bour-
goiz de Paris, leurs premiers maistres'.
37. — * Et en cest an vraiement, Tan de grâce m. ecc. xix,
comme Edouart le jenne, roy d^ Angleterre, en l'an de son règne
XV"* ^ eust assemblé ung si grant et merveilleux ost qu'i peust
tout le royaulmed^Escosse envair, en poursuivant lez escommeniez
Escoz, Robert de Bruis et ses complicez, la roynne Ysabel sa
famé, fille du roy de France Philippe le Beaux*, decachée d'iceux
escommeniez à prenclre, et dedens lez termez d'Angleterre, et par
mont grant occision de gent tantd^Escos commed^Angloizfaicte,
ycelle Ysabel eschappée en prenant tantost la fuite, le devant dist
Edouart toute la saison d'esté parmy Escoce le^ devant diz Escoz
asprement à son povair [poursuivant], lez chastiaux et fortresses
abatans et destruiant, et adecertez, chose prouvée, iceluy Edouart
trahi et decheu par son cousin Thonmas, conte de Lenclastre' et
seneschal d'Engleterre^ et par aultres de ses prouchains amys et
aucuns de ses barons^ en occupant luy et son host^ ce apercheu et
la vérité sceue, et d'aucuns d^iceux traîtres faicte cruelle justice,
D'après un document cité par M. Bordier, mais qui ne date que du
XYi' siècle, la première pierre aurait été posée le i8 février iSiq.
3. Le ms. B porte : « par Jehenne roy ne de France et de Maheut, sa
mère, » ce qui a conduit les éditeurs du tome XXI des Historiens à sup-
poser qu'il fallait ajouter en présence devant le mot de. On voit que Mahaut
d'Artois était aussi une des fondatrices de Thôpital. — Jeanne de France,
femme d'Eudes IV duc de Bourgogne, et fille de Philippe le Long.
4. Guillaume Pi sdoê existait encore en x328 (pai'agraphe 296). Lui-même
ou un homonyme avait été prévôt des marchands en x3o4 et i3o5.
5. Sic M. Bordier, II, p. 333.
37. — I . Lire : xi j*. Edouard II régnait depuis 1 307 seulement (V. para-
graphe 114, note 3).
2. Edouard l'avait épousée le 25 janvier i3oS.
3. Thomas, comte de Lancastre, fils d'Edmond, aussi comte de Lancastre,
et de Blanche d'Artois, nièce de saint Louis, veuve en premières noces de
Henri III roi de Navarre et comte de Champagne. Edmond était fila de
Henri III roi d'Angleterre, comme Edouard I**', père d'Edouard II.
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* DEUXIÈME PiJtriB. 43
mglorieux et sans riens fisiire, dolent et courouché, fut débouté à
soy en revenir en Angleterre*.
88. — Et en cest an, au moys de juing, lune perdy sa lumière
par esdipse^
89. — Et en cest an, Guillaume TAuvergneau^ evesque de
Paris la cité, p[r]eudomme et de bonne foy, la vigille de la Nati-
vité Nostre [Seigneur] Jhesucrist^, clouist son desrain jour.
40. — Et kprez ce, en cest an, Philippe le roy de France et de
Navarre assembla à Paris, au moys de mars^ barons, prelaz. et
chevaliers ^ de ses royaulmes, pource que le pappe luy avoit devant
escript et mandé, de Pan m. ccc. xviij, que lez Sarrasins estoient
venus et acourrus es parties de la Terre sainte d'oultre mer, et pris
et saisi, par la permission divine, le roy de Géorgie et le roy de
Cyppre et menez en la prison du soudanc de Babilone., et avoit
vaincu lez Crestiens ; et yce leur dist begninement et dévotement
le roy à ce que la promesse Philippe le Beaux son père, Louys son
frère jadiz roy de France, et le voyage de la Terre sainte feussent
ËBiiz et acompliz. Et lors fut illec ordonné de cesser de superfiuitez
de viandez, et de vesturez reprendre et regarder, et especialement
dez princez^ de son royaulme et de tous ses seneschaux et balliz et
tous aultrez officiers, et que guerres feussent ram[en]ez à paix.
4. Ce paragraphe se rapporte à l'expédition entreprise, en juillet iSig,
par Edouard II pour -enlever de nouveau Berwick aux Écossais, tentative
qui arorta (Voy. Rymer, II, i'* partie, p. 180, 186 et 192).
38. -— I. VArt de vérifier les dates ne mentionne d'édipsea de lune
qu'aux 5 février et i** août x3i9.
89. — I. Guillaume de Baufet, dit d'Aurillac (en Auvergne, d'où le sur-
nom de l'Auvergneau), du lieu de sa naissance. Il occupait le siège de
Paris depuis i3o5. Voir, dans le Gallia Christiana, les diverses dates pro-
posées à propos de la vacance de Tévéché.
2. Le ms. A porte : Nostre Dame Jhesucrist; le second mot a étéexponc-
tué, sans être remplacé.
40. — I. La présence de Philippe le Long est constatée à Paris en
février et mars i320, n. st. {Historiens, XXI, p. 482). — M. Hervieu
{Recherches, p. i56) cite une convocation faite, pour le dimanche dans
l'octave des Brandons (28 février), « sous le prétexte fellacieux de croi-
sades, » et qui ne réussit pas mieux qu'une précédente (à Noël iBig).
2. « Barons, prelaz et chevaliers. » Ce dernier mot, que le chroniqueur
n'emploie jamais en pareille circonstance, remplace probablement les mots
« bourgoiz » ou c bonnes villes, i que devait porter le manuscrit primitif.
3. Ms. A : le^ princez.
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44 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
[l'an m. CCC. XX.]
41 . — * En Tan de grâce * m. ccc. xx, à Paris, en Postel du palaiz
de France, au temps de Pasques, le mercredi ij* Jour du moys
d'apvril, Robert de Bethune conte de Flandrez et Louys* conte
d'Ennevers, son filz, leur fol orgueil apperchevans et la forche du
roy doubtans, soupplez et bien veuUans, au roy de France et de
Navarre Philippe se transportèrent et crièrent mercy, en Tan du
règne à 'yce Philippe iiije. Et entre le roy et lez diz contez de
Flandrez et d'Anevers la paix' par aucunes condicionsentrejetéez
fut relfourmée et faicte, et hommaige d'iceluy Robert de la conté
de Flandrez au roy de France et de Navarre faicte et rendue.
42. — Et en cest an et decours de temps, Hemon, frère Edouart
le roy d'Angleterre, filz de Marguerite seur Philippe le Beaux ^
vint dez parties d'Engleterre en France, soi repairant vers lez par-
ties de la Languedoc.
48. — Et en cest an, le samedi aprez la feste saint Marc Peuvan-
geliste^, xxvj' jour du moys d'apvril, aussi comme à heure de
commancement de jour, plusieurs vins et aultrez choses, en la
sainte Maison-Dieu de Paris', soudainement, par cas fortunablez
et piteablez, arsez et en flambez mises.
44. — En cest an, advint à Paris que ung se disoit estre filz du
roy d'Engleterre Edouart le vieP, alloit aux gens de sa nacion
d'Engleterre et leur faisoit entendant qu'il estoit mons. Thonmas
de Brendeton*, filz du roy d'Engleterre le viel et de la roynnç
Marguerite, sa seconde famé, fille du roy de France Philippe qui
mourust en Arragon et de Marie la roynne de Breban, sa seconde
41. — I. Pâques iSio, le 3o mars.
2. Louis de Flandre, mort en i322, comte de Nevers par sa mère loland
de Bourgogne, et comte de Rethel par sa femme Jeanne.
3. Le traité de paix est du 4 mai i32o (Voir J. de Saint-Victor, Histo-
riens, XXI, p. 670 et 671, et le Contin, de Nangis, II, p. 23).
42. — I. Edmond de Woodestooke, comte de Kent, fils d'Edouard I"".
Il fut décapité en i33o.
43. — I. Saint Marc, le 25 avril i320 (vendredi).
2. L'Hôtel-Dieu, dans Plie de la Cité. — Fait inédit.
44. — I. Edouard I".
2. Thomas de Brotherton, comte de Norfolk et de Suffolk, et maréchal
d'Angleterre, frère consanguin d'Edouard II, mort en i338. Notre chroni-
queur le qualifie comte de Marchai, au lieu de comte maréchal^ dans le
paragraphe 199.
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DEUXIÈME PARTIE. ^5
fitme. Et pource aucunes gens, comme simplez de sens, de sa nacion
d'Engleterre, et non saichans, qui cuidoient quUl dist voir, pour
la noblesse de son très hault lignage, par plusieurs foiz grans dons
luy donnoient. Adecertez la dicte roynne Marie^ à qui ceste chose
fut noncié, fist cest homme prendre et amener devant elle. Et
comme il feust devant elle, comme celle qui sçavoit bien estre
&ulz ce qu^il disoit, et que il estoit ung lobeur, et que son nep-
veu ' mons. Thonmas de Bredenton estoit en sa terre au royaulme
en Angleterre tout paisiblement, la roynne, ses dames et chevaliers,
cest garçon tricherre par devant eux confessa que il avoit nom
Henriet et que il avoit esté filz d'un meneistrel (le quel ce dist et
confessa du commandement delà ro3mne), et que se^ que il foisoit
il ne le £aisoit fors que pour dechevoir les gens de sa nacion, pour
avoir du leur. Le quel fut envoie soulz estroite garde au prevost
de Paris Henry de Taperel, et en plain marchié, es hallez de
Paris, fut mis au pillory, et illec fut signé d^un fer chault au
millieu du front, et puis banny du royaulme de France à tous-
jours suz la hart. Et comme garchon et tricherre maleureux,
non [repentant] de son malice ne de ceste mauvaistié, en Lisle
en Flandrez, de ce usant de mal en pirs, si fut congneu et apper-
cheu y et illec comme baniz du royaulme de France fut prins et
saisi, et à Paris, au Chasteleit, au dessus dist prevost livré. Le
quel garson tricherre incontinent au gibet fut penduz '.
45. — Et en est an vraiement, noble miracle de Nostre Sei-
gneur Jhesucrist en la duché de Bourgongne advint, que ung
enffant, du Ventre sa mère neissant, en apporta unes verges en sa
main, des quellez iceluy en£fant à plusieurs heures se feroit. Pour
la quelle chose plusieurs estimèrent que Jhesucrist, sauveur du
monde, demonstroit que, pour nos iniquitez qui en nous sont et
d'iceux avoir miséricorde, Pen^ debvoit confesser et batreen afflic-
tion de penitance, comme yceluy enfifant faisoit. Et tous ainssi le
firent en celle région, plusieurs tant povrez comme richez*.
46. — Et en ceste année mesmes, Dynant, la ville Tarche-
3. ■ Son nepveu, i c'est-à-dire son petit-fils (nepos). On retrouvera ce
mot employé avec la même signification dans le paragraphe 49. Voir aussi
le paragraphe 169 pour le mot < niepce. >
4. Se pour ce, ici et ailleurs.
5. Faits inédits.
45. — 1. Ms. A : Pan.
2. Ce miracle n'est rapporté que par notre chroniqueur.
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46 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
vesche du Liège ^ , assise et avironnée à fer et à perrieres de grans
pierres getans en la ville^ et tous hors des murs ars et mis en
pouldre, du conte de«Namur Jehan et des siens 6lz [et] du conte'
Guy de Flandrez, frère au conte de Flandres Robert de Bethune
à ce temps conte de Flandrez ', et en la compagnie d'iceluy Jehan
mont grant quantité d'autre chevalerie.
47. — *Icy pove\ sçavoir quant le\ pastoureaux en allèrent
segondefoi\,
*Adecertez en ycest cours de temps, et en cest an l'an de Tln-
carnacion Nostre Seigneur m. ccc. xx> droitement tout le moys
de may decourant ^, ung merveilleux signe et une grant nouvelle
adonc segonde foiz avenue au royaulme de France aprez Ixix ans^
Car aucuns simples des parties de Normendie ', eux faignant avoir
veu, si comme il fut dit, la vision dez anglez à eux avoir apparu^
et leur avoir commandé à secourre la Terre sainte, et d'icelle
vision comme en bonne intencion se feussent esmeus, en passant
par villes et par champs, lez plus simples du peuple à eux se
46, — I. Dînant, qui relevait de l'église de Liège, était, depuis i3i8,
en lutte avâc les habitants de Bouvignes, sujets du comte de Namur {Art
de vérifier les dates, IV, p. 208).
a. Ms. A : Siens fiiz au conte.
3. Jean de Flandre, comte ou marquis de Namur, et Guy de Flandre,
comte de Zélande, étaient fils de Guy de Dampierre, comte de Flandre,
et de sa seconde femme, Isabelle de Luxembourg, et par suite frères con-
sanguins de Robert III dit de Béthune, fils aîné de Guy et de sa première
femme. Les fils de Jean de Flandre étalent Jean, Guy, Philippe et Guillaume,
et lui succédèrent Tun après l'autre.
47. — I. Eodem anno, circa principium (Jean de Saint- Victor).
2. Le premier soulèvement des Pastoureaux remontait, en effet, à X25i.
3. Les autres chroniqueurs n'indiquent pas de quelle province partit le
mouvement. •— Dans le ms. A, comme dans les manuscrits de la Chronique
française de G. de Nangis que possède la Bibliothèque nationale, le récit de
la première expédition des Pastoureaux est une traduction de la variante
que Géraud a donnée p. 435 du tome I" de son édition de la Chronique
latine de Nangis. Notre chroniqueur, selon son habitude, a emprunté bon
nombre d'expressions au récit primitif, tout en restant original pour le
fond et pour la majeure partie des détails. Le texte latin de la variante
ayant été seul publié, nous en donnerons ci-dessous les fragments dont le
ms. A reproduit la traduction; — le lecteur verra ainsi ce qui appartient en
propre au chroniqueur parisien.
4. Fingebant se visionem Angehrum vidisse.
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DBUXlèn PARTIK. . 47
traioient*. Et œmme Hz parvinssent à Paris, cité de grant renom,
en si grant université estoient jà creux que [par] tnyliers et par
cens alloient aussi comme ung ost*, à banieres et pennonceaux es
quieux le crucifiement Nostre Seigneur estoit pourtrait ^ et les
armez au conte Louys de Clermont®. Et avoient iceux pastou-
reaux bastons où ilz pendoient boursez pour rechevoir Pargent
que l'en leur voulloit donner, car rien ne demandoi^nt •. Et
quant ce ouy et entendi Philippe le roy de France et de Navarre,
qui à Paris en son palaiz estoit avec mont de prelaz et barons de
son royaulme, le peuple cheu en tel erreur, si s'en doulut, et lors
fist faire deffence, à Paris et ailleurs, que nul ne fust si Hardy,
sur quanque il se povait meffaire envers luy, que il ne se meust
de son lieu pour nulle chose, et commanda à son prevost de
Paris, nommé Gille Haquin**, que ceux que il pourroit prendre
paisiblement, sans esmouvoir le peuple, il meist en prison en la
.prieurté Saint-Martin-des-Champs. Et ainssi le fist le prevost.
Adoncquez quant ceste prinse seurent leurs aultrez compaignons,
si s^assemblerent une grande quantité, à ung samedi jour de feste
Sainte-Croix^^ en yceluy moys de may, et allèrent en icelle
abbaye, à tout bastons et chareitez, et rompirent lez portes, et
leurs compaignons amenèrent, en injuriant et villanant la diae
prieurté et le roy de France. Aprez ce, comme aucuns d'iceux
pastouriaux de aucuns sergens de Chasteleit de Paris^ si comme
Pen dist, desrobez de leur argent^' (et ne sceust Ten le quel ser-
gent se fist), le prevost Gillez, ses sergens environ luy, venans du
Chastelet parmy la rue de Saint-Germain-PAucerhoiz** de Pariz,
d'iceux pastoureaux et d'aultrez qui s'estoient meslez avec eux et
5. Simpliciores populi aitrahebant,
6. In tanta numerositate jam creverant, quod suh millenariis et centenariis
cottstituti quasi exercitus procedebant.
7. Cœlatis imaginibus depingebant.
8. Voir paragraphes 14 et 22 et note 9 du paragraphe 23. -^ Détail inédit.
9. Détail pareillement inédit. D'autres chroniqueurs imputent, au con-
traire, aux Pastoureaux une mendicité avec menaces.
10. Gilles Haquin avait succédé à Henry de Tapcrel vers le 24 avril i320
(voir paragraphe 5i).
11. L'Invention de la sainte Croix, le 3 mai.
12. Détail inédit.
i3. Ms. A : Saint-Germiain-l'Avenchoîz. — Diaprés Jean de Saint-Victor
et le Continuateur de Nangis, cette scène se serait passée sur les degrés du
Châtelet.
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48 CHRONIQUE PARIStBNNR ANONTMB.
faisoient^'* lez pastoureaux mal meus et haynneux vers luy, fut
batus et nasvré , et mallement vi[llané] , et aucuns ochiz, en des-
pitant et vitupérant la magesté royal. Et adecertez, comme iceux
pastouriaux allassent, par lez villes et lez lieux champestrez jouxte
lez bercheries de brebis et d^aultres bestez, lez pastoureaux lais-
soient leurs bercheries et , sans le conseil de leurs parens ne de
leurs amys,.je ne sçay par quellez debacacions et dechevemens
démenez, s'envelopoient et metoientenladecevanceavecyceux^'.
Et comme yceux pastoureaux eussent passé la ville de Paris, lez
ungs allans vers Marceilles le port de mer et lez aultres à Bran-
dins*^ et en Avignon en Prouvence au pappe Jehan qui à ce temps
estoit^^, et en ycelle région yceux pastouriaux, esmeus et embrasez
plus ardanment que devant en leur erreur^ tous les Juifz que ilz
trouvèrent, et si comme Ten dist par l'enditement de aucuns de
leurs debteurs *® qui avec eux s^enveloperent en leur diable-
rie, bien jusques à xiiij^ desroberent et ochirent. Et aprez ce,
pour la doubtance de justice, comme aucuns en feussent pen-
dus, lez ungs se espartillerent par divers lieux, les aultrez
se esvanouirent aussi comme fumée *^, si que Ten ne sceust
quMlz devindrent, et les aultres s^en revindrent en leurs lieux. Et
ainssi devindrent ilz, puis et mont tost aprez^ aussi comme à
nient.
48.— Et en yces't an, à la feste saint Jehan Baptiste S Edouart
le roy d'Angleterre et Ysabel sa famé, à Amyens, la cité de Picar-
die, feussent illec parvenus avec Philippe le roy de France et de
Navarre, frère de la diae roynne, et grant multitude de barons
et prelaz de Tun et de Tautre royaulme assemblez, grant feste
démenant et en la concorde et joye louable du peuple dez royaul-
mes.
14. Ms. A: et se faisoîent.
i5. Juxta caulas et grèges ovium, postures, reliais gregibus et inconsultis
parent ibus,..,. nescioquibus debacchationibus agitati, secum illis in facinus
involvebant,
16. Brindisi, en Italie?
17. a Qui à ce temps estoit. » Ces mots sont, à nos yeux, une addition
de copiste.
18. Détail inédit.
19. Ceteri quasi fumus evanuerunt,
48. — I. Edouard II quitu l'Angleterre le 19 juin, et il y était de retour
le 22 juillet (Rymcr, II, 2* partie, p. 3 et 4).
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DEUXtÈME PARTIE. 4g
48. — Aprez en cest an vraiement^ au palaiz de Paris, le mardi
jour de la Magdaleine'^ espousa Louys'^ filz Louys le conte
d'Ennevers et [nepveu Robert*] de BethunecontedeFlandrez,
Marguerite* fille de Philippe roy de France et de Navarre et de
Jehanne la roynne sa famé, sur plusieurs condicions refifourmées
d'une partie et d'aultre , et entre les aultres que le conte Robert
de Bethune tout son vivant seroît* conte de Flandrez, et aprez
son decheis seroit conte de Flandrez son nepveu Louys, filz
de son filz le conte d^Ennevers Louys, gendre Philippe le roy de
France et de Navarre, et yceluy conte d'Ennevers du tout en tout
séparé de la devant dicte conté, et, se ainssi advenoit que lez dessus
dis mariez n^eussent nulz hoirs de leurs corps , que toute la conté
de Flandrez demourast à perpétuité au corps du royaulme de
France •.
60. — Et le jeudi ensuivant*, les bourgoiz de Paris, en Tamour
et obédience de leur seigneur le roy de France et de Navarre, —
Pespouse Louys [filz Louys le conte d'Ennevers], et Louys de Cler-
mont, Robert d*Artoiz filz feu Philippe d'Artoiz, [conte] de
Biaumont, et d'aultrez barons presens, — joieusement et honnou-
rablement jousterent, au fleuve de Sainne, en Tisle des Juifz en
la quelle les Juifz furent ars'.
61. — Et adecertez en cest mesmes année, comme de Philippe
le roy de France et de Navarre, sus Henry de Taperel, de la
nacion d'Arras*, son prevost de Paris, par Tesmouvement et endi-
49. — I. Le 22 juillet. » Bernard Gui n'indique pas le quantième. Le
P. Anselme ne cite que la date du contrat de mariage, 2 juin.
2. Louis dit de Crécy, tué à la bataille de ce nom en 1346.
3. Les mots entre crochets manquent aussi dans le ms. B; on les a
suppléés d'après ce qui suit.
4. Marguerite, seconde (ou troisième) fille de Philippe le Long, avait
à peine huit ans. (Bernard Gui.)
5. Ms. A : soit. — Ms. B : seroit.
6. Le Continuateur anonyme^ de Jean de Saint- Victor et Bernard Gui
{Historiens, XXI, p. 678 et 730) confirment la première condition, celle de
la dévolution du comté à Louis de Crécy, miais pour le cas de prédécès de
son père selon le Continuateur, et ils ne relatent pas la seconde condition.
50. — I. Le 24 juillet — Ces joutes ne sont mentionnées par aucun
autre chroniqueur.
2. Explication inédite, malheureusement trop laconique, du nom donné
à cette île.
61. — I. Le Continuateur de Nangis le dit picard; et, en effet, les biens
MÉM. ZI 4
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50 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
tement de Charlez conte de Valoiz et de Charlez conte de la
Marche et de Bigorne*, frère du roy de France Philippe, et
d^aultres, — sur yceluy Henry inquisiteurs donnez à enquerre lez
malefachons de luy et à lez rapporter au roy, c'est assavoir le duc
de Bourgongne*, Robert le conte de Comminge*, de Languedoc,
Ansel sire de Janville*, et le sire de Craon Amanry*, le dist
Henry du roy de France et de Navarre, au jeudi devant la feste
de saint Marc^ euvangeliste, fut desposé. Aprez le quel son
ancesseur^ fut appelle Gillez Haquin, dMcelle nacion d^Arras. Sus
le quel Henry yceux contez de jour en jour, sans prolongnement
ne intervalle, enquestans et senefians, jusques environ la feste
saint Jehan-Baptiste devant nommée* que la quarantaine de
Knquisicîon faicte sur le dist Henry détermina et failly.
62. — *Icy povés entendre aucuns des articles des forfai\
Henry de Taper el prevost de Paris, pour le:( quieux il fut
emprisonné et condempné à mort.
*ht premier article si est : car ung homme appelle Berengier
de Vignac fut pris et mis en prison au Chastelet de Paris pour
aucuns homicidez que Ten disoit que il avoit fais. Le dit Beren-
gier, si comme le dit Henry proposa en sa deffence par devant lez
inquisiteurs et dist à tout le peuple^ que le dist Berengier, sans
contrainte nulle, tout paisiblement luy confessa que, d'une espée
que il avoit, il avoit tué et meurdry xvij hommez^ et avoit geu
qui furent confisqués sur lui étaient situés à Amiens et aux environs.
(Archives nationales, JJ. Sg, n* 5 12.)
2. Bigorre.
3. Eudes IV.
4. Bernard VII (et non Robert], comte de Comminges, mort en i335.
5. Ancel ou Anceau, sire de Joinville, fils de l'historien de saint Louis et
comme lui sénéchal de Champagne, — maréchal de France en i338, mort
en i35i au plus tôt.
6. Amaury III, seigneur de Craon, mort en i332. — Les commissaires
enquêteurs ne sont pas nommés ailleurs que dans notre ms. A.
7. La Saint-Marc, le vendredi 25 avril.
8. Ancesseur pour guccesseur.
9. <« Devant nommée, » au paragraphe 48.
52. — I . Les Archives nationales ne renferment aucune pièce du procès
de Henry de Taperel. — On remarquera la publicité, peut-être exception-
nelle, de l'interrogatoire de Tancien prévôt (voy. aussi le paragraphe 226);
elle est en contradiction avec les idées reçues sur la procédure criminelle
au moyen âge.
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DEUXIÈME PARTIE. 5l
avec la &me de son frère qui gesoit d^enfont, et que l'enfant il
avoit noie en Teaue du Rosne ; et pour ce le dit Henry yceluy
Berengier du Chasteleit traynna jusques es hallez de Paris, et
illec l'en roua et brisa lez jambes et les bras, et d'illec le traynna
et pendi au gibeit^
*II. Item, Lappe de Wit, chevalier, nepveu d'un homme Ion-
ban nommé Jasques de Cretant, que, pour ung meurdre qu^il
avoit fiait à Provins et de par une bourgoise de Paris, [avoit esté]
pris et en Chastelet mis en prison , pour ce que il cuida tuer
Jehan Davelin, orfeivre, son mary, et il luy avoit mehengnié, le
dit chevalier au dit Henry confessa^ si comme le dit Henry par
devant lez dis contez en ses deffences proposa contre le dit Jasques
de Cretant, que vij hommes de sa main il avoit ochiz, et aucuns
de ses sept il avoit ochis de fait apensé, et en avoit esté absoulz;
et pour ce le dist Henry prevost de Paris le traynna et pendi.
*ni. Item , ung homme fut prins , en la terre de Tospital qui
jadiz fut du Temple, pour la suspeaion de la mort d^un homme ;
le dit Henry, pour argent quU en eust, le laissa aller.
*IIII. Item, une famé, par cas fortunable, se couppa ung petit
la gorge'-, il en eust i)^ livres.
*V. Item , une feme fut prinse et mise en prison , la quelle l'en
appelloit Agnesot de la Selle, pour la souspechon d^un homme
que Pen disoit qu^elle avoit &it ochire en sa maison; pour ce
qu^elle estoit des linaigez de Paris ^ estraite, et à la prière et
à la requeste d'un dez escuiers Estiene Barbeite', il la laissa
aller.
*VI. Item, ung lonbart, pour plusieurs malefachons que il avoit
fairtes, le dist Henry en eust if fleurins à l'engnel*, et puis le
laissa aller.
2. Pour comprendre qu'on ait fait un crime à Henry de Taperel de
l'exécution de Berengier de Vignac, on est forcé de supposer que celui<i
avait été supplicié, malgré des lettres de rémission anciennement obtenues
par lui, comme Lappe de Wit.
3. On sait que le suicide entraînait des pénalités posthumes (paragraphe
2 Si) et la confiscation des biens. La tentative même était punie, comme
l'implique ce passage du paragraphe 52.
4. lyune des principale» familles de la bourgeoisie parisienne (voy. le
paragraphe 34 et la note 6 de ce même paragraphe).
3. Etienne Barbette avaft, de plus, un fauconnier (Géraud, Paris tout
Philippe Le Bel, p. 117).
6. Florins à Pagnel (agneau).
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Sa CHRONIQUE PAKISTENNE ANONYME.
*VII. Item, d'un changeur de Provins appelle Guillaume, par
la haynne d^un homme qui le haioit^ le quel homme donna
à entendre au dist Henry, le fist aller quérir à Provins et amener
en prison de Thyron^, et illec le mist plusieurs foiz à question
et à tourment; et si luy en donna yceluy homme grosse somme
d'argent. Et trouva yceluy Guillaume, tant par enqueste comme
en aultre magniere, innocent, et puis le délivra.
*VIII. Item, ij famés, donc à l'une son mary estoit en prison,
il requist à la dicte famé que, se elle se voulloit octrier à luy,
il delivreroit son [mary] ; elle s'i octroia, et gust avec elle, et si ne
délivra pas son mary. Et pour oe faire la mena en la ville de
Thyais®.
*IX. Item, iii) compaignons, donc Tun estoit sergent et estoit
son familier et à Philippe de Bescot, son clerc •, merent ^^ Gaultier,
valleit de Jehan Le Mire à ce temps clerc des arbalestriers de
France**; yceux prins et mis en prison au Chastelet, yceux ne
trouva point clers ne thonsure nulles ; par sa grant fallace leur
fist sorciller leurs couronnes aussi comme se ilz eussent esté
de XV jours**. Et pour ce se fist ammonnester et escommenier de
Tofiice, pour eux couvrir, à ce que ilz les rendist à Tofficial. Le
quel Henry, en deffraudant la jurîdicion du roy, les délivra
comme clers à Pofficial de Paris.
^X. Item , d'une aultre famé qui avoit son frère en prison , en
ouvra tout ainssi*^.
63. — Et aprez ce, mont d'aultres choses sur luy imposées
tant des inquisiteurs comme de partie, et tant par haynne* comme
7. Thyron, hameau de Bréval (Seine-et-Oise).
8. Thiais, canton de Villejuif (Seine). Choisy-le-Roi en a été détaché.
9. Henricus de Taperelle, prepositus Parisiensis, et Philippus le Bescot,
ejus familiaris {en i3i8, Olim, III, p. iSoy).
10. Ms. A : tuèrent tuèrent,
1 1 . Jean Le Mire est désigné comme clerc des arbalétriers, et ses attri-
butions sont fixées, les 18 juillet i3i8 et 10 juillet iSig {Recueil des
Ordonnances des rois de France ^ I, 661).
12. Sorciller. — Ce mot manque dans les glossaires; il doit signifier :
tailler de la largeur d'un sourcil ou aussi nettement qu'un sourcil. Les
clercs n'avaient droit, on le sait, au privilège de la juridiction ecclésiastique,
toujours indulgente pour eux, que s'ils étaient arrêtés en habits ecclésias-
tiques (sauf dans le ^s où ils étaient chevaliers) et s'ils portaient la tonsure.
i3. Cet alinéa aurait dû suivre celui qui porte le numéro VIII.
63. —«I. Licet tamen nonnulli velint assererehoc eidem ex suorum a^mu-
lorum invidia processisse. (Contin. de Nangis, II, p. 24.)
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DEUXIÈME PARTIE. 53
à cause donc grant prolixité seroit de dire et raconter, et ses cas
et plusieurs aultres'.ainssi proposées et sur le dist Henry prou-
vées et d'iceux enquesteurs au roy de France et de Navarre
rapportez, le roy, o deliberacion de son noble conseil, le con-
dempna à estre pendu. Adonc yceluy Henry, du commandement
du roy, à Paris, en I^abbaie des chanoines rieullés^ de Sainte-
Genevieve-du-Mont, où le dit Henry estoit en prison, le lundi ^
au soir, veille de la Magdaleine, tout à pié, à grant multitude de
sergens devant et desriere, le dist Henry amené au Chastelet, au
prevost de Paris Gille Haquin baillé et livré pour mourir ; yceux
Berengier de Vinac, escuier, et Lappe de Wit, chevalier, des
inquisiteurs sentence que à tort, sans loy et sans congnoissance de
cause, avoient esté justicié, et que iceux seroient du gibet ostez et
en terre benoiste mis. Adécertez le vendredi * ensuivant, jour do
feste saint Jasques et saint Cristofle au moys de juillet , en ycelle
sepmaine ensuivant, environ heure de nonne^ à grant multitude
de peuple de Paris assemblez tant en la grant rue Saint Denys
comme aux champs, le dit Henry du Chastelet de Paris , en une
chareite, vestu d^une robe de pers, disant et criant au peuple :
t Bonnes gens, priés pour Pâme de moy ; je meur par haynne ; »
le peuple après, aucuns esperans que il ne mourroit mie, et lez
aultres si disoient : « Penduz soit-il ! si ne fera jamaizfaulz juge-
ment ! » et ainssi jusques à la mort soi démenant, fut mené au
gibet ; lez diz Lappe de Wit et Berengier de Vignac ostez et
despenduz, à grant joye inestimable dedens Paris furent apportez
et en Peglise Saint-Augustin * en sépulture mis. Et aprez le dece-
parement de ses deux corps, ledit Henry de Taperel, qui par
2. Notre chroniqueur, remarquons-le, ne mentionne pas le plus odieux
des crimes qui furent imputés à Henry Taperel : celui-ci aurait substitué,
à un honune riche condamné à mort, un pauvre homme, innocent, qu'il
aurait fait pendre sous le nom du vrai coupable (Ibidem), Ne serait-il pas
permis de conclure du silence de la Chronique parisienne que ce n'était
là qu'un bruit, semé par les ennemis du prévôt de Paris pour exciter les
masses populaires contre lui ?
3. Chanoines réguliers. — Cette prison de Sainte-Geneviève est citée dans
une des pièces justificatives de la Chronique Normande du XIV* siècle,
éditée par MM. Molinier, p. 223, comme dans les Grandes Chroniques,
col. 1222.
4. 21 juillet i320.
5. 23 juillet
6. Sans doute l'église des religieux Augustins.
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54 CHRONIQUE PARISIENNE ilNONYME.
iiij ans avoit esté prevost de Paris, à yceluy commun gibet des
larrons, où yceux Berengier et Lappe de Wit, chevalier, estoient,
fut pendu, jasoit ce que Jehanne la roynne de France et de
Navarre et Maheult la contesse d^Anoiz et de Bourgongne, sa
mère, bien veuUans au dit Henry, et de elles mont amé, tendans
lez bras de leur puissance à prière et supplicacion devers le roy et
lez princes de son royaulme, aussi comme poi ou nient "^ vallut'.
54. — Et en ycest an, le prince de Tharente Philippe, qui sus
les Ytaliens Guibelins. nommez dès long temps avoit guerroie, et
son filz en la bataille ochiz ^ et Philippe de Valois, filz Charlez de
Valoiz^, inglorieux et sans riens faire, dolent et courouché, fat
débouté à tux en revenir quérir secours en France'.
66. — Et en cestan ensement, le jeudi aprez feste saint Remy ^
deux jours en octobre, deux noblez barons, c'est assavoir Jourde-
net de Tlsle^ et Alixandre de Caumont, des parties de Languedoc,
que eux ensemble de la trayson devant la magesté royal [avoient
appelle, à Paris, au jardin du palaiz royal,] es lices pour mons.
Ferry de Piquegny [et] mons. Jehan de Varennes faictes si comme
érasus Qst dist, devant Philippe le roy de France et de Navarre
et grant multitude de noblez d'ices royaulmes et grant habon-
dance de menu peuple, pour batailler Pun contre l'autre ,
armez noblement, vindrent au champ, et illec à lances d^acier
7. A la sollicitation de la reine Jeanne, Philippe le Long accorda aux
enfants de Henry de Taperel, en août i320, quarante livres tournois de
rente perpétuelle, moitié de celle qu'il percevait sur la baillie d'Amiens.
(Arch. nat., Ji. bg, n« 5i8.)
8. Tout ce curieux récit d'un témoin oculaire est résumé ainsi dans le
ms. B : « En lad. année, au moys d*aoust, Henry Taperel, prevost de
Paris, fut mis et pendu au gibet de Paris. »
64. — I. Philippe I" de Sicile, prince de Tarcnte, quatrième fils de
Charles II, dit le Boiteux, et de Marie de Hongrie, mort en i332. Sa seconde
femme, Catherine de Valois, était fille puînée de Charles comte de Valois
et de Catherine de Courtenay, deuxième femme de celui-ci. — Le fils aîné
de Philippe I" de Sicile et de sa première femme, Charles de Sicile, avait
été tué, en i3i5, à la bataille de Monte-Catino livrée aux Gibelins.
a. Philippe de Valois, fils aîné de Charles, comte de Valois, et de sa pre-
mière femme, Marguerite de Sicile, depuis roi de France.
3. Voir Jean de Saint- Victor {Historiens, XXI, p. 672) et le Continuateur
de Nangis, II, p. 28.
55. — I. Saint Remy, le 1" octobre (mercredi).
2. Jourdain de l'IsleJourdain, seigneur de Casaubon, de Cornillan et de
Montgaillard.
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DEUXlàMB PARTIE. 55
bien agûes et [espées bien] esmoulues Tun contre l'autre se
combatirent aussi comme à poi de force. Maiz comme Hz feussent
au parc à plus asprement aller ensemble affin de leur entencion,
par mont de conseux [et] de parlement de la paix faire, des amis
d^une part et d'aultre avironnez et empeschez, du dit champ
furent retraiz'.
56. — Et en cest an, le jeudi devant la Nativité Nostre Seigneur,
en la xviij* kalende de janvier \ deux noblez barons, c'est assa-
voir mons. Fleurent de Waupillieres et mons. Fleurent de Bou-
chère, que eux ensemble de la traison devant la magesté royal
avoient appelle, à Paris, au jardin du palaiz royal, es lices pour
mons. Ferry de Piquegny et mons. Jehan de Warennes &ictes
si comme nous avons dit dessus, devant Philippe le roy de France
et de Navarre et grant multitude de nobles d^ice royaulme et grant
habondance de menu peuple, pour batailler l'un contre l'autre,
armez noblement, vindrent en champ, et illec à lances d^acier
agûes et espées bien esmoulues Tun contre Taultre se combatirent
asprement et viguereusement ; et eust à l'un brisée son espée, et à
l'autre chevalier son espée luy chei. Maiz comme ilz feussent au
parc ainssi viguereusement combatans et leurs armez depechans,
convoitans à plus asprement aller ensemble, par mont de conseulz
[et] de parlement de la paix faire^ dez amys d^une pan et d^aultre
environnez et empeschiez, du dit champ furent retraiz.
57. — Et en cest an, Philippe le roy de France et de Navarre,
delà feste sainte Luce vierge^ jusquesau karesme prenant ensui-
vant*, à Paris, en la Chambre de ses comptes visitant, [ordena]
aucunes provisions sur le sire de Chambelley^ et celuy des Wir-
3. Le P. Anselme, II, p. 706, parle d'un combat singulier que se livrèrent
les mêmes personnages, mais il lui donne la date du xo novembre i3i8.
56. — I. Le jeudi 18 décembre i32o, Noël tombant le jeudi a5. —«Le
jour des Calendes. C'est ordinairement le premier jour du mois, et quel-
quefois le premier jour du mois précédent auquel on commençait à
compter par les calendes du mots suivant, n {Art de vérifier lu dates,
1, p. 187.)
57. — I. Sainte Luce, le i3 décembre.
2. Le mercredi des Cendres tomba le 4 mars en i32i, n. st.
3. Un arrêt du 24 février i320, v. st., révoqua, en effet, contradictoire-
mcnt avec les héritiers de Pierre Hydeus, dit de Chambli, surnommé le
Preudomme, et de Pierre Hydeus, dit le Gras, son fils, les dons, foits au
premier par Philippe le Hardi et par Philippe le Bel, des seigneuries de
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56 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
mes^. Et donc Philippe de France et de Navarre vers lez parties
de Poitiers se traist.
68. — Et en cest an, au temps de karesme^ furent condampnez
lez mauvais livrez dez Juifz en la maistresse église Notre Dame
de Paris • .
69. — Et en cest an, le premier jour d'octobre, après heure de
minuit, fut la lune éclipsée * .
[l'an m. ccc. xxi].
eo. — *En Pan de grâce ensuivant^ m. ccc. xxj, le dimenche^
jour de feste Sainie-Croix en may, furent lez Juifz prins^ espe-
cialment pour sçavoir de eux, si comme Pen dist, les ecclésias-
tiques et aultrez qui peccunes à gaaing^ leur bailloient; et au
soir d'îcduy dimenche feste Sainte-Croix, furent délivrez, et
revindrent à leurs hostieux chacun paisiblement^.
61. — Et en cest an, le mardi d'après la saint Nicholas en
may\ à Paris, en la place des Champiaux, [à] ung chevalier de
Languedoc nommé mons. Girart de Rays fut la teste couppée; et
puis son corps et la teste, en ung gravois lors estant costéla place
des Pourceaux, furent enfouys^.
62. — Et en cest an, leroy d'Arragon*, plain de grant iniquité,
suivant aucunes des traches le roy Mainfroy de Sezille, jadiz
Cany-Caniel et de Chambli ou Cbambly (Brussel, Usage des flefs, II,
Lxxxiij. Voir aussi Ordonnances, l, p. 762).
4. La seigneurie de Wismes appartenait à la famille de Chambly, d'après
le P. Anselme, VIII, p. 464.
68. — I. Fait inédit.
69. — I. Éclipse non mentionnée dans VArt de vérifier les dates, — Ce
paragraphe, comme quelques autres, est transposé.
60. — I. Pâques i32i, le 19 avril.
2. 3 mai.
3. Cest-à-dire à intérêt. Cette sorte de prêt, quel que fût le taux, était
considéré comme illicite. Les prêts sur gages par des ecclésiastiques étaient
aussi un abus qu'on a signalé de tout temps. (M. L. Delisle, Classe agri"
cole au moyen âge, p. 202.]
4. Ces foits sont racontés par notre chroniqueur seul.
61. — I. Saint Nicolas, le 9 mai. Le mardi suivant, le 12.
2. Faits inédits.
62. — I, Jayme II, roi d'Aragon, mort en 1327. Il avait été excommunié
par le pape.>
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DEUXIÈME PARTIE. 5y
envaisseur de Teglise de Dieu', en tous ses termes congea et banist
toutez gens qui en sa terre n^estoient nez, jasoit ce que aucuns y
eussent demouré l'espasse de lx ans et plus et qu'ilz y eussent
leurs enSans et leurs heritagez. Et les pèlerins et aultrez simples
de povre estât les iaisoit meitre en prison et oster ce qu^ilz
avoient; ne nulz, en tout son royaulme, qu'il peust, ne laissoit
demourer, se il n'estoit nez de son royaulme. Le quel roy, de
ceste rage ainssy esprins, oncques à ses Sarrasins ne Jui&, en
riens ne lez contraingnist ne de nulle chose ne lez achoisonna, donc
c*estoît oppression, grant courons et grant deul à son peuple
crestien ; et ceste dyablie, entrée au roy d^Arragon et es siens^
foisoit il pour double que yceux banis ne feussent meseaux', et
que luy et son royaulme ne voulsissent en aucune magniere
envair^
es. — Icy povés sçavoir et entendre en quel temps les Juif:{ et
les meseaux furent prins y emprisonne:^ et arsparle royaulme
de France,
^Etençeste mesmes année vraiement^ Tan de Tlncarnacion
Nostre Seigneur Jhesucrist M.ccc.xxj, une très grant desloiaulté et
horrible malice dez meseaux du royaulme de France et d'autres
régions, tant des meseaux qui estoient appeliez Cacos' comme des
2. Manfred ou Mainfroi, roi des Deux-Siciles, fils naturel de Tempereur
Frédéric II, tué à la bataille de Bénévent en 1266, après avoir longtemps
lutté avec succès contre les papes Innocent IV, Alexandre IV, Urbain IV
et Qément IV, et contre Charles d'Anjou, compétiteur suscité par eux.
3. Lépreux.
4. On ne lit rien de semblable dans les autres chroniqueurs français.
63. — I. Ms. B : Oudit an m.cccxx.
2. c Sçavoir entre eulx aucuns qui n'estoient pas mesel, mes filz de mesel
ou de meselie, que l'en appeloit caçors, qui se portoient comme mesel, et
cilz estoient les plus mauvaiz, qui portoient les messages, et, quant ilz
estoient entre les sains, ilz se contenoient comme sain, pourquoy ilz
■loicnt plus franchement par tout. 1 (Archives de la Seine-Inférieure,
Chronique manuscrite anonyme de i285 à i323, n* 5 des Cartulaires,
f* 142 r et V*. Le ms. français ioi32 de la Bibl. nationale, qui est ana-
logue à cette chronique, a été publié seulement pour la partie posté-
rieure à i3ai, dans le tome XXI des Historiens des Gaules et de la France,
sous le titre de Continuation anonyme de la chronique de Jean de Saint"
Victor.) On peut induire de ce passage que, pour l'auteur de la Chronique
parisienne, les Cocos étaient des fils de lépreux ou de lépreuses ; seulement,
il les considérait comme lépreux eux-mêmes. Le Dictionnaire de Vancienne
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58 . CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
aultres. Les quieux^ (si comme le commun oppinion du peuple tenoit
pour certain, et fut jà si avereis tant par la confession de plusieurs
qui pour ce en aucunes parties du royaulme de France furent mis
à raison et aucuns justiciés et ars, et pour aultrez causes, que en
nulle magniere ne peust plus estre celée) par grant deliberacion
eue à eux par plusieurs assembléez, et de long temps, a voient
appareillez poisons mortieux pour adminstrer et donner à tout le
peuple qui de leurs maladies n*estoient enteichiez, par plusieurs
et diverses magnieres, c^est assavoir pour meitre en puis, en fon-
taines, en vins, en blés et en aultrez choses nécessaires à soustenir
vie de homme et de famé, affin que tous ceux qui de ses poisons
en aucune magniere useroient en boire ou en mengier , ou ilz
mourroient ou ilz feussent espris et enteichez de leur maladie. La
quelle chose ne peut estre sans la lésion de la magesté royal ^,
si comme plusieurs le tenoient. Et en ceste grant desloiaulté et
cruelle malice , avoient yceux mesiaux plusieurs de eux esleus à
seigneuries royaux, et lez contrées à eux livrées, si comme aucuns
de eux, en la contrainte de leur tourment, confessèrent. Et sur ce,
par grant deliberacion, de la magesté royal pourveu et ordené que,
avant que ceste desloiaulté peust plus avant venir, remedez conve-
nablez y feussent mis, à la conservacion et saulvement de tout le
peuple gros et menu. Et eux pour ces felonnies et iniquiiez
emprisonnez et mis à question et tourment*, furent en ce con-
vaincus, en disant aucuns, tant à Paris * comme ailleurs, que par
Tammonicion et introducion dez Juifz avQient ceste deablerie
langue française, de M. Godefroy, ne donne que les formes caqueux et
cacouXt sans autre signification que lépreux. Du Gange repousse à tort
cette même signification, et indique les mots caqueux, caquins, cacou et
cagots {cagoti), comme des injures ou termes de mépris appliqués, en
Bretagne, en Béarn et en Gascogne, soit à des hommes regardés et traités
comme Juifs dans la première province, soit à des habitants hais et mé«
prisés du reste du peuple. — La réclusion des meseaux et la sépara-
tion absolue des hommes et des femmes (Bernard Gui, Historiens, XXI,
p. 782) furent probablement motivées en partie par le rôle prêté aux Cocos*
3. Ms. A : Le quel.
4. Ceterum cum leprosi ipsi crimen lèse majestatis nostre ac contra rem
publicam commiserint. (Ordonnance de Philippe le Long, à Poitiers, ai juin
i32i, BibL de V École des chartes, iSSy, p. 270.)
5. Subjiciantur questionihus et tormentis (Ibidem).
6. Les lépreux furent donc persécutés même à Paris. (Comparez Mémoires
delà Société de VHist. de Paris, III, p. 176.)
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DEUXIÈME PARTlEr Sq
eniprinse. Et ainssi , par ceste felonnie , furent par le royaulme
de France ars , et leurs chairs et leurs os ramenez en pouldre ;
car, en ung jour, en aucuns lieux au pais de Languedoc, en y eust
d^ars, de ces meseaux, bien y'f. Et la vérité sceue et ainssi descou-
vertc et à Philippe le roy de France et de Navarre rapportée en la
deliberacion de son grant conseil, le vendredi^ devant la feste de
la Nativité saint Jehan-Baptiste, furent tous les Juifz par le
royaulme dé France pris et emprisonnez , et leurs biens saisis et
inventoriés.
64. — Et Tendemain, à Paris, les confrères de Saint- Jasquez,
faonnourablement vestuz en robes partiez de rougeetdepers^ (qui
poi de proufHt à eux ne à aultre chose), tous allèrent à l'encontre
de Charlez le conte de Valoiz, qui, dez parties d'Espaigne, du
pèlerinage Saint-Jaques de Galice* venoit en France'.
66. — Et le vendredi ensuivant diaprés la dicte Nativité saint
Jehan, en ceste année, fut le soleil esclipsez. Et au moys de juillet
ensuivant, la lune perdy sa lumière, maiz ce ne fut pas du
tout*.
66. — Et lez Juifz , ainssi emprisonnez, du ballif de Bourges,
du duc de Bourgongne Eude^ le jendre du roy de France et de
Navarre, en Prouvence, en Carcassonne et en aultres lieux, furent
questionnez et mis à raison des forfaiz des meseaux eus, es quieux,
si comme Ten dist, ilz furent convaincus, et tantost ars et ramenez
en pouldre*.
67. — Et en cest an , le lundi xxix jour de juing , feste des
appostres saint Pierres et saint Pol, ung chevalier flamenc , pour
le fait de l'aliance des barons de Picardie et d'Artoiz, appelle
Allart de Sainte Adegonde*, es halles de Paris, devant tout le
peuple, sus la roe d'une chareiteà ce appareillée eust les deux bras
et une de ses jambes cassées, et d^icelle roe descendu eust sa teste
7. 19 juio i3%i (voy. note 4 ci-dessus).
64. — I. Détail de costume à noter.
2. Le pèlerinage du comte de Valois à Saint-Jacques-de-Compostelle fut
donc antérieur à i323 (comparez Mémoires cités, I, p. 198).
3. Faits inédits.
6& — I. L'éclipsé de soleil eut bien lieu le vendredi 26 juin, et Téclipse
partielle de lune le 10 juillet {Art de vérifier les dates),
66. — I. Voir le Contin. de Nangis, II, p. 35,
67. — 1. Ms. B : Ou dit an m.ccc.zz, ou moys de juing, Alard de Saint-
Âldegonde,
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6o CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
coupée, et d'illec traynné, et parlezasselles', sa teste dessoulzson
bras, au commun gibet des larrons fut pendu^.
68. — En içest an, le mardi xiiij jours au moys de juillet, ung
chevalier que Ten appelloit mOns. Eude d& Vautemain et ung
escuier^ qui estoit appelle Guillaume Mauferas (devant la magesté
royal de meurdre et de trayson yceluy escujer avoit appelle le
devant dit chevalier), es lices pour mons. Ferry de Piquegny
faictes, bien armés et à appareil bataillereux, se combatirent Tun
contre Pautre, tant que en la parfin le dist chevalier yceluy escuier
de son cheval à terre abaty, et illec mont fort et longuement le
tint. Et aînssi, à grant gloire et louenge du dit chevalier, la
bataille consommée et parfaicte, du commandement du roy hors
dez lices fut mis, et yceluy escuier comme chetif, à grant maie
aventure, au prevost de Paris baillé, et, evanuies*, par pies et par
mains au Chastelet de Paris porté et emprisonné^.
e9. — *Et * en ceste mesmes année, au moys de juillet, Philippe
le roy de France et de Navarre, par le conseil de Charles, son
oncle, conte de Valoiz, de Henry de Suilli ^, de Anseau seigneur
de Gienville^, et d^aucuns aultres grans maistres, si comme on
dist, requérant à avoir aide de tout le royaulme de France, en
désirant d'acomplir le u-aitié du mariage de la fille du conte de
2. Ms. A : lez dasselles. — Ms. B : les esselles.
3. Fait rapporté par notre chronique seule.
68. — I. Ce combat singulier doit être l'un des plus anciens exemples
d'un duel entre un simple écuyer et un chevalier. (Voir Lacurne de Sainte-
Palaye, Mémoires sur Vancienne chevalerie ^ notes de Ch. Nodier, Paris,
1826, I, p. 280. — Voir aussi le paragraphe 28 ci-dessus.)
2. Le ms. A porte, à la fin d'une ligne, en et, au commencement de la
ligne suivante, aunies, anuies ou aiunes avec un trait au-dessus. Ces mots
n'of(rant aucun sens, nous avons cru pouvoir les remplacer par le mot qui
s'en rapproche le plus.
3. Ce paragraphe est encore un récit original.
69. — 1. Dans le ms. A, le paragraphe 6g est précédé d'un long alinéa,
qui n'est qu'une interpolation inutile à reproduire, car cet alinéa fait
double emploi avec le texte même de la Chronique parisienne et n'est
qu'une copie de la Chronique française dite de G. de Nangis, qui en a
elle-même emprunté le texte aux Grandes Chroniques (ch. VII du règne
de Philippe le Long, premier, deuxième, cinquième, sixième et septième
alinéas); on le trouve, dans le ms. Français 17267, au f» n8 r«.
2. Henry IV, sire de Sully, grand-bouteiller de France depuis i3i7
ou i3i8.
3. Gienviîley Joinville.
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DEUXIÈME PARTIE. 6l
Valloys et du prince de Tharente Philippe, le frerc le roy Robert
de S^ille^. Car, si comme il fut proposé des prelaz, c'est assavoir
de Tevesque" de Saint-Malo* et de l'evesque de Mendre*, et du
devant nommé seigneur de Gienville et d'aultres familiers du roy,
aux personnes qui de toutes les bonnez villes estoient à Paris
venus au mandement du roy, à Jehan Gencien, en ce temps pre-
vost des marchans', Estienne Barbeite, Gieflfroy de Dampmartin*,
et à plusieurs aultres bourgoiz de Paris, que le roy avoit eu deli-
beracion à son grant conseil, pour le proùffit évident de tout le
royaulme, que il n'eust, en tout le royaulme, que une aune*, et de
acheter la monnoye des prelaz et barons , et mont d'autrez choses
donc grant prolixité seroit du racorder, pour les quelles ilz ne
distinterent quelle ayde^^. Desquieux requeistes eurent yceux
bourgoiz journée d'avis à la quinzaine de la saint Remy '* prou-
chain ensuivant, du connestable de France Gauchier de Crecy ^^,
[de] RegnaultdeLoH^, etdemaistre RauldePraelles**,lexxx«jour
4. Le chroniqueur veut sans doute insinuer par là que les subsides
demandés étaient, en réalité, destinés à payer la dot promise à Catherine de
Valois, dès i3i3, par le comte de Valois, son père, — le prince de Tarente
et le roi Robert, son frère aîné, étant depuis longtemps engagés dans une
lutte ruineuse contre les Gibelins (voy. paragraphe 54).
5. Raoul Rousselet, chancelier de France en. 1 3 16, mort évêque de Laon
en i323.
6. Guillaume Duranti, évéque de Mende, mort en 1^28.
7. Jehan Gencien, ancien échevin , était encore prévôt des marchands
en i324 {Mémoires de la Société de VHist. de Paris^ 1, p. 193) et en i328
{Cartuiaire de Notre-Dame de Paris, III, p. 21 3).
8. Geoffroy de Dampmartin, aussi ancien échevin, frère et héritier de
Jeanne de Dampmartin, première femme d'Etienne Marcel.
9. L'unification projetée devait s'étendre à toutes les mesures en général,
comme aux monnaies. Peut-^tre aussi le roi avait-il . annoncé qu'il pren-
drait pour types les poids et mesures de Paris, l'aune exceptée.
10. Cette phrase signifie sans doute que les commissaires royaux lais-
sèrent d'abord dans le vague la nature et la quotité des futurs subsides.
Ils ne demandèrent, en effet, à Paris, qu'un avis théorique^ et ce fut à Orléans
seulement que les conséquences financières du projet furent' exposées clai-
rement, selon M. Hervieu (Recherches, p. i65).
11. Saint Remy, le i" octobre.
12. Plus souvent dit de Chastillon (voy. toutefois mtf. A, f» 109 r*, en
1297, où il est aussi nommé de Crécy).
i3. Regnault de Lor, seigneur de Lor, ce chevalier de Champaigne »
(Ms. U. 41 de la Bibl. municipale de Rouen, f* 118 r*), mort à la bataille
de Cassel.
14. Raoul de Presle, fameux jurisconsulte. Persécuté d'abord après la
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62 CHRONIQUE PARISIENNE ANONTKE.
du dit moys*'. La quelle chose, ainssi publiée par devant tous
en gênerai, fut exposé d^aucuns que c'estoit la subvencion que l'en
appelle le quint dernier. Ce en plusieurs jours asprement ensui
du roy et dez siens par plusieurs blandissemens de paroUez,
en Tesperance d'avoir Toctroy, aprez la dessus dicte journée
d^avis fut, de par lez bonnes villes, au dessus dit seigneur de
Suilly, en la cité d^Orliens^*, respondu que de l'achat des mon-
noies du roy ilz ne se mesloient; ainchoiz leur suffisoit assez
leurz aunez ; et qu^ilz estoient tous prestz d^aller avec le roy, bien
appareillez, en ost, en chevauchée, ou là oti il luy plairoit aller,
fûtoultremer^^ ou ailleurs; et que nulle aide ilz ne luy povaient
faire. Et ceste chose ouye et entendue du roy, fut traitié, et en
grant indignacion, et par aucuns grans hommes et parle seigneur
de Suylly, si comme Ten dist, que le siège du royaulme fût séparé
de Pevesché de Paris, cité de grant renom ^ et que le siège fût
d'ore en avant en la ville d^Orliens^*. La quelle chose fut tant
rappelle pour Tagrevement du flux d^ ventre qui est dist sang, où
le roy au boys de Yinciennes delez Paris nouvellement^' estoit
encheu, comme pour aultrez certaines causes.
70. — Et en cest an, fut Taoust pluvieux et plain de pluye en
aucuns lieux par le royaulme de France, en telle magniere que
lez biens ne povaient estre bonnement cueillis; donc c'est paour.
mort de Louis le Hutin, en iBiy Philippe le Long l'avait anobli et lui avait
rendu ses fonctions d'avocat général au Parlement. Il était seigneur de Lizy
et mourut, suivant le P. Anselme, entre i325 et i33i.
i5. a Du dit moys » de juillet.
i6. Les Etats généraux, d'abord réunis à Poitiers aux octaves de la Pen-
tecôte (14 juin), Pavaient été ensuite à Paris à la quinzaine de la Saint-Jean-
Baptiste (8 juillet); puis, tandis que les bourgeois de Paris étaient convo-
qués à Orléans à la quinzaine de la Saint-Remy (i3 octobre) comme en
témoigne notre chroniqueur, les députés des autres villes l'avaient été pour
le 10 de ce dernier /nois, sans doute afin de les soustraire pendant quelques
jours à l'action des envoyés parisiens (voir les documents publiés par
M. Hervieu dans ses Recherches, p. 160 à i65 ; aucun d'eux nje concerne
Paris ni le rôle joué par ses représentants).
17. Le roi avait, en effet, appuyé aussi sur ses projets de croisade (mêmes
documents).
18. Cest à notre chronique seule que nous devrons d'avoir conservé le
curieux souvenir de cette menace de translation de la capiule {Ni! novum
sub sole, mâme en cette matière), menace qui prouve que les bourgeois de
Paris avaient exercé une influence prépondérante sur les délibérations.
19. Vers le commencement d'août i32i (Contin. de Nangis, II, p. 37).
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DEUXIÈME PARTIE. 63
Et en salutacion en Jhesucrist, Estienne*, Tevesque de Paris, le
merquedi' feste devant TAsumpcion à la benoiste vierge Marie,
luy tout revestu, les chanoineriez, lez parroisses, et grant planté
de peuple de Paris, mont dévotement se mirent en pourcessions
parmy Paris ; et lors, à la devant dicte feste Nostre-Dame, com-
mencha le temps estre bel et naturel et la pluye à cesser.
71. — Et en ceste année, au royaulme d'Engleterre se esbouli
et must grant discorde entre aucuns des barons et Edouart leur
roy, et se rebellèrent contre luy ; et puis ne demoura guaires
qu^ilz se rapaiserent et au roy Edouart obéirent *.
72. — En ycest an, le vendredi aprez la feste du glorieux martir
saint Denis ^ les parroisses et lez religions de Paris, pour la mala-
die Philippe le roy de France et de Navarre, mont honnoura-
blement se mirent en pourcessions par les sains lieux, en la cité de
Paris.
73. — Et en ceste année fut translacion faicte dez glorieux sains,
mons. saint Luc euvangeliste^ d^aucuns des ossemens des xj*
vierges, de saint Jehan, dit Gendulphe*, qui jadiz fut evesque de
Paris , et de plusieurs aultrez corps sains , au lundi aprez la feste
saint Luc^ euvangeliste.
74. — Et le mercredi * ensuivant, allèrent de rechief les religions
et aultrez gens de Paris, pourlagrevement^ de la maladie au roy,
par les églises en processions.
76. — *Après en ceste année^ au moys de décembre, les Juifz,
par arrest de la court de France, furent banniz^; et en la sepmaine
de devant la feste de la benoite Nativité Nostre Seigneur
70. — I. Etienne de Bourrct, élu en i32i, mort en i325.
2. 12 août. — L'Assomption, le i5.
71 I. Voy. Rapin Thoiras, Abrégé de PHistoire d'Angleterre^ La
Haye, 1730, I, p. 356.
72. — I. Saint Denis le 9 octobre; le vendredi suivant, le x6.
73. — I. Saint Gendulfe, Teudulfe ou Teodulfe, évoque de Paris, mort
en 921 ou 922. Ni le Gallia Christiana, VII, coL 39, ni l'abbé Lebeuf,
Hist. du diocèse de Paris, I, p. 16 et 194, ne lui donnent cet autre nom
de Jehan.
2. Saint Luc, le 18 octobre ; le lundi suivant, le 19.
74. — I. 21 octobre.
2. Ms. A : la grevement.
76. ~ I. Les autres chroniqueurs ne relatent pas cet exil momentané
des Juifs. — Voir, à la table, l'emploi varié du mot court.
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64 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
Jhesucrist^, et tost après, en leurs hostieux paisiblement s'en
revindrent.
76. — Et en ceste sepmaîne de devant la Nativité Nostre Sei-
gneur, Estienne Barbeite, bdurgoiz de Paris, xv ans après ^ la
rébellion faicte à Paris en son hostel lez la porte Saint Martin,
mourust*.
77. — Adecertez en cest an , Philippe le roy de France et de
Navarre, le v"* Philippe roy de France, qui de long temps de de-
vant avoit esté mont aigrement pené d^une maladie que Ten
appelle le aux du ventre, le samedi segond jour^ du moys de
janvier , en Tabbaie de Longchamp , prez de Paris , clouist son
desrain jour en Tan de son aage xxxj™'^; et le mardi ensuivant, à
Saint-Denys-en-France fut porté. Et Tendemain jour de feste de
l'Apparicion' Nostre Seigneur, fut en celle église Saint Denys-en-
France honnourablement enterré. Et pour voir son cueur à
Paris ^ en Teglise des Frères Mineurs, fut honnourablement
enterré. Et ses boyaux et entrailles en Teglise des Frères Pres-
cheurs furent illec enterrés^.
78. — Adecertez icil roy de France et de Navarre Philippe
v«e roy de France, régna v ans selon les croniques '. Et pour voir,
icil roy Philippe engendra en Jehanue la roynne de France et de
2. Noël i32i, le vendredi 25 décembre.
76. — I. Voir le paragraphe XVII de la Première partie.
2. Fait inédit.
77. — I . D'après Girard de Frachet {Historiens, XXI, p. 57) et le Con-
tinuateur de Nangis, II, p. 38, Philippe le Long serait mort le 3 janvier
i322, n. st., et c'est ce que portait son épitapbe selon G. Corrozet et Du
Breul ; — ils ajoutent c circa mediam noctem; 1 et Bernard Gui {Historiens,
XXI, p. 732) écrit c in prima parte noctis dominical diei, 1 Pour concilier
ces expressions avec notre texte, il faudrait supposer qu'elles se rapportent
à la nuit du samedi 2 au dimanche 3 janvier (date acceptée par les Béné-
dictins). Deux autres chroniques anonymes {Historiens, XXI, p. 140,
et XXII, p. 20) fixent aussi au 2 la mort du roi.
2. Il n'avait que vingt-huit ans, d'après le P. Anselme. — Le ms. B
ajoute : et de son régne v*.
3. c Epiphania, Theophania , en gaulois Tiphaine On a encore
appelé l'Epiphanie Apparitio, apparition de N.-S. lorsqu'il s'est fait connaître
aux hommes » [Art de vérifier les dates). — Le mercredi 6 janvier.
4. Les autres chroniqueurs ne parlent ni du transfert du corps à Saint-
Denis la veille des obsèques, ni de l'inhumation distincte des entrailles.
78. — I. Ces mots c selon les croniques m et l'orthographe de certains
noms prouvent que ce paragraphe est une interpolation.
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DEUXIÈME PARTIB« 65
Navarre sa £ame, fille de Otiiez jadiz conte de Bourgongne et de
sa famé Maheult contesse d^Artoiz et de Bourgongne, fille du bon
conte d^Axtoiz Robert qui mourut devant G>urtray, de quoy
il eust plusieurs enfians, c'est assavoir Jehanne la duchoisse
de Bourgongne, fiime Eude le duc de Bourgongne, Louys qui
mourut en son enfiance^ qui fut enterré en Teglise des Frères
Mineurs, YsabeP daulpbine de Vienne, Marguerite contesse
de Flandrez, et Blance' qui fut cordelière à Longchamp.
79. — Et en cest an, le mercredi * es octaves de la devant dicte
feste de l'Apparicion, Marie* la roynne de France, qui en aucun
temps de devant passé avoit esté famé de Philippe le roy de
France, filz saint Louys, mourust; et le vendredi ensuivant
ziiij jours' au dit moys de janvier, à Paris, en Teglise des
Frères Mineurs, presens Charlez, successeur au royaulme de
F^nce de Philippe son frère roy de France et de Navarre nou-
vellement trespassé, et Charlez^ son oncle conte de Valoiz, fut
en la dicte église des Frères Mineurs honnourablement enterrée*.
80. — Et en ceste année, environ la feste delà Purificacion* de
la benoite vierge Marie, furent lez grandes naiges, tant et si grant
habondance que lez gens par lez chemins en furent noiez.
81. — Charlez roy de France et de Navarre, le iv** Charlez
ROY DE France.
*Après le roy Philippe le v"« roy de France, régna en France
Charlez* son frère, [tiers]' filz Philippe le Beaux jadiz roy de
2. Ysabel, fiancée en i3i6 à Guigues VIII, Dauphin de Viennois, ne
l'épousa qu'en i323, selon le P. Anselme, I, p. 94.
3. Blanche, morte en x358.
79 — 1. Le mardi la janvier i322, n. st., d'après son épitaphe repro-
duite par G. Corrozet et Du Breul.
2. Marie de Brabant, veuve de Philippe le Hardi.
3. Le mercredi dans l'octave de l'Epiphanie tombait le i3, et le 14 était
un jeudi et non un vendredi. Notre texte devrait donc être corrigé en
quelque point.
4. Ms. A : et <fe Charlez.
5. Les autres chroniqueurs, qui omettent les dates et les noms des assis-
tants, ajoutent que le cœur de la reine fut inhumé dans l'église des Frères
Prêcheurs.
80, — 1. 2 février i322, n. st.
81. — I . Ms. A : le vij».
a. Charles IV le Bel.
3. Ms. B : le tiers filz.
Min. XX 5
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66 CHRONIQTJE PARISIENNE ANONYME.
France. Et commencha icil roy Charles , qui conte de la Marche
estoit nommez, à régner Tan de Tlncarnacion Nostre Seigneur
Jhesucrist m.ccc.xxj. Et le dimence devant lez Brandons, xxj* jour
au moys de février, en la cité de Rains fut couronné en roy
de France, présent le roy de Behaigne*, d'Alemaigne, et grant
foison de haux hommes.
82. — *Et en cest an vraîement, au royaulme d'Angleterre,
Thonmas le conte de Lenclastre, filz defunct mons. Haynmes^
jadiz frère le grant roy Edouart* d'Angleterre, et cousin germain
du roy d'Angleterre Edouart son filz, et oncle, pour raison de la
roynne de Navarre*, ayeule, de Louys, Philippe et Charlez, frères,
roys de France Tun après l'autre, et de Ysabel roynne d'Angle-
terre, famé d'iceluy Edouart adoncques roy d'Angleterre \ la quelle
roynne de Navarre fut famé mons. Haymmes, et en elle engendra
il iceluy conte de Lenclastre, mons. Jehan de Lenclastre, mari à
la dame de Biaufort, et mons. Henry de Lenclastre. Et icelle
roynne de Navarre fut seur au bon conte d'Artoiz Robert, qui des
Flamens fut occiz, et mère de la roynne Jehanne de France qui
famé fut de Philippe le Beaux jadiz roy de France. Le quel Phi-
lippe le Beaux engendra en icelle roynne Jehanne lez devant diz
Louys et Charles et Philippe, roys, et Ysabel la roynne d'Angle-
terre. Et par ce povés vous entendre et sçavoir comme il estoit
oncle aux roys de France et à la roynne d'Angleterre Ysabel, Le
quel Thonmas de long temps avoit en luy concheu l'esprit de
rébellion, et fait esmouvoir et meitre en rébellion publique contre
son cousin germain Edouart le roy d'Angleterre tous les contes ,
4. Jean de Luxembourg, depuis surnommé TAveugle, tué à la bataille de
Crécy en 1846, roi de Bohême par son mariage avec Elisabeth, fille et
héritière de Wenceslas IV.
82. I. Haynines, Edmond. — Voir la note 3 du paragraphe 37.
2. Le grand roi Edouard, Edouard I*^, que le chroniqueur appelle aussi
(paragraphe 44) Edouard le vieil.
'3. De son premier mariage avec Henri III roi de Navarre, Blanche d'Artois
n'avait eu qu'une fille, Jeanne , mariée à Philippe le Bel et mère de Louis
le Hutîn, de Philippe le Long, de Charles le Bel, et d'Ysabel, femme
d'Edouard II. De son second mariage avec Edmond comte de Lancastre
elle eut trois fils, Thomas, aussi comte de Lancastre, Henry dit au Tort-
Col, comte de Leicester, puis de Lancastre (mort en i345) et Jean, que les
Anciennes Chroniques de Flandre {Historiens, XXIÏ, p. 398) appellent
messire Jehan de Beaufort, titre qui lui appartenait du chef de sa femme
comme va l'indiquer notre chroniqueur.
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DEUXliaCE PARTIE. 67
les barons et les chevaliers du royaulme d'Angleterre, et en deS-
tniiant la gent du roy, en applicant tous' lez baniz et les fors
homtnez d'Angleterre, et avec luy tousjours^ menant grant mul-
titude de soudaiers , de gens à pié et à cheval noblement armez.
Adecertez iceluy Thonmas, comme traistre et alîé à Robert de
Bruis et à la gent d'Escoce^ à ce, si comme il fut dit, que par son
malice et oultrecuidance il peust le roy, son cousin germain, essi-
lîer et anientir hors d'Angleterre et luy mesmesestre roy d'Angle-
terre, la quelle chose estoit griefve et horrible à endurer au roy
d'Angleterre et à la roynne sa famé et à tout le sanc de France et
d'Angleterre et au commun peuple d'Angleterre. Et comme iceluy
Thonmas, en poursuivant sa desloiauté et traison, eust fait jDerdre
à son cousin germain le roy d'Angleterre la bataille de Setrieulin*
en Escoce contre la gent d'Escoce, et le jenne conte de Gloceistre,
son nepveu*, ochire, en la quelle bataille, si comme il fut dist,
eust de ochiz et agraventez à mort de la gent d'Angleterre bien
jusquesau nombre dexxîjc hommez^, tant contes, barons, cheva-
liers, escuiers, et bourgoiz et aultre menu peuple, et de la gent escom-
meniée d'Escoce jusques à ijc personnes. Et pour voir dient tous
ceux qui escripvent lez gestes et les croniques des roys d'Angleterre
que, en celle empointe, Edouart le roy d'Angleterre estoit à
baillier et délivrer en ycelle bataille aux Escoz^ et avec ce la
roynne d'Angleterre, seur au roy de France, par la trayson d'ice-
luy conte de Lenclastre , vendue aux Escoz et de eux dedens les
termes d'Angleterre suivie à prendre et en Escoce amener, se
Dieu tout misericord et piteablez au roy d'Angleterre et à la
roynne ne feust. Et ainssi ces traysons, griefz et dommaiges faiaes
du dit conte envers le roy d'Angleterre son cousin germain,
le roy Edouart, considérant que à plaine bataille du conte son
4. Ms. A : tourjours.
5. Stirling. — Edouard II avait convoqué tous ses vassaux pour sauver
cette place qu'assiégeait Edouard Bruce, frère de Robert; le comte de
Lancastre refusa de se joindre à lui. Le 25 juin i3i4 fut livrée, prés de
Stirling, la bataille de Bannockburn, qui se termina par l'entière défaite
des Anglais.
6. Gilbert VI, comte de Clare, de Glocester et de Hertford , capitaine de
l'armée d'Ecosse dès iSog (Rymer), tué à Tâge de vingt-trois ans. Il était
fils de Gilbert V et de Jeanne, fille d'Edouard I*.
7. Lire : xxiJM. On a même évalué la perte des Anglais à 5o,ooo hommes.
— - n faut sans doute lire aussi plus loin : iJM.
8. Empointe, expédition, circonstance critique. — Ms. A : les Escos.
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68 CHRONIQUE PARISIBKKB ANONYME.
cousin ne se povait venger pour son grant povairainssi concueilli
comme dessus est dit, et pour Famour de son frère* Charlez le
roy de France et du très hault linaige du quel yceluy conte estoit
descenduz, toutesfoiz yceluy roy d'Angleterre Edouart, au moys
de janvier, aprez la prinse quUl eust faicte de deux chasteaux qui
estoient rebellez et hebergage avoient dénié à la roynne Ysabel sa
f^me^^^ et aprez Tassault, la destruction et la grant proie faicte de
son connestable, hardy chevalier et noble batailleur, mons.
Andrieu de Hartelay^% sus Berouyc** la cité d'Escoce, en ycest
mesmes moys de janvier, par aucuns secreisconseulz faiz et accor-
dez du roy d^ Angleterre, du dit mons. Andrieu, de mons. Hue
son despencier*^ et d^aultrez, et en la grant aide du peuple,
le dessus dit conte, qui en la conté de Ponfroy'^ estoit^ luy et
grant planté de gens d^armes,' et comme celuy qui cuidoit queson
cousin germain le roy Edouart fût en Galles^* et ledit Andrieu^*
en son propre lieu, le roy d'Angleterre, usant de l'aide de Dieu,
luy et ses ij frères *'' et tous les siens, en agueit et en tapinaige,
yceluy Thonmas de Lendastre et bien viij contes et grant foison
de barons et de chevaliers et aultrez grans maistres d'Angleterre
furent prins^' et loyez et dessoulz estroite garde tenus, et tout le
menu peuple acraventé à mort, et lez aultrez, qui en prison
9. Son beau-frère.
10. L'un de ces deux châteaux était celui de Leeds, comté de Kent
(Rymer, II, 2« partie, p. 25 et 26), l'autre le château de Warwick. Ils
avaient été pris en octobre et novembre i32i (Voy. Rapin Thoiras, I,
p. 355).
XI. André de Harcla ou de Hartcla, depuis (25 mars i322) comte de
Carlisle.
12. Berwick. Cette phrase obscure est une allusion, non à un succès des
Anglais, mais à la prise de Berwick par les Écossais en iSig, prise considé-
rée encore par notre chroniqueur comme imputable au comte de Lancastre
(voy. paragraphe 3y et note 4).
i3. Hugh Spencer ou Despenser senior. Il fut créé comte de Winchester
le 10 mars i322.
14. Pontefract.
i5. Certains rebelles s'étaient réfugiés dans ce pays, et le roi les y avait
poursuivis (Lettre d'Edouard au pape, du 25 février i322, dans Rymer, H,
2« partie, p. 38).
16. Ms. A : Gaultier.
17. Thomas comte de Norfolk et Edmond comte de Kent.
18. Thomas de Lancastre fut pris par André de Hartcla au combat de
Boroughbridge (Pons-Burgi) le 16 mars i322, n. st.
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DEUXIÈME PARTIE. 69
estoient attendant prononciacion de sentence estre contre eulx, et
le jugement de la court d'Angleterre sur eux donne, furent yceux
barons traynnez et en plusieurs gibés penduz, et en la cité de
Londrez grant foison envoiez, et illec les testes eurent couppées.
Toutesibiz le devant dit Thonmas conte de Lenclastre, pour
Tonneur et révérence de son cousin germain le roy d'Angleterre
et de tout le linaîge de France et d'Angleterre et du roy de France
Cbarlez son nepveu, par jugement, [audit] conte de Lenclastre
emmy lez champs, présent grant foison de gens d'armez à pié et à
cheval, fut sa teste couppée, et le corps et la teste ensemble furent
en terre benoîte entbuiz**. Et pour certain que iceluy Thonmas,
conte de Lenclastre , cousin germain le roy d'Angleterre et oncle
de la roynne Ysabel d'Angleterre et du roy Charles de France,
estoit conte et seigneur bien de viij contés, et le plus riche
homme d'Angleterre et de France et qui plus tenoit de terres et de
fiefz après le roy son cousin et son nepveu Charles roy de France;
car communément on tesmoignoit aussi comme pour voir que le
tiers pié** d'Angleterre estoit sien. Et iceste loable victoire, du roy
d'Angleterre eue sur ces ennemis traistres, fut en la sepmainé de
l'Anunciacion Nostre Seigneur Jhesucrist*^, au moys de mars, en
Fan du règne à yce roy d'Angleterre Edouart xvj"***.
19. Edouard II, faisant grâce au comte de Lancastre de l'ignominie d'être
traîné sur une claîe et pendu, ob reverentiam parentelœ excellent is et nobi»
lissinue, comme le dit bien notre chroniqueur, le fit décapiter à Pontefract le
22 mars i322; « Et fut enterré en un moustier assez près d'ilenc, où l'en
dit que Dieux fait miracles pour lui. » {Ms. Fr. 17267, f* 120 r*.) Après
avoir interdit de publier ces miracles, Edouard en fut réduit à demander
au pape la canonisation de Thomas (Rymer, H , 2* partie , p. 40 et 53, et
passim),
20. < Le dit Edouard [I***]... eut ung frère nommé Emond au doz courbe,
qui eut ung filz nommé Thomas, conte de Lancastre... Et ledit Emond eust.
le tiers pié d'Angleterre b {Rosier des guerres, ms. I. 4 de la Bibl. munie.
de Rouen, f» 38 v), — A propos du Rosier des guerres qu'on nous per-
mene incidemment une remarque : Les deux sources principales aux-
quelles a puisé l'auteur normand de la Cronicque abrégée du noble royaume
de France, qui termine le Rosier (Voir Reime historique, t. XXI, p. 3 12),
sont : !• pour le règne de Charles Vï, les Cronicques de Normendie, et 2*
pour le règne de Charles VU, VHistoire chronologique du héraut Berry.
Ce n'est pas ici le lieu d'indiquer quels sont les passages de la Cronicque
abrégée qui appartiennent véritablement en propre à l'auteur du Rosier
ou qui ont été tirés par lui de documents originaux aujourd'hui perdus.
21. L'Annonciation de la Sainte^Vierge, le 26 mars (Voy. note 19).
22. c L'an ZY"*, » plus exactement. — Ms. B : a Ouditan [i322] messire
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70 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
[l'an M.CCC.XZII.]
83. — ^L'an de grâce ensuivant* M.ccc.xxij, le mardi après la
feste saint Marc' Peuvangeliste^ xxvij jour en apvril, deux noblez
barons de Bretaigne, que eux ensemble de trayson devant la
magesté royal avoient appelle à Paris, les quieux chevaliers bretons
devant Charlez le roy de France et de Navarre et grant multitude
de noblez et grant habondance de menu peuple, en la ville de
Gisors en Normendie, pour batailler l'un contre l'autre, armez
noblement, vindrent en champ. Maiz comme ilzfeussent au parc,
par mont de conseux et de parlemens de la paix faire, du duc
de Bretaigne Jehan ^ qui illec estoit, et des amys d'une partie et
d'autre avironnez et empeschiez, du dit champ furent retrais'.
84. — Et en cest an, le mercredi après la saint Barnabe
Tappostre*, au moys de juing, très noble dame et de grant sain-
teté Blance, fille saint Louys, jadiz famé de feu Ferrant l'ainsné
filz le roy de Castelle^, en Tabbaye des Seurs G)rdelieres de Saint
Marceil delez Paris, en Nostre Seigneur Jhesucrist clouist son
desrenier jour; et le dimenche ensuivant, devant la Nativité
saint Jehan Baptiste, à Paris, en Feglise des Frères Mineurs*,
en lieu qui en sa vie avoit esté par elle esleuz , présent Climence
la roynne de France et de Navarre et Jehanne roynne de France
et de Navarre^ famé le desrenier Philippe adonc nouvellement
trespassé,et mont de haultes personnes, fut honnourablement
enterrée.
85. — Et encore en icest an, le mardi* devant la Magdaleine
XX jours au moys de juillet, mourut le conte d'Enneyers et de
Thomas, conte de Lencastre, fut desconfit et prins en bataille par le roy
d'Engleterre, son cousin germain, et ot la teste coupée. » Rien de plus, au
sujet du comte de Lancastre, dans ce manuscrit.
83. — I. Pâques 1822, le 11 avril.
2. La fête de saint Marc tomba le dimanche 23 avril.
3. Fait inédit.
84. —I. Le 16 juin; la Saint-Barnabe, le 11 (vendredi). Le décès serait
arrivé le 7, d'après le Gallia Christ iana, VII, col. gSi.
2. Blanche, veuve de Fernand ou Ferdinand , fils aîné d'Alphonse X
roi de Léon et de Castille.
3. L'église des sœurs Franciscaines de Saint-Marcel n'était encore ni
achevée ni consacrée {Gallia Christiana, loco citato),
86. — I. D'après le P. Anselme, II, p. 787, le comte de.Neyers serait
mort le jour même de la Madeleine, c'est-à-dire le 22 juillet.
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DEUXIÈME PARTIE. 7I
Receil*, Louys, ainsné filz de Robert de Bethune conte de
Flandrez', et père de Louys qui au temps de devant passé espousa
au Palaîz de Paris Marguerite fille Philippe le roy de France et
de Navarre ; et le vendredi ensuivant, à poi de compagnie, pré-
sent Louys son filz, le prevost de Paris, et des vallés de Paris ^,
et dez sergens de Chasteleit, aux G)rdeliers fut enterré.
86. — Et en cest an, le roy Robert de Sezille, filz^ Philippe
prinoe de Tarente, des Guybelins fut desconfit.
87. — Et en cest an, si comme on dist, le roy ^ d^Ermenie,
crestien, du soudanc de Babilone fut en bataille pris, et tout son
ostdestruit^.
88. — ^Blanche d'Ârtoiz , la première famé Charlez le roy de
France et de Navarre, qui au temps de devant passé estoit appelle
conte de la Marche, le mariage de eux, tant pour Tesmouvement
de la fomicacion et avoutrie, contre elle approuvé, de son amy et
mal veullant Gaultier d'Annoy , chevalier, frère Philippe d'Annoy,
qui pour ce furent escorchez tous vifzV la quelle comme à che-
tiveté estoit par essil en chartre enclose au Chasteau de Gaillart^
en Normendie, comme pource que Maheult, la contesse d'Artoiz
et de Bourgongne, mère de la diae Blanche et de Jehannc* la
roynne de France, seur de la dicte Blanche, estoit marraine d'ice-
luy roy Charles et Tavoit aidié à tenir sur fons quant il fut cres-
2. Rethel. — Un magnifique sceau du comte de Nevers et de Rethel est
appendu à une charte du 8 avril de la même année, conservée dans le
fonds Leber, Bibl. munie, de Rouen, sous le n* 3658. Cette charte a pour
objet un curieux accord entre le comte et son père.
3. Robert survécut à son fils (Voy. paragraphe 90}.
4. Valets ou sergents aux ordres du prévôt des marchands et des éche-
vins?
86. — I. Lire : frère, comme au paragraphe 69. — Cette défaite du roi
Robert est rapportée sous l'année i323 par le Continuateur de Nangis, H,
p. 52 et 53.
89. — I. Ms. Kl fut le roy.
2. D'après VArt de vérifier lesdateSy II, p. 41, le sultan d'Egypte, Naser-
Mohammed, aurait, au contraire, été défait, après de premiers succès, par
Livon IV, roi d'Arménie, en i322.
88. — I. Sur ce double adultère et le supplice des frères d'Âunoy, voir
le Contia. deNangis, I, p. 404, et les Grandes Chroniques^ col. 121 1. — Le
ms. A ajoute : < Si comme nous avons dit devant en Tan Mil. ccc, ziiij, au
moys d'apvril 1 (le 19, f* 119 v* du même manuscrit).
2. Le Château-Gaillard, aux Andelys fEure).
3. Jeanne de Bourgogne, veuve de Philippe le Long.
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72 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
tiennez*, si comme de Charlez le conte de Valoiz, oncle d'iceluy
roy Charlez, [et] d^aucuns des prelaz et barons du royaulme de
France, avoit esté segnefié au pape, et le quel mariage, pour ces
causes vraiement, du souverain evesque pape Jehan, le deucen-
tiesme pape', Jehan le xxij«, fut despeché et anientiz*-, et pour ce
le dessus dit roy Charlez la refusa et délaissa.
89. — *Après ce mariage ainssi despeché, et en cest mesmes an,
Charlez le roy de France et de Navarre, en Tan de son aage*
xxviij* et au premier an de son règne, en espérance de la paix du
peuple et de tout le royaulme, si comme Pen dist, et par le conseil
des barons de France , au mardi jour saint Mathieu Tappostre
xxj' jour au moys de septembre*, au chasteau de Prouvins en
Champaigne, espousa Marie seur le roy de Behangne, fille de
l'empereur d'Alemaigne, Henry le conte de Lucembourc et roy
des Roumains'^ adonc nouvellement trespassé.
90. — Et en cest an , Robert de Bethune , conte de Flandrez,
mourut ^
91. — Et aussi en cest an, le filz* à Louys conte de Qermont
la fille* Charlez le conte de Valoiz, le mardi devant la feste saint
Denys, v jours au moys d'octobre*, au Boys de Vinciennes
espousa.
4. Conf. Jean de Saint- Victor et son Continuateur {Historiens, XXI,
p. 675 et 677).
5. Sic Girard de Frachet (ibidem ^ p. 46, papa ducentesimtis). — Le
191* pape, d'après VArt de vérifier les dates^ I, p. 41 3.
6. La dissolution du mariage fut prononcée la veille de l'Ascension,
ig mai 1822 (G. de Frachet et Bernard Gui, Historiens, XXI, p. 58
et 732).
89. — I. Le P. Anselme n'indique pas la date de la naissance de Charles
le Bel, mais le dit, comme plus loin notre chroniqueur (paragraphe x68),
mort à l'âge de trente-trois ans.
2. Circafestum sancti Matthœi (Bernard Gui). VArt de vérifier les dates
préfère le 24 août pour le jour du mariage.
3. Marie de Luxembourg, sœur de Jean l'Aveugle et fille aînée de l'empe-
reur Henri VII, mort en i3i3.
90. — I, Le 17 septembre ï322.
91. — I. Pierre, fils aînéde Louis I*' de Clermont et de Marie de Hainaut.
Il succéda à son père en 1342.
2. Ysabel, fille puînée de Charles de Valois et de Mahaut de Chfttillon ,
sa troisième femme. Elle avait au plus dix ou douze ans en i322, comme
son mari ; mais on a déjà vu et l'on verra encore des unions contractées à
un âge plus tendre (paragraphes 49, 78, 10 1, 173, 176, 234).
3. Le P. Anselme donne au mariage la date du 25 janvier i336.
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DEUXIÈME PARTIE. j3
92. — Et en icest an , comme Edouart le roy d'Angleterre,
aprez la mort de son père le roy Edouart tiercement, en poursui-
vant Robert de Bruis et le pays d'Escoce à grant et innombrable
host, qui toute Escoce poyait envair se il eust esté saigement gou-
verné, fust parmy Escoce frôlant et degastant, lez Escoz fuiant
par devant luy, et aucuns des ennemis aussi comme en montaignes
et en aucuns palluz se reposèrent, Robert de Bruis, James Dou-
guelas^ et lez aultrez des plus grans barons et maistres d'Escoce,
oultre la mer d'Escoce' se feussent mis, eux non osans contre le
roy d^ Angleterre et ses Engloiz à bataille venir; et aucunez des
abbaies d^Escoce en fraulde et en trayson, et mesmement Tabbaie
de Miaurose', au roy d'Angleterre, humblez et bien veuUans, se
rendirent leurs vies saulves et mercy crièrent ; et comme iceux
religieux aucuns des gens au roy d^Engleterre en leur abbaie par
mont de belles parolîez en ostagez les recheussent, et comme
yceux religieux, qui à la très grant douleur et trayson pensoient,
appercevans le département de Tost d'Engleterre, lez occirent et
tuèrent. Et ceste trayson à la congnoissance du roy d*Engleterre
venue^ à ycelles abbaiez tantost s^en retourna et applica, et des
moynnes et dez Escoz fit très grant occision, et les moustiers et
abbaies de Miaurose abati à terre et du tout ardi. Et comme en
serchant les contrées d'Escoce, le roy* d'Angleterre en convoitant
à avoir bataiUe aux Escos et avoir proie de vivre sur eux et en
ce attendant comme fol (Dieu î quel douleur !) vj» ou plus de la
gent au roy d'Angleterre de fain* moururent; car, si comme
l'en dist, en lost d'Engleterre, adoncquez communément une
teste de cheval vendoit l'en xx s. d'estellins*, et tuoit l'en lez che-
vaux pour mengier. Et entre ceux d'Escoce, si comme l'en dîst,
de gueres plus grant planté de vivres n'avoit. Et ceste grant per-
secucion et meschance, par la non sachance du roy d'Angleterre
ainssi soudainement advenue, jasoice que il se fût très bien
[avancé] jusquez à la mer que l'en dist d'Escoce, luy et le demou-
92. — I. James ou Jacques lord Douglas, mort en i33o. Il avait com-
mandé les Écossais à Bannockburn.
2. Les golfes de Forth et de Clyde i
3. Meirose, abbaye rebâtie par Robert Bruce.
4. Ms. A : du roy.
3. Sur cette disette, voir Rapin Thoiras, I, p. 356, qui la place i tort
en i323.
6. Voy. le Continuateur de Nangis, II, p. 43.
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74 CHRONIQUE PARISIBNNB ANONYME.
rant de son ost, il en la personne de son corps, comme viguereux,
hardi et chevalereux, mont désirant à ôultre passer sus les ennemis,
par mont de conseulz de mons. Hue son despencier et d'aultres ,
pour les soufflemens de Pyver prouchain, jusques à la saison d'esté
fut contraint à départir son ost et soy en revenir en la marche
d'Engleterre et d'Escoce. — Adecertez en ycest an, yceluy roy
d'Engleterre Edouart, considérant que de ses peccunes sa guerre
d^Escoce ne povait sans Taide de son peuple soustenir , par mont
de conseulz, les subvencions que Ten dist le v*^' des bonnes villes
par tout Engleterre luy fut otroié, et paisiblement fist lever.
93. — ^Robert de Bruis, adoncques et de grant temps de devant
passé, mont désirant et asprement convoitant, et par le conseil des
gens d^Escoce, la paix et refformacion de ses hoirs et de tout
le pais d'Escoce, plusieurs messagiers, en une ville qui est appelle
Neust Chasteau Supotine^ en la marche d^Escoce près de Berouic
la maistresse ville d^Escoce, eu roy d'Angleterre envoia à procréer
la paix, si comme Pen dist, par si que une sienne fille à ung des
frères au roy d'Angleterre espousée seroit , et eux et leurs hoirs
qui de eux ystroient à perpétuité le royaulme d^Escoce tendroient,
et avec ce plusieurs abbaies yceluy Robert chacune de x"< livres
fonderoit, et après, luy et aucuns des barons d'Escoce, le mariage
fait, incontinant et sans delay, à perpétuité, sans jameiz arrière
retourner ne entrer en Escoce, en la terre de oultre mer s^en
iroient. Lez quellez choses le roy d^Engleterre sceues et àluypre-
.sentéez, le contredist et despit, et aux messagiers de court congé
leur fit donner.
94. — ^Et tantost après, comme Charlez de France, conte de
Valoiz, environ l'Asumpcion à la benoite vierge Marie, eust
envoie de France es parties d'Engleterre en message Henry de
Sully, chevalier au roy de France, au roy d'Engleterre Edouart,
à faire et consummer le traitié du mariage de Edouart, Tainsné filz
du roy d'Angleterre, et de la fille du devant dit conte de Valoiz ^
et le roy d'Engleterre, qui , si comme nous avons dit devant, de
toutez pars avironné de ses ennemiz d'Escoce, adonc en nulle
magniere à ceste chose ne peust entendre , fors au fait des armes,
98. — I. Newcastle-upon-Tyne.
94. — I. Sur ce projet de mariage, voir deux lettres d'Edouard II, adres-
sées Pune au comte de Valois, l'autre au roi de France, le 6 juin iSiS
(Rymer, II, 2* partie, p. 76).
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DEUXIÈME PARTIE. j5
de Ponneur et de la couronne au roy d'Engleterre garder et
deffendre, à ce que ses ennemis dedens les termes d'Engleterre
n'entrassent, et comme les Escoz en baz et en aucuns paluz
feussent à reffuge et en tapinage, par le conseil et l'octroiement
d^ua dez chevaliers au roy d'Angleterre, qui estoit nommé
Andrieude Hanelay, comme ceux qui adonc aultrement ne se
osoient apparoir contre Tost d'Engleterre, pour avoir leurs proies
et leurs happées, feussent ens es met^z d^Engleterre entrez,
si comme Ten dist, en Tarriere garde de Post du roy d^Engleterre
se feussent plingez etembatuz, adonc Jehan deBretaigne^ conte
de Richemont^, preudomme et loyaux, qui leur venue avoit
appercheue^ aux armez comme hardy isnellement se prist, en
deffendant son pais' et Fost d'Engleterre, et, en la familiarité de
luy et du roy d'Engleterre et à Tonneur des chevaliers franchoiz,
le dessus dit Henry de Suilly, de Berry^, mons. Robert Bertran',
de Normendie, gendre mons. Henry de Suilly, et aultrcz cheva-
liers de France, qui, si comme nous avons dist, en messaige illec
endroit estoient envoiez, comme, aux Escoz et aux Engloiz qui
de long temps à eux s^estoient renduz et à leurs gaigez comme
soudaiers, mont longuement et par Tespace de demi jour, se com-
batissent entre ung bras de mer et le boiz illec prez*, et de la
bataille, si comme on dist, contre lez Escoz en eussent rapporté
victoire se les Angloiz l'eussent fait aussi chevaleureusement
comme eux, si que ilz deb voient faire se ilz eussent eu cueur
aussi bon comme ilz avoient eu au commenchement de la bataille,
lez quieux Angloiz, férus aussi comme d'une paour, bien environ
xxvj banieres engloiches prinrent la fuite très laide, delaissans
les bons chevaliers le conte de Richemont , Henry de Sully de
France, Robert Bertran, et grant foison d'aultres tant de Nor*
mendie, de France, comme d'Engleterre, qui viguereusement et
asprement se combatoient et lez Escoz moult agraventoient et
2. Il était oncle du duc de Bretagne, Jean III, et mourut le 17 janvier
i333, V. st.
3. Le comté de Richmond, voisin de la frontière d'Ecosse.
4. La maison de Sully était originaire de cette province.
5. Robert Bertran VII, baron de Briquebec, vicomte de Roncheville,
maréchal de France vers i3a5, 'mort en 1348. Il avait épousé, en i3i8,
Marie de Sully, fille de Henry de Sully et de Jeanne de Vendôme.
6. Qœmdam strictum passum (Contin. de Nangis, H, p. 43). Ce combat
fut livré i Blackmor.
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j6 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
grant multitude en avoient jà aterrés, la quelle hardie chevalerie
n^avoit pas acoustumé à fouir, chairent es mains et la puissance
et furent prins et saisis des ennemis^. La quelle chose tourna à
grant vergongne et reprouche à la gent d^Engleterre.
95. — *Après ceste desconfiture et prinse, Lisle, Yprc, Gant et
Bruges, et les aultrez bonnes villes de Flandrez, qui de long
temps lez panies des Escoz nourrissoientS aucunes de leurs nefz
et gallies^ plaines de merceries et de draperies et de aultrez grans
richesses, et des nefz aux marchans d'Espaigne, qui aux Flamens
debvoient venir , si comme l'en dist , et dUUec en Escoce aller,
furent des mariniers de Yarnemons* et de aultres pors d'Engle-
terre prinses, à tout leur richesses qui dedens estoient, et en
Ëngleterre menées.
96. — Et en yceste mesmes année, Charlez le roy de France et de
Navarre, au premier an de son règne, fist nouvellez monnoies*,
comme de parisis noirs sengles^, doubles parisis vaillans chacun
deux deniers parisis (et en iceux parisis [sengles] et doubles
estoit l'enseigne d'unne couronne*), et mailles blanches^ ressem-
blans gros tournoiz, qui vailloient chacun vj deniers, et grant
mutacion et eschivement d'aultres monnoiez, qui poi de temps
dura '.
97. — *Et en ycest temps vrayement, vindrent en France les
messagiers des Hermeniens querre secours et aide au roy de
France, et rapportèrent, si comme il fut dist, lez injures et vio-
lences que lez Sarrasins faisoient aux Crestiens de par delà, c*est
7. Ces faits sont antérieurs au 27 octobre i322 (Rymer, II, %• partie,
p. 56 et 58).
95. — I. Voir les plaintes adressées dès iSxg par Edouard II à Robert
comte de Flandre, et les réponses de celui-ci et des villes de Bruges et
d'Ypres (Rymer, ibidem, p. 170 et 174).
2. Yarmouth.
96. I. Voir Documents inédits sur V Histoire des Monnaies, de M. de
Saulcy, I, p. 199 et suivantes.
2. Sengles, simples.
3. Cette émission se confond sans doute avec celle de février i32x, v. st.
(M. de Saulcy, p. 200), laquelle .comportait aussi une couronne.
4. La monnaie blanche était la monnaie d'argent à onze deniers douze
grains de fin ; la monnaie noire, celle de billon, c'est-à-dire d'argent avec
alliage plus ou moins fort de cuivre.
5. Voir Ordonnances, I, p. 769, et XI, p. 484 et 485, 17 septembre,
i5 octobre et 28 décembre i322.
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DEUXIÈME PARTIE. 77
assavoir que toute la terre de Hermenie estoit, la gregneur partie,
des Sarrasins acquise et en la loy des Sarrasins tournée, et que lez
Sarrasins prenoient et toUoient aux Crestiens leurs enfTans, et lez
introduisoient en leurs mahommeries, et prenoient lez famés
grosses et lez gardoient jusques à Tenfanter, et quant ilz avoient
enffantey ilz prenoient TenÂfant et le convertissoient en leur loy.
Et avec rapportèrent yceux messages au roy de France que,
se prouchainnement ilz n'avoient secours, eux et le sang de leurs
enffans et de Pautre peuple crestien qui mors avoient esté en leur
terre contre lez Sarrasins, appell[er]oient de eux au jour du juge-
ment. Et ce entendu, Charlez le roy de France en fut mont cou-
rouché et dolent. Pour la quelle chose, au moys de janvier, à
Paris ^ assembla plusieurs prelaz et barons de son royaulme, pour
ordener à ayde et secours faire aux Crestiens de par delà. Et pour
ces oppressions et violences iaictez aux Crestiens du royaulme de
Hermenie, et pour yce publier au peuple, à ce que leurs cueurs
feussent esmeuz de faire ayde, ceste chose et mont d'aultres donc
grant prolixité seroit du racompter, — présent Charlez le roy de
France et de Navarre et son oncle Charles le conte de Valoiz et
grant foison du peuple, — de Tabbé Pierres de Saint Germain
des Prés^, au palaiz de Paris, furent manifestées et preschées.
98. — Et en ycest an, segonde foiz aprez xx ans que Pierres Le
Jumiaux, jadiz prevost de Paris, avoit pendu ung clerc dit Phi-
lippe Le Barbier*, au moys de mars ung clerc appelle Guillemin
de Chartres, pour argent que il avoit prins pour ung batre',
à Paris, dez gens tenans le siège de Paris, sans ce que yceluy
homme, si comme Pen dist, fût feruz ne batuz, fut condampné à
pendre ;*et de par Jehan Loncle^, à ce temps prevost de Paris, au
commun gibet des larrons fut yceluy clerc pendu. Le quel, incon-
tinent aprez, de par Pevesque Estienne et son officiai de Paris fut
97. — I. Voir Mansiones et itinera (Histùriens, XXI, p. 488; M. Hervieu,
Recherches y p. 175 et 176; et Ordonnances, 1, p. 810).
2. Pierre de Courpalay.
98. — I. Voir paragraphe XV, Première partie.
2. Pour battre un homme.
3. On trouve, en x33x, un Jehan Loncle, c petit et humble sergent » du
Roi de France et c garde de la baillie de Gisors » (Anselme, III, p. 26). Si
c'était le prévôt de Paris, la pendaison de Guillemin de Chartres ne fut
pour rien dans sa disgrâce, car nous le retrouverons encore en fonctions à
Paris en i323 (paragraphe 12 5).
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78 CHRONIQUE PARtStENNE ANONYME.
yceluy clerc dudit gibet osté, et à Paris apporté, et en lieu saint
enfouy*.
99. — Et en cest moys de mars* mesmes, Andrieu de Harteby,
connestable de QuarsiP, comme traistre au roy d^Engleterre, et à
Robert de Bruis s'estoît allez et Agnès' sa seur avoit nouvelle-
ment espousée, pource, si comme Pen dist, que la cité de Quarsil,
toute la conté, et le pais d'environ à Robert de Bruis avoit eu en
convenant de rendre et baillier et sus Engleterre guerroier^ — par le
quel, si comme il fut estimé, Jehan de Bretaigne, conte de Riche-
mont, et lez chevaliers de France avoient esté dedens Engleterre
prins, si comme dessus est dit, — de l'evesque et dez bourgoiz de
Quarsil fut prins et au roy d^Engleterre envoie. Le quel tantost du
seneschal d^Engleterre , sans la veue du roy, fut condampné
à mort, et tantost fut traynné et pendu, et sa teste couppée et
ycelle à Londrez envolée.
100. — *Cy povés savoir et entendre comment et en quelle
magniere le rqyaulme d'Escosse appartient aux roys iT En-
gleterre^^ et pour quqy^ comment et en quel temps la guerre
se esmut^.
*Au temps du roy d'Engleterre* filz du roy d^Engleterre Jehan
qui fut nommé Sans terre, advint ainssi que le roy d'Escoce, qui
lors estoit, mourut ; le quel avoit plusieurs enffans, filz et filles,
entre lez aultrez Alixandre^, qui fut successeur au royaulme
d'Escoce aprez luy ; et demoura la roynne d^Escoce, mère dez diz
enfifans, vefve'. Or fut ainssi que la roynne d^Escoce, tantost aprez
4. Faits inédits.
99. — I. Le jugement est du 27 février i323, n. st. (Rymer, H, 2* partie,
p. 64 ; voir aussi 4* partie, p. 17).
2. Carlisle.
3. Notre chroniqueur est le seul qui cite le nom de la sœur de Robert
Bruce.
100. — I. Ms. A : d'Engeterre.
2. On peut comparer avec le récit de notre chroniqueur celui, beaucoup
moins complet, des Anciennes Chroniques de Flandres {Historiens, XXII,
p. 371).
3. Henri III.
4. David I" roi d'Ecosse, mort en ix53, eut pour successeurs ses deux
petits-fils, Malcolm IV, mort en ii65, et Guillaume le Lion, mort en 12x4.
Alexandre II, fils de Guillaume, étant décédé en 1249, la couronne passa à
son fils, Alexandre III, âgé de huit ans à peine.
3. Marie de Coucy, seconde femme d'Alexandre II.
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DEUXièlfE PARTIE. 79
la mort de son seigneur, se tnist, elle et ses enffans et la terre
d'Escoce, en la garde Henry le roy d'Engleterre ; et fut Escoceen
la main au roy d^Engleterre jusquez à tant que Tenfiant Alixandre
fax aagié.
101. — *En brief temps après, yceluy roy Henry d'Engleterre
ladicte roynne d'Escoce, qui son douaire y avoit, maria à ung
des chevaliers de France messire Jehan d'Acre '. Quant renffant
Alixandre eust âge, le roy d^Engleterre se delessa de la garde
d'Escoce ; et espousa la fille à yceluy roy Henry, en la quelle il
engendra enffans qui moururent en enffance'; et aprez la mère
mourut. Quant la fille Henry roy d'Engleterre roynne d'Escoce
fut morte, Alixandre le roy d^Escoce se remaria segonde foiz et
print à famé la fille au conte de Flandrez Guy de Dampierre ^,
de la quelle il n'eust nul hoir, si comme vous orrés.
102. — ^Cduy roy Alixandre eust ij seurs ; la plus ainsnée
eust à filz mons. Jehan de Bailleul, et l'autre seur mains ainsnée
si eust ung filz qui fut appelle Robert de Bruis, qui fut père de
Robert de Bruis* et de ses aultres frères, qui la guerre commen-
obèrent si comme nous vous dirons cy aprez. Or advint ainssi,
par la voulenté Nostre Seigneur, que le dît Alixandre roy d'Escoce,
qui estoit mont espris de luxure, que en fine nuit se leva, tout
coiement et celeement, du lit où il estoit couché avecquez la
roynne d'Escoce sa famé, fille au conte de Flandrez, pour aller en
une abbaie de nonnains à consummer le péché de fornicacion.
101. I. Jean de Brienne dit d'Acre, second fils de Jean de Brienne, roi
de Jérusalem et empereur de Constantinople, et frère puîné d'Alphonse de
Brienne^ comte d'Eu.
2. Marguerite, fille de Henri III, épousa Alexandre III le 26 décembre
1252. Alexandre et Darid, leurs fils, moururent en enfance ; mais leur fille,
Marguerite, épousa, en 1281, Éric roi de Norwège, dont elle eut une fille,
nommée aussi Marguerite et surnommée la Vierge de Norwége.
3. VArt de vérifier les dates donne pour seconde femme à Alexandre III
Yolande, fille- de Robert IV, comte de Dreux, qu'il aurait épousée en i285;
et d'après le P. Anselme, II, p. 784, Marguerite de Flandres, fille puînée
de Guy de Dampierre, aurait épousé, en 1281, Alexandre, fils aîné du roi
d'Ecosse.
102. -> I. Jean de Baillol, dont il sera parlé plus loin, é\A\t petit-fils de
Marguerite d'Ecosse, et Robert Bruce, père du futur roi d'Ecosse, éXAit fils
d'Isabelle d'Ecosse, celle-ci fille, comme Marguerite, de David, comte de
Huntîngdon, frère puîné de Malcolm IV et de Guillaume le Lion. Mar-
guerite était l'aînée des deux sœurs.
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8o CHRONIQUE PARISIKNNE ANONYME.
Et ainssi comme il cbevauchoit, luy tout seul, par soudaine et
fortunable aventure chei de dessus son cheval à terre et se rompi
le col'; et à ce temps n^avoit il eu nul enfTant dUcelle roynne, et
ainssi fut il mort sans nul hoir de son corps.
103. — "^Tantost que ceste aventure fut ainssi avenue au roy
Alixandre d^Escoce^ lez prelaz et les barons d^Escoce^ qui mont
en estoient dolens, et especialment les enfians des seurs du roy
Alixandre, furent en grant débat; et vouUoIt chacun avoir la
succession du royaulme. Et se opposoit le dit mons. Jehan de
BaillueuP, et disoit que, pour cause de sa mère qui avoit esté
ainsnée seur du roy Alixandre, la succession du royaulme d*Es-
coce luy appartenoit. Lez aultrez hoirs aussi se opposoient, et
disoient que, pour raison de ce qu*ilz estoient de la mains ains-
née seur, c'est assavoir Robert de Bruis ^, le royaulme luy appar-
tenoit. Et tant proposèrent de raisons lez ungs contre lez aultrez
que, de commun accord, pour bien de paix de eux et de tout le
royaulme d'Escoce, se mirent' en l'ordonnance et en la plaine
voulenté du roy Edouart^ et de la court d'Engleterre de adjugier,
bailler et délivrer le royaulme au plus prouchain de sanc et du
costé du roy Alixandre. Pour ceste composicion et ordenance,
grant foison des barons d'Escoce alerent à Bordeaux seur Gironde,
la cité de Gascoingne, au roy d'Engleterre Edouart, qui pour lez
grans faiz qu^il fist fut seurnommé le grant, à luy faire assavoir
la mort de leur roy et la composicion qu'il avoient mis en luy et
en la court d'Engleterre.
104. — *Quant Edouart le roy d'Engleterre fut revenu de Gas-
congne en Angleterre, si pronuncha par arrest, par le conseil et
deliberacioh de la court d'Engleterre * , et ajuga au dit mons. Jehan
de Bailleul le royaulme d'Escoce comme au plus prouchain hoir
2. D'après VArt de vérifier les dates, Alexandre III serait mort à Kinghorn,
le 19 mars 1286, d'une chute de cheval, mais en parcourant son royaume
pour administrer la justice.
103. — I. Jean de Baillol^ seigneur de Gaweye. Il n'y avait pas moins
de dix autres prétendants.
2. Il s'agit ici de Robert Bruce ou de Brus le père, seigneur du Val
d'Anaunt.
3. Le mardi après l'Ascension 1291 (Rymer, I, 3* partie, p. 89).
4. Edouard \**, Il était monté sur le trône le 20 novembre 1272 et mou-
rut en i3o7.
i04. — I. Le 17 novembre 1292 (Rymer, i5t(/tfm, p. iix).
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DEUXIÈME PARTIE. 8l
d^iceluy roy Alixandre mort. Au quel arrest donné de la court
d^Engleterre tous lez prelaz et barons d'Escoce se assentirent, et
en Tabbaie de Danfèrmelin ^, où les roys d^Escoce estoient cou-
ronnés, le couronnèrent en roy d'Escoce. Et dès lors, comme
folz Escoz, mirent ilz la terre d^Escoce en ressort et en congnois-
sance du royaulme d*Engleterre. Après ce, le dessus dit mons. de
Bailleul, roy d'Escoce, vint au roy d^Engleterre Edouart, en son
hostel de Hoiscemistre ', faire luy hommaige de tout le royaulme
d^Escoce et de luy tenir en fief et en héritage.
105. — *Adoncques le roy d^Engleterre Edouart, qui guerre
en Gascongne avoit conmencée contre Philippe le Beaux, à ce
temps roy de France ^ le roy d'Angleterre manda * au roy d'Es-
coce Jehan de Bailleul qu^i luy fist aide de tant comme son fief
vailloit. Et lors il respondi, luy qui estoit jà tout informé des
barons d'Escoce, qu'i ne luy feroient nulle ayde, car en fief ne en
héritage de luy riens ne tenoit. Quant ce entendi le roy d'Engle-
terre Edouart, si en fut tout iré. Si luy remanda secunde foiz,
tierce foiz, et la quarte d'abondant, que ayde luy fist, et que à son
parlement venist comme son homme. Aux quieux mandemens le
roy Jehan de Bailleul et les barons d'Escoce, tous d'une voix, resr
pondirent qu'i ne luy envoiroient pas le pire garchon de leur
estable.
106. — ^Ceste désobéissance ainssi faicte du roy Jehan de
Bailleul et dez gens d'Escoce^ le roy Edouart d'Engleterre alla, à
tout grant host, sur Escoce, et fut bataiUe assignée et pleinne
d'une part et d'aultre, et se assemblèrent les ungs aux autrez ^ En
la parfin, Jehan de Bailleul, roy d'Escoce, humble et bien veuUans
au roy d'Engleterre vint, et mercy luy cria ^. Et d'icelle bataille
comme confuz prindrent la fuite très laide grant foison des gens
d'Escoce, et du roy Edouart le roy Jehan de Bailleul en prison à
Londrez envoiez*.
2. Cétait ordinairement à Scone que se faisaient couronner les rois
d'Ecosse, et à Dunfermline qu'ils étaient inhumés.
3. Westminster. ~ Uhommage fut rendu à Norham et à Newcastle en
novembre et décembre 1292 (Rymer, ibidem, p. iia et 11 3).
i06. — I. Le ms. A ajoute : par les causes que nous avons dist es ans
H. oc. iliju XV et en Tan h. ce. iiijzz xvj.
2. Le 29 juin 1294 (Rymer, ibidem, p. i32).
106. — I. A Dunbar, en 1296.
2. A Kyncardyn, le 2 juillet suivant. (Rymer, I, 3« partie, p. 161).
3. II se retira en France en 1298.
uÈÈi, XI 6
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82 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
107. — *En celuy temps, environ la feste de la Circuncision *
Nostre Seigneur, après x vj ans ou environ que la prinse de Meulin
le prince de Guallez a voit esté faicte^ d'iceluy roy Edouart, aucuns
dez barons de Guallez se rebellèrent de rechief et esmurent guerre
ouverte contre ; le quel, ce congneu, alla isnellement et hardiement
sur eux, et en une isle en mer* lez prist^ et de eux eust viaoire.
106. — *L'an de grâce m. ce. iiij" xiij *, l'evesque de Saint-
Andrieu^ Guillaume Le Gualloiz*, et aultrez grans maistres, qui
tout le pais d^Escoce representoient et qui encaché^ estoient,
vindrent au roy de France et à luy s^alierent. Le quel, si comme
Ten dist, par le traitié de leurs convenances leur promist aide et
secours faire en leur guerre contre le roy d'Engleterre, et pour ce,
et en signe de feaulté et de hommaige, firent ceux d'Escoce en
leur monnoie le signe d'une fleur de liz '.
109. — *Ceste aliance sceue du roy d'Engleterre Edouart, si
s'apensa que au tant à son cousin * Philippe le roy de France, le
plus tost qu'il pourroit, en feroit; et tantost manda messagez
au conte de Flandrez Guy; et traitierent du mariage du jenne
Edouart, son aisné filz, et de Katherine*, fille au devant dît conte,
en ce que Flandrez toute d'ore en avant en la foy et hommaige du
roy d'Engleterre demourroit, et que le roy d'Engleterre à tout son
pqvair luy feroit ayde contre le royaulme de France *.
110. — *Et vraiement en icel an, c'est assavoir Fan de grâce
M. ce. iiij» et xix*, Edouart le roy d'Engleterre, tierce foiz après
107. — !• La Circoncision, le i" janvier (1297 n. st. r).
2. Leolyn ou Lewelin, prince de Galles, avait été fait prisonnier à la fin
de 1282 (Rymer, I, 2* partie, p. 212).
3. Dans l'île d'Anglesejr, comme en 1277?
106. — I. Ou mieux 1296 (le 23 octobre; Rymer, I, 3* partie, p. i52).
2. Guillaume de Lamberton, évéque de Saint-Andrews.
3. William Wallace ou Walleis.
4. Ms. A : en cache.
5. Détail inédit, mais dont l'exactitude paraît très douteuse.
109. — X. Au huitième degré, par Blanche dç Castille, mère de saint
Louis, laquelle éuit née d'Éléonor, fille de Henri II d'Angleterre.
2. Ou mieux Philippe. Elle fut arrêtée à Paria avec son père, en 1296 ,
et y mourut en 1 304, sans avoir été mariée.
3. L'alliance entre Edouard I* et Guy de Dampierre et l'accord au sujet
du mariage furent conclus le 7 janvier 1296, n. tt. (Rymec, I, 3* partie,
p. 168).
1^0. — I. Ou mieux 1298.
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DEUXIÈME PARTIE. 83
lesrebellions des gens d^Escoce, lez poursuivi vaillanment, comme
hardiz roy et chevalereux, à grant et innombrable ost, plus que
onquez devant n^avoit fait. Etcom[m]e d'accord dez parties, le jour
de fi^te de la Magdaleine, à bataille oultrée venissent en ung lieu
en Escoce que l'en disoit Fae-moustier ^, et illec endroit et bien
prez, sur une montaigne, de la nuit de devant, tout le povair
d'Escoce sans gueires excepter, riches et povres, petis et grans,
[vieils] et jennes, famés et hommez, gentilz et villains, se fussent
logiés et iUec assis jusques à l'eure de tierce, tous d^une voulenté
voullans avant mourir que la franche libéralité de leur pays et eux
{eussent au roy d'Engleterre à tous jours déboutez et asserviz,
adecertez le roy Edouart de Angleterre, en Tan de son règne xxiiij*,
Ànthoine de Bec, patriarche de Jherusalem , evesque de Duresme
et chappelain du pape Boniface', qui leur estât et leur povair
advisoient, que le soleil la gregneur partie d^icelle journée avoient
devant lez visagez, en eux chevalereusement se plingierent et
embatirent ; et illec ceux d^Escoce de toute pars furent avironnez et
assailliz ; et comme illec, par Fespace d'un jour, se fussent mont fort
combatuz, dez gens d' Escoce fut grant abateiz et mortalité, car de
Poccision du peuple, si comme il fut dist, les chevaux entroient
au sanc dez mors jusquez aux pances, et dez gens si naîrent mont
grant foison. De la quelle chose Ten ne treuve mie escript es
gestez de la Grant Bretaigne que oncquez maiz, en nul aage, puis
la fundacion d'Escoce ne d'Engletenre, eust en nulle bataille si
grant mortalité de gens.
111. — *Bien tost après ceste bataille, la gent d'Escoce, qui
mont espoventez estoient du roy d*Engleterre et des siens de jour
en jour sans nul respit, humblez, creantans foy et hommaige au
roy d'Engleterre et de lui tenir, vîndrent et mercy luy crièrent.
Le quel lez rechut. Et en ceste manière toute Escoce en la main
du roy d'Engleierre Edouart demoura, fors en aucuns paluz et
montaignes, que Ten n^avoit pas encore visitez ^ Et parmy lez
2. Falkirk. ~- La bataille fut bien livrée le 22 juillet.
3. Durham. — Boniface VIII (i 294-1 3o3). — ^^ semble, d'après les Grandes
Chroniques, que ce fut Clément V qui, en i3o5 seulement, « donna à
l'cvcsque de Dunelm (Durham) la patriarche de Jherusalem. > — t Mai&tre
Anthoine Becq > existait encore en i3o8 {Anciennes Chroniques de Flandres^
dans le Recueil des Historiens, XXII, p. 398).
m* — I. c Et lors prist toute Escoce et la mist soulz sa seigneurie,
excepté aucunez garnisons assises en palus et sur hautesse de montaignes
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84 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
bonnes villez et chasteaux d^Escoce mist grant foison de soudaiers
à pié et à cheval, deparluy, comme roy d'Engleterre et d^Escoce.
Et adonc, de par luy et au nom de luy, fist de toute Escoce gar-
dien mons. Jehan de Roideconnin *, baron d'Escoce, noble et
hardy chevalier. Le quel, comme gardien de par le roy d'Engle-
terre et seneschal d'Escoce, Robert de Bruis*, qui enfouyet muchcz
s'estoit; et que Ten cachoit à prendre, comme traistre et en agueit
apensé, qui à refuge s'estoit muché en une abbaie^,. manda ledit
mons. Jehan que à luy illec endroit venist parler. Et, comme îcduy
Jehan à luy dedens le moustier de la dicte abbaie venist à luy, le
dist Robert de Bruis tantost d*un coustel par desriere le fery, et
illec Tochist.
112. — *Après ce, en yce mesmes an, pour eschiver la pestilence
et la grant mortalité des Crestiens, entre le roy de France et le
roy d'Engleterre Edouart fut la paix faicte*. Le quel roy d'En-
gleterre prist à famé et espousa Marguerite seur du roy de France,
fille Philippe le roy de France qui mourust en Arragon *. En la
quelle Marguerite iceluy roy d'Engleterre engendra ung beau filz
qui eust nom Thonmas, qui nasqui en Pan ensuivant'. Et par le
traîtié de cest mariage se départi le roy de France de faire ayde en
nulle magniere aux Escoz, et le roy d^Engleterre de l'alianee au
conte de Flandrez^.
environ la confinité de la mer. t (Ms. A^ f* 114 v«, Chronique française de
G. de Nangis,)
2. Jehan Comyn, seigneur de Badenagh. D*après Rapin Thoiras, il était
surnommé le Rouge, red en anglais ; de là le nom que lui donne notre
chroniqueur (Roideconnin, Rerdeconnin, pour Red -Comyn).
3. Robert Bruce, comte de Carrick, fils du seigneur du Val-d'Anaunt. Il
fut couronné roi d'Ecosse le 25 mars i3o6, n. st.
4. L'église des Cordeliers à Dumfries. Jean Comyn avait trahi Robert,
après avoir promis de l'aider dans sa révolte contre Edouard I"; il fut tué
en i3o6, avant le 5 avril. Le pape Clément V excommunia Robert le iSdes
calendes de juin même année, et la sentence fut renouvelée par Jean XXII
le 6 des ides de janvier i320 (Rymer, I, 4* partie, p. 49 et 52, et II, impar-
tie, p. 189).
112. — I. La paix avait été signée à Paris dès le 20 mai i3o3.
2. Le mariage d'Edouard I*' avec Marguerite, fille de Philippe le Hardi
et sœur de Philippe le Bel, avait été célébré dès 1299.
3. Outre Thomas de Brotherton, comte de Norfolk et de Suffolk, naqui-
rent de cette union Edmond de Woodestooke, comte de Kent, et Alianor,
depuis comtesse de Bar.
4. Voir toutefois La France sous Philippe le Bel, par Bou tarie, p. 402 et 40$ .
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DEUXIÈME PARTIE. 85
113. — *En Tan de grâce m. ccc. iij, Edouart le roy d^Engl&-
terre, qui pas n^avoit onblié la mort de son prinche Jehan de Rer-
deconnin et lez faulx sermens et les rebellions de ceux d^Escoce,
quarte foiz ala sur eux, à grant et innombrable ost. avec luy le
patriarche de Jherusalem Anthoîne de Bec, et, tant par tricherie
dez genz du pays comme en plusieurs^ assaux^, les prist bien
près de la gregneur partie, c'est assavoir contez, barons, cheva-
liers et escuiers, et aucuns des frères Robert de Bruis 3, Symon
Frisel '*, et Guillaume Le Gualaiz', et grant multitude d^aultrez,
bien jusques à ijc, donc lez ungs il fist pendre et traynner, lez
aultrez escarteler et desmembrer, et es lieux donc ilz estoient nez
et parmy les bonnes villes d^Escoce leurs membres pendre, et aux
aultrez les testes couper et ycelles à Londrez la cité d'Engleterre,
sur la Tour, meitre et encrouer.
114. — *L'an de grâce m. ccc. iiij * ensuivant, Edouart le roy
d^Engleterre, quintefoiz, luy et Marguerite sa nouvelle famé,
poursuivant le droit du royaulme d'Escoce, comme, à grant host^
ralast sur eux, et à celle empointe toute Escoce près mist en sa
main, mons. Hemarc de Valence^, son baron d'Engleterre, conti-
nuellement cachant et poursuivant Robert de Bruis, si hardie-
ment et sagement que à poi ne le prist, adecertez en cest ost et en
ceste mcsmes année, Edouart le roy d'Engleterre, qui mont estoit
pené d^une maladie que l'en appelle le flux du ventre et de long
temps, en la marche d^Escoce ^ (Dieu ! quel douleur !) clouist son
desrain jour.
115. — *Quant Robert de Bruis sceust que le roy d'Engleterre
estoit mon, seleement et occultement adjoingnist à luy et atrait
aucuns des riches hommes d' Escoce et le peuple par mont de belles
parolles, et se rebellèrent de rechef, et esmut loute Tisle d'Escoce *
113. — i, Ms. A : en plusieurs en plusieurs.
2. La principale défaite des Écossais eut lieu à Méthuen en i3o6.
3. Trois des frères de Robert Bruce périrent sur Téchafaud.
4. Symon Frisel ou Fraser.
5. William Wallace fut exécuté à Tower-Hill le 23 août i3o5.
114. — I. Ou mieux i3o7.
2. Âjrmar de Valence, descendant d'un frère utérin de Henri lU ; il était
comte de Pembroke du chef de sa femme Jeanne.
3. A Burg prés Carlisle, le 7 juillet i3o7.
116. ^ I. Le chroniqueur n'est pas seul à employer cette expression
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86 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
contre les gens du roy d'Englcterrc qui parmy les villes et chas-
teaux d'Escoce estoient en garnison ; et s'alla tout le peuple d*E^
coce, povres et richez, à yceluy Robert, et le firent chevetaine et
capitaine d'Escoce, et en plusieurs lieux parmy Escoce débou-
tèrent et cachèrent villainement la gent d'Engleterre.
1 16. — *Lors tantost et isnellement, mons. Hemarc de Valenceet
lez aultrez barons d^Engleterre, qui Escoce tenoient en la main
du roy d'Engleterre, mandèrent au jenne roy Edouart d^Engle-
terre * que il leur envoiast secours, ou, se non, mont longuement
de temps [et] bonnement, illec endroit ne povaient contrester ne
profiter à leur honneur. Edouart, jenne damoisel, roy d'Engle-
terre, qui en contens estoit envers son cousin Thonmas le conte de
Lenclastre et tous les aultrez barons d'Engleterre pour Pierres
de Cagneston, baniz d^Engleterre du commandement le roy
Edouart son père, que il avoit rappelle en son royaulme contre
la voulenté et Tenditement de ses barons', pour le quel grant
discencion et descort s'en esmut et esleva entre le roy et ses
barons, en telle magniere que il retarda et entre oublia à secours
envoler à ses gens, qui dedens Escoce estoient et qui envers les
Escoz de jour en jour contrestoient, à moult de perilz et deassaux,
neqùedent en leur poosté et subjection, à leur povair, bien par l'es-
pace de xij ans lez tindrent, tous jours esperans et attendans d'En-
gleterre secours et ayde avoir. De la quelle chose si comme à petit
de force le roy tint, que en la fin furent si efforciement contrains
qu^ilz furent déboutez à delessier lez villez et lez chasteaux d'Es-
coce, et eux comme dolens et courouchez en Engleterre revindrent.
117. — "Tantost aprez ce, Robert de Bruis, qui tout le peuple
d'Escoce, tant richez comme povres, les cueurs de eux avoit à luy
adjoins, iist parmy Escoce lez chasteaux et forteresses trébucher
et aterrer jusques à iiij ou à v*, à ce que ceux d'Engleterre en
(Rapin Thoiras, I, p. $42); il entend par là sans doute la partie de T Ecosse
au nord des golfes de Ciyde et de Forth.
116. — I. Edouard II, fils aîné d'Edouard 1** et d'Éléonore de Castille,
sa première femme.
2. Pierre de Gaveston, favori d'Edouard II, avait été exilé par le père de
celui-ci le 26 février 1 307 (Rymer, I, 4* partie, p. 70). Il fut rappelé dès le
6 août même année, exilé de nouveau le 18 mai i3o8, et enfin exécuté le
I" juillet i3i2.
117. — I. Rapin Thoiras rapporte ce démantèlement des forteresses
d'Ecosse à Tannée i3o7, avant la mort d'Edouard K
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DEUXIÈME PARTIE. 87
Escoce nul ahert ' plus n^eusseut fors que à plains champs. Et
ainssi en ceste magniere ont esté lez guerres des roys d'Engleterre
et de la gent d'Escoce pour lez causes devant dictes.
[l^AN m. CGC. XZIII.]
lis. — *En Fan de grâce* Nostre-Seigneur m. ccc. xxiij, une
grant hérésie' en France avenue, près de la ville de Chasteau-
LandoQ, au terrouer des Gastinoys', si comme Ten dist, que
comme gens mauldiz, c^est assavoir Tabbé de Serquenseau^, si
comme l'en dist, clers et laiz jusques à environ v ou vj, eux
esmeuz es ars dyaboliques, en faisant grande iniquité et dolosité à
Dieu le tout puissant et à toute crestienté, avoient prins ung chat,
baptisié et donné nom, et puiz mis en une huche avec plusieurs
hosties sacrées que yceluy chat debvoit' mengier, puis yceux
mauvaiz avoient fermé la huche et enfouy aux champs, en ung
quarefourc d'un chemin, dedens terre. Et ceste grant deablie fai-
sant ycelle mauvaise gent, si comme il fut dist, afin que, se le
chat eust vescu ix jours, ilz l'eussent prins et escorché, et de la
peau chacun eust eu une couroie, et Teussent chainte, par vertu
de la quelle ilz eussent eu tant des avoirs et sceu des choses
comme ilz vousissent, si comme en leur mauvaise oppinion cui-
doient. La quelle chose dedens lez ix jours que le chat avoit esté
mis dedens la huche en terre, des pastoureaux et des plus simples
du peuple, par la voulenté Nostre Seigneur Jhesucrist, au grate-
ment des chiens d^iceux pastoureaux par le miaulement du chat,
et du charpentier qui icelle huche avoit faiae fut sceu qui tel
chose avoit faictc. Et tantost ce congncu par le prevost de Chas-
teau-Landon, Parchevesque de Sens • et le prevost de Paris, à
Chasteau-Landon, à Paris, à Sens et ailleurs furent saisiz et prins.
2. Retraite, refuge, point d'appui. — Ce mot manque dans les glossaires.
118. — I. Pâques i3a3, le 27 mars.
2. G>mparer le Continuateur deNangis, II, p. 47, et le Continuateur de
Jean de Saint-Victor {Historiens, XXI, p. 680, note 3).
3. Le Gâtinais, partie de l'Orléanais et de PIle-de-France, dont les prin-
cipales villes étaient Nemours et Montargis.
4. Cercanceau, commune de Souppes, arrondissement de Fontainebleau
(Seine-et-Marne).
5. Ms. Â : debvoir.
6. Guillaume de Melun, mort en 1329.
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88 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
et au chasteau de Montet^ et en aultrez lieux, dessoulz estroite
garde, furent aquestion'nez, liez et emprisonnez.
119. — Adecertez en cest an, mons. Jourdain de l'Isle, Thou-
lousein, chevalier, qui devant estoit nommé Jourdenet de Tlsle,
hault homme et noble en la Gascongne, frère mons. Bernart Jour-
dain de risle seigneur, pour plusieurs violences, meurdrez et
despis que il avoit faiz au roy et à la gent de France, et pour
aultrez meurdres, desroberies de marchans et arsons de villez, le
samedi aprez TAscencion Nostre Seigneur, adonc vij jours au
moys de may * , du Chastelet de Paris en la grant rue Saint Denys,
à la queue d'une chareite, parmy les boes, sus ung bahu et une
claie, jusquez à la villeite Saint Laurens ^ fut traynnez, et d'iliec,
tout nu, à terre, jusques au gibet fut traynnez, et illec au plus
hault des larrons fut penduz, présent Gauchier de Crecy, connes-
table de France, et Gauchier de Chastillon, son filz', le mares-
chai de France^, le prevost de Paris, et auhfez grans maistrez
de France, et grant multitude de peuple de Paris; donc Pen ne
remembre pas ne ne trouve l'en escript es gestez de France que
oncquez, puis le temps Guenelon', si très hault ne si gentil
homme fût mort de telle mort en France comme le dessus dist
mons. Jourdain.
120.— *Et en ycest an, Marie la roynne de France et de Navarre,
fille jadiz de Tempereur de Romme, le jour de la Penthecouste*,
en la chappelle royal du palaiz de Paris fut couronnée en roynne,
présent Tarchevesque de Trêves ^, son oncle, et le roy de Behangne,
7. Ne serait-ce pas le château de Moret-sur-Loing, arrondissement de
Fontainebleau, où furent emprisonnés plusieurs Templiers en i3o7 et
Louis comte de Nevers en i3ii ?
119. — I. Cette date du 7 est celle indiquée parles Grandes Chroniques
et par une Chronique Anonyme {Historiens, XXI, p. 140]. Le Continuateur
de Nangis, II, p. 143, fixe, au contraire, le supplice au 21 mai, veille de
la Trinité.
2. Aujourd'hui La Villette.
3. Gaucher de Chastillon, seigneur du Tour et de Sompuis, mort
en i325, avant son père.
4. Le ms. A n'indique pas le nom de ce maréchal (cette qualité ne paraît
pas avoir appartenu au fils du connétable).
5. Le traître Ganelon de la Chanson de Roland.
120. — I. La Pentecôte le i5 mai i323.
2. Baudouin de Luxembourg, fils de Henry IV de Luxembourg comme
l'empereur Henry VII, père de la reine Marie et de Jean l'Aveugle.
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DEUXIÈME PARTIE. 89
son frère. Pour le quel couronnement, le samedi veille de la dicte
Penthecouste, touz les bourgoiz et tous les mestiers de Paris firent
trez belle feste, et vindrent de Paris, encontre la venue de Charlez
le roy de France et de Navarre et d'icelle roynne Marie sa famé,
jusquez bien prez du champ du Lendit; etestoient rengiez sur le
chemin d'un costé et d^aultre, lez ungs en paremens richez et de
noble cuvre, lez aultrez en robes [neuves] 3, à piéet à cheval, cha-
cun mestier par soy ordonnés, o trompeç, tabours, et buisines, et
tinbres et naquaires, grant joie et grant noyse démenant. Et lors
yceux mestiers, aprez la venue du roy de France et de la roynne^,
tous ordenez deux à deux^ l'un mestier aprez l'autre, et lez bour-
goiz aprez en tel guise ordenez, vindrent en la coun du roy et
par devant son palaiz^ que jadizavoit fait faire Philippe le Beaux,
roy de France, son père, par Enguerran de Marigny, son coagi-
teur et gouverneur du royaulme principal ; et tout pour le roy et
la roynne honnourer. La quelle feste d'iceux bourgoiz et mestiers
tourna envers le roy de France et les siens' en grant honneur
louable, et aux gens de Paris aussi ^.
121. — Etycestan, pour l'eschivement de la grant mortalité du
peuple et pour aultrez causes, furent trefvez données entre le roy
3. Le mot neuves a été ajouté d'après le récit de x3i3 dont il sera parlé
plus loin, note 6.
4. Suivant le Continuateur anonyme de Jean de Saint- Victor {Historiens,
XXI, p. 677 et 678), semblable entrée du roi et de la reine de France
(notre chroniqueur n'en a point parlé) aurait eu lieu aussitôt après leur
mariage, le 3o septembre i322, ce qui paraît difficilement conciliable avec
le fiait d'une seconde entrée solennelle la veille du couronnement. Le
G)ntinuateur de Nangis, II, p. 40 et 47, ne parle ni de l'une ni de l'autre
entrée ; et, dans les Grandes Chroniques (qui passent sous silence l'entrée
du 14 mai x323}, le récit de celle du mois de septembre i322, identique à
celui du Continuateur de Jean de Saint-Victor, pourrait bien avoir été
interpolé et transposé (Voir l'édition petit in-folio, col. 1248).
5. Ms. A : des siens.
6. Notre chroniqueur, tout en restant original dans certains détails,
a pris encore cette fois ses phrases toutes faites dans la Chronique fran-
çaise de G. de Nangis (Ms. Fr. 17267, f* io5 v, et ms. A, f^ 119 r) : à
partir des mots « touz les bourgoiz et tous les mestiers, » ce paragraphe, —
sauf les mots « de Paris encontre d'un costé et d'aultre, » et ceux « Et
lors yceux mestiers, aprez la venue du roy de France et de la roynne, i —
est copié littéralement sur le récit de la fête donnée en i3i3 par Philippe
le Bel à Edouard I*', roi d'Angleterre, récit qu'on retrouve dans les Grandes
Chroniques, col. 1208.
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go CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
d'Engleterre et la gent d'Escoce jusquez à xij ans de la Penthe-
couste^ lors ensuivant.
122. — Et à la feste saint Jehan Baptiste, dez partiez d'Engle-
terre Henry de Suilly vint en France ^
128. — Et aprez ce, au moys de juillet * , comme le conte de
Namur, oncle Louys le conte de Flandrez et frère de Robert de
Flandrez, eust demandé à Louys, son nepveu, la franchise et sei-
gneurie du pais^ des marchandises en la ville de Dant' aussi
comme ceux de Bruges, au quel le conte de Flandrez Louys luy
otroia, et luy en donna ses lettres, et comme ceux de Brugez,
apperchevans que ceste chose seroit contraire à leur ville et à tout
le commun, si firent demander du conte Louys à son oncle le
conte de Namur les lettres que de ce luy en avoit données, et à ce
en riens ne vouUut obéir ne iceuz lettres rendre, pour ce ceux de
Brugez se assemblèrent à grant ost, et assirent le Dant ; et tantost
ceux de la ville du Dant yssirent hors de leur ville avec le conte
de Namur, et illec se assemblèrent desi grant effort et fut la bataillle
si aspre que ceux du Dant en la gregneur partie furent desconfiz;
et le conte de Namur, aussi comme à mort navré, fut de ceux de
Brugez prins, et illec emprisonné, et la ville de Lescluse tout
[arse] *»
124. — En cest an, en la saison d'esté, par le royaulme de
France et especiaulment à Paris, fut si grant multitude de gens
maladez, et tant en moururent, que chacun en estoit esbahy^
121. ~ I. La Pentecôte suivante, 3 juin 1824. — En réalité, les trêves
furent conclues, le 3o mai i323, pour treize ans à partir du 12 juin de cette
année, ce qui diffère fort peu, d'ailleurs (Rymer, II, 2» partie, p. 73 et 76).
122. — I. Il fut délivré sans rançon par Robert Bruce, dés le carême
de i323, n. st., et ensuite dépéché par Edouard II vers Charles le Bel
(Rymer, II, 2* partie, p. io5, ttpassim).
128. — I. D'autres disent en août.
2. f Du pais f , du poids. — « Si avint que li contes Jehans de Namur, qui
estoit adont sire de PEscluse, vault que li pois et H balance fust à PEscluse,
que chil de Bruges leur avoient osté i (Chronique de Jean Desnouelles, dans
le Recueil des Historiens, XXI, p. 197. — Voir aussi Chronique Normande
du XIV* siècle, p. 33).
3. Dam, ville de la Flandre occidentale (Belgique), à 5 kil. de Bruges. —
La rivalité de l'Ecluse amena sa déchéance commerciale. Notre chroni-
queur confond Dam avec cette dernière ville, sa voisine, dont il relate,
d'ailleurs, la ruine à la fin du paragraphe i23.
4. Voir les Historiens des Gaules et de la France, XXII, p. 41 3, note.
IM. — I. Mortalité non mentionnée par les autres chroniqueurs.
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DEUXIÈME PARTIE. 9I
186. — Et ea cest an , merquedi [vegille de] feste de la Con-
cepcion Nostre-Dame^ au moys de décembre, Jehan de Persan,
qui par aucun temps devant avoit esté^ prevost de Monmorency ',
sur un eschauffault en Grève à ce apparellié, presens Tarchevesque
de Senz^ Pevesque de Paris, Tabbé de Saint-Denys Gille, et
celuy^ de Saint-Gennain-des-Prez, fut son fait et tout le proceis
de sa deablie du chat de Pofficial de Senz, devant le peuple, mani--
festé, et iliec desgradé et à Jehan Loncle , pour le temps prevost
de Paris, baillié, et en la place dez Pourceaux à Paris ars'.
126. — Et en ceste roesmes année, Charlez le roy de France et
de Navarre, aprez Texecucion iaicte de mons. Jourdain de Tille,
chevalier, luy, mons. Charlez conte de Valoiz son oncle, Robert
d'Anoiz, et grant multitude des chevaliers de France, avec luy le
roy de Behangne, visitans les provinces de Thoulouse et d^Aubi-
goiz, avironna et lors lez courages de mains, tant du menu peuple
que des noblez et dez barons, qui jà esmeuz estoient par le con-
seil des mauvaiz et à par ung poi de luy se vouUoient deffier,
rafferma en la grâce de son amour. Et pource que il se demonstra
favourablez et begnin, fut de eux honnourablement et grandement
recheuy et merveilleusement atrait à luy les cueurs de touz. Ade-
certes tant d'amour furent* endroit luy affaiz et atraiz que ilz
luy promirent loyaulment à faire luy ayde, de toute leur vertu et
à leurs proprez despens, envers tous lez adversaires du royaulme
de France, et mesmement contre le roy d^Engleterre Edouart et
sez Gascoingz, contre lez quieux il proposoit en brief temps aprez
guerroiera Et comme, par la saison de Tiver, Charlez le roy de
France et de Navarre estant en ycellez provincez, pour lez îniqui-
126. ^ I. La fête de la Conception tomba le jeudi (8 septembre)
en iSiS.
2. Ms. A : estre.
3. Seul notre chroniqueur indique cette fonction.
4. Mb. A : et de celuy.
5. Voir le paragraphe 118 et, pour ce qui concerne le sort des autres
auteurs du maléfice, le Continuateur de Nangis, II, p. 49 et 5o.
188. — I. Ms. A : d'amour /r^nf.
2. Fidèle à son système, notre chroniqueur a reproduit ici presque litté-
ralement le récit du voyage de Philippe le Bel en i3o3, tel qu'on le trouve
dan» la Chronique française de G. de Nangis (Ms. A, f» 1 15 r«, et Fr. 17267,
f* 99 r*), et dans les Grandes Chroniques ^ col. 1181, à partir des mots
« lez courages t et jusqu'au mot « guerroier 1 ; il s'est borné à changer le
nom du roi de France et celui de ses adversaires.
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92 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
tez et felonnies que la famé et les gens mons. Jourdain de Tille,
à Paris justicié, avoient foictez à ceux du pais, et qui à gens
d^armez s^estoient traiz en la cité de Bordeaux , manda le lieute-
nant du roy d'Engleterre en Gascongne. Le quel, si comme
aucuns dient, rescript au roy de. France que il n'y vendroit pas,
et que tenu n^y estoit pas de venir sans le commandement et
octroy de son seigneur le roy d'Engleterre. Et pour ce, sans nul
conseil et sans le sceu du roy de France, aucunes des gens du roy
de France entrèrent dedens les termes du roy d'Engleterre en
Gascoigne, et ardirent et embrasèrent plusieurs de ces villes. Et
comme ce venu à la congnoissance du lieutenant du roy d^Engle-
terre en Gascoigne, lez gens du roy d'Engleterre une ville du roy
de France'^ tantost aprezce, toute ardirent, et, si comme Ten dist,
pource que de ceste iniquité et felonnie Charles le roy de France
ne lez siens quant à lors jusques au temps d'esté [ne se povaient
vengier], comme celuy qui n'estoitpas d^armez convenables appa-
reîUié, commanda son retour pour s'en retourner en France.
127. — Et en venant en France parmy la terre d'Orbenois*,
luy et Marie la roynne de France et de Navarre sa famé, jadiz
fille de Henry de Lucembourt, empereur d'Alemaigne, qui avec
luy avoit esté^ acoucha d^un filz, qui eust nom Philippe^ en
baptesme et mourut trois jours aprez sa naissance, la dessus dicte
roynne Marie (Dieux ! quel douleur!], en la ville d'Issodun^, au
terrouer de Berry, au moys de mars, clouist son desrenier jour, et
en Teglise des Jacobines au dessoulz de Montargis, le merquedi^
aprez la feste de TAnunciacion Nostre Seigneur, présent son
frère le roy de Behaingne, fut honnourablement enterrée.
Id8. — *Quant Charles le roy de France et de Navarre,
Charlez le conte de Valoys, son oncle, et ses aultrez amys, mont
courouchez, furent revenuz en France, le roy de France Charlez
3. La bastide de Saint-Sardos (Lot-et-Garonne). — Voir le Continuateur
de Jean de Saint-Victor (Historiens, XXI, p. 682) et le Ck>ntin. de Nangis,
II, p. 55.
127. — I. Orbenois, nom défiguré. — Bourbonnais?
2. Louis, selon Du Tillet, dit le P. Anselme, I, p. 97.
3. Issoudun (Indre).
4. 28 mars 1324, n. st.; si, comme Pa écrit le P. Anselme, l'inhumation
de la reine eut lieu le 21 mars suivant son épitaphe, il faudrait lire, dans
notre texte, avant et non après TAnnonciation.
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DEUXIÈME PARTIE. gS
manda au roy d^Engleterre Edouart, son serourge', ce se estoit
de son sceu et de son mandement que tel despit avoit esté fait à sa
gent comme nous avons dit dessus. Le quel respondi et luy
resciipt par ses lettre$ que non, ainchoiz desavouait le fait du
tout. Adonc lez messagiers du roy de France à luy envolez luy
requirent que lez malfaicteurs qui ce avoient fait en la prison du
roy de France, à Pieregort*, envoiast, pour faire ce que droit en
dîroit. Le quel ycestuy mandement du roy de France contredit
et despit ; et ce rapporté au roy de France Cbarlez, luy manda
que de la duché d'Acquitaine et de la conté de Pontieu vînt en
France luy faire hommaige comme appartenant au fief de son
royaulme, et pour yceux despiz amender. Adecertez le roy d'En-
gleterre Edouart, affin de soi départir de Tommaige de Gascongne
et de la conté de Pontieu, sans lez plus tenir du roy de France,
par fraude, si comme Ten dist, donna Gascoingne à mons.
Haynmes, son frère, et [luy commanda] que de celle terre de
Gascoingne vînt au roy de France faire hommaige, et de France
s'en allast droit en Gascongne, avec Tarchevesque de Develin^,
d'Irlande, pour enquerre la vérité du fait que le roy de France
luy avoit mandé, et icelles à luy rapporter pour punir ceux qui
feussent^ à punir.
[l'an m. CGC. XXIIII.]
129. — *Aprèsce, à la festede Pasquez^ l'an de grâce m. ccc.xxiîij,
messire Haymmes, frère du roy d'Engleterre, et Tarchevesque de
Develin, de la terre d'Irlande, de par Edouart le roy d'Engleterre
à Charlez le roy de France et de Navarre dez parties d'Engleterre
vindrent en France, et, devant^ le roy de France, à Charlez son
oncle, conte de Valoiz, vindrent, et luy dirent pour quoy ilz
estoient venus, et que le roy d'Engleterre avoit donné au dit
mons. Haymmes Gascongne, et que d*icelle il estoit prest de en
faire hommaige*. Au quel, si comme Ten dist, il fut respondu
188. — 1. Son beau-frére.
2. Périgueux.
3. Alexandre, archevêque de Dublin (Voy. Rymer, II, a» partie, p. gS
et 94, aux ii et i6 mars 1824, n. st.)*
4. Ms. A : feissent.
129. — I. Pâques 1824, le i5 avril.
2. Devant, avant ?
3. Ms. A : de faire en hommaige.
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94 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
que, contre^ le don, le roy* de France pour ung roy tel comme
1^ roy d^Engleterre ne prendroit ung conte en hommaige.
130. — Et en cest an\ au moys d'aoust, Charlez le roy de
France et de Navarre Jehanne, qui sa cousine germaine estoit,
jadiz fille de mons. Louys de France conte d'Evreux, filz le roy
Philippe qui mourut en Arragon^ par Toctroy du souverain
evesque pappe Jehan le xxij*, espousa *.
131. — *Après ce, en cest an, pour le murmure, si comme Pen
dist, que Charlez le conte de Valoyz avoit en son cueur concheu
de ce que le mariage* de Edouart, Tainsné filz d'Engleteire, et
d'une des filles au dessus dit conte de Valois avoit esté, du roy et
de la rôynne Ysabel d'Engleierre, seur le roy de France, pour la
prouchaineté de linaige^ refusé et contredit, icil Charlez, je ne
sçay par quel conseil, à grant assemblée de gens armez à pié et à
cheval, avec luy Charles* et Philippe de Valoiz, ses filz, Philippe
le conte d'Evreux, Robert d'Artois conte de Beaumont, Louys
conte de Clermont, et plusieurs aultrez barons et chevaliers de
France, au moys d^aoust^, aprez xxix ans que la première
guerre de Gascongne entre le roy de France Philippe le Beaux et
le grant roy d'Engleterre Edouart avoit esté, erraument suivi le
dessus dit mons. Haymmes conte de Quent^ et puissamment en
plusieurs villes champestres et chasteaux de Gascongne entra ; et
yceux^ comme non garniz et non pourveuz de batailler, paisible-
4. Contre, c'est-à-dire au sujet, à propos, ou l'occasion de (Voy. para-
graphe 2o5 : contre les relevaillez).
5. Ms. A : du roy. — Ms. B : le roy.
130. — I. Ms. B : En celui an [i323].
2. Le P. Anselme dit que la dispense du pape fut donnée le 21 juin i324,
et il reporte la date du mariage à i325. Le Contin. de Nangis, II, p. 55,
Hi'indique pas le mois ; celui de Jean de Saint-Victor (Histonens, XXI,
p. 682) fixe la célébration au 5 juillet i324, comme Bernard Gui {ibidem,
p. 733); elle eut lieu à Anet. — Ms. B : espousa îij* famé.
131. — I. Voir paragraphe 94.
2. Ce motifs s'il fut allégué, n'était pas le véritable : en effet, le pape
Jean XXII avait, dès i3i7, accordé une dispense générale pour le mariage
des enfants d'Edouard II avec leurs cousins et cousines au 4* degré (le
huitième, selon notre droit civil) et au-dessous. ^ Voir Rymer, II, i" partie,
p. 119, et 3* partie, p. 76.
3. Charles de Valois, comte d'Alençon, de Chartres, etc., second fils de
Charles comte de Valois et de sa première femme, mort à la bataille de
Crécy en 1346.
4. A la Madeleine, 22 juillet, dit le Contin. de J. de Saint-Victor.
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DEmUÈIIE PARTIE. gS
ment se rendirent^ jà soit ce que begninementtrefvez demandassent
jusques à tant quUIz eussent responce du roi d^Engleterre, leur
seigneur.
182. — *Quant ce apperchut messire Haymmes, frère du roy
d^Engleterre, que Charlez son oncle ^, conte de Valoiz, estoit
ainssi venuz sur luy, qui estoit avec sa simple mesnie sans
nulles armez ne sans nul appareil bataillereux, si se doubta de
son honneur , et se traist vers une ville de Gascoingne que l'en
dist la Riolle^, et en icelle ville se mist. Et comme Charlez conte
de Valoiz , par ces espieurs ce sceu^ avec son grant host de Thou-
louse et d^icelle partie, tantost environ ycelle ville de la Ryolle,
Pendemain' delà Saint-Berthelemieu, mist son siège, adecertez
mons. Haymmes, estant en la ville delà Riolle, manda à son
frère le roy d^Engleterre comme il estoit illec , et tout Testât de la
besongne, et que aucun confort luy envoiast.
133. — *EdoUart, le roy d'Engleterre, qui mont dolent estoit
de ce que Ten estoit ainssi allé sur sa terre et Haymmez son frère
assis, comme nous vous avons dist devant, par mer grant foison
de gens d^Irlande et de Guallez à Bordeaux, la maitresse cité de
Gascoingne, envoia. Et comme eux en Gascoigne en allassent,
en la terre de Bretaigne aucuns de eux, comme mauvaiz, plu-
sieurs villes ardirent et lez biens qu'ilz peurent ravir enporte-
rent^ Adecertez Charlez le conte de Valoiz, qui, par Tespace de
cincq sepmaines, de sa voulenté avoit tenu le siège devant la
Riolle, au quel siège le conte de Boulongne^ estoit mort, mons.
Jehan de Saint- Flourentin' et mons. Jehan de Medontel, cheva-
liers de France, avec mons. Jehan des Barres^, en yceluy host
132. — I. Marguerite de France, mère d'Edmond comte de Kent, était
sœur consanguine du comte de Valois.
2. La Réole (Gironde).
3. 25 août i324.
133. — I. Cette descente des Anglais en Bretagne n'est relatée dans
aucune chronique contemporaine, non plus que par D^Argentré et Dom
Lobineau.
2. Robert VII dit le Grand, comte d'Auvergne et de Boulogne. VArt de
vérifier les dates dit qu'on « ne peut marquer précisément le temps de sa
mort, et qu'il n'était plus en vie au mois de mai i326. »
3. Le seul seigneur dont le décès devant La Réole soit mentionné par les
autres chroniqueurs.
4. II était maréchal de France depuis i3i8 et seigneur de Chaumont-sur-
Yonne, d'après le P. Anselme, qui ne cite rien qui le concerne après i322
et n'indique pas la date de sa mort.
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96 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
mareschal de France, nasvré à piort, avec iiij de ses chevaliers
et viij de ses escuiers, manda à mons. Haymmes, le frère au roy
d'Engleterre, qui dedens la ville estoit, que, se il ne luy rendoit la
ville paisiblement dedens le quart jour ensuivant, se il povait par
force la prendroit. Et lors, par mont de conseulz d'une part et
d^aultre, mons. Haymmes à Charlez le conte de Valoiz, au nom
de son cousin Charlez le roy de France , la ville de la Riolle
paisiblement rendy', en telle magniere, si comme aucuns dient,
que tantost comme lez choses qui sont de paiz entre son frère le
roy d'Engleterre et son cousin le roy de France seroient accordées,
yceste ville de la Riolle et lez chasteaux et aultrez villez cham-
pestres , qui au devant dist Charlez au nom du roy de France,
son nepveu, paisiblement s^estoient soubmises en la seigneurie
du roy de France, au roy d'Engleterre feussent^ franchement
rendues ; et sur ce furent triefves données et octroiées d'une part
etd'aultre; et le tiers jour aprez, en ung dimenche^ environ
prime, de la Riolle mons. Haymes s'en party, [et] en la cité de
Bordeaux paisiblement, au convoi de Charlez le plus jenne des
filz du conte de Valoiz^ entra. Et ce fait^ tantost Tost se desraina ^,
et s'en revint Charlez le conte de Valoiz avec les aultrez barons
et chevaliers de sa compagnie en France.
184. — Et en yceste mesmes année vraiement, au moys de
janvier ^ Charlez le roy de France et de Navarre, par son conseil,
fit une constitucion par le royaulme de France^ la quelle fust
tenue et gardée à perpétuité en court laye*, qui dès lors à tous
jours, fût Tacteur ^ ou le deffendeur, celuy qui convaincu seroit
par jugement^ pairoit lez despens et interestz au victorien, par
5. Suivant un document cité par Lancelot (Mémoires de P Académie des
Inscriptions y X, p. 588), la capitulation de La Réole serait du 22 sep-
tembre 1324. Le siège aurait donc duré un peu moins longtemps que ne
récrit notre chroniqueur (« par Tespace de cincq sepmaines ; » voir plus
haut).
6. Ms. A : /eussent au roy d'Engleterre feussent.
7. Les deux derniers dimanches de septembre tombèrent le 23 et le 3o.
Voir la note 5 ci-dessus.
8. Se desraina f se sépara, leva le camp.
134. — I . Voir Ordonnances, l, p. 784.
2. On remarquera que les tribunaux ecclésiastiques ne soDt pas visés
dans l'ordonnance et ne pouvaient l'être.
3. Le demandeur {actor),
4. Qui perdrait son procès.
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DEUXI^fi PARTIE. ^7
tauxacion du juge qui le jugeïnent airoit donné. Et en donna
lettre soulz le sien grant seel, contenant cest tiltre :
135. — *Karolus, Dei gracia Francorum et Navarre rex, uni-
versis presentibuz et futuris, ad perpetuam rei memoriam. Inter
curas assiduas et immensas soUicitudines que ministerio régie
majestatis incumbunt, de statu salubri regnicolarum nostrorum
cogitare nos convenit, ut, improborum temere litigandi audacia
refrenata tempestateque dissensionum sedata, vigeat inter omnis
transquille beatitudo quietis^ et bone voluntatis homines in jus-
ticie et pacis osculo delectentur. Sane cum hactenus ab olim, in
multis regni nostri Francorum partibuz, consuetum fuerit expen<
sas inter litigantes coram secularibuz judicibuz non reffundi, ex
quo multi sue salutis prodigî, pacis emuli^ exultantes in rebuz
pessimis, immo, dum se ipsos precipitabant, gaudentes si secum
în precipi[ci]um detrahebant, fréquenter alios provocabant temere,
et, necdum juste vocati ad judicium, se improbe deffendebant, ac
sepiissime contingebat pauperes, innocentes ac rectos, imminen-
cium, quas nunquam recuperarent, expensarum formidine, vel
juri suo cedere vel aliud prosequi non audere, Nos premissis
inconvenientibuz obviare nostrorumque subditorum indempni-
tatibuz cupientes, [h]ac irrefragabiliterconstitucionesantimusut,
in omnibuz et singulis nostris ac prelatorum, baronum, nobi-
lium, et aliorum subditorum nostrorum secularibuz curiis, viaus
viaori in expensis causarum de cetero comdempnetur ad integram
earum refusionem, .taxacione judicis et juramento victoris prece-
dentibuz, débite compellendus, premissa non obstante consuetu-
dine, quam% corruptellam pocius reputantes, ad instanciam et de
consilio dictorum baronum et aliorum, auctoritate regia, ex certa
scientia, tenore presencium abolemus, decernentes eciam amodo,
quicquid contra dictum, factum, actemptatumve fuerit, penitus
non valere. Quod ut firmum et stabile perpétue perseveret, pré-
sentes litteras sigilli nostri fecimus appensione muniri. Actum
Parisius, anno domini millesimo trecentesimo vicesimo quarto,
mense januario^.
186. — I. Ms. A : quem.
2. Le texte donné par Laurière offre les variantes ciniprès (nous met-
tons en italiques celles qui nous paraissent moins bonnes que notre
texte) : Franciœ et Navarre rcx... tempestates que... inter omnes tran-
quille... regni Francie... consuetum yiiiï... refiindi... alios fréquenter pro-
vocabant... et interdum juste... vel illud persequi non audere... nostrorum
MÉU* Xi 7
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9$ CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
i36. — ^Adecertes en ycest an\ pour lez deux roys de France
et de Angleterre apaisier, noble dame madame Ysabel roynne
d'Engleterre, seur Chariez le roy de France et de Navarre, à la
mikaresme^ vint en France; au pourchas de la quelle, environ
la Magdalaine ^, la paix entre le roy de France et le roy d^Engle-
terre fut faicte*.
[l'an m. CGC. XXV.]
137. — *En Fan de grâce ensuivant * m. ccc. xxv, comme
Louys le conte de Flandres^ qui à Gant estoit en parlement, lez
gens de Brugez, qui doubte avoient que aucune chose ne iist
contre eux, dez plus souffisans de eux y envolèrent ; lez quieux à
deux de eux le dist conte, si comme Ten dist, fist coupper les
testes ^, et les aultres par devers luy retint ; et luy, qui pour ce se
doubta que en la ville de Gant ne fût pas asseur, se fut trait à
Courtray, pour quoy ceste chose sceue, ceuz de Bruges vindrent
à Courtray, et les faubours ardirent', et se rengierent à plain
champ pour batailler, et le conte de Flandrez contre eux. Et
comme en plain champ illec venissent le vendredi '* devant la feste
saint Jehan-Baptiste, ceux de Brugez, comme félons et plains
dUniquité, en ycelle bataille aterrerent et ochirent mons. Jehan
de Nelle, dist de Flandres, seigneur de Crievecueur ', mons. de
que proyidere subditorum... hac irrefragabili perpetuo valitura constitu-
cione... condamnetur... juramento victoris précédente... consuetudine,
quam,... baronum et aliorum aobilium... decernimus eciam ut quidquid
amodo... et stabile perpetuo... vigesimo... januarii. — Nous ne notons pas
les variantes qui ne portent que sur Torthographe des mots.
136. — I. Ms. B : Ou dit an [i323].
2. 14 mars i325, n. st. — Le voyage de la reine était annoncé comme pro-
chain par Edouard II au pape le 8 du même mois (Rymer, II, 2* part., p. i32).
3. Un accord provisoire fut signé le 3i mai, et ratifié par le roi d^ Angle-
terre le i3 juin (Rymer, ibidem, p. 137 et i38).
4. Le Ms. B ajoute ici : c En icellui an fut canonisié saint Thomas
d'Aquin. » (Cette canonisation remontait au i5 des calendes d'août i323.)
187.— I. Pâques i325, le 7 avril.
2. Ni le Continuateur de Nangis, II, p. 62, ni Jean Desnouelles {Histo-
riens, XXI, p. 197) ne relatent lé supplice des deux'Brugeois.
3. Suivant les mêmes, l'incendie de Courtray aurait été allumé par les
gens du comte de Flandre.
4. 21 juin. C'est le jour auquel VArt de vérifier les dates donne la préfé-
rence. Jean Desnouelles indique le 24.
5. Il avait pour père Guillaume de Flandre, second fils de Guy de Dam-
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DBUXIÂME PARTIE. 99
Gavres, le bastart de Haynnault, avec xiiij chevaliers bannerez
qui de la partie au conte de Flandrez estoient ; et iceluy Louys
conte de Flandrez, nasvré^ si comme Ten dist, qui, tantost aprez
ce, par leur puissance prindrent, et à Brugez, comme hardiz et
chevalereux et victorieux, de la bataille emmenèrent, et illecPem-
prisonnerent.
188. — Adecertez en icest an, les Guelfes contre les Guibelins
en plaine bataille furent desconfis, et plusieurs chevaliers de
France, qui avec lez Gudfez et en leur ayde estoient, furent prins * .
138. — Et en ceste année, au moys d'aoust, Ysabel, fille Charlez
le Toy de France, à Ghasteau-Neuf-sur-Laire fut née * .
140. — Et en cest an, le conte d^Ausserre * et plusieurs aultres
grans barons, qui de la partie au conte de Savoie * estoient, furent
du daulphin de Vienne' prins ^.
141. — En icest an, comme pour la très grande complainte
venue par plusieurs fois à Charlez roy de France et de Navarre
d'aucuns bourgoiz de Paris et dez bonnes gens dez villes voisines,
dest assavoir de Pentin, de Poitronville, du Mesnil-Mautemps^
de Monstereul, de Charronne, de Fontenay , du Pré*Saint-<jervaiz,
de Rony ^ et d^aultrez hamyaux, pour cause de la gùarenne des
pierre, et pour mère Alice, fille de Raoul lU de Clermont seigneur de
Nesle. — Le ms. B omet : seigneur de Crievecueur.
188. — I. Voir, sous Pannée i326, le Contîn. de Nangis, II, p. 76
et 77.
188. ^ I. Avant la Pentecôte (26 mai) selon le P. Anselme, qui nomme
eette fille Jeanne, comme Bernard Gui. On trouve Charles le Bel à Chft-
teauneuf-sur-Loire en juillet, août et septembre, mais non en mai {Mon'
siones, tome XXI des Historien» , p. 493 et 494).
140 1. Jean II de Chalon, comte d'Auxerre, mort en 1346 à la
bataille de Crécy ; il était fils de Guillaume de Chalon et d'Alix de Bour-
gogne (Art de vérifier les dates, III, %• partie, p. 91).
2. Edouard comte de Savoie, mort en 1329.
3. Guigues VIII, mort en i333.
4- A Varey, le 9 août i325 (Art de vérifier les dates) ; en 1324, d'après
le Gontin. de Jean de Saint-Victor; en i326, suivant les Grandes Ckro^
niques.
141. — I. Ms. B : Petronville, Menil de Mautemps, Montereul, Fontené,
RosDÎ. — Pentin, Pantin ; Poitronville, aujourd'hui et dès le xv* siècle
Belleville; Âfesnil^Afautemps (ce nom subsistait encore en i364), Ménil-
montant; Monstereul, Montreuil-sous-Bois ; Charronne, Charonne; Fon-
tenay, Fontenay-sous-Bois ; Le Pré^aint^Gervai^, les Prés-Saint-Gervais;
Rony, Rosny.
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lOO CHRONIQUE PÀRISIBNNB ANONYME.
conains' que le roy y avoit, — la quelle garenne contenoit bien,
si comme Ten disoit, iii j lieues de terre de long [et] de lé ou envi-
ron, et duroit du pont de Charenton jusquez au Pré^Saint-
Gervaiz [et] de Rony jusquez au commun gibet * de Paris et aux
mares '* d'environ Paris au dessus de Tostel jadiz dez Templiers,
— lez quieux connins destruioient toutez les semences et le grain
des dictes terres et mengôient lez bourjons dez vignez en la saison,
si que tout se ramenoit à noient, pour quoy le roy, de grâce
enclinant à la requeste dez dictez bonnes gens, af&n que la dicte
guarenne fust ostée, fist widier la dicte guarenne dez diz connins
et lez pertuis et fossez, oti lez diz connins habitoient, estouper et
aterrer, [et] vendi la dicte guarenne aux dictez bonnes gens beri-
tagiés des diz lieux, tant comme ycelle se comportoit de long et
de lé, par une grande somme de peccune que il en eust ; et est à
entendre chacun arpent de vigne vj s. parisis et chacun arpent de
terre arable iij s. parisis. Et ainssi osta le roy et ramena à noient
la dicte guarenne à perpétuité, et leur en donna sur ce sa lettre
scellée de son seel '.
142. — Et en icest an, Edouart le jenne, de xiij ans ou environ
d'aage^ filz le roy d^Engleterre Edouart et de Ysabel sa famé,
honnourablement et à grant gent vint en France ; et le mardi '
aprez la Saint-Remy, sur lez choses qui sont de paix entrejectées
et confirmées de son père le roy d^Engleterre et de Charlez le roy
de France et de Navarre son oncle, au manoir du roy,auBoiz-de-
Vinciennes delez Paris, présent grant foison de prelaz et barons
des royaulmez de France et d'Engleterre, et présent la roynne
Ysabel sa mère, de toutes les terres que son père et ses successeurs •
roys d^Engleterre avoient tenus au paîs'* de Gascongne des roys
2. Lapins.
3. Ms. B : Et du Rony jusques au gibet. — Ms. A : de Rony et jusquei.
4. Ms. B : mareez. — D*où le nom du quartier du Marais.
5. L'abbé Lebeuf, III, p. i5o, et V, p. 81, place à tort en x328 cette
suppression de la garenne royale, sur laquelle il ne donne d'ailleurs que
des renseignements incomplets.
142. -^ I. Edouard était né à Windsor le i3 novembre x3i2 (Rymer, II,
I" partie, p. 18).
2. 8 octobre i323. Edouard s'était embarqué à Douvres le 12 septembre
(Rymer, II, 2* partie, p. 143), et Froissart s'est trompé en écrivant qu'il'
avait accompagné sa mère.
3. Le ms. B porte avec raison : prédécesseurs.
4. Ms. A : royaulme de Gascongne.
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DBUZlilCB PARTIS. lOI
de France en foy et hommage, et de la conté de Pontieu' en
Picardie, à son oncle Charlez le roy de France et de Navarre 1er
hommagez fist.
143. — Et en cest an, de tout l'esté il ne plut, et fist en yceluy
esté si chaultet si grant seicheresse, et eust sur terre si petit d'eaues,
que l'en ne remembre mie que, en nul aage mes, si grant chault
ne si petites eaues feussent. Et fut, par le plaisir Nostre Seigneur,
en cel an très grant habondance dez blefz et des vins ^
144. — Et en cest an, au moys de novembre % Estienne
Pevesque de Paris mourust.
146. — *Aprez ce, en ceste mesmes année, Charlez conte de
Valoiz, oncle Charlez le roy de France et Ysabel la roynne d'En-
gleterre, qui, dez la Penthecouste de devant, avoit geu malade, la
scpmaine devant Nouel * mourut ; et en Peglise des Frères Pres-
dheurs, présent Philippe le conte de Valoiz, son ainsné filz, et
Charlez son aultre filz, et la contesse de Haynnault^, sa fille, son
nepveu Charlez le roy de France, et sa niepce Ysabel la roynne
d^Engleterre, fut, en icelle église des Frères Prescheurs, honnou-
rablement enterré '.
3. Edouard II avait fait don à son fils aîné du comté de Ponthieu et de
Montreuil et du duché d^ Aquitaine, les 2 et 10 septembre 1325, don que
Charles le Bel avait approuvé à l'avance moyennant payement de 60,000 1.
(Rymcr, II, 2* partie, p. 141 et 142). — Ms. B : Poitou.
148. — I. Voir le Contin. de Nangis, H, p. 63. — Dans le ms. B, ce
paragraphe et le suivant sont re jetés après le paragraphe 148.
144. — I. Le 24, d'après le Galiia Christiana,
145. — I. Noél, i325, le mercredi. — La mort du comte de Valois est
fixée au 16 décembre tant par les Grandes Chroniques que par le ms. U. 41
de la Bibliothèque municipale de Rouen, manuscrit qui paraît être iden-
tique au ms. Fr. 9624 de la Bibl. Nationale (Historiens, XXI, p. 1 56). -^
Girard de Frachet et le Continuateur de Jean de Saint-Victor ajoutent que
le coeur du comte fut inhumé aux Frères Mineurs ; et de même le ms.
Fr. 17267, qui, à propos de la sépulture du corps dans l'église des Domi-
nicains, fait la remarque suivante (f* 122 y*) : « Non pas pour ce qu'il y
eust esleu sa sépulture, mais y fut mis en garde pour estre porté à la
maison de chartreuse que il avoit fondée et où il avoit esleu sa sépul-
ture. >
2. Jeanne de Valois, femme de Guillaume I** le Bon, comte de Hainaut,
de Hollande et de Zélande, sœur germaine du futur Philippe VI.
3. Le ms. B ajoute : Et fist faire une donnée en disant : « Priez pour
messire Enguerrand de Mangni (Marigny) et pour mons. Charles de Valons.!
(Conl. Contin. de Nangis, II, p. 64.)
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I02 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
140. — Et la sepmaiae ensuivant, le samedi ^ aprez Noël, Gille
de Cbanbely, de la nacion de Ponthoise, abbé de Saint-Denys-en-
France, [mourust]; aprez le quel frère Guy de Chatez *, trésorier'
de Saint-Denys-en- France, fut abbé *.
147. — Et aprez ce, en cest an, au moys de décembre ^ Louys
le conte de Flandrez de la prison de Brugez par aucunez condi-
cions fut délivré, et au roy de France tantost s'en vint.
148. — Et en cest an^ par le grant yver qui, par Tespace de
ix sepmaines, avoit duré, le lundi jour de feste de PApparicion '
Nostre Seigneur, Charlez le roy de France et Ysabel d*Engleterrc,
sa seur, et aultrez grans gens estans au palaiz de Paris, par la
ravine dez grans glachons courans aval par Peauede Sainne, deux
dez grandez archez du Grant-pont de Paris et tout Petit-pont *
abatirent, avec aultrez grans dommaigez que au pont de Cha-
renton et es aultrez edifHces de dessus Sainne firent. Et lors escon-
vint, par l'espace de v sepmaines, dez viandez de dehors apporter
es nefz et en bateaux secourre à ceux de la Cité.
149. — Et en cest an, au moys de mars, plusieurs gens de la
ville de Paris, qui la croix avoient prins du cardinal Nicholc *
avec le roy de France Philippe le Beaux ^ Louys, Philippe et
Charlez, ses filz, et son gendre le roy d'Engleterre', à Paris en
Fille Nostre- Dame, douze ans aprez ce, en la ville de Paris, en la
grant rue Saint- Denys, à Popposite de Champeaux^, en Ponneur
de Nostre Seigneur et de sainte Croix et de son saint Sépulcre,
ediffierent et fondèrent ung hostel-dieu ; au quel Ysabel la roynne
146. — I. 28 décembre i325. — Ms. Fr. 17267 : «•mourut de apo-
plessie. »
2. Chates ou Chastres, aujourd'hui Arpajon.
3. Fonction non mentionnée par le Gallia Chriitiana, et rappelée auasi
par Girard de Frachet
4. En février ou en mars i326, n. st. Il se démit en mai i343.
147. — I. Jean DesDouelles {Historiens, XXI, p. 198} indique aussi le
mois de décembre, d'autres le mois de février i326, n. st.
148. — I. Ms. B : le jour de la Thiphaine, — 6 janvier.
2. Le ms. B ajoute : qui estoient de feust (de bois).
149. — I. Nicolas, cardinal du titre de Saint-Eusébe (Nicolas de Fréau*
ville ?).
2. Ms. A : avec Charlejç le roy de France Philippe le Beaux.
3. Ms. B : avecquez le beau roy Philippe, Loys et Philippe, ses filz, et
Edouard roy d'Engleterre, son gendre.
4. Ms. A : Chappeaux.
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DEUXIÈKB PARTIE. I03
d'Engleterre, fille au dit Philippe le Beaux, et son fil2 Edouart le
duc d'Acquitaine , successeur au royaulme d^Engleterre , qui
adonc estoient en France, et Climence la roynne de France et de
Navarre, assist chacun la première pierre *.
[l'an m. CGC. xxvr.]
150. — *En Tan de grâce aprez ensuivant;^ m. ccc. xxvj, Jehanne
la roynne de France et de Navarre, seur Philippe d'Evreux, fille
jadiz de Louys de France conte d'Evreux, à Paris, le jour de la
Penthecouste^, en la chapelle royal du palaiz de Paris, présent
ma dame Ysabel roynfte d'Engleterre, Edouan duc d'Aquitaine,
son filz, et plusieurs aultrez grans gens, fut couronnée et ointe
en roynne.
151. — "^En cest cours de temps et en ceste mesmes année, que
le roy de France Charlez faisant feste à la roynne sa famé au cou-
ronnement d'icelle^ aucuns des gens mons. Jourdain de Tille, qui
troiz ans devant avoit esté justiciez à Paris, et autrez barons de
Thoulouse^ au confort de mons. Bernart Jourdain * seigneur de
i'Isle, firere du devant dist justicié, couvenement, si comme Ten
dist, avec lez gens de Gascoingne, lez gens du roy, qui la ville de
la RioUe tenoient et lez aultrez villes et chasteaux que Charlez le
conte de Valoiz avoit prinses ij ans de devant en Gascoingne,
tuèrent et ochirent, et ycelles villes et chasteaux à mons. Jehan de
Bretaigne conte de Richemont, qui en ces parties la personne de
Edouan le duc d'Aquitaine representoit, à plain vouloient déli-
vrer et de rechief en la seigneurie du roy d'Engleterre lez meitre.
Adecertez mons. Alphons d'Espaigne ^, cousin du roy de France,
5. Ces détails sur la pose de la première pierre de Vhôpital sont inédits.
On ne trouve relatée ailleurs (Corrozet, Du Breul, Sauvai, Gallia ChriS"
tiana) que la pose de la première pierre de Véglise à la date du i8 mai
1 326 (Voir la nouvelle édition de Lebeuf publiée par Henri Cocheris, II,
p. 234).
150. — I. Pâques i326, le 23 mars.
2. II mai. — Sur la présence du duc d'Aquitaine, voir une lettre
d'Edouard II, du 12 juin i326 (Rymer, II, 2,* partie, p. iSg).
151. — I. Ms. A : Joudain.
2. Alphonse de la Cerda, fils aîné de Ferdinand infant de Castille (fils
lui-même d*Alphonse X, roi de Castille et de Léon) et de Blanche fille de
saint Louis. — Voir une note du tome XXI des Historiens des Gaules et
de la France, p. 686, et une autre p. 68. — Si, comme on l'admet, cet
Alphonse de la Cerda est le même personnage que celui dont notre para-
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I04 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
et lez Franchoiz qui de par' le roy de. France en ces parties
estoient alez pour la dicte occision, debatant à prendre en la main
du roy le chastel de Mont-Guillaume'* et aultrez fortresses sur lez
ennemis, par la tricherie des gens du pais tenans du loy de
France, furent villainement déboutez arrière, jasoice que à grans
coustemens le roy de France y feust, qui montoient, si comme
aucuns disoient, jusques à la somme de xliiij« livres parisis '^
avec la terre que le roy de France en celle année y perdy. Et
ainssi le dessus dit mons. Alphons d^Espaigne et les Franchoiz,
inglorieux et sans riens Sure, dolens et courouchiez, s^en revindrent
en France.
162. — *Içypoove:{ savoir comment ^ pour quqy et en quel temps
les Angloi:{ furent prins et emprisonne:^ par le royaulme de
France,
^En icest an, Edouart ^ le roy d'Engleterre, par le conseil de
Hue son despencier, chevalier, coagiteur et gouverneur de son
royaulme, en toutez les prieurtez et maisons, comme que ^ l'église
de Saint-Denys-en-France, Saint-Germain-des-prez delez Paris,
Pabbaie de Fescamp, et aultrez églises du royaulme de France
avoient parmy Engleterre, es quelles il n'avoit que moynez de la
nacion iiranchoise ne n^avoit eu dès la fundacion d'icelles par
l'ordonnance des roys d'Engleterre qui les fondèrent, le roy d'En-
gleterre Edouart fist [iceux moynez] prendre et emprisonner, et
de eux une grande somme de peccune lever, et establi que d'ore
en avant, en quelque magniere que ce fût, nulz Franchoiz ' n'y
feussent recheuz, maiz la gent de sa nacion d^Engleterre, et que
Targent et les levées des rentez d'icelles maisons ne feussent plus
porté d'ore en avant hors de son royaulme. Et avec ce, de son
commandement, parmy Engleterre, tous les Franchoiz qui en
cest an y estoient venus, tant pour raison de ce qu*ilz estoient
Franchoiz, comme pour souspechon qu'i ne feussent espies de la
graphe i63 rapporte le décès, il faut en conclure que le commandant de
Texpédîtion (selon quelques-uns, ancien archidiacre de Paris) n'était pas
un petit-fils de Blanche, mais son fils même.
3. Ms. A : qui par de par.
4. Montguillem (Gers) ?
5. Sic,
152. — I. Ms. B : le roy Edouart dit le Jeune*
2. Ms. A]: comme de.
3. Aucun autre chroniqueur ne relate cette interdiction.
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DEUXIÈME PARTIE. I05
ro^nne Ysabel ne n^eussent apporté ou envoie hors d'Engleterre
lettres contrairez au royaulme ^, furent prins et en diverses pri-
sons parmy Engleterre emprisonnez '. Et comme ceste chose et
lez coustemens faiz à poi de proie et d^onneur au royaulme de
France, avec Foccision faicte de nos gens en Gascoingne, tantost
sceust Charlez roy de France et de Navarre, si fist une grande
assemblée dez prelaz et barons du royaulme de France en la cité
de Miaux « ; et iilec, si comme Ten dist, par le conseil de Ysabel
laroynne d'Engleterre, sa seur, mons. Jehan de Serchemont^,
pour le temps chancelier de France, mons. Philippe de Messe ^^
qui avoit esté officiai de Paris, mons. Guillaume Courteheuse,
chevalier, Pierres Remy •, Jehan Billouart*®, Martin des Essars**,
4. Edouard II ordonna à plusieurs reprises d'arrêter les porteurs .de
lettres suspectes (Rymer, II, 2* partie, p. 149, i56 et i63, 3 janvier, 12 mai
et 4 août i326).
3. On trouve bien, dans Rymer, II, 2* partie, p. io5, 126 et 149, des
ordres de saisir les Français et leurs biens, mais ces ordres remontaient à
1324 et avaient été révoqués en février x325. En i326, ils furent renou-
velés, mais seulement les 26 août et 10 septembre^ postérieurement aux
saisies exécutées en France (ibidem, p. i63, 164 et 166). — Les biens des
abbayes et prieurés furent restitués au commencement de 1327 (ibidem,
p. 173 et 175).
6. M. Hervieu (Recherches sur tes premiers états généraux^ p. 176) rat-
tache cette assemblée de Meaux uniquement à c la rupture de la trêve par
le roi d'Angleterre et à l'invasion du sol national. » Notre chroniqueur
fournit donc des données toutes nouvelles sur l'objet de cette réunion de
la noblesse et du clergé.
7. Ms. A, ici : Serclemont. — Jean de Cherchemont ou Serchemont avait
été rétabli chancelier le 19 novembre i323, après avoir occupé cette fonc-
tion du mardi avant la Purification i320 au 2 janvier i32i. — Voir le
paragraphe i85.
8. Qualifié conseiller du roi en 1327.
<). Voir paragraphe 174.
10. -Ancien fondé de pouvoir de Charles comte de Valois, argentier du
ro\ avant 1327.
11. Conseiller du roi comme le précédent, l'un des exécuteurs testa-
mentaires de Philippe le Bel, maître des Comptes et familier du roi en
i32o. — Deux des chapelles fondées'^à l'autel de Sainte-Catherine, dans la
cathédrale de Rouen, le furent par lui, et les rentes qu'il affecta à cette
fondation (sur des biens sis à Rouen et aux environs) furent amorties par
Philippe de Valois, à la requête de ses exécuteurs testamentaires, en février
|339, V. st. (Archives de la Seine-Inférieure, G. 3528.) Les des Essars
étaient, en effet, Normands d'origine ; parmi les anciens maires de Rouen,
l'on trouve en i3o9-i3xo Martin des Essars, et en i32i-i322 Guillaume
<le8 Essars.
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I06 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
familiers du roy, et plusieurs aultrez, sur ce appeliez à son con-
seil (qui à ce ne fut pas honnourable, maiz Vergondeux, toutes-
foiz au prouffit de la bourse), et entre lez aultrez choses [ordonna]
que tous lez Aingloiz et Aingloisces du royaulme, à une certaine
journée, clers et lays, feussent prins et saisis, tant en lieux sains
comme hors, et eux emprisonner, que Ten sceust combien chacun
eust vaillant de biens, et, en cas que l'omme aingloiz airoit
espousé famé engloisce, que le roy eust une somme d'argent pour
la moitié ^^ de ce qu^ilz eussent vaillant^ et, où la famé seroit
franchoise et Tomme engloiz, la moitié de la somme d^argent que
la partie à Pomme vauldroît, et aussi, au cas que Tomme seroit
franchoiz et la famé engloisce^', tout aussi la moitié comme
dessus est devisé. Et pour ce faire, le roy manda, par ses lettres
secreites, à tous lez seneschaux, bailliz, prevostz et aultrez justi-
ciers de son royaulme, que, le samedi ** aprez la feste Nostre-
Dame en aoust lors prouchain venant, feussent tous lez Aingloiz
et lez Aingloisces, clers et lais, tant povres comme riches, prins
et saisis, et generalment toute la nacion d'Engleterre, exceptez les
Escoz. Et lez lettres du roy veues, tous les Aingloiz, en iceluy
jour de samedi, à gens armez, aucuns gesans en leurs liz, en eux
metant au nombre comme Juifz, usuriers ou aultrez mauvaises
gens, par le royaulme de France furent prins et saisis, tant es
lieux sains comme hors, et eux emprisonnés, comme bonnez gens
qu'ilz estoîent. Le roy fist faire commandement en plain palaîz, à
Paris, par Guillaume G)urteheuse, chevalier, à touz les clers de
la nacion d^Engleterre , feussent Cordeliers ou Jacobins ou
d^aultrez religions^ que, dedens le moys ensuivant, ilz preissent
leurs livres et leurs biens et widassent le royaulme de France sans
nul delay ; et que, dez aultrez Angloiz qui laiz estoient, que Ten
cuidoit riches, inventoire fust fait de leurs biens, et que des
aultrez Ten sceust par leur serment combien ilz eussent vaillant.
12. Notre texte fournît Texplication d'une phrase incidente du Continua-
teur de Nangis, H, p. 68 (illorum tamen Anglorum qui divites apparebant
bona, quoad partent quœad eos contingere poterat, confiscavit), phrase dont
Géraud n'a «t pas vu clairement le sens, » fort obscur en effet.
i3. Ainsi le principe d'après lequel la femme suit la nationalité du mari
n'était pas encore admis en France. On sait qu'il ne l'a jamais été en
Angleterre ; d'où cette conséquence bizarre qu'aujourd'hui l'Anglaise
mariée à un Français possède une double nationalité, tandis que la Fran-
çaise qui épouse un Anglais n'en aurait plus aucune.
14. Le 16 août i326.
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DEUXIÈME PARTHS. IO7
Et ainssi fut il fait contre droit escript et bonne foy^ sans ce que
Ten trouvast en eux nulle malefachon, au grant honte du roy de
France et de son conseil, et qui à nul bien Targent quMl en eust
ne luy tourna **. Donc il ne remembre pas que, en nul aage, que
l'en treuve escript, pour discorde qui ftist entre ij roys**, tel
oultrage fut feicte aux Crestiens pour haynne de prinche comme
brs, comme ilz feussent crestiens, laboureux de bras, ouvriers de
plusieurs mestiers, marchans, et bonnes gens comme autrez.
163. — ^Après la prinsedez Aingloiz ainssi faicte commç nous
avons dit dessus, Ysabel la royne d'Engleterre, qui de bonne foy
Edouart son seigneur, le roy d^Engleterre, et à sa requeste avoit
laissé * venir en France pour appaisier luy et le roy de France,
son serourge, des malefachons cy dessus devisées, elle bien con-
seillée en France de ses amys charneux dez choses si aprez
devisées, si comme il luy sembloit, elle et Edouart son ainsné
filz, qui en France estoit, mons. Haymmes, frère du roy d^Engle^
terre', mons. Jehan de Haynnault, frère du conte de Haynnault ^,
mons. Rogier de Mortemer, frère le seigneur de Mortemer, qui
d^Engleterre pour le fait du conte de Lenclastre Thonmas estoit
banniz '*, avec grant multitude de gens armés se mirent de France
à aller en Angleterre, et en Hollande en mer entrèrent, et nagierent
tant que paisiblement ilz arrivèrent au royaulme d'Engleterre*.
Et illeuc d'aucuns chasteaux et bonnez villes paisiblement furent
recheuz.
164. — Et en ycest an, en la feste de Toussains % à Chasteau-
Thierry ' la segonde fille* du roy fut née ; et Ysabel sa première
i3. « Et orent tout leur avoir despendu en vivres et en serjans, ne li
roys n'en ot riens mes que la vilonnie. >» (Contin. de J. de Saint-Victor,
Historiens, XXI, p. 686.)
x6. Ms. A : entre les ij roys.
168. — I . Ms. A : avoit laisser.
2. Voir Rymer, II, 2* partie, p. 167 et 169.
3. Jean de Hainaut, frère de Guillaume I" comte de Hainaut, était sei-
gneur de Beaumont, et, du chef de sa femme Marguerite de Nesle, comte
de Soissons. Il mourut en i336.
4. Roger de Mortimer, seigneur de Wigmore, exécuté en i33o. — Jehan
de Wavrin, I, p. 5o, relate en i325 la mort, dans la Tour de Londres, d'un
Rogier de Mortemer, oncle du seigneur de Wigmore.
5. Le 22 septembre i326 (Voir Rymer, loco citato).
154. — I. Le I*' novembre. — c Avant le 16 janvier 1827 » (Anselme).
2. Sic le Contin. de Jean de Saint- Victor ^ — à Chftteauneuf-sur-Loire,
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I08 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
fille, aprez ung an qu^elle avoit esté née, à Chasteau-Neuf-4ur-
Laire^ trespassa.
156. — Et en icest an, le mardi jour de feste saint Martin
d'y ver ', ung homme que l'en appelloit Pierres d'Arragon*, pource
que en aucuns lieux il avoit transcendu TEscripture divine, et
par ij foys en avoit esté reprins et s'en estoit rendu coulpable, et
tousjours estoit rencheu en son erreur, fut, à Paris, au jardin du
palaiz royal^ dez maistrez expers en théologie, présent Pevesque de
Paris Huguez de Besanchon ' et grant multitude du peuple de
Paris, fut condempné à mort et au prevost de Paris Huguez de
Crusy* livré. Et tantost, en yceluy jour de mardi, le devant dit
Pierres d'Arragon en la place aux Pourceaux fut ars, et sa char
et ses os ramenez en pouldre.
166. — *Et en cest an vraiement, depuis ce que la roynne
Ysabel d'Engleterre et sa compagnie furent passés oultre en Angle-
terre, Tevesque de Rocestre ^, apperchëvant que la roynne Ysabel
n'estoit pas passée oultre, à si grant compaignie de gens d'armez,
si occultement, par estrange passage, pour le bien et Ponneur de
son seigneur le roy d'Engleterre ne pour le bien d'aucuns de la
terre, en la sepmaine de la feste saint Nicholas d'yver^ si fist ung
sermon à ce que le peuple, povrez et richez, noblez et aultrez, se
tenissent devers le roy leur seigneur, son tieufme' commenchant,
selon droit escript, que toutez personnez se doibvent tenir devers
leur prince, et especialment au cas où ilz veoient leur prinche
selon le Contin. de Nangis et les Grandes Chroniques ; mais on trouve le
roi à Château -Thierry du lo octobre au 3 novembre (Historiens, XXI,
p. 496).
3. Marie, d'après notre paragraphe 176.
4. Où elle était née (paragraphe iSg).
166. — 1. Le II novembre.
2. Aucune autre chronique ne parle de ce Pierre d'Aragon et de son
supplice.
3. Hugues de Besançon, précédemment chantre de l'église de Paris, élu
le 19 janvier i326, mort en i332.
4. Hugues de Crusy était encore prévôt de Paris en novembre iSag; il
fut depuis (au plus tard en i33i) président au Parlement (Voy. para-
graphe 275).
166. -^ t. Henri, évéque de Rochester. — Il était ami ou oncle de Hue
Spenser {Historiens, XXI, p. i3o et 157). — Rapin Thoiras raconte un fiait
semblable de Stapleton, év6que d^Ezeter.
2. Le 6 décembre.
3. Tieufme ou tieusme, thème, tes^te, sujet.
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DEUXI^E PARTIE. IO9
assailli de guerre, soit tort ou droit, et vivre et mourir avec luy en
deffendant Tonneur du royaulme contre touz adversaires, feussent
frères, seurs, famez ou eniSans, ou aultrez gens quieux qu'ilz
feussent, ou aultrement ilz forferoient corps et avoir, en disant
enco[r]e que il est escript en droit que, dès lors et si tost comme
aucun subget pense en son cueur à soy rebeller contre son sei-
gneur, il est condempné à mort corporelle. Et plusieurs aultrez
choses recita en son sermon, donc grant prolixité seroit du
racompter. Maiz le deable, qui est mauvaiz à seigneurie, aucuns
mauvais^ qui illec estoient, plains de grant iniquité et felonnie,
qui presens estoient, non aians paour de Dieu, sans nulle consi-
deracion de raison, du commandement de la roynne Ysabel si
comme aucuns dient, sacherent le preudomme evesque jus de
FeschauGEiult où il preschoit, et incontinent luy coupperent la
teste, G. et Iv ans * aprez le martire saint Thonmas Tarchevesque
deCantorbiere', au temps Henry le premier, roy d'Engleterre,
duc de Normendie *.
167. — ^Tantost ^ que ceste occision fut faicte si comme vous
avez ouy^ mons. Henry de Lenclastre, jadiz frère Thonmas de
Lenclastre, qui par semblant demonstroit estre amy et bien veul-
ent de son cousin germain le roy d'Engleterre Edouart, du com-
mandement la roynne Ysabel d^Engleterre, à Paide dez frères du
roy d'Engleterre, en ung privé lieu où le roy d'Engleterre avec sa
privée mesnie estoit, s'en alla, et le roy son cousin germain, à
moult de blanches parollez, donnant luy entendre de certaines
besongnes donc ilz airoient conseil ensemble au chastel que Ten
appelle Quinehours ^, en yceluy chastel avec le roy alla, et illec
comme traistre, si comme Ten dist, le roy son cousin germain
comme prisonnier laissa. Du quel, par le commandement de la
roynne et de la voulenté et accord dez barons, à grant foison de
gens d'armes, jusquez à une pieche de temps gardien fut establi,
si comme les croniques tesmoignent, en Tan du règne à yce roy
4. Ms. B : c. et Ix ans.
5. Thomas Becket ou S. Thomas de Caatorbéry, tué le 29 décembre x 170.
6. Ms. B : En cellui an, l'evesque de Rocestre en Engleterre, pour qu'il
fist ung sermon et propos qui ne plaisoit pas à chacun, fut sache hors de
Teschaufaut où il preschoit, et incontinent la teste lui fut couppée^
c. et Ix ans, etc.
167. — I. Ms. B : Tantost après.
a. Keniiworth.
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110 CHRONIQUE PARISIBNKB ANONYME.
d'Engleterre Edouart xxij'' ^, ccc. et xlvj ans après le benoist mar-
tire saint Edouart jadiz roy d'Engleterre, que sa gent par tralson
tuèrent *.
166. — *MoDs. Hue son despensier, chevalier, coagiteur et
gouverneur du royaulme d'Engleterre, incontinant que Edouart
le roy d'Engleterre, son cher seigneur et amy, fut emprisonné si
comme vous avez ouy, le dit Hue, du commandement de la
roynne Ysabel^ à la haynne du fait de la mort de Lenda^re
Thonmas et en despit du roy d'Engleterre son seigneur, fut
tantost pris et traynné^ et puis liez à ung pillier, et son ventre
ouvert, ces boyaux ars devant luy, comme mort qu'il feust, et sa
teste couppée, et son corps taillié en iirj parties qui furent penduez
en quatre cités d'Engleterre, et depuis sa teste mise sur la Tour
de Londres la cité ; avec Hue son despencier le viel, son père %
qui tantost après ce, sans aucune cause si comme Ten dist, eust
sa teste couppée, vj ans ^ aprez Pexecucion de Thonmas le conte
de Lenclastre, cousin germain du roy d'Engleterre et onde Charlez
le roy de France.
159. — Et aprez ce, environ la Nativité de Nostre Seigneur
Jhesucrist, les gens de Gascongne entrèrent es termes du roy de
France, et eurent grant proie, et plusieurs villes en feu ardirent
et brouirent, et grant foison de la gent au roy de France tuèrent,
avec Saintes en Poitou qu'ilz tout ardirent ^
160. — *Après l'emprisonnement du roy d'Engleterre Edouart,
ses ij frères et aucuns des barons d'Engleterre, comme dessus est
devisé, en acomplissant le conseil que la roynne avoit eu en
France et leur aliance , avec Poctroy de plusieurs bonnes villes,
chasteaux et citez, et d'aucuns prelaz de la terre, que il à ce
esmurent, desposerent leur roy*, disans que il n'estoit mie souffi-
sant de tenir plus terre ^. Et en lieu de luy Edouart son ainsné
3. Lire : xx*.
4. Edouard II dit le Martyr, assassiné le 18 mars 978.
168. — I. Selon Froissart (édition de M. S. Luce, I, p. 3 x, 34 et 35), le
supplice du père (9 octobre i326) aurait précédé celui du fils (après la
Toussaint).
2. Lire : i? ans. n
169. — I. Voir Girard de Frachet et le Contîn. de J. de Saint-Victor
{Historiens, XXI, p. 68 et 687) et le Contin. de Nangis, II, p. 78.
160. — I . Le ms. B ajoute : de la dominacion royal.
2. Edouard II abdiqua le 24 janvier 1327, n. st. (Rymcr, II, 2* partie,
p. 171).
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DRUXnbiS PART». III
filz, duc d^Aquimine, qui encore n^estoit chevalier, en ycestan de
Nostre Seigneur m. gcc. xxv j, en Tan de son aage xv°*% le dymence
devanila Purificacion' à la vierge Marie quePen dist la Chande-
leur, couronnèrent ; et fut couronné en roy d^Engleterre.
161. — Et tantost aprez ce, au moys de mars ensuivant, lez
Gascoings entrèrent es termes du roy de France, et plusieurs des
çhastelains et connestablez, avec grande multitude des gens du
roy de France, tuèrent et ochirent ^
108. — Et en ycest an, pour la guerre de Gascongne, de la
ville de Paris et de plusieurs aultrez villez du royaulme fut au
roy de France ung grant subside octroyée ^ qui tantost aprez fut
du roy rappelle ; et dez églises ^ et de ceux qui tenoient les poces-
sions des fiefz^, par le royaulme de France, grant somme de
peccune en cest an fut levée.
[l'an m. CCC. XXVII.]
163. — *En Tan de grâce aprez ^ ensuivant m. ccg. xxvij, le
lundi XX' jour' au moys d'apvril, mons. Alphons d'Espaigne,
chevalier, filz de très honneste dame et de grant sainteté ma dame
Blanche d'Espaigne, fille au saint roy Louys jadiz roy de France,
et de Tainsné filz le roy de Castelle ^, mourut ; et le lundi ensui-
vant aprez la feste saint Marc^ Teuvangeliste, à Paris, en Teglise
des Frères Prescheurs, présent Charlez le roy de France et de
Navarre, son cousin, et sa famé Jehanne la roynne de France,
fut honnourablement enterré.
3. Ce dimanche tomba le i" février i327, n. st. (Rymer, ibidem, p. 172).
— Ms. B : le jour de la Chandeleur.
161. — I. Voy. la note du paragraphe i5g.
169. — I. Fait inédit.
2. Le pape, afin de lever lui-même un subside pour sa guerre d'Italie,
concéda à Charles le Bel, pour deux ans, un décime sur les églises et
abbayes (Contin. de Nangis, II, p. 77).
3. Il s'agit là des droits perçus sur les francs-fiefs tenus par des roturiers
(Voir Ordonnances, I, p. 786 et 797; II, p. i3 ; XI, p. 5oi, 23 janvier i326,
V. st.).
168. >- I. Pâques i3a7, le 12 avril.
2. Les autres chroniqueurs ne précisent ni la date du décès, ni celle de
l'inhumation ; ils relatent qu'Alphonse mourut à Gentilly, dans l'hôtel du
comte de Savoie.
3. Ms. A : Blanche d'Espaigne et de l'ainsné filz le roy de Castelle et fille
au saint roy Louys jadiz roy de France.
4. Saint Marc le 25 avril ; le lundi suivant, 27.
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112 CHRONIQUE PARI8IENKE ANONYME.
164. — *Après ce, en ceste septnaine mesmes de feste saint Marc
Teuvangeliste \ par aucunes condicions entrejectées du jenne roy
Edouart d^Engleterre et du roy de France Charlez son onde,
entre ces deux roys de la guerre de Gascongne et de toutez aultrez
choses fut faicte la paix '.
165. — Et en cest an, en la saison d^esté, Edouart le jenne roy
d^ Angleterre, au premier an de son règne, contre lez Escoz, en
poursuiant Escoce à grant et innombrable host, avec thons.
Thonmas et Haymmes, ses oncles, et mons. Jehan de Hayn-
nault, à Neuf-Chastel-sur-Tine ^ illec assemblez pour dedens
Escoce entrer, pour doubte de la trayson d'aucuns d^Engleterre
illec faicte, et si comme Pen dist que ilz avironnez et empeschez
des choses qui sont de paix, et sur ce jour octroie aux Escoz, se
descrava * Tost, et s'en revint le jenne roy et sa chevalerie, sans
coup ferir, en Angleterre '.
166. — *Et aprez ce, en ice mesmes an, Edouan jadiz roy
d'Engleterre, seigneur et père du jenne roy d'Engleterre, par le
conseil d'aucuns de ses prouchains, au moys de septembre*
mourut. Aprez le quel, en ceste année, son ainsné fîlz, Edouart
le jenne roy d'Engleterre, la fille au conte de Haynnault espousa *.
167. — Et en ycest an, du roy de France et de Navarre fut Édt
Louys de Clermont, son cousin ^ duc de Bourbon *.
168. — Adecertez en ycest mesmes an,. Charlez roy de France
et de Navarre, aprez ce que il eust fait une grant quantité de
nouveaux chevaliers à la feste de Nouel aupalaiz de Paris, depuis
164. ~ I. Mb. B : à la feste saint Marc.
2. La paix avait été signée à Paris dès le 3i mars 1S2J, n. st., et le
traité ratifié par Edouard III le 11 avril suivant (Rymer, II, 2* partie,
p. i85 et 187).
166. — I. Les troupes avaient bien été convoquées à Newcastle-upon-
Tyne (au 18 mal 1327) et Jean de Hainaut faisait partie de Texpédition
(Rymer, II, 2* partie, p. 186, 188, 190, 191 et 195).
2. Se descrava. Ce mot manque dans les Glossaires. Les éditeurs du
tome XXII des Historiens traduisent se destraver par : se mettre en marche.
3. Voir VArt de vérifier les dates, II, 2" partie, p. 43.
166. — I. Le 21 septembre 1327. Voir le paragraphe 214 ci-aprés.
2. Philippa, fille de Guillaume I"". Le mariage fut célébré à York le
24 janvier i328, n. st.
167. — I. Ms. B : Loys, conte de Qermont en Beauvests, cousin
germain.. .
2. Le 27 décembre 1327 (P. Anselme, I, p. 297).
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DEtJXlèMH PARTIE. ItS
ce tantost au Boys^le-Vincennes, par viij jours ou environ estant
malade^ le jour d'un lundi premier jour du moys de frevrier, en
Tan de son aage xxxiij' \ clouist son desrain jour ; et le vendredi
ensuivant ^y delez Philippe le Grant, son frère, jadiz roy dez diz
royaulmes, en l'église Saint-Denys-en-France, présent Philippe
de Valoiz, son cousin germain, Louys duc de Bourbon, Robert
d^Artoiz contede Beaumont, et aultrez haulx hommes du royaulme
de France, fut honnourablement enterrez. Du quel, le samedi
enssuîant, son cueur, à Paris, en l'église dez Frères Prescheurs,
fut enfouy. Et le dimence ensuivant, sept jours au dist moys de
février, ses boiaux, avec toutez ses aultrez entraillez, en l'église
royal de Nostre-Dame-de-Maubuisson delez Ponthoise furent
enterrez.
169. — *Après ce, Philippe conte de Valoiz, son cousin ger-
main, jadiz ainsné filz de Charlez le conte de Valoiz et de Jehanne
sa famé, jadiz niepce ^ de Charlez conte d^Angou et roy de Sezille,
prist tantost, par Passentement dez barons de France^, qui à ce
paisiblement le rechurent, le gouvernement des royaulmes, c^est
assavoir de France et de Navarre, en ces lettres son tiltre en telle
magniere disant selon lez latins : Philipus^ Valesie et Andegavie
cornes^ Francorum et Navarre régna regens , universis présentes
litteraSy etc.
170. — Icil Charlez roy de France et de Navarre régna es diz
royaulmez vj ans. Et eust deux enffans filles, donc la première
eust nom Ysabel *, qui mourut, et l'autre fille segonde, qui vivoit,
1G8. — I. Sic P. Anselme, I, p. gS. — Le xns. B ajoute : de son règne
le y]:
2. 3 février i328, n. st.
189. — I. Niepce, c'est-à-dire petite-âlle (Voy. la note 3 du para-
graphe 44) de Charles I", roi de Naples et de Sicile et de plus comte
d'Anjou et du Maine. Ces mêmes comtés avaient été transmis par Charles II
le Boiteux, fils de Charles !•% à sa fille Marguerite (et non Jeanne), à l'oc-
casion de son mariage avec Charles comte de Valois (P. Anselme, I, p. loo).
2. Nulle mention, dans notre chronique, ni à propos de la régence de
Philippe de Valois ni à propos de son avènement au trône, des prétendus
états généraux de i328 (Voir dans le même sens M. Hervieu, p. 179). —
Remarquons toutefois que, si le chroniqueur ne parle ici que du consen-
tement des barons, il fera allusion plus loin au concours donné par les
^urgeois et le peuple de Paris à l'accession de Philippe VI à la couronne
(paragraphe 212 : « de leur auctorité le rechurent à seigneur. • — Para-
graphe 296 : c les quieux le rechurent à roy •).
iTO. — i. Voir paragraphe 139, note.
Min. XI 8
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tt4 CHRONIQUE PARtSlâmS ANONYKE.
eust nom Marie. Et laissa sa £iine grosse^ la roynne Jehanne,
|adiz fille du conte Louys d'Evreux.
171. -^ Et en œste mesmes année, au moys de février, Louys
duc de Bavieres^ par la voulenté de aucuns des Roumains,
contre Pinbicion^ du pappe Jehan le zxij* ', de dyademe impérial
fut couronné.
17a. — Et en icest an, la nuyt du xxv« jour du moys de février,
aussi comme à heure de mynuit, fut éclipse de lune *.
178 bis. — Et aprez ce, à Paris, une très grande mortalité de
malades , povres et riches , ensui ; en la quelle , le dimenche
XX"* jour* au moys de mars, mourust au Bois-de-Vincennes ma
dame Blanche, jadiz fille au bon duc de Bretaigne et fome défunt
mons. Philippe d'Artoiz, filz au conte d^Artoiz Robert qui mourut
devant Courtray en Flandrez ; et le lundi ensuivant xxj jour au
dit moys de mars, à Paris, en Teglise des Frères Prescheurs, pré-
sent maistre Robert d^Artoiz^, son filz, et aultrez, fut enterrée.
178. — Et en cest an, la vigille de Pasquez \ Jehanne d^Evreux
roynne de France, famé Charlez roy de France et de Navarre
171. — I. Louis, duc de Bavière, mort en 1347. ^^ avait été élu empe-
reur le 20 octobre i3i4, couronné à Rome par les évéqueS de Venise et
d'Aléria le 17 janvier i3a8, n. st., et excommunié par le pape dès le
a3 octobre i327, quand il se fut fiait couronner roi d'Italie à Milan le
3i mai. — Le ms. Fr. 17267, f* i23 r% raconte que c vindrent à luy, de
Testude de Paris, deux moult lettrés clers, maistre Jehan de Jandun et
maistre Marcille de Pade, et li prescherent et distrent moult d'erreurs, et
quMl ne debvoit pas estre subget au pape, et par fraude l'Église avoit
moult usurpé des droiz de l'Empire. Donc le duc de Bavière, combien que
Ten li conseillast qu'i les debvoit punir, les tint près de luy, et contre eulz
et ledit duc fist le pape procès et les reputa hérites. » (Voy. Leroux de
Lincy, Paris et ses historiens aux XI V^ et XV* siècles,)
2. Inhibition, défense.
3. Ms. A : le cxxij».
178. — I. Éclipse mentionnée par VArt de vérifier les dates et comme
ayant eu lieu à l'heure indiquée.
178 bis, — I. Le 20 mars i328, n. st., tomba bien un dimanche; mais,
d'après Corrozet et Du Breul, l'épitaphe de Blanche de Breugne portait le
19 comme date de son décès.
2. Son comté de Beaumont venait d'être érigé en comté*pairie (janvier
i328, n. st.).
178. — I. Tous les autres chroniqueurs fixent la naissance au vendredi*
saint i* avril, et non au samedi.
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bEUXièlCB PARTIS. Tl5
trespassé le premier jour du moys de février dessus dit, eust
entrant une fille, qui au Boiz-de-Vincennès mourbst \
[l'an m. CGC. zxvin.]
174. — *L'an de grâce ensuivant ^ m. ccc. xxvii j, aprez la mort
de Charlez, roy de France et de Navarre, Pierres Remy, tresori^
de France, grant homme vers iceluy roy, et de luy mont amé, et
envers lezprinchez de ses royaulmes noblement honnouré^, pré-
sent grant multitude de la gent de Paris, l'endemain ' de la feste
saint Marc Teuvangeliste, environ heure de tierce, fut le premier
pendu au plus hault du gibet adonc nouvellement mâchonné.
176. — Et en icest an vraiement^ s^accorderent et eurent paix
la gent d^Escoce au roy d'Engleterre ; et espousa David, le filz
Robert de Bruis gouverneur d'Escoce, la seur au roy d^Engle-
terre Edouart^ au premier an de son régnée Aprez la quelle
chose, le dist Robert de Bruis en ceste mesmes année mourust '.
176. — Adecertez en cest mesmes an, lez chasteaux et bonnes
villes et tout le peuple ^ de Navarre, sachans la mort de Charlez
roy de France et de Navarre, le gouverneur et lez aultrez justi-
ciers, qui parmy Navarre estoient de par le roy de France, hos-
terent, disans que leur droicte ligne de France estoit séparée, et
que de nulli ne tendroient fors que de la fille Louys jadiz roy des
diz royaulmes *, que Philippe le conte d'Evreux avoit espousée.
2. Le ms. B relate la naissance au Boîs-de-Vincennes, mais non la mort,
de la fille de Jeanne d'Évreux. Et, en effets cette fille, nommée Blanche,
épousa, le i8 janvier i345, Philippe duc d'Orléans, qui avait huit ans de
moins qu'elle (Ms. Fr. 17267, f* iSg r*). — D'après les Mémoires de la
Société de VHist, de Paris, II, p. 396, l'accouchement de la reine aurait eu
lieu à l'Hôpital de Saint-Jacques des Pèlerins.
174. — I. Pâques i328, le 3 avril.
2. « Grant homme honnouré, 9 formule encore empruntée par l'au-
teur à la Chnmique française de G. de Nangis (Supplice de Pierre de la
Broce, en 1277 ; Ms. A, £• 102 v* ; Ms. Fr. 17267, f* 73 v).
3. 26 avril. — D'après le Contin. de Nangis et le Contin. de J. de Saint-
Victor, Pierre Remy aurait été pendu le jour même de saint Marc.
176. — I. Edouard III renonça, le i** mars i328, n. st., à la suzeraineté
du royaume d'Ecosse; le mariage de sa sœur (Jeanne) fut célébré le
7 juin 1329.
2. Le 7 juin 1329. David avait alors six ans ou environ.
176. — I . Ms. A : et lonc le peuple.
2. Le ms. B ajoute : premier filz du beau roy Philippe,
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n6 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
De lors après ce, à Saint-Germain-en-Laye en composicion de
paix, par grant conseil, entre Philippe le conte d'Evreux par raison
de sa dicte famé et le roy de France Philippe de Valoiz fut traitié,
et par accord fait, entre lez aultrez choses, que Philippe le conte
d'Evreux demourroit et seroit roy de Navarre et le roy de France
non '.
177. — En cest an, Louys de Bavière, après plusieurs mande-
mens fais au pappe Jehan à Avignon en Prouvence, en la cité de
Romme ung frère Cordelier nommé Nicholas\ si comme l'en dit,
establi à estre pappe avec iiij cardinaux.
^PHILIPPE DE VALOIS, LE VI» PHILIPPE ROY DE FRANCE.
178. — *Après Charles le roy de France et de Navarre régna
en France son cousin germain Philippe le conte de Valoiz, ainsné
iilz de Charlez jadiz conte de Valoiz, frère Philippe le Beaux
jadiz roy de France. Et commencha à régner cestuy Philippe de
Valoys en Tan de l'Incarnacion Nostre Seigneur m. ccc. xxviij ;
et à Rains la cité, le dimenche jour de la Trinité, lors xxix jour
au moys de may, avec Jehanne^ sa famé, jadiz fille du duc de
Bourgongneet seur de la roynne Marguerite de Navarre^ qui fut
famé Louys roy de France et de Navarre, et en Pan de son aage
XXXV* *, fut sacré et couronné en roy de France.
179. — *Ceux de Brugez et d'Ippre * et lez aultrez de Flandrez,
qui, dez le temps du conte Guy de Flandrez ^, contre le royaulme
de France avoient tenu rébellion, et, en ce poursuivant de mal
en pirs, le conte Louys de Flandrez, leur seigneur, au fait de
Lescluse ' de eux prins, et à Brugez emprisonné, et de la conté
3. Voir une note de Géraud, tome II, p. 84, du Contin. de Nangis.
177. — I. Pierre Rainallucci ou de Corbière, ou de Conrara ou Corvaria
(Pierre Ranuche des Grandes Chroniques), antipape, élu le 12 mai iSaS,
sous le nom de Nicolas V.
178. — I. Jeanne 4e Bourgogne, première femme de Philippe VI, troi-
sième fille de Robert II duc de Bourgogne et d'Agnès de France, tille
puînée de saint Louis.
2. Marguerite de Bourgogne, reine de Navarre comme femme de Louis
le Hutin.
3. Ms. A : XXV*. — Ms. B : xxxv. Philippe de Valois était né en 1293,
selon le P. Anselme; d'ailleurs, sa mère étant morte dès 1299, il avait
plus de 25 ans en i328.
179. — I. Ypres.
2. Guy de Dampierre.
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DEUXIÈME PARTIE. II7
de Flandrez essillié ; car lez grans richez hommez de Flandrez,
qui voulloient obéir au roy et à leur dit conte et ensuivre la voie
de vérité, et lez prestrez qui célébrer ne vouloient^, lez députez
du peuple de Flandrez, en grant indignacion de la magesté royal,
entroient et brisoient leurs maisons, et illec, maugréleur lignage,
lez prenoient, et tantost lez fiaisoient mourir. Et cest occision
ainsi faiae du peuple de Flandrez lez ungs dez aultrez, especiaul-
ment dez menuz gens aux gros, avec lez auJtrez meurdres jadiz
faiz à Brugez et à Courtrai en Flandrez, feussent aux lignages
des mors et au royaulme de France non à souffrir ; car comme
iceux Flamens, en affermans leurs cueurs à tenir et poursuir ceste
grant felonnie et iniquité contre le roy de France et Louys leur
conte, et de Flandrez à perpétuité iceluy conte essillier, et de par
eux au roy d'Engleterre Edouart secours et ayde querre, la quelle
tantost leur denea, Philippe de Valoiz, en cest an de Nostre
Seigneur m. ccc. xxviij, à la requeste de Louys le conte et Pessilié
adonc de Flandrez, pour obvier aux iniquitez dez Flamens, à ce
qu'ilz obéissent à Louys leur conte et qu'ilz le rechussent à sei-
gneur, pour donner parmy la terre de Flandrez la voie de paix,
comme lez Flamens de jour en jour par leurs messagez requissent
les choses qui sont de paix, lez quieux en ce ne furent en riens
ouyz, en cest an, pour ces choses, Philippe roy de France, à la
feste de la Magdalaine ', à Arras la cité d^Artoiz assembla ung
grant bost et tel que, de long temps de devant, de Franchoiz ne
fut si bel veuz.
180. — Icy povés ouyr et escouter la bataille /aide, au val de
Cassel en Flandres^ des Flamens contre Philippe de Valoi^,
roy de France, et ses Franchois*.
*Ex comme Philippe de Valoiz roy de France, son noble host
à Arras assemblé, se esmut viguereusement, et chevaucha, et passa
Teaue du Liz' en la terre de Flandrez sur ces ennemis jusques à
Cassel, et illec, dessoulz Cassel, si fichèrent leurs trefz, et leurs
3. Il faux lire : c au fait de Courtray. » (Voy. paragraphe 137.)
4. A cause de l'excommunication encourue par les Flamands (G>nf.
Froissait, H, p. 2 et 3, 186 et 187).
5. 22 juillet (Conf. Continuateur de Nangis, II, p. 92).
180. — I . Ms. A : ei de ses Franchois.
2. La Lys, affluent de l'Escaut.
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Ilg CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
tentez tendirent, et illec premièrement se logèrent, adecertez les
plus hardiz et jennes gens qui de Brugez et d'Ippre et du pays
d^environ s'estoient conqueillis, et en la ville sur le mont de Cassel
leur ost assemblé, convoitans de très grant cueur contre lez Fran*
choiz batailler, requirent au roy jour assigné de bataille avoir.
Aux quieux Pen respondi de par le roy que c'estoient gens sans
chief, pour quoy journée assignée ne leur donneroit, et que ilz
se deffendissent le mieux quMlz peussent. Lez quieux Fkmens,
dez maintenant leur fol orgueil et oultrecuidànce poursuivans,
ung cocq de toille rouge ' mirent sur le plus hault lieu de Cassel,
escript, si comme Pen dist^ en ceste magniere :
Quant cest cocq chantera
Le roy franchoi\ Cassel prendra^.
181. — *Adecertcz environ iiijc dez soudaiers de Post dez Fran-
choiz, de leur auctorité si comme Pen dit, le lundi et au jour de
mardi ^ vigille de feste saint Berthelemieu Pappostre, montèrent à
mont la montaigne vers lez Flamens et à eux souvent geterent ;
et comme ceux qui ne cuidoient pas que illec eust si grant multi-
tude de Flamens et que, se illec se tenoient longuement, seroient
perduz, devant lez Flamens s'en fouirent*. Adonc au dit jour
de mardi, xx* Flamens ou environ, tous enflambez de batailler,
par leur fol hardement, non pourveuz de conseil, espessement
aussi comme pluie, tous à pié, à bastons et à gondendars'^ la
croix rouge ^ en leurs pennonceaux et banieres, descendirent aval
la montaigne, et dedens l'ost dez Franchoiz jusquez bien prez des
tentez du roy vindrent. Lors mons. Regnault de Lor, chevalier
du roy de France, quant ce apperchust, si se appareilla de ses
armez, et leur demanda, si comme l'en dist, ainssi : « Quieux
3. Ms. B : ung coq paint de teille.
4. D'après le Continuateur de Nangis, Tinscription portait :
Quand ce coq chanté aura,
Le roy Cassel conquestefa.
Et d'après les Grandes Chroniques :
Quand ce coq -ci chanté aura,
Le roy trouvé ça entrera.
181. — I. Les 22 et 23 août.
2. Bidaldis fugientibus, sicut solet (Contin. de Nangis, II, p. 97).
3. a Lances agOes bien ancorées, que l'en appelle bouteshaches etgoden-
dars » {Grandes Chroniques , col. f 171).
4. Détail inédit.
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DEUXIÈME PARTIE. 1 1 9
gens estez vous ? » et ilz luy dirent que ilz estoient bonnes gens,
meilleurs que luy^ et qu'ilz se venoient rendre. Et il leur res-*
pondi : « En telle magniere ne se vient l'en pas rendre ; vous ne
venés pas pour bien ainssi. » Et ce dist, d'un dez Flamens incon*
tinent, avec ung de ses escuiers, fu tantost occiz '. Et quant le
conte de Haynnault Guillaume, qui en une des costieres de la
montaignedeCassel estoit, le daulphin de Vienne, le connestable
Gauchier de Crecy^ le marescbal de France Robert Bertran,
appercburent que si grant babondance de Flamens à pié estoient
descenduz et descendoient encore- de la montaigne de Cassel tant
à si grant nombre^ armez à basions ferrés agus et à gondendars,
aussi menuement à poi comme pluye, et qu'il estoient entrez bien
avant dedens Post dez Franchoizet venoient tout droit aux tentez
du roy, si furent tous espovantez et firent sonner leurs trompez,
tabours et buissines, et prindrent leurs armez et se armèrent
isnellement, et firent leurs gens de toutez pars appareillier et avec
ce crier : c Aux armez I veés cy lez ennemis !» Et ce ouy, tantost
isnellement de toutez pars chacun se appareilla. Et ce fait; aux
Flamens, qui jà estoient rengiez, coururent asprement sus. Et
comme le conte de Haynnault, qtii d'un dez costés, et son ost, de
la montaigne de Cassel estoit assis et logié, untost fist tourner
son ost, et les Flamens endost et dedens eux comme chevalereux
entra, et grant abateis en fist, et grant foison de par luy furent à
leur fin mis, adecertez les Thoulousains et les Pieregors ^, avec
plusieurs de France aussi, comme d^une paour espoventez, prin-
drent la fuite très laide. Adonc le roy ce appercheu, si prist ces
armes hastivement, et monta tantost sur son cheval, et isnellement
vers les Flamens se traist. Et lors le roy à grant multitude et
compagnie de chevaliers ainssi vers lez Flamens aller lez Fran-
choiz yce apperchevans ^, pour le roy aidier et Tonneur du
royaulme de France à ycelle journée deffendre, isnellement se
hasterent, et [de] leurs armez, si comme chacun povait, s^appa-
reiliierent, et à ce du tout s^abandonnerent , disans et crians
5. Cet épisode, omis par Froissart et par les Grandes Chroniques, est
raconté différemment par le Gontîn. de Nangis, II, p. 97.
6. Les soldats originaires du Périgord.
7. A partir de ces mots, notre chroniqueur copie presque textuellement
le récit de la bataille de Mons-en-Puelle dans la Chronique française de
G. de Nangis (Ms. A, f» 116 r, et Ms. Fr. 17*67, t' 100 r«), récit con-
forme à celui des Grandes Chroniques.
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120 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
ensemble à ceux de leur ost qui sVnfuyoient : ce Retournez f le
roy a aujourduy viaoire^ ! » Et ainssi la bataille contraignant et
de toutez pars croissant, Charlez le conte d'Alençon, frère du roy
de France, Philippe • le roy de Navarre et conte d'Evreux, son
cousin, Louys duc de Bourbon, le duc de Bourgongne, Artus *^
le duc de Bretaigne, Robert d'Artoiz conte de Beaumont, le daul-
phin de Vienne, le conte de Bar ^^ noblez chevaliers, et aultrez
grans maistrez, plusieurs princes, contes, barons et chevaliers,
avec les aultrez noblez compagnies à pié et à cheval, es Flamens
lotis isnellement^' se plingerent, et contre eux asprement se corn-
bâtirent lors iceux noblez, avec leur noble et forte compagnie à
pié et à cheval. Entre eux merveilleuse, aspre et aigre, fut faicte la
bataille, car lez Flamens furent du tout en tout acraventez, et de
eux fut faicte grant occision et mortalité et grant abateiz *^; et par
grans monceaux les Flamens parmy la plaine, illec morts, à terre
gesoient, bien jusquez à xxij>< ** et plus-, et de la nostre gent fran-
choise poi ou aussi comme noient en y eust de perduz *^, fors que
deschevaux,donctrop grant foison perdirent^*. Et si comme aucuns
disoient que, dedens le deux jours ensuivant, les Flamens
debvoient avoir à Cassel si grant multitude de gens armez que à
paine les povait Pen nombrer; maiz Nostre Seigneur Jhesucrist,
misericord et piteable au roy de France et es siens, comme aultre-
foiz a esté au fait de Ferrant de Flandrez *'' et ailleurs, ne souffry
pas les iniquitez dez Flamens plus à tenir ; car, en celle empointe,
8. Chronique française dé G. de Nangis : crians ensemble : c Le roy se
combat ! le roy se combat ! •
9. Ms. A : Louys.
10. Jean ill (et non Ârtus). Le paragraphe 83 lui avait donné son véri-
table nom, et les paragraphes 226, 257 et 260 le lui restituent.
11. Edouard !•', comte de Bar, mort en i336. Il était beau-frère de la
reine de France, comme ayant épousé Marie de Bourgogne, seconde fille
de Robert II.
12. Chronique française de G. de Nangis : es Flamens lors isnelment
se plungiérent et embatîrent.
i3. Ici la rédaction de notre chronique redevient entièrement originale.
14. Chiffre exagéré et que contredit à lui seul celui de xxm, donné plus
haut comme le nombre total des Flamands. Le Contin. de Nangis indique,
d'après une lettre du roi à Tabbé de Saint-Denis, 11,547 tués; peut-être
aussi le ms. original portait-il seulement : xiJM et plus.
i5. 17 tués seulement, tant nobles que roturiers (Contin. de Nangis).
16. Equorum permaximus numerus (le même).
17. A Bouvines.
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DEUXIÈME PARTIE. I2I
ung des nostres, par le miracle Nostre Seigneur, avoit plus de
vertu et de ibrcbe que trois des leurs. Et quant lez Franchoiz,
dès Teure de nonne jusquez à complie, se furent ainssi noblement
combatuz^ et les Flamens de toutez pars à leurs fins mis par la
belle viaoire qu'ilz avoient eue, si s^en vindrent à leurs tentes et
trefiz. Et en demantiers bien iiij" ou plus de Flamens des villeitez
d'environ Cassel, tous en leurs chemises, vindrent au roy mercy
crier, et à luy se rendirent ^^; maiz nostre gent, aussi que
achienniz ^' sur lez Flamens, environ xxx, maugré la garde ^^ du
roy, tuèrent. Et tantost, en celle nuit ou l'endemain, nos Fran-
choiz dedens Cassel entrèrent et la ville ardirent, et puis Courtray
et toutez les villes environ prindrent à abandon et à terre aba-
tirent. Et ce fiait, nostre roy de France et son host devers la ville
dTppre ysnellement errèrent, et ycelle dès maintenant assirent et
devant se logèrent. Et comme, luy et son noble ost estant au siège
d'Yppre, ceux d'Yppre et de Brujgez, mont espoventez de Toccision
de leur gent ainssi faiae dessoux Cassel, si comme nous avons
dist, et que en nulle magniere contre le roy ne povaient contrester,
humbles et begnins, leurs corps et avoirs en la propre voulenté
du roy se mirent et rendirent , et de eux ^* nostre roy rechust
ostaigez. Et ainssi, en Tan et au mardi vigille de saint Berthele-
micu ^* Tappostre dessus diz, au moys d'aoust, icil roy de France
Philippe eust victoire contre lez Flamens au val de Cassel en
Flandrez, au premier an de son règne, en Tan xxxv* *^ de son aage.
Et pour la victoire que nostre roy de France Philippe, par l'aide
de Dieu, avoit ainssi eue au val dessouz Cassel, fût à luy soub-
mise toute la terre de Flandrez comme nous avons dist, aprez
c. xiiij [ans] que le grant Philippe, jadiz roy de France, eust vic-
toire jadiz au pont de Bouvines contre le conte Ferrant de
Flandrez *^, xxvij ans aprez Toccision faicte de nostre gent fi-an-
i8. Épisode inédit.
19. Enragés. — Ce mot achienni:Çy aussi expressif qu'un autre de forma-
tion analogue, allouvi (afilamé), ne se trouve dans aucun glossaire.
20. La sauvegarde.
21. Ms. A : et de eux et de eux.
22. Et non le jour môme de saint Barthélémy, comme le dit Froissart,
I, p. 86.
23. Ms. A : XXV*. — Voir note 3 du paragraphe 178.
24. Le 27 juillet 12 14.
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122 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
choise à Brugez^'^ xxvj ans aprez la mortalité et trebucbeare du
conte d'Artoiz Robert et dez Franchoiz faicte en la bataille de
Q)urtray *• ij ans devant la bataille de Mont-en-Pcvre '^ en
Flandrez faicte du roy de France Philippe le Bel contre lez
Flamens.
18d. — ^Adecertez tost aprez ce que ceux de Brugez eurent
baillez bostagez, Philippe le roy de France institua et mist en
saisine Louys le conte de Flandrez, sur les condicions fiaiaes et
entrejectées au mariage de Marguerite fille de Philippe le Grant *,
au temps passé roy de France et de Navarre, et du dit Louys, et
que, se en aucune chose les distes condicions ezcedoit, la conté ^
de Flandres forferoit, et ycelle perdroit.
183. — Et ce fait, Tost des Franchoiz se descrava. Et ainssi
Philippe de Valoys roy de France, au val dessoulz Cassel en
Flandres, usé * de l'aide de Dieu, de ces Flamens, non pas sans
grant péril de luy mesmes, louable victoire en rapporta^ et en
France à grant joye inestimable s'en revint^. Et à Paris, le jour
de feste saint Michel', — la grant rue Saint-Denys à Paris,
Grant-pont, et la grant rue dUllec faisant droit chemin '* à Teglise
Nostre-Dame de Paris, encourtinés *, — à trompes, timbres et
nacaires, du peuple de Paris à grant joie fut recheu.
184. — Et en cest an, le jeudi ziij* jour * au moys d'octobre.
25. Massacre des Français dans la nuit du ao au 21 mars i3oa.
26. Le II juillet i3o2.
27. La bataille de Courtray précéda, en efiet, de deux ans celle de Mons-
en-Puelle (18 août i3o4).
188. — I. Voir paragraphe 49.
2. Ms. A : le conte.
188. — I. Usus, usant.
2. Ces mots c non pas sans grant péril s'en revint i sont copiés
encore dans la Chronique française de G. de Nangis (bataille de Mon»-en-
Puelle). On remarquera que, pour son édition des Grandes Chroniques^
M. P. Paris a suivi des manuscrits où manquent les mots non pas, indis-
pensables cependant d'après le récit même.
3. Le 29 septembre i328.
4. Sans doute c la fameuse Calandre, voie triomphale par où Ton se
rendait du Palais à Notre-bame • (Leroux de Lincy, Paris et ses historiens,
p. i63).
5. Ornées de tapisseries et autres tentures.
184. — i. Le P. Anselme dit que la reine Clémence mourut le 12, bien
que son épiuphe portât le i3 (le 14, selon Du Breui). L'inventaire dreasé
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DEUXIÈME PARTIE. 123
Climence la roynne de France et de Navarre mourut, la quelle
fut fome jadi^s de Louys roy de France et de Navarre, ainsné fiiz
Philippe le Bel. Et le lundi ensuivant, en Teglise des Frères Pres-
cheurs Jacobins fut ycelle roynne Oimence honnourablement
ent^rée.
186. — Et en cest an vraiement, le mardi * devant la feste de
Toussains, au province de Poitou, mons. Jehan de Serchemont,
chancelier de France, par le quel conseil, par le royaulme de
France generaulment, la prinse des Aingloiz deux ans devant
avoit esté^faicte', aux champs soudainement mourut; — avec
mons. Guillaume de Marcilly, chevalier, inquisiteur sur les offi-
ciers du roy ', qui en celle sepmaine mourust à Paris.
186. — Et après ce, deux jours au moys de novembre, à Noslre-
Dame-des-Champs delez Paris, Louys conte de Valoys*, frère
Philippe le roy de France, mourut ; et le vendredi ensuivant,
iiij jour au dist moys, à Paris, en Peglise des Cordeliers, fut hon-
nourablement enterré'»
[l^AN m. CGC. XXIX.]
187. — *En l'an de grâce après * ensuivant m. ccc. xxix , au
moys de may', Gauchier de Crecy, connestable de France, à
Paris mourust Après le quel fut connestable de France Jehan ^
conte d'Eu.
188. — Et en cest an, la grant chierté de charbon à Paris fût
après le décès de cette princesse indique bien le 1 3 (Douët d'Arcq, Nou-
veaux comptes de l'argenterie des rois de France, p. Sy).
186. — I. 25 octobre i328.
2. Voir paragraphe i32.
3. Fait inédit.
186. — I. Né de la troisième femme de Charles comte de Valois,
Mahaut de Chastillon. Le P. Anselme lui donne le titre de comte d'Alen-
çon, titre qui appartenait à son frère consanguin Charles.
2. Le P. Anselme a eu raison, on le voit^ de dater le décès de i328,
malgré Pépitaphe de ce prince, telle que l'a rapportée Du Breul, p. 52 1.
187. — I. Pâques 1329, le 23 avril.
2. Le P. Anselme indique seulement l'année.
3. Le comte d'Eu était Raoul I*' de Brienne, dont le père, Jean II, était
mort à Courtray. Le P. Anselme se borne à dire, au sujet de sa nomina-
tion, qu'il était connétable avant x336, et que, suivant Butkens, il l'était
dès i332. Raoul mourut, le 18 janvier i345, dans un tournoi célébré à
l'occasion du mariage de Philippe duc d'Orléans.
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124 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
veu < ; car le sac de charbon communeement, en cel an, fut vendu
xij s. et xiiij s. parisis^ ce qui oncquez maiz n^ avoit esté, donc
chacun se tenoit amerveillié. Et comme ung charbonnier dist
Jehan La Bière, qui se disoit preneur du charbon pour le roy ^
(et non estoit, ains le vendoit, si comme Ten dist, en gros et en
détail, en faux sacs qui n^estoient pas justes, et failloit bien de
chacun sac environ demi-minot ') , pour ceste chose eust esté
emprisonné au Chastelet, et au prevost de Paris nommé Hugue
de Crusy, présent plusieurs, eust confessé que luy et lez aultres
maistres charbonniers de Paris de piecha avoient &it compilacion
et taqueson'* ensemble, c^est assavoir qu'ilz alloient aux forestz et
es lieux donc le charbon venoit à Paris , et illec achetoient le
charbon dez marchans qui lefaisoient ouvrer, et puis, quant cha-
cun en avoit une grande quantité achetée, ilz n'en faisoient venir
au port de Grève que une navée ou deux ensemble, en une cer-
taine journée, quant il estimoient; et quant ycelle navée à la
journée assignée estoit vendue ', l'autre marchant de Paris à une
aultre journée si refaisoit venir la sienne, ou lui ou celuy qui
avoit Tautre navée vendue, et puis la vendoit et bailloit aux por-
teurs de charbon, et par tieux sacs comme est dessus dit. Avec ce,
se ung marchant de charbon, de Paris, faisoit venir au dist port
une navée de charbon, les porteurs le prenoient et Temportoient
de la nef aux justes sacs, et puis les desemplissoient oti ilz voul-
loient et le metoient en leurs faux sacs, et en iceux le portoient
ceux ® les acheteurs ; et en prenant cest charbon en la nef, aucune
foiz il disoient ensemble : « à loe ! à loe ! » c^est-à-dire que le faux
petit sac avoit non loe^. Et le mengier que ceux de se larrecin
188. — I. Tout ce paragraphe relate des faits inédits.
2. Sur le droit de prise, voir Du Gange au mot Prisia et le Recueil des
Ordonnances, passim.
3. Le sac de charbon contenait une voie ou deux minots ou seize bois-
seaux (Delamare, Traité de la police, III, p. 934). La fraude était donc d'un
quart du contenu (toutefois, voir Mémoires de la Société de PHist. de
Paris, VII, p. 129).
4. Cabale et coalition.
5. Le charbon à quai, d'après le règlement de 1299, devait être vendu
dans un délai de trois jours (Traité de la police, III, p. 935).
6. Chez. — Dans l'ordonnance du 3o janvier i35o, Jean le Bon défendit
de a muer le charbon de sac en autre » (ibidem).
7. Faut-il lire : Toé (l'oie) ?
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DEUXIÈME PARTIE. 125
fâisoient, ilz Pappeloient entre eux ramandier ^. Adecertez le dist
Jehan La Biere, pour lez larrecins qu^il faisoit du charbon, en
cest an, au jour de samedi xxj ^ jour au moys de may, au gibet
de Paris comme larron fut pendu. A Paccusacion du quel, et les
quieux en sa desreniere fin il afferma sur Pâme de luy estre tieux
comme luy et de sa condicion et qui avoient fait le dist taqueson,
plusieurs marchans de Paris, grossiers, mesureuxs *® et porteurs
de charbon, donc Tun estoit appelle Jehan Plumet, Raul Le Grant,
Guillaume Le Tisonnier, et aultrez neuf, que marchans que por-
teurs, qui par le dist prevost tantost furent prins, et au dist Chas-
telet de Paris mis, et sur lez choses dessus dictes examinez, que ilz
confessèrent à vrayes, le samedi iij jours au moys de juing ensui-
vant, au dist gibet comme larrons furent penduz, xiij ans aprez
le fait dez boulengiers^^ qui, pour la malefachon du pain, sur
roes de chareites, es hallez de Paris^ devant le peuple illec
assemblé, furent mis, et aprez bannis.
189. — *En cest an, le mardi ensuivant \ à Amiens la cité de
France^ le roy d'Engleterre Edouart, à ce sollempnellement et par
plusieurs foiz appelle, au roy de France Philippe de Valoiz du
duphié d^Acquitaine et de la conté de Pontieu ^ en Picardie fist
hommaige.
leo. — Et aprez ce, à Paris, ung dez diz marchans de charbon
et grossier, nommé Guillaume Villecoc ^ cervoisier, emprisonné
avec lez dis marchans de charbon pour la dicte cause du dit char-
bon, le mardi es festez de Penthecouste xiij jour au dit moys de
juing, à costé dez diz charbonniers fut penduz.
8. Le profit, — du verbe amender, amander ou amendir, bénéficier, pro-
fiter.
9. Ou mieux : zx*.
10. Sic.
11. Ms. B : talexneliers et boulengiers. — Voir notre paragraphe XXIII,
Première partie.
189. — I. Ms. B : le vj« jour de juing, — qui était bien un mardi
(Rymer, II, 3* et 4» parties, p. 27). Le Contint^ateur de Nangis et les
Grandes Chroniques placent à tort la formalité de Phommage au dimanche
25 juin; Edouard III était, d'ailleurs, de retour à Douvres le xi (Rymer).
2. Ms. B : de Poitou.
190. — I. Un Guillot Wilecoc figure comme porteur de charbon juré
dans les documents publiés par M. Leroux de Lincy {Hist, de Vhôtel de
ville de Paris f 2* partie, p. 173), maïs Tannée précise n'est pas indiquée.
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Ît6 CHRONIQUE PARISIBNNB ANONYME.
191. — Et le dimence ensuivant, jour de la Trinité S au parvis
de Teglise Nostre-Dame de Paris, sur ung eschauffault à ce appa-
reilliez lez bullez Louyz de Bavieres, empereur de Romme, en
tapinaige ^ atachiés au maistre huis de la dicte église, par Pevesque
de Pariz Huguez de Besenchon, présent grant foison du peuple
de Paris illec assemblez, furent arses.
19d. — Et en cestuy jour de la Trinité, en la cité de Cantor-
biere^ en l'église de Saint-Thonmas, la fille du conte de Hayn-
nault fut couronnée en roynne d'Engleterre.
193. — *Et en icest an vraiement ^ le mardi jour de feste de la
Decolacion saint Jehan*Baptiste ^, ung larron nez d^Auvergne,
par sa malle adventure, en l'église Saint-Gervaiz de Paris, aprez
la grant messe chantée en icelle église , embla ung calice au quel
avoit dedens xxiiij oublies sacrées, et cest larrecin emporta en
ceste ville de Saint-Denys ; et si comme il Tapportoit, si prist ce
galice et le brisa en plusieurs pieches; Et quant il fut en ceste
[ville], il le porta chiez ung orÊaivre pour le vendre ; et tantost
par le dist orfeivre fut prins ; et, à Saint-Denys luy estant empri-
sonné, confessa à Robert Le Basenier, pour le temps baillif de
Saint-Denys, presens plusieurs, que il Pavoit emblé le dist calice
et ce qui estoit dedens, à Paris, en Peglise de Saint-Gervaiz, avec
plusieurs aultrez larrecins, comme de escuellez d^argent et d^aultrez
choses que il avoit fait plusieurs foiz, luy et xxiiij ses complices.
Adecertez ce congneu, au curé^ de Saint-Gervaiz, Adam * appelle,
ceste chose mandée, le vendredi premier jour du moys de sep-
tembre, par Tabbé de Saint-Denys, Guy, de Chaate-soulz-Mont-
le-Hery, les dictes oublies benoitezet sacrées au dist mons. Adam^
curé de Saint-Gervaiz, furent humblement rendues, et à Paris, à
grant compagnie de peuple et de torches, à grant joie et à grant
procession, honnourablement en la dicte église de Saint-Gervaiz
191. — I. i8 juin. — D'après le Continuateur de Nangis et les Grandes
Chroniques, ce serait le 1 1 qu'aurait eu lieu cette exécution.
a. Clam et de nocte (Contin. de Nangis), — le 12 juin (Ms. Fr. 17267).
198. — I . Plusieurs lettres d'Edouard III sont datées de Cantorbéry le
18 juin z329 (Rymer).
193. — I. Faits inédits.
2. 29 août iSag.
3. Ms. A : du curé.
4. Il existait encore le 29 mars i33o» n. st. [Cartuiaire de N.-D, de
Paris, m, p. 257).
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bBtntlÊMB PARTIE. t2J
apportëez. Et le dessus dit larron, en icelle journée de vendredi,
environ heure de prime, présent grant multitude de peuple de
Paris et de Saint-Denys, au plus hault du gibet de Saint-Denys
comme larron iFut pehduz.
194. — Et en cest an et en cest mesmes temps, la foible mon-
noye courant par le royaulme de France, donc le peuple estoit
mont grevé et dommaigé, affin qu^elles feussent reffourmées,
remises et ramenées à leur droit cours, Philippe de Valoiz, roy de
France % par le conseil dez prelaz, barons, bonnes villes du
royaulme, et aultrez saiges coi^noissans en tieulz choses ^,
ordonna et fist £Biire monnoie, et par le royaulme, en Pan précé-
dant rxviij , le iij» jour du moys d'apvril • , ycelle crier et publier
par son ban, c'est assavoir que la monnoye d^or et d'argent
airoient leurs cours jusques à la feste de Nouel prouchain ensui-
vant; ensement que le fleurin royal d*or ne seroit prins ne mis
pour plus grant [prix ^] de xxviij s. parisis, et lez aultrez fleurins
qui seroient de poix à Tavenant, et lez aultrez monnoiez d'argent,
blances et noires, pour le, prix qu'elles couroient en cest présent
an, sans hauchier *, et, le dist Nouel passé, le royal n'eus t cours
ne ne fust pris ne mis pour plus de xxj s. parisis, et lez aultrez
fleurins qui seroient de pois à Pavenant, et la maille blance pour
vj tournoiz, le parisis double pour trois mailles parisis, et lez
aultrez monnoies d^argent à l'avenant ; et que ce fût ferme, lez
monnoies airoient cours en ceste magniere jusques à la feste de
Pasques ensuivant l'an mil ccc. xxx ; et le dit jour de Pasquez
passé, le dist royal n'eust cours ne ne fût mis ne pris pour plus
dexvj s. parisis, et lez aultrez monnoiez d^or' qui feussent de
poix à Tavenant, la blanche [maille *] pour iiij tournoiz, le double
194. — I. Tout ce paragraphe est la reproduction presque textuelle de
rOrdonnance du 21 mars i328, v. st. (Recueil des Ordonnances des rois de
FroHce, II, p. 27). •
2. c Comme nous avons mandé et fait convocations de prélats,
barons et bonnes villes, et autres saiges et connoissans en tiex choses >
(Ordonnance précitée). — Voir M. Hervieu, Recherches, p. 190 : il consi-
dère cette réunion, convoquée pour le 12 mars i328, v. st., comme une
assemblée d'états généraux.
3. Sur les dates variables des Ordonnances, voir la note b, page 6o5,
tome II du Recueil. — 3 avril 1329, n. st.
4. [Prix], d'après le Recueil^ II, p. 28.
5. lyor manque' dans le Recueil,
6. [Maille], d'après le Recueil,
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riS CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
parisi pour ung parisi, et lez aultrez monnoiez d^argent à l^ave-
nant selon leur droit cours ; et qui feroit le contraire en prenant
ou metant lez dictez monnoiez d^or et d'argent pour plus grant
pris ou aultrement que dist est, la monnoie seroit forfaicte et
acquise au roy.
196. — *Adecertes les monnoies que icil roy de France Philippe
de Valoiz commencha à faire faire en cest an par Remon Seigneur * ,
son maistre monnoier, et lez quellez par le royaulme de France,
au jour de samedi ^ avant la feste mons. saint Denys, en cest an
ensuivant, le roy par son ban fist crier et généralement publier ',
si furent parisis d^or vaillans par pois et par loy et aiant cours du
dit jour de Pasquez en avant pour xx s. de bons petis parisis de la
valeur et de la loy de ceux du temps du saint roy Louys, jadizroy
de France ; item, parisis d^argent vaillans par pois et par loy et
qui airoient cours chacun par xij * des diz bons petiz parisis ;
item, gros tournoys d^argent de la valeur et de la loy de ceux du
temps du dit saint Louys et que eussent cours pour xij bons petiz
tournoiz ; item, bons petis parisis de la valeur et de la loy de ceux
du temps du dit saint Louys ; item, petiz tournoiz de la valeur et
de la loy de ceux du temps du dit saint Louys; item, f)etites
mailles parisis et tournoizes de la valeur et de la loy d*iceux
deniers ; item, petites poitevines^ donc les quatre vauldroient par
poix et par loy ung bon petit tournoiz, et lez cincq ung bon petit
parisi. Et en ce avoit encore esté ordené', pour ce que les mon-
195. ~ I. Il est nommé Raymont Cirault dans notre paragraphe 25 1.
Les divers manuscrits de la Chronique française de G, de Nangis, que pos-
sède la Bibl. nationale, l'appellent Raymon de Bediers, de Bedites, de
Beditis ou de Bedicis. Une ordonnance du 23 octobre i323 (M. de Saulcy,
Documents inédits sur les monnaies, I, p. 204) le nomme Raymon Siran de
X 2^
Bedres. Enfin dans le registre des Archives nationales f" 121 r*,
i5o V* et 1^2 V*, il est appelé Syran et Suyran. Cest ce nom que notre
chroniqueur ou plutôt ses copistes auront traduit ici par Seigneur et plus
loin par Cirault.
2. 7 octobre.
3. Tout ce qui suit reproduit presque littéralement TOrdonnance du
samedi après la Saint-Michel, 3o septembre 1329 {Recueil, II, p. 3y), Tou-
tefois notre chroniqueur a omis les paragraphes 8 et 9 et 1 3 à 29 de cette
ordonnance, plus le paragraphe 7 à partir des mots c Et pour ce que nous
aions quantité d'or, d'argent, de billon, à faire ouvrer. »
4. Recueil : pour xij.
5. Ms. A : Et en ence avoit encore a esté ordené.
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DEUXIÈME PARTIE. 129
noiez dessus dictez à toasjours maiz feussent establez, que le
royaux d^or qui avoient esté &iz lors desrenierement eussent cours,
par defTaulte de monnoye, pour le prix de xij s. chacun des
doubles qui avoient cours, ou pour xij s. dUceux bons * petiz
parisis que l'en feroit ouvrer^, ou pour xv gros tournoys, et que
lez deniers d^or diz à Taignel eussent cours chacun ® pour le prix
de xiiij gros tournoiz et vij petiz tournoiz ; et que toute aultre
monnoie d^or feussent abatuez et mises au buillon *.
196. — Et en ycest an, en la sepmaine de la saint Remy \ à
Chartres la cité de France, Artus ', duc de Bretaigne, la fiUe au
conte' de Savoye Edouart espousa^. Et en la sepmaine de feste
de Toussains ensuivant ', le dit Edouart conte de Savoie mourut.
197. — Et le mardi avant la feste saint Climent * aprez ensui-
vant, Maheult la contesse d'Artoiz, jadiz fille du conte d'Artoiz
Robert qui mourut devant Courtray en Flandrez, mourut * ; et
Pendemain de feste saint Andrieu ' appoistre ensuivant, en l'église
royal Nostre-Dame-de-Maubuisson delez Ponthoise fut enterrée.
Et en icest [an], aprez la mort à la contesse d'Artoiz Maheult,
Jehanne de Bourgon[g]ne, roynne de France et de Navarre, [famé
jadiz le roy Philippe le Grant] qui mourut à Long-champ, le
merquedi * aprez Nouel, de la conté d'Axtoiz au roy de France
6. Le Recueil omet : bons.
7. Recueil : ouvrer. — Ms. A : oultrer.
8. Le Recueil omet : chacun.
9. Recueil : au biilon.
196. — I. Saint Remy, le dimanche x"' octobre. — Le 21 mars iSag,
d'après le P. Anselme et VArt de vérifier les dates.
2. Voir la note 10 du paragraphe 181.
3. Ms. A, ici et plus loin : duc. — Cest une &ute que Ton peut imputer
à Jean Raveneau : Saint-Wandrille était voisin de Maulévrier, qui appar-
tenait depuis i3o4 aux comtes de Savoie, créés ducs en 14 17 seulement.
4. Jean III épousa en troisièmes noces Jeanne, fille unique d'Edouard
comte de Savoie et de Blanche de Bourgogne.
5. Le 4 novembre, suivant VArt de vérifier les dates,
197. — I . Saint Qément^ le jeudi 23 novembre.
2. D'après le P. Anselme, elle serait morte en octobre, le 27 suivant
Lancelot {Mémoires de VAcad. des Inscriptions, X, p. 504). Le Continuateur
de Nangis, II, p. m, dit qu'elle tomba malade vers la Saint-Clément et
mourut dans la huitaine.
3. Saint André, le 3o novembre.
4. 27 décembre. — Le 28, selon le P. Anselme, I, p. 386.
K^. XI 9
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l30 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
Philippe de Valoiz fist hotnmaige ; et d^celle, saufe tous drois,
la mist en saisine. Et tost aprez ce, comme celle roynne Jehanne
S'en alloit en sa conté d^Ârtoiz, comme d^une d'icelles villes en la
ville de Roye en Vermandoiz, le vendredi aprez la feste saint
Thonmas le martir ^, mourut ; et aprez ce apportée à Paris, et le
çamedi aprez la feste de la Conversion saint Pol*, à Paris, en
l'église des Frères Cordeliers fut honnourablement enterrée.
Aprez la mort de la quelle, pour le débat qui, à cause de la dicte
conté^ estoit ou pourroit estre entre lez gendres de la dicte roynne,
c^est assavoir entre le duc de Bourgongne, le dauffin de Vienne,
et le conte de Flandrez, et aussi pour Robert d'Artoiz, pristleroy
de France la dicte conté d'Artoiz en sa main, et la bailla en garde
à ung de ses chevaliers appelle mons. Mille de Masy ^, jusquez à
tant que droit eust departy lez diz hoirs de la dicte roynne.
198. — Et aprez ce, en cest an, à Paris et par le royaulme de
France, fist le roy ordonnances publiques que chacun avaluast ses
desrées, marchandises et ouvragez, et les laboureux de bras leurs
journées, à la value de la forte monnoie qui courroit à la Pasque
ensuivant * ; donc grant paine y eust.
199. — *Et en cest an vraiement, au royaulme d'Engleterre,
mons. Thonmas de Brendechon, seneschal d'Engleterre, conte de
Marchai, et mons. Haynmes son firere, conte de Kent, comme
ennemis à leur char et sanc le roy d'Engleterre, jadiz leur frère,
qui par leur aide avoit esté prins et emprisonné comme vous avez
ouy devant, les quieux, pour savoir que la roynne Ysabel et son
concubin mons. Rogier de Mortemer, chevalier, avoient fait du
dessus dit roy leur frère, et pour en revengier le fait et punir ceux
qui faisoient à punir, plusieurs* barons d'Engleterre avoient à
eux aliés à ce que, dedens ung certain jour, la roynne d^Engle-
terre, le dist mons. Rogier, et le roy d'Engleterre aussi, le quel ilz
tenoient pour bastart et filz du dit mons. Rogier, feussent prins
3. Saint Thomas de Cantorbéry, le 29 décembre. Le vendredi suivant
était le 3 janvier i33o, n. st. D'après Tépitaphe de la reine Jeanne, telle-
qu'elle est rapportée par Corrozet et Du Breul, cette princesse serait morte
le 21 de ce dernier mois.
6. La Conversion de saint Paul, le jeudi 25 janvier i33o, n. st.
7. Mile de Meysi {Recueil des Ordonnances^ II, p. 94).
198. — I. Voir les ordonnances des 6 et 16 avril et 29 novembre i33o
{Recueil, II, p. 49, 3o et 38).
199. — I. Ms. A : avoient plusieurs... avoient.
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DEUXIÈMB PARTIE. l3l
et emprisonnez. La quelle chose en trayson^ par aucuns du conseil
de ceste aliance, ceste chose fut mandée et fait savoir au roy d^En-
gleterre et à la roynne Ysabel, sa mère. Et ce sceu^ tantost le roy
d'Engleterre et la roynne sa mère envoierent quérir à force de gens
le dist mons. Haynmes, qui de ce ne se donnoit garde. Au quel,
quant il fut venu devant eux, ilz demandèrent de ceste aliance et
pour quoy il en estoit. Et lors leur respondi mont de choses, et
entre les aultrez,«i comme Ten disoit, leur raconta tout le fait de
Taliance'. Pour quoy incontinent, si comme Ten dist, par juge-
ment fut pronuncié que le dit mons. Haynmes comme traystre
airoit la teste couppée. Et ceste cruelle sentence rendue, en la sep-
maine de feste de TÂunnciacion Nostre Seigneur^, au moys de
mars, le dist mons. Haynmes en une place, veant tout le peuple^
fut mené *, et comme illec il fût tout loiez par mont grant espace
du jour, et que nully d'Engleterre, prisonnier ne aultre, pour
dons ne pour promesses que Fen leur fist, ne luy voullurent
oncquez la teste trencher, adecertez aprez mont de pleurs et de
gemissemens du peuple qui ceste douleur veoient, ung prisonnier
tout jugié à mort, qui n^estoit pas Aingloiz ^, fut amené avant, et
celuy, par telle condicion que it s^oit délivré de prison, (Dieu !
quel oultrage et douleur!) au dist mons. Haynmes la teste
couppa. Et ce fait, la teste avec le corps furent requeillis et en terre
[benoite] mis, ij ans aprez la mort du roy d^Engleterre, son frère,
viij ans aprez la mort de mons. Thonmas le conte de Lenclastre,
son cousin germain '.
MO. — Et en cest an, au moys de mars \ en Tonneur de Dieu
et de la glorieuse Vierge sa mère, pour lez villains sermens que le
peuple juroit et avoit acoustumé de jurer de Dieu, de sa mere^ et
2. Voir, dans Rymer, II, 3* et 4* parties, p. 40, la relation adressée par
Edouard III au pape, le 24 mars i33o, n. st., du procès et de la condam-
nation du comte de Kent ; elle confirme le récit de notre chroniqueur.
3. L'Annonciation deia Sainte-Vierge, le dimanche 25 mars. — D'après
VArtde vérifier les dates, le jugement serait du 18, et l'exécution du len-
demain, dans la prison même.
4. Jehan de Wavrin, I, p. 77, dit simplement : t ung homme qu'ils
trouvèrent d'aventure, lequel fut par eux constraint de ce faire. 1
5. Voir paragraphes 82 et 166.
800. — I. L'ordonnance fut rendue le 12 mars 1329, v. st. , à Saint-
Christophe-en-Halate {Recueil, II, p. 48). Notre texte en est la reproduction
presque littérale.
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l32 CHRONIQUE PARIStRNNB ANONYME.
des sains et saintes de paradiz, et pour lez laidez parolles que l'en
en disoit, pour lez quelles choses du tout estaindre et que le peuple
en cessast^ Philippe de Valoiz, roy de France, fist et ordonna par
le royaulme de France en ceste magniere : que quiconquez lez diz
sermens et villaines parollez jureroit ou diroit , pour la première
foiz qu^il en seroit souprins et convaincu, fût mis au piUory veant
le peuple, et y demourast de Feure de prime jusquez à Peure de
mydi; et s*il estoit trouvé ou sceu qu'i le rejurast' ou dist la
seconde foiz puis la dicte première punicion, il airoit fendu à ung
fer chault la baulevre de dessus ', c^est assavoir ce qui est entre le
nez et la baulevre dessoulz , si que lez dens dessus apparussent
parmy la fente, en telle magniere que lez parties de la diae bau-
levre ne se peussent joindre ; et se il estoit trouvé ou sceu qu^i le
jurast ou dist la tierce foiz aprez lez dictes deux punicions, la dicte
baulevre dessus luy seroit couppée tout hors à ung raseur ou
coustel ; et se aucune personne ouait jurer et dire lez villains ser-
mens ou parollez, et il ne Paloit tantost denuncier à la justice, il
seroit condempné à amende peccunielle selon sa faculté.
[l^AN m. CCC. XXX.]
801. — *En Fan de grâce ensuivant ^ m. ccc. xxx, le jeudi'
avant la feste de la Penthecouste, deux chevaliers de Languedoc,
[que] devant la majesté royal avoient appelle de trayson, à Gisors,
devant Philippe de Valoiz, roy de France , et grant multitude de
gens nobles du royaulme, vindrent en parc, armez noblement,
pour batailler Pun contre Tautre, et illec, à lances d^acier et espées
bien agties et esmoulues, Pun à Pautre asprement et viguereuse-
ment coururent. Maiz comme ilz feussent au parc, ainssi courans
Pun contre Pautre, convoitans à plus asprement aller ensemble,
par mont de conseulz de parlement et de la paix [foire], de leurs
amys ^ empeschiez et avironnez, du dit champ furent retraix.
202. — Et en cest an, à Paris, les changeurs, hontaiés et difia-
mez du peuple par ung de eux, appelle Guillaume Goudelot, de
Saint-Osmer, le quel, pour faulse monnoie que il achetoit à Fau-
2. « Et s'il est trouvé ou lieu qu*il le jure » {Recueil des Ordonnances),
3. « Les dens dessoub i {Recueil),
801. — I. Pâques i33o, le 8 avril.
2. 24 mai.
3. Ms. A : des leurs amys.
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DEUXIÈME PARTIE. l33
quemont^ et la n^etoit et mesloit avec la bonne. La quelle chose
confessée au prevost de Paris nommé Hugue de Crusy, le dist
Guillaume comme larron, avec ung sien varleit, à Paris, au
commun gibet des larrons, le jeudi' devant la Penthecouste,
furent penduz.
M3. — Et en cest an, au mojs de juing, fut nez Edouart^ le
premier filz du roy d'Engleterre Edouart le jenne, pour le temps
d'Engleterre roy.
804. — Aprez* le quel, le vendredi viij jours ' d^icest moys de
juing, Louys, le tiers filz du roy de France Philippe de Valoiz
[fîit nez. Pour le quel ledit roy de France Philippe de Valoiz',]
avec Charlez son firere le conte d'Alenchon, le conte dé Roussi ^,
l'evesque d^Avrences ', et plusieurs aultrez, si comme Pendist, en
pelerinaige, mont occultement et secrètement, se mirent, et alerent
à Saint-Louys de Marcelle, et à Avignon au pape Jehan.
805. — ^La roynne de France Jehanne, seur au duc de Bour-
gongne, qui de Louys, son filz, en gesine estoit, pour la joye du
808. — 1. Faulquemont à 3Q kil. de Metz, ou Fauquemont (Falkenberg)
prés Maêstricht ? Ou bien encore Fauquembergue (Pas-de-Calais), dont le
seigneur battait monnaie, d'après le ms. 5876 du Fonds Leber, Bibl. mun.
de Rouen ? (Ce beau et curieux ma., copié vers z5oo, renferme, entre
autres documents numismatiques, la liste des seigneurs et prélats c se
disant avoir droit de faire monnoie, » avec le dessin de leurs monnaies;
l'ordonnance de juin i3i3, dont M. de Saulcy n'a donné qu'un très court
extrait; les prix du marc d'or et du marc d'ai^ent (plus complets que dans
-lems. de PouUain); l'ordonnance de i354, dont le sommaire seul a été
reproduit par M. de Saulcy; et enfin une ordonnance (non datée, mais qui
se place entre 1420 et 1436) des généraux maîtres des monnaies, touchant
le bail à ferme des monnaies^ les boîtes, les gardes, essayeurs, tailleurs,
contregardes, maîtres particuliers, monnayeurs et ouvriers, changeurs,
afifineurs, départeurs, orfèvres et merciers.)
2. 24 mai.
808. — I. Edouard, depuis prince de Galles, dit le Prince Noir, né le
16 juin i33o.
804. — I. Ou mieux : Avant.
2. Sic le P. Anselme. — Le 4, d'après le ms. U. 41 de Rouen, f* 119 r*.
3. Les mots entre crochets sont suppléés d'après le récit du Continuateur
de Nangis, II, p. ii5 : « Nascitur filius, cui nomen imponitur Ludovicus.
Propter quem rex Francis ad Sanctum Ludovicum de Marsilia peregrè
profectus est. »
4. Jean V, comte de Rouci, mort en 1346.
i. Jean de Vienne, non encore consacré, bientôt transféré à Thérouanne,
puis à Reims.
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l34 CHRONIQUE PARISIRNNB ANONYME.
quel, par la vouletité de elle et par aucuns de son conseil, contre
lez relevaillez d^icelle roynne, à grans cou^eemens, en Saint-
Oermain-en-Laie * plusieurs • eschaufbux et grant appareil à
)Oustez faire de plusieurs grans prinches du royaulme de France,
pour grant joye illec démener, furent faiz, et de [grans] vivres et
grans garnisons foictes ^.
206. — Et Tendemain * de feste de la Nativité saint Jehan-
Baptiste, en icest an, par Huguez de Besenchon, evesque de
Paris, Peglise de Pospital du Saint-Sepulcre dez pèlerins croisés,
fondée de eux à Paris en la grant rue Saint-Denys, fut dédiée.
207. — Adecertez Nostre Seigneur Jhesucrist en qui tout bien
est, par le sien plaisir Louys TenfiFant de France, nouvellement
nez comme dessus est dist^ le vendredi * jour de feste saint Pierre
et saint Pol appostres au dist moys de juing, en Saint-Genâain-
en-Laye mourut.
208. — Et le dimence ensuivant, premier jour de juillet, une
église de Nostre-Dame *, séant delez Saint-Cloust à deux lieues de
Paris, fondée d'une congregacion de peuple de Paris qui se appel-
aient les pèlerins Nostre-Dame-de-BÎoulongne, par le dist Huguez
de Besenchon, evesque de Paris, fut beneie et dédiée '.
209. — Et le mardy ensuivant iij jours au dit moys de juillet,
à Paris, en l'église dez Cordeliers, le dist enffant Louys fut hon-
nourablement enterré. Par la mort du quel et par le commande-
ment du roy, qui de Marceillez estoit revenu en France, la feste
qui adonc à Saint-Germain-en-Laie debvoit estre, fut du roy def-
fendue, et ycelle feste dépêchée *.
210. — Et aprez, le lundi xvj jours aprez du dit moys de
206. — I. Mb. a : de Saint-Germain-en-Laie.
2. Faits inédits.
206. — I. 25 juin i33o. — Cette dédicace n'est mentionnée par aucune
autre chronique.
207. — I. 29 juin. L'enfant serait mort le quinzième jour après sa
naissance^ selon le Contin. de Nangis.
208. — I. Voir Mémoires de la Société de VHist» de Paris, I, p. 192.
2. Cette dédicace n'est relatée par aucun auteur. Du Breul, p. i265, ne
mentionne qu'une cérémonie semblable faite par Guillaume Cbartier,
éyêque de Paris, le 9 juillet 1469; ce qui laisserait supposer que l'église
primitive avait été démolie ou détruite. ^ Ms. B : l'église c de Bouloigne-
ia-petite. >
209. — I. Voir paragraphes 204^ 20 5 et 207.
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DEUXIÈME PARTIE. l35
juillet, à heure de vesprcz % par lez royaulmez de France et d'En-
gleterre fiit Tesdipse du soleil veue.
Bll. — Et en cest an, ung Cordelier appelle Nicholas\ qui par
rencbantement Louys de Bavière empereur de Romme, jadiz
envaîseur de Teglise de Romme, se portoit pour pappe et souve-
rain evesque, et Tavoit esté par l'espace d'un an, si comme vous
avez ouy cy devant, par aucuns conseulz, la voye^ de vérité luy
apperchevant de son cueur et pour le salut de son ame, par tapi-
naige de Louys de Bavieres et de la grant cité de Romme se
retraist et s^en party, et à Avignon en Prouvence au pappe Jehan
s'en vint, et mercy et absolucion luy demanda. Le quel en plâîn
sermon, devant lez cardinaux et grant foison du clergié, ses
erreurs regehies ^, tantost le pappe benignement luy pardonna et
l'en absolut, et le fit le pappe [....], et luy donna Teveschié de
Lions*.
dl2. — Après ce que * aucunes dez villez de France, par plu-
i210. — I. Éclipse mentionnée par VArt de vérifier les dates comme
ayant eu lieu à trois heures du soir.
Bll. — I. Voir paragraphe 177.
2. Ma. A : de voye.
3. Reconnues.
4. L'antipape fit sa confession publique le 25 août i33o. — Tractatur ut
familiaris, sed custoditur ut hostis, dit une relation contemporaine, impri-
mée par Balttze (Vitœpaparum Avenionensium, p. iSa et 175). Les faveurs
dont il aurait été comblé par Jean XXII ne sont confirmées par aucun
documenti à notre connaissance. Au reste, le siège archiépiscopal de Lyon
était, à ce qu'il semble, vacant en 1 33o (entre le décès de Pierre de Savoie
et l'élection de Guillaume de Sure, GaUia ChristioHa, t. IV, col. i63).
dld. 7- 1. L'existence de joutes solennelles ou combats singuliers entre
bourgeois était demeurée entièrement ignorée jusqu'ici, au moins pour les
plus anciennes provinces de la France ; le paragraphe XVI de notre Pre-
mière partie et les paragraphes 5o, 212 et 223 de la Chronique parisienne
sont la seule trace qui* nous reste de ces exercices semi-guerriers, signes
non équivoques du degré de richesse et d'importance où était parvenue,
au commencement du xiv* siècle, la bourgeoisie, cette avant-garde du
tiers-état. Sauvai, pour ne citer que lui parmi les historiens de Paris, ne
relate aucune fête de ce genre donnée par les habitants, et il paraît croire
que Parc et l'arbalète avaient toujours été les seules armes à leur usage.
Lacume de Sainte-Palaye considère aussi les joutes comme réservées, de
même que les tournois, uniquement à la noblesse. Du Gange lui-même
[Septième dissertation sur Joinville, et aux mots Bohordamentum et Justa)
ne traite des joutes qu'à ce point de vue exclusif, encore bien que les com-
munes, dit-il, apprissent à se servir des armes qu'elles auraient à manier
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l36 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
sieurs folz, eurent appeliez ceux de Paris pour jouster à eux, et
[à] ceux qui y estoient de Paris le pris de leurs festez donnés, et
qui mont de grandez paroUez disoient que ceux de Paris feste
publique n^osoient faire, lez gouverneurs et les menistres^ etceux
en temps de guerre, et cela dans les bouliours, behourds ou behordeis, qu'il
définit des jeux ou combats de paysans et de bourgeois, burgensium, où
ils se rencontraient, armés de bâtons et de gaules, à certains jours, par
exemple les premier et deuxième dimanches de carême. — On s'explique
parfaitement que le récit de véritables joutes entre vilains ait été négligé
par les ménestrels et par les chroniqueurs : la plupart de ces derniers
étaient des laïques aux gages de la noblesse ou étaient des religieux ; or
réglise n'avait que des anathdmes pour ces jeux dangereux et parfois mor-
tels ; quant aux ménestrels et quant à Froissart et aux chroniqueurs
laïques, ils réservaient leur admiration pour les nobles chevaliers qui
savaient payer leurs éloges ; le c borjois borjon i enrichi , son orgueil et
sa lésinerie n'avaient à recueillir que des railleries. Pour célébrer les
hauts faits des bourgeois de Paris, il fallait un enfant de cette ville, fier de
raconter tout ce qui rehaussait la gloire de la c cité de grant renom » (Rap-
procher des expressions qu'il emploie celles de l'Ordonnance de Charles V,
du 9 août iSyi ; Recueil, V, p. 4x8). Notre chroniqueur n'a pas laissé
échapper l'occasion que lui offraient des fêtes dont il avait été témoin ocu*
laire; de là le curieux récit qu'on va lire, récit qui, comme ceux de i3o3
et de i33i, fournit une page d'histoire inattendue, non seulement à Paris,
mais encore à Rouen, à Amiens, à Reims, et à plusieurs autres villes de
l'ouest et du centre de la France, — nous n'ajoutons pas : et de la Flandre.
En effet, le souvenir de ces fêtes de la bourgeoisie s'est toujours conservé
vivace dans cette dernière province, aussi bien dans sa partie française que
dans sa partie aujourd'hui belge. Nous avons sous les yeux un curieux
manuscrit (Bibl. munie, de Rouen, Fonds Leber, n* SgoS) qui traite des
joutes célébrées à Lille et à Bruges du xin* au xv* siècle ; rédigé en 170b
seulement, mais en grande partie à l'aide de documents originaux et d'après
un ouvrage écrit en i5G8 par Jacques Le Bouck, héraut d'armes du roi
d'Espagne , qui l'avait c contrefaict à Valenciennes après un ancien livre
authentique, » ce manuscrit est intitulé Veprecularia ou la Solemnité des
fêtes des nobles rois de PÉpinette de Lille, tenue depuis Pan i283 jusqu^à
Fan 1487. La fête se célébrait le premier dimanche de carême, « jour de
behour -, » les bourgeois de Lille y joutaient c à tous bourgeois venant de
dehors, 1 mais des chevaliers y luttaient également (était-ce exclusivement
entre nobles ?) ; « la plus grande partie du caresme se passoit en joustes et
en divertissements, tant à Lille qu'à Bruges, Valenciennes, Ypres, Tour-
nay et autres lieux. » On ne voit pas, dans ce ms., quel prix était décerné
au vainqueur des joutes de Lille (c'était, dit-on, un collier d'argent aux
armes de la ville, et un épervier d'or à deux lacs de soie verte] ; à Bruges,
aux fêtes de la Foresterie, le premier prix consistait en un c blanc ours. 1
2. Les principaux personnages de l'entourage du roi, et peut-être aussi
le prévôt des marchands et les échevins.
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DEUXIÈME PARTIE. iZj
de Paris, qui mont desiroient à la ville de Paris faire honneur et
essauder en toutez seigneuries par dessus toutez les villes du
royaulme, comme soleil corporé, emprainte et ymaginacion dez
trois fleurs de liz ' au royaulme de France [essaucié] par dessus
tous aultrez royaulmes, et à qui lez paroUez des gens d'estranges
nacions estoient souvent rapportées, Jehan Gencien, Jehan Bar-
beite^ filz jadiz sire Estienne Barbeite, Adam LonceH, prevost
dez marchans, Jehan Billouart, et Martin des Essars, maistre dez
comptez, à eux aliez tous lez bourgoiz de Paris, supplièrent au
roy que, de sa grâce, il voulsist donner congié aux bourgoiz de
Paris de foire jouste contre les bourgoiz du royaulme. Adonc le
roy de France Philippe de Valoiz, considérant la noblesce et la
valeur de Paris, comment lez bourgoiz et tout le peuple de Paris
de leur auctorité le rechurent à seigneur, par la proiere de son
frère le conte d'Alenchon, Louys de Clermont duc de Bourbon,
et Robert d^Artoiz conte de Beaumont, leur octroia leur feste à
foire sans esmouvoir le peuple. Lors lez diz bourgoiz, à l'exemple
jadiz du roy Priant', soulzqui jadiz Troye lagrant fut destruite,
et de ses xxxv filz, ordenerent que ung des bourgoiz de Paris
appelle Renier Le Flamenc* seroit le roy Priant, et xxxv des
jeunes gens enfiSEins de bourgoiz de Paris, donc l'en appelloit Pun,
qui estoit eu lieu de Heaor le filz au roy Priant, Jaque des
Essars ^, Tautre Jehan Bourdon, de Nelle, Jehan Pazdoe, Symon
Pazdoe®, Hue de Dampmartin, Denis Sebillebauch, Pierres Le
3. Selon le P. Anselme, I, p. 88, il n'y avait guère que quarante<inq
ans que le sceau royal ne portait plus les- fleurs de lys sans nombre. — Ne
pourrait-on pas conclure de notre texte que déjà, en i33o, les armoiries
de la ville de Paris portaient les trois fleurs de lys, bien que le plus
ancien sceau parisien où on les rencontre ne date que de i358 (V. Les
Armoiries de la ville de Paris, Imprimerie nationale, 1874, p. 35 et sui-
vantes) ?
4. Son nom manque dans la liste donnée par M. Leroux de Lincy
{Hist. de Phôtel de ville de Paris, 2» partie, p. 2o3).
5. Le roi Priam. — V. Froissart, édit. Buchon, III, p. 7.
6. Peut-être le même que celui du paragraphe XVI de notre Première
partie.
7. Le même sans doute que celui qui donna, en i326, six livres pour
une statue d'apôtre, à la Confrérie des Pèlerins de Saint-Jacques (Mém. de
la Soc, de THist. de Paris, II, p. 35 1).
8. Lire : Pizdoê. Ce Jehan est probablement le môme que celui qui fut
condamné depuis à payer 800 florins d'amende comme complice d'Etienne
Marcel (M. S. Luce, BibL de VÉcole des chartes, iSbj, p. 417).
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l38 CHRONIQUE t»ARtSIENNB ANONYME.
Flamenc, Guillaume Gencien, Pierres de Pacy, Robert Miete,
Jehan de la Fontaine, Robert La Pye, Jehan Maupas *, et plu-
sieurs aultrez filz de bourgoiz de Paris. Et ce fait, le dessus dist
roy Priant, pour Tamour et honneur dez damez de Paris, manda
par ses lettres à touz ceux des bonnes villes du royaulmecy aprez
nommées, qui pour Tamour dez dames joustez et fait d'armes
hantoient, que, en Fonneur de Pallaz, jadiz amoureuse dame en
Troye *®, noble cité, et de la nobleté d'amours soustenîr, comme
à feste ronde ** que Artus, le roy de Bretaigne, soulloit maintenir,
feussent à Paris, chacun pour troiz foiz à courir à lances briser
contre nostre roy Priant et ses filz, le lundi [et] le mardi ensui-
vant *^ aprez la feste Nostre Dame en aust lors prouchain venant,
qui furent en cest [an] de Nostre Seigneur m. ccc. xxx. Et pour ce
lez devans nommez bourgoiz de Paris, lez diz jours, delez Paris
en ung champ *^ qui est entre Teglise Saint-Martin-des-Champs
et l'ostel du Temple jadiz le manoir des Templie[r]s, par devant
toutez lez noblez dames et bourgoises de Paris mont très noble-
ment et richement appareliés et la gregneur partie de ellez cou-
ronnées^^, qui sur grans eschauffaux et aultrez grant multitude de
riche peuple de Paris sur aultrez eschauffaux, en iceluy champ faiz
et sur maisons prouchaines dUllec sur aultrez eschauffaux estoient,
ledit roy Priant et ses filz vindrent noblement en champ, et contre
tous les sourvenans asprement coururent et jousterent, c'est assa-
voir contre les bourgoiz de la ville d* Amiens, de la ville de Saint-
Quentin en Vermandoiz, de Rains, de Compiengne, et de
Verdeloy ** en Berry, de Miaux, de Mante, de Corbeul, de Pon-
thoise, de Rouen en Normendie, de Saint-Pourcein ^*, contre
9. Tous les noms que cite notre chroniqueur, moins Sebillebauch (peut*
être défiguré), sont des noms bien connus de familles appartenant à la
bourgeoisie parisienne.
10. Notre chroniqueur ou ses contemporains ont prêté là un rôle étrange
à la sage Minerve; est-ce un souvenir du jugement de Paris?
11. On connaît les célèbres romans de la Table Ronde.
12. 20 et 21 août i33o.
i3. c La cousture (culture) Saint -Martin > (paragraphe 270).
14. Les ordonnances avaient pourtant défendu aux bourgeois et bour-
geoises, notamment en 1294, de porter « or, ne pierres précieuses, ne cou*
ronnes d'or ne d'argent » [Recueil des Ordonnances, l, p. 539).
i5. Reims. — Compiègne, — Valençay (Indre) ?
16. Meaux, Mantes, Corbeil, Pontoise, Saint-Pou rçain (Allier). Le vin de
Saint-Pourçain était un de ceux dont les Parisiens faisaient la plus grande
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DEUXIÀMB PAKTIB. iBg
ung boiirgoi:i de Valenciennes et contre ses ij filz, et contre ung
bourgoiz de la ville dTppre. Et comme au dist champ *'' les diz
sourvenans dez dictez villes noblement entrassent, et à courir à
plaine lance contre ceux de Paris se adrechassent, comme ceux qui
cuidoient lez enffans de Paris trouver non saichans du fait de
jouste, et entre lez aultrez bourgoiz ung bourgoiz de Compiengne
que Fen appelloit Cordelier Poillet^®, vestu illec en habit de Cor-
delier, qui de ceux de Paris se moquoit, et portoit en sa main
ung rainceau d^une verge et en feroit de foiz en aultre ung de ses
compaignons, demonstrant que il chastiroit lez enffans de Paris
que il appelloit « pastez ^* » ; toutefoiz nulle lance ne brisa, et du
plus heingre *^ de ceux de Paris fut geté de son cheval à terre,
son oultrecuidance abessant, et inglorieux du dit champ s'en alla.
Et comme au dist champ, par lez diz jours, ceux de Paris noble-
ment courans et brisant lances contre tous venans, du dist champ,
à la haultesse et franchise d'amours, en emportèrent victoire. Et
Tendemain, qui fut jour du merquedi aprez la dicte feste Nostre
Dame d^aoust, les diz bourgoiz des dictes bonnes villes, avec lez
bourgoiz et les noblez dames et bourgoises de Paris, en Tostel
jadiz du Temple le manoir dez Templiers, dessoulz pavillons à
ce apparellez, à trompes, timbres, tabours et nacaires, grant
joie ** illec démenant, en la présence de mons. Robert d'Artoiz
conte de Beaumont, [de] mons. Guy Chevrier ^', et des seigneurs
consommation, et cette localité avait alors une importance telle que la
royauté y avait établi un hôtel des monnaies.
17. Ms. A : du dist champ.
18. V. paragraphe 2^3 « Cordelier Poullet. » Un Jean Poulet était maire
de Compiégne en iSiy [Olim^ HI, p. 1262).
19. Ce sobriquet n'avait pas été, sans doute, inventé par lui ; quoi qu'il
en soit, il lui survécut : en 141 8 c Mgr le Dauphin » (depuis Charles VII)
c alla en Touraine et passa par auprès une place nommée Azay : ceux qui
estoyeat dedans estoyent Bourguignons... qui commencèrent à crier :
i C'est le demeurant des petits pcutes^ de Paris / 1 — Le château fut pris
d'assaut par le Dauphin, le capitaine eut la tête tranchée, et deux ou trois
cents hommes de la garnison furent pendus (Jouvenel des Ursins, dans
Denis Godefroy, Histoire de Charles VI, p. 355).
20. Le plus faible. L'adresse était encore plus nécessaire que la force
dans ces exercices (Lacurne de Sainte^Palaye, Mémoires, I, p. 199).
21. Ms. A : à grant joye.
22. Depuis maître des Comptes, qualifié chevalier en i334 {Actes nor"
mands de la Chambre des comptes^ publiés par M. L. Delisle, p. 94), mort
en i338.
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140 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
et maistres de la court, en la présence du prevostde Paris Huguez
de Crusi, le chevalier du gueit de Paris, et la gregneur partie des
sergens de Paris à pié et à cheval, tous vestus.d^un drap'*,
disnerent. Et quant de ceste grande feste quant à ceux de. dehors
Paris attendans, comme dessus est dist, à ung bourgoiz de Com-
piengne qui estoit appelle Simon de Saint-Osmer, qui en joustant
eust une de ses jambes brisées, le prix donnèrent ; et en Postel où
le dist Simon estoit herbegié, en la grant rue de Paris, jouxte lé
nouvel hospital de Saint-Jasque, en la maison que Ten dist d^ar-
doise''*, à grant compagnie de noblez bourgoiz de Paris, par une
pucelle de Paris, jadiz- fille d'un drappier et bourgoiz de Paris
jadiz appelle Jehan de Chevreuse '' , la quelle chevauchoit ung
cheval blanc, ceinte d^une riche cheinture à la quelle pendoit une
noble aumosniere, et tenoit la diae pucelle sur sa main ung
esmerillon '^, le dist cheval, ceinture, aumosniere et esmerillon,
à grant joye et à la louenge de Paris, comme à celuy de dehors
dez attendans qui mieux c'estoit à la feste porté si comme Ten
disoit, lez dis joyaux la diae pucelle présenta et donna. Et au
dessus dist Jaquez des Essars, quant pour ceux de Paris qui mieux
s^estoit porté à ceste feste si comme Peu disoit, lez diz bourgoiz de
Paris le prix donnèrent. Et ainssi ceste feste dez bourgoiz de
Paris iaiae au très grant honneur de Paris, tant de ceux de Paris
comme [de] ceux de dehors, chacun en son lieu paisiblement se
retraist, xxv ans ^ aprez lez joustez que Renier Le Flamenc et
Pierre, son frère, et lez aultrez bourgoiz de Paris firent à Paris,
en la place de Grève '®.
23. Sic dans Froissart, édition Buchon, III, p. 8. -» Voir aussi le Reli-
gieux de Saint-Denis, I, p. 612.
24. La maison d'ardoise était située rue Saint-Denis et bornait l'hôpital
Saint-Jacques des Pèlerins. Après avoir appartenu à la comtesse de Dreux,
elle devint la propriété d'Hervé de Léon, chevalier, seigneur de Noyon-sur-
Andelle (aujourd'hui Charleval) ; vendue en 1344, son prix servit à payer la
rançon d'Hervé en Angleterre (Afém, de la Soc. de l'Hist, de Paris, II,
p. 338).
25. Voir O/im, III, p. 1171.
26. L'émérillon volait la perdrix et la caille. C'est là une indication des
chasses alors permises aux bourgeois c vivans de leurs possessions et
rentes. »
27. Voir paragraphe XVI, Première partie.
28. Voici comment le ms. B résume tout ce long et si intéressant para-
graphe : c En l'an m. gcc. xxx, après la feste Nostre-Dame dicte la my-aoust.
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DBUXIÈMB PARTIS. I4X
513. — Et en cest an, Pendemain * de la feste de la Decolacion
saint Jehan-Baptbte, en Brie, au nouvel hostel de Bec-Oisel ), de
Philippe de Valoiz roy de France, et par sentence donnée, le duc
de Bourgongne fut establi conte d'Artoiz ', et^ en la présence de
plusieurs grans maistres du royaulme de France, le dit duc de la
conté d^Artoiz au roy de France fist hommaige.
*Çy parle (TEngleterre.
514. — ^ Vous avez ouy cy devant comme le roy d'Engleterre
Edouart fut emprisonné à l'aide de T)ionmas de Bredenchon et
mons. Haynmes, ses fireres, par la roynne Ysabel d'Engleterre et
Rogier de Mortemer, et de puis ce par venin ^ tuez, et comment
le dit mons. Haynmes, par la dicte roynne, fût mis à mort. Or
Alt ainssi que Dieu qui tous les maux revange et donne à chacun
sa déserte, le jenne roy d^Engleterre Edouart, que mons. Rogier
de Mortemer et la roynne Ysabel, sa concubine, gouvernoient par
une somme d'argent * que ilz luy lairoient sur son royaulme, et
le remenant dez rentez du royaulme avoient la dicte roynne et
Rogier de Mortemer, son amy, qui nouvellement conte de
La Marche' estoit appelle, mons. Thonmas de Bredenchon, oncle
du roy, qui encaché estoit à prendre de par la dicte roy ne et Rogier
de Mortemer, son amy, lez barons d'Engleterre à luy allez, donc
aucuns en France s'en estoient venus, à ce que la mort du roy et
de mons. Haynmez , son firere^ fût revengée, et que le jenne roy
les bourgoU firent jouxtes contre tous venans des yilles et cités du royaume
de France, et emportèrent victoire. Toutevoiez ilz donnèrent le pris des
dictes jouxtes^ au regart de ceulx de dehors, à j bourgois de Compeigne
appelle Simon de Saint-Omer, qui en joustant avoit une des jambes
brisées, auquel pour led. pris furent présentés par une pucelle, fille de
Jehan de Chevreuse, drapier et bourgois, ung cheval blanc, une sainture,
une bourse ausmonniére, et j esmenllon ; et au regart de ceulx de Paris,
le pris fut donné à Jaques de Essars. »
213. — I. 3o août i33o.
2. Becoiseau, prés de Mortcerf (Seine-et*Marne).
3. Le P. Anselme, I, p. 386, mentionne les lettres du roi, dont le
registre U 787 des Arch. nat renferme une copie, f» iSg v*.
814. — I. Notre chroniqueur n'avait pas précisé (paragraphe 166) le
genre de mort infligé à Edouard II. Voir, dans Jehan de Wavrin, I, p. 58,
quel ignoble supplice subit ce prince d'après une autre version.
a. Conf. Jehan de Wavrin, I, p. 62.
3. Voir Rymer, U, 3* et 4» parties, p. 5i et Sg.
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142 CHRONIQUE PARISnnmB ANONY^.
fût du tout seigneur de «on royaulme d'Engleterre^ par aucuns
messaigez secreitement enyoiez devers le roy : que luy de leur
accord fust, et que c^estoit contre Pâme et le corps de luy et contre
son honneur royal que il ne iaisoit vengence et justice dez mau-
vaiz qui le roy son père et son oncle avoient mis à mort. Le roy,
ce entendu, son cueur à eux se adjoingnist, en demonstrant plu-
sieurs foiz à la roynne, sa mère, que le dit Rogier estoit traystre
du royaulme, et qu'il avoit mal fait de mons. Haynmes son oncle
faire tuer, et quMl vouloit avoir la seigneurie de son royaulme et
savoir qu'il estoit de son père et que l'en en avoit fait.
215. — *Quant la roynne [vist] ce que le roy son filz se traioit
à lamour et à la voulenté et accord de ses barons, si'eust paour
que, se lez barons venoient à leur entente, que elle ne pourroit
pas mener la vie que elle menoit ; si s'apensa que, se elle povait
prendre et emprisonner le roy son filz, elle feroit plus de sa
voulenté que devant ; et ordonna, elle et son amy Rogier, que,
dedens la feste de Toussains lors prouchain en icest an, le jenne
roy son filz seroit prins. Maiz, par la voulenté de Dieu, ceste
promocion et ordonnance ne fut pas si secreitement faicte que
tantost ne fût rescripte et signifiée au roy ; le quel incontinent,
par le conseil de ses barons, à ce que le deable sa mère ne son
concubin Rogier de Mortemer ne régnassent plus, et que acom-
plissement de justice fust &icte des mauvaiz, en la sepmaine
devant la dicte feste de Toussains % le jenne roy d^Engleterre
Edouart en sa personne, avec aucuns de ses sergens armez de
leurs armes, la roynne Ysabel sa mère, qui en ung privé lieu *
estoit avec le dist mons. Rogier son amy, prist et saisi, et dessoulz
estroite garde lez commanda à emprisonner. Lez quieux empri-
sonnez, la roynne d^une part et le dist mons. Rogier d'aultre,
confessèrent comment le roy d^Engleterre avoit esté mort par eux,
et mons. Haynmes son frere ; pour lez quieux meurdres, en cest
an, en la sepmaine de la feste saint Andrieu appostre', le dist
Rogier, par les commissaires du roy d'Engleterre députez sur le
fait, son corps fut taillié en quatre parties, et sa teste couppée, et
315. — I. Le 20 octobre i33o, d'après Lingard (V. Rymer, II, 3* et
4* parties, p. 5i, à cette date).
2. Au château de Nottingham.
3. Saint André, le vendredi 3o novembre. Suivant VÂrt de véri/Ur les
dates, Mortimer fut pendu le 29,
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DEUXIÈME PARTIE. 148
puis traynnez et pendu, avec j chevalier qui estoit appelle mons.
Pierres de Maulay et grant foison d'aultrez, et la roynne Ysabel,
enclose à chetivoison, par la prière faicte, devers le roy son ûlz,
de Jehan d^Engleterre ^ et de ses deux seurs', ses enffans, et du
roy de France, fut soulz estroicte garde mise et détenue emprison ^.
Et saches que, par la voulenté Jhesucrist qui tous maulx revenge,
que qui demeure, ceste punicion fut faiae de ses mauvaiz iij ans
aprez la mort du roy d'Engleterre Edouart lors desrainement
mort, ix ans aprez la mort de Thonmas jadiz conte de Lenclastre,
au royaulme d^Engleterre.
S16. — ^Et après ce, en yce mesmes an% au royaulme de
France, pour lez excessives et importables usures que les lombars
fiaisoient en dévorant ^ le peuple, furent lez diz usuriers prins et
emprisonnés par le royaulme de France; les quieux, aprez
Tespace de trois sepmainezou illec environ, furent délivrés parmy
une grant somme de peccune que ilz baillèrent au roy. Aprez la
quelle chose, le roy ordonna que tous ceux qui estoient obligez
envers eux, par lettres ou aultrement, eussent leurs gaiges et
leurs lettres, par paiant le pur sort^, et, là où la personne seroit
digne de foy, que il fût creu par son serment de la principal debte
en quoy il estoit tenu à l'usurier ; et avec ce, que, à tout homme
qui seroit obligé aux diz lonbars usuriers^ de tout le dit royaulme,
sur lettres, gaiges ou aultrez choses, il fût rabatu, de la debte en
quoy il estoit obligé, la quarte partie, et par paiant lèz troiz pars
de la debte fût quite ; et fut ce crié à certain jour, k Paris et en la
visconté, et par toutez lez seneschauchies et ballies du dit
royaulme de France. Et aussi à tous lez obligez qui vendroient *
paier aprez lecry fait, le seneschal^ baillif et aultrez justiciers leur
feroient rendre leurs gaiges ou obligacions, par paiant, sans plus,
4. Jean de Eltham, comte de Cornouailles, mort en i336.
5. Jeanne, mariée à David Bruce roi d'Ecosse, et Éléonore, femme de
Renaud duc de Gueldres.
6. Sic, — Au château de Rising, où elle mourut en iSbj,
216. — I. Voir le Recueil des OrdomuMces, II, p. 5g. Notre chroniqueur
reproduit presque textuellement l'ordonnance du 12 janvier i33o, v. st.,
ainsi que son préambule où est mentionnée une ordonnance antérieure,
sans indication de sa date.
a. Le Recueil porte : c le peuple qui est ainsi dévoie, b
3. Le principal de la dette.
4. Voudraient ? ou viendraient ?
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144 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
la tierce partie du debte en quoy il airoit usure ; car de la debte
qui seroit preste sans usure il ne fût riens rabatu. Et pour ce, que
chacun qui vouldroit paier en la magniere dessus devisée, aprez
le cri fait, seroit quitez, et recouvreroit ses obligacions de lettres
ou de gaiges. Et ceux qui ne pourroient paier si tost sans fairt
grant meschef, le roy de France ordonna, et de sa grâce especial,
que nul debteur ne fût contraint, à la requeste des diz usuriers
ou aultrement, à paier la dicte debte, rabatu le quart, jusquez à
tant que iiij moys feussent passez dez le jour que le cry seroit
fait. Et se ainssi estoit que aucuns debteurs ne se tenissent pour
contensde ceste ordonnance, et quUl aimeroient mieux poursuiyir
Tusurier par voye d^action pour recouvrer leurs obligacions en
paiant le pur sort, le roy voulloit que, non obstant l'ordonnance
dessus dicte de quoy ilz ne se pourroient point aidier en ce cas,
qu*i le peussent poursuivre devant ces juges ordinaires ; et aussi
que le dit créancier se peust deffendre selon raison, en la magniere
qui est devant escript, et ainssi qu'il fut ËEiit devant lez commis-
saires par la première ordonnance', c'est assavoir que, là oti il
airoit opposicion et débat entre le créancier et debteur, [et oîi le
debteur] ne pourroit prouver sentence par plusieurs tesmoings^ il
seroit creu ^ par son serment avec ung tesmoing digne de foy , et
se il ne povait avoir tesmoing, il fût creu par son serment avec
une bonne presumpcion, considéré la qualité de la personne ^ et
la quantité de la debte ; et fût finée et déterminée celle opposicion,
et sans figure de jugement ^, dedens ij moys aprez la publicacion
de la dicte ordonnance ; et aussi se le créancier voulloit aucune
chose prouver contre le debteur, il fût recheu à prouver par tant
de tesmoingz et par telz * comme droit veult. Et n'estoit pas l'en-
tente du roy que en ceste ordonnance feussent comprins lez priz
fais de marchans à aultrez marchans par le royaulme.
217. — Et en cest an, fut l'yver mouete et souef et pluvieux,
et furent grans eaues^
5. Celle à laquelle fait allusion le préambule.
6. ic Ne pourront prouver s'enteniion le débiteur sera creu » (Recueil),
7. Ms. A : la quantité de la personne. — Recueil : c la qualité. »
8. « Et sera finie et déterminée telle opposition, qui sera faite sans
signe de jugement » {Recueil),
9. Recueil : c et par eux. »
217. — X. G)nf. G)ntin. de Nangis, II, p. iig.
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DEUXTÈltE PARTIE. 145
218. — Et en cest an, le viij« jour du moys de frevrierS à la
promocion dez tavernîers de Paris, par une grande somme d*ar-
gent si comme Ten dist, le roy rappella et souzpendi, tant comme
il luy plairoit, lez ordonnancez par luy faictes des vivres et des
avaluemens dez journées des laboureux, c^est assavoir que chacun,
dés lors en avant, peust à la forte monnoie qui en cest temps
couroit vendre sa marchandise tant comme il pourroit, et les
laboureurs eux alouer et prendre si grandes journeez comme ilz
pourroient.
219. — *Et comme, en cest temps, sur le contens pendant entre
le roy de France et le roy d^Engleterre pour cause de la RioUe et
dez aultrez villes de Gascongne détenues en la main du roy de
France, la paix eust esté faiae, le chastel de Saintes- du roy
d'Engleterre, estans dedens plusieurs maufaicteurs qui la ville de
Saintez avoient arse et le pays gasté et qui le dit chastel tenoient,
eus illec par long temps avoient esté assiégés, et qui n^avoient
maiz point de vitaille par famine, Charlez le conte d'Alençon,
frère du roy de France, en enfraignant la diae paix, le dist conte
le dist chastel fist abatre et geter par terre; et lez gens qui dedens
estoient paisiblement s^en alerent *.
[l'an m. CGC. XXXI.]
220. — *L^an de grâce m. ccc. xxxj, en la sepmaine d^aprez
Pasquez*, à Saint-Cristofle-en-Abace*, par l'espace de viij jours,
furent en grant conseil et en parlement ensemble le roy de France
et d'Engleterre •.
221. — Aprez en cest an, mons. Robert d^Artoiz, qui de toute
sa terre, si comme Pen dist^ s'estoit dessaisi en la main du roy de
France et le tilz d'iceluy Robert [voulu faire] saisir \ fut débouté
218. — I. Le Recueil de Laurière ne renferme pas cette ordonnance,
mais seulement celles dont elle suspendait temporairement l'exécution
(Voy. note du paragraphe 198).
219. — I. Voir Contin. de Nangis, II, p. 12a.
220. — I. Pâques i33i, le 3i mars.
3. Ms. A : de Saint-Cristofle-en-Abace (en-Halate).
3. Edouard lU partit de Douvres le jeudi 4 avril ; il était de retour le
20 ; raccord des deux rois est du i3 (Rymer, II, 3« et 4* parties, p. 62, 63
et 65). Philippe de Valois promit de payer 3o,ooo livres pour indemnité
de la destruction du château de Saintes.
221. — I. Faits racontés par notre chroniqueur seul. — « Le filz, b
sans doute son fils atné, Louis de Beaumont (Voy. paragraphe 256).
uàK. XI 10
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146 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
de la ûonté d^Artoiz que il poursuivoit à avoir contre le duc de
Bourgongne, qui conte en estoit pour cause de la duchesse sa
famé; et lez lettres que le dit Robert s'en disoit avoir avec lez
seaux furent approuvéez pour faulsez ' ; pour quoy la damoiselle
de Noion ', par qui les lettres avoient esté fsiictez, et plusieurs
aultrez, par le cornmandement du roy, soulz estroite garde furent
serreement emprisonnez. ,
dm. *^ En cest an, fut Pesté si très «ec et fist si grant seiche-
resse que à bien prez que les biens qui estoient sur terre et en
rachine ne furent perduz, et en aloient lez gens de lieu en lieu en
processions parlez églises; car vraiement, de mikaresme * jusquez
à la première sepmaine du moys de juing, oncquez ne plut. Et
furent les fruifr hastiz^ car vendenges furent en cest an au moys
d^aoust *.
223. — Aprez en ycest an % le mardi avant la Nostre-Dame en
aoust, et le merquedi ensuivant ^ vigille de la dicte feste^ furent
fais eschaufiaux à Paris, en ung champ qui estoit entre la maison
au conte de Flandrez et Tostel des Aveuglez de Paris ', de troiz
filz de bourgoiz de Paris contre tous venans aultrez bourgoiz,
donc Tun estoit nommé Enguerran du Petit-<k>lier ^ , l'autre
a. L'arrêt est du 23 mars i33o, v. st. — Voir, sur toute cette afiaire,
Lancdot dans les Mémoires de F Académie des Inscriptions, VIII et X, le
registre U 787 des Archives nationales, et le Ms. 273 1 du Fonds Leber,
Bibl. municipale de Rouen. Ce registre et ce ms. renferment la copie des
pièces du procès de Robert d'Artois.
3. Jeanne de Divion, fille d'un seigneur de la châtellenié de Béthune,
mariée à Pierre de Broyés. — Le ms. A lui donne son véritable nom dans
le paragraphe £63.
222. — 1.7 mars.
2. Voir le Contin. de Nangis, II, p. X23.
228. ^ I. Faits inédits. — On remarquera combien fut peu durable
l*àccord de la haute noblesse et de la bourgeoisie, qui avait signalé les
joutes de i33o. Celles de i33i sont loin d'être aussi solennelles, d'ailleurs ;
et le chroniqueur lui-même paraît avoir beaucoup rabattu de son enthou-
siasme.
2. Les i3 et 14 août x33x.
3. L'hôtel du comte de Flandre était situé sur l'emplacement des rues
qui ont porté depuis les noms de rues Coquillière et Coq-Héron. Lhôpital
des Aveugles ou Qui nze> Vingts Tétait en face du Palais-Royal actuel, dans
la rue Saint-Honoré.
4. Enguerran du Petit-Cellier. Il fut trésorier dé France en 1348. Un
document de la même année (M. de Saulcy, Histoire des monnaies, l,
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ftEUXIÈME PAUTTE. T47
GuîUot Rai, «t l'aoltre Asselin de Monmartre ' ; et se appelloîent
lez Desconfbrt^ d^amours. Et pour ce lez bourgoiz de Senlis \
donc l^ua e^toit appelle Cordelier PoulleC, ceux d'Estampez et de
Rouen, y vindrent. De la quelle feste ung bourgoiz de Senlis
eust le prix. Et à ceste feste, le dit Enguerran parmy la ville de
Paris chevauchant lez diz jours, à grant compagnie dez bourgoiz
de Paris et de ses ij seurs, Tune d^uoe part' et Tautre d'autre,
couronnées richement, au dit champ entra. Et comme la feste
des joustez illcc estant aucuns eschauffaux, par lez basioas que
lez de pié^ en estèrent, à terre chairent, et iiij bommez tuèrent.
824. •*- Et en cest an, le viconte de Baieux appdlé Pierres
Marie, riche de xij* Ib. et plus, si comme Ten dist, par lez inqui-
siteurs lors estans en Normendie fut pendue
226. — Et Mâche de Mâche ^ , lombart^ riche de xl» fleurins
d^or tousjours avoit esté, si comme il le dist oyant le peuple, pour
la monnoie du trésor du roy, oix il avoit fait larrecin si comme
l'en dist, et en cest an, Tendemain ^ de la feste saint Berthelemieu
appostre, à Paris, au gibet, en hault par dessuz lez larrons « fut
pendu.
226. -^ Aprez, la damoiselle de Novion^ pour le foit [des
lettres] qu'elle avoit contreSsiictez de la conté d^Artoiz, le dimence
vj jours au aïoys d'octobre^, au Chastdet de Paris fut amenée, et
p. 261) le qualifie de sire (ancien écheTÎn V)- L^s états généraux de i356
demandèrent son arrestation, en même temps que celle d'autres officiers
rojraux.
5. Un Chigalin Rat et un Jehan de Montmartre figurent, en 1 338, parmi
les confrères de l'Hôpital Saint-Jacques [Mém. de la Soc, de VHist. de
Paris, I, p. 212).
6. Ma. A : lez bourgoiz de Parie, — Nous ayons substitué à ce dernier
mot, qui a'ofirirait là aucun sens, celui de Senlis, le vainqueur étant un
habitant de cette seconde ville. Peut-être faudrait-il même ajouter c et de
Compiengne, » Cordelier Poullet paraissant être le même que le CordeMer
Poillet du paragraphe 212.
7. Les gens qui n'avaient pas trouvé place sur les échafauds. — On
pourrait lire : lez de joie.
824. — I. Fait inédit.
225. — I. On trouve un Macho de Mathes, clerc, en i32g (Ordon*
nonces f If, p. 29), et un Mathe dit de Mathe en i3i8 (O/m, Ul, p. 1210).
2. a 5 aoAt.
M6. — I. De Oivion.
2. Voir le document cité par le P. Anselme, III, p. 22, et les registre et
ms. précités.
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148 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
à Jehan de Millon ^ , pour le temps prevost de Paris livrée ; et
d'illec, en une chareite, au convoi de Jehan le duc de Bretaigne,
Louys le conte de Flandrez, mons. Jehan de Haynnault, Jehan *
conte de Eu et connestable de France^ le mareschal Bertran
Robert, et celuy de Trye*, et grant partie du peuple de Paris
armés à cheval et à pié, du commandement du roy fut la dicte
damoiselle menée en la place aux Pourceaux, et illec^ presens les
diz seigneurs et le peuple de Paris, fut arse, et sa char et ses os
ramenez en pouldre.
287. — Et en cest an, à la saint Remy V à Londrez en Angle-
terre, au marché d'icelle ville, de contez et barons d^Engleterre
furent faictes grandez joustez, et grant joye illec démenée.
[l'an m. CGC. XXXII.]
228. — *L'an de grâce * m. ccc. xxxij , comme mons. Robert
d'Artoiz, jadiz conte de Beaumont, pour lez faiz à luy imposez
de par Philippe de Valoiz roy de France, c'est assavoir de faulses
lettres et faux seaux que il avoit [fait] faire [faisant mencion ' du
mariage Philippe d'Artoiz jadiz son père et de ma dame Blanche
de Bretaigne sa mère), et de Tempoisonnement de la roynne
Jehanne de Bourgongne, sa cousine ', et aussi de Penvenimement
que il avoit pourcaché à faire pour le roy et sa &me Jehanne ^,
sur ces choses pour soy expurger de ce, à Paris, par devers le roy
en la court de France , sollempnellement et par plusieurs foiz et
journée à ce appeliez et selon droit escript, des quelles journées le
3. Il était prévôt de Paris dès le 7 décembre i33o, et fut depuis tréso-
rier. Dans une ordonnance de 1341, on mentionne sa présence; il fut
institué maître-lai à la Chambre des comptes en 1346 {Ordonnances, II,
p. i3, i65 et 25 X, et Actes normands de la Chambre des comptes, p. 94).
4. Lire encore ici : Raoul.
5t, Mathieu de Trie, seigneur d'Araines, mort en 1344.
287. — I. Le I*' octobre. — Froissart, I, p. 3ty, ne parle que de tour-
nois célébrés vers la Purification i33i, v. st.
328. — I. Pâques i332, le 19 avril.
2. Robert d'Artois prétendait que Robert U, son aïeul, avait fait donation
du comté à Philippe, son père, dans le contrat de mariage de celui-ci avec
Blanche de Bretagne.
3. La mort si prompte de Mahaut d'Artois et de sa fille avait donné
lieu à des soupçons d'empoisonnement {Mémoires de PAcad, des Inscrip-
tions, X, p. 604).
4. Voir paragraphe 254.
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DEUXIÈME PARTIE. I49
dît mons. Robert fut deffaillant, ne ne vint ny envola, et fut du
tout deffaillant ^, par lez quarrefburs de la ville de Paris, du com-
mandement du roy et par le jugement de sa court, contre Taccort
et vouknté d'aucuns dez barons de France *, le mardy xiz jour
au moys de may, et le samedi ensuivant xxiij jour en yceluy
moys, à trompes, en audience ^, par cry fait par devant le peuple,
à tousjours maiz du royaulme de France fut banniz sur la
hart«.
229. — Aprez ce en cest an, pour la guerre qui estoit entre le
roy de Behangne Jehan et le duc de Breban*, à Royaumont
delez Compiengne ^ , Philippe le roy de France, présent l'arche-
vesque de Trêves, le conte de Haynnault, mons. Jehan son
frère, illec lez appaisa et à acort lez mist ; et le jour de lundi '
avant la feste de saint Jehan- Baptiste, à eux et à bien xviij^ che-
valiers banerès et aultrez dez parties d*Alemaigne, avec ceux de
France grant joie demenans, aprez le noble disner que le roy de
France leur fist, de grans chevaux^, d'armez, et de couppez'
et d^aultre vaissellement d'or et dVgent le dit roy leur donna.
3. Quatre défiauts furent prononcés contre Robert d'Artois les 29 sep-
tembre et 14 décembre i33i, 17 février et 19 mars i332, n. st. Cette
dernière date est celle de l'arrêt de bannissement.
6. Le Continuateur de Nangis, II, p. 129, nomme le roi de Bohême et
Jean de France.
7. Les Grandes Chroniques, col. i3o7, datent la publication de l'arrêt du
3o mai : c Si commanda [le roy] qu'il hi bani â trompes par tous les prin-
cipaux quarrefours de Paris. Et avec ce avoit certaines personnes qui
crioient en audience toutes les causes pour lesquielles ledit messire Robert
estoit bani. » — En audience, « à la table de marbre du palais le roy à
Paris. » (Ms. 2731 Leber.)
8. « En l'an m. coc. xxxij, mess. Robert d'Artois, jadis conte de Beau-
mont en Normendie, pour plusieurs cas fut bani du royaume de France. »
Voilà tout ce que renferme le ms. B sur le procès de Robert et de ses
complices.
8M. — I. Jean III dit le Triomphant, duc de Brabant, mort en i355.
2. Rojraumont était situé près Pontoise ; il faut lire : Royaulieu (abbaye
de Bénédictines, près Compiègne, Oise). C'est cette dernière localité
qu'indique VArt de vérifier les dates, lequel donne pour jour du traité le
21 juin i332.
3. 22 juin.
4. Chevaux destinés aux joutes et aux tournois (Lacurne de Saint»-
Palaye, Mémoires sur Vanc. chevalerie, I, p. 41). — Tous ces détails sont
inédits.
5. Voir note 14 du paragraphe 254.
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l50 CHRONIQim PARBtENMR ANONYME.
d80. — Aprez eii ycest an, le xxTiij* jour au moys de juillet,
c^est assavoir le mardi aprez la fisste saint Jaquez et satnt Cris-
toâe*, à Melun-^ur-Sainne, Jehan dit de France, de Taage de
IV ans* ou environ, filz Philippe le roy de France, ma dame
Bonne, fille Jehan k roy de Behangne % espousa.
981. — Et en yceluy jour de mardi, mons. Huguez de Besen-
chon, evesque de Paris, mourut ; et k vendredi ensuivant, en
l'église Nostre-Dame de Pariz fut honnourablement enterrée
838. — *Et en cest an vraiement, aucuns des barons d'Engle^
terre à grant host par mer^ entrèrent à force au royaulme
d'Escoce^ et de ta gent d'icest royaulme, harems, chevaliers,
escukrs et aultrez, firent grant destruction ; et eurent ceux d^En-
gleterre sur leurs ennemis victoire.
883. — Aprez ce, en ceste mesmez année, le mardi * avant la
saint Remy et jour de feste saint Michel, au palaiz de Paris,
Philippe de Valoiz, roy de France, Jehan dit de France, son filz,
-^ présent le duc de Breban, Philippe k roy de Navarre et conte
d'Evreux, et Louys dit de Bourbon et conte de Qermont, le
conte de Juilliers, le duc de Bourgongne et celuy de Bretaigne,
et plusieurs aultrez gi*ans hommes, — fist chevalier *.
834. — Et en celuy jour, le filz ainsné du duc de Breban, de
Taage de ix ans ou environ, ma dame Marie, fille du roy de
France Philippe de Valoiz, espousa *, Et fut par dedens kz portes
encourtinée*.
830. —1. 25 juillet.
2. Selon le P. Anselme, Jean, fils aîné de Philippe de Valois, serait né
le 26 avril iSig, et le mariage aurait été célébré en mai i332.
3. Bonne de Luxembourg, fille aînée de Jean de Luxembourg et d'Eli-
sabeth de Bohême; elle mourut en 1349.
831. — 1. Le Gallia Christiana donne le 29 >uillet pour la date du
décès et n'indique pas celle de Tinhumation.
838. — z. V. Rymer, II, 3* et 4* parties, p. 8x, 9 août i332 : De intea-
tionc quorumdam, nonobstante inhibicione regia, armata potentia regnum
Scotiae per mare invadere.
833. -* I. 29 septembre.
2. Le Continuateur de Nangis ne dit pas où eut lieu la cérémonie. Parmi
les personnages présents, il cite encore le roi de Bohême et le duc de
Lorraine (Raoul); il omet le comte de Juliers (Guillaume V, mort en i36i).
834. — I. Jean de Brabant, duc de Limbourg, mort sans postérité en
iS35. Le P. Anselme relate seulement la date du traité de mariage
(8 juillet i332).
2. Détail inédit. — Voir note 14 du paragraphe 254.
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DEUXIÈME PARTIE. l5l
M6. — Et k jeudi ensuivant % octavez de la feste saint Remy,
viij jours du moys d^octobre et vigille de feste saint Denys, entre
Tabbaie de Saînt-Anthoine delez Paris et devant la première
tournelle des murs du Bois-de-*Vinciennes, -^ pour Ponneur de
la chevalerie mons. Jehan dit de France, filz Philippe de Valoiz
adonc roy de France, — de Philippe roy de Navarre et conte
d^Evreux, de Louys duc de Bourbon et conte de Qermont, du
duc de Bourgongne^ de mons. Jehan de Haynnault, du cont*e de
Bar et du conte de Flandrez^ du conte de Montfort^ frère du duc
de Bretaigne, du conte de Tonnoirre •, frcre du dit duc de Bour-
gongne et la roynne Jehanne de France, et de plusieurs aultrez
contes, barons et chevaliers des royaulmes de France et d'Ale-
maigne^ fut faicte grant et noble tournoiement.
236. — En cest an le roy de France' Philippe, au concelle dez
prelazet barons^ du royaulme de France, ordonna quequiconquez
vouldroit prester pour ung denier la livre [la sepœaine], que har-
diement * il prestast ; et ceste ordonnance foicte par yceluy que la
forte monnoie ' lors courant fût confermée à avoir encore son
cours comme bonne et vraie , et que le tiers de la vessalemenie
d'argent que lez prelaz et auhrez gens avoient, feussent bourgoiz
ou aultrez, que le roy en airoit le tiers, et seroit portée au buillon
à ij termez, et quant le roy monnoiroit l'en lez pairoit^.
236. — I. Faits inédits.
2. Jean de Montfort, depuis Jean IV duc de Bretagne, mort en i345,
frère consanguin du duc Jean III.
3. Robert de Bourgogne, comte de Tonnerre du chef de sa femme
Jeanne de Chalon (à qui ce comté avait été cédé par Jean II de Chalon,
son frère), fille de Guillaume de Chalon, comte d'Âuxerre et de Tonnerre,
et de Léonore de Savoie ; il était fils de Robert II, duc de Bourgogne,
comme Eudes IV, et mourut en octobre i338 {Art de vérifier les dates, III,
2* partie, p. gi).
236. — X. Notre chroniqueur ne parle pas des bonnes villes dont
c plusieurs » furent pourtant convoquées à Orléans en mars i333, n. st.
2. Le chroniqueur interprète bien la pensée de l'ordonnance, qui avait
en réalité pour but d'encourager les prêts à intérêt, illicites en principe
{Contra M. Hervieux, Recherches y p. igS). — Voir Tordonnance du
25 mars i332, v. st., dans le Recueil^ II, p. 83, et XIÏ, p. i6. — Le taux
d'intérêt autorisé représentait plus de 20 pour cent par an. « Et cest article
les Prelas n'octroient ne contredient à présent, mais nous faisons fors
que il n'en lèveront nulles amendes. »
3. Ms. A : delà forte monnoie.
4. Voir l'ordonnance précitée. — Cf. paragraphe 297, note 1.
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l52 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
237. — ^En cestan, la sepmaine peneuse^ Berouic en Escoce,
par la quelle devant Tost d^ Angleterre avoit tenu siège, fut
destruite et des Angloiz prise avec plusieurs aultrez villez. Et
gaingna le roy d'Engleterre Escoce.
238. — Et en cest an et par lez ij dictez annéez précédentes,
fut grant chierté de blé et de vin parmy Espaigne ; et estoit le vin
aussi comme eaue par grant pluye que il y fist^
[l'an m. CGC. xxxnr.]
239. — "^L^an de grâce ^ m. ccc. xxxiiji en Lonbardie, Tost dez
chevaliers de France ^ des Lonbars, comme Guibelins et Guelphez,
fut desconfist.
240. — En cest an xviij jours d^apvril, le grant archediacre de
Paris, mons. Guillaume de Chenac^ fut sacré en evesque de
Paris, en Teglise Saint-Marcel lez Paris ^.
241. -^ Et en cest an, le vendredi xiiij jours au moys de may,
de heure de nonne jusquez à heure de vesprez^ fut Fesclipse
du soleil.
242. — En cest an , le mardi jour de feste de la Passion saint
Pierres et saint Pol appostrez, ij jours en la fin du moys de
juing^ en labbaieque Ten distauGars ^, lez Melun-sur-Sainne,
237. ~ I . La semaine sainte. La capitulation de Berwick n*eut lieu qu'en
juillet ï333 (Rymer, II, 3» et 4» parties, p. 96 et 97).
238. — I . Les autres chroniqueurs ne mentionnent pas cette cherté et
le reste.
239. — I. Pâques i333, le 4 avril.
2. Ms. A : Franchoiz de France. Le Contin. de Nangis ne dit rien de
cette défaite.
240. — I. Ms. B : Guillaume de Chenart. — Guillaume de Chanac,
patriarche d'Alexandrie en 1342, mort en 1348.
2. Le Gallia Christiana ne dit pas où il fut sacré, et, quant à la date, se
borne à constater que ce ne fut pas avant le 18 avril i333. — L'abbé
Lebeuf, I, p. 199, rapporte, en la désapprouvant, l'opinion de certains
écrivains qui avaient soutenu que le siège épiscopal de Paris avait été jadis
à Saint-Marcel; le sacre de Guillaume de Chanac a peut-être donné nais-
sance à cette opinion.
241. — I. A deux heures du soir {Art de vérifier les dates\per duos
horaspost meridiem (Contin. de Nangis, CI, p. i35).
M2. — I. Cest-^-dire l'avant-dernier jour de juin, le 2g.
2. L'abbaye du Jard (Seine-et-Marne).
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DEUXIÈME PARTIE. l53
le roy de France Philippe fist le roy de Mallaigrez^ nouvel
chevalier *.
243. — En cest an, au moys d'aoust^ le daulphin de Vienne,
qui tenoit si^e devant ung dez chasteaux Haynne le conte de
Savoie, que yceluy daulphin vouUoit prendre, et qui alloit tout
priveement au dehors de son ost et despourveuement, fut d'un
quarrel d'arbalestrier féru, du quel coup il mourut^. Et puis, si
comme Pen dist, fut le dist chastel prins et abatu à terre, et la
gent dedens destruit.
844. — En cest an iut grant planté et habondance de vin \ en
telle magniere que à paine povait l'en trouver vaisseaux pour le
herbergier ; et coustoient plus les vaisseaux que le vin ; et estoit
le vin foible, du pris à deux, à quatre, à vj, à viij, à seize
[deniers,] et à deux soulz du plus ^. Et aussi par la grâce de Dieu
fut si grant habondance de blé en ceste année, et fist trop grande-
ment chault es vendengez.
846. — En cest an , Tabbaie de Royau-lieu fut arse en la gre-
gneur partie, et la ville de Breteul ^ en Biauvoisin ^.
846. — En cest an, le jenne roy d'Espaigne, nouvellement fait
roy^, assembla son host, et sus les Sarrasins au royaulme de
Grenade alla, et Fendemain * de la feste de la Nativité saint Jehan-
Baptiste en plain champ contre lez Sarrasins, si comme Ten
dist, eust viaoire '.
3. Jayme II, roi de Majorque.
4. Fait inédit
843. — I. Le a8 juillet, selon le P. Anselme, II, p. 23.
2. Guigues VIII assiégeait le château de la Perrière près Voiron, château
appartenant à Aymon, comte de Savoie, frère d'Edouard (et son successeur,
d'après les lois du pays, par préférence à Jeanne, duchesse de Bretagne).
844. — I. V. le Contin. de Nangis, II» p. 140.
2. c Que cinq ou que six deniei%, et fault yiij pintes pour un sextier »
(Ms. U. 41 de Rouen, f> 120 r*).
845. — I. Breteuil-sur-Noye (Oise).
2. Faits inédits.
848. — I. Alphonse XI, roi de Castille et de Léon , couronné en i33i,
et alors âgé de vingt-trois ans ou environ.
2. 25 juin. — Le i5 septembre, suivant le ms. U. 41 de Rouen, f* 1 19 v*,
qui attribue la victoire aux rois a d'Espaigne et d'Arragon. •
3. Les Maures enlevèrent par trahison Gibraltar à Alphonse, cette même
année i333. La victoire dont parle notre chroniqueur ne saurait être que
quelque succès partiel (V. Rosseeuw-Saint-Hilaire, Hist. d'Espagne, IV,
p. 414 et suivantes).
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l54 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
847. — En icest an, [le merquedi] * aprez la feste saint Mathieu
appostre et euvangeliste, au moys de septembre, mourut ma dame
Marie^ duchesse de Lanbour, fille du roy Philippe de France, qui
avoit esté mariée en l'an précèdent au duc de Lanbourc, filz au
duc de Breban. Et fut enterrée à Paris en l'église des Frères
Mineurs Cordeliers, le samedi ensuivant xxv jours au moys de
septembre.
948. — *Et en cest an vraiement^ le vendredi premier jour
d^octobre, jour de feste saint Remy, sur ung grant eschauffiiult à
ce appareillé au Pré-aux-Clercs, à Paris, lez Fabbaie de Saint-
Germain-dez-Prés , maistre * Pierre Rogier * , archevesque de
Rouen, prescha, devant tous lez prelaz du royaulme et grant
partie dez barons, du saint voiage d^oultremer. Et prist le roy de
France la croix, et mont grant multitude de barons et du peuple
du royaulme de France, à aller en la sainte terre d^oultremer,
présent le duc de Breban, Philippe le roy de Navarre, le duc de
Bourgongne, le duc de Bourbon, et plusieurs aultrez^ qui aussi
se croisèrent, avec grant foison de peuple.
240. — Et le samedi ensuivant ij jours Au moys d^octobre,
Jehanne la roynne de France eust ung âlz, qui tantost mourut, et
sans baptesme si comme Pen dist*.
860. — En ycest an, par plusieurs foiz, les messaigez du roy
d'Engleterre en la court par devers le roy de France faisant leur
messaige, que le roy de France toute Gascongne avec Normendie
et lez leveez et yssues il delivrast paisiblement au roy d^ Angle-
terre*.
251. — En icest an, le merquedi xij jours au moys de janvier,
247. •> I. 22 septembre (Saint Mathieu, le mardi 21). C'est cette date
du 22 que portait Tépitaphe de la duchesse de Umbourg (Ou Breui,
p. 524).
248. — I. Pierre Roger, né dans le Limousin, d'abord moine de la
Chaise-Dieu, abbé de Fécamp en i326, évêque d'Arras en i328, arche-
vêque de Sens en 1829 et de Rouen en i33o, cardinal en iSSy, pape sous
le nom de Clément VI en 1342, mort en i352.
2. Le Contin. de Nangts, II, p. 134, ne cite que Philippe de Valois et le
patriarche de Jérusalem (Pierre de la Palu).
249. — I. « Jean, mort en bas âge, le 2 octobre i333, ainsi que le porte
une inscription qui est dans le chœur des religieuses de Poissy » (P. Anselme,
I, p, io3).
250. — I. Rien, dans Rymer, ne concerne cette ambassade.
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DEUXièaCE PARTIE. l55
inaistre Raymont Qrault, jadiz maistre moonoier du roy, que
pouFce que U avoit deceu le roy au fait de la dicte monnoie ^, et
le quel avoit esté prisonnier au Chastelet de Paris, en la prison
où il estoît, si comme Pen dist« comme désespéré, de son braieul ^
se estrangla. Et pour ce, le jeudi ensuivant, fut traynné, et au
gibet de Paris penduz '.
ass. — Aprez ce en icest an^ le conte de Flandrez et le duc de
Breban [se comba tirent] à grant assemblée de gens d'armez *, et
fut en karesme^. Et en Paide du duc estolent Philippe le roy de
Navarre et conte d'Evreuz, Charlez son frère conte d'Estempez-',
Charlez conte d'Alenchon frère du roy de France^ et plusieurs
aultrez ; et priskdreat d'une part et d'aultre triefvez, et puis firent
paix^.
Van m. CGC. xxxirri.
368. — *En Pan de grâce ^ m. gcc. xxxiiij, merquedi premier
jour de }uing, Philippe de Moustiers, maistre escuier du roy ^,
qui, par zxxvj ans ou environ, avoit tant servi le conte de Val-
loiz comme le roy Philippe son filz, pour plusieurs larrecins faiz
261. — I. Raymond Syran (Voy. paragraphe iqS) était maître des mon-
naies dés 1329. Ordre de l'arrêter fût donné au sénéchal de Carcassonne
X 2A
le 19 mai i33a, et, le 4 juin suivant, d'instruire son procès (Registre — ^
des Arch. nationales, f^* i5o et i52).
2. Braieul^ ceinture.
3. Les Grandes Chroniques et le Contin. de Nangis ne disent rien de
Raymond Syran. La Chronique française de G, de Nangis porte seule
cette mention laconique : c Et cel an xxix, fist le roy nouvelle monnoye
par Ra3rmon de Bedicis, qui puis comme desperé se pendi v (Ms. Fr. 17267,
f* 124 r*).
862. — 1. Le comte de Flandre disputait au duc de Brabant Pavouerie
de Malt nés.
2. Entre le 9 février et le 26 mars i334, n. st.
3. Charles d'Évreux, second fils de Louis I"'.
4. Une sentence arbitrale fut rendue, sur une partie seulement des diffi-
cultés soulevées, par Philippe de Valois, le 27 août (334. Le 3x mars i336,
V. st., les deux adversaires convinrent de posséder en commun l'objet du '
litige {Art de vérifier les dates ^ IV, p. 198).
258. — I. Pâques i334, le 27 mars.
2. c Philippes des Moustiers fut garde du séjour, puis premier écuyer du
corps et maître de Fécurie du Roi depuis le i*' août i33o jusqu^au 5 mars
i333 1 (P. Anselme» VIII, p. 46Ô).
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l56 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
au roy de ses chevaux de séjour \ les quieux iceluy escuier disoit
estre mors, et il lez vendoit, et pour plusieurs injurieuses paroUez
quMl avoit dictez du roy et de la roynne, c'est assavoir, .à ung
menger qu'il fit, il dist à ceux que il avoit semons à disner avec
luy, et les quieux il cuidoit qu^ilz fussent ses amys, en ceste
magniere : « Ceste roynne est une mauvaise hmt *y et je sçay bien
par qui m'en vouldroit croire que elle et le roy seroient départis;
et il seroit bon à feire. > Et ces parolles dictes ainssi tantost furent
rapportées au roy et à la roynne de ceux à qui il les avoit dictes,
qui avoient disné avec luy. Et pour ce, du commandement du
roy, fut iceluy Philippot de Moustiers tantost prins et empri-
sonné ; et luy demanda l'en compte dez chevaux du séjour, le
quel il rendi honteusement, car il avoit tousjours compté les
chevaux du roy pour mors, et il les avoit venduz et l'argent
recheu, et les aultrez il les faisoit traire et labourer en ses héri-
tages, et les aultrez donnoit. Et encore d'abondant, luy empri-
sonné, en la présence des sergens qui le gardoient, dist le mes-
chant ainssi : c Adecertez cest Arragonnoiz * me veult destruire
aussi qu'il a destruit lez aultrez *. » Et pour ces choses, du com-
mandement du roy, le dist merquedi premier jour de juing bien
matin, au commun gibet des larrons fut, à tout sa chemise et ses
braies, au plus hault penduz.
254. — *L'an mil. ccc. xxxiiij, messire Naynli, prestre^ et
frère Henry, prestre, moynne de l'ordre de la Trinité, curé
d'église ^, seyvans mons. Robert d'Artoiz, se partirent hors de la
conté de Namur, ung poi aprez la Pasque l'an dessus dit, du
service du dit mons. Robert, et par lez espieurs du roy de France
furent pris et saisis, et à Paris au Temple amenez ; et illec, par
3. L'hôtel dit du séjour du Roi, qui ne servait cependant qu'à faire
séjourner ses chevaux, était situé près de Téglise Saint-Eustache (Lebeuf,
I, p. io8).
4. Voir, dans le même sens, la Chronique de P. Cochon^ p. Sg, et la
Chronique des quatre premiers Valois, p. 1 7.
5. Allusion au titre de roi d*Aragon, qu'avait porté momentanément le
père de Philippe de Valois par don du pape Martin IV en i283.
6. Robert d'Artois, par exemple.
254. — I. Naynli, plus loin Naynmy. Les copistes ont défiguré ainsi le
nom de Jehan Aimery, prêtre du diocèse de Liège.
2. Frère Henry Sagebien ou Sagebran, religieux Trinitaire et f curé
Droge-église {curatus ecclesie de Brussica^ diocesis Leodiensis). » — Tout
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DEUXIÈME PARTIE. ïSj
devant mons. Guy Baudet, doyen de Paris, jadiz officiai de ce
lieu ', commissaire de Pevesque ^ de Paris Guillaume de Cbenac,
mons. Guy Chevrîer*, maistre dez comptez du roy, Jehan de
Milon* et NichoUe de Buchet^, trésorier du roy, maistre Jehan
de Savoye^ et maistre Jehan Salem bien, tabellions de Romme,
confessèrent que le dist mons. Robert, depuis qu'il se fut départis
de France, estoit en la conté de Namur, et estoit tousjours en
maisons de fortresses et au chastel de Namur plusieurs fois ; et là
estoient mont de son acoinunce et familiarité plusieurs dez
nobles du pais, et entre lez aultrez mons. Hue des Jardins * et
Padvoué de Huy^^, chevaliers. Et Pan m. ccc. xxxiij , mons.
Robert en tapinage, contre la voulenté des diz chevaliers, vint en
France à sa famé ; et n^ demoura, que en allant que en venant
que en séjournant, que xv jours, et puis s^en retourna arrière en
la conté de Namur, car la contesse de Namur estoit sa seur ^*. Et
lors luy dist le dist advoué que sa famé la contesse de Biaumont
ce que relate le chroniqueur est tiré de la déposition de ce moine ; celle de
Jehan Aimery roule tout entière sur les sollicitations qui lui furent adres-
sées, de la part de Robert d'Artois, pour baptiser un pouït.
3. Guy Baudet, doyen de Paris de i33i à i336, chancelier de France en
i334, évéque de Langres en i336. l\ n'est pas nommé dans les registre et
ms. précités, mais bien Pévéque de Paris lui-même.
4. Ms. A : de leur evesque.
5. Ms. A : Guy Chlr ; mais plus loin et mieux : Guy Chevrier.
6. Alors trésorier. Voir la fin du paragraphe.
7. Nicolas Buchet, Beuchet ou Behuchet, avait été maître des forêts dés
X 2a
i328 et rétait encore en i33o (Registre — r-' f» i35 V, Arch. nat.); il
devint maître des Comptes en i338 après la mort de Guy Chevrier, puis
amiral (Voy, Actes normands de la Chamb^ des comptes, p. 182, 190 et 239).
Le ms. U. 41 de Rouen, f^ 121 r>, le dit natif du Mans, et M. Siméon Luce
d'origine normande (Froîssart, I, ccxvii). '
8. Ms. A : Jehan de Savoye, tabellion. Le registre U 787 et le ms. Leber
désignent ainsi les deux notaires apostoliques : Johannes Rufi de Cruce,
clericus Lausanensis diocesis, et Jacobus Frassus, clericus Mediolanensis
diocesis.
9. Lancelot {Afém, de l'Acad, des Inscriptions) ne parle pas de ce per-
sonnage, mais les registre et ms. précités en font mention.
10. Gautier.
11. Jeanne de Valois, soeur consanguine de Philippe VI, avait épousé
Robert d'Artois en i3i8. — Quant à la sœur de Robert, c'était Marie d'Ar-
tois^ troisième fille de Philippe d'Artois, laquelle avait épousé, en i3o9,
Jean de Flandre, comte de Namur, dont elle était veuve depuis i33i.
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iS8 CHRONiQCb PAftisnnmB' anonyme.
luy avoit fidt perdre lez honneurs de FratKe, et après !uy ferait
perdre le corps se il ne se tenoît en paix. Et luy demandèrent
lez diz chevaliers se il cuidoit avoir sa paix par devers le roy ** -,
et il leur respondit que ouyl, et que il luy venoît en avision plu-
sieurs foiz qu^il avoit sa paix par menues gens. Et lors le dist
mons. Hue des Jardins et plusieurs aultrez chevaliers et escuiers
de PEmpire luy disrent que ilz feroient une cbevauchieen France
pour luy, et il leur respondi que il n'avoit pas conseil de ses
amys de France de ce foire. Et toutesfbîz à Rains et à Laon forent
lez diz chevaliers et escuiers, et gens forjugiez *• comme banfiiz, et
entrèrent dedens le royaulrae. Quant Tadvoué le sceult, si leur
manda que ilz s'en retournassent, et ilz s^en retournèrent*^. Et par
tout le temps dessus dit, te dist mons. Robert n'aqueilloit entour
luy ne n'avoit cure de nulles gens que il cuidoit qu^îlz se sceussent
aider d*expcritoens ^* et de voulz *♦ ; et en eust entour luy qui luy
firent plusieurs voulz et breveiz*^ pour la roynne de France,
pour le roy et pour leur filz enorter à foire mourir. Et n'eurent
point d^effsiit, car ceux qui s'en mesloient ne s'en savoient pas
bien entremeître. Et aussi dîsoit le dît mons. Robert que la roynne
en avoit foit foire ung pour luy, pour le quel ses amys de France
luy avoient envoie, si comme il disoit. Et aveccedist le dist mons.
Robert que le roy n'eust jà esté roy de France se n'eust il esté, et
12. Ms. A : Et par iuy. — D'après les pièces du procès, la question fut
adressée à Robert par Beithelot, v«let de l'avoué de Huy qui l'avftit placé
auprès du comte de Beaumont.
i3. Contumaces.
14. Pour s'excuser de ne pas prendre part à Texpédition, l'avoué de Huy
avait objecté qu'il était trop conmi en France, f ayant servy mons. le duc
de Breban au tournoy » qui avait suivi le mariage du fils de celui-ci
(paragraphe 234), ajoutant : « Et à celle fois me donna le roy une oouppe 1
(Voir paragraphe 229).
i5. Essais de nudéfioet^ sortilèges; sens omis dans les glossaires.
16. Vcult, c C'est une image de cire que l'on HAx. pour baptiser, pour
grever ceux que l'on veut grever > (Paroles citées de Robert d'Artois). On
croyait qu'en perçant cette image avec une aiguille, on blessait mortelle-
ment, en même temps, la personne figurée.
17. Mot encore omis dans les glossaires : t Dit messîre Robert à Frère
Henry : L'on m'a fait sçavoir de France qu'on a fait sur moy grief escHt
pour mettre sur mon chief ; et tant que je les auray sur mon chief, je dar-
miray si fort que l'on me prendroit tout dormant là où Ton voudroit.....
Ces brieves i (Ms. Leber.)
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DEUXIÈME PARTIE. iSg
qu'il luy en rendoit mal guerredon ; et que, se il avoit tué le roy
à Paris, ,ceax de Paris luy aideroient plus tost que au roy ; et
que, se il avoit mestier d'argent, il avoit à Paris telz deux bour-
goiz qui luy presteroient encore xx» livres^®; et que ceux de
Paris l'amoient bien. Âdonc luy dist le dit advoué qu41 ne se
fiast pas en telz cuidiers, ne qu^il ne dist pas telles paroUes, car
nul bien ne luy en pourroit advenir. Et dist le dit mons. Robert
que il amoit mieux à tuer le deable que le deable si le tuast ** ; et
qu'il ne haioit en France que le roy et la roynne et leur filz, le
coûte de Bar, le chancelier^®, et Forget le trésorier ** ; et que, se
k roy estoit mort, il seroit encore au royaulme de France gregneur
homme qu'il ne fut oncques, et que la roynne estoit une deablesse.
Et par tout le temps dessus dit^ le dist mons. Robert estoit si
luxurieux que à poi qu'il ne perdist son membre '* ; et en fut
malade à Namur, et illec fut guéri d'une famé. Et avoit tousjours
graot quantité de fleurins et d'argent ; et n'estoit tousjours que en
maisons de fortresses et de defience ; et en la place oti il gesoit et
faisoit faire son lit une nuit, il y gesoit, et le faîsoit faire l'autre
nuit en ung aultre lieu. Et ces choses confessèrent les diz mons.
Naynmy et frère Henry, au Temple à Paris, en la présence de
Tarchevesque de Senz^^ et de Parchevesque de Rouen appelle
maistre Pierres Rogier, Chariez le conte d'Alenchon firere du roy,
Tevesque de Paris, Guy Baudet doyen de Paris, commissaire du
dist evesque, à ce lez trésoriers de France le dist MîUon et NichoUe
Buchet**, mons. Guy Chevrier maistre des comptez, le prevost
de Paris Pierres Belagent^', et plusieurs aultrez, au moys de
juillet Tan xxxiiij ^*.
i8. c Tels cent boui^eois qui me aideroient chacun de mil livres »
{iMm).
19. c Estrangler le deable que le deable m'estranglast » (ibidem),
20. Guillaume de Sainte-Maure, décédé le 24 janvier i335, n. st.
ai. Sire Pierre Forget (P. Anselme, III, p. 22).
22. Cette phrase, d'une crudité singulière dans la bouche d'un religieuX|
ne se retrouve pas dans U. 787, non plus que dans le ms. Leber, mais
seulement l'équivalent.
23. Guillaume de Brosse, mort en i338.
24. Ms. A : Brichet.
25. U était encore prévôt de Paris en i339. Conseiller du roi en i33i, il
est qualifié chevalier et lai-maître des Comptes en 1346.
26. L'interrogatoire copié dans le Registre U. 787 et dans le ms. Leber
est daté du 3i janvier i335, n. st. ; il semble qu'il y en avait eu d'autres et
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l6o CHRONIQUE PARISFENNE ANONYME.
aS5. — Et ces choses publiées en plaine salle, en Tostel du roy
au Pont-Saint-Messant\ et venu à la congnoissance dez bourgoiz
de Paris tantost de ce que mons. Robert avoit dist de Paris, s'en
allèrent excuser par devers le roy moult humblement, en disant
qu^il ne crust pas telz parollez que Paris eust nulle amour à luy ^
puis quUl estoit ennemy du roy, et que avec le roy vouUoient il
vivre et mourir, et se metoient du tout en son aide*.
266. — En cest an xxxiiij, Louys de Biaumont, ainsné filz de
mons. Robert, mourut ^
267 ^ — En cest an*, Jehan duc de Bretaigne, c^est assavoir
que notre chroniqueur a eu sous les yeux le premier ou l'un des premiers
interrogatoires, antérieur de six mois à celui que nous avons lu et sur
lequel s'est appuyé Lancelot ; de là, avec des similitudes partielles très
grandes, quelques différences dans la teneur des dépositions, et d'autres
dans l'indication du lieu de l'interrogatoire ainsi que des noms des assis-
tants et des notaires.
266. — I. Pont-Sainte-Maxence (Oise).
2. A Robert d'Artois.
3. Faits inédits.
266. — z. Le P. Anselme constate uniquement que Louis vivait en
i326. L'Art de vérifier les dates, III, p. 3o4, qui fiait de lui le cinquième
fils de Robert, dit seulement qu'il mourut jeune. La Chronique des quatre
premiers Valois, p. 2, ne donne que trois fils à Robert d'Artois c le tiers
Louis, qui gist aux Jacobins à Rouen. »
257. — I. Dans le ms. A, les dix-sept paragraphes ci-après se suivent, et
dans cet ordre : 264, 265, 266, 267, 268, 269, 270, 271, 272, 261, 257,
258, 259, 260, 262, 263 (ici sont intercalées les variantes que nous don-
nons en note sous les paragraphes 264, 265 et 270), et 273. L'ordre chro-
nologique vrai nous a forcé de les transposer, par les motifs suivants : les
faits racontés dans les paragraphes 267 à 260 sont certainement de l'année
i334, et non de i335 comme le laisserait croire l'ordre indiqué. Le para-
graphe 261 porte en lui-même la preuve qu'il doit être rangé sous cette
première année, la fête de l'Annonciation étant tombée un samedi en i334,
V. st. seulement (un lundi en i335, y. st.>. Les paragraphes 262 et 263,
les seuls où soit nommée la fête de l'Ascension i335 (le 25 mai cette
année-là), doivent nécessairement précéder le paragraphe 264, qui se réfère
à une énonciation antérieure de cette fête (la dicte Assencion). Nous lais-
sons les autres paragraphes rangés dans l'ordre relatif qu'ils occupent au
ms. A. — Dans le ms. B, on passe du paragraphe 240 aux para-
graphes 270, 257, 2 58, 259 et 273 abrégés, rangés dans l'ordre oii nous
les présentons ici, ordre qui- prouve que la transposition de ces para-
graphes était ancienne et qu'elle existait dans le manuscrit copié par le
transcripteur de B, comme dans celui copié par Raveneau.
2. Ms. B ; Ou dit an [i335].
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DEUXIÈME PARTIE. l6l
au moys de juing et de juillet, fut en Engleterre, et du roy
d'Eogleterre fut honnourablement recbeu, et adonc de la conté
de Richemont au roy d^Engleterre iist hommaige '.
258. — En cest an vraiement\ fut grant planté de blefz et de
vins, et très grande mortalité de gens tant en Languedoc, en
Thoulouse, en Caours^, en Avignon, en Gascoigne^ et comme en
France et ailleurs'. Et commencha ceste mortalité environ la
Penthecouste, et dura environ la saint Andrieu ensuivant '*.
269. — *Et en ycest an\ jour de feste saint Nicholas driver',
en la cité de Avignon en Prouvence, pappe Jehan mourut. Aprez
le quel incontinent^ [fut] pappe Benedic le xij*, qui, avant ce que
il fût esleu, avoit nom mons. Jaques et en nom de baptesme, et
estoit le cardinal blanc pour ce qu'il estoit de l'ordre de Citeaux^.
Et, si comme il le proposa en son sermon, avoit esté filz à ung
peletier; et fut nez ice pappe Benedic en la cité de Thoulouse'.
260. — ^ En ycest an ^, si comme Ten dist, Jehan le duc de Bre-
taigne, pour aucun débat qui entre ses hoirs s^esmut à ce que
chacun vouUoît avoir sa partie, et pour ce que yceluy duc n^avoit
nul hoir de son corps, vendi sa duché de Bretaigne, si comme Ten
dist, au roy de France. Maiz aprez ce, si comme Pen dist, par le
conte de Montfon, frère au dit duc, et aultrez qui le contredirent,
le marchié fut fait nul et du tout mis à noient.
281. — En cest an, en ung samedi jour de feste Nostre Dame
en mars *, ung homme et une famé avec une aultre famé, donc le
3. Jean III succédait, dans le comté de Richemont, à son oncle, Jean de
Bretagne, mort sans postérité le 17 janvier i334, n. st. — V. Rymer, II,
3* et 4* parties, p. ii3 et 116, aux 24 mai et '4 juillet i334.
258. ~ I. Ms. B : En celui an [i335].
2. Cahors, Quercy.
3. Voy. G>ntin. de Nangis, II, p. 142, sous Tannée i334.
4. La Pentecôte, le i5 mai i334. La Saint-André, le 3o novembre.
259. — I. Ms. B : Ou dit an m. ccc. xxxv.
2. Le 6 décembre (i334). Jean XXII mourut Tavant-veille.
3. On rapporte au 16, au 19, au 20 ou au 21 décembre (ou même au 3o,
Ms. U. 41 de Rouen, f» 120 r*) l'élection de Benoît XII (Jacques Fournier).
4. Il avait, quoique cardinal, conservé Phabit blanc des Cisterciens.
5. D'autres le disent fils d'un boulanger de Saverdun au comté de Foix.
260. — 1. Le Continuateur de Nangis, II, p. 144, raconte ces faits sous
l'année z334.
261. — I. Voir la note i du paragraphe aSy. — Le 26 mars, fête de
l'Annonciation de la Sainte-Vierge.
UÛM. XI II
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|62 CHRONIQUE PARISIKNNB ANONYME.
premier avoit nom Jehan de Rie, et Belon sa fame^ et la tierce
Laurence La Prevoste, niepce de Guillaume Du Doit^, qui
avoient porté faulx tesmoingnage pour le dist Guillaume Du
Doit et à la prière d'iceluy Guillaume, çn une cause que iceluy
Guillaume avoit au Chastelet de Paris contre ung aultre homme
appelle Nichole Le Bouiz; chacun des trois faulx tesmoingz, une
desguiseure en leurs poitrines devant et au doz desriere, oti il
avoit ung visaige et une longue langue triant, et chacun une cou-
ronne de parchemin en sa teste, furent mis et liés sur iij escbielles
drechiés devant Tuys du dit Chastelet, là où Ton vent lez trippes ^,
et apprez d'illec ostez, et menez en une chareite es balles de Paris,
et là mis au pillory, et puis rostez et ramenez au4ist Chastelet en
prison. Et au ij* jour aprez ensuivant furent banniz de la visconté
de Pariz. Et le dist Guillaume Du Doit, qui prisonnier estoit au
dist Chastelet pour ceste cause, le jeudi absolut ensuivant *^ aux
généraux délivrances du dit Chastelet faictes pour la soUempnité
de Pasquez', à Tayde de mons. Huguez de Crusy et d'aultres sei-
gneurs de la court du roy, fut eslargi de prison dedens lez portez
de Paris •.
[l'an m. CCC. XXXV.]
262. — *En l'an * u, ccc. xxxv, pour ce que les personnes cy
aprez nommées avoient porté faux tesmoignage pour messire
Robert d'Artoiz, c'est assavoir Sohier de Leonichie, Jehan Le
Blont, Girart TAlogeur et Guillaume Coiffin *, en spurpeiiz ou en
2. Un Nicolas Du Doit fut l'un des fondateurs de la confrérie établie en
i35o dans l'église de Saint-Jacques-de-l'Hôpital {Mém, de la Soc. de
VHist. de Paris, I, p. 214).
3. D'où la rue de la Triperie, entre la Boucherie et le Chàtelet (Paris
sous Philippe le Bel, p. 264).
4. Le jeudi saint, z3 avril i334, v. st.
6. Ces grâces étaient cependant accordées, dit-on , le vendredi saint, et
non la veille.
6. Cest ce que le chroniqueur appelle, dans le paragraphe 27, la large
prison.
262. — I. Pâques i335, le i6 avril.
2. Sohier de la Chaucie ou Chaucée, sergent du roi en la prévôté de
Beauquesne, qualifié ailleurs d' f escuyer, de la paroisse de Houdain en la
conté d'Artois. » — Jehan Le Blont, clerc du bailli de Sens. — •Girart
l'Alogeur, ou Guerart de Juvigny ou de Soissons, ollogeur ou orlogeur
(horloger), demeurant en l'hôtel du roi au Louvre. — Guillaume Coffin
(notre chronique seule lui donne ce nom) ou de la Chambre, ci-devant
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DEUXIÈME PARTIE. l63
costes ' de toilles blance, et en leurs poitrines et au doz desriere
avoient testes paintez traians de leurs bouches une longue langue
rouge, et avoient yceux iiij tesmoings chacun une couronne de
parchemin en sa teste ^, furent par devant le peuple, en la pre*
sence de Jehan de Milon, trésorier, mons. Hugues de Crusy,
chevalier, maistre Simon de Bucy *, procureur du roy, et aultrez
plusieurs familiers du roy, mis et tournés au pillory, es lialles de
Paris, le samedi xx jours au môys de may, le quel samedy fut
devant PAscencion •.
263. — Et le dimence ensuivant, xxj jour de may, une damoi-
selle qui estolt appellée damoiselle Jehanne des Quesnes^ pour
le fait des faulses lettres de quoy mops. Robert d'Artoiz s^estoit
voullu aidier à avoir la conté d'Artoiz, et pour ce que elle avoit
pourcaché faulx tesmoing pour le dit mons. Robert pour la dicte
conté, devant grant foison de peuple de Paris, en la présence des
dessus nommés, fut arse en la place des Pourceaux, iij ans et
V sepmaines après ce que la dicte damoiselle de Divion, sa mais-
tresse, fut arse *.
264. — Et en cest an m. ccc. xxxv, en Tabbaie royal de Nostre-
Dame-de-Maubuisson delez Ponthoise, là oti grant et merveil-
leux appareil et coustement estoit fait de préaux, de treilles, de
pavillons de traillez en ceps de vigne, pour la gesine de la roynne
Jehanne famé du roy, le dimenche ensuivant diaprés la dicte
Assencion, lequel dimence futxxviij jour du moys de may, la dicte
roynne eust ung filz mort-né, aprez le vj« filz mort-nez ^ que elle
avoit euz.
valet de chambre de la femme de Philippe le Bel, demeurant à Saint*
Gennain-en-Laye.
3. Ms. A : ou en €ft costes.
4. Voir Parrôt du i3 mai i335, cité par Lancelot.
5. Président en |a grand'chambre du Parlement en 1344, chevalier et
conseiller du roi en 1347.
6. L'Ascension, le jeudi 25 mai i335.
863. — I. Jeannette Desquenes ou de Charennes ou Dupré était damoi»
selle ou meschine (servante) de la Divion. — D'après Lancelot, elle aurait
été condamnée le samedi 20, et brûlée le jour même.
2. Ici notre chroniqueur, dans sa passion pour les rapprochements de
dates, s'est trompé (si Terreur n'est pas imputable à ses copistes) : il y eut
trois ans sept mois et quinze jours d'intervalle entre les deux supplices
(Voir paragraphe 226).
204. — I. Ce mot « mort-nez » ne se retrouve pas dans la variante
ci-aprôs, que le ms. A renferme à la suite du paragraphe 263 : « En cest
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i64 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
205. — En cest an, en la sepmaine devant la feste de la Nati-
vité saint Jehan-Baptiste^, commencha Ten, au jardin du palaiz
de Paris^ à faire traillez, préaux et pavillons, aussi comme Fen
avoit fait en Tabbaie de Maubuisson ; et fut ce fait, du commande-
ment du roy, pour la gesine de dame Bonne', famé mons. Jehan
de France, et pour le demourer' aussi du dit mons. Jehan *,
266. — Et en ycest an, en la court du palaiz de Paris, le desrain
jour de moys de juillet, maistre Pierres Rogier, archevesque de
Rouen, prescha, devant le roy et devant grant quantité de peuple,
du saint passage^ et, entre lez aultrez choses, — pour ce que le roy
Philippe le Grant qui mourut à Longchamp et le roy Charlez
avoient enconvenanché à f[air]e aux messagiers dez Escoz que il
leur feroient aide et confort contre lez roys d^Engleterre, et pour
ce que le roy d^Engleterre avoit déshérité ung gentilz homme qui
estoit à hostel au Chastel de Gaillart, le quel homme appelle David
de Bruis % fîlz Roben de Bruis jadiz gouverneur, coagiteur et
roy d'Escoce, le quel David avoit espousé la seur au roy d^Engle-
terre, — que le roy de France, comme qui ne leur eust riens
enconvenancié, maiz pour acomplir lez faiz de ses devanciers lez
diz roys de France, aideroit au dit David de vj» hommez d'armes
à le convoier et meitre dedens sa terre [d'JEscoce, non pas que ce
fût, si comme le dist archevesque disoit en son sermon, que ce
an, en Pabbaie royal Nostre-Dame-de-Maubuisson delès Ponthoise, fist
Ten grant jardin et praeries de pavillons et de treilles, où il avoit ceps de
vigne, pour la gesine de la roynne Jehannede France, la quelle, le dimence
ensuivant d'aprez ladicte Ascencion, le quel dimence fut xxviij jours audit
moys de may, ladicte roynne eust ung filz mort-nez aprez le vj* qu'elle
avoit euz. »
265. — I. Saint-Jean-Baptiste, le samedi 24 juin t335.
2. Ms. A : bonne dame.
3. Jean de France avait été gravement malade à Taverny depuis la
mi-juin (Contin. de Nangis, II, p. 145).
4. Le ms. A fournit encore cette variante, à la suite de celle que nous
avons reproduite en note du paragraphe 264 : c Et en cest an, la sepmaine
devant la feste de la Nativité saint Jehan^Baptîste, commencha l'en à faire,
au jardin du palaiz de Paris, toute itelle prarie comme l'en avoit fait en
ladicte église de Maubuisson ; et furent toutes ces praries faictes du com-
mandement du roy de France. »
266. — I. David Bruce avait quitté l'Ecosse en 1 332, quand Edouard III
eut placé sur le trône son compétiteur, Edouard de Baillol, fils de Jean.
Philippe de Valois lui avait donné pour résidence le Château-Gaillard.
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DEUXIÈME PARTIE. l65
fust contre le roy d^Engleterre^ ne que le passaige d'oultremer en
fût retardé.
287. — Et estoit lors le roy d'Engleterre, à grant et infeni
host, bien parfont en la terre d'Escoce; et vainqui à la bataille lez
Escoz^ Incontinent Philippe le roy de France, ennormant^ la
partie d^Escoz, contre loyaulté et en tapinage, envoia aux Escoz
par mer ij' hommes garnis d'armeures, de blefz et de lars, et
d'aultre vitailles; et se mirent en mer à Lescluse en Flandrez, et
y avoit environ bien xx nefz; et tantost dez gens d^Engleterre,
c^est assavoir dez pors, furent prins et saisis, et leurs testes coup-
pées sur lez boutz des nefz; et leurs nefz avec les vitailles et lez
garnisons en amenèrent en Angleterre ^.
268. — En cest an, pour lez pourcessions que les gens de Paris
£edsoient pour prier à Dieu pour la santé du filz du roy, mons.
Jehan de France, le roy donna à la ville de Paris x> livres de la
taille que ycelle ville debvoit au roy pour la feste de la chevalerie ^
du dit mons. Jehan. Et fut cest don fait au moys de juillet'.
289. — Après en ycest an, au moys de septembre, pour le
voiage d^oultremer, la dicte ville octroia au roy Paide que il
demandoit pour ledit voiage, c^est assavoir, de lors jusques à
iiij ans, de xl" Ib. à cueillir tantost comme il se mouveroit à aller
oultre mer^
270. — En cest an m. ccc. xxxv, furent beniz les hostieux ^ de
2. Cette casuistique paraît assez peu goûtée du chroniqueur.
287. — I. En i334, les Écossais avaient forcé Edouard de Baillol à se
réfugier à Carlisle. Au printemps de 1 335, Edouard III pénétra jusque dans
les provinces septentrionales de TÉcosse. Puis, le comte d'Âthol, laissé par
lui comme gouverneur, ayant été tué, il fit, en x 336, une quatrième expé-
dition où il exerça de grands ravages (Rapin Thoiras, I, p. 374).
2. Ennormant, mot inintelligible. Peut-être l'original portait-il ennar-
mant ou mieux enarmant^ armant, fortifiant, ou bien ennortantf encoura-
geant, ou plutôt encore en nourrissant la partie d'Escoiç (Voy. paragraphe 95).
3. Faits racontés par notre chroniqueur seul.
288. — I . Cette aide était, comme on le sait, une des quatre dues à tout
seigneur, et qu'on appelait aides chevels.
2. La guérison de Jean de France était antérieure au 7 de ce mois (Con-
tinuateur de Nangis, II, p. 147). ^ Ces foits sont inédits.
289. — I. Faits pareillement inédits. — M. Hervieu, Recherches, p. 200,
cite une obligation analogue prise par la ville de Niort en février 1 336, n. st.
270. — . I. Ms. B : les auteulx.
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l66 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
l'ospital Saint-Julien ^, assis à Paris en la grant rueSaint*Martia,
dedens lez murs; et y commencha Ten à chanter la première
messe, et y furent deux cloches penduez au clocher, le dimenche
jour de feste' saint Remy, premier jour du moys d'octobre ; le
quel hospital lez jugleurs fondèrent aprez la feste et joustez que
les bourgoiz de Paris firent en la cousture Saint-Manin en l'an
mil ccc. xxz^.
271. — Et en cest an m. ccc. xxxv, le vendredi * au soir, vigille
de la Typhaine, xvj boulengiers amenoient le pain à Paris de
CorbeuP par yaue en leurs bastiaux; par ung soufflememt de
vent, qui en celle nuit se leva, furent en Sainne noiez.
272. — Et Tendemain qui fîit jour de samedi, jour de la
Typhaine, environ heure de vespres, une estoille du ciel fut veue
et congneue de mont de gens de Paris et ailleurs ^
[l'an m. ccc. XXXVI.]
273. — ^En Tan ^ m. ccc. xxxvj^ fist grant seicheresse en Testé,
et en alerent les pourcessions; et fut le Lendit en la gregneur
partie tout ars, especialement la draperie et la baterie (donc plu-
sieurs marchans cheirent en povreté), espicerie, telles^ pelleterie,
et aultrez marchandisez^. Et fut ceste douleur au Lendit le ven*
dredi aprez la beneichon', xvij ans aprez ce que plusieurs drape-
a. Saint-Julien-des-Ménétriers. Sur la fondation de cet hôpital, voir Du
Breul, p. 990.
3. D'après Du Breul, p. 994, cette première messe aurait été chantée le
dimanche avant la Saint-Remyi 24 septembre i335.
4. La première acquisition faite parles fondateurs est du 7 octobre i33o.
— Voir paragraphe 212. — Le ms. A renferme encore cette variante, qui
fait suite à celle rapportée en note du paragraphe 264 : c En cest an furent
beneiz les hostieux de l'ospital Saint-Julien, assis à Paris, en la grant rue
Saint- Martin ; et y fut la première messe chantée, à ij clochez penduez au
clocher, le dimence jour de feste saint Remy, premier jour d'octobre, le
quel hospital fondèrent les jugleurs Tan devant nommé xxx. »
271. — 1.5 janvier i336, n. st.
2. Corbeil.
272. — I. Les autres chroniqueurs ne disent rien de cette étoile.
273. — I. Pâques i336, le 3i mars.
2. Dans le ms. B, les mots « donc plusieurs marchans cheirent en povreté »
suivent le mot « marchand isez. »
3. La bénédiction était donnée par l'évêque de Paris venu en procession
avec son clergé. Le vendredi qui la suivit^ en i336, tomba le 14 juin
(Conf. Cont. de Nangis, II, p. i53}. Ce fut à la suite de Tincendie de i336
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DEUXIÈME PARTIE. 167
ries» la nuit de la feste de la Nativité saint Jehan-Baptiste, furent
arses^.
974. — Après ce» en icest an, le lundi premier jour de juillet,
au Bois-de-Vincennes, Jehanne la roynne de France eust ung
filz, qui eust à nom Philippe *.
276. — En cest an, mons. Hugues de Crusy, jadiz prevost de
Paris et tenant aprez le siège en parlement et rendant les arrès,
pour plusieurs malefachons que il a voit faictes, tant luy estant
prevost comme en parlement ' , et contre lui prouvées, — du com-
mandement du roy à luy baillié inquisiteurs, c^est assavoir mons.
Jehan Mouton^ sire de Blainville, Bouchart de Monmorenci
sire de Saint-Leup et de Nangis ^, chevaliers^ mons. Guillaume
de ViUiers^, chevalier, docteur en lays, conseiller du roy, — par
jugement, le [deusiesme] dimence d^aprez, la veille' de la Mag-
daleine, à grant compagnie de gens de Paris à pié et à cheval^ fut
au plus hault du gibet de Paris, en une robe de pers* et en ses
chausses et souliers, fut penduz.
876. — Aprez ce, la roynne de France, qui de Philippe son filz
gesoit au Boiz-de-Vincennez (où grant appareil avoit à grant
machonnerie de galleries et de pavillons qui y estoient mis, et y
que la foire fut transférée sur le territoire même de la ville de Saint-Denis
(Voir Sauvai, Antiquités de Paris, I, p. 667).
4. Voir paragraphe 32.
274. — I. Le ms. B ajoute : qui kit après duc d'Orliens. — Philippe
fiit, en effet, duc d'Orléans et de Touraine, et comte de Valois ; il mourut
en 1375, sans enfents légitimes (Voir paragraphe 173, note 2). Le Conti-
nuateur de Nangis le fait naître le 2 juillet, et le ms. latin 4641 B de la
Bibi. nat. à la Saint-Jean«Baptiste.
276. — I. Ms. B : et depuis président en parlement..., tant lui estant
prevost comme président.
a. Jean U de Mauqueachy dit Mouton, seigneur de Blainville (Seine-Infé-
rieure). Il avait été sénéchal de Toulouse de 1 298 à 1 3 1 6, et mourut après 1 344.
3. Bouchard II de Montmorency, seigneur de Saint-Leu, de Nangis-en-
Brie et de Deuil, grand panetier de France, — ou Bouchard III, seigneur
de Saint-Leu, de Nangis et de la Houssaye, conseiller et chambellan du roi,
inquisiteur sur les eaux et forêts. Le P. Anselme dit seulement que le pre-
mier m vivait encore le 3i décembre i333. »
4. Dominus G. de Villaribus, cité dans des ordonnances de i335 et 1341
{Recueil, II, p. 104 et 172).
3. Le 21 juillet était le deuxième dimanche d'après (la naissance de Phi-
lippe de France, lundi i"" juillet).
6. Ms. B : en une cotte de pers. — Plusieurs des détails fournis par ce
paragraphe le sont par notre chronique seule.
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l68 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
avoit Pen fkit grant logeis pour faire grant feste le dimence aprez
cez relevaillesy lequel dimence fut devant la saint Laurens,
iiij jours au moys d'aoust, xv jours aprez la mort mons. Hugues
de Crusy, ung grant orrage qu'il fist le samedi précédant, iij jours
au dit mois d^aoust, et fut de pluye, de vent et de grosses pierres '
qui chairent du ciel, donc il eust si grant tourment au Boiz que
lez dictes galleries, loges et pavillons chairent à terre, et y eust
plusieurs ouvriers qui les faisoient mehaingniés)^ et non obstant
ce, la dicte roynne fist grant feste le dit dimence; et y eust bien
L bourgoiz de Paris que elle y fist semondre à y venir; et y furent
en robes de vert cendal, et si avoit chacun ung chappeau d^or sans
couronne en sa teste.
277. — Après ce, en icest an, Charlez conte d'Estempes, qui
estoit en une guerre que le duc de Bourgongne avoit contre
mons. Jehan de Challon^ mourut^. Et estoit iceluy conte frère
de Philippe roy de Navarre.
278. — Et aprez ce, en icest an, le mardy aprez la feste saint
Berthelemieu, xxvij jours au moys d'aoust, Jehan de Bus, pre-
vost de Mont le Hery\ pour plusieurs desroberies qu^il avoit
feictes, estant prevost du dit lieu, de pourceaux et d'aultres
choses, et aultrez mallefachons contre luy prouvées et de luy
confessées, fut le dit jour de mardi au gibet de Paris penduz*.
279. — Aprez ce, lez messaigiers du roi d'Engleterre au roy de
France envolez, c'est assavoir Pevesque de Duresme et Tevesque
de Vincestre ^ , pour la besongne de Gascoingne et de Normendie.
276. — I . Le Continuateur de Nangis' ne parle pas de cette chute de
pierres. — Ms. A : le samedi précédant, iiij jours...
277. — I. Jean H de Chalon. Sa sœur étant décédée en i333 sans pos-
térité, le comté de Tonnerre lui avait fait retour (Voir paragraphe 235,
note 3).
2. Le comte d'Étampes mourut au siège du château de Pimorain, le 5 sep-
tembre i336, selon le P. Anselme et VArt de vérifier les dates, le 24 août
selon son épitaphe (Corrozet, p. 81}.
278. — I. L'abbé Lebeuf, X, p. 182, ne fiiit remonter qu'à 1379 l'érec-
tion de la prévôté de Montlhéry.
2. Fait inédit.
279. — I. Richard, évêque de Durham, et Adam, évéque de Winches-
ter, partirent d'Angleterre le 12 juillet et y furent de retour le 2g septembre
(Rymer, II, 3? et 4* parties, p. 149 et i53). D'après leurs lettres de créance,
ils devaient traiter du passage en Terre sainte et de toutes difficultés nées
et à naître entre les deux rois de France et d'Angleterre, sans plus spécifier.
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DEUXIÈME PARTIE. 169
880. — Après ce, en ycest an, Jehanne de Joigny, contesse
d'AIenchon, £ame Charlez le conte d^Alenchon frère du roy de
France, au Boiz-de-Vincennes , le mardi' avant la feste saint
Michel, mourust; et le vendredi ensuivant, en Peglise des Frères
Mineurs, présent son tnary, le roy [de Navarre Philippe] et la
roynne de France Jehanne d'Evreux*, et plusieurs aultres, fut
bonnourablement enterrée.
281. — En ycest an, le premier jour de janvier * , le roy par son
conseil ordena que sa monnoie seroit plus fioibe qu'elle n^avoit
esté, pour doubte de la guerre de luy et du roy d'Engleterre; et
fist faire blanches mailles de viij deniers chacune. Et fut crié que
elle eust cours le samedi aprez la Chandeleur en ycest an.
882» — Et en cest an m. ccc. xxxvj, le samedi jour de feste
saint Pierre en frevrier', au Boiz-de-Vincennts, la contesse d'Es-
tempes ' eust ung filz, en elle engendré du dessus nommé feu
Charlez le conte d'Estempes ^, et du quel fik la dicte contesse
estoit enceinte quant Charlez le conte d'Alenchon, de l'oaroy son
frère Philippe le roy de France, à Paris, à Tostel du Louvre,
espousa. Et le quel filz yceluy roy de France, frère le dit conte
d'Alenchon, tint sur fons; et eust nom Philippe^ en baptesme.
283. — Et le lundi ensuivant ^ iij jours au moys de mars en
280. — 1 . 24 septembre, ^ le 2, selon le P. Anselme, I, p. 270. D'après
VArt de vérifier les dates ^ la comtesse d'Alençon serait morte le 21 novembre
et aurait été inhumée dans l'hôpital de Joigny, fondé par elle.
2. Jeanne d'Évreux, veuve de Charles le Bel, morte en x370. La place
occupée par les mots « le roy 1 nous fait croire qu'ils désignent, non Phi-
lippe de Valois, mais le frère de Jeanne.
281. — I. L'ordonnance du i" janvier i336, v, st., est au Recueil^ VI,
p. j. C'est la dernière que cite notre chroniqueur, bien qu'il y en ait eu
d'autres de rendues sur la matière avant la fin de iSBg.
282. — 1. La Chaire de saint Pierre à Antioche, 22 février.
2. Marie d'Espagne, fille de Ferdinand II d'Espagne dit de la Cerda et de
Jeanne de Lara. Son contrat de mariage avec le comte d'Alençon fut passé
en décembre i336, suivant le P. Anselme, I, p. 270.
3. Cette confusion de part est évidente, puisqu'entre le décès de la pre-
mière femme du comte d'Alençon, 24 septembre i336, et la naissance de
l'enfant, 22 février i337, n. st., il s'était écoulé moins de cinq mois. Si l'on
accepte la date du contrat indiquée par le P. Anselme, l'enfant serait même
né deux mois à peine après le nouveau mariage de sa mère.
4. Ce Philippe serait-il l'évéque de Beauvais, depuis archevêque de Rouen ^
et cardinal, que le P. Anselme donne pour second fils au comté d'Alençon ?
— I. Le lundi suivant le baptême.
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lyO CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
cest mesmes an, le devant dist conte d'Estempes, qui en celuy an
estoit mort, et enterré comme en garde en Tabbaie de Qugny en
Bourgongne, le corps de luy fut apporté à Paris, et en TegUse des
Frères Mineurs, en yceluy jour, le lundi, au pourcas et instance
de sa seur la roynne Jehanne d'Evreux, seur du roy de Navarre
Philippe, fut honnourablement enterré*.
284. — Et en yceluy jour de lundi fut Tesclipse du solleiP.
286. — Et en ycest an, Edouart le conte de Bar mourust en
mer * ; aprez le quel Henry, son filz de la fille Edouart le vid
jadiz roy d'Engleterre, fut duc*.
[l\n m. CGC. xxxvii.]
286. — L'an m. ccc. xxxvij\ au moys de juing*, le conte de
Haynnault mourust; aprez le quel Guillaume, son filz, fut duc*.
Et aussi en ycest an, en la première sepmaine de juing, Jehan le
conte de Dampmartîn mourut^.
287. — En cest an, en la saison dVsté, Jehan de Marigny^
evesque de Beauvaiz*, Jehan* conte de Eu, connestable de
France, gouverneurs de Fost adonc nouvellement commenché
pour prendre et saisir Gascongne en la main du roy de France,
eux envaissant Gascoigne, debatirent la montaigne que Pen
2. Cette inhumation provisoire dans l'abbaye de Quny n'a pas été con-
nue du P. Anselme, non plus que la date de l'inhumation définitive.
284. — X. VArt de vérifier les dates relate cette éclipse.
285. — X. Le P. Anselme, V, p. 5xx, dit qu'il mourut c en i'isle de
Chypre, en x336. »
2. Henry IV comte de Bar, mort en 1344. Notre chroniqueur se trompe
en le disant né d'une lille d'Edouard I" roi d'Angleterre. Alianor d'Angle-
terre était son aïeule, comme femme de Henry III comte de Bar , mort
vers i3oi.
286. — X. Pâques i337, le 20 avril.
2. Le 7 juin.
3. Ms. A : son filz, mourut. — Guillaume II ne mourut qu'en x345; il
fout donc lire : fut duc.
4. Jean II de Trie, comte de Dampmartin. Le P. Anselme dit seulement
qu'il mourut « avant 1 338. i
287. — X. Archevêque de Rouen en x347, mort en x35x.
2. Raoul. — Il fut envoyé en Languedoc et en Gascogne dés le 23 mai i337
et en revint le 2 novembre suivant {Chronique Normande du XIV* siècle,
édition Molinier, p. 244}.
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, DEUXIÂME PARTIS. I7I
appelle Primerot', la quelle ilz prindrent^ et en la main du roy
la mirent, avec une aultre petite villeite. Et de là s^en allèrent et
mirent le siège entour la ville de Saint-Maquaire^^ où ilz furent
mont longuement; et getoienten la ville à perrieres et à mangon-
neaux, maiz riens n^ faisoient, ne point ne la prindrent. Et en
yceluy host, de la partie du roy de France estoit le conte d'Armi-
nac* et le conte de Foiz*, chacun à tout grant host. Aprez, si
comme Pen dist, bien xl>' hommes, que de pié que de cheval, qui
dedens Bordeaux estoient, quant ilz virent Tost de France approu-
cher de leur cité, si yssirent hors et leur demandèrent se ilz lez
vouUoient rechevoir à bataille ^ car ilz en estoient tous prestz.
Adonc le connestable leur respondi que nennil. Lors furent
trêves données d'un costé et d'aultre. Et estoit Gascoigne bien
garnie de gens. Et s'en revindrent en France le dist evesque et
connestable pour ce que le roy lez manda pour estre avec luy à
Amyens, où entendoit à estre le roy d'Engleterre, qui en Hayn-
nault estoit.
288. — Tantost que Tost dez Franchoiz s'en fut revenu et trait
arrière, Post du roy d'Engleterre, qui tousjours s'eflforchoient de
plus en plus à garnir Gascoingne, tout ce que nostre gent ayoient
gaigné, excepté la dicte montaigne de Primerot, le demourant
prindrent arrière et mirent en la puissance du roi d'Engleterre,
avec ung chastel du roy de France * qui oncques mais n'avoit
esté au roy d'Engleterre; donc Arnault de Miremonde*, chaste-
lain d'iceluy, qui le rendi aultrement que bien si comme Ten
dist, à Paris, par jugement, le samedi ^ vigille des Brandons, en
3. Puymirol (Lot-et-Garonne, arrondissement d'Agen). Cette place capi-
tula le 17 juillet i337 (Ibidem, p. 208). On sait que puy est synonyme de
montagne.
4. Le siège de Saint-Macaire (Gironde) durait encore le 24 Juillet i337
{Ibidem, p. 209). — Sur les diverses causes de la guerre, voir une note de
MM. Molinier, p. 242.
5. Jean I** comte d'Armagnac, mort après i36i.
6. Gaston II comte de Fois, mort après i339.
888. — I. Parcoul (Dordogne, arrondissement de Ribérac; Paraeolum,
dans le Contîn. de Nangis, II, p. ib'j),
2. Les Grandes Chroniques le nomment Ernaut de Miraude ou Mirande,
le Gont. de Nangis Renaldus de Normannia, et le ms. latin 4641 B de la
Bibl. nat. Arnault de Normandie. Ce même ms. dit qu'il était neveu de
révéque de Saintes (cet évéque était Thibaud de Chastillon).
3. 8 mars. Les autres chroniqueurs ne précisent pas le jour, sauf toute*
fois l'auteur du ms. 464 iB.
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172 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
la place aux Pourceaux eust sa teste trenchée^. Et aussi en celle
empointe Post d'Engleterre ardi grant partie de la seneschaucie
de Yantonge ' et des villes que feu mons. Charlez jadiz conte de
Valoiz, père du roy de France, prist quant il fut en Gascoingne,
et de la ville de la RioUe, si comme Fen dist, grant partie aba-
tirent.
289. — Aprez en cest an, iij« ou environ de Genevoiz, que le
roy de France fist entrer en mer, furent des Aingloiz ochiz*.
Aprez, en Lescluse en Flandrez, le navire d'Engleterre mont
grant dommaige firent; et grant multitude d^Engloiz descen-
dirent à terre *, et fut Tassault grant, et y eust bien de Flamens,
si comme l'en dist, viij*' ou environ de occiz; et prindrent le bas-
tart de Flandrez, frère du conte de Flandrez', et aultrez cheva-
liers, que eux en Angleterre menèrent Et aprez, lez Angloiz qui
dedens le navire d'Engleterre estoient prindrent bien, si comme
Pen dist, xxiiij nefz chargées de vins et d'aultres denrées qui
venoient en France.
290. — En ycest an, entre Nostre-Dame-des-Champs et P^ris *
fut fondé ung hospital de Saint-Jaquez, des frères du grant hos-
pitaL Saint-Jacques-de-hault-pas d'Espaigne^; et achetèrent les
terres et les vignes oti le dist hospital est assis, et leur amorti le
roy. Et fut appelle cest nouvel hospital Saint-Jaques-de-hault-
pas'.
4. Le même manuscrit fournit quelques renseignements supplémentaires
(f* i33 y* et f* 184 r*) : c Et depuis son corps et sa teste furent pendus au
gibet de Paris. Et fii pour ce qu'il dut estre traître le roy et qu'il avoit
la dicte ville de Paracol mise en la main des ennemis par les enseignes de
croix de croie (craie) et de charbon qu'il avoit deu faire par nuys aux
entrées des hostelz de tadicte ville. Et après sa mort, si comme l'en dit,
en fut il trouvé innocent ; si fut despendu et emmené en son pais à grant
honneur, i
5. Saintonge.
289. — I . Ce premier échec n'est pas relaté par les autres chroniqueurs.
— Genevois, Génois.
2. Il s'agit là de l'afiaire de l'He de Cadsand, entre l'Ecluse et l'île de
Walcheren (le 10 novembre i337, d'après Froissart, I, p. i32).
3. Guy, bâtard de Flandre (Voir Rymer, II, 4» partie, p. 74). Le
P. Anselme le dit fils (et non frère) du comte de Flandre, Louis dit de Crécy.
290. — I. Ms. A : à Paris. — Ms. B : entre Paris et Notre-Dame-des-
Champs.
2. Lire : d'Italie.
3. Les termes de notre chronique nous paraissent confirmer entièrement
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DB0XIÈMB PARTIE. Ij3
391. — En icest [an], vigille de fcste saint Vincent*, martir,
au moys de janvier, premier jour de la lune^, au Boiz-de-Vin-
cennes, Charlez',.filz de mons. Jehan de France duc de Nor-
mendie et de ma dame Bonne, sa famé, fille le conte de Lucem-
bourc^, fut nez.
292. — En ycest an, le mercredi devant la saint Qiment ^ au
Boiz-de-Vincennes, Jehanne la roynne de France eust une fille,
qui eust nom Jehanne^ en baptesme et mourut Tendemain ensui-
vant.
293. — En ycest an, la sepmaine peneuse*, le filz' mons.
Mille de Noiers, chevalier, conseiller du roy de France, es par-
ties d'Allemaigne, où il alloit pour jouster si comme Ten dist,
fut pris.
[l\n m. CGC. zxxvni.]
294. — *En Pan ic ccc. xxxviij \ Nicholas Buchet, jadiz treso-
sier du roy de France, avec plusieurs gens d'armes dedens grant
Popinion de Lebeuf, I, p. 247, et de Sauvai, II, p. 364, d'après laquelle la
fondation de l'hôpital de Saint-Jacques-du- Haut-Pas, dans le quartier
de Notre-Dame-des-Champs, ne serait pas antérieure à iSSy. Du Breul,
p. 376, pensait le contraire; et, en efiet, il existe des lettres de Charles le
Bel, de mars |332 (Ordonnances, VI, p. 32), par lesquelles il prend sous sa
sauvegarde c la Maison-Dieu de l'hôpital de Saint-Jacques-du-Haut-Pas >
(celui que notre paragraphe 290 appelle le grant hospital) ; mais, si cette
maison était située à Paris, ce que n'indiquent pas les lettres, elle devait
l'être dans un autre quartier.
291. — X. Saint Vincent, le 22 janvier. — Ms. B : le jour de sainte Agnès
(21 janvier).
2. Notre chroniqueur avait-il foi aux c vertus de la lune, i comme l'au-
teur du premier fragment que contient le ms. A (c Et des enfTans qui
naquissent en croissant dient les philosophes qu'ilz sont plus saiges et plus
gracieux et plus eureux de bien avoir que ceulx qui naquissent en
decours ») ? L'événement l'aurait confirmé dans sa croyance.
3. Charles, depuis Charles V le Sage.
4. Le roi de Bohême, comte de Luxembourg de son propre chef.
292. — I. Saint Clément !•', pape et martyr, le dimanche 23 novembre,
ou saint Clément d'Alexandrie, docteur de l'église, le jeudi 4 décembre.
2. Cette Jeanne n'est pas mentionnée par le P. Anselme.
298. — I. Du 5 au II avril i338, n. st.
2. Miles VII dit le Bossu, fils aîné, ou Gaucher, fils puîné de Miles VI,
seigneur de Noyers, maréchal, porte-oriflamme et grand-bouteiller de
France (P. Anselme, VII, p. 649).
294. — I. Pâques i338, le 12 avril.
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174 CHRONIQUE PARISTBNNB ANONYME.
foison de nefz, si .comme Ten dist, entrèrent en aucunes isles de
Normendie qui sont au roy d'Engleterre et en la conté de Cor-
nouaille, sur le rivaige de la mer, et illec ardirent plusieurs vil-
leites. Et pour ce que les ge[n]s du pais, quant ce apperchurent,
s'assenblerent pour venir à eux, lors tantost le dist NichoUe et
nos gens entrèrent en leurs nefz et s'en vindrent par dechà en
France*. Après ce, en ycest an, environ TAscencion* Nostre Sei-
gneur, le dist Nicliole Buchet, Hue G)le^, et plusieurs aultrez,
devant Calaiz ung port sus mer qui est au roy de France', yceluy
Hue Cole et grant foison de nostre gent furent dez Aingloiz ocbiz,
et le dist Buchet et sa gent s^enfouirent incontinent.
296. — Environ * ce &it, le roy de France manda par plusieurs
foiz par ses lettres et fist crier par le royaulme de France que
chacun fût prest et appareillé avec luy à Amyens la cité, en armes
et en chevaux, pour le royaulme et la couronne de France def-
fendre, au premier jour d'aoust, contre le roy * d'Engleterre qui
luy avoit mandé qu'il estoit mieux roy de France que n'estoit
celuy qui de France se disoit roy, c^est assavoir Philippe de
Valoiz ^.
296. — Au temps que mons. Philippe de Valoiz fut recheu à
estre roy de France par la succession de sa niepce*, fille le roy
Charlez de France^ desrainnement mort, et estoient eschevins de
2. Voir Chronique Normande du XIV* siècle, p. 246, le Contin. de Nan-
gis, II, p. 258, et le ms. U. 41 de Rouen, f" 121 et 122. Ces deux derniers
rapportent une partie des faits à Tannée iSSy. Aucun d'eux ne mentionne
Texpédition dans le comté de Cornouailles.
3. L'Ascension, le 21 mai i338.
4. Nous n'avons trouvé ce personnage cité nulle part ailleurs. ~ En 1296,
Tune des six nefs du port de Veulettes (Seine-Inférieure), qui étaient au
service de Philippe le Bel, était commandée par Robert Cole {Mémoires de
P Académie des inscriptions, XXX, p. 398).
5. Qui est. On voit que notre chroniqueur écrivait avant 1347.
296. — I. Ms. B : Environ PAscention.
2. Ms. A : entre le roy.
3. Edouard III était parti d'Angleterre le 16 juillet 1 3 38. Sa lettre de défi
avait été présentée à Philippe de Valois par Tévéque de Lincoln dès la
Toussaint i337 (Rymer, II, 4» partie, p. 28 et 192).
296. — I. c Par la succession de sa niepce. i — Le mot niepce s'applique
ici à une cousine de Philippe de Valois, sa nièce à la mode de Bretagne,
dont le père, Charles le Bel, était cousin germain de Philippe VI. Quant à
l'expression par la succession, il faut la traduire par aux lieu et place
(Voir paragraphe 1 78).
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DEUXIÈME PARTIE. I75
Paris ^, et les quieux le rechurent à roy, Jehan La Pie, prevost
des marchans de Paris, Guieffroy de Fleury, qui depuis fut tré-
sorier*, Guillaume Pisdoe-Boufart, Gamier de Tremblay, drap-
pier, et Guillaume Coussac *.
397. — Et en ycest an, fist le roy une grant taille sur tous les
advocas et procureurs du royaulme, et qui oncques maiz ne fut
que gens de conseil feussent taillez; de la quelle taille le roy eust
grant somme de deniers. Aprez ce, fist le roy une aultre taille sur
les Angloiz du royaulme, et fut ceste taille que le roy eust, de
chacun Engloiz tenant feu, le tiers de ce que il avoit vaillant. Et
juroient chacun sur sains combien ilz avoient vaillant aprez
toutez debtez paiées, et se ilz avoient nulz enffans (et tout tel
serment avoient feiit lez dis advocas et procureurs). Et fut cest
subside dez Engloiz fait sans eux emprisonner, xij ans aprez ce
que le roy Charlez, son devancier, avoit lez Angloiz emprisonnez
et en la moitié de ce que chacun avoit vaillant [taillez]. Et aussi
tous lez riches hommes que l'en sçavoit par le royaulme avoient
aussi preste au roy de France grant somme d^argent, Pun cent
livres, Tautre ij^, Tautre iiij<^, chacun selon son avenant, non
obstant la maletoute qui par le royaulme couroit et qui otroié
estoit de ceux de Paris et dez aultres bonnes villes du royaulme,
c^est assavoir de iiij deniers pour livre. Et aussi en icest an,
furent taillées toutes les petites villeitez du royaulme de France,
et finerent chacune petite villeite [selon] son povair et faculté.
Dez quellez taillez et subsidez le roy eust si grant somme d'ar-
gent que à paine la pourroit Ten nombrer ; et les Angloiz, qui
crestiens sont, encacha. Et aussi en cest an, eust le roy des lom-
bars usurier trop grant somme de deniers. Toutez les quellez
sommes de deniers tournèrent tousjours à mal proufHt * .
2. Ce paragraphe rétrospectif comble une lacune dans la liste des éche-
vins et prévôts des marchands de Paris, ceux de Tannée 1828 manquant
dans VHist. de Vhôtel de ville de Paris, de M. Leroux de Lincy, 2* partie,
p. 2o3.
3. Argentier de Philippe le Long en janvier i3i7, n. st., anobli en x320,
trésorier de France en 1 339 (Douët d'Arcq, Comptes de l'argenterie des rois
de France, p. yS à 76).
4. Le ms. porte bien Coussac. Mais d'autres documents citent des Pari-
siens du nom de Toussac.
297. — I. Tout ce curieux paragraphe s'applique à des faits entière-
ment passés sous silence par le Continuateur de Nangis et par les Grandes
Chroniques. Seule, la Chronique française de G, de Nangis fournit des ren-
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I
176 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
298. — Avec ce, le mardi ^ aprez la saint Laurens, en ycest
mesmes an, du commandement du roy, prist Pen en tous' lez
. hostieux des Angloiz toutez les armeures quUlz avoient, feussent
espées ou cousteaux ou quelques aultrez armeures, pour ce, si
comme le roy manda par ses lettres au prevost de Paris, que l'en
luy avoit donné à entendre que lez Aingloiz s^efforchoient de jour
en jour de acheter armeures^.
299. — Et assembla le roy de France grant host de gentilz
hommes, bien par ij fois ij^, sans gens de pié \ à la quinzaine de
la mi aoust, en la cité d^Amyens. Et pour ce que ceux de la cité
de Paris n'allassent pas en Fost, ilz paierent au roy une grande
somme d^argent, et par marchié fait entre eux et le roy, et jusques
à ung an d'illec ensuivant, que ilz ne seroient pas contrains de
aller au dist ost '.
seignements intéressants qui confirment ou complètent la Chronique pari-
sienne : € Le roy de France, laissiés gens d'armes es frontières, s'en retourna
à Paris et donna congié à son host; et, pour ceste assemblée, il tailla moult
durement son peuple, quar il leur fist paier subside au double du subside
qu'ilz avoient paie Tan devant; et disoient les impositeurs que s'estoît
pour Parrère-ban que il avoit fait crier dés le commancement d*esté, com-
bien que en vérité il ne peust estre dit arrëre-ban, quar nul ost n'es-
toit aie devant. Et oultre telle taille commune, l'en fist faire à chascun du
peuple monstrée en armes; si mettoit l'en sus aus riches hommes qu'ilz
ne s'estoient pas monstre souffisamment ; si convenoit qu'ilz finassent. Et
en cest an le pape Benedic, qui lors estoit, octroia au roy de France le x*
de deux ans, par celle condicion qu'il ne demanderoit autre subside au
clergié ; mais la condicion ne fu pas gardée, car il y ot peu de clers, de
quelque estât ou condicion qu'ilz feussent, qui ne convenist faire ayde
d'autre part au roy ; et aus propres clers de son parlement, de sa chambre
des enquestes, des comptes, et aus chevaliers mesmes de son hostel
demanda il que ilz luy prestassent leurs vaisselemens d'argent pour faire
monnoye, les quiex le firent, et en fist grant coppie de monnoye ; et puis
avant que l'an passast, leur rendi l'argent que le marc avoit esté prisé ; et
empira continuelment sa monnoie, et fist divers florins. » (Fr. 17267,
f* i3o r*, sous l'année i338, mais le passage cité s'applique à plusieurs faits
d'une date antérieure et que relate la Chronique parisienne en leur lieu.)
298. — I. II août i338.
2. Ms. Â : prist et entra en tous.
3. Faits pareillement inédits.
299. — i.Exercitum quasi innumerabilem (Contin. de Nangis, II, p. -160).
— Faut-il lire : sans les gens de pié ? ou le chroniqueur a-t-il signalé ainsi
la tendance qui amena Philippe de Valois et son fils à renoncer aux ser-
vices de l'infanterie des communes ?
2. M. Siméon Luce (Froissart, I, clxxxv) cite des lettres de Philippe de
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DEUXIÈME PARTIE. XJf
aOO. — Et estoient lors lez cardinaux à Arras affin que les deux
roys ne assemblassent ^ ; car le roy d'Engleterre estoit lors à ost
venu d^Engleterre en Haynnault. Et lors Post du roy de France,
ainssi grant comme je vous diz, assemblé en la cité d'Amyens et
environ, le roy de France, qui avec son grant host estoit en la
dicte ville d^Amiens, par mont de conseux iist crier parmy iceluy
host et par ban, le mardy aprez la feste Sainte-Croix' en sep-
tembre, Pan dessus dit mil ccc. xxx. huit, que chacun widast et
s^en allast en son lieu, et que chacun se tint gamy d^armeures et
de chevaux^ et qu'ilz feussent tous prestz toutesfoiz que le roy les
manderoit, et que lez chevaliers qui vouldroient demourer illec
aux gaigez du roy, chacun airoit pour jour vj s., et chacun
escuier iiij s.' ; et ainssi se desraina Post, et s'en revint chacun en
son repaire, à grans cousteemens, sans riens faire; lez quieux
cousteemens, si comme Pen dist, au roy de France fraiz, mon-
toient bien ij<» Ib. et plus. Et furent lors les gentilz hommes trop
grevez.
801. — Et tantost^ au commencement de Post, le roy d^En-
gleterre manda à nostre roy de France, ainssi comme Pen dist :
« Dictez de par moy à Philippe le conte de Valoiz, d'Angou et du
Maine, que tout vraiement, avant que je passe la mer, et je saiche
bien certainement qu^il die en sa compagnie xx"* hommez d'armez,
et je n'aye avec moy que vj", si me combattrai ge à luy en plain
champ. »
802. — Aussy au commenchement de cest host, mons. Jehan de
Haynnault, oncle du conte de Haynnault, connestable de Post au
roy d^Engleterre, fist crier, par toute Haynnault et HoUende, que
tous ceux qui aymoient mieux la partie de Philippe le conte de
Valois, suivant lesquelles les bourgeois de Paris s'engagèrent à fournir aide
de 400 hommes de cheval, c'est-à-dire à en payer la dépense, c laquelle
aide cesseroit se par aventure le commun alloit audit host, > mais ces lettres,
données à Gisors, sont du 7 mai iSSy.
800. — I. Voir Contin. de Nangis, II, p. iSy.
2. L'Exaltation de la sainte Croix, le lundi 14 septembre i338.
3. Les chiffres ordinaires étaient 20 sous pour les chevaliers bannerets,
10 sous pour les chevaliers bacheliers, et 5 sous pour les écuyers (Docu-
ments originaux cités, pour 1294 et i335, par Boutaric, La France sous
Philippe le Bel, p. 372, et M. Hervieu, Recherches sur les premiers états
généraux, p. 199).
801. — I. Le contenu de ce paragraphe et des deux suivants paraît inédit.
Min. XI 12
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lyS CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
Valoiz que le roy d^Engleterre, qu'ilz wîdassent tantost et sans
delay.
303. — Et sachez que, en cest an m. ccc. xxxviij, crust bien
petit de vin.
304. — En ycest an, la sepmaine de la saint Remy, trois nefz
ou quatre * du roy d'Engleterre, oli il avoit bien vif hommez,
furent des Genevoiz prins en soursault, sans ce qu*ilz s'en don-
nassent de garde et sans ce qu'ilz feussent armés ; et furent des-
confiz, et bien une grant quantité, qui dedens les dictes ne&
estoient, se rendirent leurs vies saulves à Ycton Dore> [et] mons.
Charlez des Germains^, connestables des dictes gens, lez quieux
connestables les livrèrent à mons. Hue Queret^, amiral de la mer
de par le roy de France ; le quel, tantost comme il les eust, faul-
sement leur fist à tous les testes coupper'.
306. — Aprez ce^, yceux Genevoiz à ung des pors d^Engleterre
appelle Senrenhenton ' en soursault arrivèrent, et les faubours
ardirent, et la ville eussent arse se lez murs n'eussent esté bons et
fors quy y estoient ; et se combatirent à ceux de la ville, et là fut
ochiz ung des sergens d'armez du roy de France, appelle Bernart
delà Massoure'.
306. — Après ce, en ce comptens et en cest mesmes an k. ccc.
xxzviij, fut le jour de Nouel au vendredi * .
304, — I. Il s'agit là sans doute de la prise des navires que le Conti-
nuateur de Nangis, II, p. i6i, nomme Christophora et Eduarda, sans pré-
ciser la date du combat
2. Ayton Doria, de Gênes (v. Chronique normande du XIV* siècle^ p. 210).
3. Charles des Grimaux, Charles Grimaldi {Actes Normands de la
Chambre des comptes, p. 228).
4. Hue ou Hugues Quîéret, seigneur de Tours-en-Vimeu, chevalier et
amiraut du roi en i336 {Actes Normands, p. 145).
5. Si le fait que notre chroniqueur impute à Hue Quiéret était exact, on
s'expliquerait que ce dernier ait été égorgé de sang-froid par les Anglais,
après s'être rendu, à la bataille de PÉcIuse en 1340.
306. — i. Froîssart place le pillage de Southampton vers le 8 sep-
tembre i337, mais le Contin. de Nangis et la Chronique Normande le datent
aussi de i338.
2. Southampton.
3. Bernard de la Massoure avait été chargé, en i337, de f pourchasser
avoir à Monègue (Monaco) vingt galées armées. » {Chronique Normande ,
p. 21 3. — Voir aussi Actes Normands, p. 223, 224 et 226.)
306. — I. Ce fait s'était déjà présenté en i32i, 1327 et i332, sans que
le chroniqueur en fît la remarque. Ce paragraphe est une interpolation, et
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DEUXIÈME PARTIE. I79
807. — Aprez ce, grant multitude de Genevoiz qui, en Testé
desrainement passé ^, avoient gaigné ung chastel du roy d^ngle-
tcrre es isles de Gernesy *, et aloîent conquérir l'autre chastel du
roy d^Engleteire en une aultre îsle, furent dez gens d'Engleterre
decachez, tuez et detrenchez, et le chastel qu^ilz avoient gaignié
en Testé perdirent; et en la seigneurie et puissance du roy d'En-
gleterre fut par les Aingloiz remis arrière ; et illeuc fut ochis ung
des cappitaines dez diz Genevoiz appelle mons. Charles des Ger-
mains, chevalier '.
308. — Après ce, pour ce que le roy d'Engleterre avoit fait
faire sa semonce de gens dVmes à estre, le vendredi^ devant
Nouel, entre Mons et Bins' en Haynnault, le roy de France fist
aussi sa semonce de gens d'armes, et envoya son frère à Tournay,
Charles le conte d'Alenchon, et le roy de Navarre, avec grant foi-
son de gens d^armes, et son filz mons. Jehan de France, duc de
Normendie^ aussy avec grant foison de gens d^armez à Peronne.
Et pour ce que le roy d^Èngleterre contremanda sa dicte semonse
[et] se ravala dedens Allemaigne, Tost et les gens d'armes qui
estoient à Tournay et à Peronne le dist vendredi avant Nouel
s'en revîndrent, et s'en alla chacun à son repaire'.
309. — En cest an mil ccc. xxxviij, furent mont grant foison
de Genevoiz, qui estoient es gallies comme soudoiers du roy de
France^ tuez et ochiz des Angloiz. Et en Gascoingne, bien xxiiij
ou XXV, que chevaliers bannerès que escuiers^ furent des Gas-
coings, prins et emprisonnez.
les mots c en ce comptens » devaient, dans le ms. original, être le début
du paragraphe 307.
807. — I. Voir le paragraphe 294.
2. Guernesey.
3. Un Charles de Grimauls (Grimaldi) était encore au service de Philippe
de Valois en 1342 {Actes Normands, p. 342). Peut-être y avait-il deux Gri-
maldi portant le même prénom. D'autres se nommaient Agamelon et Tade
{iHdem, p. 226 et 219].
808. — I. 18 décembre i338.
2. Binche.
3. Voir Contin. de Nangis, II, p. 161.
809. — I. Ms. A : que chevaliers que escuiers bannerès. — Ces faits,
racontés d'une manière peu précise, semblent inédits.
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l80 CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
[l^an m. CGC. xxxn.]
310. — *L'an mil ccc. xxxix^, au moys d'apvril, Blaîvcs et
Bourc *, deux villes de Gascoingne, furent des gens du roy de
France par force prinses, et bien xij chevaliers' et xiîij escuiers,
qui dedens yceux villes estoient de par le roy d'Engleterre, se
rendirent, et furent amenez et emprisonnés, aucuns au Chastel
Anemaux ^, les aultrez au chastel de Mont le Hery, et les aultrez
au Temple à Paris, la sepmaine devant la Penthecouste*.
311. — Et après ce, environ iij sepmaines ensuivant*, grant
multitude de Genevoiz qui conduissoient vins de Gascoingne et
d^Espaigne et de Mallaigres * à arriver à Lescluse, environ
vj nefz chargées dez diz vins, furent des Angloiz aucuns des diz
vins prins et amenés en Angleterre, et le remenant des aultrez vins
furent perduz en mer; et les Genevoiz furent des Angloiz tuez;
et prindrent les Angloiz bien xj des galies aux diz Genevoiz, et
prindrent avec grant avoir de poix, que lez dis Ainglois prindrent
sur les vainturiés ' de Mallaigres, les quieux vainturiers avoient
chargé le dist avoir en leurs nefz à Lescluse et le voulloient mener
au royaulme de Maillogrez.
312. — Aprez ce, en ce mesmes an, le mercredi vij jours au
moys de juillet, environ heure de nonne*, fut l'esclipse de soUeil,
en telle magniere que le solleil se fendi parmy; et sembloit que
ce feussent deux croîssans, Tung d'une part de la fente et l'autre
de l'autre, et dedens la fente avoit grant obscurté très grandement
noire.
310. — I. Pâques iSSg, le 28 mars.
2. Blaye et Bourg-sur-Gîronde (Gironde). Ces deux villes furent prises
les 18 et 22 avril iSSg. Les Grandes Chroniques ne précisent pas le mois.
3. Le Contin. de Nangis cite le seigneur de Caumont et le frère du sei*
gneur de Labret (d'Albret).
4. Nom défiguré par les copistes. Il faut lire probablement « au chastel
à Nemoux > (Nemours en Gàtinois, où furent emprisonnés aussi les entants
de Robert d'Artois; Grandes Chroniques, col. i3ii).
5. La Pentecôte, le 16 mai (Voy. P. Anselme, VII, p. 745).
311. — I. Vers le 10 juin. -
2. Mallaigres, Maillogre:ç, Majorque.
3. Voituriers par eau.
312. ~ 1. VArt de vérifier les dates indique cette éclipse comme cen-
trale et comme ayant eu lieu à une heure après midi.
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DEUXIÈME PARTIE. l8l
313. — Après en ycest an, le mardis aprez la feste saint
Jasques et saint Cristofle, au moys de juillet, au Boiz-de-Vin-
cennes fut né Loys ^ le segond filz de mons. Jehan dé France duc
de Normendie.
314. — *En cest an, environ la feste de la Nativité saint Jehan-
Baptiste, fut assise Bordeaux-sur-Gironde ^, la maîtresse cité de
Gascoingne, et y fut le siège environ iij sepmaines. Et à cest
siège avoit c" hommes, que de pié que de cheval; et y estoit
mons. Pierres de Bourbon, chevalier, filz ainsné au duc de Bour^
bon Louys, le daulphin de Vienne^, le conte d'Armignac, le
conte de Savoye, mons. Jehan de Marigny, evesque de Beauveiz,
Tarchevesque d^Aux ^, toute la commune de Thoulouse, et tout le
povair du roy de France de Languedoc, sans rien excepter que
l'en povait avoir pour or [et] pour argent. Et pour ce qu'ilz mou-
roieat de &in, ne n^avoient que mengier ne que boire ne ne
povaient avoir, se leva à grant deshonneur cest siège, et s^en alla
chacun en son lieu et en son repaire. Et ceux de la cité estoient
bien garniz et bien hourdés. Et estoient bien dedens la cité, si
comme l'en dist, que de pié que de cheval, bien xxx^* hommes.
313. ~ I. 27 juillet, ^ le 23 d'après le P. Anselme, 1, p. 226.
2. Ms. A : Charlez. — Ms. B : Loys. Ce dernier ms. ajoute : lequel ij*
fut duc d'Anjou. (Il le fut, en effet, en 1 356.)— Adopté depuis par Jeanne !**,
reine de Naples et de Sicile, il fut couronné roi en i382.
314. — I . Ce siège est rappelé par M. Henri Martin, dans son Histoire
de France; mais il n*est mentionné dans aucune chronique imprimée ou
manuscrite que nous connaissions.
2. Humbert II, successeur de Guigues VIII, son frère. Ce fut lui qui céda
le Ûauphiné au roi de France en i343 et 1344.
3. Guillaume de Flaracourt, archevêque d'Auch.
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TABLE GÉNÉRALE ANALYTIQUE.
Les chiffres romains désignent les paragraphes de la Première
partie, les chiffres arabes les paragraphes de la Deuxième partie, et
les diiffres supérieurs les notes. — Quand un ou plusieurs chiffres
supérieurs, suivant un nombre, n'en sont pas séparés par une vir-
gule (94% 123 2-8), ils renvoient uniquement aux notes du paragraphe
désigné; quand la virgule existe (63, *, i8i, '-•-•), il y a renvoi au
texte du paragraphe comme aux notes.
Abdication, i6o, ^.
Abondance, 143, 244, 258.
Absolution, XV, 211.
Accidents, 223, 271, 276.
AchienniSy 181, *•.
Acteur, 134, '.
Adam, curé de Saint -Gervais,
193, ^
Adultères, 52, 88, S 199.
Agnès de France, fille de saint
Louis, 178^
Agnès, sœur de Robert Bruce,
99, ••
Ahert, 117, *.
Aides, 69, *^f 126, 162, 268, *,
269, *, 297 <, 299 <. — V. Dé-
cimes, Maltote, Subside, Taille.
Aimery (Jehan), prêtre, 254, <-*.
Albigeois (Province d'), 126.
Albret (Le frère du seigneur d'),
3 10».
Alençon (Le comte d'). — V.
Charles.
Alexandre IV, pape, 62 ^.
Alexandre II, roi d'Ecosse, 100,
4.5
Alexandre III, roi d'Ecosse, 100,
^ 101, *-*, 102, >, io3, 104.
Alexandre, fils d'Alexandre III,
lOI, *-'.
Alianor d'Angleterre, comtesse
de Bar, 112», 285 ».
Alice de Clermont, femme de
Guillaume de Flandre, 137'.
Alix de Bourgogne, femme de
Guillaume de Chalon, 140 ^
Allemagne, Allemands, XIX, 81,
89, 127,229,235,254,293,308.
Alliés (Les chevaliers et barons)
de Picardie et d'Artois, i, *, a^
Alo, XVII, •.
Alphonse X, roi de Castille,84^
i5ia.
Alphonse XI, roi de Castille, 3i,
a, 246, «-Î-».
Alphonse d'Espagne ou de la
Cerda, i5i, », i63, ^.
Amandier, 188, s.
Ambassades, 93, 94, 97, 109, 128,
25o, S 279, *.
Amendes, 200.
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TABLE GéN^RALE ANALYTIQUE.
l83
Amiens, XVII, **, a, i6 «J, 48,
5i *,53^ 189,212, <, 287,295,
299, 3oo.
Amiraux. — V. Behuchet, Quié-
ret.
Amordsseinent, i52^^, 290.
Amyens (Jehan d'), XVII.
Ancesseur^ 5i, «.
Anet, i3o>.
Anglais, Angleterre, IX, XVIII,
a3, S 25, 37,42, 44,48*, 71,
82, ».7-«, 92, 94, 95, 99, 100,
104, iio, II 5-117^ 122, 129,
i33S 142, i52, <«-«, i53, i56,
i65, i85, 199, 210, 212^,214,
21 5, 232, 237, 257, 266, 267,
279 *, 289, 294, 3oo, 304', 3o5,
307, 3oQ, 3ti. — V. Désarme-
ment, étrangers, Taille.
Anglesey, 107, *.
Anjou, VII, 2 *.
Anoblissement, 69 **, 296 *.
Apanages, VII, a, 7, •.
Apostasie, 27.
Apparanty XV, *•.
Applicay arriva'fpar terre), 92.
Applicanty s'attachant, réunissant,
82.
Aquitaine (Duché d'), XXI 3, 128,
142 », 149, 189. — V. Gasco-
gne.
Aragon (Le roi d'). — V. Jayme.
Aragon (Pierre d'), hérétique,
i55,«.
Aragotmais^ sobriquet, 253, '.
Araines, 226 ».
Arbalétriers de France (Les),
52, ".
Archidiacre de Paris. — V. Al-
phonse de la Cerda, Chanac.
Argentiers du roi. — V. Bil-
louart, Flcury.
Armagnac, Armignac (Le comte
d'). - V. Jean.
Arménie (Rois et royaume d'),
10,^^,25,», 87, «,97.
Armoiries, 47, 212'.
Arpajon. — V. Chates.
Arras, i, 5i, 179, 180, 248, <, 3oo.
Arrière-ban. — V. Ban.
Artois (D'). — V. Mahaut, Phi-
lippe, Robert.
Artois (Le comté d'), i, *-*, 67,
197, 2i3, 221, 226, 228 a, 263.
Artus (Le roi), 212.
Artus II, duc de Bretagne, 2 s.
Assemblées de prélats, de barons
et de bonnes villes, 7, '-*-*, 25,
îi7, 40,S69, ••,97, i52, », 169,
^ 194, 2, 223 ^ 236, *.
Atainville (Robert d'), XVII.
Aihol (Le comte d'), 267 *.
Attendant^ XWÎ, ^,212.
A uctorité (De leur) , 181,212.
Augustins (Les) et leur église ,
XXP, 53, •.
Aumonière (Noble), 212, ^.
Aunes, 69, •.
Aunoy (Gautier et Philippe d'),
88, <.
Aurillac, 39 ^
Auvergne, 39*, 193.
Auvergne (Chevaliers et écuyers
d'), 28.
Aux (Auch). — V. Flavacourt.
Auxerre (Le comte d'). — V. Jean
de Chalon.
Avignon, XV <^, 12, 18, 19,33,47,
177, 204, 211, 258, 259.
Avocats, 297.
Avranches (L'évêque d'). — V. De
Vienne.
Aymon, comte de Savoie, 243, 3,
314.
Azay, 212**.
Babylone. — V. Soudan.
Ban, arrière-ban, 295, 297 S 307.
Bannissement, XXIII ^, 44> 7^»
116, i53, 188, 228, »-^-«, 261.
Bannockburn, 82 ;, 92 *.
Bar (Le comte de). — V. Edouard.
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184 CHRONIQUE PARISIENirB ANONTME.
Barbette (Etienne), XVII, ', 52, »,
69, 76, 212.
Barbette (Jehan), 212.
Barons de France (Les), XVII,
XXII, 2, 7, 16, 20, 27, 29, 3o,
47, 48, 5o, 69, 83, 88, 89, 97,
126, i3i, i33, 140, 142, i54,
169, *, 228, 248. — V. Assem-
blées.
Barres (Jean des), maréchal de
France, i33, *.
Barrés (Les), IX, «.
Batterie de cuisine, 273,
Baudet (Guy), doyen de Paris,
254, ^
Baudouin de Luxembourg, ar-
chevêque de Trêves, 1 20, *, 229.
Baufet (Guillaume de) ou d'Au-
rillac, ou l'Auvergneau, évêque
de Paris, 39, ♦.
Bayeux (Le vicomte de). — V.
Marie.
Beaufort (La dame de), 82, '.
Beaugendre (Jehan), XVII.
Beaumont- le -Roger (Le comté
de), I ', 172 bis^ *.
Beauvais, 24, 287.
Beauvoisis (Le), 245.
Bec (Antoine de), évêque de Du-
rham et patriarche de Jérusa-
lem, 110, ^ II 3.
Becoisel (Becoiseau), 21 3, 3.
Behaigne^ Behangne. — V. Bo-
hême.
Behuchet (Nicolas) , trésorier ,
amiral, 254, ^, 294.
Belagent (Pierre) , prévôt de Pa-
ris, 254, 2».
Belleville. — V. Poitronville.
Belon, femme de Jehan de Rie,
261.
Bénévent, 62 K
Benoît XII, pape, 259, \ 297J.
Bernard VII, comte de Commin-
ges, 5i, ^
Bcrry, 94, *, 127, 212.
Berthelot, valet de Robert d'Ar-
tois, 254 *>.
Bertran (Robert), seigneur de Brt*
quebec, maréchal de France,
94, », 181, 226.
Berwick, 23, *, 37 *, 82, », 93,
237, *.
Besançon (Hugues de) , évêque
de Paris, i55, », 191, 206,208,
23l.
Bescot (Philippe de) , clerc du
prévôt de Paris, 52, •.
Bigorre (Le comté de), 7 », 5i, '.
Billouart (Jehan), i52, ^^, 212.
Bins (Binche), 3o8, >.
Blackmor, 94 <^.
Blainville (Jean Mouton, sire de),
275, a.
Blaives. — V. Blaye.
Blanche de CastiUe, femme de
Louis VIII, 109 *.
Blanche de France, femme de
Ferdinand de CastiUe, 84, *-^,
iSi», i63.
Blanche, fille de Philippe le Long,
78,».
Blanche d'Artois, femme de Char-
les le Bel, 88.
Blanche , fille de Charles le Bel ,
i54, 173, ^-».
Blanche d'Artois, reino de Na-
varre , comtesse de Lancastre ,
373,82,3.
Blanche de Bourgogne, comtesse
de Savoie, 196*.
Blanche de Bretagne , femme de
Philippe d'Artois, i *, 2, *,
172 bis, ♦, 228, *.
Blasphémateurs, 200.
Blaye, 3 10, ».
Blessures. — V. Coups.
Bohême (Le roi de). — V. Jean
de Luxembourg.
Bois en bûches, XIV.
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TABLE GÉNIALE ANALTnQim.
185
Bois de Vincennes (Le), 17, 69.
91, 142, 168, 17a bis, 173, a,
235y 274, 276, 280, 282, 291,
292, 3i3.
Boniface VIII, pape, iio^
Bon marché, 244, K
Bonne de Luxembourg, femme de
Jean II le Bon, 23o, ', 265, 291.
Bonnes gens, 141, i52.
Bonnes villes, 40 2, 212, 297. —
V. Assemblées.
Bontemps (Jehan), XVII.
Bontemps (Roger), boulanger,
XXIII, ».
Bordeaux, io3, 126, i33, 287,
3i4, t.
Boroughbridge, 82 *^. ^
Bouchère (Fleurent de), cheva*
lier, 56.
Boulangers de Paris, XXIII, 188.
Boulangers de Corbeil, 271.
Boulogne (Le comte de). — V.
Robert.
Boulogne (Église de Notre-Dame
de), 208, «.
Bourbon (Le duc de). — V. Louis,
Pierre.
Bourbonnais (Le), 127*.
Bourdon de Nelle (Jehan), 212.
Bourg-sur-Gironde, 3 10, ■.
Bourgeois et bourgeoises de Paris,
XV, ^.«.", XVI, XVII, XXIII,
7», 16, 28, 34, «,36, 40% 5o,
52, 69, «•-«^ 120, 141, 169*,
212, *-*-», 223, *-•, 236, 254,
*•, 255, 270, 276, 299, *. — V.
Couronnes, Ecuyer, Faucon-
nier, Joutes, Semons (Bour-
geois).
Bourges, 7'.
Bourges (Le bailli de), 65.
Bourgogne (Le comte de). — V.
Othon.
Bourgogne (Le duc de). -^ V.
Eudes.
Min. XI
Bourgogne (Le duché de), 45.
Bourreau de Paris (Le), XXIII.
Bourret (Etienne de), évêque de
Paris, 70, *, 98, 125, 144.
Bouteiller de France (Grand). —
V. Sully.
Bouvignes, 46 i.
Bouvines, 181, "->*.
Brabant (Le duc de). — V. Jean.
Braieul, 25i, *.
Brandins. ^ V. Brindes.
Bredenchon, Bredenton, Brende-
chon, Brendeton. -—V.Thomas
de Brotherton.
Bretagne, Bretons, 83, i33, », 260.
Bretagne (Le duc de). — V. Jean.
Breteuil-sur-Noye, 245, *.
firéval, 52 ^
BreveisÇy 254, ".
Brie, 21 3.
Brienne (Jean de), roi de Jérusa-
lem, lOI *.
Brienne (Alphonse de), comte
d'Eu, 101 1.
Brienne (Jean de) dit d'Acre,
lOI, *.
Brienne (Jean II de), comte d'Eu,
187».
Brienne (Raoul de), comte d'Eu,
connétable, 187, •, 226, ♦, 287, *.
Brindes (Brindisi), 47, ♦•.
Briquebec, 94*.
Brosse (Guillaume de), archevê-
que de Sens, 254, ^.
Bruges, Brugeois, XXII, 95, *,
i23,a-3, 137,», 147, 179-181,»
182, 212 ^
Bruis (De). — V. David et Robert
Bruce.
Buchet. — V. Behuchet.
Bucy (Simon de), procureur du
roi, 262, ', 263.
Buffet (N.), XVII.
Bulles brûlées, 191.
Burg, 114».
i3
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186
CHRONIQUE PARtSIBNNB ANONYME.
Bus (Jehan de), prévôt de Mont-
Ihéry, 278, ».
Cacos^ cacors, 63, ».
Cadsand (Ile de), 289, *.
Cahors, 18, *, 258, «.
Cahors (L'évêque de). — V. Gé-
raud.
Calais, 294, \
Calendes, 56, ».
Canonisations, VI, IX >, 12, ',
82<*, i36*.
Cantorbéry, 192, K
Cany-Caniel, 57 •.
Capitale (Translation de la), 69,
Carcassonne, 66, 25 H.
Cardinaux, 19, 149, S 177, 248»,
259, \ 282 \ 3oo.
Carlisle, 82 <^ 99, », 114», 267».
Carmes (Les). — V. Barrés.
Cassel, 69 « 180,*, 181-183.
Casuistique, 266, '.
Catherine de Courtenay, com-^
tesse de Valois, 54^ , 1 3 1 *, 1 78 •. '
Catherine de Flandre. — V. Phi-
lippa.
Catherine de Valois, princesse de
Tarente, 54 ^ 69, ♦.
Caumont (Alexandre de), 55.
Caumont (Le seigneur de), 3 10 '.
Ceinture (Riche), 212, ».
Célestins(Les), IX«.
Cercanceau (L'abbé de), 118,^.
Cervoisier, 190. '
Ceux^ chez, 188.
Chaleurs (Grandes), 143, 244.
Chambelly (Robert de), XVII.
Chambly (Les de), 57, 3.4.
Chambre (De la). — V. Coffin.
Chambre des comptes, 57, 297 <.
Chambre des enquêtes, 297 *.
Chanac (Guillaume de), évêque
de Paris, 240, S 254, K
Chanceliers de France, XVII ",
69 V — V. Baudet, Cherche-
mont,Sainte-Maure, Roasselet.
Changeurs, 52, 202.
Chapelle du Palais (Sainte-Cha-
pelle), XXII, 120, i5o.
Charbon, Charbonniers de Paris,
188, W-«, 190, <.
Charenton (Le pont de), 141, 148.
Charles, comte de la Marche, de-
puis Charles IV le Bel, 2, *,
7,«, 3o, 5i, 79»8i, H8*,'i
83, 88, 89, S 94 S 96, 97, "9i
120,*, 122^ i26-i3i, i33-i36,
139, S 141, 142, *, 145, 147-
149, i5i, i52<«, i53, i58, i59,
161, 172, », i63, 164, 167,
168, 170, 173, 174, 176, 178,
266, 280 », 290 », 296, S 297.
Charles de France, depuis Char-
les V, 291, ».
Charles VI, 82».
Charles VII, 82» 212 «
Charles d'Évreux, comte d'Étam-
pes, 252, », 277, », 282, 283, ».
Charles, comte de Valois, 2, *, 7,
5i, 54,«-»,64, »,69,*,79i88,
9h S 94i \ 97i Ï26, 128, 129,
i3i,»,i32,<, 133,145, *-»,i5i,
i52<«, i69,S 178, 186 S 253,»,
288.
Charles de Valois, comte d'Alen-
çon, i3i,», 133,145,181, i86«,
204, 212, 219, 252, 254, 280,
282, ^'\ 3o8.
Charles le Mauvais, roi de Na-
varre, XVII^S 21 ».
Charles I«' d'Anjou, roi de Sicile,
VII, 62», 169, S
Charles II, roi de Sicile, XIII, *,
12», 54 ^, 169 ^
Charles I» Martel, roi de Hon-
grie, 4», 12».
Charles, fils aîné du prince de
Tarente, 54, *.
Charonne, 141, ^
Chartier (Guillaume), évêque de
Paris, 208 ».
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TâBLB GÉNÉRALE ANALYTIQUE.
187
Chartres, 196.
Chartres (Guillemin de), clerc,
Chasse, 212 *•.
Chastel-Anemanx. — V. Ne-
mours.
Chastillon (Gaucher de), 119, *.
— V. de Crécy.
Chat baptisé , 118, 1 2 5 .
Château -Gaillard (Le), 88, S
266, ».
Château-Landon, 1 18. -— (Le pré-
vôt de), 118.
Châteauneuf-sur-Loire, 7 ^ i39,
Château-Thierry, 1 54, *.
Châtelet de Paris (Le), XX, 2, 44,
47 «,52, 53,68, 119,188,226,
25i, 261, *• — V. Sergents.
Chates ou Chastres, 146, *.
Chaucie (Sohier de la), 262, '.
Chaumont-sur- Yonne, i33*.
Chenac. — V. Chanac.
Cherchemont (Jean de), chance-
lier, i52, % i85.
Cherté, 9, 92, 188, 238, *.
Cheval blanc, 212, ^.
Chevalerie, Nouveaux chevaliers,
VII, 168,233, 235, 242, 268, ^
Chevalier du guet (Le), 212.
Chevaux (Grands), 229, *.
Chevaux de séjour, 253.
Chevreuse (Jehan de), drapier, et
sa fille, 212, ^.
Chevrier (Guy), maître des comp-
tes, 212, **, 254, *-T.
Chroniques d'Angleterre. — V.
Gestes.
Chypre (Le roi de), 25, ^, 40.
Cirault. — V. Syran.
Cité (U). — V. Iles.
Citeaux (L'Ordre de), IX S 259, *.
Citoyens de Paris (Les), 7.
Clémence de Hongrie, reine de
France, i S 2 », 4, *, 12, ^ 84,
149, 184, *,
Clémence de Habsbourg, reine
de Hongrie, 4 *.
Clément IV, pape, 62 *.
Clément V, pape, XVHI, *, 19,
110', Il H.
Clément VI, pape, 248 *.
Clercs, XV, *-8, 52, «, 98, 118,
i52, 171 *, 297 ^
Clermont (De). — V. Jean, Louis,
^Robert.
Cloches, 270, *.
Cluny (Abbaye de), 283, «.
Coalition de marchands, 188.
Coffin (Guillaume) ou de la Cham-
bre, 262, .
Cole (Hue), marin français, 294,^.
Combats singuliers. — V. Duels.
Comminges (Le comte de). — V.
Bernard.
Commissaires royaux, XVII, 5 s,
5i, «, 52, 53, 69<», i85, 216,
224, 275.
Commun (Le), Le commun peu-
ple. — V. Peuple.
Commune de Toulouse (La). -^
V. Toulouse.
Communes de France (Les), 7.
Compiègne, 212, «-<»-», 223 •,
229, •.
Compilacion^ 188, *.
Complies (Heure de), 26, 181.
Comyn (Jean), chevalier, 1 1 1, ^^,
ii3.
Couches, I *.
Concile et parlement de barons
et prélats. — V. Assemblées.
Confiscations, 34', 5i ^ 63, i52)
5-1*.
Confréries de Paris. — Saint-
Jacques de l'hôpital des pèle-
rins, 36, *, 64, 212 ', 223 ',
261 *. — Saint -Jacques du
Haut-Pas, 290, ^. — Saint-
Sépulcre, II,*.
Confrérie de Notre-Dame de
Boulogne, 208.
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i88
CHftONIQUB PARISKNME ANONYME.
Confusion de part, 282, K
Congé de cour,g3.
Congnoissance de cause {Sans)^
XV, ^S 53.
Connétables de France. — V. de
Brienne, de Crécy.
ConninSf 141, ^*
Conrad, évêque de Porto, III *.
Conseil (Grand), Conseil du roi,
53, 63,69, i34, i52, 281. ^
Conseil du roi et des barons, 27,
63.
Conseil des barons et des pairs, 2.
Conseil des prélats, barons et
bonnes villes. — V. Assem-
blées.
Conseil (Gens de). — V. Avocats,
Procureurs.
Contre, 129, ^, 2o5.
Coquerel (Fremin de), prévôt de
Paris, XVII, <<-".
Corbeil, 212, ^«, 271, *.
Cordeliers. — V. Frères Mineurs.
Cordonniers, XVII*.
Cornouaille (Le comté de), 394, >.
Costume, IX, », XV, ï i, S 53, 64,
^, 120, 212, 253, 261, 262, 275,
276.
Coupes, 229, 254 *^
Coups et blessures, XV, **, 47,
52, 98.
Cour (La), 20.
Cour du Roi (La), 120, 228, 261.
Cour (Les seigneurs et maîtres
de la), 212.
Cour de France (La), 75, \ 228.
Cour du Palais de Paris (La), 266.
Cour d'Angleterre (La), 82, io3,
164.
Cour kie, 134.
Couronne de clercs. — V. Ton-
sure.
O>uronne sur monnaies, 96, *-».
Couronnement. — V. Sacres.
Couronnes d'or et d'argent, 212,
*^, 223, 276.
Courpalay (Pierre de), abbé de
Saint-Germain-des-Prés, 3, •^
97, S 125.
Courteheuse (Guillaume), cheva«
lier, XVII, »% i52.
Courtenay (Robert de), arche-
vêque de Reims, XXII, ^
Courtille-Barbette (La), XVII.
Courtray, i37, •, I79^ 181.
Courtray (Bataille de), XV «, i , «,
i3, i37, 3, 181, 26.27^ 187».
Coussac (Guillaume), échevin,
296, *.
Couture Saint-Martin (La), 212,
43
270.
Couturiers, XVII *.
Craon (Amaury, sire de), 5i, «.
Crécy (Bataille de), 49», 81*,
i3i », 140*.
Crécy (Gaucher II de) ou de Chas*
tillon, connétable, 20, ', 69, **,
119, 181, 187, *.
Crestien (Gencien), bourgeois de
Paris, XVI.
Cretant (Jacques de). Lombard,
52.
Crèvecœur, 137.
Croisades, Croisés» IX, XIX, \ 3,
II, 25, », 40, S 47» ^9i ^^97>
149, 248, 266, 269, 279, K
Croix des Halles (La), 24, ^.
Croix rouge des Flamands, 181.
Crusy (Hugues de), prévôt de
Paris, président au Parlement,
i55, ^, 188, 202, 212, 261-263,
275, S 276.
Dam, 123, ».
Damas, 25.
Dames de Paris (Les), 212.
Dampmartin (Giefifroy et Jehanne
de), 69, «.
Dampmanin (Hue de), 212.
Dampmartin (Le comte de). —
V. Trie.
Dauphiné, 3 14».
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TABLB GÉNJÉRiLB AMALYTIQUK.
189
Davelin (Jehan), orfèvre, 52.
David I**", roi d'Ecosse, 100^.
David, comte de Huntingdon,
102 *.
David, fils d'Alexandre III d'E-
cosse, ICI '.
David Bruce, roi d'Ecosse, 175, *,
215», 266, ^
Décimes, 162, *, 297^.
Décrétales, 19.
Dédicaces d'églisël, 206^ % 208, *.
Défi, 295, ^, 3oi.
Dégel, 148.
Dégradation de clerc, i25.
Delay (Nicolas), XVII.
Délivrances (Généraux) du Ghâ-
telet, 261, ».
Dénonciation, 200.
Déposition de roi, 160.
Désarmement des Anglais, 298.
Desconfortés d'amours ILes)^ 223.
Descrava (5e), i65, *, i83.
Desraina (5e), i33, », 3oo.
Destitution, 5i.
Devant^ avant? 129, '.
Dinant, 46, *.
Disette de vin, 3o3.
Disette de viyres, 92, ', 314.
Dispenses pour parenté, 2 1 , 1 3o, *,
i3i«.
Dissolution de mariage, 88, *.
Divion (Jeanne de), 221, ^ 226, ^,
263, ».
Dominicains. — V. Frères Pré*
cheurs.
Doria (Ayton), 3o4, *.
Douglas (James), 92, ^
Douvres, 142% 189 s 220*.
Doyen de Paris. — V. Baudet.
Drap tiretaine de Saint-Marcel,
XV, 7.
Draperies, 32, 95, 273.
Droit écrit (Lq), i52, i56, 228.
Droif (Le), 2, 128, 197, 216.
Dublin (Alexandre, archevêque
de), 128, ', 129.
Du Doit (Guillaume), 261, '.
Duels, i6, *, 28, S 29, 55, », 56,
68, S 83, 201.
Dumfries, 1 1 1 ^.
Dunbar, 106*.
Dunfermline (Abbaye de), 104, '.
Du Port (Hanequin), XVII.
Duranti (Guillaume), évêque de
Mende, 69, *.
Duresme ou Durham (Richard,
évêque de), 279, <. — V. de Bec.
Eaux (Grandes), 217.
Échevins de Paris, 85^, 212 >,
296, *. — V. Barbette, Coussac,
Dampmartin, Fleury, Gencien,
La Pie, Pisdoe-Boufiart, Trem-
blay.
Ecclésiastiques prêteurs, 60, *.
Éclipses de lune, 14, ', 38, ^, 59,%
65, S 172, ••
Éclipses de soleil, 65, ^, 210, »,
241, «, 284, S 3l2, <.
Écoliers de l'Université, XV.
Écossais, Ecosse, 23, 25, 37, ^,
82,**, 92-95, 100,101, io3-io6,
108, 1 10-116, 117, ^, 121, l52,
i65, 175, S 232, «,237,266, S
267,1.
Écuyer de bourgeois, 52.
Edmond, comte de Lancastre,
37 3, 82, <-»-».
Edmond de Woodestooke, comte
de Kent, 42, S 82, <% ii2 3, 128,
129, i3i, i32*, i33, i53, 157,
160, i65, 199, *, 214, 21 5.
Edouard I«', roi d'Angleterre,
XVIII, ^ i5, S 37 «,42 S 44,
82, »-•-*>, 92, io3, *, 104-108,
109,», no, m, '*, 112, *, ii3-
ll5, 116, »-*, 117% 120*, iZly
. 285, «.
Edouard II, roi d'Angleterre,
XVIII, <, i5, 23% 37, «-«.3.*,
42,44S48,S7i,82,W-«j9,
92, 93, 94, \ 9^S 99> 109, 116,
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igo
CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
*-*, 121, 122*, 126, 128, 129,
i3i,«, i32, i33, ï36,«, 142,8,
149, iSo, % i5a,*-*, i53, i56-
159, 160, % 166, 199, 214, *,
2l5.
Edouard III, roi d'Angleterre, 94,
i3i,i42,<-A.», 149, i5o,>, i5i,
1 53, 160, 164,*, i65, 166, 175, ^
179, 189, S 192 s 199,*, 203,
214, *y 21 5, 219, 220, •, 232*,
237, 25o, 257, 266, *, 267, \
279, S 281, 287-289, 294, 295, »,
3oo-3o2, 3o4, 307, 3o8, 3 10.
Edouard d'Angleterre, dit le
Prince noir, 2o3, *.
Edouard de Baillol, roi d'Ecosse,
266*, 267*.
Edouard, frère de Robert Bruce,
82».
Edouard I», comte de Bar, 1 8 1 ,** ,
235, 254, 285, *.
Edouard, comte de Savoie, 140, *,
163», 196, 3.*, 243 «.
Églises de Paris. — Notre-Dame,
XXII, 58, i83, *, 191,231.—
Sainte-Catherine du Val des
Écoliers, VIII, *. — Sainte-
Croix (en la Bretonnerie), 11,^.
— Saint-Eustache, 253*. —
Saint-Gervais, 193. — Saint-
Marcel, 240, '. — V. Augustins,
Frères Mineurs, Frères Prê-
cheurs , N.-Dame des Champs ,
Sœurs Cordelières.
Egypte (Le sultan d'). — V. Sou-
dan.
Éléonor d'Angleterre, reine de
Castille, 109^
Éléonore d'Angleterre, duchesse
de Gueldres, 21 5*.
Éléonore de Castille, reine d'An-
gleterre, 116*.
Elisabeth de Bohême, 81 *, 23o ».
Émerillon, 212, ^-*.
Émeutes, XVII, ^-", 47, 76.
Empire (L'). — V. Allemagne.
Empointe, 82, ^, 114, 181, 288.
Empoisonnements, 18, 63, 214,
228, ».
Emprunt forcé, 297, *.
Encourtinées (Portes, Rues), i83,
', 234.
EncureTj encourir (?|, XXII, *.
Enflant de France, 207.
Engloutis, XXIII, *.
Ennormant (?),^267, *.
Entrées solennelles, 120, *, i83.
Épiceries, Épiciers, XVII, 273.
Éric, roi de Norwège, loi •.
Ermenie. — V. Arménie.
Esbouli {Se), Esboulirent (5e),
XIX, », 71.
Espagne, Espagnols, 95, 238, 246,
290, », 3ii.
Espagne (Le roi d'). — V. Al-
phonse.
Espions, i32, i52, 254.
Essars (Jacques des), 212, '-*».
Essars (Martin des), maître des
comptes, i52, ^^, 212.
Essars (Martin et Guillaume des),
maires de Rouen, i52 ".
Étampes (Bourgeois d'}, 223.
Étampes (Le comte, la comtesse
d'). — V. Charles, Marie.
États généraux. — V. Assem-
blées.
Etienne, évéque de Paris. — V.
Bourret.
Étoile (Apparition d'),26, », 272, *.
Étrangers (Emprisonnement et
expulsion d*), 62, i52, 297.
Eu (Le comte d'). — V. Briennc.
Eudes IV, duc de Bourgogne,
21,», 36», 5i, », 66, 78, 181,
197,205, 2 f 3, 221, 233, 235,*,
248, 277.
Évasion, 27.
Évêques de Paris, 273, ». — V.
Baufet , Besançon , Bourret ,
Chanac, Chartier, Gendulphe.
— V. Sacre.
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TABLB GÉNÉRALE ANALYTIQUE.
191
Excommunications,' Excommu-
niés, XV, XXII, «, a3, \ 37, 52,
62*, 8a, III *, 171 *, 179*, 19*.
ExperimenSj 254, ".
Fae-moustier. — V. Falkirk.
Fait apensé^ guet-qpens, 52.
Falkenberg, 202 ^
Falkirk^ 110, ^
Familiers du roi, 69, i52, 262.
Fauconnier de bourgeois, 52 '.
Faulquemont, 202, ^.
Fauquembergue, 202 >.
Faux, 221, *, 226, 228, 263.
Fécamp (Abbaye de), 1 52, 248 ^.
Félonies, 27.
Ferdinand, infant de Castille, 84,
•, i5i«, i63.
Ferdinand II de la Cerda, 282 '.
Ferrant, comte de Flandre, 181.
Feste ronde. — V. Table ronde.
Festin, 212, 229, 253.
Fête-Dieu (Institution de la), 22,
Fêtes, 48, 120, •, i5i, 20 5, 209,
212, 229, 276.
Flagy (Dreue de), XVII.
Flamands (Les), XV, XXII, 20,
27,*, 35,67, 82,95, 179*, 180,
181, «-", 182, i83, 289.
Flandre (Le comte de). — V. Guy,
Louis, Robert.
Flandre (Le comté de), XV, 20, *,
25, 41, 49, 95, 109, 179-182.
Flavacourt (Guillaume de), arche-
vêque d'Auch, 3 14, •.
Fleuret (Tassin), XV.
Fleurs de lys, 108, *, 212, >.
Fleury (Guiefifroy de), échevin,
trésorier, 296, *.
Foix (Le comte de). —V. Gaston.
Fontaine (Jehan de la), 212.
Fontenay-sous-Bois, 141, K
Forget (Pierre), trésorier, 254, **.
Forjugiés^ 254, ^9,
Fornication, XV.
Foulons, XVII, ^
Foumier (Jacques). — V. Be-
noît XII.
Frais et dépens (Paiement des),
i34, i35.
Français, 2, i38, i5i, i52, 3.5 J3^
i6i, 179-183, 239, 287, 288,
309.
France, XVIII, XIX, 2, 9, 14, 20,
23, 26, 34, 42, 47, 54, 63, 64,
69» 70y 94> 97» ïo6 5, 109, 118,
119, 122, 124-129, i3i, i33-
i36, 142, 149, i5i, i52, *-<*,
i53, 160, 162, 168, 169, 178,
179, i8i-i83, i85, 194, 195,
198, 200, 2o5, 209, 210, 212-
214, 216, 229, 235, 254, 258,
287, 289, 294, 295, 297.
Francs-fiefs, 162, *.
Fraudes commerciales , XX ,
XXIII, », i88, •.
Frédéric II, empereur d'Allema-
gne, 62 >.
Frères Mineurs (Les), Francis-
cains ou Cordeliers, et leur
église, I, S V, X, \ XI, S 6,
12, i3, 3o, a, 77.79, 84, 85,
145 S i52, 177, 186, 197, 209,
,247, 280, 283.
Frères Prêcheurs (Les) ou Domi-
nicains, et leur église, II, \ XV,
17» 3o, 77, 79», 145, S i52,
i63, 168, 172 bis^ 184.
Frisel ou Fraser (Simon), ii3, ^.
Gages de chevaliers et d'écuyers,
3oo, ».
Galles (Pays de) , Gallois, 82, <*,
107,», i33.
Gand, 95, 137.
Ganelon, 119,'.
Garenne royale, 141, ».
Garnace. — V. Grenade.
Gars. — V. Jard.
Gascogne, Gascons, io3-io5, 119,
126, 128, 129, i3i-i33, 142,
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192 CHKONtQUS PARIStEmm AKONTHB.
i5i, i52y iSg, 161-164, 219)
250, 258, 27g, 287, >, 288, 309-
3ii, 314. — V. Aquitaine. •
Gaston II, comte de Foix, 287, •.
Gâtinais (Le), 118,», 3 10*.
Gaultier, valet de Jehan Le Mire,
52.
Gayeston (Pierre de), 116, *.
Gavres (Mons. de), 137.
Gencien (Guillaume), 212.
Gencien (Jehan), prévôt des mar-
chands, 69, ^, 212.
Gencien (Pierre et Jacques),XVI *.
Gendulphe (Saint Jean, dit), évé-
que de Paris, 73, ^
Genevois ou Génois (Les), 289, ^,
304, 3o5, 3o7, 309, 3ii.
Gens de pied, 299, *.
Gent de Paris (La), Les gens de
Paris, Ceux de Paris. — V.
Peuple.
Gentilly, i63 >.
Gentils hommes (Les) , 299, 3oo.
Géorgie (Les rois de), 10 ^ 25,
40.
Géraud (Hugues), évêque de Ca-
hors, 18, ^
Gésine, 265, 266, 276.
Gestes (Les) d'Angleterre, 82, 1 10,
157.
Gibelins (Les), 54, \ 69 *, 86, i38,
239.
Gibet de Paris (Le), XV, XVII,
XX, 24, 52, 53, 67, 98, 119,
141, 174, 188, 190, 202, 225,
25 1, 253, 275, 278, 288*.
Gibet de Saint-Denis, 193.
Gibraltar, 246».
Gienville. — V. Joinville.
Gilbert VI , comte de Glocester ,
82, •.
Gilles de Pontoise ou de Cham-
bly, abbé de Saint-Denis , 33 ,
^->, 125, 146, *.
Gisors, 83, 98», 201, 299».
Glaçons (Chute de), 26,^.
Glocester (Le comte de). — V.
Gilbert.
Gonssanvult, Gonssaunltou Gon-
neville (CKiieffroy de), XXI, ».
Goudelot (Guillaume), changeur,
202.
Gouverneurs (les), 212, *
Grâces. — V. Délivrances.
Grands gens. Grands hommes.
Grands riches hommes, Grands
maîtres. Grands princes, Gros
(Les), 2, 20, 25, 3o, 69, 82, 92,
118, 119, 148, i5o, 179, 181,
2o5, 2i3, 233.
Grenade (Royaume de), 3r, ^,
246.
Grimaldi (Charles), 3o4, », 307, ».
Guelfes (Les), i38, 239.
Guenelon. — V. Ganelon.
Guernesey. — V. Iles normandes.
Guignes VIII, dauphin de Vienne,
78», 140, », 181, 197, 243, »,
3 14».
Guillaume le Lion, roi d'Ecosse,
100*, 102 ♦.
Guillaume de Chalon, comte
d' Auxerre et de Tonnerre, 1 40 * ,
235».
Guillaume I*', comte de Hainaut,
145», i53, », 166, », 181, 192,
229, 286.
Guillaume II, comte de Hainaut,
286,», 3oi.
Guillaume V, comte de Juliers,
233, ».
Guillaume de Flandre, fils de Guy
de Dampierre, 137».
Guillaume de Flandre, fils du
comte de Namur, 46, ».
Guillaume, marchand de poisson
de mer, 24.
Guillaume, changeur à Provins,
52.
Guy de Chates, abbé de Saint-
Denis, 146, »-*, 193.
Guy de Dampierre, comte de
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TABLB 6&«£rALE ANALYTIQUE.
193
Flandre, XXII», 46», loi, »,
109,
>L».
[12, 137», 179,».
Guy de Flandre, comte de Zé-
lande, 46, '.
Guy de Flandre, fils du comte de
Namur, 46, ».
Guy, bâtard de Flandre, 289, K
Habits ecclésiastiques, 52, *K
Hainaut (Le comte, La comtesse
de). — V. Guillaume, Jeanne.
Hainaut tLe bâtard de), 137.
Hainaut, 287, 3oo, 3o2, 3o8.
Halles de Paris, XXHI, 24, », 44,
52, 67,' 188, 261, 262. — V.
Champeaux, Croix, Pilori.
Happées^ prises, 94.
Haquin (Gilles), prévôt de Paris,
47,^51,53.
Harcla ou Hartcla (André de),
82, <<-«, 94, 99.
Hautes personnes. Hauts hom-
mes, 20, 3o, 69, 81, 84, 92,
108, 119, 148, i5o, 168, 179,
181, 2i3, 233.
Haymes, Haynmes. — V. Ed-
mond.
Hayime. — V. Aymon.
Hector, fils du roi Priam, 212.
Heingre^ 212, *>.
Hemon. — V. Edmond.
Henri I" , roi d'Angleterre , 1 56.
Henri H, roi d'Angleterre, 109^.
Henri HI, roi d'Angleterre, 37»,
100,», loi, », 114».
Henri HI, roi de Navarre, 37»,
82».
Henriet, fils d'un ménestrel, 44.
Henry de Lancastre, comte de
Leicester, puis de Lancastre,
82,», 157.
Henry HI, comte de Bar, 285» ».
Henry IV, comte de Bar, 285, ».
Henry I V,comte de Luxembourg,
120».
Henry VH de Luxembourg, em-
uiM, XX
pereur d'Allemagne, 89, », 120,
•, 127.
Hérésie, 118.
Hérétiques, i55, 297, *.
Hermenie. — V. Arménie.
Heuse (Ouvry) , tisserand, XVIL
Hiver doux, 217.
Hiver rigoureux, 148.
Hoiscemistre. — V. Wesminster.
Hollande, 145», i53, 3o2.
Homicides, XV, 47, 52, 1 19, i56,
166.
Hommage féodal, 41, 104, », 108,
109, III, 128, 129, 142, 189,1,
197, 2i3, 257, ».
Honorius IH, pape, II ».
Honorius IV, pape, IX ».
Hôpitaux de Paris. — Les Aveu-
gles, XVII, 223, ». — La Mai-
son-Dieu, 43, ". — Saint-Jac-
ques des Pèlerins, 36, *> i73»,
212, »^, 223 ». — Saint-Jacques
du Haut-Pas, 290, ». — Saint-
Julien des Ménétriers, 270, »-^.
— Saint-Sépulcre, 149, », 206.
— Du Temple, 52.
Hosties profanées, 118, 193.
Hue le despensier. — V. Spenser.
Humbert II, dauphin de Vienne,
3 14,».
Huy (Gautier, avoué de), cheva-
lier, 254, <o-«-".
Iles de Paris. — Devant les Au-
gustins, XXI ^. — Des Juife,
XXI, 5o, *. — Notre-Dame ou
de la Cité, XXH, 16 S 43»,
148, 149.
Iles normandes, 294, 307, '.
Imposteur, 44.
Inbicion, 171, *.
Incendies, XIV, », XVII, 32, 43,
245, 273, ».
Inceste, 52.
Innocent IV, pape, 62 ».
Inquisiteurs. —V. Commissaires.
14
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194
CHROKlQtlB PÀRtSimit AMOIITMB.
Instruments de musique, 120,
181, i83, 212.
loland de Bourgogne, comtesse
de Flandre, 41 *.
Irlandais, Irlande, 128, 129,183.
Isabelle. ^ V. Ysabel.
Isabelle d'Aragon, femme de Phi-
lippe le Hardi, 2 K
Isabelle d*Éco8se, loa^.
Isabelle de Luxembourg, com-
tesse de Flandre, 46 '.
Issoudun, 127,'.
Jacobines (Les) près Montargis ,
T27.
Jacobins. — V. Frères Prêcheurs.
Jandun (Jehan de), 17 H.
Janville, jainviile. — V. Join-
ville.
Jard (Abbaye du), 142, <•
Jardin du Palais (Le), 16, 28, 29,
55, 56,68, 155,265, a.
Jardins (Hue des), chevalier,
a54,*.
Jayme II, roi d'Aragon, 62, *.
Jayme II, roi de Majorque, 242, >.
Jean Sans*Terre, roi d'Angleterre,
lOO*
Jean XXII, pape, 12, ^ 18, 19,
21, 22, S 23, S 25, 33, 40, 47>
88,», iiH, i3o, i3i>, i36«,
162*, 171, S 177, 199% 204,
211,*, 259, ».
Jean I», roi de France, 4, *, 5 ^
Jean, duc de Normandie, depuis
Jean II le Bon, 228, •, 280, *, »
233, 235, 254, 265, », 268, »,
291, 299 S 3o8, 3i3.
Jean, autre fils de Philippe de
Valois, 249, *,
Jean II, duc de Bretagne, 2 ^.
Jean III, duc de Bretagne, 2, >,
83, 94 >, 181, <o, ,^6, \ 226,
233,235,2,257,3,260.
Jean de Bretagne, comte de Rich«
mond, 94, a, 99, 151,2575.
Jean de Bretagne, cômte de Mont-
fort, 235, *, 260.
Jean III, duc de Brabant, 229, <,
233, 247, 248, 252, ^-*, 254".
Jean de Brabant, duc de Lim-
bourg, 234,*, 247,254".
Jean de Baillol, roi d'Ecosse, 102,
», io3,^ 104, fo5, 106, •, 266*.
Jean II de Chalon , comte d'Au-
zerre et de Tonnerre, 140, S
235», 277, <.
Jean de Clermont, seigneur de
Charolais, 3, K
Jean I*', comte d'Armagnac, 287,
8,314.
Jean de Eltham, comte de Cor-
nouailles, 21 5, ^.
Jean de Flandre, comte de Na-
mur, 46, *-*, 123, *, 254, **.
Jean de Flandre, son fils, 46, '.
Jean de Flandre, seigneur de Crè-
yecœur, 137, ».
Jean de Hainaut, 1 53, ', i65, S
226, 229, 235, 3oi.
Jean de Lancastre, seigneur de
Beaufort, 82, K
Jean, comte de Luxembourg, roi
de Bohême, 81, *, 89, ^ 120,*,
126, 127, 228», 229, 23o, ',
233*, 291, ^.
Jeanne de Navarre, femme de
Philippe le Bel,XXin, 7», 82,
3,262».
Jeanne de France, comtesse d'É-
vreux et reine de Navarre, 21,»,
36, 176.
Jeanne de Bourgogne, femme de
Philippe le Long, 5, 36, ^ 49»
53, ^ 78, 84, 88, », 197, S
228, K
Jeanne de France, duchesse de
Bourgogne, 21, «, 36, », 78,
221.
Jeanne d'Évreuz, femme de Char*
les le Bel, i3o, i5o, i5f, i63,
170, 173, », 280, a, 283.
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TABLE GÉNlfauU AMALYTIQUB.
195
Jeanne, fille de Charles le Bel. ^
V. Ysabel.
Jeanne de Bourgogne, femme de
Philippe de Valois, 178, \
181 *S 2o5, a28, 235, 249, 253,
a54i 264, S 274, 276» 2g2.
Jeanne, ûlle de Philippe de Va*
lois, 292, >.
Jeanne de Valois, comtesse de
Hainaut, 145, *.
Jeanne de Valois, femme de Ro*
bert d'Artois, 254, *^.
Jeanne de Joigny, comtesse d'A*
lençon, 2S0, ^, 282 3.
Jeanne de Chalon, comtesse de
Tonnerre, 235 ', 277 *.
Jeanne d'Angleterre, comtesse de
Glocester, 82 «.
Jeanne d'Angleterre, femme de
David Bruce, 175, ^, 2i5, ', 266.
Jeanne de Pembroke, 1 14 '.
Jeanne, comtesse de Réthel,
femme de Louis de Flandre,
41*.
Jeanne de Savoie, duchesse de
Bretagne, 196, *, 243 *.
Jeanne de Lara, 282 >.
Jeanne de Sidle, reine d'Armé*
nie, 10 *.
Jeanne I>«, reine de Naples, 3 1 3 >.
Jérusalem, lOi.— V. Patriarches.
Joigny, 280 ^
Joinville (Ancel ou Anceau , sire
de), 5i,», 69,*.
Joinville (Guillaume de), arche-
vêque de Reims, III, ^*.
Joutes, 2o5, 227, 229^, 293.
Joutes solennelles entre bour-
geois, XVI, ^ 5o, ^ 212,^223,
S «70.
Jugement dernier (Le), 97.
Jugleurs (Les), 270, *.
Juifs (Les), XII, 47, 5o, 58, 60,
62, 63, «,66, 75, Si 52.
Jttliers (Le comte de). —V. Guil-
laume.
Juridiction ecclésiastique, 52, ^>|
98, 134 % 254,».*.
Juridiction royale, 52*
Kenilworth, 157, •.
Kinghom, 102*.
Kyncardyn, 106^.
La Bière (Jehan), charbonnier,
188.
LabiMireux de bras, joumaliers,
i52, 198, 218.
L'Alogeur (Girart), horloger du
Louvre, 262, >.
Lamberton (Guillaume de), évè*
que de Saint- Andrews, 108, >.
Langres, 254*.
Languedoc (Province et habitants
du),XVII,»,42,5i, 55,6ï,63,
201, 258, 287 >, 314.
Laon, 69*, 254.
La Perrière (Château de), 243, K
La Pie (Jehan), prévôt des mar-
chands, 296.
La Pie ou La Pye (Robert), 212.
La Prevoste (Laurence), 261.
La Réole, i32, », i33, w, i5i,
219, 283.
Large prison (La), 27, 261, *.
L'Auvergneau. — V. Baufet.
Le Barbier (Philippe), écolier
clerc, rouennais, XV, »-<7, 98.
Le Basenier (Robert), bailli de
Saint-Denis, 193.
Le Basennier (Oudinet), XVII.
Le Blont (Jehan), 262, «.
Le Bouiz (Nichole), 261.
Le Bourguignon (Pemot), XVIL
Le Breton (Jacques), XVII.
Le Breton (Yvon), XVII.
L'Écluse, 123, 3-*, 179, •, 267,
289,*, 3o4^ 3n.
Leeds (Château de), 82, ^0.
Le Flamenc (Jehan), fUs de Re-
nier, 34 7.
Le Flamenc (Jehan), maître des
monnaies, 34, 7.
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196
Le Flamenc (Pierre), maître des
monnaies, XVI, 84, *, 212.
Le Flamenc (Renier), XVI, <-»,
34%2I2, •.
Le Fourbeur (Richard), XVII.
Légats du pape, 23 ^
Le Grant (Raoul), 188.
Le Guallois. — V. Wallace.
Le Houdiaux (Pierre), XVII.
Le Jumiaux (Pierre), prévôt de
Paris, XV, <.^ 98.
Le Keu (Maciot), XVII.
Le Loquetier (Nicolas), 36.
Le Mire (Jehan), clerc des arba-
létriers, 52, ^^.
Lendit (Champ et Foire du), 32,
^ 120, 273, ».
Lennelier (Thomas), XVII.
Leolyn ou Lewelin, prince de
Galles, 107, *.
Léon (Hervé de), seigneur de
Noyon-sur-Andelle, 2 1 2 ^4.
Léonichie. — V. Chaucie.
Léonore de Savoie, femme de
Guillaume de Chalon, 235».
Le Picart (Guillot), XVII.
Lépreux, 62, », 63, «, 66.
Lescurel (Jehannot de), poète
parisien, XV ».
Lescureul (Jehan de), parisien,
XV,».
Lèse-majesté, 63, ».
Le Tisonnier (Guillaume), 188.
Lices pour duels, 16.
Liège, 46, *, 254 *.
Lieutenant d'Edouard II (Le), 1 26.
Lignages de Paris (Les), 52, *,
Lille, 44, 95, 212 *.
Limbourg (Le duc de). — V. Jean.
Lincoln (L'évêque de), 295 ».
Lions (L'évêché de). — V. Lyon.
L'IsIe-Jourdain (Bernard Jour-
dain, sire de), 119, i5i.
L'Isle-Jourdain (Jourdenet ou
Jourdain de), chevalier, 55, *,
119, 126, i5i.
CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
Littéraire (Histoire), XV ».
Livres des Juifis (Les mauvais), 58.
Lizy, 69 **,
Lobeur, trompeur, 44.
Loë ou l'oëy 188, 7.
Lombardie et Lombards, 52, 239.
Lombards (Les >isuriers ou), XV,
^*, 52, 216, 225, 297.
Loncel (Adam), prévôt des mar-
chands, 212, ^.
Loncle (Jehan), prévôt de Paris,
98,», 119, 125.
Londres et la Tour de Londres,
82, 99, 106, Il 3, i53*, i58,
227.
Longchamp (Abbaye de), 77, 78,
197, 266.
Longpont, 3o.
Lor (Regnault de), chevalier, 69,
«, 181.
Louis, évêque. — V. Saint Louis,
évêque.
Louis IX. — V. Saint Louis, roi.
Louis X le Hutin, roi de Na-
varre, puis de France, XXII *,
2». 4, «, 5, 12, 2i,S 40, 69",
82, », 149, 176, 178, «, 184.
Louis , fils de Philippe le Long ,
6, S 78.
Louis, fils de Philippe de Valois,
204, », 2o5, 207, *, 209.
Louis, comte de Valois, 186, * A
Louis, duc d'Anjou, 3i3, *.
Louis, duc de Bavière, empereur
d'Allemagne, 171, S 177, 191,
211.
Louis de Beauinont, fils de Ro-
bert d'Artois, 221, *, 256, ^
Louis l^y comte de Clermont,
puis duc de Bourbon, 3, », 11,
25», 47, 5o, 91, S i3i, 167, <,
168, 181, 212, 233, 235, 248,
314.
Louis I"", comte d'Evreux, 2, *,
16, 20,/2i, *, 3o,*, 34', i3o,
l5o, 170, 252».
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TABLB GÉHÉMALE AMALYTIQUB. I97
Louis de Flandre, comte de Ne- Malcolm IV, roi d'Ecosse, loo^,
vers et de Réthel, 41, >, 49, •,
5o,85, «J, ii8^
Louis de Flandre dit de Crécy,
comte de Flandre, 49, ^*, 5o,
85, Ia3,^I37,^ 147, 179,182,
197, 223, *, 226, 235, 252, ^-*,
289, ».
Louvre (Le), 4, 262 ', 282.
Loyers, XVÏI, ».
Lune (Le premier jour de la),
291,*.
Luxure, XV, 102, 254, ".
Lyon (L'évêché de), 211, 4.
Lyon (Mons.), d'Arménie, 25, '.
Lys (La), 180, K
Maalignes. — V. Malines.
Mâche (Mâche de), lombard,
225, ».
Mahaut d'Artois, comtesse d'Ar-
tois et de Bourgogne, i, •-•, i3,
36, », 53, 78, 88, 197, », 228 ».
Mahaut de Béthune, comtesse de
Flandre, XXII».
Mahaut de Châtillon ou Chastil-
lon, troisième femme de Char-
les de Valois, 91 *, 186 ^
Mahomet, Mahommeries^ 25, 97.
Maine, Vil a, 2*.
Mainfroi, roi de Sicile, 62, *.
Maison d'ardoise (La), 212, ^.
Maison aux Piliers (La), 34 7.
Maison du comte de Flandre (La),
223, ».
Maître^ 52, 110», 172 biSy 248,
254, 262, 266.
Maîtres des Comptes. — V. Be-
huchet , Belagent , Chevrier ,
Courteheuse, Essars, Milon.
Maître des forêts.— V. Behuchet.
Maîtres des monnaies. — V. Le
Flamenc, Orléans, Point-lasne,
Syran.
MaUaigres, Maillogres (Major-
que), 3ii, *, — V. Jayme.
102 *.
Malines, 32, ^ 252 <-*.
Maltote, 297.
Malversations, 52, 224, 225, 25 1,
253, 275, 278.
Mans (Le), 254^.
Mantes, 212, ^».
Marais (Les) près Paris, 141, ^.
Marcel (Etienne), 69 ®, 212 ®.
Marche (Le comte de la). — V.
Charles le Bel.
Marcilly (Guillaume de), XVII,
«, i85.
Maréchaux de France, (19,^. —
V. Barres (des), Bertran, Join-
ville, Noiers, Trie, Varennes.
Marguerite d'Artois , comtesse
d'Evreux, 2 *.
Marguerite d'Angleterre, reine
d'Ecosse, loi, *.
Marguerite de Bourgogne, femme
de Louis le Hutin, 4», 21, %
«78, *.. ,
Marguerite d'Ecosse, femme de
N. de Baillol, 102 ^
Marguerite d'Ecosse, reine de
Norwège, loi •.
Marguerite, la Vierge de Nor-
wège, lOI *.
Marguerite de France, reine d'An-
gleterre, i5, S 42, 44, 112,»,
114, l32 *.
Marguerite de France , comtesse
de Flandre, 49, ^, 5o, 78, 85,
182.
Marguerite de Flandre, loi, »,
102.
Marguerite de Provence, femme
de saint Louis, 3 ^.
Marguerite de Sicile, comtesse de
Valois, 54*, i3i », 169, S 178 ».
Marguerite de Nesle, comtesse
de Soissons, 1 53 ».
Mariages d'impubères, 49, *, 78,
«,918, ICI,», 173», 175,*, 234.
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Marie d'Artois, comtesse de Nâ*
mur, 254, **.
Marie de Bourgogne, comtesse
de Bar, 181 ".
Marie de Brabant, femme de
Philippe le Hardi, 2 », i5, *, 44>
79
2-5
Marie de Coucy, reine d'Éoosse,
100, », ICI.
Marie d'Espagne, comtesse d'É>
tampes, puisd'Alen9on,282,>-».
Marie de Hongrie, reine de Si-
cile, 54*.
Marie de Hainaut, comtesse de
Ciermont, 9H.
Marie de Valois, duchesse de
Limbourg, 234, 247, *.
Marie, fille de Louis X. *^ V.
Jeanne.
Marie de Luxembourg, femme
de Charles le Bel, 89, », 120,
Ménil*
«**.
127,
Marie, fille de Charles le Bel, 154,
«, 170.
Marie (Pierre),Yicomte de Bayeuz,
224.
Marigny (Enguerrand de), XXII »,
120, 145».
Marigny (Jean de), évéque de
Beauvais, 287, ^, 314.
Marigny (Philippe de), archeré»
que de Sens, XXII, ».
Marseille, XIX, 47, 204, ^ 209.
Martin IV, pape, 253 ».
Massoure (Bernard de la), ser-
gent d'armes, 3o5, ».
Masy. — V. Meysi.
Maubuisson (Église et abbaye de
N.-D, de), 168, 197, 264, *,
265, ».
Mauferas (Guillaume), écuyer, 68.
Maulay (Pierre de), 21 5.
Maulévrier (Le comté de), 187».
Maupas (Jehan), 212.
Maures (Les), 3i», 246». --Y.
Sarrasins.
CHRONIQUB PARSIEinCB AKQKYUB.
Meanx, iSs, », 21a, <»•
Medontel (Jehan de), chevalier,
i33.
Melrose (Abbaye de), 9a, ».
Melun, a3o, 242.
Melun (Guillaume de), archevê-
que de Sens, 118,», i25.
Mémoire (Tout hors de soff), XV,
Mende (L'évéquc de). — V. Du*
ranti.
Mendicité, 47, ».
Menistres (Les), 212, '.
Menu peuple (Le). Les menus
gens. — V. Peuple.
Merceries, 95.
Mer d'Ecosse (La), 92, *, 11 5, ^
Meseaux, — V. Lépreux,
Mesnil-Mautemps (Le),
montant, 141, ^
Messe (Philippe de), ancien offi^
cial, 1 52, Ȏ
Messirey 262.
Mesureurs de charbon, 188.
Méthuen, ii3».
Métiers de Paris (Les), XVII,
120, 218.
Meulin. — V. Leolyn.
Meuniers de Paris, XX.
Meysi ou Masy (Mille d^, d&eva*
lier, 197, ^
Michelet de Paris, XVIL
Miaurose. — V. Melrose.
Midi nonne (Heure de), 26, ».
Miete (Robert), 212.
Milan, 171 *.
Millot (Jehan), XVII.
Milon (Jehan de), prérôt de Pa-
ris, trésorier, 226, », 254, »,
262, 263.
Miracles, XII », XVI *, 10, aS, 45,
», 82*», 181.
Miremonde (Amault de), 288, ^*.
Mobilier, XVII.
Mœurs, MoiaUté. -- V. Adul-
tères, Coalition, Coups, £m-
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TABU GÉMfaULB ANALTTIQIIB.
199
pQifOQoements, Faux, Forni-
cation, Fraudes, Homicides,
Malversations, Monnaie (Faus-
se), Sacrilège, Sorcellerie, Sui-
cides, Témoins (Faux), Vols.
Molay (Jacques de), grand maître
du Temple, XXI, »,
Monaco, 3o5 '•
Monnaie (Fausse), 24, 34, aoa.
Monnaies, XVII, 9, 5», *, 69, *,
96, *-^A,M, 108, 194, 195, 198,
aoaS aia^^ ai8, 2a5, 286,
281, 297*. — V. Maîtres des
monnaies, Unification.
Mons, 3o8.
Mons-cn-Puelle, XV ^-", XVI »,
181, 7-w^ i83«.
Montargis, 7 ', 118', 127.
Monte-Catino, 54 ^
Montet. ^ V. Moret.
Montfort (Le comte de). -<* V.
Jean.
Montguillem (MontguiUaume) ,
i5i, *.
Montlhéry, 27, 3 10. — (Prévôté
de), 278, t.
Montmartre (Asselin de), 223, '.
Montmorency, i25, K
Montmorency (Bouchart de), che-
valier, 275, *.
Montres (Revues), 297 *,
Montreuil-sous-Bois, 141, ^.
Montreuil-sur-Mer, 142 ^
Moret (Château de), 118, t.
Mortalité, 124, <, 172 bis^ 258.
Mortimer (Roger de), i53, *, 199,
214, 2l5, ».
Mort-nés |En£ints), 264, ^.
Mort subite, i85.
Moustiers (Philippe de), écuyer
du roi, 253, *.
Murs de Paris, Murs du roi, VIII,
IX, X, 36, 270.
Namur (Le comte, La comtesse
de). •«• V. Jean, Marie.
Namur (Le comté de), 254.
Nangis, 275 ».
Nationalité de la femme mariée,
l52, «.
î^avarre, 2, 169, 176.
Naynli, Naynmy. — V. Aimery.
Navarre (Le roi, La reine de). —
V. Philippe, Blanche, Jeanne.
Neiges (Grandes), 80.
Nemours (Ville et château de),
118», 3io, *.
NepveUy neveu, 3o, 52, 82, i23,
i33, 144.
NepveUy petit-fils, 44, », 49.
Nesle, 137.
Neust-Chasteau. — V, Newcastle.
Nevers (Le comte de). — V. Louis
de Flandre.
Newcastle-upon-Tyne,93,*, 104»,
i65, <.
Nicolas (Le cardinal), 149, ^
Nicolas V, antipape, 177, % 21 1, *.
Niepce^ nièce, 12, 21, 261.
Niepce, petite-fille, 169, *.
Niepce^ fille de cousin germain,
296, «.
Niort, 269 ^
Nobles, (iens nobles, XXII, 2, 12,
28, 55, 56, 83, 119, 126, 201.
Nobles dames de Paris, 212.
Nobles bourgeois de Paris. — V.
Bourgeois.
Noël le vendredi, 3o6, *.
Noiers (Le fils de Mille de), 293,'.
Noion. — V. Divion.
Nonne (Heure de), 26,», 53, 181,
241, 3l2.
Nonne^ jour du mois, 26, ^
Norham, 104»*
Normandie, Normands, 47, 83,
88, 94, i56, 212, 7, 224, 25o,
»54^ a795a9»-
Notaires de Rome. — V. Salem-
bien, Savoie.
N otre-Dame-des«Champs , 1 86 ,
290, ••».
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200
CHRONrQUB PARIStBNNB ANONTME.
Nottingham, 2i5>.
Novion. — V. Divion.
Noyers. — V. Noiers.
Noyon (Évêque de), XVII «.
Noyon-sur-Andelle (Charleyal),
212
24
Ofi&cialde Paris (L'), 52, 98, i52,
254.
Onze mille vierges (Les), 73.
Orage, 276.
Orbenois. — V. Bourbonnais.
Ordonnances royales (Textes et
énonciation d'), 63, *-*, i35,
i94i S 195, '1 Ï98, S 200, S
216, <, 218, ^236, », 281, <.
Orléans, 69, «»-<•, 236 <.
Orléans (Un bourgeois d'), maître
des monnaies, 34, '.
Orliens. — V. Orléans.
Ormes à Paris, XVII.
Othon IV, comte de Bourgogne,
i«,5, i3,«,78.
'Oublies sacrées. — V. Hosties.
Pacy (Pierre de), 212.
Pade ou Padoue (Marcille de),
171 ^
Pain apporté à Paris, 271.
Pairs de France, 2.
Paix (Traités de), 7, 21, 35, ^,41,
», 112, S i36, », 164, S 175,
176, 219, 229, 252, *.
Palais-Royal de Paris (Le),pCXII,
3, 6, 20, 21,27,41,47,49,85,
97, 120, 148, i52, 168, i83*,
228 7, 233, 266. — V. Chapelle,
Cour^ Jardin.
Pallas, 212, <o.
Palu (Pierre de la), patriarche de
Jérusalem, 3 «, 248, *.
Pantin, 141, ^
Parcoul (Paracol), 288, <-*.
Parenté spirituelle, 88.
Paris, III 3, VIII, IX»-», XV ^
XIX, 7,», 9, II, 1 3, 14, 20,24,
27,32S40, S 44,47, 57,63, «,
64, 69, ».<«.<«, 70, 72, 74, 83,
971.98, 109*, 112', 118, 120,.
124, i35, 149, 162, 164*, 172M5,
i83, i85, 187, 188, 190, 193,
197, 198,202, 208, 212, ^,216,
218, 223, 228, 7, 254, 255, 268,
269, 271, 272, 290, 297, S 299.
— V. Aides, Archidiacre, Ar-
moiries , Augustins , Aunes ,
Barrés, Belleville, Boulangers,
Bourgeois, Bourreau, Capitale,
Célestins, Charbonniers, Cha-
ronne, Châtelet, Chevalier du
guet , Citoyens , Confréries ,
Courtille - Barbette , Couture-
Saint-Martin, Croix des Halles,
Dames, Délivrances, Doyen,
Échevins, Écoliers, Écuyer,
Églises, Émeutes, Entrées,
Évêques, Fauconnier, Festins,
Fleurs de lys. Frères Mineurs,
Frères Prêcheurs, Garenne,
Gibet, Halles, Hôpitaux, Iles,
Incendies, Instruments, Jardin,
Joutes, Lendit, Lépreux, Li-
gnages, Louvre, Maison, Ma-
rais, Mesnil-Mautemps, Meu-
niers, Murs, Nobles dames,
Notre-Dame-des-Champs, Offi-
ciai, Ormes, Pain, Palais, Par-
lement, Pastef^^ Peuple, Pilori,
Places, Poisson, Poitronville,
Ponts, Port, Portes, Pré-aux-
Clercs, Prés Saint-Gervais, Pré-
vôté, Prévôts de Paris, Prévôts
des marchands, Processions,
Reliques, Rues, Saint-Germain-
des-Prés, Saint-Marcel, Saint-
Martin des Champs, Seine, Sé-
jour du roi. Sergents de Paris,
Sœurs Cordelières, Supplices,
Taille, Temple, Tripes, Uni-
versité, Valets de Paris, Vi-
comte, Villette (La), Voyer.
Parlement, 69 ^*, 1 55 *, 262 *, 275,
*, 297 ^ — V. Cour, Siège.
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TABLE GÉNéRALR ANALYTIQUE.
Pastoureaux (Les), 47, >-*-•.
Pastes[^ sobriquet donné aux Pa-
nsiens, 212.
49
Patriarches de Jérusalem. — V.
Bec, Palu, Pierre.
PoifiUons. — V. Treilles.
Pazdoè. — V. Pisdoa.
Peines. — V. Supplices.
Pèlerinages, 10, 62, 64, ', 204.
Pelleteries, Pelletiers, XVIP,
259, 273.
Pénitence, 4S,
Périgueux, Périgord (Habitants
du), 128,3, 181,6.
Péronne, 3o8.
Pers^ pairs, 2. '
Persan (Jehan de), ancien prévôt
de Montmorency, i25, '.
Pesme, 18, *.
Petit-Cellier (Enguerran du) et
ses sœurs, 223, *.
Peuple (Le) de Paris, XVII, XXII,
XXIII, 3, 7, 9, 10*, 12, 16, 28,
34, 47, 52, 53, 55, 56, 67, 70,
97, 119, 125, T49, i55, 169*,
174, i83, 188, 191, 193, 194,
200, 202, 208, 212, 225, 226,
228, 248, 254, 255, 262, 263,
266, 268, 275. — Hors de Pa-
ris, 83, 123, 126, 179, 199.
Philippe II Auguste, III, », IX «,
24, 181.
PWlippe III le Hardi, 2 *-», i5, *,
44, 37», 79,«, 112, «, i3o.
Philippe IV le Bel, XV, «-», XVI »,
XVII, XVIII, XXII, I», 2",
15,^30,34^37,40,42,57»,
81, 82,*, io5, 108, 109, 112,',
120, •, 126*, i3i, 149, i52<<,
176", 178, 181, 184, 294^.
Philippe V le Long ou le Grand,
d'abord comte de Poitiers, 2,
•1 5,«,6, 7, »-•, 8, 16,20, 2i,«,
24,», 25, 27.31, 34,7, 35,36»,
37,40, S4i,47, 48, 49, *, 5o,
51,53,7,55-57,63,66,68,69,
20t
^*-"i 72, 74, 77, *.»^, 78, 79,
81,82,», 84,85, 88», 168, 182,
197, 266, 296».
Philippe, fils de Philippe le Long,
6,i'.
Philippe, fils de Charles le Bel,
127, \
Philippe VI de Valois, XVII ",
54, *, i3i, 145, *, i52", 168,
169, «, 176, 178, *-», 179-183,
186, 189, 194, 195, 197, 200,
201,204, 209, 212, 2l3, », 2l5,
216, 218, 219, 220, », 221, 226,
228, 229, 23o, ^, 233-236, 242,
247, 248,», 250, 25 1,252*, 253,
», 254, <«-«, 255, 260, 264, 265 »,
266-269, 275, 279, *, 280, 3,
281, 282, 287-290, 294, 295, »,
296, s 297, s 298, 299, <-», 3oo-
3o2, 3o4, 3o5, 307», 3o8-3io,
314, ».
Philippe d'Alençon (archevêque
de Rouen ?), 282, »--».
Philippe d'Artois, seigneur de
Conches, i,*, 5o, 172 bis^ 228,
•,254^*.
Philippe, comte d'Evreux-, roi de
Navarre, 21, », i3i, î5o, 176,
181, », 233, 235, 248, 252, 277,
280, », 283, 3o8.
Philippe de Flandre, fils du comte
de Namur, 46, ».
Philippe, duc d'Orléans, 173»,
187», 274, S 275», 276.
Philippe de Sicile, prince de
Tarente, 10», 54, *, 69, *,
86, <.
Philippe, fille de Guy de Dam-
pierre, 109, ".
Philippe de Hainaut, femme d'E-
douard III, 166, », 192.
Picardie, 7, 27, ^,67, 142.
Picquigny (Ferry de), chevalier,
16,^-», 27, 4.
Pieregort. — V. Périgueux.
Pierre de Bourbon,9i, ^-», 3 14, •.
i5
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202
CHRONIQUE PÀRISIBNNR ANONYME.
Pierre, patriarche de Jérusalem,
3,».
Pierres (Chute de), 26, *, 276, ^
Pilori de Paris, 44, 261, 262.
Pimorain (Château de), 277*.
Piquegny. — V. Picquigny.
Pisdoe (Jehan), 212, ^.
Pisdoë dit Boufifart (Guillaume),
36, *, 296.
Pisdoë (Oudinet ou Gervaisot),
parisien, XV, *-•.
Pisdoô (Symon), 212, «.
Places de Paris. — Champeaux,
24,*-*, 61, 149, *, Voir Halles.
— Grève, XVI, », 34, % i25,
212. — Aux Pourceaux, 34, 61,
125, i55, 226, 263, 288.
Plonbauch ou Ploiebauch (Je-
han), prévôt de Paris, XX, *.
Pluies (Grandes), 70, 217, 238,
276.
Plumet (Jehan), 188.
Poids et mesures, XXIII, 9, 69, •,
123,», 188,3,344*.
Poillet. — V. Poullet.
Point-lasne ou Point-larue (Phi-
lippe), 34, ».
Poissi (Jehan de), parisien, XV, <7.
Poisson de mer (Marchands de),
24,3.
Poissy, 249 *,
Poitiers, 57, 69<«. — (Comté de),
3» 7* *•
Poitou, 159, i85.
Poitronville (Belleville), 141, *.
Poligny, 13 a.
Pontefract (Ponfroy), 82, <*-<».
Ponthieu (Comté de), 128, 142,
», 189.
Pontoise, 146, i68, 197, 212, <•,
229 », 264.
Ponts de Paris. — Grand-pont,
Petit-pont, 148, », i83.
Pont-Sainte-Maxence, 255, <.
Port de Grève (Le), 188.
Portes de Paris, 8, 234, 261. —
Baudet, XVII. — de Notre-
Dame-des-Champs, XVII. —
du Roule, XVII. — Saint-An-
toine, VIII, XVII. — Saint-
Denis, XVII. — Saint-Honoré,
XVII «. •— Saint -Jacques,
XVII «. — Saint-Martin, 76.
Porteurs de charbon, 188, 190,^
PouUet ou Poillet (Cordelier),
bourgeois de Compiègne, 212,
«, 223, ».
Pré aux Clercs (Le), 248.
Prédications. — V. Sermons.
Prélats de France (Les), XXII, 7,
27, 47, 48, 69, 88, 97, 142, 236,
», 248. — V. Assemblées.
Presle (Raoul de), 69, **.
Prés-Saint-Gervais (Les), 141, ^
Prêts à intérêt et usuraires, 60, •,
21 6, 236, ». — V. Lombards.
Prévôté de Paris, 26.
Prévôts de Paris, XV-», 24, 68,
85, 298. — V. Belagent, Co-
querel, Crusy, Haquin, Le Ju-
miaux, Loncle, Milon, Plon-
bauch, Taperel.
Prévôts des marchands, 85 ^,212,
>, 296, 3. — V. Barbette, Gen-
cien, La Pie, Loncel, Pisdoë.
Priant ou Priam (Le roi) et ses
fils, 212, ^
Primerot (Puymirol), 287,' ', 288.
Prise (Droit de), 188, K
Prises maritimes, 95, 267, 289,
3o4, \ 3ii.
Prix des denrées et marchandises,
XXIIl, », 198, 218.
Prix des journées, 198, 218.
Procédure criminelle, XVII, 5i,
52, % 53, 63, 118, 188, 225,
228, *, 253, 254, 275.
Processions, IX, u , 70, 72, 74,
193, 222, 268, 273, ^.
Procureur du roi. — V. Bucy.
Procureurs, 297.
Provence, 66.
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TABLE GÉNéRALB ANALYTIQUE.
203
Provins, Si, 89.
Publicité d'interrogatoires, 52, <,
225.
Quarsil. — V. Carlisle.
Quercy. — V. Cahors.
Quesnes (Jehanne des), 263, *.
Quiéret (Hue), amiral, 304, -•-*.
Quint denier (Le), 69, 92.
Rainallucci, Ranuche. — V. Ni-
colas V.
Raoul, duc de Lorraine, 233 '.
Raoul III de Clermont, seigneur
deNesle, 137».
Rat (Guillot), 223, ».
Raveneau (Jehan), 196 •, 257 *.
(Voir de plus l'Introduction.)
Rays (Girart de), chevalier, 61.
RegefHes (Erreurs) j 211, *.
Régence, 2, *, 169, 3..
Reims, 5, 7«,8i, 178, 204^,212,
^-^», 254. — (Archevêques de),
V. Courtenay, Joinville.
Reliques à Paris (Translation de),
73.
Rémission (Lettres de), 52 '.
Remy (Pierre), trésorier, i52,
174, •.
Renaud, duc de Gueldre, 21 5».
Repost {En), 34, •.
Révocation de dons royaux, 57 '.
Rhône (Le), 52.
Richemont ou Richmond (Le
comté de), 94, 3, 257, ».
Rie (Jehan de), 261.
Rieullés, 53, ».
Rising (Château de), 21 5*.
Robert II d'Artois, tué à Cour-
tray, i, *, i3, 78, 82, 172 W5,
181, 197, 228, ».
Robert d'Artois, comte de Beau-
mont-le-Roger, i, *, 2, »-«, 5o,
126, i3r, 168, 172 bis, •, 181,
197, 212, 221, *, 228, «-î^-*,
253 •, 254, a-4i.«aj<Ln ^55, »,
256, <, 262, 263, 3io^.
Robert d'Artois, fils d'Othon IV,
i3, a.
Robert VII, comte d'Auvergne et
de Boulogne, i33, ».
Robert III de Béthune, comte de
Flandre, XXII, », 27 ^ 35, 41,
46, », 49, 85, «-», 95 S Î23.
Robert II, duc de Bourgogne,
178, S i8n<, 235».
Robert de Bourgogne, comte de
Tonnerre, 235, ».
Robert, comte de Clermont, 3,'»,
17,*.
Robert Bruce, seigneur du Val
d'Anaunt, 102, *, io3, >, ni ».
Robert Bruce, roi d'Ecosse, et
ses frères, 23, ^, 37, 82, », 92,
^ 93, 99»*» ^02, *, io3, m,
».^Il3, », 114, Il5, 117, I22<,
175, «,266.
Robert, roi de Sicile, 69,^, 86, *.
Robert IV, comte de Dreux, loi ».
Rochester (Henri, évêque de),
i56, <-•.
Roger (Pierre), archevêque de
Rouen, 248, S 254, 266.
Roideconnin, Rerdeconnin. — V.
Comyn.
Romains, Rome, XV, 89, 17 1, S
177, 191,211.
Roncheville, 94».
Rosier des Guerres (Le), 82 *>.
Rosny, 141, ^-».
Roturiers, 162», 18 n».
Rouci (Jean V, comte de), 204, *.
Rouen, Bourgeois de Rouen,
XV», XVI, 32, i52<% 212, S
223, 248, S 256 S 282*, 287 <.
Roussel (N.), XVII.
Rousselet (Raoul), évêque de
Saint-Malo, 69, ».
Royaulieu (Abbaye de) , 229 ',
245.
Royaumont (Abbaye de), 229, *.
Royc, 197.
Rues de Paris. — La Calandre,
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204
CHRONIQUE PARIStENNB ANONYME.
i83, K — de rÉcole Saint-
Germain, XIV. — Gervaise-
Laurent, XVII, «. — des Jar-
dins, XII. — Saint-Denis, 36,
53, 119, 149, i83, 206, 212, ^.
— Saint-Germain-FAuxerrois ,
XIV », 47, ^K — Saint-Martin,
XVII, 270, *. — Neuve-Saint-
Merry, 1 1,». — de la Triperie,
261».
Sacre d'évêque, 240, s.
Sacres de rois et reines et d'empe-
reur, 5, 7*, 81, 104, \ 1 1 1', 120,
i5o, 160, 171, *, 178, 192,3133.
Sacrilèges, XII, 118, 193.
Sagebien ou Sagebran (Frère
Henry), Trinitaire, 254, *-<'^.
Saint-Andrews (L'évêque de). —
V. Lamberton.
Saint-Antoine (Abbaye de), IX,
235.
Saint Antoine de Padoue, V, *.
Saint-Christophe-en-Halate;20oS
220, *.
Saint-Cloud, 208.
Saint-Denis (Abbaye de), III, »,
XXII, 4, 33, 77, ^ i52, 168.
Saint-Denis (Abbés de). — V.
Gilles, Guy.
Saint-Denis (Ville de), 32 S 193,
273 a. — (BaiUi de). Voir Le
Basenier.
Saint Dominique, II >.
Saint Edouard le martyr, roi
d'Angleterre, 1 57, -•.
Saint-Florentin (Jehan de), che-
valier, i33, ».
Saint François d'Assise, l\ IV,
SVL
Saint-Germain-des-Prés (Abbaye
de), 2, 3, 97, i52, 248.
Sàint-Germain-des-Prés (L'abbé
de). — V. Courpalay.
Saint-Germain-en-Laye, 176, 2o5,
207, 209, 262 3.
Saint Jacques de Compostelle,
64,».
Saint Jean. — V. Gendulphe.
Saint-Laurent (La Villettc), XV,
119,».
Saint Léonard, XV, «.
Saint Leu, 275 *.
Saint Louis, roi de France, VII,
VIII,IX, »,3,4, 11,4, 15,17,
37S 79>^i '09S ï^ï'j ï63,
178^,195.
Saint Louis, évèque de Toulouse,
XIII,Sl2,",204,^
Saint Luc, 73.
Saint-Macaire, 287, *,
Saint-Malo (L'évêque de). — V.
Rousselet.
Saint-Marcel près Paris, XV, ^,
84. — V. Sœurs Cordelières,
Drap.
Saint-Martin-des-Champs (Église
et prieuré de), 47, 212.
Saint-Omer, 202.
Saint-Omer (Simon de),bourgeois
de Compiègne, 212, ^.
Saintonge (La sénéchaussée de),
288, ».
Saint- Pourçain, 212, **.
Saint-Quentin, 212.
Saint-Sardos (La bastide de),
126, 3.
Saint-Sépulcre (Le), 10.
Saint Thomas d'Aquin, 1 36 *.
Saint Thomas de Cantorbéry,
. i56, 8, 197.
Saint - Wandrille (Abbaye de) ,
187».
Sainte - Aldegonde (Allart de) ,
chevalier flamand, 67, <.
Sainte-Geneviève-du-Mont (Ab-
baye et prison de), 53, *.
Sainte - Maure (Guillaume de) ,
chancelier, 254, ^.
Saintes, 159, 219, 220 s.
Saintes (Thibaud de Chastillon,
évêque de), 288 *.
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TABLB GÉNÉRALE AKALYTIQUE.
205
Salembien (Jehan), notaire apos-
tolique, 254. .
Sarrasins (Les), 10, 25, 3i, 40,
62, 97, 246. — V. Maures.
Saverdun, 259 ^
Savoie (Les comtes de), 196 •. —
V.Aymon, Edouard.
Savoye (Jehan de), notaire apos-
tolique, 254, ^.
Savouret (Jehan), XVIL
Scone (Abbaye de), 104'.
Sebillebauch (Denis), 212, *.
Sécheresse, 148, 222, 273.
Seigneur (Remon). — V. Syran.
Seine (La), IX, XXI, 84, 5o, 148,
271.
Séjour du roi (Le), 253, «-«.
Selle (Agnesot de la), 52«
Semons à une fête (Bourgeois),
276, «.
Senlis (Bourgeois de), 223, *. '
Senrenhenton ( Southampton ) ,
3o5, <A
Sens, 118, 262 •. — (Archevêques
de). V. de Brosse, Marigny,
Melun, Roger. — (Officiai de),
125.
Sépulture en terre sainte, XV, «,
199.
Serchant (Cherchant), explorant,
parcourant, 92.
Serchemont. — V. Cherchemont.
Serens (Guillot de), XVIL
Sergents d'armes, VIII, ^, 27,215,
3o5.
Sergents du Châtelet, 47, 52, 53,
85, 253.
Sergents de Paris, 212. — V.
Valets.
Serments (Les vilains), 200.
Sermons, 3, 97, i25, i56, *, 211,
248, 266.
Serourge, 128, *, i52.
Serquenseau. — V. Cercan-
ceau.
Setrieulin. — V. Stirling.
Siège de Paris (Les gens tenant
le), 98. — V. Parlement.
Sobriquets. — V. Paste^^ Ara^
gùnnais.
Sœurs cordelières de Saint-Mar-
cel (Les), 84, ».
Soissons (Comté de), 1 53 '.
Somptuaires (Lois), 40, 212^^.
Sorcellerie, Sorciers, 118, i25,
254.
Sorciller, S2, ".
Soudan de Babylone (Le) et son
fils, 10, ^,25, 40, 87, '.
Souppes, 118*.
Spenser (Les deux Hue), 82, ^^^
92, i52, i58, ^
Stapleton , évêque d'Exeter, 1 56 <.
Stirling, 82, ». •
Subside, 162.
Succession de {Par ia), 296, *.
Suicides, 52, », 25i, '.
Sully (Henry de), grand bouteil-
1er, 34%69, «, 94,*-', 122, ^
Sully (Marie de), femme de Ro-
bert Bertran, 94*.
Sultan d'Egypte (Le). — V. Sou-
dan.
Supplices et peines, XII» XVII,
XXI, XXIII, 18, S 24, », 25,
34, 7, 44, 47, 5o, 52, », 61, 63,
66,67, 82, «, 88, <, 99, ii3,
119,125, 137,», i55, », i58, S
188, 199, 200, 21 5, 224, 226,
261-263, 288. — V. Bannisse-
ment, Gibet, Torture.
Syran (Raymond), maître des
monnaies, 195,% 25i, <-».
Table ronde (Fêtes et romans de
la), 212, *^.
Taille, i52<*, 268, ^ 297, ^ 299.
Tanneurs, XVII *.
Tapcrel (Henry de), prévôt de
Paris, 34,^,44,47*0, 5,, i^s^^
«-»-•, 53, «-7-«.
Taqueson^ 188, ^.
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2o6
CHRONIQUE PARISIENNE ANONYME.
Tarente (Le prince de). — V.
Philippe.
Tarse (Le roî de), lo, •, 25.
TaVferniers, XVII, 218.
Taverny, 265 •.
Témoins (Faux), 261, 262, 263.
Temple (Le), XVII, 52, 141, 212,
254, 3 10.
Templiers (Les), XVII, XVIII,
XXI, 118 7.
Terre Sainte (La), XIX, 3, 25,
40, 47, 93, 248, 279 *.
Textes. — V. Ordonnances, Pro-
cédure criminelle.
Tharse. — V. Tarse.
Thérouanne, 204 *.
Thiais, 52, 8.
Thomas de Brotherton, comte de
Norfolk et de Suffolk, 44, «, 82,
", 112,3, 157, 160, i65, 199,
214.
Thomas, comte de Lancastre, 37,
s, 82, ».»JUi«-«.ao.M^ ,,6, i53,
157, i58, 199, 2i5.
Thyerryon (N.), XVII.
Thyron, 52, 7.
Tierce (Heure de), no, 174.
Tiers état, 7, *,
Tieu/me, i56, ».
Tisserands, XVII, K
Toiles, 273.
Tonnerre (Le comte de). — V.
Robert.
Tonsure, XV, 52, *K
Torture, 52, 63, 66, n8.
Toulousains, Toulouse (Province
et ville de), IX, XIII, 16 «,119,
126, i32, i5i, 181, 258, 259,
275», 314.
Toumay, 212 *, 3o8.
Tournois, 187 », 212*, 227, *,
229^, 235.
Toussac. — V. Coussac.
Tower. Hill, 11 3».
Trahison (Accusations de haute),
16, 28, 29, 55, 56, 68, 83, 201.
Treilles^ 264, S 265, », 276.
Tremblay (Gamier de), drapier,
296.
Trésoriers. — V. Behuchet,
Fleury, Forget, Miion, Petit-
Cellier, Remy.
Trêves, 10, 20, 23*, 121, ^, i33,
252, 287.
Trêves (L'archevêque de). — V.
Baudouin.
Tricherre^ trompeur subtil, 44.
Trie (Jehan II de), comte de
Dampmartin, 286, *,
Trie (Mathieu de), maréchal de
France), 226, *.
Tripes (Là où Ton vend les),
261, ».
Troie, 212.
Troyes, 34.
Unification des monnaies et des
poids et mesures, 69, ^.
Université de Paris, XV, 171 ^
Urbain IV, pape, 22, '-*, 62 *.
Usé^ usant, i83, ^
Usure. — V. Prêts.
Usuriers, i52, 216. — V. Lom-
bards.
VainturiéSy vainturiers^ 3 11 , ».
Vaisselle d'or et d'argent, 229,
236, 297 ^.
Valençay, 212 ^».
Valence (Aymar de), comte de
Pembroke, 114, *, 116.
Valenciennes (Bourgeois et ville
de), 212, <.
Valet d'un changeur, 202.
Valets de Paris (Les), 85, *. — V.
Sergents.
Varennes (Jehan de), chevalier,
.6,«.
Varey, 140*.
Vautemain (Eudes de), chevalier,
68.
Vendanges, 222, 244.
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TABLE GÉNÉRALE ANALYTIQUE.
207
Vendôme (Jeanne de), femme de
Henry de Sully, 94 '.
Vents (Grands), 271, 276.
Vêpres (Heure de), 26, 210, 241,
272.
Verdeloy. — V. Valençay.
Vermandois, 197, 212.
Veulettes, 294 *.
Vicomte de Paris, 216, 261.
Vienne (Jean de), évêque d'A-
vranches, 204, ^.
Vienne (Le dauphin de). — V.
Guigues, Humbert.
Vignac (Berengier de), écuyer,
52, «, 53.
yignes, 141, 290.
Villecoc (Guillaume), 190, ^.
Villette (La).— V. Saint- Laurent.
Villettes (Taille sur les petites),
297.
Villiers (Guillaume de), cheva-
lier, docteur en lois, 275, *,
Vins, 143, 212 «, 238, 244, », 258,
289, 3o3, 3ii.
Visita^ 7, «.
Vols, 47, 119, 193, 253.
Voults, 254, ^*:
Voyer âe Paris. — V. Barbette.
Wallace (William), 108, », ii3,«.
Warwick (Château de), 82, <».
Waupillières (Fleurent de), che-
valier, 56.
Wenceslas IV, roi de Bohême,
Si*.
Westminster, 104, ».
Winchester (Adam, évêque de),
279, <.
Winchester, 82 ".
Windsor, 142*.
Wirmes ou Wismes, 57, *.
Wit (Lappe de), chevalier, 52, ',
53.
Xantonge. — V. Saintonge.
Yarnemons (Yarmouth), 95, •.
Yolande, fille du comte de Dreux,
101 ».
York, 166».
Ypres, 95, *, 179, ^, 180, 181,
212 ^ — (Bourgeois d*), 212.
Ysabel de France, femme d'É^-
douard II, roi d'Angleterre, i5,
37, S 48, 82, 3, i3i, i36, «,
142, •, 145, 148-150, i52, i53,
1 56-1 58, 160, 199, 214, 21 5.
Ysabel, fille de Charles le Bel,
139, S i54, *, 170.
Ysabel de France, dauphîne de
Vienne, 78, ', 154.
Ysabel de Valois, femme de Pierre
de Bourbon, 91, *.
Ysabel. — V. Isabelle.
Zélande, 145*.
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HISTOIRE
DE
UÉTANG-LA-VILLE.
CHAPITRE I^
ANTIQUrré ET ORIGINE DE CE VILLAGE.
A quelque distance de Saint-Germain-en-Laye, auprès de la
pittoresque forêt de Marly, sur le passage de Pancienne route de
Saint-Germain à Noisy, et dans une gorge profonde, resserrée de
tous côtés par des coteaux assez élevés couverts de vignes et
d'arbres fruitiers, se trouve situé le village de TÉtang-la-Ville.
Tout à rentrée de ce village est placée Téglise, édifice très
ancien et qui renferme dans le chœur quelques piliers romans du
XII* siècle. Urie simple nef, surmontée de la tour du clocher, com-
posait d'abord cette église; puis ensuite au xv* siècle une chapelle,
élevée probablement par .Jean de Montaigu^ et destinée à la
sépulture des seigneurs du lieu, fut ajoutée au côté gauche du
chœur. Enfin, au xvii* siècle, le côté latéral à droite du chœur fut
bâti et ajouté à la primitive église qui est dédiée à Notre-Dame et
à sainte Anne.
X. Le style architectural de cette chapelle est du xv« siècle, époque à
laquelle Jean de Montaigu était seigneur de FÉtang. De plus, des fleurs de
lys de pierre sculptées revêtaient les parois extérieures de cette chapelle ;
on peut encore en voir l'empreinte, malgré qu'elles aient été hachées pen- .
dant la Révolution.
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HISTOIRE DE l'ÉTANG-LA-YILLE. 209
A part le portail et les croisées de l'ancienne chapelle seigneu-
riale, le porche nouvellement refait et les piliers romans, dont
nous avons parlé, cette église est peu remarquable.
Une litre funèbre, qui couvre le mur de Téglise du côté seule-
ment de la chapelle seigneuriale, recouvre sous sa couche noire
le blason des Séguier : d'azur au chevron d^or, accompagné en
chef de deux molettes à six pointes d'argent^ et en pointe d'un
mouton passant du même. Une inscription en marbre placée
dans la chapelle seigneuriale par les soins de M. Ailéon, allié à la
Êunille de Fonton, rappelle que plusieurs des membres de cette
famille ont reposé dans le caveau de cette chapelle. L'on remarque
encore dans cette même chapelle les attributs des quatre évangé-
listes qui semblent planer au-dessus de la dalle funéraire. Plu-
sieurs curés et personnes de distinction eurent leur sépulture dans
cette église^ mais lors de la Révolution, en 1793, ces tombes
furent profemées ainsi que l'église ; les cendres et les ossements
qu'elles renfermaient furent dispersés et aujourd'hui il ne reste
plus vestige de rien. Le château, le parc et la ferme de l'Étang-la-
Ville, seuls restes de Pancien domaine de ce lieu, n'offrent rien de
remarquable. Il y a quelques années, l'on voyait encore, dans
Pune des caves obscures du château, de grands anneaux scellés
dans le mur, qui avaient dû servir à fixer les chaînes des prison-
niers détenus en ce lieu, car le seigneur de TÉtang avait droit de
haute, moyenne et basse justice. Le gibet se dressait à rentrée du
village, non loin du château. A sa place se voit une croix de
pierre entre quelques arbres. *
Quant à Torigine de ce village, elle est des plus reculées ; les
Celtes habitèrent ce territoire, surtout la partie située au midi
vers la forêt de Cruye ou de Marly '.
Plus tard, il fit partie du domaine royal. Les rois francs,
convertis à la loi du Christ, firent de nombreuses donations aux
moines et à leurs abbayes. La seigneurie de PÉtang fut alors le
1 . Ce sont bien des molettes et non des étoiles qui sont sculptées en
creux dans les embrasures des vitraux de l'église, surtout à une place, où
une molette se montre très nettement, malgré la couche épaisse et noire
qui la recouvre.
2. Au nord de ce village, au lieu dit le Cher-Arpent, non loin des murs
du parc du château, dans une vigne, fut découvert en 1878 un dolmen,
composé de trois chambres, de 18 mètres de longueur et renfermant les
ossements d'au moins cinquante personnes. J'annonçai le premier la décou-
verte de cette sépulture.
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210 HISTOIRE DB l'ÉTANG-LA-YILLE.
partage de seigneurs puissants et de plusieurs abbayes. Ce sont, à
n^en pas douter, les colons envoyés par les moines, pour cultiver
sous leur direction les terres et les vignes qu'ils avaient en ce lieu^
qui furent les fondateurs de ce village. Au ix* siècle, il existait une
chapelle à Maisons, terroir au midi de TÉtang, qui appartenait à
Tabbaye de Saint-Germain-des-Prés, de Paris. Ce lieu était donc
déjà habité. Quant à son nom de l'Étang, il lui vint d'une grande
pièce d'eau ou étang ^ alimentée par les nombreuses sources qui
se trouvent sur son territoire. Du nom de l'Étang, qui fut la pre-
mière désignation de ce lieu, on passa à celui de FÉtang-sous-
Marly, à cause de sa situation et de ses rapports avec la seigneurie
importante de Marly. Enfin le nom de T Étang-la- Ville qu'on
lui avait donné, pour le distinguer du hameau de PÉtang situé
entre Saint-Cloud et Marnes, a prévalu et subsiste aujourd'hui.
L'évéque de Paris nommait de plein droit à la cure de PÉtang*
la-Ville, dès Pan i25o. Elle faisait partie du doyenné de Château-
fort et valait à cette époque seize livres de revenu. Le château
actuel fut bâti au xvnt* siècle. Suivant le dénombrement de l'élec-
tion de Paris fait en 1709, l'on comptait à cette époque j5 feux
à PÉtang. Le dénombrement de Pannée 1747, publié par Doisy,
marque 77 feux en ce lieu. Suivant le Dictionnaire universel de
la France^ cela faisait environ 35o habitants^.
Les habitations étaient fort répandues sur le territoire de PÉtang
et formaient quantité de hameaux aujourd'hui pour la plupart
disparus. Parmi ceux-ci Pon nomme la Brosse, la Doucerie, la
Lombarderie, la Guerarderie et les Sablons de Brosse, oîi Pabbaye
de Joyenval possédait 10 livres de rente sur un quartier et demi
de terre en deux pièces ', le hameau de Montbrisset, qui a appar*
tenu au sieur Fautrier de Montbrisset, et le hameau de Maisons,
Maison-Rouge ou Chevaudeau, qui fut le premier centre des
habitations qui succédèrent aux huttes des Celtes-Gaulois. Une
chapelle ou petit prieuré dédié à saint Michel, situé au bord
de la forêt de Cruye, non loin du menhir, nommé la Haute-
1. Dans les chartes latines, ce lieu est désigné ainsi : Stano, Stamtm^
Stagna f Stagnum, Stagna^ Villa, Stagnum- Villa.
2. Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris, tome VII, article de l'Étang-la-
Ville.
3. Cette terre fut possédée par les héritiers de Florent Lardé, par acte
passé devant Petin Deshulins, notaire roytJ à Poissy, le 3o juin 17 18.
(Archives de Seine-et-Oise, fonds de Joyenval.) * *
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HlâTOtRB DE L^éTANG-LA-VILLB. 211
Pierre^ et qui existait du temps de Charlemagne, donna nais-
sance au hameau de Chevaudeau, et par la suite au village de
l'Étang.
Irminon, abbé de Saint-Germain-des- Prés vers la fin du régne
de Charlemagne, faisant un état des biens de son monastère, met
cet article : < Nous tenons en la forêt de Cruye deux bois de haute
futaie ; nous tenons au même lieu deux lieues de petits bois pour
la nourriture de nos porcs. Nous avons aussi dans la même fbrét
deux églises , l'une à Maisons, Pautre à Chambourcy ^. » Cette
église de Maisons, qui ne peut être que la chapelle de Chevaudeau,
ne fut jamais paroisse, mais simple prieuré, bien connu dès le
XIII* siècle. Cet endnrit pouvait être, suivant Tabbé Lebeuf, un
canton de forêt appartenant à un seigneur nommé Gevaldus ou
Givaldus, nom usité sous la première race, même parmi les
princes du sang. De Gevaldus on fit Gevaldeum et ensuite Cke-
valdeum^ car, dans le langage vulgaire, on était si accoutumé à
prononcer Chevaudeau, que dans les actes on en vint à latiniser
ce nom en celui d'Equidorsutn qui est ridicule *. Le prieuré de
Chevaudeau n'était sujet à aucune redevance envers le chapitre de
Notre-Dame de Paris, contrairement à l'usage reçu; le peu d'im-
portance ou de ressources qu'il avait le firent sans doute jouir de cet
avantage. Parmi les bienfaiteurs de cette petite église, il faut citer :
Evrard de Villepreux et Bouchard de Marly, qui lui donna, en
121 8 et en différents temps, une partie de la forêt de Cruye, deux
setiers de blé méteil, et lo sols de rente en. 1226^. En 1234,
Pierre de Marly fit don d'un setier d'huile par chaque année,
pour l'entretien d'une lampe en la chapelle de Chevaudeau ( Capella
de Equidorso).
Thibaut de Marly, par son testament, donna, en 1286, cin-
quante sols audit prieuré {Prioratt4s de Equidorso^ L. solides).
Lorsque le titre de prieur de Saint-Michel de Chevaudeau fut
éteint, et les revenus réunis à la mense conventuelle de Saint-
1. La Haute-Pierre, Chevaudeau et la plupart des autres hameaux que
nous ayons cités, ayant été enclavés dans le parc de Marly par le roi
Louis XIV, IHirent détruits à cette époque; ils existaient encore en 170a.
2. Habet in^ Crevât de silva leuvas II... habet ibi lucos II parvulos ad
nptriendum purcelios... habet in eclesias II unum in Mansionibus, alteram
in Camborciaco.
3. Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris, tome VII, p. 347.
4. DomBouillart, Histoire de Pabbaye de Saint-GermaiH-^es-Prés, p. 11 5.
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212 HISTOIRE DE L^ÉTANO-UL-VILLE.
Gennain-des-Prés, par Pierre de Gondy, évoque de Paris, en
1 574, ce prieuré fut encore désigné sous le nom de : Prioratum
Sancti Michaelis de Equidorso K
En 1702, il 7 avait une ferme royale à Chevaudeau. La cha-
pelle de Saint-Michel existait encore en 1714} mais elle était en
très mauvais état, et il y avait vingt ans qu'on n^y avait dit la
messe. Sur le rapport de M. Benoît, curé de Saint-Germain-en-
Laye, doyen rural, monseigneur le cardinal de Noailles, arche-
vêque de Paris, ordonna, le 21 mai 17 14, qu'elle serait détruite
et les matériaux employés à la réparation de la paroisse où Toffice
serait transféré, et qu'il serait élevé une croix à la place de cette
chapelle. En 1724, le duc d'Antin céda la Maison-Rouge, voisine
de cette chapelle, au roi à titre d^échange avec 52 arpents et demi
de terre, dont 3o en fief et le reste en roture, compris dans le
nouveau parc de Marly. Le roi lui donna, au lieu et place, des
domaines dans la généralité de Montauban >.
A peu de distance de Chevaudeau, sur la route de TÉtang à
Noisy, se trouve l'Auberderie, dite autrefois Vauberderie, maison
d'habitation avec quelques dépendances et un vaste parc. Cest
Pun des anciens hameaux ou domaines de TÉtang-la- Ville qui
sont encore existants aujourd'hui. La duchesse de Richelieu pos-
sédait ce domaine', et en 1788 il appartenait à la duchesse de
Fronsac^. Il appartient à présent à madame la comtesse de la
Bonninière de Beaumont, née baronne Dupuytren.
La Guérarderie, ou la Guarderie, est aussi Tun des anciens
hameaux de cette commune qui a subsisté. En 1647, Joachim
d'Auray était seigneur de Tillières et de la Gardiire, ou la Gar-
derie?
La Montagne, sur la route de TÉtang à Marly, est un hameau
qui, en 1783, dépendait du Pecq; il fut réuni depuis à la com-
mune de rÉtang.
Le village de TÉtang a vu s'abriter sous ses frais ombrages la
1. Au milieu du xyii* siècle, et suivant le Fouillé général publié en 164 1,
la chapelle de Chevaudeau était encore un bénéfice de l'abbaye de Saint-
Germain-des-Prés. Le prieuré est ainsi désigné : Prioratus de Equidorso,
prope Sanctum-Germanum'in'Laya,
2. Dictionnaire historique des environs de Paris, par Hurtaut et Magny,
tome II, p. 579.
3. Les Environs de Paris illustrés^ par Joanne, p. 371.
4. Inventaire des archives de Seines-Oise, A. 1 14, p. 8.
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HISTOIRE DE l'ÉTAMG-LA- VILLE. 21 3
veuve de Bernardin de Saint-Pierre, Pimmortel auteur de Paul
et Virginie. Le poète François Grille y avait une maison de
plaisance.
Suivant V Annuaire de Seines-Oise^ ce village est situé sur la
route de grande communication n^ 34, à 2 kilomètres de Marly,
12 de Versailles et 22 kilomètres de Paris. Sa population est de
378 habitants environ.
CHAPITRE IL
LES GABETS DE NBAUFLE ET LES PREMIERS SEIGNEURS
DE L'éTÀNG*LA-VILLE.
II 80-1 304.
Le territoire de TÉtang âiisait partie autrefois du domaine
royal, comme toute la contrée avoisinante. Ses premiers seigneurs
furent donc vassaux et feudataires du roi de France. Nous avons
dit que l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés avait de temps immé-
morial des possessions très considérables sur ce territoire, et les
moines de cette abbaye doivent avoir été les premiers seigneurs
de la petite peuplade de colons et de serfs réunis en ce lieu. De
nouveaux défrichements furent pratiqués, car, même au temps de
Charlemagne, ce territoire était encore couvert de bois, et avec
rétendue des terres cultivées s'accrut le nombre des colons et la
richesse des seigneurs ^ .
La culture de la vigne y était déjà assez répandue au xii« siècle
pour qu'il y eût un pressoir, établi il est vrai par l'un des pre-
miers seigneurs féodaux de ce lieu, et qui était pour lui d^un cer-
tain rapport.
Les seigneurs châtelains de Neaufle ajoutèrent à leurs vastes
possessions la seigneurie de PÉtang, qui devint par la suite Tapa-
nage des cadets de cette noble maison, issue, à ce que Ton croit,
des anciens comtes de Meulan ; ce que la similitude des armoiries
et les documents recueillis jusquHci semblent confirmer^.
1. Vers 1140 ou 1 i5o, Nivelon de Thorotle, qui possédait une partie de
la seigneurie de l'Étang-la- Ville, se faisant moine au prieuré de Mariy-le-
Bourg, donna au prieuré de Saint-Germain-en-Laye, lors de sa prise d'ha-
bit, un muid de blé apud Stagnum.
2. Histoire de Meulan, par M. E. Réaux, p. 85.
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214 HISTOIRE DE L^ÉTANG-LA-VILLE.
Le premier seigneur connu de l'Étang est Guy de Neaufle,
frère de Simon, seigheur châtelain de Neaufle, qui, vers l'an 1 1 80,
donna à Pabbaye des Vaux-de-Cernay dix sols parisis de rente,
avec le consentement de Simon, son frère aîné, ainsi que nous
rapprend la charte suivante : c Je, Simon, seigneur de Neaufle,
fais savoir à tous que Guy, mon frère, a donné à Thospice des
pauvres des Vaux, en perpétuelle aumône, dix sous parisis par an,
sur les revenus de sa villa de PÉtang, payables en l'octave de la
Saint-Denis, et que moi et mon frère consentons à ce don, par les
présentes lettres munies de mon sceau, afin que ce soit perpétuel
et durable ^ »
Vers le même temps, Tabbaye des Vaux-de-Cemay obtint de
Guy de Neaufle son pressoir de l'Étang, et Simon, son frère,
confirma cette donation par une charte ainsi conçue ; « Je, Simon,
seigneur de Neaufle, fais savoir à tous ceux qui verront ou enten-
dront la présente charte revêtue de notre sceau, que j'atteste,
approuve et confirme que Guy de Neaufle, mon frère, a donné
ou quitté aux moines de Cernay tout ce qu'il possède en son pres^
soir auprès de la villa qui est nommée TÉtang^. »
L'abbaye des Vaux-de-Cernay avait été fondée au milieu du
XII* siècle par Simon de Neaufle. Il ne faut donc pas s'étonner si
les moines de cette nouvelle abbaye furent si bien dotés à PÉtang-
la- Ville, qui était un fief de la maison de Neaufle. Les revenus
1. Cartulaire de l'abbaye des Vaux-de-Cemay, par MM. Auguste Moutîô
et Lucien Merlet, charte n<* lviii : f Ego Simon, dominus Nielfe, notum facio
universis quod Guido, frater meus, dédit hospicio pauperum Vallium in
perpetuam helemosinam x solides parisiensium, annuatim, in crastino
sancti Dionisii, in villa sua de Stagno reddendos. Quod ego et fratres mei
concessimus et presentibus litteris sigillo meo signatis in perpetuum dura-
turum stabilire curavi. > (Vers 1180.)
2. Cartulaire des Vaux^de-Cernay, déjà cité, charte ux. De pressuragto
de Stagno, circa a. 1180.
c Ego Simon, dominus Nielfe, omnibus presentem cartulam inspecturis
yel audituris, notum facio et sigilli mei impression e attestor, aprobo et
confîrmo quod Guido de Nielfa, fratrer meus, plenarie quitavît monachis
Sarnaii, quicquid ei debebant pressuragii apud villam, que dicitur Stag-
num. Concessit hoc etiam Gaufridus, fratrer noster. »
Ce Simon de Neaufle est le fils de Simon (1162), fils aîné de Milon^ fils
aîné de Simon, fondateur de Tabbaye des Vaux-de-Cernay, et père de Simon
qui, en 1206, nomme ses frères : Geoffroy, Galeran et Gervais. {Cartulaire
de l'abbaye des Vaux-de-Cemay, p. 75.)
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HISTOIRE DB L'éTANG-LA-VILLB. 21 5
du pressoir de TÉtang furent le dernier don de Guy à cette
abbaye.
Ses successeurs ne laissèrent pas de l'imiter ; déjà Geofiroy,
frère de Simon et de Guy, approuva aussi le don du pressoir de
r Étang à ces religieux ; mais, ayant succédé à Guy dans la sei-
gneurie de rÉtang, il fit, en 1208, et par une disposition testa-
mentaire antérieure à Pan 121 3, scellée du sceau de Simon son
frère, châtelain de Neaufle, son seigneur dominant, don à la
léproserie de Neaufle d^un muid de vin sur son pressoir de
rÉtang, ou, à défaut, de deux setiers de blé sur sa grange à
rÉtang, et d'un arpent de terre au curé du même lieu *.
Geoffroy fit de nombreux legs à cette abbaye et à nombre d'autres
maisons religieuses et maladreries. Les témoins de son testament
sont : Simon, châtelain de Neaufle, de qui il tenait ces fiefs,
Pierre et Guillaume Mauvoisin, Guy de Lèves, Rahier de
Neaufle, et plusieurs autres.
Milon de Neaufle, qui paraît avoir succédé à Geofiroy, son
oncle, est qualifié du nom de Milon de TÉtang, dans une tran-
saction faite, en 1244, entre l'abbaye d^Argenteuil, Guy, seigneur
de Chevreuse, et la dame d'Élancourt, qui donnent deux muids
d^avoine sur leurs fiefe *.
Au mois de novembre de la même année, Milon de PÉtang
donna à Fabbaye de Notre-Dame de la Roche six arpents de terre
en sa censive de PÉtang en ces termes : c A tous ceux qui ces pré-
sentes lettres verront, je, Milon, seigneur de PÉtang, écuyer,
£ûs savoir que, par charité et pour le salut de mon âme, de celles
d^ Agnès de Voisins, ma femme, et de mes parents, et avec le
consentement de mon épouse, je donne et concède à Pabbé et au
couvent de Notre-Dame de la Roche, six arpents de vignes situés
en ma censive à PÉtang, ladite donation faite et tenue en main-
morte perpétuelle, pour six sous, quatre deniers et obole parisis,
I. Cartulaire de N.-^D. de la Roche^ par M. A. Moutié, p. 63 et 64.
c Et leprosis de Neaufte concedo unum modium vini in pressorio meo
de Stanno, et, nisi fuerit ia cua mea capiatur eisdem duos sextarios bladi
in granchia mea de Stanno ; et preabitero de Stanno unum arpentum terre
)u«ta suam, que est justa cuitura meam. » {Cartulaire des Vaux-de^er-
nay, t. I, p. 189.)
a. c Ex feudo domine Isabellis de Elaencouxt duos modios avene.,.,
domino Miloni de Stagno, et domine Agneti ejus uxori duos modios, » etc.
(Cartulaire de V abbaye des Vaux-d^-Cemay, t. I, p. 435. Cartulaire de
N.'D. de la Roche, p. 62.)
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2l6 HISTOIRE DE L^éTÀNG-LA-VILLE.
payables à la fête de Saint-Denis. Afin que ce soit ferme et stable,
j'ai muni ces lettres de mon sceau ^ Fait au mois de novembre
Tan du Seigneur mil deux cent quarante-quatre'. »
En 1249, au mois de mars, Milon de TÉtang, chevalier, et
Ansel dit de Noisy, son frère, écuyer, donnent à cette même
abbaye une vieille masure et un arpent et un demi-quartier de
vignes auprès de PÉtang', pour deux sous de cens chevei par an, à
la Saint-Denis, lesquelles masure et vignes Ansel reconnaît avoir
quitté et vendu à Tabbé et au couvent de Notre-Dame de la
Roche, en main-morte, pour soixante livres parisis.
La même année , Milon donna à Tabbaye des Vaux-de-Cemay
un demi-arpent de vignes à TÉtang et deux pièces de vignes à la
Crote de Marly*. Puis, au mois d'août, il donne à la même
abbaye, en pure et perpétuelle aumône, quatre setiers d'avoine de
rente par chaque année sur le cinquième de toutes ses terres, afin
que les moines de ce couvent fissent chaque année son anniver-
saire, après son décès '.
En i25o, au mois de mars, Anselme de Noisy, écuyer, vendit
au monastère de Notre-Dame-de-la-Roche, moyennant seize livres
parisis, une maison avec son pourpris et ses dépendances, situés
au village de TÉtang ; et de plus un arpent et un demi-quartier
de vignes tenant à la vigne du même lieu, le tout provenant de
son héritage, et chargé de deux sols de cens chevei et annuel
envers Milon de Neaufle, chevalier, son fi-ère et seigneur domi-
nant, qui consentit à cette vente *.
1. Sceau rond de o"o55, à l'écu triangulaire, au lion de Neaufle. Légende :
Sigillum Domini Miloni de Nealpha castello. [Cartulaire de l'abbaye des
Vaux-de-Cemay, atlas, pi. X, n* 5.)
2. Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame^de-la-Rôche, par M. Auguste
Moutîé, charte xlii, p. 62.
3. c Vinee edesie de Stanno moventia ut asserit de hereditate sua. »
{Cartulaire de Notre^Dame^e'la''Roche, p. 65-66.)
Dans la première moitié du xiu" siècle, les moines de l'abbaye de la
Roche possédaient à l'Étang six arpents de vignes dans la censive de Milon
de rÉtang et d'Agnès de Voisins, sa femme. (A. Moutié, Histoire de Che-
vreuse, p. 538.)
4. L'abbaye de Vaux-<le-Cernay payait annuellement au seigneur de
l'Étang- la- Ville 3 sols i denier à la Saint-Denis pour la vigne des Néfliers
(État de biens de l'abbaye en i25o). {Cartulaire de l'abbaye des Vaux-de-
Cemay, tome !•', p. 939.)
5. Cartulaire de V abbaye des VauX'-derCemay, t. I, p. 444.
6. Cartulaire de N.-D.-de-la-Roche, p. 65.
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HISTOIRE DE l'ÉTANG-LA-VILLE. 2I7
Avec Milon de PÉtang s'éteignit la branche de la famille de
Neaufle, seigneurs de TÉtang-la-Ville *.
Dans le même temps, une dame nommée Adèle de TÉtang fai-
sait plusieurs donations à Tabbaye de Joyenval '.
Le Nécrologe de Joyenval donne les noms de plusieurs per-
sonnages de la famille de Roye ou de Retz qui possédaient la
seigneurie de TÉtang à la fin du xni« siècle et au commencement
du siècle suivant. La première est Alix, nommée aussi Aalis et
Adélaïde dans différents aaes, fille de Barthélémy de Roye, fon-
dateur de l'abbaye de Joyenval, mentionnée en 1 3 1 1 dans Tobi-
tuaire de Joyenval sous les noms d^ Aalis de TÉtang ou de Roye'.
Son épitaphe se voyait dans l'église de Joyenval, où elle fut
inhumée '*.
Elle avait épousé Jean le Latimier, chevalier, seigneur de
rÉtang-sous-Marly, et en partie de Davron. La justice, en cas
d^effusion de sang en la ville de l'Étang, appartenait à ce chevalier
vers 1290 '. Ce seigneur de TÉtang donna à Tabbayede Joyenval
soixante livres parisis de rente annuelle sur les seigneuries de
rÉtang et de Davron, pour faire et célébrer son anniversaire et
celui de sa femme. Il mourut en 1295, et fut inhumé en Téglise
1. En i25o, Barthélémy Colubcr et Marie de la VilleneufVe (de Villa-
Nova) donnèrent à l'abbaye de Joyenval trois arpents et demi de terres
arables situés auprès de l'Étang au comté de Dreux : c Sitis prope Stagnum
comitis Drocensis. » Nous ne pouvons expliquer comment, à cette époque,
rÉtang-la-Ville pouvait relever du comté de Dreux. Les comtes de Dreux
étaient de la maison royale de France, et, en iigS, Robert II de Dreux
était seigneur de Sainte-Gemme, prés de Feucherolles. (Archives de Seine-
et-Oise. Fonds de Joyenval et de N.-D. de Poissy.)
2. Nécrologe de Joyenval, à la date du 4 mai : c Commémora tio domine
Aelidis de Stagno, qui multa nobis contulit bona et obiit anno Domini
1247. 9 (Archives de Seine-et-Oise. Fonds de Joyenval.)
3. Nécrologe de Joyenval. A la date du 5 mai : c Commemoratio domi-
na Aelidis de Roia, fundatoris filiae, et uxoris domini Joannis le Latimier,
qui nobis donavit sexdecim libras parisiensium annui redditus pro suo et
ejusdem Aelidis uxoris anniversario faciendo ; quœ autem et obiit anno
domini i3ii. »
4. € Icy gist madame Aalîs, femme de messire Jean le Latimier, jadis che-
valier et seigneur de Lestang soubs Marly, laquelle trespassa Pan de grâce
mil troys cents vingt et un, la veille de la Pentecoste. Priés Dieu pour l'âme
d'iceile. » (Bibl. nat., ms. latin n* 5684, fol. 91.)
5. L. Delisle, Restitution d'un volume perdu des Olim, arrêt 774. {Actes
du Parlement, t. II, p. 487.)
irihi. XI 16
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2l8 HISTOIRE DE l'ÉTANG-Là- VILLE.
de Joyenval. Sa tombe se trouvait placée entre celles de sa sœur
et de sa femme * .
De son mariage, Aalis de TÉtang eut un fils : Guillaume le
Latimier, qui avait sans doute succédé à son père dans la posses-
sion des seigneuries de TÉtang et Davron. Suivant le Nécrologe
4e Joyenval^ il mourut en i3o4'.
Vers la fin du xin' siècle, Mahaut ou Emmeline de Poissy,
fille de Robert de Poissy, seigneur de Fresnes, était aussi quali-
fiée dame de TÉtang. ÉUe fut la deuxième femme de Pierre de
Mésalent, chevalier, et le 2 août 1 278 elle donna sa terre et sei-
gneurie de rÉtang à son mari, d'après le conseil de sa mère,
Agnès de Fresnes, veuve de Robert de Poissy, et de son onde^
Dreux de Villette^.
En septembre 1275, Pierre de Mésalent, et Emmeline, sa
femme, avaient donné à l'abbaye de Neauphle-le-Vieux la terre
des Sablons et le bois de Fontaines ; cette donation fut renouvelée,
en 1 284, par Guillaume de Mésalent, chevalier, et Péronnelle, sa
sœur, leurs enfants ^,
' I. Nécrologe de Joyenval. A la date du "6 mars : c Commemoratio domini
Joannis le Latimier, militis et generi domini fundatoris, qui dédit nobis
apud Stagno et Davron seiagenas libras parisiensium pro suo et uxoris sus
Aelidis anniversariis faciendis et obiit anno Domini 1295. Jacet inter chorum
et sanctuarium justa socerum et conjugem. » (Archives de Seine-et-Oise.
Fonds de Joyenval.) Jean le Latimier descendait très probablement de Jean
Latimier, sergent du roi Philippe-Auguste, à qui ce prince fit don, en 1219,
de la maison que Mathieu le Maréchal avait possédée à Montargis, avec
différents autres biens. (L. Delisle, Catalogue des Actes de Philippe-Auguste,
p. 423, n* 1916.)
2. Nécrologe de Joyenval. A la date du 28 juin : c Commemoratio Guil-
lelmi le Latimier, militis qui multa nobis donavit et obiit anno Domini 1 304. »
(Archives de Seine-et-Oise. Fonds de Joyenval.) Le 21 avril i322, fut rendu
un arrêt du parlement de Paris, cassant en partie une sentence du prévôt
de Paris^ entre Philippe, curé de Sèvres, en son nom et en celui de son
église, et Guillaume le Latimier, chevalier, au sujet de la dîme de la
paroisse de Sèvres, dont le dit chevalier avait fait saisir la moitié. La jouis-
sance de la dîme fut rendue provisoirement et sous caution au curé, à
condition qu'il s'engagerait à rendre les revenus quMl aurait perçus, dans le
cas où il perdrait son procès. Ce Guillaume le Latimier était un descen-
dant de Jean et Guillaume le Latimier, mais à quel degré? (Boutaric,
Actes du Parlement de Paris, II, p. 443. Olim, I. Jugés, folio 2o5 i*.)
3. Archives de Sein^-et-Oise. Fonds d'Abbecourt.
4. Archives d'Eure-et-Loir. Les armes de Mésalent sont : d'argent, au
lion de gueules.
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HISTOIRE DE L'éTANG-LÀ-VaLB.* 219
Emmeline de Poissy avait aussi des biens près de Mello, en
Beauvaisis, notamment la terre de Thilael, qu'elle vendit à Jean
NointeU cardinal de Sainte-Cécile, et que ce dernier revendit en
1286^
De ce qui précède Ton voit que plusieurs seigneurs se quali-
fiaient dans le même temps possesseurs de la terre et seigneurie
de rÉtang-la- Ville, en panie. L^alliance d^ Agnès de Poissy avec
le seigneur de Neauphle-le-Château nous porte à croire que
Mahaut ou Emmeline de Poissy, sa parente, ét^it par çel^ même
héritière de ladite seigneurie de TÉtang.
CHAPITRE III.
LES MONTAIGU, SEIGNEURS DE L^éTANG. — FIN TRAGIQUE D^UN GRANp-
MAÎTRE DE FRANCE. — JACQUELINE, LE BOURDON DE NOTRE-DAME.
1 304- 1409.
A la fin du xiv' siècle, la seigneurie de TÉtang était dans la
maison de Montaigu. Gérard de Montaigu, d^abord bourgeois de
Paris, puis ensuite notaire et secrétaire du roi Jean, succéda en
1370 à Pierre Turpin, trésorier des chartes et notaire en la chan-
cellerie, lequel vu ses infirmités ne pouvait plus vaquer à ces
emplois. Vers la même époque, Gérard de Montaigu était seigneur
de PÉtang-la-Ville et sans doute depuis une date antérieure que
nous ne saurions fixer'.
En i38o, il achetait la terre et seigneurie de Montaigu-en-Laye,
près de Chambourcy, de messire Roger du Brohage, chevalier,
seigneur de Mauréal et de Montaigu.
Le 3i décembre i384, étant maître des Comptes, secrétaire et
trésorier des privilèges du roi, il donna un reçu ou quittance de
dix chartes inventoriées au nom du roi et du duc de Bourbon,
et qui devaient rester entre ses mains jusqu'à ce que le duc eût été
payé d^une somme de 100,000 francs, à lui assignée en Lan-
guedoc'.
I. Bibl. nat. Coll. Moreau, vol. 208, folio 134.
a. Une fontaine dite de Saint-Pierre, très remarquable, et qui est évi-
demment du xiv« siècle, se voit encore aujourd'hui dans le parc du chft-
teau de l'Étang. Au-dessus de Tarcade en plein cintre qui couvre cette fon-
taine, se voient sculptées les armes de la famille de Montaigu et la date
de 1372.
3. Arch. nat. P. iSSga, cote 708. Titres de la maison de Bourbon,
Invcnt., t. Il, p. 12.
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220 HISTOIRE DE l'ÉTANG-LA-VILLE.
Gérard de Montaigu mourut le i5 juillet 1 391 ^ et fut Inhumé
dans la nef de l'église du couvent de Sainte-Croix-de^la-Breton-
nerie, où il avait sa sépulture. La date placée sur son épitaphe ne
concorde pas avec celle citée plus haut; cette épitaphe était ainsi
gravée sur la pierre :
Çygist noble homme messire Gérard de Montaigu, chevalier,
conseiller et chambellan du roy, nostre sire, fondateur de ceste
chapelle, qui trespassa le xvij"" iour de septembre mil ccc iiij**^.
Celle de sa femme se lisait aussi sur la même pierre , elle était
ainsi gravée :
Cy gist noble dame, madame Biette de Cassinel, dame de
Montaigu, femme dudit messire Gérard ^ laquelle trespassa Fan
mil ccc iiij'^ xiiij^.
Ce seigneur de T Étang avait épousé Biette Cassinel, fille de
François et sœur de Guillaume Cassinel, seigneur de Romain-
ville, de Pomponne et de Ver '•.
11 eut de son mariage trois fils, qui furent : i^ Jean, seigneur
de Montaigu et de TÉtang ; 2® Gérard, qui fut conseiller au parle-
ment de Paris et succéda à son père en la charge de trésorier des
chartes * ; et S"» Jean, qui fut évêque de Paris •.
Rien de bien important pour la seigneurie de TÉtang ne s'était
alors accompli. Caché dans un vallon auprès d'une épaisse forêt,
le village dut échapper en panie aux ravages occasionnés par les
guerres entre la faction d'Orléans et celle de Bourgogne. Les
Anglais ne s'aventurèrent sans doute pas à parcourir, à piller et
brûler les hameaux disséminés qui formaient alors ce village,
ignoré et perdu pour ainsi dire parmi les fourrés de la forêt de
Cruye ou de Marly. L'histoire, qui rapporte surtout 1^ faits
mémorables et les maux de la guerre, se tait à l'égard de l'Étang-
1. Dict» hist. de la France^ par Ludovic Lalanne.
2. Gilles Corrozet, Antiquités de Paris, livre II, p. 118.
3. Ibid. Biette Cassinel fut aimée du dauphin Charles, depuis roi sous le
nom de Charles VI. Ces amours s'affichèrent bientôt publiquement, et le
dauphin avait alors pris pour emblème la lettre K, un cygne et la lettre L
(Çascyneel), faisant ainsi savoir à tous le nom de celle qui était sa maîtresse.
4. Les armoiries de Cassinel sont : de vair à la cotice de gueules bro-
chant, casque de fiace à sept grilles. (Le Laboureur, Tombeaux des per^
sonnes illustres, p. 280.)
5. Piganiol, Description de Paris, tome I*, p. Syi.
6. Les auteurs ne s'accordent pas sur le nom de cet évêque; tandis que
les uns le nomment Jean, d'autres le nomment Gérard.
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• HISTOIRE DE L^éTANG-LA-VILLE. 221
la- Ville, en ces années de misère et de calamités publiques qui
durèrent pendant une grande partie du xv« siècle. Ce qui peut
justifier jusqu'à un certain point ce que nous avançons est sur-
tout la construction de la chapelle seigneuriale de PÉtang, qui
forme encore aujourd'hui la partie gauche du transept de l'égÛse
et qui fut certainement édifiée à cette époque ^
Jean de Montaigu pourrait bien être son fondateur. Seigneur
de rÉtang-sous-Marly, il était de plus surintendant des finances,
vidame du Laonnais, seigneur de Montaigu-en-Laye, de Mar-
coussîs et autres lieux. Pendant dix-sept ans il fut Tobjet des
foveurs et des distinctions les plus grandes de la pan du roi '.
Mais il paya cher cette faveur et Tenvie et la haine qu'elle exci-
tait. En ces temps, oti sous un roi en démence le royaume était
livré à Tanarchie et à la révolte, les mauvaises passions et les
vengeances particulières se donnaient libre cours. Le grand maître
de France fut Tobjet d'une de ces haines, et il succomba.
Nous avons dit que la France, à cette époque, était la proie des
Armagnacs (qui soutenaient le roi et le duc d'Orléans, leur chef)
et des Bourguignons aidés par les Anglais joints à d'autres bandes
de routiers et de malfaiteurs ^. La reine, Isabeau de Bavière, se
rendit indigne de son titre. D'abord elle s'était déclarée pour le
duc d'Orléans, et, lorsque le roi avait commencé à se charger du
gouvernement, en i388, ce furent les créatures du duc qui dispo-
sèrent du pouvoir. Le conseil du roi fut composé de Bureau de
la Rivière, de Le Mercier de Novion et de Jean de Montaigu.
Ces trois hommes dépendaient du connétable, entièrement dévoué
au duc d'Orléans. Mais la reine changea d'inclination et de parti,
et après la maladie du roi, ou sa démence, occasionnée par
l'événement extraordinaire qui lui arriva au mois d'août 1392,
aux environs du Mans, Isabeau se déclara pour la maison de
Bourgogne, contre celle d'Orléans.
X. Sur les piliers extérieurs de cette chapelle, se voient encore les fleurs
de lys de France. Jean de Montaigu, au temps de sa faveur, avait obtenu
du roi cette concession. C'était peut-être aussi pour marquer que cette
seigneurie de l'Étang relevait du roi.
2. Dulaure, en parlant de Jean de Montaigu, le dit fils présumé de
Charles VI et de la demoiselle de Cassinel. Les amours de ce roi, alors
dauphin, pour Biette Cassinel, sont assez connues dans l'histoire pour
que ce fait ait quelque vraisemblance.
3. Voyez le Journal éPun bourgeois de Paris sous Charles VI, et les
autres Mémoires de ce temps.
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222 HISTOIRE DE L^éTANG-LÀ- VILLE.
Le 4 décetlibrc 1408, il y eut une entrevue à Chartres, entre le
roi et là. reine de France, le duic de Bourgogne et le jeune duc
d'Orléans. On fit la paix, et le roi et la reine revinrent à Paris.
Après cet accommodement, l'autorité resta au duc de Bourgogne
et la reine fut encore une fois obligée de sortir de Paris ; maîi,
abandonnée du duc de Berry et du roi de Navarre, elle se tourna
du côté du duc de Bourgogne*.
Jean de Montaigu était arrivé à la direction générale des
affaires malgré le duc de Bourgogne et le roi de Navarre, ses com-
pétiteurs. Ces seigneurs jurèrent sa perte.
L'an 1409, comme Jean de Montaigu sortait de son hôtel du
faubourg Saint- Victor, accompagné de l'évéque de Chartres,
Martin Gouge de Charpaîgnes, il fut arrêté par Pierre des
Essarts, prévôt de PaHs, et livré à des commissaires qui le con-
damnèrent à avoir la tête tranchée; jugement inique qui reçut
son exécution à Paris, aux Halles, le 17 octobre 1409. Le corps
de cet infortuné seigneur, après avoir été pendu sous les aisselles
au gibet de Montfaucon et y être demeuré jusqu'au 28 septembre
141 2, en fut détaché et porté à Téglise des Célestins de Mar-
coussis', où on Tinhuma, par les soins des religieux et de son fils
qui s'employa vivement à sa réhabilitation. Jean de Montaigu'
avait épousé Jacqueline de la Grange, fille d'Etienne, chevalier,
président au parlement de Paris, et de Marie du Bois'*.
De ce mariage il eut :
10 Charles de Montaigu, vidame du LaOnnais, seigneur de
t. Anecdotes des reines et régentes de France, tome II, p. 288-289^
323-324.
2. Jean de Montaigu fit rebâtir le chftteau de Marcoussis; il fonda près
de ce lieu une église sous l'invocation de la sainte Trinité, et un couvent
de Célestins qui subsista jusqu'à la Révolution. (Dulaure, Histoire des
Environs de Paris, tome VI, p. 11 6-1 17.) L'église de ce couvent sert
aujourd'hui de paroisse. Le tombeau du fondateur s'y voyait au milieu de
la nef, près du chœur ; un jour, François I*' voyant ce tombeau plaignait
ce grand ministre d'avoir été condamné à mort par justice : c Fardonnez-
moi, sire, dit un religieux Célestin, ce fut par des commissaires, i (His--
toire de France du président Hénaut, p. 517.)
3. Les armes de Montaigu sont : d'argent à la croix d'azur cantonnée de
Quatre aiglettes de gueules. Devise : J. P. A. D. E. L. T. (J'ai promis à Dieu
et l'ai tenu).
4. Les armes de Lagrange sont : de gueules à tit>Î8 inerletteft d'argent,
au canton dextre d'hermines.
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HISTOIRE DE l'ÉTàNQ-LA-VILLE. 223
Montaigu> de Marcoussis et autres lieux, qui épousa Catherine
d'Albret, fille de Charles d^Albret, connétable de France. Il fut
tué à la bataille d^Azincourt, ne laissant pas de postérité.
2^ Jacqueline de Montaigu, mariée à Jean de Craon, seigneur
de Montbazon, et, en secondes noces, à Jean Malet, sire de Gra*
ville, seigneur de Montaigu et Marcoussis.
3^ Bonne de Montaigu, mariée à Jean ou Antoine, comte de
Roucy et de Braine, et ensuite à Pierre de Bourbon, seigneur de
Préaux. Elle eut du premier lit Jeanne, comtesse de Roucy et de
Braine, mariée à Robert de Sarrebruck *.
Le duc de Bourgogne avait accusé Jean de Montaigu de voler
les finances du roi, et, suivant Anquetil ', il n^était pas tout à fait
irréprochable, car il avait acquis d'immenses richesses en fort peu
de temps. Mais il ne surchargeait pas le peuple^ et sa mort fut
plutôt un acte de vengeance qu'un effet de la justice du duc de
Bourgogne.
Le prévôt de Paris, qui, par une complaisance indigne de sa
charge, livra au duc de Bourgogne le ministre du roi Charles VI,
périt à son tour avec infamie, car il eut, comme traître et déloyal
à la couronne^ la tête tranchée aux Halles, à Paris, le i*' juillet
141 3, à l'occasion d^un grand soulèvement arrivé en cette ville^ et
par la haine qu'avait conçue contre lui le duc de Bourgogne.
Enfin, après avoir ruiné le royaume pour établir son autorité et
arriver à iaire régner en France le roi d^Angleterre, Jean sans
Peur, pendant une entrevue avec le dauphin, fut assassiné sur le
pont de Montereau, par Tanneguy du Chastel.
Les biens de Jean de Montaigu furent confisqués, ses richesses
pour ainsi dire dispersées entre les mains de ses ennemis. Ses
terres furent aussi partagées. Louis de Bavière, fi*ère de la reine,
eut le château de Marcoussis. Les plus considérables de ces
domaines restèrent au dauphin. De ce nombre était sans.doute la
terre de TÉtang.
Outre le château de Marcoussis et la fondation du couvent des
Célestins y attenant', Jean de Montaigu avait dû aussi faire édi-
1. F. Blanchard, Les Présidents à mortier au Parlement, p. 18-19 et sui-
vantes.
2. Anquetil, Histoire de France, à la date de 1409.
3. En 1408, Jean de Montaigu, évêque de Paris, consacra le couvent de
la Sainte-Trinité de Marcoussis.
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224 HISTOIRE DE l'ÉTANG-LA-VILLE.
fier le château de TÉtang. Ce qui nous porte à le croire, c'est
que ses prédécesseurs ne parlent nullement de leur hôtel ni de
leur manoir de TÉtang, tandis qu'au contraire ses successeurs
en font mention. Le château actuel de TÉtang, édifice du
xvin« siècle, ne peut nous fixer sur son origine. Pourtant une
cheminée du salon, cheminée moderne, il est vrai, mais qui rappe-
lait par son style celles du xv« ou xvi* siècle, offrait, supporté par
deux femmes presque nues, Técusson des armes de Jean de Mon-
taigu ^ En Tabsence de documents positifs, est-il permis d^attri-
buer, avec quelque raison, cette fondation à ce seigneur de
r Étang?
La cloche, connue sous le nom de bourdon de Notre-Dame^ fut
donnée par Jean de Montaigu à cette église. C'est en 1400 qu'elle
aurait été fondue suivant les uns, ce que dément le Journal
(Tun bourgeois de Paris sous Charles VII y à la date de 1430 :
« Le dix-septiesme jour de juillet à ung jeudy, vigille Saint-
Arnoul, fut la cloche Nostre-Dame fondtte et nommée Jacqueline,
et fut faite par ung fondeur nommé Guillaume Sifflet et pesoit
quinze mille ou environ » Jacqueline était le nom de la
dame de i^Étang, comtesse de Montaigu, diaprés Pinscription
existant encore aujourd'hui sur ce monument de la piété et de
la religion du seigneur de l'Étang'.
Après la mort de Jean de Montaigu, la seigneurie de TÉtang
passa non à ses descendants, mais aux mains de différentes
familles.
1. Cette cheminée, fort endommagée à la suite du séjour des Prussiens
en 1870, n'existe plus.
2. Cette cloche, s'étant trouvée dissonante avec les autres cloches, fut
refondue en 1680 et 1686 et augmentée, de manière qu'elle pèse aujour-
d'hui 3o,ooo ou 36,000 livres, soi-disant, mais seulement 26,000 en réalité.
Louis XIV et la reine en furent les parrain et marraine. Le bourdon de
Notre-Dame a huit pieds de diamètre et son épaisseur au gros bord est de
huit pouces. Une inscription latine s'y lit. La voici en français : Je m'ap-
pelais autrefois Jacqueline et j'avais été donnée à cette église par Jean,
comte de Montaigu, je pesais quinze mille livres: présentement, mon poids
ayant été augmenté du double, je m'appelle Emmanuel-Louise-Thérése,
et j'ai été ainsi nommée par Louis XIV et Marie-Thérèse d'Autriche, sa
femme, et bénie par François de Harlay, premier archevêque de Paris,
duc et pair de France, le 29 avril 1682. {Notice sur Notre-Dame de Paris,
par Salbin Telmond.) Voy. Inscriptions de la France, t. I, p. 48.
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HISTOIRE DE L'éTANG*LA-VILLE. 225
CHAPITRE IV.
SUITE DES SEIGNEURS DE l'ÉTANG-L A-VILLE.
I4O9-I465.
Jehan le Flament, écuyer, seigneur de Bonnelles, de la Bre-
tesche, des Bordes * et de TÉtanç, paraît avoir succédé à Jean de
Montaigu comme seigneur de T Etang.
Il devait être de la famille des Flamenc, seigneurs de Cany,
dont run fut maréchal de France, ou issu de cette maison.
De sa femme, Alix de Puisieux, fille de messire Thibaut de
Puisieux, premier panetier du roi Charles V, il eut pour fille
unique et héritière Jehanne le Flament^ dame de Bonnelles^ de
la Bretesche, des Bordes et de TÉtang, qu'elle apporta par mariage
à Guillaume I" de la Villeneufve, seigneur de Bailly, de Noisy-
en-Cruye et d'Argat, près de Limours, premier échanson de
madame Michelle de France, fille du roi Charles VI.
A Guillaume de la Villeneufve succéda, vers 1450, son fils
Simon I" de la Villeneufve, seigneur de TÉtang, de Noisy et
Bailly-en-Cruye, et de trente autres fiefs ou seigneuries sises au
Val de Galie pour la plupart.
Simon de la Villeneufve, écuyer, avait épousé Jeanne de Pon-
ceaux, de qui il eut un fils unique nommé Guillaume, deuxième
du nom.
Simon paraît avoir aliéné ou vendu de son vivant la seigneurie
de PÉtang, car, en 1461, elle était en d'autres mains. Il mourut
au mois de janvier 1491 et fut inhumé dans Téglise de Villepreux^.
Jehan de Grandrue fut seigneur de T Étang après les seigneurs
delà Villeneufve, et sans doute par acquisition de ces derniers.
En juin 1453, Jean de Grandrue, bourgeois de Paris, soutint
avec sa femme, Marguerite Augière, un procès au parlement de
Paris, contre Philippe Auger, qui se refusait à payer une rente
sur un immeuble démoli par les gens qui avaient été à Saint-
Denis, et demandait une réduction basée sur la stérilité du temps
et la mutation des monnaies ^.
1. Les Bordes-souft-Neaufle ou les Bordes^ faubourg de ViUepreux.
2. Les armes de la Villeneufve sont : de gueules semé de bîlUttes d'ar-
gent, au lion de même, brochant sur le tout.
3. Archives nationales, Xi« 4797, folio 76 v*; Y 5232, fol, 47 v.
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226 HISTOIRE DE l'^ANG-LA-VILLB.
Reçu clerc des comptes, en 1436, au lieu d'André du Bue, il
fut au mois de mai de la même année nommé échevin de Paris.
Il acquit, en 1455, une maison à la place Maubert, à l'enseigne
du Cheval- Rouge, dans la censive de Tabbaye de Sainte-Gene-
viève de Paris <.
L^on trouve dans les extraits des comptes de la prévôté de Paris,
publiés par Sauvai, au titre des Rachats et reliefs, la mention
suivante, à la date de 146 1 : c Messire Jehan de Grandrue, clerc
du roi en sa Chambre des Comptes, pour Phostel de PEstang-
sous-Marly, qui fut à messire Jehan de Montaigu. »
En 1475 la même mention se retrouve sur ces registres, et aussi
vers 1478. En 1496 et 1497, le nom de feu messire Jehan de
Grandrue revient sur les comptes du domaine de Paris pour
Phostel de Marly, en la chastellenie de Poissy*.
En 1478, Simon de Grandrue est dit fils et héritier de Jean de
Grandrue '.
Simon de Grandrue ne fut pas seigneur de PÉtang, ou du moins
le peu de documents que nous avons pu trouver sur cette femille
ne lui donnent pas cette qualité.
Quelques-uns des membres de cette famille ont été échevins de
Paris, notamment Pierre de Grandrue, qui exerçait cette charge
en T414 ; Jehan de Grandrue fut aussi échevin en 1436 et 1438,
avant que d^étre clerc du roi en sa Chambre des Comptes. Nicolas
de Grandrue, de 1425 à 1434, avait disparu en raison des confis-
cations opérées par les Anglais '*.
Jean de Grandrue était mort en 1489; malgré son décès, son
nom se retrouve les années suivantes dans les registres des
comptes de la prévôté de Paris, au rôle du domaine non muable,
jusqu'en 1497.
Antoine de Grandrue, contrôleur du grenier à sel de Mantes,
1. Archives nationales, S 1648, folio i57 r»; Cf. Tuetey, Jounud d'un
Bourgeois de PariSy p. 421.
2. Sauvai, Antiquités de Paris, t. III, p. 364, 404, 420, 437, 5x4, ^i9*
Cétait une maison que les seigneurs de PÉtang avaient à Marly, connue
sous le nom d'hôtel de la Salle, peut-être du nom d'un seigneur de
rÉtang que nous n'avons pas trouvé.
3. Sauvai, Antiquités de Paris, t. III, p. 431. Les de Grandrue étaient
du parti du dauphin et opposés aux Anglais. Ils en souffrirent d'autant, car
la meilleure part de leurs biens ftit confisquée.
4. Sauvai, Antiquités de Paris, tome ïli, p. 684. Lebeuf, Histoire dm
diocèse de Paris^ t. H, p. 197.
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HISTOIRE DB L^éTANO-LA-'VtLLB. 227
fils OU héritier de Jeatt de Grandriie, Vendit en 1 5 1 1 , à Jehan le
Provost, clerc et auditeur du roi en la Chambre des G}mpteS) des
héritages sis à Oones^e, qui avaient appartenu à feu messire
Jehan de GrandrUe, en son vivant aussi derc et auditeur du
roi en sa Chambre des Comptes.
Nicolas et Pierre de Grandrue vivai^t en i5i5 *. Hervé de
Grandrue fut pourvu d^un office de secrétaire du roi le 17 juin
1559, et le résigna à son fils, Jean, le 14 février 1579'.
CHAPITRE V.
LES S^aVIER, SEKHCEURS DB L^ÉTANG.
1465-1698.
Là famille Séguief était originaire du Quercy et s^établit à
Paris au TV* siècle.
Etienne Séguier, seigneur de TÉtang-la- Ville, près de Saint-
Germain-en-Laye, fut valet de chambre et apothicaire des rois
Charles VII et Louis XI. Il mourut en 1465, et fut enterré en
Péglise des Cordeliers de Saint-Pourçain, laissant de Marguerite
Guymarde, sa femme, morte le 5 mars 1483, et enterrée dans le
prieuré de ladite ville t
I® Girard, conseiller au Parlement de Paris en 1469 ', qui laissa
postérité de Marguerite de Vaudetar, laquelle postérité subsistait
encore en 1647 en la personne de Jacques, seigneur de la Ver-
rière, époux de Marie Turdua^ fille de Richard, seigneur du
MesHil.
2® Biaise Séguier, seigneur de TÉtang-la-Ville, valet de chambre
du roi Charles VIII, qui mourut en i5io ^, laissant de Catherine
I . Dictionnaire de la nobiesêe de France^ par de Courcelles, t. I, p. Soy.
2-. Didi&nnairt de la ncàleàke de France, par de Courcelles» tome I'%
p. 307.
Les armes de Grandrue sont : d'aiigent à la fasce de sable, accompagnée
de 3 annelets de même 2 et t. {Armoriai général^ de Rietstap.)
3. Seigneur de Saint-<}eBiez. (Suivant Blancliard, Les Présidents au Par-
4. Familhes de Paris y Manuscrit de la bibliothèque de l'Arsenal à
Paris. Suivant Sauvai, Jacques de Rohan était seigneur de l'Étang en
i5o3. {Antiquités de Parie^ tome III, registres des comptes de la prévôté
de Paris, p. 535.)
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228 HISTOIRE DE L^éTANG*LA- VILLE.
Chenart^ fille de Jean, maître de la monnaie de Paris, et de Tho-
mase Pigacbe * :
I* Jacques Séguier, contrôleur général des guerres et de l'artil-
lerie, mort le 3 mars i575, ayant épousé Louise de Stuart, et
enterrés tous deux au couvent de TAve-Maria^ à Paris. Ils ont
formé les branches de la famille Séguier, seigneurs de la Char-
moyc et de GIoise-en-Brie.
20 Nicolas Séguier, qui suit.
3^ Catherine Séguier, mariée à Aymery Barillau, puis en
secondes noces à Pierre Havart, seigneur de Thuillay.
4<» Marie Séguier, femme de Jean Vialart, avocat.
5« Thomase, alliée à Thomas de Bragelongne.
6^ Guillaume Séguier, seigneur en partie de FÉtang-la- Ville et
de Gloise ', mort en 1 525, laissant de Marie le Prestre, sa femme :
Barthélémy Séguier, argentier du roi de Navarre; Catherine,
mariée à Claude du Fresnes-, Marie, alliée à Qaude Coulon;
Madeleine, femme de Claude le Roux, seigneur de la Fortinière*,
Geneviève et Isabelle, religieuses '.
Nicolas Séguier, seigneur de rÉtang-la-ViUe, du Drancy et
X. Sur une tombe, hors la porte de l'église du Saint-Sépulcre, rue Saint-
Denis, à Paris, on lisait les épitaphes suivantes : € Cy gist honorable homme
Biaise Séguier, en son vivant seigneur de TEstang- la- Ville et bourgeois de
Paris, qui trespassa l'an i5io. » — c Cy gist honorable femme Catherine
Chesnart, jadis femme dudit seigneur, qui trespassa Tan 1477, le 20"* aoust. •
(Bibl. de l'Arsenal, Épitaphes de PaHs^ tome III, p. 20.)
2. Échevin de Paris. (Chevillard, Grand Armoriai.) Il fut choisi comme
député de la ville de Paris auprès de la régente, le 28 mars iSiS, suivant
ce qu'elle avait demandé au Parlement de lui envoyer un président et deux
conseillers et à la ville de lui envoyer un échevin et deux notables pour
leur communiquer ce qui avait été fait jusqu'alors et ce qui se ferait dans
la suite, afin qu'ils en instruisissent le Parlement et la ville. La régente
mère du roi était alors à Lyon, et tout Paris consterné et dans la panique
de la prise du roi à Pavie. (D. Felibien, Hisf. de Paris, p. 959.)
3. Duchesne, Histoire des Chanceliers de France, p. 814, donne pour
enfants à Biaise Séguier et Catherine Chenart : Louis Séguier, avocat du
roi en la Chambre des comptes, puis conseiller-clerc au Parlement de
Paris, né le 18 août i5o3, mort vers t533; Nicolas Séguier; Barthélémy
Séguier, seigneur de la Verrière et lieutenant général au bailliage de
Chartres, et Jacques Séguier. Suivant d'autres auteurs, Catherine Chesnart
aurait eu de Biaise Séguier cinq garçons et une fille. Les armes de Ches-
nart que l'on voyait sur le tombeau de cette dame sont : d'azur à la croix
endentée d'argent, cantonnée aux i et 4 d'une couronne d'épines d'or; aux
2 et 3, d'une couronne ducale du même.
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HISTOIRE DE L^éTANG-LA-VILLE. 229
autres lieux, avait épousé, le 29 Juillet 1497, Catherine Le Blanc,
fille de Louis Le Blanc, greffier des comptes, et de Catherine
Malingre. Il fut admis, par lettres du 8 février i535, à exercer
Toffice de receveur ordinaire et voyer de la ville de Paris, en Tab-
sence de maître Louis Le Blanc, receveur et voyer, son beau-
père *. Il fut aussi receveur général des aides à Paris'. Catherine
Le Blanc mourut le 23 février 1 534, laissant de son mariage :
i^ Pierre Séguier, qui suit.
2* Nicolas Séguier, tige de la branche des seigneurs de Saint-
Cyr, près Versailles.
30 Martin, prieur de Saint-Père, près d^Étampes, conseiller au
Parlement et vice-conservateur des privilèges de TUniversité, le
conservateur étant le cardinal de Châtillon, évéque de Beauvais.
4« Anne, mariée à Guillaume Troussart, avocat.
5^ Catherine, religieuse à Yerres.
6® Madeleine Séguier, alliée à Adam Lormier, secrétaire du roi.
Pierre Séguier, premier de ce nom, fut seigneur de Soret,
rÉtang-la-Ville, Saint-Brisson, Autry et Pierrefitte, chevalier et
président à mortier au Parlement de Paris; ce grand magistrat
fut Pune des plus brillantes lumières du temple des lois'. Les
pièces d^éloquence dont il enrichit le barreau furent les premiers
degrés qui relevèrent, en i55o, à la charge d'avocat général au
Parlement de Paris *. On admira les harangues quUl prononça
dans cette charge, et entre autres celle qu'il fit au sujet des diffé-
rends qu^eurent Henri II et le pape Jules III, le roi de France
ayant pris le duc de Parme sous sa protection.
Le roi, ayant créé quatre présidents, pour le récompenser l'ho-
nora d^une de ces charges, pour laquelle il prêta serment, le
3o juin 1 554, et qu^il exerça pendant vingt-deux ans. Ce fut dans
cet emploi qu'il fit voir quelles étaient son éloquence, son érudi-
tion, son intégrité et son expérience des affaires. Lorsque, sous
le règne de Charles IX, il fallut remettre à Philibert-Emmanuel,
1. Ce qui réduit à néant ce que dit Moréri dans la généalogie des Séguier,
que Nicolas Séguier mourut le 22 décembre i533. (Voir Sauvai, Antiquités
de Paris, tome III, p. 618.)
2. Suivant Duchesne, Histoire des Chanceliers de France.
3. Sainte-Marthe, Éloge des doctes français; Moréri, Grand Dictionnaire
historique et généalogique.
4. Le 5 novembre i535, Pierre Séguier avait été reçu, étant déjà' avocat
au Parlement, eo la charge d'avocat du roi en la Cour des aides. (Moréri.)
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230 HISTOIRE DB L'éTÀNG-LA-VILLB.
duc de Savoie, les places qu^on avait prises à son père, et fixer les
frontières du Dauphiné et du Piémont, le président Séguier fut le
premier des députés qui s^assemblërent à Lyon pour cette affaire.
Il y éclaircit si bien les droits du roi et confondit tellement les
envoyés du duc, ^ue^ si ses conseils eussent été alors suivis, la
France n^aurait pas eu depuis tant de peine à s'ouvrir un passage
en Italie. Il avait épousé, en i55o, Louise Boudet, fille de Simon,
seigneur de la Bouillie, et de Marie de la Saussfiye, dont il eut
dix enfants.
Il mourut en i58o, le 24 oaobre, comblé d'honneur* et de
biens, et fut enterré à Paris, en Péglise Saint-AndréidestArcs, sa
paroisse ^
Outre les discours dont nous avons parlé, il composa un oxcelr
lent traité intitulé : De la connaissance de Dieu et de soi.
Les enfants de Pierre Séguier furent :
10 François, chevalier, seigneur de Soret, conseiller, puis prési-
dent aux enquêtes du Parlement, prévôt de Paris, mort en 1572,
a3rant eu de Catherine Mesnager, dame de Marcaut, un fils mort
jeune.
2<> Pierre II, Séguier, seigneur de Soret et autres lieux, prési-
dent à mortier au Parlement de Paris. Dès sa jeunesse, son père
voulut le rendre capable de lui succéder. Il le pourvut d^n office
de lieutenant du bailli du Palais ; après avoir rempli cette charge
pendant quatre ans, il fut reçu conseiller au Parlement au lieu
de feu Michel Boudet, Tan i568, et ensuite maître des requêtes le
9 février 1572. La charge de lieutenant civil venant à vaquer,
le roi l'en gratifia et il prêta serment le 16 juillet 1572. Son père,
devenu vieux, résigna sa charge en sa faveur, le i*' août 1578'.
Il avait épousé Marie du Tillet, fille de Jean, seigneur de la Bus-
sière, greffier en chef du Parlement de Paris, et de Jeanne Brinon,
dont il eut trois fils et une fille'. Il mourut à Paris, le 6 avril
1. Louise Boudet (Bodetia) fut enterrée aussi à Saînt-André-des-Arcs. Ses
arpioiries étaient : d'azur, à la fiasce d'or, accompagnée en chef de 3 roses
4'argent et en pointe d'un sanglier du même. (Épitaphier de Paris, tome Y-
Bibl. nat. Ms. français; Journal de l'Estoile, I, iSy et 3xo.)
2. François BUnchar4, X^es Présidents au Parlement.
3. Marie Séguier, mariée à Michel-Antoine du Prat, ^eigpeur de Npn-
touiiiet et de Précy, baron de Thoury, tué en duçl par le comte de S^ult,
Ip n man? i^ù6. (Borel d'Hauterive, IV, p. 83 ; cf. Journal de VEstoile,
nh p. 60.)
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HISTOIRE DE L^éTANG*LA*yiLLE. 23 1
1602, et fut enterré avec ses père et mère en Téglise de Saint-
André-des-Arcs * .
3** Jérôme Séguier, chevalier, seigneur du Drancy et de PÉtang-
la-Ville, grand maître des eaux et forêts, ayant épousé Marie de
Menisson, fille de Christophe, seigneur de Saint-Aventin, et de
Claude Bizet, il en eut un fils unique nommé Tanneguy, qui suit 3.
4® Louis Séguier, doyen de Notre-Dame de Paris, conseiller en
la cour de Parlement, mort le 9 septembre 16 10, ayant refusé
Tévécbé de Laon auquel le roi Pavait nommé.
50 Antoine Séguier, chevalier, seigneur de Villiers et de Four-
queux, conseiller au Parlement, lieutenant civil de Paris, maître
des requêtes en 1577, conseiller du roi en ses conseils d'État et
privé en i586, avocat général au Parlement en 1587, président à
monier en la cour du Parlement en 1597, puis ambassadeur à
Venise, mort sans alliance en novembre 1624^.
6"^ Jean Séguier, chevalier, seigneur d'Autry, conseiller au Par-
lement de Paris^ maître des requêtes et enfin lieutenant civil de
Paris, rendit de bons services au roi Henri III. Après la mort de
ce roi, il suivit Henri IV, qui lui ordonna d'exercer la justice à
Mantes et à Saint-Denis, comme il avait fait à Paris quUl tâcha
de ramener à Tobéissance de son souverain. Il y contribua beau-
coup^ et, travaillant à rétablir la justice, il sacrifia sa vie pour le
soulagement des citoyens qu'il ne voulait point abandonner pen-
dant une cruelle peste dont il mourut lui-même. Il avait épousé
Marie Tudert, fille de Claude, seigneur de la Bournalière, et de
Nicole Hennequin, dont il eut : !<> Pierre Séguier, né à Paris le
28 mai i588, qui devint chancelier de France^ duc de Villemaur,
comte de Gien, pair de France et garde des sceaux des ordres du
roi, mon à Saint-Germain-en-Laye, le 28 janvier 1671, âgé de
quatre-vingt-quatre ans^; 2^ Dominique Séguier, né en 1693,
1. Journal de VEgtoile, % avril iSgS.
2. Le dimanche 19 juin z6ii, à sept heures du soir, mourut M. le grand
maître Séguier, sieur de Rancy (du Raincy). L'Estoile, Journal de
Henri IV, t. IV, p. 220.
3. Journal de VEstoile, IV, 209 et 222.
4. Il mourut en Thôtel de la Chancellerie de France qui se voit encore
rue de la Surintendance, à Saint-Germain-en-Laye. Cette maison servit plus
tard d'Hôtel de viUe« puis de logement aux frères des écoles chrétiennes.
(Cf. Journal de VEttoile, 10 avril i^.J
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232 HISTOIRE DE L*ÉTANG-LA-VILLE.
chanoine doyen de l'église de Paris, conseiller au Parlement,
évéque d'Auxerre et ensuite de Meaux, premier aumônier du roi,
mort le i6 mai 1659, âgé de soixante-six ans; 3* Charlotte
Séguier, mariée à Jean de Ligny, maître des requêtes, morte le
18 janvier i636* ; 4^ Marie Séguier, alliée à Marc- Antoine de
Gourgues, premier président du Parlement de Bordeaux; et
5^ Jeanne Séguier, prieure des Carmélites de Sainte-Denis en
France, puis de celles de Pontoise.
Les autres enËmts de Pierre Séguier et de Louise Boudet
étaient :
70 Madeleine Séguier, femme de Claude Hennequin, seigneur
de Bermainville, maître des requêtes.
S"" Catherine Séguier, mariée à Qaude Malon, conseiller et
secrétaire du roi, greffier criminel au Parlement de Paris.
9® Elisabeth Séguier, mariée à Jean Boudet de Rodon, inten-
dant des finances et maître des requêtes, puis en secondes noces
à Louis Guibert, seigneur de Bussy, aussi intendant des finances.
10^ Louise Séguier, mariée à Qaude de BéruUe, conseiller au
Parlement de Paris^ après la mort duquel elle se fit carmélite.
Messire Tanneguy Séguier, chevalier, seigneur du Drancy et de
rÉtang-la-Ville. Il fut reçu conseiller au Parlement de Paris le
II décembre 161 5, conseiller du roi le 6 mars 1628, et maître des
requêtes la même année. Lorsque Pierre Séguier, son cousin
germain, eut été élu chancelier de France, il lui succéda dans sa
charge de président à mortier au Parlement, le 3i mars i633,
jusqu'au i*' novembre 1642 oli il mourut, et fut enterré en Péglise
des Cordeliers de Paris où Ton voyait son épitaphe qui donnait
Tabrégé de sa vie ^. Il était âgé de cinquante-quatre ans et laissa,
de Marguerite de Ménisson de Champagne, de la même maison
que sa mère, un fils unique nommé Pierre, qui suit.
Tanneguy Séguier était non seulement seigneur de l'Étang-la-
Ville par droit d^héritage et de succession, mais il était encore
1. Charlotte Séguier fut môre de N. de Ligny, marié à N. Boyer, fille
d'Antoine Boyer, seigneur de Sainte^Geneviève des Bois. Louise Bk>yery
duchesse de Noailles, était sœur de la présidente Jambonneau et de M"** de
Ligny.
2. François Blanchard, Les Présidents au Parlement; Moréri, Grand
Dictionnaire historique, au mot Séguier.
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HISTOIRE DE l'ÉTANG-LA-VILLB. 233
engagiste de la haute justice de cette paroisse, car, en ces temps où
la justice se vendait au plus offrant, ce n'était pas toujours le sei-
gneur du lieu qui avait droit de justice en sa seigneurie. Les deux
pièces qui suivent vont nous faire savoir combien était engagé ce
droit de haute justice en 1 621 : « La justice de PÉtang-la- Ville et
16 sols parisis de rente sur Thôtel de la Salle, à Marly, engagée
en 1621, le 29 janvier, à messire Tanneguy Séguier, conseiller
en la cour de Parlement de Paris^ pour la somme de iio livres,
outre les précédents engagements pour la somme de 100 livres
revenant le tout à 210 livres De messire Tanneguy, sieur de
Drancy, conseiller du roi en sa cour de Parlement, par quittance
dudit Scaron, présent commis et comptable, en date du vingt-
neuvième janvier 1621, la somme de 110 livres, pour la revente
et adjudication à lui faite de la haute justice du village et paroisse
de PEstang-la- Ville, ses appartenances et dépendances, aubaines,
confiscations, morte-main et haute justice, avec 16 sols de rentes
à prendre par chacun an sur l'hôtel seigneurial, outre 108 livres
de précédent engagement pour 218 livres : Signé Robichon *. »
Le revenu de la justice de TÉtang, étant porté au rôle du domaine
du roi, démontre assez suffisamment que cette justice et cette sei-
gneurie, à chaque mutation de seigneur, faisaient retour à ce
domaine,
Pierre Séguier, IIP du nom, chevalier, marquis d'O, de Saint-
Brisson, baron de Chars, seigneur des Ruaux, de Saint- Firmin,
des Grand et Petit Rancy *, PÉtang-la-Ville et autres lieux,
conseiller du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, garde de
la ville, prévôté et vicomte de Paris, et mfdtre de camp d'un régi-
ment de cavalerie au service de Sa Majesté, qualités qu'il prend
dans les actes publics expédiés en son nom \ Louis Séguier, son
1. Ces deux documents donneraient à croire que cet hôtel de la Salle
était, à défaut de celui de TÉtang peut-être inhabitable, la résidence des
seigneurs de l'Étang, ou du moins leur appartenait à Marly. A cette époque,
le ch&teau des anciens seigneurs de Marly était en ruines et cette seigneurie
était bien plus importante que celle de l'Étang. Les discordes civiles et
Panarchie étaient bien plus la cause de ces ruines que les ravages des
ennemis.
2. Comptes du domaine du roi dans le ms. de la bibliothèque de l'Ar-
senal, Familles de Paris, au nom Séguier.
3. Le Drancy et le Rancy ou Raincy sont synonymes.
4. Titres du domaine du Pont, à Louveciennes.
niu. XI 17
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234 HISTOIRE DE l'^ANG-LA-V1LLR.
cousin, par son testament le déclara son successeur en sa charge \
pour laquelle il prêta serment au Parlement le mardi 2 décembre
i653, étant accompagné des ducs d'Épernon, de la Valette et de
Tresmes, du prince de Guémenée, du maréchal de THospital,
gouverneur de Paris, et de quantité d^autres seigneurs tous en bel
ordre et équipage *.
Pierre Séguier résidait quelquefois h TÉtang, mais le plus sou-
vent à Paris. Dans un acte de baptême en la paroisse de TÉtang-
la-Ville, où il fut le parrain, indépendamment des titres de ses
seigneuries, il prend les titres de prévôt de Paris, conseiller du roi
en ses conseils d'État et privé'. Il mourut vers i658, d^autres
disent en 1628, ayant épousé Marguerite de la Guesle, dont il eut
'Marie Séguier, duchesse de Luynes.
Le chancelier Séguier lui succéda dans la seigneurie de T Étang-
la- Ville, et, après son décès, Madame la Chancelière fut dame de
rÉtang-la*Ville. En 1684, Barthélémy Potier était receveur de la
terre et seigneurie de madame la chancelière Séguier^.
Les armoiries de la famille Séguier sont : d^azur au chevron
d'or, accompagné en chef de deux étoiles (ou molettes) d^argent,
et en pointe d^un agneau de même passant. Devise : Indole bonus.
Louis de la Salle, écuyer et porte^manteau du roi, était sei-
gneur de rÉtang en 1698 '.
CHAPITRE VI.
LA FAMILLE FONTON DE VAUGELAS, DERNIERS SEIGNEURS
DE l'Étang- LA -VILLE.
La famille de Fonton de Vaugelas eut par acquisition la sei-
1 . Louis Séguier, fils cadet de Pierre II Séguier, était prévôt de Paris,
baron de Saint-Brisson, des Ruaux et de Saint-Firmin, il mourut en i653.
2. Le Féron, Histoire des officiers de la couronne, prévôts de Paris, etc.
Suivant Duchesne, Pierre Séguier avait été reçu conseiller au Parlement
le i5 décembre 1646.
3. Registres des actes de l'état civil de PÉtang-la-Ville à la date du
6 novembre 1654.
4. Mêmes registres, à la date du 7 mai 1684.
5. Armoriai. Mss. de d'Hozier. (BibL nat.)
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HISTOIRE DE L^éfANG-LA-VILLE. 235
gneurie de TÉtang-la-Ville, de la famille Séguier ^ ? Dès les pre-
mières années du xviu* siècle, elle paraît fixée au château de
rÉtang.
La maison de Fonton était originaire du Dauphiné et des plus
illustres, car l'on retrouve dans ses armoiries les émaux et le dau-
phin des anciens comtes du Dauphiné. Elle possédait en ce pays
la seigneurie de Vaugelas, et joignait la noblesse d^épée à celle de
robe.
Messire Gabriel Fonton, écuyer^ sieur de Vaugelas, en Dau-
phiné, maître d^hôtel de madame la Dauphiné, acquit par acte
passé devant Béchet, notaire à Paris,, le 9 janvier 1690, les deux
charges de conseiller du roi> trésorier ancien et alternatif de la
prévôté de Phôtel du roi et de la grande prévôté de France, dont
était pourvu Jacques de Vaude, écuyer '. Dans un acte de baptême
de la paroisse de TÉtang, oti il est mentionné comme parrain, il
prend les qualités de : contrôleur de la maison de madame la
duchesse de Bourgogne, seigneur de PÉtang et autres lieux'. En
1707» dans un pareil acte, il est qualifié de seigneur de TEstang-
la-Ville^ gouverneur pour le roi de la ville et château d^Alixan
en Dauphiné, contrôleur ordinaire de la* bourse et de la maison
de madame la duchesse de Bourgogne; contrôleur général de la
maison de son Altesse Royale madame la duchesse d^Orléans ^.
Cette même année, le 4 juin, fut inhumé dans la cave (sic) de
la chapelle' seigneuriale le corps de feu messire Joachim Fonton,
chevalier du Saint-Sépulcre, conseiller du roi, premier secrétaire
et interprète pour Sa Majesté au Levant, faisant son séjour ordi-
naire à Constantinople, âgé de cinquante-six ans, en présence de
messire Gabriel Fonton, seigneur de cette paroisse, gouverneur
1. Suivant une tradition locale, ce aérait des mains de Louis de la
Salle, écuyer,' seigneur de PÉtang en 1698, et porte-manteau du roi, qui
portait pour armes : d'azur à trois chevrons brisés d'or. Tenait-il cette sei-
gneurie par acquisition de la famille Séguier? Était-ce un descendant de
ceux qui avaient donné leur nom au fief de la Salle à Marly ? Nous ne pou-
vons le préciser.
2. Ce qui a rapport dans ce chapitre à la généalogie de la fiimille de Fonton
est tiré du Dictionnaire de la Noblesse de France, par de Gourceiles, t. III,
p. 386 et suivantes. Nous avons augmenté et rectifié cette généalogie à Taide
des registres des actes de Tétat civil de PÉtang-la-Ville.
3. Registres des actes de l'état civil de l'Étang, à la date du i" mai 1705.
4. Mêmes registres^ i** avril 1707.
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236 HISTOIRE DE L^ÉTANG-LA- VILLE.
pour le roi des ville et château d'Alixan en Dauphiné, contrôleur
de la, bouche et de la maison de madame la duchesse de Bour-
gogne, et de plusieurs prêtres et curés voisins ^
C'est la première mention que nous ayons trouvée des person-
nages enterrés en la chapelle seigneuriale de Péglise de TÉtang,
ou plutôt dans son caveau, et cela malgré qu^elle ait été édifiée
quelques siècles auparavant.
Le 6 juin 1708, dame Geneviève Ménigaud, épouse de messire
Gabriel Fonton, mourut à Versailles ; elle fut apportée à FÉtang
et inhumée le lendemain 7 juin dans la chapelle seigneuriale, en
présence de son mari et de son fils.
Dans son testament, daté de Saint-Denis, le i" avril 1712*, il
prend la qualité de conseiller secrétaire du roi, etc., etc. Il mou-
rut le 24 avril 171 3, et fut inhumé dans la chapelle seigneuriale,
ainsi que le prouve Pacte suivant : a Uan mil sept cent treize, le
vingt-quatrième jour d'avril, avant minuit, est décédé messire
Gabriel Fonton, écuyer, sieur de Vaugelas, gouverneur des ville
et château d^Alixan pour le roy, secrétaire du roi, maison et cou-
ronne de France, contrôleur de défunte madame la Dauphine et
de madame la duchesse d'Orléans, et seigneur de l'Estang-la-Ville,
et a été inhumé dans la chapelle seigneuriale, le vingt-sept dudit
mois, par nous prestre, curé dudit lieu, en présence de messire
Antoine-Salomon Fonton, écuyer, sieur de Vaugelas, son fils,
seigneur dudit PEstang-la-ville, à présent, trésorier de la prévôté
de rhô tel et controUeur général de la maison de son altesse
royale madame la duchesse d^Orléans, qui a signé, et en présence
de messire Emmanuel-Théodore Loreille, prestre, vicaire de ce
lieu, et de messire Claude-Jean-Baptiste Dodart, conseiller d'État
et premier médecin de feu monseigneur le Dauphin, témoins qui
ont signé avec nous sur la minute des présentes, et âgé d'environ
quatre-vingt-trois ans, fait le jour et an que dessus. Signé Fonton
de Vaugelas, Loreille Dodart, et le curé Brisset '. i
1. Registres des actes de l'état civil de PÉtang. Il y a une branche des
seigneurs de Fonton établie, depuis au moins deux siècles ou environ^ à
Constantinople, puis en Russie.
2. Déposé, par acte annexé audit testament du 21 mai 17 14, chez Bou-
ron, notaire à Paris. fVoyez l'Appendice.)
3. Registres des actes de l'état civil de l'Étang-la«ViUe.
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HISTOIRE, DE l'ÉTANG-LA* VILLE. 237
Messire Antoine Salomon Fonton, fils unique de messire
Gabriel Fonton et de Geneviève Ménigaud, était écuyer, sieur de
Vaugelas, conseiller du roi, trésorier général alternatif de la pré-
vôté de rhôtel et grande prévôté de France, et seigneur de l'Étang-
sous-Marly.
Dans son contrat de mariage, passé en présence et de l'agrément
de Sa Majesté et de la famille royale, devant (élément, notaire à
Paris, le 14 février 1694, avec demoiselle Marie-Anne-Geneviève
Denis de Choiselle, il succéda immédiatement à son père dans les
charges de trésorier de la prévôté de l'hôtel, etc., et de contrôleur
général de la duchesse d'Orléans.
Le 3 octobre 171 3, en Pabsence de ses père et mère, décédait au
château de TÉtang demoiselle Marie Fonton, fiUe de messire
Antoine-Fonton, âgée d^environ dix ans, et le 4 oaobre son corps
fut inhumé dans la chapelle seigneuriale, en présence de messire
Pierre-Michel Bourgeois, prêtre, vicaire de l'Étang, et de maître
Claude de la Garde, procureur fiscal et syndic perpétuel de la sei-
gneurie dudit lieu^. Par contrat du 21 mars 171 5, il fut constitué
au seigneur de FÉtang, par-devant Rigaud et Chèvre^ notaires à
Paris, une rente de 3oo livres sur TEtat, sur le capital par lui
payé de huit mille livres, en conséquence de Pédit du mois de
décembre 171a.
En 1 718, le 3 1 octobre, mourut Antoine Fonton, fils de mes-
sire Antoine-Salomon Fonton, au château de PÉtang, âgé de
huit jours; il fut inhumé dans la chapelle seigneuriale en pré-
sence de Michel Lambert, jardinier de la maison, et de Louis
Dugast, son père nourricier'.
Antoine-Salomon Fonton est rappelé avec les qualités de sei-
gneur de PÉtang, gentilhomme servant de la reine, et contrôleur
général de madame la duchesse d'Orléans, dans le partage de sa
succession devant Doyen et son collègue, notaires à Paris, le
II février 1744, oti son décès est mentionné sous la date du
i" avril 1743, entre la dame de Choiselle et ses enfants, qui
furent : i^ Edouard Salomon; 2^ Guillaume- René Fonton de
Vaugelas, et 3'' Antoine-Guillaume Fonton de la Salle '.
X. Registres des actes de Tétat civil de l'Étang-la-Vilie.
2. Registres des actes de Tétat civil de PÉtang-la-Vilie.
3. La Salle, hôtel ou fief à Marly, appartenant aux seigneurs de TÉtang
dés le XV* siècle. Voyez Sauvai {Antiquités de Paris, tome III, Ut supra)y
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23S HISTOIRE DE l'ÉTANG-LA-VILLE.
A l'époque de ce partage, ces deux derniers étaient capitaines
au régiment d^infanterie de Rolian.
4"^ Anne Fonton de Vaugelas, morte à Paris le 3i juillet 1743,
alors veuve de messire François, de Cricquebeuf, chevalier, sei-
gneur de Boissy, maréchal des camps et armées du roi.
5*^ Henriette-Julie de Fonton de Vaugelas, qui, en 1744, était
au monastère des dames religieuses de la Croix, rue de Charonne,
à Paris.
6^ Marie-Sabine Fonton de Vauçelas.
Édouard-Salomon Fonton de TEtang-la-Ville fat écuyer, con-
seiller du roi, commissaire ordinaire des guerres, gentilhomme
servant de la reine, chargé d^affaires du roi à Saint-Pétersbourg et
à Vienne.
Il épousa demoiselle Marie-Anne Perdrigeon, fille de Martin
Perdrlgeon, ancien greffier au Parlement de Paris, qui lui donna :
I* Denis-Edouard, qui suit; 2® Henri-Martin Fonton, écuyer,
né à Paris le 17 octobre 1748, officier d'artillerie au régiment de
Grenoble en 1771, puis colonel d'artillerie en retraite, chevalier
de Tordre royal et militaire de Saint-Louis, officier de la Légion
d'honneur \ marié à Agathe de Brunel, fille de M. de Brunel,
chevalier de Saint- Louis, capitaine d^infanterie de la ville de Metz,
et de mademoiselle de Bernard de Saint-Esprit, et sœur de
M. Jean- Philippe de Brunel, chevalier de Saint-Louis et de
Saint- Lazare, colonel en retraite*. Il y eut de ce mariage plu-
sieurs enfants'; 3*^ Agnès-Marie Fonton de TÉtang, née en 1751
et décédée le 8 juin 1774, âgée de vingt-trois ans, inhumée dans la
chaf>elle seigneuriale de Péglise de FÉtang-la-Ville, le 10 juin ^ ;
qui mentionne Jehan de Grandrue pour Phôtel de Marly en la chastellenie
de Poissy.
1. Le colonel de Fonton résidait à Givet, département des Ardennes, au
commencement de ce siècle.
2. Les de Brunel étaient d^ine fiamille noble originaire du pays messin.
3. Entre autres Marie-Anne-Antoinette-Philippine de Fonton, née le
8 janvier 1783, au château de PÉtang, et baptisée le jour suivant en régllse
de cette paroisse; Marie-Anne-Antoinette mourut le 9 mai 1784, âgée de
seize mois, au château de l'Étang, et fut inhumée le jour suivant dans la
chapelle seigneuriale. Henri-Jules- Edouard, né le 27 janvier 1786, au même
château, et baptisé en la même église le jour suivant. (Registres des actes
de l'état civil de TÉtang-la- Ville.)
4. Extrait des registres des actes de l'eut civil de rÉtan^UnVille.
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HISTOIRE OE l'ÉTANG-LA«»VILLB. 2Îg
4* Marie-Sabine Fonton de PÉtang, mariée étant mineure, le
22 janvier 1778, en la paroisse de l' Étang-la- Ville, à messire
Henri-Prosper de Bernard, lieutenant du roi en la ville d^Agde
et au fort Brisson, ou Brescou, fils de messire Bernard de Ber*
nard, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis,
lieutenant-colonel^ commandant dans les Cévennes, et de dame
Marguerite-Madeleine de Chazalles, son épouse ^
Denis-Edouard Fonton de rÉtang-la--Ville^ écuyer^ né à Paris,
paroisse Saint- Rocfa, le i3 novembre 1747, fut chevalier de
l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, officier de la Légion
d^honneur^ successivement officier d^artillerie au régiment de la
Fère, capitaine et enfin colonel d^artillerie en retraite, seigneur
de rÉtang-la-Ville et de Mareil en partie. Il fut marié à demoi-
selle Marie-Anne de la Fons,* fille de messire Philippe-Gabriel de
la Fons, chevalier, seigneur d'Ardecourt, Happoncourt et autres
lieux, et de Jeanne-Madeleine Commargon'.
En 1783, le 2 oaobre, mourait au château de TÉtang-la- Ville
haute et puissante dame Marie-Anne Perdrigeon, âgée de soixante-
dix ans, épouse de haut et puissant seigneur messire Edouard-
Sal(»non Fonton, seigneur de T Étang-la- Ville et de Mareil-sous-
Marly en partie, commissaire ordinaire des gueri'es, gentilhomme
servant de la reine et chargé d'afiTaires du roi à Saint-Pétersbourg
et à Vienne. Ladite dame de TÉtang fut inhumée dans le caveau
de la chapelle seigneuriale, par le curé de la paroisse, le 4 octobre,
en présence de messire Henri-Martin, chevalier de Fonton, écuyer
et capitaine au corps royal d'artillerie, régiment de Grenoble, fils
de la défunte, qui se trouvait en congé de semestre au château de
rÉtang, du prieur curé de Marly-le-Roy, du chapelain du roi à
Marly, du vicaire de Saint-Germain-en-Laye et de maître Antoine
Gourdonneaux, notaire royal du bailliage de Versailles^ à Marly-
le-Roy».
L'année suivante (1784), le 10 mai, le caveau des Fonton s'ou-
vrait encore une fois; une petite fille de seize mois, du mariage
de messire Henri Martin, chevalier de Fonton, et de dame Agathe
de Brunel, était décédée au château de TÉtang, le 9 mai. Elle fut
X. Ils résidaient à Sorèze, département du Tarn.
2. Us avaient une résidence à La Fère (Aisne).
3. Registres des actes de l'état civil de PÉtang-Ia- Ville.
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240 HISTOIRE DE L^ÉTANG^LA-VILLE.
la dernière de la fiiinilte de Fonton que recouvrirent les dalles de
la chapelle seigneuriale * .
En 1785, messire Henri-Mardn Fonton de TÉtang-la-Ville,
chevalier^ était résidant au .château de ^Étang par congé de la
cour, lorsque naquit, en ce même château, le 27 janvier, son fils
HenryJules-Édouard; le parrain de cet enfant fut messire Denis-
Edouard Fonton de TÉtang-la- Ville, écuyer^ capitaine d'artillerie
au régiment de la Fère, oncle paternel, et la marraine, demoiselle
Henriette-Julie Fonton de Vaugelas, grand'tante paternelle de
Tenfant^ demeurant à Paris, représenta par des personnes demeu-
rant aussi au château de TÉung ^.
A partir de cette époque, le nom des Fonton ne se voit plus
parmi les aaes de l'état civil de la paroisse de PÉtang.
Lbrage révolutionnaire s'amoncelait et grondait déjà sourde-
ment, et les derniers seigneurs de PÉtang avaient dû eux aussi
se mettre à Pabri de sa fureur.
Nous croyons savoir que la branche des Fonton, seigneurs de
rÉtang-Ia- Ville , est aujourd'hui éteinte. Celle des Fonton de
Constantinople existe encore aujourd'hui en cette ville, et elle a
fait souche en Russie, où cette famille occupe un rang élevé dans
la diplomatie.
Les armoiries des Fonton de Vaugelas sont : d^or à une épée de
gueules en bande, la pointe en chef, brochant sur une plume de
sable en sautoir, au dauphin d'azur pâmé en chef. Couronne de
comte, cimier : un soleil d'or. Supports : deux lévriers au naturel^
colletés de gueules, bordés d^or.
Après la famille de Fonton, le domaine et château de PÉtang a
appartenu successivement à M. Blossier, écuyer, ancien huissier
au Châtelet, ensuite à M. de la Reveillère, à M. des Cars, puis à
M. AUéon, allié à la famille de Fonton, et enfin à M. Adams, qui
le possède actuellement.
1 . Registres des actes de l'état civil de TÉtang-la- Ville.
2. Mêmes registres.
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HISTOIRE DE l'ÉTANG-LA«VILLE. 24 1
CHAPITRE VIL
L^éTAMG-LA-VILLE SOUS LA RÉVOLUTION ET LA TERREUR.
I789-I793.
Nous passerons rapidement sur cette époque de la Révolution
française qui, d^ailkurs, nous fournit peu de documents pour
Thistoire de TÉtang-la- Ville.
A Padministration ^igneuriale avait succédé Tadministration
municipale.
Jusqu'en 1792, te village de TÉtang était resté étranger à cette
effervescence qui régnait alors, mais, vers la fin de Tannée, le curé
fut obligé d'interrompre son ministère.
Le son de la cloche ne se fit plus entendre comme autrefois pour
appeler les fidèles à la prière et pour, à Tissue des vêpres, nommer
sous le porche le marguillier en charge. L'élise était désene et
fut pro&née. Les mariages civils se succédaient, mais les fiancés,
unis par Tofficier public au nom de la loi^ n^avaient plus à se
diriger vers l'église pour chercher une bénédiction qui ne se don-
nait plus.
En 1793, Gilles Blondeau était ofiicier public de la commune
de PÉtang-la-VilIe, Pierre-Thomas Levé, procureur de la com-
mune, Sémonin, officier municipal, et Pierre TÉcossois, membre
du conseil général de la commune. Ces municipaux signaient les •
actes expédiés : au nom de la République française, une et indi-
visible.
Un directoire fut installé au district de Saint-Germain-en-
Laye qui, en 1794, se nommait Montagne- Bon-Air. On avait sup-
primé les saints. A Dieu avaient succédé l'Être suprême et la déesse
Raison.
Le nom de la commune de T Étang-la- Ville fut changé en celui
de rÉtang-les-Sources.
En 1794, Bicheret était officier de PÉtang-les-Sources, qui fai-
sait alors partie du canton ou district de Montagne-Bon- Air. Dans
les années suivantes, se trouvent à la tête de la commune de
rÉtang: de 1796 à 1798, Blondeau, officier public ou agent
municipal ; en 1 799, Jacques Prieur^ agent de la commune ; en
1800, Bellavoine, maire de la commune de l'Étang-les-Sources.
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2^2 HISTOIRE DB L^ÉTAKO-LA-TOXB.
NÉGROLOGE DB L^ÉGLISE NQTRB-OAME DB L^éTAMG-LA-VILLE.
Il y avait autrefois en cette paroisse deux cimetières, le grand
et le petit. Us étaient situés autour de l'église, et nous pensons que
le dé&ut d^espace entre Téglise et le chemin avait pu faire donner
à une partie de ce lieu le nom de petit cimetière. Aucune tradi-
tion, aucun document ne nous fait connaître au reste remplace-
ment d^un ancien cimetière, isolé de Téglise, existant il y a deux
siècles. On les désignait aussi sous le nom de cimetière d^en haut
et cimetière d'en bas, dès 1673.
L'église de Notre-Dame-de-PÉtang renfermait, au siècle der-
nier, de nombreuses sépultures. C'étaient notamment celles :
De Dorothée Daumain^ enterrée solemnellement \sic) sous le
porche de l'église, le 3 janvier 1675.
De François Gosselin, prêtre, vicaire de Notre-Dame de
rÉtang-la-Ville, enterré dans TégUse le 9 mai de la même année.
De Matthieu Ledoulx, ensépulturé {sic) en Téglise de Notre-
Dame de rÉtang, le 17 avril 1676.
De messire François Le Goupil, vicaire de la paroisse, inhumé
dans le cloître de Téglise, vis-à-vis Timage de Notre-Dame, le
20 septembre 1679.
De messire Michel Hennin, prêtre, curé de rÉtang-la-Ville»
inhumé dans le chœur de Téglise, le 14 mai 1684.
De messire Louis Réal^ prêtre, curé de la paroisse de TÉtang,
inhumé dans le chœur, au pied du grand autel, le 24 sep-
tembre 1686.
De messire Jacques du Breuil, prêtre, maître ès-arts en TUni-
versité de Caen, curé de rÉtang-la-Ville, inhumé dans le choeur
de réglise, le 22 mars 1707.
D'Henriette de Gaillardbois^ veuve de défunt Claude de la
Lande, âgée de soixante-dix-huit ans, inhumée dans Téglise, le
!•' janvier 1708.
De demoiselle Geneviève de la Madeleine- Ragny, âgée de qua-
rante ans, inhumée dans Péglise de Notre-Dame de TÉtang, le
3 novembre 1716.
De messire Brisset, prêtre, curé de TÉtang, inhumé dans relise
de Notre-Dame, le 8 juin 1725.
De messire Jean-Baptiste Durand^ prêtre, curé de la paroisse
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HISTOIRE DB L'éTANQ-LA-VILLE. 24$
de Notre-Dame de l'Étang, âgé de soixante ans, inhumé dans le
chœur de l'église, le 7 février 1776.
Dans la chapelle seigneuriale, étaient inhumés :
Joachim Fonton, mort en 1707.
Geneviève Ménigaud, dame Fonton, morte en 1708.
Messire Gabriel Fonton, seigneur de TÉtang, mort en 171 3.
Demoiselle Marie Fonton^ morte en 171 3.
Antoine Fonton, mort en 1718.
Demoiselle Agnè»-Marie Fonton de TÉtang, morte en 1774.
Marie-Anne Perdrigeon, dame Fonton, morte en 1783.
Voici quels étaient les noms inscrits sur les dalles funéraires de
l'église de TÉtang avant la Révolution. La place de ces tombeaux
est aujourd'hui effacée, on les chercherait vainement. Le vanda-
lisme ne s'est pas incliné devant la mort!
Avant la Révolution de 1789, il 7 avait trois cloches dans le
clocher de Téglise de TÉtang; la seule qui soit restée mesure envi-
ron I mètre de hauteur sur i'°i5 de diamètre. Elle porte l'inscrip-
tion suivante : « L'an 1822, j'ai été bénite par M. Jean- François
Edard, curé de Marly-le-Roi^ chef-lieu de canton, et nommée
J. et Jeanne-Sabine par M. Jean-Nicolas Blossier, écuyer, ancien
avocat, huissier de la chambre du roi, maire de TÉtang-la- Ville,
et par M"** Sabine-Marguerite-Joséphine Houdon, épouse de
M. Henri Pinieu-Duval, en présence de M. André-Sylvestre
Roland, curé dts^^* de la par^^, et de M. René Bicheret, adjoint
au maire. »
PRÊTRES ET CURÉS ATTACHÉS A LA PAROISSE DE l'ÉTAMG-LA-VILLE
(1636-I793).
i636-i668. Michel Hennin, curé, f 1684.
1673- 1675. François Gosselin, vicaire, f 1675.
1674-1677. André Valluchet, vicaire.
1677-1679. François Le Goupil, vicaire, f 1679.
1680. Desplanques, vicaire.
1684-1686. Louis-Réal, curé, f 1686.
1 684-1 685. Jacques Boussit, vicaire.
1. Desservant.
2. Paroisse.
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244 HISTOIRE DB l'ÉTANG-LA-VILLE.
1 68 5 . Froment, vicaire.
1686-1695. Nicolas THosteiier du Mcsnil, curé.
1695-1707. Jacques du Breuil, curé, t 1707*.
1697. Dobinguet, vicaire.
1697. Delagarde, vicaire.
1703. Charles de Rousselle, vicaire.
1707- 172 5. Messire Brisset, curé, -f- 1725.
171 2-1 71 5. Faucher ou Waucher, vicaire.
1715-1717. Frère Haimfroy, cordelierde Noîsy, desservant.
17 17-1725. Demarine, vicaire.
1725. Frère Ferry, cordelier, desservant.
1725- 1762. Messire Allardin, curé.
1762- 1776. Messire Jean-Baptiste Durand, curé, f 1776.
1769. Vincent, prêtre.
1776- 1791. Messire Moulle, curé.
1791. Frère Léandre Gauchier, prêtre récollet d^Épernon, des-
servant.
1791. Desage, curé.
1791-1793. Bernard, curé.
PRÉVÔTS ET OFFICIERS DE LA SEIGNEURIE DE l'ÉTANG.
Il y avait, dès le commencement de la féodalité, des receveurs,
prévôts et autres officiers, p)Our ËEiire acquitter les droits seigneu*
riaux et rendre la justice. Quelques-uns de ces seigneurs avaient,
vu Pimportance de leurs domaines et de leurs grandes richesses,
une grande quantité d'officiers attachés à leurs personnes, parfois
même une sorte de cour, oti Ton voyait un maréchal, sénéchal,
connétable, etc., à Timitation des princes et du roi de France. Les
seigneurs de TÉtang-la- Ville étaient plus modestes, et un nombre
très restreint d'officiers leur faisait cortège dans les jours d'apparat,
Il y avait à PÉtang : un prévôt, un procureur, un receveur,
quelquefois un sergent et un huissier. Voici les noms de ces
officiers depuis Tannée 1644 jusqu'en 1791.
I. Jacques du Breuil fit, en exécution des ordonnances, enregistrer ses
armes, en 169S, par-devant les commis de M. d'Hozier, nommé à cet effet
par le roi. Ces armes étaient : d'argent à la fosce d'axur, accompagnée de
sixmerlettes de sable, 3 et 3. (Bibl. nat., Armoriai. Mss. de d'Hosier.)
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HISTOIRE DE L^érANG-LA-VILLE. 246
1 644. Messire François Chalippe, chirurgien du roi, recepveur
[sic] de la seigneurie de FÉtang-la- Ville.
i655. Messire Laurent de Lastre^ receveur de la terre et sei-
gneurie de PÉtang.
i656-i66i. Claude de la Lande, procureur fiscal de FÉtang et
garde-bois, f 1661.
1664. Jean Bellavoine, procureur fiscal de la terre de TÉtang.
1677. Barthélémy Pottier ou Pothier, receveur de la terre et
seigneurie de FÉtang.
1682. Maître Philibert Luce, seigneur de la Braudile, avocat
au Parlement de Paris, juge et prévôt de la justice de FÉtang.
1697. Qaude de la Garde, greffier des rôles de FÉtang, garde
des plaisirs du roi; en 1702, procureur fiscal.
1709. Pierre Hanot, sergent et huissier de la seigneurie de
FÉtang.
1718. JacquesrEdmond N..., receveur de la terre et seigneurie
de FÉtang.
1723. Qaude le Grand, juge civil et criminel de la prévôté de
FÉtang, avocat au Parlement de Paris et procureur du roi à
Saint-Germain-en-Laye. En 1781, il est qualifié de plus de con-
seiller du roi.
1775. Saturnin Rousselet, fermier et commissaire de FÉtang.
1780. Pierre Bellavoine, procureur fiscal.
1784. Joseph-Charles Prieur, huissier de la prévôté de FÉtang.
1793. Gilles Blondeau, officier public.
Adrien Maquet.
APPENDICE.
ExTRATT du testament et ordonnance de dernière volonté de défunt
Gabriel Fonton de Vaugelas, conseiller j contrôleur du Roi, secrétaire
de Sa Majesté, maison et couronne de France, ci-devant maître d'hô-
tel de feue madame la Dauphine de Bavière, conseiller de Sa Majesté,
trésorier général, ancien payeur des gages des officiers de la prévôté
de l'hôtel et grande prévôté de France, contrôleur général de la mai-
son de Son Altesse Royale madame la duchesse d'Orléans, contrôleur
ordinaire du gobelet, de la bouche et de la maison de madame la
Dauphine, gouverneur pour Sa Majesté de sa ville et château d'Alixan
en Dauphine, seul seigneur en toute justice de la terre, seigneurie
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246 HISTOIRE DE L^iTANG-LA->VILLE.
et paroisse de TÉtang-la-Ville sous Marly : £Biit olographe le pre-
mier avril mil sept cent douze, dont l'original a été déposé pour
minute à Bouron, Tun des notaires soussignés, par monsieur Claude
le Grand, conseiller du Roi et son procureur de la prévôté et police
de Saint-Germain-en-Laye et prévôt de F Étang-la- Ville, par acte en
suite dudit testament du 2 1 mars mil sept CQnt quatorze
Item.., Parce que j'ay été trop libertin pendant ma vie, mon des-
sein est d'expier mes fautes et d'en mériter le pardon par quelques
bonnes œuvres ; ma paroisse de l'Étang est petite et très pauvre, la
plupart des habitants sont âiinéants et gueux, depuis que )'en suis
seigneur je ne leur ai fait que du bien et ils ne m*ont.pas répondu
comme ils le devaient, mais je leur pardonne de bon cœur; et je veux
donner aux plus nécessiteux de madite paroisse [occasion] de prier
Dieu pour le salut de mon âme en chargeant mon fils, et mes héri-
tiers qui seront successeurs seigneurs de madite terre de l'Étang-la-
Ville ou tout étranger qui en sera propriétaire à quelque titre que ce
soit, comme je l'en charge et oblige d'employer et payer la somme
de trois cents livres de rentes (environ 296 francs 80 centimes) ou
pension annuelle et perpétuelle au payement de la taille en tout ou
en partie des plus nécessiteux de madite paroisse deTÉtang^la-Ville,
à commencer par les veuves les plus pauvres et les moins en état de
gagner leur vie et de payer la taille ; ensuite par les hommes les plus
âgés, les plus nécessiteux et les plus invalides, sans affectation ni pré-
dilection.
La distribution desquelles trois cents livres sera faite annuellement
et perpétuellement à commencer le premier jour de janvier ou quel-
qu'autre jout* dudit mois après celui de mon décès par mondit fils et
mes héritiers successeurs ou étrangers seigneurs de madite terre,
seigneurie et paroisse de l'Étang-la-Ville, lesquels feront publier au
prône de l'église paroissiale de madite terre, ou à l'issue de la grand'-
messe par l'huissier ordinaire dudit lieu, ou autre habitant en son
absence le jour dudit mois de janvier que ledit seigneur aura choisi
et l'heure de sa commodité pour faire ladite distribution des trois
cents livres dans sa maison seigneuriale huit jours après ladite publi-
cation sur le rôle de la taille de l'année, sur lequel. lesdits seigneurs
écriront eux-mêmes ou feront écrire en leur présence par un homme
de confiance, à la marge de chacun des articles de ceux et celles qu'ils
voudront gratifier, ce qu'ils auront payé au collecteur porteur des-
dits rôles à l'acquit et décharge de chaque pauvre veuve ou homme
paroissiens nécessiteux jusques et à concurrence de la somme de trois
cents livres, ce qui sera &it et continué annuellement et perpétuelle-
ment par mesdits héritiers ou étrangers mes successeurs de ladite
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làSTOIRE DE L^iTÂNG-LA-YILLB. 247
terre de TÉtang-la- Ville, à quoy ils seront obligés de satisfaire tous
lesdits mois de janvier sans que messieurs les curés de ladite paroisse,
ni autres personnes de quelque qualité et condition qu'elles puissent
être, ni quelque caractère qu'elles aient, puissent s'immiscer en ladite
distribution de laquelle mesdits héritiers et successeurs ou étrangers
seront seuls les maîtres, sauf à eux à suivre et bien exécuter l'inten-
tion du fondateur dont je charge leur conscience et leur âme et les eYi
rends responsables devant le tribunal de Dieu, leur conseillant seule-
ment de consulter le curé de la paroisse si bon leur semble et sans les
7 obliger, lequel doit connaître mieux qu'un autre l'état des affaires
de ses paroissiens.
Au cas que ledit seigneur de ladite terre et paroisse de l'Étang-la-
Ville ne puisse s'y rendre par quelque empêchement que ce soit, pen-
dant ledit mois de janvier, pour fedre cette distribution de trois cents
livres, il sera tenu d'envoyer ou de préposer une personne de con-
fiance sur une procuration particulière audit lieu de l' Étang-la- Ville
pour y fûre ladite distribution dans ladite maison seigneuriale ; dans
les r^les marquées et prescrites ci-dessus. Si par négligence ou autre-
ment les seigneurs de ladite paroisse de l'Étang-la-Ville refusaient de
satisfaire à cette distribution de trois cents livres, mon intention est
que le curé ait le droit de les poursuivre en justice pour les y con-
traindre et, en cas que les curés soient obligés d'en venir à cette extré-
mité pour le bien des pauvres paroissiens auxquels cette distribution
est destinée, je veux et entends que ce soient lesdits curés qui fassent
ladite distribution desdites trois cents livres suivant la coutume et
que le seigneur en soit exclu à chaque fois qu'il sera poursuivi et
condamné sur la demande du curé. Et à cet effet il sera remis aux
curés une expédition du présent testament par mon fils ou mes héri-
tiers et successeurs seigneurs de ladite terre del'Étang-la-Ville, sinon
ils pourront en lever une du notaire auquel il aura été déposé aux
frais du seigneur qui y aura donné lieu. Et afin que madite terre, sei-
gneurie et paroisse de l'Étang-la-Ville ne puisse jamais être déchargée
de ladite rente ou pension annuelle et perpétuelle, je veux et entends
que la maison seigneuriale et autres bâtiments et édifices en dépen-
dant, tous les héritages qui en composent les revenus en quoi qu'ils
puissent consister, même les rentes seigneuriales foncières et non rache-
tables soient et demeurent à perpétuité affectés et hypothéqués au
payement de ladite rente ou pension annuelle et perpétuelle tant que
les habitants de ladite paroisse paieront des droits ou tributs au roi
sans qu'elle puisse être rachetable à quelque denier, ni pour quelque
autre cause que ce puisse être, ni changée de nature non pas même
quand le nom de taille serait aboli dans la suite des temps pour substi-
tuer en sa place une autre qualité de droit, voulant que ladite rente
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248 HISTOIRE DE L'iTANG-LA-VILLE.
OU pension annuelle et perpétuelle soit toujours distribuée aux plus
nécessiteux de ladite paroisse par mes successeurs ou étrangers sei-
gneurs de ladite terre comme il est dit ci-dessus, sous quelque nom
que ce puisse convertir ni changer de nature sous prétexte de fonda-
tions ni autres causes, soit en prières, messes, services ou autre des-
tination au profit d'un ecclésiastique tonsuré, prêtre, ni communauté
séculière, ni religieuse, lesquels j'ai exclus dès à présent. Et supplie
très humblement et très respectueusement messieurs les intendants
de la généralité de Paris de vouloir bien ne pas rendre cette petite
charité infructueuse par des augmentations de taille ou autres droits
sur cette pauvre paroisse désolée. Certain que ma prière serait approu-
vée par la piété de Sa Majesté si elle venait à sa connaissance; je
demande aussi en grâce à messieurs les intendans avec le même res-
pect de donner leur approbation à la réalité de la taille dans madite
terre et paroisse de T Étang-la- Ville à rétablissement de laquelle j'ai
commencé à travailler sous le bon plaisir de monseigneur le Dauphin
et la permission de monsieur l'intendant Bignou, pour la réalité des
deniers du Roi et le bien public, en établissant la paix et l'union entre
les paroissiens et en faisant cesser tous les abus qui se commettaient
par l'imposition et l'exaction de la taille personnelle, ce qui a causé
leur ruine
Extrait et collationné par les conseillers du Roi^ notaires à Paris^
soussignés ce jourd^huy^ 3o octobre 17 14, sur Voriginal dudit testa-
ment étant en la possession dudit Bouron.
Signé par Bouron et son confrère, notaires au Châtelet de Paris, etc.
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LA MAISON DES POCaUELINS
ET ;
LA MAISON DE REGNARD
AUX PILIERS DES HALLES
1633-1884.
PREMIÈRE PARTIE.
I.
Il est bien établi que Molière naquit le i5 janvier 1622, dans
une maison, dite du Pavillon, située au coin de la rue Saint-
Honoré et de la rue des Vieilles-Étuves, aujourd'hui rue Sauvai,
et qui, démolie vers la fin du siècle dernier, est représentée en
partie par la maison qui porte actuellement le n^ 2 sur cette der-
nière rue. Une plaque commémorative, posée le 26 oaobre 1876
par les soins du Cercle de la critique musicale et dramatique,
énumère les titres authentiques qui fixent définitivement le lieu
natal de notre grand poète comique.
Cependant, à deux pas de là, à la jonction de la rue Saint-
Honoré et de la rue du Pont-Neuf, on voit dans une niche creusée
à l'entresol d'une maison moderne numérotée 3 1 , sur la rue du
Pont-Neuf (laquelle suit approximativement, du côté de la rue
Saint-Honoré, le tracé initial de l'ancienne rue de la Tonnellerie),
un buste de Molière, qu'accompagne cette inscription doublement
erronée :
J.-B. POQUELIN DE MOLIÈRE.
CETTE MAISON A ÉTÉ BATIE SUR L^EliPLACEMENT DE CELLE OU tL
NAQurr L^ AN 1620.
UÈU. XI 18
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25o LA MAISON DES POGQUELINS
Le buste et l'inscription primitives, qui existaient en effet sur
la maison de la rue de la Tonnellerie, n® 3, ne remontaient qu'au
28 janvier 1799. Ce jour-là, Alexandre Lenoir, souvent mieux
informé, fit placer un buste de Molière, par ou d'après Houdon,
au n^ 3 de la rue de la Tonnellerie, au-dessus de la boutique d'un
fripier qui professait un culte fervent pour la mémoire du grand
comique. Cet homme, sur la foi de Voltaire, croyait que Poc-
quelin le père avait été fripier^ et il honorait sa corporation en la
personne de Molière.
Comment Alexandre Lenoir, au même moment qu'il recueillait
pieusement le fameux poteau des Singes, provenant de la véritable
maison natale, fut-il amené à tomber dans Terreur que je vais
achever de réfuter dans cette étude sommaire? Je n'ai là-dessus
qu'une conjecture, mais elle me paraît suffisamment plausible.
Les premiers biographes de Molière, La Grange, Adrien
Baillet, Charles Perrault, partageant le dédain de leurs contempo-
rains pour les menus détails biographiques, demeurent muets sur
la naissance et Tenfance de Molière.
Il faut aller jusqu^à Pouvrage de Grimarest pour rencontrer la
première indication en ce genre. La voici : c M. de Molière se
a nommoit Jean-Baptiste Pocquelin ; il estoit fils et petit-fils de
« Tapissiers, Valets de chambre du Roy Louis XIIL Us avoient
« leur boutique sous les pilliers des Halles, dans une maison qui
a leur appartenoit en propre. Sa mère s^appelloit Boudet ; elle
a etoit aussi fille d'un Tapissier, établi sous les mêmes piliers
« des Halles. » ^
Grimarest n*est pas ici beaucoup plus exact qu'à l'ordinaire ;
cependant il le faut lire avec quelque attention. Il dit que les
Pocquelins avaient leur boutique sous les piliers des Halles, ce
qui fut vrai pendant quarante années de la vie de Molière, mais il
ne dit pas que Molière y soit né. Il sait que la maison leur appar-
tenait en propre ; c'est encore vrai. Il prend la belle-sœur de
Molière pour sa mère, et le mari de Marie-Madeleine Pocquelin,
femme Boudet, pour le père de sa propre femme; mais il indique
correctement leur domicile. Tout cela est un mélange de vrai et
de faux, comme il arrive aux écrivains peu attentifs ou peu scru-
puleux, qui recueillent sans les vérifier des traditions orales,
ou qui les embrouillent eux-mêmes, &ute de mémoire ou de
soins.
Ceci est la filière qui nous conduit à la fausse attribution de la
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kVX PILIERS DBS HALLES. 25 1
maison natale. Il ne se pouvait pas que les traditions de la rue
Saint-Honoré eussent oublié le nom de Molière. Elle apparaît, en
effet, cette rue Saint-Honoré, dans le mémoire biographique et
critique placé par Bruzen de la Martinière en tête de l'édition
d'Amsterdam : « On prétend, » y est-il dit, « que la maison oti
« naquit Molière est la troisième en entrant par la rue Saint-
« Honoré. » Ce n^était pas encore tout à fait la rue Saint-Honoré,
mais on s'en rapprochait, on brûlait, comme disent les petits
enfiEints. Tous les hommes d'étude et de réflexion qui se sont voués
à la recherche et à la restitution de nos antiquités nationales ont
dû remarquer avec quelle difficulté et quelle peine secrète Tesprit
humain se détache d'une vieille erreur. On biaise avec la vérité;
on invente, au besoin, mille romans pour étayer un mensonge
prêt à tomber en ruines. De là, Textraordinaire résistance et
rincrédulité persistante que rencontrent, dans l'opinion publique,
des rectifications beaucoup plus importantes que celle que je
poursuis ici.
Il dut se trouver, vers la fin du xvni« siècle, un homme de
bonne volonté et de bonne foi, peut-être Alexandre Lenoir luî-
même, qui, ne se pouvant décider à choisir entre deux maisons
natales pour Molière, Tune rue Saint-Honoré, l'autre aux piliers
des Halles, essaya de les concilier, ou plutôt de les fondre en une
seule. La maison n*^ 3 de la rue de la Tonnellerie passait ou
pouvaft passer derrière le n"* i pour aboutir en équerre à la rue
Saint-^Honoré ; c'en fut assez pour qu'elle reçût l'investiture des
mains du savant fondateur du musée des Petits-Augustins.
Cette théorie, tenant lieu de toute étude de faits, de dates et de
textes, je la trouve exposée de toutes pièces par un historien
moderne de la ville de Paris : « Cette maison, » dit Girault de
Saint-Fargeau, en parlant du n* 3 de la rue de la Tonnellerie,
« communiquait autrefois avec celle située rue Saint-Honoré, au
c coin des piliers des Halles, ce qui a induit en erreur quelques
« auteurs, qui ont fait naître Molière rue Saint-Honoré, erreur
« d'autant plus excusable que la maison de la rue de la Tonnel-
« lerie n'avait pas d'entrée sur cette rue et qu'on était obligé de
« passer par la boutique du marchand de la rue Saint-Honoré
« pour arriver à l'ancien appartement de notre grand comique. »
Girault de Saint-Fargeau est sûr de son aâaire; on dirait qu'il y
était, qu'il a passé par la boutique du marchand de la rue Saint-
Honoré pour pénétrer dans la chambre de Taccouchée et qu'il a
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252 LA MAISON DES POGQUETJNS
entendu les premiers vagissements de Tenfant de qui devaient
naître, à leur tour, Agnès, Célimène et Tartuffe.
Il en sait bien davantage encore, car il nous assure que, dans
cette même maison de la rue de la Tonnellerie, qui n^ouvrait que
sur la rue Saint-Honoré, et probablement dans la même chambre,
ce naquit, le 8 février i655, Fingénieux et plaisant Regnard, celui
(c des imitateurs de Molière qui s^est le plus rapproché de son
c modèle. » L'auteur des Quarante-huit quartiers de Paris a
négligé d'apprendre à ses lecteurs en vertu de quel lien de fiimille
ou d'amitié, ou bien en vertu de quel bail, madame Regnard,
marchande de salines, serait venue faire ses couches chez le tapis-
sier son voisin, M. Pocquelin, qui habitait précisément à cette
époque sa maison des piliers des Halles, ainsi qu'en fait foi un
acte notarié du i5 janvier i655, publié par Eudore Soulié (docu-
ment XXVI').
Ce voisinage des Pocquelins et des Regnards n^en était pas
moins réel; ici encore une parcelle de vérité se retrouve sous un
monceau d'erreurs.
Renversons la topographie des anciens biographes ; abandon-
nons les grands piliers de la Tonnellerie, la rue Saint-Honoré et
l'occident ; transportons-nous aux petits piliers, qui bornaient les
Halles du côté nord, en nous rapprochant des piliers des potiers
d'étain, qui les bornaient à l'est : nous y retrouverons les Poc-
quelins, les Boudets, et Molière et Regnard.
Je vais fixer définitivement l'emplacement et tracer l'histoire de
la maison des Pocquelins aux piliers des Halles avec une cer-
titude qu'appuient nombre de documents, pour la plupart
empruntés aux Archives nationales et demeurés inédits jusqu'à
ce jour.
II.
M. Pocquelin, devenu veuf de Marie Cressé en mai i632 et
remarié à Catherine Fleurette le 3o mai i633, acheta le 3o sep-
tembre suivant, par contrat devant Roux et Le Mercier, une
maison sise aux petits piliers des Halles, devant le pilori, à
l'image Saint-Christophe. Ces indications précises, contenues
dans le contrat d'acquisition publié par extrait dans les recherches
d'Eudore Soulié (n^ III) et dont j'ai pris une copie entière dans le
minutier de M* Thomas, le vénérable doyen des notaires de Paris,
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AUX PILtBRS DES HALLES. 253
restreignaient le périmètre dans lequel il fallait rechercher
remplacement de la maison, mais elles ne supprimaient pas les
difficultés d'une détermination exacte sur un terrain qui, à deux
reprises différentes, a été de nos jours totalement mis à nu par des
bouleversements édilitaires.
Je vais au plus court.
La maison, d'après les descriptions anciennes de i633 à 1782,
consistait en deux corps d'hôtel^ Fun sur le devant, l'autre sur le
derrière, une cour entre deux, tenant d'une part aux héritiers du
sieur Larger ou Target, d'autre à la maison du Cheval blanc, par
derrière à la maison de la Fontaine (lesquelles furent ultérieure-
ment réunies), et par devant aux Halles. Elle était élevée de
cinq étages, d'une chambre chacun, correspondant à la largeur
comprise entre deux piliers, c'est-à-dire mesurant deux toises
(ou 3'°90) de façade.
La connaissance des maisons voisines, fournie par divers docu-
ments publics ou privés, tels que la Taxe des Boues pour 1637
(Arch. nat. KK 1020), PÉtat et partition de la Ville de Paris
pour 1684 (Bibl. nat. ms. fr. 86o3, f* 5o8 v«), et le Terrier royal
circà 1705 (Arch. nat. Q.* 1099) s'accordent pour placer la mai-
son des Pocquelins à gauche de celle qui formait l'encoignure
gauche de la rue de la Réale, à son débouché sur les petits
piliers de la Tonnellerie, devant le pilori et la fontaine. La rue de
la Réale débouche aujourd'hui sur la rue de Rambuteau, entre le
n*' 1 1 6 à Test et le n^ 1 24 à Touest (les n*" 1 1 8, 1 20, 1 22 manquent,
ou, si on l'aime mieux, sont représentés par la largeur de la rue'
de la Réale elle-même).
En considérant que M. Pocquelin, devenu veiif en mai i632 de
sa première femme, Marie Cressé, mère de Molière, s'était remarié
le 3o mai i633 à Catherine Fleurette, et qu'il acheta la maison des
petits piliers de la Tonnellerie le 3o septembre suivant, on croit
deviner chez le maître tapissier comme un désir de quitter la
maison où Marie Cressé était morte et de ne pas profaner les sou-
venirs du passé en les mêlant à des joies nouvelles. Mais ce serait
lui prêter des scrupules d'une délicatesse qui n'était pas de mode
en ce temps-là. M. Pocquelin paraît n'avoir eu pour but en ache-
tant la maison de l'image Saint-Christophe que de placer des
capitaux disponibles, apportés sans doute par sa seconde femme
dans la communauté. Le fait est que Catherine Fleurette mou-
rut dès le mois de mai i636, dans la même maison du Pavillon,
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254 ^^ MAISON DES POGQUELINS
rue Saint-Honoré, qui avait vu mourir Marie Cressé quatre ans
auparavant.
On n^a pas connu jusqu'ici Tépoque précise où M. Pocquelin
quitta la rue Saint-Honoré pour s'installer dans sa n^aison des
petits piliers de la Tonnellerie. On savait seulement qu'il habiuit
encore Fencoignure delà rue des Vieilles-Étuves en 1637 ^ Le
premier acte oti il prenne domicile à Timage Saint*Christophe est
daté du 14 septembre 1654^ Cette date de 1637 établissait déjà
que Molière^ qu'on avait cru né aux piliers des Halles, n'y aurait
habité tout au plus que six ans, puisqu'il était déjà séparé de son
père dans les premiers mois, sinon dans les premiers jours de 1 643.
Une clause du contrat de vente du 3o septembre i633, non
publiée par Eudore Soulié, confirmée par un incident de la pro-
cédure de décret qui tenait lieu, avant la révolution irançaise, des
formalités connues aujourd'hui sous le nom de purge des hypo-
thèques, m'a fourni le premier élément d'une solution définitive
sur ce point fort intéressant, qui modifie, dans un de ses aspects
principaux, ce qu'on croyait savoir ou deviner de l'adolescence de
Molière.
En achetant le 3o septembre* i633 la maison des petiu piliers
de la Tonnellerie, moyennant 8,5oo livres, M. Pocquelin ne paya
guère que 2,5oo livres comptant ou à peu près (i ,283 1. 8 s. 8 d. le
jour du contrat, et 1,1 3o livres 6 d. le 21 octobre suivant). Le
surplus du prix notait exigible qu'après le décret volontaire du
Châtelet. Une autre partie restait entre ses mains pour sûreté du
douaire de l'une des venderesses, madame Plantin, jusqu'à la
mort du sieur Plantin, son mari ^ une autre somme encore ne
devait être .payée qu'à la majorité des mineurs Lemaître; encore
faut-il remarquer que M. Pocquelin prit tout son* temps, puis-
qu'un reliquat de 43i 1. 5 s. revenant à Jeanne de G)urcelles,
femme Danville, après le décret, ne fut payé par lui qu'en 1644,
c'est*à-dire dix ans après l'échéance.
En exécution de l'engagement qu'il avait pris de provoquer un
décret volontaire dans le délai de six mois, M. Pocquelin se
reconnut débiteur, par lettres obligatoires du 22 oaobre i633,
reçues Le Mercier et Augier, notaires, d'une somme de 400 1.
1. Ârch. nat. KK io36, f* 83. Taxe des boues pour lôSy.
2. Cession par M. Pocquelin de son fonds de commerce à Jean Pocque-
lin le jeune, par acte reçu Buon et Le Semelier, 14 septembre 1654.
Eudore Soulié, document XXIV.
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AUX PIUBRS Des HALLES. 255
envers le s' Nicolas Langlois, bourgeois de Paris, renoueur^ de
Monsieur^ frère unique du Roi. En vertu de cette cràince» véri-
table ou fictive, un commandement fut signifié à M. Pocquelin le
g novembre i633 (Ârch. nat. Y doij), et la procédure du décret
commença. La maison des petits piliers fut saisie le lendemain 9,
par le ministère d^un sergent à verge, juré priseur de biens, qui
n'était autre que François Rozon, mari d'Agnès Pocquelin, le
propre beau-frère de M. Pocquelin, partie saisie '.
Dès le 18 novembre, François Roeon obtint la sentence du
Châtelet qui ordonnait la vente aux criées. Les premières affiches
furent apposées le 22, les unes contre la porte de la maison saisie,
les autres contre le portail de l'église paroissiale de Saint-Eustache,
à la porte du Parc civil du Châtelet et à la porte de la basse<our
d'icelui^. Les criées se poursuivirent, conformément à la coutume
de Paris^ de quatorzaine en quatoraaine, pendant quatre mois.
Enfin, le i5 avril 1634, exactement dans le délai fixé par le con-
trat de vente, le Châtelet procéda à l'adjudication définitive. La
maison fut adjugée à M* Georges Limozin, procureur au Châ-
telet, moyennant 8,5ool. tournois, naturellement pour le compte
de M. Pocquelin.
Or, le sergent François Rozon, en procédant à la saisie, avait
installé en qualité de commissaire séquestre^ le s' Anthoine
Forest, bourgeois de Paris. Celui-ci trouva que la maison saisie
était occupée par un fripier nommé Biaise Desmaretz, qu^il assigna
séance tenante pour fiiire vérifier le bail par justice, sinon vider
les lieux. Là-dessus intervint une sentence du 20 janvier 1634',
qui reconnut le droit de Desmaretz, constaté d^ailleurs par le
1 . Le renoueur était une manière de chirurgien subalterne et non gradué,
qui remettait les membres disloqués, soignait les douleurs, etc. L'État de
la Firance pour 1669 explique que les renoueurs prennent titre de vaUt
de chambre et ont ordinaire à la table de ceux<i. Nicolas Langlois était
donc, sauf la distance entre la maison du Roi et celle de Monsieur (Gaston
d'Orléans), le collègue de M. Pocquelin.
2. C'est lui qui avait fait la prisée à l'inventaire de Marie Cresaé, mère
de Molière, les ig-Si janvier précédents.
3. Parfois on posait d'autres affiches sur le poteau du Pilori, pour les
maisons situées dans le quartier des Halles.
4. Cette formalité était obligatoire : • En toute chose saisie et mise en
criées, faut establir commissaire. » Coutume de Paris, édit de 1678,
art. CCCLIIl.
5. Arch. nat. Châtelet, Y 3o33.
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256 LA MAISON DES POOQUELINS
contrat de vente du 3o septembre i633 \ qui visait un bail con-
senti par jes s" Lebrun, Plantin et consorts, vendeurs de M. Poc-
quelin, au fripier Desmaretz, devant M« Le Mercier, notaire, et son
collègue, le 20 novembre i632, pour cinq ans commençant à la
Saint-Jean-Baptiste i633 et finissant par conséquent le 23 juin
i638, moyennant cinq cents livres par an.
Il était permis d*infiérer de là que M. Pocquelin avait dû attendre
pour habiter sa propre maison (^ue le bail Desmaretz eût pris
fin, ce qui aurait fixé sa prise de possession au 24 juin i638 et
réduit à quatre ans ou cinq ans le séjour de son fils Molière aux
piliers des Halles '. C'était une conclusion prématurée, comme le
démontre une découverte que je viens de faire tout récemment.
C'est un nouveau bail consenti par M. Pocquelin à Biaise Des-
maretz, devenu Passocié d'un autre fripier nommé Moreau, pour
cinq autres années, du 24 juin i63& au 23 juin 1643, moyennant
55o 1. tournois de loyer*.
Il résulte de ce fait, aussi authentique qu'inattendu :
lo Que M. Pocquelin n'a dû prendre personnellement posses-
sion de la maison des Halles qu^après la Saint-Jean 1643 ; à cette
date, son fils Molière, séparé de lui, selon toute vraisemblance,
au moins depuis Tarrété de compte du 6 janvier précédent, était
domicilié rue de Thorigny, au Marais, avec sa nouvelle famille,
les Béjarts, ou tout près d'elle^;
2" Que Molière, qui n'est pas né aux piliers des Halles, ne les
habita jamais à quelque époque que ce fût de son enfance ou de
son adolescence. Voilà une tradition dont il ne subsiste rien, et
avec elle s^efface aussi l'influence attribuée sur sa vocation nais-
sante au voisinage immédiat de la rue Mauconseil et de Phôtel de
Bourgogne.
Par contre, il devient assez naturel que l'on ait attribué à
M. Pocquelin le père un commerce de friperie, à cause de la pro-
fession de son locataire principal qui occupa seul la maison des
1. Dans la partie non publiée par Eudore Soulié. Voyez ci-après à VAp^
pendice,
2. Cest ce que je croyais encore lorsque je lus à rassemblée générale de
la Société de V Histoire de Paris et de l'Ile-de-France, du i3 mai 1884, une
note qui était le résumé succinct de la présente notice.
3. Acte reçu Le Mercier et Chapellain, notaires, le 3i janvier i638. (Aux
minutes de M« Thomas.)
4. Acte de société de l'Illustre Théâtre, 3o juin 1643.
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AUX PILIERS DES HALLES. 257
piliers des Halles de i633 à 1643. D^autres fripiers Poccupèrent
également, vers la fin du siècle, de 1693 à 1703. Il y avait de
quoi égarer sinon justifier la tradition.
Le 14 septembre 1654, M. Pocquelin vendit son fonds de
commerce à son fils Jean le jeune, moyennant 5, 218 1. 10 s. 5 d.
tournois, sur lesquels ce fils, plus économe et moins généreux que
son aîné, retint 5, 000 1. qui lui revenaient de la succession de sa
mère. En même temps, M. Pocquelin fit bail à son acquéreur de
la maison des petits piliers, pour cinq années, moyennant
5oo 1. de loyer annuel, se réservant la chambre du second étage
pour son habitation personnelle jusqu^au mariage de son fils, et le
choix d'une autre chambre sur le devant, après le mariage, qui
eut lieu quinze mois plus tard, le 16 janvier i656. M. Pocquelin,
se trouvait ainsi dépouillé de son fonds de commerce et de la
jouissance de sa maison moyennant 218 1. 10 s. pour solde de
tout compte, et un revenu de 5oo 1.
Jean Pocquelin le jeune mourut le 5 avril 1660, dans la maison
des petits piliers, laissant trois enfants en bas âge. Il fut rem-
placé dans son commerce et dans son bail par son beau-frère
André Boudet, mari de Magdeleine Pocquelin ^ C^est ce qui
résulte d^un accord passé entre Jean Pocquelin père et André
Boudet le 4 janvier 1667 ^. On y voit qu'André Boudet, locataire
de la maison de Jean Pocquelin, avait confié à son beau-père, vers
le commencement de i665, une certaine quantité de marchandises
dont Pocquelin père avait iait commerce dans la rue Comtesse
d'Artois. L'oisiveté pesait sans doute au tapissier sexagénaire,
deux fois veuf, et retiré du commerce depuis dix ans. Il n'en parait
pas moins singulier que M. Pocquelin quittât sa maison pour
aller tenter un nouveau commerce à quelques pas de là^.
1. La généalogie dressée par M. Livet dit qu'André Boudet était tapissier
sous la Tonnellerie, au Soleil d*Or.
2. Eud. Soulié, doc. XXXIV, p. 21 5.
3. L'État et partition de 1684, rue Comtesse-d'Artois (article 364),
dénombre c la maison de la dame Boudet par elle occupée. » Je ne sais
quelle était cette dame Boudet ; la sœur de Molière n'existait plus à cette
époque ; peut-être s'agit-il d'une parente. Il paraît possible, toutefois, que
cette maison Boudet, rue Comtesse-d'Artois, la dix-huitième à droite en
remontant à partir de l'encoignure des petits piliers, fût celle où le vieux
Pocquelin reprit les aflaires de i665 à 1668. En comparant la mention de
1684 avec celle du Terrier royal de 1705, on voit que la maison Boudet
devait se trouver à peu près en face du passage de la Reine de Hongrie,
n** 28 à 32 de la rue Montorgueil d'aujourd'hui.
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^58 LA lUIiON WtS KKX^nUKS
La maison de rimage Saint-Christophe, achetée en |633 par
M. Pocquelin, était une des plus anciennes du quartier des
Champeaux. J'en ai connaissance dés iSoy par les archives des
Quinze-Vingts (n^ a5o8 de Tlnventaire}; elle appartenait alors à
Renault Le Cherroni de qui elle passa, par une suite d^aliénations
diverses, à un sieur Nicolas de Courcelles, qui la possédait en
1606. Ce furent les héritiers ou ayants cause de ce CourceUes qui
la vendirent à Jehan Pocquelin le père, par le contrat du 3o sep-
tembre i633.
Trente<inq ans plus tard, cette vieille masure âtillit tomber en
ruines. Pour Ten empêcher, Molière prêta 10,000 1. à son père«
sous le nom de Jacques Rohault, par contrat reçu Gigault et
Lenormant, les 3i août et 24 décembre 1668 (Eudore Soulié,
document XXXV). Les conditions de ce prêt étaient fort précises
et même rigoureuses; M. Pocquelin s^engageait à payer 5oo 1. de
rente perpétuelle en échange de ce prêt, garanties par une hypo»
thèque spéciale sur la maison et générale sur tous ses autres biens
meubles ou immeubles, et de plus avec subrogation, en (aveur
des prêteurs, du privilège des constructeurs et ouvriers, appuyée
par Tobligation imposée à M. Pocquelin de fournir dans les trois
mois les marchés et devis représentant la somme prêtée.
On a voulu voir dans ce contrat, passé sous le nom d'un tiers,
le sentiment délicat d'un fils qui se dérobe pour obliger son père;
mais il ne s^agit pas du tout ici d^un trait de piété filiale. Molière,
marié et père de famille, fit simplement un acte de bonne admi-
nistration en même temps qu^une affaire sûre et sérieuse, que
l'interposition d*un tiers rendait seulement plus solide; car, à
défaut d'exécution des clauses convenues, ce n^t pas Moli^,
c'est Rohault qui en aurait poursuivi Fexécution judiciaire. On
devine un peu, sous ces précautions d'ailleurs fort sages, que
M. Pocquelin passait, même aux yeux du meilleur et du plus
désintéressé de ses fils, sinon pour un père prodigue, du moins
pour un homme qui laissait le désordre s'introduire facilement
dans ses affaires. Molière, cette fois, pensa moins à son père qu'à
sa fille ; ce fut en effet Magdeleine Molière qui profita de cet aae
de prévoyance.
Des biographes, plus bienveillants qu'ils n'étaient versés dans la
pratique des affaires, remarquant, dans l'inventaire des papiers de
Molière, la grosse en parchemin des contrats de prêts passés sous
le couvert de Jacques Rohault, veulent que ce fût dans l'intention
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AUX PILISItS DSS HAIXES. 35 9
d'anéantir la créance que Molière en ait détenu le titre entre ses
mains. C'est le contraire qui est vrai. Le vrai titre, c^est la minute,
qui ne doit jamais sortir des mains du notaire ; celle dont il s'agit
se trouve encore à sa place dans le minutier de M"" Schelcher. Quant
à la grosse* c'est le titre exécutoire que le créancier se foit délivrer
lorsqu'il veut agir par vole d'exécution pour assurer ses droits. Et
c'est en effet à quoi servit la grosse du prêt Rohault, non pour
Molière lui-même, mais pour sa fille, qui obtint du Châtelet le
1 5 février 1 690 une sentence contre ses cohéritiers, afin de les obli-
ger au payement de la rente constituée sous le nom de Robault.
M. Pocquelin mourut dans sa maison réédifiée, le 25 ou le
26 février 1669, à l'âge de soixante-quatorze ans^ laissant pour
héritiers : i» Molière; 2^ les deux enfonts mineurs d'André Bou-
det et de défunte Magdeleine Pocquelin ; 3» Jean-Baptiste Poc-
quelin, fils mineur de feu Jean Pocquelin le jeune et de Marie
Maillard ; chaque branche pour un tiers.
La maison ne représentait pas, en ce temps«-là, un loyer supé-
rieur à 5oo livres; de sorte que Molière, propriétaire pour un
tiers, se trouvait, comme créancier hypothéôiire, en possession de
la totalité du revenu.
Jean-Baptiste Pocquelin, fils de Jean, le frère puîné de Molière,
et de Marie Maillard, habitait k l'image Saint-Christophe lors-
qu'il épousa Elisabeth Garroche^ le 23 décembre 1684, et lors-
qu'il perdit, le 9 juillet 1687, une petite fille issue de ce mariage,
nommée Louise Pocquelin, morte à dix-neuf mois.
En 1693, la maison était occupée par un principal locataire,
nommé Pierre Gaubert, marchand fripier^ que les héritiers Poc-
quelin lui louaient 540 livres par an.
Ce bail fut renouvelé pour six ans à partir du i*' mars i695|
moyennant 750 livres, et encore pour six ans à partir de Pâques
1701, moyennant 900 livres, plus à chacun des bailleurs un pain
de sucre et deux livres de bougie une fois payés.
De nouveaux baux, du i" octobre 1703 et du 3 1 mai 1711^
transmirent la maison de l'image Saint-Christophe à Martin
Feuchère, marchand tapissier suivant la cour, et à Marie-Anne
Delan, sa femme, moyennant 910 1. Elle avait été détruite en
partie par un incendie le 12 juillet 1705, ainsi qu'il résulte d'un
compte annexé à une transaaion du 3i mai 171 1 (Eud. Soulié,
document LXI).
Les héritiers Pocquelin, qui étaient alors Madeleine Pocquelin
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26o LA MAISON DES POOQUELtNS
de Molière, Jean-Baptiste Pocquelin^ devenu avocat en Parle-
ment, et André Boudet, ancien lieutenant de la milice de Cayenoe,
tous trois cousins germains, la possédaient encore par tiers indi-
vis au 3i mai 171 1.
Les Boudet s^étaient probablement éteints peu après cette
dernière date, laissant pour héritiers Madeleine Molière et les des-
cendants de Jean Pocqueiin le jeune, de sorte qu^en 1728 la mai-
son dut appartenir par moitié à Madeleine Molière, femme de
Claude Rachet sieur de Montalant, et à une Pocqueiin, petite-
fille ou arrière-petite-fille de Jean le jeune.
Madame de Montalant mourut à Argenteuil le 23 mai 1723 ;
son mari, devenu son héritier, s^empressa de vendre le 12 jan-
vier 1724, par contrat devant Fromont et Vatry, la moitié qui lui
appartenait de la maison des petits piliers, à M* Jean Gagnât,
procureur au Parlement. Cependant, il la fit réparer le 27 mars
1726, et il acquitta les droits de centième denier à la date du
9 février 1734. Je ne me charge ni de concilier ni de contredire
ces dates, authentiques toutes les trois.
M. de Montalant mourut le 4 juin 1738 dans sa maison
d'Argenteuil, âgé de quatre-vingt-douze ans et quatre mois. Là
s^arrétent les documents recueillis par Eudore Soulié sur la
famille de Molière, et je les continue par des documents nou-
veaux et inédits.
Marie- Elisabeth Pocqueiin, propriétaire de Fautre moitié de la
maison des piliers des Halles, ne voulut pas rester dans l'indivision
avec le procureur Gagnât ou ses ayants cause. Une sentence ren-
due au parquet des requêtes de l'hôtel, les 29 avril, 9 mai et
10 juillet 1744 (Arch. nat. X 3 B 2154), repoussa la demande
d'Elisabeth Pocqueiin-, cette sentence fut cassée le 6 mars 1745
par un arrêt du Parlement (Archives nat. X 7546), qui renvoya
les parties devant le Châtelet. Ce tribunal rendit, le 18 juin 1745
{ibid. Y 12 17), une sentence qui ordonnait la licitation réclamée
par Elisabeth Pocqueiin contre Jean-Louis Gagnât, receveur des
consignations près la seconde chambre des requêtes du Palais, fils
de feu Pierre Gagnât. Enfin la licitation eut lieu effectivement par
une sentence d^adjudication du 8 juin 1746 (Arch. nat. Y 2814),
qui fit sortir la maison des mains de la famille Pocqueiin, après
une possession de cent treize ans. Elle portait à cette dernière date
renseigne de la Croix d^or et était louée à un nommé Cagnat,
marchand fripier, ce qui explique et excuse dans une certaine
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AUX PILIERS DES HALLES. 26 1
mesure Terreur de Voltaire sur la nature du commerce exercé par
les Pocquelins.
Le nouvel acquéreur de la maison était un maître tapissier^
nommé Gilles Pingot, qui la paya i8,o5o 1. En 1789, la maison
s'appelait toujours la Croix d'or et appartenait à Jean-Gilles
Pingot, Pun des fils du précédent, conseiller du roi, contrôleur
des tailles de la maison du roi, mari de Marguerite Adam.
Les archives du Châtelet (Y 2914) me fournissent encore une
sentence du 1 7 février 1 78 1 ^ portant adjudication de la maison par
licitation entre les héritiers et les créanciers de Jean-Gilles Pingot
à Jean Prévost, fruitier oranger, établi sous les piliers des potiers
d'étain, moyennant 1 3,700 1.
Enfin, le 2 août 1782, par contrat devant Lagrenée, ce Jean
Prévost et sa femme Marie-Antoinette Duval achetèrent de Fran-
çois-Ambroise Didot, libraire, et d'Antoinette-Charlotte Voisin,
son épouse, Fancienne maison du Cheval blanc et de la Fontaine
royale, formant le coin gauche de la rue de la Réale, à droite de
celle des Pocquelins; ils les démolirent toutes les deux et les
remplacèrent par une maison unique, comprenant les deux entre-
piliers occupés jusque-là par les anciennes maisons Saint-Chris-
tophe et du Cheval blanc.
La maison double passa le 9 mai 1806 aux mains des héritiers
de M. et M^^ Prévost et fut adjugée par licitation du 21 décembre
1811 àTundes colicitants, M. Jean-Léonard Bobin, négociant,
mari de dame Marie-Antoinette Prévost.
M. et M"' Bobin la revendirent, par contrat devant M** Laisné
et Bacq, le 24 février i8i6, moyennant 40,000 francs à M. Lan-
gereau, marchand de vins, et Angélique- Louise Desclus, sa femme,
de qui elle passa, par contrat devant M' Chambette, le 3 1 juillet
1823, à Nicolas-Gabriel Burtin, moyennant 57,800 francs.
Enfin, par suite de licitation entre les héritieirs Burtin, la mai-
son double fut adjugée le 2 août 1829, moyennant 68,o5o francs,
à Jean-Charles-François-Ambroise Mascret, commissionnaire de
roulage, qui en fut le dernier propriétaire.
En vertu d'une ordonnance royale du 5 mai i838, qui pres-
crivait rouverture de la rue Rambuteau, le tribunal civil de la
Seine rendit, le 21 août 1844, un jugement d'expropriation qui
retranchait une partie de la propriété de M. Mascret comprise
dans la cinquième portion de la voie nouvelle. La Ville offrait
46,000 francs d'indemnité ; M« Marie, avocat de M. Mascret, en
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l62 LA MâHRm DES KXSH^ftLlIfS
rédamait 90,000 ; le tribunal en alloua 65,ooo, plus 3o,ooofr.
à un principal locataire, nommé Dufaud. Les vendeurs de la
marée, établis dans la maison, se contentèrent d^u ne indemnité de
12 fr. 5o. Elle portait, au moment de l'expropriation, l'unique
n^ 93 sous les petits piliers.
III.
Du coin S.4D. de la rue de la Réale jusqu'à la rencontre de la
place de la Pointe Saint-Eustache, on a compté, jusqu^à ï838,
onze piliers, circonscrivant de neuf à on^e maisons, sdon les divi-
sions ou les réunions de propriétés. Ces onze piliers, bas et trapus,
formant un passage étroit où s^ouvraient des boutiques humides
et sombres, se suivaient sur une longueur de 38 mètres, selon une
direction qui formait, de droite à gauche, c'est-à-dire d'orient en
occident, un angle N.«E.-S*-0. avec l'alignement actuel de la rue
de Rambuteau.
Cet alignement, pénétrant dans Vtlot des petits piliers par le
flanc gauche, y découpa un triangle qui, n'offrant qu^une épais-
seur de 6«85 au droit de l'ancienne maison de la Fontaine royale
et de 10 mètres au droit de l'ancienne maison Pocquelin, à
l'image Saint-Christophe, atteignait une profondeur de i7"io
près de la place de la Pointe Saint-Eustacfae. Ce triangle fut
immédiatement rasé.
La profondeur de la maison double expropriée sur M. Mascret
en i838 étant de 19 mètres, d'après le plan de Vasserot et Bellan-
ger, il s'en suit que la façade de la maison portant aujourd'hui le
n® 124 sur la rue de Rambuteau (magasin des Fabriques de
France) occupe environ de 9 à 1 3 mètres en profondeur du terrain
de l'ancienne maison double.
Bientôt après l'expropriation des piliers pour l'ouverture de la
rue de Rambuteau, une nouvelle expropriation, d^octobre 1844,
fut ordonnée pour porter à 10 mètres la largeur de la rue de la
Réale, qui n'en avait que 2. Cette opération enleva presque
entièrement ce qui pouvait subsister de la maison double après
les travaux de t838.
Cependant, le lambeau de vieille construction qui subsiste en
arrière du flanc droit du n« 1 24 de la rue de la Réale paraît pro-
venir du fond droit de la maison double, dans la partie oti celle-
ci avait remplacé l'ancienne maison de la Fontaine royale.
D'après ces données assez complexes, l'emplacement particulier
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AUX PILIBRS DES HALLES.
263
de rancienne maison Pocqudin^ non couvert par les construc-
tions de kt rue Rambuteau, doit être recherché dans un rectang^
d'environ 9"^ de longueur sur S'^qo de largeur, à figurer sur
le sol de la voie publique , obliquement à la âiçade du n^ 124
de la rue de Rambuteau et à Tangle S.-O. de la rue de la Réale
élargie.
Cest ce que repràente le petit plan ci-joint, calculé sur une
copie du plan officiel, que je dois à Tobligeance de notre savant
collègue M. Hochereau, directeur du plan de Paris à la préfec-
ture de la Seine.
m 124
Rue lUmbuleau
1^^
prfi*^
fOie^
àf^
luJ^
Il m^a paru qu'il n'était pas inutile, tant au point de vue archéo-
logique qu'au point de vue littéraire, d'entrer dans ces minutieux
détails. La dissertation qui précède prouve, pièces en main :
i» Que la maison acquise par M. PocqueÛn, alors que son fils
Molière était âgé déjà de onze ans, n'avoisinait pas la rue Saint-
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264 LA MAISON DES POCQUBLINS
Honoré, et que, par conséquent, on n'a nulle ombre de prétexte
delà confondre avec la maison natale de notre grand comique;
2^ Que la maison des petits piliers n^a pas été détruite par le
passage de la rue de Rambuteau, comme le croyait encore Eudore
Soulié, puisqu'il résulte des actes inédits dont je viens de donner
l'analyse, qu'elle avait été démolie il y a cent deux ans, à la suite
du contrat de vente du 2 août 1782. L'expropriation de i838 n'a
porté que sur la maison double reconstruite par M. et M*** Pré-
vost, marchands d'oranges.
IV.
Cette étude des origines et des traditions m^amène à déterminer
ici, d'une façon définitive, l'emplacement de la maison natale de
Regnard.
La Taxe des boues pour 1 637 fait commencer les petits piliers par
l'hôtellerie du Heaulme, après laquelle vient, en se dirigeant vers
la pointe Saint-Eustache, la maison des Trois saucisses, puis la
maison de l'image Notre-Dame, appartenant au s' Rçgnard, mar-
chand de salines. L'État et partition de 1684 fournit des indica-
tions semblables, sauf que madame Regnard, devenue veuve, est
enregistrée au lieu et place de son mari défunt.
Le Heaulme est facile à retrouver. Rien de plus curieux que
cette ancienne hôtellerie ', devenue le bureau de la factorerie de la
marée, et qui mériterait à elle seule une monographie. Elle appar-
tenait autrefois aux religieux Célestins, et elle communique,
comme au temps jadis, avec la rue de la Grande-Truanderie, oti
elle est numérotée 37.
L'hôtel du Heaume, morcelé aujourd'hui entre diverses indus-
tries, est classé comme faisant partie du côté gauche de la rue
Pirouette, avec le n° 5. Il est précédé, vers le point de rencontre
de cette rue avec la rue Rambuteau, par deux maisons en saillie
sur la rue Pirouette, et formant entre elles un angle obtus, selon
lequel elles rejoignent obliquement le tracé général de la rue
Rambuteau, oîi elles s'appliquent au n? 108. L'indécision de leur
situation paraît avoir gagné l'administration municipale, car ces
deux maisons, dans l'état actuel (8 décembre 1884), comptent à la
I. 21 mars 1419. Le Heaume, rue Pirouette en Therouenne. Arch. des
Quinze-Vingts, n* 2917.
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AUX PILIERS DES HALLES. 265
ibis pour les n** i et 3 rue Pirouette^ et pour Tunique n» 1 06 sur
la rue Rambuteau.
Ces deux maisons^ comprenant ensemble la largeur de trois
anciens piliers, savoir la maison de droite (contre le Heaume) deux
piliers, et la maison de gauche (contre le n^ 108 de la rue Ram-
buteau) un entre-pilier seulement, ont été refaites ou remaniées
sur leurs anciens vestiges^ sans nul changement dans leur conte-
nance totale; seulement, leurs propriétaires ont intercepté^ au rez-
de-chaussée^ Pancien passage sous les petits piliers, dont la
profondeur leur a donné deux boutiques nouvelles, éclairées
direaement sur la rue^ en avant des anciennes^ qui prenaient jour
sur le passage des petits piliers et qui sont devenues des arrière-
boutiques. Les piliers eux-mêmes subsistent encore, badigeonnés
de diverses couleurs, mais très reconnaissables à leurs assises
trapues, et formant aujourd'hui le pied droit de gauche de chaque
porte d'entrée.
La première de ces maisons (censée n* 3 rue Pirouette) est
l'ancienne maison des Trois saucisses ; la seconde (censée n* i rue
Pirouette) est l'ancienne maison patrimoniale des Regnards, à
rimage Notre-Dame.
loe
Rue
N? 106
Rambuteau
Rue Pirouetle
Voici succinctement l'état civil de ces deux maisons, diaprés les
aaes authentiques que j^ai dépouillés à la Conservation des hypo-
thèques et chez les notaires.
A. Maison de droite (partie droite du n^ 106 de la rue Rambu-
teau, censé n» 3 de la rue Pirouette), appuyée à droite à l'ancien
hôtel du Heaume (n"" 5 actuel de la rue Pirouette), portait le
MÉÈt. XI 19
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a66 Là MAISON JN» FOeQUBLIMS
n"" 109 dc0 piliers des Halles ayant rouvemire de la rue Rambu-
teau. Elle appartenait en 1637, et encore en 1684, à un 9' Hardy
ou ses héritiers, ht propriétaire actuel est M. J.-B. Hardy, mais
cette homonymie est un pur effet du hasard. M. Hardy d'aujour*
d^hui est acquéreur de la maison par jugement des criées du tribu-
nal delà Seine du 11 avril 1840. Les transmissions immédiate-
ment antérieures remontent à la famille Mauperçfaé^ qui s^en défit
par jugement du 10 prairial an X (3o mai 180a), transcrit le
a fructidor suivant. Elle avait été acquise par M. Auguste de
Mauperchéy ci-devant avpcat au parlement de Paris, en vertu
d^une adjudication des criées de Paris du i3 brumaire an IV^
sur licitatioo des héritiers d^ Antoine Grisel, maître fondeur, et de
Marie-Angélique Vafflard, sa femme; lequel Grisel était acquéreur
du s' Vée, par contrat devant M* Hua, le i3 floréal an III. Avant
d'acheter la maison par contrat devant L>esacher le 17 mai 1783,
le s» Vée, marchand de vins, la tenait, en vertu d'un bail du 1 3 dé-*
cembre 1766, des héritiers Anquetil, qui en étaient eux-mêmes
propriétaires en vertu d'une adjudication du Châtelet du 25 juin
1775 (Arch. nat. Y 2883). Les Anquetils la détenaient en vertu
d^une licitation entre les héritiers Caignard, du 21 mars 1745.
{Ibid.) Les Caignards la possédaient patrimonialement dès les
premières années du xviii* siècle.
En 1745, cette maison, dont la Csçade a toujours comporté deux
boutiques, avait en conséquence double enseigne, Tune à Pimage
du grand Saint-Louis, l'autre la Croix blanche.
En Tan X, elle était numérotée 24 rue de la Tonnellerie, divi-
sion de Bon Conseil, et portait pour enseigne le Franc Pinot.
Elle est dite^ en 1745, tenir à droite et par derrière aux RR.
PP. Célestins (c'est le Heaume), à gauche à la veuve Le Halleur.
2"" Maison de gauche du n"" to6 de la rue de Rambuteau (censé
n^ I de la rue Pirouette), contiguë au n» 108 actuel de la rue
Rambuteau. Elle portait le n* 107 des Piliers des Halles avant
Fouverture de la rue de Rambuteau. C'est la maison natale de
Regnard.
Cette maison était portée à la Taxe des boues de 1637 comme
appartenant à M. Regnard, marchand de salines. L'État et parti*
lion de 1684 Finscrit au nom de madame veuve Regnard-, enfin,
le Terrier royal {circà lyoS) la donne à M. Marcadé, secrétaire du
Roi, qai en fit déclaration devant Thouin, notaire, le 17 octobre
1701, enregistrée en la Chambre du domaine le 19 décembre sui-
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AUX PILIKRS &E8 HALLES. 367
vant. Ce secrétaire du Roi était Pierre Marcadé, mari de Jeanne
Regnard, et beau-frère du poète.
Pour établir avec toute certitude Torigine de la petite maison
pour laquelle je revendique Thonneur d'avoir vu naître Regnard,
il faut remonter sans lacune de madame veuve Leroux, qui la pos-
sède aujourd'hui, jusqu'à la famille Marcadé^ c'est-à-dire aux
héritiers Regnard.
Cest ce que je vais faire en suivant la filiation ininterrompue
des actes notariés, depuis la présente année 1884 jusqu'à 1701,
date de la déclaration passée par Pierre Marcadé.
Madame Louise-Antoinette Prévost, veuve de M. Louis Leroux,
marchand de beurre, possède Tancienne maison de l'image Notre--
Dame en vertu d'une adjudication sur licitation du 2 décembre
1874, après la mort de son mari. Les époux Leroux Pavaient
achetée, par acte reçu Tourin, le 20 juillet 1842, de Jean-Louis
Legrain et Marie-Victoire Jumelet, son épouse.
Ceux«ci en étaient acquéreurs par contrat devant Tourin^
notaire, le 22 novembre i83i, de Jean- Alexandre Tœson, mari
de Marguerite Jacquin, et provenait en propre à M. Tesson de la
succession de Jean - François Tesson et de Louise- Madeleine
Aumont, ses père et mère, en vertu d'un partage devant M« Vil-
1 cocq, le 17 février 1828.
1 M. J.-F. Tesson Tavait achetée devant Pérignon, notaire, le
I 19 germinal an IX, de J.-B. Angelet et Agathe Daudebert, son
épouse; provenant à celle-ci de son chef comme héritière de Marie-
Geneviève Le Halleur, sa mère, femme de Louis-Thomas Daude-
bert, avocat, à qui elle appartenait comme héritière de sa mère
Marie Royer, veuve de Jean Le Halleur, qui, elle-même, l'avait
achetée devant Chevallier, notaire, le 23 mars 1730, de Henri
Marcadé de Bissy.
Ceci nous rejoint directement à la famille Regnard.
En effet, Jeanne Regnard, l'une des filles du marchand de
salines et de poissons de mer, Pierre Regnard, et de Marthe Gelée,
avait épousé Pierre Marcadé, joaillier et orfèvre ordinaire du Roi,
fils d'un orfèvre François Marcadé, lequel acheta en 16.. une
charge de secrétaire du Roi et mourut le 3 juillet 1705. La mai-
son des petits piliers devint après eux l'héritage de leur fils
Charles Marcadé, seigneur de Bissy en la paroisse de Bonnelles,
conseiller maître ordinaire en la Chambre des Comptes, reçu le
20 août 1693, Tun des quatre maîtres des Comptes qui étaient en
même temps secrétaires du Roi prenant bourse sur la grande Chan-
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268 LA MAISON DES POCQUBLINS
cellerie de France et ayant committimus au grand sceau. Charles
Marcadé mourut en décembre 1727, laissant de son mariage avec
Elisabeth de Tounnont cinq . enfants^ dont quatre seulement
sont dénommés dans le dossier Marcadé, du Cabinet des titres.
L'aîné, Jean -François Marcadé, était conseiller auditeur des
comptes, du 17 oaobre 1726. Ce fut au second de ces enfants,
Louis Marcadé sieur de Bissy, que la maison des petits piliers
échut aux termes d'un partage successoral effectué devant
M' Mény, notaire, le 8 avril 1728.
Constatons la parfaite concordance de cet établissement de
propriété avec l'indication fournie par les actes relatib à la mai-
son adjacente (les Trois saucisses), qui la font tenir à gauche en
1745 à madame veuve Le Halleur, c'est-à-dire aux acquéreurs
directs de la succession Marcadé.
Ces détails peuvent sembler arides, mais la vérité historique et
archéologique est à ce prix.
Il &ut se hâter, d^aiÛedrs, de saisir, pour ainsi dire au jour le
jour, la physionomie changeante du Paris qui s^en va. Jusqu'à ces
derniers temps, l'ancienne maison des Regnards avait abrité le
commerce de beurres continué par madame veuve Leroux -, ce
commerce a fait place à celui d^un marchand de vins, qui vient
d^arborer une nouvelle enseigne, choisie dans le vocabulaire de
naturalisme contemporain, « au vin de Pissenlair. » Un hôtel
meublé occupe les étages supérieurs, sous le vocable fort correa
de la Pirouette des Halles.
Enfin, on voyait encore, il y a six mois, dans Timposte de
la porte étroite par laquelle on pénètre dans la maison, le mot
salineSy inscrit en lettres bleues sur fond de cristal blanc, montrant
que le commerce deux fois et demi séculaire des Regnards se con-
tinuait dans leur antique logis. Il a disparu le i*' juillet 1884.
Ajoutons, pour ne rien omettre, que l'État et partition de
1684 donne, comme propriétaire delà maison suivante (n* 108 de
la rue Rambuteau), M. Gelée, sans doute père ou frère de madame
Regnard.
Résumons -nous. Il demeure acquis, grâce à ces dernières
recherches, qui, je me permets de le dire, ont été fort laborieuses,
que la petite maison d'un seul entre-pilier, dite aujourd'hui la
Pirouette des Halles, tenant à gauche au n* 108 de la rue Ram-
buteau, est bien la maison désignée dans Tacte de baptême de
Règnard, publié par Beffara :
« Du lundy 8« février 1 655, fut baptisé Jean-François, fils d'ho-
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AUX PILIERS DBS HALLES. 269
« norable homme Pierre Renard, marchant bourgeois de Paris,
<c et de Marthe Gelée, sa femme, demeurant soubs les pilliers des
« halles. » Cest également dans cette maison que mourut
M. Pierre Regnard le i8 juin 1657, laissant une grosse fortune,
gagnée dans les salines, à ce fils qui devait, après Molière, illus-
trer la scène française et la vieille bourgeoisie de Paris.
On a vu que la maison des Regnards portait il y a cinquante
ans le n*» 107 sous les petits piliers de la Tonnellerie; tandis que
l'emplacement de l'ancienne maison des Pocquelins portait le
n® 93. Par conséquent, sept maisons seulement les séparaient l'une
de l'autre. La tradition lointaine du voisinage de ces deux gloires
parisiennes n'était donc pas imaginaire. La voilà restituée dans
ses données authentiques.
DEUXIÈME PARTIE.
I.
Les maisons du quartier des Halles, autrefois nommé les Chau-
peaux, étaient fort anciennes. Philippe-Auguste y transféra la foire
Saint-Lazare; mais les piliers, ou portiques couverts, qui les cir-
conscrivaient, passaient pour remonter au temps de Louis le Gros.
Le Dit de Guillot sur les rues de Paris en parle dans les termes
suivants :
La Petite Truanderie
Es rues des Halles s'alie ;
La rue au Cingne ce me samble
Encontre Maudestour assemble
Droit à la grant Truanderie.
Et Merderiau n'obli je mie.
Ne la petite ruelette
Jehan Bingne par Saint-Clair fureté.
Mon chemin ne fut pas trop rogue ;
En la rue Nicolas Arode
Alai et puis en Mauconseil...
a Les principes de la directe du roi dans ce quartier se trouvent
dans les accords faits avec les évéques de Paris, lesquels sont
énoncés en la charte de 1222 appelée la Philippine, et dans les
déclarations fournies par Pévéque de Paris en exécution d'arrêt du
Parlement de Paris du 4 décembre 1537. Le territoire de cette
directe forme un continent assez étendu dont le Terrier de
Louis XII établit parfaitement le contour, à commencer dans la
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270 LA XAISON DES FOCQÛELtNS
roc Saint-Honoré entre celle des Prouvaires et celle de la Ton-
nellerie, suivant tout le long de celle-ci et tournant avec eUc jus-
qu^à la pointe Saint-Eustache, remontant de là jusqu^à l'ancienne
hôtellerie du Paon qui existe encore aujourd'hui (1728). » La
note qu'on vient de lire précède un document intitulé État en
détail des domaines du Roi : « Revenant aux piliers dits du Pilori
« et les suivant jusqu'à la rue Pirouette en Terrouenne, puis
« reprenant les piliers des potiers d'étain jusqu^aux charniers des
« Saints- Innocens, d^où regagnant la rue Saint-Honoré dite
c autrefois en ce lieu la rue de la Charronnerie, et de Textrémité
c de cette rue oti étoit l'ancienne place aux Chats retournant au
« coin de la rue de la Tonnellerie. » (Arch. nat. P 948, f* 164.)
Le périmètre des Halles était délimité au sud par la rue aux
Fers et la rue de la Ferronnerie; à l'ouest par la rue de la Tonnel-
lerie, section dite des grands piliers, dont le tracé était identique,
du côté du sud, à celui de la rue actuelle du Pont-Neuf; au nord
par la rue de la Tonnellerie, section dite des petits piliers, absorbée
par le tracé actuel de la rue de Rambuteau; à l'est par la rue Mon-
detour et la rue de la Lingerie. Il s'est récemment étendu à Touest
jusqu'au débouché nord de Pancienne rue des Prouvaires et à Test
jusqu'à la rue Pierre Lescot, créée en prolongement de la rue
Saint-Jacques l'Hôpital, qui, elle-même, ne fut ouverte qu'en
1814, coupant en deux le cloître de Saint- Jacques et le massif de
maisons compris entre la rue Mondetour et la rue Saint-Denis.
La rue de la Tonnellerie, partant de la rue Saint-Honoré, s'éle-
vait vers le nord, formait, aux abords de l'église Saint-Eustache,
une courbe arrondie vers l'est, franchissait l'étroit débouché de la
pointe Saint-Eustache, et se terminait à l'entrée de la rue Pirouette.
La partie de la rue Tonnellerie comprise entre l'angle oriental
de la pointe Saint-Eustache, c'est-à-dire la rue Comtesse d'Artois,
et les premières maisons de la rue Pirouette, s'appelait les petits
piliers. On en comptait en tout vingt-deux, savoir onze entre la
pointe Saint-Eustache et l'angle occidental de la rue de la Réale,
et onze entre le coin oriental de celle-ci et la rue Pirouette.
Ces vingt-deux piliers étaient numérotés de 8iài09*eni8i3,
I. Chaque section de onze piliers donnerait dix maisons, à raison d'une
maison par chaque entr&'pilier de deux toises l'un : ensemble vingt maisons
qui auraient dÛ porter les n*« 81 à 119; mais le numérotage officiel de x83S
indique cinq entre-piliers non numérotés, à savoir : les deux premiers
entre-piliers, à partir de la pointe Saint-Eustache, sont réunis sous le
n* 81 ; les cinquième et sixième entre-piliers, sous le n<* 87 ; le septième
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A» FttlBRS fiES lOLtEt* 27 1
aillai que le cotiitate La Tyûnâ, et conservaient encore ce numé-
rotage en i838) à Fépoque OU Voû décida le percement de la rue
Rambateau. La maison des Pocqudins portait le n« 91.
Lee petits piliers formaient la limite nord d'une place triangu-
laire, occupée à Tôuest par les bâtiments de la halle à la marée^
autrement dits le fief de Hallebick ou d'Alby, séparés à Pouest de
la halle au blé et du poids le roy par la rue de la Fromagerie^ et à
Test, parallèlement à la rue Saint-Denis, par les petits piliers dits
des potiers d'étain. Entre la halle à la marée et les potiers d'étain,
le terrain était occupé par des étalages en plein vent et par la
voirie. La pointe du triangle était tournée vers le sud et aboutis-
sait à la halle aux Poirées, qui débouchait elle-même dans la rue
aui Fers. Mais, du côté des petits piliers de la Tonnellerie^ Pécar-
tement entre les bâtiments du fief d^Alby et les potiers d'étain
laissait une large place, laquelle^ au droit de la rue de la Réale,
offrait au regard trois édicules d'aspea très différent : Je pilori,
construit en avant et à environ sit toises et demie de la maison des
Pocquelins ; la fontaine, construite un peu en arrière du pilori^
au droit de la rue d^ la Réale, enfin, encore plus à Test et en
retrait de la fontaine, uhe croix dont nous dirons tout à l'heure
la destination.
Le pilori, dont on connaît la destination pénale, existait à cet
endroit depuis la construction des halles, mais il avait été réédifié
vers 1 596; c'éuit en ce temps-là, et jusqu'au jour de sa démolition^
qui fut effeauée en vertu de lettres-patentes du 16 septembre
1785, enregistrées le 25 janvier 1786^ une sorte de tour octo-
gone^ autour de laquelle régnait un échafaud qui servait ou avait
servi pour des exécutions capitales. Cest là que Jacques d'Arma-
gnac iduc de Nemours avait été décapité en 1477 ^
La peine du pilori était peu à peu tombée en désuétude; du
moins on ne la réservait qu'aux banqueroutiers frauduleux : « Il
tf y a long temps qu^on n'y pilorie plus personne, » écrivait
Sauvai, et Piganiol de la Force confirme que de 1 63 3 à 1673 on
entre-pilier est sans numéro ; les onzième et douzième sont numérotés 95 ;
les dix-neuvième et vingtième sont numérotés 109; soit cinq numéros de
moins, qui réduisent U série impaire à 109 au lieu de 119.
I. La question de savoir si Téchafaud des exécutions capitales était per-
manent me paraît au moins douteuse. On lit dans les éditions modernes
de la Chronique scandaleuse que le duc fut supplicié à Téchafaud c ordi-
naire f des halles. Mais Tédltion princeps porte t l'échafaud ordonné es
Mies, » ce qui signifie précfsémeat Is coiitrtfire.
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272 LA MAISON DBS POCQUEUNS
n^avait mis personne au pilori. Les Pocqnelins ne furent donc
jamais affligés de l'odieux spectacle que pouvait leur £ûre redouter
un pareil voisinage. L'écha&ud avait d'ailleurs disparu pour £Edre
place à des échoppes rangées autour du pilori et qui assuraient au
bourreau un revenu suffisant pour le consoler de la suppression
de ses petits profits. Tout à coup, en 1673, Tannée même de la
mort de Molière, les exécutions recommencèrent; on piloria un
nommé Jean Devès, procureur, et un commerçant appelé Mer-
cier, son complice. Piganiol nomme quelques autres banquerou-
tiers ou concussionnaires, qui furent piloriés de. 1673 à 1737,
entre autres un fameux partisan « insolent et affronteur, » nommé
La Noue.
La fontaine des halles n'était guère moins ancienne que le
pilori. « Aux halles lez pillory est une fontaine » dit Guillebertde
Metz (p. 198). Elle fut rebâtie en 160 1, sous la prévôté d^ Antoine
Guyot, pr^ident en la Chambre des Comptes, et les eaux y furent
amenées sous la prévôté de François Miron (1604-5), ce que
rappelait une inscription ainsi conçue :
Saxeus agger eram, ficti modo fontis imago,
Viva mihl laticis Miro fluenta dédit.
Plus loin encore, et dans Taxe de la rue des Prêcheurs, s^élevait
une croix, « comme aux autres gibets ordinaires de Paris. »
C'était là que les débiteurs insolvables venaient faire cession de
leurs biens et recevoir le bonnet vert de la main du bourreau. Au
temps de Sauvai et de Molière, on n'y voyait plus que de rares
misérables, et le bourreau, les jugeant indignes de lui, s^était subs-
titué, pour les y recevoir, un portefaix qui affermait cette corvée.
La cérémonie du bonnet vert disparut vers les premières années
du xvm* siècle, probablement après la chute du Système; il aurait
fallu donner le bonnet vert à trop de gens et des plus qualifiés.
Tout Tespace compris entre les bâtiments s^appela le marché du
carreau des halles, occupé par des marchandes en plein air, mal
abritées par des lambeaux de tente ou par de larges parasols de
toutes couleurs, en été contre le soleil, en hiver contre la bise.
J^ai dit que, du coin gauche de la rue de la Réale jusqu^à la
rencontre de la place dite de la pointe Saint-Eustache, on comp-
tait onze piliers. Ceci ne donnerait que dix maisons^ à raison
d'une maison par chaque entre-pilier; cependant le Terrier royal
en compte onze. Cette différence en plus se comprend à la vue du
plan qui accompagne le texte. Le sixième entre-pilier à partir de
la rue de la Réale était coupé par une étroite allée donnant accès
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AUX PILIERS DES HALLES. 273
à ane maison placée derrière la maison de façade, et par consé-
quent ce sixième entre-pilier renfermait à lui seul deux maisons.
La longueur de ces dix maisons en 'façade était de 38 mètres, ce
qui donne 3 mètres 90 ou environ douze pieds pour la largeur de
chaque entre-pilier.
En 1777, on avait abattu les maisons et la barrière qui fer-
maient la pointe Saint-Eustache en prolongement de la rue G>m-
tesse d'Artois, afin de faciliter le passage pour les voitures entre
les rues Comtesse d'Artois, Montmartre, Traînée, etc.; mais ce
retranchement angulaire vint aboutir au premier des petits piliers
sans les entamer; de sorte que le plan de Bellanger (i825-3o)
conserve encore à cette fraction de voie la même configuration
qu'elle affectait au xvn^ siècle.
Pour reconstituer cette portion intéressante du vieux Paris,
entièrement disparue, la méthode la plus longue, mais la plus
sûre, c'est de copier et de comparer entre elles les diverses listes
authentiques des maisons comprises entre les petits piliers des
halles, depuis le coin gauche ou occidental de la rue de la Réale
jusqu'à la rencontre de la pointe Saint-Eustache, c^est-à-dire du
commencement de la rue Montorgueil d^aujourd'hui.
*
I® Taxe des boues (1637).
10. Maison occupée par Sébastien Davy, marchand fripier,
appartenant au sieur Turgis.
1 1 . La maison où est demeurant Jean Pocquelin, appartenant
au sieur Pocquelin (taxée cent sols).
12. Maison à renseigne de TEscu, occupée par Jacques Alienis,
appartenant au sieur David (même taxe).
i3. Maison de Timage Saint-Brice, occupée par Jean Roux,
frippier, appartenant au sieur Le Cuvetier (même taxe).
14. Maison appartenant au sieur Reverand, dizenier (taxée
8 livres).
x5. Maison occupée par le sieur Jean Lambert, appartenant au
sieur Bouc (taxée 4 livres).
16. Maison occupée par la veuve Salle, appartenant au sieur
Héron (même taxe).
17. Maison occupée par Guillaume Duval, potier d'étain^
appanenant à Jean Guillaume (même taxe).
18. Maison occupée par Charles de Moustier, marchand de
salines, appartenant aux Minimes et à la fabrique Saint-Eustache
(taxée 6 livres). '
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274 ^ MAISON DBS POGQUBLINS
19. Maison à l'enseigne des Trois pigeons 1 appartenant au
sieur Barreau (taxée 6 livres).
Ensuite la pointe Saint-Eustache.
20 État et partition (1684).
.3o. Maison occupée par le sieur Peaumier, appartenant au sieur
Huot.
3i. La maison des sieurs Poclins, par eux occupée.
32. Maison du sieur Launay, appartenant à la dame Cadesne.
33. Maison de la dame Hinard, appartenante la dame Mercier.
34. Maison du sieur Caniard, appartenant au sieur Le Roux.
35. Maison du sieur Bordier, appartenant à la d* Humblot.
36. Maison du sieur Fermont, dizenier.
37. Maison occupée par le sieur Lallement^ appartenant à
M. de Plainviile.
38. Maison appartenant aux Minimes de Digeon et à la fabrique
Saint-Eustache, occupée par le sieur Thibault.
30 Terrier royal (1705).
29. Maison de la Fontaine royale^ à M. Huot de Maubercy.
30. Maison de Timage Saint-Christophe, à la dame Pocquelin.
3i. Maison de Timage Saint-Pierre, à la dame Cadaisne.
32. Boutique à l'image Saint- Brice ; Lemercier et consorts.
33. Deux boutiques à Pimage Notre-Dame; au sieur Jean
DouUet.
34. Maison du petit Saint-Jean, au sieur Poulain, apotbicaife.
35. Maison du nom de Jésus^ aux sieurs Dangois et consorts.
36. Maison des Deux dauphins, au sieur Prévost de Plain-*
ville, payeur de rentes.
37. Maison et deux boutiques du Pilier vert, appartenant aux
Minimes de Chaillot et à Saint-Eustache par moitié.
38. Maison à l'enseigne de la Fleur-de-Lys , appartenant à
Duché, Raguenet et consorts.
39. Maison faisant le coin des piliers et de la rue G)mtes8e
d^ Artois, à l'image Sainte-Agnès, au sieur de Vouges.
Il résulte de la comparaison de ces divers documents l'identi-
fication suivante entre les maisons désignées à la taxe des boues
de 1637, à l'État et partition de 1684, au Terrier royal de 1705,
et le numérotage officiel des petits piliers en 1844, ^^ moment
oh rédilité les démolit pour le percement de la rue Rambuteau.
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AUX PILIBRS DES HALLES.
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276 LA MAISON DES POCQUELMS
II.
Je grossirais outre mesure cette étude si j^ faisais entrer tous
les documents que j'ai recueillis sur cette région du quartier des
Halles. Je me borne à la compléter par quelques renseignements
utiles sur la maison des Pocquelins, et je les ferai suivre par Tin-
dication sommaire des documents que j^ai pu recueillir tant sur
cette maison que sur la maison voisine, dite le Cheval blanc ou
la Fontaine, qui y fut réunie en 1782 pour former la maison
double expropriée en 1844.
Les documents publiés par Eudore Soulié renferment cinq
désignations sommaires de la maison des piliers, de 1 633 à 1700.
J^n ai découvert cinq autres dans les minutes du Châtelet. Je les
insère toutes ici par ordre de dates.
i"" Dans le contrat de vente par Jacques Le Brun et consorts à
Jean Pocquelin, le 3o septembre i633 :
a Une maison, sise en cette ville de Paris, sous les piUiers des
halles, devant le pillory, oti antiennement* souloit pendre pour
enseigne l'image de Saint-Christophlei consistant en deux corps
d^hostel, Pun sur le devant et l'autre sur le derrière, cave, cour
au millieu ; avec toutes ses appartenances et dépendances desdictz
lieux,... tenant d'une part aux héritiers du s' Larger, d'autre à la
maison du Cheval blanc , abbouttissant d'un bout par devant
es dites halles, et par derrière à la maison de la Fontayne, en la
censive du roy nostre sire et chargée envers luy de douze deniers
parisis de cens -, de cinq sols pariais de rente envers messieurs
de la grande confrérie aux bourgeois de cette ville de Paris, et de
dix sols parisis de rente envers messieurs de l'église et hospital
de Saint- Jacques aux Pellerins de cette ville de Paris, b
2® Dans la sentence des criées du Châtelet de Paris du samedi
!•' avril 1634*. En voici le texte inédit :
« Une maison seize en ceste ville de Paris soubz les pilliers
des halles devant le pillori, ou souUoit estre pour enseigne
Pimage Saint-Christofle, en laquelle est demeurant Blaize Des-
1 . Et non extérieurement comme Pa imprimé Eudore Soulié.
2. Arch. nat. Y 3o33.
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AUX PILIBRS DES HALLES. 277
maiest^ et consistant en deux chambres, deux bouges Tung sur
Tautre et greniers au-dessus, lambrissé, aussi couvert de thuilles,
petitté cour, montée au milieu estant hors œuvres, galleries et
aysances a privez ; tenant d'une part aux héritiers du s' Target,
d'autre à la maison du Cheval blanc, abboutissant d^un bout par
devant esdiaes halles et par derrière à la maison de la Fontaine. »
30 Dans le bail du 3i janvier i638 concédé par Jean Pocquelin
père à Blaize Desmarestz et Jacques Moreau : « Une maison
consistant en deux corps de logis, Fun devant, Tautrc derrière, et
cour au milieu. »
4® Dans le bail consenti par Jean Pocquelin père à son fils
Pocquelin le jeune, le 14 septembre 1654 :
« Une maison oti est pour enseigne Timage Saint-Christophle,
sise à Paris^ sous lesditz piliers des halles, consistant en deux
corps de logis^ l'un devant, l'autre derrière. »
5* Dans le prêt à constitution de rente fait par Jacques Rohault
à Jehan Pocquelin, les 3i août et 24 décembre 1668 :
« Une maison sise à Paris, sous les pilliers des halles, vis-à-vis
le pilori, proche la rue Réaile, où etoit autrefois pour enseigne
rimage Saint-Christophe, consistant en boutique^ chambres et
autres dépendances. »
ô"" Dans le bail consenti par les héritiers Pocquelin à Pierre
Gaubert, le 24 janvier 1695 :
« Une maison sise sous les pilliers des halles, où est pour
enseigne l'image Saint-Christophe, consistant en cave, boutique,
cuisine et cour, deux corps de logis, l'un sur le devant de la halle
et Tautre sur le derrière, cinq étages de chambres, » etc.
7* Dans l'autre bail consenti par les mêmes au même , le
21 mai 1700 :
« Une maison sise sous les pilliers, consistant en cave, boutique,
arrière-boutique, cinq étages l'un sur l'autre, puits dans ladite
maison, aisance et dépendances, une poulie de cuivre avec la
potence de fer, attachée au cinquième étage. »
8* Dans la sentence d'adjudication du 8 juin 1746^ :
«Une maison sise à Paris, sous les petits piliers des halles,
vis-à-vis le pilori, proche la ruelle, à laquelle pendoit autrefois
pour enseigne l'image Saini-Christophie, et à présent la Croix
d'or; occupée par le s' Cagnat, marchand fripier; composée d'une
I. Arch. nat. Châtelet, Y 2814.
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278 LÀ MAISON DBS POGQtTELIlVS
boutique par bas, salle derrière icelle, petite cour entre deux;
cave sous ladite boutique ; cinq étages de chacun deux chambres,
savoir une sur le devant et l'autre sur le derrière; escalier à rampe
de fer et galeries dans ladite cour à main droite, étant, ainsi que
la cour, entre le devant et le derrière de ladite maison; grenier à
la mansarde au-dessus desdits étages; tenant ladite maison d^un
côté et par le derrière à la maison Voisin, de l'autre côté à la
maison du s' Delamarre où pend pour enseigne Timage Saint-
Pierre. »
9^ Dans la sentence d'adjudication des 24 mai, 1 3 décembre
1780, 7 février et i3 juin 1781 * :
<c Une maison sise à Paris sous les petits piliers, paroisse Saint-
Eustache, consistant en un corps de logis sur les halles, d'une
croisée de face et élevée du rez-de-chaussée, quatre étages carrés
au-dessus et d'un cinquième étage pris dans le comble, couvert
d'un comble pris à deux égouts et en thuîUes, avec chaîne^x,
gouttières et hautes en plomb à chaque étage ; cour ensuite pavée
en grès; à droite de ladite cour est Pescalier en charpente et
maçonnerie avec galerie ouverte sur ladite cour à chaque étage et
balustre en bois. Au fond de la cour est un édifice élevé de rez-
de-chaussée, cinq étages et grenier lambrissé au-dessus, couvert
d'un comble à un égout et en thuilles, caves sous lesdits édifices;
boutique, salle derrière icelle. »
Une curiosité de ce dossier, c'est l'affiche petit in-quarto annon-
çant la vente et le dépôt du cahier des charges chez M* Margantin,
notaire des créanciers Pingot, rue Saint-Honoré, au coin de la
rue de l'Échelle. Elle porte ces indications : « Permis d'imprimer
et d'afficher, ce 4 décembre 1780, signé : Le Noir. — De l'impri-
merie F. Fr. Gueffier, rue de la Harpe. » Elle contient une nou-
velle description, abrégée, mais non sans intérêt, la voici :
10^ « Maison sous les petits piliers des halles, vis-à-vis le
pilori ; elle consiste en un corps de logis sur les halles, élevé d'un
rez-de-chaussée, quatre étages quarrés au-dessus; et d'un cinquième
pris dans le comble; boutique sur le devant; cour au fond de
laquelle est un édifice élevé d'un rez-de-chaussée, cinq étages,
grenier lambrissé, caves sous lesdits édifices. »
La maison, louée 1,200 livres, avait été estimée 1 5,325 livres
I. Arch. nat. Chfttelet, Y 2014.
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AUX FILIBRS DES HALLES. 279
aux termes d^un rapport dressé le 8 novembre 1779 par Fexpert
Nicolas Durrel. Je transcris cette pièce naïve :
c Et une autre maison sise sous les petits piliers des halles,
vis-à-vis le pilloris, occupée par un fruitier nommé Wattiaux^ où
étant : il auroit procédé à prendre les mesures et dimensions d'icelle
tant en largeur quVn profondeur ; et il auroit examiné ladite
maison pour en reconnoître la construction et Tetat d'icelle, et âiit
ses calculs et opérations nécessaires pour parvenir à connoître la
valeur dUcelle; d'après tout quoy et, attention fatite à la largeur et
profondeur de l'emplacement qu^occupe ladite maison, à ce qui
est plein et vuide, à la construction et nature dUcelle, à la qualité
des matériaux, à la distribution, à son état actuel, au quartier où
elle est simée, à sa destination particulière et au cours de tout Tan
présent, il l'auroit estimée, eu égard à tout ce que dessus et sans
autres charges comme dessus, la somme de quinze mille trois
cent vingt-cinq livres. »
L'expert Nicolas Durrel ne se compromettait pas avec une
pareille phraséologie; mais il a perdu l'occasion unique de com-
muniquer à la postérité les dimensions exactes de la maison qu'il
était chargé d'évaluer.
Il semble, au premier abord, que ces désignations soient très
différentes entre elles , et Ton pourrait , en considérant que la
sentence du Châtelet de 1 63 3 ne parlait que de deux chambres et
deux bouges, tandis que les actes de 1695 à 1781 indiquent cinq
étages de chambres, supposer que la reconstruction de 1668 aurait
surélevé la maison. Mais on reconnaît, si Ton tient compte des
diffîrences de style, que les deux chambres et les deux bouges de
i633 signifient deux étages de chambres auxquels se superposent
deux étages de boug<5s qui, avec le grenier lambrissé, reconstituent
les cinq étages de 1695 à 1781. L'amélioration consiste uni-
quement en ce que les bouges, c^est*à-dire des cabinets sans
cheminées, sont devenus des chambres comme celles des deux
premiers étages, et qu^on a transformé le grenier en cinquième
étage lambrissé.
La maison était comprise entre deux piliers, et mesurait par
conséquent deux toises de façade. LMtude des divers plans que j^ai
consultés permet de lui assigner environ cinq toises de profon-
deur.
Les diverses redevances dont la maison des piliers était grevée,
I* envers le Roi, comme seigneur; 2* envers la Grande Confrérie
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280 LA MAISON DBS POOQUBUNS
aux Bourgeois; 3* envers Phôpital Saint-Jacques aux Ptierins,
m^ouvraient trois sources de renseignements.
I** Le Terrier royal; on y trouve la trace des paiements faits
par Jean Pocquelin ou ses ayants cause jusqu^aux environs de
. 1705 '. Les documents ultérieurs se réfèrent tous au Terrier et
semblent indiquer une sorte d'abandon ou de désuétude des droits
dus au Roi'.
2^ On ne voit pas que Jean Pocquelin ni ses hoirs aient jamais
payé la redevance portée au contrat de i633 au profit de la
Grande G>nfrérie aux bourgeois. Je n'en trouve du moins aucune
trace dans les comptes de cette confirérie, qui subsistent pour les
années 1706 et suivantes'.
3« J^ai été plus heureux avec les archives de Saint-Jacques
PHôpital, qui me fournissent des indications suivies jusqu'àFannée
1687. L'hôpital Saint-Jacques, fondé en juillet i3i5, devint, à ce
qu'il semble, un sujet d'inquiétudes politiques pour le gouver-
nement de Louis XIV, à raison du nombre d'étrangers, vaga-
bonds et suspects, qui, sous prétexte de pèlerinage, étaient
recueillis par la confrérie hospitalière. Un édit royal de dé-
cembre 1672 le supprima et le réunit à Tordre royal de Saint-
Lazare. A cette occasion, on dressa Tinventaire général des titres
de SaintJacques^^ où j'ai rencontré des indications utiles. La
réunion à Saint-Lazare fut annulée en mars 1693. Une décla-
ration de 17 17 défendit le pèlerinage hors du royaume, et une
nouvelle réunion aux ordres royaux militaires et hospitaliers du
Mont-Carmel, de Saint-Lazare et de Jérusalem fut prononcée par
lettres patentes d'avril et mai 1722. II s^en suivit un nouvel
inventaire dressé le i3 décembre 1724 et jours suivants'. Cette
seconde réunion dura dix ans. Elle fut révoquée par lettres
patentes du i5 avril 1734. Enfin, Phôpital Saint-Jacques cessa
définitivement d^exister à la suite d^une dernière réunion ordonnée
par un édit de Louis XVI, daté du mois de mai 1781.
Après tant de vicissitudes^ on s'étonne, non pas que les
archives de Saint-Jacques THôpital soient incomplètes, mais seu-
lement quHl en subsiste des débris.
1. Arch. nat. Q* 1099...
2. Arch. nat. Qi, carton 1209-10.
3. Arch. nat. H 33o3 et 33o4.
4. Arch. nat. carton M 49.
5. Arch. nat. S
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AUX PILIERS DES HALLES. 28 1
Une quatrième source de renseignements, et celle-là très abon-
dante, m^a été ouverte par les archives de l'hôpital des Quinze-
Vingts, qui, du xiv^ au xvii* siècle, posséda successivement les
trois maisons de l'image Saint-Brice, de Saint-Christophe et du
Cheval blanc.
Le rôle de la taxe des boues de Paris ]X)ur Tannée 1637^ nous
montre, taxée à cent sols, « la maison où est demeurant Jean
« Pocqudin, appartenant au sieur Pocquelin, » sous les piliers
des halles commençant au Heaulme. La maison qui précède, du
côté droit, appartient au sieur Turgis, et est occupée par un
fripier nommé Sébastien Davy; celle qui suit, du côté gauche,
porte renseigne de TEscu de France ; elle appartient au sieur
David et est occupée par le sieur Jacques Alienis.
Dans l'État et partition de la ville de Paris pour 1684^, la
maison Pocquelin est ainsi désignée : « N® 340. La maison des
« s" Poclins, par eux occupée. » Le n* 339, qui précède, est
la maison du sieur Huot, occupée par le sieur Paumier, et le
n» 341 qui suit, la maison de la dame Cadesne, occupée par le
sieur Dauvray.
Enfin, le Terrier royal (circà 1705) nous fournit une notice
complète sur la maison Pocquelin. Je la transcris :
« Le n** 3o. Maison et boutique où est pour enseigne Timage
« Saint- Christophe appartenant à la d' Pocquelin. -^ Jean
ce Pocquelin en a passé déclaration devant Le Cat et Le Roux,
« notaires au Châtelet de Paris le 24 juillet lôSg, receue à la
« Chambre des Domaines le 26 may 1668. Chargée vers Sa
« Majesté de quinze deniers oboUe semie pille de cens par an,
« payables au jour de Saint- Remy, cy. . o. i. 3 obolles. »
Le n® 29, qui précède, et qui fait par conséquent le coin^gauche
de la rue de la RéaUe, est ainsi décrit : .
« Le n** 29. Maison et boutique où est pour enseigne la Fon*
« taine royalle, faisant Tautre coin (gauche) de la rue de la Réalle,
« appartenant" au s' Huot de Maubercy, » laquelle est enregistrée
en même temps comme formant le n® 9 de la rue de la Réalle.
Le n^ 3i, qui suit la maison Pocquelin du côté de la pointe
Saint-Eustache, est :
« Le n* 3i. Maison et boutique où est pour enseigne Pimage
I. Arch. nat. KK 1020.
a. Bibl. nat. ms. tr. 86o3, f» 5o8 V.
'ii£m. xi 20
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282 LA MAISON DES POCQUBLIKS
« Saint-Pierre appartenant au s' Cadaisne, écuycr, conseiller
« secrétaire du Roy, contrôleur générai des gages et droits de la
• grande et petite chancellerie et grenetier du grenier à sd de
« Paris. »
Ces indications permettent de dresser le tableau synoptique que
voici :
1637.
1684.
1705.
1 . Maison Turgis.
I. Maison Huot.
I. Maison Huot de Maubercy
à ]a Fontaine royale.
2. Jean Poquelîn.
2. Les 8" Poclins.
2. D* Poquelin, image Saint-
Christophe.
3. Maison David.
3. Dame Cadesne.
3. S' Gadaine, image Saint-
Enseigne de i^Escu.
Pierre.
Ceci ne rend pas raison de la désignation fournie par l'acte de
vente de i633, qui fait tenir la maison Pocqueiin par derrière à
la maison de la Fontaine. Voici Texplication.
Nous apprenons par le Terrier royal et par le plan y annexé
que M. Huot de Maubercy, prêtre, docteur en théologie, con-
seiller aumônier du Roi, protonotaire du Saint Siège apostolique,
oncle du propriétaire actuel (1705), possédait, outre la maison
portant le n"" 29 sur les petits piliers de la Tonnellerie et le n* 9
sur le côté gauche de la rue de la Réalle, une autre maison à la
suite de ceUe<i et ]X)rtant le n® 8, laquelle passait derrière la
maison Pocqueiin, s^interposant ainsi entre elle et les maisons de
la rue de la Grande Truanderie. Les deux maisons ou plutôt les
deux corps de logis de la âimille Huot portaient sans doute une
même désignation, et voilà ]X)urquoi Ton disait en i633 que la
maison Pocqueiin tenait par derrière à la maison de la Fontaine
royale, quoiqu'elle y tint aussi par le côté droit.
Si l'on confère le plan du Terrier royal avec le plan de Vasserot
et Bellanger, dressé de 1825 à i83o, et qui indique les maisons
de chaque rue avec les numéros qui leur étaient assignés en ce
temps-là, on reconnaît que la maison des Pocquelins portait aux
environs de i83o, comme au jour oti elle fut démolie, le n*^ g3
sur les petits piliers de la Tonnellerie, et qu^elle était adossée
au n"" 53 de la rue de la Grande Truanderie^ laquelle finissait au
n"" 61 sur la rue G>mtesse d^Ârtois, aujourd'hui rue Montorgueil.
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AUX PILIERS DES HALLES. 283
APPENDICE.
Extraits de documents concernant la maison à l'image Saint-Christophe.
1 3o7, le jeudi avant la fête de saint Marc TÉvangeliste. Maison
appartenant à Renault le Cherron, tenant d'une part à Nicolas Bou-
relier (qui fut plus tard Saint-Martin-Saint-Brice), d'autre à Jacques le
Fourrier ; autre maison appartenant à Jacques le Fourrier (qui fut
plus tard le Cheral blanc), tenant d'une part à Renaut, de l'autre à
la ruelle André Vigne. (Archives des Quinze- Vingts, n9 25o8.)
i3o8. Samedi après la Pentecôte. Les deux mêmes maisons, devant
le pilori, aboutissant toutes deux à la maison Gautier Crespel ; appar-
tenant la première à Ghenaut (Renault ?) de Launay, la seconde à
. Jacques le Fourrier. (Ibid. n^ 2509.)
1446. 14 juin. Titre nouvel où la maison de l'image Saint-Ghris-
tophe est dite tenir à la maison de l'image Saint-Martin, aux Halles,
devant le pilori. (Ibid. n<» 2495.)
. 1452. 24 mai. Sentence du Ghâtelet sur une opposition aux criées
d'une maison portant l'image Saint-Ghristophe devant le pilori, pour
10 sols parisis de rente dus à l'hôpital Saint-Jacques. (Arch. nat.
M 49, inventaire de 1676, cote 121 1.)
1467. 2 octobre. Titre nouvel de la même rente passé par Robert
de Lores sur la maison de l'image Saint-Ghristophle aux halles, vis*
à-vis le pilori. (Ibid. cote 12c 3.)
i5oo. i*' décembre. Titre nouvel par les Quinze-Vingts de 10 sols
parisis de rente ^ur la même maison. (Ibid. cote 1222.)
i52i. 27 janvier. Sentence du Ghâtelet qui condamne les Quinze»
Vingts pour arrérages dus à l'hôpital Saint-Jacques. (Ibid. cote 1227.)
i368. i3 août. Titre nouvel passé par Edme du Massier de 10 s. p.
de rente envers l'hôpital Saint-Jacques. (Ibid. cote 22.)
28 janvier i583. Bail par l'hôpital des Quinze- Vingts à Hémond
Dupressoir pour neuf ans à partir de Pâques, moyennant 90 livres par
an. (Arch. des Quinze- Vingts, n» 2612.)
1606. 6 juin. Titre nouvel par Nicolas de Gourcelles pour 10 s. p.
de rente envers l'hôpital Saint-Jacques. (Arch. nat. M 49, inventaire
de 1676, cote 22 his.)
i633. 3o septembre. Vente de l'image Saint-Ghristophe à Jehan
Pocquelin par Jacques le Brun, marchand mercier, Denise Hanoyer,
sa femme, Ambroise Plantin, maître brodeur, Jeanne Gaboureau, sa
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284 LA MAISON DBS POCQUELtNS
femme, Jean de Coarcelles, fille majeure, et Claude Lemaître, maître
brodeur, tuteur des enfants de lui et de sa défunte femme Sébastienne
Morpaus. (Voir Tacte entier ci-après.)
1634. i«' avril. Sentence de décret duChâteletde Paris, qui adjuge
ladite maison à Jehan Pocquelin père.
1637. <f La maison où est demourant Jean Pocquelin, appartenant
~« au sieur Pocquelin, taxée cent solz. » (Taxe des boues, Arch. nat.
KK 1020.)
i638. 3i janvier. Bail par Jean Pocquelin de la maison des piliers
des halles à Biaise Desmarets et Jacques Moreau, marchand fripier,
pour cinq ans, de la Saint-Jean i638 à la Saint-Jean 1643, moyen-
nant 55o 1. t. par an. (Lemercier et Chapellain, notaires, aux minutes
de M« Thomas.)
1654. 14 septembre. Bail de la maison Saint-Christophe par Jean
Pocquelin â son fils Pocquelin le jeune, moyennant cinq cents livres
de loyer par an, pour cinq ans. (Acte devant Buon, aux minutes de
M« Gastine.)
1559. 24 juillet. Déclaration passée par Jehan Pocquelin père à
cause du cens dont ladite maison est chargée envers le Roi. (Par-
devant Lecat et Leroux, notaires.)
1 659. 7 août. Réception de la déclaration précédente par la Chambre
souveraine des Domaines, signée Blanchart (au bas de Pacte précédent).
1668. 26 mai. Réception de la même déclaration en la Chambre du
Trésor, signée Héron. (Inventaire du 14-19 avril 1670.)
1668. 3i août et 24 décembre. Constitution de 5oo livres de rente
par Jean Pocquelin le père à Jacques Rohault, moyennant 10,000 1.
avec hypothèque sur la maison et subrogation au privilège de cons-
tructeur. Reconnaissance par Jacques Rohault qu'il est le prête-
nom de Molière. (Actes reçus Gigault et Lenormant, aux minutes de
M« Schelcher.)
1676. Je trouve dans un carton de mélanges, contenant un inven-
taire des titres de Thôpital Saint-Jacques, en 1676, la mention suivante :
< Cote 22. (Vacation du 21 décembre.) Deux tiltres nouveaux des
c xiij* aoust i568 et dernier mars 1639, le premier passé par Edme
« du Massier et l'autre du dernier mars 1639 par Jean Pocquelin, de
« dix sols parisis de rente à prendre sur la maison seize soubz les pil-
« liers des halles, devant le Puylory, ou estoit pour enseigne l'image
a Saint-Christophe. »
Enfin, le même inventaire enregistre encore sous la cote 2939 :
« Sept pièces tant en papier qu'en parchemin qui sont anciens titres
a nouvels, procédures et arrests de la Chambre royale du 22 décembre
« 1687, valant titre nouvel de 12 s. 6 deniers de rente sur une maison
• aux piliers des halles devant le pillory, où est pour enseigne l'image
« Saint-Christophle. >
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AUX PILIERS DES HALLES. 285
1684. < No 340. La maison des s» Poclins par eux occupée. » (État
et partition. Bibl. nat. ms. fr. 86o3, fol. 5o8 v^.)
1687. 22 décembre. « Dossier de sept pièces tant en parchemin qu'en
< papier qui sont ancieps titres nouvels, procédures et arrêts de la
« Chambre royale du 22 décembre 1687, valant titre nouvel au pro-
ie fît de Saint-Jacques T Hôpital, de 12 s. 6 deniers de rente sur une
« maison aux pilliers des haies devant le Pillory, où estoit pour
« enseigne l'image Saint-Christophe, > inventorié sous le 09 2989 dans
un inventaire sans date des titres de Saint-Jacques T Hôpital. (Ârch.
nat. S 4872.)
1695. 24 janvier. Bail de la maison par les héritiers Pocquelin à
Pierre Gaubert, marchand fripier, pour six ans, moyennant 760 livres
par an. (Acte reçu Desforges et Prieur, aux minutes de M^ Tur-
quet.)
1700. 21 mai. Autre bail par les mêmes au même pour six ans,
moyennant 900 livres par an, plus un pain de sucre et deux livres de
bougie une fois payés. (Acte reçu Desforges et Touvenot, aux minutes
de M« Turquet.)
1705. « Maison et boutique où est pour enseigne l'image Saint-
« Christophe, appartenant â la d« Pocquelin. Jean Pocquelin en a
« passé déclaration devant Lecat et Le Roux, notaires au Châtelet de
« Paris, le 24 juillet 1659, receue à la Chambre des domaines le 26 may
« 1668. Chargée envers Sa Majesté de quinze deniers obolles semi
« pille de cens par an, payables au jour de Saint-Remy. o. i . 3. obolles. »
(Terrier royal, Arch. 'nationales, Q* 1099, 7.)
1705. 29 juillet. La maison est estimée 18,000 livres, dans l'état des
biens de Magdeleine Pocquelin de Molière annexé à son contrat de
mariage avec M. de Montalant. (Passé devant Gaillard ie et Bailly,
' aux minutes de M« Robin.)
1724. 12 janvier. Vente par M. de Montalant à M« Jean Gagnât,
procureur au Parlement^, de la moitié d'une maison sise sous les
piliers des halfes, vis-à-vis le pilori, moyennant 8,200 livres, par
contrat devant Fromont et Vatry, qui en a minute*.
1726. 27 mars. Mémoire de réparations à ladite maison, arrêté par
M. de Montalant et le s' Chapuis, exécuteur testamentaire et légataire
universel dudit Montalant 3.
1734. 9 février. Quittance de m livres pour les droits de centième
1. M* Gaignat, deNevers, successeur de M* Henry, rue Saint-André-des-
Arts. Almanachs royaux.
2. Inventaire des i5 et 16 septembre X738, après le décès de M. de Mon-
talant. Eud. Soulié. Rech. document LXV, p. 353.
3. Ibid. p. 358.
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286 LA MAISON DES POCQUELINS
denier dus pour ladite maison à raison de la donation à lui faite par
la dame son épouse ^
1744. 29 avril, 9 mai et 10 juillet. Procédure et sentence au par-
quet des requêtes de Thôtel, repoussant une demande en lîcitation
d'Elisabeth Pocquelin contre Gagnât.
1745. 6 mars. Arrêt du Parlement qui casse la sentence précédente
et renvoie les parties devant le Châtelet '.
1745. 18 juin. Sentence du Châtelet qui ordonne la licitation entre
les héritiers Gagnât et Elisabeth Pocquelin '.
1746. 8 juin. Sentence du Châtelet de Paris portant adjudication
sur licitation d'une maison sise à Paris sous les piliers des halles,
vis-à-vis le pilori, où pend pour enseigne la Croix d'or, et ci-devant
pendoit l'image Saint-Christophe, tenant d'un côté et par le derrière
à la maison Voisin (héritiers Huot) et de l'autre côté à la maison du
s' De la Marre (anc. maison Cadaine), où pend pour enseigne l'image
Saint-Pierre. Lad. sentence rendue entre Marie-Élizabeth Pocquelin,
fille majeure, demeurant à Paris, rue Transnonain, et Jean-Louis
Gagnac, receveur des assignations 4, au profit de Gilles Pingot, maître
tapissier; moyennant i8,o5o livres; louée à Cagnat, marchand fri-
pier, qui pourra emporter l'enseigne de la Croix d'or à l'expiration
de son bail '.
1746. i<*' juillet. Ensaisinement de l'adjudication ci-dessus et paie-
ment par Gilles Pingot de j,i56 livres 5 deniers pour lods et ventes
au Roi ^.
1769. 12 septembre. Déclaration sous signature privée du 11, d'où
il appert que... Pingot, bourgeois de Paris, est propriétaire pour moi-
tié de ladite maison des petits piliers, portant le n^ 3o du Terrier
royal, à l'enseigne de la Croix d'or, en qualité d'héritier de Pierre-
François Pingot, son frère mineur, décédé.
1781. 7 février. Adjudication de la maison des piliers des halles,
par licitation entre les héritiers et les créanciers de Jean-Gilles Pin-
got, conseiller du Roi, contrôleur des tailles de la maison du Roi, et
Marguerite Adam, sa veuve, à Jean Prévost, fruitier oranger, demeu-
X. Ibid. ibid. M. de Montalant mourut le 4 juin 1738, âgé de quatre-
vingt-douze ans et quatre mois.
2. Arch. nat. X 7546. Elisabeth Pocquelin y est dénommée Paaquelin.
3. Arch. nat, Y 12 17.
4. M. Gaignat, receveur des consignations près la seconde chambre des
requêtes du Palais, rue Saint-Nicaise. Alm, royal
5. Arch. nat. Châtelet, Y 2814.
6. Registre des ensaîsinements tenu par Jacques Le Richer, conseiller du
Roy, receveur général des domaines et bois de la généralité de Paris.
Arch. nat. P 1248, f* 3 v% art. 26.
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AUX PILIERS DES HALI.ES. 287
rant à Paris sous les piliers des potiers d'étaÎD, moyennant 13^700 1.
(Châtelet, Y 2914.)
178a. 2 août. Par contrat devant Lagrenée, Jean Preyost et sa femme,
Marie -Antoinette Duval, achètent de François- Âmbroise Didot,
libraire, et d'Ântoinette-Chariotte Voisin, son épousé, l'ancienne mai-
son de la Fontaine royale, attenante à celle des Pocquelins.
Les deux maisons sont démolies et reconstruites en une seule.
Acte d'acquisition de la maison de Vimage Saint'Christophe^ par
Jean Pocquelin.
3o septembre i633.
Par devant les notaires et garde nottes du Roy au Chastelet de
Paris soubsignez, furent presens honorables personnes Jacques Le
Brun, m^ mercier, et Louise Hanoyer, sa femme, de lui autorisée à
l'effet des présentes, demeurant £giulxbourg S^-Honoré en la maison où
pend pour enseigne TEscharpe, paroisse S^Roch ; Ambroise Plantin,
marchant brodeur, bourgeois de Paris, et Jehanne Gaboureau, sa
femme de luy autorisée à l'effet des présentes ; Jehanne de Courcelles,
fille majeure, usant, jouissant de ses droits, demeurant pareillement
en cette ville de Paris, au logis et service de M. Arnoul de Nouveau
général des postes, rue des Blancs-Manteaux, paroisse S'-Jehan
en Grève; et Claude Lemaistre, aussi marchant brodeur à Paris,
demeurant rue Tirechappe, paroisse S^Germain l'Auxerrois, au nom
et comme tutteur des enffans mineurs de lui et de defluncte Sebas-
tienne Morpaus, sa femme ;
Lesquels ont vollontairement recongneu et confessé, recongnoissent
et confessent avoir vendu, ceddé, quitté, transporté, et par ces pre*
sentes vendent, ceddent, quittent, transportent et délaissent dès
maintenant et à tousjours promettant chacune desdictes partyes en
leur regard : ledit s' Lebrun et sa femme, Plantin et sa femme aussi
chacun à leurs regards ; lesquelz et chacun d'eulz seuls et pour le
tout sans division ni reserve, renonçant au beneffice de la dicte
division et fideijussion, garantye de tous troubles, dons, douaires,
hypothèques ou autres empeschements generallement quelconques
A honorable homme Jehan Pocquelin, tapissier ordinaire de la
maison du Roy, demeurant à Paris, rue S^Honoré, paroisse S*-Eus-
tache, à ce présent et acceptant, acquéreur pour luy et ses hoirs et
ayant cause ;
Une maison sise en ceste ville de Paris, soubz les pilliers des halles,
devant le pillory, où antiennement souUoit pendre pour enseigne
rimage de S' Christophe ; consistant en deux corps d'hostel, l'un sur
le devant et l'autre sur le derrière, cave, cour au millieu et avec toutes
ses appartenances et deppendances desdictz lieux, ainsi qu'ils se pour«
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288 LÀ MAISON DES POOQUELINS
suivent et comportent de toutes parts et de fond en comble ; tenant
d'une part aux héritiers du s' Targer et d'autre à la maison du
Cheval blanc, abboutissant d'un bout par devant aux dites halles et
par derrière â la maison de la Fontayne ; en la censive du roy nostre
sire et chargée envers luy de douze deniers parisis de cens payables
au jour qui dit est; de cinq solz parisis de rente envers messieurs
de la grande confrérie aux bourgeois de cette ville de Paris» et de
dix solz parisis de rente envers Messieurs de l'église et hospital de
Saint- Jacques aux pellerins de celle ville de Paris si tant il en est
deu ; le tout pour chacun an ; touttes et aultres charges franches et
quittes.
Icelle dicte maison auxdicts vendeurs, appartenant, sçavoir aud. s'
Jacques Le Brun et sa femme un tiers de la moictié d'icelle maison,
id est un sixiesme au total par eux acquis dud. Claude Lemaistre et
de la dame Sébastienne Morpaus sa femme par contrat passé devant
Collé et Sevestre, notaires audict Chastelet le dix-seçtiesme jour de
juing mil six cens seize, ratiffié par ladite Sébastienne Morpaus par
devant lesdits notaires, le vingt-sixiesme janvier ensuivant mil six
cens dix-sept, et auxquels Lemaistre et sa femme ledict tiers appar-
tenoit à cause de la succession de feu Pierre Morpaux, père de ladite
Sébastienne Morpaus. Et trois cinquiesmes et un demi cinquiesme de
l'autre moitié de ladite maison, restant de la succession de feue Mar-
guerite Prins, au jour de son decez veuve en premières noces dudit
feu Pierre Morpaus ; lesdits trois cinquiesmes et ung demy cinquiesme
auxdicts Le B^n et sa femme appartenant, sçavoir un cinquiesme à
eux délaissé de ladite Denys Hanoyer comme héritière pour un cin-
quiesme de ladite Marguerite Prins sa mère ; et ung quart et ung
cinquiesme comme héritière pour ung quart de feu Noél Morpaus,
son frère utérin qui etoit pareillement héritier pour un cinquiesme
de ladite Prins sa mère, et ung aultre cinquiesme auxdits Le Brun et
sa femme appartenant à cause de l'acquisition par eulx faicte desdicts
Lemaistre et sa femme par ledit contrat dudict jour dix septiesme
juing 1616 ci-devant datte; ung aultre cinquiesme et un quart et ung
aultre cinquiesme auxdicts Le Brun et sa femme appartenant à cause
de la donnation faicte à ladicte Hanoyer par contrat passé par devant
Turgis et Morei, notaires audit Chastelet de Paris, le quatorziesmc
juing 161 3, par Nicolas Morpaus, lequel estoit aussy héritier pour
ung cinquiesme de ladicte deffuncte Prins, sa mère et pour ung quart
... cinquiesme dudict deffunt Morpaus, son frère.
Auxdicts Ambroise Plantin et Jehanne Gaboureau, sa femme,
un quart au total de ladicte maison faisant moictié de la moictié
d'ycelle maison provenant du propre de son dict frère Pierre Mor-
paus et par eulx acquis dudict Nicolas Morpaus et Magdeleine Dau-
naye sa femme, par contrat passé pardevant Huart et Leroux, notaires
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AUX PILIERS DES HALLES. 289
audict Chastelet le neufviesme jour de juing i6o3; et auquel Nicolas
Morpaus et Daunaye sa femme ledit quart appartenoit comme
estant ledict Nicolas Morpaus héritier pour un tiers dudîct deffunct
Pierre Morpaus son père, et pour la moictié d'ung tiers de deffunct
Noël Morpaus son frère, auquel il appartenoit comme héritier dudict
feu Pierre Morpaus son père.
A ladicte Jehanne Courcelles ung cinquiesme en la moictié de
ladicte maison comme héritière pour un cinquiesme de ladicte
Prtns, sa mère, et ung quart et ung aultre cinquiesme comme héri-
tière pour ung quart d'ung cinquiesme dudict Noèl Morpaus son
frère.
Et audict Claude Le Maistre audict nom ung aultre quart en ung
cinquiesme comme estant héritière par représentation de ladite
Sebastienne Morpaus mère dudict defFunct Noël Morpaus son oncle,
auquel appartenoit comme dict est ung cinquiesme en la moictié de
ladicte maison, comme héritière de ladicte deffuncte Prins, sa mère.
Ledict tiers appartenant au sieur Lebrun et sa femme
Ledict quart appartenant audit sieur Plantin et sa femme
Et lesdicts deux sixiesmes auxdits mineurs faisant la moictié de
ladicte maison estant... dudict feu Pierre Morpaus
Lesdicts trois cinquiesmes et ung demy cinquiesme appartenant
auxdits sieurs Lebrun et sa femme
Ledict cinquiesme et ung quart et ung aultre cinquiesme apparte-
nant à ladicte Jehanne de Courcelles, et ledict quart et ung cinquiesme
appartenant auxdicts mineurs Le Maistre, faisant Taultre moictié de
ladicte maison provenant de ladicte * de deffuncte Marguerite
Prins.
Promettant, subbrogeant, etc. Pour ycelle n^aison à luy cydessus
vendue et délaissée jouir, faire et disposer, etc., et a commencer ladicte
jouissance du jour Saint Remy prochain venant.
La vente faicte à la charge desdicts acquéreurs de laisser jouir
Biaise Desmarest, marchant fripier, demeurant en ladicte maison
pendant le temps restant de bail à luy faict d'ycelle maison par les-
dicts s'* Lebrun et Plantin pour cinq ans, commençant au jour
Saint-Jehan Baptiste, dont il reste quatre ans neuf moys, moyennant
cinq cents livres tournois de loyer pour chacune année et aux
charges, clauses et conditions portées par ledict bail que ledict
acquéreur a dit bien connoistre pour luy avoir esté communicqué ;
Et en oultre moyennant le prix et somme de huit mille cinq cents
livres tournois que ledict s' Pocquelin promet et s'oblige par les
présentes bailler et payer auxdicts vendeurs esdicts noms chacun
pour leurs parts et portions ou aultres personnes en leurs acquits,
ainsi qu'il sera dit cy après, dès que le décret cy après stipullé de
ladi<:te maison sera faict, signé et scellé.
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290 LA MAISON DES POCQUELIMS
Et pour Texecution des présentes les partyes ont eslu et eslisent
leur domicile en ladicte ville de Paris^ sçavoir lesdicts Lebrun et sa
femme, Lemaistre audîct nom, ledict Morpaus et sa fenune, et
Jehanne de Courcelles en la maison de M* Pierre Patin, procureur
au Chastelet de Paris, size rue des Menestriers, paroisse Saint-
Nicolas-des-Champs ;
Ledict Plantin et sa femme en la maison où ils sont demeurans
où pend pour enseigne le Sauvage, paroisse Satnt<Eustache;
Et ledict Pocquelin en la maison où il est à présent, ci-devant
declare'e, où pend pour enseigne le Pavillon, paroisse susdite Saint-
Eustache ;
Auxquels lieuz ils veulent et consentent que tous actes de justice,
etc.
Faict et passé en l'étude de Leroercier, l'ung des notaires soubsi-
gnez, pour ladicte Jehanne de Courcelles le quinziesme jour de
septembre, pour lesdicts Lebrun et sa femme, Plantin et sa femme,
Lemaistre et Morpaus, sa femme, ce jourd'huy dernier jour du présent
mois de septembre après midy, l'an mil six cens trente trois.
Bail de la maison de Vimage SainuChristophe par Jean Pocquelin,
3i janvier i638.
Par devant les notaires garde-nottes du Roy au Chastelet de Paris
soubsignez fut présent en sa personne honorable homme Jean Poc-
quelin, tapissier vallet de chambre du Roy, demeurant à Paris rue
Saint-Honoré paroisse Saint-Eustache
Lequel a reconnu et confessé avoir baillé et délaissé à tiltre de
loyer à prix d'argent du jour de feste de Saint-Jehan prochain venant,
jusques â cinq ans après ensuivant finir et accomplir et promet et
garantit le faire jouir durant ledit temps
A honorables hommes Biaise Desmaretz et Jacques Moreau,
marchands fripiers à Paris, y demeurant, à ce presens, preneurs audict
tiltre pour eux pendant icelluy temps
Une maison appartenant audict bailleur consistant en deux corps
de logis l'ung devant l'aultre derrière et cour au milieu, lesdicts
lieux ainsi qu'ils se poursuivent et comportent, dont lesdicts preneurs
se sont tenus et tiennent pour contens pour les bien sçavoir et
cognoistre, mesme ledict sieur Desmaretz l'ung d'iceux preneurs y
est à présent demeurant, size sous les pilliers des halles où pend
pour enseigne l'image de Saint Christophe
Pour en jouir, etc.
Cestuy bail est pris et faict moyennant cinq cens cinquante livres
tournois de loyer pour et par chacune desdictes cinq années que les-
dits preneurs ont promis, promettent, s'obligent l'ung pour l'aultre,
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AUX PILIBRS DSS HALLES. 29I
et chacun d'eux seul et pour le tout, sans diminution ni discussion,
renonçant aux bénéfices et exceptions, etc.
Et payer au bailleur ou au porteur en sa maison en cette ville de
Paris, aux quatre termes de Tan à Paris accoutumez, dont le premier
d'iceux sera au jour de Saint-Remy prochain venant.
Faict et passé en Testude de Lemercier, Tung d'iceux notaires soub-
signez, l'an mil six cens trente huict le trente uniesme et dernier jour
de janvier. Et ont signé :
J. POCQUELIN. DeSMARESTZ. J. MoREAU.
Chapbllain. Lemercier.
II.
Inventaire de documents concernant les maisons du Cheval blanc
et de la Fontaine royale,
i3o7. Deux maisons contiguës, l'une à Renault le Cherron, tenant
d'une part à Nicolas Bourelier, d'autre à Jacques le Fourrier ; l'autre
maison à Jacques le Fourrier, tenant d'une part à Renaut, d'autre à
la nielle Andri Vigne. La seconde de ces maisons est celle qui fut
plus tard le Cheval blanc ; la première portera dans le siècle suivant
l'image Saint-Christophe. (Arch. des Quinze- Vingts, n^ 25o8.)
i3o8, samedi après la Pentecôte. Vente par les frères Nisi le Pelle-
tier â Jehan le Pelletier le Viel, mercier, de 5o s. p. de rente sur
deux maisons contigu^ sises aux halles, devant le pilori, aboutissant
toutes deux à la maison Gautier Crespel, l'une appartenant à Chenàult
(Renault?) de Launay, l'autre à Jacques le Fourrier. (Ibid. n<» 2509.)
1 3o8, samedi après la sainte Croix de septembre. Contrat de vente
par Jean de Dampierre à Maugié de Bayeux et Tiphaine, sa femme,
de 24 s. p. de rente et 8 s. p. de rente sur une maison assise es halles
devant la petite fontaine, moyennant 12 livres petits parisis forte
monnaie. (Arch. de Saint -Jacques l'Hôpital, inventaire de 1676,
cote 1 180, aux Arch. nat. M 49.)
i3i3, vendredi après la Saint-Grégoire. Contrat de vente par Ber-
trand de Dampierre à Nicolas de Dampierre et Agnès sa femme, de
40 s. p. de rente après 12 livres parisis, sur une maison devant la
fontaine des halles, au coin de la ruelle feu Jehan Bigne, moyennant
18 livres parisis. (Ibid. cote 1181.)
j3i4, samedi après Saint-Luc. Vente par Nicolas de Dampierre de
40 s. p. de rente après 1 2 livres parisis sur ladite maison, à Maugier
de Bayeux, moyennant 18 livres parisis. (Ibid. id.)
i3i5, dimanche de la Saint-Clément. Vente de 6 s. p. de rente sur
la maison devant la fontaine par Thomas Halle et Thomasse sa
femme, à Jehan le Grand. (Ibid. cote i238.)
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292 LÀ MAISON DES POCQUELIMS
i328, veille de la Pentecôte. Pierre le Noir et Ameline sa femme,
acquéreurs de 10 s. p. de rente sur ladite maison, appartenante Lam*
bert le Fromagier. (Ibid. cotes 1182, ii83, 1184.)
1373, samedi après la fête du Saint-Sacrement. Sentence du prévôt
de Paris qui adjuge aux Quinze- Vingts ladite maison sise aux halles,
tenant d'une part à la petite ruelle Jean Vigne, â raison de 56 s. p.
de rente. Opposition par les religieuses du Moncel pour 35 s. p. ; par
Jean de Lyons pour 4 livres parisis ; par les Cordelières du faubourg
Saint-Marcel pour 9 s. 2 d. (Archives des Quinze- Vingts, n* 253 1.)
1 374, 5 juillet. Jean de Lyons opposant aux criées ; la maison est
dite tenir d'un bout à Pierre Lefèvre dit le Grossier, d'autre faisant le
coin de la ruelle Jean Vigne, aboutissant (par derrière) à Raoul de
Saint-Germain. (Ibid. n' 2533.)
i374, i3 avril. Jean de Lyon condamné à garnir ladite maison, sise
aux halles devant la fontaine, tenant à la ruelle Jean Vigne. (Ibid.
n» 2532.)
1405, i5 décembre. Sentence du Châtelet qui condamne Robert
Courtin à payer aux maîtres et gouverneurs de Thôpital Saint-Jacques
^o s. p. de rente sur une maison devant le pilori, faisant le coin d'une
petite rue qui va en la rue de la Truanderie. (Arch. Saint-Jacques,
inventaire de 1676, cote 1265.)
141 5, 8 avril. Sentence du prévôt de Paris qui condamne Henne-
quin Jamet, garant de Girard de Bruyères, à garnir une maison aux
halles, tenant à Yvon Colin, aboutissant à Guillaume Lescot. (Arch.
des Quinze-Vingts, n* 2534.)
141 6, 23 mars. Vidimus d'un bail à rente du 5 juillet 1374. Jean de
Lyon. (Ibid., n* 2538.) La maison tient d'une part à Pierre Lefebvre
dit le Grossier, d'autre au coin de la rue Jean Vigne, aboutissant à
Raoul de Saint-Germain.
14 16, 23 mai. Sentence du Châtelet qui déclare une rente de 35 s.
parisis due aux religieuses du Moncel lès Pont Saint-Messance sur
ladite maison, antérieure à celle de 3o s. parisis due à l'hôpital Saint-
Jacques. (Arch. Saint-Jacques, inventaire de 1671, cote 1265.)
1417, 3o juin. Sentence du prévôt de Paris qui condamne Marmot
de Savayes à garnir la maison aux halles tenant à Yvon Colin et
aboutissant à Guillaume Lescot. (Arch. des Quinze- Vingts, n* 2535.)
141 7, i«' février. Renonciation de Savayes. (Ibid. n« 2536.)
1417, 17 juillet. Sentence du prévôt de Paris qui condamne Robert
Courtin à garnir la maison. (Ibid. n^ 2537.)
1425, 21 février. Vente de ladite maison par Imbert de Chapt à
Thomas Rustinguie. (Arch. de Saint-Jacques, inventaire de 1676, cote
1201.)
1441, i5 juillet. Lettres royaux portant commission au prévôt de
Paris d'établir un commissaire sur les loyers d'une maison située aux
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AUX PTLIERS DBS HALLES. 2gi
lialles de Paris, devant le pilori, au coia de la ruelle Jean Vigne,
portant l'enseigne du Cheval blanc, dont les criées ont été requises
par les Quinze- Vingts. (Arch. des Quinze-Vingts, n9 2538.)
1441, 5 août. Sentence du prévôt de Paris qui désigne le commis-
saire à cet effet. (Ibid. u9 2639.)
1443, i5 juin. Sentence du prévôt de Paris qui reconnaît le droit
des Quinze- Vingts de prendre 56 s. p. de rente sur la maison du Che-
val blanc. (Ibid. n» 2540.)
1443, 3i décembre. Sentence du Chfitelet qui déboute la grande
confrérie des bourgeois de son opposition aux criées de la maison du
Cheval blanc devant le pilori. (Arch.de Saint-Jacques, cote i265.)
1445, 14 février. Donation faite par Guillaume Lescot à l'église et
hôpital Saint-Jacques d'une masure rue Jehan Vigne, attenant à la
maison du Cheval blanc. (Ibid.)
1449, 20 septembre. Acquisition par l'hôpital Saint- Jacques de la
propriété d'une maison à l'enseigne du Cheval blanc, devant le pilori.
(Ibid. id.)
1449, i3 décembre. Rachat par ledit hôpital de la rente due aux
religieuses du Moncel. (Ibid. id.)
1454, 5 juillet. Vente par lesdites religieuses audit hôpital de 35 s. p.
de rente sur le Cheval blanc. (Ibid. id.)
1455, 14 juin. Sentence du prévôt de Paris qui décharge les Quinze-
Vingts d'une demande en rachat formée contre eux par Charles Baron,
propriétaire de la maison du Cheval blanc. (Arch. des Quinze- Vingts,
n* 2542.)
1468, 5 juillet. Sentence du Châtelet qui condamne Berrotde Male-
gueheu à payer 4 s. p. de rente sur la maison du Cheval blanc aux
halles, vis-à-vis le pilori. (Arch. de Saint-Jacques, inventaire de 1676,
cote i2f8.)
1483, 3 mai. Titre nouvel passé devant Pileur, notaire. Guillaume
David reconnaît être propriétaire de la maison du Cheval blanc, tenant
aux héritiers Gervaise Larcher, par derrière à l'hôtel du Paon, chargée
de 56 s. p. envers les Quinze-Vingts. (Arch. des Quinze -Vingts,
n* 2543.)
i5oo, i3 janvier. Titre nouvel par Michel de Sirot de 4 s. p. de
rente sur le Cheval blanc. (Arch. de Saint-Jacques, cote 1223.)
Sans date. Titre nouvel par le même, désigné cette fois sous le
nom de Michel de Cyrois, pour la même cause. (Ibid. cote 1229.)
i562, 21 janvier. Titre nouvel par Jean Vimont, propriétaire du
Cheval blanc. (Arch. des Quinze- Vingts, n» 2544.)
iSyo, 27 oaobre. Titre nouvel par les enfants de Jean Vimont.
(Ibid. D9 2545.)
1573, !•' septembre. Vimont, Roch Biset et Edmond Dupressoir
reconnaissent être propriétaires de ladite maison. (Ibid. n* 2546.)
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294 LA MAISON DES POCQUBLINS
1 587, 18 septembre. Titre nouvel par Roch Biset, Edmond Dupres-
soir et Pierre Chavanereau, qui se reconnaissent propriétaires, pour
une moitié à ce dernier, l'autre moitié aux deux autres, de ladite
maison. (Ibid. n^ 3347.)
1600, 7 septembre. Surcharge mise par le prévôt de Paris à la
criée de la maison du Cheval blanc. (Ibid. n® 2548.)
i633, 3o septembre. Dans le contrat d'acquisition de la maison de
l'image Saint-Christophe par Jean Pocquelin, la maison de droite du
côté de la rue de la Réale est appelée la maison du Cheval blanc.
1637. On n'indique par d'enseigne : la maison appartient au sieur
Turgis et est occupée par un fripier nommé Sébastien Davy. (Taxe
des boues, Arch. nat. KK 1020.)
1668, 26 juillet. Exploit portant sommation au sieur Huot, pro-
priétaire de la maison du Cheval blanc ou de la Fontaine, de payer
aux Quinze- Vingts la somme de 14 livres pour quatre années d'arré-
rages de 70 s. t. (Arch. des Quinze- Vingts^ n* 2549.)
1684. La maison en régi s trée sou s le n* 3 39 appartient au sieur Huot
et est occupée par le sieur Paumier. (État et partition de la viDe de
Paris. Bibl. nat. ms. fr. 86o3, fol. 5o8 v<».)
Circà 1706. La maison porte pour enseigne la Fontaine royale, elle est
enregistrée sous le n* 29 des piliers et sous le n» 9 de la rue de la Réale.
Le Terrier royal et le plan y annexé nous apprennent que M, Huot
de Maubercy, prêtre, docteur en théologie, conseiller, aumônier du
roi, protonotaire du Saint-Siège apostolique, oncle du propriétaire
actuel (1705), possédait, outre la maison ci-devant du Cheval blanc et
maintenant de la Fontaine royale, une autre maison à la suite de
celle-ci, enregistrée sous le n» 9 de la rue de la Réale. Cette dernière
maison, qui a pris évidemment la place de la masure donnée le
14 février 1445 par Guillaume Lescot à l'hôpital Saint- Jacques,
laquelle attenait à la maison du Cheval blanc, passait derrière la
maison Poquelin, s'interposant entre celle-ci et les maisons de la rue
de la Grande Truanderie. Ceci nous explique comment l'acte de
vente du 3o septembre i633 dit que la maison Pocquelin tient par
derrière à la maison de la Fontaine royale, quoiqu'elle y tînt aussi
par le côté droit, désigné par son ancienne enseigne du Cheval
blanc. M. Huot de Maubercy avait fait la déclaration de ses deux mai-
sons par-devant Ducbesne, notaire, le 20 mars i658, reçue le i^ juil-
let 1659 en Chambre souveraine et le 12 décembre 1702 en Chambre
des domaines.
1696, 12 novembre. Titre nouvel passé devant Renaud et Delam-
bon, notaires,' par lequel Nicolas Huot sieur de Maubercy recon-
naît que, comme donataire de Nicolas Huot, il est propriétaire de la
maison qui avait précédemment pour enseigne le Cheval blanc, et
pour lors la Fontaine royale. (Arch. des Quinze-Vingts, n* 255o.)
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AUX PILIERS DES HALLES. 2gS
1707. Titre nouvel de 3 liy. 10 s. de rente aux Quinze-Vingts passé
par les sieur et dame Convers devant Laberche, notaire. (Ibid.
n«255c.)
1724, 26 octob;-e. Utre nouvel passé devant Delaballe et son con-
frère, par lequel Charles Bonneau, charpentier, demoiselle Convers,
sa femme, et demoiselle Antoinette Convers, fille mineure éman-
cipée, reconnaissent être propriétaires : savoir les sieur et dame
Bonneau d'une maison sise rue de la Réale, près les halles, et la
demoiselle Antoinette Convers d'une autre maison sise sous les piliers
de la Tonnellerie, feiisant l'encoignure de la rue de la Réale, tenant
d'un bout à la dame de Montaton et aux héritiers Pocquelin, et par
derrière à la maison ci-dessus designée. (Ibid. n^ 2552.)
1749, 17 septembre. Commandement au sieur Voysin et consorts,,
propriétaires des deux maisons. (Ibid. n* 2553.)
1749, 17 octobre. Titre nouvel par M. et M»« Bonneau et consorts
pour les deux maisons. (Ibid. n» 2555.)
1763, 7 novembre. Par-devant Dubois, inventaire de la succession
de Marie-Antoinette Convers, décédée veuve de Charles Voysin, pro-
priétaire de la maison du Cheval blanc.
1764, 4 avril. Devant Dubois. Partage de la succession de madame
veuve Voisin. La maison est attribuée à sa fille Antoinette-Charlotte
Voisin, femme de François- Ambroise Didot, libraire.
1782, 2 août. M. et M"^ Didot vendent la maison, par contrat devant
Lagrenée, à Jean Prévost, fruitier, et Marie-Antoinette Daval, sa
femme.
La maison est ensuite démolie, en même temps que celle des Poc-
quelins, et, sur leur emplacement, s'élève la maison double qui suit :
m.
Inventaire des documents concernant la maison double,
1782 et années suivantes. Jean Prévost et Marie- Antoinette Daval,
sa femme, propriétaires de la maison de l'image Saint-Christophe,
par adjudication au Châtelet du 7 février 1781, et de la maison du
Cheval blanc, par contrat devant Lagrenée le 2 août 1782, les font
démolir, et, sur leur emplacement, construisent une maison double,
qui comprend deux entre-piliers en façade sur les halles.
1806, 9 mai. La maison passe aux héritiers de M. et M™« Prévost,
savoir : Jean-Henri Prévost, propriétaire, demeurant près Rouen,
Eugénie Prévost, Edme-Leonard Prévost, ancien marchand épicier,
Paul-Gaspard Prévost, négociant, Françoise-Eugénie Prévost, Jean-
Auguste Prévost, marchand mercier, Marie - Euphrasie Prévost,
femme de Jean-Amable Bobin, Marie-Antoinette Prévost, femme de
Jean-Leonard Bobin, négociant, chacun pour un huitième.
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296 LA MAISON DES POCQUELtNS AUX PILIERS DES HALLES.
1811^ 21 décembre. Adjudication a l'audience des criées du tribu-
nal de la Seine, sur licitation entre les susnommés, au profit de Jean-
Léonard Bobin et de sa femme Marie- Antoinette Prévost.
181 6, 24 février. Vente de ladite maison par M. et M»^ Bobin,
devant M^ Laisné et Bacq, moyennant 40,000 francs, à M. Lange-
reau, marchand de vins, et Angélique-Louise Desclus, sa femme.
1823, i«' juillet. Devant M« Levert, notaire à Belleville. Bail par
les sieur et dame Lànguereau, à Henriette- Victoire Dauvergne, veuve
de Gilles-Joseph Desnoyers, marchand de vins traiteur, pour dix-
huit années, moyennant 4,400 fr. de loyer.
1823, Si juillet. Contrat devant M« Chambette. Vente de ladite mai-
son par les sieur et dame Langereau, à Nicolas-Gabriel Burtin,
moyennant 57,800 francs.
1829, 2 août. Adjudication à l'audience des criées du tribunal de
la Seine, par licitation entre les héritiers de Nicolas-Gabriel Burtin,
savoir : Joséphine-Mélanie et Nicolas-Auguste Jouan, mineurs, léga-
taires universels, et Catherine Burtin, épouse du sieur Toussaint Bon,
Jean-Baptiste Burtin, Marie-Thérèse Damour, veuve de Jacques-
Gabriel Burtin père, et Marguerite-Célestine Burtin, épouse du
sieur Legrand, héritier de Jacques Gabriel Burtin, leur père, et à ce
titre ayant droit à la succession de Nicolas-Gabriel Burtin fils ; à
Jean-Charles-François-Ambroise Mascret, commissionnaire de rou-
lage, demeurant à Paris, rue Geoffroy- Lasnier, n* 32, moyennant
68,o5o francs.
1844, 21 août. Jugement d'expropriation qui retranche une partie
de la propriété pour l'ouverture de la cinquième partie de la rue
Rambuteau, et accorde au sieur Mascret une indemnité de 65,ooo fr.
La ville avait offert 46,000 francs, et M« Marie, avocat de M. Mascret,
en demandait 90,000. Un principal locataire, nommé Dufaud, obtint
une indemnité de 3o,ooo francs. Les vendeurs de la marée, établis
dans la maison, se contentèrent de 12 fr. 5o, pour le principe.
Auguste ViTu.
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LE PROCÈS
DU
CHEF DE SAINT DENIS
EN I4IO.
Nous n'avons eu nullement Tintention, en écrivant les pages
que l'on va lire, d'entrer dans une discussion lipsanographique ;
le hasard^ ou plutôt une bienveillante indication de notre con-
frère M. Emile Campardon, nous a fait mettre la main sur la
pièce principale du débat survenu entre le chapitre métropolitain
de Paris et l'abbaye de Saint- Denis; à cette pièce, qui n'est autre
que le mémoire rédigé par les chanoines de Notre-Dame à l'appui
de leurs prétentions, et qui était destinée à être présentée au Par-
lement de Paris, sont venus s'ajouter de nouveaux documents,
grâce auxquels nous avons pu reconstituer l'historique de cette
contestation restée presque entièrement ignorée jusqu'ici ^, et dans
laquelle on voit apparaître des acteurs tels que le roi, le duc de
Berry, Pévêque de Paris et le célèbre Jean Gerson. Un seul détail
I. D. Félibien consacre une seule page à ces événements qu'il semble
n'avoir connus qu'imparfaitement (Hist. de l'abbaye de Saint-Denys,
p. 322); d'après lui, les auteurs de la Gallia Christiana (VII, 142) et des
Acta sanctorum (Octobre, t. IV, 949-931) y font quelque allusion. Quant
aux historiens contemporains, le Religieux de Saint-Denis contient certains
détails sur les débuts de la contestation, mais se tait sur le procès auquel
elle donna lieu (édition Bellaguet, III^ 436) ; enfin une brève mention de
Juvénal des Ursins complète la liste des textes imprimés relatifs à notre
sujet. (Édition Godefroy, i653, in-fol., p. 186-187.)
uiu, XI 2 1
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298 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO,
nous manque, il est vrai, pour que le récit soit complet Cest
le dénouement. Mais, à notre point de vue, c'est justement celui
qui a le moins d'importance; notre but principal était de tirer
parti du mémoire de Notre-Dame, mémoire qui se trouve être,
chose rare au début du xv* siècle, une véritable étude critique des
textes invoqués par les moines de Saint- Denis pour leur défense,
de montrer que Ton y trouve, outre des renseignements utiles sur
ces textes et sur les manuscrits qui les contenaient, d'intéressantes
indications archéologiques et de curieux traits de mœurs. Nous ne
voulons en aucune façon savoir si la relique conservée à Notre-
Dame était ou n'était pas un fragment du crâne de saint Denis,
nous rangeant sur ce point à Topinion de Tun des plus illustres
personnages qui prirent part à ce débat, celle de Gerson lui-même;
dans une lettre que nous aurons plus loin l'occasion de citer, il
écrivait à l'abbé de Saint-Denis ces prudentes paroles : « Rien
« n'empêche de laisser deux reliques contradictoires subsister en
« face Tune de Tautre; et si ceux qui les vénèrent ne se trouvent
« pas dans la vérité, ils sont au moins munis de témoignages assez
« vraisemblables pour rendre leur action louable et les défendre
« de toute accusation de mensonge et d'erreur. > A Dieu ne plaise
d'ailleurs que nous abordions à la légère des questions aussi déli-
cates *, nous dirons seulement que les reliques conservées à Saint-
Denis avaient, en tout cas, sur celles de Notre-Dame, l'avantage
d'être depuis de longs siècles l'objet de la vénération des fidèles.
I.
L*oncle de Charles VI, Jean, duc de Berry, n'était pas seule-
ment un bibliophile passionné, un curieux de raretés et d'objets
d'art, il collectionnait aussi des reliques que nous voyons men-
tionnées dans l'inventaire de ses bijoux. Les unes, et c'est la
majorité, sont si richement enchâssées qu'elles figurent parmi les
joyaux, les autres, moins bien traitées, sont comprises sous une
rubrique spéciale; c'est parmi ces dernières que nous trouvons
celle qui fut sinon la cause première, du moins l'occasion du procès
que nous avons entrepris de raconter : « Item une pièce du
« chief saint Denis, qui souloit estre en une salière de cristal
« garnie d'argent déclairée en la xi* partie du xxvii* feuillet du
« livre des comptes précédent, et laquelle est cy après rendue satis
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LB PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 29g
« relique en la ii« panie de la seconde page du mi" vu* fueillet
« de ce présent compte, pour ce icy seulement la dite pièce du
a chief saint Denis ^ »
Il semble que le duc dût estimer bien peu cette relique pour la
déposer ainsi dans une modeste < salière garnie d Vgent, » tandis
qu^il se plaisait à ei;i faire monter tant d'autres dans Tor et les
pierreries. Et pourtant ce n'était qu'en offrant en échange un
reliquaire de grande valeur qu^il était parvenu à se la procurer.
L'oncle du roi Charles VI, désirant obtenir un fragment du corps
de saint Denis, apôtre des Gaules et patron de la France, s^était
vainement adressé aux religieux qui, depuis Dagobert, avaient la
garde de ses restes; les moines de l'abbaye de Saint-Denis, jaloux
de conserver leur précieux dépôt dans son intégrité, avaient refusé
d'en détacher la moindre parcelle^. Cependant, il y avait à Notre-
Dame de Paris le sommet d'un crâne que les chanoines disaient
être celui de saint Denis; mais Tidentité de ce débris, qui n'était'
conservé dans la cathédrale que depuis deux siècles environ, avait
été plusieurs fois contestée, et le prince lui-même n'était sans
doute pas bien convaincu de cette identité, puisqu'il avait tout
d'abord eu recours aux religieux; néanmoins, soit qu'il cédât à
un mouvement de dépit contre Tabbaye, soit, ainsi que le donne
à entendre le Moine de Saint-Denis, qu^il se fût laissé persuader
par quelques-uns de ses courtisans, il fit un matin demander le
doyen et deux chanoines de Notre-Dame, et leur proposa d'échan-
ger un petit fragment du crâne de saint Denis contre le chef entier
de saint Philippe l'apôtre, renfermé dans une châsse d'or qu'il avait
déjà commandée. Le doyen et ses deux compagnons firent pan
au chapitre, réuni dans l'après-midi du même jour, des offres dont
ils étaient porteurs, offres qui furent acceptées à l'unanimité*. On
conçoit facilement en effet que les chanoines se soient empressés
I. Arch. nat., KK 258, fol. 2S r«. Une note marginale apprend que cette
relique fut, ainsi que les autres, déposée à la Sainte-Chapelle de Bourges.
a. Les religieux de Saint-Denis se montraient plus accommodanU lorsqu'il
s^agtssait d'autres reliques. C'est ainsi qu'en 1394 ils accordèrent au duc
de Berry deux fragments du chef de saint Hilaire, dont ce seigneur leur
accusa réception par une lettre du 10 septembre de la même année. Cette
lettre a été publiée par D. Félibien. {Hist. de Pabbaye de Saint-Denys,
Pièces justificatives, n» cxcvi.)
3. 8 janvier 1406. — Registre capitulaire de Notre-Dame. Arch. nat.,
LL 212c, p. 53i.
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300 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
de complaire au duc de Berry ; Pimportancede l'échange proposé
par ce collectionneur émérite devrait être aux yeux du public une
garantie de Pauthenticité de leur relique, et Ton va voir par la
description suivante, tirée d'un inventaire du trésor de Notre-
Dame, quel magnifique joyau servait à contenir le chef de saint
Philippe :
« Item un reliquiaire d'orouquel est le chef monseigneur saint
« Phlipe avec les espaules d'or, et le collier d'entour les espaules
« a ij escussons des armes au duc de Berry aux deux bous ; et y
« a iiij saphirs, iiij balays, xviij grosses perles. Item, au bout des
« armes dessusdites, a ij plus grosses perles des aultres et ou
a milieu d'iceltes ij grosses perles. En la fin de la barbe a j fer-
c meillet garni d'un gros saphir, iij balays et iij grosses perles.
« Item le pié, qui est d'argent, est soustenu de v ours et v enfans
« dessus, tenans chainetes dont les ours sont liez. Et entour ledit
« pié a trois ymages, est assavoir Notre Dame tenant son enfiint
« à senestre, et l'enfant tient un moulinet à j petite perle dessus,
« et Notre Dame tient à dextre j frételet d'une grossete perle et
a iiij menues. Et dessus ledit pié a ij angels qui soustiennent
« ledit chief, et dessoubz leurs mains a ij piliers qui descendent
« jusques au pié. Et tout entour dudit pié sont les armes dudit
« seigneur. Et sur le pié du milieu, par derrière, a j cigne qui
ce tient j petit rondeau à j chainete aux armes dudit seigneur ^ »
I. Inventaire du trésor de Notre-Dame, fait en 141 6 par Hugues Char-
pentier. Arch. nat., LL 196, fol. 4 r. •— Publié par M. Fagniez (Revue
archéologique, 2* série, t. 27, p. 394, n» 36). M. Fagniez accompagne cette
mention de la note que voici : « C'est très probablement ce reliquaire qui
< fut l'objet de la résolution suivante, prise par le chapitre le 28 janvier
< 1414 (n. s.) : a Super facto receptionis jocalis quod vult dare et presen-
ff tare dominus dux Bituricensis die Veneris proxima in festo Purificationis
c B. Marie Virginis in ecclesia Paris. , recipiatur cum majori reverencia qua
ff recipi poterit cum torchiis, pulsacione et cappis sericeis ; recipietur in
ff ecclesia Sancti Johannis Rotundi et de ipsa ecclesia processionaliter def-
ff feretur adecclesiam Parisiensem. » (Reg. capit.jLL 214, p. 266.) Le chef
« de saint Philippe serait donc entré au trésor le 2 février 1414 (n. s.). »
Cette conclusion se trouve contredite par les faits que nous venons de citer.
Il est probable que la résolution du chapitre se rapporte à un autre joyau
donné par le duc de Berry, « le grant tableau d'or, » décrit dans le même
inventaire sous le n*43 et que le chapitre portait dans les processions avec
le même cérémonial. Voy. ibid.^.p. 396, n* 3.
Nous allons donner les extraits des divers inventaires de Notre-Dame qui
permettent de constituer l'histoire du reliquaire de saint Philippe. L'inven-
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 3oi
Les religieux de Saint-Denis, fort irrités de voir Tan de ceux
qui gouvernaient le royaume attacher autant de prix à une
relique qu'ils déclaraient fausse, puisque la tête de saint Denis,
qu'ils conservaient en même temps que son corps, était, disaient-
taire de 1438 répète les termes de l'inventaire de 1416 avec cette addition :
c Et y a un ours et un desdits petits enfianz qui sont dessoudez et hors
c dudit joyau, lesquelz sont en la haulte aumoire. » (LL 197, p. 6.)
Un siècle après, en i538, les dégradations sont considérables : « Nota
« qu'il y a ung ours dessoudé. Et [aillent ung ours, cinq enfans, le mou-
c linet de l'enfant et la petite perle de dessus^ le frételet Nostre Dame avec
c sa grosse perle et troys menues ; ou pied ung escusson dudit seigneur,
« le cigne, le rondeau et la chaisnette. Et est l'ung des pieds dudit reli-
c quiaîre ronpu. Lesdits cigne, rondeau et chaisnette avec plusieurs desdites
c choses sont dedens une capse de boys estant ou cofire de la fabricque de
ff ladicte église de Paris. • (LL iqS, fol. 7 r*.)
L'inventaire de 1545 reproduit presque littéralement la description de
celui de i538; seulement, une main du même siècle a postérieurement
ajouté en marge cette note : c Fondu le tout, excepté le collier et la
c pierrerie. » (LL 195, fol. 16 r*. Les divers inventaires reliés dans ce même
volume LL 195 ont chacun leur pagination propre.) En effet, au mois de
mai i562, par le commandement de Charles IX, le chapitre avait dû, pour
subvenir aux dépenses que causaient les guerres civiles, envoyer à la fonte
une grande partie de ses joyaux. En tête de la liste des objets d'or figurait
ff le chef saint Philippes pesant quarante six marcs, une once, deux gros, »
tandis que le premier des articles d'argent était « la baze du chef saint
ff Philippes avec les deux anges, t — Il ne restait après cela du reliquaire
du duc de Berry que ce qui est décrit dans l'inventaire de 1677 : ff Le coller
ff du chef de monseigneur saint Philippes estant en deux pièces d'or, aiant
ff en chacune pièce dix perles, deux saphirs et deux rubis balais et le ron-
ff deau dudit colier, mis en une boiste dans ledit cofh-e avec vingt ung
ff esibaulx de plique. Et ledit rondeau ou bague servant au midlieu dudit
c colier, est garny d'un saphir blond, trois rubis balais et trois grosses perles
< cornières. Le pied dudit chief et les anges qui y estoient d'argent doré, et
ff la teste, espaulles et barbe, le tout d'or, où estoit le chef dudit saint
< Philippes ont esté exposez à la fonte pour les affaires de l'église. » (LL
195, fol. 3 r*.)
En i38o, le chapitre fit refaire la châsse du chef de saint Philippe, non
plus en or, mais en argent doré. On va voir par le texte de l'inventaire de
1626 quelles différences il y avait entre le chef-d'œuvre d'orfèvrerie donné
par l'oncle de Charles VI et la chétive copie exécutée au xvi* siècle : ff Le
< chef saint Philippes soustenu par deux anges avec son sousbassement
f d'argent doré ; sur lequel chef il y a un collier garny de dix huit grosses
< perles, de trois saphirs en cabochon, et quatre gros rubis balais aussy
« en cabochon, au-dessous une espèce de spinelle en cabochon, et au bout
< du collier, il y a une enseigne ronde assortie de trots grosses perles, trois
c gros rubis, par milieu un grand saphir, et plus bas une autre enseigne
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302 LE PROCÈS DU CHEF DE SAIKT DENIS EN I4IO.
ils, entièrement intacte, ne tardèrent pas à trouver une occasion
de faire constater cette intégrité. A Tautorité de Fonde du roi invo-
quée par les chanoines, ils purent opposer le témoignage du
f ronde où il y a au milieu une teste d'or esmaillée avec quatre figures
f aussy d'or tenantes un escriteau, allentour duquel il y a trois saphirs,
c trois rubis et dix huit perles. » (LL igb, page 3.)
L'inventaire de lôgS contient une description plus détaillée que la pré-
cédente : « Item le chef de saint Philippes, apostre, en forme de buste de
« vermeil doré, donné par Jean, duc de Berry, en l'année 1406, pesant avec
« sa garniture de vices et écroux de fer et de bois, sans y comprendre les
f quatre lyons de cuivre doré qui le soutiennent, deux cens trente sept
a marcs deux onces, les anges et leurs écroux compris, le chef soutenu de
a quatre pilliers quarrez et un pied ovalle dans le milieu écoUeté, posé
c dessus un socle soutenu de deux grandes anges avec leurs ailes aussy de
ff vermeil doré. Sur le buste est un collier d'or avec des émaux, enrichy de
a dix-huit grosses perles et une qui manque de trois cents livres pièce,
c quatre gros rubis balets pareilz de quinze cents livres pièce, trois saphirs
<c d'orient aussy pareilz de trois cents livres pièce. Au pectoral d'or pendu
(( au collier, est un grand saphir violet estimé dix mil livres, trois rubis de
« quinze cents livres pièce et trois grosses cocques de perles de cent cin-
<i quante livres pièce, t
f Plus une bille de chappe d'or émaillé ronde, en forme de médaille,
« pezant un marc, au milieu de laqjuelle est une face de Christ aussy d'or
f émaillé avec quatre figurés de saintes de même, la tête du Chrisi^entou-
« rée de ^ois rubis balets estimez chacun cinquante livres, et trois saphirs
a d'oriant estimez aussy cinquante livres pièce. Autour de la bille, il y a
« treize perles, la quatorzième estant aux mains dudit sieur Auchard (a)
c estimées chacune vingt livres. Au bas du pillier de devant du chef saint
c Philippes, il y a une hyacinthe en forme de cœur estimée cinquante
c livres. » (LL 195, fol. 2 r*-v*.)
La description précédente est reproduite dans l'inventaire de 1754 (LL
202, p. 32) ; seulement cet inventaire nous apprend que deux des coques
de perles qui accompagnaient le gros saphir violet dont était orné le pec-
toral, étaient tombées et s'étaient brisées dans la cathédrale pendant la pro-
cession du i*' mai 1743. Malgré toutes ces transformations, le reliquaire
valait encore à cette époque la somme de 39,839 1., i5 s. Au bas du chef,
on pouvait lire sur une lame d'or une inscription qui rappelait la donation
du duc de Berry et la réfection du reliquaire. Quelque incorrecte que soit
la copie de cette inscription dans l'inventaire que nous avons sous les yeux,
nous allons néanmoins la reproduire avec ses barbarismes et ses mutila-
tions, car on y retrouve la date de 1406, à laquelle nous avons déjà rap-
porté l'entrée du chef de saint Philippe dans le trésor de Notre-Dame :
Posteritati.
« Joannes Biturum dux, X francorum régis f...... Philipi f..... r sacrum
ia) Nicolas Auchard, ci-derant clerc de It fiibrique, éttit Tun des rédactears de rioTanUire de
1695.
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LB PROCÈS DU CHEF 0£ «AXNT DENIS EN I4IO. 3o3
frère de Charles VI, Louis, duc d^Orléans. Celui^d, avant de
partir pour l'expédition qu'il allait faire en Gascogne, se rendit à
Saint-Denis le 17 septembre 1406, afin d'y vénérer les restes du
saint protecteur de ses ancêtres. « Après avoir entendu la messe
« et adoré les insignes de notre rédemption, il s'approcha de la
c tête du saint martyr. Alors un habile orfèvre ouvrit avec Tagré*
< ment du vénérable abbé de Saint-Denis la mitre d'or oîi était
« artistement renfermée la tête sacrée du glorieux confesseur de
< la foi chrétienne et présenta cette tête au duc d'Orléans qui la
oc baisa dévotement ; elle était nue et entière, sauf le menton et le
« côté droit de la mâchoire supérieure. Le patriarche d^Antioche
« et Tarchevéque d'Aix assistaient à cette cérémonie avec mon-
c seigneur le marquis du Pont et une suite brillante de chevaliers
« et d^écuyers. En examinant la position de la tête, ils remar-
<t quèrent qu'elle était inclinée et soutenue des deux côtés par des
« linges, la fontanelle semblait un peu ternie par le souffle des
« baisers. Ils la touchèrent de leurs propres mains et Fadorèrent
t dévotement ^ »
Bientôt après, une circonstance encore plus solennelle permit
aux religieux de montrer à découven le chef de leur saint patron.
Longtemps auparavant, dans la cinquième année de son règne,
Charles V, voulant dissiper Terreur des chanoines de Paris, avait
réuni à Tabbaye, le jour de la fête du saint, les plus éminents
d'entre eux. Après leur avoir montré que la tête de l'apôtre des
Gaules était bien entière, il leur avait interdit de continuer à faire
vénérer leur relique apocryphe; de plus, il avait ordonné que la
tête de saint Denis serait portée en procession solennelle le jour
anniversaire du martyr, toutes les fois que les rois de France, ses
successeurs^ assisteraient en personne à la cérémonie. Trois
c hoc Phîlipi apostoli caput lamina aurea inclusum P ecclesia dono
< dédit anno salutis MCCCCVI.
« Karolus nonus, exhorto bellis civilibus, errariothecam conflari jussit.
c P canonici hac qua vides forma restituerunt anno salutjs MVcLXXX. »
La châsse de saint Philippe figurait encore dans le dernier des inven-
taires rédigé en 1785. Nous ne savons pas exactement comment elle dispa-
rut, mais il est bien vraisemblable qu'elle faisait partie d'un lot de métaux
précieux pesant 480 marcs 3 onces 18 deniers, dont le directeur de la
Monnaie donna reçu au chapitre en vertu de Farrêt du conseil du 20 dé-
cembre 1789. (L 5ii, n* 57.)
I. Chron. du Religieux de Saint-DeniSy traduction Bellaguet, III, 436^39.
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304 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
semaines après la visite du duc d'Orléans, Charles VI qui, tous
les ans, avait suivi Texemple de son père, vint pour la vingt-hui-
tième fois accompagner la procession, avec le duc de Berry et les
seigneurs de sa cour. Les chanoines de Notre-Dame, résolus à ne
pas se laisser convaincre, déclarèrent que Postension d'un chef
entier faite ce jour-là n^était qu'une supercherie honteuse :
« Item et semblablement lesdiz religieux firent le cas pareil l'an
u mil iiij<^ et six, à une pourcession qu^ilz firent à la feste saint
a Denis d'octobre, à laquelle, présens le roy, monseigneur de
« Berry et nos autres seigneurs de France, et plusieurs prélas,
« barons et autres personnes notables,' ilz portèrent tout nu un chief
« entier, disans que c'estoit le chief de monseigneur saint Denis;
« et ont escript et peu escripre en leurs livres et croniques que à
« telle feste et à tel an, ilz monstrèrent le chief de monseigneur
« saint Deniz tout entier et néantmoins à celle occasion qu'ilz
« monstrèrent un chief entier, il y eust bien grant partie des plus
« grans seigneurs et des plus notables qu*ilz feussent, et des moyens
« et des petis et mesmes la greigneur partie de ceulx de la ville
« qui en furent très mal édiffiez et très mal contemps [sic] ; et
a disoient les aucuns que c'estoit le chief monseigneur saint Denis
« de Corinthe qui fut confesseur, et dont ilz ont le corps et en
« peuent bien avoir le chief entier, et les autres que c'estoit le
« chief de saint Eugin, qui fut martir dont ilz ont le corps ou le
« chief d^un des autres martirs ou confesseurs dont ilz ont plu-
« sieurs, et les autres disoient que c^estoit un chief prins à saint
a Innocent ou en aucun autre cimetière; et toutes ces oppinions
« venoient pour ce qu'ilz avoient monstre un chief entier, car la
« commune renommée croit et répute qu^il est impossible que le
« chief monseigneur saint Denis soit entier ^ »
De semblables insinuations devaient exciter la colère des
moines de Saint-Denis. Quelques-uns d^entre eux, pendant les
jours qui suivirent la procession du 9 oaobre, entraînés, si Ton
en croit Tun des leurs, dans une discussion avec des chanoines de
Paris ^, osèrent, jusque dans la cathédrale, insulter leurs adver-
saires et les accuser d^idolâtrie; un chapitre extraordinaire, con-
voqué le 18 octobre, ordonna que, si ces religieux se présentaient
de nouveau, ils seraient arrêtés et emprisonnés. Dans la même
1. Arch. nat., LL i3a6, fol. 34 r*.
2. Chron. du Religieux de Saint-Denis^ III, 444.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 3o5
séance, les chanoines résolurent de s'adresser à l'évéque de Paris
pour lui demander la communication des documents qu'il pour-
rait avoir concernant leur relique ^ Cette requête fut accordée
immédiatement, car, deux jours après, maître Jean Durand et
maître Jean Voygnon furent chargés de dépouiller les livres et les
registres de l'évéché afin d^ relever ce qui serait relatif au chef de
saint Denis ^.
Ce n^est pas tout : à Saint-Denis on avait fait une procession ;
les Parisiens voulurent avoir la leur. Au chapitre du 4 novembre,
sous prétexte d'appeler les bénédictions du ciel sur les expéditions
des ducs d'Orléans et de' Bourgogne, ils ordonnèrent que le crâne
de saint Denis serait porté publiquement, le dimanche suivant,
jusqu'à réglise Sainte-Catherine'. La procession eut lieu au jour
dit; l'évéque de Paris, Pierre d'Orgemont, qui dans cette querelle
avait pris ouvertement parti pour le chapitre, y assista, et un ser-
mon de circonstance, dans lequel Fauthenticité de la relique de
Notre-Dame était a£Brmée, fut prononcé à Sainte-Catherine en
présence de Tévéque et du peuple assemblé. Celui à qui les cha-
noines avaient confié le soin de défendre leur cause était le plus
illustre d^entre eux, leur chancelier Jean de Gerson. L^autorité
d^un tel orateur n^aurait pas empêché les religieux de Saint-Denis
de lui répondre; aussi, pour éviter toute contradiction, Pierre
d'Orgemont proclama par un mandement du 20 novembre que le
fragment conservé à Paris était bien un morceau du chef de saint
Denis, et interdit de discuter cette question à Tavenir ou de prê-
cher contre les conclusions de Gerson '*.
Le chapitre, croyant avoir ainsi fermé la bouche à ses adver-
saires, fit afficher le mandement de l'évéque aux portes de la
cathédrale et des églises qui en dépendaient'. Mais les moines de
1. Registre capitulaire^ LL aia c, p. 596.
2. Ibid,f p. 597.
3. Ibid,^ p. 60a.
4. Nous possédons deux exemplaires originaux de ce mandement (L 5i6,
n* 7^ et b). De plus il est traduit en français dans le mandement du
I*' décembre, dont il sera question plus loin ; enfin il a été transcrit dans
le registre capitulaire de Notre-Dame (LL 212 c, p. 611). Cest cette trans-
cription qui a été copiée de nouveau au xviii* siècle par Sarrasin (LL 367,
p. 39}. — La Gallia Christiana qui fait mention de cette lettre la place à
tort le 22 novembre (GalL Chr.^ VII, "142).
5. Registre capit. y LL 212 c, p. 612, 24 novembre 1406 : f De littera
capitis beati Dionysii, ponatur in valvis ecclesîarum. »
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3o6 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS Blf I4IO.
Tabbaye royale n'étaient pas hommes à se laisser imposer silence
aussi Ëicilement; dans les jours qui suivirent, au mépris de la
prohibition du prélat^ ils prêchèrent avec éclat sur le sujet défendu»
et cela jusque dans les limites de la juridiction épiscopale, décla-
rant Pintégrité du chef de saint Denis, opposant aux arguments
de Gerson des témoignages tirés des chroniques et s^emportant en
violentes injures non seulement contre les chanoines, mais même
contre Pierre d^Orgemont. Ces désobéissances amenèrent un
second mandement par lequel l'évêque défendit, sous peine
d^excommunication, à tous ceux qui dépendaient de lui, de laisser
prÀrher aucun religieux de Saint- Denis dans leurs églises, et kur
ordonna de « résister à eulx si par avanture s^eÔbrçoient à &irele
« contraire. » Cet aae, dont nous allons reproduire le texte, fut
sans doute, comme le premier mandement, affiché aux portes des
églises, car Texemplaire que nous reproduisons est en forme de
placard, transcrit sur une longue feuille de parchemin, ne portant
ni trace de sceau ni aucun des caractères d^un document d'archives,
mais au contraire présentant toute Papparenced^une pièce destinée
à la publicité.
<c Pierre, par la grâce de Dieu, évesque de Paris, à tous nos sub-
giez et bien veuillans, salut et non troubler la subjection des sub-
giez aux souverains ne chrestienne religion. L'ordre de sâincte
église seroit confondue et périroit se la foie oultrecuidance d'un
chascun reffusoit obéir aux inandemens des prélas ou exhonoit à
non obéir, se chascun aussi pour son convoiteux plaisir entrepre-
noit le saint office de prédicacion. Car comment prescheront eulx,
dist Tapostre, se ilz ne sont envoiez; et ces choses se feroient de tant
plus dampnablement comme le commandement du prélat est plus
raisonnable et fondé en dévote religion, et en la prédicacion con-
traire seroient mises injures, reproches et faussetez sans quel-
conque révérence, sans frain de quelconque attrempance [sic)^
laquelle devroient avoir non mie seulement religieux ou pres-
cheurs, mais gens sans lettres. Or est ainsi que naguerres nous
avons fait un mandement pour la bonne instruccion de notre
peuple, sans quelconque injure et plain de toute amodérance,
duquel la teneur s^ensuit : « Pierre, par la grâce de Dieu, évesque
« de Paris, à tous nos subgiez et bien veuillans, salut et tousjours
« garder pure dévocion aux sainctes reliques et à Ponneur des
« sains. Nous honnourons en terre les corps et les reliques des
« sains, premièrement : afin que Dieu soit aouré en ses sains; en
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LB PROCÈS DU CHEF DE SAINT DBNIS BN I4IO. 3o7
c surplus : afin que la dévote pensée des crestiens soit plus esmeue
I à saincte religion, autrement ce que les crestiens feussent retraiz
t de dévote religion, laquelle chose se feroit se aucuns par détrac-
« cion ou foie hardiesse contredisoient, en appert aux aucuns et
« souffisans tesmoingnages lesquelx on a des corps ou reliques
c des sains, comme se c'estoient erreurs et mençonges. Car cecy
t faire, quelle chose seroit se fors que oster la créance a tous
c tesmoingnagnes par hystoires, par paintures, par escriptures,
I par relacions continuelles dignes de foy et par sainctes instruc-
« cions? En oultre, cecy seroit susciter escandes au peuple, nour-
c rir scismes et esta[i]ndre toute dévocion aux sains et sainctes.
« Nous disons ces choses pour ce que en la très renommée église
« de Paris, en laquelle Dieu par sa grâce nous a ordonné pasteur,
« a demouré jusques à cy une feste soUemnelle et très ancienne de
« la Suscepcion des sainctes reliques, entre lesquelles est nombrée
« comme Tune des plus principales reliques, une grant partie ou
«L porcion du chief monseigneur saint Denys, laquelle on a acous-
c tumé monstrer au peuple un chascun jour. Se aucun en
a demande tesmoingnage, on le treuve tel et si multiplié que à
c peine ]:)ourroit une autre église monstrer raisons plus probables
<r ou apparentes de ses reliques, tellement que le croire ainsi^ c^est
« chose dévote, religieuse et seure, et y contredire comme à erreur
« intolérable ou à mençonge, seroit témérité raisonnablement à
« réprouver. Geste chose est monstréepar escriptures auctentiques
c gardées en nostre diae église de Paris^ qui sont sans souspeccion
« de vice quelconque ou de corrupcion. Elle se monstre assez par
« ymages et paintures très anciennes ; elle se conferme par la
« rdacion de noz prédécesseurs évesques de Paris, très dignes de
« foy et dévotes personnes très approuvées en toutes sciences et
K honnesteté de meurs, des roys aussi et des princes depuis la
« fondacion d'icelle église de Paris par succession de temps
« jusques à cy. Geste chose à la parfin est et a esté soUemnizée et
« confermée par toute nostre dyocèse sans aucune contradiccion
V de noz souverains et sans contraingnant au contraire, comme
« naguerres tout cecy fut plus plainement déclairé en la proces-
tf sion général à Sainae-Katherine, de par nous et notre dicte
« église, en notre présence, parhonnorable personne le chancellier
« d'icelle église. Pour quoy, nous considérans ces choses par dili-
« gent et pastorable cure^ et désidérans remédier que riens ne se
« face au contraire par adversaires se aucuns en y a, ou préjudice
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3o8 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
c et maie informacion de notre peuple, commandons et mandons
« à tous nos subgiez et exhortons les autres tant comme nous
« povons, pour la conservacion de religion et de paix fraternelle
« que contre les choses dessusdictes et autreffoys preschées, comme
i< dit est, ilz ne veuillent dogmatiser ou prescher, ne souffrir ceulx
« qui s'efforceront cecy iaire, mais les empeschent en les dénon-
« çant à nous ou à notre officiai le plus tost que faire se pourra
« convenablement, afin que nous pourvéons à ce de remède con-
« venable comme de droit sera et de raison. Donné à Paris soubz
« notre séel^ l'an de Notre Seigneur mil cccc et six, le vintiéme
« jour de novembre. » Non obstans ces choses, il nous a esté
rapporté que aucuns des religieux du monastère Saint-Denys-en-
France, sans estre envolez de par nous ou les nostres, mais par
cauteleuse manière, se sont enhardiz de prescher dedens les termes
de notre juridiction en contempt de nostre édict ou mandement et
en grant escande de nostre peuple, en monstrant mauvaiz exemple
de non obéir à nous, aient dites intolérables injures, comme on
dit, tant encontre nous comme encontre nostre ^lise de Paris qui
est très renommée par tout le monde, en affermant de Tintégrité
du chief saint Denys, choses qui ne sont mie contraires aux tes-
moingnages très clers lesquelx nous avons notez en noz premières
lettres et autreffoys fismes prescher, mais aussi ceulx qui
enquièrent diligemment dirent que celles choses répugnent à
leurs propres croniques. Nous donc, qui de notre office voulons
remédier à tels oultrages et foies entreprises^ mandons et comman-
dons estroictement à tous nos subgiez en verm de saincte obéis-
sance et sur peines de suspension et excommunication, lesquelles
nous sentencierons contre vous et un chascun de vous se vous venez
au contraire, et les autres nous prions et requérons que vous ne
vueillés recevoir ou souffrir en voz églises ou en ycelles qui vous
seront commises, quelconque des religieux dudit monastère de
Saint-Denys pour faire aucuns sermons à nostre peuple sans nostre
espécial licence et lettres; mais résistez à eulx se par avanture
s^efforçoient à faire le contraire, afin que soubz Tombre de semer
la bonne semence de la parole de Dieu et de PEuvangille de paix,
eulx par mauvaise témérité, ne sèment maies semences d'escandes,
d'erreurs et de désobéissance ; non pourquant c'est nostre entencion
de poursuir les injures dictes et faictes par paroles et par escrips
contre nous et nostre dicte église de Paris en temps et en lieu et
par manières convenables comme raison le requerra. Donné à
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. SOQ
Paris soubz nostre séel Pan de grâce mil quatre cens et six, le pre-
mier jour du moys de décembre *. »
La partialité de Tévêque de Paris pour les chanoines pouvait
se justifier par ce &it que l'accusation de supercherie qu^ils por-
taient contre les religieux, au sujet de la procession du 9 octobre,
n'était pas^ ainsi qubn va le voir, sans une apparence de fonde-
ment. Les membres du chapitre disaient en effet que le duc de
Berry avait pu constater par lui-même, et en laprésencedequelques-
uns d^entre eux, qu'il manquait une partie considérable de la tête
conservée à Saint-Denis. Çest afin d'avoir sur ce point un
témoignage formel que^ le lendemain même du jour où le second
mandement avait été rendu, Parchidiacre et plusieurs chanoines,
parmi lesquels se trouvait le propre "taiédecin du duc ^, suivis de
plusieurs étudiants et assistés de leur tabellion Guillaume Picart^
se rendirent chez Poncle du roi et obtinrent de lui une déclara-
tion qui devait avoir pour eux une grande importance. Le procès-
verbal de cette déclaration, rédigé et signé par Picart, ne nous est
malheureusement pas parvenu^ mais les allusions qui y furent
faites plus tard dans le mémoire des chanoines de Notre-Dame et
dans la réponse des religieux nous en font connaître la substance :
le prince raconta que, huit ans avant la procession du 9 octobre,
qui avait si fort irrité les Parisiens, le i3 janvier 1398 (n. s.),
accompagné de messire Philippe de Savoisy, maître d'hôtel de la
reine, et de messire Asselin Rayne, trésorier de Saint-Hilaire de
Poitiers *, « pour savoir se ledit chief estoit tout entier en ladite
« église de Saint-Denis, diu c^estoit transporté oudit monastère
a de Saint-Denis, et en la présence d^aucuns desdiz chanoines
« nommez oudit instrument, quod notandum estj il avoit bouté un
« festu ou plume ou vaissel ou répositoire dudit chief saint Denis,
c par le trou par lequel on Ta acoustumé de baisier, et trouva que
« ledit festu ou plume de directo transivit usque ad aliam par^
« tem vasis absque aliquo impedimento^ etc. ^. 9 De ce fait on
1. Arch. nat., L 5i6, n» 7 c.
2. LL 465, fol. 20 V*.
3. La date de cette visite et les noms de ces deux personnages nous sont
donnés par une notice postérieure à la mort du duc de Berry (il y est qua-
lifié de très hault et très puissant seigneur et de très noble mémoire)^ insérée
dans la suite des Pastoraux de Notre-Dame (Arch. nat., LL 177, p. SgS) et
publiée par Guérard. (Cart. de N.-D., III, 375.)
4. LL 465, fol. 21 r*.
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3lO LE PROC^ DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4tO.
pouvait déduire que « en icelluy chief falloit Tos couronnel de
« ladicte teste, lequel on dit estre en Téglise Nostre-Dame de Paris
« et est enchassilié et mis et exposé chacun jour en la fenestre du
a ceur de ladicte église, joignant à la chasse Nostre-Dame^ et
« laqueUeest à l'endroit de la chapelle saint MichieP. » Déplus,
par la même ouverture qui avait permis Tinsenion du fétu, on
distinguait le cendal rouge qui enveloppait la précieuse relique.
Or, comme le duc de Berry ajoutait que le crâne qu'il avait vu
porter à découvert le 9 oaobre était entier et entouré d^un drap
blanc, il était possible de conclure que ce chef n'était pas le même
que celui qui était contenu dans le reliquaire. Outre la déposition
du prince, les chanoines obtinrent un témoignage analogue de la
part de Louis de Chambly, son chapelain ^.
On se figure aisément quel avantage le chapitre de Notre-Dame
pouvait tirer d^une semblable déclaration; mais il est probable
qu'il n'eut pas le temps de Pcxploîter; trois jours plus tard, Jaquet
de Beaumarchés, sergent d'armes, lui signifia verbalement, de
par le roi, la défense de faire publier aucune lettre contre les reli-
gieux de Saint- Denis. On va voir par les termes mêmes du registre
capitulaire quel cas les chanoines firent de cet ordre : « Fuit coa-
« clusum quod, non obstante mandato oretenus facto, procedatur
c ulterius secundum appunctuamentuAi Dominorum. Et depu-
« tati sunt ad eundum erga dominum nostrum regem Domini
« et Magistri archidiaconus Parisiensis, Johannes de Norri,
« Stephanus de Campis et Robertus de Lorriaco*. » Nous ne
savons si c'est à la requête de l'abbaye que cette défense fut
obtenue; peut-être est-ce à ce propos que l'abbé Philippe de
Villette adressa au duc d'Orléans une lettre dont parle le Reli-
gieux de Saint- Denis ^, lettre dans laquelle étaient combatms les
arguments du chapitre de Notre-Dame. Il est certain pourtant
que Philippe de Villette ne redoutait pas la discussion sur ce
sujet, car il proposa de s'en rapporter à la faculté de théologie.
Les chanoines y consentirent, mais de leur côté, au cas où l'oa
renoncerait à cette façon de terminer le débat, ils proposèrent
1. Guérard, Cart, de N.-D., III, SjS.
2. « comme il appert par les înstrumens de la déposition dudit mon-
c seigneur de Berry et de messire Loys de Chambly, son chappelain. » LL
i326, fol. 45 v\
3. LL 212 c, p. 614.
4. Chron. du Religieux de Saint-Denis, éd. Bellaguet, III, 446.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 3ll
de demander une discussion publique devant le roi, les ducs
et les autres princes du sangV II est probable que ces proposi-
tions restèrent sans effet. En tout cas, le chapitre de Paris conti-
nua à s'occuper activement de sa défense : en même temps qu^il
chargeait de ses intérêts son chancelier Gerson, il faisait plaider
sa cause par trois des siens auprès du duc de Bourgogne, et
envoyait Taumônier, l'archidiacre et deux autres chanoines auprès
du roi pour empêcher les moines de Saint-Denis de prévenir le
souverain contre Notre-Dame. Il semble que les députés du cha-
pitre dussent suivre la cour pendant un certain temps, car leurs
confrèresdécidèrent qu'ils jouiraient des distributions quotidiennes
tant quUls seraient en la présence du roi ^. Malgré ces précautions,
le malheureux Charles VI, ou plutôt ceux qui exerçaient Pauto-
rité en son nom, coupèrent court à toute cette agitation. Un jour
que les chanoines devaient faire soutenir leurs prétentions avec
plus d'éclat que de coutume par un docteur en théologie, deux
officiers envoyés par le roi interrompirent le discours ' , et le
i5 décembre 1406 un huissier du Parlement signifia au chapitre
des lettres royaux en date du 6 du même mois, par lesquelles le roi
évoquait à soi et à son conseil la connaissance du débat et inter-
disait formellement aux deux parties toute discussion par parole
ou par écrit ^.
1. Délibération capitulaire du 7 décembre 1406, LL 212 c, p. 614. Nous
ne savons d'après quelle autorité la Gallia Christiana (VII, 142) dit que
c'est le 5 décembre que les deux parties s'en référèrent à la faculté de
théologie. Peut-être est-ce le 5 décembre que l'abbé de Saint-Denis en fit
la proposition .
2. i3 décembre 1406 : c Placet dominis quod Dominus Elemosinarius
c Johannes de Norris^ Archidiaconus Parisiensis, et Petrus CoUi lucrentur
c distributîones cotidianas quandiu intererunt in presencia régis ad impe-
c diendum monachos Sancti Dyonisîi ne informent regem contra eccle-
c siam; et omnes alii qui laborabunt in facto isto in consciencia, lucrabuntur
c 411asy etc.
< Facta relacione per M. Philibertum de Salione, Johannem Durandi et
c Johannem Hue canonicos hujus ecclesie qualiter fuerant erga dominum
« ducem Burgondie, exponendo eidem de facto capitis S. Dyonisii. » (LL
212 c, p. 617.)
3. Chrcn, du Religieux de Saint-Denis, éd. Bellaguet, III, 446.
4. LL 212 c, p. 618. Voy. aussi LL i326, fol. 10 v% LL 465, fol. 22 v*.
Le texte des lettrps-royaux ne nous est pas parvenu, mais nous en trouvons
une analjrse dans l'inventaire des titres de Saint« Denis conservé aux
Archives nationales. (LL 1192, n- 5283.)
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3l2 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
II.
Le calme, ou du moins un calme relatif, se fit pendant
quelque temps. Pourtant, si les registres capitulaires, qui jusqu'ici
nous ont toujours donné Pécho de cette curieuse contestation,
restent muets du 22 décembre 1406 au 11 oaobre 1409, nous
avons lieu de croire que, tout en se conformant en apparence aux
ordres royaux, les chanoines de Notre-Dame n^avaient pas renoncé
à chercher Toccasion de prouver publiquement Pauthenticité de
leur relique-, c'est évidemment dans ce dessein que, non contents
d'avoir obtenu la déclaration du duc de Berry, ils s'en procurèrent
une autre, dans laquelle il était fait mention de Louis de Cham-
bly, chapelain de ce prince*, et que, huit jours après la lettre du
6 décembre 1406, ils envoyaient leur notaire à Vergy s'enquérir
des reliques de saint Denis qui y étaient conservées*. Les docu-
ments réunis, il fallait les produire en public, mais c'eût été
enfreindre la défense de Charles VI ; force fut donc à messieurs
du chapitre de déplacer la question et de trouver un sujet de que-
relle différent, mais qui permît d*aborder accidentellement le ter-
rain prohibé. Voici le biais fort ingénieux par lequel ils purent
tourner la difficulté : ils s'aperçurent un beau jour qu'il y avait à
Saint-Denis un écriteau où leurs prétentions étaient traitées
di erreur intolérable^ écriteau qu'ils déclarèrent non seulement
injurieux, mais diffamatoire; or, pour montrer qu'il était diffa-
matoire et le faire supprimer, il n^ avait pas d'autre moyen que
de prouver l'authenticité du crâne de saint Denis que l'on vénérait
dans l'église cathédrale ; c'était donc un pur et simple renouvelle-
ment du débat.
Il y avait de cet écriteau quatre exemplaires*, dont l'un était
accroché à un. pilier, près de l'autel des Martyrs; ils étaient sans
1. Nous n'avons pas le texte de cette déclaration ; nous savons seulement
qu'elle était postérieure au 6 décembre 1406. « Item, par semblables
f raisons respondent lesdiz religieux à un autre instrument signé dudit
« Picart, Tan et jour dessus diz, faisans mencion de messîre Loys de Chamblî.
c Item, et si fait à noter que ledit Chambli estoit et est Pun de ceulx qui
« conduit et a conduit ceste besoigne, mais cauteleusement il est teu oudit
c instrument, i (LL 212 c, fol. 22 v*.)
2. LL 465, p. 620.
3. LL i326, fol. 19 v*.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAIKT DENIS EN I4IO. 3l3
doute écrits sur parchemin, comme les inscriptions commémora-
tives de la dédicace de certains autels qui, du temps de Félibien^
étaient encore attachées aux murailles de plusieurs chapelles du
chevet de l'église * ; en tout cas nous savons qu'ils étaient sous
verre '. Quant à leur contenu, nous allons pouvoir nous en faire
une idée par les extraits que contient un mémoire rédigé pour le
chapitre de Notre*Dame, dont nous aurons lieu de parler plus
tard : « Item que^ nonobstant les choses dessusdictes, lesdiz reli-
« gieux hont fait apposer certains tableaux en leur église et en
c lieux bien publiques, esquielx tableaux sont contenues plusieurs
c paroles injurieuses et diffamatoires desdiz doyen et chapitre. Et^
« par espécial, es diz tableaulx sont contenues les clauses qui s^en-
€ suivent : Et ad removendum errorem canonicorum Parisien^'
« sium, retempto capite martiris Dyonisii in vase argenteo decen-
« ter collocatOj corpora sanctorum in vasis suis sub altare in
« cripta marmorea unde extracta/ueruntj sunt devotissime repo-
li sita^ etc. Et subséquemment s^ensuyt une autre clause qui est
« telle : Cesset igitur Parisiensium canonicorum de capite
« sancti Dyonisii error antiquus ; cesset eciam error novusdum
a dicunt se habere maximam partent capitis ejusdem gloriosis-
« simi martiris^ etc. Et bientost après s'ensuit ceste clause : Eciam,
« salva pace eorum, sidici liceat^ nullumpossunt subaudi cano^
a nici Parisienses rationàbilem seu legitimum titulum allegare
« quo dici possit pars aliqua seu idem sanctum capud iterum
« Parisius sit translatum. Et après s'ensuit la clause subséquant :
« De hac àutem mendosa capitis seu partis translacione nichil
« penitus scriptum invenitur^ etc. y et telles sont les clauses con-
« tenues es diz tableaux, comme plus à plain par les diz tableaulx
tt ou par la copie d'iceulx peut apparoir^. » De plus, on lisait à la
fin une prière pour les chanoines de Notre-Dame, prière dont les
expressions étaient empruntées à celle que Ton fait pour les Juifs
le Vendredi Saint, à l'office du matin : <c Auferat Deus^ y était-il
« dit, velamen erroris de cordibus eorum^ comme si fussent infi-
« dèles comme les Juifs pour qui est faite le jour du Grant Ven-
1. Voyez L. Delisle, Notice sur un livre à peintures exécuté en i25o à
Vabhaye de Saint-Denis, Bibl. de TÉcole des Chartes, 1877, p. 448, note 3.
2. « et rompirent d'un martel le voirre du tableau 1 (Xi«, 47^^i
fol. 458 f.)
3. L 5i6, n" 7, fol. 4 r-v.
UÉM. XI 22
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3 14 UC FHOCÈS BU CHRP DE SAflIT DBKIS IN 1410.
« redi cette oroison *. » On reconnaîtra facilement par les cita-
tions que contient ce fragment que la matière de ces tableaux était
analogue à celle d'un passage de la compilation connue sous le
nom de Gilles de Pontoise, passage contenant le récit de Fosten-
sion du chef de saint Denis faite en 1 191 par ordre de la reine
Adèle *, et publié par Duchesne sous la rubrique : Quomodo hujus
tenipare elevatis sanctorum martjrrum scriniis apertoque sanc-
tissimi Diotgrsii scrinto inventum est ibidem ejusdem eaputpre^
tiosum et de deprehensione erroris Parisiensium circa istud^
dans le morceau qu^lla intitulé Gesta aliaPhilippi^AugustiK On
n^y retrouve pas cependant Féquivalent de la première citation
« ad removendum enrorem canonicorum parisiensium^ etc., »
non plus que la prière « Auferat Deus »
D^ailleurs ces écriteaux n'étaient pas tous semblables ; aux pre-
miers rédigés, suivant les moines de Saint- Denis, en 1192, au
moment oti le chef, après avoir été exposé pendant un an^ avait
été remis dans son reliquaire ^, vinrent s'en ajouter d^autres, com-
posés sous Philippe le Hardi, lorsque Tabbé Mathieu de Vendôme
fit transférer la précieuse relique dans une nouvelle châsse :
« depuis ancor , au temps d'un autre roy nommé Philippe, qui
« trouva la vérité pour eulx ]Mt>posants ; et fu descouvert et fu
c trouvé le chief, et fu ce £ait au veu et au sceu des chanoines de
« Paris. Et lors aussy fu fait et adjousté un ubleau ad removen^
t dum antiquum et noifum errorem canonicorum Parisiensium;
t et fu présent le pape Martin qui lors estoit Simon legatus^
« appelé à faire ladite détection ^ » A Notre-Dame, on affectait de
confondre les deux séries d^écriteaux ; par suite, on niait qu^ils
remontassent à 1192, puisqu'il y était fait mention de Mathieu
de Vendôme*, et Ton prétendait qu^ils ne dataient pas de plus de
trente ou quarante ans. Malgré la violence des termes employés,
il ne semble pas que ces tableaux eussent jamais beaucoup attiré
Pattention, car, de leur propre aveu, les chanoines n'en eurent
connaissance, au moins « par manière de chapitre, d que vers 1406
1.XU4788, fol. 453 V.
2. Voy. Rigord, éd. de la Soc, de Vhist, de France^ { 80.
3. Duchesne, Scriptores, V, 258-259.
4. LL 465, fol. 3 V. — Xia 4788, fol. 457 ▼•.
5. Xiâ 4788, fol. 455 r*. ^ Ces faits sont rappelés dans la seconde
rédaction de la chronique de G. de Nangis (éd. Géraud, I, loi^
6. LL i326, fol. 48 V.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 3l5
OU 1407 \ et Pabbé de Saint<^Denis, qui avait a esté noury enfant
c en relise de Saint-Denis, n'en savoit riens, si comme il a affermé
« par serment^. »
La question de la date des écriteaux avait son importance ; en
effet, si, comme les religieux Taffirmaient; ces textes remontaient
à 1 192 ou à toute autre date antérieure à 1217; année (jue l'on
donnait comme celle de la découverte du crâne à Saint-Etienne-
des-Grès, comme il y était feit mention de V erreur des Parisiens j
la prétention du chapitre tombait d^elle-méme. Aussi la fabrication
moderne des pancartes incriininées était-elle le point que les cha-
noines maintenaient avec le plus d'acharnement ; ils allaient même
jusqu^à nommer ceux des moines de Saint-Denis qui, selon eux^
en étaient les auteurs. Celui de ces tableaux qui présentait le plus
d'apparence de vétusté avait été fait, disaient-ils, par frère Mathieu
Cabu, encore vivant, et qui même notait pas « vielz homs, » seu-
lement on Pavait « brouUié et narci pour cuidier monstrer qu'il
« soit fait et escript de très ancien temps; et toutesfois il est cer-
« tain qu^il est nouvelement escript, et escript de la main frère
« Mahieu Cabu, religieux de Saint-Denis ^ » Quant aux
autres, c'était un moine appelé Richard L'Escot qui les avait
composés ^ : « Item et est certain que avant le temps d'un reli-
I. L 5i6, !!• 7, fol. 8 v.
a. LL 1326, fol. 5o V*.
3. LL i326, fol. 19 V et 49 r*.
4. Ce frère Richard TEscot, de qui on retrouve le nom sur deux manus*
crîts provenant de Saint-Denis (L. Deltslc, Cabinet des manuscrits, 1, 702),
vivait au milieu du xiv* siècle, car il écrivit pendant la captivité du roi
Jean, à la prière d'Anceau Choquard, conseiller du roi et du régent, un
mémoire sur la parenté du roi de France et du roi de Navarre, destiné à
prouver les droits du roi Jean au trône de Navarre. Ce mémoire occupe les
fol. 39-40 du ms. latin 14663. Richard était Pun des écrivains attitrés de
Pabbaye, ainsi que le montre un passage du mémoire de Notre-Dame (LL
i326, fol. 40 r*) que l'on peut lire aux pièces justificatives; son obit est
inscrit dans le petit obituaire de Saint-Denis (Arch. nat., LL i32, fol. 36 v*)
à la date du 6 des Calendes de décembre. L'amertume avec laquelle on
s'exprime sur son compte dans le mémoire de Notre-Dame autorise à croire
qtie le rédacteur l'avait personnellement connu.
Il ne faut pas confondre Richard PEscot avec un autre moine du même
nom, Guillaume PEscot, écrivain attaché à Saint-Denis comme lui, à qui
les éditeurs du tome XXI des Historiens de France avaient cru devoir
attribuer la compilation de Pabbé Gilles de Pontoise dont il n'est en réalité
que le copiste. (V07. L. Delisle, Notices et extraits des mss» de la BibL nat.,
XXI, 259.)
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3l6 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN 1410.
tt gieux de Saint-Denis qui ce nomma frère Richart l'Escot qui
« naguères trespassa et qui multiplia moût de paroles rimées et
€ autres en ceste matière, ne sera point trouvé que oncques tel
«c tableau y feut mis. Car ledit religieux en forga un à sa devise
<c en usant d'aucunes paroles qui sont es compilacions de l'abbé
c Giles et autres qui parlent lonc temps après le débat commencié
c( et du temps passé par avant de quoy ilz ne povent riens savoir
« d^eux mesmes ou de soy ^ d
Le prétexte était donc trouvé; pour mieux s'armer contre
l'abbaye et proclamer leurs griefs avec plus d'éclat, les chanoines
et l'évéque de Paris, qui continuait à faire cause commune avec
eux, eurent « consultacion et grant conseil ensamble avec autres
« prélas, évesques, abbés, prieurs^ ou estoyent gens très souffîsans,
« tant maistres en théologie et docteurs en décret quant seigneurs
« de parlement, jusque au nombre de xxx ou environ , et fut
a ceste matière très diligemment et longuement examinée; maiz
« tous dyrent d^ung acord le tableau dessus dit estoit à reprendre,
« et comme libelle diffamatoyre ne se povoit soustenir en aucune
c manière, quelque chose fust de la vérité principale ; et adjou-
cc toyent les plusieurs que les acteurs pourroient estrecondempnés
« comme faulx accuseurs en matière de foy et de religion devant
« le juge de la foy et comme acteurs de libelles diffamatoires, les-
te quelx sont grandement à pugnir...;. ^. »
Cette réunion, qui eut lieu en 1407, ne nous est connue que
par le passage que nous venons de citer et par Tallusion que con-
tient la lettre de Gerson dont il va être question tout à Pheure ;
comment la décision de cette assemblée n^eut-elle pas pour con-
séquence immédiate un procès ayant pour objet d'obtenir la des-
truction du tableau diffamatoire? C'est ce que nous ignorons,
car nous n'avons pas là-dessus d'autres documents que ceux qui
viennent d'être mentionnés.
Il est probable que le chancelier de Notre-Dame, malgré les
accusations de violence que l'on portait contre lui à Saint-Denis,
n'approuvait pas entièrement les procédés de ses confrères du
chapitre. Assurément il croyait à l'authenticité de la relique de
Paris, puisqu'il l'avait naguère défendue à Sainte-Catherine;
assurément il ressentait l'injure contenue dansl'écriteau de Saint-
1. LL i326, fol. 48 v«-49 r».
2. L 5i6, n- 7, fol. 8 f.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 3l7
Denis, mais il craignait aussi le scandale que devait causer un
débat public devant le Parlement de Paris, et c'est pour éviter ce
scandale que, le 8 octobre 1408, pendant qu^il préparait un sermon
à l'occasion de la fête de saint Denis, il se résolut à écrire à Tabbé
Philippe de Vîlette une lettre pleine de modération, dans laquelle
il l'adjurait défaire supprimer la pancarte, cause de leur querelle,
plutôt que de laisser s'entamer un procès sur cette affaire. Après
avoir rappelé, en des termes presquMdentiques à ceux de Textrait
que nous venons de reproduire, Tavis unanime des trente per-
sonnes notables consultées Tannée précédente, Gerson insistait sur
les déchirements et les mauvais exemples qu^amènerait une con-
testation juridique et continuait ainsi : « Si au contraire le
« tableau est enlevé de la manière que nous vous proposons, c^est*
a à-dire secrètement et de votre plein gré, quelle honte, quelle
« infamie en résulterait-il pour vous? Aucune assurément
«c Que si Votre Circonspection nous répond que, dans sa sagesse et
« sa prudence, l'exposition de ce tableau lui déplaît (ainsi que j'en
« suis d^ailleurs convaincu), mais qu^elle n'a pas, pour ainsi dire,
« dans sa main, toutes les autorités de son monastère, lesquelles
« diffèrent de son opinion sur ce point, je le veux bien. Néan-
« moins, il est de votre intérêt, révérend père, de tâcher de triom-
« pher de leur opposition, à présent que la chose est comme assou-
« pie par le silence qui s'est fait autour d'elle, plutôt que lorsque
« quelque nouveau tumulte opposerait à vos efforts des difficultés
c encore plus grandes. De mon côté, je m'engage à m^employer
c selon mes forces soit pour établir une paix complète, soit tout
« au moins pour que Tancienne querelle ne s'envenime pas
c Enfin que deviendrait le culte des reliques dans bien des églises
« et même dans la vôtre, si toutes les différences d^opinion en ces
« matières étaient qualifiées error intolerabilis et mendositas^ si
« l'on déclarait en outre que le voile qui obscurcit les cœurs doit
a être enlevé (velamen cordium auferendum) toutes les fois qu^une
tf église ou un couvent croit avoir une relique qu^une autre église
<c prétend déjà posséder? Nous voyons par exemple des quantités
« innombrables de têtes de saint Jean-Baptiste et de corps des saints
c Benoît, Madeleine, Lazare et d^autres encore. Rien n'empêche
c donc de laisser nos deux reliques contradictoires subsister en
« face Tune de l'autre, et si ceux qui les vénèrent ne se trouvent
« pas dans la vérité, ils sont au moins munis de témoignages
« assez vraisemblables pour rendre leur action louable et les
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3l8 LE PROCfe DU CHEF DE SAINT DENfS EN I4IO.
« défendre de toute accusation de mensonge ou d'erreur, car, en
« matière de religion, ces mots erreur et mensonge impliquent
c ridée de culpabilité *, »
Chose étrange f dans cette contestation oti les religieux de Saint-
Denis et les chanoines de Paris montrent tant de passion et d'ani-
mosité, les deux principaux acteurs se trouvent être de part et
d^autre beaucoup plus modérés que ceux qu'ils représentaient.
Aussi, malgré les influences contraires que Gerson semblait
redouter dans Pentourage de Pabbé Philippe, celui-ci fit suppri-
mer, au moins dans Pun des tableaux, la prière Au/erat Deus
velamenj etc., dont les expressions identiques à celles de la prière
que Ton fait encore pour les Juifs le Vendredi Saint avaient jus*
tement blessé les chanoines '. Cette légère satisfaction parut sans
doute suffisante à ceux qui gouvernaient sous le nom du roi, car
ce n'est que plus d'un an après Tenvoi de la lettre de Gerson que
les chanoines parvinrent à mêler Tautorité royale à leur quereÛe;
« et n'y povoit le roy vacquer pour en ordonner. Et pour ce
« commist, en lieu de luy, à monseigneur le cardinal de Bar à en
c ordonner en son lieu, appeliez avecques luy aucuns de son conseil
« telz que bon luy sambleroit, et que il verroit à faire; et en furent
« faictes lettres de par le roy, données le v^ jour de décembre Tan
« mil CCCC et neuf. Lequel monseigneur le cardinal après, pour
c les grans occupacions qu'il avoit, se descharga de ladite
« besoingne et dit qu'il n'y pourroit vacquer.
t Item et lesdits doyen et chapitre, après que ledit monseigneur
« le cardinal se fut ainsi deschargé de la dite besoingne, se trairent
a de rechief devers le roy et lui donnèrent tout à entendre et
« obtindrent ses lettres données en son Grant Conseil le vi* jour de
« mars Tan mil CCCC et neuf*, par lesquelles il estoit mandé et
« commis à monseigneur le prévost de Paris ou au premier huis-
« sier de la court de Parlement et à chacun d'eulx que, se il leur
« apparissoit desdits tableaux injurieux et diffamatoires en la
« manière que dit est, que ilz les preissent et aportassent en la
(C court de Parlement comme en ses mains, et feissent deffense
« ausdits religieux que plus n'usassent de telz tableaux ne d'autres
1. Cette lettre est publiée dans les œuvres complètes de Gerson, éd.
d'Anvers, 1706, in-fol., col. 721-722.
2. LL i326, fol. 49 I*.
3. 1410, n. st.
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LB PROCÈS JMJ CHBF DB 6AINT DBNIS EN I4IO. 3l9
«paroUes injurieuses ne diffamatoires, à peinne 4e y^ mars
t d^argent^ »
Celui qui fut chargé d'eiécuter les lettres^royaux du 6 mars fut
un huissier du Parlement, appelé Adam des Vignes^ récemment
entré en fonctions et qui se trouvait avoir été clerc d'un chanoine
de Paris ; par un hasard assez singulier, l'un des trois sergents du
Châtelet qui raccompagnaient était valet ou clerc d'un autre cha-
noine de Paris, Jean Hue ^. Le 8 mars, on vit entrer dans la basi-
lique rhuissier et ses trois acolytes qu'on pouvait prendre pour
de simples pèlerins, car après avoir gagné la chapelle des martyrs
ils s'approchèrent des corps saints et firent dévotement leurs orai-
sons. Toutefois, ils avaient pris la précaution de fermer les portes
derrière eux. Leurs prières dites, allant droit au pilier auquel était
suspendu Técriteau incriminé, ils brisèrent d'un coup de marteau
le verre qui le recouvrait et arrachèrent le parchemin qu'ils firent
mine d'emporter; c'est alors seulement qu'Adam des Vignes ju^sa
bon de laisser voir ses lettres à quelques religieux qui se trouvaient^
là et qu'il se prépara à serendre chez le prévôt de Saint- Denis, Tho-
mas Le Sueur, <c pour lui dire son explet. » En ceci, la conduite
de l'huissier était irrégulière : outre qu'il aurait du montrer ses
lettres avant d'instrumenter, il aurait dû tout d'abord les signifier
à Thomas Le Sueur et « prendre la justice du lieu, » c'est-à-dire
se faire accompagner par lui pour les exécuter* Mal lui en advint;
car tout aussitôt « survindrent religieux et vallés armes qui lui
« dirent s'il estoit venu ambler les reliques de saint Deniz, et que,
« eust ce aparreu, l'en Teust tué tout mort, et jurèrent que pas
« n'em porteront ledit tableau, et fu en molt grant péril. Car aloient
« et venoient moinnes de devers Tabbé, arme?, et po après fu son-
« née la cloche d'effroy ^ ; et disoient lesdits moinnes qu'il estoient
« estrangiers et qu'il estoient venu p(»ir embler le cbief saint Deniz.
« Puiz furent closes les portes de la ville ; et puiz non ohstam qu'il
c criassent : A Vayde au Roy et qu'il requissent à parler à l'abbé,
c Pen n'en tenoit compte. Mais leur disoient les moinnes qu'il
« leur estoient bien cheu qu'il estoient sur le prevost. Et là sur-
< vint un compatgnon atout une dague qui blessa Tuissier qui du
1. LL i326, fol. lo V*.
2. Xit 47^, fol. 447 T«.
3. c nommée Clarol, laqueUe o« a acoutuoié de sonner pour assam-
c bler tout le peuple de la ville. » (LL i3a6, fol. ii r*.)
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320 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
c prevost ne peut avoir ayde*. Mais lui dirent que s^il fust en
« l'église, Ten lui feroitou eust Fen £iit boire de Peaue de l'église qui
«c guérist des fièvres. Et entre ces choses, leur fii osté ledit tableau,
« sciente et consentiente et mandante et ratumhabente abbate et
« conventu^ et depuiz de rechief rependirent lesdits religieux ledit
a tableau et aocor un autre, et les atachèrent à grans crampons de
« fer in contemptu premissorum; et dirent et se jurèrent que avant
« se lairoient morir que laissassent emporter ledit tableau ^. » Le
pauvre huissier et ses hommes notaient pas en effet de force à
résister; « et convint que ledit Adenet endurast, pour ce qu'il
c véoit bien qu'il n'estoit pas le plus fort ; et autrement, lesdi3
cr religieux l'eussent batu, injurié et villené et mis mort par
« aventure*. » Tout ce qu'il put faire fiit de rédiger un procès-
verbal * des mauvais traitements dont il avait été victime, et de se
porter partie avec les chanoines de Notre-Dame contre les reli-
gieux de Saint-Denis.
Les faits deviennent ici tellement piquants que nous ne voulons
pas en diminuer l'intérêt en les répétant et que nous allons laisser
parler les parties elles-mêmes. Voici comment l'avocat de Saint-
Denis raconte les précautions prises par les moines après la tenta-
tive d'Adenet des Vignes : « Quant lesdits de S. Deniz
« avisèrent la chose et que Adam avoit dit que une autre foizcha-
« pitre de Paris vendroit si fors qu'il en venroient bien à chicf,
« obtindrent lettres-royaulx d'estre gardez en leur possession et
« saisine et cum inhibitionibus in litteris contentis;et furent
« baillées à un exécuteur qui les exécuta, et sa relation mise en
« plusieurs lieux de Téglise de Saint-Denis; et aussi signifia au
« prévost de Paris et à Adam des Vignes, et aussi requist ledoien
« de Paris qu'il feist chapitre pour leur signifier, et il respondi que
« non feroit. Pour quoy Puissier, leur exécuteur, signifia la teneur
«desdites lettres à aucuns de Notre-Dame, comme le doien,
1. Ce fait est contredit par les religieux : « Quant à ce que dient Paris,
« que l'en féri, dient que non, ne n'y eut onques dague traicte; et n'estoient
f pas lesdits religieux armez, ne ne désobéyrent point i (Xi* 4788,
fol. 458 r.)
2. Xla 4788, fol. 453 V-454 r».
3. LL 1326, fol. II r-.
4. L'original de ce procès-verbal a disparu; mais nous en trouvons une
analyse sous la date du 8 mars 1409 (v. st.) dans l'inventaire des titres de
Saint-Denis. (LL 1192, n* 5372.)
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 321
« maistre J. Durant et autres. Et sur ce ancor obtindrent man-
« dément royal au chancelier qu^il ne séellast rien contre Tappoinc-
« tement du roy qui avoit mis la chose en sa main, et contre les-
« dites lettres; et le chancellier dist que ce pesoit lui que paravant
« ne Tavoit sceu, car il avoit séellé par grant importunité unes
«lettres, l'exécution desquelles fut défendue par Gésu^ audit
« chapitre' »
La lettre que le chancelier avait déjà scellée portait la date du
10 mars; c^était un ordre semblable à celui d'Adenet des Vignes,
mais cette fois Texécution en était confiée à deux conseillers au
Parlement, maîtres Philippe du Puy et Bertrand Quentin, dépu-
tés à cet effet par la cour. Dix jours après la mésaventure d^Ade-
net (18 mars), les deux commissaires^ « armez de leurs manteaux
c forrez » et assistés de Robert Chainne, huissier, se présentèrent,
en Tabsence de Tabbé, devant le prieur et les religieux réunis en
chapitre. Aux sommations qu'on leur faisait, les moines, se fon-
dant sur les lettres royaux qu'ils avaient obtenues et qu^ils avaient
fait a£Bcher en divers lieux de leur église, répondirent par un
refus formel ; devant une semblable réponse les envoyés du Par-
lement n'avaient plus qu'à procéder par eux-mêmes à l'enlèvement
du tableau. Ils entrèrent donc dans Téglise, mais comme ils se
préparaient à exécuter les ordres dont ils étaient porteurs, par une
coïncidence qui n'était peut-être pas tout à fait fortuite, « survint
« la messe qu'il oîrent, et pour la révérence d*icelle sursirent à
ce après la messe'. » Ce premier retard ne fut pas le seul qu'ils
rencontrèrent : on se souvient que Técriteau repris à Adenet des
Vignes avait été rattaché « à grans crampons de fer ; » pour rompre
ces crampons^ il fallait un serrurier. Celui que Ton amena et à
qui Ton avait eu garde d'apprendre ce que l'on attendait de lui
n'ayant point apporté de marteau, les conseillers qui jugeaient
sans doute qu'ils avaient tout intérêt à en finir le plus tôt possible,
s'emportèrent et le « ren volèrent de par le diable *, » Mal leur en
prit, et ce mouvement d'humeur causa de nouveaux retards, car,
non seulement on ne put trouver un autre ouvrier, mais même ce
ne fut pas sans difficulté que l'on parvint à se procurer un outil
1 . Pierre de la Vallée, dit Gésu, procureur de l'abbaye de Saint-Denis,
que nous allons bientôt voir apparaître.
2. Xi* 4788, fol. 458 r*.
3. XU 4788, fol. 454 r.
4. XU 4788, fol. 458 f.
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322 LE PROCÈS DU CHEF DE SÀIMT DENIS EK I4IO.
quelconque pour briser les attaches que les religieux avaient fait
sceller dans le pilier : c à très grant painne peurent trouver mar-
c teau ne turcaises en la ville de Saint*Denis pour Toster etarra-
« cher, pour diligence que peut faire Robert Chainne, premier
« huissier de Parlement, qu*ilz avoient mené avecques eubc, com-
a bien que en ladicte ville ait pluseurs mareschaux et serruria^.
a Mais^ par le commandement ou en la faveur desdits religieux,
« tous s'estoient muciez et n'en vouloient point bailler ^ »
L^écriteau était donc toujours en place lorsque le procureur de
l'abbaye, Pierre de la Vallée, dit Gésu, celui-là même qui avait agi
quelques jours auparavant auprès du chancelier, intervint au nom
du roi pour défendre de procéder plus avant. Les commissaires
demandèrent à voir le mandement de Gésu; le procureur n'en
avait point, mais il offrit d'aller à Paris prendre les ordres du toi,
promettant d^étre de retour au bout de deux heures; et tout aussi-
tôt, sans attendre la réponse des commissaires, il sortit de l'église
ainsi que le prieur et les anciens de l'abbaye, qui jusqu'alors
n^avaient pas fait mine d^opposer la force à la force. Ceux-<i une
fois partis, maîtres Philippe du Puy et Bertrand Quentin^ loin de
px>uvoir profiter de leur absence, eurent bientôt lieu de croire que
leurs manteaux fourrés seraient aussi maltraités que Tavait été la
robe d'Adenet des Vignes ; car tout à coup ils virent apparaître
cinq ou six jeunes religieux « armez par dessoubs leur froc » qui
se mirent à entourer le pilier en tenant les propos les moins ras-
surants pour ceux qui tenteraient de toucher au tableau ; les uns
disaient « qu'il pourroit bien avoir du sanc respendu ^, » d'autres,
plus explicites, que « s'il y avoit celui qui se prist à oster ledict
<E tableau, qu'ilz lui donneroient des miches de Tabbaye et que par
« aventure ils le tueroient tout plat en la place ^. » En vain les
pauvres conseillers essayèrent de faire bonne contenance et se ris-
quèrent à demander les noms de ceux qui osaient les menacer ;
mais « lesdias religieux, interroguez de dire leur nom, le refusèrent
a et respondirent que Ten Talast demander à leur maistre; et fu un
c appelle Cabu *, » Or il a déjà été question de ce belliqueux
frère Mathieu Cabu, que les chanoines accusaient précisément
1. LL i326, fol. 12 r*.
2. Xlft 4788, fol. 454 r*.
3. LL i326, fol. 12 r\
4. Xia 4788, fol. 454 r*.
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LB PROCÈS DU CHEF DE SAfMT DENIS EN I4IO. ' 323
d'avoir écrit la pancarte qu^il s^agissait d^enlever, et qu41s décla-
raient à bon droit n'être pas encore « vielz homs^ » Peut-être
même est-ce Pacharnement qu^il mit le 18 mars à la défendre qui
fit naître dans Tesprit de ses adversaires Tidée qu^il en était
l'auteur. En tout cas, la coïncidence est piquante et mérite d^étre
notée.
Pendant que frère Cabu et ses vigoureux compagnons proté-
geaient ainsi les abords du pilier qui supportait Técriteau, les
mandataires du Parlement s'aperçurent « que avecques ce, il y avoit
« autres religieux et autres personnes sur les alées des voultes de
a ladicte église^ au droit dudict tableau, qui y avoient mis grosses
« pierres de faiz pour laissier cheoir sur ceulx qui y mettroient la
« main à le vouloir oster *. » Ces démonstrations ne leur laissant
plus de doutes sur ce qui les attendait, les deux conseillers, c< pour
« ce qu*eulx virent ceste voie de fait et périlleuse, se partirent sans
« autrement exploiter et alèrent disner *. »
Nous ne voulons déparer cette citation par aucun commentaire,
mais nous devons faire remarquer que les expressions qu'elle
renferme sont employées non pas par Tavocat de Saint-Denis,
mais par celui de Notre-Dame, et que, par conséquent, Ton n'y
doit point voir la moindre intention ironique. D'ailleurs, les
commissaires, ainsi que le même avocat va nous rapprendre,
n'avaient pas renoncé à exécuter leur mandat le jour même :
CI Puiz après disner^ iceulx commissaires, fortifiez d'autres
c hommes, revindrent à Tabbaye et requirent que les religieux
« s^assemblassent. Mais le grant prieur refusa à assembler les
« religieux, et incontinent survint Gésu qui avoit disné léans, et
c dist et faigny un faulx commandement du roy qui ne voloit
tf point que Ten obéist. Si ne peurent avoir obéissance ne faire
« leur exploit, si s'en revindrent^ »
Cette fois encore, les moines de Saint-Denis semblaient avoir
l'avantage; mais leur triomphe apparent devait peu durer. Par
suite de quelles circonstances se trouvaient-ils à quelques jours de
là contraints d'obtempérer aux ordres de la cour ? Nos textes sont
muets à cet égard : « Et depuis, » nous dit seulement Tavocat de
I. Voy. plus haut, p. 3i5.
3. LL i326, fol. 12 r*.
3. XU 4788. fol. 454 r.
4. Jbid.
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324 LE PROCÈS DU CHBF DE SAINT DENIS EN I4IO.
Notre-Dame, « y eut mandement divers hinc inde et ad ultimum
« fu céans mandé que la court en cogneust. Et pour ce la court a
« fait venir lesdits tableaux et V religieux qui ont esté mis et sont
a prisonniers en la Conciergerie de céans; et autres ont esté
« adjornés à y paroir en personne, comme le grand prieur, Tenfer*
« mier et autres qui, par l'ordonnance de la courte ont quousque
if esté receuz par procuration comme l'en dist^ » Les chanoines de
Paris remportaient donc malgré tout ; ils en étaient enfin venus
à ce procès qu'ils cherchaient depuis si longtemps. Le scandale, que
le sage et pieux Gerson redoutait, allait se produire ; il s'agissait
d^en rendre les religieux responsables, et, sous couleur de prouver
le fait de diffamation dans les écriteaux incriminés, de proclamer
publiquement Tauthenticité de la relique conservéeà Notre-Dame.
Cest dans ce dessein que fut rédigé un curieux écrit dont nous
avons eu la bonne fortune de retrouver la minute aux Archives
nationales ^ : c'est une sorte de mémorandum destiné sans doute
à Tavocat du chapitre, et dans lequel les chanoines sVfforçaientde
démontrer de diverses manières qu'ils avaient bien réellement en
leur possession un morceau du crâne de saint Denis. « Et premiè-
a rement pour mieulx entandre ceste matière, lesdiz doyen etcha-
a pitre hont entencion de monstrer que partie dudit chief, c'est
<( assavoir le test, est en leur dicte église pour iiij ou v manières de
« probations ; c'est assavoir par ystoires et escriptures enciennes,
« par painctures antiques^ par sacres solempnités et institutions,
« par relacions dignes de foy successivement faictes et par vrayes
« samblaubles conjectures et présumpcions '. »
Pour la première espèce de preuves, les chanoines rappor-
taient, d'après l'obituaire de Notre-Dame, un obituaire de Saint-
Merry ^, et en général d'après tous les obituaires du diocèse de
Paris, que Philippe- Auguste avait donné à Notre-Dame des che-
I. Ibid.
3. Cette pièce forme un petit cahier de 8 feuillets de papier intitulé :
Mémoire pour Véglise de Paris, qui se trouve conservé dans le carton L 5i6
sous le n* 7 ; elle y est liée à deux exemplaires du mandement de Tévêque
Pierre d'Orgemont, en date du 20 novembre 14061 dont il a été parlé plus
haut. Voy. p. 3o5.
3. L 5i6, n- 7, fol. i r.
4. c par deux livres enciens de ladicte église de Paris faiz et ordonnés
c pour la commémoracion des mors et par ung autre livre d'ancienne lettre
c qui est en l'église de Saint-Merry, à Paris » (Ibid,^ fol. i v*.)
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I41O. 325
veux de la sainte Vierge, trois dents de saint Jean-Baptiste, des
pierres dont fut lapidé saint Etienne, et « le chef très précieux de
« saint Denis; » toutes ces reliques avaient été découvertes dans
l'église Saint-Étienne-des-Grès. De plus^ dans tous les bréviaires
de Paris, à la date du 4 décembre, se trouvait un office dit de la
Susception de ces reliques. Enfin, dans les Chroniques faites à
Saint-Denis, les chanoines prétendaient quUl existait dans l'his-
toire du roi Qovis 11^ fils du roi Dagobert, un passage qu'ils ne
citaient pas, mais dans lequel il était dit expressément que le
chef de saint Denis n'était pas conservé avec son corps \
Nous ne parlerons guère ici du second genre de preuves, c^est
« assavoir par painctures enciennes, lesquelles sont les livres des
« simples gens et personnes laycz ^. » Nous aurons lieu en effet
d'en parler plus loin, lorsque seront discutées les diverses repré-
sentations figurées de saint Denis invoquées de part et d'autre.
Nous dirons seulement que le chapitre de Notre-Dame affirmait
que « quant saint Denis fut décollé avec ses compaignons, on li
« copa le test par dessus comme une coronne ; et peut estre que ce
<c fut 'pour li faire plus de tourmens, ou pour ce que le bourréal
« faillit à férir du premier cop par haste ou par paour ou autre-
c ment, pour la multitude des gens qu'il vit lors exir hors de Paris,
« ou ce fut ou contempt de Tordre de prestrise, comme on fit à
« saint Thomas de Conturbie; et qu^il soit vray, il appert par
« pluseurs painctures et ymages, lesquelx furent ordonnées par
« grans clers et par saiges gens, non pas seulement en la dyocèse
« de Paris, maiz alleurs par toute France et dehors ; et n^est point
« à croire que telle manière de paindre ait esté trouvée sanz
« cause et sanz y ensuir la vérité des ystoires par ycelles painc-
« tures réputées^. » A Tappui de leur dire, les chanoines énumé-
raient plusieurs images du saint martyr portant seulement le
haut de son crâne dans ses mains ; ils ne niaient pas du reste
qu^après cet étrange supplice, le saint eût ensuite eu le cou coupé ^.
La troisième manière de prouver le bien fondé des prétentions
des chanoines consistait à examiner Toffice de la Susception des
I. On verra plus loin, lorsque nous aurons à parler des Chroniques de
France, que le passage auquel les chanoines faisaient allusion ne se trou-
vait pas dans tous les manuscrits et était manifestement altéré.
a. L 5i6, n* 7, fol. a r.
3. Ibid., fol. a V.
4. Jbid., fol. a v%
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326 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
reliques dont il a été question tout à Pheure. Si les preuves de
Tauthenticité des reliques n^avaient pas été suffisantes, cominent
les évéques les plus sages, les clercs les plus doctes auraient-ils con-
senti à établir et à célébrer cette fête qui était même « solempnisée
« par r Université de Paris ou en sa présence, laquelle est lumière
a de toutes doctrines et vérités et n^eust pas dormi sans descou-
« vrir la vérité ^ ? »
La déposition du duc de Berrî fournissait la quatrième espèce
de preuves; qui pouvait en effet révoquer en doute le témoignage
d'un si grand prince donné par-devant notaire?
Le cinquième genre de preuves notait pas très concluant ; de
mémoire d^homme, disaient les chanoines, on a toujours cm que
la relique de Notre-Dame était un fragment du chef de saint
Denis; les rois de France, les princes, les évéques, le peuple Font
vénérée comme telle; il n'est « point vraysemblaubie ne rece-
« vauble de dire que tant de gens aient erré Item, il est moult
« vraysemblable, attendu que ledit saint Denis jadis en son vivant
« présida à la dite église, et en fut pasteur, que parla dévocion des
« roys ou autres dévotes personnes, une partie de ses dictes reliques
« ait esté translaté en ladicte église pour en estre consolée et pro-
(( porcionellement décorée^. »
Le reste du mémorandum était consacré à exposer les violences
de langage et les injures contenues dans les pancartes de Saint-
Denis ; nous en avons déjà cité une partie au sujet de ces écri-
teaux 3. On y devait trouver aussi un récit du mauvais accueil
fait à Adam des Vignes et aux commissaires du Parlement; mais,
sur ce point comme sur un ou deux autres, l'auteur laissait à
Tavocat le soin de donner tels développements qu'il l'entendrait,
se bornant pour sa part à les indiquer sommairement *.
1. L 5i6, n* 7, fol. 3 v*.
2. Ibid,, fol. 4 I*.
3. Voy. plus haut, p. 3i3.
4. c Item soit yci faicte narracion des împétracîons faictes d'ung costé et
c d'autre, et des procès faiz par ledit huissier et par les commissaires de
c Parlement, et des rébellions et désobéissance à eulx dictes par lesdiz reli-
c gieux selon ce que par lesdictes impétracions, relacion dudict huissier,
tt procès- ver bal desdiz commissaire» que je n'ay pas veus à présent (mes
c sont vers M* Guillaume Picart), et par les informations sur ce faictes
c pourra apparoir. » L 5i6, n* 7, fol. 5 v.
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LB PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 327
III.
Quinze jours après la tentative des conseillers, le jeudi 3 avril
1410, Taffaire vint devant le Parlement; les appelés étaient
« Tabbé et couvent ^ le grant prieur , Tenfermier et bien xxx
« autres religieux de Saint- Deniz-en-France, et Pierre de la Valée
m dit Gésu ^ » On a déjà vu paraître ce Gésu comme procureur
de Fabbaye; le chapitre Paccusait d^avoir pris part à la résistance
des religieux en produisant un faux mandement royal.
Uexposé des griefs des chanoines tel que le présenta leur avocat
paraît être un résumé du mémorandum analysé dans le dernier
chapitre. Les extraits suivants permettront d^en juger : « Dient
c Paris que Téglise de Paris est la mère église deceste éveschié et
« du roy et des royaulx moult noblement fondée et royaument,
« et dotée de moult beaux reliquiaîres; et par espécîal le roy Phi-
« lippe le Conquérent lour donn^ la partie, c^est assavoir la sum-
ac mité de la teste de saint Deniz qui lui fu coupée in contemptum
« de ce qu^estoit prestre, comme appert par plusieurs enseigne-
« mens de martirologes et autres. Et in signum hujus en est faite
« feste irii* decembris; et de ce sont croniques et enseignemens en
a plusieurs lieux et par les peinctures, par espécial ou lieu où il
« fil décapité près de la croix, à Notre-Dame, à Saint-Merry, à
<c Arcueil et hors de France. Et combien qu'il n'ayent volenté de
« détraire à Ponneur de Saint-Deniz, ne»de son abbaye, ne des
ce religieux, ne de leurs reliques qui sont moult belles, dévotes et
« plusieurs (Wc), toutevoie est vray ce que dient, et leur donna a
« 11^ ans ledit roy lesdites reliques ^. »
Après ce début, Tavocat parle du tableau que les religieux ont
fait suspendre dans leur église pour dénigrer la relique conservée
à Paris; il s'attache à en faire ressortir les expressions injurieuses
telles que « cesset igitur error antiquus et novus canonicorum
a Parisiensium^ etc.^ comme appert par icellui tableau, qui
« sont paroles moult outrageuses et qui ne sont pas à dire que
a in devotione fideli eulx et le pueple aient erré. Et ancor
« dient : salva face eorum si dici liceat^ quare non possunt
1. Arch. nat., XU 4788, fol. 453 r;
2. Ibid., fol. 453 r-v.
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328 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN 1410.
OC rationabilem titulum allegare qui est faulx par ce que dit est^
« outre y a de hoc mendosa capitis translatione nichil penittis
« invenitur qui est grande et énorme injure attenta materia. Car,
« qui voudroit enseigner plusieurs choses qui sont de pietate
^Jidei^ Ten ne pourroit. Oulire dieni oudit tableau : auferat
« DeiiS velamen erroris de cordibus eorum, comme si fussent
« infidèles comme les Juifs pour qui est faite le jour du grant
c Vendredi celle oroison^ » Passant à Thistorique du débat,
l'orateur rappelle que le roi^ ayant mis la chose en sa main, avait
commis au soin de Tezaminer le cardinal de Bar, qui ne put s^en
occuper; il raconte longuement la démarche d^Adam des Vignes,
qui prétend avoir reçu un coup de dague dans la bagarre ; il s^étend
sur la rébellion que les moines ont opposée aux ordres dont
maîtres Bertrand Quentin et Philippe du Puy étaient porteurs et
conclut « que lesdits tableaux comme libelles diffamatoires de
« réglise de Paris, du roy, de son sanc et du pueple, soient cassez
« et dessirez cum inhibitione de non en plus faire, ou du moins
« soient ostez les paroles injurieuses telles que nichil remaneat
« injuriosum aut in eorum prejudicium et faites défenses par
« prise et exploit du temporel de Saint-Deniz quMl soient con-
« dempnez à réparer par un tableau qui sera fait au contraire et à
« amende de l mil livres sur leur temporel , ou au moins
(( demourent lesdites escriptures devers la court jusques à ce que
« par le roy ou sa court en soit autrement ordonné. Et oultre,
« pour ce que Tabbé et son couvent ont récepté lesdits maufac-
« teurs, soient condempnez en amende de xx«»* livres, à pranre sur
« lour temporel, et aussy que le grant prieur et le prévost de la
« ville de Saint-Deniz, et les prisonniers soient condempnez à
« l'amende de x"'' livres par prinse du temporel qu'il averont en
« aucune administration. Et si n^en ont, Tabbé soit contraint à
« paier pour eulx et à tenir prison ou il apartiendra. Et requiert
a défaut contre Gésu et l'adjunction du procureur du roy et
« dammages, intérests et despens. Et depuis appelle Gésu et non
c comparens a esté mis en défaut^. »
Le fait de diffamation envers le chapitre de Paris était exposé ;
restait celui de rébellion envers les agents de Pautorité. Ce fut au
procureur du roi de relever ce second délit, dont la gravité se
1. Arch. nat., Xla 4788, fol. 453 V.
2. /Wrf., fol. 454 r-v.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4ID. 329
manifeste par l'énonnité des peines requises : « ..... conclut à
« amende de c mil livres contre l'abbé à prenre sur son temporel
« et de ses officiers, et la cloche qui fut sonnée soit refondue et
« autrement nommée, au moins soit osté le batail et ne sonne d^icy
c à V ans en signe de sa participacion à la rébellion; et soit la jus-
« tice de Saint-Deniz appliquée au roy veue la rébellion, et in
c signum memorie au moins soient les portes de Thomas le
c Sueur abbatues et celles de la ville, et pour ce faire soit prins le
c temporel de la dicte église ; et Le Sueur soit condempné à faire
« amende honorable, icy et au lieu, audit huissier et au roy, et soit
c privé de tous offices royaulx obtenus et à obtenir et de tous
« offices publiques, et envers le roy a xx™ 1. d'amende et à l'amende
« honorable à Phuissier et profitable pour lui et lesdiz religieux
c de x*", et à tenir prison où il cherra; et ne soit jamais rependu
« ledit tableau oti il estoit pendu, et aussy soient condempnez
c lesdiz religieux et Le Sueur envers chacun desdiz commissaires
« de céans de v^ 1. et tantumdem au sergent à cheval et envers
« Roben Chainne m mil 1. et soient envoiez lesdiz religieux sin-
« gulis Ijpersonis] prisonniers et maufacteurs en priorés et plus ne
« demourent en la diae église ^ »
LVvocat de Saint- Denis fit une première réponse dans la même
matinée. Outre leur situation de défendeurs, les religieux se por-
taient demandeurs contre Adam des Vignes pour abus de pouvoir ;
ils repoussaient toute intention d'accuser les chanoines d'erreur en
matière de foi, « protestant aussi qu'il ne wellent point parler
« de erreur en foy, mais d'erreur en voie morale et d'erreur de
« fait; et ne wellent point injurier en aucune manière Notre-
« Dame ne lesdiz chanoines, mais voudroient révérer et hono-
o rer*. » On se rappelle que, pour justifier la forme de leur relique,
les chanoines prétendaient que saint Denis n'avait pas tout d'abord
été décollé, mais qu'on l'avait fait périr en lui coupant le sommet
du crâne à Tendroit de la tonsure, en mépris de Tordre de prêtrise
dont la couronne cléricale était Tinsigne. Les textes sur lesquels
ils se fondaient ajoutaient que cette opération avait été faite avec
des haches émoussées, « hebetatis securibus, » L'avocat des reli-
gieux maintient l'authenticité de la décapitation pure et simple :
« Et n'est pas vraisemblable que ancor fust coronne faite à
1. XU4788, fol. 454 V.
a. Ibid,
m&H, XI 23
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330 tE PROCÈS DU CHEF OB SAINT DENIS EN I4IO.
c prestres, si n^auroit point esté sa teste coupée par la coronoe;
« aussi seroit trop fort que ebetatis securibus eust esté copée si
(K proprement la teste par la coronne comme Ten trueve l'os qui
c est à Notre-Dame comme Ten dit. Et si n'auroit pas esté si grant
c miracle que saint Deniz eust porté celle partie de sa teste comme
« d'avoir porté tout son chief, et toutevoie Pen lui doit attribuer
« le plus grant miracle comme d'avoir porté son propre cbief entier
« comme aussi le dit Pistoire de saint Deniz ^ » L^orateur rappelle
ensuite les diverses occasions où les reliques de saint Denis furent
mises à découvert et s'arrête à raconter un peu plus longuement
Tostension faite en 1 191, par ordre de la reine Adèle, pour com-
battre les prétentions du chapitre de Paris qui commençaient alors
à se faire jour pour la première fois. Cette ostension avait en effet
la plus grande importance pour les religieux, car « onques
« par les temps avant Philippe le Conquérent ne fu tenu ne main-
« tenu le contraire qu'il n'eussent ledit chief. Et au temps dudit
« Philippe le Conquérent qui s^estoit parti et.avoit prins congié
« de saint Deniz, un chanoinne de Paris songa qu'il avoit eu à
« Saint-Estienne-des«Grez une partie du chief d^un saint Deniz
« qui fu apporté à Notre-Dame de Paris ; qui par aventure estoit
« d'aucun saint Deniz (car plusieurs furent sains nommez Deniz),
«c mais ne fu pas ne n'estoit de saint Deniz ariopagite. Et néant-
« moins semèrent pour lors^ qui fu en semant erreur de fait, que
« c^estoit du chief saint Denis martir, et entendoient plusieurs
<K que c^estoit du glorieux Ariopagite. A laquelle erreur oster Ala,
<c la femme du roy ^, fit détéger les reliques de saint Deniz pour
« manifester la vérité, et fu ordonné que l'os dont estoit question
« seroit osté et monstre au pueple. Et ainsy fut fait par un an que
« fu monstre au pueple tout nu, et fu ad removendum errorem
« canonicorum Parisiensium comme appert par les libraries et
a croniques des roix et autres escriptures. Et ledit an passé, fii mis
« ledit os en un vaissel ; et de ce feit, fu fait un tableau à secon-
c der les courages des bonnes gens et du pueple ; ne ce ne se povoit
« autrement faire que par mettre le fait en un tableau ^. »
Un siècle plus tard, sous le roi Philippe le Hardi, à Toccasion
de la translation du chef de saint Denis dans une nouvelle châsse,
1. XU4788, fol. 454 V.
2. On sait qu'Adèle était la mère et non la femme de PhîUppe-Augu&te.
3. Xiâ 4788, fol. 455 r«.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4FO. 33 t
avait eu lieu Tostension qui motiva l'addition de nouveaux
fal>leaux dont nous avons parlé plus haut ^ L^avocat se garda bien
de passer cette ostension sous silence, car un futur pape, le cardi-
nal légat Simon de Brion, connu plus tard sous le nom de Mar-
tin IV, y avait assisté^ et rappeler cette circonstance citait en
quelque sorte mettre l'autorité pontificale de son côté.
Le reste de l'a plaidoirie fut rempli par un récit des procédés
d*Adam des Vignes et des deux conseillers à Pégard de Saint-
Denis; quant aux tableaux, Tavocat tenta dMnterpréter d'une façon
un peu moins injurieuse les expressions qu^ils contenaient :
« mendosa^ dit-il, ne vient point de mentiri mais de manda^
« mande, id est macula *. » Enfin, Torateur conclut en deman-
dant que l'écriteau confisqué fût rendu aux religieux, que les cha-
noines fussent condamnés à payer 3oo marcs pour avoir enfreint
la défense royale et 100,000 marcs d^amende, et que Adam des
Vignes fût <c condempné à porter à Saint-Deniz, en chemise, un
« tableau et un gros cierge en Téglise de Saint-Deniz et faire
CI amende honorable icy et au lieu de Saint-Deniz, et à amende
« profitable de v^ livres et dammages-intérests et despens'. »
Les avocats n'avaient pas encore fini ; le 8 avril, deux longs
discours furent prononcés de part et d^autre ; ils étaient surtout
consacrés à Texamen contradictoire des récits de la mission d^Adam
des Vignes et de celle des conseillers. Comme nous en avons tiré
tout ce qui présentait quelque intérêt lorsque nous avons raconté
ces épisodes, il est inutile d'en fatiguer encore une fois le lecteur.
A la fin de Paudience qui s'était prolongée fort tard, la cour sta-
tua sur le sort des cinq religieux arrêtés et les fit mettre en liberté
provisoire. « Tandem^ après plusieurs choses qui sont en faitpro-
« posées jusques à près de xj heures, la court a dit que lesdiz
« v religieux s'en iront à Saint-Deniz servir Dieu jusques à ce que
c par la court en sera autrement ordonné ^. »
Le lendemain (9 avril), ce fut le tour du procureur du roi qui
affirma de nouveau la légalité des démarches faites par Adam des
Vignes et par les conseillers et « si conclut ut supra *. » Enfin,
1. V07. p. 314.
2. Xiâ 4788, foL 455 V.
3. Ibid,
4. Ibid.y fol. 458 v.
5. Ibid,^ fol. 459 r.
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332 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN 1410.
une dernière réponse de Saint-Denis, composée non sans adresse,
vint clore les débats. On y mettait la question sous son vrai jour
et on y montrait qu'il ne s'agissait en somme que de savoir qui
avait la vraie relique de saint Denis. Pour combattre l'effet pro-
duit par la déposition du duc de Berry, que Favocat, par respect
sans doute, ne désigne que par ces termes vagues c un grant sei-
c gneur, » les religieux proposaient une comparaison publique et
solennelle des deux reliques : « Et offre Pabbé et les religieux de
c Saint-Deniz à monstrer leur chief, auquel ce que Paris a sera
« comparé, à veoir quelle est la vérité et offrent ancor que le roy
« et nosseigneurs y soient ^ » A l'égard des tableaux, l'époque
reculée à laquelle ils avaient été composés devait mettre les moines
à Tabri des reproches des chanoines, c car mesme Taccion d'injures
« se prescript. » Ces reproches du reste sont la cause d'un grand
scandale, car « le pueple ne regarde point le fait du tableau, mais
« du chief^. » Le mauvais accueil fait aux émissaires du Parle-
ment était plus difficile à défendre ; aussi Tavocat se borna-t-il à
l'excuser par la maladresse de ces émissaires, et à en disculper l'abbé
et les autorités de l'abbaye : a Tout l'exploit fu fait tandis que
a l'abbé disait sa messe, si n'en sceut rien ne ses religieux fors
(L aucuns juesnes qui ont esté par lui chastiez'. »
C'était maintenant au Conseil qu'il appartenait de rendre un
arrêt * ; cet arrêt, qui fut prononcé le r 9 avril 1410, était un succès
pour le chapitre de Paris :
« A conseiller l'appoinctement d'entre les religieux de Saint-
« Deniz requérans ostension estre faite du chief du glorieux
« appostre de France, monseigneur saint Deniz, ariopagite, en
« leur église, à l'encontre des doien et chapitre de Notre-Dame de
« Paris, sur le plaidoié du ix* d'avril derrenier passé. Veues les
<c requestes baillées hinc inde et tout considéré, il sera dit que de
« présent ne sera faicte aucune visitacion, mais mettront les par-
« lies hinc inde ce que voudront devers la court qui, tout veu et
« les raisons d'icelles parties considérées fera droit sur tout'. » Les
livres et documents présentés de part et d'autre devaient être véri-
1. Xiâ 4788, fol. 459 V. t
2. Ibid.
3. Ibid.
4. € Appoinctié au Conseil à savoir comment en ceste cause qui est grande
€ et grosse Pen appoinctera. 1 Xla 4788, fol. 460 r*.
5. XU 1479, foï* *ï2 V*.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DBHIS EN 14TO. 333
fiés par deux conseillers, maîtres Guillaume de Gaudiach et Jehan
Mauloue, désignés par la cour <x pour collationner les extrais des
ce clauses desdiz livres en la présence des parties pour les produire
« et valoir ce que de raison sera ^ »
Les chanoines avaient assurément lieu de se féliciter : la défense
royale déjà violée par Touverture du procès passait définitivement
à rétat de lettre morte. Tandis que leurs adversaires voyaient
repousser leur demande d'ostension solennelle^ ils étaient enfin
admis à produire publiquement les preuves écrites de l'authenti-
cité de leur relique; mais les moines de Saint-Denis n^avaient pas
beaucoup à redouter Pexposé de ces preuves; c^était bien peu de
chose en effet en comparaison de la quantité de textes qu^ils pou-
vaient y opposer. Cependant cet arrêt dévoilait si clairement la
partialité du Parlement en faveur du chapitre de Paris que les
religieux auraient pu avoir quelque crainte ; ils ne semblent pas
cependant en avoir été trop effrayés. Les extraits une fois faits,
. chaque partie présenta un mémoire à consulter; ces pièces fort
intéressantes Tune et Tautre sont toutes deux conservées aux
Archives nationales. Dans le mémoire de Notre-Dame ', le cha-
pitre s'efforce d^abord de prouver l'authenticité de sa relique en
citant principalement ses obituaires, les bréviaires du diocèse et
deux chroniques très postérieures aux événements dont elles con-
tiennent le récit ; puis il discute longuement et minutieusement
la série des textes invoqués par les religieux. Ceux-ci au contraire
procèdent tout autrement ; ils semblent considérer Pintégrité du
corps confié à leur garde, comme si universellement admise que
c'est à peine s^ils consentent à la discuter et si Ton trouve dans
leur mémoire quelques allusions aux textes qu'ils avaient produits.
Presque tout leur faaum ^ est consacré à une réfutation assez
générale et souvent assez mordante des prétentions de leurs adver-
saires. On comprend donc que le mémoire de Notre-Dame soit le
plus intéressant. Comme une analyse détaillée de Tun et de Pautre
serait presqu^aussi fastidieuse qu'une lecture intégrale, nous nous
sommes efforcé dans les dernières parties de ce travail de grouper
les renseignements épars dans ces deux factums, de manière à faire
1. LL i326, fol. 12 V*.
2. Arch. nat., LL x326. Cest ce mémoire qui nous a été indiqué par
M. Campardon.
3. Arch. nat, LL 465.
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334 l'E t'ÀOCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN 14x0.
profiter le lecteur de tout ce que l'on y rencontre d'instructif con-
cernant les textes cités par les parties et les représentations de
saint Denis existant à Fépoque du procès. Qnant aux détails rela^
tifs à rhistorique même de la contestation, ils ont été utilisés au
cours de ce récit.
Ces deux mémoires, rédigés sans doute assez peu de temps après
Tarrêt du 19 avril 14 10, ne devaient pas être employés, et le Par-
lement ne devait jamais rendre d'autre arrêt sur cette affaire. Nous
trouvons bien encore dans les registres capitulaires de Notre-
Dame quelques mentions qui montrent que les adversaires étaient
loin d'avoir déposé les armes et se préparaient à continuer le pro-
cès * ; la dernière est du 9 juillet 1410. Le silence se fait ensuite;
la cause en est sans doute aux événements politiques dont on sait
la gravité pendant les années qui suivirent : en 14 11, l'abbaye de
Saint-Denis était pillée par les Armagnacs ; Tabbé Philippe de
Villette, fait prisonnier par eux, était emmené à Paris ; bientôt
remis en liberté, il disparut en 1418 dans les massacres où périrent
ceux-là mêmes qui Pavaient emprisonné sept ans auparavant. Les
terribles malheurs des dernières années de Charles VI interrom-
pirent la procédure devant le Parlement, la question resta pen-
dante; les chanoines de Paris continuèrent à exposer leur relique
comme provenant du chef de saint Denis, et la contestation durait
encore au commencement du xvm* siècle. « Il y a apparence,
« écrivait en effet Félibien en 1703, que la difficulté ne sera pas
I. 14 10, 28 mai : € Nicolas Romain, huissier de Parlement, a intimé
« messeigneurs doyen et chapitre à la requeste de Tabbé et couvent de
€ Saint-Denis appellans aux jours de Paris en Parlement et ont demandé
c messeigneurs copie et relacion. ■ (Arch. nat., LL 21 3, p. 377.)
1410, i3 juin : « De abbate Sancti Dyonisii ; compellatur exhibere qua-
c ternum lectionis sue per D, cancellarium et vicarios D. episcopi Parisien-
« sis. » {îbid., p. 383.)
1410, g juillet : c Exposito per D. cancellarium ecclesie Parisiensis quod
a cum abbas Sancti Dionisii in Francia nupcr .mandatus, tum pro parte
c vicariorum D. episcopi Parisiensis, tradere et ostendere quoddam quar-
« tenum cujusdam lectionis sue in qua nonnulla leguntur maie sonantia,
< etc., ob hoc appellasset tam a vicariis predictis quam etiam a dicte domtno
« cahcellario, etc., requirens habere deputatos pro prosecutione et advisa-
c mento necessario in causa predicta ; Domini dederunt et deputaverunt
« magistros et dominos Cantorem, Dominicum Parvi, Petrum Darreth,
« Johannem Breviscoxe, N. Fraillonis, G. de AJbiaco et alios qui voioerint
« intéresse toties quoties et repu tant Domini negocium presens ftctum
« suum. > [Jhià,^ p. 397.)
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LE P&OCÈS BU CHEF DE SAIMT DENIS EN I4IO. 335
« sitost levée, chacun alléguant pour soy la tradition et la posses-
« sion de son église ^ »
IV.
DOCUMENTS PRODUfTS PAR LES CHANOINES DE NOTR»*DAME.
§ I. Mémorial de Jean de Sainte Victor et chronique « Ordita
qiMsi tela. »
Le chapitre de Notre-Dame ne pouvait citer que deux chro-
niques dont les témoignages fussent favorables à sa cause : la pre-
mière était le Mémorial de Jean de Saint- Victor que Ton recon-
naît facilement sous le titre de Memoriale historiarum^ bien que
Pauteur ne soit nullement désigné. Quant à la seconde, nous
n'avons pas pu parvenir à l'identifier. Tout ce que nous savons,
c'est qu'elle provenait de la bibliothèque de Saint -Magloire,
qu'elle avait pour incipit : « Ordita quasi tela narrai ionis
« nostre^ » et que l'on y trouvait le récit de la découverte des
reliques de Saint-Étienne-des-Grès en des termes assez semblables
à ceux du Mémorial; enfin que l'unique exemplaire d'où l'on
avait extrait ce récit avait perdu l'un de ses premiers cahiers ainsi
que son titre, lequel se trouvait primitivement inscrit sur une éti-
quette enchâssée dans la reliure sous une lame de corne transpa-
rente *.
Il est probable que l'exemplaire du Mémorial invoqué par les
chanoines avait de l'analogie avec le ms. latin 14626 de la Biblio-
thèque nationale. De même que l'exemplaire en question, ce
i; Histoire de Vabbaye de SainUDenys^ p. 323. — D. Félibien se figure
que le procès a été terminé par « un arrest en date du dix-neuvième d'avril
c 1410, par lequel il fut dit que l'abbaye de Satnt-Denys avoit le chef de
c saint Denys l'Athénien, et l'église de Nostre-Dame de Paris celuy de saint
« Denys le Corinthien. » {Ibid,) Bien que la mention inscrite en marge :
c Ex. arch. Dion. » donne à entendre que Félibien avait vu cette pièce
dans le chartrier de Saint-Denis, la date de cet arrêt nous fait croire qu'il
y a quelque confusion avec l'arrêt que nous avons cité.
2. LL 1326, fol. 2 r*-v*. — D'après LL 465 (fol. 17 v») Vincipit serait
Ordita questionis narrationis nostre
3. LL 465, fol. 17 V'. Ce procédé d'intitulation des livres a été très
répandu pendant tout le moyen âge. On en rencontre encore souvent des
exemples dans nos bibliothèques ; voy. notamment à la Bibliothèque Maza-
rine les mss. 720, 723, iioo, 1107, 1198.
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336 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
manuscrit provient de Saint-Victor; de même que lui, il com-
mence par un prologue ayant pour premiers mots : ce Labilis est
hominum memoria » et contient un passage relatif aux reliques
découvertes à Saint-Étienne-des-Grès en 1217; mais ces traits lui
sont communs avec d'autres. Ce qui lui est particulier, c'est ce
dernier détail : <v Et est ou feuillet de devant en lettre rouge en la
« marge du feuillet : Anni Domini millesimi ce xvij. » Or le pas-
sage dont nous venons de parler se lit au fol. 336 r^ du ms. 14626,
et dans la marge gauche du fol. 335 vo nous trouvons la rubrique :
Anni Domini m ce xvij. Les autres manuscrits du Mémorial, le
ms. latin i5oii par exemple, dans lequel des signes marginaux
signalent pourtant d^une façon particulière le passage qui nous
occupe (fol. 432 r®), ne satisfont pas à toutes les conditions indi-
quées dans le mémoire des chanoines de Paris, soit qu'ils ne
débutent pas par le prologue, soit quUls ne présentent la date que
sous une autre forme, ou que celle-ci soit écrite à l'encre noire.
On sait que Jean de Saint-Victor a continué son Mémorial jus-
qu^à Tannée i322 ; fonder toute une argumentation sur le témoi-
gnage d^une chronique postérieure de plus d^un siècle à l'événement
dont il s^agissait de prouver la réalité, c'était de la part des chanoines
une maladresse d'autant plus grande que leur principal moyen de
combattre les textes produits par les religieux de Saint-Denis con-
siste toujours à chercher à prouver que ces textes sont très posté-
rieurs aux faits dont ils contiennent le récit. Un défenseur des
religieux, qui a chargé d'annotations contemporaines les marges
du mémoire des chanoines, répond très justement au passage dans
lequel ceux-ci prétendaient que Pœuvre de Rigord avait été falsi-
fiée, en retournant ces mêmes arguments contre Tautorité du
Mémorial : « Injuriose loquuntur sine colore; nos [habemus] colo-
c< rem de hiis sic dicendi quare libri eorum sunt novi et recen-
« ter compositi et scripti, et sine concordancia, quare nec causam
« nec testes neclocum necdiem [nominant] nec nominanturacto-
« res. Itaque evacuantur omnes iste revocationes canonicorum
« quia 'Memorialia suorum librorum sunt scripta post annum
ce millesimum ccc°^^^ xxxij, et non habent datam sue invencionis
« nisi a predictis libris, quibus non est credendum, cum non con-
« tigerit tempore illo ; et ex inspectione librorum nostrorum pate-
« bit quod scriptura est magis antiqua; quare sic compositio, etc.^»
I. LL i326, fol. 19 v% en nmrge.
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LE PROCÈS DU CHBF DE SAINT DENIS EN I4IO. 337
Uinconnu qui a rédigé le mémoire des religieux de Saint* Denis
va encore plus loin ; il prétend que la composition du Mémorial
de Jean de Saint- Victor ne remonte pas à plus de quarante ans :
« il n^a pas plus de xl ans que ledit Mémorial avoit esté
« compillé, si comme il peut apparoir par la teneur d'icelluy... ^ »
Comme cette phrase a été écrite au plus tôt en 141 o, nous devrions
croire que le manuscrit en question présentait une rédaction con-
tinuée jusqu^en iSyo; c^est même ce qui nous empêche d^iden-
tifier Pexemplaire produit par les chanoines avec le ms. lat. 14626,
le texte de celui-ci s'arrétant à Tannée 1 322. D^un autre côté, nous
venons de voir qu'un autre partisan de Saint-Denis le croyait
seulement postérieur à i332; on pourrait alors conclure que la
rédaction du Mémorial invoqué par le chapitre, sans être conti-
nuée jusqu^à une époque aussi récente, contenait seulement des
allusions évidemment ajoutées après coup, relatives à des faits
postérieurs à ceux auxquels elle se terminait.
§ 2. Obituaires et bréviaires parisiens.
A défaut de Pacte de donation à Notre-Dame des reliques trou-
vées à Saint-Étienne, acte qui ne se trouve nulle part et qui de
l'aveu même du chapitre n'a jamais dû exister, car de semblables
donations ce on n'a point acoustumé, disaient-ils, de prendre ou
« demander lettres, si comme sont joyaulx ou reliques^, » le rédac-
teur du mémoire avait recours à « deux anciens livres nommez
« martrologes où sont enregistrées les fondacions des obiz et anni-
« versaires de leur église ^, » d'après lesquels ils citaient l'obit de
Philippe- Auguste oîi cette donation se trouve rappelée *, Ces mar-
tyrologes, qui étaient évidemment des obituaires, ne paraissent
pas avoir été nettement distingués par les chanoines, des cartu-
laires de Notre-Dame ; c'est d'ailleurs dans le mémoire de Saint-
Denis que nous trouvons le plus de renseignements sur les « mar-
1. LL 465, fol. 14 V*.
2. LL 1 326, fol. 3 V.
3. Ibid., fol. 2 V.
4. Cet obit a été publié par Guérard, Cart. de N,'D. de Paris, IV, no.
— Il ne paraît pas possible d'identifier l'obituaire en deux volumes dont il
est question ici avec l'obituaire de Notre-Dame en un seul volume conservé
à la Bibliothèque nationale (ms. lat. 5i85 ce) et qui a servi à l'édition de
M. Guérard.
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338 LE PROCÈS DU CHBF DE SÀIKT DENIS BN I4IO.
c trologes. » Au dire des moines, ces livres, comme on pouvait s^'en
apercevoir facilement, étaient d'écriture récente et avaient été
rédigés depuis moins de trente ans, tandis que d'après le prologue
de Tobituaire de la Sainte*ChapeUe du Palais, ceux de Notre*
Dame auraient été &its du temps de Louis le Débonnaire; de là,
la conclusion assez naturelle que les passages relatif à la donation
des reliques par Philippe-Auguste avaient été ajoutés après coup^
ce que les religieux confirmaient en faisant remarquer que ces
passages ne se rencontraient pas dans les plus anciens des autres
obituaires du diocèse, dans ceux notamment qui étaient « escrips
c< par diptongues. » De son côté le chapitre avait cité plusieurs
martyrologes parisiens, entre autres ceux de la Sainte-Chapelle,
de Saint-Merry, du Sépulcre, de Saint-Jacques-de-l'Hôpital, de
Sainte-Opportune, qui contenaient ces mêmes passages conçus
dans les mêmes termes \ ce qui s^explique par l'institution de la
fête ordonnée par Tévêque de Paris et qui était commune à tout
le diocèse de Paris.
La donation des reliques trouvées à Saint-^Étienne avait en effet
une si grande importance qu^une fête avait été instituée ]x>ur la
célébrer; Toffice de cette fête qui durait encore longtemps après le
procès que nous avons entrepris de raconter ', et qui n'avait pas
encore disparu au commencement du xviii* siècle, était contenu
dans tous les bréviaires du diocèse à la date du 4 décembre, et les
chanoines en avaient fait extraire plusieurs leçons que nous avons
retrouvées dans les anciens bréviaires de Paris, notamment dans
le ms. latin 745. Il n^ est question que de la sainte Vierge, de-,
saint Jean-Baptiste, de saint André^ de saint Etienne et de saint
Denis. Il n^est peut-être pas inutile de faire remarquer que, dans le
plus ancien bréviaire parisien que nous ayons vu, le ms. latin
i56i3, qui est de la seconde moitié du xni« siècle, le texte des
leçons est souvent très différent de celui que donne notre manus-
crit et qui est celui de presque tous les bréviaires de Paris depuis
le XIV* siècle ^. Enfin, depuis l'édition imprimée de 1 5 1 6 '^ jusqu^à
celle de 17 14, on trouve bien, à la date du 4 décembre, une fête
1. LL i326, fol. 4 r*.
2. Voy. un bréviaire manuscrit de 1472 (Ma. Ut. 1294) et un bréviaire
imprimé de 1492 (Bibl. nat, Imprimés, vélina 174).
3; Le bréviaire de 1479 (Bibl. nat., Imprimés, vélins 1622) présente aussi
des différences notables.
4. Vélins 1625.
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LB PROCÈS hV CHEF DB SAINT DENIS KN I4IO. 33$
de susceptione reliquiarum ou festum reliquiarum^ mais dont
les prières sont conçues en termes généraux qui peuvent s^appli*
quer à toutes les reliques que Ton voudra; à partir de 1714, la
fête disparaît complètement du bréviaire parisien.
DOCUMENTS PRODUrrS PAR LES RE^rCIEUX DE SArNT-DENIS.
§ I . Livre compilé de V auteurs et Gesta Philippi Augusti
de Rigord.
Les religieux de Saint-Denis avaient fait extraire des Gesta Phi^
lippi Augusti de Rigord quatre clauses, dont la réfutation amène
les chanoines à examiner d^une façon générale quelle est Tautorité
que l'on doit accorder au biographe de Philippe-Auguste. L'auteur
du mémoire s'est à bon droit étendu sur cette question; car, ainsi
qu^il le dit très justement, tout ce qui concerne le chef de saint
Denis dans les livres de Guillaume de Nangis et de Pabbé Gilles et
dans les Chroniques de France provient directement ou indirec-
tement du récit de Rigord ^ L'autorité de la source une fois mise
en doute y celle des textes postérieurs s^évanouissait. Comme
d'ailleurs ces textes contiennent le récit des mêmes faits, les pro-
cédés de discussion sont à peu de chose près les mêmes ; nous
nous bornerons donc à les résumer une fois pour toutes, en expo-
sant les arguments au moyen desquels les chanoines contestaient
l'autorité des extraits de Rigord.
Nous trouvons cités deux manuscrits de Rigord ; Tun, facile-
ment reconnaissable, est celui que la Bibliothèque nationale pos-
sède encore aujourd'hui sous le no 5925 du fonds latin, et dans
lequel Thistoire de Philippe-Auguste fait partie d'un recueil de
biographies royales '; Tautre, qui ne contenait que cette histoire,
a disparu ; mais la perte en est moins regrettable qu'on ne serait
tenté de le croire, car la rédaaion de ce manuscrit devait être abso-
lument semblable à celle du précédent ^.
Selon le chapitre de Paris, le livre de Rigord est un livre falsifié.
1. LL i326, fol. 19 V*.
2. LL i326, foL i5 f.
3. LL i326, fol. 25 V,
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340 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
composé par les moines de Saint-Denis en prenant pour canevas
la chronique que Guillaume le Breton appelle celle de Rignotustt
que les religieux appellent celle de RigorduSy mais en la corrigeant
et en l'interpolant suivant les besoins de leur cause, «c Lequel livre
c souloit estre en un livre qu'ilz ont produis composé de cinq
c aucteurs, si comme ilz dient, duquel sera après parlé. Mais ilz ont
« couppé les fueillez oti il estoit et après ont escript le livre qu'ilz
« ont fait et composé à leur plaisir comme dit est, ainsi comme se
« ce feust cellui qui estoit paravant^ » Ce raisonnement bien
qu'assez ingénieux ne fait pas honneur aux connaissances paléo-
graphiques de Tauteur du mémoire que nous analysons. Il est vrai
qu'il y a eu dans le ms. latin 5925 un remaniement très sensible,
remaniement dont M. Léopold Delisle a rendu compte ^, mais qui
a été fait précisément en sens inverse de ce que prétendent les
chanoines. Ce ms., composé à Saint -Denis vers le milieu du
XIII* siècle, ne comprenait d'abord que l'histoire des rois de France
depuis les origines jusqu'à la mort de Philippe-Auguste, en omet*
tant toutefois l'histoire de Louis VII, l'œuvre de Rigord étant
copiée immédiatement à la suite de la biographie de Louis le
Gros par Suger. Environ un demi-siècle plus tard, le recueil fut
complété par l'adjonction des Vies de Louis VIII, de saint Louis
et de Philippe le Hardi, en même temps que par Pintercalation de
celle de Louis VII entre les récits de Suger et de Rigord, de telle
sorte que les feuillets aujourd'hui numérotés 248-301, qui con-
tiennent la biographie de Philippe-Auguste, se trouvent précédés
et suivis de feuillets chargés d'une écriture différente, mais loin
d'être postérieurs à ceux-ci, loin de remplacer des feuillets coupés,
les feuillets 248-30 1 font au contraire partie du ms. primitif.
Un indice autre que l'aspect de l'écriture doit amener à la même
conclusion. Le feuillet 232 r® du ms. primitif, devenu le feuillet
248 du manuscrit remanié, présentait à la première colonne les
dernières lignes de la Vie de Louis VI par Suger : « hospi-
« tari^quodproposueramuSyfierinonpotuit. — peromniasecula
a seculorum. Amen, » A la colonne suivante commençait l'œuvre
de Rigord. a Quand on voulut compléter le recueil par une vie de
« Louis VII, on intercala, entre les feuillets 3 et 4 du cahier xx, m
aujourd'hui fol. 23 1-248, « deux nouveaux cahiers, l'un de douze
1. LL i326, fol. i5 r*.
2. Mém. de la Soc. de VHist, de Paris, t. IV, p. 208-212.
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LE PROCÈS DU CHBF DE SAINT DENIS EN I4IO. 841
«feuillets (fol. 232-245), Pautre de quatre (fol. 244-247), tous
« deux dépourvus de signatures, et sur ces cahiers intercalaires, on
« transcrivit d'abord les dernières lignes de la Vie de Louis le
« Gros pour remplacer la première copie de ces mêmes lignes
« qu'on avait annulée par un trait de plume, puis la Vie de Louis
a le jeunet » La présence des dernières lignes de la Vie de
Louis VI sur la même page que le commencement de celle de
Philippe - Auguste aurait dû suffire à détromper Fauteur du
mémoire de Notre-Dame. Nous devons reconnaître pour lexcuser
que, près de deux siècles plus tard, le grand érudit Pierre Pithou,
dans ses Scriptores XIj ne tenant aucun compte de la différence
des écritures, crut que ces dernières lignes t hospitari —
per secula seculorum, Amérij » terminaient Thistoire de Louis VII
et les imprima à la page 1 58 de son recueil, sans s^apercevoir qu^il
les avait déjà imprimées à leur véritable place (p. i35, 1. 42 et
suivantes), c'est-à-dire à la fin de la vie de Louis le Gros.
Outre les arguments inspirés par Pexamen matériel du manus-
crit qui contient le récit de Rigord, les chanoines s'attachent à en
tirer de nouveaux du texte même de ce récit. Cest à ce propos
qu^ils sont amenés à parler de la chronique de Guillaume le Bre-
ton qu'ils appellent « la Philippine, » Malgré la similitude des
noms, on verra que ce n'est pas le poème latin du même auteur,
la Philippidej mais bien la chronique en prose que Ton veut ainsi
désigner. Du prologue de la « Philippine^ » il résulte, disent les
chanoines, que le récit de Rigord commençait à l'avènement de
Philippe- Auguste, en 1 179, et ne dépassait pas la vingt-huitième
année de son règne, c'est-à-dire Tan 1207, où il fut achevé^. Or,
nous trouvons dans ce récit des faits très antérieurs à 1179,
comme Touverture de la châsse de saint Denis en io5o, et même
dans la narration de cette ouverture des détails (la présence du
chef entier de saint Denis par exemple) qui ne sont donnés par
aucun des historiens précédents ; ils auront donc été postérieure-
ment ajoutés pour les besoins de la cause. Ailleurs, on remarque
des expressions qui prouvent que certains passages n^ont pu être
rédigés qu'après la date oti il s'arrêtait; tdle est par exemple la
phrase : ad removendum errorem Parisiensium^ lorsque se trouve
rapportée une exposition du chef de saint Denis faite par les reli-
I. L. Delisle, îoc, cit.y p. 209.
a. LL i326, fol. 18 r.
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34^ IX> PROGiS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
gieux en ii 9 1 . Pour que les Parisiens puissent être taxés d^erretrr,
il faut que la relique conservée à Notre-Dame ait été déjà mise au
jour. Or la découverte des reliques de la Sainte Vierge, de saint
André, de saint Etienne et de saint Denis à Saint-Étienne-des*
Grès ne se place qu^en 1217, suivant le Mémorial de Jean de
Saint-Victor, unique source invoquée par lechapiU'e de Paris; la
phrase ad removendum errorem Parisiensium ne pouvait donc
avoir été écrite qu'après 1217.
La première de ces deux objections ne mérite même pas qu'on
la discute; quant à la seconde, elle serait fondée si nous n'avions
à opposer à Jean de Saint-Victor, qui n'écrivait qu'au xrv* siècle,
le témoignage formel d'un contemporain, Robert de Torigni, qui
mentionne Tinvention des reliques soûs Tannée 1186 ^
Il est à remarquer que, dans cet ordre d'idées, l'auteur néglige
un argument plus puissant encore que lui fournissait le volume
qu'il avait sous les yeux. On sait en effet que, dans le manuscrit
en question, les Gesta Philippi de Rigord, par suite de l'adjonaion
d'un fragment de Guillaume le Breton et de quelques notes rela-»
tives aux années 121 5 à i223, sont continués jusqu'à la mort du
roi ; ils y dépassent donc de seize ans le terme indiqué par la « PAt-
lippine. » Il y avait là une contradiction que l'auteur du mémoire
aurait pu mettre à profit ; car, malgré de semblables négligences,
que Ton doit sans doute attribuer à son inexpérience en ces
matières, le sens critique ne lui faisait pas entièrement défaut.
L'intérêt de son parti lui révélait souvent les points réellement
discutables et ses objections se trouvent souvent être conformes à
celles des savants modernes. Jean Launoi, le terrible c dénicheur
de saints, » qui n'a certainement pas connu le mémoire que nous
analysons, car il l'aurait forcément cité dans sa dissertation De
I. Chronique de Robert de Torigni, éd. Delisle, II, i36. U est vrai que
cette mention est comprise dans -les vingt dernières lignes de la chronique
qui ne se trouvent que dans l'édition de i5i3 et font défaut dans tous les
mss. de Robert que nous possédons aujourd'hui; mais la concordance
avec Rigord semble être une preuve d'authenticité suffisante. D'ailleurs,
M. Paulin Paris parle dans s» préface des Chroniques de France (I, p. xvij)
d'une vieille chronique, semi-française^ semi-provençale, contenue dans un
ms. qu'il croit avoir été rédigé vers 1201. Or, dans ce ms., on peut lire le
passage suivant, qui prouve que la prétendue relique de saint Denis était
déjà connue à cette époque : « Ceil qui fit icest livra savet certanament
f qu'en l'iglise saint Estevre de Paris estet la copa dau chep saint Dénia et
c daus cheveu s Nostra Dama très l'auter. »
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LB PHOCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN 1410. Sj^S
duobus DionjrsiiSy émet lui aussi des doutes sérieux sur le récit
de Touverture des châsses eu io5o^ récit qu'il croit interpolé ^ Il
est vrai qu'il dit à tort que Rigord est le premier écrivain qui
rapporte les bruits que faisaient courir les moines de Ratisbonne
au sujet de la prétendue translation des reliques de saint Denis
dans leur monastère; VEpistola Haymonis qui donne les plus
grands détails sur cette affaire est, comme nous le prouverons plus
tard, un témoignage contemporain.
L'auteur du mémoire montre le mal fondé de Popinion des
religieux de Saint-Denis, suivant laquelle Rigord aurait été méde-
cin du roi de France. Cette opinion, qui ne repose que sur une
erreur de ponctuation, devait être partagée plus tard par Vossius,
Oudin, Legendre, Fabricius, et de nouveau réfutée par Sainte-
Palaye et par Daunou. Le simple bon sens suffit d^ailleurs à
prouver qu'il faut lire professione phisicus^ regum Francorum
cronographus plutôt que professione phisictis regum Franco^
runif cronographus *. Les chanoines refusent avec raison d'accep-
ter la seconde de ces deux lectures. Par contre, ils se trompent en
rejetant également la première ; selon eux, Rigord n^a tenu à la
maison royale ni comme médecin ni comme historiographe.
Hâtons-nous de dire que ce n'est pas sur ce point que porte Terreur
des chanoines ; la charge d^historiographedu roi, telle que Racine
Tezerça auprès de Louis XIV, n^existait assurément pas sous
Philippe-Auguste. Le mot cronographus signifie certainement
ici non pas historiographe, mais historien dans le sens le plus
ordinaire. Cependant les adversaires de Saint-Denis vont plus
loin ; s'autorisant de ce qu'ils ont déjà déclaré falsifié le livre de
Rigord, ils considèrent la phrase regum Francorum cronogra^
phus comme substituée à celle-ci : ecclesie Sancti Dionjrsii cro^
nographm « pour cuidier monstrer que ledit Rigordus estoit
« serviteur et famillier, suivant et demourant à la court dudit
et Philippe le Conquérant, laquelle chose est contraire aux dis
« mesmes desdiz religieux et aussi à la vérité, comme il appert par
« la Philippine^ qui dit que Rignotus estoit clerc de Saint-Denys
« et qu'il escript bien élégaument du temps du roy Philippe le
« Conquérant^ »
1. J. Launoi, Œuvres, tome II, part. I, p. 58 1.
2. Le texte de Rîgord porte en réalité régis Francorum cronographus.
3. LL i326, fol. 20 r%
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344 ^^ PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
Cette accusation repose sur un fait qui n'est pas sans impor-
tance pour riiistoire de l'historiographie à Saint-Denis au moment
où fut rédigé le mémoire qui nous occupe. Il est évident par tout
ce que nous y lisons qu'il y avait alors à Tabbaye un chroniqueur
officiellement chargé de rédiger Thistoire du roi régnant. L'exis-
tence de ce chroniqueur n^était pas un fait nouveau, car Fauteur
du mémoire semble croire qu'il en a toujours été ainsi sous les
règnes précédents. Pour lui, Rigord est le chroniqueur officiel de
Saint- Denis au temps de Philippe-Auguste ; le ce livre compillé de
a V auteurs^ » dans lequel nous avons reconnu le ms. lat.
5925, n'est que la réunion des œuvres des chroniqueurs officiels
antérieurs au règne de Philippe le Bel. « et estoit, » c'est de
Rigord qu'il s^agit, a chroniqueur de Saint-Denis au vivant de
c< Philippe le Conquérant, si comme il appert par un livre des
« croniques de Saint-Denis qu^lz ont produit et composé de cinq
c perticulières croniques de Saint-Denis. Desquelles ilz dient que
«c la quarte est celle de Rigordus et qu'elle commence au temps de
ce Philippe le Conquérant, si comme ilz dient.
a Item et de ce s'ensuit clérement que ledit Rigordus estoit le
c< croniqueur de Saint- Denys au vivant de Philippe le Conquérant
« et ne s^ensuit point que, se il estoit croniqueur de Saint-Denys,
« pour ce qu'il se doye appeler regum Francorum cronogra-
tt pht4Sj néant plus que ont fiait les autres croniqueurs de Saint-
<i Denys si comme Aymon, Eginardus, Suggerius, Guillaume de
« Nangis et cellui qui à présent est * »
Cellui qui à présent est désigne incontestablement l'auteur
anonyme connu sous le nom de Religieux de Saint-DeniSj qui
nous a conservé l'histoire de Charles VI. Nous ne pouvons nous
empêcher de maudire, en passant, le hasard qui a fait négliger au
rédacteur du mémoire de joindre le nom de ce dernier chroniqueur
çie Saint-Denis à ceux des historiens antérieurs. Quelques traits
de sa plume, et nous voyions disparaître un de ces anonymats
irritants sous lesquels sont encore cachés les auteurs de bien des
œuvres importantes I
Pour revenir à notre sujet, nous allons encore citer le passage
suivant, qui prouve d'une façon irréfutable que les Français du
commencement du xv« siècle regardaient comme impossible que
chaque règne n'eût pas eu son chroniqueur à Saint-Denis.
I. LL i326, fol. 20 I*.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENtS EN 141O. 845
ce Item et se aucuns vouloient dire que m re ce n'est pas tout un
« Rignotus et Rigordus^ et que ledit Rigordus n'estoit pas croni-
<c queur de Saint-Denys, il appert le contraire par ce mesmes que
(c dient lesdiz religieux, lesquels mettent et escripvent sa cronique
ce entre les leur ou livre dessus dit comme faite par eulx ou par
« leur croniqueur, et ne monstrent point d'autre cronique faite
(c par eulx ou leur dit croniqueur pour le temps de Philippe le
« Conquérant, se non celle de Rigordus; par quoy se ilz disoient
« que ledit Rigordus n'eust point esté leur croniqueur, ilfauldroit
« dire qu'ilz n'auroient point cronique ne escript du temps de
« Philippe le Conquérant, lequel toutes voies vesqui plus longue-
« ment et fist plus de faiz notables et dignes de mémoire que ne
« fist oncques roy de France qui feust depuis lui ^ »
Nous ne serions pas éloigné de voir dans le soin que les cha-
noines mettent' à distinguer les titres de Francorum regum cro-
nographus et d'ecclesie Sancti Dionysii cronographtis, dans la
passion avec laquelle ils refusent le premier à Rigord, un indice
qu'il existait au moment oti le mémoire fut rédigé, outre le chro-
niqueur officiel de Tabbaye de Saint-Denis, un personnage for-
mant en quelque sorte partie de la maison royale et exerçant les
fonctions d'historiographe du roi. Quels étaient donc les hommes
qui exerçaient ces deux fonctions sous Charles VI ? Pour la pre-
mière, le doute n'est pas possible ; le Religieux de Saint-Denis
déclare avoir entrepris son travail sur l'invitation de l'abbé de son
monastère, il se soumet par avance aux correaions que ce prélat
jugera bon d'y introduire ; c'est bien lui qui est le chroniqueur
monastique. Mais parmi les autres écrivains dont les œuvres nous
sont parvenues, nous n'en voyons aucun qui puisse passer pour
l'historiographe du roi, tandis qu'il y a des moments oti le JRe/i-
gietix semble tout à fait en avoir joué le rôle. Nous le voyons
assister aux sièges de l'Écluse et de Bourges, recevoir du duc de
Berri l'ordre de noter jusqu'aux moindres détails des conférences
de Lélinghen, enfin suivre si habituellement la maison royale
qu'il nous dit avoir reçu bien souvent l'hospitalité sous la tente
du porte-oriflamme de France ^. En vérité, si l'auteur du mémoire
n'avait pas affirmé que ni Rigord, ni aucun autre chroniqueur de
Saint-Denis, sans en excepter « cellui qui à présent est, » n'avaient
1. LL i326, fol. 20 V*.
2. Religieux de Saint-Denis^ éd. Bellaguet (I, 462 ; II, 76; V, 282).
UÉM, XI 24
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346 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN 1410.
le droit d^étre appelés regum Francorum cronographus^ nous
eussions cru qu'une seule personne cumulait déjà les deux fonc-
tions comme Jean Chartier les cumula sous le règne suivant.
Comme, d'un autre côté, la situation de Thistoriographe royal
comme « serviteur et famillier, suivant et demourant à la court, >
est définie dans le mémoire d'une manière trop précise pour que
nous renoncions à Tidée que cette charge existait, nous sommes
obligé de laisser la question pendante.
La discussion de ces matières nous ayant un peu éloigné de
notre point de départ, il n'est pas inutile de rappeler que toute
l'argumentation des chanoines, fondée principalement sur les
contradictions que le texte de Rigord présente avec le prologue de
la chronique en prose de Guillaume le Breton, tendait à prouver
que Rigord était un personnage imaginaire substitué par les reli-
gieux au lieu et place d'un auteur appelé Rignot. L'ouvrage de
celui-ci aurait été jadis contenu dans le a livre compillé de
c V auteurs » (latin 5 92 5) ; mais les cahiers sur lesquels il était
transcrit auraient été arrachés et remplacés par de nouveaux
cahiers renfermant l'histoire falsifiée attribuée au prétendu Rigord.
Voilà ce que nous avons déjà vu exposer dans le mémoire de
Notre-Dame, mais l'auteur du mémoire ne nous avait pas encore
appris d'où provenaient les falsifications introduites dans la nou-
velle histoire. On sait que l'abbé Gilles de Pontoise offrit à Philippe
le Long un recueil historique rédigé par le moine Yves et consacré
à la glorification de l'abbaye de Saint- Denis et de son patron. Un
passage de ce recueil, relatif à la détection faite sous Henri I*% pré-
sente quelque analogie avec le passage correspondant de Rigord ;
il n'en faut pas plus à l'auteur du mémoire : a Par quoy s'ensuit
<c évidemment, s'écrie-t-il, que ledit abbé Gilles est le livre qu'ils
« imposent à Rigordus ^ » Nous n'avons pas besoin de dire que
le rapport entre les deux textes aurait été précisément en sens
contraire.
§ 2. Chronique de Guillaume de Nangis et Petit livre couvert
d^argent.
Les renseignements fournis parle mémoire de Notre-Dame sur
les manuscrits de la Chronique universelle de Guillaume de Nan-
I. LL i326, fol. 36 r».
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LB PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 347
gis^ produits par les religieux, ne nous permettent pas de les iden-
tifier; nous savons seulement qu^il y en avait trois, tous sem-
blables l'un à l'autre ^ qu'ils contenaient la seconde rédaction de
la Chronique et enfin que la Chronique s'y trouvait continuée
jusqu'au règne de Philippe le Long, puisque les chanoines s'ima-
ginaient que Guillaume écrivait sous le règne de ce prince :
« car il cscript jusques au temps du roy Philippe-le-Long,
« lequel fut couronné Tan mil iij<^ et xvj ^. n Hercule Géraud avait
déjà conjecturé que Pœuvre de Tun des premiers continuateurs de
Guillaume devait se terminer vers l3i6ou 1317'. ^^^^ que nous
ne connaissions pas de manuscrit dans lequel la continuation soit
renfermée dans ces limites ^, nous avons ici une nouvelle preuve
à Fappui de la conjecture de Géraud, puisqu'il existait, lors de
notre procès, une rédaction s'arrêtant entre i3i6 et i32a.
Trois clauses avaient été extraites de l'œuvre de Guillaume : la
première était relative au martyre de saint Denis, la seconde à
. l'invention des reliques du saint et de ses compagnons par Dago-
bert, la troisième à l'ostension du chef en 1191. La dernière, la
seule que nous ayons recherchée, puisque les éditions ne repro*
duisent pas la partie de la Chronique antérieure à 1 1 13, est celle
qui nous a prouvé l'emploi de la seconde rédaction; il y était, en
efiet, question de l'abbé Matthieu de Vendôme et du légat Simon
de Brion, plus tard pape sous le nom de Manin IV, et la mention
de ces personnages manque dans le passage correspondant de la
première rédaaion '.
Quant à l'argumentation des chanoines, elle offre trop peu de
variété pour que nous en rendions compte ici ; nous renvoyons
au texte même du mémoire ceux qui seraient curieux de la suivre
de près.
Les trois passages extraits de Guillaume de Nangis se retrou-
vaient littéralement dans un petit livre couvert d'argent qui devait
être quelque leaionnaire de l'abbaye de Saint-Denis : « Item et par
1. « trois livres pareilz que lesdiz religieux appellent le Livre de
a Guillaume de Nangis, religieux de ladicte abbaye de Saint-Denis »
LL i326, fol. 23 V*. «
2. LL 1326, toi. 26 T*.
3. Géraud. Chronique latine de Guillaume de Nangis* Introduction, p, xvj.
4. Voy. L. Delisle. Mémoire sur les ouvrages de Guillaume de Nangis,
inséré dans le tome XXVII, 2* partie, des Mém, de VAcad. des Inscriptions,
5. LL i326, fol. 26 V*. -«- Guillaume de Nangis, éd. Géraud, I, loi.
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348 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
<f lesdites raisons lesdiz doyen et chappitre contredient et impugnent
« un petit livre couvert d'argent qui est de leur abbaye, où lesdites
<c iij clauses sont contenues, et duquel pareillement elles ont été
c extraictes de mot à mot ^ » En marge de ces lignes, le parti-
san de Saint- Denis, qui a annoté le mémoire des chanoines, a ins-
crit : « Scriptus est per diptongum. » Les livres écrits « par dip-
tongues » ont pendant tout le moyen âge été considérés comme
très anciens '. Nous croyons que Ton désignait ainsi les livres
dans lesquels les dP et les û? n'étaient pas encore remplacés par des
e, selon l'usage déjà presque général au xii* siècle ; nous devrions
donc en conclure que le petit livre couvert d Vgent était beaucoup
plus ancien que ceJui de Guillaume de Nangis et que les trois
passages invoqués par les religieux, loin d'avoir été transcrits
d'après Guillaume, auraient plutôt servi de source à la Chronique
de celui-ci. Mais à cela, il y a une impossibilité absolue. C'est
que, ainsi que nous venons de le dire, le troisième extrait de
Guillaume de Nangis^ qui, d'après les termes du mémoire, devait
•comme les autres se retrouver « de mot à mot » dans le Petit livre
couvert d'argent, contient une allusion à l'abbé Matthieu de Ven-
dôme et au légat Simon de Brion, personnages contemporains de
Guillaume de Nangis et fort postérieurs au temps où l'on écrivait
en € diptongues. » Peut-être alors ce livret n'était^il que partielle-
ment écrit en diphtongues. Peut-être était-ce un ancien lection-
naire dans lequel de nouvelles leçons étaient venues compléter les
anciennes. Sur ce point comme sur d'autres, nous en sommes
réduit à proposer des conjectures.
§ 3. Grandes Chroniques.
' Nous trouvons une nouvelle preuve de la vogue qu'avaient les
Grandes Chroniques au xv* siècle dans le nombre de manuscrits
qui en furent produits à l'occasion de notre procès : les religieux
de Saint-Denis avaient présenté neuf exemplaires ^, les chanoines
ripostèrent en en apportant deux autres assez différents au moins
pour les passages invoqués.
1. LL i326, fol. 27 I*.
2. Voyez notamment aux pièces justificatives un passage relatif aux
anciens obituaires parisiens. (LL 463, fol. 8 v*.) Voy. aussi L. Delisle,
Cabinet des manuscrits , II, 371.
3. « De laquelle compilacion lesdiz religieux de Saint-Denis ont produit
• neuf volumes semblables » LL i326, fol. 27 v«.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I41O. 349
Avant tout, il est important de noter la distinction formelle que
Fauteur du Mémoire établit entre les Chroniques de France et les
chroniqties de Saint-Denis. Ces deux appellations sont fréquem-
ment prises Tune pour Tautre aujourd'hui, et les modernes.ontle
tort de les employer indifféremment pour désigner le corps d'his-
toire nationale rédigé en français à Fabbaye de Saint-Denis, et
dont M. Paulin Paris a été le dernier éditeur. Ce magnifique
ensemble devrait toujours, comme dans notre Mémoire, porter le
nom de Chroniques de France. Les chroniques de SainUDenis,
ce sont au contraire les diverses chroniques latines qui ont servi
de sources aux Chroniques de France^ ; c'est du reste ce qui est
clairement exprimé dans le prologue de celles-ci : « Et sera cette
a histoire descrite selon la lettre et l'ordonnance des croniques de
« Fabbaye de Saint-Denis en France. x> Le texte du mémoire est
encore plus explicite : c Et si est certain qu'elle a esté faicte et
c compillée des croniques de Saint-Denis, si comme il appert par
« le prologue de ladicte compillacion, et par espécial des livres et
c croniques dessus diz, si comme d'un petit livre que lesdiz reli-
ci gieux dient estre la Cronique de maistre Rigordus, lequel est
« par avant souffisamment réprouvé, et de celui de Guillaume de
« Nangis et aussi de Fabbé Gilles, si comme il peut apparoir par
«( les clauses que ont fait extraire lesdiz religieux desdiz livres,
« collationnées contre les clauses extraictes de ladicte compilla-
« cion *. »
Les neuf manuscrits présentés par les religieux contenaient la
rédaction due à Pierre d'Orgemont, car ils allaient jusqu'au règne
de Charles V*; Fun d'eux au moins provenait de la Librairie
royale et portait la signature de Charles V ; c'est ce qui résulte
d'une note ajoutée par un moine de Saint-Denis dans la marge
du mémoire des chanoines. En face des mots « lequel ilz
1. V07. Grandes Chroniques, éd. Paulin Paris, tome I. Dissertation, p. xiii.
— Sainte-Palaye paraît avoir pressenti cette distinction sans toutefois s'en
rendre un compte exact. {Mémoires de V Académie des Inscriptions^ XVI,
600-601.)
2. LL i326, fol. 27 r^^-v*.
3. f Car ladite compillacion est faicte et compillée n'a pas granment,
« si comme il peut apparoir ; car elle parle des faiz du roy Charles le
« Quinty dernièrement trespassé, auquel temps elle fut faicte, et par con-
f séquans elle a esté faicte depuis le débat commencié du chief monsei-
a gneur saint Denis, d LL i326, fol. 27 r*.
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350 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
a dient estre de la Librairie du roy , » on trouve ces lignes,
écrites de la main d'un personnage qui s'est attaché à réfuter presque
tous les arguments présentés dans le Mémoire : « Apparet per
c signum manuale régis Karoli; et est de translacione quant fecit
^fierij et sic eam non tamen tacite, sed expresse^ approbavit*, »
Parmi les manuscrits des Chroniques de France qui sont parve-
nus jusqu'à nous, il y en a trois qui ont fiiit partie de la Librairie
du Lx)uvre, mais aucun d'eux ne peut être identifié avec celui que
mentionne la note précédente. En effet, le seul qui porte la signa-
ture authentique de Charles V est celui de la Bibliothèque Sainte-
Geneviève, qui fut présenté à Philippe le Bel ; un autre, le ms.
français 28i3 (ancien SSçS) de la Bibliothèque nationale, qui est
bien de la rédaction de Pierre d^Orgemont, puisque le roi lui-
même le désigne comme tel dans une pièce publiée par M. Laca-
bane, n'offre aucune trace de signature ; enfin le troisième (ms.
français ioi35) est marqué d'une signature qui pourrait peut-être
passer pour celle de Charles V, mais le texte qu'il contient s'arrête
à la mort de Philippe de Valois '. Comme^ d^un autre côté, nous
trouvons cinq exemplaires des Chroniques de France mentionnés
dans les catalogues de la Librairie royale', le manuscrit en ques-
tion est l'un des deux qui ont disparu.
Voici la liste des passages invoqués par les moines de Saint-
Denis :
i^ Vérité est quant le glorieux saint Denis — y peussent assi*
gneren aucun temps, (Éd. Paulin Paris, I, 3 17-3 1 8.)
2* Tandis que ces choses advinrent — qui devisent quels sont
ceux qui ci gisent, (Ibid., I, 323-324.)
3® // ne obliapas — où ils gisoient encor, (Ibid., I, 344.)
40 Comment le roy Loys devint hors de sens pour ce que il
prist un des os du bras monsieur Saint-Denis. (Ibid., II, 8-9.)
5^ et furent trouvés entièrement les os du corps du pré-
cieux martyr — ainsi comme fait toille d^ araignée. (Ibid., III,
I97-)
60 Au temps le roy Henri — de Plncarnacion mil et cinquante.
(Ibid., IV, 39-40.)
1. LL i326, fol. 27 V».
2. L. Deliale. Le cabinet des manuscrits, III, iSg, note 2.
3. Ibid,i III, 159-160, art. 987-991.
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LB PROCÈS DU CHEF DE SAIirr DENIS EN I4IO. 35 1
7* Récit de Tostension des reliques de saint Denis en 1191.
(Ibid., IV, 83-84.)
Le quatrième passage dorénavant est Tun de ceux que Ton pourra
consulter pour reconnaître les manuscrits des Chroniques de
France copiés en dehors de Tabbaye de Saint-Denis. Il contient
en effet une attaque directe contre les prétentions des chanoines.
Après avoir raconté quelle fut la terrible punition infligée par
saint Denis au roi qui avait osé ravir un fragment de ses reliques,
le compilateur ajoute : « Quant il ne put oncques souffrir que
< un petit osselet fust osté de son bras^ ni desmembré de son corps,
c moins volentiers souffriroit donques que le chief de lui fust
< dessevré, et que il ne feust en sa châsse ou en Péglyse de léans* . »
Selon le chapitre de Paris, la seconde partie de cet extrait n'était
pas exactement reproduite et le véritable texte était celui<i :
« combien que voulentiers seuffre que son chief soit de lui
« dessevré, car il n'est ne en la châsse ne en Véglise de léans ^. »
Cette dernière rédaction n'est, comme on s'en doute bien, qu'une
altération destinée à expliquer la présence du chef de saint Denis
à Notre-Dame. Pour justifier leur dire, les chanoines citaient deux
manuscrits oti ce passage était ainsi modifié. Les religieux répon-
daient sans s'émouvpir « que lesdiz volumes ont esté escripz depuis
<x dix ans en ça, et est encores en vie Tescripvain et aussi celui qui
« les a fait escripre. Et si trouvera Peu bien l'exemplaire sur quoy
« il ont esté prins contenant le contraire de ladicte clause extraicte^. »
On a vu quel intérêt avait le duc de Berry à soutenir le chapitre
dans sa contestation avec Saint-Denis, la cause des chanoines était
la sienne, puisque, depuis 1406, ils lui avaient donné un petit
morceau de leur relique; on^e rappelle la déclaration que le prince
avait déjà faite devant le notaire du chapitre et qui fournissait
Pun des plus solides arguments contre Pintégrité du chef conservé
à Saint-Denis; ne serait-il pas possible que Tun de ces deux
volumes fût un exemplaire des Chroniques de France ^ exécuté en
1408 pour le duc de Berry et dont nous trouvons la mention dans
le catalogue de sa bibliothèque?
« Un livre des Croniques de France escriptes en françois, de
< lettre de court, très bien historié en plusieurs lieux, lequel Jehan
1. Chroniques de France, éd. Paulin Paris, II, 9.
a. LL i326, fol. 3i r.
3. LL 465, fol. 13 r*.
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352 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
« de la Barre, receveur général de toutes finances en Languedoc
a et duchié de Guienne, donna à Monseigneur en avril 1408.
« Comment ChilderUh — 100 U. »
§ 4. Livre de tabbé Gilles de Pontoise,
Nous avons déjà reconnu Panalogie que présente le texte des
tableaux diffamatoires, cause de tout le débat, avec certains mor-
ceaux de la compilation historique rédigée par Yves, moine de
Saint-Denis, et présentée à Philippe le Long par Tabbé Gilles de
Pontoise ; nous avons même cité un passage du mémoire de
Notre-Dame, dans lequel Fauteur affirme que c^est l'œuvre du
moine Yves qui en avait fourni la matière ^. On n'a pas oublié
non plus que ce recueil aurait servi, suivant Pargumentation des
chanoines, à composer la chronique du prétendu Rigord, que les
religieux auraient substituée dans le Livre compi//^' de V auteurs
à Tœuvre originale de Rignot*. On sait enfin que M. Delisle a
restitué à son véritable auteur cet ouvrage attribué jusqu'alors à
Guillaume TEscot, qu'il en a décrit quatre manuscrits, dont un
seul contient les trois parties qui constituent la compilation com-
plète ^ ; il ne nous reste plus qu^à rechercher ^i les extraits cités
dans notre procès portent sur les trois parties et si nous possédons
encore les manuscrits d'où ils furent tirés.
L'auteur du mémoire, qui prend soin de mentionner le nombre
des exemplaires des Chroniques de France ou de Guillaume de
Nangis produits par les religieux, ne nous dit pas si Ton eut
recours à plusieurs manuscrits du livre qu'il nomme toujours le
Livre de Pabbé Gilles j t£tndis que }es moines de Saint-Denis
l'appelaient Epistola abbatis Egidii ad regem Francorum
directa super passione sanctissimi Dionysii. Ce second titre, qui
1. L. Delisle. Le Cabinet des manuscrits, III, 190, art. 23g.
2. Voy. plus haut, page 346, et LL i326, fol. 35 v*, 48 v*, 49 V*.
3. Voy. plus haut, page 340.
4. A ces quatre xnss., il convient d'en joindre un cinquième, celui du
Vatican (Christine, 695), décrit par MM. Daremberg et Renan {Arch. des
Missions, I, 429-432) et par M. Élie Berger {Bibl, des Écoles d'Athènes et
de Rome^ fasc. VI, p. 14). Ce manuscrit ne contient que la troisième partie
de l'ouvrage qui nous occupe. -^ Le mémoire de M. Delisle se trouve dans
le tome XXI des Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque
nationale, p. 249.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 353
est en réalité celui de l'épître dédicatoire par laquelle s^ouvre la
première partie, rapproché d'extraits qui proviennent aussi bien
de la première partie (martyre de saint Denis) que de la troisième
(ostension du chef de saint Denis en 1 191), servait donc à désigner
Touvrage complet tel qu'on le voit dans le seul ms. C de
M. Delisle, le ms. latin 5286. Il ne serait donc pas impossible
que ce fût à celui-ci que Ton eût eu recours. Par contre, il n'y a
pas à hésiter quant à Tidentification d'un petit livret que les reli-
gieux semblaient ne pas considérer comme un exemplaire du livre
de Fabbé Gilles, mais qui a été fort justement reconnu par l'auteur
du Mémoire de Notre-Dame comme contenante troisième partie
de ce livre ; a Item et ne fait riens pour lesdiz religieux le petit
« livre qui est par devers la court, qui est en latin et en la marge
« translaté en françois ; car c'est proprement la tierce partie du
c( livre qu'ilz nomment VEpitre de Vabbé Giles^ laquelle ne fait à
« croire et recevoir en ceste matière comme est monstre par
ce avant ^ » Il s'agit évidemment du ms. latin i3836 (ancien
Saint-Germain 1082) copié par Guillaume TEscot et qui « ren-
« ferme seulement les chapitres lvii-clxviii de la troisième partie
« de la compilation ; la version française a été transcrite sur les
« marges comme pour servir d'encadrement au texte latin ^. »
§ 5. Epistola Hqymonis.
Le dernier des textes combattus par les chanoines est facilement
reconnaissable ; c'est V Epistola Hqymonis monachi adHugonem
abbatem Beati Dionysii^ dans laquelle se trouve racontée l'osten-
sion des reliques de saint Denis et de ses compagnons faite le
9 juin io53.
Le mémoire de Notre-Dame ne nous apprend pas grand'chose
sur ce texte dont il ne nomme pas l'auteur, mais dont il indique
un manuscrit qui pourrait bien être le manuscrit original : c'était
une « épître » isolée et contenant « cinq ou six feuillets » qui avait
sans doute déjà disparu au temps de Félibien, car le savant béné-
dictin ne dit pas qu'il ait publié cette lettre d'après un exemplaire
isolé, mais déclare au contraire qu'il l'a « tirée d'un ancien ms. de
« Saint-Denis. »
1. LL i326, fol. 5o 1*.
2. L. Delisle, loc. citât., p. 257-258.
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354 L^ PROCÈS DU CHEF DE SATNT DENIS BN I4IO.
A défaut de renseignements tirés du mémoire qui nous occupe,
nous saisissons cette occasion de Ttndre kVEpistola HaymonissA
date véritable ; tous les éditeurs s'obstinaient jusqu^ici à la rajeu-
nir de plus de cent trente ans. On sait que Tépître est dédiée à
Hugues, abbé de Saint-Denis. Tel était bien le nom de Tabbé en
fonctions lors de l'ouverture des châsses; il était donc fort
naturel de croire que le récit de Haymon était contemporain.
Mais Félibien, sous Tempire de je ne sais quelle illusion, sMma-
gina que Hayipon disait lui-même a qu^il a écrit fort longtemps
a après que la chose s'est passée ^, » et en conclut que cet Hugues
était Tun des deux abbés du même nom qui gouvernèrentJ*abbaye
de 1 186 à i2o3. Le récit en ce cas eût été postérieur de plus d'un
siècle à l'événement. Daunou, tout en reconnaissant que Fauteur
ne dit nulle part <c qu'il a écrit fort longtemps après que la chose
« s'est passée, » est néanmoins amené à commettre la même erreur
par des expressions qui lui paraissent déplacées sous la plume d'un
contemporain : c< abbas qui tune ipsius sancti loco prœerat,
c Hugo nomine » Nous avouons que cette phrase serait de
nature à faire naître quelque doute ^, et nous excuserions le dernier
éditeur, M. Kœpke, de s'être conformé à l'opinion de ses prédé-
cesseurs', si nous ne trouvions dans le texte même de Haymon la
déclaration formelle qu'il écrivait très peu de temps après l'osten-
sion de io53 '*. Voici en effet ce qu'on peut lire dans l'épître dédi-
catoire à Hugues : « ut tradam memoriali litterarumsolertiœ
« serietn rationis continuée^ cur hcec excellentissîmi protectoris
« nostri Dionysîi festa celebria hoc Novissmo tempore fuerint
« a nobis reperta »
1. Hist, de l'abbaye de Saint-Denis, p. 122, note a,
2. Daunou fait remarquer aussi que Haymon semble ne plus savoir au
juste en quelle année le fait s'est passé : c anno plus minas circiter
millesimo quinquagesimo » (Hist. litt., XV, 3o5.) Seulement, il ne s'est
pas aperçu que ces expressions ne se trouvent pas dans le corps de la
lettre, mais bien dans le titre évidemment rajouté après coup. (Félibien,
p. clxvj.)
3. Mon, Germaniœy Scr. XI, p. 372.
4. Nous sommes heureux de pouvoir nous abriter derrière l'autorité de
M. Gaston Paris, qui a déjà déclaré qu'il ne lui paraissait pas impossible
que VEpistola Haymonis fût contemporaine des événements qu'elle raconte.
(La chanson du Pèlerinage de Charlemagne dans la Romania, t. K, p. 3o,
n. 2.)
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LE PROCès DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 355
Nous croyons même volontiers que VEpistola Hajrmonis a été
composée à l'occasion deFun des premiers anniversaires de la solen-
nité de io53. C'est du moins ce qui est clairement exprimé aux
chapitres t et x :
« Liquet nobis, Fratres charissimi, diem imminere celeberri-'
« mamy in qua omnium creatori Domino non modicam plaçait
c genti Francorum conferre lœtitiam deque prœcipui mœroris
« infortuniovotivirefocillare gaudii emolumento s (Chap. i.)
a UndCy sepasitis ceteris rationibus^ ad enarrandum vertendus
c est stiluSy cur decursis aliis specialis patroni nostri Domini
« videlicet Dionysii sollempnitatibus superaddatur a nobis hœc
« quam devotissime hodib celebramus » (Ibid.)
« Taliter^ ergOy charissimi^ res se habet gesta quare exor^
€ dium assumpserint prœsentiafesta » (Chap. x.)
Dans ces trois extraits, la mention de Tanniversaire est formelle ;
dans le second, l'expression superaddatur^ au lieu de « super^
additafuerit^ » ne suffirait pas plus à prouver que la fête en ques-
tion se célébrait pour la première fois, que les paroles (c abbas qui
c( TV^c prœerat Hugo nomine d ne prouvent, selon nous, que
cet Hugues n^était plus en charge. Mais^ si on la rapproche des
mots « hoc novissimo tempore » relevés tout à Theure, il est per-
mis d^en induire que l'œuvre de Haymon a été composée, comme
nous le disions, à Poccasion de l'un des premiers anniversaires de
l'ouverture des châsses, peut-être même en 1054.
§ 6. Livres divers.
Comme les moines de Saint-Denis avaient encore cité plusieurs
livres moins importants, d^oti ils avaient fait extraire les passages
concernant les faits qui avaient été déjà Tobjet des réfutations des
chanoines, ceux-ci se bornèrent à énumérer ces livres et à décla-
rer que les arguments qu'ils emploieraient pour les combattre
étaient les mêmes que ceux dont ils avaient déjà fait usage ; par
suite ils jugeaient inutile de les répéter. Ces ouvrages étaient
au nombre de neuf et étaient contenus dans dix-huit manuscrits,
dont trois provenaient de la Librairie royale ; cinq d'entre eux
étaient ornés de peintures. La description contenue dans le
Mémoire du chapitre de Paris ne nous a pas permis de reconnaître
d^une façon certaine un seul de ces volumes parmi ceux qui nous
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356 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
ont été conservés. Dans Tespoir queTun de nos lecteurs sera plus
heureux que nous, nous croyons devoir en donner ici la liste * :
r* Vies de saint Denis. — Les religieux avaient produit cinq
de ces biographies; deux appartenaient à la Librairie du Louvre;
elles étaient rédigées en vers français et décorées de miniatures :
a un livre que ilz dient estre de la Librairie du roy et lequel ilz
« dient estre la Vie saint Denis en françois, figuré, en vers sur les
c( figures un livre de la Librairie du roy qu^ilz dient encore
ce estre de la Vie monseigneur saint Denis en françois, figuré et
« en vers. »
Deux autres récits étaient, paraît-il, analogues aux précédents,
mais, d'après leur intitulé « ils devaient être écrits en latin :
a deux autres livres de pareille compilacion qu^ilz nomment
« Vita et actus beati Dionisii compiliez de plusieurs acteurs. »
Quant à la dernière Vie de saint Denis, nous savons qu^elle
était en vers, mais nous ignorons en quelle langue elle avait été
composée : « un livre que ilz dient estre la Vie monseigneur
a saint Denis versifiée où il y a plusieurs figures de sa Passion
a que ilz ont produit en plusieurs clauses. »
Les vies de saint Denis que possédait la Librairie du Louvre
étaient au nombre de sept et figurent sous les n~ 92 1 -927 du cata-
logue dressé par M. Léopold Delisle'. Celles qui portent les
n" 921-922 contenaient un récit latin et étaient illustrées de
miniatures'; les cinq autres sont des Vies françaises. Parmi
celles-ci, il y en avait une ornée de peintures (923), une seule
était en vers, c'est le n» 927, qui, par conséquent, aurait seul
quelque apparence d'avoir été cité dans le procès du chef de saint
Denis.
2*» Passion de saint Denis en français. — « un autre livre
« en françois comme neuf, que ilz dient estre de la Passion mon-
« seigneur saint Denis où il a en la fin plusieurs figures. »
3» Invention des reliques de saint Denis en vers latins, prove-
nant de la Librairie du Louvre. — c Un autre livre de la Librairie
1. Tous ces livres, sauf celui de Vincent de Beauyais, sont énumérés
dans LL i326, fol. 38 v*. — Nous avons cru plus commode de les grouper
ici dans un ordre logique.
2. Le Cabinet des manuscrits, III, iSô-iSy.
3. Le n* 921 n'est autre que le ms. de Tabbé Gilles, conservé à la Biblio-
thèque nationale sous les n** 2090-2092 du fonds latin.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. SSj
<K du roy comme ilz dient, et dient qu'il est de Plnvencion saint
c Denis, qui est en latin, figuré et en vers. »
4*» Légendes dorées, — Six exemplaires de Toeuvre de Jacques
de Voragine, dont un au moins écrit en français, sont aussi
décrits dans le mémoire du chapitre de Paris : « de deux
c Légendes dorées en latin et d'une autre Légende dorée en François,
c d^un autre livre que ilz nomment Légende des saints que ilz
« dient estre compillé per Jacobum Januensem, jacopin^ et de
« deux autres Légendes de sains dont ilz ont fait extraire lesdictes
a clauses qui sont pareilles audit livre compillé per dictum Jaco-
a bum Januensem, »
5^ Sanctilogium de Gui de Castres, abbé de Saint- Denis. —
« un autre livre composé par Guy, qui fut abbé de Saint-
« Denis. » Cet ouvrage qui est appelé ailleurs « Spéculum legenda-
€ rum fait par Tabbé Guy de Saint-Denis * » est plus connu sous
le nom de Sanctilogium Guidonis^ sous lequel il est mentionné
par Félibien^; au temps du savant bénédictin, il formait deux
volumes de la bibliothèque de Saint- Victor, cotés 289 et 240. Le
premier de ces volumes est aujourd'hui à la Bibliothèque Maza-
rine*, le second à la Bibliothèque nationale *.
6® l^ petit livre couvert d^ argent dont il a déjà été question à
propos de Guillaume de Nangis. — « un autre livre couvert
<K d'argent dont dessus est faite mencion dont ils ont encore fait
« extraire une autre clause. »
7* a un Bréviaire de la Chapelle du Palais. »
8** Chroniques Martiniennes. — « un autre livre de cro-
ie niques, translaté en françois, par un nommé Martin, péniten-
« cier du pape. »
9* Spéculum historiale de Vincent de Beauvais. — a La Cro-
« nique Vincent » est mentionnée sans autres détails parmi les
ouvrages cités par les religieux '.
1. LL i326, fol. 40 r».
2. Histoire de Vabbaye de Saint-Denis, p. 274.
3. Cems. porte le n» 1334. Il est intitulé : Sanctilogium Guidonis sive
spéculum Legendarum,
4. Fonds latin 14649.
5. LL i326, fol. 40 r*.
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358 LB PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
VI.
REPRÉSENTATIONS DE SAINT DENIS CITéES DANS LES MÉMOIRES DE
NOTRE-DAME ET DE SAINT-DENIS.
11 est regrettable que les chanoines de Paris niaient pas donné
les titres des livres de Tabbaye de Saint- Denis, dont ils attaquaient
les « pourtraictures, peintures et enlumineures. » Nous savons
seulement que ces peintures, exécutées au monastère, ornaient des
manuscrits destinés à être offerts à des seigneurs ou à des princes ^,
qu'elles représentaient la décollation ^ et l'ensevelissement de saint
Denis et de ses compagnons, enfin qu'elles se trouvaient non seu-
lement dans les volumes dont les religieux avaient extrait des pas-
sages, « es livres desdiz religieux dont ilz ont fait faire plusieurs
(( extrais qu^ils produisent, » mais aussi « en anciens autres livres
a qu'ilz produisent. » Parmi les premiers devait sans doute figurer
quelque exemplaire de l'abbé Gilles et vraisemblablement le beau
ms. français 2090-92*. Quant aux livres anciens, c'étaient proba-
blement des recueils consacrés à la glorification de saint Denis,
analogues à celui que la Bibliothèque nationale doit à la libéralité
de M. le duc de la Trémoille et dont M. Léopold Delisle a donné la
notice^. Ces représentations ne pouvaient donc pas suffire à faire
autorité, puisqu'elles provenaient de la partie intéressée; aussi,
les moines citaient-ils à Tappui de la décollation de leur patron
les nombreuses enseignes de saint Denis que Ton voyait à Paris,
enseignes dans lesquelles la tête du saint était toujours tranchée
par le cou ^. Ils se plurent surtout à chercher des exemples dans
1. LL i326, fol. 38 V* et 40 y*.
2. « Item et ceste manière peut assez apparoir par les instnime&s qui
c sont figurez en un vieil livre que produisent lesdiz religieux que ilz dient
c estre la Vie mons. saint Denis versifiée où ceulx qui décollent mons.
et saint Denis et ses compaignons tiennent lesdiz instrumens comme haches
c qui ont le tranchant ront et rebourcé aux deux bouts, qui sont réguliè-
c rement instrumens mal tranchans et que lesdiz instrumens ilz firent
c moult de martires ausdiz mons. saint Denis et à ses compaignons. » (LL
i326, fol. 38 V*.)
3. La miniature de ce ms., représentant l'ensevelissement de saint Denis,
a été reproduite dans Paris et ses historiens, par Leroux de Lincy, p. 114.
4. Bibliothèque de VÉcole des chartes, année 1877, p. 444.
5. LL465, foL i3 r.
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LE PROCÈS DU CHBF DB SAINT DBNIS EN I4IO. 35g
Péglise même de Notre-Dame, au portail méridional ou porte
Saint-Marcel^ dans une verrière qui se trouvait au-dessus du
maître-autel et que les chanoines avaient, disait-on à Saint- Denis,
fiait mutiler depuis peu, et dans la clôture du chœur.
A propos de ce dernier exemple, nous trouvons une indication
qui n'est pas sans valeur, c^est celle de Tépoque à laquelle fut exé-
cutée une partie de la clôture du chœur. Tous nos leaeurs con-
naissent la clôture historiée du chœur de Notre-Dame; cette
enceinte ne se composait pas seulement des deux murailles pleines
auxquelles s^appuient encore les stalles; mais, en outre, elle se
complétait, du côté de la nef, par le jubé, tandis que, du côté de
Pabside, elle se prolongeait à claire-voie autour du sanctuaire,
après avoir laissé un passage pour les deux entrées latérales ^
Cest ce prolongement à clairci'voie qui a fait place aux décora-
tions ordonnées par Louis XIV. Une inscription bien connue,
citée par le P. du Breul ^ et encastrée dans la partie septentrionale,
donne le nom du maître maçon Jean Ravy, qui commença ces
sculptures, et celui de son neveu, Jean le Bouteiller, qui, diaprés
ce qu^elle nous apprend, les aurait achevées en i35i.
Quant aux sujets représentés, ceux qui ont subsisté sont tous
tirés du Nouveau Testament; le P. du Breul dit que l'on voyait
aussi des scènes de T Ancien Testament accompagnées de légendes
explicatives', et M. de Guilhermy a retrouvé et publié deux de^
légendes relatives à Thistoire de Joseph^. D'autres sujets encore
contribuaient à Pornementation dePencçinte du chœur; c'étaient
d'abord, du côté méridional, vers le grand autel, dans une travée
exécutée aux frais de Guillaume de Melun, archevêque de Sens,
« en l'honneur de Dieu, de Nostre-Dame et de monseigneur
« sainct Estienne, » des images de Notre-Dame, de Farchevéque
et sans doute de saint Etienne', puis ailleurs, ainsi que nous
1. F. de Guilhermy, Itinéraire archéologique de Paris, p. m.
2. Le Théâtre des antiquité^ de Paris, p. 14. — On trouve un dessin de
l'inscription et du portrait de Jean Ravy, qui raccompagnait dans le
volume de Gaigniôres, récemment acquis par le Cabinet des Estampes de
la Bibliothèque nationale (Pe 11 a Rés., fol. i5o).
3. Z.OC. cit., p. i3.
4. Inscriptions de la France, \, 25. — Guillebert de Metz semble n'avoir
remarqué dans la clôture du chœur que Thistoire de Joseph et les Actes des
apôtres. {Paris et ses historiens, p. i53.)
3. Du Breul, loc. citât,, p. i3. — Deux archevêques du nom de Guillaume
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36o LE PtlOGÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
l'apprend le mémoire des religieux, la passion de saint Denis :
a Item pareillement entour le cuer de ladicte église de Notre-
« Dame, entre les ymaiges élevez en pierre, y a un ymaige dudit
« saint Denis et une dolouère sur le coul *, et dessoubz est escripte
« ceste clause : Comment saint Denis fudécolé^ etc. Et après a un
« autre ymaige de pierre tenant son chief tranchié par le col et
(( dessoubz est escript : Saint Denis porte son chief à Catule. Et
« ainssi lesdiz doyen et chappitre ne peuent nyer que ces ymaiges
« tranchiez par le col ne représentent saint Denis et sa passion, car
c la suscripcion le désigne ^ s Ces représentations, qui se trou-
vaient évidemment dans la partie qui entourait le sanctuaire,
. n^étaient pas aussi anciennes que celles qu^avaient sculptées Jean
Ravy et Jean le Bouteiller ; c^est du moins ce qui résulte de la
réponse des chanoines de Notre-Dame : «c car il est certain que
« lesdites instoires d'autour le cuer sont faites bien nouvellement
c( au regard des autres lieux dessus dis, et sont faites depuis xl ans
c( ou environ, si comme il sera bien enseigné tant par celui qui
« les fist faire et par celui qui les fist que aussy par les comptes de
« la despence qui en fu faite, lesquielx sont en Péglise '. » Le ren-
voi aux comptes de dépense ne permet pas de douter de l'exacti-
tude de ce renseignement ; malheureusement ces comptes ont
aujourd'hui disparu ', de sorte que nous devons, à défaut de date
)30sitive, nous contenter de placer Texécution des scènes de la pas-
sion de saint Denis aux environs de iSyo. En ce cas, la date de
i35i donnée par Tinscription de Jean Ravy ne se rapporterait
qu'à Tachèvement d'une partie de la clôture du chœur et sans
doute à celui de la partie pleine.
Un bas-relief représentant le chanoine de Notre-Dame, Pierre
de Fayet, se voyait autrefois encastré dans la clôture du chœur ^
ce bas-relief, aujourd'hui conservé au musée du Louvre, porte une
de Melun gouvernèrent Péglise de Sens, l'un de i3i7 à iSag, l'autre de
x344 à iSyô.
1. LL465, fol. i3 r-v.
2. LL i326, fol. 41 V*.
3. Quelques-uns nous sont parvenus par des copies de Sarrasin, mais
nous n*y avons rien trouvé qui se rapportât aux travaux de la clôture du
chœur, si ce n'est un article relatif au nettoyage des statues qui la déco-
raient : c Pro emundacione ymaginum extra ckorum in Asiumptiane Béate
Marie — vj s. » (Compte de la fabrique pour Tannée i333-i334. Arch.
nat., LL 373, fol. 2 y.)
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN 14IO. 36 1
inscription qui nous apprend que le personnage représenté avait
donné deux cents livres Parisis < pour aidier à faire ces hystoires
< et pour les nouvelles voirrières qui sunt desus le cueur de
« céans*. • Or, avant de parler des sujets sculptés sur Tenceinte
du chœur, les religieux avaient cité une verrière située en arrière
du maître-autel et représentant une grande figure de saint Denis
avec la tête coupée par le cou : « par la grant jnnage de saint
€ Denis qui est en verrière au dessus du grant autel de ladicte
« église de Notre-Dame de Paris, appert que ledit chief est tran-
« chié parmy le col; dessoubz lequel ymaigeavoit, paravant ceste
« présente plaidoyrie, tele suscription : Sanctus Dyonisius, pri-
a mus Parisiorum episcopus, mais aucuns desdiz chanoines qui
« conduisent cest euvre, depuis ledit plaidoyé ont fait oster ladite
« suscrîpcion pour cuider couvrir vérité^. » Cette « grant y mage»
faisait partie de cette série de figures épiscopales hautes de plus de
dix-huit pieds qui ornaient les fenêtres du chœur de notre cathé-
drale : les dernières subsistaient encore en 1741, lorsque Pierre
Levieil fut chargé de les détruire pour les remplacer par des car-
reaux de verre blanc décorés de chiflfres et de bordures fleurdeli-
sées. Le style des figures, autant que permet d'en juger la som-
maire description donnée par Levieil lui-même, était tout à fait
archaïque et les vitraux pouvaient très bien être contemporains
de Pachèvement du chœur et de la consécration du maître-autel
en II 82 '. Si donc ils remontaient à la fin du xii* siècle, faut-il
accuser les chanoines d^ignorance ou de mauvaise foi lorsqu'ils
qualifiaient le vitrail contenant l'image de saint Denis de a ver-
te rière nouvellement faite -* ? » L'inscription de Pierre de Fayet
nous permet de justifier partiellement leur dire.
Cette inscription prouve en effet qu'à une époque beaucoup
plus rapprochée de celle du procès qui nous occupe, de nouvelles
verrières avaient été exécutées dans la même partie de l'église ; il
n'est donc pas impossible qu'à ce moment l'image de saint Denis
eût été refaite ou tout au moins réparée. C'est même alors que se
1. Ce curieux monument a été reproduit par M. de Guilhermy. {Inscrip"
fions de la France, I, 21-22.)
2. LL 465, fol. i3 r«.
3. P. Levieil. Art de la peinture sur verre, dans la Description d^S Arts
et Métiers, Éd. de Neufchfttel, 1784, in-4% tome XIII, p. 64.
4. LL i326, fol. 41 r*.
Utu, XI 25
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362 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN 14IO.
serait accomplie la mutilation que les religieux de Saint-Denis
reprochaient au chapitre de Paris. L'époque à laquelle on ajouta
les nouvelles verrières était jusqu^ici fon incertaine, car on igno-
rait la date précise de la mort de Pierre de Fayet. Deux ouvrages
cités par M. de Guilhermy * le font mourir en r3o3 ; cependant
nous avons retrouvé dans un épitaphier de Notre-Dame le dessin
d^une pierre tombale qui est, il est vrai^ postérieure de beaucoup à
l'époque ot s'éteignit le chanoine de Paris, mais dont l'inscrip-
tion paraît avoir été rédigée diaprés une épitaphe plus anci^ine ou
d'après des documents certains. Nous y voyons que Pierre mou-
rut en 1 343 et qu'il était neveu de l'évéque Matifas de Bucy K
Cette date doit être exacte ; car, bien que les Archives nationales ne
possèdent pour cette période que des fragments des registres capi-
tulaires, nous sommes à même d'affirmer que le nom de Petrus
de Faiello figure encore dans les délibérations du chapitre en
i326 et 1329 et qu'il ne se trouve plus en 1346.
Les religieux avaient encore signalé une figure de saint Denis
portant sa tête entière parmi les décorations de la porte Saint-
MarceP, mais cet exemple était, paraît-il, mal choisi. Cette
statue se trouvait être, ainsi que nous le verrons tout à Theure,
une statue de saint Lucain, à qui la légende fait aussi porter sa
tête.
Les chanoines de Paris n'avaient pas de peine à trouver dans
leur église d'autres représentations de saint Denis qu'ils pussent
1. Inscriptions de la France, I, 22.
2. Cette pierre tombale, qui consistait en une simple inscription entou-
rée d'un double encadrement noir et de larmes en marbre noir, est repro-
duite au fol. 45 du reg. LL 4886 des Archives nationales. D'après la
légende qui en accompagne le dessin, elle se trouvait c autour du chœur,
c près la chapelle Saint-Nicaise, dans laquelle est enterré Matyphas de
c Bucy. » Voici le texte de l'inscription :
Hic jacet
magister
Petrus de Faiello
quondam canonicus Parisi-
ensis et nepos révérend i
patris in Christo domini D.
Simonis Matifardi olim Farisi-
ensis episcopi qui obiit an.
1343.
3. c ou portail de Téglise de Paris devers la court monseigneur de
Paris » LL x326^ fol. 41 v«.
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LB PROCÈS mj CHRP DB SAtNT DENIS EN T4IO. 363
opposer à celles que les religieux avaient citées ; il y en avait au
portail de la Vierge, à la porte Saint-Marcel, sur la diâsse de
Notre-Dame, sur les a chaires du cuer » et dans des verrières plus
anciennes, disaient-ils, que le vitrail de Tabside quUnvoquaient
les moines de Saint-Denis.
Le passage du mémoire de Notre-Dame relatif à la statue de
saint Denis que Ton voyait à U porte de la Vierge est fort ins-
tructif. On était jusqu'à présent assez mal renseigné sur Tidentité
des personnages dont les statues, détruites il y a près d'un siècle,
ornaient jadis les ébrasures de cette porte *. On s'en tenait généra-
lement à la sommaire description donnée par Pabbé Lebeuf : « Au
« côté droit de la porte, en entrant, sont les statues de saint Jean
« Baptiste, saint Etienne, sainte Geneviève, saint Germain d'Au-
< xerre ou saint Amâtre, son prédécesseur. Au côté gauche est la
« statue de saint Denis et un roi. Ces figures, qui sont du xm* s.,
« paroissent avoir été réunies en cet endroit comme un mémorial
a des deux petites églises adjacentes, Saint-Jean et Saint-Denis,
« dont ces saints et saintes étoient les patrons '. » Notre^exte va
nous permettre de rectifier quelques-unes des attributions du
save[ht historien de Paris : « que la porcion du chief monsei-
« gneur saint Denis qui est en l'église de Paris soit du chief mon-
c( seigneur saint Denis, apostre de France et premier évesque de
€ Paris, il appert par le portail senestre de Téglise de Paris, vers
« Saint Jehan le Rond, ou quel, en grans et anciens ymages de pierre
« eslevez, est Tymage du roy Philippe le Conquérant, figuré en
« jeune aage pour ce qu'il fut couronné ou xiiij* an de son aage ;
(c lequel monstre Timaige de monseigneur saint Denis portant son
« chief demi trenchié^ et aussi les ymages de Notre-Dame, de
« saint Estienne, de saint Jehan Baptiste, etc., en démonstrantque
«c les reliques dessus dictes qu'il avoit donné à la dicte église de
« Paris estoient des sains dont il monstre les ymages. Et n^est
(C point de doubte que l'imaige de monseigneur saint Denis qui est
«au plus près de lui, et lequel il monstre principalement, est
« rimage de monseigneur saint Denis, apostre de France et pre-
« mier évesque de Paris, comme il appert par ce que deux anges
I. Les statues que Pon voit aujourd'hui ont toutes été refaîtes lors de la
grande restauration de M. Violiet Le Duc.
a. Lebeuf. Hiêtoire de U ville et de tata le diocèu de Pans, éd. Coche-
ris, I, p. 9.
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364 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
« le conduisent, et porte son chief demi trenchié *. Et est certain
c< que ledit portail ne fut pas ainsi fait et devisé sans grande et
« meure délibéracion, affin qu^il fust perpétuel mémoire que les
a dessus dites reliques avoient esté données à l'égUse de Paris par
« ledit roy Philippe le Conquérant *. »
Tout ce portail est donc un mémorial des pieuses libéralités de
Philippe-Auguste. Le « roi » que l'abbé Lebeuf ne savait pas
désigner d'une façon positive, c'est le fils de Louis VII tel qu'il
fut couronné du vivant de son père, en 1 179 '; les autres statues
sont celles des saints de qui la cathédralç devait les reliques à sa
munificence. C'est d'ailleurs ce que viennent confirmer les déco-
rations secondaires de ce même portail : au-dessous du support de
chacune des grandes statues, se voit un petit bas-reUef carré dont
le sujet est un épisode de la vie du personnage que représente la
grande statue. Ces petits tableaux, plus heureux que les grandes
images qui les surmontaient, ont échappé aux destructions et aux
restaurations et n'ont pas été assez endommagés pour que le sujet
n'en soh plus reconnaissable. On peut ainsi constater que le bas-
relief placé au-dessous de la statue de saint Denis représente sa
décapitation. Ceux qui accompagnent les statues des deux anges
figurent, l'un le combat d'un ange fidèle contre un démon, l'autre
un ange vainqueur et un dragon * ; au-dessous de saint Jean, on
distingue un bourreau remettant à Hérodiade la tête du Précur-
seur, et ainsi de suite. Au-dessous de la niche que devait occuper
la statue de Philippe^Auguste, < nous voyons en bas-relief un roi
« agenouillé déroulant une longue banderoUe aux pieds d'une
« fsmme assise, voilée, couronnée, nimbée, un bout de palme ou
c( de sceptre à la main; en support, un quadrupède sur la croupe
« duquel se tient un oiseau. Le bas-relief semble une dédicace ou
« une consécration. Mais, » dit M. de Guilhermy, ce les rensei-
1 . Dans la restitution moderne de cette statue, saint Denis porte sa tête
entière.
2. LL i326, fol. 4 r»-v».
3. On voit quelle erreur a commise le restaurateur moderne en rempla-
çant cette statue par celle d'un empereur barbu, sans doute Constantin
que Viollet Le Duc avait cru reconnaître dans cette figure. Cet auteur donne
du portail de la Vierge une explication encore moins satisfaisante que celle
de Tabbé Lebeuf. {Dictionnaire (V architecture, VII, p. 424.)
4. Ce bas -relief est reproduit par Viollet Le Duc dans son Dictionnaire
d'architecture, VIII, p. 167.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 365
€ gnements nous manquent pour une interprétation plus pré-
« cise*. »
A présent, Finterprétation nous est plus facile : le roi age-
nouillé est Philippe-Auguste; la femme couronnée et nimbée,
c^est Notre-Dame ; la longue banderoUe^ c^est Pacte de donation
des reliques des saints dont les images décorent le portail. Il sem-
blerait donc que, si nous voulions identifier ces images, nous
n'aurions qu^à jeter les yeux sur la liste des reliques données à
Notre-Dame par le vainqueur de Bouvines, liste que les cha-
noines ont soigneusement inscrite dans son obit. « Dédit
« etiam partem capillorum béate Marie, très dentés beati Johan-
« nis Baptiste, brachium sancti Andrée apostoli, lapides quibus
« lapidatus fuit beatus Stephanus et caput pretiosi martiris Dio-
c nysii , que omnia in ecclesia Beati Stephani prothomartiris
a inventa fuerunt ; insuper unciam digiti béate Katherine virgi-
« nis ^ 1 On va voir cependant que tous les saints dont les noms
figurent sur cette liste ne sont pas représentés au portail de la
Vierge. On était déjà d'accord pour reconnaître quatre d'entre
eux : c^étaient la Sainte Vierge, dont Timage se trouvait sur le
trumeau de la porte, saint Etienne et saint Denis. Quant à la sainte
Geneviève de Tabbé Lebeuf, il paraîtrait conforme à notre sys-
tème de la remplacer par sainte Catherine. Mais, même lorsque
cette statue avait disparu, on distinguait à la place qu'elle avait
occupée, vers la hauteur de la tête, les vestiges d'un démon,
entouré de feu, qui s'efforçait d'éteindre le cierge de la sainte, et
ceux d'un ange sortant d'une nuée, prêt à le rallumer ; en support
se trouve encore aujourd'hui un démon'. Enfin, le petit bas-
relief, quoique très mutilé, laisse voir la sainte devant le puits
miraculeux dont l'eau lui servit à rendre la vue à sa mère. Ce sont
là autant d'attributs qui désignent formellement sainte Gene-
viève *. L'absence de représentation de sainte Catherine s'explique
d'ailleurs par les termes mêmes de l'obit de Philippe-Auguste ; sa
relique ne provenait pas de Saint- Étienne-des-Grès et n'avait pas
été donnée en même temps que celles qui avaient été trouvées dans
cette église. Aussi le nom de sainte Geneviève ne figure-t-il pas
1. Itinéraire archéologique de Paris, p. 63.
2. Guérard. Cartulaire de N.-D,, IV, iio.
3. Guilhermy. Itinéraire archéol., 62-63.
4. Voy. Kohler, Bibl. de PÉcole des hautes études, fasc. 48, p. xii à xv.
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366 LB PROCès DU CHEF DE SAIMT DENIS EM I4IO.
dans VancUa bréviaire de Paris à l'office de la Susceptioa de ces
reliques. On ne trouve, en effet, dans la première leçon de cet office
citée par les chanoines de Notre-Dame que ceux de la Sainte
Vierge, de saint Jean-Baptiste, de saint André, de saint Etienne
et de saint Denis *. Si sainte Geneviève a eu son image pbcée au
poruil de la Vierge, ce n'est qu'à titre de patronne de Paris.
Nous avouons pouvoir justifier beaucoup moins aisément l'omis-
sion de la statue de saint André que celle de la statue de sainte
Catherine. La dernière figure à droite du portail de la Vierge
devrait être celle de cet apôtre; mais cette statue que Tabbé
Lebeuf avait cru être celle de saint Germain d'Auxerre ou de saint
Amâtre, son prédécesseur, était bien probablement celle d^un
pape ; car, si nous examinons k bas-relief inférieur, nous y voyons
un pape couronnant un empereur. Suivant M. de Guilfaermy,
« ce serait saint Sylvestre et Constantin, le pape et Tempereur, le
« pouvoir des clefs et celui du sceptre, le gouvernement temporel
€ et le règne spirituel. Le support est une ville^ avec sa porte for-
« tifiée et son enceinte, peuplée de hautes tours carrées qui rap-
« pellent l'aspect de certains quartiers de Rome. Dans le bas-
« relief, saint Sylvestre n^a pas de nimbe ; il est en chasuble avec
tt tiare de forme conique ^. » On ne comprendrait pas très bien k
présence de la statue de saint Sylvestre en fisice de celle de Philippe-
Auguste, alors surtout que celui qui a conçu la décoration de ce
portail s^est placé à un point de vue absolument parisien, puis-
qu'il y a réuni la statue du roi régnant au moment oti la cathé-
drale fut définitivement livrée au culte ', celles des saints dont
les reliques reposaient, grâce à lui, dans ses murs, et Pimage de
la patronne de Paris. Qu'aurait de commun saint Sylvestre avec
Paris? D'ailleurs, ainsi qu^on vient de le lire, la figure pontificale
n^est pas nimbée dans le bas-relief; c^est donc un pape non cano-
nisé. Nous inclinerions à croire que le sculpteur a voulu représen-
ter Alexandre III, qui passe pour avoir posé la première pierre de
Notre-Dame, pour laquelle sa famille paraît avoir eu un attache-
ment particulier : un de ses neveux légua au chapitre une somme
d^argent pour les travaux de Téglise^.
1. LL x326, fol. 4 V.
2. Guilhermy. Itinéraire archéologique, l, 62-63.
3. Le maître-autel de Notre-Dame fut consacré en x x8a.
4. Cartulaire de N.-'D,, IV, 170.
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IX PROCàs J>V CHEF DE SAINT DENIS EN J4IO. BÔy
Nous avons déjà dit que les moines de Saint-Denis avaient cité
une statue de leur patron portant son chef entier au portail Saint-
Marcel ^ ; les chanoines ne niaient pas que cette figure existât au
côté gauche de la porte, seulement ils déclaraient, non sans rai-
son, que c^était Pimage de saint Lucain, dont ils avaient les
reliques et qui avait eu la tête bel et bien coupée et non pas tran-
chée par le haut du crâne. En effet, saint Lucain n'était point
évéqae, sa statue nMtait pas revêtue des habits épiscopaux et ce
détail aurait dû empêcher toute confusion. De plus, au côté droit
de ce même portail, les chanoines indiquaient une autre statue qui,
cette fois, représentait bien saint Denis, la tête tranchée confor-
mément à leur doctrine : « à la destre partie dudit portail, en
ce entrant en ladite église, est Tymage de monseigneur saint Clé-
« ment; et emprès' lui est Timage de monseigneur saint Denis
a portant son chief demi tranchié, en monstrant comment il fu
« envoyé en France par monseigneur saint Clément pour pres-
se cher la foy crestienne. Et de l'autre costé dudit portail est
«r monseigneur saint Lucain, dont le corps est en Téglisede Paris,
« lequel, selon la légende, porta çon chief depuis qui fut décolé
« par le col, et pour ce est le chief entier. Lequel saint Lucain ne
« fil point évesque, et pour ce n'est point fait en manière d'évesque
« si comme il appert par sa vesture ; et pour ce ne puet on dire
« raisonnablement que ce soit Tymage de monseigneur saint
« Denis, car il n'est point vestu comme évesques ^. » Outre la sta-
tue de saint Denis, on voyait encore celles de ses compagnons
tenant comme lui le sommet de leur crâne à la main ^. Quelques
fragments des statues du portail Saint-Marcel, parmi lesquels le
saint Denis est fort reconnaissable, après avoir longtemps servi
de bornes dans la rue de la Santé, vers le haut du faubourg
Saint-Jacques, entrèrent en 1839 au musée des Thermes, où ils
figurent sous les n^* 61 à 74.
On trouvait encore à Notre-Dame, outre les statues des deux
1. Ce portail est également connu sous le nom de portail des Martyrs.
2. LL i326, fol. 41 v*-4a r*.
3. Faute de connaître l'existence de la relique de saint Denis à Notre-
Dame, M. de Guilhermy s'étonne qu'on ne leur ait pas fait porter leur tête
entière. (Itinéraire archéologique, p. 89.) M. Ch. Sauvageot, qui a consacré
dans les Annales archéologiques un article à la description du tympan de
la porte des martyrs, ne s'est pas non plus rendu compte de cette représen-
tation qui lui paraît anormale. (Didron, Annales archéologiques, XXII^ 3i3.)
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368 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
portails, des images de saint Denis portant seulement le haut de
son crâne, dans des stalles du chœur^ dans des verrières autres que
celle qu^avaient citée les religieux et sur la châsse de Notre-Dame
« qui est moult ancienne \ » disaient les chanoines.
La châsse dite de Notre-Dame était précisément celle qui con-
tenait, outre de nombreuses reliques, le fragment du chef de saint
Denis ^. Elle était loin de remonter à une époque aussi reculée
qu^on le prétendait ; il y avait à peine quarante ans qu'on l'avait
refaite entièrement, et, chose curieuse, on avait pris modèle sur
des châsses de l'abbaye de Saint-Denis'. Bien qu'on eût retiré les
reliques de Pancienne châsse dès le 22 août iSyo^, afin sans doute
de pouvoir utiliser le métal dont elle était construite, ce n'est qu'en
1374-75 que Th. Pochard, orfèvre du chapitre, livra celle qui
devait la remplacer. La valeur purement métallique de celle-ci ne
s'élevait pas à moins de 2939 francs; aussi les chanoines avaient-
ils dû lourdement s'endetter pour couvrir les frais de fabrication'.
Elle fut déposée sur l'autel de la Trinité, dit des Ardents •.
Les exemples en faveur du chapitre de Paris ne manquaient pas
non plus hors delà cathédrale. Les chanoines énumèrent, sans les
décrire malheureusement, les images de saint Denis que Ton
voyait à la porte Saint-Denis 7, « en la croys de pierre qui est à
1. LL i326, fol. 41 V*.
2. Voy. dans le Cartulaire de Notre-Dame (III, SyS-Byô, et IV, 207-208)
la liste des reliques, écrite vers 1400 et intitulée : Hec sunt reliquie capse
sancte Marie,
3. c Nota quod 7 decem. 1370, domini mei cantor et G. Fions, provi-
c sores dicte fabrice, Magister Rem. de Templo cum 2 femulis, Magister
c Ger. Majoris présentes fuerunt apud Sanctum Dionysium in Francia pro
t visitando certas thecas in dicta ecclesia Sancti Dionysii existentes pro
« faciendo unam thecam in ecclesia Parisiensi ad earum similitudinem in
c honore B. M.; pro ezpensis factis per DD. meis in eundo et redeundo
«c — 28 s. » (Copies des comptes de N.-D., par Sarrasin. LL 373, fol. i3 v-
14 r-.)
4. f Nota quod 22 aug. per ordinationem capituli, reliquie que sunt in
c capsa B, M. remote fuerunt pro reparando seu de novo faciendp dictam
f thecam sic pro curialitate facta illis qui juverunt et ordinaverunt facien-
« tem ad dictam capsam videlicet M. R. de Templo, Th. Pouchardi, aurifia-
c bro ecclesie, et Th. de Arciaco, carpentario ecclesie, in 2 francis 32 s. •
(Ibid., LL 373, fol. i3 V.)
5. LL 373, foL i5r»ct 16 r*-v.
6. Le Roux de Lincy et Tisserand. Paris et ses historiens, p. 261.
7. LL 1326, fol. 24 r* et 37 v.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 369
c Montmartre, près du lieu où ledit saint Denis fut décollé*, » à
Saint-Étienne-des-Grès, dans des vitraux de Saint-Denis-du-Pas,
au collège de Navarre, à Péglise paroissiale d'ArcueiP^ àPéglisede
Vergy, à Saint-Denis de Reims et même sur les sceaux de cette
abbaye*, enfin jusqu'en Hainaut^. Peut-4tre cette abondance de
témoignages n'était-elle pas aussi significative que le croyaient les
adversaires de Saint-Denis : de même, en effet, que nous ayons vu
citer tout à Theure une statue de saint Lucain portant sa tête
entière^ il y a eu plusieurs saints qui ont été représentés avec la
partie supérieure de leur crâne enlevée. Pour n'en citer qu'un
exemple, il existe encore à la cathédrale de Reims, au portail
gauche de la foçade principale, une figure d'évêque guidé par deux
anges et dont la calotte crânienne qu*il porte entre ses mains a été
coupée de cette manière ; ce martyr, loin d'être saint Denis, est, à
n'en pas douter, saint Nicaise, évêquede Reims*.
Nous ne pouvons pas malheureusement suppléer au silence des
chanoines sur les images de saint Denis autres que celles qui déco-
raient leur église, en examinant ces images elles-mêmes; une seule,
pourtant, la plus firagile et la plus petite^ est parvenue jusqu'à
nous ; c'est celle qui se trouve sur le sceau de l'abbaye de Saint-
Denis de Reims. Ce sceau, que nous allons décrire d'après un ori-
ginal appendu à un acte de 1 340, est de forme ovale et représente
saint Denis debout, en costume épiscopal, accosté à sa gauche d'une
étoile et à sa droite d'un croissant, la tête nimbée est tranchée au-
dessus des sourcils ; le saint porte sa crosse appuyée contre son
bras droit et le sommet de son crâne entre ses deux mains. La
légende est ainsi conçue :
+ ôt0Hr ôH.rmnt'.
1. L 5i6, n» 7, fol. 2 V*. — Cette croix, qui se trouvait dans le voisinage
de la chapelle des Martyrs, à Montmartre, n'est mentionnée nulle part.
Cétait sans doute le premier des Montjoies, ces croix ornées qui marquaient
sur la route de Paris à Saint-Denis les stations du martyr portant sa tête
et dont on peut voir une restitution dans Paris et ses historiens (p. 23o).
Sur la chapelle des Martyrs, voyez un mémoire de M. de Guilhermy, inséré
dans les Mémoires présentés à l'Académie des Inscriptions, t.* série, Anti-
quités de la France, I, 198.
2. L 5i6, n* 7, fol. 2 V*.
3. LL i326, fol. 37 V.
4. L 5x6, n* 7, fol. 2 V*.
3. Marlot. Histoire de Reims, III, 522.
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370 LE PROCÈS DU CHEF DÉ SAINT DENIS BN I4IO«
Le contre-sceau est de forme circulaire ; on y distingue une tète
mitrée apparaissant à une fenêtre dont les volets sont ouverts et
recevant Thostie que lui présente une main divine sortant d'une
nuée. On sait, en effet, que saint Denis prisonnier reçut miraculeu-
sement la communion des mains de Jésus-Christ. A la légende :
+ accxpt . \)0( . (art . mtt>e. (sic)
Ce sceau était bien celui que citaient les chanoines, car, outre
qu^on le voit appendu à un acte antérieur daté de 1327, il se
retrouve encore avec des variantes insignifiantes au bas d^une
pièce de 1643 *.
L^empreinte que les chanoines avaient eue sous les yeux devait
authentiquer une lettre de l'abbé de Saint-Denis de Reims, men-
tionnée dans le mémoire des religieux : « Item pareillement lesdiz
« doyen et chappitre ont produit unes lettres en papier que Ten dit
« estre de monseigneur l'abbé de Saint-Rémy ^ de Reims par les-
<c quelles ledit abbé respont à aucunes questions que lui a envoyé
a ledit chancelier de Notre-Dame de Paris ^, qui est l'un des prin-
a cipaulx patrons de ceste gallée du costé desdiz doyen et chap-
« pitre. Et contiennent lesdites lettres que ledit abbé tient qu'il
<c ait une dent de saint Denis ; secondement, que les ymaiges du
c païs sont figurées au chief tranchié par dessus ; et tiercement,
c qu'il cuide que ledit saint Denis feust décapité à trois fois par ce
« mot trino meruerunt decorari marturo. Ausqueles lettres foy
« ne doit estre adjoustée, car ce sont lettres privées faites et exquises
« nagaires et pendant ce présent procès^. » Le but du chapitre de
Paris en obtenant cette lettre était non seulement de se procurer
des arguments à l'appui de sa théorie du martyre de saint Denis,
mais aussi de nier l'intégrité du corps saint conservé par leurs
1 . La collection de moulages de sceaux des Archives nationales ne pos-
sède pas d'exemplaire de ce sceau ; c'est notre confrère M. L. Demaison,
archiviste-adjoint de la ville de Reims, qui a eu la très grande obligeance
de nous envoyer la description que l'on vient de lire. — Dans le sceau de
1643, la crosse n'est plus figurée, l'étoile et le croissant sont remplacés par
deux fleurs de lys. Le contre-sceau est toujours le même.
2. Il y a ici un lapsus évident du scribe qui aurait dû écrire SainUDemis
au lieu de Saint-Rémy. Cette dernière abbaye ne possédait aucune relique
de saint Denis. Voy. la liste des reliques de Saint-Rémy dans Marlot, Hist,
de Reims, II, 33o-532.
3. Gerson.
4. LL 465, fol. 12 V*.
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LE PROCÈS DU CHBF DE SAINT DBKIS EN I4IO. 3jl
adversaires en prouvant que l'on trouvait ailleurs des reliques de
leur patron. Aux religieux qui affirmaient que Ton n'avait jamais
détaché des restes de saint Denis que deux os du cou, déposés
depuis, l'un à Rome, Pautre à Vergy, ils répondaient en produi-
sant non seulement la lettre que nous venons de citer, mais encore
un autre document émané du chambrier de Sainte-Geneviève de
Paris qui déclarait avoir un morceau de la tête*, et une autre
lettre provenant de Saint-Denis d^Amboise, où Pon gardait un
bras entier, sauf le bout du pouce, qui avait été donné postérieu-
rement aux religieuses de Moncé ^. Ils déclaraient aussi que Ton
vénérait à Saint-Thomas du Louvre un autre fragment du chef
de Tapôtre des Gaules • et qu'à Vergy Ton gardait, non pas un os
du cou, comme on le disait à Saint-Denis, mais « deux pièces du
a chief et le menton et deux dens^. »
H. -François Delaborde.
PIECES JUSTIFICATIVES.
EXTRAITS DU MÉMOIRE DE NOTRE-DAME.
(Arch. nat., LL i326.)
'Ce sont les contredis et raisons que dient, baillent et proposent
par escript par devant vous, Nosseigneurs tenans le Parlement du roy,
notre seigneur, en son palâys à Paris, honnorables hommes, messei-
gneurs doyen et chapitre de l'église de Paris et aussi le procureur du
roy, notre seigneur, et Adenet des Vignes, huissier de la court de
Parlement et chacun d'eulx en tant que chacun d'eulx touche et peut
toucher, demandeurs, et aussi lesdits doyen et chapitre et ledit adjoint
(sic) deffendeurs d'une part; à rencontre de mcsseigneurs les religieux,
1. La lettre du chambrier de Sainte-Geneviève était datée du 3 juin 1410.
(LL 465, fol. xg v% et LL i326, fol. 22 v%)
2. LL i326, fol. 22 r.
3. LL i326, fol. 21 1-, et LL 465, fol. 19 V.
4. LL i326| fol. 21 r«.
5. Fol. X r*.
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372 LE PROCÈS DU CHEF DE SATNT DENIS EN I4IO.
abbé et couvent de Saint-Denis défendeurs, et aussi à rencontre des-
dits religieux et du procureur du roy et de chacun d'eulz en tant qu'il
lui touche et peut toucher en tant qu'ilz sont demandeurs d'autre
part; et contre certainnes lettres, livres et extrais de livres que ont pro-
duit et mis devers la court lesdits religieux en la cause dont il est
question entre eulx et de laquelle cy après sera parlé et faicte mencion
et que non obstans lesdictes lettres, livres, extrais de livres et choses
produictes par lesdits religieux, vous, Nosseigneurs, condampnez
certains tableaux et libelles injurieux et diffamatoires qui mis avoient
esté par lesdits religieux en leur église de Saint-Denis, ou au moins
les faciez corriger et réparer
* Item et qu'il soit ainsi que lesdites reliques furent trouvées en Tan
dessusdit en l'église monseigneur Saint- Estienne des Grès ^, il peut
apparoir par pluseurs anciens livres et de divers acteurs de croniques
et histoires, tant de France que d'ailleurs, non pas seulement faictes
par ceulx de l'église de Paris, ne aussi ne sont pas à ceulx de l'église
de Paris, si comme il appert par une noble et ancienne cronique,
laquelle est de la librarie de Saint-Victor, nommée Memoriale histo-
riarum et se commence : Lahilis est hominum memoria^ en laquelle
est contenue la clause qui s'ensuit : Hoc anno in ecclesia Sancti Ste-
phani de Gressibus invente sunt plurium sanctorum reliquie ; primo
inventi sunt ibidem capilli béate Marie VirginiSy brachium sancti
Andrée apostoli^ et inventi ibidem sunt aliqui lapides quibus protho-
martir Stephanus fuit lapidatus^ deindi pars capitis beati Dionisii; et
cuilibet erat propria superscripcio indicans cujus essent reliquie; et
omnes reposite sunt in ecclesia majori Sancte Marie Parisiensis dm
magno gaudiOy et adhuc ibidem cum reverencia servantur. Et est ou
feullet de devant, en lettre rouge, en la marge du feullet : Anni
Domini millesimi ce, xvij. Laquelle clause lesdis doyen et chapitre
ont fait extraire et collationner par messeigneurs maistres Guillaume
de Gaudiach et Jehan Mauloue, commissaires de par la court; et parle
ladite cronique du temps de Tinvencion desdites reliques en l'église
monseigneur Saint- Es tienne des Grès, en laquelle monseigneur saint
Denis avoit eu son oratoire et coustume de y £aire ses oraisons et
prières en son vivant.
Item que lesdites reliques furent translatées à l'église de Paris l'an
mil ce xviij, il appert par une autre notable et ancienne cronique de
la librarie de Saint 3-Magloire, laquelle se commence Ordita quasi
1. Fol. 2 r».
2. Il s'agit des reliques trouvées, à ce que Pon disait, en 12 17, à Saint-
Étienne-des-Grés, et parmi lesquelles figurait le prétendu crâne de saint
Denis conservé à Notre-Dame.
3. Fol. 2 ?•.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. SyS
tela^ ou prologue de laquelle l'acteur qui compilla lesdites croniques
en assignant la cause pour laquele il a voulu faire la compillacion des-
dites croniques escript la clause qui s'ensuit : Jocundum est netnpe
cuilibet sapienti nosce (sic) historias quarum sola superficialis cognicio
solet ah humanis mentihus nebulas erroris abigere^ et eas ad perfec-
tiorem adducere notitiam veritatis ; ob ignorantiam namque preteriti
temporis ac decursus^ nonnullos scriptores gestorum principum et
legendarum sanctorum que eliam quandoque in ecclesia leguntur quas
gratta pacis exprimere nolumus, déviasse reperimus a tramite verita-
tis^ en laquelle est contenue la clause qui s'ensuit : Tune invente fue-
runt ParisiuSy in ecclesia Sancti Stephani de Gressibus hec reliquie in
quodam loco jamdiu conscripto testificate occuîtate : de capillis béate
Marie, brachium sancti Andrée^ pars capitis beati Dyonisii^ et lapides
aliquot quibus a Judeis/uit beatus Stephanus lapidatus. Que omnes reli-
quie ^ cum gaudio in majorent ecclesiam Sancte Marie delate^ ibidem^
honorifice reservantur. — Et loquitur ilîa croniqua de tempore anni
Domini millesimi ce, xviij. ut in margine ibidem ita designatur^
laquelle clause lesdis doyen et chapitre ont fait coUationner et extraire
par messeigneurs les commissaires dessus diz. Et parle ladite cronique
du temps que lesdites reliques furent translatées et apportées à grant
solempnité en l'église de Paris ; car elles furent trouvées en l'église
monseigneur Saint- Estienne des Grès l'an mil ce xvi), comme dit est
et ne furent translatées ne apportées en l'église de Paris jusques au
iiij* jour de décembre ensuivant, l'an mil ce xviij.
Item pour ce que la solempnité fut moult grant et notable quant
lesdictes reliques furent translatées et receues en l'église de Paris, le
présent croniqueur eut principalement considéracion et regard à
escrire et croniquer le temps de la suscepcion d'icelles en l'église de
Paris, et l'autre cronique et plusieurs autres qui sont semblables
parlent du temps de leur invencion en l'église monseigneur Saint-
Estienne des Grès.
^ Item et que ladicte translacion fut faicte et les dictes reliques
receues en la dicte église de Paris le iiij» jour de décembre, il appert
par la leçon qu'ilz (sic) lisent en leur église, après prime, les enffanz
d'aulbe de leur dicte église, //• nonas decembriSj qui est le iiij« jour
de décembre ; laquelle leçon et contenue en deux martirloges de leur
église de Paris et est pareille es leçons qui sont leues ledit jour et qui
sont es martirloges de la Sainte-Chapelle du Palais, de Saint-Merri,
du Sépulcre, de Saint-Jacques de l'Ospital, de Sainte-Oportune et de
plusieurs autres églises et martirloges, et par espécial des dictes
églises dessus nommées. Desquelz martirloges lesdis doyen et chapitre
1. Fol. 4 r*.
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374 ^K PROCÈS DU CHBP DB SlINT Dsms DT Î4ri>.
ont fait extraire et coliationner par messieurs les commissaires dessus
di2 la clause qui s'ensuit : Parisius suscepte sunt in ecdesia Béate
Marie reliquie^ sciîicet pars capillorum béate Marie^ très dentés beati
Johannis Baptiste^ brachium sancti Andrée apostoU^ lapides quibus
lapidatus est beatus [StephanusYy caput preciosissimum beati Dyùnisii
martiris. Hec autem reliquiein ecclesia beati Stepkani protkomarHris
invente sunt.
3 Item et que pour honneur et révérence de la suscepcion desdictes
reliques, messeigneurs Févesque, doyen et chapitre avec le clergié de
ladicte ville et diocèse de Paris, en ordonnèrent service estre &it à
feste double en toute la diocèse de Paris, laquelle a esté tous)ours
continuée et approuvée par les évesques de Paris, successeurs de mon-
seigneur saint Denis en épiscopal dignité, de très grant ancienneté et
de puis ladicte susception. Et y a propre service composé des services
et histoires des saintz dont sont les devant dictes reliques, lesquels
sont nommées et déclarées en la première leçon, en laquelle est fiiicte
expresse mencion de monseigneur saint Denis, apostre de France. Et
aussi est le tiers nocturne de la propre histoire dudit monseigneur
saint Denis, apostre de France. Et pour ce lesdis doyen et chapitre,
tant pour enseingnement de Tinstitucion de la dicte feste et aussi pour
monstrer que partie du chief qu'ils ont en Téglise de Paris est de mon-
seigneur saint Denis, appostre de France, ont Eût extraire de pluseurs
livres et bréviaires à l'usaige de Paris la première leçon, la vi)«, viij'
et ix« leçons, avecques les respons, versez et pluseurs anthiennes de
l'istoire de ladicte journée, et les ont fait coliationner par lesdis mes-
seigneurs les commissaires ainsi qu'il s'ensuit : Prima lectto.-^Aâest
nobiSy dilectissimi^ soîemnis dies de inyencione sanctarum reliquiarum
inprimis gloriose semperque virginis Marie et sanctorum Johannis
Baptiste et Andrée apostoli^ Stepkani prothùmartiris necnoà et beati
Dionisii Gallorum apostoli. Et est intitulée ladite feste, par tous les
bréviaires, de lettre rouge : De susceptione reliquiarum,
3 F//« lectio, — Preciosus DionisiuSy cum arcis Romane menibus
suam* presenciam intulisset^ beatum Clementem pontificem sancte et
summe sedis apostolice jam apicem gubemantem invenit^ a quo est
digno cum honore susceptus et aliquandiu familiariter conversatus. --
Responsorium, etc. — In hoc ergo loco experiuntur infirmi quantum
Dei famulos conveniat honorari ubi receptis^ cecitas visum^ débilitas
gressum et obstructe aures recipere merenhir auditum, — Versus, —
Hune ergo locum Dei famulus ellegit expetendum ubi etc, ut supra.
1. Ce mot est omis dans le ms.
2. Fol. 4 v*.
3. Fol. 5 r.
4. suis ms.
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LE PROCÈS DU CHEP DE SAINT DENIS EN I4IO. SyS
LecHo Vllh, — Tandem^ jubente beato Clémente^ Pétri apostoli
successoref quo amplius gentilitatis fervere cognovit erroremy illuc
intrepidus et calorefidei armatus accessit et Parisius, Domino ducente^
pervenit ubi doctrina preclarus et miraculis choruscans que AtheniSy
Paulo aposiolo docente^ didicerat Gallis monstravit. — Responsorium.
— Per beatum Dionisium fiunt divina misterta ; per orationem ejus
ceci illuminantur et natale ejus demonia effugantur et infirmi sanan"
fur. — Versus. — Peccatorutn indulgencia condonatur et reorum vin"
cula relaxantUTy^ et natale^ ut supra,
Lectio IXk — Cumque sepissime abydolorum pontificibus contra
eum seditio exectaretur in populo^ ita ut plèbes innumere de vicinis
regUmibus cum armis ad perdendum ipsum concurrerenty mox ut
illum yidere poterant^ omni ferocitate deposita^ aut se illi prosterne^
bant Spiritu Sancto compuncti ad credendum^ aut nimio pavore per^
territi presenciam ejus fugiebant, — Responsor ium, — Vir inclitus
Dionisius martir Dotnini preciosus^ succensus igné divini amoris^
constanter sustinuit supplicia passionis et per immanitatem tormen"
torum pervenit ad societatem angelorum. — Versus. — Cujus inter»
cessio nobis obtineat veniam qui per tormenta passionis etemam invenit
palmam et coronam^ et per etc. ut supra.
* Item et vous, Nosseigneurs, n'adjousterez ne ne devez adjouster
aucune fby à aucuns livres produis par lesdits religieux par manières
de croniques, si comme ilz dient, iesqueiz sont fieiis et compiliez par
ieddits religieux ou leurs familliers, si comme est ung petit livre qu'ilz
dient la Cronfque de maistre Rigordus duquel plus à plain sera parlé
en son lieu. Lequel Rigordus estoit clerc de Saint-Denis et vray
ftimillier et croniqueur de Saint-Denis au temps de Philippe le Con-
quérant, si comme il appert par le prologue de la cronique nommée
la Phillippine^ et aussi par ce mesme que ont fait extraire lesdits reli-
gieux ; et pareillement de ce qu'ilz dient la Cronique frère G. de
NàngiSy lequel estoit religieux de Saint-Denis, et lequel fu au vivant
de Philippe le Long qui fu couronné l'an mil ccc et xvj, si comme il
appert; car il escript jusques au temps dudit Philippe si comme ilz
dient ; et semblablement du Livre de l'abbé Giles qui fu abbé de
Saint- Denis, et fist son livre au vivant dudit Philippe le Long, si
comme il appert par la fin de son livre. Lesquels livres ont tous esté
feiz et compiliez par lesdis religieux ou familliers de Saint-Denis, et
depuis que le débat commença du chief monseigneur saint Denis, qui
est fort à notter, si comme il appert clérement par les clauses qu'ilz
produisent desdits livres^ prises en leur préjudice et non autrement
lesquelles clauses font mencion dudit débat.
I. Fol. i3 r».
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376 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENtS EN I4TO.
Item et pour ceste cause, ne sont à recevoir ou préjudice desdîs
doyen et chapitre les clauses que ont fait extraire desdis livres lesdis
religieux, et par espécial * en tant qu'ilz touchent de la matière du
chief monseigneur saint Denis de laquelle, si comme cy après sera
déclairé, lesdis livres parlent plus avant et par autre manière que ne
font les anciennes croniques, et mesmes celles de Saint-Denis faictes
et compillées avant ledit débat, combien que en plusieurs lieux où ilz
parlent de ladicte matière, ilz parlent de choses longtemps avenues
avant le temps des acteurs qui firent lesdis livres, et de si longtemps
au devant que d'eulx ilz n'en peuvent porter aucun tesmoingnage, si
comme cy après, es lieux où il appartendra, sera plus à plain déclairié.
Item qu'il soit vérité, vous, Nosseigneurs, ne ad)ousterez aucune
foy ne n'aurez aucun regard à six clauses que ont fait extraire lesdits
religieux d'un livre qu'ilz dient estre compillé de v acteurs, le pre-
mier nommé Aymo, le second Eneardus, le tiers Suggerius, abbé de
Saint-Denis, le quart RigorduSy nacione Gotkus^ pro/essione medicuSy
regum Francorum cronographus^ comme ilz dient, et le quint, Guil-
laume de Nangis, religieux de Saint-Denis, car ledit livre n'est mie
auctentique ne approuvé ; mais est ung livre de leur abbaye, îaxt et
compillé par les religieux de ladite abbaye ou leurs feunillers, au moins
pour la plus grant partie, à l'exaucement des reliques de leur église,
et en aucuns par affection torçonnière et contre ce que autres cro-
niqueurs ont fait et escript sans affection aucune, dont les croniques
et histoires sont en autres églises tant à Paris que ailleurs, et n'est
ledit livre nisi privata scriptura seu privata attestacio per eos quorum
interest facta, ad ipsorum intenàonem, eut Jides non débet adhiberi
juxta L Instrumenta domestiqua^ c. De proba.
Item, et fut faicte la compilation dudit livre en l'abbaye de Saint-
Denis, par l'ordonnance et introduction des religieux d'icelle et selon
ce qu'ilz bailloient ausdits acteurs, qui parlèrent en icelle de ce de
quoy ilz ne povoient riens savoir, et estoient lesdits acteurs de leur
abbaye et aucuns leurs religieux ou familliers, si comme maistre
Rigordus qui estoit leur vray famillier, et Guillaume de Nangis qui
estoit religieux de ladite abbaye, desquelz les croniques ont esté
faictes depuis le temps de Philippe le Conquérant, duquel temps le
débat commença du chief monseigneur saint Denis si comme ilz dient.
3 Item vous, Nosseigneurs, n'adjousterez ne par raison ne devez
adjouster foy ne tesmoignaige de vérité pour plusieurs causes et rai-
sons cy-après déclairées à un livre duquel lesdiz religieux ont fait
extraire quatre clauses, lequel ilz dient estre feit par maistre Rigor-
1. Fol. i3 V.
2. Fol. 14 v».
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LB PROCÈS DU CHEP DE SAINT DSNIS EN I4IO. 377
dus, lequel livre, au moins tel comme ib Font exhibé, ne fu oncques
£dt par ledit Rigordus, mais est un livre que lesdiz religieux ont fait
ou fait faire depuis le débat commencié du chief monseigneur saint
Denis. Et est composé ledit livre d'un petit livret que fîst un moine
maistre Rignotus selon la Philippine, ou Rigordus selon lesdiz reli-*
gieux, par lesquels noms, si comme cy- après sera monstre, est
entendu celui qui estoit chroniqueur de Saint-Denis^ au temps de Phi-
lippe le Conquérant, et fist un petit livre des &iz de Philippe le Con-
quérant depuis son couronnement jusques au xxviij* an de son règne
et s'adrece ledit livre à Loys, filz dudit Philippe le Conquérant, et se
commence ainsi qu'il s'ensuit : Serenissimo et amaniissimo domino
suo Ludcvico^ Dei gratia Philippi régis Francorum semper Augusti
illustri filio^ ego Rignotus, racione (sic) Gotus, professione phisicuSj
ecclesie Sancti Dyonisii cronographus^ ne n'avoit ledit Rignotus ou
Rigordus aucun tiltre fors qu'il estoit croniqueur de Saint-Denis et
matstre ou licencié en médicine, ne ne s'appelloit point croniqueur
des roys de France ne ne devoit faire, si comme cy après sera dit.
Item, il est vray que sur ledict livre lesdiz religieux en ont fait et
composé un autre ouquel, oultre et par dessus ce qui estoit contenu
ou livre dudit Rignotus, ilz ont adjousté plusieurs choses selon leur
plaisir et en leur faveur ; et par espécial touchans la matière du chief
monseigneur saint Denis, desquelles ledit Rignotus n'avoit oncques
riens parlé en son livre, au moins en la manière qu'ilz l'ont mis ou
livre qu'ilz ont proposé, comme dit est, pour ce que les aucunes sont
longtemps advenues au devant du temps dudit Rignotus, et desquelles
il n'eust voulu ne peu porter de soy tesmoignaige ; par quoy il n'en
escript en son livre, mais lui souffisoit et devoit souffire ce que ses
prédécesseurs en avoient escript, et par espécial ceulx qui avoient esté
du temps que lesdites choses estoient advenues.
Item, et les autres sont advenues depuis la composicion et perfec-
tion de sondit livre, desquelles aussi il n'eust peu parler ne icelles
mettre ou escripre en son dit livre. Car, quant son dit livre fu fait et
parfait, ilz n'estoient pas encore advenues, si comme ces choses peuent
et pourront apparoir parce que ont fait extraire lesdiz religieux prins
en leur préjudice tant seulement.
Item lesdiz religieux, pour plus cuidier coulourer leur fait, ont
intitulé ledit livre par eulx fait et coinposé, comme dit est, ou nom
dudit Rigordus et ont prins l'tntitulacion du livre devant dit que fist
maistre Rignotus, lequel estoit, au temps de Philippe le Conquérant,
croniqueur de Saint-Denis comme dit est, sauf que en ladite intitula-
cion où il avoit ecclesie Sancti Dyonisii cronographus^ ilz ont mis
regum Francie (sic) cronographuSy et ou lieu de Rignotus, ilz mettent
I. Fol. i5 r*.
uSm. xi 26
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378 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
Rig(»rdas, cuidans par ce donner à entendre que le livre qu'ilz ont
exhibé et qu'ilz dient estre fait par Rigordus ne soit pas ûut par euiz,
mais soit cellui que fist maistre Rignotus, au vivant de Philippe le
Conquérant, lequel livre souloit estre en un livre qu'ilz ont produit,
composé de v aucteurs, si comme ilz dient, duquel sera après parlé;
mais ilz ont couppé les fueillez où il estoit, et après ont escript le livre
qu'ilz ont fait et composé a leur plaisir, comme dit est, aussi comme
se ce feust cellui qui estoit paravant ; lesquelles choses, se Dieu plaist,
vous, Nosseigneurs, saurez bien aviser par ce qui sera dit.
^Item, et qu'il soit ainsi que ondit livre que ont produit lesdiz
religieux duquel ilz ont £iit extraire quatre clauses, et lequel livre ilz
dient estre la cronique maistre Rigordus, soient contenues tt mises
aucunes choses lesquelles selon raison et par ce qu'ont dit et ^t
extraire lesdiz religieux il n'est à croire ne à pr^umer que ledit
Rigordus, lequel ne fut oncques compilleur (car il n'escript oncques
fors seulement du temps Philippe le Conquérant et seulement jusques
au xxviij* an de son règne), les eust voulu mettre ne escripre en son
dit livre, et par espécial en la manière qu'ilz sont mises et êscriptes
oudit livre que iceulx religieux ont exhibé, si comme il peut et pourra
apparoir par les choses qui s'ensuivent. £t premièrement, ou prologue
de la cronique qui est appellée la Philippine est contenu ce qui
s'ensuit :
Gestafrancorum regiSy Philippi magnanimi^ que ipse preclare gessit
primo anno inucdonis sue usquead xxviij annum regnisui^ inarchivis
ecclesie Sancti Dionisii jeromartiris hàbeniur^ a magistro Rinoto ejus
ecclesie clerico, satis luculente elegantis stili officio perhehenni memO'
ria commandata, Quoniam autem sequencia ejus opéra non minori
laude^ ymo multo excellenciori precomo digna sunty ego GuiUelmus
nacione Amonicus (sic), oficio preslnter^ qui pro maxima, parte non
solum hiis, sed eciam precedentibus ejusdem régis operibus inter/ui^ et
ea propriis oculis aspexi^ eadem gesta piano quidem et versuali elo-
quio litteris commendavi^ non ut michi taudis aliquid videar vendicare^
aut cronographus aut ystoriographus vocari merear^ sed ne tanti viri
preclara gesta aliter quam veritatis (sic) se habet a magnis et sapien^
tibus doctoribus describi contingat. Et quoniam ille libellus magistri
Rinoti a paucis kabetur et multitudini adhuc non communica{tt)tury
omnia que in eo plenarie continentur summatim tetigiprout oculis pro»
priis vidi et intellexi, huic libelio meo proposui^ quedam adiciens bre*
viter pretermissa ab episcopo (sic), et ita precedencia et subsequencia
virtuosi régis opéra sub uno compendio conclusi^.
1. Fol. i5 V.
2. On peut comparer ce texte défectueux avec Tédiiion de Rigord donnée
par la Société de l'histoire de France, p. 168.
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LE PROCÈS DU CItEtr bE tAlMT 1>«NIS EN T4IO. îjg
Item, et par ledit prologue et duquel lesdû doyen et chapitre sont
prestz de fiiire foy, il peut apparoir que il est vray que ledit maistre
Rignotus estoit et fu âimilier de Saint-Denis au temps de Philippe le
Conquérant, et fist et composa en bien alëgant stille, un petit livre
des faiz et autres choses advenues ou temps dudit Philippe le Con*
quérant, depuis son couronnement jusqu'au xxviij* an de son règne, si
comme il peut apparoir par le prologue de la chronique nommée la
Philippine, laquelle fist et composa maistre Guillaume, natione Amo-
nieus (sic), chapellain fatnilier et commensal dudit Philippe, lequel fu
meu pour trois causes de faire ladite Philippine,
L'une pour ce que ledit Rignotus avoit escript les faiz dudit Phi-
lippe le Conquérant jusques au xxviij* an de son règne tant seulement
et touteffoiz les&iz dudit Philippe avenuz depuis le xxviij« an de son
règne jusques à la fin n'estoient pas de mendre* mémoire que ceulx
de devant lesquels estoient ja escripz par ledit Rignotus et les aultres
non.
La seconde cause fîit pour ce que les escripz dudit Rignotus estoient
tenus secrettement cloz et enfermez à Saint-Denys et n'estoient pas
encore communiqués.
La tierce cause fut pour ce que ledit Guillaume avoit esté tousjours
en personne et présent à tous les faiz notables dudit Philippe, et par
ce en povoit mieulx et plus véritablement parler et escripre que plu-
sieurs autres qui en pourroient escripre, et pour lesdites trois causes,
ledit maistre Guillaume fist et composa ladite Philippine en laquelle
il escript des faiz notables et autres choses avenues du temps dudit
Philippe le Conquérant, tant du temps de quoy avoit escript ledit
Rigordus que de cellui d'après, si comme toutes ces choses par ledit
prologue peuent apparoir.
Item et qu'il soit, ainsi que ledit Rignotus n'escript des faiz de
Philippe le Conquérant fors depuis son couronnement jusque au
xxviij« an de «on règne, il appert par ladite Philippine oudit prologue.
Item et a ce s'accorde, quant au regart du commancement de ladite
cronique, ce que ont fait extraire lesdiz religieux, car ilz dient que la
cronique dudit Rigordus commence du temps de Philippe le Conqué-
rant et de ce s'ensuit par leurs dîz mesmes que ladite cronique ne
parle ne ne doit parler du temps au devant le temps que régna Phi-
lippe le Conquérant ; car se ladite cronique parloit du temps précédent
le règne dudit Philippe, elle en devroit parler avant qu'elle descendist
à parler du temps dudit Philippe ou autrement, elle ne garderoit pas
bonne ordre, ne ne procéderoit pas selon raison ne selon l'ordre que
tiennent et doivent tenir croniqueurs.
Item, or est^il ainsi que se ladite cronique au devant qu'elle parle
I- Fol. i6 r.
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380 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
des faiz et choses avenues du temps de Philippe le Conquérant, parle
premièrement des faiz et choses longtemps avenues au devant dudit
Philippe, on ne peut dire ne soustenir par raison qu'elle commence
du temps dudit Philippe. Adoncques comme il soit ainsi que par leurs
diz et par ce qu'ilz ont fait extraire, la cronique dudit Rigordus com-
mence du temps dudit Philippe le Conquérant, et d'autre part ilz ont
produit un livre, lequel ilz dient estre la cronique de Rigordus ou quel
livre toutes voies sont contenues ^ plusieurs choses longtemps ave-
nues au devant du temps de Philippe le Conquérant, si comme une
détection faite au temps du roy Henry Tan mil cinquante, qui fu long-
temps au devant dudit Philippe bien vij" ans ou environ, par quoy
il s'ensuit clérement que ledit livre que lesdiz religieux ont produit
et exhibé et duquel ilz ont fait extraire quatre clauses, n'est ne ne
peut estre la cronique, que fist au vivant de Philippe le Conquérant
ledit Rigordus ou Rignotus, maiz est un livre fait et contredit par
eulx malicieusement imposé audit Rigordus.
Item et à ce propos fait contre lesdiz religieux ce qu'ils ont £ût
extraire prins en leur préjudice tant seulement, en tant qu'ilz pro-
duisent un livre composé de cinq aucteurs, si comme ilz dient, dont
le premier est nommé Aymon escript depuis la première seigneurie
de France jusques au temps de Challemaigne ; le second nommé
Eginardus escript depuis le temps de Charlemaigne jusques au temps
de Loys le Gros devant lequel Loys avoit esté Icroy Henry, au temps
duquel fu faicte la détection dont devant est faicte mention, et n'y
eut entre lesdiz roy Henry et Loys le Gros que Philippe le premier;
et le tiers aucteur eut nom Suggerius, abbé de Saint-Denis, lequel
escript depuis le temps de Loys le Gros jusques au temps de Philippe
le Conquérant. Pourquoy, puisque doncques les trois acteurs dessus
nommé ont escript et cronique depuis le temps de la première sei-
gneurie de France jusques au temps de Philippe le Conquérant si
comme ilz dient, il n'est pas à croire ne à présumer que ledit Rigordus,
qui fu après eulx le quart chroniqueur et qui par leurs diz mesmes fu
du temps de Philippe le Conquérant et du quel temps il commença sa
cronique comme ilz dient, eust voulu escripre en sa dite cronique des
choses avenues es temps paravant, desquelz les trois acteurs dessus diz
povoient avoir soufiisamment escript et cronique, attendu que ledit
Rigordus ne fut oncques compilleur, maiz seulement escript des
choses avenues en son temps comme ilz dient.
Item, et se par aucune aventure il en eust voulu escripre, au moins
selon raison, il n'en deust point avoir escript par autre manière
qu'ont fait ceulx qui devant lui en ont escript, espécialement quant ce
n'est pas de son temps- et que de si longtemps par avant elles sont
I. Fol. 16 V*.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 38 1
avenues que de soy il n'en peut riens savoir, se non par ce qu'il
treuve que les autres de devant lui en ont escript, si comme il appert
de la détection fiiicte au temps du roy Henry l'an mil cinquante de
laquelle ledit Rigordus ne povoit riens savoir se non par ce qu'il
trouvoit es croniques de ses prédécesseurs.
* Item comme doncques il soit ainsi que en quelconques croniques
que cesoit ne mesmement en celles de Saint-Denis feictes avant celle
dudit Rigordus n'est, ne ne pourroit estre trouvé que quant ladite détec-
tion fut faicte le chief monseigneur saint Denis fust ou ait esté trouvé
avecques le corps, doncques puisque en nulle des croniques précé-
dentes, il n'est ne ne fut oncques trouvé que le chief feust avecques
le corps en ladite détection, il n'est a croire ne a présumer que ledit
Rigordus qui estoit croniqueur le voulsist avoir escript en sa cronique
car un chroniqueur est et doit estre plus abstraint (sic) à dire et escripre
vérité que une simple personne.
Item or est-il ainsi que lesdiz religieux ont produit et exhibé, il est
contenu que en ladicte détection le chief tiit trouvé avec le corps, par
quoy il.n'est à croire ne à présumer que ledit livre tel comme ilz ont
fait et produit, feust oncques fait par ledit Rigordus, mais est un livre
foit et composé par eulz et en leur faveur malicieusement imposé
audit Rigordus depuis son trespas.
Item il n'est à présumer ne vraysemblable que ledit Rigordus, qui
selon ce que dient lesdiz religieux commença sa cronique du temps
de Philippe le Conquérant, eust voulu escripre en sa cronique en la
manière que dit est de ladicte détection, laquelle est pure impertinente
à la matière de son livre, car elle n'estoit ne n'est des faiz dudit Phi-
lippe ne aussi n'avoit esté faicte de son temps, ainsois avoit esté faicte
du temps du roy Henry l'an mil l, bien vu" ans ou environ paravant.
Item et maintenant dire que ledit Rigordus eust parlé de ladicte
détection et n'eust riens escript des faiz et autres choses avenues au
temps du roy Henry ou quel temps elle fu, ne aussi des faiz de Phi-
lippe le premier qui fust après lui sans moyen, ne de ceulx de
Loys VIII« {sic) dit le Gros, lequel fit en son temps moult de choses
notables, ne aussi de Philippe le second lequel par mal avanture, par
le fait d'un pourcel, fut mort à Paris ne mesmement des faiz Loys de
Bonnaire (sic) qui fut preudomme et chevallereux et fist moult de
notables ùlïz et lequel fu père de Philippe le Conquérant et que ledit
Rigordus eust cronique de ladicte détection et d'icelle sailly aus ùdz
dudit Philippe le Conquérant et n'eust riens cronique des autres faiz
comme de ceulx du roy Henry ne de ceulx des autres roys dessus
nommez qui tous furent entre le temps de ladite détection et le temps
dudit Philippe le Conquérant.
I. Fol. 17 r.
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382 LE PROCàS DU CHEF DE flAIMT DENIS BN I4TO.
* Item, il n'est homme de sain entendement qui le puisse ou doje
penser ne ymaginer, considéré que ladite PkilHppinedâtet tesmoigne
que ledit Rigordus estoit moult souffisant homme et de bien alégant
stille, car s'ainsi Teust fait il n'avoit en son livre ne continuation deue
de sa matière ne aussi bonne ne convenable manière de procéder, et à
brief dire son livre seroit défectueux et en forme et en matière ;
laquelle chose n'est pas à croire que si notable iaulte feust fidcte par
ledit Rigordus considérée sa souffîsance comme dit est. Et par œ on
peut conclure que le livre que lesdiz religieux ont exhibé duquel iiz
ont fait extraire quatre clauses, lequel est ainsi deffectueux comme
dit est, ne fù oncques fiiit par ledit Rigordus, mais est à présumer qu'il
ait esté fait par lesdiz religieux.
Item, et se ledit Rigordus avoit escript de ladicte détection en la
manière que dient lesdiz religieux, c'est assavoir que en icelle qui fut
faicte au temps du roy Henry l'an mil l, le chief fu trouvé aveoques
le corps, si ne feroit-tl à croire ne à recevoir, car en ce il parleroit de
ce de quoy il ne peust riens savoir de soy, considéré que le temps de
ladicte détection précède le temps que ledit Rigordus iu, bien de vij»
ans ou environ. Car ledit Rigordus fù du temps de Philippe le Con-
quérant comme dit est ; et encor en ce en quoy il en diroit autrement
que ne font les autres croniqueurs et par dessus eulx, il y adjousteroit
du sien, si comme en disant que le chief fu trouvé avecques le corps,
dont il ne feroit à croire veu que les autres croniqueurs qui ont
escript de ladicte détection n'ont faite aucune mencion que le chief
monseigneur saint Denis feust trouvé avec le corps quant ladite détec-
tion fu faite.
Item, or est-il ainsi que en nulle autre cronique ne mesmement en
celles de Saint*Denis faictes au devant de son livre, il ne fu oncques
ne ne pourroit estre trouvé qu'il soit fait mention du chief monsei-
gneur saint Denis es lieux où ilz parlent de ladicte détection, pour
quoy il s'ensuit que, quant à ladicte détection, il ne porte tesmoignaige
de vérité en tant qu'il en dit oultre et par dessus ce qui est trouvé es
anciennes croniques et par espécial en celles qui furent faictes pour
le temps de ladicte détection.
Item et que oudit livre que lesdiz religieux ont produit dssans icel-
lui estre fait par ledit Rigordus, ait et soient contenues aucunes
choses, lesquelles ne furent oncques ne ne pourroient estre escriptes
ne contenues ou livre que fist ledit Rigordus pour ce qu'ilz n*estoient
point encore avenues nec in rerum natura ' quant ledit livre fu fait et
acompli, «maiz sont advenues grant temps après la perfection dudit
livre, si comme il pourra apparoir par ce qui sera dit cy après.
' » I. .. » «JM. ■■>■■■,■ ■■Il lllll —
1. Fol. 17 V.
2. Fol. i8 r*.
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LE PJtOCÈS OU CHEF DE flAIXT DEMIS »f I4IO, 383
Item et pour monstrer qu'il soit ainsi il est certain que le livre que
fist ledit RigOrduB ouquel il croniqua des faiz de Philippe le Conqué-
rant fiit £lit et esCript au vivant dudit Philippe, si comme il peut
apparoir clérement par une clause que ont fait extraire lesdiz religieux
chi livre qu'ilz dient estre fait par ledit Rigordus dont la teneur s'en-
suit : s Serenissitno et amantissimo domino suo Ludovico^ Dei graiia
Phillippi régis Francorum^ semper Augusti illustri filio, de laquelle
clause prinse en leur préjudice. Il s'ensuit évidemment que le livre
que fist ledit Rigordus des faiz de Philippe le Conquérant fu fait et
par&it au vivant dudit Philippe et ce appert parce qu'il adrece son
dit livre a Loys, ûlz dudit Philippe le Conquérant, lequel, si comme
il appert , il ne nomme que filz de roy et non pas roy pour ce que
ledit Philippe son père vivoit encore.
Item, et qu'il soit ainsi que ledit livre que fist ledit Rigordus fîi fait
et parfait au vivant de Philippe le Conquérant, il appert par une autre
raison. Car si, comme dit est et qu'il appert par la Philippine^ ledit
Rigordus n'escript des &iz dudit Philippe que jusques au xxviij» an
de son règne, et toutefifoiz il régna xl ans, et par ce on peut conclure
que dès lors, c'est assavoir dès le xxviij* an de son règne qui fu l'an de
rincamacion notre Seigneur mil ije et vij, ledit livre e^toit ja fait. Car
se depuis le xxviij<> du règne de Philippe le Conquérant, ledit Rigor-
dus eust aoompli et parfait son livre, il eust aussi bien escript les faiz
dudit Philippe avenus depuis ledit xxviij» an de son règne jusques au
temps de Tacomplissement de son dit livre comme ceulx du devant^
considéré qu'ilz ne sont mie dignes de mendre mémoire que ceulx
lesquelx il avoit paravant escript et croniqué comme dit est.
Item, or est-il ainsi que le xxviij* an du règne de Philippe le Con-
quérant fu en l'an de l'Incarnacion mil ij^ et vij, par quoy il s'ensuit
que ledit livre que fist et escripvit ledit Rigordus fu ûit et pariait dès
l'an dessus dit mil ijo et vij.
Item il est vray que du livre que lesdiz religieux dient estre faix par
ledit Rigordus, ilz ont fait extraire une autre clause qui parle d'une
détection qui fîi faite, si comme ilz dient, l'an mil cent iiij" et onze, le
roy Philippe estant en son voyage d'oultremer, en laquelle clause il
est dit que, l'an dessus dit, le chief monseigneur saint Denis fut
extrait d'avecques le corps et ad removendum errorem Parisiensium
fu retenu par un an entier, etc. Par laquelle clause il s'ensuit que ledit
livre lequel ilz dient estre fait par ledit Rigordus et ouquel est con^
tenue ladite clause a esté fait et escript depuis le débat ^ commencié du
chief monseigneur saint Denis et par conséquant depuis l'an mil ijc
xvij, comme il appert par ce qui s'ensuit.
Item et autrement n'eust pas esté mise ne escripte oudit livre ladite
I. Fol. 18 V.
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384 L^ PROCÈS DU CHEF DE SATNT DENIS EN I4IO.
clause ad removendum errorem Parisiensium. se dès lorsqu'il fiit&ît
et escript le débat n'eust esté commencié ; duquel débat il n'avait
oncques esté nouvelles, se non depuis que la porcion du chief mon-
seigneur saint Denis, laquelle est maintenant en Téglise de Paris, fîi
trouvée en l'église Saint-Estienne des Grez l'an mil i)c xvij et appor*
tée en ladite église Notre-Dame de Paris en Tan de l'Incarnation notre
Seigneur mil ijc xvii), pour laquelle occasion et depuis lequel temps
ledit débat commença ne paravant n'en avoit oncques été question.
Item il est certain que le débat du précieux chief monseigneur saint
Denis ne commença oncques se non depuis l'an mil ij» xvij que les
reliques dessus dites furent trouvées en l'église monseigneur Saint-
Estienne des Grez, entre lesquelles estoit partie du précieux chief mon-
seigneur saint Denis comme dit est.
Item et qu'il soit vray, il peut apparoir ; car il est certain, comme
dit est, que partie du précieux chief monseigneur saint Denis fu
apportée par la preude femme Cathule en l'église monseigneur Saint-
Estienne des Grez, le plus secrètement et celéement qu'elle peut fisiire,
pour doubte de tirans qui nouvélement estoient venus de Romme,
lesquels pour lors faisoient moult de persécucions aux chrestiens et
tant que à painne en y avoit il nulz qui osassent dire qu'ilz feussent
chrestiens, si comme il peut apparoir par toutes les croniques qui
parlent du temps dudit martire et mesmement par ce que ont âiit
extraire lesdiz religieux tant de la cronique de Aymo que aussi des
croniques en françois et de plusieurs autres lieux, esquelies croniques
et extraiz est contenu que combien que ladite sainte femme Cathule
fust dès lors instruite en la foy catholique, si ne l'osoit elle pas mons-
trer ne dire et pour ce enseveli clandestinement et le plus secrette-
ment qu'elle pot le corps de monseigneur saint Denis et de ses com-
paignons au plus près de sa maison, afin qu'il ne peust estre sceu des
tirans.
Item il est vray que pour ladite persécucion des chrestiens qui ]x>ur
lors estoit moult grande, ladicte partie du précieux chief monseigneur
saint Denis et plusieurs autres précieuses reliques qui léans estoient,
furent mises et muciées en un lieu seur et secret de ladicte église, afin
que lesdiz tirans, qui pour lors estoient en grant fureur contre les
Chrestiens, n'en peussent savoir aucunes nouvelles. Et pour ce furent
mises lesdictes reliques en un certain lieu, en ladicte église, si secret-
tement que peu de gens les savoient, et sur chacune fut escript de qui
estoient lesdictes reliques, afin que ceulx qui après vendroient ceussent
et peussent congnoistre et savoir de qui elles estoient; ou quel lieu ^
tant pour ladicte persécucion qui dura longuement que aussi pour
plusieurs autres persécucions qui après seurvindrent, furent tousjours
I. Fol. ig r".
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. ' 385
gardées secrettement, et par si longtemps y demourèrent qu'il n'en
estoit maiz mémoire, et furent oubliées et comme perdues en tant que
au devant de Tan mil ije xvi) qu'ilz furent trouvées comme dit est, il
n'en estoit mémoire ne nouvelles aucunes; ne pour lors n'estoit
homme vivant qui eust oncques oy parler ne dire que le chief mon*
seigneur saint Denis fùst en ladicte église de monseigneur Saint-
Estienne des Grez ne ailleurs à Paris.
Item et fu trouvée la partie du précieux chief monseigneur saint
Denis, appostre de France, avec les autres reliques dessus dictes, en
l'église de monseigneur Saint-Estienne des Grez ou lieu dessus dit,
avec une cédule escripte du temps qu'ilz y avoient esté mises, par
laquelle il apparoit que c'estoit dû précieux chief monseigneur saint
Denis et fut en l'an mil ij» xvij^ comme dit est; devant lequel temps
lesdiz doyen et chapitre n'avoient oncques dit ne maintenu que en
leur église ilz eussent ladicte partie, laquelle ilz n'eurent point qu'il ne
fust avant l'an mil ij^ xviij comme dit est. Et de ce s'ensuit que le
débat, qui à présent est, du chief monseigneur saint Denis ne com-
mença oncques se non depuis ledit temps, ou au moins depuis le temps
de l'invencion desdites reliques ; car paravant n'en estoit aucunes nou-
velles, comme dit est.
Item et qu'il soit ainsi que ledit débat du chief monseigneur saint
Denis ne commença oncques se non depuis le temps de ladicte inven-
tion qui fu l'an mil ij^ xvij comme dit est, il peut apparoir par ce que
en nulles croniques quelconques, ne mesmes en ycelles de Saint-Denis
iaictes et composées par les croniqueurs et compileurs de Saint-Denis
avant ledit an, comme es croniques de Aymo, de Eginardus, de
Suggerius, qui tous furent de Saint-Denis, et firent et compilèrent
leurs croniques des particulières croniques de Saint- Denis, ne géné-
ralement en nulles autres croniques faictes et compilées avant ledit an,
il n'est ne ne pourroît estre trouvé que mencion aucune soit faite dudit
débat, ne que paravant ledit an en eust oncques été faite mencion
aucune ; et qui plus fort est, lesdiz religieux ne pourroient enseigner
ne monstrer ne par croniques, ne par autres enseignemens quelz-
conques faiz au devant dudit an mil ijc xvij, qu'ilz eussent dit ne
maintenu que en leur église feust le chief monseigneur saint Denis,
au moins entier, se non depuis ledit an, laquelle chose est fort à
noter.
Item et pour ce on peut soufiisamment conclure, avec ce que dessus
est dit, que oncques n'en avoit esté question ne débat senon depuis
ledit an. Car, il n'est pas à présumer que se, paravant il en eust esté
aucune question ou débat, que on n'en trouvast aucune chose escript,
veu que la greigneur partie des croniqueurs ont esté de Saint-Denis.
Par quoy il fault de pure neccessité dire et confesser que ledit débat
a esté commencié depuis l'an mil ij^ xvij. Et de ce il s'ensuit que le
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386 LE PROCks DU CHBP DE flAIlIT DEMIS EN I4IO.
livre que ont produit et ^ exhibé le«diz religieux, lequel îIe dlent estre
la cronique de Rigordus ouquel est faictemencion dudit débat, comme
il appert par la clause contenue en ycellui en laquelle il dit ai remo-
vendum errorem Parisimisium^ a esté fait et est compilé depuis Tan
mil ijc xvij ouquel an, au moins depuis, est commencié ledit débat,
comme dit est.
Item or est-il ainsi que paravant il est soufiîsamment dédairié et
monstre. que la chronique que fist ledit Rigordus fu faicte et compilée
dès le xxviij* an du règne de Philippe le Conquérant qui fut Tan de
rincarnacion Notre Seigneur mil ij^ et vi). Et par ce que dit est et
conclus en Tarticle précédent, le liyre que lesdix religieux ont exhibé,
lequel ilz dient estre la cronique dudit Rigordus, a esté fait et com-
pilé depuis Tan mil ij» xvij.
Item par quoy il s'ensuit très cléremeût que ledit livre n*est pas
ladite cronique de Rigordus, fait par lui, maiz est un livre contrefait
et fait par lesdiz religieux ouquel ilz ont mis et escript ce que bon
leur a semblé touchant la matière du chief monseigneur saint Denis,
et choses qui ne sont point ne ne peuvent estre véritables ; et pour
donner aucune couleur de vérité aux choses qu'ils ont mises, escriptes
et adjoustées par dessus ce que avoit escript ledit Rigordus, ilz l'ont
intitulé dudit Rigordus. Et par pareille cautelle, ilz font de l'un des
iii) tableaux qu'ilz ont mis par devers la court, desquels ilz en ont
broullié l'un et narci pour cuidier monstrer qu'il soit fait et escript
de très ancien temps ; et toutesfois, il est certain qu'il est nouvelement
escript ; et est escript de la main frère Mahieu Cabu, religieux de
Saint-Denis, qui encore vit et qui n'est pas vielz homs si comme en
temps et en lieu il sera bien prouvé'.
Item et pour Dieu, soient bien ces choses dessus dictes advcrties;
car toutes les faultes et mauvaistiez que de ceste matière ont escript
1. Fol. 19 v«.
2. En marge, un partisan de Saint-Denis, qui a annoté tout le mémoire,
a inscrit ces lignes :
c Etiam quanquam non esset scripta a Rigordo, tamen propter fbrmam
c et publicacionem coram principibus et locum custodie, quare in archivo
« publico senratur, esset historia approbata et auctorizata.
c Injuriose loquuntur sine colore ; nos [habemus] colorem de hiis sic
<i dicendi quare libri eorum sunt novi et recenter compositi et scripti et
a sine ordine, quare nec causam nec testes nec locum nec diem [nominant]
o nec nominantur actores. Ita evacuantur omnes îste revocationes canonico-
c rum quia Memorialia suorum librorum sunt scripta post annum mille-
c simum cccmom xxxij, et non habent datam sue invencionis nisi apredictis
« libris, quibus non est credendum cum non contingerit tempore illo, et ex
ff inspectione librorum nostrorum patebit quod scriptara est magis antiqua;
f quare sic compoaitio, etc. »
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LE PROCÈS DU CHEF DE flAlMT^ DEMIS EN I4JO. 887
en leurs livres Guillaume de Nangis et Tabbé Gilles, et par conséquant
celles qui sont en une compilacion de croniques que ont dit les Cr(y>
niques de France qui se commence : Cil qui ceste œuvre ^ etc., de
laquelle lesdiz religieux ont ïaxt extraire plusieurs clauses, procèdent
et viennent par la faulte et mauvaistié dudit livre, par lequel toutes
les croniques qui depuis icellui ont esté faites sont toutes corrompues
et faillent en tant qu'ilz parlent de la matière du chief monseigneur
saint Denis ; ausquelles toutes on ne doit adjouster aucune foy, espé-
cialment en tant qu41z parlent de ladite matière ou préjudice desdiz
doyen et chapitre, si comme il peut apparoir par les causes et raisons
dessusdites et déclairées ; par lesquelles il appert que ledit livre est un
livre non véritable, fait et composé par lesdiz religieux par faveur
désordonnée, ouquel ilz ont mis et escriptes plusieurs choses tou-
chans la matière du chief ^ monseigneur saint Denis, selon leur plaisir
et contre vérité ; et malicieusement et frauduleusement Tont attribué
audit Rigordus, combien qu'il ne le fist oncques, au moins en telle
fourme, ainsi que plusieurs dient que Aristote fist le livre de Poins et
Ovide qui fist le livre de Vetula^ et touteffoiz la plus commune oppi-
nion tient que Aristote ne fist oncques le livre de Poins, ne Ovide
celui de Vetula.
Item ^t en espédal vous ne devez adjouster aucune foy à la pre-
mière clause que lesdiz religieux ont fait extraire dudit livre qu'ilz
dient la cronique de Rigordus, en laquelle est contenu Rigordus^
nacione Gotus^ pro/essione phisieus regum Francorum^ cronographus.
Car il n'appert point ne ne pourroit estre enseigné ni monstre que
ledit Rigordus eust oncques office entour le roy ; car combien qu'il
die professiùne phisieus^ si n'estoit il pas pour ce phisicien du roy, si
comme aucuns desdiz religieux ont voulu dire. Maiz il estoit maistre
ou au moins licencié en médecine, et estoit croniqueur de Saint-Denis
au vivant de Philippe le Conquérant, si comme il appert par un livre
des croniques de Saint-Denis qu'ilz ont produit et composé de cinq
perticulières croniques de Saint- Denis; desquelles ilz dient que la
quarte est celle de Rigordus et qu'elle commence au temps de Phi-
lippe le Conquérant, si comme ilz dient.
Item et de ce s'ensuit clérement que ledit Rigordus estoit le croni«
queur de Saint-Denys au vivant de Philippe le Conquérant ; et ne
s'ensuit point que, se il estoit croniqueur de Saint-Denys, pour ce
qu'il se doye appeller regum Francarum cronographus^ néant plus
que ont fait les autres croniqueurs de Saint-Denis si comme Aymo,
Eginardus, Suggerius, Guillaume de Nangis et cellui qui à présent
est, lesquels on ne nomme point fors que croniqueurs de Saint-
Denys ; et par ce est bon à veoir que malicieusement et cauteleu-
I. Fol. ao r*.
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388 LE PROCÈS DU CHEF DE SâlNT DENIS EN I4IO.
sèment oudit livre qu'ilz ont composé à leur plaisir et fevcur comme
dit est, ou lieu ou il avoit ecclesie Sancti Dy(misii cronograpkus,
Hz ont mis regum Francorum cronographus pour cuidier monstrer
que ledit Rigordus estoit serviteur et famillier suivant et demourant
à la court dudit Philippe le Conquérant, laquelle chose est contraire
aus dis mesmes desdiz religieux et aussi à la vérité, comme il appert
par la Philippine qui dit que Rignotus estoit clerc de Saint-Denys et
qu'il escript bien élégaument du temps du roy Philippe le Conqué-
rant. De quoy il s'ensuit clérement que in re c'est tout un que Rignotus
et Rigordus ; car par Rignotus la Philippine entend le chroniqueur
de Saint-Denys au vivant de Philippe le Conquérant, et semblable-
ment par Rigordus est entendu le croniqueur de Saint-Denys au
vivant dudit Philippe par quoy ont peut conclurre que c'est tout un
in re que Rignotus et Rigordus, combien que ladite Philippine die
Rignotus et lesdiz religieux dient Rigordus.
* Item et se aucuns vouloient dire que in re ce n'est pas tout un
Rignotus et Rigordus et que ledit Rigordus n'estoit pas chroniqueur
de Saint-Denys, il appert le contraire par ce mesmes que dient lesdiz
religieux, lesquels mettent et escripvent sa cronique entre les leur ou
livre dessus dit comme faite par eulx ou par leur croniqueur, et ne
monstrent point d'autre cronique (ieiite par eulx ou leur dit croniqueur
pour le temps de Philippe le Conquérant se non celle de Rigordus ;
par quoy, se ilz disoient que ledit Rigordus n'eust point esté leur cro-
niqueur, il fauldroit dire qu'ilz n'aroient point cronique ne escript du
temps de Philippe le Conquérant, lequel toutesvoies vesqui plus lon-
guement et fist plus de faiz notables et dignes de mémoire que ne fist
oncques roy de France qui feust depuis lui. Puis que doncques, dès
le commancement dudit livre, appert de la £aiulte dessus dicte, il est
à présumer qu'il en y a plusieurs autres desquelles cy après sera parlé.
Item et n'adjousterez aucune foy à la seconde clause que lesdiz reli-
gieux ont fait extraire dudit livre, en laquelle est faicte mencion d'une
détection qui fu faicte au temps du roy Henry l'an mil l, en laquelle
ledit Rigordus dit que le vaissel où estoit le corps monseigneur saint
Denis fu ouvert, et que le corps entier et le chief y fu trouvé, excepté
deux os du col qui sont à Saint-Denis du Vergy, en Bourgogne, et un
os du bras que emporta le pappe Elstienne à Romme et le mist en une
église nommée l'Escole des Grez ; et qu'il soit ainsi appert par plu-
sieurs raisons : l'une, car il parle du temps duquel il ne peut porter
tesmoingnaige, car ce fu devant son temps bien vij^ ans, comme il
appert par les croniques qui parlent de la dicte matière.
Item et parle ledit Rigordus de ce de quoy il ne peut riens savoir;
car le livre que il fist desdites croniques fu pour envoyer à Loys, filz
I. Fol. 20 V*.
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LE PROCis DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 389
du roy Philippe, comme il appert par l'intitulacion que il fait qui est
la tierce clause dudit livre que ont fait extraire lesdiz religieux pour
produire, et puis produisent la quarte clause que ilz ont fait extraire
dudit livre qui parle d'une détection que le roy Henry fist pour ce
que l'empereur Henry, qui lors estoit, vouloit faire relever un corps
en Allemaigne, en Tabbaye de Saint-Armant, et disoit que c'estoit le
corps monseigneur saint Denis Ariopagite; laquelle relevacion fu
empeschée par certains messagiers et ambassadeurs que le roy Henry
avoit envoyez audit empereur qui lui distrent que ledit corps monsei-
gneur saint Denis estoit en France en Tabbaye de Saint-Denis.
^ Item et dit ledit Rigordus en ladite clause que ledit empereur, par
Texcitacion desdiz messagiers du roy, envoya après de ses gens devers
ledit roy et que, à grant dévocion et grant assemblée de prélaz, princes
et seigneurs, le vaissel où estoit le corps monseigneur saint Denis fu
ouvert et que le corps entier et le chief y fu trouvé, excepté deux os
du col qui sont à Saint-Denis de Vergy et un os du bras que emporta
le pape Estienne à Romme et le mist en Téglise nommée TEscole des
Grez. •
Item, or convient-il dire que ledit Rigordus fiailti en ladicte clause
et qu'il parle de ce de quoy il ne savoit riens ; car ladicte détection fu
faite ou temps du roy Henry qui fu faite Tan mil l comme il est
trouvé en autres croniques dont cy-après sera parlé. Et touteffoiz il
fu avant longtemps après qu'il y eust roy de France nommé Philippe
qui eust aucun filz nommé Loys à qui il peust envoyer sa compilacion
que il faisoit ; ou convient dire, s'il en savoit aucune chose, que il le
deist parce que il l'avoit veu escript en autres livres Êiiz et compilez
par autres acteurs, lesquclx il deust nommer afin que à sa compila-
cion on adjoustast aucune foy; car de soy ne le peust-il savoir ne
avoir veu.
Item et appert par une autre raison qu'il fault en ladicte clause, car
il convient dire qu'il fault très grandement, sauve sa révérence, en ce
qu'il dit que le corps entier fu trouvé et le chief monseigneur saint
Denis, et n'en excepte que deux os du col qui sont en l'église du Vergy.
Car la vérité est que, en ladicte église du Vergy, a deux pièces du chief
et le menton et deux dens dudit monseigneur saint Denis, et ceulx du
chapitre de ladicte église le certifient soufiisamment ; et ainsi il en
failloit plus de deux pièces qui estoient en ladicte église et autres que
de celles du col.
Item et a confessé monseigneur l'abbé de Saint-Denis qui à présent
est, que, en ladicte église du Vergy, a partie du chief monseigneur
saint Denis, et aussi l'ont confessé plusieurs desdiz religieux de ladicte
abbaye et ce sera bien prouvé se mestier est ; et par ainsi appert évi-
I. Fol. 21 r\
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390 LE PROCàS DU CHRF DE SAINT DBKtS EN I4IO.
demment qu'ils ne peuent avoir ledit chief monseigneur saint Denys
entier.
* Item et y a aussi de son chief une autre pièce en l'église Sainte-
GenneviefVe, et à Saint-Thomas du I-ouvre une autre, comme aussi
ceulx desdictes églises certiffient et tesmoignent et que ainsi ilz le
tiennent et font adorer notoirement de tel temps qu'il n'est mémoire
du contraire, comme relicques du chief monseigneur saint Denis.
Item et que aussi il y a faulte en ladicte clause en tant <|ue il dit que
le corps dudit monseigneur saint Denis fut trouvé entier excepté lesdix
troys os, c'est assavoir lesdiz deux os du col qui sont en l'église du
Vergy et cellui que emporta ledit pappe à Romme, car, sauve sa
grâce, le contraire est vray, et que il est vérité que à Saint-Denis
d'Amboise en a un bras, excepté le bout du pouce qui est en l'église
des religieuses de Moncé, près d'Amboise.
Item et apporta ledit bras en ladicte église de Saint- Denis d'Amboise
et en donna le bout dudit pouce en ladicte église de Moncé un sei-
gneur d'Amboise qui estoit conte de Chartres, et les y apporta de
l'abbaye de Saint-Denis ou ledit bras lui fu baillé et donné.
Item et ce scevent bien lesdiz religieux de ladicte abbaye, et que
pareillement y a du chief et os de monseigneur saint Denis en plu-
sieurs autres églises et lieux, et confesseroient, s'ilz vouloient dire et
confesser la vérité telle qu'elle est et qu'ilz la scevent.
Item et voyons que un auteur d'un livre quand il fonde son feit et
ce qu'il dit sur ce que ont dit et escript autres ancteurs que il les
nomme et dit l'eifect de ce qu'ilz ont dit et qu'ilz sont et non mye
que il atribue à soy le fait et les récitacions des autres aucteurs de
quoy il ne scet et ne peut savoir aucune chose que par leur fait et ce
qu'ilz ont dit et escript.
Item et aussi vous, nosseigneurs, n'arez regart à ce que en ladicte
tierce clause extraicte du livre dudit Rigordus est contenu, où il met
après que ladite dextection fut faite du temps du roy Philippe, que le
chief de monseigneur saint Denis fut retenu et mis en un vaissel
d'argent et monstre au peuple par un an ad removendum errorem
Parisiensium^ etc., ne sur ce lesdiz religieux ne peuent fonder les
injures que ilz dient, esdiz tableaux, desdiz doien et chappitre dé Paris
et de ceulx de la ville, par plusieurs raisons : l'une raison est car, par
ledit extrait prins ou préjudice desdiz religieux et non autrement, il
appert que ladite dextection faicte du temps du roy Philippe à laquelle
ledit chief, comme il dit, fut retenu, fu faicte Tan mil cent iiîj» et
onze et touteffoiz il fut avant l'an mil ij« et xvij ou environ, que la
partie dudit chief dudit monseigneur saint Denis et les autres relicques
I. Fol. 22 r«. Le verso du fol. 21 est resté blanc.
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LE raOCfts DU CHEF DE SAIMT DENIS BN I4IO. Sçi
qui estoient en l'église Saint- Estienne des Grez, feussent^ trouvées, et
Ait avant l'an mil ijo et xvii) qu'ilz feussent translatées de ladicte
église de Saint-Estienne des Grez en l'église de Paris. Par quoy il
s'ensuit que pour le temps de ladicte dextection, il n'y avoit encore
point de débat du chief monseigneur saint Denis. Car il estoit encore
en l'église monseigneur Saint-Estienne des Grez si secrettement repoz
que nul homme vivant n'en povoit nens savoir, ne à Paris n'en estoit
aucune mencion. Et n'en fut oncques nouvelles jusques à l'an de
rincamacion mil i)» xvij, ouquel temps furent trouvées en ladicte
église de Saint-Estienne des Grez et données et translatées par le roy
Philippe h ladicte église Notre-Dame de Paris l'an [mil] i)o xviij, comme
dit est. Par quoy s'ensuit que lesdiz religieux ne povoient dire ad
remoyendum errorem Parisiensium.
Item ce lesdiz religieux vouloient dire que en ladite clause n'est
mie faite mencion des chanoines de Paris, mais il est contenu que ce
fut ad tollendum errorem Parisiensium^ laquelle ne peut estre par ce
que dit est ou dessus dit article, et néantmoins il fault dire et con-
clurre que ce que lesdiz religieux mettent en leurs tableaux que ce
fut fait ad tollendum errorem canonicorum Parisiensium soit pur inju-
rieux et amendable. Car ilz ne treuvent point ne ne monstrent que
pro errore aliquo toHendo^ il fut monstre que celle foiz qui fut
xxvj ans ou environ avant qu'il fiit translaté en l'église de Paris.
L'autre raison est pourquoy à ladicte clause on ne doit adjouster foy
ne avoir regart pour dire que ce sott erreur de maintenir que en
l'église de Paris est partie du chief de monseigneur saint Denis. Car
on l'en dira que ledit Rigordus le mettoit en son livre que il feisoit
pour déclairer decisorie que ce feust erreur ou oppinative ou pour
dire que ce feust son oppinion et que il lui sembioit que ce feust
erreur.
Item et ce ainsi estoit que il eust mis lesdiz mos pour déclairer
decisorie que ce feust erreur, et il n'avoit mie ceste puissance ne auc-
torité d'en faire déclaracion, car il n'en estoit mie juge et auroit esté
une scentence et une déclaracion donnée et faite a non suo judice nec
coïkpetenti et a privata persona^ qui ne peut ne doit valoir pour faire
foy in judicio contradictorio.
Item et avoit faite ladite déclaracion sanz enquérir ce s'estoit erreur
ou non ne que il en sceust riens, et sans partie appeller ne savoir qui
avoit esmeu lesdiz doien et chappitre ou ceulx de Paris qui les
esmouvoit à dire et maintenir qu'ilz eussent la partie dudit chief, ne y
faire aucun procès, soumier ne autre par quoy il denst dire ne déclai-
rer que ce feust erreur, et que on monstrast ledit chief par un an pour
oster leur dite erreur.
1. Fol. 22 V*.
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392 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN 14IO.
Item et s'il le disoit oppinative (et en ce cas son opinion estoit et
est énorme) et n'y devroit on point adjouster de foy ne avoir aucun
regart. Car ilz n'y baillent point de fondement ne de raison ne de
cause pourquoy il le deust ainsi avoir dit et récité et est chose inju-
rieuse et diffamable, à quoy on ne devroit point croire ne adjouster foy.
* L'autre raison pourquoy sur ladite clause lesdiz religieux ne peuent
fonder ce qui est en leurs tableaux [est telle :] car lesdiz doien et
chappitre ont tiltres, enseignemens et probabillitez souffisantes, rai-
sonnables et légitimes pour dire et maintenir que ilz ont en l'église
de Paris partie du chief monseigneur saint Denis, par ce qui est des-
sus dit au commencement de ces contrediz, et, par conséquent, dire que
ce soit erreur, c'est injure dicte à matière de religion catholicque, tou-
chant foy et bonne religion qui est chose non recevable. Car puis
qu'ilz ont tiltres et enseignemens souffisans ex pietatejidei, on le peut
croire sanz ce que pour ce on en puisse ou doye l'en imposer à ceulx
qui le croient que ce soit aucune erreur, et fidem probabilem in tali*
bus habere sufficit cum infide quis salvetur juxta c. debitum de bap,
de pb. non bap, c, apostolica. Et ad ce s'accordent les docteurs de
théologie où il parle de la différance de faulseté et de erreur, comme
il appert par ij clauses extraites et collationnées de doctore solemni
par les commissaires et baillées par devers la court.
Item et souffist pour aourer et croire les reliques du saint, sànz ce
que pour ce on puisse ne doie l'en dire que ce soit erreur ne men-
songe que on ait aucunes preuves et persuasions selon la nature de la
matière morale, ut numéro primo Ethicorum^ posé que la vérité ne
le puisse évidemment monstrer, et n'y a point de péril ; car la véné-
racion que on y fait est proprement plus à Dieu que aus diaes
reliques que on aoure et illic terminatur intencio adorantis.
Item et pour ce est-il ainsi que l'église tôlière que on aoure en
diverses églises unes mesmes reliques d'un saint, posé qu'elles ne
soient mie es dictes deux églises en la vérité, car ce ne peut estre
sanz miracle. Mais c'est pour ce que l'une et l'autre église a proba-
biiitez souffisantes qu'elles y soient, combien que il soit incertain en
laquelle église elles soient, et n'est pas pour ce loisible ausdictes églises
lesquelles dient et afferment avoir une mesme relique que pour ce ilz
doient dire injure, ne imposer l'une à l'autre erreur ne mensonge,
maiz il est moult loisible à une chascune desdictes églises dire, escripre
et publier les enseignemens et tesmoingnaiges affirmatilz qu*ilz ont
de leurs reliques sans injurier ne imposer erreur ou mensonge l'une
à l'autre, si comme il est du corps monseigneur saint Firmin, lequel
ceulx d'Amiens dient l'avoir tout entier, et toutesvoies ceulx de Saint-
Denys dient qu'ilz l'ont tout entier. Et ce fait moult à noter pour
I. Fol. 23 r».
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. SgS
condempner lesdiz tableaux par lesquels lesdiz religieux veullent
imposer erreur, comme en l'article de foy, ausdiz doien et chappitre
laquelle injure redomde contre la généraîle observance et tollérance
de l'église.
L'autre raison est que ce est une commune oppinion de tout le
peuple de Paris et de notables clers qui ont esté en l'église de Parb
[de] tous temps et de tel temps qu'il n'est mémoire du contraire, que
en l'église de Paris est partie dudit * chief monseigneur saint Denys et
n'est mie possible de prouver que la vérité soit au contraire ; et par
tant sans erreur et sans povoir soustenir que ce soit mensonge, on
le peut croire quoniam vetustas pro îege et veritate habetur ut L c.
m, si ff. de aqua plu. ac et L si arbit, ff. de proba cum al. nisi ex
antiquitate veritas apperiri non potuit ut viij^ dis. c. veritate.
Item et peut bien ledit Rigordus avoir autrement parlé en son livre
que imposer erreur à ceulx qui dient et croient et aourent la partie
dudit chief qui est en l'église de Paris comme le chief monseigneur
saint Denis ; car le roy Philippe Dieudonnc, informé souffisamment
que c'estoit la partie dudit chief, le donna et le fist translater de ladicte
église de Saint-Estienne-des-Grez où il estoit avec les autres reliques
en l'église de Paris où elles sont encore gardées à grant révérance.
Item et doit l'en adjouster foy au fait d'un tel prince qui est le chief
du royaume, qui a acoustumé de procéder en telz faiz mesmement qui
touchent la foy, et de faire ses faiz par meur conseil et grant et seure
delibéracion, et non mie y procéder sans estre bien informé première-
ment et avoir juste couleur de ce foire.
Item et imposoit ledit Rigordus par sondit livre audit roy Philippe,
qui avoit donné et fait translater ladite partie dudit chief en l'église
de Paris pour partie du chief monseigneur saint Denys, que il erroit
et avoit erré en foy de religion ; ce qu'il ne deust mie avoir fait ainsi
légièrement, posé encore que il eust bien esté informé que ce eust esté
erreur, ce que non ; maiz deust avoir empeschié ladicte translacion
ou la deust avoir fait après réparer audit roy Philippe et lui avoir
monstre raisons et causes pour quoy il le deust avoir fait et avoir creu
que ce n'eust point esté partie dudit chief de monseigneur saint Denis.
Et pareillement l'abbé et religieux qui estoient pour lors deussent avoir
informé ledit roy Philippe qui, souvent et bien familièrement, aloit
en ladite église Saint-Denis comment il erroit ^ et si périlleusement
et en telle matière, et est vraysemblable que, se pour lors ilz en eussent
fait aucune doubte ou question, que ledit roy qui bien amoit lesdictes
deux églises de Paris et de Saint-Denys, y eust pourveu et mis bon
appointement ; car pour lors que la chose estoit nouvelle, le temps
1. Fol. a3 V.
2. ils erraient ms.
Min. XI 27
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394 LE PROCÈS DU CHEF DE SÀIMT DENIS EN I4IO.
estoit plus convenable pour soy opposer et mouvoir le débat qu'il a'a
esté depuis peu de temps qu'ilz ont mys lesdiz tableaux.
Item et ne peut estre fondé ce qu'il dit que ladicte détection sur ce
faite par le conseil de Tarcevesque de Reims, de la royne Aie et autres
évesques et prélas pour prier Dieu pour le roy Philippe qui estoit aie
en la Terre Saincte et que le chief fut trouvé ou le corps et après
séparé et monstre, etc. Car il n'y est point contenu que le chief y
feust trouvé entier. Et se on y a trouvé le chief, ce aroit esté * depuis
le col jusques à la summité et au cran et la partie devant jusques au
front; et peut estre que on le mist en un vaissel d'argent, fait pour un
chief entier et que il fut monstre pour baisier au peuple, et ce ne fiait
riens contre lesdiz doyen et chappitre, maiz seroit conforme à leur
entencion.
Item et est vraysemblable que il ne fut mie trouvé entier quant
ladicte détection fut faicte, maiz que la summité et la partie du hault
en failloit, selon l'expériment que en fist monseigneur de Berry qui
trouva que le chief que lesdiz religieux monstroient en leur église
pour le chief monseigneur saint Denis, n'estoit mie entier et que il y
ftiilloit la summité et tout le hault, et que en hault le vaissel où il
estoit, estoit tout wide, comme il appert par deux instruments que
ont produit lesdiz doien et chappitre.
Item et aroient lesdiz religieux de Saint-Denis semé erreur et dit
injure sans cause, de dire que en l'église de Paris n'a point du chief
monseigneur saint Denis, et que ceulx qui le dient errent pour vouloir
dire, car en leur abbaie ilz ont le chief entier. Car lesdiz doien et
chappitre ont trop plus grans tiltres, enseignemens et tesmoingnaiges
pour dire qu'ilz en ont partie en l'église de Paris que n'ont les reli-
gieux de Saint-Denis à dire qu'ilz l'ont tout entier, lesquelz religieux
ne peuent enseigner qu'ilz aient le chief monseigneur saint Denis, ce
non par leurs croniques, faictes par eulx mesmes et depuis le débat
commencié, et par lesquelles et autres plusieurs on peut prouver qu'il
y a ailleurs du chief monseigneur saint Denis; par quoy s'ensuit évi-
demment qu'ilz ne le peuent avoir entier.
Item et est vray que ledit monseigneur saint Denis eust le chief
tranchié par le millieu de la teste, comme il est figuré ou portail senestre
de l'église de Paris, et sur la porte Saint-Denis de la ville de Paris, et
en plusieurs autres lieux et anciennes paintures, et généraulment par
le royaume et hors le royaume de France, et ce est la partie qui fut
trouvée avec les autres reliques à Saii^t-Estienne-des-Grez et transla-
tées en l'église de Paris ; car lesdiz doyen et chappitre ne veuUeat
mie dire qu'ilz en aient le chief entièrement.
Item et peut aussi estre que l'autre partie du chief demoura avecques
1 . Fol. 24 r*.
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LE PROCÈS DU CHEF SB SAUTt DENIS EN 1410. ^qS
le corps, et que elle est en Téglise de Saint-Detiis, et que lesdiz rein
gieux l'ont, et que c'est la plus grant partie de son chief qui fut trouvé
avecques le corps es détections dont parle ledit Rigordus es clauses
que en ont fait extraire lesdi2 religieux, et aussi dont il en est faite
mencion en plusieurs autres extrais de plusieurs livres * que ont fiait
faire lesdiz religieux et que ilz ont produiz, lesquelles ont esté prinses
du livre lequel ilz imposent audit Rigordus. Car on ne treuve point
que autre paravant lui en croniques quelconques fiace mencion du
chief monseigneur saint Denis en quelconque détection faicte du
corps monseigneur saint Denis.
Item et ce se peut trop bien soustenir que les tirans après ce qu'ilz
l'eurent fiait greîUer et batre monseigneur saint Denis et tourmenter
de divers toarmens, que pour lui faire souffrir plus grant martire, ilz
lui firent de congnées rebroschées transcher premièrement la teste
par le millieu du chief; et que il se dreça après et print son chief entre
ses mains, et que, par le conduit des anges, le porta de la montaingne
où il fut descappité jusques en la rue Catulienne et le bailla à la bonne
dame Cature comme un précieux trésor ; et que ladicte bonne dame,
considérant que c'estoit la plus grant partie du chief et qui plus hono-
rablement et sainctement pour Thonneur et révérence du martir et
du miracle devoit estre gardée, l'apporta à Saint-Estienne-des-Grez
où il avoit son oratoire pour phis senrement et honorablement y estre
gardé et conservé, et est à présumer que si aussi secrettement elle eust
peu apporter les corps monseigneur saint Denis et de ses compat-
gnons, elle les y eust plus tost apportez que on lieu où die les mist.
Item et combien que premièrement il ft»t décappité par le millieu
de la teste, laquelle chose les tirans le firent faire de congnées rebro-^
chées tant pour le plus grant et crueux martire que aussi en despit
de la couronne sacerdotal qu'il portoit, selon qu'il fiait mencion en son
livre qu'il fist De ecclesiastica Iherarehia^ néantmoins peut estre que
l'exécuteur, après ce qu'il l'eust ainsi couppé par le millieu, le féry
encore par le col et ce si ne reppune en riens chose que aient dit et
produit lesdiz doyen et chappitre.
Item et ce peut estre très bien soustenu ; car, en plusieurs extrais
des livres qui ont esté fiaiz de la vie monseigneur saint Denis et de la
manière de son martire, que ont produis lesdiz religieux prins en leur
préjudice et non autrement, est contenu que ledit monseigneur saint
Dénie habuit cervicem cessant en usant de ces mos cervice cesa. Or
dient les maistres et les aucteurs et par espécial Catholicum que eer^
vixy c'est quasi cerebri via et dicitur a cedo, cedis^ quia ihi ceduntur
eapilli; et dicitur pars superior colli per retro^ sicut Gulta pars antC"
rhr^ et mde yenit cervical quod ponitur suh capite rétro.
I. Fol. 24 ¥•.
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396 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
Item et se iesdiz religieux disoient qu'ilz produisent aussi autres clauses
où est contenu quod habuit caput truncatum vel caput abscisum^ et ce
est pour monstrer l'autre manière de son martire, c'est assavoir que,
après ce qu'il feust décranné ^ et qu'il eust tranchié le test par le millieu
de la teste, que on lui trancha après la teste par le col et en ce n'a
point de répunance, maiz est accorder les extrais des clauses des
livres que en ce ilz ont fait extraire et produire, et aussi les paintures
anciennes et nouvelles, comme il est figuré ; ce que en tel cas on doit
faire et l'a l'en acoustumé ubi scripture discrepant juxta L vineam de
jure dont in § de exhi, et introdu. reis coll. V.
Item et est une chose que les docteurs de sainte Église ont voulu
faire que accorder les Euvangélistes es lieux où il semble avoir aucune
contrariété ou diversité, sicut reperitur de duobus latronibus crucifixis
cum Christo; nam unus Euvangelistarum dicit quod conviciabantur
Christum , aller dicit quod unus conviciabatur, Bene Augustinus voi-
lons (sic) eos concordare et salvare^ dicit quod Christum primo cornai-
ciabantur^ sed unus statim penituity vel quod positum fuit propter
modum loquendi. Nam sepe illud quod fit per unum ex societate toti
societati attribuitur^ prout reperitur de effudone unguenti super corpus
Christi quod discipulis attribuitur; et eciam Euvangeliste diversimode
loquentur de negacione Pétri quod doctores concordant.
Item et aussi aucuns dient que Notre Seigneur fut crucifié â heure
de tierce^ les autres à heure de sexte ; et pour les concorder les doc-
teurs mettent que les Juifs Christum verbo crucifixerunt hora sexta
ut c, periculose de pem. dis.
Item et que aussi Iesdiz religieux, pour accorder les extrais des
livres qu'ilz produisent où il est contenu en aucuns que monseigneur
saint Denis eust le test couppé, es autres qu'il fut tranchié, es autres
qu'il fut abscisé, es autres qu'il fut décollé par le col qui sont divers
martires, et aussi pour accorder ceulx que produisent Iesdiz doien et
chappitre où est contenu que partie de son chief fut translaté en
l'église de Paris, peussent bien endurer et souffrir que on deist qu'il
fut premièrement décranné par le millieu du test, et que le cran ou
la haulte partie de son chief qui fut ostée et tranchée soit en l'église
de Paris, comme certainnement elle y est ; et que après qu'il fut décap-
pité, il fut décollé et tranchié par le col, et qu'ilz en aient ladicte par-
tie en l'église Saint-Denis, de laquelle partie ilz l'ont baillée certaine
partie à l'église Saint- Denis-du-Vergy en Bourgogne.
Item et que par ce ilz eussent et deissent qu'en chascune desdictes
églises feust le chief monseigneur saint Denis, comme il se peut bien
sonstenir per sinodochem loquendOy capiendo partem pro toto^ sans vou-
loir imposer ausdiz doyen et chappitre qu'ilz errent de dire qu'en
I. Fol. 25 r.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 3gj
leur église soit partie du chief monseigneur saint Denis, et tellement^
comme se ce feust erreur contre la foy et bonnes meurs, comme il
appert par le contenu de leurs diz tableaux.
Item et par tant peut apparoir que es clauses contenues oudit livre,
lesdiz religieux ne peuent fonder ne soustenir les injures contenues
en leurs diz tableaux, que lesdiz tableaux ne dolent estre ostez, ou au
moins que les moz ne soient corrigiez en manière qu'ilz ne sentent
aucune injure ne diffame.
Item et emploient lesdiz doien et chappître les raisons dessusdictes
pour impugner lesdictes quatre clauses que lesdiz religieux ont fait
extraire d'un autre livre compillé dudit auteur Rigordus, si comme
ilz dient, qu'ilz sont pareilles; car elles procèdent d'un mesme livre
fait d'un mesme auteur escript et coppié plusieurs foiz. Et est ledit
livre de ladite abbaye qui pour eulx, en leur cause, ne doit faire
aucune preuve, ne aucune foy, ne vous, nosseigneurs, n'y devez avoir
aucun regart
*Itcm et aussi est conforme aux anciennes paintures ou monsei-
gneur saint Denis est figuré la teste transchée par le millieu, comme
il est ou portail de l'église de Paris, à Saint-Denis-du-Past, â la porte
de la ville de Paris, en l'église Saint-Denis des Rains, qui fut fondée
viîjn ans ou environ avant le débat du chief monseigneur saint Denis
et les seaulx de ladite église instituez, esquelx seaulx de l'abbé et cou-
vent de ladite abbaye est ainsi figuré.
Item en l'église du Vergy et à brîef dire en tous les lieux en France
et hors France, esglises parrochiaulx, abbayes et priorés et chapelles
où est honnoré monseigneur saint Denis. Et par ainsi l'argument
dudit abbé Gilles retourne contre lui, où ilz dient que les Parisiens
obvient et répugnent aus paintures; maiz lui-mesmes et ceulx qui
l'ensuivent y obvient et contredient, et par espécial aux anciennes qui
sont de plus grant foy et auctorité. Par quoy s'ensuit en oultre que
par grant témérité ilz imposent erreur intollérable à tous ceulx qui
ont fait faire, introduit et souffert telles manières de paintures et
ymages. Car aussi bien est erreur in/actis sicut in dictis^ et consé-
quemment se l'erreur est intollérable, in dictiSy elle est semblablement
in picturis. De quoy s'ensuivroît qu'il convendroit destruire et démolir
lesdiz ymages et peintures pour ce qu'ilz contenroient et donneroient
à entendre erreur intollérable et que tout le demourant de la cres-
tionté excepté eulx tant seulement errast intollérablement.
Item et ce qu'il est en autres lieux figuré la teste tranchée par le col
est depuis peu de temps en ça, comme depuis, xl. ou. 1. ans ou depuis
1. Fol. 25 v*.
2. Fol. 37 V. ...
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398 LE PROCàS DU CHEF DE SAilCT DENIS Etf I4IO.
le temps dudit abb^ Gilles ; et peut estre, si comme cy-après sera dit,
que oa a commencié ^ à le figurer en celle manière la teste entière
tranchée par le col pour ce qu'il fut premier évesque de Paris, pour
le âgurer la mittre en sa teste comme évesque, ce que autrement
bonnement on ne pourroit faire •
3 Item et par espécial, il y a plusieurs desdictes escriptures aus-
quelles n'a aucune apparence que on doie avoir aucun regart^ mais
deussent avoir lesdits religieux grant honte de les produire pour por-
ter en telle manière aucun tcsmoignaige tant pour ce que ce ne sont
que redites superflues, et aussi pour ce qu'ilz ne sont ne ne peuvent
estre par raison d'aucune auctorité, ne faictes par clers gradués ne
d'aucune réputacion; mais sont seulement escriptures privées, faites à
volenté et par affection désordenée, sans aucune raison par purs ygno-
rans et rudes gramarians qui les ont rimées et versifiées à leur apétit
et ont usé de faulx et impropre langaige, si comme il appert en plu-
sieurs lieux desdites escriptures et par espécial en un vers ouquel est
dit se qui s'ensuit : Obsciso capiie corpus non mortificatur^ qui est con-
traire à vérité et ad ce que chante sainte église et que lesdits religieux
ont fait extraire corporis exanimi caput proprium deportantis; et
aussy, se le corps n'eust point esté mort, il n'y eust point eu de
miracle. Ainssy appert par lesdits vers et l'autre clause que sembla-
blement ^ ont fait extraire lesdits religieux que leurs extrais sont répu-
gnans et contraires et destruisent l'un l'autre.
Item et n'a pas grantment, car c'est du temps de pluâeurs qui
encore vivent et qui en saront bien parler quant mestier sera, qu'il
y eust un desdits religieux, nommé frère Richard l'Escot, lequel ne
savoit rien de science quelxconques fors seulement qu'il estoit gra-
marien ; et pour ce qu'il savoit ung pou rimer et versifier, il cuidoit
bien estre un très grant clerc et, à [cjeste occasion, il fîst et multi-
plia moût de celles escriptures très nicement et bien clérement^
faictes et dictées, et par lesquelles il peut apparoir, que il n'estoit
ne saiges ne bon clerc^ et n'est pas chose ne bonne ne raisonnable
que on doie avoir aucun regart à teles voluntaires et foies escriptures.
s Item n'y font riens les pourtraictures qui sont es livres desdis reli-
gieux dont il ont fait faire plusieurs extrais que il produisent, ne aussy
celles qui sont en aucuns autres livres que ilz produisent, esquelx est
1. Fol. 38 r*.
2. Fol. 39 v*.
3. Foh 40 r*.
4. Il y a ici un mot laissé en blanc dans roriginal.
5. Fol. 40 V.
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LS PROdks BU CHBF DE SAIHT DENIS BN I4IO. 3gg
figuré que monseigneur saini Denis et ses compaignons furent des-
colés par le col, et que la bonne dame Cathule ensevelissent (sic) les
chiefe avecques les corps ; car se sont pourtraictures toutes nouvelles
que ont faictes et devisées ou fait faire et deviser lesdis religieux à
leur plaisir et comme Hz ont volu, pour servir à leur entencion et à
l'oppinion qu'ils tiennent contre la commune renommée de toute
crestienté.
item et ont fait faire et deviser lesdiz religieux lesdites paintures
en faisant âiire ou escripre lesdiz livres à fin cyvile et aussi pour
ennorter et induire les seigneurs et les princes à qui ilz les [ont]
envoyés ou pour qui ilz les faisoient faire, pour avoir de leurs biens à
tenir et croire leur opinion; et ont fait faire èsdiz livres secrètement
teles anlumineures comme il leur a pieu, et yceulx ont exposé clan-
destinement aux seigneurs, sans appeler ne le faire assavoir audit doien
et chappitre qui dès lors maintenoient au regard de ce, et encores
maintiennent le contraire; par quoy a y adjouster foy ne y avoir
aucun regard ou préjudice desdiz doien et chappitre n'est mie, soubz
correpcion, chose que on doie faire.
Item et par autre raison ne font riens lesdites pourtraictures contre
se que dient et maintiennent lesdiz doien et chappitre ; par ce que
devant est dit, il n'est pas impossible que monseigneur saint Debis
£eust en un mesmes moment descolé et décapité ; et par ainssy les-
dites pourtraitures ne preuvent mie la négative^ c'est assavoir que
monseigneur saint Denis ne feust premièrement décapité et après
décolé. Et posé qu'il fàst certain qu'il eust ainssy esté, sy ne doit on
mie pour ce muer ne changier les paintures et figures anciennes, et
font mal ceulx qui le font pour ce qu'ilz lui ôstent et diminuent gram
partie de sa glorieuse manière comme devaftt estdit.
^ Item et Targuement que font lesdiz religieux desdictes pourtrai-
tures ou enlumineures faites par eux et de nouvel en leurs livres n'est
pas pareil à celui que font lesdis doien et chappitre des figure» et
paintures anciennes faites du temps dudit martire ou tentost après,
que pour lors la manière d'icelui martire estoit plus nouvelle et plus
sceue qu'elle ne pouroit maintenant estre; et laquelle manière de
peindre et figurer monseigneur saint Denis a tousjours esté continuée
et gardée depuis ledit temps jusques à maintenant et non pas en pour-
traitures ou enlumineures de livres ; car chacun puent fieiire faire
en son livre tele enlumineure comme il lui plaist. Mais sont lesdites
paintures et figures que produisent lesdiz doien et chappitre, de grans
et anciens ymages de pierre et en lieux patens et publiques, au veu
et sceu de tous ceulx qui l'ont volu veoir, et ne les ont peu lesdiz reli>
gieux aucunement ygnorer. Lesquielx ne sont mie seulement trouvés
1. Fol. 41 r.
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400 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4I0«
en réglise de Paris, ne aussy ne sont pas fais depuis le débat com-
mencé, ne ceulx de l'église de Paris ne les ont pas fait faire ; car, par
toutes les églises de ce royaulme et de dehors aussy, et par espécial
es églises de monseigneur saint Denis longtemps fondées avent qu'il
y eut riens du chief monseigneur saint Denis en l'église de Paris, est
trouvée et tenue et gardée en telle manière de figurer et paindre mon-
seigneur saint Denis le chief demy tranchié tant en ymages comme
en paintures es verrières très anciennes. Et de toutes ces choses feront
foy lesdiz doien et chappitre quant mestier en sera, combien qu'ilz
[soient] sy notoires et sy publiques que nul par raison ne les pueut ne
doit ygnorer.
Item et ne fait riens contre lesdis doien et chappitre se que lesdis
religieux arguent, qu'il est trouvé en l'église de Notre-Dame de Paris
es instoires d'autour le cuer et en une verrière nouvellement faite, sy
comme il est bon à veoir, que monseigneur saint Denis est figuré por-
tant son chief entier ; car il est certain que en trop plus de lieux de
ladite église, et par espécial es plus notables et plus anciens lieux
d'icelle, il est figuré et paint portant son chief demy tranchié, si comme
ou portail senestre devers saint Jehan le Ront ouquel est emprès lui
l'ymage du roy Philippe le Conquérant, en démonstrant qui donna
ledit chief à l'église de Paris comme dit est.
Item ou portail de devers la court de monseigneur de Paris ouquel
il est emprès de monseigneur saint Clément, en démonstrant comme
il envoya en France pour preschier la foy catholique, lesqueulx por-
tauix sont moût notables et anciens et est bon à veoir qu'ilz ne sont
pas fais de nouvel et aussy qu'ilz ne furent mie fais sans grant et
meure délibéracion et advis.
^ Item en la châsse Notre-Dame qui est moût ancienne.
Item es chaires du cuer de ladite église qui ne sont pas nouvelles.
Item en plusieurs anciennes verrières, qui est bon à veoir qui ne
sont pas de la nouvelle façon comme celle de laquelle arguent lesdiz
religieux.
Item et en plusieurs autres lieux bien anciens de ladite église, si
comme de toutes ces choses sera bien enseigné quant mestier sera ;
par quoy il appert que ledit arguement ne fait riens contre lesdiz de
chappitre, car il est certain que lesdites instoires d'autour le cuer sont
faites bien nouvellement au regard des autres lieux dessusdits, et sont
faites depuis xl ans ou environ si comme il sera bien enseigné tant
par celui qui les fit faire et par celui qui les fist que aussy par les
comptes de la despence qui en fu faite Icsquieulx sont en l'église.
Item et le fist le ouvrier esdttes instoires par ladite manière pour
son plaisir ainssy que on voit communément que ouvriers se délitent
I. Fol. 41 V*.
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LE PROCES DU CHEF DE SAINT DENIS EN I41O. 4OI
à faire nouvelles et diverses manières et contenances et par autres
manières que n'ont fait les anciens. Et puest estre que ledit ouvrier
le iîst et le volu ainssy faire afin qu'il lui peust faire la mittre sur la
teste, pour ce que fii évesque de Paris, et lui fut advis (ainssy comme
ouvriers sont bien souvent de lëgier conseil) que c'estoit raison que,
en son église^ il eust et portast sa mittre ; et parailement a on veu de
plusieurs ouvriers qui ont volu paindre et figurer la Trinité par autre
manière qu'il n'est acoustumé d'ancienneté, et en ont fait plusieurs
et [de] diverses manières et diverses contenances, et autant qu'il en y
a plusieurs qui l'ont volu paindre ou figurer par tele contenence ou
manière qui répugnoit à l'article de la Trinité, et ont esté aucunes
teles nouveles manières réprouvées par clers et condempnées, et l'an-
cienne manière approuvée comme la plus raisonnable ; et aussy se ledit
ouvrier eust eu regard aux anciens lieux dessusdiz tant de ladite
église que aussy de toutes les autres églises de se royaulme, et par
espécial qui sont fondées de très grant ancienneté dudit monseigneur
saint Denis, il eust mieulx fait que avoir fait par la manière qu'il l'a
fait es dites instoires nouvelles quare^ etc
* Item et ne devez avoir aucun regard à une épitre faisant mencion
de la détection qui fu faite au temps du roy Hanry, l'an mil L; de
laquelle on a parlé plusieurs foiz par avant et laquelle contient bien
V ou vj fueillez ou environ ; et y sont contenues les causes pour les-
quelles fil faite ladite détection pareillement qu'elles sont contenues
en la cronique faite au temps du Roy Hanry, laquelle lesdits religieux
ont produite de la compilacion des croniques en françois dont ils ont
produit nuef volumes comme dit est ; et n'y a en toute ladite épitre,
combien qu'elle soit bien longue, chose que lesdits religieux puissent
alléguer pour eux, fors seulement une clause en laquelle il est dit que
tous les os du pressieux corps monseigneur saint Denis furent trovés
entièrement envelopés en un drapt de soye sy pourry, etc. Laquelle
clause toute pareille, lesdits religieux ont produit de ladite cronique
faite au temps du roy Hanry ; et y ont répondu bien et suffisamment
lesdits doyen et chapitre et monstre comment ladite clause ne fait
riens contre eulx, car elle ne parle en riens du chief de monseigneur
saint Denis, mais seullement des os du corps. Et sy ont aussy monstre
par les mesmes extraits desdits religieux que ladite clause ne puet estre
véritable, si comme il appert de l'os du bras que emporta à Rome le
pape Estiennc l'an VIIc LU; et ce aussy appert par une recapitulacion
de la devant dite détection laquelle lesdits religieux ont fait extraire
tant d'un petit livre que dient la cronique de maistre Rigordus que
desdites croniques en françois et aussy du livre de l'abbé Gilles, par
I. Fol. 53 r.
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402 LE PROCÈS DU CHEF DE S4IMT DENIS EK I4IO.
laquelle récapitulacion prinse tant seulement en leur préjudice, il
appert que tous les os du précieux corps de monseigneur saint Denis
n'y furent pas trouvés; et a aussy esté montré qne la devant dicte cro-
nique du temps dudit roy Hanry, et par conséquent aussy la devant
dite épitre, sont contraires et répugnans â ladite récapitulacion pro*
duite par lesdits religieus es iij livres dessusdits; car esdites cro-
niques et épitre est dit que tous les os du corps furent trouvés et en
ladîcte récapitulacion est dît que tous lesdits os n'y dirent pas trouvés,
qui sont choses contraires et Tun à l'autre répugnans tellement que
on n'y doit adjouster aucune foy à chose qu'ilz en dient, ne avoir
aucun regard comme dit est
EXTRAITS DU MÉMOIRE DE SAINT-DKNIS.
(Arch. nat., LL 465.)
< Et premièrement lesdiz doyen et chappitre, pour cuider monstrer
tiltres, ont produit certains volumes qu'ilz appellent leurs matrologes,
pour une clause qu'ilz dient être en l'obbit du roy Philippe le Con-
quérant contenant narrative qu'il leur donne caput pretiosi Dyonisii
martiriSj lequel capui avoit esté trouvé en Tesglise Saint- Estienne-des-
Grès à Paris, etc. Ausquielx volumes ou marthologes vous ne devez
adjouster aucune foy ou préjudice desdiz religieux méesmement ou
cas présent. Car premièrement, c'est escripture pure privée, faicte par
lesdiz doyen et chappitre mesmes, et nouvellement au regard du cas
dont il est question et des autres vrayes histoires anciennes parlans
de ceste matière ; et laquelle escripture a été tousjours en leurs mains
et en leur garde depuis qu'elle fu faite, et par conséquant de raison
escripte et coutumière, foy n y doit estre adjoustée pour eulx» quia
sunt instrumenta domestica L rationes cum pluribus aliis^ et méesme-
ment ou cas présent qui ne regarde que le service et sérémonies de
ladite esglise.
Item, et pour ce £ait l'oppinion des docteurs qui est comme dit est
dessus, tele ; c'est assavoir que aux livres anciens estans in custodia
puhlica adhibetur fides, ergo contrario sensu non. Autrement ceseroit
trop grant péril, car on pourroit escripre ce qui seroit pour luy et en
faire tiltre pour son entencion.
Item oultre plus, esdiz deux volumes n'a ne jour, ne an, ne temps,
ne seing, ne seel et par ainssi, il n'y a cause quelconque par quoy on
y doye adjouster foy, et est escripture privée ne les aucteurs ne seroient
pas creus.
I. Fol. 5 V.
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LE PROC^ DU CHEF DE SAIMT DENIS EN I41O. 403
Item qui plus est, lesdiz deux liyres ou yolumes sont d'escripture
neufve comme dit est, et n'a pas xxx ans qu'ils sont escrips comme il
peut apparoir à l'ueil, et par ainssi, c'est depuis ledit obît et chose
suspette.
Item et si seroient escrips depuis ladite détection faicte par ledit
roy Charles le Quint Tan mil uj^^ Ixvii) ; laquelle fu faictè pour ce qu'ilz
se douloient des parolles contenues oudit tableau dont ilz se deulent
k présent ; et, laquelle détection faite, ledit roy leur deffendi que plus
n'en parlassent comme dit est dessus, et pour ce ilz auroient fait
cscripra ladite clause ambiguë comme dit sera cy-après.
^ et encores ont requis et requièrent lesdiz religieux
que détection sollennelle en soit faite pour abréger ce procès et débat,
mais lesdiz doyen et chappitre le doubtent, pour ce que l'en dit qu'ilz
n'ont point de cran ou sommet, mais ont une teste entière. Aussi ont-
ilz feit un gros vaissel d'argent blanc en guise d'une teste.
^Item pareillement lesdiz doyen et chappitre ont produite une tele
clause : c Parisius suscepte sunt in ecclesia Béate Marie reliquie^ etc,
• caput preciosissimum beaîi Djronisii martiris» Hec autem reliquie
• in ecclesia beati Stephani prothomartiris invente sunt^ » laquele clause
lesdiz doyen et chappitre dient estre extraite de leurs matrologes. A
laquelle clause foy aucune ne doit estre adjoustée, car c'est escripture
privée
Item et si fait â noter que dès le temps du roy Philippe le Conque-
rent ilz commencèrent à mouvoir ce brouet ; et leur fu débatu, et
touteôbis onques n'en peurent enseigner.
3 Item et si est vray, qui fait moult à noter en ceste matière, que les
matrologes de ladite esglise ^ de Notre-Dame de Paris furent faiz du
temps du roy Loysle Débonnaire, filz de Charlemaine, comme il appert
ou prologue du matrologe du Palais produit par lesdiz religieux, et
lesdiz doyen et chappitre dient avoir receu la teste de saint Denis
dudit roy Philippe le Conquérant qui fut bien iijc ans après ledit roy
Loys ; et par ainssi ladicte clause des matrologes dont ilz se aident, ne
peut estre faite par l'aucteur du matrologe, mais a esté adjoustée par
un autre à son plaisir et sans dire par qui, quant ne comment elle y
fil adjoustée ne par quele auctorité.
1. Fol. 7 r*.
2. Fol. 7 V*.
3. Fol. 8 r.
4. Fol. 8 V.
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404 LE PROCÈS DU CHSP DE SAINT DEMIS EN I4IO.
Item et si n'est point contenue ladicte clause es anciens matrologes
du diocèse de Paris escrips par diptongnes quod est noUmàum, Et
pour ce, c'est merveilles que comment lesdiz doyen et cbappitre qui
doivent estre bon exemplaire aux autres esgjises se fondent en telc
matière qui regarde le bien de Tâme sur si petit fondement et sans ce
qu'il en soit aucun expédient, mais est occasion de pervertir bon ordre
pour quoy, etc.
Item pareillement lesdiz doyen et chappitre ont produit une antre
clause tele : • Hec sunt reîiquie capse Beau Marie^ magna pars eapir
« tis sancti Dyonvsii martiris etc. reîiquie incogmte quas nullus amiet
f viderey » et puis notent en maige que la partie du chief saint Denis
fîit prinse en la châsse Notre-Dame, etc. A quoy ne doit estre ad)ous>
tée aucune foy, parce que dit est dessus.
Item et si n'est pas ladite clause concordant aux deux autres des-
susdites produites par lesdiz doyen et chappitre, car lesdites deux
clauses dient caput^ aucune foiz preciosissimum^ autrefoiz beati Dyo^
nisii martiris f et ceste-cy dit magna pars
< Item et si dient qu'elle fust extraine de ladite chasse, il fimldrott
qu'ilz monstrassent par enseignement par qui et par quelle auctorité,
selon la disposition des sains canons. Car saintes reliques ne sont mie
ainssi à manier, et si n'a on texte qu'ik produisent françois ne latin,
grec ne ébrieu, et peut estre que ces reliques incongneues ont aveuglé
le langage qui y estoit. Et par ainssi appert que ladite clause est une
chose voluntairement mise et qui fait plus contre eulx que pour eulx ;
pour quoy, etc.
^ Item on doit trop fort noter contre eulx ce que les premières de
leurs dictes escriptures qu'ilz ont produites, portent caput predosissi-
mum Dyonisii martiris^ les secondes magna pars et les tierces portent
necnon de reliquiis beati Dyanisii Gallorum appostoli^ qui pourroit estre
entendu d'un de ses soulers ; et par ainssi, il n'y a riens qui s'entre-
suive et semble que l'acteur n'en saiche de quel costé prendre.
Item et si fait à noter que en la solennité des reliques qu'ilz dient
avoir, ilz ne font mencion quelconque dudit chief ne de partie d'icel-
luy, fors qu'ilz dient bien qu'il fu porté à Saint-Denis; mais ilz ne
dient mie qu'il en ait esté rapporté ne que ilz l'aient.
Item et touteifoiz il est à présumer que, se ilz l'eussent, ilz n'oblias-
sent mie à en chanter bien hault.
Item et si fait à noter que in ordinereliquiarum^ ilz parlent de saint
1. Fol. 9 r^.
2. Fol. 12 V.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO. 405
Denis tout le dernier, en démonstrant qu'ilz ne tendroient gaires de
compte de chose qu'ilz en eussent, pour quoy, etc.
Utem pareillement lesdiz doyen et chappitre ont produit une
clause qu'ilz dient estre extralcte de deux volumes qu'ilz dient estre
Croniques de France^ qui est tèle : « Combien que voulentiers suefPre
que le chief soit de lui dessevré » pour cuider monstrer es dictes
croniques a contrariété, etc. A quoy respondent lesdiz religieux que
lesdiz deux volumes, dont ladicte clause est extraite, sont corrompuz,
et peut apparoir par lecture du chappitre au long dont est prinse
ladicte clause et par plusieurs autres textes.
Item et si est vray que lesdiz volumes ont esté escripz depuis dix
ans en çà, et est encores en vie Tescripvain et aussi celui qui les a fait
escripre; et si trouvera l'en bien l'exemplaire sur quoy il ont esté
prins, contenant le contraire de ladicte clause extraicte. Et, pour ce,
affin que vous appere de ce que dit est, lesdiz religieux vous requièrent
que lesdiz deux volumes avecques l'exemplaire soient apportez.
Item et si est vray que es dictes Croniques de France n'a aucune
contrariété, et par espécial en celles qui sont gardées en lieu commun
ou par le prince.
Item et si est vray que les Croniques de France généralment, et par
espécial celles du roy et des princes, contiennent ladicte clause en
contraire fourme; c'est assavoir que le corps dudit monseigneur
saint Denis et le chief sont ou monastère de Saint-Denis. Aussi les
doyen et chappitre confessent bien que ledit chief est en ladicte
église de Saint-Denis, mais ilz s'en dient avoir le cran ou sommet.
3 Item et cecy fait pour noter que, se l'en a fait nouveaux volumes
et domestiques contenans clauses servans par apparence à ceste
matière, contraires aux vrays et anciens volumes, que par plus forte
raison, on a peu faire escriptures privées et domestiques. Or, c'est
grant paine de fulcir une mauvaise cause, et y fault trouver de painc-
tures qui n'ont point d'existance ; et, en vérité, teles choses en tele
matière et en tele court doivent préjudicier au produisant; pour
quoy, etc.
Item pareillement lesdiz doyen et chappitre ont produit unes
lettres en papier que l'en dit estre de monseigneur l'abbé de Saint-
Rémy de Reims, par lesquelles ledit abbé respont à aucunes ques-
tions que lui a envoyé ledit chancelier de Nostre-Dame de Paris »,
qui est l'un des principaulx patrons de ceste gallée du costé desdiz
doyen et chappitre, et contiennent lesdites lettres que ledit abbé tient
I. Fol, 12 r.
a. Fol. 12 V».
3. Gerson.
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406 LE PROCÈS DU CHEF DE 8ATNT DENIS KN I4IO.
qull ait une dent de saint Denis ; secondement, que les ymages du
païs sont figurées au chief tranchié par dessus, et tiercement qull
cuide que ledit saint Denis feust décapité à trois fois par ce mot :
trino meruenmt decorari marturo, Ausqueles lettres foy ne doit estre
adjoustée, car ce sont lettres privées faites et exquises nagaires et
pendant ce présent procès.
Item et si &it à noter la manière de les avoir, qui est faten mer*
veilleuse et estrange et d'une affection désordonnée.
Item et si n'est pas recevable car lesdites [lettres] ne pourroîent
valoir à tout le plus que un tesmoingnage dudit abbé, encore £ait sans
Tauctorité de la court et sans appeller partie, c'est assavoir lesdiz
religieux.
Item et si ne sont pas lesdites parties appointées en faix contraires,
mais en arrest pour déterminer par droit et par détection se mestier
est, dudit débat et par ainsi exquérir et extorquer teles dépositions
obliquement par lettres privées pour cuidér fulcir leur propos autre
que juste ; ce n'est pas chose recevable, mais est dampnabk contre
tous termes de raison et de forme de procéder, et aussi de mauvais et
périlleux exemple mesmement en ceste matière, qui doit estre déme-
née justement et saintement sans avoir affection désordonnée, comme
a preschié par plusieurs fois ledit chancelier, mais il est dégousté en
ceste matière nimia affectione.
Item qui plus est pour lui respondre formellement ausdictes lettres
en tant que mestier seroit, il n'y a riens qui vaille pour lesdiz doyen
et chappitre.
* Item et premièrement ausdiz seaux et ymaiges, c'est merveilles
comment lesdiz doyen et chappitre, qui doivent estre exemplaire en
bon exemple, prennent le tiltre de leur cause qui touche le bien de
l'âme en graveures, et paintures faites à plaisir et en veulent gaigner
leur cause, contre vérité qui appert par escriptures authentiques et
par expérience de fait.
Item et si sont lesdiz seaulx secrez et privez et muables ; et quelque
chose que die ledit abbé de Saint-Rémy de Reims, il n'a riens dudit
corps saint Denis, appostre en France, nec de hoc aliquid reperitur;
et, s'il a une dent, si luy baille autre nom, car il n'est pas dudit saint
Denis.
Item et s'il estoit dudit saint Denis, ce seroit de celles qu'il auroit
perdues en Grèce en sa jeunesse et non pas de celles qu'il avoit quant
il fut martirié, car elles sont toutes en ladicte esglise de Saint-Denis.
Item et comme dit est dessus, ilz sont cinq sains Denis martirs, et se
aucune esglise en a aucune chose, elle le veult appliquer audit saint
Denis, l'appostre de Francepropter excellentiam. Mais lesdiz religieux et
I. Fol. i3 f.
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LB PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS SN I4IO. 4O7
les roys de France y ont tousjours obvié, et ne s'ensuit tnie se ilz le
font graver en leurs seaulx ou paintures par ce qu'il soyt vray.
Item et aussi on ne le doit pas présumer attenta fama^ et mesme-
ment puisqu'il appert évidemment du contraire*
Item et encores s'il estoit mestier d'arguer de paintures, lesdiz reli-
gieux auroient l'adventaige ; et premièrement es enseignes de Saint-
Denis en la ville de Paris, le cÛef saint Denis est tranchié parmi le
col, comme un chacun peut veoir.
Item es églises pareillement le chief saint Denis est tranchié parmi
le col, et par especial en ladicte église de Nostre-Dame ou chief de
leur esglise quod est notandum; car par k grant ymage de Saint-Denis
qui est en verrière au dessus du grant autel de ladicte église de Notre-
Dame de Paris, appert que ledit chief est tranchié parmy le col; des-
soubz lequel ymaige avoit paravant ceste présente plaidoyrie tele
suscripcion : Sanctus Dionysius primus Parisiorum episcopus^ mais
aucuns desdiz chanoines qui conduisent cest euvre, depuis ledit plai-
doyé ont fait oster ladicte suscripcion pour cuider couvrir vérité.
Item pareillement entour le cuer de ladicte église de Nostre-Dame
entre les ymaiges élevez en pierre y a un ymaige dudit saint Denis
et une dolouere sur le coul et dessoubz est escripte ceste clause :
Comment saint Denis fu décolé^ etc,^ et après a un autre ymaige de
pierre tenant son chief ^ tranchié par le col et dessoubz est escript :
Saint Denis porte son chief à Catule; et ainssi lesdiz doyen et chap-
pitre ne peuent nyer que ces ymaiges tranchiez par le col, ne repré-
sentent saint Denis et sa passion, car la suscripcion le désigne.
Item et se aucuns ymaiges sont en portes ou portaux, dont les chiefs
soient tranchiez par le sommet, c'est depuis pou d^ temps en ça et
depuis ce débat; et si n'y a point dessoubz de suscripcion, laquele
chose monstre bien que lesdiz ymaiges ont ainssi esté faiz de voulenté
et sub dubio et indeterminate pour doubte du roy et desdiz religieux.
3 Item pareillement lesdiz doyen et chappitre ont produit la clause
qui s'ensuit ; Hoc in anno^ scilicet anno m» cc™o xvij^, in ecclesia
Sancti Stephani de Gressibus invente fuerunt reliquie plurium sancto»
rum. Primo invent i sunt ibidem capilli, etc., dentés ^etc, y pars capitis
beati Dyonisii ; et cuilibet erat propria subscripcio indicans cujus essent
reliquie et omnes reposite sunt in ecclesiam Béate Marie Parisiensis^
etc. A quoy lesdiz religieux dient que aucune foy ne doit estre adjous-
tée ne ne doit valoir ausdiz doyen et chappitre par pluseurs raisons.
La première par l'intitulacion desdiz volumes, iceulx prins ou préju-
dice desdiz doyen et chappitre seulement, qui est tele : Memoriale
1. Fol. i3 V.
2. Fol. 14 V*.
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408 LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I4IO.
hystoriarum, sans nommer Facteur; et par ainssi se ne seroit qu'un
extrait des hystoires de quibus non apparet^ et ainssi foy n'y doit
estre adjoustée par raison escripte, puisqu'il n'appert de l'original per
auct. Si quis in aliquo documenta
Item et si ne furent point appeliez lesdiz religieux â foire ledit
extrait ou mémorial, et si fut fait sans auctorité de justice, et pour
ce ne leur doit nuire p. c, cum p. tahellio.
Item et si est suspet, car, premièrement, il n'a pas plus de xl ans
que ledit mémorial ayoit esté compillé, si comme il peut apparoir
par la teneur d'icelluy ; et n'ont osé produire lesdiz doyen et chap-
pitre l'original pour ce qu'il fait contre eulx évidemment, comme il
appert par ce qui est produit par lesdiz religieux.
^ Item l'acteur est incogneu et ne se nomme point ; et peut estre que
c'est cauteleu sèment pour ce que peut estre il estoit l'un desdiz de
chappitre ; et si ne dit point sur queles hystoires il a prinse ladite
clause. Aussi n'est-il hystoire ou monde mesmement approuvée qui
en parle à l'entencion desdiz doyen et chappitre, ne lesdiz doyen et
chappitre n'en sauroient monstrer nulle qui 'ne feist contre eulx.
Item et est vraysemblable que ledit aaeur ne nomme point sondit
extrait sur lesdiz matrologes desdiz doyen et chappitre, dont dessus
est parlé, pour ce que elles sont pures escriptures privées, litigieuses
et suspettes par ce que dit est dessus.
Item et quoi que soit, ce n'est pas escripture à quoy vous doiez
adjouster foy in judiciis^ quia si appareret de originalilnts, passent
argui defalsitate vel aliter^ quod non potest fieri ; exquo non constat;
et pour ce fut faite ladite auttentique Si quis in aliquo documenta et
la decrétale Si propter, autrement ce seroit moult grant inconvénient
se telz extraiz ou mémoriaulx faisoient foy maxime in tali materia;
et mesmement que telz acteurs peuent estre mains savanz, trop briefs
ou favorables, comme on en treuve plusieurs. Et pour ce convient
avoir recours aux originaulx in decisoriis^ et mesmement en tele
court, comme est ladite court de Parlement, qui est cour capital et
exemplaire non mie en ce royaume, mais autre part, comme il est
chose notoire.
* Item pareillement lesdiz doyen et chappitre produisent une clause
qu'ilz dient estre d'un livre des croniques qui se commence : Ordita
questionis narrationis nostre, dont la teneur s'ensuit : Tune invente sunt
Parisius, in ecclesia Sancti Stepham de Gressibus, hec reliquie in quo-
dam îocojam dudum sécréta testificato : de capillis béate Marie^ bra-
chium sancti Andrée, pars capitis beati Dyonisii et lapides , etc. Que
1. Fol. i5 r*.
2. Fol, 17 V*.
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LE PROCÈS DU CHEF DE SAINT DENIS EN I41O. 4O9
omnes reliquiecum gaudio^ etc.^ et en est la ddXe ad placitum mise en
la marge précédant : mil ij^ xyiij\ etc. A quoy respondent lesdiz reli-
gieux parce qu'ilz ont dit dessuz.
* Item oultre plus, il y a suspicion ou livre dont on dit que ladite
clause est prinse pour ce que à Tencommencement a esté levé un
quaterne ; et en la couverture dessus avoit un pou de corne et un
escripteau dessoubz qui désignoit vraysemblablement l'acteur, et ce
a esté arrachié de nouvel. Et pour ce, iesdiz religieux vous supplient
que ledit livre soit apporté à la court et que la court saiche pour
quoy ce a esté fait.
Item qui plus est, ceste clause est contraire aux autres dont lesdiz
doyen et chappitre s'aident ; car la date est de l'an mil ijc xvii j et les
autres sont de Tan mil ijc xvij, comme dit est dessus; pour quoy
appert bien que c'est chose forgée et faite à l'aventure; pour quoy, etc.
2 Item pareillement lesdiz doyen et chappitre ont produit un ins-
trument ou lettres dp chamberier de Sainte-Geneviefve que dient estre
donné Tan mil cccc et dix, le ii)** jour de juing, faisans mencion que,
entre les autres reliques de ladite esglise de Sainte-Geneviefve, est
trouvé en un vaissel d'argent doré ainssi escript en crital (51c), des
reliques de capite béate Marie Egiptiace et de sancto Dyonisio ario^
pagita, etc. A quoy respondent lesdiz religieux que en ladite église
de Sainte-GeneviefVe n'a riens dudit saint Denis, ne ledit escripteau
ne porte point de foy, et si ne le dit pas aussi précise^ ne lesdiz reli-
gieux de Sainte-Genèviefve ne le maintiennent pas, ne ne le sauroient
monstrer. Et pareillement respondent lesdiz religieux aux lettres de
Saint-Thomas du Louvre ; et monstrent bien lesdiz doyen et chap-
pitre la grant affection qu'ilz ont en ceste cause de quérir teles
menues besoingnes pour la cuider fulcir ; pourquoy, etc.
1. Fol. 18 r:
2. Fol. 19 v%
UiU, XI 2ë
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TABLE DES MATIÈRES.
Pages
Chronique parisienne anonyme de i3i6 à iSSg*, précédée
d'additions à la Chronique française dite de Guillaume de
Nangis (i2o6-i3i6), publiée par M. A. Hellot i
Histoire de T Etang-la- Ville, par M. Adrien Maquet . . . ~. 208
La Maison des Pocquelins et la Maison de Regnard aux Piliers
des Halles, 1 633- 1884, par M. Auguste Vitu ...... 249
Le Procès du Chef de saint Denis en 1410, par M. H.-François
Delaborde 297
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ERRATA.
.Page 7, ligne 28. —- Lisez : du Lendit.
Page 14, note i. — Lisez : des Carmes.
Page 29, ligne 10. — Lisez ijenne.
Page 3i, ligne 8. — Lisez \ jenne.
— ligne II. — Lisez : Piquegny.
Page 47, note 8. — Lisez : Voir paragraphes 3 et j i.
Page 59, ligne tiS. — Lisez : Sainte- Aide gonde.
Page io3, note 5. — Lisez : Hippolyte.
Page 108, note 3 du paragraphe 154. — Lisez : lyo.
Page i38, ligne 14. — Lisez : de nulles gens [sinon de ceux] que.
Page 167, ligne 14. — Lisez : le [troisiesme] dimence.
— note 5 du paragraphe 275. — Lisez : troisième dimanche.
Nogent-le-Rotrou, imprimerie Daupeley-Gouvbrnbur.
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«MPT
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