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Full text of "Mémoires de la Société Imperiale des Naturalistes de Moscou"

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MÉMOIRES 


DE  LA 

SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE 

DES  NATURALISTES 

DE  MOSCOU 


Tome  Quatrième. 


MOSCOU, 

DE  L’IMPRIMÉRIE  DE  L’UNIVERSITÉ  IMPÉRIALE, 


loi 2 — - l8x5.  RÉIMPRIMÉS  EPC  i85o. 


& I 


Печатать  позволяется 


съ  гпѣыъ  , чтобы  по  отпечатаіііи  представлены  были  въ  Ценсурныи 
Комитетъ  три  экземпляра.  Москва,  Маія  27  дня  18З0  года. 

Цен  соръ , Статскій  Совѣтникъ  п Кавалеръ  Иванъ 
Дет  у бе  кіи» 


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MÉMOIRES  CONTENUS  DANS  CE 

IV  VOLUME. 

I.  Supplément  au  tableau  des  genres  Saisola  , Ana- 
basis  et  Polycnemum  contenu  dans  le  premier 
volume  des  Mémoires  de  la  Société,  par  le  Baron 
Marsciiall  de  Bieberstein.  p.  3. 

IL  Catalogue  alphabétique  des  plantes  et  autres  ob- 
jets d'histoire  naturelle  en  usage  en  Chine,  obser- 
vés par  le  Père  d’iNCAR  ville.  ( Continuation  ) 
p.  26. 

III.  Stirpes  rariores  in  itinere  Caucasico  À.  1810  lectae 

a C.  Steven.  p.  89. 

IV.  Observa  doues  in  Saxifragas  Taurico  - Caucasicas  , 

auctore  C.  Steven.  p.  113. 

V.  Classification  des  substances  végétales  et  animales  . 

selon  leurs  propriétés  chimiques,  par  le  Prof. 
Giese.  123. 

VI.  Observations  sur  quelques  diptères  de  la  Russie , 

par  le  Directeur  et  Professeur  G,  Fischer,  p.  169. 

VII.  Remarques  sur  l’Emploi  de  lelectricité  dans  les 

maladies  du  corps  humain  suivies  dune  observa- 
tion , par  le  Dr.  Jean  - Cleaude  Renard,  p.  181. 

VIII.  Notice  sur  les  chiens  d’Orient,  par  le  Dr.  Mazaro- 
vitch.  p.  191. 


IV 


! 


DL 

X. 


XL 


Notice  sur  les  Steppes  de  la  Bussie  en  général  et 
particulièrement  sur  celles  qui  s’étendent  entre  le 
Volga  et  l’Oural,  par  A.  M.  Tausciier  p.  213. 

Le  même  sur  le  lac  Inderskoë.  p.  229. 

Recherches  Zoologiques  par  G.  Fischer,  p.  237. 

I.  Sur  le  Sym  du  Caucase,  p.  240. 

IL  Sur  le  Jeltopusick.  p.  241 . 

III.  Sur  le  Navaga.  p.  252. 

IV.  Notices  sur  l’anatomie  des  poissons  : 

A.  Sur  Fouie  der  poissons,  p.  265. 

B.  Sur  une  articulation  propre  aux  pois- 

sons. Articulation  annulaire,  p.  272. 


M ÉMOIRES 


DE  LA 

SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE 
DES  NATURALISTES  DE  MOSCOU 
Tome  Quatrième. 


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I. 


Supplément  au  tableau  des  genres  Salsola3  Anabasis  et  P oly спе- 
шит contenu  dans  le  premier  Volume  des  Mémoires  de  la 
Société , par  le  Baron  Marschall  da  Bieberstein, 


Lorsqu’en  1806  je  présentai  à la  Société  le  tableau  des  gen- 
res Salsola , Anabasis  et  Polycnemum , je  n’avois  pas  vu  l’ou- 
vrage de  Pallas  sur  les  Halophytes.  L’étude  de  cet  ouvrage 
classique  , que  j’ai  fait  depuis  à l’aide  de  la  collection  complète 
des  plantes  salines  de  l’auteur , dont  je  me  trouve  possesseur  , 
et  ayant  fort  souvent  sous  les  yeux  les  individus  mêmes  d’après 
lesquels  les  descriptions  de  l’auteur  et  les  dessins  qu’il  a pu- 
bliés ont  été  dressés  m’a  fourni  un  fond  de  remarques  qui  , 
jointes  à mes  propres  observations  faites  depuis  cinq  ans  3 
m’ont  paru  dignes  d'être  communiquées  aux  botanistes  : d’au- 
tant plus  que  ces  genres  , quoique  récemment  traités  par  plu- 
sieurs savants  , n’en  paroissent  pas  moins  offrir  encore  beaucoup 
de  difficultés. 


Les  caractères  des  genres  établis  par  Pallas  , ne  s’accordent 
guère  avec  ceux  , que  nous  avons  proposés  dans  le  tableau  de 
ces  genres,  présenté  à la  Société.  D’abord  Pallas  établit  les  deux 
genres  Salsola  et  Suaeda  , en  posant  pour  diagnose  du  premier 
un  calice  à cinq  folioles  paléacées  , et  pour  diagnose  du  second 
un  calice  monophylle  à cinq  découpures.  11  joint  à ces  carac- 
ІУ.  I * 


I 


(4) 

ières  j pour  le  Salsola  des  lanières  pétaliformes  , dont  les  folio- 
les calicinales  se  trouvent  pourvues  vers  la  maturité  des  grai- 
nes , et  pour  le  Suaeda  des  excrescences  analogues,,  formant  ou 
des  épines  , ou  un  renflement  général  des  découpures  du  cali- 
ce en  forme  de  corpuscules  épais  et  succulents.  Or  nous  voy- 
ons des  Salsoles  à calice  monophylle  , telles  que  le  Salsola  pro- 
strata , dasyantlia  , scoparia  etc.  dont  les  calices  s’élargissent  en 
lanières  pétaliformes  , comme  ceux  des  Salsoles  à calice  à cinq 
folioles,  d’un  autre  coté  on  trouve  plusieurs  Ghénopodes  à feuil- 
les planes  ^ dont  le  calice  se  gonfle  beaucoup  et  devient  très 
succulent  vers  la  maturité  des  graines.  Il  est  donc  évident  , 
que  les  caractères  distinctifs  du  Salsola  et  du  Suaeda  , tels- 
que  l’ouvrage  de  P allas  les  présente  3 ne  sont  pas  tranchants  , 
et  ne  sauroient  par  conséquent  être  généralement  adoptés.  Le 
genre  Kochia  , établi  par  Piüth  et  comprenant  toutes  les  Salso- 
les à calice  monophylle  et  à appendice  calicinal  quelconque,  et  qui 
en  exclue  les  Salsoles  ou  Ghénopodes  à feuilles  oblongues  et 
carneuses  , et  dont  les  calices  fructifères  ne  sont  pas  pourvus 
d’excrescences  évidentes  , ce  genre  dis-je  , me  paroit  être  mieux 
conçu , et  si  jamais  on  est  porté  à diviser  le  Salsola  , genre 
d’ailleurs  très  naturel  , ce  sera  le  genre  Kochia  , que  selon 
moi  , il  faudra  adopter. 

Quant  au  genre  Ànabase  , Pallas  n’y  comprend  que  les  deux 
espèces  anciennement  connues  , à tige  articulée  et  dépourvue  de 
feuilles,  en  posant  pour  caractère  cinq  folioles  calicinales,  dont 
trois  seulement  s’élargissent  en  lanières  scarieuses.  Comme  né- 
anmoins les  Salsoles  sont  presque  généralement  sujettes  à vari- 
er à cet  égard  , et  à présenter  souvent  des  calices  fructifères 
à appendices  inégales  , et  dont  quelquefois  une  ou  plusieurs 


(5) 

manquent  entièrement  ; puis  , comme  le  Salsola  monanclra  de 
Pallas  n’a  communément  que  trois  folioles  de  son  calice  appen- 
diculées  ; enfin  comme  l’Anabasis  florida , espèce  inconnue  à 
Pallas  et  que  j’ai  découverte  dans  l’Arménie  Géorgienne , ayant 
tout  le  port  des  Anabases  à tige  articulée  , n’en  a pas  moins 
toutes  les  folioles  de  son  calice  munies  de  lanières  pétalifor- 
mes  ; je  trouve  le  caractère  tiré  de  la  forme  du  fruit  j dépri- 
mé dans  les  Salsoles  et  comprimé  dans  les  Anabases  , de  beau- 
coup préférable  pour  servir  de  diagnose  entre  ces  genres.  Iî 
est  vrai,  que  Pallas  a aussi  adopté  ce  dernier  caractère;  mais  il 
Га  tellement  subordonné  au  caractère  pris  sur  le  nombre  des 
appendices  du  calice  , qu’il  a rangé  sous  le  genre  du  Salsola 
plusieurs  espèces,  telles  que  le  Salsola  spinifex  (Anabasis  spino- 
sissima  L ) , le  Salsola  oppositiflora  ( Anabasis  oppositiflora  Act. 
Mosq.  ) , le  Salsola  monandra  ( Anabasis  rnonandra  Act.  Mosq.  ), 
qui  ayant  leurs  fruits  comprimés  ou  l’embrion  posé  vetricale- 
ment , appartiennent  au  genre  Anabase. 

Je  n’ai  rien  à remarquer  sur  le  genre  Polycnème  3 dont  les 
caractères  donnés  par  Pallas , sont  à peu  près  les  mêmes  que 
ceux  que  nous  avons  établis. 

J’ai  trouvé  des  difficultés  très  graves  par  rapport  à la  syno- 
nymie des  plantes  dont  nous  parlons  ici  ; c’est  pourquoi  ainsi 
que  pour  présenter  une  série  complète  des  espèces  que  je  con- 
nois  assez , pour  ne  plus  être  en  doute  sur  leur  diagnose  , que 
j’ai  crû  devoir  faire  mention  ici  des  ecpèces  mêmes  sur  lesquels 
je  n’ai  rien  d’essentiel  à ajouter  à ce  que  j’en  ai  dit  dans 
mon  premier  Mémoire.  D’ailleurs  les  synonymes  que  l’on  trou- 
vera ici , sont  tant  ceux  qui  manquent  dans  mon  premier  Mé~ 


(С) 

moire  у que  ceux  qui  ont  paru  exiger  des  rectifications  ou  des 
éclaircissements. 


S A L S O L A. 

Sodae  : calycibus  bibracteatis  pentapbyllis  3 seminis  corculo 
spirali. 

î.  SALSOLA  Kali.  Act.  Mosq.  1.  n.  1.  Mcirscli.  Jlor.  taur. 
cane.  n.  460.  Dabi.  taur.  p.  142.  Smith,  hrit.  1.  p.  280. 
Lamarck  et  Decand.  Jlor.  franc.  3.  n.  2275. 

S.  ( Kali  ) annua  foliis  triquetris  subulatis  mucronatis  linea- 
lis  alternis.  var.  x.  rosacea.  Pallas  illustr.  2.  p.  36.  t. 
28.  29. 

S.  ( rosacea ) caule  erecto  ramoso,  foliis  alternis  conico-subula- 
tis  mucronatis  membranis  corollinis  purpureis.  Cavan. 
hisp.  3.  p.  44.  t.  286- 
Kali  Tragus.  Scop.  carn.  ed.  2.  n.  234. 

Obs.  Excludatur  icon  Gmel.  Sib.  3.  t.  17.  f g.  1.  in  Act. 
Mosq . loc.  cit.  a me  bue  relata  et  ad  Polycnemum  monan- 
drum  spectans. 

2.  SxVLSOLA  Tragus.  Act.  Mosq.  1.  n.  2.  Marsch.  taur.  cauc. 
n.  461.  Lamarck  et  Decand.  fl.  franc.  2274. 

S.  Kali  var.  (3.  pontica.  Pallas  illustr.  2.  p.  37. 

Tragon.  Tabern.  Kraeuterb.  p.  1081. 

Obs.  In  indice  plantarum  Tauriae  Pallasius  banc  tantum  no- 
minavit , praecedentem  sub  bac  tanquam  varietatem  com- 
prehendens. 


(7) 

3.  SALSOLÀ  tamariscina.  Act.  Mosq . i.  n.  3.  Marsch.  tenir . 

сймс.  7г.  462. 

S.  annua  erecta  ramosa  , foliis  incanis  striatis  carinatis  muti- 
cis  floribusque  alternis , calycibus  bracteatis.  P ail.  illustr . 

2.  p.  33.  t.  25. 

Obs.  i.  De  Gmelini  icône  Flor.  Sib.  3.  t.  17.  f.  1 olini  in- 
certus  fui  , qnam  hujus  omnino  esse  , Pallasio  quoque  con- 
sentiente , nunc  existimo. 

Obs.  2.  S.  ( collina ) annua  erecto-patula,  foliis  alternis  mucro- 
natis  carinatis  striatisque , calycibus  fructiferis  snbmargina- 
tis  ^ P ail.  illustr.  2.  p.  34.  t.  26  est  species  , me  quiclem 
judice,  adhuc  incerta,  cujus  bina  tantum  specimina  in  her- 
bario  Pallasiano  reperio,  quae  quidem  facile  pro  S.  Kali  aut 
S.  tamariscinae  varietate  anomalâ  calycum  appendicibus  de- 
stitutâ  reputari  possunt. 

4.  SALSOLA  rosacea.  Act.  mosq.  î » n. 

S.  annua  ramosissima  glauca  glabra  , foliis  earnosis  teretibus 
ternatis  , antberis  petalopboris  , calycibus  fructus  maximis. 

P ail.  illustr.  2.  p.  26.  t.  18. 

Obs.  1.  Affinem  buic  S.  crassam  (Act.  mosq.  n.  5.)  non  di« 
stinguit  Pallasius  , quamyis  inter  plantas  ejus  siccas  quam- 
plura  ejus  specimina  reperiam  ; quum  autem  pro  diagnosi 
S.  rosaceae  glabritiem  coloremque  urgeat  glaucum , Syno- 
nymon  ejus  S.  rosaceae  potissimum  adscribendum  esse  pu- 
tavi.  Gmelini  quoque  Salsola  n.  lb.  ( Flor.  Sib.  3.  p.  96.  ) 
rosaceam  crassamque  comprehendere  videtur  , quippe  tam 
ex  transbaicalensibus  speciminibus  , quam  ex  Lercbianis  ad 
rivum  Gorkam  deserti  Gumani  lectis  ab  auctore  recensita  j 


(8) 

quorum  priora  S.  rosaceae,  posteriora  vero  S.  crassae  fuisse 
verosimile  est. 

Obs . 2.  Antherae  petalophorae  sunt  Pallasio  antherae  latéra- 
les , pro  supereminente  filament!  apiculo  latiusculo  scarioso. 
Taies  pro  diagnosi  ab  affinibus  tribuuntur  Sais,  rosaceae  , 
lanatae  et  pilosae  Pall.  ( quae  Polycnemum  malacophyl- 
lum.  Act . mosq . n.  4.  ).  Similem  staminum  conformationem 
equiclem  in  aliis  e.  g.  in  Anabasi  spinosissima , Polycnemo 
sclerospermo  etiam  observavi. 

5.  SALSOLA  crassa.  Act.  mosq.  i.  n.  5,  Mars  ch.  taur  cauc. 
7i.  4 63. 

S.  an  frutescens  ? Pall.  it.  1.  app.  p.  408.  n.  104. 

Obs.  Synonymon  Buxbauniii  cent.  1.  p.  9.  t.  14.  f.  2.  Palla- 
sius  ad  S.  rosaceam  trahit,  ego  liuc-refero.  Porro  S.  frute- 
scentem?  Pall.  it.  ob  folia  obtusa  hujus  quoque  esse  censeo. 

6.  SALSOLA  lanata. 

S.  berbacea  hirsuta  : pilis  confertis  patulis  , ramis  alternis 
elongatis  , foliis  semiteretibus  obtusis  inermibus  , calycibus 
solitariis  pubescentibus  : appendicibus  explanatis  abbreviatis 
colora  tis. 

S.  annua  erecta  tomentoso-lanata  , foliis  teretibus  lanatis  , 
antheris  petalophoris,  Pall.  illustr.  2.  p.  29.  t.  21  et  it. 
2.  app.  p.  7З6.  n.  104.  t.  P. 

S.  ( lanijlora  ) foliis  obtusis  carnosis  , antheris  coloratis.  Linn . 
Suppl,  p.  172.  (exclusâ  descriptione  et  Synonymo  Gmelini, 
quae  ad  S.  dasyantham  spectant  ). 


га- 


(9) 

Habitat  in  transvolgensibus  et  ad  Rhymnum  л praecedente 
ri  or.  0 

Obs.  Affinis  maxime  S.  crassae  , sed  distincta  hirsutie  junio- 
ris  molli  multo  copiosiore , ne  in  adultâ  quidem  penitus 
evanescente,  calycibus  pubescentibus,  qui  glabri  in  S.  cras- 
sà  j denique  calycis  fructiferi  appendicibus  brevibus  , qui 
in  S.  crassâ  sicut  in  S.  rosaceâ  amplissimi  sunt.  Haec  in 
Tauriâ  et  in  regionibus  Caucasi  nondum  observata  est. 

7.  SALSOLA  brachiata,  Act.  mosq.  1.  rc.  6.  Marsch.  taur.  cauc . 

n.  464. 

S.  annua  erecta  , ramis  subfastigiatis  ramulisque  oppositis5  fo« 
liis  carnosis  teretibus  glaucis  pilosis  muticis.  Pall . illustr . 
2.  p.  30.  t.  22. 

8.  SALSOLA  Avbuscula. 

S.  fruticosa  glaberrima  , foliis  semiteretibus  muticis  : basi  cal- 
losâ  persistente , calycibus  solitariis  obtusis  : appendicibus 
explanatis  coloratis. 

S.  subarborescens  erecto-patula  glabra , cotuîis  gemmascenti- 
bus  ligneis  , foliis  teretibus  carnosis  floribusque  sparsis.  Pall. 
illustr.  2.  p.  25.  t.  17  et  itin.  1.  app.  p.  487  n.  102.  t . 
G.  f.  1.  Linn.  ed.  Willd.  1.  p.  1315.  (ex  Pallasio  ). 
Habitat  in  saisis  ad  lacum  Inderi-ensem  deserti  transvoîgen- 
sis  t nec  alibi.  ^ . 

Obs.  Huic  S.  arborescens  Linn.  ex  speciminibus  Sibiricis  in 
supplemento  plantarum  recensita  videtur  admodum  affinis  , 
vix  nisi  foliis  inferioribus  oppositis  distinguenda , quum  in 

IY.  2 


nostrâ  eadem  approximata  quidem  sint , neque  tamen  vere 
opposita.  Aliqua  affinitas  etiam  inter  liane  et  S.  glaucam 
intercedit  , quae  tamen  , praeter  alias  notas  , calycis  foliolis 
aentioribus  haud  aegre  dignoscitur. 

9.  SALSOLA  glauca.  Act.  Mosq.  1.  n.  7.  Marsch.  taur . cauc . 

n.  465. 

S.  ( spicata ) fruticosa  ramosissima  , foliis  semiteretibus  carno= 

sis  , ramis  extremis  spicatis  , calycibus  rosaceis.  P ail,  il * 
luslr.  2.  p.  27.  t.  19. 

10.  SALSOLA  Soda.  Act.  Mosq.  1.  n.  8.  Marsch.  taur.  cauc. 

n.  466  Lamarck  et  Decand.  Jlor.  franc.  3.  n.  2273. 

S.  annua  diffusa  sparsim  ramosa^  foliis  triquetris  carnosis  mu- 
ticis  , calycibus  fructiferis  turbinatis  ebracteatis.  P ail.  illustr- 
2.  p.  38.  t.  30.  et  ind.  plant,  taur.  ( excluso  synonymo 
Buxh.  cent.  1.  p.  7.  t.  12,  forte  ad  S.  Tragum  referendo.) 
Kali  Soda.  Scop.  carn.  ed.  2.  n.  285. 

11.  SALSOLA  vermiculata.  Act.  Mosq.  1.  n.  9.  Marsch.  taur. 
cauc.  n.  467. 

S.  ( laricina ) fruticosa  erecta  rigida  ramosissima,  foliis  filifor- 
mibus  subpubescentibus  sempervirentibus  , calycum  bra- 
cteis  inaequalibus.  P ail.  illustr . 2.  p.  21.  t.  13.  et  ind. 
plant,  taur. 

Obs.  Synonymia  liujus  speciei , ob  summam  ejus  cum  qua- 
tuor subsequentibus  affinitatem  , difficilis  est  atque  confu-» 
sa.  Ex  Synonymis  hue  a nobis  adductis  Pallasius  S.  ver- 
miculatam  Linnaei  et  Loef.  it.  p.  219  S.  rigidae  suae 
proxime  recensendae  adscribit  j S.  vero  orientalem  Gtnel . 


(“) 

jim.  itin.  4.  t.  5 dubie  ad  S.  spissam  (nitrariam  Pall.)  tra- 
hit , idem  synonymon  fortassis  ad  S.  verrucosam  ( S.  gem- 
mascentem  Pall.  ) potius  spectare  asserens.  Salsola  Gmel. 
Jl.  Sib.  3.  n.  71.  t.  18.  У*.  2 bis  a Pallasio  citatur,  scilicet 
et  ad  banc  vermiculatam  nostram  , et  cuin  Linnaeo  ad.  S. 
prostratam.  Contra  icon  Gmel.  Sib.  3.  t.  19.  f.  1 , quae 
mihi  S.  ericoiden  ( S.  dendroiden  Pall.  ) referre  videtur  , a 
Pallasio  ad  S.  vermiculatam  nostram  addueitur.  Denique 
Kali  Buxb.  cent.  1.  p.  7.  t.  11.  f.  2,  tam  a Pallasio  quam  a 
me  ad  eandem  S.  vermiculatam  relatum  , a Linnaeo  ad  S. 
prostratam  excitatur. 

12.  SALSOLA  rigida. 

S.  suffruticosa  tomentosa , ramis  alternis  elongatis  ^ foliis  cy- 
lindricis  acutiusculis  : floralibus  brevissimis  , calycibus  so- 
litariis  liirsutis  : appendicibus  explanatis. 

S.  fruticans  fragilis  tomentosa  , foliis  carnosis  cylindraceis  la- 
nuginosis.  Pall.  illustr.  2.  p.  20.  t.  12. 

S.  vermiculata  Pall.  it.  1.  app.  p.  488.  n.  103. 

Habitat  in  salsuginosis  ad  lacum  Inderiensem  , nec  alibi,  b 
Obs,  1.  Species  S.  vermiculatae  quam  maxime  afîinis.  Diflert 
caulis  basi  lignescente  validiore  magisque  distorta  , ramis 
annotinis  minus  subdivisis  , pube  omnium  partium  mullo 
copiosiore  , foliis  magis  succulentis  et  floribus  duplo  majo- 
ribus.  Calyces  fructiferi  demum  in  amplas  appendices  co- 
loratas  expanduntur. 

Obs.  2.  Pallasius  hanc  cum  S.  vermiculata  Linn.  specie  con- 
venue perhibet  5 quod  mihi  vix  verosimile  videtur , tanto 


2 


(12) 

quidem  magis  , quod  S.  rigida  arctis  lacus  Inderiensis  limi- 
tibus  circumscribatur , dam  praecedens  species  , quam  pro 
verâ  Linnaei  S.  vermiculatâ  liabeo  * campis  saisis  Rossiae 
meridionalibas  tantum  non  omnibus  maxime  familiaris 
est.  Ad  S.  rigidam  Pallasius  refert  S.  vermiculatam  in  iti- 
neribus  suis  (1.  app.  p.  488.  n.  103.)  commemoratam  , 
quem  equidem  secutus  , dictum  synonymon  bue  allegavi  , 
sub  S.  spissâ  expungendum.  Ex  Buxbaumianis  Pallasius 
Kali  fructicosum  Ericae  folio  ( cent.  1.  p.  8.  t.  14.  f 1.  J 
lmc  refert,  quod  ego  ad  S.  ericoidem  (S.  dendroidem  Pall.) 
excito. 

13.  SALSOLA  spissa.  Ad.  mosq.  1.  n.  10.  Marsch.  taur.  cauc. 
n.  468. 

S.  ( nitraria  ) annua  erecta  alterne  ramosa  glabra  , foliis  cy- 
lindraceis  carnosis  , floribus  creberrimis  calyculatis.  Pall. 
illustr.  2.  p.  23.  t.  15. 

14.  SALSOLA  verrucosa.  Ad.  mosq.  1.  n . 11.  Marsch.  taur. 
cauc.  n.  469. 

S.  ( gemmascens  ) fruticulosa  erecta  alterne  ramosa  , fasciculis 
foliorum  alternis  , fructificationibus  solitariis  sparsis.  Pall. 
illustr.  2.  p.  24.  t.  16. 

Ohs.  1.  Salsolae  Gmelini  n.  77  (Jl.  Sib.  3.  p.  99.  ) varieta- 
tem  II  granulosam  t.  21.  f.  2 ad  insequentem  refert  Pal- 
lasius. Sed  in  herbario  Pallasiano  exstat  ipsissimum  spéci- 
men , ad  quod  citata  icon  delineata  fuit , quodque  ad  S. 
verrucosam  pertinere  nullus  dubito. 

Obs.  2.  In  subalpinis  provinciae  Schirvanensis , a mari  dissitis 
occurrit  similis  planta  caule  huiniliore  magis  distorto  atque 


rainoso  et  adulta  quoque  undique  tenui  pube  incanescens. 
An  haec  varietas  sit,  an  species  distincta  non  milii  constat. 
Misi  olim  ad  Pallasium  , qui  varietatem  esse  renunciavit. 

15.  SÀLSOLA  ericoides.  Acl.  mosq.  1.  n.  12,  Marsch.  taur. 
cauc.  n.  470. 

S.  C dendroides  ) subarborescens  erecta  tomentosa  ramosissima, 
foliis  brevissimis  clavato-carnosis  pubescentibus  , ramis  sub- 
oppositis.  Pall.  illustr.  2.  p.  22.  t.  14. 

Kali  fruticosura  Ericae  folio.  Buxb.  cent,  1.  p.  S,  t.  14. 

Obs.  Supra  monui  Pallasium  Salsolam  Gmelini  n.  72.  t.  19. 
f.  1 ^ a me  bue  relatam  ad  S.  vermiculatam  retulisse  , 
pro  S.  ericoidis  ( dendroidis  Pall.  ) Synonymo  ponens  Gmel * 
t.  21.  y*.  2 , ad  praecedentem  speciem  spectantem.  Bux- 
baumii  supra  adductum  synonymon  citatur  a Pallasio  ad  S. 
rigidam  3 a Linnaeo  vero  ad  S.  vermiculatam  dubitanter. 

**  Chenopodoideae  : calycibus  ebracteatis, 

a.  Calycibus  pentapbyllis  9 seminis  corculo  spirali. 

16.  SALSOLA  clavifolia . Act.  mosq.  1.  n.  i3.  Marsch . taur. 
cauc . n . 471. 

S.  (baccifera)  ramis  confertis  simplicibus,  foliis  solitariis  sub- 
clavatis  3 pericarpiis  succulentis.  Pall.  illustr.  2.  p . 31. 
t.  23. 

b.  Kochiae  : calycibus  monopbyllis  quinquefidis  , seminis  cor» 
culo  conduplicato. 


(4) 


17.  SALSOLA  prostrata. 

S.  suffruticosa  piloso-cana,  foliis  Hnearibus  planis,  calycibus 
subternis  piloso  - toraentosis  : appendicibus  explanatis  obo- 
vatis. 

S.  suffruticosa  birsuta  3 foliis  linearibus  planis  , calycibus 
glomeratis  : appendicibus  explanatis.  Jet.  Mosq.  1.  n.  14. 
Marsch.  taur.  cauc . n.  472.  Нсфі.  taur.  p.  143.  Lamarck 
et  Decand.  Jl.  franc.  3.  n.  227 1. 

S.  suffrutescens  assurgens  , foliis  lineari  - lanceolatis  villosis  s 
caulibus  subspicatis  , floribus  glomeratis.  P ail.  illustr.  1.  p. 
17.  t.  10. 

Chenopodium  augustanum.  Allion.  pedem.  n.  2020.  t.  38. 

/•  4. 

Kali  fruticosum  incanum  foliis  exsuccis.  Buxb.  cent.  1.  p. 
9.  t.  15.  (hoc  ex  phrasi  Buxbaumiana  hue  adduco  , quam- 
vis  icon  habitum  insequentis  speciei  potius  exprimere  vi- 
deatur. 

Obs.  Quoad  synonymiam  sequentia  sunt  monenda  : e Gmeli- 
nianis  hue  citantur  a Pallasio  n.  71.  t.  18 . f.  2.  et  n.  y4 
t.  20.  f.  \s  quarum  utraque  ab  auctore  iterum  adducitur  et 
quidem  ad  eas  species,  ad  quas  et  ego  traho  , scilicet  prior 
ad  S.  vermiculatanij  et  posterior  ad  S.  sedoidem.  Kali  Buxb. 
cent.  3.  p.  10.  t . 16  olim  liuc  a me  relatum  nunc  refero 
ad  S.  scopariam. 

18.  SALSOLA  dasyaniha. 

S.  herbacea  pilosa  , foliis  subulato  - filiformibus  elongato  - cilia- 
tis  , calycibus  subgeminis  hirsutissimis  : appendicibus  planis 
oblongis  disco  multo  longioribus. 


a.  Major,  erectior , paniculato -ramosa  ; pilosissima. 

S.  ( dasjantha  ) annua  erecta  ramosa  , foliis  altérais  filiformi- 
bus  pubescentibus  , floribus  lanuginosis.  P ail.  illustr.  1.  p. 

19.  t.  11. 

S.  ( tenuifolia  ) herbacea,  hirsuta  , foliis  subulato  - filiformibus 
elongato-ciliatis  , calycibus  subgeminis  lanuginosis  : appen- 
dicibus  planis  obiongis.  Marsch.  fl.  taur . cauc.  n.  473. 

S.  arenaria.  Marsch.  Act.  Moscj.  1.  n.  15.  (exclusis  synonymis 
praeter  Gmelini  ). 

S.  lanijlora.  S.  G.  Gmel.  itin.  i.  p.  160.  t.  37.  Linn.  suppl. 
p.  172.  ( descriptio  et  synonymon  Gmelini,  exclusâ  diagno- 
si  et  synonymo  Pallasii , quae  ad  S.  lanatam  spectant.  ) 

/?.  Gracilis  , erecta  , superne  elongato  - ramosa  3 pilis  cauîis  fo- 
liorumque  rarioribus. 

S.  dasyanthae  varietas  tenuissima  et  репе  glabra.  Pallas  il- 
lustr. 1 . p.  19.  in  nota. 

S.  ( arenaria ) lierbacea,  foliis  linearibus  subcarnosis  pubescen- 
tibus , floribus  axillaribus  subternis  3 calycum  appendiculis 
obtusis.  TValdst.  et  Kitaib.  rar.  hung.l.p.  80.  t.  78.  TVilld. 
enum.  hort.  berol.  a.  1809.  p.  292.  Persoon  enchirid . i.p. 
296.  Pioth.  germ.  2.  app.  p . 575. 

Kochia  arenaria.  Roth.  nov.  catalect . p.  175  et  apud  Schrader 
ephem.  a.  1800.  1.  2.  p . 307.  t.  2. 

Camphorosma  monspeliaca.  Poil,  palat.  1.  p . 165.  ( exclusis 

synonymis.  ) 

y . Depressa  , basi  elongato-ramosa  9 foliis  brevibus  subpilosis. 


S,  arenaria.  Marsch.  taur.  cauc . 1.  p.  188  in  nota  ad  n.  473. 
Lamavck  et  Decand.  fl.  franc.  3.  n.  2272  ( quoad  descrip- 
tionem  ). 

Obs.  1.  Planta  polymorpha.  Quae  in  australioribus  argillosis 
salsugineis  ad  Volgam  et  ultra  nascuntur  majores  sunt , ra- 
mosiores  , pilis  plurimis  longissimis  rufescentibus  praeser- 
tim  ad  foliorum  superiorum  marginem  praeditae  , pilis  ca- 
îycum  copiosis  rutilis  totum  florem  abscondentibus  ; quae 
in  arenosis  ad  Borysthenem  circa  Kiew  occurrunt  graciles 
sunt  , foliis  tenuissimis  : pilis  elongatis  etiam  sed  parcis  s 
calycum  pube  copiosâ  albicante;  denique  quae  in  arena  mo- 
bili  circa  Charkow  reperiuntur  , humiliores^  depressae  } basi 
tantum  ramos  elongatos  terrae  incumbentes  apice  adscen- 
dentes  fundunt purpureos  репе  glabros  , foliis  instruun- 
tur  brevibus  : pilis  brevibus  parvis  , floralibus  tantum  pas- 
sim  elongato-ciliatis  , calycum  pube  tamen  copiosâ  albidâ. 
In  sibiricis  vero  staturâ  convenientibus  , calyces  rutilis  pi- 
lîs  vestiti  reperiuntur.  Nullos  inter  bas  varietates  limites 
invenio  et  cum  Pallasio  conjungo  omnes. 

Obs.  2.  Salsola  caule  fruticoso  , foliis  subulatis  liirsutis  , flo- 
ribus  medium  versus  villosis  Gmel.  sib.  3.  p.  89.  t.  18.  f. 
1 dubia  mibi  species  est  , et  ex  Gmelino  tantum  mihi  no- 
ta. Icon  sane  nostrae  S.  dasyantbae  var.  /5.  refertj  sed  de- 
scriptio  auctoris  nimis  videtur  aliéna. 

19,  SALSOLA  eriophora. 

S.  berbacea  diffusa  undique  pilosissima  , foliis  subcylindricis 
obtusis  л calycibus  subgeminis  pilosiusculis  : appendicibus 
planis  oblongis  disco  sublongioribus. 


S.  eriophora.  Stephan  Plant,  гаг.  Sibir.  Manuscr. 

Habitat  in  Sibiria  ulteriore.  © . 

Obs.  Species  elegantissima  „ undique  pilis  confertis  longis  pa-> 
tulis  mollibus  albidis  obtecta.  Flores  , antequam  calyces 
fructiferi  in  laminas  expandantur  , omnium  zninimi , gémi» 
ni , alterutro  vulgo  abortiente.  Calyces  pilis  exilibus  ad- 
pressis  pubescentes  , demum  in  formam  stelîulae  regularis 
roseae  excrescunt  3 tune  quoque  vix  S.  sedoidis  calycibus 
majores. 

20.  SALSOLA  Scoparia.  Act . mosq . 1.  n.  16. 

Chenopodium  Scoparia.  P ail.  it.  3.  p.  594.  Lamarck  et  De - 
cand.  jl.  franc.  3.  n.  2267. 

Kali  foliis  Linariae  tomentosum.  Buxb.  cent.  1.  p.  10.  t.  16. 

Linaria  Scoparia.  C.  Bank.  pin.  21 2. 

Obs.  1.  Synonymon  Buxbaumii  a Pallasio  ad  S.  liyssopifoliam 
refertur  , cujus  tamen  esse  nequit  , quum  calyces  membra- 
nulis  subviridibus  cingi  a Buxbaumio  praedicentur. 

Obs.  2.  Hujus  varietas  macilenta  esse  videtur  S.  ( Siversiana ) 
annua  erecta  snbramosa  foliis  lanceolatis  margine  setosis 
Pall.  illustr.  3.  p.  45.  t.  38.  Talis  etiam  in  tectis  circa 
Tiflin  occurrit  et  fortassis  est  Camphorata  tectorum  foliis 
Polygoni  hirsutis.  Buxb.  cent . 1.  p.  19.  t.  29.  Suam  Palia® 
sius  ex  speciminibus  songaricis  descripsit. 

2L  SALSOLA  hjssopifolia.  Act » mosq.  1.  n,  17.  Mars  ch » tour, 
cauc.  n.  4 74. 

IY.  о 


(i8) 

Suaeda  ( hyssopifolia  ) annua  pubescens  , foliis  lanceolatis , ca» 
lycibus  aristis  quinque  apice  uncinatis  radiatis.  Pall.  il - 
lustr.  3.  p . 44.  £.  36,  37. 

22.  SALSOLA  sedoides.  Act.  mosq.  1.  n.  18.  Marsch.  taur. 
cauc.  n . 475.  Æaè/.  taur . yy.  143. 

Suaeda  ( sedifolia  ) annua  viîlosa  , foliis  cylindraceis  obtusis  , 
calycibus  spinis  regularibus  stellatis.  PalL  illustr.  3.  p.  41. 
t . 32.  33.  34. 

Salsola  muricata.  P ail.  ind.  plant,  taur. 

Salsola  foliis  linearibus  altérais  , caule  lanuginoso  , ramis  pa- 
rallelis.  Gmel.  sib.  3.  p.  95.  n.  74.  t.  20.  f.  1. 

Absynthium  insipidura  , foliis  singularibus  angustis  t pilosum 
Gmelini.  A mm . ruth . n.  200. 

23.  SALSOLA  muricata . 

S.  berbacea  pilosa , ramis  patentibus  3 calycibus  glomeratis  : 
spinis  dorsalibus  redis  disco  longioribus.  Act.  Mosq.  1.  in 
notd  ad  n.  18. 

S.  fruticosa  patula  , ramulis  hirsutis  , calycibus  spinosis.  Linn. 
mant.  54.  512.  ed  Willd.  1.  p.  1317.  Vahl  Symb.  1. 
p . 24. 

S.  ( monobractea  ) diffusa  frutescens  ; foliis  linearibus  pilosis 
inermibus  } calycis  setâ  in  spinam  transeunte.  Forsk  aeg . 
arab.  p.  55.  n.  85. 

Suaeda  ( muricata  ) annua  tomentosa  9 calycibus  quinquangu- 
lis  quinquesaristatis , foliis  lanceolatis  planis.  PalL  illustr . 
3.  p.  43.  t . 35. 


Ci») 

Habitat  in  Arabia.  O. 

A N A B A S I S. 

• Legitimae  : ebracteatae  , caule  articulai*}# 

1.  ANABASIS  aphylla.  Ad.  mosq.  1.  n.  i.  Marsch.  taur.  cauc » 

n.  476.  Habl.  taur.  p.  146# 

A.  ( tatarica  ) frutescens  , surculis  annuis  articulatis  ramosis 
extremo  floriferis  subspicatis»  Pall . illustr.  1.  p . 13#  f.  8. 
Salsola  ( articulala  ) caule  fruticoso  , ramis  oppositis  , foîiis 
rainimis  connatis  , floribus  axillaribus  soîitariis.  Cavan » hisp. 
3.  p.  43.  t.  284. 

2.  ANABASIS  crelacea . Ad.  mosq.  î.  n»  2. 

A.  perennis  , surculis  annuis  simplicissimis  s floribus  solitari- 
is  lateralibus.  Pall . illustr.  1.  p,  15.  t.  9# 

3.  ANABASIS  jlovida.  Ad.  mosq.  1.  n.  3.  Marsch . taur.  eauCe 

n . 477  et  Centur.  icon.  rar.  rut  h . n.  17.  t.  17. 

##  Adscititiae  : bibracteatae  s caule  aequali, 

4.  ANABASIS  glomerata.  Ad  mosq . 1,  n.  4 . 

5.  ANABASIS  opposilijlora  Ad.  mosq . 1.  n . 5. 

Salsola  ( oppositiflora  ) herbacea  ramis  foliis  floribusque  oppo- 
sitis , calycibus  fructus  tribracteatis.  Pall.  illustr . 2.  p.  35. 
t.  27. 

6.  ANABASIS  spinosissima.  Ad.  mosq.  1.  n.  6.  Marsch.  taur . 
cauc.  n.  478. 

* 


5 


Salsola  ( spinifex  ) frutescens  ^ ramis  lierbaceis  spinescentibus , 
calycibus  fructiferis  subtribracteatis.  Pall.  illustr.  2.  p, 
32.  t.  24. 

7.  ÀNABASIS  monandra.  Act . mosq.  1.  n.  7. 

Salsola  ( monandra ) spicis  filiformibus  imbricatis,  floribus  mon- 
andris.  Pall . illustr.  2.  p.  40.  t.  31. 

POLYCNEMUM 
* Légitima  : semine  lenticulari  solido. 

1.  POLYCNEMUM  arvense.  Act.  mosq.  1.  n.  1.  Marsch.  taur. 

cauc.  n.  479.  Pall.  ind.  plant,  taur.  Lamarck  et  Decand.  fl. 
franc.  3.  n.  2280.  Schrader  germ.  1.  p.  97.  Jacq.  austr. 
3.  t.  365. 

P.  ( viaticum  ) triandrum  opposite  ramosum  procumbens  5 fo» 
liis  prismaticis  apice  spinosis.  Pall.  illustr • 4.  p.  58. 

**  Adscititia  : seminis  corculo  spiral!  membrana  tecto. 

2.  POLYCNEMUM  crassi folium. 

P.  pentandrum  dipetalum  subpubescens  , foliis  semiteretibus 
obtusis  : floralibus  summis  ovatis  calycem  glabrinsculum 
subaequantibus. 

P.  pentandrum  annum  ramosissimum  assurgens  glabrnm  5 
foliis  carnosis  cylindricis  : floralibus  ovatis.  Pall.  illustr.  4. 
p.  64.  t.  55. 

P.  ( oppositifolium  ) pentandrum  dipetalum  pubescens  ^ foliis 
semiteretibus  obtusis  : imis  opposilis.  Act.  mosq.  1.  n.  2® 
Marsch.  taur.  cauc.  n.  480. 


P.  altemifolium.  P ail.  ind.  plant,  tau/'. 

Obs.  1.  Chenopodium  Buxb.  cent.  1.  p.  21.  t.  31.  f.  1.  a me 
hue  relatum , Pallasius  ad  Suaedam  suara  crassifoliam  3 Lin- 
naeus  ad  Salsolam  salsam  trahit  , equidem  Polycnemi  hu- 
jus  esse  perhibeo. 

Obs.  2.  Monogynum  tripetalum  esse  Pallasius  habet;  ego,  repe- 
tito  examine  , stylos  duos  et  petala  duo  vidi.  Sed  et  in 
citata  icône  t.  55  petala  tantum  duo  delineata  invenies. 

3.  POLYCNEMUM  glaucum. 

P.  pentandrum  dipetalum  piloso-canum  , foliis  semiteretibus 
acutiusculis  : floralibus  summis  oblongis  recurvis  calyce  pi» 
loso  longioribus. 

P.  pentandrum  prostratum  ramosissimum  glaucum  , foliis  cre- 
berrimis  tereti-compressis.  Pall.  illustr.  4.  p . 63.  t.  53.  54. 

Habitat  ad  Yolgam  et  Ehymnum.  Ѳ . 

Obs.  i.  De  P.  crassifolii  et  glauci  discrimine  serioribus  de» 
muni  observationibus  sibi  constitisse  Pallasius  scribit  , et 
neutrum  in  itineribus  suis  esse  recensitum  ; cui  tamen  ad- 
versatur  descriptio  et  icon  P.  oppositifolii  itinerum  ( 1. 
p.  4^4.  n.  95.  t.  E.  f.  2.)  quae  quidquid  postmodum  di- 
xerit  auctor  ^ ad  P.  crassifolium  , nec  ut  ipse  vult , ad  P. 
brachiatum  sunt  referendae. 

Obs.  2.  Petala  quinque  numerat  Pallas  : ego  , repetito  exami- 
ne 9 tantum  duo  ^ et  quoad  numerum  reliquarum  fructifi- 
cationis  partium  nullum  inter  liane  et  praecedentem  spe~ 
ciem  discrimeB  video.  JNTec  cum  Pailasio  a pube  et  cre- 


scendi  modo  suflicientem  utriusque  diagnosia  repeti  posse 
statao  ; qaamvis  enim  P.  glaucum  magis  pubescat  atque 
procumbat , tamen  et  P,  crassifolium  , praesertira  junius  , 
minime  glabrum  est  , forte  provecta  aetate  demum  calve- 
scit  ; porro  inter  plura  P.  crassifolii  specimina  adscenden- 
tia  , alia  conspiciuntur  P.  glauci  instar  humistrata.  Hinc 
ex  calycum  pube  , eorumque  ad  folia  floralia  proportione 
diagnosin  repetendam  esse  censui. 

4.  POLYCNEMUM  sclerospermum. 

P.  subtetrandrum  , subtetrapetalum  glabrum  , foliis  semitere- 
tibus  mucronatis  , perigonio  fructus  indurato. 

P.  pentandrum  pentapetalum  glabrum  , foliis  semiteretibus 
mucronatis,  fructibus  induratis.  Act . mosq . n.  3.  Marsh, 
taur.  cauc.  n.  481. 

P.  triandrum  annuum  ramosissimum  patulum  , foliis  carnosis 
erassis  cylindricis  subulato  - mucronatis.  Pall,  illustr . 4.  p . 
65.  t . 56. 

Circa  Astrachan  etiam  passim  occurrit , unde  et  Buxbau- 
mius  olim  habuit. 

Obs.  1.  Hoc  petalorum  et  staminum  numéro  magis  congene- 
ribus  variare  videtur , repetitum  tamen  examen  quaterna- 
rium  numerum  plerumque  nobis  exhibuit.  Caeterum  foli- 
orum  mucrone  haec  species  ab  aflinibus  facile  dignoscitur. 

Obs.  2.  Pallasius  Synonymon  Buxbaumii  a nobis  hue  relatum 
omittens  , adducit  ejus  Kali  Cent.  1 . p.  Ц.  t.  17.  f.  2, 
procul  dubio  ad  sequentem  speciem  spectans  3 convenante 
etiam  loco  natali  a Buxbaumio  commemorato. 


(23) 

5.  POLYCNEMUM  malacophyllum.  Act.  tnosq.  1.  n.  4.  Marsch . 
taur.  cauc.  n.  482. 

Salsola  ( pilosa  ) fïuticosa  ? ramosissima  divaricataj,  foîiis  eîon- 
gatis  cylindraceis  obtusis  sparsira  piîiferis  3 antheris  petalo» 
plioris.  Pall.  illustr.  2.  p.  28.  t.  20. 

Specimina  maxime  végéta  ex  postremo  itinere  Caucasico 
retulit  amicissimus  Steven. 

Obs.  Specimina  inter  Pallasianas  prostant  pauca  et,  mutila  ex 
itinere  Gmeliniano  3 quae  ab  auctore  pro  Salsoîae  specie  ju- 
vene  habita  sunt , antequam  scilicet  calyces  incrementum 
Salsolis  familiare  cepissent. 

G.  POLYCNEMUM  brachiatum . 

P.  triandrum*  pentapetaîum  * pubescentî  -glaucum  * ramificati» 
onibus  foliisque  semiteretibus  , omnibus  oppositis  * corol- 
lis  glabris.  Act.  mosq.  1.  n.  5.  Marsch.  taur.  cauc . n.  483. 

P.  annuum  pentandrum  opposite  ramosum  glaucum  3 foliis 
semicylindraceis  carnosis*  floribus  axillaribus  confertis.  Pall. 
illustr.  4.  p . 62.  t.  52. 

P.  triandrum.  Pall.  ind.  plant,  taur. 

Obs.  î.  Variai  quandoque  staminibus  tantum  duobus  ; pen® 
tandrum  nunquam  vidi  3 sed  petaîa  duo  interiora  angusta® 
ta  stamina  castrata  referunt. 

Obs.  2.  Quum  P.  triandrum  sibi  in  Tauria  non  oeeumsse 
perhibet  Pallas*  banc  speciem  pro  P.  triandro  in  indice  plan»- 
tarum  Tauriae  recensuisse  videtur. 


(24) 


7.  POLYCNEMUM  sibiricum. 

P.  pentanclrum  pentapetalum  piloso  - tomentosum  ^ ramifi- 
cationibus  foliisque  seraiteretibus  omnibus  oppositis  ^ coroî- 
lis  pilosis. 

P.  annuum  pentandrum  tomentoso-glaucum , foliis  amplexicau- 
libus  ramisque  oppositis  apice  confertim  floriferis  ^ foliis 
elongatis.  Pall.  illustr.  4.  p.  61.  I.  51. 

Gamphorata  caulibus  distortis  ramosis  foliis  longissimis.  Gmel, 
sih.  3.  p.  118.  n.  93.  t.  23.  f.  1.  (ex  auctoritate  Pallasii 
hue  refero  ^ excludatur  igitur  sub  P.  triandro  ). 

Habitat  ad  Irtin  et  in  Sibiria  ulteriore.  Qt 

Ohs.  Statura  habitusque  omnis  P.  brachiati.  Dignoscitur  au» 
tem  ? [praeter  petala  et  stamina  numéro  diversa  , pube  om- 
nium partium , praesertim  vero  florum  , copiosiore  magis- 
que  elongata  subrufà.  A Salsola  brachiata  juniore  , cui 
etiam  simile  est  ^ dignoscitur  pilis  confertioribus  multo  bre- 
vioribus. 

8.  POLYCNEMUM  Volvox. 

P.  triandrum  annuum  erecto  - divaricatum  , ramis  oppositis 
alterne  ramulosis  foliis  elongatis  üliformibus  muticis.  Pall. 
illustr . 4.  p.  60.  t.  50. 

P.  salsum.  Act.  mosq.  1.  n.  6.  Mars  ch.  taur.  cauc.  n.  484. 

Ohs.  1.  Hoc  in  Tauria  non  occurrere  perhibet  Pallas.  Ego 
circa  Karasubasar  et  Asamat  in  subsalsis  frequens  vidi. 

Obs.  2.  Nomen  triviale  Pallasianum  adoptandum  esse  censui  , 
habitum  speciei  exprimens  9 magisque  quam  P.  Iriandri  et 


(25) 

saisi  nomen  adaequatum  3 quum  nonnullae  species  extent 
triandrae  3 plurimae  vero  locis  saisis  adscriptae  sint. 

9-  POLYGNEMUM  monandrum  Act . mosq.  1.  n,  7, 

P.  monandrum  annuum  erectum  incanum  , ramis  altérais  3 fo- 
Jiis  filiformibus  muticis.  P ail.  illustr.  4.  p.  59.  t.  49. 
Salsola.  Gmel.  Sib.  3 . t . 17.  f.  2.  ( icon  , uec  descriptio  nec 
Synonyma.  ) 

10.  POLYCNEMUM  juniperinum  Act . mosq . 1.  n . 8. 

P.  ( erinaceum  ) perenne  cespitosura  sempervirens  , foliis  ter- 
natis  carinatis  subspinosis  , floribus  terminalibus.  Pall.  il- 
lustr. 3.  p . 58 . t.  48. 


IV. 


II. 


Catalogue  alphabétique  des  plantes  et  autres  objets  d’histoire 
naturelle  en  usage  en  Chine  , observés  par  le  Père  D’In* 
carville.  ( Continuation  V.  Vol.  III.  p.  103  — 128.  ) 

G lier  mes.  L’Empereur  Kang  hi  Га  fait  chercher  inutilement 
en  Chine  , ce  n’est  pas  à dire  qu’il  n’y  en  ait  pas.. 
On  le  cherchent  comme  un  fruit,  on  ne  savoit  pas 
que  c’étoit  un  insecte. 

C lié  ne  * On  trouve  à Peking  quelques  chênes  à grandes  feuil- 

Sian  ouan-  ]es>  L’espèce  sur  lequel  on  nourrit  les  vers  sau- 
ize  chou . vages  t{u  jç(en  ісіьеоп  a les  feuilles  assez  semblables  aux 
feuilles  du  châtaignier.  Ces  mêmes  chenilles  man*- 
gent  aussi  les  feuilles  de  l’autre  espèce.  Le  papillon 
de  cette  chenille  est  celui  , dont  les  ailes  sont  jaunâ- 
tres. L’autre  ^espèce  se  nourrit  des  feuilles  d'une  es- 
pèce de  frêne  que  les  Chinois  nomment  tcheon  tchun . 
Elles  mangent  aussi  des  feuilles  d’orme  , et  de  fagara  * 
qui  est  le  poivrier  de  Chine. 

J’en  ai  vu  à Macao» 

il  e m or 

dl0val  Les  chevaux  de  Chine  ne  sont  pas  beaux , таіз 
ma.  bons.  Ils  sont  de  la  moyenne  taille.  Us  ne  portent 


* ) Quercuî. 


( 


point  la  tête  haute  , comme  les  noires  on  ne  le  veut 
pas  , cela  nuiroit  à tirer  de  la  flèche.  La  province  de 
see  tchouen  en  fournit  de  petits  excellens  , en  particu- 
lier dans  les  pays  de  montagnes. 


Cheval,  ma-  Je  n’en  a{  pas  vu  de  si  gros 

rin  insecte 

hai  via,  Chine. 


en  Europe  qu’en 


Cheveux 
te  on  fa 


On  tire  du  sel  des 
la  médecine. 


cheveux  brûlés 


qui  entre  dans 


Chèvre  II  y en  a peu  du  coté  de  Peking. 
ehanyang 


Chèvrefeuille* 
kin  ru  goa 


Il  est  commun  à Peking.  J’ai  vu  faire  et  ensui- 
te fait  moi  même  j une  jolie  chasse  aux  papillons 
bourdons  ou  éperviers  avec  les  fleurs  de  chèvrefeuil- 
le. Le  papillon  .épervier  est  friand  du  suc  de  ces 
fleurs.  On  prend  entre  le  pouce  et  l’indice  une  fleur 
ia  tenant  par  la  gaine  , sans  serrer  ? pour  ne  pas 
aplatir  le  tuyau  , par  où  doit  passer  la  trompe  du 
papillon.  On  attend  proche  d’un  chèvre  - feuille  en 
fleur  les  papillons  ; c’est  surtout  le  soir  à la  brune  , 
qu’il  y fait  bon.  Quand  il  en  vient  quelqu’un  , on 
lui  présente  doucement  l’ouverture  de  la  fleur.  Sur 
la  quantité  il  y en  a quelques  - uns  qui  y enfoncent 
leur  trompe  ; pour  lors  on  serre  les  doigts  , et  le 
papillon  est  pris.  Il  y a des  papillons  éperviers  fort 
gros . s dont  la  poupée  a plus  de  trois  pouces  de  long. 


Loniccra  caprifolium. 


* 


4 


(îS  ) 


Chevrette  Qn  eil  pèclie  de  fort  belles  en  Chine  , et.  en  quan* 

equilla. 

Hia  tité. 


Chevreuil. 
ye  chan 

yang 


Chicorée  ** 


Chien 

Keon. 


Chien  de 
mer  *** 
Ch  a y и 


C’en  est  une  espèce  * ) qui  donne  le  musc.  C’est 
surtout  dans  la  province  de  chan  si  où  se  trouve  ce 
chevreuil. 

Il  n’y  a en  Chine  que  celle  qui  est  venue  d’Euro- 
pe tout  récemment. 

Ceux  de  Chine  ne  sont  pas  beaux.  Les  Eunuques 
du  palais  en  élèvent  de  très  petits  , en  leur  donnant 
peu  â manger  et  point  à boire  la  première  année. 
Le  ris  qu’ils  leur  donnent  à manger  est  presque  sec. 
Les  Chinois  estiment  nos  chiens  d’Europe.  L’Empe- 
reur en  a de  fort  beaux , dont  la  race  est  venue  de 
Moscovie  y en  particulier  des  barbets  , des  lévriers  , 
des  bassets  , et  des  bichons.  On  les  élève  , pour  la 
plupart  dans  le  palais.  Quelques  - fois  aussi  3 quand 
quelque  garde  de  l’Empereur  a fait  une  faute  légè- 
re ; pour  le  punir , on  lui  donne  à nourrir  deux  ou 
quatre  lévriers.  Il  en  a bien  soin  ; car  s’ils  venaient 
à mourir , il  courreroit  risque  d’être  cassé  , et  de 
recevoir  une  centaine  de  coups  de  bâton.  Le  moins 
qu’il  pourroit  lui  en  arriver  3 ce  seroit  d’en  fournir 
d’autres  à ses  dépens. 

On  en  couvre  en  Chine  le  pommeau  des  selles. 


® ) Moschus  moschiferus. 

**  ) Cichorium  intybus. 

***)  Phoca. 


Chiendent 


(29) 


II  y en  a différentes  espèces  3 dont  je  parle  de  cha- 
cune en  son  lieu. 

Ceux  de  Chine  sont  plus  délicats  que  les  nôtres. 
Il  s’en  mange  beaucoup  plus  à proportion  qu’en  Eu- 
rope. Us  ne  sont  bien  bons  qu’à  la  fin  de  l’autom- 
ne et  en  hiver.  11  y a aussi  des  choux-raves. 


Chouette 
ye  mao 
Cicogne 
sien  h a о 


Elle  est  absolument  semblable  aux  nôtres. 

11  y en  a d’extraordinairement  grandes  chez 


pereur. 


î’Em® 


Ciguë 

tien  ngo 
Ciguë. * *  *** 


On  en  voit  peu  en  Chine. 
Je  n’en  ai  point  trouvé. 


Cinabre 
yn  tcliou 


Il  paroit  assez  beau, 
dre  habituellement  par 
le  tabac. 


J’ai  vu  des  Chinois  en  pren® 
le  nez  , comme  nous  prenons 


Cinabre  mi- 
néral. 

tchou  cha 


Les  peintres  à l’eau  s’en  servent.  On  en  fait  pren- 
dre aux  petits  enfans  nouveaux  nés  } pour  leur  faire 
rejeter  le  sang  qu’ils  ont  pu  avaler  , aux  premiers 
cris  qu’ils  ont  fait  , au  sortir  du  ventre  de  la  mère  ; 
s’ils  ne  le  rejettent  pas  3 disent  les  Chinois  , sûrement 
il  leur  causera  quelque  maladie. 


Cire  U ne  se  fait  pas  une  grande  consommation  de  cire 

hoang  la  d’abeilles  en  Chine  ; elle  ne  sert  guère  que  dans  les 


" ) Leontodon. 

) Brassica. 

***  ) Cicuta, 


«emplâtres.  Le  peu  de  bougies  qui  se  font  , sont  d'u- 
ne autre  cire  , que  donnent  des  gallinsectes  , qui  se 
nourrissent  sur  le  troène.  J’en  envoyé  un  échantil- 
lon. Celte  cire  a un  avantage  sur  celle  d'abeilles  , 
qu’elle  ne  donne  point  de  fumée  et  ne  coule  jamais  ; 
d’où  vient  que  les  chandelles  de  suif  de  Chine  , quoi- 
que faites  de  mauvais  suif,  ne  coulent  point,  par 
ce  qu’elles  ont  une  légère  couche  de  cette  cire  en 
dehors  , qui  contient  le  suif.  Lorsque  les  chandelles 
ont  la  grosseur  qu’on  veut  leur  donner  , on  les  plon- 
ge dans  un  bain  de  la  dite  cire.  Dans  les  provinces 
méridionales  on  fait  beaucoup  de  chandelles  d’une 
espèce  de  graisse  que  l’on  tire  de  dessus  les  graines 
d’un  arbre.  * ) Cette  graisse  est  plus  molle  que  le 
suif  ; mais  elle  est  retenue  pereillement  par  une  cou- 
che de  cire.  J’ai  vu  des  fruits  de  l'arbre  du  suif, 
ils  viennent  en  graine.  Si  j'  avois  vu  de  ses  fleurs  , 

peut  - être  l’aurois  je  rapproché.  J’ai  envoyé  un  mé- 
moire sur  la  cire  des  gallinsectes  du  troène. 

Citron  **  .11  y en  a à Macao.  Les  médecins  chinois  prétcn- 

Hyangyuen  t|enj-  qae  de  mêler  de  la  poudre  d'écorce  de  citron  , 

une  partie  sur  quatre  de  rhubarbe  , la  rhubarbe  en  a 
beaucoup  pins  d effet. 

Citrouille.  J’aimeroîs  mieux  les  nôtres  que  celles  de  Chine. 

Long  Koua 

6 ) Stillingia  sebifcra. 

**  ) Citrus  medica. 

***)  Cucurbita. 


Cie»wme 


(St) 

J'en  ai  vu  trois  espèces  dans  les  montagnes  proche 
de  Peking.  Nous  n’avons  plus  la  liberté  d’y  aller. 
J’ai  offert  de  l’argent  et  autres  choses-  à nos  Chrétiens 
des  montagnes  pour  m’apporter  indifférement  des  grai- 
nes de  toutes  sortes  de  plantes  , ils  n’en  ont  rien  fait. 
Le  génie  Chinois  est  particulier. 

Cloportes.  Je  ne  sache  pas  que  les  Chinois  en  fassent  aucun 

usage. 

Clou  de  Ce  sont  les  Hallandois  de  Batavie  qui  en  apportent 

girofle. *  **  . . 

en  Chine  , comme  en  lhurope. 

Cochenille.  Les  Chinois  ne  la  connoisent  pas.  J’ai  de  la  peine 

à croire  qu’il  n’y  en  ait  pas  en  Chine.  La  raquette  ^ 

sur  la  quelle  se  nourrit  la  Cochenille  n’y  manque 
pas. 

Cochon  La  viande  de  cochon  est  la  plus  estimée  en  Chine. 

tchou 

Le  cochon  de  Cantong  vaut  beaucoup  mieux  , que  ce- 
lui de  Peking.  Les  cochons  de  Cantong  ont  le  poil 
ras  3 couleur  de  souris. 


Cognas- 
sicr  **** 
mon  koua 
ehou 

Colcothar 
/long  tou 


Il  y en  a de  deux  espèces  : l’un  donne  de  très 
gros  fruits  , l’autre  fort  petits  , mais  ceux  » ci  ont 
beaucoup  plus  d’odeur  que  les  gros. 

On  s’en  sert  en  peinture  pour  les  couleurs  gros- 
sières. 


*■  ) Clemalis. 

**  ) Caryophyllus  aromatius. 

*'**  ~)  Pyrus  cydonia. 


Coleuvree.  * 
tchi  pao 


Colle  de  pois» 
son. 

yu  piao 


Colle  forte» 
kiao 


Coloquin- 
te. ** 
Concom- 
bre. *** 
hoang 

ko  и a 

Conise  **** ***** 
Leon  que 
kiu 


Il  y en  a plusieurs  sortes  , dont  le  mechoucan 

blanc  est  la  principale.  11  s’en  trouve  à Peking  , dont 
le  fruit  est  d’un  beau  rouge.  11  entre  dans  la  méde- 
cine , aussi  bien  que  le  fruit  du  meclioucan. 

Elle  est  commune  en  Chine.  Ou  dit  qu’elle  est 

tirée  de  l’esturgeon.  Je  sais  que  l’esturgeon  en  a 
deux  morceaux , mais  je  ne  répondrais  pas  que  tou- 
te celle  qui  s’employe  en  Chine  en  fût  ; ou  bien  ii 
faudroit  qu’il  y eut  une  grande  quantité  de  ce  pois- 
son dans  les  endroits  d’où  vient  cstte  colle. 

La  nôtre  paroit  meilleure  que  celle  de  Chine.  Les 

Chinois  ne  se  servent  point  de  gomme , ils  ont  une 

espèce  de  colle  transparente  , qui  leur  en  tient  lieu. 

J’ai  été  surpris  de  n’en  pas  trouver  en  Chine. 

Outre  les  nôtres,  il  y en  a deux  espèces,  l’une  très 
longue  , l’autre  remplie  de  filets  , qui  quand  le  fruit 
est  sec  font  une  espèce  de  filasse. 

On  en  élève  dans  les  jardins  â Peking. 


Consoude  Les  Chinois  estiment  fort  cette  plante  j ils  savent 
que  c'est  un  très  bon  vulnéraire.  On  vend  dans  les 
mcoupang.  boutiques  des  droguistes  ses  feuilles  , et  ses  graines. 
Contrayer-  Il  en  vient  beaucoup  de  la  province  du  Se  îchç » 

ichoven  hi-  ven  4ui  Paroit  fort  büD» 
ong. 


* ).  Bryonia. 

**  ) Cucumis  colocynthis  , 

***  ) Cucumis  г differente*  espèces* 

****  ) Conyza. 

*****  ) Syinpliytum. 

******  j Dorstenia. 


(33) 


Convolvu-  U y en  a à fleur  bleue  et  à fleur  blanche.  Les 

lus.  * 

Kien  nicon  femmes  en  ornent  leurs  cheveux.  Les  graines  entrent 
dans  la  médecine. 

Coq  Outre  l'espèce  commune  en  Europe  , il  y en  a à 

Kong  Kl  peping  une  espèce  très  grande  , dont-on  se  sert  pour 
la  joute. 

Coquelicoc.  On  en  sème  dans  les  jardins.  11  y en  a de  bien 

. ..  des  couleurs  et  fort  jolis.  Les  doubles  ressemblent 

yu  ma  jin  1 

assez  , pour  le  port  3 à nos  anémones. 

Coqueiour-  Les  montagnes  proche  de  Peking  en  sont  remplie 

de  ***  au  printems  d’une  espèce  à fleur  violette  , qui  font 
ye  mou  tan 

un  bel  effet.  On  diroit  de  tulipes.  La  racine  est 


une  drogue  de  médecine. 

L'arbre  croit  à Macao  ; mais  il  n'y  donne  pas  de 
fruit.  On  dit  qu’il  y en  a dans  l’isîe  de  liai  nan. 

Les  chinois  en  font  cas  , pour  faire  des  joyaux. 
Çhan^huu  Us  estiment  peu  le  blanc. 

Corbeau  Us  sout  en  tout  semblables  aux  nôtres. 

Lno  Кипа  ....  t 

Coriandre  Elle  tient  lieu  de  persil  aux  chinois  , c est  - à - dire 


Coquo 

**** 

ngai  tze 

Corail 
rouge 


ynen  soûl 


. où  nous  niellerions  du  persil  3 il  niellent  de  la  co« 
riandre.  La  racine  réduite  en  poudre  entre  dans 
leurs  ragoûts. 


* ) Convoi vnl  lis  et  Іротосж. 
**  ) Papavelr  Rlioeas. 

M»  \ « 

j Aiicinonc. 

) Cocos  nticilera. 

*****  ) Cori  a lui  пип  salivum* 

IV 


s 


(34) 


Cormoraru  Les  chinois  s’en  servent  pour  la  pêche.  Ils  les  ap- 
choui  la<>  privoisent , et  ensuite  les  conduisent  dans  les  en- 
*ипа  droits  ou  ils  savent  qu’il  y a du  poisson.  Ils  leur 
lient  le  cou  avec  un  cordon , pour  qu’ils  ne  puis- 
sent avaler  le  poisson  qu’ils  prennent.  LTn  pécheur 
aura  quelque-fois  , sur  un  petit  radeau  de  bamboux , 8 
ou  10  cormorans.  Il  se  promène  sur  l’eau  ; 
lorsque  les  cormorans  appercoivent  du  poisson  , ils  se 
plongent  , et  le  poursuivent.  Sans  même  en  apper- 
cevoir  3 ils  se  plongent  de  tems  en  tems  , et  en  vont 
chercher.  Quand  ils  en  ont  pris  , ils  reviennent  à leur 
radeau.  Le  pêcheur  leur  prend  leur  capture  ; aussi- 
tôt il  desserre  le  cordon  du  cou  ^ et  leur  donne  un 
morceau  de  poisson.  Lorsqu’il  l’ont  avalé  3 on  leur 
remet  le  cordon  comme  auparavant , pour  aller  cher- 
cher d’autre  poisson. 

Corne  de  be-  Les  Chinois  entendent  mieux  que  nous  à en  faire 

lier 

yung  kt  kio  des  lanternes  de  différentes  formes.  On  trouvera  un 
mémoire  sur  ce  travail , dans  les  mémoires  des  corrés - 
Corne  de  pondans  de  V Academie  des  sciences  de  Paris. 

Elle  se  vend  cher  en  Chine.  On  en  fait  des  an- 
neaux pour  le  pouce  , quand  on  tire  de  la  flèche. 

Corne  d’élan.  Elle  sert  au  même  usage  que  celle  de  cerf  ; mais 
elle  est  plus  chère. 

, , Celles  de  Peking  ont  le  jabot  et  le  dessous  du  ven» 

kona  tre  blanc.  Elles  sont  plus  petites  que  les  nôtres. 


cerf 

Lon  ki  kio 


Corneille.’ 


) Pelecanus  Carbo.  L. 


(35) 

Coton  * ** Il  y en  a beaucoup  en  Chine.  Le  cotonier  de  Chine 

mien  hoa 

est  une  plante  annuelle.  Presque  toutes  les  toiles  de 
cet  empire  sont  de  coton  , et  assez  grossières.  Les 
soyeries  suppléent  aux  toiles  fines.  On  trouvera  peut- 
être  dans  la  suite  , dans  les  mémoires  ci  dessus  indi- 
qués , un  mémoire  sur  le  coton. 


Coucou 
кои  кои 


On  en  entend  peu  à Peking  ; j’en  ai  cependant  vu 
beaucoup  à une  journée  de  cette  ville. 


Coudrier  On  en  trouve  dans  les  montagnes  proche  de  Peking. 

tchin  ize  y Avelines. 

chou  J 


Couleuvre 
tsai  hou 

che  animaux  semblent  les  caresser. 

Couperose. 

JKouang  bi- 
en 1 Л 

Courge  *** ****  Elles  sont  plus  longues  que  les  nôtres  , et  ont  la 

koua , 


Les  enfans  les  apprivoisent  , ils  badinent  avec;  ces 
maux  semblent  les  caresser 
Elle  ne  vaut  pas  la  nôtre. 

Elles  sont  plus  longues  ( 
chair  moin  jaune.  Les  nôtres  valent  mieux. 


Courtilière  Elle  entre  dans  la  médecine»  On  s’en  sert  d’appas  ; 
tou  *«mPour  Prendre  les  oiseaux. 

çouS]-n  II  y en  a beaucoup  dans  Peking  même.  Chez  nous 

il  y en  a peu  dans  les  villes»  Les  chinois  en  font 
ouen  tze . J A 

commerce.  Ils  les  vendent  lorsqu’ils  sont  encore  en 
vers.  On  en  nourrit  les  poissons  dorés  , qu’on  élève 
dans  des  vases  de  porcelaine. 


® ) Gossypium. 

**  ) Corylus. 

***  ) Cucurbita. 

****  ')  La  larve  du  haneton. 
*****)  Culex. 


5 


(36) 


Crapaud  lî  y en  a de  très  gros  en  Chine.  De  leur  cervel- 

ha  ma  ]e  ^ mêlée  avec  de  la  farine  , on  compose  un  remède 

très  violent  , qu’on  fait  prendre  à ceux  qui  sont  tom- 
bés en  apoplexie.  J’en  avois  envoyé  à Mr.  Geoffroy 
parmi  d’autres  échantillons  de  drogues  , sans  savoir  ce 
que  c’étoit.  Mr.  Geoffroy , qui  vit  une  espèce  de 

gomme  , fut  curieux  d’en  poser  un  morceau  sur  sa 
langue  , pour  juger  par  sa  saveur  , ce  que  ce  pouvoii 
être.  Mr.  de  Jussieu  , qui  éloit  présent  , voulût  aus- 
si faire  la  même  épreuve  * l’un  et  l’autre  ne  tardè- 
rent pas  à s’en  repentir.  Un  instant  après  il  leur 
sembla  avoir  la  langue  brûlée  , ce  qui  dura  long  tems. 
Mr.  Geoffroy  m’écrivit  pour  savoir  ce  que  c’étoit  ; 
je  m’en  informai,  et  le  lui  mandai.  Les  chinois  qui 
veulent  attraper  quelqu’un  de  leur  sorte  percent  la 
tête  d’un  crapaud  au  dessus  de  l’oeil  ; il  en  sort  un© 

matière  blanche  , dont  ils  frottent  un  coin  de  la  bas- 
que de  leur  habit  en  dessous.  La  politesse  chinoise  , 
quand  on  offre  à fumer  à quelqu’un  , est  , après  qu’on 
a allumé  la  pipe  , d’en  essuyer  le  bout  qui  a tou- 
ché les  lèvres  , à la  basque  de  son  habit  , avant  de  la 
présenter.  On  fait  cette  cérémonie  à celui  qu’on  veui 
attraper , frottant  le  bout  de  la  pipe  à l’endroit 

où  on  a mis  de  la  cervelle  de  crapaud.  Dans  le  mo- 
ment que  la  pipe  a touché  les  lèvres  , il  s'y  sent 
brûlé  : comme  si  la  pipe  eut  été  brûlante. 

CrapautS  11  y en  a une  espèce  à Macao  assez  petite,  qui  a ]« 

ehauThama  cr‘  auss*  fort  Чие  celui  d’un  taureau. 


Cristal. 
p о U 


Cfcmc  j)a  côté  de  la  tartane  on  fait  une  espèce  de  crème 

excellente  ; pour  le  moins  aussi  bonne  que  celle  (fus 
village  proche  de  Rouen  nommé  Sotville  5 dont  oo 
fait  grand  cas  à Paris.  Elle  se  fait  sur  un  feu  cl® 
cendres  chaudes». 

11  est  nouveau  en  Chine.  On  y en  fait  présente® 
ment  de  beau.  La  composition  n’est  pas  si  simple 
que  la  notre.  La  maganèse  y manque. 

Cristal  de  II  n’est  pas  rare  en  Chine.  J’en  ai  vu  au  Palais 

e/mui  tsing  1111  morceau  brut  qui  pèse  bien  6 a 7 cens  livres. 
Crocodile  Ils  ne  sont  pas  grand  en  Chine. 

Lai  io  y une  Les  chinois  font  cas  de  celle  des  chiens  qu’ils  ont 

chie,,  trouvé  manger  les  os  de  quelque  cadavre  ; ils  les  ren® 

Aeon  fen  ferment  ? pour  profiter  de  leur  fiente.  La  fiente  de 

la  plupart  des  animaux , même  d’homme , entre  dans 
leur  médecine. 

Cubebes.  * Elles  sont  à bon  compte  à Pekîng  , et  fort  bonnes 
pi  teng  ме  ei]cs  yenoient  du  dehors  * elles  seroient  plus  chè- 


res. 


Cuivre  j. 
tang 


Quoi  quil  y en  ait  beaucoup  , iî  est  cependant  plus 
cher  qu’en  Europe.  La  menue  monnaie  en  consom- 
me une  très  grande  quantité. 

Cuscute  **  Iî  y en  a plusieurs  espèces  à Pekîng.  Une  de  ces 

fau  see  ne  y . 

especes  est  plus  grande  que  toutes  celles  que  j ai  vu 
en  Europe»  Elle  entre  dans  la  médecine. 


® j Piper  cubeba, 

**  ) Cuscuta» 


(38) 


Cyprès.  * J!  s’eo  trouve  dans  les  sépultures. 

ve  song 

D. 


Dattes.  ** 
tien  tsao 
lui . 

Dent  de 
lion.  *** 
po  po  siug 
Dent  de 
poisson. 


Dépouille 
de  serpent. 
•che  tau] 

Diamant 
Kin  Kan  g 
che 


Digitale 


Il  y en  a peu  en  Chine  Jy  en  ai  mangé  de  fort 
bonnes. 

Cette  herbe  croit  assez  par  tout. 

Celles  qu’on  apporte  ici  de  Moscovie  se  vendent 
très  cher.  Je  n’en  ai  pas  vu  ; ainsi  je  ne  puis  dire 
ce  que  c’est.  Peut  - être  sont  ce  des  dents  de  vache 
marine. 

Elles  ne  sont  pas  rares  chez  les  droguistes.  Non 
plus  que  celles  de  cigale. 

Il  n’est  pas  moins  estimé  ici  qu’en  Europe.  On  le 
taille  en  Chine  avec  une  pierre  , dont  j’envoie  un 
morceau.  On  la  réduit  avant  en  sable. 

Outre  le  sésame  ; il  y en  a ici  une  à fleur  rou- 


ti  ho  an  g geatre* 


E. 


Eau  de  vie  Les  chinois  n’en  ont  que  de  grain.  Celle  de  Peking 

chao  tsicou  est  faite  d’un  gros  mil,  dit  kao  leang.  J’en  envoie 

de  la  graine.  Celle  des  provinces  méridionales  est 
faite  d’une  espèce  de  ris  , dit  kiang  mi . Il  est  gluant. 

Ces  deux  sortes  d’eau  de  vie  sont  violentes.  Il  en 

vient  quelque  peu  de  Tartarie , qu’on  dit  être  tirée 
de  lait  de  jument. 


* ) Gupressus. 

**  ) Phoenix  dactylifera. 

) Leontodon  taraxacum. 
*É“  ) Digitalis. 


(3g) 


Eai.x  miné- 
rales. 
tau  g tsincn 


E b'-ne.  * 
Ou  mou. 


Eciille  de 
tortue. 
tai  uiiug. 


Il  y a proche  de  Peking  des  bains  d’eaux  rainera» 
les  chaudes.  Je  ne  donte  pas  qu’il  n’y  en  ait  dans 
bien  d’autres  endroits  de  Chine. 

Elle  n’est  pas  chère  en  Chine.  J’aurois  voulu  voir 
comment  les  chinois  percent  si  droit  les  petits  trous 
de  leurs  longs  tuyaux  de  pipes  ^ faits  de  ce  bois.  Je 
n’ai  pas  eu  occasion.  Us  viennent  à Peking  tout 
percés. 

Elle  est  à bon  marché  à Cantong  , où  on  en  fait 
quantité  de  difîérens  ouvrages. 


Ecaille  d’hui- 
tre 

Ko  U 


Ecrevisse. 


Elepliatit. 

siang 


Email. 
fa  lan 


Les  chinois  la  réduisent  en  poudre  et  s’en  ser- 
vent comme  nous  des  yeux  d’écrevisse.  Proche  de 
Cantong  on  pèche  une  espece  d’huître  dont  l’écaille  ,, 
quand  elle  est  polie  sert  à faire  des  vitres.  Celles 
de  notre  église  de  Peking  en  sont. 

Je  doute  qu’il  y en  ait  en  Chine  , il  n’en  est  point 
parlé  dans  leurs  livres  ; où  ils  traitent  des  difîérens 
poissons  crustacés. 

L’Empereur  seul  en  a quelques  uns.  On  dit  qu’il 
y en  a dans  la  province  de  yun  nan . La  peau  et 
la  fiente  d’élephant  entrent  dans  la  médecine. 

Le  rouge  de  chine  est  plus  beau  que  le  nôtre  ; 
peut-être  cela  vient  il  de  ce  que  les  chinois  mettent 
d’abord  une  couche  de  jaune  , avant  de  mettre  le  rou- 
ge. On  sait  en  peinture  que  le  jaune  relève  le  rou- 
ge. Il  paroit  que  les  chinois  ont  perdu  le  secret  de 


) Diospyros  ebenura. 


leur  beau  bleu  ancien.  On  a essayé  du  tems  de  katig 
hi  de  l’imiter  , on  n’a  pu  en  venir  a bout. 


Encens  Celui  de  Cliine  est  beau  , mais 
ton  hiang 

Eperlan.  * 1!  en  vient  une  espèce  à Peklng 

celui  de  la  Seine. 


cher. 

, qui  ne  vaut  pas 


Epi  d’eau. 
yn  yu . 


Epinards.  *** 
po  tsài 


Les  (étangs  en  sont  remplis. 

Il  y en  a beaucoup  en  Chine.  Us  ne  valent  pas 
les  nôtres.  Les  chinois  les  arrachent  au  lieu  de  les 
couper  , pour  les  vendre.  On  en  a tout  l’hiver  à 
Peking  , malgré  le  froid  qu’il  y fait.  On  dresse  du 
côté  du  nord  une  pallissade  de  grand  mil,  qui  a bien 
8 à 10  pieds  de  haut , ce  qui  suffit  pour  garantir  du 
.vent  de  nord  une  planche  d’épinards  de  3 à 4 pieds 
de  large. 


Epine  vine-  On  en  trouve  dans  les  montagnes  proche  de  Pe» 
Reou  nai  king.  Les  Chinois  n’en  font  point  de  cas.  Les  Таг» 
,ze‘  tares  en  mettent  dans  leur  crème. 


Eponge.  je  n’en  sache  pas  en  Chine. 


Eoervier 

yng. 


Les  Chinois  ont  beaucoup  d’espèces  d’oiseaux  de 
proie  , et  de  fort  beaux.  Us  en  ont  de  petits  et  do 
très  gros.  Us  les  instruisent  facilement  à voler  Toi» 


* ^ Gâchis. 

**  ) Spinacia  oleracia. 

®*®  ) Berbcris. 


(40 

seau.  Un  oiseau  de  proie  tout  instruit  ne  coûtera 
quelque-fois  qu’une  demi-pistole. 


Erable.  * On  en  apporte  du  bois  de  Tartarie.  Il  y en  a peu 
Ahantchay  . . 

ec/wu.  aux  environs  de  Peking.  On  ne  sait  pas  en  Chine  en 

tirer  du  sucre  , comme  on  fait  au  Canada. 


Ermine 
yn  chou 


Les  peaux 
Tartarie. 


d’ermine  viennent  de  Moscovie  et  de 


Escarbot. 


11  me  semble  que  ceux  d’Europe  ne 
gros  que  ceux  que  j’ai  vus  à Peking. 


sont  pas  si 


Escargot.  On  ne  trouve  point  à Peking  ceux  qui  sont  si  eom~ 

chouimicou  , . r T , 

muiis  dans  nos  jardins  en  Europe.  Je  nen  ai  vu 

qu’une  petite  espèce  à coque  blanche  , qui  ne  fait  pas 

grand  tort  aux  fruits. 


Écureuil.  11  y a ici  les  petits  rouges  d’Europe  , et  une  autre 

™S  chou  . , > n л U **  \ 

espece  bariolée  , quau  Canada  on  appelle  suisse.  ) 

Je  n’ai  pas  entendu  parler  quil  y en  eût  de  noirs  , 

comme  il  s’en  trouve  au  Canada» 


Étain  Celui  de  Cantong  vaut  bien , je  crois  * l’étain  de 

Cornouaille. 


Étourneau  II  y en  a deux  sortes  dans  les  provinces  méri- 
pa  dionales  différentes  des  nôtres.  Une  de  ces  deux  espè- 
ces a des  oreilles  d’un  beau  jaune. 


*)  Acer. 

*'  ) Sciurus  Palm  arum  L. 

IV. 


6 


Esturgeon  I]  en  vient  de  très  gros  de  Tartarie  à Peking  ГЫ* 

tsin  hoang 

yu  veiv 


F. 


Il  y en  a beaucoup  en  Tartarie  , et  pas  mal  aux 
environs  de  Peking.  Les  nôtres  sont  plus  beaux , et 
meilleurs  à manger. 

Je  n’en  ai  pas  vu  en  Chine. 

On  en  vend  de  fort  beaux  à Peking. 

hoang  yng 

Faux  acacia  Des  boutons  de  fleurs  d’une  espèce  3 commune  à 

h о ni  chou  Peking  , on  tire  une  belle  teinture  jaune.  Ses  grai- 
nes et  ses  fleurs  entrent  dans  la  médecine.  D’une 

autre  espèce  on  fait  des  berceaux  s on  diroit  que  cet 
arbre  a été  planté  la  racine  en  haut.  Le  lo  hoa  seng' 
en  est  une  espèce  très  particulière.  Le  pistil  , quand 
la  fleur  est  déssechée  ^ entre  en  terre , et  y devient 

fruit.  J’envoye  de  ces  fruits. 

Feces  d hu-  ;pes  chinois  prennent  de  celle  de  sésame  pour  la- 

ile.  1 

ycou  tcha-  cber  le  ventre.  C’est  un  bon  remède.  Ils  s’en  ser* 

vent  aussi  pour  fumer  les  terres  ; c’est-à  dire  qu’ils 

l’autre  fumier. 

ici.  Sa  graine  entre  dans  la 


Fenouil.  ** 

Siao  ho  ci 

hiang  médecine 


en  mêlent  un  peu  parmi 
Il  est  assez  commun 


Faisan 
ye  ki 

Fan 

Faucon 


* ) Piobinla» 

**  ) Ânethum  Foeniculum. 


Fer. 

etié 

Fève  de 
marais.  * 
isa/i  teon. 

Fève  de  St, 
Ignace.  ** 
Lit  song 
kuo. 


(43) 

Le  fer  de  Chine  est  bon.  Il  n’y  en  a par  tant  d’es® 
pèces  qu’en  France. 

Il  y en  a peu  en  Chine  3 et  petites. 

Nous  en  faisons  venir  de  Manille.  On  nous  en 

demande  souvent.  Elles  ont  des  effets  surprenans  en 
Chine  , non  seulement  sur  les  hommes  ^ mais  aussi 
sur  les  animaux  brutes.  On  s’en  sert  dans  beaucoup 
de  maladies  , en  particulier  contre  la  fièvre , la  mor- 
sure des  bêtes  venimeuses  etc.  Une  personne  qui 
étouffe  de  chaleur  ce  qui  n’est  pas  rare  à Peking 
dans  l’été  , est  guérie  sur  le  champ  ^ en  en  prenant 

un  peu  dans  de  l’eau.  On  verse  dans  une  assiette  , 

dont  le  fond  est  un  peu  rude  ^ un  demi  verre  d’eau 
et  on  frotte  dedans  une  fève  de  St.  Ignace  ^ jusqu’à 
ce  que  l’eau  soit  tant  soit  peu  amère.  U seroit  dan- 

gereux d’en  prendre  deux  fois  dans  un  jour  ; des  per- 
sonnes en  ont  pensé  mourir.  Cela  glace  le  sang. 

Il  y en  a peu.  Elles  sont  passablement  bonnes. 


Figue  *** 

Figife°ca-?/°  Que  Mr*  de  Tournefort  appelle  guayacana , 
que  ****  Lmnaeus  diospyros.  C’est  un  fruit  très  commun 

che  tze  1 J 

Chine.  Il  est  beau  л et  très  rafraîchissant. 

F'd'înde.  Voyez  raquette. 

Fieur  du  so-  Voyez  tournesol. 

leil.  J 

si  fan  lien 


et 

en 


*)  Vicia  Faba. 

**  ) Ignatia  araara. 

***  ) Ficus  Carica. 

****  ) Diospyros  Kaki. 


(44) 


Fleur  de  la  Il  y en  a à Peking , qui  viennent  des  provinces 

passion.  * 

méridionales. 

Fleur  de  Les  Chinois  ne  la  connoissent  pas. 

muscade.  ** *** **** 

Follicules  de  JJS  lle  sort  pas  COlinUS  ПОП  plus  6П  Chine. 

séné. 


Fougère 
mâle 
кіи  tsai 


On  en  trouve  dans  les  montagnes  proche  de  Peking. 
On  en  fait  secher  les  jeunes  tiges  , et  on  en  mange 
dans  les  ragoûts.  On  en  apporte  de  Tartarie. 


Fouine  II  ne  laissse  pas  que  d’y  en  avoir  à Peking  ; et 

hoang  chou  . ~ . 

long  aux  environs.  On  en  teint  les  peaux  en  noir  , pour 

faire  des  bonnets. 


Foulon.  Il  y en  a de  bien  gros  à Peking. 

hoang  fong  . . . 

Fourmi  Outre  les  ordinaires  , qui  sont  ici 

ma  y qu’en  Europe  , il  y en  a une  espèce 

res  y très  voraces. 


plus  multipliées 
de  grosses  , noi- 


Fourmis  Elles  font  bien  du  mal  à Macao.  Elles  endomma* 
blanches.  genj.  tellement  les  poutres  des  maisons  , qu’elles  me- 
nacent quelquefois  ruine.  Les  choses  les  plus  dures 
ne  sont  pas  à l’épreuve  de  dents  des  cet  insecte. 


Frais  de  Les  Chinois  n’en  font  pas  usage, 
grenouille. 

Fraise.  „„„  Celles  de  Chine  , à l’exterieur , ressemblent  fort 
fou  pen  aux  n£j-res  . majs  elles  n’ont  aucun  goût. 


* ) Passiflora» 

* ) Myristica  moschata. 

***  ) Cassia  Senna. 

****  ) Polypodium. 
*****)  Fragaria. 


Framboise.  * 


(45) 


On  dit  qu’il  y en  a en  Chine  , j’en  doute. 

Fresne.  **  И y en  a une  espèce  à Peking , dont  on  fait  des 
icheon  meubles . On  éleve  sur  cet  arbre  une  des  espèces  de 

SC  fl  un  A 

vers  à soye  sauvages  , qui  donnent  la  soye  du  Kien 
tcheou.  Voyez  chêne. 


Fromage.  On  ne  fait  en  Chine  que  du  fromage  mou , qu’il 
nm  uep.ng  faut  manger  ]e  jour  même  qu’il  est  fait. 

Froment  Voyez  blé. 


Fumeterre.  Il  y en  a à Peking  à fleur  violette , et 

*** 

tsee  hoa  ti  jaune*  Les  Chinois  estiment  cette  plante } 
luig.  ej]e  je  mérite. 


à fleur 
comme 


Fusain. 
* ' ** 


Fustel. 

min  g liai  y e 
ho 


Il  est  rare  à Peking. 

J’en  ai  vû  dans  les  montagnes  proche  de  Peking. 

G. 


Galanga.  _ 

*****  On  en  trouve  à Peking  de  beau  , et  à bon  marché. 
leanghiang 

Galles.  Celles  dont  nous  nous  servons  en  Europe  pour 
î’encre  , et  la  teinture  noire  sont  fort  chères  à Peking. 
On  ne  s’en  sert  pas  en  teinture  , mais  en  médecine. 
Les  Chinois  y subtituent  une  autre  galle  , qu’ils  ap® 
pellent  ou  poi  tze . 


* ) Rubus. 

) Fraxinus;  on  appelle  quelquefois  l'Ailanthus  glandulosa  frêne  de  la  Cliine® 

***  Л T?  V 

) rumana. 

****  ) Evonymus. 

*****  ) Rhus. 

3**** *****  ) Kaempfena  Galanga,  Âlpinia. 


(46) 

Gant  nôtre 
Dame. 

J’en  ai  trouvé  dans  les  montagnes. 

O 

on  pei  tze. 
Garance.  * 

Les  Chinois  l’employent  comme 

nous  pour  teindre 

tzien  tsao 

en  rouge. 

Gcay.' 
song  ya- 

Cet  oiseau  est  ici  comme 
remarqué  aucune  différence. 

en 

Europe.  Je  n’y  ai 

Genevrier 

Je  n’en  ai  point  vu  en  Chine, 

Gentiane 

J’en  ai  trouvé  deux  espèces 

dans 

les  montagnes.  Les 

A ** *** **** ***** 

Chinois  n’en  font  point  usage. 

Gingembre. 

Il  y en  a beaucoup  , et  de 

fort 

bon  en  Chine. 

kiang . 

Celle  fleur  , et  bien  d’autres  manquent  en  Chine. 


Gisier  de  La  peau  intérieure  est  une  drogue  de  médecine. 

poule 

Gomme  gut-  Elle  n’est  pas  chère.  Les  Chinois  s’en  servent 

te. 

tong  ko  an  g comme  nous  dans  la  médecine  5 et  la  peinture. 

Gomme  la-  Elle  entre  dans  la  médecine.  Je  n’en  sais  pas  ici 

que  en  bâton. 

tsee  tsâo  d autre  usage. 
jong 

Goudron  Les  Chinois  n’en  font  point. 

Grenade.  Ц n’en  manque  pas  en  Chine.  C’est  aussi  une  dro- 
c7ie  lichou  gue  de  médecine. 


* ) Rubia  ? tinctorum. 

**  ) Juniperus. 

***  ) Gentiana. 

****  ) Amomura  Zingiber. 

*****  ) Cheiranthus  annuus  et  incanus. 
******  ) Puniea  Granatura. 


* 


(47 


Grenouille. 
tien  ki 
Grillon. 
isin  tsin, 
eal 


G гіѵеГ 

Gros  bec. 
la  tsoni. 


Groseilles  * 

Guêpe. 
ma  fong 

Gui 

sang  ki 
song 


On  en  mange  beaucoup  en  Chine. 

Les  Chinois  les  font  battre  ensemble  І comme  les 
cailles.  Il  y a tel  grillon  qui  se  vend  jusqu’à  une 
demi-  pistole,  à cause  de  sa  force  et  de  son  courage. 
On  en  donne  ici  5 ou  6 par  jour  à manger  aux 
merles  dans  le  tems  de  leur  mue.  On  prétend  que 
cela  leur  aide  à muer.  On  en  trouve  à acheter. 

Je  n’en  ai  pas  vu  en  Chine. 

Il  y en  a beaucoup  à Peking  au  printems.  Les 
Chinois  leur  apprennent  à voler  la  balle  . ou  à rece- 
voir plusieurs  petites  balles  en  Fair  d’un  seul  vol. 

Il  ny  en  a point  en  Chine. 

Il  y en  a de  3 ou  4 espèces  à Peking.  Elles  sont 
pour  le  moins  aussi  voraces  que  les  nôtres. 

Je  n’en  ai  vu  que  sur  le  mûrier.  Il  entre  dans  la 
médecine.. 


H. 


H aimerons. 


Hannebane 


Je  n’ai  pas  vu  en  Chine  Fespèce  si  commune  chez 
nous. 

Je  n’en  ai  trouvé  qu’un  pied  depuis  que  je  suis  en. 
Chine. 


* ) îtibes. 

"*)  Viscunu 

*A*  ) Hyoscyamus  niger. 


Hareng 


(48) 

Il  ny  en  a pas  en  Chine. 

Haricot.  * ** Il  y en  a différentes  espèces  à Peking  ; mais  les 
taon  petits  blancs  ne  s’y  trouvent  pas. 

J'en  ai  vu,  ci  Macao. 

La  peau  est  une  drogue  de  médecine. 

C’est  aussi  une  drogue  de  médecine. 

Outre  les  gris  ordinaires  , il  y en  a de  tout  blancs. 
Je  n’y  ai  rien  remarqué  de  particulier. 

Il  en  a à Peking  de  deux  sortes  , outre  les  mar- 
tinets. Les  Chinois  les  mangent.  Les  hirondelles 
sont  ici  plus  familières  , et  plus  jaseuses  que  chez 
nous.  Elles  font  quelques-fois  leurs  nids  dans  les  cham- 
bres habitées.  Elles  y chantent  , surtout  lorsque  plu- 
sieurs personnes  assemblées  y causent.  Il  semble  qu' 
elles  voudroient  se  mêler  de  la  conversation.  Les 
Chinois  se  gardent  bien  de  faire  du  mal  à celles  qui 
viennent  ainsi  nicher  dans  leurs  chambres  ; ils  regar- 
dent cela  comme  un  présage  de  bonheur. 

Houette  11  y en  a à Peking  deux  espèces.  Je  n’y  ai  pas 
pitio  la  grande  espèce  du  Canada  3 que  nous  appelons 
attrappe  mouche  ; parc.eque  les  mouches  qui  se  posent 
sur  ces  fleurs  „ ou  y demeurent  prises  , ou  empor- 
tent des  sabots  à leurs  pieds. 


Héliotrope 

** 

Hérisson, 
hui  tau 
Hérisson  de 
mer. 
lou  see 
Héron 

Hibou 
ye  mao 
Hirondelle. 


* ) PhaseolusJ 

**  ) Heliotvopiura, 


H/j-Qbietl. 


•Boux. 

Huile. 
kt.-ttr  упои 


JËfuitre. 
ke  li 


Hupe, 
bt>  chartg 
fiart 

Jacée 

y tchi  hao 

Jalap. 

Jasmin. 

tæhang 

Schun. 

IL 

Jm  ehin. 
Jin  chin „ 


)V. 


( 49  ) 

On  dît  qu’il  y en  a,  à quelques  ajournées  de  Peking  , 
du  côté  de  la  Tartarie.  Nous  n’en  manquerons  pa* 
dorériovant , vos  Mrs.  de  la  caravane  nous  en  ont  don- 
né bonne  provision  de  graines. 

.Je  n’en  ai  pas  trouvé. 

Celle  de  Sésame  est  la  plus  commune  en  Chine.  On 
fait  en  Chine  de  l’huile  de  bien  des  sortes  de  graines  , 
comme  de  roton  , de  ricin  ,,  de  navette  s de  poivre  <1» 
Chine  j de  haricots  , de  lin  , de  chanvre  etc. 

11  n’en  vient  point  à Peking.  On  y apporte  seule- 
ment de  leurs  écailles  , que  les  droguistes  réduisent  en 
poudre  , pour  s’eu  servir  comme  nous  des  yeux  d'écre* 
visses. 

Cet  oiseau  n'est  pas  rare  à Peking» 

I. 

J en  ai  trouvé  dans  les  montagnes.  Les  chinois  n“ea 
font  pas  usage. 

Voyex  Belle  de  nuit. 

Iî  y en  a à Peking  une  espèce  à fleur  jaune»  { Prc» 
bablement  Jasminum  révolution  )„ 

Il  n’y  en  a point  en  Chine. 

Celui  de  Canada  est  absolument  le  même  que  celui 
de  Tartarie.  Si  les  Canadiens  y savoient  donner  le 
même  apprêt  que  les  Chinois  , on  ne  pourroit  le  dis- 
tinguer. Le  beau  jin  chin  vaut  en  Chine  jusqu’à  trois 
fuis  son  poids  d’or,  il  est  certain  que  celte  racine 
a des  effets  surprenans  » quand  elle  est  donnée  à pry» 

7 


(5o) 


Immortelle. 
isien  j eh  on g 

Indigo. 
tien . 


Joubarbe. 
ona  tong 


Iris. 

Lan  hoa 


Jujubei.  *** 
hao  eul 

Julienc. 


pos.  Les  sauvages  de  Canada  s'en  servent  pour  répa- 
rer leurs  forces,  quand  elles  sont  épuisées  en  voyageant.  #) 

Il  y en  a une  espèce  en  bouton  à Peking. 

On  trouve  dans  les  provinces  méridionales  l'anil,  dont 
on  tire  1 indigo.  A Pcking  , où  l’anil  ne  peut  venir 
on  y supplée  avec  une  persicaire  , **  ) qu’on  prépare 

de  même  que  l'anil. 

Le  bleu  en  est  assez  beau.  J’en  envoyé  de  la  graine. 

Jen  ai  vu  de  3 ou  4 sortes  aux  environs  de  Peking. 
Les  Chinois  employent  dans  la  médecine  celle  qui  croit 
sur  les  maisons. 

Il  y en  a en  Chine  de  3 ou  4 csqèces.  J’en  ai  eù 
une  espèce  à Macao , qui  suspendue  à Гаіг  dans  un 
petit  panier , sans  aucune  terre  , malgré  les  grandes 
chaleurs  du  pays  , s'y  conserva  très  bien  , et  y donna 
ses  fleurs.  Elles  sont  jaunes  facetées  de  roux.  La 
fraîcheur  et  l'humidité  de  la  nuit  suffisent  pour  entre- 
tenir la  plante  en  vigueur. 

Il  y en  a grande  quantité.  On  en  mange  de  fraîches, 
et  on  en  fait  sécher. 

Il  n'y  en  a point  en  Chine. 


K. 


Kaü.  Il  en  croit  de  tous  cotés  aux  environs  de  Peking. 
men  pong  en  tire  du  sel  , pour  blanchir  le  linge. 

® ) Panai  quinquefolium.  Ginseng . 

*®  ) Polygonum  tinctorium. 

®**  ) Zizypbus  sinenîis,  Lan ». 


Laine. 

y/ing  mac. 
La  if. 

nai  tze. 


Laitue. 
s en  g tsai . 

Laizard. 
hit  h on  tzc 


Lamproye. 

Langue  de 
cerf. 

che  onei 

Lapin. 
ye  mao. 


Lard. 

fei  tchon  г о 

Larme  de  lob. 
tsao  tchon 
taee 

Lavande. 
king  kiai 

Lauréole. 

Laurier. 


Lentille. 
si  nu  pien 
teon. 

Lentille  d’eau. 

feon  p in  g 
tsao 


L. 

On  fait  peu  d’etoffes  de  laine  en  Chine»  La  plus 
grande  partie  de  la  laine  s’emploie  à faire  des  feutres. 

Le  lait  est  rare  à Peking  , et  presque  par  toute  la 
Chine.  Voyez  boeuf. 

Elle  ne  pomme  point  à Peking. 

Il  y en  a une  petite  espèce  à Peking  à cinq  ongles, 
qui  donne  la  chasse  aux  scorpions  et  les  saisit  de  maniè- 
re , que  le  scorpion  voulant  piquer  le  laizard,  se  pique 
lui  même. 

Je  n’en  sçache  pas  en  Chine. 

Je  n'ai  trouvé  parmi  les  drogues  de  médecine  que 
le  lingua  cervina  scandens. 

Il  y en  a peu  en  Chine.  J’en  ai  vu  à Peking  com- 
me chez  nous  de  tout  blancs  à yeux  rouges. 

On  n’est  pas  dans  Г usage  en  Chine  de  îe  saler. 

Je  crois  que  ce  sont  les  Européens  qui  ont  apporté 
de  la  graine  en  Chine. 

Il  y en  a une  espèce  sauvage  dans  les  montagnes. 

Les  montagnes  en  sont  remplies. 

Il  y a beaucoup  de  laurier  rose  à Peking. 

Je  n'ai  pas  vù  le  laurier  cerise  , ni  îe  laurier  franc. 

On  en  sème  à quelques  journées  de  Peking.  Il  s’en 

vend  peu. 

Les  marais  en  sont  couverts.  On  en  nourrit  les  pois- 
sons dorés. 


Léopard. 

рас 

Letton. 
ton  g see  ize 

Levain, 

fer 

Liege. 

Lierre, 


Lièvre. 
'tm  ize 


Limaçon. 

Limonier. 
hiang  учел 
Lin. 

kpn  ma 


.Tin  eauvages 
ei»o  tnaa. 


Iî  est  peu  connu  des  Chinois. 

On  en  trouve  de  bien  des-  sortes  g mais  pas  tant 
qu’en  Europe. 

Les  chinois  s’en  servent  peu.  Presque  tout  leur 
pain  est  sans  levain. 

Il  n’y  en  a point  en  Chine» 

Je  n’ai  vu  en  Chine  ni  le  lierre  qui  s’attache  aux 
murs  , ni  le  lierre  terrestre. 

Il  y en  a peu  en  Chine.  L’hiver  on  en  apporte  de 
Tartane  à Peking  assez  bonne  quantité  ; mais  ils  sont 
gelés  , c’est  un  pauvre  manger.  Ils  sont  moins  roux 
que  les  nôtres.  On  en  apporte  aussi  de  blancs.  Ceux 
de  Canada  l’hiver  sont  tout  blancs  ; î’été  ils  sont  roux 
comme  les  nôtres. 

Us  ont  les  doigts  des  pieds  plus  longs  que  ceux 
d’Europe  ; cela  leur  sert  de  raquettes  pour  marcher 
sur  la  neige.  Us  ne  vont  alors  que  par  sauts  , rassem- 
blans  leurs  quaires  pieds  ensemble  , desorte  que  leurs 
traces  ont  bien  4 à 5 pouces  de  diamètre. 

Voyez  Escargot. 

Il  y en  a dans  les  provinces  méridionales. 

Les  Chinois  en  ont  de  fort  beau  ; ils  ne  savent  pas 
en  faire  usage  pour  la  toile.  Ils  tirent  seulement  de 
l’huile  de  la  graine.  Us  préfèrent  cette  huile  à celle 
qui  ne  sent  rien. 

J’en  ai  trouvé  dans  les  montagnes.  C’est  une  drogue 
-de  médecine. 


Linaire. 
if,  a a fconei 
hua 

Linote. 

lion. 

Çht  île 


Lu. 

ru  ian. 

Les  de  vallées 

Liseron. 
yen  fou . 

Litarge. 
mi  ton  scrrg. 

Loriot. 
hoang  H 

Lorier. 

Loup. 

lang. 

Loup  cerner. 


Loup  marin, 
h ai  long 


Loutre. 

thvni  lit 


(53) 

Celle  de  Chine  à fleur  jaune  а une  odeur  très  suave. 
On  la  cultive  dans  les  jardins. 

Cet  oiseau  n’est  point  en  Chine. 

Les  Chinois  ne  le  eonnoissent  que  par  en  avoir  en- 
tendu parler.  On  dit  qu’il  y en  a eû  antre-fois  dans  le 
palais. 

Il  y en  a plusieurs  espèces  en  Chine,  qui  n’ont  nitm 
de  particulier. 

Je  ne  crois  pas  qu’il  y en  ait  en  Chine, 

Je  ne  lui  sache  d’autre  usage  en  Chine  , sinon  que 
les  femmes  ornent  leurs  cheveux  de  ses  fleures. 

On  purifie  beaucoup  d’or  et  d’argent  en  Chine;  ainsi 
la  litarge  n’y  est  pas  rare. 

Cet  oiseau  est  assez  commun  à Peking, 

Il  y en  a plusieurs  espèces  à Macao, 

Je  crois  qu’ils  sont  moins  commun  qu’en  Europe, 

Les  peaux  de  loup  cervier  qui  se  vendent  à Peking> 
viennent  de  Moscovie  et  de  Tartarie. 

Les  peaux  de  loup  marin  servent  â faire  des  bonnets 
de  printems  et  d’automne.  Les  Chinois  donnent  le  nom 
de  haï  long  à différentes  pelleteries.  J’ai  reconnu  celle 
de  loup  marin  , parce  que  j’en  ai  vu  des  bonnets  non 
teints.  Je  commis  cet  animal  pour  avoir  aidé  à en 
prendre  en  Canada, 

Il  en  vient  de  Tartarie  , et  peut  ® être  de  Moscovie 
à Pcking. 


I uscnte. 
mon  s іи. 

Mâche. 

Madrépore. 

Manganahe. 


Marbre. 
hott  che 

Marguerite  ^ 
hiang  si  la 

Marjolaine. 


Maron®. 
si  tie 

Maroquin. 

Marsouin. 
hai  Ichou 


Martre®. 
tiaa  chou 


Il  y en  a peu  en  Chine. 

M. 

Je  n’en  ai  pas  vu  en  Chine. 

Iî  v en  a à Macao. 

V 

On  en  a cherché  du  tems  de  Kang  hif  sans  en  trou- 
ver. Ce  n’est  pas  une  conséquence  qu’il  n*y  en  ait 
pas.  On  l’a  cherchée  dans  les  mines  de  cuivre  : 
si  on  l’eût  cherchée  dans  les  mines  de  plotnb  et  d’étain, 
peut  - être  en  eût  - on  trouve. 

Iî  y en  a de  très  beau  du  coté  de  Macao  ; les  Chi- 
nois ne  savent  pas  en  profiter. 

Celle  que  nous  nommons  en  France  la  reine  margue- 
rite de  Chine  est  commune  à Pcking. 

J’en  ai  vu  à Macao  , qui  probablement  étoit  venue 
de  graine  apportée  d’Europe. 

J’en  ai  vû  de  très  beaux  en  venant  de  Macao  à 
Peking. 

Les  Chinois  ne  savent  pas  le  faire. 

Il  y en  a beaucoup  dans  le  fleuve  Kiang  : ils  sont 
tout  blancs  , comme  ceux  de  Canada.  On  se  sert  de 
sa  graisse,  réduite  en  huile,  pour  donner  le  lustre  aux 
soieries.  On  en  frotte  la  chaine. 

Il  y a des  fouines  en  Chine,  comme  en  Europe.  Pour 
les  zibelines  elles  viennent  de  Moscovie  et  de  Tar- 
tarie.  Il  s’en  consomme  beaucoup  pour  les  garnitures 


* J Aster  cbmeosit. 


Masse  d’eau, 
pon  tze. 

Matricaire.  * 
kiu  ho  a 


Mauve. 
thon  ki  hoa 


(55) 

d'habits  d’hiver.  Les  noires  en  Canada  valent  jusqu'à 
dix  écus  la  pièce;  au  lieu  que  les  rousses,  qu’on  prend 
au  Sud,  ne  valent  que  35  s.  Je  n’ai  pas  oui  dire  qu’ 
il  y en  eût  de  blanches  en  Canada. 

Il  y en  a beaucoup  à Peking  et  aux  environs. 

Je  doute  que  nulle  autre  part  il  y en  ait  d'aussi  bel- 
les et  d’aussi  variées  pour  les  couleurs  , et  les  espèces 
qu’à  Peking.  C'est  dommage  qu'elles  n’y  donnent  point 
de  graines.  Elles  fleurissent  au  commencement  de  l'hiver. 
On  les  cultive  avec  gra  nd  soin.  Pour  les  faire  venir 
très  grosses  , on  ne  laisse  sur  un  pied  que  4 ou  5 
tiges  , et  à chaque  tige  un  bouton.  Jusqu’à  ce  que 
les  boutons  paroissent , on  les  arrose  d'eau  pure  ; mais 
sitôt  que  les  boutons  sortent  , on  les  arrose  d’eau  de 
fumier  , où  il  entre  du  stercus  humanum  des  haricots 
noirs  cuits,  et  des  feces  d’huile  de  Sésame,.  Cette  com- 
position exposée  au  soleil  sent  bien  mauvais.  J’ai  vu 
des  fleurs  de  malricaires  , dont  les  pieds  avoienl  été 
ainsi  arrosés  , larges  de  5 pouces.  Ou  en  greffe  en 
fente  au  printems  sur  des  pieds  d’aurone  , dans  le  fort, 
de  la  pousse.  Sur  chaque  tige  du  môme  pie  i on  greffe 
des  malricaires  de  différentes  couleurs , ce  qui  fait 
un  fort  bel  effet. 

Il  y a à Peking  beaucoup  de  mauves  trémiaires  , tï 
bien  variées  pour  les  couleurs. 


) Chrysanthemum  indicum  ( Anthémis  grandiflora  L.  ) 


(56) 


La  grande  mauve  d'Inde  à fleur  jaune  s y trouve  aussi. 
A Macao  il  y a bien  des  espèces  de  petites  mauves 
sauvages.  Je  n'en  connois  que  5 ou  6 espèces  à Pe- 
king. 


M*yenue.  * 
Me  ize 


Mecboscara 
Ыапе. 
ka&  fen 


Meîtbfa 


On  en  mange  beaucoup  à Peking , même  crues.  Il 
y en  a de  violettes  et  de  blanches.  Les  violettes  sont 
rondes  , les  blanches  longues. 

Il  y en  a de  fort  beau  dans  les  montagnes  proche 
de  Peking.  J’en  ai  dans  mon  petit  jardin»  C’est  une 
eouleuvrée  à fleur  blanche  découpée  profondément. 

Il  n’est  pas  rare  à Peking.  Les  Chinois  n’en  font 
pas  d’usage  dans  la  médecine. 


’M  «fisse. 

Smt  tic. 


Je  ne  connois  ici  que  l’espèce  qui  sent  mauvais. 
J’en  ai  envoyée  des  graines.  On  en  nourrit  les  tarins. 


Mcfon.  II  y a dans  les  provinces  de  Chan  Si  des  melons  , 
rV#  Aoua,  , . , л 4 . 

comme  les  nôtres  dburope.  On  en  apporte  a Peking, 

mais  peu.  Ceux  d’Amy  valent  beaucoup  mieux.  L’env- 

pereur  nous  en  fait  quelque-fois  présent.  Il  est  sur- 

prénant  qu’on  puisse  les  conserver  bons  pendant  un  si 

long  voyage.  On  a dans  ce  pays  là  une  manière  d© 

les  faire  sécher  au  soleil.  Ou  les  coupe  par  côtes  * 

dont  on  ôte  exactement  tout  jusqu’à  la  chair  , dont  on 

enlève  aussi  la  plus  grosse  écorce  * quand  ils  sont  â 


* 


§-oL©um  esculcntun*. 


(57) 

demi  sec  on  en  forme  des  tresses,  qu’on  expose  encore 
au  soleil.  Si  le  melon  avoit  beaucoup  de  chair  , ces 
tresses  conservent  bien  le  goût  de  melon  frais. 

Mente.  Les  Chinois  ne  s’en  servent  pas  dans  les  sauces  , 
mais  seulement  en  médecine. 

Mercure.  On  l’emploie  en  Chine  aux  mêmes  usages  qu’en  Eu- 
,h<mi  in.  r0pe^  jes  Qjjnojs  ]e  subliment  mieux  que  nous,  selon 
le  jugement  qu’en  a porté  Mr.  Astruc. 


Mercuriale.  Je  n’en  ai  Pas  vu  Cn  Ghlne* 


Merle. 
bea  met. 


Ceux  de  Chine  chantent  mieux  que  les  nôtres.  11 
y en  a de  plus  de  vingt  espèces. 

On  en  trouve  de  tout  blancs.  Nous  en  avons  aussi 
du  côté  de  Nevers. 


Mcsange.  J’ai  vu  ic*  à peu  près  les  mêmes  espèces  que  chez 


nous. 


Meures.  Les  nôtres  sont  plus  grosses  et  ont  meilleur  goût, 

Snng  jiti 

Meurier  11  y en  a à fruit  noir  , et  à fruit  blanc. 

Sang  chon 

On  nourrit  ordinairement  les  vers  à soie  des  feuilles 
de  meurier  à fruit  noir.  Ces  meuriers  ne  sont  point 
greffés.  Leurs  feuilles  sont  assez  grandes  f mais  min- 
ces f et  n’ont  presque  point  d’odeur.  Nos  feuilles  de 
meurier  greffés  valent,  ce  me  semble  , beaucoup  mieux. 
Elles  ont  bien  plus  de  suc.  J’ai  élevé  de  vers  à soie 
«n  Europe  et  à Peking.  Je  prépare  sur  cela  un  mé* 
moire  , que  Mr.  Trudaine  m’a  demandé. 


IV 


s 


Miel. 
fong  mi 

Mil. 

h on  tzc 
Millefeuille, 
Millepertuis. 


Millepieds. 
on  kong 


Moineau. 
kia  tsiao 


Morue. 


Morelle.  * 
y e kie  tze 


Morille. 


(58) 

Celui  de  Peking  ne  le  cède  pas  3 je  crois  , à celui 
de  Narbonne. 

Il  y en  a ici  de  4 ou  5 espèces  , dont  j’envoie  des 
graines. 

Je  n’en  ai  pas  trouvé  en  Chine. 

Je  n’en  ai  pu  trouver.  S’il  y en  a , on  n’en  fait 
pas  usage  en  médecine. 

Il  y en  a de  trois  espèces  à Peking.  Par  bonheur  , 
les  plus  à craindre  n’y  sont  pas  fort  communs.  Ils 
entrent  dans  la  médecine. 

Us  sont  plus  petits  que  les  nôtres.  Le  mâle  et  la 
femelle  sont  si  semblables,  qu’on  ne  peut  les  distinguer. 
On  en  vend  quelquefois  à Peking  , que  les  Européens 
appellent  moineaux  de  Batavie  : ils  sont  fort  jolis. 
Ils  ressemblent  pour  le  plumage  à l’ortolan  ; mais  ils 
ont  le  bec  et  les  pieds  rouges.  Ils  sont  charmans  pour 
îa  propreté  , et  l’arrangement  des  plumes. 

On  apporte  à Peking  un  poisson  de  mer  qui  lui  res- 
semble fort. 

Elle  est  commune  à Peking.  Les  Chinois  ne  connois- 
sent  pas  assez  les  vertus  de  cette  plante. 

Je  ne  crois  pas  qu’il  y en  ait  en  Chine  : on  en  ap- 
porte roit  à Peking  , les  Chinois  étant  grands  mangeur* 
de  champignons , quels  qu’ils  soient. 


• ] Solanum  nigi'um. 


Mouche. 
laang  yng 


Mouche  à 
miel. 

mi  y on g 

Mouche  lui- 
sante. 

ho  tchong. 
Mouron, 

Mousse. 
kinen  pe 


Mousseron. 

Moutarde. 
kiai  то 


Mouton, 

yang 


Mulet. 
Lo  tz,c 


( 59) 

Celles  des  maisons  sont  ici  en  grand  nombre.  Je 
n’y  ai  pas  vu  l’espèce  grise  qui  tourmente  tant  nos 
chevaux  en  été. 

Les  Chinois  n’en  prennent  pas  tant  de  soin  que  noos. 
Voyez  Cire. 

Il  y en  a à Peking  3 mais  peu. 

Je  n’en  ai  poiut  trouvé. 

La  mousse  d’arbre  ordinaire  ne  croit  point  à Peking, 
Il  y a une  grosse  mousse,  qui  croit  par  toulïes  sur  les 
montagnes. 

Je  n’en  ai  pas  vu  en  Chine. 

On  en  fait  de  bonne  à Peking,  Les  Chinois  ont 
fait  une  espèce  très  forte  , en  mêlant  ensemble  deux 
espèces  de  radis  , l’un  violet , l’autre  blanc  ; le  violet 
ratissé  , le  blanc  par  tranches  : séparés  ils  n’ont  aucun» 
goût  de  moutarde  , joints  ensemble  c’est  une  moutarde 
très  piquante. 

Le  mouton  de  Chine  n’est  pas  un  trop  bon  manger. 
Celui  de  Tartarie  vaut  mieux. 

On  mange  celui  avec  sa  peau  , comme  j’ai  vu  man- 
ger l’anguille  en  Canada. 

11  y en  a beaucoup  et  de  bons  à Peking. 

Les  meilleurs  viennent  de  la  province  de  chan  si. 
On  en  voit  quelque-fois  de  petits  provenus  dune  vache 
et  d’un  âne  t dont  la  tète  lient  plus  de  îa  vache  que 

8 * 


Musc. 

che  hianÿ 

Muscade. 
j и te  о и ke~ 
ou 

Myrabolaus. 
I/o  tze 

Myrrhe. 
ma  yo 

Narcisse. 
c heni  sien 
hoa 


Ifaere. 
ichou  mou 
ke 


NaTet. 
man  кія  g 


(60) 

(Іе^Гапе.  On  dit  qu’ils  sont  méchans  : ils  en  ont  l'air. 
Ils  sont  vilains  à voir. 

Il  ne  manque  pas  en  Chine  ; mais  les  Chinois  j 
mêlent  du  sang  de  la  bête  qui  le  donne. 

Elle  ne  sort  ici  qu’en  médecine.  On  n’en  met  point 
dans  les  sauces. 

Il  y en  a de  3 ou  4 espèces  chez  les  droguistes. 

Elle  est  chère  ici  , et  pas  trop  belle. 

N. 

Les  Chinois  en  elèvent  beaucoup  l’hiver  , qu’ils  font 
fleurir  dans  les  chambres  par  le  moyen  de  serres  , ils 
font  fleurir  assez  bon  nombre  de  plantes  dans  le  tems 
des  plus  grands  froids.  Ils  ont  en  décembre  et  en 
janvier  differentes  espèces  de  petits  pêchers  à fleurs 
doubles  , qui  sont  très  jolis  à voir  tout  couverts  de 
fleurs,  des  jasmins  d’Espagne,  des  anémones  magnifiques, 
differentes  des  nôtres  ; et  plusieurs  autres  sortes  de 
fleurs  , que  je  n’ai  vû  qu’ici.  Comme  elles  sont  doubles, 
il  n’est  pas  aisé  de  les  connaître. 

Les  vaisseaux  de  Manille  en  apportent  beaucoup  à 
Cantong;  aussi  les  ouvrages  de  nacre  y sont  ils  à grand 
marché. 

Je  n’en  connoîs  qu’une  espèce  en  Chine. 

Elle  est  assez  bonne.  On  n’en  sème  pas  beaucoup. 
Les  Chinois  mangent  differentes  espèces  des  radis  peu 
piquant  au  goût , qui  leur  tiennent  lieu  de  navet®  ; il® 
les  préparent  de  même. 


Havette. 
t*ai  tsce 


N t Hier. 

Neige. 

eiuc 

Jlcnuphar.  i 
Lien  hoa 


Bid*  d’oise- 
aux. 

%en  «no 


Ou  fait  ici  de  l’huile  de  sa  graine  , comme  en. 

Europe.  Cette  huile  est  du  goût  Chinois  , parce 

qu’elle  sent. 

Il  n’y  en  a point  en  Chine. 

Il  n’en  tombe  pas,  a beaucoup  près,  tant  en  Peking 
qu’en  Tartarie. 

Ceux,  de  Chine  sont  très  beaux.  Leurs  fleurs  sont 
doubles  , couleur  de  rose  , d’environ  5 à 6 pouces  de 
diamètre.  Leurs  grandes  feuilles  d’un  pied  et  demi  et 
deux  pieds  de  large  , qui  couvrent  les  étangs  parsemés 

de  leurs  fleurs  , font  un  bel  effet.  Il  y a une  chose 

particulière  à remarquer  , c’est  que  les  feuilles  , qui 
sont  d’un  beau  verd  , quand  il  a plu  , jaunissent  faute 
de  pluie. 

L’eau  des  étangs  , quelque  profonde  qu’elle  soit  , ne 
suffit  pas  pour  qu'ils  prospèrent. 

On  mange  beaucoup  de  racines  de  Nénuphar  en 
Chine  , non  par  remède  , mais  par  régal. 

On  les  mange  cuites  , et  crues.  Elles  ont  bien 
deux  pouces  de  grosseur , et  deux  à trois  pieds 
de  long.  Nous  ne  laissons  pas  que  d'en  manger  aussi 
dans  la  saison» 

Les  Chinois  en  sont  friands.  Iî  n’y  en  a pas  en  Chine. 
Ils  s y vendent  très  cher  $ ainsi  il  n’y  a que  les  riche# 
qui  en  mangent. 


* Helumbmm  specioiuia. 


Nitre. 
ho  siao 


Noiselier. 
tchiu  tze 
chon 
Noix. 
he  tao 

Noixde  galle. 
то  che  tze 

Ocre. 

pao  kin  tou 

Oeillet.  * 
che  tchon 
tze 

Oeillet  d’In- 
de. 

/ou  joug 

Oignon. 

tsong 

Olive*. 


11  y en  a beaucoup  en  Chine  л et  d’excellent.  Le  P. 
Gaubil  ni  ci  dit  j qu  on  avoit  en  Moscovie  les  difïérens 
artifices  Chinois  , en  particuliers  les  fleurs  et  les  rai- 
sins ; c’est  ce  qu’il  y a de  meilleur.  Du  sable  de  fonte 
de  fer  donne  les  fleurs  , et  une  pâte  de  soufre  les 
raisins.  Ce  que  j’ai  envoyé  sur  cette  matière  à Mr. 
Machault  , Garde  des  Sceaux  , a fait  grand  plaisir.  La 
réussite  a répondu  u l'attente» 

Voyez  Avelines. 

Elles  sont  communes  en  Chine.  On  en  fait  peu 
d’huile. 

Voyez  Galles. 

O. 

Celui  de  Chine  ne  vaut  pas  , a beaucoup  près  , le 
nôtre. 

Les  Chinois  n’ont  point  nos  beaux  oeillets  doubles. 
Ils  n’ont  que  la  petite  espèce  , que  nous  appelions 
oeillets  de  Chine. 

Les  nôtres  sont  plus  beaux  ; peut  - être  cela  vient  - 
il  du  climat  ; car  les  Chinois  les  élèvent  avec  soin. 

Le  oignons  de  Chine  ne  donnent  point  de  tête  ; du 
verte  ils  sont  assez  bons.  Je  préfererois  cependant  les 
nôtres  pour  îe  goût. 

IS  uy  en  a point  en  Chine. 


j Bianthus  clnnensis. 


(63) 


Opium. 
га  pien. 


Or. 
h in 


Or  en  coquil- 
le. 


ni  kin 


Orange. 
к lu  tze 


O rca  nette 
tsee  tsao 

Orge. 
ta  mai 

Orgue  mari- 
ne. 


Les  Chinois  ne  le  connoissent  guère.  Il  est  défendu 
d'en  vendre.  La  raison  est  que  souvent  on  cherche  à 
s’empoisonner  : or  si  au  lieu  d’arsenic  , qui  cause  des 
douleurs  affreuses  , on  trouvoit  une  drogue  qui  les  fit 
mourir , sans  tant  souffrir , on  succomberoit  plus  sou- 
vent à la  tentation.  On  n’en  vend  qu’aux  personnes 
connus. 

La  Chine  possède  bien  des  mines  d’or  et  plusieurs 
rivières  qui  en  charient  du  sable.  Par  politique  on 
n’ouvre  de  mines  d,or  qu’autant  qu’il  est  nécessaire.  Le 
commerce  d’or  hors  de  Chine  est  défendu.  Nos 
marchands  l’achetent  en  fraude. 

Les  Chinois  le  font  , ce  me  semble  , avec  moins  de 
façon  que  nous.  J°ai  donné  la  manière  de  le  faire  dans 
le  mémoire  sur  le  vernis  de  Chine. 

II  y en  a beaucoup  dans  les  provinces  méridionales. 
On  en  fait  sécher , comme  nous  faisons  les  figues  en 
Provence. 

Je  l’ai  trouvé  parmi  les  drogues  de  medecine. 

On  en  sème  peu  en  Chine.  On  la  mange  ici  près* 
que  indifféremment  comme  le  blé. 

On  en  vend  chez  les  droguistes. 


* go  koiian 

ch* 

Orme.  Il  y en  a beaucoop  en  Chine.  Il  sert  au  charonnage 
comme  chez  nous.  L’eau  dans  laquelle  on  a fait  bouillir 
de  lecorce  de  ses  racines  sert  de  colle  pour  lier  la 
pâte  que  l’on  fait  de  moulure  de  bois  , dont  on  forme 


les  baguettes  des  veilles  , si  commodes  pour  conserver 
du  feu  a très  peu  de  frais.  J’ai  envoyé  un  écrit  la 

dessus  ; on  n’en  a pas  fait  de  cas.  Il  y a d’autres 

choses  en  Chine  que  ' nous  méprisons  à tort  , comme  la 
machine  à charger  les  bêtes  de  charge.  Les  Chinois 

se  moqueroient  de  nous  avec  raison,  s’ils  nous  voyoient 

charger  une  somme. 

Orpiment.  H est  rare  en  Chine. 

hiong  ho- 
au  g 

Orpinfoubar-  On  le  cultive  dans  les  jardins,  pour  ses  feuilles  et 

be. 

hie  tche  tsao  ses  fleurs. 

Ortie.  J’en  ai  trouvé  une  espèce  à une  journée  de  Peking 

hie  tse  tsao  . . 

extraordinairement  piquante. 

Dans  les  provinces  méridionales  on  sème  une  espèce 
le  grande  ortie  morte  , qui  poar  son  prt  ressemble  au 
framboisier.  On  en  fait  de  la  toile.  J’ai  vu  cette  plante 
au  jardin  royal  des  plantes  h Paris. 

Os  de  sèche.  C’est  une  drogue  de  médecine. 

fiai  piao 
siao 

Ours.  11  y en  a différentes  espèces  en  Chine  , de  très 

hiong 

grands  , de  moyenne  grandeur  et  de  petits. 

On  nomme  les  plus  grands  ours  cheval  , les  moyens 
ours  cochons  , les  petits  ours  chien. 

L’ours  cochon  passe  pour  le  plus  méchant. 

Les  pattes  d’ours  sont  ici  un  mets  délicat. 

Outarde.  On  en  elève  à Peking  , comme  des  oies  ordinaires.. 

Au  commencement  du  printems  et  en  automne  il  ел 
passe  beaucoup. 


moins  cher 


Outremer. 
ta  tsing 

Oxycèdre. 
isu  sang 

Oie 

71  g о 

Oseille. 


Panais.  *) 
hou  lo  pou 


il  en  vient,  de  Tartane.  11  n’est  guère 
qu’en  Europe. 

On  en  trouve  dans  les  sépulturds. 

Outre  les  ordinaires  il  y en  a ici  une  espèce  plus 
grande  qui  porte  une  bosse  sur  le  haut  du  bec. 

Cette  plante  manque  en  Chine.  Je  n'y  ai  pas  même 
trouvé  la  petite  ronde  sauvage. 

P. 

Nous  en  avons  à Peking  depuis  5 ou  в ans.  I\ous 
en  avons  obligation  au  vénérable  Archimandrite  qui  re- 
tourne ; c’est  lui  qui  nous  en  a donné  la  graine  s qui 
a fort  bien  réussi,  comme  celles  de  persil.,  et  de  cres- 
son alenois. 

Paon.  L’Empereur  et  les  grands  en  ont.  J’en  ai  vu  de  tout 

J'°"s  tsiao  blancs  chez  l’Empereur. 

Papayes.**)  Ce  fruit  est  à Macao.  Je  crois  que  ce  sont  les 
Portugais  qui  en  ont  apporté  du  plant. 

Les  Chinois  en  font  de  bien  des  sortes. 

Tout  ce  qui  est  filasseux  est  bon  pour  faire  du  pa- 
pier. On  en  fait  beaucoup  de  différentes  écorces  ; 
mais  non  pas  de  soie  „ comme  on  se  l’étoit  imaginé  en 
France.  Pour  le  papier  blanc  on  choisit  des  écorces  , 
dont  l’intérieur  est  blanc.  Il  y a dans  le  kiang  паѣ 
un  arbre  que  les  Chinois  appellent  tan  chou  } dont  la 
seconde  écorce  est  assez  blanche.  ( Je  n’ai  pas  vu  Гаг- 


Papier. 

tchi. 


(*  Pastinaca  sativa. 
(**  Carria  papaya. 


(66) 

ѣге  ^ ѳп  doit  m’en  apporter  des  feuilles , des  fleurs  et 
des  fruits:  Je  pourrai  peut-être  alors  le  çonnoitre,  ou 
le  rapprocher.  ) C’est  de  l’écorce  de  cet  arbre  qu’on 
fait  le  papier  blanc.  On  en  fait  aussi  avec  de  jeunes 
tiges  de  bambou  ; mais  il  n’est  pas  si  bon.  Pour  ôter 
à ces  écorces,  et  aux  jeunes  tiges  de  bambou,  un  coup 
d’oeil  un  peu  jaune  , qu’elles  ont  , et  les  dépouiller 
de  la  pellicule  extérieure  , on  les  fait  rouir  dans  des 
fosses  remplies  d’eau  de  chaux. 

Du  papier  qui  a servi  n’est  pas  perdu  , on  s’en  sert 
pour  faire  d’autre  papier,  moins  bon  à la  vérité,  mais 
qui  a son  usage.  Tel  papier  est  fait  d’une  matière- 
qui  a peut-être  été  employée  vingt  fois  à faire  différens 
papiers.  Les  Chinois  font  du  papier  de  chanvre  ex- 
cellent pour  envelopper.  Il  y auroit  bien  à dire  sur 
les  diflérens  papiers  de  Chine.  Je  compte  donner  dans 
la  suite  , si  le  Seigneur  me  donne  des  jours  , un  mé- 
moire détaillé  sur  cette  matière.  J’attends  que  j’aie  eù 
quelques  éclaircissemens  , qui  me  manquent. 

On  verra  la  manière  dont  on  s’y  prend  pour  lever 
les  grands  châssis  de  dix  à douze  pieds  de  long  , sur 
4,  à 5 de  large. 

On  a voulu  essayer  en  France  ces  années  passées  , 
cm  n’y  a pas  réussi.  Le  fameux  Mr.  Vaucanson  lui 
même  n’a  pu  en  venir  à bout. 

Papiüon.  Voyez  Chenille.. 

J’en  ai  vu  à Macao. 


Parietairr. 


Passerage. 


Pastel. 

Patte  d’oie. 
lut  et  tsai 
Patience. 
rticon  che 
fe/n  tsao 

Pavot. 

if  no  kiu  lien. 


Pavot  cornu  # 
ho  an  g y и 
mei  fin 

Perce-oreille. 
je  ou  yen , 

Perdrix. 
cha  ki 


(67) 

On  en  trouve  aux  environs  de  Peking.  Il  ne  parois 
pas  que  les  Chinois  en  fassent  usage. 

Je  n’en  sache  pas  en  Chine. 

Les  Chinois  la  mangent  comme  la  blete. 

Il  y en  a beaucoup  en  Chine.  On  s’en  sert  au  dé- 
faut de  rhubarbe. 

On  en  cultive  peu  dans  les  jardins.  On  n’en  sème 
point  en  pleine  terre  , comme  chez  nous  , pour  faire 
de  l’huile  de  sa  graine. 

On  en  cultive  dans  les  jardins. 

Cet  animal  est  rare  en  Chine. 

11  y en  a deux  sortes  de  grises  à Peking  , qui  ne 
valent  pas  grand  chose.  Il  y a en  Canada  des  perdrix 
noires  , de  blanches  , de  mouchetées  et  de  grises.  J’en 
ai  vu  prendre  avec  un  collet  , ou  lacet  au  bout  d’une 
perche.  On  leur  présente  le  lacet  de  crin  devant  la 
tête  , et  on  l’approche  doucement  , la  perdrix  qui  le 
voit  approcher,  passe  elle  même  sa  tête  dedans,  comme 
voulant  passer  au  travers  , pour  se  délivrer  d’une  cho- 
se qui  l’offusque  , on  tire  dans  ce  moment  la  perche  s 
et  la  perdrix  demeure  suspendue  au  lacet.  Mes  écoli- 
ers me  donnèrent  le  plaisir  de  cette  chasse.  Nous  en 
primes  trois  ou  quatre  en  un  moment.  Une  qui  s’étoit 
échappée  du  lacet  , fût  reprise  un  moment  après. 

9 * 


Perles.’ 
tchon  tz,e 


(68) 


C’est  une  chose  précieuse  en  Chine  comme  ailleurs. 
L’Empereur  en  a une  à son  bonnet  de  la  grosseur  d’un 
petit  oeuf  de  pigeon. 

Elle  n’est  pas  bien  ronde. 

Perroquet.  Ceux  qu'on  vend  à Peking  n’ont  rien  de  particulier  s 

yng  ko  д . 

ce  sont  les  mêmes  que  j’ai  vus  en  Europe.  Les  Chi- 
nois n’ont  point  la  petite  espèce  des  Indes,  et  de  Gui- 
née , pas  plus  grosse  qu’un  moineau.  Cet  oiseau  dort 
suspendu  par  les  pieds  , le  corps  renversé. 

Le  mâle  a sous  la  gorge  une  marque  rouge  , comme 
l’oiseau  mouche  ; le  reste  du  plumage  est  verd.  On 
les  apprivoise  facilement. 

Nous  en  avions  plusieurs  sur  notre  [vaisseau  , qu’on 
avoit  achetés  à Malague.  Ils  n’y  sont  pas  j plus  chers 
que  chez  nous  les  moineaux. 

Persîcaîre.  La  persicaire  maculée  et  non  maculée  sont  très 

tien  ko  et. 

communes  aux  environs  de  Peking. 

Il  y a outre  cela  la  persicaire  , dont  on  fait  une 
espèce  d’indigo  , # ) et  une  autre  très  grande  persi- 

caire. 

Persil.'  Nous  l’avons  depuis  5 ou  6 ans  , comme  je  l’ai  dit 

au  mot  Panais. 


Persil  de  mon- 
tagne. 

fans  fong. 

Pêche. 

tno. 


Il  y en  a dans  les  montagnes  proche  de  Peking. 


La  provence  de  Pe  tche  U en  produit  beaucoup. 


* ) Polygonum  tinctorium. 


La  plupart  ne  valent  pas  grande  chose.  Us  s’en  trou- 
ve quelquefois  d’assez  bonnes. 

Cet  oiseau  n’est  pas  rare  en  Gliine. 

On  en  entoure  les  sépultures. 

Elles  sont  fort  communes  aux  environs  de  Peldng  , 
et  toutes  semblables  aux  nôtres.  Les  oiseaux  que  je 
trouve  ici  ressemblent  fort  à ceux  de  la  môme  espèce 
d’Europe  ; en  Canada  , c’est  tout  différent. 

Pié  d’alou-  ' On  cultive  cette  plante  dans  les  jardins, 
ette. 

La  о tsing 
hoa 

Pié  de  veau:  И s’en  trouve  à Macao 


Pécheur. 

Peuplier. 
ynng  chou 
Pie  agasse. 
Ы tsiao 


Pierre. 
yu  che 


On  trouve  ici  comme  en  Europe  toutes  les  pierres 
précieuses  à acheter.  Les  Chinois  sont  curieux  de 
bijoux  de  pierres  qu’ils  estiment  précieuses  à raison 
de  leur  dureté.  Elles  n’ont  aucun  éclat  ; le  travail  en 
fait  tout  le  mérite. 

Il  y en  a beaucoup  plus  à proportion  en  Europe 
qu’en  Chine.  Ils  n’ont  ici  rien  de  remarquable.  Je 
ny  ai  vu  que  des  pigeons  de  fuie  et  des  colombeaux 
ordinaires. 

Pignons  de  Les  Chinois  les  aiment  fort  ; ils  en  mettent  dans 
Pin 

song  tsee.  presque  toutes  leurs  pâtisseries. 


Pigeon. 
Tco  tze. 


Pignons  d’  On  en  fait  de  l’huile  très  bonne  à brûler». 

Inde. 

ta  ma  tze* 

Piment.  Il  y en  a grande  quantité  en  Chine. 
tsing  tsiao. 


PimprenelSe. 
(i  y U. 

Pin. 

Song  chou. 


Pistaches. 
pe  seno. 

Pivert. 
tsan  mou 
tchong. 
Pivoine. 
chno  yo 


Plantain* 
tclic  tsien 
tsao. 


Plantain 

d’eau. 

Plâtre. 


Plomb. 
ki  en 

Plongeon. 
choui  ya 
tz.e 
Poire. 
Li 


Les  Chinois  en  mangent , comme  nous  mangerions 
de  raves.  Ils  en  mettent  aussi  dans  leurs  sauces. 

On  en  trouve  une  grande  espèce  dans  les  montagnes 
proche  de  Peking.  Elle  entre  dans  la  médecine. 

C’est  un  arbre  fort  commun  en  Chine  et  en  Tartarie: 
presque  toutes  les  maisons  en  sont  bâties. 

Il  y en  a de  très  grands  arbres  à Peking. 

Cet  oiseau  n’est  pas  rare  à Peking. 

Les  fleurs  de  cette  plante  sont  fort  belles  , et  assez 
variées  pour  les  couleurs.  Elles  ont  bon  odeur  ; bien 
différentes  en  cela  des  nôtres. 

Il  y en  a beaucoup  en  Chine  , à feuille  étroite  et 
à feuille  large.  La  graine  et  les  feuilles  sont  drogues 
de  médecine. 

J’en  ai  trouvé  aux  environs  de  Peking , mais  peu. 

Si  la  pierre  à plâtre  est  en  Chine  , les  Chinois  ne 
savent  pas  s’en  servir. 

Il  y en  a moins  en  Chine  que  d’étain. 

J’en  ai  vu  dans  les  étangs  de  l’Empereur. 

Il  y en  a peu  d’espèces  en  Chine  , et  le  peu  qu’il 
y en  a n’est  que  passable. 

On  en  sême  peu  en  Chine, 
verds. 


Pois. 

man  teu . 


Il  n’y  a point  de  pois 


11  n’est  pas  rare  à Macao.. 


Pois  de  mer- 
veille. 
tchi  siuo 
teou 

Poissons  do- 
ré s. 

Kin  y и 


Poivre. 
hou  tsiao 


Poivre  long. 
pi  po 
Poix. 


Poli  trie. 


Beaucoup  dn  personnes  en  elèvent  dans  des  vases 
de  porcelaine.'  Ils  deviennent  familiers  à venir  prendre 
à la  main  ce  qu’on  leur  donne.  J’en  ai  eu  , qui  , 
dès  qu’ils  voyoient  quelqu’un  , élevoient  leurs  tètes  au- 
dessus  de  l’eau  , pour  demander  à manger.  Il  y en  a 
de  bien  des  sortes.  On  dit  qu’on  en  a transporte  à 
l’isle  Maurice  , et  qu’ils  y sont  devenus  plus  gros  qu’ 
ils  ne  sont  ordinairement  *en  Chine.  Je  crois  que,  si 
on  le  voulait  bien  , on  pourroit  en  transporter  à Mos- 
covie. Peut  - être  y en  a - t - il  déjà. 

Les  Hollandois  de  Batavie  en  apportent  beaucoup 
en  Chine.  Il  n’y  est  pas  cher.  Les  Chinois  se  ser- 
vent aussi  du  leur.  C’est  le  fruit  du  fagara.  Il  se 
trouve  aussi  en  Canada. 

Il  ne  laisse  pas  que  d’être  cher  à Peking. 

Les  Chinois  n’en  ont  pas  l’usage.  Ils  n’ont  que  de 
la  résine  sèche  , point  de  térébenthine.. 

On  le  trouve  à Macao. 


Pomme. 
ping  Лио 


Pomme  d’a- 
mour. 

Si  fan  che 
Pomme  épi- 
neuse. 

Lai  kie  tze 


Il  n’y  en  a qu’une  bonne  espèce  en  Chine  : Elle  se 
conserve  longtems.  Je  n’en  sache  qu’une  autre  espèce, 
laquelle  ne  vaut  rien. 

On  en  cultive  pour  l’ornement  des  jardins- 

11  y en  a à Peking  une  espèce  forL  grande  , qui 
sent  bon.. 


ï 


Роге  - epic. 

Porcelaine. 

tsee 


Potiron. 
сто  koua 

Pou. 
che  tz.e 


Poule. 

ki 


Pourpier. 
ma  tchitsai 


( 72  ) 

Je  ne  crois  pas  qu’il  y en  ait  en  Chine» 

La  porcelaine  de  Chine  est  présentement  pins  fine 
que  l’ancienne.  On  a perdu  le  secret  du  beau  bleu. 
Le  P.  Dentrecolles  a bien  écrit  sur  cette  matière. 

Ceux  de  Chine  sont  meilleurs  que  les  nôtres.  Les 
sauvages  de  Canada  ont  la  même  espèce. 

Je  doute  qu’il  y ait  pays  au  monde  où  il  y en  ait 
plus  qu’en  Chine.  On  y change  rarement  de  linge. 
Les  plus  grands  Seigneurs  ne  sont  pas  exempts  de  cet» 
te  vermine.  Ce  n’ëft  point  une  honte  ici  de  voir  cou- 
rir de  ces  vils  insectes  sur  une  personne.  Les  Chinois 
les  mangent  : ils  y trouvent  un  goût  qui  leur  revient  j 
tant  il  est  vrai  qu’ils  ne  faut  pas  disputer  des  goûts. 


La  volaille  de  Chine  est  assez  semblable  à celle  d 
Europe.  J’ai  seulement  remarqué  ici  deux  espèce  par- 
ticulières de  poules  : L’une  très  grande  j l’autre  très 
petite.  Ces  deux  espèces  sont  rares  à Peking.  La 
poule  dorée  est  un  très  bel  oiseau  ; mais  qu’on  ne 
peut  apprivoiser.  On  en  trouve  quelque  - fois  à ache- 
ter à Peking.  La  poule  argentée  au  contraire  s’appri- 
voise facilement.  Je  n’en  ai  pas  vu  à Peking.  On  en 
trouve  à Cantong.  Elle  est  toute  semblable  à la  poule 
dorée  j excepté  que  ce  qui  est  jaune  dans  celle  - ci  . 
est  blanc  dans  l’autre. 

On  ne  trouve  pas  ici  le  pourpier  doré;  pour  le  pour- 
pier commun  , tout  en  est  rempli.  On  en  nourrit  les 
cochons.  Il  entre  aussi  dans  la  médecine. 


'Prèle. 
mou  tsei 


7^ 


Primevère. 

Propolis. 

Prune. 

Li  tze 


Puce. 
ke  Isao 


Pulmonaire. 


Punaise. 

tcheon 

tchong. 


Elle  ne  manque  pas  en  Chine.  Elle  sert  ^ comme 
chez  nous  à polir  le  bois. 

Je  n’en  ai  point  vu  en  Chine. 

Les  Chinois  n’en  font  pas  d’usage. 

Il  y en  a peu  d’espèces  en  Chine.  Quelques  unes 
sont  assez  bonnes. 

On  n’en  est  pas  fort  incommodé  à Peking.  Macao  en 
est  rempli. 

J’en  ai  vu  une  petite  espèce  à Peking.  Pour  celle 
de  terre  n’y  manque  pas. 

Il  y en  a une  quantité  extraordinaire  ici. 

La  propreté  dans  les  chambres  est  le  meilleur  secret, 
comme  chez  nous  , de  s’en  préserver. 

Q. 


Queue  de  Che-  On  trouve  cette  plante  dans  les  montagnes  , proche 

val. 


Queue  de  Sou- 
ris. 

kon  yevn 
ïze  tsao 
Quinquina. 

Quinte-feuille 

Racine. 


de  Peking.  C’est  une  drogue  de  médecine. 

Elle  est  très  commune  à Peking. 

Il  n’y  a que  celui  que  les  Missionnaires  apportent. 

Il  y en  a très  peu  à Peking. 

Je  connois  peu  les  drogues.  Il  y a beaucoup  de 
racines  chez  les  droguistes  * qui  me  sont  inconnues. 
J’en  ai  envoyé  des  échantillons  en  Europe  , avec  les 
autres  drogues  que  je  ne  connois  pas:  mais  Mr.  Geoffroy  3 
à qui  j’adressois  ces  échantillons  est  mort  ; ainsi  je  ne 
sais  si  je  recevrai  les  éclaircissemens  que  je  souhaitois 
avoir  pour  me  mettre  en  étal  de  traduire  un  herbier 


io 


"Raifort. 
Lo  pou 

R aisin. 
pou  tao 


Raisin  sec. 
Kan  pou 
tao 

Raquette? 
Sien  jin 
tcliang 


Rail 
hao  tze 

Raves. 
choni  lo 
pou 
Raye. 


74 

Chinois  , fait  par  un  de  nos  missionnaires  3 fameux  ? 
médecin  de  Florence  , avant  quil  se  fit  Jésuite  , nom- 
mé le  P.  Terence.  Cet  herbier  fut  fait  par  ordre  de 
l’Empereur  , et  on  fournit  au  dit  père  toutes  les  facili- 
tés , qu’il  souhaita.  Cet  herbier  me  paroit  en  bien 
meilleur  ordre  que  tous  les  autres  herbiers  Chinois» 
11  n’a  pas  été  imprimé.  11  n’y  a à Peking  que  trois 
exemplaires  de  ce  livre  , dont  j’en  ai  un  , que  j’ai 

fait  copier.  Il  m’a  coûté  bonne.  Il  est  en  16  tomes. 

Les  plantes  y sont  dessinées  avec  les  couleurs; 

Il  y en  a beaucoup  à Peking  et  assez  bon. 

Il  n’est  pas  fort  ancien  en  Chine.  Les  Chinois  n’en 
font  point  de  vin  , ils  le  mangent  en  grappe  , et  le 

conservent  longtems.  Il  y en  a de  4 ou  5 espèces. 

Le  noir  , et  celui  d’Amy  sont  bons. 

On  en  apporte  de  la  province  de  Chan  Si , qui 
sont  assez  bons. 

On  l’élève  à Peking  par  curiosité  , comme  en  Fran- 
ce. Il  y en  a beaucoup  à Cantong,  dans  le  See  Tcho » 
lien  et  le  Yun  nan.  La  Cochenille  pourroit  bien  y 
être  , sans  que  les  Chinois  la  connaissent. 

Ils  sont  les  mêmes  qu’en  Europe,  et  aussi  communs» 
Les  Chinois  les  mangent. 

Elles  ne  sont  pas  si  délicates  que  les  nôtres. 

Je  n’en  ai  pas  vû  en  Chine. 


Réalgar. 
hiong  ho- 
ang 
Réglisse 
Juin  tsao. 

Renard. 
hou  li 


Renoncules. 


Requin. 

Résiné. 
Song  hiang 


Rhinocéros 
Si  nicon , 

Ricin. 
t a ma  tze 


Ris. 

mi 


Romarin. 


Ronce. 


75 

Il  y en  a de  très  beau  , dont  on  fait  des  bijoux. 

Je  doute  que  la  nôtre  soit  meilleure. 

Les  belles  peaux  de  renard  viennent  de  Moscovie 
et  de  Tartarie.  Les  renards  blancs  qui  sont  fort 
chers  à Peking  ne  coûtent  pas  pins  en  Canada  que 
les  roux:  on  les  teint  en  noir  en  France,,  Les  renards 
gris  5 ou  argentés  valent  40  à 50  fr.  à Quebec:  Les 
noirs  valent  jusqu’à  cent  écus. 

Je  ne  me  souviens  pas  d’en  avoir  vu  aucune  espèce 
en  Chine. 

Les  Chinois  en  mangent  les  ailerons  par  régal. 

Elle  tient  lieu  aux  Chinois  de  poix  de  goudron  5 
de  térébenthine. 

Les  Chinois  en  ont  quelque  idée. 

On  en  sème  pour  faire  de  l’huile  à brûler. 

Les  Chinois  prétendent  que  la  lumière  que  donne 
cette  huile  est  plus  vive  que  celle  des  autres  huiles. 

11  y en  a grande  quantité  en  Chine  , mais  assez 
mauvais:  il  ne  renfle  point  en  cuisant.,  comme  celui  du 
Levant.  Il  tient  lieu  de  pain  aux  Chinois. 

Il  y en  a à Macao  ^ qui  est  venu  de  graines  d’Eu- 
rope. 

Je  n’en  ai  point  vu  en  Chine. 

ÏO  * 


Козе, 

mei  koncî- 
hoa 


Koseau. 
Lon  îsa  о 
Rossignol, 

Rubarbe. 
t%i  hoang 


Rue. 


Safran. 
fan  hong. 
hoa. 


Safran  batard. 
long  hoa 

Salpêtre. 

Sandarac. 
y un  liiang 

Sang  de  bou- 
quetin. 
c-han  yaitg 
h lue 

Sang-dragon. 
h inc  kie. 
Sanglier» 
ye  te  h ou 

Sangsue. 
ma  pie 

Sanide. 


?6 

Celles  d’ici  ne  valent  pas  les  nôtres.  Elles  ont 

assez  bonne  odeur  ; mais  elles  sont  petites  et  ont  peu 

de  pétales.  Il  y en  a de  jaunes  qui  n’ont  point  d'o- 
deur. Je  n’en  ai  point  vu  de  blanches. 

Outre  le  bambou  3 il  y a les  roseaux  ordinaires. 

Il  ne  paroit  pas  qu’il  y en  ait  en  Chine. 

La  bonne  vient  de  la  province  de  See  Tchouen » 
Il  en  croit  aussi  dans  les  montagnes  proche  de  Peking. 
J’en  ai  elevé  de  graines  que  j’y  avois  ramassées. 

Il  y en  a fort  peu.  Ce  n’est  que  par  hazard  qu’on 
en  trouve  à acheter. 

S. 

Il  n’y  en  a point  en  Chine.  Il  en  vient  du  beau 

du  Thibert , mais  en  petite  quantité  et  qui  est  très 

cher. 

Voyez  Cartame. 

Voyez  nitre. 

On  en  trouve  de  fort  beau  à Peking.  ïl  n’y  est  pas 
cher. 

Les  Chinois  s’en  servent  comme  nous. 

Il  y en  a d’assez  beau  3 mais  cher. 

J’en  ai  vu  à Peking  de  beaux , qui  venoit  de 
Tartarie. 

On  en  vend  des  sèches  chez  les  droguistes. 

Je  n’en  ai  pas  trouvé  parmi  les  drogues  de  médecine. 


Santal. 
tan  hi  an  g. 

Sapin. 
cha  mon 
ch  on 


Sareelle. 

Sinoyeyatz 

Sarce-pareile 

Sardine. 

Sarrazin. 
kiao  mai 

Sarriette. 

S-auge, 

Saule. 

Lieon  chon. 


Saumure. 
hicn  choni 


Saumon. 

Savon. 
У *Z.e 


77 

Gn  brûle  le  citrin  comme  un  parfum.  Du  rouge  on 
en  fait  des  meubles  précieux. 

Il  n’est  pas  si  commun  en  Cliine  que  le  pin.  Un 
vieux  mat  de  grande  barque  vaut  à Peking  jusqu’à 
80  taels  ^ qui  valent  600  monnoie  de  France.  On  en 
fait  des  cercueils. 

Il  y en  a peu  à Peking. 

e 

Je  n’en  ai  pas  vu  parmi  les  drogues  de  médecine. 

Je  n’en  sache  pas  en  Chine. 

Voyez  blé. 

J’en  ai  vu  à Macao  } qui  probablement  venoit  de 
graines  d’Europe. 

J’en  ar  vu  aussi  a Macao  provenue  de  graine  d’ 
Europe. 

Aux  environs  de  Peking  les  chemins  en  sont  bordés. 
Sur  le  bord  des  eaux  on  plante  quelque  - fois  l’espèce  * 
dont  les  branches  pendent  presque  jusqu’à  terre.  Il 
fait  un  bel  effét. 

Les  Chinois  en  font  boire  quelques  gorgées  à ceux 
qui  sont  pris  de  la  vapeur  du  charbon  de  terre  ; ce 
qui  arrive  assez  souvent. 

Il  n’y  en  a point  en  Chine  , que  je  sache. 

Celui  de.  Chine  ne  vaut,  rien.  Les  Chinois  estiment 
fort  celui  de  Moscovie. 

Les  Chinois  en  mangent.  C’est  assez  souvent  un 
fléau  eu  Chine  : Elles  ruinent  entièrement  1»  récolte. 


Sauterelle. 


Scabieuse. 


Scolopendre? 

Scorpion. 
hie  tze 


Scrophulaire. 

Seau  de  Sa- 
lomon. 
ho  an  g 
ta  in  g 

Seche. 


Seigle. 

Sel. 

yen 


Sel  armoniac 
мао  cha 


78 

Il  y en  a une  espèce  en  automne  dans  les  montag- 
nes de  Peking.  On  ne  Гетріоуе  pas  dans  la  médecine. 

On  en  trouve  à Macao. 

11  y en  a beaucoup  en  Chine.  Les  droguistes  en 
conservent  de  vivans  ^ qu’ils  vendent  l’hiver  , comme 
l’été. 

Je  n’en  ai  pas  trouvé. 

Il  n’est  pas  rare  dans  les  montagnes  proche  de 
Peking.  Il  entre  dans  la  médecine. 

On  en  mange  à Macao.  L’os  est  une  drogue  de 
médecine. 

Je  n’en  sache  pas  en  Chine. 

Les  salines  sont  d’un  grand  revenu  à l’Empereur  ^ 
comme  en  Europe  à nos  monarques.  On  dit  que  dans 

la  province  de  Chausi  il  y a des  salines  , où  le  sel  se 

fait  en  faisant  entrer  l’eau  d’une  rivière  dans  des  ter- 
res qui  sont  salées.  S’il  vient  à pleuvoir  , lorsque  le 
sel  se  forme  , il  est  perdu  ; il  faut  faire  écouler  l’eau 
de  pluie  , et  en  faire  entrer  de  nouvelle  de  rivière. 
C’est  un  Mandarin  de  nos  amis  , qui  a eu  l’intendance 
de  ses  salines  , qui  nous  a dit  ce  fait.  Il  y a aussi 
beaucoup  de  sel  fossile  en  Chine. 

11  y en  a de  gris  comme  le  nôtre  ; mais  les  Chinois 
ne  l’estiment  pas  tant  qu’une  espèce  de  rouge  qu’ils 
ont.  Ils  prétendent  que  celui-ci  a plus  de  force.  Il 
se  vend  bien  cher  à Peking.  Les  gens  d’Amy  nous  en 


79 


Semence» 


Seneçon. 

Senne. 

Sensitive, 


Serpent. 


Serpolet. 
ti  tsiao 

Sesame. 
tchi  ma 


Singe. 
heon  eul 
Soleil  ou 
tournesol. 
ouang  je 
lien 
Souchet. 
hiang  fou 
tze 
Souci. 

kin  tsahoa 

Soufre. 
Lie  on  ho- 
ang. 


ont  fait  présent  de  naturel  , mêlé  de  beaucoup  de  pe- 
tites pierres  , auxquelles  il  est  attaché. 

Parmi  les  drogues  de  médecine  , il  y a différentes 
semences  que  je  ne  connois  pas. 

Je  n’en  ai  point  vu  en  Chine» 

Il  n’est  pas  connu  des  Chinois. 

J’en  ai  présenté  il  y a deux  ans  deux  pieds  à l'Em- 
pereur , qui  lui  firent  grand  plaisir.  Ils  étoient  venus 
de  graines,  que  Mr.  de  Jussieu  m avait  envoyées. 

11  y en  a de  fort  grands  en  Chine.  Le  plus  dan» 
gereux  est  celui  à chaperon  : On  en  trouve  à Macao. 
Les  dépouilles  de  serpent  entrent  dans  la  médecine. 

J’en  ai  trouvé  dans  les  montagnes  proche  de  Peking. 

On  en  sème  beaucoup  , pour  faire  de  l’huile , très 
estimée  des  Chinois.  Elle  a de  l’odeur , c’est  ce  qui 
leur  faut. 

On  en  voit  peu  en  Chine. 

Il  y en  a de  très  grands  à Peking. 

Cette  plante  est  très  commune  ici. 

Les  nôtres  sont  plus  beaux. 

Il  n’est  pas  cher  en  Chine.  11  y en  a qui  a une 
couleur  rougeâtre , il  a moins  de  force  que  celui  qui 


Souris. 
ha  о tze. 

Soie. 

See 


Spica  nard. 
Kan  son 
Itiang 

Storax. 

Succin. 

Sucre. 

Sucre  candi. 
ping  tang 

Suif. 

xeon 


Sumac. 


Sureau. 
Kong  tao 
ko 


Tabac. 

yen 


est  d’un  jaune  pâle.  Celui-ci  sent  bien  plus  mauvais  9 
quand  on  le  brûle. 

Elles  sont  aussi  communes  en  Chine  qu’en  Europe. 

C’est  un  très  grand  commerce  en  Chine.  Les  deux 
seules  provinces  de  Tche  Kiang  et  de  Kiang  nan  en 
fournissent  une  quantité  prodigieuse  : c’est  la  meilleure 
de  Chine.  Le  mémoire  que  je  prépare  sur  cette  mati- 
ère ^ pourra  avoir  son  utilité  en  Europe. 

11  est  à bon  marché  à Pekin^. 

Il  n’y  en  a pas  en  Chine. 

Voyez  ambre. 

Voyez  Canne  de  sucre. 

On  en  fait  beaucoup  en  Chine. 

Les  chandelles  de  Chine  ne  sont  pas  si  propres  que 
les  nôtres  ; mais  elles  ont  un  avantage  , qui  est  de  ne 
jamais  couler.  Voyez  Cire. 

Je  n’en  ai  pas  vû  en  Chine. 

Il  sert  de  borne  dans  les  champs.  Je  ne  sache  pas 
que  les  Chinois  en  fassent  usage  dans  la  médecine. 

T. 


Les  Chinois  sont  grands  fumeurs  , hommes  , femmes 
et  enfans.  Les  Européens  leur  ont  appris  à prendre 


Taon. 

hi  a mon  g 

Taie. 
y un  mon 
cha 

Tamaris. 
clian  tcho- 
netp  li  eon 

Tarin. 

h о an  g ts  i- 
ao  eul 


Tati  - oiseau 
mouche. 


Taupe. 
ti  pai  tx.e 

IV. 


(Si) 

le  tabac  par  le  nez  : beaucoup  présentement  en  pren- 
nent : mais  ils  estiment  surtout  le  tabac  de  Portugal. 
Ils  taclient  de  l’imiter  ; ils  ne  peuvent  y parvenir*  leur 
tabac  n’est  pas  de  même  qualité. 

Il  incommode  fort  ici  les  chevaux,  comme  en  Europe, 

Celui  de  Chine  n’est  pas  comparable  à celui  de 
Moscovie. 

Le  Tamaris  d’Allemagne  est  ici  fort  commun. 

Il  en  passe  une  grande  quantité  deux  fois  l’année 
en  Chine.  Au  printems  ils  viennent  , en  automne  ils 
repassent.  On  en  prend  tant  dans  les  provinces  mé- 
ridionales , qu’on  ne  peut  fournir  à les  consommer 
dans  le  tems  : on  en  sale  sa  provision. 

On  ne  le  commit  pas  en  Chine.  J’ai  eu  occasion 
de  l’examiner  en  Canada.  Il  ressemble  fort  au  papil- 
lon bourdon  en  volant , et  on  en  approche  aussi  faci- 
lement. Le  mâle  a sous  la  gorge  une  marque  de  rou- 
ge de  feu , qui  , quand  l’oiseau  est  posé  en  jour  favo- 
rable , brille  comme  un  rubis.  Ce  petit  oiseau  est 
d’une  grande  vivacité.  Il  fait  son  nid  comme  le  loriot 
suspendu  à des  branches  d’arbre  : il  n’est  pas  plus 
grand  qu’une  coque  de  noix  } séparée  en  deux  par  la 
moitié. 

Elles  ne  sont  pas  si  noires  en  Chine  qu’en  Europe. 

II 


S 


Thé. 

cha  y e 


Tenchei 

Térébentine. 

Terre,'. 

tou 


(8a) 

Je  ne  suis  pas  a portée  d'en  avoir  de  la  graine  : iî 
croit  dans  les  provinces  méridionales*  Linnaeus  Fa 
décrit  assez  exactement.  11  n'y  en  a point  dans  les 
jardins  de  l'Empereur.  Nos  vaisseaux  d'Europe  ont  sou» 
vent  tenté  d'en  transporter  des  pieds  ; je  n’ai  pas  oui 
dire  qu'lis  ayent  réussi.  H y a bien  des  sortes  de  thé, 
qui  quelque  - fois  ne  diffèrent  qu’en  ce  que  les  feuilles 
ont  été  cueillies  plus  tôt  ou  plus  tard , ou  a raison 
de  la  province  et  du  Canton  d’ou  elles  viennent.  Le 
plus  estimé  est  celui  qu’on  cueille  lorsque  les  feuilles 
sont  encore  petites  et  tendres.  C’est  de  ce  thé  que 
l’Empereur  et  les  grands  prennent.  Je  n’y  trouve  pas 
meilleur  goût  , au  contraire  \ les  feuilles  étant  cueillies 
plus  grandes  3 ont  naturellement  plus  de  saveur.  Le 
bon  thé  ordinaire  nous  coûte  à Pehing  à peu  près  aus- 
si cher  qiden  Europe.  Nous.  Tachetons.  45s  la  livre  ; 
il  ne  vaut  guère  que  50s  à Paris. 

Je  n’ai  pas  vu  ce  poisson  en  Chine. 

II  n’y  en  a point  en  Chine  j tout  est  réduit  en 

résine. 

Il  y a en  Chine  des  terres  admirables  pour  la  pote» 
rie  et  les  creusets.  On  recueille  ordinairement  deux 
récoltes.,  chaque  aimée..  Tous  les.  ans  on  fume  la  terre  9 
et  on  lui  donne  à chaque  récolte  deux  labours  $ quel- 
que fois  trois  à la  première.  La  manière  de  cultiver 
les  terres  en  Chine  $ en  particulier  dans  la  province  de 


Thim. 

Thlaspi. 
La  la  kou - 
an. 

Thon. 

Tigre. 
Lao  hou 


Tilleul. 


Tidmale. 
mao  eul  yen. 


Toile. 
p on 


Tôle. 

tie  pien  tze 

Topinam- 
bours. 
fan  jou 


Tormentille. 


(85) 

Pe  tche  li,  revient  fort  à la  nouvelle  méthode  que  Mr. 
Tull  anglais  a donnée  depuis  peu  au  public , et  que 
Mr.  Duhamel  a perfectionée.  Peu  dirai  quelque  chose 
dans  le  mémoire  sur  le  Coton . 

Je  n'en  sache  pas  en  Chine. 

Tout  en  est  plein  à Peking.  On  en  mange  quelque 
peu  en  Salade. 

Ce  paisson  nest  pas  connu  en  Chine. 

Il  y en  a beaucoup  s qui  souvent  font  ravage.  Pour 
les  écarter  des  habitations  dans  les  montagnes  , on  est 
obligé  de  mettre  le  feu  aux  broussailles. 

Je  n’en  ai  pas  vu  en  Chine  ; mais  on  apporte  à 
Peking  une  espèce  de  bois^qui  ressemble  fort  au  bois 
de  tilleul  : peut  - être  en  est  ce. 

J’en  connois  de  4 ou  5 espèces  à Peking , qui  n ont 
rien  de  particulier» 

Presque  toutes  les  toiles  de  Chine  sont  de  coton  ; 
elles  ne  valent  pas  à beaucoup  près  les  nôtres  de  lin. 
Elles  sont  grossières  et  étroites.  Voyez  coton  et  lin. 

La  nôtre  vaut  mieux;  celle  de  Chine  est  trop  mince. 

L’espèce  que  les  Portugais  appellent  patattes  : # j) 
est  très  commune  dans  les  provinces  méridionales.  Il  y 
en  a de  rouges  et  de  grises. 

Je  n’en  ai  point  trouvé  en  Chine. 


y Convolvuius  Batatas. 


II 


* 


Tortue. 
ouang  pa 


Tournesol, 

Tourterelle 
ye  ko  t~e 

Trefle. 

Tribule.  *) 

J (si  li 


Tribule  aqua- 
tique. **  ) 
Ling  kio 

Tripoli. 

Troëne. 
ko  и li  tze 
chou 


Truffe. 

Truite. 

Tubereuse. 
ouan  hiang 
pu 

Tuile 
ou  a 


(84) 

Les  petites  de  terre  sont  communes  en  Chine. 

En  ragoût  elles  ne  sont  pas  mauvaises. 

Voyez  Soleil. 

Iî  n'y  en  a pas  beaucoup  du  coté  de  Peîdng. 

Je  n’en  ai  point  trouvé. 

11  y en  a beaucoup  à Peking,  surtout  à fleur  jaune. 
Le  tribule  à fleur  blanche  y est  rare.  La  graine  est 
une  drogue  de  médecine. 

On  en  plante  dans  les  étangs.  Les  Chinois  en  man- 
gent les  fruits  cuits. 

Il  n’est  pas  connu  en  Chine. 

Il  y en  a de  deux  espèces  dans  les  montagnes  près 
de  Peking  i un  qui  est  un  grand  arbre  ; l’autre  ne 
vient  qu’en  buisson  et  a les  feuilles  bien  plus  petites. 
C’est  sur  ces  arbres  qu’on  élève  les  gallinsectes  qui 
donne  la  cire  particulière  à la  Chine. 

Je  ne  sache  pas  qu’il  y en  ait  en  Chine. 

Je  n’en  ai  point  encore  vu  ici. 

Le  P.  Paronnin  eu  a apporte  les  premiers  oignons. 
Ils  ont  extraordinairement  multiplié. 

Toutes  celles  de  Ghine^  que  j’ai  vues , sont  convexes^ 
je  n’y  en  ai  point  vu  de  plates. 


* ) Tribulus  terrestris. 

**)  Tribulus  Trapa. 


Tulipe. 


Turbot. 

Turquette. 

Valériane. 

Veau. 
niecn  ion 
t~e 

Ver  luisant. 
ho  tchong 

Ver  de  gris. 
tong  lu 

Verdet. 

Verjus, 

Yermichclli. 

mien 


Vermillon. 
yn  tchou 


Vernis. 

tsi 


(85) 

Cette  fleur  seroit  très  bien  venue  pour  l’Empereur  * 
les  jaunes  en  particulier. 

Je  n’en  sache  pas  en  Chine. 

Je  ne  l’ai  pas  trouvée. 

Y. 

Je  n’en  ai  point  vu  en  Chine. 

Les  Chinois  n’ent  tuent  point,  non  plus  que  d’agneaux; 
ils  disent  que  c’est  dommage. 

11  s’en  trouve  quelques  uns  à Peking. 

Les  Chinois  le  font  aussi  entrer  dans  leurs  onguens. 
ils  ne  sont  pas  au  fait  de  la  peinture  à l’huile. 

On  en  fait  pour  donner  la  couleur  verte  au  verre. 

Les  chinois  n’en  font  point. 

Les  Chinois  en  sont  grands  mangeurs.  Ils  ne  le  font 
que  passer  dans  l’eau  bouillante  , et  le  mangent  sur  le 
champ  : ils  y versent  seulement  un  filet  de  vinaigre. 

On  s’en  sert  beaucoup  pour  peindre  les  meubles. 
On  l’emploie  aussi  dans  la  peinture.  Il  y a des  Chi- 
nois qui  en  prennent  par  le  nez,  comme  nous  le  tabac. 

Le  vernis  de  Chine  est  une  résine  qui  coule  de  l’ar- 
bre du  vernis  par  des  incisions  , qu’on  y fait.  Ce  ver» 
nis  demande  de  la  préparation  avant  d’être  employé. 
J’ai  envoyé  en  France  un  mémoire  sur  celte  matière. 


Véronique. 


Je  n’ai  trouvé  que  celle  en  épi , dans  les  montagnes. 


Verre. 
Licou  li 


Vers  à soie. 
Vesce, 

Vesee  de 
loup. 
ma  po 
Vif  - argent. 
choui  yn 
Vigne. 
pon  tao 
choit 

Vin. 

tsicou 


Vinaigre. 

tseu 

Violette. 
j ou  y tsao 


Vioîier  faune. 

Viorne: 
Sieou  Ki • 
cou  poa 


(86) 

Celui  de  Chine  , dit  licou  li * n’est  point  fait  de 
cendre  de  ris  , comme  l’ont  dit  quelques  auteurs.  Il 
est  composé  de  cailloux  , de  salpêtre  et  de  îsee  che. 

Voyez  Mûrier. 

Je  n’en  sache  point  en  Chine. 

Elle  entre  dans  la  médecine  Chinoise. 

Il  n’est  pas  fort  cher  en  Chine.  Ѵ°У.  mercure. 

Voyez  raisin. 

Voyez  raisin.  Je  décrirai  à la  suite  de  ce  Catalogue 
la  manière  dont  les  Chinois  font  le  leur  ; c’est  plutôt 
une  espèce  de  bierre  blanche  , à qui  les  Chinois  don® 
nent  îe  nom  de  vin. 

Il  y en  a de  bon,  fait  de  grain.  On  trouvera  aussi 
ci  après  la  manière  de  le  faire. 

Elle  n’a  point  d’odeur  à Pehing.  Elle  fleurit  au  prm- 
tems  et  quelque  - fois  en  automne.  Elle  pousse  conti« 
nueîîement  des  graines  en  été * sans  apparence  de 
fleurs.  J’ai  ouvert  le  calice  qui  contient  ces  graines,  en 
difîérens  tems  , encore  tout  petit , un  peu  plus  grand * 
enfin  ayant  toute  sa  grandeur*  jamais  je  n’y  ai  apperçu 
de  pétales. 

Toute  espèce  de  giroflée  manque  en  Chine. 

On  eu  cultive  pour  l’ornement  des  jardins. 


Vipère, 


Vipérine, 

Vitriol. 
tsao  fan 


Yeux  de 
peuplier. 
yang  keou 

Yvoire. 
Si  an  g y a 


Zédoaîre. 
San  nai 

Zibeline. 


Je  ne  sais  s’il  y en  a en  Chine  : du  moins  on  n’en 
fait  pas  usage  en  médecine. 

J’en  ai  trouvé  aux  environs  de  Peking. 

Il  y en  a beaucoup  de  verd  ^ ou  Romain.  Le  vitriol 
bleu  ou  de  Cypre  est  rare.  Le  blane  ou  couperose  ne 
vaut  pas  grande  chose. 

Y. 

Ils  sont  une  drogue  de  médecine. 

Il  n’est  pas  absolument  cher  en  Chine.  On  y fait 
de  jolis  ouvrages  de  cette  matière.  Les  Chinois  de 
Canlong  surtout  ïe  travaillent  bien. 

Z, 

Cette  racine  est  à bon  marché  à Peking. 

Voyez  Martre 


> < •»  : 


l rj‘  ( ; itiV  :i 


III. 


Slirpes  rariores  in  itinere  Caucasico  A»  1810  iectae  <s 

C.  Steven. 

( Continuatio  a T.  III.  p.  2 70.  J 
Erodium  fumarioides. 

E.  pedunculis  multifloris  foliisque  interrupte  - pinnatis  pu- 
bescentibus  : pinnis  pînnatifidis  lacinlis  iucisis  obtusis  , petalis 
emarginatis , calyce  villoso  submutico  duplo  îongioribus  , eau- 
le  simplici  prostrato. 

Ad  rivuîos  alpines  mentis  Schabdagb.  Floret  Junio.  ^ 

Simile  E.  anthemifolio  sed  abunde  diversum  caule  simplici 
( nec  dichotomo  ) ; foliis  longe  petiolatis  ( nec  infîmis  pinnis 
cauli  approximatis  ) : laciniis  obtusis;  pedunculis  longis.,  saepe 
radicalibus  , pedicellis  paucioribus  quadruple  brevioribus  ( nec 
pedunculum  aequantibus  ) ; calycibus  villosis  , reîiqua  planta 
minus  canescente.  E.  absinthoidi  magis  videtur  affine  5 sed 
colore  sordide  viridi  ( nec  cano  Absinthii  ) , calyceque  villoso 
petalis  duplo  saltem  breviore  distinctus.  Petala  vioîacea 
obscurius  striata.  Arilli  hirsuti.  Folia  supra  paroius  pube- 
scentia. 

IY  n 


(9°) 

Géranium  sibiricum.  Marscliall  tauv.  cauc.  n.  1339. 

In  ripa  praerupta  fiuvii  Terek  circa  Yladicaucas  , Septembri 
florentem  legi. 

Géranium  cristatum. 

G.  (perenne,  pedunculîs  bifloris)  foliis  reniformibus  septem- 
îobis  : lobis  trifidis  laciniis  tridentatis  , caule  flaccido  sim- 
plici  , arillis  cristatis. 

In  subalpinis  ad  rivum  Jucliaribascli.  Junio. 

Foliorum  forma  G.  pyrenaici  , caeterum  diversissimum. 
Gaules  2-3-pedales  bispidi  sicut  tota  planta.  Folia  superiora 
internodiis  multoties  breviora  unde  habitus  valde  elongatus. 
Pedunculi  oppositifolii  : pedicellus  alter  brevior  deflexus. 
Petala  magna  emarginata.  Arilli  compressi  rugis  transversis 
elevatis  lnspidis  , singula  exeunte  in  mucronem  viridem  bax*- 
batum  , unde  crista  ut  in  Hedysaro  Crista  galli  s sed  brevior. 

Orobus  liirsutus.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1385. 

Frequens  per  totam  Iberiam  praesertim  occidentalem  ; nec 
in  provincia  Kubensi  exulat. 

Orobus  formosus.  Mëm.  de  le  Soc.  de  Gorenki  (ined.)  c uni  icône.. 

O.  foliis  conjugatis  petiolatis  glaberrimis , pedunculis  uni- 
floris. 

Versus  fontes  torrentis  Chodjal  sub  alpe  Tyfendagh  inter 
fragmina  schistosa  ubi  nulla  fere  alia  planta  crescit , hanc 
rarissimam  pulcherrimamque  speciem  legi.  Floret  Junio.  ^ 

Radix  perennis.  Caules  decumbentes  filiformes  ut  tota  planta 
glaberrimi.  Foliola  fere  Platylobii  formosi  ovata  oblique  sub- 
cordata  obtusiuscula  glauceacentia  venis  prominulis.  Cirrus 


brevissimus.  Stipulae  parvae  dentibus  tribus  aut  quatuor 
brevibus.  Pedunculi  axillares  folio  longiores  erecti  , sub 
flore  aristati.  Gorolla  amoene  purpurea  , magnitudine  O.  ver- 
ni , tubo  calycem  aequantç.  Legumen  lanceolatum  glabrum 
polyspermura.  , 

Orobus  cyaneus. 

O.  foliis  quaternis  ensiformibus  , calyce  tubo  coroliae  } ca» 
rina  alis  breviore. 

lu  subalpinis  Gaucasi  orientalis  ; in  montibus  Iberiae  trans 
Suramum  ; circa  acidulam  Nartsana.  Floret  Junio. 

Simillimus  O.  digitato  et  aegre  distinguendus.  Folia  et  sti- 
pulae latiora  nervis  magis  distinctis.  Pedunculi  foliis  plcr uni- 
que multo  longiores  (nec  subaequantes).  Yexilli  unguis  caly- 
ce duplo  longior  ( in  O.  digitato  aequans  ) ^ ipse  vero  calyx 
major  et  basi  magis  retusus.  Canna  minus  acuminata.  Color 
floris  intensius  coeruleus  minus  in  purpureum  vergens.  Spe- 
cimina  iberica  foliis  longioribus  et  angustioribus  ( neque  ta- 
men  lineari  - subulatîs  ) magis  ad  O.  digitatum  accédant , sed 
coroliae  tubo  longiore  diversa.  Variai  pubescens  et  glaberri- 
ma , O.  digitatum  vero  nunquam  vidi  glabrum.  Hujus  dia- 
gnosis  erit  : 

O.  ( digitatus  ) foliis  quaternis  lineari  - subulatîs  calyce  tu» 
bum  coroliae  j carina  aîas  subaequante. 

Synonymon  Buxbaumii  Cent . 2.  p.  38.  t.  38  ad  O.  cya- 
neum  traho  5 ob  folia  latiora  floresque  pauciores  , qui  in  O. 
digitato  plerumque  5 — 7. 

■k 


12 


(9») 

Lathyrus  hirsutus.  Marscliall  taur.  cauc.  n.  1395* 

In  Caucaso  orientali  versus  mare  Caspium. 

Lathyrus  roseus. 

L.  pedunculis  subbifloris  3 cirris  diphyllis  brevissimis  , fo* 
liobs  ovato  - subrotundis  , internodiis  nudis. 

In  Iberia  rarîus  occurrit.  Fl.  Iulio. 

Tota  planta  glaberrima.  Petalorum  ungucs  calyce  mult© 
îongiores  ut  in  nonnullis  Orobis.  Corolla  pulchre  rosea. 

Lathyrus  incurvus.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1400. 

In  Caucaso  orientali  circa  Kubam  , et  in  Iberia  bine  inde. 

Yieia  variegata.  Sp.  pl.  ed.  Willd.  III  p.  1096.  n.  7. 

Frequens  in  montosis  circa  pagum  alpinum  Chînalug.  Junio. 

Sat  bene  convenit  cura  descriptione  1.  c.  Caulis  basi  ramo- 
sissimus  difîusus.  Folia  interiora  haud  emarginata , superiora 
saepe  mucronata.  Cirrus  brevis  , plerumque  simplex.  Sti- 
pulae  semihastatae  foliis  angustiores  , rarius  aequantes  3 inter- 
dum  aeque  latae  ac  longae.  Racemi  suboctoflori  foliis  paullo 
Iongiores  3 floribus  superioribus  approximatis  neque  tamen 
imbricatis  s infimis  distinctis  subsessilibus.  C.alyx  villosus  laci- 
niis  subulatis  , superioribus  duplo  fere  minoribus.  Legumen 
immaturum  levissime  pubescens.  Corolla  magna  3 tubo  caly- 
ce duplo  longiore.  Vexillum  emarginatum  purpureum  vems 
obscurioribus  pulchre  pictum.  Alae  pallidae  venis  tribus  coe- 
ruleis.  Carina  duplo  brevior  3 pallida  basi  apieeque  obscurior. 


(93) 


Vicia  purpurea. 

V.  pedunculis  folio  triplo  longioribus  suboclofloris  , folioîis 
ovalibus  mucronatis  pubescentibus  , stipulis  reflexis  semiba» 
slatis  foliis  duplo  minoribus  , cirris  brevissimis  subsimplicîbus. 

Cum  priore  sed  rarior. 

Admodum  affinis  praecedenli  sed  differt  pube  îevîore  baud 
incana  , calyce  minore  denlibus  superioribus  minimis  } corolîa 
tota  purpurea  tubo  adbuc  îongîore  , leguminibus  oligospermis» 

Huic  valde  similem  stirpem  Jegi  ad  ipsam  nîvem  in  aîpe 
Scbabdagh , floribus  paullo  minoribus  roseis,  foliis  magis  incanis, 
cirris  vrx  ullis  ; sed  cum  baec  forsan  aetate  excrescant , il- 
ia glabriora  évadant  , nec  legumina  viderirn,  specie  distingue- 
re  non  audeo. 

Vicia  alpestris. 

V.  pedunculis  elongatis  sübsexflorls  , folioîis  obovatîs  mu- 
cronatis , cirro  subtrifido  contorto  , stipulis  semihastatis. 

In  pascul'is  aïpestribus  montis  Schahdagb  rarior.  Floret  Ju- 
nio. 

A binis  praecedentibus  , quibus  babitu  similis  ^ distincts 
foliis  latioribus  obtusis  , cirris  longioribus  bi-trifidis } caîy- 
cum  laciniîs  breviorïbus.  Gorolla  praecedentis  tota  purpurea® 

Vicia  narbonensis.  Marschall  laur.  cauc.  n.  2416. 

Girca  Derbentum  bine  inde. 

Pbaca  brachytropis. 

Ph.  caulescens  adscendens  gîabriuscula  , floribus  racemosis 9 
carina  ails  breviore. 


(94  ) 

In  alpe  Schahdagh.  Junio. 

Differt  a Ph.  astragalina  ( Astragale  alpino  L.)  lapponica  et 
sibirica,  foliolis  fere  glabris  (nec  incanis)  evidentius  petiolatis 
obtasioribus  ; calycis  dentibus  minoribus  , carina  alis  breviore 
( nec  longiore  ) , germine  liirsuto  brevius  pcdicellato.  In  Ph. 
alpina  et  frigida  carina  alas  longitudine  aequat. 

Oxytropis  montana.  Dec  and.  Astrag.  p.  66.  n.  1, 

Astragalus  montanus.  Marschall  tarer,  cane.  n.  I486. 

In  alpe  Schahdagh  haud  infrequens.  Floret  Junio. 

Nostra  planta  differt  a specirnine  austriaeo  quod  coram  lia- 
beo  3 scapo  foliis  duplo  longiore , floribus  duplo  majoribus  , 
bracteis  pedicellum  superantibus  3 carina  longius  nmeronata  , 
vexillo  emarginato , pube  scapi  et  calycis  adpressa.  Legumi- 
num  vero  forma  oinnino  eadem. 

Oxytropis  albana. 

O.  acaulis  subsericea , scapis  declinatis  folio  longioribus  } 
bracteis  calyce  minoribus  , leguminibus  ovatis  inflatis  pube- 
scentibus. 

In  alpibus  circa  Chinalug  rarius  occurrit.  Floret  Junio. 

Proxima  O.  coeruleae  Decand.  (Astrag.  baicalensi  Pall.)  a qua 
praesertim  leguminibus  pubescentibus  dilfert.  Flores  coerulei. 

Oxytropis  uralensis.  Decand.  Astrag , p.  69.  n.  5. 

Astragalus  uralensis.  Sp.  pl.  ed.  JVilld.  III.  p.  1312 . n.  122j 

In  alpibus  versus  fontes  rivi  Chodial  hinc  inde.  Floret  Junio. 

Corolla  pallide  coerulea.  Scapus  multo  brevior  quam  in 
speciminibus  sibiricis  et  faciès  nonnihil  aliéna  3 tamen  eadem 
videtur  esse  species. 


(95) 

Astragalus  tumidus.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1489. 

In  Iberiae  collibus  apricis  inter  fluvios  Alget  et  Kziam 
frequens.  Floret  Aprili. 

Nomen  triviale  mutari  debet , ne  confundatur  cum  A.  tu- 
mido  Sp.  pl.  ed.  JVilld.  II  p.  1329.  n.  161. 

Astragalus  monspessulanus.  Marschall  taur.  cauc.  n . 1493* 

Hujus  quatuor  observavi  varietates  : 1 ) In  monte  Beschtau 
et  circa  acidulam  Nartsana.  Cespites  densi  ramosissimi. 
Folia  digitalia  raro  palmaria  , supra  viridia  subtus  incana  , 
foliolis  obtusis  vix  emarginatis.  Scapi  foliis  plerumque  bre- 
viores.  Bracteae  ovatae  acutae  pedicellum  aequantes.  2 ). 
Circa  acidulam  Nartsana.  Folia  et  scapi  spitbamaea  9 foliola 
oblonga  haud  emarginata  subtus  pilosiuscula , utrinque  viri- 
clia.  Bracteae  subulatae  ut  in  sequentibus.  3 ) In  Ossetia. 
Folia  et  scapi  spitbamaea  5 foliola  subrotunde  - ovata  retusa  et 
emarginata  , subtus  pilosiuscula  pallidiora.  Racemi  basi  laxi. 
4 ) In  alpestribus  Caucasi  orientalis.  Eadem  cum  praeceden- 
te  , praeter  foliola  magis  emarginata  fere  obcordata  et  race- 
muni  compactum  fors  an  ob  aetatem  minus  provectam.  Om- 
nibus flores  ochroleuci  vel  dilute  carnei  , carinae  apice  purpu- 
reo  , et  scapi  foliis  nequaquam  longiores.  Sed  et  in  speckni- 
ne  gallico  Astr.  monspessulani  quod  possideo  , scapus  folia  vix 
superat  , nec  praeter  colorem  floris  л quem  in  caucasicis  nun- 
quam  vidi  , purpureum , ullam  invenio  diflerentiam.  Alae 
utrique  acute  emarginatae.  > 

stragalus  sanguinolentus.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1493. 


( 96) 

Rariorem  stirpem  nonnisi  in  summis  montibas  inter  Bu- 
duch  et  Chinalug  inveni. 

Simillima  praecedenti  praeter  omnium  partium  parvitatem  , 
leguminumque  formam.  Florum  color , scapique  erga  folia 
proportio  omnino  eadem. 

Astragalus  nummularius.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1499. 

Fructiferum  legi  in  monlibus  aîtis  circa  Buduch  , Junio* 

Folia  in  mois  speciminibus  glabra,  margine  tantum  nervoque 
inedio  ciliatis.  Petiolus  communia  magis  pilosus  , spithamaeus 
et  fultra.  Leguminum  forma  eadem  ac  in  A.  tumido  et 
utrigero  quamvis  minora  , cnm  quibus  etiam  floribus  pedun- 
culatis  convenir  atque  juxta  illos  et  A.  longiflorum  est  col- 
locandus. 

Astragalus  Pseudotragacantha.  P allas  Astrag.  p.  3.  n.  3.  t.  3. 

In  rupibus  Caucasi  orientalis  subalpini  inter  Dshymi  et  Süy- 
gyb  baud  rarus;  in  Iberia  ad  rivum  Dsegam  in  monte  Tschar- 
dachli;  cis  Caucasum  in  monte  Bescbtau  et  alio  a serpentibus 
nomen  ferente.  Floret  Junio. 

Folia  8-9  iuga  saepe  canescentia  , pedicelli  floribus  septem 
rel  octo  ( nec  quatuor  ) flavis  ( nec  albis  ).  Forsan  diversa  ab 
A.  aristato  V Héritier  3 cujus  nec  specimina  nec  iconem  vidi. 

Astragalus  caspicus.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1500- 

In  collibus  aridis  ditionis  Schekensis.  Julio. 

Habitus  omnino  A.  caucasîci  a quo  differt  calycibus  quin- 
quedentatis  , denlibus  patentibus  subpungentibus  , nec  ad  me- 
dium quinquefidis  laciniis  erectis  innocuis.  Flores  duplo  fere 
minores,  Legumina  in  utroque  lanata. 


(97) 


Àstragalus  pycnophyllus. 

A.  ( frutescens  petiolis  spînescentîbus)  foliis  subquinquejugis 
foliolis  ovatis  conduplicatis  mucronato  - spinosis  albo  - tomento- 
sis  calyce  jJentapbyllo  lanato. 

In  Iberiae  provincia  Kasach.  Angusto. 

Ab  A.  Arnacantha  differt  praeter  indicata,  corolla  tota  alba, 
foliolisque  duplo  minoribus  , his  tomento  denso  ïncumbente 
nec  laxo.  Calyx  in  his  et  in  sequente  pentaphyllus  corolla 
dimidio  minor.  Specimina  a-  1804  in  Iberia  circa  Signach  le« 
cta  conveniunt  magnitudine  corollae*  sed  discrepant  foliis  sep- 
temjngis  , foliolis  duplo  maioribus  fere  ut  in  A.  Arnacantha^ 
An  diversa  species  ? 

Àstragalus  denudatus. 

A.  ( frutescens  petiolis  spînescentîbus  ) foliis  septemjugis  , 
foliolis  lanceolatis  acutiusculis  spinoso  - mucronatis  «trinque 
viridibus  pubescentibus  , calyce  pentaphyllo  lanato. 

In  Caucasi  orientalis  montibus  altioribus  circa  Budueh.  Ju- 
nio.  fi 

Simillimus  A.  caucasico  praeter  calycem.  Folia  majora  quam 
in  praecedente  , juniora  levissime  tomentosa.  Flores  parri 
praecedentis  vexillo  striato. 

Trifolium  hamosum.  Marschall  taur.  cauc.  n,  1507. 

In  apricis  circa  Kubara.  Junio. 

Specimina  e Caucaso  orientali  et  Iberia  differunt  a taurichü 
caule  multo  longiore  , floribus  palîide  llavis  , stipulis  longio- 
ribus  , leguminibus  magis  villosis  acumine  reflexo  adpresso 3 
ncc  tantum  patente  angulo  recto  ; forsan  specie  diversa. 

ІУ  i3 


(98) 

Trifolium  triclioceplialum.  Marschall  taur.  cauc.  ?i.  1518. 

Trifolium  armenium.  ÏVilld.  enum.  II . Berol.  p.  793. 

lu  alpe  Tyfendagh. 

Nostra  planta  duplo  major  iberica,  caule  in  medio  folio  in- 
structo  , foliolis  emarginatis.  Speciipina  circa  Nartsana  ïecta 
adhuc  majora  bipedalia  polyphylla,  neque  vero  specie  distincta. 

Trifolium  lappaceum.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1521. 

Circa  Kubam.  Junio. 

Planta  taurico  - caucasica  dilfert  a culta  in  liortis  calycinis 
dentibus  duplo  longioribus  minus  rigidis  , corollam  evidenter 
superantibus. 

Dorycnium  latifolium.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1539. 

In  lapidosis  provinciae  Schetteuris  inter  arbusta.  Julio. 

Caulis  herbaceus.  Dentes  calycini  duo  superiores  saepe  ova- 
ti  : leguminum  vero  forma  cylindrica  optimam  praebet  dia- 
gnosin.  Floret  plerumque  ante  D.  monspeliense. 

Trigonella  gladiata.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1542. 

In  Caucasi  oricntalis  collibus  ad  Mare  caspium  inter  rudera 
munimenti  Buinaki. 

Medicago  denticulata.  Sp.  pl.  ecl.  TVilld.  III.  p.  1414.  n.  26. 

In  apricis  circa  Derbentum.  Majo. 

Convenit  cum  planta  sub  hoc  nomine  in  liortis  culta  prae- 
ter  quod  aculei  leguminum  in  nostra  minus  divergant.  Le- 
gumina  matura  flava  valde  reticulata  anfractibus  duobus  aut 
tribus.  Foliola  obovata  л emarginata  cum  mucrone  , denticu- 
lata. Stipulae  in  spontanea  ciliato-dentatae  , in  culta  fere  pin- 
natifidae. 


(99) 

Tragopogon  orientalis.  Sp.  pl.  ed.  JVilld.  III.  p.  1493.  «.4? 
lu  collibus  Iberiae  australis  ad  rivum  Dsegam, 

Dubie  admodum  banc  speciem  propono.  Planta  enim  sub 
nomine  Tr.  orientalis  in  hortis  culta  qnae  cum  sibiricis  speci- 
minibus  bene  congruit , omnino  alia.  Nostra  vix  spithamaea 
angustifolia  , corollae  radii  subtus  fusco  striatae  antherae 
fuscae  ; ilia  vero  pedalis  et  ultra  , foliis  quam  in  reliquis 
speciebus  plerisque  latioribus  , radio  corollae  subtus  antheris- 
que  luteis.  His  ullimis  notis  convenit  cum  descriptione  Lin- 
naei  1.  c.  sed  synonymon  Tournefortii  expresse  requirit  folia 
angusta.  Hortum  upsaliensem  ad  ma  nus  non  habeo  ut  diju- 
dicare  queam. 

Scorzonera  lanata.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1574. 

Circa  Derbentum.  Junio. 

Sonchus  albanus. 

S.  pedunculis  squamatis  calycibusque  glabris  floribus  со- 
rymbosis  ÿ foliis  ovatis  subulato-dentatis,  superioribus  basi  cor- 
datis  subsagittatis  ^ infimis  lyratis. 

Ad  rivulos  Caucasi  orientalis  sub  alpe  Schabdagh.  Junio  % 
A S.  sibirico  qui  in  Sibiria  et  circa  Petropolin  nascitur 
( caucasicum  enim  et  tauricum  non  vidi  ) differt  floribus  du- 
plo  majoribus  , calycis  foliolis  obtusiusculis  viridibus  ( nec  su- 
bulatis  purpurascentibus  ) ? foliis  ovatis  crebre  denticnlatis 
( nec  lanceolatis  subintegerrimis  ).  Flores  pallide  coerulei. 

Prenanthes  tuberosa. 

Prenanthes  bispida.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1592. 

In  silvis  Iberiae  australis  versus  fontes  tluvii  Àkstafa.  Floret 
Àprili. 

i3  * 


( іоо  ) 

Radis,  tuberosa.  Nomen  erat  nmtandum  alla  enim  jam 
exstat  Pi\  lxispida  a nostra  diversissima. 

Leontodon  alpinus. 

L.  calyce  exteriore  erecto  : squamis  lanceoïatis  3 scapo  uni- 
floro  y foliis  lanceoïatis  obtusis  subdentatis  glabris. 

In  sumraa  alpe  Schahdagb.  Jnnio. 

Simillimus  L.  livido,  sed  distinctus  flore  majore,  calyce  ex« 
teriore  multo  angustiore  vix  marginale  j foliomm  dentibus 
raris  brevibus  ( nec  îongiusculis  ) extrorsum  liamatis.  Pappus 
in  semine  immaturo  brevissime  stipitatus» 

Leontodon  caucasicus. 

L.  calyce  exteriore  laxo  , squamis  ovatis  margmatis  , foliis 
uncinato-pinnatifidis  laciniis  retrorsum  subimbricatis. 

In  promontorio  Gaucasico  ad  fiuvium  Terek  superiorem 
circa  Tatartup.  Floret  primo  vere. 

Foliorum  forma  valde  variât  praecipue  quoad  magnitudinem 
laciniae  extimae,  semper  tamen  distinctus  a L.  Taraxaco  cui 
îaeiniae  patentes  distantes  et  calycis  foliola  exteriora  lanceolata. 
Hedypnois  rhagadioloides.  Sp.  pi.  ed.  JVilld.  III.  p.  1617 . n.  3. 

Circa  Derbentum.  Majo. 

Caulis  erectus  vel  salteni  adscendens.  Folia  basi  angustio- 
ra  cordata  amplexieaulia.  Pedunculi  sub  flore  valde  incras- 
sati. 

Hypochaeris  canescens. 

IL  foliis  sinuato-dentatis  glabris  , caule  ramoso  folioso  , 
pedunculis  subsquamosis  calycibusque  pubescenti-canis. 

In  ripa  flu  vii  Terek  sub  fortalitio  Yladicaucas.  Floret  Sep- 
tembri.  . 


(loi) 

Habitus  H.  radicatae  , sed  notis  indicatis  abunde  distincta. 
Flores  majores.  Pappus  candidus  nec  rufescens.  Folia  cau- 
lina  pauca  radicalibus  multo  minora.  Pudunculi  parum  squa- 
mosi. 

Serralula  depressa.  Mém.  de  la  Soc.  de  Gorenki  ( ined .)  cum  icône. 

S.  subacaulis  foliis  bipinnatifidis  canis  subtus  tomentosis  5 
calycibus  subglobosis  squamis  Iaxis  lanceolatis  obtusiusculis 
villosis. 

In  summis  montibus  Caucasi  orientalis  inter  fontes  torren- 
tium  Cbodial  et  Kussartschai.  Junio. 

Summa  aflmitas  cum  S.  humili  et  S.  molli  praesertiin 
cum  priore  a qua  tamen  differre  videtur  foliis  bipinnatifidis 
infra  tomento  vago  nec  niveo  tectis  , caule  vix  ullo  , pappo 
setoso  scabro  admodum  fragili  , receptaculi  paleis  subulatis 
simplicibus.  Flores  albi  vel  carnei,  S.  molli  (Gard,  molli  L.) 
majores  , antlieris  coeruleis. 

Serratula  elegans.  Mém.  de  la  Soc.  de  Gorenki  ( ined. ) cum  icône. 

S.  foliis  linearibus  margine  revolutis  imis  pinnatifidis  , cau- 
le basi  ramoso  ramis  simplicissimis  unifloris  calycis  squamis 
subspinosis  ^ extimis  mucrone  patulo. 

Occurrit  rarius  in  glareosis  Caucasi  orientalis  ubi  anmis 
Gogtscbaje  promontorio  medio  exit  , sub  pago  Dsbanacbulac. 
Junio. 

Habitus  quodamnmdo  S.  stoecbadifoliae.  Radix  multiceps 
bybernaculis  densissimo  tomento  tectis.  Flores  magnitudine 
S.  coronatae  rosei.  Calyx  pubescenti  » canus  squamis  intimis 


( IQ2) 

longe  acuminatis  purpureis.  Pappus  scaber  inaequalis  persi- 
stens. 

Carduus  cinereus.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1649. 

In  Caucaso  orientali  circa  Bajnaki.  Majo. 

Cnicus  strigosus.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1664. 

Ad.  fl.  Aragvi  in  vicinia  veteris  urbis  Suzchet  , nec  alibi 
mihi  obvia  facta. 

Setae  paginae  superioris  foliorum  rigidae  pungentes. 

Gnicus  lappaceus.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1665. 

In  Iberia  ad  Cyrum  inter  Soganlug  et  fluvium  Alget  occur- 
rit  varietas  floribus  nonnihil  majoribus  flavis.  Hujas  syno- 
nymon  est  Gardnus  Kosmelii  Adam  apud  Weber  et  Mohr  Ca- 
lai. 1.  p.  66.  7i.  35.  nec  Carduus  horridus.  ibid.  n.  36  qui 
ad  Cnicum  munitura.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1667  perti- 

net. 

Carthamus  oxyacantba.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1677. 

Ad  Cyrum  inferiorem  versus  ostia  Araxis  haud  infrequens. 

Canthamus  cynaroides.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1680. 

In  districtu  Kubensi  versus  Schirvanum  , nec  non  in  mon- 
tibus  supra  Gandsham. 

Artemisia  procera.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1688. 

Frequens  in  dumetis  provinciae  Schirvan  circa  ostia  rivi 
Gogtschai.  Julio. 

Artemisia  chamaemelifolia.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1698. 

lu  lapidosis  ad  fl,  Terek  inter  Casbek  et  Kobi. 


(ю5) 


Absintbium  pedunculare 

A.  caule  herbaceo  simplicissimo  , foliis  albosei'iceis  acutis 
inferioribus  palmato  multifidis  summis  simplicibus  ^ peduncu- 
ïis  axillaribus  unifions  nudis  folio  longioribus. 

In  saxis  Caucasi  orientalis  subalpini  versus  fontes  torren- 
tis  Gbodjal.  Junio. 

Ab  affinibus  distinctum  pedunculis  folio  interdum  quadruple 
longioribus.  Flores  mox  erecti  mox  nutantes  A.  alpino  ma- 
jores cui  caeterum  liabitu  similis.  Calyx  et  flosculi  villosi. 

Gonyza  squarrosa.  Mavscliall  taur.  cauc.  n.  1715. 

In  Caucaso  orientali  et  iberico  bine  inde. 

Nostrae  stirpi  flores  minores  quam  Germanicae  ^ calycesque 
pallidiores  ^ vix  tamen  diversa. 

Erigeron  caucasicum. 

E.  foliis  integerrimis  obtuse  mucronatis  radicalibus , caule 
paucifloro. 

In  alpe  Kaiscbaur  Septembri  defloratum  legi. 

Ab  omnibus  distinctum  foliis  caulinis  basi  latioribus  subam- 
plexicaulibus.  Tota  planta  hispida  pilis  albis  haud  glandulo- 
sis.  Flores  E.  acri  majores  ; corollulis  purpureis.  Calyx  valde 
birtus  apice  coloratus.  Semina  pallida  bispida  longitudine 
pappi  sordide  albi. 

Erigeron  acre.  Marscliall  taur.  cauc.  n.  1718. 

In  provincia  Scbirvan  et  in  Iberia  australî  occurrit  varietas 
caule  paniculato-corymboso  , foliis  pluribus  latioribus  , floribus 
duplo  lere  majoribus  9 forsan  specie  diversa. 


( io4) 


Aster  roseus. 

A.  suffruticosus  basi  ramosissimus  , foliis  linearibus  sessili- 
bus  integerrimis  impunctatis  glabriusculis  , pedunculis  termi- 
«alibus  unifloris  , calycibus  discum  aequantibus. 

In  saxis  circa  pagum  districtus  Kubensis  Sudur  alpi  Schab- 
dagh  subjectum.  Junio. 

Ab  europaeis  omnibus  distinctus  caule  basi  perennante.  Ra- 
mi  spithamaei  uniflori  ramulis  nonnullis  sterilibus.  Folia  ses- 
quunciam  longa  lineas  fere  duas  lata.  Flosculi  radii  amoene 
rosei  lineam  lati. 

Aster  alpinus.  Sp . pl.  ed  TVilld.  III.  p.  2018.  n.  15. 

In  alpibus  Caucasi  orientalis.  Junio. 

Duplo  fere  altior  planta  europaea  f caeterum  non  diversus. 

Aster  puîchellus.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1728. 

In  alpe  Schahdagh.  Junio. 

Aster  caucasicus.  Marschall  taur.  cauc.  n,  1729. 

In  alpe  Kaiscbaur.  Septembri. 

Cincraria  fulva. 

C.  ( floribus  flosculosis  ) foliis  dentatis:  radicalibus  spatlmla- 
tis  caulinis  oblongo-linearibns,  floribus  terminalibus  aggregatis. 

In  pascuis  alpinis  circa  Chinalug.  Junio.  ^ 

Simillima  C.  aurantiacae  babitu  , foliis  et  colore  florin» 
aurantio , sed  diversa  floribus  pluribus  breyius  pedunculatis  , 
radio  constanter  nullo. 

Inula  grandiflora.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1748. 

In  alpe  Kaiscbaur.  Septembri. 

Inula  glandulosa.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1749. 

In  Caucasi  orientalis  alpe  Scbahdah.  Junio. 


( юз) 

Anlhemis  Marschalliana.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1776. 

In  alpibus  Caucasi  orientalis  Sehahdagh  et  Tyfendagh  Junio. 

Centaurea  moschata.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1795. 

In  glariosis  ad  Cyrum  versus  pagum  Arescli  ditionis  Sche- 
kensis.  Augusto. 

Centaurea  alata.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1796. 

Copiosa  in  collibus  supra  novam  Schamachiam. 

Centaurea  ocbroleuca.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1801. 

In  alpe  Schahdagh.  Junio. 

Corolla  alba  sine  ulla  tinctura  flava  , quam  exsiccata  modo 
induit.  Variât  rarius  floribus  purpureis. 

Centaurea  cineraria.  Sp.  pl.  ed.  fVilld.  111.  p.  2294.  n.  41. 

In  collibus  ad  mare  Caspium  circa  Tarku  Majo  legi  non- 
dum  florentem. 

Exacte  convenit  cum  meo  specimime  sicco  C.  cinerariae  3 
ex  borto  upsaliensi,  cui  caulis  ex  omnibus  axillis  ramos  emit- 
tens  , folia  etiam  sumraa  pinnatifîda  , calyx  basi  foliosus  sub- 
rotundus  squamis  admodum  latis  ; sed  valde  diversa  a C 
cineraria  Marschall  taur.  cauc.  n.  1807.  Sub  bac  duae  la-, 
tent  species  ; una  e Caucaso  cisalpino  calycibus  ovatis  caule 
suberecto  ; pedunculo  elongato  ; altéra  ex  Tauria  calycibus 
hemisphaericis  , caule  decumbente  3 pendunculis  brevibus  , flo- 
ribus duplo  majoribus. 

Centaurea  dealbata.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1809. 

Varietates  ab  illustr.  Marschallio  1.  c.  indicatae  species 
sunt  forsan  distinctae.  Specimina  e monte  Besclitau  et  Cau- 
caso boreali  exacte  quadrant  cum  descriptions  Sp.  pl.  ed 

ІУ.  4 


( юб  ) 

JVilld.  р » 2295..  IIîs  caulis  adscendens  simplicissimus  , folia 
pinnatifida  laciniis  lanceolatis  acutis  întegerrirnis  vel  grosse 
dentatis.  Quae  in  Caucaso  orientait  circa  Sudiw  legi  , folia 
gérant  minora  bipinnatifida  laciniis  incisis  , flores  minores  , 
calyce  fusco  sphaeelato.  Ihericis  denique  ( quae  var.  a Mar - 
schall  1.  c.  ) caulis  erectus  ramosus  , folia  ut  in  praecedente ? 
calyx  vero  pallidior» 

Centaurea  ciclioracea.  Sp.  pi.  ed.  JVilld ..  III.  pi  23.  5.  n.  114. 

In  agris  quiescentibus  circa  pagum  districtus  Kubensis  sub- 
alpinum  Soygyb  frequens  ; etiam  in  alpibus  supra  Chinalug. 
Floret  Junio. 

Cum  diagnosi  specifica  1.  c.  bene  convenit  , sed  ulteriorem 
descriptionem  iconemque  ïillii  conferre  non  licuit.  Caulis 
vix  spitbamaeus  simplicissimus.  Folia  lanceolata  spinoso-ser- 
rata  valde  decurrentia  utrinque  glabra*.  palmaria,  sesquiunciam 
lata.  Flos  terminalis  purpureus  magnitudine  Cent,  benedi- 
ctae.  Calycis  foliola  lanceolata  , spina  terminal!  longa  setacea 
patente. 

Orchis  formosa.  Me  ni.  de  la  Soc.  de  Gorenki  ( ined.  ) cum  icône. 

O.  bulbis  tcsticulatis,  labello  amplo  trilobo:  lobis  laterali- 
bus  brevissimis  undulatis  } medio  elongato  lineare  apice  bifi- 
do  , periantbio  foliolis  conniventibus  : interioribus  erosis. 

In  silvis  Caucasi  orientalis  inter  Derbentum  et  Kubam  mi- 
nus frequens.  Junio. 

Planta  speciosa  bipedalis.  Racemus  dimidium  caulem  oc- 
cupât. Flores  sparsi  magni  purpurei  labello  demum  viridi.. 
Corolla  forma  ad  O.  bircinam  accedit.  Calcar  germine  paullo 
brevius. 


( io7  ) 


Orchis  militaris.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1839. 


In  Caucaso  orientait  demissiore  bine  inde. 


Labelli  forma  valde  inconstans  laciniae  intermediae  lobis 
mox  angustioribus  mox  latioribus , ita  ut  inter  O.  tephrosan- 
tbem  et  O.  fuscam  ambigat.  Braeteae  nunquanr  desunt  , sae“ 
pe  lineam  et  ultra  longae. 

Epipactis  microphylla.  Sp.  pl.  ed.  Willd.  Il Г/Г.  p.  84.  n.  3. 

Circa  Kubam.  Juuio. 

Foliorum  parvitate , bracteis  pro  longitudine  latioribus  s 
erectis  nec  patentibus  , ab  E.  latifoîia  diversa. 

Carex  curvula.  Sp.  pl.  ed.  Willd.  IV.  p . 218.  n.  23. 

In  alpe  Schahdagb.  Junio. 

Nostra  nonnibil  diversa  ab  Europaea  spica  lineari  nec  ova- 
ta.  Singula  spicula  composita  e Üosculo  baseos  foemineo  s 
tribusque  mascuiis. 

Carex  atrofusca. 

C.  spica  androgyna  terminal!  basi  mascula  foemineis  ter- 
nis ovatis  sessilibus  congestis  , stigmatibus  tribus  , fructibus 
subrotundis  compresso-triquetris  rostro  brevissime  bifido 
squamain  lanceolatam  acutiusculam  aequantibus. 

In  summa  alpe  Tyfendagh  inter  Ghinalug  et  Wandam.  Ju- 
nio. (d/.. 

Simillima  C,  nigrae  , sed  praeter  spicam  summam  androgy» 
nam  differt  ladhuc  squamis  acutioribus  , fructusque  forma. 
Culmus  vix  spithamaeus.  Proxima  videtur  esse  C.  parviflo- 
rae  Ilost. 


(ю8) 


Carex  caucasîca. 

C.  spica  androgyna  solitaria  terminali  basi  mascula  , femi- 
neis  quaternis  pedunculatis  infima  remota,  stigmatibus  tribus  , 
fructibus  ellip ticis  compressis  rostro  bifido  squamam  lanceo- 
latam  acuminatam  longitudine  aequantibus  , triplo  latioribus. 

In  alpe  Scbahdagh.  Specimen  in  Ossetia  iberica  circa  Tscha- 
la  al)  Gueldenstaedio  lectum  in  Herbario  illustriss.  Com.  Ra- 
zumovii  Gorenki  servatur.  Floret  Junio. 

C.  atratae  habitu  et  colore  similis  sed  multo  major.  Cap- 
sulae  adliuc  immaturae  virides  rostello  nigro  , squama  triplo 
latiores. 

Carex  ferruginea.  Sp . pl.  ed.  Willd.  IV.  p.  247.  n.  137. 

In  subalpinis  Caucasi  orientalis  circa  Buduch.  Junio. 

Spiculae  foemineae  in  nostra  lanceolata  breviores  ni  agis 
approximatae  , tamen  non  diversae.  Hujus  varietatem  in  alpe 
Scbahdagh  legi  culmo  brevi  spicula  mascula  fusca  nec  pallida* 
Carex  chlorostachys. 

C.  spica  mascula  solitaria  , foemineis  ternis  exserte  pedun- 
culatis , stigmatibus  tribus  , fructibus  lanceolato  triquetris 
apice  membranaceo  subbilobo  squama  ovata  obtusissima  mem- 
branaceo-marginata  longioribus. 

lu  subalpinis  ad  torrentem  Jucharibasch.  Junio.  ^ 

Pedunculis  tenuissimis  Iaxis  , spiculis  viridibus  , squama- 
rum  margine  lato  membranaceo  ab  omnibus  distincta.  A.  C. 
brachystachi  praeterea  differt  foliis  planis  ; a.  C.  Milchho- 
feri  fructibus  nec  ovatis  nec  inflatis.  Spicula  summa  foenii- 
nea  quandoque  approximata  sessilis.  Fructus  versus  apicem 
subserrulatus. 


Carex  panicea.  Marschaîl  taur.  cauc.  n.  1887. 

In  montosis  ad  torrentem  Chochal.  Junio. 

Carex  nitida.  Marschaîl  taur.  cauc.  n.  1889. 

Circa  Kuban  bine  inde. 

Carex  cespitosa.  Sp.  pl.  ed.  T'Villd.  IV.  p » 2 87.  n.  166. 

In  alpe  Tyfendagh. 

Carex  diluta.  Marschaîl.  taur.  cauc.  n.  1885. 

In  subalpinis  circa  Chinalug.  Junio. 

Simillima  C.  pallescente , sed  difîert  spiculis  longioribus 
remotioribus  , summa  bractea  basi  haud  corrugata  ( quod  sem- 
per  in  C.  pallescente  observavi  ) et  praecipue  capsula  trique- 
tra  multinervia  , rostello  nnquaquam  brevissimo.  Quandoque 
occurrit  spicis  brevioribus  , brevius  pedunculatis , ternis  ( nec 
quaternis  ) summa  subremota. 

Carex  Drymeja.  Marschaîl  taur.  cauc.  n . 1890. 

Frequens  in  silvis  dilionis  Kubensis. 

Carex  plumbea.  Sp.  pl.  ed.  JVilld.  IV.  p.  308  n.  n.  205. 

Ad  rivum  Bugam  inter  Tarkie  et  Derbentum.  Junio. 

Maxime  quidem  affinis  C.  ripariae  quacum  conjunxit  il- 
lustr.  Marschaîl.  Fl.  taur.  cauc.  n.  1893.  tamen  differre  vi- 
detur  spicis  foemineis  crassioribus  longius  pedunculatis  ^ cap- 
sulis  majoribus  rostello  vix  ullo.  A C.  vesicaria  abunde  di- 
stincta  , capsularum  forma. 

Myriophyllum  verticillatum.  Sp.  pl.  ed.  TVilld.  IV.  p.  407  n.  2. 
In  udis  circa  oppidum  Kislar , Majo. 


(ІЮ) 

Quercus  pyrenaica.  Sp.  pi.  ed.  Willd.  IV.  p.  451.  n.  67. 

In  silvis  Gaucasi  orlentalis  .transalpin!  versus  Cyrum„ 

Arbor  excelsa  foliorum  forma  maxime  varia  ns  , mox  enim 
profunde  pinnatifida  mox  tantum  sinuata.  Neque  peduncu- 
lorum  longitudo  vel  glandium  forma  constans.  Fructus  ta- 
men  sessiles  nunquam  vidi. 

Quercus  iberiea.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1913. 

In  silvis  montanis  supra  Gandsham. 

Juglans  pterocarpa*  Sp.  pl.  ed.  IVillà.  IV.  p.  455.  n.  2. 

Rlius  obscurum.  Marschcdl  taur.  cauc.  n.  606. 

In  Gaucasi  orientalis  démissions  sylvis  districtus  Schekensis 
minus  frequens.  Junio  fructibus  onustam  inveni. 

Arbor  mediocris  ; amenta  mascula  non  vidi  ; foeminea  spi- 
thamaea  penduîa,-,  fructibus  sessilibus  nuce  avellana  minoribus. 

Platanus  orientalis.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1922. 

Per  totum  fere  Gaucasum  orientalem  in  liortis  et  praecipue 
juxta  templa  oceurrit  3 vix  tamen  liarum  regionum  vere  in- 
digena.  Omnium  quas  unquam  vidi  arborum  speciosissimae  , 
templum  cingunt  antiquum  pagi  Lesgici  Ilasra  ad  fluvium 
Samur  amoenissime  siti. 

Cucumis  Melo.  Sp.  pl.  ed.  Willd.  IV.  p.  613.  n.  8. 

In  campo  steiilissimo  ad  Cyrum  inferiorem  in  ditione  Scliir- 
vensi  procul  ab  omni  babitatione  bine  inde  nascentem  vidi  , 
sed  quod  maxime  doleo  specimina  inter  chartas  siccare  ne- 
glexi,  unde  nunc  dubiae  banc  patriae  plantam  Caucasi  indige- 
nam  esse  , pro  certa  asserere  nequeo.  Saltem  in  Rossia  ine- 
ridionali  ubi  copiosissime  colitur  , nunquam  extra  agros  oc- 
currit. 


(ш) 

Viscum  Oxycedri.  Marschall  Taur.  cauc.  n.  1942. 

Razumovia.  Hoffmann  Index  Horti  Mosquensis.  1810.  cum 
icône. 

Circa  Tiflin  et  in  montosis  supra  Gandsham  admodum  fre- 
quens. 

Non  sine  jure  Clar.  Hoffmam  novum  ex  bac  specie  con* 
stituit  gênas  , sed  partes  fructificationis  praesertim  foemineae 
aliter  se  habent  ac  ille  descripsit.  Flores  mas  cul  i circa  arti- 
culos  subsessiles  sobtarii  bini  vel  terni.  Calyx  monophyllus- 
urceolatus  ultra  medium  bifidns  laciniis  carinatis  obtusiuscu- 
lis.  Corolla  patens  tribus  scaphoideis  supra  concavis  subtus 
convexis  apice  inflexo.  Anthera  in  medio  petalo  sessilis , ro- 
tunda  depressa,  impubera  membrana  tecta,  effoeta  vacua  cum 
receptaculo  medio  pollinis.  Foeminei  flores  in  apice  ramulo- 
rum  subterni  pedicellati  , lateralibus  duobus  aut  sterilibus 
aut  serins  florentibus.  Pedicellus  brevissimus  ex  articulo 
baud  prominens  , apice  dilatatus.  Calyx  ovatus  monophyllus 
inferne  tenuissimus  germinî  adnatus  3 supra  medium  carnosus  , 
( quod  Cel.  Hoffmam  pro  stylo  sumpsit  ) îta  ut  semisuperus 
dici  queat  : clausus,  apice  rima  transversa  pro  emissione  slig- 
matis.  Corolla  nulla.  Germen  ultra  medium  cum  calyce 
connatum.  Stylus  brevissimus , terminatus  stigmate  subcapi- 
tato  in  rima  calycis  , nec  extra  illam  prominente.  Semen  uni- 
cum  ovatum  tunica  propria  inclusum  viride  , apice  obtusius  , 
basi  biîo  (?)  prominulo. 

Populus  hybrida.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1951. 

In  nemoribus  ad  fluvium  Kojsu. 

Flores  observare  non  licuit , sed  folia  maxime  variant  , 
ita  ut  vix  propriam  constituere  queat  speciem.  Sed  popu- 


( 1Ï2) 

lus  alba  Smith  ( P.  nivea  Willd.  ) amentis  ovatis  ( nec  cylin- 
draceis  ) distincta,  in  nostris  regionibus  mihi  non  obvia  facta. 
Andropogon  Gryllus.  Sp.  pl.  ed . Willd  IV.  p.  913. 

In  ditione  Schekensi  Caucasi  orientalis  transalpini  inter  ar- 
busta  rarius  occurrit.  Julio. 

Acacia  Stephaniana.  Marschall  taur.  cauc.  n.  1997. 

Tofschandrnacj  (unguis  leporis).  Corn . le  Brujrn  voyage  T.  /. 
icon. 

A mari  Gaspio  usque  ad  rivum  Gogtschai  plus  minus  fre- 
quens  j nec  ultra  in  occidentem  procedit. 


Observationes  in  Saxifragas  Taurico  * Caucasicas 
Лис  love  G.  Steven. 

Inter  plura  plantarum  généra  quorum  numerosas  fovent  spe« 
des  imperii  Piossici  vastissitni  fines  , nullum  fortasse  Saxifragis 
minus  ést  notum  atque  extricatum.  Latent  in  herbariis  bota- 
nicorum  Rossicorum  haud  paucae  adhuc  species  nondum  descri- 
ptae  , praesertim  in  ditissimo  musaeo  II.  Com.  Rasumovii  3 ubi 
non  modo  bene  multae  nuper  ex  Sibiria  missae  s sed  et  omnes 
fere  olitn  a Stellero  , Gmelino  et  Merkio  (in  intinere  Billingsii) 
lectae  servantur,  quas  ut  publici  juris  faciat,  Glariss.  F.  Fischer* 
Horli  gorinkensis  praefectus  dignissimus  , vehementer  desidera- 
mus.  Rossiae  meridionalis  indigenas  quotquot  liuc  usque  in- 
notuere,  ill.  L.  B.  Marschall  a Bieberstein  Flora  taurico  -cauca- 
sica  enumerat  * nec  postremuni  meum  iter  Caucasicum  A.  1810 
quamvis  ter  variis  locis  summas  alpes  adivi  , unicam  mihi  no- 
vam  praebuit  speciem  ubi  plurimas  expectassem.  Nullum  tamen 
interest  dubium  Caucasum  multas  adhuc  alere  Saxifragas  , cum 
altiora  ejus  cacumina  vel  easdem  omnino  cum  alpibus  Europaeis  3 
теі  saltem  simillimas  atque  affines  proférât  plantas.  Prius  vero 
observatas  denuo  in  illo  itinere  accuratius  examinare  licuit  * et 
inprimis  agnovi  quam  pro  loco  natali  variam  induant  faciem. 
Раиса  tamen  super  his  monenda  haberem  , nisi  exspectata  diu  , 
quam  nuperrime  tantum  yisere  licuit  , splendida  Monographia 

IV  15 


(»4) 

Saxifragarum  rllustr.  Comitis  а Sternberg  mibi  ansam  praebuîsset 
gênas  hoc  detmo  perlustrandi.  Multae  enirn  Caucasi  Tauriae- 
que  Saxifragae  ibi  pro  novis  speciebus  ventilantur  , quae  cum 
gravissima  Willdenovii  auctoritate  nitanlur,  non  abs  re  fore  duxî 
observationes  et  raeas  qualescunque  in  lias  spccies  botanophilis 
proponere.  In  récentes  ut  plu  ri  muni  sunt  inslîtutae  plantas  , 
et  dein  cum  Europaeis  , quotqnot  continet  herbariolum  meum  , 
speciminibus  sedulo  comparalae.  Igitur  ex  Sternbergianis  Saxif* 
ragam  cartilaginecim  cum  S.  Aizoo  conjunxi  ; S.  répandant  cum 
S.  rotundifolia  ; S.  grand  ijloram  et  S.  cymbalariam  cum  S» 

granulata  ; S.  reiiculatam  et  S.  hederaceam  cum  S.  orientali  ; 
S.  controversam  cum  S*  tridactylite.  Ex  Marcliallianis  vero 
S.  hederaceam  ad  S.  orientalem  , S.  asperani  ad  S.  flagellarem  3 

S.  muscoidem  ad  S.  pubescentem  (quae  S.  mixta  Fl.  taur.  cauc.), 

S.  cespilosam  ad  S.  muscoidem  retuli.  De  quibus  fusius  sequen- 
tes  pagellae. 

I.  Saxifraga  Âizoon.  Sternberg  Mon.  Sax.  n.  III.  Mar » 
schall  taur.  cauc.  n.  775.  f S.  Cotylédon). 

Plures  hujus  speciei  varietates  in  Caucaso  observavi  quarum 
nulla  exacte  cum  iis  ab  ill.  Sternbergîo  indicatis  convenit. 

гг)  Major  , racemo  composite  3 foliis  acutiusculis  patentl- 

bus  , floribus  albis  mox  punctatis  mox  inmiaculatis. 
Occurrit  in  montosis  Imeretiae  et  Caucasi  medii. 

DifFert  a varietate  a Sternberg  1.  c.  foliis  lanccolatis  aculî- 
usculis  , radicalibus  in ti mis  tantum  erectis  , caule  minor  vcl 
cîiphyllo  , panicuïae  ramis  inferioribus  elongatis  apice  bi-triflori’s. 
Pbstrema  bac  nota  quamvîs  a vulgari  S.  Aizoidi  recedat  , lamen 
S.  longifoliae  adnumcrari  nequit  ob  folîorum  formam  margL 


( 1 1 5 } 

nemque  evidenter  crenatum  ; nec  S.  pyramiclcili  ob  folia  acu- 
tiuscula  , caulem  subnudum  , panicuhe  ramos  apice  tantum  flo- 
rifères , unde  habitus  omnino  di versus  , antheras  flavas  etc  , nec 
denique  S.  intaclae  W.  ( cui  folia  etiam  lanceolato-obovata  ) ob 
eaulem  inferne  glabrum  foliaque  laliora.  Neque  vero  propriam 
constituit  speciem  , folia  enim  in  specimiuibus  helveticis  quas 
coram  liabeo  , pas  sim  acutiuscula  • racemus  etiam  in  ipsa  icône 
ilî.  Sternbergii  ( t.  III  ) compositus. 

b ) Major  , racemo  subsimplici  э foliis  lanceolatis  acutis'  s tri» 
ctis  , floribus  rubellis. 

S.  cartilaginea.  W illdenow  in  Sternb . Mon.  Sax.  p.  5. 

72.  IV.  T.  ///.  C. 

Habitat  in  alpe  Casbek. 

Simillima  varietati  a ) praeter  folia  quae  erecta  acutîora  , at» 
que  paniculae  ramos  inferiores  minus  elongatos.  Speciminibus 
intermediis  jungitur  eum  praecedenle  et  gemma  S.  Aizoo,  Caîyx 
nequaquam  glaber  sed  glanduloso  pilosus  , neque  folia  obtusic- 
ra  quam  in  reliquis. 

c ) Minor  , foliis  ligulatîs  acutiusculis  erectis  floribus  roseis  5 
racemo  subsimplici. 

Frequens  in  alpibus  circa  fontes  Arngwi. 

Exacte  convenit  cum  speciminibus  austriacis  exceptis  foliis 
aculioribus  florumque  colore.  Pedunculi  calycesque  plus  mi- 
nus glanduloso-pilosi. 

d ) Minor  , foliis  ligulatis  obtusis  palulis  , floribus  aîbis 
pedunculis  calycibusque  rnox  glabris  mox  glanduloso  - pi- 
losis  , racemo  subsimplici. 

Rarior  in  aîpe  Caivcasi  orientaîis  Scbahdagh. 

i5  * 


e)  Mi  nor  , foliis  spathulatis  obtusis  , racenio  paucifloro , pe- 
duncalis  calycibusque  glanduloso-pilosis  , floribus  albis. 

Differt  a var  /3.  Sternberg.  I.  c.  calycibus  haud  glabris.  Icon 
vero  Florae  lapponicae  t.  2.  f.  2.  optiine  convenit,  nec  Linnaeus 
aliquid  de  glabritie  calycis  habet. 

f)  Minima  , vix  digitalis  , foliis  obovatis  subpatentibus  9 ra- 
ccmo  paucifloro  simplici  , floribus  inox  albis  mox  roseis. 

In  alpe  Casbek. 

Omnes  liae  varielates  individuis  intermediis  inter  se  et  cum 
S.  Aizoo  Europaea  junguntur,  nec  ulla  specie  separari  potest  li- 
cet  extreraae  maxime  différant  habita.  Nunquam  tamen  vidi 
calycem  glabrum  sicut  in  planta  belvetica  et  austriaca  saepius 
occurrit  , nec  omnia  folia  erecta  nisi  in  varietate  b ) ( S.  carti- 
laginea  Willd.  ) quae  liac  ipsa  nota  minus  reliquis  a genuina  S. 
Aizoo  differt.  Sed  et  Europaeam  stirpem  quam  maxime  variare 
notissimum  est  ; iramo  S.  pyramidalis  vix  specie  , est  distincta. 
Clar.  enim  Lapeyrouse  icône  Fl.  Lapp.  t.  2.  f.  2.  quae  S.  Ai- 
zoon  Caucasicam  et  Europaeam  quam  optime  exhibet , ad  suam 
S.  pyramidalein  trahit. 

2.  Saxifraga  rotundifolia.  Sternberg  Mon.  Sax . p.  17.  n. 
XXV.  Marschall.  Fl.  taur.  cauc.  n.  779. 

S.  repanda.  Sternberg  l.  c.  n.XXlV . t.  V. 

Pulchram  hanc  stirpem  in  montibus  Imeretiae  saepius  inve- 
ш j specmima  ex  alpibus  G mcasi  medii  communicavit  Clar. 
Adams  ; sed  nullam  plane  dilferentiam  inter  haec  et  Europaea 
video.  Folia  , ut  optime  observavit  illustr.  Corn.  Sternberg  , 
variant  , vel  potius  dentes  nonnisi  in  foliis  radicalibus  , obtusi 
caulinorum  semper  acuti  ,,  imo  saepe  acutiores  quam  in  specimi- 
lûbus  Europaeis  quae  possideo.  Gaulis  nequaquam  vitiosior  . 


versus  basin  interdum  magis  solito  villostis  , sed  neque  constan- 
ter  neque  sola  baec  nota  ad  distinguendam  speciem  sufficit. 
Icon  denique  1.  c.  eadem  esse  demonstrat. 

3.  Saxifraga  granulata.  Sternberg  Mon . Sax . p.  16. 
n.  XXIII.  Marschall  taur.  cauc.  n.  780. 

Diu  baesitavi  specimina  Caucasica  ad  banc  speciem  referre 
quae  in  Svecia  et  Germania  faciem  omnino  gerit  diversam  , sed 
frustra  caractères  quaesitus  constantes  quibus  distingui  valeant  t 
ncqueo  non  pro  varietatibus  liabere.  Fortasse  lamen  ileratae 
in  planta  viva  observationes  atque  cultura  suae  speciei  esse  pro- 
babunt.  Duplici  in  Caucaso  provenit  forma  : 

a ) caule  elongato  laxo  subunilloro  , foliis  remotis  teneris 
laete  viridibus. 

In  cryplis  et  sub  saxorum  umbra  in  Gaucasi  orientalis 
alpibus  Scbabdagb  et  Tyfendagb. 

Primo  intuitu  videtur  potius  esse  varietas  S.  cernuae  quam 
S.  granulatae  a qua  habitus  prorsus  alienus  ? praesertium  cuni 
flos  interdum  sit  nutans  ; sed  nec  axilli  bulbos  gérant  , neque 
summa  folia  linearia.  Radix  vero  granulata  5 forma  foliorum  et 
structura  corollae  eadem  ac  in  sequente  , spreto  habita  hue  re- 
ferre  jubent. 

h ) Caille  digitali  vel  palniari  firmo  bi-trifloro  , polypbyllo. 

S.  cymbalaiia  Linn.  Sp.  pl.  579  Tourn.  Cor.  et  itin. 
cuni  icône. 

Haud  infrequens  in  saxis  aîpium  Caucasicarum  circa 
Kobi  et  Kaischaur  juxta  viam  ibericam. 

Variai  foliorum  dentibus  lanceolatis  acutis  , et  rotundatis  ob- 
tusis.  Folia  in  caule  quinque  vel  sex , inferiora  petiolata  loba* 


ta  , dein  integra  sabrotunda  vel  ovata  , sumina  sessiîia  obîon- 
ga.  Si  dislinctam  constituit  speciem  ex  foliorum  forma  sunt 
petendi  caractères  scilicet  in  S.  granulata  Europaea  folia  cauli- 
na  pauca  , superiora  sessiîia  basi  cuneata  (neque  vero  petiolata) 
profimdius  lobata  , lobis  lanceolatis  vel  linearibns  ( nec  ovatis  ) 
summa  longiora  linearia  ( nec  oblonga  ).  Sed  fateor  taies  notas 
шіііі  hand  sufficere  , praesertim  cnm  speeimina  possideam  Sve- 
cica  slatura  immili  foliisque  caulinis  pluribus  plantae  Caucasi- 
cae  perquam  similia , exacte  qualis  prostat  depicta  S.  grandi- 
flora  Mon . Sax.  t.  XII.  f.  4.  Neque  plantam  sibiricam  sub 
hoc  nomine  1.  c.  descriptam  a vulgari  S.  granulata  diversam  es- 
credo,  folia  enim  caulina,  in  icône  citata,  sunt  cuneata.  Hue 
etiam  refero  S.  sibiricam  Sternberg  I.  c.  57.  t.  XXV.  f.  2. 
duam  es  dono  ipsius  Clar  Slepliani  possideo  ; plantam  Bergii 
ibidem  l.  XXV.  f.  1,  delineatam  quam  ex  itinere  sibirico  at- 
tulit  mihique  communicavit  amie.  Adams,  pro  ver  a S.  sibirica 
Einnaei  babens. 

4.  Saxifraga  orientalis.  Sternberg.  Mon.  Sax.  p.  2 t. 
и.  XXXI. 

S.  relicula.  Ibid.  p.  21.  ii.  XXXII.  t.  XIII. 

S.  hederacea.  Ibid.  p.  22.  n.  XXXIV.  Marschall 
taui'o  cauc.  n.  735. 

Omnia  baec  nomina  unam  eandemque  plantam  designare  , 
descriptiones  et  icônes  auctorum , atque  synonyma  veterum  al- 
îeaata  , clare  demonstrant.  S.  reticulata  Willd.  minime  differt 
a S.  orientali  Jacq.  caulis  enim  nequaquam  erectus  ut  clarissi- 
mus  vir  specimine  sicco  seductus  perhibet  ; folia  superiora  evi- 
denter  cuneata  et  lobata  ( nec  repando-dentata  ) in  ipsa  icône  1. 
e.  t.  X11L  — - S.  hederacea  Florae  taurico  - caucasicae  nullo 


( H9) 

modo  discrepat  ab  icône  S.  orientais  in  Jacq.  observ.  2.  t.  34. 
Sed  fortassis  S.  liederacea  Linn . sp.  pl.  579  species  est  pecuîia- 
ris  : citât  enim  Saxifragam  creticam  aanuam  minimam  hedera* 
ceo  folio  Tourn.  Cor.  18.  Nostra  vero  nequit  esse  Saxifraga  Tour* 
neforlii  ( cui  calyx  superus  ) ; nec  minirna  praedicari  9 quippe 
quae  saepe  pedem  longa.  Synonymon  Buxbaumii  : S.  exigus 
foliis  Cymbalüriae  Cent.  2.  p.  43.  t.  45.  f.  1.  ob  flores  luteos 
nostrae  videtur  esse  quamvis  icon  pcssima  nullam  babeat  sitni- 
litudinem.  Saltem  non  pertinet  ad  S.  cymbalariam  ad  quam 
trahunt  Willdenovius  et  Sternbergius.  — Nostrae  valde  similem 
ex  Sibiria  possideo  indescriptam  speciem  floribus  duplo  minori- 
bus  foliisque  ciliatis  distinctam. 

5.  Saxifrage  flagellaris.  Sternberg.  Mon.  Sax.  p * 25. 
n.  39.  t.  VI. 

S.  aspera  Marschail  taur.  cauc.  n.  776.  ( exclusis  sy- 
nonymis  ). 

Specimîna  Caucasica  in  montis  Gasbek  regione  nivali  lecta  , 
non  differuut  a planta  Sibirica  c jugo  Altajcnsb  Sayanskoy  Chre- 
bet  dicto  , quae  in  opéré  111.  Com.  Sternberg.  1.  c.  nitide  depicta. 

6.  Saxifraga  laevis.  Marschail  taur.  cauc.  n.  777. 

Num  haec  species  révéra  diversa  sit  a S.  antumnali , de  quo 
dubitat  111.  C.  Sternberg  dijudic-are  nequeo  cimi  specimina  sicca 
quae  possidebam  deperdita  sinl  , nec  vivarn  observare  îicuit. 
Memini  tantum  habitu  simillimam  esse. 

7.  Saxifraga  juniperina  Sternberg.  Mon.  Sax.  p.  31.  n, 
XL VIII.  t.  X.  f.  med.  Marschail  taur.  cauc.  n.  7 78. 

Praeter  loca  in  Fl.  taur.  cauc.  indicata  occurrit  adhuc 
in  Caucasi  orientalis  alpe  Schahdagh. 


( 120  ) 

Caracter  spécifions  in  Mon.  Sax.  datus  cum  planta  non  cou- 
svuit.  Folia  non  sunt  verticillata  sed  alterna  et  in  inferiore 
câulis  parte  densissime  imbricata , ut  in  plerisque  aliis  hujus 
generis  speciebus.  Margo  foliorum  nequit  serratus  dici  } sunt 
enim  ciliae  bene  conspicuae  in  margine  foliorum  superiorum  , 
sed  quae  in  inferioribus  multo  breviores  et  rariores  , et  dé- 
muni vix  ad  ipsam  foliorum  basin  apparent.  Flores  haud  ses- 
siles  sed  brevitcr  pedicellati  , ita  ut  inflorescentia  potius  race- 
mus  spicatus  q-uam  spica  capitata  appellari  debeat  , praesertim 
cum  saepe  ttncia  sit  longior.  Sub  quovis  flore  praeter  foliolum 
adbuc  duae  bracteae  minimae  subulatae.  Styli  admodum  longi  л 
nempe  petalis  longiores  , stamina  aequantes.  Galyx  inferus. 

8.  Suxifraga  niuscoides.  Sternberg  Mon.  Sax.  p.  39. 
n.  LF III.  t.  XI.  f 2. 

S.  cespilosa  Marschall  taur.  cauc.  IL  p . 460.  n.  2006. 
( exclusis  synonymis  ). 

Copiosa  in  alpibus  Gaucasici  orientalis  Schahdagh  et 
Xyfendagh. 

A.  S.  cespitosa  Linnaei  satis  distincta  petalis  brevioribus  et 
augustioribus  sordide  albis.  Sed  optime  convenit  cum  icône  S. 
cespitosae  in  splendidissimo  opéré  Lapeyrousii  t.  34 , quae  ea- 
dcm  est  cum  S.  muscoide  Wulff.  Calices  saepe  purpurei  л pe- 
tala  plerumque  breviora  rarius  tantillum  longiora  3 neque  vero 
duplo  ut  in  S.  cespitosa  L.  Hanc  Gl.  L^peyrouse  perperam  cum 
S.  muscoide  coujungit  , quae  inlra  Sveciae  fines  haud  occurrit  ; 
specimina  vero  lapponica  S.  cespitosae  exacte  conveniunt  cum 
icône  S.  groenlandicae  liujus  auctoris  , ita  ut  non  sine  jure 
Guunerus  atque  Pietzius  utramque  junxerint.  Clar.  Willdeno- 
viux  iu  Sp.  pl.  II.  p.  656.  n.  43.  recte  enu.merat  hanc  stirpem 


( I2l) 

sub  antiquo  nomine  trivial!  Linnaei , mutata  tantum  définitions 
specifica  Florae  Svecicae;  Persoon  Lepeyrousium  secutus  cum  S. 
muscoide  confundit  ; il  1.  Com.  Sternberg  vero  plantam  Florae 
Svecicae  inde  a Linnaeo  notissimam  5 de  qua  nullum  esse  po- 
test  dubium  , plane  omisit. 

9.  Saxifraga  pubescens.  Sternberg  Mon.  Sax.  53.  n. 
LXXVIII. 

S.  mixta  Marschall  taur.  cctuc.  Il  p.  460.  n.  2005. 

S.  muscoides.  Marschall  taur.  cauc.  I.  p.  316.  n. 
783. 


Speciminibus  siccis  in  ipso  herbario  illustr.  Marschallii  com- 
paratis  , perspectum  habeo  utramque  in  Flora  taurico  - cauca- 
sica  memoratani  speciem  unam  eandemque  esse.  S.  muscoi- 
des l.  с.  1.  n.  783.  descripta  ad  speeimina  juniora  male  sic» 
cata  in  quibus  petala  nondum  erant  evoîuta.  Adulta  vero 
exacte  convenit  cum  icône  S.  mixtae  in  opéré  Lapeyrousii. 

10.  Saxifraga  nervosa.  Sternberg  Mon.  Sax.  p.  52.  n. 

LXXVII.  Marschall  taur.  cauc.  I.  p.  316.  h.  /82. 

Nostra  planta  pertinet  ad  varietatem  0 Sternberg  l.  c.  se» 
cundum  synonymon  citatum  S.  intricatae  Lam.  et  Dec  and.  jl 
franc,  cui  petala  ovata  ( nec  oblonga  ) atque  pedunculi  diva- 
vicati.  Habitu  admodum  similis  S.  hypnoidi  5 sed  diversa  de* 
fectu  gemmarum  et  calycis  laciniis  obtusioribus.  Pedunculi 
înferiores  elongati  saepius  biflori. 

11.  Saxifraga  tridactylites.  Marschall  taur.  cauc.  n. 
781. 


a)  S.  tridactylites  Sternberg  Mon.  Sax.  p.  44.  n.  LXIV . 
t.  XFII.  fi  g.  media. 


IV. 


b 


16 


( 122) 

/?)  S.  controversa.  Sternberg  Mon . Sax.  p.  43.  n.  LX11I 
t.  XF L et  XV1L  Jîg.  latérales. 

Maxime  solet  variare  haec  species  , et  frustra  quaesieris 
caractères  pro  distinguenda  S.  petraea  auctoruin.  Utramque 
junxit  summus  Linnaeus  : illustr.  Sternberg  S.  tridactjlitem 
petalis  integris  calyce  paullo  majoribus  definire  conatur.  Sed  in 
ipsa  icône  1.  c.  petala  non  secus  ac  in  S.  petraea  calyce  duplo  Ion- 
giora  t atque  emarginata  quamvis  levius.  Quae  in  rupibus 
irriguis  et  umbrosis  circa  Tiflin  et  in  Tauria  nascuntur  in- 
dividua , majora  sunt  et  magis  ramosa  , atque  referunt  S, 
tridactylitem  Sveciae  et  Germaniae , petalis  etiam  calyce  mi- 
noribus  j in  arenosis  vero  ad  Ü.  Terek  occurrit  minuta  vix 
ramosa , petalis  tamen  calyce  duplo  longioribus. 

12.  Saxifraga  irrigua.  Sternberg  Mon.  Sax.  p.  (30. 

Marschall  taur.  cane . 11.  p.  460.  n.  784. 

S.  aquatica  Marschall  taur.  cauc.  I.  p.  317.  n.  784. 

Ab  affinibus  S.  Ponae  et  S.  aquatica  difïert  primo  intuitu 
petalis  oblongis  ( nec  subrotundo  ovatis  ) ; a S.  decipiente  ca- 
îycis  laciniis  longis  linearibus  , foliis  magis  dissectis. 


Y. 


Classification  des  substances  végétales  et  animales  * selon 
leurs  propriétés  chimiques  par  le  Professeur  G1ESE. 

Parmi  les  objets  qui  peuvent  intéresser  particulièrement  le 
Chimiste , nous  devons  compter  sans  doute  les  différentes 

substances  qui  sont  produites  dans  les  végétaux  et  les  animaux. 
Ces  substances  ont  été  examinées  par  plusieurs  Chimistes* 
sans  qu’aucun  ait  pensé  à les  mettre  dans  un  ordre  qui  s’ac- 
corde avec  les  principes  chimiques  adoptés.  On  les  a plutôt 
totalement  dispersées  et  traitées  d'une  manière  qui  indiqueroit 
qu’il  n’existe  entre  eux  aucune  affinité.  Cela  m’a  engagé  à 

entreprendre  un  travail  pour  mettre  les  différentes  substan- 
ces végétales  et  animales  dans  un  ordre  systématique  * c'est 
à-dire  fondé  sur  la  réaction  chimique  ou  sur  le  principe  de  la 
science  même.  J'espère  que  ce  travail  répandra  quelques  lumiè- 
res sur  la  relation  chimique  , qui  a lieu  entre  les  differentes 
substances  organiques  ; et  je  ferai  voir  , que  celles  qui  font 
la  partie  constituante  des  végétaux  et  celles  qui  sont  reconnues 
comme  telles  dans  les  animaux  , forment  une  chaîne  bien  liée. 
J’indiquerai  en  même  teins  quelques  matières  qui  n’ont  pas 
été  découvertes. 

La  première  classification  d'un  grand  nombre  de  corps  , dont 
même  les  caractères  chimiques  les  plus  tranchants  sont  peu 
examinés  , ne  peut  pas  être  regardée  comme  parfaite , mais  il 

i G* 


( *4  ) 

est  facile  , f ouvrage  une  fois  fondé  , de  le  perfectionner  , et 
voilà  mon  seul  désir,  j’espère  qu’on  reconnaîtra  dans  la  réac- 
tion y que  j’ai  indiquée  , de  differentes  substances  organiques  , 
le  principe  particulier,  qui  les  anime  et  de  qui  dépendent  leurs 
effets  distinctifs  en  contact  avec  d’autres.  C’est  par  cela  qu’on 
peut  préparer  un  second  travail  qui  met  non  seulement  les 
corps  organiques  dans  un  meilleur  ordre  , mais  qui  montre 
aussi  avec  clarté  et  exactitude  la  liaison  intime  de  touts  les 
objets  , que  traite  la  chimie. 

PREMIÈRE  CLASSE. 

Commi  - oxygéné. 

С a r a c t ères. 

1 ) dissout  dans  l’eau  , soit  seul  , soit  combiné  avec  des  corps 
fermentescibles  , n’éprouve  point  de  décomposition  ; 2 ) insolu- 
ble dans  l’alcohol  pur;  3)  formant  en  partie  de  l’acide  muqueux 
par  l’action  de  l’acide  nitrique.  Remarque  1. 

G e n r e s. 

I.  Le  mucilage.  1 ) se  gonfle  dans  l’eau  en  formant  une  bouil- 
lie épaisse  visqueuse  et  prenant  la  consistance  de  syrop , 

quand  elle  s'y  trouve  dissoute  dans  une  quantité  égale  à 64 
fois  son  poids  ; 2 ) les  acides  concentrés  , sulfurique  et  phos- 
phorique , se  précipitent  de  la  dissolution  aqueuse  sous  la 
forme  d’une  masse  gélatineuse  ; 3 ) le.  même  phénomène  a 

lieu  avec  les  nitrates  d’argent  et  de  mercure  , avec  le  rnu- 
riate  de  fer  sublimé,  avec  l’acétate  de  plomb  neutralisé  et  avec 
excès  de  base  ( sucre  de  saturne  et  extrait  de  saturne  ) ; 4 ) 

prenant  la  consistance  de  gomme  , lorsqu'on  ajoute  de  l'acide 

muriatique  oxygéné. 


( 125  ) 

II.  La  gomme.  1.  ) fournit  avec  un  peu  d’eau  une  masse  très 
gluante  et  filante  et  prend  une  consistance  de  syrop  quand 
elle  est  dissoute  dans  8 fois  son  poids  d’eau.  2 ) Les  acides 
et  sels  employés  pour  le  mucilage  ne  le  précipitent  point 
de  sa  dissolution  aqueuse,  à l’exception  de  l’acétile  de  plomb 
avec  excès  de  base  et  du  muriate  de  fer  sublimé  ( par  ce 
dernier  en  peu  de  temps  ).  3 ).  La  dissolution  étant  combi- 
née avec  l’acide  muriatique  oxygéné  et  ensuite  évaporée  ^ 
fournit  une  substance  élastique  , qui  n’a  plus  la  propriété  de 
se  durcir  complètement.  Remarque.  2. 

III.  Le  sucre  de  lait  1 ) sa  dissolution  aqueuse  n’est  ni  trou- 
blée, ni  précipitéee  par  les  acides,  les  alcalis,,  les  corps  alcalins 
et  les  sels  métalliques.  2 ) il  cristallise  en  feuillets  durs  , 
recouverts  de  cristaux  plus  ou  moins  irréguliers. 

IV.  La  substance  de  la  manne.  1 ) quoique  plus  soluble  dans 

l’eau  3 elle  se  comporte  de  la  même  manière  que  le  sucre 

de  lait  ( sur  la  langue  elle  devient  liquide  et  lui  imprime 
une  saveur  douce  et  agréable  , tandis  qu  e celle  du  sucre  de 
laitj  est  terreuse  et  à peine  douce).  2)  Elle  cristallise  en  feuil- 
lets longs  et  brillants  , très  déliés  , et  en  grouppes  formées 
d’aiguilles  s’arrangeant  autour  d’un  point  central.  2 ) Elle  est 
soluble  à chaud  dans  de  l’esprit  de  vin  dès  qu’il  contient 
une  petite  quantité  d’eau  ; en  général  sa  solubilité  dans  l’es- 
prit de  vin  est  en  raison  de  la  quantité  d’eau.  Remarque  3. 

1.  Remarque.  Le  nom  de  cette  classe  (comme  on  le  verra  facile- 
ment est  fondé  sur  la  propriété  , qu’ont  les  corps  qui  la 
composent , de  se  changer  en  acide  muqueux.  Il  dérive  des 
mots  grecs  xojujue  ( gomme  au  lieu  de  mucilage  pour  lequel 
il  n’y  a point  de  mot  correspondant  dans  la  langue  grècqu®  3 


( I2(>) 


c.  à.  d.  pour  celle  espèce  de  mucilage.  Pour  mucus  , elle  a 
plus  d’une  dénomination)  oï.is  (acide)  уг)ѵоцаг  (engendrer). 

2.  Бем.  Un  des  caractères  distinctifs  entre  le  mucilage  et  la 
gomme  consiste  en  ce  que  le  mucilage  emploie  64  fois  son 
poids  d’eau  pour  former  une  dissolution  de  la  même  den- 
sité que  celle  de  la  gomme  , et  que  celle  - ci  n'a  besoin  que 

de  la  huitième  partie.  Sous  le  nom  de  gomme  on  entend 
ici  la  gomme  arabique  ou  du  Sénégal  ( gomme  fournie  par  le 
mimose  ou  plutôt  l’acacia  ) car  pour  les  autres  espèces  de 

gommes  , elles  présentent  des  différences  chimiques  , qui  les 
séparent  de  ces  deux-ci.  Nous  aurons  occasion  de  le  remar- 
quer en  comparant  la  gomme  arabique  ( proprement  gomme 
du  mimose  ) avec  celle  du  cerisier.  On  sait,  que  celte  der- 
nière espèce  est  souvent  employée  pour  sophistiquer  la  gom- 
me arabique  et  que  même  on  en  mêle  avec  la  myrrhe  , 

mais  jusqu’ici  on  a ignoré  les  caractères  distinctifs  de  la  gom- 
me du  cerisier  et  il  est  nécessaire  de  les  connaître. 

Caractères  chimiques . 

De  la  gomme  du  cerisier.  De  la  gomme  du  mimose. 


Au  commencement  elle  se 
gorille  dans  l’eau  comme  le  mu- 
cilage et  mêlée  avec  2 parties 
elle  forme  à peu  près,  comme 
lui  une  bouillie  épaisse  et  gon- 
flée. Quand  on  la  dissout  dans 
8 parties  d’eau  , elle  forme  une 
masse  liquide  épaisse  et  dans 
12  parties  une  dissolution  sy- 
ropeuse. 


Parties  égales  d'eau  et  de 
gomme  pulvérisée  fournissent 
un  mucilage  épais  homogène 
qui  prend  la  consistance  du 
syrop  en  ajoutant  deux  fois 
autant  d’eau.  12  parties  d’eau 
avec  une  de  gomme  donnent 
une  liqueur  qu’on  peut  filtrer 
à travers  un  papier  brouillard. 


( 137) 

2 2 

L’acétate  de  plomb  avec  es.-  L’addition  de  ce  sel  forme 

cès  de  base  forme  une  masse  promptement  de  petits  gru- 

gélatineuse  dans  la  ' dissolution  meaux  blanchâtres  de  l’apparence 

aqueuse.  du  beurre. 

3 3 

Le  muriate  de  fer  sublimé  Après  un  certain  temps  il 

donne  à la  dissolution  une  cou-  produit  une  couleur  rouge , 

leur  un  peu  verdâtre.  qui  passe  petit  à petit  au  jau- 
ne tandis  qu’il  se  forme  un 

précipité  blanchâtre  boursouflé. 

4 4 

Le  nitrate  de  mercure  don-  La  dissolution  ne  change 

ne  à la  dissolution  une  couleur  point  au  commencement  mais 
rouge  approchant  de  celle  du  après  plusieurs  heures  , elle 
syrop  de  fraise.  prend  une  couleur  rouge  de 

fleurs  de  pêcher , qui  augmen- 
te de  jour  en  jour  en  beauté 
et  en  intensité. 

5 5 

Le  nitrate  d’argent  produit  une  La  dissolution  prend  une 

couleur  semblable  au  bout  de  quel-  belle  couleur  de  cerise  qui  se 
ques  minutes  qui  passa  d'abord  à change  peu  à peu  en  brun  foncé, 
la  couleur  de  la  pulmonaire. 

6 6 

La  solution  de  la  potasse  Longtems  après  on  apper- 

silicée  ne  forme  aucun  préci-  coit  une  petite  quantité  de 
pité  dans  la  dissolution  de  gom-  silice  qui  se  précipite  ? ce  qui 
me  du  cerisier.  confirme  la  présence  déjà  re- 

connue d’un  acide  libre  dang 
cette  gomme. 


( 128  ) 

$.  Rem.  La  belle  crystallisation  eu  forme  de  plumes,  qui  se  for- 
me quelquefois  dans  le  syrop  de  manne , m’avoit  tellement 
frappé  , que  je  fis  des  expériences  plus  suivies  , il  y a deux 
ans.  A cette  époque  , j’eus  contioissance  des  observations 
que  Depuytren  et  Thénard  publièrent  sur  la  manne  dans  un 
traité  sur  le  diabète  sucré.  (Gehlen’s  Journ.  fur  d.  Chemie  u. 
Physik.  B.  2 S.  216  — 18).  D’après  leurs  expériences  la  man- 
ne dissoute  dans  de  l’eau  , fermente  quand  on  y ajoute  un 
ferment , la  liqueur  exhale  une  forte  odeur  vineuse , sans 
perdre  sa  saveur  douce  ni  en  prendre  une  spiritueuse  ; après 
l’évaporation  et  le  refroidissement  de  la  liqueur , on  retrou- 
ve sous  forme  de  cristaux  presque  la  quantité  entière  de 
manne  , qu’on  avoit  mise  en  fermentation  , mais  qui  ensuite 
n’en  est  plus  susceptible.  Cette  substance  cristallisable  de 

la  manne  et  incapable  de  fermentation,  fut  obtenue  facilement 
par  ces  chimistes  en  la  dissolvant  dans  de  l’esprit  de  vin 
chauffé  , et  en  laissant  refroidir  la  dissolution  , où  elle  se 
cristallise  presque  entièrement.  A ces  caractères  distinctifs 
particuliers  qui  distinguent  la  manne  de  tout  ce  qui  a une 
qualité  sucrée  , ces  chimistes  en  ajoutèrent  un  troisième  , 
qui  consiste  en  ce  que  la  manne  traitée  avec  l’acide  nitrique 
leur  donna  presque  la  moitié  d’acide  muqueux  , ou 

nommé  acide  sacho-lactique.  Mes  expériences  sur  la  manne  '3 
me  donnent , en  général  , les  résultats  suivants  : 1 j Elle 

consiste  , presque  entièrement  en  une  substance  douce , tout 
à fait  différente  du  sucre  ; 2 ) la  petite  portion  restante  ana- 
lysée présente  une  matière  gommeuse  , sucrée  et  végéto-ani- 
male  et  la  feule  dans  la  manne  qui  ait  la  propriété  de  fer* 


(і2э) 

menter  ; 3 ) la  substance  même  de  la  manne  traitée  avec  l’a- 
cide nitrique  fournit  peu  d’acide  muqueux  ou  acide  sacbo- 
lactique  , et  la  grande  quantité  que  Dupuytren  et  Thénard 
ont  obtenue  provenoit  en  partie  de  la  substance  gommeuse  qui 
s’y  trouvoit  ; 4 ) il  fut  presque  impossible  de  la  dissoudre 

dans  l’alkohol  parfaitement  pur.  (Giese’s  Lehrbuch  d.  Pharmacie 
Th.  3.  § 509-9).  J’ai  lu  , il  y a quelque  tems  , un  traité  de 
Fourcroy  et  de  Vauquehn  sur  l’analyse  chimique  des  oignons 
(Gehlen’s  Jour.  f.  d.  Chemie,  Physik,  u.  Miner.  B.  5.  S.  357  — 
65.  ) où  ils  parlent  de  la  formation  de  la  manne  par  la  fer- 
mentation du  suc  d’oignons  et  de  melons.  Ils  supposent  que 
les  composans  -de  la  manne  naturelle  consistent  : 1 ) en  un 

principe  crystallisable  semblable  à celui  que  l’on  peut  obte- 
nir du  suc  d’oignons  fermenté  ,*  2 ) en  une  petite  quantité 

de  sucre  fermentascible  et  un  peu  de  matière  jaune  d’une 
saveur  et  d’une  odeur  nauséabondes  que  la  fermentation  ne  de« 
truit  pas  et  à la  quelle  on  doit  attribuer  la  propriété  purgative  de 
la  manne  , enfin  un  peu  de  muqueux  qui  seul  se  change 
en  acide  sacho-lactique  quand  on  traite  la  manne  à chaud  avec 
l’acide  nitrique.  Ce  dernier  fait  3 fondé  sur  les  expériences  de 
Fourcroy  et  de  Yauquelin  } avoit  déjà  été  attaqué  par  celles 
de  Dupuytren  et  Thénard  qui  ont  trouvé  que  la  manne 
traitée  avec  l’acide  nitrique  fournit  la  moitié  de  son  poids 
d’acide  muqueux  ou  sacho  - lactique  ; et  depuis  ce  teras  ma 
propre  expérience  l’a  refusé  complètement  ; car  j’ai  trouvé 
que  la  manne  parfaitement  pure  peut  très  bien  produire  cet 
acide.  La  substance  de  la  manne  prend  donc  place  dans  la 
classe  des  corps  que  j’apelîe  générateurs  de  l’acide  mu- 
queux. Quant  à la  matière  jaune  trouvée  par  Fourcroy  et 

IY  17 


( іЗо  ) 

Vauquelin^  j’ai  tout  lieu  de  croire  qu’elle  ne  se  rencontre  point 
dans  la  manne  parfaitement  pure. 

'VV'V.'V-V'VV'WW'VV 

SECONDE  CLASSE. 

Saccharaceum.  Du  sucré  ( Zuckeviges ). 

Caractère  s. 

I,  La  dissolution  aqueuse  du  sucre  avec  addition  de  ferment 
exposée  à une  température  convenable  éprouve  une  altéra- 
tion totale  et  distincte  qui  la  change  en  une  liqueur  vineu- 
se et  enivrante.  2 ) sous  le  rapport  chimique  л traité  avec  les 
alkalis  et  les  corps  alkalins  , elle  présente  des  phénomènes 
particuliers.  Remarque  1. 

Genres  de  cette  Classe. 

I.  Mucoso  - sucré  (sucre  liquide  et  non  crystallisable).  1)  Expo- 
sé à une  chaleur  continue  3 soit  avec  de  l’eau  soit  sans  eau  , 
une  petite  portion  se  change  en  acide  et  toute  la  masse  prend 
plus  ou  moins  la  couleur  brune  foncée.  2 ) La  dissolution 
aqueuse  à l’aide  de  la  chaleur  , se  combine  avec  la  chaux 
en  écumant,  en  se  colorant  fortement  en  brun  et  en  perdant 
entièrement  sa  saveur  douce.  3 ).  La  combinaison  de  chaux 
ne  se  précipite  point  par  l’acide  carbonique  ni  même  par 
l’acide  sulphuriq.ue  , mais  plutôt  par  l’acide  oxalique  , qui  en 
sépare  la  chaux  sous  forme  d’oxalale  de  chaux  insoluble. 
4 ) Le  mucoso  - sucré  séparé  de  la  chaux  a perdu  toutes  ses 
propriétés  précédentes  et  forme  une  substance  noire  d’une 
saveur  acide  et  amère.  5 ) l’acide  nitrique  convertit  la  ma- 
jeure partie  de  cette  espèce  de  sucre  en  acide  acétique  et 
malique  et  produit  moins  d’acide  oxalique  que  dans  les 
autres.  Remarque  2. 


(іЗі) 

II.  Sucre  de  raisin  ( sucre  mère  , crystallisabîe  )»  1 ) moins  so- 
luble dans  l’esprit  de  vin  rectifié  que  le  sucre  non  crystalli- 
sable,  et  celui  2)  de  cette  dissolution  comme  aussi  celui  d’u- 
ne dissolution  aqueuse,  crystallise  sous  une  forme  molle,  opaque, 
peu  adhérente  , grénue  , comme  îe  chou-fleur.  3 ) traité  avec 
la  chaux  il  se  comporte  comme  îe  précédent  et  avec  l’acide 
nitrique  comme  l’espèce  de  sucre  suivante. 

III.  Sucre  de  la  canne  à sucre , (sucre  dure  crystallisabîe)  , for- 
me avec  la  chaux  une  combinaison  d’une  saveur  amère  et 
brûlante  ; on  peut  en  séparer  la  chaux  par  l’acide  carboni- 
que et  alors  on  retrouve  le  sucre  avec  toutes  ses  propriétés. 

1.  Remarque.  Chaque  espèce  de  sucré  se  distingue  encore } 
particulièrement  des  autres  substances  d’une  saveur  douce 
eu  ce  que  la  dissolution  dans  l’eau  seule  n’éprouve  aucun 
changement  ou  vinification  , acétification  , putréfaction.  Ce 
n’est  seulement  qu’en  ajoutant  un  corps  fermentascible  ; alors 
l’action  chimique  s’exerce  sur  les  composans  et  donne  les  ré- 
sultats dont  il  a été  question. 

2.  Remarque.  Selon  Proust  (Annales  de  chimie  T.  LYII  p.  246- 
255  ) le  sucre  liquide  ou  non  crystallisabîe  ( improprement 
appelle  mucoso  - sucré  ) mélangé  avec  une  certaine  quantité 
d'eau  et  exposé  à une  température  convenable  , peut  par  lui 
même  éprouver  une  fermentation  vineuse.  Nous  devons  donc 
faire  une  exception  en  supposant  justes  les  observations  de 
Proust.  Cela  est  d’autant  plus  important  pour  la  science  , 
qu'il  tend  à rendre  douteux  ce  que  nous  adoptons  comme 
un  principe  certain  , ainsi  que  nous  le  verrons  dans  la  suite. 
Le  petit  nombre  de  ceux  qui  se  sont  occupés  de  la  décou- 
verte des  circonstances  et  des  conditions  nécessaires  à la  fer- 


mentation  vineuse  3 reconnurent  que  le  sucre  en  étoit  la  seu- 
le base  ; mais  qu'il  étoit  necessaire  d’aider  son  action  par  cel- 
le d’une  substance  végéto  - animale  avant  son  changement  de 
combinaison.  Cette  substance  que  Гоп  peut  appeller  avec 
raison  le  germe  de  la  fermentation  , se  trouve  dans  le  su- 
cré , en  général  , par  tout  où  on  le  rencontre  dans  les  sucs 
de  végétaux.  Il  sc  trouvé  en  bien  plus  grande  quantité 
dans  les  sucs  doux  et  sucrés  et  il  s’en  sépare  par  le  repos 
sous  forme  de  fécule.  La  portion  de  cette  substance  végéto- 
animale  qui  reste  en  combinaison  chimiqe  avec  le  sucré  3 
est  en  moindre  quantité.  Nous  choisirons  pour  exemple  le 
suc  de  raisin  , qui  est  précisément  celui  qui  Proust  a sou* 
mis  à différentes  expériences  qui  l’ont  conduit  à l’observa- 
tion que  je  viens  de  citer.  La  fécule  ou  la  substance  végé- 
to - animale  qui  est  mêlée  au  sucre  de  raisin  peut  en  être  sé- 
parée promptement  par  la  chaleur;  il  n’en  est  pas  pour  celle  qui 
s’est  combinée  chimiquement.  Selon  Proust  on  ne  peut  l’en 
séparer  complètement , qu’après  avoir  saturé  le  sucre  avee 
de  la  craie  et  clarifié  ensuite  avec  le  blanc  d’oeuf  ; ce  qui 
semble  lui  prouver  qu’elle  est  tenue  en  dissolution  dans  1® 
suc  par  l’intermède  d’un  acide.  Fabroni  et  Thénard  ( dit 
Proust  à l’endroit  cité  ) ont  considéré  cette  fécule  comme  un 
ferment  indispensable  au  changement  de  la  matière  sucrée  ; 
quand  le  suc  de  raisin  en  a été  soigneusement  débarassé  , la 
fermentation  s’y  établit  pourtant  avec  autant  de  vigueur 
que  dans  un  moût  non  clarifié  et  on  la  voit  parcourir  dans 
le  même  temps  toutes  ces  périodes  sans  déposer  autre  chose 
que  du  tartrite  de  chaux.  La  véritable  cause  de  la  fermen- 
tation dans  les  sucs  clarifiés  et  non  clarifiés  ne  réside  donc 
point  dans  cette  fécule , mais  bien  dans  le  sucre  liquide  , 


(133) 

l’unique  principe  des  fruits  qui  soient  véritablement  fermen- 
tescibles per  se  et  qui  puissent  faire  partager  son  mouvement 
au  sucre  solide. 

Mais  le  moût  le  mieux  clarifié  conservera  sans  doute  un 
reste  de  fécule , et  ce  sera  celle  - ci  , dira-t-on  , qui  imprime 
au  sucre  le  mouvement  de  fermentation.  Dans  ce  cas  ré- 
pond Proust , ce  mouvement  devroit  s’affoiblir  à proportion 
de  la  perte  que  la  clarification  fait  éprouver  au  moût  et  ce- 
pendant Гоп  n’apperçoit  nullement  que  le  moût  clarifié  res- 
te en  arrière  de  celui  qui  est  pourvu  de  toute  sa  fécule. 

L’année  dernière  , je  pris  du  suc  de  raisin  et  de  groseille 
clarifié  et  non  clarifié  et  je  le  mis  fermenter  seul  et  ensui- 
te avec  du  sucre  à une  température  convenable;  mais  la  dif- 
férence rélativement  à l’époque  de  la  fermentation  , fut  très 
frappante.  Le  suc  clarifié  fermenta  beaucoup  plus  tard  que 
celui  qui  ne  l’etoit  pas  ; la  fermentation  s’établit  très  lente- 
ment et  dura  îongtems.  La  formation  de  la  lie  ou  plutôt 
2a  séparation  de  cette  matière  que  Thénard  a décrite  (à  l’en- 
droit cité  plus  bas)  s’opéra  très  distinctement  mais  naturelle- 
ment en  moins  grande  quantité  que  dans  le  suc  non  clari- 
fié. Le  même  cas  eut  lieu  avec  de  la  moscovade  faite  avec 
des  raisins  secs  et  mise  en  fermentation  avec  de  l’eau.  11  étoit 
nécessaire  d’examiner  avec  soins  le  syrop  de  raisin,  dont  l’aci- 
de avoit  été  neutralisé  par  la  craie  : ensuite  clarifié  avec  le 
blanc  d'oeuf  et  filtré.  Le  depot  de  lie  qu’un  tel  syrop  fournit 
après  une  fermentation  tardive  et  terminée , me  fît  absolu- 
ment soupçonner  la  présence  de  quelque  substance  végéto- 
animale  et  croire  3 contre  l’opinion  de  Proust  s Fabroni  et  d’ 
autres  , que  cette  fermentation  est  due  seulement  à Faction 
de  celte  dernière.  Cette  opinion  se  confirme  par  le  résultat 


( l34) 

suivant  : le  syrop  parfaitement  clair  et  purifié  fut  étendu  d’ 
eau  et  s y versoit  de  la  teinture  de  noix  de  galle  , de  la  dis- 
solution de  muriate  d étain  et  de  l’acétite  de  plomb:  ces  dif- 
férents réactifs  produisirent  des  précipités  et  prouvèrent  Г 
existence  d’une  matière  étrangère.  Ces  difîérens  réactifs 
n’agissent  point  sur  le  sucre  non  erystallisable  ( syrop  ).  On 
n’obtient  un  tel  sucre , que  quand  on  prend  du  syrop  de 
raisin  préparé  de  la  manière  indiquée  plus  haut  et  mêlé  avec 
de  beau,  qu’on  y verse  goutte  à goutte,  de  l’acétate  de  plomb 
par  excès  de  base  , aussi  long  tems  qu’il  se  forme  un  pré- 
cipité. Ce  qui  reste  , est  séparé  du  précipité  par  le  filtrage 
et  évaporé  à une  douce  chaleur  , ensuite  lavé  soigneusement 
à alcoliol  , qui  à froid  dissout  trts  peu  de  syrop.  Un  tel 
sucre  non  crystallisable  pur  , d’une  saveur  agréable , dissous 
dans  l’eau  , n’est  pas  par  lui  même  susceptible  d’une  fermen- 
tation vineuse. 

Est  ce  que  la  substance  qui  imprime  au  sucré  le  mouve- 
ment de  fermentation  est  toujours  de  la  nature  du  gluten  ? 
De  plus  , le  sucré  est-il  seul  propre  à se  changer  en  une  li- 
queur vineuse  ? je  crois  pouvoir  répondre  à ces  questions  , 
en  y joignant  celte  observation  : lorsque  , comme  de  coutu- 
me , nous  considérons  le  gluten  du  froment  bien  lavé  , com- 
me le  type  de  tous  les  autres  , et  que  nous  cherchons  à 
apprécier  sa  valeur  comme  celle  de  toutes  les  autres  espèces , 
sous  le  rapport  de  sa  faculté  de  produire  la  fermentation 
vineuse  , il  se  trouve  précisémeut , qu’elle  est  très  médiocre. 
J’avoue  que  dans  8 à 9 expériences  , où  j’ai  pris  du  gluten 
de  froment  avec  quatre  fois  son  poids  de  sucre  dissous,  en  y 
joignant  du  tartre  , des  acides  végétaux  et  d’autres  corps 


(i55) 

qui  opèrent  sa  dissolution  , je  n’ai  jamais  pu  produire  une 
fermentation  vineuse  régulière  , comme  cela  a lieu  avec  la 
lie  et  la  simple  fécule  du  suc  de  groseille.  Ce  qui  pro- 
duit la  fermentation  dans  le  sucré  n’est  pas  tout-à  fait  de 
la  nature  du  gluten  de  forment , et  ce  qui  en  approche  le 
plus  comme  les  fécules  , paroit  à la  vérité  dans  tous  les  cas 
accélérer  cet  acte  chimique  et  le  conduire  à sa  fin  r mais  iî 
n’y  est  pas  absolument  nécessaire.  Il  existe  encore  une  au- 
tre substance  dans  le  régné  végétal  qui,  non  seulement,  chan- 
ge en  liqueur  vineuse  le  sucré  dissous  en  généra]  , mais  qui 
est  aussi  elle  même  susceptible  de  cette  modification  remar- 
quable. Les  chimistes  ne  pouvoient  tarder  à remarquer  , que 
la  quantité  d’esprit  de  vin  que  Гоп  retire  des  végétaux  ex- 
posés à la  fermentation  vineuse  ,,  comme  les  céréales  , est 
toujours  plus  grande , qu’elle  ne  peut  l’être  d’après  la  por- 
tion de  sucre  contenu.  Les  pommes  de  terre  passent  à la  fer- 
mentation vineuse  , sans  contenir  la  moindre  trace  de  sucre» 
La  substance  végétale  dont  je  parle  et  qu’on  avoit  négligée  , 
diffère  à peine  sous  le  rapport  physique  de  la  gomme,  (non 
du  muqueux  ) et  elle  fut  par  différents  chimistes  reconnue 
comme  telle  , ce  qui  ne  s’accorde  point  avec  la  faculté  de 
fermenter.  La  matière  sucrée  contenue  daus  les  graines  cé- 
réales , dans  les  fruits  à gousses  et  farineux,  dans  les  racines 
etc.  paroit  être  une  simple  modification  de  celle  - là  , cepen- 
dant il  seroit  bien  aussi  possible  , que  la  matière  douce  des 
végétaux  représentât  l’union  intime  des  substances  fermen- 
tescibles et  du  sucre  non  crystallisable  , la  quelle  n’est  pas 
facile  à détruire  par  l’art.  Mais  la  dissolution  complète  de  cet- 
te substance  douce  dans  l’esprit  de  vin  étendu  d’eau  prouve; 


(іЗС) 

le  contraire  , puisque  îa  matière  susceptible  de  fermentation 
n’y  est  pas  soluble  3 et  qu’elle  se  comporte  comme  la  gom- 
me et  qu’ensuite  la  manière  d’agir  de  certains  sels  métalliques 
et  d’autres  encore  s la  précipitent  presque  entièrement  • je 
serois  donc  porté  à distinguer  la  substance  fermentascible  , 
dont  j’ai  parlé  , en  gommeuse  et  en  sucrée  , et  outre  ses  ca- 
ractères physiques  distinctifs  , à y ajouter  les  chimiques  , qui 
seroient  , la  solubilité  ou  son  indissolubilité  dans  l’esprit  de 
vin  étendu  d’eau.  La  teinture  de  noix  de  galle  s la  dissolu- 
tion d’alun  3 le  muriate  d’étain  et  l’acétate  de  plomb,  réagis- 
sent fortement  sur  ces  deux  espèces  en  les  précipitant.  Nous 
verrons  le  même  phénomène  avec  la  matière  extractive  et 
nous  remarquerons  que  celle  en  question  , en  est  une  espè- 
ce. Pour  le  moment , je  ne  m’étendrai  pas  davantage  sur 
cette  substance  particulière  qui  , comme  il  a été  dit  plus 
haut , dispute  au  sucré  la  propriété  unique  de  se  former  en 
liqueur  vineuse  , me  proposant  d’en  traiter  plus  complète- 
ment dans  ma  chimie  végétale  et  animale.  D’ailleurs  on  peut 
soi  - même  , tirer  de  ces  observations  aphoristiques  , quelques 
conséquences  assez  importantes  , en  consultant  les  ouvrages 
cités  plus  haut. 

TROISIÈME  CLASSE. 

Crocinon. 

Caractères. 

1 ) Il  est  insoluble  dans  l’alcohol  pur  et  dans  l’éther.  2)  l’alun  f 
ïe  muriate  d’étain  , l’acide  muriatique  oxygéné  et  d’autres 
acides  , les  alcalis  et  Peau  de  chaux  ne  forment  point  de 
précipités  dans  sa  dissolution  aqueuse.  3 ) La  dissolution 


( I37) 

aqueuse  ne  forme  pendant  l’évaporation  de  pellicule  insoluble 
que  lorsqu’elle  est  mêlée  à l’eau  de  chaux. 

Obs.  Cette  courte  caractéristique  se  rapporte  au  prétendu 
principe  savonneux  et  prouve  clairement , que  Fou  n’a  pas 
encore  connu  sa  vraie  manière  de  se  comporter  chimique- 
ment. De  là  vient  qu’on  Fa  même  comparé  au  principe  ex- 
tractif et  qu’on  les  confondit  tous  deux.  Voy.  à ce  sujet 
ma  Chimie  de  substances  végétales  et  animales. 

QUATRIÈME  CLASSE 

Glycion, 

Caractères. 

1 ) Mêlé  avec  une  petite  quantité  d’eau  , il  s’épaissit  peu  à 
peu  et  présente  une  vraie  masse  gélatineuse  , qui  se  desséche 
en  un  corps  transparent  , qui  ne  reprend  sa  forme  liquide 
qu’avec  une  grande  quantité  d’eau,  2 ) La  dissolution  aqueuse 
est  précipitée  par  la  colle  (non  par  la  teinture  de  noix  de  gal- 
le) par  les  acides  concentrés  , par  les  sels  acides  , par  l’alun  et 
les  sels  métalliques  , les  sels  à base  d’étain,  de  plomb,  d’argent, 
de  mercure  et  d’autres  semblables  (excepté  le  tartre  émétique), 
3 ) Le  glycion  précipité  de  sa  dissolution  aqueuse  par  un  sel 
métallique , en  est  séparé  de  nouveau  en  partie  à chaud  par 
l’esprit  de  vin  étendu  d’eau.  4 ) Les  alcalis  changent  seulement 
la  couleur  de  la  dissolution  aqueuse.  5)  l’acide  nitrique  à chaud 
convertit  le  glycion  en  une  substance  jaunâtre  ; feuilletée , de 
saveur  amère  , seulement  soluble  dans  beaucoup  d’eau. 

Remarque.  La  substance  , que  je  désigne  sous  le  nom 
de  glycion  est  la  partie  constituante  de  la  réglisse  d’où  de» 

ІУ.  18 


(i38) 

pend  sa  saveur  douce  et  désagréable  et  nous  la  trouvons  pres- 
que pure  dans  le  sarcocolle.  Le  glycion  extrait  de  la  réglis- 
se forme  presque  toujours  en  se  gélatinant  avec  l’eau , une 
gelée  ^ d’apparence  grenue  , qui  se  couvre  bientôt  de  moisis- 
sure. Celui  de  la  sarcocolle  fournit  une  gélatine  homogène  , 
blanchâtre  , opaque  qui  ne  s’altère  pas  autant  à l’air  et  ne 
moissit  pas  aussi  facilement.  Aussi  le  glycion  de  la  sarcocol- 
le est  - il  plus  soluble  dans  l’alcohol  pur  , que  celui  de  la 
réglisse.  Voy.  en  details  plus  amples  dans  mon  ouvrage  in- 
diqué. 


CINQUIÈME  CLASSE 
Siderochlor  ai  no  n. 

Caractères. 

i ) La  dissolution  aqueuse  exposée  à l’air  à l’évaporation  à 
chaud  se  couvre  plus  ou  moins  d’une  pellicule  insoluble.  2 ) 
Les  dissolutions  de  muriate  de  fer  la  colorent  en  vert  et  four- 
nissent un  précipité  de  la  même  couleur.  3)  Les  sels  métalliques 
d'argent  , de  mercure  , d’étain  3 de  cuivre , de  plomb  et  autres 
donnent  dans  la  dissolution  aqueuse  des  précipités  abondants,,  qui 
disparoissent  avec  les  acides  (ce  qui  n’arrive  pas  avec  le  glycion.) 
La  teinture  de  noix  de  galle  ajoutée  à la  dissolution  en  questi- 
on , forme  un  précipité  adhérant  au  fond  du  vase.  5 ) Les  al- 
calis ne  changent  que  la  couleur  de  la  dissolution  aqueuse  mais 
d une  manière  sensible  , cependant  l’ammoniaque  produit  à la 
longue  un  petit  précipité. 

GENRES  DE  CETTE  CLASSE. 

I.  V extractif  amère  1 ) plus  dissoluble  dans  l’eau  que  dans 
1 alcohol  à moins  que  celui  » ci  ne  contienne  une  petite  quantité 
d’eau  ; 2 ) L’alun  et  les  acides. 


( l39) 

1 ) On  obtient  une  quantité  considérable  de  matière  grasse  * 
quand  on  la  traite  avec  l’acide  nitrique  en  observant  certaines 
circonstances  ; 2 ) en  contact  avec  fair  et  avec  une  humidité 

suffisante  * il  change  son  état  de  combinaison  d’une  manière 
particulière  ; il  se  forme  de  l’acide  nitrique  de  l’ammoniaque , 
de  l’acide  carbonique  * ainsi  que  du  gaz  hydrogène  fétide * et 
il  reste  enfin  * après  un  long  intervalle  de  temps  * un  résidu 
gras;  3)  traité  à chaud  avec  l’alcali  liquide*  il  forme  de  l’ammo- 
niaque plus  on  moins  et  fournit  un  mélangé  savonneux  ; 4 ) 

les  liquides  , qui  contiennent  du  tannin  ( excepté  une  espèce  ) 
le  précipitent  de  sa  dissolution  * et  le  dépôt  n’est  pas  en  géné« 
ral  aussi  soluble  dans  l’eau  et  dans  les  acides  affoiblis  que  ce- 
lui , qui  est  produit  par  le  réactif  indiqué  dans  la  dissolution 
de  l’amidon  * du  siderochlorainon  et  de  la  matière  extractive 
en  général. 

ESPÈCES. 

I.  Mucus  ( muqueux  animal  ).  1 ) dans  son  état  gélatineux  , 

mou  et  visqueux  * il  est  peu  soluble  dans  beau  et  nullement 
lorsque  il  est  desséché  : 2 ) Les  acides  le  dissolvent  facilement 
et  facilitent  son  union  avec  l’eau  * 3 ) La  teinture  de  noix  de 
galle  et  la  colle  ne  le  précipitent  point  ; 4 ) l’acétate  de  plomb 
( extrait  de  saturne  ) le  sépare  de  sa  dissolution  aqueuse  de  la 
même  manière*  que  le  mucilage  végétal.  Remarque  1. 

II.  La  gélatine  ( gelée  * colle  ) І ) se  gonfle  dans  l’eau  froî» 
de  et  se  dissout  facilement  dans  la  chaude  et  lui  communique 
la  propriété  de  prendre  en  se  refroidissant  la  consistence  de  gelée; 
2 ) L’esprit  de  vin  aftoibli  * la  dissout  à chaud  ; 3 ) sa  dissolu* 
tion  dans  les  alcalis  liquides  n’est  point  précipitée  par  les  aci» 
des  * et  réciproquement  * celles  dans  les  acides  ne  î’est  point 
par  les  alcalis.  Remarque  2. 

18  * 


(4°) 

III.  Zoophyton  ( substance  végéto-animale  , le  glulineux  ) 1 ) 

cette  substance  par  elle-même  est  à peine  soluble  dans  Геаи  ; 
2)  elle  se  dissout  à chaud  dans  l’aîcohol  et  l’acide  acétique,  dont 
elle  est  précipitée  sans  altération  par  les  alcalis  ; 3 ) mélée 

avec  un  peu  diacide  végétal  ( pour  opérer  sa  dissolution  ) elle 
peut  mettre  eu  fermentation  la  dissolution  aqueuse  du  sucré. 

IY.  Albumine  ( blanc  d’oeuf.  ) 1 ) Le  muriate  de  mercure  la 
précipite  de  sa  dissolution  aqueuse  ; 2 ) elle  se  coagule  par  la 

chaleur  , comme  aussi  , en  ajoutant  des  acides  , des  sels  acides 
et  de  l’alcohol  , 3 ) L’acide  nitriqne  affoibli  la  réduit  en 

partie  à l’état  de  gélatine.  Remarque  3. 

Y.  La  Fibrine  ( matière  fibreuse  , fibre  animale  ) 1 ) elle  est 
insoluble  dans  l’eau  et  l’alcohol  ; 2 ) exposée  à l’humidité  .de 

l'air , elle  exhale  bientôt  une  odeur  putride  et  mise  ensuite 
dans  l’eau  chaude  elle  donne  un  peu  de  gélatine , 3 ) mise 
dans  de  l’eau  souvent  renouvelée  , elle  se  change  en  adipocire. 

1.  Remarque.  Le  mucilage  animai  se  distingue  facilement 
du  végétal.  On  le  distingue  encore  en  ce  que  lorsqu’on  l’ex- 
pose à la  chaleur , il  répand  une  odeur  fétide  de  corne  brûlée 
et  dans  des  vaisseaux  clos  il  fournit  de  l’ammoniaque  et  une 
huile  très  fétide.  Il  en  est  de  même  des  autres  espèces  d’adé- 
pogènes  et  des  corps  , qui  composent  la  classe  suivante. 

2.  Rem.  Parmi  les  parties  constituantes  des  végétaux  , on  a 
aussi  trouvé  un  principe  gélatineux  , qu’on  a désigné  sous  le 
nom  de  gélatine  végétale.  La  masse  coagulée  et  gélatineuse , 
qui  se  trouve  dans  le  suc  acide  des  baies,  p.  ex.  dans  celui  de 
groseilles  qui  a reposé  pendant  quelque  tems  , est  produite  par 
cette  substance.  En  faisant  bouillir  longtems  ces  sucs  , on 
leur  ôte  sa  propriété  en  gelée  par  le  refroidissement.  Les  ex- 


périences  , que  j’ai  faites  jusqu’à  présent  ne  suffisent  pas  pour 
caractériser  cette  substance  , comme  faisant  un  corps  particulier, 
et  ce  que  Vauquelin  , qui  Га  fait  observer  le  premier  , en  a 
dit  , ne  suffit  pas  pour  cela. 

3.  Rem.  La  substance  du  blanc  d’oeuf  peut  être  distinguée 
en  végétale  et  animale,  et  nous  pouvons  aussi  présenter  les  dif- 
férences chimiques  de  la  substance  végéto-animal  ( Zoophyton  ) 
Voy.  au  sujet  de  ces  deux  articles  mon  ouvrage  cité. 

NEUVIÈME  CLASSE 
I n d i g G. 

Gara  ctères. 

î)  Quand  on  le  chauffe,  une  portion  se  volatilise  en  vapeurs, 
d'un  rouge  pourpre,  qui,  parvenues  à la  partie  froide  du  vase,  se 
crystallisent  en  forme  d’aiguilles  fines  ; l’autre  se  change  en 
une  masse  charbonnée  en  répandant  une  odeur  de  corne  brû- 
lée ; et  enfin  une  autre  portion  intacte  se  pose  sur  la  surface 
de  celle  qui  est  décomposée  sous  la  forme  d’aiguilles  fines  , pe- 
tites et  brillantes  d’un  beau  violet  (au  commencement  rouge- 
pourpre  ) ; 2 ) dans  cet  état  il  se  dissout  facilement  , surtout  à 

chaud  , dans  l’acide  sulfurique  concentré  , en  prenant  au  com- 
mencement une  couleur  jaune  verdâtre  , ensuite  verte  foncée 
qui  passe  d’abord  au  bleu  foncé  ; 3 ) L’acide  muriatique  oxygé- 

né détruit  complètement  la  belle  couleur  bleue  de  la  dissolu- 
tion ; 4 ) Les  corps  susceptibles  d’oxygénation  enlèvent  l’oxygè- 
ne à l’indigo  , qui  perd  alors  sa  couleur  bleue  , mais  qui  ac- 
quiert par  là  la  propriété  de  se  combiner  avec  les  alcalis  liqui- 
des et  les  corps  alcalins  ; de  plus  dans  l’état  de  dissolution  il 
a beaucoup  de  tendance  à reprendre  l’oxygène  qu’il  avoit  perdu 
et  recouvre  par  là  sa  couleur  bleue  $ 5 ) il  se  combine  seule- 


( 4з) 

ment  , étant  un  peu  désoxygéné  , avec  son  dissolvant  particulier , 
l’acide  sulfurique  , et  cela  en  raison  de  l’oxygène  qu’il  lui  cède 
comme  cela  arrive  avec  l’acide  sulfurique  fumant  ; de  plus 
avec  celui  qui  a été  noirci  par  l’action  de  substances  organi- 
ques , ou  qui  a été  cliauiîé  peu  de  tems  avec  une  petite  quan- 
tité de  soufre.  Remarque. 

Rem.  Ce  qui  caractérise  particulièrement  l'indigo  , cest 
sa  grande  facilité  à se  désoxygéner  et  à se  réoxygéner  et,  ce 
qui  est  étonnant  , sans  presque  changer  de  nature.  Ces  deux 
phénomènes  se  montrent  surtout  dans  l’experience  suivante  : 
Mettez,  dans  un  verre  de  Foxydule  d’étain  humide  , préci- 
pité de  l’acide  muriatique  par  l’alcali  , avec  une  quantité 
presque  égale  d’indigo  bien  pulvérisé  , versez  ensuite  une  dis- 
solution concentrée  de  l’alcali  caustique  dans  l’eau  ; bouchez 
de  suite  le  verre  , placez  le  dans  un  endroit  chaud  , en  l’agi- 
tant souvent.  Le  tout  prend  bientôt  une  couleur  verte 
foncée  , ensuite  jaune  verdâtre  et  une  demi  - heure  après 
jaune  foncée.  Cette  dissolution  d’un  jaune  foncé,  contient  de 
l’indigo  désoxygéné  au  plus  haut  degré  possible  , et  les  cou- 
leurs que  l’on  remarque  avant  cette  dernière  , indiquent  la 
gradation  de  sa  désoxygénation , qui  est  opérée  dans  ce  cas 
par  Foxydule  d’étain.  Si  on  donne  accès  à l’air  , la  nuance 
verte  paroît  promptement;  il  se  forme  un  précipité  verdâtre,  qui 
passe  ensuite  au  bleu  , et  l’on  apperçoit  en  même  tems  une 
pellicule  d’un  brillant  métallique  couleur  de  cuivre.  Si  on 
incline  le  verre  pour  exposer  la  dissolution  au  contact  de  l’air 
contre  les  parois  , la  portion  , qui  y adhère  passe  à l’instant 
du  jaune  au  verd  et  plus  vite  encore  du  verd  au  bleu.  On 
obtient  une  couleur  bleue  sur  le  champ  , si  on  verse  quel- 
ques gouttes  de  la  dissolution  , dans  de  l’eau  qui  n’a  pas 


( *45) 

bouillie  et  qui  est  encore  imprégnée  d’air  atmosphérique. 
11  n’en  est  pas  de  même  avec  de  l’eau  chaude  qui  a bouilli 
et  qui  est  privée  d’air  ; elle  reste  incolorée  c.  à.  d.  aussi 
longtems,  qu'elle  est  chaude;  une  étoffe  blanche  qu’on  y plonge 
paroît  déjà  teinte  en  bleu  dès  que  sa  surface  est  en  contact 
avec  Гаіг  atmosphérique.  ( voy.  les  expériences  de  Proust 
dans  le  journal  de  Physique  T.  LXI.  p.  348.  et  celles  de  Che- 
vreuil sur  l’indigo  T.  LXV.  p.  309  ).  .l’ajouterai  encore  quel- 
que chose  à ce  sujet  : la  substance  propre  de  l’indigo  , *)  cet 
oxyde  d’hydrogène  carboné  qui  contient  beaucoup  d’azote , est 
en  général  susceptible  de  deux  degrés  de  désoxydation  et  de 
réoxydation.  Dans  le  premier  degré  où  il  passe  par  la  réac- 
tion des  corps  , qui  s’emparent  facilement  de  l’oxygène  , com- 
me l’oxydule  d’étain  , larsénin  et  autres  , sa  couleur  bleue 
se  change  en  verd  ; dans  le  second  degré  , où  il  arrive  pres- 
que immédiatement  par  l’effet  des  mêmes  corps,,  la  couleur  ver- 
te se  convertit  en  jaune.  Si  ensuite  l’on  donne  accès  à 
l’oxygène  , il  en  resuite  une  oxygénation  de  Findigo  , com- 
me il  a été  dit  auparavant  , et  comme  dans  le  changement 
de  couleur  pendant  sa  désoxygénation  l’on  a remarqué  deux 
gradations  , la  même  chose  se  remarque  dans  sa  réoxygéna- 
tion : au  commencement  il  passe  au  verd  et  ensuite  au  bleu 
ou  violet.  Si  la  couleur  de  l’indigo  paroit  bleue  , violette 
ou  cuivrée  , cela  provient  sans  doute  de  son  état  de  cohé- 
sion» 


L’indigo  du  commerce  n’est  jamais  une  substance  pure,  dégagée  de  tout© 
matière  hétérogène,  et  iî  est  connu,  qu’il  contient  plus  ou  moins  de  corps 
étrangers. 

j 

I 

II 


4 


(44) 

DIXIÈME  CLASSE. 

S uber  ( Liège  J. 

Caractères. 

i ) Soluble  à chaud  seulement  dans  les  alcalis  purs  liquides  ; 
2 ) l’air  , l’eau  et  l’alcohol  n’agissent  point  sur  lui  ; 3 ) en  em- 

ployant beaucoup  d’acide  nitrique  à chaud  , on  en  retire  une 
matière  jaune  amère  fulminante,  une  matière  résineuse  et  analogue 
à la  cire  et  un  acide  particulier  volatil,  qui  se  sublime.  Remarque. 

Rem.  L’on  demontroit  un  jour  . que  l’acide  subéri- 
que  n’est  rien  autre  chose  que  Facide  benzoïque  combiné  avec 
une  matière  étrangère  , comme  cela  peut  avoir  lieu  avec  l’aci- 
de sébacique  et  le  campborique , alors  nous  pourrions  établir 
un  caractère  générique  fondé  sur  l’action  de  se  comporter  avec 
l’acide  nitrique,  commun  aux  corps  des  trois  classes  précédentes 
et  peut  être  encore  à celle  qui  suit  immédiatement.  Les  sub- 
stances de  ces  classes,  mises  en  réaction  avec  cet  acide  forment 
l’acide  bençoique  , la  matière  jaune  amère  fulminante  et  la  sub- 
stance analogue  à la  cire. 

ONZIÈME  CLASSE. 

С ao  и te  houe. 

Caractères 

1 ) Dans  son  état  primitif  liquide  , il  absorbe  l’oxygène  de 
l’atmosphère  et  se  change  en  une  matière  élastique  , analogue 
au  cuir  ; 2 ) l’éther  le  plus  pur  , le  pétrole  rectifié  et  l’huile 

de  thérébentine  ( et  d’autres  huiles  volatiles  ) le  dissolvent  sans 
le  décomposer,  de  façon  que  par  l’évaporation  il  reprend  son 
premier  état  ; 3 ) Les  alcalis  liquides  disolvent  le  caoutchouc 
peu  à peu  et  les  acides  le  précipitent  en  une  matière  privée 


(*4S) 

de  son  élasticité  ; 4 ) Les  acides  , qui  agissent  sur  lui  altèrent 
entièrement  sa  composition  , comme  cela  a lieu  avec  le  liège  ; 
l’acide  sulfurique  en  charbonne  une  partie  en  répandant  une 
odeur  de  soufre  , tandis  que  la  plus  grande  portion  reste  com- 
me une  matière  blanche , très  cassante  , peu  soluble  dans  i’al- 
cobol  et  fournissant  à la  distillation  sèche  , une  huile  blanche 
ressemblant  à du  beurre. 

Rem.  Dans  mon  ouvrage  déjà  souvent  cité  3 on  trouvera 
des  éclaircissemens  sur  les  différences^  que  le  caoutchouc  pré- 
sente. 


DOUZIÈME  CLASSE. 

Graisse. 

Caractères. 

1 ) La  graisse  forme  avec  les  alcalis  des  savons  solubles  dans 
l’eau  et  peu  solubles  avec  les  corps  alcalins  ; 2 ) L’action  de 
l'oxygéne  la  modifie  d’une  manière  qui  lui  est  particulière  et 
lui  communique  ensuite  une  saveur  et  une  odeur  rances  et 

âcres  et  la  propriété  de  teindre  comme  les  acides  le  bleu  en 
rouge. 

GENRES. 

I.  Graisse  oléagineuse.  1 ) se  dissout  en  très  petite  quantité 
dans  l’alcohol  et  il  semble  quand  on  y fait  bien  attention  , 

que  ces  deux  corps  ne  se  combinent  pas  ; 2 ) à l’air  elle 

s’épaissit , se  raffermit  ou  se  desséche  entièrement  ; 3 ) mise 

en  digestion  avec  Tacide  nitrique  affoibli  3 elle  fournit  une 

matière  analogue  à la  cire.  Remarque  1. 

IL  Graisse  concrète  1 ) Plus  soluble  que  la  précédente  dans 
l’alcohol  chauffé  г et  en  plus  grande  quantité  dans  l’éther  éga- 

IV.  19 


( 46  j 

lement  chauffé  et  se  précipite  en  grande  partie  par  le  refroi- 
dissement ; 2 ) Les  acides  sulfurique  et  nitrique  n’agissent 

pas  autant  sur  elle,  que  sur  la  graisse  huileuse  liquide;  3)  expo- 
sée, pendant  longtems  à la  chaleur,  à l’action  de  l’acide  nitri- 
que , elle  se  change  en  une  matière  jaune , ensuite  brune  , 
onctueuse  très  acide  et  soluble  en  partie  dans  l’eau  ; 4 ) 
distillée  à une  grande  chaleur  , une  portion  passe  liquide  , 
et  se  solidifie  en  partie  , en  fournissant  une  graisse  complè- 
tement altérée  et  combinée  avec  l’aeide  benzoïque.  Remarque  2. 

Rem.  1.  Les  huiles  onctueuses  , ou  par  expression,  appar- 
tiennent à cette  classe  , sous  le  rapport  de  leur  incapacité 
de  se  dissoudre  en  quantité  sensible  dans  l’alcohol;  l'huile  de 
ricin  fait  exception  en  ce  qu’elle  se  mêle  à l’esprit  de  vin 
en  toute  proportion  lorsqu’  elle  est  pure  , et  c’est  un  mo- 
yen de  distinguer  si  elle  n’est  pas  mêlée  avec  d’autres  huiles 
onctueuses.  La  partie  onctueuse  de  l’huile  de  moutarde  se 
dissout  aussi  en  grande  quantité  , et  fait  également  exception. 

Rem.  2.  Les  graisses  solides  peuvent  être  distinguées  en 
crystallisables  et  non  crystallisables.  La  première  espèce  , à 
la  quelle  on  peut  joindre  la  partie  solide  de  l’huile  de  mou- 
tarde , la  moelle  , le  blanc  de  baleine  et  l’adipocire  , se  dis- 
sout en  plus  grande  abondance  dans  l’alcohol  et  l’éther  chauf- 
fés , que  la  seconde  espèce  , et  se  sépare  ensuite  par  le  re- 
froidissement en  cristaux  brillants.  On  range  dans  la  secon- 
de classe  tout  ce  qui  porte  le  nom  de  beurre  , suif  ou  sain- 
doux. 


(47) 

TREIZIÈME  CLASSE. 

Le  gras. 

Cara  ctères. 

1 ) Il  ne  s’altère  et  ne  rancit  point  à l’air  ; 2 ) Les  acides 
sulfurique  , nitrique  et  muriatique  oxygéné  ne  modifient  pas 
sensiblement  sa  composition  ; 3 ) il  se  mêle  facilement  avec  les 

graisses  proprement  dites  et  l’huile  de  térébenthine  ; 4 ) dans 

sa  décomposition  à la  chaleur , il  fournit  des  produits  parti® 
culiers. 

GENRES. 

ï.  La  cire.  1 ) Elle  se  combine  à chaud  avec  les  alcalis  purs 
liquides  , en  formant  un  savon  , peu  soluble  dans  l’eau  ; 2 ) 

l’esprit  de  vin  et  l’éther  n’en  disolvent  que  lorsqu’ils  sont 
chauffés  , c’est  la  cause  qui  fait  qu’elle  se  précipite  en  refroi- 
dissant. 

П.  La  substance  analogue  à la  cire.  1 ) se  dissout  plus  facilement 
et  plus  abondamment  dans  l’alcohol  et  l'éther,  que  la  cire  elle-mê- 
me ; 2 ) mais  elle  se  combine  bien  plus  difficilement  avec  les 

huiles  grasses  que  celle-ci  , 3 ) L’action,  de  l’acide  mnriatique 
oxygéné  lui  donne  aine  consistance  plus  solide  et  la  rend 
plus  analogue  à la  cire. 

III.  Ambre  1 ) Soluble  en  plus  grande  quantité  dans  l’éther  et 
l’alcohol , que  la  cire  , sur  tout  le  premier;  2 ) sa  dissolution 
spiritueuse  faite  à chaud  et  saturée  , laisse  au  fond  en  réfroi- 
dissant  , une  partie  de  ce  qui  étoit  dissout  , sous  la  forme 
d’une  masse  épaisse  onctueuse  ; 3 ) Les  acides  sulfurique  et 

nitrique  le  dissolvent  à une  douce  chaleur  , et  l’eau  le  pré- 
cipite de  ces  acides  , sans  être  altéré  ; 4 ) il  ne  s’unit  point 

aux  alcalis  purs  liquides,  même  en  prolongeant  1 ébullition; 

19* 


Г 


( 48  ) 

5 ) à la  distillation  sèche  il  fournit  une  matière  huileuse  dont 
l’odeur  tient  le  milieu  entre  celle  de  la  cire  et  celle  du 
succin.  Remarque. 

Rem.  L’ambre  , suivant  sa  nature  , devroit  être  proprement 
placé  entre  la  cire  et  la  résine  , mais  de  rigueur  , il  ne  doit 
pas  y être  , en  considérant  la  classification  des  produits  per- 
manens  de  l’organisme  , parcequ’il  ne  reçoit  la  propriété  qu’on 
lui  attribue,  (à  la  quelle  il  faut  joindre  celle  de  répandre  une 
odeur  agréable  ) seulement  , lorsqu’il  est  sorti  du  corps  de 
l’animal  , dans  le  quel'  il  est  formé  par  le  concours  de  cer- 
taines circonstances.  Sous  ce  rapport  on  pourroit  aussi  faire 
une  objection , au  sujet  de  l’indigo  , comme  produit  végétal 
naturel,  puisqu’on  l’obtient  par  le  moyen  d’une  espèce  de  fer- 
mentation. J’observe  seulement , qu’une  pareille  objection 
est  moins  admissible  que  pour  l’ambre. 

QUATORZIÈME  CLASSE. 

Résineux. 

Caractères* 

1)  Très  soluble  dans  l’alcohol  pur,  dont  il  est  parfaitemnt  pré- 
cipité par  l’eau  ; 2 ) à chaud  il  se  combine  avec  les  alcalis  li- 
quides en  formant  un  mélange  savonneux  ; 3 ) l’acide  nitrique 
à chaud  le  change  en  une  matière  jaune  amère  , pas  tout  à fait 
insoluble  dans  l’eau  ; 4 ) il  se  dissout  dans  les  acides  acétique 
et  sulfurique  , mais  ce  dernier  le  réduit  en  une  matière  char- 
bonnée  , dont  on  sépare  très  souvent  encore  une  autre , qui 
se  précipite  de  sa  dissolution  par  la  colle. 

Remarque.  Le  résineux  présente  en  général  plusieurs  caractères 
chimiques  à l’aide  des  quels  on  peut  distinguer  plusieurs  espèces 
particulières  , comme  : 


( j49) 

1 ) Résine  , insoluble  à la  température  ordinaire  dans  l’éther  , 
l’huile  de  térébenthine  et  les  graisses  liquides  ; La  résine  d© 
jalap  par  exemple. 

2 ) Résine  , insoluble  dans  l’huile  de  térébenthine  et  les  grais- 
ses liquides  comme  la  copale  , la  laque  etc. 

3 ) Résine  soluble  , en  général , dans  l'éther , les  huiles 
grasses  et  volatiles  ; comme  la  résine  commune  , etc. 

4 ) Résine  л qui  à chaud,  ne  forme  point  de  mélange  savon- 
neux avec  les  alcalis  liquides  comme  les  autres  résines  p.  ex. 
la  résine  de  l'euphorbe  et  d’autres. 

QUINZIÈME  CLASSE. 

Substance  rësinif  or  me. 

Caractères. 

1 ) Insoluble  dans  l’alcohol  qui  le  précipite  de  l’éther  , son 
dissolvant  ; 2 ) Les  acides  nitrique  et  sulfurique  la  changent 
dans  certains  cas  en  résine  proprement  dite  ; 3 ) approchée  de 
la  flamme  d’une  bougie  , elle  prend  feu  et  brûle  comme  la 
résine  avec  une  flamme  vive  , qui  répand  beaucoup  de  fumée  , 
mais  elle  laisse  un  résidu  , presque  pas  charbonneux. 

Remarque.  L’usage  frequent  que  je  fis,  il  y a huit  ans,  de  la  sanda- 
raque  pour  les  vernis  brillants,  me  conduisit  à la  decouverte  d’un 
dépôt  particulier,  que  j’appellerai  substance  résiniforme . U m’ar- 
riva plusieurs  fois  de  ne  pas  réussir  dans  la  confection  d’un 
bon  vernis , quoique  la  sandaraque  employée  eût  les  qualités 
requises  : étant  sèche  elle  ne  formoit  point  sur  le  bois  une 
couche  brillante  et  transparente  , et  la  surface  peinte  paroissoit 
enduite  de  chaux.  Désirant  en  trouver  la  cause  je  ne  tardai 
pas  à remarquer  que  la  sandaraque , outre  la  résine  contenoit 


f i5o  ) 

encore  une  matière  particulière  , qui  ne  se  dissout  pas  seule 

dans  î’idcohol  , mais  Lieu  à la  chaleur  et  en  commun  avec  une 

<n  ' » * t 

grande  masse  de  résine.  Une  plus  petite  proportion  d’alcolioj 
pour  la  sandaraque  , une  dissolution  sans  la  pulvériser  et  opérer 
sans  l’intermède  de  la  chaleur  .a  furent  pour  moi  un  moyen 
d’obtenir  un  vernis  brillant  sans  défauts  et  de  découvrir  que 
]a  blancheur  qu’il  contractoit  en  l’appliquant  , provenoit  de  la 
substance  particulière  en  question.  Karsten , alors  rédacteur  du 
journal  de  chimie  de  Scherer  , en  publia  une  notice,  insérée 
dans  le  huitième  volume , et  la  suite  de  mes  recherches  , pa- 
rut dans  le  9ème  vol.  pag.  536  — 41.  Le  chimiste  Karsten  (et 
auparavant  le  pharmacien  Lichtenberg  ) s’en  occupèrent  particu- 
lièrement, afin  de  s’assurer,  si  la  substance,  que  j’avois  trou- 
vée dans  la  sandaraque  , n’existoit  pas  aussi  dans  d’autres  rési- 
nes. Il  en  trouva  un  peu  dans  l’oliban  et  dans  la  gomme  de 
panais  et  sou  existence  fut  confirmée.  ( Voy.  Karsten’s  Beytrâge 
zur  Begründiung  einer  wissenschaftlichen  Chemie,  В.  I.  S.  54)  Lich- 
tenberg m’avoit  déjà  dit  à Berlin  en  1803  , qu’il  n’avoit  point 
trouvé  cette  substance  particulière  dans  la  sandaraque  , qu’il 
avoit  analysée  , quelle  avoit  été  entièrement  dissoute  dans  l’es- 
prit de  vin.  J’eus  le  même  résultat  dans  une  expérience  à 

ce  sujet.  Je  me  crus  donc  obligé  , d’insérer  cette  observation 
dans  le  3me  vol.  de  mon  Manuel  de  Гііагтасіе  à l’article 

de  substance  résiniforme  et  de  dire  r qu’on  ne  la  trouvoit  pas 
dans  chaque  espèce  de  sandaraque  du  commerce  ; qu’elle  était 

entièrement  soluble  dans  l’alcohol  et  non  dans  l’huile  de  téré- 

benthine ; cependant  on  trouve  dans  le  commerce  une  espèce 
de  sandaraque  qui  ne  se  dissout  pas  complètement  dans  l’alcohol 
et  qui  dépose  une  substance  particulière.  En  recevant  , il  y a 


mi  mois  , les  quatre  premiers  volumes  du  dictionnaire  de  cln- 
mie  de  Wolf.,  j’y  lus  (4me  vol.  pag.  539  ) l’article  suivant: 
„Giese,  qui  prétend  avoir  trouvé  dans  la  sandaraque  , une  sub- 
stance particulière  insoluble  dans  l’alcohol  , a été  , sans  doute 
induit  en  erreur  , en  ce  que  le  résidu  resté  insoluble  en  prépa- 
rant du  vernis  , qu’il  avoit  examiné  , venoit  très  probablement 
d’une  ' sandaraque  mêlée  avec  du  mastic.  Ce  principe  particulier 
qui  doit  se  trouver  dans  la  sandaraque  et  que  Thomson  consi- 
dère'comme  tel  dans  son  système  de  chimie  , est  impossible  à 
admettre.  £f  Cette  remarque  à laquelle  le  respectable  et  érudit 
coéditeur,  Klaproth,  n’aura  certainement  point  pris  part , m’obli- 
ge à insérer  ici  les  objections  suivantes  : 

On  ne  trouve  point  la  sandaraque  mêlée  avec  du  mastic,  mais 
on  a à craindre  la  falsification  de  ce  dernier  par  l’autre.  Il  y 
a quelques  années  , on  trouva  ridicule  le  moyen  que  quelqu’un 
proposa  pour  connoître  , si  la  craie  n’avoit  pas  été  mêlée  avec 
de  la  céruse  ; le  mélange  supposé  de  la  sandaraque  du  commer- 
ce avec  le  mastic  présente  le  même  cas.  Si  la  sandaraque  que 
j’avois  soumise  à l’analyse  a été  , par  méprise  , mêlée  avec  du 
mastic,  je  n’aurois  pu  dire,  dans  mon  ouvrage  en  question,  que 
le  résidu  d’une  dissolution  à chaud  , étoit  d’un  blanc  erisâtre  , 
cassant  et  très  friable  ; de  plus  ( à.  la  fin  ) que  dans  la  dissolu- 
tion , à chaud , de  la  sandaraque  , une  partie  de  la  matière 
étrangère  , qui  s y trouvoit,  étoit  dissoute  dans  l’alcohol  par  l’in- 
ter ni e cl e de  la  résine.  Je  suis  très  charmé  d’avoir  encore  en 
mains  mes  notes  sur  l’analyse  de  la  sandaraque  , faite  il  y a 8 
ans  , et  de  pouvoir  donner  en  même  tems,  les  caractères  du  ré- 
sidu dii  mastic  dissout  dans  l’esprit  de  vin  , cherchant  alors  l’a- 
nalogie entre  ce  dernier  et  la  sandaraque.  La  matière  insoluble 
nrovenant  du  mastic  dissout  dans  l’esnrit  de  vin  est  claire,  trans- 


( *5a) 

parente  , molle  , de  la  consistance  d’un  baume  , très-gluante , fi- 
lante (si  Гоп  serre  l'extrémité  des  doigts  , et  qu’ensuite  on  les 
écarte  lentement , il  se  forme  une  infinité  de  fils  très  - fins  , 
brillants  comme  la  soie  , qui  en  se  brisant  se  retirent  prompte- 
ment ) se  sècbant  très  difficilement  et  montrant  encore  , après 
une  légère  fusion  5 un  certain  degré  d’élasticité.  Elle  n’est  point 
dissoute  dans  Talcohol  par  l’intermède  de  la  résine  (consultez  Ber» 
iiner  Jabrbucli  f.  d.  Pharm»  a.  d.  T.  1795  pag.  49).  D’après 
cet  exposé  on  peut  juger  que  je  ne  me  suis  point  trompé  quant 
à l’existence  de  cette  matière  résiniforme  ; l’erreur  que  je  peux 
avoir  commise  , consiste  à avoir  dit,  que  la  sandaraque  en  géné- 
ral , contenoit  cette  substance  particulière  , tandis  qu’on  ne  la 
trouva  que  dans  certaines  espèces. 

SEIZIÈME  CLASSE. 

Baume . 

Caractères. 

1 ) Le  baume  perd  à l’air  sa  consistance  liquide  , son  odeur 
d huile  volatile  et  se  change  en  résine  concrète/  2 ) traité  avec 
leau  bouillante  il  se  décompose  en  huile  volatile  et  en  résine; 
on  obtient  le  meme  résultat , si  l’on  l’expose  seul  à une  tem- 
pérature supérieure  de  celle  de  l’eau  bouillante  ; 3 ) dans  son 

état  naturel  il  ne  s’unit  point  aux  alcalis. 

GENRES. 

I.  Baume  résineux  1 ) se  mêle  parfaitement  avec  l’éther , les 
huiles  volatiles  et  les  graisses  liquides  ; 2 ) les  alcalis  liqui- 
des n agissent  point  sur  lui  5 a la  température  ordinaire. 


(i53) 

II.  Baume  acidulé  1 ) L’éther , les  liuiles  volatiles  et  les  grais- 
ses  liquides  ne  le  dissolvent  pas  complètement  3 et  2 ) la  ré- 
action de  Taîcali  pur  dissout  dans  l’eau  , le  décompose  en 
huile  , résine  et  acide  benzoïque.  Remarque. 

Rem.  A celte  espèce  de  baume  , il  faut  encore  ajouter  ceux 
qui  fournissent  l’acide  benzoïque  , qui  en  général  , présentent 
un  état  de  combinaison  tout  autre  , que  celui  des  résineux. 
Ces  derniers  ne  fournissent  point  d’acide  benzoïque  p.  e.  le 
baume  de  capahu , les  différentes  espèces  de  térébenthine. 
C est  a tort  3 que  l’on  continue  à les  regarder  comme  un  mé- 
lange de  résines  et  d’huiles  volatiles.  Voy.  mon  ouvrage  sur 
la  chimie  des  corps  végétales  et  animales. 

DIX-SEPTIÈME  CLASSE 

Essence  ( huile  essentielle  , volatile  J. 

Caractères. 

1 ) Elle  se  mêle  en  toute  proportion  avec  lether  et  l’alcohol. 

2 ) Proportion  gardée  , elle  ne  se  dissout  pas  dans  l’eau  , qu’en 
très  petite  quantité  , et  lui  communique  sa  saveur  âcre  et  son 
odeur  3 et  l’acide  muriatique  oxygéné  la  précipite  en  résine  ; 3 ) 
Distillée  avec  de  l’eau  , une  portion  se  convertit  en  une  sub- 
stance , qui  n’est  plus  volatile , tandis  que  l’autre  acquiert  un 
plus  grand  degré  de  volatilité  , une  nature  plus  éthérée  ; 4 ) 
L’acide  nitrique  lui  donne  promptement  la  consistance  de  baume 
en  occasionnant  un  bouillonnement  considérable  et  souvent  une 
inflammation  , et  ensuite  la  résinifie  ; 5 ) en  général  elle  ne  se 
combine  ni  avec  les  acides  ni  avec  les  alcalis  sans  changer  de 
nature. 

20 


(ï54) 

GENRES. 

I.  Huile  acidifiante.  1 ) en  contact  avec  Гаіг  atmosphérique  , 
elle  ne  se  volatilise  pas  complètement  , et  Taction  de  l’oxy- 
gène  en  convertit  une  grande  partie  en  une  substance  analo- 
gue au  baume  , qui  réagit  fortement  comme  l’acide.  ( La  for- 
mation de  l’acide  a déjà  lieu  s avant  que  l’huile  prenne  une 
consistance  plus  épaisse  et  analogue  au  baume.  ) Rem.  1. 

IL  Huile  camphorigène  1 ) le  gaz  d’acide  muriatique  la  décom- 
pose et  fournit  alors  une  quantité  considérable  d'une  sub- 
stance très  analogue  au  camphre  ; 2 ) Elle  se  comporte  tout 

autrement  , que  la  première  espèce  , à l'égard  des  résines  , 
du  caout-chouc.  Rem.  2. 

III.  Huile  analogue  au  camphre  1 ) Un  peu  soluble  dans  l’eau 

chaude,  elle  se  précipite  ensuite  après  un  repos  plus  ou  moins 
long , en  paillettes  brillantes  , nacrées  comme  l’acide  boraci- 
que  ; 2 ) Parfaitement  fluide  à une  douce  chaleur  , et  se  vo- 
latilisant complètement  à une  plus  forte  , sans  laisser  de  ré- 
sidu comme  les  autres  espèces  d’huiles  ; 3 ) l’alcohol  en  dis- 

sout une  quantité  considérable  ; une  addition  d’eau  rend  la 
dissolution  laiteuse  , sans  précipiter  l’huile  analogue  au  cam- 
phre 5 4 ) soumise  à la  distillation  dans  cet  état  , elle  se  dis- 
tille en  fluide  laiteux  , qui  s’éclaircit  bientôt , et  dont  il  se 
sépare  une  huile  épaisse  , claire  , qui  , lorsqu’on  Го  te  de  la 
liqueur  pour  l’exposer  au  contact  de  l’air  , reprend  de  nou- 
veau une  forme  crystalline;  5)  L’alcali  par  liquide  paroît  s’em- 
parer d’une  partie  , en  rendant  l’autre  fluide  , mais  à l’air  , 
le  tout  reprend  sa  forme  crystalline  particulière.  Rem.  3. 

IV.  Huile  h/drothionee  1 ) exposée  à l’air,  cette  huile  se  vola- 
tilise plus  promptement , que  toutes  les  autres  , et  ne  laisse 


(i55) 

point  de  résidu  d’une  huile  altérée  ; 2 ) Elle  se  sépare  faci- 
lement de  ses  combinaisons  naturelles  et  de  celle  avec  l’eau 
et  y est  déterminée  par  un  degré  considérable  d’expansibili- 
té  , (on  reconnoît  facilement  sa  volatilisation  par  les  larmes  ^ 
qu’elle  excite  en  l’approchant  des  yeux  et  par  l’inflammation 
qu’elle  y excite  , la  peau  même  quand  elle  en  est  touchée 
devient  rouge  et  enflammée  ) ; 3 ) Elle  réagit  sensiblement 
sur  les  métaux  et  sur  les  dissolutions  métalliques  , comme 
celle  du  plomb  , du  fer  3 du  cuivre  et  autres  , de  la  même 
manière  que  le  gaz  hydrothionique  ? ou  hydrogène  sulfuré. 
Rem.  4« 

1 ) Rem.  On  range  dans  cette  espèce  d’huiles  volatiles  pres- 
que toutes  les  officinales  et  encore  beaucoup  d’autres.  J’indi- 
querai les  exceptions  dans  les  remarques  suivantes.  Je  ferai 

encore  remarquer  leurs  variétés  d’après  lesquelles  on  peut  les 
subdiviser.  Une  partie  s’enflamme  par  le  contact  de  l’acide 
nitrique  fumant , ce  qui  n’arrive  pas  avec  l’autre.  Quelques 

unes  fournissent  du  camphre  en  les  évaporant  lentement  tan- 
disque  la  majeure  partie  n’en  donne  point.  Quelques  unes 
de  ces  dernières  , traitées  à chaud  à plusieurs  reprises  avec  de 
l’acide  nitrique  médiocrement  concentré  , fournissent  un  acide 
volatile  et  susceptible  de  se  sublimer  , qu’on  peut  retirer  en 
plus  grande  abondance  dans  celles  qui  fournissent  du  camphre. 

2.  Rem.  L’huile  de  térébenthine  est  , jusqu’à  présent  celle 
que  nous  connoissons  comme  la  plus  propre  à former  du  cam- 
phre. Il  reste  à examiner  ; si  ce  11e  seroit  pas  une  propriété 

commune  à toutes  les  huiles  produites  par  la  distillation  des 

baumes  résineux  avec  l’eau.  On  trouvera  difficilement  cette 

★ 


•20 


( i56  ) 

propriété , si  pour  les  expériences , on  emploie  des  huiles  ti- 
rées des  autres  parties  végétales. 

S.  Rem.  L’huile  analogue  au  camphre  existe  en  commun  avec 
l’huile  acidifiante  , dans  Га  semence  du  fenouil  et  du  persil  , et 
en  est  extraite  par  la  distillation  avec  l’eau.  L’huile  acidifiante 
( fluide  ) qui  se  trouve  en  plus  grande  quantité  , en  produisant, 
pendant  la  distillation  , une  plus  grande  dissolution  d’huile 
analogue  au  camphre  (crystalline)  dans  Геаи  , ne  peut  se  pré- 
cipiter , qu’à  une  température  très  basse  , en  augmentant  par 
là  le  degré  de  force  de  crystallisation.  Pour  la  séparer  et  l’ob- 
tenir plus  facilement , il  faut  distiller  , ces  semences  désignées  , 
en  très  petite  quantité  et  avec  une  plus  grande  quantité  d’eau.  Je 
doute  , que  cette  huile  existe  en  état  de  crystaux  dans  ces  vé- 
gétaux , il  semble  plutôt  , que  cette  qualité  ne  lui  est  propre  3 
qu’après  la  réaction  de  l’eau  et  de  l’air  atlnnosphérique  , ce  qui 
d'ailleurs  , ne  doit  pas  nous  empêcher  , de  la  considérer  com- 
me une  espèce  particulière  d’huile.  Voy.  mon  ouvrage  cité. 

4.  Rem.  De  la  présence  de  cette  lmile  volatile  particulière 
et  de  sa  grande  tendance  à s’évaporer  et  à se  volatiliser , dérive 
cet  eflet  connu^  que  l’oignon  (A Ilium  Сера)  l’ail  (Allium  sativum) 
le  raifort  sauvage  (Cochlearia  armoracîa)  le  Cochléaria  (Cochlearia 
ofîicinalis  ) exercent  sur  les  organes  de  Podorat  et  de  la  vue. 
Elle  forme  une  espèce  de  principe  âcre  ( principium  acre  ) dont 
il  sera  parlé  plus  au  long  dans  la  classe  suivante*  On  ne  trou- 
vera pas  hors  de  propos  de  placer  ici  cette  partie  constituante 
du  végétal  , comme  n'étant  pas  parfaitement  exempte  de  mé- 
lange. 


( i57  ) 

DIX-HUITIÈME  CLASSE. 

O 1 è o - v о l a t i l. 

Caractères. 

1 ) 11  s’altère  en  se  volatilisant  à la  chaleur  ( ce  qui  n’arrive 

pas  avec  les  huiles  volatiles  et  le  camphre),  passe  difficilement 
à la  distillation  avec  l’eau  , et  lui  communique  une  âcreté  brû- 
lante , 2 ) L’eau  le  précipite  en  erystaux  de  sa  dissolution  par 
l’alcohol,  3)  l’alcali  par  liquide  en  dissout  une  partie  et  présente 
une  dissolution  brunâtre. 

GENRES. 

I.  Helléborinurn.  1 ) 11  se  dissout  facilement  dans  l’alcohoî 
mais  ne  se  volatilise  pas  avec  lui  encore  moins  avec  l’eau  , 
et  reste  comme  une  substance  concrète  , en  partie  sous  forme 
de  erystaux  ; 2 ) très  liquide  à la  chaleur  , qui  , lorsqu’elle 
surpasse  celle  de  l’eau  bouillante  , le  volatilise  et  altère  un 
peu  sa  nature  (il  possède  une  très  grande  âcreté). 

И.  Anemonèum  1 ) Dans  sa  combinaison  naturelle  , il  est 

d’une  nature  volatile  , se  dégage  sous  forme  élastique  , et 
produit , comme  l’huile  hydrothionée  une  irritation  dans 
les  yeux  et  le  nez  et  sur  d’autres  parties  , qui  sont 

en  contact  avec  elle  ; 2 ) il  se  dissout  dans  l’eau  et 

passe  à la  distillation  en  changeant  tout  à fait  de 

nature  ; 3 ) L’eau  étant  parfaitement  reposée  , laquelle  con- 
tracte une  âcreté  considérable , il  se  précipite  des  erystaux 
blancs  , opaques  , qui  ne  se  volatilisent  plus  à la  températu- 
re ordinaire,  et  passent  très  difficilemeat  à la  distillation 
avec  l’eau  j seuls  ils  ne  se  liquifient  point  à la  chaleur, 
mais  donnent  une  fumée  blanche  âcre  , dont  une  partie  , 
dans  des  vaisseaux  clos  r fournit  une  liqueur  d’une  saveur 


( i58  ) 

/ 

acre  , et  l’autre  un  sublimé  jaunâtre  , qui  de  plus  , se  dis- 
solvent difficilement  dans  l’alcohol  chaufîé , dans  les  huiles 
grasses  et  volatiles  et  se  crystallisent  cependant  par  le  refroi- 
dissement du  premier  dissolvant.  Rem. 

Remarque.  Le  principe  volatile  et  âcre  des  différentes  espè- 
ces d’anémone,  comme  A.  pratensis  , A.  pulsatilla  , A.  nemorosa 
et  de  certaines  autres  plantes  n’est  pas  seulement  modifié  dans 
sa  propre  nature  , par  la  réaction  de  l’eau  ; lorsqu’elle  est  sé- 
parée par  la  distillation  a mais  encore  par  l’action  de  l’air  at- 
mosphérique , pendant  le  dessèchement  complet  de  ces  végétaux. 
Cela  n’a  Heu,  que  pour  cette  portion  du  principe  volatil,  dont 
la  volatilisation  est  retenue  par  l’affinité  de  l’une  ou  de  l’autre 
ou  de  plusieurs  parties  constituantes.  U acquiert  par  là  un 
état  résineux  * dans  lequel  son  âcreté  est  moindre.  On  peut 
s’en  assurer  en  goûtant  ces  végétaux  , tels  que  f Anemone  pul- 
satilla, la  Scilla  maritima  et  autres,  dans  leur  état  de  fraîcheur, 
et  lorsqu’ils  sont  parfaitement  secs , surtout  en  les  traitant 
avec  l’esprit  de  vin , et  les  distillant  avec  de  l’eau.  Cela  éta- 
blit encore  une  différence  entre  cette  espèce  de  principe  végé- 
tal âcre  , proprement  dite,  et  celle  de  l’huile  hydrothionée.  Cet- 
te dernière  espèce  se  volatilise  entièrement  en  se  desséchant 
comme  dans  le  Cochlearia , ou  quand  une  portion  dans  cette 
circonstance , est  retenue  par  les  autres  parties  constituantes  , 
comme  dans  le  raifort , alors  il  y reste  presque  intact.  Comme 
on  peut  encore  distinguer  une  troisième  espèce  de  principe  vé- 
gétal âcre  , que  "Vauquelin  a découvert  dans  l’Helleborus  hye- 
malis  et  que  j’ai  nommé  Helleborinum  , en  le  comparant  avec 
les  deux  autres  on  peut  facilement  assigner  son  caractère.  En 
présentant  ici  trois  espèces  particulières  de  principe  âcre  j’ai  in- 


( IS9  ) 

diqué  par  là  que  leur  identité  n’est  nullement  admissible.  Il 
reste  encore  aux  chimistes  à déterminer  plus  exactement,  à la- 
quelle de  ces  espèces  appartient  l’àcreté  oléo-volatile  de  plusieurs 
végétaux  , qui  n’ont  pas  encore  été  examinés  et  on  trouvera 
peut  être  encore  des  différences  particulières.  Chacun  pourra 
facilement  déterminer  d’avance , si  un  corps  , qui  annonce  la 
présence  du  principe  âcre,  est  de  nature  oleo - volatile  , ou  si 
son  action  connue  sur  nos  organes , ne  provient  point  d’une 
partie  constituante  résineuse  p.  e.  le  poivre  d’Espagne,  la  Came- 
sée,  l’Euphorbe  et  cependant  cela  n’est  pas  bien  applicable  à l’hel- 
leborinum.  Le  principe  âcre  nommé  anemoneum  , que  quelques 
uns  peut  - être , trouveront  plus  convenable  de  placer  dans  la 
classe  des  huiles  volatiles  propres  , éprouve  non  seulement  le 
changement  , indiqué  ci-dessus  , par  l’action  de  l’eau  , mais 

aussi  il  se  forme  encore  une  seconde  substance  pulvérulente 
sans  âcreté  , insoluble  dans  l’alcohol  et  les  huiles , qui  s’unit 
en  partie  aux  alcalis.  Voy.  les  expériences  intéressantes  et  peu 
considérées , quoique  souvent  citées  , faites  par  Heyen  dans 

Grell’s  chem.  Jour.  1779  St.  2.  S.  102  — 7.  de  plus  encore, 
die  Neuest.  Entdeckung.  in  der  Chem.  St.  4.  S.  42  — - 56. 


DIX- NEUVIÈME  CLASSE 
C amp  h r e. 

Genres. 

1 ) Soluble  , sans  altération  , dans  les  acides  sulfurique  , plios- 
phorique  , acétique  et  nitrique  ; 2 ) ce  dernier  forme  une  com- 

binaison parfaitement  ressemblante  à l’huile  grasse  , dont  l’eau 
précipite  le  camphre  ; 3 ) En  le  distillant  plusieurs  fois  avec 


( ібо) 

ce  même  acide , il  se  forme  un  acide  cristallisé  qui  se  subli- 
me. Rem. 

Rem.  Le  corps  , appelle  camphre , est  le  seul  qui  appartient 
à cette  classe.  Jusqu’à  présent  on  n’est  pas  encore  parvenu  à 
décider,  si  la  matière  volatile  et  capable  de  se  sublimer  et  de  pro- 
duire du  camphre  traité  avec  l’acide  nitrique , est  un  acide 
particulier  , ou  l’acide  benzoïque.  Sous  ce  rapport  on  trouvera 
peut  - être  quelque  intérêt  à lire  ce  que  j’ai  inséré  sur  cet  ob- 
jet dans  mon  ouvrage  sur  la  chimie  des  corps  végétales  et  ani- 
males. L’acide  formé  avec  le  camphre  , fut  déjà  considéré  com- 
me acide  particulier  par  Kosegarten  ( Dan.  Aug.  Ioh.  Fr.  Kose- 
garten.  Diss.  de  Campliora  et  partibus  , quae  eam  constituunt, 
Goettingae  1785  ).  Après  de  nombreuses  expériences  Doerfurt 
trouva  , que  l'acide  appellé  acide  camphorique  , n'étoit  pas  un 
acide  particulier  ( mais  tout  - à - fait  analogue  à l’acide  benzoïque 
( Doerfurt’s  Abhandl.  über  den  Gampher.  Wittenb.  u.  Zerbstl793 
§.  51  — 53).  Les  expériences  , que  Bouillon  la  Grange  fit  en- 
suite , prouvèrent  le  contraire  de  Doerfurt , et  confirmèrent , 
que  l’acide  produit  avec  le  camphre  par  le  moyen  de  l'acide 
nitrique,  etoit  un  acide  particulier.  (Ann.  de  chim.  T.  XXVII). 

Je  vais  essayer  d’examiner  de  quel  côté  se  trouve  la  raison  la 
mieux  fondée.  Huit  parties  de  camphre  et  48  cl’acide  nitrique 
de  1 , 30  , furent  soumises  à la  distillation  dans  une  cornue 
avec  un  récipient  tubulé  ; il  passa  premièrement  un  liquide 
huileux  , qui  se  condensa  dans  le  récipient  , et  il  y eut  en 
même  tems  une  forte  volatilisation  du  camphre.  Quelque 
tems  après  , celui  - ci  fut  entièrement  dissout  dans  la  liqueur 
acide  , qui  passa  ensuite  , formant  une  huile  d’un  beau  verd  , 
qui  couvroit  la  surface  de  l'acide  également  coloré  en  verd  , 
qui  se  trouvait  dans  le  récipient.  Alors  toute  la  cornue  se 


( iGi  ) 

remplit  de  vapeurs  rougeâtres  et  il  y eut  un  dégagement  régu- 
lier de  gaz.  Les  vapeurs  se  colorèrent  en  rouge  foncé  et  dis- 
parurent tout-à-coup.  Elles  furent  remplacées  par  de  blanches  , 
qui  tapissèrent  le  haut  de  la  cornue 3 d’une  couche  un  peu 
crystallisée.  Lorsqu’elles  cessèrent , il  se  trouva  au  fond  de  la 
cornue  ( réfroidie  ) un  résidu  analogue  à la  poix  , d’une  saveur 
amère  et  aromatique.  Je  versai  sur  ce  dernier  une  grande  quan- 
tité d’eau  bouillante  à plusieurs  reprises,  et  je  ne  pus  en  dissou- 
dre que  la  moindre  partie.  La  dissolution  aqueuse  , claire  , 
fournit  après  l’évaporation  une  matière  claire  , jaunâtre  , d’une 
saveur  amère  , réagissant  fortement  comme  l’acide  , et  de  con- 
sistance sirupeuse  , qui  me  parut  une  combinaison  d’acide  ma- 
lique  avec  un  autre  corps  fourni  par  le  camphre.  La  majeu- 
re partie  de  ce  résidu  poisseux  resté  insoluble  dans  l’eau  3 for- 
ma avec  l’alcohol , une  liqueur  d’un  brun  foncé 
qui  après  une  évaporation  ménagée  déposa  des  paillettes 

d’un  brun  noirâtre  et  resta  crystallisée  à la  surface.  L’alcali 
liquide  en  dissolvoit  une  petite  quantité  ; qui  fut  précipitée  par 
l’acide  muriatique  , sous  la  forme  d’une  matière  résineuse  3 clai- 
re 3 rougeâtre.  Après  ces  expériences  je  rédistillai  le  produit 
de  la  précédente  distillation , qui  se  trouvoit  dans  îe  récipient 
et  qui  étoit  couvert  d’une  huile  de  camphre  verdâtre.  Les 
mêmes  phénomènes  eurent  lieu  3 comme  la  première  fois.  L’o- 
pération fut  continuée  3 jusqu’à  ce  qu’il  ne  resta  plus  dans  la 
cornue  3 qu’une  masse  poisseuse  3 j’y  versai  le  résidu  de  la 
première  distillation  , que  j’avois  dissout  ( après  l’avoir  traité 
avec  l’eau  ) dans  l’alcohol , et  continuai  la  distillation.  Lorsque 
l’alcohol  eut  passé  ; il  y eut  dans  îa  voûte  de  la  cornue  une 
forte  sublimation  de  crystaux  blancs , brillants  , aiguillés , qui 

IV  ai 


( іба) 

étoit  de  Facide  camphorique.  Le  résida  poisseux  fut  de  nou- 
veau traité  avec  facide  nitrique  , pour  retirer  une  plus  grande 
quantité  d’acide  campliorique. 

Propriétés  chimiques  de  V acide  camphorique:  1)  cet  acide  étoit 
d’une  saveur  aromatique  , forte  et  brûlante  ; 2 ) il  se  volatilï» 
soit  dans  des  vaisseaux  clos  , sans  laisser  de  résidu  charbon- 
neux considérable  , et  dans  la  partie  supérieure  du  vase  il  for» 
moit  des  crystaux  en  partie  aiguillés  et  touffus  , et  d'autres 
feuilletés  ; 3 ) feau  froide  paroissoit  agir  foiblement , et  lors- 
qu’elle étoit  sur  le  point  de  bouillir  s 1000  p.  n'absorboîent 
qu’une  partie  d’acide  ; 4 ) cette  dissolution  rougissoit  à peine 

le  papier  de  tournesol  et  l'acide  en  refroidissant  , crystallisoit 
en  forme  de  dendrites  très  fins  et  très  larges  ; 5 ) l’alcohol  en 

dissolvoit  plus  que  l’eau  dans  la  proportion  de  80  parties  sur 
une  d’acide  ; 6 ) feau  le  précipitoit , mais  lentement  de  sa  dis- 
solution alcoholique  , comme  l'acide  benzoïque  ; en  ajoutant 
encore  un  peu  d’eau  , il  se  forma  de  petits  points  , qui  s'at- 
tiroient  réciproquement  et  formèrent  de  petits  crystaux  aiguil- 
lés ^ qui  se  réunirent  ensuite  comme  un  tissu  fort  léger  , ( ay- 

ant une  fois  versé  une  certaine  quantité  d'acide  muriatique  , 
dans  l'urine  de  cheval  un  peu  évaporée  9 qui  contenoit  de  l’a* 
eide  benzoïque  s j’eus  occasion  de  voir  ce  phénomène  d'une 
manière  plus  frappante  et  je  pus  observer  exactement  la  for- 
mation des  crystaux  et  leur  entrelacement  ) après  une  addition 
d'eau  considérable  et  quelque  repos , l’acide  se  forma  en  cry- 
staux fort  beaux  , beaucoup  plus  grands  , qui  formoient  un 
tissu  d’aiguilles  en  partie  réunies  en  touffes  ; 7 ) Les  alcalis  et 
les  corps  alcalins  dans  leur  état  pur  et  des  carbonates  s’unis- 
saient à peine  avec  cet  acide  , même  dans  une  plus  grande 
proportion. 


(>63) 

Les  propriétés  , que  j’ai  remarquées  dans  l’acide  extrait  du 
camphre  , doivent  le  faire  considérer  comme  un  acide  particulier 
et  différent  de  l’acide  benzoïque.  Les  nombreuses  expériences  , 
par  lesquelles  l’exact  Doerfurt  nous  a démontré  l’identité  de 
l’acide  camphorique  et  benzoïque , seroient-elîes  fausses  ? Non 
certainement.  Quiconque  examinera  et  appréciera  le  traité  en 
question  sera  du  même  avis.  On  pourrait  donc  admettre  , que 
l’on  peut  extraire  du  camphre  ou  un  acide  propre  , ou  un  aci- 
de analogue  au  benzoïque  , selon  la  plus  ou  moins  grande 
quantité  d’acide  nitrique  , employé  avec  une  chaleur  plus  ou 
moins  longue  ? Mais  à celte  supposition  , on  peut  en  opposer 
une  autre , en  vertu  de  laquelle , l’acide  tiré  du  camphre 
par  le  moyen  de  l’acide  nitrique  , et  différent  de  tous  les  au- 
tres , ne  peut  être  considéré  comme  pur  , mais  comme  un  aci® 
de  y dont  le  vrai  caractère  est  enveloppé  par  un  autre  corps 
étranger  , qui  est  comme  l’acide  produit  pendant  l’opération. 
J’ai  des  raisons  pour  admettre  cette  supposition  et  je  cherche» 
rai  à la  confirmer  dans  la  suite. 

Suivant  ce  qui  a été  rapporté  ci-dessus , Bouillon  Lagrange 
chercha  à confirmer , que  l’acide  du  camphre  est  un  acide 
particulier.  Suivant  ces  expériences  , l’acide  camphorique  avoit 
des  propriétés  chimiques  bien  différentes  de  celui  , que  j’avois 
obtenu  : il  avoit  une  saveur  acide  , une  once  d’eau  chaude 
en  dissolvait  48  grains  ; l’eau  ne  le  précipitait  point  de  sa  dis® 
solution  spiritueuse  ; de  plus  il  formoit  des  sels  avec  les  alca- 
lis et  les  terres  et  ce  qui  est  remarquable  , ses  combinaisons 
avec  la  chaux , la  baryte,  la  magnésie  et  l’argile,  étoient  décom® 
posées  par  l’esprit  de  vin  et  celui-ci  leur  enlevoit  les  acides 
combinés  avec  eux.  Suivant  les  expériences  de  Doerfurt , de 


21 


* 


(іОі) 

Bouillon  Lagrange  et  les  miennes  , il  y auroit  donc  trois  aci- 
des différents  retirés  du  camphre  , qui  ne  se  ressemblent  * que 
par  leur  manière  de  se  comporter  à la  chaleur  , et  par  leur 
cristallisation , ce  qui  approche  déjà  en  quelque  sorte  de  la  na- 
ture de  ces  acides. 

On  sait  que  l’acide  benzoïque  pur  , n’est  point  altéré  à la 
chaleur , dans  son  état  chimique  , par  Facide  nitrique  ; l’on  ne 
remarque  qu’une  réaction  réciproque  , quand  l’acide  benzoïque 
est  encore  combiné  avec  un  corps  étranger  ; comme  avec  la 
résine  , tel  que  l’acide  de  la  résine  de  benzoïn , qui  a une 
odeur  agréable.  Dans  ce  cas  la  matière  étrangère  est  détruite 
par  Facide  nitrique  3 et  il  sort  lui  même  pur  et  sans  altéra- 
tion. En  suivant  mon  principe  , je  chaufîois  Facide  camphori- 
que  avec  un  peu  d’acide  nitrique  : il  y eut  d’abord  de  fortes 
vapeurs  d’un  rouge  de  sang  , la  majeure  partie  de  Facide  em- 
ployé et  différent  de  Facide  benzoïque  se  sublima  et  cette  por- 
tion sublimée  avoit  toutes  les  propriétés  de  Facide  benzoïque. 
Bouillon  Lagrange  auroit  eu  immanquablement  le  même  résul- 
tat , et  se  seroit  convaincu  que  Facide  benzoïque  est  la  base 
principale  de  son  acide  camphorique.  Déjà  sa  différence  en- 
tre son  acide  camphorique  et  le  mien  , contribue  beaucoup  , par 
des  raisons  faciles  à deviner , à confirmer  mon  opinion.  Pour 
éviter  la  prolixité  je  passerai  sous  silence  plusieurs  choses  , qui 
pourroient  répandre  du  doute  sur  l’exactitude  du  travail  de 
Lagrange. 


(iG5) 

VINGTIÈME  CLASSE 
P apaver  in  il  ni. 

Caractères. 

1 ) Il  est  soluble  dans  ^400  parties  d’eau  chaude  ; 2 ) dans 

100  de  froide;  et  3 ) dans  20  d’alcoliol  chauffé;  4)  pendant  le 
refroidissement  de  sa  dissolution  spiritueuse  à chaud  , il  forme 
de  petits  cristaux  prismatiques  , l’eau  le  précipite  sous  la  for- 
me d’une  poudre  blanche  ; 5 ) il  se  combine  à chaud  avec  l’é- 

ther et  les  huiles  volatiles  , mais  pendant  le  refroidissement  de 
son  dissolvant  il  se  sépare  en  ressemblant  au  commencement 
à une  matière  huileuse  et  cristallise  ensuite  * 5 ) Les  acides 

s’en  emparent  facilement  et  les  alcalis  le  précipitent  insensible- 
ment sous  forme  cristalline. 

Remarque.  Le  caractère  spécifique  de  cette  classe  qui  porte 
le  nom  de  papaverinum  ne  peut  , jusqu’à  présent  , s’appliquer 
qu’à  ce  seul  corps.  Il  forme  la  partie  constituante  énergique 
de  l’opium  extrait  du  papaver  somnijerum  3 et  peut  s’appeller 
la  substance  de  l'opium.  Desrosne  et  Sertürner  trouvèrent  cet- 
te substance  dans  l’opium  et  reconnurent  , qu’elle  possédoit 
seule  des  propriétés  énergiques.  Ce  dernier  la  nomma  principe 
somnifère  ( principium  somniferum  ).  Voy.  les  recherches  de 
Desrosne  dans  les  Annales  de  chimie  T.  XLV  pag.  257  ■ — 285. 
Et  de  Sertüner  dans  Tromsdorff’s  Journal  der  Pharmacie  B.  14* 
St.  1.  S.  47> — 93.  J’ai  trouvé  les  expériences  de  ces  deux  chi- 
mistes , parfaitement  conformes  , mais  outre  la  substance  pro- 
pre énergique  de  l’opium  , je  trouvois  encore  un  acide  particu- 
lier , que  Sertüner , a fait  connoître  en  même  tems  et  qu’il  ap- 
pelle acide  de  pavot  ( acidum  papavericum  ).  J’ai  remarqué  dans 


( *66) 

cet  acide  particulier  qu’il  se  distingue  surtout  en  ce  qu’il  со® 
lore  et  précipite  sur  le  champs  en  beau  rouge  foncé  la  disso- 
lution de  muriate  de  fer  et  d’autres  sels  de  fer  dissous  , et 
qu’en  outre  il  peut  cristalliser  par  le  concours  de  certaines  cir- 
constances ; ses  cristaux  consistent  en  paillettes  blanches  et  en 
petites  écailles  d’un  brillant  superbe. 

VIN  GT-UNIÈME  CLASSE 
Urée. 

Cette  substance  qui  forme  une  classe  particulière  , se  trouve 
dans  l’urine  , et  parceque  plusieurs  de  ses  propriétés  en  dé- 
rivent , Fourcroy  et  Vauquelin  qui  la  découvrirent  , l’appelle» 
rent  Urée  ( principe  de  l’urine  , plutôt  substance  de  l’urine  ). 
Les  caractères  chimiques  distinctifs  de  la  substance  de  l’urine 
sont  faciles  à trouver  dans  plusieurs  oeuvres  , je  me  contente- 
rai seulement  de  quelques  observations  : 1 ) on  l’obtient , cri- 

stallisée en  lames  quarrées  , dans  ses  dissolutions  aqueuse  et 
spiritueuse  \ 2 ) l’addition  d’acide  nitrique  dans  une  dissolution 

concentrée  la  précipite  en  masse  brillante  * feuilletée  ; 3 ) à la 

chaleur  il  se  forme  de  l’ammoniaque  combiné  avec  l’acide  car- 
bonique , et  en  plus  grande  quantité  , que  dans  toutes  les  au- 
tres parties  constituantes  connues  et  propres  à cela  , des  corps 
organisés  ; de  plus  une  huile  fétide  et  de  l’acide  urique. 

VINGT-DEUXIÈME  CLASSE 
Ligneux. 

La  fibre  du  bois  dégagée  de  toute  matière  étrangère , appar- 
tient à cette  classe.  Cette  substance  diffère  presque  seulement 
de  1 amidon  fibreux  et  de  l’amidon  même  3 dont  elle  peut  se 


( 1 6 7 ) 

former  par  l’action  de  l’oxygène  : 1 ) par  son  immutabilité  dans 
l’eau  chaude,  2 ) par  une  combustibilité  plus  facile  et  3)  par  la 
formation  d’une  plus  grande  quantité  de  charbon  en  se  décom- 
posant à la  chaleur.  Dans  ce  cas  elle  fournil  en  meme  tems 
une  petite  quantité  d’acide  combiné  avec  l’ammoniaque;  j’obserre 
encore  , que  la  même  chose  arrive  à la  distilation  sèche  de 
l’amidon , et  qu’on  reconnoit  dans  tous  les  deux  une  petite 
portion  d’azote. 

CONCLUSION. 

Dans  ce  mémoire  , j’ai  signalé  et  caractérisé  d’une  manière 
abrégée  , 44  espèces  particulières  de  parties  constituantes , qui 
se  rencontrent  dans  les  êtres  organiques  ; savoir  : 

1)  Mucilage,  2.  Gomme,  3.  Sucre  de  lait,  4.  Substance  de 
la  manne,  5.  Mucoso-sucre  ( Sucre  liquide  ) , 6.  Sucre  de  raisin 
(sucre  cristallisable),  7)  Sucre  de  la  canne  à sucre  (sucre  dur  et 
cristallisable  ) , 8.  Crocinon  , 9.  Glycîon  , 10.  Matière  extractive 
amère,  11.  Cinchonin  , 12.  Substance  du  rachou  , 13.  Tannin 

du  chêne,  14.  Tannin  du  kino  , 15.  Amidon,  16.  Amidon  fi- 
breux, 17.  Matière  analogue  à l’amidon,  18.  Mucus,  19.  Gé- 
latine, 20.  Zoophyton , 21.  Albumine,  22.  Fibrine,  23.  Indigo, 
24.  Liège  ( suber  ) , 25.  Caoutchouc  , 26.  Graisse  huileuse  , 27. 
Graisse  concrète  , 28.  Cire,  29.  Matière  analogue  à la  cire,  30. 
Ambre,  31.  Résine,  32.  Substance  résiniforme,  33.  Baume  rési- 
neux, 34.  Baume  acide,  huile  volatile,  35.  Huile  acidifiante, 
36.  Camphorigène  , 37.  Analogue  au  camphre  et  38.  Hydrothio- 
nique,  39.  Helléborinum  , 40.  Anémonéum  , 41.  Camphre,  42. 
Papaverinum  , 43.  Urée,  44.  Fibre  ligneuse  (ligneux). 

Ces  espèces  désignées  sont  réunies  dans  22  classes  particuliè- 
res , dont  celles  qui  n’ont  qu’une  seule  espèce  , portent  pour 
la  plus  part  le  même  nom.  Les  noms  de  ces  classes  sont  t 


( і.68  ) 


1.  K om  mi  oxygène  , 2.  sucré,  3.  crocinon  , 4.  glycion  , 5.  sy- 

tlerochlorainon  , 6.  scytogenon  , 7.  amilon  , 8.  adipogène  , 9. 
indigo,  10.  suber , 11.  caoutchouc,  12.  graisse,  13.  gras, 
13.  résine  , 15.  résineux,  16.  baume,  17.  huile  volatile;  18. 
oleo-volatil  , 19.  camphre,  20.  papaverinum , 21.  urée,  22. 

ligneux. 

On  aura  peut-être  quelques  objections  à faire  sur  le  travail 
que  je  présente.  Les  uns  regarderons  comme  inutile  la  dis- 
tinction de  certaines  espèces  , d’autres  n’approuveront  pas  la  sé- 
rie et  la  nomenclature  des  classes.  Quant  aux  premiers  , je 
puis  leur  alléguer  de  bonnes  raisons  , et  quant  aux  derniers  , 
ils  peuvent  émettre  leur  opinion.  Mais  il  ne  faut  pas  croire 
qu’il  y ait  la  moindre  utilité  à changer  seulement  l’ordre  des 
classes  et  des  genres. 

Note.  L’auteur  se  croit  obligé  d’avertir  ses  lecteurs  , que  dans 
le  même  tems  qu’il  écrivoit  ce  mémoire  ( 1800  ) il  croyoit 
également  livrer  à l’impression  le  3me  volume  de  son  ma- 
nuel de  pharmacie;  mais  différentes  circonstances  l’en  ont  em- 
pêché , en  obligeant  à de  nombreuses  recherches  sur  plusi- 
eurs objets.  Ces  recherches  plus  suivies  ont  apporté  plus 
d’ordre  et  de  perfection  , de  façon  que  ceux  , qui  liront  ce 
mémoire  pourront  avoir  recours  au  volume  indiqué  et  s\ir 
le  point  de  paroitre.  Le  volume  a été  publié  en  même 
tems  qu’un  ouvrage  à part , intitulé  : Chemie  der  Pflanzen 
und  Thierkorper  in  Pharmazeutischer  Rücksicht , mehrentheils 
nach  eigenen  Erfahrungen  bearbeitet  und  in  einer  naturge- 
massen  Ordnung  abgehandelt  , von  Ferdinand  Giese.  Riga  bey 
Hartmann  1811.  8. 


Observations  sur  quelques  Diptères  de  la  Russie , 
par  le  Directeur  et  Professeur  G . FISCHER . 

i.  Notice  sur  la  larve  du  culex  claviger  de  Fabricius  , 
regardée  par  Air.  Lichtenstein  comme  un  nouvel  insecte  acjuaticjue. 

Ce  fut  au  mois  de  mai  de  l’année  18ІО  que  Mr.  Remheld  , 
un  de  mes  élèves  à l’Academie  Impériale  médico  - chirurgicale  , 
m’apporta  un  animal  désséché  dont  il  désiroit  connoître  le  nom. 
Après  l’avoir  ramolli  dans  de  l’esprit  de  vin  , je  reconnus  tout 
de  suite  le  chcioborus  antisepticus , décrit,  il  y a dix  ans,  comme 
un  nouveau  genre,  par  Monsieur  Lichtenstein,  Conseiller  de  Con- 
sistoire à Helmstcidt.  # ) 

L’examen  des  caractères  extérieurs  de  cet  animal  , ne  permet® 
tant  pas  de  le  placer  dans  aucune  classe  d’animaux  connus  , me 
porta  à croire  que  c’étoit  plutôt  une  larve  qu’un  animal  par- 
fait. 

Mais  Mr.  Lichtenstein  ayant  mis  trop  d’importance  dans  l’an- 
nonce de  cet  animal  , je  crois  nécéssaire  de  îa  rapporter  ici , 


®)  Beschreibung  eines  neu  entdeckten  Wasserinsects,  von  A.  A.  H.  LICH- 
TENSTEIN. Voyez  "WIEDEMANN’S  Archiv  fur  Zoologie  und  Zootomie 
Vol.  i.  p.  168— iô5,  avec  une  figure. 

1Y  22 


( *7°  ) 

pour  prouver  que  l'animal  que  j’ai  observé  est  le  même  dont 
parle  Mr.  Lichtenstein  , et  pour  empêcher  qu’nne  notice  donnée 
par  un  homme  aussi  célèbre  , confirmée  par  Fabricius  lui-même 
ne  soit  trop  accréditée  parmi  ceux,  qui  n’ont  pas  assez  de  for-, 
ce  pour  l’approfondir.  * ) 

„Je  recueillis  u „ dit  Mr.  Lichtenstein  ee  ,,  au  mois  d’Avril  de 
l’an  1798  л d’un  marais  près  du  chemin  de  Hambourg  à Epen- 
dorf,  qui,  à la  grande  chaleur  des  premiers  jours  de  Juin^  com- 
mence ordinairement  à se  déssécher  , et  qui  contient  une  quan-> 
tité  d’insectes  aquatiques  et  entre  autres  aussi  le  Cancer  stagna - 
lis  de  Linné  ( Gammarus  stagnalis  de  Fabricius  ) une  provision 
de  monocles  ( Entomostraca  Müll.  ) pour  en  nourrir  des  polypes. 
Ayant  un  jour  négligé  un  vase  dans  lequel  un  million  de  ces 
animaux  étoient  morts  et  pourris  , et  voulant  jeter  cette  eau 
trouble  et  puante  ^ j’y  apperçus  , à mon  grand  étonnement  , 
quelques  petits  insectes  , qui  étoient  longs  , minces  et  tout  - à - 
fait  transparens  ; si  Гоп  excepte  deux  paires  de  petits  globules 
gris.  Ils  eurent  dans  l’espace  de  deux  jours  la  longueur  d’un 
demi  - pouce.  Le  corps  consistoit  en  onze  sections  , dont  la 
première  formoit  la  tête  et  la  dernière  la  queue  ; les  neuf  in- 
termédiaires diminuoient  en  grosseur  et  en  longueur.  On  apper- 
cevoit  distinctement  à la  tête  deux  yeux  et  deux  palpes.  Les 
antennes  manquoient  et  les  mâchoires  étoient  difficiles  à con- 
noître , elles  se  trouvoient  au  dessous  des  yeux  derrière  les  pal- 
pes j qui  , par  un  mouvement  tFès  - vif  surtout  très  - perceptible 
dans  les  antérieures  et  plus  longues  д amenoient  à la  bouche 


* ) Il  y a plus  de  dix  ans  que  j’ai  déclaré  ce  chaoborus  de  Lichtenstein 
la  larve  d’un  insecte  j ce  mémoire  confirmera  pleinement  mon  opinion. 


С1?1) 

les  petits  animaux  infusoires  , qui  font  sa  nourriture.  Les  or- 
ganes de  manducation  ou  les  mâchoires  éloient  dans  un  mou- 

O 

vement  continuel  et  difficile  à connoître  , voici  pourquoi  elles 
ne  sont  pas  distinctes  dans  le  dessin  , d’ailleurs  très  exact  , de 
Monsieur  le  Professeur  Suhr.  Auprès  de  la  bouche  de  cet  animal, 
dont  les  parties  intérieures  sont  aussi  visibles  que  les  extéri- 
eures, l’animal  étant  parfaitement  transparent,  commence  tout  de 
suite  l’ésophage  assez  large,  qui  représente,  au  moins  à la  partie 
inférieure , l’estomac.  On  voit  très  distinctement  avancer  et  re- 
culer la  nourriture  avalée  , qui  est  plus  foncée  que  le  corps 
crystallin  de  l’animal  lui  - même  ; elle  ne  recule  cependant  pas 
au  - delà  des  globules  antérieures  , gris  de  mercure.  Ces  parties 
très  - belles  de  couleur  et  d’éclat , mais  opaques  , ont  beaucoup 
de  ressemblance  avec  les  yeux  , vulgairement  nommés  ainsi , de 
quelques  monocles  ( Monoculus  piscinus  , Mon.  Argulus  , etc.  ) 
et  paroissent  être  dans  un  nexe  très  - intime  et  immédiat  et 
avec  l’ésophage  , et  avec  les  artères  remplaçant  le  coeur  de  ces 
animaux,  et  avec  les  poumons  (??).  Si  un  jour  un  naturaliste  plus 
ingénieux  observoit  cet  insecte  remarquable  sous  un  microscope 
plus  composé  , il  pourra  donner  des  éclarsissemens  inattendus 
sur  l’anatomie  et  la  physiologie  des  insectes.  La  transparence 
parfaite  de  tout  le  corps  , comme  le  crystal  le  plus  pur , lui 
permettra  de  reconnoître  la  structure  de  toutes  les  parties  inté- 
rieures et  leur  conjonction  avec  ces  deux  paires  de  globules  gris. 
Il  en  déduira  des  résultats  fertiles  pour  tout  le  méchanisme 
du  corps  de  tous  les  insectes.  Je  ne  veux  pas  croire  que  cet 
animal  que  je  viens  de  décrire  se  trouve  uniquement  dans  ce 
marais  de  Hambourg,  il  est  au  contraire  probable  qu’il  se  trou- 
ve dans  chaque  eau  remplie  de  corps  pourris  et  qu’il  paroîtra 

■k 


22 


( !72) 

surtout  ^ si  l’on  laisse  pourrir  les  monocles  ( Monoculus  Pulex  ) 
et  autres  animaux  semblables  dans  de  l’eau  stagnante.  Je  re- 
tourne cependant  à ma  description.  Un  intestin  mince  se  pro- 
longe des  globules  antérieures  jusqu'au  troisième  segment  du 
corps  , et  fait  la  continuation  du  canal  intestinal  qui  s’élargit 
au  dessous  de  ces  globules  dans  une  espèce  d’estomac.  Dans  cet- 
te troisième  articulation  les  intestins  s’élargissent  et  se  prolon- 
gent , à ce  qu’il  paroit , jusqu’  à l’ouverture  de  l’anus  , 
en  ligne  droite.  La  continuation  au  de  là,  c’est  à dire  , jusqu’à 
la  queue,  garnie  de  soies  , n’est  qu’un  défaut  du  dessin.  Au 
dessus  de  l’anus  se  trouvent  les  deux  globules,  couleur  de  mer- 
cure , qui  sont  en  même  tems  plus  petits  , et  qui  paroissent 
être  des  ovaires , si  nous  suivons  l’analogie  des  autres  insectes 
aquatiques.  Si  ces  corps  sont  réellement  les  ovaires  et  dans 
un  état  aussi  devéloppé  , comme  on  les  trouve  aussi  dans  les 
femelles  du  G amniarus  stagnalis  , et  de  la  plupart  des  mono- 
cles ; notre  insecte  ne  pourroit  être  une  larve  , mais  un  insecte 
complet  et  parfait  , qui  seroit  unique  dans  son  genre  , et  pas 
encore  observé  par  aucun  naturaliste.  Je  ne  puis  décider  si 
c’est  une  larve  , pareeque  j’ai  perdu  les  deux  individus  trop  tôt 
les  deux  fois  que  j’ai  pu  les  observer.  ( Il  est  inutile  de  di- 
re comment  l’auteur  les  a perdus  , ou  comment  il  présume 
de  pouvoir  s’en  procurer  par  une  eau  corrompue.  Il  termine 
son  mémoire  par  les  mots  suivans  ) ,, Comme  ce  petit  animal 

emploie  à sa  nourriture  les  petits  vers  infusoires  ovales  qui 
appartiennent  au  genre  de  Linné  , à la  vérité  très  peu  précis  , 
de  Chaos  , je  propose  le  nom  générique  chaoborus , à moins 
qu’une  histoire  plus  exacte  de  cet  animal  ne  nous  montre  , 
que  l’animal  connu  s’en  développe.  Le  nom  cC antisepticus  seroit 
peut  - être  conforme  à l’espèce  , pareeque  l’eau  aussitôt  que 


ces  animaux  s’y  montrent  en  quantité  et  mangent  les  vers  infu- 
soires , perd  à vue  d’oeil  sa  putridité  et  redevient  fraiçhe  et 
propre  à la  boisson.  Je  désire  qu’un  Naturaliste  , qui  au  bord 
d’un  vaisseau  fait  un  long  voyage  par  mer,  cherche  dans  l’eau 
putride  , qui  -par  elle  - même  redevient  susceptible  d’être  bue  , 
mon  insecte  , qui  à cause  de  sa  petitesse  et  de  sa  transparence 
ne  peut  être  vu  à la  vérité  que  par  des  yeux  bien  armés.  Si 
cet  animal  s’y  trouvoit  , comme  je  n’en  doute  pas  , et  si  l’eau 
en  recevoit  la  propriété  d’être  bue,  ma  découverte  ne  seroit  point 
à mépriser  , soit  pour  la  téléologie  , soit  pour  l’économie 
de  la  nature  , quoiqu’elle  ne  concerne  qu’un  animal  presqu’in- 
visible  , échappé  aux  yeux  pénétrans  des  naturalistes  , et  vivant 
dans  la  puanteur.  Le  chimiste  lui  - même  pourvoit  - être  con- 
duit à ce  point  d’expliquer  plus  parfaitement  l’origine  de  la 
putridité  de  l’eau  et  la  manière  comment  elle  en  disparoit. 
Le  tems  cependant  nous  apprendra  ce  qui  est  vrai  de  ces 
hypothèses.  J’atteste  seulement  l’existence  de  la  vérité  de  la 
description  rude  de  mon  insecte,  appellé  Chaoborus  antisepticus. 
Si  je  le  revois  un  jour,  je  m’en  ferai  un  devoir  d’en  donner  une 
notice  plus  détaillée  , dans  ces  mêmes  archives  pour  la  zoo- 
logie. Il  est  possible  que  quelques  incrédules  nient  même  l’exi- 
stence de  mon  petit  animal  , même  si  Fabricius  en  atteste  la 
vérité.  Je  me  consolerai  par  les  mots  de  Cicéron  : opinionam 
commenta  imminuit  (lies  ; veritatis  juilicia  confirmât .C£ 

J’ai  beaucoup  d’égard  pour  le  grand  homme  qui  est  l’auteur 
de  cette  observation  , mais  il  me  pardonnera  si  je  dis  avec 
franchise  que  j’ai  eu  toute  la  peine  possible  pour  transcrire  ses 
idées  , parceque  presque  toutes  sont  imaginaires  et  dénuées  de 
fondement;  ce  ne  sont  que  les  autorités  de  Fabricius  et  de  Wis- 
demann,  qui  m’ont  excité  à placer  ici  la  notice  de  Mr.  Lichten» 


( г74) 

stein  avec  ses  propres  mots.  J’ai  omis  plusieurs  lignes  qui  ne 
contenoient  que  des  répétitions  ou  des  idées  difficiles  à rendre 
dans  une  autre  langue. 

Tout  ce  qui  est  vrai  dans  les  observations  de  Mr.  Lichten- 
stein , c’est  qu’il  y a dans  les  eaux  stagnantes  au  printems  , un 
animal  de  5 à 6 lignes  de  longueur  , à corps  annelé  , à tête 
munie  d’yeux  et  de  mâchoires  , portant  des  palpes  longs  en 
forme  de  cheveux  allongés.  Des  bulbes  transparents  sur  le 
dos  ( à une  certaine  époque  ).  La  queue  garnie  de  soies  roides. 

Mais  cette  définition  ne  cadre  avec  aucun  animal  d’aucune 

classe.  Il  falloit  donc  croire  qu’il  existe  encore  des  animaux 
de  classes  inconnues  et  Mr.  Lichtenstein  , établissant  un  genre 
nouveau  , auroit  du  former  aussi  une  nouvelle  classe  d’ani- 
maux , ou  penser  que  l’animal  en  question  étoit  dans  un  état 
imparfait.  Et  à la  vérité  , Mr.  Lichtenstein  a observé  une 
larve  , dont  il  a fait  un  animal  complet  et  nouveau.  Son  ima- 
gination l’a  fait  naître  de  l’eau  corrompue  , dans  l’espérance  , 
qu’il  pourroit  devenir  un  moyen  de  rendre  potable  l’eau  pu- 
tride , de  là  son  nom  bizarre  de  chaoborus  antisepticus . 

L’animal  en  question  sort  d’un  oeuf  comme  la  plus  grande 

partie  des  êtres  vivans  ; cet  oeuf  est  placé  dans  le  sable  ou  au- 

tour des  graminés  qui  se  trouvent  auprès  des  eaux  stagnantes. 
Lorsqu’au  printems  les  neiges  se  fondent  , ces  eaux  s’étendent 
plus  qu’à  l’ordinaire,  chose  connue,  et  ces  sables  ou  ces  plantes 
se  trouvent  aussi  submergés.  Les  premiers  rayons  du  soleil  un 
peu  plus  pénétrant  font  naitre  les  larves. 


C’étoit  le  quatre  de  Mai  1810  que  je  reçus  une  larve  sembla- 
ble à celle  de  Mr.  Lichtenstein  , mais  on  les  avoit  déjà  observé 
dans  les  memes  eaux  huit  jours  auparavant.  J’observai  dans  un 
vase  ouvert  , ses  mouvemens  , que  j’ai  admiré.  L’animal  se  sert 
des  soies  de  la  queue  (Tab.  I.  f.  5.  e)  comme  d’un  ressort  pour 
s’élancer  d’un  endroit  à l’autre  ou  pour  s’élever  à la  surface  de 
l’eau.  'Pour  descendre  il  se  courbe  tellement  que  les  deux  bulbes 
(c.  d.  de  la  fig.  5)  se  touchent.  Les  mouvemens  se  font  avec  la 
plus  grande  vitesse  , qui  , l’animal  étant  tout  à fait  transparent  , 
paroissent  imiter  l’éclair.  Dans  cet  état  de  larve,  l’animal  est  très 
vorace  et  ses  mâchoires  sont  dans  un  mouvement  continuel. 
Mais  on  ne  sauroit  dire  qu’ils  porsuivent  leur  proie , au  con- 
traire ils  trouvent  au  fond  une  quantité  de  petits  animaux  aqua- 
tiques , qui  se  développent  et  se  multiplient  facilement  , et  en- 
trent d’eux  - mêmes  dans  sa  bouche  béante.  Ce  sont  des  bino- 
cles , surtout  des  cyclopes  , quadricornes  et  rougeâtres  , qui  leur 
servent  de  nourriture.  Tous  les  mouvemens  peuvent  être  fa- 
cilement observés  dans  une  assiette  pas  trop  profonde,  pour  que 
l’oeil  armé  d’une  bonne  loupe  puisse  atteindre  l’animal.  C’est 
ainsi  que  j’ai  vu  les  mouvemens  réguliers  des  mâchoires  , et  les 
promenades  très  vites  des  cyclopes  qui  se  perdoient  souvent 
dans  la  gueule  de  notre  larve. 

Sixième  mai  , au  matin. 

La  larve  paroît  un  peu  plus  raccourcie,  mais  des  ’changemens 
considérables  se  montrent  derrière  la  tête  à l’endroit  où  se  trou- 
voient  les  bulbes  antérieures.  Voyez  fig.  7. 

Les  yeux  se  sont  rétrécis  , deux  nouveaux  bulbes  allongés 
paroissent  de  côté  , k.  k.  , acompagnés  de  tâches  en  demi  - lu- 


(176) 

ne,  des  deux  cotés,  i.  i.  les  bulbes  existant  auparavant  f.  parois- 
sent  affaisés  et  portent  à présent  des  points  noirs.  Toute  l'articu- 
lation qui  formera  le  thorax  paroît  plus  large  et  plus  longue* 
La  queue  porte  encore  ses  soies. 

Le  7 Mai. 

Les  mâchoires  , les  bulbes  , les  ressorts  de  la  queue  ont 
disparu.  Yoy.  f.  8. 

La  tête  est  plus  courbée,  on  reconnoit  le  thorax,  m.,  dont  les 
bulbes  antérieurs  sont  devenues  des  cornes  ou  des  oreilles  1. 
Les  corps  que  nous  avons  comparés  avec  des  bulbes  ( fig.  5. 
c.  d)  sont  rentrés  au  milieu  du  thorax,  comme  faisant  partie  des 
intestins  n.  Les  bulbes  postérieurs  sont  encore  visibles,  d.  (f.  8) 
Les  soies  de  la  queue  au  nombre  de  22  ont  disparu  ; on  ob- 
serve une  addition  particulière  à la  dernière  articulation  de  la 
queue  auprès  de  g.,  munie  extérieurement  de  6 soies  très  roides 
et  courbées. 

Le  9 Mai. 

Le  corps  se  raccourcit  d’avantage  , mais  les  changemens  que 
j’ai  pu  saisir  sont  exprimés  dans  la  ligure  9. 

Les  yeux  sont  devenus  plus  petits  , la  tête  s’est  allongée  , 
les  oreilles  sont  plus  pétiolées , et  tout  le  thorax  a gagné  une 
direction  plus  oblique. 

Le  10  Mai. 

Les  globules  grisâtres  des  articulations  de  la  queue  ont  aus- 
si disparu  et  sont  rentrés  dans  le  corps;  ils  se  prolongent  par  des 
pétioles  (fig.  11.  0.)  moyennant  desquels  ils  communiquent  avec  les 


С *77) 

intestins,  La  dernière  articulation  de  la  queue  est  garnie  de 

soies  courtes  et  roides. 

La  tète  ( fig.  10  ) paroît  plus  formée  ou  plutôt  dans  un 
état  qui  fait  deviner  un  changement. 

Toute  la  peau  extérieure  est  aussi  plus  tendue  3 comme 
si  elle  alloit  se  rompre. 

Le  11  Mai. 

La  tète  et  le  thorax  sont  plus  réunis  5 plus  rétractés  , qua- 
tre traits  noires  paroissent  très  distinctement  sur  le  thorax , 

( f . 12  ) auprès  duquel  on  observe  en  arrière  un  bourrelet  di- 
visé en  trois  parties. 

Les  mouvemeus  convulsifs  diminuent  ou  paroissent  dans  de 
plus  grands  intervalles. 

Le  12  Mai. 

Toutes  les  articulations  du  corps  paroissent  plus  distinctes  3 
le  bourrelet  du  thorax  s’est  changé  en  un  seul  appendix^  (fig.  13.  p.) 
qui  annonce  l’endroit  futur  de  l’écusson.  Ç scutellum.  ) 

Les  mouvemens  sont  plus  lents  ; et  ce  ne  sont  plus  des  con- 
tractions , mais  des  fibrations. 

Le  13  Mai. 

La  chrysalide  s’est  entièrement  formée  , quoiqu’elle  mérite 
déjà  ce  nom  depuis  le  moment  où  les  mâchoires  ont  disparu 
et  que  la  larve  ne  mangeoit  plus  , c’est  à dire  depuis  le  7 mai. 

Le  thorax  , la  tête  sont  plus  étendus  j les  articulations  de  la 
queue  bien  marquées.  La  chrysalide  se  tient  à présent  tranquil- 

IV.  23 


D?8} 

lement  à la  surface  de  l’eau  , dans  uu  état  courbé  , comme  je 
Гаі  représentée  dans  la  figure  14.  Sa  couleur  est  brunâtre,  d’un 
brun]§  foncé.  De  tems  à autre  elle  cherche  à gagner  le  fond 
par  des  mouvemens  convulsifs  , mais  elle  remonte  très  lente- 
ment comme  quelque  chose  qui  , par  son  poid  léger  , ne  peut 
pas  être  submergé. 

J’ai  prévu  que  j’aurais  une  mouche  en  partage  , de  sorte  que 
je  transvasais  l’eau  avec  la  chrysalide,  et  que  je  bouchais  l’ouver- 
ture plus  étroite  avec  un  morceau  de  gaze. 

Après  une  eepace  de  huit  jours  je  trouvai  la  chrysalide  éten- 
due sur  l’eau  , nageant  sur  le  dos  , et  le  cousin  , l'insecte  par- 
fait ( Culex  claviger  F.  et  Meigen  ) voltigeoit  sur  les  parois 
du  vase.  fig.  15  et  16. 

Cette  métamorphose  a ceci  de  particulier  : 1.  qu’un  animal 

parfait  destiné  à s’élever  dans  les  airs  , passe  les  premières  é- 
poques  de  sa  vie  dans  les  eaux  ; 2.  que  tous  les  dégrés  de  sa 
métamorphose  s’établissent  devant  nos  yeux  ; chaque  partie  est 
employée  , la  peau  extérieure  reste  et  se  change  elle  - même 
jusqu’à  la  dernière  époque  , où  l’insecte  parfait  quitte  son  en- 
veloppe membraneuse. 

3.  Les  larves  qui  se  font  une  coque  de  leur  propre  peau  , 
éprouvent  une  métamorphose  de  plus  que  les  chenilles  qui 
deviennent  papillons  , ou  dont  résultent  des  hyménoptères. 

4.  La  grande  vivacité  de  la  larve  , les  mouvemens  convulsifs  de 
la  chrysalide  ne  sont  propres  qu’à  ces  larves  qui  demeurent 
dans  l’eau,  apparemment  pour  en  empêcher  la  corruption,  qui. 


( I79  î 

pour  un  corps  mou  et  Immobile , seroit  Inévitable  dans  les 
eaux  stagnantes. 

5.  Il  devient  clair  enfin  pourquoi  les  cousins  se  trouvent  en  si 
grande  quantité  dans  des  endroits  humides  et  marécageux;  c’est 
là  où  ils  sortent  de  leurs  chrysalides,  c’est  là  où  ils  cherchent 
à placer  de  nouveau  leur  progéniture. 

Nous  devons  à Réaumur  d’excellens  mémoires  , sur  cette 

matière  , mais  il  faut  citer  ici  le  treizième  , contenant  l’histoire 
des  cousins  dans  son  histoire  des  insectes.  Vol.  4.  p 573  - 
636,  avec  6 planches. 

Il  résulte  de  ce  mémoire , comme  de  mes  observations , que 
plusieurs  espèces  se  trouvent  cachées  sous  le  nom  de  cule x 
claviger , car  j’ai  observé  des  chrysalides  nues,  d’autres  étoient 
munies  des  soies  auprès  les  articulations  , d’autres  enfin 

étoient  tout  à fait  velues.  RÉAUMUR  les  a figurées  , avec 

l’insecte  qui  en  est  résulté  , mais  je  n’ai  pu  obtenir  l’insecte 

parfait  de  ces  larves,  desorte  que  je  veux  suspendre  encore  mon 
jugement  sur  la  différence  de  ces  espèces. 

Sciïellenberg,  (Genres  des  mouches  diptères.  Zuric.  1803.  8.) 
a connu  la  métamorphos  du  culex  pipiens  L.  ( Tab.  XLI  ) et 
Jean  GOEDAERDT  ( Metamorphosis  naturalis  of  te  historicité  Be~ 
schryvinge  van  den  oirspronch , aerd  , eygenschappen  aide  vre- 
emde  veranderingen  der  Wormen  , etc.  lot  Middelburgh.  s.  a. 
8 ) a déjà  longtems  avant  Réaumur  rendu  attentifs  à la  singu- 
lière forme  des  larves  de  plusieurs  mouches.  On  peut  compa- 
rer les  planches  II.  LUI.  LIV.  LV.  LXX.  LXXI. 

9,3  * 


(iSo) 

Explication  de  la  planche  I. 

F.  1.  2.  3.  Les  oeufs,  que  les  cousins,  les  hirtées,  etc.  placent  auprès 
des  eaux  , ou  sur  les  sables  , ou  comme  un  cordon  en  cha- 
pelet autour  des  feuilles  de  graminée , qui  voisinent  ces 
eaux  stagnantes. 

4.  La  larve  de  grandeur  naturelle, 

5.  La  même  vue  sous  la  loupe, 
a les  palpes  fibreuses. 

b.  Les  mâchoires. 

c.  Les  bulbes  ou  globules  antérieurs. 

d.  Les  postérieurs , qui  sont  liés  par  un  ruban  en  forme 

de  Y. 

6-13.  Les  différentes  formes  que  la  larve  présente  à différen- 
tes époques  , décrites  dans  le  Mémoire. 

14.  La  chrysalide  se  tenant  à la  surface  ou  à fleur  des 

eaux. 

15.  L'insecte  parfait  de  grandeur  naturelle. 

16.  Le  même  agrandi. 


VIL 

REMARQUES 

Sur  l'Emploi  de  V électricité  dans  les  Maladies  du 
Corps  humain  suivies  d'une  Observation. 

Présentées  à la  Société  des  Naturalistes  à Moscou , 

PAR 

Jean-Claude-Renard  , Docteur  en  Médecine  et  en  Chirurgie  9 
Médecin  des  Bureaux  de  Bienfaisance  de  la  Ville  de  Mayence  ’ 
Membre  non  résident  de  la  Société  Impériale  des  Naturalistes  à 
Moscou  y Membre  Corréspondant  de  l’Académie  de  Médecine  de 
Paris  y de  la  Société  de  Médecine  dé  Bruxelles,  de  celle  de  Me- 
decine  , Chirurgie  et  Pharmacie  à Toulouse  et  Membre  ordinaire 
de  la  Société  des  Sciences  et  Arts  à Mayence. 

fi  décédé  y le  —%  Décembre  } 1827  , âgé  de  49  ans.  J 


, 


. 

' ' Ц 


. 


R EM  ARQUES 

Sur  Гетріоі  de  Г électricité  dans  les  maladies  du  Corps  humain  s 
suivies  d'une  observation. 

Au  lieu  de  faire  usage  des  anciennes  découvertes  consacrées 
par  les  expériences  réitérées  des  Savans  les  plus  distingués  de 
toutes  les  nations  , on  aime  ordinairement  la  nouveauté  , et  on 
donne  une  préférence  générale  à tout  ce  qui  vient  d’être  ré- 
cemment découvert.  On  regarde  souvent  de  mauvais  oeil  ceux 
qui,  pour  atteindre  leur  but  ont  recours  à des  moyens  autrefois 
usités.  On  tâche  même  de  les  décrier  près  des  personnes  moins 
éclairées  , qui  aiment  mieux  admirer  les  phénomènes  inconnus  , 
que  réfléchir  sur  des  choses  connues. 

Dans  cet  état  de  cause  on  ne  devrait  négliger  aucune  occasion 
de  fixer  Inattention  des  hommes  de  l’art,  au  tribunal  desquels  res- 
sortent naturellement  certaines  observations  et  de  leur  fournir 
de  nouvelles  preuves  , que  les  voies  usitées  depuis  longtems 
mènent  aussi  vers  le  même  but. 

Mais  à quel  art  , à quelle  science  , pourrait  on  appliquer  ces 
réflexions  avec  plus  de  raison,  qu’à  la  Médecine?  N’est  ce  point 
en  effet  cette  science  sublime  , qui  nous  apprend  à prolonger  la 
vie  humaine  , à la  préserver  de  sa  dissolution  par  un  traitement 
scientifique  et  à guérir  le  corps  humain  des  maux  qui  viennent 
l’affliger  ? 

Considérons  le  grand  nombre  d’influences  nuisibles  auxquelles 
nous  expose  seulement  la  vie  sociale  ! Entraîné  de  jour  en  jour 


( 184) 

vers  le  bonheur,  tantôt  à pas  lent,  tautôt  avec  une  marche  ra- 
pide , par  des  chemins  et  des  détours  multipliés  , il  arrive  trop 
souvent  que  nous  le  cherchons  sans  jamais  le  trouver  ; il  con- 
siste à jouir  d’une  satisfaction  constante.  Très  peu  de  mortels 
sont  en  état  d’y  parvenir.  Notre  corps  éprouve  en  faisant  ces 
efforts  plus  ou  moins  de  dérangement , se  détruit  de  plus  en 
plus.  Il  est  done  incontestable  , que  la  Médecine  , l’art  de  gué- 
rir , les  artistes  médecins  ( je  me  sers  de  cette  expression 
suivant  le  langage  de  plusieurs  auteurs  allemands  qui  appellent 
ainsi  les  personnes  qui  se  livrent  à la  pratique  médicinale  ) ; 
sont  un  bésoin  de  l’humanité  et  que  par  conséquent  chaque  amé- 
lioration de  cette  science  lui  est  avantageuse. 

Aucune  science  , aucun  art , n’a  éprouvé  autant  de  contradic- 
tions que  l’art  de  guérir.  On  n’a  vu  , nulle  part  , tant  de 
systèmes  élévés  et  renversés  , tant  d’expériences  contradictoires 
qu’en  médecine.  Par  tout  on  tâche  de  découvrir  de  nouvelles 
méthodes  de  guérison  , de  nouveaux  moyens  curatifs  et  assez 
souvent  leurs  inventeurs  ne  connaissent  pas  les  plus  auciennes 
découvertes.  D’un  autre  coté  on  tombait  dans  une  erreur  enco- 
re plus  dangereuse.  Dans  chaque  âge  beaucoup  de  Médecins  , 
méprisant  les  nouveautés  de  leur  art , se  contentaient  de  suivre 
dans  le  traitement  des  maladies  la  méthode  usitée  , lors  même  , 
que  par  elle  , ils  faisaient  périr  plus  de  malades  que  les  mala- 
dies elles  mêmes  n’en  auraient  fait  succomber. 

Tâchons  donc  de  profiter  des  anciennes  et  des  nouvelles 
découvertes  , tâchons  d’augmenter  l’étendue  de  nos  connaissances 
par  tous  les  moyens  licites  , pour  en  former  enfin  un  ensemble 
scientifique  et  salutaire  ! 


(iS5) 

Je  ne  vais  point  alléguer  ici  plusieurs  exemples  de  ce  que  je 
' viens  de  dire  plus  haut  j chaque  médecin  qui  connaît  les  tra- 
vaux littéraires  de  ses  collègues  et  les  progrès  de  la  science  en 
pourrait  fournir  un  assez  grand  nombre.  Je  ne  rappellerai  que 
le  Galvanisme.  Sa  découverte  est  sûrement  une  des  plus  inté- 
ressantes de  nos  jours.  Nous  devons  beaucoup  aux  savans  il- 
lustres , qui  dans  tous  les  pays  se  sont  livrés  avec  tant  de  zèle 
et  de  dévouement  , à jetter  quelque  lumière  sur  ce  point  , aux 
Galvani  , Volta  , Humboldt  3 Fischer  , Aldini  , Rit  ter,  Fermant » 
Davj  etc.  Les  sciences  naturelles  3 et  la  médecine  en  retireront 
également  beaucoup  d’avantages.  Le  Galvanisme  a déjà  donné 
lieu  à une  quantité  très  considérable  d’essais  de  guérison  ; il  a 
même  rendu  la  santé  à plusieurs  malades.  Néanmoins  il  me  pa- 
rait , qu’il  nous  a conduit  insensiblement  à nous  faire  perdre  de 
vue  un  autre  moyen  curatif  très  éfïicace  : je  veux  parler  de 
l’électricité.  Elle  n’est  déjà  plus  aussi  souvent  employée  quel- 
le l’était  lorsqu’on  ne  connaissait  point  encore  le  Galvanisme. 

J’ai  eu  l’occasion  de  traiter  plusieurs  malades  par  l’électricité  9 
les  uns  avec  succès , les  autres  sans  succès.  La  machine  élec- 
trique que  je  possède,  a rendu,  il  y a cinq  ansj  le  sentiment  et 
le  mouvement  à un  jeune  homme  f — dont  le  bras  gauche  avait 
été  paralysé  à la  suite  d’un  accès  d’apoplexie.  Il  est  marié  de- 
puis et  occupe  la  place  de  Contrôleur  des  Contributions  dans 
notre  Département. 

Quelque  tems  après  je  m’en  suis  servi  sans  succès  pour  deux 
militaires^  qui  se  trouvèrent  en  pareil  cas,  mais  je  ne  les  ai  élec- 
trisé que  quelques  jours  , parcequ’iîs  préférèrent  de  rentrer  dans 
l’intérieur  pour  y faire  usage  des  eaux  thermales.  Une  des 

XY.  <4 


( i86  ) 

guérisons  les  plus  récentes  , que  j’ai  opérées  par  l’électricité  fera 
l’objet  principal  de  ce  Mémoire.  Je  crois  devoir  mettre  cette  ob- 
servation au  jour,  elle  fixera  peut-être  plus  particulièrement  l'at- 
tention des  médecins  sur  ce  moyen  si  salutaire  au  rétablisse- 
ment d’uu  grand  nombre  de  malades. 

Beaucoup  de  machines  électriques  , dont  on  faisait  autrefois 
usage  pour  des  éssais  de  guérison  , ne  sont  plus  en  activité 
sans  être  remplacées  jusqu’ici  par  une  pile  de  Yolta.  La  machine 
électrique,  que  je  possède,  est  d’un  eflèt  correspondant  à sa  gran- 
deur; elle  est  construite  d’après  celle  du  Muséum  du  feu  Teyler 
van  der  Hulst  à Haarlem.  Elle  est  décrite  en  langue  hollandaise 
dans  un  ouvrage  de  M.  van  Marum  intitulé  : Description  d’une 
très  grande  machine  électrique  , qui  se  trouve  dans  le  Muséum 
du  feu  Teyler  à Haarlem  #).  La  mienne  a deux  plateaux  de  verre, 
l’un  de  trente  trois  et  l’autre  de  trente  pouces  de  diamètre.  La 
pratique  médicale  , ne  me  laissant  pas  trop  de  loisir  , je  ne  me 
suis  pas  encore  procuré  de  pile  galvanique.  Si  je  navois  pas 
eu  mon  appareil  électrique  , je  ne  serai  pas  parvenu  à réta- 
blir ni  par  l’électricité,  ni  par  le  Galvanisme,  quelques  personnes 
qui  jouissent  depuis  , l’une  du  mouvement  libre  de  son  bras  et 
l’autre  la  faculté  d’entendre.  Je  passe  de  suite  à l’histoire  de  la 
dernière  maladie. 

Observât  i о n . 

Catherine  Axt  , Aubergiste  à Werrstadt , canton  du  même 
nom , arrondissement  de  Mayence , n'entendoit  pas  trop  bien  de 


• j On  en  a une  traduction  allemande  , qui  a le  titre  : Beschreibung  einer 
ungemein  grossen  Electrisirmascliine  von  Van  Marüm  Leipzig.  îjdQ  ш 
4 ; avec  cinq  planches. 


(•iS7  ) 

l’oreille  gauche  dès  son  enfance  , sans  en  connaître  la  cause.  Le 
primeras  de  l’an  1803  , elle  commença  successivement  à perdre 
aussi  Fouie  de  l’oreille  droite  , de  sorte  qu’elle  entendait  très 
difficilement  quinze  jours  après.  La  suppression  souvent  réitérée 
de  la  transpiration  insensible  paraît  avoir  été  la  cause  de  cet 
accident.  Le  métier  de  la  malade  l’exposait  journellement  aux 
plus  forts  courants  d’air  et  à l’influence  des  vicissitudes  les  plus 
multipliées  de  la  température.  Du  reste  cette  femme  , mère  de 
plusieurs  enfans,  avait  trente  six  ans  et  un  tel  embonpoint,  qu’el- 
le pésait  plus  de  200  livres  ; elle  se  portait  parfaitement  bien  , 
toutes  les  fonctions  de  son  corps  se  faisaient  avec  la  plus  gran- 
de régularité.  On  ne  pouvait  pas  non  plus  chercher  la  cause 
de  cette  surdité  dans  quelque  maladie  précédente.  Depuis  l’hi- 
ver dernier  la  malade  n’avait  pas  observé  du  cérumen  dans  ses 
oreilles.  Souvent  elle  sentait  un  bourdonnement  et  meme  de  tems 
en  tems  des  sons  bruissants  dans  forgane  de  Fouie. 

L’emploi  des  vésicatoires  des  injections  et  des  frictions  ir- 
ritantes sur  les  parties  voisines  des  oreilles  ne  changèrent  point 
le  mal.  La  malade  se  rendit  au  mois  de  Juillet  aux  eaux  de 
Wisbaden.  L’usage  des  bains  thermales  de  cet  endroit,  l’emploi  du 
vin  d’antimoine  d’Huxham  et  l’application  d’un  emplâtre  irritant 
sur  le  processus  mastoïde  du  côté  droit,  lui  procurèrent  quelque 
soulagement,  mais,  ces  succès  n’étant  que  très  passagers,  elle  quitta 
oientôt  Wisbaden. 

Avant  que  îa  malade  se  fut  rendu  à cet  endroit , je  lui  avais 
Conseillé  de  se  faire  électriser;  de  retour  de  ce  lieu  elle  me  pria 
donc  de  lui  administrer  ce  remède  , ce  que  je  fis  de  îa  ma- 
nière suivante. 

*4  * 


( iS8  ) 

Le  19  Juillet  pour  la  première  fois  je  fis  usage  du  bain 
électrique  et  je  soustirai,  à laide  dune  pointe,  l’électricité  de  la 
partie  extérieure  de  l’oreille  droite  et  du  méatus  auditorius.  Une 
chaîne  conduisit  chaque  fois  la  matière  électrique  à l’oreille  op- 
posée à celle  que  j électrisait.  L électrisation  dura  au  commen- 
cement un  quart  d’heure  , j’employai  en  même  tems  le  vin  d’an- 
timoine d’Huxham  en  dose  toujours  plus  forte,  jusqua  ce  que  ce 
réméde  occasionna  des  nausées  et  j’ordonnai  l’emplâtre  suivant  : 

Bec.  Emplastr.  de  galbano  crocati  Une.  sem. 

Camphor.  Fetroleî , Alcali  volât,  crystall. 
aâ  Drachm.  unam  et  dimidiam 
Ms.  exactiss.  f.  emplastr.  L. 

pour  en  mettre  tous  les  jours  un  emplâtre  sur  le  processus 
mastoïde  de  deux  cotés. 

Le  tuyau  de  verre  que  j’ai  coutume  d’employer  pour  électriser 
le  méatus  auditorius  est  très  fin  et  renferme  un  fil  de  métal 
très  mince,  qui  se  termine  d’un  côté  par  une  pointe  très  délicate 
et  peu  saillante  et  de  l’autre  par  un  crochet , auquel  on  attache 
îa  chaîne,  qui  ramène  l’électricité  au  réservoir  commun.  Néan- 
moins je  me  sers  ordinairement  de  mon  propre  corps  pour  ce 
dernier  efïet.  Je  tiens  le  crochet  avec  la  main  et  je  parviens 
par  là  à pouvoir  donner  en  même  tems  au  tuyau  la  direction  lar 
plus  convenable. 

Chaque  jour-  j’employai  l’électricité  en  dose  plus  forte,  soit  re- 
lativement a la  durée  du  tems  de  son  emploi  , que  relativement 
a son  intensité.  Cette  opération  durait  quinze , vingt  et  trente 
minutes  , et  quelque  fois  une  beure  entière. 


( i89) 

Après  la  première  électrisation  la  malade  sentit  un  bourdon» 
nement  très  considérable  dans  les  oreilles,  et  la  nuit  suivante  elle 
éprouva  des  bruissements  assez  vifs. 

Le  second  jour  le  bain  électrique  fut  employé  un  peu  plus 
Iongtems  ; le  troisième , deux  fois.  Le  quatrième , j’ai  tiré  à la 
fin  de  l’électrisation  de  petites  étincelles  du  crochet  du  fil , dont 
la  pointe  fut  introduite  dans  le  méatus  auditorius.  Ces  étincel* 
les  piquèrent  la  malade  très  sensiblement. 

Le  cinquième  jour  je  tirai  des  étincelles  moyennant  un  boutop 
de  la  partie  extérieure  de  l’oreille  , ce  que  j’effectuai  le  sixième 
aussi  dans  l’intérieur  de  l’oreille  par  un  tuyau  de  verre  , dans 
la  cavité  du  quel  se  trouva  également  un  petit  bouton. 

J’ai  observé  après  cela  du  cérumen  dans  les  deux  oreilles  \ 
le  bourdonnement  diminua.  La  malade  me  fit  remarquer  que 
dans  ce  même  tems  y où  ces  changement  s’opéraient,  elle  enten- 
dait mieux.  L’emploi  de  l’électricité  continuée  encore  pendant 
deux  jours  lui  rendit  la  faculté  d’entendre.  Des  affaires  domes- 
tiques la  rappeïlèrent  enfin  chez  elle  ; elle  y retourna  et  y per- 
dit subitement  Fouie  de  nouveau  , par  une  frayeur  violente 

Huit  jours  après  j’ai  recommencé  à l’électriser  ; 1 électricité  fut 
employé  quatre  fois  par  jour  ; je  fis  des  injections  avec  du  lait 
tiède  pour  faciliter  l’excrétion  du  cérumen.  Le  second  jour  îa 
malade  entendit  déjà  mieux.-  L’ouïe  s’améliora , â mésure  que 
la  sécrétion  du  cérumen  commençait  à se  faire  régulièrement. 
La  malade  observa  souvent  la  nuit  des  bruissemens  très  violens 
dans  les  oreilles.  Je  lui  donnai  trois  jours  consécutifs,  trois  à six 
commotions  par  une  petite  bouteille  de  Leyde  , en  dirigeant 
le  fluide  électrique'  d’une  oreille  à l’autre.  Après  six  jours  de 
cette  nouvelle  électrisation  la  malade  entendait  beaucoup  mieux  , 


(i9°) 

que  lorsqu’elle  m’avait  quitté  la  première  fois;  Des  affaires  de 
ménagé  la  rappelleront  une  seconde  fois  , mais  elle  ne  perdit 
plus  la  faculté  d'entendre. 

Je  lui  ai  fait  continuer  encore  pendant  quelque  tems  le  vin 
d’antimoine  d’Huxham  et  les  injections  de  lait.  Dix  jours  après 
son  départ  de  chez  moi  , son  ouie  était  tellement  augmentée  et 
rétablie.,  que.,  de  ce  moment  jusqu’ici  elle  entend  sans  interrupti- 
on beaucoup  mieux  que  cela  ne  lui  était  arrivé  depuis  quinze 
ans  3 et  sa  guérison  s’est  soutenue  depuis  jusqu'à  ce  jours. 


VIII. 


NOTICE  SUR.  LES  CHIENS  D’ORIENT 
par  le  Docteur  Mazarowich. 


Les  notions  que  je  présente  ici  sur  les  chiens  , sont  îe  por- 
trait le  plus  ficléle  que  quatre  années  d’observations  continuelles 
permettent  de  faire. 

Il  n’est  pas  idéal , je  Fai  peint  comme  il  est  en  effet,  et  non 
comme  je  voudroîs  qu’il  fut  ? enfin  il  est  tel  à peu  près  que  les 
voyageurs  en  Turquie  îe  connoissent.  D’ailleurs  la  nature  ayant 
arrangé  tous  les  ressorts  du  sentiment  dans  cet  animal  tels  qu’on 
les  observe  dans  l’homme , il  seroit  bien  injuste  de  supposer 
qu’il  ne  sente  pas  , ou  qu’il  soit  impassible.  Le  chien  est  bien 
plus  qu’une  machine  , et  nos  chasseurs  s’en  appereoivent  tous 
les  jours  par  la  discipline  dont  il  est  susceptible  et  par  les  le» 
cons  qu’ils  donnent  eux  - mêmes  an  fidèle  compagnon  de  leurs 
courses. 

Il  est  doué  de  sentiment  , de  mémoire  5 et  d’un  certain  nom- 
bre d’idées  , que  les  trois  besoins  irrésistibles  du  monde  anima- 
le forcent  à développer.  Ces  dons  lui  sont  accordés  par  celui 

IV.  зБ 


qui  , neuf  mois  de  l’année , donne  à Constantinople  presque 
toujours  beau  tems  , et  à nôtre  superbe  Babylone  des  frimats  , 
et  des  glaçons  éternels. 

Je  décrirai  les  chiens  tels  qu’ils  existent  et  tels  qu’ils  sont 
à Bysance. 


St.  Pétersbourg.  1 8 13. 


SUR  LES  CHIENS  D’ORIENT. 


Canis  omnibus  terris , omnibus  seculis  notissimus  j descriptions 

non  eget. 

Ray,  Synopsis  quadrup.  p.  175. 

Le  monde  animal , éprouve  irrésistiblement  „ trois  espèces  de 
besoins.  Celui  de  s’alimenter  celui  d’assurer  son  existence,  con* 
tre  les  dangers  qui  l’entourent  dans  l’état  de  nature,  et  celui  de 
la  reproduire  par  la  possession  exclusive  des  femelles.  Ces  be- 
soins  sont  si  absolus  pour  tous  ces  individus  , qui  composent  la 
chaine  merveilleuse  et  immense  des  êtres  , qu’ils  sont  obligés  de 
tout  risquer  , de  tout  entreprendre , et  de  se  jeter  au  milieu 
des  plus  grands  dangers  , afin  de  les  satisfaire.  Il  est  donc  de 
toute  nécessité  pour  le  naturaliste  , de  pousser  ses  recherches 
vers  ces  trois  points  ; particulièrement , lorsque  le  désir  d’enri- 
chir le  code  de  l’entendement  humain  , l’oblige  à devenir  l’ob- 
servateur  des  êtres  que  le  créateur  souverain  a doué  de  la 
vie.  - 

En  effet  j Commençant  par  l’homme  , et  descendant  jusqu’au 
plus  vil  des  insectes  , il  n’y  a point  d’animal  , qui  ne  mette  en 
usage  toutes  ses  facultés  , afiu  de  se  procurer  ce  qu’il  lui  faut 
pour  sa  nourriture  ; une  femelle  qui  lui  serve  à perpétuer  sois 

^5  * 


(І96) 

espèce  , efc  un  endroit  quelconque  qui  puisse  le  garantir  des 
injures  de  la  saison , des  circonstances  , et  de  tout  ce  qui  peut 
s’opposer  à sa  tranquilité.  C'est  dans  ce  cas  qu’il  étale  autant 
d’activité  , de  force , de  ruse  , et  de  persévérance  , qu’on  lui 
fait  naître  d’obstacles  , et  d’entraves.  L’observateur  profite  de 
ces  moments,  que  le  besoin  réproduit  journellement  à ses  yeux, 
et  détermine  ainsi  l’étendue  des  facultés  de  l’animal;  il  juge  de  la 
capacité  dont  il  est  doué  , il  découvre  les  pouvoirs  qu’il  a , et 
le  surprend  même  dans  ses  opérations  les  plus  secrètes,  en  nous 
annonçant  des  prodiges  , qui,  sans  cette  nature  des  besoins,  nous 
auroient  été  inconnus  , et  cachés  à jamais. 

„Le  chien**"  , „dit  Buffon**  , „est  parmi  les  animaux  celui  qui 

indépendamment  de  la  beauté  de  sa  forme,  de  la  vivacité,  de  la 

force , de  la  légèreté,  a,  par  excellence,  toutes  les  qualités  inté- 
rieures qui  peuvent  lui  attirer  les  regards  de  l’homme.  Un  na- 
turel ardent , colère , même  féroce  et  sanguinaire,  rend  le  chien 
sauvage  redoutable  à tous  les  animaux  ; et  cède  dans  le  chien 
domestique  aux  sentimens  les  plus  doux,  au  plaisir  de  s’attacher, 
et  au  plaisir  de  plaire  ; il  vient  en  rampant  mettre  aux  pieds 
de  son  maître  , son  courage , sa  force , ses  talens  ; il  attend 
ses  ordres  pour  en  faire  usage  ; il  le  consulte  , il  l’interroge , il 
le  supplie  ; un  coup  d’oeil  suffît  , il  entend  les  signes  de  sa  vo- 
lonté sans  avoir , comme  l’homme  , la  lumière  de  la  pensée  , il 
a toute  la  chaleur  du  sentiment  , il  a de  plus  que  lui  la  fidé- 
lité , la  constance  dans  les  affections  ; nulle  ambition , nul  inté- 

rêt , nul  désir  de  vengeance,  nulle  crainte  que  celle  de  déplaire; 
il  est  tout  zèle , tout  ardeur  et  tout  obéissance  ; plus  sen- 


ne 


( J 97  ) 

sible  au  souvenir  des  bienfaits  qu’  à celui  des  outrages  , il 
se  rebute  pas  , par  les  mauvais  traitemens  : il  les  subit  , les 
oublie  , ou  ne  s’en  souvient  que  pour  s’attacher  davantage  ; loin 
de  s’irriter  9 ou  de  fuir  , il  s’expose  de  lui  même  à de  nouvel- 
les épreuves  ; il  lèche  cette  main , instrument  de  douleur  qui 
vient  de  le  frapper  ; il  ne  lui  oppose  que  la  plainte  5 et  la  dé- 
sarme enfin  par  la  patience  et  la  soumission. ee 

Ce  sont  à peu  près  les  talens  naturels  ^ et  les  qualités  acqui- 
ses du  chien  , que  depuis  Aristote  ^ le  confident  3 et  l'interprète 
de  la  nature  jusqu’à  nos  jours  , nous  trouvons  consignés  dans  le 
dépôt  immense  des  connoissances  de  tous  les  pays  , et  de  tous 
les  temps.  Cependant  je  ne  vois  pas  que  nous  ayons  étudié 
autant  qu’il  est  nécessaire  le  talent  naturel  de  cet  animal  et  pour 
le  faire  exactement,  il  falloit  se  trouver  à même  de  l’examiner 
aussi  où  il  vit  en  société  д et  pour  ainsi  dire  en  république. 
C’est  dans  cet  état  d’indépendance  que  les  facultés  ont  tout 
l’accroissement  dont  il  est  susceptible , et  c’est  dans  ce  cas  , 
que  , conjointement  à ces  attributs  que  les  auteurs  d’un  génie  , 
et  d’un  goût  supérieur  lui  accordent  , nous  ne  pourrons  lui  ré- 
fuser cette  gloire  3 et  ces  hommages  que  lui  méritent  l’institu- 
tion , et  la  sagesse  des  loix  , qu’il  observe.  Quelle  pitié  , quelle 
pauvreté  , d’avoir  la  croyance  que  les  bêtes  sont  des  machines  ^ 
privées  de  connoissance  et  de  sentiment  ] qui  font  toujours  leurs 
opérations  de  la  même  manière  , qui  n’apprennent  rien  , et  ne 
perfectionnent  rien.  etc.  î 

Mais  laissons  de  côté  pour  le  moment  toute  réflexion  , et 
transportons  nous  sur  les  rives  délicieuses  du  Bosphore.  ■—  C’est 


( 198) 

ici  que  les  institutions  religieuses  des  Turcs  , rendent  facile  aux 
chiens  tous  leurs  moyens  de  se  réproduire  librement  ; nous  les 
verrons  établis  en  sujets  très  zélés  dtrne  république  puissante  , 
régis  par  des  principes  , de  l’observance  desquels  dépen- 
dent leur  salut , leur  plaisir  , et  leur  tranquilité.  Il  n’y  a pas 
de  voyageur  qui  n’aye  vû  à Constantinople  , dans  toutes  les 
places  publiques  , dans  les  rues  , sur  les  quais  , à côté  des  au« 
berges  , des  tavernes  , près  des  Mosquées  , des  échelles  où  on 
charge  les  vaisseaux  , enfin  partout  , des  compagnies  de  chiens. 
Il  y en  a une  quantité  si  prodigieuse  , que  souvent  Гоп  ne  sait 
de  quelle  manière  se  défendre  de  leurs  attaques.  La  nuit  parti- 
culièrement , l’air  ne  rétentit  que  de  leurs  aboiemens.  — Eh 

bien  î ces  hôtes  si  incommodes  et  détestables  offrent  à 

l’homme  des  observations  très  curieuses.  Suivons  les  dans  leurs 
besoins  cindessus  énoncés , et  je  suis  très  persuadé  que  notre 
ame  sera  pénétrée  d’admiration  et  d’étonnement. 

Commençons  par  celui  de  s’alimenter. 

Les  Turcs  honorent  et  respectent  toute  espèce  d'animal  s et 
c’est  par  un  effet  de  piété  , de  bonté  de  caractère  , et  de  dé- 
licatesse de  sentimens  qu’ils  secourent  , de  leur  superflu  , ceux 
qui  manquent  du  nécessaire.  Chez  eux  la  charité  ne  sauroit 
être  ni  plus  attentive  , ni  plus  sécourante  , et  les  exemples  de 
l’exercice  de  ce  sentiment  sont  poussés  au  point  qu’ils  nous  en 
ont  laissés  même  après  le  trépas.  — Telle  est  le  pouvoir  de  la 
réligion.  Un  chien  , un  chat  3 le  gibier  г la  punaise,  la  puce 

etc.  sont  pour  les  Mahométans  des  êtres  pour  ainsi  dire  .sacrés. 


( г99  ) 

Aussi  il  n’y  a pas  de  pays  au  monde  où  on  trouve  ces  animaux, 
et  ces  insectes  en  plus  grande  quantité  qu’en  Turquie.  — » 

Le  Musulman  fait  tout  ce  qu’il  peut  pour  se  garantir  de  leur 

société  incommode  , et  lorsqu’il  en  a trop  , il  borne  ses  soins  à 
les  éloigner  autant  que  possible  , mais  jamais  à les  tuer.  J’ai 

vu  souvent  des  pachas  , au  camp  par  exemple,  ou  en  tout  autre 

endroit  , où  il  ne  se  trouve  point  de  bains  , se  faire  tenir  par 
deux  domestiques  les  bras  et  les  jambes  en  l’air , tandis  qu’un 
troisième  avec  les  mains  , ou  avec  une  cuillère  de  bois  , ou  d’ 
ivoire,  cinq  à six  fois  par  jour,  leur  grattoit  les  épaules,  les  bras 
etc.  - — JNous  devons  donc  faire  dépendre  de  cette  observance 
plutôt  que  de  toute  autre  cause  l’existence  des  colonies  énormes 
de  chiens  à Constantinople  et  ailleurs.  Mais  comme  à de  cer- 
taines époques  on  a pu  remarquer  que  faute  de  subsistance  les 
rues  dévoient  être  couvertes  de  charognes  , et  par  là  rendre 
malsain  et  infecte  l’air  le  plus  pur  de  notre  hémisphère.  Aus- 
si le  prophète  Mahomet  a promis  de  garder  une  pla- 
ce très  spacieuse  dans  le  paradis  pour  tous  ceux  de  ses  sectai- 
res qui  combleront  de  leurs  bienfaits  tout  être  vivant.  C’est  à 
ce  précepte  que  les  chiens  doivent  les  institutions  , qui  forment 
l’objet  principal  de  leurs  ressources  pour  ne  pas  crever  de 
faim. 

Presque  chaque  seigneur  turc  fait  nourrir  dans  sa  basse-cour 
des  colonies  de  chiens  , et  leur  donne  tout  ce  que  l’hospitalité 
exige.  Il  est  si  scrupuleux  sur  cet  article , qu’au  moment  de 
sa  mort , et  ce  cas  n’est  pas  rare  , il  leur  lègue  des  sommes 
considérables  pour  l’entretien  journalier.  L’argent  est  administré 


( 200  ) 


par  les  régisseurs  des  biens  fonds  de  la  mosquée  où  le  seigneur 
en  mourant  a confié  les  sommes  données.  La  volonté  du  défunt 
est  si  religieusement  observée  par  ces  administrateurs  , que  tous 
les  matins  on  voit  les  gens  destinés  à acheter  la  quantité  énor- 
me de  foies  , de  poumons  , de  rates  de  moutons  etc.  qu’il  faut, 
pour  nourrir  l’immense  colonie  de  chiens  qui  s’est  établie  près 
de  cette  Mosquée. 


Heureux  les  chrétiens  , s’ils  respectoient  avec  la  même 
exactitude  les  dernières  volontés  et  administroient  avec  la  même 
piété  les  sommes,  que  l’amour  paternel  a amassées  à de  pauvres 
orphelins  ^ ou  qus  la  tendresse  d’un  époux  donne  à la  fidèle 
compagne  de  ses  soucis  , ou  enfin  la  somme  destinée  par  un 
ami  pour  récompenser  les  assiduités  , les  peines  , et  les  veilles 
de  ceux  qui  l’ont  soigné  patiemment  jusqu’à  son  dernier  soupir  1 
Continuons  notre  sujet.  Il  n’est  ni  nouveau  ni  surprenant 
pour  nous  de  voir  que  le  chien  a l’idée  du  tems  , de  le  voir 

tous  les  jours  prêt  à la  même  heure  accourir  à la  mosquée  , à 

la  cour,  à l’auberge  etc  où  on  lui  distribue  sa  portion  de  vivres 
etc.  Mais  il  est  toujours  très  curieux  à observer  dans  ce  cas 

la  prévoyance  , et  la  libéralité  dont  il  fait  usage.  Les  hommes 

qui  , à Constantinople,  sont  destinés  à distribuer  le  repas  à ces 
quadrupèdes  apportent  le  matin  dans  la  cour  toutes  les  entrail- 
les de  moutons  qu’ils  achètent  ; ils  les  attachent  à des  clous 
qui  sont  fixés  à des  endroits  exprès  , et  là  , tandis  qu’ils  par- 
tagent le  viscère , on  voit  accourir  de  tous  côtés  les  heureux 


(201  ) 

bénéficiers.  ( * ) Chacun  d’eux  s’empresse  , comme  de  raison  , à 
témoigner . par  des  cajoleries  sans  fin  , le  plaisir  qu’il  a de  re- 
voir ceux  qui  sont  chargés  de  pourvoir  à sa  subsistance  , et  i[ 
attend  dans  la  joie  la  plus  vive  , et  dans  un  ordre  étonnant  la 
ration  qu’on  va  lui  destiner. 

Il  y en  a un  , ( ou  le  plus  ancien  ou  peut  - être  le  plus 

fort  de  la  colonie  ) qui  est  toujours  le  premier  à se  servir,  en- 

suite le  second,  le  troisième  etc.  Jamais  un  exemple  de  querel« 
le  n’accompagne  cette  scène  , et  ce  qu’il  y a de  plus  surprenant 
encore , c’est  que  si  l’un  des  colons  , rassassié  par  d’autres 
moyens  , étoit  absent , celui  des  chiens  , qui  doit  manger  après 
celui  - ci , court , le  cherche  , le  retrouve  , et  par  des  sauts  et 
des  aboiements  le  reveille,  s’il  est  endormi,  et  l’oblige  en  quel- 
que sorte  à venir  prendre  sa  nourriture  ordinaire.  Ce  chien 
alors  , quoiqu’il  n’ait  pas  d’appétit  , se  précipite  à l’endroit  où 

est  le  fournisseur.  Tout  le  monde  se  range  de  coté  , lui  fait 

place  , il  s’empare  du  morceau  qui  lui  est  accordé  , et  vite  il 
s’en  va  l’enterrer  dans  une  espèce  de  carré  qui  semble  être  des- 
tiné par  la  colonie  à servir  de  cave  commune.  ( **  ) C’est  dans 


( * ) Les  indiens  qui  composoient  la  mission  de  Saint  - Charles , ou  de 
Montereg , agissoient  ainsi  à l’heure  qu’on  leur  servoient  Vatole  , c’est 
une  espèce  de  bouillie  qui  est  compose'e  de  farine  d’orge,  dont  le  grain 
a éte\  rôti  avant  d’être  moulu;  elle  n’est  assaisonnée  ni  de  beurre  ni  de 
sel  , et  seroit  pour  nous  un  mets  fort  insipide. 

(**)  Ce  penchant  du  chien  à garder  l’exce'dant  des  produits  sur  les  con- 
sommations ne  prouve  t-il  pas  que  la  volonté'  de  s’enrichir  est  un  in» 
stinct  ? C’est  un  attribut  donc,  qui  n’est  point  exclusif  à l’homme,  et 
qu’on  retrouve  même  chez  quelques  autres  classes  de  l’espèce  animale. 

IV.  2G 


( 202  ) 

cet  endroit  qu’il  arrive  souvent  des  spectacles  dignes  de  tout 
observateur.  Ce  qui  est  fourni  par  îa  charité  , devant  servir 
pour  vingt  quatre  heures  , on  voit  à certaines  heures  du  jour 
plusieurs  de  ces  pauvres  animaux  , forcés  par  îa  faim  , roder 
autour  de  îa  cave,  et  par  des  grimaces,  et  des  remuements  de  queue 
singuliers  , espier  si  le  chien  propriétaire  de  ce  qu’il  y a de 
caché , ne  vouloit  pas  leur  permettre  le  partage  d’un  os  , d’un 
morceau  de  rate  , de  foie,  etc.  - — ■ Dans  со  cas  , si  l’estomac  de 
celui,  qui  a caché  quelque  chose,  l’avertit  du  besoin  qu’il  pour- 
roit  en  avoir  après  , toute  prière  est  inutile,  et  ce  qu’il  y a de 
drôle,  c’est  que  tout  cela  se  fait  sans  la  moindre  guerre;  si  au 
contraire  celui  qui  possède  dans  le  réservoir  son  petit  trésor,  voit 
qu’il  peut  s’en  passer , la  manière  , dont  il  ouvre  les  yeux  a 
legard  de  son  camarade  affamé  , donne  à celui-ci  assez  de  con- 
fiance pour  le  déterminer  à se  rendre  maître  du  morceau  caché, 
et  à le  dévorer. 

J’ai  vu  plusieurs  fois  exercer  cet  acte  de  libéralité  par  un 
chien  borgne,  à la  belle  fontaine  de  Tophana:  car  depuis  quel- 
ques années,  il  attendoit  tous  les  matins,  près  d’un  boulanger  à 
l’endroit  qu’on  descend  de  Péra  , mon  respectable  ami  Mr.  Lau- 
rent Noccioli,  Médecin  de  plusieurs  Sultans  , et  Docteur  très  il- 
lustre , qui  avoit  l’usage  de  lui  faire  donner  un  gros  pain  tous 
les  jours  , il  mettoit  par  là  mon  borgne  en  état  de  se  passer 
très  souvent  de  ce  qu’il  reccvoit  régulièrement  a la  Mosquee. 
Est-il  possible  , qu’un  chien  borgne  puisse  donner  l’exemple  de 
la  générosité  , et  de  la  libéralité  à tant  de  nos  grands  seigneurs? 
Combien  n?y-a«t-ii  pas  de  veuves  , d’enfans  , de  vieillards  men- 


( 2ô3  ) 

dians  qui  expirent  par  une  suite  inévitable  de  la  misère  sans 
qu’on  puisse  trouver  des  coeurs  sensibles  à leurs  maux  ! 
Mais  j’oubliois  que  détendre  les  affections  sur  le  genre  humain 
est  un  reproche  , et  qu’il  n’est  plus  en  usage  d 'être  touché  du 
spectacle  des  infirmités  humaines.  Les  bonnes  actions  ne  res- 
tent pas  oubliées.  Si  on  cite  celles  des  chiens , et  d’un  chien 
borgne^  à plus  forte  raison  on  tiendra  compte  de  celles  que  fera 
l’homme.  Craignons  la  rénommée.  Elle  est  inexorable  dans  ses 
arrêts  , et  disons  avec  Thomas  : qu’elle  dicte  les  actions  ; l’his- 
toire les  écrit  -,  et  la  postérité  les  lira. 

Quoique  nous  ayons  tu  les  Seigneurs  turcs  pourvoir  abondam- 
ment à la  république  des  chiens,  cependant  il  n’est  pas  rare  d’ob- 
server que  , par  la  multiplication  , les  chiens  , nés  depuis  peu  , 
sont  contrains  , plutôt  que  de  crever  de  faim  , de  tenter  par 
une  prompte  émigration  de  changer  de  fortune  , et  de  tâcher 
de  se  domicilier  ailleurs. 

Quelquefois  avant  d’y  réussir , on  les  rencontre  maigres , se 
tenant  à peine  debout , tout  courbés  . et  ayant  les  vertèbres 
de  leur  dos  réduites  à la  manière  des  embraseures;  on  les  entend 
pousser  des  cris  tels  que  la  misère  en  arrache  à tout  FanimaL 


26  * 


( 2o4) 


ARTICLE  II. 

Celui  d’assurer  son  existence,  etc. 

L'Animal  n’a  pas  de  plus  grand  trésor  à désirer  que  celui  de 
la  sûreté.  Les  hommes  pour  l’obtenir  ont  sacrifié  avec  plaisir 
autant  de  leur  liber  té  , que  les  lois  leur  assurèrent  de  repos. 
Les  animaux,  inférieurs  de  beaucoup  à l’homme,  se  contentèrent 
( inutilement  ) d’aller  la  chercher  dans  les  bois  , dans  les  deserts 
les  plus  afîrcux  , et  les  plus  éloignés  de  l’Afrique , près  des  ri- 
vières , ou  dans  les  abimes  de  la  terre,  etc. 

Le  chien  qui  , par  son  instinct  , et  sa  timidité  pour  ses  pro- 
pres intérêts  , doit  réclamer  sans  cesse  un  appui  , a trouvé  plus 
avantageux  de  se  fixer  parmi  les  hommes , et  dans  tous  les 
lieux  de  la  Turquie  , où  nous  avons  vu  qu’il  est  nourri  et  pro- 
tégé.  Cependant , instruit  par  l’expérience  que  sa  manière  de 
vivre  est  précaire  , il  ne  s’abandonne  avec  facilité  aux  modifica- 
tions de  ses  habitudes , que  lorsqu’il  y trouve  sa  sûreté.  Les 
chiens  d’une  colonie  quelconque  ne  veulent  point  avoir  de  rela- 
tions avec  les  colonies  voisines.  Ils  se  détestent  , et  se  détestent 
en  chien.  C’est  pourquoi  on  les  croit  placés  de  manière  à faire 
connoître  à l’observateur  l’étendue  naturelle  des  limites  , que 
leurs  Solons  et  leurs  Lycurgues  choisirent  pour  leur  habitation. 
Gare  qu’un  chien  étranger  essaye  de  les  franchir. 

Les  colons  ne  peuvent  se  placer  que  dans  leurs  territoires 
respectifs.  Un  d’entre  eux  fait  l’avant-garde,  et  un  l’arrière-garde: 


» 


ou  то* 


( 2o5  ) 

tout  le  reste  est  pèle  - mêle  , ou  couché  en  cercle  plus 
ins  concentrique  , d’après  les  circonstances , les  heures  . ou  les 
saisons. 

Un  homme  passe.  .....  les  chiens  ouvrent  les  yeux  3 s’ils 
dorment  , ils  lèvent  la  tête , et  îe  silence  le  plus  parfait  honore 
son  passage;  c’est  un  bienfaiteur,  c’est  un  Musulman.  Un  homme 

passe Aux  armes  crie  leur  sentinelle  , et  vous 

voyez  des  chiens  s’élancer  contre  lui  avec  un  fracas  et  un. 
tintamare  inouï  3 c’est  un  pauvre  étranger  habillé  à la  fran*> 
çoise. 

Jamais  ils  ne  dirigent  leurs  attaques  de  front  ; ils  le  feignent 
cependant  , et  dans  ce  cas , sans  un  bâton  à la  main  , qu’il 
faut  même  avoir  l’adresse  d’alonger  derrière  soi  s on  court  le 
risque  d’être  dévoré,  ou,  pour  le  moins,  d’être  bien  mordu.'  Que 
d’officiers  étrangers  qui  , à cause  de  leur  costume , ne  pouvoit 
faire  usage  de  cette  recette  „ se  trouvèrent  embarassés  dans  de 
pareilles  circonstances.  Quoiqu’ils  eussent  îe  sabre  à la  main  ! il 
falloit  seulement  îe  porter  derrière  soi , et  encore  au  risque  9 en 
s’en  servant , d’être  insulté  par  la  populace. 

Cet  assaut  de  la  part  du  chien  a cependant  ses  exceptions. 

Un  françoîs  passe  ; si  le  chien  , sentinelle  de  la  Colonie  qu’il 
rencontre  , est  un  de  ceux  que  les  habillés  à la  Françoise  ont 
quelquefois  régalé  d’un  morceau  de  pain  etc.  — il  ne  lui  dit 
mot  ? et  la  colonie  entière  ce  conforme  à sa  volonté.  C’est  par 
là  qu’un  bienfait , dont  un  seul  individu  a été  comblé  -,  fait 


( 2o6  ) 

naître  la  reconnoissance  dans  toute  la  colonie.  — Cette  conven- 
tion cependant  n’ayant  aucun  rapport  avec  les  autres  colonies 
qu’on  doit  traverser,  le  pauvre  François,  peu  de  moments  après, 
est  assailli  par  les  autres  bandes  de  chiens,  qui  se  trouvent  sur 
ses  pas.  Si  le  bienfait  du  François  regarde  le  cliien  qui  forme 
l’arrière-garde»  celui-ci  s’empresse  d’accourir  à sa  défense, 
commençant  à aboyer  de  loin  , d’une  manière  très  particulière  , 
qui  d’après  mes  observations  , et  l’habitude  de  mon  oreille  , est 
une  espèce  de  langage  propre  à appaiser  les  camarades.  J’ai  vu 
le  calme  presque  toujours  succéder  à l’instant  même  que  le  son 
de  la  voix  sortoit  de  la  gueule  de  ce  chien  reconnaissant. 

Malheur  à ceux  de  ses  compagnons  , qui  , par  jeunesse  , ou 
par  caprice,  ne  veulent  pas  se  rendre  à sa  volonté.  Il  se  préci- 
pite avec  le  plus  grand  courage  au  milieu  d’eux  , et  par  ses 
dents  aiguës  , punit  les  rebelles  , et  finit  par  se  faire  obéir.  — 

Tout  le  monde  étant  instruit  des  dégrés  du  sentiment  de  la 
reconnoissance  che.z  les  chiens  , je  crois  pouvoir  me  dispenser 
de  citer  d’autres  exemples.  Mais  en  faveur  de  mon  borgne  , je 
demande  la  permission  d’en  citer  encore  un  sur  cette  page. 
Mc.  Noccioli  s comme  tant  d’autres  habitans  de  Péra  , descend 
tous  les  jours  pour  s’embarquer  à l’échelle  de  Tophana  , et  pas- 
ser d’un  endroit  à l’autre  du  canal  et  de  la  ville  , afin  de  visi- 
ter ses  malades.  Mon  borgne  est  aussi  attentif  d’aller  le  soir  à 
la  rencontre  de  Mr.  Noccioli  , qu’il  l’étoit  le  matin  , et  cepen- 
dant plusieurs  années  d’expérience  lui  ont  prouvé  qua  cette 
heure  il  n’avoit  rien  à espérer  de  mon  ami.  N'importe.  II  veut  té- 


(207) 

moigner  sa  joie  , et  sa  reconnoissance  tous  les  soirs  par  la  mê- 
me douceur  de  ses  cris  , par  ses  sauts  , et  par  ses  caresses. 

Un  cLien  aboyé.  Ce  n’est  plus  le  même  aboiement  qu’on  entend 
lors  du  passage  d’un  homme  ; c’est  tout-à-fait  une  autre  chose  ; 

il  aboyé  plus  fort, je  redouble  mes  pas,  je  m’approche  , 

et,  à mon  étonnement,  je  trouve  un  chien  de  ceux  qui  veulent 
émigrer  : il  s’attache  à mes  pas  , il  me  cajole  , et  il  veut  ab- 
solument, sous  ma  protection  et  sous  îa  sauve-garde  de  ma  canne, 
traverser  autant  de  chemin  , que  ma  direction  lui  permettra  de 
faire.  Vite  je  porte  ma  canne  en  arrière,  je  m’écrie:  Iscli  ischs 
à la  manière  des  Turcs  , quand  ils  veulent  empêcher  que  les 
chiens  ne  fassent  aucun  mal  aux  Européens  , et  me  voila  avec 
mon  protégé  hors  de  danger,  et  en  pleine  sûreté.  11  arrive  quel- 
que fois  que  , pour  défendre  le  pauvre  émigré  a d’une  manière 
un  peu  plus  efficace , on  décharge  des  coups  de  bâtons  contre 
les  assaillans  , presque  toujours  les  chiens  savent  adroitement  les 
éviter.  Mais  si  le  hasard  fait  que  quelqu’un  d’eux  en  soit  atteint, 
tous  les  autres  tombent  sur  celui  qui  a été  frappé  , et  le  mal- 
traitent d’uue  manière  incroyable;  le  punissent  - ils  pour  sa  mal- 
adresse , ou  pour  les  malheurs  que  son  acharnement  pouvoit 
attirer  à la  colonie  entière  ? Certes  , si  nous  devons  en  juger 
d’après  les  habitudes  et  les  règles  de  nos  duélistes  , c’est  une 
punition  qu’ils  infligent  au  chien  qui  s’est  laissé  attraper:  mais  ce 
châtiment  n étant  ni  naturel  , ni  juste  , il  faut  supposer  plutôt 
que  c’est  à cause  du  danger  général  que  le  manque  de  prudence 
de  sa  part  pouvoit  causer  à la  république. 


( 2o8  ) 

Silence  .....  on  aboyé  eneore  .....  c’est  une  troisième 
espèce  d’aboiement  . . ....  Ah!  je  m’appereois  : c’est  un  chien 
d’une  colonie  étrangère  sûrement  qui  , à la  faveur  de  l’obscurité, 
tâche  de  s’approcher  très  adroitement  du  carré,  où  réside  la  cave. 

Aux  armes  a crié  la  sentinelle  , et  voilà  le  drôle  obligé  à 
la  rétraite.  Tant  que  les  chiens  , accourus  pour  la  défense  du 
territoire,  bornent  leurs  opérations  à chasser  l’ennemi,  aucun  de 
ceux  qui  sont  limitrophes  ne  bouge  de  sa  place  et  quoiqu’on 
soit  allarmé  de  l’approche  d’une  armée  ennemie , aucun  cri  ei> 
core  ne  se  fait  entendre  : mais  aussitôt  que  les  chiens , par  une 
suite  de  leur  emportement  , sont  entraînés  jusque  dans  le  terri- 
toire de  la  colonie  voisine,  aux  armes,  crie-t-on  de  l’autre  côté  , 
et  c’est  ici  qu’il  se  donne  souvent  les  batailles  les  plus  terribles. 
Elles  finissent  toujonrs  cependant  par  une  glorieuse  retraite  dans 
leurs  limites  respectives.  L’avant-garde,  qui  se  laisseroit  surpren- 
dre , a des  coups  de  dents  jusqu’au  sang  , et  elle  est  changée 
sur  le  champs. 

On  aboyé  de  nouveau,  c’est  encore  une  nouvelle  espèce  d’aboie- 
ment : je  me  mets  à la  fenêtre  , et  je  vois  assis  près  du  caffé 
un  Turc  , qui  , ayant  de  la  déférence  pour  un  des  chiens  de  la 
colonie  lui  donne  bien  à manger,  et  avec  son,  isch  isch  ordinaire, 
éloigne  les  autres. 

L'envie  du  bien  de  son  semblable  est  la  cause  qui  pousse 
les  colons  à crier  autant  que  possible.  On  seroit  tenté  de 
prendre  ces  aboiemens  pour  ces  diatribes  que  les  hommes  ont 
l'habitude  de  lancer  fréquemment  contre  ceux  que  la  fortune  se 
plait  à élever  sans  que  par  là  nous  eussions  perdu  quelque  cho- 
se. Ce  n’est  que  le  goût  , et  le  désir  du  mal. 


(2Й9) 

ARTICLE  III. 

Celui  de  la  possession  exclusive , etc . 

Le  but  de  la  nature  , en  nous  donnant  les  sens  , a été,  qu’ils 
nous  instruissent  de  l’existence  des  êtres  , et  nous  servissent 
de  guides  dans  ïa  vie  animale.  Les  cris  lamentables  que  les 
chiens  poussent  alors  , et  dont  mes  oreilles  retentissent  encore 
m’annoncent  que  ce  mécanisme  dans  un  cas  pareil,  quoique  très 
naturel , est  bien  violent. 

Voyez  ces  deux  cbiens , — ils  doivent  attirer  votre  atten- 
tion , — ils  s’aiment , mais  ils  sont  de  deux  colonies  diffé- 
rentes , — jugez  de  leurs  peines. 

Lamour  successivement  les  attire , et  les  repousse  par  la 
crainte  qu’ils  ont  de  manquer  aux  loix  établies  dans  leurs  républi- 
ques. - — Leur  cerveau  est  dans  une  oscillation  perpétuelle.  — — à 
la  vue  de  .fobjet  chéri , l’animal  suit  les  premières  impulsions  ; 
mais  parmi  les  bêtes  même  les  circonstances  peu  favorables  , en 
anéantissant  ces  impulsions  , et  en  empêchant  de  les  faire  agir  , 
il  tarde  à libérer  jusqu’à  ce  que  fobjet  qui  fentraine  plus  forte- 
ment le  tire  de  cette  suspension,  et  l’oblige  à sacrifier  enfin  ses 
devoirs  à , l’amour.  C’est  ainsi  que  je  me  plais  à expliquer  l’irré- 
gularité , Finconsequence,  finconstance  de  mes  pensées,  et  je  me 
rends  raison  même  de  tout  ce  qu’il  peut  y avoir  d’inexplicable 
dans  ma  conduite.  Chacun  modifie  ses  idées  â sa  manière,  et 
particulièrement  celles  qui  naissent  des  notions  peu  fixes  d’un 
être  quelconque.  - — Nous  autres  hommes  nous  les  créons  d’après 
IV  27 


( 210  ) 

notre  propre  tempérament , nos  dispositions  naturelles,  notre  ima- 
gination plus  ou  moins  exaltée  , nos  circonstances  individuelles  , 
nos  préjugés  reçus  , et  les  manières  dont  nous  sommes  allectes 

dans  des  tems  différents.  — - Mais  .'  . je  vois  nôtre 

couple  entre  les  .deux  frontières  ! Législateurs,  dites  tout  ce  qu’il 
vous  plaît  : il  est  déjà  heureux  , et  les  plaisirs  , que  l’amour 
vient  de  lui  accorder,  ont  porté  une  empreinte  inef- 
façable dans  son  coeur.  Les  chiens  colonistcs  respectent 
ces  transports  de  l’aveugle  instinct  , les  aboiements  assurent 
le  couple  heureux  du  consentement,  et  de  1 approbation 
qu’ils  donnent  à leur  choix.  Q pères  , et  mères.  Ap- 
prenez à respecter  les  voeux  de  vos  enfans  , puisque 
vous  n’avez  pas  eu  l’adresse  , ou  le  savoir  de  diriger  leurs 
sensations  , la  sympathie  a fait  réfléchir  sur  leur  aine  par  le 
miroir  merveilleux  dans  lequel  la  nature  se  plaît  à se  peindre 
dans  tout  son  éclat.  Les  chiens  doivent -ils  être  plus  indulgens 
que  nos  parents  ? La  philosophie  me  prouve  que  non  , et  par 
malheur  Гііі.чГоіге  de  tons  les  temps  m’instruit  du  contraire. 

En  attendant  mes  chiens  amans  sont  au  comble  du  bonheur. 
Le  mâle  aime  toujours  à prolonger  dans  le  repos  cette  espèce 
de  jouissance  , et  la  femelle  la  prolonge  dans  les  caresses  qu’elî© 
prodigue  au  compagnon  de  ses  plaisirs. 

Le  mâle  est  couché  paisiblement  au  soleil  , aussi  fier  de  son 
bonheur  quon  peut  l’être  , et  recevant  de  la  part  de  sa  compa- 
gne les  signes  d’une  tendresse  vive  et  sincère.  Enfin  je  Je  ѵоіэ 
iussi  content , que  peut  l’être  un  pauvre  , à qui  l’on  vient 


( 211  ) 

de  faire  l’aumone.  — — Neuf  semaines  s’écoulent  à peu  près 
depuis  cette  observation  , et  je  retrouve  dans  mes  courses  le 
couple  fortuné  réuni  avec  ses  petits. 

La  paire  a le  droit  de  se  visiter  mutuellement  , elle  est  sou- 
tenue du  crédit  que  leurs  dents  assurent  au  milieu  d une  répu- 
blique très  - raisonnable  quoique  de  chiens. 

C’est  d’ici  que  j’ai  fait  voile  pour  découvrir  le  trésor  dont 
l’histoire  naturelle  m’a  donné  le  droit  de  l'enrichir  sur  ce  point. 
31  n’est  pas  grand  à la  vérité  , mais  je  Foffre  tel  que  îa  nature 
nba  promis  de  l’enlever.  J’assure  que  dans  cet  exposé  mon  ame 
a chéri  la  vérité  , car  elle  s’est  occupée  à trouver  l’état  naturel 
de  la  chose  , son  origine  , ses  nuances  , son  objet  , et  que  par- 
ticulièrement j’ai  suivi  la  raison  qui  nous  conduit  à comparer 
l’opinion  d’autrui  avec  la  notre  , à mettre  de  la  bonne  foi  dans 
l’aveu  de  nos  erreurs  , et  faire  céder  l’amour  - propre  ridicule  à 
l’amour-propre  raisonnable,  qui  aime  à s’applaudir  intérieurement 
du  parti  qui  le  détermine  à préférer  îa  lumière  aux  ténèbres. 


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» 


щ 


NOTICE 

sur  les  Steppes  de  la  Russie  en  général 3 et  particulièrement  sur 
celles  qui  s’étendent  entre  le  Volga,  et  V Oural  э 

par  A.  M.  TausghePi® 


; г л 

. 


NOTICE 


fur  les  Steppes  de  la  Russie  en  général , et  particulièrement  sur  celles 
tjui  s’étendent  entre  le  Volga  et  l’Oural , par  A.  M.  Tauschen 

Les  steppes  e'tendues  que  Гоп  rencontre  dans  le  sud  de  la  Rus- 
sie , sont  tellement  remarquables  , et  sous  le  rapport  physique 
se  distinguent  des  autres  régions  du  monde  connu  сГипе  manière 
si  transcendante  , que  j’ai  cru  pouvoir  exciter  votre  intérêt  3 ea 
vous  offrant  quelques  observations  sur  leurs  aspects  originels  et 
sur  les  produits  qui  leur  sont  particuliers. 

L'on  a généralement  donné  le  nom  de  steppes  aux  plaines  im- 
menses y et  dépourvues  de  bois  et  d’eau  qui  se  trouvent  dans 
le  sud  de  la  Russie  d'Europe  et  d’Asie,  entre  les  60°  et  50°  de 
latitude  septentrionale  , à ces  plaines  unies  qui  sont  rarement 
interrompues  par  des  montagnes  ou  des  fleuves , dans  lesquelles 
l’agriculture  et  la  culture  en  général  ne  peuvent  être  introduites 
que  difficilement  3 et  où  plusieurs  peuplades  nomades  de  race 
mongole  et  tatare  campent  avec  leurs  troupeaux.  Le  voyageur 
qui  les  rencontre  doit  les  traverser  comme  un  vaste  océan  , et 
il  doit  s’être  muni  à l’avance  non  seulement  de  provisions  et  do 
tous  les  objets  qui  lui  sont  nécessaires  3 mais  même  d’eau  pour 
abreuver  ses  bêtes  de  somme. 

Je  ne  parlerai  ici  que  des  grandes  steppes  situées  entre  les 
fleuves  Oural  et  Volga  , bornées  au  nord  par  les  ri'  ières  Orguis 
et  Samara  et  par  la  chaîne  des  monts  Oblscbe-sirt  „ et  au  nord 


(2іб) 

par  îa  mer  Caspienne.  Ayant  parcouru  ces  steppes  dans  diver- 
ses directions,  j'ai  été  à même  de  les  examiner  et  d’y  observer  tout 
ce  qu’elles  présentent  de  particulier  et  de  remarquable. 

Il  est  à peu  près  hors  de  doute,  qui!  fut  un  terris  où  la  mer 
Caspienne  était  plus  étendue  qu’elle  ne  Fêtait  de  nos  jours  , el 
qu’à  cette  époque  ses  eaux  devaient  couvrir  .toute  cette  plaine# 

Maintenant  encore  l’on  découvre  avec  quelque  vraisemblance  les 
anciennes  limites  de  cette  mer  , et  dans  son  tems  le  célèbre 
Pallas  en  traça  la  carte  qui!  ajoute  à ses  voyages. 

De  l'Ouest  à l’Est , à partir  du  pied  du  Caucase , s’étend  , 
à travers  les  steppes  de  Kouman,  une  chaîne  de  collines,  ou  plutôt 
un  exhaussement  en  gradins  d’élévations  diverses  du  sol  des 
steppes  qui,  après  s'être  approchées  du  Volga  dans  les  environs  de 
Sarepta,  se  prolonge  en  sinuosités  plus  ou  moins  grandes  le  long 
de  la  rive  droite  de  ce  fieuve , en  le  remontant , se  trouve  en 
suite  coupé  par  lui,  entre  les  villes  de  Saratoff  et  Tsaritsine,  se 
réunit  bientôt  dans  les  steppes  opposées,  non  loin  des  sources  des 
fleuves  Orguis  et  Samara  , avec  la  chaîne  de  FObstchei-sirt  qui 
n'est  qu’une  branche  de  la  grande  chaîne  de  l’Oural  se  dirigeant 
au  Sud,  et  enfin  traverse  l’Oural  au  dessous  d’Orenbourg  , en  se 
prolongeant  dans  les  steppes  opposées  des  Kirguises,  où  il  se  perd 
dans  des  régions  que  n’a  point  encore  foulé  le  pied  d’un  voyageur 
observateur,  ou  peut-être  se  réunit  aux  grandes  chaînes  de  l’Asi© 
mitoyenne  , qui  font  partie  des  chaînes  méridionales  de  l'Altai# 
Çetle  limite  naturelle  a dû,  sans  contredit,  former  l’ancien 
rivage  de  la  mer  Caspienne.  L'on  peut  facilement  se  convaincre 
que  le  terroir  d,es  steppes  intérieures  était  un  sol  maritime , si 


( 2I7  ) 

Гоп  considère  qu’outre  le  sel  gemme  que  Гоп  rencontre  dans  ses 
montagnes,  le  sel  s’y  présente  également  partout  dans  les  lacs  et 
les  sources , et  que  dans  les  bandes  sablonneuses  Гоп  trouve 
des  coquilles  à peine  décomposées  et  appartenant  aux  espèces 
que  renferme  la  mer  Caspienne.  Enfin  , l’aspect  même  de  cette 
chaîne  de  collines  remplie  de  promontoires  et  d’anses  prouve  qu’- 
elle a dû  former  autrefois  un  rivage  maritime.  La  rareté  de  la 
végétation  et  la  différence  que  présente  le  soi  de  cette  plaine 
basse  avec  la  région  voisine  plus  élevée  , semblent  témoigner 
que  la  formation  de  cette  steppe  est  récente  et  que  les  eaux  Font 
abandonnée  à une  époque  encore  peu  reculée.  La  plaine  plus 
élévée  qui  se  trouve  au  delà  de  la  chaîne  dont  nous  avons  parlé, 
et  dont  se  composent  les  gouvernemens  de  Tamboff , Penza , 
Simbirsk  etc , présente  une  terre  végétale  qui  dans  beaucoup 

d’endroits  la  couvre  sur  une  épaisseur  de  deux  pieds.  Comme 

il  est  très  présumable  que  celte  terre  est  le  produit  des  débris 
des  végétaux,  sa  formation  doit  remonter  à une  époque  beaucoup 
plus  reculée  que  celle  de  la  steppe  précédente.  Quel  laps  de 

tems  n’a-t-il  point  fallu  pour  former  cette  terre  végétale  en  une 

quantité  aussi  prodigieuse. 

La  steppe  tatare  proprement  dite  , dont  il  est  ici  particuliè- 
rement question  , et  qui  se  trouve  entre  l’Oural  et  le  Yoîga , 
présente  un  niveau  qui  s’élève  fort  peu  au  dessus  de  la  mer 
Caspienne  ; ce  dont  on  s’aperçoit  facilement  à la  lenteur  du 
cours  du  Yolga  et  de  l’Oural , et  en  outre  par  plusieurs  autres 
observations  que  Гоп  est  à meme  d’y  faire. 

L’aspect  de  la  steppe  varie  dans  les  differentes  saisons  de 
l’année.  Souvent  dès  la  moitié  du  mois  d'avril  9 ou  au  commeo® 

IY  28 


(218) 

cernent  du  mois  de  mai  , après  la  fonte  des  neiges  , elle  se 
couvre  , beaucoup  plus  rapidement  que  partout  ailleurs  , de  la 
verdure  la  plus  éclatante.  Il  suffit  de  l’espace  de  quelques 
jours  pour  produire  ce  changement;  et  alors  on  y voit  croître  une 
foule  d’espèces  différentes  d’Astragales  , d’iris  , de  Scorsonères  , 
et  particulièrement  de  magnifiques  plantes  à oignons  , comme  la 
tulipe  , le  Bulbocodium  , la  Fritillaire  et  la  belle  Scilla  araoe- 
na  , si  remarquable  par  le  bleu  azuré  de  sa  fleur.  Vers  le 
milieu  du  mois  de  juin,  une  chaleur  ardente  arrête  la  végétation; 
les  plantes  se  flétrissent  , et  bientôt  la  steppe  ne  ressemble  plus 
qu’à  une  bruyère  aride.  Quelques  végétaux  seulement  parvien- 
nent à braver  la  chaleur  du  soleil  , et  parmi  elles  on  distingue 
quelques  Artémisies , le  Iledysarum  Alhagi  , et  l'Eryngium. 

C’est  à cette  époque  de  l’année  qu'éclatent  fréquemment  ces 
embrasemens  des  steppes  , dont  l’aspect  est  à la  fois  si  étrange 
et  si  redoutable.  Pendant  la  nuit  tout  le  ciel  réfléchit  les 
vapeurs  rougeâtres  de  l’incendie,  et  l’atmosphère  se  pénètre  d'un 
nuage  épais  de  fumée.  Ces  embrasemens,  soit  qu’ils  soient  l’ef- 
fet du  hasard  ou  qu’ils  aient  été  produits  à dessein , étendent 
leurs  ravages  avec  une  rapidité  extraordinaire  en  dévorant  les 
graminées  desséchées  de  la  steppe.  Quand  ils  s’approchent  des 
régions  cultivées,  il  n’est  pas  rare  qu’elles  consument  entièrement 
les  céréales  des  champs  cultivés  , et  détruisent  ainsi  en  un  mo- 
ment tout  le  fruit  du  travail  et  jusqu’à  l’espérance  du  cultiva- 
teur. 11  est  rare  que  les  efforts  réunis  de  la  population  de 
plusieurs  villages,  puisse  parvenir  à éteindre  ce  fléau  destructeur. 
Ces  embrasemens  ne  s’arrêtent  que  lorsqu’ils  rencontrent  le  bord 
d’un  fleuve  . ou  une  grande  route  un  peu  large. 


(219) 

Le  désert  sablonneux  de  Naryn  ou  Rynpesky,  qui,  commençant 
près  des  lacs  Kamisch  et  Samara,  dans  les  steppes  situées  au  de- 
là du  Volga,  et  s’étend  en  suite,  sur  une  étendue  plus  ou  moins 
large,  jusqu’au  rivage  de  la  mer  Caspienne,  forme  une  exception 

remarquable  par  la  différence  que  son  sol  présente  avec  celui 
des  steppes  ordinaires.  Quoique  dans  la  saison  chaude  le  sable 

s’y  échauffe  au  point  de  faire  supposer  qu’il  s’oppose  à toute 
espèce  de  végétation  ; il  est  cependant  avéré  que  c’est  préci- 
sément cette  région  qui  forme  la  partie  la  plus  fertile  et  qui  , 
dans  la  saison  où  le  reste  de  la  steppe  est  desséché  et  dépouil- 
lé de  verdure  , offre  un  refuge  et  un  riche  pâturage  aux  peu- 
plades nomades  qui  viennent  s’y  retirer  avec  leurs  troupeaux. 

À la  simple  vue  , cette  région  sablonneuse  paraît  être  dans 
une  situation  beaucoup  plus  élevée , que  ne  le  sont  les  steppes 
argileuses  environnantes,  qui  descendent  vers  l’Oural  et  le  Volga, 
et  cependant  elles  présentent  assez  généralement,  à une  profondeur 
d’un  petit  nombre  d’archines,  une  eau  limpide  et  potable,  tandis 
qu'ailleurs  les  steppes  manquent  totalement  d’eau  , ou  n’en  pré- 
sentent que  d’une  nature  saumâtre  et  qui  ne  peut  être  employée. 
La  plupart  des  plantes  qu'on  y voit  croître,  se  distinguent  en 
ce  que  leurs  racines  pivolent  à une  grande  profondeur  , ou  el- 
les vont  chercher  dans  un  sable  humide  et  rafraîchi , la  nour- 
riture qu’elles  ne  pourraient  trouver  à la  surface  aride  et  brû- 
lante du  sol. 

C’est  à la  fin  de  l’automne  , au  moment  où  la  végétation 
languit  et  meurt  , que  s’épanouissent  les  magnifiques  plantes  sa- 
lines dont  la  plupart  sont  particulières  au  sud  de  la  Russie , 
Le  gazon  épais  et  verdoyant  qui  , pendant  lété  , pare  les  prai» 

28  * 


( 220  ) 

ries  situées  plus  au  nord,  manque  entièrement  dans  les  steppe^ 
où  chaque  plante  semble  croître  isolement , et  de  manière  que 
partout  on  découvre  le  sol. 

Dans  ces  steppes  le  froid  s’élève  à un  degré  d’intensité  beau- 
coup plus  considérable  qu’on  ne  pourrait  le  supposer  d’après 
la  latitude  sous  laquelle  elles  se  trouvent  ; et  il  en  est  de  mê- 
me de  la  chaleur  solaire  qui,  en  été,  monte  à un  degré  extra- 
ordinairement élevé.  D’après  les  observations  qui  ont  été  faites 
à Sarepta,  il  résulte  que  pendant  plusieurs  années  on  y a éprou- 
vé des  chaleurs  de  plus  de  30°  et  un  froid  de  27  — 28° , 
différence  de  température  peu  ordinaire  dans  les  autres  régions. 

Dans  les  contrées  du  Volga  inférieur  , de  midi  vers  les  5 
heures  , s’élève  assez  régulièrement , pendant  l’été  , un  vent 
d’est  qui  rafraîchit  l’atmosphère , et  tempère  l’ardeur  insuppor- 
table du  soleil. 

Une  autre  particularité  remarquable  que  présentent  les  step- 
pes , c’est  qu’il  n’y  a jamais  de  rosée  , et  il  serait  difficile  de 
rendre  compte  de  ce  phénomène  en  l’attribuant  simplement  à la 
grande  nudité  du  sol.  Il  'y  pleut  très  rarement  , et  les  orages 
n'y  sont  pas  non  plus  très  abondans. 

Les  fleuves  des  steppes  présentent  un  caractère  parti- 
culier, qui  les  distingue  d’une  manière  transcendante  des  rivières 
des  autres  contrées.  Ce  n’est  qu’au  printems  , quand  leurs  eaux 
se  sont  grossies  par  la  fonte  des  neiges  , qu’on  peut  leur  don- 
ner le  nom  de  fleuves  ou  de  rivières.  Ordinairement , pendant 
l’été , ces  rivières  sont  arrêtées  dans  leur  cours  par  la  chaleur 


( 221  ) 

qui  les  dessèche  , et  bientôt  il  n’en  reste  plus  qu’une  série  de 
lacs  plus  ou  moins  considérables  , et  isolés  les  uns  des  autres. 
Quelquefois  à une  distance  assez  considérable  les  uns  des  autres, 
ils  n’ont  point  entre  eux  de  communication  apparente  ; et  sont 
très  poissonneux.  Au  nombre  des  rivières  des  steppes.,  de  ce 
genre  , on  peut  mettre  le  Touckoul  , qui  se  jette  dans  le  lac 
Kamysch-Samara.  11  faut  néanmoins  en  excepter  les  deux  rivières 
Ousa,  qui  prennent  leur  source  sur  la  pente  méridionale  de  l’Ob- 
tschéi-Sirt.  La  grande  Ousa,  au  moment  où  j’en  visitai  les  bords 
près  de  son  embouchure  dans  le  lac  Kamysch  , ressemblait , par 
l’étendue  et  la  quantité  de  ses  eaux , à la  Moskva  ; mais  Геаи 
en  était  fortement  salée  , circonstance  que  je  n’ai  jamais  eu  oc- 
casion de  remarquer  dans  une  autre  rivière. 

Les  lacs  Kamisch  - Samara  dont  nous  avons  déjà  parlé  , se 
trouvent  à une  distance  à peu  près  égale  de  l’Oural  et  du  Vol- 
ga, et  forment  l’un  des  objets  les  plus  remarquables  de  la  steppe 
tatare.  Leur  circonférence  qui  est  de  150  à 200  verstes  , em- 
brasse au  printems  un  seul  lac  d’une  grande  étendue  , qui*  plus 
tard  se  couvre  de  roseaux,  et  finit  par  former  une  multitude  de 
petits  lacs  dont  la  circonférence  n’est  plus  alors  que  de  15  à 
20  verstes.  A la  fonte  des  neiges,  entre  les  deux  Ousa,  le  Tou- 
ckoul et  d’autres  petites  rivières  de  ces  steppes  apportant  dans 
ce  lac  une  masse  considérable  d’eau  , et  comme  il  n’a  aucune 
communication  visible  avec  la  mer  Caspienne  , il  devient  difficile 
de  se  rendre  compte  de  la  manière  dont  ces  eaux  se  perdent. 
Il  n’est  guère  probable  qu’on  puisse  attribuer  leur  grande  dimi= 
nution  à la  seule  évaporation  pendant  les  chaleurs  de  l’été.  Il 
est  plus  vraisemblable  9 qu’elles  servent  à alimenter  les  riches 


sources  de  la  fertile  région  sablonneuse  de  Rynpesky.  Le  bord 
méridional  du  lac  se  compose  de  dunes  sablonnenses  qui  attirent 
les  eaux  et  les  distribuent  ainsi  dans  le  reste  du  désert  sablon- 
neux. 

11  n’y  a point  de  doute  que  la  culture  des  céréales  peut  être 
introduite  dans  plusieurs  endroits  de  la  steppe,  et  particulièrement 
auprès  des  bassins  que  forment  les  rivières.  L'on  en  trouve  une 
preuve  convainquante  dans  letat  florissant  dans  lequel  se  trouve 
la  culture  du  bled  et  du  tabac  des  colonies  allemandes  du  gou- 
vernement de  Saratoff , quoique  à la  vérité  ces  établissemens  ne 
puissent  être  considérés  comme  formant  partie  intégrante  avec 
la  steppe.  La  culture  des  céréales  cesse  près  de  Kamiscbine 
(sous  le  50°  de  î.  j et  un  peu  plus  au  sud,  près  de  Dmitrovka, 
de  même  qu’au  fleuve  Oural.  Après  avoir  fait  pendant  dix  an- 
nées consécutives  des  essais  en  grand  , les  frères  Moraves  de 
Sarepta  ont  acquis  la  conviction  que  la  culture  des  cé- 
réales ne  présentait  point  d’avantages  dans  la  région  qu'ils 
habitent.  Ils  se  sont  eonséquemment  bornés  à la  culture 
plus  lucrative  du  tabac , et  à l'exploitation  des  potagers  , 
des  vergers  et  des  vignobles  ; et  ce  n’est  pas  sans  avoir  à 
surmonter  de  grandes  difficultés  , puisque  ces  divers  genres  de 
culture  doivent  être  entrepris  à la  proximité  des  rivières  et  des 
sources  j afin  que  pendant  la  saison  ardente  ils  puissent  avoir 
recours  à l’arrosement.  Même  à la  culture  de  la  vigne  qui  sous 
des  latitudes  tempérées  réussit  le  mieux  sur  le  sol  le  plus  escarpé 
et  le  plus  aride , demande , dans  les  vignobles  de  Sarepta  et 
d’Astrakhan  , à être  continuellement  arrosée.  D’après  la  grandeur 
des  ruines  des  villes  des  anciens  habitans  des  steppes  $ il  est 


( агЗ  ) 

évident  qu’ils  ont  dù  être  beaucoup  plus  avancés  en  civilisation 
que  ne  le  sont  aujourd’hui  les  tribus  nomades  qui  traversent  la 
steppe  avec  leurs  troupeaux , et  qu’ils  ont  dû  employer  tous 
leurs  soins  pour  cultiver  leur  sol  ingrat.  De  même  que  les 
habitans  de  l'Egypte.,  ils  mettaient  à profit  les  inondations  pério- 
diques du  Volga  et  de  l’Oural , et  construisaient  partout  où  le 
permettait  la  situation  du  sol , des  canaux  pour  l’irrigation  de 
leurs  champs , ainsi  qu’on  peut  s’en  convaincre  par  les  restes 
nombreux  qu’on  en  retrouve  encore  aujourd’hui.  Maintenant 
encore  les  cosaques  de  l’Oural  mettent  à profit  le  limon  que 
laisse  l’Oural  après  ses  débordemens  , et  l’employent  pour  la 
culture  de  leurs  plantes  potagères.  Quoique  les  inondations  du 
Volga  , qui  arrivent  plus  tard  et  durent  plus  longtems  , ne  pré- 
sentent pas  les  mêmes  avantages  à la  culture  , ses  eaux  produi- 
sent dans  les  îles  inondées  et  dans  les  terres  abaissées,  une  riche 
végétation  en  plantes  graminées  , dont  profitent  les  habitans 
riverains  du  Volga  qui  ne  trouvent  dans  la  steppe  qu’un  foin 
maigre  et  rare. 

Je  me  bornerai  maintenant  à donner  un  aperçu  rapide  de 
quelques  endroits  remarquables  de  l’intérieur  de  la  steppe  , et 
nommément  des  deux  lacs  salés  Elton  et  Vaskountchatskoï  du 
mont  Bogdo  , et  du  sel  gemme  du  Tchaptchatchi. 

De  tous  les  lacs  salés  qui  se  trouvent  dans  la  steppe  de  Tata- 
rie , le  lac  Elton  est  le  plus  considérable  et  le  mieux  connu. 
11  se  trouve  , en  ligne  directe,  à 50  verstes  du  bord  du  Volga, 
et  peut  avoir  environ  60  verstes  de  circonférence.  Ce  lac 
fournit  une  grande  partie  du  sel  qui  se  consomme  dans  le  mi- 
di et  dans  le  centre  de  la  Russie.  Le  fond  s’en  compose  d’une 


(224) 

couche  épaisse  et  solide  d’un  sel  pur , sur  laquelle  se  dépose 
annuellement  une  nouvelle  couche  , de  façon  que  ce  lac  présen- 
te un  approvisionnement  inépuisable.  Pendant  les  mois  de  Pété, 
plusieurs  centaines  d’ouvriers  sont  occupés  à l’exploitation  de  ce 
sel , dont  ils  traînent  et  amassent  sur  la  rive  les  masses  qu’ils 
ont  détachées.  De  là  des  voituriers  de  la  petite  Russie  trans- 
portent le  sel  plus  loin  dans  les  divers  magasins  du  Volga,  d’où 
on  le  conduit  ensuite  sur  des  barques  dans  les  divers  lieux  où 
il  doit  entrer  dans  la  consommation.  L’eau  de  ce  lac  est  d’un 
rouge  violet  , et  vu  à quelque  distance  quand  il  est  éclairé 
par  le  soleil,  il  paraît  coloré  du  pourpre  magnifique  de  l'aurore. 
Au  printems  , à l’époque  où  il  est  grossi  par  la  fonte  des  nei- 
ges , il  ne  présente  ordinairement  nulle  part  une  profondeur  de 
plus  de  deux  archines.  Je  n’ai  pas  pu  me  procurer  de  rensei- 
gnemens  exacts  pour  savoir  si  l’on  y avait  découvert  des  sources 
salées.  Il  doit  sans  contredit  en  exister  „ puisque  comme  il 
n’existe  pas  d’affluens  extérieurs  , l’on  ne  peut  expliquer  la  for- 
mation du  sel  que  par  le  dépôt  que  forment  des  sources  souter- 
raines. Quelques  batimens  qui  ont  été  bâtis  sur  le  bord  du  lac 
sont  destinés  aux  employés  des  salines,  et  les  ouvriers  se  logent 
dans  des  baraques.  « 

A environ  70  à 80  verstes  plus  au  sud  , et  à une  distance 
semblable  du  Volga  , se  trouve  le  lac  Voskountchatskoï  ou  Bog- 
do.  Son  étendue  est  à-peu  près  la  même  que  celle  du  lac  Elton, 
avec  lequel  il  présente  d’ailleurs  des  différences  remarquables. 
L’un  est  situé  dans  une  vaste  plaine  , où  son  bassin  ne  forme 
point  un  abaissement  considérable  du  sol  ; tandis  que  les  rives 
escarpées  de  Fautre  s’élèvent  en  ondulations,  varient  dans  leur 


225  ) 


profondeur,  présentent  de  fréquentes  anfractuosités  , et  touchent 
à l’Ouest  , au  mont  Bogdo  qui  est  le  point  3e  plus  exhaussé  de 
toute  cette  région.  Quoique  pendant  Jeté  les  eaux  du  lac  Elton 
diminuent , elles  ne  se  dessèchent  cependant  jamais  totalement 
aussi  son  sel  contient-iS  une  quantité  plus  ou  moins  considérable 
de  sel  de  Glauber  et  de  seî  amer. 

La  superficie  du  lac  Bogdo  se  trouve  au  contraire  , ainsi  que 
fai  pu  m'en  assurer  en  le  visitant  vers  le  milieu  du  mois  de 
juin , entièrement  dénué  d’eau  , et  semble  couvert  d’une  neige 
fraîchement  tombée.  Son  sel  est  très  pur  , et  ne  paraît  point 
contenir  de  mélange  appréciable. 

11  est  digne  de  remarque  que  dans  fune  des  cavernes  que 
paraît  avoir  creusées  l’envahissement  progressif  des  débordemens 
du  printems,  et  qui  s'étendent  en  formant  divers  enbranchemens 
jusqu’au  bord  même  du  lac , Гоп  trouve  très  proches  Tune  de 
l’autre  , deux  .sources  , dont  l’une  est  d’une  eau  douce  et  ex- 
celîente3  tandis  que  l’autre  ne  donne  qu’une  eau  saumâtre  et  qui 
n’est  point  potable.  Sur  le  fond  même  du  lac  se  trouvent  plu- 
sieurs sources  qui  forment  , à travers  les  couches  du  sel  , des 
ouvertures  d’une  profondeur  assez  considérable.  Autrefois  le  sel 
du  lac  Bogdo,  qui  en  pureté  et  en  bonté  surpasse  celui  d* 
Elton  , s’exploitait  de  même  que  celui  de  ce  dernier  lac;  mais 
}a  couronne  a abandonné  cette  exploitation  en  raison  des  frais 
considérables  qu’occasionne  le  transport. 


Le  mont  Bogdo  situé  immédiatement  sur  le  bord  du  lac  peut 
être  considéré  5 sous  plusieurs  rapports  , comme  l’une  des  mon- 
tagnes les  plus  remarquables  que  l’on  rencontre  dans  la  steppe. 
Il  s’en  distingue  non  seulement  par  son  élévation , qui  parait 


ІУ 


29 


f і2  3б  ) 

être  de  5 — 600  toises  au  dessus  du  niveau  du  lac,  mais  en- 
core par  sa  conformation.  Il  a la  forme  d’un  cône  tronqué  , 
dont  Fun  des  côtés  présente  , sur  un  escarpement  presque 
perpendiculaire  d’épouvantables  fissures  et  abymes  , tandis 
que  le  côté  sud  - ouest , qui  est  opposé  , s’abaissa  en  une 
série  de  collines  , qui  s’abaissent  granduellement  jusqu’à  ce 
qu’elles  se  trouvent  au  niveau  de  la  plaine  du.  côté  du  lac.  La 
base  découverte  de  la  montagne  se  compose  de  débris  énormes 
de  granité,  qui  sont  d’autant  plus  remarquables  qu’ils  paraissent 
offrir  une  preuve  irrécusable  de  l’existence  de  la  mer  qui  a dû 
couvrir  autrefois  toute  la  steppe.  A la  hauteur  d’environ  20 
toises  au  dessus  du  niveau  de  la  steppe  et  du  lac,  on  remarque, 
dans  ces  masses  de  granité  , une  ligne  horizontale  d’excavations 
qui  paraissent  avoir  été  formées  par  le  choc  ondulé  des  va- 
gues de  la  mer. 

Immédiatement  sur  le  granité  repose  une  énorme  couche  d’ar- 
gile et  de  bolus  de  couleur  variée  , dont  ou  retrouve  le  profil 
dans  les  profondes  anfractuosités  qui,  du  côté  d’Est,  mettent  en 
quelque  sorte  l’intérieur  de  la  montagne  à découvert.  Cette 
couche  forme  presque  la  moitié  ou  le  tiers  de  la  montagne  , 
s’étend  en  décrivant  un  angle  obtus  vers  le  Sud  et  le  Sud  - est  , 
et  consiste  en  plusieurs  bandes  de  différentes  largeurs  , dont  les 
couleurs  varient  du  vert  clair  au  bleu  , et  du  rouge  pâle  à un 
rouge  obscur  de  brique. 

La  partie  supérieure  de  la  montagne  est  couverte  de  mor- 
ceaux arrondis,  composés  d’une  argile  durcie  ou  schiste  marneux, 
qui  se  trouve  superposée  sur  la  couche  argileuse  dont  nous  avons 
parlé,  et  peut  former  près  du  tiers  de  la  montagne.  Au  pied. 


( 227  ) 

/ 

ôn  trouve  souvent  des  morceaux  d'albâtre  très  beau  et  très  pur„ 
et  il  est  probable  que  le  sein  de  cette  montagne  contient  éga- 
lement du  sel  gemme  , qui  3 après  s'être  dissout  dans  des  sour- 
ces souterraines  , donne  naissance  au  lac  et  l’entretient.  Il  serait 
à désirer  que  cette  montagne  si  importante  sous  le  rapport  de 
la  géognosie , fut  examinée  par  un  minéralogiste  instruit,  et  que 
la  description  en  fut  faite  avec  plus  d'exactitude  et  d’une  mani- 
ère plus  circonstancielle  que  je  n’ai  été  moi-même  en  état  de  le 
faire. 

Les  montagnes  de  sel  gemme  5 qui  ont  été  visitées  par  Pal- 
las  et  Gmeliu  à Tchatchatchi  , au  Sud  de  Bogdo  5 à une  dis- 
tance à peu  près  égale  du  Volga  a présentent  un  aspect  tout 
à - fait  différent.  C’est  une  chaîne  circulaire  de  collines  et  de 
rochers  qui  s’étendent  sur  une  circonférence  d’environ  huit  ver- 
stes,  et  dont  les  sommets  les  plus  hauts  ne  s’élèvent  pas  à plus 
de  150  — 200  toises  au  dessus  du  niveau  de  la  steppe.  Au  cen- 
tre de  cette  chaîne  se  trouve  un  enfoncement , en  forme  d’en- 
tonnoir , ayant  plusieurs  verstes  de  circonférence  , et  qui  au 
printems  se  remplit  d'eau.  Quand  cette  eau  s’évapore  pendant 
l'été  , elle  dépose  une  croûte  peu  épaisse  d’un  sel  mêlé  de  par- 
ticules hétérogènes.  Les  collines  elles-mêmes  sont  composées  de 
blocs  d’un  sel  gemme  excellent  , qui  , en  bonté  3 ne  le  cède 
aucunement  à celui  d'Iletsk.  Dans  quelques  endroits  il  se  mon- 
tre en  masses  découvertes  ; mais  dans  d’autres  il  est  assez  ordi- 
nairement recouvert  , à une  hauteur  de  quelques  pieds  , d’une 
terre  glaise  , sèche  et  aride. 

La  chaîne  d’Arsagar  , qui  a été  visitée  par  Pallas  , parait  3 
quoiqu’elle  soit  beaucoup  plus  considérable  t avoir  une  grande 

39 


★ 


( aa8  ) 

ressemblance  avec  le  groupe  de  collines  isolées  dont  nous  ve- 
nons de  parler  ; et  je  regrette  qu’il  m’ait  été  impossible  de  m’y 
rendre  ; et  d’y  voir  les  raretés  botaniques  dont  il  est  question 
dans  la  description  que  Palias  fait  de  cet  endroit. 

Malgré  les  bornes  étroites  dans  lesquelles  nous  avons  ren- 
ferme cette  notice , ce  que  nous  avons  dit  suffit  pour  prouver 
que  sur  ce  point  unique  de  la  steppe  , qui  est  bien  insignifiant 
comparativement  à son  immense  étendue  ^ la  Russie  possède  en 
sel  préparé  par  la  nature  des  richesses  tellement  inépuisables  г 
quelles  pourraient  peut-être  suffire  à la  consommation  de  toute 
l’Europe , si  la  position  géographique  eût  permis  de  les  trans- 
porter , en  même  tems  que  d'autres  circonstances  en  eussent 
favorisé  le  débit. 


communique  le  15  Mars.  1810. 

Le  lac  salé  d’Inderskoïe  , qui  se  trouve  au  de  là  de  l’Oural., 
dans  la  steppe  des  Kirguises  , par  les  48  et  le  49°  , est  , ainsi 
que  la  chaîne  de  collines  dont  il  est  entouré  , sous  le  rapport  de 
l’histoire  naturelle,  sans  aucun  doute  Fun  des  points  les  plus  re- 
marquable de  la  Russie.  Dès  son  teins  , l’académicien  Pallâs  qui 
visita  cette  région  avec  beaucoup  de  soin  , et  donne  la  descrip- 
tion d’un  grand  nombre  de  plantes  nouvelles  qu’il  y découvrit  , 
excita  l’attention  des  naturalistes  et  le  désir  de  tenter  de 
nouvelles  entreprises  , à l’effet  dy  exploiter  les  trésors  qu’y  récè- 
le la  nature.  Néanmoins  , autant  que  j’ai  pu  m’en  convaincre  , 
pendant  la  longue  série  des  années  qui  se  sont  écoulées  depuis 
l’expédition  du  savant  académicien,  aucun  naturaliste  russe  n’a.  trou- 
vé l’occasion  de  visiter  de  nouveau  cette  contrée , et  de  complé- 
ter ou  de  continuer  les  premières  découvertes. 

Le  lac  se  trouve  à environ  25  verstes,  au  Sud-Est  du  petit  fort 
dlnderskoie,  qu’  habitent  50  Cosaques  sur  la  rive  droite  de  l’Ou- 
ral. A trois  verstes  du  bord  gauche  de  l’Oural,  l’on  arrive  à une 
pente  dont  la  crête  forme  un  très  vaste  plateau  élevé,  qui  porte 
le  nom  de  monts  Indre  ou  Inderskoè".  Cette  plaine  élevée  dont 
l’étendue  , n’a  pas  encore  été  mesurée , surtout  dans  sa  partie 
orientale , est  couverte  d’une  multitude  de  crêtes  rocailleuses  iso- 
lées et  anfractueuses  , ainsi  que  de  concavités  profondes  ressens» 
blant  aux  excavations  des  mines. 


( s5o  ) 

Au  milieu  se  trouve  le  lac  qui,  selon  le  dire  des  Cosaques 
peut  avoir  environ  soixante  verstes  de  circonférence  , et  son  ni- 
veau paroît  être  considérablement  plus  élevé  que  celui  de  l’Oural. 

Ainsi  que  j’ai  déjà  pu  m’en  convaincre  en  visitant  d’autres  lacs 
de  même  nature  , celui  - ci  est  également  très  peu  profond  , et 
l'on  peut  le  traverser  en  entier , à gué  , sans  que  Гоп  ait  de 
l'eau  au  dessus  du  genou.  Le  fond  se  compose  d’une  couche  du 
sel  le  plus  pur  et  le  plus  beau  qui,  s’augmentant  d’année  en  an- 
née , a déjà  acquis  une  épaisseur  très  considérable.  Au  milieu  du 
lac  se  trouvent  , dans  la  masse  saline , quelques  trous  perpendi- 
culaires et  profonds  , qui  vraisemblablement  ont  été  creusés  par 
des  sources  souterraines.  Ayant  essuyé  d’en  mesurer  la  profondeur 
avec  une  sonde,  je  ne  trouvai  point  encore  le  fond  à 4o  archi- 
nes.  Des  montagnes  qui  entourent  le  lac,  descendent  de  tous  cô- 
tés des  ruisseaux  salés , qui  à la  vérité  sont  ordinairement  des- 
séchés pendant  les  chaleurs  des  mois  de  juillet  et  d'aôut.  Quel- 
quefois le  lac  même  se  dessèche  ; l’eau  se  trouve  alors  vaporisée 
par  la  chaleur  solaire , et  toute  la  superficie  ressemble  â une 
plaine  couverte  d’une  neige  fraîchement  tombée.  La  masse  de  sel 
que  produit  ce  lac  est  immense  , et  pourrait  peut  être  suffire  à 
la  consommation  de  toute  la  Russie,  si  le  lac  ne  se  trouvait  point 
placé  à l’extrême  limite  de  l’Empire  , et  loin  d’un  fleuve  navi- 
gable , car  l’Oural  ne  peut  pas  porter  de  grandes  barques  II 
ny  a que  les  Cosaques  de  l’Oural  qui  viennent  s’y  approvisionner 
du  sel  dont  ils  ont  besoin  d’une  quantité  assez  considérable  pour 
saler  le  poisson  des  pèches  de  l’Oural. 

Le  sol  de  la  plaine  qui  entoure  le  lac  se  compose  d’une  cou- 
che de  terre  argilleuse  fécondée  par  du  salpêtre  , sur  une  épais- 


( з5і  ) 

scui'  de  à 2 avehines  , et  qui  repose  sur  un  fond  calcaire. 
On  peut  s’en  assurer  ostensiblement  par  l’aspect  de  concavités 
profondes  , qui  souvent  s’enfoncent  entre  les  rochers  à une  pro- 
fondeur  très  considérable  , et  que  Гоп  dirait  avoir  été  creusée 
par  la  main  des  hommes  , par  la  ressemblance  qu’elles  ont  avec 
des  mines  abandonnées. 

Il  est  sans  doute  digne  de  remarquer  que  partout  où  la  na- 
ture a placé  de  grands  dépôts  salins  , l’on  rencontre  en  môme 
tems  de  la  pierre  calcaire.  Cest  ainsi  que  j’ai  trouvé  une  monta» 
gne  isolée  d’albâtre  , près  de  la  remarquable  mine  de  sel  gemme 
d’Iletsk,  dans  les  environs  d’Orenbourg,  et  que  j’ai  découvert  des 
dépôts  calcaires  dans  le  mont  Bogdo,  près  du  lac  salé  de  Voskunts- 
chatskoï  dans  la  steppe  de  Tatarie:  et  l’enveloppe  du  mont  Tchap- 
tchatchi  dans  la  meme  steppe,  dont  le  noyau  est  formé  d’une  mas» 
se  de  sel  gemme  , consiste  également  en  albâtre.  La  coïncidence 
de  ces  observations  avec  plusieurs  autres  , fait  supposer  avec 
assez  de  vraisemblance  qu’ici  également  Гоп  doit  trouver  sous  les 
roches  de  gypse,  une  masse  considérable  de  sel  gemme  formant  la 
véritable  base  du  mont  Inderskoïe,  et  alimentant  par  des  sources 
souterraines  le  lac  lui  - môme. 

La  formation  particulière  et  bigarrée  des  éboulemens  formant 
des  cavernes  et  des  concavités  d’une  profondeur  verticale  très  con- 
sidérable , peut  s’expliquer  par  la  supposition  que  les  eaux  sou« 
terraines,  en  dissolvant  dans  plusieurs  endroits  îe  sel  gemme  , ont 
insensiblement  miné  le  terrain  et  formé  des  excavations  qui  ont 
ensuite  dû  donner  lieu  à l’éboulement  des  couches  calcaires  de  la 
superficie.  - 


' ( чЪъ  ) 

Quoiqu’il  ne  m’ait  pas  été  possible  de  faire  des  recherches  con® 
sidérables,  j’ai  cependant  pu  m’assurer  que  sous  les  rapports  bo- 
tanique et  zoologique  , cette  région  est  également  intéressante. 

Sur  un  espace  très  limité  , la  nature  y a accumulé  un  grand 
nombre  de  plantes  nouvelles  et  particulières  à cette  région.  Le 
sol  argileux,  de  la  plaine  , les  collines  calcaires  , des  pentes  „ des 
éboulemens  produisent  des  végétaux  différens  ; mais  c’est  sur  ces 
pentes  dont  nous  venons  de  parler  que  la  végétation  est  la  plus 
riche  et  la  plus  active,  parce  que  les  plantes  y rencontrent  plus 
d’humidité  et  s’y  trouvent  en  partie  abritées  contre  les  rayons  ar- 
dents du  soleil;  ce  qui  n’est  point  le  cas  avec  celles  qui  croissent 
dans  la  plaine  aride. 

Parmi  plusieurs  autres,  j y ai  remarqué  les  Aslragalus  alpinus , 
d’une  grandeur  extraordinaire  ; plusieurs  espèces  de  Scorzonères  , 
entr’autres  la  purpurea.  Amaryllis  Tartarica  Pall.  Hedysarum 
taurico.  aff.  an  nov.  sp?  Ranuncul.  n.  sp.  Cotylédon  n.  sp.  He- 
speris  n.  sp.  Dans  la  plaine  : une  espèce  très  belle  et  nouvelle 
d’Orobanche  avec  de  grandes  fleurs  bleues;  Rheum  Caspium  Pall. 
d’une  grandeur  extraordinaire;  Asparagus  verticillaris ; et  Aspar. 
n.  sp.  plusieurs  espèces  d’ A Ilium  9 dont  quelques  unes  m’ont 
paru  nouvelles  ; deux  ou  trois  espèces  de  Carex , dont  celle 
nommée  Carex  physodes  a été  décrite  par  Marschall  dans 
le  second  volume  des  Mémoires  de  la  Société  des  Naturali- 
stes de  Moscou  ; Biscutella  macrocarpa  Marsch.  Leontice  incer - 
ta  Pall.  — - P allas  , quoiqu’il  eut  visité  cette  région  un  mois 
plutôt  que  je  ne  l’ai  fait,  n’y  trouva  pas  cette  plante  en  fleur. 
Moi  également  je  n’ai  pu  en  trouver  des  exemplaires  qui  fussent 
en  fleurs  , et  fai  dû  me  contenter  d’en  rapporter  des  graines  et 
des  racines.  Une  petite  plante  toute  particulière , avec  des 


fleurs  jaunes,  avec  des  feuilles  amplexicaules  e\  des  capsules  et  qui 
croit  ici  de  même  qu’assez  fréquemment  sur  la  rive  droite  de  l’Ou- 
ral , forme,  ainsi  que  me  l’écrit  mon  ami  Fischer,  de  Gorenki, 
une  nouvelle  espèce  très  distincte  , qui  appartient  à la  2 1 classe 
du  système  de  Linné. 

Sur  les  collines  calcaires  isolées  , Гоп  ne  trouve  rien  de  bien 
remarquable , à l’exception  d’un  magnifique  Cheiranthus  qui  est 
voisin  du  Ch.  odoralissimus  Pall.  et  de  l'Astr,  redwicus  Pall. 

Sur  la  pente  de  la  rive  du  lac  , j’ai  trouvé  des  espèces  très 
belles  et  nouvelles  d’AsphodeluSj,  et  quelques  autres  plantes,  comb- 
ine : Allium  Caspium  , très  grand  ; Lycium  $ Nitraria  $ Stalice 
suffruticosa  et  autres. 

D’après  la  liste  que  je  viens  de  donner  , qui  ne  comprend 
que  les  espèces  les  plus  remarquables  , Гоп  voit  que  le  nombre 
des  espèces  nouvelles  de  cette  contrée,  dont  s’est  enrichie  la  Flo- 
re de  la  Russie  , est  très  considérable. 

Comme  je  ne  suis  point  assez  versé  en  connoissances  botani- 
ques , pour  croire  qu’il  me  fut  possible  de  définir  avec  une  en- 
tière certitude  toutes  les  plantes  que  j’ai  trouvées  , je  m’en  suis 
rapporté  pour  la  définition  de  plusieurs  espèces  , tant  nouvelles 
qu'anciennes  , aux  assertions  de  mon  ami  Fischer  de  Gorenki. 

Quant  à l’entomologie  , le  nombre  des  espèces  d’insectes 
que  l’on  trouve  dans  les  steppes  méridionales  de  la  Russie  ne 
paraît  point  être  fort  considérable.  Les  diverses  espèces  qui  9 
soit  à l’état  de  larve  , soit  à celui  d’insecte  parfait , se  nourris- 
sant de  bois  , d’écorce , et  de  feuilles  d’arbres  , manquent  ici 

IV  5o 


(з34) 

presque  totalement  , et  Гоп  n’y  rencontre  en  général  que  les  in- 
sectes qui  trouvent  leur  nourriture  sur  les  fleurs  , les  plantes  , et 
dans  la  terre.  Les  espèces  qui  s’y  trouvent  en  nombre  plus  con- 
sidérables , sont  les  coléoptères  qui  font  partie  de  la  famille  des 
Pimélies , insectes  qui  ordinairement  ne  se  montrent  pas  au  delà  du 
52°  de  lat.  et  ne  se  rencontrent  que  dans  les  steppes  unies  et 
brûlantes  de  l’Europe  méridionale,  de  l’Asie  et  de  la  partie  sep- 
tentrionale de  l’Afrique.  Dans  les  environs  du  lac  salé  d’inderskoï, 
j’ai  trouvé  plusieurs  coléoptères  appartenant  à cette  famille  , en- 
tièrement inconnus  , et  qui  n’avaient  point  été  décrits. 

A dire  la  vérité  ma  récolte  en  insectes  de  cette  contrée  eut 
été  très  pauvre,  si  je  n’avois  pas  été  favorisé  par  une  circonstance 
dont  profita  également  Pallas  dans  son  tems.  Pallas  rassembla 
une  foule  d’insectes  bien  conservés  , qu’il  découvrit  dans  le  sel 
du  lac  où  ils  avaient  trouvé  leur  tombeau,  et  plus  tard  il  en  dé- 
crivit une  partie  dans  son  Iconographie  des  Insectes  de  la  Rus- 
sie , qui  n’a  point  été  terminée.  Je  me  suis  procuré  de  la  même 
manière  beaucoup  de  coléoptères  , dont  les  uns  ont  été  décrits 
par  Pallas  , et  les  autres  étaient  encore  totalement  inconnus. 

Ceux  des  insectes  décrits  par  Pallas  , qui  paraissent  apparte- 
nir particulièrement  à cette  région  , et  dont  quelquesuns  se 
trouvent  fréquemment  dans  le  sel  du  lac  , sont  : Geotrupes  (sca- 
rab.)  bidens.  Pall.  Calandra  ( Cure .)  picea  Pall.  Pimelia 
Cephalotes  Pall.  Pimelia  costata  Pall.  Bupr.  tatarica.  Pall. 
Mylabr.  calida  , ocellata  , crocata , 4 ~ maculata , Staphylinus  ta- 
taricus  Pall.  it. 

Quant  aux  lépidoptères  , je  n’y  ai  remarqué  que  des  espèces 
très  ordinaires  , comme  le  Papilio  linaria  et  Raphani. 


(235) 

La  terrible  araignée  - scorpion  : Solpuga  arachnoïdes , que 
Pallas  dit  avoir  été  trouvée  par  lui  au  nombre  de  plusieurs 
exemplaires  , dans  le  lac , n’y  a point  été  vue  par  moi 3 
quoique  je  l’ai  cherché  avec  beaucoup  , de  soins. 


★ 


5o 


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RECHERCHES  ZOOLOGIQUES 
PAR  G.  Fischer, 


RECHERCHES  ZOOLOGIQUES, 
par  G.  Fischer. 

Ces  recherches  ont  été  présentées  à la  Société  clans 
quelques  unes  des  séances  des  années  1809  et  1810.  Mais 
l’auteur,  les  considérant  comme  incomplètes,  attendait  une 
occasion  favorable  pour  se  procurer  les  objets  y relatils. 
Il  fut  trompé  dans  son  attente  lorsque  l’incendie  de  1812 
consuma  tout  ce  qu’il  avait  recueilli.  Il  fallait  du  temps  , 
pour  reprendre  haleine  et  maintenant  que  la  réimpressi- 
on de  ce  volume  a été  ordonée  par  le  conseil  de  la  So- 
ciété , il  lui  est  difficile  d’ajouter  quelque  chose  à des  re- 
cherches qui  ont  été  commencées  à une  épocpie  aussi  éloignée. 
La  difficulté  de  se  procurer  les  objets  qui,  quoique  connus, 
sont  rares,  à cause  de  la  distance  de  leur  séjour  n’est  nulle 
part  aussi  grande  qu’en  Russie,  et  cela  par  plusieurs  raisons, 
que  je  ne  veux  pas  dévélopper  ici,  mais  qu’il  faut  vaincre, 
pour  ne  point  se  voir  forcé  de  renoncer  à travailler.  Un 
exemple  frappant  de  ce  genre  est  offert  par  une  espèce  de 
perdrix  très  grande  du  Caucase  qui  doit  peut-être  former  un 
genre  intermédiaire  entre  Tetrao  et  Perdix.  Tous  mes  so- 
ins ont  été  infructueux  pour  me  procurer  cet  animal.  Le 
second  objet,  le  Jeltopusik , ( Proctopm  Paliasit , m.  Lacerta 
apoda  Pallas  ) m’a  été  présenté  une  seule  fois  dans  l’es- 
pace de  25  ans , et  je  l’ai  dû  à la  bonté  de  Mr.  de  Ste- 
ven.  Les  dessins  anatomiques  étant  plutôt  exacts  que 


beaux , parceque  j etais  obligé  de  les  tracer  moi-même,  on 
pardonnera  leur  rudité  en  faveur  de  leur  exactitude. 

I.  SUR  LE  SYM  DU  CAUCASE. 

Le  Sym  est  un  oiseau  très  intéressant,  appartenant 
aux  Gallinacés  et  à la  famille  des  Tétras  et  Perdrix.  Il 
réunit  les  caractères  des  uns  et  des  autres.  Il  plane , 
comme  l’aigle  , sur  les  plus  hautes  montagnes  du  Cauca- 
se , c’est  pourquoi  les  chasseurs  éprouvent  tant  - de  diffi- 
cultés à l’atteindre.  J’appris  à la  connaître  par  un  dessin 
que  j’ai  dû  à la  bonté  de  feu  le  Baron  Marschall  de  Bie- 
benstein.  Ce  dessin , quoique  assez  exact , laissait  cepen- 
dant plusieurs  choses  à désirer  , et  j’ai  nommé  cet  oiseau 
Perdix  alpina , en  attendant  que  je  visse  l’animal  lui-même 
Ce  n’est  que  les  jambes  nues  qui  le  font  placer  parmi  les 
perdrix.  Le  port  général  est  plutôt  celui  d’un  Tétras , le 
bec  est  très  fort  et  au  lieu  de  la  membrane  qui  couvre 
les  narines , on  y voit  une  caroncule  très  forte  et  très 
élevée  , qui  paraît  couvrir  les  narines  presque  en  entier. 
Les  pieds  sont  très-forts,  plus  courts  que  dans  les  perdrix, 
et  ont  un  éperon  aussi  fort  et  aussi  long  que  le  doigt  de 
derrière.  C’est  prourquoi  les  Tatares  du  Caucase  l’appel- 
lent Becshbarmak  c’est  à dire  pentadactyle.  Les  ïcherkesses 
le  nomment  Sym. 

Pallas,  dans  sa  Zoographie,  IL  p.  76,  n.  225.  tab.  ** 
l'a  décrit  sous  le  nom  de  Tetrao  caucasica , pedibus  nudis 
calcaratis  , со/ pore  undulato  ferrugineoque  undulato  , capita 
cano  , pula  alba. 


( 2|l  ) 

Quoique  ce  célèbre  Naturaliste  ait  visité  les  con- 
trées , où  le  Sym  se  trouve il  ne  Га  point  vu , et  ne  Га 
également  connu , comme  moi  , que  par  un  dessin.  La  de- 
scription en  a été  faite  par  Mr.  de  Steven. 

Je  n?ai  pas  fait  copier  mon  dessin  parceque  Pallas 
en  promet  une  gravure  dans  sa  Zoegrapbie.  Ce  qui  doit 
me  consoler , c’est  que  Pallas  n’a  pas  été  plus  heu- 
reux que  moi , ainsi  qu’il  Гаѵопе  lui  même.  1.  c.  Omni 
ndhihita  opéra,  quum  anno  1792  ad  pedem  Caucasi  commora- 
rer , ipsam  аист , proposât  о lie  et  praemio  , obtinere  fortu- 
na  negavit. 

L’animal  lui  même  appartient  donc  toujours  aux 
objets  les  plus  désirés  par  les  Naturalistes.  Reste  à savoir 
si  Mr.  Ménétriés  qui  a séjourné  dans  ces  contrées  en  1829 
a été  assez  heureux  pour  pouvoir  se  le  procurer. 

IL  SUR  LE  JELTOPUSIK. 

Proctopus  Pallasii , Fischer.  Lacerta  apoda.  Pallas. 

Dès  que  Pallas  eut  reconnu  dans  cet  animal  singu- 
lier et  serpentiforme  la  nature  d’un  lézard , les  découver- 
tes principales  se  trouvèrent  faites  , et  tout  ce  qu’on  a pu 
y ajouter  n’a  rapport  qu’à  ses  noms  , ou  à la  place  qu’il 
devrait  occuper  dans  le  système. 

Cet  animal  se  trouve  en  Crimée  ; ( l’individu  que 
notre  Musée  possède  a été  donné  par  Mr.  de  Steven  et  il 
a -été  trouvé  à Symphéropol),  dans  les  deserts  sablonneux 
de  Naryn  auprès  du  Volga,  près  du  Terek  et  du  Cou- 
ma , et  plus  rarement  près  de  la  Sarpa. 

Pallas  l’a  décrit  sous  le  nom  de  Laceta  apoda  dans 
les  Nov.  Comment . Petrop . VoL  XIX.  p.  435*  t.  9.  nom 
IV  3i 


(ф) 

quil  a conserve  dans  sa  Zoograpliia  Imperii  Rossû - AsiaticL 
Vol.  IL  p.  33. 

En  communiquant  à ce  célèbre  Naturaliste  mes  ta- 
bles synoptiques  de  la  Zoognosie  en  1 805 , et  en  rendant 
attentif  sur  ce  que  gavais  séparé  le  Jeltopusick  , comme 
un  genre  distinct  sous  le  nom  Podurus,  il  dés  approuva  cet- 
te idée.  J ai  préféré  plus  tard  le  nom  de  Proctopus  , com- 
me plus  caractéristique. 

La  vérité  devait  cependant  triompher , et  j’ai  vu 
avec  plaisir  que  d autres  Naturalistes  l’ont  également  con- 
sidéré comme  un  genre  distinct.  Il  a pour  caractères  : 

Corpus  s erp  eut  if or  me  3 pedibus  prope  anum  hrevissimis  ? 
squamciïis,  apice  subdivisis. 

Dentes  insisivi  canini  molaires 

La  synonymie  s’en  réduit  à ce  qui  suit  ; 

Lacevta  J pus  , Gmel.  Syst.  N.  L.  I.  p.  1079: 

Chamaesawa  À pus  , Schneider  Hist.  ampli.  IL  p.  2 12. 

Pipes  sheltopusik  , Bonnàterre  Erpet.  p.  68. 

Bipes , Lacépède  , Cuvier,  Régné  anim.  56. 

Bipes,  Oppel  Rept.  p.  42  et  Cloquet,  dans  le  Diet.  des  sé- 
nat. Тот.  IV.  Suppléai.  p.  104. 

Sheltopusik  didactylus  , Latreille  Rept.  II.  27 3. 

Seps  sheltopusik  , Daudin  , Rept.  IV.  35  i.  VIII.  379.» 

Pseudopus  se r pent  inus  , Merrem  Amph.  p.  78. 

Hysteropus  Pallasii  , Duméril. 

Le  Bipes  a de  véritables  doigts  ou  du  moins  des 
rudimens,  ce  qui  le  distingue  du  Proctopus  qui  ne  présente 
qu’une  division  d’écailles  à la  pointe  des  pieds. 

La  découverte  de  Pallas  était  d’autant  plus  impor- 
tante alors,  que  les  caractères  qui  distinguent  les  lézards 


(243) 

des  serpens  ri* avaient  pas  encore  été  suffisamment  fixés. 

Il  aurait  été  beaucoup  plus  facile  aujourd’hui  de  reconnaître 
dans  le  Jeltopusik  un  Lézard , par  la  forme  des  écailles 
et  par  la  présence  du  tympan  membraneux  extérieur,  ou  à 
fleur  de  tête. 

Les  écailles  ont  une  forme  tout  a fait  particulière  , 
en  ce  que  , au  lien  d’être  imbriquées  et  séparées  par  an- 
neaux ou  par  lignes,  elles  ont  une  forme  hexangulaire,  sont 
carénées  ou  munies  au  milieu  d’une  petite  crête  ou  d’une 
ligne  élevée  qui  se  prolonge  sur  tout  le  corps  et  dévient 
sur  la  queue  si  proéminente  et  presque  tranchante,  et  qus 
Il  en  résulte  une  forme  multangulaire. 

Les  écailles  sous  le  ventre  sont  disposées  par  ban- 
des parallèles  et  transversales.  La  queue  est  beaucoup  plus 
longue  que  le  corps.  Deux  lignes  latérales  fortement  im- 
primées ou  de  vrais  sillons  régnent  le  long  du  corps  , en 
séparant  les  muscles  du  dos  de  ceux  du  ventre , jusqu’à 
l’anus  qui  est  transversal  et  très  large.  Au  bout  de  ces 
deux  lignes  se  trouvent  deux  pieds  courts  , qui  sont  des 
pieds  véritables  , étant  soutenus  par  des  os  qui  articulent 
avec  le  bassin.  Ces  pieds  n’ont  point  de  doigts  , mais  sont 
divisés  par  une  petite  fente,  qui  pénètre  entre  deux  écail- 
les plus  grandes  , subtriangulaires  et  arrondies  à la  pointe. 

Ce  sont  sans  doute  ces  espèces  de  serpens  que  les 
voyageurs  m’ont  assuré  avoir  vu  érigés  comme  des  bâ- 
tons et  jouant  avec  leur  langue.  Par  la  force  de  leurs 
muscles  , par  les  deux  rudimens  de  pieds  , par  leur  lon- 
gue queue , les  Jeltopusiks  peuvent  facilement  prendre 
cette  position  qui  n’est  guère  naturelle  aux  serpens  propre- 
ment dits. 

Зк  * 


(944) 

La  couleur  générale  de  cet  animal  est  d’un  jaune  > 
qui , sur  le  dos , tire  au  brun. 

Pallas  ayant  décrit  cet  animal  très  exactement , il 
me  restera  peu  à y ajouter.  Je  commencerai  par  donner 
les  dimensions  de  l’exemplaire  de  Pallas  , et  de  celui  qui 
se  trouve  dans  notre  Musée-  Les  remarques  ultérieures  de- 
manderont d’abord  à être  soumises  à votre  indulgence  avant 
qu’elles  puissent  être  reçues  dans  les  mémoires. 


Dimensions  d’un  individu  mesuré  par  Pallas  et  d’un  autre  de 

notre  Musée. 


Longueur  du  corps  depuis  la  pointe  de  la  ma- 

de  celui 
de  Pallas 

de  celui 
du  Muse'c. 

cboire  supérieure  jusqu'à  l’anus 

)-»■ 

0 

qp 

O 

O 

o 

^4 

— — de  la  queue 

2.  4.  0 

2.  1.  10. 

de  la  tête  jusqu’au  trou  auditoire. 

0.  1.  Ц 

0.  1.  4 

— de  l’ouverture  de  la  bouche  . 

0.  1.  5. 

ci 

• 

6 

Circonférence  de  la  tête  près  de  la  base 

0.  3. 10. 

0.  3.  3. 

- — ■'  du  corps  près  de  l’anus  . . 

0.  3.  5 

0.  3.  4. 

0.  3.  2. 

0.  2.  11. 

Distance  des  narines  de  la  pointe  du  bec  . 

0.  0.  Ц 

0.  о.  ц 

— — — _____  entre  elles  .... 

0.  0.  3i 

0.  0.  3 1 

des  yeux  des  narines  ....... 

0.  0.  5 

0.  0.  Ц 

du  tympan  de  l’angle  postérieur 

des  yeux  ...... 

© 

p 

N 

© 

© 

Fente  des  sousciîs  ........ 

6 

6 

0.  0.  Ц 

Hauteur  de  la  tête - . . 

0.  0.  llf 

0.  0. 101 

Largeur  de  la  tête  près  des  oreilles  . 

0.  1.  2. 

0.  0.  10. 

Longueur  des  pieds  ......  . . 

o.  o.  if  ( 

э.  0.  IX 

Э.  0.  10. 

Distance  des  pieds  . 

0.  1.  8. 

( 245  ) 

Pallas  décrit  ensuite  la  langue,  l’os  hyoïde,-  le  coeury 
les  poumons  , l’oesophage  avec  le  reste  des  intestins. 

Les  organes  de  la  génération  exigent  un  examen  ul- 
térieur. Ils  sont  doubles  dans  les  Reptiles  , mais  les  ver- 
ges ne  paraissent  cependant  pas  être  perforées.  Yoici  ce 
que  j’ai  cru  voir  dans  le  Jeltopusik  , les  verges  sont  pla- 
cées dans  des  gaines  qui,  par  un  ligament  très  fort , sont 
attachées  aux  vertèbres  dé  la  queue , entre  la  dixième  et 
la  onzième  vertèbre.  Les  glands  hérissés  d’épines  sortent 
de  deux  côtés  près  de  Fanus.  Ш les  vaisseaux  déférens  , 
ni  l’urétfire  ne  sont  en  contacte  avec  les  pénis. 

L’uréthre  s’ouvre  au  dessus  de  Fanus  , et  les  vais- 
saux  déférens  aboutissent  dans  le  cou  de  la  vessie  très 
près  de  l’ouverture  de  Yuréthre.  Les  uréthères  , en  sortant 
des  reins  qui  sont  couchés  au  dessous  du  rectum  , se  re- 
plient en  haut , remontent  à côté  de  la  vessie , qui  est 
assez  grande  , pour  s’y  glisser  , au  fond  entre  ses  parois; 
Les  testicules  se  trouvent  placés  au  dessus  des  reins  , col- 
lés contre  l’épine  du  dos*  Mais  en  bas  des  reins , près 
du  cloaque  se  trouvent  des  glandes  qu’on  peut  comparer 
avec  les  vésicules  séminales  ou  les  prostates.  C’est  de 
ces  glandes  que  sortent  les  canaux  déférens,  qui  se  replient 
sur  eux  - mêmes  en  haut  et  se  dirigent  vers  îc  cou  de  la 
vessie  y où  ils  disparaissent  dans  un  petit  pli.  L’accouple- 
ment paraît  donc  un  effet  mécanique  , et  que  des  muscles 
très  forts  semblent  favoriser  ; et  l’éjaculation  de  la  semen- 
ce se  fait  immédiatement  par  l’ouverture  assez  grande  et 
très  ridée  de  l’urèthre.  Voyez  la  Planche , IV  Fig.  1. 

II  faudrait  comparer  les  parties  de  la  femelle,  mais 
malheureusement  jusqu’à;  présent  je  n’ai  pu  me  la  pro- 


( '4«  ) 

L’ostëologie  offre  beaucoup  de  curiosités , dont  je 
ferai  remarquer  les  suivantes. 

Les  os  du  crâne  sont  très  forts  en  général , compa- 
raison faite  avec  la  grandeur  de  la  tète.  Il  y a des  dents 
dans  les  mâchoires  et  de  petites  parties  de  dents  eu  for- 
me de  brosse , dans  le  palais. 

L’os  intermaxillaire  s’arrondit  en  avant  de  la  bou- 
che , et  se  prolonge  en  haut  dans  une  petite  apophyse , 
qu’on  peut  appeler  proressus  nasalis  , mais  il  ne  touche 
point  les  os  du  nez  , et  ne  produit  que  la  division  des 
narines  en  avant.  Il  contient  neuf  incisives  coniques  qui 
sont  séparées  des  fausses  molaires  ou  des  canines  par  ira. 
petit  espace. 

L’os  de  la  mâchoire  supérieure  est  très  étendu. 

Il  est  séparé  des  os  du  nez  par  un  os  assez  grand, 
qu’on  peut  comporer  à Vos  unguis  il  forme  en  bas  la  pa- 
roi principale  de  l’orb’te , et  se  joint  par  une  apophyse 
qui , s’attachant  à l’os  zygomatique , ferme  en  arrière 
l'orbite. 

Il  renferme  1 2 dents,  dont  les  trois  antérieures  sont 
plus  coniques,  plus  pointues,  et  peuvent  être  nommées  faus- 
ses molaires  ou  canines. 

Les  molaires  ont  une  couronne  plus  large  et  leur 
pointe  ne  paraît  que  du  côté  extérieur. 

Celles  du  milieu  , c’est  à dire  les  4 — 7 , en  com- 
mençant à les  compter  du  fond , sont  les  plus  grandes  et 
les  plus  fortes. 

L'os  de  la  tempe  Ç os  ïemporum ) ne  forme  qu’un  arc 
qui  s’attache  aux  pariétaux  pendant  que  l’os  sphénoïde  est 


( 247  )' 


très  étendu  , que  la  cavité  du  tympan  est  formée  par  Fbs 
multangulaire  ( carré  dans  d’autres  ) et  que  l’os  basal  r 
dans  lequel  se  trouve  à la  vérité  le  trou  de  fouie  (mê tu- 
tus auditorias  intérims  J qui  est  grand  , est  alongë  et  caché 
par  une  grande  apophyse. 


L’os  sphénoïde  s’attache  en  avant  aux  os  du 
muni  d’une  petite  brosse  alongée  de  dents;  il  forme  une  es- 
pèce d’arc  qui  s’appuie  sur  Fos  basal  en  arrière , et  se  lie 
par  des  apophyses  , dont  l’une  intérieure  plus  courte  et 
plus  forte  le  joint  à la  mâchoire  supérieure,  et  l’autre  pos- 
térieure plus  alongée  et  plus  mince  l’unit  à l’os  multan- 
gulaire  de  côté  et  à l’intérieur  du  condyle  elénoïde.  Le 
corps  principal  porte  trois  séries  de  dents  petites,  pointues 
et  dirigées  en  arrière , placées  en  ovoïde  alongé. 


L’os  basal  forme  une  partie  du  trou  occipital,  avec 
Une  apophyse  servant  d’articulation  avec  la  première  ver- 
tèbre du  cou.  De  côté , et  en  bas , il  a deux  ailes  au 
dessus  desquelles  se  trouve  le  trou  du  meatus  auditorius 
internus.  Il  soutient  en  avant , avec  de  grandes  apophy- 
ses en  forme  d’ailes  ou  de  patelles,  l’os  sphénoïde.  Auprès 
de  cette  réunion  avec  l’os  sphénoïde,  se  trouve  un  osselet 
en  forme  de  stylet  qui  monte  tout  droit  en  haut,  où  il 
s’appuie  sur  l’os  basilaire  sans  y être  attaché.  C’est  les 
i wlumnmre  (оз  columnarej  qui  paraît  affermir  la  mastication.. 


L’occiput  ( 1.  J couvre  en  haut  la  cavité  du  cer- 
veau y forme  l’autre  moitié  du  trou  occipital  en  arrière  et 
ne  cohère  en  haut  avec  les  os  pariétaux  qu’au  moyen  d’un 
arc  qui , avee  l’arc  temporal  y forme  une  fourchette  dans 


( --4«  ) 

laquelle  s’mcapsulcnt  les  apophyses  triangulaires  de  l’os 
pariétal. 

L'os  pariétal  forme  un  carré  oblong,  muni  en  haut 
d’un  fort  écusson,  évasé  de  coté,  et  se  prolongeant  en  ar- 
rière en  apophyse  triangulaire,  qui  entre  dans  une  espèce 
de  fourchette  formée  comme  nous  venons  de  le  dire  par 
Гаге  temporal  et  l’arc  occipital. 

L os  frontal  est  alongé , muni  d’un  fort  écusson  ; 
il  fait  une  partie  de  la  voûte  de  l’orbite  et  touche  en 
avant  aux  os  du  nez  avec  lequel  il  forme  un  petit  os  trian- 
gulaire. ( c.  ) L'os  maltangulaire  (h.)  qui  chez  d’autres  est 
carré,  forme  une  pyramide  renversée  et  tronquée  à plusi- 
eurs angles  , dont  la  base  s’attache  à l’occiput  et  à Гаге 
temporal}  la  pointe  tronquée,  ou  la  partie  inférieure,  s’at- 
tache à l’apophyse  de  l’os  sphénoïde,  et  offre  le  condyle  clé- 
noide  qui  est  transverse , plus  large  que  long , et  un  peu 
évasé  au  milieu. 

La  mâchoire  inférieure  (tab.  III  f.  3.  40  est  couchée 
dans  le  même  plan.  Elle  est  courbée  un  peu  en  haut,  en 
avant  dans  la  partie  dentaire.  Les  branches  portant  la  ca- 
vité articulaire  très  large  et  peu  profonde  forment  chacune 
un  petit  arc  qui  est  dirigé  vers  le  milieu.  Il  n’y  a pas  de 
dents  incisives.  Les  molaires  avec  les  fausses  molaires  ou 
canines  sont  au  nombre  de  15.  Cet  arc  est  composé  dans 
notre  individu  de  plusieurs  osselets  dont  les  sutures  qui 
forment  des  lignes  ou  des  harmonies  sont  très  visibles. 
Les  trous  pour  la  réceptions  des  nerfs  et  des  vaisseaux,  sont 
proportionnellement  très  grands  et  très  alongés. 


( 249) 

L’épine  du  dos  se  divise  ordinairement  en  cinq  ré- 
gions ; ceile  du  cou  , cervicale  ou  trachélienne  celle  du  dos 
ou  dorsale  , celle  des  lombes  ou  lombaire  , celle  du  bassin, 
sacrée  ou  pelvienne  et  enfin  celle  de  la  queue  j caudale  ou 
coccycjienne.  Dans  notre  animal  , les  lombes  manquent  , 
pàrceque  les  cotes  se  prolongent  jusqu’au  bassin,  et  on  ne 
peut  donc  en  distinguer  que  quatre. 

La  cervicale , ou  celle  ou  cou,  est  composée  de  3 
vertèbres  , dont  la  première  ou  l’atlas  paraît  un  peu  mo- 
bile ; les  deux  autres  étant  engrenées  par  des  larges  apo- 
physes , sont  tout  a fait  immobiles. 

La  dorsale  , ou  celle  du  dos  , est  composée  de  55 
vertèbres  qui  toutes  se  ressemblent  en  ce  qu’elles  ont  des 
très  fortes  apophyses  , à l’exception  de  la  première  et  de 
la  dernière  , qui  sont  plus  courtes  et  plus  faibles  ; et  en 
ce  que  les  apophyses  épineuses  représentent  toutes  des 
plaques  très  dilatées  : des  muscles  très  forts  s y attachent, 
surtout,  les  muscles  croisés,  f musculi  cruciaii  dorsi  J qui 
sont  propres  aux  lézards  et  aux  serpens , mais  qui  sont 
très  prononcés  dans  cet  animai. 

Les  vertèbres  du  bassin  sont  au  nombre  de  deux  , et 
se  distinguent  par  des  apophyses  très  larges  dont  la  pre- 
mière articule  au  moyen  d’un  osselet  aîongé,  en  s’appuyant 
avec  sa  pointe  sur  la  seconde  apophyse.  Cet  osse- 
let articule  avec  un  autre  court  et  conique.  Les  apo- 
physes réprésentent  donc  le  bassin  , l’osselet  aîongé 
le  fémur,  et  le  conique  le  tibia.  Voyez  tab.  IV.  £ 6.  Ces 

IV 


02 


(2ЭО) 

deux  osselets  pris  ensemble  ont  6 lignes  de  France  de 
longueur. 

O 

Les  vertèbres  de  la  queue  se  distinguent  par  plusi- 
eurs caractères,  1.  elles  manquent  de  côtes,  2.  leurs  apo- 
physes sont  toutes  très  pointues  ou  tranchantes  ; 3.  elles 
portent , outre  les  apophyses  ordinaires  , encore  des  apo- 
physes très  alongées  et  fourchues  en  bas.  Les  branches 
de  la  fourche  sont  attachées  au  corps  des  vertèbres,  com- 
me dans  les  poissons. 

Là  où  ces  apophyses  se  raccourcissent , il  ne  reste 
que  des  tubercules.  Suivant  cet  aspect , on  trouve  98  ver- 
tèbres avec  ces  apophyses  fourchues  et  d’autres  très  tran- 
chantes, 14  °ù  les  apophyses  se  changent  en  tubercules 
mais  assez  pointues  et  2 qui  sont  terminales,  qui  n’en  ont 
pas  du  tout  et  qui  forment  un  petit  cône  avec  un  profond 
sillon  en  bas. 

Les  côtes  forment  des  arcs  courts,  mais  ne  se  réunis- 
sent point  en  avant  ou  sous  le  ventre,  elles  vont  jusqu’à 
la  ligne  latérale.  La  base  qui  en  est  très  large  , s’adapte 
par  deux  faces  aux  apophyses  transversales. 

Explication  des  pl anches 

Planche  II  Le  Jeltopusick , ( Proctopus  Pallasii  ) représenté 
de  côlé  ; on  y voit  le  sillon  latéral  3 et 
* les  petits  pieds  , dans  l’inaction  , se  rétirant  dans  le 
bout  du  même  sillon. 

Planche  III.  Crâne  du  Jeltopusick  ; 

1.  vu  de  côté  j 


(a5i) 

2.  vu  d’en  bas  ; 

5.  vu  d’en  haut 

3J  la  mâchoire  inférieure , vue  de  îa  face  dentaire  5 
4.  la  même  vue  d’en  bas. 

Les  lettres  servent  d’indication  pour  toutes  les  figures. 

a.  os  intermaxillaire 

b.  os  maxillaire  supérieur 

c.  os  du  nez. 

* os  unguis. 

d.  os  frontal. 

e.  os  pariétal. 

f.  arc  de  ] os  temporal. 

g.  arc  de  l’os  frontal  3 formant  la  voûte  de  l’orbite, 
b.  os  nmltangulaire. 

i.  os  basal. 

k.  os  sphénoïdaux. 

l.  os  de  l’occiput. 

m.  os  colomnaire  ; os  columnare. 

n.  os  zygomatique. 

o.  p.  dents  palatinaires  et  sphénoïdales. 

Planche  IV.  Parties  génitales  du  Jeltopusick. 

f.  1.  aa;  Musculi  Psoas, 
bb.  Testicules, 
cc.  Reins 

d.  Intestinum  rectum, 

e.  vessie  urinaire. 

f.  vaisseaux  sanguins. 

g.  g.  uréthères. 

b.  h.  vaisseaux  déférons. 

З2  * 


( 252  ) 


i.  i.  gaines  caudales  recevant  les  pénis. 

k.  musculi  ischio  - cavernosi. 

l.  ouverture  de  l'anus. 

* ouverture  ridée  de  l’urethre. 

f.  2.  Un  muscle  très  fort  qui  parait  agir  dans  l’accouplement, 
pour  accélérer  rapprochement.  Il  est  peut  être  à com- 
parer avec  le  levalor  ani. 

f.  3.  la  partie  anale  couverte  de  scs  écailles  pour  fairre  voir 
les  deux  pieds  anaux  * 

f.  4.  l’os  de  la  langue  composé  de  quate  osselets, 
f.  5.  le  sternum  composé  de  quatre  paires  d’osselets  et  d’un 
neuvième  impaire. 

f.  6.  Vertèbres  sacrales  , aa.  vues  de  côte  articulant  par  les 
apophyses  latérales,  très  dilatées  (b.  b.)  avec  les  os  du 
pied  c.  d.  Les  apophyses  représentent  le  bassin,  c.  est 
le  fémur,  et  d.  le  tibia. 

f 7.  Bulbe  de  l’oeil  avec  ses  muscles.  La  membrane  cligno- 
tante (a.)  ( membvana  nictitansj  est  très  étendue  et  mu- 
nie d’un  muscle  très  fort. 

. “<)  vdt;-.  > ! !Ь  >І:  V Kiuab  JU  O 

III.  SUIl  LE  1NAVAGA. 

Eleginus  Navaga  , Fischer.  — Gadus  JSava^a.  P allas. 

Le  Navacja  , qui  gelé  en  hiver  , est  transporté  du 
port  d’Arkhangei  en  très  grande  quantité  à Moscou  , et  à 
St.  Pétersbourg  , où  il  fait  partie  des  mets  délicats  qui  se 
c msomment  dans  les  deux  capitales.  J’ai  donc  eu  occasion 
de  faire  sa  connaissance  des  le  premier  hiver  de  mon  sé- 
jour à Moscou.  ( 1804-  ) La  forme  de  son  squelette  atti- 
rait mon  attention,  et  j’ai  entrepris  plus  d’une  fois  son 


(253) 

anatomie.  Mais  sachant  que  Mr.  Tilesius  , attaché  , apres 
son  voyage  autour  du  monde,  à l’Académie  Impériale  des 
Sciences  de  St.  Pétersbourg  , était  chargé  de  l’édition  de 
la  Zoographie  de  la  Russie  de  Pallas  , je  n’ai  pas  voulu 
avancer  des  idées  qui  pouvaient  se  trouver  beaucoup  mi- 
eux développées  clans  un  oit  virage  dont  le  célèbre  “Natura- 
liste s'était  occupé  pendant  une  longue  suite  d’années.  Je 
me  contentai  donc  de  soumettre  mes  observations  à notre 
société  , et  de  les  communiquer  à Mr.  Tilesius  , mon  ami 
depuis  nos  études  communes  à Leipzig.  Je  le  priai  sur- 
tout de  donner  toute  son  attention  au  Navaga  , comme 
étant  un  objet  digne  de  l’occuper.  Mr.  Tilesius  me  répon- 
dit que  le  INavaga  n’était  point  une  espc'ce  distincte,  mais 
une  simple  variété  du  Dorsch  ou  Dorse  ( Gaclus  Çallarias 
I/  ) de  la  mer  baltique,  réponse  prise  dans  îe  système  de 
LlNNÉ  par  G MELIN. 

Mais  je  fus  beaucoup  plus  étonné  de  voir  que  Mr. 
Tilesius  répétât  cette  meme  opinion  sur  ce  poisson  , dans 
ses  remarques  accompagnant  l’ouvrage  du  célèbre  Pallas  , 
à l’article  Gadus.  11  clit , ( Pallas  Zoographia  rosso  - asia- 
tica  III.  p.  185.  ,, Navaga  Lepcchini , (Nov.  Comment.  Pe- 
trop.  XIV.  p.  /[85.  t.  II.  ХѴШ.  p 512.  not.  ) non  est  pe- 
culiaris  species  sccl  potins  varietas  Gacli  Çallarias  , qualis  eti- 
am  in  systemàte  icldhyologiae  Blochii  a Sclmeiclëro  cclito  as - 
surnta  est.  Arlcclii  Gâchis  est  ( Synonym.  p.  35.  sq.  ) idem 
est  Çallarias  Linnaei  ( gen.  i 5/p  sp.  2.)  cpiocl  jam  celeberri- 
mus  Koelreuter  ( Nov.  Comment.  Petrop.  XiV.  p.  484.  t 
XII.  ) demonstravit  u Ceci  parait  savant  et  clair,  mais  n’est 
nullement  conforme  à la  nature  du  poisson  en  question. 


(254) 

Mais  j étais  curieux  de  voir  ceque  Pallas  lui  - même 
pensait  de  ce  poisson , et  en  tournant  quelques  feuilles 
j’ai  reconnu  que  ce  grand  homme  Га  considéré  comme 
espèce  distincte. 

Zoog.  p.  196.  n.  144-  Gadus  Navaga,  tripinnis , 
cirratus  3 maculosus  , maxilla  super  iore  lonqiore , line  a laterali 
pone  anum  incurvata. 

Mr.  Tilesius  aurait  du  respecter  l’opinion  de  soit 
auteur  , d’autant  plus  , que  Pallas  ajoute  : — „ In  mari 
boreo  versus  hyemem  magna  copia  capitur  ; — capital'  etiam 
ad  Qreani  glacialis  oram  , usquc  ad  Ob  fl.  ostia.  In  halthico 
deest — Il  aurait  pu  puiser  encore  la  conviction  de  l’es- 
pèce distincte  , en  ce  que  le  Navaga  , n’atteignant  pas  le 
quart  de  la  grandeur  du  Callarias  , est  cependant  mur  et 
rempli  des  traces  de  la  progéniture.  Le  dorse  a jusqu’à 
quatre  pieds  de  longueur , le  Navaga  ne  dépassé  jamais 
la  longeeur  de  10  pouces  français. 

Je  tacherai  de  démontrer  que  le  Navaga  est  non 
seulement  une  espèce  distincte,  ce  que  Pallas  a déjà  prou- 
vé , mais  qu’il  diffère  même  génériquement  du  genre 
Gadus . 


Le  genre  Gadus  étant  très  nombreux  en  espèces,  on 
a déjà  proposé  plusieurs  divisions  que  l’on  a appelées 

Sous  - genres. 


( з55  ) 

Lacépède  en  a adopté  cinq  subdivisions  d’après  les 


nageoires  anales. 

deux 

^des 

barbillons 

. î. 

Nageoires  ana-l 

Lpas 

de  barbillons 

O 

• Ob'  • 

les 

1 trois 

Ç des 

barbillons 

. 3. 

l pas 

de  barbillons 

. 4. 

une 

. 5. 

Mr.  le  Baron  Cuvier  , dans  son  régné  animai , ( ed. 
de  1817)  adopte  à peu  près  la  même  marche  en  cara- 
ctérisant : 

1.  les  Morues , à trois  nageoires  dorsales,  deux  anales; 
un  barbillon  au  bout  de  la  mâchoire  inférieure.  A cette 
subdivision  appartiennent  la  morue  proprement  dite  ou  le 
Cabeliau  , Gadus  Morhua.  L.  ; l’Egrefm  , G.  aegleûnus  L. 
Le  Dorsche,  G.  Callarias.  L.;  le  mollet,  G.  barbatus  BL  ; 
le  capillan,  G.  minutas.  CL  ; la  Wachnia  G.  macrocepha- 
lus  , TlLESIUS. 

2.  Les  Merlans , où  le  nombre  des  nageoires  est  le  même 
que  dans  les  Morues  ; mais  qui  manquent  de  barbil- 
lons. 11  y compte  : le  merlan  commun , G.  merlancjus. 
L. , le  merlan  noir  ou  le  charbonnier , G.  carbonarius 
L,  ; le  lieu  ou  le  merlan  jaune,  G . pollachius.  L.  ; le 
Sey,  G . virens  Ascan. 

3.  Les  Merluches  , qui  n'ont  que  deux  nageoires  dorsales  , 
une  seule  à l'anus  et  qui  manquent  de  barbillons  com- 
me les  merlans.  Une  seule  espèce  s’y  trouve , le  mer- 
lan ordinaire,  G.  merlucius , L» 


(250) 

/j . Les  Lotes  , qui  joignent  à deux  nageoires  dorsales  et 
mie  anale  , des  barbillons  pins  ou  moins  nombreux.  Il 
faut  placer  ici  la  Lingue  ou  morue  longue  , G.  Mulva 
L.  et  la  Lote  commune  ou  de  rivière  , G.  Lota  L. 

5.  Les  ]\  Liste  les  , dont  la  dorsale  antérieure  est  si  peu  éle- 
vée qu’on  a.  peine  à l'apercevoir.  La  musièle  commune, 
G.  Mustelln  L.  tricirratus.  111.  t.  165.  G.  cimbricus  Sclrnei- 
der  , qui  tiqué  - cirratus  Pcnnant  , sont  de  cette  division. 

6.  Les  Brosmes  n’ont  point  de  première  dorsale  séparée  , 
mais  une  seule  et  longue  nageoire  , qui  s’étend  jusque 
tout  près  de  la  queue.  Ce  sont  des  poissons  du  Nord  , 
comme  la  Brosme  commune  , G.  bros/ne  , Gmel.  Penn. 
et  une  espèce  d’Islande  G.  Lub  , Nouv.  Mém.  de  Stock- 
holm. XV.  pî.  8. 

Les  trois  subdivisions  des  Lotes  , des  Mustèlcs 
et  des  Brosmes  ont  été  réunis  par  Schneider  dans  le  gen- 
re Encheliopus  , nom  qui  signifie  anquillif  orme. 

Àrtedi  et  après  lui  Schneider  ont  adopté  le  genre 
cis  , pour  des  poissons  semblables  aux  Gades , mais 
qui  en  diffèrent  par  des  ventrales  d’un  seul  rayon  , sou- 
vent fourchu.  Leur  tête  est  grosse  , leur  menton  porte  un 
barbillon  j et  leur  dos  deux  nageoires  , dont  la  seconde 
est  longue  ; à ce  genre  appartiennent  : la  molle  ou  tan- 
che de  mer,  Phycis  mèditevraneus\  — la  roche  , Phycis  Pin- 
ça Schn.  Blennius  Phycis  L.  - — le  merlu  barbu  , Phyçis 
blennoides  Schn.  ( Gad . albidus  Gmel.  Blennies  gadoides , lus- 
se, Gadus  fuscatus  Pcnnant.  ) 

Le  Baron  Cuvier  a établi  les  Baniceps  qui  ont  la 
tète  plus  déprimée  que  les  Phycis  et  que  tous  les  autres 


( 257  ) 

Gades,  et  la  dorsale  antérieure  si  petite,  qu’elle  est  comme 
perdue , dans  l’épaisseur  de  la  peau. 

Le  genre  Eleginus  , ( èXeyîvos  , d’Aristote  , désig- 

nant des  poissons  qui  vivent  en  société  ) auquel  le  Na- 
vaga  de  la  mer  blanche  sert  de  type , a beaucoup  de 
ressemblance  avec  la  première  section  des  Gades , ayant 
trois  nageoires  dorsales  et  deux  anales,  mais  dont  le  barbil- 
lon est  si  petit  qu’on  a peine  à l’apercevoir.  La  tête  est 
forte , les  mâchoires  sont  moins  dentées  , et  le  corps  est 
plus  arondi  que  déprimé.  La  ligne  latérale  est  complète 
et  fait  une  grande  courbe  derrière  l’anus.  Le  squelette 
offre  une  particularité  qu’on  ne  trouve  dans  aucun  autre 
poisson , c’est  que  les  apophyses  transversales  des  vertè- 
bres du  dos  sont  très  alongées  , et  creusées  , et  se  termi- 
nent dans  un  petit  corps  obtusement  conique  et  évasé  de 
sorte  que  toute  l’apophyse  ressemble  assez  à la  forme  d’u- 
ne pantoufle.  Aussi  les  allemands  à Moscou,  à cause  de 
cette  singulière  conformation  de  son  squelette  , appellent- 
ils  ce  poisson  Pantoffelfisch . 

Le  crâne  , en  le  comparant  avec  celui  des  Gades 
proprement  dits  p.  e.  le  Callarias  et  avec  celui  des  Lotes 
n’offre  pas  beaucoup  de  différence.  Un  coup  d’oeil  sur  la 
Fl.  VI.  fera  mieux  connaître  ces  différences  légères,  que 
ne  le  pourrait  faire  la  description  détaillée. 

Le  squelette  offre  ces  apophyses  transversales  sin- 
gulières qui  forment  avec  leur  bouts  capsulés  un  oval  , 
desorte  que  celles  du  milieu  sont  les  plus  longues,  et  cel- 
les du  cou  et  de  l’anus  les  plus  courtes. 

IV 


35 


( 258  ) 

C'est  la  vessie  natatoire  qui  remplit  cet  espace  et 
tapisse  même  les  creux  de  ces  apophyses. 

La  première  de  ces  apophyses  a 5 lignes  de  lon- 
gueur , la  plus  longue  ou  celle  du  milieu  7 lignes  , et  la 
dernière  mesure  à peine  une  ligne  de  longueur.  Il  y a 20 
de  ces  apophyses  , nombre  qu’on  peut  aussi  adopter  pour 
celui  des  vertèbres  dorsales.  Ce  nombre  des  vertèbres  est 
constant  également  dans  le  Callarias  et  dans  la  Lote. 

Les  vertèbres  de  la  queue  , en  les  comptant  dès  la 
première  apophyse  fourchue  au  dessous  des  vertèbres , 
sont  au  nombre  de  34  dans  le  Nctvacja , comme  dans  le 
Dorsch  ; mais  dans  la  Lôte  on  en  trouve  39.  Ces  apophy- 
ses inférieures  de  la  queue  fourchues*  ressemblent  â celles 
qu’on  trouve  dans  les  lézards:  mais  elles  sont  plus  longues 
dans  ces  poissons.  Voyez  Planche  VI. 

La  cavité  abdominale  a une  longueur  de  2 pouces 
2 lignes , d’un  individu  qui  avait  9 pouces  7 lignes  de 
longueur , et  se  prolonge  sous  les  muscles  de  la  queue 
et  de  la  pinne  anale.  Une  grande  partie  de  cette  cavité 
est  occupée  par  les  testicules.  Ayant  ouvert  la  cavité  ab- 
dominale , j’ai  trouvé  que  le  foie  ( t.  VII.  f.  1 . 1 . ) prend 
toute  la  partie  supérieure  , en  couvrant  le  ventricule  et 
les  autres  intestins , de  sorte  qu’on  ne  voit  que  la  pointe 
du  ventricule  ( 2.  ) , les  appendices  du  duodénum  ( 3.  ),  et 
les  derniers  contours  des  intestins  , ( 4»  ) Ceux-ci  couvrent 
les  ovaires  (5.  6.)  et  le  rectum  descend  obliquement  (7.) 
et  sort  près  du  premier  rayon  de  la  nageoire  caudale. 


( 2Э9  ) 

Tous  sont  couvert  d’une  péritoine  argentée , tachetée  de 
noir. 

La  vessie  natatoire  ( f.  2.  3.  ) hors  de  la  péritoine 
sous  les  testicules  , communique  avec  les  bouts  creux  des 
apophyses  transverses  de  vertèbres  du  dos  ; elle  est  alon- 
gée  et  a deux  canaux  en  forme  de  fourche  arquée  (5.  6.) 
mais  qui  sont  clos  et  n’ont  point  d’ouverture.  Les  testicu- 
les ou  les  ovaires  laissent  une  impression  sur  elle.  Le  ca- 
nal qui  court  sous  la  vessie  aerienne  et  qui  sépare  les  te- 
sticules ( 9.  ) est  le  dlictus  excretorius  des  reins. 

Le  Duodénum  a des  appendices  ( appendices  digitatae) 
an  nombre  de  36.  La  vessie  de  la  bile  ( cystis  fellea  ) est 
très  grande  et  pyriforme.  Le  dlictus  excretorius  passe  au 
dessus  du  ventricule  pour  se  rendre  au  duodénum.  Les 
intestins  n’ont  que  deux  circonvolutions,  et  toute  leur  lon- 
gueur est  de  6 pouces. 

Près  de  l’anus  j’ai  observé  un  petit  trou  qui,  en  le 
pressant  un  peu  de  coté,  faisait  sortir  un  petit  corps  coni- 
que et  glanduleux,  (f.  2.).  Ce  corps  glanduleux,  cohère  avec 
les  testicules  , et  peut  être  comparé  avec  le  pénis  d’autres 
animaux.  * ) 


* ) Aristote  ( hist.  animal,  iib.  v.  c.  5.  ) a déjà  observe'  que  l’accouple- 
ment des  poissons  consiste  à se  glisser  le  ventre  l’un  contre  l’autre  , 
mais  il  observe  des  Sélaques  , ,,qu’on  prétend  avoir  vu  les  Sélaque* 
liés  l’un  à l’autre  par  derrière  , comme  les  chiens. cc  eioï  ôe  Ttvss  ol 
êoapanévai  <paol  nal  отибЭеѵ  бѵѵехо/леѵа  rcSv  6eAc*x <0>v  üvia  , ,c »<5itep 
T ovç  Kvvaç. 

+ 


33 


(або) 

La  cavité  pectorale  est  séparée  dans  la  plupart 
de  poissons  par  une  membrane  très  mince  transverse,  qu'on 
peut  comparer  avec  le  diaphragme  Le  coeur  est  de  forme 
triangulaire  , muni  en  dessous  d'un  sac  très  large,  qui  re- 
çoit la  veine  cave.  L’artère  branchiale  est  conique  , et  se 
divise  bientôt  en  branches  qui  aboutissent  aux  branchies, 
La  première  de  ces  branches  est  la  plus  forte  , les  autres 
sont  plus  courtes  , plus  minces  et  plus  arquées. 

Le  cerveau  du  Navaga  ressemble  a celui  des  autres 
poissons.  Il  ne  remplit  pas  tout  à fait  la  cavité  cérébrale 
mais  est  couvert  par  cette  graisse  fine  et  globuleuse  qu’on 
peut  comparer  avec  le  sperma  ceti  ou  Yadipocère. 

Ayant  ôté  cette  graisse  trois  divisions  distinctes  du 
cerveau  paraissent , le  lobe  anterieur  très  ridé  couvrant 
les  nerfs  olfactifs  , les  deux  hémisphères  de  forme  ovoïde 
qui  sont  tout  à fait  séparés  et  un  corps  impair  en  arrière 
plus  grand , arrondi  en  arrière  et  pointu  en  avant , dila- 
té de  côté  comme  en  deux  appophyses  , qui  ne  donnent 
cependant  d’origine  à aucun  nerf.  Après  avoir  ôté  ce 
lobe  ridé,  les  deux  hémisphères  et  ce  corps  alongé,  le  cer- 
veau proprement  dit  * paraît  avec  l’origine  des  nerfs  et  le 
cervelet  en  forme  de  cône. 

Les  nerfs  olfactifs  forment , à leur  origine  , un  en- 
flenicnt  digité  en  avant , au  dessous  du  quel  ils  sortent 
pour  se  rendre  tout  droit  aux  narines. 

Les  nerfs  optiques  naissent  au  dessus  des  nerfs  olfa- 
ctifs , ont  une  base  très  large  ( les  tubercules  des  nerfs 


( збі  ) 

optiques , thalami  nervorum  opticorum  ) et  sc  croissent  en- 
suite  très  distinctement  sans  se  confondre  pour  sc  rendre, 
celui  du  côté  droit  à Foeil  gauche  et  celui  du  côté  gau- 
che , couché  en  dessus  de  l’autre  , ù Foeil  droit. 

Le  fait  de  la  décussation  est  connu  et  Sommerring 
en  a donné  une  dissertation  particulière.  ( Noethig  de  de- 
cussatione  nervorum.  Récusa  in  Ludwigii  Script . nevrologici 
minores.  T.  I.  pag.  134»  ) Mais  il  est  à remarquer  que  le 
nerf  optique  gauche  est  couché  sur  celui  du  côté  droit  ; 
le  contraire  en  a été  observé  dans  le  Gaclus  Callarias  par 
Mr.  Rudolphi  , comme  dans  plusieurs  autres  , telsque  C lu- 
pea  Hareng  us  , Cottus  Scorpius  , Cyprinus  Carpio  , Rlennius 
viviparus.  Ce  ne  que  dans  l’Esox  Reloue  que  se  trouve  le 
même  cas.  Il  paraît  cependant  qu’on  n’en  peut  point  dé- 
duire une  loix  constante,  car  Mr.  Rudolphi  a trouvé  clans 
le  Gasterosteus  aculeatus , et  dans  six  individus  , que  Je 
nerf  gauche  était  couché  au  dessus  le  droit , mais  dans 
cinq  autres  individus  il  trouvait  le  contraire. 

( Voyez  D.  Karl  Asmund  Rudolphi,  Einige  Bemerkun- 
gen  iiber  die  Durchkreutzung  der  Sehnerven  hei  den  Fisclien  ; 
in  Wiedemann’s  Archiv  fur  Zoologie  und  Zootomie.  T.  2.  p. 
1 56.  sqq.  ) 

Dans  les  Pleuronectes  , suivant  le  même  auteur  , les 
nerfs  optiques  ne  se  croissent  point , mais  chacun  s'appli- 
que de  son  côté. 

Un  grand  tubercule  se  trouve  à côté  de  ceux  des 
nerfs  optiques  et  distribue  les  nerfs  à la  lace,’  aux  lè- 


( 2Ô2  ) 

vres , aux  muscles  latérales  , aux  branchies  et  à l’organe 
de  Fouie. 

Le  nerf  branchial  est  très  remarquable  par  sa  for- 
me onduleuse.  Le  nerf  acustique  forme  un  grand  arc  et 
passe  par  la  cavité  que  nous  prenons  pour  la  cavité  de 
Fouie  et  dont  il  sera  question  après. 

Le  cervelet  est  conique  , n’a  aucun  tubercule  et 
donne  immédiatement  naissance  à la  moelle  épinière. 
Explication  des  planches  appartenant  à ce  poisson. 

Planche  V.  Le  Navaga  de  grandeur  naturelle  avec  son  squelette. 

Planche  YI.  Les  crânes  1.  de  la  Lote , 2.  du  Callarias  et  3. 
du.  Navaga. 

Les  lettres  s’appliquent  â toutes  ces  figures. 

a.  os  intermaxillaire. 

b.  os  surnuméraires  et  libres  de  la  mâchoire  supérieure. 

c.  mâchoire  supérieure  composée  de  trois  branches. 

d.  os  nasaux  , qui  ont  une  conformation  singulière  » formant  un 

pli  en  haut  qui  reçoit  le  nerf  olfactif. 

e.  os  frontal. 

f.  os  pariétal  j d’une  extension  très  grande. 

g.  occiput  avec  la  crête  occipitale. 

h.  arc  zygomatique. 

i.  os  temporal. 

L os  de  l’opercule. 

L mâchoire  inférieure. 

m.  m.  branches  montantes. 

n.  arc  de  la  membrane  branchiostège. 


( 263  ) 

f.  4.  première  vertèbre  dorsale  de  la  Lote. 

£ 5.  première  vertèbre  dorsale  du  Dorsch. 

5"  vertèbre  dorsale  du  même  à apophyse  transversale  dilatée, 
f.  6.  première  vertèbre  dorsale  du  Navaga. 

£ 6.  a.  apophyse  latérale  de  la  vertèbre  dorsale  du  Navaga  , vu 
d’en  haut. 

f.  6.  b.  la  même  vu  de  l’intérieur, 
f.  7.  première  vertèbre  caudale  de  la  Lote. 

f.  8.  première  vertèbre  caudale  du  Dorsch. 

f.  9.  première  vertèbre  caudale  du  Navaga. 

Planche  VII.  f.  1.  Site  naturel  des  intestins. 

1.  le  foie. 

2.  pointe  du  ventricule. 

3.  appendices  du  duodénum. 

4.  courbure  des  intestins. 

5.  6.  ovaires. 

7.  rectum. 

f.  2.  î.  2.  Testicules. 

3.  Vessie  aerienne. 

4.  Vaisseaux  appartenant  aux  testicules. 

5.  6.  Conduits  clos  de  la  vessie  aerienne. 

8.  Rectum. 

9.  Uréthères. 

f.  2.  b.  Glande  sortant  près  de  Fanus,  cohérant  avec  les  vai- 
sseaux déférens  des  testicules  et  qu’on  peut  comparer 
au  pénis. 

f.  3.  Vessie  aerienne  dans'  son  site  naturel. 


collés  contre  le  dos  avec  les 


(264) 

f.  4.  a.  a.  Reins  très  minces  , 
uréthères.  c.  c. 

* 

b.  b.  ouvertures  des  apophyses  transversales  des  vertè- 
bres du  dos  , qui  sc  remplissent  de  la  membrane  de  la 
vessie  aerienne. 

Planche  VIII.  f.  5.  Coeur  dans  son  site. 

b.  artère  branchial. 

c.  auricule  ou  cavité  qui  reçoit  la  veine  cave.  d. 

f.  6.  Cerveau  dans  son  site  naturel, 
f.  7.  Distribution  des  nerfs. 

a.  tubercule  des  nerfs  olfactifs.  i 

b!  b.  nerfs  olfactifs.  ’f 

d.  nerfs  labiaux. 

e.  nerf  facial. 

f.  portio  mollis  nervi  acustici. 
g nerf  branchial. 

b.  chorda  tympani. 

f.  9.  Nerfs  optiques  se  croissant  sans  se  confondre,  le  gau» 
che  passant  au  dessus  du  droit. 

f.  9.  Ventricule  avec  les  intestins  y cohérens. 

a.  ventricule. 

b.  duodénum  avec  ses  appendices. 

c. ’  vessie  du  fiel,  f cjstis  fdiea  A 
â.  pancréas. 

e.  intestins. 


IV.  NOTICES  SUR  L'ANATOMIE  DES  POISSONS 

A . Sur  Г Ou  ie  des  poissons. 

L’éxistence  de  l’ouie  des  poissons  qui  paraît  s’an- 
noncer d’après  plusieurs  observations  directes,  n'est  cepen- 
dant pas  encore  démontrée  d’une  manière  convainquante 
dans  les  organes  eux -memes. 

Plusieurs  ont  nié  tout  à fait  Fouie  des  poissons , 
parceque  on  ne  découvre  à l’extérieur  de  la  tête  rien  qui 
puisse  annoncer  la  présence  des  organes  de  Fouie.  Il  n’y 
a ni  canal  auditif  extérieur , ni  membrane  du  tympan  3 ni 
passage  aboutissant  à l’intérieur  de  la  bouche , et  connu 
sous  le  nom  de  trompe  d’Eustache , ni  osselets  auditifs  cor- 
réspondans  à ceux  que  l’on  a nommés  enclume , marteau  ou 
étrier . Aristote  avait  cependant  déjà  attribué  l’organe  de 
Fouie  aux  poissons  , parceque  les  poissons  qui  se  cachent 
sous  des  pierres  , se  jettent  dans  le  filet  , aussitôt  qu’on 
frappe  avec  d’autres  pierres  sur  celles  sous  lesquelles  ils 
sont;  „marque  certaine  “ dit  - il , qu’ils  ont  entendu  le 
bruit  et  „qu’ils  en  ont  été  étourdis:  ces  laits  montrent  clai- 
rement , que  les  poissons  ont  le  sens  de  Fouie.  * ) 

Les  pécheurs  de  quelques  côtes  d’Angleterre  se  ser- 
vent de  la  cloche  pour  attirer  les  poissons  dans  leurs  fi- 
lets.  On  sait  que  dans  quelques  endroits  on  nourrit  les 


* 


) Aristoteles  , hist.  animal.  IV.  ào  аноѵоѵтее  и aï  нарт//3ороѵѵта  ѵтго 
тоѵ  ірофоѵ.  Оті  рлѵ  оѵѵ  а’хоѵоѵбіг  ін  т&ѵ  тогоѵтсоѵ  ібгі  граѵврбѵ. 


IV 


54 


( эбб  ) 

poissons  au  son  de  la  cloche  , les  chinois  emploient  à cet 
effet  leur  tcim  - tam.  Segner  assure  avoir  vu  nourrir  à la 
cloche  les  saumons  dans  le  jardin  de  l'évèque  de  Salz- 
bourg  , * ) et  nous  avons  en  occasion  de  voir  îa  même 
chose  à Kouskova } terre  du  Comte  Tchérémétiew.  Mais 
si  quehjuesuns  font  raconter  à Pline  que  les  poissons  ac- 
courent , en  s’entendant  appeler  sur  leur  nom , il  faut 
rapporter  ce  fait  uniquement  à un  Dauphin  , qui  se  trou- 
vait in  laça  Lucrino  , et  qui  aimait  beaucoup  un  garçon 
de  Baya  , qui  le  nourrissait  avec  du  pain  et  qui  se  faisait 
entendre  et  obéir  par  ce  Dauphin  , en  l’appelant  du  nom 
de  Simon.  **  ') 

Nicolas  Stenon  en  1673  a reconnu  l’organe  ds  fouie 
et  en  a indiqué  plusieurs  parties.  ***  ) 

Casserius  , ( de  auditas  organo  p.  95  t.  XII  ) a bien 
décrit  et  figuré  l’organe  de  Fouie  du  brochet . 

Je  ne  citerai  que  historiquement  : 

William  Arderson,  de  auditu  piscium.  in  Phil.  Trans.  Vol. 

45.  n.  4^6.  Hamburg.  Magaz.  B.  5. 


')  Georgius  Segnerus  , de  piscium  auditu;  in  Mise.  nat.  curios.  Dec.  r. 
Ann.  4 et  5. 

**  ) Ршщ , hist.  nat.  Lib.  IX.  c.  8.  „Pigeret  referre  , ni  res  Maecenatis  , 
et  Flaviani  et  Flavii  Alfii  , multorumquc  esset  literis  mandata:  quocun- 
que  diei  tempore  inclamatus  a puero  , quamvis  occultus  et  abditus  , 
ex  imo  advolabat  : pastusque  c manu  praebebat  asccnsuro  dorsum  , 
pinnae  aculeos  velut  vagina  condens.  etc. 

***  ) Acta  suecica.  1675.  obserr.  89. 


( 267  ) 

,J и/t.  Basteri  , Opéra  subseciva  , observationes  miscellaneas 
de  animaîculis  et  plantis  quibusbain  eorumque  ovariis 
et  seminibus  conlinentia.  Tomi.  2.  Ilarlemi.  1762.  — 
1765.  4-  v-  tab.  aeneis  28  nitidissimis. 

il  traite  dans  le  premier  volume  : de  piscium  auditu, 
de  piscium  squamis  etc, 

D.  M.  IIauttuyn  , natuurlyke  historié  of  uytvoerige  be- 
schryving  der  Thieren,  Plantée  en  Mineralien  volgens 
het  zusammenstell  von  Linnaeus.  1761.  18  YolS.  8. 
Voy.  Tom.  YII.  p.  64.  sur  Fouie  des  poissons. 

Jac.  Th  eocl.  Klein,  Dass  Fische  weder  stumni  noch  taub 
sied.  Y.  Abhandï  der  Danz.  Nat,  Gesellsch.  1 Th. 

de  là  dans  Philosoph.  Traes.  Vol,  45-  N.  /$86  upon 
the  soumis  and  hcarincj  of  fishes . (Richard  Brocklesby.) 
Ce  traité  fit  dire  à Haller  de  Klein  : — Quis  prae- 
tendit  Kleinium  frustra  piscium  capita  inquisivisse?  — 

Observata  in  capite  Rajae.  in  Ej.  hist.  piscium.  Geda- 
ni  1740.  4. 

Mantissa  ichthyoiogica  de  sono  et  auditu  piscium. 
Lipsiae  1716.  4- 

Nolleï  , sur  Fouie  des  poissons  j V.„  Mist.  de  FAcad.  des- 
sciences de  Paris.  1750. 

11  a fait  des  observations  sur  fa  propagation  du  son 
sous  Peau 

★ 


54 


( э68  ) 

Tj.  F.  Geoffroy,  Mémoire  sur  l'organe  de  Fouie  des  repti- 
les et  de  quelrpies  poissons  que  l’on  doit  rapporter 
aux  reptiles.  — Mem.  de  Mathém.  et  de  Physique. 
Yol.  II.  p.  Щ. 

Abhandlung  von  dem  Gehür-Werkzeug  der  Menschen, 
An  phibien  u.  Fische.  Leipzig.  1780.  c.  figg. 

Allgem.  deutsche  Biblioth.  Yol.  4Д 

Peter  Camper  , Tractatus  de  auditu  piscium  squmosorum. 
Acta  harlem,  Tom.  7.  p.  79.  ( XYïi.  1762). 

Kleine  Schriften.  II.  182. 

Commentai',  de  reb.  in  hist.  nat.  gestis.  Vol.  16.  p.  581. 
Mémoires  des  savans  étrangers.  VI.  Yïl.  1774* 

Sur  Fouie  des  baleines  et  des  poissons  proprement 
dits. 

John.  HuisTER  , Philos.  Transact.  Yol.  72.  p.  380. 

En  extrait  dans  Schneider’s  Zusatze  zu  Monro’s  Phy- 
siol.  der  Fische.  p.  71. 

J.  T.  Koelreuter  , observationum  splanchnologiearuin  ad 
Acipenseris  russici  et  Husonis  anatomen , speciatim 
vero  ad  ipsorum  auditus  organum,  spectantium,  eon- 

tinuatio. 


Movi  Commentarii  Acad,  scient.  Petropol.  Yol.  XVIL 
( 1773  ) p,  521 . et  sqq. 


- ï)*Âzyr  „ sur  Fouie  des  oiseaux  , comparé  avec  celui 
de  l’homme  , des  quadrupèdes , des  reptiles  et  des 
poissons. 


( ^9  ) 


Acta  Parisiensia.  1778. 

Mercure  de  France.  1779. 

Oeuvres.  Vol 

Alexandre  Monro  , Physiologie  cl  er  Fisclie.  Ans  dem  errg- 
lischen  von  loh.  Gottlob  Schneider.  Leipzig.  1787.  /\ . 
avec  des  pl. 

p.  53.  Section  seconde  : de  Tonie  des  poissons.  § 1 . 
de  Poule  des  haleines  ; § 2.  de  louie  ees  Amphibies  ; 
§ 3.  p.  55.  des  organes  de  Tonie  dans  les  poissons 
cartilagineux  et  osseux  ; § 4*  description  de  Tonie  de 
la  raie  ; 4-  5.  du  squaîus  squatina  ; § 6.  de  quelques 
poissons  cartilagineux  aîongés  ; Chapitre.  9.  p.  60.  De 
Fouir  sous  Peau  ; etc. 

Les  additions  de  Schneider,  sont  puisées  dans  les  ob- 
servations de  Geoffroy,  Camper,  Vicç»  d’azyr  , Hunter. 

Pétri  Ârtedi  , renovati  P.  I.  IL  i.  e.  Bibliotheca  et  philo- 
sopliia  ichthyologica,  cura  loh.  Julii  Walbaumii.  Gry- 
peswaldiae.  1789.  8.  II.  p.  35. 

Ârtedi  nia  l’organe  de  louie  et  la  faculté  d’ouir  dans 
les  poissons,  mais  Walbaum  , son  éditeur,  y rapporte 
les  auteurs,  dont  nous  avons  déjà  fait  mention. 

Anton  Scarta  , anatomicae  disquisitiones  de  auditu  et  ol- 
factu. 

Mediolani.  1795.  ed.  altéra  auctior.  fol.  c.  tahh.  aen. 

VIII. 


Cap.  II.  p.  8.  de  auditu  piscium  cartilagineorum. 

Cap.  III.  p.  19.  de  auditu  in  piscihus  squamosis. 

Ernst  Hemicus  W eber  , de  aure  et  auditu  hominis  et  ani- 
malium  1.  de  aure  animalium  aquatilium  ; с.  X tab 
aen.  Lipsiae.  G.  Fleiscber.  1820.  134  et  34  pagg.  in  4- 

IL  M.  Ducrotay  de  Blainville,  de  l’appareil  de  Punie  dans 
les  poissons. 

V.  De  l'organisation  des  animaux  ou  principes  d’ana- 
tomie comparée.  Paris.  1822.  8.  p.  550. 

Les  observations  de  Weber  et  de  Blainville  ne  lais- 
sent rien  ajouter , sinon  que  quelques  details  observés 
dans  d’autres  espèces  de  poissons. 

Le  résultat  de  toutes  ces  recherches  se  rapporte  à ce  que 
l’appareil  de  l’ouie  est  fort  clévélopée  dans  les  poissons;  qu’il 
est  situé  sur  les  parties  latérales  et  inférieures  de  la  tête,  ou 
mieux  de  la  cavité  cérébrale , dont  il  est  quelquefois  à 
peine  séparé  par  une  membrane  ; il  n’a  jamais  de  commu- 
nication , soit  médiate  , soit  immédiate  , avec  l’extérieur. 

Les  parties  essentielles  de  fouie  des  poissons  sont 
le  vestibule  , les  canaux  semi  - circulaires  et  le  labyrinthe. 

Il  paraît  que  le  vestibule  est  d’autant  plus  étendu 
que  les  canaux  semi  - circulaires  sont  plus  rétrécis  , et 
dans  les  poissons  où  ces  canaux  sont  plus  complets , le 
vestibule  est  plus  petit. 


( 27>  ) 

Les  canaux  semi  - circulaires , dans  les  poissons  car- 
tilagineux , communiquent  à la  cavité  du  cerveau  par  des 
ouvertures  très  larges,  qui  donnent  accès  aux  nerfs  fibreux 
qui  les  remplissent.  Dans  le  sterlet  ( Acipenser  ruthenus) 
deux  canaux  semicirculaires  reçoivent  leurs  nerfs  immédi- 
atement du  cerveau,  (t.  IX  f.  1.  c.  c.)  le  troisième  (1.)  cou- 
ché dans  un  autre  sens  participe  de  la  pulpe  nerveuse  des 
premiers.  Une  autre  ouverture  ( d.  ) fait  passer  le  nerf 
pour  le  vestibule  et  les  branchies. 

Ce  sont  les  vestibules  dans  les  poissons  qui  reçoi- 
vent î impression  du  son , parcequ’ils  touchent  les  bran- 
chies. L’eau  qui  passe  par  la  bouche  et  l’aperture  bran- 
chiale , doit  nécessairement  toucher  le  vestibule  , cequi 
devient  très  probable  dans  les  poissons  osseux. 

INous  eu  prendrons  les  exemples  dans  le  N avaya  et 
dans  le  P о dous  t ( Cyprinus  aspius  '). 

Dans  le  Navasa  la  lame  osseuse  du  vestibule  est 

о 

très  dilatée  en  boule  , et  tellement  mince  que  le  moindre 
choc  extérieur  peut  faire  effet  sur  l’intérieur.  Ce  vesti- 
bule contient  des  osselets  assez  grands  qui  nagent  libre- 
ment dans  la  liqueur  cérébrale. 

Dans  le  Cyprinas  aspius  , je  n’ai  pas  trouvé  ces  os- 
selets, mais  la  communication  du  cerveau  ( foramen  ovale ) 
y est  très  grande.  On  y trouve  en  avant  nn  enfoncement 
considérable , qui  n’a  cependant  aucune  communication 
avec  le  cerveau.  Sur  les  parois  minces  de  cet  cnfonce- 
mont , on  trouve  des  arcs  d’une  structure  plus  ferme,  de 
sorte  qu’ils  paraissent  même  extérieurement.  I!  est  assez 


fi 


diflicile  d'en  définir  l’utilité,  ou  de  dire  si  Ion  doit  les 
considérer  comme  des  canaux  semicirculaires  , ou  enfin  si 
on  les  doit  comparer  avec  les  osselets  libres  , qifon  ren- 
contre chez  d'autres  animaux.  ( V.  Planche  IX  f.  2 ) 

Mr.  Weber  vient  de  faire  voir  une  idée  ingénieuse,  com- 
me si  la  vessie  aérienne  puit  être  considérée  comme  organe 
accessoire  à fouie.  Cet  objet  étant  de  la  plus  grande  impor- 
tanio  pour  la  physiologie  des  poissons,  nous  y reviendrons 
une  autre  fois. 

-B.  SUR  UNE  ARTICULATION  PROPRE  UNIQUEMENT 

AUX  POISSONS. 

Articulation  annulaire.  Articulatio  per  annulum  s.  cycloidea. 

Planche.  IX.  fig.  6 — 9. 

Olaus  Wurm  ( Muséum,  p.  270.  ) décrit  un  os  par- 
ticulier avec  les  mots  suivans  : ,,  Mirum  quoddam  os  mîhi 
exhibitum  est  quod  sua  figura  quasi  murem  repraesentat  , 
rosira  habet  duo  mobilia,  acuta,  quorum  minus  majori  in- 
cumbit  aeque  mobile  ventrem  crassum  sphaericum,  ovi  ter- 
me gallinacei  magnitudine , caudam  longam  angustam  , 
crassitie  pennae  anserinae,  sub  ventre  est  sinus  profundus 
in  extremitatem  caudae  excurrens  , — colore  et  duritie  est 
osseo  , — ex  quo  animali  ^ et  ex  qua  corporis  parte  , ig- 
norare  me  fateor. 

Le  célèbre  Rlumenbach  me  fit  attentif  à cet  os  en  1797. 
J'en  ai  trouvé  plus  tard  un  tel  os  chez  Mr.  de  Lacépède. 

En  comparant  la  nature  avec  une  notice  que  Bell 
donne  du  squelette  d’un  Chaetodon , il  ne  me  resta  plus 


(27S) 

de  doute  que  ce  11c  fut  le  premier  rayon  ventral  d’irn 
Chaetodon. 

Y.  William  Bell,  Description  of  a Chaetodon  called 
by  the  Malays  Ecan  bonna  ; dans  le  Philosoph.  Trans. 
1793.  p.  8. 

J'ai  énoncé  cette  opinion  dans  une  lettre  à Mr.  Blu- 
menbach,  insérée  dans  Reil’s  Arcliiv  fiir  die  Physiologie  Vol. 
IV.  p.  89.  ( Uiher  den  jetzigen  Zustand  dcr  vergleichenden 
Anatomie  il.  Physiologie  in  Frankreich.  J 

Blumenbach  dans  son  anatomie  comparée  en  fait 
mention,  ( Handhuch  der  vergleichenden  Anatomie  p.  i i 4- 
§ 79  j et  l'attribue  au  Chaetodon  arthriticus  Schneider  ; il 
n’avait  pas  vu  ma  lettre  qui  cependant  lui  était  adressée. 

Ferrandes  Imperatus  , ï.  28  a connu  cet  os  , et  a 
pensé  qu’il  pouvait  provenir  d’un  poisson.  ( Rémora  ). 

La  description  de  Worm  rend  cet  os  aussi  bizarre  , 
qu’il  serait  difficile  d en  cléviner  la  nature,  ou  l’usage.  Mais 
si  Гоп  considère  cette  articulation  particulière  que  l’os  py- 
riforme  a avec  les  petits  osselets  , on  voit  que  ces  parties 
ne  peuvent  être  qu’un  premier  rayon  de  nageoire , soit 
dorsale,  soit  ventrale.  Je  crois  qu’il  faut  l’attribuer  à la  na- 
geoire ventrale  ou  anale  cl’un  grand  Chaetodon.  Les  osse- 
lets articulent  avec  les  apophyses  inférieures  de  la  queue 
du  poisson,  ou  sont  uniquement  retenus  par  les  mus- 
cles. 

Ce  sont  des  osselets  triangulaires  articulant  avec  l’os 

O 

pyriforme  par  deux  têtes  , qui  laissent  entre  eux  un  trou 

IY  55 


( a74  ) 

par  lequel  passe  une  petite  apopîiyse  courbée  en  arc  et 
linéaire  de  l’os  pyriforme.  Voici  donc  un  exemple  unique 
d’une  articulation  en  forme  d’anneau. 

L’os  pyriforme  est  grand,  muni  d’une  épine  très  lon- 
gue , et  porte  à plusieurs  endroits  l’impression  des 
muscles. 

L’impression  d’en  bas  , en  forme  de  sillon,  du  corps 
et  de  l’apopliyse * sert  pourque  le  premier  rayon  puisse 
se  coucher  sur  les  autres  rayons  dans  letat  de  repos. 

Il  y a une  troisième  articulation  qui  paraît  s’adap- 
ter à un  os  de  forme  singulière  , qui  manque  dans  mon 
exemplaire. 

La  longueur  des  apophyses  est  л de  la  première  de 
4 lignes  y de  la  seconde  , de  7 J-  lignes  ; Le  corps  de  l’os 
pyriforme  a 1 pouce  2 lignes  de  longueur,  sur  1 pouce 
1 ligne  de  largeur  ou  de  hauteur.  L’épine  qui  ne  paraît 
pas  complète  a 2 pouces  2 lignes  de  longueur. 

Explication  de  la  planche  IX. 

f.  1.  Crâne  du  Sterlet  , ( Acipensev  ruthenus  L.J  ouvert  d’en 

haut  ^ ayant  ôté  la  moitié  du  cervesu  jusqu’à  l’ouverture 

des  canaux  semi  - circulaires. 

a.  a.  narines  avec  l’expansion  du  nerf  olfactif; 

Ѣ.  b.  yeux. 

c.  premier  canal  semi  - circulaire  ; 

d.  second  canal. 

e.  troisième  nerf  acustique,  qui  envoie  en  môme  tems  une  bran® 

che  ( g.  ) aux  branchies, 
f,  medulla  oblongata. 


f.  2.  fragment  du  crâne  du  Podust  3 ( Cypritms  aspius.  L.) 

a.  premier  vestibule  , en  forme  d’entonnoir  très  grand  et  très 

profond.  Je  n’ai  point  trouvé  de  communication  avec  le 
cerveau. 

b.  des  côtes  élevées  formant  des  arcs  visibles  des  deux  côtés 

de  l’os  sur  lequel  ils  reposent , et  dont  la  nature  et  l’u- 
sage n’est  pas  encore  reconnu. 

c.  vestibule  postérieur  avec  le  trou  oval  ( d.  ) 
f.  3.  lapilli  du  Navaga. 

f.  4.  Vestibule  osseux  dans  lequel  sont  couchés  les  lapilli , 4. 

vu  d’en  haut.  5 vu  d'en  bas. 
f.  6.  Os  pyriforme  des  Chaetodons. 

a.  b.  apophyses  articulant  avec  le  corps  de  l’os  par  anneau. 

d.  corps  de  l’os. 

e.  épine. 

f.  7.  le  meme  vu  d’en  bas. 

f.  8.  apophyse  vue  d’en  bas  * pour  faire  voir  le  trou  ( f , ) arti- 
culaire et  les  deux  condyles. 

f.  9.  os  pyriforme  tourné  de  côté  et  sans  apophyses  pour  faire 
voir  les  arcs  articulaires  (g.  h.  ) qui  passent  par  le  trou 
articulaire.  ( f.  8.  f.  ) 

c.  offre  une  face  articulaire  creuse,  et  divisée  au  milieu,  mais 
dont  l’apophyse  me  manque. 


' ! ■ 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DE  MATIÈRE. 


A. 

Absinthium. 

pedunculare.  10З. 

Acacia, 

stephaniana.  112. 

Albumine.  1 4o. 

Ambre.  J 47. 

Anabasis. 

aphylla.  19, 
cretacea.  19. 
glomerata.  ig. 
monandra.  20. 
oppositiflora.  ig. 
spinosissima.  ig. 

Andropogon  Gryllus.  112. 

Anemoneum.  167. 

Anthémis  Marschalliana.  10З. 

Artemisia  chamaemclifolia  102. 
procera.  102. 

Aster  alpinus.  io4« 
caucasicus.  — 
pulchellus.  ~ 
roseus.  — 

Astragalus  caspicus.  дб. 
denudatus.  97. 


Astragalus  nummularius.  96. 
Pseudotragacanlha.  дб. 
pycnophyllus.  97. 
sanguinolentus.  g5, 
tumidus.  95. 

B. 

Baume.  i5a. 

c. 

Camphre,  ібд® 

Camphorosma. 

monspeliana.  i5. 

Cooutchouk.  144. 

Carduus  cinereus.  102. 

Carex  atrofusca.  107. 
cespitosa.  109. 
curvula.  107. 
caucasica.  io8„ 
diluta.  109. 

Drymeja.  109. 
ferruginea.  108. 
chlorostachys.  108. 
nitida.  j 09. 


( 278  ) 


panicea,  iog. 
plumbea.  10g. 

Çarthamus  cynaroides  Ю2« 
oxyacantha,  102. 

Centaurea  al  ata.  io5. 
Cichoracea.  106. 
cineraria.  io5. 
dealbata.  io5. 
ochroleuca.  io5. 

Chaoborus  antisepticus.  169. 

Chermes  de  Chine.  26. 

Chêne  de  Chine.  26. 

Cheval  de  Chine.  26. 

Cheval  marin.  27. 

Cheveux.  27. 

Chèvre.  27. 

Chèvrefeuille.  27. 

Chevrette.  28. 

Chevreuil.  28. 

Chicore'e  28. 

Chien  de  Chine.  28. 
d’Orient.  19  г. 

Chiendent.  29. 

Chore.  ag. 

Chouette.  2g. 

Cicogne.  29. 

Cigne.  29. 

Ciguë  29. 

Cineraria  fulva.  I(>4‘ 

Cire  29.  147. 

Citron.  3o. 

Citrouille.  3o. 

Clématite.  5o. 


Cloporte.  3 r. 

Clou  de  girofle.  3r. 
Cnicus  strigosus,  102. 

lappaceus.  102. 

Cochenille.  3x. 

Cochon.  3i. 

Cognassier.  3r. 

Colcothar.  3i. 

Coleuvre'e.  З2. 

Colle  de  poisson.  З2. 

forte.  З2. 

Coloquinte.  З2. 
Commi-oxygène.  124. 
Concombre.  З2. 

Conise  52. 

Consoude.  З2. 
Contrayerva.  З2. 
Convolvulus.  33. 

Conyza  squammosa#  10З. 
Coq.  33. 

Coquelico.  33. 
Coquelourde.  33. 

Coquo.  33. 

Corail  rouge.  33« 
Corbeau.  33. 

Coriandre.  33. 

Cormoran.  34- 
Corne  de  belier.  54» 

— — • de  cerf.  34> 

— d’e'lan  34» 

Corneille.  З4. 

Coton.  35. 

Coucou.  35. 


Coudrier.  35. 

Couleuvre.  35. 
Courtilière.  35. 

Cousin.  35. 

Crapaud.  36. 

— — aquatique  ib. 
Crème.  З7. 

Cristal.  67. 

de  roche.  З7. 

Crocinon.  i56. 

Crocodile.  67. 

Crotte  de  chien.  З7. 
Cubèbes.  З7. 

Cucumis  Melo.  100, 
Cuivre.  З7. 

Culex  claviger.  169. 
Cuscute.  97. 

Cyprès.  38. 

D. 

Dattes.  38. 

Dent  de  lion  38. 

de  poisson.  58. 

De'pouille  de  Serpens.  38. 
Diamant.  58. 

Digitale.  38. 

Dorycnium  latifolium.  98. 

E. 

Eau  de  vie.  38. 

— mine'rale.  3g. 

Ebène.  3g. 


( 279) 

Ecaille  de  tortue.  З9. 

d’huitre.  3g. 

Ecrevisse.  3g. 

Electricité' , son  emploi  dans  les 
maladies.  187. 

Eléphant.  3g. 

Email.  3g. 

Encens,  4.0. 

Eperlan.  До. 

Epervier.  До. 

Epi  d’eau  До. 

Epinard.  40. 

Epine  vinête.  До. 

Epipactis  microphylla.  107. 

Eponge.  До. 

Erable.  Дт. 

Erigeron  acre.  10З. 

— caucasicum.  10З» 

Ermine.  Ді. 

Erodion  fumaroides.  19, 

Escarbot.  Ді. 

Escargot.  Ді. 

Ecureuil.  Ді. 

Essence,  i53. 

Etain.  Дг. 

Etourneau.  Дь 
Esturgeon.  Д2. 

F. 

Faisan,  Д2. 

Faucon.  Д2. 

Faux  acacia.  Д2. 

Feces  d’huile.  Дг. 


( зоо  ) 


Fenouil.  42* 

Fer.  4 3. 

Fève  de  marais  . 45- 

de  St.  Ignace.  43* 

Fibrine.  i4o. 

Figue.  4 3. 

Figuier.  43. 

Fleurs  du  soleil.  45- 

de  la  passion.  44- 

de  muscade.  44 • 

Follicules  de  se'ne'.  44» 
Fougère  mâle.  44- 
Fouine.  44» 

Foui  on.  44- 

Fourmis.  44" 

Frais  de  grenouille.  44» 
Fraise.  44* 

Framboises.  45* 

Frèsne.  45. 

Fromage.  45. 

Fumeterre.  45. 

Fusain.  45. 

Fustes.  45. 

G. 

Galanga.  45* 

Galles.  45. 

Gant  notre  dame.  46. 
Garance.  /f6. 

Geay.  46. 

Ge'latine.  i3g. 

Gene'vrier.  46* 

Gentiane.  46. 


Géranium  aristatum.  go. 

— sibiricum.  90. 

Gingembre.  46. 

Giroflée.  46* 

Gisier  de  poule.  46« 

Glycion.  1З7. 

Gomme.  125. 

gulte.  46. 

laque  en  bâtons.  46. 

Goudron  , 46* 

Gras,  ж 4 7 • 

Graisse.  i45. 

Grenade.  46. 

Grenouille.  47* 

Grillon.  47» 

Grive.  47* 

Gros  - bec.  47* 

Grosscilles.  47* 

Guêpe.  4?» 

Gui.  47* 

H. 

Hannebane.  47* 

Hanneton.  47*1 
Hareng.  48. 

Haricot.  48. 

Hedypnois  rhagadioloides.  loo. 
He'liotrope.  48. 

Helleborinum.  167. 

Hérisson.  48. 

Héron.  48. 

Hibou.  48. 

Hirondelle.  48. 


(2Sl  ) 


Houblon.  49* 

Houetfé.  4g. 

Houx.  l}.g. 

Huile.  49» 

essentiel  ou  volatil.  i53. 

Huitre.  4g. 

Huppe.  49* 

Hypochaeris  cancscens.  ioo. 

I. 

Immortelle.  5o. 

Inderskoë  ( lac  d’ ) 22g. 
Indigo.  i4t. 

Initia  grandiflora.  104. 

granulosa.  104. 

Iris.  5o. 

J. 

JaceV.  49- 
Jalap.;:  4g. 

Jasmin.  49» 

Jinjrtie.  49* 

Joubarbe.  5o. 

Juglàns  pterocarpea,  100. 
JujubSës,  5o. 

Juliëïine.  5o. 

K. 

Ka#i’5i, 

Kocîiia  arenaria . i5. 


L. 

Laine.  5i. 

Lait.  5i. 

Laitue.  5i. 

Lamproie.  5i. 

Langue  de  cerf.  5. 

Lapin.  5i. 

Lard.  5i. 

Larme  de  Job.  5i< 

Lathyrus. 

hirsutus.  92. 
incurvus  — 
roseus.  — 

Lavande  5i. 

Lauréole.  5i. 

Lentille  d’eau.  5i. 

Leontodon  alpinus.  100. 

— ■ caucasicus,  ioo< 

Le'opard.  62. 

Levain.  5a. 

Le'zard.  5i. 

Liège.  52.  l44. 

Lierre.  62. 

Ligneux.  166. 

Limaçon.  62, 

Limonier.  52 
Lin.  52. 

Linaire.  53. 

Linote.  53. 

Lion,  53. 

Lis.  53. 

Liseron.  53» 


IY 


56 


Litharge.  55. 

Loriot.  55. 

Lotier.  53. 

Loup  cervier.  53* 

— — - marin.  53ч, 

Loutre.  55. 

Luserne.  54» 

M. 

Maclie.  54» 

Madrépore.  54* 

Manganèse.  54* 

Manne.  125. 

Marbre.  54° 

Marguerite.  54° 

Marjolaine.  54* 

Marons.  54» 

Maroquin.  54° 

Marsouin.  54. 

Martre.  54. 

Masse  d’eau.  55. 
Matricaire.  55. 

Mauve.  55. 

Mayenne.  56.. 

Medicago  denticulata.  98» 
Melilot.  56» 

Melon»  56. 

Menthe.  67. 

Mercure.  5j. 

Mercuriale.  5j» 

Merle»  57. 

Mesange.  5jo. 

Мещіег.  5g.. 


( ) 

1 Miel.  58. 

Mit.  58. 

Millefeuille.  58» 
Millepertuis.  58. 
Millepieds.  58. 

Moineau.  58. 

Morue.  58. 

! Marelle.  58* 

Morille.  58. 

Mouche 

à miel.  5g» 
luisante.  5g. 
Mouron.  5g» 

I Mousse.  5g. 

Mousseron.  5g. 
Moutarde.  5g. 

Mouton.  5g. 

Mucilage.  124. 

Mucoso  - sucré.  1 3o» 
Mucus.  1З9* 

Mulet.  5g» 

Musc.  60» 

Muscade.  60» 
Myrabolans.  60. 
MyriophylLum 

verticillatum.  s ©9. 
Myrrhe.  60. 

N. 

Narcisse.  60» 

Nacre.  60. 

I Navet.  60. 

I Navette.  6$. 


(283) 


Neflier.  б г. 

Neige.  61. 

Nénuphar.  6l. 

Nids  d’oiseau.  6b 
Nitre  6a. 

Noisetier.  62. 

Noix  de  galle.  62. 

O. 

Ocre.  62. 

Oeillet  d’Inde.  62. 
Oignon.  62. 
Oleo-volatil.  167. 
Olives.  62. 

Or  en  coquilles.  6 3, 
Orange.  63. 

Orcanette  6. 

Opium,  62. 

Orchis  formosa.  106. 

militaris.  107. 
Orge.  63. 

Orgue  marine.  63, 
Orme.  63. 

Orobus. 

cyaneus.  91, 
digitatus.  91. 
formosus.  90, 
liirsutus.  90. 
Orpiment.  64. 

Orpin  joubarbe.  64- 
Ortie.  64. 

Os  de  sèche.  64* 


Ours.  64« 

Outarde.  64: 

Outremer.  65. 

Oxytropis  albana.  q4* 
montana.  94» 
uralensis»  94. 
Oxycèdre.  65. 

P. 

Panais.  65. 

Paon.  65. 

Papaverinum.  i65* 
Papayes.  65. 

Papier.  65. 

Pariétaire.  660 
Passerage.  67. 

Pastel.  67. 

Patte  d’oie.  67. 
Patience.  67. 

Pavot.  67. 

Pavot.  67. 

cornu.  67. 

Perce  - oreille.  67, 
Perdrix.  67, 

Perles.  68. 

Perroquet.  68. 
Persicaria.  68, 

Persil.  68. 

Pèche.  68. 

Pecheur  ( oiseau  ) 69, 
Phaca  brachytropis.  9З, 
Pic  agasse.  69. 

Pie'  d’allouette.  69. 


36* 


(284  ) 


Pié  de  veau.  6g. 

triandrum.  2З. 

Pierre.  6g. 

Volvox.  24* 

Pigeon.  6g. 

Pomme  d’amour.  71. 

Pignons  de  pin.  6g. 

■ — epineuse.  71. 

d’Inde  — - 

Populus  hybrida,  ni. 

Piment.  6g. 

Porc  e'pic.  72. 

Pimprenelle.  70, 

Porcelaine.  72. 

Pin.  70. 

Potiron.  72. 

Pistaches.  70. 

Pou.  72. 

Pivert.  70. 

Poule.  72. 

Pivoine.  70. 

Pourpier.  72.' 

Plantain.  70. 

Prèle.  7З. 

Platanus  orientalis.  ïiq. 

Prenanthes  tuberosa.  gg 

Plâtre.  70. 

Primevère.  7З. 

Plomb.  70. 

Propolis.  7З. 

Plongeon.  70. 

Prune.  7 3. 

Poire.  70. 

Puce.  7З. 

Pois  de  merveille,  71. 

Pulmonaire.  7З. 

Poisson  dore.  71. 

Poivre.  71. 

Punaise.  7З. 

Politric.  7Г. 

Polycnemum,  20. 

Q. 

alternifolium.  2 1 . 

Quercus  iberica.  110. 

brachiatum.  2З. 

pyrenaica.  110» 

crassifolium.  20. 

Queue  de  cheval.  7З. 

erinaceum.  25. 

— ■ de  souris.  7З. 

glaucum.  21. 

. . . ■ ■ ■■■■'•■  ••  ’i  ' 

Quinquina.  7З. 

jjuniperinum.  â5. 
malacophyllum,  2З. 

Quinte-feuille,  7 3. 

monandrum.  a5. 

R. 

oppositifolium.  20. 

sclerodermum.  22. 

, • м}  :ь>  ; i Ч 

Piacine,  7З. 

sibiricum.  24. 

Piaifort,  74" 

Raisin.  74. 

Raquette.  74* 

Rat.  74. 

Raves.  74. 

Raye.  74- 
Razumovia.  i4* 
Re'algar.  7 5. 

Re'glisse.  76. 

Renard.  76. 
Renoncules.  76» 
Re'sine.  76. 
Résineux.  i48- 
Rhinocéros.  75. 
Ricin.  76. 

R.is.  75. 

Romaine.  y5o 
Ronce.  7 5. 

Piose.  76. 

R.oseau,  76. 
Rossignol.  76. 
Rubarbe.  76. 

Rue.  76. 

S. 

Saccliaraceum,  1З0. 
Safran.  76. 

Salsola  arbuscula.  9. 
baccifera . i3. 
brachiata.  g. 
cîavifolia.  ï3. 
collina.  7. 
crassa,  8. 
dasyantha.  i4* 


dendroidcs.  l3. 
eiicoides.  i3. 
eriophora.  ï6. 
gemmas  cens.  12. 
hyssopifolia.  17. 
Kâli.  6. 

Kochiae.  1 3. 
lanata.  8» 
laniflora.  8. 
muricata.  18. 
prostrata.  i4« 
rosacea.  7. 
scoparia.  17. 
sedoides.  18. 
spissa.  12. 
tamariscina,  7. 
Tragus.  6. 
verrucosa,  12. 
Sandarac.  76. 

Sang  de  bouquetin.  76. 
Sang-dragon.  76. 
Sanglier.  76. 

Sangsue.  76. 

Sanicle.  76, 

Santal.  77. 

Sapin.  77e 
Sanelle.  77. 
Sarce-pareille®  77.' 
Sauge.  77. 

Saule.  77. 

Saumon.  77® 

Saumure.  774 
Savon.  77» 

Sauterelle.  77® 


(286) 


Saxifraga  Aizoon.  n\. 
cartilaginea.  1 1 5. 
cespitosa.  1 20» 
controversa  122» 
cymbalaria.  117, 
flagellaria.  119. 
granulata.  117. 
hederacea.  1 18. 
irrigua.  122. 
juniperina.  119. 
mixta.  121. 
muscoides.  120.  12U 
nervosa.  іаД. 
orientalis.  118. 
pubescens.  12 1. 
repanda.  116. 
reticula.  118. 
rotundifolia.  il 6. 
tridactylites.  121. 

Scabieuse.  78. 

Scolopendre.  78. 

Scorpion.  78. 

Scorzonera  lanata.  99. 

Scrophulaire.  78. 

Seau  de  Salomon.  7З* 

Sèche.  78. 

Seigle.  78. 

Sel  ammoniac.  78. 

Seneçon.  79.’ 

Senne.  79. 

Sensitive.  79. 

Serpent.  7g0 

Serpolet.  7g. 


Serratula  depressa,  ioï. 

elegans.  101. 

Se'same.  79. 
Siderochlorainon.  1З8. 
Singe.  79. 

Soleil  ou  tournesol.  79. 
Sonchus  albanus.  99. 
Souche t.  79.  < 

Souci.  7g. 

Soufre.  7g. 

Souris.  80. 

Soie.  80. 

Spica-nord.  80. 

Steppes  de  la  Russie  2i5. 
Suaeda  sedijolia.  18. 

Suber.  144. 

Substance  resiniforme.  149. 
Sucre  de  lait.  ia5. 

de  la  canne  à sucre. 

de  raisin.  i3j. 

Sucre.  1З0. 

Suif.  80. 

Sureau.  80. 

T. 

Tabac.  80. 

Taon.  81. 

Tamaris.  8r. 

Tarin.  81. 

Taiti , oiseau  mouche.  81. 
Taupe.  81. 

Te're'benthine.  82. 


i5r. 


Terre.  82» 

The'.  82. 

Thlaspi.  83^ 

Tigre.  83. 

Tilleul.  83. 

Titimale.  83. 

Toile.  83. 

Tôle.  85. 

Topinambours.  83. 
Torche.  84. 

Tourterelle.  84» 
Tx-agopogon  mentalis.  99. 
Tribule.  84* 

Trifolium  hamosum.  97. 

lappaceum.  98. 
Trigonella  gladiata,  98. 
Troëne.  84. 

Tubéreuse.  84. 

Tuile.  84* 

il. 

Urée.  166. 

Y.. 

Veau.  85. 

Ver  luisant.  85.- 
Vcrdet.  85. 


( 2§7  ) 

Vermichelli.  85* 
Vermillon.  85. 

Vernis.  85. 

Véronique.  85. 

Vesce.  86. 

Vesce  de  loup.  86. 
Vicia  alpestris.  9З. 

narbonensis.  9З. 
variegata.  92. 

Vin.  86. 

Vinaigre.  86. 

Violette.  86. 

Violier  jaune.  86v 
Viorne.  86. 

Vipère.  87. 

Vipérine.  87. 

Viscum  oxyccdrü* 
Vitriol.  87* 

; y. 

Yeux  de  peuplier.  87. 
Yvoire.  87. 

2. 

Ze'doaire.  87. 
Zoophyton.  i4o* 


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