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Full text of "Mémoires de Luther"

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MËMOTRËS 



DE LUTHER 

ÉCRITS PAR LUI-MÊME 



TAADUITS ET MIS KR ORDftC 



PAR J. MICHELET. 



TOME PREMIER. 




PARIS. 

ADOLPHE DELAHAYS, LIBRAIRE-ÉDITEUR, 

RUE VOLTAIBE , 4 et 6. 

1854. 




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MÉMOIRES DE LUTHER. 



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A3 



Ce qu^on va tire n'est point un roman histori- 
que sur la vie de Luther, pas davantage une 
histoire de la fondation du luthéranisme. Cest 
une biographie^ composée d'une suite de tra- 
ductions. Sauf les premières années, que Luther 
ne pouvait raconter lui-même , le traducteur a eu 
rarement besoin de prendre la parole. 11 n'a guère 
fait autre chose que choisir^ dater, ordonner 
les textes épars. C'est constamment Luther qui 
parle, toujours Luther raconté par Luther. Qui 
serait assez hardi pour mêler ses paroles à celles 
d'un tel homme? Il fallait se taire, et le laisser 
dire. C'est ce que l'on a fait, autant qu'il était 
possible. 

89S 

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Ce travail, publié en 1835, a été fait presque 
entièrement dans les années 1828 et 1829. Le 
traducteur de la Scienza nuom sentait vivement 
à cette époque le besoin de redescendre des théo* 
ries aux applications y d'étudier le général dans 
l'individuel , l'histoire dans la biographie , l'hu- 
manité dans un homme. Il lui fallait un homme 
qui eût été homme à la plus haute puissance , uu 
individu qui fût à la fois une personne réelle et 
une idée; de plus, un homme complet, de 
pensée et d'action ; un homn^e enfin dont la vie 
fut connue tout entière^ et dans le plus grand 
détaU, dont tous les actes, toutes les paroles., 
eussent été notés et recu^^Uis. 

Si Luther n'a pas fait lui-même ses mémoires, il 
les a du moins admirablement préparés ^ . Sa cor-< 
respondance n'est guère moins volumineuse que 

^ Nous avons suivi pour les œuvres allemandes Te'dition de 
Witl^mberg, en 1? vol. in-folio, 1539-1559; pour les œuvres 
latkes, celle de Wittemberg, en 7 vol. in-folio, 1545-1558, 
quelquefois eelle dléna, 1600-1612, en 4 voU in*fbllo; pour 
}es Tischreden, l'édition de Francfort, 1568, in-folio. On trou-. 



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celle, de .Vol taire. Daplus^H n'est aucoa de ses 
^xmgts d^[uatiqties ou poléihi(|a6s tAx il n'ait , 
sooa j.songèp^ déposé quelque détail ddtit le bio- 
gsaphe peut Eftire soift|irofil. Ajoutez que toutes 
ses paroles oat élé avidement recueillies par ses 
disciples. Le bon^ le mauvais^ l'insignifiant^ ils 
ont tdotpns ; ce^ueîitttberlalssàil éefiapper dilns 
la cànTersatiofi la plus lltkiSKè^e.^U'Céin dii feu, 
ati .jardin y à nbfey aprèsMup^r, \à Môitiète 
cherse qu'il disait à ^a femme, «à* ses èiïftinèr, à 
hli^nâme^ vite ÛB-Véeit^ifkâéntiiJn hémn^e, bb-^ 
âervé et suivi de si^firè», a de à <dMqu<s iiiafânt 
laisser tomber «ke^ not»^quHl* eàt voulti^ravoir. 
ISiM'taiidiltfs laûiéx^eaê^ y àatr WL tegretv lia àu-> 
wHititiliîfia Voulu xajDQrt^e lijgiie ^«mkJlir^tellè 

yera à la Gn du second Tolmne, 4c^ jreayoi| <iMi'^p§ri?eltfî^.<iç 
vérifier chaqae pussase. . , , , 

QdâDt aux citations tirées des Lettre^, ellçs ont ^të exacfe- 
mem datées dans le texte. La date rend tout renvoi^ superflu j 
cMë-^Juftf {Mur 'îéîte fetrotiv* aiiëïùkk'è'ceB pasW^ dW Wx- 

Ml|fc94fl»D«ié»tdos«cQim^ kp^i^ii 



/ 

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Cest donc id le vrai livre des Confessions de 
Luther, coofessipns négligées, ^parses, iavolcm^ 
taires, etd^uunt plus vraies. Celles de Roitôseau 
sq^t à coup 'sûr moins jW^ves, cdles de. saiat 
Augustin tnoiiis cpmplètps ^t oioins vwé^, , 

Gomme biographite, <îeHeHi se placerait; s'il 
Teut écrite Juirmecne ert entier, entre les éçœ^ 
autres dont nous venons.de Caire mentidn^iEUe 
présent^. réunies les deux faces. qu'elle&offii^nt 
$.^parées. Pw$ S^int Augustin, la pa^ioa^ là 
liia^ure^ ^individualité humaine, n'apparaissent 
que poi^yîêtre immolées à la grâce divine. C'est 
l'his^îre^'iine crise de Famé, d'une r^ais^i^ë/ 
d'une Vii»ntiwa;^É satint jràt roilgide noosfaâre 
mieux conuaîtve l^'Aotre vie qu'il /avàsr/^ttée^ 
Dans Rousseau, c'est tout le contraire; il ne 
si'agitplùs'de la grâce ; la nature règne saris par- 
tage, elle triomphe^ elle s'étale; cela va quelque- 
fois jusqu'au dégoût. Luther a jprésenté , non pas 
l'(^(juiJibre 4elagr?pe et d^ la n^tuarç, iï^%ift,]e^jr, 
j4us: dovilQureuîi: ddinbat». l^asjluïtteê) dei Ift seo^ 
bilité, les^tentotions pliiis hautes dbdmté, biM 
d'autre» hbmmes en oiit Souffert jPiâ^^lt iK^ettt 



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IX 

évidemméat^ il les étoufiEa et il en mounit. Lu- 
ther n'a rien caché ^ il ne s'est pu contenir. Il a 
donné à voir en lui , à sonder^ la plaie profonde 
de notre nature. C'est le seul homme peut-être 
où Ton puisse étudier à plaisir cette terrible 
anatomie. 



/ 



Ju^u'ici on n'a montré de Luther que son 
duel contre Rome. Nous^ nous donnons sa vie 
entière , s%s combats^ ses doutes ^ sts tentations y 
ses consolations. L'homme nous occupe ici au* 
tant et plus que l'homme de parti. Nous le mon- 
trons, ce violent et terrible réformateur du nord, 
non pas seulement dans son nid d'aigle à la 
Wartbourg, ou bravant l'Empereur et l'Empire à 
la diète de Wornis, mais dans sa maison de Wit* 
temberg, auimilieu de $es graves amis, de ses 
en&ns qui entourent la table, se promenant avec 
eux dans soix jard^ , sur les bords du petit étang, 
dans ce cloître mélancolique qui est devenu la 
daneure d'une âimille; noti» l'entendons rêvant 
tout haut, trouvant dans tout ce qui l'entoure, 
dans la fleur, dans le fruits dans Foiseau qui 



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passe, de graves et pieuses pensées. (¥oy. i. li^ 
p. 78, etc.) 

Quelque, sympathie que poisse inspirer cette 
ajxoabl<3 et puissante persopnalité de Luthei* , elle 
ne doit pas influencer notre jugement sur )« doc- 
trine qu'il a enseignée^ sur les conséquences qui 
en sortent nécessairement. Cet homme qui fit 
de. la libeclé ua[si)énàiigiqueusage^ a ressuscité 
Ift théorie ay«;ustimennfi de l'anéantissement de 
la liberté. Il a immolé le libveiaiiélreà 1^ gràcey 
l'homaie à DÂeu ^ la imnale à uae sokrte ide £»- 
talitépiovidentielle. h. . > ' 

: De nos jours* les amis^db latKberté>se recom^ 
mandent. vokmtMi». âxï '. fataliste ; Lutter. GéM 
s€SatAi\e\hitugàge\imk <preknièrriCQiip4d'oèi'l; ijQtbeii 
liiirmèmermY>yait se lelreùver) daiBMiJe^piHiiss^ 
daft&lesyaudeâsypartidaiisdu:ltbm arbitfe. Gbt&h 
queees doctvît^edfiif^uUtîiYes^KiufilgMfOp^ 
qa'eUo^fi^riâsseyifi. jfe reawninent toulef(»$ dans 
leur priïieîpe d^actioui > , la âtiateciiiAetéi deia;nHti 
so^ iadiyiduelle, 1^ résialatoce au. principe. ^adin 
^iwnd, à l'autorité. * . v » . -....^ 



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Il ji'est do&c pas inexact de dire que Luther a 
été le restaurateur de la Kberté pour les derniers 
siècles. S'il 1^ niée en théorie, il Ta fondée en 
pratique. Il a, sinon £ait^ au mcâns courageuse- 
ment signé de son nom la grande révolution 
qui légalisa en Europe le droit d'examen. Ce 
premier droit de Fintelligence humaine^ au- 
quel tous les autres sont rattachés^ si nous Fexeiv 
çons aujourd'hui dans sa plénitude , c'est à 
lui en grande partie que nous le devons. Nous 
ne pouvons penser, parler, écrire, que cet im- 
mense bienfait de l'affrandâssement intellectoel 
ne se renouvelle à chaque instant. Les lignes 
mêmes que je trace ici, à qui- doi$-je de pouvoir 
les publier , sinon au libérateur de la pen^ 
moderne ? . 

Cette dette payée à Luther, nous ne craindrons- 
pas d'avouer que nos sympathies les plus fortes 
ne sont pas de ce côté. On ne trouvera. point t 
ici rénumération des causes qui rendirent la 
victoire du protestantisme inévitable. Nous ne 
montrerons pas, après taat d'autres > les plaie^; 
d'une église où nous sommes ués^ et qui nous çst 



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Xfl 

chèreyÈ^auvre vieille mère du monde moderne, 
reniée, battue par son fils, certes , ce n^est pas 
nous qui voudrions la blesser encore. Nous au- 
rons occasion de dire ailleurs combien la doc- 
trine catholique nous semble, sinon plus logique, 
au moins plus judicieuse, plus féconde et plus 
complète que celle d'aucune des sectes qui se sont 
élevées contre elle. Sa faiblesse , sa grandeur 
aussi , c'est de n'avoir rien exclus qui fut de 
l'homme , d'avoir voulu satisfaire à la fois les 
principes contradictoires de l'esprit humain. Cela 
seul donnait sur elle des succès faciles à ceux qui 
réduisaient l'homme à tel ou tel principe, en 
niant les autres. L'universel , en quelque sens 
qu'on prenne le mot, est faible contre le spécial. 
Uhérésie est un choix y une spécialité. Spécialité 
d'opinion, spécialité de pays. Wicleff, Jean 
Huss , étaient d'ardens patriotes j le saxon Lu- 
ther fiit l'Arminius de la moderne Allemagne. 
Universelle dans le temps, dans l'espate, dans la 
doctrine, l'Eglise avait contre chacun l'infériorité 
d'une moyenne commune. Il lui fallait lutter pour 
l'unité du monde contre les forces diverses du 
monde. Comme grand nombre , elle contenait , 



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XIII 

elle traînait le mauvais bagage des tièdes et des 
timides. Comme gouvernement^ elle rencontrait 
toutes les tentations mondçiines. Comme centre 
des traditions religieuses, elle recevait de toutes 
parts une foule de; croyances locales contre les- 
quelles elle avait peine à défendre son unité, sa 
perpétuité. Elle se présentait au monde telle que 
le monde et le temps l'avaient faite. Elle lui appa- 
raissait sous la robe bigarrée de l'histoire. Ayant 
subi, embrassé l'humanité tout entière, elle en 
avait aussi les misères, les contradictions. Les 
petites sociétés hérétiques, ferventes par le péril 
et la liberté^ isolées, et partant plus pures , plus 
à l'abri des tentations, méconnaissaient l'élise 
cosmopolite, et se comparaient avec orgueil. Le 
pieux et profond mystique du Rhin et des Pays- 
Bas, l'agreste et simple Vaudois , pur comme 
l'herbe des Alpes , avaient beau jeu pour accuser 
d'adultère et de prostitution Celle qui avait tout 
reçu, tout adopté. Chaque ruisseau pourrait 
dire à l'Océan, sans doute : Moi , je viens de ma 
montagne, je ne connais d'eau que les miennes. 
Toi, tu reçois les souillures du monde. — Oui, 
mais je suis l'Océan. 



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Voilà ce qu'il faudtait pouvoir dire et dére- 
lopper. Aucun livre plus que celui-ci, n'aurait 
besoin d'une introduction. Pour savoir comment 
Luther fut obligé de faire et subir ce qu'il ap- 
pelle lui-même la plus extrême des misères; pour 
comprendre ce grand et malheureux homme qui 
remit en marche l'esprit humain à l'instant même 
où il croyait le reposer sur l'oreiller de la grâce; 
pour apprécier cette tentative impuissante d'u- 
nion entre Dieu et l'homme, il faudrait connaître 
les essais plus conséquens que firent, avant et 
après, les mystiques, les rationalistes, c'est-à- 
dire esquisser toute l'histoire de la religion chré- 
tienne. Cette introduction si nécessaire, peut- 
être dans quelque temps me déciderai-je à la 
donner. 

Pourquoi donc ajourner encore ceci ? pour- 
quoi commence!" tant de choses et s'arrêter tou- 
jours en chemin? Si l'on tient à le savoir, je le 
dirai volontiers. 

A moitié de l'histoire Romaine, j'ai rencontré 
le christianisme naissant. A moitié de l'histoire 
de France je l'ai rencontré , vieillissant et aCEaissé; 



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ici, je le retrouve encore. Quelque part que 
j'aille, il est devant moi, il barre ma roule et 
m'empêche de passer. 

Toucher au christianisme ! ceux-là seuls n'hé- 
siteraient point qui ne te connaissent pas 

Pour moi , je me rappelle les nuits où je veillais 
une mère malade ; elle souffrait d'être immobile, 
elle demandait qu'on l'aidât à changer de place , 
et voulait se retourner. Les mains filiales hési- 
taient ; comment remuer ses membres endo- 
loris?.. 



Voilà bien des années que ces idées me travail- 
lent. Elles font toujours dans cette saison d'ora- 
ges le trouble, la rêverie de ma solitude. Cette 
conversation intérieure qui devrait améliorer, 
elle m'est douce au moins, je ne suis pas pressé 
de la finir, ni de me séparer encore de ces vieilles 
et chères pensées. 

Août 1855. 



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MÉMOIRES 

DE LUTHER 



LIVRE PREMIER. 

c 

CHAPITRE PREMIER. 

1483-1517, 

Naissance^ éâucanon de Luther , son ordination, ses tentations , 
son TOjage à Rome. 



« J'ai souvent conjrersé avec Mélanchton^ etlui 
ai raconté toute ma vie dej^oint en point. Je suis 
fils d'un paysan; mon père, mon grand-père, 
mon aïeul, étaient devrais paysans. Mon père 
est allé à Mansfeld , et y est devenu mineur. M|oi , 
j'y suis né. Que je dusse être ensuite bachelier. 



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s MÉMOIRES 

docteur, etc. , cela n'était point dans les étoiles. 
N'ai-je pas étonné les gens en me faisant moine? 
puis en quittant le bonnet brun pour un autre ? 
Cela vraimei^lt » bien chagriné mon père p et lui 
a fait mal. Ensuite je me suis pris aux cheveux 
avec le pape , f ai épousé une nonne échappée , 
et j'en ai eu des enfans. Qui a vu cela dans les 
étoiles ? Qui m'aurait annoncé d'avance qu'il 
en dût arriver aip6i? » 

Jean Luther, père de celui qui est devenu si 
célèbre, était deMœraou Mderke, petit village de 
Saxe, près d'Eisenach. Sa mère était fille d'un 
bourgeois de cette ville, ou, selon une tradition 
que j'adopterais plus volontiers, de Neustadt en 
Franconie. Si Ton en croyait un auteur moderne 
qui ne cite point ses ai^torités, Jean Luther 
aurait eu le malheur de tuer dans une prairie^ un 
paysan qui y £iisait paître se$ troupeaux, et eût 
été forcé de se retirer à Eisleben, plus tard dans 
la vallée de Mansfeld. Sa femme l'avait suivi en- 
ceinte; elle accoucha en' arrivant à Eisleben 
de Martin Luther. Le père, qui n'était qu'un 
pauvre mineur, avait bien de la peine à soutenir 
sa Camille, et Ton verra tout-à-Pheure que ses 
enfans furent obligés quelquefois de vivre d'au- 
mône. Cependant, au lieu de les faire travaiUer 
avec lui, il voulut qu'ils allassent aux écoles. Jean 
Luther paraît avoir été un homme plein de sim- 



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DE liUTBER. 3 

plicité et de foi. I^fsque son pasteur le consolait 
dans $e3 derniers niomens : « Pour ne p^s croire 
çela^ di t*il^ il faudrait être un homme bieo tiède. » 
Sa femme ne lui survécut pas d'upe année (i53i). 
Os avaient alors une petite fortune^ qu'ils 4^aient 
sans doute à leur fils. Jean Luther laissa une mai- 
son^ deux; fourneaux à forge , et etivîi^on n^He 
thajers en argent comptant. 

Les armes du père de Luther^ car les paysans ep 
prenaient ^ l'imitation des armoiries des nobles^ 
étaient tout simplement un marteau. Luther ne 
rougit point de ses parens. Il a consacré leur nom 
dans $a formule de bénédiction nuptiale : « Hans, 
s^mx-tu prendre Grethe (Jean , Marguerite ). » 

« C'est pour moi un devoir de piété, dit-il à 
Mëlanchton, dans la lettre où il lui annonce la 
piort d,e Jean Luther , de pleurer celui duquel 
h Père dje n^iséricorde m'a fait naître, celui par 
les travaux et les sueurs duquel Dieu m'a noum 
et m'a formé tel que je suis , quelqtie, peu que Je 
sois. Certes^ je me réjouis xju'il ait vécu jus- 
qu'aujourd'hui pour voir la lumière de la vérité.. 
Béni $mt Dieu pour l'éternité dans tous: ses 
conseils et ^s décrets ! amen !» 

Martin Luthe» ou Luder, ou Lother (car il 
signe quelquefois ainsi), naquit à ^Eisieben, le 
10 novembre i483, à onze heures du soir. EQ'- 
voyé de bonne heure à l'école d'Eisenach (i489)/ 



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X MÉMQIRES 

il chantait devant les maisons pour gagner son 
pain^ comme fedsaient alors beaucoup de pauvres 
étudians en Allemagne. C'est de lui que nous 
tenons cette particularité. « Que personne ne 
s'avise de mépriser devant moi , les pauvres com- 
pagnonw^i qui vont chantant et disant de porte en 
porte : panent propter Deum ! vous savez comme 
dit le psaume : les princes et les rois ont chanté. 
Et moi aussi , j'ai été un pauvre mendiant , j'ai 
reçu du pain aux portes des maisons , particu- 
lièrement à Eisenach^ dans ma chère ville ! » 

11 trouva enfin une subsistance plus assurée 
et un asile dans la maison de la dame Ursula^ 
femme ou veuve de Jean Schweickard , qui eut 
pitié, de voir errer ce jeune enfeint. Les secours 
de cette femme charitable le mirent à même 
d'étudier quatre ans à Eisenach. En iSoi^il 
entra à l'université d'Erfurth, où il fût soutenu 
par son père. Luther rappelle quelque part sa 
bienfaitrice par des mots pleins d'émotion , et il 
en a gardé reconnaissance aux femmes toute 
sa vie. 

Après avoir essaya de la théologie y il fut dé- 
cidé, par les conseils de ses amis, à embrasser 
l'étude du droit, qui conduisait alors aux postes 
les plus lucratifs de l'État et de l'Église. Mais il ne 
semble pas s'y être jamais livré avec goût. Il ai- 
mait bien mieux la belle littérature , et surtout 



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DE LUTHER. 5 

k musique. C'était $011 art de prédikctmn. Illa 
cuhiva toute sa vie> et Teliseigila à. ses enfiams. U 
n'hésite pà3 à déclarer que la musique kd semble 
le preiQii(^r des arts^sqprès la théologie, a La musi^ 
quqest Tart /des< prophètes 5 c'est le seul qui, 
comme h théologie y puisse calmer les troubles 
de l'àme et mettre le diable ea fuite. » U touchait 
du luth, jouait de la iflôte. Peut-être eût-*il réussi 
encore dans d'autres arts. H fiït l'ami du grand 
peintre^ Lucas Cranach, II était, ce seiûble^ adroit 
de s)S8 mains , il apprit à tourner < 

''Cegoàt pour la musique et la littérature, la 
lecture assidue des poètes qu'il mêlait aux études 
deladialeetique et du4roit, tout ceta.a^ànnon- 
çaic point qu'il dût hientM jouer un rôle si sé- 
rieux daiis l'histoire de la religion. Diverses ira* 
ditioiis porteraient a croire que, malgré son 
application, il partageait la vie des étudiâns alle- 
mands dé cette époque : cette gaîté dans l'indi- 
gence, ces habitudes bruyantes, cet ^tériem* 
belliqueux avec une tpiê douce.et un esprit paci- 
fique, Fostentatioa dudésordreaveeides moeurs 
pjur^. Geites, si qtielqu'tiia avait rencontré Mar^ 
lin JLuthèir) voyagâafil à pied sur la route d'Er- 
&xrth àMatnsféld^ dans la troisième fête de Pàqoeîs 
de l'aa i5o3^ Fépée et le couteau de chasse «n 
côté, et fiierble$$aat4ui-même de ses prc^red ar- 
mes,! il de se. serait poiqit avisé que k maladroi[t 



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6 MÉMOIRES 

étudiant dût soas pèù renyerser la domination de 
Féglise catholique dans là moitié de l'Europe. 

En i5o5, un accident doifinà à la viç dii 'jeune 
homme une direction toute nouvelle. Itvit ûh de 
ses amis tué d'un coup de foudre à ses côtës. Il 
poussa Un cri, et ce cri ftit un vœu à sainte Atitié 
de se faire moine, s'il échappait. Le danger passé, 
il ne chercha pas à éluder un engagerafent arraché 
par la terreur. U ne sollicita point de dispense, 
il regardaîf le coup dont il s'était -^ù presque 
atteint, comme une menace et un ordre du dell 
U ne différa que de quatorze, jobis l'^càNiqilLÉsè- 
loent de son vœu. . - - ■ ^ : i 

Ije;i7 juillet i5o5^iqprèâ avoir. passé gàîmeiit 
la soirée fivec aes aUttd à &ire de la musique, il 
entr^ la miît dftoa le cloître des Augiistins , à ër^- 
/^urth. U n'avait apporté avec lui que son Plante 
et son Virgile. 

Le lendemain-, il écrivit un mot xl^adieu à di^ 
verises perscmnes, in£orina éon {ièiie de sa tésù^ 
Jutioa, et resta un mois fins se lusser vpiK f^ 
sentait cèmbien il tenaît eneoris auffidade*}^ 
craignait le visage revoté 4ç^ son j[^èrë, et se^ 
ordres et ses prières. Ce ne fut, en effet, qfu'àà 
i^mt de deux ans que Jean Luther He kôssà hith 
iH consentit à assister à son ordination. On avait 
choisi pour la cérémonie Je jmir où le minëûi* 
pouvait quitter ses travaux. Il vint à ErfUrkb ûWc 



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DE LUTHfiR. 1 

plusieurs de ^ë amis i eK doOQa au tils qu'il pexh 
dsi\, ce qu'il avait pu mettre . de; c6iè, ving^ 

Il ne £$ut p9s croire qu>a prenait ces ôogjage^ 
iliens. redoutables , le opuyfeaU prêtre fiU (iû«ts6é 
par une ferveur singalière» Nous, avons tu avee 
quel Bagage de littérature moadaïAe il était 
i^tré dans le cloîtrd, Éeouton^rJeiktt^mèMQrser 
les dispositions qu'il y apportait : tf' Lcwaqud je 
dis naa première messeï k JErfurtb, j'étais prës<pfte 
mort : car je n'avais aucune foi* J[e^ayaîs< $mÊf^ 
lemçnt que J'étais trèS' digae; Je ae mft rog^r-r 
dais, point coinai^ un pé«beur* JUa première; 
messe était cfeose fort. ^Ubté^Ai dont il reiîe^ 
naitv beaucoqp d'argent* On apportait leS bùms 
amonicas avec des âambtaux^ L^ 4hor jwm $eir 
gtjt^wr^ comme le^ paysans appelaient, l^ur nou- 
veau curé, devait alor^ dansât avec sa mère jjsi 
elle vivais encore ^ et Jes assistant eUpleutiai^J^ 
de joie. Si elle était morte, il la m^ttait!^ îtow>~ 
ott^#ous le calice, et la sauvait du purgWiçe- v 
Luther ayant obtenu ce c^n'il voulait, ^tftrtt 
devenu prêtre, moine, tout étant consommé, 
et la porte close ;, alors commenoèirent > je ne dis 
pas les regrets, mais les tristesses^ Içs pçrple^^i- 
tés, les tentations de la chair, h» mauvaises^ 
subtilités de l'esprit. Noqf ne savons ^^ère ^u- 
jourd'bui ce que c'est que cette rude gymna&tiqi^e 



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8 MÉMOIRES 

de V^me solitaire. Nous donnons bon ordre à nos 
p9JS$ions. Nous les tuons à leuï* naissance. Dans 
cette énervante dis^action d'affaires, d'études, 
de jouissances faciles^ dans cette satiété pré- 
coce des sens et de l'esprit, comment se repré- 
senter les guerres spirituelles que se livrait en 
lui-même l'homme du moyen-âge , les doulou- 
reux mystères d'une vie abstinente ot fantasti- 
que, tant de combats terribles qui ont passé 
sans bruit et sans mémoire entre le mur et fbs 
sombres vitraux de la pauvre cellule du moine? 
« Un ai'chevêque de Mayence disait souvent : 
Le cœur humain est comme la meule d'un mou- 
lin. Si l'on y met du blé, el!e l'écrase et en fait 
de la farine; si Ton n'en met point , elle tourne 
toujours, mais s'use elle-même. » 

« ... Lorsque j'étais moine , dit Luther, j'écri-- 
vais souvent au docteur Staupitz. Je lui écrivais 
une fois : Oh ! mes pééhés ! mes péchés ! mes péclués ! 
A. quoi il me répondit : « Tu veux être sans péché, 
et tu n'en as pourtant aucun véritable. Cbv/^t a 
été le pardon des pédbés. ih 

M ... Je me confessais souveiit au docteur Stau- 
pitz, non d'affaires de femmes, mais de ce qui fait 
le nœud de la question. Il me répondait ainsi que 
tous les autres confesseurs : Je ne comprends pas. 
Enfin il vint me trouer à table et me dit: Com- 
ment donc êtes-vous si triste, /mter Martine? — 



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J 



DE LUTHER. 9 

Ah ! oui , je le suis, repondis-je. — Vous ne savez 
pas, dit-il^ qu'une telle tentation vous est bonne 
et nécessaire , mais ne serait bonne qu'à vous. Il 
voulait dire seulement que j'étais savant^ et que 
sans ces tentations, je deviendrais fier et oi^eil- 
leux: mais j'ai compris plus tard que c'était une 
voix et une parole du Saint-Esprit. » 

.Luther raconte ailleurs que ces tentations 
l'avaient réduit à un tel état, que pendant qua- 
torze jours il n'avait ni bu , ni mangé, ni dormi. 

« Ah ! si saint Paul vivait aujourd'hui, que je 
voudrais savoir de lui-même quel genre de ten- 
tation il a éprouvé. Ce n'était point l'aiguillon de 
la chair, ce n'était point la bonne Técla , comme 
le révent les papistes. Oh ! non, ce n'était point 
là un péché qui lui eût déchiré la conscience. 
C'est quelque chose de^plus haut que le désespoir 
causé par les péchés; c'est plutôt la tëntalimi 
dopt il est parlé dans le psaume : Mon Dieu , 
mon Dieu, pourquoi nî'as- tU délaissé ? Comme 
s'il voulait dire : Tu m'es ennemi sans cause ; 
et comme dans Job: Je suis pourtant juste et 
innocent. Je suis sûr ijue le livre de Job est une 
histoire véritable dont on a fait ensuite un 
pdème.... Jérôme %t autres pères n'ont pas senti 
de telles tentations. Ds n'en ont connu que dfe 
puériles, celles de la chair, qui ont pourtant 
bien aussi leurs ennuis. Augustin et Ambroise 



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10 BIÉMGIRES 



• 



ont eu aussi des ten^tations et ont tremblé de- 
vant le glaive; mais ce n'est, rien en comparaison 
4e l'apgie de Si^t^il ^ui frgppc des poings... . Si 
je Tis encore un peu, je veux écrire un livre &\>r 
les tentations, sans lesquelles ua homme ne peut 
ni comprendre la sainte Écriture^ nir connaître 
la crainte et l'amour de Dieu. » 

d ... J'étais malade à l'infirmerie. Les tenta- 
tions lesi plus cruelles épubai^nt mofi corps et te 
martyrisaient, de sorte que je pouvais à peine 
respirer et haleter. Aucun homme ne me conso- 
lait : tous ceujL auxquels je me plaignais, r^H>n- 
étaient : Je ne^ais pas. Alors je me disais : Sais-je 
4onc le seul qui doive être si triste en esprit?... 
Qh ! que je voyais des spectres et des figures hor- 
ribles !.,, Mais il y a dix ans, Dieu me donna u^e 
consolation par ses chers an^s, celle de co^i- 
battre et d'écrire. » 

B nous explique lui-même lo^g-^temps- après , 
l'axée même qui précéda celle de sa mort, de 
quelle; Ujature étaient ces tentations si terribles, 
a D^ les écoles , en étudiant les épltres de jsaint 
Paul, -j'avais été saisi du pltjs violent désir de sa.- 
voir ce que saint Paul ipoulait dire dans l'épitre 
aux Romains. Un seul mot m'arrêtait : JustitidJDei 
m^latur in illo. Je haïssais ce mot ^ justiti^ Dei^ 
paro^ que^. selon l'usée des docteurs, j'ayais ap^ 
pris à l'entendre de la justice active , paj laquelle 



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]»: LUTHER. 11 

Dijeu est j uste^ et punit les injustes et leà péeheursi 
Moi qui menais la vie. d'un moine irrépréhensible^ 
et (]^ poiirlaat aeuiais en moi la* conscience in* 
quiète du pécheur ^ sans parvenir à me rassurer • 
s»r la ^atisi^ttion que je pouvais faire à Dieu y je 
n'4imfiis point > Don ^ il faut le dire , je haïssais ot 
Dieu juste , vengeur du péché. Je m'indignarâ 
contre lui. Cétait.ea QAoèmi grand murmure^ ai 
ce n'>était blasphème. Je disiais r^vtiN'est^ce donc 
pas assez que les malheureux pécheurs , d^ per* 
dusétemellejpejftparle péché origijiel, aient été 
accablé$ de tant de qalumités; pcir la Toi du déca- 
logjuiei il fautencpreiq^eiDietiajobteJà dduleur 
à la dQQl^j^,^ari$iOift Syapgile,:et ^ue dansl^fao^ 
gile m4lî^P iA.PQU9 ri3^e**ç^ dq^a justice. M djesb 
cçlère?.,^, \} |p jao'eojpQr^ai^. ftmsi ^s Jltf^aoïfblfe 
deiaaacoi)S(ÇieM0^îeVj.ç r^enai$,tQ3ii|j0umcfinq:q[ler 
au mew^ .eQ^roitir^^satiW J^m\ , beulwfe ^çé^ 
qétrey cejqu'a,FP»îwt dî^'ft ^ ^ >. lo, :..' ;: . »/ 
» Ctmiîne jisfnédimis w^tî^t j<)\yr sitr.œftpiUrolw 
(,2^ juMmid^ i)im m.mfH^ en lui ^ eonmmii^est 
4çrUiUiusi&y[tdii lâi/bi>^|DigujQ^t.enfiii pitié 

cqWe doDf. vit Je jt^lQs^. p^J^}^nliil;de£)}QUiy 
c^jpst^li'pdyii^ la Foi.i et que le passage sighijfiait \ 
l'Évangile, jqvète la^ justice de» I>ieu ^ jusjtice pasf? 
sive, pair laqii)elle le Plem mi^ér^piedietp^ ooii$ 
jiistifie . |)ar 1r tok* Alpts je wiç mtkMi çovmï^ 

i 

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1S MEMOIRES 

rené, et il me sembla que j'entrais y. à portes 
ouvertes, dans le paradis*;. Je lus plus tard le 
livre de saint Augustin, De tit lettt^ et de V esprit i 
et je trouvai , contre mon attente , qu'il entenfl 
aussi par justice de Dieu , celle de laquelle Dieu 
nous revêt en nous justifiante Je niVn r^uis , 
quoique la chose soit dite encore imparfaite^ 
ment dans ce livre ^ et que ce Père liê «^explique 
pas complètement ni avec ciarté sur la doctrine 
de l'imputation... » 

' » " " . 
H ne manquait à Luther pour se confirmer 

dans la doctrine de la gràce^^^ €(ue de visiter l)é 

peuple dtez lequel là grâce ftvail défeiffi. C'est 

de ritalie que nous parlons. Oh 'hèus'dispense 

dte-peiiith« cette Ita!ié-de^ Borg^a. fly avait céf-^ 

tainemefit à cette époque qudque chose qui s*èst 

vtf rareiUent ou jaiôais dâns^'histoirer t une- pén- 

versité raisonnée et scienlifiquiê , tme màjgiiifiquç 

ostentation de scélératesse, disons tout d'un mot : 

le prêtre athée, se crbyaift ^ du inëûde. Cda 

étai^ da temps .iGe qui était du 'pays , ce^qùi ne 

peut changer-,- i?fest wt itoiaiîdhlé' |iagànisme 

qui à toujours subsisté çnltaUe. Là^, quoi»qu'ôïl 

fasse y la na^re est païerii^e. Telle natefe, tel 

art., G'ëst une gïorieu^ domedie , drapée par 

Ràphà(ël , dtôritëe^^^ TArioste!. C^ qu'il y â dé , 

grave , d'éï*^, de divin daiA l'art italien ^ les 



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DE LUTHER. 13 

booim^s du Nord le sentaient y^. Ils n'y re- 
cennaîssaienrque jsensudlité^ que tentations char- 
nelles. Leur meilleure défense ^ c'était de fermer 
les yeux^ de pas<er yite^ de maudire en passant. 

Le côté austère de l'Italie , la politique et la 
jurisprudence^ ne les choquaient pas moins. Les 
niYtiotis ^rraaniqo^ ont toujours instinctivemen t 
repoussé, maudit le droit romain. Tacite raconte 
qu'à la défaite de Varus , les Germains se Ten* 
gèrent des formes juridiques auxquelles il avait 
essayé de les soumettre^ L'un de ces barbares 
clouant à un arbre la tête d'un légiste romain , lui 
perça la langue, et il lui disait : Siffle, vipère^ siffle 
maintenant. Cette haine des légistes , perpétuée 
dans tout le moyen-âge^ ^ été, comme on verra, 
vivement exprimée par Luther j et il en devait 
être ainsi. Le légiste et le théologien sont les 
deux pôles ; l'un croit à la liberté , l'autre à la 
grâce; l'un à l'homme, l'autre à Dieu. La pre- 
mière croyance fut toujours celle de l'ItaUe. Son 
réformateiu* j Savonarole , qui parut peu i avant 
Luther , ne proposait rien autre qu'un change- 
ment dans les œuvres , dans les mœurs , et non 
dans la Ibi. 

Voilà Luther en Itidie. C'est un moment de 
joie, d'immense espoir^ que celui où. l'on des- 
cend les Alpes pour entrer dans cette glorieuse 
contrée. Il espérait certainement raffermir sa foi 



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U MËMOIRI^ 

^ 

dans la Tille sjpiinte^ laisser ses doutes aux tom- 
beaux des saint5*«pôtre*. Xa vieille Ron^ aussi , 
la Rome classique l'attirait, ce sanctuaire des let* 
très , qu'il avait cultivées avec tant d'ardeur dans 
sa pauvre ville de Wittemberg* 

D'abord il est reçu à Milaii dans un couvent 
de marbre. Il continue de criuvent en couvent , 
c'est-à-dire de palÀis en palais. Partout grande 
chère, tables somptueuses. Le candide Allemand 
s'étonnait un peu de ces magnificenices de l'hu- 
milité y de ces splendeurs royales de la péni^ 
tence. Il se hasarda une fois à dire aux moii>es 
italiens qu'ils feraient mieux de ne pas manger de 
viande le vendredi. Cette parole fdlllit lui coûter 
la viej il n'échapjm qu'avec peine à leurs «n* 
bûches. 

Il continiie , friste , désabusé , à pied dans les 
plaines brûlantes de la Lombardie. Il arrive ma- 
lade à Padoue; il persiste, il entre mourant à 
Bologne. La pauvre tête du voyageur avait été 
trop rudement frappée du soleil d'Italie, et de 
tant d'étranges choses , et de telles mœurs, et de 
telles paroles. Il resta alité à Bologne > dans la 
ville du droit romain et des légistes , osoyant sa 
tBort prochaine. Il répétait tout bas, pour se 
raffermir^ les paroles du prophète et de l'apôtrè : 
Le juste vit de la foi. 

Il exprime naïvement dans une conversation 



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DE LUTHER. 15 

combien ritalie faisait peur aux bons Alle- 
mands. « Il suffît aux Italiens que vous regar- 
diez dans un miroir pour qu'ils puissent vous 
tuer. Ils peuvent vous ôter tous les sens par de 
secrets poisons. En Italie^ Pair est pestilentiel. 
La nuit on ferme exactement les fenêtres , et 
Ton bouche les fentes. » Luther assure qu'il fut 
malade ^ ainsi que le frère qui l'accompagnait , 
pour avoir dormi les croisées ouvertes , mais ils 
mangèrent deux grenades par lesquelles Dieu leur 
sauva la vie. ^' 

Il continua son voyage, traversa seulement 
Florence , et entra enfin dans Rome. H descendit 
àù couvent de son ordre près la porte du Peuple. 
« Lorsque j'arrivai, je tombai à genoux, levai 
les mains au ciel , et je m'écriai : Salut , sainte 
Rome , sanctifiée par les saints martyrs , et par 
leur sang qui y a été versé !...» Dans sa ferveur^ 
dit-il, il courut les saints lieux, vit tout, crut 
tout. Il s'aperçut bientôt qu'il croyait seul. Le 
christianisme semblait oublié dans cette capitale 
du monde chrétien. Le pape n'était plus le 
scandaleux Alexandre VI ; c'était le belliqueux 
et colérique Jules II. Ce père des fidèles ne res- 
{»rait que sang et ruitie. On sait que son grand 
artiste Mipliel-Ange , le représenta foudroyant 
Bologne de sa bénédiction. Le pape venait de lui 
commander pour lui-même un tombeau grand 



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16 ' MEMOIRES 

comme un temple 3 c'est le monument dont il 
nous reste le Moïse , entre autres statues. 

L'unique pensée du pape et de Rome , c'était 
alors la guerre contre les Français. Luther eût 
été bien reçu à parler de la grâce et de l'impuis- 
sance des œuvres, à ce singulier prêtre qui as- 
siégeait les villes en personne, qui réceiiiment 
encore n'avait voulu entrer à la Mirandole que 
par la brèche. Ses car4inaux, apprentis o£Gciers , 
étaient des politiques , des diplomates , ou bien 
des gens de lettres, des savans parvenus, qui ne 
lisaient que Cicéron , qui auraient craint de 
compromettre leur latinité en ouvrant la Bible. 
S'ils nommaient le pape , c'était legrcutd pontife ; 
un saint canonisé était dans leur langage relatas 
inter DiiH>s, et s'ils parlaient encore de la grâce , 
ils disaient : Deorum immfirtalium beneficiis. 

Si notre Allemand se réfugiait aux églises, il 
n'avait pas même la consolation d'une bonne 
messe. Le prêtre romain expédiait le divin sacri- 
fice de telle vitesse, que Luther était encore à 
l'évangile quand l'officiant lui disait : Ite, missa 
est. Ces prêtres italiens faisaient souvent parade 
d'une scandaleuse audace d'esprit fort. Il leur 
arrivait en consacrant l'hostie de dire : panis es, 
et panis manebis. Il ne restai| plus qu'à fuir en 
se voilant la tête. Luther quitta Rome au bout 
de quatorze jours. 



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DE LUTHER. n 

Ij emportait eo Allemagne la condamnation de 
lltalie;^ celle de TÉglise. Dans ce rjapide et triste 
voyage , le Saxon en avait vu assez pour condam- 
ner^ trop peu pour comprendre. Certes , pour un 
esprit préoccupé du côté moral du christianisme, 
il eût fallu un singulier effort de philosophie , un 
sens historique bien précoce pour retrouver la re- 
ligion dans ce monde d'art, de droit, de polir- 
tique , qui constituait l'Italie. 

i< Je ne voudrais pas , dit-il quelque part, je 
ne voudrais pas pour cent mille florins ne pais 
avoir vu Rome (et il répète ces mots trois fois). 
Je serais resté dans l'inquiétude de faire peut- 
être injustice au pape. » 



•* . 



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^ MiHOmES 



CHAPITRE II. 

i5ir-i5ii. 

IiHthti;attaque les indulgences. Il brAle la bulle du pape. — 
Érasme y Hutt^ , Franz de Sickûigen. — LuAer compacaît 
à la diète de Wonns. — Son enlèvement. 



La papauté était loin de soupçonner son dan- 
ger. Depuis le treizième siècle on disputait^ on 
aboyait contre elle. Le monde lui paraissait défi- 
nitivement endormi au bruit uniforme des criaille- 
ries de l'École. Il semblait qu'il n'y eût pli;is grand' 
.^bose de nouveau à dire. Tout le monde avait 
parlé à perdre haleine, Wicleff, Jean Hus^, Jérôme 
de Prague, persécutés y. condamnés, brûlés^ n'^n 
avaient pas moins eu le temps de dire tout ce qu'ils 



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DE I4UTHMI. 19 

avaient ^si pensée. Les docteurs de la très catholi- 
que université de Paris, les Pierre d -AiHy, les Clé^ 
mengis ^ le doux Gerson lui-même^ avaient res* 
pectueusement souffleté la papauté. Elle dmrait 
pourtant, elle vivotait, patiente et tenace. lie 
quinzième siècle s'écoula ainsi. Les conciles de 
Constw^cç et de Baie eurent moins d^effet que de 
bruit. Les .papes les laissèrent dire, firent révo- 
quer les Pragmatiques, rétablirent tout douce- 
ment l&^T domination en Europe et fondèrent 
une grande souveraineté en Italie. 

Jules n conquit pour l'Eglise; Léon X pour sa 
famille. Ce jeune pape, mondain , ho^ime de 
lettres, homme de plaisir et d'affaires, comme 
les autres Médicis, avait les passions de son 
âge, et celles des vieux papes, et celles de son 
temps. U voulait faire rois les Médicis. Lui-même 
jouait J^ rôlp du premier roi de la chrétienté. 
Indépendamment de cette coûteuse diplomatie 
qui s'étendait à tous les états de l'Europe, il 
entretenait ^e lointaines relations scientifiques. 
Il s'informait du Nord même, et faisait recueillir 
jusqu'aux monumens de l'histoire scandihave. 
A flomei U bâtissait Saint-Pietre, dont Jules II 
lui ^vait légué la construction. L'héroïque Ju- 
les II n'avait pas calculé ses ressourcés. Quand 
Michel-^Ange af^rtait.un tej plan, qui pouvait 
marchaiider ? llavaitdit, çptnmèon sait, duPan- 



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20 MÉMOIRES 

théan : Je mettrai ce temple à Irois cents pieds 
darjs les airs. Le pauvre état romain n'était pas 
de force à lutter contre le génie magnifique de 
ces artistes^ dont Fancien Empire, maître du 
monde , aurait à peine été capable de réaliser les 
conceptions. 

Léon X avait commencé son pontificat par 
vendre à François r*" ce qui n'était pas à lui, 
les droits de l'église de France. Plus tard, il avait 
faitpour finance trente cardinaux en une fois. C'é- 
taient là de petites ressources. Il n'avait pas, lui, 
les minés du Mexique. Ses mines , c'étaient la 
vieille foi des peuples, leur crédule débonnai- 
reté. Il en avait donné l'exploitation en Allemagne 
aux Domîtiicains. . Ils avaient succédé aux Au- 
gustins dans la vente des indulgences. Le domi-^ 
nicain Tetzel , effronté saltimbanque , allait à 
grand bruit, grand appareil, grande dépense, 
débitant cette denrée dans les églises, dans les 
places , dan$ les cabarets. Il rendait le moins 
qu'il pouvait, et empochait l'argent ; le légat du 
pape l'en convairiquit plus tard. La foi des ache- 
teurs diminuant » il fallait bien enfler le mé- 
rite du spécifique; il y avait long-temps qu'on 
en vendait; le commerce baissait. L'intrépide 
Tetzel avait poussé la rhétorique aux dernières 
limites de l'amplification. Entassant hardiment 
les pieué$es ménteries, il énumérait tous les liiaux 



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DE LUTHER «1 

doi^t gui^us^^U cette panacée. Il ne se contentait 
pas de^ péchés connus^ il inventait des «rioies^ 
imjiginait des infamies^ ^tcanges^ inouies, saitr 
Celles personne, ne songea jamais j et quand il 
voyait Tauditoke frappé d'horreur, il ajoutait 
froidemwit : « Eh bien , tout cela est expié , dès 
qiie^ rajcgént. sonne dans la caisse, du pape ! ^> 

Luther as&iire qu'alors il ne savait pas tmp ce 
que c'était que les indulgences. Lorsqu'il en vit 
le prospectus fièrement décoré du nom et <ie la 
protectioBi de Tarchevêque de Mayence, que le 
pape avait chargé de surveiller ia vente des in- 
dulgences en Allemagne , il fvit saisi d'indîgnatiop . 
Jamais un, problème de pure spéculation ne l'eût 
nuis en contradiction avec ses si^rieurs ecclé- 
siastiques. Maia ceci était une question de bon 
sens, de moralité. Docteur en théologie, profes- 
seur influent ^ l'université de Wittembei^ que 
l'Électeur venait de fonder, vicaire provincial des 
Augustins , et <;hargé de remplacer le vicaire gé- 
néral dans les visites pastorale» de la Misnie et de 
la Thufinge, il se Croyait sans doute plus res- 
ponsable qu'un autre du dépôt de la foi saxonne. 
$a conscience fut fr^>pée , il risquait beaucoup 
en parlant; s'il se taisait, il se croyait damné: 

U commença dans la forme légale, '^'adressa k 
5on évêqùe, celui de Brandebourg, pour le prier 
défaire taire Tetzel. L'évéque r^ondit q/ae c'é- 



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fi MÉMOIRES 

uH Attaquer la puissance de l'Église^ qu'il allait 
se filtre à>teii des affaires^ qu'il valait mieux se 
tenir tranquille. Alors Luther s'adressa au |iri^ 
mat , archoT]pqde de Mayettce et dé Magdeboûr|. 
Ce prélat était un prince de la maison de Brandi 
bourgt ennemie de l'électeur de Saïe ; Luther lui 
envoyait des propositions qu'il ofiK*ait de soutenir 
ûonl3i8 la doctrine des indulgences. Nous abré- 
•geotts sa lettre , extrêmement longue dans rori^- 
ginal (3i octobre tSi'j ) : 

« Père vénérable en Dieu^ pHnce très illustre, 
veuille votre grâce jeter un œil favorable sur moi 
qui ne suis que tarre et cendre , et recevoir fa- 
vorablement ma demande avec la douceur épis-^ 
copale. On porte par tout le pays , au ntnn de 
votre grâce et seigneurie , ^niidulgence papale 
pour la construction de la cathédrale «de Sainte 
Pierre de Rome. Je ne blâme pas tant les gra- 
des dameu» des prédicateurs de l'indulgence, 
lesquels je n'ai point entendus; que le faux s^s 
adopté par le pauvre, simple et grossier peuple, 
qui pi^ie partout hautement les imaginations 
qu'il à conçues à ce sujet. Cela me fait mal et me 
rend malade.... Ils croient que les âmes seront 
tirées du purg^oire, dè& qu'ils auront iiiis^ l'ar- 
gent <}aos les coffres. Us croient que l'indulgence 
est assez puissante pour sauver le plus graûd pé^ 
cheur, cehii (tel est leur blasphème) qui aurait 



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DEUJTRINl. iS 

violé la saiot€ mère de notre Sauvetir !... Grand 
Dîea ! les fmavm kmesBepontéénc soqd \t Bceévt 
de votre mul«rilé, enseignées pour k mort et 
noap(>uFla rie ! Tous en rendrez un contpte 
terrîÛe, 4ont la gvatité va toajouts crcdèsAnt... 

Ok Qu'il TOUS plaise j noble et téhélrlrble pète , 
de lire et de considérer les propositions suivan- 
tc6^ cru Von RKHitre la tacite des indulgetioes que 
ks prédicateurs proolaiftent eèei^e diosé font^ 
k*StÀt certaine. » 

^L'archevêque ne répondit pas. Luther^ qui ^tM 
doutait 5 avait le méoie jmir^ 3i octobM ^^7 , 
veille de la Toussaint, à midi > aflB<^ ses ptopo*- 
Ntiods à FégUse du chàieau de Wiitember^ f qui 
subsiste encore. : 

a Les thèses ifi<]tiqaée^ d-HJessoas> ^eréùt sou- 
tenue» à Witte«id>erg> sotis la présidetieé dii rê-^ 
véread Martin Luther, etd. i5i7 : 

n Le pape ne veut ni ne pcM te^Mttré au^ 
cune pein^> si <5e i^'est œlles qu'il À iôiposées dé 
s^n chef ou d'après les canons. 

*^ liés cations péntieiiliatix sont ptmt tes Ti- 
viHas; ils ne pettveiit i^^tffdt d'au^iîAe péim 
Fam^ des morts. ^ ' 

^^ Le changeaient de la peiné <^ft6Aic(ne ^ 
pdne du purgatoire, est une îvrâié, une riia- 
iie i é^enmietit les évéques dormàieiit quand 
6n a semé cette mnutaise het4)e. 



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U .MÉMŒRËS 

rr- he pouvoir de soulager les âmes du pur* 
i;atoira que le fmpe peut exercer par toute la 
chr^tieoté y chaque évêque , chaque curé le 
pos^^e 4ans son diocèse ^^ dans sa paroisse.... 
Qui sait si toutes les âmes en purgatoire voui 
dr^ient être rachetées? on Fa dit de saint Sé^ 
vérin, 

. -^ Il f^t.eoseigner aux chrétiens qu'à moins 
d'avpir le superflu , ib doivent ^^rder pour leur 
famille le nécessaire, et ne rien dépenser pour 
I^urs péchéâ». '' ' ^ 

-1— Il faut enseigner aui chrétiens que le. pape, 
quand U donne de$ pardons, a moins besoin 
d'argent que de bonne prière pour lui ^ et qCte 
c'est là ce qu'il demande. 

— U £s^ut enseigner aux dbrétiens que si le pape 
connaissait Ji^s exactions des pi^cheurs de par- 
dons, il aimerait mieux «que la basilique de Saint- 
Pierre tombât en cendres, plutôt que de la cons- 
ti^ire avec la chair, la peau et les os de ses 
brebis. ^^ -; 

— Le pape doit vouloir que si les pardons , 
c];^Q§e petite, sont célébrés avec une cloche, uûe 
cérémonie , une solennité , l'Évangile , cjïose .^ 
grande,, soit prêché avec cent; cloches, cei^t céré- 
monies, cent. solennités. 

f . r-T-Le vrai trésor d^ l'Église, c'est le sacro-saini 
Évaogile de la gloire et de la grâce de Dieu. 



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DE LliTHER- «5 

— On a sujet <k haïr ce trésor de l'Évangile , 
par qui les premiers deviennent les dérnien» ; 

— On a. sujet. d'aimer le trésor des indul- 
gences ^ pfir qui les derniers, deviennent lespre-, 
miera. 

— Les trésors de TÉvangile sont les filets avec 
lesquels on pédiait les hommes de richesses; 

— Les trésors des indulgences sont les filets 
avec lesqu^ o^ pécRe les ridbesses des hommes. 

T— Dire que la croix y mise dans les armes du 
pape^ équivaut à la croix du Christ ^ c'est un 
blasphème. • 

— Pourquoi le pape^ dans sa très sainte cha- 
rité, ne vide-t-il paslé purgatoire où tant d*âmes 
sont en peine ? Ce serait là exercer plus dignement 
son pouvoir, que de délivrer 'des âmes à prix 
d'argent (cet argent •porte malheur); et pour-» 
quoi, encore? pour élever une église? 

^»- Quelle est cette étrange compassion de Dieu 
et du pape> qui, pour de l'argent, changent ï'âme 
dHin impie, d'un ennemi dé Dieu , en une àme 
pieuse, et agréable au Seigneur? 

.^^ Le pape, dont les trésors suirpasseht au- 
jourd'hui les plus énormes trésors, ne peut-il 
donc, avec. son argent plutôt qu'avec celui des 
pauvres iid^es, âever unie seule église, la basi- 
lique de Saint-Pievre ? ^ 

rr- (Jue remet, que donnç le pape à ceux qui , 



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t6 MÉMOIRES 

par la contrition patSlita y oui droit à la rémis- 
sion plénière? 

-^ Loin de nous tous ces prophètes^ qui disent 
an peuple de Christ : La paix ^ la paix; et ne 
donnent point la paix. 

— Iiôin^ bien loin^ tous ées prophètes qui 
disent au peuple de. Christ : La croix, la cmiùù} 
et ne montrent point là oroix. 

— U ÎBBat exhorter les chrétiens k suivre Christ^ 
leur chef, à ti*avers les peines^ les supplices et 
l'enfer même; de sorte qu'ils soient assurés que 
c'est par les tribulations qu'on entre dans le <Âel^ 
et non par la sécurité et la p«x , etc. » 

Ce^ propositions > négadvee et polMmiqueèi 
trouyaiient leur compléiûent dans les thèses dog*^ 
matiques que Luther publia pitoqûe en méfioe 
temps : 

« L'homme ûe peut pas naturellement vouloir 
que Dieu soit Dieu; Il aimerait mieun êtréIMeu 
lui-même^ et que Dieu ne fut pas Dieu. 

— Il est faux que l'a|>pétît soit libfe d'aller daM 
les deux sens ; il tl'est pas libre^ mais captifs 

— U n'y a en la nature^ par devant Dien^ rien 
<|ué concvqpiscence. ^ui 

— U est faux que oMteeencupiseenoe pûié^e 
être réglée par là vertu de Fespéraocè. Car 1'^^ 
përance est contraire à la dkarité (|ui ^êi^hé et 
désire seulement ce qiu eét de Dieu . L'ei^lërance 



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0B LUTHER tr 

ne ti^bni pas de nos mé^tes^ mais de hm pasiioni» 
qui effacent nos itt^tes. 

^^ Ltt m^lle^re^ FififeilUble r^réparatkm et 
runiqu^ dilpoâittott à reeetoir la gràêt , c-«st le 
<^ix et là prédestitiatioA arrêtés |Mr Dieu de 
toute étefiîîlé* 

-^ Du tèté de llioiiiiiie y rien ne prétède la 
gtèite, quelanoû^i^^ition àla gràcè^ oaipltitôl 
la rébellion. 

— n est &ut qu'dn {misse trouver Mctiufe dans 
MUe ignoranee iti;ititicible. L'ignorance de Dieu ^ 
dé soi, des b#iinW œuvres, c'est l^^ nature in* 
Tincible de rhomme^ etc. » 

La publication de ces th^es ^t le sermon tû 
langue vulgaire que Luther prononça a Tappuji» 
furent comme un coup de tonnerre dans FAlle* 
iAli|[be. CetteîinûM^âtion delà liberté à la grâee> 
dél'hoiiiine à Dieuji^fte^ni à l'infini; fut re^ 
DMinUe par le peuple altemand , comaie la vmie 
i41igién nationale, la foi que Gottsohalk aîvait 
p^fessée éèê le temps de Charletnagne ^ an ber- 
De&u TÈtêfiùé dhl <Àiristiâni$me allemand^ là foi dé 
Tauleri, et de tous les mystiques des P«^-Bais. 
Le peuple se fe^ av^ la plus 4^re avidité «ur 
celte pJÂurè religieuse dont on l'avait sevré dé^ 
puli ii ^tot^ième siècle. Les proposidons âi*- 
rent impriméeè à je ne sais combien èé mille ^ 
fléVoré*s; répandues^ colporlëes. Luther fot lui*» 



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1» JilÉMOIRES 

même niarmé de son succès, a Je suis fôché> 
dit-il, de les voir tant impriRaées^ tfi^nt répan- 
dues; ce n'est pa^ là une. bonne manière d'ins- 
truire le peuple. Il me reste môi-méiiie quetque)^ 
doutes. J-aurais mieux pl^ouvé certaines choses, 
j'en aurais omis d'autres , si j'avais prévu cela. » 

n semblait aloi^s fort déposé à bisser tput, et 
à se^aoumetlfe. « Je veux oliéir^^)4jsait-il; j'ai- 
merais mieux obéir que faire des miracles, qu;^l4 
métne j'aurais le don dies miracles. » - t 

. Tetzel ébranla ces résoliitiofl^ paciigques , en 
brûlant le» propositions de Lutlie#. Les'étudians 
de Wittembèrg usèrent de i-epréaailles pour cel- 
te& de Tetzel, et Luther en exprime quelque re - 
gtet. Mais lui-même fit paraître et^$ liésolutiom, 
à l'appui des premières propositions, (c Vous ver^ 
rez^ écrit-il à un Isinii, mes R^solvtioaeis e^ res/Kn^ 
sionffs. Peut-être en certains passage^ les troii-^ 
vcrez-vous.plus libres ii[u'u ne faudrait; à..g^ 
forte raison, doivent-elles paraître iritolérabl*^ 
aux flatteurs de Home. Elles étaient déjà pvj 
bliée$ ; autrement, j'y aurais mis quelque adour 
cissement. » . i 

Le bruit de cette controverse «e répandit ihors 
jà6 l'Italie et parvint à Rome. On prétend <}i;ie 
Léon X crut qu'il ne s'agissait que de jalousie 
4e métier entre les Âugustins et Içs Dominicain^ , 
et qu'il aw*ait dit : « Rivalités de ppines ! Fj)i 



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DE LUTïffiR. 29 

lAither est UQ^Il|fau génie j » De son coté, Lu- 
ther prolestait de soarespeèt pour le pape mên^e. 
H écrivît en même temps deux lettres^ Tune à 
Léoii X^. par laquelle il s'abandonnait à lui sans 
réserve, et se soumettait à sa décision. <t Très 
saint Père, disait-il en finissant, je m'offre et 
me jette à vos pieds, moi et* tocM; ce qui est en 
moi. Donnez la vie ou la mort; appelez, rappelez, 
approuvez, désapprouvez, je reconnais votre voix 
pour la voix du Christ qui règne et parle en vous. 
Si j'ai mérité la mort , je ne refuserai point de 
mourir ; car la terre et la plénitude de la terre 
sont au Seigneur qui est béni dans les siècles : 
puisse-t-il vous sauver éternellement! Amen. » 
(Jour de la Trinité , 1 5i 8. ) 

L'autfe lettre était adressée au vicaire général 
Staupitz, qu'il priait de l'envoyer au pape. Dans 
celle-ci , Luther indiquait que sa doctripe n'était 
autre que cejîe qu'il avait reçue de Staupitz lui- 
même. « Je me souviens, mon révérend Père, que 
parmi vos doux et salutaires discours, d'où mon 
Seigneur Jésus fait découler pour moi de si mer- 
veilleuses consolations , il y eut ayssi mention du 
sujet de la pénitence : et qu'alors émus de pitié pour 
tafit de consciences , que l'on torture par d'in-. 
nombrables et insupportables prescriptions sur 
la manière de se confesser^ nous reçûmes dé vous, 
comme une voix du ciel, cette parole : Quil n'y. 



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30 wèmmm 

a de vraie pàSftmçe ^nt celU ^^^t/w^fmnce pai* 
Vamamr de la justice et de Z|(m ; etwifue ce <)u'i|s 
donnent pour ki fio de la pémtentfs en doit être 
plutôt le principe. — Cette parole de voué re«ta 
en moi comme la âèche aiguë du chasseur. J'osai 
en^^ager la lutte avec les écritures qui ensei- 
gnent la pénitence ; joùt» pleine de charme , où 
les paroles saintes jaillissaient de toutes parts et 
voltigeaient autour de moi en saluant et applau-* 
dissant cette sentence. AutrefQis il n'y avait rien 
de plus amer pour moi dans toute récriture que 
ce mot de pénitence, bien que je^fisse mes ef- 
forts pour dissimuler devant fij^ , et expri- 
mer un amour de commande. Au^6ur4'hui rien 
comme ce mot , ne sonné délicieQs?ment à ipop 
oreille. Tant les préceptes de Dieu deviennent 
suaves et doux^ lorsqu'on apprend à les lire/ 
non dans les livres seulement > uiais dans les 
blessures mêmes du doux Sauveur ! n 

Ces deux lettres du 3o mai i5i8^ sont datées 
d'Heidelberg, où les Aûgus^ps tenaient alors un 
^ode provincial, et où Luther /^%&it rendu 
pour sout^iir ses doctrines et combettre à tout 
venant. Cette fameuse université à deux pas du 
Rhin y et par conséquent sur la route la plus ùnf^ 
cpentée de T Allemagne, était certainement, le 
théâtre le plus éclatant où l'on pût présenter la 
nouvelle doctrine. 



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m LUTHER. SI 

Rooae commençail à s'émouvoir. Le maître du 
sacré palais^ le vieux dominicain Sylvestre de 
Prierio, éi^rivit contre le moine augustin en Ca- 
veur de 1^ doctrine de saint Thomas y et s'attira 
une foudroyante réponse (fin d'août i5i8). Lu- 
ther reçut immédiatement l'ordre de comparaître 
à Rome dans soixante jours. L'empereur Maximi- 
lien av^t inptilem^nt demandé qu'on ne préei«» 
pitàt pas les choses y promettant de £aire tout ce 
que le pape ordonpei*ait au sujet de Luther. Mais 
à Rome on n'était pas sans quelque méfiance sur 
le 9èle de MaximiUen. Il arrivait de lui certains 
ipotn c{ui sonnaient mal aux pr^Ues du pape : « Ce 
que kit votre moine n'est pas à mépriser^ avait dit 
Fempereur à Pfielfinger y conseiller de l'électeur de 
Saxe ; le jeu va commencer avec les prêtres v'ï^re*- 
ûeiz soin de lui ^ il pc^rrait arriver que nous en 
eussîoQs besoin. » Plu^ d'une fois il s'était plaint 
amèraotient des prêtres et des clercs, a Ce pape^ 
disak-iU en parlant de Léon X^ s'est conduit 
avec moi cqmme un misérable. Je puis dire que 
je n^ai trouvé dansi aucun pape ni sincérité ni 
ininne foi ; mais j^esp^re bien, s'il plaît à Dieu , 
que celui-ci sera le dernier, h Ces paroles étaient 
menaçantes. L^o» se rappelait d'ailleurs que Maxi* 
q[iiliei|^ pour réconcilier définitivement l'Empire 
et le SAint^iége.^ avait songé à se faire pape lui-* 
même. Aussi Lé^ X se garda bien de lui re^ 



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3:2 MÉMOIRES 

mettre la décisian de cette querelle , qui prenait 
chaque jour une nouvelle importance. 

Luther n'avait d'espérance que dans la pro- 
tection de l'Electeur. Ce prince j soit par in- 
térêt pour sa nouvelle université, spit par goût 
pour la personne de Luther , l'avait toujours 
protégé spécialement. Il avait voulu faire les 
frais de son doctorat. En i5i7 , Luther le re- 
mercie dans une lettre de lui -avoir envoyé, à 
l'entrée de l'hiver,, du drap pour lui faire une 
robe. Il se doutait bien aussi que l'Électeur ne 
lui savait pas mauvais gré d'un édat qui ifai- 
sait tort à l'archevêque de Mayence et Mag- 
deboùrg, prince issu de la maison de Brande- 
bourg, et par conséquent ennemi de celle de 
Saxe. Enfin, et c'était un puissant motif de se 
rassurer , l'Électeur avait annoncé qu'il ne con-. 
naissait de règle de foi que les propres paroles 
de l'Écriture. Luther le lui rappelle dans le 
passage suivant ( 27 mars iSig) : « Le docteur 
J. Staupitz, mon véritable père en Christ^ m'a 
rapporté que causant un jour avec votre al-^ 
tèsse •^électorale, sur ces prédicateurs * qui , au 
lieu d'ann#ocer la pure parole de Dieu , ne prê- 
chent au peuple que de misérables arguties ou 
des traditions humaines, yous lui dîtes que la 
sainte Écriture parle avec une telle majesté et 
une si complète évidence^ qu'elle 4i'a pas besoin 



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DE L13THER [1518]. 55 

de tous ces instrumens de disputes , et qu'elle 
force de dire : « Jamais homme n'a ainsi paiié ; 
» là est le doigt de Dieu; Celui-ci n'enseigne 
Ti point comme les scribes et, les pharisiens , 
» mais comme ayant la toute-puissance, n Stau- 
pitz approuvant ces paroles/ vous lui dites : 
« Donnez-moi donc la main^ et prt>niettez-mbi , 
je vous prie, qu'à Tavenir vous' suivrez cette 
nouvelle doctrine. » La continuation naturelle de 
ce passage se trouve dans une vie manuscrite de 
rÉlecteur^ par Spalatin. « Avec quel plaisir fl 
écoutait les prédications, et lisait la parole de 
Dieu , surtout les évangélistes dont il atait sans 
cesse à la bouche de belles et consolantes sen- 
tences! Mais celle qu'il répétait sans cesse', c'était 
cette parole de Christ dans saint Jean t Sans 
moi vous ne poupez rien. Il se servait dé dette pa- 
role pour combattra la doctrine du libre ar- 
bitre, avant même qu'Érasme de Hotterdatn eut 
osé soutenir dans plusieurs écrits contre la pa- 
role de Dieu cette misérable liberté. 11 me disait 
souvent, comment pouvon^^nous avoir le libre 
arbitre , puisque Christ Tui-même a dit : Sans 
moi vous ne pouvez rien^ Sine me nihil pôtèsHs 
facere. » 

Toutefois on se tromperait si Ton croyait , d'a- 
près ceci, que Staupitz et son diaciple ne furent 
que Pinslrument de.lTîlecreil'f. ]j.a ïiéforme de 

I. 3 



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M MÉMOIRES 

I>u|h^r fut évidemment spontanée. Le prince ^ 
covnme xkQus le verrons ailleurs , s'effraya plutôt 
4ç l'audace de Luther. li aima , il embrassa la 
Réforme , il en profita ^ jamais il ne l'eût com- 
mencée. 

Jf^iHhçr;écrilt le i5 février i5i8 à son prudent 
ùtni^ $ps|latii^., r le chapelain , le secrétaire et le 
içqnfidcnt^^ l'acteur : « Voilà ces criailleurs 
>qyi YQïït disait 9 à moa grand chagrin, que tout 
ceci e^tr^HVVd^agç^e notre très illustre Prince ; à 
jbesten.prqir'e, c'est lui qui me pousserait pour 
If^r^xjépit.à FîMrchevêque de Màgdebourg et de 
M^emç., (ixaflwpez , je vous prie , s'il est à pro- 
pos, d'qçi ayçftifÇ Je Prince. Je suis vraiment dé- 
S0^q^^e ,Yoiï sojiJt ^te$se soupçonnée à cause de 
jififfl, D^ye^ipijiBe cause de discorde entre «fe si 
^ands princes^ily a^ de quoi trembler et frémir. » 
Il tient le i?riém;e langa^ à l'Él^teur lui-même 
.4an^:-s^.rel£i^o0 de la conférence d'ÂugshouKg 
(noven^bre), . * 

21 mats , k J. Latîge(depui$^ archevêque de 
Saljtzbourg) : m Notre Prince nous a pris sous 
saprote(îtion>!moietCarlôistadt^, et cela sans en 
avoir, étsé fttâév Jl «i6 souffrira pas qu'ils me traî- 
nent à Rome. Ils le savent, et c'est leur diagiii^.)) 
Ceci ferait croire qu'alors Luther avait re<çu de 
rÉ|?ot§pr des assumnces positive*. Cependant , 
le aiM^^;wà^'i5t8, dans une lettre plus confiden- 



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DE LUTHER {1518]. 55 

tielle^ à Spalatin y il dit : « Je ne vois pas encore 
commuent éviter les censures dont je suis itiénacé^ 
si le Prince ne vient à mon secours. Et pourt^nt^ 
j'aifnerais mieux toutes les censures du monde 
plutôt que de voir son alt^se blâmée à cause de 
moi,.. Void cç qui a paru le mieux à nos doctes 
etprudens amis^ c'est que je demande au Princje 
un s|iuf-<^6nduit (séUçumy ut wcant^ condùctumpet 
suuM dominium). li me le refusera, j'en suis sàr , 
et j'aurai , disent-ilè^ ime honne excusa jpourtie 
pas comparaître k Rome. Veuillez donc £aire en 
sorte d'obtenir de notre très illustre Prince un 
rescript portant qu'il me refuse le sauf-conduit, 
et m^abandonne , si je me met# en route, à mes 
risques et périls. En cela vôus^me rendrez un 
important service. Mais il faut que la chose se 
fasse promptement; le temps presse, le jour fixé 
appro^diie^ w . 

iiutiier eût pu s'épai^gixer cette lettre. Le 
prrnoe , sans l'en avertir, le protégeait actire* 
ment. Il avait obtenu que Luther semt examiné 
par un iégat en Allemagne, di^ns la ville libre 
#Aagsbourg ; et à ce moment il était de sa per^ 
sônùe à Augsbourg, où sans doute il s'^aleoéftît 
avçc les magistrats pour garantir 1^ sûreté dé 
Luther daos cette dangereuse eïjitreyue. C'est 
sans doute si cette jH'ovidence invisiMe de Luiftier 
qu^ôn doit attribuer les soins inquiets de ces 



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35 MÉMOIRES 

magistrats^ pour le préserver des embûches tjue 
pouvaient lui dresser les Italiens. Pour lui, il 
allait droit devant lui dans son courage et sa sim- 
plicité, sans bien savoir ce que le prince ferait 
ou ne ferait pas , en sa fsiv^ir ( 2 sept.). 

« Je l'ai dit, et, je le répète, je ne veux pas 
que dans cette affaire notre Prince, qui est inno- 
eent de tout cela , fasse la moindre chose poui* 
défendre mes propositions.. , Qu'il tienne la main 
à ce que je ne sois exposé à aucune violence, s'il 
peut le faire sans compromettre ses intérêts. S'il 
ne le peut , j'accepte mon péril tout entier. » 

Le légat, Caietano de Vio , était certçdnement 
un juge peu âu^spect. Il avait écrit lui-même 
qu'il était permis d'interpréter rÉoriture, sans 
suivre le torrent des Pères (^contra torreniem 
SS. Patrum). Ces hardiesses l'avaient rendu quel- 
que peu suspect d'hérésie. Homme du pape dans 
cette affaire que le pape le chargeait d'arranger , 
il prit la chose w politique , n'attaqua daas la 
doctrine de Luiher que ce qui ébranlait la do- 
mination politique et fiscale de la cour deRpipe. 
U s'en tint à la Question pratique 4u trésor des 
irtdulg^nces y sans remonter au princiipe spécu- 
latif de la gràçe. / . 

a Lorsque je fus cité à Augsbourg, j'y vins et 
comparus , mais avec une forte garde. et sous la 
garantie de l'électeur de Saxe, Frédéric, qui m'a- 



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DE LUTHER [1518]. 57 

vait adressé à ceux d'Augsbourg et m'avait re- 
commandé à eux. Us eurent grande attention à 
moi y et m'avertirent de ne point aller avec les 
It^liens^ de ne faire aucune société avec eux, de 
ne point me fier à eux , car je ne savais pas , di- 
saient-ils, .ce que c'était qu'un Welche. Pendant 
trois jours entiers, je fus à Augsbourg sans sauf- 
conduit de l'Empereur- Dans cet intervalle , un 
Italien venait souvent m'invite> à aller chez le car- 
dinal. Il insistait sans se décourager. Tu dois te 
rétracter^ disait- il ; tu n'as qu'un mot à dire : 
revoco. Le cardinal te recomn^andera au pape , 
et tu retourneras avec honneur auprès de ton 
prince. » 

Il lui citait entre autres exemples, celui du fa- 
meux Joachim de Flores , qui, s'étant soumis, 
n'avait pas été hérétique, quoiqu'il eût avancé 
des propositions hérétiques. 

« Au bout de trois jours , arriva l'évéque de 
Trente , qui montra au cardinal le sauf-conduit 
de l'Empereur. Alc^ j'allai le trouver en toute 
humilité. Je tombai d'abord à genoux, ^uis je 
m'abaissai jusqu'à terre et je restai à ses pieds. 
Je ne me relevai que quand il me l'eut ordonné 
trois fois. Cela lui plut fort, et il espéra que je 
prendrais une meilleure pensée. 

» Lorsque je revins le lendemain et que je r(i- 



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38 MÉMOIRES 

fusai absolument de rien rétracter y il me dit : 
Penses-tu que le pape s^erabarrasse beaucoup de 
r Allemagne? Crois-tu que les princes te défen- 
dront avec des armes et des gens de guerre ? Oh ! 
non ! Où veux-tu rester?... — Sous le ciel, ré- 
pondisr-je. • 

» Plus tard le pape baissa le ton et écrivît à 
TEglise, même à maître Spalatin, et à Pfeffîn- 
ger, afin qu'ils me fissent livrer à lui , et insis- 
tassent pour Fexécution de son décret. 

» Cependant mes petits livres et mes Résolu- 
tiones allèrent^ ou plutôt volèrent en peu de 
jours par toute l'Europe. Ainsi, l'électeur de Saxe 
fut confirmé et fortifié; il ne voulut poiiit exécu- 
ter les ordres du pape et se soumit à la connais- 
sance de l'Écriture. 

» Si le cardinal eût agi à mon égard avec plus 
de raison et de discrétion, s'il m'eut reçu lorsque 
je tombai à ses pieds , les choses n'en seraient 
jamais venues où elles sont, (itr, dans ce temps 
je ne voyais encore que bien peu les erreurs du 
pape ; s'il s'était tu , je mç serais tu aisément. 
C'était alors le style et l'usage de la cour de 
Rome, que le pape ditdahs les affaires obscures 
et einbrouillées t Nous rappelons la chose à nous, 
en vertu de notre puissance papale, annulons le 
tout et le mettons à néant. Alors il ne restait 
plus aux deux parties qu'à pleurer. Je tiens que 



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f 



DE LUTHER [1518]. 39 

le pape donaerait trois cardinaux pour que la 
chose fiât encore dans le sac. » 

Ajoutons quelques détails tirés d'une lettre 
qu'écrivit Luther à Spalatin (c'est-à-dire à l'É- 
lecteur), lorsqu'il était à Augsbourg, et pendant 
les conférences ( i4 octobre) : w VoUà qua- 
tre jours que le légat confère avec moi , disons 

mieux, contre moi. Il refuse de disputer en 

public ou même en particulier, répétant sans 
cesse : Rétracte-toi, reconnais ton erreur, que 
tu le croies ou non; }e pape le veut ainsi. . . Enfin 
on a obtenu de lui que je pourrais m'expliquer 
par écrit, et je l'ai fait en présence du seigneur de 
Feilitsch, représentant de TÉlecteur. Alors le 
légat n'a plus voulu de ce que j'avais écrit, il s'est 
remis a crier rétractation. Il est allé chercher je ne 
sais quel long discours dans les romans de saint 
Thomas , croyant alors m'avoir vaincu et réduit 
au silence. Dix fois je voulus parler, autant dé 
fois il m'arrêtait, il toanait, fl régnait tyraniir- 
quement dans la dispute. 

» Je me mis enfin à crier à mon tour : Si vous 
pouvez me montrer que votre décret de Ché- 
ment VI dit expressément que les mérites' du 
Christ sont le trésor des indulgences, je me ré- 
tracte. — Dieu sait alors comme ils ont tous éclaté 
de rire. Lui il a arraché le livre et Va feuilleté 



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ÀO MÉMOIRES 

hoi:s j^iis^eine Cfewens et cuihelansj jusqu'à Ten- 
drèit ôù-îî est écrit, que Christ par sa Passion 
a acquis leà trésors, etc. Je Farrêtais sur ce mot 
a acquis... — Après le dîner, il fît venir le révé- 
rant père Staupitz, et par ses caresses l'engagea 
de m^amener à une rétractation, ajoutant que je 
trouverais difficilement quelqu'un qui me vou- 
lut plus de bien que lui-même. » 

Les disputans suivaient une méthode diffé- 
rente ; la conciliation était impossible. Les amis 
de Luther craignaient un guet-à-pens de la part 
desitafieps. Il quitta Augsbourg en laissant un ap^ 
pel au pape mieux informé, et il adressa une lon- 
gue relation de la conférence à l'Electeur. Nous y 
apprenons que dans la discussion, il avait ap- 
puyé ses opinions relatives à l'autorité du pape, 
sur fe cpticile de Bàle, sur l'université de Paris et 
sur Gersoii. Il prie l'Electeur de ne point le livrer 
au pape : w Veuille votre très illustre Altesse faire 
ce qui est de son honneur, de sa cpnscience, et 
ne pas m'envoyer au pape. L'homme (il parle 
du légat ) n'a certainement pas dans ses in^ruç^ 
tions, une garantie pour ma sûreté à Rome. Par- 
ler en ce sens à votre très illustre Altesse, ce 
serait lui dire de livrer le sang chrétien^ de de- 
venir homicide. A Rome ! le pape lui-même n'y 
vit pas en sûreté. Us ont là-bas assez de papier 
§t 4'eftcre ; ils ont des notaires et des scribes 



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DE LUTHER [1518]. 41 

sap^ nombre. Ils peuvent aisément écrire en 
quoi j'ai erré. II en coûtera moins d'argent pour 
m'instruîre absent par écrit, que pour me perdre 
présent par trahison. » • 

Ces craintes étaient fondées. La cour de Rome 
allait s'adresser directement à l'électeur de Saxe, 
n lui fallait Luther à tout prix. Le légat s'était 
déjà plaint amèrement à Frédéric de l'audace de 
Luther, le suppliant de le tenvoyei* à Augsbourg 
ou de le chasser, s'il ne voulait souiller sa gloire 
et celle de ses ancêtres en protégeant ce mi- 
sérable moine. « J'ai appris hier de Nuremberg 
que Charles de Miltitz est en route , qu'il a trois 
brefs du pape (au dire d'un témoin oculaire et 
digne de foi), pour me prendre au corps et me 
livrer au pontife. Mais j'en ai appelé au futur 
concile. » Il était nécessaire qu'il se hàtàt de 
récuser le pape, car, comme le légat l'avait 
écrit à Frédéric, Luther était déjà cçudamné à 
Rome. Il fit cette nouvelle protestation en x)bser- 
vant toutes les formes juridiques , déclara qu'il se 
soumettrait volontiers au jugement du pape bien 
informé 3 mais que le pape pouvant faillir, comme 
saint Pierre lui-même a failli , il en^appelait au 
concile général, supérieur au pape, de tout ^ce 
que le pape décréterait contre loi. Cependant il 
craignait quelque violence subite; on pouvait 
l'enlever de Witteniberg. « L'on t'a trompé^ 



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ÀSt MEMOIRES 

écrit-il à Spalatin , je n'ai point fait mes adieux 
au peuple de Witterobefg ; il est vrai que j'ai parlé 
à peu près comme il suit ; Vous le savez tous, je 
suis un prédicateur variable et peu fixe. Combien 
de fois ne vous ai-je pas quittés sans vous saluer! 
Si la même chose arrivait encore et que je ne 
dusse point revenir , prenez que je vous ai fait 
mes adieux d'avance. » 

(2 décembre. ) « On me conseille de deman- 
der au prince qu'il m'enferme , comme prison- 
nier, dans quelque château, et qu'il écrive au 
légat quUl me tient en lieu sûr , oîi je serai forcé 
de répondre. » ^ 

« Il est hors de doute que le prince et l'uni- 
versité sont pour moi. L'on me rapporte une 
conversation tenue sur mon compte à la cour 
de l'évêque de Brandebourg. Quelqu'un dît : 
Érasme , Fabricius et autres doctes personna- 
ges le soutiennent. Le pape ne s'en soucierait 
guère, répondit l'évêque , si l'université deWit- 
temberg et l'Électeur n'étaient aussi de son 
côté. » Cependant Luther passa dans de vive^ 
craintes la fin de cette année i5i8. Il songeait à 
quitter l'Allemagne. « Pour n'attirer aucun dan- 
ger sur votre Altesse , voici que j'abandonne vos 
terres ; j'irai où me conduira la miséricorde de 
Dieu , me confiant à tout événement dans sa 
divine volonté. C'est pourquoi , je salue respec- 



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DE LUTHER [1518]. i5 

tudusemént votre Altesse j chez (|uelque peuple 
que j'aille, je conserverai une éternelle recoh- 
liaissânce de vos bienfaits. » ( 19' novembre. ) 
La Saxe pouvait en effet lui paraître alors une 
retraite peu sûre. Le p^qpe cherchait à gagner 
l'Électeur. Charles de Miltitz fut chargé de lui of- 
frir la rose d'or , haute distinction que la cour 
de Rome n^accordait guère qu'à des rois , comme 
récompense de leur piété filiale envers l'Église. 
C'était pour l'Électeur une épreuve difficile. Il 
fallait s'expliquer nettement, et peut-être at- 
tifer sur soi uâ^^rand péril. Cett^ hésitation 
de l'Électeur parait dans une lettre de Luther. 
« Le prince m'a tout -à -fait détourné de pu- 
blier les Actes de la conférence d'Augsboui^, 
puis il me l'a permis , et on les imprime... Dans 
son inquiétude pour moi , il aimerait mieux que 
je fusse partout ailleum' U m'a fait venir àLich- 
tenber^, Où j'ai conféré léing-temps avec Spalatin 
sur ce sujet. Si les censures viennent , ai-je dit , 
je ne resterai point. Il m'a pourtant dit de ne 
pas tant me hâter départir pour la France. » 

Ceci était écrit le i3 décembre. Le !^o, Lu- 
ther éjait rassuré. L'Électeur avait répondu, avec 
une froideur toute diplomatique, qu'il se re- 
connaissait pour fils très obéissant de la très 
sainte mère Église, qu'il professait un grand res- 
pect pour la sainteté pontificale^ mais demandait 



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U MÉMOIRES 

qu'on fît examiner l'affaire par des juges non 
suspects, (jetait un moyen de la faire tl'aîner en 
longueur; pendant ce temps il pouvait survenir 
tel incident ql^ diminuerait , qdi aJQurqer^t le 
danger. C'était tout de gagner du temps. En effet, 
au mois de janvier iSi^, l'Empereur mourut , 
l'interrègne commença, dt Frédéric se trouva, 
par le choix de Maximilien , vicaire dfe l'Empire 
dans la vacance. 

Le 3 mars iSig, liUther rassuré écrivit au 
pape uiïe lettre altière , sous forme respectueuse. 
« Je ne pui^ supporter^ très^saittt Père, le poifjb . 
de vôtre ccfetroux ; mais je né sai^^commentm'y : 
soustraire. Grâce aux résistances et aux attaques 
de mes ennemis , mes paroles se sont répandues 
plus que je n'espérais, et elles ont descendu 
trop profondément dans les cœurs pour que je 
puisse les rétracter. L'illlémagne fleurit de iio$ 
jours en érudition, en fa|)^n, en génie. Si je 
veux honorer Rome par-devant elle ^ je dois me 
garder dé rien révoquer- Ce serait Souiller ençort 
plus l'église romaine , la livrer aux accusations, 
au mépris des hommes. 

» Cetix-là ont fait injure et déshonneur à l'é^ 
glise romaine en Allemagne ^ <]m, abusant du 
nom de votre Sainteté , n'ont servi par leurs 
absurdes prédications qu'une infâme avarice , et 
qui ont souillé les choses saintes de l'abomina-^ 



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ÇEJLtnrâER rt519î, À5 

lion et âé^ipb^^obi* d'Égyjrtt;. Et comme si 
ce n'était asçez de tant de maox^ moi qui ai 
voulu combattre cçs monstres, c'est moi cju'ils 
accusent. 

» IVIaintenaiït, très saint Père, j'en atteste Dieu 
et les hommes , je n'ai jamais voulu , je ne veux 
pas davantage aujourd'hui toucher à l'église ro- 
maine ni à votre sainte autorité. Je reconnais 
pleinement que cette église est au-dessus de tout, 
qu'on ùe lui p^t rien préférer, de ce qui est au 
cîel et sur Jà terre, si cp n'est Jésus-Christ, 
nôtre .seignS|^» 

Luther a^ftlt dès-lors pris son parti. Déjà un 
mois oa deux auparavant il avait écrit : « Le pape 
n'a psb^ voulu soufi^r un juge, et moi je n'ai 
pas voulu 4u jugement du pape. Il sera donc le 
texte, et moi la j^ose. » Ailleurs il dit àSpala- 
tin (i3 mars) :.« Je suis en travail pour l'é- 
pître de saint Paul aux Galates. J'ai en p^sée 
un sermojg, sur la Passion ; outre mes ^^ns or* 
dinaires^(|^«iQu$eigne le soir les petits enfans, et 
je leuJr exj^lique l'oriaisontloininicale. Cependant, 
je retourne les décrétales pour ma nouvelle dis- 
pjute^ et j'y trouve. Christ tellement altéré et 
crucifié, que je ne sais trop (je vous le dis à l'o- 
reitle) si le pape n'est pas l'Antichrist lui-même, 
ou l'apôtre de l'Anticfariçt. à , 

Quels que lussent les progrès de Luther dans 



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46 M] 

la violence, le pa^ avait désormais p^u de chiance 
d'arracher à un prince puisant, à qui la plupart 
des électeui*s déféraient l'empire y son théologien 
favori. Miltitz changea de ton. Il déclara que le 
pape voudrait bien encore se contenter d!une ré- 
tractation. U vit familièrement Luther, Il le flatta^ 
il lui avoua qu'il avait enlevé le monde à soi ^ et 
l'avait soustrait, au pape. U assuirait que dans, sa 
route 9 il avait à peine trouvé sur cinq hommes, 
deux ou trois partisans de la papai^té. Il voulait 
lui persuader d'aller ^'expliquer de^^ant l'arche^ 
vêque de Trêves. Il ne justifiait jip's autrement 
qu'il fût autorisé à faire cette proposition ni par 
le pape^ ni par l'ardievéqtie. Le conseil était ^usf- 
pect. Luther savait qu'il avait été brûlé é^ efii^ 
à RBme [papyraçéuÉ Martinm ,m ^çampo Fhrm 
pubifcè eambusîus y execmtus , deiH^us ]. Il ré- 
pondit ^mreosent à Miltitz^ et l'avertit ^u'un 
de sefi! eiivoyés avait inspiré de tels soupçons à 
Witteml^^rg , qu'on avait failii te faire sattter 
dans l'Elbe. « Si , comme vous Je dil|^yQUsétes 
obligé pardon refus, de .venir 'Vo«s-ixiéipe, Dieu 
vous accorde un heureux voyagé. IVlofc, je suis 
fort occupé; je n'ai ni le temps^ ni rargent^né- 
«essBîrepour me pro0>ener ainsi. Adieu, homixie 
^«o^lentv *) £17 mai.] 

A l'arrivée de^Miltilz en Allemagne, LuAher 
avilit dit qu'il se tairait^ pourvu que ses adver- 



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DE LUTHER [<519]. AT 

$aire$ $e Uisseat aussi. 11$ 1^ dégagèrent de sa pa- 
role. Le (loctéur Eck le défia soIenneUemeM de 
venii* disputer avec lui à Leipzig. Les facultés da 
P^ris^ de Loovàin, de Cologne , condaiiinèrent 
ses |>it>posit^a»8. . 

Pour se rendre décetnaient^ Leipsi]^ ^ Luther 
fut obligé de d^niander unerofeie âupArcimofiîeux 
Éleclç^r, quî> depuis deilxi)» trois ans, avait o«i«- 
blié de l'hal^UeF. La lettre est curieuse : 

(» J^ prie v<:^re Gràce«fect«rale de youloîr bien 
m'acheter uDe chape blanchis et une chape . 
noire« La. blatiche 9 je la.detihtoide humblement. 
Poprla.iftQire, votiie altesse me la doit; car il j 
a deux ou trois ans qu'eUe mie l'a promise, et 
P£effinger dqli^.si difficilement les oordoi^s de sa 
boursç, q^e J'ai été obligé de m'en {>roèurer une 
moi-ipêi^e. 3:^ prie humblement votre Altesse, 
qui a pensé que le Psautier mérit|ât une chap^ 
noire 2 ^^ vouloir bien ne pas |uger le saint 
Paul tn4jgQe d'un^ pbape hlandbieu )> 

Luther étaiit alors si poffaplètement cassure > 
cpj^ noT^ con4;fi« d'aljer se défendre à Lcâpzig^ 
il prit l'oCEensive ^ Wittemberg/ « Il 9sa,'dit son 
biogrs^e .catholique , GacjMmis, il osa, avec 
l'autpriçattpn du piaînce qui le pnotégeait^ citer 
solen^ellei^ient 1^ inquisiteurs les plus habiljeB, 
ceux qïiai $e cià^kx^^ent capables d'avaler le fer et 
de Cendre le caîlilou , pour qu'ils vinssent dispor- 



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48 MEMBRES 

ter avec lui ; on leur offrait le sauf -« conduit daî 
prince, qui de plus se chargeait de les Kâîerçer 
et ^e les défrayer. » ^ ^ 

C^endànt, le principal adversaire de Luther, 
le docteur Eck, s'était rendu à Jlome pour sol- 
liciter sa. condsimnatioiï. Luther était jugé d'ar 
vancç. Il ne lui restait qu'a juger son juge, à 
condamner hii-mêmç l'autorité par- devant te 
peuple. C'est ce qu'il fit dans son terrible livre 
de la Captivité de Bàbylone. Il avançait que l'É- 
glise était captive, que Jésus-Christ, coiistam-^ 
ment ^profané dans l'idolâtrie de la messe^ mé- 
connu dans le dogme dé la transsubstantiation^ 
se trouvait prisonnier du pape. -, - 

U explique dans la préface, avec une âuda* 
cieuse franchise, comment il s'est trouvé poussé 
de proche en proche par ses advçîrsaire^ : « Quç 
je le veuille ou laop, je deviens chaque jour plus 
h^ile, poussé comme je suiç, et tenu en haleine 
par tant de maîtres à la foi^. J'ai écrit sur lés in- 
dulgences, il^y^a deux ans,, mais d'une façon qui 
me^jEût regretter viviefiïïent d'avoir -donné mes 
feuilles $xi^ public. J'étais encore prodigieuse- 
ment engoué à cette époque çfe la. puissance pa- 
pale;: je n'osai rejeter les indùlgejrices entière- 
ment. Je Tes voyais d'ailleurs approuvées par 
tant de personnes ; moi, j'éta|è^ulà rouler ce 
rocher^ feoc volvere saccumy M^ depuis, grâce 



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DE LUTHER [1580]. ^9 

à Silvestre et autres frères qui les défendirent 
vaillamment^ j'ai compris que ce n'était rien 
autre chose que des impostures inventées par 
les flatteurs de Rome , pour faire perdre la foi 
aux hommes et s'emparer de leur hourse. Plaise 
à Dieu que je puisse porter les libraires et tous 
ceux qui ont lu mes écrits sur les indulgences à 
les brûler sans en laisser trace , en mettant à la 
place de tout ce que j'ai dit, cette unique pro- 
position : Les indulgences sont des billei^esées in- 
ventées par les flagorneurs de Rome. 

» Après cela, Eck, Emser et leur bande vin- 
rent m'entreprendre sur la question de la supré- 
matie du pape. Je dois reconnaître, pour ne pas 
me montrer ingrat envers ces doctes personna- 
ges, que la peine qu'ils se sont donnée n'a pas 
été perdue pour mon avancement. Auparavant, 
je niais que la papauté fut de droit divin , mais 
j'accordais encore qu'elle était de droit humain. 
Après avoir entendu et lu les subtilités ultra- 
subtiles sur lesquelles ces pauvres gens fondent 
les droits de leur idole, j'ai fini par mieux com- 
prendre , et je me suis trouvé convaincu , que 
le règne du pape est celui de Babylone et de 
Nemrod , le fort chasseur. C'est pourquoi je prie 
instamment les libraires et les lecteurs (pour que 
rien ne manque aux succès de mes bons amis), 
de brûler également ce que j'ai écrit jusqu'ici sur 
I. 4 



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50 MÉMOIRES 

ce point , et de t^txi tenir à cette proposition : 
ht pape est le fort chasseur, le^Nemrod de Vépis^ 
copat romain. » 

En même temps, pour qu'on sût bien qu'il 
s'attaquait à la papauté plus qu'au pape, il 
écrivit dans les deux lanjgues une longue lettre à 
Léon X , où il s'excusait de lui en vouloir per- 
sonnellement. « Au milieu des monstres de ce 
siècle , contre lesquels je combats depuis trois 
ans, il faut bien qu'une fois pourtant, très ho- 
norable , Père , je me souvienne de toi. Ta re- 
nommée tant célébrée des gens de lettres, ta 
vie irréprochable te mettrait au-^dessus de toute 
attaque. Je ne suis pas si sot que de m'en 
prendre à toi , lorsqu'il n'est personne qui ne 
te loue. Je t'ai appelé un Daniel dans' Babylone^ 
j'aî protesté de ton innocence... Oui, cher Léon, 
tu me fais l'effet de Daniel dans la fosse , d'Ézé- 
chiel parmi les scorpions. Que pourrais-tu, seul 
contre ces monstres ? Ajoutons encore trois eu 
quatre cardinaux jsarvans et vertueux. Vous seriez 
empoisonnés infailliblement si vous osiez entre- 
prendre de remédier à tant de maux... C'en est 
feit de la cour de Rome. La colère de Dieu est 
venue pour elle à son terme j elle hait les ccmcîles, 
elle a horreur de toute réforme. Elle remplît l'é- 
loge de sa mère, dont il est dit : Nous wons 
soigné Bahylone; elle n'est pas guérie y laissons 



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DE LUTHER [i5^]. 51 

BéAylone. O infortuné Léon y qui sièges sur ce 
trône maudit ! Moi je te dis la vérité parce que 
je te veux du bien. Si saint Bernard avait pitié 
de son pape Eugène , quelles seront nos plaintes^ 
lorsque la corruptiron a augmenté trois cents ans 
de plîi»... Oui, tu rac remercierais de ton j^aTut 
étemel , si je venais à bout de briser ce cachot, 
cet enfer , où tu te trouves retenti. » 

Lorsque la bnlle de condamnation arriva en 
ABemagne, eHe trouva tout un peuple soulevé. 
A Erfi;nrth y les étt»fians Farrachèrent aux li- 
braire»^ la mirent eo pièces , €ft la jetèrent à Peau 
€n lûsant cette mauvaise pointe : « Bulle elle est , 
disaient-ils , comme buile d^eau elle doit nager. » 
Luther écrwit à Fiàstant : Contre la huile cjcc- 
crahle de rAntichrisi. Le lo décembre ïStiù', il 
la brûfe aux portes de la ville, et te même jour il 
écrivît à %>alatiay son mtertiaédiitfré ordinaire a^* 
près dé rÉIectenr. « AiifOtitdlhiur it) décembife 
de Fannée tSîao , la Hfeuvrème heure du jour , 
oiat été brèlés à Witt^nAerg , à fa plortte de l'Est, 
près ia sainte oroix, tous les Hvres du pape , le 
Déeret, les Dé»fétale$ y UExtravàg€UiU de Clé- 
mexit^VI, bf dernière bulle de Léon X, la 5om>nef 
<mffMiquey leChiysioprasns d'Ecket queliques au- 
tres ouvragés d'Eck' et d'Emser. Voilà des choses 
iK>wf6i)es ! t 1k dit, dans Tacite même qu'il fit 
dresser k ce stijet : « Si quelqu'un nie deitiande 



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5t MÉMOIRES 

pourquoi j'en agis ainsi y je lui répondrai (Jué 
c'est une vieille coutume de brûler les mauvais 
livres. Les apôtres en ont brûjé pour cinq mille 
deniers. » 

Selon la tradition y il aurait dit y en jetant 
dans les flammes le livre des Décrétales : a Tu as 
a£Qigé le saint du Seigneur^ que le feu étemel 
t'afflige toi-même et te consume. » 

C'étaient bienjà, en effet ^ des choses nou- 
velles , comme le disait Luther. Jusqu'alors la 
plupart des sectes et des hérésies s'étaient for^ 
mées dans l'ombre y et se seraient tenues heu-^ 
reuses d'être ignorées; mais voici qu'un moine 
traite d'égal à égal avec le pape y et se constitue 
le juge du chef de l'Église. La chaîne de la tra- 
dition vient d'être rompue , l'unité brisée , la 
robe scuis couture déchirée. Qu'on ne croie pas 
que Luther lui-même, avec toute sa violence y 
ait franchi sans douleur ce dernier pas. Cétait 
d'un coup arracher de son cœur tout un passé 
vénérable dans lequel on avait été nourri. Il 
croyait, il est vrai, garder pour soi l'Écriture. 
Mais enfin c'était l'Écriture autrement interprétée 
qu'on ne faisait depuis mille ans. Ses ennemis 
ont dit souvent tout cela ; aucun d'eux plus élo- 
quemment que lui. 

u Sans doute, écrit-il à Érasme aucon^imen* 
cemènt de son triste livre De servo arbitrio , 



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DE LUTHER [1519]. 55 

sans doute , tu te sens quelque peu arrêté en 
présence d'une suite si nombreuse d'érudits , 
devant le consentement de tant de siècles où 
brillèrent des hommes si habiles dans les lettres 
sacrées y où parurent de si grands martyrs y glo- 
rifiés par de nombreux miracles. Ajoute encore les 
théologiens plus récens^ tant d'académies^ de con- 
ciles , d'évêques, de pontifes. De ce coté se trou- 
vent l'érudition^ legénie^ le nombre^ la grandeur, 
la hauteur^ la force ^ la sainteté, les miracles ; 
et que n'y a-t-il pas ? Du mien, Wiclef et Lau- 
rent Valla ( et aussi Augustin , quoique tu l'ou- 
blies ) , puis Luther , un pauvre homme , né 
d'hier, seul avec quelques amis qui n'ont ni tant 
d'érudition, ni tant de génie, ni le nombre, ni 
la grandeur , ni la sainteté , ni les miracles. A eux 
tous , ils ne pourraient guérir un cheval boi- 
teux... Et alla quœ tu plurimdfanda enumerare 
mies. Que sommes -nous, nous autres? Ce que 
le loup disait de Philomèle : Tu n'es qu'une [ 
voix ; Vooc est y prasterehque nihil. . . 

» Je l'avoue, mon cher Erasme, c'est avec rai-? 
son que tu hésites devant toutes ces choses ; moi 
aussi, il y a dix ans, j'ai hésité... Pouvais -je 
croire que cette Troie, qui depuis si long-temps 
avait victorieusement résisté à tant d'assauts, j^ 
pût tomber un jour ? J'en atteste Dieu dans mpA 
âme, j'eusse pei'sévéré dans ma crainte , j'hésirt 



1 



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SA MÉMOIRES 

terais encore aujourd'hui^ si ma consçiem^e^ si H 
vérité , ne m'avaient contraint de parler. Je n'ai 
pas f tu le penses bîen.^ un ooeur de roche ; et 
quand je l'aurais ^ battu par tant de flots et d'o^ 
r^eS; il se serait brisé ^ ce cœur, lorsque toute 
cette autorité venait £oildre sur ma tète, comme 
un déluge prêt à^m'accabler. n 

U dit ailleurs : u... J'ai appris par If^sainte Écri- 
tiiire que ^'est chose pleine de péril et de terreur 
d'élever la voix dans l'église de Dieu, de parler au 
Bulieu de ceux que vous aurez pour juges ^ lors- 
qu'arrivés au dernier jour du jugement, vous vous 
trouverez sous le regard de Dieu , sous l'œil des 
Mges> toute créature voyant , écoutant^ et dres- 
sant l'omlle au Varbe divin. Certes, quand j'y 
songe 9 je ne désirerais rien plus que le silence , 
et l'épcmge pour mes écrits... Avoir à rendra 
fx>p)|>t^ à Dieu de toute parole oiseuse , cela e$f 
dur, cela est effroyable ! ^ » 

(27 mars iSig) « J'étais seul, et jeté dans 
cette affaire $an$ prévoyance j j'accoi^dais au 

.^ Il ^ curi^x de rapprocher de ces paroles de Luther le 
passa^ si différent des CoQ&ssions de Rousseau : 

a Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle 
voudra; je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le 
souverain juge. Je dirai hautement : Voilà ce que j'ai fait, ce 
que j'ai pense , ce que je fus.. . Et puié , qu'un seul dise , s'il 
l'ose : Jefas maiUeurque est komme-ià^it 



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DE LUTHER. 55 

pape beaucoup d'articles essentiets ; qu'ëtais-je y 
pauvre, misérable moine, pour teuir contre la 
majesté do p^e, devant lequel les rois de la 
terre (que dis^je ? la terre même, l'eilfer et le 
ciel) tremblaîent ?«.. Ce cpe j'ai souffert la pre- 
mière et la seconde aiinée ; dans quel abatteHient^ 
non paa feint et supf>06é, mais bien véritable^ 
ou fdutpt daBs quel désespoir je me trouvais^ 
ah ! ils ne le sarefit point ces écrits confians 
qui , depuis , ont attacpié le pape avec tant dé 
fierté et de présomption..* Ne pouvant trouver 
de lumière aupi*ès des maîtres morts ou muets 
(je parle des livres des théologiens et desjaristes), 
je souhaitai de consulter le conseil vivaat de» 
église de Dieu, afin que, s'il existait des gent^ 
pieux cpi'édairàt le Saint-Esprit^ ils prissent com- 
pasâon de moi^ et voulussent bien donun idu 
avis bon et sûr , pour mon bien et pour celui de 
toute la chrétienté. Mais il était impossible qpe 
je les reconnusses Je ne regardais que le piq^e , 
les cardinaux, évétpies, théologiens, canonistes, 
mornes ^ prêtres; c'est de là que j'attendais Tes^ 
prit. Car je m'élats si avidement abreuvé et 
repu de leur doctrine , que je ne sentais plus 
si je veillais ou si je dormais... Si j'avais alora 
bravé le pape ^ comme je le fais aujourd'hui , 
je me serais ims^iné que la terre se fut, à 
l'h&ire même, ouverte pour m'engloutir vi- 



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56 MEMOIRES 

vant , ainsi que Coré et Abiron... Lorsque 
j'entendais le nom de l'élise ^ je frémissais et 
offrais de céder. En i5i8^ je dis au (ordinal 
Caietano à Augsbourg , que je voulais désormais 
me taire ; seulement je le priais , en toute humi-> 
lité y d'imposer même silence à mes adversaires , 
et d'arrêter leurs clameurs. Loin de me Fac-r 
corder , il me menaça^ si je ne me rétractais^ de 
condamner tout ce que j'avais enseigné. J'avais 
déjà 4^onné lé Catéchisme, par lequel beaucoup 
de gens s'étaient améliorés; je ne devais pas 
souffrir qu'il fut condamné... 

» Je fas ainsi forcé de tenter ce que je regardais 
comme le dernier des maux. . . Mais je ne songe 
pas pour cette fois à conter mon histoire. Je veux 
seulement confesser ma sottise , mon ignorance 
et ma faiblesse. Je veux faire trembler, par mon 
exemple , ceis présomptueux criailleurs ou écri- 
vailleurs, qui n'ont point porté la croix, ni CQnnm 
les tentations de Sat^n... » 

Contre la tradition du moyen^âge , contre 
l'autorité de l'Eglise, Luther cherchait un refuge 
dans l'Écriture, antérieure à la tradition, supé-r 
rieure à l'Église elle-même. Il traduisait les 
psaumes, il écrivait %qs pastilles des évangiles 
çt des épi très. A nulle autre époque de sa vie, il 
n'approcha plus près du mysticisme. Il se fondait 
filprs sur saint Jean, non moins que sur saint 



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DE LUTHER £1519]. 37 

Faul ^ et semblait prêt à parcourir tous les dégrés 
de la doctrine de l'amour , sans s'effrayer des 
conséquences funestes qui en découlaient pour 
la liberté et la moralité de l'homme. Il y a ^ dit- 
îl, dans son livre de la Liberté chrétienne^ il y a 
deux hommes dans l'homme. L'homme intérieur^ 
J'âme^ l'homme extérieur, le corps; aucun rap- 
port entre eux. G>mme les œuvres viennent de 
l'hoD^me extérieur, leurs effets ne peuvent affec- 
ter l'àme y que le corps hante des lieux profanes^ 
xju'il mange, boive, qu'il ne prie point de bou- 
che et néglige tout ce que font les hypocrites, 
l'àme n'en souffrira pas. Par la foi , l'àme s'unit 
au Christ comme l'épouse à son époux. Alors 
tout leur est commun, le bien comme le mal... 
IVous tous, qui croyons en Christ, nous sommes 
rois et pontifes. — Le chrétien élevé par sa foi 
au-dessus de tout, devient, par cette puissance 
spirituelle , seigneur de toutes choses , de sorte 
que rien ne peut lui nuire, imàomniaeisubjecta 
coguntur semre ad saluiem... Si je cit>is, toutes 
clioses bonnes ou mauvaises tournent en bien 
pour moi. C'est là cette inestimable puissance et 
liberté du chrétien. 

« Si tu sens ton cœur hésiter et douter, il est 
grand temps que. tu ailles au prêtre , et que tu 
demandes l'absolution de tes péchés. Tu dois 
piourir mille fois plutôt que de douter du juge- 



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58 MÉMOIRES 

ment du prêtre, qui eit le jugement de Dieu, ^i 
tu peux croire à ce jugement , ton cœur doit rire 
de joie et louer Dieu^ qui, par l'intermédiaire de 
rtipmme , a consolé ta conscience. — Si tu ne 
penses pas être digne du pardon , c'est que tu 
n'as pas encore fait assez , c'est que tu es trop peu 
instruit dans la foi , et phis qu'il ne fout dans les 
oeuvres. Il est mille fois plus important de croire 
fermement à l'absolution que d'en être digne, et 
de faire satisfaction. Cette foi vous rend digne , 
et constitue la véritable satisfaction. L'homme 
peut alors servir avec joie son t)ieu , lai qui , sstns 
cela , par suite de l'inquiétude de son cœur, ne 
fait jamais aucune bonne oeuvre. Cest là ce qui 
s'af^Ue le doux fairdeau de notre Seigneur Jésus- 
Chri^. » Sermon prêché à Leipzig, en iS^ig, 
sur la )ustificfition . 

Cette dangereuse doctrine ftitaccueilliepar le 
peuple et par la plus grande partie des lettrés. 
Érasme^ le phis célèbre d'entre eux, parait seul 
en avoir senti la portée. Esprit criliqtte et néga^ 
tif, émule du bel espit italien Laurent Valla, 
qui avait écrit au quinzième siècle un livre De 
libéra arbitrioy il écrivit lui-même contre Luther , 
sous ce même tita[*e. Dès* l'amnée iSig, il reçut 
avec froideur les avances du moine de Wittem^ 
betg. Celui-ci, qui sentait alors combien il avsiit 
besoin de l'appui des gens de lettres , avait écrit 



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DE LUTHER [1519]. 59 

des lettres louangeuses à Reucblin et à Érasme 
(i5i8, i5ig). La réponse de" oe dernier est 
frpide etsigniôcative (iSig). d Je me réserve tout 
entier pour mieux aider à la renaissance des 
belles-* lettres; et il me sembk que l'on avance 
plus par une modération politique (modestià ci-^ 
vili) que par Temportement. C'est ainsi que le 
CSuriat a amçné le inonde sous son obéissance ; 
c'est ainsi que Paul a aboli la loi judaïque en ti- 
rant tiput à l'interprétatton. Il vaut mieux crier 
contre ceux qui abusent de l'autorité des prêtres 
que contre les prêtres eux-mêmes. Il en faut faire 
autant à l'égard des rois. Au lieu de jeter le mé- 
ptris stti^ les écoles^ ^ il &ut les ramener à de plus 
saines études. Lorsqu'il s'agit de choses trop en- 
foncées dans les esprits pour qu'on puisse les en 
arracher d'un seul coup y il faut procéder par la 
discussion et par tine alimentation serrée et 
puissante^ plutôt que par affirmations... Il faut 
toujours pnendre garde de ne rien dire ^ de ne 
rien faire d'un air d'arrogance ou de révolte ^ 
l^le est y selon moi ^ la méthode qui convient à 
l'esprit du Christ. C« que j'en dis n'est pas pour 
vous enseigner ee que vous devez faire , mais 
pour que vous fassiez toujours comme vous 
fûtes. » 

Ces timides ménagemens n'étaient point à 
l'usage d'un tel bcHoame ni d'un tel moment, 



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60 MÉMOIRES 

L'entraînement était immense. Les nobles et fe 
peuple^ les châteaux et les villes libres ^ rivali- 
saient de zèle et d'enthousiasme pour Luther. A 
Nurembei^, à Strasbourg^ à Mayence méme^ on 
s'arrachait ses moindres pamphlets. La feuille^ 
toute humide^ était apportée sous le manteau, 
et passée de boutique en boutique. Lés préten- 
tieux littérateurs du compagnonage allemand y 
les ferblantiers poètes , les cordonniers hommes 
de lettres, dévoraient la bonne nouvelle. Le bon 
Hans-Sachs sortait de sa vulgarité ordinaire , il 
laissait son soulier commencé , il écrivait ses 
meilleurs vers ^ sa meilleure pièce. Il chantait à 
demi-^voix , le rossignol de Wittembei^, dont la 
voix retentit partout. . . 

Rien ne seconda plus puissamment Luther que 
le zèle des imprimeurs et des libraires pour les 
idées nouvelles. « Les livres qui lui étaient favo- 
rables^ dit un contemporain, étaient imprimés 
par les typographes avec un soin«minutieux, 
souvent à leurs frais , et à un grand nombre 
d'exemplaires. Il y avait une foule d'anciens 
moines qui, rentrés dans le siècle, vivaient des 
livres de Luther, et les colportaient par toute 
l'Allemagne. Ce n'était qu'à force d'argent que 
les catholiques pouvaient faire imprimer leurs 
ouvrages , et l'on y laissait tant de fautes , qu'ils 
semblaient écrits par des ignorans et des barbares. 



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DE LUTHER [1519]. 6i 

Si quelque imprimeur plus consciencieux y ap- 
portait plus de soin y on le tourmentait , on se 
riait de lui dans les marchés publics et aux foires 
de Francfort^ comme d'un papiste , d'un esclave 
des prêtres.» 

Quel que fut le zèle des villes^ c'était surtout à 
la noblesse que Luilier avait fait appel, et elle y 
répondait avec un zèle qu'il était souvent con- 
traint de modérer lui-même. En iSig, il écri- 
vit en latin une Défense des articles condamnés 
par la bulle de Léon X, et il la dédie dans ces ter- 
mes au seigneu^ Fabien de Feilitzsch : u II nous 
•a paru convenable de vous écrire désormais à vous 
^^tutres laïques^ nouvel ordre de dercs, et de dé- 
buter heureusement, s'il plaît à Dieu , sous les 
favorables auspices de ton nom. Que cet écrit 
me recommande donc^ ou plutôt qu'il recom^ 
mande la doctrine chrétienne à toi et à toute 
votre noblesse. » Il avait envie de dédier la tra- 
duction de cetouvrage à Franz de Sickin§en, et 
quelque autffi aux comtes de Mansfeld; il s'en 
abstint, dit-il, « de crainte d'éveiller la Jalousie 
de beaucoup d'autres , et surtout de la noblesse 
franconienne. » La même année il publiait son 
violent pamphlet : A la mAlesse chrétienne (CJUle^ 
magne sur Vamélioraiion de la chrétienté. Quatre 
mille exemplaires furent enlevés en un instant. 

Les principaux des UQbles, amis de Luther , 



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m MÉMOIRES 

éttieiit Silvestre de Sdiauenbetg , Frattz âe 
Sickingen^ Taiibenheim et Ulrich de Hulten. 
Scfaauenberg avait confié son jetine fils aiut soins 
de Mélanchton^ et offrait de prêter inain fdrte à 
rélecteur de Saxe , en cas qu'il vînt en péril potir 
la cause de la réforme. Tâabenhéim ec d'autres 
envoyaient de l'argent à Luther. € J'ai reçu cent 
pièces d'or que m'envoie Taubenheim ; Schart 
m'en a aussi donné cinquante^ et je commesiee 
à craÎBliJbre que Dieu ne me paie icî-^bas; mais j^ai 
{protesté qiie je ne voulais pas être ainsi gorgé, 
ou que j'allais tou^ rendre. » Le margrarre de 
Ifoandeboua^ avait stolKcvlé la faveur de le voir} 
Sickingen et Hutten lui promettaient }ewt appui 
envers et contre tous* «c Hulten ^ dil-*ilyen siôp^-^ 
tembre i5ao^ m'a adressé une letlz^ huéUMèé^ 
colère contre le pontife romain ; il écrit' qu'il ta 
tomber de la plume et de l'épée^ sur la tyrannie 
sacerdotale ; il est outré de ce q«e le pfiqpe » é^ 
sayé GcAtre lui le poignard et le pcM»oùy et à 
mmidé à révêqc^ de Mafence de Ifl^i entoyêr à 
Rome y pieds et poings liés. x> n tu tois, ifit>-it 
encore, ce que denâ^ande Hutten ;ma9^j« ne v^ti- 
draîs pias qu'on fîl^ervir à la cduse de l^Erangiie 
la violence et le meurtre. Je lui ari écrit dans ee 
sens.» 

. Cependant l'Empereur venait de semmer Lu^ 
ther de cottiparaitre à Worms devant la diète im- 



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DE LUTHER [1520]. 68 

pénale ; les deux partis allaient se trouver en 
présence , amis et ennemis. 

Plût à Dieu^ disait Hutten ^ que je pusse assis- 
ter à la diète ; je mettrais les choses en mxm^ 
vement^ j'exciterais bien vite quelque tuniulte. » 
Le ao avril ^ il écrit à Luther : « Quelles atro- 
cités ai-je apprises ! Il n'y a point de furie com^ 
parable à la fureur de ces gens. Il faut en venir ^ 
je le vois , aux glaives^ aux arcs^ aux flèdbes^ aux 
canons. Toi ^ père^ fortifie ton courage^ moque* 
toi de ca& bétes sauvages. Je vois s'accroître 
chaque jour le nombre de tes partisans ^ tu ne 
manqueras pas de défenseurs. Un grand nombre 
sont venus vers m» , disant : Plaise à Dieu qu'il 
ne faiblisse pas ^ qu'il réponde avec courage ^ 
qu'il ne se laisse abatire par «icune terreur l >^£n 
même temps Hutten envoyait partout des lettres 
mwL magis^ats des vill«s> pour former une ligiie 
entre elles et les nobles do Khin^ c'est-indire pom 
les armer 430ntre les prince^ ecclésiastiques ^ 
Il écrivait k Pîrkeimer^ l'un des principaux ma« 
gt^rats de Nuremberg : . , < ; 

(€ Excite le <:ourage des tiens ; j'ai quelque es** 
pérance que ^w iroufterez d^ partisMi& dans 

^ Voyez dans nos Éclaircîssemens le dialogue des t^oleuts^ 
composé par Hutten , dans le but de réunir ie$ nobleà et les 
bourgeois contre les. prêtres. 



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61 MÉMOIRES 

les villes qu'anime Tamour de la liberté. Franr 
de Sickingen est pour nous; il brûle de zèle, li 
s*esl pénçtré de Luther. Je lui fsûs lire à table ses 
opuscules. Il a juré de ne point manquer à la* 
eause de la liberté j et ce qu'il a dit , il le fera^ 
Prêche pour lui près de tes concitoyens. Il n'y a 
point d'àme plus grande en Allemagne. » 

Jusque dans l'assemblée de Worms il y avait des 
partisans de Luther; « Quelqu'un, en pleine 
diète, a montré un écrit portant que quatre cent» 
nobles ont juré de le défendre; et il a ajouté Bunt^ 
schuh , Buntschuh ( c'était , comme on verra , le 
mot de ralliement des paysans insurgés), Les ca- 
tholiques n'étaient même pas très sms de l'Em- 
pereur. Hutten écrit, durant la diète : « César, dit- 
on, a résolu de prendre le parti du pape. » Dans 
la ville ^ parmi le peuple , les luthériens étaient 
nombreux. Hermann Busch écrit à Hutten qu'un 
prêtre , sorti du palais impérial avec deux soldats 
espagnols, voulut, aux portes mêmes du palais^ 
enlever de force quatre-vingts exemplaires de la 
Caj^itè de BabylonCy mais qu'il fut bientotobligé 
de se réfugier dans l'intérieur du palais. Cepen- 
dant ^pour le décider à prendre les armes, il lui 
montre les Espagnols se promenant tout fiers sur 
leurs mules dans les places de Worms, et la foule 
intimidée qui se retire. 

Le biographe hostile de Luther> Cochlœus, ra- 



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DÉ hVtkÈR H5tl}« 65 

epunte d^uite laidaière satir^iie U voyage 4u ré- 
formateur. ' 

« On hii pr^arâ^ cKt-^il ^ un diariôt/ en forinè 
de litière bien iertn^^ où il était parfaiiemebt à 
Fabri des injures de Fa^r. Autoilr deiui étsâjent 
de doctes personnes , Je pîrévot Jonas ^ le docteur 
Scfaurf /le-th^logien Amsdôrf^ etc. Partout où 
il passait il y avait un grand concours de peuple, 
i^ans les batelleries > bonne chère , de joyeuses 
't&ationâ, mémedeldmct^que. Luther lui-méni«^ 
pouç attirer les y^UK^ jouait dé là harpe cofaime 
un/autre Orphée > un Orphée tondu et #ncapu- 
chonn^^ 9ien ^|^Me saiif-côn^uit de TEmpereur 
portât qu'il ne frécherait point sur sa route ^ il 
prêcha cependant à Ërfui*th^ le jôurde la Qua^^ 
simodo^ et lit imprimer son sermon.» Ce portrait 
à^ Lutherne ^'aocoùrde pas trop avec celui qu'en 
a fait un cofUemporain quelque temîps avant la 
diète dé Worms. 

« Martin est d'une^taille moyenne ; lés soucis 
«tkis^^étudei l'ont maigri au point qùel'on pour*- 
ràit compta tous les os de son corps. C^iendant 
il ^t encore dans la force et )a verdeur de l'âge. 
Sa voix est <^aire et perçante. Puissai^t dans la 
doctrine, admirable dans la connaissance de 
l'£ciiture> dont iLpourt*ait presque citer tous les 
versets^ les uns après- les outrés ^ il a appris fe 
grec et l'hébreu pour comparer et juger leô tra- 
u 5 



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m MËKOfllBS 

factions de la Bible. Jainais iK né reste edciFt ; 
il a à sa disposition un inonde ce choses '^eft de 
paroles (^ylTa ingens vserbortim et rèrpùi). Il 
e^t d'un commerce agréable et fedle; "îtn'a ja- 
mais dans son^^ rien de dur> de, Sourcilleux; 
i\ sait même se' prêter aux pimsîrs de la tie. 
Dans les réunions il^st gai, ^ plaisant ^itiontrâat 
partout une parfaite sécurité et faisant tou- 
jours bori visage, malgré les atroces meôacès 
dé' ses adversaires. Aussi est -^ il diffidle de 
ciraire que cet homme en trépr^ine de si gran- 
des i^îriîses sans la protécîtlen divine. Le seul 
reprodie x[ue presqiie tout le monde lui fait , 
c'est d*ètrè tl'op riiordant (kris ses répottses, 
de ne reteuler devant aucune expression outra- 
geante. » ^ 

Nous devonsà Luther lui-même uU beatr ré- 
cit de ce qùieut lieu à la diète, et ce récit est gé- 
néralement conforme à ceux qu*en ont feits ses 
ennemis. , 

« Lorsque le héraut m'eût cité le mardi de la 
semaine sainte, et m'eut apporté le saùf-^conduit 
d\é l'Empereur et de plusieurs princes , le même 
àftUf-conduit fîit, le lendemain méi^ciS?di, vipleà 
Wôrins, où Bs me condamnèrent et brûlèrent mes 
Kvres. Là nouvelle m'en vînt lorsque j^étais à 
Êrfarth. Dans toutes léà villes la condamnation 
^ait déjà' publiquement affichée, de sorte qtie le 



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DE LXrtWBA [15S11. «7 

faérmit lui-même cçe demandait si je songeais 
eiMx>re à me rendre à Wanjas ? 

» Quelque je fusse effin^ et tr^pabimoit, )e lui 
répondis ; Je ^ux m'y rendre , quand méaae il 
d^r^t s'y trouver autant de diables que de fuiks 
sin: les toits! Lors donc que j'arrivai à Oppen** 
faeim près de Worms , maître Buoer vint me 
trouver, e£ me détourna d'entrer dans la ville. 
Sglapian , confesseur dç l'Empereur, était venu 
le trouTer d: le prier de m'avertir que je n'en- 
traW;point à Wpnns ; cat* je devais y être brûlé ! 
Je ferais mieux, disait-il, de m'arrêter dana^^Je 
voisinage chez Franz de Siddngen , <pn mè rer 
cevrait Volontiers. 

D Les misérables faisaient tout cela pour m'em«- 
{>êdier de com'paraître; car/ si j'avais tardé trois 
jours, mon sauf-^sonduit n'eût {dus été valable^ 
Ua m'auraient fermé les portes, ne m'auraient 
point é<^ié, mais condamné- tyranmquejàoent. 
J'avançai donc dans la simplicité de. oion oqâur^ 
^ lorsque je fus en vue c^ la ville « j'écrivis sur 
l'heure à Spalatin que j'étais arrivé ,.|[ii lui de- 
mandant où je devais loger. Ils s'étonnèrent tous, 
de mon artivée imprévue; car ils pen$àâent quec 
je serais resté dehors, arrêté par. la rxfôg et par Ja 



lerreur."^ 



p Deuj: delà noMesse, le seigneur de Hii^sfeU 
«t Jean Schott, yijîreni mcrpr^drepar ordre de 



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68 MÉ«»RES 

rélecteur de Saxe et me canduisirent chez eux. 
Mais aucun prince ne yint me voir , seulement 
des comtes et des nobles xjui me rie^ardaient 
))eàticc5up. C'étaient ceux qui avaient présenté à 
Sa Majesté Impériale les quatre cents articles 
contre les ecclésiastiques^ çn priant qu'on ré- 
format les abus ; sinon , qu'ils le feraient eux- 
mêmes. Ils en ont tous été délivrés par mon 
évangile. 

M Le pape avait écrit à TEmpei^eur de ne point 
oi^erver Je sauf-conduit. Les évéques y pous- 
saient; mais les princes et les états n'y voulurent 
point consentir^ car il en fût résulté bien du bnût. 
J'avais tiré un grand éclat de tout celaj ils de- 
vaient avoir peur de moi plus que je n'avais 
d'eux. En effet le landgrave de Hessç qui était 
encore un jeune seigneur^ demanda à m'eQjten- 
dre, vint me trouver, causa avec moi, et me dit 
à la fin : Cher docteur, si vous i^vez raison, que 
nôtre Seigneur Dieu voussoijL en aide ! 

)) J'avais écrit, dès mon arrivée, à Sglapian^ con- 
fesseur 4p l'Empereur, en le priant de vouloir 
^n venir me trqaver, selon sa volonté et sa 
commoctité: mais il ne voulut pas : il disait que 
ia cbose serait inutile. 

» Je fus ensuite cité et je comparus devant tout 
le conseil de la diète impériale dans la maison de 
ville, où l'Empereur, les électeurs et les princes 



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DE LUTHER [t5?1]. 60 

étaient rassemblés ^ . Le docteur Eck , officiai de 
l'évêqùe de Trêves, commença, et me dit : Martin, 
tu es appelé ici pour dire si tu reconnais pour tiens 
lies livres qui sont plac^ sur la table. Et il me les 
montrait. — Je le crois, répondis-je. Mais le 
docteur Jérôme Schurff ajouta sur4e-champ : 
Qu'on K^ les titres. Lorsqu'on les eut lus , je 
dis : Oui, ces livrés sont les miens. 

» Il me demanda encore : Veux-tu les désa- 
vouer ? Je répondis : Très gracieux seigneur Em- 
pereur, quelques-uns de mes écrits sont des livres 
de cohtroverse, dans les(|uels j'attaque mes ad- 
versaires. D'autres sont des livres d'enseignement 
et de doctrine. Dans ceux- ci je ne puis, tn ne 
veux rien rétracter, car c'est parole de ZNeu. 
Mais pour mes livres de controverse, si j'ai été 
trop violent contre quelqu'un, si j'ai été trop 
loin, je veux bien me laisser instruire, pourvu 
qu'on me donne te temps d'y penser. On me 
dwna un jour et une nuit. 

^ Lç jour d'apçès, je fus appelé par les évêques 
et d'at^tres qui devient traiter avec moi fmir 
que je me rétractasse. Je leur dis : La pai^ole de 



^ Il se trouvait à la, diète , outre l'Empereur, six électeurs, 
un archiduc , deux landgraves , cinq margraves , vingt-sepe 
ducs et un grand nom})re de comtes, d'archevétfues , d'^ê*' 
qiies, etc. 5 en tout dc^ux cent-six personnes. 



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79 MEMMIiES 

faire p beaucoup céder poiir Taj^MMir de hxJmrité, 
afin que la paix;, et Funion sub^stas^pt^ et qu'il 
ny eût pas de soulèvement. On était d>ligé d'o- 
béir k la majesté impériale^ comme à la plus 
haute autorité ; on devait soigneusement éviter 
de £Mre du scandale duns le monde; par consé- 
quent^ je dev^ me rétracter. — Je veux de to«it 
mon cœur, r^pondis-je^ au nom de la diarité^ 
obtir et tout faire , en ce qui n'est point con^e 
la foi et Fhonneur de Christ. 

» Alors lechancelier de Trêves me dit : Martîi^^ 
tu es désc^issant a la majesté in^riale; c'est 
pourquoi il t'est permis de partir ^ sous leisàuf- 
oonduit qui t'a été donné. Je répondis : H s'est 
fiait comme il a plu au Seigne^r. Et vous ^ à votre 
tour^ considérez où vous restez. Ainsi ^ je partis 
dans ma simplicité^ sans reitialrquer ni com- 
prendre toutes leurs finesses. 

» Ensuite ils exécutèrent le cruel édit du ban, 
qui donnait à chacun occasion de se venger de 
ses ennemis , sous prétexte et apparence d'hé^ 
résie luthérienne, et cependant il a bien fallu à 
k fin que les tyrans révoquassent ce qu'ils avaient 
fait. 

1 C'est ainsi qu'il m'advint à Worms, où je n'a- 
vais pourtant de soutien que le iSftint-Esprit. >y 

Nous trouvons d'autres détails curieux dans ua 
récit plus étendu d^ la conférence de Wormîs; écrit 



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DE LUTBER ^521]. 75 

imnaédiatementaprès^et qui peut-être est de Lu- 
ther ; cependant il y parle à la troisième persoifiliïe'. 
« LelendemainderarriyéedeLtitheràWorms, 
à quatre heures de l'après-widi y le maître des 
cérémonies de l^mpire^ et le héraut qui l'avait 
accompagné depuis Wittemberg y vinrent le 
prendre dans son hôtellerie dite la Cour Aile- 
mande , et le conduisirent à la maison de ville 
par des passages secrets^ pour le sotistraire h la 
foule qui s'était rassemblée sur le chemin. Il y en 
eut beaucoup^ malgré cette précaution y qui ac- 
couraient aux portes ^e la maison de ville ^ et 
voulaient y pénétrer avec Luther ; mais les gardes 
les repoussaient. Beaucoup étaient montés sur 
les toits pour voir le docteur Martin. Lorsque! 
fut entré dans la salle ^ plusieurs seigneurs vinrent 
successivement lui adresser des paroles d'encou- 
ragement : « Soye? intrépide^ lui disaient-ils^ 
partez eii homme ^ et ne craignez pas ceux qui 
peuvent tuer les corps ^ mais qui sont impuissans 
contre les âmes. » « Moine, dit le fameux capi- 
taine Georges Frundsberg, en lui ];nettant la main 
'sur l'épaule, prends-y-garde, tu vas faire un pas 
plus périlleux que nous autres n'en avons jamais 
fait. Mais si tù es dans le bon chemin , Dieu ne 
t'abandonnera pas. » Le duc Jean de Weimarlui 
avait donné l'argent nécessaire à son voyage. 
» Luther 6t ses réponses en latin et en allemand « 



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7 A fSÈMûmSS 

Il rappeht d'abord qiie dans ses ouvrage U y avait 
àifs cKoses iqpprouTé66 mémetle ses adversaires, 
et't^ue «ans doute ce n'était pas cette partie qu'il 
s'agissait de révoquer ; puis il ooBtioua ainsi : 
ce La seconde partie? de mes livres oohipr^ad 
ceux dans lesqudb j'ai attaqué la papauté et les 
p^istes, comme ayant, par une fausse doctrine, 
p$r une ^ et des exemples pervers, déscdé la 
chrétîenïé ésstns les choses du corps et dans celles 

de l'âme. Or, pertonne ne peut nier, etc 

Cependant Idi {âf^s ont enseigné eux-mêmes 
dans leurs ^jj^cfétales que les constituticHis du 
pape, qui seraient contraires à. l'Evangile ou aux 
Pères, devaient être regardées comme fiiùsses 
et non valables. Si donc je révoquai^ cette 
partie^, je ne ferais que fortifier les papistes dans 
leur tynannie et ieur of^essîon^ et ouvrir por- 
tes et fenêtres à leurs horribles impiétés 

On dirait que j'ai révoqué mes accusaltons ei^i)- 
tre eux sur l-onlre de Sa Majesté Impériale et 
de l'Empire. Dieu ! quel manteau ignominieux 
je deviendrais pour leur perversité et leur ty-* 
rannie ! v • 

D lia troisième et dernière partie dfeiaes livres 
est de nature polémique. J'avoue que j'y ai 
souvent été plus "violent et plus âpre que là re-» 
ligion et ma rpbe ne le veulent. Je ne me donne 
pa^ pour un saint. Ce n'est pas non plus ma vie 



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DE LUTHER [15S1]. 75 

que je discute (levant vous, jnais Uf doctrine de 
Jésus-Christ. Néanmoins^ je ne crois pas qu'il 
me* conrienne de rétracter ceci plus que le reste, 
car ici encore , je ne ferais qu'approuver la ty* 
rannie et l'impiété qui ravagent le peuple de 
Dieu- 

» Je ne suis qu'un homme. Je ne puis défendre 
ma doctrine autrement que n'a fait mon divin 
Sauveur ; quand il fut firappé par l'ofiicier du 
grand-prêtre ,' il lui dit :' « Si j'ai mal parlé , 
faites voir ce que j'ai, <lit de mal. » 

» Si donc le Seigneur lui-même a demandé à 
être interrogé , et même par un méchant es- 
clave ^ à combien plus forte raison moi, qui ne 
suis qije terre et cendre, et qui puis me tromper 
facililment, ne devrais-je pas demander à nié jus- 
tifier sur ma doctrine?..,.? ISr les témoignages 
de f'Écrîture sent contre moi y je'me rétracterai 
de grand cœur, et je serai le premier à jeter mes 
livres au feiî.;... Craignez que le règne dé notre 
jeun^e^ tant louable empereur Charles (lequel 
est Ihiaintenant, avec Dieu, un grand espoir 
pour nous), ne commence ainsi d*une manière 
funefi^, etn'fiut une suite et une fin également 
déplorables!... Jé^ supplie donc en toute humi- 
lité Votre Majesté Impériale et Vos Altesses Élec- 
torales et Seigneuriales, de ne pas vouloir se 
laiisser indisposer contre ma doctrine ^àns que 



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76 MÉBKHRES 

mes adv^rsaifes aient produit de justes raisons» 
contre moi >> 

» Après ce discours^ l'orateur dé l'Empereur S4^ 
leva vivement et dit que Luther était resté à 
côté de la question, qu'on ne pouvait reiçettre 
en doute ce qui avait été une fois décidé par les 
conciles , et qu'on lui demandait en conséquence 
de dire tout simplement et uniment s'il se ré^ 
tractait ou non; 

» Alors Luther reprit la parole en ces termes : 

m Puis donc que Votre Majesté Impériale et Vos 
Altesses demandent de moi une brève et simple 
réponse , j'en vais donner une qui n'aura ni dents 
ni cornes : Si l'on ne peut me convaincre par la 
sainte Écriture ou par d'autres raisons claires 
• et incontestables ( car je ne puis m'en rapporter 
uniquement ni au p8|>e ni aux conciles qui ont 
si souvent failli )> je ne puis, je ne veux rien 
révoque^. L€;s témoignages que j'ai cités n'ont 
pu être réfutés^ ma conscience est prisonnière 
dans la parole de Dieu ; Ton ne peut conseiller a 
personne d'agir contre sa conscience. Me voici 
donc; je ne pyis faire autrement. Que Dieu me 
soit en aide, Amen. » 

» Les électeurs et états de l'Empire allèrent 
se consulter sur cette réponse de Luther. Après 
une longiie délibération de leur part, l'official 
de Trêves fiit chargé de la réfuter. « Martin , dit" 



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DE LUTHER [i5«1], 7T 

il^ tù n'9s point répoiulu avec la modkstie qtii 
(K>nvient à ta condition. Ton discours ne se 
rapporte pas à la question qui t'a été posée.... 
A quoi bon discuter de nouveau des points que 
I^lise et les conciles ont condamnés depuis 
tant dé siècles?.... Si ceux qui se mettent en 
opposition avec les conciles voulaient forcer 
réglise à les convaincre avec des livres, il n'y 
aurait plus rien de certain et de dé6nitif dans la- 
chrétienté. C'est poiutjuoi Sa Majesté demande 
que tu répondes tout simplement par oui ou 
par non si tu veux révoquer. » 

» Alofs Lutlv^r pria rEmjfiereur dé ne point 
souffirir qu'on le contraignit à-se rétracter contrai- 
rement à sa conscience, et sans qu'on lui eût fiait 
voir qu'ii était dans Ferreur. Il ajouta que sa 
réponse n'était point sophistique, que les con- 
ciles avaient souvent pris des décisions contra- 
dictoires, et qu'il était prêt à le prouver. L'of- 
ficial répondit brièvement qu'on ne pouvait 
prouver ces contradictions, mais Luther p^$ista 
et oïfrit d'en d<^ner les preuves. 

» Cependant comme le Jour tombait et qu'il 
commençait à faire sombre, l'assemblée se sépara. 
Les Espagnols se moquèrent de l'homme de Dieu 
et l'injurièrent quand il so^it de la maison de 
ville pour retourner à son hôtellerie. 

» Le lendemain l'Empereur envoya aux étec* 



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78 MÉHCOiKES 

leurs et élats y pour en délibérer ^ l'acte du bati 
impérial contre Luther et ses adhérens. Le sau^ 
conduit néanmoins était maint^u dans cet acte. 

» Dans la dernière conférence^ l'archevêque 
4e Trêves demanda à Luther quel conseil il 
donnerait lui-même pour terminer ^ette afisiir^. 
Luther répondit : « Il n'y a îci d!autrç conseil à 
donner que celui de Gamaliel dans les Actes des 
Apôtres: Si cette œuvre vient des hommes, elle 
périra^ si, de Dieu , vous n'y pouvez rien, » 

» Peu- après, Toffîcial de Trêves vint porter à 
Luther dans son hôtellerie le saqf-conduit impé- 
rial pour son retour. Il avait vingt jours pour se 
pfjpdre en lieu de sûreté , et il lui était enjoint 
de ne point prêcher , ni autrement exciter le 
peuple sur sa route. Il partit le 4^ndemaiii^ 
26 avril. Le héraut l'escorta sur un ordre vm)at 
de FEmpereur. 

» Arrivé à Friedbourg, Luther écrivit à&ax 
lettres^ l'une à l'Empereur, l'autre aux électeurs 
et 4lats assemblés à Worms, Dans la première, 
U exprime son regret d'avoir é^ «dftiis la nécc^ité 
^e désobéir à l'Empereur, a Mais, dit-il. Dieu et 
^ parole sont au-dessus de tous^les hommes, >» 
Qrre^grette aussi de n'avoir pu dbteair qu'on disr 
cutàt 1^ témoigna^ qu'il avait tirés de l'Écri- 
ture, ajoutant qu'il est prêt à ^e présenter de 
noavi^u devant toute autre assemblée que l'on 



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DE LUTHER [1521]. ^ 79 

désignera , et a se soumettre en toutes choses 
saifts ereeption^ pourvu que te parole de Dieu n^ 
reçoive aucune atteinte. La lettre aux électeurs 
^t états est écrite dans le même seaftr , 

- i^ (A Spa^tin.)(rTane saurais croire avecq^udje 
civilité m'a reçu Tabbé de Hiçsfeld. If a envoyé qêt 
devant de nous^ à la distai^oéd'un grand mille, son 
chancelier et son trésorier i- ^.lui-même il est 
.venuiiotfô recevoir près de son château avec une 
troupe de cavaliers , pour nous conduire dans la 
ville. Le sénatnous a reçus à la porte. L'ablx^'pk^us 
a splendidement traités'Âaqs aoa Monastère , et 
m'a couché dans son li|; La eintprième jour , aA 
fnatin^ ils me forcèrent de faire un sermon:. J'ew 
beau représenter ^u^ils perdraient leurs régales', 
m leb bnpâ^aiix allaient trmter effeà ^j^^violation 
de la foi jiwée, parce qu'ils m'avaient enj<3Îiftd9 
ne pas prêcher âur ma route. Je disab pourtant 
que je q'avais jamais cqpsènti à lier la pardie dé 
Dieu ; œ qui est vmi. ^ 

« J% prééhai égalemcsitft Ëisënach ^ devant uib 
tniré mût tremblâait^ et ^n notaire et des44moins 
qui protestaient 9 en s'excusant sur la cminte 
de l^cu's tyrai^^' Aîns}*^ tu entendras pfe^l-être- 
dire i Wortns'qpt j'ai violé ma foi} maïs je ne 
l'ai pas vic^ée.^W 1^ parole de Dieu , c'est une 
condition qui n'est pas èn^man pouvoir. 

« Enfin, on *^nt à pied d'J^seniM^ à notre^iia^ 



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80 MÉMOmES 

• 

contre y et nons entrâmes le soir dans la ville i 
tous nos compagnons étaient partis le matin avec 
Jérôme. 

KPoiirmâj^ j'allais rejoindre ma chair (ses pa- 
retts) en traversant laforét, et jevenaisde les quit- 
ter pour me diriger sur Walterhaiisen, lorsque ^ 
peud'instans après, près dufort d'Alteitôtein, jefus 
Sût prisonnier. AinsdoïC savait sans doute qu'on 
me prendrait, mais il ignore où Ton me giurde. 

« Mon frère , ayant vu k temps les cavaliers ^ 
sauiQ à bas de la voiture, et sans demander congé, 
il arriva à p»d, sur ie soir, m'a-t-on dit, à 
Walterhausen. |lôi, on m'àta mes vêtemens pour 
tee faire mettre un habit de chevalier, et je me 
laissai croître les cheveux et la barbe. Tu ne m'au- 
rais pas ^r^ocmnu sans peine , car depuis long- 
tetops je ne me reconnais pas moi-mémè. Me voilà 
maintenant vivant dans la liberté chrétienne , af- 
fir$m)hi de toutes les Ioik du tyran. » (i4 mai.) 

Conduit au château de Wartbourg, Luther ne 
savait trop à qui il devait attribuer la douce et 
honoiri^le captivité dans laquelle il se voyait re- 
tenu. Il avait renvoyé le hémaut qui l'escorlait à 
quelques lieues de Worn^s, et ses ennemis ea 
ont conclu qu'il s'attendait à 6<Hi^enlèvement. 
Le contraire ressort de sa corresjpondance. Ce- 
pendant un cri de douleur s'élevait par toute 
l'AUemàgne. On croyait qu'il avaîN; péri j on ac- 



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DE LUTHER [15211. 81 

cusait l'Empereur et le pape. Dans la réalité , 
c'était rélecteur de Saxe, le protecteur de Lu- 
ther, qui, s' effrayant de la sentence portée con-^ 
tre lui, et ne pouvant ni le soutenir, ni l'aban- 
donner, avait imaginé ce moyen de le sauver de 
sa propre audace , de gagner du temps, tout en 
fortifiant son parti. Cacher Luther, c'était le sûr 
moyen de porter au comble l'exaltation de l'Al- 
lemagne et ses craintes pour le champion de la foi« 



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MÉMOIRES DE LCTBER. 



LIVRE IL 
CHAPITRE PREMIER. 

1521-1524. 

Séjour de Luther au château de Wartbonrg. — ^ U rerient à 
Wittemberg sans l'autorisation de l'Électeur. — Ses écrits 
contre le roi d'Angleterre, et contre les princes en général. 



Pendant qu'à Worilîs on s'indigne , on s'irrite 
d'avoir laissé échapper l'audacieux, il n'est* plus 
temps, il plane invisible sur ses ennemis du haut 
du château de Wartbourg. Bel et bien clos dans 



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W MÉMOIRES 

son donjon, il peut à son aise reprendre sa fîùte, 
chanter*3es psaumes allemands, traduire sa Bible^ 
foudroyer le diable et le pape. ^ 

« Le bruit se répand^ écrit Luther, que des 
amis envoyés de Franconie m'ont fait prisonnier. » 
— Et ailleurs : « On a pensé , a ce que je soup- 
çonne, que Luther avait éjé tué ou condamné à 
un éternel silence, afin que la chose publique 
retombât sous la tyrannie sophistique, dont 
on me sait si mauvais gré d'avoir commencé 
la ruine. » Luther eut soin cependant de laisser 
voir qu'il existait encore. Il écrit à Spalatin : « Je 
voudrais que la lettre que je t'envoie se perdît^ 
par quelque adroite négligence de toi ou des 
tiens, pour (Qu'elle tombât entre les mains de nos 
ennemis.... Tu feras copier l'évangile que je 
t'envoie ; il ne faut pas qu'on reconnaisse ma 
main. » — « J'avais résolu dans mon désert de 
dédier à mon hôte un livre sur les Traditions des 
hommes , car il me demandait' que je l'instrui- 
sisse sur cette matière j mais j'ai craint de révéler 
par là le lieu de ma captivité. » — « Je n'ai ob- 
tenu qu'avec peinédè t'envpyer cette lettre, tant 
on à peur qu'ils qe viennent à découvrir en quel 
lieu je suis.,/ » (Juin iSai.) 

a Les prêtres et kç moineé, qui ont fait leurs 
folies pendant que j'étais libre , ont tellement 
peur depuis que je suis captif, qu'ils commencent 



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DE LUTHER [15â1 ]/ 85 

îi ^aucir les extravagances qu'ils ont débitées 
contre moi. Ils ne peuvent plus soutenir l'effort 
de la foule qui grossit^ et ne savent par où 
s'échapper. Voyez - vous le^ bras du Puissant de 
Jacob , tout ce qu'il fait pendant que nous nous 
taisons ^ que nous patientons ^ que nous prions ! 
Ne se vérifie- 1*- elle pas cette parole de Moïse : 
Fqs tacebitis, et Dominus pugnabit pra vobis ? 
Un de ceux de Rome a écrit à une huppe * de 
Mayence : « Lulher est perdu comme nous le 
» voulions; mais le peuple est tellement soulevé, 
j) que je crains bien que nous ayons peine à sau- 
» ver nos vies , si nous n'allons à sa recherche ^ 
» chandelles allumées, et que nous ne le fassions 
» revenir. » 

Luther date ses lettres : De la région de Viiir, 
de la région des oiseaux; ou bien : Du milieu 
des oiseaux qui chantmt doucement sur le bran- 
chage et louent Dieu jour et nuit de toutes leurs 
forces; ou encore : De la montagne ^ de Vile de 
Pathmos. 

C'est de là qu'il répand dans des lettres tristes 
et éloquentes les pensées qui viennent rempHr sa 
solitude (ex eremo meâ), « Que fais - tu mainte- 
nant, mon Philippe, dit-il à Mélanchton? esl-ce 

, ' Celte désignation des dignitaires de l'Église, fait penser aux. 
oiseaux m^rreilleux de Rabelais , les papegots , évêgbls , etc. 



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86 MEMOIRES 

que tu ne pries point pour moi?....;. Quant 
à moi ^ assis tout le jour ^ je me mets devant tes' 
yeux la figure de FÉglise , et je vois cette parole 
du psaume LXXXVIII : nNumquid vaaè consti- 
tuisti omnes filios haminum? Dieu! quel horrible 
spectre de la colère de Dieu^ que ce règne abo-* 
minable de l'Antichrist dé Rome! Je prends en 
haine la dureté de mon cœur^ qui ne se résout 
pas en torrens de larmes pour pleurer les fils de. 
mon peuple égorgé.^ Il ne s'en trouve pas un qui 
se lève et qui tienne pour Dieu , ou qui fasse de 
soi un rempart à la maison d'Israël^ dans ce jour 
suprême de la colère. O règne du pape ^ digne 
de la lie des siècles ! Dieu aie pitié de nous ! > 
(i!^ mai.) 

« QuanA je considère ces temps horribles de 
colère, je ne demande rien que de trouver dans 
mes yeux des fleuves dé larmes pour pleurer la 
désolation des âmes , que produit ce royaume de 
péché et de perdition. Le monstre siège à Rome> 
au milieu de l'Église, et il se proclame Dieu; les 
pontifes l'adulent , les sophistes l'encensent, et 
â n est rien que ne fassent pour lui les hypo^ 
critear. Cependant l'enfer épanouit son cœur, et 
ouvre sa gueule immense : Satan se joue dans la 
perdition des âmes. Moi, je suis assis tout le jour, 
à boire et à ne rien faire. Je lis la Bible en grec et 
en Ifiébreu. J'écrirai quelque chose en allemand 



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DE LUTHM [15ai]. 87 

sur ia Uberté de la coofeâsion auriculaire. Je con- 
tinuerai aussi le gantier et les commentaires 
(pùstillas ) , dès que j'aurai reça de Wittemberg 
ce dont j'ai besoin ; entre autres idioses le Mo- 
jfnifimt (fae^' si, cfyxkmencé. » (^4 mai.) Cette 
solitude mélancolique était pour Luther pleine 
de tentations et de troubles. Il écrit à Mélan*- 
cbton : K Ta lettre m'a déplu à double titre ; 
d'abord parce que je vois que tu portes ta croix 
ayec impatience^ que tu cèdes trop aiDc affections; 
que tu es tendre selon ta coutume; ensuite, 
parce que tu m'él^es trop haut , et que tu tombes 
dans une grande erreur en m'attribuant tant dé 
choses, comme si je prenais tant de souci de la 
cause de Dieu. Cette haute opinion que tu as de 
moi me confond et me déchire , quand je mf 
vois insensible et endurci, assis dans l'oisiyeté, 
ô douleur ! rarement en prières, ne poussant pas 
un géiiàissement pour l'Eglise de Diet;. Que dis^ 
je ! ma chair indomptée me hrule d'un feu dévo* 
rant. En somme, me» qui devais être consumé 
par Fe^rit, je me consume par la chair ^ la 
luxure, la paresse, l'oisiveté, la sixiinolence ; 
estHse donc parce que vous ne priez plus pour 
moi, que Dieu s'est détourné de moi ? Cest à toi 
de prendre ma place , toi mieux doué de Dieu^i» 
et qui lui es plus a^éable. - 

» Voilà déjà huit jours que je n'écris pas, que je 



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88 MÉMOIRES 

ne prie pas y que je n'étudie pas^ soit tentations 
de la chair ^ soit autres <mn|(is qui me tour- 
mentent. Si les dhoses ne Tont pas mieux , j'en- 
trerai publiquement à Erfurth : tu m'y verras ou 
je t'y verrai; •car je consulterai les» médecins ou 
les chirurgiens. » H était malade alors y et souf-^. 
{irait cruellement; il décrit son mal dans des 
termes trop Aaïfs , et on peut dire trop grossiers , 
pour que nous puissions les traduire. Mais ses 
souffrances spirituelles étaient plus vives encore 
et plus profondes. ( i3 juillet.) 

((Lorsque je partis deWorms, en i5ai, queje 
fus pris près d'Eisenach, et que j'habitai. mon 
. pathmos^ le château de Wartbourg, j'étais loin 
du monde dans une chambre y et personne ne 
pouvait venir à moi que deux jeunes garçons 
nobles qui m'apportaient à manger et à boire 
deux fois le, jour. Us m'avaient acheté un sac de 
noisettes que j'avais mis dans une caisse. Le soir^ 
lorsque je fus passé dans l'autre chambre , que 
j'eusse éteint la lumière , et que je me fusse cou- 
ché y il me sembla que les noisettes se mettaient 
en mouvement, se heurtaient bien fort l'une 
contre l'autre, et venaient cliqueter contre mon 
lit. Je ne m'en inquiétai point. Plus tard, je me 
jréveillai ; il se faisait sur l'escalier un grand bruit 
comme si l'on eût jeté du haut en bas une 
centaine de tonneaux- Je savais bien cependant 



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DE LUTHER [1531]. 89 

que Tesçalier était fermé avec des chaînes et 
une porte de fer, de sorte que personne ne pou- 
vait monter. Je me levai pour voir ce que c'était, 
et je dis : Est-ce toi?... Eh bien ! soit... Et je me 
recommandai au Seigneur Christ dont il est 
écrit, Omnia suhjecisti pedibus ejus , comme dit le 
VHP psaume, et je me remis au lit. — Alors vint à 
Eisenach la femme de Jean de Berblibs. Elle avait 
soupçonné que j'étais au château, et^elle aurait 
voulu me voir ; mais la chose était impossible. Ils 
me mirent alors dans une autre partie du châ- 
teau, et placèrent la dame dé Berblibs dans la 
chambre que j'occupais , et elle antondit la nuit 
tant de vacarme, qu'elle orut qu'il y avait mille 
diables. » 

Luthtr trouvait peu de livres à Wartbourg. Il 
se mit avec ardeur à l'étude du grec et de l'hé- 
breu j il s'occupa de répondre au livre de Lato- 
mus, si prolixe , dit-il , et si mal écrit. U tradui- 
sit en allemand l'apologie de Mélanchton contre 
les théologiens de Paris, eay ajoutant un com- 
meoetaire fiuam in asinos parisienses apologiam 
cum illorum insaniâ statui vemacuïé dare adjectis 
ànnotationibus.) (i3 juillet.) Il déployait alors 
une activité extraordinaire, et du haut de sa mon-^ 
tagne inoadait l'Allemagne d'écrits : « J'ai pu- 
blié jun petit livre contre celui de Catharinus sur 
J'Antichrist, un traité en allemand sur la con- 



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90 MÉMOmES 

fessioD, le psaume LXVII expliqué en alleinaad, 
le cantique de Marie expliqué en allemand , le 
psaume XXXVn de méme^ et une consolation 
à l'égKse de Wittemberg. 

» faisons presse un commentaire en allemand 
des épilreset évangiles de l'année ; j'ai également 
terminé une réprimande publique au cardinal de 
Mayence sur l'idole des indulgences qu'il vient 
de relever à Halle , et une explication de l'évan- 
gile des dix lépreux; le tout en allemand. Je sfuis 
né pour mes Allemands , et je veux les servir. 
J'avais commencé en chaire, à Wittemberg , une 
amplification populaire sur les deux Testamens y 
et j'étais parvenu 9 dans la Genèse, au XXXII^ cha- 
pitre y et dans l'Évangile, à saint Jean-Baptiste. 
Je me suis arrêté là. » ( i ** novembre. ) * 

« Je suis d«is le tremblement , et ma conscience 
me trouble, parce qu'à Worms ^ cédant à ton 
conseil et à celui de tes amis , j'ai laissé faiblir 
l'esprit en moi , au lieu de montrer un Élie à ces 
idoles. Ils en entendraient bien d'autres , si je 
me trouvais encore une fois devant eux. » (9 sep- 
tembre. ) 

L'affiûre de l'archevêque de Mayence, à la- 
quelle il est fait allusion dans la lettre que nous 
venons de citer, mérite que nous y insistions. Il 
est curieux de voir l'énergie qu'y déploie Luther, 
et comme il y traite en maître les puissances, le 



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DE LUTHER [1521]. 91 

. cardinal archevêque , et rÉlecte^T lui - même. 
Spalatiu lui avait écrit pour rengage^ à supprimer 
saiféprimande publique à l'archevêque* Luther lui 
répond : « Je ne sais si jamais lettre m'a été plus 
désagréable que ta dernière ; non-seulement j'ai 
différé ma réponse , mais j'avais résolu de n'en 
pas faire. D'abord je ne supporterai pas ce que 
tu me dis , que le Prince ne souffrira point (ju^on 
écrive cotutre le Mayençais, et qu'on trouble lapaix 
publique : je vous anéantirais plutôt (perdant) toi 
et l'archevêque et toute créature. Tu dis fort bien 
qu'il ne faut pas troubler la paix publique ; et tu 
souf&iras qu'on trouble la paix éternelle de Dieu 
par ces œuvres impies et sacrilèges de perdition ? 
Non pas^ Spalatin^ non pas, Pripce; je résisterai 
de toutes mes forces pour les brebis du Christ à 
ce loupi^évorant, comme j'ai résisté aux autres. 
Je t'envoie donc un livre contre lui , qui était 
déjà prêt quand ta lettre est venue : elle ne m'y 
a pas fait changer un mot. Je devais toutefois le 
soumettre à l'examen de Philippe (Mélanchton) ; 
c'était à lui d'y changer ce qu'il eût jugé à pro- 
pos. Garde-toi de ne pas le transmettre à Phi- 
lippe y ou de chercher à dissuader; la chose est 
décidée , on ne t'écoutera point. » ( 1 1 novem- 
bre») i(i^elques jours après, il écrit à l'évêque lui- 
même : 

M ... C^te première et fidèle exhortation que 



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99 MÉMOIRES 

j'avais £aite à votre Grâce électorale , ne m'ajant 
valu de sa paît cfâe- raillerie et ingratitude, je lui 
ai écrit une seconde fois y lui offi*ant d'accepter 
ses instructions et ses conseils. Quelle a été la 
réponse de votre Grâce ? dure , malhonnête, in- 
digne d'un évéque et d'un chrétien. 

» Or, quoique mes deux lettres n'aient servi à 
rien , je ne me laisse point rebuter ^ et , confor- 
mément à l'Evangile, je vais faire parvenir à 
votre Grâce un troisièûie avertissement. Vous 
venez de rétablir à Halle Fidole qui fait perdre 
aux bons et simples chrétiens leur argent et leur 
âme, et vous avez publiquement reconnu par là 
que tout ce qu'avait f^it Tetzel, il l'avait fait de 
concert avec l'archevêque de Mayence ... 

» Ce même Dieu vit encore, n'en doutez 
pas; il sait encore l'art de résister à up" <^rdi- 
nait de Mayence, c^lui-ci eût-il quatre empe- 
reurs de son coté; C'est son plaisir de briser les 
cèdres, et d'abaisser les Pharaons superbes et 
endurcis. Je prie votre Grâce de ne point tenter 
ce Dieu. 

» Penseriez - vous que Luther fût mort ? lC5e le 
croyez pas. U est sous la protection de ce Dieii 
qui déjà, a humiKé le pape, et tout prêt à cpm-*: 
mencer avec Tarchevêque de* Mayence un jjeu 
dont peu de gens se douteï-ont.... Donné en 
mon désert, le dimanche, après Sainte -Cathe- 



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DE LUTHER [15^ ]. 93 

ï^ine ( 25 novembre i5ai ) , Votre bienveillant et 
soumis^ Martin Lother. w 

Le cardinal répondit humblement , et de sa 
propre main : 

« Cher docteur , j'ai reçu votre lettre datée du 
dimanche diaprés la Sainte- Catherine^ et je l'ai 
lue avec toute bienveillance et amitié. Cependant 
je çi'ètonne de son contenu ^ car on a remédié 
depuis long- temps à la chose qui vous a fait 
écrire. 

» Je me condmrai dorénavant^ Dieu aidant ^ de 
telle sorte qu'il convient à un prince pieux , chré- 
tien et ecclésiastique. Je reconnais que j'ai be- 
soin de la grâce de Dieu, et que je suis un pauvre 
homme , pécheur et faillible , qui pèche et se 
trompé tous les jours. Je sais qu'il n'est rien de 
bon en moi sans là grâce de Dieu, et que je ne 
suis par moi-même qu'on vil fumier. . 

» Voilà ce que je voulais répondre''» votre 
bienveillante exhortation , car je suis aussi dis- 
posé qu'il est possible à vous faire toute sorte 
de grâce et de bien. Je souffre volontiers une ré- 
primande fraternelle et chrétienne, et j'espère 
que le Dieu miséricordieux m'accordera sa grâce 
et sa force, pour vivre selon sa volonté en ceci 
comme dans les autres choses. Donné à Halle, le 
jour de Saipt-Thomas (ai déccembre i5ai). 
Albertus numu propriâ. » ^ 



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9Â MÉMOIRES 

Le prédicateur et conseiller de rarchevêque , 
Fabricius Capiton^ dans une réponse à la lettre de 
Luther^ avait blâmé son âpreté^ et dit qu'il fallait 
garder des ménagemens avec les puissans^ les ex- 
cu$er^ quelquefois même fermer les yeux sur leurs 
actes ^ etc. Luther réplique : ... « Vous^deman^ 
dez de la douceur et des ménagemens ; je vous 
entends. Mais y a -t. -il quelque communauté 
entre le chrétien et Thypocrite? La foi chrétienne 
est une foi publique et sincère ; elle voit les 
dioses/ elle les proclame telles qu'elles sont... 
Mon opinion est qu'on doit démasquer tout, ne 
rien ménager, n'excuser rien, ne fermer leis yeux 
sur rien, de sorte que la vérité resté ptire et à 
découvert, et comme placée sur un champ libre. . . 
Jérémie, 48 : Maudit soit celui qui est tilde dans 
V œuvre du Seigneur I Antre chose est, mon cher 
Fabricius , de louer le vice ou l'amoindrir, autre 
diose de le guérir avec bonté et douceur. Avant 
tout, il faut déclarer hautement ce qui est juste 
et injuste, et ensuite, quand l'auditeur s'est pé- 
nétré de notre enseignement , il faut l'accueillir 
et l'aider malgré les imperfections dans l^quelles 
il pourra encore retomber. Ne repoussez pas 
eeUd qui est faible dans la foi, dit saint Paul... 
J'espère qu'on ne pourra me reprocher d'fivoir, 
pour ma part, manqué de charité et de patience 
envers les faibles... Si votre cardinal avait écrit 



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IMELXJTFfER [15*2]. 95 

sa lettre dans^ la sincérité de son cœur, 6 mon 
Dieu y avec quelle joie ^ cpielle humilité je tom- 
berais à ses pieds ! comme je m'estimeiéîs indigne 
d'en baiser la poussière ! car moi-même suib^e 
autre chose que poussière et ordure ? Qu'il accepte 
la parole de Dieu, et nous serons à lui comme de^ 
serviteurs fidèles et soumîi.;. A Végard de ceux 
qui persécutent et condamnent cette parole , la 
charité suprême consiste précisément à résister à 
leurs fqrturs saèriléges de toutes manières.. 

>) Croyer-vous trouver en Lqther un ti^mme qui 
consente à fermer Içs yeux, pourvu qu'on l'amuse 

par quelques cajoleries? Cher Fabricius , je 

devrais vous répondre plus durement que je ne 

fais mon amour est prêt à mourir pour vous; 

mais qui touche à la foi, touche à la p^nelle de 
notre œil. Raillez ou honorez Yamour comme 
vous le voudrez; mais la foi, la parole, vous 
devez l'adorer et la regarder comme le saint des 
saints i-c'est ce que nous exigeons de vous. At- 
tendez tout de notre amour , mais craignez, re- 
doutez notre foi 

» Je ne réponds point au cardinal méme^ ne sa- 
chant comment lui écrire, sans approuver ou 
repreti^re sa sincérité^ ou son hypocrisie. C'est 
par vous qu'il saura la pensée de Luther..... De 
mon désert, le jour, de Saint-Antoine (17 jan^- 
vier iSiii). » 



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96 MÉMOIRES 

, Citons encore la préface qu'il mit en tète de 
son explication de l'évangile des JLépreux^ et qu'il 
adressa à-plusièurs de ses amis : 

(c Pauvre frère que je suis l voilà que j'ai en- 
core allumé un grand feu; j'ai de nouveau menai 
un bon trou dans la poche des papistes; j'ai at- 
taqué la confessiop l Que vais-je devenir désor- 
mais? Où trouveront-ils assez de soufre, de bi- 
tume, de fer et de bois , pour mettre ^n cendres 
^t hérétique empoisonné? Il faudra potnr le moins 
enlever 1® fenê^re^ctes églises, de peur que l'es-^ 
pace ne manque aux prédications des saints prêtres 
î>ur l'Évangile, id est^ à leurs injures et à leurs 
vociférations furibondes contre Luther. Quelle 
autre chose prêcheraient-ils au pauvre peuple? 
H faut que chacun prêche ce qu'il peut et ce qu'il 
sait. 

«... Tuez, tuez, s'écrient-ils, tuez cet hérésiar- 
. » que qui veut renverser tout' l'état ecclésiasti* 
» que, qui veut soulever la chrétienté entière ! » 
J'espère que, si j'en suis digne, ils ea viendront 
là^ et qu'ils combleront en moi la mesure de 
leurs pères. Mais il n'esta pas encore temps, 
mon heure n'est pas venue ; il faut qu'aupara- 
vant je rende encore plus furieuse cette race de 
vipères, et que je mérite loyalement de mourir 
par eux.... » 

Du fond de sa. retraite, ne pouvant plus se 



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DE LUTHHl[1521]. 97 

jeter dans la mêlée ^ il exhorte Mélanchton : 

« Lors méine que je périrais^rien ne s^ait perdu 
pour révaogile^ car tu m'y surpasses aujour- 
d'hui; tu es rÉIysée qui succède à Élie, enve- 
loppé d'un double esprit. 

» Ne vous laissez pas abattre ^ mais chantez la 
nuit le cantique du Seigneur que je vous ai 
donné : je le chanterai aussi ^ moi^ n'ayant de 
souci que pour la parole. Que celui qui ignore^ 
ignore : que celui qui périt ^ périsse , pourvu 
qu'ils ne puissent pas se plaindre que notre office 
leur ait manqué.» ( ^6 niai i52i.) 

On le pressait alors de donner la solution 
d'une question qu'il avait soulevée , et dont la 
décision ne pouvait sortir des controverses théo- 
logiques^ la question des vœux monastiques ; les 
moines demandaient de toutes parts à sortir^ et 
Mélanchton n'osait rien prendre sur lui. Luther 
luirmême n'aborde ce sujet qu'avec hésitation. 

« Vous ne m'avez pas encore convaincu qu'on 
d<^v:e,penser de même du vœu des prêtres et de 
cél^idesmoines. Ce qui me touche beaucoup, 
c'est; que l'ordre sacerdotal , institué de Dieu , 
est libre^mais non pas celui des moines^ qui put 
choisi leur état, et se sont offerts à Dieu de leur 
plein gré. Je :déciderais pourtant volontiers 
que ceux qui n'ont pas atteint l'âge du mariage, 
ou qui y sont encore, et qui sont entrés dans ces 
I. * 7 



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96 MËMCMaES 

coupé-^i^^^ en peuvent sortir sans scrupule ; 
mais je i^'ose me prononcer pour ceux qui sont 
déjà Tîeux^ et qui ont vécu long- temps dans 
cet état. 

» Du reste ^ comme Paul donne, au sujet des 
prêtres, une décision très large, en disant que 
ce sont les démons qui leur ont interdit le ma- 
riage , et que la voix de Paul est la voix de la ma- 
jesté divine, je ne doute point qu'il ne faille la 
confesser hautement; ainsi, lors même qu au 
temps de leur profession , ils se seraient liés par 
cette prohibition du diable, maintenant qu'ils 
savent à quoi ils se sont liés, ils peuvent se délier 
m toute confiance, (i^^'août.) Pcmrmoi, j'ai 
souvent annidé sans scrupule des voeux £aits 
avant l'âge de vingt ans, et je les annulerais en* 
core, parce qu'il n'est personne <pii ne voie qu'il 
n'y a eu là ni délibération ni connaissance. Mais 
j'ai fait cela pour ceux qui n'avaient pas en* 
core changé d'état ni d'babir ; quant à ceux qui 
auraient d^à exercé dans les monastères les 
fonctions du sacrifice, je n'ai rien osé encore. Je 
ne sais de quel image m'ofibisquent et me tour- 
mentent cette vanité et cette opinion humaine. » 
(6 août i5w.) 
Qudkpiefoisîl se cassure, et parle nettement : 
« Quant aux vœux des religieux et des prêtres , 
nous avons fait, Philippe et moi, une vigpm^use 



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DE LUTHER [1521]. 99 

conspiration pour les détruire et ks mettre à 
néant.... Ce malheureux célibat des jeunes gens 
et des jeunes filles me révèle tous les jours tant 
de monstruosités, que rien ne sonne plus mal a 
mes oreilles que le nom de nonne, de moine, 
de prêtre : et le mariage me semble un paradis^ 
même avec la dernière pauvreté.))(i^novembre.) 
Préface de Luther à 3on livre De Fotis monas^ 
iicis, écrite sous forme de lettre à son père, 
(^i nov. i5ai.) « .... Ce n'est pas volontaire- 
ment que je me suis £siit moine. Dans la terreur 
d'une apparition soudaine, entouré de la mort 
et me croyant appelé par le ciel ^ je fis un vooa 
irréfléchi et forcé. Quand jeté dis.cela dans notre 
entrevue, tu me répondis : « Dieu veuille que 
ce ne isoit pas Un prestige et un fiantôme diabo^ 
lique! » Cette parole, comme si Dieu Feût pro- 
noncée par ta bouche, me pénétra l^ciitôtpro^ 
fondement; mais je fermai mon cœur, tant que 
je pus, contre toi et ta parole; De même, lorsque 
ensuite je jte reprochai ton ressentiment, tu me 
fis une réponse qui me frappa comme aucune 
parole ne m'a frappé , et die est toujours restée 
au fpnd de mon cœur. Tu me dis : <( N'as^tupas 
enteiftdu aussi qu'on doit obéir à ses parens ? » 
Mais j'étais endwci dans ma dévotion , et j'é* 
coûtais ce que tu disais comme ne venant que 
d'un homme. Cependant, dans le fond de mon 



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1D0 MÉMOIRES 

âme , je n'ai jamais pu mépriser ces paroles. ...» 
— « !1 me souvient que lorsque j*eus prononcé 
mes vœux, le pèi^e de ma chair, d'abord très irrité, 
s'écria , lorsqu'il fut apaisé : Plaise au ciel que 
ce ne soit pas un tour de Satan ! Parole qui a jeté 
dans mon cxDeur de si profondes racines , que je 
n'ai jamais rien entendu de sa bouche dont j'aie 
^ardé une plus ferme mémoire. Il me semble que 
Dieu a parlé par sa bouche. » (9 septembre.) 
Il recommande à Wenceslas Link qu'on laisse 
aux moines la liberté de sortir des couvens sans 
jamais contraindre personne. « Je suis sûr que tu 
joe feras , que. tu cre laisseras rien faire de con- 
traire à l'Évangile ,. lors même qu'il faudrait per- 
dre tous les monastères. Je n'aime point cette 
sortiie turbulente dont j'ai ouï parler. . . Mais je ne 
vois pas qu'il soit bon et convenable de les rap- 
peler , quoiqu'ils n'aient pas bien et convenable- 
oient agi. Il faudrait cpi'à l'exemple de Cyrusdans 
Hérodote , tu donnasses la liberté à ceux qui 
veulent sortir, mais sans mettre personne de-- 
hors, ni rtstenir personne par force..* » 

U avait montré la même tolérance lorsque ceux 
d'Erfiirth s'étaient portés à des actes de violence 
envers les prêtres catholiques. — Carlostad , à 
Wittemberg, eut bientôt rempli et dépassé les 
instructions de Luther. 

« Bon Dieu! s'écrie celui-ci dans une lettre à 



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DE LUTHER [1521]. fOt 

Spal^tin y nos gens de Wittemberg marieront-ils 
jusqu'aux moines ! Quant à moi ^ ils ne me fe-^ 
ront pas prendre femme. — Prends bien garde 
de ne pas prendre femme ^ afin de ne pas tomber 
dans la tribulation de la chair. » (6 août.) 

Cette hésitation et ces ménagemens montrent 
assez que Luther suivait plus qu'il ne devançait 
le mouve^nt qui entraînait tous les esprits hor& 
des routes anciennes. 

« Origène^ écrit -il à Sp^Iatin^ avait un ensei- 
gnement à part pour les femmes ; pourquoi Mé- 
lanchton n'essaierait - il pas quelque chose de 
pareil 'i II le peut et le doit ^ car le peuple a 
faim et soif. » 

M Je désirerais fort que Mélanchton prêchât 
aussi quelque part en public^ dans la ville, aux; 
jours de fêtes, dans l'après-dinée, pour tenir 
lieu de la boisson et du jeu : on s'habituer^t ainsi 
à ramener la liberté, et à la façoqner sur le mo- 
dèle de l'Eglise antique. 

» Car si nous avons rompu avçc toutes, les Ioi$ 
humaines, et secoué le. joug, nous arrêteroQj^ 
nous à ce (jue Mélanchton n'est pas oint et r9|é , 
à ce qu'il est marié ? Il est véritablement prêtre j 
et il remplit les fonctions du prêtre , à moin§ 
que l'office du prêtre ne soit pas l'ejnsei^e^ 
ment de la parole. Autrement le Christ non 
plus ne sera pas prêtre ^ puisqu'il enseigne tantôt 



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lOd MÉMOIRES 

dan^ led synagogues^ tantôt sur la 'barque^ tantôt 
sur le riTage^ tantôt sur la montagne. Tout 
rôle en tout lieu, à toute heure, îl Ta rempli 
sans cesser d'être lui-raéme. 

» Il faudrait que Mélanchton lût au peuple 
rÉvangile en allemand , comme il a commencé 
à le lire en latin, afin de devenir ainsi peu-à- 
peu un évêque allemand, comme il èSt devenu 
évêque latin. » (9 septembre.) 

Cependant l'Empereur étant occupé de la 
guerre contre le roi de France, TÉlecteur se ras- 
sura et il fit donner à Luther un peu plus de li- 
berté. « Je suis allé deux jours à la chasse pour 
voir un peu ce plaisir ykvKÙnupov (doux-amer) 
des héros : nous prîmes deux lièvres et quelques 
pauvres misérables perdreaux; digne occupation 
d'oisifs. Je théologisais pourtant au milieu des 
filets et des chiens; autant ce spectacle m'a 
causé de plaisir^ autant c'a été pour moi un mys- 
tère de pitié et de douleur. Qu'est-ce que cela 
nous représente, sinon le diable avec ses doc- 
tetirsr impies pour chiens ^ c'est-à-dire les évê- 
qu^s et les théologiens qui chassent ces innocentes 
bestioles. Je sentais profondément ce triste mys- 
tère' sur les animaux simples et fidèles. 

îf En voici un autre plus atroce. Nous avions 
sauvé un petit, lièvre vivant , je l'avais enve- 
Ibppîé dans la manche de ma robe ; pendant que 



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DE hVVStA [15S1] i» 

j'étais éloigné un instant^ les dûens trou^ 
vèrent le pauvre Uèyre, et ^ à travers la robe, 
lui cassèrent la jambe droite > et rétranglèr^ot. 
Ainsi sévissent le pape et Satan pour perdre 
même les âmes sauvées. 

» Enfin y j'en ai assez de la chasse ; j'aimerais 
mieux , je pense , celle où l'on perce de traits et 
de flèdbes ours, loups ^ ^^angliers, renards^ et 
toute la gent des docteurs impies... Je t'écris 
cette plaisanterie, afin que tu saches que vous 
autres courtisans > mangeurs de bétes, vous serez 
bétes à votre tour dans le paradis, où saura bien 
vous prendre et vous encager. Christ, le grand 
chasseur. C'est vous qui êtes en jeu, tandis que 
vous vous jouez à la daasse. » ( i5 août.) — Du 
reste , Luther ne se déplaisait pas à Wartbourg ^ 
il y avait trouvé un accueil libéral, ou il recon- 
naissait la main de l'Électeur, a Le maître de 
ce lieu me traite beaucoup mieux que je ne le 
mérite. » (lo juin.) a Je ne voudrais être à charge 
à personne. Mais je suis persuadé que je vis ici 
aux dépens de notre prince; autrement je a'j 
resterais pas une hemre. On sait que s'il faut 
dépenser l'argent de quelqu'un , c'est celui de$ 
princes.» ( i5 août.) 

A la fin du mois de novembre i5ai, le désir 
de revoir et d'encourager $e$ disciples , lui fit 
faire une courte excursion à Wittemberg; mais 



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t<U MÉMOIRES 

il eut soin que l'Electeur n'en sût rien. « Je lui 
cache, dit -il à Spalatin^ et mon voyage et mon 
retour. Pour quel motif? c'est ce que tu comprends 
assez. » 

Le motif, c'était le caractère alarmant que 
prenait la Réforme entre les mains de Carlostad^ 
des théologiens démagogues, des briseurs d'ima- 
ges, anabaptistes et autres , qui commençaient à 
se produire.* « Nous avons vu le prince de ces 
prophètes, Claus-Stork, qui marche avec Tair et 
le costume de ces soldats que nous appelons 
lanzknecht; il y en avait encore un autre en lon- 
gue robe, et le docteur Gtérard de Cologne. Ce 
Stork me semble porté par un esprit de légèreté, 
qui ne lui permet pas de faire grand cas de ses 
propres opinions. Mais Satan se joue dans ces 
hommes. » (4 septembre iSaa.) 

Luther n'attachait pas encore à ce mouvement 
une grande importance. « Je ne «ors pas de ma 
retraite , écrit-il ; je ne bouge pas pour ces pro- 
phètes , car ils ne m'émeuvent guère. » ( 17 jan- 
vier iSaa.) Il chargea Mélanchton de les éprouver, 
et c'est alors qu'il lui adressa cette belle lettre 
(i 3 janvier 1 522) : « Si tu veux éprouver leur ins- 
piration, demande s'ils ont ressenti ces angoisses 
spirituelles et ces naissances divines, ces morts et 
ces enfers... Si tu n'entends que chj^ises douces 
et paisibles et dévotes (comme ils disent), quand 



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DE LUTHER [1522]. 105 

anême ils se diraient ravis au troisième ciel , tu 
n'approuveras rien de cela. Il y manque le signe 
du Fils de4'bomme, le jSàcravoç (pierre detoucM)^ 
l'unique épreuve des chrétiens, la règle qui dis- 
cerne les esprits. Veux-tu savoir le lieu, le temps 
et la manière des entretiens divins ? écoute : // a 
brisé cwnmele lion tous mes os y etc. Tai été repoussé 
de ta face et de tes regards ^ etc. Mon âme a été 
remplie de maux y et tna vie a approché de Venfer. 
La majesté divine ne parle pas comme ils le pré- 
tendent y immédiatement , et de manière que 
rhomme la voie ; non^ VhommeneHise verra point y 
et il vivra. C'est pourquoi elle parle par la bouche 
des hommes, parce que nous ne pouvons tous sup- 
porter sa parole. La vierge même s'est troublée à 
la vuede^l'ange. Écoutez aussi la plainte de Daniel 
et de Jérémie : Prenez - moi dans votre jugement y 
et ne me soyez pas un sujet d'épouvante. » 

(17 janvier iSiia*) « Aie soin que notre prince 
ne teigne pas ses mains du sang de ces nouveaux 
prophètes. 

» C'est par la parole seule qu'il faut combattre, 
par la parole qu'il faut vaincre, par la parole 
qu'il faut détruire ce qu'ils ont élevé par la force 
et la vicdence. 

w ... Je ne condamne que par la parole; que 
celui qui croit, croie et suive y que celui qui ne 
croit pas , jie croie pas, et qu'on le laisse aller. 



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106 MÉMOIRES 

U ne faut contraindre aucune personne à la foi ni 
aux choses de la foi ; il £iut l'y traîner par la pa<^ 
rôle. Je condamne les images^ mais par la parole^ 
non pour qu'on les brûle ^ mais pour qu'on n'y 
mette pas sa confiance. » 

Mais il se passait à Wittemberg même des choses 
qui ne pouvaient permettre à Luther de rester fdus 
long-tcfmps dans son donjon*. U partit sans dè^ 
mander l'agrément de TÉlecteur. 

On trouve^ dans un des historiens de la Ré- 
forme^ un curieux récit de ce voyage. 

« Jean Keaeler^ jeune théologien de Saint-Gall^ 
se rendant avec un ami à Wittembei^ pour y 
adiever se$ études^ rencontra le soir^ dans une 
auberge située à la porte d'Iéna ^ Luther habillé 
en cavalier. Us ne le ccmnurent point. Le ca- 
valier avait devant lui un petit livre , qui était, 
comme ils le virent plus tard^ le psautier en 
hébreu. Us les salua poliment > et les invita à 
s'asseoir à sa table. Dans la conversation , il leur 
demanda aussi ce que l'on pensait de Luther en 
Suisse. Kessler lui répondit que les uns ne sa- 
vaient comment le célébrer^ et remerdaient Dieu 
de l'avoir envoyé sur la terre pour y relever la 
vérité , tandis que d'autres , et notamment les 
prêtres^ le condamnaient comme nn hérétique 
qu'on ne pouvait épargner ./D'après quelques 
mots que l'hôtelier dit aux jeunes voyageiâ^ , ils 



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DE LUTHE» [1SSS]. i(ft 

le prirent pour Ulrich deHutten. Deux mardiands 
arrivèrent ; Fun d'eux tira de sa poche et mit à 
côté de lui un livre de Luther nouvellement im- 
primé^ et qui n'était pas encore relié. Il demanda 
si les autrea l'avaient d^à vu. Luther parla du peu 
de bonne volonté pour les choses sérieuses , qui 
se manifestait dans les princes assemblés alors à 
la diète de Nuremberg. U exprima aussi Tespoir 
a que la vérité évangélique porterait plus de fruits 
» dans ceux qui viendraient et qui n'auraient pas 
j» encwe été empoisonnés par l'erreur papale. » 
L'un des marchands dit : « Je ne suis pas savant 
en ces questions; mais^, h mon sens^ Luther doit 
être ou un ange du del ^ ou un démon de l'en- 
fer ; aussi, je Tais employer les derniers dix flo- 
rins que je me suis ménagés à aller à confesse 
chez lui. M Cette conversation eut lieu pendant 
le souper, Luther s'était arrangé d'avance avec 
l'holeiier pour payer l'écot de toute la table. Au 
moment de se retirer, Luther donna la main 
aux deux Suisses (les marchands étaient allés à 
leurs^^res), les priant de saluer de sa part, 
qi^nd ils se^ûent arrivés à Wittemberg, le doc- 
teur Jérôme SchurflF, leur compatriote. Ds lui de- 
manâ^ent comment ils le devaient nommer au- 
près de celui-ci. « Dites -lui seulement, leur 
répcmd-il, que celui qui doit venir le salue; il ne 
manquera pts de comprendre ces paroles. » 



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106 MÉMOIRES 

» Les mai^diiands, quand ils apprirent, en re- 
venant dans la chambre, que c'était à Luther 
qu'ils avaient parlé, furent inconsolables de ne 
pas l'avoir su plus tôt, de ne pas lui avoir montré 
plus de respect , et d'avoir dit en sa présence des 
choses peu sensées. Le lendemain, ils se levèrent 
exprès de grand matin , pour le trouver encore 
avant son départ, et lui faire leurs très hum- 
bles excuses. Luther ne convint qu'implidte- 
ment que c'était lui. » 

Comme il était en chemin pour se> rendre 
à Wittemberg, il écrivit à l'Électeur qui lui avait 

défendu de quitter la Wartbourg : « Ce 

n'est pas des hommes que je tiens l'Évangile, 
mais du ciel, de notre Seigneur Jésus-Christ , et 
j'aurais bien pu, comme je veux faire 4préna- 
vant, m'appeler son serviteur, et prendre le 
titre d'évangéliste.^ j'ai demandé à être inter- 
rogé^ ce n'était pas qiie je doutasse de la bonté 
de ma cause, mais uniquement par déférence et 
humilité. Or, comme je vois que cet excès d'hu^ 
milité ne fait qu'abaisser l'Évangile, et<i||^ le 
diable^ si je cède un pouce de terrain, veut oc- 
cuper toute la place, ma conscience me force 
d'agir autrement. C'est assez q^e, pour pMive à 
votre Grâce électorale, j'aie passé une année dans 
la retraite, l^e diable sait bien que ce n'était pas 
crainte; il a vu mon cœur quand je suis entré 



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DE LUTHER [1522]. 109 

<lans Worms. La ville eût - elle été pleine de 
diables ^ je m'y serais jeté avec joie. 

» Or, le duc Georges ne peut pas même passer 
pour un diable; et votre Grâce électorale se dira 
elle-même si ce ne serait pas outrager indigne- 
ment le Père de toute miséricorde, qui nous com- 
mande d'avoir confiance en lui, que de craindre 
la colère de ce duc. Si Dieu m'appelait à Leipsick, 
sa capitale, comme il m'appelle à Wittemberg^ 
j'y entrerais quand même (pardonnez- moi cette 
folie) , quand même il pleuvrait des ducs Geor- 
ges neuf jours durant, et chacun d'eux neuf fois 
plus furieux. Il prend donc Jésus-Christ pour un 
homme <le paille. Le Seigneur peut bien tolérer 
cela quelq^tî; temps, mais non pas toujoui^. Je 
ne cacherai pas non phis à votre Grâce électorale, 
que j'ai plus d'une fois prié et pleuré pour que 
Dieu voulût éclairer le duc; je. le ferai encore 
une fois avec ardeur, mais ce sera la dernière. 
Je supplie aussi votre Grâce de prier. elle- 
même et de faire prier, pour que nous détour- 
nions de lui, a'il plaît à Dieu, le terrible juge- 
ment qui, chaqtie jour, hélas ï le menace de plus 
près. 

» J'écris ced pour vous faire savoir qiie je vais 
à Witteniberg sous une protection plus haute 
que cçllede l'Électeur; aussi n'ai-je pas l'inten- 
tion de 4<£^EnAi^der a{^ui à votre Grâce. Je 



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110 MJ^OIKES 

crois même que je la protégefai plus que |e ne 
serai protégé par elle : si je savais qu'elle dut me 
protéger, je ne viendrais pas. L'épée ne peut 
rien en ceci; il faut que Dieu agisse, sans que 
les hommes s'en mêlent. Celui qui a le plus de 
foi, prot^era le plus efficacement; et comme je 
sens que votre Grâce est encore très £sdble dans 
la foi, je ne puis nullement voir en elle celui 
qui doit me protéger et me sauver. 

» Votre Grâce électorale me demande ce qu'elle 
doit faire en ces circonstances, estimant avoir 
fait peu jusqu'ici. Je réponds, en toute soumis* 
sion, que votre Grâce n^a fait que trop, et 
qu'elle ne devrait rien fisdre. Dieu ne veut pas 
dç toutes œs inquiétudes, de tout ce mouve-* 
ment^ q<iand il s'agit de sa cause; il veut qu'on 
s'en remette à lui sevl. Si votre Grâce a cette ferf> 
elle trouv^a paix et sécurité; sinon, moi du 
moins , je croirai ; et je serai obligé de laisser à 
votrç Grâce les tourmens par lesquels Dieu punit 
les incrédules. Puis donc que je ne veux pas sui- 
vre les exhortations de votre Grâce, elle sera 
justifiée devant Dieu, si je suis pris ou tqé. De- 
vant les hommes^ je désire qu'elle agisse comme 
il suit : qu ^Ue obéisse à l'autorité en bon élec- 
teur, qu'elle laisse régner la Majesté impériale 
en ses états conformément aiix réglemens de 
l'Empire, et qu'elle se garde d^opposer quelque 



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DE LUTHÏÏl [lîWa]. m 

résistance à la puissance ifû voudra me prendre 
ou me tuer; car personne ne doit briser la puis- 
sance ni lui résister^ hormis celui qui Ta insti* 
tuée ; autrement, c'est révolte^ c'est contre Dieu. 
J'espère seulement qu'ils auront assez de sens 
pour reconnaître que votre Gmce électorale est 
de trop haut lieu pour se faire elle-même mon 
geôlier. Si elleliûsse les portes ouvertes, et qu'elle 
fasse observer le sauf-^conduit , au cas où ils 
viendront me prendre, die aura satisfaite l'o- 
béissanoe. Si, au contraire, ils sont assez dérai- 
sonnables pour ordonnera votre Grâce de met- 
tre elle-même la main sur moi , je ferai en sorte 
qù'eile n'^iouve pour moi nul pr^udice de 
corps, de biens, ni d'âme« 

» Je m'expliquerai pfais au long ime autre 
fois, s'il en est besoin. J'ai dépêché le présent 
écrit, de peur que votrè Grâce ne fut affligée de 
la nouvelle de mon arrivée; car, pour être chré^ 
tien , je dois consoler tout le monde et n'être 
préjudiciable à personne. 

» Si votre Grâce crojait, elle verrak la ma^ 
gnificence de Dieu ; mais comme elle ne ofoitpas 
encore, elle n'a^ncore rien vu. Aimons et glori- 
fions Dieu dans Téternité^ Amen. Écrit à Borna, 
à c6té de mon guide, le mercredi des Gendres 
i5aa. (5 mars.) De votre Grâce électorale le 
très soumis serviteur. Martin Luthek. » 



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113 m|:mo]res 

(7 mars ). L'Electeur avait fait prier Luther de 
lui exposer les moti£s de son retour à Wittemberg 
dans une lettre qui pût être montrée à TEmpe- 
repp. Dans cette lettre^ Luther donne trois mo- 
tifs : l'église de Wittemberg Ta instamment prié 
de revenir; deuxièi^ement, le désordre s'est mi« 
dans son troupeau ; enfin il a voulu empêcher, 
autant qu'il serait en lui, l'insurrection qu'il 
regarde comme imminente. 

«... Le second motif de mon retour, dit-il, 
c'est qu'à W^^mberg^ pendant mon absence, 
Satan a pénétré lians :flia bergerie, et y a fait des 
ravages que je ne puis réparer que par ma pré- 
sence et par ma parole vivante ; une lettre n'y 
aurait rien f/aàt. Ma conscience ne me permettait 
plus de tarder; je devais négliger non-seulement 
la grâce ou disgrâce de votre Altesse, mais la 
colère du monde entier. C'est mon troupeau , le 
troupeau que Dieu m'a<5onfié, ce sont mes en- 
fens en Jésus-Christ : je n^ai pu hésiter un mo- 
ment. Je dois souffrir lamort pour eux, et je le 
ferais volontiers avec la grâce de Dieu^ comme 
JésuS'^Ghrist le demande (saint Jean, X, 12), 
S'il eût suffi de. ma plume pour remédier à ce 
mal, pourquoi serais-je venu? Pourquoi, si ma 
présence n'y était pas nécessaire , ne me résou- 
drais-jeà quitter Wittemberg pour toujours?... » 

Luther à son ami Hartmuth de Kronberg, au 



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DF LUTHÉfc t^Sââ]. 113 

ttiois de mars (peiï aprè^ son retour à Wittem- 
bcrg) • «• • ^• Satati^ ifui impurs se mêlé parmi Ué 
enfans de Dieu y comme dit Job (I^ 6), vient 
de nous faire {^t àmoi en particulier), un mal 
cruel à Wittemberg. Tous mes ennemis^ quelqt^ 
près qu'ils fussent souvent de moi, ne m*ont 
jamais porté 4in côqp tîomraè celui que f ai reçu 
des miens. Je suis obligé d'avouer que cette 
fufibée me faifc bien mal aux .yeux et au cœur. 
a Cési par là, s'est dit Sâfa^i> que je veux abat^ 
» tre le courage de Luther, et vaincre cet esprit 
» si roide.' Cette fois, il ne s'en tirera pas. i) 

n ... l^eut-êtrè Dieu me vèut-îl punir par ôe 
coup,' d'âvôîr, à Worms,cômpi'iifaéi^on esprit, 
et parlé avec trop peu de v^iém^ce devant les 
tyrans. Les paSens> fl est vrai, m'cmt depuis ac- 
fcasé d'brgueil. Ils ne savent pas ce qii* ifest que 
la foi. 

n Je ^éd^^ ^tix instances d& mes bons^mis 
qui lievoulatient poiiit que je parusse trop satt^ 
vagé ; mais je me suis sotevént repenti de cette 
déférence et de cette hiamilîté. ' 

»... Moi-même je ne connais poipfit liùther, et 
ne veto: point le connaître. Gç que je prêche 
ne vient pas de lui, mais de Jésus-Christ. Que 
le diaWe emporte t^uther, s^il peut, je ne m'en 
soucie pas, pourvu qu'il léife^é Jésus-Christ rjé- 
gner dani les cdeuts. . . >* . 

8 



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1U MEMOmES 

Vers le ratlieu de la même années Luthcx 
éclata avec la plus grande violence contre les 
princes. Un grand nombre, de princes . et d'é- 
yêques (entre autres le duc Georges), venaient 
de prohiber la traduction qu'il donnait alors de 
la Bible -, on en rendait le prix à ceux qui Fa- 
vaiént achetée. Luther accoté audacieusement 
le combat : a Nous avons eu les prémices de la 
victoire et triomphé de la tyrannie papale qui 
avait pesé sur les rois ^et les princes; combien ne 
sera-t-il pas plus facile de venir à bout 4es princes 
eux-mêmes?. . .J'ai grand'peur que s'ils continuent 
d'écouter cette sotte cervelle du duc Georges, 
}\ n'y ait des troubles qui mènent à leurjperte, 
dans toute l'Allemagne, les princes et les ma- 
gistrats,, et. qui enveloppent ein même temps le 
clergé tout entier ; c'est ain^i que je vois les 
choses. Le peuple s'agite de tous côtés, et il a 
Jes yeux ouverts; il ne veut plus, il ne peut plus 
se laisser opprimer. C'est le Seigneur qui mène 
tout cela et qui fermée les yeux des princes sur 
ces symptômes men^çans; c'est lui qui consom- 
mera^ tout par leur aveuglement et leur vio- 
lence ; il ma semble voir rAUemagne na^er dans 
le sang. 

» Qu'ils sachent bien que legliîive de la guerre 
çitile est suspendu sûr leurs Jetés. Ils font tout 
pour perdre Luther, et Luther fai): tput pour les 



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m LOTHER [15M]. 1l5 

sauver. Gé n'est pas pour Luther, mais pdur eux 
qu'approche la perdition; its Favancent eux- 
mêmes, au lieu de s'en gard». Je crois que 
l'esprit parle ici en moi. Que si le décret <îe la 
c<rfère est; arrêté dans le ci^; et que là prière ni 
la sagesse n'y puissent rien, nofusobtienérons que 
notre^ Josias s'endorme dans^la paix, et que le 
inonde soit Idssé à lui^^méme* dans sa Babyloné. 
— Quoique exposé à toute heure à la mort, au 
milieu de mes ennemis , sans' aucun secours hu- 
main , je n'ai cependant jamais rien tant méprisé 
en ma tî^ que ces stupides menaces du prince 
Georges et dé ses pareils. L'esprit, n'en doute 
pas , se rendra maître du duc Georges et de $es 
égaux en sottise. Je t'écris tout ceci à jeun et de 
grand matin , le cceur rempli d'une pieuse con- 
fiance. Mon Christ vit et règne , et moi je vivrai 
et régnerai. » (ig mars,) 

Au milieu de Tannée parut le livre qu'Henri VIII 
avait iàit faire par son chapelain Edward Lee, 
et dans lequel il se portait pour champion de 
l'Eglise. 

« Il y a brsn dans ce livre une ignoran<:^ 
.reyale-^ mais il y a aussi une virulence et une 
fausseté qui n'appartiennent qu'à Lee. » (22 
juillet.) -^ La réponse de Luther parut 4'àn- 
née suivante^ sa violence 'surpassa* ton t< ce 
que ses écrits contre le pape avaient pu' faite 



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tiô mémchhes 

aUendre. Jamai$ avant cette époque un homme 
privé n'avait adressé à un roi des paroles si mé« 
prisantes et si audacieuses. 

ciMoi ,, aux paioles des pères , des hommes ^ 
des^anig^, des démoHâ^ î'bfiipose^^on pas l'aa- 
tiquç U^<9 xà ia m^itude des hommes^ mais la 
seûde paxole de Té^erneÙe Majesté i^rÉvangite 
qp'euxrmièn^e» «ont >C0)rc^ d0 reô0iUffîitFa. Là > je 
oue tien^^ je m'assieds, je mWrète; là esttm» 
gloire > mon triomphe; de ta ^j'insulte aux popes^ 
^Sf thoaiistfs> aux hepricistes^^) auii sc^histes eft 
a .4chM:qs les portQs de Ténfer. Je m'itiifiuète 
peu 4^s^ paroiies dets hommes quelle qu^aitéié l^if 
sain^eilé; pas d^antagé de la tsadition^ da^k 
GOAituBoe trompeuse. La parole de Dieneatt ao^ 
dessus de tout. Si j'ai pour moiiat divine Matjesté^ 
q^^ m'i^npcHTte^ le reste v quand, même lùille Au- 
gustins, mille C;j9rienflr, miUe^ églises! de Henri, 
se^yearaifii^i contre mo»? Dieu ne peut eirer ni 
tromper ; Aqgusiiin et Cypirien ^ comme tous les 
^$., peuvent errer et oai erreu' • 

M La messe vaincue, nous avons, je croisy vaincu 
k^ papauté.' La mtfes$e était comme la* rochey où 
1$!^: paipa^té 0e jondaii,: avetc ses itiois^stères, se% 
épiscopat$ 5 sQSr collège ^ s0s autels, ses minîëtves 
et ses doctrines; enfin, avec toytson ventre. Tout 
^ela fj-oulera avec 4'9>hommàtion de ieur messe 

sticril^* ' ' ' 



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DE LUTMËR [1523]. ilIT 

;9 Pour la cause de Ghmt ^ f ai foulé ^lu^&pieds^ 
J 'idole 4e, raMmiinatîon' jotnaifie , ; opii sîétait mue 
à Ja place deJJieu et&'éfôit établie makrefise de» 
rois et dayitK>Bde. Quel est donc cet ifenii^ jce 
nouveau thomisie^i ce disciple au monstre /fiour 
qqe je respecte ses.blasphèanes et sa Tialesioef 
Uest le défen^ur de HÉglîse, oui^d^ son Église 
à lui^. ^'il porte si îiaut , de cette profitituéû cpi 
vit dans la pourpfe, ivre de débauches^ de cette 
mère 4^ foiaiicaftions*; Moi , moacbef est Christ, 
je. frapperai dii^.méiDexoup cette Église et son 
défej^mr. ^i nç &nt qu'un ; je les briserais 
;. y\ J'en suijiK sûr,, liïies doctrines viennent du 
cieL Je les aiiedl trioiùpher ccmtre celui qui, 
cJUœis son pk^tit.ongle V a^pkis de force et d'astuce 
que tous les ipapes y totç» les rois , tous les doc- 
teur^,:.. . Mes dogmes > resteront y et ^ le pape torar- 
J3çrâ> pi^%i:)é^outes les portes de l^enfer , toutes 
h^ pujiaisaooes deTair , de la terre et de ia>iiier. 
Us oi'{e>!itti^r)à^'Qqué à istt guerre y^ eh bien J ils 
J>iJir0fit tei^jgueBrew Us ont méprisé k paix que. je 
.tour oi^aâis^^i îisj n'aur«^nt ,pJns ià paî^v Dsewmcj^a 
qui (des deux le^premicy* en aura^assdz/du pape 
<»a d^^IiUther. ï^ois fois j'jsùrpaiti devant eiosii* Je 
suis m\^é dans .Worinsry sachant bien cpe César 
devait maUfr à taon égard ia foi poWiqillk^ Lu- 
tfeer , ce £à^tif , ice treînbleur, est venùse^jetîcr 
sous les dentS/deJBehetaifittli,.. Mais eux y ces ker- 



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118 MÉM(HRES 

iâ>les géads, daas ces trois années^ s'en est-il 
présenté un seul à Wittemberg? Et cependant ib 
y seraient venus en toute sûreté sous la garantie 
de l'Empereur. Les lâches , ils osent espérer 
encore le triomphe ! Us pensaient se relever^ 
par ma fuite ^ de leur honteuse ignominie. On la 
connaît aujourd'hui par tout le monde ; on sait 
qu^ils n'ont point eu le courage de se hasarder en 
face du seul Luther. » ( 1 5a3.) 

Il fut plus violent eteore dans le traité quil 
publia en allemand , sur la Puissance séculière. 
« Les princes sont du monde y et le monde est 
ennemi de Dieu; aussi vivent-ils selon le monde 
et contre la loi de Dieu. Ne vous étonnez donc 
pas de leurs furieuses viokncesx^ontre l'Evangile, 
car ils ne peuvent manquer à leur propre nature. 
Vous devez savoir que depuis le commencement 
du monde ^ c'est <^ose bien raare ' qu'un prince 
prudent^ pUis rare encore un prince probe et 
hobnéte. Ce scmt communément de grands sots^ 
ou de maudits vauriens {nmoûiwh faiuiy pessimi 
nebuUmes super terram). Aussi ^ faut^-il tôujôtïrs 
attendre d'eux le pisy presque jamais le bîea, 
surtout . lorsqu'il s'agit du ^rut des âmes. Ils 
servent à Dieu de licteurs et de bcnirreaux; quand 
,il ve^l, punir les méchans*. Notre Dieu est ua 
puissant roi , il lut faut de nobles y d'illustres ; de 
rîdies bourreauix; et licteurs'otimmé ceux-ci j il 



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DE LUTHER [I5S5]. i<9 

veut qu'ils aient en abondance des richesses > 
des honneurs, qu'As soient redoutés de tous. Il 
plait k sà^ivine volonté que nou^ appelions ses 
bourreaux de démens seigneurs , 'que nous nous 
pxo$ternions à leurs pieds, que nous soyons leurs 
très humbles sujets» Mais ces bourreaux ne pous- 
sent point eux-mêmes Tartifice jusqu'à voulôrr 
devenir de bons pasteurs. Qu'un prince soit 
prudent, probe, chrétien , c'est ta un grand mi- 
racle, un précieux signe de la faveur divine ; car 
d'ordinaire, Jl en arrive comme pour les juifs 
dont Dieu disait : « 3e leur donnerai un roi dans 
Qfia colère, je.l'ôterai dans mon indignat΀m. 
Vaio tibi regçm in furore meû , et oi^feram in in-- 
dignatiûne meâ. » ' 

w Les voifè , nos princes chrétiens qui pro- 
tègent la foi et dévorent le Turc.,.. Bons com- 
y pagnons ! fiez-vous-y .Ils vont faire quelque chose 
dans leur beUe^agesse : ils vont secasser le cou,^ 
et pousser les nations dans les désastres elles 
misères... Pour mdr, j'ouvrirai les yeux àur 
aveugles pour qu'ils comprennent ces quatre 
mots du psaume CYI : t^fundit contempUtm su- 
per principes. Je vous le jure par Dieu naêrne, si 
vous attendez qu'on: vienne vous crier en face 
ces quatre mots , vous: êtes perdus, quand même 
dfiacun de vous serait aussi puissant que le Turc;L 
et alors il ne vous sei-vira de rien de vous enfler 



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i£Û MÉAIOWKS 

et de grincer des deùU*.. U y a déjà bien peu de 
prioces c)ui ne soient traités de sots et de £ri* 
pons; c'est qu'ils se monti^ent tels, ^t que le 
peuple iXHnmence à comprendre... Bons maîtres 
et seigneui^s , gouvernez avec modération et jus- 
tice^ car vos peuples ne supporteront pas long-^ 
teinps votre tyrannie ; ils ne 4e peuvent ni ne le 
veulent. Ce monde n'est plus le mondé d'autre- 
fois, où vous alliez à la eha$se àes homaqies^ 
comme à celle des bêtes fauves. » 

Observation de Luther , sur deux mandemens 
sévères de l'Empereur contre lui. « .. J'exhorte 
tout bon chrétien à prier avec nous pour ces 
prince^ aveuglos, que Dieu nous a sans doute 
envoyés dans sa colère, et à ne pas les. suivre 
cqntre les Turcs. Le Tur^est d^x fois plus habile 
et plus religieu:i;; iqu^ nos piinces. Gemment 
pourraient^-ils réus^ contre lui , ^s fous qui 
tentent et blasphèment Dieu d-unë manière si 
horrible! ? Cette pisiuvre et n^is^able créature , 
qui n'est pas un instant sure de sa vie ,: notre 
Empereur, na se glprifie*t-il pa^ iiApudeniiment 
d'être Je viiai ^t SQuy^j^iin défcnseur de la foi 
chrétienne ? 

« L'Ecriture sainte dit qiie la foi chrétienne 
est un rocher oùiHi^ le^m^l écho\^rout et le 
diable et la mort, et toute puissance ; que 
^'ept uae force divine 3 et cette force divine se 



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DE LUTSKft tlSâS]. i» 

fanait parotéget* par ub enfftnt de la moit qme' ia 
moindre <iiose jettera bas? O Béeu f quiele 
i monde «H insensé î Toîlà le roi d'Angleterre qoi 
slntitûlê à son tour^ défeitéeur de la foi/ Les 
Hongrois mêmes se Tan teht d'être les protecteurs 
deDieâ, et as chantent dans leursiitanibs t'Ui nos 
d€fe»s(sndstaQsexaudiredigneris,i. I^nrquoi n'j 
a'^t-il pas aussi dos princes pour protéger Jésus- 
Christ,' et d^autres ^our défendre le Saiiort-Ësprit ? 
Alors , jepense , ht sainte Trinité et k foi set^ient 
enfin convenablement gardées \.,. >) (i 5?i3:) '* 

De telles hardiesses éfifrayaient ï^lecteur. Lu- 
thier avait peine à le rassurer. (^ Je me souvieA^s / 
mon cher Spalatin, *de ce que j'ai écrit 'de Bom à 
l'ÉFecteur,' et plût à Dieu que vous ètissiéfe foi, 
avertis par les signes si évidens d^ la main de 
1>îeUi Ne vdilà^^il pas deux ans que je-ti^ enclore 
contre toptè attente. L'Électeur non- seutertent 
esta l'abri, maSs depuis un ati il voit la ft#ëur 
àes princes apaisée ? Il n'est pais» difficile aii Qirtst 
die pirotégef* le Christ daiis cette mîttiriè fcaiise/6ii 
FÉiecteur 'est entré par le seul conseil de ©*eU. 
Sî' je savais uiï^moyên de le tirer de èette cause 
safas honte pour l'É^^afelgile, je n'y pfaindMds^'pas 
niénle Aia vie. >Mbi; i^atais bien cc>ï*ipté qu'afvànt 
un an^ on me traînerait au dernier supplice^ 
«c'était là' mon expédient^ pour sa délivrance: 
|ilMnt€nant^ puisque »ous ne sommes pas ca^ 



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19t MÉMCWES 

pahks de comprendre et de pénétrer son des— 
sein , nous serons toujours parfaitement en sû-« 
reté en disant : Que ta volonté soit faite! Et je 
ne doute pas que le prince ne soit à Fabri de 
toute attaque^ tant qu'il ne donnera pas un as- 
sentiment et une approbation publique à notre 
cause. Pourquoi est-il forcé de partager notre 
opprobre? Dieu le sait, quoiqu'il soit bien cot- 
tain qu'il »n'y a là pour lui ni dommage, ni péril, 
et^ au contraire, un grand avantage pour son 
salut. » (i 2 octobre iSaS.) 

Ce qui faisait la sécurité de Luther, c'est qu'un 
bouleversement général semblait imminent. La 
tourbe populaire grondait. La petite noblesse , 
plus impatiente ,|)renait le devant. Les riches 
principautés ecclésiastiques étaient Ik comme 
une proie, dont le pillage semblait devoir com- 
mencei* la guerre civile. Les catfaoUques euxr- 
mémes réclamaient par les :3^oy,ens légaux, 
contre les abus que Luther lavait signalés dans 
l'église. En mars iSaS, la diète de Nuremberg 
suspendit l'exécution de l'édit impérial contre 
Luther, et dressa contre le dergé les cenitm 
grasHxmna. Déjà le plul ardent des nd:^es du 
Rhin, Franz ^e Sickingen, avait ouvert la lutte 
des petits seigneurs, contre les prinœs, en atta- 
quant le Palatin. 4c Voilà, dit Luther, utie chose 
très fâcheuse. Des présages œrtajjûis nous . aih- 



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DE LUTHKl [1525]. f» 

noncent UQ bouleversement des états. Je ne doute 
pas que l'Allemagne ùe soh menacée^ ou de la 
plus cruelle guerre ou de son dernier jour. » 
( i6 janvier i5a3. ) 



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iU MEMOmES 



CHAPITRE II. 



CotiimeDcemens de l'Église luthérienne. — Essais 
d'organisation, etc. 



Les temps qui "SMivent le retour de Luther à 
Wittemberg , fortfiënt la période de sa vi^, la 
plus active , la plus laborieuse. Il lui fallait con- 
tinuer la Réforme, entrer chaque jour plus avant 
dans la voie qu'il avait ouverte, ren#rser de 
nouveaux obstacles, et cependant de temps» à 
autre s'arrêter dans cette œuvre de destruction 
pour réédifier et rebâtir tellement quelhHnent. Sa 
vie n'a plus alors l'unité qu'elle présentait à 
Worms et au château de Wartbourg. Descendu 
de sa poétique solitude, plongé dans les plus 



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DE LUTHEl [fSââ]. 1» 

m^3$quine$ réalités^ jeté en fmie au monide^, 

c'^st 1^ lot: que s^'adiesstreQt (xhis les ^inemis de 

Rome. Tcttis affloent diez Im et a6biëgeqt sa 

pcMRte^ priàE>eesy docteurs eiK bourgei^. l\ ismt 

qp^il pëpMideraijDEfidbëmiieasy aMDC kaliensy atkx 

Smiste^^ à :li»itejy£u9opev Les fugitifli 4»rryv^n)[? 

dje.'toQ.s nées. -De ceuia^cr tes plu» embafprâi^sans y 

sadfid: èonmdit y ce «Mil< les peligietrses échâfpp^^ 

deleuTji couvens;^ repoussées de leors familles y 

«trqiiirânoem che9rdier>ua asile auprès de Im^ 

àmr. Getihoaiiiiede trente«-si]C ans est obligé de 

reiCdTcir œsr rleoinies et : ces iilles ^ de leur servir 

dfiifète'. I^awireiimMtte>^dlms sêi^tuaticHi néc^ 

$it*use/(vèy«/le <^iapîtii;e W), il arradi» ^ 

pcwe quelq^iiSf. stcqun potnr dles au pamyid*^ 

mew Electeur iqvi lé rlaisse iluv-mème maotir d^ 

£ùm. Tomber ikitt eesi misères après le tviomphe 

4e Wofms y e'étaîfedequoi iQaliriev l'eiallatioii' dd 

céformeleur. . .- j • * > i.., , a. 

l^ réponses qu'il donheàceite feule qui Pt^ 
le i consulter^ sont empreintes^ d'une libérante 
d'espiit; dobt nous le verrons quelquefois s^écar- 
teriphis tBnt>{ lorsque <4eiieiiu êhef d'uiie é^i^e 
établie^ il ^rou^era Im^^iiènie le bes<ràii d^rèter 
le tmmreineDt qu'il araîti imprimé à ta pensée re^ 
|%iiçttae. ' ' ' ">■ i ' ' ^ ^ 

B'tffeord «'est lel pasteur de Zwiekau; Hans*- 
maim, ^uiimterpeUoXutberpoor fixer les- limites 



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116 HËMOIRES 

de la liberté éyangélique. Ur^xmd : « Nous 
donnons liberté entière surruoe et l'autre espèce ; 
mais à ceux qui s'en iqqprocbent dignement et 
ayec crainte. Laissons tout le resté s^n le rite 
accoutumé, et que chacun suive son propre esprit^ 
que chacun écoute sa conscience pour répondre 
à l'Évangile. » Ensuite viennent les frères Moi^- 
ves y les Vaudois de la Moravie. (aÔmars i522) : 
« Le sacrement lui-même ^ leur écrit Luther^ 
n'est pas tellement nécessaire^ qu'il rende su- 
perflues la foi et la charité. Cest une folie que 
de s'escrimer pour ces misères, en négligeant 
les' choses précieuses et salutaires. Là où se trou- 
vent la foi et la charité^ il ne peuty avoir de péché, 
ni parce qu'on adore , ni parce ^'on n'acbre 
pas. Au contraire , là , où il n'y a pas charité et 
foi, il ne peut y avoir qu'étemel péidié. Si ces 
ergoteurs ne veulent pas dire concomitance, qu'ils 
disent autrement et cessent de disputer^ puis- 
qu'on s'accorde sur le fond. La foi, la charité 
n'adore pas (il s'agit du culte des saints)^ parce 
qu'elle sait qu'il n'est pas comouiiidé d'adorer, 
et qu'on ne (>è<^e pas pour ne point adorer. 
Ainsi elle passé en liberté au milieu de bes gens^ 
et les accorde tous en liûssant chacm abonda 
dans son propre sens. Elle défend de disputer et 
de se condamner les uns les autres 3 car elle hait 
les sçctes et les schismes. Je résoudrais la que»- 



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DE LUTHER [1552]. 1*r 

tien de radoF^tion de Dieu dans les saints^ en 
disant que c'est une chose libre et indifférente. » 
lU'exprimesur ce dernier sujet avec une hauteur 
singulière. 

« Le monde ^tiér Winterroge tellement (ce 
que J'admire) sur le culte des saints , que je suis 
forcé de mettre au jour mon jugement. Je vou- 
drais qu'on laissât dormir cette question y pour 
ce seul motif, qu'elle n'est pas nécessaire. » 
(ag mai i Stxii.) «Quant à l'isxposition des reliques, 
je cix>is qu'on les a déjà montrées et remontrées 
par toute ta terre. Pour le purgatoire, je pense 
que c'est dbose fort incertaine; Il est vraisembla- 
ble iqu'à l'exception d'un petit nombre, tous les 
uMurts dorment insensibles.- Je ne crois pas que le 
purgatoire soit un lieu déterminé, comme l'ima- 
ginent les sophistes. A les en croire, tous ceux 
qui n^soût ni dans le ciel ni dans l'enfer s»ont 
dans le pùj^toire. Qui oserait l'assurer? les 
àoies des morts peuvent dormir entre le ciel, la 
terre, l'enfer^ le purgatoire et toutes, choses^ 
c^omme il arrive aux vivans, dans unf>rofond 
«ommeil... Jepen$e que c'est cette pein* qu'on 
af^elle l'avant-goût de l'enfer, et dont le Christ, 
Moïse, Abraham y David, Jacob^ Job^ Ezéchias 
et beaucoup d'autres ont tant souffert. Comme 
elle est semblable à l'enfer, et cependant tem- 
poraire, qu^elle 'ait lieu dacs le corps ou hors 



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tâS MÉMOIRES 

du corps^ c'est pou» moi lepuiçatoîre. » (i3 jârt-* 
vieriSaa.) 

La confeasion perdy entre les mains de Luthei"^ 
le caractère que lui avait donné l'Église. Ce ti'e^t 
plus ce redoutable tribunal qui ouvre et ferme 
le ç^^. Le p^tre ne;£aiit plus que ^mettw sa sa-* 
gesse et son expérience au service du i^émtent ; 
de sacrement qu'elle était, la c<>iifesmon' devient^ 
pour le prêtre^ un ministère de coiisoktion et de 
boaponseil. . .,,.,.,. 

, «t Daûs la confession ^ il a'est poiot qéeessiaife 
qu^J'ontraoonte^us 3|ls péchés; ihais les %tm 
peuvent dire ce qu'ils veulent; nous ne les lap»- 
don^ point pour cela; s'ils^avouefit^u fon^ du 
ûûaw qa'îlftsoot'de pauvres pécheurs> nous noM 
ea contentons. , . ., ^ 

> . » >Sî.un meurtrier disait devant les tribunaux 
^ue Je J'ai ^absous^ je dËb*ais :.)enesaisf>of]it s'il 
e§t absous ; ce n'est pas nioi qui confesse et ab^ 
sogs , ^/est le Chrisst. A Venise , une femme avait 
tué^etj^téà l'eau, un, jeune compagnon qui 
avait QjÇHiphéavec elle. Un moine lui donna l'ab^ 
soluticw et la dénonça. Lafqmmes'f xeusa en rnon^ 
trant l'absolutiop du moine. Le ^énat décida qv^ 
le moine ^rajt brûlé et la feqpm^è.bacuiie de là 
viUe* Ç'^ptait un jugement bien sage. Mais si je 
dciQiiaiçr IIP billet,.sîgné de ma main, à une 
conscience effrayée^ et que le juge eût ce billet, 



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DE LtJTffiR. 1» 

je pourrais jttôteme^t le rédamer, comme j'ai 
fiMt avec le duc Geoi^s. Car celui qui a*en main 
les lettres des autres^ sans un bon titre, cekii-là 
est un voleur. » 

Quanta la messe , il la traite dès iSig'comme 
une chose indifférente pour ses formes exté^ 
rieures. Il écrivait alors à Spalatin r « Tu me 
demandes un modèle de commémorations pour 
la inesse.. Je te supplie de ne pas te tourmenter 
cte ces minuties; prie pour ceux pour lesquels 
Dieu t'inspfrera , et aie la conscience libre «ur 
ce sujet. Ce n'est pias une chose si importante^ 
qtf il tiille enchaîner encore par des décrets et 
des traditions l'esprit de Jib^rté : il suffit, et 
au«^dèlà , de la masse déjà excessive des traditions 
régnantes. » Vers la fin de sa vie, en i542, il 
di^it encore au même Spala tin ( lo novembre) : 
« Fai$^^ pour l'élévaticm du èai&rement, ce qu'il 
te plqira de faire. Je ne vetix ^as que dans les 
difrsôs indiâerentesy on impose^ a^icune chàlnoi 
C'esj; ainsi que j'écris, que j'écrivis, que j'écrirai 
touicMU»*^ k tous ceut qui mi» fatiguent de cette 

Il comprenait pourtant la nécessité d'iin -culte 
extéyièisr : « jBien qi^e les cérémonie ne soient 
pas^ 'Béçeséaiies au sâlut^ cèptemdant elles font 
iûipressîon mir les espritS'grossiers;^iJepar}e.prin^ 
cipaldbent d^s' eéfémonies ée la^ aiesse, que 
ï- 9 



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1o6 MÉMOIRES 

vous pouvez conserver^ comme nous avons fait 
ici, à Wiltemberg. » (ii janvieïr i53i.) k Je ne 
condamne aucune cérémonie, si ce -n'est celles 
qui sont contraires à FEvangile. Nous avons 
conservé le baptistère et le baptême , bien que 
nous l'administrions en nous servant de la lan- 
gue vulgaire. Je permets les images dans le 
temple ; la messe est célébrée avec les rites et les 
costumes accoutumés^ seulement on y chante 
quelques l^mnes en langue vulgaire, et les pa- 
roles de la consécration sont en allemand. Enfin 
je n'aurais, point aboli la messe latine^ pour y 
substituer la messe en langue vulgaire , s; je n'y 
avais été forcé. » ( i4 mars 1S2S. ) 

« Tu vas organiser l'église de Kœnigsberg.; 
je t'en prie, au nom du Christ, change le moins 
de choses possible. Il y a près de là des villes 
épiscopales , il ne faut pas que les cérémonies 
de la nouvelle Église diffèrent beaucoup des 
anciens rites. Si la messe en latin n'est pas 
abolie, ne l'abolis pas; seulement mêles -y quel- 
qi^es chants en allemand. $i elle est abolie, con- 
serve l'ordre et les costumes anciens. » (16 juil- 
let i528.) 

Le changement le plus grave que Luther fit 
suhdr à la messe, fut de la traduire en langue vul- 
gaire< « La messe sera dite en allemand pour les 
laïques, mais l'office de diaque jour se fera en 






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DE LUTHER [1524-5]. 131 

latîn^ en y joignant toutefois quelques hymnes 
allemands • » (a8 octobre i5îi5.) 

« Je suis bien aise de voir qu'en Allemagne la 
messe soit à présent célébrée en. allemand. Mais 
que Carlostad fasse de cela une nécessité , Toilà 
qui est encore de trop. C'est un esprit incorri- 
gâ>le. Toujours^ toujours des lois^ des néces-* 
sites 9»des péchés ! Il ne saurait faire autrement. .. 
Je dirai volontiers la messe en allemand, et je 
m'en occupé aussi ; mais je voudrais qu'elle eût 
un véritable air allemand. Traduire simplement 
ie texte latin, en conservant le ton et le chant 
usités, cela peut aller à la rigueur, mais ne 
sonne pas bien et ne me satisfait pas. Il faut 
que tout ensemble, texte et notes, accent et 
gestes, viennent de notre langue et de notre voix 
natales ; autrement ce ne sera qu'imitation et 
singerie... » 

« Je désire, plutôt que je ne promets, de 
vous donner une messe en allemand; car je 
ne me sens pas capable de ce travail, où il 
faut à la fois la musique et l'esprit, n {i% novem- 
bre 1524.) 

« Je te renvoie la messe ; je tolèi'erai qu'on la 
chante ainsi, mais il ne me plaît pas qu'on garde 
la musique latine sur les paroles allemande«i. 
Je voudrais qu'on adoptât le chant allemand, ji 
{a6 mars iSaS.) 



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13f MÉMORES 

» Je suis d'avb qu'il serait bon ^ à l'exemple 
des prophètes et des anciens pères de l'Eglise ^ 
de Caire des, psaumes en allemand pour le 
peuple. Nous cherchons des poètes de tous côtes; 
mais puisqu'il t'a été donné beauiXHtp de fa- 
conde et d'éloquence dans la langue allemande^ 
et que tu as cultivé ces dons ^ je te pHe de m'ai^ 
der dam» mon travail ^ et d'essayer de tt^uire 
quelqiie psaume sur le modèle de ce que fài 
déjà fait. Je. voudrais exclure les mots nou* 
veaux et lés termes dé cour : il faudrait^ pour 
çtre codipris du peuple, le langage Je f^s simple 
et le plus ordinaire^ quoique:, cependant^ put et 
juste; il faudrait que. la phi*ase fui claire et le 
plus.prèa du texte qu'il sera passible. » (i5a40 

Ce n'était pas chose facile qiia d'corgàniset- la 
nouvelle Églbe. L'ancienne hiéïandlie était bri- 
sée. Le principe de la Réforme étant de rame^ 
ner toute diose au; textede l'Évangilej potfr être 
conséquent, il fallait rendre k l'Église là forme 
démocratique qu'elle avait aux premiers siècles. 
Luifaer; y semblait d'ab^rd^ disposée 

Dé ministris Ecçlesiœ instituendisy ac^essé atix 
Bbhmiiens^ «(Yoilàunebdte invention dés papis- 
tes, t^j» le prêtre est revêtu dlun caractère iridélè- 
bilè^etqa'àucunefautenepeut te lui faire perdre^. . 
Le prêtre doit êbe Jéhoi&îyélu: pap lés liuffrages 
du peuple, et ensuite confirmé par<Vjevêque(c'Sèst- 



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DE LlITHEâ fi5â3]. 135 

àt*^ire «[u'après Félectioii, le {Kremier, le plu» vé- 
nérable d'entre les électeurs impose les mains à 
relu). Est-ce que Christ, le premier prêtre du nou* 
veau Testament^ a eu besoin de la tonsure et de 
toutes qes momeries de Fordinaiion épiscopale. 
Est^^ce que sps apètres^ ses disciples en ont &i 
besoin ?4.\ Tous les dirétiens sont prêtres^ tons 
peâveat ensi^ner la parole de Dieir^ adminis- 
trer le baptême:^ eon^acrer lefmn et le via, car 
Cbristtfdît^Faiteacelaénmanoirede moi. Nous 
tous qui sofiomes «dirétieos , nous avoss le pou* 
yekt des des, CSoerpst a dit aux apdtrés qui re^ 
pnisehtaieàt ai:qffès de lui l'humanité tout en-^ 
Itère : Je vous le dii en vmté^ ce que^voos aurez 
délié swJar terve^ sera d^é dans le cifl. Mais 
lieaf et déliter n'est autre diose qae prédiet** et 
apptiqu^ l'Evangile. Délier , «c'est annoôcer que 
XHeu a rerni^ iea fautes d^ pécheur; Iiiex^ c'«st 
^er^ l'Ëvaiïgile eit annoncer que Icè péçbés> sont 
retenus. • 

» Les noms que doivent pqHèr lespvetres-sont 
oemr dç minisftres^^dia€I)e&^ évéques (sûrve^kuis), 
dis^peoaateuci. Si le ministre, cessée d'euro fidèle > 
il doit être d^osé; s^s frères peuvent Fexcommu^ 
oâ^r et tnèttiie quelqu'au^ré ministre à sa place. 
lie pfemier offioç cbwis FE^ise es t celui de la pré- 
dication.^ Jésuet* Christ et-P^ut prêchaient, 
lie baptisaient point. » (i 5a3.) 



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134 MÉBfOIRES 

Il ne voulait points nous Favons déjà tu^ 
qu^on astreignit toutes les ^lises à une règle 
uniforme^ c Ce n'est point mon avis qu'on doive 
imposer à toute l'Allemagne nos réglemens de 
Wittemberg. » Et encore : <(I1 ne me paraît point 
sûr de réunir les nôtres en concile^ pour établir 
l'unité des cérémonies ; c'est une chose de mau- 
vais exemple, à quelque bonne intention qu'on 
l'entreprenne , ainsi que le prouvent tous les con- 
ciles de l'Eglise, depuis le commencement. Ainsi 
dans le concile des apôtres on a traité des œu- 
vres et des traditions plus que de la foi^ dans 
ceux qui ont suivi, on n'a jamais parié de la foi, 
mais toujours d'opinions et de questions, en 
sorte que le nom de concile m'est aussi sus- 
pect et aussi odieu;c que le nom de libre arbitre. 
Si une église ne veut pas inûter l'autre en ces 
choses extérieures, qu'est-il besoin de se con^ 
traindrepar des décrets de conciles, qui se chan- 
gent bientôt en lois et en filets pour les âmes? » 
( I a novembre 1 5a4. ) 

Cependant il sentit que c^tte liberté pouvait 
^Uer trop loin , et faire tomber la Aéfottne dans 
une foule d'abus. « J'ai lu ton ordination , mon 
dier Hausmann, mais je pense qu'il ne faut pà;» 
la publier. J'en suis depuis long-^temps à mère- 
ppiptir de ce que j'ai fait ; depuis qu'à mon 
exemple tous ontproposéleurs réforme > la ^va-r 



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DE LUTHER. 135 

riété et la multitude des Gérémonies a cru à Tin- 
Gni y si bien qu'avant peu nous aurons surpassé 
Toicéan des cérémonies papales. » (21 mars iS340 

Pour mettre quelque unité dans les cérén«>* 
mes de la nouveUe Eglise, on institua des vi* 
sit^ annuelle ^ qui se firent dans toute la Saxe. 
Les visiteurs devaient s'informer de la vie et 
des doctrines des pasteurs , redresser la foi de 
ceux qui erraient , et dépouiller du sacerdoce 
ceux dont les mqeursn?étaient point exemplaires: 
Ces visiteurs étaient nommés par FEIecteur, d'a- 
près les avis de Luther qui , résidant toujours à 
Wittemberg, formait, avec Jonas, Mélanchtori , 
et qudlques autres théologiens, une sorte de co- 
mité centra] pour la direction de toutes les affai- 
res ecclésiastiques. 

(c Ceux de Winsheim ont demandé à notre il- 
lustre prince de, te permettre de venir gouverner 
leur église; d'après notre délibération , il a rejeté 
cette demande. Il t'accorde de retourner daes ta 
patrie , si nous te jugeons digne de ce minis^ 
tère. » (novembre i53i .) Signé Luther , Jonas, 

M^LANGHTCUH. . ^ 

On trouve dans les lettres de Luther un grand 
noïnbre de consultations de ce genre , signées d^ 
lui et àe plusieurs autres théologiens protestaos. 

Bien que Luther n*eut aucun titre qui le p)^-^ 
çài; à«]rrdessus des autres pasteurs j il ekéi^çaît ce- 



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iSÔ MÉMOIRES 

pendant une sorte de suprématie et de comrôle. 
li Voici^ écrit-il à Âmsdorf^ de nouTeUes plaintes 
sur toi et Frezhans^ parce que vous aTei^excom^ 
manié un baii>ier; je ne veiçc point décider 
encore enti^ yfous, mais réponds^ je t'en sup-* 
plie f pourquoi fsette excommunication ? » (juit* 
let i532.) 

a Nous ne pouvons que refuser la aunmunion > 
tentw de donner à rexcommunroation religieuse 
tous les ^ets de l'excpmmunication politique^ 
ce semil nous rendre ridicules en essayant de 
frire ^e qui n'est plus de ce siècle, et ce qui est 
au*dessus de nos forces... Le magistrat civil 
doit rester ea dehors de toutes ces <^K>ses. » 
( a6 juin i533«) Cependant rexcommuait^ationlui 
semblait parfois une arme bonne à empkiyer. 
Un bourgeois de Wittemberg avait acheté une 
maison trente florins, et, après quelque» répara* 
tion^^ il Yoqlutlaveiidre quj^receots. «â^iUefiaJl^ 
ààl Luther, je Fexo^mmunie. Nous devrions re^ 
leveir l'excommunication, n —Comme on parlait 
de rétablir les consistï>irea, le f uri^onsulte Cbns-^ 
tian Bruck dit à Luther : « Les nobles etles bour- 
geois craignent que vxius ne commenciee par les 
paysaps pour en venir ensuite à eux. -^^ Juriste, 
répondit Luther , ten^ez-vous-en à votre droit et 
à ce qui toudie IVrdre extérieur*, » -^ En i538, 
apprenant qu'un bcHnme de Wittemberg m^rî-* 



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DE LUIHia [1525]. 157 

sait Dieu> sa parole et ses serviteurs^ il le fait 
loaaacer par deux cbapelains-r—Plus tard, il dé- 
fend d'admettre au sacreoieot un noble qui était 

usurier* / 

^Ul|e dçs cho$es qui tourmentèrent le plus le 
i^rinateur , fut FaboIitiQU des vœux monas- 
tiques. Dès le milieu de i5ï^2 , il publia une ex- 
hortatloiiaip; quatre ordres inendians. Les Au- 
gustins au mois de mars, les Chartreux au n^is 
d'ia<nit$e dédarèrent haftitement pour lui. : 

, f< Amlkul^Qdiis delà Majesté impériale à l^u-- 
re»iberg ?.• . Qieu ne pe«t d^maoder d^s t<^x , 
qui sont au-dessus de la nature jhumaine... 
Chers, #eîgnwrs, laissez-vous flétîbir. Vous n^ 
saviez |)jsis quelles hor^bles ^et infâmes malioes 
le diable exerce dans les couvens* Ne vpus en 
rendit pas complices, n'en chaînez pas votre 
comciet)ce; Si mes ennemis les plus acharnés 
sairtâebt ce qu^ j'appresids chaque jour de tous 
les pays >^ : ah ! ils: m'aideraient demain à Ten- 
verseriles coMvens. Yous mie forcer à jcrier plus 
baiat que je ne voudrais^ Cédez , je vous en sup- 
plie, avant que les s^ndakts n!édatent tridp hon- 
teusement» » ( Août 1 5a3. ) 

fi Le diécret général des Chartreux sur k liberté 
qu'auront les ihoines de sortir et de quitter 
l'habit, me plait fokrt^ et yt le pi]Uieraii JL'exemple 
d'nn ordre si considérable aidera nos affaires et 



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i38 MÉMOIRES 

appuiera nos décisions. » (20 août 1 522.) -~ Ce- 
pendant il voulait que les choses se fissent sans 
bruit ni scandale. II écrit à Jean Lange : a Ta sortie 
du monastère n'a pas, je pense , été sans motif, 
mais j'aiurais mieux aimé que tu te misses au- 
dessus de tous les motiCs ; non que^e condamne 
la liberté de sortir, mais je voudrais voir en- 
lever à nos adversaires toute occasion de ca- 
lomnie. » 

n avait beau reconunander qu'on évitât toute 
violence; la Réforme lui échappait en s'étendant 
chaque jour au dehors. A Erfurth^ en iSar, 
on avait forcé les maisons de plusieurs prê- 
tres, et il s'en était plaint ; on alla encore plus 
loin, en iSaa, dans les Pays-Bas. a Tu sais, je 
pense ^ ce qui s'est passé à Anvers^ et com- 
ment les femmes ont délivré par force Henri 
de Zutphen. Les frères sont chassés du cou- 
vent, les uns prisonniers en divers endroits, 
les autres relâchés après avoir renié le Christ ; 
d'autres encore ont .persisté ^ ceux qui sont 
fils de la, cité ont été jetés dans ta maison des 
Béghards ; tout le mobilier du couvent est 
vendu, et l'élise fermée ainsi que le couvent; 
on va la démolin Le saint Sacr^neîit a été 
transporté en pompe dans l'église de la sainte 
Vierge, comme si on le tirait d'un lieu héré- 
tique ; des bourgeois , des femmes , ont^^été tor« 



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DE LUTHER [1522-4]. 139 

turés et punis. Henri lui-même revient à nous 
par Brème ; il s'y est arrêté et y enseigne la pa^ 
rôle 9 à la prière du peuple^ sur l'ordre du con- 
seil y en dépit de l'évéque. I^e peuple est animé 
d'un désir et. d'une ardeur admirables 5 enfin ^. 
quelques personnes ont établi près de nous un 
colporteur, qui leur porte des livres de Wittem- 
berg. Henri lui-même voulait avoir de toi des 
lettres d'obédience ; mais nous ne pouvions t'at- 
teindre si promptement. Nous en avons donc 
4onné eB, ton nom, sous le sceau de notre prieur* » 
(19 décembre 1 5aa . ) 

Tqus les Augustins de Wittemberg avaient 
l'un après l'autre abandonné le couvent, le 
prieur en résigna la propriété entre les mains 
jde l'Électeur, et Luther jeta le froc. Le 9 octo- 
bre i524, il parut e^ public avec une robe sem- 
blable à celle^que les prédicateurs portent en- 
covQ aujourd'Jiui en Allemagne ; c'était l'Électeur 
.qui lui en avait donné le drap. , 

Son exemple encouragea moines et religieuses 
à rentrer dans le siècle. Ces femmes^ jetées tout- 
â-^oup hors du cloître et fort embarrassées dans 
.un inonde qu'elles ne connaissaient pas, accour 
raient près de celui dont la parole leur, avait £ait 
quitter la solitude du monastère. 

« J'ai reçu hier neuf religieuses sortant de cap^ 
iivité, du monastère de Nimpschen, et parmi 



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140 MÉMOlftBS 

eHes Staupitza et demi autres de la famille de 
Zeàdiau. n ( 8 avril »i523. ) 

« J'ai grand^pitié d'elles^ et surtout des autres 
qui meurent en foule de cette maudite et inces- 
tueuse chasteté. Ce sexe si faible^ est uni au 
màle parla nature^ par Dieu même; si on l'en 
sépare 9 il périt. O tyrans, ô parées cruels d'Al- 
lemagne! ... Tu demandes ce que je ferd à )eur 
égard? D'abord je signifierai aux parens (pi'ils 
leSvrecueîllent ; sinon, j'aurai soin qu'on les re- 
vive ailleurs. Voici leurs noms : Magdeleine 
Staupitz , Eisa de Canitz, Ave Gro^n , Ave 
Scbonfeld et sa sœur Marguerite Sdionfeld , 
Laneta de Golis , Marguerite Zeschau et Cathe- 
rine de Bora. Elles se sont évadées d'une ma- 
nière étonnante... Mendier-moi auprès de tes ri- 
<Aie9 ooÎQotisans quelque ii^nt , dont je puisse 
les nourrir pendant une huitaine ou une quin^ 
eaine de jours, jusqu'à ce que je les rende à leurs 
parens ou à ceux qui m'ont donné. promesse. » 
( lo avril i5b3.) 

a Mon maître Spalatin, je m'étonne tpxé vous 
m'ayez renvoyé "cetDe femme, puisque vous 
connaissez bien ma main y et que vous ne d^sF- 
nez d'autre raison^ sinon que la lettre n^étâlt 
pas signée... Prie l'Éleôteùr qu'il deûnfe quej^ 
ques dix florins et une r^ofee neuve ou vieille ou 
Wttediose, enfin qu'il donne pour ces pau- 



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DE LUTHER [IMfâ^]. Ui 

vres vierges malgré elles. » (22 avril i5a3.) 
Le io avril* 1 523^ Luther écrit à Léonard 
Koppe, bourgeois considérable de Torgau^ qui 
avait aidé neuf religi^ses à se retirer de leur 
couvent* Il FapproUve et l'exhorte à ne pas se 
laisser effrayer par les cris qui s'élèveront contre 
lui. « Vous avez fait une bonne œuvre, et plût à 
Di^ que npus pussions délivrer de même tant 
d'autre& ^consciences qui sont encore prison^ 
nièresw. La parole. de .Dieu est main tenant dans 
Je monde et non dans les couvens... d 

Le 18 juin iSaS, il écrit une lettre de conso-»» 
lation à trois demoiselles que le duc Henri, filé 
dta i&ic Georges , avait châwséesde sa cour pour 
avoir lu les livres de Luther, ai Bénirez ceux qui 
vo^s outrageait^ etc.. Vous n'êtes malbeurebse* 
meut que trop vengées de leur injustice. Il faut 
avoir pitié dé ces filrieux, de ces insensés qoi ne 
vèient pais qû-ils perdent misérablement leur 
àine en pensant yo«^tfeire du maf... » 

;•« Voici »bien du nouNreau/ qçer tu sais déjà, 
sans doute , c'est que la duchesse de Montsberg 
^'est échappée par grand miracle du cotit^ènt Je 
Fren^berg ; elle est ém^ ma maison a^iec^dôux 
jiéunes filles^ l'une Marguerite Vblckmàrin , fille 
d'fui bourgeois i de Leipsidl&^J'autrè^ Dorothée^ 
fille d'uii bdurgepis de Freybergid» î(2O.0tctôff 

breiSàfti.). -- r"::- J w7 .-...•t;- ,1,. ,".î •;..( , ' .". 



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us MÉMOI&ES 

c( Cette malheureuse Élisabe^th de Reinsberg, 
chasséedel'écdle des filles d'Altenbourg etn^ayhnt 
plus de quoi vivre ^ s'est adressée à moi après 
s'être plainte au Prince, qui Ta renvoyée à ceux 
qui sont chargés du séquestre ; elle m'a prié de 
t'écrire pour que tu l'appuies près d'eux > etc. » 
( Mars 1 533.) 

c< Cette jeune fille d'Altènbourg ^ «dont le 
vieux père et la mère ont été pris dans leur 
maison , s'est adi^essée à moi pour me supplier 
de lui donner secours et conseil. Ce que je fe- 
rai dans cette afiEaire , Dieu le sait. » ( 1 4 juil- 
let i533. ) 

Quelques mots de Luther donneat lieu de 
croire > que ces femmes qui affluaient autour 
de lui, abusèrent souvent de sa facilité, que 
plusieurs même prétendaient faussem^t s'être 
échappées du cloître. — « Que de religieuses 
n'ai-je pa$ soutenues à grands frais L Que de 
fois n'ai-je pas été trompé par de prétendues 
nonnes, de vraies coureuses, quelle que fût 
leur noblesse (generosas meretrices). » (i535, 
a4 août.) 

Ces tristes méprises modifièrent de bonne 
heure les idées de Luther, sur l'opportunité de la 
suppression descouvens. Dans une préface adres- 
sée k là commune de Leisnick(i523), il conseille 
de ne pas les supprimer violemment; mais de les 



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DE LUTHHt [1525]. 145 

laisser s'éteindre en n'y recevant plus de novices. 
« Comme il ne faut contraindre personne dans 
les choses de la foi^ continue-t-il ^ on ne doit 
pas expulser ni maltraiter ceux qui voudront 
rester dans les couvens^ soit à cause de leur grand 
âge ^. soit par amour de, l'oisiveté et de la 
bonne chère > soit p^ motif de conscience. II 
faut les lai$ser jusqu'à leur fin comme ils ont été 
auparavant ^ car l'Évangile nous enseigne de 
faire du bien^ même aux indignes ; et il faut con* 
sidérer ici que ces personnes sont entrées dans 
leur état ^ aveuglées par l'erreur commune^ et 
qu'elles n'ont point appris de métier qui puisse les 
nourrir... Les biens de c%s couvens doivent être 
employés comme il suit : d'abord, je viens de le 
dire, à l'entretien des religieux- qui y restent. 
Ensuite il faut donner une certaine somme à 
ceux qui. en sc»*tent (qi:^nd même ils n'auraient 
rien apporté), pour qu'ils puissent commencer un 
autre état ; car ils quittent leur asile pour tou* 
jours, et ils auraient jpu , pendant qu'ils étaient 
au couvent, apprendre quelque chose. Quant à 
ceux qui avaient apporté du bien, il est juste 
qu'on leur en restitue la plus grande partie, si- 
non le tout. Ce qui reste sera mis en caisse com- 
mune pour en être prêté et donné aux pauvres 
du pays. On remplira ainsi la volonté des fonda- 
teurs ; car , quoiqu'ils se soient laissés séduire à 



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donner leur bien aux coutens^ leur intention a 
pourtant été de le consacrer à llionneur et au 
culte de Dieu. Or, il n'est pas de plus beau 
culte que la charité chrétienne qui vient au 
aecours de rindigent, comme Jésus-Oirist Fat- 
testera lui- même au jugement dernier (saint Mat- 
thieu, XXV)... Cependant, si parmi le^ h^îfiers 
d^ fimdafteurs il s'en trouvait qui fussent dans 
le besoin, il serait équitable et conforme^ la 
charité de leur ti^Iivrer une partie de la fondai 
tioa, même le tout, s'il était nécessaire, la vo^ 
lonté de leurs pères n'ayant pu être, ou du moins 
n'ajrant pas dû être, d'èter le paki à leurs éiifam 
et héritiers pour le donner à des étraiigerfe... 
Vous m'objecterez que je fais le trdu trop large, 
et que de cette manière il restera peu de chose 
à la caisse commune; chacun « dites -vous, 
viendra (Mréiendre qu'il kd fauttaùtet taut, etc. 
Mais j'ai déjà dit que ce doit être Une cetivfê d^j- 
quité et ^e charité. Que chacun eitartiihe ,' en sa 
conscience ) combien il lui faudra pôUr ses bè^ 
soins et combien il pourra hrisser à la tjaisse , 
qu'epsciite la. coÀiînUne pèse les drconstancèsi à 
son tour, et tout ira bie^n. Quand même la eûpî- 
dité dei[|Ueiqdes piarliculieîrs trouverait son pro-- 
fir-àf-eetaccomnîodettieiit, cela vaudrait touj6ùt*s 
nrieux'cftlë tes pillage et les désordres qti''Dn- à 
vuseriébhêmè... »' ; 



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DE LUTHER [1525-8]. U5 

t% Je ne voudrais pas conseiller à des vieillards de 
quitter le monastère , d'abord parce que^ rendus 
au monde, ils deviendraient peut^-être à charge 
aux autres , et trouveraient difficilement ^ dans 
ce refroidissement delà charité, les isôins dont ils 
sont dignes. Dans l'intérieur du monastère, ils 
ne seront à charge à personne, ni obligés de re- 
courir à la sollicitude des étrangers) ife pourront 
faire beaucoup pour le salut de leur prodbain, 
ce qui, dans le monde, leur serait difficile, je 
dis même impossible. » Luther finit pat encou- 
rager un moine à rester dans son monastère. « J^y 
ai moi-même vécu quelques années^ j'y aurais 
vécu plus long- temps, et j'y serais encore au- 
jourd'hui, si mes frères et l'état du monastère 
me l'avaient permis. » (28 février iSaS.) 

Quelques nonnes des Pays-Bas écrivirent au 
docteur Martin Luther, et se recommandèrent à 
ses prières. C'étaient de pieuses vierges crai- 
gnant Dieu, qui se nourrissaient du travail de 
leurs inains, et vivaient dans l'union. Le doc- 
teiir en eut grande compassion, et il dit : « On doit 
laisser de pauvres nonnes comme celles-ci vivre 
toujours à leur manière. Il en est de même des 
feldkloster, qui ont été fondés par les princes 
pour ceux de la noblesse. Mais les ordres men- 
dians. .. C'est des cloîtres comme ceux dont je 
parlais tout-à-l'heure , que l'on peut tirer des 

I. lO 



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146 MÉMOIRES 

gens habiles pour les charges de l'Église , pour 
te gouvernement civil et pour Féconomie. » 

Cette époque de la vie de Luther (iSli-iSaS) 
fiit prodigieusement affairée et misérablement 
laborieuse. Il n'était plus soutenu, comme dans 
la précédente, par la chaleur de là lutte et Fin* 
t^êt du péril. Â SpalMin. <c Je t'en conjure, 
délivre^moi; je suis tellement écrasé des a£Eaiires 
des autres, que la vie m'en devient à charge. «. 
«^ Mattin Luther, courtisan hors de la cour, et 
bien malgré lui. (^Aulicus extra aulam, et itwitus.) 
(i5a3.) Se suis très occupé, visiteur, lecteur, 
prédicateur, auteur, auditeur, acteur, coureur, 
lutteur, et que sais-je? » (29 octobre iSaS.) 

La réforme des paroisses à poursuivre, Funî^ 
formité dès cérémonies à établir, la rédaction 
du grand Catéchisme , les réponses aux nou- 
veaux pasteurs , les lettres à l'Electeur dont il 
fallait obtenir l'agrément pour chaque innova- 
tion ; c'était bien du travail et bien de l'ennui. 
Cependant les adversaires de Luther ne le lais- 
saient pas reposer. Érasme publiait contre lai 
son formidable livre De libéra tirUtrio ^ auquel 
Luther ne se décida à répondre qu'en iSaS. La 
Rciforme elle-même semblait 3e tourner oontie 
te réformateur. Son ancien ami Carlostad avait 
couru dans la voie où marchait Luther. C'était 
mâme pour l'arrêter dans ses rapides et vio- 



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DE LUTHER [1554]. UT 

lentes innovations, que Luther avait quitté pré- 
cipitamment le château àe Wartbourg. Il ne 
s'agissait plus seulement de Fautorité religieuse ; 
Tautorité civile elle-même allait être mise en 
question. Derrière Carlostad, on entrevoyait 
Mûnzer; derrière les saorumentaires et les icono- 
clastes, apparaissait dans le lointain la révolte 
des paysans, une jacquerie, une guerre servîle 
plus rftisonnée, plus niveleuse et non moins san- 
glante que celles de l'antiquité. 



■•899«« 



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us MÉMOIRES 



CHAPITRE IIF. 



1525-1525. 



Carlostad. — Miinzer. Guerre des paysans. 



c< Priez pour moi , et aidez-moi à fouler aux 
pieds ce Safan qui s'est élevé à Wittemberg contre 
rÉvangile, au nom de l'Évangile : nous avons 
maintenant à combattre un ange devenu^ comme 
il croit y ange de lumière. Il sera difficile de faire 
céder Carlostadt par persuasion; mais Christ le 
contraindra^ s'il ne cède de lui-même. Car nous 
sommes maîtres de la vie et de la mort, nous qui 
croyons au maître de la vie et de la mort. » ( 12 
mars iSaS. ) 



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DE LUTHER [ 15^3 ]. U9 

«J'ai résolu dehii interdire la chaire où il est 
monté témérairement sans aucune vocation , 
malgré Dieu et les hommes. » ( 19 mars. ) 

« J'ai fâché Carlostad, parce que j^ai casseuses 
ordinations y quoique je n'aie pas condamné sa 
doctrine; il me déplaît cependant qu'il ne s'oc- 
cupe que de cérémonies et de choses extérieures, 
négligeant la vraie doctrine chrétienne; c'est-à- 
dire la foi et la charité.... Par sa sotte manière 
d'enseigner, il conduisait le peuple à se croire 
chrétien pour des misères , pour communier 
sous les deux espèces , pour ne pas se confesser, 
pour briser des images... Il voulait s'ériger en 
nouveau docteur et élever ses ordonnances dans 
le peuple , sur la ruine de mon autorité {pressa 
med ouc^orîtote). » ( 3o mars. ) 

«Aujourd'hui même, j'ai pris à part Carlo^imly 
pour le supplier de ne rien publier contre moi ; 
qu'autrement^ nous serions forcés de jouer de la 
corne l'un contre Tautre. Notre homme a juré 
par tout ce qu'il y a de plus sacré, de ne tï&nt 
écrire contre moi.}) (21 avril.) 
: «... II faut instruire les faibles avec douceur 
et patience... Veux-tu, après avoir sucé lolait, 
couper les mamelles et empêcher les autres de 
se nourrir comme toi ? S^ les mères jetaient par 
terre et abandonnaient les enfans qui ne savent 
pas, en naissant, manger comme le» hommes. 



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isa MÉMomEs 

queseraisHu devenu? Cher asii^ 3} tuaa 3ucé 
et grandi assez ^ laisse donc le» autved suœr el 
grandir à leur tour.... » 

Càrlostâd abandonna set foikc^ioâs de ptofes- 
seur et d'archidiacre à Wittemb^, mai» sana 
abandonner le traitement, il s'en alla à Orlambnde, 
puis à iéna. k Cariostad a érigé une imprimerie à 
léna... MaisTÉléoteur et notre académie ontpro* 
mis, conformément à Fédit impérial, de ne per- 
mettre aucune publication' qui n'ait été soumise 
à l'examen des eommissaires. On ne peut souffirir 
que €arlo6tad et ks siens s'affrandiissent seuls 
de là soumis^n aux princes. » (7 janvier i5^.) 
« Cariostad est infeitig^le comme d^hiJsitude; 
avec ses nouvelles presses qu'il a ér^ées à Iéna, 
il a pubtié et publiera, m'a-t«on dit, dix^hutt 
ouvrages. » (i4 janvier i524«) 

: « Laiasons la tristesse avec l'inquiétude à l'es- 
prit de Cariostad. Pour nous , soutenons le com- 
bat; sans trop nous en préoccuper j c'est la caiise 
de Dieu ^ c'est l'affaire de Dieu, ce sera l'ceuvre 
de Dieu , la victoire de Dieuj il samra, sans nous,^ 
combattre et vaincre; que s'il nous juge dignes 
de noi:^ prendre pour cette gKmrie, nous serons 
prêts et dévoués. J'écris ceci pour t'exhc^ter, toi 
et les autres par ton intermédiaire^ à ne pas 
avoir peur de Satan, à ne pa^ laisser votne cœur 
se troubler. Si nous sommes injustes, ne fautai 



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DE LUTHEK [1524]. 151 

pas que nous sùyoi^ aùcàbiés? Si âoiia sommes 
jQ^es^ il y a im Dieii jiiite qoi iesk Tojfr iBoire 
justice coiDiite leplem midi. Périsse œ qui périit) 
sunrire ce qui survit^ ce n'est :pasiiotrie at^ 
faiee» » (ati octobre i5î^4-) 

^u l^ous iiaqppell6roii& Cadoatadau ikunde Vwim^ 
vemté à l'àffîcd de la parole , qu'il dmt àWitteni^ 
berg^ nous ie rappellero&s du Ueu où il n'a fmi 
étéafijptelé; e&fin^ s'il &e Vient pas ^ nous l'accu-- 
sercmé .aiqirès du prince, d Çi4 mars iStJ^- ) 

làtitfaer Cfut dev^r. se transporter lui-m^e 
à léna. Cariostad se croyant blossé par tin seiv 
mon dsi Luther, lui fit demander une entrevue. 
SUe eut lien dans la chambre d&Luther, en pré^ 
sence d'uu grand nomlnr^ de témoins. Après de 
longues récriminatidns de part et d'autre, Carlos^ 
tad dit : « Allons, docteur, prÀcheztonjouré contre 
ïi^, je saurai ce que j'ai à faire de mon c6té. 
Luih^ : SI vous avez qudque diose mr le cœur, 
écrivez-4e hardiment. Carhst. Ans» fera|-^e,et je 
ne craindrai personne. Luûi. Oui, écrivez contre 
mot publiquement. Cwfiost. Si c'est làvoCre envie> 
j'ai de quoi voussatîs£aîve« iMhi Faites, je vous 
donnerai un florin pour gage de bataille. Carlost. 
Un florin ? Lulh. Que je sois un menteur si je ne 
le fais. Catlosi. Eb bien ! j'accepte^ » A ce mot, h 
docteur Luther tira de sa poche un florin d^or 
qu'il présenta à. Cark>stad en disant : « Prenez 



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I5f MÉMC»RBS 

et attaquez-moi y hardiment ; allons , sus. » Car- 
lostad prit le florin^ le montra à tous les assis-^ 
tans, et dit : a Chers frères , voilà des arrhes , 
c'est le signe du droit que j'ai d'écrire contre le 
docteur Luther. Soyez-en tous témoins. » En- 
suite il le mit dans sa bourse et donna la main à 
Luther. Celui-ci but un coup à sa santé. CÀrlostad 
lui fit raison en ajoutant : et Cher docteur , je vous 
prie de ne pas m'empécher d'imprimer ce que je 
voudrai et de ne me persécuter en aucune façon. 
Je pense me nourrir de ma charrue, et vous serez 
à même d'éprouver ce que produit la charrue. » 
Luth. c( Comment voudrais-je vous empêcher 
d'écrire contre moi? Je vous prie de le faire et je 
vous donne ce florin tout justement pour que 
vous ne m'épargniez ppiht. Plus vous m'attaque^ 
rez violemment ^ plu6 j'en serai aise. » Ils se don^ 
nèrent encore une fois la Baain et se séparèrtot. 
Cependant comme la ville d'Orlamunde en- 
trait tipp vivement ,dans;les opinions de Carlos- 
tad, et avait même chassé son pasteur, Luther 
obtint un ordre de l'Electeur pour l'en faire sor* 
tir. Carlostad lut solennellement une lettre d'a- 
dieu^ aux hommes d'abord, et ensuite aux 
femmes ; on les avait appelés au son de la cloche, 
«t pendant la lecture tous pleuraient : « Car^ 
lostad a écrit à ceux d'Orlamunde , avec cette 
5USçription : André Bodenstem^ cliosséy sans avoir 



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DE LUTHER [1554]. 153 

été entendu ni convaincu^ par Martin Luther. Tu 
VOIS que moi qui ai failli être martyr, j'en suis 
venu à ce point de ftdrè des martyrs à mon tour. 
Egranus fait le martyr aussi y et éerit qu'il a été 
diassé par les papistes et par les luthériens. Tu 
ne saursâs croire combien s'est répandu ce dogme 
de Carlostad sur le sacrement.**^* est venu à rési- 
piscence et demande pardon ^ on l'avait aussi 
forcé de quitter le pays; j'ai écrit pour lui, et 
ne sais si j'obtiendrlai. Martin d'Iéna, qui avait 
également reçu Tordre de -partir, a fait en chaire 
ses adieux, tout en laitnes et implorant son par- 
don : il a reçu pour toute réponse cinq florins , 
puis en faisant mendier par la ville, il a eu encore 
vingt-cinq gros. Tout cela tournera, je pense, 
au Ken des prédicateurs; ce sera une épreuve 
pour leur vocation, qui leur apprendra en même 
temps à prêcher et à se conduire avec cminte. « 
(27 octobre i524.) 

Carlostad tourna alors vers Strasbourg, et de 
là vers Baie. Ses doctrines se rapprochaient beau- 
coup de celles des Suisses, d'Œcolampade , de 
Zv^ngli, etc. 

« Je diffère d'écrire^ sur l'eucharistie , jusqu'à 
ce que Carlostad ait rqpandu les poisons qu'il 
doit répandre, comme il me l'a promis après avoir 
même reçu de moi une pièce d'or. — Zwingli 
et Léon le juif, dans la Suissç , tiennent leîj 



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15i BIÉMOIKBS 

même» opinions que Cario^ad ; ainsi $e propage 
ce fléau; um» le Gbri$t règ^e^ s'il ne combat 
point. »{i2 novembre i5à40 

Tonteibis il crut devoir répondre aux plaintes 
qte £sàsait Carlostad d'avoir été cèassé par lui de 
U Saxe. « D'abord je puis bien dire que je n'ai 
jamais foitmentron deCariostaddevimtFélecteur 
de Saxe ; car je n'ai^ de toute ma vie ^ dit un mot 
à ce prince; je ne l'ai pas non plus entendu par- 
ler, je n'ai pas même TU sa figure, si ce n'est 
une fois à Worms ♦ en présence de l'Empereur , 
^piand je fus interrogé pour la seconde fois^ Mais 
il est trai que je lui ai aouvent écrit par Spdla^ 
Un, surtout pour l'engager à résistar à l'esprit 
d'Alstet ^ Mais mes parokts restèrent sans 
effets au point que je me fôphais contre l'^ec*- 
leur. Carlostad devait donc épargner à un tel 
prince les outrages qu'il lui a prodigués. . # Quant 
au duc Jean Frédéric, j'avoue cju* je lui ai sou- 
vent parlé de ces a^re»; je lui ai signalé les at- 
tentats et l'ambition pervers© de Carlostad,,.» 

« .... U n*y a pas à plai^nttr aVec Mom^i- 
gneur tout le monde (herr omnes) ; c'esit pourquoi 
Dieu a constitué des autorités; car il veut qu'il 
y ait de l'ordre ici^bas. » 

1 C'était la résidence de Munzer , chef de la re'voltc des 
paysans ^ doDt iious parlerons {dus bas. 



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DE LUTHER [1525]. 155 

Enfin Cariostad éclata. « J'ai reçu hier une 
lettre de mes atnis de Strasbourg au sujet de Car^ 
lostad; en voyageant de ce coté^ il est allé à 
Bàle^ et il a enfin vomi cinq livres ^ qui seront 
suivis de deux autres» J'y suis traité de double 
papiste^ d'allié de l'Antichrist , que sais «^ je f 
(t4 décembre.) Mes amis m'écrivent de Bàle^ 
que les amis de Carlostad y ont été punis de la 
prison^ et que peu s'en est fallu qu'on ne brûlât 
ses livres. Dy a été aussi lui-même, mais en 
cachette. Œcolampade et PelUcan écrivent pour 
donner leur assentiment à son c^nion.» (i3 jan** 
vier ï5i5.) 

« Carlostad avait résolu d'aller nicher à Sdiwein-^ 
dorf ; mais le comte d'Henneberg le lui a interdit 
par lett^s expresses au conseil de ville. Je vo«t- 
drais bien qu'on en fît autant pour Strauss... » 
(lo avril 16^5.) 

Luther parut cha^^mé de vc»r Cariostad se dé^ 
clarer : « Le diable s'est tu^ éerit-*il , jusqu'à ce 
que je l'eusse gagné avec un florin qui^ grâce à 
Dieu, a ^té bien placé) et je ne m'en^repens 
pa$. )) B écrivît alors divers pamphlets d'une 
verve admirable Contre le$ prophètes céleste^. « On 
ne craint rien , comme si le disJole dormait ; tan- 
dis qu'il tourne autour j comme un lion cruel. 
Mais j'espère que, moi vivant, il n'y aura point 
de péril. Tant que je vivrai, je combattrai , serve^ 



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156 IVÎÉMOÏRES 

ce que pourra. » Chacun ne cherche que ce qui 
plaît à la raison. Ainsi les Ariens, les Pélagiens. . . 
Ainsi sous la papauté, c'était une proposition 
bien sonnante que le libre arbitre pût quelque 
chose pour la grâce. La doctrine de la foi et de 
la bonne conscience importe plus que celle des 
bonnes œuvres; car, si les oeuvres manquent^ 
la foi restant, il y a encore espoir de secours. 
On doit employer les moyens spirituels pour 
engager les vrais chrétiens à reconnaître leurs 
péchés. « Mais pour les hommes grossiers , pour 
Monsieur tout le monde (Herx omnes)^ on doit le 
pousser corporellement et grossièrement à tra- 
vailler et faire sa besogne, de sorte que bon gré 
malgré, il soit pieux extérieurement sous la loi et 
sous le glaive , comme on tient les bêtes sauvages 
en cages et enchaîna. 

» L'esprit des nouveaux prophètes veut être le 
plus haut esprit , un esprit qui aurait mangé le 
Saint-Esprit avec les plumes et avec tout le reste . . * 
Bible, disent-ils, oui, bibel, buhely habel...^\ 
bien ! puisque le mauvais esprit est si obstiné 
dans son sens, je ne veux pas lui céder plus que 
je ne Fai fait auparavant. Je parlerai àks images, 
d'abord selon la loi de Moïse , et je dirai que Moïse 
ne défend que les images de Dieu... Con tentons- 
nous donc de prier les princes de supprimer le^ 
images, et ôtpns-les de nos cœurs, n ^ 



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DE LUTHER [1524]. 157 

Plus loin Luther s'étonne ironiquement de ce 
que les modernes iconoclastes ne poussent pas 
leur zèle pieux jusqu'à se défaire aussi de leur 
argent et de tout objet précieux qui porte des 
empreintes d'images. « Pour aider la faiblesse 
de ces saintes gens et les délivrer de ce qui les 
souille , il faudrait des gaillards qui n'eussent 
pas grand'chose dans le gousset. La çoia: céleste, 
à ce qu'ilparaît^ n'est pas assez forte pour les 
engager à tout jeter d'eux-mêmes. Il faudrait un 
peu de violence . » 

« . . Lorsqu'à Orlamunde je traitai des images 
avec les disciples de Carlostad , et que j'eus mon- 
tré par le texte, que dans tous les passages de 
Moïse qu'ils me citaient il n'était parlé que des 
idoles des païens, il en sortit un d'entre eux, qui 
se croyait sans doute le plus habile, et qui me 
dit : « Écoute ! Je puis bien te tutoyer, si tu es 
chrétien. » Je lui répondis : « Appelle «^ moi 
toujours comme tu voudras. » Mais je remarquai 
qu'il m'aurait plus volontiers encore frappé ; il 
était si plein de Fesprit de Carlostad , que les 
autres ne pouvaient le faire taire. « Si tu ne veux 
pas suivre Moïse, continua-t-il , il faut au moins 
que tu souffres FEvangile ; mais tu as jeté l'Evan- 
gile sous la table, et il faut qu'il soit tiré de là; 
non , il n'y peut pas rester. » — ce Que dit donc 
l'Evangile? » lui répliquai- je. ■*— «Jésus dit dans 



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158 MEMOIRES 

rfvûngile (ce fut sa réponse), je ne saigf pas où 
cela se trouve , mais mes frères le savent bien y 
que la fiancée doit ôter sa chemise dans la nuit 
des noces. Donc il faut ôter et briser toutes les 
images, afin de devenir purs et libres de la créa* 
ture. » Hœo ille. 

» Que devais -je faire, me trouvant parmi de 
telles gens? Ce fut du moins pour moi l'occasion 
d'apprendre que briserlesimages c'était, d'après 
l'Évangile , ôter la chemise à la fiancée dans la 
nuit des noces. Ces paroles et ce mot de l'Évan- 
gile jeté sous la table, il les avait entendus de 
son maître ; sans doute Carlostad m'avait accusé 
de jeter l'Évangile, pour dire qu'il était venu le 
relever. Cet orgueil est cause de tous ses mal- 
heurs ; voilà ce qui l'a poussé de la lumière dans 
les ténèbres... » 

« , . . Nous sommes alègres et pleins de courage , 
et nous combattons contre des esprits mélanco^ 
liques, timides, abattus, qui ont peur du bruit 
d'une feuille sans avoir peur de Dieu j c'est l'or- 
dinaire des impies (psaume XXY). Leur passion, 
c'est de régenter Dieu , et sa parole et ses œuvres. 
Us ne seraient pas si hardis si Dieu n'était invi- 
sible, intangible. Si c'était un homme visible et 
présent , il les ferait fuir avec un brin de paille. 

» Celui que Dieu pousse à parler , le fait libre- 
ment et publiquement sans s'inquiéter s'il est seul, 



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DE LUTHER [1524]. 159 

et si quelqu'un se met de son pdrti. Ainsi fit Jérë- 
mie, et je puis me vanter d'avoir moininéme foit 
ainsi ^ . C'est donc sans aucun doute le diable, cet 
esprit dëloumé et homicide, qui se glisse par 
derrière^ et qui s'excuse ensuite , disant que 
d'abord il n'avait pas été assez fort dans la foi. 
ISon, r esprit de Dieu ne s'excuse point ainsi. Je 
te connais bien , mon diable. . . 

«... Si tu leur demandes (aux partisans de Car- 
lostad) comment on arrive à cet esprit sublime, 
ils ne te renroient point à l'Évangile, mais à 
lenrs rêves, aux espaces imaginaires, a Pose -toi 
dans l'ennui, dîsent41s, ccmime moi je m'y suis 
pose , et tu l'apprendras de même ; la voix céle$te 
se fera entendre , et Dieu te pariera en personne. » 
Si ensuite tu insistes et demandes «e que c'est 
que cet ennui , ils en savent autant que le doc- 
teur Carlostad sait le grec et l'h^peu... Ne re- 
connais -tu pas ici le diable, l'enfiQmi de l'ordre 
divin? Le vois-tu comme i) ouvre une large bou- 

^ a L^csprit éé ces pfoplièles ffest toujours ch^vrin'esqiiemieiit 
eafn y 1 1 voiUi i^'il se glorifie oovitoe «& esprit mdgv^mt et 
chevalenss^ue. -^ Mais moi , j'ai paru à Leipsic pour y dispu- 
ter devant le peuple le plus dangereux. Je me suis présente' à 
Augsbourg, sans sauf-conduit , devant mes plus grands ennemis^ 
à Worms , devant César et tout TEmpire, quoique je susse bien 
que le sauf-conduit ëtait brise. Mon esprit est reaffé libre comme 
une fl«ur de» ebsHips. . . » (<t 5S40 



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160 MÉMOIRES 

che, criant : Esprit, esprit^ esprit j et tout en 
criant cela il détruit ponts ^ chemins, échelles; 
en un mot , toute voie par laquelle Tesprit peut 
pénétrer en toi : à savoir. Tordre extérieur établi 
de Dieu dans le saint baptême , dans les signes et 
dans sa propre paiple? Ils veulent que tu ap- 
prennes à monter les nues , chevaucher le vent, 
et ils ne te disent ni comment, ni quand, ni où, 
ni quoi ; tu dois, comme eux, l'apprendre par 
toi-même. » 

« Martin Luther, indigne ecclésiaste et évan- 
géliste à Wittemberg, à tous les chrétiens de 
Strasbourg , les tout aimables amis de Dieu : Je 
supporterais volontiers les emportemens de Car- 
lostad dans l'affaire des images. Moi-même j'ai 
fait^ par mes écrits, plus de mal aux images 
qu'il ne fera jamais par toutes ses violences et ses 
fureurs. Mais ce qui est intolérable, c'est que 
l'on excite et que l'on pousse les gens à tout cela, 
comme si c'était obligatoire , et qu'à moins de 
briser les images, on ne pût être chrétien. Sans 
doute , les oeuvres ne font pas le dirétien y ces 
choses extérieures telles que les images et le sab- 
bat, sont laissées libres dans le Nouveau Testa- 
ment, de même que toutes les autres cérémonies 
de la loi. Saint Paul dit : « Nous savons que les 
idoles ne sont rien dans le monde. » Si elles ne 
sont rien , pourquoi donc , à ce sujet ;^ enchaîner 



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DE LUrVm [1524]. iôi 

et tq4*t^er W cavk^cijdme 4^ chi^lîws ? Si eUes 
ne sopx rieo^ qiLii'elles tombeat ou. qu'çUea soient 

H p^se à nn swjet pl^s élevé , à la queatioa de 
la pjrésfew? réelle, qpes^tipn aupéyiei^re du fijm- 
Wlisme cfarétiei^ 4QQt celle d^ ima^o^ e^t le çèté 
ififépeuç. Cf st princi{iaIeoient en oe point <}u^ 
I^^ther ae trouvait pppo$é à U réifo?iae swâso^ et 
queCarlostad g'y rattaclwl, qudque éloîgibà qu'il 
eq fiât pai'la Ipardi^çe de «e$ opimoftÀ politiques. 
«( J'avoue que sî Cajrlostad ou qudqua wtm 
e^t pu îoe qipQtr^r, H y a dnq ana, que dans le 
Stsmtr sacrement il p'y % que du pain et. chi vin > il 
w'aui^it Tendu un gFand s^rviee, J'ai eu des 
teottations Hon ^es alors ^ je me auisi tordu, j'ai 
lutté ', j'aurais éMbien heureu^i de me tîr^ de là« 
J© venais bdenq^^ je pouvais sâmi pûrf€|rau pa^ 
pîiifn^ le coup )e plus terrible^., U jf en abî^n au 
deux encore qui m'ont écrit sur ce point , et 4© 
plus habiles gens que le docteur Carlostad , et 
qui ne torturaient pas con^me lui 1^ paroles d'a- 
près leur caprice. Mais je ^uis enchaîné^ je ne 
|vyâs ^yr) spr^ir, le tejite e^ trop pi^aa^^ , rien ne 
peut r«racber. de?mon esprit. 

p Aujottfd'bui àieme, s'il arrivful que quelr 
qn'uq put mp prouver, par ,4ea raisona Sffdides^ 
qu'il «l'y a là que du pajn et 4u vin > on n'au- 
rait pas besoin de m'attaquér si fuji^ieusement. 



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I6t MÉMOIRES 

Je ne suis malheureusement que trop porté a 
cette interprétation toutes les fois que je sens en 
moi mon Adam. Mais ce que le docteur Carlostad 
imagine et débite sur ce sujet me touche si peu ^ 
qu'au contraire j'en suis plutôt confirmé dans 
mon opinion ; et si je ne l'avais déjà pensé ^ de 
telles billevesées prises hors de l'Écriture , et 
comme en l'air ^ suffiraient pour me faire croire 
que son opinion n'est pas la bonne. » 

Il avait écrit déjà dans le pamphlet Confia les^ 
propkèies célestes. « Carlostad dit ne pouvoir 
raisonnablement concevoir que le corps de Jésus^ 
Christ se réduise dans un si petit espace. Mais^ 
si on consulte la raison y on ne croira plus aucun 
mystère.. « » Luther ajoute à la page suivante cette 
bouffonnerie incroyablement audacieuse : a Ta 
penses apparemment que l'ivrogne Christ ayant 
trop bu à souper ^ a étourdi ses disciples de pa-f 
rôles superflues, » 

Cette violente polémique de Luther contre 
Carlostad était chaque jour aigrie par les symp-« 
tomes effrayans de bouleversemept général qui 
menaçait l'Allemagne. Les doctrines du hardi 
théologien répondaient aux vœux^ aux pensées 
dont les misses populaires étaient préoccupées ^ 
en Souabe y en Thuringe y en Alsace y dans tou^ 
l'occident dé l'Empirç. Le bas peuple ^ lei^ pay-n 



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DE LUTHER T1 525]. 163 

Sans, endormis depuis si long-temps hoii& lé 
poids de l'oppression féodale ^ «lïtendirent les 
savans et les princes parier de liberté , d'affran-- 
diissement , et s'appliquèrent ce qu'on ne disait 
pas pour eux ^ La réclamation des pauvres pay- 
sans delà Souabe^ dans sa barbarie naSve;^ restera 
comme un monument de modération coura- 
geuse. Peu-à-peu l'éternelle haine du pauvre con- 
tre le riche se réveilla ^ moins aveugle toutefois 
que dans la jacquerie^ mais cherchant déjà ui^ 
fiarrme systématique > qu'elle ne devait atteindre 
qu'au temps des niveleurs anglais. Elle se com- 
pliqua de tous les germes de démocratie reli- 
gieuse qu'on avait cru étouffés au mbyen-^àge. 

^ Les paysans n'ayaient pas attendu la Retorme pour s'in- 
surger^ des réydtes avaient eu lieu dès 1491, dès 150S. Les 
YÎUes libres avaient imité cet exemple : Erfnrth en 1509, 
Spire en 154$, et Worms en 1515. Les troubles avaient re^/ 
commence' en 15^; m^, cette fois par les nobles. Franz de 
Sickingen y leur cbef , crut le moment venu de se jeter siir les 
biens des princes ecclésiastiques; il osa mettre le si^e devant 
Trêves. H était, dit-on, dirigé par les célèbres réformateurs 
Œccdampade et Bucer , et par Hutten , alors au service de Taf- 
ebev^que ie Mayence. Le duc de Bavière ,^ le palatin, le laûd* 
grave de Hesse, vinrent délivrer Trêves; ils voulaient attacpifer 
Mayence , en punition de la connivence présumée de l'arcli^eyé' 
que avec Sickingen. Celui-ci périt; Hutten fut proscrit , et des^ 
lors sans asile, mais' toujours écrivant, toujours violent et colé* 
rique ; il tnourut peu après de mbère. 



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164 MÉMCnflS 

Hé» Leilardisie» ^ des Bégbands , iwe fouTe de 
mionaabes apocalypûqties se . resH:ÉèrMt. Le 
mot de ralliemelrt devint plus tafvd Ia mcesîSftté 
dfuB àecond baptêone ; dès> 1^ ptiacipe ^ le }m% ^ 
une gitetre lerrtMe contte Tordre établi ^ coBtre 
toute espèce d'ordre; guerre contre la pr^priété^ 
c'étwt im vol £ût au pauvre > guerre coaire la 
science^ elle rompait l'égalité naUir%»lk ^ elle tear 
tâit EHai qMi révélait tout à ées sai^s ; les Uvtes y 
les. tableaux étôiaoït des iuveatkms du diable. 

h^ pays^sis se soulevèrent d'abord dacis la 
For^l-Noii^ , puis autour d'Heilbronu, deFrajat- 
fcN^t y dans le pays de Bade et Sfâre* De là , l'in- 
cendie gagna l'Alsace, et nulle part il n'eut un 
caractère plus terrible. Nous le retrouvons en- 
core dans le Palatinat , la Hesse, |a Bavière. En 
Souabe ^ le chef principal des insur^ était un 
des petits ndbles de la vallée 4ii Ned^er^Ie célè^ 
bre Gbétz de Berikbingefi, Croeiz h la tnèdn de 
/fer, qui assurait n'ètfe devenu leur général que 
malgré lui et par force. 

, « Doléance et demande amiable de toute la 
téupîon des pi^sans^ n^vec leurs pcdères chré- 
tiennes. Le tout eKpo^ trèsbrièvetf^Ht en douze 
articles prmèipâùx. AU lecteur cbr^tieii, pai^ et 
grâce divine par le Christ î 

» 11 y a aujourd'hui beaucoup d'anti-chrétiens 
qui prennent occasion de la réunion des paysans 



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DE LOTMER t1525]. 4Ô5 

pour lUa^phémer VÈisna^l^^ 4mnt : i4|iie ce $Qél 
4à les injubts k}u nbtnwl Émanée:, .<|aê jt&tsmm^ 
Bi'^doféijtôe plus, <|de chacun seàcmlèi^^ et seci^e, 
«(U'on s'assemble et s'taititavfiè a^rec grande ^io-* 
4enc6 *, (ju'^in véaiiie itdçsmeat, .cfaa^r les ^M^ 
^tés iéedésiàstB^es A séoûHMes ^-pi»! t-étnertnâ*^ 
^ ^i%êr. A K»s jii^àneas^pieiwesrs $t mfim > 
iiépondeM In ^stikies fiiii«|K9is« , 

D^bovAiilsxlétoarneia; iroppM^i^ doNA^m 

culpeot; €hi|étienndinent des |)ar)^sg99.^ re^od^s 
d]e désobéissance et deiréiifddei 

i ^^évangHe h'est /pas une cat^ ;flé ^mdèhie- 
mentôudènroofale^; c'^ uMparolei^uî ^tuiUHMe 
leCbrisC^ileAfessie qui oMHis.ët^t promis; cefste 
parole et làJviexjU'elleepseîgiie.nets^tttiqH'iaaiaxir, 
paix, patience et union. Sacbec amsj^i queitotts 
ceux qui croient en ce Ciuiisi: seffoAtiiiirisâans 
finmôâr /lapâixieAM pittieoce^iPubfbxiaqtte les 
àttideâi des ps^s^i» , jGommé m>Ae j^rrsi;plifs 
daipeqnietit ensuiir, inê aoot ;|>as )4ii:i9às àume 
afir(re inteniioifeqoe dfenten^e-IiÉs^aiigite^ jitj^e 
riMpè en sP^/confooinuHit, cno^tDtfeftafitî-dlifé- 
%îeiï$ |>ew^nt-»ii6aîèQ[im0r rÉraxigile ^unè eauaexfe 
iraubie «t rde<désobf iasénce. Si/les (aptitobnétiefis 
et les eoinemi^'deTËTaagile fie^dn^sseot^ 
isle^velles xiempnAes , ica infeaupas f fiTi(mg|l^i|iii 
eiiiestkucauee , lo'estdeidiablie^ ie m^ttfikmnâ^ii 



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ms MÉMOI&|£P 

de l'Évangile^ lequel, par rincrédulité , a éveillé 
dans les siens l'espoir d'exprimer et d'effacer la 
parole de Dieu qui n^est que paix, amour et union. 
)) Il résulte clairement de là que les paysans 
qai^ dans leurs articles, demsmdent un tel Évan- 
gile pour leur doctrine et pour leur vie, ne 
peuvent être appelés désobéissans ni révoltés. 
Si Dieu nous appelle et nous presse de vivre 
selatÈ sa parole, s'il veut nous écouter, qui blâ- 
mera la volonté de Dieu , qui pourra s'attaquera 
«cm jugement , et lutter contre ce qu'il lui plaît 
de faire? II a bien entendu les enfans d-kraël qui 
«riaient à lui , il 1^ a délivrés de k main de Pha- 
raon; Ne peut -il pas encore aujourd'hui sauver 
les siens? Oui, il les sauvera, et bientôt ! Lis 
donc les articles suivans, lecteur chrétien -, lis-les 
«vte soin, et juge. » 
Suivent les articles : 

<t L En premier lieu , c'est notre humble de- 

^ mi|nde et prière à^nous tous , c'est notre volonté 

unanime, que (^é^ormaisnousiaycms lepouwir 

et le -droit d'élire et choisir nous-mêm^. un pas- 

-teur ; que nous u^ons aussi le pouvoir de ledé- 

- poser s'il se conduit comme il ne convient poin;t. 

liO même pasteur choisi par nous, daft nous 

^prêcher clairement lesaint Evtogile , danssa pu- 

' raté, sans^ aucune addition de précepte ou de 

<Kimmandement humain. Car ea nous anhonçant 



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DE LUTHER [1525]. 16T 

toujours la véritable foi j on nous donne occa^n 
de prier Dieu, de lui demander sa grâce ^ de for- 
mer en nous cette même véritable foi et de Ty 
affermir. Si la grâce divine ne se forme point ea 
nous^ nous restons toujours chair et sang, ^ 
^lorsnousne sommes rien de bon. On voit clai- 
rement dans l'Écriture que nous ne pouvons 
arriver à Dieu que par la véritable foi , et par- 
venir à la béatitude que par sa. miséricorde» Il 
nous faut doiic nécessairement un tel guide et 
pasteur, ainsi qu'il est institué dans l'Écriture. 

1» n. Puisse la dime légitime est établie dans 
l'Ancien Testament (que le Nouveau a confirmé 
en tout), nous voulons payer la dîme légitime du 
grapi ) toutefois de la manière convenable... Nous 
sommes désormais dans la volonté que les prud'^ 
hommes établis par une commune reçoiyent et 
rassemblent cette dîme; qu'ils fournissent au 
pasteur élu par toute une commune de quoi 
l'entretenir lui et les siens suffisamment et con- 
venablement , après que la commune en aura 
lîonl^u, et ce qui restera, on doit en user pour 
soulager les pauvres qui se trouvent dans le 
même village. S'il restait encore quelque chose ^ 
•on doit le réserver pour les frais de^guerre , d'e^- 
^E)Mte et autres choses, semblables, afin de déli- 
vrer les pauvres gens de; l'impôt établi jusqu'ici 
pour le paiement de ces frais. S'il est arrivé, d'un 



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168 MÉMOIRBS 

WÊtpe cbtéy «^'tin <oq phisieots vîNà^es lôént^ 
dêh» fe besoifai y rend^ leur dÎÉM > ce6t qui Fem 
aehetee ^ n'auwMt iriéti à redouter de tious^ b^M^ 
noès antoigeroMs nv^ èfux sekm les biiScoiifs^ 
taneeb > afin ée )es àMktiinisef* â^ fur et à mesum 
que ^Mùê )pbum>n^. Meiîs quant k cétit qui, bu 
l^u d'avôfr acquit la^nited'mi viïlàgpp^ âdbSt^ 
8^ la sont a|i^(m>{mée <de teur propre chef , èUx 
ou Ie«irs âfnieéti*es , Moûps ne leur devdtts rkn et 
noos ne teur dbnn^erMits rien. Cette 'dkûe sei^ 
employée comme il est dit cf-dessus. Poili» tee ^ui 
est de ila petl^ dîtne et de la ^dime du sai^ig ^du 
bétail), nous ne l'acquittions en ^u<iane faç6o, 
oar Dieu le SeignëUi' a créé les arthnàux pbti^ê««5 
librement à I\isage de ftfOiiittifè. <Nous èktîMotD» 
celte dhhe iine dîme iHëgftime , îftvewtée par tes 
tioiiimes ; c'est pbiirquM wous cesserons de Ik 
payer, -s 

Dans leur M!e aitide, *es pay$an& dédkrtretet 
ne plus Vouk)& êt^re traités ctâtoitte fe propfrtéeé ^ 
Jeùrs seignetftis, m cîfr Jésus-Ôhrîst, par^s^h^wig 
précieux, -les ^ rachetés tous^stf^s èxoeptJôte > »le 
pâtre fermai ^de TEmptei^eur. ^ «Is vealerftêWé li- 
bres, miaiis sèutemerit ëelon rJÉêrifUre, cf^t^àf- 
éipe ^Mè 'lidenôe 'âucufiie et en reecniiiais!sfir»t 
r^uiortlé, car 'lIÉVan^e lete eWàeigbë à ♦ê^^ 
bUWbles et à obéir àu^ p(dis»an<5e$ ^ ^oifi^miMs 
"thùsés^càkpénables eichrétiM'nes. » 



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DE UJBBSIl t^5â5]. 149 

(f ly . jl^eat eonirttftpe à In jixffiàte «éft â k ^haiîtë , 
éiséïityilBj «cfoe les pouinre^ gtti8 n'^ieot BâKtm 
dat>it ëa fgAaier, dos ^oéseatcs «t ftcix poitsso^ns 
dis «aok vonuvalites j >ée nc^me : 1^'ite ^Mvt 
•obligés de 8<H:riftrit y isans lieii ^fe , t^éliorttte 
dommage que font à leurs champs Jés feétes des 
Sùifèts l <Mti^ Aovsqro Dieu créa ifhoalBÎe^ ^i1 lui 
^luna pwifpÎF soir knUs k8>«iimaiQ«cî«tdisiilidie^ 
«ine»t(. p «^ ib e^oobmt qm^its iamoflit^ jmi^mié^ 
ment à FÉvangile^ des légsrds pour^tétti d^eMi^ 
ieis isë^piialirs ^i polirimit; promet , par des 
tftres^ qu'ils tmit tâoketé èei]v idpoil; éè pèiâie, 
mais'que fMMr dès antueç de tdrctit ^ss^era^âmrs 
jodeamité; 

y. Les bols et forets kncmtt^Êfevlt eottiâltr- 
jMiuK^ >({ttî auvoot^afisé ^aa^ le» ibaih^ làe ^flè^s^ ikï-' 
-tomn^nt que tp» isakt d'ime ^veiïile ëquitaMe^ 
doivent revenir à leur propriétaire origrttaS*é', 
qm èstlla oommiaiDe. CbsNjUe habitant d^a^oir 
le droit; d'j(prenàre It ^bbis q^ lui isëra Aféé^ii;'- 
saipei, a<iîi]^|eBMiit'despvad!lH)ipiii6s. 

yfl.Il^ d^ttandeDt lai âHé$;eiiiem dams }êë>së^ 
vk^^q^léliirsom imposés ^9 et tqui déirtetffieiit 
de jôûl* ^en j^ur,pkis accatilans. dis ireuieyit $^i<- 
vîr« eoft)mèliem(sf)^es , sdcm laçaroie«deI)ieâ.^ 

« y IL Que le seigneur Ae^iemafode pmâfûtpB^-^ 
mnàe ^i«;^MidteaieBt pln&'de senrteeis cju'il 
ii'tfst «dit ^ daii» leur paote mutuel «(' vereivii'gtfn^g; ). 



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170 MÉMOIRES 

» Vni. Beaucoup de terres sont grevées d'un 
ceûs trop élevé. Que les seigneurs acceptent l'ar- 
bitrage d'hommes irréprochables^ et qu'ils dimi- 
nuent le cens selon l'équité^ «talîa que le paysan 
ne travaille pas en vain , car tout ouvrier a droit 
à soa salaire. » 

» IX. La justice se rend avec partialité. On éta- 
blit sans cesse de nouvelles dispositions sur les 
peines. Qu'on ne favorise personne et qu'on s'en 
tienne aux anciens réglemens. 

» X. Que les champs et prairies distraits des 
biens de la commune y autrement que par une 
vente équitable , retournent à la commune. 

» XI. Les droits de décès sont révoltanset ou- 
vertement opposés à la volonté de Dieu , « car 
<5^st une spoliation des veuves et des orphe- 
lins. 9 Qu'ils soient entièrement et à jamais 
ajbplis. 

» Xn. ... S'il se trouvait qu'un ou plusieurs 
des articles qui précèdent, fût^n opposition avec 
l'Ecriture (ce que nous ne pensons pas), nousy 
renonçons d'avance. Si^ au contraire, l'Écriture 
nous en indiquait encore d'autres sur Foj^ressîon 
du prochain , nous les réservons et y adhérons 
également dès à présent. Que la pair de Jésus^ 
Christ soit avec tous. Amen. » 

Luther ne pouvait garder le silence dans cette 
grande crise. Les seigneurs l'accusaient d'être k 



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BEJLtnfHE» [15S5]. 171 

premier auteut des troubles* Les paysans se re- 
commandaient de son nom^ et l'invoquaient pour 
arbitre. Il ne refusa pas ce rôle dan§ereux< Dans 
sa réponse à leurs douze artides y il se porte 
pour juge entré lé prince et le peuple. Nulle part 
peut-têtre il ne s'est élevé plus haut. 

Exhâriatiwi h la paix^ en réponse aua: dowe 
articles des paystms de la Souabe , ei Oèitssi contre 
Vesprit de mmrtre et de brigandage 4es antres pay- 
sans ameutés. — a Les paysans actuellement ras- 
semblés dans la Souabe ^ viennent de dresser ?t 
de faire répandre , par la voie de l'impressioDk , 
douze articles qui renfenpent leurs griefe contre 
l'autorité. Ce que j'approuve le plus dans cet 
écrit , c'est qu'au douzième article ils se déclarent 
prêts à accepter toute instruction évangélique 
meilleure que la leur au sujçt de leurs doléances. 

» En effet ,. si cé sont là leurs véritables inten* 
tions (et conime ils ont fait leqr déclaration à la 
face, des hommes > sans craindre la lumière ^ il ne 
me convient pas de l'interpréter autrement)^ il 
y a encore à espérer une bonne fin à toutes ces 
agitations. 

n Et saoi qui stti$ aussi du nombre de ceux qyi 
font de l'Écri^uce saipte leur étude sur cette 
terre , moi auquel ils s'adr^sent nommément 
(s'en l'appcNrtant à Pfioi dans un de leurs impri- 
iiBés)^.je me sens aiçigulièrement enhardi par 



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17« «ÉMMREt 

cette âédaiwtioii de lecfir 'part à produite aosai 
tkcm setttitnefht au gi^md jour sur 4a 'matièm en 
<}erestion^ ^e«{brméi»eiit ai» fiféoeptes de bi 
dhaiité y qui doit unir ^ous les houMnes. Enquoi 
'Imaht ^ je tn'tiffiraFocInm et dervaiift Dîqb *€t Jk^ 
vaut les hommes idn (reproche d'avoir «onUfibiié 
au wiafl pa^ im»& sffen6^^ ^\ï W$ mi kseei dSoârait 
^u<ne *iMrtiiète-£eme9ie. 

1» PiÈ^^^étiie w^«\a^^ilê &k celle (^^ 
qtiis pour en imposer; t^ ^sms doute il y ««iva^pap- 
mi eux d'àssei: méchiatis pour cete , car il eA ipni- 
pos^le qu'-en «ne tAle multitude /iK>ttSBbieat 
iK)ns dhrëâens; il est plt^tdtivfaîseiiildable;^ 
beaucoup tfîeiïtre feofx fiwït servir la bonBe wb- 
lovité des autres au:3t <d^ss€Miis iper^reis qui leur 
Mkit pt^opre^. Eh bien ! s^ y a iinpostnre )dans 
«èlfédédlaratîon, j^mnotice aukdînpostenr^qaHls 
ne réussiront pas ; ^t que > s^ils liéusàissaifiBit , ce 
^etéât àlewr dàm, à1eur»pertte èvspfÊéiié. 

DL'^afKiire' dans laquelle nous^otnmesjengagès 
estvgratfdeet pértlleose ; eHÎe'tdiidhlberle royaume 
dteî)i^U'et celui de ce mërid^; W^ <ïfetyis\il arin- 
vait que cette révolte se propageât et prft le 
dessus ; IVn cl: l^àdti^e'ypérîraib m âé gou- 
VeméDfièrit séculier et *la pardlë de Dîea , tel il 
s'ëftsriivrait une éterîitBlte dév|»(atibn ide >toate 
l^^iëTfe JàHfertiàtidîe. H -est éoric tirgèiw; , ^dins^si 
|;raVes circotistafncés , ^oe <tiùns ^doniiiop^ ™r 



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DE LUTHSR [i525]. 175 

icM»te$ choée» notre ^yi& librement ^ et, $si^ ég^rd 
aiut personn^es. Eo mmm temps il n'asi: pa& 
main» Béceasaire <^ noua dei^mona enfila at«- 
tenlifs et obéi^^^^o^^ ^ue npm caisioos cbb<Hicher 
no5 orales et noa ccçiv^^ ce qut^ jiiiA(}u.'ici^ « 
laîdié prendre Ir la colèfe de Dieu $oa i^in in(Oi>r 
▼ement , son brwpde le pljas (errible ( âeitkm w^ 
loi» gcmg uhd schwang). Tant de figues effrdjfan^ 
qui f, àxoA ce& demîerâ temps ^ ont apparu au del 
et sur la terre^ annoncent de ^ande» calMnité» 
et deâ rjbangeinena kiouis à VAMemagnt^ Nou» 
nous en inquiétons peu^ pour notre malheur; 
fliaia Dieu, n'en poursuivra pas moin^ le cours 
de $ts châtimens , jusqu'à ce qu'il ait enfin iait 
moUir not télés de fer. 

»P]yiiiiÈREPAB!nB. -^ Aux primes U seifnem^» 
-— D'abord nous ne ponrons remercier personne 
stu* ^ terre de tout ce désordre ei de oesoulèTe* 
ment^ si œ n'est vous^ princes et seigneurs^ vous 
surtout aveugles évéques y ptrètres et moines in- 
sensés , qui ^ aujourd'hui encore ^ endurcis dans 
Totre pervcffsité, ne cesses de crier contre le ^aint 
Evaiigiley quoique tous sachiez qu'il est juste et 
bon et que vous ae.pouyer rien dire contre. 
En môme teaaps^ comme autorités séeuliàres, 
vous êtes les bourreaux et les sangsues de& paù-* 
"Près gens ^ tous immolez tout à votre luxe et à 
Totrè orgueil effrénés y jusqu-à œ que le peuple 



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174 MÉMOIRES 

ne veuille ni ne puisse vous endurer davantage. 
Vous avez déjà le glaive à la gorge, et vous vous 
croyez encore si fermes en selle qu'on ne puisse 
vous renverser. Vous vous casserez le col avec 
cette sécurité impie. Je vous avais e]diorté main^ 
tefois à vous garder de ce verset (psaume CIV) : 
Effundit contemptunt super principes : il verse 
le mépris sur les princes. Vous faites tous 
vos efforts pour que ces paroles s'aècomplissent 
sur vous, vous voulez que la massue déjà levée 
tombe et vous écrase; les avis, les conseils se- 
raidit superflus. 

M Les signes de la colère de Dieu qui apparais^ 
sent sur la terre et au ciel > s'adressent à vous 
pourtant. C'est vous , ce sont vos crimes que 
Dieu veut punir. Si ces paysans qui vous, atta- 
quent maintenant ne sont pas les ministres de sa 
volonté, d'autres le seront. Vous les battriez, 
que vous n'en seriez pas moins vaincus. Dieu ea 
susciterait d'autres ; il veut vous frapper et il vous 
firappera. 

» Vous comblez la mesure de vos iniquités en 
imputant cette calamité à l'Évangile et à ma doc* 
trine. Calomniez toujours. Vous ne voulez pas 
savoir ce que j'ai enseigné et ce qu'est l'Évan- 
gile ; il en est un autre à la porte qui va vous 
l'apprendre^ si vous ne vous amendez. Ne tne 
suis-je pas employé de tout temps avec zèle et 



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DE LUTHER [1535]. n5 

ardeur à recommander au peuple Tobéissance à 
Fautorité, à la vôtre même^ si tyrannique^ si in* 
tolérable qu'elle fut? qui plus que moi a corn-* 
battu la sédition? Aussi les prophètes de meurtre 
me haïssent-ils autant que vous. Vous persécu- 
tiez mon Évangile par tousies moyens qui étaient 
en vous^ peqdant que cet Évangile faisait prier 
le peuple pour vous et qu'il aidait à soutenir 
votre autorité chancelante* 

» En vérité, si je voulais me venger, je n'au-^ 
rais maintenant qu'à rire dans ma barbe et regar- 
der les paysans à l'œuvre j je pourrais même faire 
cause commune avec eux et envenimer la plaie. 
Dieu me préserve de pareilles pensées! C'est 
pourquoi, chers seigneurs, amis ou ennemis, 
ne méprisez pas mon loyal secours, quoique je 
ne soie qu'un pauvre homme; ne méprisez pasr 
non plus cette sédition , je vous supplie: non 
pas que je veuille dire par là qu'ils soient trop 
forts contre vous j ce n'est pas eux que je vou- 
drais vous faire craindre , c'est Dieu , c'est le 
seigneur irrité. Si Celui - là veut vous punii* 
(vous ne l'avez que trop mérité) , il vous pu- 
nira; et s'il n'y avait pas assez de paysans, il chan- 
gerait les pierres en paysans ; un seul des leurs^ 
en égorgerait cent des vôtres : tous tant que 
vous êtes, ni vos cuirasses ni votre force ne Vous 
sauveraient. 



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176 MÉMOIRES 

» S'il est encore ua consettà vouâdonmer^ c^er» 
seii^eucs, au wvm de Dîefii racules ^n pe» de-* 
vaut ta colère que vou$ voyw décbl^néo. Q» 
crsôm et on éTÎte Thoaime iyr^. Mettez ua tenae 
à vos exactions > fiaiies trèveà c^tteipretyrimnie; 
traiter le9 pay$an$i coirupoe l'homme seUsé traite 
les gens ivres ou en démence. IS'eiiigage^i pas de 
lutte avec eux , vous ne pouvez savoir eonwneat 
cela finira. Employez d'abord la dpMceor, de 
few qu'une faible étincelle , gagnant tout au- 
tour^ n'aille allumer, par toute l'Allemagne^ 
un incendie que rien n'éteindrait^ Voua ne 
perdreau rien par la douceur , et cftiand même 
vous y perdriez quelque peu y \» paix vous ea 
dédommagerait au centuple* Dans la guerre^ 
vous pouvez vous engloutir et vous]pQrdi^e> CQq)fi 
et biens. I.e& paysans ont ^x^mé douze urticlea 
dpnt quelques -uns contîeniient dea demandes 
si équitstbles^ qu'elles vous déshonorant devant 
Dieu ^ les hommes, et qu'elles réali^eut le 
psaume GVIH , car elles couvrent les princes de 
mépris, 

u Moi, j'fiurais bien d'autiNçaartieles et déplus 
impprtan> peut-être à dresser contre ^us, sw le 
gouyernei^ent de l'Allemagne , ^nai qm ^ Vai 
fait dans mon livre 4 h noklefiMe^lhnrnd^- Meîa 
mes paroles ont été pour vqu^ cpmiuf le ^wt w 
l'air, et c'est pour cela qu'il vous faut majoQten^U^ 



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DE LUTHER [1525]. 17T 

cssuyar toutes ces réclamations d'intérêts parti- 
culiers. 

)) Quant aux premiers articles, vous ne pouvez 
leur refuser la libre élection de leurs pasteurs. Ils 
veulent qu'on leur prêche l'Evangile. L'autorité 
ne peut ni ne doit y mettre d'empêchement, 
elle doit même permettre à chacun d'enseigner 
et de croire ce qui bon lui semblera , que ce soit 
Évangile ou mensonge. C'est assez qu'elle défende 
de prêdier le trouble et la révolte. 

» Les autres articles, qui touchent l'état ma- 
tériel des paysans, droits de décès, augmenta- 
tion des services , etc. , sont également justes. 
Car l'autorité n'est pcdnt instituée pour son pro- 
pre intérêt ni pour faire servir les sujets à l'as- 
M>uYissement de ses caprices et de ses mauvaises 
passions, mais bien pour l'intérêt du peuple. 
Or, on ne peut supporter si long-temps vos 
criantes, exactions. A quoi servirait-il au paysan 
de voir son champ rapporter autant de florins 
que d'herbes et de grains de blé, si son seigneur 
le dépouillait dans la même mesure, et dissipait^ 
comme paille, l'argent qu'il en aurait tiré, l'em- 
ployant en habits, châteaux et bombances? Ce 
qu'il faudrait Caire avaût tout, ce serait de cour 
per court à tout ce luxe et de boucher les trous 
par où Fargent s'en va , de façon qu'il en restât 
quelque peu dans la poche du paysan. 

I. 12 i 



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il» MÉMiOBES 

» Deuxième Pabtiè. -^ Ausc Paysans. — Jus- 
qu'ici chers amis ^vous n'avez vu qu'une chose : 
j'ai reconnu que lés princes et seigneurs qui dé- 
fendent de prêcher l'Évangile, et qui chargent 
les peuples de £ardeaux intolérables, ont bien 
mérité qiie Dieu les précipitât du siège, car ils 
pèchent contre Dieu et les hommes, ib sont 
sans excuse. Néanmoins c'est à vous de conduire 
votre entreprise avec conscience et justice. Si 
vous avez de la conscience , I^u vous assistera : 
quand même vous succomberiez pour le moment, 
vous triompheriez à la fin; ceux de vous qui 
périraient dans le combat, seraieiù; sauvés. Mais 
si vous ave? la justice et la conscience contre vousj 
voujs suocomberez, et quand même vous ne suc- 
comberiez pas , quand même vous tueriez tous les 
princes, votre, corps et votre àme n'en seraient 
pas moins étem^Dement perdus. Il n'y a donc 
pas à plaisanter ici. II y va .de votre corps et de 
votre vie à jamais. Ce qu'il vous faut considérer, 
ce n'est pas votre forice et te tort de vos adver- 
saires, il faut vcnr surtout si ce €pie vous faites 
est selon la justice et la conscience. 

» N'en croyez donc pas, je vous prie, les pro- 
phètes de meurtre que Satan à suscités parmi 
vous, et qui viennent de lui, quoiqu'ils invoquent 
le saint nom de FÉvàngile.: Us me haSront à 
cause du conseil que je vous 'donne , ils . m'aqf)- 



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DE LUTHER [1535]. 179 

pelteront hypocrite, mais eela ne me toudiè 
point. Ce que je déitire , c'est de sauver de la 
colère de Dieu les bonnes et honnêtes gens qui 
sont parmi vous; je ne craindrai pas les autres ^ 
qu'il me itiéprisent cm non. J^ea connais Un qui 
«fit plus fort qu'eux tous , et celui-Jà m'enseigne 
paï lé ptsaume HI de feire ve que je fais. Les cent 
ittille ne me font pas peur. ... 

n Vous inv«)rque2 lé nom de Dieu et vous pré- 
teiïdez agir d'après sa parole ^ n^oublie^ donc pas 
avant tQut que Dieu puiiit ctdui qui invoque son 
nom en vain. Craignez sa colère. Qu'êtes- vous , 
et qu'est^oe que le monde? Oubliez-vous qu'il 
est le Dieu tout-puissant et terrible ^ le Dieu dû 
déluge^ celui qui a foudroyé &idc»iie? Or il est 
facile de voir que vous ne faites pas honneur i 
son nom. lÛeu ne ditnii pas : Qui prend Vépéù 
périra par Tépée ? Et saint Paul : Que toute 
lime soit soumise à l'autorité en tout respectât 
l^nneûr? Comment poUTéz-vous> après ces en^ 
seignemens^ prétendre encc»ne que vous agissez 
d'après l'Évangile? Prenez-y garde ^ un jugement 
terrible vous attend. 

» Mais^ dite&-vous, rautôrité est mauvaise^ 
intolérable , elle ne veut pas nous laisser l'Évan- 
gile , elle nous accable de charges hors de toute 
mesure , elle nous perd de corps et d'âme. A cela 
je réponds que la médbanceté et l'injustice de 



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180 MÉMOIRES 

l'autorité n'excusent pas la révolte, car ^ il ne 
convient pas à tout homme dé punir les méchans. 
En outre le droit naturel dit que nul ne doit 
être juge en sa propre cause, ni se venger-lui- 
même, car le proverbe dit vrai : Frapper qui 
frappe, ne vaut. Le droit divin nous enseigne 
même chose : La vengeance m'atppartient, dît le 
Seigneur, c'est moi qui veux juger. Votre enfre-^ 
prise est donc contraire non-seulement au droit, 
selon la Bible et l'Evangile, mais aussi au droit 
naturel et à la simple équité. Vous ne pouvez y 
persister à moins de prouver que vous y êtes 
appelés par un nouveau commandementde Dieu, 
tout particulier et confirmé par des miracles. 

s Vous voyez la paille dans Vodl de l'autorité, 
mais vous ne voyez pas la poutre qui est dans le 
vètre. I/autorité est injuste en ce qu'elle inter- 
dit l'Evangile et qu'elle vous accable de charges ; 
mais combien êtes-vous plus injustes , vous qui, 
non contens d'interdire la parole de Dieu , la 
foulez aux pieds , vous qui vous ai'rbgez le pou- 
voir réservé à Dieu seul? D'un autre côté,. qui 
est le plus grand voleur (je vous en £ais}uge) 
de celui qui prend une partie ou de celui qui 
prend le tout? Or l'autorité vous prend injus- 
tement votre bien , mais vous lui prenez à elle 
lion-seùlement le bien , mais aussi le corps etia 
vie, Vpus assurez bien, il est vxai, que vous lai 



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DE LUTHER [1525]. 181 

laisserez quelqae chose ; qui vous en croira ? Vous 
hïi avez |)ris le pouvoir 3 qui prend le tout ne 
craint pas deprendi^e aussi la partie 3 quand le 
loup mange la brebis > il en mange bien aussi 
les oreilles. 

» Et comméïkt rie voyez-vous donc pa§ , mes 
amis , que si votre doctrine était vraie, il n^y au- 
rait plus sur la terre ni autorité, ni ordre, ni 
justice d'aucune espèce? Chacun serait son juge 
à soi ; Fofi ne verrait que meurtre , désolation 
et brigandage. 

» Que feriez-vous, si dans votre troupe, cha- 
cun voulait également être indépendant , se faire 
justice , se venger lui-même? Le souffririez-vous? 
Ne diriéz-vous pas que c'est aux supérieurs de 
juger? 

» Telle est la loi que doivent observer même les 
païens, les Turcs et les juifs, s'il doit y avoir or- 
dre et paix sur la terre. Loin d'être dirétîens, vousf 
êtes donc pires que les païens et les Turcs. Que 
dira Jésus-Ghrist en voyant son nom ainsi pro- 
fané par vous? 

» Chers amis, je crains fiDrt que Satan n'ait 
envoyé parmi vous, desi prophètes de meurtre 
qui convoitent FerapirQ de ce monde et qui pen- 
sent y arriver par vous,^ sans s'inquiéter des périls 
et temporels et spirituels, dans lesquels iU vous 
précipitent. 



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109 HÉM(»ftËS 

>» Mais, passons iiiaiBten2>0t au ikoiit évaBgéJb- 
que. Celui-ci ne Ke pas les païens comoie le 
droit dont nous venons de parler. Jésus-Christ y 
dont vous tirez le nom des chrétiens^ m^ dît-il 
pas (saint Mathieu , V) : Ne résistez pas à ^\ai 
qui vous faut du mal f si quelqu'un te frappe à la 
jouç droite 9 présente aussi l^'autre... L'eptendez- 
yous^ chrétiens rassemblés? Gomment faites-vou& 
rimer votre cpnduit^ avec ce précepte ?" & vou^ 
ne savez pas souffrir , comme le demaade notre 
Seigneur, dépouillez vite son nom, vous v!en 
êtes pas dignes ; ou il va tput-à-l'heure vous Tar- 
racher luir-mème. 

» ( SuiveiM: d'autres versets de l'Évangile sur 
la douceur dirétiei^ne). SouSrir, souffifir , la 
croix , la croix , voilà la loi qu'enseigne le Christ, 
il n'y en a pmnt d'autres. .. 

M Eh ! m^çs amis ; si vpus &itesde telles choses, 
qiiand. donc en viendrez*-vous k cet ^uitreprécepie 
qui vou^ commande d'aimer vos ennemis et de 
leyr faire du bien ?. . . Oh ! plût à Dieu que la, plu- 
part d'entre nous fussent avant tout de bons et 
pieux païens qui obsQryas^nt la loi naturelle! 

» Pour vous montrer jusqu'où vos prophètes 
vous ont égarés , je n'ai qu'à vous raj^peler quel- 
qpes exemples qui n^ettent en lumière la loi de 
FEvangile. Regardez Jésus-Christ et saint Pierre 
d?ms le jardin de Gézémaneh. Saint Pierre nç 



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DE LUTHER £15â5]. ♦«S 

çroyak-^il pts feire une bonne action en défei^ 
dant son maître et i^tgnair y contre ceux qui 
venaiaat pour le livrer aux bourreaux? Et cepen* 
dant TOUS savez que Jésus^hrist le réprimanda 
comme un meurtrier pour avoir résisté Fépée à 
la mrâi. 

j» Autre exemple : .Jesus^Chtiat lui-même atta^ 
çhé à la croix ^ que fait-il ? Ne prie-t-il pas pour 
ses persécuteurs 9 ne dit-il pas : O mon pàre^ 
pardonnez-leur ^ car ils ne savent ce qulb font ! 
Et Jésus -Christ ne fut- il pas cependant glo- 
rifié après avoir souâert, son royaume n'a-t-il* 
pas prévalu et triomplié ? De même Dieu vous 
aidermt> si vous saviez souffrir comité il le de- 
mande. 

» Pour prendre un exemple dans le temps 
même où nous vivons , comment s'estf-il £siit que 
ni l'Empereur ni le pape n'aient pu rien contre 
moi ? plus ils ont fait d'efforts pour arrêter et dé- 
truire l'Evangile^ plus celui-*ci a gagné' et pris 
force? Je n'ai point tiré l'épée^ je u'ai point fait 
de révolte; j'ai toujours prêché Fobéissance à 
l'autorité 9 méxne à celle qui me persécutait; je 
m'en reposais toujoprs; sur Dieu , je remettais 
tout entre ses mains. Ce^ pour cela^ qu'en dé- 
pit éa pi^ et des tyrans, il m'a non^^eulement 
conservé la vie^ ce qui d^ était un miracle ^ 
mais il a aifôsi de plus en plus avancé et répandu 



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lai MÉMOIRES 

mon Evangile. Et voilà que maintenant^ pensant 
servir TÉvangile, vous vous jetez, en travers. En 

vérité, vous lui portez le coup le plus terrible 
dans Tesprit des hommes, vous Técrasez pour 
ainsi dire par vos perverses et folles entreprises. 
» Je vous dis tout ceci, chers amis, pour vous 
montrer combien vous profanez le nom du Christ 
et die sa sainte loi. Quelque justes que puissent 
être vos demandes, il ne convient pas au chrétien 
de combattre ni d'employer la violence : nous 
devons souffrir Finjustice, telle est notre loi 
(I. Corinth. VI). Je vous le répète donc, agissez 
en cette occurrence commç vous voudrez , mais, 
laissez là le nom du Christ, et n'en faites pas 
honteusement le prétexte et le manteau de votre 
conduite impie. Je ne le permettrai pas , je ne 
le tolérerai pas, je vous arracherai ce nom par 
tous les efforts dont je suis capable, jusqu'à la 
dernière goutte de mon sang... 

< » Non que je veuille par là justiBer Fautoritc : 
ses tort^sônt immenses, je l'avoue ; mais ce que 
je veux, c'est que^ s'il faut malheureusement 
(Dieu veuille npus l'épargner!), s'il faut , dis-je, 
que vous ei^ veniez aux msûns, on n'appelle 
chrétiens ni Tun ni l'autre parti. Ce sera une 
guerre de païens et point autre, car les chrétiens, 
ne combattent pas avec les épée$ ni les arque- 
buses, ipais avec la croix et la patience , de même. 



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DE LUTHER 11525]. 185 

que leur géné];:al Jésus-Christ ne. manie pm 
répée, mais se -laisse attacher à la croix. Leur 
triomphe ne consiste pas dans la domination. et 
le pouvoir ^ mais dans la soumission et Fhumi- 
lité. Les armes de notre chevalerie n'ont pas 
d'efficacité corporelle, leur force est dans 1q 
Très-Haut. 

» Intitulez-vous donc : gens qui veulent .suivre 
la nature et ne pas supporter le mal ; voilà le 
nom qui vous convient ,* si vous ne le prenez pas , 
mais que vous persistiez à garder et prononcer 
sans cesse celui du Christ, je ne pourrai que vous 
regarder comme mes ennemis et comme ceux de 
l'Évangile, à l'égal du pape et de l'Empereur. 
Or, sachez que dans ce cas , je suis décidé à m'en 
remettre entièrement à Dieu, et à l'implorer pour 
qu'il vous éclaire , qu'il soit contre vous et vous 
fasse échouer. 

)) J'y risquerai ma tête, comme j'ai fait contre 
le pape et l'Empereur, car j^ vois clairement 
que le diable n'ayant pu venir à bout de moi pai^ 
eux, veut m'exterminer et me dévorer par les 
prophètes de meurtre qui ^ont parmi vous. Eh 
bien^ qu'il me dévore : un tel morceau ne sera 
pas de facile digestion. , 

» Toutefois, . chers amis, jç vous supplie 
humblement et comme un ami qui veut votre 
bien, d'y bien penser avant d'aller plus loin, et d^ 



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186 MÉMOIRES 

me dispenser de combftttre et de prier contre 
Tous^ quoique je ne sois moi -même qu^un pau- 
vre péeheur; je sais pourtant que dans ce cas 
j'aurais tdiemeat raison , que Dieu écouterait 
immanquablement mes prières. Il nous a en- 
seigné lui-même^ dans le saint Pater noster, à 
demander que son nom soit sanctifié sur la terre 
comme au ciel. Il est impossible que vous Byez , 
de votre côté , la même confiance en Dieu , car 
rÉcriture et votre conscience vous condamnent 
et vous disent que vous agissez en païens^ en 
ennemis de l'Évangile. ^ vous étiez chrétiens, 
vous n'agiriez pas du poing et de Fépée ; vous 
diriez y Délivre-nous du mal , et^ Que ta volonté 
soit faite (suivent des versets qui expriment celte 
pensée). Mais vous voulez être vous-m^es votre 
Dieu et votre Sauveur j le vrai Dieu, le vrai Sau- 
veur vous abandonne donc. Les demandes que 
vous avez dressées ne sont pas contraires au 
droit naturel et à Féquîté, par leur teneur même, 
mais par la violence avec laquelle vous les voulez 
arracher à Fautorité. Aussi celui qui les a dres- 
sées n'est pas un homme pieux et sincère; il a 
cité grand nombre de chapitres de l'Écriture, 
sans écrire les versets mêmes , afin de rendre 
vcrtre entreprise spécieuse , de vous séduireet de 
vous jeter dans les périls. Quand on lit les cha- 
pitres qu'il a désignés^ on ny voit pas grand* 



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DE LlîTHBR [1525]. 18? 

chose sur votre eatr^rise , on y trouve fdutot 
le contraire ^ à savoir , que Fon doit vivre et agir 
chréti^oaieme&t. Ce sera , je pense , un prophète 
séditieux qui aura voulu attaquer l-Rvmigile par 
vous.; DÎQu veuille lui résister et vous garder de 
lui. 

» En preinier Keu^ vous vous glorifiez ^ dans 
votre préface, de ne demander qu'à vivre sekm 
FÉvangile. Maïs n'avouez-^ vous pas vous-Hiémes 
que vous êtes en révolte ? Et comment , je vous 
le demtande^ avez^rvous l'audace cb colorer une 
pQl*eîile conduite du saint nom de l'Évangile? 

i> Vous citez ea exemple les enfians d'IsraêLVous 
dites que IXieu entendit les cris qu^its poussaient 
vers lui , et qu'il lesd^vra. Pourquoi donc ne 
suiyez*vous pas cet ex^nple dont vous vous glo- 
rifier? Invoquez Dieu, comme ils ont &it ^ et at- 
tendez qu'il vous envoie aussi un Mdfse qui 
prouvt^ sa n^sion pa;r des miracles. Les enfans 
d'I^r^ae s'ameutèrent point contre Pharaon ^ 
ils. Ufe s'aidèrent point eux-mêmes comme vous 
ave* dessein de faire. Cet exemple vous est donc 
directement contraire ^ et vous damne au lieu de 
vous sauver. , 

n fl. n'est pas vrai non plus que vos articles^ 
comtne vous Fannoncez dans votre préface , en- 
seignent PÉvan^le et lui soient conformes. Y en 
^*t-^il un seul sur les douze^ qui renferme quelque 



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138 MÉMOIRES 

point de doctrine évangélique ? N'ont - ils pa* 
tous uniquement pour objet d'affranchir vos 
personnes et vos biens ? Ne traitent-ils pas tous 
de choses temporelles ? Vous , vous convoitez le 
pouvoir et les biens de la terre , vous ne voule» 
souffrir aucun tort ; FEvangile , au contraire , 
n'a nul souci de ces choses , et place la vie exté- 
rieure daiis la souffrance, l'injustice , la croix, la' 
patience et le mépris de la vie , comme de toute 
affaire de ce monde. 

» Il faut donc ou que vous abandonniez vôtre 
entreprise, et que vous consentiez à souffrir les^ 
torts , si vous voulez porter le nom de chrétiens ; 
ou bien , si vous persistez dans vos résolutions , 
il faut que vous dépouilliez ce nom et que vous 
en preniez un autre. Choisissez , point de milieu; 

» Vous dites que Ton empêche l'Evangile de par- 
venir jusqu'à vous ; je vous réponds qu'il n'y a 
aucune puissance ni sur la terre ni au ciel qui 
puisse faire cela. Une doctrine publique marché 
libre sous le ciel , elle n'est liée à aucun endroit, 
aussi peu que l'étoile qui, traversant les airs, 
annonçait aux sages de l'Orient 1^ naissance de 
Jésus-Christ... Si l'on interdit l'Evangile dans la 
ville ou le village où vous êtes, suivez-le ailleurs 
où pn le prêche... Jésus-Christ a dit (saint Mat- 
thieu, X) : « S'ils vous chassent d'une ville, fujez 
dans une ^utre. » H ne dit point : a S'ils veulent 



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DE LUTHER [1525]. 189 

VOUS chasser d'une ville , restez-y, attroupez-vous 
contre les seigneurs, au nom de FEvangile, et 
rendez-vous maîtres dé la ville. » Qu'est-ce donc 
que CCS chrétiens qui, /au nom de l'Evangile, se 
font brigands , voleurs ? Osent - ils bien se dire 
évangéliques ? 

» Réponse au P' article. --^ Si l'autorité ne 
veut pas de bon gré entretenir le pasteUr qui 
convient à la commune , il faut , dit Luther , 
que celle^i le fasse à ses propres frais. Si l'auto- 
rité ne veut pas tolérer ce pasteur, que les fidèles 
le suivent dans une autre commune. 
. .)) Réponse à l'article n.-^Vous voulez disposer 
d'une dîme qui n'est pas à vous : ce serait une 
spoliation , un brigandage. Si vous voulez faire 
du bien ^ faites-le du vôtre et non de ce qui est à 
autrui. Dieu dit par Isaïe : « Je déteste l'offrande 
qui vient du vol. » 

» Réponse à l'article lU. — Vous voulez appli- 
quer à la chair la liberté chrétienne enseignée 
par l'Évangile. Abraham et les autres patriarches^ 
ainsi. que les prophètes, n'ont-ils pas aussi eu 
des serfs ? lisez . saint Paul ^ l'empire de ce 
monde né peut subsister sans l'inégalité des 
personnes; 

j) Aux huit derniers articles. — Quant à vos ar- 
ticles sur le gibier, le bois, les services, le 
cens, etc., je les renvoie aux hommes de loi j il ne 



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490 MÉMOIRES 

me convient pas d'en juger , mais je tous répète 
que le dirétien est un martyr , et qu'il n'a nul 
souci de toutes ces dioses ; cessez donc de parier 
du droit dirétien , et dites plutôt que c'est le 
droit humain y le droit naturel que vous reven* 
diquez , car le droit chrétien vous commande de 
souffrir en ces cttoses , et de ne vous pljsiindre 
qu'àIHéu. 

» Chers amis, voilà l'instruction que fai a 
vous donner en réponse à la demande qtte vous 
m'avez faite. Dieu' veuille que vbus soyez fidèles 
à votre promesse, de vous laisser guider selon 
rÉcriture. Ne criez. pas tous d'abord : Lutha: 
est un flatteur des princes , il parle contre 
rÉvangile. Mais li^ez auparavant^ et voyez si 
tout ce que je dis n'est pas fondé' sur la parole de 
Dieu. 

» Exhortation aux deux partis. *-+ Puis donc, 
mes amis, que ni les uns ni les^ autres, voUs ne 
défendez une chose chrétienne, mais que les 
deux partis agissent également contre Bien, 
renoncez , je vbus supplie , à la violence. Autres 
ment vous couvrirez téute l'Allemagne d'un oarr 
nage horrible, et cela n'aura pas de fin- Car 
comme vous êtes également dans l'injustice^ 
vous vous perdrez mutuellement, et Dieu frap- 
pera uâ méchant par Tautre. 

)i y ôUs,. seigneurs, vou^ avez contre vous l'É» 



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DE LUTHER [1525]. i9t 

criture et rhistoire^ qui vous ensdgneat c]ue la 
tyrannie a toujours été punie. Vous êtes vous^ 
mémes^ des tyrans et des bourrekix^ ^-ouiS iMe^ 
di^ez l'Evangile. Vous n'ave?^ donc nul espoîs 
d'écb^per au sort qui jusqu'ici a frappé vos 
pareils. Voyez tous ces empires d^ Assyriens^ 
des Perses y des Grecs , des Rc^iainç^ ils oat tous 
péri par le glaive j après avoir cornooencé par le 
glaive. Dieu voulait prouver q\3^ c'est lui qui est 
juge de la terre, et que nulle injustice ne reste 
impunie. . / 

)> Vous^ paysans^ yous avez de même contre 
vous l'Ecriture et rexpérience. Jamais la révolte 
n'a eu une bonne fin , «t Dieu a sévèrement 
pourvu à ce que cette parole ne fût pas trom^ 
peuse :ijui prend l'épée périra parj'qiée» Quand 
même vous vaincriez tous les nobles ^ vainqueuans 
des nobles*, vous vous déchireriez ent» ; vkhi» 
colonie les bêtes, féroces. L'esprit ne régnant pas 
sur vous , mais seulement ^ chair et te sang y 
Dieu ^e tarderait pa^ à envoyer un mauvais 
esprit, un esprit <iestructear, comme il fit à 
Sichem et àson roi...» ' 

w Ce qui me pénètre de douleur et de pitié (ei 
plût iau ^e| que la chose pût être rachetée de ma 
vie I) ce 3ont de^ malheurs irréparables qui vont 
fondre sur l'un el l'autre parti. D'ab^d , cbmmé 
vous combattez tous, pour l'injustice , il est inw 



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19^ MÉMOIRES 

manquable que cetxx qui périront dans la lutté 
seront éternellement perdus corps et âme ; car 
ils mourront 4^ns leurs péchés, sans repentir, 
sans secours de la grâce. L'autre malheur c'est 
que r Allemagne sera dévastée; un tel carnage 
une fois commencé , il ne cessera pas avant que 
tout soit détruit. Le combat s'engage aisément, 
mais il n'est pas en notre pouvoir de l'arrêter. In- 
sensés, que vous ont-ils donc fait, ceisenfans, 
ces femmes, ces vieillards, que vous entraînez dans 
votre perte, pour que vous remplissiez le pays de 
sang, de brigandage, pour que vous fassiez tant 
de veuves et d'orphelins ? 

»Oh ! Satanse réjouit I Dieu est dans son cour» 
roux le plus terrible, et il menace de le lâcher 
contre nous. Prenez-y garde, chers amis, il y 
va des uns comme des autres. A quoi vous ser- 
vira-t-il de vous damner éternellement et de 
gaîté de cœur, et de laisser après voud un pays 
ensanglanté et désert .^ 

■ù » C'est pourquoi mon conseil serait de choisir 
quelques comtes et seigneurs parmi la noblesse, 
de choisir également quelques conseillers dans 
les villes, et de les laisser accorder les affaires à 
l'amiable. Vous, seigneurs, si vous m'écoutez, 
vous renoncerez, à cet orgueil outrageant qu'il 
vous faudrait bien dépouiller à la fin ; vous adou- 
cirez votre tyrannie, de sorte que le pauvre 



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DE LUTHER [^(»25]. 193 

komme-puisse avoir aussi un peu d'aise. Vous, 
paysans^ vous céderez de votre côté, et vous 
abandonnerez quelques-uns de vos articles qui 
vont trop loin. De cette manière, les affaires 
n'auront pas été traitées selon l'Évangile, mais 
du moins accordées conformément au droit hu- 
main. 

» Si vous ne suiviez pas un semblable conseil 
(ce qu'à Dieu ne plaise), je nepourrai vous empê- 
cher^ d'en venir aux mains. Mais je serai innocent 
de la perte de vos àmès , de votre sang , de votre 
bien. C^est sur vous que pèseront vos péchés. Je 
vous l'ai déjà dit , ce n'est pas un combat de 
chrétiens contre chrétiens, mais de tyrans, 
d'oppresseurs, contre des brigands • des profana- 
teurs du nom de l'Evangile. Ceux qui périront 
seront éternellement damnés. Pour moi, je prie- 
rai Dieu avec les ttaiens, afin qu'il vous réconcilie 
et vous empêche d'en venir où vous voulez. Néan- 
moins je ne puis vous cacher que les signes ter- 
ribles qui ^e sont fait voir dans ces derniers 
temps, attristent mon âme et me font craindre que 
la colère de Diet^ ne soit trop allumée, et qu'il ne 
'dise comme dans Jérémie ; Quand même Noé, 
Job et Daniel, se placeraient devanj^ ce peuple, 
je -n'aurais pas d'entrailles pour lui. Dieu veuille 
que vous craîgtiiez sa ^Sblère- et que vous vous 
amendiez, afin que* la calamité soit au moins 
I. i3 



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11>4 MÉMOHUE^ 

difEénée ! TeU sont les coofieHs que je tous 
donne en chrélienet en fioère, ma conscîeiicç 
m'en est témoin , Dieu Caisse qu'ils portent fruit. 
Amen. » 

Le caractère biographique de cet ot^vr^s^ -et 
les proportions dans lesquelles nous devons \^ 
resserrer, ne nous permettent pas d'entref dans 
l'histoire de cette Jacquerie allemande (voy&L 
toutefois nos Additions et Eclaircissemens). Nous 
nous contenterons ici de rapporter la sangpuinaire 
|iroclamation du dpctepr Thomas Munzer , chef 
des, paysans de Thuringe ; elle forme un singu- 
lier contraste ayec le toQ de mpdération et de 
douceur au'on a pu reo^arquer dans les Doq^ 
firticles qi^^l^ avons donnés plus haut : 

« {ift Tjraie craÎDfe de Dieu avaat tout. 

« Cbers firères , jasflp'à q^and iiormirez-votts ? 
Désobéirez-vous toujours à la volonté de Diau , 
parce que, born^ comme vous êtes, vous vous 
croyez abandonnés ? Que de fois vous ai -je ré^ 
pété mes énseignemens ! Diçu ne peut a^révïé^ 
1er plus \(ft^ '^ ^en)ps, Il i^ut que tous teniez 
ferme. S^on, le ^^i^qe^ le$ douleuara^ toojt 
^ura été en va^n. Vo^ reçommenc^rex ^àkurs 
à jouffw, je vpw le prédis, ^ fiaut ou sâou&îr 



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DE LUTHE» £1525], 193 

pour la (^Ê(xse de Bleu, ou dçv^r le mattyv 
du diable. 

» Tenez donc ferme , résistez à la peur et à Ja 
pares^^ csàmi dej^ttor Im rêveurs déyayés du 
chemin, ^t les ^lériiisâBOpie^- lA^eirvom^ et 
coml^tte? I^ ;<o^»baJt du Seigiieuf* Le temp« 
presae. Faites respecter à ?Qi» Irère^ le témc»-* 
goag^ de Dieu; autrwient, tou§ périroftt, L'Al- 
lemagne, la FraRi^, l'Italie $pnt tout etitièrea 
soulevées; Je MajUie veut jouer aon jeu , Th^j^e 
des mécbaq«i eç^t vei9ue. 

)) A Fulde quatre ég)i$^$ de fé^ché ont été 
saœagéed, la semaine sainte; les paysans de 
ïUégen en Héga» , et œwx de,la Forêt-Noire, se 
sont levé$ au noi^bjfe de trois cent mille. Leur 
masse grossit chaque joiu*. Toute ma crainte^ c'est 
que ces inseuisésne donnent dan$ tin pacte trom- 
peur, dontîls«eprévoientpasle$ suites désastreu- 
ses. Vou? ne seriez <pie trois , mais oonfiansen 
Dieu, <^rchant son honneur et sa gloire, que 
cieilt mille ennemis ne vo^ feraient pas peur. 

M Sus, sus, suç ! (dmn,4ra>héwèl)il est temps,, 
les méchans tremblent. Soyez sans pitié, quand 
même Esaû vous donnerait à^ belles paroles (Ge- 
nèse, XXXIIl)i n'écouter pas le# géa^^mens dé^ 
ijn{ûea y % .y<(^as #upp^f ront bien tendrement , ils 
pl^ureronf con^me l$f enfans ; n'en $oye2$ pas tou* 
chésj Dieu 4éfepdit4 Moïse de l'être (Deut. Vil), 



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196 MÊBfOiRES 

et il nous a révélé la même défense. Sbuleveie les 
villes et les villages^ surtout les mineurs des 
montagnes... 

» Sus^ sus^ ^s! (dran, drariy dran!) pendant 
que le feu chauffe ; que le glaive tiède de sang 
n'ait pas le temps de refroidir. Forgez Nemrod 
sur l'enclume yfink pank ^ tuez tout dans ]a tour; 
tant que ceux-là vivront, vous ne serez jamais 
délivrés de la crainte des hommes. On né peut 
vous parler de Dieu , tant qu'ils régnent sur vous. 

» Sus, sus, sus ! (dran y dran , dran I) pendant 
qu'il fait Jour; Dieu vous précède; suivez. Toute 
cette histoire est décrite et expliquée 4ans saiAt 
Mathieu , chapitre XXIV. N'ayez donc peur. 
Dieu est avec vous, comme il est dit, chapitre II, 
paragraphe 2. Dieu tous dit de ne rien craindre. 
N'ayez peur du nombre. Ce n'est pas votre com- 
bat, c'est celui du Seigneur, ce n'est pas vous 
qui combattez. Soyez hardUs , et vous éprouverez 
la puissance du secours d'en haut. Ameil. Donné 
à Mûlhausen, en i525. Thomas Muiczer, servi- 
teur de Dieu confie les impies. » 

Dans une lettre à Tëlecleur Frédéric e^aiu duc 
Jean, Luther ^se compare à Mûnzer... wMoi, je 
ne suis qu'un pauvrç homme ; j'ai commencé mon 
entreprise avec crainte et ti^blement ; ainsi fit 
iiaint Patil (il Pavoue lui-même. Cor. I,' 3-6), 



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DE LUTOER [1525]. <9T 

loi qui j cependant pourait se glorifier (Tenten-* 
dre une vohc céleste. Moi je n'entends pas de 
telles Toix ^ et je ne suis pas soutenu de l'Esprit. 
Avec quels humbles ménagemens n'aî-je pas at*- 
taqué le pape ! quels n'ont pas été mes combats 
contre moi-même! quelles supplici^ions n'ai- 
je pas faites à Dieu! mcm premier écrit en fait fei. 
Cependant j'ai fait avec œ pauvre esprit ce que n'a 
pas encore osé ce terrible esprit croque^-mondè 
(viFeltfressergeist) , qui du haut de son soleil nous 
regarde à peine comme des insectes ^ . J'ai disr- 
puté à Leipzig^ entouré du peuple leplûshos^fe: 
J'ai comparu à Augsboui^ devant mon plus grand 
ennemi. J'ai tenu à Worms devant César et touti 
l?Ëmpire , quoique je susse bien que mon saufr 
conduit était rompu et que l'astuce et la tra-*. 
hison m'attendaient. 

» Quelque faible et pauvre que je fusse alors , 
mon cœur me disait pourtant qu'il fallait entrer- 
dans Wprms^ dussé*je y trouver autant de dia- 
bles que de tuiles, sur les toits... II. m'a faHu^- 
dans mon coin ^ disputer sans relâche^ que ce 
jfôtxxMitre un j contre deux, contre trois, n'im-: 
porte, de quelque façon qu'on le deiàandèt. 
Faible et pauvre d'esprit, j'ai dû po|irtadt rester 

^ ' Miinzef se refUsaii à toute controverse privée ou tenue de-^ 
Yttiit une assemblée qui ne lui fât pa) fayorable. *• ' 



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19S MÉMOIBES 

à mcn-mèine, comme la flear djes çhaoïps ; je 
se pouvais dbtoisir ni l^adversaire , ni le temps ^ 
ni le lieu, ni le mode , ni la mesure de Fatita- 
que j j'ai dû me tenir prêt à répondre à tout le 
monde, comme l'enseigne Tapàtre (saint Pierre^ 
Ep.I,3-i5). 

n Et cet esprit qui est éleiré au*4essus de nous 
autant que le soleil Test au^lessus de la terre , 
ciU esprit qui nous regardé à peine comme des 
insectes et des vermisseaux, il lui faut une assem- 
blée toute composée de gens favorables et surs 
desquels il n'ait rien à oraindre, et il refuse de 
répondre à deux ou trois tenans qui ji'interro*- 
geraientàpart.w C'est que nous n'avons de fisrce 
que celle que lésus-^Chris|t nous donne; s'il 
nous livre à nous-mêmes, le bruit d'u^e feu^ 
peut nous faire trembler; s'il nous soutient, 
notre esfnt sent bien en soi la puissance et la 
gjbire du Seigneur... Je suis forcé de me vaMer 
moi-^méme, quelque folie qu'il y mt en cela; 
saîM Paul y fut bien contraint aussi (Cor. H, 
^ ^ "" 16) ? J۔ lu'en abstiendrais volontiers, si je le 
pouvais en présence de ces esprits de mensonge. » 

Immédiatement après la défaite des paysans, 
Mélancbton publia une petite histoire de Alun-* 
zer. Il est inutile de dire que ce récit est singu- 
lièrement défavorable aux vaincus. L'a^teur as- 
sure queMiini[0r, réfugié à Fra^kedbausen, se 



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DE LimKR [ t525]. f» 

cacha d«n& mx lit, et 6t le maktde, mais un ca^ 
Yàliei? le trouva ;» et ^on portefeuille le fit vecan^ 
naître... 

« Quand on Ibi serva les menottes y il pouss» 
des ciâsf à cette occasion^le duc €reorgesi^'avisa 
de lui dire : « Tu soufi&es, Thomas , mais ils ont 
soufiEert davantage aujourdfhnî, lès pauvres gêna 
qu'on a tués, et c'est toi cpû les avais ponssés là. »; 
ce Ils ne l'ont jpas V(^uîu autrement^ » répondit 
Thpmii^, en éclatant de rire, comme s'il eût été 
possédé du* diable... » 

Simzer avcma dians son interrogatoire quHL 
sieageait depuis long^temps à réfica*aier la chré- 
tienté ^ et que le soulèvement des paysans de 1» 
$ouabe lui- avak para une occasion favorable. 

c< Il se inontra t£ès pusiHanime a» dernier mo^ 
menu II était tellement égarée qu'il ne put ret- 
citer seul ïe Cmdo. Le duc Henri de Brunswiiak 
le luidit et il le répéta. «^ l£ avonà aussi pobl^ 
q^am^M^ qiL^il avait eu tort; qasM, aux princes y 
il les exhorta à étte moins dteits env^*» les paU"^ 
VMS gens, et à lire le» livres des ftois^ disant quel 
s'ils suivaient ses conseils ils n'auraient plus de 
semblables <jbngérs à eraîndce. Après ce discours 
il fut décapité, àat tête* fut atuohéeàiunepicpie^ 
et restai eiqpKMée pour l'exemplf . » 

U écrivît avant de mourir aux habitans de Iful'^ 
hausea; pour leur récoitimaader sa fem^poe et ka 



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900 MEMCHRES 

prier de ne point se venger ^ur die. « A'irant de 
quitter la terre, disait-il, il croyait devoir les 
exhorter instamment à renoncer à la révolte et 
à ^ter tdute nouvelle effusion de sang. » 

De quelques atroces violences que se soient 
soinllés Munzer et les paysans , on s'étonne de 
la dureté avec laquelle Luther parle de leur dé- 
frite. II ne leur pardonne pas d'avoir compromis 
le nom de la Réforme*.. c< O misérables esprits 
de troubles , où sont maintenant ces paroles par 
lesquelles vous excitiez et ameutiez les pauvres 
gens ? Quand vous disiez qu'ils étaient le peuple 
de Dieu , que Dieu combattait pour eux , qu'un 
seul d'entre eux abattrait cent ennemis , qu'avec 
un chapeau ils en tueraient cinq de chaque coup, 
et que les pierres des arquebuses , au lieu de 
frapper devant , tourneraient contre ceux qui les 
auraient tirées? Où est maintenant Mûnzer avec 
cette manche dans laquelle il se faisait fort d'ar- 
rêter tout ce qu'on lancerait conti^e son peu- 
ple? Quel est maintenant ce Dieu qui pendant 
près d'une année a prophétisé par la bouche de 
MCinzer? » 

K Je crois que tous les paysans doivent périr 
plutôt que les princes et les magistrats , parce 
que les paysans prennent Vépée sans autorité 
divine... Nulle miséricorde^ nulle tolérance n'est 
due aux paysans , mais l'indignation de Dieu et 



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DE LUTHER (1585]. 90t 

ées hommes. ))(3o mai i525.) — « Les. paysan^^ 
diMi ailleurs, sont dans le baii de Di^i et de 
TEmpereur. On peut les traiter comme des chiens 
enragés. » — Dans une lettre du ai juin, il 
énumère les horribles massacres qu'en ont faits 
les nobles^ sans donner le moindre s%ne d'in- 
térêt ou de pitié. 

Luther montra plus de générosité à Tégard de 
son ennemi Carlostad. Celui-ci courait alors le 
plus grand danger. U a^ait peine à se justifier d'a- 
voir enseigné des doctrines analogues à celles de 
Miînzer.. Il revint ^ Wittemberg , s'hiunilia au- 
près de Luther. Celui-i-ci intercéda en sa faveur 
et obtint de rÉlec|eur que Gariostad pût , selon 
son désir, s'établir comme laboureur à Kemberg. 

tt Le pauvre hooSme me fait beaucoup de peine^ 
et votre Grâce sait qu'on doit être clément: en- 
vem les malheureux^ surtout quand ils .son t. in- 
nocens. » (12 septembre iSaS.) 

Le 22 novembre TSaô , il écrit encore : a ... Le 
docteur Carlostad m'a vivement prié d'intercéder 
auprès de votre Grâce pour qu'il lui fut accordé 
d'habiter la ville de Kemberg^ la malice des pay- 
sans luirend pénible le séjour d'un village. Or,, 
comme il s'est ténu tranquille jusqu'à présentyet- 
que d'ailleurs le prévôt de Kemberg le pourrait 
bien surveiller, je prie humblement votre Grâce 
électorale de lui accorder $a deipande^ quoique 



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!9Qf MÉM0IIE9 

voire Grâce ait déjà fait beaucoup pour lui et 
qu'elle se soit même attiré à son sujet des soup-' 
pMis et des cakunnies. Ma» Dieu tous* le rend»» 
d^auDant plus abonda«iE»ent. C'est à Iim de so«i>- 
g^v au salut de soo àBie^ cela le regarde : potA* 
ee qui est du corps et de la subsistance^ nous^ 
devons le bien traiter. » 

H A tous les chers chrétiens qot le présent écrit 
inerrCMirt, grâce et paix de Dieu notre père et de 
notre Sdgnetir Jésis^Christ. Le docteur Martin 
LoTOiBR. Le docteur Andréas Carlostad vieùt de 
m'envoyef; un petit livre par ieqcKl il se disculpe 
d'avoir été Fun des ch^s des réelles , et il me 
prie instamaient de faire impiyner cet écrit pour 
sauver Fhonnenr de son nom et peut-être même 
sft vie qui se troove en péril'^ ^r suite de la pré- 
cipitation avec laquelle on jugerait tes accixsés. 
En effet le bruit couArt que l'on va procéder rapi- 
dement contre beaucoup de pauvres gens, et pffr 
pure colère exécuter lés innocens avec les coupa- 
bles, sans les avoir entendus ni convnincos; et 
je crains bien que les làcbes tyrans , qui, aupa^ 
ravont^ trendDlaieiit au bruit d'une feuille ^ ae 
s'enhardissent maintenant à assowvir leur mau>-' 
vais vouloir , jusqu'à ce que , au jour maurqué , 
Dieu lefe jette baâ, a> leur tour. 

«•Or, quoique le dbcteur Cdrlostad soit mon 
plu» grand ennemi dans des questions de^ doc- 



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DE LUTHER [f5S5-6]. S05 

trine^ et qu'il n'y ait pas de réconciliation à espé- 
rer entre ncns snr cespbints, la confianœ avec b^ 
cpelle il s'adresM à moi dans ses alannes , plutôt 
qu'à ses antdens amis qui l'ammaîent autrefois 
ixmtre moi , cette confiance ne sera point trom^ 
pëe^ et je lui rendrai vd<Hitiers ce service^ mnai 
qued'autress'ilyalieu. » 

Ludier exprime l'espoir, que, par la grâce de 
Dieu, tout pourra encore bien tourner pour Car- 
lostad, et qu'ii finira par renoncj^Jc ses erreurs 
touchant le sacrement. En même temps il se dé^ 
fend contre ceux qui croiraient qu'en faisant 
cette démarche , il cède en quoi que ce soit sur les 
points de doctrine. Quant à ceux qui l'acepte^ 
raient d'un excès de crédnKté , i\ leur répoiiril t 
« Qu'il ne lui convient ni à lui ni à personne de 
juger le ceeur d'autrui. La charité n'est pas soup- 
çonneuse, dit saiAt Paul, et ailleurs : La charité 
cKMt et confie tout^ )> 

M Yoici donc mon opinion : tant que le doc- 
teur Carlostad s'offre à se fiaiire juger selon le 
droit, t^ à souffiîr ce qui est juste au cas où, il se- 
rait OûfiviHnca d'aroir pris part à la rébeilîcHi ;, 
je dois ajouta ici à son ttyre et à son dire, 
qu<Hquè moi-même auparavant je fusse disposé 
à le croire animé, lui et les siens ^ d'un esprit 
aéititieus« Mais à présent je dois aider à ce qu'il 
ebtîenpe Feqquéte qu'tt désire. » 



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5KU MÉMOIRES. 

Dans, ce qui suit , Luther attribue y en grande 
partie, ce qui est arrivé à la violence avec laquelle 
les princes et les évièques se sont opposés à Tin- 
troduction reli^euse. « De là parmi le peuple 
cette fureur qui naturellement ne cessera point 
avant que les tyrans ne soient dans ta boue ^ car 
les choses ne peuvent durer quand un maître ne 
sait qu'inspirer la crainte, au lieu de se faire 
aimer. 

>»^ Pion , lail^ns plulôt notre prêtraille et nos 
hobereaux, fermer l'oreille aux avertissement; 
qu'ils aillent, qu'ils aillent, qu'ils continuent 
d'accuser l'Évai^le du mal qu'ils ont mérité, 
qu'ils disent toujours : Je m'en moque. Tout-^- 
riiwre il en viendra un Autre qui leur répondm ; 
« Je veux que dans quelque temps il ne reste 
sous le ciel ni prince ni évêque. » Laissez- les 
donc faire ^ ils ne tarderont pas à trouver: ce 
qu'ils cherchent depuis si long-tamps ; la chose 
est en train. Dieu veuille encore qu'ils se conver-^ 
tissent à temps ! Amen. 

» Je prie en conséquence les nobles et les évé- 
ques et tout le monde, de laisser se défendre )Ie 
docteur Carlostad qui assure "si solennellement 
pouvoir se justifier.de toute rébellion, de peur 
que Dieu ne soit tenté -davantage , et que la oo- 
lère du peuple ne devienne plus violente et plu«u 
juste... Il n'a jamais menti C^ut ';qui a promis 



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DE LUTffi^ [{5§5-^]. 205 

d'entendre les cris des opprimés, et ce n'est non 
plus la puissance qui lui manque pour punir. 
Que Dieu nous accorde sa grâce. Amen. » (iSaS.) 

« L'Allemagne est perdue, j'en ai peur. Il faut 
bien qu'elle périsse puisque les princes ne veu- 
lent employer quél'épée. Ah^ ils croient qu'on 
peut ainsi arracher , poil à poil , la barbe du bon 
Dieu; il le leur rendra sur la face. » (i5a6.) 

M I/esprit de ces tyrans est impuissant, lâche, 
étranger à toute pensée honnête. Ils sont dignes 
d'être les esclaves du peuple. Mais par la grâce 
de Christ, je suis assez vengé par le mépris que 
j'ai pour eux et pour Satan , leur dieu. » (Fin de 
décembre i5a5.) 



•9^^ 



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SDO MÉMOilES 



CHAPITRE IV. 



Attaques dfs rationalistes contre Luther. — Zwingli , 
Bueer, etc. -^ Érasioe. 



Pendant cette tCTriWe tragédie de la guerre 
des paysans^ la guerre théologique continuait 
contre Luther. Les réformateurs de la Suisse et 
du Rhin, Zwingli , Bucer , Œcolampade y parta*- 
geaient les principes théologiqueis de Carlostad ; 
ils n'en différaient guère que par leur soumis- 
sion à Fautorité civile. Aucun d'eux ne voulait 
rester dans les bornes que Luther prétendait 
imposer à la Réforme. Durs et froids logiciens , 
ils effaçaient chaque jour ce qu'il essayait de 



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DE LUTHER [iSâ4-«r]. fOT 

sauyeyr de la vieiiUe poésie GhréHieonç. Moim 
hardi > et pi Mis. dwgfeve^x 'encore ^ le roi d^ gens 
de lettres , le froid et ingénieux Érasme lui por- 
tait des coups flm terribles. 

Pendant lopg-teo^^ Zwingli et Bujccr^ es-^ 
prii» politiques « essayèrent de sauver à tout 
prix r^^arente unité du protestant£$me. Buc^^ 
le grand architecte des subtilités (Bossuei) dîssi* 
mula quelque temps ses of^inions aus yeux de 
Luther et se ^t n^èoie le traducteur de ses ou-* 
vrages allemands. « Personne, dit Luther , per^ 
sonne n'a traduit e^ latin mes Quvrages avec plus 
d'habileté et d^exactitude que niaître Buce?, Il n'y 
mêle rien de ses folies relativement au sacrement. 
Si je voulais 'n^op^rer xnon cœur et. ma pensée 
avec des mots , je ne pourrais pas mieux faire. » 

Ailleurs il semble s'être aperça d^ l'infidélité 
de la traduction. Le '|3 septembre i^%'j y il écrit 
à un imprimeur^ que Bucer en traduisant ses ml- 
vrages en latin ^^vail altéré certains passages de 

^ Les ërudûs du seizième siècle traduisaient ordinairemeat 
en grec leur nom propre. Ainsi KuhUorn (corne de vache) avait 
change son nom en celui de Bucer , Hauschein (lumière domes- 
tique) se fit appeler (Kcdampade , Didier (de desiderium, de- 
sir) ÉiasDie^ §chwarfc-Eide (terre noire ) Mâan^ctoa, etc. 
l4ii)^r et ^ingli , J^ deux r«fi>mat0ii]^s populaires , gardent 
seuls le npwi qu'ils çnifeçu , dans la langue .vulgBÛiie. 



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âOB MEMOIRES 

manière à lui fiaire dire èe qu'il ne pensait pas. 
« Cest ainsi que nous avons rendu les Pères hé*- 
rétiques. » Et il le prie, s'il réimprime levoluitie 
où se trouvent les changemens de Bucer , de faire 
lui-même une préface pour avertir le lecteur. 
En i5a7 , Luther écrivit contre Zwingli et Œco- 
lampade un livre où il les appelait nouveaux 
vriclefîstes et déclarait leurs opinions dangereu- 
ses et sacrilèges. , 

Enftii, en i5a8, il disait: « Je connais assez 
et plus qu'assez l'iniquité de Bucer, pour ne pas 
m'étonner qu'il tourne contre moi ce que j'ai 
écrit pour le écrément... Que le Christ te ganle, 
toi qui vis au milieu de ces bêtes féroces, de ces 
vipères , de ces lionnes , de ces panthères , avec 
presque plus de danger que Daniel dans la fos^e 
aux lions. » 

« Je croîs Zwingli bien digne d'une sainte 
haine , pour sa téméraire et criminelle manière 
de traiter la parole de Dieu. » (27 octcAre ï5ii7.) 
— « Quel homme que ce Zwingli , si ignorant 
dans la grammaire et la dialectique pour ne rien 
dire des autres sciences ! » ( 28 novembre 1527. ) 

Dans un second ouvrage qu'il publia contre 
eux en iSaS, il dit : « Je rejette et condamne 
comme pure erreur toute doctrine qui parle du 
libre arbitre. » C'était là sa grande qnerelle avec 
Érasme. Elle avait commencé dès l'année iSâS, 



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DE LUTBER [15M]. «» 

où Erasme publia sion livre De libero arbiirio*^ 
jusqu'alors ils avaient été en relaticma ami- 
cales, Érasme avait plusieurs fois pris la défense 
àe Lufter, et celcd-ci en retpur consentait à 
respecter la neutralité d'Erasihe« La lettre sui- 
vante montre que Lutlier croyait en i5!i4 avoir 
besoin de garder encore quelques ménagemens. 
« Voilà assez long-temps que je me tais, cher 
Érasme ; et quoique j'attendisse que toi, le pre- 
mier et le plus grand des deux, tu rompisses le si- 
lence, j'ai cru que la dhaqté même m'ordonnait de 
commencer. D'abord je ne te reproche pas d'être 
resté éloigné de jious , de crainte d'embarrasser 
la cause que tu soutenais contre nos ennemis, les 
papistes. Enfin, je ne me suis jpas autrenieni fâché 
de ce que, dans les livres que tu as publiés en plu-- 
sieurs endroits pour capter leur faveur ou adoucir 
leurfiorie, tu nous as harcelés de quelques morsu- 
res et piqûres assez vives. Nous voyons que le Sei- 
gneur ne t'a pas donné encore l'énei^ ou le sens 
qu'il faudrait, pour attaquer ces monstres libre- 
ment et courageusement, et nous ne sommes pas 
gens à exiger de toi ce qui est au-dessus de tes 
forces. Nous avons respecté en toi ta faiblefise et la 
mesure du don de Dieu. Le monde entier Ire peut 
nier que tu n'aies fait fleurir les lettres, par où 
l'on arrive à la véritable intelligence dés Écri- 
tures, et que ce don de Dieu ne soit -en toi ma- 
I. i4 



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m uÈHpms 

gli^que et ad«9irdhle>;^ c es|^ 4e qupi il imk re^re 
gi%)^ Aufisi y n'air^ JAmai^. désifé d^ tçvoîr 30f- 
tîr 4<éi 1à niesure où tu. tje liées pour, ^utr^r dan^ 
m>t]re.o^a)p ; tuy reQfdnâs de gi;and$ ser^oes aaos, 
doute par ton talent «t^n ^oquenoe ; m^h p^i&* 
qH(e 1^ c(mv^ &ît défwt > mieux i^ajut ^eryir dai;^ 
ce qjiA^ Pieu t'^doqné. Qo çi^igaait seulemenjt^ 
(|ae tu ne te laissasses entraîner par ipos^i^v^r- 
saires à s^ttaquer nc^ c}pg^es daQ^ des liyre&> et 
alors j'aurai^ été Qontri^t^e te. résister en ^ç. 
Noi|$ aTjOi^js^ apai^ c^lquips-uns d^s nôtres qui 
a^fiîetit préparé des livrespour.te traîner dan$ l'ar 
rçne^. G'e^t pour ôel;jte,i^ison qi;e je n'aui^ais pa^, 
\;anlu vpir publier VEjii^pKMuUtioà'BuXiep^ et en- 
core mofps. toii Épm§^ 4'JHM^fmf Tu ^ ,pu> dan^s 
cfftte dernii^re.oireQnstwoe^ sentir p?if toi-même 
cqipbiipi9 ;il, ei($t i^$é d'écw^e sijr la qipdfération , 
e^ 4'aijCTper liemportem^nt de, Luther, wm 
diigjpi|0, io^^stble de pratiquer cep leçoijs , 
sifton par uft. àQtij skguUet de l'e^it, Crq^s^le 
dsmfff oQ.ne le crois pas^ le.Ghjgs?: in'e«t tçpapiii, 
<PÎCiM t^plaio? du frnd ^j'âme, %vtQii;t2mt4e 
l|4^e8i c^ de po^siqpft irritéfs coptrp tp;, desr 
(]^çlje6bv j^ 1^ puis Qipire (tsi vertw. est humaine 
e^ tj;opHiajWflîp(^r 4êi t^fe arRge^ ) q^e t^ qç rp^ 
^ftt«v aAKîtine; éniotion> ÇependffiW pejit -rétine 
le%,i)àtre& 8^ftt,p0us^.parj4^, zè|eJégitii^ j i}, 
le^,ç6Wîfcie};qi^Q tiik^^ft ifrtMgfieipaepti proijo- 



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DE LUTHER [1524]. SrtI 

qués... Pour moi ^ quoique irritable et souvent^ 
entraîné par la colère à écrire avec amertume, 
je ne Pat j^ais fieût tfiCk l'égard des opiniâtres. 
Cette ctémence et celte douceur envers les pé- 
cheuss €A les impies , quelque insensés et iniques, 
qu^ils poissent être , ma conscience m'en rend té- 
moigns^ , et je pu» en: appeler à l'expérienee 
debiaiides gens. De même j'ai retenu maplumc^ 
malgré tes^{H^^res y j'ai promis de la retenir, 
jiiscp'à isp que tu te bisses ouvertement déclaré. 
€i^, quels que soient nos dissentimens^ avec quel«> 
que impiété ou qudque dksimulation qu& tu ex- 
primes ta ^désapprobation ou tes doutes sur les 
points les plus importans de lareligîon, je ne puis 
ni ne -veux t'acoiser d'entétem^it. Mais que faire 
maintenant? DeS' deux cotés les choses sont très 
enf«ttmiées. Mei^ je^ voùdtkî», si je pouvais servir 
de médiateur, qu^ik cessassent de t'attaquer avec 
tant de fiirie, et laissassent ta vieillesse s'endormir 
en paix dans le Seign^^ur. Usle feraient, je pense, 
Vils considéraient ta àôblesse, et s'ils appréciaient 
la granideur de* celte c^use qui a depuis long-* 
t^mps dépassé ta petite mesure. Les choses efi^ 
sont venues à ce point qu'il n'y a guère dcpAàlk 
eiaindre pour notre cause > lors ipême qu'Érasme 
réunirait contre nous toutfes ses forces... Toi^ te-* 
fofe il y a^faien. quelque raison ,. pour que les irô- 
très suppoirtent ma) tes attaques; c'est que la* 



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Sfâ MÉMOIRES 

faiblesse liumaine s'incpriète et s'^ffi^ie de l'au- 
torité et du nom d'Érasme ; être mordu d'Érasme 
une seule fois , c'est tout autre chose que d'être 
ai butte aux attaques de tous les pa^Hstes con- 
jurés. Je voulais le dire tout cela, chet* Érasme, 
en preuve de ma candeur , et parce que je dé- 
sire que le Seigneur t^nvoîe un esprit digne de 
ton nom* Si cela tarde, je demande de toi, que 
du moins , tu restes spectateur de notre tragédie. 
Ne joins pas tes forces à nos adversaires ; ne publie 
pas de livres ccmtre moi, et je n'en publi^ai pas 
contre toi. Quant à ceux qui se plaignent d'être 
attaqués au nom de Luther, souviens^toi que ce 
sont des hommes semblables à toi et à moi, aux- 
quels il faut accorder indulgence et pardon , et 
que, comme difr saiiit Paul , il nous faut p(»rter îc 
fardeau les uns des autres. C'est assez (^e.se mor- 
dre, il faut songer à ne pas nous dévorer les uns 
les autres. . . » ( Avril 1 6%^.) 

A Borner. « Jj^ràsme en sait moiiïs.sur la pré-, 
d^tination , que n'en avaient jamais su les so- 
phistes de l'École. Érasme n'est pas redoutable 
sur oette matière , non plus que dans toutes les 
choses chrétiennes. 

» Je né provoquerai pas Érasme^ et même> s'ii 
me provoque une fois, deux fois, je ne ripos^ 
terai pas. U n'est pas sage à lui de préparer con- 
tre moi les forces de son éloquence..» Je me pré- 



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DELOTBER f15â4]. Sl$ 

seàterai aV^ec^ coB6aace devant fe très éloqueot 
Érasme^ tout bégayait qcle je suis en comparai* 
son de lui; je ne me soucie point de son^rédit, de 
son nom ^ de sa réputation. Jeue me fâche pas 
contre Moaellaaus de ce qu'il s'attache à Érasme 
plutôt qu'à moi. Dis-lui m^me qu'il soit érasmien 
4e toute sa force. » (aQ.mai rSoa.) 

Ces ménagemens ne pouvaient durer. La pu^^ 
blication du De libéra arbitrio, fut une dédara*- 
tion de guerre. Luther reconnut que la véritaWe 
question venait d'être enfin posée. « Ce que j'ev 
time^ ce que je loue en toi , c'est que seul tu as 
toudié le fond de l'affaire^ et ce qui est le tout des 
choses ; je veux dite : le libre arbitre. Toi , tu ne 
me fatigues pas. de querelles étrangères ^ de pa- 
pauté^ de purgaUnre, d'indulgences et autres fa* 
ckises, pour lesquelles ils m'ont relancé. Seul, 
tu as saisi le nœud^ tu as. frappé à la gorge. 
Merci ^ Érasme!... » 

(< Il est irréligieux^ dis-itu^ il est superflu^ de pure 
euriosité^ de savoir si Dieu est doué de prescience^ 
sftnotrevolontéagitdans ce qui touche lesalutéter** 
Del, ou seulement souffre l'action de la grâce 9 si 
ce que nous faisons de bien ou de mal ^ nous le 
faisons ou le âojiffiroas ! . . . Grand Dieu, qu'y aura- 
t-ildo|[ic de religieux^ de graye^ d'utile? Érasu^e^ 
Érasnie^ il.est difficile d'alléguer ici l'ignorance. 
IM homme de ton âge, qui vit. au milieu du 



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mi VËMOIIBS 

peopie durélîett y et qtà a long-temps médité l'É- 
criture ! il n'y a pas moyen de t'excoser, ni de 
bien pc n oer de toi... Efaqnrn! yoos^ théokfpea, 
Yoos y docteur des cfarétîeos^ toos ne restez pas 
même dans votre soefrtîcisme ordinaire^ tous dé* 
cidez <pie ces choses n'ont rien de nécessaire j^ 
sans lesquelles il n'/ a {dus ni Dieu, ni Christ, ni 
ÉTangfle, ni foi, rien qui snbsisfte, je ne dis pas 
du duîstianisme^ maisdu judidEsmel » 

Hais Luther a beau être fort^ éloquent, il ne 
peut briser les Gens qui Penserrent. «Pourquoi , 
dit Erasme, Dieu ne change-t-il pas le yioedeno^ 
tre volonté, puisqu'elle n'est pas en notre pou- 
voir; ou pourqucM nous l'impute-t^il, puisque ce 
vice de la volonté est inhérent à l'hoqame?.. Le 
vase dit au potier : Pourquoi m'avez-vous Sait pour 
le fini étemel?.. Si lliemme n'est pas libre, que 
signifient p'we^, adUm^ réofnnpenséy enfin toute 
la langue? Pourquoi ces mots : Gonvertîsseâ^r 
vous, etc. » 

Luther est fort embarrassé de répondre a tout 
cda : a Dieu vous parle ainsi, dit^il , seulement 
pour nous convaincre que nous sommes imr 
puissans si nous n'implorons le secours de 
Dieu. Satan <fit : Tu peux agir. Moïse dit : Agis } 
pour nous convaincre contre Satan que nous 
ne pouvons agir. » R^onse, ce semble, ridi- 
cule et cruelle ; c'est lier les gens pour leur 



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DE tÛTSÉËdt^Sai]. m 

^rè j Maricb^, et les friper diaqûc ftris qfb'ite 
tombent. Redulatit dêvâtt^ lès ^oi^écfaéfide^ 
<|ù1Srâ]Éâïe tire où laissa eaftnevoiir , Lutfe* it- 
jette tdut système dlnteIÏ^^étâlîOll de rèetttki^è, 
et lui-même se trouvé force d'y tefcoùrir ^ouî- 
échà|))f)fér àte toûclusîoVis de sota adversaire. C'est 
àiïisi ^ par exemple^ qu'il explique le Induràhbti^ 
Pkdra&àis : t< En noué, cfésl-à - dire par tatSÛs \ 
Dieu &it le mal ^ non par su &ute^ mais par ^uîië 
de tios Vices ; cfeir noiis somrûeà péchetiri par àà- 
tuire, tandis que IHeu ne jpeut faire que lë biieta. 
En tertù de sa toutè-pùissànce, il hous entràîriè 
datiâ son action, mais il ne peut faiire , qùoîqû'îl 
fe<rft fe bien même 9 qu'un mauvais instrument hè 
5pfrodui»è pas le mai. » 

Ce dût être une grande joie pour Érasme , dé 
voir rennenii tribmphkht de la pajpautè s'agitêt^ 
dbulouretis^nent sous les cdbps qu'il lui portait', 
et saisir pour le combattk'eune arme si dangereuse 
à celui qui la tient, plus Luther ée débat^ plus il 
prend avantagé, plus il ^'enfonce dans sa victoire, 
et plus il plonge dans l'immoralité et le fatalisme, 
au poiiit d'être contraint d'admettre que ;ïudàs 
devait nécessairement trahii* lé Christ. Aussi Lil- 
thér garda un long souvenir de cette querelle. îl 
ne se fit point illusion sût èoti triomphe : îà so- 
lution dd terrible problèine ne se trouvait point, 
il le sentait , dans son Dhserva krbitno, et jus- 



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«6 MÉHQIRES 

qu'à soD deroiep jour k nom de^cdui qui Fayait 
poqtsé jusqu'aux plus immorales conséquences 
de la doctrine de la grâce ^ se mêle dans ses écrits 
et dans ses discours aux malédictions contre )os 
bla^hémateurs du Christ. 

H s'indignait surtout de l'apparente modi^- 
tiop d'Éraspie ^ qui n'osant attaquer à sa bas^ 
l'édifice du christMinismç^ seinblait vouloir le dé^ 
truire lenl^ment^ pierre à pierre. Ces détours , 
cettç conduite équivoque > n'allaient, point à 
l'énergie dç Luther. « Érasme^ dit- il, ce. roi 
^mpjbib^ole qui siège tranquille sur le trôn^ 
de l'amphibologie, nous abuse par s^ paroles 
ambiguës , et bât des mains quand i\ nou$. voit 
enlacés dans ses insidieuses figures, comm^ ^ne 
proie tombée dans ses rets. Trouvant alors une 
occasion pour sa rhétorique , il tombe sur nous 
a grands cris, déchirant, flagellant, crucifiant, 
jiious jetant tout l'enfer à la tête , parce qu'on a 
compris, dit-il, d'une manière calomnieuse, 
infàipe et sat^^niquç, des parolçs qu'i.1 voulait ccr 
pendant que l'on comprît ain$i... Voyez -le. s'a- 
vancer en rompant comme une vipère pour ten^ 
ter les âmes simples, comme le sçrpent qui 
sollicita Eve au doute çt lui rendit suspects les 
préceptes de Dieu. » Cette querelle causa à JLiirT 
ther, . quoi qu'il en dise, tant d'embarras et dq 
toqr^en^ , qu'il finit par refuser le combat , e^ 



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qu'il eftipécfaa ses amis de répondre pour luk 
a Quand je ma bats contre delà boue^ vainqueur 
ou Takicu^ je suis toujours sali ^ . » 

a Je neToudntts pas, écrit-il à .son fils Jean , 
recevoir dix mille florins , et me trouver devant 
notre Seig^eur^ dans le péril où sera Jérôme, 
encpre moins dans celui d^rasme. 

» Si je reprends de la santé et de la force, je 
veux pleinement et librement confesser mon 
Dieu contre Érasme. Je ne veux pas vendre 
mon cher petit Jésus. J'avance tous les jours 
vers le tombeau j c'est pourquoi je veux aupar 
ravant confesser mon Dieu à pleine bouche et 
sans mettre une feuille devant. — Jusqu'ici j'ai 
hésité, je médisais : Si tu le tues, qu'arrivera- 
t-il ? J'ai tué Mûnzer dont la mort me pèse sur le 
col. Mais je l'ai tué, parce qu'il voulait tuer mon 
Christ, » 

Au jour de la Trinité^ le dpcteur Martin Lu- 
ther dit : « Je vous prie, vous tous, pour qui 
l'honneur de Christ et l'Evangile est une chose 
sérieuse, que vous veuillez être ennemis d'É- 
rasme... » 

. Un jour le docteur Luther dit au docteur Jo* 
pas et au docteur I^bmeranus , avec un grand et 



^ Hoc scio pro cerlo ^ quod , si cum stercore certo , 
Yinco vcl yincor, semper ego maculor. 



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918 IfiElAOitUgS 

sMeux zète de coeur : a Je vous recommande 
a>mme ma dernière volonté d*être terrible pour 
ce serpent... Dès que je reviendrai en santé ^ je 
veux avec Taide de Dieu^ écrire contre lui, et le 
tuer. Nous avons souffert qu'il se moquât de ùous 
et nous prit à la gorge , mais aujourd'hui qu'il éii 
veut faire autant au Christ, nous voulons nous 
mettre contre lui... Il est Vrai qu'écraser Érasme, 
c'est écraser une punaise, mais mon Christ dont 
il se moque m'importe plus que le jpéril d'Érasrtie. 

» Si je vis, je veux avec l'aide de Dieu, purgièl' 
l'ïyîse de son ordure. C'est hii qui a semé et feit 
naître Crotus, Egranus , Wîtzeln , Œcolampàde, 
Campanuset if autres visionnaires ou épicuriens. 
Je ne veux plus le reconnadtredahsfÉglise, qu'on 
le sache bien. » ^ 

Luther dit un jour en voyant le portrait d'É- 
rasme. « Érasme, comme sa figure le montre, est 
un homme plein de ruse et de malice y qui s'est 
moqiié de Dieu et de la religion. Il emploie de 
belles paroles : a le cher Seigneur Christ, là pa- 
rdle de salut, les saints sacremens , » mais 11 tient 
la vérité pour une très froide chose. S'il prêche > 
cela sonne faux, comme un vase fêlé. Il a attaqué 
|a papauté , et maintenant il tire sa tête du lac. » 



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DE LUTHEa [1J?6]. 219 



CHAPITRE V- 



15S6-15». 



Mariage de Lulber* Pauntlë. Découragement. ÂbaDdon. 
Md^die. Croyance à la fin du monde. 



L'àme k plos fermé aurait eti peine à résister 
à tant de secousses; celle de L^ther faiblit visi- 
blement après la crise de l'année i5a5. Son rôle 
aTttit changé^ et de la manière la plus triste. 
L'opposition dlÊrasme signalait Téloignement 
dtô gens de lettres qui, <i'abord, araîent servi 
si puissamment la cause de Luther. Il avait* laissé 
«ans réponse sérieuse le livre De libero arhitrio. 
Le grand novateur , le chef du peuple contre 



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Rome^ s'était vu dépassé par le peuple^ maudit 
du peuple, dans la guerre des paysans. Il ne faut 
pas s'étonner du découragement qui s'empara de 
lui à cette époque. Dans cet aSEadblissement de 
l'esprit y la chair redevint forte j il se maria. Les 
deux ou trois aqs qui suiv<sut> sont une sorte 
d'éclipsé pour Luther j nous le voyons généra- 
lement préoccupé de soins matériels y qui ne 
peuvent remplir le vide qu'il éprouve. Enfin il 
succombe]^ un^ grande crise physique marque la 
fin de cette période d'atonie. Il est réveillé de sa 
léthaigie par le danger de l'Allemagne envahie 
par SoHman (iSag), et menacée par Charles- 
Quint dans sa liberté et sa foi à la diète d'Augs-^ 
bourg (i53o). 

(c Puisque Dieu a créé la femme telle qu'elle 
doit nécessairement être auprès de l'homme^ 
n'en demandons pas davantage. Dieu est de 
notre coté. Honorons donc le mariage comme 
c)K>se honorable et divine. 

» Ce genre de vie est le premier qui ait plu à 
Dieu, c'est celui qu'il a perpétuellement main-, 
tenu, c'est le dernier qu'il glorifiera sur tout 
aiitre. Qii étaient les royaumes et les empires >. 
lorsque Adam et les patriarches vivaient dans lé 
mariage? — De quel autre genre de vie dérive 
l'empire sur JLoutes choses? Quoique par la ma-» 



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DE LOTHîaR [f^-5]. »f 

lice des bonainies les magistrats aient été obligés 
de l'asurper en grande partie, et que le mariage 
soit devenu un empire de guerre, tandis que le 
mariage, dans sa pureté et sa simplicité, est 
Fempire de la paix. » (17 jàuTier i5it5.) 

« Tu m'écris , mon dier Spalatin , que tu veux 
abandonner la cour et ton ofiBce..: Mon avis est 
que tu restes , à moins que tu ne partes pour te 
marier. . . Pour moi , je suis dans la main de Dieu, 
comme une créature dont il peut changer et re- 
cfaanger le cœur, qu'il peuttùer ou vivifier, à 
tout instant et à toute heure. Cependant dans 
rétat où a toujours été et où .est encore mon 
cœur, je ne prendrai point de femme, noi\ que 
je lie Sen^ ma chair et mon $exè, je ne suis ni 
de bois ni de pierre, mais mon eqpuit n'est pas 
tourné au mariage , lorsque j'attends chaque jour 
la mort et Je supplice des hérétiques. » ( 3o no- 
vembre 1 5240 ^ 

a Ne .t'étonne pas que je ne me marie point , 
(fiti sic fomosus sum amator. U £aut plutôt s'éton- 
ner que moi, qui écris tant sur le mariage, 
et qui suis sans /cesse mêlé aux femmes, je ne 
sois pas devenu femme depuis long -temps , 
sans parler de ce, que je n^en aie épousé auaine. 
Cependant , si tu veux te régler sur mon exemjde, 
en voici un bien puissant. J'ai eu jusqu'à trois 
^pou^s en même temps, et je les ai aimées si 



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MËMCtf^ES 

Cort que j'eïi ai perdu deux qui Tont preadre 
d'autces époux. Pour la tipôisième ^ je la retieiid 
à peine de la main gauche^ et die va ^éétiSfH 
per. » (i6 avril iSaS.) 

A AmsKtorf. ce J^espère vivre enoore quelle 
icmps^ et je n'ai point voutei infuser de donner 
à^mon père Tespoir d'une postérité. Je veux d?ail«- 
leurs £e^^ moi-même <;e que j'ai enseigné^ ^tos- 
<pie. taat df autres se sont montsés pusillanim^ea 
pour pratiquer œ qui est si dairement dit àwt^ 
lIÉvangile. C'est la volonté de Dieu que je suis ; je 
flL'ai point pqur ma femme un amour bmlant^ 
d^ordonné^ mais seulement 4^ l'affection, a 
(ai juiit i525.) 

Celle <pi'it épousa étmt une jeune fîUe noble y 
édiappée dn^ouv^nt^ âgée de vipgi-quatre ans 
et rema^^quablement belle; elle $e nom^nait Ca^- 
Ih^ïiiè de Borà; il parait qu'elle avait: aimiê 
d'abord Jérôme Baumgartner y jeune savant de 
Nnres)bei^. Luther écrivait à^i^lùi^ )ei3 odo^ 
bne^ 15^4 * ^ Si Ui ^^ux obtenir ta Csth^rioe dç 
B<»s^ hàte-4oi , avant qu'on ne la donne kun ski^ 
tre^ qui< l^a sôus la main. GependMrt e&e n'a pas 
encore ti^ionlphé dç son amour pour toi. Bfoi, je: 
«ïepéjouiraisjfprt devras yofo unis. » 

Il écrit à Stiefel^ Un an' après le v^^ï^e (jLa 
août i-5^)» aCathei^ine/mà i^èï^ côiè^ tè salue; 
elle se p(^rie forjt Ijién , grjptee à IWen ; douce pour 



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DE LV3Pi;^t [t5^5 7]. 

mijrt , obi^^aât^ et fe^ciiiB m, ,tPUte§ dioses , au*»- 
ddà(]b^i^<meâpéi:9np(3» JeDevoodi^is paschaïa- 
gqr ^ pflpis?rei4 pou?, tes riçhe^e^ de Crépus. » 

i^ui» d,e$«oips dje, *>B, ^pk^ag!& ^<Je la £(itn^]le aont 
il devait bieniAtsf^^^TOUvei: c^g^ il ch«rdmit à se 
f^ireu0; métier; il trava^Ulait de ses maijfis: « Si 
k moode fle Wiit phwj nouc^ npprrir pour 1^ par 
i;ole , aj^r^om^ k ^^H ^^: «<^ wpains. » U eût 
choisi iwa^ douil», ç'il avait pM choisir, quelqu-qi^ 
dece^aris qu'iliajtoait, Tart 4' Albert Porer etd^ 
SOI? apïiilHI^jasClraniMDh, oul^ musiqw:, qu'il -apr 
pèlail; lu pmnjiière sciçpçe après, la théolc^; 
Tpi^h il n'ayant ppiilt dé maîjre. Il se fiti tpurttïeur. 
« Puisque parmi n^us. autT^ barbares il n'y a 
point d!art ni d'esprit cultivé, «ai <çt.W;Ql%Wg, 
ixian,$ejvit^ur, ftoiis.ij^ussocpurïi^s.noi^ àj^^i^t^ » 
lî.cfe^rjÇPft Weqcestias lôi^fe de luLaefeeieçdf^iw- 
t)^t)i?iei^ h. Nuï:emb<^» H^ ^ *»i* mmi à jarjJSaScgr 
et à bâtir : «i^^J'îjipldPiiéuto jaKdîh, ée»wlàî%ajT 
lati0, j'flii.iîpnslruitimeJwttaine, efcàl'wibcoidttïe. 
à Ti^^ j!ai as«^;bifenj réussi* Vjito* et tw s^tlatsr 
cottj;Qniié;de lis 0t Ad rOs^t. »(déceï»bre i^S^* 
A^;mDi3, d!av|4l i§î^7., un abbé de Nûxenribegçg? 
luî fit pt^fent d'une h^rk^e : « U Aiut ^ lui répon- 
di$-il, que je «ne %se dtsôple di^ maibémâtir 
ci€»s pour cpmpjnendre tout «jïnéÊanisme ; car^ 
je «Lai îamais rio^.^ruidfï pa^eîk )^fltai» inois aprèslr 



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« J'ai reçu les instruçieBs pour tourner, étie ca- 
drao aveq le cylindre et Fhorioge dç bois. Mais tii 
as oublié dé me dire combien il me vestaît ^ payer. 
J^ai peur le moment assez d'outils, àmoins^c[u'é tu 
n'en aies de nouvelle espèce qui puissent tourner 
d'eux-mêmes pendant que mon serviteur roriffe 
ou lève le nei«n[l*aîr. Je suis déjà maître pas^ 
en horlogerie. Cela m'est précieux pour marquer 
Hieure à mes ivrogne^ de Saxons^ ^tU (ôiit plas 
attention. à leur^ verres qu'à l'heure , et ne s'in- 
quiètent pas beaucoup si le soleil, l'horlogé ou 
celui qui la règle, se trompent. » (îgmsiiSurjjy 
a Mes melons ain^i que mes courges et ibes ci^ 
trouilles croissent à vue d'œîK Tù vois qtfe j'ai 
su Uen faire venir les gaines que voua àat'aver 
envoyées, w (5:juîllet). - . 

Le jardinage n'étaiit pas ui&e grandie ressourcer 
Lothnersë trouvait dans une situation affligeante 
et bizarre. Cet homme qui r^ntait les rois , se 
voyait, pour les besoins de la subsistance jonr^ 
nalière, d^ns lad^endancede l'Eleèteur. La nou- 
velleéglise ne s^taitâffranchiede la papauté qu'en 
s'assujétiss^nt à l'autqrité civile ^ elle se voyait, 
dès sa npis^anôe^ négligée , afiamée par ceKe-d. 

En i5a3, Luther avait écrit ^ Sjpalatin qu'il 
voulait résigner so«i revenu 4? couvent ejitré' les- ' 
mains de rÉiéctéur. «... Puisque noçis nelisonii 
plus, 1)1 ne braillons, ni ne io^èssons ^î: m ne fai?- 



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DE LUTHER [1525-4]. âfi5 

sons aucune chose de ce qu'a institué la fon- 
dation , nous ne pouvons plus vivre de cet 
aident ; on a droit de le réclamer. » ( novem- 
bre iSaS.)' 

«Staupitz ne paie encore rien de nos reve- 
nus... Tous les jours les dettes nous enveloppent 
davantage , et je ne sais s'il faut demander encore 
à l'Électeur, ou laisser aller les choses, et que 
ce qui péris^, périsse, jusqu'à ce qu'enfin la 
misère me force de quitter Wittemberg , et de 
faire satisfaction aux gens du pape et de l'Empe- 
reur. » (novembre i5î3t3.)« Sommes-nous ici pour 
payer à tout le 'monde , et que personne ne nous 
paie? Cela est vraiment étrange . » (i ®' février 1 5a4.) 
« Je suis de jour en jour plus accablé de dette». 
Il me faudra chercher l'aumône de quelque autre 
manière, » (24 avril ï52^.) « Cette vie ne peut 
durer. Comment ces lenteurs du prince n'exci- 
teraieht-elles pas de justes soupçons I Pour moi, 
j'aurais depuis long-temps abandonné le couvent 
pour me loger ailleurs , en vivant de mon tra- 
vail (quoiqu'id je ne vive pas sans travail 'D09 
pl«is)'f si je n'avsp^ craint un scandale pour 
rÉvangile et méipe pour le prince. » (fiti de dé* 
cembre 1524.) 

« Tu me demandes huit florins , mais où les 
prendrai-^je ? Comme tu levais , il Éaut que je vive 
avec la plus* stricte économie, - et mon impru- 
I. i5 



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SS6 MÉMOIRES 

àsace m'a fait contracter cette année une.^ette 
de plus de cent florins que je dois à Fun etJi 
l'autre. J'ai été obligé de. laisser trois gojb^ets 
pour gage de cinquante florins. U est-vrai que 
mon. Seigneur^ qui avait ainsi puni mon impru- 
dence^ m'a. enfin libérée. • Ajoute que LuGaa et 
Christian ne veulent plus m'acc^pter pourrez 
pondant y ayant prouvé que de cette manière ils 
perdent tout^ ou ^[mis^nt jusqu'au fond dQjxia 
bourse..» (a février 1:507. jt 

« .Dis à Nicolas Ëndri^us qu'il. me demande 
quelques exemplaires de nies ouvxageS; Quoi- 
que je sois.tcèspauvre> cependant je m^suis ré- 
servé iceritains droitsi avec me& imprimeurs,: je 
ne leur demande.rien pour tcmt mon travail y si 
ce Ji!est,de pouvoir prendre, parfois un exem- 
ficaire de mes livres Ce n'est pas jtrop^ je pense, 
puisque d'autres écrivains, même des traduc- 
teurs ^ reçoivent un ducat par cal^ier. v (â juil- 
let i5a7.) , 

. a Qu'est ? il arrivé, mon cher Spalattn , pour 
que tu m'écrives avac tant de menaces, etd'un ton 
si impérieux? Jonas n'a-t^il pas asse^ essuj(é tes 
mépris ci c^iix.de ton prince , pour^que vous vous 
acharniez encore sur cet homme excellent? Je 
connais. le caractère du.prince, . je saia .comme il 
traite légèrement les hpmmes?» .. C'est donc ainsi 
que not» honorons l'Evangile , en refusant à ses 



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DE LUTHER [15â4-8]. Sf7 

ministres uqe petite prébende pour vivre... N'est- 
ce pas une iniquité et une odieuse perfidie que 
de lui ordonnée de partir^ et toutd^is défaire 
en .sorte qu'on n'ait pas l'air de lui en avoir 
donné, l'ordre ? Et vous crpyesz que le Christ ne 
s'aperçoit pas de cette ruse?... Je ne pense pas 
cependant que nous ayons été pour Je prince 
une causa de dommage... II en est venu dans sa 
bourse passablement des biei^s de ce monde , et 
il ^gx vient chaque joujr davsgatage. — Dieu saura 
bien nous repaître j si vous nous refusez l'aumône 

et quelque maudite monnaie ... Cher Spala- 

ttn, traite-nous ^ je te prie, nous les pauvres et 
lesesdlés de Ghi^ist, avec plus de. douceur^ ou 
explique-^ toi nettement > afin que nous sachions 
où .nous allons y que nous ne soyons plus forcés 
de nojos perd^ç^ nous-mêmes en. suivant un 
ordre à dodble sens y qui, tout en nous con- 
traignant àd partir, ne nous permet pas de 
nommer ceux qui nous y fioroent. » (37 no- 
veaabfe i5a40 

■ A Nous avons, reçu avec pUdsir, mon cher 
Gérard Lampadarius^ et la lettre et le drap, 
que ta nous asemroyés avec tant de candeur 
d'àme et de bienveillance de cœur... Noustnous 
secvons. constamment,. et. chaque. nuit ^ de tes 
lampes , ma Caâierine et moi , et nous nous 
plaignons ensemble de ne t'avoir pas fait de ca- 



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2â8 MÉMOIRES 

deau et de n'avoir rien à l'envoyer qui entretînt 
auprès de toi notre souvenir. J'ai grande honte de 
ne t'avoir pas même fait un présent de papier , 
lorsque cela m'était facile... Je ne laisserai pas de 
t'envoyer au moins quelque liasse de livres. Je 
l'aurais dès maintenant envoyé un Isaïe alle- 
mand qui vient de naître , mais on m'a arraché 
tous les exemplaires, et je n'en ai plus un seul. » 
(i4 octobre 1 528.) 

A Martin GorlitZj qui lui avait fait un présent 
de bière. « Ta Cérès de Torgau a été heureu- 
sement et glorieusement consommée. On l'avait 
réservée pour moi et pour les visiteurs, qui né 
pouvaient se lasser de la vanter par-dessus tout ce 
qu'ils avaient jamais goûté. Et moi , en vrat 
rustre, je ne t'en ai pas ranercié encore ; toi et 
ton Émilia. Je suis un ci%o&e(m6rYi<; si négligent de 
mes affaires, que j'avais oublié, et que j'ignorais 
entièrement, que je l'eusse dans ma caVe j c'est 
mon serviteur qui me l'a rappelé. Salue pour moi 
tous nos frères , et surtout ton Emilia et son' fils, 
la biche gracieuse et le jeune faon. Que le Sei- 
gneur te bénisse et te fasse multiplier à milliers, 
selon l'esprit comme selon la cliair. » (i5 jan- 
vier 16^9.) 

Luther écrit à Amsdorf qu'il va donner l'hos- 
pitalité à une nouvelle mariée, à Si ma Catbe^ 
rine accouchait en même temps, et que tout 



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, DE LUTHER [1527-9]. SS9 

cela Tint à coïncider^ tu en. deviendrais plus 
pauvre. Ceins -toi donc^ non pas du fer et du 
glaive^ mais d'or et d'argent et d'un bon sac y à 
tout événement^ car je ne te lâcherai pas sapsun 
présent. » (29 mars iSag.) 

 Jonas. « J'en étais à la dixième ligne de ta 
lettre quand on vint m'annoncer que ma Ketha 
m'avait donné une fille. Gloria et laus PcUri m 
cmlis. Mon petit Jean est sauvé y la femme d'Au- 
gustin va bien ; enfin Marguerite Mochinn a 
échappé à la mort contre toute attente. En com- 
pensation y nous avons perdu cinq porcs... Puisse 
la peste se contester de cette contribution. Ego 
sunij qui sum hactenùs , scilicet ut apostolus ^ 
quasi mortuus, et ecce vivo. » 

La peste régnait alors à Wittemberg. La femme 
de Luther était enceinte^ son fils malade des 
dents; deux femmes^ Hanna et Margueoite Mo- 
chinn^ avaient été atteintes de la peste. Il écrit à 
Amsdorf : (c Ma maison est devenue ua hôpital. » 
(i®^ novembre 1527.) . . 

«La femme de Georges, le . chapelain , e$t 
morte d'une fausse couche et, 4)5 la peste... Tout 
le monde était frappé de terreur. J'ai recueilli jo 
curé avec sa faïKÛlle. » (4 novembre i5?7.) « Ton 
petit Jeannetesalue pasyparce qu'il est malade^ 
mais il te demande tes prières., Voici dou»^. 
jours qu'il n'a rien mangé. C'est une chose admin 



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950 MÉMOIRES 

rable combien cet enfant a la volonté d'être gai 
et alègre comme de coutame , mais T^tcès de sa 
faiblesse ne le lui permet pas. On a ouvert hier Ta-^ 
postèmede Marguerite Mochinn ; elle comfnénce 
à se rétablir; je l'ai renfermée dms notre cham^ 
bre d'hiver> et nous ^ nous hoas^ tenons^dans la 
grande salle de devant ^ Hanschen dans ifia chsktÉ^ 
bre à po^/ et la femme d'Auguistin dans la 
sienne : nous commençons à espérer la fin déf a 
peste. Adieu ^ emln'sase ta fille et sa mère /et 
souvenez-Tous de noUs dans vos prières. » (la 
novembre 1 5^7.) 

<r Mon pauvre fils était m<!A*t j mais |1 est i*es^ 
suscité; depfuis douze jours il ne mangeait plus. 
Le Seigneur a augmenté ma femille d'tme petite 
fille. Nous nous portons tous bien j ii l'exeep-^ 
tion de Luther luî-méoie qtii^ sain de corps, 
isolé dû monde entier^ souffire à l'ihtàrteur^'d^ 
atteintes du diable et de tous des anges. J'éai$ 
pour la seconde et la dernière fois contre leà 
sacramentaires et leurs vaities paroles^ , etô. >^ 
(3i décembre i5%j.) . ^ 

« Ma petite fille Elisabeth est morte ; je m'é^ 
tonne comme elle m'a laissé le co^ir malade , un 
cœur de femn^, tant je suis étm^ Je n^auraîs 
jamais cru que l'âme^d'un père fût si tendre pour 
l^m enfant. » (5 août i5a8.) « ^e pourtrals t'ap^ 
prendre ce cjue c'est qu'être père , profseHmk 



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DE LUTHER [15S7]. Ki 

sexûs y qui ultra filiomm casum etiaai habet mir 
sericordiam valdï mùçcHtem. » (5 juin i53o.) 

-Vefôlâ âft'de^l'ànftée'r5a7; LuAtet hii^mème 
fut plusieurs fois très malade de corps et d'esprit. 
Le 27 octobre il termine ainsi une letire^Métan^ 
chton. «Je û'ai ptséiHSorélu té nouttel' ouvrage 
d'Erasme, et que lirais-je y moi servitteurmatede 
de^Jéius-Christ , mdi tpii suis à peiné vivant? que 
faire? qù*ëorîre f Dieu? veut-il ^ ainéi ^ m'abimcr 
détour les ûôtss à tafds? Et ceujt qui devraient 
avoir conïpassioh de moi ^"vlèmient, - après' tamk 
de s<$u£frances^ mé^ donner le coup de groce! 
Pulis^^é EHeu lesîédaireret leroonVertir (■ Amen:» 

' '^Deuï ' âftiis in times^ de • Luther , les 'doctetn^ 
léa^'Bugenhagen et ïoûâs n0U$ ont laissé la note 
soivame surune dé&iHaince'qui'Kuqptit Luther; 
versia fi»de'r^7: u Le samedl^dela visitatîeinrxlé 
Notfe^Danw5^(ï 547), dans Paprès^midi, ledodteor 
Luiher ie plaignait de' doilleo» de tète et de 
bourdonnemens d'oreilles chme violeneè' iiie£-* 
priindDile;Ilta*oyaity succcânber; Dàh&iarmatinée 
il fit af^ler le docteur Bugephagen poiir se con^ 
fesse? à Jtli. Il lui parla aveu effroi xks tenlat^ms^ 
qu'il venait d'^rouvèr/ le supplia de le «oîiteair^^ 
dé prier Dieu pour lui »^et il termina eiâ! disant r 
a Parce que j'ai quelquefois l'air gai iat -joyauocV* 
beancbisqp de' gens se iigurené que je ne msurcbé 



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f5S BfÉMOIRES 

que sur de$. roses ; Diçu sait ce qu'il en est dans 
monoœur. Je me suis souvent proposé, dans l'in- 
térêt du monde , de prendre un extérieur plus 
austère et plus saint (je ne sais trop comment 
dire); mais Dieu ne m'a pas donné de faire comme 
je voulais, » 

» L'après-midi du même jour, il tomba 
sans connaissance, devint froid, et ne donna 
plus ^igne de vie. Quand il fut rappelé à lui- 
même, par Jes secours qu'on lui prodiguait, il 
se mit à prier avec grande ferveur : « Tu sais^ 
ô mon Dieu, disait-ril, que j'eusse volontiers 
versé mon sang pour ta parole , mais tu as voulu 
qu'il en fût autrement. Que ta volonté soit faite ! 
Sans doute je n'en étais pas digne. La mort serait 
mon bonheur; cependant, o.moaDieu, si tu le 
voulais, je vivrais volontiers encore pour répan- 
dre ta sainte parole et consoler ceux des tiens 
qui faiblissent. Si mon heure est venue, néan- 
moins, que ta volonté soit faite ! Tu es le mailre 
delà vie et de la mort. ... 

» O mon ^gneur Jésus-Christ, jeteren^rcie 
de m'avoir ^it la grâce. de connaître ton saint 
nom. Tu sais que je crois en. toi , au Père et au 
3tiat*Esprit ; tu^es mon divin médiateur et sau^ 
veur... Tu sais, ô mon Seigneur, que Satan m'a 
dressé maints pièges , pour. tupr. mon coips par 
les tyrans, et mon âme par ses flèches ard&iMs^ 



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DE LUTHER [1537]. S33 

par ses tentations infernales. Jusqu!ici tu m'as 
protégé miraculeusement contre toutes ses fu^ 
reurs. Protége-moi encore ^ 6 mon Seigneur fi-* 
dèle 9 si telle est ta volonté, n 

» Enwite il se tourna vers nous. deux (Bugen-^ 
hageii et Jons^)^ et nous dit : a Le monde aime 
le mensonge^ et il y en aura beaucoup qui diront 
que je me suis rétracté avant de mourir. Je vous 
demande donc instamment de recevoir ma pro- 
fession de foi : je déclare^ en conscience^ avoir 
enseigné la vraie parole de Dieu^ comme le Sei- 
gneur . me l'a imposé et m'y a contraint. Oui , 
jeledécUre, ce que j'ai prêché sur la foi^ la 
charité^ la croix, le saint sacrement, et autres 
articles de la doctrine chrétienne , est juste , boa 
et salutçdre. . 

» Beaucoup m'accusent d'avoir été trop vio* 
lent et trop dur. Je l'avoue, j'ai quelquefois été 
violent et dur. envers mes ennemis. Cependant 
je n'ai jamais recherché le préjudice de qui que 
ce soit, bien moins encore. la perdition d'aucune 
âme. Je m'étais proposé d'écrire sur le baptême 
et contre Zvnngli, mais, à ce qu'il semble^ Dieu, 
en a décidé autrement. ». 

») Ensuite il parla des sectes qui viendront per-^ 
vertir la parole de Dieu et qui n'épargneront pas , 
disait-il , le troupeau que le Seigneur a racheté 
de son ^ang. IL pleurait en parlant ainsi. « Jus-r 



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S&t MÉMOIRES 

qu'ici^ disait-il encore^ Dieii m'a permis de lut- 
1er avec tous contre ces esprits de désordre , et 
j^leieraâsTbloatiers eùcùte; mttis ssetAâ; Vous se- 
rez trop faibles contre eottbilij. Jé^uy^hrist mè 
rassure pourtant^ car il e^ plcri {brrq[ùb^tàa et 
toutes se» armes : il est le SeigneuiPd^'Slitali: » 

"ttQTOlque temps après ; qua'Àd orfl^t ùnpeu 
lëdMruïfé par des frictions et Tapplicafton de 
coussins bien chauds ,41 tletnanda à sa fémttife r 
<f Où donc éât m<:m petit cûeuir, mon bièn^nié 
petit Jean ? » Quand l'enfafnt fat apporté , a^oKi- 
ntison père qui se*m9i à dire les 4ànfié^ ârût 
yeux : «O cberpabvi-epèflitMlEinC, jéte rcfedbdH 
mande bien à Dieu , toi et t^ bonne mère, itik 
dière Catherine. Vôuk h'av^i rien. Mais Diëil 
aura soin de vous. Il est le père des orphëlikis et 
des veuves: Conserve-les / ô mon^ Dieu^ instruis- 
les, comme tu m'as conservé et instraic ' jàS(|0'à 
or jour;» Ensuitie il dit quelques motirà sa feuirae 
au sujet de quelques gobelets d'argenr^ Tuss&s, 
a}out«-t-il,> que nous n'avons rien que cela: i '^ 
'■^ Un soaiimeilprâfond lui rendit dto'î forces, et 
le léAdetoain il se trouva beaucoup mieux; il dit 
alors au docteur Jonas : « Je* n\)tà4ierai jamais 
la journée d'hier. Le Seigneur conduit l'homme 
dans Tenfer et l'en retire. La tempête qui fondit 
hier matin sur* mon Ame ; a été bien plus térH^ 
que 'celle que inoè corps a^ essuyée v^ts le suit. 



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DE LUTHER [1527]. »5 

Dieu tue et vivifie. II est le maître de la vie et de 
la mort. » 

» — Pendant prèsde trois moiS; j'ai langui non 
de corps mais d'esprit ; au point que c'est à peine 
si j'ai pu ^rire quelques i%iics. Ge som là les 
persécutiolis de Satan. w^S^'Octobre 1527.) 

(« Je voudrais répandre aux sacramentaires; 
mais si moà àmé neae fortifie^ je ne suis capa* 
blede rien.» (i*' novembre i5a7.y« Je n'ai pas 
encore lu Érasme ni les sacramehtmres; si'ce 
nfest environ trois ëahiers de Zwingli: C'efift bien 
fait a eux de me* fouler aux pieds misérablement^ 
afin que je puisse dire afvec Jésus-Christ :'H a 
persétuté le faible y le paiwre/ celui dont là mon^ 
tificatiàn açait brisé le cœur. >r Seul je porte «le 
poûis de la colère de Dieu, parée que j'ai péehé 
envers lui ; le pape et César , les princes , If s évê- 
ques^*Ie monde entier me hait et m'aissaillb : mais 
ce n'est pas asses encore , 'si- mes frèreé mêmes ne 
viennent^metourmenfter; mes péchés , la "ibott , 
Satan et ses* anges, sévissent "saiis interruption 
contre moi. Et qu'est*^ ce qui me gaï'derait, qui 
me consolerait^ si Christ lui-même fti'âbâii- 
donnaity hii pour qui j'ai encotiru leur haine? 
Mais il n'abandonnera pas, à' la fin dernière, le 
malbeoÈeux pécheur,- car je pense bien qufe je se^. 
rai le dernier de tôusies'homriies. Oh!' plaise, 
pliise au del, qu'Érasme et les sacramentaire^ 



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S36 BfÉMOIRES 

éprouvent^ un quart - d'heure seulement^ les 
misères de mon cœur! » ( lo novembre iSay. ) 

« Satan me fait endurer de merveilleuses ten- 
tations y mais les prières des saints ne m'aban- 
donnent, pas ^ quoique les blessures de mon 
cœur ne soient pas faciles à guérir. Ma consola- 
tion^ c'est qu'il en est bien d'autres qui ont à li- 
vrer les mêmes combats. Sans doute îl n'y a point 
de maux que mes péchés n'aient mérités. Mais 
ma vie, mt force, c'est que j'ai la conscience 
d'avoir enseigné pour le salut de beaucoup la 
vraie et pure parole du Christ ; c'est là ce qui 
brûle Satan; il voudrait me voir, moi avec le 
Verbe , noyé et perdu. Aussi je n'ai rien à souf- 
frir des tyrans de ce monde, tandis que d'autres 
"sont tués, brûlés, et meurent pour le Christ; 
mais je n'en ai que. plus à souffrir spirituelle^ 
ment du prince de ce monde. » (21 août i5ay.) 

(c Quand je veux travailler, ma tête est comme 
remplie de tintemens, de tonnerres, et si je ne 
cessais, à l'instant, je tomberais en syncope. 
Voici le troisième jour que je n'ai pu même re- 
garder une lettre. Ma tête devient un petit cha- 
pitre , que cela continue , et elle ne sera bientôt 
plus qu'un paragraphe, qu'une phrase (capui 
meum factum est cofntuluMy perget verbfietque pa^ 
ragraphusy tandem periodus)... Le jour oii tes 
letfr^ ^'arrivèrent de Nuremberg, j'eus uae vi-^ 



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DE LUTHER [1557-30]. 23T 

site de Satan ; j 'étais seul ; Vitus et Cy riacus étaient 
éloignés. Cette fois il fut le plus fort, rae chassa 
de mon lit, me força d'aller chercher des visages 
d'hommes. » (la mai i53o.) 

« Quoique bien portant , je suis toujours ma- 
lade des persécutions de Satan ; cela m'empêche 
d'écrire et de rien faire. — Le dernier jour , je 
le crois bien, n'est pas loin de nous. Adieu, ne 
cesse de prier pour le pauvre Luther. » (28 fé- 
vrier 1529.) — « On peut éteindre les tentations 
de la chair^ mais qu'il est difficile de lutter contre 
la tentation du blasphème et du désespoir! Nous 
ne comprenons point le péché , ni ne savons où 
est le remède. » — Après une semaine de souf- 
frances continuelles , il écrivait : « Ayant perdu 
presque mon Christ , j'étais battu des flots et 
des tempêtes du désespoir et du blasphème. » 
(2 août 1527.) 

Au milieu de ces troubles intérieurs, Luther, 
loin d'être soutenu et consolé par ses amis , les 
voyait les uns tièdes et timidement sceptiques ; 
les autres , lancés dans la route du mysticisme 
que lui-même leur avait ouverte , et s'éloighant 
de lui chaque jour. Le premier qui se déclara fut 
Agricola, le chef des jintinomiens (ennemis de la 
Loi). Nous verrons au dernier livre combien 
cette polémique , contre un ami si cher, troubla 
Luther dans ses derniers jours. ^ 



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9S8 MÉMOIRES 

. tt Quelqu'un m'a &it un. conte à ton su|et^ 
mon dier Agricola ^ et il a insisté , jusqu'à ce que 
je iui^eusse promis de t'en écrire et 4e m'en as- 
surer. Ce conte y c'est que tu commencerais à 
mettre en avant que l'on peut avoir la foi sans les 
œuvres^ et que tu . défendrais cette nouveauté 
envevs pi contre tous^ à grand renfort^ de mots 
grecs et d'artifices de rhétorique ... Je t'avertis 
de te défier des pièges de Satan.. . A quoi me suis- 
je jamais moins attendu qu'à la chutes d'OEco- 
lampade et de Regius ? Et que n'ai-je pas à crain- 
dre mainlenantpour ces hommes qui ont été mes 
intimes ? Il n'est pas étonnant que je tremble 
aussi pour toi que^ pour rien au monde ^ je ne 
voudrais, ^r séparé d'opiniont.- » ( 1 1 septem- 
bre i5a8*) 

V xtPoui^quoîm'irriterûs^je contre les papistes? 
Tout ce qu'ils me font est de bonne guerre. Nous 
sommes ennemis déclarés^ Mais ceux- qui me font 
le plus de mal^ œ sont mes pk» chm« enfans. 
FraMfC^H mai ^ ma^iamiculi md ^ eux qui^si 
Luther n'avait point écrit y ne sauraient rien de 
Christ et de L'Éyangile^ eta'auraient pas secoué la 
^rxaimie pi^lej du moins ^ s'ils en eurent eu Je 
pouvoir^ le courageieuv aurait manqué^ Jacrojsaîs 
avoir jusqu'à présent sou£Cert A épuisé toutes les 
adversités y mais mon Absalon^ Tentant de mon 
cœur , n'avait pas encore délaissé son père ; il 



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DE LUTHER [15S8-31]. «9 

i^^avfdtjKiiQl: ver^é, l'ignominie sui David. Mon 
4j[^a$ , ^ tfiTieur d^ disKâples de Christ , la traître 
qifi livra son maître^ ne m'avait point encore 
vendu^^ ex >vpîci maintenant que tou^ cela a été 

.^^ >i -rll J 1^ maintenant contre nous une persécu- 
t^iqn çL9p4ç^ne y mm bien,.dangerfiase. Notre 
ministère es\ méprisé» Nou^mêmes nous sommas 
haïs, persécutés ^ on nous laisse périr de faim. 
Yo^à qufj.est aujourd'hui le .sort de la parole de 
Dieu; lorsqu'elle vient à ceuxqui en ont besoin , 
ijs ne veulent pa3 la recevoir... Christ n'aurait 
point été crucifié s'il étaiti sorti d(e Jérusalem. 
Maii^ le prophète ne veut point mourir hors de Je* 
i^p^tem /et cependant ce n'est que dans sa patrie 
qm k prophète est^sam honneur. C'est ain^i qu'il 
on i^^t de 901:1$,. • U arrivera. bientôt que tous les 
gi9043 de, fie duché l'aurontr^nduvide demi- 
9^tre$ dei la parole ; ceux-ci seront chassés par 
la ^my pQiaroVe rien^^dire dm autjres injurea. n 
(i^x>^tohi» i$3iO^ i. .^ . . .. . > >. .. 
^^.« Jk n'y,»jriçii de tfèf ç^mytk «ur Jes apfa^ 
riU«ns..4ontijpn feit.tant deb^uit.en Bohéme^f 
b^cppp iw»t Ifi fait, Quaoft au^oûffre.qui s'est 
ùmB^ ici> SQW mes pi»p?es y^iix > le dimanche 
aprè^,r%ipbapi^>> huit heures dusQiji^«jc!est 
une chose certaine y et qui s'est vue en plusieur» 
endroits iuçqu'à la mer. De plw , en décembre , 



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940 MÉMOIRES 

on a vu le ciel en feu au-dessus de l'église de 
Breslawl^ à ce que m'écrit le docteur Hess; un 
autre jour , ajoute-t-il , on a vu deux charpentes 
embrasées^ et, au milieu, une tourelle de feu. 
C'est le dernier jour , si je ne me trompe , qu'an- 
noncent ces signes. L'Empire tombe, les rois 
tombent, les prêtres tombent, et le monde entier 
chancelle, comme une grande maison qui va crou- 
ler, annonce sa ruine par de petites lézardes. Cela 
ne tardera pointa moins que le Turc, ainsi qu'É- 
zéchiel le prophétise de Gog et de Magog , ne se 
perde dans sa victoire et son orgueil, avec le pape 
son allié. » (7 mars 1529.) 

« Grâce et paix en notre Seigneur Jésus-Christ, 
Le monde court à sa fin, et il me vient sduvent 
cette pensée que le jour du Jugement pourrait 
bien arriver avant que nous eussions achevé 
notre traduction de la sainte Écriture. Toutes 
les choses temporelles qui y sont prédites se 
trouvent accomplies. L'Empire romain penche 
vers sa ruine , le Turc est arrivé au comble de sa 
puissance, la sfJendeur papale s'édipse, le monde 
craque en tous les coins comme s'il allait crou- 
ler. L'Empire , si l'on veut, s'est relevé un peu 
sous notre empereur Charles, mais c'est peut- 
être pour la deinière fois ; ne seï^ait^-ce pas commfe 
la lumière qui, au moment de s'éteindre pour 
toujours^ jette une vive etdeï^nière flamme?..: » 



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DE LUTHER [f529]. m 

« Le Turc va fondre sur nou»; ce sera ^ je le 
crois bien , le réformateur envoyé par la colère 
de Dieu. » (i 5 mars.) 

(t J'ai chez moi un homttie arrivé à Venise , 
qui affirme que le fils du doge est à la cour du 
Turc: ainsi nous combattons jusqu'à présent 
contre celui-ci, en attendant que le pape, les 
Vénitiens^ les Français, se soient ouvertement et 
impudemment faits Turcs. Le même homme rap- 
porte encore qu'il y avait dans l'armée du Fran- 
çais, à Pavie, huit cents Turcs, dont trois cents 
sont retournés sains et sau£s dans leur pays, par 
ennui de la guerre. Comme tu ne m'écri$ pas ces 
monstruosités , j'ai pensé que tu les ignorais ; 
pour moi elles m'ont été racontées et par écrit 
et de vive voix, avec des détails qui ne me per- 
mettent pas d'en douter. L'heure de minuit ap- 
proche où Pon entendra ce cri : Uépaux arrive^ 
sortez aurdeiHmt de U$i. » (6 mai iSsq.) 



M«M 



I. 



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ADDITIONS 



ÉCLAIRCISSËMENS. 



Page 1 , lip«e7» — ffaissaïuijt... , 

^ , ■ ■ _ .. 

Ck^efajoeus f^&Êà (}ue Liilhér fiit engtodré 
f$t im hicube. Lo»s^il était inbitàe, s^oùté^^, 
il fut soïi^4onl»é dPâvbi» CMaoïé^^ avee îe diâ^ 
ble. Uo jooT, à J'érailgilô, à^fendfeft èèîF^ti 
parié êTim SitàAe simA et ntu^ecy forèé^ef qtât^ 
ter k corps ijl'yn possédé, I^uihér totoba en 
cmM : Non mm^ nùti s^é -^ÎMm ub '- ^értuoii 
an peuple > il dft ^laoJtoî^wlidkblè s«*^bik»als^ 



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m MÉMOIRES 

saieot de longue date^ qu'ils étaient en relations 
habituelles^ et que lui^ Luther^ avait mangé 
plus d'un grain de sel avec Satan. — Cochloeus, 
Vie de Luther, préface et pages i et 2. — Voir le 
chapitre du diable dans notre second volume. 

Des Espagnols, qui se trouvaient à la diète 
d'Augsbourg (i 53o) , croyaient sérieusement que 
Luther avec sa femme devait engendrer FAnti- 
Christ. Luth. Werke , 1. 1, p. 4i5. 

Jules-César Vanini, Cardan et François Junc- 
tinus, trouvèrent dans les constellations qui 
avaient accompagné la naissance de Luther, 
qu'il devait être un archi-hérétique et un archi- 
scélérat. Tycho-Brahé et Nicolas Prucker, au 
contraire, déclarèrent qu'il était né sous un très 
heureux signe. 

Plusieurs de ses ennemis le disaient sérieuse*- 
ment fils ei disciple du diable. D'autres préten--^ 
datent qu'il était né en Bohême, parmi les Hus^ 
sites, n s'exprime ainsi dans une de ses lettres , 
au sujet de. cette dernière assertion : « Il ^t un 
noUe et célèbn) comté, d^ Bom de Manafeld , 
situé dan$ l'évêché de^Halberstâdt et la princi-- 
paut|é 4^ ^^e. Pr^que tous, mes seigneurs me 
coiinaii$$^nt^ personaaUemeiit , aiasi que mon 
pèrcp. r-7e sufe né à Bislebe», j'ai été élevé à 
l^^W^fçldy instnutà Magddbourg etàEisenadi^ 
f«it #fi^e et moinei augwtin à Eifûrt, docteur 



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DE LUTHER. 545 

à Wittemberg, et dans toaté ma vie je n'ai pas 
approché delà Bohême phis près que Dresde, » 
( Ukert , Bîb^. de L. , t. Il , p. 66, ) 

Page 3, ligne 24. Martin Luther.,. 

Lôtharius^ Uit-hery kute^herr? chef des bonv- 
mes , chef; d^ peuple ? 

Page 9, ligne 8. — Tentations,.. 

« Quand J'étais jfeane^>> il arriva qu'à Éisfe- 
ben, àla Fête-Dieu, j'allais avec la procession 
en habit dé prêtre. Toût-à-coup la vue dû Sàint- 
Sacrèment, que portait lè^ docteur StaÙpitz, 
m'effraya tellement, que je suai de tout mon 
corps , et crufif mourir de terrétii*. ta procession 
iSme/je nie confessai au dbicteui^ Sraupiii ,' et 
lui taeontaieequi m'était àniivéVlï me répondît : 
if Tes peiasées ne 'sotit piâs' èjeïbn le Christ /Christ 
n'effraie pbiùt ; îfc' console. )i Cette parole *më 
remi>lif de jôié et me fut d'une grande' conso- 
lation. ))(Tischreden, p/i 33^ Terso). " ^^ 

(( Le doct^eùr Mârtîn Xtither rÉ^conlaît que , 
lorsqu'^îl é^àît au clbîti^ë à Erfurth , il avait dît 
une f^i& art docîtéiif Stduiiitz t « Ah '.cher sei- 
gnenè docteur , notre Seigneur-Dieu agit d'une 



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m^ète si iL^rnble avec les, g^ns? Qi^ peut )e 
servir. Vil frappe aiqsi autour de ^i ? » A <|ftioi il 
me répondit : 41 Mon cher^ appreoev à mieuyi 
juger de Dieu ; s'il n'agissait pas ainsi ^ comment 
pourrait-il dompter les têtes dure$ ? il doit pren- 
dre garde aux grands arbres de crainte qu'ils ne 
montent jusqu'au ciel. » (Tischreden, page iSo, 
▼érso. ) 

Dans sa jeunesse , lorsqu'il étudiait encore à 
Erfurt y Luther fut atteint d'une très grave ma- 
ladie ; il croyait qu'il en mourrait. Un vieux curé 
lui dit alors y au rapport de Matthésius : ce Prenez 
courage, mon cher bachelier, yoqs ne mpu^rez 
pojiot cette ibis; Dieu fera enoorç de Tpus un 
grand hpmmeji|ui consolera be^uicoupda gens, » 
(Ukert, t, I,p, 3i80 . 

I^utber avait difficilement s^pporté li^ <^U- 
gâtions qu'inqposait la vie mçqis^i^ique, U ra^c^opte 
cornaient, au cofnmeqçeipe^ ^ ^a Iléform^, îl 
t^Kdiait eiicpre de lire f^^gfuUèremeat ses %Axrets 
sans y parv^r* « Qi^mdJ|e.n'ai(rais fait.aqtre 
chose €[ue délivrer }m hop^nics.de cette tyrgn- 
i>ie y Qu me devrait de Ift rec^qn^î^s^ncff."» 
(Tischredeni page |5o.) ; 
. Cette répétition c^n^tfot^ «t à,h^u^e fixe des 
mêmes médi^tic^s , qe^te ^qafénpMsation de 
la prière , qui peaaît tant a^.géni^ i|Bif>^tt«ntde 
Luther, Ignaœ de Loyoja , conteniporaûi du r^ 



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DE LUTHEA», 947 

formateur allemand ^ la iMUipt alors p)us (]«e 
jamaû ea hoanaur dans, ses sioguliets £4199 mc0$ 
religieux^ 

u A Erfurt , Luther lut la plupart des écrits qui 
nous restent des anciens latins^ Cicéton , Virgile^ 
Tite-Live... A Fâge de vingt ans il fat décoré du 
titre de maître-ès-arts , et, d'après l'avis de ses 
parent y il commença às*appKquer à la jurispru- 
dence. . . Au coiivent d^rfarth , il excitait Fadmi- 
ratioft dans tes exercices public^, pat* fa fecifité 
wr6C;iaqtiêHe il se tirait des tabyrintties de là 
dialedtjque... Il lisait avidement fes prophètes et 
les ôpètres, puis les livres de saint Augustin, son 
ËJipliotêiiOH des psaumes et son Kvre J^efe^/^it 
et de la lettre : il apprit presque par cœur leè 
Traités de Gabriel Bîeï et de Pierre d'Ailly, évê- 
que de Gambray; il Hit assidûment les écrits 
d'Occam/ dont il préférait la Ibgique à celle rfe 
11)omas et de Scot. Il lût beaucoup aussi les 
écrits de Gerson , et par-dessus toiit ceux de saint 
Auguslim. n {VièdèLuffiery piarMelanchton.) 

Page 20; ligne iû. — Trente wéUnausc en une fois.., 

C'es4; trente et un oair(Miiaux ipai (orènt créés 
le i3jui0 i5i7.Xe cÉieawe jour i un orage ren- 
versa l'ange qui est au haut db château Saint- 



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5U6 MÉMOIRES 

Ange^ fteppaun enfant Jésus dans une église et 
fit tomber les dés de la statue de saint Pierre, 
(Ruchat^ I, 36; d'après Hotting.^ 19.) 

P?ge SO , ligne 1 T. ^ Tetz^L. . 

Il enseignait d^nssespxédîcation^ que si quel-^ 
qu'un avait yiqlé la sainte Vierge ^ son péché 
lui serait pardonné en .vertu des in4u1gen€es ^ 
que la croix ^ouge qu'il plantait dans les églises^ 
avait çiutant de vertu que celle de Jésufr-Christ 9 
qu'il avai( plps converti àe gens par ses induis 
gei)ces^ ^e j^fiint ipiejrre par $as sermon»; que 
le$ Saxons n'avaient qu'à donner de l'airgekit^ 
et que l^rs mqntcignes deviendraient des mines 
d'argent > çtc. {Luthfir ifdv* Bruns^ic. Sedkenn 
dorf* hist. jputhçranismi^ livre |, § iÇ, etc. ) 

Gqipme coJQcession indirecte , les catholiques 
^fi^ndonnèrentXetzel. Miltitz écrivit àPfeffinger ^ 
un des ministres dç rïjleçi;eur f (^I^es menson^ejs 
et les fraudes de Tetzel me sont assez connus ; 
je lui en ai fait de vifs reproches , je les lui ai 
prouvés eh présence de témoins. J'écrirai tout au 
pontife, et j'attendrai sa sentence. D'après une 
lettre d'un facteur db la banque des Fugger, 
diargé de tenir èocnpte de r^rgëfitdes induis 
^!&nces^ je l'ai cônvainca d'avoir reçu par mois, 



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DE LUTHER. 249 

quatre-vingts florins pour lui-même et dix pour 
son serviteur , outre ce qu'on lui payait pour se 
défrayer lui et les siens , et poiïr la nourriture de 
trois chevaux. Je ne compte pas là-dedans ce 
qu'il a volé pu dépensé inutilement. Vous voyez 
comment le misérable a servi la saiate Église ro- 
maine et l'archevêque de Mayence, mon très 
clément seigneur. • (Seckendorf, livre I, p. 62. ) 



Page 5H> ligue 15. — JUfutsaùii d'mdign^tim... 

a Lorsque j'entrepris d'écrire contre la gros- 
sière erreur des indulgences , le docteur Jérôme 
Sdhurf m'arrêta et me dit : w Voulez-vous donc 
écrire contre le pape? Que voulez-vous faire ? on 
ne le souffrira pas. — Eh quoi ! répondis-je ; s'il 
fallait (^u'on le souffrît ? » (Tischreden, 384 vferso;) 

de B^andfbQ^r§^y^, ^ < 

Sa lettre à Févcque deBràndébool'g es^t aàsfesj 

iBéticUleiftsej «es paroles^ pieiocs de^semmissioûy 

^nt loîb d'anfaonoerlestvio^enced qilrvbntiiien.H 

tàt éclçfcii»:. U liû envoie tes propositioiis^j où 

; ptotôt ses doiites j car il ne i^ent Hen» dire 'nî 



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m MÉMOIRE» 

dans un sens ni dans l'autre ^ jusqu'à ce que 
l'Église ait prononcé. Il blâme les advearsaires 
du saint-siége. a Que ne 4ispMtent^I$ aussi de la 
puissance ^ de la sagesse et de la boar^ de cekiî 
qui 3^ donné ce pouvoir à l'Église ? » U loue la dour* 
ceur et l'humilité de l'évêque^ il l'enga^ à piren- 
dre la plume et à efiEacer ce qu'il lui plaira ^ ou à 
brûler le tout. (Luth. Werke, IX , p. 64.) 



Pigé 9f y ligDe i5« — Sernwnsur ¥màûtgenee 
et la grâce... 

Dans les cinq premiers paragraphes ^ dans le 
sixième surtout y qui est très mystique/ il eipose 
très dairement la doctrine de saint Thomas ; il 
prouve ensuite^ par l'Écriture, contre cette doc- 
trine^ que le repentir et la conversion du pé- 
cheur peuvent seuls lui assurer le pardon de ses 
péchés. — §IX. «Quand même l'Église déclarerait 
aujourd'hui que Pindulgence efface les péchés 
mieux que les oeuvres de satisfaction y il vau- 
drait mille fois mieux , pour un chrétien , ne 
point acheter l'indulgence, mais plutôt faire 
les oeuvres et. souffirir les peines; car Tindul- 
gf^nce n'esft ei ne peut être qu'une dispense 
de bonnes œuvi^s et dé peînesi salutaires. » -^— 
g XY * s$ Il est meiUeiir et pkis sur de dôoiier po^r 



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Jm LUTSER. 95i 

la coustractiQQ, de saint ï^îenra qijie . il'^teHel^ 
Findulgepce préchée à ce sujet. Vous devez a[Taiit 
tout donner à votre paqvre proc^fin , et s'il n'y 
a pk^ perwnne dans votre ville quî ait bescnn 
de votre secpws^ ak>f3 voii$ devet donner pour 
les églises de votre ville... Mon désir ^ ipa prière 
et mon conseil sont que personne n'âcbète 
l'indulgence. Laissez les mauvais chrétiens Ta- 
cheter ; que chacun o^ar^he pour soi- fo -^r 
S XVW, i( Si Jçs âmes peii^«>eiit ét^pe tirées di? pw»- 
^toii:e|^i'effic«citéde'rw«luîgwi<îe^ jf a'^Pk^W 
rien^y je ne le crois mem^» pass It pîiiw;s&^ ^es^îde 
recourir à la prière..* liaissez lesdoçteor^ scola^ 
tiques ^e^r sçpl^sliqjâesj ils ne ^çont pas assez , 
tous enseml^l^K pe^ar i^utoriwt* upe prédicaltion. i) 
Ce mproeeu^ très coijirt^ s^ond^^l^i^cNins un 
seirmon que 4?s notfs ^r lesquelles Luther de* 
vait parier. ( Luth,, Wfi^*, VII, p/j.) : • 



^eâ8; liçne S6. -^Léon X.. 



« ^ Autriçfoiis , Je pape était tixU?é»ei*en t or- 
gueiJlfHiit , et méprisait tbut h ipoodb.. Lci ^^otdi^ 
naF%df^ .Cai^twp me dit à Aligsbodtii^ : (c <^toi ! 
tu crois qqe 4e pope $e soude de i'ÂU^mai^j^ 
Le p^tî^ dpigt dup^e est plus^puissliilfl^ tous 
vos pfinces. » ~- ;(^Q^an4^.pf^senta n^pape 



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25S MÉMOIRES 

me» prétoières propositions sur les indulgences , 
îl dît : a C'est d'un Allemand ivre , laissez - }e se 
dégriser , et îl parlera autrement. » C'est avec ce 
ton de raillerie qu'il méprisait tout le monde. » 

Lutfier ne fut point en reste avec les Italiens ^ 
il leur rendît énergiquement leur mépris, w Si 
* ce Sylvestre ne cesse de me provoquer par ses 
niaiseries^ je mettrai fin au jeu, et lâchant la 
bride à mon esprit et à ma plume, je lui mon- 
trerai qu'il y en a, en Allemagne, qui compren- 
nent ses ruses et celles de Rome ; et Dieu veuille 
que cela vienne bientôt! Depuis trop long-temps, 
les Romains, avec leurs jongleries > leurs tours^et 
leurs détours, s'amusent de ïioùs comme de niais 
et de bouffons. » (i*' septembre i5i^.) 

a Je suis charmé que PhîKppe (Mélanchton) 
ait épix)uvé par lui -même le géilie des Italiens. 
Cette philoèophie ne veut croire qu'a{)rès expé- 
rience. Pour moi , je ne pourrais plus me fier 
à aucun Italien, pas même au confesseur de 
FEmpereur. Mon Caietano m'aimait d'une telle 
amitié, qu'il aurait vouhi verser pour moi tout le 

smgqtû coule dans mes veines. Ce sont des 

drôles. L'Italien , quand il est bon, e6t trèslboii^ 
mais c'est un prod%e qui resâenkble beaucoup à 
cehiî dU' cygne ^nôir. » (ai juillet i53o.) - 

« 3e souhaite à Sadolet de croire que Dieu est 
lepère des' hommes, même hors de lltaKe;, 



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DE LUTHER. 35ÎV 

mais hs Italiens ne peuvent se mettre cela dan^ 
l'esprit. ))(i4:octobre iSSg*) 

« Les Italiens, dit Hutlen^ qui nous accu^ 
saient d'être impuissans à produire ee qui de- 
mande du génie, sont forcés d'admirer aujoûr^ 
d'hui notre Albert Durer^ si bien que, pour 
mieux Tendre leurs ouvrages , ils les marquent 
de son laom. (Hutten, in, 76.) 



Page S9, ligne 1. — Fra Luther est un beau génie... 

Bien avant 1 5^3 , le seigneur Conrad Hofmann 
engageait l'archevêque de Mayence à pourvoir aux 
affaires de fa religion , de crainte qu'il ne s'élevât 
un grand incendie. Il répondit : h( C'est une affaire 
de moines, ils l'arrangeront bien eux -mêmes. » 



Page 33 , Kgne 5. — Ce prince , par intérêt pour 
sa nous^lle université... 



L'université de Wittemberg écrivit à l'Élco^ 
teur , lui demandant sa protection pour le plus 
illustre dé ses membres, (p. 55. Seckendorf. ) 
La célébrité croissante de Luther amenait à Wit- 
temberg un concours immense d'étudians. Luther 
dit lui-même ; Studium nostrum more formica- 



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954 MÉMOIRES 

rum fi»*vet. Un auteur presque contemporain 
écrit : « JTai appris de nos précepteurs que des 
étudians de toutes nations venaient à Wittem- 
berg pour entendre Luther et Mëlandilon; sitôt 
qu'ils aperoe^nent la ville ^ ils reiidaîent gradées 
à IMeu, les mains jointes; cor de Wittemberg^ 
comme autrefois de Jérusalem , est sortie la lu-^ 
mière de la vérité évangéKque y pour se répandre 
de là jusqu'aux terres les plus lointaines. (Seul- 
têtus in annalibus^ an i5i7, p. i6, 17. Cité par 
Sec^endoif^ p. 59.) 

Toutefois , la protection de l'Électeur n'était 
point très généreuse, f Ge que je t'ai déià dit^ mon 
dier Spalatin ^ je te le dis et te le répète encore : 
cherche bien à savoir si c'est l'iotention du prince 
que cette académie s'écroule et périsse. J'aûœ^ersds 
fort à le savoir^ pour ne pas iretenit* inutilement 
ceux que chaque joiu* on appelle ailleurs. Ce bruit 
s'est déjà tellement accrédité , que ceux de Nu- 
remberg sollicitent pour faire venir Mélandttton , 
tant ils sont persuadés , que cette école est déser- 
tée. Tu sais cependant qu'on ne peut ni ne doit 
contraindre le prince, w (i^ ûovenjJ>re i52^.) 

Après la tnort de l'Électeur^ Lutbet ^nvoja 
à^sAaftiii uki [Ain.pour l'^^^gaoûsation de l'uni- 
versité, (aor mai i5u5. ) 



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DE LUTHER. 255 

Page 5S , Ugne 7. — Valait toujours proUfgé.,, 

L'Électeur écrit lui - même à Spalatin , l'affaire 
de notre Martin va bien^^ Pfefiinger abonne es- 
pérance. (Seckendorf , p. 53.) 

Il fit dire à Luther qu'il avait obtenu du 
légat Caietano que celui-ci écrirait à Rom6 pour 
que l'on remît à de certains juges le soin de dé- 
cider Taffidre; que jusque là il patientât /et que 
peut-être les censures ne viendraient point. (Sec- 
kendorf, p. 44-) 

P^ige 3S f ligne 27. — là sainte ÉeritMrt ]Mtle t^ec 
une teUe nugesté qu^eile n'a pas besoin.*. 

Schenk avait été chargé d'acheter des rehques 
pour l'églîse collégiale de Wittemberg ; mais , en 
ïS^o , là Commission fut révoquée , et les reliques 
renvoyées en Italie pour y être vendues à quelque 
prix que ce f&t. « Car id, écrit Spalatin ^ le bas 
peuple ïés irtéprise, dans la ferme et trè:5 légitime 
petsuasibh qu*à isufflt d'^âpprëiidré de PÉcflttirë 
à avoir fbf et: cohiSance en Dieu , et à aîrilër son 
prochain. » (Maccrée, p. 37- (taprès hvîedéSpa- 
latin pat ScMegdj p. Sg. SeckëndôWi i, p. 2^23. ) 



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S5G MËMIOIRES 



P. 36 , ligme 1 5. — le légat Cmetanô..: 

Extrait d'une relation des conférences du car- 
dinal Caietano avec Luther. 

Luther ayant déclaré que le p^pe n'avait de 
pouvoir que salvâ Scripturây le cardinal se moqua 
de ces paroles^ et lui dit : « Ne sais tu pas que le 
psqpe est au-dessus des conciles ? Pf a-t-il pas tout 
récemment condamné et puni le condle de 
Bàle ? » Luther : « Mais l'université de Paris en 
a appelé. » Le cardinal : c Ceux de Paris seront 
punis également. » Plus tard, Luther ayant cité 
(rerson , le cardinal lui répliqua : <( Que m'im- 
portent les.Crersonistes? » Sur quoi Luther lui 
demanda qui donc étaient les Gersonistes ? ce Eh! 
laissons cela , m dit le cardinal^ et il se mit à parler 
d^autre chose. 

Le cardinal envoya au pape |a réponse de 
Luther par un courrier extraordinaire. Il fit aussi 
dire à Luther , par le docteur Wenceslas , que 
pourvu qu'il voulût révoquer ce qu'il avait avancé 
sur les indidgences, l'aCEaire serait tout arrangée, 
(c Car,^ iajouta*t-il, l'article sur la foi nécessaire 
pour le saint sacrement pourrait hiçn se laisser 
întcrjMréter et tourner. » 

Pendant que Luther était, à Augsbçwrg^ il fut 



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DE LtJÏÉER. 25T 

souTentpriéde prêcher. dans celle ville, maïs il 
refusa constammeBt, avec civililé; il craignait 
que le Icgat ôe prût qu'il le fei'ait poUr le railler 
et le braver. 

Luther dit en ^s'en retournant d'Augsbourg : 
M Que s'il avait quatre cents ictes, il voudrait 
plutôt les perdre toutes que de révoquer son 
article touchant la fot » — « Personne en Aile- 

■V 

magne, dit Hutten , ne méprise plus la mort que 
Luther. » 

Dans la Protestation qu'il rédigea après ses 
conférences avec Caiclano, il offrit à celui*ci 
d'exposer ses opinions dans un mémoire, et de \(Sb 
soumettre au jugement des trois universités de 
Baie, de Fribourg (en Brisgaw) et de Louvain; 
même^ si on le demandait , au jugement de l'u- 
niversité de Paris, « estimée de tout temps la plus 
chrétienne et la plus savante. » 

I^ettre de Luther à l'électeur de Saxe pour se 
défendre contre ks accusations du cardinal Gaie- 
tano. ( 19 novembre i5r8. ) w Une chose m'af- 
flige vivement, c^est que le seigneur légat parle 
malicieusement de votre Grâce électorale comme 
si je me fondais sur elle en entrepVenant toutes 
oesî choses. H y a de'jnêmeyès menteurs parmi 
lions qui avancent' qiiè c'est d'après rexhorta- 
tiôn et le eônserf^dte* votre Grâce* mie i'ai com- 



menée à dis^îu^^JW^^I^éstîôn des indulgences; 

17 : 



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iss MÊBiomfis 

et oependimt; il n'esi personne , parmi mes pl^ 
cbers amis^ qoi ait été ÎR«trnît d'avance de^non 
dessein ; excepté messetgneim l'^rcb^^Têque de 
Magdebourg et révêque de Brandebâni^.. n 



Page 44, lignée. *^ Examiner Voffmre^ for des juge» 
non suspect^,.. 



Les légats se réduisaient cependant à demander 
qu'on bràlàt les livres de Luther, u Le pape, di- 
saient-ils^ ne veut pas souiller ses mains du sang 
de Luther. » (Luth, opéra, II.) 



Page 46, ligne 4. 'r-MiUii;f changea de ton,,. 



En i5ao^ les adversaire!» de i^her s'étaient 
divisés en deu^ partis, repjçésept^ p^r Eç)i, e^ 
Miltite, Le premier, qui ? di^paté p^^^enififtt 
contre Luther, croit ^n.hoio^evu* çt i^jréput*-. 
tian de théologien engorgés î^ otoeoir ww t/imf^ 
tation formelle de X^ut^er ou s^ çiOs^mmAotk 
par Le pape comme héré^iqu^. ]^<^ pç^sse aux. 
mesures viol^te$. MiWuç, wcoiHi^e, qui e«t 
l'ajg^nt direct du saint-n^iége, vo^doQ^it oonçiliar 
les choses. Il accc^e tout à I^iither > pade comf»» 



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BE LUTHER. |5» 

Im, même de la papauté , et ne hiî demande que 
lesilence. 

Le âo odobre i5ao, il écrit que, si Luther 
s>n tient à ses p^oiâesses , il le délivrera de la 
bidlè , qui |t€^ doit aroir son effet que dans qua- 
tre mois. Le même jour il écrit à FÉlecte^r^our 
Im dettiander df Facgeqt ^n qu'il ait de quoi 
envoyer à Rome pour se faire, près du pape, 
des patrQitô pour combattre les malicieuses àé-^ 
laftions et les honteux mensonges d'Ëck contre 
iMÛmw. Il l'invile à écrire lui-même au pontife , 
H k envoyer aux jeunes cainiînaux, parens du 
pape, deux ou trois pièces d'or à son effipe et au<- 
tant en argeâat afin de se les cxmidliar. Enfin il 1^ 
supplie de lui continujdv sa pension et de lui don^ 
ner à hii^ipême quelque choses eat ce qoll avait 
T0qai on le lui à volé. 

Le r4 <^<^b>^ 9 il écrit qœ Luther ^^owent à 
se taure Wises adversaires veulent^garder le si-* 
lence. Il promet que les choses n'irontpas comme 
l'espèrent Eck et sa faction , il engage encore 
l'Électeur à envoyer quarante ou cinquante flo- 
rins au cardinal quatuor Sanctorum ( Seckendorf, 

Ce Miltitz étajit un assez bon compagnon. Dans 
uiicr lettre àPÉIectetir^ <9Ù il réclame le paiement 
de sa pension, i) raconte qu'^ànt à Stolpa, 
svee révêqup de Misnie, ils buvaient joyeusement 



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âea MÉMOIRES 

ensemble lorsque sur le soir on apporta un péril 
livre de Luther, contre Tofficial de Stolpa ; Té- 
vêque s^indigna, rofficial jura -, mais lui , il ne fit 
qu'en rire, comme fit plus tard le duc George 
qui s'en amusa beaucoup. (i520.)^Sedtendorf, 
l.I,p.98.) 

Le docteur Wolfi^rig Reissenbadi raconte 
que Luther et Miltitz, Tun avec trente chevaux, 
l'autre accompagné de quatre seulement, vin- 
rent le 1 1 octobre , à Lichtenbei^ ; qu'ils y vé- 
curent joyeusement, son économe leur fournis- 
sant en abondance tout ce qui était nécessaire. Il 
ajoute qu'il avait mieux aimé se trouver absent, 
parce qu'il n'aime pas Miltitz qui lui a fait per- 
dre six cents florins. (Seckendorf , 1. I, p. 99. ) 

Miltitz finit dignement : on dit qu'im jour 
après de copieuses libations, il tomba dans le 
Rhin près de Mayence et s'y noya. U avait alors 
sur lui cinq cents pièces d'or. (Seckendorf^ 
l.I, p. 117.) 



Page i&f ligne 7 — Lui avoua quil avait enlevé ie mondç 
à soi... 

Les livres de Luther avaient en eflEet.4éja^ une 
grande vogue. Jean Froben, célèbre imprimeur 
de Baie, lui écrivit le i4 février i5ig que seslivç»» 



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DE LUTHER. 261 

sont lus et approuvés^ à Paris même, el jusque 
dans la SoFbonnc -, qu'il né lui reste plus un seul 
exemplaire de tous ceux qii'il avait réimprimés à 
Bàle ; qu'il sont dispersés en Italie , en Espagne 
-et ailleurs , partout î^pprouvés des docteurs. 
(SeckendorfJ. I, p. 68.) 



Page 47, ligne 2â. — Non content d'aller se défendre 
à Leipsigy. 



Voyage de Luther à Leipsig : « Il y avai td'abord 
. Carjostad seul sur un chariot , et précédant tous 
les autres^ mais une roue s'étant bri^e près de 
l'église Saint-Paul^ il tomba, et cette chute fut con- 
sidérée comme un mauvais présage pour lui. Puis 
venait le chariot de Barnim, prince de Poméra* 
nie^ qui alors étudiait à Wittemberg et portait le 
titre de recteur honoraire. A ^és côtés étaient Lu- 
ther el Mélanchtoii ; un grand nombre d'éiudians 
de Wittemberg acccrnipagiiiaient en armes la voi- 
ture^ » (jLQ juin iSiQ.) (Secltendorf, h I, p- 9a.) 

Eck raconte son entrevue avec Lu thaïs (qu'il 
appelle Z«ol^er/ en allemand un vagabond^ un 
pendard). m Luther vint en grande pompe a 
Leipsig , avec deux cents étudiâtes de Witleni- 
h^g, quatre docteurs, trois licèpcié$, plusieurs 
anaitres et un grand nombre de ses partisans^ le 



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JI6S MÉ1II0IB£S 

docteur Laog d'Erfurth^ Egranus, un prédica- 
teur deGoriitz^ un bourgeois d'Aunèberg, des 
schismatiques de IVague et des picards ^osilres), 
qui vaoteQt Martin conune uû grand docteur de 
yérité , comme Tégal de leur Jean Hussinetz. lot 
dispute fiit arrêtée pour ie ao juin ; j'açaordai 
que ceux de Leipsig ne seraient pas juges, quoi- 
qu'ils fussent bien disposés pour moi. Par toute 
la ville il n'était bruit que de ma défaîte, et per- 
sonne n'osait me £siire société. Moi, comme un 
vieux docteur, j'étais là pour faire tête à tous. 
Cependant le prince m'envoya un hcfà cerf et 
donna une biche à Cariostad^ contre leqtiel je 
devais aussi disputer. La dtadelte fut magnifi- 
qoement préparée pour nous servir de champ de 
bataille. Le lieu était gardé par soixante-seûe sol- 
dats pour nous défendre en cas de besoin, contre 
les insultes de ceux de Wittemberg et des Bohé- 
miens... Quand Lu^er entra, ]ë vis bien qu'il 
ne toulait pas disputer... U refusa de reconnàitre 
aucune espèce de juges. Je lui proposai les tom- 
missaires du prince ^e duc George), l'université 
de Leîpsig , on tout autre université qu'if Vou- 
drait choisir en Allemagne, ou si l' AUem^giie lui 
senob^l trop petite, en Italie, en France^ en 
Espagne. H refusa tout. Seulemàit à fa fin H con- 
sentit à convenir d'un juge avec i^èi , ^ à dia^ 
puter, pourvu qu'il lui fût permis dé piblier eh 



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m; LUTHER. 365 

allemand les actes de la conférence. Je ne pouvais 
accorder cela. Jene sais maintenant quand nous 

commencerons Le sénat qui craint que ceux 

de Wittemberg n'exécutent leurs menaces^ a^ 
la luiit dernière^ garni de soldats \f» maisons 
YQÎsiiies. n (SeckeiUdorf ) 1. 1, p. 85-6.) 

MosellanuS) professeur de langue grecque 
-à Léipsig et qui fut chargé d'ouvrir les confé- 
rences par un discours au nom du prince ^ rap- 
porte dafis une lettre à Pirkheimer, qu'on' avait 
enfii) choisi pour juges dçs docteurs d'Erfurth et 
de Paris: Mdsellanus est £aivorablè à Luther. 
icEck, dith^) pût ses cris, sa figure de soldat^ ses 
regards de travers , ses gestes d'histrion , sem- 
blait un petit furibux... se vantant sans cesse, 
affirmant des choses fausses, liiant impudem*^ 
ment des dioses vraies... » (Seckendorf^ 1/ I^ 
p^goO 



ïagêïT, Signe K.r^U prinJUe qtd k protegâit. 



Luther rie dut ]plus douter de la protection 
de l'Él^cieur, lorsque Spalatin , le confident de 
ce prince, traduisit ett alfemand et publia son 
Kvre intitulé : Cùnselationh tms les chrétiens ^ 
(février i5ao.) 



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mi MÉMOIRES 

Page 48, ligne 1 . — Pour quik vinssent disputer a{fec lui. . * 

A cette ^oque^ Luther, encore peu arrêté 
dans ses idées de réforme, cherdmit à s'édairer 
sur ses doutes par là discussion; il demandait, 
il sollicitait les conférences publiques. Le 1 5 jan- 
vier i5ao, il écrivit à l'Empereur : 

« Voici bientôt trois ans que je souffre des co- 
lères sans ^n^ et d'outrageantes injures , que je 
suis exposé. à mille périls et à tout ce que mes 
adversaires peuvent inventer de mal contre moi. 
l^n vain j'ai demandé pardon pour mes paroles', 
en vain j'ai offert de garder le silence, en vaiiï 
j'ai proposé des conditions de paix, en vain j'ai 
prié que l'on voulût bien ip'éclairer si j'étais dans 
l'erreur. L'on n'a rien écouté; l'on n'afaitqu'une 
diose , préparer ma ruine et celle de l'Evangile. 
Puisque j'ai vainement tout tenté jusqu'à pré- 
sent, je veux , à l'exemple d^ saint Athanase , 
invoquer la majesté impériale ; j'implore donc 
humblement votre Majesté, Charles, prince des 
rois de la terre, pour qu'elle ait pitié, non pas de 
moi, mais de la cause de la vérité, pour laquelle 
seqle il vous a été donné de porter le glaive. 
Qu'on me laisse prouver ma .doctrk%e9 j6 \m^ 
crai, pu je serai vaincu; et si je suis trouvéim-. 



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WE UJTHIÇR. 265 

pic ou hérétiqae> je œ veux point de protection 
ni de miséricorde. » (Opéra latioa Lutheri. Wit- 
jtemb., II, 4^0 * 

Ijq /^{éyrier, il écrit encore à l'archevêque de 
Mayence et à révêque de, Mersebourg des lettres 
pleines de soumiss^çn et de respect, où il les sup^ 
plie de ne pas croire les calomnies que Ton répand 
^ur son corppte ^ il ne demande qu'à s'instiruire, 
qu'à éclaircir ses doutes. (Luth, opéra, II, 440 



Page' 51 , ligne 9. — Lorsque la bitUel 



Les cicéroniens'de la cour pontificale, les Sa* 
A)lels, etc., avaient déployé toute leur scieiice, 
toute leur littérature poui: écrire la bulle de 
Léon X. Leur belle invocation à tous les saints 
woonire Luther rappelle évidemment la fameuse 
péroraison du discours de Cïcéron y De- Signis , 
dans laquelle il adjure tous les dieux de venir 
témoigner contre Verres qui a outragé leurs au- 
tels. Par malheur, les secrétaires du pape, plus 
préoccupés des formes oratoires de l'antiquité 
que de l'histoire de l'Église , ne s'étaient point 
aperçus qu'ils évoquaient contre Luther celui 
même sur lequel s'appuyait Luther : « Exsurge, 
(H quoquc y quœsumus , Paule^ qui Ecclesiani tua 



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S66 MÉIKMKES 

dodrmâ iUmstrMti. &irgit mnms Polf*phyrim... — 
(Ldtheri oporâ, n^ 5i.) 

Léon X^ en condamnant dans cette bulle les 
livres de Luther^ hau cirait de ûoiit^au un sduf- 
conduit pour se rendre àROkne, et ptomettait 
de lui payer ses frais de Toyagé. 

Les uniTersités de LouTain et de Cologne ap- 
proutèrent la bulle du pape, et s'attirèrent ainsi 
les attaques de Luther. Il le$ accusa d'avoir in- 
justement condamné Occam , Pic de la Miran- 
dole, Laurent Valla, Jean Reuchlin. /Pour 
afiEsiiblir, dit CochldBus, l'autorité de ces univer- 
sités , il les attaquait sans cesse dans ses livres , 
mettant en marge, lorsqu'il rencontrait un bar- 
barisme ou quelque chose de mal dit : eomme à 
Lonwfiiiny cônune à Col0gnAy lovanialîter , co>- 
lonialiter ^ etc. (Ck)chl8aus, p. i»a, ) ^ 

A Cologne, à Mayence, et dans toUs les^tats 
héréditaires de Chat-les Y , on brûla y dès iSao ^ 
les Uvjpes de Luther. (Codukeus, p/aâî.) 



Page 5â j ligoe S6 — Aucun êHeux plus éloquemmenl 
que lui 



U écrivait le 29 novembre iSai aux Au^- 
tins de Wittembei^ : « Je sens chaque joUiT 
ceiubien il est difficile de déposer les scrupule» 



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DE LUTHER. «57 

i]uel'on à coiiservés long-temps. Oh ! qu'il m'en a 
coûté de pdne , quoique j'eusse l'Écriture de 
mon coié^ pour me justifier par-devaiït moi- 
niétiae de oe que seul j'osai pféH^ver contre le 
f>ape et le tenir pour l'Antidnist! Quelles n'ont 
pas ét^ les tribulations de mon coeur! que de 
icm ne mé suis-^e pas opposé avec amertume à 
cet argument des papistes : « Es-tu seul sage ? 
Toosi^s autres se tromperaient-ils , se seraient- 
ila trompés depuis si long«-temps? que sera«ce 
si tu te trompes et que tu entraînes dans ton 
erreur tant d'âmes qui seront éternellement 
damnées? Ainsi je me débattais avec moi-même^ 
jusqu'à ce que Jésus-Christ , par sa propre et 
infaiSible parole^ me fortifiât et dressât mon 
cœur contre cet argument^ comme un rivage de 
rochers > dressé contre les flots ^ se rit de toutes 
leurs fureurs. •. » (Luth. Briéfe^ t. II , p. 107.) 



Page 56, ligoe SB» — Iljefondédt ûMon sur samé Jian... 

« U faut procéder dans l'Évangile de saint 
Jean^ d'iqptrès un tout autre point de vue que 
dans les autres ^angélistes. L'idée de cet évan- 
gile ^ c'est que l'homme ne peut rien, n'a rien 
de soi-même ) qu'il ne tient rien ' que de la mi- 
séricco^de divine^. Je le r^te, et le répéterai : 



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S06 MÉMOIRES 

Celui qui veut s'élever à une pensée , à une sp&- 
culation. salutaire sur Dieu , doit tout subordon- 
aer à rhumauité du Christ. Qu'il se la représente 
sans cesse dans son action ou dans sa passion > 
jusque ce que son cœur s'amollisse. Alors qu^H 
ne s'arrête pas là, qu'il pénètre el pousse plus 
loin la pensée : ce n'est pas par sa volonté, mais 
par celle de Dieu le Père, que Jésus fait ceci et 
cela. C'est là qu'il commencera à goûter la dou- 
ceur infinie de la volonté du père, révélée dans 
l'humanité du Christ. » 



, Page 6Uy ligne 5. — On s'arrachait se$ panphl^*,. 

Lu célèbre peintre Lucas Cranach faisait des 
gravures pour les opuscules dC Luther: (Sècken' 
dorf, p. i48.) 



Pdg€ Qi, ligne % — Si quelque imprimeur apportaii du soin 
aux ouvrais des papistes y on le tourmentait... 



De même à Augsbourg. La confession d'AugSr- 
bourg fut imprimée et répandue dmis toute l'At- 
Jemagne avant la fin même de la diète j la ré^ 
futation des catholiques dont l'Empereur avait 
ordonné rimpressiou , fut remise aux impri- 



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DE LUTHER. 360 

meurs, mais ne. parut pas. Aussi Luther, repro^* 
chant aux caitholiques de ne pas oser la publier , 
appelle cette réfutation , un oiàeau de nuit, un 
hibou j m^ chowe-souris ( noctua et vespertilio ). 
(Cochlaeus, aoà.) . 



Page 61 , ligne T. — Lwlker avait fait appel à la noblesse. 



« A sa Majesté impériale et a la noblesse chré^ 
tienne de lapation allemande, le docteur Marti» 
Luther. (i520.) 

» Grâce et force de notre Seigneur Jésus... 
Les Rorpanistes ont habilement élevé. autour 
d'eux trois murs, au moyen des()uels ib se sont 
jusqu'ici projtégçs conU*e toute réforme, au^raud 
préjudice de toute la chrétienté. Dîabord ils pré- 
tendent que le pouvoir spirituel est aurdessus du 
pouvoir temporel^ ensuite^ qu'au pape sojri il 
appartient ^'interpréter la Bible } troisièmement, 
que le pape seul a droit de convoquer/ un coo-* 
cHe. 

i>3urçeypai$se Dieu, nous être en aide et nous 
donnçr une de, ces trompettes qui renversètent 
jadis Ies.mwi$ de Jjériciho, pour souffler bas^.ces 
murs de paille et de papier, mettra en «lumière 
les «uses et les mei^on§es du diable , et recou- 



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Sro MÉll^piilES 

vrer par pénitence et amdndeitient lagrace de 
Dieu. Commençoos par le preofiier mor. 

9 Pmni&f mur. . . Tous les chrétiens sont de con- 
dition spirituelle^ et il n'est efttre eux d'autre 
différence que celle qui résulte *de fa difiSérence 
de leurs fonctions ^ selon la parole de Fapôtre 
(I. Cor. xii) y qui dit « que nous sommes tous un 
même corps ^ mais que chiK|ue membre a un of- 
fice particulier, par lequel il est utile aux autres, » 

» Nous avons tous le même baptême, le même 
Évangile, la même foi, et nous sommes tous égaux 
com»e ijirétiens..... U devrait en être du curé 
comme du bailli; que pendant ses fonctions il 
sok au - dessi;is des autres j déposé , qu'il rede- 
vienne ce qu'il a été , simple bourgeois. Les ca- 
racértê indélébiles ne sont qu'une chimère... 
Le pouvoir sécuKer étant institué de Dieu, afin 
de punir les mécfaans et de protéger les bons^ 
son Qitnistère devrait s'étendre sur toute la diré- 
tiewté, s«n$ conaidération de personne, pape, 
évéque , â(Mntie, religieuse ou ' autre , n^importe. .. 
Un prêtre ant-il' été tué ; tout le pays est frappé 
d'interdit. Pourquoi n'en est-il pas de même 
après te iMurtre d'un paysan ?/D^où^ vient une 
telle diffiér^ce^ entre «tes chrétiens que J&us- 
€3ïrist aiq[>elle égaux ? Uniquement dé^ Içis et dcA 
inventions' faumirines» . . 

» Dtuopihne mm».;. NcHis sonMies tous prêtlts. 



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Dp LUTBSil. 5T1 

L'apôtre ne dit^il pas (l. Cor. n) : « Un h&mme 
' spiritu^ }uge^ toutes choses ^t n'est jugé par pèr^ 
Sfxnw2 }y Nous avons toi;i$ un même esprit dans 
la foi > d\% mço^^ If Évangile, pQwqucM ne semi- 
ricfns-nou3 pas , aussi bi^n que les pa{^s iqui 
saut souveia; des mécri^aps , ce qui est conforme 
ou conlxaire à la foi ? 

, » Troisième mur ^•' tes p^miers conciles ne 
fu^m pa$ convoqués f0ut lea papes. Celuixïe Nir- 
cée lui-même fut convoqué par Tt^mpereur Gons- 
i^ptiD..,M 3i les eï^nemis sarpreflaîent une ville , 
l'hqi^ni^ur serait à cjslui qui, le premier , trierait 
ayjf^ arpiïçs^ qp'îl fiit bourgmestre ou non;. Pour- 
çp^i p'eo^ser^iV^l p4is<ie>même de oelmqui ferait 
ses^çlle conti'e nos envieittis de Fenfer, et, lés 
Tqy4^ s^^a^hfijdv f rassemblerait le premâcÉ? les 
<;tfr4|i^9$ Wi)t» ^iw H FaïUyil pour cela qu'il «oît 
p4pevK>^\ - ' ^- 

Yif^m *n tésmiaé les iié£Drnfees que propos 
I^iU^r : <^ le pape diminua lai luxe adont U'Uêt 
entouré, et qu'il se rapproche àe la pauvrBfé^ 
J4^;is*TCbrist. Sa <^iir ali^orbe dea si>mmé&iiEn- 
mmm' 0» 4 ^calculé que plua dfe troîst cmkt vûSR^ 
flpfîll^ ôllfti^Q^îWL^ les ans à'Al\tama§tp^1icme.^ 
Do^^70^rdinaw$ufôrdieiit, eî^ce serait au pape 
à 1^^ Qoa^nr, Poufqi9«[i les AHemasda sç bisser 
raî^-îU (%ioiii|)f^ por les cardinaraa qui evm*^ 
hissent toi^teg las riçlies foodatt^ns^ et qiii en 



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Î72 MÉMOIRES 

dépensent les revenus à Rome? Les Français ne 
le souffrent pas. — Qufe l'on ne donne plus rien 
au pape pour être employé contre les Turcs ; ce 
n'est qu'un leurre, un misérable prétexte, pour 
tirer de nous de l'argent. — Qu'on cesse' de lui 
reconnaître le droit d'inresliture. Rome attire 
tout à soi par les pratiques les plus impudentes. 
Il est en cette ville un simple courtisan qui pos- 
sède vingt-deux cures, sept prieurés et quarante- 
quatre prébendes , etc. 

Que l'autorité séculière n'envoie plus à Rome 
d'ottitales, comme on fait depuis ceht ans. — 
Qu'il suffise, pour l'installation des évêques^ 
qu'ils soi^it confirmés par te deux éveques les 
plus voisins , ou par leur ardievètjûe , conformé* 
meni ao concile de Nioée. — « Je Veux seule- 
meaty en écrivant ceci , fau^ réfléchir ceUx iqui 
sont disposés à aider la nation allemande à rede-' 
venir dirétienne et libre aprèr le déplorable 
gouvernement du pape, ce gouvernement aiiti- 
chrétien. » ' 

Moins de pèlerinages en Italie. — ïiaissons 
s'éteindre les ordres mendians. Its ont dégénéré 
et ne œmpHssent pas le but de leurs fôndateuris. 
— Permettre le mariage des prêtres. — Suppri- 
mer un grand nombre de fêtes , ou les faire coïn- 
cider avec les dttnanches.' Abdlir les fêtes de pa^ 
tronage, si préjudiciables aux botînestnoeiirs. — 



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DE LUTHER. 275 

So|JJ)riiner des jeunes. « Beaucoii|rde choses qui 
ont été bonnes autrefois ne le sont plus à pré- 
sent. *> ^^ Eteindre la mendicité, 'Que chaque 
commune soitteftde d'aroir sofn^de ses pauvres. 
•^-^ Défendre de fonder des messes privées. • — 
Examiner la doctrine des Bohèmes mieux qu'ori 
n'aïait> et se joindre à eux jpoùr'résistei' à la 
cOiïr'*dé Rome. --^ Abolir les décrétales. — Sup- 
primer les maison^ de prostitution.' ' *^ * 
' ^fi Je sais elncore.une autre chanson sur Rome 
etfeé Romanistes ; si'l'oreillé leur démangé ; je 
ki'lètir chanterai aussi /'*t je monterai jusqu'aux 
derniers ^o'cAâves. Mfe' comprerids-tii , Rome ? w 
(tuth.:We^k^/ VI, 544-568.) 



Pjfige 651, Ugiie.JÇt.T-i' J<p ne numift^pas qiimfit $ervir 
à là cause de fÉwmgUe la violence et le meurtre,.. 



n voulait que TAllemagne se séparât paisi- 
blej;neçt dp s^^A^^siég^ : c'est en^ce sens qu'il 
écrivit en i5âo\à Châpleâr«Qukit et aux nobles 
allemands pour les engager à renoncer à l'o- 
bédience de Rome. «L'Empereur^ disait -il/ 
a égal' pouvoir [suri hs der<b et ^âr les laïques ; 
te âiff^ènGe; entté ^6es dëtoc état» n'est quNînte 
fiction^ ^tdsqàe/par le bâpttoe.^iiïdQs dévêtions 
tons prêtes. » (liiitfcïèri ôperà y il ^ç; ^o.) 
I. i8 



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Cçpend^Qf ^ si Xon en crçât. VfiVfto^ as^es 
suspecte, iï c^t ?rw , de Coçh^^sfi^, il wNt^ dc;^ 
cette époque . ta^BKç^ prêch^: ^a gt]|ea£ ipqatre 
I\Qme, ^ «r Que rpmperew, l^R Wf > ï^p pf^f^çça 
ceignent Iç gl^dve et fr^pc^nt c^t^ p€;f tf du 
monde* II Iwit en <fiwr par Tq^éçî il p'j^.pffii^ 
d'a^tie remède* Que veulent dire ce^h^miq^^p^^ 
dus, prÎTés de sens çompumi : ^^ppe ç^'iç^ Jà ce^^^jmpi 
doit fsdre l'Antichrist. S^ nouç ^y^pDf 4e$po|i9PÇf^ 
pppr Jc5s Yoleurs.^ de^ h^ljpSrPfMir, li^ ]|^^g9fi4s , 
des l^ncti^rs ppqr le^ ji^r^iqne^ ^ i^^wigu^ lai^f ««r 
rions^npnsj p9i& des arn^es po^r ç^ wm^rmi^ 
perdf^B , ces ovdip^x^ cw: pape^,^o^^e(a^ 
tourbe de la Sodom? rofna^ne qiH , i^prrpCRf | 
l*Église de Dieu ? pourquoi ne layerions-nous 
pas U08 mains dans leur sang? » Je ne sais de 
quel ouvrage de Luther Coditis^us a tiré ces jpà- 
rôles, (pageaa;) 



9^6êy Upie i9.^BMÊén^,/p9ttr-férmèr Me Ègué entre 



Di^ l'ontedvm dkïJâ diète:, H-i'fBmH^ ^0^'w 
«npi^ df ;Si|^alfftîft dftlè QwdHtto^qmri^fSeKr 

qu'il siwtiqn^ti(«qn ifhè^ 



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de son univ^jrsité, ^i Qijii i^oi;e, l^i çpt^t, JLifi- 
thçr , quç je pripc^, î'jp^ériç lesjt .dfîv^njn , paur 
la propçijja^iiçn (îs h litt^r^t^re^.jl'iBïçep^Iç ,4^^ 
tous \j^f princes ? Votre yyi^ftpber^ ^ébxe^ 
et h^^iéj:^ipç ayeç jbftp^çuA JLcîs prççiap^ep dç ^. 
n^pe y gouvçrftient l^ç arts.mieijji ,^ue ja^a^^^ 
la vraie tnéologie du Christ y triomphe. » l}éfifi\ 
à Spalatin ( 3 octobre i520 : ) « Plusieurs ont 
pensé que je devais demander à notre bon prince 
de m's3fetflnir:ttft idif fjç vl'Rppe.çEjurj, .po.^ q^e 
personne ne pût me condamner sans que j'eusse 
été convaincu d'erreur par FEcriture. Examine 
si cela e6t à propos. i»Oa voit par ce qui suit ^ue 
I^uther aeeysit ntiéé pouïràir' compter sur^ fa 
s jmpatHe des • peuples^ : de l'Italie / 1 An /Uea ' de 
livres, j'aimerais mieux qu'on pût multiplier les 
livres viv^ns^ c'est-à-dire les prédicateurs. Je 

t'çmm^ w .qji»Io«i vs^lvi Âmt Italie .sur cç sujpt. 

Si notre prince le voulait , je ne crois pas qu'il 
pût entreprendre d'œuvre plus digne de lui. Le 
p^Xjç^}}^ 4!ly^y:pten9m par>tf jMtnf iause 
;e» f efiewait Xfip ^nini^ iforce.. Qvii .^aa^tr > Didû 
pef^Vrèf^e^ l^msfk^n^ H .nous gande notre 
pri9^>; ^m :dp ^Nwi a|i^ h ifrt^rdfe^. dironé îpar 
sq^ i<^t|Çi«i^iair§. !Vi«ç 4f«»i; «$ ^qttètuîpwuwif 
.^Ç.^ fle qot^iKftir te,pfv^e d^ C^^ 
, I^Uii^rf .n'^ywt ç^ Obligé 4» 4Îatiirfir4'a^ 
fection des villes^*, Jïc^uii Le-fV^yontrè ta jBni^di 



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«rt MÉMmRES 

l^n iSso solliciter die Tâecteur une diîûîfiuHon 
idTio^ôts pour celle de KemBerg. «Ce peiïpfe ^ 
écrit-il, est misérablement épuisé par cette détes- 
table usure Ce sont les prêtrises, les offices du 

culte, et même quelques confréries, qu'on nour- 
rît de ces impôts sacrilèges et de ces rapines im- 
pies. » ' "^ 



Bâgé64, tigne 19. — BwHschuh. — Soulier â^alIiaiMie... 

Le sabot serrait déjà, da sîgae distinQtiC au 
douzième siècle. SùèataU àtattuninomxlGs Yau- 
dois. (yoy, DuiHesûe, Glosisgr. au miot S^baiaii.) 

• , \. 

Page 64 y ligne S4^ '^*- Pôutie déàidèr à pnendre les armés. . . 



«L'midKedes: romaiïÉ$t€i$ augmente, écrite) à 
Hutten;'€ar; comme ïtsdiëéiit , tu abèies , mïiis 
ttfne movà$ point. » (Opéra Hût|en, fV, -366.) 

Un autre Klléf«t«ur, HeliûsËol>anûsHe§su5/le 
^^notae de VAiMner pour 3Éiulftier: «yi<àto2î T' sera 
pour nmlis soutiedir, et^oûs 'êe^% > je te "prëdis , 
wus $e»«i^ la «Midïè qui éâ^sera fc mt^tre de 
Boinè. n (Hniten ôp; IV; 309. ) i ^ 



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HË i,uTHER. «rr 



Pagt 65, ligne 15.— Sauf-conduit... 



w Charles, par là grâce de Dieu, elc* Révérend, 
f^er «etpieux docteur! Nous et les États du Saint- 
Empire, id rassembfés, ajant résolu de nous 
informel! d^ ta doctrine et des livres que tuas, 
pqbliés depuis un certain temps, nous^ t'ayons 
donné et t'envoyons ^ci-joints la; garantie et le 
sauf-condiiit de l'Empire pour^venit ici et retour- 
ner ensuite en lieu de sûreté; c'çst notre volç^tç 
t^ès précise que tu, te ijendes auprès de nous 
dans les vingt et un jours que porte ledit sauf- 
conduit, sans craindre violence ni ;c(omo;i^e 
aucun... Donné en notre ville libre de. Worms^ 
le sixième jour du mois de. maris iSm, dans.Isi 
seconde année de notre règne.^ Signé 4o, IfL jnaii^ 
4e.Varchiçh(m€elier.nÇLuth. Werke,K^3). ip6.) 



Va^e68\ ligne il, — Ttwnis Uté un grand /clat de tout 
cela..^. 



. Spalatin raconte diins ses. (^inal^ç ^. 5o)'<]<i^ 
l^second jour où I^uther ay^if çiomparu^ Téleft- 
^urde Saxe , revei^t; de Ja n^son de la yillc, 
fit apppler Spalat^ dap^ sa chambre et lui^ex- 



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S7d MËAoïkEâ 

prima dans quelle surprise il était ; c< Le docteur 
Martin a b^en parjé devient KEo^reur et les 
princes et états de l'Empire^ seulement il a été 
trop hardi. » ( Marheinecke , histoire de la Ré- 
forme , t,i64:^ . " , ^'. ' 

k Cependant Luther recelait don tînuèlîéirieiit 
K iii^itea'tin gfknd nombre àè pri:ttèe^, de éôintès 
ei ititreé Jpèr^onnè^ dé dîstincîîori. Le mérdrédî 
JtiHâni (huit jotiW àprèk sa j^reiiiièré èômpâlril- 
tioii^il fJit îfaVitê par Tàrchevéqùe de trêves à se 
rëiiâré chèt lut. îl y irint avec ptusléùrs de ses 
àmî^ et f Ûoûvà, outre l'ârchevéquié, lé ihâr- 
gt*avè détirandebôurg^ le duc Geoi^gè dé Satxè, le 
gîtihd-màîtrè de iMrdrè Tekionicjiié, et un grand 
iibmbrë d'ebclésiàstiqiies. Le chancelier du ihar- 
gfàvë de Bàde {irit la pdrdle^ et l'engagea y a^ec 
bfeâticpiupd'ëroquericè, à entrer daris dé meil- 
hùTts tdîW ; il défendit l'autorité dès coùcîlés, ei 
essaya d'aWmér Luther siii* TihlEhietibe quë^ëh 
livre de la X4berté chrétienne allait avoir sur le 
peuple^ déjà si disposé à la sédition, « Il fautau;* 
jourd'hùi des lois et des ét2U)lissemens humains^ 
dit-il^ nous ne sommes plus au temps où tous les 
fidèles n'étaient qu'un cœur et un esprit. » Il 
finit par menadét Luther dé là cdlèt^e de TEmpe- 
reitrqul allidt inMUbleméfai racciiblbr. — Lu- 
ther, dans i»a ï^^âse^ rëmerdà les a^istdcris â$ 
l'intéfét qn'ilis f^l-éilaidlt à fi:^ et des tûàseils 



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qa'îk lui fai^aieût donner. I! dît qu^il ékii lôlrt 
de biJùiièr tons lés cbiiciles, tnaiè que cefui dé 
Cotjstaiice avait condamnié formellement urt ai*- 
ticle de la foi chrétienne, qu'ih ferait tdut plutôt 
que de rétracter la parole de Dieu , qu'il p^êchaii 
sans ce$se au peuple la soumission à l'autorité ; 
mais qu'en matière de foi it fallait obéir à Dieu 
plutôt qu'aux hommes. Cela dit ^ il se retira et 
l^p^ôitcesdél^bér^f^. Qiiand il fut rappelé^ le 
cblbicfelter d? B^ ri^ta une partie dé ce qii'U 
avait dé|à.dil et TcHctHirta finalement à soumeUjP^ 
ies Hyt^ an jqg^meqt de ^a Majef té et de TEiqr 
pire» Luther r^oadit , ^ec modestie^ qu'il ne \m 
convenait point de se soustraire au. jugement de 
l'Eihpereur^ dçii Électeurs et des États qu'il ré^ 
virait; }\ vQulaîtVj^ soumettre^ mais à la conditioi^ 
que l'examei^ Sj^ ^^fM^ selon le texte de l'Écrityr^ 
sainte: « Car, ajoutart-il> ce texte est si.cfôîr 
pour moi que je ne puis céder , à moins qu'on 
ne prouve, par l'Écriture même, l'erreur de mon 
interpi^tatiôn. » Alors les princes se retirèwt 
pour se rendre à la maison de ville ^ et i'ilicbe- 
véque resta avec son officiai et Cochlœus pour 
renouveler ses tentatives auprès de Luther, qui 
aviât de ^àn ràté te dcK^eur SchuHS et mtokii 
Amsdorf. TôUt échoua. 

Néanmoins l'Empereur, à la prière de l'arche- 
vèqtie , (MTolongôa de deux Jours lo saufrconduit 



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»0 mÉMOIRES 

4e IkUther pour ^donner le temps d'entamer de 
nouvelles conférences. Il y en eut encore quatre , 
mais elles n'eurent pas plus de svccès. » (Luth. 
Werke, 1^. iio.) 



Page 78 , ligne 4. ^-r Dans la dernière conférence. • . 

Ludiw termina cette conférence en disant : 
it En c^ qui touche la parole de Dieu et 1» foi, 
tout chrétien est ji:^ lui-même , aussi bien que 
le pape^ car il faut que chacun vive et meure 
selon cette foi. La parole de Dieu est une pro- 
priété de la commun^ entière. Cfaacuiï de ses 
membres peut l'expliquer. « Je citai' à Tap- 
put, continue Luther ^ le passa^;^ de saint Paul, 
I. Cor. XIV , où il est dit : Revelatum assicknti si 
ptérit^ prier taceat. Ce texte prouve clairemaot 
que le maître doit suivre le disciple , si celuî-ci 
entend mieux la parole de Dieu. Ils ne purent 
réfuter ce témoignage , et nous nous séparâmes. » 
(Lutfi. Weike, IX , p. 117.J 



F«ge 8^> ligne IQ. — Il troiwa peu de lit^-es 4 Wartbàurg^ 
Il se mit à V étude du grec et de rhébr^* . « . 

' 'C'est là qu'il comment sa ï traduction de l^i. 



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DE LUTHEE. 5»! 

B^>lç. Plusieurs versions alleoiaQ^es eu avaient 
été déjà publiées à Nurembei^, en t477> ^4^3^ 
1490 > et à Augsbôurg en 1^18; mais elles n'é- 
taient point faites pour le peuple. (Nec 1^ per-i> 
mittebantur ^ .nec ob styU et typorum hprrîdita- 
tem satisC^icere poterant: Seckendorf , lib. 1, ao4 •) 

Avant la fin du quinzième'siècle; l'Allemagne 
possédait au moins douze éditions de la Bible en 
langue vulgaire^ tandis que l'Italie n'en avait 
encore que deux, et la France une s^le. ( Jung, 
hist. de la Réforme a Strasbourg*^ 

X^8 adversaires de la Réforme contribuaie9t 
eux-mêmes à s^ugmenter le nombre des Bibles en 
langue vulgaire. Ainsi , Jérôme Emser publia 
une traduction de l'Écriture pour Topposer à 
celle de Luther. (Cochlseus , 5o.) Celle de Lu- 
ther ne parut complète qu'en -i534. 

Le seul institut de Canstein à Halle, imprima, 
dans l'espace de cent ans, deux millions de Bi- 
bles, un million de Nouveaux Testamens et. au- 
tant de Psautiers, (Ukert, t. u ,, p. 339.) * , 

H J'avais vingt ans, dit Luther lui-même, que. 
je n'avais pas encore vu de Bible. Je croyais qu'il 
n'existait d'autres évangiles ni épître^ que celles 
des sermonaires. Enfin, je trouvai une Bible, 
dans la bibliothèque d'Erfurt, et j'çn fis couvent 
lecture au docteur Staupitz avec un grand éipi^- 
liei^ient... )) (Tischreden; p. ;i55-) , i 



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ttfi itÉMCHRES 

> Soufi^ la papauté, la Bible était ihcoiihue aux 
geds. Ca)*to9tâd odiâttieA^â à la hre lorilqu'il était 
déjà db^teor depuis huitarà. » (Iweliited^n, p. 6, 

k A là dJèDé d'âUgsboùi|; (iS3ô)^ rèvèqùe de 
Uàfêute jfetà un jour ks yëut^tir ùtté Bible. 
SurtiHt par hasard Un dé ses ton^tllers qui lui 
Al t « GiracieO± seignetir , qtib feît de ce lît^e 
toU^ 61^ électorale? » A quoi il répondit : « Je 
Bte slsûs i}Uèl livre c'est ; seulement tout ce que 
j'y trouve est contt^ nous. » — Lé doctéui^ Usin- 
gen, itioine àiigustin, qui tut ihon précepteur 
au eouvent dTErfurt , me disait , ijuand fl tne 
toyait lire la Bible avec tant d'ardeur : ic Ah ! 
flrèré Martin , qù^est-ce que la Bible ? On doit lire 
les anciens docteurs qui en ont sucé le miel de 
la vérité. La Bible est la cause de tous les trou- 
blés. ^ Cnsèhred;, p. 7.) 

Séliiefecer, contemporain de Luthei*, rap- 
porte que les moines , voyant Luther très assidu 
à la lecture des livres saints , en miirmùrèrent et 
lui direct que ce n'était pas eii étudiant de la 
èàttÉ, taoii eïl qilètant et ramassant du paio^ de 
la viande^ du poiàsôii, des œufe et dé Tàrgeiit, 
qu'on se rendait Utile à la communauté. — Soh 
novidat ftit très diir ; <in le charçea, dans l'inté- 
rieur dé la maisbil , deîs travaux les plus péuibles 
et les plus vils, et eU dehors, de la quête avec la 



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DEtitrrMsR. m 

h^gpci^^ ('AlttiàtiMb idtes! prot^staf^ petit î 8^b j 

p/4!3.) 'S ^ - ■•■■ '■'■ •^; ■; - ''''/' 

i « Tfbglië*# tèhempti^kàit pas bbrt |K)til- étu-^ 
âiiA^ « dn >iétidt ^n tel hdnnidt^ te ^Htlèiif ^Atri^tote^ 
<|îiet:;etlii qui d^f^sftléèdtitre^ eâEt4Wièo«4hlârié 
àCblogfiê ebmiki^ lé fi^lué ^MhéT0ipiei Encote 
ni^^efiimixki^mà Iti pàHi Uests^htBs l'avaieiit 
iant ôbjcurcî ! Uii mbine^ en prèdiàài fe Pad<- 
sion y agita pendant deux heures cette question : 
Vtrùm qualitas realiter distinctasit a subsUûUiâ. 
Et ïl tdîsàit;, po\iT donner un exemple : Ma tête 
pourrait bien passer par ce trou , mais la gros- 
seur de ma tête rCy peut passer^ d (Tischred. , 
p. iSf w^Èo.) 

« Lèa Gtoin^s mépm&iettt ceux d'entre eiix qu) 
étaient ^savàos. Aidsi mes frères ail couvent m -eh 
voulaient d'étudier. Us disaient : Sic tibiy sic 
mihiy sMkûm par nadeuni (le sac sur le ëou ). Ils 
ne faisaient aucune distinction. » (Tischred.^ 
p. 272.) 

te Autrefois les (ârepmers docteurs u'aaraieiiî; 
pu, je ne dis pas composer, mais bien lire une 
oraison latine. Ils mêlaient à leur latiq des mots 
ijtii n'iétsliëiit^s inêiiie âîlèïiiâhd*, triais yfenâes. » 
(Ti^tiréd. , J5. t5.) 

' Cette Ighôtance du ctergé était gébëralë en 
purdpié. Eti î536 , hii rtioitte français dîsaït en 
àhèitk : fe Oh â h^àv^é une hoiiVèlle langue que 



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M4 MiNOIR^ 

l'ott iqppelfe gjrecque; il itut s'en ^^anùiUr ^vec 
soin. Cette langue enfante toutes les hjêrés£es :. 
Je vois dans' les. mains d'^uagrend notfdbar de per- 
sonnes un livre écrii ^ cette langue ; on le nomme. 
Nimmm TestmMU-: c*esl un livre, picwt de itgl^ 
ces et de vq^tes. Quaôt à la langUfe^ hébraïque > 
^ toufit ceux qui Fa^prennent deviennent jui& ajua^ 
sitdr. » (Sbmondi, Hist. de Fr. , XVI, p- 364- ) 



Page 90, ligne 7. — Le cardinal de Majetxce..^ Il l'appelait 
le pape de Mayence. 



Durant la révolte des paysans , il lui écrivit 
pour l'engager à se marier et à séculariser ses 
deux arcbevéchés. £e serait y lui disait * il entre 
autres.raisoùs ^ un puissant moyen de faire cesser 
les troubles dans son électorat. (7 juin i525. ) . 



Pag« 9O9 ligne fi • -^ ife «n eMenètideni bien d'autres, si... 

Après Worms^ il comprit que les cop£érences 
et discussions publiques, que jusque làrilay^it 
demandées, seraient à Tavenir inutiles^ et dfès-lors 
il s'y rrfusa toujours. « Je ne reconnaîtrai plus^ 
dit-il, dans soipiJiyre Contr^^stqfuin çcfilesiastiçfpf^x 



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je' tië fecdhnàîtrai pWs désoriliaîs de juges , ni 
panni vbûs^; ni parmi lés anges. Tâi montré déjà 
li'Wofvûs assez 4^mîlité ; je setsii/côlnine dit 
saint l^aùl / votre jugé et celui deaf anges, et qui- 
conque n'acceptera pas tiïSL doctrine, iie pourra 
êtré*%ativé^ ear ce n'est point la miéiinè, mais 
cdte de Dieu , 'c'est pourquoi mon jugeînént sera 
céliii <âe Dieu n^me. » Je cite d'après le très sus-^ 
pect GocMgeùs Çp. 48), n^àyant pas en ce moment 
le tâcté sous les yeux. • ' 



Page 104 } ' Mgnè-5. *— Z^ motif dé son départ â&H^diiÙoutgy 
c'était U éaractère alarmant que prenait la Réforme,.. 

Ayant: dje quitter^a retraite ^, il chercha plqy 
sieurs fois^, par ses lettres, à empêcher les^sîen^ 
d'aller trop loin. — Aux habitans de Wittem- 
berg, «... Vous attaquez les messes, les images 
et au|^es^p(i}s^èi;:ea , ta<i,dii$ que vpîis al^n^onaez la 
foi et ht charité dont vous avez tant besoin. Vous 
ayez afidigé, par vos scandales , beaucoup d'âmes 
fÂeïisés y ^Jrtîut *^ êlre trieiBeùres ■ qiie vous; ^us 
a^feiK éùH^é te^é l'tfti dçit ^ùx feibléi. Sîlèf ftrii 
toûrt' iîé té^të sa^ vlté^e, 'ne fautai pas qèe iè 
'faiblËi'/ k&sSé en arriè'^é ^ sucîcômfeé ? : - " 

^ % Dieu %^iis à faJt^ uftte grande ^râtee ' èf vous 
à à^mt îa' l^hrole dart^ toute sa piireté. Cé^tH- 



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986 MtBpnrri 

dant je ne TOf$ mifh ^^^9^ m kow. Vou^ ne 
wgpcMfif poinf œiDtx €ffû a^oi^ iaauû^ cptendu 
la Parole. Vous n'avez nul açoci de nos firères^ al 
de wm 80SOIS dçLdpaîg, de Meûs^ pt ^^ lapdt 
fi'auixes paj$ que nom devons aauTer ^eç^ffoifs. . , 
Yous TOUS êtes précipités dans cette afl^aûrp , 
lête baissée et sans regarder in ^ 4ff^im m h 
^HU^ie. Ne comptez donc pas sfxç ff¥»i jj^ TW^ 
renierai. Vous avez coaunencé sans mî,^ vau$ 
(audra bien finir de même...j»(d4eea;bre iSair) 



De retour à \^ittembefg9 il prêcha huit jours 
de suite, i^ sermons suffirent podi' remettre 
l'ordre dans la riHe. ' * - 



• . . . . . '. , ' . ' . %; •'; 1 i 

» ... En prq^f Iiç)ii,4ç;v<^^^s.pw^ YOtilfti»' 



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DE RTPR. f»7 

Luther? M^ 4j?€triiïe n^ vient pas de tftqi. i4qi, 
j§ p'3i été crucifié ppj^r pf^rsQppic^ Sçdnt Paul 
(I..Gor|?lth. m) nç youlaît pçmt qu§ Top Vap- 
p^el^t pRuIiens , pipéfriepSj, flifii^fij^r^tifi^s, Ççm^ 
ipput ^pnp iwe cpj^yie^raît-il^^ p^i, xm^érab|f 
sac à temine et à ofdxfrf^^ ^q ^onp^f jpaon ^qm 
aux enÊtijs du Chi^t? Cç^sie^^ jdher^ ^Qf^^Z 4^ 
prendre çe3 jioms de pay ff , çljétrujspp^s-Jes. çt ^g- 
pelops^qous chrétiens, d'apfès le f^pm ^e celui 
de qui vient notre doctrine. 

p II est jiiatç çpiq IpiÇ papistes pprtwt up ppm 
4e parti; parc? q\x'i]s rie sg poptiçntppt p;^s de la 
doctrine et du nop^ de Jésus ^Chri^tj ils veulent 
être w outre p4pîsj;e§, Ph J:>ipn J jq»'ih appar- 
tiepiiiept jiu pgpe qu? est l^qr ip^tre. IVJpi je np 
siiîs ni rie vexix être le maître jde perspp^e!, Jp 
tipnp avec les xniçns pour 1^ seigle ist ppjpijp^^x^ 
doçtflnjç 4i? CJ^ri$tquie§tpotr^.^fliqÇ!R m9Î*ï;^jîy 
(î^. WertLe Û, p. 40 , a.^ /., 

Page 116, ligne 1 . — Jamaii, avant cette époque, un 'lioiniiie 
prM n'ovait^adressé kumrelâes yare^ si nOprteiuhilÊ. . > 

, • • . ' : • ... ■■ . ' ''.■.'- ;-);ic; 

Bjn paèpa^ t^faps .gu,^ fr?i?.«»it «i jr^^^çj^ 
Hej^fj. Vm et Ifs pr^^, il R^^^t t9ut^,,lçî> 



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fBB MËHOIRES 

dit en finissant : « Je sois fikbé if être obligé de 
donner de si bon allanand contre ce pitoyaUe 
latin de cuisine. Mais Diea Teot confondre l'An- 
ticfarist en tontes dioses^ il ne loi laisse pins 
rien, ni art^ ni famgne; on dirait qn'il est foa^ 
qaHl est tombé en en£uice. C'est une honte d'é- 
crire aux Allemands en pareil latin y de présen- 
ter a des gens raisonnables une interprétation 
ansâ maladroite et aussi absurde de l'Ecri- 
ture. »(i5a3.) 

PtéEeice mise parLuther en t^ de deux bulles 
par lesquelles le pape Clément U annonçait la 
célébration du jubilé pour iS^S: 

(f ... Le pape dit dans sa bulle ^pi'ilveut ouvrir 
la porte d'or. Nous avons depuis long-temps ou- 
vert toutes les portes en Allemagne , mais les es- 
crocs italiens ne nous rapportent pas un liard 
de ce qu'ils nous ont volé par leurs indulgendœ, 
diipensaticius et autres inventions diaboliques. 
Cber pape Clément^ toute ta clémence et toutes 
tes donceurs ne te serviront de rien Ici. Nous 
n'acbèterons plus d'âidulgences. Chère porte 
d'or^ chères buUes^ retournez d^où vous venez; 
faites -vous payer par les Italiens. Qui vous 
connaît^ ne vous achète plus. Nous savons/Dieu 
merci, que ceux qui entendent et qui croient 
le saint Évangile, ont à toute heure un jubilé... 
Bon p3pe, qu'avons-noufi à foire de tes bulles? 



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DE iXJTflEft 9m 

Éptrgn^^ le pldmb et le parchemin ; cela est dés-* 
ormais d'un mauvais rapport. » (Luth. Werke, 
IX, p. 2K>4.) 

« Je ferais un même paquet du pape et des 
cardinaux, pour les jeter tous ensemble dans ce 
petit fossé de la mer de Toscane* Ce bain les 
guérirait j j'y engagé ma parxile et je donne Jé- 
sus*Christ pour o|^on. » 

« Mon petit Paul, mon petit pape, mon pe- 
tit ânon, allez doucenfent, il fait glacé : vous 
vous rompriez une jambe; vous vous gâteriez, 
et on dirait : Que diable est ceci? comme le petit 
papelin s'est gâté ? » ( 1 54^ ? traduction de Bossuet, 
Variations, I, 45-6-) 

Interprétation du monachwituh et de deux 
horribles monstres papaUns trouvés dans .le Ti-- 
bre, a Rome^ Van i^glS; publié h Friherg en 
Misnie Van iSaS , par Ph. Melanehtonet Mar- 
tin Luther. -^ « Dans tous les temps Dieu a mon- 
tré par des signes évidens sa colère ou sa misé^ 
ricorde. C'est ainsi que son prophète Daniel a 
prédit l'arrivée de l'Antichrist^ afin que tous les 
fidèles avertfe se gardassent de ses blasphèmes- 
et de son Idolâtrie. 

» Durant cette domination tyrannique. Dieu a 
donné beaucoup dt signes, et dernièrement en- 
core, cet horrible monstre papalin, trouvé mort 
dans le Tibre l'an 1496.-. D'abord la tête d'âne 
I. 19 



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MO MÉMOIRES 

désigne k pape ; cai l^lbe est un corps i^Mri- 
toel qui ne doit ni nepeutavmr de tête visible; 
Christ seul est le seigneur et le chef de i^Églisé. 
Le pape s'est touIu faire ccmtre Dieu la tète vi- 
sible de l'Église; cette tète d'àne attachée à un 
Qprps humain > le déaigAe donc évideoiœ^t. En 
effi^t^ une tête d'àne ôonvient-^llemieiui au corps 
de rhomme que le pape à ^Église? Autant le 
cerveau de Tàne diffère de la raison et de Tin- 
tdligence humaine^ autant la doctrine papale 
s'éloigne des dogme» du Christ. Dans le royaume 
du pape les traditions humaines font la loi : il 
s'est étendu , tt s'est élevé par elle» S'il entendait 
la parole du Christ, il croulerait aussitôt. 

»Ce a'est pas seulement pour les saintes Écri- 
tures qu'il ^ une cervelle d'âne ^ mais pour ce 
qui regaf^de mê^M le droit naturel, pour les 
choses que doit décider la raison humaine. Les 
juristes impériaux dî$ent en efiet qu'un véri- 
uiÀe canoniste ^t véritaUement un âne. 

» La main dioite du n^onstre ^ semblable au 
pied de l'éléphant^ montre qu'il écrase les crain- 
ti& et les laibles. It blesse en effet et perd les^ 
âmes par tous ses décrets qui , sanacausç ni né- 
cessité , chai|[ent les ccmsciences de la terreur 
de mille péchés qu'ils inventant et dont on ne 
sait pas même les noms. 

» La main gauche désigne- la puissance ten>- 



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DE LOTHËR. S91 

porelie du pape. Contre la parole de Christ y il 
^t devenu le seigneur des rois et des princes. 
Aucun d'eux n'a soulevé , fait et conduit tant dé 
guerres, aucun n'a versé autant de saiig. Occupé 
de choses mondaines , il néglige la doctrine et 
abandonne TÉgUse. 

N Le pied droit y s^nblable au sabot d'un 
bœuf, désigne les minîstfes de l'autorité spiri- 
tuelle , qui , pour l'oppression des âmes , sou- 
tiennent et défendent ce pouvoir j c'est à savoir 
les docteurs pontificaux, les parleurs, les con* 
fesseurs , ces nuées de moines et de religieuses , 
mais surtout les théologiens scolastiques , qui 
tous s'en vont répandant ces intolérables lois du 
pontife, et tiennent ainsi les consciences capti* 
ves sous le pied de l'éléphant. ^ 

» Le pied gauche, qui se termine par des 
ongles dé griffon, signifie les ministres dei la 
puiâisance civile. De même que les ongles ^u 
griffon ne lâchent point facilement ce qu'ils ont 
une fois pris ^ de même les satellites du pape ont 
pris aux hameçons des canons les biens de toute 
l*Europe^ el; les retiennent opiniâtrement sans 
qu'on les leur puisse arracher. 

M Le ventre et les seins de femme dési- 
gneikt le corps du pape, c'est-à-dire les cardi- 
naux, cvêques, pfêtres, moines ^ tous les sacro- 
i$âints martyrs, tous ces porcs bien engraissés 



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fi9S MÉfiiOIRES 

du troupeau d'Epicure^ qui n^ont d'autre soiii 
que déboire^ manger et jouir de voluptés de tout 
genre y de tout sexe; le tout en liberté^ et même 
avec garantie de privilèges... 

» Les yeux pleins d'adultère , le cœur d'ava- 
rice y ces fils de la malédiction ont abandonné 
le droit chemin pour suivre Balaam qui allait 
chercher le prix de Tiniquité. » 

Page 118, ligne 9. — ( Fin de l'extrait du Uvre 
contre Henri FIII, ) 

Cette réponse violente scandalisa^ comme Lu- 
ther le dit lui-même^ un grand nombre de ses 
partisans. Le roi Christiern l'engagea même à 
écrire à Henri VIII , qui , disait-il , allait établir la 
réforme en Angleterre. La lettre de Luther est 
très humble : il s'excuse en disant que des té- 
moins dignes de foi, l'ont assuré que le livre qu'il 
avait attaqué n^avait pas été composé par le roi 
d'Angleterre : il lui offre de chanter la pali- 
nodie {palinodiam cantare). — (é^^ septem- 
bre iSaS.) 

Cette lettre ne produisit aucun effet. Hen- 
ri Vni avait été trop vivement, blessé pour 
revenir. Luther en fut pour ses avances, âusm, 
disait-il quelques mois après : « Ces tyrans, au 



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f 



DE LUTHER 393 

cxBUr de femme^ n'ont qu'un esprit impuissant 
et sordide; ils sont digaes d'être les escla- 
ves du peuple. Mais ^pai: la grâce de Christ, 
j« suis ass^ vengé par le mqpris que j'ai pour 
eux et poUr jSatan leur dieu. » (fin de décem- 
bre iSaS.) 

Thomas Morus , sous le nom de Guillaume 
Rosseus , prit, contre Luther, la défense de 
Henri VIII. il attaqua surtout le langage sale et 
i§^i^le de Luther. (Cochlœus p. 60.) 

Page 118, ligne 1 â. — Les princes sont du monde>..K 



' w Rien d'é tonnant si les princes ne chercheAt 
que leur compte dans l'Évangile, et s'ils n^ 
honl que de nouveaux ravisseurs à la chasse des 
anciens. Une lumière s'est levée qui nous fait 
voir ce que c'est que le monde ; c'est le règne de 
Satan. ))(i524) 



Pige 1 Î5 , Hgne 2. — Nous serons toujours en sûreté en disant 
'4^ ta 'Volonté soit faîte,.. 



lu^ décpur:lig^€»t çom^^eoi^e d^jà pai^foisà 
percer dans les écrits de LiUher. Cette WWÇ 



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m mtMoaxs 

^tpnée i 5a3 ^ ou mois d'août ^ il éoièraic aiu lieu^ 
tenant iaqpériaux^ pcéaensÀ la dîète de Nuren»-* 
berg. n... Uio^aeinble aussi qu^alix tQrfiies ida 
njuM^dqipeat impérial^ fendu au mob de mars , 
je denais être afiranfchi du beat <t de f^tc^kH-* 
munication jusqu'au futur concile : jaatrètt^tit 
je ne saurais coi^prendre w qiw vwt 4tr« J& re- 
mise dont il est parl^ dap3^i<?,maad€meaiy car 
je consens à observer le^ çp^ditipoisi «ur \%^ 
quelles elle «st foAdée... Au rc^îe> il Dt^io^fiiMrte. 
Ms^ vie est peu de chose. Le monde a assez de 
moi^ et moi de lui : que je sois sous le ban ou non^ 
cela Mt indiffl&nmt. Mais du môibs > ajez pitié du 
pauvre peuple^ chers seigneurs. Cest en son 
nom que je vous supplie de m'écouter.,. » Il de- 
inande qu'on li'exëcute pais sévèrement le man- 
demcfnt impéi'iàl relatif à la punition des mem- 
bres dû alérgé qUî se marieraient ou sortiraient 
de leur ordre. 

Page 1S4, ligne 2. — Essais d^ organisation.,. 

Lorsque Luther sentit la i^çes^té 4® mptjtJf^ 
un peu d'ordre et d^ régHlîffîçtQ^SHV l'Église ^^^^ 
vclle , lorsqu'il se vit appelé chaque jour à juger 
des causes matrimoniales , à décider sur tous les 
liapports de l'ÉgKse'àvéc le^ tiSqoës^ W^ rbk à 
étu<ttèr lé droit cahon. * ; i ^ î , > 



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K Dans ce^ «fiain de mariàg<e ^ui m^ëtmt 
déférée > j'ai jugé d'après hn décrets mêmes du 
psj^e. Je<i|oqime»e6 k lire Us té^btmtù^ des pa<- 
^t&s^t je ^Dis qif ils ne leà wSv^iït nîême pas. * 

« Je donnerais îna main gauche pour que les 
papistes fussent obligés d'observer leurs canons. 
Ils crieraient plus fort contre eiix que contre 
SLxfôier. » 

to Les décré taies ressemblent au monstre : 
jeune fille par la tèie, le corps est un lion dévo- 
rant 5 la queue est ceHe du serpent ; ce n'est qijfe 
mensonges et tromperie. Voilà ^ au resté y Fimégé 
de toute la papa^uté. » (Tischreden , p. 2^77, fo- 
lio et verso.) ^ ^ , 

" ' ' • 'Pagc^ i^ V^gû^ ^- '— ^«^ 'i^epùHs^s qu'il dhfin^.. .'" 

ystti^/m.ll-grtjT^fiiijyte^j'fti itet que 
détail unefaotuuelc^a^ Jl^ffiièste j«t mï! âéfimâs à 
4po[Mttneife jdui«ii>^id6.(^^ ^apélo- 

,iâht9d^;fitc.> mirâ j^ 9^0^ q«ie ^es cho^âs^ sa £Ur 
sam Ubreiiiienti^iàiU.lrdlonté de ûh^u»^ et non 
joamine ji il&'étt4t>|yéché fonoriel' dy oianquer. 
?iom devùns avéiy la . coàmiefake Itl^rë ien touf ts 



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cbo$^ qpi n/e touchent paa la foi ^ ni Famour 
dii prochaio*.. Mais, comme il y a beaucoup de 
coDsciemoe^captives dans les lois du pape , tu ùds 
biea 4e ne pas manger dç viande en présence de 
ces bommes encore faibles dans la foi. CeUe abs- 
tinence de ta part devient une oeuvre de charité^ 
par cela (ju'elle ménage ta conscience de ton 
prochain. Du reste ^ ces œuvres ne sont pas 
commandées , les prescriptions du pape ne sont 
rien*.. » 

(i6 octobre 1 523.) A Michal Vander Strassen, 
péager à Borna. (Au sujet d'un prédicateur 
d'Oebnitz qui exagérait les principes de Luther) : 
a Vous avez vu mon opinion par le livre de ki 
confession et delà messe: j'y établis que la con- 
fession est bonne quand elle est libre et sans 
contrainte, et que la messe , sans être un sacri-* 
fice n\ une bonne peuvfç., est pourtant un témoi-- 
gnage de la religion et un bienfait de Dieu , etc. 
Le tort de votre prédicateur, c'est qu'il vole trop 
haut et qu^il jette- les vieux souliers avant d'en 
atètr deneufe. :I1 devrait commencer 'jpar bien 
instruire le peqj^e mpW foi ^ la'^iarité. Dans 
un fLià î lorscpie la commune^ aur^ bien^ compris 
Jé^u^ -Christ ; il ser^ asseÈ temps de touii^çr lès 
points sur les(|uels il prédie maiiitenant;=i<l quoi 
bon celte précipitation «v«c|e peuple ignorani;? 
J'ai prédié près d^ trois an» srWitteiid^ei^ avaiÉt 



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DE LUTHER. 997 

iJÇen venir à ces questioas; et ceux-ci veu^ 
lent tput iiniiir en, une heure ! ces hommes ^ 
pressés nous font beaucoup de mal. Je touis 
prie de dire au percepteur d'Oelnitz qu'il en- 
joigne à son prédicateur d'agir désormais ayec 
plus de mesure^ et de commencer avant tout 
par bien enseigner Jésus-Christ : sinoii , qu'il 
laisse là ses folles prédications et qu'il s'éloigne. 
Que surtout il cesse de défendre et de punir la 
confession. C'est up ei^rit pétulant et immodéré 
qui a vu de la fumée ^ mais qui ne sait pas ou est 
la jQamme... » 



Page 129 y ligne 5. — La mesèe,. 



a S'iLplaîl à Dieu , j'abolirai «s messes ou je 
tenterai autre chose. Je pe, ptjiûsscipporter plus 
long-temps les ruses et les machinations de ces 
trois demh-dianoine3 contre l'unité de notre 
église. » (^7 novembre i5a4-) 

a J^eâ enfin poussé nos chanoines à consentir 
à rabrbgalion des messes. »'(2 décembre i524.) 

<i Ces deux mots messe et sacrement sont aussi 
éAoiffkéfd l'un de Vsmte que ténèbres et lumières, 
diable et Dieu... î^uisse Dieu donner à tous les 
^diréflena.tm icAooeur^ qu'ils aient horreur de ce 



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MÊMOtâES. 

mot^ ht m<ess0y et qu'en l'entendant ils se signent 
conme ils feraient contre une abomination âa 
èuhle. » 

On rinterroge Souvent sur le baptême des en- 
fims nondilun ex utero egressorum. « J'ai empêché 
nos bonnes femmes de baptiser Tenfant avant sm 
naissance; elles avaient coutume de baptiser 
le fœtus sitôt que la tête paraissait. Pourquoi ne 
pas le baptiser par-dessus le ventre de sa mère. 
Ou mieuic encore, baptiser le ventre même. » 
(iSmars t53i.) . 



Page 15S, Ugat S3. — De ministris insUtftendis. 



Insùmciicns me mimsire 4^ Wittembèrg : 

'ftenvoj^rles^êti'e^ indignes j 
'Abroger toute^ rtîess'es et vîglleis/^éyéésf ; 
Le matin, au lieu de mes^^ Teiyeutn, leclyre 
et exhortation ;. . . .V 

. LCj sojir J^ctvrq , ç^ j5?pUçfitio^ j —, çoff>j>ljie.s 
^près le.$oupçr^ /. . , , .. ^.v. . ;. 

, JPi^ ^jéferer iïu'»a# iw«ift.atuii dîmJtiw^ ^ 

• fih t52o> il|nbliattnK^tédkisA»d.îMaifi^^ ahs^ 



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B& LUÏttËÏL 8i»9 

r plus lardi il <eti fit un &mte où il he ocmsér^â que 
r iel>àptièfiÉ€ et k communiim. Phis dé confession. 
Seulement Jil wgage k t^cdurir souvent à l^eai^Hé-^ 
rîence du pasteur. 

9)9ur soustraire les ministres à la dépendaÉce 
de Tautoritç civile, il voulait cojpseryef les dîmes. 
c< Il me semble que les décimes sont la chose la 
plus juste du monde. Et plût à Dieu que toutes 
*ttaies abolies, il ne subsistât que des dîmes, ou 
même des neuvièmes et des huitièmes^ Que diis- 
je , tes Égyptiens donnaient le cinquième , et ils 
vivaient pôlirtaiit, Noiis , lious ne pouvons vivre 
avec la dîme^ il y a di'autrès diarges qui nous 
écrasent. »(t5juin i524.) ' 



' yige iSÔ, figné i^V^'iJatactère ihâétébiU.S 



. s «.Oddait'dlêpfi&ffCè eiaprâoiinâr les^keurs 
^t j^dicà^eiirs ;i|tti .fanft ; écàiu&te AL'£Wo(^r a 
cà9cdudefàiracan9traJraiifie:|n^ à cétetkt^r^ 
^ If tli«d«téi!ér parfa «njUité 4e Jfetti Swirbà qu'il 
at^ se«v«iit té»|é éa^46 «Jhaftt^tttfeVI^JtiéttiH 
burgy er q^' ^'éw^tigMÀijouyà ôbstiiié^îe '^Wi^e 
queGh^îst tt^étaîtiËHwiqu^ ptmi^ Fexètfaplé.ltftrt 
en conséqu^eftW cofeAiit |i S<iîiwrinitî , e^ y inod- 
rmdawslaliteut.»») (iTtd<*ired;j p. ig&.y '^ ' ' 



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300 filfiVOffifiS 

Lu^er disait ^pie l'oa ne devuic. pamii^ de 
mort les analMqptbtes ^'autant qu'i^^Muieol sé^ 
diti^ix. » (Tisdhred. , p. agg- ) ^ ^ 



Page 155 , Kgnc 6. — F'kites annuelles,.. 



La commission que TÉlecteur , sur les esdior- 
tations de Luthei'^ nomma en 1 528^ pour inspec- 
ter les écoles j^ se composât de Jérpme SchurfF/ 
docteur en droit, dq s<eigneur Jean, de Plauoifz» 
d'Asme de Haubitz et deMélanchton. 

Dans rinstruction que ces inspecteurs adres- 
sèrent ensuite aux pasteurs de l'électorat avec 
l'approbation de Luth^, on peut remarquer le 
passage suivant : « Il y en a qui disent que ron 
ne doit pas défendre la foi par l'épée , mais que 
Foii doit souffrir coimiw* ont feit Jiésus^Cfarist et 
tes.iqpi6u^s. A cela ii tàM répondre qu'à la vérité 
ceux qui né r^;nent pas doivent soufirir comme 
individus et n'ouït pas droit ik se dâSmicfe»; mais 
qpe l'autorité est. chargée de ppotéger jses snjeits 
contre toute vi<)ileiife et isfustice.^ q«e cette vio-^ 
lepce ait unecavse retigieu^te ;ou une autre^ >v 
(Luth. Weiàe, t. IX, p, J263, vei»oO 

En i5d7> Ifi prîncç envoie àLulher les rap* 



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DE LUTÉB^. 901 

ports de la visite des églises en Ini demandant 
s^il fallait les impiinaer. (ig^août 1527.) ' 



Page 136, lige 1 . — Luther exerçait une sorte de suprématie. 

Il décide que les chanoines sont obligés de 
partager avec les bourgeois les charges publiques. 
(Lettre uu cêiiseil de Stettin , 12 janvier iSaS ) 
C'est à hii que souvent on s^adressait pour obte- 
nir une place de ministre. 

a Ne sois pas inquiet d'avoir une paroisse; i] 
y a partout grande pénurie de fidèles pasteurs; si 
tien que nous sommes forcés d'ordonner et d'ins- 
tituer dés ministres avec un rite particulier, 
sans tonsure^ sans onction, sans mitre sans 
bâton, sans gants ni encensoir^ enfin sans évê- 
ques. » (16 décembre i53o.) 

Les hsd^itans de Riga et le prince Albert de 
Pru8se>lemandent à Luther de leur envoyer des 
ministres. (i53i.) 

Le roi de Suède, Gustave P" , lui demande de 
même un précepteur pour son fils, (avril iSSg.) 

Page 136, ligne 9. — Excommunication,,, 

* . , ' ' , '. ' 

« Le prince a répqnduà l'univerfité qu'il vou- 



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301 UÉMOIRES 

hîl faàter la TÎsile ëes paroisses^ afin que c^ 
fiait et les églises cxmstituées^ on puisse se ser* 
TÎr de l'excommunication quand besoin sera. » 
(lo janvier 1527.) 

Page 137, ligoe 6. — AboUtion des vœux monastiques.., 

« Dans son traité de vitandâ hominum doctrind 
il dit des évêques et des grands de l'Église: 
M Qu'ib sachent ces effirontés et impudiques q^i 
ont sans cesse à la bouche c le cbristianisaie , le 
christianisme^ » qu'ils sachent que ce n'est point 
pour eux que j'ai écrit qu'il fallait se nourrir de 
viande, s'abstenir de la confession et briser les 
images ; eux, ne sont^ils pas comme ces impurs 
qui souillaient le camp d'Israël ? Si j'ai écrit ces 
choses, c'est pour délivrer la conscience cap- 
tive de ces malheureux moines, qui voudraient 
rompre leurs voeux, et qui doutent s'ils peuvent 
le Caire sans pécher. » (Se<^endorf^ lib. I, sect. 5o, 
p. aoa.) 

Page 139, ligne SfT. — J'ai reçu hier neirf religieuses... 

« Neuf religieuses avaient été enlevées de 
leur couvent et amenées à Wittemberg. ails 
m'appellent ratiss^ur , dit Luther, oui , et bien- 



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DE ^V1»Sa 306 

heureux ravisseur comqao Christ, qui iEiit aussi 
ravisseur eu ce moode, quand par sa mort il àr* 
racba au priiice de la terre ses arioes et ses riches- 
ses, et qu'il remmena cs^tif. » (Gochlaws, p. 73.) 



Pag€ 140, hffieSé^J^aipiiiçiPeUes... qui meutent enfouie 
de cette maudite et incestueuse chasteté'... 



« Anne Craswytzinne échappée de ses tiens, 
à Leusselitz, est venne habiter avec nous. Elle 
a épousé, Jean Scheydewind, et me charge de te 
saluer doucement en son nom , et avec ell^ trois 
autres. Barbe Rockeqberg, Catherine Tauben^ 
heim, Marguerite Hirstorf. » (ii ji^nvier i5^5-) 

A Spalq^tin. « SI tu ne le sais pas encore^ tous 
les prêtres d'ici ne se contentent pas de mener 
une conduite sacrilège ; ce sont des cceurs endur- 
cis , des contempteurs de Dieu et des hommes , 
qui paient pr^que toutes les nuits avec des 
prostituées... J'ai dit hautement que, si dans leur 
impiété, nous devons les tolérer, il est du devoir 
du 9)0|gistrat de s'opposer à leurs (Jébaocbes ott de 
les contraindre aumariagjQ.^Ta craignais demie-» 
tement ijpj'pja ne pôt accii^er i'filecteur dt fevb- 
riier ouvertement les prêtres coatàéa. n (a jai^ 
vieriSaS*) 

(i^7 mars iSaS.) 4 W^lfyimg Reissenbaoh, 



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3(U MÉMOIRES 

précepteur à liditenberg. «... Mon cher^ ne 
volons pas plus haut, et ne prétendons pas mieux 
fiedre qu'Abraham , David y Isaïe , saint Pierre , 
saint Paul , et tous les patriarches , prophètes et 
apôtres^ ainsi que tant de saints martyrs et 
évéques qui tous ont reconnu sans honte qu'ils 
étaient des hommes créés par Dieu , et qui , 
fidèles à sa parole , ne sont pas restés seuls. Qui a 
honte du mariage, a honte d'être homme. Nous 
ne pouvons nous faire autres que Dieu n'a voulu 
que nous soyons. Enfans d'Adam, nous devons 
à notre tour laisser des enfans. — O folie ! nous 
voyons tous les jours quelle peine il en (joûte 
pour rester chaste dans le mariage même, et 
nous rejetons encore le mariage ! Nous tentons 
Dieu outre mesure , par nos vœux insensés, et 
nous préparons la voie à Satan... >i 



Page 146, lipie 5. -^ Cette époque de ta vie de LuAer 
(1 5S1 -1 5S8)^ prodiffeusement affavrie. . . 



A Fridètic de Nuremberg. « Si j'ai tant différé 
à te féliciter sur ton mariage , tu peux CToire que 
j'en ai eu juste raison, avec les distractions d'une 
santé si variable , tant de livres à publier , de 
lettres à écrire, de sujets à traiter, de devoirs 
envers mes amis , et en nombre incroyable et 



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DE LUTHER. 505 

infini^ accablé d'un orage et d'un déluge d'affaires. 
....Le 17 janvier, à souper et à la hâte. Tu par- 
donneras à ma loquacité, peut-être aussi au 
souper, bien que je ne sois pas ivre. » ( iSaS. ) 

Au milieu de toutes ces affaires , il entretenait 
correspondance avec Christiern II. 

A SpaJatin. « Les porteurs sont rares , sans 
quoi je t'aurais envi^yé depuis long-temps les 
tristes lettres du roi Christiern , aujourd'hui le 
plus malheureux des hommes , et ne vivant plus 
que pour Christ. » (27 mars iSaô.) 

A Mélanchton. « Rien de nouveau, si ce n'est 
une lettre du roi de Suède Christiern qu'il nous 
adresse à tous les deux avec une petite ^upe 
d'argent ; il nous demande de ne pas croire ceux 
qui le représenteraient comme un déserteur de 
l'Évangile, «(novembre i54o.) 

Il lui fallait encore veiller, par toute l'Alle- 
magne, sur les intérêts des réfonnés. La com- 
mune réformée de Miltenberg ( en Franconie ) 
était opprimée par les officiers de l'électeur 
de Mayence. Toute correspondance avec cette 
ville avait été interrompue. Luther adressa aux 
habitans u^ lettre de consolation qu'il fit im- 
primer pour qu'elle pût leur {tourvenir. Il en 
avertit l'Électeur, et lui demanda « si^ses offi- 
ciers n'abusaient pas de son nom. » ( i4 fé- 
vrier iSa^-) ' ' 
I, 20 



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905 MEMOIRES 

En 1 5a8 , une religieux de Freyberg ^adresse 
à lui pour qull Tcmiève de 9dn codTeiil> et Id cou- 
êxûse en Saxe. (519 jmn i5^.) — o Occupatissi- 
mu5 scribo visitatov*^ lector, praddieatm*, seFiptt>r, 
auditor^ actor, canw, procuralor, et «[uidnon? » 
(29 octobre i5»8.) 

Page iÀêy ligne 96.^ Sun anêUm mmi CéurlêMad... 



Carlostad était chaooiae et archididcre dans 
régUse collégiale dû tmts^ les saints ; il en était 
doyen lorsque Luther fut reçu docteur en i5i2. 
(SecEendorf^ liv. I, 72.^) 



Page m y ligne 5. ^ Derrière Carlostad 09, entrm^cQcait 
Mùnzer^*' 



Lettre du docteur Martin Lu^r ais^ ctiré^ 

tiefi» d^Awirer» « Nou^aTions cru^ tamtque 

dora le règne dm pape^ que les esprits de bruit 
et de vacarme y qm se foM souvent entendre la 
Ruit , ét«eat des imes d'hoaiHieflf qui^ après la 
mort 9 revenaîewt et rôdaient pour expier leurs 
péchés. Cette erreur^ ï>ie«i merd, aétédéeou^ 
verte par l'Évangile ^ et Ton sait à psésent que 



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DE Lvmm. 3or 

té' ne 96nt pag des àmeë ^h&mofe^y nbai» lieii 
acnré qaeF dea diables maliéie^x cpi troiripmciit 
hp geûs paît de facfssesréponBefir* Ce sont éuTL qm 
ont mû dan« k monde ^àmé'ifdolèffrie^ 

» I>er diable topant cfsf^ ce genre de vâcahrnre 
ne peut continuer ^ il lui faut du nouveau ; il se 
nïet à faire rag^ d&ns ses membres^ je veux dire 
dans les iœpieay à travers lesquels il se fait }our par 
to!ites<wrte de vanités d^iméviques et de doctrines 
extravagantes. Celui-ci ne veut plus de baptême^ 
celui - là nie la vertu de Teucharistie ; un troi- 
sième met encore un monde entre celui-ci et le 
jugement dernier; d'autres enseignent que Jésus- 
Christ n'est pas Dieu ^ les uns disent ceci , les 
autres cela , et il y a presque autant de sectes et 
de croyances que de têtes. 

» ïl faut que j'en cite un pour exemple , car 
j'ai bien à faire avec ces sorties d'esprits. Il n'est 
personne qui ne prétende être plus savant que 
Luther ; c'est contre moi qu'ils veulent tous ga- 
gner leurs éperons. Et pîût au éiel qu'ils fussent 
ce qu'ils pensent être , et que moi je ne fusse 
rien! delui-là doiic m'assurait entre autres 
choses qu'il était envoyé vers moi par lé Dieu 
<fuî a' créé' le cîel et ïa terre ; iï en disait des 
choses^ illâgtniBques> miaisf le mariant périmait tou- 
jout^. 

A EaSn il m'orfonna de loi lîré hes livres de 



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30B MÉMOIRES 

Moïse; Je lui demandai un signe qui confirmât 
cet ordre. C'est, dit-il , écrit dans l'Évangile de 
saint Jean. Alors j'en eus assez et je lui dis 
de revenir une autre fois, que nous n'aurions 
pas le temps de lire pour cette fois les livres de 
Moïse... 

^ » Il m'en faut bien entendre dans une année, de 
ces pauvres gens. Le diable ne peut pas m'appro- 
cher de plus près. Jusqu'ici le monde avait été 
plein de ces esprits bruyans sans corps , qui se 
donnaient pour des âmes d'hommes ; maintenant 
ils ont des corps et se donnent tous pour des 
anges vivans... 

» Quand le pape régnait, on n'entendait point 
parler de troubles j le Fort (le diable) était en 
paix dans sa forteresse ; mais à présent qu'un 
plus fort est venu qui prévaut contre lui et qui le 
chasse , comme dit l'Évangile , il tempête et sort 
avec fureur et fracas. 

» Chers ami», il est venu aussi parmi vous 
un de ces esprits de vacarme qui ont chair et 
sang. Il veut vous égarer dans les inventions de 
son orgueil ; gardez-vous de* lui. 

N D'abord il dit que tout homme a le Saint- 
Esprit. Secondement, que le Saint-Esprit, n'est 
autre chose que notre raison et notre intelli- 
gence. Troisièmement, que tout homme a la foi. 



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DE LUTHER. 309 

Quatrièmement, qu'il n'y a pas d'enfer; que du 
moiùs la chair seule sera damnée. Cinquiè- 
mement, que toute âme aura la vie étemelle. 
Sixièmement , que la simple nature nous ensei- 
gne de £aire au prochain ce que nous Toulons 
qu'on nous fasse; c'est là, disent-ils, la foi. 
Septièmement , que la loi n'est pas violée par la 
concupiscence, tant que nous ne consentons 
pas au plaisir. Huitièmement , que celui qui n'a 
pas le Saint-Esprit, est aussi sans péché, car il 
n'a pas de raison. 

»Tout cela ce sont des propositions audacieu- 
ses j de vains jeux de la fantaisie ; si Ton excepte 
la septième , les autres ne méritent pas de ré- 
ponse 

» Il nous suffit de savoir que Dieu ne veut 
pas que nous péchions. Pour la manière dont il 
permet , ou veut qu'il y ait du péché , nous 
ne devons pas toucher cette question. Le ser- 
viteur ne doit point savoir le secret du maî- 
tre, mais seulement ce qu'il ordonne. Combien 
moins une pauvre créature doit-elle vouloir 
scruter et approfondir la majesté et le mystère 
de son Dieu?... 

^) Nous avons assez à faire pendant toute no- 
tre vie , de connaître la loi de Dieu et d'ap- 
prendre son fils Jésus -Christ... » iSaS. (Luth, 
Werke , 4;ome II, p. 6i , sqq. ) 



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3M MEMOilES 



Page 154, ligne H. — Luther crui de^Hr se transpor^r 



Carlost^d^ dans une dispute^ cita Luther au 
jugement dernier. — « Comme pous étions à 
rhôtellerie, et que nous paillions de ces affaires^ 
après s'être engagé à défendre sa dpctrine à 
£ond^ soudain il se détpurnji^ fi^ plaquer ses 
doigts ; et dit : « Je me moque de vous. » Or, s'il 
ne m'estime pas davantîig.ej, qui d'entre nous 
e;5timera-t-il? ou pourquoi pprdrai-je mon temps 
a le prêcher? Je pense toujours qu'il me rer- 
garde comme l'un des plus savans de Wittem- 
J)erg; et cepfs^dant^ il me dit gp nez : « Jp me 
inoque de vous. » Çon^çaent^ a|3rès çela^ peut-on 
croire eniçore à sa sinc^ité , lorsqu'il prétend 
vouloir se laisser instruire ? » 

Carlost^d avait abandonné ses fonctions ^e 
professeur et d'archidiacre à Wittçmberg Ç tout 
en gardant son traitement) pour aller à Qrla- 
mûnde ^ ^ans autorisation pi de l'Électeur ni de 
l'Université. Ce fut une des causes du mécon- 
tentement qui éclata contre lui. L'Université lui 
aya^t écrit ppu^* le rappeler dans^[son sein ^ il 
lui fit répondre par sea partis^uis d'une pjanière 
insolente. 



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Luther fut envoyé par l'Électeur et TUniver- 
sité à Orlamûade pour y prêcher cûutre les doc- 
trines de Carlostad et tout ramener à Tordre ^ 
maif il fift très mal reçu par le peuple. 

Carlostad s'habillait à Ortamûude plus sim*- 
pleBieat que les autres pasteurs» U ne souf&àit 
pas qu'où rappelât docteur^ il se faisait appeler 
fif^r^ André y voisin André, Il se soumettait à H 
juridiction dû juge de la petite yille^ pour être 
entièrement comme les autres bourgeois. (Lutb. 
Werke^t.ll, p, 18-W.) 



Page 1 55 , ligne 21 . — Luther obtint un ordre pour le faire 
sortir... 



« Quant au reproche que Carlostad me fait de 
l'avoir chassé^ je ne me dbagrinerais pas trop si 
ce reproche était fondé j mais^ Dieu aidant^ je 
crois bien que je puis m'en jo^iôer. Dans tous 
les cas , je suis fort aise qu'il ne soit plus dans 
notre pays, et je vQudrais bien qu'il ne fût pas 
non plus chez vous... 

» Se fondant sur l'un de ses écrits , il m'au^ 
rait presque persuadé de ne pas confondre 
l'esprit qui l'anime avec l'esprit séditieux et ho- 
micide d'Altstet (résidence dùMUn^r)} mais lors- 
que, sur l'ordre de mon prince^ je me rendis à 



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312 M£M(»R£S 

Oriamûndev parmi les bons chrétiens de Carlos- 
tad^ je n'éprouvai que trop bien quelle semence 
il avait semée. Je remerciai Dieu de ne pas être 
lapidé ni couvert de boue , car il y* en avait 
qui me disaient^ par fonkie de bénédiction : 
fc Va-t'en^ au nom de mille diables y e^ casse- toi 
le cou avant que tu ne sois sorti de la ville. » 
Malgré cela^ ils se sont arrangés et parés bien 
proprement dans le petit livre qu'ils ont publié. 
Si ràne avait des cornes , c'est-à-dire si j'étais 
prince de Saxe y Carlostad ne serait pas chassé , 
à moins que l'on ne^m'en priât bien fort. — Je 
lui conseillerais de ne pas dédaigner la bonté de^ 
princes.» (Lettre aux Strasbourgeois. Luther^ 
Werke, t. H, p. 58.) 

Carlostad^ au dire de plusieurs témoins, avait 
à son service un chapelain qui faisait le rôle de 
l'esprit dans les apparitions et révélations surna- 
turelles par lesquelles son maître en imposait 
au peuple. (Luth, briefe, édit. 1826, H vol. 
p. 625.) 

^ (( Carlostad était fort téméraire ; il a osé dis- 
puter même à Rome dans le principal collège, in 
dùmo Sapientiœ. Il est revenu en Allemagne tout 
magnifique et avee de beaux habits. C^est par 
pure jalousie qu'il s'est fait ensuite paysan : il 
allait tête nue et ne voulaîf; pas qu'on l'appelât 
cU^teur^ mais voisin. . ^ 



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DE LUTHER. 313 

» Carlostàd condamnait les grades et promo- 
tions dans les universités. Il dit un jour : a Je 
sais que je fais mal en élevant ces deux hom- 
mes au grade de docteur^ seulement à cause 
des deux florins ; mais je jure bien de n'en plus 
faire d'autre. » Il dit ces paroles dans l'église du 
château à Wittemberg, et je l'en repris forte- 
ment. (Tischreden, p. 4ï6.) 

» Dans la dispute de Leipzig , Carlostàd in- 
sista pour parler avant moi. Il me laissa à com- 
battre les propositions d'Eck sur la primauté du 
pape et sur Jean Huss... C'est un pauvre dispu- 
teur ; il a une tête dure et opiniâtre.... Il avait 
pourtant uûe très joyeuse Marie. 

» Ces troubles scandaleux font bien du tort à 
l'Evangile. Un espion français me disait eiqpres- 
sément que son roi était informé de tout cela, 
qu'il avait appris que nous ne respectionis plus ni 
la religion ni l'autorité politique, pas même le 
pi.ariage^ et qu'il en allait chez nous comme chez 
les bêtes. (Tischreden, p. 4i 7-4^^0 

Mort de Carlostàd. — « Je voudrais savoir si 
Carlostàd est mort repentant. Un ami, qui m'écrit 
de Baie pour m'annoncer sa mort j ajoute une 
histoire singulière : il assure qu'un spectre erre 
autour de son tombes^u et dans sa maison même, 
où il cause un grand trouble en jetant des pierres 
çt des gravois. Mais la loi athénienne défend de 



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^4 JrtMWHKS 

wiédin d€$ morts; c'est pourquoi je &'9}oaterai 
rien. » ( i6 £é?rier i54i. ) 

m Qiriotad est mort tué par le (fiaide. On 
m'écrit qoûp pendant qu'il fMédiait ^ il lui appa- 
rut, à Iw et à beaucoup d'autres, un homme 
d'uue haute stature qui eutra dans le temple^ ^ 
se mit h une f^ce ride aiq>rès A\m bmirgems , 
puis sortit et alla à la maison de Carlostad ; que 
là il prit sofi fib, qu'il troura seid , et Tenleva 
commepoiMr le briser contre terre, mais le laissa 
SHSS lui £ûre de mal, et hn ordonna de dire à 
sott père qu'il rerietidrait dans trois jours pour 
Famporter. Carlostad serait mort k troisième 
jour. On ajoute <pi'iq>ràs le sermon il alla trou- 
ver le boui|^iB, et hu donanda quel était cet 
homme? La boorgecMs vépondit qu'il n'avait rion 
yu« Je orab qu'il aura été ainsi sad» de terreurs 
s«idainrtt^ et que nulleautre peste ne l'aura tué 
que la peu* de la a^nt ; car il avait toujours eu 
pour la mort une horreur misérable.» ( 7 avril 
i54a.) 

P^IMy ligne If. — Le9 psy sans se sotdevèrefU Sabord,., 

Une circonstance importante de la guerre des 
paysans , c'est qu'elle éclata pendant que les 
troupes de l^mpire étaient en Italie. Autrement 



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DE UJTttm »^ 

U$ ^ulèv«re)çp# çjus^eiu été plu« vite /comprimés. 
J^$ paysan» 4» comte $j^i;mpn4 da liupffeay 
en Hégovie (1524), commencèrent la révolte 
k mm ^^ €Jb4r^$ /t}ui pe^aif^U pur eux ; iU le 
décl^»lî\çiM à <îuiUaiïewî 4e Fur*tewheig, mr- 
Noyé paur 1$$ jpédviîve; âU i^e s'étaiei^t poîliU; 
^oul^Ti^ ppar )g oame du luthimiiiîâme. JL^ 
premiers ^ ie» imirer furent le$ paysans de Ktmp^ 
taô^ qm prirent pour prétexte la sévérité de 
leur abbé; ils pénétrèrtmt dans les villes et diâ^ 
tfWX de i'i^bé^ brisant toutes les images ^ tous 
Jes oraiemea^ des temples. L'abbé pris par eux 
£at conduit à lieœpten, où il fut contraint à 
vendre pour trente^deux mille écils d'or tous ses 
anci^n^ drcâts. D'autres vinrent se joindre à 
eux^ et ild se trouvèrent^ près d'Ulm^ au nombre 
de quatorze mille. Ceux 4e Leipheim «t KhanUr 
beng étaient pour eux^ ainsi que les paysans des:en- 
irivoqs d'Augsbourg. Ces deux petites villes, assied 
gées par l^ liguede Souabe, se rendirent ; Tune fut 
abandonnée pour le pillage aux fantassins^ I>utre 
aux cavaliers. Les paysans vaincus se relevèrent, 
et cçn^^ fois tte dévastèrent phis seulement les mo- 
nastères^i mais les maisons des nobles. Un comte 
dh Montfort ^interposa avec les députés de Ra- 
v^n^perg et d'Uberlingen. Un grand nombre de 
paysans n'en furent pas moins mis en croix, dé-^ 
capîtés, etc. 



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316 MÉMOIRES 

Ce premier soulèvement semblait assoupi , 
lorsque Mûnzer fit révolter les paysans de Thu- 
ringe. 

Le pieux ^ Fénidit, le pacifique Mélanchton 
montra combien les demandes des paysanl s'ac- 
cordaient avec la parole de Dieu et la justice ; il 
exhorta lés prince à la clémence. Luther frappa 
sur Tun et l'antre parti. (Voir le texte.) 

Les paysans de la Thuringe y du Palat^aat ^ 
des diocèses de Mayence^ d'Halberstadt , et ceux 
de rodenwald , se réunirent dans la Forêt- 
Noire , sous la conduite de l'aubei^te Metzler^ 
4le Ballenberg. Us s'emparàrent de Mei^en- 
theim y et forcèrent plusieurs omîtes y barons et 
chevaliers^ de se réunir ^ eux. Les sujets des 
comtes de Hohenlohe^ déjà révoltés, vinrent les 
Joindre. Les comtes de Hohenlohe ayant reçu des 
paysans des lettres de sûreté, scellées avec une 
pièce d'argent à l'effîgie du comte Palatin, une 
conférence eut lieu, et les comtes promirent 
pour cent et un an d'obseirver les douze arti- 
cles. En signe de joie les paysans tirèrent deux 
mille coups de fusils. Plusieurs noblesse joignir 
rent volontairement aux paysans ; d'autres y fu- 
rent contraints par la force. La ville de Landau 
entra dans leur ligue. En même temps les pay- 
sans des environs d'Heilbronn se soulevèrent, et 
après quelques courses, se joignirent à la pre- 



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DE LUTHER. 517 

inière troupe. Plusieurs villes les appelèrent et 
leur ouvrirent les portes. 

Le traité fait par les paysans avec le vicaire de 
rélecteur de May ence^i^ fut signé de Goetz deBerli- 
chingen et de Geoi^e Metzler^ de Ballenberg. Les 
paysans envoyèrent huit de leurs chefs prendre, 
le serment de tous les babitans dû diocèse de 
Mayence. Le clergé de ce diocèse dut leur payer, 
en quatorze jours quinze mille* florins d'or. Les 
paysans du Rhingaw , opprimés par l'abbé d'Er- 
bach , se soulevèrent vers la même époque. Le. 
vicaire de l'électeur de Mayence ayant souscrit à. 
leurs demandes y ce tumulte s'apaisa. 

J^oici en substance les demandes des paysans 
cro Rhingaw. — Les ministres seront élus. Us 
vivront de la trentième partie du vin et du blé 
que la. communauté lèvera sur chacun; s'il ei). 
reste quelque chose ^ on le gardera pour les pau- 
vres et pour les dépenses de la communauté, — 
Egalité des charges pour tous^ à moins que 
l'on ne prouve y par des actes authentiques y les 
privilèges et exemptions auxquels on prétend. 
— Point d'impôt pour celui qui vendra le vin 
de sa vigne } le revendeur seul paiera. — Point, 
d'excommunication dans les causes séculières. 
— La servitude sera abolie, r— On refusera lo- 
gement aux juifs à cause de leurs indignes 
le juge ne fera aucune exécution à. 



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318 MÉHÔIRES 

rtisoti d^osilries, ntàk techetfiitPdL qtie) étûH le 
capital. 

Que le eotùtAérce de hàisâeàomtTtitiiorksfoit 
hbte ctwirnie il Pà fotTjmir^ été, et que céox âe 
Hfejrei^e if y dieftent ^iât ôbsfàdé. -^ fet^e^Éhàd 
ne sera plu^ reçu âttus- lés m^M^f ères ; tdcis 
Mfrùnt petnïksîMi âeA i^fî^. -— ^Le seigttéiH* 
Hé (yoiurrà {rfusi fûfétvénlr*, n^éme indifeétettyettt^ 
âûrts lels procès. -« Lef âM^t^af dtt K««r Tt^itter» 
siïr^tôus ïes betsoifis^ cjteà^ ^rièuVé^y de^ orpbelto^et 
des pupilles. —teis pàtUï^es, les ïi^ières^sefdnt 
libres, aittsi qtiela diâ^se^ en respectant t<)iitefefe 
les priviléges^ an ioragistrat et âû piince'.^^tie jûgei 
seta sdtMis aul métaes ehài^ qpe les à^^t^ 
citoyetts iwAïesr otf liow ilobles. -^Ottne jugera 
point selbn fe droit eanôiiiqefe âaiiks les dMsés 
sééuKères, mais selcfïi la côtttVHtte dtf Red.— Qtfe 
persoMe ne revetfdiqiiela prdpriéi» des*ft)rêts.-^ 
Sf la CoTttmtttiMté Sa RMngstW arrête quek{i«esr 
atitlre^ârtides;^ ils* dtevrmrt être àtceptés de ctetfx 
âTÈïbBx^. (Gncrtfcdius, apud Scharde^ térûm 
gerrriatrft. script, vc*'. H, p. t^ù^S.) 

Viùsttttfèctiott avait fiadt de gi*a«ids pf^gr^ 
ett Alsace; le cftic Amabie de Lortahiry d^n^* 
sécir atdem de PÉg^îse , rasseMfelaf my citwrps de 
UWupes, formé printîpalemeilt des dâ*is dr 
la bataifle de Patîe, et tomba sto les paysdto 
le i8 mai i5îî5, près dfe Lupfeastein. H les 



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-DE LtftHER. 519 

déftt, brirla "le bourg de Lopfenstein ^ec 
tous ses habitans , prit Saveme, où un grttïd 
nombre de paysans s'étaient retirés , et battit , 
quelques jours après, un troisième corps d'in^ 
surgés près de Scherweiler. Plusieurs historiens 
portent au-delà de trente mille le nombre des 
paysans qui périrent en ces trois rencontres. 
Trois cents, prisonniers furent décapités. (D. Cal- 
met , ïiistoire de la Lorraine, 1 , p. 49^ et suiv.j 
Hottinger, hîst. de la Suisse, p. îi8, Il ; Sleidan, 
p. ïi5.) 

Le général George de Frundsberg, qui s'était 
distingué à la bataille de Pavie et que Farchi- 
duc Fierdînand rappela en Allemagne pour ter- 
miner lâ guerre , nlmita point les cruautéî$ de$ 
autres chefs. Les paysans étaient retranchés près 
de Kempten. Sûr de les accabler par la supé- 
riorité de ses forces , il évita Feffnsion du sang* 
n contint Kmpatience de son collègue George 
de Waldbourg , et fit secrètement exhorter les 
paysans à se disperser dans les forêts et 1^ 
montagnes. Us le ctmem, et ce ftd! leur salut. 
(Wachsmufh, p. td^. ) 

Une chanson franconienne faite après la guerre 
des paysans, avait pour devise : 

« Gare k toi^ paysan , mon cheval te renverse » 

C'était la cmitMr-partîe dû chant de guerre des 



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3!K) MÉMCHRES. 

Dithmarsen^ après qu'ils eurent défiaiit la garde 

noire: 

« Gare k toi^ caralier , Toila le paysaâ. » 

Les paysans soulevés avaient en général adopté 
pour signe une croix blanche. Certains corp» 
avaient des bannières sur lesquelles était repré- 
sentée la roue de la fortune \ D'autres avaient 
des sceaux sur lesquelles on voyait un soc de 
charrue avec un fiéau^ un râteau ou une fourche^ 
et un sabot placés en croix. (Gropp , chronique 
de Wurtzbourg, I, 97. Wachsmuth, p. 36.) 

Il parut en i5a5 un violent pamphlet ano- 
nyme intitulé : « A l'assemblée de tous les pay- 
sans. » Ce pamphlet , publié dans l'Allemagne 
méridionale^ porte sur le titre une roue de la 
fortune^ avec cette inscription en vers alle- 
mands : 



« Le moment est venu pour la roue de fortime^ 
» Dieu sait d'arance qui gardera le haut. » 
« Paysans, 1 « Romanistes^ 

» Bons chrétiens. » | » Sophistes. » 



^ Des ténoignages précis font voir que ce n'étaient pas des 
roues de charrue comme symboles de l'agriculture. 



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DE LtFTHER. 321 

Phis bas : 

« Qui nous fait tant 5Uér? 
» L'avarice de8( flfei^neurs. n 

Et à la fin- 

c( Tourne) tourne^, touiiM? , 

)> Bon fré^ mal gré^ tu dois tourner. » 

(Stxobel^ Mémoires sur la littérature du seizihne 
siècle y II, J). 44- — Waebsmuth, p. 55.) 

Les paysans s'étaient vantés que lear conseil 
génélral djurerait cent et un an. — Après la prise 
de Weinsberg, ils décidèrent dans ce conseil de 
ne plus accorder la vie à aucun prince / comte , 
baron, noMe, chevalier, prêtre^ ou moiiie, « en 
un mot à aucun des hommes qui vivent dans 
l'oisiveté.» En effet, ils massacrèrent tous les no-; 
blés faits prisonniers, pour Tenger , dismeni-ils, 
lia mort de leurs frères de Souab^.^. Parmi ces 
nobles , tués par les paysans, se trouvait le mari 
d'une fille naturelle de l'empereur Maximîlien ^ 
ils k conduisirent eHe^même à^Heilbrona dans 
un tombercfau à ftimier. Ils détruisirent utf grand 
norabî^e dé «cbuvèns ; ' dans^ là- seule FrahConie 
deux cent qtralre-^vh^gt^trîeize irfOfi^astères <m 
châteaux furent déliràslési. ^ * ^ ^ - ' 

I. 21 



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3S«| MÉMOIBËS 

Lorsqu'ils pillaient un château ou ^n mo- 
nastère, ils ne manquaient jamais de courir d'a- 
bord au cellier po^r y bo^re le vip ^ puis ils se 
partageaient entre eux les ornemens d'église et 
les habits pontificaux. (Haarer [Petrus Crinitus], 
apud Freher, III, a4a-6.) — Au monastà'ed'Er- 
bach^ dans le Rhingaw, il y avait une immense 
cuve .contenant quatre-*- vingt ^quatre grands 
muids de vin. Elle était pldne quand les paysans 
arrivèrent; ils n'en laissèrent pas un tiers. (Co- 
<*1^W>P4 ^«80 ; 

Ils forçaient leci sQjgn^ur^ de leur envoyer l^ars 
l^ysan^. lA coaseiUwnv»iro, lettf épfivaieDt- 
ikt y a ^<^ que vou$ féufàvi^z ycH^e peuple et 
qt^ voua noy* mvn^'m ks hpnimei»! après les 
avw.açmés» Si yqw^ n» le feit;^, \^^ poiff cer- 
tain que.wn^ seFfî(||«s ipc^taip ^ votre vie 
et de Twbienfv -rr (Hwper, Rpv4 FfPhç«^> t.ni, 

P* 34701 ' ' — - ■-. 
Lea finxHteçs.pfir^t, j^i à te g^^j^ ^^ p^y- 

m^* ©« côté i^.Beilbiwiï»! ^^*§ nwrçhsâçqt 
téiwctf âfiw i«i«i b.2^iH>ièiKi| ( Jd^;i?rt II^^tQîir^ de 

» Q»a54:i;<w[ipft)WD6 BWpèrwt t? flwwt^ de 
Lû^^a^teW'li^tl Wi^iQ^jB^v il fqt?ftjpw<ïVieviT. 
ftôment . «Iii4i 4'm pft^nt^ Vfl,yjieju^-p^S?û 
fUi te vî|:y s'OT^nçft WS§i^/^f;a^Ç:3» hMlebaç^^ 
et dit au passant : « ï^rquoi; t'indifàçs-rtp? 



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DE LUTHER.' SB 

Je vaut i^iiliànt que luÎ4 » (Jœger^ Histoke de 
Hd;Ibix>fm/ H , p. 3«. ) — Les paysans s'amu^ 
salent à feire Met les chapeaux aux tioïAes de- 
vafnteux. 

Les paysans de Wvéohé de Wùrzbourg , con* 
duits par tffi homme de tête, nommé Jacques 
Koh\, demai^èrent que les châteaux fussent 
démolis et qu'apoun nc4>le ne pût avoir de c^-* 
val de guer^. Ils voulaient que les nobles n'euâf- 
sent d'autre droit que le droit commun. (Stompl^ 
Faits mémorables^ de l'histoire de la Franconie> 
t. II, 44* Wadbsmuth, p. $8, 7a.) 

i(c Lorsque Mûnzer étmt à Zwickau, il vint 
trouver une belle fille , et Im dit qu'il était en 
voyé vers elle par une Voix, divine pour dormir 
avec elle ; sans e«da it ne pouvait enseigner la 
parole de Dieu. La fille l'avoua en confession 
sur son lit de mort. (Tischred. , p. agti.) 

9 Mânzer établissait des degrés dansi'étai; du 
ehr^ien , 1^ le dégrôssissement (entgvobuivg ) 
pour cehii qui se dégageait des péchés les phis- 
grossiers, la gourmandise^ l'ivrognerie ^l'amour 
des femmes; a^ l'état d'étode , lonsqu'on pensait 
a une autre vie et qu'ott travaiHait à s'aiBéU0<4 
ver; 3^ la dmlasplation , c'est^i-^re les niédi^ 
tations sur fespéchés et sur la grâce ; 4^ l'^«- 
nui, c^est*à-dire l'état où la craime de la kd 
nous rend ennemis de nous-ntémas et nousins*^' 



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3â^ MÉMOIRES 

pire le regret id'aToir pécAié ; 5^ iStu^^&^sionem. 
graiiœ , le profond aband<Hi y la fiTo&Hide in- 
crédulité , et le déseqpoir tel que celui de Judas; 
ou au contraire, l'abandon de la foi en Di^i^ 
lorsque Ton se met à sa disposition > et qu'on, le 
laisse Dure*... Il in'écrivi( une fois à moi et à Mé- 
lanchton .: « J'aime as$ez que vous, autres de Wit^ 
temhergy i^us atJ;aquiet ainsi le pape, mais vos 
prostitutions quA vous appelez mariages , ne me 
ptaiseot guère. x> Il enseignait qu'un homme ne 
doit point obuchër avec sa femme à moins d'^xe 
préalablement assuré par une révélation divine 
cpi'il engendrera un enfant saint; sans cela, 
c'élait commettre un adultèl^e avec sa femme. 
( Tischteden , p. 292-3 . ) . 

Mûnzer était, très instruit dans les lettres sa- 
créefik T— U axrait reçu sa dottrine, disait- il, par 
des révélations divine , et il n'enseignait ri^i au 
peuple , il n'ordoAndit rien qui ne vînt de Dieu 
même. Il avait été dbassé de Prague et de plu- 
sieurs autres villes. Fixé à Abtaedt en Saxe , il dé^ 
clama contre.le pape, et ce. qui était. plus dan-^ 
gereux, contre Luther même* — L'Écriture, 
disaitoil , promet que Diemaccord^ra ce qui lui 
est demandé ; or , il ne peut iviuser un s^e à 
cekii'q^ cherche là vraie ccmnaissance. Cette re- 
obèrche est agréable à Dieu, et nul doute qu'il 
ne «déclare sa volonté par quelque signe certain. 



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DE LUTHER. 32i5 

Il ajoutait que Dieu lui ferait entendre à lui- 
m'énie sa parole, aiîisî cju'il avait feît pout Abra- 
ham y et que si Dieti refusait de comnîunlqùèr 
^ec hii «omtjfie il avait - com'mn^iqu^ â'^ec lès 
patriarches^, il lancerait deis trai^ ciÈ«itèelui(?)î, 
ieU in sh ipjsfO^ tor^iumm. T) diisait que Dieu 
tiianifesiait, sa 'vôl^ntJé par fe& ^diïgés .' f Gnodalids, 
ap. rer, gerni. sorip. M', ^-JîSi.) ' . 

Pendant cjue Mùnzer exhortait leè piàysansy, 
avant le combat de Frankenhausen, un arc-en- 
ciel parut au-'dessus d'eus. Comme les paysans 
avaient ciît eràbïènlë *slir leur Baùniere, ils se 
crurent dès-lors assurés de la victoire. (Hist. de 
Mûnzer ps^r Mélanchton ,, Lpth. Werl^e ,. t. H , 

p. 4oSr.) , , ^ 

Page 170, ligne ^. — Luther ne pçmait garder le silence., \ 

Dès faniiëe l'S^ ,^'îl'^âvli'f *exhort«'^ Télecteur 
Trédéric; et lé duc Jean a prendre âes mesurés 
vigoureuses contré lés paysans en révolte. 

w ... Jésus -Christ et ses apôtres nVnt point 
¥énveréé lès tènij^lés ni brisé lès iùi^gès.' Ils ont 
gagné les éiprîts par"' la pdrolé dé Efieu y etle^ 
images, les temples sb'nt tombés' d'edx- mêmes. 
Imitons lettt» exemple.' Songëoils à détacher les 



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9i6 NIÉIIQtREÇ 

écrits des couveofi ei di^ la wpeiï^iUiioû. Qu'ea- 
suite 1^ autorités fas^nt des couy^^fis et àes 
images délaissés^ ce.qu0 bQoJeur seai];>lera. Que 
nous importe que les bois et les pîerDes' Subsis- 
tent > si les 4{$prits sont afi&ân<:his? .,. Ces 
violences peuvent éti« boluies ^pour des jimbi*- 
tieux qm veidentse feire uo Bom^ jamais pour 
ceux qui recherdbent le ^\^t des âmes.,. 9 
(ai août 1524.) . 



Page 171 , ligne 7. -r £xAar(a<idn à l^ paix.^^ 



«c Exhonadon sineire du docteur M. iMther a 
Ums les chrétiens pour qu'ils se gardent de l'esprit 
de rébellion. i5a4-*^L'hoiniDe du peuple^ tenté 
hors de toute mesure^ et écra^sé de char^ intolé- 
rables^ ne veut ni ne peut plus supporter cela, et 
il a de bonnes raisons pour firapper du fléau et de 
la massue^ comme JWi ffe la proche menace de 
faire... Je suis charmé de .voir que les tyrans 
craignent. Quant à nioi , menace ou craigne qui 
voudr^, etc. . ^ 

)) Cest Fa^torité séculière et les, nobles qui 
devraient, mettre la main à t'ceuvre.(^ Toeuv^re de 
réforme); ce qui se fait par les puiçs^ces régu:- 
licres ne peut être pris pour séd^tion.^»^ ,.. 



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DKLimiÉfe. m 

• . Aprà^ avoine 4it qa^t frilàk Htië insuri^ection 
^pîHtâelte ei'i^dri iWci^^K^le r «fibbieh ! répuirdk'^ 
âildte à ^épan^e Id ^aitit Évàngite; ^h^€figiié, 
éeiii^ f»^éfcéque tbUt étal^ié^iliëiit humain tl'#st 
•iieii ; âiteukdè «dût le )À6hAe dé '^€ Ibire t)i*ètrè 
|)i»(9sf6 , «Toiâe , religiettsé V H tôiis céuk t^iÀ sont 
tb -dedans i d6in6«6iflé--kurtl'ëh soriir; cesse de 
<îolïflèffd^ Pâi^geht )[k)ur tes biriles, lès cierges, 
j€f4 dôohës, le^ tableaux, les églises; dis^eur qiie 
la vie chrétienne éénéistè ààiis là M et là chàdté. 
Continuons deux ans de la sorte, et tu verras ce 
que seront devenus pape , évêques, cardinaux^ 
pré^iite'^ te^îtf^, teligièiisès", tSdiftifes, ^Oër^ 
d'églises , mëlssès , vigiles , toutanes , chapes , 
tonsures , règles , statuts , et toute cette vermine, 
tout ce bourdonnement du règne paj^aL Tout 
aura disparu comme fumée. >> ^ 

Après avoir recommandé la douceur el la pa- 
tience envers les faibles d*esprit qu'on veut 
éclairer, Luther coiilinue : m Si ton frère avait 
le cou cruellement serré d'une corde , et que , 
venant à son secours, tu tirasses la corde avec 
violence ou que tu y portasses précipitamment 
tbfci couteau^ n'éiranglerais-m pas, ne blesserais- 
tù pas ton frère? Tu lui ferais pi ils de hial que là 
cërde et rennemi qui Vaurait lié. Si tu veux le 
secourir , attaque fennemi ; la coï'de ^ tu la lou- 
cheras avec précautron jusqu'à de qu'elle soit 



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19B MÉBfOiBEf»: 

ôtée. C'est ain» qu'il &ul t'y prcândte. Ne ménage 
pas les fouil>es et les tynios endurcis^ porte**leuf 
des coups terribles, puisqu'ils ne veulent point 
écouter; mais^les simples qu'ils ont cruellement 
garrottés des liens de leur fausse doctrine , tu 
les tcaiteras tout autrement^ tu les délieras peu- 
à-peu, tu leur diras la raison et la cause de 
tout^ et tu les a£&anchiras ainsi ay^ le temps... 
Tu ne peux être assee dur envers les loups, 
zssez doux envers les fiaibles brebis., » 



P^e JKK), li^ Q. — O^s^éUmnê de la dut^av^ Im^uMs 
IfuAer parle de leur défaite,.* 



A Jean Ruhd, beau-frère de Luther. — « Cest 
diose lamenlible qu'on en finisse ainsi avec ces 
pauvres gens ( les paysans ), Mais comment faire ? 
Dieu veut qu'il se répande une terreur dans le 
peuple. Autrement^ Satan ferait pis que ne font 
maintenant les princes. Il faut bien préférer le 
moindre mal au plus grand... » ( 23 mai i525.) 

(( ,.. Ce qui me porte surtout à écrire si vio- 
lemment contre les paysans, c'est que je suis ré- 
volté de les voir entraînei* les timides de force y 
et précipiter ainsi des innocens dans les cji^ti^ 
^nens de Dieu. « (3o mai iSaS.) 



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DE LUTBE^. m9 



Page âOI y ligne ISL—.ZiiCiWr in$miéd^n. e/tfqbtmt.. qufl 
P^t s'établir à Kembeirg.,,. 

,- , , ■ ' •> 

Carlostad , aprèsi avoir obtieQU 1$. peraiisslop 
de re$te;r à Kemberg, ne ^-y tint pi^s tranquiltei, 
comn^e il Tayait pit^omis^ Il fit ^inprimftr/eti r^ 
ps^nd^e fClai^e^tio^ment.^v^ff^'jiiWfidfwtcrtHr^ 
difiE^ep5 écrits contre Luthçç^y^$ s'ftdrw» en 
xne^aie te^i^ps 9U chanceMei: BfUf^pour â^i^ainr 
dre,c|es to;rts que. scm aqcien ^drer^^âriç. ^aumif: 
jd»$, envers lui . Luther , en ; ayfint ' é|é , inrttnît^, 
éjcrîvit au; chancelier pfi^oAui e^pf^r oe> qui 
$'é^it; passé en tp*e Ipi et Carj^lad^ ; et «9 qn?iï 
peififait de cç deTOÎflr iC^4 .»«pt l/5si8.) «< **. En 
vérité, 4itril},ie ne aaip que répoodm h deipar 
i^jgr^fc? Ail moindre iqal^iafuiiqoindreidW 
grément qui lui arrive^ il fautqi^^fj^gl^riffn 

soit la cause Par compassion^ j'avais bien 

voulu qu'il vint m'exposer ses scrupules^ et j'a- 
vâîs tâché tfyréjpbndrè à son contentement : il 
m'en faisait *âes rémercimens , et cependant j'ai 
vu depuis^ par une de ses lettres à Schwenkfeld^ 
qu'il se raillait de ma bonne/ .ygUnUé et jje ma 
compassion. P^puis ce temps mon co^ur s'est 
détourné ()e lui... . 



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33D llfillDllfiS 

» & on ne le surreîUe de plus près , pour 
Fempèdier de Cadre imprimer ces écrils anony- 
mes {ifafoik mil bien étn^ de hii ) , qui croiiti à 
la longue que ce soit ^os le consentement de 
notre gracieux seigneur, et à notre insu^que Car- 
lostad séjourne parmi nous? D'un autre côté , 
t?il sottait de Félectorat , H exciterait probable- 
iMtit des trottbies , et Ton ne nutti^uerâit pas 
d^en rem^ re9ponsri>le notre seigneur qui au- 
rait pu les piré^enii* en retenatit sous sa main cet 
iiortime dângérem. Le souvenir de Mfinzer tne 
Mi peur... Mon atpis serait donc qu^on hri Ht 
itrtciement obsérter le ^lence <fà!9 a juré de 
garder, et qu^én ne le laissât point sortir dû payis 
jusque nouvelle déMiùn: T)ti paillés sévères 
sul^rant^ j'en sim sât, cajt il é^ï &d1e de lai Im-* 
•pésèr par du tbn fnwé^t déèidé. Quant à fiioi, 
îe iM trouve bieft pont dé^ Tatoii" fedt revenir 
fartni notié, et #aiR^ sf in^prodeiiiment cbnvié 
ftiun à Iak talrfe. n 

pourra encore Inen tourner four CarJo^ad*.. 

a Met, otitA ^Vôns baptisé ild fils de Cahrlb- 
rtad^ ouplutètnoua avons' reba|>(lsé le baptétt^é. 
Qui aurait cru, Tannée dernière Vb[iie èetfcl qui 



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ne ODiFHSR. 951 

AppdaieÀtle bii|)lèif?e îin tyâi* ^ c^Â^, iè de- 
mànderaiiMl âtijt^ûrd'hfii "à leùr^ qndm» ^tmé^ 
i<ri«?*> (février * 5^6.) Mais wtt reuHil^ A^étaH (kiitit 
smeère.^ It ^t avfjcnofiâ^ ii(At5 ét^t^Mdm teM^ 
mener dans la botine tt^é V tMàsr le miéérabte 
s'endurchdejèurenjoul*. ToiitdSBiiftli i^rsHiilélui 
lénne k boudbie; » (ûSnd^ieîttbrfe'^iSft 7;) Quel- 
ques' mois plus tard il édita uo >de ses latnis ': 
jM CôUe Sr^re de CMostad / que je >tieii6 ^m 
mon sein , remue et s'agite , mais n'osé sèrtiK 
Plut à Dieu que tes fanatiques l'eussent parmi 
eux et que j'en fusse délivré. » ( 28 juil- 
let i5a8,) ' v\r . î . ; 

« Carlostad est absent depuis quelques se- 
maines^ on pense qu'il est allé retrouver les 
sieos ^ (^QTfiher $im^^. <^'4lAHIf y jp0ftqu'il 
.o'e^^ point (i:]te hom ptMédé^i qui:ipifis8è&9t le 
jx^^men^^ « (2^7 octtAwCîiSjiy,) OMdasèddmrqHtt 
ciij|{)|>0rtër long -^ lêmps la pmfttttioB 'hautaîw 
et memçadtie'.i^ liiAher ; il s>on£iii| auii i^s^ 

M I GarlOÉtad i^'ett . ^rrêié jan.^ Ftisei ^joyeéx* i6t 
^itoqpSian^^ifta j^peié safirmne^à kirpai^me 
4èttrfi de glorioteict idefiHicîlaiioafi^. v ^iMoti i^Bâg.) 

. Lutter jpria U diancd^eé deifÉleçetûr^OfaTié*- 
tim Bajr^eir^vdeoiaiiiè pioconder à €|arIostari' pu 
fiaui&^cioiiiduli .: m La femma «dot^ Garlostad 4n> 
jMTÎé îpstamilienèfdè ih'^aiplojfsr auprès > de lâbti 



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3M MiMOI&B»: 

gracijCuxfieîgQear pour obtwîr «m «anf-cokkUiit 
à âon ma?i> qui désiretmt reYènii; parmi sknis. 
Quoique j'aie* peu <<)e eotffliuioe<tlan$^ ie succès Ae 
cette demande > JQ n'ai |>u cependant lui refuser 
mon appui; » (i8 juillel lâ^.)* > * 

Luther intitula ItUH de.se^^rî^.boiitre Car- 
loâtad : a De la Boble et gracieiise dame , dite 
rhabile- jinteUi|^noe du docteur Carlostad sur 
le point de rE«K^ari$âe«?»: (Luth. Wécke^ t. Il , 



Page SM, ligne 14. — Contre les princes*.^ 



u Am^ princes et i^êigMUrs^ VdUs êtes trop 
fireiBié» de mevoif mowir,^ mpiqui nef iuisi qu'un 
pauwe'lMMniBei v^s^croyeziqn'^près cela tous 
awrez vaincu.* Ma!» si vous arviéz^das oreilles pip^n* 
eûiendre^ je vous dirais d^éirrkn^sichoses : c'est 
que si Luther ne vivait, aucun de vous ne serait 
aùr/desaivieètde^ ses 'biens. )Sa m(Siftiaer8âï>pour 
vous tous une calamités Çontiauer tô|itefoi5 
joyeusement^ tuer ^.'hirûiek'^lpbui> m^ je ne cè^ 
derm poin^y si Dieu le permets Vbilà qui je suis ; 
oep€todant y je vouaèn'svpplftei^oyëz ^ssez^bons , 
quand >v€nAs .m^aareztué , ^oui ne pas >è(ie< ressus* 
citer et me tper une seoohde fbi^. i .* Je^n'aipas^af- 



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DE LUTHER. 553 

faire^ je le vois, à des hommes raisonnables; 
toutes les bêles de rAllemagne sont lâchées con- 
tre moi y comme des loups ou des porcs qui me 
doivent mettre en lambeaux..... JTai voulu vous 
avertit^, mais cet avis vous seta certainement inu- 
tile ; Dieu vous a frappés d'aveuglement, » (pas- 
sage de Luther/ cité par Ck)chl8eus<, p. 87.) 



Page 207, ligne 7. — Sucer.,, dissimula quelque temps ses 
opimons aux ^eux de Luàier, . . 



Le 25 mai i524> Luther écrivait à Capiton : 
<c II y a des gens qui s'obstinent à affirmer que 
je condamne votre manière d'agir, à toi et à Bu- 
cer... Saiis doute ces vains bruits sont nés de 
cette lettre que je t'adressai , que Ton a depuis 
tant de fois imprimée, et qu'on vient même •'de 
traduire en allemand. C'est ce qui me détourne 
presque d'écrire des lettres, quand je vois qu'on 
me les enlève ainsi malgré moi pour la presse, 
tandis qu^il y a beaucoup de choses qu^on peut 
et qu'on doit s'écrire entre amis , mais que Pon 
ne veut voir répandre dans le public. » 

Le r4 octobre i539, H écrit à Bucer : « Tu 
saliieras respectueusement pour moi J. Sturm et 
J. Calvin, doiit j'ai lu les livres avec un singu- 
lier plaisir. » 



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Page Î08, lîgûe 6. — ZwingU, OEcolampadc... 

« Œcolampade ei Tm^i om 4û : « Nous res- 
tons en paiï av«c XiUtber^ paroe qu'il Qst te pre* 
mier par qui Dieu ait donné l'EvangUe ; mais 
après «a mort, nous ferons valoir de nouveau 
nos opinions* » Ils ne savaient pas qu'ils dure- 
raient moins que Luther. » 

« Luther disait qu*on devait se contenter de 
mépriser ce misérable Campanus et ne point 
écrire contre lui. Alors MéUnchton se siîtà dire 
que son avis était qu 'çn devait Iç pendre, et qu'il 
en avait écrit; à son m^ce FÉleq^ur. 

« Campanus croit savoir plus de grctc qiie Lu- 
thçr et que Pomer. Le chrétien e$t, ^loa lui, 
un hpmme parfait jet infaillible ; il fait de Thomme 
une bûche, comme les sMLçi^n3f Si qou£f ne seu-- 
tions aucun combat en noti^, jç i^^ voudrais pas 
donner un Uard de tputes leif prédication^ et des 
sacremens. » (Tiscbredea, p. a83.) 

ZwingU 03e dire : « Nous voulons dans trois 
ans avoir dans notre parti la France, l'E^pa^e 
et l'Angleterre. -^ *** introduit s^es Uvr^îs sous 
notre nona de Suisse en France, de sortie que 
plusieurs ville.^ en soflt infectées... J-ai plusd^s- 
pérance dans ceux de Strasbourg. » 



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DE liUmW.. 3» 

mais il a pris ensuite de ramejrtuniiQ et d^ ^ai-^ 
grçur, ZwingU a ét^ vn homipe g^i et aimable , 
et pourtant il e§t devenu truste et sopifare,» (Tjis- 
chreden^p. a830 

< Après fivoif entendu SPwinglî a fa conférence 
de Marbourç, je Fai jugé un homme excellent, 
ainsi qu*<3Ec6lampade... J*aî été très affligé ée te 
voîr]^bMer le Bvirel de Zwingli au roi très chrétien^ 
arec force louanges pour ce livre, tandis que 
tu savais qu'il contenait beaucoup de choses qui 
ne me déplaisent pas seulement à moi , mais à 
tous les g^s pieux. Non que j'envie l'honneur 
qu*onrend à Zvdngli^ dont Ta mort m'a causé 
tant de douleur, mais parce qu'aucune consi- 
dération ne doit porter préjudice à la pureté de 
la docbririe. » ( 1 4 mai 1 338. ) " 



Ptgie 906» U||te i(l *^ Jir f9iKiiaô oïdw f^m^ 



f' Maituer Bacer se croyait auurefots. bien san 
vant i i\ ne- l'a jamais ^té, car ii écrh dansiuir 
livr&q«0 tdos les peuples ont ime seule religiea 



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335 MËMOIIES 

et sont ainsi sairrés. Certes^ ceU s'appelle extra- 
Taguer.i (Tlsdipeden, p. i84.) 

(c On apporta au docteur Luther un grand li- 
vre qu^avait écrit un Français nommé Guillaume 
Postellus y sur TlTiufe dans le Monde. U s'y don- 
nait beaucoup de peine pour prouver les articles 
de la foi par la raison et la nature^ afin de pou- 
voir convertir les Turcs et les juib et amener tous 
les hommes à une même foi. Le docteur dit à 
ce sujet : « C'est prendre trop pour un mor- 
ceau. On a déjà écrit de pareils livres sur la 
t|)éologie naturelle. U en est advenu à cet auteur 
selon le proverbe : Les Français ont peu de cer- 
velle. Il viendra encore des visionnaires qui en- 
treprendront d'accordar tous les, genres d'ido- 
lâtrie avec une apparence de foi et de l'excuser 
ainsi. » (Tisdureden, 68, verso.) 

Bucer essaya plusieurs fois de se rapprodier 
de Luther. « Je pub bien pour ce qui me regsirde 
user de patience avec vous , lui écrivit Luther , 
et croire que vous ne pouvez revenir si brusque- 
ment; mais j'^ dans le pays de grandes multitu- 
des d'hommes ( comme vous l'avez vu à Smal- 
kalde) que je ne tiens pas tous dans la main. Nous 
ne pouvons sou£Erir, en aueune manière; que 
vous prétendiez n'avoir point erré> ou que vous 
disiez que^nous ne nous sommes point entendus. 
Le meilleur pour vous serait pu d'avouer firan- 



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DE LOTHEH. 52?f 

chement^ ou de garder le silence en enseignant 
désormais la bonne doctrine. Il y en a de notre 
coté qui ne peuvent souf&ir vos détours^ comme 
Amsdorfy Osiander, et encore d'autres.» (iSSa.) 
Il y eut après là révolte des anabaptistes^ 1 535^ 
de nouvelles tentatives pour réunir les églises 
réformées de Suisse^ d* Alsace et de Saxe dans 
une méitoe confessiolï. Luther écrit à Capiton 
(Kœpstein ), ami .de Bucer et ministre de Stras- 
bourg : « Ma Catherine te remei'cie de l'anneau 
àHoT que tu lui as envoyé. Je né Tai jamais vue 
plus £àdhée que quand elle s'est aperçue qu'où 
le lui avait volé, ou qu'elle l'avait perdu par né- 
gligence , ce que je ne puis croire , quoiqu'elle 
le répète sans cesse. Je lui avais persuadé que 
ce don lui était ' envoyé comme un heureux 
gage de la concorde future de votre église avec 
la nôtre : la pauvre femme est tout affligée. » 
(9 juillet 1537.) 

Page 211 , ligne 15. — Je ne puis i^ accuser (t entêtement... 

« J'ai quelque chose qui défendra ma cause , 
lors même que le monde entier extravaguerait 
contre moi : c^eist ce qu'Érasme appelle mon 
entêtement à affirmer {pervicacia asserendi)-» 
(i** octobre i5a3.) 

I. aa 



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558 MÉMOIRES 



Page SI 5, ligne 9. — De Uhero arbltrio... 

a Tu dis moins 9 mais tu 9ccor(ies plus au li- 
bre arbitre que tous les autres ; car tu ae déÇ- 
nis point le libre arbitre y et pourtant tu hii 
donnes tout, «Taccepterais plus volpntiers ce 
que nous dfsent sur ce point les sophistes et 
leur maître Pierre Lombard , pour qui le libre 
arbitre n'est que la faculté de discerner et de 
choisir le bien, si l'on est soutenu par la grâce, 
le mal , si la grâce nous manque. Pierre Xiom- 
bard croit avec Augustin que. le libre arbi- 
tre , s'il n'a rien qui le dirige, ne peut que con- 
duire l'homme à sa chute , qu'il n'a de force cpie 
pour le péché. Aussi Augustin,, dans son second 
livre contre Juliert , Tappelle le serf arbitre , 
plutôt que le libre arbitre. (De servo arintrio y 
p. 477j verso. ) 



Page 21 5 , ligne 11. — // reconnut que la véritable question 
'venait d'être posée,,. Il hésita quelque temps à répondre.,. 



« On ne sauipaît croire combien j'ai de, dégoût 
pour ce traité du Libre arbitre; je n'en ai, en- 
core lu que quelques pages. .•• C'est un grand 



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m; LUTHER. 5S9 

ennui que de répondre à un si savant livre d'un 
si savant personnage. » (i®' novembre i5a4.) 

Gepei^idant il ne pouvait laisser passer ce li- 
vre sans réponse, d J'ai tué, dit-il quelque part ^ 
par mon silence^ Eck, Emser , Cochlaeus. » Mais 
avec Érasme , il n'en pouvait être ainsi : son, im- 
mense réputation rendait une réfutation néces- 
saire. Luther se mit bientôt à l'œuvre : « Je 
suis tout entier dans Érasme et le libre arbitre, 
et j,e ferai en sorte de ne pas lui laisser un seul 
mot de juste, comme il est vrai qu'il n'en a pas 
dit un seul. » ( 28 septembre i525. ) 

Page 214 , ligne 7. '— It njr a plus ni Dieu ni Christ... 

u Si Dieu a la prescience, si Satan est le prince 
du monde , si le pëdhé originel nous a perdus ^ 
si les juifs, dierchant la justice, sont tombés 
dans l'injustice, tandis que les Gentils, cherchant 
l'injustice, ont trouvé la justice (^raet5 et inspe-^ 
rato)y si le Christ nous a racheté^ par son sang , 
il n'y a point de libre arbitre ni pour l'homme ^ 
ni pour l'ange. Autrement le Christ est superflu, 
ou bien il faut admettre qu'il n'a racheté que la 
partiei la plus vile de Tbonmie. {De senfo atbi" 
trio , p. 5a5 , verso. ) . 



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540 MÈimiES 

P^ge S15 , ligne 9a — Pbis Lalker se débat... 

Poussé par la contradiction^ Lnther arrive à 
soutenir les propositions suivantes : La grâce 
est donnée gratuitement aux plus indignes^ aux 
moins méritans ; on ne peut l'obtenir par des 
études , des œuvres, des eïforts petits ou grands ; 
elle n'est pas même accordée an zèle ardent du 
meilleur, du plus vertueux des hommes, qui 
cberdie et suit Ja justice. ( De s&rvo arbitria, 

p. 520. ) 



Page S16 y ligne 1 . — Jusque son dernier jour^ le notn 
d^ Érasme j etc... 



« Ce que tu m'écris d'Érasme,. qu'il écume 
contre moi , je le sais, et je l'ai bien vu par ses 
lettres.. . C'est un homme très léger, qui se rit de 
toutes les rdigions, comme son Lucien, et qui 
n'écrit rien de sérieux, si ce n'est par ves^^eance 
et pour nuire. » (aS mai iSag.) 

« Érasme se montre digne de lui-même, en 
poursuivant ainsi le nom luthérien, qui bit sa 
sweté. Que ne s'en va^t-il chez ses Hollandais , 
ses Fvançtt^, ses Itdtois, ses Anglais, etc.?..* Il 
veut par ces flatteries se pr^rer un logement , 



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DE LUTHBR »1 

mais il n'en trouvera pas et tombera à terre entre 
deux aeiles. Si les luthériens Taraient haï ooipme 
tes siens le haïssent , ce ne serait (|ù'au péril de 
aesjxmrs qu'il vivrait àBale. Mais que le Christ juge 
cetatbée^ ceLuden^ cet Épi cure. )» (7 mars 1529.) 
Gettp lettre se rapporte probablement à la pu- 
blication stûvante : Can^h fuosdam qui se fatsà 
jfoitant Eotmffèlico^ j epis4ùla Desid. Erasmi Rot 
fkm reetns édita Hschùliis iHustn^^' Ad Vultn-- 
riam ùfeeemwm da$^ TVib. iSsg. in-8^. 

Page SIS, ligne 9. — €es détours, etïa conduite équipoque 
. d'Érnsmâ j n^aUaient pùini à V^rgie de' Luther. 

. • , . ' ' *'■ 

K Je te vois, mon cher Érasme, te plaindre 
dans tes écrits, de ce tumulte, cft regretter la 
pkfl,laboneorde, que nous avons perdues; Cessé 
de te plaindre,. de chercher des remèdes. Ce 
tnAiidte^ c^est par ht volonté de Dieu qu^il s'esft 
élevé et qu'il dure encore; il ne cessera pas avant 
q«ie^ tous les adversaiires de la parole de Dieu 
soient devenus comme la boue de nos carre- 
fours. » ( De servo orhitHù, p. 4651 ) 

• ' Fage 2W, ligncï^. — Màrm^ de Luther... 

Ludier, en prêchait krtnariaged^prltres^, ne 
'so^geaH iqa.-àm0W^J8i| 0» boot^^i» .démenti 



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Mt MÉMOIRES 

qu'ils donnaient chaque jour à leur vœu de dias- 
télé ; il ne s'avisait point alors qa'tin prêtre marié 
pût préférer sa &inille selon la chait* à celle que 
pieu et l'Église lui ont donnée. Mais lui --même 
ne put toujours se soustraire à ces sentimens 
égoïstes du père de famille ; il lui échappe par- 
fois des paroles qui forment un fàdieux contraste 
avec la charité fBt le dévouement , tds que les 
prêtres catholiques les ont com]paris et souvem 
pratiqués. » 11 sufiBt^ dit-il dans une in<itraction 
à un pasteur^ que Je peuple communie trois ou 
quatre fois par au, et p«U>Uquement. La com-^ 
munion donnée séparément aux particuliers de* 
viendrait un poids trop lourd pour les ministres , 
surtout en temp$ de peste. Il ne faut point d'ail- 
leurs rendre ainsi l'Église ^ avec se$ sacremens^ 
l'esclave de chacua» surtout de ceux, qui la oié-* 
prisent et veulent cependant qu'à tout événe- 
meqt l'Église soit prête pour çux^ eu:s;qui ne io^X 
jamais rien pour eUe. » QSnç^^wi^i^ iSSg.) 

Cependant il se conduî^< Ivû-mèm^ d'après 
d'aulresf maximes* II, montra dans le^ cîrconstan* 
ces graves unQ charité l^oj(qpç.^ ^ 

« Ma maison déviait un hôpital. Tous étant 
frappjss d'effit^i^ j'^ xeçu di^z hk» le, pasteur 
(dont la femme venait de mourir) et toute sa iat- 
mîHe. » (4 nqteiii&r0i5:i7.) ' . .i 

MÏÀ docteilr Luther parlait de la inort du doc- 



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DE LUTHER. 345 

teur Sébaid et de sa femme, qu'il avait visités ùï 
toucHés dant»leur maladie, a Us sont moilB, di- 
sait-il, de chagrin et d'inquiétude plutôt que de 
lapf^te. » Il retira leurs enfans dians sa maison ; 
et ccHhmç on lui disait entendre qu' il ten- 
tait ^Dieu : « Ah ! dit-îl, j'ai eu de bons maîtres 
qui i m?ont appris ce que c'était que tenter 
Di^]».)) 

Ha peste étant dans deux maisons, on voulait 
séqaestl'er uti diacre qui y était entré. Lutl^er ne 
le vouhit pas?, par coflfiaiîce en Dieu et de crainte 
d'effirayer. (déeenibi*e i538. Tischréden , p. 356.) 



'. I r 



Paçe ââO , ligne 8, — Fréçocupé 4e soins miUériels..., 

A Spalatin. « Tout pauvre que je suis,' je Sau- 
rais renvoyé celte belle orarigé d\)r que tu avais 
donnée à ma iemmé, si je nf'àvàis craint de t'of- 
fen^r. 

^ ^uta tuam conjugém suavissiniè ; verùm et 
id tum facias xmm in thoro suavissimis amplexi- 
bus et osculis Catharinam tériueris , ac sic cogî- 
tavebis^ : En^hune hotninem, optimam creaturu- 
laùi>Dei Inei, donavit mihi Christus meus; sit 
iHi>kWetgl4iâU^^(&déi5étf*bré 15^^^^^^ 

M* =&iliitabîs tumn Diètâtive multis basHs^Mce 
mea et Johannelli mei , qui hodie didicit flexis 



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Ml 

popiitibus ftohis ÎQ < 
cacarit "wesè ia oamem ^^g^hn»^ miro ne^etîo. -^ 
Siifaitat te ma &çcba ei cnffe pvo se rogsi, pBor- 
penpropedkmfiitQni; Chnslos «asil. •(iqog- 
tobreiSay.) — «FiliolamiyBambabeoiaaliero. » 
(Sarril iSsîS.) — m Mcm petit Jem ert ^ et 
fart; c'est ub petit homiBe womce et M«ce. »' 
(mai 1527.) — « Salue pour uuH ce gros fliari de 
Meldiior^ à qui je souhaite me fonme soonûse^ 
qui^ le jour^ le mèae sqpt fins par les cfaereox 
totour de la place publique^ et la niiît^ rétoor^ 
disse trois fais d(spanries oopjpgiiles^ eommeil 
le mérite. » (10 février iSsS.) 

« Nous buvons d*excdlent tîd de la cave du 
prince^ et nous devia^drions de par£adts évangé- 
liques^ si FEvangile nous engraissait de même, i 
(SmarsiSaS.) 

Leiin h J. jégricola (dmu la Semme allait ao^ 
coucher). — « Tu donneras uipe pièce d'cur an 
nouveau -né, et une autre à l'accouchée, pc^ir 
qu'elle boive du vip eti^'elle (lit du lait. Si j'avais 
étéprésenï, j'eusse scprvi de c^mpèi^ QeÀa ré- 
ffon des oiseaux, iS^i^ » > 

Les Iç^tf^ de «ttç ^fpm s^ ^eiMi€tat.d'iPis 
dinaire parqpefqoes-m^ dp a» «oîa iMéamsieL, 
domùms m^u^ > mfsmfH(C JnmMuhkit it sabué^ 
Ha chère côte, mçm to/fitm, .mon ûaqperairiçe, 
Ketha le s^e, 



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DE LUVaÉR: 945 

« K<etbe9 mon seîgiteuiv étaiiilaiis son hmiveau 
royaunfie, à Zeilsdorf (petit bien que possédidt 
l4siîher)i quHBd te» lettre sMd: ^orivées. » 

n :émt «palatine; « Mon^Ei^ demande te» 
prières pour que Dieu lui co^^erre ses dmxcin- 
fans, et lui accorde d'en concevoir et d'en enfan- 
ter heureu^em^nf un troisièipe. »(i$> mai 1,528.) 

Cochlaeus appelle la femme de Luther : dignum 
ollw operculum (page 73). 

liuther faiè Nicole Amsâoi*f ^^êtipe parrain 
de «a fille Màgâalena (5 mai tSng) z « Digne aei-^ 
gneur ! le Père èe toute grâce nous a accordé^ a 
moi et à ma bonne Catherine , une chère petite 
enfisiut. Dans cette cîrodtastance, qui ^éus rend 
di joyeux V nous i^us prions de refaplir un office 
chrétien,' et d'étrç le père spirituel de notre 
pauvre petite paSeipne, pour la foire entrer dons 
kl saiiit}e< communauté des dbi«étf«ns , ' p^r lé di- 
vin éacvciwent du b^ptém^. Qife l>iea Soît avec 
vous! M ' • ^ 

Lutber wt trois ôIs ; Jeaiï, Martin , Paul , et 
trois fllles,^^BI|sabetb, Madeleine, Matguerîte, 
lies deuirpremières dé Besfitlesmoufurcfatjeûnes; 
r™ie à l'âge 4felttiât mois, fautr^rà treize an$ Off 
Misait 9ur le ta^s^au de 4a première tHicdàt-^ 

La 4ed^;etidance riiâi^ de Liither s%eignî^ 
po«7â9f<Ck^rt, i^p. 92.) ' ■ î ^ 



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546 jriMfHKRS 

n y a dan& réglise de Kieritzsch (village saxoD)^ 
ao portrait de b femme de Lodier en plâtre ^ 
portaot riascriptîon stuvante : CmHurina ImAeri 
^tkohrm wm Bokrmm , i54o. Ce portrait avait 
appartenu à Lutfa^(Dkert,I, 364.) 

Fa^nO), ligne 11. — Cette période d'aionie.,. 

U ^'indigne à son toar coBtre les prédicateurs 
trop Téhémens. « $ N^% écrit-4i à Bausmaou , 
ne peut se modérer^ je le £çiai diasser par le 
prince. 

« Je vous avais déjà prié, dit^ au même pré- 
dicateur, de prêcher paisiblement la parole de 
Dieu , en vous abstenant de personimlitée et de 
tout ce qui peut troubler le .peuple sans aucun 
firnit,.. Vous pariez trop froidement da sacre- 
ment et restez tK^looff-teoqis sans comoumier.yy 
(lo février i5a8.) 

H II nous est arrivé de Kouiigsbei^g^ un prédi- 
cateur qui veut fiiire jf^ ne sais ijuelles lois sur 
les cloches , les cierges, et autres choses sem^ 
blabl^... Il q'est pas bon de prèdier trop sou- 
veiit,. j'appreuds que chaque dimanche on fiut 
trois sermons à Kj9pi|igsbeif[. "Qu'etiitHll besoin? 
deux softiraient; etpour toute la semaîoe^ ce 
serait assez de deux on trois. Lorsqu'oUt prêche^ 



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DE LUTHER, 34T 

chaque jour, on mente en chaire sans avoir mé- 
dité son sujet, et Ton dit tout ce qui vient à la 
bottche; &'il ne vient rien de bon , on dit des pla- 
titudes et des injures. •— Plaise à Dieu de modé- 
rer les langues et les esprits de nos prédicateurs. 
Ce prédicateur de Kœnigsbergest trop véhément, 
il £| toujours des paroles sorubres, tragiques , et 
des plaintes amèrei» pour les moindres choses. )» 
(i6 juillet i5a8.) 

« Si je voidais devenir riche, je n^aurais qu'à 
ne plus prêcher, je n'aurais qu'à me faire bate- 
leur ^ je trouverais plus de gens qui voudraient 
me voir pour de l'argent, que je n'ai d'auditeurs 
aiijoqrd'hui. » (Tischr. , p. i86.) 

PâgeSâO^ ligne 19. -^ Honorons le mariage... 

Le. s5 m»i i5a4^ il écrivait déjà à Capiton et 
Buccâr : «' J'aime fort ces mariages que vous &ites 
de prêtres, de moines et de nonnes ; j!aime cet 
appd des maris contre l'évéque de Satan , j'aiîne 
le»VGh0iir'X]i/on a frite pour les paroiasâs.\Que 
dmà^e y je n^vrien appris de vous dont je n'aie 
ime joie extrême. Poursuivez seolemeAt et avan- 
een eu fm«pénpL... Je<4if^fi^^y ou a dansces 
derbiè^es. aiiàéès , îAvsissa de conce$sîoAS aux 
Ms^M^ {^ailleurs, rjpoiisqu'tls s'endon^issent. de 



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548 WfaiOIRBS 

jiNir en jour , il fiiut agir et parler en toute li- 
berté. Je vais enfin songer maâ-mêmeàrcieter le 
froc, que j'ai gardé jusqu'à présent pour le sou- 
tien des fubles et en dérision du pape. » (a5 
i iSa40 



Page VOL y ligne 6. — Je n*âi poùu vomlu refuser de donner 
àwunpèretespoird^ttnepoiiéiilé*^ ' 

i( L'affidre des pajsans a rendu ooura^ aux 
papistes et frât toit à la cause de lIÉrangilie -, il 
nous fiaiut , nous aus^ ^ porter phis haut la tête. 
C'est dans ce but que pour ne plus attester l^ 
▼angile de paroles seulement, mais par m^ act- 
tions, je viens d'épouser une nonne. Mes enne- 
mis triomphaient, ils criaient: loi io! J'ai voulu 
leur prouver que je n'étais pas encore disposé 
à Caire retraite, quoique vieux et &ible. Et je 
ferai d'autres dioses ehcorç , je Fe^re, qui 
troubleront leur joie et apfmitrdnttnes parafes, n 
(i6 août 1 525.) 

I^ docteor Ecfc jpAjMia tm recmeîl iotitidé;: 
EpiihalamÙLft$tiM im iMAàntm y ffcssumiUrba^ 
num Begium) ei id genMS.^^^^iàrtorum. <3» y tjMtwrè 
entre aat»s i^èces iiné.h$rmnè de dim^nenf$imn 
l^ies , intitulée : Hf^mÊê famnympkmmn^ekùcym^ 
mençant pav ces mots : lùliol iôlimf^gmdem-9 
mus €umjabilo, «Te^ upe^c^'tto ëM^yrauMuM 



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BE LUTHER. 549 

ad êpilhalamiwn Èiart. Lutherii dans le même 
mètre ; un EpiAalamium MwrU Luikeri en hexa<- 
mètre» commençant ainsi : Diù miki , muM , no- 
i^uniy etc. Hâsemberg fit sur )e même sujet une 
sâtil^ iutifulée r Ludus ludmtem Lud&wn ludens. 

Luther y répondit par difEérentes pièces dont 
le recueil fut imprimé sous le titre : LafahUdk 
licffé ei d^ Fane. 

Lùffaer était à peine marié , <^ë ses ennemis 
répandirent le bruit que sa femme venait d'ac*- 
coudheifé Érasme accueillit ce brait avec einprea^ 
semeiitet se hâta d^ea faire part }l ses correspond 
dans ; nms il se vit obligé plus tard de le démentir. 
(Ukert. I, 189-193.) 



Page 225 , ligne 6. — Tous les jours les dettes nous 
enpetoffpent dat^antage. . • 



En i5a7 , il fut obligé de mettre en gage trois 
gobelets pour cinquante florins et d'en vendre 
un pour douze florins. Son revenu ordinaire ne 
s'éleva jamais aur-dessus de deux cents florins de 
Misnie par an. — ^ Les libraires lui avaient offert 
une somme annuelle de quatre cents florins^ mais 
il ne put se résoudre à les acoepter. — Malgré le 
pen d'aii^aooe dont il jouissait^ sa Ubéralité était 
extrême. Il dcnmaii aux pauvres les présens de 



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550 MÉMOIRES 

baptême destinés à ses enfims. Un pauvre étci- 
diant kû demandant un jour qodque peu d*ar- 
gent, il (»ia sa femme de lui en donnerf mais 
odle-d répondit qu'il n'y en avait plus dans la 
maison. Luther prit alors un vase d'argent et le 
remit k Tétudiant pour qu'il le vendit à un orfèvre. 
(Dkert. II, p. 7.) 

« Je lui aurais volontiers donné de quoi &ire 
sa route, si je n'étais accablé par la multitude 
des pauvres, qui, outre ceux de notre ville, accou- 
rent ici commeen un lieu câèbre* » (avril i53g.) 

H Je t'en supplie, mon cher Justus, par gràce^ 
arradie du trésorier cet argent qu'il est si dif- 
ficile d'avoir et que le prince a promis à G. Sdiarf . . 
Tu donneras, s'il le faut, une quittance en mon 
nom. » (11 mai i54o.) 

« Luther se promenant un jour avec le docteur 
Jonas et quelques autres amis , fit Faumône à 
des pauvres qui passaient. Le docteur Jonas lï- 
mita, en disant : a Qui^sait si Dieu me le rendra?» 
Luther lui répondit : « Tous oubliez que Dieu 
vous l'a donné. » Le mot de Jonas indique for- 
tement l'inutilité des œuvres qui résultait de la 
doctrine de Luther. (Tisdu-. i44> verso.) 

«Le docteur Pommer apporta un jour au doc- 
teur Luther cent florins dont un seigneur lui 
Cûsail présent, mais il ne voulut point les accep- 
ter; il en donna la moitié à Philippe et voulut 



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DE LUTHER. 351 

rendre l'autre au docteur Pommer qui n'en vou- 
lut pas. » (Tischr, , p. Sg.) 

« Je n'ai jamais demandé un liard à mon gra- 
cieux seigneur. » (Tischr., p. 53-6o.) 

Page S(S6 , ligne 14. — Tiff ne leur denimnde rien pour mon 
trayaU,.. 

« Un commerce légitime est béni de Dieu, 
comme lorsque Ton tire un liard de vingt j mais 
un gain impie sera maudit. Ainsi l'imprimeur *** 
a gagné beaucoup sur les livres que je lui ai fait 
imprimer; avec un liard il en gagnait deux.... 
L'imprimeur Jean Grunenberger me disait con- 
sciencieusement : Seigneur docteur, cela rapporte 
beaucoup tropj je ne puis avoir assez d'exem- 
plaires. C'était un homme craignant Dieu, aussi 
a-t-îl été béni de notre Seigneur.» (Tischr. p. 62, 
verso.) 

« Tu sais , mon cher Amsdorf , que je ne puis 
suffire à nos presses, et voilà que tout le monde 
me demande de cette pâture ; il y a ici , près de 
six cents imprimeurs. » (n avril i5a5.) 

Page 238, ligne 17. — Pourquoi m'irriterai-je contre les 
papistes ? tout ce qu'ils me font est de bonne guerre.,. 

Ils cherchaient cependant, à ce qu'il semble, 
a se défaire de lui par le poison. 



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35t MÉHOtRES 

(Janvier et février iSs5*) Luther parle dans 
deux lettres diCEérentes, de juiÊi polonais ^ qui 
auraient été envoyés à Wittefnberg pour l'empoi- 
sonner (Judœi qui mihi venenum paravere) ^ 
moyennant le prix de fkooo ducats. Cooune ils 
ne dénoncèrent personne dans leur interro^ 
gatoire^ on allait les mettre à la torture^ mais 
Luther ne le soufi&it point, et il s'employa même 
à les Ssdre mettre en liberté , quoiqu'il n'eût au- 
cun doute sur le nom de l'instigateur. 

« Ils ont promis de l'or à ceux qui. me tue- 
raient^ c'est ainsi qu'aujourd'hui combat^ règne et 
triomphe le saint-siége apostolique^ le régulateur 
de la foi, la mère des églises. » (Cochlœus, p. a5.) 

Un Italien de Sienne mangea avec le docteur 
Martin Luther, causa beaucoup avec lui, et resta 
à Wittemberg quelques semaines , peut - être 
pour savoir comment les choses sy passaient. 
(Tischr. p. ^i6.) 

Des tentatives d'un autre genre eurent aussi 
JUeu. 

« Mathieu Lang , évêque de Salzbourg , m'a 
recherché d'une manière si singulière, que sans 
l'assistance particulière de notre Seigneur, j'eusse 
été pris. En iSuS, il m'envoya par un docteur 
vingt florins d'or , et les fit donner à ma Cathe- 
rine, mais je n'en voulus rien prendre. Cest 
avec l'argent que cet évêque a pris tous les ju- 



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DE LUTHER. 553 

listes , de sorte qu'ils disent ensuite : Ah! c'est 
uH sdgneurquipeiise fciçn. Lui cependant, se tient 
tranquille et rit en tapinois.. Une fois il envoya 
à un curé qui prêchait FÉvangile, une pièce de 
Damas, i^our qu'il se rétractât, et il dit ensuite : 
Est-il possible que ces luthériens soient de si 
grands fripons , qu'ils fassent tout pour de l'ar- 
gent? » (Tischreden^ p, 274? verso.) 

Mélaiichton, qui ne rompit jamais avec les let- 
trés de la cour pontificale , fut pendant quelque 
temps soupçonné d'avoir reçu des offres. 

Un jour, on apporta une lettre de Sadolet à 
Sturmius, dans laquelle il flattait Mélanchton. 
Luther disait : « Si Hiilîppe voulait s'arranger 
avec eux , il deviendrait aisément cardinal , et 
n'en garderait pas moins sa femme et ses enfans. 

» Sadolet^ qui a été quinze ans au service du 
pape , est un homme plein d'esprit et de science; 
il a écrit à maître Philippe Mélanchton le plus 
amicalement du monde , à la manière de ces Ita- 
liens j peut-être dans l'espoir de l'attirer à eux, 
au moyen d'un cardinalat. Il l'a fait sans doute 
par l'ordre du pape , car ces messieurs sont in- 
quiets; ils ne savent tîomment s'y prendre. — 
Le même Sadolet n'a aucune intelligence del'É- 
criture, comme on le voit dans son commentaire 
sur le psaume 5i . Les papistes n'y entendent 
phis rien, ils ne sont plus capables de gouver- 
I. a3 



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554 MÉMOIRES 

lier une seule église ; ils se tiennent fiers et raides 
clans le gouvernement et crient : Les décisions des 
Pères ne comportent point de doute. » 

Page 259, ligne 6. — Persécution.., 

tt Aux chrétiens de la Hollande, du Brabant 
et de la Flandre (à Toccasion du supplice de deux 
moines augustins, qui avaient été brûlés à 
Bruxelles). 

« ... Oh! que ces deux hommes ont péri mi- 
sérablement ! Mais de quelle gloire ils jouiront au- 
près du Seigneur! c'est peu de chose d'être outragé 
et tué par le monde pour ceux qui savent que 
leur sang est précieux , et que leur mort est chh^ 
a Dieu^ comme disent les psaumes ( ii6, i5 ). 
Qu'est-ce que le monde comparé à Dieu?. . . Quelle 
joie, quelles délices les anges auront-ils ressen- 
ties, en voyant ces deu;c âmes ! Dieu soit loué et 
béni dans Téternité, de nous avoir permis, à 
nous aussi, de voir et entendre de vrais saints, de 
vrais martyrs, nous qui jusqu'ici avons adoré 
tant de faux saints ! Vos frères d'Allemagne n'ont 
pas encore été dignes de consommer un si glo- 
rieux sacrifice , quoique beaucoup d'entre eux 
n'aient pas été sans persécutions. C'est pour- 
quoi, chers amis, soyez alîègres et joyeux dans 



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DE LUTHEa^. 555 

le Christ^ et tous, rendons-lui grâce des signes 
et miracles qu'il a commencé d'opérer parmi 
nous. Il vient de relever notre courage par de 
nouveaux exemples d'une vie digne de lui. 11 est 
temps que le royaume de Dieu s'établisse, [non 
plus seulement en paroles , mais en actions et 
en réalité... » (juillet i523.) 

« Lanohle dame Argula de Staufen, soutient sur 
cette terre un grand combat ; elle est pleine de 
l'esprit , de la parole et de la science du Christ. 
Elle a envahi de ses écrits l'académie d'Ingolstad, 
parce qu'on y avait forcé un jeune homme, 
nommé Arsacius, à une honteuse révocation. Son 
mari, qui est lui-même un tyran , et qui a main^ 
tenant perdu une charge à cause d'elle, hésite 
sur ce qu'il doit faire. Elle, elle est au miliçu de 
tous ces périls avec une foi forte, mais, Tainsi 
qu'elle me l'écrit elle-même, non pas sans que 
son cœur s'effraie. Elle est l'instrument précieux 
du Christ ; je te la recommande , afiaque 1^ Christ 
confonde par ce case \nflrme lea pui^sans et 
ceux qui se glorifient dans leur sagesse. » (i524,) 

A Spalatin^ w Je t'envoie les lettres de notre 
chère Argula, afin que tvi voies ce que cette femme 
pieuse endure de travaux et de souffrances. » 
(il novembre iS^S.) 

I^a traduction de la Bible par Luther, donna 
à tous envie de dispuiter; on vit jusqu'à des 



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956 MÉMOIRES 

femmes provoquer les théologiens , et déclarer 
que tous les docteurs n'étaient que des ignorans. 
U y en eut qui voulurent monter en chaire, et 
enseigner dans les églises. Lutl^r n'avait-il ^d& 
déclaré que par le baptême touè devenaient prê- 
tre», évèques, popes, etc. ? (Cochloeus , p. 5r.} 

Page S39 y ligDt 9. — On, nous laisse périr de faim... 

Un jour qu'il était question, à la table de 
Luther, du peu de générosité que Ton mon- 
trait à regard des prédicateurs , il dît : « Le 
monde n'est pas digne de leur rien donner de 
bon cœur ; il veut avoir des gueux et des criards 
impudens, tels que le frère Mathieu. Ce frère , à 
force de mendier, avait obtenu de l'électeur la 
promesse qu'on lui achèterait une fourrure. 
Comme le trésorier du prince n'en faisait rien , 
le prédicateur dit en plein sermon , devant Té- 
lecteur : « Où est dono ma fourrure? m L'ordre 
fiit renouvelé au trésorier, mais celui-ci différant 
encore de l'exécuter, le prédicateur parla de nou- 
veau de sa fourrure, dans un autre sernion où 
l'électeur était présent. « Je n'ai pas encore vu 
ma fourrure, » dit -il, et c'est ainsi qu'il obtînt 
à la fin ce qu'il désirait. >i (Hschreden, p. 189, 
verso. ) 



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DE LUTHER. 35T 

ï)u reste, Luther se plaint lui-même du misé- 
rable état dans lequel se trouvent ies ministres : 
« On refuse de les payer, dit-il , et ceux qui jadis 
prodiguaient des milliers de florins à chacun des 
fourbes sans nombre qui les abusaient, ne veu- 
lent pas aujourd'hui en donner cent pour un 
prêtre. » (i^'mars i53i.) 

« On a commencé à établir ici (à Wittemberg), 
un consistoire pour les causes matrimoniales , et 
pour forcer les paysans à observer quelque dis- 
cipline et à payer les rentes aux pasteurs^ chose 
qu'il faudra peut-être faire aussi à Tégard de 
quelques-uns de la noblesse et de la magistra- 
ture. » (i a janvier i54i.) 

Page 239 , ligne 22. — Apparitions,.. 

(c Joachim m'écrit qu'il est né à Bamberg un 

enfant à tête de lion , qui est mort promptement : 

qu'il a aussi apparu des croix au-dessus de la 

ville , mais que le bruit qui s'en répandait a été 

^étouffé par les prêtres. » ( 22 janvier i5a5. ) 

iSaS. « Les princes meurent en grand nom- 
bre cette année; c'est là peut-être ce qu'annon- 
çaient tant de signes. » (6 septembre rSaS.) 



FIN DU TOME DEUXIEME» 



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RENVOIS 



DU DEUXIÈME VOLUME. 



Tous les passages lires des lettres ont été, conmie on l'a p\i voir, 
exactement datés dans le texte. La date rend tout renvoi snperflu. On 
retrouTera facilement ces^assages dans l'excellente édition de De "Welte , 
Berlin , 4 835. ( Voyez la note de la préface ) 



Page â, ligne '^. Ainsi: — Tiscbreden, page 240. 

T, 21. Purgatoire. — Tischredcn, 281-2. 

8, 16. S'use elle-même. — Tischreden , 230. 

8, iT.Lorsiftiû fêtais moine, — Toitt ce qui 

regarde les tentatipns de Luther est tire 
dfi» Tischreden , 1 02 , 232, .240 bis, 
' , 251,228,229. . 



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ôt;0 MÊMOIIES 

i% 10. Utmfmuaiom. — LmA. opcr. Lo. loae, 

im^ul^fotL—KeTmMÛiiSÀS. 
15, 7. /ViUes. — Tisd»cdfB,^UO»B. 

15, I^Dic/^^V^.—TiscLmdcm, 440-1. 

16, 9Î.ItewUssM€sL — TtsAatàem,Ui, 

17, 10. JenewmdrmispMS. — TtsÙBtèaï,Âl\. 
23, 16. 1«f tkises. — LoA. oper., Wîtt, 15U5^ 

1. 1, 50-98. 
f6y 16. Les thèses âo^madqmes^ — Wîtt. oper. 

lat. t. n, 56. 
51, ^. U denier. — SeàLaxàad^ De Luûtera^ 

jiismOy U. 
35, 15. Facere. — Seckendorf, 79. 

56, 25. Lorsque. — Tischredoi, 577-80. 

48, il. QueJeleTemUeomnon* — Ludi. opcr. 

Witt. t. ES, 65. 
54, W. Effrojable. — Dédicace à Tâo^iii de 

S«e ( ^ nus 4519) , Lodier's 

briefc, 1. 1, 241. 

57, 24. Chrétien. — De UberUUe chrisùMuL 

Luth. opcr. Witt. 1582, f» t. H. Se- 
lon Gochloeus, ce livre tut con^ose' 
ayant 1521* 

59, f5u Comme vom faHes. — JËjrasmi Epist.^ 

t. m, 445. 

61 , 4. Esdave des pr ê tr e s . — GochlcBiis, 54. 

65, 5. TumuUe. — Hntten. opcr. t. IV, 29^^ 



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DE LUTHS». 561 

63, 1 6. Terreur. — ihid. 595. 
6^, 7. Allemagne. — Bmî. 276, 
d4, 11. Buntfdhueh. — 15ti. Î76, 

64, 16. Pape. — Ibid. 276, 

64, S7. A? reûre?. -^ 306. 

65, 16. Sermon. ^ CkwWœus, 29. 

66, 1 5. Outrageante. ^ Ukert. 1. 1, 1 59. 

69, 27. Deux cent six personnes. — Lutk. «per. 

WHt. t. IX, 104 et 199. 

75, ., 25. NeVaJ^andorm^rajfas^ — Marhei»ccke, 

1. 1,256. . 
73, 27. Fojrage. — Ibid. 253, 

79, . 4. Même sens. — Luth, Werke^ L IX, 

107-15. 
89, 14. Mille diah^s. — Tisclireden, 208. 

92, 27. Se douteront. — LujL. Werfce. Witt. 

t. IX, 129. 
95, ^^. Autre chose. — tbid. i'^^.^ 

95, 27. Z?e Luther. — Ibid. 1 32. ^ 

96, Îi7. iroMn> powr elle. — f&/^. 1 23-1^. 
i08, 16. (7<^toi«ZM/. — Marhemecke,t.L 

115, 25. i>e Lutter. — Opcr. Luth. Witt. t. II, 

933 r 51. Livre de Luthet contre 
Henri Vlli. 

118, 9, Du seullsufkef. — Ibid. 551 . Ibid. 

119, i% Iwfiffska^me^.mad. -j- Lutli.^ér. Z>^ 

seculàri potàstate. Gochlœus, 58. 
1^, . \fk Bétes/aaviii ^Ibid. Gochlœiis S9. 



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369 MÉMOIRES 

ISS^ ââ. Centtim groffomina. — Seckendori. t. I, 

â51. 
1â8, a. Dans la confession. — Tischreden , 

163. 
1S8, i7. Si un meurtrier. — Ibid. 1 65. 

1 31 , 5. Je sais bien aise. — Luth. Werke , t. Il 

». 
1 33, 38. Ne baptisaientpoint. — Luth. oper. Witt. 

t. n, 56^-T4. 

135, iS.jéJfairesêccle'siastiques.Se^ketïàorîyt.llf 

100. 

136, 1T. Un bourgeois. — Tischreden, 176. 
1 36, 31 . Comme on parlait. — Ibid. 1 Tî . 

149, 25. Dans une préface. — Luth. Werke, 

t. IX, 536. 
145, 17. Quelques nonnes. — Tischereden. 371 . 

1 51 , 12. Carlostad se crojrant. — Luth. Werke, 

t. IX, 311 *w. 

1 55, 33. Prophètes célestes. — Ibid. t. H, 1 0-56. 

1 54, 6. Chassé de la Saxe. — Ibid. t. H, 1 7-33. 

.1 57, 3. Iconoclastes. — Ibid. t. H, 1 3. 

1 61 , 15. U affaire de$ images. — Ibid. t. H, 58. 

166, 18. Suivent' les articles. — Luth. Werke, 

t. n, 64. 

194, . 11. Froclamatkm de Muntzer. — Ibid. 

t.n, 91. 

171 , 7. Exhortation à lapaix.'-^Ibid. t. Il, m. 



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DE LUTHER. 563 

198, 25. Immédiatement après. ^ Ibid. t. II, 

406. 
SOâ, \\,Le docteur Andréas.— Ibid. t. II, 59. 

5K)5, 4. L'Allemagne est perdue. — Gochlœus, 

140. 
5207, 1 1 . Personne na traduit. «^ Tischreden , 

425. 
31 7, 4. iSï /e reprends. — Tischreden, 299-505. 

251 , 5. Fers lafin. — Luth. Werke, t. IX, 258. 

258, 17. Pourquoi m'irriterai^je. — Gochlœus, 

146. 
240^ 14. Grdce et paix. — Luth. Werke, t. IX,- 

545. 



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TABLE 

DU DEUXIÈME VOLUME. 



Livre I". —1483-4521. 



Chap. 1". 1485-1517, Naissance , éduca- 
tion de LutKer ; son ordination ; ses 
tentations^ son voyage à Rome. , . S 1 

Ghap. IL 1 517-1 5S1. Luther attaque les 
indulgences. U brûle la bulle du pape. 
— Érasme , Hutten , Franz de Siddn- 
gen. — Luther comparaît à la diète de 
Worms. — Son enlèvement. ... 18 

Livre n. —1521-^1528 83 

Chap. 1*'. 1521-1524. Séjour de Luther 
au château de Wartbourg. — Il revient 
à Wittemberg sans l'autorisation de FÉ- 
lecteur. — Ses écrits contre le roi d'An- 
gleterre et contre les princes en général. 85 

Ghap. II. Gommencemens de l'e'glise luthé- 
rienne. — Essais d'organisation , etc. . 1 5U 

Ghap. m. 1523-1525. Garlostad. — 

Miinzer. — Guerre des paysans. . . 148 



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366 TABLE DES HATIÈRËS. 

CiLàF. IV. 155U-1597. Attaques des ra- 
tKMinalistes contre Ludier. — Zwingli , 
Bocer^etc — Érasme. 5M)6 

GiAP. Y. 15516-1529. Ifariage de Ladier. 
PauTreté. Decoongement. Abandon. 
Maladie. Croyance à la fin du monde. â19 

Additions et Édairdssemens Sfô 

Renyois , ^59 



PW Dl LA TABLI DU TOMI DEUXiillE. 



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ERRATA, 

Page 24 , ligne 4 6 , au lieu de Léonard, Keiser, Ksex Léonard Keiser. 
Page 28 , ligne 25 , au lieu de V Italie , lisez P Allemagne. 
Page 55, ligne 47, au lieu de donun ner, lisez donner un. 
Page 88, ligne 21 , au lieu de/' eusse ^ lisez /*eus, 

Ibid. au lieu de je me fusse , lisez je me fus. 

Page 4 59, ligue 23, au lieu de Leipsic , lisez Leipzig. 
Page K 97 , ligne \ , supprimez : qui du haut de son soleil nous 
regarde à peine comme des inseet'es. 



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