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University of Ottawa
http://www.archive.org/details/mmoiresdepierrOOfeniuoft
MEMOIRES
DE
PIERRE DE FENIN
A PARIS,
DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET,
RUE DE VAUGIRARD , N" 9.
MÉMOIRES
DE
PIERRE DE FENIN,
COJIPRENANT
LE RÉCIT DES ÉVÉNEMENTS
QUI SE SONT PASSÉS
EN FRANCE ET EN BOURGOGNE
sous I.ES RÈGNES DE CHARLES VI ET CHARLES VII.
(1407-1427.)
NOUVELLE ÉDITION,
PUBLIÉE d'après un MANUSCRIT, EN PARTIE INEDIT, DE LA BIBLIOTHEQUE ROYALE ,
AVEC ANNOTATIONS ET ÉCLAIRCISSEMENTS,
PAR M-- DUPONT.
A PARIS, V^^
CHEZ JULES RENOUARD,
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE l'hISTOIRE DE FRANCE,
Bt'E DE TOURNON , N» 6.
1837.
EXTRAIT DU RÈGLEMENT
DE LA SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE.
« Art. 14. Le Conseil désigne les ouvrages à publier, et choisit
les personnes les plus capables d'en préparer et d'en suivre la pu-
blication.
« Il nomme, pour chaque ouvrage à publier, un commissaire
responsable , chargé d'en surveiller l'exécution,
« Le nom de l'éditeur sera placé à la tête de chaque volume.
« Aucun volume ne pourra paroître sous le nom de la Société
sans l'autorisation du Conseil , et s'il n'est accompagné d'une dé-
claration du commissaire responsable , portant que ce travail lui a
paru mériter d'être publié. »
Je soussigné, nommé, par décision du Conseil en
date du i" août i836, commissaire responsable pour
r édition des Mémoires de Pierre de Fenin, déclare
que le travail d'annotations de cette chronique, tel
qu'il a été compris et exécuté par mademoiselle Du-
pont, me paroît à tous égards mériter d'être publié.
Fait à Paris , le lii février 1887.
J. RAVENEL.
Certifié,
Le Secrétaire de la Société' de l'Histoire de France,
J. DESNOYERS.
PREFACE
Les Mémoires de Pierre de Ferlin^ dont l'édition
originale est due à Denis Godefroy, parurent pour
la première fois en i653, parmi les appendices
à V Histoire de Charles VI ' de Juvénal des Ursins.
Ils ont été compris, en i ^85 et 1 8 1 9, par MM. Per-
rin et Petitot , dans lune et l'autre Collection de
Mémoires relatifs à l'histoire de France, par eux
publiée ^ A l'addition près d'un petit nombre de
notes explicatives, ces deux éditeurs n'ont fait que
reproduire le texte donné par Godefroy. Ils n'a-
voient pu , sans doute , se procurer un seul des
manuscrits extrêmement rares de cette chro-
nique ' . Plus heureuse que nos devanciers , nous
' Paris , de l'Imprimerie Royale , in-folio. Les Mémoires de
Pierre de Fenin occupent les pages 44^~49^ ^^ ^^ volume.
* Tome 5, page 33i-5o9 de la Collection Perrin ; tome 7,
page aS-j-S^o de la Collection Petitot (première série).
^ Valère André, qui, le premier , signala l'existence de Pierre de
Feuin et de son ouvrage, cite J.-B. Duval, vice-gouverneur de la
ville d'Arras , et Claude d'Oresmieulx , de Lille , comme étant cha-
cun possesseur d'un manuscrit de cette chronique. Il en existoit un
dans la bibliothèque de Saint-Waast d'Arras : il fut emporté en
Angleterre par un religieux de cette abbaye, lors de la suppression
des couvents, en 1790. M. le marquis Le Ver, qui nous a fourni
«c renseignement, le tenoit du bibliothécaire même d'Arras. Nous
a
vlij PRÉFACE,
avons mis à profit , pour cette quatrième édition^
un manuscrit ' qui nous en a offert une copie à
la fois moins altérée et plus complète que celles
dont Godefroy a fait usage - : moins altérée, car
avons fait d'inutiles démarches pour coanoître le sort de ce ma-
nuscrit.
' ïn-quarto, sur papier, d'une bonne écriture du xv^ siècle.
Après avoir appartenu à Baluze, dans la bibliothèque duquel il figu-
roit sous le n° 654 , ce manuscrit a passé dans celle du Roi , où il
est coté n° io3ig^. Outre les Mémoires de Pierre de Fenin, qui ne
vont pas au-delà du folio 1 35 , ce volume renferme les pièces dont
le détail suit :
I. Description du Pas d'armes tenu par Philippe de Lalain , en
la ville de Bruges, le 28 avril i463 (fol. 136-171).
II. Description du banquet donné à Lille, le 17 février i453 ,
par Philippe-le-Bon , duc de Bourgogne (fol. 172-226). — Ce
morceau a été jugé de bonne prise par Olivier de La Marche et par
Mathieu d'Escouchj, qui Font inséré, le premier, dans ses Mé-
moires (11, 160-208), et le second, dans son Histoire de
Charles Fil (664-679). Notre manuscrit offre un texte plus
ample de cette pièce.
Les folios 227-233 sont blancs.
III. Le Trespas du roy Charles (fol. 234-237). — Relation des
funérailles de Charles VII.
IV. L'Entrée de Rains (fol. 238-246). — Relation de l'entrée de
Louis XI à Reims , avec quelques détails sur son sacre.
V. L'Entrée de Paris (fol. 247-25&et dernier). — Relation de
l'entrée du même prince à Paris.
Nous croyons inédits les n"^* I, III , IV et V. Le premier seul a
de l'intérêt.
' Nous avons sous les yeux un manuscrit des Mémoires de Fenirt
qni faisoit partie de la bibliothèque de Godefroy. Il lui avoil été
PRÉFACE. ix
on y retrouve fréquemment et les dates réelles des
faits mentionnés ' et la véritable orthographe du
communiqué , ainsi qu'on l'apprend par une note de sa main , par
M. de Lomenie ; en voici le titre exact : Mémoires de Pierre de Fe-
nin, cscuier et panetier du roy Charles J'^I, mis en lumière par
Gérard de Tieulaine , sieur de Graincourl-lez-Duisans . A ces mots,
mis en lumière, qui donnent à penser que Gérard de Tieulaine
avoitle projet de publier ces Mémoires , une main autre que celle
de Godefroy a substitué celui-ci : recueillis. Des corrections mar-
ginales assez nombreuses et surtout d'importantes additions , qui ne
peuvent être que le résultat de la collation de deux différentes
copies , prouvent que Godefroy eut à sa disposition un second
manuscrit, au moins, de cette chronique.
[ Celui dont il vient d'être parlé avoit passé , ainsi que tous ceux
de Godefroy, dans la riche bibliothèque d'Antoine Moriau , qui la
légua à la viUe de Paris, dont il fiit pendant longues années Procu-
reur et Avocat. La ville de Paris ayant été dépouillée de sa biblio-
thèque à l'époque de la révolution , c'est dans celle de l'Institut
que se trouvent aujourd'hui et les manuscrits de Godefroy, et le plus
grand nombre des beaux et excellents livres dont Antoine Moriau
avoit fait don à sa viUe natale , à la seule condition de rendre pu-
blique l'entrée du dépôt qui devoit les renfermer. ]
La partie de cette note qui est comprise entre crochets nous a
été communiquée par M. Ravenel.
' Nous signalerons le passage où l'auteur , indiquant la marche
suivie, en octobre i^i5, par le roi Henri V et son armée, dit ,
suivant le texte de Godefroy (46o), que « le mercredy, jour de
Toussaincts , son avant-garde estoit logée à Fervenc. » C'est une
faute grave. D'abord, l'entrée de ladite avant-garde à Fervenc
ayant précédé de deux jours la bataille d'Azincourt (donnée le
^5 octobre), n'eut pas lieu \ejour de Toussaincts ( i*'' novembre ) ;
ensuite nous observerons que , eu i4'5, le jour de la Toussainis fut
X PRÉFACE,
temps ; plus complète , car elle comprend , dans
une partie inédite, le récit des événements qui
se passèrent en France de 14^5 à 1427-
Occupée, depuis plusieurs années, de recher-
ches sur les monuments historiques qui se rap-
portent au règne de Charles VI, nous venions
d'achever la lecture de tous les documents impri-
més dont les bibliographes nous avoient donné
connoissance, et commencions celle des manuscrits
indiqués par Lelong et ses continuateurs. Le Livre
de la mort de Jean, duc de Bourgogne ' fixa , l'un
des premiers, notre attention. Nous ne nous rap-
pelions pas avoir vu cet ouvrage cité par M. de
Barante , et nous espérions presque avoir le bon-
heur de parcourir un document qui eût échappé
à ses investigations. Mais nous reconnûmes bien-
tôt que le brillant auteur de Y Histoire des ducs
de Bourgogne nous avoit précédée dans l'explo-
ration de ce volume ^ , et que l'ouvrage auquel la
un vendredi. Notre manuscrit porte » le merquedi devant la Tous-
sains. » C'est la véritable date.
' Bibliothèque historique de la France, II, page 1^5, n" 17121 .
Le manuscrit est imparfait des premiers feuillets , et , dès lors, le
titre manque en tête du volume; mais, au verso du folio i35, on
lit : « Ainsi finist le livre de la mort au duc Jehan de Bour-
goingne. »
* M. (le Barante est dans l'habitude d'indiquer , dans des notes
PRÉFACE. xj
Bibliothèque historique de la France a donné le
titre de Livre de la mort de Jean, duc de Bourgogne
ii'étoit autre qu'une copie des Mémoires de Fenin.
Nous venons de dire qu'elle continue jusqu'en 1 427
le récit de ce chroniqueur, c'est-à-dire cinq années
au-delà de ce qui en avoit paru jusqu'à ce jour.
Nous nous empressâmes de prendre copie de la
partie inédite , et de relever les nombreuses va-
riantes et additions que nous procura la collation
de ce manuscrit avec la partie déjà publiée ' . La
très sommaires , à quels auteurs il emprunte les diverses circon-
stances d'un récit. Fenin, qui lui a fourni quelques détails, se
trouve assez fréquemment cité. Comme les précédentes éditions de
ces Mémoires s'arrêtoient avec l'année 1422 , nous avions dû en
conclure que l'auteur de Y Histoire des ducs de Bourgogne avoit eu
sous les yeux un manuscrit plus complet que les imprimés, puisque,
pour des faits relatifs aux années i^iZ-i^o.'] , il s'appuie sur l'au-
torité de Fenin, Ce manuscrit étoit-il le même que celui dont le
père Lelong nous avoit aidée à reconnoître l'existence? M. de Ba-
rante , consulté à ce sujet , a cru se rappeler que le volume dans
lequel il avoit découvert la continuation des Mémoires de Fenin.
contenoit en outre une pièce relative à Jeanne d'Arc ; et il nous a
cité le numéro du manuscrit , sans pouvoir toutefois garantir l'exac-
titude de ce renseignement, pour lequel il a dû s'en rapporter à ses
souvenirs. Nous avons vu le manuscrit signalé par M. de Bavante
(fonds Baluze , n" 10297) : il ne contient rien qui concerne Fenin.
' Nous avons pareillement conféré ce manuscrit avec celui qui
a appartenu à Godefroy (voyez ci-dessus, page viij , note 2). Plu-
sieurs mots, quelques phrases qui manquoient au premier, nous ont
été fournis par le second. Nous les avons intercalés dans le texte ,
xij PREFACE.
Société de l'Histoire de France ayant bien voulu
agréer qu'une nouvelle édition par nous préparée
des Mémoires de Piéride de Fenin parût sous ses
auspices, nous revîmes notre travail dans tout son
ensemble et le livrâmes à l'impression. Qu'il nous
soit permis d'exposer ici , en peu de mots , la
marche que nous avons suivie.
Nous avons reproduit le texte du manuscrit par
nous adopté avec toute l'exactitude possible. Tout
en évitant de nous abandonner à ces supposi-
tions, prétendues ingénieuses, à l'aide desquelles
on est parvenu si souvent à dénaturer et l'expres-
sion et la pensée d'un auteur, nous n'avons pas
cru devoir forcer jusqu'à l'absurde les consé-
quences d'un bon principe. Ainsi , toutes les fois
que l'évidence d'une erreur dans notre manuscrit
nous est apparue aussi claire que le jour, nous
n'avons pas hésité à introduire dans le texte la
entre crochets , toutes les fois qu'ils nous ont paru nécessaires pour
éclaircir un sens obscur , et rejetés en notes lorsqu'ils n'ont pas
été indispensables au sens delà phrase. Les notes qui comprennent
ces variantes sont signées des initiales (Ti. ) du nom de Tieulaine.
Le manuscrit de Baluze étant, ainsi que nous l'avons dit plus haut,
imparfait des premiers feuillets , nous avons suivi , pour le com-
mencement des Mémoires, le texte du manuscrit de Tieulaine. Si
l'on veut bien comparer ce texte avec celui de l'édition de Godefroj ,
on comprendra pourquoi nous avons donné la préférence au ma-
nuscrit sur limprimc.
PRÉFACE. xiij
correction que nous pensions lui devoir être sub-
stituée, ayant soin pourtant de conserver en note
le passage que nous réputions fautif. A notre avis,
il y auroit eu inintelligence complète à adopter
une méthode qui ne nous eût pas laissé cette li-
berté. On verra que nous n'en avons point abusé.
Il nous a semblé qu'il pouvoit être utile ou,
tout au moins, agréable au lecteur de trouver
dans les notes de courts renseignements sur les
personnages cités dans le texte. Nous avons donné
ces détails le plus succinctement, mais aussi le
plus complètement possible. Les sources où nous
les avons puisés ont été soigneusement indiquées;
toutes les notes où ces indications manquent sont
empruntées à l'ouvrage du père Anselme'. Un
examen comparatif des dates assignées à un même
fait par Fenin et les autres chroniqueurs , un rap-
prochement entre sa manière d'orthographier les
noms propres et celle des mêmes historiens , nous
' Nous avons eu fréquemment à citer Monstrelet. Les différentes
éditions de ce chroniqueur , y comprise celle de M. Buchon ,
n'offrant pas un texte bien satisfaisant , nous avons préféré suivre,
pour nos citations , celui du manuscrit de la Bibliothèque Royale ,
coté 8347^"°"- Par malheur ce manuscrit s'arrête avec l'année 1422.
Les personnes seules qui demeurent à Paris étant à même de le
consulter, nous renvoyons dans les notes aux volumes et pages
correspondants de l'édition de M. Buchon.
xiv PRÉFACE.
ont fait recoiinoître dans le premier un guide
souvent plus sûr à suivre. Nous avons consigné
dans les notes le résultat de cette collation.
Quelques pièces importantes et inédites, relati-
ves aux événements rappelés dans les Mémoires y
n'ont pu trouver place dans les notes à cause de
leur étendue : nous les avons rassemblées en corps,
sous le titre à' Appendice , en plaçant en tête de
chacune d'elles un court extrait du texte auquel
elles se rapportent.
Plusieurs expressions employées par l'auteur
des Mémoires n'étant plus en usage, il a paru
utile d'en rappeler le sens. Nous n'avons pas voulu
donner ces explications dans le texte, au moyen
de parenthèses , ni dans les notes au bas des
pages , parce qu'il auroit fallu indispensablement
les renouveler à chaque fois que se seroit pré-
senté le mot qui les rendoit nécessaires. Nous en
avons formé un Glossaire, dans lequel nous avons
reproduit, pour chaque mot, l'une des phrases
où il se trouve employé. Par ce moyen, nous
aurons épargné la peine de parcourir le volume,
pour y trouver un exemple de cet emploi, à ceux
qui ne consulteroient le Glossaire que dans un
but d'études sur la langue.
Une Table analytique des matières termine
PRÉFACE. XV
l'ouvrage. Nous y avons classé les noms d'hommes
ou de lieux d'après l'orthographe généralement
adoptée aujourd'hui. Nous avons pensé que ceux
qui voudroient savoir, par exemple, ce qui est dit
dans les Mémoires sur Fitz-Walter ou le seigneur
de Guitry, n'imagineroient point d'aller chercher
à la table les noms de Filonastre et de Giteri;
mais aussi , comme ils ne trouveroient que ces
derniers noms aux renvois indiqués, nous avons
dû faire suivre la véritable orthographe de celle
dont Fenin a fait usage. Plusieurs renseignements
biographiques, dont nous n'avons eu connois-
sance qu'après l'achèvement et l'impression de
notre travail', ont été placés, en notes, au bas des
pages de cette table , à l'endroit où se trouvent
mentionnés les personnages qu'ils concernent.
Notre travail , sans doute , n'auroit pu que ga-
gner beaucoup à n'être pas sitôt livré à l'impres-
sion; mais l'éveil ayant été donné sur l'existence
du manuscrit , il nous en a fallu hâter la publica-
tion pour ne pas laisser prendre les devants à la
concurrence ^ . Cette nécessité rendra plus excu-
' Nous les devons, en grande partie, à M. La Cabane.
' Une cinquième édition des Mémoires de Pierre de Fenin est
sous presse ; elle doit faire partie de la Noui>elle collection des Mé-
moires pour sert^ir à l'Histoire de France , publiée par MM. Mi-
chaud et Poujoulat.
xvj PRÉFACE.
sables , nous l'espérons , les fautes que nous avons
pu commettre : soins et peines , rien n a été épar-
gné pour les éviter.
NOTICE
SUR
PIERRE DE FENIN
Le silence absolu qu'ont observé à 1 égard
de Pierre de Fenin tous les chroniqueurs ses
contemporains, l'absence complète, dans les Mé-
moires que nous publions, du moindre passage
pouvant mettre sur la voie d'un renseignement
qui le concerne , tout a contribué à rendre difficile
la composition de cette Notice. Un très petit
nombre de faits nouveaux, dont nous devons la
connoissance aux obligeantes communications de
MM. le marquis Le Ver, Le Glay fils , bibliothé-
caire à Cambray, et Piers, bibliothécaire à Saint-
Omer, joint à ce que Valère André a écrit sur
Pierre de Fenin, dans la seconde édition ' de
la Bihliotheca Belgica, voilà tout ce qu'il nous
a été possible de recueillir.
Pierre de Fenin ^ naquit, vers la fin du qua-
' Page '^37. La première édition , publiée en 1620 , ne fait pas
mention de Fenin.
' \alère André écrit Fci>in. Foppens , qui a donné, en 1739 ,
une nouvelle édition de la Bihliotheca Belgica, dit Fenin. C'est là,
à ce qu'il paroît, la véritable orthographe du nom. Le passage sui-
vant, d'une lettre de M. le marquis Le Ver, lève tous les doutes
b
xviî] NOTICE
torzième siècle, d'une famille noble de l'Artois %
dont quelques membres paroissent avoir occupé
des offices civils dans ce comté '. L'illustration de
cette maison étoit déjà ancienne ; c'est du moins
ce que semblent prouver des lettres patentes du
roi Charles VI, en date du i8 février i4i i, qui
confèrent à Fenin la dignité de chevalier de l'Ordre
de la Cosse de Geneste K «Pour les bons rap-
ports, y est-il dit, et tesmoignages que faits
nous ont esté de la noble génération dont nostre
bien amé Pierre de Fenin est issu et procède,
Nous, etc. »
En l'année i42ii, au i3 septembre, un Pierre
à cet égard. « En feuilletant mes Carlulaires, écrit-il, j'ai trouvé
(Cartulaire des Chartreuses de Gosnay) qu'il y a une localité, en
Artois , du nom de Fenin , dont , en 1 5o6 , l'abbé de Blangy-sur-
Ternoise étoit seigneur, ce qui fixeroit l'incerlitude sur le nom de
Fenin, que quelques auteurs écrivent Feuin ou Fevin. »
' « Petrus de Fevin , Artesius, » dit Valère André. Le rédac-
teur de la notice sur Pierre de Fenin , placée en tète de ses Mé-
moires, dans la Collection de M. Petitot , a fait à ce sujet une
étrange méprise. Trompé , à ce qu'il paroît , par le mot Artesius,
qu'il a mal compris , il déclare que le prévôt d'Arras exerça
d'abord « la profession è^ artificier. »
* « Guillaume Fenin, écuyer, étoit, au i8 mai i4'4' sous-
prévôt et garde de la jurisdiction temporelle du chapitre de la
cathédrale d'Arras. » A ce renseignement, communique par M. le
marquis Le Ver, nous ajouterons celui-ci, qui, peul-étre, concerne
le même personnage , et que nous devons à M. Le Glay fds.
<t Cy gist William de Fenin, esquier, sire de La Falecquie , et
maieur héréditable de Demirecourt et de , qui trespassa l'an
1421 , le mercx'edi devant Noël ; et damoiselle Anne Bernière , sa
femme, qui trespassa l'an i433 , le ^^ jour de febvrier, »
^ L'Ordre delà Cosse de Geneste, institué par Saint-Louis,
SUR PIERRE DE FENIN. xix
de Fenin, que nous avons lieu de croire le même
que celui auquel est consacrée cette Notice, rem-
plissoit les fonctions de garde du scel royal de la
prévosté de Beauchesne en Vimeu ' , fonctions
que rendoit assez importantes le grand ressort
de la prévôté de Beauquesne en Picardie et dans
le Vimeu. Dès le 26 février \[\i^^ Pierre Billen,
écuyer, étoit en possession de cet emploi ^ C'est
ATaisemblablement vers cette époque qu'eut lieu
la nomination de Pierre de Fenin à la prévôté
d'Arras, poste qu'il paroît avoir occupé jusqu'à
sa mort. Il avoit épousé, avant i4io? Marguerite
de Marne , dont il devint veuf en cette année et à
laquelle il survécut vingt-trois ans. L'un et l'au-
tre furent inhumés dans le cimetière de Saint-
Nicaise ^ d'Arras. L'épitaphe suivante, recueillie
en 1234, subsista, selon André Favyn (i, 586), jusqu'au règne
de Louis XI. Godefroy (44^) •> confondant cet Ordre avec celui de
la Genette , dit qu'il « fut institué environ l'an 780, par Cliarlcs
Martel... et s'est maintenu jusques au règne da roy Saint-Louis.»
Cette annotation , placée en tète de l'ordonnance (datée de \^i 1 )
qui décore Fenin du collier de l'Ordre de la Cosse de Geneste ,
contient ainsi une inadvertance que ce rapprochement rend presque
inexcusable. \
' Renseignement fourni par M. le marquis Le Ver.
' Renseignement fourni par M. le marquis Le Ver.
^ Et non pas Saint-Nicolas, comme le dit Yalère André. « De-
puis plus d'un siècle , nous écrit M. Piers , il n'existe plus à Arras
de cimetière de ce nom , mais il y en a un nommé Saint-Nicaise.
Ce lieu a servi de sépulture de l'an 1292 à 1793. Quanta l'enclos
très exigu de Saint-Nicolas-en-l' Atre , près de l'ancienne Notre-
Dame, et qui fut un lieu de sépulture dans les siècles plus reculés,
comme l'indique le mot Atre , pris pour cimetière , il y a un
XX NOTICE
par Jean de Pitpance ', se lisoit sur leur tombe - :
« Cy-devant gist Pierre de Fenin , escuier, ja-
dis pannetier du Roy iiostre sire, et prévost
de ceste cité, qui trespassa l'an i433, le \^ jour ^
du mois de juing, et Demiss. Marguerite de
Marne, sa femme, qui trespassa l'an mil un
et X. »
On remarquera sans doute, dans cette épitaphe,
que parmi les qualités qui y sont attribuées à
Pierre de Fenin, figure celle de pannetier du Roj.
Ce n'est pas sans dessein que nous nous étions
abstenue d'en faire mention. Ce n'étoit qu'après
avoir rapporté l'épitaphe de Fenin que nous vou-
temps immémorial qu'il ne sert plus à cet usage. » Une preuve plus
convaincante encore résulte du passage suivant d'un manuscrit de
la bibliothèque de Saint-Omer, coté 787, et intitulé : Recueil con-
cernant In ville d'Arras. Sur le verso du feuillet 48 se trouve cette
inscription : Epitaphes de la cimentiers de St.-Nicaise. La plus an-
cienne est de i4i9' Au feuillet 5i on lit ces mots : « Dans le
grand fossage il y a une croix où est écrit: Cy gist, etc..., cy gist
Pierre de Fenin , prévost de cité , en i433 , et sa femme de même,
et aussi , etc. » Le volume d'où M. Piers a extrait ce renseigne-
ment lui a paru être d'une écriture du dix-huitième siècle.
' Elle nous a été communiquée , ainsi que celle que nous avor^s
déjà citée, par M. Le Glay , qui l'a extraite d'un volume in-folio ,
manuscrit , appartenant à la bibliothèque de Cambray , coté 928 ,
et ayant pour titre : » Epitaphes de la ville d'Arras , par Jean de
Pitpance. » Nous aurons occasion de citer d'autres epitaphes pro-
venant de la même source.
^ Au-dessus de cette tombe en marbre on voyoit encore en 164 3,
selon Valère André , une statue agenouillée de Fenin , sculptée en
relief ou peut-être peinte sur les murs de l'église ( in miiro templi).
'■'' Valère André dit le 28.
SUR PIERRE DE FENIN. xxj
lions aborder les deux questions qu'elle offre à
résoudre , et qui ne pouvoient être discutées qu'a-
près une oonnoissance préalable de ce document.
Auprès de quel prince, CharlesVIouCharlesVII,
Fenin exerça- t-il les fonctions de panetier ? à quelle
époque en fut-il chargé ? Valère André, qui paroît
avoir connu 1 epitaphe du prévôt d'Arras , n'a pas
cru pouvoir appliquer à un autre que Charles VII
les mots ce du Roy nostre sire. » Nous pensons que
c'est une erreur '.En i433, temps auquel on doit
raisonnablement supposer que fut rédigée cette
epitaphe, Charles VII n'étoit pas encore reconnu
roi de France par le duc de Bourgogne. On sait
que la paix d'Arras, qui mit fin à toute inimitié
entre ces deux princes , ne fut conclue que deux
ans plus tard, le 21 septembre i435. Ces mots
le Roj nostre sire, employés par des Artésiens
avant la conclusion dudit traité , ne pourroient
donc s'appliquer qu'à Henri VI , regardé alors
comme roi de France par le duc de Bourgogne et
j)ar ses sujets , si le mot jadis ne désignoit une
époque plus reculée, qui doit être évidemmentcelle
de Charles VI.
Le document qu'on vient de lire ne permet
pas de douter que Fenin n'ait exercé ces fonc-
tions de panetier du Roi. Cependant nous de-
vons dire que, malgré la ténacité de nos re-
' Foppens l'a jugé ainsi. Il n'a point hésité à substituer le nom
de Charles VI à celui de son (ils.
xxij NOTICE
cherches, il nous a été impossible de découvrir son
nom sur aucune liste des serviteurs de Charles VI,
et que le cabinet généalogique de la Bibliothèque
Royale a été tout aussi inutilement consulté par
M. La Cabane, qui a mis à notre disposition une
obligeance dont nous avons plus heureusement,
mais , par malheur, trop tard profité pour d'autres
renseignements.
L'ordonnance du 1 8 février i4i i mentionnant,
ainsi qu'on l'a vu, le nom de Fenin sans le faire
suivre d'aucune qualification , ne pourroit-on pas
inférer de là qu'il n'étoit pas encore en possession
de l'emploi de panetier ? et , par contre , ne fau-
droit-il pas admettre qu'au i3 septembre i42i il
ne l'exerçoit plus ? Ce n'est qu'avec une extrême
réserve que nous hasardons ces deux conjec-
tures, sentant fort bien qu'elles ne reposent pas
sur des bases très solides; mais nous n'avons pu
trouver rien de plus positif à cet égard.
Le recueil àesEpitaphesde la uillecl'Arras,Y?iS-
semblées par Jean de Pitpance, contient encore
celles qui suivent, et qui, selon toute probabilité,
sont consacrées à des personnages de la famille du
prévôt de cette cité. Nous ignorons quels degrés
d'affinité pouvoient exister entre eux.
« Cy gist de Fenin, qui trespassa l'an î5o
le VI de mars. ))
SUR PIERRE DE FENIN. xxîij
a C}' gist d'^ Isabeaux Le Roux , sa femme ,
morte le i4 mars i5o6. »
IL
« Cy gist Pierre de Fenin ', esq. , sire de Griii-
coiirt. i5o6. «
Après avoir ainsi exposé le peu de faits qu'il
nous a été possible de recueillir sur Pierre de
Fenin, il nous reste, avant de clorre cette Notice,
à dire quelques mots sur les Mémoires qui portent
son nom.
Le but que s'est proposé l'auteur de cette chro-
nique semble avoir été de tracer un récit abrégé
des dissensions qui , vers le commencement du
quinzième siècle, s'élevèrent entre les maisons
d'Orléans et de Bourgogne. Cette dernière , qui
compromit les destinées de la France dans sa
querelle, y joue le rôle principal. Il étoit difficile,
en effet , que le tableau , si resserré qu'il fût, des
événements dont la France fut le théâtre à cette
époque, n'offrît pas fréquemment aux regards les
deux grandes figures historiques des ducs Jean et
Philippe. Aussi l'auteur n'a-t-il pas manqué à cette
condition de son œuvre : bien loin de là. On pour-
roit penser qu'il n'a, au contraire, considéré l'his-
toire de France que comme une sorte d'accessoire
' Peut-être est-ce lui qui , comme noble , fut déchargé du droit
de franc-fief , en j488, à Arras. (Renseignement communique
par M. le marquis Le Ver.)
xxiv NOTICE
à celle des ducs de Bourgogne. De la direction
spéciale, mais peut-être involontaire, ainsi donnée
à son travail est résulté un ouvrage recomman-
dable à plusieurs égards et qui, sans doute, seroit
encore plus utilementconsultési, dans cet ensemble
de faits qu'il résume, il s'en trou voit quelqu'un
dont l'auteur parlât comme témoin oculaire;
niais il ne j^aroit pas qu'il en soit ainsi ; nous avons
même tout lieu de croire qu'il a puisé la plupart
de ses renseignements à la même source que Mons-
trelet. Du moins avons-nous remarqué chez l'un
et l'autre , à quelques différences près, une manière
presque constamment uniforme de disposer les
faits , d'ordonner les événements , qui décèle une
commune origine. Toutefois , si l'auteur des Mé-
moires adopte souvent l'exposition d'un autre , sa
narration offre aussi parfois des particularités,
des détails, qu'on ne sauroit trouver ailleurs, ad-
ditions d'autant plus importantes que plusieurs
font connoître quelques traits de mœurs, quelques
usages du temps. A ces renseignements, c]ue savent
apprécier tous ceux qui recherchent dans l'his-
toire autre chose cjue des généralités ou des dates,
on peut joindre encore d'autres faits particuliers
omis par les chroniqueurs de cette époque, et qui
prouvent que si, comme nous le pensons , l'auteur
a fait usage des mêmes documents que ceux dont
Monstrelet s'est servi, il s'en est aussi procuré
d'autres qui furent inconnus à cet historien.
SUR PIERRE DE FENIN. xxv
Quant au style de cette chronique , quelques
négligences, de fréquentes répétitions de mots et
de phrases, le rendent peu facile, et la narration,
qui laisse trop apercevoir, si l'on peut s'exprimer
ainsi , le travail de réduction d'une histoire plus
étendue, ne rend pas le défaut moins sensible.
Mais si l'auteur, après avoir traité de faits géné-
raux, sur lesquels il passe rapidement, arrive aux
détails de quelque combat, au tableau du siège ou
de la prise d'une ville, alors son style devient plus
coulant, son récit n'est pas dépourvu d'intérêt.
11 trouve des expressions simples et claires, par-
fois naïves. Ces qualités sont , en général , plus
sensibles lorsqu'il en vient à émettre son opinion
sur l'un des personnages qu'il a mis en scène.
Veut- il, par exemple, dépeindre l'état de foiblesse
morale dans lequel languissoit Charles VI lors de
la prise de Paris ? « le Roy, dit-il , estoit de tout
content , et de Bourguignons et d'Ermignas , et
peu luy chaloit comme tout allast. » Trace-t-il le
portrait de Charles VII? « il estoit de sa per-
sonne moût bel prince et biau parleur à toutes
personnes, et estoit piteux envers povres gens;
mais il ne s'armoit mie vollentiers et n'avoit point
chier la guerre, s'il s'en eust peu passer. » On ne
peut, ce nous semble, faire plus naïvement 1 éloge,
tout à la fois, et la critique de ce prince efféminé
auquel les extrémités les plus désespérées eurent
seules le pouvoir de rendre l'énergie nécessaire
xxvj NOTICE
jjour reconquérir son royaume. D'ailleurs le lan-
i^ai^e de l'auteur, peu différent de celui de Mons-
trelet, mais dont l'origine [)icarde se fait sentir
d'une manière plus prononcée, n'ote rien de sa
grâce ni à la phrase, ni à la pensée.
En résumé, hien que ces Mémoires ne puissent
prendre place au premier rang des chroniques de
l'époque, ils peuvent cependant figurer avec avan-
tage à leur suite. Les historiens de la fin du qua-
torzième siècle, et ceux, des premiers tenqjs du
quinzième, ne sont pas en assez grand nombre
pour qu'il soit permis de dédaigner un ouvrage
dont la forme, peut-être, eût pu être plus at-
trayante, mais dont le fond se recommande par
plusieurs qualités qui lui sont particulières. I^es
additions du genre de celles que nous avons si-
gnalées chez notre auteur, sont presque la seule
marque distinctive qu'aient entre elles la plupart
des chroniques de cette époque. Comme elles dif-
fèrent peu les unes des autres quant au récit des
principaux événements, presque tous empruntés
à une même source, ces petits faits, ces légers
aperçus de mœurs qui s'y trouvent consignés, de-
viennent réellement le seul titre de propriété de
l'auteur, et rendent plus ou moins précieuse
l'œuvre de chaque historien.
Tel est, à notre avis, le jugement que l'on peut
porter sur ces Mémoires. Leur existence, long-
temj)s ignorée, ne fut révélée c|u'en i(>/\J, par
SUR PIERRE DE FENIN. xxvij
Valère André, qui, sans indiquer sur quelles
bases est fondée lopinion qui les attribue à Pierre
de Fenin, se borne à dire que cet ancien prévôt
d'Arras avoit composé, en langue vulgaire, une
relation historique des querelles survenues entre
les princes de la maison d'Orléans et ceux de la
maison de Bours^oone. A défaut du titre de l'on-
vrage , que ne portoit sans doute aucun des ma-
nuscrits par lui signalés, il a cru devoir en citer
les premiers mots. x\ Taide de ce dernier rensei-
gnement, et, comme il nous semble permis de le
croire, sans aucune autorité nouvelle, Gérard dç
Tieulaine, seigneur de Graincourt-lez-Duisans,
n'a pas hésité à placer le nom de Fenin en tète
du manuscrit qu'il se proposoit de 7?ie(trc eu lu-
niièrc. Des raisons qu'il importe peu de connoitre
empêchèrent l'exécution de ce projet , et ce fut
Godefroy qui, en i653, fit paroître la première
édition de cette chronique. Il se contenta, sans
plus d'examen, de suivre les errements du sieur
de Tieulaine. Aucune preuve n'étant produite
par ce dernier ni par Godefroy pour soutenir les
droits de Pierre de Fenin au titre d'historien,
nous ne pouvons considérer leur assertion que
comme une conséquence de l'opinion émise par
Valère André, ni, par conséquent, reconnoitre
trois autorités diverses là où il n'en existe en réa-
lité qu'une seule. Cette autorité n'étant point in-
l'aillible, et ne s'appuyant d'ailleurs (juc sur la
xxviij NOTICE
simple énonciation d'un fait , nous avons dû cher-
cher dans l'ouvrage lui-même des éléments de
conviction que nous n'y avons pas trouvés. Un
examen attentif nous a même amenée à ne pas
douter que Pierre de Fenin , prévôt d'Arras , ne
soit tout-à-fait étranger à la rédaction de ces Mé-
moires.
L'opinion contraire à celle que nous ne crai-
gnons pas d'émettre est établie depuis trop long-
temps pour que ce ne nous soit pas un devoir de
produire des preuves à l'appui de cette assertion.
Elles seront de deux sortes : les unes morales ,
pour ainsi dire ; les autres matérielles. Nous re-
chercherons d'abord , dans cette chronique, si les
sentiments qui s'y trouvent exprimés peuvent
être attribués à Pierre de Fenin; si le récit de
certains faits offre toute l'exactitude , toute la pré-
cision que l'on seroiten droit d'attendre d'un his-
torien placé dans les deux positions spéciales de
panetier du Roi et de prévôt d'Arras. Nous exa-
minerons, enfin, si quelques événements qui y
sont mentionnés ne seroient point d'une date
postérieure à celle de la mort de Fenin.
En suivant avec attention l'auteur de ces Mé-
moires dans le cours malheureux des événements
qu'il retrace, on est étonné de ne trouver dans
son récit que l'exposé pur et simple des faits, sans
qu'aucune réflexion, aucune marque quelconque
d'intérêt s'y vienne mêler et trahir les prédilec-
SUR PIERRE DE FENIN. xxix
tioiis politiques de l'historien. Il les laisse devi-
ner plutôt qu'il ne les confie. Ainsi , son opposi-
tion au parti dauphinois, qui nulle part n'est
formellement exprimée , se révèle par une seule
phrase où, parlant du conseil de Charles VII, qui
ne vouloit pas exposer la personne de ce prince
aux chances hasardeuses d'une bataille , il dit que
ce conseil envoyoit « tousjours leur Roy » dans
un autre lieu. Entre les divers partis qui désolent
la France, Dauphinois, Bourguignons, Anglois,
il tient la balance suspendue et dispense tour à
tour l'éloge ou le blâme avec une impartialité
bien voisine de l'indifférence. Cette modération
de langage et de pensée que nous signalons chez
l'écrivain ne peut-elle pas servir à prouver qu'il
composoit ces Mémoires long-temps après l'ac-
complissement des faits qui y sont rappelés, et
lorsqu'avoient disparu les derniers symptômes de
cette fureur de parti qui, au temps de la mort
de Fenin , divisoit encore la France en deux fac-
tions ennemies.'^
D'autre part, cette impartialité même, dont
aucun autre chroniqueur de l'époque ne fourni-
roit un second exemple, jointe à l'absence totale,
dans ces Mémoires^ de ces particularités que
l'on trouve chez tous les historiens lorsqu'ils
viennent à parler de faits que leur position so-
ciale les a mis à portée d'étudier par eux-mêmes ,
ne sont-ce pas là de nouvelles et fortes probabili-
XXX NOTICE
tés en faveur de notre thèse? Avoit-il servi
Charles Vf, celui qui, ayant à rendre compte des
derniers moments de ce malheureux prince, ne
sait trouver d'autre expression de ses regrets que
ces froides et brèves paroles : « Moult fut le roy
Charles amé de tout son peuple toute sa vie, et
pour ce on le nommoit Charles-le-bien-Amé '.»
Et s'il nous est impossible de reconnoître nulle
part le panetier de Charles M, nous sera-t-il plus
permis .de voir l'ancien prévôt d'Arras dans l'his-
torien qui , suivant Monstrelet presqu'à la trace ,
emprunte évidemment à un même fonds que lui
tous les détails du siège de cette ville, en i4i4-'^
A ces observations qui, tout au moins, il nous
semble , doivent éveiller la défiance et faire naître
le doute dans l'esprit de ceux qui croiroient re-
connoître dans Pierre de Fenin, panetier de
Charles VI, et prévôt d'Arras , l'auteur de la chro-
nique qui depuis bientôt deux siècles lui est géné-
ralement attribuée, nous en ajouterons quelques
autres dont l'effet, peut-être, sera plus sûr et qui
renferment de nouveaux indices à l'appui de notre
opinion.
Le Dauphin , devenu roi à la mort de son père ,
* La sécheresse de ces paroles ressortira encore davantage, si
l'on veut les comparer à ce que l'auteur dit , quelques pages plus
haut , à l'occasion de la mort de Henri V. .c Le roj Henri estoit
prince de haut entendement et qui moût vouUoit garder justice ,
parquoy le povre peuple l'amoit sur tous autres ; car il estoit tout
conclu de préserver le menu peuple contre les gentis-hommes des
SUR PIERRE DE FENIN. xxxj
chercha à se réconciher avec le duc PhiUppe ;
mais le conseil de ce dernier s'y opposa, ce Et
aussy, dit l'historien, on luy ramentevoit le ser-
ment qu'il avoitfait aux Englez, lequel il devoit
garder de rompre, ou autrement il seroit désho-
noré s'il le faisoit. Et par telz choses demoura
longuement la paix à faire entre le roy Charles de
France et le duc Plielipes de Bourgoingne '.» En
disant que la paix demoura longuemeiit a faire,
il nous semble évident que l'auteur n'a voulu par-
ler de cet événement que comme d'un fait déjà
accompli, et nous cherchons vainement une autre
interprétation possible de ses paroles. Or les
longues discordes entre Charles VII et le duc
Philippe de Bourgogne ne furent apaisées ,
comme nous l'avons déjà dit , qu'en i435, par la
paix conclue, à Arras, entre ces deux princes, le
21 septembre de cette année. On ne peut donc
raisonnablement attribuer à Pierre de Fenin ,
mort en juin i433, une chronique contenant des
allusions à des événements qui n'ont eu lieu
qu'en i435. Veut-on supposer qu'il ne s'agit
point, dans la phrase citée, de la paix définitive-
ment conclue, mais des premiers pourparlers.'^
L'opinion qui donne ces Mémoires à Fenin n'en
grans inlortions qu'ilz faisoient en France et en Picardie , et par
tout le royaume , etc. »
' Page 196. Ce passage appartient à la partie jusqu'à ce jour
in('(lite des Mémoires.
xxxij NOTICE
sera pas plus admissible , car les préliminaires de
la paix d'Arras se traitèrent à Nevers , au mois de
janvier (fin de l'année).! 434, dix-huit mois en-
viron après sa mort.
On nous objectera peut-être que nous étayons
notre opinion d'un passage emprunté à la partie
inédite des Mémoires, et qu'il ne seroit pas im-
possible que cette suite appartînt à un continua-
teur de Fenin. Sans nous arrêter, pour le mo-
ment, à examiner la nouvelle question que sou-
lèveroit une telle objection, nous rapporterons
un second passage, pris dans la partie déjà con-
nue, et qui, bien que moins explicite, peut néan-
moins, comme le premier, servir à prouver que
la composition de l'une et l'autre partie est posté-
rieure au décès de Fenin. Robert Le Jeune, bailli
d'Amiens, « tint bien le parti des Englez, dit
l'auteur, tant qu'il peult estre obéy en son office. »
Le bailli d'Amiens ayant été forcé d'abandonner
sa place et même de quitter la ville, en i435,
c'est cet événement que l'écrivain a en vue , et
ces mots, tant qu'il peult estre obéy, n'ont pu être
tracés qu'après le fait accompli.
Des inductions semblables peuvent être tirées
de deux autres passages, empruntés toujours aux
années déjà publiées, et reculer jusqu'après
1 44o l'époque à laquelle appartient la rédaction
de ces Mémoires. Le premier concerne le duc
d'Orléans. Ce prince, fait prisonnier à la bataille
SUR PIERRE DE FENIN. xxxilj
d'Azincourt, fut conduit en Angleterre, où le
duc de Bourbon et lui « usèrent, dit la chronique,
la plus grant partie de leur vie. » Or le duc
d'Orléans, prisonnier en i4i5, demeura vingt-
cinq années en Angleterre. 11 ne revit donc la
France qu'en i44o7 lorsque depuis sept ans
Pierre de Fenin n'existoit plus. Comment, dès
lors , attribuer à celui-ci un ouvrage où sont re-
latés des événements qu'il n'a pu connoîtrei'
Le second passage est relatif à Jean de Luxem-
bourg et au seigneur de Fosseux. En signalant
l'habileté avec laquelle ils maintinrent leurs
troupes devant l'armée royale, de façon à lui faire
abandonner la partie sans en venir à un engage-
ment, l'auteur dit que cela « leur fut réputé à grant
vaillance toute leur vie. j> Cette phrase n'est-elle
pas évidemment d'une date postérieure à la mort
de Jean de Luxembourg, arrivée, suivant les
chroniqueurs, le 5 janvier i44o ?
Un dernier passage prouveroit enfin que cette
chronique ne remonte pas au-delà de i444 5 mais
comme il fait partie d'un paragraphe qui manque
à toutes les éditions des Mémoires de Fenin qui
ont paru jusqu'à ce jour , nous renonçons à nous
prévaloir, en faveur de notre opinion, de cette
nouvelle preuve , attendu qu'on pourroit vouloir
ne considérer ce fragment que comme une in-
terpolation d'un prétendu continuateur. Nous le
rapporterons toutefois, parce qu'il fournira un
xxxiv NOTICE
exemple du genre d'additions que renferme le
manuscrit dont nous avons fait usage.
Le duc Charles d'Orléans, désirant venger la
mort de son père , demanda , en 1 4 1 ^ > aide et se-
cours au roi d'Angleterre. Pour garantie de la
solde par lui due aux troupes qui lui avoient été
envoyées, il offrit de donner en otage le comte
d'Angoulême , son frère , ce qui fut accepté. « Et
estoit , dit l'auteur , avec le conte d'Engoulesme ,
Jehan de Saveuse, qui estoit de Picardie. Ainsi
demoura le conte d'Engoulesme prisonnier en
hostage en Engleterre, grant partie de sa 'vie ,
sans estre rachaté : car le duc Charles , son frère
ainsné, fut depuis es mains des Englez long- temps,
comme il sera cy - après desclarié quant lieu
sera '. »
Ce fut en i444 que le comte d'Angoulême
quitta r Angleterre pour rentrer en France, et ce
passage, où il est dit que ce prince demeura pri-
sonnier graiit partie de sa vie n'a pu, ce nous
semble, être écrit qu'après son retour.
Voulant prévenir une objection possible, nous
avons supposé que quelques passages par nous
produits pour soutenir notre opinion sur l'époque
de la composition de ces Mémoires, pourroient
être attribués à un continuateur de Fenin. Quand
' Voyez page Sa du présent volume , et aussi l'édition de
Godefroy , page 4^3 ; celle de Perrin , page 356 , ou celle de
Petifo) , page 256.
SUR PIERRE DE FENÏN. xxxv
il y auroit quelque réalité dans une telle hj^po-
thèse, elle ne sauroit affoiblir les raisonnements
à l'aide desquels nous avons cherché à établir nos
j3reuves ; et nous ne doutons pas qu'en exami-
nant la question de ce nouveau point de vue,
nous ne trouvions encore dans la chronique
quelque indice qui démontre que les deux parties
réunies pour la première fois, par l'impression,
dans le présent volume, sont d'un seul et même
auteur.
Le manuscrit de Tieulaine, que nous citons
de préférence à l'édition de Godefroy, parce
qu'ici, comme en beaucoup d'autres endroits, ce
dernier a fait subir au texte de graves altérations,
se termine par cette phrase : « Ainsi ne couroit
pour ce temps, partout où le roy Henry estoit
obéi au royaume de France, monnoie royalle que
celle que le roy Henry avoit fait,» phrase dont
le sens, tout en paroissant achevé, n'est pourtant
que suspendu, et se trouve complété par ces mots
(jue fournit le manuscrit de Baluze : « forgier,
oii les armes de France et d'Engleterre estoient ,
se n'estoit en péril de perdre la monnoye; et en
y eut pluseurs qui par ceste manière la perdirent, r.
Est-il présumable, est-il possible qu'un conti-
nuateur trouve aussi précisément, non seulement
le mot qui doit continuer, mais encore l'idée qui
doit rendre complète la pensée de son prédéces-
seur? Ne faut-il pas bien plutôt admettre que
xxxvj NOTICE
l'ensemble du travail n'a qu'une seule et même
origine, et que le sieur de Tieulaine et Godefroy,
après lui , n'ont eu entre les mains que des ma-
nuscrits imparfaits ' ?
Telles sont les raisons, suivant nous concluant
tes , qui nous ont portée à dépouiller Pierre de
Fenin , panetier de Charles VI et prévôt d'Arras,
du titre d'historien dont Valère André ravoit,mal
à propos , revêtu. Mais comment ce bibliographe,
ordinairement mieux informé, a-t-il pu commettre
cette erreur ? Nous avons cherché à nous en ex-
pliquer les causes , et nous croyons y avoir réussi.
Du moins nous serable-t-il y avoir quelque vrai-
semblance dans les conjectures que nous allons
soumettre au lecteur.
Valère André n'a pas fait connoître les motifs
qui l'ont déterminé à présenter l'ancien prévôt
d'Arras comme auteur de la relation historique
des démêlés survenus entre les maisons d'Orléans
et de Bourgogne ; mais on ne peut douter qu'ils
' Celui même dont nous avons fait usage semble incomplet.
Des renseignements , des détails promis par l'auteur n'y sont point
donnés. Ainsi, page i6'j , après avoir parlé de l'abandon, par
plusieurs gentilshommes , de la bannière du duc de Bourgogne ,
l'auteur ajoute : « seront cj-après desclariés les noms des gen-
tilz-hommes qui firent cette faute; » et cette promesse n'est point
remplie. Ainsi, page igg, à propos de la forteresse de Moisraes ,
« depuis qu'elle fut abatue , dit-il, la réparèrent les gens du roy
Charles , comme cy après sera det^isé ; » et la suite du récit ne
contient rien à ce sujet. Peut-être aussi l'auteur n'a-t-il pu exécu-
ter ce qu'il avoit projeté.
SUR PIERRE DE FENIN. xxxvi]
eussent une forte apparence de raison pour avoir
entraîné un esprit aussi exact. Admettons que les
manuscrits qui lui furent communiqués portoient
le nom de Pierre deFenin. Il aura cru les devoir
donnera celui des membres de la famillequi avoit
jeté le plus d'éclat sur ce nom , et qui , d'ailleurs ,
avoit été contemporain des faits qui y sont re-
cueillis. Mais si , comme nous n'en faisons aucun
doute, cette chronique fut composée aune époque
de beaucoup postérieure à la mort du prévôt
d'Arras, il nous faudra nécessairement reporter
sur un autre Pierre de Fenin la propriété littéraire
dont on avoit enrichi son homonyme. Deux docu-
ments, provenant de sources diverses, nous si-
gnalent l'existence, vers la fin du quinzième siècle
et dans les premières années du seizième , d'un
Pierre de Fenin, mort en 1 5o6 ' . Y a-t-il témérité
àluitransférerle titre d'historien que nouscroyons
devoir oter au panetier de Charles VI ? Nous ne
le pensons pas. C'est cette opinion , et aussi l'im-
possibilité de substituer, avec fondement, un
autre nom à celui de Fenin, qui nous a engagée
à le conserver en tête de ces Mémoires.
' \oyez son épitaphe rapportée ci-dessus, page xxiij, et la note
qui s'y rattache. Nous remarquerons que cette épitaphe donne à
Pierre de Fenin la qualité de sire de Grincourt ; et l'on a vu ,
page xxvij , que Gérard de Tieulaine , seigneur de Graincourl-lez-
Duisansi sembloit être le premier qui ait eu le dessein de mettre en
lumière les Mémoires de Fenin. Peut-être étoit-ce un descendant
du sire de Grincourt dont nous avons donné répit.ij)he.
xxxviij NOTICE SUR PIERRE DE FENIN.
Nous n'achèverons pas cette Notice sans expri-
mer de nouveau à MM. le marquis Le Ver, Le Glay,
Piers et La Cabane , toute notre gratitude pour
l'obligeance qu'ils ont mise à nous communiquer
les renseignements qu'ils possédoient. Nous prions
aussi M. Ravenel , que la Société de l'Histoire de
France a désigné pour commissaire responsable
de la présente publication, d'agréer nos remercî-
ments pour les bons et utiles conseils qu'il a bien
voulu nous donner et dont nous avons souvent
profité.
L.-M.-E. Dupont.
LISTE
DES OUVRAGES CITÉS DANS LES ANNOTATIONS
SUR LES MÉMOIRES DE PIERRE DE FENIN.
Le soin qne l'on a pris d'indiquer la source de chacun des renseipjneuients
donnés, l'obligation où l'on a été d'abréger autant que possible ces indications,
ont semblé rendre nécessaire cette liste des ouvrages cités, où sont consignés,
avec développements, les différents titres, et où se trouvent précisées les éditions
dont on s'est servi.
A.
Anonyme de Saint-Denis. Histoire de Charles VI , roy de France,
escrite par les ordres et sur les Mémoires et les avis de Guy de
Monceaux , et de Philippes de Villette , abbez de Sainct-Denys ,
par un autheur contemporain , religieux de leur abbaye. Tra-
duite sur le manuscrit latin par M. I. Le Laboureur. Paris,
i663, 2 vol. in-fol.
Anselme (le Père). Histoire généalogique et chronologique de la
maison royale de France. Troisième édition, Paris , l'y 26-3 3 ,
9 vol. in-fol.
Art {V ) de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, etc.
Troisième édition. Paris , i'y83-87, 3 vol. in-fol.
B.
Bataille du Liège {la).
Aux pages 373-77 du premier volume des Mémoires pour
servira F Histoire de France et de Bourgogne. Voyez La Barre.
Ce poëme , public pour la première fois par La Barre , a été
réimprimé par M. Buchon , à la suite de la Chronique des ducs
de Bourgogne , par Georges Chastellain ; Paris, 1827, 2 vol.
in-8. Il a reproduit exactement l'erreur de La Barre , qui assigne
;i celte bataille la date de i468 , au lieu de i4o8 , erreur intro-
duite dans le texte (vers n ).
xl LISTE
Berky {Jacques Le Bouvier, dit). Chronique.
Aux pages 4^1-444 ^^ V Histoire de Charles Vï , par Denjs
Godefroy; Paris , i653, in-fol.
Bertholet ( Jean ). Histoire ecclésiastique et civile du duché de
Luxembourg et comté de Chiny. Luxembourg , l'-j^i-^Z , 8 vol.
m-4.
Bréquigny ( Feddrix de ). Voyez Vilevaclt.
c.
Chapeauville. Qui gesta pontificum Leodiensium scripserunt auc-
tores praecipui. Leodii , 1616 , 3 vol. in-4.
Chartier {Jean ). Histoire de Charles VII.
Aux pages i-Sai de V Histoire de Charles Vil, mise en lu-
mière par Denjs Godefroy; Paris, i66i, in-fol.
Chastellain {George). OEuvres historiques inédites. Paris, 1887,
in-8.
Chronique {la) £ Alençon , escripte par Perce val de Caigny , es-
cuyer d'escurie du duc d'Alençon. MSS.
Bibliothèque royale ^ fonds Du Chesne , n" 48, fol. 63-i 10.
Chronique {la) des comtes et ducs d'Alençon. MSS.
Bibliothèque royale, fonds Du Chesne, i\° 48, fol. i i4-i 36.
CouRCELLES ( JuLiEN de). Histoire généalogique et héraldique des
pairs de France. Paris , 1 822-33 , 12 vol. in-4.
Cronicques des guerres et advenues qui ont esté depuis l'an mil
iiii'^ xmii jusqu'à l'an mil iiii"= soixante-onze, es royaulmes de
France et d'Angleterre, et en tous les pays du duc de Bour-
goingne. MSS.
Bibliothèque royale, ancien fonds français , n» 6762.
Ce manuscrit offre une compilation assez étendue des chro-
niques de Berry, J. Chartier, Du Clercq et autres. Il pourroit être
forl utilement consulté pour une réimpression des Mémoires de
Du Clercq , auxquels le compilateur fait de fréquents emprunts ,
et dont il reproduit des passages manquant dans les éditions
de MM. de Reiffenberg et Buchon.
Croniques de France, dites de Saint-Denis. Paris, Pasquier Bon-
homme , t47^> 3 vol. in-fol.
DES OUVRAGES CITÉS. xlj
D.
Daire {Louis-François). Histoire de la ville d'Amiens, Paris ,
l'jS'j, 2 vol. in-4.
Dd Chesne (François). Histoire des chanceliers et gardes des sceaux
de France, Paris, 1680, in-fol.
Du Clercq (Jacques). Mémoires.
Faisant partie du Supplément aux Chroniques de Monstrelet
(tomes XII-XV de l'édition donnée par M. Buchon).
DvGVAL-E (Tf^illiam). The Baronage of England. Zorat/o/i, 1675-
76, 3 vol. in-fol.
DoLAURE (Jacques -Antoine). Histoire civile, physique et morale
de Paris. Troisième édition. Paris, iBsS-aô, 10 vol. in-i2.
Do Plessis (Toussaints). Histoire de la ville et des seigneurs de
Coucy. Paris , 1728 , in-4.
Du TiLLET (Jean). Recueil des Rois de France , leurs couronne et
maison. Paris , 1602, 2 vol. in-4.
E.
EscoucHY (Mathieu d'). Histoire de Charles VII.
Aux pages 531-788 de V Histoire de Charles F'II, mise en
en lumière par Denys Godefroy; Paris, 1661, in-fol.
Favtn {j4ndré). Le Théâtre d'honneur et de chevalerie , ou l'His-
toire des Ordres militaires. Paris, 1620, 2 vol. in-4.
FÉLiBiEN(7tfiVAe/). Histoire de la ville de Paris, revue, augmentée
et mise au jour par Guy-Alexis Lobineau. Paris , 1725, 5 vol.
in-fol.
Ferry de Lucre. Histoire chronographique des comtes , pays et
ville de S. -Paul, enTernois. Douay, i6i3, in-4-
Froissart (/.). Les Chroniques de Jean Froissart, avec notes et
éclaircissements par J. A. Buchon. Paris, 1824-26, i5 vol.
in-8.
xlij LISTE
Gallia Christiana. Lutetise Parisiorum , 171 5-85, i3 vol. in-fol.
GoDEFROY [Denys). Histoire de Charles VI, par Jean Juvénal des
Ursins, augmentée. Paris, i653, in-fol.
GoLLUT {Louis). Les Mémoires historiques de la république Sé-
quanoise, et des princes de la Franche-Comté de Bourgogne.
Dole, i5g2, in-fol.
H.
Hardyng {John). The Chronicle in mètre. Londini, i543, in-4.
Haudicquer DE Bi.ANCOURT. Nobiliaire de Picardie. Paris, 1693,
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Hénault (le président ). Nouvel abrégé chronologique de l'histoire
de France. Paris, 1788, 3 vol. in-8.
Histoire et Chronique de Liège. MSS.
Bibliothèque royale , ancien fonds français ^ n° 838o^.
Journal de Paris sous les règnes de Charles VI et de Charles Vil.
Aux pages 1-208 du tome I des Mémoires pour servir à l'His-
toire de France et de Bourgogne. Voyez La Barre. Nous l'avons
constamment cité sous le titre de Journal d'un bourgeois de Paris.
J0VÉNAL DES Ursins. Histoire de Charles VI. Seconde édition,
publiée par Denys Godefroy. Paris, de V Imprimerie Royale,
i653, in-fol.
L.
La Barre (LefÈvre de). Mémoires pour servir à l'Histoire de
France et de Bourgogne. Paris, 1729, 2 parties, in-4.
La Marche {Olivier de). Mémoires. 2 vol. in-8.
Dans la Collection des Mémoires pour servir à l'Histoire de
France de Petitot, t. IX et X de la première série.
La Morlière {Adrian de). Recueil de plusieurs nobles et illustres
maisons vivantes et esteintes en l'estendue du diocèse d'A-
miens, etc. Amiens, i63o,in-4-
DES OUVRAGES CITÉS. xliij
La Roq0e {Gilles-André de). Histoire généalogique delà maison
de Harcourt. Paris, 1662, 4 vol. in-fol.
Le Laboureur [Jean). Les tombeaux des personnes illustres. Paris,
1642, in-fol.
LoBiNEAD ( Guy-Alexis). Voyez Féljbien.
LoYEjvs (/. G.). Recueil héraldique des Bourguemestres de la noble
cité de Liège. Liège, 1720, in-fol.
M.
Ménage {Gilles). Dictionnaire étymologique de la langue fran-
çoise. Nouvelle édition, mise en ordre par A. F. Jault. Paris ,
i-jSo, 2 vol. in-fol.
Mever {Jacques). Commentarii sive Annales rerum Flandricarum,
libri xvii. Anlucrpiœ, i56i, in-fol.
Monstrelet {Enguerrand de). Chroniques d'Enguerrand de
Monstrelet. Nouvelle édition, entièrement refondue sur les ma-
nuscrits, avec notes et éclaircissements, par J. A. BucHON.Pam-,
1826, i5 vol. in-8.
Monstrelet. La Cronique de Enguerrand de Monstrelet. MSS.
Bibliothèque royale, ancien fonds français, n° 8347^*^' >
olim Colbert, n° 3 186.
M0RICE {Pierre-Hyacinthe). Histoire ecclésiastique et civile de
Bretagne. Paris, i'j5o-56, 2 vol. in-fol.
Le second volume est de Charles Taillandier.
— Mémoires pour servir de preuves à l'Histoire ecclésiastique et
civile de Bretagne. Paris, l'y 42-46, 3 vol. in-fol.
N.
NicoT {Jean). Trésor delà langue françoyse. Paris, 1606, in-fol.
P.
Perceval de Caigny. Voyez La Chronique d'Alençon.
Plancher (dom). Histoire générale et particulière de Bourgogne.
Dijon, 1738-71, 4 vol. in-fol.
Les trois premiers volumes seulement sont de dom Plancher ;
le quatrième est du à dom Salazard.
xliv LISTE DES OUVRAGES CITÉS.
R.
Rapin de Thoyras. Histoire d'Angleterre. Nouvelle édition. La
Haye, 1749? '^ ^'^^- in-4.
Reiffenberg (baron de). Histoire de l'Ordre de la Toison-d'Or.
Bruxelles, i83o, in-4.
RvMER {Thomas). Fœdera, Couventiones, Literae, et cujuscumque
generis Acta publica inter reges Angliœ , et alios quosvis impera-
tores , reges, pontifices , principes vel communitates habita aut
tractata. Editiotertia. Hagœ Cornais, 1739-45, 10 vol. in-fol.
Saint-Remy (Jean Le Febvre de). Mémoires.
Aux tomes VII (page 25 1) et VIII des Chroniques d'Enguer-
rand de MonstreleL ; nouvelle édition entièrement refondue par
J. A. Bcchon; Paris, 1826, i5 vol. in-8,
Salazard (dom). Histoire générale et particulière de Bourgogne.
Dijon, 1738-71 , 4 vol. in-fol.
Le quatrième volume seulement est de Salazard ; les trois pre-
miers sont dus à dom Plancher.
Secousse. Ordonnances des rois de France de la troisième race, re-
cueillies par ordre chronologique. Paris, de V Imprimerie royale,
1741-55, in-fol. (tomes VI à IX), Voyez Vilevaclt.
V.
Vilevaclt (de). Ordonnances des rois de France de la troisième
race, recueillies par ordre chronologique. Paris, de l' Imprimerie
royale, 1768-77, in-fol. (tomes X à XII). Avec Bréquigny.
Voltaire. Histoire du Parlement de Paris.
Daus le tome XXII de ses OEut^res , aç>ec pré faces , avertis-
sements, notes, etc.; par M. Benchot. Paris, 1828-84, 70 vol.
in-8.
MÉMOIRES
DE
PIERRE DE FENIN.
V érité est qu'entre le diicLoujs d'Orléans ', frère au
roy Charles , et le duc Jean de Bourgoingne % son cou-
sin germain , y eut par pluseurs fois grandes envies et
mal-talens eux deux ensemble, et dont y eut grosses
assemblées de chascune partie, pour paix trouver; et
pour ce receurent le corps de Nostre Seigneur ensem-
ble , pour plus grande fiance avoir l'un à l'autre : et ,
comme il fut depuis apparent, la paix n'y estoit mie,
car par la congnoissance du duc Jean de Bourgoingne ,
il fit tuer ledict duc d'Orléans ^
* Louis de France, duc d'Orléans, second fils de Charles V, né à
Paris, le samedi i3 mars iBji , épousa à JMelun, au mois de septem-
bre 1089, Valentine de Milan, fille de Jean Galéas Visconti , duc de
Milan , et d'Isabelle de France.
' Jean, duc de Bourgogne , surnommé Sans-Peur, fils de Philippe-
le-Hardi, et de Marguerite, comtesse de Flandre, né à Dijon , le
a8 mai lôyi , marié à Cambrai, le 9 avril i585, à Marguerite de Ba-
vière , fille d'Albert de Bavière, comte de Hainaut, Hollande , etc. ,
et de Marguerite de Silésie ; assassiné à JMontereau-Faut-Yonne , le
10 septembre i4i9'
' Le 'i5 novembre 1407. Les chroniqueurs diffèrent entre eux sur
la date qu'ils assignent à cet événement. Suivant le rédacteur des
I
2 MÉMOIRES [H07]
Après que letlict duc d'Orléans fut mort, il y eut
"raiid descoiit'ort des i^ens de son hostel , et menoient
si m and dueil, que c'estoit pitié de les voir ; car ledict
duc d'Orléans estoit horriblement navré en la teste et
au visaige, et si avoit un poing couppé. Et avec luj y
eut un sien valet de chambre, pour cuider sauver ledict
duc. En cest estât ledict duc fut emporté de ses gens, et
ne sçavoient que mescroire , fors qu'aucmis pensoient
<[ue ce eust faict le seigneur de Canni ', pour ce que le-
dict duc luy avoit for trait sa fem^me : et pour ceste
cause haïssoit-on le sire de Canni de mortele haine;
grandes Chroniques de Saint-Denis (tome III, folio 148 v°), ce meurtre
fut commis la veille de saint Denis, c'est-à-dire le 25 décembre; ce
qui est une erreur évidente. Berry (4i6) et l'anonyme de Saint-
Denis (II, 624) le placent à la veille de saint Clément, c'est-à-dire
au 22 novembre. La date que nous adoptons est celle qui est indiquée
par les registres du parlement, et dans une sorte de manifeste ccmtrc
le duc de Bourgogne, envoyé au roi Charles VI et aux principales
villes du royaume, par les enfants dû duc d'Orléans. Ce manifeste est
rapporté ]iar Juvénal des Ursins (20g), et fort incomplètement par
Wonstrelet (II, lyS).
Peut-être ne sei^a-t-il pas inutile de signaler, par occasion, une
erreur qui se trouve dans toutes les éditions des Chroniques de Mons-
trelet, une seule exceptée (celle d'Anthoine Yérard, de quarante-sept
lignes à la page). On a imprimé dans le texte du manifesteen question,
au mois de novembre, le quatorzième jour , au lieu de vingt-troisième.
Cependant la véritable date se lit dans presque tous les manuscrits ,
en assez grand nombre, que nous avons consultés, et notamment dans
celui de la Bibliothèque royale, n° 8547'"'" que M. Buchon a suivi,
dit-il, après l'avoir compare soigneusement à toutes les éditions.
' Aubert LeFlamenc, seigneur de Cany et de Varennes, chevalier,
conseiller et chambellan du Roi. Mariette d'Enghien, sa femme, qu'il
avoit épousée en i58g, eut de Louis, duc d'Orléans , un fds nommé
Jean , dit le lnUard d'Orléans, comte de Dunois et «le Longucvillc.
[1407] DE PIERRE DE FENIN. 3
mais on sceiit bien-tost api'ès la vérité du faict , et que
Je seigneur de Canni n'y avoit nulle coulpe.
Le lendemain, quand se vint à porter le duc enter-
rer, il y avoit moult de grands seigneurs de son lignage
à tenir la main au drap, et à faire le dueil au corps; et
fut enterré aux Célestins. Entre les autres y estoit le
tluc Jean de Bourgoingne , qui [avoit faict faire ccste
besongne , et faisoit le dueil par semblant , et n'en sça-
voit-on encores la vérité. En tant qu'on portoit le-
dict duc enterrer, le sang du corps coula parmy le
sercueil à la vueûe d'eux tous, dont y eut grand mur-
mure de ceux qui là estoient, et de tels y en eut qui
bien se doubtoient de ce qui en estoit; mais rien n'en
dirent à présent. Après l'enterrement dudict^duc, les
seigneurs qui là estoient prirent conclusion d'estre le
lendemain au conseil tous ensemble pour eeste be-
songne.
Quand vint le lendemain , que les seigneurs fu-
rent assemblez , le duc de Berry ", oncle dudict duc , y
estoit avec le duc de Bourbon % et des autres grande
planté : et le duc Jean de Bourgoingne monta à cheval
pour aller au conseil avec les autres, accompagné du
comte Waleran de Sainct-PauP. Quand ledict duc vint
' Jean de France, duc de Berry et d'Auvergne, etc., second fils du
roi Jean et de Bonne de Luxembourg, né au château de Yincennes ,
le 5o novembre i54o, mort à Paris, le i5 juin i4i6.
' Louis II du nom, duc de Bourbon, comte de Clermont, etc., né
le 4 août i537,niort à Montluçon, le ig août i4io. Sa sœur, Jeanne de
Bourbon, avoit épousé Charles Y.
' Valeran de Luxembourg, comte de Saint-Pol et de Ligny, né
vers i555, suivant Ferry de Locre (46), fut créé connétable de France
\
4 MÉMOIRES [1407]
entrer en le conseil , le duc de Berry et les autres liiy
envoyèrent dire qu'il se déportast d'entrer en la cham-
bre du conseil tant qu'à présent ' ; et quand le duc Jean
ouït ce, il fut tout esbahy et courroucé : et alors il
demanda au comte Waleran deSainct-Paul : « Beau cou-
sin de Sainct-Paul, que vous semble-il denostre faict,
et qu'avons-nous à faire sur ceste besongne? » Alors
le comité Waleran lui respondit : «Monseigneur, vous
avez à vous retraire en vostre hostel, puisqu'il ne plaist
à nos seigneurs que soyez au conseil. » Et adonc dict
le duc Jean : (( Beau cousin, retournez avec nous. )) Et
le comte luy respondit : « Pardonnez-moy, je iraj de-
vers nos seigneurs au conseil. » En tant que ces paroles
duroient, le duc de Bcrry vint à l'huis de l'hostel, et
dist au duc Jean : « Beau nepveu, déportez-vous d'en-
trer au conseil ; il ne plaist my bien à chascun qu'y
soyez. » Et le duc Jean respondit : (( Monsieur^ je m'en
déporte bien; et affm qu'on ne mescroye mie de la
mort du duc d'Orléans, j'ay faict faire ce qui a esté
faict, et non autre. » A ces paroles fut le duc moult
esmerveillé; et ledict duc Jean tourna son cheval.
ea i4ii , et mourut à Yvois le 19 avril i4i5. Il eut de Maliaud de
Rœux , sa première femme , Jeanne de Luxembourg , mariée en la
ville d'Arras, le 21 février i4o2, à Antoine de Bourgogne, duc de
Firabant, et moi'te le 12 août 1407.
Nous signalerons en passant une faute du père Anselme, qui, à l'ar-
ticle des Connétables de France ( VI , 220 }, fait mourir le comte de
de Saint-Pol , le 19 août i4i5.
' Selon Monstrelet (I, 218), le duc de Bourgogne s'étoit déjà dé-
claré l'auteur du meurtre , lorsqu'il se présenta pour entrer au con-
çcil. Cette circonstance explique et motive le refus du duc. de Berrv.
[1407] DE PIERRE DE FENLN. 5
et s'en alla , et tout incontinent changea cheval à
son hostel, et partit de Paris h petite compagnée, et
s'en alla tout de tire en Flandres sans arrester en nulle
place, sinon quand il eut repeu bien en haste. Et ses
gens le suivirent au mieux qu'ils peurent en grand
doubte, de peur qu'ils ne fussent arrestez. Ainsi
partit le duc Jean de Paris, laissant la seigneurie de
France en grande pensée. Adonc messire Clugnet de
Brabant % admirai de France, monta à cheval atous
ses gens, et suit le duc pour le cuider prendre ; mais le
duc estoit jà bien loing : et ainsi messire Clugnet re-
tourna tantostà Paris. Geste mort fut l'année du grand
hiver, et dura la gelée soixante et six jours en un te-
nant.
De ceux qui meirent le duc d'Orléans à mort, au
commandement du duc Jean de Bourgoingne, furent
Paulet d'Antonville" et Guillaume Courte-Heuse , et
pluseurs autres que ne sçay nommer^; mais ces deux
' Pierre de Breban, dit Clignet, seigneur de Landreville, pourvu,
par lettres du i" avril i4o5, de la charge d'amiral de France, qu'il
obtint par la faveur et à la prière du duc d'Orléans. Après la mort
de ce prince , il fut remplacé dans cet emploi par Jacques de Châ-
liUon, que protégeoit le duc de Bourgogne, et dont les lettres de
provision sont datées du 27 avril i4o8. Pierre de Breban vivoit encore
en 1428 , continuant de porter le titre d'amiral de France.
' Raulet ou Raoul d'Auquetouville est qualifié " escuïer d'escuieric
et verdier des forests de Bur-le-Roy » dans une ordonnance du 5 août
1596 (Secousse, VIII, loi ), et nommé « général-conseiller sur le faict
des aides » par autre ordonnance du 5 septembre logy ( Ibid., i48).
Il étoit écuyer ordinaire de l'écurie du duc de Bourgogne en i4o8
( La Barre, II, 147 ).
'' Les meurtriers étoient au nombre de dix-huit, et, selonGollut(654)>
6 MÉMOIRES [1407]
furent les principaux, et depuis là en avant eurent
toutes leurs vies grandes rentes sur le duc Jean pour
ceste cause '. Le duc Jean fut moult blasmé de ce qu'il
avoît fait le dueil au corps, et tenu la main au drap, et
depuis cogneu de sa bouche le faict.
Quand le duc Jean fut venu en son pays de Flandres
et ses gens furent rassemblez , il manda ses barons
pour avoir conseil de ce qu'il avoit à faire. Là y eut
pluseuis conclusions par le duc Jean et son conseil
pour résister à tous ceux qui, pour la mort du duc
d'Orléans , luy voudroient mener guerre.
Tantost après la mort du duc d'Orléans, y eut pris
en Amiens jour de parlement, et tous les seigneurs de
France y furent tous assemblez ; et y estoit le duc Jean,
lequel feit peindre dessus l'huis de son hostel deux
avoient pour chefs, outre ceux que nomme Fenin, Guillaume Scab
et Jean La Motte. Monstrelet (I, 214 ) cite encore Thomas Courte-
Heuse, valet de chambre du Roi, né, ainsi que Guillaume Courte-
Heuse, de la comte de Guines. 11 ajoute que d'Ottonville étoit Nor-
mand, et qu'un motif de vengeance personnelle le poussa à servir
celle du duc de Bourgogne. L'office des généraux dont le Roi l'avoit
pourvu à la requête et prière du duc Philippe de Bourgogne , lui
avoit été ôté par le duc d'Orléans.
' Il résulte du compte rendu , en 1 408 , par Jean de Pressy, tréso-
rier général de toutes les finances de Bourgogne , qu'en cette année
il paya à RaouUet d'Ottonville, 1° par mandement du duc Jean,
donné à Bruges le 6 août, la somme de cinq cents francs d'or pour les
agréables services par lui rendus ; et 2° par mandement du 5 janvier,
la somme de deux cent dix ecus d'or pour soi monter et habiller tant
de chevaux comme de robes (La Barre, II, 147 ). Ces munificences ,
dont la dei-nière est postérieure à peine d'un an au meurtre du duc
d'Orléans, ne peuvent-elles pas être regardées, en effet, comme le
salaire du crime ?
[1407] DE PIERRE DE FEININ 7
lances , dont l'une avoit fer de guerre , et l'autre fer de
roquet; et disoit-on qu'il l'avolt faict en signiliance
que quj voudroit à luy paix ou guerre, qu'il le pre-
sist, et de ce on parla en mainte manière. Moult eut
à Amiens de grands consaux tenus par les seigneurs de
France, mais perceut-on de choses qu'on y fit, fors
que ledict duc Jean percevoit bien que la plus grande
partie des seigneurs de France le hajssoient couAcr-
tement, nonobstant que pour lois n'enfissent sem-
blant.
Le duc d'Orléans avoit trois fds de Valentine ', fille
au duc Galeace de Milan, sa cousine germaine, dont
le premier avoit nom Charles'', qui estoit prince de
hault entendement, et fut nommé duc d'Orléans après
la mort de son père; le second estoit nommé Philippe,
comte de Vertus^; et le troisième, nomm.é Jean,
comte d'Angoulesme'^. Et tous trois avoient bien ma-
' Valentine de Milan , fille de Jean Galéas Visconti , et d'Isabelle
de France, sa première femme, morte au château de Blois, le 4 dé-
cembre i4o8.
^ Charles, duc d'Orléans et de Milan, comte de Blois, etc., né à
[*aris, le 26 mai 1091 , mort à Amboise, le 4 janvier i465. Ayant été
fait prisonnier à la bataille d'Azincourt, en i4i5, il demeura en
\ngleterre pendant vingt-cinq ans.
^ Philippe d'Orléans, comte de Vertus , né en juillet i3g6, mort
sans alliance en 1420.
♦ .Teau d'Orléans, comte d'Angoulème et de Périgord, né Je
26 juin i4o4, mort au château de Coignac en Angoumois, le
5o avril 1467- Charles d'Orléans, son frère, ayant promis au roi d'An-
gleterre, en novembre i4i2, cent mille écus pour le secours donné
par ce jirince à la maison d'Orléans contre celle de Bourgogne , le
comte d'Angoulème fut livré en otage pour garantie de cette somme ;
il resta eu Angleterre jusqu'en 1444.
8 MÉMOIRES [1408]
nicres de princes , et moult estoient courroucez de la
mort de leur père; et depuis eurent assez de peine pour
le cuider venger, et porter dommage au duc Jean.
Mais le duc Charles et le comte d'Angoulesme furent
depuis fort empeschez de prison , comme sera cy-après
déclaré.
L'an mil quatre cens et liuict, Liégeois rebellèrent
contre leur évesque, nommé Jean de Bavière', frère
au duc Guillaume de Hollande ' et à la femme ^ du
duc Jean de Bourgoingne , parquoy ledict évesque
estoit moult puissant d'amis : et nonobstant qu'il fust
évesque"^ de Liège, il se vouloit marier^; mais la plus
' Fils d'Albert de Bavière, comte de Hollande, Zélande et Hai-
naut, et de Marguerite de Silésie. Élu évêque, le i4 novembre oSg,
à peine âgé de dix-sept ans , il prit possession du siège, par com-
missaire, le 9 mai i3go, et fit son entrée publique à Liège , le
lo juillet suivant. Il mourut empoisonné le jour des Rois, 6 janvier
i424- ( V^oy. Histoire et chronicque de Liège, fol. i49 verso : Bib. Roy.,
manuscrit 838o' , et Loyens , 102 et suiv.)
' Guillaume de Bavière , IV du nom , comte de Hainaut , de Hol-
lande et de Zélande , marié le 9 avril i385 à Marguerite de Bourgo-
gne, fille de Philippe-le-Hardi ; mort à Bouchain, le 01 mai 1417.
' Marguerite de Bavière, mariée au duc Jean de Bourgogne, le
9 avril i585, morte à Dijon le 23 janvier i4-i3.
* Ici commence notre manuscrit.
* Pierre de Fenin est le seul historien de ce temps qui assigne
un tel motif à la rébellion des Liégeois : les autres ne parlent que du
mécontentement que leur causa le refus de Jean de Bavière, qui, dit
Gollut (641), haiant tenu l'e'vesche'par dix-huit ans ne vouloit se
lier à ï église. Le caractère connu de l'évèque de Liège , son ambi-
tion , son esprit guerrier, et surtout le mariage qu'il contracta dix
ans plus tard avec la veuve du duc de Brabant , Elisabeth de Luxem-
bourg , tout autorise à croire que Fenin indique ici la véritable cause
de la révolte des Liégeois. Loyens (120) dit aussi que « Jean de
[1408] DE PIERRE DE FENIN. ç)
grant partie de ceux de Liège ne le vouloient soufTrir.
Et pour ce y eut discencion graiit entre les deux par-
ties, et tant que l'évesque fut décachié, et ne vouloient
obéir à Jehan de Bavière , ains en avoient fait ung
aultre , fieux au conte de Peruel ' ; et aussi le conte de
Peruel les soustenoit contre Jehan de Bavière. Et
quant Jehan de Bavière se vit en ce dangier, et qu'il
avoit jà perdu la plus grant partie de ses bonnes villes
et fortresses, il s'alla retraire à Tret"*, qui estoit de
son partj, et envoia devers le duc Guillaume de Hol-
lande, son frère, et devers le duc Jehan de Bour-
goingne, son seronge, en leur priant piteusement
qu'ilz le vousissent secourre, et qu'il j en avoit grant
besoing, car Liégeois l'avoient asségié dedens la ville
de Tret. Et quant le duc Jehan et le duc Guillaume
ouïrent la complaincte de Jehan de Bavière, ilz assem-
blèrent moult grant poissance de tous leurs païs , et
manda le duc Jehan, les seigneurs de Bourgoingne, et
avec manda Piquars et FI amans et toutes aultres gens
donc il povoit, par espécial gentilz-hommes. Et le duc
Guillaume manda Hollandois, Zélandois% et moult
d'aultres ses bons amis. Et quant les deux ducz eurent
leur puissance assemblée , ilz eurent moult noble
Bavière avoit conçu le dessein d'abandonner son évèché pour se ma-
rier, à raison que Guillaume, son frère, n'avoit laissé qu'une fille
"ommée Jacqueline. »
"j^enri de Horne , comte de Perweis. Thierry de Horne , son fils,
chanoine et archidiacre de Hasbaye , avoit été élu évèque par les
Liégeois en i;o6.
' Trect,aujouN'hui Maëstricht.
' Haynuiers. (Ti.)
lo MÉMOIRES [1408]
corapaignie et belle chevalerie , et les nombrolt-on
bien à douze mille combatans, tous gens de fait.
Alors commenchèrent à chevauchier vers Cambresis,
et de là vers le païs de Liège , et quant ilz furent entrés
en païs de Liège, ilz gastèrent fort le païs. Item, Ro-
bert Le Roncz' et le seigneur de Jemont * estoient les
conduiseurs de l'ost, pour ce qu'ilz estoient du pays et
qu'ilz savoient bien lesquelz estoient contre Jehan de
Bavière. Et le conte de Peruel et les Liégois, cjui
avoient assëgié Jehan de Bavièrededens la ville de Tret,
oirent nouvelles que les deux ducz estoient à puissance
en leur païs de Liège, et qu'ilz gastoient tout. Adonc
se levèrent Liégoiz et laissèrent leur ^ siège pour
venir combatre les deux ducs. Et tant approchèrent
les deux osts, qu'ils furent assez près l'un de l'autre,
près la ville de Tongre. Là y eut grandes ordonnances
faictes par les deux ducs ; et ordonna le duc Jean ses
' Ecuyer d'écurie de Jean, duc de Bourgogne, qui, dans uneleUrc
au duc de Biabant , citée plus bas ( page 1 1 , note 4 ) » le nomme
Robin-le-Roux. Monstrelet (II, ii ), et l'auteur anonyme de La Ba-
taille du Liè^e (vers 247), éciùvent Robert-Ie-Roux. La Barre a
omis de le comprendre au nombre des écuyers d'écurie dans l'état des-
officiers de la maison du duc de Bourgogne. Il vivoit encore en 1417
(Monstrelet, IV, ^\).
^ Sans doute Jean Jeumont, qu'on trouve sur la liste des chevaliers
bannerets qui accompagnèrent le duc Jean, lorsqu'après la bataille de
Liège, il alla d'Arras à Paiùs, où il arriva le 28 novembre i4o8
(Plancher, III, Notes, xxx,'58o). L'anonyme de Saint-Denis cite (II, g5;j
un sire de Jeumont, ffanuyei, ipréposé parle duc de Bourgogne» avec
quelques autres braves capitaines , à la défense de Bapaumes contre les
troupes du Roi. Il fut tué à la bataille d'Azincourt. MonJ"'<'ltît (H* 21)
lui donne le titre de <- marescbal du duc Guillaume de Brabant. »
' Il y a ici lacune de quchiues pages dans «otre manuscrit.
[1408] DE PIERRE DE FENIN. m
gens à cheval pour férir les Liégeois par derrière. Le
seigneur de Croj', le seigneur de Hellj% le seigneur
de Raisse% le seigneur de Ponf*, et Enguerran de
' Jean, sire de Croy, de Renti, etc., chevalier, conseiller et cham-
bellan de Jean, duc de Bourgogne, tué à la bataille d'Aziucourt.
' Jacques, seigneur d'Helly, dit le maréchal de Guyenne, fut fait
prisonnier par les Anglais en i4i5, ainsi qu'on le voit par un acte de
Rymer(iy, ii« partie, 4^), en date du 18 septembre i4i3, dans
lequel il est dit que le roi d'Angleterre ayant appris que le seigneur
de Heyle et d'autres rebelles, ses ennemis, ont été faits prisonniers
par Jean Blount, chevalier, et d'autres de ses sujets, il envoie Jean
Radeclif , homme d'armes , pour traiter de la rançon des prisonniers
avec le dit Jean Blount, et les faire conduire en Angleterre. Le sei-
gneur d'Helly fut tué à, la bataille d'Azincourt, les Anglois, dit Ju-
vénal des Ursins (3i5), n'ayant point voulu le faire prisonnier « pour
ce que dernièrement il avoit rompu sa prison. »
' Peut-être Pierre de Haverskerque , seigneur de Rasse, de Bi-ay,
de Raimbaucourt , etc., châtelain d'Orchies et de Bailleul, époux de
Jeanne de Lalain , que D. Plancher ( III , Notes, xxix, 58o) met au
nombre des gentilshommes qui accompagnèrent le duc de Bourgogne
dans son expédition conti-e les Liégeois.
* Dom Plancher ( III , Preuves, cclx ) nous a consei'vé une lettre
datée de 3Iontost, sur les champs devant Tongres, le 25"= jour de sep-
tembre 1 408 , dans laquelle le duc de Bourgogne rend compte à son
beau-frère, le duc de Brabant, de la victoire par lui remportée sur
l'armée des Liégeois. Le duc cite comme ayant été chargés de se
porter sur l'arrière - garde de l'ennemi le sire de Croy, le sire de
Helly, le sire de Rasse, Enguerrand de Bournonville et Rohin-le~
Roux. Il n'y est point question du seigneur de Pont.
Edouard , d'abord marquis de Pont , puis duc de Bar , après la
mort de son père , arrivée en i4i i > suivant Monstrelet ( II, 192 ), le-
quel le nomme Henry et non Robert, comme le fait le P. An-
selme (Y, 012), fut fait prisonnier en i4i5 avec le duc de Bavière,
Pierre des Essarts et autres partisans du comte d'Armagnac. Edouard
dut sa délivrance aux sollicitations de Bonne de Bar, sa sœur, épouse
du comte de Saint-Pol. Il fut tué deux ans plus tard, dans les rangs
de l'armée francoisc, à la bataille d'Azincourt.
12 MÉMOIRES [1408]
Bouriionville', furent les cinq capitaines pour con-
duire ceux de cheval , et les conduisirent bien et ■vail-
lamment. Ce jour conduisoit le seigneur de Mirau-
mont' les archers au duc Jean, et vaillamment s'y
gouverna. Si avoit en la compagnie des cinq capitaines
susdicts bien douze cens hommes d'armes de bonne
estoffe : et fut une chose qui moult greva les Liégeois.
Ainsi ordonna le duc Jean deBourgoingne ses batailles,
et le duc Guillaume de Hollande, son seronge, le comte
de Peruvez et les Liégeois feirent grandes ordonnances :
et avoient de petits canons sur carrois grand foison,
qui moult grevèrent les gens des deux ducs à l'assem-
bler. Après toutes les ordonnances faictes, les deux
osts s'assemblèrent à bataille , en un camp nommé
Hasbain qui est assez près de Tongre. Là y eut grande
bataille^ d'un costé et d'autre, et se portèrent les Lié-
geois de venue roidement r miais enfin ils furent tous
desconfits, et y en eut moult de morts, et furent par
nombre morts vingt et huict mille "^ sur le camp, et en
euxfuyans, sans ceux qui furent prisonniers. Là fut pris
• Enguerrand de Bournonvillc , vicomte de Beaurain, etc., alors
ocuyer, depuis conseiller et chambellan du duc de Bourgogne, mort
en i4i4) à la prise de Soissons, qu'il défendoit contre les troupes
du Roi.
" Peut-être s'agit-il de Jean, seigneur de Miraumont, chevalier,
chambellan de Philippe-le-Hardi , père de Jean. Il est cité dans un
compte de Jean l'Époulettes pour l'année i4oo (La Bakre, II, 44 )
^ Le dimanche 20 septembre i4o8.
* Monstrelet et Saint-Remy s'accordent avec Fenin sur Je nombre
des morts. L'anonyme de Saint-Denis (II, 684) et Juvénal des Ur-
sjns (196) ne le portent qu'à vinç^t-quatre mille. L'auteur du ])oéme
de la Bataille du Lic^e (vers 402) dit trente mille.
L1408] DE PIERRE DE FENIN. i3
le comte tle Periiel et son fils '. A ceste journée se porta
le duc Jean de sa personne grandement, et messire
Jacques de Courte-Jambe', qui portolt la banière au
duc Jean, y fut vaillant chevalier et moult bien s'j
porta. A ceste bataille y eut morts des gens au duc
Jean , et de ceux au duc Guillaume de deux à trois
cens^ et non plus. Et y mourut un chevalier de grand
renom, messire Florimond de Brimeu'^, qui estoitàla
banière du duc Jean, tlont le duc fut fort courroucé.
Après ce que les deux princes eurent la victoire, ils
assemblèrent leurs gens , et regracièrent Dieu de l'hon-
neur qu'il leur avoitfait : après firent coupper la teste
au comte de Peruel, et en firent présent à Jean de
Bavière, qui vint vers eux assez tost après la bataille;
car il n'y estoit pas, et les mercia moult de l'honneur
qu'ils luy avoient fait et du secours, llsluy firentgrand
chère et gi^and honneur, puis s'en allèrent rafraischir,
et le lendemain toutes les bonnes villes du païs vinrent
' L'anonyme de Saint-Denis (II, 684), ^« Bataille du Liège
( vers 582-585 ) et Monstrelet (II, 17 ) disent que le père et le fils y
moururent. Suivant ce dernier, et D. Plancher (III, Preuves, cclx),
un second fils du comte de PerAveis y fut également tué.
" Jacques de Coui'tiamLles, chevalier, seigneur de Commarien et de
Marigny, conseiller et chambellan du Roi et du duc de Bourgogne (An-
selme , VIII, 719; La Barre, II, ii9),vivoit encore en mars 1426
( Idem, ibid., 206 ).
^ « De cinq à six cens hommes » ( Monstrelet, II, 18 ).
* Le duc de Bourgogne fit conduire à Maëstricht et inhumer avec
pompe le corps de Florimont de Brimeu, ainsi que l'apprend un
compte rendu, pour l'année i4o8, par Jean de Pressy. Florimont
de Brimeu étoit chevalier et chambellan du duc (Plancher, III »
26a).
i4 MÉMOIRES [1410]
à l'obéjssaiice aux deux princes et à Jean de Bavière :
et ils les receurcnt, sinon aucuns qui avoient faict la
rébellion, lesquels furent justiciez, tant hommes que
femmes, entre autres le damoiseau de Rochefort'.
Après toutes ces choses ainsi faictes , Jean de Bavière
fut bien obéj par tout son évesché , et depuis tout son
vivant ne firent rien à son contraire. Le pais de Liège
fut alors fort gasté par les gens des deux princes ,
qui emportèrent grand avoir dudict païs. Quand les
deux princes eurent ainsy accomplj leur volonté, ils
se retirèrent à grande joye chascun en son païs. Pour
ceste besongne fut le duc Jean moult redouté grand
temps : et ceux qui contre luj avoient proposé luj gre-
ver pour la mort du duc d'Orléans, furent tous ac-
coisez, et en grand temps après n'en feirent nul sem-
blant de grever ledict duc : mais au chef du tour la
chose se remit tellement que le royaume de France en
fut long-temps en voye de destruction , comme pour-
rez voir cy-après.
Après que le duc Jean de Bourgoingne eut ainsi
achevé en Liège, il fut bien deux ans qu'on parloit
peu de la mort du duc d'Orléans : mais toutesfois le
duc Charles, son fils, machina tant qu'il eut de son
party pluseurs seigneurs de France , qui luy promi-
' Jean, seigneur de Rochefort et d'Agimont, auquel les Liégeois
révoltés offrirent , le 6 septembre 1 4o6 , le titre de MamLourg ( Cha-
PEAUViLLE , III , gj ), « fut le principal fauteur des rebelles , quoyque
son grand aage, ses biens, et sa noblesse, le dussent avoir obligé de
se ménager parmy les dangers cjue les gens de sa sorte courent dans
l'engagement d'une sédition populaire. » (Anonyme m: Saint-Denis,
il, 684.)
[1410] DE PIERRE DE FENIN. i5
rent. ajder à veiii^er la mort de son père; et en estoit
le duc de Berry, le comte de Clairmont ' , et le comte
d'Armignac % et firent de grandes assemblées par-del;i
Paris vers Mont-le-Hery. Leduc Jean avoit à foison gens
vers Sainct-Denjs en France : et furent les gens du duc
Antoine de Brabant % logez à Sainct-Denjs '^ en cette
mesme saison , et les gens au comte Waleran de Sainct-
Paul , qui estoit à Paris, qui les manda pour les veoir :
et ils s'assemblèrent et allèrent pour passer parmy
Sainct-Denjs, où les Brabançons estoient logés; mais,
par quelque contention qu'ils eurent ensemble , les
Brabançons voulurent livrer bataille aux gens du comte
Waleran , qui estoient conduicts par le seigneur de
Tian ^, et furent sur le poinct d'eux entremesler; mais
■ Jean de Bourbon, comte de Clermont , fils de Louis II, duc de
Bourbon, et d'Anne, dauphine d'Auvergne , né au mois de mars i38o,
fait prisonnier à la bataille d'Azincourt , mourut en Angleterre
au mois de janvier i433. Il prit le titre de duc de Bourbon après la
mort de son père , arrivée le ig août i4io. ( Voyez page 5 , note 2. )
" Bernard, comte d'Ai'magnac, deFezensac, de Rodez, etc., fils
de Jean II, comte d'Armagnac , et de Jeanne de Périgord, reçut
l'épée de connétable de France, le 3o décembre i4i5. Mort le
1-2 juin i4i8.
^ Antoine de Bourgogne , duc do Brabant, second fils dePhilippe-
le-Hardi , duc de Bourgogne, et de Marguerite, comtesse de Flan-
dre et d'Artois, né en i584, niort le i5 octobre i4i5, à la bataille
d'Azincourt. Il eut pour première femme Jeanne de Luxembourg,
fille unique de Yaleran de Luxembourg , comte de Saint-Pol et de
Ligny ; et pour deuxième Elisabeth de Luxembourg, fille unique de
Jean de Luxembourg, duc de Gorlitz, etc.
< Le 20 septembre î4io. (Anonyme de Saint Denis, yoS.)
' Monstrelet dit Chin ( II , i54 )• Dans un rôle de gens d'armes as-
semblés par le duc Jean en i4io, il vaGiles, seigneur de Chin, chevalier
i6 MÉMOIRES [1410]
le duc Antoine, qui avoit espousé la fille tlu dict comte
Waleian ' , en ouït nouvelles à Paris, et y vint moult
en haste , et quand il fut venu, il fist retraire ses gens ,
et les dédaigna moult de ce qu'ils avoient tant faict;
et les gens du dict comte s'en allèrent à Paris pour
eux monstrer, et puis s'en revinrent à leurs logis, aux
villages du plat pays.
En ce temps, les gens du duc Charles d'Orléans et
du comte d'Armignac estoient logez par-delà Paris :
et alors on commença fort à parler des gens au comte
d'Armignac , pource qu'ils estoient habillez d'es-
charpes blanches , car on estoit encores peu vuille au
pays de France et de Picardie de telles escharpes , et
pour le nom des gens au comte d'Armignac , furent
depuis ce temps tous gens lenans party contre le duc
Jean de Bourgoingne, appelez Armignacs. Nonobstant
que le Pioy fust contraire au duc Jean aucune fois, et
avec luj eut moult d'autres grands seigneurs, plus
grands sans comparaison que le comte d'Armignac ,
si ne les nommoit-on en commun langage, fors les
Armignacs, dont ils étoient fort courroucez; mais
ils ne peurent oncques avoir autre , et de tout temps
de la guerre n'eurent autre nom. Ainsi par pluseurs
fois y eut grandes assemblées autour de Paris, tant des
gens du duc Jean de Bourgoingne que du duc Charles
d'Orléans : et tousjours depuis commença la chose à
enfler entre les dicts deux ducs, se retirant le dict duc
banneret (Plancher, III, JSotes, xxxiii, 585). Monstrelet ( III, 552 )
cite un seigneur de Chin , tué à la bataille d'Azincourt.
' \'oyez page 3, note 3.
[1410] DE PIERRE DE FENiN. ,^
de Bor.rgoingue avec ses alliez en son pays de Flandre
et Artois". Peuparavant, messiie Jean de Montagu,
grand maistre d'hostel du Roy, eut !a teste couppée à
Paris ' , et fut par le conseil du duc Jean : si disoit-on
qu'il avoit desrobé le Roy de grand thrésor. II avoit
fait faire le chastel de Marcoucy près Mont-le-Héry.
L'an mil quatre cens dix , la guerre commença foit
entre le duc Cliarles d'Orléans et le duc Jean de Bour-
goingne; et avoit le dict duc Charles grand foison de
seigneurs de France de son party, qui lui avoient
promis l'aider à destruire le duc Jean, et venger la
mort de son père. Il mist garnison en la ville de Han ^
sur Some , sur les marches du duc Jean , et y estoit
capitaine messire iManessier Quieret ^, et aussi en plu-
' Le départ du duc de Bourgogne n'eut lieu que quelques jours
après la conclusion du traité de paix, dit de Yicestre , entre lui et
les princes confédérés; laquelle paix fut confirmée par ordonnance du
Roi , le 1 novembre i4io. Cette ordonnance est rapportée par dom
Plancher (III, Preuves, ccLxvni ).
' Le 17 octobre 1409- Jean de Montagu, vidame de Laonnois, sei-
gneur de JMarcoussy, chevalier, conseiller du Roi, grand-maître de
France et surintendant des finances sous Charles VI, « estoit natif de
la cité de Paris, et paravant avoit esté secrétaire du roi Charles-le-
Riche , derrenier trespassé : si estoit gentilhomme de par sa mère »
(MoNSTRELET, II, io5). Sou père, mort le 17 septembre i58o, étoit
chevalier, conseiller et chambellan du Roi; sa mère, noble dame
Biette de Cassinel, étoit de la maison de Lucques. (Le Laboureur,
les Tombeaux des personnes illustres; Paris, 1642, iu-foL, pag. 280 )
Jl y a donc sinon erreur, du moins exagération, à dire, comme le
lait l'anonyme de Saint-Denis (II, 710), que Jean de Montagu étoit
« d'une condition médiocre. »
' Ham.
* Le P. Anselme ("VII, 746) indique un Manassez Queiret,
comme étant peut-être le même que Manessier Quicret , chevalier,
2
,8 MÉMOIRES [1411]
seurs autres places ; et après envoya défier le duc
Jean '. Et pareillement le deffièrent moult d'autres
grands seigneurs , et entre les autres le deffia un che-
valier de Picardie, nommé Maussart du Bos % dont
le duc Jean fut plus mal content que de tous autres ,
car messire Maussart estoit son homme , parquoi il le
cueillit en grande haine. Quand le duc Jean sceut les
assemblées que le duc d'Orléans faisoit contre luj, et
que partout il cherchoit alliez contre le duc Jean pour
luy faire guerre , alors il assembla ses gens par tous ses
pays, et fist moult belle assemblée de gentilshommes,
et avec fist venir grande puissance des communes de
Flandres , et tout assembla vers la ville d'Arras , et de
là tira droict au villaige de Marquion% près Cambray,
et là se logea et ses Flamens , qui estoient sans nom-
bre. Et avoient tant de tentes, que ce sembloit une
lequel donna quiUance de 120 livres, en prêt sur ses gages et ceux
de sept autres écuyers de sa compagnie, le 11 juin i4io.
' Les lettres de défi, datées de Jargueau , le 18 juillet 14", sont in-
exactement l'apportées par 3Ionstrelet (II, 225). Elles se trouvent
dans dom Plancher (III, Preuves, cclxxi).
' Maussart Du Bois, c'est ainsi que le nomment Juvénal des Ursins
(233) et le Journal d'un bourgeois de Paris {']), fut fait prisonnier, en
i4ii, parles troupes du comte d'Arundel, à l'attaque du pont deSaint-
Cloud, et livré, dit Monstrelet (II, 290), « es mains des officiers du
Roy. » On l'amena à Paris en la prison du Chàtelet. Ayant refusé de
prêter serment au duc de Bourgogne , il fut mis à la torture et enfin dé-
capité. Il marcha au supplice d'un pas ferme et assuré. Juvénal des
Ursins, qui a tracé un récit fort touchant des derniers moments
de Maussart Du Bois, dit (258) que « foison de peuple y avoit, qui
« quasi tous ploroient à chaudes larmes. » Cette exécution eut lieu
le 16 janvier i4ii. (Anonyme de Saint-Denis, II, 8o5.)
' II y arriva le i" septemhre i4it. (Monstrelet, II, 248.)
[1411] DE PIERRE DE FENIN. ,9
bomie grande ville quand Ils estolent logez; et avec
avoient moult d'habillemeiis de guerre, et alloient
tous de pied, fort chargez de harnois , et si avoient
foison de cliarroy, parquoj ils faisoient moult de mal
partout où ils passoient. Ainsi le duc Jean assembla
bien trente mille combatans ', et s'en alla de là à
Han sur Some, devant laquelle il mit le siège par un
lez, et fist assiéger degrands canons pour jetter aux murs
de la ville. Là eut grandes escarmouches faictes, mais
enfin les gens d'armes qui estoient dans la ville s'en
allèrent par-delà l'eaue, et abandonnèrent la ville; et
quand les gens du duc Jean le sceurent , ils assailli-
rent la ville, et entrèrent dedans. Là firent Flamens
grand desroy, et boutèrent le feu partout. Après que
Han fut ainsi désolée , le duc tira vers Nelle , laquelle
fut destruicte au passer, puis s'en alla loger devant
Roye en Vermandois, laquelle se mit incontinent en
son obéissance. De là s'en alla loger devant Mondi-
dier en grande ordonnance; et avoit moult de petits
charrois, où j avoit sur chascun deux petits canons,
qu'on nommoit ribaudequins, dont il fist clore son
ost d'un lez. Quand le duc Jean eust esté bien dix jours
logé devant Mondidier, et qu'il contendoit à passer
outre vers Paris, lors" sesFlamansse commenchèrent
' L'armée du duc de Bourgogne se composoit, selon Monstre-
let (Il , 248), de cinquante à soixante mille hommes, « sans les varlels
et pages, xlont il y avoit sans nombre. » L'anonyme de Saint-Denis
(II, 771) dit deux mille cinq cents chevaliers , et huit mille hommes
d'armes et cinquante mille piétons ; Juvénal des Ursins (226), deux
jiiilie chevaliers, huit cents écuyers et quarante mille hommes de pied.
Notre manuscrit reprend ici sans nouvelle lacune.
Lîo MÉMOIRES [141 i]
à eux fourmouvoir pour retourner en leur païs , et
tant, qu'il ne fut point en la puissance au duc Jehan
de les retenii ; car ilz se deslogèreiit ' en grant desroy
par nuit, et j eult de leurs tentes arses grant planté et
de leurs aultres bagages. Pour ceste retournée fut le
tluc Jehan fort iré; mais Flaraans n'en voulurent riens
faire pour luy, donc il leur sceut moût mal gré. Ainsi
s'en râlèrent Flaraans en leur païs contre le gré du duc
Jehan , et raloient plus en jour qu'ilz n'estoient ve-
nus en deux , et partout où ilz passoient ilz fal soient
grand dommaige, car ilz estoient gens sans pitié et qui
u'espargnoient gentil ne villain; et aussi quant Picars
les trouvoieut à leur dessoubz ilz leur faisoient assez
de paine.
Après ce que Flamans furent retraiz en leur pais et
le duc Jehan de cy à Arras , il remanda partout ses gens
et fist une moult belle assemblée de gentilz-hommes et
puis s'en alla vers Roje en Vermandois % et de là h
Bretoul ^ , puis à Biauvais et Gisors ; et estoit en sa
«^ompaignle le comte de Arundel '^ d'Engleterre atout
■ Le 26 de septembre i4ii, suivant Monstrelet (II, 260), et
selon l'anonyme de Saint-Denis (II, 777 ), « le jour de saint Cosme et
saint Damian, « c'est-à-dire le 27 de septembre. Ce dernier donne
])Our raison déterminante des Flamands, la mésintelligence qui exis-
loit entre eux et les Picards, mésintelligence causée par « l'inégalité
<les partages du pillage de Ham , » et aussi la peur qui les prit lors-
qu'ils eurent reconnu la force et la contenance de l'avant-garde en -
nemie qui leur étoit opposée.
' Le manuscrit porte vers Roync ci vers Mandais.
3 Breteuil.
* Peut-être Thomas Fitz-AUen, comte d'Arundel et de Suriev, ma-
rié à Béatrix de Portugal, mort le i5 octobre i^v3.
[1411] DE PIERRE DE FENIN. 21
environ de quatre à cinf[ cens ' combatans englez ,
et s'(>n alla de s j à Pontoise. li y eult ung traître qui
voulut murdrlr le duc Jehan en tant qu'il estoit à Pon-
toise, et il séjourna bien quinze jours, et entra le
traître en sa chambre; mais il fut apercheu, et eut la teste
copce en la ville de Pontoise. Quant le duc Jehan eut
ainsi séjourné à Pontoise, il se party par ung après-
digner et s'en alla passer à Meullent, et chevaucha toute
nuit et tout son host, et lendemain, sans arrester, s'en
alla à Paris au giste et se loga " dedens et toutes ses
gens. Pour lors estoit le duc d'Orliens logié à Saint-
Denis \\ grant puissance, et à Saint-Clau, par quoj le
duc Jehan ne fist point de logis entre Pontoise et Pa-
ris. Quant le duc Jehan fut venus à Paris , le roy Char-
les et le doffin ^ luy firent grant joie, et moult d'autres
■ Le nombre des Anglois envoyés au duc de Bourgogne , sous la
conduite du comte d'Arundelet autres seigneurs, étoit, suivant Mons-
trelet (II, 266), de douze centx. L'anonyme de Saint-Denis (II, j88)
dit six cents et deux mille archers ; Juvénal des Ursins (aSo), trois à
quatre mille ; et enÛQ le Journal d'un bourgeois de Paris (6), sept à
huit mille.
' Le vendredi 25 octobre i4ii- Juvénal des Ursins, qui, pour cette
date, est en désaccord avec Monstrelet, l'anonyme de Saint-Denis et le
Journal d'un bourgeois de Paris, dit le 5o octobre (252).
' Cette ville s'étoit rendue au duc d'Orléans dès le lundi 1 1 octo-
bre i4ii, suivant l'anonyme de Saint-Denis (II, 782}, qui donne quel-
ques articles de la capitulation, et seulement le 24 de ce mois, selon le
Journal d'un bourgeois de Paris (5). La première de ces dates nous
semble préférable , étant jus-tifiée par une ordonnance royale du i4 oc-
tobre, dans laquelle il est parlé de la reddition de Saint-Denis (Secoussi;,
IX, 640). Il faut cependant observer qu'en i4ii , le 11 octobre tomba
le dimanche et non le lundi.
* Louis de France, duc de Guicnne et dauphin de Viennois ^
0.1 MEMOIRES [Hlij
grans seigneurs, et se raffresqui luj et ses gens bien
trois sepmaines, el avoit souvent entre Paris et Saint-
Denis, de grans escarmuches des gens au duc Jehan et
de ceux au duc d'Orliens. Pour lors estoit capitaine
de Paris le conte Waleran de Saint- Pol , qui fut fait
connestable de France ' .
Item, en ce temps, par une nujt saint Martin
d'j\er% le duc Jehan yessj de Paris à grant puis-
sance et s'en alla à Saint-Clau, et vint environ le
point du jour. Quant le duc Jehan fut près de Saint-
Clau , il mist ses gens en ordonnance, et envoia En-
guerran de Bournoville et de ses autres capitaines
atout leurs gens pour assaillir la ville de Saint-Clau ;
et tant firent les gens au duc Jehan que la ville fut
prinse par force, et y eust grant perte des gens au duc
d'Orliens , et se retralrent en la fortresse du pont et
au moustier [de la ville. Là eut grand assaut au mous-
tier] par les gens du conte d'Arondel , et ceux qui
estoient dedens se deffendirent bien, mais riens ne leur
né le 22 janvier iSgô, épousa, le 3i août i4o4i Marguerite de Bour-
gogne, fille de Jean-sans-Peur. Il mourut le i8 décembre \/^\5-
' Ces mots, qui fut fait connestable, sont mis ici par anticipation
sur l'ordre chronologique des faits , et annoncent un événement fu-
tur sans pouvoir servir à en préciser l'époque. En effet, l'année i^ii
ayant commencé au 12 avril, l'élévation du comte de Saint- Pol à
la dignité de connétable de France, laquelle est du 5 mars de ladite
année, se trouve postérieure de quatre mois à la Saint-Martin d'hiver,
dont il va être parlé.
' Le 8 novembre. Le Journal d'un bourgeois de Paris (6) donne la
même date. Monstrelet (II, 285) et Juvénal des Ursins (235) disent le
() de novembre ; Saint-Remy (VII, 296) le 2 ; et l'anonyme de Saint-
Oenis fil, 796) le dimanche iS novembre.
[1411] DE PIERRE DE FEJNIN 23
valut; car il convint qu' Hz se rendissent en la voulenté
clés Englès. Là fut priiis messire Mausart du Boz par
les gens du conte d'Arondel et pluseurs aultres. Quant
le duc Jehan eut ainsi besoingnié, il se retira à Paris
au gis te et ses gens avecquez luj. En tant que l'assault
duroitau pont Saint-Clau, le duc d'Orliens vinst pour
secourre sez gens ; mais l'iau de Saine estoit entre deux,
et ilz ne povoient passer pour les gens au duc Jehan.
Après ce que le duc Jehan fut retrait à Paris au giste,
ainsi que avés oj, le duc d'Orliens et ses gens passèrent
tous au pont Saint-Clau et s'en allèrent par nuit en
tirant devers le pais de Berrj. Item, tantost après le
duc Jehan de Bourgoingne fist coper la teste à messire
Maussart du Boz ' et ne peut estre sauvé pour priaire
de ses amis, pour la hajne que le duc Jehan avoit en
!uy. Item, ung peu devant ', le seigneur de Croy, qui
estoit au duc Jehan , avoit esté prins par les gens au
duc d'Orliens , et messire Jehan de Croy ^, son fieux ,
s'en alla au chasteau de Monceaux, en Normandie, et
prinst les deux enfans d'Eu ^ [qui furent envoyés à
' Le i6 janvier i4ii (Anonyme de Saint-Denis, II, 8o5). Voyez ci-
dessus, page i8, note 2.
' Le vendredi 5o janvier i4io. ( Monstrelet, II, 178. )
* Il mourut avec son père à la bataille d'Azincourt.
* Suivant Saint-Remy, Monstrelet et l'anonyme de Saint-Denis , ce
ne fut pas des enfants d'Eu , mais bien de ceux de Bourbon, que s'em-
para Jean de Croy, et cela semble plus vraisemblable. Toutefois il
faut observer que la duchesse de Boui-bon , Marie de Berry, étoit
veuve en secondes noces , et avoit cjuatre enfants de Philippe d'Artois,
comte d'Eu, mort le 16 juin 1097, lorsqu'elle épousa, le 24 juin i4oo,
JeanI, duc de Bourbon. Il put arriver que les enfants de l'un et
l'autre lit tombèrent an pouvoir de Jean de Croy -, et Monstrelet, qui
du reste semble être dans l'erreur , ainsi que nous essaierons de le
?4 MÉMOIRES [1411]
Renlj] , par tjuov il fut depuis traitié que le seigneur
de Croy fût délivre, et les enfans d'Eu s'en rallèrent.
Après ce que Enguerrain de Bournoville et le seigneur
de Piont' s'en allèrent mener guerre vers Estampes; et
fut le seigneur de Ront prins par Bourdon', et mené
jirouver, dit positivement (II, 2g4) que le seigneur de Croy fit pri-
sonniers deux enfants du duc de Bourbon , « c'est assavoir ung filz de
trois ans ou environ, et une fille de son premier marv, aagée de neuf
ans. )> Par ces mots premier J7iarj, qu'il ne faut sans doute pas pren-
dre dans leur sens rigoureux, 31onstrelet veut probablement dési-
gner le comte d'Eu, mort, comme nous l'avons dit, le \5 juin 1097,
et qui , par conséquent, ne pouvoit être père d'un enfant âgé de neuf
ans en i4ii.
' Messire Jean de Ront, chevalier, fut envoyé à Paris, en 1417,
avec maître Jean de Thoissy, évêque d'Auxerre, et maître Tliieny
Gerbode, conseiller, « pour l'entretenement de la paix, lors traitée
devant Arras, quand le siège y estoit » (La Barre, II, io3). Le seigneur
de Ront, ainsi que Fenin le dira plus bas, avoit été l'un des princi-
paux défenseurs de cette ville.
' Louis de Bourdon, « vaillant chevalier d'Auvergne, » dit Juvénal
des Ursins (234), commandoit à Étampes au nom du duc de Berry,
et s'y défendit avec opiniâtreté. S'étant retiré dans le château, il fai-
soit de fréquentes sorties qui incommodoient fort les assiégeants, et
dans l'une desquelles il prit le seigneur de Ront. Après la chute de
l'une des tours du château , il se renferma seul avec son valet dans 1;>
grosse tour, et s'y défendit encore quelque temps. Voyant enfin qu'il
ne pouvoit plus tenir, il parlementa, et « rendit la place, sans ce qu'il
fust prisonnier ou payast finance ))(255). Suivant le Journal d' un bour-
geois de Paris (7), il « fut mesné en prinson en Flandres, et depuis ot sa
paix. » Louis de Bourdon avoit la garde de la porte Saint-3Iartin , au
mois de février i4i5» lorsque le duc de Bourgogne tenta vainement
d'entrer dans Paris {Ibidem, 20). Quatre ans plus tard il paya de sa vie
l'honneur d'être ou de passer pour être amant de la reine. Charles VI,
revenant de Vincennes « envers le vespre, rencontra messire Loys
Bourdon allant de Paris au bois; lequel passant assez près du Roy, luy
feit la révérence et passa oultrc assez légèrement. Toute fois, le Roy It;
[1411J DE PIERRE DE FENIN. 25
en la ville d'Estampes. Mais les gens au duc Jehan y
raidrent le sié«e , et firent tant qu ilz eurent 1 „ seigneur
de Ront, et avec Bourdon demoura prisonnier; et si
fut la fortresse d'Estampes mise en l'obéissance au duc
Jehan. Ainsi laissa le duc Jehan foison de ses gens en
la frontière par-delà Paris et vers Bonneval, et puix
il s'en ala en son pays de Flandres et d'Artois. Et alors
ceux qui gouvernoient le roy Charles et le duc de
Guyane, doffin, estoient du party au duc Jehan : par
quoy le duc d'Orliens avoit le Roy contre luy et le duc
de Guyane, et falut qu'il se retralsist vers Aliens et
vers Bourges en Berry. Item, le duc de Berry et le duc
de Bourbon furent tousjours du party au duc d'Or-
liens contre le duc Jehan de Bourgoingne, combien
que le Roy fût contraire aucunefois au duc.
L'an mil quatre cens et unze, le roy Charles et le
duc Jehan de Bourgoingne firent leur mandement '
pour aller à Bourges en Berry, et assemblèrent bien
cent mille hommes de bonne estofe tout vers Melun ' ,
connut ; si ordonna au prévost de Paris qu'il allast après luy, le prinst,
et en feit bonne garde , tant que aultrement y auroit ordonné : la-
quelle chose feust ainsyfaicte, et après, par le commandement du Roy,
feust questionné, puis feust mis en un sacq de cuir et jette en Seine-
Sur lequel on avoit escript : Laissez passer la justice duPioy. » (Saint-
Kemv, YIII, 5i-j-)..)
' Par ordonnance datée de Paris, le 6 décembre i4ii, le Roi
exempte, pour cette fois seulement, les officiers du parlement qui
possèdent des biens nobles, de venir le servir dans l'armée qu'il as-
semble présentement, i^ Secousse , IX, 66i.)
' « Le Roi yssi de Paris, dit Monstrelet (II, 544 )> en noble arroy ,
le jeudi 5' jour de may de ceste an (i4i'^), et s'en ala au giste au bois
de Vincennes, où estoit la Ro\nc sa compaigue ; et de là, icellc avec-
i6 MÉMOIRES [1412]
et puix tirent tout droit à Montereau, et de là à Sens
en Bourgoingne, et puis à la Charité-sur-Loire : et me-
iioient en leur compaignie moût d'engins et de grosses
bombardes pour tenir siège. Quant ilz vindrent à la
Charité, il y eut fait de grans ordonnances, et fut fait
le seigneur de Croj capitaine de l'avangarde, acom-
paignié de Enguerrant de Bournoville et pluseurs aul-
tres grans seigneurs. En la compaignie du Roy estoit le
duc de Guyane, dofTui, le duc Jehan de Bourgoingne,
le duc de Louraine ' , et sj vint le roj Lois ' ; et moult
y avoit d'aultres grans seigneurs en la compaignie du
roy Charles. Après ce que le Roy eut fait ses ordon-
nances à la Charité, il s'en alla devant Dun-le-Roy, et
y raist le siège tout autour. Mais enfin ilz rendirent la
ville au Roy par ainsi qu'ilz s'en yroient leurs corps
et leurs biens saufs. Et de là le Roy s'en alla vers
Bourges en Berry pour y mettre le siège; et y eut de
la compaignie du Roy fait grant foison de chevaliers
au prendre le siège. Et avec ce y eut de grans assaulx
fait de ceux dedens contre ceux de dehors ; car la ville
estoit fort garnie de gens de fachon , mais nonobstant
tout le siège fut fremé par ung costè. Dedans la ville
de Bourges estoit le duc de Berry, oncle du Roy et du
ques lui, par Corbueil ala à Meleun. » Le Journal d'un bourgeois de
Paris (8) dit que le Roi partit de Paris le 6 mai.
" Charles , dit le Hardi , duc de Lorraine , fut nommé connétable
de France en i4i8, par la reine Isabelle de Bavière. Il mourut le
25 janvier i45i.
' Louis II du nom , roi de JV'aples , de Sicile , de Jérusalem et
d'Aragon, duc d'Anjou, etc., né le 5 octobre iJ^j , mort le 29
avril 1417-
[1412] DE PIERRE DE FENIN. 27
duc Jehan de Bourgoini^ne , et le duc de Boui'bon , et
aussi Hz poToient aller et venir quant il leur plaisoit ;
car le siège n'y fut oncques fermé fors par ung costé.
En tant que le siège fut devant Bourges par devers la
Charité, ceux dedens saillirent hors bien de quatre h
cinq cens sur l'avangarde du Roy, et y eut là grant ba-
taille. Mais Ermignas furent desconfis et reboutés ens,
ety en mourut grant foison, par espécial deEnglès, qui
estoient en garnison en la ville. Et fut celle besoingne
par ung dymence droit h nonne '. Après ceux dedens
commencèrent si fort à geter canons , qu'il falut que
les gens du Roy se traisissent arrière. Ainsi y avoit sou-
vent grant assault d'un costé et d'autre; mais l'avan-
garde du Roy estoit si forte que ceux de la ville ne le
povoient grever. Item, à une course que le seigneur de
Lorraine et le seigneur de Helly firent, y eut grant
perte faite de ceux de la ville, et y fut prins le neup-
veu ' Bernardon de Fère , ung gaillart homme d'armes
et moût d'autres avecquez luy . Item , Jehan de Hu-
mières^ cacha ce jour cy avant, qu'il ne peut retour-
ner et fut enmené prisonnier dedens la ville.
' 12 juin i4i2. Selon IMonstrelet (II, 557 )' ^^ fut le samedi 11 juin.
L'anonyme de Saint-Denis ( II , 826 ) , Saint-Remy ( VIII, 327 ) et Ju-
vénal des Ursins(24") disent le 10.
' Monstrelet le nomme Guischardon de Père (II, 365). Bernardon
de Père, son oncle, avoit été rue jus , peu de temps auparavant, dans
une rencontre , auprès de Villefranche, entre ceux du parti de Bour-
gogne, au nombre desquels il étoit, et des partisans du duc d'Or-
léans, commandés par Amé de \\ry (Ibidem, 3^i ).
' Il fut tué à la bataille d'Azincourt (Monstrelet, III, 35o j La Mor-
liÈrk, 196).
■iS MÉMOIRES |lil-2i
Quant le roi Charles eut esté graut temps devant
Bourges , comme vous vous ouez , il eut consel pour
aller par-delà pour les affamer, et laissier garnisons
vers la Charité pour destoiirber les vivres ; et se des-
loga par ung matin pour aller par-delà. Quant ceux
de la ville virent le deslogiz , ilz Guidèrent que le Roj
s'en fuist, et saillirent après; mais il y avoit embûche
de ceux de l'avangarde qui frapèi ent sur eux et en prin-
drent et tuèrent à planté, par espécial de gens de vil-
lage à qui on fist assez paine, et le Roy et ses gens chevau-
chèrent tant qu'ilzvindrentpar-delà la ville et y remirent
le siège. Et pour ce temps le païs de Berry fut fort gaslé
par les gens du Roy et ceux au duc Jehan de Bour-
goingne. Quant le Roy eut esté par-delà Bourges grant
espasse, il y eut parlement de ceux de la ville ôux
gens du Roy et ceux au duc Jehan de Bourgoingne ,
tant qu'il y eut apointement fait , et parlèrent le duc
de Berry et son nepveu le duc de Bourgoingne ensem-
ble. Là eut de grans congnoissances faites par pluseurs
seigneurs, et fist-on la pais du duc Jehan de Bourgoingne
et du duc Charles d'Orliens ; et pardonna le duc d'Or-
liens la mort de son père au duc de Bourgoingne, par
les condicions dictes entre eulx. Et de ce on fist les
sermens à Ausoire', et y fut le duc d'Orliens' et le
duc de Berry. Après ce , le Roy s'en râla à Paris et
■ La cédulequi renferme les articles de cette paix, faite à Auxerre
le 22 août i4i2, se trouve insérée dans l'ordonnance royale , en date
du même jour , par laquelle le Roi approuve le traité et en ordonne
l'exécution (Félibien, III, Preuves, p. SaS).
' Berry (4^5) est eu contradiction avec tous les historiens du temps,
en disant que les princes d'Orléans ne vinrent point à Auxerre parce
[1412] DE PIERRE DE FENIN 29
chacun en son py ïs : et culdoit-on véritablement avoir
pais à tousjours, donc le monde estoit joieux ; car il
lem- sembloit qii'ilz estolent bien eschapés, veu le mal-
vais commencement qui y avoit esté. Mais nonobstant
({uelque pais nv acord qu'il y eust, on vit bien brief
après qu'elle n'estoit mie ferme, commt,' vous pourrés
cj-après percevoir.
Environ le temps que le roj Charles alla pour assé-
gier Bourges, le conte Walerain de Saint-Pol, qui es-
toit connestable de France ', fut envoie en la conté
d'AIenchon pour la maistre en l'obéissance du Roy, et
y alla grandement acompaignié de Picars et d'aultres
gens largement, et mist fort le païs en son obéissance.
Et il y avoit une place nommée Saint-Remy-au-Plain,
laquelle ne vout obéir au conte Valerain : et le conte
y mist le siège tout autour. Et tant y fut que le sei-
gneur de Grantcourt ^ vint à puissance pour combatre
le conte Valerain , et le conte Valerain ordonna ses
gens en bataille tellement que il guengna la journée ■
à l'aide de ses gens, qui moult estoient vailans. Avec-
quez le conte Valerain estoit Jehan de Luxembourg'',
• [u'on les avoit avertis qu'ils y seroient assassinés. Pierre des Essarts,
;tjoute-t-il , leur donna avis de ce complot.
' L'ordonnance d'institution , constatant que Waleran de Luxem-
bourg, comte de Saint-Pol, a prêté foi et hommage au Roi pour la
charge de connétable de France, est du 5 mars i4ii- Elle se trouve
dans un manuscrit de la Bibliothèque royale ( Fonds Notre-Dame ,
n" i4o, fol. 127, recto.)
' Raoul, seigneur de Gaucourt, etc., chevalier, valet tranchant de
Charles YI, depuis conseiller et premier chambellan de Charles \U.
Étoit mort le -ii juin 1462.
' Le 10 mai i^vi. (Mosstrelet, II, 556.)
* Jean de Luxembourg, seigneur de Beaurevoir et de Choques,
3o MÉMOIRES [1412]
soiiiiepveu, lequel fut ce jour fait chevalier, et s'i porta
vailaument , veu qu'il estoit josne de aage. Et aussi y
fut fait chevalier Raulequin ', qui fut fieux du voidame
d'Amiens, et moût d'autres avecquez eux. Là estoit le
Borgne de La Heuse % homme de grant renom et saige
de guerre, par qui le conte Valeran se gouvernoit en
partie pour le fait de la guerre.
Item, après ce que le conte Valeran eut guengnié
la place de Saint-Reniy-au-Plain, et prins beaucoup de
prisonniers , il fut moût joieux , et remerchia nostre
Seigneur Jhesu-Crist de la \ictore qu'il luy avoit en-
Yoiée. Et aussi Saint-Remy se mist en son obéissance
et moût d'autres places en païs d'Alenchon. Et après
le conte Vallerain, qui estoit connestable, s'en râla en
son pais et devers le roy Charles et le duc Jehan de
Bourgoingne qui grant joie luy firent. Et avoit prison-
nier messire Jehan de Gauchières^, lequel il envoia à
épousa, le 25 novembre i4i8, Jeanne de Béthune, vicomtesse de
Meaux. Mort le 5 janvier i44o.
' Raoul d'Ailly, seigneur de Picquigny, Raineval, Varennes, etc. ,
marié le lO novembre i^i?> à Jacqueline de Béthune, dame d'Engle-
monstier (Haudicquer , 445), mort en 1468 (La Morlière, -28). Bau-
douin, dit Baugeois d'Ailly, son père, vidame d'Amiens, étoit cheva-
lier, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne (La Barrk, II ,
120). II mourut à la bataille d'Azincourt. (La Morlikre, -iS.)
° Robert de La Heuse, dit le Borgne, seigneur de Ventes, etc.,
chevalier, conseiller et chambellan du Roi , prévôt de Paris.
^ Monstrelet (II, SSg) le nomme Jannet de Garochères, fih du
seigneur de Croi.sj. Une ordonnance du mois d'avril i4oo men-
tionne Jean de Garancières , chevalier, seigneur de Croisy, maître et
général réformateur des eaux et forets de Picardie et Normandie (Se-
cousse, YIII, 575). En i4o5 il assistoit au conseil comme maître d'hô-
tel du Roi. {Ibid., 620.)
[1412] DE PIERRE DE FENIN. 3i
Saint-Pol pour tenir prison ; mais enfin il lut délivrés
de prison par finance.
Item , ung peu devant ce temps ' le conte \ allerain
avoit tenu siège devant le chastel de Coussy en Lan-
nois % et y fut grant pièce au siège. Et ceux de dedens
le delfendirent bien ; mais le conte \allerain fist rai-
ner dessoubz la tour du dangon ^ tellement que, quant
vint à bouter en la mine, la tour fut toute enclinée,
comme on peut ancoire voier. Tant fut le conte Yalle-
rain devant Coussj que il luy fut rendu, et y mist de
ses gens dedens pour le garder et puis s'en râla devers
le Roy.
Après que la paix du duc Jehan de Bourgoingne et
du duc Charles d'Orliens fut confermée et asseurée,
comme vous avés ouy, il fut environ deux ans que la
chose se entretint, et ne parloit-on de nulle guerre;
' Le manuscrit porte : ung peu devant ce t$mps que...
' Coucy en Laonnois , et non en Valois, comme dit Saint-Remv
(VIT, 298). On lit dans les diverses éditions de 3Ionstrelet que le
comte Yaleran de Saint-Pol , après avoir mis en son obéissance les
principales villes du Valois , y mit garnison « et puis s'en alla en Sois-
sonnois vers Coucy, « ce qui semble faire de Coucy une ville du Sois-
sonnois. Cette erreur ne doit pas être attribuée à Monstrelet. Le
manuscrit que nous suivons toujours porte : « et puis s'en alla par
Soissonnois vers Coucy. »
' On lit dans le manuscrit de Tieulaine : La tour maistre
Oudon. Saint-Piemy (VII, 299) et Monstrelet (II, 297} écrivent
Maistre Odon. Godefroy, nous ne savons d'après quelle autorité, a
imprimé : « Mais le comte ^Valeran s'advisa de faire miner par des-
soubs la tour un nomme' n\z.\sive Oudon. » Cette tour subsista jusqu'au
18 septembre 1692; un tremblement de terre arrivé à cette époque la
fendit du haut en bas. (Toussainïs du Plessis , Histoire de Coucy, 1 15.}
32 MÉMOIRES [1412]
mais par envie que checuii avoit de gouverner le royau-
me, la chose se resmeut plus fort que devant.
Item , le duc Charles d'Orliens avoit envoie quérir
aide en Engleterre ', et, pour la finance paier, envoia le
conte d'Eugoulesme, son frère, tenir hostaige en En-
gleterre et des aultres gentilz-hommes de son hostel ',
lesquelz ilz furent depuis grant temps, pour l'ocasion
de la guerre, qui ne peut estre délivrée. Et estoit avec
le conte d'Engoulesme, Jehan de Saveuse , qui estoit
de Picardie. Ainsi demoura le conte d'Engoulesme pri-
sonnier en hostage en Engleterre grant partie de sa
vie sans estre rachaté'*; car le duc Charles, son frère
■ Le roi d'Angleterre donna, le i5 juillet i4i2, son approbation
aux diverses clauses du traité passé à Londres, dès le 18 mai précédent,
entre ses commissaires et les envoyés des princes francois. L'un des
articles du dit traité portoit que le secours demandé par les princes se
composeroit de mille hommes d'armes et de trois mille archers , les-
quels gagneraient leur vie comme ils pourraient pendant leur route ^
jusqu'à ce qu'ils fussent rendus à Blois; qu'une fois arrivés là, ils rece-
vroient leurs gages des dits princes ; enfin que ces gages seroient payés
au commencement de chaque mois pour le mois entier, et d'après le
règlement suivant, fait pour les trois premiers mois :
Chaque chevalier recevroit mensuellement trente écus d'or ; chaque
lîomme d'armes , quinze écus d'or , et chaque archer sept écus et
demi (Rvmer, IV, 2' part. , i2-i5 et 22). C'est à tort, sans doute,
que Monstrelet (II , Bgôj date du 8 mai i4i2 cet acte, dont il ne donne
d'ailleurs qu'une analyse fort succincte.
' Outre Jean de Saveuscs , que va nommer Fenin , Monstrelet cite
(11,392} Marcel le Borgne, Archembault de Yillers, Guillaume
Boutiller et Jehan David.
3 Premier chambellan du duc d'Orléans et gouverneur de Blois,
( La MoRLiÈRE, 164}
^ Voyez ci -dessus, page 7, note 4-
[1413] DE PIERRE DE FENIN. 33
ainsné , fut depuis es mains des Englez long temps ,
comme il sera cj-après desclarié quant lieu sera.
Item , en l'an mil quatre cens et treize le duc Jehan
de Bourgoingne estoit h Paris, et y avoit moût d'autres
grans seigneurs du sang rojal qui tous avoient envie
sur le duc Jehan et contendoieut à le débouter, et
qu'il n'eust point de gouvernement sur le royaume;
et quelque semblant qu'ilz luj monstrassent, si le
haioient-il en ceur comme il fut depuis aparent. Et
de ce se percevoit le duc Jehan en mainte manière,
à quoj il résistoit le plus qu'il povoit.
Item , le duc Jehan avoit grant partie du commun
de Paris en son commandement, par espécial les bou-
chiers ; et fist prendre par iceux le duc de Bar et mes-
sire Jaques de La Rivière ' , lesquelz furent tenus pri-
sonniers grant pièche. Pour ceste prinse fut le duc de
Guyane, dofîin, fort courchié à son beau -père le duc
Jehan , et luj dist qu'il s'en repentiroit. Et si eut à
Paris pour lors fait de merveilleuses besoingnes ; car
ceux qui tenoient le party au duc Jehan portoient
petis capperons tous d'une livrée, et y avoit ung
bouchier, nommé Caboche % et Denisoit de Chau-
■ Seigneur d'Auneau, fils de Bureau, sire de La Rivière , premier
chambellan des rois CharW V et VI-
' Simon Le Bouteiller, dit Caboche (Vilevault, X, 164), ou,
comme l'appelle Monstrelet , Jehanninot Caboche, étoit « escorcheur
de vaches à boucherie Saint-Jaques » (III, 3). Son audace, les excès
auxquels il se porta, et l'influence qu'il cxerçoit sur le bas peuple ,
firent désigner par son nom les fauteurs de désordre à la tête desquels
il marchoit, et les actes qu'ils arrachèrent à la Coiblcsse royale. Ainsi
l'ordonnance du ^.5 mai i4i5 , concernant la police générale du
34 MÉMOIRES [1413]
mont*. Et ainsi conduisolt le commun, pour la bende au
duc Jehan de Bourgoingne soustenir. Par telz choses et
moût d'autres, se resmeut la guerre entre le roj Charles
et les seigneurs de France contre le duc Jehan ; car ilz
ne cessoient de faire tant qu'llz eurent tourné le Roy
et son fieux , duc de Guyane , contre le duc Jehan de
Bourgoigne. Item , le duc de Bar fut délivré de prison
par le pourchas de Bonne', sa seur, contesse de Saint-
Pol, et par ses autres bons amis. Et le frère du seigneur
de La Rivière ^ mourut en prison, et luy mist on sur
royaume, imposée à Charles YI par cette faction, et, en quelque sorte,
rédigée par elle, eut le nom d'ordonnance cabochienne (Juvéxal des
TJksins, 265). On pourroit croire, d'après un passage de Monstrelet
(III, 201), que Caboche eut la tète coupée en i4i4î lors de la reddi-
tion de Bapaume , si l'on ne le retrouvoit mentionné dans une or-
donnance du 5i août i4i5 (JuvKNAL DES Ursins , 5o2) , et nominative-
ment excepté du nombre de ceux auxquels la dite ordonnance accorde
rémission de leurs méfaits. Il apparoît encore en août i4i8, prêtant
aide et assistance aux séditieux conduits par Capeluche, le bourreau.
( Idem , 355.)
Nous remarquerons , par occasion, que Vilevault a imprimé ( X,
70-140) l'ordonnance dite cabochienne sans la désigner sous ce titre ,
et que le texte qu'il a suivi ne nous paroît pas valoir celui que ren-
ferme une copie de cette ordonnance contenue dans un manuscrit de
la Bibliothèque royale. {Fonds de Brienne, n° 276.)
• L'Anonyme de Saint -Denis (II, 866) le nomme « Denys de
Chaumont, infâme écorcheur de bestes. » La populace mutinée con-
traignit le duc de Guyenne à lui confier le commandement et la garde
du pont de Saint-Cloud. Saint-Remy le qualifie « pelletier. » (VII ,
355.)
' Bonne de Bar, CUe de Robert, duc de Bar, marquis du Pont, etc.,
et de Marie de France , seconde fille du roi Jean. Elle avoit épousé ,
le 2 juin i4oo, Valeran de Luxembourg, III du nom, comte de
Saint-Pol et de Ligny.
' Charles de La Rivière, comte de Dampmartin , seigneur de La
[1413] :: DE PIERRE DE FEMN. 35
qu'il s'estoit tué d'un pot, pour ce que on le tenoit
prisonnier : et de ce on parla en mainte manière '.
Item, après tous ces appointemens, le duc Jehan
se retrait en ses pais ', et laissa aucuns des seigneurs
de son liostel vers le duc de Guyane, son biau-fieux,
donc messire Jehan de Croy fut l'un ; mais il fut
prins ^ et mené prisonnier à Mont-le-Héry, et là fut
grant temps.
Item , en ce temps le roy Charles , comme dit
est cy -dessus, et le duc d'Oriiens , le duc de Bar,
le duc de Bourbon et le conte de Richemont \ mes-
sire Charles de Labret *, connestable, et mont d'au-
tres grans seigneurs promisdrent tous ensemble de
destruire le duc Jehan de Bourgoingne et luy ca-
Rivière , d'Auneau , etc. , souverain maître et général réformateur des
eaux et forêts de France , mort en 1427.
' L'Anonyme de Saint-Denis (II, SyS) expose en détail les diffé-
rents bruits auxquels donna lieu la mort de Jacques de La Rivière ,
dont le corps , dit-il , fut traîné aux halles et décapité le samedi 4
juin. En i4i3, le 4 juin tomboit un dimanche.
' Il partit de Paris le 22 août i4i5, ainsi qu'on l'apprend par une
lettre de son chancelier, en date du 23 août, adressée à la duchesse.
(D. Plancher , III, Preuves, cclxxx.)
' « Le mercrecU XII* jour de janvier (i4i5). » (Monstrelet, III^
i32.) Le 12 de janvier, en i4i5, fut un vendredi.
* Artus de Bretagne, comte de Richemont, né le 0.5 août iSgo, fut
fait prisonnier à la bataille d'Azincourt. Revenu en France en 1421, il
épousa, le 10 octobre i423 , Marguerite de Bourgogne, veuve du duc
de Guyenne, dauphin de Viennois. Il mourut le 26 décembre i458.
' Charles, sire d'Albret, dit de Lebret, comte de Dreux , etc. , con-
nétable de France, fils d'Arnaud-Amenjeu, sire d'Albret, et de Mar-
guerite de Bourbon , sœur de Jeanne de Bourbon , femme de Charles V.
Mort à la bataille d'Azincourt.
36 MÉMOIRES [1413]
cliier de tous ses païs. Après ce que les seigneurs
dessusdis eurent prlns ceste conclusion contre le duc
Jehan, il en ouy nouveles , donc il fut moût dolent
pour ce que le Roj estoit contre luy, et le duc de
Guyenne , doffin , plus que tous les aultres ; mais non-
obstant il se reconforta de tout , et assembla ses gens
pour aller vers Paris savoir s'il pouroit rompre les
aliances; et moult se fioit au commun de Paris, qui
luy mandèrent qu'il allast seurement et qu'ilz le me-
troient dedens la ville de Paris.
Item, environ que le duc de Bar fut prins, mes-
sire Pierres Des Essars', qui estoit prévost de Paris
et avoit en gouvernement vers le duc Jehan, et moût
avoit tenu son party; mais il se retourna, comme on
fist entendant au duc, et le fist le duc Jehan pren-
dre et puis luy fist coper la teste en la ville de Paris,
donc moût de gens furent fort merveiliés.
Item, quant le duc Jehan eut assemblé ses gens
pour aller à Paris, il avoit moût belle compagnie; et
chevaucha droit vers Paris, et se loga ' dedens la ville de
Saint-Denis en France , et là séjourna grant pièche.
En tant que le duc Jehan estoit logié à Saint-Denis,
le seigneur de Croy envoia seize ou vingt hommes
d'armes bien montés àMont-le-Héry, où son filz estoit
prisonnier, et firent tant par aucun moien que mes-
' Pierre Des Essars, seigneur de Laniotte , etc. , chevalier, conseil-
ler, chambellan du Roi et du duc de Bourgogne, prévôt de Paris,
fut exécuté le samedi premier jour de juillet i4i3.
Le manuscrit porte : « messire Pierre de Fessars qui estoit »
* Le 9 février i/ii3 {Journal d'un bourgeois de Paris, 20). L'Ano-
nyme de Saint-Denis (II, g^S) dit le 7.
[1413J DE PIERRE DE FEÎ^IN. 87
sire Jehan de Croj, qui estoit prisonnier au cliastel,
vint pour ouir messe en la \ille , et ilz le firent mon-
ter sur ung bon coursier et puis s'en allèrent droit
à Saint-Denis, affin que ceux du cliastel ne le peus-
sent rescourre. Ainsi revint messire Jelian de Croy
vers le duc Jehan et vers le seigneur de Croy, son père,
qui grant joie lui firent et à ceux qui l'avolent ramené.
En tant que le duc Jehan séjourna à Saint-Denis,
il envoia Enguerran de Bournoville , par ung matin ,
bien acompaignié vers Paris , adrécha à la porte
du Marchié à chevaux, cuidant que ceux de la ville
le deussent mectre ens; mais ilz ne peurent, car ilz
furent trop près vaitiés. Et y eut dedens Paris grant
cffroj; car, pour vraj, il y avoit grant partie du com-
mun de Paris pour le duc Jehan. Quant Enguerran
de Bournoville perchent qu'il avoit failj h entrer de-
dens Paris, il s'en retourna à Saint-Denis devers le
duc Jehan.
Item , assez tost après le duc Jehan se partj de Saint-
Denis atout ses gens, et s'en ala à Compiengne , où il
mist garnison de ses gens, et y demoura capitaine
messire Hue de Lannoj ', h compaignie de Hector de
Saveuses' et Phelipe % son frère, et moût d'autres
' Hugues de Lannoy, seigneur de Santé, chevalier, conseiller et
chambellan de Charles YI et du duc de Bourgogne , maître des arba-
lestriers du Roi en 1421. Mort le i" mai i456, âgé de soixante et
douze ans.
' Ecuyer d'écurie de Jean, duc de Bourgogne (La Barre, II, 148),
capitaine de Bcauvais en 1417 ; niort vers 1420, peu après le siège
d'Alibaudières. (La Morlière, 164)
' Philippe de Saveuses , qu'on voit figurer dans toutes les cxpédi-
38 MÉMOIRES [1413]
gentis - hommes. Et si estoit Le Mielet de Maudln-
guehen ', -vaillant homme de guerre et soubtil. Item ,
Enguerran de Bournoville et Lamon de Launoj '
furent envoies à Soissons. Par ceste manière gar-
ni le duc Jehan ses frontières de Beauvoisiz, et j
avpit moût de bonnes villes et fortresses tenant son
parti, et puis il se retrait en son pais d'Artois et
de Flandres. Quant le duc Jehan fut venu en son
païs , d'Artois , il manda partout les seigneurs de ses
païs et tout assembla à Arras^ Là y eut de grans
conseux tenus du duc Jehan et de ses barons , et moût
doutoit le Roy qui estoit tourné contre luy, et plus
luy en estoit que de tous les aultres h qui il avoit
à faire. Mais enfin il prinst conclusion de attendre
en son païs toutes aventures et résister contre tous
à son povoir, contre tous ceus qui mal ly voudroient :
et fist partout garnir ses bonnes villes et fortresses
pour luydefTendre contre tous venants. Et avec ce,
se garni fort de gens ; car il manda tous les sei-
t ions guerrières de cette époque , fut long-temps capitaine d'Amiens
et de l'Artois. Il vivoit encore en i465. (La IMorlière, i65.)
' Louvelet de Mai/iguehem étoit écuyer d'écurie du duc de Bour-
gogne (Saixt-Remy, YII, 44^)- La Barre a omis son nom dans la liste
des officiers de la maison de ce prince. Louvelet de Massins^lien fut
tué à la bataille d'Azincourt (Motjstrelkt, III, 552). — Le manuscrit
de Tieulaine porte Lionnel de Ma/dinghen.
» Lamon de Launoy figure au nombre des écuyers qui accompa-
gnèrent le duc de Bourgogne , lorsqu'il alla, au mois de juillet i4o2 ^
au devant d'Isabelle, reine d'Angleterre , veuve de Ricbard II (Plan-
cher , III, Noies, 572). Lamon de Launoy fut tué à la bataille
d'Azincourt. (La M0RLIÈRE, 186.)
3 1 mars i4i5. (Moxstrhlet , TU, 160.)
[14141 l^E PIERRE DE FENIN. 39
gnciirs de Bourgoingiie, qui vlndrent à grant puis-
sance.
En l'an rail quatre cens et quatorze, le loj Charles
de France fîst ses mandemens par toutes ses parties du
royaume, et assembla bien quatre-vingt mille hommes,
où il avoit moût de haute seignourie; car le duc de
Guyane, son fils ainsné , y estolt , le duc Charles d'Or-
liens, le duc de Bar, le duc de Bourbon ' etmoult d'aul-
tres princes avec le roy Charles , qui tous promidrent
à destruire le duc Jehan de Bourgoingne et luy déshé-
riter de toutes ses seigneuries. Quant le Roy eut assem-
blé toutes ses gens, comme je vous diz, il chevaucha
droit h Compiengne *, qui estoit fort garnie des gens au
duc Jehan de Bourgoingne, et là mist le siège tout au-
tour. Mais il y eut de grans escarmuches à prendre le
siège , et moult firent ceux de la ville de paine aux gens
du roy Charles, et souvent menoient prisonniers de-
dens la ville par l'entreprinsede Hector de Sauveuse et
Phelipe, son frère, qui moutestoient vaillans en fait de
guerre. Et auxi messire Hue de Launoy, qui en estoit
capitaine, s'i gouverna hautement, et si estoit le boin
Louvellet de Masinguehen, qui estoit homme bien re-
nommé en toutes besoingnes où il se trouvoit. Avec-
' Jean, I" du nom. Voyez ci-dessus, page i5, note 1.
" Charles YI partit de Paris « le merquedy de la semaine peneuse,
quatriesme jour d'avril » i4i3 (Saint-Remy, YII, 420). Selon le Jour-
nal d'un bourgeois de Paris {il), ce fut« le dernier jour de mars, vigille
de Pasques flories » (veille du dimanche des Rameaux) ; el, suivant
Monstrelet (III, 210) , « le mercredi de la semaine peneuse, troisiesme
jour d'avril. » Ce dernier se trompe sur le jour ou plus probablement
sur !c (juanlièmc du mois. Le 5 avril, en i4'5, tomboit un mardi.
4o MÉMOIRES [1414]
quez eux y avoit foison d'autres gentiz-hommes de
graiit fachon et qui bien et vaillaument se gouver-
roient. Et le roj Charles, qui tenoit son siège devant,
avoit en sa compagnie de vailans hommes d'armes, et
qui bien requéroient leurs anemis pour honneur con-
querre. Et entre les aultres y estoit Estor de Bour-
bon ', frère bastart au duc de Bourbon, qui estoit tenu
pour le plus vailant de tous les aultres, et manda à
ceux de la ville qu'il les yroit esmaier le jour de may,
au matin. Quant le bastard de Bourbon eut ainssi
mandé [à ceux de la ville, ilz se pourveurent à l'en-
contre pour le recepvoir; et quant vinst le jour de
maj, qui fut l'an mil quatre cens et quatorze, le bas-
t-art de Bourbon , qui estoit garnj de puissans gens et
grandement acompaignié, vinst à la porte de Com-
piengne % et avoit luj et ses gens chescun ung chapel
de may sur la teste armée. Là y eut grant [assault d'un
costé et d'aultre, et eut le bastart de Bourbon son che-
val tué dessoubz luj ; car ceux de la ville se deffendi-
rent bien et vaillaument , et y en eut moût de bléchiés
de tous costés ; mais nonobstant quelque défense que
ceux de la ville firent, le bastart et ses gens allèrent de
sy à la porte. Ainsi par pluseurs fois y eut de grans es-
carrauches entre les gens du roy Charles et les gens au
duc Jehan de Bourgoingne ; mais enfin les gens au duc
Jehan de Bourgoingne rendirent la ville ^ au roy Charles
■ Hectoi-, bâtard de Bourbon , fils naturel de Louis II, duc do Bour-
bon. Mort, le lo mai 1414? au siège de Soissons.
' La porte de Pieircfons, dit Monstrelet (III, 2i3).
' Le 7 de mai i4i4, suivant Saint-Remy (VII, 4'25) et Monstrelet
[1414] DE PIERRE DE FENI^. 4.
par sy qii'ilz s'en yroient sauve leurs corps et leurs
biens, et le Roy leur acorda. Et quant le Roy eut la
ville de Compiengne en son obéissance, il la garny de
ses gens , et puix s'en ala à Soisson , où Enguerran de
Bournoville estoit : et là, mist le siège tout autour.
Mais il luy trouva grant defTense de Enguerran et ses
gens. En tant que le Roy estoit au siège devant Sois-
sons, le bastart de Bourbon fut navré à mort en alant
aviser les fossez de la ville, et fut moût plaint des gens
de son parti, par espécial du duc de Bourbon, son
frère , et qui moût Tamoit pour la vaillance qui estoit
en luy. Geste mort nuyst depuis à Enguerran de Bour-
noville , et si fut bien courchié quant il le seut ; car il
l'amoit de long temps. Quant le roy Charles eut esté
longue espasse devant Soissons, il eut conseil de le
faire assalir par ce qu'il sceut qu'il y avoit dissention
entre les gens au duc Jehan et ceux de la ville : car En-
guerrain et ses gens s'estoient voulu partir de la ville ;
mais le commun en fut mal contens pour ce qu'il les
laissoit en ce dangier sans eux aidier à trouver leur
traitié, et pour ce, se tournèrent la plus grant partie
contre luy. Et auxi avoit eu grant débat entre les gens
de Enguerrain et les gens Lamon de Launoy, par quoy
ilz cstoient très mal d'acord dedens la ville , et peu
amoient l'un l'autre. Partelz choses fut depuis la ville,
(III, 2i4). M. Buchon a imprimé, par erreur: le luridi huiùème jour
de mai, et, plus bas, par une inattention moins excusable, il fait
quitter Compiègne au Roi , après la soumission de ladite ville , le
cinquième jour de mai. Le manuscrit que nous suivons pour toutes
nos citations porte : -< Le lundy VU' jour de niay ; » et « le X« jour
demay. »
4?- MÉMOIRES [1414]
et eiix-mesmes en voie de perdicion ; car les ^ens du
Roj assaillrent la ville tout autour, et dura l'assaut
longuement, et enfin elle fut prinse ' d'assaut par les
gensduRoj, qui vaillaument s'i portèrent. La fut prins
Enguerran de Bournoville et Lamon de Launoy et
toutes leurs gens, et messire Pierre de Manan', qui
estoit du pais , fut prins avec, et depuis, le conseil du
Roy leur list copper la teste. Quant la ville de Soissons
fut prinse par force , comme dit vous ay, il y eut de
grans desrois fais en la ville; car toutes les églises fu-
rent pilliez et moût de femmes violées par force , tant
gentis-iemmes comme aul très, donc la ville fut depuis
long-temps en grant destruction.
Item, après ces choses ainsi faites, Enguerran de
Bournoville eut la teste copée^ : et ne peut estre sauvé
pour nulle priaire, combien qu'il y avoit moût des
gens du Roy qui en estoient fort irés ; mais le duc de
Bourbon, qui estoit fort iré de la mort de son frère
bastart, fut ung de ceux qui plus de mal lui fist faire.
Quant le Roy eut achevé à Soissons, il se party pour
venir vers Péronne, et se vint logier en la ville , où il
fut grant temps; et toutes ses gens estoient logiés au
païs de là entour. Quant le roy Charles eut long-temps
séjourné àPéronne, il fut conseillié de entrer aux païs
' Le2omaii4i4, suivant l'Anonyme de Saint-Denis (II, 9^7); elle 21,
selon Moustrelet (III, 217) et le Journal d'un bourgeois de Paris (22).
' Monstrelet (III, 216) et Saint-Remy (VII, 427) le nomment
Pierre de Menau ; Juvénal des Ursins ( 278) et l'Anonyme de Saint-
Denis ( II, 948) , Jean de JMenon. Berry (4^7) l'appelle Pierre de Me-
non, et le qualifie chevalier de Touraine.
' Le 2j mai i4i4- {Journal d'un bourgeois de Paris, 22.)
[1414J DE PIERRE DE FEM>. 43
de Jehan , duc de Bourgo'mgne , et tout prendre par
force et meclre h destruction sez pais. Lors le Roj che-
vaucha vers Bapaumes, laquelle esloit fort garnie des
gens au duc Jehan, et mist le siège ' autour de la -ville :
et tant y fut qu'elle luj fut rendue et ceux qui estolent
dedens se partirent sauve leurs corps et leurs biens.
Item , assez tost après que le Pioy eut mis Bapaumes
en son obéissance et garnj de ses gens, il se parti pour
aller devant Arraz mectre le siège; mais la ville estolt
fort garnie de bonnes gens d'armes et de gens de trait,
et en estoit capitaine messire Jehan de Luxembourg,
qui estoit chevalier de giant renom et hardi aux ar-
mes, lequel avoit bien de bonne estoffe mille hommes
d'armes , sans les gens de trait, et sans ceux de la ville ,
qui moût esloient puissaus. Au dessoubz de messire
Jehan de Luxembourg avoit pluseurs capitaines, et y
estoit le seigneur de Ront, le seigneur de Noielle%
nommé le Blanc chevalier; et de Bom^goingne y estoit
le seigneur de Montagu^, messire Guillaume Sandivers'^,
' Le Roi arriva devant Bapaume, le 12 juillet i^i 4 ? selon Mons-
trelet (III, 229) et l'Anonyme de Saint-Denis ( II, gSy); le 21, suivant
Saint-P.emy (VII, 45i ).
' Jean de Tsoyelles, appelé le chevalier Blanc, seigneur de Castau,
tué à la bataille d'Azincourt (Haudicquee, 594)- Suivant Monstrelet
(m, 556), il y fut seulement fait prisonnier, et se trouvoit à la
bataille de Saint -Riquier, donnée le 3i août 1421. (Monstrelet,
IV, 342. )
' Jean de IVeuf-Chastel , seigneur de Montagu, d'Amance, etc.,
conseiller et chambellan du Roi et du duc de Bourgogne, grand-bou-
teiller de France. Mort vers i453.
* Guillaume de Champdivers, chevalier, conseiller et chambellan
du duc de Bourgogne et de Charles VI , bailli d'Aval au comté de
Bourgogne. (La Barre, II, 106.}
44 MÉMOIRES [1414]
le seigneur de Toulongcon ' et pluseurs autres grans
seigneurs. Ainsi messire Jehan de Luxembourg estoit
aconipaignié de pluseurs grans seigneurs qui estoient
vaillans et saiges, et qui moût bien le conseillèrent, tant
qu'il y parut en la fin. De ceux de la ville estoit capi-
taine le seigneur de Beaufort % qui estoit homme de
haut entreprinse, et les tinst bien en son obéissance
tant que le siège dura. Ainsi estoit la ville et cité
d'Arraz garnie de gens qui estoient moût \aillans et
peu doubtoient leurs anemis se non par traison. Et
aussi quant ilz sèment la vérité qu'ilzairoient le siège,
ilz boutèrent le feu en leurs faulx-bourgs ^ et abatirent
plusieuis églises, affin que leurs anemis ne s'i lojassent
raie si à leur aise. Et si tindrent tousjours le chastel de
Bellemote^ qui estoit gisant confort pour eux ; car quant
ilz vouloient envoier aucun message vers le duc Jehan,
ilz le envolent par le chastel de Bellemote pour aller
plus seurement. Après ce que le roy Charles eut con-
quis Bapaumes, comme je vous aj dit cj-dessus, il
chevaucha vers Arraz^. Etavoit lors en sa compagnie
Jean de Toulongeon, chevalier banneret, seigneur de Senecey ,
conseiller et, chambellan de Charles VI et du duc Jean (La Barre,
II, io6), fut fait maréchal de Bourgogne en 1422 , et mounit le 9 ou
le 10 juillet 1427 (Idem, ibidem, 202). Monsti'clet (III, 228) le nomme
le Borgne de Toulougeon.
« Et de la communauté étoit capitaine le seigneur de Beaufort à
la Barbe. » (Mo.nstrelet , III, 228)
' Tant de Baudimont que aheur. (Ti.)
* n Le chasteau de BeUe-Mote, qui n'est qu'à demi lieue (d'Arras),
situé dans un terroir aquatique , et tout environné d'arbres et de
bois. )» (Anonyme de Saint-Denis, II, gSg. )
'-' Le Roi quitta Bapaume le 19 juillet i4i4î et se dirigea vers Arras
1 1414] DE PIERRE DE FENIN. 45
bien cent mille hommes, où il y avoit moût de haus
prinses; car le duc de Guyenne y estoit, le duc Charles
d'Orliens, le duc de Bar, le duc de Bourbon, messire
Charles de Labret', qui estoit connestable de France,
le conte de Richemont, le conte de Ermignac , le conte
d'Alenchon' et plusieurs autres qui tous coiitendoient
à destruire le duc Jehan et ses pais. Et tant chevaucha
le Roy qu'il vinst assez près d'Arras, et là , se loja à une
petite ville^ sur l'iau; et lendemain commencèrent ses
gens h aprouchier de la ville d'Arras , et se loga le Roy
avec une armée de deux cens mille personnes. ( Monstrelet , III,
254-55.)
■ Nous avons vu plus haut (p. 29, note i) que le comte de Saint-Pol
fut élevé à la dignité de connétable de France , en remplacement de
Charles d'Albret, le 5 mars i .|i i . Ce dernier fut rétabli dans sa charge,
suivant le P. Anselme (VI, 206), après la mort du comte de Saint-
Pol , par lettres du i5 juillet i4i5. C'est là une double erreur : 1°. Le
comte de Saint-Pol , ainsi que le dit le P. Anselme lui-même (VIII,
564), Q6 mourut qu'en i4i5, le 19 avril; 2° une ordonnance royale
du 22 août i4i5 donne plein pouvoir « à Waleran, conte de Saint-
Pol et de Liney, son cousin et conestable de France,.... de se trans-
porter es marches de Picardie avec certains messagiers ou ambassa-
teurs de la partie d'Angleterre, pour parler d'aucunes besoingnes
touchans le bien des deux réaumes » ( Rvmer, IV, 2» part., p. 48). Ce
fut sans doute peu de temps après cette mission que Charles d'Albret
fut réintégré, car Monstrelet ( III, 87) nous apprend que le 4 octo-
bre i4i5 « les seigneurs d'Offomont et de Mory vinrent à Saint-Pol,
en Ternois , de par le Roy, devers le comte de Saint-Pol , pour cause
qu'il rendît ou envoyât l'épée de connestable de France. »
' Jean I", duc d'Alençon, pair de France, né le 9 mai i585, suivit
le parti des enfants du duc d'Orléans. Il mourut à la bataille d'Azin-
court.
' « Ung village nommé Wancourt, séant sur une petite rivière à
deux lieues d'Arras. » (Monstrelet , III, 254)
46 MÉMOIRES [1414]
à la maison du Temple'. A prendre le siège, le pre-
mier jour, y eut de fortes escarmuches des gens du Roj
contre ceux de la ville; et guengnèrent ceux de la ville
moût de prisonniers et de chevaux. Mais nonobstant
tout le siège fut assis, non mie si tost, mais au bout de
quinze jours il fut fremé , et se loja le duc de Bourbon
dedens les fauîx-bours de Baudivont% et le duc de
Bar estoit loiiîé dedens les fours-bours vers Belleraote.
Ceux de la ville faisoient souvent de grans saillies hors
de la ville, par espécial à la barète d'Avennes, et h la
porte Saint-ilichiel, vers Bellemote, et souvent ame-
noient prisonniers en la ville. Item, les gens du Roj te-
noient pour ce temps le chastel d' Avesnes-le-Conte ^
et celluj de Villiers le-Chastel; par quoy ilz grevoient
moût le pais et le tenoient en grant subjection, et allè-
rentcourrede syà Saint-Pol. Le conte Valeran y estoit,
qui ancore se disolt connestable de France, et luy ar-
dirent ses fauxbourgs. Mais les gens du conte Valeran
sallirent hors de la ville de Saint-Pol , et reboutèrent
les gens du Roy et en tuèrent ung, donc le conte fut
courchié par semblant. Une aultre fois allèrent les gens
du Roy jusquezaux portes de Hesdin et y firent grant
efïroy, mais ilz perdirent moût de leurs gens avant
qu'ilz revenissent à leur siège. Ainsi par pluseurs fois
coururent les gens du roy Charles partout le pais
d'Artois; par quoy il fut moût destruit de tous costés.
' « Vers le chemia de Bapaume, environ le gect d'un canon près
de la ville. » (Monstrelet, III, 235.)
' Baudimont.
^ Le manuscrit porte Ancerne-l&- Conte
[1414] DE PIERRE DE FENIN. 47
El ceux qui estoient au siège contendoient fort à pren-
dre la ville, et souvent ilz getoient dez canons et de
grosses bombardes donc les portes et la muraille furent
raout adommngiés.
En tant que le siège du roj Charles estoit devant
Arras, ses gens passèrent, par ung diraence après
disner, la rivière du marc ' Saint-Michiel' par mie
petite planque, et vindrent assez près de la posterne
vers les maraiz. Quant ceux de la ville les apercheu-
rent, ilz saillirent à l'encontre d'eux. Là veut grant
assaut, mais enfin les gens du Roy furent desconfiz et
en y eut de mors et de noies grant planté et de prins
et enmenés en la ville. A ceste besoingne se porta vail-
lauraent Perclieval-le-Grant \ qui estoit à messire Jehan
de Luxembourg; car il entretinst ceux qui là estoient.
Lendemain le duc de Bourbon envoia requérir que on
laissast enterrer ceux qui s' estoient noies, et messire
Jehan de Luxembourg en fut content, moyennant
' Marais. (Ti.)
' Monstrelet (III, 256) dit qu'en « une escarmouche qui fut
sur l'eaut, entre Belle-Mote et la posterne d'Arras, y eut grant perte
du côté des assiégeans , pour tant que ceulx de l'avant-garde estoient
passés tout de pié par- dessus une petite planchète ung aucop , jus-
ques à six ou sept vingts conibatans, pour venir devers la petite pos-
terne; mais incontinent les assiégez s'en vinrent à l'encontre d'iceulx,
et de fait les recbaccrent jusques à la dicte planche, et iceulx voians
qu'ils ne pouvoient passer sinon à danger, retournèrent sur ceulx de
la dicte ville et les remirent jusques assez près de la dicte posterne «
' Perceval-le-Grand étoit capitaine de la ville de Roye, en Verman-
dois, au mois de décembre 1419, lorsqu'elle fut prise par les Dau-
phinois. (Monstrelet, IV, 211.)
48 MÉMOIRES [1414]
qu'il amoif les hainaiz de ceux qui estoientmors, et
par ainsi fut fait et ordonné. Item, le comte d'Eu ' fut
fait chevalier en une misne, à combatre contre le sei-
gneur de Montagu, et en estoit le misne dessoubz les
murs de la cité , au lez de Baudimont. Devant Arraz
fut le roy Charles six sepmaines , et fut en l'an mil
quatre cens et quatorze, environ le mois d'aoust. Peu
y guengna et moût y perdi de ses gens; et y fut tué
messire Amer de Sallebrouse^ d'un canon qui le férit
en la teste. A tous les assaulz que ceux de la ville
firent, ilz perdirent peu de leurs gens , et n'y eut prins
de gens de grant nom que Bangois de la Benerien '♦ et
le bastart de Beiile^ -
Item, le duc Jehan avoit ordonné grant puissance
de gens pour sccourre ceux d' Arraz, et en estoit me-
neur le seigneur de Croy : et cuidoicnt frapper sur les
logis de Baudimont, et ceux de la ville dévoient saillir
à rencontre. Mais quant le seigneur de Croy eut tout
assemblé vers Bétune poar estre au point du jour h
Arraz, il mist ses courreurs devant*", mais ilz furent
prins des gens du Roy et menez au siège, par quoy la
' Les corps de ceux de la ville, et les harnois. (Ti.)
' Charles d'Artois , comte d'Eu, fait prisonnier à la bataille d'Azin-
court , à l'âge de vingt-un à vingt-deux ans, resta vingt-trois ans en
Angleterre. Il mourut le 25 juillet 1472-
' Amé de Sarrebruche, sire de Coramercy et de Venisy. Selon
Monstreli t , ce seigneur mourut à Arras d'un flux de ventre. (III. 243.)
4 Bougois de LaBeuvrière, mort à la bataille d'Azincourt. (Mons-
TRELET, III, 554.)
' De Bellay (Monstrelet, III, 257). Le bâtard de Bellay étoit capi-
taine de la forteresse de La Ferté, en 1421. (Monstrelet, IV, SiQ.)
■^ Et en fut Atis de Brimeu , et Jacques de Brinieu, son frère. (Ti.)
[1414] DE PIERRE DE FENIN. 49
chose fut rompue. Et depuis Jaques de Brimeu ' escapa
etentradedeiisla ville d'Arras, donc il' fut bien joieux.
Quant le roy Charles eut esté devant Arraz grant
pièce, comme je vous ay dit, la duchesse de Holande ',
qui estoit seur au duc Jehan, ala devers le roy
Charles, et traita tant que le duc Jehan eut paix au roy
Charles. Car le conte de Pontieu'^, qui estoit second
fieux du roy Charles , avoit espousé la fille du duc de
Hollande et de la duchesse , ([ui estoit nièche du duc
Jehan de Bourgoingne, fille de sa seur. Quant la du-
chesse de Hollande eult fait le traltié^ du duc Jehan
vers le Roy, ceux de la ville d'Arras en furent bien
joyeux : car le Roy se desloga après ce qu'il eut eu l'o-
béissance de la ville et que ses banières furent mises
sur les portes.
■ Jacotin de Brimeu, écuyer, échanson du duc de Bourgogne (L\
Barre, II, i4i). Mort en i45i. (Reiffenberg, 3.)
' Boni le peuTple fut.... (Ti.)
' Marguerite de Bourgogne. Yoyez ci-dessus, page 8, note 2.
* Jean de France, duc de Touraine, fils de Charles YI et d'Isa-
belle de Bavière, né le 5i août 10985 marié le 00 juin i4o6, à
Jacqueline de Bavière, fille unique de Guillaume de Bavière et de
Marguerite de Bourgogne. 11 mourut de poison, dit le P. Anselme
(I, ii4), le 5 avril i4i6.
Ala mort du duc de Berry, arrivée le i5 juin i4i6 selon Juvénal
des Ursins (354), et le i3 juin d'après Monstrelet (ITI, 38?.), Jean prit
les titres de duc de Berry et de comte de Poitou.
^ La paix fut publiée le mardi 4 septembre i4i4- (Monstrei.et,
III, 243.)
L'ordonnance royale qui confirme celle paix se trouve dans nu
manuscrit de la Bibliothèque Royale ( fonds de Brienne, n" 197,
fol. 89, recto) ; elle est datée du 2 février i4i4- Monstrelet, qui a rc-
ruoilli celle pièce (IIÏ , 27/) ) , la donne fort incomplète et sans date.
5o MÉMOIRES [1414]
liera, combien que la paix fust ainsi traitié, comme
je vous ay dit, il se desloga, et ses gens aussi s'en allè-
rent plus en ung jour qu'ilz n'estoient venus en qua-
tre; et ne séjourna pas grandement tant qu'il fut venus
à Paris'. Quant le duc Jehan se vit ainsi délivré de ses
anemis, il en fut bien joyeux, et tantost manda par-
tout ses gens et assembla grant puissance de toutes
pars ; puis s'en ala en la duchié de Bourgoingne et
passa par Maisires-sur-Meuse % où le duc de Nevers %
son frère, luy fist grant feste et moût congneurent^
l'un frère l'autre. Et depuis le duc Jehan s'en alla en
Bourgoingne, où il séjourna grant temps sans retour-
ner en Flandres ne en Artois ; et là , luy firent les sei-
gneurs de Bourgoingne grant joie, car ilz l'amoient
moût. Quand le duc Jehan de Bourgoingne fut allé en
son païs de Bourgoingne et que la paix eult esté faite
devant Arras, par la duchesse de Hollande, entre le
roy Charles et le duc Jehan de Bourgoingne , comme
avés oy ci-devant, nonobstant toutes choses, si avoit-
il tousjours grant envie entre le duc Charles d'Orliens
et le duc Jehan de Bourgoingne. Et de fait messire Jeret
' Le Roi fit son entrée dans Paris le i" octobre i4i4i selon Juvénal
desUrsins (283); le samedi 1 5 octobre, suivant le Journal d'ixn bourgeois
de Paris, (24); enfin, le 14 octobre, d'après Monstrelet (III, 259).
' Mézières-sur-Meuse.
^ Philippe de Bourgogne , comte de Nevers, troisième fils de Phi-
lippe-le-Hardi , duc de Bourgogne, et de Marguerite, comtesse de
Flandre et d'Artois ; mort, le 25 octobre i4i5, à la bataille d'Azin-
court,
* Le manuscrit de Tieulaine porte « et moult conjoirent l'un frère
l'autre. » Ce texte nous paroît préférable.
[1414] DE PIERRE DE FENIN. 5i
de Pois ', qui s'en alloit en Bourgoingne devers le duc
Jehan atout environ trois cens compaignons , fut rué
juz par les gens au duc d'Orliens et retenu prisonnier,
luy et tous ses compaignons.
Item , est vraj que après que la paix fut traitié entre
le roj Charles et le duc Jehan de Bourgoingne, par le
moyen de la duchesse de Hollande, comme dessus est
dit, et que ce vinst à faire les sermensde ce entretenir,
monseigneur de Guyenne, dauffin , fist premièrement
le serment, présens pluseurs grans seigneurs qui là
estoient : et avec ce y estoit la duchesse de Hollande.
Et lors le duc de Guyenne dist à monseigneur d'Or-
liens : (( Beau cousin, il vous convient jurer la paix
comme nous avons fait. » Adonc se avancha le duc
d'Orliens et se enclina bien bas, disant : a Monseigneur,
je ne suis point tenus de faire serment ; car je suis cy
venus pour servir monseigneur le Boy, et vous. )) Et
monseigneur de Guyenne luy dist : (( Il le vous con-
vient faire , nous vous en prions. » Et le duc d'Or-
liens dist ancoire une fois : « Monseigneur, je n'ay
point rompu la paix et ne doy point faire désarment;
plaise vous estre content. » Encore après l'en requist
le duc de Guyane, et adonc le duc d'Orliens par grant
couroulz lui dist : « Monseigneur, je n'ay point rompu
la pais, ne ceux de mon costé : faites venir celuy qui
l'a rompue. )> Lors y estoit l'archevêque de Bains ', qui
' Jeanet de Poix suivit le parti du duc de Bourgogne. Le Roi lui
donna Toffice d'amiral de France, qu'il n'exerça jamais quoiqu'il en
prît la qualité. Il mourut de la peste , à Paris, en i4i8.
' Réginald ou Renaut de Chartres, nommé à l'arclievôclié de
Heims le iS mars i4ô ; mort à Tours le 4 avril i44^»
52 MÉMOIRES [1414]
dist : (( Monseigneur d'Orliens, faictes ce que monsei-
gneur vous requiert. » Adonc, le duc d'Orliens fist le
serinent de entretenir la paix , ainsi que contre sa vou-
lenté le duc Jehan de Bourgoingne avoit rompu la
paix qui avoit esté faite à Aussoire '. Après ce que le
duc d'Orliens eut fait ce serment, monseigneur de
Gujenne fîst apeler" monseigneur de Bourbon, le-
quel cuida fere^ de parolles comme avoit fait monsei-
gneur le duc d'Orliens. Et le duc de Guyenne luy dist
en brief : « Biau cousin , je vous prie que n'en parlés
plus. » Adonc fist le duc de Bourbon serment de tenir
la paix. Après ce, le fist le duc de Bar et pluseurs au-
tres grans seigneurs , sans y miectre contredit , de cy à
tant que on apela'^ l'archevesque de Sens^, lequel es-
toit frère de Montagu; et quant il vinst devant monsei-
gneur de Guyenne, on luy dist qu'il failloit qu'il jurast
la paix; lors il s'enclina et dist à monseigneur de
' Le manuscrit de Tieulaine porte Auxene. Monstrelct (III, "iSi)
écrit Poiiioise. Il est probable que c'est de cette dernière paix, enfreinte
par le duc de Bourgogne , que le duc d'Orléans entendoit parler.
' Huclier. (ïi.)
3 Faire attarge. (Ti.)
1 Hucba. (Ti.)
' Jean de Montagu , évèque de Sens , étoit frère de Jean de 3Ion-
tagu décapité en i4o9- H fut tué à la journée d'Azincourt. Ce n'étoit
pas la première fois que cet évèque guei'rier s'étoit fait remar-
quer dans une bataille. En i4i i , lorsque le duc de Bourgogne cbassa
le duc d'Orléans de la ville de Saint-Denis , Jean de Montagu avoit
pris parti pour les princes confédérés , et <f non point, dit Monstrelet
(II, 270), en estât pontifical, car en lieu de mitre il portoit ung ba-
cinet en sa teste, pour dalmatique portoit le baubert dont il estoit
vestu , pour chasuble plates d'acier , et eu lieu de croce portoit une
hache "
[1414] DE PIERRE DE FEMN. 53
Guyenne : u Monseigneur, souvienge-vous du serment
que vous faisitez et nous tous au partir de Paris, pré-
sente la Royne? ' » Et adonc luy dist monseigneur de
Guyenne : « N'en parlés plus: nous voulons que la paix
se tienge et que vous le jurés. » Et l'arcevesque dist :
(( Monseigneur, je le feray puisque c'est vostre plai-
sir. « Et n'y en eut plus nul qui feissent relfus de jurer
la paix, cpie ces trois. Et quelque paix qu'ilz eussent
juré ensemble, si aAoit-il peu d'amour, comme on
peut percevoir en brief temps après : car les gens au
duc Jehan, qui avoient fait la guerre, ne se osoient
trouver es bonnes villes du Roy, et fut Hector de Sa-
veuse prins en allant en pèlerinage à Nostre-Dame de
Lience % et mené prisonnier à Paris, où il fut en grant
dangier de sa vie; mais la duchesse de Hollande luy
aida meut bien pour l'amour de ce qu'il estoit h son
frère le duc Jehan. Et aussi Phelipe de Saveuses, frère
à Hector, print ^ le seigneur de Chanle'^ et Vitase
' Isabelle de Bavière , fiUe d'Etienne II , dit le Jeune , due de Ba-
vière, seigneur d'Ingolstat , et de Thadée Yisconti ; mariée à Amiens ,
le 17 juillet 1 585, à Charles YI, roideFrance; morte le .20 septembre
1 455 , d'après les registres du Parlement.
' Notrc-Dame-de-Liesse.
' Le manuscrit porte • «J'ai prias par le seigneur... » C'est une
erreur de copiste, que la suite du récit de Fenin sert à rectifier, et dont
le passage suivant de Monstrelet (III, 271) fournit une nouvelle
preuve ; « Hector de Saveuses , qui fort avoit guerroie les gens du Roy
devant Anas, fut prins, en faisant le pèlerinage deLesse, des gens du
Koy, et mené à Paris : et de fait, se n'eust esté par le pourchas et
prièi'c de la contesse de Hayncau, il eust esté exécuté ; et aussi que
Plielippe de Saveuses, son frère, print prisonnier Henry de Boissy,
seigneur de Chaule, et Eustace Uaync, seigneur de Sartou, etc. w
' 11 fut tué à la bataille d'Azincouit. ( Mo.nsïrelet , 111, 554 )
54 MÉMOIRES [1414]
Dénie, lesquelz a voient moût de leurs amis vers le
Roy, et qui giant paine mirent à la délivrance de Ector,
pour délivrer les deux dessusdiz que Phelipes tenoit
prisonniers. Par ainsi escapa Hector de Saveuses de
Paris. Par telz choses et moût d'autres se resmeut la
guerre et l'envie entre les seigneurs de France et le duc
Jehan ; par quoj le royaume de France a esté depuis
mis en perdicion.
Item, tout ce temps durant y avoit au royaume de
France doubles officiers; car checune partie conten-
doit de les faire à sa poste. Et estoit le conte Valeran
de Saint-Pol connestable de France, par la voulenté
au duc Jehan de Bourgoingne et le seigneur de Dant-
pière' admirai pareillement ; et les aultres avoient fait
messire Charles de Labreq connestable , et Clignet de
Brebant admirai : ainsi estoit le royaume de France
en grant division par la guerre du duc Jehan de Bour-
goingne et du duc Charles d'Orliens.
Item, ceste mesmes année mil quatre cens et qua-
torze, environ la Saint-Remy% le comte Valerain de
Saint-Pol, qui encore se disoit connestable de France,
assembla de quatre à cinq mille ^ combatans , et s'en ala
;i Liegney en Barrois, qui estoit à luy. Quant il fut là
' Jacques de Chàtillon, sire de Dampierre, etc., chevalier, conseil-
ler et chambellan du roi Charles YI, promu à la charge d'amiral de
France, le 20 avril i4o8. Il fut tué à la bataille d'Azincourt, le 25 oc-
tobre i4i5.
' Le 10 octobre.
^ Le manuscrit de Tieulaine porte quatre à cinq cens combattans.
Monstrelet (III , 264) dit six cens combattans, hommes d'armes et
rchers. « Cliafiuc liomme d'armes avoit à sa suite quatre hommes de
[1414] DE PIERRE DE FENIN. 55
venu, le duc Anthoisne de Brabant, qui avolt eu espoiisé *
la fille du conte Valeran , baila au conte Valeran le gou-
vernement de la duchié de Luxembourg % qui estoit^
de par sa^ femme; et le conte Valeran , après ce qu'il
eut séjourne cinq sepmaines à Ligney et esté devers le
duc de Bar, son beau-frère, à Bar-le-Duc, s'en ala
vers la duchié de Luxembom^g, où il fut bien obéj, et
luy délivra-on la fortresse. Après, il s'en ala en moût
d'autres bonnes villes, et partout on le metoitdedens,
au commandement du duc Antoisne de Brabant. Et il
ala à Danbilles^, où il séjourna grant pièce, et puis il
alla mectre le siè^e ^ devant une fortresse nommée
Noenville ", qui estoit sur l'iau de Meuse et menoit
guerre à la duchié de Luxembourg : et estoit la for-
tresse au seigneur d'Orchimont^. Quant le conte Val-
leran eut mis le siège devant Noenville, il y fut grant
temps, et avoit fait assoir de grans engins devant le
cheval dont deux étoient archers, le troisième n'étoit proprement
qu'un valet, et le quatrième étoit appelé Coustilier. » (Ménage, II, 4i.)
' En premières nopces. ( Ti.)
' S'il faut en croire le P. Bertholet (VII, 225 et 226), le comte de
Saint-Pol eut le gouvernement du Luxembourg en i4n , et en fut
dépossédé la même année.
' Estoit k luy. (Ti)
^ 5a seconde. (Ti.)
' Damvillers.
* Le comte se prépara , dit ÎMonstrelet ( III, 265) , à mettre le siège
devant la forteresse de Neufville-sur-IMeuse, environ la Saint-André
(5o novembre) , après avoir solennisé les fêles de la Toussaint.
" Le manuscrit porte Nemidle. Nous rétablissons, d'après Monstre-
let, Saint-Remy, et Fenin lui-même, le nom de Neuville, en adop-
tant toutefois l'orthographe de Fenin.
• Jean d'Angle, seigneur d'Orchemont (Monstrelet, III, 265).
Fenin donne la véritable orthographe du nom d'Orchiraont.
56 MÉMOIRES [1415]
chastel [poui jetter dedans, et puis il fist faire tossez au-
tour dumoustier qui estoit devant le chastel] de Noeii-
ville. Après que le conte Valeran eut fait pluseurs
grans escarmuches , il fist garnir le moustier, [et puis
il se pourvueut bien de vivres ,] et laissa de ses gens de-
dens pour garder que ceux du chastel ne peusissent
saillir, et en fist capitaine ung gentilhomme du pais
que on nommoit le grant Vaultier Disque. Après ce que
le conte Valeran eut ainsi fait abillier le moustier de
Noenville et garny de ses gens, il s'en alla àDanvillier
et delà à Yuvins ', où il fut grant partie de l'iver ; et ses
gens qu'il avoit laissiés au moustier de Noenville, y
furent tant que le chastel se rendi, et promist le sei-
gneur qu'il ne feroit plus de guerre, et les gens du
conte, qu'il avoit laissiés au moustier de Noenville, s'en
rallèrent devers luy.
Item, le conte Vallerain fut à Yuvins tout le qua-
resme, et là tenoit ses gens avecquez luy. Et quant
vinst vers Pasques, environ quinze jours après, il luy
prinst maladie donc il mourut % et fut enterré dedens
la grande église des Yvins, combien qu'il eust ordonné
qu'on le portast à Boie-de-Champ % en la conté de
Saint-Pol. Mais on n'en fist riens tant que à présent;
car le pais estoit périleux, et si n'avoit avecquez luy
nulz de ses prouchains amis. Car il estoit desja mort
' Yvois.
' Voyez ci-dessus , page 3 , note 5.
Suivant Monstrelet (III, sgS), Waleran, comte de Saint-Pol,
tomba malade le lo avril i^i5, et mourut environ douze jours après.
^ Dans l'abbaye de Clercamp (Monstrelet, 111, agS). Le manu-
scrit de Tieulainc j)ortc Cei'camp.
[1415] DE PIERRE DE FENIN. 5;
quant la contesse sa femme ' vinst, qui en fist grant
doeul quant elle sceut la vérité, car le conte l'avoit
mont désirée à voier à son derrain. Apres la mort du
dit conteValleren, ses gens furent moult desconfortés et
s'en allèrent les ungs en leur païs , et les aulties , avec
la contesse, à Ligny en Barrois. Ainsy mourut le conte
Valleran de Saint-Pol, hors de son pays, donc ce fut
grant dommage ; car il estoit prince de grant enten-
dement et qui moût estoit saige. Après sa mort , le
duc Antoisne de Brabant releva la conté de Saint-Pol
et celle de Ligney, et toutes les terres du conte Yale-
ran, pour Plielipes ' son fdzpuisné ; car le duc Antoisne
avoit espousé la fille du conte Valeran et en avoit deux
filz, Jehan ^ et Phelipe. Et depuis fut Phelipes, le
puisné, tousjours nommé conte de Saint-Pol, tant
que son frère vesquit. Item , pour ce temps le duc
■ Bonne de Bar (Voyez page 54, note 2 ). La duchesse, dit Monstrelel
( III, 296) , « renonça à toutes dettes et biens quelconques de son dit
feu mari; » et à ce sujet, il parle d'une cérémonie alors observée par
les veuves dans ces sortes de renonciations et qu'il avoit déjà signalée ,
(I, 142), sous l'année i4o4, à l'occasion de la mort de Philippe-le-
Hardi, duc de Bourgogne. Elle consistoit à faire déposer, sur la repré-
sentation du corps du mari , les clefs , la bourse et la ceinture de la
veuve. Dom Plancher ( III, Notes, 5-]5] a révoqué en doute l'existence
de cette coutimie et surtout son observation par la veuve de Philippe
le-Hardi. Le second exemple ci-dessus rapporté semble prouver qu'il
a été dans l'erreur.
' Philippe de Bourgogne, comte de Saint-Pol et de Ligny, né le 25
juillet 1404. Ildevint duc de Brabant et de Lothier, etc., parla mort de
son frère. Mort le 4 août i43o.
'Jean de Bourgogne, duc de Brabant, de Lothier el deLimbourg,
né le 1 1 juin i4o3, marié à Jacqueline de Bavière , comtessc^le Hainaut
pt de Hollande ; mort le 17 avril 1427.
58 MÉMOIRES [1415]
Jehan de Bourgoingne se tenoit en ses pais de Boui-
goingne , et alors on pai loil peu de guerre au pays de
France , fors que chescun savoit bien qu'il n'y avoit
mie ferme amour entre le duc Jehan de Bourgoingne
et le duc Charles d'Orliens.
En l'an mil quatre cens et quinze, le roi Henry ' d'En-
gleterre, qui bien savoit le descort qui estoit entre les
seigneurs de France , et qui tousjours contendoient à
destruire l'un l'autre, fist faire son commandement
en Engleterre et assembla grant puissance d'Englez;
et puis il monta en la mer et s'en vinst descendre devant
Harelleu '' , et là mist le siège par mer et par terre.
Et la ville de Harefleu estoit bien garnie de bonnes
gens d'armes et qui bien la tindrent; maisleroy Henry
y fut si longuement qu'il falut que les Franchois luy
rendissent la ville ^ , parce qu'ilz n'atendoient point de
' Henri V, dit de Monmouth, né en i588, épousa, le i juin 1420,
Catherine de France , fille de Charles VI et d'Isabelle de Bavière , et
mourut le 3o août 1422.
' Il prit terre , la veille de l'Assomption Notre-Dame (i4 août i4i5) ,
dit Monstrelet ( III , 3i2 ) , « à ung havre entre Harfleu et Honnefleu ,
où l'iaux de Seine chet en la mer. »
La ChronUiue d'Alencon (Bib. roy., Manusc. , fonds Duchesne ,
n° 48 , fol. 79, verso ) nous apprend que ce havre se nommoit Quec-de-
Caux ( Chef-de Caux ).
Selon Rapin-Thoyras(IV, 99), le roi Henri mit ses troupes à terre,
au Havre-de Grâce , le 21 août.
' Le 14 septembre i4i5 {Journal d un bourgeois de Paris , 26); le
jour de Saint-Maurice (22 septembre ; Monstrelet, III, 3i6): le 18
septembre ( Anonyme de Saint-Denis, II, 1004); le 18 ou 22 septembre
( JUVÉNAL DES UrSINS , 294 et 295 ).
Le recueil de Rymer contient une lettre du roi d Angleterre au
dauphin , qtii doit faire préférer la version du Journal d'un bourgeois
[1415] DE PIERRE DE FENIN. Sg
secours : et fut le comme nchemeiit tle sa conqueste
de Normandie. En tant que le roj Henry tenolt siège
devant Hareileu, les seigneurs de France firent de
grans assemblées pour y résister ; et se mist messire
Charles de Labret , qui estoit connestable, sur les
champs, atout grant puissance, et le maréchal Bou-
chigaut', et le seigneur de Dampière, admirai deFrance,
et moût d'autres grans princes : c'est assavoir, le duc
d'Orliens , le duc de Bar, le duc de Bourbon , le duc de
Nevers, le conte de Biaumont \ Et avoient les sei-
gneurs dessusdiz assemblé toutes leurs puissances pour
combatre le roy Henry d'Engleterre.
Item, après ce que le roy Henry d'Engleterre eut
conquis la ville de Harefleu et aucunes aultres places
en Normandie, il se parti atout sa puissance pour aller
h Calais, et chevaucha droit en tirant vers Normandie;
et devant la ville d'Eu y eut grant escarmuchedes Fran-
chois et des Englez, et y mourut LancellotPerre^ vail-
le Paris. Cette lettre , par laquelle le roi Henri propose à son cousin
de terminer leur querelle par un duel entre eux deux, est datée de sa
ville de Harjlieu, le i6 septembre i4i5 (IV, a» partie, p. i47)-
' Jean Le Meingre, dit Boucicault , né vers i368, fut créé maréchal
de France par lettres du 20 décembre logi. Fait prisonnier à la ba-
taille d'Azincourt, il fut conduit en Angleterre, et y mourut en
1421.
* Le seigneur de Beaumont-sur-Loire , mort à Azincourt en i4i5.
( MoNSTRELET , III , 55i . ) — De Blammont. (Ti.)
' Le manuscrit porte « Lancellot pre. » La lettre p ainsi barrée est
toujours employée par abréviation de la syllabe per ou par. JNous nous
sommes décidée pour la première de ces abréviations , parce que Go-
defroy et le manuscrit de Tieulaine écrivent père. Monstrelct ( III
328) dit « Lancelot Pieres. » — Qui estoit Bourbonnois. (Ti.)
6o MÉMOIRES [1415]
lant homme d'armes et bien renommé , et aux! il tua
l'Englez qui l'avoit navré à mort. De là, le roy Henry
chevaucha en venant vers Abeville, et cuidoient pluseurs
qu'il deusist aller passer à la Planque -Taque * ; mais
il n'en fist riens , car il tira vers le Pont-de-Remy et
assailli la ville pour avoir passage par-là. Mais elle fut
bien et grandement deffendue par le seigneur de Blan-
court% qui estoit sires, et ses deux filz qui estoient
chevaliers de haut courage et bien renommés, et aA^ec-
ques ce estoient bien pourveux de bonnes gens et de
abillemens de guerre. Par quoy les gens du loy Henry
ne pem ent guengnier le passage , et si perdirent plu-
seurs de leurs gens.
Item, après ce que le roy Henry seut qu'il ne pas-
seroient^ Pont-de-Remy, il tira vers Araines et de là
vers Amiens, et passa par-devant la ville sans riens
perdre et s'en ala logier à Bove'^. Et la puissance le
roy Charles poursuioit tousjours îe roy Henry, qui ^
n'y avoit que de cinq à six lieues entre les deux
hoz, et de jour en jour les cuidoient combatre. Maiz
' Blanque-Taque.
'' Wancourt, seigneur du Pont-Saint-Remy. On lit dans Godefroy ;
<f le seigneur de Wancourt qui en estoit sire , » et cette leçon, à l'addi-
tion près du mot eti, nous semble devoir être préférée. Le père Anselme
( III , 607 ) signale un Philippe de Wancoucourt ( sans doute Wan-
court), seigneur du Pont-Saint-Remy et de Dun , lequel vendit,
en i438, à Philippe de Montmorency les seigneuries de IFancowt^
Guemape, etc. — De Vaucour. (Ti.)
3 Par le Pont-de-Remy. (Ti.)
^ Le manuscrit porte Bone.
' Çin'Wny nvoit.... (Ti.)
[1415] DE PIERRE DE FENIN. 6i
ilz n'avoient mie place h leur plaisir, et aussi ilz aten-
doient le duc de Bretaigne*, qui leur venoit en aide
atout «rant puissance. Ainsi poursuioient les Fran-
chois le roj Henrj de jour en jour, et le roj Henry
s'en ala passer Teau de Somme à Esclusiers ' et s'ala
logier autour de ^Miraumont ; et les seigneurs de France
estoient logiés à Pirone^ et leurs gens au païs d'entour
de Miraumont. Le roy Henry s'en alla droit chemin
pour s'en aller droit à Calais, et se loja à Forclieville '^
et à Chen^' et autour aux villaiges. Les Franchois tirè-
rent au-devant vers Saint-Pol. Après le Roy se loga à
Bonières-Bestalon^, le merquedi devant la Toussains',
l'an mil quatre cens et quinze, et son avant-garde estoit
logié à Freneucli*'. Et |)our vray, Englez tindrent
celle nuit sept ou huit vilages. Le jeudi ensuiant le
roy Henry se desloga et s'en alla passer à Frenesth;
' Jean YI, duc de Bretagne, né le 24 décembre iBSg, mort le
•29 août 1442.
' Monstrelet fait traverser la Somme au roi d'Angleterre « par le
passage de Voyennes et de Béthencourt » (III, 55o). Saint-Remy dit
seulement que, de Corbie, le roi alla à Péronne et passa la rivière (VIT ,
Joo). Ce doit t^tre près de l'endroit désigné par Monstrelet, puisque
Saint-Remy ajoute qu'après avoir tous passé la Somme , le Roi alla
loger « assez près d'Atliie. »
' Péronne.
* Forceville.
* A Acheux.
^ Bonnières étant situé dans le canton d'Auxy-le-Château ainsi que
Fontaine-l'Etalon , peut-être est-ce le surnom de ÏEstalon que veut
lui donner Fenin.
" Le 25 octobre i4i5.
' Frevent.
62 MÉMOIRES [1415]
et de là, chevaucha jusques à Blangy-en-Ternois ',
et passa oultre pour luj aller logier à Masancelles ' ;
et là, se loga tout ensemble. Item, ce propre jour
les seigneurs de France vindrent logier à Ronsiau-
ville^ et à Azincourt, et en pluseurs villes autour,
et puis se midrent aux camps, et se logèrent assez
prez de l'ost du roy Henry, qu'il n'y avoit que en-
viron quatre trais d'arc entre les deux hoz, et lii
jeurent celle nuit sans riens faire l'un à l'autre. Quant
ce \inst le vendredi au matin , les seigneurs de France
se mirent en grant ordonnance et firent une avant-
garde où ilz misdrent la plus grant partie de leur
seignourie et la fleur de leurs gens, et si firent une
bataille moût puissante et une arrière-garde. Et en
vérité Franchois estoient sans comparoison plus que
les Englez^, et y avoit moût noble compaignie,
' Blaugy-sur-Ternoise.
' Maisoncelles.
' Ruisseauville.
< Les historiens françois et anglois différent sur l'évaluation de l'ar-
mée Françoise. L'Anonyme de Saint-Denis (II, 1006) dit qu'elle se
composoit « de plus de quatorze mille hommes d'armes. » ( Chaque
homme d'armes ayant quatre hommes de cheval avec lui , cela feroit
soixante -dix mille. Voyez ci-dessus, page 54, note 5.) Hardyng
(chap. CCXIIII, fol. LLX recto) , qui étoit présent à la journée d'Azin-
court, fait monter l'armée françoise à cent mille hommes , et celle des
Anglois à neuf miUe. Le capitaine de Calais dit, dans une lettre da-
tée du 7 octobre 1^1 5, adressée au duc de Bedford, que les François
avoient cent mille hommes (Rymer, IV, 2' partie, p. 147} ; Berry (43o)
ne compte que dix mille hommes d'armes. Les autres chroniqueurs
françois se contentent de doubler (Journal d un bourgeois de Paris,
27), tripler (Saint-Remy, VIII, 4), ou sextupler ( Monstre let , III,
538) le nombre des François, sans évaluer celui de l'armée angloise.
[1415] DE PIERRE DE FENIN. 63
Item, le roy Henry se mist pareillement en ordon-
nance et ordonna mie avant-garde et mie grosse ba-
taille, et mist tous ses archiers devant checmi ung pon-
chon ' à deux bous devant luj estacliié en terre. Ce jour
y eut grant parlement entre deux batailles , et dou-
loit le roy Henry moût la journée. Mais ilz ne peurent
estre d'acort, par quoy y falut qu'ilz assemblassent
à bataille. Là vinst le seigneur de Helly ', qui long-
temps avoit esté prisonnier en Engleterre, et parla
au roy Henry; et cuidoit bien que Franchois deus-
sent avoir la journée pour eux. Mais il alla tout au-
trement; car, quant vinst à l'assembler, Englois avoicnt
foison d'archiers qui commencèrent fort à tirer con-
tre les Franchois; et Franchoiz estoient fort armez,
par quoy ilz fment fort travailliés avant qu'ilz ve-
nissent de cy aux Englois. Là y eut grant bataille
d'un costé et d'autre , et furent Englez fort reboutés
de venue ; mais l'avaiit-garde des Franchois se mist
en grant desroy et commenchèrent à assembler par
petis hoteaux et Englez à férir ens et tuer sans merchy.
Et aussi la bataille se ouvrit et Englez entrèrent ens.
Lors se misdrent Franchois en grant desroy et com-
' Monstrelet (III, 54o) dit un pieu; Saint - Remy (YIII, 7) nu
peuchon. — Un ponclion aiguisé. (Ti.)
' Voyez, ci-dessus, page 11, note 2.
Saiut-Reniy (VIII, 6), l'Anonyme de Saint- Denis (Ef, ioo8), Fenin
et Berry (429) s'accordent à dire qu'il y eut des propositions de paix
faites avant la bataille ; mais ces deux derniers chroniqueurs sont les
seuls qui désignent le sire de Helly comme ayant été député par les
François vers le roi d'Angleterre, afin de s'entendre à ce sujet. Berry
y joint même Guicliard Daupliin, et le sire deTrasse.
64 MÉMOIRES [H15]
mencèreiit à assembler par petis hoteaux". Et aussi
la bataille et arrière-garde n'assemblèrent point avec
leurs gens, ains se misdrent tous à la fuite; car tous
les princes s'estoient mis en l'avan - garde et avoient
laissié leurs gens sans chief. Par c|uoy il n'y eut point
de gouvernement ne entretenement en leurs gens.
Là, j eut grant mortalité de Franchois; car ilz fu-
rent tous desconfiz et y en mourut sur la place de
trois à quatre mille % sans ceux qui furent prison-
niers, donc il y en eut grant nombre. En tant que
la bataille des Francliois et des Englez duroit et que
Englez estoient jà presque au-dessus, Ysambartd'Asin-
court % et Robert de Bournoville ^, acompaigniés de
aucunes gens de petit estât, alèrent frapper sur le ba-
guage des Englez et ilz firent grant efFroy. Et pour
ce, Englez Guidèrent que ce fussent Franchois qui
venissent sur eulx, pour eulx malfaire. Adonc tuèrent
' Il nous semble qu'il faut lire : « Lors se misdrent Franchois en
grant desroy, et aussy la bataille et arrière-garde n'assemblèrent point
avec leurs gens. « Ces mots et cotnDiencèrent à assembler par petis
hoteaux , qui se trouvent déjà quelques lignes plus haut, n'auront été
répétés ici cpie par suite de l'inattention du copiste.
' Dix mille et au-dessus , dit Monstrèlet (III , 555 ) , sur lesquels il
y avoit seize cents valets, et le surplus gentilshommes, « et fut trouvé
qu'à compter les princes , y avoit mort de cent à six-vingts ban-
nières. »
^ Isambert d'Azincourt étoit au nombre des écuyers de la compa-
gnie de Jean de Luxembourg, lors du voyage que le duc de Bour-
gogne fit, sur la fin de janvier i4i3, d'Arras à Saint-Denis. (Plan-
cher, III, Notes, 58;.)
* Robert de Bournonville , dit le Roux , seigneur de I^a Vallée. Il fut
tué, en i436, à la bataille d'Ardres.
[1415] DE PIERRE DE FEMN. 65
Engloiz moût de prisonniers qu'ilz avoient ; donc les
deux dessusdiz furent depuis moût blasmés , et aussi
ilz en furent pugnis par le duc Jehan de Bourgoingne.
Item, à ceste journée, qui fut le vendredi de-
vant la Toussains, Tan mil quatre cens et quinze,
entre Maisoncliieles et Azincourt , en la conté de
Saint-Pol, et la appel-on la bataille d'Azincourt, et
y fut mort grant planté de noble sang de France.
Et y avoit messire Charles de Labret, qui estoit con-
nestable de France, le maréchal Bouchigant, et le
seigneur de Dampicre, qui estoit admirai de France.
Item, le duc de Bay ' y mourut, le conte de Marie %
le conte de Blancmont % et si y mourut le duc An-
thoisne de Brebant et le duc de Nevers, son frère,
lesquelz estoient frères au duc Jehan de Bourgoin-
gne; et moût y mourut d'autres grans seigneurs. Item,
le duc d'Orliens, le duc de Bourbon, le conte de
Richemont , le conte d'Eu ^, ilz furent tous prison-
niers et menez en Engleterre , et moult en y eult
d'autres grans seigneurs enmenés avecquez eulx que
je ne sçay nommer. Ainsi et par ceste manière fut
perdue ceste journée pour les seigneurs de France,
' Le duc de Bar. Voyez page ii , note 4-
" Robert de Bar, comte de 3Iarle et de Soissoas , etc. , grand bou-
tciller de France , et premier président-lai de la chambre des comptes
de Paris.
' Le manuscrit de Tieulaine porte Blammont, ainsi que Monstrelct
( III, 549 ). Les plus grands seigneurs étant nommés les premiers, il
n'est pas présumable que Fenin ait voulu désigner ici Jean de Blanc-
mont, chambellan ordinaire de Jean , duc de Bourgogne. ( La Barfk ,
II, i5a.)
< D'Eu 7 furent. (Tr.)
5
06 MÉMOIRES [1415]
donc ce fut grant dommage pour le royaume de France ;
car de toutes nations du royaume la tlem^ de la gen-
tilesse y demoura , donc moût de maulx sont depuix
advenuz. Et ancore la discension qui estoit entre le
duc Jehan de Bourgoingne et les seigneurs du sang
royal pargastoit tout. A ce jour le duc de Bretaigne
estoit h Amiens qui venoit à l'aide des Franchois atout
grant puissance de gens ; mais ce fut trop tart.
Après ce que le roy Henry eut guengnié ceste jour-
née contre les Franchois, il s'en ala logier de rechief
à Maisonchilles , oii il avoit jeu la nuit devant. Et
lendemain au matin il se desloga , et alla passer parmy
les mors , où la bataille avoit esté, et là arresta grant
pièche, et tira de ses prisonniers qui estoient avec-
quez les mors, qu'ilz enmenèrent avecquez eux.
Item , des gens du roy Henry y mourut environ de
quatre à cinq cens; et si fut le duc d'Iorc ' navré à
mort, qui estoit oncle du roy Henry. Et si estoient
Englez moût desconfortés de ce que on leur avoit osté
leurs chevaux ; car il y en avoit moût de navres
et de mésaisiés, qui s'en allèrent à grant paine d'icy
à Calais; maiz nonobstant ilz s'en allèrent à Calais,
et là on leur fist grant joie. Après ce que le roy Henry
se fut refrescjui luy et ses gens en la ville de Calais,
il s'en alla en Engleterre, où il fut hautement festié,
et luy fist-on grant révérence partout le royaume
d'Engleterre.
' Edouard , d'abord comte de Rutland et duc d'Albemarlc, puis duc
d'York, né en i574, petit -fils d'Edouard III, roi d'Angleterre.
(W. Du<;i)Ar.E, II, iSG-iSy.)
[1415] DE PIERRE DE FENIN. G7
Item , le duc d'Orlicns et le duc de Boiirl)on iisorent
la plus grant partie de leur \ie en Eiigleterre de-
puix ce temps, et avecquez eux, le conte d'Eu et
le conte d'Angoulesme, frère au duc d'Orllens '.
Après ceste doulereuse journée , et que toutes les
parties furent retraites, Loys de Luxembourg', qui
estoit cvesque de Terrouanne, fist faire, en la place on
la bataille avoit esté, pluscurs carniers, et puis fisl
assembler tous les mors d'un costé et d'aultre , et
là , les fist enterrer ^, et puis ledit évesque béney
la place, et si la fist enclorre de fortes haies tout
autour, pour les garder des bestes.
En tant que ceste bataille fut, le duc Jehan de
Courgoingne estoit en Bourgoingne , et fut moût cou-
rouchié de la perte aux Franchois, quant dite lui fut,
par espécial de ses deux frères, le duc Anthoine de
Brabant et du duc de Nevers. Et tantost après il s'en
alla en ses païs de Flandres et d'Artois , et prinst le
gouvernement de ses deux nepveus de Brebant '^.
Item, en ceste maisme saison, le duc de Guyenne,
filz ainsné du roy Charles de France, mourut à Pa-
■ Voyez page 7 , note 2 ; — page i5 , note i ; — page 48 , note 2 ;
et page 7 , note 4-
' Louis cTe Luxembourg , cvêque de ïhérouenne, nommé chance-
lier de France le 7 février \l\p.l^, mourut en Angleterre, le 18 sep-
tembre i445-
' Selon Monstrclet , ce fut Philippe, comte de Charolois, qui (il
enteri'er les morts à ses frais. Le cimetière fut béni par l'évêque de
Guines '< au commandement et comme procureur de Louis de Luxem-
bourg , évêque de Thérouenne. » (III, SSg.)
* Voyez ci-dessus page 57, notes 2 et 3.
G8 MÉMOIRES [14151
ris ', qui avoit espousé la fille aisnée du duc Jehan de
Bourgoingiie , donc ce fut grant dommage pour le
royaume; car il avoit grant désir de tenir son peuple
en pais. Et alors ne demoura des filz du Roj que le
conte de Pontieu, qui avoit espousé la fdle du duc
Guillaume de Hollande, et le duc de Touraine% qui
estoit le puisné filz du Roj.
Item, assez tost après, le roy Henry d'Engleterrc
repassa la mer, et s'en vinst à Calais , et le duc Jehan
de Bourgoingne alla contre luy par seurtc. Et assem-
blèrent vers Calais % et parlèrent eulx deux ensemble
' Le i8 décembre i^i5.
' Charles, duc de Touraiac, depuis Charles VIT, né le 2'2 février
i4o2 ; marié, en 142*2, à Marie d'Anjou, fille aînée de Louis II, roi de
Sicile, et d'ioland d'Aragon ; mort le 22 juillet 1461.
^ Environ la Saint-Remy ( 1" octobre) i4i6, dit Monstrelct (III,
401), les rois d'Allemagne et d'Angleterre se rendirent à Calais, où
le duc de Bourgogne alla les rejoindx'e. « Le duc fut très instamment
requis du roy d'Angleterre , qu'il se voulsist déporter d'estre en aide
au roy de France à l'encontre de lui ; pour coudicion qu'il partiroit à
aucunes des conquestes qu'il feroit en France; et avecques ce, le dit
roi d'Angleterre lui promectroit de riens entreprendre sur toutes ses
seigneuries ne de ses aliez et bienvueillans. Laquelle requeste ne lui
fut point accordée par le dit duc ; mais les trêves qui par avant avoient
esté accordées par ledit duc et par lui, furent lors ralonguées jusques
à la Saint-Michel, l'an i4'9- Et avecques, comme je fuz informé, le
duc de Bourgongne releva et fist hommage au dit roy d'Alcmaignc de
ses contez de Bourgongne et d'Alos. »
Juvénal (335) rapporte seulement qu'on disoit publiquement qu'il y
avoit alliance entre ces deux princes, le duc de Bourgogne et le roi
Henri; « à quoy y avoit bien grande apparence. »
L'entrevue du roi d'Angleterre et du duc de Bourgogne avoit pour
but d'assurer, par un acte authentique, les conventions précédemment
I ailes entre ces deux princes par le ministère de leurs agents. On
[1416] DE PIERRE DE FENIN. 69
grant pioche, sans ce qu'il y eust nulz de leurs gens
qui les peust ouïr, ne sçavoir qu'ilz disoient. Et de ce
on parla depuis en mainte manière ; maiz peu de gens
en sceurent la vérité de ce qu'ilz avoient parlé. Apres ,
le roj Henry s'en râla en Engleterre et le duc Jehan
de Bourgoingne en ses pays.
Item, après ce que le duc de Guyenne fut mort,
le conte de Pontieu, lilz du roy Charles, qui avoit
espousé la fdle au duc Guillaume de Hollande, niè-
clie au duc Jehan de Bourgoingne, fut daufîin et
attendant la coronne après la mort du roy Charles,
son père. Et pour ce, le duc Guillaume, son biau-
père, le fist aprouchier du roy Charles affin d'avoir
le gouvernement du royaume de France; mais il ne de-
meura gaires après que le daufîin mourut ' à Com-
piègne où il estoit, et par ainsi il n'y eut des liJz
du roy Charles plus que Charles, duc de Touraine,
trouve dans Rynier (lY, 2« part., 177-78) les projets d'actes qui
dévoient être soumis au duc, et par lesquels il faisoit liommago-ligc
et serment de loyauté envers Henri V, comme souverain seigneur et
roi de France. Le duc se refusa , sans doute, à signer ces actes, comme
le dit Monstrelet , car les copies qu'en donne Rymer sont dénuées de
tout caractère authentique, et ne portent ni date ni signature. C'est
donc par inadvertance , si ce n'est plutôt par mauvaise foi , que Rapin
Tboyras piétend que ces conventions furent réduites en forme de
lettres patentes, écrites et signées de la propre main du duc de Bour-
gogne, et scellées de son sceau privé. (IV, 122.)
' Le 3 avril 1^16, suivant le Journal d'un bourgeois de Paris (3i) ;
ou le jour de Pâques fleuries (4 avril) , et d'un abcès à l'oreille, selon
Monstrelet (III, 4o8). On a vu plus haut, page 49, note 4, que le
1^ Anselme assigne une autre cause à la mort de ce jeune prince. Fc -
'lin lui-même va rapporter les bruits qui coururent à ce s)ijct.
^o MÉMOIRES [1417]
(}ni cstoit tout le piiisiié, et fut dauflin en atendant
h couronne de France.
Item , le duc Guillaume de Hollande mourut " ten-
lost après en ceste mesme saison, et disoient mainte
i^ent qu'il avoit este empoisonné ;, luy et son biau-
filz le dauffin , pour ce qu'ilz estoient si fort aliez
au duc Jehan de Bourgoingne.
Après toutes ces besoingnes ainxi faictes , lesquelles
advindrent toutes en peu d'espasse , le duc Jehan de
Bourgoingne assembla grant compaignie de ses gens
et s'en ala vers Paris , cuidant avoir moien vers le
roj Charles et le dauflin : et s'en alla logier à La-
gny-sur-Marne, où il fut grant temps. Et tant y
fut que ceulx de Paris, qui gouvernoient le roy Charles
et le dauffin, l'apeloient Jehan de Lagny. Alors gou-
vernoit le roy Charles et le dauffin le conte d'Ar-
mignac et le seigneur de Barbesan % Davegny Du
Castel % et jeuroient de la guerre '^, toutes gens qui
estoient estrangiers la plus grant partie. Et par ce
' Le 5i mai i4i7-
^ Anault Guilhier de Barbazam, ainsi nommé dans l'oi'donnance
cabochieiine { Voyez ci-dessus , page 35 , note i) , conseiller et cham-
bellan du Dauphin (La liARRE, 1 , 3o6 ), dit le Chevalier sans reproche
( Olivier de xa Marche , I , i53) , fut fait prisonnier au siège de Me-
lun, en 1420 (Monstrelet, IY, 264), et conduit au Château-Gaillard,
où il demeura jusqu'en 1429 (Idem, Y, 252). Il fut tué au siège de
Yaudemont, en i43i (Idem, YI, i3). Godefroy et Anselme le nom-
ment Arnaud Guillen.
3 Tanneguy Du Chastel, chevalier breton , conseiller et chambellan
du roi Charles YI , pi'évôt de Paris ; mort en i449-
4 Nous pensons qu'au lieu de ces mots, qui n'ûflïcut aucun sens sa-
tisfaisant , il fau droit lire : et liemoncl de La Guerre.
[1417] DE PIERRE DE FENIN. 71
ne vouloiciit point que le duc Jehan fust bien d'acort
avec le Roj, ne a\cc le doflin , pour ce qu'llz sa-
voient bien que se le duc Jehan y estoit, il leur osteroit
le gouvernement qu'ilz avoient au royaume. Quant
le duc Jehan eut assez esté à Lagny, et qu'il vit bien
qu'il ne povoit aller vers le Roy à présent , il se party
et s'en retourna en Artois et en Flandres ; et alors
le duc Jehan a\oil foison gens qui tenoient les champs,
et tindrent longuement; par quoy le pays fut fort
grevé et mis en grant destruxion de tous costés ,
par espécial le pays de Picardie et de Santers'. Et
en estoit l'un des capitaines, messlre Gastelin Vast %
Jehan de Gigny % le baslart de Tion ^, Charles Labé %
Jehen Du Clau'% Mahieu Després; et moût d'autres
en y avoit qui estoient gens sans pitié, et arranchon-
noient les gens par tout où ilz alloient, sans espar-
' Le manuscrit porte Sairles.
' Sans doute Castelain Wast, chevalier, chambellan du duc de
Bourgogne (La Barre, II, 129). Doni Plancher (III, Notes, 5g4} men-
tionne la compagnie de Castellaiu Wast, laquelle se composoit, en
août 1417, de cent cinquante-six écuyers.
' Gingin (Mo.nstrelet, III, 087) ou Guigny , Savoisien. Il fut fait
chevalier au siège de Meaux, en 1422. (Idem , IV, 572.)
* Jean , bâtard de Thien , capitaine de la ville de Senlis ( Godefroy,
797), fait chevalier au siège de Meaux, en 1422 (Moa'strelet , lY, 572).
Il fut décapité en juillet 14Û9. (Idem , Vil, 540
^ En novembre 1417, le duc de Bourgogne mit eu garnison dans la
ville de Tours « un capitaine breton, nommé Charles Labbé, »
(Berry, 454 )j lequel rendit la place au Dauphin, l'année suivante,
et, pour récompense, en demeura capitaine. ( Mojnstkelet, IY, 5i.)
'' Il étoit Savoisien , dit Monstrelet (III, 587). Jean Du Clou avoit,
«.n 1417, une compagnie composée, entre autres gens d'armes, de
f-cnt trente-cinq étuycrs. i\). Plancher , IJI , Notes, 5940
72 MÉMOIRES [1417]
gnier gentil ne villain. Et les appeloit-on en pluseurs
lieux les vandros % et aultre, les estrangiers. Geste gent
prindrent la ville et le chastel de Dan en court % et
la pillèrent, et puis y boutèrent le feu; et aussi fi-
rent-il le Neuf-Chastel-sur-Sajne \ En ce temps le
baillj de Yersmandois '^ et Remonnet de La Guerre*
se assemblèrent poui' ruer jus les estrangiers , mais
les estrangiers les desconfirent et tuèrent grant planté
des gens du ballif et de Remonnet, et les prindrent
prisonniers. En cest estât régnèrent les capitaines
dessusdiz grant temps : mais ilz allèrent en Boul-
Icnois et cuidoirent faire ainsi qu'ilz faisoient ail-
leurs ; mais les compaignons se assemblèrent, et en
tuèrent grant planté, et les destrussèrent. Là fut tué
Laurens Rose, qui estoit lieutenant de Jehan Du Clau,
et pluseurs de ses gens. Quant ilz virent que on
leur menoit guerre ainsi en Boulenois , ilz se re-
tiairent arrière, et prindrent ung gentil-homme du
pais, nommé Gadifer*^, qui avoit esté à destrousser
' Le manuscrit de Tieulaine porte IFaudrois , sans doute Vaudois.
' Davesnecourt.
^ On lit dans le manuscrit de Tieulaine : sur Enne , et dans Mons-
trelet (III , 453) , sur Esne. C'est sur Aisne qii'il faut lire.
* Monstrelet (III, 435) le nomme Thomas de Liersis; Saint-Remy
(VIII, 5i) metZa/'g/ey. Il fut décapité à Laon en i4i8, peu de temps
après l'entrée des Bourguignons dans Paris. (Monstrelet, IV, 96.)
* En i4i5 « Paris estoit gardé par gens étranges, et estoient leurs
capitaines ung nommé Remonet de La Guerre , Barbasan et autres ,
tous mauvais et sans pitié.» {Journal d'un bourgeois de Paris, a8).
Remonet de La Guerre fut massacré en i4i8.
« Gaddifer G alcliault (Monstrelet, III, 435). Gadifer de Colle-
haut. (Ti.)
[1417] DE PIERRE DE FENIN. 78
de. leurs £;ens , comme Hz disoient , lequel fut pendu
à ung arbre au commandement du bastart de Tion,
et fut plaint de mainte gent, car il estoit vaillant
homme d'armes et de grant entreprinse.
Item , tout ce temps y avoit pluseurs capitaines
de Picardie qui estoient au duc Jehan , et avoient
pluseurs gens sur les camps , pareillement comme les
aultres : c'est assavoir, le seigneur de Fosseux ', Hector
de Saveuses , Phelipez , son frère , raessire Mauroj
de Saint-Légier ', messire Jennet de Pois , Lojs de Var-
gines ^, par quoy le pays estoit fort travaillié : et dura
ceste destruction depuis la bataille d'Asincourt de sj à
tant que le duc Jehan s'en alla devant Paris au Mont-
Rouge. Item, en ceste mesme saison, messire Mar-
telet Du Maingnil "♦ et Ferry de Mailly ^ assemblèrent
' Le seigneur de Fosseux avoit trois frères , Philippe , Jacques et
Jean (Mo.nstrelet, IV, 2y). Jean de Fosseux étoit seigneur de Fosseux
et de Aivelles (Idem, III, 437), chevalier, conseiller et chambellan de
Jean, duc de Bourgogne, gouverneur et capitaine-généi-al du comté
d'j^tois. (Anselme, III, 574.)
* Chevalier, chambellan du duc Philippe (La Barre, II, 209). « En
1423 fut pris dedans Arras , par le commandement du duc de Bour-
gogne , messire Mauroi de Saint-Léger, pour plusieurs plaintes qui
de lui étoient venues au dit duc, tant pour avoir pillé sa ville d'Au-
chin, comme pour plusieurs autres faits. Si fut mené prisonnier au
châtel de Chavetignes , où il fut par l'espace d'un an entier ; et puis
fut délivré par le pourchas de ses amis» (Monstrelet, Y, 55). II
mourut en 1426 d'une maladie épidémique. (Idem , V, 147O
^ Fenin le nomme plus bas F'arigincs. Monstrelet ( lY, 60 ) dit
Louis de IFai-gnies.
* Il étoit , en septembre i386 , écuyer d'honneur du roi Charles YI.
(GoDEFROYJ. 710.)
"■ Ferry de Mailly, fds de Jean de Mailly, seigneur de Conty, brave
et vaiUant chevalier, grand partisan du duc de Bourgogne , créé che-
94 ' MÉMOIRES [1417]
environ tle deux à trois cens compaignons , et s'en al-
lèrent logier en Santeis ; mais les gens du loj Charles
sautèrent sur eux par nuit et les ruèrent jux, et prin-
drent messire Martelet et Ferrj de Mailly, et les en-
menèrent à Compiengne. Et là fut messire Martelet
justicié au dehors de Compiengne, et Ferry de Maillj
eschapa par le pourchas de ses amis : et moût y eut
de leurs gens justiciés. Item, les gens au duc Jehan
passoient souvent à la Blanque-Taque, et moût tra-
vailloient le pais vers Normandie, et ramenoient
souvent grant nombre de bestiail au païs d'Artois
et ailleurs. Et à une course que Jehan de Fosseux
fist, il alla devant Aumarle ', et se loga en la ville,
et puis fist assaillir le chastel; mais il fut bien def-
fendu par ceulx qui estoient dedens. Et depuis le
feu se prinst en la ville , et fut toute arse et destruite.
En la compaignie de Jehan Fosseux , estoit Daniot
de Pois "*, Lojs de Varigines et moût d'aultres gentis-
hommes. Delà, Jehan de Fosseux et ses gens allèrent
logier à llornoy, et puis il se retrait en Artois par
la Blance-Taque atout foison de bestes que ses gens
en enmenèrent avecquez eulx. Ainsi et par ceste mas-
nière fut le pays de Vimeu et de Santers gouverne
long-temps par les gens au duc Jehan de Bourgoingne.
valier au siège de Compiègne , en i45o. Il épousa Marie de Brabant ,
fille de Clugnet de Brabant, amiral de France (La MorliÈre , 202). 11
servoit encore, en i449i sous le commandement du comte de Saint-
Pol. (Mathieu d'Escouchv, S^g.)
' Aumale appartenoit au comte d'Harcourt. ( Monstrelet, III, 454-)
" Daniot de Poix , chevalier, suivit , ainsi que son frère Jcannet , la
fortune du duc de Bourgogne (Anselme, VII, 8u5). Il vivoit encore
en i449' (Mathieu n'Escouciiv , 579.)
[H17] DK PIERRE DE FENIIN. 75
llem, avoil alors en la ville de Péronue i>rant gar-
nison des gens du roy Charles que le conte d'Erini-
gnac y avoit mis , et faisoient assez paine aux gens
du duc Jehan , et aussi faisoit le chastel de Muing *
à la Tille d'Amiens et de Corbie.
Item , l'an mil quatre cens et dix-sept , environ
le mois de juillet', le duc Jehan de Bourgoingne fist
faire son mandement par tous ses païs , tant en Bour-
goingne, Flandres, d'Artois, comme ailleurs, et as-
sembla moût noble compaignie de chevalliers et es-
cuiers , et tous fist mectre ensemble vers Arras , et
puis les fist tirer vers Amiens, et là passèrent l'eau
de Somme. Et fut adonc le seigneur de Fosseux or-
donné capitaine de l'avant-garde du duc Jehan , acom-
paignié de pluseurs notables seigneurs , et s'en alla
vers Biauvais atout ses gens : et moût avoit grant com-
paignie. Et avecquez luj estoit ung advocat d'Amiens,
nommé maistre Robert Le Jonne^, lequel prescha le
' Ce nom n'ofire aucune lettre distincte dans le manuscrit ; ce sont
huit jambages que nous croyons pouvoir interpréter par le mot
Muing^ d'après le manuscrit de Tieulaine , qui porte Muin, I.e
Dictionnaiie d'Expilly cite un endroit appelé Dcmidn , situé en Pi-
cardie, diocèse , élection et intendance d'Amiens , doyenné de Fouilloy.
Quoiqu'il ne fasse qu'un seul mot de de Muin, nous ne pouvons
mettre en doute que ce ne soit le lieu indiqué par Fenin , Fouilloy se
trouvant près de Corbie. Monstrelet , qui écrit de Muyn ( IV, 210), dit
ailleurs que ce château appartenoit à messire Colard de Calville (III,
455.)
' Le mois de juin. (Ti.) — Le duc partit d' Arras au mois d'août,
le jour de Saint-Laurent, c'est-à-dire le 10. (Monstrelet, IV, 4')
^ Robert Le Jeune, chevalier, seigneur de Contay, conseiller du Roi,
né à Alias, exert^a la profession d'avocat a Amiens. Nommé bailli de
•jG MÉMOIRES [H17]
commun de Biauvais, et tant fist qu'ilz furent con-
tens de tenir la partie au duc Jehan, et midrent le
seigneur de Fosseux en la ville de Biauvais et ses gens.
Là y eut moût de biens prins de ceulx qui tenoient
la partie des Ermignas par les gens au seigneur de
Fosseux.
Item, le duc Jehan sicvi assez tost après ses gens,
et alla h Biauvais atout sa puissance; et là fut bien
quinze jours. Quant il eut là esté quinze jours, il
envoia une partie de ses gens logier à Cambesch',
et puis Hector de Saveuses et Phellpes, son frère, al-
lèrent à Liladam. Par aucun moyen firent tant que
le seigneur de Liladam ^ livra passage au duc Jehan ,
et avec ce promist de le servir, et le servi depuis
toute sa vie. Alors passa l'avant-garde au duc Jehan
par Liladam % et se alla logier en la ville de Biau-
raont-sur-Oise , et assegèrent le chastel. Et le duc
Jehan se loga au-dehors de Cambely et Haubregier '♦,
ceUe ville, en 1420, à la place de Denis de Brimen, il commit tant
d'injustices qu'il fut contraint de se retirer, en i455 , vers le duc de
Bourgogne, qui le fit gouverneur d'Arias. Il mourut le i5 avril i465
(Daire, I, 125). Il avoit été nommé conseiller-laïc en la chambre des
comptes le 22 juillet i4i8. ( Vilevault, X , 462.)
' Il faut probablement lii'e Cambely, c'est-à-dire Chanibly.
" Jean de Villier, seigneur de l'Isle-Adam , maréchal de France ,
chevalier, conseiller et chambellan de Charles VI , fut tué dans une
sédition populaire, le 22 mai 1457.
' « A l'entrée de septembre 1417, approcha le duc de Bourgogne de
Paris, et gaigna rislc-Adam , Pons-Sainte-Maxence, Senliz, Beau-
mont. » {Journal d'un bourgeois de Paris, 52.)
' Le manuscrit de Tieulaine porte Canibelly-le-Haubergcr. Il
existe encore aujourd'hui, dans le département de l'Oise, arrondisse-
[1417] DE PIERRE DE FENIN 77
en ses tentes, et avoil mont noble compaignie , et
puis il fist assoir ses engins pour geter au chastel de
Biaumont, et fut le dit chastel bien endommagié pai'
les engins au duc Jehan, et tant que enfin ceulx du
chastel se rendirent en la voulenté au duc Jehan. Et
en y eut onze qui eurent les testes copées , et les
aultres furent mis prisonniers , si non aucuns qui
s'en allèrent par finance, des plus grans. Le duc Jehan
regarnj le chastel de Biaumont, et y laissa de ses gens, et
puis il s'en alla mectre le siège devant Pontoise. Alors
estoit logié l'avan -garde au duc Jehan l\ l'abaie de
Maubuisson ; et le duc Jehan fist faire ung pont de
bateaulx sur l'eau d'Oise pour secourre son avan-
garde s'elle en avoit mestier, et là tinst son siège
tant que la ville luy fut rendue par ce que les gens
d'armes qui estoient ens s'en allèrent sauf leurs corps
et leurs biens. Lors, après ce que la ville de Pon-
toise fut rendue au duc Jehan , le seigneur de Liladam
qui avoit livre passage au duc Jehan par sa ville de
Lilladara, et avecquez ce fist serment au duc Jehan
de tenir son partj. Et par ainsi demoura capitaine
de Pontoise au commandement du duc Jehan ; et de-
lii en avant tinst bien le dit parti , comme cy-après
sera desclairié. Ensicvant, le duc Jehan chevaucha
en tirant vers Moeullent ', et faisoit ses gens che-
vauchier en grant ordonnance pour doubte de ses
ennemis. Et pour vray le duc avoit moût belle com-
ment de Senlis, une commune appelée Vmscxw-le-Haut-Beiger, la-
(luclie ressort, ainsi que Cluimbly, du canton de Neuilly-en-ThelIe.
' Meulan.
^8 MÉMOIRES [1417]
paignie , et s'en alla passer ii Moeullent , et ses gens
chevauchèrent fort en pays. Et alla Hector de Saveuses
devant une fortresse nommée Balne % qui estoit h
l'alDbé de Fescans % et estoit le dit abbé dedens la
dite fortresse de Baine, et fist donner du vin à Hector
et Jehan de Saveuses % et à leurs gens, par la fiance
d'un nommé Lois de Saint-Salien ^, qui estoit parent
de l'abbé, et avecque le dit Jehan et Hector pro-
raisdrent de ne point faire aucun mal dedens le dit
chastel : et sur ce furent mis ens ; mais, nonobstant
tous ce dessusdit , le chastel fut depuis pillié , et y
prinst-on de grant chevance, donc on a depuis parlé en
mainte manière sur ceulx qui ce firent. Et en fut
Hector moût blasmé, pour ce qu'il les avoit asseurés.
Et de ce ne sceut riens Jehan de Fosseux , ains en
fut fort courchié; mais moût de gens dirent que ce
fut par le conseil de RauUet Le Prévost, qui estoit
conseillier du dit Hector, et avecquez ce qu'il en eut
grant partie pour sa part.
Ainsi fut ceste année le pais moût grevé par les
gens au duc Jehan de Bourgoingne. Et chevaucha
• Beine.
' Estout d'Estouleville, frère de Thomas, évêque de Beauvais, et de
Guillaume, évèque de Lizieux. Il fut élu abbé de Fécamp vers la fin de
l'an i5go, et moui'ut le i4 octobre (priclie idus octobvis) 1422 {Gallia
christiana , XI, 212).
^ Jean de Saveuse ne faisoit point partie de cette expédition. Le
manuscrit de Tieulaine et Monstrelet (IV, 56) portent Jean de Fos-
seux.
^ Louis de Saint-Sauf-Lieu se noya dans la Somme, en 1421.
( MONSTREI.KT , IV, 342.)
[1417] DE PIERRE DE FENIN. 79
tant qu'il se loga sur le Mont-Rouge , au-dessus de
Clamet ', à une grande lieue de Paris; et là fist
tendre ses tentes , et y fut grant temps , cuidant
que ceux de Paris le meissent ens. Lors estoit le
roy Charles et le dauffin dedens Paris, et le conte
d'Ermignac et moût d'autres grands seigneurs. En
tant que le duc Jehan estoit logié devant Paris , il
y avoit pluseurs de ses gens qui de jour en jour cou-
roient devant la dite ville, et tuoient ceux qu'ilz
trouvoient, et prenoient tous les [biens] qu'ilz povoient
avoir : par quoy ceulx de Paris n'osoient jessir, se
non en grant dangier de leurs vies. Ung jour ad-
vinst que le seigneur de Fosseux fist grant assemblée
de gens d'armes et de trait, et alla courre devant
Paris , où il eut grant escarmuche , et furent les
faulzbours de Saint-Marcel prins par forche : et y
eut mort de ceulx de Paris pluseurs. Et avecquez ce
on en amena deux prisonniers , lesquelz on sauva à
grant paine ; et furent menés devant le duc Jehan
pour scavoir des nouvelles ; car le duc Jehan cuidoit
pour vray que ceulx de Paris se maisissent à discension
pour le maitre en la ville. Mais ceulx qui tenoient
son party ne peurent oncquez voier leur point de
faire leur entreprinse pour le temps ; car ilz estoient
fort gaitiés des garnisons de dedens , et par ce , leur
falut atendre à une aultre fois. Lors estoit messire Jehan
de Luxembourg logié dedens la ville de Saint-Clau %
et y fut tant que le duc Jehan fut au Mont-Rouge ,
Le manuscrit de Tieulaine porte Clamait. Clamart-sous-Meudoii.
* Saiut-Cloud.
8o MÉMOIRES [H17]
et moult greva la tour du pont de ses canons. Aul-
tre chose n'y peut faire , pour la force l'eau qui estoit
contre ' deux.
Quant le duc Jehan eut esté bien trois sepmalnes
iogié devant Paris, par la manière cjne je vous ay dit^
et qu'il vit qu'il avoit failly à son proposement , il
se desloga, et s'en alla logier en la ville de Mont-
le-Héry; et là fut tant que le chastel luy fut rendu.
EtpareillementMarcousy, et pluseurs a ul très for tresses
du pais se mirent en l'obéissance au duc Jehan. Après
ce que le duc Jehan eut l'obéissence de Mont-le-Héry,
il s'en alla devant la ville de Corbel % et là fut bien
ung mois entier au siège par ung costé et non aul-
trement : et avoit de grans engins getans dedens la
ville, et contre les portes et muraille. Mais, non-
obstant, ceux qui estoient dedens la deffendirent si
bien que le duc Jehan n'entra point dedens ; et aussi
ceux de la ville avoient vivres assez , et gens à leur
plaisir, et qui fort les confortoient ; car ilz povoient
entrer à leur plaisir. Par ung costé devant Corbel,
fut affollé d'une jambe messire Mauroy de Saint-
Légier, de ung vireton qui le férit à ung assault qu'il
faisoit à une barrière, et en locha depuis toute sa
vie.
Après ce que le duc Jehan eut esté logié, ainsi que
vous ay dit, devant Corbel, il se desloga^ et s'en alla en
' Entre. (Ti.)
» Corbeil.
3 Le 28 octobre 1417» après avoir été trois semaines devant cctlc
ville. ( Mo.NSTKELET, IV, 48. )
[1417] DE PIERRE DE FENIN. 81
tirant vers la ville de Chartres; et tant chevaucha qu'il
y vinst, et se loga dedens la ville', car ilz liiy firent
ouverture, et toutes ses gens avecquez luj. En tant que
le duc Jehan faisoit ce que je vous ay devant dit, il
avoit de ses gens en pluseurs lieux qui pcnsoient de ses
l)csoingnes : et en envoia devers la rajne de France ,
qui estoit à Tours en Touraine. Et là envoya le duc
Jehan grant foison de ses gens vers elle; et y envoia
le seigneur de Fosseux et Hector de Saveuses bien
acompaigniés, et tant chevauchèrent qu'ilz vindrent
vers elle, et firent tant qu'elle fut contente de venir
vers le duc Jehan. Et le duc Jehan alla en sa personne
vers elle à Yandome, et de là la mena à Chartres, et
dame Catherine % sa fdle, en sa compaignie, et fille au
roy Charles. Et y eut pluseurs grans^ gouverneurs de
la Roy ne qui furent déposés , et les aultres prisonniers.
Ainsi se mist la roine de France au gouvernement du
duc Jehan deBourgoingne, et laissa le Roy son seigneur,
et son fieux le duc de Tom^aine , Daufïin ; et eut la dite
royne le gouvernement du royaume. C'est assavoir que,
en l'obéissance du duc Jehan , on faisoit au nom d'elle
et bailloit rémissions, mandemens et autres choses,
comme ayant le gouvernement dudit royaume, com-
bien que le Roy estoit en vie et son fieux le Dauffin,
■ Il arriva devant Chartres la nuit de la Toussaint. ( Monstrelet ,
IV, 49-)
" Catherine de France, née le 27 octobre i4oi , mariée le 2 juin
1420, à Henri V, roi d'Angleterre, veuve le Si août i^ii. Elle se
remaria plus tard à Owin Tyder ou Tudor, chevalier du pays de
Galles. Morte en i438.
^ Plusieurs ^ens. (Ti.)
6
8^ MÉMOIRES [1417]
qui scmblolt à aucuns chose assez loing de raison.
Mais ainsi en avinst pour le temps qui lors estoit.
En tant que le duc Jehan estoit en la ville de Char-
tres, oii il fut bien six sepmaines, ses gens estoientlogiés
es villages d'entour , et en fut le pajs fort chargié. Et
avinst, par ung dymence, que Remonnet de La Guerre
\inst pour ruer jus ung logis au duc Jehan; mais ilz fu-
rent apercheuz, et furent les gens Remonnet racachiés,
et en y eut foison de prins et destroussez. Assez tost
après, Hestor de Saveuses , luj acompaignié de aucuns
de ses prouchalns parens, et avecquez ce de aucunes de
ses gens les plus fiables, vint en la ville de Chartres, et
par aucunes parolles qui avoientestéentre messireÉlion
de Jaqueville ' et luj, présent le duc Jehan, fut ledit de
Jaqueviiie prins dedens l'église Nostre-Dame de Char-
tres par ledit Hector et ses gens. Et venoit ledit de Ja-
queville de l'hostel au duc Jehan, qui estoit derrière
l'église , et prestement ledit Hector le fist prendre par
ses gens en luy disant aucunes parolles , et le fist porter
hors de l'église , et fut geté des degrés aval ; et se vou-
loit excuser ledit Jaqueville, mais il n'y peut estre re-
cheu , et fut très laidement batu , et tant qu'il en
mourut dedens brief temps après. Et y avoit ung
nommé Jehan de Vaux ' , lequel ledit Jaqueville avait
' Messire Hélyon de Jacleville , chevalier, conseiller et chambellan
(lu duc de Bourgogne. Il fut gouverneur de la Bastille de Paris , en
i4i8. (La Barre, II, 128.)
' Peut-être Jean de Vaux , chevalier, fils de Guy de Vaux , écuyer,
seigneur de Merville (La Roque, IV, 2088). Il éloit parent d'Hector de
Saveuses. (IVÎonstrelet, TV, 58.)
[1417] DE PIERRE DE FENIN. 83
autrefois destroussé, qui grant mal luy list. Inconti-
nent après Hector et ses gens se partirent de la ville et
s'en allèrent à leur logis au vilage. Et ledit Jaqueville,
qui ancore parloit bien , se fist porter devant le duc
Jehan, et là luy dist et fist grans plaintes, en luy di-
sant : (( Mon très redouté seigneur, c'est pour vostre
service que je suis ainsi mourdriz , » et pluseurs aultres
parolles , donc le duc fut moût iré contre Hector et
ceulx qui ce avoientfait; et luy en sceut raout malvais
gré, et tant que de son vivant ne luy veut pardonner,
combien que depuis il l'a servy en ses besoingnes. Et
présentement ' que ledit Jaqueville eut fait sa plainte, le
duc Jehan monta à cheval , et luy de sa personne fist
quérir par toute la ville pour trouver ledit Hector et
ses gens; mais ilz estoient jà dehors. Et fist le duc
prendre aucuns de ses chevaulx et aultres abillemens ;
mais il fut apaisié par messire Jehan de Luxembourc et
le seigneur de Fosseux , pour les grans afaires que le-
dit duc avoit alors. Tantost après le duc Jehan eut
nouvelles de Paris, et luy fist-on à entendre qu'il en-
treroit dedens la ville. Et pour ce, se party de Chartres
atout sa puissance, et chevaucha vers Paris : et si en-
voia Hector de Saveuse et Phelipes, son frère, atout
leurs gens, lesquelz passèrent devant Bris, ung petit
chastel qui estoit à messire David de Brimeu " de par sa
femme; et l'avoient prins les gens du Roy. Mais Hector
■ Prestement. ( Ti.)
' David de Brimeu , seigneur d'Humbercourt , chevalier, conseiller
et chambellan de Jean, duc de Bourgogne , bailli de Hesdin et maré-
chal des logis (La Barre, II, 124). Mort en i45i. (Reiffenberg , ■>..)
84 MÉMOIRES [1417]
le prinst sur eulx , et en fist tuer à foison ; et puis che-
vaucha en tirant vers Paris, où le duc Jehan s'en ala
en grant ordonnance, droit au dessus de Saint-Marcel.
Et là se mist en bataille, où il fut depuis le point du
jour de sy à nonne; et Hector et Phelipes, son frère,
et pluseurs autres entrèrent dedens Saint-Marcel, et là
se logèrent en attendant d'entrer dedens Paris. Etavec-
quez ce se aprouchèrent de la porte ; mais ilz furent
reboutés ' par forche. Et assez tost après ceux de Paris
saillirent dehors environ de trois à quatre cens, et as-
saillirent les gens Hector, et y eut grant assault d'un
costé et d'aultre; mais touteflfois furent ceux de Paris
reboutés dedens la ville. Quant le duc Jehan sceut que
ses gens qu'il avoit dedens Paris ' eurent failly à leur
propos, et qu'ilz ne le povoient mectre dedens , il re-
manda ses gens qui estoient dedens Saint-Marcel, et
puis se recommencha à retraire vers Mont-Ie-Héry, et
là se loga celle nuit. Et avoit Hector de Saveuses esté
bleschié à la porte de Paris , d'un vireton en la teste ce
mesmesjour.
' Rebouie's arrière. (Ti.)
" Un pelletier de la rue Saiat-Jacques révéla la conspiration faite en
faveur du duc de Bourgogne. « Il y eut , dit Juvénal des Ursins (343),
une bende d'un homme d'église et aucuns raeschans mesnagers de
Paris, qui entreprirent certain jour, pour le faire entrer (le duc) par
la porte Bourdelles. » Un arrêt du parlement, du 26 novembre 1417,
porte que « M^. Pierre Jehannin, dict Michel, prestre, curé deLozian-
iez-Yictry, eu Par lois, prisonnier au Chastelet de Paris, pour les
dampnables et séditieuses conspirations.... affin de mettre le duc de
Bourgogne et son armée en la ville de Paris ,.... sera rendu à l'évesque
de Paris, et luy sera dit l'advis et opinion de la dite cour, qu'il doit
[1417] DE PIERRE DE FEMN. 85
Item, lendemain que le duc Jehan eut esté devant
Paris, comme vous ay dit, et qu'il vit qu'il ne povoit
riens besoingnier pour le présent, lors prinst conclu-
sion de assoir garnison tout autour de Paris; et en-
voia le seigneur de Fosseux , Hector de Saveuses , mes-
sire Jehan de Luxembourg et tous ses Piquars en leur
pais ; et tinst messire Jehan de Luxembourg ses fron-
tières vers Mondidier , au devant de Compiengne. Le
seigneur de Lilladam demoura à Pon toise, à MoeuUent
et sur les frontières vers Paris; et Hector de Saveuses
s'en alla à Biauvais. Mais enfin le commun fut mal con-
tent de luy, et y eut grant débat entre eulx , et tant que
enfin Hector fut mis hors de la ville, et Phelipes de Sa-
veuses, son frère , s'en alla à Gournay en Normandie,
où il fut grant temps.
En tant que Hector de Saveuses et Phelipes, son
frère , estoient en garnison à Biauvais, Phelipes , son
frère, s'en alla ung jour courre devant le chastel de
Brelle', où il avoit esté pluseurs fois. Et les gens du
Roy s'estoient garnis dedens ; et quant Phelipes passa
devant , comme il avoit acoustumé , ceux dedens sail-
lirent hors à puissance et tant firent, que les gens
Phelipes de Saveuses furent mis en desroy; et en y
eut deprins grant foison, et si fut mort ung nommé
Robin Toulet, qui estoit moût vaillant homme de
guerre. Et fut ledit Phelipes cachié de si auprès de
Biauvais avec une partie de ses gens. Et si fut le pais
procéder à dégradation. » (Bibliothèque rovale , Maniiscr., fonds de
AJesmes, olini 2j4 , mine 0559 ''> ^^^' ^^ ' ^eiso.)
' Rrouil,
86 MÉMOIRES [1418]
moût travaillié vers Paris et en Biauvoisins pour la
guerre qui lors y estoit. Et le duc Jehan s'en alla atout
ses Bourguinons vers Bourgoingne, et mena la Royne
à Troies en Champengne , et puix s'en alla en son pais
de Bourgoingne , où il fut tant que Paris fut prins de
ses gens. Et menoient les Pi cars forte guerre à tous
costés contre les gens du Roy.
Item, le bastard de Tion estoit à Cenlis ' en garnison;
et quant le conte d'Ermignac sceut que le duc Jehan s'en
estoit allé en Bourgoingne , il amena le roy Charles
devant Cenlis \ Là mist le siège tout autour et y fut
grant temps atout grant puissance de gens : et avec-
quez ce y estoit le duc de Touraine, dauffin , fdz du
roy Charles, et plus n'en avoit. Le conte d'Ermignac
estoit connestable de France pour ce temps. Et quant
i!z eurent esté grant espasse devant Cenlis, ceulx de
dedens se defFendoient bien et grandement. Et messire
Jehan de Luxembourg et le seigneur de Fosseux assem-
blèrent tous les Picars pour aller lever le siège, et de
fait allèrent à Pontoise ; mais pour celle fois n'eurent
mie conseil de passer outre , et se retrairent en leur
païs. Environ quinze jours après, ilz se rassemblèrent
atoute leur puissance, et ancore s'en allèrent à Pon-
toise ^ , et de là chevauchèrent vers Cenlis , et aprou-
chèrent si près qu'ilz se midrent en bataille contre les
gens du Roy. Ce jour y eut de grans batailles et y eut
' Senlis.
" Le Roi partit de Paris pour aller à Creil , environ la Chandeleur
{■2 février 1417) , dit Monstrelet (IV, 68). Il y resta tant que dura le
siège de Senlis.
J Ils y anivèrcnt le 17 avril i4i8. (Monstrelet , IV, 76.}
[1418] DE PIERRE DE FEMN. 87
de gens mois , d'un costé et d'autre , grant foison. Ce
jour menoit le seigneur de Miramont les archiers des
Picars', lequel s'I gouverna moût grandement et bien
les tint en ordonnance : et aussi Hector de Saveuses y
fist ce jour de grans vaillancc-s, et Plielipes, son frère,
le seigneui' de Lilladam et pluseurs aultres. Ainsi tinst
messire Jehan de Luxembourg et le seignem- de Fos-
seux ce jour bataille contre le roy Charles, sans assem-
bler ensemble, qui leur fut réputé à grant vaillance
toute leur vie. Et tant que le Roy et ses gens s'en alla
du siège de Cenlis ; et avoient hostage de ceux de la
ville qui se vouloient rendre, quant leurs secours leur
vint: et eurent les hostages les testes coppées\ Et par
ainsi fut la ville délivrée du siège du Roy, lequel Roy
s'en râla à Paris : et les Piquorsrefremèrent^ leurs gar-
nisons tant à Cenlis comment ailleurs. A ceste journée
avoit ung capitaine de brigans , nommé Tabari'*, le-
' Le manuscrit porte : " Ce jour mourut le seigneur de Miramont
et des archiers des Picars. « IVous adoptons le texte du manuscrit de
Tieulaine, qui semble offrir un sens préférable. Monstrelet (IV, 80)
dit aussi que le seigneur de IMiramont tint en bonne ordonnance ses
archers picards , et ne parle point de sa mort.
' Ces otages étoient au nombre de six, savoir : deux gentilshommes ,
Guillaume Mauchecler et Baudart de Vangles; deux bourgeois,
Guillaume Estable et maître Jean de Beaufort, avocat du roi; et
deux membres du clergé, sire Jean Durant, prêtre, et un reUgicux
de Saint-Vincent. Ces deux derniers furent menés prisonniers à Paris
( Monstrelet , IV, 78). Saint-Remy ( VIII , 85) écrit ainsi le premier
nom : Mauchcvalier. Godefroy cite en note : Baudart W^oingle , et
Guillaume Lescalot (467).
' Renforcèrent. (Ti.)
" Il « tenoit , dit Monstrelet ( IV, 112), la partie de Bourgogne, et
fstoit de pclitc cslaturc cl boiteux ; avoit souvent quarante ou cin-
88 MÉMOIRES [1418]
quel avoit foison de gens de pie, qui furent presque
tous mors ; et faisoit-on grant risée , pour ce que c'es-
toient tous gens de povre estât; et estoit ledit Tabari
Burguinon. Moût fut le duc Jehan joyeulx quant il
sceut les nouvelles de ses gens qui si bien s'estoient
portés, et leur en sceut moût bon gré.
Après ces choses ainsi faites, le seigneur de Lilladam,
qui se tenoit à Pontoise, et avoit de grans acointances
en la ville de Paris à ceulx qui amoient ' le parti du duc
Jehan, et souvent en avoit des nouvelles, car il y en
avoit pluseurs qui contendoient que le duc Jehan eust
le gouvernement du royaume. Et par ce, firent tant
qu'ilz en eurent de leur querelle grant partie : et
mandèrent au seigneur de Lilladam qu'il le metroient
dedens, et luy mandèrent qu'il allast vers eux. Et lors
le seigneur de Lilladam assembla ce qu'il peut avoir de
gens, et tant qu'il avoit environ de sept à huit cens
combatans en sa compaignie, et alla droit à Paris'
quante paysans , une fois plus , l'autre moins , armés et habillés de
viels haubergons , Jacques , vieilles haches , demi-lances où il y avoit
massues au bout, et autres habillemens de pauvre estât , atout les-
quels s'en aloient, les ungs sur meschans chevaulx et jumens, et les
autres à pié, embuscher es bois vers où se tenoient les Anglois, et
quand ils povoient aucuns prendre , le dit Tabari leur coppoit les
gorges , et pareillement faisoit à ceulx tenans la partie du daulphin;
et ainsi en fist à plusieurs , dont grandement estoit hay des dessus-
dictes parties. »
■ Tenoient. (Ti.)
* Le 2g mai i4i8 , ainsi qu'il est dit dans l'ordonnance du dauphin ,
datée du ni septembre i4i8, comprenant le détail de tous les événe-
iiients arrivés lors de l'entrée des Dourguignons dans Paris (Vile-
VAULT, X, 477)' -luvénal des Ursins se trompe en mettant (548) ce fait
[1418] DE PIERRE DE FENIN. 89
au jour qui dlst estoit; et vint là vers point du jour, et
trouva ceulx qui le dévoient mètre dedens tous près à
la porte. Et ainsi le seigneur de Lilladam entra dedens
Paris à grant double, et n'estoit mie merveille; car il
y avoit dedens Paris trois mille comhatans des gens du
Roy et du conte d'Ermignac, sans ceulx de la ville.
Lors le seigneur de Lilladam chevaucha atous ses gens
en tirant vers la grant rue Saint-Anthoine, et com-
mencha k crier : « Vive Bourgoingne ! » et ceux de
Paris avec luj, qui l'avoient mis ens. Tantost y eut
grant murmure dedens Paris, et n'y eut point d'entre-
tenement en nul des gens d'armes , se non chacun de
luy sauver au mieulx qu'il peut. Moût fort setraioient
vers la Bastille Saint-Anthoine, et y fut le duc de
Touraine mené par Daneguy Du Chastel. Ainsi se sau-
voient en allant à la Bastille ; mais ung vaillant homme
d'armes, nommé Daviot de Gouy', leur fist assez
d'empeschement , et en geta pluseurs à terre de ceux
qui s'enfuioient. Le conte d'Ermignac, Remonnet de
La Guerre et le chancellier '' furent prins, et messire
Hector de Chartres" , avec pluseurs aultres grans sei-
au « dimanche vingt-huictiesme jour du dit mois de mai. » Le di-
manche étoit le 29.
' Daviod de Gouy ctoit capitaine du chastel de Gisors, en 1419
(MoNSTRELKT , IV, lyo). Sa famille étoit originaire du comté d'Artois.
( Haudicquer , 245.)
' Henrj' Le Corgne , dit de Marie , chancelier de France , mort
en i4i8.
' Hector de Chartres , seigneur d'Ons-en-Bray , d'Alomne et de
Candeville. On va voir plus bas qu'il fut tué, lors du massacre des
prisons , par le peuple de Paris.
90 MÉMOIRES [1418]
giieurs. Et en y eut bien de prins quatre cens ou envi-
ron , sans aucuns de ceulx de la ville , que on print
après ce que la chose fut rapaisié.
Item , le seigneur de Lilladam et aultres grans sei-
gneurs allèrent devers le roy Charles, lequel ne s'es-
toit bougie de son hostel, et là parlèrent à luj, et
luj firent grant révérence, et avecquez ce ne le em-
peschèrent en riens, ne aucuns de ceulx qui le ser-
voient; car le Roy estoit de tout content, et de Bour-
guinons et d'Ermignas, et peu luy chaloit comme
tout allast , comme checun qui de luy a cognolssance
peut savoir Testât où il estoit. Moût eut Paris, pour ce
temps, grant desroy, car on prenoit sans mercliy tous
les biens de ceulx qui s'en estoient fuis , et mesmes
ceulx de Paris le faisoient. Et furent la plus grant partie
tournés du parti au duc Jehan , et tous accusoient l'un
l'autre. Tantost que les nouvelles furent par le pays
que Paris estoit du parti au duc Jehan, tous ses gens s'i
retraioient : et aussi les Ermignas abandonnèrent plu-
seurs de leurs fortresses : et y en entra grant foison
dedens la Bastille Saint- Antoine. Et fut par ung dy-
mence que Paris fut prins ' , l'an mil quatre cens
dix-huit. Le merquedi ensuiant , les gens du duc de
Touraine, Dauffin, fdz au roy Charles , qui s'estoient
retrais dedens la Bastille Saint -Antoine, comme dit
vous ay, et avecquez eux ceux qui estoient venus d'au-
tres garnisons , firent une saillie , et cuidoient re-
prendre la ville de Paris, et tant firent qu'ilz rcgucn-
' Environ l'issue du mois il'apvril. (Ti.) Voyez page 88, note 2
[1418] DE PIERRE DE FENIN. gt
gnairent la rue Saint-Antoine dessy à l'ostel à l'Ours ':
et estoient seize cens combatans de i3onne estoffe. Lors
y eut grant assemblée de ceux de la ville avec le sei-
gneur de Lilladam et les gens au duc Jehan qui là es-
toient, et porta le seigneur de Lilladam la banière du
Roy. Et défait, luy bien acompaignié, alla à l'en-
contre des gens du Dauffin. Là eut grant bataille d'un
costé et d'autre , et s'y portèrent ceux de la ville de
Paris moût vaillaument avec le seigneur de Lilladam,
et tant firent que, en peu de temps, les reboutèrent de
si à la Bastille : et en y eut de mors bien de trois à
quatre cens en la place , sans les navrés , donc il y en
eut grant planté. Après celle journée , les gens du
Dauffin furent moût simples ; mais nonobstant tenoient
tousjom's la Bastille. Et les gens du duc Jehan et ceulx
de Paris faisoient moût grant joie; car gens venoient
de jour en jour à puissance, et y vint Hector de Sa-
veuses et Phelipes , son frère , atout gi^anment de gens,
lesquelz on loga à l'ostel des Corneilles ", devant la Bas-
tille, pour tenir frontière à eulx. Quant ceux qui es-
toient dedens virent qu'il venoit si grant puissance
contre eidx, et qu'ilz ne povoient rentrer en la ville,
ilz commencèrent à parlementer, et tant que le traitié
' Cet hôtel étoit situé à la porte Baudet (Monstrelet, III, 378).
La porte Baudet ou Baudoyer occupoit , sur la rue Saint-Antoine ,
l'endroit où vient y déboucher la rue Culture-Sainte-Catherine (Du-
LAURE , II , 6g, 58o). Le manuscrit de Tieulaine porte l'hôtel au
Louvre.
' Le manuscrit de Tieulaine, et Monstrelet (IV, 92) portent « Lo-
scrcnt aux Tounielles. »
92 MÉMOIRES [1418]
fut fait, qu'ilz s'en yroient sauf leur corps et leurs
biens. Et par ainsi rendirent la Bastille au seigneur de
Lilladam, et s'en alloient devers îe Doffin à Melim,
où il estoit. Moût firent les gens au seigneur de Lil-
ladam grant guengne en la ville de Paris, donc ilz
furent riches grandement.
Assez tost après arriva messire Jehan de Luxembourg
à Paris, et le seigneur de Fosseux atout grant foison de
gens de guerre. Et Hector de Saveuses et Phelipes , son
frère , s'en allèrent atout leurs gens à Compiengne , et
portèrent ung mandement du Roj contenant que on
leur feist ouverture. A quoy ceux de Compiengne obéi-
rent, et entrèrent les dessusdiz dedens la ville, et pa-
reillement à Pons-Saincte-Maxensse età Creil , à Coisy
et en pluseurs aultres fortresses du pais. Ainsi furent
pluseurs bonnes villes et fortresses mises en l'obéissance
du duc Jehan par la prinse de Paris. Et mesmement s'y
mist la ville de Péroné, et se rendi au conte de Charo-
lois ', filz au duc Jehan, lequel y euA oia ses gens. Et y eut
grant débat en la ville de Péronne de ung des gouver-
neurs au conte de Charolois, nommé Chantemele% et
de Hector de Saveuses : et tant que ledit Hector cacha "'
ledit Chantemele pour tuer, donc il fut depuis fort
' Philippe de Bourgogne , dit le Bon , alors comte de Charolois ,
né le 5o juin iSgô. Il épousa , en juin 1409 , Michelle de France , niio
de Charles YI et d'Isabelle de Bavière , et mourut le i5 juin 1467.
' Philibert de Chantemerle et de La Clayette , écuyer, conseiller et
chambellan du duc de Bourgogne et du comte de Charolois (La Barre ,
II , 125). Il avoit épousé dame Jehannette de Monstereul et de Gon-
daly. (Idem, ibid., ii'Q.)
' Chercha. (Ti.)
[1418] DE PIERRE DE FENIN 93
iiay du conte de Charolois long-temps. En tant que la
chose estoit nouvelle à Paris , comme avez veu jcy de-
vant, il y avoit souvent de grans desrois en la ville, et
accusoient tous l'un l'autre: et par espécial aucuns
meschans de communs qui pilloient sans merchy ceulx
qui avoient tenu le parti au conte d'Êrmignac. Et lors
qui haioit à Paris aucun homme, il ne falloit que dire :
« Il a esté Érmignac , » présentement estoit tué [sur]
le carrel. Et y avoit ung bourrel, nommé Capeluche,
c[ui tousjours avoit tenu le party au duc Jehan , lequel
estoit moût malvais, et tuoit hommes et femmes, sans
commandement de justice, par les rues de Paris, tant
par hayne, comme pour avoir le leur; mais enfin le
duc Jehan luy fist coper le haterel'. De telz desroiz y
eut à Paris moût pour ce temps qui estoit moût pi-
teux.
Item , est assavoir que le duc Jehan fist gisant joie
quant il sceut la prinse de Paris et du conte d'Ermi-
gnac , et des aultres bonnes villes et fortresses qui s'es-
toient mises en son obéissance , et moût en sceut bon
gré au seigneur de Lilladam et à ceulx qui luy avoient
aidié. Et tantost après fist son assemblée pour venir à
Paris, et tant chevaucha qu'il vinst assés près du pont
■ Le Journal d'un bourgeois de Paris (47) raconte , à ce sujet , 4a
manière dont le bourreau prépara lui-même son exécution. <f Ordonna
la manière au nouveau bourreau, comment il devoit copper teste, et
fut deslié, et ordonna le tronchet pour son col et pour sa face , et osta
du bois au bout de la dolaire et à son coustel, tout ainsi comme s'il
voloit faire la dite office à ung autre , dont tout le monde estoit esbahy.
Après ce, cria mercy à Dieu, et fut décollé par son varlet. »
94 MÉMOIRES [1418]
de Careiiton ' ; et ceux du pais alloient en grant ordon-
nance au devant de luy, et luy firent grant révérence,
et pareillement ses autres seigneurs qui estoient à Paris;
et il les merchia assez , et leur promist à faire de grans
biens. Ainsi chevaucha le duc Jehan, tant qu'il vinst
devant Paris "" moût noblement et en grant ordonnance.
Et ceulx de Paris crioient tout à une voix : « Vive le
bon duc de Bourgoingne ! » et crioient Noël de car-
four à autre, dessy h son hostel d'Artois, où il se loga ,
et fut convoie h moût noble compaignie.
Après ce que le duc Jehan fut venu à Paris , comme
vous oez, il y eut de grans conseux tenus et de grans or-
donnances faictes de nouveaulx officiers; car le duc
Jehan alla vers le roy Charles, et luy fîst grant révé-
rence, et le Roy luy fist grant chière; car le duc Jehan
fist publier partout Paris qu'il vouloit la paix et le bien
du royaume, etcontendoit à cachier hors les ennemis
et estrangiers qui mal avoient gouverné le Roy et le Dof-
fin, c'est assavoir le conte d'Ermignac et ses gens; et
que le royaume estoit gouverné par estrangiers, qui
estoit chose inraisonnable. Parquoy ceulx de Paris
furent esmeus après ce qu'ilz sceurent ce, du costé au
duc Jehan ; et n'estoit mie de bonne heure né à Paris,
qui n'en disoit mal comme puis^ fut apparu.
Item , le duc Jehan fist tous nouveaulx officiers de
ses gens au royaume, et fist le seigneur de Lilladam
' Charenton.
' Le duc fit son entrée dans cette ville, avec la Reine, le i4 juil-
let i4i8.
' Depuis. (Ti.)
[1418] DE PIERRE DE FENIN. gS
marissal de France; messire Jaqiiet de Pois, admirai ;
messlre Robinet de Mailly ', panetier. Et à Paris fist pa-
reillement gouverneurs, et fut maistre Eutasse De La-
tre " chancellier , maistre Phelipes de Morville ^ pre-
mier président : et tous ses gens avancha aux offices de
France ; car le roj Charles estoit content de tout ce (![ue
le duc Jehan Youloit faire, et n'y mettoit nul contredit.
Item , assez tost après , le commun de Paris se four-
' Robert de Mailly, dit Robinet, chevalier, conseiller et chamliel-
lan du Roi et des ducs de Bourgogne, mort en i4i9' L'Anonyme de
Saint-Denis (II, loig) le dit pendu, en i4i5, par l'ordre du conné-
table d'Armagnac , le confondant avec Ferry de Mailly, son frère, qui
fut seulement fait prisonnier. (Monstrklet, III, oro.)
' Eustacbe De Laistre, chevalier, seigneur d'Escuiy en Soissonnois,
maître des requêtes de l'iiotel du Roi , en 1099, et premier président
de la chambre des comptes, en 1409. Il fut nommé chancelier pour la
première fois , le i4 juin i4i5. Destitué le 8 août suivant, il fut rétabli
dans sa charge, le 8 juin i4i8. Il mourut en Flandres , le 18 juin 1420
(F. DccHESNE, Jlist. des Chanceliers, 45i-55 ; Anselme, VI, 579). Si
ce seigneur, comme le dit Fenin, n'a été réintégré dans son office de
chancelier qu'après l'entrée du duc de Bourgogne dans Paris (le 1 4 juil-
let), le P. Anselme se trompe en donnant le 8 juin pour date de sa
réinstallation.
' Philippe de Morvilliers , seigneur de Clary et de Charenton ,
conseiller au Chàtelet. Mort le 25 juillet i438.
C'étoit , dit le Journal d'un bourgeois de Paris (78) , « le plus cruel
tyrant que homme eust oncques veu à Paris; car pour une paroUe
contre sa voulenté, ou pour sourfaire aucune denrée, il faisoit percer
langues , il faisoit mener bons merchans en tumberaulx parmy Paris ,
il faisoit gens tourner au pillory : brief il faisoit jugemens si crueulx ,
et si terribles , et si espouvantables , que nul homme n'osoit parler
contre luy , ne appeller de luy ; et avec ce faisoit payer si grans ad-
mendes et si pesantes, que tous ceulx qui venoient entre ses mains
s'en sentoient touttes leurs vies ou de villenie , ou de chevance , ou de
partie de leurs corps. »
96 MÉMOIRES [1418]
meut et firent grant assemblée de menus gens, et
allèrent à toutes les prisons', et tuèrent tous les pri-
sonniers qui avoient esté prins à la prinse de Paris. Et
là fut tué le conte d'Ermignac , Remonnet de La
Guerre, le chancellier et pluseurs aul très grans seigneurs,
et s'y fut tué messire Hector de Chartres ; et avecquez
ce pluseurs Bourguignons qui estoient emprison pour
débat ou pour debte. Et n'espargnoient nul homme
que tous ne fussent mis à mort. Lors allèrent au petit
Chastellet oii il avoit foison prisonniers, et commen-
chèrent entrer ens; et les prisonniers qui bien aper-
chenrent qu'il n'y avoit remède en leurs vies, montè-
rent amont, et se deffendirent bien et vaillaument, et
crioient : a Vive le Doffin ! » et bleschèrent assés du
commun ; mais enfin ilz furent prins par force et les
faisoient saillir aval , et les autres les rechevoient sur
leurs piques et sur leurs bastons, et les murdrissoient
sans en avoir nul pitié ne merchy. Ainsi tuèrent ceus
de Paris tous les prisonniers des prisons de Paris, donc
le duc Jehan fut moût iré, et leur en sceut moût mal-
■ Fenin se trompe évidemment , et intervertit l'ordre des faits , en
plaçant le massacre des prisons après l'arrivée du duc de Bourgogne à
Paris. Suivant Monstrelet (IV, 97), ce fut le 12 juin qu'eut lieu cette
nouvelle commotion populaire , dans laquelle le comte d'Armagnac
fut massacré; et le duc ne fit son entrée dans Paris que le i4 juillet
{Ibid., 100). Tous les historiens de ce temps s'accordent à présenter
ces deux événements dans le même ordre que Monstrelet , et si leur
témoignage ne paroissoit pas suffisant , on auroit encore , à l'appui de
ce qu'ils avancent , l'ordonnance du Dauphin, en date du 21 sep-
tembre i4i8 , dans laquelle ce prince relate les événements arrivés
dans Paris à cette époque, et place la mort du connétable avant l'arri-
vée du duc. ( ViLEVAULT, X , 477.)
[1418] DE PIERRE DE FENIN. 97
vais gré; car II avoit volenté de parler au conte d'Er-
mignac de toutes ses fortresses que ses gens tenoient,
et pour ce en fut mal content.
Item, le conte d'Ermignac, Remonnet de La Guerre
et le cliancelller furent trois jours en la court du Palais,
eux trois ensemble loiés par les bras ', et les veoit qui
voulloit en cel estât. Et avoit le conte une jambe rom-
pue, et si estoit trenchié d'un coutel parmj le corps,
en gise [d'une bende], depuis les espaules jusques en bas.
Et là les trajnoient les petits enfans de Paris de place en
autre, qui estoit chose bien estrange à veir de telz sei-
gneurs estre en tel estât.
Item, le commun de Paris fut plusieurs foix esmeu,
et ne les povoit-on rapaisier, dessy à tant que le duc
Jehan se couroucha à aucuns des plus grans, et leur
dist qu'il leur feroit leurs testes coper s'ilz faisoient
plus ainsi;, et pour ce furent rapaisiés. Item, Hector
de Saveuses laissa à Compiengne le seigneur de Crieve-
ceur * en garnison, et autres pluseurs de ses gens avec-
quez \uy; mais , par le moyen de messire Carado Des
Quennes\( lequel avoit fait serment de luy point ar-
' Tous nuds. (Ti.)
' Jacques, seigneur de Crèvecœur et de Thois, chevalier, conseiller
et chambellan du Roi et du duc de Bourgogne (Anselme, VII, m),
étoit mort en 1409 (Reiffenberg, 1^). Il étoit cousin germain d'Hec-
tor de Saveuses. (MoNSTRELET, IV, 58.)
' Jean Des Quesnes, dit Carados, seigneur de Serevillers, mourut
tost après le siège de Roye, en 1420, et Marie de Quinquempoix , sa
veuve , étoit remariée à Pierre de Montmorency, suivant La Morlière
( i36). Ces détails sont probablement erronés. Karados Dequesnes ,
selon Monstrelet, fut simplement fait prisonnier et « mené en Angle-
7
ç^S MÉMOIRES [1418]
mer contre le duc Jehan), fut la ville de Compiengne
leprinse. Et y fut à la reprendre le seigneur de Bos-
quaulx % et fut prinse, par ung matin , par la porte de
Perefons^; car les gens du Doffin avoient dedens de
hons moyens et de bons amis, comme il fut bien appa-
rant. Là fut prins le seignem^ de Crieveceur, le seigneur
de Chinères% qui avoit espousé la seur de Hector, Ro-
binet Ogier et pluseurs aultres. Et y fut mort ung
terre, où il demeura longue espace, et depuis fut mis à délivrance
parmi payant grand finance » (IV, '2\6}. On le retrouve, en 1432,
projetant, avec « aucuns autres du parti du roi Charles, » de s'empa-
rer de la ville de Dourlens ( Idem , VI, 64). Il avoit été bailli de Rouen ,
et en avoit cessé les fonctions le 23 mars i4i5. ( La Roque , II, i 180.)
' Nous trouvons un sire de Boqueaux , chambellan du roi Charles VI
(Secousse, IX, 106), gouverneur du Valois, en i4i5 (Monstrelet,
III, 070), et un comte de Bosqueaux, connétable du Dauphin, en
i^ix (Idem, TV, 3io). C'est sans doute le même personnage. Mons-
trelet, après avoir parlé de la Saint-Martin d'hiver de l'an 14^2, dit
(V, 9) : « En ce même temps , fut pris dedans le châtel de Choisy-sur-
Oise , le seigneur de Bosqueaux , lequel par grands temps avoit eu très
grand règne en tenant le parti du Dauphin et d'Orléans. Si fut mené
à Paris, où il fut décapité et écartelé, pource que long-temps par
avant il avoit occis et mis à mort , par haine qu'il avoit à lui, messire
Gui de Harcourt , bailli de Vermandois. » Le Journal d un bourgeois
(le Paris (88) donne la date de cette exécution : « Le samedy ensui-
vant, après la venue du Roy et de la Reyne, qui fut le (vendredi) vingt-
cinquiesmejour de septembre 1422, fut descollé et escartellé es halles
de Paris, ung nommé messire de Bloquiaulx, chevalier et grant terrien,
et grant seigneur, lequel estoit de la malditte bande un des souverains ,
et congnut et confessa que par luy estoit ou avoit esté tué et murdry de
laboureurs et autres plus de six à sept cens hommes , sans ce qu'il avoit
bouté feux, pillé églises, etc., et si fut le principal de piller la ville
de Soissons. »
" Pierrefonds.
^ De Chierves. (Monstrelet, IV, io8.)
[1418] DE PIERRE DE FENIN 99
nommé Bontery, qui estoit à Hector. Item, les doffi-
nois pillèrent ceux qui avoient tenu le parti au duc
Jehan, par quoy la ville de Compiengne fut moutdam-
magié; et avec ce y avoit grant garnison pour faire
frontière aupaïsd'entour. Item , le seigneur deCrieve-
ceur et le seigneur de Sinères ' furent menés prison-
niers à Periefons % et là les tinst le seigneur des Bos-
quieulx avec ung des frères au seigneur de Cliinères,
qui long-temps ^ l'avoit servy et estoit son parent, le-
quel cuida trouver manière de livrer le chastel de Perre-
fons aux Bourguignons , affin de délivrer son frère , le
seigneur de Chinères ; mais il fut apercheu par aucuns,
et luy jQst le seigneur de Bosquiaulx copper la teste.
Et avec ce la besoingne du seigneur de Crieveceur et du
seigneur de Chinères empira assez , maiz enfin ilz fu-
rent délivrés par finance. Hector mist grant peine à
ravoir la ville de Compiengne , et se tinst grant temps
au chastel de Monchi fort acompaignié, et moût leur
faisoit forte guerre; mais il n'en peut venir à chief
pour les grans affaires que on avoit aux aultres lieux.
Item, en ceste mesme année que Paris fut prins, l'an
mil quatre cens et dix-huit, le roy Henry d'Angleterre
rapassa la mer atout grant puissance, et descendi à
Harefleu, lequel il avoit conquis l'an mil quatre cens et
quinze. Et tantost commencha fort à conquerre pais,
villes et fortresses ; car elles se rendoient sans faire
grant deffence pour ce qu'ilz n'avoient point d'espé-
' De Chierves.
* Pierrefonds.
- I-p manuscrit porte « long-temps après. »
loo MÉMOIRES [1418]
rance en nul secours, pour la discention qui estoit
entre leurs seigneurs de France j car, en la duchié de
Normendie, ceulx qui dévoient deffendre les bonnes
viles et fortresches contre les Englez, les ungs estoient
du parti au duc Jehan de Bourgoingne, et avoient
mesme guerre l'un contre l'autre. Par quoy chacune
partie se avoit à garder de deulx costés, et par telz
choses fut la duchié de Normandie conquise en peu de
temps. Item, le roy Henry vint devant le Pont-de-
r Arche, par-delà l'eau de Saine, c'est assavoir vers
Caen : et estoit dedens le seigneur de Graville' et foi-
son de ses gens. Lors on fist de grans assemblées tant
de gens d'armes du pays , pour résister contre le roy
Henry % affin qu'il ne passast au Pont-de-l' Arche; mais
nonobstant il passa, et après se rendi le Pont^ au roy
Henry, qui fut grant desconfort à tout le pays, car
c'estoit une des clez de l'eau de Saine.
Item, messire Jaques deHarecourt^ tenoit pour ce
' Il étoit , en janvier i {21 , chef de la forteresse du pont de Meulan.
( MONSTRELET, V, 12. )
' Le manuscrit porte « le roi le Henry, m
^ Nous n'avons point trouvé dans Rymer l'acte constatant la reddi-
tion du château et de la ville de Pont-de-l'Arche ; mais dans un sauf-
conduit accordé par le roi d'Angleterre à deux gentilshommes, Jean de
Graville et Pierre de Rouville, avec mille hommes de suite, il est dit
qu'ils auront leurs biens saufs , avec cette mention : « Selon la teneur
de l'appointement fait récemment pour la reddition de la ville et du
château de Pont-de-l'Arche » ( IV, y partie, 58). Ce sauf- conduit est
daté de l'armée du roi d'Angleterre, près de sa ville de Pont-de-
l'Arche, le 19 juillet i4i8. Il est probable que la reddition avoit eu
lieu très peu de jours auparavant.
•* Jacques de Harcourt, chevalier, baron de Mongommery, etc II
[1418] DE PIERRE DE FENIN. lor
temps bien souvent h Compaigny', pour ce que c'es-
toit au conte d'Ancarville% son biau-père, et là tenoit
frontière contre les Englez, etprinst pour ce temps le
conte de Harecourt% h qui il estoit parent prouchain,
qui s'estoit retrait de Harecourt, pour les Englez, à
son chastel à Aumarle. Et là vinst messire Jaques de
Harecoui t a ers luy, et le conte luy fist grant chière
comme à son parent , et le fist mectre dedens son chas-
tel atous ses gens. Et après pluseurs parolles et re-
cognoissance faictes eulx ensemble, messire Jaques,
qui avoit induit aucuns de ses gens de ce qu'il vouUoit
faire, mist luy de sa personne la main au conte de Ha-
recourt, et luy dist : « Monseigneur, je vous fais pri-
sonnier du Roy. » Lors fut le conte bien esbahy et
courchié , et dist : « Biau cousin , que voullés-vous
faire? » Et messire Jaques respondy : « Monseigneur,
épousa en secondes noces Marguerite de 3Ielun, comtesse de Tancar-
\ille, et fut tué, en i423, comme il tentoit de faire prisonnier le sei-
gneur de Parthenay, oncle de sa femme. C'est à tort que le P. An-
selme (V, 107), sur la foi de Berry (oyS), le fait mourir en 1428.
• Au lieu de Compaigiiy, il faut lire Estrepagny, qui, en effet,
appartenoit au comte de Tancarville , sa femme étant baronne de ce
lieu. Monstrelet (IV, 10^) dit Estrepigny.
' Guillaume, comte de Tancarville, vicomte deMelun, seigneur de
Monstreuil- Bellay, etc., premier chambellan du Roi, connétable et
chambellan héréditaire de Normandie, grand bouteiller de France,
marié, le 21 janvier lOgo, à Jeanne de Parthenay, baronne d'Estre
pagny, etc., fille de Guillaume L'Archevêque, seigneur de Parthenay.
11 avoit été tué à la bataille d'Azincourt.
' Jean VII, comte de Harcourt et d'Aumale , etc., étoit cousin ger-
main de Jacques de Harcourt, seigneur de Montgommery. Il mourut
le 18 décembre \^5-2.
I02 MÉMOIRES [1418]
ne vous desplaise , je ay charge du Roy de vous mener
vers luy. » Là y eut moût de paroUes, et fist messire
Jaques prendre ledit seigneur de Harecourt par aucuns
de ses gens, et le fist mener au Crotoi; et là le tinst
grant temps prisonnier, et en pluseurs aultres places,
et mist garnison de par luy à Ammarle. Et avecquez ce
prinst tous les biens dudit conte de Harecourt à son
prouffit : et disoient aucuns que c'estoit du consente-
ment du conte d' Ammarle % filz au conte de Harecourt ;
car il ne mist point de pour chas de ravoir son père.
Ainssi tinst messire Jaques de Harecourt prisonnier le
conte de Harecourt dempuis ce temps jusquez àce que
messire Jaques fut mort, comme vous orrez cy-après.
Item , après que le roy Henry eut prins l'obéissance
du Pont-de-l' Arche , comme avés ouy cy-devant , il
s'en alla vers Rouen , et là se loga à Sainte-Katherine ,
devant Roen. Et avoit dedens ladite ville grant garni-
son des gens au duc Jehan de Bourgoingne, et y estoit
messire Guy Le Boutillier ' ung des principaus capi-
taines, et le bastart de Tion, le seigneur de Toulon-
■ Jean de Harcourt, comte d'Aumale, etc., capitaine général delà
Normandie , fut ordonné capitaine des ville et chastel de Rouen , et de
la forteresse de Sainte-Catherine-du-Mont, le i5 avril i4i7- Né le
9 avril iSgô, il mourut le 17 août 1^1^.
" Étoit natif de la Normandie ( Monstrelet , IV, 1^-2}. La forteresse
du château de La Roclie-Guyon s'étant rendue, ainsi que va le dire
Fenin , « du consentement de la dame qui estoit dedens , au roy d'An-
gleterre, ledit Roy la donna présentement à messire Guy Le Bou-
tiller, et avec ce lui voult faire avoir la dicte dame en mariage ; mais
oncques elle ne se y voult consentir » {Ibid., 176). Lorsque Henri VI
fit son entrée dans Paris, en novembre i45i , pour se faire sacrer et
couronner, il dîna, dit Monstrclct, » à la ta))lc de marbre, et au côte
[1418] DE PIERRE DE FENIN. io3
gon', messire Andi'ieu de Roches', Lagan Darli^, Gi-
rard, le bastart de Brimeu'*, et pluseurs autres de
bonne estoflfe, et tant qii'ilz estolent bien de douze ii
seize cens combatans^, et raout grandement s'i gou-
vernèrent.
Item , le roy Henry mist le siège tout autour de la
ville de Rouen, et y fut bien l'espace de neuf à dix
moys^. Là y eut mainte grande escarmuche faite de
ceulx de la ville sur les Englez, et moût leur portèrent
de la chambre de parlement, à cette table, le cardinal de Yin-
cestre, etc.... Si estoit grand maistre d'hôtel messire Jean, bâtard de
Saiat-Pol, et avecque lui estoient, devant la viande, messire Guy Le
Bouteiller... » (VI, 19}. Il étoit au siège de Sainl-Yalerey , en i454-
{Ibid., 119.)
' Antoine de Toulongeon , seigneur de Traves et de La Bastie, che-
valier, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne, fait maréchal
de Bourgogne en 1 427 , marié à Catherine de Bourbon , dame de Di
goine et de Clessey ; mort le 29 septembre i452 (La Barre, II, 129 et
2o5 ). Monstrelet désigne Antoine de Toulongeon comme faisant partie
des seigneurs envoyés à la défense de Rouen, pour le Roi et le duc de
Bourgogne. (IV, m.)
" André de Roiches , seigneur de Darbonnay , chevalier, chambellan
du duc de Bourgogne. (La Barre, II, 209.)
' Lagen, bâtard d'Arly, étoit, dit Monstrelet (IV, 116), «l'un
des capitaines, de tous ceulx de dedens , en qui ceulx de la commu-
naulté de Rouen avoient la plus gi-ant liance, et avoit la charge et
garde de la porte de Caulx. » Il mourut pendant le siège de Roueu.
(Ibid., ,29.)
^ Monstrelet le nomme dans un endroit (VI, 5} « Garin, bâtard
de Brimeu, » et dans un autre « Gérard» (V, 2o5 ). Il étoit prévôt des
maréchaux de l'armée du duc de Bourgogne en mai i452. (Mathieu
d'Escouchv, 63 I.)
* « Tous ensemble pouvoient avoir quatre mille combattans ou au-
dessus, tous gens de bonne estoffe. » ( Monstrelet , IV, 1 1 1 . j
"^ Selon Monstrelet ( IV, 1 15), le siège fut mis devant Rouen au mois
io4 MÉMOIRES [141 g]
ceux de la ville de grans dommages , et avoieiit tous-
jours espérance que le duc Jehan les secourroit, comme
promis leur avoit. Mais il n'en fist riens; car il avoit
d'autres grans afaires pour la guerre qu'il avoit au Dof-
fin. Et par ainsi falut que ceux de Rouen se rendissent
au roy Henry d'Engleterre, sauf leurs vies, sans em-
porter nulz de leurs biens; et fut parce qu'ilz n'a-
voient nulz vivres, car ils mengoient leurs chevaulx,
et les poures gens de la ville mangoient, par famine,
chiens, cas, ras, soriz et toutes telz choses, qui estoit
piteuse chose. Et en mourut bien dedens les fossez et
par la ville de fain de dix à douze mille , que on scet de
certain. Et avecquez ce fallut que le roy Henry eust
une partie des plus notables de la ville de Rouen en sa
voulenté. Item, après ce que la ville de Rouen fut ren-
due au roy Henry d'Engleterre , il en y eut pluseurs
aultres qui se rendirent es marches de Normandie, et
la garnison qui en estoit yessue alla devers le duc
Jehan.
Item, messire Guy Le Boutillier, qui estoit l'un des
capitaines de Rouen tant que le siège y fut, se rendit
du parti au roy Henry, et luy fist serment de le servir
loyalement ; laquelle chose y fist le roy Henry de grans
dons, et luy donna La Roche-Guyon et aultres seignou-
ries notables. Item, aucuns des bourgolz notables de
la dite ville se fièrent en messire Guy Le Boutillier de-
de juin , et la ville se rendit le 6 janvier i4i8 (Ibid., i4o). Cela ne fe-
roit que cinq mois au plus de siège. Monstrelet se trompe sur la date
du jour; les actes de Rymer nous fournissent le traité de la redditioa
de ceUe ville, daté du i5 janvier i4i8. (IV, m' part., p. 82.)
[1418] DE PIERRE DE FENIN. io5
puis que le roj Henry eut le gouvernement de la ville,
et luy dirent que s'il leur vouloit aidier, qu'ilz rerae-
troient Rouen en la main du Roj; et messire Guy fist
semblant d'eulx voulloir aidier, et puis le dist au roy
Henry, et par ce y eut pluseurs notables bourgois de
Rouen qui eurent les testes copéei. , donc ledit messire
Guy [fut] fort blasmé pour ceste cause.
Item, en tant que le roy Henry tenoit son siège de-
vant Rouen, messire Jaques de Harecourt et le seigneur
de Moreul ' firent une assemblée très grande pour aller
courre sur le siège des Englès , et allèrent jusquez à
trois lieues près. Et le Roy envoya au devant le sei-
gneur de Cornouaille' bien acompaignié, lequel trouva
les dessusdis, et fist tant qu'il les mist en grant desroy.
Là fut prins le seigneur de Moreul et pluseurs aultres
avecquez luy, et messire Jaques de Harecourt se sauva
par bon cheval. Item, en ceste mesme saison, Phelipez
de Saveuses, qui estoit à Gournay, en Normandie,
atout de deux à trois cens combatans , fist par plusem^s
fois de grans dommages aux gens du roy Henry , et
moût en enmena de prisonniers dedens la ville de Gour-
nay, et tant que les prisonniers Englès prindrent le
chastel de Gournay et le tindrent ung jour ; mais le
Boin de Saveuses ^, qui lors y estoit pour Phelipe , son
' Thibault de Soissons, seigaeur de Moreul et de Cliiniay (La Mor-
LiÈRE, i3g). Mort en i454- (Dairk, I, Sog.)
* Jean de Cornwall, chevalier, depuis lord Fanhope , épousa Eli-
sabeth, sœur d'Henri IV, veuve de Jean de Holland, comte de Hun-
tingdon. Il mourut le i" décembre i445- (W. Dugdale, III, 2i2-i3.)
' Bon de Saveuses, seigneur de Baye et de Saint (Haudicquer, 498),
assistoit au siège de Calais en i436. (La Morlière , 166.)
io6 MÉMOIRES [1418]
frère, fist tant par belles parolles que lesdlz Englez
prisonniers luy rendirent ledit chastel, donc il en y
eut qui en eiu^ent malvais loier.
Item, le roy Charles de France et le duc Jehan de
Bourgoingne furent grant temps à Beauvais, et avoient
moût grant puissance de gens sur le pays d'en tour, en
espérance de lever le siège de Roen ; mais, par le discort
qui estoit entre le duc de Toui^aine , Doffin , et le duc
Jehan , riens ne s'en fist ; car les deux princes menoient
forte guerre l'un contre l'autre. Item, après ce que le
roy Henry eut prins la ville de Roen et fait faire le
serment à ceulx de la ville, et rais officiers de par luy,
il envoia ses gens au pays vers Gournay et vers le conté
d'Eu, et tout se rendi sans coup férir. Et se rendi
la ville d'Eu ', le chastel de Mouchiaux% le Neuf-Chas-
tel, Denicomt% Gournay en Normandie, et moût
d'autres bonnes villes et fortresses. Et se tenoit en la
ville d'Eu ung chevallier englez , nommé messire Phe-
lipe Lis, lequel faisoit forte guerre en Vimeu. Item,
le roy Henry conquist ceste année la duchié de Nor-
mandie tout à son aise; car peu y avoit qui la defFen-
desist, et mesmementy eut pluseurs Normans qui se
rendirent Englez et firent le serment au roy Henry.
Item, messire Lyonnel de Bournoville ^ et Daniot
■ On trouve dans Rymer l'acte de reddition de la ville d'Eu , de
Monceaux , de Saint-Martin et de Guilleim-Court. Il porte la date du
i5 février i4i8.(IV, m' part., p. g4-)
' Moncheaux.
' Deniecourt.
^ Jean de Boiunonvillc, surnommé Lionnel , seigneur de Saint-
[1419] DE PIERRE DE FENIN. 107
de Gouj se teiioient pour lors en garnison à Gisors,
et menolent forte guerre aux Englez. Advint que les
gens du Roj estoient logiésà Gallifontaine % environ
de quatre h cinq cens, et y avoit la plus grant partie
de Hirelandois. Et monseigneur Lyonnel et Daniot de
Gouy vindrent fraper en la ville par nuit , et boutèrent
le feu en la ville, et puis les assaillirent baudement, et
les ruèrent jus et desconfirent tous, et puis s'en rallè-
rent à Gisors, en leur garnison. Souvent faisoitmessire
Lionnel de Bournoville de grans donmages aux En-
glez, et avecquez luy Daniot de Gouy, qui estoit moût
vaillant, et aussi faisoit le seigneur de Lllladam.
Item, assez tost après il y eut ung grant parlement
entre le roy Charles et le roy Henry d'Engleterre. Et
se tenoitle roy Charles et le duc Jehan à Pontoise. Et
le roy Henry vinst vers Moullent', et là fîst tendre ses
tentes; et pareillement on y tendit celles du roy Char-
Martinet de Tardinghen, fut tué, en i45o, à la prise du château de
laBretesche, qui lui appartenoit.
' Gaillefontaine. Monstrelet (lY, i5i) dit Ferry-Fontaine (Séri-
fontaine).
' Il y a dans Rymer plusieurs pièces concernant cette conférence ,
et , entre auti'es , un pouvoir du roi d'Angleterre à ses ambassadeurs ,
en date du 8 mai 1419, pour déterminer, avec les envoyés de France,
le lieu précis de l'entrevue. En vertu de ce pouvoir, et par acte du
graai 1419, on fit choix du champ dit de La Chat, entre Meulant et
Meysy (IV, 5' partie, it4-i6).
Par un autre acte, daté du lieu de la conférence, près et sous Meu-
lant, le 2g de mai 1419, le roi d'Angleterre fait savoir qu'il a eu, ce
jour-là même, une première entrevue avec Isabelle, reine de France,
et le duc de Bourgogne [Ibid., 119). Juvénal des Ursins se trompe
donc en donnant pour date de ladite entrevue le 00 de mai (364).
io8 MÉMOIRES [î4l9]
les. Là fut le duc Jehan et le conseil du Roy, par plu-
seursfois, en parlement au roj Henry; etvouloit leroy
Henry avoir Katherine, fille au roy Charles, en ma-
riage, et avecquez ce vouUoit avoir la duchié de Nor-
mandie. Moût se tint le parlement sur ce longement';
mais enfin riens n'en fut fait; car le roy Henry voul-
loit avoir trop grant entrée sur le royaume, lequel le
duc Jehan ne vouîtacorder. Et aussi il avoit tousjours
voulenté d'avoir traitié au duc de Touraine, Dofiin, et
par ce se départi le parlement sans riens besongner.
Et se retrait le roy Charles à Saint-Denis en France , et
la Royne. Item, le duc Jehan avoit grant vouUenté
d'avoir paix avec le Dofîin, comme dit vous ay cy-de-
vant, et pour ce y avoit embassadeurs entre les parties
qui se traitoient, et en estoit la dame de Giac', et trai-
tèrent ensemble en telle manière que les deux prinses
furent contens de venir ensemble pour trouvair la
paix. Et lors le duc Jehan, qui estoit à Pontese, se
parti à noble compaignie pour aller devers le Doffin,
qui estoit à Melin ; et ala la dame de Giac avecquez le
duc Jehan dessy à Corbeul, droit à une lieue de Melim'.
Au costé de devers Miaulx vint le Doffin atout sa
puissance , et le duc Jehan alla parellement atout ses
gens , et n'aprouchèrent point les deux puissances plus
' '< Il dura bien trois sepmaines, » dit Monstrelet. (IV, i55. )
- Jeanne DuPeschin, dame de Breon, fille d'Imbault, seigneur Du
Peschin, et de Blanche Le Bouteiller, mariée, en avril lOjô, à Louis,
seigneur de Giac et de Châteaugay-
' Les deux princes se rencontrèrent « l'un l'autre environ à une lieue
près de Melun, emprès Pouilly-le-Fort » (Monstrelet, IV, i58),
'< en ung lieu dit Le Ponccl. » ( Journal d'un bourgeois de Paris, 5^.)
[1419] DE PIERRE DE FENIN. 109
près que demie lieue petite. Là assemblèrent les era-
bassadeurs des deux costcs, et tant firent que la paix
fut traitié [entre les deux princes durable àtousjours '],
et jura le Doffîn à la tenir, et aussi firent tous les grans
seigneurs de son costé avec luy. Item, il y eut moût de
grans promesses faictes entre les deux parties, et aban-
donnèrent les deux princes chacun aux seigneurs de
son costé de aller servir, sans reproche nulle, celluy par
qui la pais seroit rompue : c'est assavoir se le Doffui
la rompoit, qu'il abandonnoit à ses gens de aller
servir le duc Jehan, ou celluy [qui] tendroit son party.
Et ainsi fist le duc Jehan , donc on fist de moult belles
lectres scellées des seaulx des deulx parties. Et après
promidrent de mectre paine de cachier le roy Henry
hors de France, et assemblèrent toutes leurs puissan-
ces. Ainssi fut la paix faicte entre le duc de Touraine,
Doffin, et le duc Jehan de Bourgoingne, et cuidoit-on
que ce fust chose durable; mais depuis on vit bien le
contraire, comme cy-après sera desclarié.
Item, tantost après que la paix fut faite entre le
Doffin et le duc Jehan de Bourgoingne, leurs gens es-
' Le mardi 11 juillet i4i9> 1^ paix fut signée par les deux princes.
Ce traité est donné par Monstrelet (lY, 160), mais fort incomplè-
tement, si nous en jugeons d'après la collation que nous en avons
faite sur le manuscrit de la Bibliothèque Royale, a° 197 , fol. 2-25, recto
(fonds de Brienne ). La Barre ( 1, 2j5 ) a commis une erreur en datant
cette pièce du mardi 4 juillet, car elle est sans aucun doute du 11 ,
ainsi qu'il est prouvé par une ordonnance royale du 20 juillet 1420,
dans la quelle le Roi dit qu'il a fait extraire des l'egistres du parlement,
où elles avoient été lues et publiées le 20 juillet 1 419, les lettres passées
entre son fils et le duc de Bourgogne, à la date du 11 juillet i4i9-
(RvMER, IV, 3' partie, p. 128.)
iio MÉMOIRES [1419]
toient ensemble de jour en jour, et menoient forte
guerre aux Englez sur les marches de Normandie.
Item, assez tost après le seigneur de Lilladam, qui es-
toit marissal de France, perdy la \ille de Pontoise, la-
quelle il avoit en garde, et la prindrent les Englez par
ung matin*, laquelle prinse fut au grant dommiage du
pays de France; car c'estoit une ville moût notable et
fort garnie de vivres et d'autres biens. Item, en ce
temps les Englez tindrent siège devant Saint-Martin-
le-Gallart% et estoitdedans Rigaut de Fontaynes^; mais
le sire de Gimriches^, qui estoit au Dauffm, vaillant
chevallier de son corps , assembla foison de gens et alla
lever le siège. Et y eut des Englez tuez à foison, et les
aultres se retrairent dedens l'église de la ville : et estoit
leur chief ung chevallier nommé messire Phelipe Liz,
qui moût estoit vaillant.
Item, après ce que Pontoise fut prinse, le roy
Charles , la Royne et dame Katherine , leur fille , s'en
allèrent à Troyes en Champengne, et là les y mena le
duc Jehan de Bourgoingne pour estre arrière de la
' Le 5i juillet i4i9- Juvénal des TJrsius (568) dit le a8 juillet, mais
il est le seul qui donne cette date.
^ Saint-Martin-le-GaiUard.
* Renaud de Fontaines , seigneur de La Neuville , fut fait chevalier
à la journée de Mons en Viraeu (Haudicquer, 2o5), le 3i août i^ii
(MoNSTRELET, IV, 335). Il étoit , en août 1449^ capitaine de la ville de
Yernon. (J. Chartier, i56. )
* Le manuscrit de Tieulaine porte Gamaches. Guillaume, seigneur
deGamaches, chevalier, conseiller et chambellan du Roi et du Dau-
phin , bailli de Rouen , capitaine de la ville de Compiègne, où il resta
jusqu'au i8 juin 1422. Il exerçait encore la charge de grand maître et
souverain réformateur des eaux et forêts du royaume en 1428.
[1419] DE PIERRE DE FENIN. m
guerre des Englez. Item , le seigneur de Lilladara se
mist en çarnison à Biauvais atout grant gent, après
qu'il eut perdu Pontoise : et là tenoit frontière contre
les Encjlès, et moût leur faisoit de grans dommages.
Item, messire Jaques de Harecourt se tenoit à Crotoy
et à Noielle sur la mer, et Hector de Saveuses au Pont-
de-Remy, avec le seigneur de Blancourt " et Loys% son
fieux , et là menoient guerre aux Englez d'Eu et de
Mouchiaulx. Et souvent s'assembloit Hector avec mes-
sire Jaques de Harecourt, pour faire dommage aux
Englez.
Item, l'an mil quatre cens et dix-neuf fut la paix faite
du duc de Touraine, Doffin, et du duc Jehan de Bour-
gongne, en la manière que je vous ay dit; et en estoit
tout le peuple de France en grant joie. Et avec les gen-
tilz hommes des deux costés, c'est assavoir ceulx du
Doffin et ceulx du duc Jehan de Bourgoingne , me-
noient eux ensemble forte guerre aux Englez ; et bien
cuidoit-on estre en France en bonne union. Mais en
brief temps après , il y eut grant tribulation; car le duc
Jehan fut mourdry , comme vous pourrés cy-après
voier.
Vérité est que le Doffin estoit logié à Mons-
triau-faut- Yonne , et là avoit assemblé toute la plus
grant partie de sa puissance. Et alors le gouvernoit le
seigneur de Barbazam, Davegny Du Castel, le viconte
' Voyez ci-dessus, page 60, note 2. — IFnncour. ( Tr.)
* Louis de Wancour fut fait prisonnier à la bataille de Verneuil ,
donnée le G août it\nl\ ( Monstrelet , V, 76-78) Mort à la prise de
Saint-Denis, par les Anglois , en 1 435. (Idem, VI, 227.)
112 MÉMOIRES [1419]
de Verbonne ' , le seigneur de Gitery % et moût d'aul-
tres qui point n'estoient du royaume de France. Et en
y eut une partie qui pourpensèrent la traison de mectre
à mort le duc Jehan. Et tant firent que le Doffm fut
content de le mander, et qu'il fust mis à mort. Et de
fait se targa^ Davegny Du Chastel d'aler devers le duc
Jehan, lequel estoit à Bray-sm^-Saine , à deux lieues
près de Monstreau, atout grant puissance de gens
d'armes et de trait. Quant la chose fut ainsi pourpar-
lée , que dit vous ay, les gouverneurs du Doffin [or-
donnèrent que le duc Jehan seroit logé au chastel de
Montereau , et le Daulphin] estoit logiés dedens la
ville, et firent sur le pont pluseurs barrières entre la
ville et le chastel. Et puis messire Davegny s'en alla vers
le duc Jehan à Bray-sur-Saine , et là le trouva , et luy
dist que le Doffin se recommandoit à luy et luy prioit
qu'il vousist aller devers luy à Monstriau pour conclm^e
des affaires de France ; et pluseurs aultres choses luy
dist. Et le duc Jehan fist à Davegny grant chière et
grant révérence et à ceulx qui estoient avecquez luy,
et luy dist qu'il yroit vers monseigneur leDauffin. Lors
' Guillaume , vicomte de Narbonue ; il mourut à la bataille de Ver-
neuil, en 1424. « Après ce qu'il fut trouvé mort en la bataille, dit
Monstrelet, fut écartelé et son corps pendu au gibet, parce qu'il avoit
été consentant de la mort du duc de Boui-gogne, défunt. » ( V, 78.)
" Guillaume de Cbaumont, cbevalier, seigneur de Guitry ou Qui-
try, etc., conseiller et chambellan de Cbai-les VI. Le Dauphin l'insti-
tua maître enquêteur et général réformateur des eaux et forêts de
France , par lettres du 20 septembre i4i8, et lui donna le comté de
Chaumont au mois de février de la même année. Il mourut en i445.
' Défait chargea. (Tu)
[1419J DE PIERRE DE FEMN. ,i3
le duc Jehan se hasla de dlgner, et puis monta à cheval
et toute sa gent avec luy, et moût faisolt à Davegny
grant honneur. Et bien hiy dist : « Davegny, nous al-
lons vers monseigneur le Dauffin à vostre fiance , pen-
sant qu'il vieulle bien entretenir la paix qui a esté
faicte entre luy et nous ; laquelle nous voulons bien
tenir, et le servir tout à sa voulenté. » A quoy Dave-
gny respondy : (( Mon très redouté seigneur, n'ayés
doubte de riens ; car monseigneur est bien content de
vous, et se veut désormais gouverner par vous; et
avec ce y avés de bons amis et qui bien vous ayment. »
Ainsi s'en alla le duc Jehan h sa mort , en la compaignie
de Davegny Du Chastel , lequel le tray. Et chevaucha
en grant ordonnance de sy après ' Monstriau, et là mist
ses gens en bataille. Est vray qu'il y avoit des gens au
duc Jehan dedens le chastel, poiu' aviser le îogiz; et en
y eut varlet de chambre ' qui bien se doubta de îa traï-
son. Et retourna devers le duc Jehan pour luy dire :
(( Mon très redouté seigneur, advisés vostre estât;
sans faute vous serés tray, et pour Dieu vieulliés y pen-
ser. » Adonc le duc Jehan dist à Davegny : « Nous
nous fions en vostre parollc : pour Dieu avisés bien
que soies scur de ce nous avés dit qu'il soit vérité ;
vous fériés mal de nous traïr. » Et Davegny luy res-
pondy : (( Mon très redouté seigneur , j'aymeroie
' De sy auprès de.... (Ti.)
' Selon Monstrelet (IV, 179), Antoine de Toulongeon, Jean d'Er-
may et Saubretier prévinrent le duc qu'il y avoit danger pour lui. Sui-
vant Juvénal des trsins ( 56g) , ce fut un juif, nommé maître Mousqtie ,
qui conseilla au duc de ne point aller près du Dauphin, " car il n'eu
rcviendroit pas. »
b
1,4 MÉMOIRES [1419]
mieiilxà cstre mort qu'eusse fail Iraïson à vous ne à
aultre. N'aies nulle double de riens; car je vous cer-
tiffie que monseigneur ne vous veut nul mal. » Et le
duc Jehan respondit : a Nous irons à la fiance de Dieu
et de vous. » Et lors chevaucha dessy au chastel, où il
entra par la porte de derrière, et laissa grant partie de
ses gens en bataille au dehors du chastel. Avec le duc
Jehan descendyrent moût de grans seigneurs; et s'en
alla dedens une chambre dedens le chastel, et Davegnj
alla devers le Doffin et devers ceulx qui estoient avec
!uy, et leur dist la venue du duc Jehan. Là y eut grant
consitoirede ceulx qui faisôient la traïson, et tantost
après on envoia devers le duc Jehan affin qu'il venist
devers le Dauffin. Et quant le duc Jehan ouy que le
Dauflin le mandoit, il parti pour aller vers luy, et y
alla cinq ou six grans seigneurs avec luj, et tousjours le
menoit Davegnj Du Chastel. Et quant le duc vint pour
entrer sur le pont, il y avoit une barrière à l'entrée,
et cinq ou six de ses gens, et plus n'y en passa avec luy ;
car il y avoit bonnes gardes sur le pont. Lors le duc
passa pour aller au Dauffin, qui estoit en ung petit des-
tour, et le vinst saluer moût humblement. Et présen-
tement ceulx qui estoient ordonnés pour le mectre à
mort estoient là, et frapèrent sur le duc Jehan. Et
quant le duc Jehan vit qu'il estoittray, il cuida tirer son
espée pour luy deffendre; mais riens ne luy valut, car
il fut tantost abatu et mis à mort ' , donc ce fut pitié
pour le royaulme; car pour sa mort sont depuis ad-
' Le dimanche lo septembre 1419
[1419] DE PIERRE DE FENIN. ' i,5
venus moût de maulx au royaulme de France. Avec-
quez liiy fut mort le seigneur de Noulalle % frère au
tonte de Foiz, lequel se coucha sur luy pour le cuider
sauver. Après ce que le duc Jehan fut mort, ceulx qui
là estoient legetèrent du pont aval% et chaït sur ung
batel; et depuis, par l'amonnestement d'aucuns des gens
du Dauflin, fut enterré h ung chimetière atout son pour-
point et ses houseaulx; et là fut tant que la ville fut
conquise par les gens du roy Henry d'Engleterrc.
Avec le duc Jehan estoit allé le seigneur de Saint-
' Archambaud de Foix, seigneur de Navailles, conseiller et cliam-
l)ellan du Roi et du diu; de Bourgogne. Il étoit frère de Jean, comte
<le Foix et de Bigorrc.
" D'après le récit que fait La Barre de la mort du duc Jean, « les
meurtriers portèrent le corps dans une maison voisine de la porte
de la ville , et ayant fermé Ja porte qui étoit du côté du pont , et fait
lever le pons-le\-}S, ils firent jouer toutes les trompettes et tous les
autres instruments...;» puis «ils dépouillèrent le corps du duc, ne
lui laissant qu'un jupon avec ses housseaux, le portèrent sur le pont,
à dessein de le jetter dans la rivière et le priver de sépulture; mais
Macé Bonnet, curé de l'église de Montereau, et le curé d'Eslagi ,
l'ayant empêché, le gardèrent le reste de la nuit sur le pont. Le len-
demain les gens du Dauphin le firent porter en l'hôpital de la ville, le
mirent dans une bière qui servoit aux pauvres, et, en cet état, il fut
déposé en l'église de Notre-Dame, où il fut inhumé devant l'autel de
saint Antoine, avec son jupponet ses housseaux » (I, -210-2^). « Après
que le duc fut mis à mort, dit Monstrelet, il fut tantost, parles gens
dudit Daulphin, dévestu de sa robe, de son haubergon , desesjoiaulx
et des autres choses, réservé son pourpoint et ses houseaulx, et
demeura sur la place jusques à mynuit, qu'on le porta sur une table
dedans ung moulin assez près du pont. Et lendemain au matin fut
mis en terre, en l'église Nostre-Dame, devant l'autel saint Loys,
atout son dit pourpoint et ses houseaulx, sa barète tirée sur son vi-
t.3ge. >. riV, 188. j
ii6 MÉMOIRES [1419]
Jorge ' et messii e Charles de Lens % lesquelz furent
prlns et des autres à planté.
Après ce que le duc Jehan fut mis h mort% ainsi
■ Guillaume de Yienne, seigneur de Saint-Georges, conseiller et
chambellan du Roi et du duc de Bourgogne, mort vers la fin de i434.
' Charles de Recourt, dit de Lens, seigneur de La CaUinière, in-
stitué amiral de France, à la place de Robert de Braquemont, le
6 juin i4i8. Les seigneurs faits prisonniers « furent depuis tous mis à
délivrance..., excepté messire Charles de Lens, amiral, qu'ils firent
mourir.» ( Monstrelet, IV, 200.)
^ L'ordonnance royale donnée à Troyes le 17 janvier 1419, dont ne
parle aucun des chroniqueurs françois de l'époque, contient des dé-
tails curieux sur cet événement important. Nous en extrairons quelques
passages , présentant le résumé des dépositions faites par les témoins
de cet assassinat, dépositions qu'on trouve d'ailleurs dans La Barre.
Le Roi , après avoir relaté ce qui s'est passé depuis la paix jurée par
le Dauphin et le duc Jean, ajoute ce qui suit :
« Or est ainsi, que le dit Charles et ses diz complices n'ont fait la
dicte union que pour murdrir et tuer nostre dit feu cousin , comme
ilz ont fait le dixiesme jour de septembre derrain passé, à Monstereau
où fault Yonne, ouquel lieu icelluy nostre cousin ala devers ledit
Charles, accompaigné de dix personnes tant seulement, ainsy que
par ycelluy Charles avoit esté ordonné ; et luy estant à genoux , la teste
nue, et offrant à toute humilité son corps ^ ses amys et toute sa puis-
sance ou service de Nous et dudit Charles , et de vouloir entendre aux
aftayres de nostre dit loyaume , ainsi que besoing estoit et accordé
avoit esté entre eulx, le dit Charles mist tantost la main à son aul-
muce faysant semblant de saluer nostre dit feu cousin, et à l'ombre
de son bras, guigna les y eulx , elfist signe à ses gens pour venir férir
sur nostre dit feu cousin ; dont tantoust après les dictes gens , comme
avoit esté préagité et conspiré entre le dit Charles et eulx , vindrent
déhachier et murdrir devant luy nostre dit feu cousin.... Et est vray
que le dit Charles, pour parvenir à sa dicte damnable conspiration,
avoit fait mucier au dit Monstereau certain grant nombre de gens
d'armes, etc.)» Le Roi, qui, dans cette ordonnance, s'adresse aux
habitants de Paris, la termine en leur défendant, sous peine de lèse-
[1410] DE PIERRE DE FENIN. u;
que vous ay dit , ses gens en sccurent tantost les nou-
velles. Là y eut grant doeul fait en pluseuis lieux, et
n'est nulzqui peust penser le grant desconfort qu'il y
avoit de ses gens. Et avecquez ce, les gens du Daufïin
saillirent à puissance sur les gens au duc Jehan , les-
quc'lz furent mis tantost en grant desroy; car il n'y
eut point d'entretenement en eulx depuis cju'ilz sceu-
rent la mort de leur seigneur le duc Jehan. Et s'en
alloit chacun qui mieux povolt, sans ordonnance, et les
gens du Dauflin les encachèrent fort ; car ilz estolent
tous avisés de leur fait , et moût en prindrentet tuèrent
ains qu'ilz venissent à Bray-sur-Saine, et les aultres se
sauvèrent au mieux qu'ilz peurent.
Item, après ceste doulereuse mort, la guerre fut
recommenchic plus forte que devant, et commencha
checun de soy garnir contre sa partie. Et le roi Henry
d'Engleterre conquestoit tousjours fort sur les deux
parties; et par ainsi y avoit trois parties en France
qui tous contendoient à conquerre sur le royaume,
€t moût estoit le menu monde travaillié.
Item, après ce que le duc Jehan fut mort, Phelipes
niajestL', d'cnvoyor ni recevoir aucun message du Dauphin ; « et ne
doit avoir aucun regard à la jeunesce du dit Charles, pour son excu-
sacion; car il estoit assez aagié pour congnoistre le bien et le mal ; et
posé ores qu'il fust jeune, toutes voyes sa malice et mauvaistié a esté
si grande, qu'elle a excédé toute aaige, et luy propre à estre le plus
affaitié en doulces paroles pour décevoir et faire murdrir, comme des-
sus est dit, nostre dit feu cousin, etc. >» ( Vilevault, XII, 273.)
Cette ordonnance est remarquable, non seulement par l'inculpa-
tion dirigée contre; le Dauphin , qu'aucune autre pièce de ce genre
n'attaque si directement, mais encore par le style oratoire qu'on y
déploie, et qu'il csl si peu ordinaire de rencontrer dans de tels actes..
ii8 MÉMOIRES [1419]
son lieux releva toutes les seignouries au duc Jehan
son père, et fut duc de Bourgoingne; et moût fut
courouchié de la mort de son père et de la traïson
que on luy avoit faicte. Item, le duc Phelipes avoit
espousé Michielle ', fille au roy Charles de France , et
seur au Doffin , qui moût estoit dame de haut hon-
neur, humble , courtoise , belle et bien amée de tous
les seigneurs qui reparoient à la court au duc Pheli-
pes, et avec, du povre commun. Item , quant le duc
Phelipe se fut saisy de tous les tenemens au duc Jehan
son père , il manda tous ses barons pour avoir conseil
comraient il se pourroit vengier du Doffin. Et lors on
luy conseilla qu'il prensist aliance avec le roy Henry
d'Engleterre, et qu'il luy baillast Katherine, fille au roy
Charles, et seur au Dauffin , et avec, seur de sa femme,
laquelle le roy Henry avoit grant désir d'avoir k famé,
et que mieulx il ne se povoit vengier du Dauffin ; car il
seroit cachié de France, sans jamais pocesser en la
couronne.
Item , après que le duc Phelipe eut prins ceste con-
clusion , il envoya devers le roy d'Engleterre. Et tant
y eut embassadeurs entre les deux parties, que aliance '
fut faite entre le roy Henry d'Engleterre et le duc
Phelipe de Bourgoingne. Et promist le duc Phelipe de
' Voyez ci-dessus , page ga , note i .
' Cette alliance est connue sous le nom de Traite d'Arras. Les
deux actes qui la constatent sont : i". un engagement du roi d'An-
gleterre, daté de Rouen le i5 décembre i^i(^, envoyé au duc de
Bourgogne; et 2°. un engagement de ce dernier, daté d'Arras le 5
janvier suivant, envoyé nu roi d'Angleterre. (Rymer, IV, 3' part.,
pages 144, 149.)
[1419] DE PIERRE DE FENIN. 119
livrer au roy Henry d'Engleterre Katherine, fille au
roy Charles ; et le roy Henry luy promist de la pren-
dre à femme, et faire royne d'Engleterre. Et avec ce
promist que le roy Charles jouyroit tout son vivant
du royaume de France; et si promist le roy Henry de
livrer au duc Phelipe les traîtres qui avoient mourdry
son père, se aucuns en chaioit en ses mains. Et pluseuis
autres promesses y eurent entre le roy Henry et le
duc Phelipes , et scrmens fais des deux parties pour
entretenir iDonne paix à tousjours entre eulx : et avec,
promidrent de cachier le Dauffin hors du royaume et
ses aliez , sans jamais pocesser de nulle seignourie au
royaume de France.
Item, Phelipes, conte de Saint-Pol, filz au duc
Antoine de Prebant et nepveu au duc Jehan, estoit à
Paris pour ce temps , et là estoit lieutenant du Roy,
et entretenoit la ville de Paris; car le duc Jehan luy
avoit laissié après la prinse de Paris pour les entretenir.
Et s'i gouverna par bon conseil, combien qu'il estoit
josne de aage et n'avoit que environ quatorze ans, et
là fut tant que le Roy alla devant Melim.
Item, au traitié qui fut fait entre le roy Henry et
le duc Phelipe, fut ordonné que le roy Henry seroit
droit héritier du royaume de France, luy et ses hoirs,
après la mort du roy Charles de France ; et que jamais
Charles le Doflin n'en joiroit, ne ceux qui de luy ven-
droient, et qu'il n'estoit digne de tenir royaume pour
le malvais fait qu'il avoit fait sur le duc Jehan de Bour-
goingne , et point ne s'en pourroit excuser, combien
qu'il fust jonc quant le cas advint, et avec, estoit gou-
verné pai' gens estrangiers, et qui avoient [eu de leurs
120 MÉMOIRES [1419]
amis morts '] à la traïson de Paris , par quoy ilz ne
leur challoit quel déshonneur le Dauffin eust , mais
qu'ilz fussent ven£»iés du duc Jehan. Et moût se vout
depuis excuser pour sa jonesse et pour ceux qui le gou-
vernoient, disant que ce n'avoit point esté fait de son
consentement, et que autant eut-il fait du roj Charles,
son père , pour le temps ; mais à ce ne peut estre ouy
ne recheu, et pour ce dura la guerre long -temps de-
puis, comme vous pourrés voier cy-après.Et mesraes,
pour plus grant apparucion monstrer, le Dauffin mist
hors d'avecquez luy ceux qui luy avoient donné le
conseil de mectre à mort le duc Jehan , et s'en allèrent
hors du rojaulme.
Item, après toutes ces aliances faictes entre le roy
Henry d'Engleterre et le duc Phelipe de Bourgoin-
gne, ilz avisèrent de fort conquerre villes et for-
tresses sur les gens du Dauffin. Et commencha le duc
Phelipes de Bourgoingne à faire grans mandemens
par tous ses pays , et tout fist assembler vers Péronne.
Quant le duc Phelipe eut fait grant assemblée de gens,
il bailla le gouvernement h messire Jehan de Luxem-
bourg de les mener ; et messire Jehan de Luxembourg
se loga en la ville de Péronne , et ses gens tout au
tour, et de là tira droit à Lyons-en-Santers % et là se
loga en la ville, et toutes ses gens avecques luy. Avec
messire Jehan y avoit d'autres moût bons capitaynes, et
y estoit [le vidame d'Amiens], le seigneur de Croy ",
' Le manuscrit poilc : « Qui avoient ru leurs aines paiL à la trai-
soa. )' Nous suivons le texte du manuscrit de Ticulaine
= Lihous-eu-Santcire.
' Antoine, sire de Cfoy, de lleiily, de Toiccau, .le, surnonuuo le
[1419] DE PIERRE DE FENIN. 121
Hector de Saveuscs, le seigneur de Humbercourt ',
marissal au duc Phelipes , et des aultres à planté. Là
fut prinse conclusion , par messlre Jehan et ceulx qui
estoient avecquez luy, de aller mectre siège devant
Denum % ung' chastel à deux lieues de Corbère ^5
lequel faisoit assez de mal à la ville de Corbère et au
pays d'entour ; mais celle nuif^ donc ilz dévoient len-
demain partir, raessire Carados Desquennes et Charles
de [Flavi^] prindrent la ville de Roje, en Vermandois,
qui avoit esté donnée au [duc ^ ] Phelipes en mariage
avec la fdle au roy Charles, et entrèrent dedens, atout
bien trois cens combattans. Lors estoit capitaine de
Roye ung nommé Percheval-le-Grant, lequel eschapa
de la ville , et vint vers raessire Jehan à Lyons, où il
estoit. Quant il ouy les nouvelles de la ville de Roye
qui estoit prinse, tantost il fist sonner ses trompètes,
et puis monta à cheval et tous ses gens avec luy, et che-
vaucha vers Roye en grant ordonnance. Et prestement
mist coureurs sus pour aller devant ; lesquelz trouvè-
rent ancoire les eschlelles dréchiés aux murs de Roye
par où les doffînois estoient entrés. Là y eut grant es-
Grand, premier chambellan de Philippc-le-Bon , duc de Bourgogne;
mort en i^y5.
■ Voyez ci-dessus, page 85, note 2.
' Demuin. Voyez ci-dessus, page 73, note i.
^ Corbie.
^ Le dimanche 10 décembre i4i9- ( Monstrelet , IV, 210.)
' Le manuscrit porte Flam. Celui de Tieulaine, et Monstrelet
(IV, 210) disent Cliarles de Flavl ; ce dernier ajoute hàtavddc Tour-
iiemine. Suivant La Morliére (207) , Charles de Flavi êtoil seigr»fuv
de Rouquerolle, et fut fait chevalier en 3 44^-
'' Le manuscrit porte « au dit Phelipes. »
122 MÉMOIRES [1419]
carmuchc de venue , et gueiigiièreiit sur eux les faulz-
bouigs qui estoient clos de bonne muraille; et avec,
tout incontinent, on y mist le siège. Et se loga le sei-
gneur de Lilladam, qui estoit maréchal de Fiance, et
Hector de Saveuses dedens les faulz-hours, au costé
vers Compiengne , et le seigneur de Croj à une ville
assez près , et avec luy, le seigneur de Longueval ', qui
pom' lors servoit le duc Phelipe, etservy grant temps
depuis. Et messire Jehan de Luxembourg fut logic à
une lieue près de Roie, en tirant vers INoyon, et les Fla-
mans ancore outre, à une ville nommée Chempien.
Ainsi fut la ville de Roye assise tout autour, et sy es-
toit le siège droit au Noël, l'an mil quatre cens et dix-
neuf, pjien vingt-quatre jours avant qu'ilz se vousissent
rendre. Souvent y a voit de grans escarmuches faites de
ceux de dehors contre ceux dedens ; mais enfin ilz se
rendirent par ce qu'ilz s'en iroient sauve leurs corps
et leurs biens. Et messire Jehan de Luxembourg en
fut content, et de ce leur bailla sauf-conduit pour eux
en aller à Compiengne ; et fut ordonné Hector de Sa-
veuses pour les conduire. Et messire Carados et Charles
de Flavi ordonnèrent leurs besoingnes pour euix en
aller, et se partirent par ung sabmedi bien matin. En-
viron après une heure, après ce que les dofîinois fu-
rent partis de Roye , et que les gens de messire Jehan
estoient jh dedens la ville , le conte de Hantuiton "* et
' Charles, seigneur de Longueval, marié à Marguerite, OUc du
seigneur de Divion, vivoit encore en i4o5. (La Morlikp.e, 85)
' Jean Rolland , comte de Huntingdon , depuis duc d'Exccstrr,
mort le 5 août 1 446. Elisabeth, sa mère, sœur du roi Henri IV,
s'étoit remariée au comte de Corn\valI. (W. Dugdale , II, 80-81.)
[1419] DE PIERRE DE FEMN. laS
Cornuaille \indrent devant Roye , qui \enoient pour
aidier à messire Jehan de Luxembourg. Et quant ilz
oïrent que les doflinois estoient partis , et que ilz ne
povoient estie que une lieue loings, ilz commencèrent
fort à tirer après, et estoient bien mille combatans.
Tant chevaucha le conte de Hantiton et Cornuaille ,
quilz actaindirent les doffinois à trois lieues près de
Compiengne, etfrapèrent sur eulx baudement. Et aussi
les doffinois ne s'en donnoient garde, parquoy ilz fu-
rent tantost mis en desroj, et furent tous rués jus,
priiis et mors , et peu en eschapa. Quant messire Ca-
rados vit le fait, il se rendit à Hector de Saveuses :
mais Cornuaille' frapa Hector de Saveuses sur la main
aïant son gantelet, dont Hector fut bien mal content,
mais il n'en peut avoir autre chose ; et hiy dist
Cornuaille : h Vous savés bien que ne les povés fian-
chier; car ilz ont sauf-conduit de vostre capitaine. »
Item, avecques les Englez monta à cheval pluseurs
des gens de messire Jehan de Luxembourg , quant ilz
virent que on alloit ruer jux les doffinois, et fut une
chose qui moût les greva ; car leurs chevaux estoient
séjournes , et pour ce les sievirent plus raidement que
les Englez. Et y alla le bastard de Croy*, Abelletde
Folleville^ , le bailly de Fouquesère ' , et des gens au
' Mais Coriwuaille luy osla cl frappa.... { ïi. )
' Bulor, bâtard de Croy, frère d'Antoine, seigneur de Croy ( Mons-
ïp.ELET, lY, 2i4-i5). Il fut tué, au mois de juin 1420, au siège de
Montereau. ( Mo.NsrnELET, IV, 255-56. }
' Aubert de Folleville, capitaine de la ville de Rove, fut tuè, en 1 4^7,
dans un engagement avec les dauphinois, près d'un village nommé
lioulogne-la-Grasse. ( Monstrplet, IV, 542. j
^ Le bailli de Fnuqiie.^snle I !Monstrelf,t, I\ , '^14-;
124 MÉMOIRES [1419]
seigneur de Longueval avecpluseuis autres. Pour ceste
cause se courouclia messire Jehan de Luxembourg moût
fort, pour ce qu'ilz estoient soubz luy, et qu'il avoit
baillié sauf-conduit aux dauffinois, et vouloit que le
seigneur de Croy luj baillast son frère bastart, et le
seigneur de Longueval , le bastart de Dunon ' , frère de
sa femme; maiz ilz n'en veurent riens faire, et par
ce les eut messire Jehan en grant hajne long-temps
après , et en a\ int depuix de grans tribulacions , comme
cy-après sera veu.
Tantost après ceste course faite/ les Englès se lo-
gèrent à deux lieues près de Roye, atout leurs pri-
sonniers ; et landemain messire [Jehan de Luxem-
bourg alla devers le conte de Hantiton ,*et luy donna
ung cheval; et avec ce, luy parla" qu'il faist bonne
compaignie à messire Carado et aux autres prisonniers.
Car pour vray messire Jehan de Luxembourg estoit
fort iré de ce que ilz avoient esté prins sur leur sauf-
conduit , combien que aucuns veullent dire qu'il le
savoit bien. Mais il n'en estoit riens ; car messire Jehan
estoit seigneur qui bien vouloit tenir ce qu'il prometoit.
Après ce que messire Jehan de Luxembourg eut
esté devers le conte de Hantiton, et qu'ilz eurent fait
les ungs aux autres grant chière, il se retrait à son
logis. Et lendemain se party atout une partie de ses
gens, et s'en alla vers La Foire-sur-Oise ^ : et estoit
en sa compaignie Hector de Saveuses. Quant messire
Jehan vinst à La Foire , il assist garnison par toutes
' Divion ? — Voyez ci-dessus , page 122 , note i.
= Z«j-pria.(Ti.)
^I a Fère-sur-Oise.
i 1419] DE PIERRE DE FENIN. i25
ses fortresses , et mist Hector de Saveuses à Nouvion-
le-Coiîtc, et les autres en toutes ses autres places,
pour tenir frontière contre Crépi-en-Lannois [où] es-
toit La Hiere ' et Poton de Sainte-Traille '' atout grant
gent : et là se tindrent dessy au karesme , que le duc
Phelipe vint atout sa puissance, et mist le siège tout
autour de Creppy. Les autres gens du duc Phelipe
s'en allèrent, après ce que la ville de Roie fut prinse,
cliascun où il voulloit , en son hostel ou ailleurs , dessy
après la Chandeleur, que le duc Phelipe refist grant
mandement pour aller en Troies en Champengne. Et
([uant il eut assemblé tous ses gens, il chevaucha vers
Saint-Quentin , en Vermendois, et là se loga dedens la
ville. Avecques luy chevauchoit le conte de Varvich^
etlecontedeQuin^, et le seigneur de Ros^, qui estoient
embassadeurs du roy Henry d'Engleterre : et alloient
avecques le duc Phelipes à Troies en Champengne,
devers le roy Charles de France, pour Katherine, fille
du roy Charles, pour le roy Henry, laquelle il voulloit
avoir à femme, et l'eut, comme vous pourrés cy-après
voler. Et chevauchèrent lesdlz embassadeurs avecques
le duc Phelipes à Troies.
' Etienne deVignole, seigneur de Montmorillon , connu soixs le
nom de La llire , l'un des plus vaillants capitaines de son temps. Il
mourut de ses blessures à Montauban, en i442-
* Jean, dit Poton, seigneur de Xaintrailles, créé maréchal de
France en i454? mort à Bordeaux le 7 octobre 1461.
' Richard Beauchamps, comte de Warwick et d'Aumarle, né le 28
janvier i38i, mort à Rouen le 5o avril i459- ( W.Dugdale, I, 242-47.)
'• Le comte de Kent. Il étoit, en 1420 , capitaine de Melun pour le
roi Henri Y, et fut tué le 22 mars de la même année , à la bataille de
Baugé. (Saint-Remy, Yin, 179-187.)
' Jean , seigneur de Ross de Hamlake , auquel le roi Henri Y donna
126 MÉMOIRES [1419]
Quant le duc Phelipes se desloga de Saint-Quentin,
il s'en alla logier à Cressj-sur-Sère * ; et messire Jehan
de Luxembourg faisoit l'avant-garde au duc Phelipe ,
et s'alla logier à lieue et demie de Crespj, et puis alla
courre devant Crespy. Et y eut grant escarmuche faite,
et tant que le bastard de Hénaut % qui estoit avecques
messire Jehan , fut tout décopé des doffinois ; mais
nonobstant il n'en mourut point. Et moût se porta se
jour messire Jehan de Luxembourg vailîaument, et
Phelipez de Saveuses avec luj.
Item , le duc Phelipez se desloga de Cressy-sur-Sère,
et s'en alla logier devant Crespj-en-Lannois, où il mist
le siège tout autour : et y fut bien vingt jours avant
({u'ilz vousissent rendre la ville ; car ilz estoient bien
huit cens combaîans dedens. Mais enfin se rendirent
par ce qu'ilz s'en yroient sauve leurs corps et leurs
biens, si non ceux qui estoient des paiz au duc Phe-
lipez, lesquelz dévoient demourer prisonniers. Ainssy
mist le duc Phelipe de Bourgoingne Crespy-en-Lainiois
en son obéissance, au commenchement de sa première
année, et ceux qui estoient dedens s'en allèrent; et
la seigneurie de Bacqueville en Normandie. Tué en 1420, à la bataille
de Baugé. ( W. Dugdale , 1 , 552. )
' Crécy-sur-Serre.
' On lit dans Monstrelet : « Le bâtard de Harcourt , atout les gens
de messire Jaccpies de Hai-court , son oncle (IV, 222). » Jean de Har-
court, bâtard de Havrech, appelé le bâtard d'Harcourt, Gis de Chris-
tophe de Harcourt , seigneur d'Avrech , conseiller et chambellan de
Charles YI, mourut le n mai i438. Monstrelet mentionne , sous l'an-
née i4i8, Evrard, bâtard de Hainaut, frère de la duchesse Jacqueline ,
comtesse de Hainaut (IV, no). ■< Il bâtit, dans la Westfrise, le châ-
teau de Hoogtwoude, dont il fut le premier seigneur. » (Berthollet,
111,398.)
[1419] DE PIERRE DE FENIN. 127
puis le duc Phelipes Gst abatre la fortificacion de Crespj,
et l'abatirent ceux de Lan '. El le duc Phelipes s'en alla
logier à Lan, et puis delà s'en alla droit k Ralns, et
delà à Châlon, et puis h Troie en Champengne.
Entre Troie et Challon chevauchoit messire Jehan
de Luxembourg et messire Robinet de Mailly, cpii
estoit grant pennetier de France, parmy ung villaige.
Et y a voit de grandes yauves où il a voit fossez cou-
vertes de bourbe, et messire Robinet de jNïaillj fondi
dedens une grande fosse atout son cheval , et là fut
noie; car on ne le peut oncquez recourre, et demoura
bien trois heures dedens que on ne le peut ravoir.
Item', ung peu devant ce temps, La Hiere tenoit le
chastel de Coussy de par le Doffin, qui moût estoit fort,
etavoitprinsgrant foison de prisonniers gentilz hommes
et autres, lesquelz il avoit mis dedens le chastel de Coussy.
Et en câtoit, [le] seigneur de Maucourt % Lyonnel de
Bournoville et pluseurs autres, lesquelz advisèrent leur
point que La Hire estoit à la course, et par aucun moïen
firent qu'ilz prindi^ent le chastel de Coussy ^, et en furent
■ Laon.
' Le seigneur de Maucourt en Santerre (Monstrelet, IV, i44)-
Jean, doc de Bourgogne, avoit au nombre de ses chambellans, Jean
d'Auvillars, seigneur de Maucourt (La Bakre , II, i52). Le seigneur
de Maucourt , chevalier de Vermandois ( Mosstrelet, V, 69) , quitta,
en 1424, le parti du duc de Bourgogne (Ibid., 70). Pris peu de
temps après par maître Robert Le Jeune, bailH d'Amiens, « il fut,
par le conseil du roi Henri , décapité en la dite ville d'Amiens , et
son corps mis au gibet, ses biens et héritages confisqués au Roi. »
{Ibid.,^o.)
' Le château de Coucy fut surpris par les Bourguignons , environ
la Chandeleur, a février i4t8. (Motjstrelet, IV, i44-)
128 MÉMOIRES [1419]
malstres. Après, ilz mandèrent messiie Jehan de Luxem-
bourg pour luy baillier le chastel ; et en y eut aucuns
qui ne furent mie contens de mectre les dedens qu'ilz
ne promeissent de eulx laissier le gueng qu'ilz avoient
fait. Et le seigneur de Maucourt alla au-devant de
messire Jehan, en luj disant : « Monseigneur, les com-
paignons ne sont mie contens de vous mectre ens que
ne prometés premier de leur laissier ce cpi'ilz ont guen-
gnié. » Et quant messire Jehan oyt ce, il se courucha
grandement, et dist au seigneur de Maucourt : « Traî-
tre, me voullés-vous traïr? » Alors le fist prendre par
ses gens, et s'il eust eu bourrel , il luy eust fait coper
la teste , par le grant couroux qu'il avoit à luy. Tan-
tost Lyonnel de Bournovilie fist tout ouvrir, et mes-
sire Jehan entra dedens, et eut l'obéissance du chastel
de Coussy. Et depuis fut le seigneur de Maucourt dé-
livré.
Item , messire Jehan de Luxembourg avoit espousé
Jehenne de Bétune', fille au viconte de Miaulx , qui
enparavant avoit espousé le conte de Marie, et en avoit
une fille ' qui estoit contesse de Marie * : et par ce avoit
' Jeanne deBétbune, vicomtesse de Meaux, veuve de Robert de
Bar, seigneur d'Oisy, comte de Marie, tué à la bataille d'Azincourt.
Elle se remaria , trois ans après , à Jean de Luxembourg , et mourut
vers la fia de 1439.
" Jeanne de Bar, comtesse de Marie, épousa, le 16 juillet i455,
Louis de Luxembourg, comte de Saint -Pol, etc., connétable de
France.
^ De Marie , et une de messire Jean de Luxembourg , qui pour ce
avoit..., (Ti). — Monstrelet parle du mariage de Jeanne de Béthune
avec Jean de Luxembourg, lequel « dedans ung an ensuivant eut de
la dite dame ung filz, lequel mourut jeune » (IV, i5o).
[14-20] DE PIERRE DE FENIN. ,29
messire Jehan de Luxembourg, le gouvernement de
pluseurs hautes seignouries, bonnes villes et fortrasses
donc il fist long-temps bonne garde.
Item , quant le duc de Bourgoiiigne fut venu à Troies
en Champengne, comme dit est cy-devant, et les em-
bassadeurs du roj Henry avecquez luy, il alla devers
le roy Charles, son biau-père, et devers la Royne; et
fist tant qu'ilz furent contens que le roy Henry eust
Katherine, leur fille, à mariage. Et fut la chose traitié,
et du tout acordée par le roy Charles et son conseil.
Et puis les embassadeurs s'en râlèrent vers le roy Hen-
ry pour le quérir, affin qu'il venist espouser à Troies.
Et demoura vers dame Katherine ung des chevalliers du
roy Henry, nommé messire Loys de Robessart ' .
Item, Phelipe, duc de Bourgoingne, fut une partie
du karesme à Troies , et depuis tant que le roy Henry
y fut. En tant que le duc Phelipez estoit à Troies , il
envoia '' messire Jehan de Luxembourg courre devant
une fortresse à six lieues de Troies, nommée Aliban-
dières , et faisoit assés paine au païs de Champengne.
Et quant messire Jehan y vint, il assist son enbûche
à ung quart de lieue près , et puis envoïa Hector de
Saveuses et Ferry deMailly, atout quatre-vingts com-
batans, courre devant le chastel de Libandières. Là y
eult grant escarmuche; car ceulx du chastel saillirent
' Louis Robsart, natif de Hainaut , naturalisé anglois en \^i6,
membre du Parlement sous le titre de lord Bourcbier, mort en i45o
(W.DuGDALE, III, 202). Il étoit clievalier de l'Ordre de la Jarretière.
(A.Favyn, II, 1046.)
' « Dix jours avant Pasques » (Monstrelet, IV, 227), c'est-à-dire
Je iS mars i4i9, l'année i^'zo commençant au 7 avril.
i3o MÉMOIRES [1420]
Jiors, et tantost après messire Jehan de Luxembourg
\int pour aviser la place. Et quant II vit les doffinois
dehors , liiy qui avoit le ceur vaillant , frapa de l'es-
pron pour remaistre les dauffinois dedens , et les cacha
dessj auprès de la barrière ; mais son cheval commen-
cha à desroier et saillir, et tant qu'il falut que messire
Jehan de Luxembourg chaïst dessoubz son cheval. Là
y eut grant huée faite par les doffinois; car ilz ge-
toient et tiroient fort sur messire Jehan, et s'il n'eust
eu brief secours, il eust esté prins. Mais ses gens le
relevèrent tantost, et \uj remidrent sa lance en la
main, qu'il avoit perdue au chaïr. Et lors messire
Jehan marcha avant vaillauraent , et à peu de gens re-
mist les doffinois dedens ; et geta sa lance dedens les
fossez du boulevert après eux, et tant qu'ilz fremè-
rent tout. Et messire Jehan manda ses gens qui estoient
en embusque, et, par la grant ire qu'il avoit, fist as-
salir le boullevert sans avoir nul abillement d'assaut ,
et fîst tant que le dit boullevert fut prins d'assaut , et
y fist messire Jehan de Luxembourg bouter le feu, et
fut le boullevert tout espris que on n'y povoit plus
durer. Moût se porta messire Jehan de Luxembourg,
ceste journée, vaillaument de sa personne : et quant
ceulx du chastel le virent si vaillant, ilz voulurent sça-
voir son nom , et envoièrent le requerre de faire ar-
mes contre luy. Et il manda qu'il en estoit content ;
et puis, quant ilz sc^urent son nom, ilz n'en voulurent
riens faire. Après messire Jehan de Luxembourg s'en
alla à Troies devers le duc Phelipc, et ses gens aux
villages autour de Troies.
[1420] DE PIERRE DE FENIN. i3i
Item, environ quinze jours après, le duc Phelipe
renvoia messire Jehan de Luxembourg et le seigneur
de Croy, le seignem^ de Lilladam, maréchal de France,
Hector de Saveuses et pluseurs autres seigneurs, pour
maistre siège devant Alibandières. Et y alèrent atout
bien douze cens combatans de bonne estoffe , et me-
nèrent grans engins pour abatre la muraille. Et quant
ce vint à prendre le siège , messire Jehan de Luxem-
bourg, qui autrefois avoit prins le boulevert, comme
avez ouy, alla pour le faire assaillir; car les doffinois
Tavoient refait plus fort que devant. Et y eut grant
assaut; car les doflinois le deffendirent grandement.
Là estoit messire Jehan de Luxembourg , qui fort as-
sailloit avecques les autres, et Hector de Saveuses com-
batoit sur une eschielle vaillaument; et dura l'assaut
bien deux heures. Moût y eut des gens messire Jehan
de Luxembourg navi-és à cest assaut ; et luy de sa per-
sonne fut navré au visaige, donc il perdy ung oeul.
Quant messire Jehan de Luxembourg fut navré , on le
remena à son papillon , et puis l'assaut commencha à
luy retraire. Là fut Henry du Caufour' navré, donc 11
mourut, ung gentil-homme de Bourgoingne, et fut à
combatre sur une esquielle , et moût d'aultres en y eut
de navrés à mort.
Item , on emmena messire Jehan de Luxembourg en
ung chastel pour le gairir, et de là à Troies. Puis le
conte de Conversent'', frère à messire Jehan de Luxem-
' Henry de Chaufour, écayer d'écurie du Roi et de Jean , duc de
Bourgogne. (La Barre , II , i48.)
' Pierre de Luxembourg , comte de Saint-Pol , de Conversan et de
Brienne, seigneur d'Enghien. Mort de la peste, le 3i août i435.
i32 MÉMOIRES [1420]
bourg, vint à Allbandières et entretint le siège tant
qu'il dura et que le chastel fut rendu. Devant Aliban-
dières eut le seigneur de Biauvoir ' ung oeul crevé.
Item, le conte de Conversen fit assair de grans en-
gins devant Alibandières, et moût fut fort abatu en
peu d'espasse ; et tant que , après ung parlement qui
avoit esté entre les doffinois et les Bourguignons, il y
eut ung grant assault tout autour du chastel , et entra
bien quatre-vingts hommes dedens '' ; mais enfin ilz fu-
rent cachiés dehors par force , et dura bien l'assaut six
heures ; et le falut laissier pour la nuit qui vint. Là y
eut moût de gens navrez d'un costé et d'autre , et au
quatriesmejour ceux du chastel se rendirent sauve leurs
corps, et y eut aucuns gentilz-hommes qui eurent
leurs chevaulx : et puis ilz s'en allèrent à Moinnes ^
par sauf-conduit , et la fortresse fut arse et toute déso-
lée. Et puis les gens au duc Phelipes s'en rallèrent à
Troies en Champengne, et se logèrent autour de la
ville et dedens; et les y remena le conte de Con-
versen.
Item, assez tost après, le duc Phelipe envoia le sei-
gneur de Lilladam , marissal de France, le seigneur de
Croy, messire Maurroy de Saint-Légier, atout bien
' Jean de Beauvoir étoit au nombre des chevaliers bannerets qui
servirent dans l'armée du duc de Bourgogne, en i4o5 (D. Plancher ,
III, Notes, 578). Il fut fait chevalier en 142a ( Monstrelet, IY, 369),
et assistoit , en 1 453 , au banquet donné à Lille par le duc de Bour-
gogne. (Mathieu d'Escouchy, 675.)
^ Dedans les trins. (Ti.)
' Monstrelet écrit tantôt Mojmers ( IV, 233 ) ou Moyennes (V,
160), tantôt Moynicrs, située dans le comté de Yertus (II, 3oo). La
Barre (II, 148) dit Moynmers.
[1420] DE PIERRE DE FENIN. i33
[mille] combatans au pays vers Coiissy ', et vers la conté
de Touraine". Et quant ilz vlndrent à six lieues près
de Coussj, ilz firent faire des eschielles de fçuerre et
puix s'en allèrent de tire, par nuit, pour assaillir la ville
de Coussy, et vindrent devant la ville environ à soleil
levant. Et quant le seigneur de Lilladam vint devant
Coussy, il fîst des chevalliers j et y fut le seigneur de
Croy fait chevalier, messire Baudet de Noielle^ etmes-
sire Lyonnel de Bournoville; et puis on assailly la
ville, et n'y avoit dedens que les bons hommes'^ et
deux ou trois gentilz-hommes, par quoy le commun
fut bien esbahy; mais nonobstant ilz se rassemblèrent
et puis se defFendirent bien. Et aussy les eschielles fu-
rent trop courtes , et par ce , on se retrait pour le pré-
sent, et on se loga autour de la ville; et puix on fist
faire des eschielles plus longues et des martiaux de fer
pour les rassaillir, et au troisiesme jour on y refist uug
grant assaut, et ancore se defFendirent mieux qu'ilz
■ Sans doute Toucj, comme le porte le manuscrit de Tieulaiue.
Monstrelet (IV, 234-35) dit que le duc de Bourgogne envoya plu-
sieurs capitaines au pays d' Auxeirois, et qu'ils « chevauchèrent par
plusieurs journées jusques à une petite ville nommée Toussy. »
' Le manuscrit de ïieulaine porte Tonnerre. Cette leçon nous
semhle préférable à celle de Fenin, le comté de Tonnerre faisant,
ainsi que la ville de Toucy, partie de i'Auxerrois.
' Baudot delS'oyelles, seigneur deCastau, conseiller et chambellan
du duc Philippe de Bourgogne, fut gouverneur des villes de Pé-
ronne, Mondidier et Roye. llvivoit encore en i455. (Haudicquer, 5g4.)
* " On appeloit alors assez comnuménient en France les paysans
houi hommes, comme on peut le voii- dans plusieurs passages de
Froissart. » (Dacikr, cité par M. Buchon dans son édition de Fkois-
SAur , 111, 'i()4-)
i34 MÉMOIRES [1420]
n'avoient fait au premier; et tant qu'ilz tuèrent ung
gentil-homme, nommé Ogier de Saint-Vandrille', cail-
lant homme de guerre , et demoura dedens les fossez %
et a\ec en navrèrent assez d'autres : et s'y fut tué ung
capitaine de brigans , nommé Tabari , qui avoit autres-
fois mené guerre aux Englez, et moût en avoit des-
truit. Quant les gens au duc Phelipez virent que les
bons hommes se defFendoient si bien , et qu'ilz aper-
cheurent qu'ilz ne les pourroient avoir d'assault, ilz se
retrairent en leur logis; et tantost après vint nouvelles
au seigneur de Lilladam que ses anemis le venoient
comLatre. Et lors le seigneur de Lilladam monta à che-
val atous les Piquars avecquez luy, et alla au devant
pour les trouver sur les champs : et les doffinès , qui
avoient leurs espies, en ouïrent les nouvelles , et pour
ce qu'ilz n'estoient mie puissans d'atendre les Picars,
ilz se retrairent à une forte église, nommée Escans-
Saint-Germain^, à deux lieues près de Aussoire : et là
les alla le seigneur de Lilladam assaigier, et les Picars
avecquez luy, et j tint le siège dix-huit jours ^. Et tant
' Oger de Saint-Vaudrille. (Monstrelet, IV, 236.)
* Fosses, qu'il ne fut point es Bourguignons de le rapporter. (Ti.)
^ Secousse , dans l'une des annotations sur l'ordonnance de dé-
cembre i3go, qui confirme des lettres d'affranchissement données par
le chapitre de l'abbaye Saint-Gei-main d'Auxerre aux liabitants d'É-
can, dit qu'iF.ycam est le véritable nom de cette ville , située à deux
lieues et demie d'Auxerre, vers le couchant d'hiver ; et que, dans les
anciens titres , elle est appelée en latin Scanciuni ou Scamnum, et
dans le françois, Escam (VIT, 390).
" Dans un compte rendu en 1420 par Guy Guillebaud, il est dit
que le duc de Bourgogne étant à Troyes envoya , le i4 mai 1420, « trè&
hastivcment et toutte nuit, porter lettres de sa part à M. de l'Isle-
[1420] DE PIERRE DE FENIN. i35
fist le seigneui' de Lillntlam et les Piquars, que ceulx qui
estoient dedens Saint-Germain se rendirent en la vou-
lenté du seigneur de Lilladam , par ce qu'ilz s'en
yroient' par paiant finance; et puis après l'église fut
abatue, c'est assavoir la fortificacion. Et de là le sei-
gneur de Lilladam et les Picars se retralrent à Troies
devers le duc Phelipes, et là trouvèrent le l'oj Heniy
d'Engleterre et toute sa puissance autour du pays, qui
estoit venu pour luy marier.
Vérité est que Tan mil quatre cens et vingt, envi-
ron la Penthecouste% le roj Henry arriva à Troies en
Champengne atout bien douze mil combatans de
bonne estotfe, et estoit leducdeClarence% son frère,
avec luy, et moût d'autres grans seigneurs d'Engle-
teiTe : et si estoit le Rouge duc'^ en sa compaignie,
Adam, maréchal de France, et aux autres capitaines tenans le siège
devant Estau ou Escan-Saint-Germain , au pays d'Auxerrois, afin qu'ils
entretiennent le dit siège, sans en partir, pour cause de la convention
qui lors briefvement se devoit faire entre le Roy et Henri , roy d'An-
gleterre. » ( La Barre, II , 208 , note y. )
' Sans payer yiA/a//ce (Ti.)
' En 1420 , le jour de la Pentecôte tomba le 26 mai. On trouve dans
les actes de Rymer ( IV, 3« partie, p. 175) une lettre du roi d'Angle-
terre au duc de Glocester, en date du 22 mai 1420, par laquelle le
Roi informe son frère que le lundi, vingtième jour dudit mois,
il est arrivé dans la ville de Troyes; que le lendemain il a eu une en-
trevue avec sa mère, la reine de France, et son frère, le duc de Bour-
gogne , comme l'eprésentant le roi de France ; que le ti'aité de paix
perpétuelle fut signé dans cette conférence , le mariage entre lui et
Catherine conclu, et qu'ils furent fiancés.
' TAomrt.y, duc de Clarence. ( Ti.) — Thomas, duc de Clarence,
comte d'Albemarle, second fils du roi Henri lY, mort en 1420, à la
bataille de Baugé. (W. Dugdale , III, 196-97.)
^ Louis llf, dit le Barl)u , comte palatin du Rhin; marié, en 1402,
i36 MÉMOIRES [1420]
qui esloit d' Allemengne , qui avoit espousé la seur du
loj Henrj. Et quant le roy Henry fut arrivé à Troies,
comme dit vous aj, là estoit pouiparlé de luy et de
Katherine, fille au roy Charles, pai avant, comme cy-
devant est dit. Lors le roy Henry la fiancha au grant
moustier de Troies, où il y avoit moût grant peuple ,
et y estoit la royne de France. Dedens les dix jours
après, ce mariage se parfist ', et espousa le roy Henry
Katherine, fille au roy Charles et seur au Dauffin , qui
à Blanche, fille de Henri IV, roi d'Angleterre, mourut le 29 décem-
bre i436. Le surnom de Rouge duc, que tous les chroniqueurs de cette
époque s'accordent à lui donner, vint peut-être de la couleur de sa
barbe ou de ses cheveux.
' Une lettre de Johan Ofort, datée du siège de Sens^ le 6 juin 14^0,
nous apprend que le mariage du roi d'Angleten'e et de Catherine à
été célébré le dimanche de la Trinité (2 juin) , vers midi , dans l'église
cathédrale de Troyes ; que le mardi suivant le roi Henri s'est trans-
porté devant la ville de Sens, à seize lieues de Troyes, accompagné
de la Reine sa femme , et des trois Etats françois ; et que le mercredi
suivant , le siège a été mis devant la dite ville de Sens. « Cette ville ,
ajoute Johan Ofort, est dignement assiégée; car il y a deux rois, deux
reines, quatre ducs, avec monseigneur de Bedfort quand il viendra,
lequel doit se mettre en route de Paris, le 12 du mois de juin. Et à ce
siège assistent un grand nombre de dames et de gentils-hommes , tant
anglois que françois, dont plusieurs ont fait leurs premières armes il
y a long-temps, mais qui se trouvent à un siège pour la première fois. »
il dit , plus loin , que , « le lundi de la Pentecôte , la paix finale a été
]»roclamée dans Paris, et, dans la matinée du mardi suivant,
luie messe solennelle célébrée à Notre-Dame, suivie d'une procession
de tous les grands et notables de Paris. Maintenant, ajoute-t-il, les
Anglois vont à Paris sans sauf-conduit. Dans toutes les villes qui se
sont détachées du parti d'Armagnac, il y a grandes réjouissances,
danses et divertissements de toute espèce chaque jour de fête, etc. »
(Rymer, IV, 3" partie, page 177). Monstrelet (IV, 209) et Saint-Remy
(Vlil, i56) se trompent donc en donnant pour date du mariage le
[1420] DE PIERRE DE FENIN. 187
estoit moût belle dame , humble et de noble atour. Là
y eut moût de giaiis noblesses faites aux noeches du
roy Henry, et de haute seignourie; et moût tlst haute
feste à son mariage. Et aussy y eut de grans acoin-
tances entre le roy Henry et le due Phelipes de Bour-
goingne, et avecques ce fut du tout la paix confermé '
entre le roy Charles de France et le roy Henry d'En-
gleterre , et pareillement entre le duc Phelipes de
Bourgoingne. Et, comme devant est devisé, par les
promesses qui furent là faites, le roy Henry d'Engle-
terre devoit pocesser du royaume de France et estre
droit héritier, luy et ses hoirs, après la mort du roy
Charles de France, sans que jamais nul venant du costé
du roy Charles y peust venir, s'il ne yssoit du roy
Henry el de Katherine, fdle au roy Charles. Et sem-
bloit ce point estre moût estrange à aucuns du royaume
de France, mais ilz ne le povoient avoir autre pour le
présent.
Item, environ douze jours après que le roy Henry
eut espousé Katherine', fdle au roy Charles, et que
lendemain du jour de la Trinitc ['3 \mn) : ce dernier ajoute encore à
son erreur en disant que le lendemain de la Trinité étoit le 3o tiiai.
' Les conditions de celte paix sont renfermées dans le traité de
Troyes, en date du 21 mai 1420 (Vilevault, XI, 86). On trouve dans
Rymer deux actes concernant ce traité. L'un, du vendredi 6 décembre
1 420 , est l'approbation donnée à cette paix par les trois États de
France (IV, 3' partie , pages 192 et ig3); l'autre, du 2 mai 1421, est
l'approbation des trois États d'Angleterre. (Idem , IV, 4' partie, p. 25.)
' Fenin se trompe. On a déjà vu, par la lettre citée dans une note
précédente , que , le surlendemain du mariage, le roi Henri quitta
Troyes : c'étoit le 5 juin. Juvcnal des Ursins (378) commet aussi une
erreur, en disant *que le Koi partit le 5 pour se rendre à Sens.
i38 MÉMOIRES [1420]
les festes furent passées , le roy Henry se mit à voye
pour aller vers Sen en Bourgoingne , et mena avecquez
hiy le roy Charles de France et le duc Phelipez de
Bourgoingne. Et aussi menoit la Roy ne sa femme, et
s'en alla desy à Sens en Bourgoingne ; et là , mist le
siège tout autour, et leur fîst signiflier qu'ilz rendis-
sent la ville au roy Charles ; mais ilz n'en vourent
riens faire. Et estoit dedens, de par leDoffin, le sei-
gneur de Bontouviller atout environ trois cens com-
batans. Là fut le roy Charles et le roy Henry, et le duc
Phelipez sept jours avant qu'ilz vousissent parlamen-
ter. Et quant iîz virent qu'il y avoit si grant puissance
et qu'ilz n'airoient point de secours, ilz voulurent
trouver leur appointement, et le roy Henry envoia
Cornouaille parler à eux. Et quant Cornouaille, qui
bien apercheut qu'ilz estoient en dangier, fut venu
assez près de la porte pour parler à eulx , y vint vers
luy ung gentil-homme qui avoit grant barbe : et quant
Cornouaille le vit , il luy dist qu'il ne parleroit point à
luy se il n'avoit sa barbe faite, et que ce n'estoit point
la gise des Englez. Et tantost icelluy alla faire faire sa
barbe, et puis revint vers le seigneur de Cornouaille;
et là parlèrent tant que le traitié fut fait par condicion
que ceulx de la ville s'en yroient sauf leurs corps et leurs
biens ' : c'est assavoir les gens d'armes et ceulx de la
ville demourroient en l'obéissance du roy Charles , et
ainsy en fut fait. Et le roy Charles eut l'obéissance de
' Sens se rendit le 1 1 juin i4.io. (Juvknal des Ursins, 078 ; Journal
d'un bnurçjeoi.s de Paris, 63.)
[1420] DE PIERRE DE FENIN. 189
la ville de Sens , et entra dedens le roy Henry avecques
luy et le duc Phelipes. Là séjournèrent huit jours.
En tant que les deux Rois estoient logiés dedens la
ville de Sens, il y eut ung grant débat des Englez et
des gens au duc Phelipez, et furent les gens au duc
Phelipes racachiés dessy à son hostel. Et par pluseurs
foix les Englez prindrent débat aux gens du duc Phe-
lipez pour ce que les Englez estoient les plus fors; et
moût endesplaisoitaux Picars. Mais enfin le roy Henry
fist defFendre à ses gens qu'ilz n'en faissent plus. Après
ce que le roy Charles, le roy Henry et le duc de Bour-
goingne eurent séjourné six ' jours à Sens en Bour-
goingne, ilz se deslogèrent et s'en allèrent vers Mons-
triau-fault- Yonne , et là mirent le siège tout autour. A
Sens en Bourgoingne mourut maistreEustassede Latre,
qui estoit chancellier de France.
Item, est vray que quant le Doffin et son conseil
sentirent les aliances qui estoient faites entre le roy
Henry et le duc Phelipes , et avec ce qu'ilz avoient le
roy Charles vers eulx, ilz furent aussy que tous esba-
his, et bien aperçheurent qu'ilz ne pourroientfors que
garder leurs places. Et pour ce mirent grant paine à
les garnir, par espécial celles qui estoient tenables, et
moût fort les pourvoient de gens de fachon.
Item , quant le roy Charles, le roy Henry et le duc
Phelipes eurent mis le siège autour de Monstriau ,
comme dit est, ilz y furent bien quinze jours; et es-
toient logiés droit sur les fossez de la ville. Avinst , par
' Il a été dit plus haut que les princes séjournèrent Ah// jours à
Sens. Le manuscrit de Tieulaine contient la même inadvertance.
i4o MÉMOIRES [1420]
le jour saint Jehan-Baptiste ', que Englez et Bourguin-
gnons commenchèrent à assaillir la ville de IMonstriau;
et tant firent qu'elle fut prinse d'assault , et y eut prins
unze gentilz-hommes, et si en y eut de mors environ
autant, sans ceux qui se noièrent h eux retraire dedens
le chastel. Quant la ville de Monstriau fut prinse, ainsi
que dit vous ay, les gens au duc Phelipes s'en allèrent
tout droit à la tombe où le duc Jehan de Bourgoingne
estoit enterré, au chimetière delà ville, et là alumè-
rent des sierges autour, et si raidrent ungdrap d'église
sur la tombe , et puis on manda des prestres pour dire
vigiles d'emprès. Quant tout fut rapaisié, et que les dof-
finois furent tous retrais dedens le chastel, les Englès
se logèrent devant leur pont et par toute la ville. Et
lors on desterra le duc Jehan de Bourgoingne, lequel
estoit enterré atout son parpoint et ses housiaulx, et
moût estoit peu dommagié de pourreture, et sy avoit
bien de six à sept mois " qu'il y estoit mis, donc moût
de gens furent moût merveilliés; car, pour vray, il es-
toit ancore tout entier. Là y eut grant deul fait des
gens au duc Jehan , quand ilz virent leur seigneur; et
fut leur deul tout renouvelle. Tantost après, il fut mis
en ung serceul de pion, et depuis fut porté à Dignon^
en Bourgoingne, et fut là enterré; maiz on luy fist
ung service dedens l'église de Monstriau, où le duc
Phelipe, son filz, fut moût notable de ce que on povoit
' Le 24juia 1420.
' Le duc avoit été assassiné le 18 septembre i4i9- ^^ J «*voit donc ,
en juin 1420, neuf mois qu'il étoit inhumé.
^ Dijon.
[1420] DE PIERRE DE FENIN. i4[
avoir' ; et inout fut le deul au duc Phelipez renouvelé
quand il vit le vlaire au duc Jehan son père.
Item, après toutes ses besoingnes, le roy Henry fist
sommer le seigneur de Giterl % qui cstoit capitaine du
chastel [de JMontereau, qu'il rendisl le cliasteau], ou
il feroit mourir ses gens qui avoient esté prins dedens
la ville , et mesmez y envoia le roy Henry les unze
gentilz-hommes que ses gens avoient prins, parler au
seigneur de Giteri sur le bort des fosseiz du chastel;
mais ilz estoient bien tenus. Et là piteusement firent
requeste au seigneur de Giteri, leur capitaine , qu'ilz
vousissent rendre le chastel pour eulx sauver les vies,
et que bien ilz l'avoient servy : et aussy qu'ilz voient
bien qu'il ne povoit longuement durer contre tel puis-
sance; mais, pour requeste qu'ilz faissent, le seigneur
de Giteri ne veut riens faire. Et quant les prisonniers
oyrent la response, ilz furent bien esbahis, et virent
bien qu'ilz estoient mors. Adonc requidrent aucuns de
voier leurs femmes et leurs amis qui Va estoient, et on
leur alla quérir. Là y eut de piteux regrez au prendre
congié; et puis on les remena. Et landemain le roy
Henry fist dréchierung gibet devant le chastel, et là les
fist pendre tous, l'un après l'autre. Et pour ce fut le
seigneur de Giteri moût blasmé; car il lessa pendre ses
gens , et si rendi la fortresse au bout de six ^ jours après,
et s'en alla sauf son corps et ses biens.
Item, on vouloit occuper'^ le seigneur de Giteri „
' Voir. (Ti.)
' Guitry.
' Quinze. (Ti.)
■* Godefrov dit accuser.
i42 MÉMOIRES [1420]
disant qu'il avoit esté consentant de la mort au duc Je-
han de Bourgoingne, et de ce le voullolt combatre ung
gentilhomme nommé Guillaume de Bière ' ; mais enfin
riens n'en fut. Et s'en alla le seigneur de Giteri, luy et
ses gens, et rendi le chastel de Monsteriau au roj
Henrj, lequel y laissa de ses gens en garnison. Item,
devant Monstriau fut tué messire Butor de Croy, frère
bastard au seigneur de Croy, qui estoit vaillant cheval-
lier, et fut féru d'un vireton parmy le col. Et aussi le roy
Henry fist pendre son varlet de pié, pour ce qu'il avoit
tué ung de ses chevaliers par aucun débat meu entre
eulx , et fut ledit varlet pendu avecquez les dofiînois.
Après ce que le roy Henry eut l'obéissance de Mons-
triau et qu'il l'eut garny de ses gens , il chevaucha vers
Melin , et se loga à deulx lieues près de la ville. Et le
duc Phelipese loga à une fortresse nommée Blandi, à
une lieue de Melin , et landeraain le roy Henry et le
duc Phelipe allèrent, à grantcompaignie, aviser la ville
' Gentilhomme de l'hôtel du duc de Bourgogne (Moxstrelet, IV,
259). Le combat dont parle Fenin fut autorisé par le roi d'Angle-
terre , ainsi qu'il est dit dans une lettre de ce prince , datée de son
armée près de Melun, le i5 juillet 1420. 11 y expose aux capitaines
de son royaume , qu'une querelle est survenue entre Guillaume de
Bière, homme d'armes, capitaine deMontuurer, et Guillaume Chau-
mont, chevalier, seigneur de Guittr}, à l'occasion du meurtre du duc
de Bourgogne , parce que le dit de Bière accusoit Guitlry d'avoir été
complice de ce meurtre-, qu'en conséquence, entre le dit de Bière,
appelant, et Guittry, défendeur, il y aura un combat singulier. Le roi
d'Angleterre donne un sauf-conduit à Guittry et à sa suite pour venir
le trouver au lieu où il sera , se battre et s'en retourner sans être in-
quiété s'il sort vainqueur du combat ( Rymer, IV, 5' partie , page i83).
Cette lettre peut servir à prouver que La Barre (1, 240) s'est trompé,
en prétendant qu'il n'existoit aucun titre de ce défi.
[1420] DE PIERRE DE FENIN, 143
de Melin, et comme ilz asserroient leur siège. Et quant
ilz l'eurent bien avisé, au deuxiesme jour après, ilz se
déslogèrent ; et alla le duc Phelipe et le conte de Hon-
titon logier devant la ville de Melin, au costé vers
Maulx en Brie. Et le roy Henry s'en alla passer à Cor-
beul, et de là alla prendre le siège à l'autre costé de
Melin '. Par ainsy fut le siège mis tout autour de Me-
lin.
Le premier jour que le duc Phelipes assist son siège,
les dofîinois saillirent sur son logis et guengnairent
l'estendart d'un capitaine nommé Jehan de Gigni, et
l'emportèrent dedens la ville ; mais ilz furent assés tost
reboutés dedens. Item, dedens les huict jours que le
duc Phelipez eut mis son siège devant la ville de Me-
lin , ses gens assaillirent ung bouUevert qui estoit à son
costé, et tant firent qu'ilz le prindrent d'assaut; mais
il y eut moût de ses gens bléchiés et mors à le garder,
tant que le siège dura. Il y fut mort ung vaillant homme
d'armes , nommé Eurar de Biane ^ ; et aussy y eut ung
capitaine mort des Englez , nommé messire Phelipes
Liz, donc le duc Phelipez fut moût yré; car il l'amoit
moût pour la prudence qui estoit en luy.
Item, le roy Henry fist clorre son host, tout autour,
de bons fossez, et n'y avoit que quatre entrées, où il y
avoit bonnes barrières que on gardoit par nuit; par
quoy on ne povoit sourprendre l'ost au roy Henry.
Moût tint le roy Henry puissant siège devant Melun,
■ Vers le Gàtinois, dit Moustrelet. (IV, 265.)
' « Evrard de Vienne, un notable gentil-homme du pays de Bour-
gogne. » ( MONSTRELET, IV, 265.)
ï44 MÉMOIRES [1420]
et y fut le roy Charles grant espasse sur le derrain ;
par quoy il y avolt moult grant puissance , car la puis-
sance du roy Henry y estoit avec celle du roy Charles
et du duc Phellpes de Bourgoingne; et dura le siège
dix-huit sepmaines entières. Avec le roy Henry estoit
la Royne sa femme, et estoit la Royne sa femme logié
dedens ses tentes. Moût y avoit devant Melun de grans
engins, par cpoy la ville fut fort abatue; et si avoit le
roy Henry fait faire une raisne dessoubz les fossez de
Melun, qui passoit dessy aux murs de la ville. Mais
ceux de la ville l'apercheurent , et contreminèrent
à rencontre, et tant qu'elle fut perchié et y eut grant
assaut dedens par plusieurs foix; et y combati le roy
Henry et le duc Phelipe de Bourgoingne ' eulx deux
ensemble contre deux doffinois. Moût y fist-on de
chevaliers à combatre dedens la misne : et y fut fait
chevalier messire Jehan de Hornes % le seigneur de
' Ce fait est omis par Juvénal des TIrsins, qui pourtant raconte fort
en détail comment se fit l'ouverture de la mine, et les combats qui s'y
livrèrent entre les Anglois et les François (58i).
' Jean de Hornes, seigneur de Baussignies, chevalier, conseiller et
chambellan de Philippe, duc de Bourgogne (La Barre, II, ig8, 209}.
Lorsque, en i456 , ce prince eut résolu d'assiéger la ville de Calais,
Jean de Hornes, sénéchal de Brabant, fut chargé de conduire contre
cette ville un navire destiné à défendre l'entrée du port. Quelque re-
tard apporté dans l'exécution de cet ordre fit croire aux Flamands qu'ils
étoient trahis, et malgré les instances du duc de Bourgogne, ils retour-
nèrent en leur pays. Peu de temps après « messire Jean de Hornes....
fut rencontré par aucuns Flamans sur les dunes de la mer, ainsi qu'il
alloit à ses affaires, à petite compagnie; lesquels le mirent à mort,
dont le duc de Bourgogne eut au cœur très grand déplaisir » ( Monstre-
I.ET, VI, 020). Il fut tué devant Ostende, suivant Mcyer, et inhumé
[1420] DE PIERRE DE FENTN. i45
Mamraes ' et pluseurs autres, donc je ne sçoy point les
noms.
Item y y a\ oit dedens la ville de Melun de moût vail-
lans gens: et estoit leur principal capitaine le seigneur
de Barbazam, qui estoit vaillant chevalier et grande-
ment s'i gouverna , et avec luy messire Jehan de Bour-
bon % ausquelz le Doflin et son conseil avoient juré et
promis de les secourre se ilz en avoient maistier. Et
pour ce se tindrent tant que vivi'es leur durèrent, et
mengèi^ent leurs chevaulx, par force de famine, et
leurs chiens.
Item, quant le siège de Melun eut esté dix-huict
sepmaines, comme dit est, vivres faillirent en la ville.
Et par ce falut que Barbasan rendist au roy Henry la
ville % et se rendi en la voulenté du roy Henry, luy et
à Bruges (286 recto). C'est à tort que Jean Chartier (97) le fait mourir
eu 1 458.
' Le manuscrit de Tieulaine porte aussi Mammes , Monstrelet dit
Mamines (IV, 266). Dans un rôle des gens d'armes qui suivirent le duc
Jean en 1 4o5 , on trouve au nombre des chevaliers bacheliers Jean ,
seigneur de Mammez (D. Plancher, III, Notes, SjS). La Barre fait
mention d'un Robert de Manisme ou Mamines, chevalier, conseiller
et chambellan de Philippe, duc de Bourgogne, chevalier de l'Ordre
de la Toison-d'Or, mort en i435 (II, 210).
' Le manuscrit de Tieulaine et 3Ionstrelet disent Pierre de Bour-
bon , et ce dernier ajoute (IV, 264) « seigneur de Préaux. » Pierre de
Bourbon , chevalier, seigneur de Préaux, aida Barbazan à défendre la
ville de Melun contre le roi d'Angleterre , en 1420 , et mourut le 1 1 oc-
tobre 1422. (Anselme, I, 567.)
^ Le siège de Melun, suivant Dugdale (II, 201 ), dura quatorze se-
maines et quatorze jours, depuis la fête de sainte Marie-Madeleine
(22 juillet 1420) jusqu'à la Toussaint (i" novembre). Ce renseigne-
ment est fort précis; toutefois il est en désaccord avec la date d'une or-
10
,46 MÉMOIRES [1420J
tous les autres. Item, Baibazan et tous ses compaigiions
furent menés prisonniers à Paris; et fut ledit Barbasan
mis dedens la Bastille Saint- Antoine, où il fut long-
temps prisonnier. Et luj vouloit-on balllier charge
(ju'il sçavoit de la traïson qui avoit esté faite du duc
Jehan*; mais enfin il en fut trouvé non culpable, et
pour ce fut tenus prisonnier sans estre mis à mort ; et
depuis fut mené par lesEnglès au Chastel-Gaillart.
Item, en tant que la ville de Melun fut en traitié,
il y eut ung gentil-homme qui estoit au roy Henry,
nommé Bertram de Camont% lequel fortrait ung pri-
sonnier^ hors de la ville, après la deffence faite de par
le roy Henry. Et, pour ceste cause, luy fist le roy
Henry coper la teste, nonobstant que le Roy l'amoit
donnance de Charles YI , donnée en son hosl devant Mcleun, le i8
jh/7Z^<.t42o ( ViLEVAULT, XI, g5), et avec un acte du dix-sept novembre
suivant, par lequel le roi d'Angleterre donne pouvoir à trois person-
nages y dénommés de s'entendre avec le capitaine et les bourgeois de
Melun au sujet de la reddition de cette place (Rymer, IV, 5' partie,
19a). Peut-être cependant, bien que l'armée de Charles VI fût cam-
pée devant la ville dès le 18 juillet, le siège ne fut-il assis que le 22.
' La Barre (I, 3o5 ) a extrait des archives de la chambre des comptes
de Dijon « les Articles sur lesquels pourra estre interrogué Barbasan ,
pour savoir la vérité de la mort et occision de feu monseigneur le duc
de Bourgongne. »
" Voici ce que Monstrelet nous apprend sur ce gentil-homme : « Y
eut ung gentil-homme de l'ostel du roy d'Angleterre, nommé Bertran
de Caumont, qui, en la bataille d'Azincourt, le propre jour, estant
François se rendit Anglois, pour tant que en Guienne il tenoit sa terre
dudit roy d'Angleterre, et pour sa vaillance estoit de lui moult amé »
(IV, 283).
' « Amenon De Lau, lequel, comme on disoit, avoit esté couipable
delà mort du duc Jehan de Bourgogne. » (Monstrelet, IV, 'iSS.)
[1420] DE PIERRE DE FENIN. i47
bien ; mais il vouloit que ses coramandemens fussent
tenus : et ne peult estre sauvé pour nulle priaire des
seigneurs. En ceste mesme sepmainc, le seigneur de
Lilladam estoit revenu de Sens en Bourgoingne, où il
avoit tenu garnison, et vint devant Melun devers le
duc Phelipes, et puis il alla devers le roy Henry pour
aucuns affaires qu'il avoit : et estoit alors maréchal de
France. Et quant il vint vers le roy Henry, il avoit
vestu une robe de blanc gris : et après ce que le Roy
l'eut salué et parlé à luy, il luy demanda : « Lilladam,
esse la robe de raarissal de France? » Et le seigneur de
Lilladam respondy : « Très cliier seigneur, je l'ay fait
faire pour venir aux batiaulx depuis Sens jusquesicy. »
Et en parlant il regardoit le roy Henry au visaige.
Adonc le roy Henry luy dist : « Comme osés- vous
a insy regarder ung prince au visaige? » Et le seigneur
de Lilladam dist : « Très redouté seigneur, c'est la gise
de France, et s'aucun homme n'ose regarder à ung qui
luy parle , on le tient pour malvais homme et traître ;
et, pour Dieu, ne vous veulliés courrouchier. » Et le
Roy dist : « Ce n'est pas nostre guise. » Et depuis
monstra bien le roy Henry qu'il n'aymoit point le sei-
gneur de Lilladam , car il le fist depuis prendre en la
ville de Paris, et mectre en prison à intencion que ja-
mais il n'en istroit, et non fist-il du vivant du roy
Henry : et encore l'eust fait morir, se n'eust esté par la
priaire du duc Phelipez de Bourgoingne, lequel luy
pria moût espécialement qu'il ne mourust point.
It^m , devant Melun eut aucuns contens entre mes-
sire Hue de Lannoy et ung huissier d'armes du duc
,48 MÉMOIRES [1420]
Phelipes, nommé Graut Jehan ' : et dist messire Hue
aucunes paroles audit Grant Jehan, donc 11 dist qu'il
se plaindroit au duc Pheiipe. Et une autre fois, pré-
sent messire Hue, le Grant Jehan se plainstau duc Phe-
iipe de l'injure que messire Hue hiy avoit dite; et mes-
sire Hue , qui estoit armé et avoit ses ganlelès mis en
ses mains, présent le duc Pheiipe, se avancha en di-
sant : (( Tu es ung très mahais garson , » et frapa le
Grant Jehan de son gantelet parmy le visage, où il es-
toit à genoux devant le duc Phellpes. De ce fut le duc
Phelipes très mal content, et en sceut malvais gré à
messire Hue de Lannoj, et aussy messire Hue en fut
fort blasmé de toutes gens. Mais enfin le duc Phelipes
luy pardonna par la priaire des seigneurs de son hostel,
qui luy en requidrent moult de fois, et dist que se tel
outraige estoit jamais fait présent sa personne, qu'il
courrouceroit ceux qui ce feroient.
Item, en tant que le siège se tint devant Melun,
Atis de Brimeu% qui estoit principal gouverneur au
duc Phelipes, mourut à Paris de maladie qui luy print
à Tost, donc le duc Pheiipe fut grandement courou-
chié ; car il estoit saige, courtois et amé de toutes gens.
Après toutes ces choses ainsi faites , et que Melun fut
mise en l'obéissance du roy Henry, comme dit vous ay,
* Jean-le-Graad , écuyer, huissier d'armes. (La Barre, II, 224. )
' Chevalier, conseiller et chambellan des ducs Jean et Philippe de
Bourgogne. Il fut fait prisonnier à la bataille d'Azincourt; mais le Roi,
dont il étoit également chambellan et conseiller, lui donna, en i4i8,
la somme de cinq cents livres pour payer sa rançon (La Barre, II ,
i3o). Atis de Brimeu mourut à Melun , et fut inhumé en l'église de
l'abbaye de Saint-Pierre , près ladite ville. ( Ijdem, ibid., 208.)
[H20] DE PIERRE DE FENIN. i4ç,
le roj Henry le fist j^arnir de gens ', de vivres et de ce
qu'il y falut, et puis s'en alla h Paris'; et y mena le
roj Charles de France avecquez luy, et le duc Plielipes
de Bourgoingne. Quant le roj Charles et le roy Henry
et le duc Phelipes furent Acnus à Paris, >1 y eut de
grans apointemens fais. Et renouvela le roy Henry tous
les sermens des seigneurs de France ; et avec fut appoin-
tié par parlement que jamais le Dofltin ne pocéderoit
du royaume de France; et le fist-on apeller à la lahîe
demabre"; mais il n'y avoit garde de venir. Lors fut
' Pierre de Yeroult fut nommé capitaiae de cette ville par les deux
Rois. (MoNSTRELET, lY, 282.)
* Il y arriva le i" décembre 1420. ( Juvénal des Ursi.ns , 584 "> Journal
d'un bourgeois de Paris, 72.)
^ Godefroy donne, sous le titre d.'u4rrest contre messire Charles de
Falois , dauphin de Viennois , un prétendu extrait des registres du
pailenient, duquel il résulte que « le troisiesme janvier (1420) fut ad-
journé à trois briefs jours, en cas de bannissement, à son de trompe,
sur la table de marbre, messire Charles de Valois, dauphin de Vien-
nois, duc de Touraine, et seul fils du Roy, à la requeste du procu-
reur général du Roy, pour raison de l'homicide fait à la personne de
Jean, duc de Bourgogne, etc. » (joB). Nous avons vainement cherché
cet arrêt dans les registres du Parlement. En faut-il conclure, avec le
président Hénault (I, 56g), que l'arrêt ne fut pas rendu? L'accord
des chroniqueurs contemporains qui le mentionnent permet-il de
décider négativement cette question difficile ? Peut-on enfin recon-
noître , comme l'a fait Voltaire {Histoire du Parlement de Paris , 58 ) ,
un document authentique dans la pièce publiée par Godefroy, qui,
d'ailleurs, n'indique point la source où il l'a puisée? Ce problème
historique a été résolu dans un sens contraire à l'existence de l'arrêt
dans un Me'moire de Boissv-d'Anglas sur quelques eve'netnens de la
fin du règne de Charles FI. (Mém. de l'Institut, Classe d'histoire
et de littérature ancienne , IV, 545.)
Le continuateur de dom Plancher, après avoir rappelé que le Dau-
phin " fut déclaré atteint et convaincu du crime qu'on avoit intérêt de
lui imputer, et enfin, par arrêt du parlement de Paris, condamné à
i5o MÉMOIRES [1420]
fait à Paris moût de iiouviaulx officiers, tous de par le
roy Henry, comme aiant le gouvernement du royaulme;
et adonc on commencha à déposer les gens du duc
Phelipe des offices de France. Et fut le seigneur de
Humbercourt, qui estoit baillif d'Amiens, déposé, et
le seigneur de Lilladam et pluseurs autres. Et fist le
roy Henry baillif d'Amiens ung advocat nommé mais-
tre Robert Le Jonne, lequel fut rade justicier tant que
le roy Henry vesqui , et moût fort soustenoit la que-
relle des Englez; car le roy Henry l'amoit grande-
ment, et aussi faisoient les autres seigneurs d'Engle-
terre qui reparoient en France.
Item , après ces apointemens fais à Paris , comme
dit est, le duc Phelipe s'en retourna en ses pays de
Flandres et d'Artois, vers la duchesse Michielle, sa
femme, et là se tint grantespasse. Et messire Jehan de
Luxembourg s'en alla à Biaurevoir, et fourni ses for-
tresses pour tenir frontière vers le conté de Guise-en-
Terasse ' .
Item, environ ung moys après, le roy Henry assist
garnison tout sur l'iau de Saine, et puiz mist de ses
être banni et exilé à jamais c!u loyauiiic , et déclaré incapable d'y suc-
céder, » ajoute que « le 17 janvier, le roi Charles donna la fameuse
déclaration, aussi déshonorante jiour le moins à ceux qui la sollicitèrent
qu'il ceux qui eurent la foiblesse de l'accorder. » hdL fameuse déclaration
à laquelle Salazard fait ici allusion, est, sans aucun doute, celle du
17 janvier i4i9i P^ï" laquelle le roi Charles VI déshérite son fils et
défend de lui prêter aucun secours contre le duc Philippe de Bour-
gogne. En plaçant cette déclaration après l'ajournement du Dauphin à
la table de marbre (3 janvier 1420), il commet un anachronisme
d'autant plus inexcusable, que dom Plancher, son prédécesseur,
l'avoit mentionnée à sa véritable date ( III, 558).
' Guise- en-Thiérache.
[1420] DE PIERRE DE FENl^i. ï5i
gens dedens la Bastille Saint- Antoine, et à Paris laissa
son oncle, le duc d'Excestre ', pour entretenir ceux de
Paris : et il envoia le duc de Clarense, son frère, atout
grant puissance, en la Basse-Normandie mener guerre.
Et puix se mist à chemin pour venir à Calais : et de
Paris vint à Amiens, et la Royne sa femme avecquez
luy '. Et fut fort festié en la ville d'Amiens par maistre
Robert Le Jonne, lequel il avoit fait baillif d'Amiens.
Et puis il se desloga d'Amiens et s'en alla au giste à
Doullent et de là à Saint-Pol , et puis tira droit chemin
à Calais; et de là passa en Engleterre, où il fut haute-
ment festoie , et la Royne sa femme avecquez luy.
Et pour lors estoit la royne Katherine enchainte,
etjeut assez tost après d'un filz qui eut nom Henry %
comme son père avoit. Item, quant le roy Henry
passa [à] Amiens et à Saint-Pol , le roy d'Escosse ^
estoit avecquez luy, et estoit prisonnier.
■ Thomas Beaufort, comte Dorset, puis duc d'Excester, Irère de
Henri IV, mort à Greenwich , le 27 décembre 14^6. (W. Dugdale, II,
125.)
" Ils quittèrent Paris le 27 décembre 1420 {Journal d'un bour-
geois de Paris , ^3) , et arrivèrent à Amiens « la vigile saint Vincent
(21 janvier). » ( MoiN-strelet, IV, 295). Juvénal des Ursins commet une
erreur en disant « qu'environ la Nativité de JNotrc-Dame (saus doute
celle qui sefètoit anciennement le i" janvier), l'an 1421, le roy d'Angle-
terre délibéra d'envoyer madame Catherine , sa femme , fille du Roy ,
en Angleterre, laquelle estoit grosse» (ôgo). Henri partit avec sa
femme, ainsi que le disent les autres chroniqueurs , et ce fut en 14*20,
comme la suite des événements le prouve.
' Henri VI, né le 6 décembre il^-i-i , marié, en novembre i444i '^
Marguerite d'Anjou, fille du roi de Sicile; mort en mai i^'ji-
* Jacques I", fils de Robert III. Il y avoit quinze ans qu'il étoit retenu
prisonnier en Angleterre. Henri V voyant les Écossois prêter leur
i52 MÉMOIRES [1420]
Quant le roy Henry fut rallé en Engleterre , ainsi
que vous aj dit, et qu'il eut mis au païs de France
ses gens qui menoient forte guerre aux dauffinois, il
y eut pluseurs seigneurs de France et d'ailleurs qui fu-
rent courchiés de Faliance que le duc Phelipe deBour-
goingne avoit prinse avecquez le roy Henry d'Engle-
terre; et moût en y eut, qui paravant avoient tenu
le parti au duc Phelipe et au duc Jehan , son père ,
contre le Doffin, qui se retournèrent contre luy. Et
fut messire Jaques de Harecourt l'un des principaulx
qui s'i tourna, et aussy atrait pluseurs seigneurs avec-
quez luy : et prindrent conclusion de mener guerre
contre le duc Phelipe , combien que paravant il avoit
esté de son conseil et bien son amy. Mais par ce que
le roy Henry tenoit les terres du conté d'iVncarville,
qui estoient à la femme messire Jaques , et qui ne les
luy vouloit rendre, il se tourna du parti au Doffin. Et
aussy il se fioit moût au chastel de Crotoy, donc il
estoit capitaine. Avec messire Jaques de Harecourt se
tourna le seigneur de Rambures ', messire Loys Burel %
appui au dauphin Charles , fit un accord avec le roi d'Ecosse , par le-
quel il s'engageoit à lui donner un congé limité pour aller dans son
royaume, à condition qu'il l'accompagneroit en France et qu'il or-
donneroit à ses troupes de s'en retourner dans leur pays. Ce traité, en
date du 5i mai 1421 , se trouve dans Rymer (IV, 4' partie, p. 5i).
' Adrien, sire de Rambures, de Dompierre, d'Escouy, etc., grand
maître des eaux et forests de Picardie, vivoit encore en i449- (La
MoKLiÈRE, 126.}
" Le manuscrit de Tieulaine porte Louis Boiirnel. Louis Bournel ,
chevalier, seigneur de Thiembronne et de Bouchain, étoit avec son
père. Hue Bournel, du voyage que le duc de Bourgogne fit en 1417
vei-s Paris, et vivoit encore en i444- H avoit trois frères, Charles,
[1420] DE PIERRE DE FENIN. i53
messire Lojs de Vaucourt, le Bon de Saveiises % les
enfaiis de Harselaines ' et mont d'autres gentilz-hom-
nies de Vimeu, de Pontieu et d'ailleurs; et faisoient
forte guerre aux Englès par mer et par terre, et aussi
faisoient-il aux gens du duc Phelipes de Bourgoingne.
Item, en ceste mesme année, qui fut l'an mil
quatre cens et vingt, le roy Henry d'Engleterre avoit
lalssié en France le duc de Clarense, son frère, qui es-
toit moût biau prince, et avec ce estoit renommé
d'estre vaillant. Et lors estoit en France lieutenant du
roj Henry son frère, pour la guerre, et avoit raout
noble compaignie d'Englès avec luj, et si estoit allé à
la Basse-Normandie % vers Dreux. Si avint que les dof-
finois sceurent la venue du duc de Clarence, et pour
se assemblèrent le plus qu'ilz peurent pour résister à
rencontre des Englès ; et le duc de Clarense sceut l'as-
semblée des doffinois pareillement. Et y avoit une ri-
vière entre les deux hostz ^, qui estoit dangereuse à pas-
Guichaid et Guillaume (Anselme, YIII, iSa). La 3Iorlière (42) ne
donne que deux fils à Hue Burnel , Louis et Guichard.
' Robert de Saveuses. (Ti.)
* Gauvain et Jeau de Herselances, dit îMonstrelet (lY, 149)- Plus
loin (291) il les désigne ainsi : « les deux frères de Hersellames. «
' En tirant vers Baugé. ( Ti. )
* Yoici quelle étoit la position des deux armées, selon le Journal
d'un bourgeois de Paris {'jS) : « La bataille devoit estre entre Angers et
le Mans , sur la rivière du Loir ; si alla voir la place le duc de Clarence
avant que le jour de la bataille fust , laquelle place estoit ou pays des
Arminaz , et luy convint passer laditte rivière par ung pont bien estroit,
et fut bien accompaingné de quinze cens hommes d'onneur et cinq
cens archers. Ses ennemis, qui avoient toujours des amis partout, le
sceurent et firent deux embûches en ung boys où il luy convenoit pas-
ser après la rivière , et devant, oultre le boys, avoit bien quatre cens
i54 MÉMOIRES [1420]
ser. Et quant le duc de Clarense sceut que ses ennemis
estolent sur les champs , il contendi de passer l'iaue , et
passa des premiers atout environ de trois à quatre cens
hommes des plus gentilz , et ne peut sa puissance sitost
passer; et les doffinois, qui bien virent leur point, vin-
drent fraper sur les Englès. Là eut forte bataille' d'un
costé et d'autre; mais les dofiinois estoient sans cora-
pareson plus que les Englès : par quoy le meschief
tourna sur le duc de Clarence , et y fut mort de sa per-
sonne , et avec luy le conte de Quen et le seigneur de
Ros, maressal d'Engleterre, et moût d'autres grans sei-
homnies d'armes au cler sur une petite montaigne , lesquels les Angloys
povoent bien voir : si n'en tindrent compte , car ils cuidoicnt que plus
n'en y eust que ceulx-là, dont ils furent déceuz ; car en la vallée avoit
une grosse bataille d'Arminaz sans les deux embùchi s devant dits, qui
aussitost qu'ils virent que les Anglois furent dedans le boys yssirent
par-derrière , et allèrent rompre le pont, et puis les vindrent accueillir
par-den-ièi-e et par les costez, et les autres par devant; et ainsi furent
tous mis à l'espée, se non environ deux cens bommes, comme ménes-
triers et autres qui écbappèrent par bien fouir, et refirent le pont le
mieux qu'ils poi-ent, et s'enfuirent à leurs logeys : et quant ceulx des
logeis qui estoient demourez le sçurent, ils se mirent comme tous en-
raigez es faulxbourgs du Mans , et mirent le feu , et tuèrent femmes et
enffans, et hommes vieulx et jeunes sans mercy. Et fut la vigille de
Pasques, qui fut le 21' jour de mars 14*20.» Il se trompe d'un jour; la
veille de Pâque étoit le 1^. mars.
Berry (44o) raconte aussi ce fait en détail ; mais il donne une autre
version cpjant au commencement de l'attaque, et qui s'accorde moins
bien avec celle de Fenin.
' On trouve dans les annotations de Denis Godefroy (75'i) un « Extrait
d'un vieil registre de la chambre des comptes d'Anjou (fol. 142), » dans
lequel il est dit que la bataille du Fieil-Bau^c fut donnée le samedi
22" jour de mars 1420, veille des grandes Pasques. Juvénal des Ursins
(589) et Berry (44o) nomment le lieu où se livra la bataille, Bau^é-en-
Vallét.
[1421] DE PIERRE DE FENIN. i55
gneurs : et si fut priiis le conte de Hantiton. Moût
firent les Englès grant perte de leurs capitaines ; mais
enfin les dauHinois furent reboutés par les Englès, et
regaignèrent le corps du duc de Clarense et des autres
seigneurs , donc ilz firent grant deul pour la perte de
leurs seigneurs qui là estoient mors; car la Heur de la
seignourie d'Engleterre y mourut ceste journée.
Item, quant nouvelles furent portées devers le roy
Henry de la mort de son frère le duc et de ses autres
princes, il en fut moût courouchié, et refist en En-
gleterre moût grant mandement pour retourner en
France, et y retourna environ la Saint-Jehan-Baptiste '
mil quatre cens vingt-un; atout grant puissance de
gens, vint descendre à Calais , et de là chevaucha à
Monstereul et puis à Saint-Riquier. Lorsestoit le chastel
de La Fiesté^ en la main des doffinois, et l'avoit messire
Jaques de Harecourt garny de ses gens. Et y estoit
capitaine, de par luy, le bastart de Belloj ^, lequel se
rendi au roy Henry ; et y fut mis Nicaise de Bontleurs*
de par le duc Phelipe de Bourgoingne. Après, le roy
Henry s'en alla à Abeville, et de là à Rouen, et puis à
Vernon , au pais de Perche. Et alloit à intencion de
combatre le Doffin , lequel avoit grant gent vers Char-
tre; mais il ne s'aproucha point.
' Monstrelet (TV, 5i6) donne la date précise de l'arrivée en France
du roi d'Angleterre et de son armée, qui « entrèrent en mer dcdens
leurs vaisseaulx au poinct du jour, la veille (lojuin) de Saint-Bar-
nabe , et en ce mesmes jour entrèrent ou liâvre de Calais. »
' La Ferté. Le manuscrit de Tieulaine porte : Fiètre.
Bellay. Voyez ci-dessus, page 48, note 6.
' Nicaise de Boufflers , seigneur de Beaussart et de Villers eu Cam-
brésis, testa le 10 octobre i456.
i56 MÉMOIRES [1421]
Item , ung peu devant , le seigneur de Lllladam
fut prins à Paris ; et le fist prendre le duc d'Encester
de par le roy d'Engleterre , donc le commun de
Paris fut fort esmeu , et s'asemblèrent bien mile ou
douze cens pour rescourre le seigneur de Lilladam.
Mais le duc d'Encester avoit environ six vingt comba-
tans, et vintfraper sur eux, en eulx commandant, de
par le Roy, qu'ilz se traisissent et que on feroit justice
au seigneur de Lilladam. Et en y eut assez de bléchiés;
mais enj5n le seigneur de Lilladam fut mené prisonnier
en la Bastille Saint-Antoisne, et là fut tant que le roy
Henry vesquit. Moût se gouverna le duc d'Encester en
ceste besoingne hautement dedens Paris contre le
commun.
Item, aucuns dirent que le se-gneur de Lilladam
avoit parlé contre l'onneur du roi Henry , et pour ce ,
le vouloit faire mourir en prison.
Item , quant le roy Henry passa par Abeville , le
seigneur de Cohen ' fut commis capitaine d' Abeville.
Item , assez tost après que le Roy fut vers Vernon ,
et qu'il passa pour aller combatre le Doffin , il le fist
sçavoir au duc Phelipe de Bourgoingne, et le duc
Phelipe assembla ce qu'il poit avoir de gens, et che-
vaucha droit à Amiens, et de là à Biauvaiz, et puis
vers Vernon. Et se loga à ung grant vilage nommé
Magni et puis, [de] sa personne, alla devers le roy Henry.
Et quant il vint là, les nouvelles leur vindrent que le
' Louis de Berghcs, chevalier, seigneur de Cohen et de Bienque ,
conseiller, chambellan de Philippe-le-Bon , duc de Bourgogne ( An-
SELMK, VIII, 696), et gouverneur de la ville de Rue, en 1422. (La
Barre, II , 210.)
[1421] DE PIERRE DE FENIN. iS;
Dofîin et ses gens estoient retralz vers Tours en Toii-
ralne. Et quant le roy Henry eut ouy les nouvelles
qu'il ne seroit point combatu , il fist retraire le duc
Phelipe pour garder ses pays ; et le duc Phelipe s'en
retourna droit à Biauvais, et de là alla logier à Crossy '.
Quant le duc Phelipe fut logié à Croissy, il ouït les
nouvelles que le seigneur d'Offemont' et Poton de
Sainte-Traille avoient prins Saint-Riquier par le con-
seil de messire Jaques de Harecourt, et qu'il luy gas-
toient tout son pays.
Item, en ce voiage, le vidame d'Amiens ^ eut une
jambe rompue d'un cheval qui le rua en cachant ung
regnarl, et fut long-temps qu'il ne se povoit armer.
Après ce que le duc Phelipe de Bourgoingne fut venu
logier à Croissy, comme dit est, et qu'il sceut les
nouvelles que Saint-Riquier estoit prins , il assembla
son conseil pour scavoir comme il pourroit faire. Et
lors prinst conclusion qu'il envoiroit messire Jehan de
Luxembourg au pays, pour scavoir s'il pourroit riens
trouver sur ses ennemis. Et le duc Phelipe s'en alla à
Amiens pour eux requerre qu'ilz luy faissent aide de
arbalestriers pom^ asségier Saint-Riquier. Et de là le
duc Phelipe s'en ala tant qu'il vint logier à Cussy'»; et
messire Jehan de Luxembourg alla passer à Piquigny,
et puis s'ala logier à Dommart en Pontieu , qui est de
' Croissy.
' Guy (le Neelle, seigneur de Merlou (autrefois Mello) et d'Offe-
mont , mort en 1 473-
' Voyez ci-dessus, page 3o, note i.
" '( Auxi , sur la rivière d'Authie » (Mo.vstrelet, IV, 3-25) , et non
Cussy, ou, comme on lit dans le manuscrit de Tieulaine, Coiissy.
i58 MÉMOIRES [1421]
deux à trois lieues de Saint-Riquier. Quant messire
Jehan de Luxembourg fut logié à Dommart et qu'il y
eut jeu une nuit, il s'ala mectre en embusche en ung
vilage au-dessus de Saint-Riquier, atout bien cinq cens
combatans , et puis envoia de ses coureurs devant la
ville pour faire saillir les doffinois ; mais ilz ne saillirent
point. Et quant messire Jehan vit ce, il se retrait à
Dommart , et landemain s'en alla aussj devers le duc
de Bourgoingne.
Item, le duc Phelipe manda archiers et arbalestriers
par tout les bonnes villes, et les mena avec luy devant
le Pont-de-Remy ', lequel Lojs de Vancourt, filz du
seigneur de Vancourt , avoit mis en la main de messire
Jaques de Harecourt : et messire Jaques j avoit mis
garnison , qui moût grevoit la ville d'Amiens et d'Abe-
ville. Quant le duc Phelipe fut venu devant le Pont-
de-Remy, il se loga en la ville, et ses gens estoient
logiés devant le Pont. Adonc ceulx de l'île du Pont-de-
Remy tirèrent deux ou trois fusées sur les maisons de
la ville, qui estoient couvertes [d'esteule *], et si prinst
le feu assez tost ; par quoy la ville fut toute arse et
désolée. Devant le Pont-de-Remy fut le duc Phelipe
cinq ou six jours , et puis ceulx de la ville d'Amiens y
vindrent atout cinq ou six grans batiaulx, où il avoit
foison arbalestriers. Et quant ceulx de l'ille seurent
leur venue , ils s'enfuirent et laissèrent^ le chastel, et
■ Il y alla loger « la nuit de la Magdaleine (22 juillet i4'2i). » (Moxs-
TRELET, IV, 525.)
' Notre manuscrit porte de tuille.
' Laissèrent l'isle et le chastel. (Ti.)
[1421] DE PIERRE DE FENIN. 159
emportèrent les biens qui estoient dedens. Et preste-
ment on passa par ung batel et entra-on dedens l'ille
et dedens le chastel, et prinst-on ce que on y trouva :
et puis après on bouta le feu partout. Ainsi fist le duc
Phclipe désoler l'ille et le chastel du Pont-de-Remy,
et pareillement le chastel Diancourt ' et celluy de Ma-
reul % et fut tout désolé en ung jour. Après ce, le duc
Phelipe s'en alla logier à Abbeville et tous ses gens; et
y fut trois jouis. Et puis il alla mectre le siège ^ devant
la ville de Saint-Riquier; et se loga dedens le chastel
de La Fiesté ^, lequel les doffinois avoient ars quant le
duc Phelipe passa pour aller au Pont-de-Remy ; et
l'avoit Nicaise de Bonilers rendu aux doffinois, à qui
on l'avoit baillié en garde quant le roy Henry passa à
Saint-Riquier.
Item, le duc Phelipez fut devant Saint-Riquier le
moys d'aoust, et n'yestoitle siège que par deux costés,
par quoy les doffinois sailloient quand il leur plaisoit.
Dedens Saint-Riquier estoit le seigneur d'Offemont ,
Poton de Sainte- Traille et moût d'autres vaillans
hommes d'armes; et estoient bien six cens combatans.
Item, en tant que le siège fut devant le Pont-de-
Remy, il eut annes ^ faites de six doffinois contre six
Bourguignons pour rompre chacun trois lances l'un
' Il faut sans doute lire cVIaiicouri. Le manuscrit de Tieulaine
porte d'Eaucourt , ce qui est le véritable nom.
" Mareuil.
' « En la fin de juillet. » ( Mo.nstrelet , IV, S^S.)
■i La Ferté.
' Atinces. (Ti.)
i6o MÉMOIRES [1421]
contre l'autre ; et fut jour prins de les furnir dessus
Saint-Riquler. Et là alla messire Jehan de Luxem-
bourg, atout six cens hommes d'armes, tous gens d'es-
lite. Et le seigneur d'OfFremont vint pareillement au
devant de messire Jehan de Luxembourg , atout ses
gens, au-dessus de Saint-Riquier , vers le Pont-de-
Remy : et avoient baillié sauf-conduit l'un à l'autre
pour eux et pour leurs gens. Quant le seigneur d'Of-
fremont et messire Jehan de Luxembourg furent venus
ensemble, ilz firent grant chière l'un à l'autre, et firent
armer ceux qui dévoient faire les armes. Et estoit de
la partie de messire Jehan de Luxembourg messire
Ljonnel de Bournoville , le bastard de Robais ', Hen-
rietLalemanf", ung nommé de Recourt^ et deux autres
avecquez eux. Quant ilz furent prez pour fournir leurs
' Il y avoit à la cour de Philippe-le-Bon , duc de Bourgogne, un
messire Jean de Roubais, seigneur de Herzelles, chevalier, premier
chambellan du duc (La Barre, II, 206). Peut-être le bâtard étoit-il
son fds.
=" Henri Lalement faisoit partie des écuyers de la compagnie dn
seigneur de Chateluz, en i4i7- (D- Plancher, III, JSotes, 692.)
^ Pierre de Recourt servoit en qualité d'écuyer des ordonnances du
Roy, sous messire Alain de Longueval, suivant la monstre de sa com-
pagnie faite à Paris le 8 septembre ï^\ï. Le même ayant suivi le parti
de Philippe , duc de Bourgogne , étoit avec lui en la bataille de Mons
en Vimeu, donnée l'an 1421 (Haudicquer, 45o). Il étoit au nombre
des seigneurs qui s'assemblèrent, en 1424» tlans la ville de Roye, en
Vermandois , pour délibérer sur le projet qu'ils avoient d'abandonner
la cause du duc Philippe, et d'embrasser celle du Dauphin. Peu de
temps après , ayant été pris par Raoul de Gaucourt , celui-ci l'envoya
à Jean de Luxembourg , lequel le fît conduire à Paris, « où il fut écar-
telé comme traître, et ses membres furent pendus en plusieurs lieux. »
(MONSTRELET, Y, 7O-80.)
[1421] DE PIERRE DE FEMN. ,6i
armes , ilz commencèrent à courre les ungs contre les
autres ; et eut ledit de Rancourt son cheval tué dessoubz
luj d'un doffinois , et aussi eut Henriet Lalemant ;
donc messire Jehan de Luxembourg fut mal content,
et cuida que les dofîinois tuassent les chevaux de fait
avise. Là y eut de biaus coups férus et moût de
lances rompues de checune partie , sans qu'il y eût
homme bléchié d'un costé ne d'autre : et par ce que la
nuit vint trop tost, il y en eut deux de checune partie
qui ne peurent fournir ce qu'ilz avoient entreprins.
Et s'en ralla messire Jehan de Luxembourg au Pont-
de-Remy, devers le duc Phelipe de Bourgoingne , et le
seigneur d'Offemont dedens Saint-R
quier.
Item, en tant que le duc Phelipe estoit devant Saint-
Riquier au siège , comme dit est, les doffinois sailloient
souvent dehors sur les gens au duc Phelipe , et pre-
noient plnseurs de ses gens qu'ilz menoient dedens la
ville. Et y fut prins messire Emont de Bonherch ' ,
lequel fut tenu si longuement prisonnier qu'il mourut
emprison; et si fut prins Jehan de Crièveceur % et
pluseurs autres.
Item, ung peu devant que le siège venist devant
Saint-Riquier, les doffinois allèrent courre, environ
' Dans le rôle des gens d'armes assemblés, en i4io, par le duc
Jean , Emond de Bomberch se trouve au nombre des bannerets d'Ar-
tois et de Picardie. l'D. Plascher, III, Noies, 084.)
' Jean de Crèvecœur, seigneur de Prosart , frère de Jacques, sei-
gneur de Crèvecœur, étoit capitaine de Gû^îencourt, en Beauvoisis,
et suivit le parti du duc de Bourgogne ( Anselme, VII, m). Mons-
trelet le nomme tantôt Jean de Crèvecœur (IV, 53o) , tantôt Jean de
Bareritin (V, O'ig).
I I
i62 MÉMOIRES [1421]
trois cens combatans, desy à la rivière de Tausse ', et
assaillirent l'église de Coussj-sur-Taiice % où les gens
de la ville s'estoient retrais. Et tant firent les dofTmois
ffu'ilz boutèrent le feu dedens ladite église et ardirent
plusieurs de la ville , et les autres emmenèrent prison-
niers à Saint-Riquier. Alors estoit le chastel deDenrier^
plain dedoffinoisqui estoient à Poton de Sainte-Traille,
et faisoient assez paine au païs vers Monstereul et vers
Hedin.
Après ce que le duc Phelipe eut esté environ ung
moys devant la ville de Saint-Riquier, et qu'il vit
qu'ilz n'avoient nulle voulenté d'eux rendre, et avec
ce, qu'ilz n'estoientasségiés que par deux costés et po-
voient, de jour en jour, avoir secours des gens de mes-
sire Jaques de Harecourt, il oyt nouvelles que, par le
pourchas de messire Jaques de Harecourt , les doffinois
s'assembloient pour le venir combatre; et fîst le duc
Phelipes tant qu'il sceut véritablement que ses enne-
mis estoient assemblés pour le venir lever de son siège
devant Saint-Riquier. Quant le duc Phelipes sceut la
vérité, il prinst conseil à ses barons comment il pour-
roit faire, et puis prinst conclusion d'aller au devant
d'eux , outre Fiau de Somme. Adonc il envoya ^ Phe-
lipes de Saveuses et le seigneur de Crèveceur atout deux
cens combatans pour chevauchier sur les doffinois. Le
' Candie. Ils étoient douze cents chevaux , dit Monstrelet (IV, 522).
" Concliy-sur-Canche.
^ Douriers.
•î '( Le vingt-neuvième jour du mois d'aoust 1 421.... atout six vingts
imbatans. » (Monstkelet, IV, 33 1.)
[1421] DE PIERRE DE FENIN. i63
se^neur de Crèveceur et le seigneur de Saveuses s'en
allèrent passer à Abville , et arrivèrent là environ jour
faillj. Et là furent desy au point du jour, qu'ilz mon-
tèrent à cheval et chevauchèrent en tirant vers Araines.
Et quant ilz furent deux lieues outre Abbeville, il
estoit ung peu devant soleil levant ; et Phelipez de
Saveuses raist douze coureurs devant , lesquelz cou-
reurs [menoit le Bègue de Grouches ']. Quant ilz fu-
rent allés trois ou quatre trais d'arc, ilz virent les
doffinois qui venoient en grant ordonnance pour aller
vers la Blanque-Taque. Adonc les coureurs se retrai-
rent devers les capitaines : et avoient prins deux archiers
doffinois, par quoy on sceut vérité qu'ilz alloient
combatre le duc Phelipes de Bourgoingne.
Item , Phelipes de Saveuses et le seigneur de Crève-
ceur envoièrent les deux archiers vers le duc Phelipe,
et avec ce luy firent sçavoir que ses ennemis le venoient
combatre, et qu'il se hâtast de passer Abeville pour
estre au-devant. Et le duc Phelipe, qui avoit aban-
donné son logis devant Salnt-Riquier et bouté le feu
' Le duc de Bourgogne s' étant emparé, en i4i8, de plusieurs
places et forteresses du Valois, « en la ville de Creil fut mis un gea-
til-liomme nommé le Bugle de Grouches, pour la garder, et entra eu
icello ville atout huit hommes tant seulement. Si estoient dedans la
forteresse le comte de Ventadour, le seigneur de Chateau-Morant , et
messire Charles de Saint -Sauflieu, atout certain nombre de gens
d'armes, lesquels tenoient le parti du comte d'Armagnac, lesquels
furent, par le moyen du dessusdit Bagle de Grouches et de la com-
munauté d'icelle ville, contraints à rendre ladite forteresse, par con-
dition qu'ils s'en allèrent saufs leurs corps et leurs biens ; et en de-
meura icelui Bugle capitaine certain espace de temps. » (Mo.nstrklet,
lY, 95.)
ï64 MÉMOIRES [14211
jà partout en Abeville ; et quand il ouït les nouvelles
que ses chevaucheurs luy mandoient , il se desloga
d'Aheville et se mist aux champs atout sa puissance.
Et les doffinois chevauchoient fort pour passer à la
Blanque-Taque , et tousjours les sievoit Phelipez de
Saveuses et le seigneur de Crièveceur, et tant, que les
doffinois estoient jà assez près de la Blanque-Taque et
l chevauchoient à passer l'iaue en allant vers Noielle sur
la mer. Et le duc Phelipe les poursuioit en grant or-
donnance ; et tant les poursievi que les deux batailles
povoient voier l'un l'autre. Quant les doffinois aper-
clieurent la bataille au duc Phelipe, ilz retournèrent
aux plains camps , et vindrent baudement pour le
combatre, et là se mirent en bataille. Et le duc Phe-
lipes se hastoit moût fort pour les ataindre ; et tant
se hasta, qu'ilz furent à deux trais d'arc près l'un
de l'autre '. Là, y eut de grans ordonnances faites de
checune partie. Et fut le duc Phelipe fait chevallier
par messire Jehan de Luxembourg , et puis le duc Phe-
lipes fist chevallier Pheîipes de Saveuses ; et pluseurs
autres en y eut fait. Et aussi pareillement en y eut
fait de la partie des doffinois ; et firent chevallier Rigaut
de Fontaynes, messire Gilles de Gamaches % et des
autres.
Après toutes ces choses faites, ainsi que dit est, le
' Les deux armées se trouvèrent en présence « le samedi , dernier
jour d'août (1421), environ onze heures du matin » ( Moxstrelkt,
IV, 554 )■ Nous observerons que le dernier jour d'août fut un di-
manche, en ï^:ii , et non un samedi.
' Mort à la bataille de Yerneuil, en i^-?4.
1421] DE PIERRE DE FENIN. iG5
duc Phellpez ordonna environ deux cens combatans
sur une aille pour férir dolîinois sur la coste, et les
menoit messire Mauvray de Saint-Ligier ' et le bastart
de Coussj ". Tantost après les deux batailles assemblè-
rent tout à cheval l'un contre l'autre, et vindrent
doffinois raidement sur les gens au duc Plielipes. Là y
eut de grans coups de lance à l'assembler ' d'un costé
et d'autre. Moût se porta ce jour le duc Plielipes vail-
laument de sa personne , et tellement que , par le dit
des doffinois, n'y eut nul de sa compagnie qui plus les
grevast qu'il fist de sa propre main. Et messire Jehan
de Luxembourg s'i gouverna hautement ; mais il fut
porté jus de son cheval et emmené prisonnier '^ par
aucuns des doffinois. Et fut mené bien ung trait d'arc-
balaistre sur ung petit cheval, et depuis fut rescous
par ses gens : et avoit eu ung coup d'espée de travers
le nez, donc il eut le visaige fort deffait, et depuix
qu'il fut rescoulx ralia pluseurs de ses gens.
Item, quant vint à l'assembler des deux batailles,
il y eut bien les deux pars des gens au duc Phelipe
pour eux enfuir, partirent de la bataille et allèrent vers
Abevllle : et y avoit foison chevalliers et escuiers de
Picardie, de Flandres et d'Artois , qui estoient re-
nommés d'estre vaillans ; mais ilz faillirent à ce jour,
donc ilz furent moût blasmés pour leur prince qui
■ Vo} ez ci-dessus , page ^5 , note i.
* Perceval, bâtard de Coucy, seigneur d'Aubermont , testa au mois
de septembre 1437. Il étoit fils d'Enguerrand YII, seigneur de Coucy.
' Et moult fier destour. (Ti.)
* 11 fut pris par un homme d'armes, nommé Lanioure. ( Mo.nstue-
LET, IV, 359.)
i66 MÉMOIRES [1421]
estoit en la place. Mais ilz se veurent excuser pour la
banlère au duc Phelipes qui s'enfuioit; et aussy le roy
de Flandre, liiraut, leur certiffia que, pour vray, le
duc Phelipe estoit prins ou mors, par quoy ilz estoient
tous esbahis.
Et la banière du duc Phelipe estoit demourée en la
main du varlet qui la portoit, parce que la chose
avoit esté si près hastée que on ne l'avoit baillié à nul
gentil-homme; et ledit varlet la laissa choir de paeur
qu'il avoit. Et fut relevée par ung gentil-homme
nommé Jehan de Roissibos ', lequel la porta grant
pièche, et si ralia plusieurs gentis-hommes autour de
la banière ; mais nonobstant ilz s'enfuirent desy à
Abeville, où ilz Guidèrent eux retraire. Mais ceux de
la ville ne les veurent maitre dedens ; et sy y estoit le
seigneur de Cohen qui estoit capitaine d' Abeville,
lequel leur pria assés qu'ilz le maissent ens , mais ilz
n'en veurent riens faire, par quoy on peut suposer que
se le duc Phelipe eût perdu la journée, qu'ilz se fus-
sent rendus doffinois. Quant ceulx qui s'enfuioient
virent que ceulx d' Abeville ne les metroient point
dedens , ilz s'en allèrent droit à Piquengny, et là pas-
sèrent l'iaue de Somme. Moût en sceut le duc Phelipe
mal vais gré, quant il le sceut; et aussi fist messire
Jehan de Luxembourg et pluseurs autres seigneurs. Et
' Peut-être Jean deRosimbos, compris au nombre des chevaliers,
dans le rôle des gens d'armes assemblés, en i4io, par le duc de Bour-
gogne (D. Plancher, III, Notes, 584)- Messire Jean de Rosimbos,
seigneur de Fourinelles, chambellan du comte de Charolois, assistoit
au banquet donné à Lille, par le duc de Bourgogne , le 17 février i455
( Mathieu d'Escouchy, ôyS). Le manuscrit de Tieulaine porte liosinbos.
[1421] DE PIERRE DE FENIN. 167
depuis long-temps après on les nommoit les chevalliers
dePiquigny, et seront cy après desclarlés les noms des
gentilz-liommes qui firent ceste faute ' .
Item , le seigneur de Cohen , qui estoit vaillant
homme de guerre , fut excusé de ceste besoingne pour
ce qu'il estoit bléchié dedens la ville d' Abeville en fai-
sant le sourguet à cheval, par nuit, acompaignié de
huict ou dix hommes ; et y saillj sur eulx quatre com-
paignons au coing d'une rue , lesquelz frapèrent sur
le seigneur de Cohen et sur ses gens. Et y fut le sei-
gneur de Cohen bien blcchié , et avec y fut tué ung
homme de conseil , nommé maistre Jehan de Queus %
lequel maistre Jehan estoit monté sur ung fort cheval ;
et depuis qu'il eut ung coup en la teste, le cheval courut
atout luy , et tant qu'il encontra une chayne de fer
tendue : et , par la grant raidem^ du cheval , abati
l'estache du mlllieu, oî^i la chaîne tenoit, et chet ledit
maistre Jehan, donc 11 mourut depuis. Et ceux qui
avolent fait ceste besoingne estolent de la ville d' Abe-
ville, et partirent par le moyen de leurs amis hors de
• Aucun autre chroniqueur ne fait mention de ce sobriquet donné
aux chevaliei's qui abandonnèrent si honteusement le champ de ba-
taille. Fenin n'a pas tenu la promesse qu'il fait ici de déclarer leurs
noms.
' « Et aussi férirent ung advocat de ladicte ville en la teste, qui
estoit avecques lui monté sur ung très bon cheval , qui avoit nom
Phelippe de Coux » ( Monstrelet, IV, 324). Nous suivons toujours ,
pour les citations empruntées à Monstrelet, le texte du manuscrit dont
nous avons donné la description en tête de ce volume, mais nous de-
vons faire remarquer que l'édition de M. Buchon, à laquelle nous
renvoyons, porte ici le nom de Jean de Queux. C'est à tort qu'on y a
imprimé « et firent un avocat , » au lieu de ferfrcnt
i68 MÉMOIRES [1421]
la ville ; et s'en allèrent au Crotoy , vers messire Jaques
de Harecourt ; mais depuis, long-temps après, ilz furent
justiciés. Et le seigneur de Colien s'en ralla à son hostel :
et pour lors on ne peut sçavoir donc ce venoit; car la
ville d'Abeville estoit fort divisée par le moyen de
messire Jaques de Harecourt, lequel en avoit trouvé
de son parti grant foison.
Item , après que le duc Phelipes de Bourgoingne et
les doffinois eurent assemblé bataille, comme dit est
cy-devant, il y eut estour ' . Et estoit demouré avecquez
le duc Plielipe environ cinq cens combatans, lesquelz
s'y corabatirent vaillaument et firent tant qu'ilz mirent
les doffinois en desroy, et commenchèrent à fuir en
allant vers Saint- Valleri , qui estoit de leur party. Et
les gens au duc Phelipes les charent ' raidement, et si
en tuèrent en la place bien de six à huit vingts , sans
ceux qui furent prins, qui estoient bien de quatre-
vingts h cent. Là fut mort messire Charles de Saulien %
le baron d'Iberi '^, Gallehaut Darsi " et pluseurs autres
gentis-hommes. Et messire Rigaut de Fontaines y fut
prisonnier, le seigneur de Conflans °, messire Gilles de
' 1/ j- eut estour d'un costé et d'autre. ( Ti.)
" Chassèreul. (Ti.)
3 Le manuscrit de Tieulaine porte de Saint- Saulieu. Monstrelet
àix. de Saint- Sauflieu (IV, SSg).
* « Pière d'Argensj', baron d'Ivery. » ( Monstrelet , IV, 35g.)
* « Galhault d'Oisy » (Mokstrelet, IV, oSg). M. Buclion écrit
d'Arsy.
« Peut-être Eustache de Conflans, chtrvalier, lequel étoit, en i43o,
capitaine de la ville de Cludons f Jean Ciiartieis , 45). Un seigneur de
Conflans, cité par Monstrelet, assistoit au siège de Vaudemont en
i45i (V, 35-2).
[1421] DE PIERRE DE FENIN. 169
Gamaclie , messiie Henry Burnel", Poton de Sainte-
Trallle, le marquis de Serre', et pluseurs autres,
dessy au nombre dessusdit : et prinst messire David de
Brimeu le marquis de Serre et messire Loys Bournel
de sa main. Ce jour se porta le duc Phelipes vaillau-
ment, comme dit est , et cacha ses ennemis longue-
ment , luy et le seigneur de LonguA\il ; et tant que ,
grant pièce après la desconfiture, que on ne sçavoit
où il estoit , donc ses gens estoient en grant soussy ;
mais y revint vers son estandart, et avoit prins de sa
main deux hommes d'armes ', lesquelz furent depuis
délivrés sanspaier finance. Après ce que le duc Phelipe
eult rassemblé ses gens , et que dofilnois furent des-
confilz , on lui dist comment ses gens s'en estoient
fuiz , et qu'ilz l'avoient laissié ; donc il fut très mal
content et leur en sceut malvais gré; et depuis, long-
temps après, n'en povoit ouïr parler.
Item , le duc Phelipe s'en retourna dedens Abeville
atout ce qu'il avoit de gens, et avec luy fist mener ses
prisonniers; et ceulx de la ville luy firent grant joie :
et là séjourna quatre jours. Geste journée fut par ung
samedi , derrain jour d'aoust ^, l'an mil quatre cens et
' Le manuscrit de Tieulaine porte Louis Bournel ; Monstrelet Louis
de Thiembronne (IV, 558). Voyez ci-dessus, page iSa, note 2. Fenin
réj)are , quelques lignes plus bas, l'erreur qu'il commet ici.
* Il était frère de Pliilippe de Saint-Slaufllieu. (Monstrelet, IV,
338.)
' Olivier de La Marche dit que le duc <f print trois prisonniers
hommes d'armes de sa main : dont l'un fut le très renommé escuyer Po-
son de Saintrcilles, grand escuyer de France » (I, i53).iBerryJ(444) ^c-
signe Gilles deGamaches, « pris de la main dudit duc de Bourgogne. »
■* Le dernier jour du mois d'août, en 1421, fut un dimanche. Cette
i^o MÉMOIRES [1421]
vingt-un. Quant le duc Phelipe eut séjourné dedens
Abeville quatre jours , il se parti pour aller à Hedin ,
et passa devant la ville de Saint-Riquier. Et lors messire
Jehan de Luxembourg se faisoit porter en une litière
pour ce qu'il avoit esté bléchié à ceste journée; et aussi
faisoit le seigneur de Humblercourt. A ceste raesme
besongne perdi le duc Phelipe , de ses gens , le sei-
gueur de Vienville ', son marissal, et le seigneur de
Mailly % tous gens de nom et d'autres environ six ou
huit.
Item , le duc Phelipe s'en alla dessy à Hedin , comme
devant est dit, et de là, à Lille en Flandres; et laissa
ses prisonniers dedens le chastel de Lille. Et puis il s'en
alla à Gant , vers la duchesse Michielle , fille au roy
Charles , et seur au duc de Touraine, dofïin , laquelle
luy fistgrant feste. Assez tost après, il fut tant traitié
entre le duc Phelipe de Bourgoingne et le seigneur
d'Offemont, que ledit seigneur d'Offemont rendi la
ville de Saint-Riquier au duc Phelipe , et aucuns pri-
sonniers qu'il avoit , parce que le duc Phelippe fist
délivrer le seigneur de Conflans , messire Rigaut de
Fontaines, messire Gilles deGamache, Poton de Sainte-
Traille, et messire Loys Burnel. Et puix le seigneur
bataille « feut nommée la bataille de Mons , pour ce que icelle avoit
esté faicte assez près d'un village nommé Mons-en-Vimeu. » (Saint-
Remy, YIII, 196.)
' Peut-être Pierre, seigneur de Viezville, chevalier, conseiller et
chambellan du duc Jean. II fut envoyé en ambassade en Angleterre ,
le igmars i4i3. (La Barre, II, 106.)
* Jean de Mailly, dont le père et le frère aîné furent tués à la ba-
taille d'Azincourt.
[1421] DE PIERRE DE FENIN. 171
d'Offemont s'en alla Parrefois', qui pour lors estoit en
sa main.
Item , en ce temps le chastel de Dourrier, qui estoit
en la main de Poton de Sainte-Traille, fut rendu à
messire Jehan Blondel % qui en estoit seigneur. Et ne
demoura de fortresses tenant parti contraire au duc
Phelipe que le Crotoy et Noïelle sur la mer, lesquelles
tenoit messire Jaques de Harecourt : et faisolt forte
guerre au roy Henry d'EngleteiTe et au duc Phelipe de
Bourgoingne.
Item, on mist le seigneur de Cohen à Rue, en la
garnison, [et ^] monseigneur le borgne de Fosseux ^ à
' S'en alla à Pierre fons. { Tr.)
* « Messire Jean de Blondel, qui naguères estoit retourné de la pri-
son des Anglois, assembla aucuns gentils-hommes du pays.... lesquels
il mena devant la forteresse de Douvrier, que tenoient les gens de Po-
ton de Sainte-Treille, auxquels il parlementa et.... furent contens de
lui rendre ladicte forteresse » ( Monstrelet, IV, 544)- U fut nommé
capitaine de Saint- Valéry, en 1422 (Idem , V, 8) , et se réunit aux sei-
gneurs et chevaliers de Vermandois qui, en 1424? abandonnèrent le
parti du duc de Bourgogne pour embrasser celui du roi Charles VII
{Ibid., 69). En 1426, Jean Blondel, et son cousin germain, portant
les mêmes nom et prénom que lui , s'emparèrent de la forteresse
d'Oripecte en Provence, mais ne purent s'y maintenir ; ils furent con-
traints « d'eux départir de la dite forteresse.... ayant sauf-conduit pour
eux en aller sûrement : nonobstant lequel, à l'essir hors de ladite
forteresse, fut le dit Jean Blondel occis des paysans » {Ibid., 162). On
retrouve plus tard mention de Jean Blondel , mais il s'agit sans doute
du cousin germain.
' Notre manuscrit porte de.
« Philippe de Fosseux, dit le Borgne, chevalier, seigneur d'Arly
(Anselme, VI, ii5), fut placé par le corps de la \nlle d'Amiens, an
mois de mars i454, capitaine de cette ville, et n'y resta qu'un an.
(Daire, I, i66.)
172 MÉMOIRES [1422]
Saint-Riquler. Et tenoient les dessusditz frontière
contre messire Jaques de Harecourt ; par quoy le pays
de Pontieu estoit fort grevé, tant d'une partie que
d'autre. Et moût y avoit de fortresses au Vimeu tenant
le parti du Doffin, tout par l'atrait de messire Jaques
de Harecourt : et en estoit la ville de Gamaches^le
chastel de Rombures', Lenroy% les deux chastiaux
d'Araines et pîuseurs autres.
Item , en ceste mesme saison % le roy Henry d'En-
gleterre tenolt siège devant Miaulx en Brie"*, et là avoit
grant puissance d'Englès et autres gens de France.
Dedens la ville de Miaux estoit dedens pour le Doffin
capitaine lebastard de Vorus^, et Pierre de Lupe% les-
" Raiobures.
* Le manuscrit de Tieulaine porte Louroy, et c'est probablement
ainsi qu'il faut lire. On voit, chez le P. Anselme (VIII, 692), un
Guillaume de Gamaches faire hommage au comte de Nevers, le 10
février 1460, de la ten-e de Louroy.
' L'an 1422. (Ti.)
^ Le siège fut mis devant Meaux le 6 octobre 142I7 selon IMonstre-
let (IV, 347), et, suivant le /owr«fi/ d'un bourgeois de Paris (78), le
jour de Saint-Remy ( 1" octobre). Juvénal des Ursins ( 584 ) et Berry
(440) commettent une grave erreur en disant que ce fut en 1420 , avant
le départ de Henri V pour l'Angleterre.
' Monstrelet dit Vaulru (IV, 376) ; Juvénal des Ursins (385) Waurru;
Berry (44o) Vaurus. Aucun de ces noms ne se trouve dans le P. An-
selme ; on y lit seulement Vauruzé (VI, 188). Olivier Diiguesclin ,
cousin germain du connétable, étoit, en i356, seigneur d'un lieu
ainsi nommé. La terre de Vauruffe fut donnée au sire de Guemené,
le 1 3 juillet 1 420, par le duc de Bretagne. (D. Morice, II, Preuves, io25.)
^ Monstrelet (IV, 347) le nomme Pierron de Luppcl. Il avoit été
fait prisonnier à la bataille d'Azincourt (Rvmkr, IV, 2'^ partie, p. 149);
il reparoît à la bataille de Saint-Riquier , donnée le 5i août 1421 >
tenant toujours le parti du Dauriiin. ( Mo.nstrelet, IV, 336.)
[1422] DE PIERRE DE FENIN. 1^3
quels estoient vaillans hommes de guerre; et avec, es-
toient bonnes gens avecquez eux et qui bien vaillau-
ment delfendirent la ville. En tant que le Roy estoit
devant la ville de Miaulx au siège, ceux de la ville di-
soient moût de vllonnie aux Englès : et en y eut qui
menèrent ung asne sur les muers de la ville et le fai-
soient braire par force de coups qu'ilz luy donnoient,
et puis crioient aux Englès que c'estoit Henry, leur
roy, et qu'ilz le allassent rescourre. Et par telz choses
et autres se courcha le roy Henry fort à eux , et leur en
sceut malvais gré, comme depuis fut aparu; car il
fallut que ceux qui estoient dedens et qui avoient
fait cest œuvre luy fussent livrés , et les fist le Roy
pendre par le col, sans avoir nul merchi.
Item , Ferre de Luxembourg , conte de Conversent ,
estoit pour ce temps prisonnier dedens la ville de
Miaulx : et avoit esté prins en allant du siège de Melun
àRriane', sa ville; maiz il fut tant traitié par le roy
Henry que ceux qui estoient dedens Miaulx le délivrè-
rent par avant qu'ilz rendesissent la ville , et depuis fut
ledit conte grande espace avecquez le loy Henry.
Quant le roy Henry eut esté bien cinq mois devant la
ville et le marchié de Miaulx % ceux de la ville furent
à discention l'un contre l'autre; et par ce perdirent la
ville. Et le roy Henry la guengna, et puis se loga luy
et grant partie de ses gens dedens la ville ; par quoy le
marchié fut fort aprochié de tous costez d'Englez.
' Brienne.
' le marché de Meaux, partie considérable de ceUe ville, étoit sé-
pare de la cité par un petit bras de la Marne.
1^4 MÉMOIRES [1422J
Après ce que le roy Henry eutgaigniéla ville de Miaulx,
comme dit est, il guengna une ylle qui estoit assez près
du marchié , et là fist logier pluseurs de ses gens , et
avec y fist assoier de grosses bombardes donc la mu-
raille du marchié fut toute arasée : et n'avoient ceulx
de dedens que ung petit d'avantaige à la deffendre con-
tre les gens du roy Henry.
Item , le roy Henry la fist fort assaillir, et dura l'as-
saut six ou huit heures en ung tenant ; mais les doffi-
nois se deffendirent moût vaillaument, et tant se
combatirent qu'ilz n'avoient plus nules lances dedens
le marchié , sinon bien peu. Maiz ilz se deffendirent
de hastiers de fer par faute de lances > et firent tant que
pour ceste fois ilz reboutèrent les Englez hors de leurs
fossez. Ainsy, par pluseurs fois, fist le roy Henry livrer
de grans escarmuches aux doffinois qui estoient dedens
le marchié de Miaulx, et tant les fist aprouchié qu'ilz
estoient bien en luy de les faire prendre d'assaut ; mais
il ne le veut point faire pour les avoir en sa voulenté,
et aussy pour avoir plus grant proffit.
Item, le roy Henry fut devant Miaulx onze moys ',
et au onzième moys cevix du marchié se voient en
dangier d'estre prins d'assaut, comme dit est, requi-
rent de traitier au roy Henry , et finablement falut
qu'ilz se rendissent' en la voUenté du roy Henry, sans
' Le siège ayant été mis devant la ville le 6 octobre 1421, comme
il vient d'être dit (page 172, note 4), et levé le 10 mai 1422, ainsi qu'il
va être établi par la note suivante , n'avoit duré que sept mois.
' L'acte de reddition de Meaux, en suite duquel le roi d'Angleterre
entra dans la ville le 10 mai 1422, se trouve dans Rymer (IV, 4* part.,
[1422] DE PIERRE DE FENIN. ,^5
avoir autre grâce, combien qu'ilz avoient ancore des
vivres dedens le marchié bien pour trois mois. Après
ce que ceux du marchié de Miaulx se furent rendus en
la vollenté du roy Henry, il fist pendre le bastard de
Vorus, qui estoit l'un des principaux capitaines ; et le
fist pendre ' à ung arbre , au dehors de Miaulx , lequel
arbre on nommoit l'arbre Vorus, et estoit pour ce que
le dit bastard y avoit fait pendre pluseurs povres
laboureurs. Après ce que le roy Henry eut fait pendre
le bastard deVerous, il luy fist estachier ' son estandart
sur sa poitrine; et fut par le couroux qu'il avoit à luy
pour les villaines parolles que luy et ses gens avoient
dites au roy Henry et auxEnglez. Avec ledit bastart fut
pendu son frère ^, lequel estoit gi-ant seigneur; maiz
il n'avoit mie si grant renommée comme avoit le bas-
tard , et le nommoit-on Denis de Vorus. Pluseurs en
y eut des autres qui furent prisonniers : c'est assavoir
Pieron de Lupe et ses gens, et moût des gens du
bastard de Vorus ; mais ils eschapèrent par païant
page 65) : il est daté du 2 mai. Le Journal d'un bourgeois de Paris
(85) fait donc erreur en disant que le marché se rendit le premier di-
manche ( c'est-à-dire le 5) de mai.
' « Le cinquiesme jour de may, fut le bastart de Vanru traisné
parmy toute la ville de Meaux , et puis la teste coppée , et son corps
pendu à ung arbre, lequel il avoit nommé de son vivant l'arbre de
Vauru ; et estoit un orme , et dessus luy fut mise sa teste en une lance
au plus hault de l'arbre et son estendart dessus son corps, {Journal
d'un bourgeois de Paris, 840
' Estoquier. (ïi.)
' « Emprès (du bâtard) fut pendu un larron murdrier, nommé De-
nis de Yauru, lequel se nommoit son cousin, pour la grant cruauté
•lont il estoit plein. » {Journal d'un bourgeois de Paris. 84.)
1^6 MÉMOIRES [1422]
finance. Et tous les bourgois et autres qui estoient
dedens le marchié furent contrains de baillier tout
ce qu'ilz avoient Tailant, sans riens en retenir; et
ceux qui faisoient le contraire estoient pugnis moût
griefvement : et estoit tout au prouffit du roi Henry.
Avecquez ce que les bourgois perdirent leurs biens ,
y leur falut , à pluseurs y en eut , rachater leurs biens
et maisons : par quoy le roy Henry y assembla de
grans finances.
Item , tout le dangier que ceulx du marché de Miaux
eurent leur vint par la prlnse de l'ille devant dite; et
pour ce a\ oit le roy Henry proposé de la faire désoUer
quant il eut gaignié le marchié ; mais il eut des autres
afaires qui l'empeschèrent. Devant la ville de Miaulx
eut le fieux du seigneur de Cornuaille ' la teste empor-
tée d'un canon. Et estoit cousin germain du roy Henry ;
par quoy il en fut fort yré : et aussy , pour ceste cause,
jura le seigneur de Cornuaille qu'il ne s'armeroit plus
en France.
Item , en tant que le siège estoit devant Miaulx , le
seigneur d'Ofifemont , qui tenoit le parti du Doffin ,
alla atout environ de cinquante hommes d'armes pour
entrer dedens la ville ; et, de fait, fut desy aux fossez,
où les dofTmois l'atendolent à une posterne. Et y eut la
plus grant partie de ses gens qui entrèrent dedens ; et ,
de sa personne, les cacholt devant luy; car il estoit
vaillant chevallier. Maiz le guet du roy Henry l'aper-
' Dugdale, au lieu cité plus haut, page io5, note 2, ne mentionne
que deux bâtards du seigneur de Gornwall, sans parler du fils tué au
siège de flleaux.
[1422] DE PIERRE DE FENIN. i-j-j
client, et fut le seigneur d'OfFemout poursievi radement
et priiis % luy et quatre ou six de ses gens avec luy ;
et les autres entrèrent en la ville, comme dit est. Pour
ccste prinse falut que le seigneur d'OiTèmont rendesist
pluseurs fortresses qu'il tenoit pour le Doffin : tant
Ofiemont , Perrefons , Merlan % comme autres. Et
avecqucz ce jura et promist au roy Henry qu'il ne
s'armeroit plus contre luy ne ses aliez, et par ainsi on
le délivra, et ^ fortresses tout h sa voullenté.
Item, quant le roy Henry eut mis la ville et mar-
cliié de Miaulx en son obéissance, comme devant est
desclarié , il le garny fort de vIatcz et de gens ; et puis
s'en alla à Paris et y mena la royne Katherine sa
femme ^. Par rendicion de Maulx, y eut pluseurs bonnes
villes et fortraissez au pays de France qui se rendirent;
et se rendi la ville de Compiengne, Gournay-sur-
Aronde , Cressonsac , Mortemez et pluseurs autres ;
et tous ceulx qui dedens estoient pour le Doffin s'en
allèrent outre l'iaue de Loire , et le roy Henry fîst par-
tout mètre de ses gens.
Item , ceste mesme année messire Jehan de Luxem-
bourg fist grant assemblée de gens vers Encre % et puiz
à coup, il envoia le vidamme d'Amiens et le seigneur
de Saveuscs, atout leurs gens, prendre place devant
' « Par ung qui cstoit queux de la cuisine du roy d'Angleterre »
[Journal d'un bourgeois de Paris, 82.)
' Merlou. Voyez ci-dessus, page i57, note 2.
' Il semble manquer ici quelques mots.
^ Elle étoit arrivée d'Angleterre le vingt et unième jour de mai
1422. (MONSTRELET , lY, 379.)
' Eu mars 1421 [Ib., 565). L'année i4'22 commença le 12 avril suivant.
1 2
1^8 MÉMOIRES [ï42-2j
Quennoy ' auprès d'Araines ^ Et lendemain messire
Jehan de Luxembourg les sievi atout foison gens et
abillemens de guerre, et mist le siège autour du chastel
de Quennoy : et tant les contraignit, qu'ilz se rendirent
à la vollenté de messire Jehan , sinon le capitaine, que
on nommoit Valeran de Saint-Germain , lequel prinst
son traitié sans le sceu de ses compaignons , et s'en
alla sauve son corps et aucune partie de ses biens. Et
les autres furent envoies à raaistre Robert Le Joune
qui pour lors estoit baillif d'Amiens, lequel les fist
justicier. Et y fut justicié ung gentil-homme nommé
Lignart de Piquegny ^, qui estoit parent du vidamme
d'Amiens ; mais le vidamme le haioit pour ce qu'il luy
avoit fouragié ses terres , et pour ceste cause ne luy
veut aidier.
Quant messire Jehan de Luxembourg eut l'obéis-
sance du chastel de Quennoy, il fist bouter le feu de-
dens, et fut ledit chastel désoley. Après, messire Jehan
de Luxembourg s'en alla devant Louroy, et le mist en
son obéissance; et puis il alla mectre siège devant les
fortraisses d'Araines et les asséja tout autour. Ceulx
qui estoient dedens les fortraisses d'Araines pour le
Doffin boutoient le feu dedens la ville, affin que mes-
sire Jehan de Luxembourg ne s'i logast mie si à son
aise; maiz pour ce il ne laissa à luy logier, et y fut la plus
grant partie du karesme, l'an mil quatre cens et vingt-un .
Tant y fut que ceulx qui estoient dedens se rendirent,
' QuGsnov.
' Airaines.
^ Lienard ilc l'icjuigiiy- (Monstrelf.t , IV, 564.)
[1422] DE PIERRE DE FENIN. 17g
et baillèrent les fortresses à messire Jehan de Luxera-
bourg, lequel les fist toutes désoller et abatre. Et les
doffinois s'en allèrent à Compiengne vers le seigneur
deGamaches, qui estoit ancore capitaine. Et pour ce
temps la ville de Miaulx n'estoie mie ancore rendue ;
mais le siège y estoit.
En tant que messire Jehan de I^uxembourg tenoit
siège devant les fortresses d'Araines, le seigneur de
Gamaches et Poton de Sainte-Traille firent grant as-
semblée devers Compiengne pour lever le siège de
messire Jehan de Luxembourg , et chevauchèrent en
venant vers Mondidier. Et puis vindrent à Perrepont '
et prindrent la ville, qui estoit close de palais et de
fossés, et après Guidèrent prendre le chastel ; mais il
fut bien deifendu par les gens du vidamme d'Amiens
qui estoient dedens. Messire Jehan de Luxembourg
avoit de ses gens vers Mondidier, qui luy firent sçavoir
que le seigneur de Gamaches et Poton l'aloient com-
batre à son siège à Araines ; et quant messire Jehan de
Luxembourg eut les nouvelles , il envoya messire Hué
de Lauuoyet le seigneur de Saveuses, atout environ six
cens combatans de bonne estoffe, pour les aller cora-
batre. Et avecques messire Hue alla bien six ou sept-
viiigs Englès , et messire Raul le Boutillier qui les
menoit. Quant les dessusdiz furent ensemble, messire
Jehan de Luxembourg les convoia grant pièce , et puis
s'en retourna à son siège : et messire Hue chevaucha
droit à Courti ', et là se loga. Et puis lendemain, bien
■ Pieirepont.
' Peut-être Conty.
i8o MÉMOIRES [14221
matin , il tira vers Moreul ', et là passa l'iaue ; et de là
chevaucha vers Perrepont. Quant messire Hue et ses
gens vindrent assez près de Perrepont , ilz eurent cer-
taines nouvelles que les doffinois estoient dedens la
ville. Et quant les doffinois en eurent le sentement, ilz
s'assemblèrent pour eulx mectre aux champs , et bou-
tèrent le feu par toute la ville, et puis s'en allèrent
mectre en bataille au dessus de la ville de Perrepont,
vers Mondidier. Et les Bourguignons et les Englez, eulx
ensemble, passèrent tantost la ville de Perrepont , et
sievirent raidement les doffinois, et tant qu'il y [en]
eut de rués jus et y fut mort mig homme d'armes ,
nommé Brunet de Gamaches, qui estoit homme bien
renommé et tenoit le parti du Doffin. Quant les Bour-
guignons et Englès furent passés outre, ilz se midrent
en bataille contre les doffinois : et y eut pluseurs che-
valliers faiz par messire Hue de Launoj. Et fist cheval-
lier' leBesguede Launoy % Jaques de Brimeu, Antoine
de Rambourcpère '^ et pluseurs autres avecques eulx.
Là furent les deux batailles l'un contre l'autre bien
' Moreuil.
^ Et fait chevallier Guillebert de Launoy, sieur de Vuillerval , le
Bègue de Lannoy.... (Ti.) — Guillebert ou Gilbert de Lannoy, sei-
gneur de Sautes, de Beaumont et de Villerval , marié à Catherine de
Molembais. Il étoit frère de Hugues , dit Hue de Lannoy.
^ Baudoin de Lannoy, dit le Bègue, fils de Guillebert ou Gilbert de
Lannoy et de Catherine de Molembais , seigneur de Santés et de Mo-
lembais. Mort en i474-
< Le manuscrit de Ticulaine porte Rubemprc', ainsi que Monstre -
let (IV, 568). — Antoine, seigneur de Ruberapré et d'Authies, fut fait
chevalier en i4'2'2, et vivoit encore long-temps après i453. (La Moii-
LIÈRE, 6i.)
[1422] DE PIERRE DE FENIN. i8i
deux heures sans assembler, et puis les doffinois com-
mencèrent à eulx retraire Yers Compiengne tout à tret,
sans eulx desroier. Et quant les Bourguignons et Englès
apercheurent que les doffinois s'en alloient , ilz en-
voyèrent le seigneur de SaA^euses après , pour les pour-
sieuir, atout bien quatre-vingt corabatans; elles autres
sievoient en grant ordonnance : et ainsi les poursievi
le seigneur de Saveuses bien deux lieues ; raaiz il n'y
peut riens gaignier ; car les doffinois avoient mis der-
rière leurs railleurs gens pour faire leur arrière-garde.
A ceste besoingne y eut trois ou quatre Englès mors ,
au passer de la ville, et si fut mort le Breton d'Ailly ',
qui en long-temps ne s'estoit armé. Et de toutes les
deux parties n'eut de perte que environ sept ou huict
hommes ; mais les doffinois gaignèrent ung estandart
des Englez. Après ceste besoingne, les Bourguignons
et Englez se retrairent à Araines, vers messire Jehan
de Luxembourg, et les doffinois s'en allèrent à Com-
piengne , comme devant est dit.
Item, après ce que le roy Henry d'Engleterre eut
mis Miaulx en son obéissance , toutes les fortresses
tenantle parti du Doffin, depuis Paris dessy au Crotoy,
se mirent en l'obéissance du roy Henry ; et se mist la
villedeGamaches% Saint- Valéry, Ramburesetpluseurs
autres. Parquoy il ne demoura que le Crotoy, où mes-
' « Ung viel haulsert (haussaire ?) , nommé le Breton d'Ailly »
( MoNSTRELET, IV, 56g). — « On appeloit autrefois haussaires ceux qui ,
s'élevant au-dessus de la petite noblesse, prennent aujourd'hui fiySo)
Je titre de haut et puissant seigneur. » (Ménage , II, Q:i.)
' Elle se rendit le 27 juin i^nn. f Monstrelet , IV, 38'.J.)
i82 MÉMOIRES [1422]
sire Jaques de Harecourt se tenoit, et Noielle sur la
mer. Et tousjours falsoit messire Jaques forte guerre
aux Englès et Bourguignons , par mer et par terre; et
Englez faisoient, d'autre part, forte guerre en Cham-
pengne et au pays de Perche, et vers la rivière de Loire.
Item, d'autre costé, doffinois s'estoient retrais à Guise-
en-Terrasse ' et en pluseurs autres fortresses autour,
et là menoient guerre à tous costés; les autres se te-
iioient à Mont-Aguillon, à Mornes ' et en autres places
au pajs de Champengne.
Item, le roy Henry se tenoit alors à Paris, et fort
mist ceulx de Paris en son obéissance, et moût faisoit
tenir justice radement ; par quoy le povre peuple
Tamoit moût sur tous autres. Item , le duc Phelipes de
Bourgoingne estoit alors en son païs de Bourgoingne ,
et s'i tinst grant temps sans retourner en Flandres ne
en Artois. Et pour le temps qu'il y estoit , la duchesse
Michielle, sa femme, mourut à Gant^, qui estoit dame
de haut honneur et bien amée de toutes gens grans et
petis ; et estoit fille du roy Charles de France et seur
duDoffin. Moult furent ceulx de Gant troublés pour
sa mort, et en donnoit-on grant charge à aucuns des
gouverneurs du duc Phelipe , et aussi à la première
damoiselle de la duchesse '♦, nommée Ourse , et avoit
' Guise-en-Thiéraclie.
' Le manuscrit de Tieulaine porte Monte.
' Le 8 juillet 1422. Voyez ci-dessus , page 92, note i.
* Durse Spazequerin , damoiselle d'honneur de la Reine, mariée à
messire Jacques âv. La A iezville , écuyer, conseiller et chambellan du
duc Jean (La Barre, II , i25). Il est dit dans un compte ( 1422) de Jean
Fraignot , receveur général de Bourgogne , que maître Thierry Le
[1422] DE PIERRE DE FENIN. i83
espousé Copln de Méville; maiz nonobstant on n'en
sceut oncquez la vérité.
Item , le duc Phelipe fist grant doeul de la mort de
la duchesse JMichielle , sa femme , quant dit luy fut ,
et moût en fut courclilé. Item , à ceste mesmes saison ,
y eut à Gant une femme qui donna à entendre qu'elle
estoit sem- aisnée du duc Phelipe ' ; et , par aucun con-
bourneraent, luj firent ceulx de Gant honneur; et
aussi firent pluseurs des seigneurs du pays , cuidans
qu'elle desist vérité, et luy fist-on de grans dons : et
moût se faisoit servir hautement. Mais enfin on sceut
bien qu'elle abusoit le monde, et s'en alla que on ne
sceut point qui elle estoit.
Item , ceste saison les doffinois firent grant assem-
Roy, conseiller et maître des requêtes de l'hôtel du duc Philippe ,
« informa contre 31. de Roubais , conseiller et premier chambellan du
duc, et contre Ourse, femme de Jacques de La Yiesville, sur le fait
de la mort de feue madame la duchesse , laquelle Ourse, qui étoit
allemande, et femme de Coppin de La Yiesville, fut soupçonnée d'avoir
empoisonné la duchesse » (La Barre, II, i8i). Nous nous étonnons
de trouver les deux prénoms de Jacques et de Coppin (Gauvain) attri-
bués au mari de la demoiselle Ourse , ayant tout lieu de croire que
Hlonstrelet et La Barre lui-même ont eu raison de faire deux person-
nages bien distincts de Jacques et de Gauvain de La Yiéville. Le ma-
nuscrit de Tieulaine porte Jacques Copin de La Viesville.
' Yoici ce que Salazard raconte à ce sujet : « Il parut , au mois
d'août 1425, une personne sous un habit étranger, qui s'annonça
comme sœur du duc de Bourgogne. D'abord on lui fit toutes sortes
d'honneurs par égard pour le prince. Comme elle se disoit être Mar-
guerite , duchesse de Guienne, cela donna des soupçons , attendu que
madame de Guienne venoit d'être promise au comte de Richemont.
A la un, après l'avoir convaincue d'imposture, on découvrit qu'elle
s'étoit cchapixie d'une abbaye de Cologne. En conséquence, on la re-
mit à l'évèque de Tournai . qui la rcnvova chez elle -> flV, 7g).
i84 MÉMOIRES [14-22]
blëe de gens et mirent le siège devant la ville de Coisne-
sur-Loire ' ; et tant y furent qu'il falut que ceulx de la
ville prensissent jour de rendre la ville en l'obéissance
du Doffin. Et fut le jour prins au dix-huitiesme joui-
d'aoust* l'an mil quatre cens vingt-deux, par condi-
cion qu'ilz livreroient bataille au duc Phelipe de Bour-
goingne s'il y alloit au jour dessusdit, ou, si n'y alloit,
ilz rendroient la ville aux gens du Doffin. Et quant les
gens au duc Phelipe eurent prins jour de rendre la ville,
ilz le firent savoir au duc Phelipe , et lors le duc fist
partout publier ses raandemens pour estre au jour des-
susdit contre le Doffin, et manda les Picars et tous
autres qui servir le voudroient. Et aussy il envoia de-
vers le roy Henry d'Engleterre affin qu'il lui envoiast
de ses gens , et le roy Henry lui envoia le duc de
Bethefort % son frère , atout bien trois mille comba-
tans englez, et avec luy estoit le conte de Varvic.
Item, le duc Phelipe atendoit le duc de Bethefort et
les Picars à une bonne ville nommée Vedelay^. Et
quant tous ses gens furent assemblez , il avoit une belle
' Cosne-sar-Loire.
^ Monstrelet (IV, 4oo)dit « leseiEièmejour. » Le manuscrit (fol. 287}
porte « XXVI 1* jour. »
' Jean de Lancastre, comte de Rendall et duc de Bedford , troisième
fils de Henri IV et de Marie, fille de Humphrey de Bohum, comte
de Hereford, etc ; nommé régent du royaume de France à la mort de
son frère Henri V; mort à Rouen le i4 septembre i455, jour de la
fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix (W. Ducdale, III, 200-202).
L Art de vérifier les dates (1 , 8i5) dit le i4 décembre.
< Le manuscrit de Ticulaine et Monstrelet (IV, 4<J'^) portent Fe~
zelay.
[1422] DE PIERRE DE FENIN. i85
compaigiiie desy au nombre de douze mille combatans
et tous gens de fait ; et chevaucha en tirant vers Coisne,
et tant, qu'il fut au jour qui dit estoit. Et s'alalogier
devant la ville deCoisne. Et avoit intencion de com-
batre le Doffin et sa puissance, s'il y fust venus; mais il
n'y vint point : par quoy la ville de Coisne demoura
en l'obéissance du duc Phelipe, comme elle estoit par-
avant. Et pour cest voiage faisoit messire Jehan de
Luxembourg l'avant-garde au duc Phelipe, et alla
courre desy à La Charité-sur-Loire, qui pour ce temps
estoit tenue des gens du Doffin : et s'i gouverna mes-
sire Jehan de Luxembourg moût hautement. Après ce
que la journée que Coisne se devoit rendre fut passée ,
comme dit est, et que le duc Phelipe sceut la vérité
que le Doffin ne le combatroit point , il se commencha
à retraire en allant vers Troies en Champengne , et le
duc de Bethefort s'en alla devers Sens, en Bourgoingne,
en tirant vers Paris, et puis alla au bois de Vicenne, où
le roy Henry son frère estoit moût mallade.
Item , quant le duc Phelipe fut venus à Troies , il
séjourna environ huict jours et puis chevaucha en
allant vers Paris, luy et ses gens. Et quant il fut venu
à Bri-Conte-Roberl , on luy dist certaines nouvelles
que le roy Henry se mouroit. Après ce que le duc Phe-
lipe sceut la vérité du roy Henry, il envoia messire
Hue de Launoy vers luy, et estoit messire Hue maistre
des arbalestriers de France. Quant messire Hue fut
venu devers le roy Henry, il le trouva moût grevé de
maladie , et se recommanda le roy Henry au duc Phe-
lipe et luy pria , par messire Hue de Launoy, qu'il
i86 MÉMOIRES [1422]
entretenlst bien les sermens et aliances qu'il avoit aux
Englez. Et pareillement pria à son frère, le duc de
Bethefort, et autres seigneurs de son conseil, qu'ilz
fussent lojaulx envers le duc Phelipe, et moût leur
recommanda en son derrain. Et ne demoura mie gran-
ment, après ce que le roy Henry, eut ainsi parlé à
messire Hue de Launoy , qu'il trespassa de cest siècle.
Et quant vint environ une heure devant sa mort, il
demanda à ses médechins qu'il leur sembloit de son
fait, et leur prioit qu'ilz lui en deissent la vérité. Lors
ilz luy respondirent : « Très chier sires, pour Dieu,
pensés au salut de vostre ame ; il ne se peut faire que
vives deux heures par cours de nature. » Adonc le roy
Henry commanda à son confesseur qu'il deist les sept
seaumes : et quant vint à ung vers où il est escrip :
Bénigne fac., Domine, etc., où il y a au derrain , mûri
Jherusalein% il fist cesser son confesseur, et puis dist
que , par son ame , il avoit proposé de une fois con-
querre Jhérusalem et faire rédiffier, se Dieu luy eust
laissié sa vie.
Après ce qu'il eut ce dit, on parleul les sept seau-
mes, et dedens une après', il rendi son ame, donc
moût de gens furent fort courchiés et le tindrent à une
grande perte; car le roy Henry estoit prince de haut
entendement et qui moût voulloit garder justice. Par
' « Bénigne fac, Domine, in bona voluntate tua Sion , ut œdificen-
tur mûri Jérusalem. « (Psalm. L, 20.)
* Cette leçon est conforme au texte du manuscrit de Tieulaine et
du nôtre. Godefroy a imprimé : « une heure après quoi il rendit
l'âme, w
[1422] DE PIERRE DE FENIN. 187
quoy le povre peuple l'amoit sur tous autres; car il
estoit tout conclu de préserver le menu peuple contre
les gentis-hommes des grans intortions qu'llz falsolent
en France et en Picardie, et par tout le royaume : et,
par espécial , n'eust plus souffert qu'ilz eussent gou-
verné leurs chevaulx , chiens et oyseaulx sur le clergié
ne sur le menu peuple , comme ils avoient à coustume
de faire; qui estoit chose assés raisonnable au roy
Henry de ce vouloir faire, et donc il avoit et eust eu
la grâce et priaire du clergié et povre peuple.
Item, après ce que le roy Henry fut trespassé,
comme dit est devant, il y eut grant doeul fait de ses
gens, par espécial du duc de Bethefort, son frère. Et
alla le duc Phelipe de Bourgoingne devers le duc de
Bethefort pour le reconforter, et aussi pour conclure
eulx ensemble des affaires de France. Et quant le duc
Phelipe et le duc de Bethefort eurent parlé ensemble ,
le duc Phelipe s'en retourna à Paris , où il fut environ
quinze jours , et puis il s'en alla en son païs de Flan-
dres et d'Artois.
Item , le corps du roy Henry fut emmené en En-
gleterre, et avec s'en alla Katherine, roigne d'Engle-
terre, sa femme; et le roy Henry avoit ung petit filz,
nommé Henry comme son père , de Katherine , seur
du Doftin , lequel releva la couronne d'Engleterre et le
royaume. Et n'avoit de aage que environ quinze moys '
• En donnant quinze mois à Henri VI en août 1422 ( ce qui repor-
teroit au mois d'avril 1421 l'époque de sa naissance), Fenin se trouve
d'accord avec ce qu'il a déjà dit, qu'au départ de Henri V et de sa
femme pour l'Angleterre, en janvier 1420 (fm de l'année) , Catherine
i88 MÉMOIRES [1422]
quant son père trespassa , et trespassa l'an mil quatre
cens vingt-deux, ou mois d'aoust'. Et pour lors vivoit
ancore le roy Charles de France , pour quoy le roy
Henry ne fut point héritier dudit royaulme; car il
avoit promis au traitié du mariage de Katherine , fille
du roy Charles, et au passement du duc Phelipes de
Bourgoingne, que le roy Charles joiroit sa vie du
royaume ; et, après sa mort, le roy Henry seroit héri-
tier, luy et ses hoirs , comme en autre lieu cy-devant
est plus à plein desclarié le premier acord fait entre
les parties '.
Item, depuis l'an mil quatre cens et quinze, que la
bataille d'Azincourt fut , y eut en France grant tribu-
lacion des monnoyes. Et couronnes, qui avoient esté
forgiés pour dix-huict solz, commencèrent à monter à
dix-neuf et à vingt , et puis tousjours en montant desy
à neuf francs. Et, pour vray, ung escu monta et valut
neuf francs avant que la chose se mesist à rieuUe; et
pareillement toute autre monnoye monta, checune en
sa quantité. Et couroit monnoie que on nommoit fleu-
rètes, qui valloient dix-huict deniers ; mais enfin elles
furent mises à deux deniers , et puis on les deffendi
étoit enceinte et qu'elle accoucha peu après. Les historiens s'accor-
dent cependant à placer l'accouchement de cette princesse au 6 de
décembre 1421.
' Le recueil de Rymer (IV, 4' partie, page 80) contient un acte du
mois de novembre 1422, duquel il résulte que le roi Henri Y mourut
au bois de Yincennes , le lundi, demi a- jour d'août 1422 , entre deux
et trois heures après minuit.
' Voyez ci-dessus, page 157.
[1422] DE PIERRE DE FENIN. 189
qu'elles n'eurent point de cours ; par ce y eutpluseurs
riches marclians qui perdirent grandement. Et aussi ,
du temps que la monnoye avoit cours pour si grant
prix, c'estoit fort contre les seigneurs ; car leurs sen-
ciers qui leur dévoient argent, vendoient ung serpent '
de blé dix ou douze frans, et paient une grande censé
de liuict ou dix septiers de blé : par quoy pluseurs
seigneurs etpovresgeutis-horames eurent en ce de grans
dommaiges. Et dura ceste tribulacion depuis l'an mil
quatre cens et quinze desy à l'an mil quatre cens et
vingt-un, que les choses se mirent à point touchant les
monnoies, et fu remis ung escu à vingt-quatre sols.
Et puis on fist blans doubles de huict deniers; et toute
autre monnoie fut remise à rieulle, checune à sa quan-
tité. Pour ceste année que les monnoies furent remises à
leur rieulle, y eut moût de procès et de grans dissen-
tions, entre pluseurs gensdu royaume,pour les marchiés
qui estoient fais du temps de la feble monnoye; et vou-
loient ceulx qui avoient vendu ou fait marchié à solz
et h livres , estre paies de la monnoie qui pour le temps
couroit : c'est assavoir l'escu à vingt-quatre sols, et
blans pour huict deniers ; en quoy il y avoit bien grant
décepte pour les achateurs.Tantost après le roy Henry
fist forgier petite monnoie que on nommoit doubles,
et vailloient trois mailez; mais en commun lenguague
on les nommoit niques , et ne couroit autre monnoie.
Et quant aucun en avoit pour cent francs % c'estoit la
' Le manuscrit de Tieulaine porte septier.
' Ccni florins. (Tr.)
190 MÉMOIRES [1422]
charge d'un homme ; et estoit bonne moye * pour son
pris, se n'eust esté le grant empeschement qu'elle fai-
soit à porter : et avec on fist forgier blans doubles
englès en commun. Ainsi par pluseurs fois eut en
France , pour le temps des guerres , grant changement
de monnoies, donc le peuple estoit mal content; maiz
ilz ne le peurent avoir autre. Et maismes fut fait par
le conseil du roj Henry que toutes gens qui avoient
vaesselle d'argent la bailleroient, checun en sa porsion,
par prix raisonnable , pour forgier monnoje '. Et
emprint-on en pluseurs lieux à ceux qui en avoient ,
sans leur païer ce que la vaesselle povoit valloir. Par
espécial maistre Robert Le Joune , qui pour lors estoit
baillif d'Amiens , en fist prendre à pluseurs bourgols
de la ville d'Amiens , donc il estoit fort hay, pour ce
et autres choses qu'il faisoit à la fiance du roy Henry
qui moût l'amoit. Et eut ledit maistre Robert tous-
jours grant gouvernement de par le roy Henry et de
ceux qui , après luy, vindrent pour le roy Henry son
' Monnoje. (Ti.)
' Juvénal des Ursins (384) nous apprend que , le 6 décembre 1420,
les trois états furent mandés , et qu'entre autres choses on décida dans
cette assemblée « qu'on feroit une manière d'emprunt de marcs d'ar-
gent, qu'on mettroit à la monnoye : et ceux qui les mcttroient au-
roient la monnoye au prix que l'on dii'oit, et de ce qui valoit huict
francs le marc d'argent, et qui seroit mis en la monnoye, ils en au-
roient sept francs, et non plus. » Il ajoute que cette décision fut mise
à exécution, et que nul n'en fut exempt, pas même l'Université, qui
réclama; « mais ils furent bien rebutés par le roy d'Angleterre, qui
parla trop liien et hautement à eux : ils cuidèrent répliquer, mais à la
fin ils se teurent et déportèrent ; car autrement on en eust logé en
prison. »
[1422] DE PIERRE DE FENIN. 191
fieux; donc il estoit moût enviez de pluseurs seigneurs
de Picardie et du bailliage d'Amiens. Mais nonobstant
il tint bien le parti des Englez tant qu'il peult estre
obéy en son ofllice.
Item, dedens [deux'] mojs après ce que le roj Henry
d'Engleterre fut trespassé, le roy Charles de France
trespassa de cest siècle % et fut enterré à Saint-Denis
en France ; et avoit esté roy couronné l'espasse de
quarante-six ans". Moût fut le roy Charles amé de
son peuple toute sa vie , et pour ce on le nommoit
Charles-le-bien-Amé. Maiz il fut la plus grant partie de
son règne qu'il avoit une malladie qui moût luy nui-
soit, et par fois vouloit férir tous ceulx qui estoient
avecquez luy. Et print ces te maladie en la ville de
Mant, tantost après qu'il eut esté en Flandres pour
réduire les Flamansqui pour lors se voulloient rebeller.
Vérité est que le roy Charles ouït sa messe, et ung de
ses serviteurs ly vint baillier unes heures, et inconti-
nent que le Roy regarda dedens, pour dire ses heures,
il devint ainsi comme hors du sens, et sailly hors de
' INous suivons le texte du manuscrit de Tieulaine. Le nôtre porte :
'< dedens six moys. »
' Le 20 octobre , suivant Juvénal des Ursins (096) ; le 2 1 , selon te
Journal d'un bourgeois de Paris (88) ; ou enfin le 22 , d'après Mons-
trelet(IV, ii5).
' Charles YI étant monté sur le trône le 16 septembre i58o, avoit
régné quarante-deux ans, un mois et six jours. Les éditeurs de Mons-
trelet lui font commettre une erreur semblable à celle de Fenin, en
imprimant que Charles YI « fina sa vie.... au quarante-sixième an de
son règne. » Le manuscrit do Monstrelet dont nous reproduisons
toujours le texte , porte f/uarantc-deuxicsme.
iga MÉMOIRES [i422]
sonoratore, et puis commensa à férir tous eux qu'il
encontrolt ', et mesme féri son frère , le duc d'Orlians,
et pluseurs autres qui là estoient. Mais tantost on le
prinst et puis on le mena en sa chambre ; et depuis ce
jour n'eu toute sa vie gaires de santé, combien qu'il
vesqui long-temps en tel estât. Et en quelque estât
qu'il fust depuis, y fallolt avoir tousjours regard sur
luy et garder.
Item , après ce que le roy Charles fut en Testât que
dit est devant , il y eut de moût merveilleux gouver-
nement au royaume de France, et y avolt pluseurs
seigneurs de son lignage qui tous contendoient chacun
de avoir le plus grant gouvernement autour du Roy :
et pour ceste cause se meut l'envie entre eulx , donc le
royaume fut de piz, comme ci-devant est devisé.
Item , quant le roy Charles mourut , il laissa son
royaulme moût troublé ; car gens de tous estranges
pays avoient gouvernement ou royaume. Première-
• Fenia est le seul historien de l'époque qui donne ces détails sur
les commencemens de la maladie du Roi. Tous les autres s'accordent
à dire que Charles YI eut son premier accès de frénésie au moment où
il se mettoit en marche avec son armée pour aller combattre le duc
de Bretagne (i5g2).
Gollut donne cependant une autre version (III, 5gg). 11 prétend
que le Roi s'étant rendu dans la ville d'Amiens, en iSqi, pour traiter
de la paix avec les ducs de Lancastre , d'York et de Glocester, « à la
sortie de ce colloque , le Roy tombât en une fiebvre frénétique , la-
quelle donnât grand soubeçon d'un empoisonement. Et de mesmes ,
les ducs de Bcrry et de Bar furent malades; mais le Barrois seul paiat
pour tous. » Selon Froissart (XIII, 45) , « après ce que le parlement
eut esté à Amiens , le roy de France eschey par incidence , et par luy
mal garder, en fièvre et en chaude maladie. »
[1422] DE PIERRE DE FENIN. 19.3
ment les Englès en avoient conquis grant partie et de
jour en jour conquéroient ' . Et avecquez ce, avoient
leducPhelipes de Bourgoingne de leur partie, et moult
d'autres grans seigneurs, sesaliez, qui touscontendoient
à conquerre le royaume pom' le roy Henry d'Engle-
terre, fieux du Roy devant dit; car le petit roy Henry
d'Engleterre , filz du roy Henry et de Katherine , fdle
du roy Charles , saisi le royaume de France après la
mort du roy Charles , son taion; et avec, en son scel
portoit les armes de France en ung escuchon , et les
armes d'Engleterre en ung autre ; et pareillement en
toutes les monnoies qu'il faisoit forgier avoit deux es-
cuchons des armes dessusdites. Et fist le roy Henry
deffendre que les couronnes qui avoient esté forgiés
du temps du roy Charles-le-Bien-Amé n'eussent point
de cours , ne toutes monnoies du temps dudit Roy, et
checun les portast aux forges; mais nonobstant que
par pluseurs fois fut deffendu, et avec que nulle obli-
gacion royalle on ne osoit passer à la monnoye devant
dite , si en usoit-on en moult de lieux. Et avoit le roy
Henryfait forgier monnole d'or que onnommoit S alu s,
et valloit vingt-deux sols parisis chescun salus ; car
' L'Angleterre possédoit à cette époque la Normandie , la Giwenne,
la Picardie , la Champagne , la Brie, l'Isle-de-France et Paris , à l'ex-
ception d'un petit nombre de places qui tenoient encore pour Char-
les VII. De plus, elle pouvoit compter sur la Bourgogne, la Flandre
et l'Artois, appartenant au duc de Bourgogne, son vassal et son allié.
Charles VII avoit en sa possession le Languedoc, le Dauphiné, le
Beny, l'Auvergne , la Tourainc, une partie de la Saintonge, la ville
de La Rochelle , le Poitou , la Provence , le Maine et l'Anjou, f Rapin-
TnoYRAs, IV, 176.)
194 MÉMOIRES [1422]
elle esloit bonne pour son pris. Et si fist forgier Mans
de huict deniers. Ainsi ne couroit pour ce temps, par-
tout où le roy Henry estoit obéi ou royaume de France,
monnoie royalle que celle que le roy Henry avoit fait '
forgier, où les armes de France et d'Engleterre estoient,-
se n'estoit en péril de perdre la monnoye : et en y eut
pluseurs qui par ceste manière la perdirent.
Item, Charles, duc de Touraine, Dotîin, qui estoit
(ilz du roy Cliarles-le-Bien-Amé , et droit héritier du
royaume de France par les anciens édis et coustume
dudit royaume , saesy le royaume et se fist nommer
roy, après la mort du roy Charles , son père, combien
que , par l'acord fait au mariage du roy Henry, fût or-
donné eulx ensemble que le Doffin seroit débouté du
royaume , et que jamaiz ne pocesseroit de nulle sei-
gnouiie qui fust au roy Charles, son père, pour le
malvais fait qu'il avoit commis sur le duc Jehan de
Bourgoingne : et acorda le roy Charles et le duc Phe-
lipe ce traitié, et pluseurs seigneurs de France, au roy
Henry. Et aussi fut ordonné par parlement que le
Doffin seroit débouté hors du royaume'; maiz non-
obstant quelque apointement que on eust fait contre
luy, sy se fist-il nommer roy de France après la mort
dudit roy Charles ; mais il ne fut mie sacré en long-
temps après. Ainsi avoit en France deux rois , c'est
assavoir le roy Charles et le roy Henry, lequel roy
Henry se nommoit roy de France et d'Engleterre , et
' A\oil faite (Ti). — Ici se terminent les Mémoires de Fenin, dans
le manuscrit de Tieulaine et dans toutes les éditions précédentes.
^ Voyez ci-dessus, page 149, note 3,
[1422] DE PIERRE DE FENIN. 195
tous deux conteudoient d'avoir le royaume : par quoy
ledit royaume fut long-temps en \oie de perdicion.
Item, le Doffin, qui se fist nommer roy de France
après la mort du roy Charles, son père, comme dit
-est, estoit très mal gouverné : et y avoit la plus grant
partie d'estrangiers qui le gouvernoient , par espécial
Davegny Du Chastel , le vicomte de Nerbonne et plu-
seurs autres gens de petit estât. Et pour ce y avoit
moût de grans seigneurs qui tenoient le parti du roy
Charles, qui en estoient très mal contens : et avoient la
plusgrant partie dissentioneulx ensemble, donc les be-
soingnes du roy Charles empiroient tous les jours en
plusieurs manières. Et avec ce, ceulx qui luy avoient
donné le conseil de mectre le duc Jehan de Bourgoin-
gne à mort le tiroient tousjours arrière de ses ennemis
le plus qu'ilz povoient, et moût reparoit pour lors le
roy Charles à Bourges en Berry.
Item , le roy Charles, qui estoit de sa' personne moût
bel prince et biau parleur à toutes personnes , et estoit
piteux envers povres gens , mais il ne s'armoit mie vol-
lentiers et n'avoit point chier la guerre, s'il s'en eust
peu passer. Et avoit espousé la seur ' du roy Loys ', qui
estoit moult dame de haut parage et sage ; et eut plu-
seurs enfans , donc mencion sera faite cy-après plus
à plain, quant lieu sera. Etavecquez ce, se veut, par
' Marie d'Anjou , fille aînée de Louis , II* du nom , loi de Sicile ,
duc d'Anjou , etc. , et d'Ioland d'Aragon , fut fiancée , au cliâteau du
Louvre à Paris, le i8 décembre i4i5, et mariée en i^-n. Elle mou-
rut le 29 novembre i465, âgée de cinquante-neuf ans , un mois et
«juinze jours.
' Voyez ci-dessus , page ^G, note 2.
igô MÉMOIRES [1422]
pliiseurs fois, excuser qu'il n'avolt point esté coupable
de la mort au duc Jehan de Bouigoini^ne, et que ce
-que on avoit fait avoit esté contre sa vouUenté; mais
le ducPhelipes n'en veut estre content, ne faire paix,
et si en fut requis moult de fois ; et luj olTroit le roy
Charles à luy faire de grans amendemens. Et si osta
depuis tous ceux qui avoient esté traicteur de la mort
au duc Jehan de son hostel , et plus ne les voulloit
tenir autour de luj ; mais nonobstant la paix ne se
povoit trouver vers le duc Phelipe de Bourgoingne;
car son conseil metoit tousjours devant que son père
avoit esté mourdri en paix, et que bonnement ne se
povoit fier en chose que le roj Charles ne son conseil
feissent. Et aussj on luy ramentevoit le serment qu'il
avoit fait aux Englez, lequel il devoit garder de rom-
pre, ou autrement il seroit déshonnorés'illefaisoit. Et
par telz choses, demoura longuement la paix à faire
entre le roj Charles de France et le duc Phelipes de
Bourgoingne, donc le royaume fut moût travaillié.
Item , l'an mil quatre cens vingt-deux , après ce que
le roy Henry d'Engleterre fut mort , comme dit est de-
vant, et que le roy Henry, son fdz, eut saesi le royaume
de France et d'Engleterre , le roy Charles et ses gens
furent joyeulx et cuidèrent bien estre au-dessus de leur
guerre; car moût doubtoient le roy Henry, pour ce
qu'il estoit vaillantconquérant et saige en fait deguerre.
Et de fait se commencèrent à avanchier sur le pais
au duc Phelippe ; et alla le connestable d'Escosse '
' Jean SUiart, sieur d'Ervette et de Cona-essault, seigneur d'Au-
Ligny-sur-]Nerre, comte de Dreux, connétable de l'armtc d'Ecosse
[1423] DE PIERRE DE FENIN. 197
mectre le siège devant la \Ille de Carbeus ', luy acom-
paigiiié de phiseurs des gens du roj Charles; car de
toute la guerre qui fut entre le roj Charles et le roy
Henry et le duc Phelipe, les Escossois servoient le roy
Charles contre les Englès et Bourguignons. Quant les
gens du roy Charles eurent mis le siège devant Carbeux,
le marissal de Bourgoingne, nommé le borgne de Tou-
longuons , fist grant assemblée pour lever le siège de
Carbeux. Et avec luy alla le conte de Salsebri % qui
estoit vaillant en fait de guerre, et bien se trouvèrent
six mille ^ combatans de bonne estoffe. Quant ilz furent
tous assemblés , ilz alloient pour lever le siège ; et de
fait combatirent le connestable d'Escosse et ses gens,
et tant firent qu'ilz gaignèrent la journée. Et fut le
connestable prins , et son filz '* mort en la place; et
(Du TiLLET, II, 234 et 257), mort en 1428, à la bataille de Rouvray,
dite des Barents, « faite la nuit des Brandons (i5 février), environ
trois heures après minuit» ( Monstrelet , V, aog). Rapin-Thoyras
(lY, igo) dit que les François lui donnent le titre de connétable
d'Ecosse, mais qu'on ne voit pas qu'il soit qualifié de même par les
historiens de sa nation. Il conjecture de là que l'erreur des François
est provenue de leur ignorance de la langue angloise ou écossoise, dans
lesquelles le titre de connétable se peut donner à tout chef qui commande
un corps de troupes , sans que pour cela il soit connétable du royaume.
' Gravant. Le roi Charles VII fit assiéger cette ville, qui tenoit
j)our le duc de Bourgogne , en juillet \l\'îb. ( Monstrelet, V, 57.)
'' Thomas de Montagu , comte de Salisbury, marié à Aliénor, fille
de Thomas, comte de Kent. Mort au siège d'Orléans, le 5 novem-
bre 1428. Il prend, dans son testament, les titres de comte de Salis-
Ijuiy, dePerch, et de lord Monlliermer. (W. Dugdale, I, 65i-53.)
' Monstrelet (Y, 58) dit quatre, mille.
* Selon Monstrelet (V, 208), un fils de Jean Slitail lui tué avec son
père à la bataille de Bouvray.
198 MÉMOIRES [1423]
pluseurs en y eut des gens au roj Charles prins à ceste
journée et mors, desy au nombre de dix à douze cens,
tous gens de fait. Ainsi fut le ville de Carbeux délivrée
du connestable d'Escosse par le marissal de Bourgoin-
gne et le conte de Salsebri. Et puis les deux seigneurs
dessusdiz se retrairent à la conté de Salsebrj ' . Tantost
après mirent le siège devant Mont-Aguillon en Cham-
pengne, et là fut bien liuict moys' avant qu'ilz sevousis-
sent rendre : et puis quant Mont-Aguillon fut rendu, le
conte de Salsebri le fist abatre et du tout désoler. Apres,
le dit conte s'en alla asségier le chastel de Moimes %
qui moût estoit fort, et avec ce j avoit de vaillans gens
de guerre et qui bien et vaillanment s'i portèrent. Et
y avoit ung nommé Caignart ^ qui estoit homme de
grant emprinse et renommé sur tous les autres.
En tant que le siège estoit devant Mojmes , les gens
du roj Charles qui estoient dedens faisoient de grans
saillies sur les Erigiez et Bourguignons qui estoient
devant eux au siège : et y prindrent Henry de Latour,
' Il nous semble que cette phrase doit être ponctuée et lue de la
manière suivante : « Et puis les deux seigneurs dessusdiz se retrai-
rent; et le conte de Salsebry, tantost après, misl le siège.... » Mons-
trelet (V, 4^) , après avoir dit que les Bourguignons s'en allèrent en
leur pays , ajoute que « les comtes de Salsebry et Suffort retournèrent
au siège devant Mont-Aiguillon. »
' « A l'issue de février, audit an i^aS, se rendirent ceulx du Cro-
toy et de Mont-Aguillon, aux Angloys, leurs vies sauves, et s'en allè-
rent franchement, qui tant de maulx avoient fait; car ils s'estoieut
tenuz plus d'ung an. » {Journal d'un bourgeois de Paris, 97.)
^ Moyennes.
" Monstrelet (V, 5i5) cite « un routier Boulonnois , appert homme
d'armes, nommé Canari, » fait prisonnier au siège de Compiègne,
en i4ûo, par le parti bourguignon.
[1423] DE PIERRE DE FENIN. 199
capitaine de saint Micliiel , et le menèrent dedens
Moismes. Et aussy, à une autre saillie, ffitValleran de
Boui novllle ' tué d'une lance donc il fut féru travers le
corps; car il cstoit allé h l'escarmuche sans harnais.
Ainsi firent ceux de dedens Mojmes moût de dom-
maige, par pluseurs fois, à ceulx qui tenoient siège de-
vant eulx; mais en y falut qu'ilz se rendesissent, et s'en
allèrent, aucune partie, sauve leurs corps et leurs biens,
et les autres demourèrent prisonniers. Et puiz, après,
on fîst abatre le chastel de Moismes ; donc ce fut grant
dommaige, car c'estoit la plus forte plache de Cham-
pengne. Et depuis qu'elle fut abatue la réparèrent les
gens du roy Charles , comme cy-après sera devisé.
Item, environ le temps que dit est, le duc Phelipe de
Bourgoingne donna sa seur Anne h mariage ' au duc
' Valeran de Bournonville fut blessé dangereusement au siège de
Moyennes en Champagne, en l'année il^iS. Jean de Luxembourg lui
donna ensuite le gouvernement de Beaumont-en-Argone. Il étoit en-
core un des premiers capitaines des armées du duc de Bourgogne
en 1 474 et T 475 ( Anselme , V, 848 ). Anselme , on le voit , est en dés-
accord avec Fenin ; mais Monstrelet , qui lui sert presque toujours
d'autorité, après avoir dit (V, i44) que, durant le siège, il y eut plu-
sieurs escarmouches , « entre lesquelles eu y eut une oixfut mis à mort
Yalerien de Bournonville, d'une lance qui lui traversa outre le corps, »
le fait revivre, en mai 1428, et constituer capitaine de Beaumont, par
Jean de Luxembourg (V, i84).
^ Les conditions du mariage étoient déjà arrêtées depuis le 12 dé-
cembre i4'i2 (D. Plancher, III, Preuves, cccxiii). La cérémonie des
fiançailles eut lieu à IMontbar, le i5 avril i4'^5 (Salazard , IV, 69), et
le mariage fut enfin célébré à Troyes, où le duc de Bedford et la pi'in-
cesse Anne se rendirent, l'un au commencement de juin i423, et
l'autre le 1 4 du même mois {Ibi'd., 71). Monstrelet (V, 29) dit aussi
<|uc le mariat<e se fil a Troves, " et furent les noces faites tant solen
200 MÉMOIRES [H23j
de Bethefort, frère du roy Henry d'Engleterre , lequel
roj Henry estoit mort. Et fut le duc de Bethefort fait
régent de France pour son nepveu le josne Henry. Par
quoy l'aliance fut faite entre le duc de Bourgoingne et
les Englez plus forte que devant.
Item, le duc Phelipe de Bourgoingne, le duc de
Bethefort et le duc de Bretaigne assemblèrent en la
ville d'Amiens tous trois ensemble ' et foison d'autres
grands seigneurs. Et si estoit le conte de Richemont,
frère au duc de Bretaigne, lequel avoit espousé Mar-
guerite % seur aisnée au duc Phelipe de Bourgoingne,
nellement que royalement. » La duchesse de Bedford mourut à Paris,
le i4 décembre i435, suivant dom Plancher (III, 555) ; mais il com-
met une double erreur , quant au mois et à l'année qu'il indique.
L'épitaphe de cette princesse, rapportée par Dugdale (II, 201), nous
apprend qu'elle fut enterrée à Paris, aux Célestins, dans la chapelle
d'Orléans, le 14 novembre i432. Cette date se trouve confirmée par le
récit de Monstrelet, qui place la mort de la duchesse de Bedford en
1432 (VI, 63). D'ailleurs, un second mariage contracté par le duc de
Bedford, au commencement de l'année i433, avec Jacqueline , fille
aînée de Pierre de Luxembourg, comte de Saint-Pol (Monstrelet,
YI, 74) > prouve, d'une manière non moins concluante que l'épi-
taphe d'Anne de Bourgogne, que cette princesse avoit cessé de vivre
avant i435.
' « Environ Quasimodo (11 avril), l'an i423. » (Saint-Remv,
VIII , 228.)
" Les conventions relatives au mariage de cette princesse avec le
comte de Richemont furent arrêtées et signées à Amiens, le i4 avril
1425, après Pâques (D. Plancher, III, Preuves, cccxi). La célé-
bration s'en fit à Dijon, dans la chapelle du palais, le 10 octobre sui-
vant. Cette date nous est fournie par Salazard (IV, 80). Il ajoute que
les noces du comte de Richemont furent suivies de celles du fils de La
Viévilie, seigneur de Noirien, qui épousa, le 7 novembre, la fille de
la dame de Roisel. A l'aide de ce renseignement, nous croyons pou-
[1423] DE PIERRE DE FENIN. 201
et paravant avoit espousé monseigneur de Guyane ,
doffin de France.
Item, les trois dessusdits furent cinq ou six jours
dedens la ville d'Amiens ensemble; et moût faisoient
grant révérence l'un h l'autre. Et promirent eux trois
ensemble de aidier l'un à l'autre , et baillier secours de
gens à celluy qui à faire en avoit ' : et raout d'autres
voir signaler une erreur de La Barre , laquelle erreur il importe d'au-
tant plus de relever, que l'autorité qu'il invoque semble davantage
garantir l'exactitude de son récit.
Jacques de La Yiesville , seigneur de Norran et de Samesson, che-
valier, conseiller, chambellan du duc de Bourgogne , et bailli de Di-
jon, est compris , par La Barre (II , 209) , dans Y Etat des officiers et
domestiques de Philippe-le-Bon , duc de Bourgogne. « Il fut ( dit une
note dont les éléments sont puisés dans le compte rendu, en i425,
par Jean Fraignot, receveur général de Bourgogne) envoyé, au
mois de février 1422 , vers le duc de Bedford, pour traiter du mariage
de mademoiselle Anne de Bourgogne , sœur au duc Philippe. Elle fut
promise à Troyes au mois de mai i423, et mariée à Dijon, le 10 octobre
de la même année. Son ûls fut marié à Dijon , en l'hôtel du duc , avec
la ûUc de feu messire Pierre de Gillans, le 7 novembre i423. » Nous
n'avons aucun moyen de vérifier si La Barre est exact dans ce qu'il
rapporte de la mission du sieur de La Yiéville relativement au ma-
riage du duc de Bedford et de la princesse Anne ; mais il est indubi-
table , à notre avis , qu'il a fait confusion de personnes en disant que
ce mariage fut fait à Dijon le 10 octobre 1420. D'après Monstrelet et
D. Plancher, dont l'accord sur ce point semble former une autorité
irrécusable, nous avons indiqué la date (juin i423} et le lieu (Troyes) du
mariage dont il s'agit (voyez ci-dessus, page 19g, note 2). C'est à celui
de Marguerite de Bourgogne et du comte de Richemont, célèbre' à
Dijon, le 10 octobre i425, et suivi presque immédiatement des noces
dufds de La Vic'ville , ainsi que nous l'apprend Salazard, que doivent
être rapportées les indications fournies par La Barre.
' Le traité d'alliance dont il est ici question se trouve dans Mons-
trelet (V, 26). 11 est daté d'Amiens, le 17 avril i425. Rapin Thoyras se
trompe en disant qu'il fut signe le 8 avril (lY, 191)-
202 MÉMOIRES [1423]
promesses firent ensemble. Et puis le duc de Bretaigne
s'en alla en son pays de Bretaigne , et le duc de Bethe-
fort, régent, à Paris, et le duc Phelipe à Arras, pour
tenir journée d'unes armes que Lyonnel de Vandonne*
devoit faire contre Poton de Sainte-Trallle.
Item, à ceste assemblée qui fut à Amiens , y avoit
pluseurs folz à qui on avoit donné douze pièches d'or :
et dirent ensemble que on meist en ung grant hanap
d'argent, en quoj ilz buvoient, une pièche d'or, et puis
on l'emplist de vin, et que celluy qui buveroit le vin
airoit la pièce d'or, et toutes les alroit l'une après
l'autre s'il les povoit boire toutes douze. Là, y avoit
ung nommé Doullet, qui avoit esté folz au conte Val-
leran de Saint-Pol , qui dist qu'il les beveroit bien, et
toutes les beut l'une après l'autre par convoitise d'avoir
l'or : mais quant les folz virent qu'ilz avoient perdu
leur or iîz se courroucèrent ensemble, et bâtirent tant
Douellet qu'il en mourut assez tost après, donc on fist
mainte risée pour ceste besoingne.
Item, quant le duc Phelipe fut venu à Arras pour
tenir la journée dessusdite, Poton de Sainte-Traille
vint h Arras pour faire ses armées contre Lyonnel de
Vandonne. Et avoient entreprins de rompre douze
lanches chacun bien assises, et, après, dévoient com-
batre de haches tant qu'elles durrolent. Là estoit le duc
Phelipe, et le conte de Richemont avec luy, sonbiau-
frère , et les deux dessusdiz vindrent entrer dedens les
liches. Et entra Poton devant, pour ce que ce estoit à
' Lvonncl de ynndàinc. (Mossthelet , \, 5o.)
[1423] DE PIERRE DE FENIN. 2o3
sa requeste de rompre les lances ; et puis vint Ljonnel
acompaignié de messire Jehan de Luxembourg , lequel
le servi de lances tout le jour. Après ce qu ilz furent
prestz, ils commencèrent à courre l'un contre l'autre et
rompirent plusieurs lances l'un sur l'autre; mais enfin
Lyonnel fut ung petit bléchié parmy son hayaume par
dessus le front, par quoy on les fist cesser : et fist
chacun d'eux son dever. Landemain , quant vint h
combatre à pié, ilz avoient chacun ung petit pavillon
tendu dedens le parcage; et quant ilz furent prestz
pour marchier et que on eut faille cry , de par le duc
Phelipe , que homme ne se bougast, lors Ljonnel de
Vandonne marcha premier, car c'estoit à sa requeste de
combatre de haches. Et vint vers le pavillon de Poton ;
et puis quant Poton l'eut laissié venir devers luy bien
avant, il yssi contre luj. Là assemblèrent eulx ensem-
ble et y eut moût lière bataille des deux costez ; car
Lyonnel getoitde grans coups contre Poton, et Poton
les rechevoit frèdement et metoit tousjours sa hache
au devant. Et quant il eut assez souffert et qu'il vit
qu'il estoit point, il féry Lyonnel par dessouJDz la vi-
sière de son bachinet pluseurs coups , et tant fist qu'il
lui leva tout amont et puis luy cuida lanchier sa hache
au visaige; maiz Lyonnel, qui estoit vise, luy prinst sa
hache dessoubz son bras que Poton ne s'en povoit ai-
dier, et frapoit Lyonnel Poton de sa hache parmi les
jambes. Mais il ne povoit férir grans coups, pour ce que
Poton avoit prins Lyonnel d'une main par le bort de
son bachinet, donc il luy avoit levé la visière, et mesme
Poton esgrifTa Lyonnel de son gantelletpar le visaige;
2o4 MÉMOIRES [14-23]
donc il fut blasmé d'aucuns pour ce qu'il ne devoit
combatre que de haches par les conditions dites entre
eulx. Ainsy combatirent Lyonnel de Vandonne et
Poton de Sainte-Traille l'un l'autre moult vaillanment,
et firent leur devoir bien chacun en droit luy. En tant
qu'ilz combatoient encore roidement, le duc Phelipe
fist prendre regart sur eux pour scavoir la vérité lequel
airoit la victoire, mais on n'en peut riens sçavoir.
Item, lendemain, ung gentil-homme nommé Riflart
de Canremj % qui esloit venu avecquez Poton, courut
de fer de lance contre le bastart de Rabèque*, et luy
percha ledit bastart son harnaiz ; mais il ne fut point
bléchié. Après toutes ces choses faites , Poton de
Sainte-Traille s'en alla à Guise-en-Terrasse , où il se
tenoit pour lors.
Item , il ne demoura mie grant temps après que le
conte de Richemont , qui avoit espousé la seur ainsnée
du ducPhelipes deBourgoingne, s'en alla devers le roy
Charles pour aucuns contens qui fut entre le duc de
Bethefort, régent, et luy \ Et luy fist le roy Charles
grant révérence , car il le fist son connestable de
France ^ ; et depuis le conte de Richemont mena forte
' « Rifflard de Cbamp-Remy , tenant le parti du roi Charles. »
(MONSTRELET, V, 33.)
* Le bâtard de Rosbecque. (Momstrelet, V, 55.)
^ Le comte de Richemont, ayant demandé au duc de Bedford le com-
mandement de l'armée angloise, avoit essuyé un refus. Irrité de cet
affront, il embrassa le parti du roi Charles, f Rapkn-Thoyras, IV, 197.)
'' Les lettres d'institution sont rapportées par Godefroy {Histoire
de Charles Vil, 799. ). Elles portent la date de Chinou, le 7 mars \l\ik.
Celle année avoit commencé le 20 avril.
[14-23] DE PIERRE DE FENIN. 2o5
guerre aux Englez et aux Bourguignons par pluseurs
fois. Et avec ce, tira grant canlité des josnes gentilz-
horames de Bretaigne avecques luy pour mener guerre
contre les Englez, dont le duc de Bcthefort, régent ,
fut mal content. Et depuis, pour ceste cause , en y eut
grant guerre sur les marches deBretaigne et de JaBasse-
Normandie. Oultre, le duc de Bourgoingne fut fort
courchié contre son biau-frère , le conte de Riche-
mont , pour ce qu'il s'estoit tourné avecques le roy
Charles, qui estoit son adversaire; mais il ne l'eut
autre.
Item , environ ce temps, le duc de Bethefort, ré-
gent, fistasségier la ville de Crotoy ', où messire Jaques
de Harecourt estoit. Et ymist le siège messire Raoul Le
Boutillier% atout environ mille comba tans , par terre:
et si en avoitbien cinq cents qui se tenoient sur la mer,
vers la fosse de Cayeu. Et y fut le siège environ de
quatre à cinq mojs ; puis messire Jaques de Harecourt
fist traictié par condition que il rendroit la ville et le
chastel à ung jour que dit fut, en cas que le duc de
Bethefort ne seroit comba tu audit jour^ Et de ce bailla
hostagez, lesquelz on mena en la ville d'Amiens. Et en
estoit messire Coquart de Camberonne ^, et Jehan de
' « Environ la Saint- Jean-Baptiste (24 juin i^iZ), fut assiégée, par
mer et par terre, la ville et forteresse du Crotoy, par les Anglois. »
( Mo^iSTRELET , V, 57.)
' Raoul Bouteillier, chevalier anglois. (Saint-Remy, YIII, 23-j )
' On parlementa, vers la fin d'octobre i^'io, et l'on promit de se
rendre le 3 mars de la même année. Le traité de reddition se trouve
dans Monstrelet (V, 47)-
* Suivant Monstrelet (V, 5i), messire Choquart de Cambronne
2o6 MÉMOIRES [1423]
Herselaines. Moût fut-on enmerveillié de ce que mes-
slre Jaques rendi si-tost la ville de Crotoy; et si avoit
eu grant espace de la pourvoier. Et avec ce donnoit à
entendre qu'il la tendroit longement; mais il n'en fist
riens.
Quant messire Jaques eut mis le Crotoj en compo-
sicion , et qu'il eut baillié hostages de le rendre au jour,
comme dit est , il lessa de ses gens dedens , et s'en alla
pour aller quérir secours devers le roy Charles, comme
il donnoit à entendre à ses gens. Maiz il fist tout le
contraire ; car il s'en alla voier le seigneur de Parte-
nay ', son bel-oncle , car messire Jaques avoit espousé
la nièche du seigneur de Partenay et son droit hoir.
Et le seigneur de Partenay luy fist grant chière et grant
honneur. Quant messire Jaques eut esté à l'ostel du
seigneur de Partenay, son bel-oncle, comme dit est,
il avisa qu'il y avoit une puissante forteresse et qu'elle
luy seroit bonne s'il en pouvoit fîner. Lors il se pensa
qu'il feroit tant qu'il l'airoit; etprint conclusion avec
aucuns de ses gens de prendre le seigneur de Partenay,
de par le roy Charles, et luy oster sa maison. Après
ce que messire Jaques de Harecourt eut prins ceste
conclusion , il se pourvei de gens , et revint à Partenay
voier son oncle, lequel luy fist ancoire grant chière,
resta au Crotoy comme lieutenant général de Jacques de Harcourt , et,
par conséquent, ne se trouva point au nombre des otages. Fenin répare,
un peu plus bas , l'erreur qu'il commet ici. Peut-être faudrait-il lire :
le frère de messire Coquart , etc.
' Jean L'Archevesque , sire de Parthenay, cousin de Jacques d'Har-
court , et grand-oncle de sa femme (La Roque , 1 , 6i8). Voyez ci-des-
sus, page 100, note 4
[1423] DE PIERRE DE FENIN. 207
comme il avoit fait devant. Maiz le seignem^ de Par-
tenay avoit esté averti par aucuns de ses gens du mal-
vais tour que messire Jaques luy vouloit faire, et pour
ce pourvei de gens pour résister à l'encontre, et les
mist en lieu secret dedens son chastel. Quant messire
Jaques fut venu , et qu'il eut fait grant chière avecquez
son oncle et disné ensemble , il avoit pluseurs de ses
gens avec luy et luy sembla qu'il estoit temps de be-
songnier. Adonc il mist la main au seigneur de Par-
tenay et luy dist : « Bel oncle , je vous fais prisonnier
du Roy. » Lors le seigneur de Partenay lui dist : (( Biau
nepveu, gardés que vous faites. » Et messire Jaques dist
qu'il falloit qu'il fust ainsy. A ceste parolle s'avanchè-
rent les gens de messire Jaques pour aidier prendre le
seigneur de Partenay et aucuns de ses gouverneurs ;
maiz il y eut ung des gens au seigneur de Partenay qui
sonna une petite cloque , comme ils avoient devisé par
avant , pour faire saillir les gens du seigneur de Par-
tenay quant il seroit heure. Car se messire Jaques
n'eust fait le premier entreprinse sur le seigneur de
Partenay de le prendre , il ne luy eust riens meffait ,
combien qu'il s'estoit garny comme saige. Quant les
gens du seigneur de Partenay oïrent la cloque, ilz
sceurent bien que le seigneur avoit à besoingnier , et
prestement saillirent tous armés sur messire Jaques et
sur ses gens; et finablement les tuèrent tous. Et avec
fut tué messire Jaques de Harecourt, combien que
le seigneur de Partenay luy cuida sauver la vie ,
mais il ne luy peut sauvoir. Ainsy fma messire Jaques
de Harecourt sa vie, donc il fut peu plaint pour
2o8 MÉMOIRES [1423]
le malvais tour qu'il voulloit faire au seigneur de Par-
tenaj.
Or dit la vraye histoire que avec messire Jaques de
Harecourt moururent pluseurs gentilz-hommes, c'est
assavoir le sire de Herselaines ', Pliellpe de Noefville,
Jehan de Caumont, Jehan de Fransières' et pluseurs
autres.
Après ce que ledit messire Jaques fut mort , messire
Coquart de Camberoene, qui lors estoit son lieutenant
au Crotoy , et avec luj ses autres gens, eurent perdu
l'espérance d'avoir secours, et plus ne s'y actendoient:
par quoj ilz commencèrent fort à vuider leurs biens.
Et quant ce vint au jour qu'ilz dévoient livrer la ville
et forteresse du Crotoy, le duc de Bethefort, régent,
y fut en sa personne, grandement acompaignié; et là
mena avec luy messire Pierres deHargicourt, Jehan de
Herselaines et le frère dudit messire Coquart, lesquelz
trois estoient hostages pour ledit Crotoy faire rendre.
Et quant ledit duc fut là venu, on luy délivra la ville
et fortresse de Crotoy, à laquelle il ordonna capitaine
messire Raul Le Boutlllier , donc le pays de Vlmeu ,
de Pontieu et d'Artois furent en grant effroy, de paeur
que les aliances qui estoient faites entre les Englez et
le duc Phelipe, ses aliez, ne se rompesissent; car bien
leur sembloit que s'aucunement lesdites aliances se
' Monstrelet dit ,/c«7? de Herselane ( V, 52). C'étoit sans doute un
parent de celui qui avoit été livré au duc de Bedford comme otage et
garant de la reddition du Crotoy.
=■ Jehan de Fronsières. (Monstrelet, V, 5-2.)
[1423] DE PIERRE DE FENIN. aog
rompoient, Englès les pourroieiit moût grever par le
mojen dudit Crotoy.
Item, tous les habitans qui estoient dedens la ville
de Crotoj du temps de messire Jaques furent contrains
de faire serment aux Englez ; et ceulx qui point ne
vouloient faire, falloit qu'ilz se partesissent hors de
la ville : et mesmes leur ostoient les Englez grant partie
de leurs biens.
Item, en ce temps dessusdit, eurent lesdiz Englez
le gouvernement de la ville de One " . Après ce que le
duc de Bethefort, régent, eut prins l'obéissance des
places dessus desclariés , il fut partout obéy enVimeu,
en Pontieu, en Picardie, desy à Vains, àChâlons et à
Trojes, desy vers l'iaue de Loire , réservé la conté de
Guise , La Fère-en-Cardenois ' et Nelle , lesquelz me-
noient forte guerre pour le roy Charles. Item , environ
ce temps, messire Jehan de Luxembom^g menoit forte
guerre à la conté de Guise, et print par siège le chastel
de Landonsj ^ et Proisi , lesqueles il fist désoler.
Item, l'an mil quatre cens vingt-[ trois ^"j, à la Saint-
' Peut-être Onz , dans le gouvernement de l'Ile-de-France. A cette
époque , les Anglois étoient maîtres de presque toutes les villes de cette
province.
* La Fèrc-en-ïardenois.
' « Le dit de Luxembourg alla assiéger Landrccies , où il fut jusques
au mois d'octobre (i425), en combattant iceux de ses engins très fort ;
mais, en conclusion, ceux de dedans rendirent la forteresse par tel si ,
qu'ils s'en allèrent sauf leurs corps et grand' partie de leurs biens..»
(MOSSTKELET, V, 45.)
* Le manuscrit porte : « mil nii^c xxii. » Les faits dont le récit va suivre
appartenant tous à l'année i/f^D, nous avons dû reclifier le texte, altéré
21 o MÉMOIRES [1423]
Andrieu', s'assemblèrent pluseuis des gens du loy
Charles qui se tenolent à La Fère et à Nelle , comme
dit est devant , et avecquez aucuns de ceux de Guise ;
et prindient la ville de Compiengne ' par nuit, à ung
point du jour. Et bien estoient quatre cens combatans,
et estoient leurs chiefz ung nommé Yon Du Puis ^,
Gautier de Bronsac ^ et Ogelot de Lan \ Quant les
dessusdiz eurent prins la ville de Compiengne, ilz
prindrent dedens messire Lancelot de Fransières ^, qui
en estoit capitaine, le Bègue de Fransières, et meut
d'autres riches hommes : et avecquez ce, pillèrent tous
les biens de ladite ville et y firent ' de maulx.
Item, messire Lyonnel de Bournoville, qui estoit au
ducPhelipe de Bourgoingne,etle seigneur de Lilladam,
assemblèrent bien six cens combatans pour cuider re -
sans doute par le copiste , dont l'erreur se renouvelle d'année en année
jusqu'à la fin des Mémoires.
' Le 5o novembre.
» « En ce temps, bien pou après ou devant Nouël, fut reprinse
Compiègne par lesArminaz. »{ Journal d'un bourgeois de Paris, 96-97.)
' Yvon Du Puys, fait prisonnier par le parti bourguignon à la ba-
taille de Yerneuil , donnée le 17 août 1424 (Mg.nstrelet, V, 78). 11
vivoit encore en i44o- (Berry, 408.)
< Gaultier de Broussart accompagnoit Dunois, bâtard d'Orléans, à
la reprise de Montargis sur les Anglois, en i427(Monstrelet, V, 164).
Peut-être est-ce lui que , dans un autre endroit (VI , 242} , Monstrelet
nomme Gaucher de Boussac, et cite au nombre des « vaillans capi-
taines françois u qui s'emparèrent de la ville de Dieppe au nom du roi
Charles Yli.
* Angelot de Laux. ( Mcmsstrelet, V, 55.)
•* Lancelot de Francières , chevalier, accompagna le Roi , en i588 ,
dans son expédition contre le duc de Gueldres. (La Roque, IV, 1576.)
' Il faut probablement lire : « et y firent moult de maulx. »
[1423] DE PIERRE DE FENIN. 211
prendre la ville de Compiengne par forche, mais ilz
faillirent à leur entreprlnse ; caries gens du roy Charles
qui estoient dedens la defTendirent bien : et mesmes ,
à une saillie qu'ilz firent, prindrent le seigneur de
Sores ' qui estoit au duc Phelipe. Et tant firent qu'il
falut que le seigneur de Lilladam et raessire Lyonnel
et leui's gens se deslogassent de Margny, où ilz estoient :
et s'en allèrent logier h Gournay-sur-Aronde. Assez
tost après, le duc de Bethefort, régent, vint à Mon-
didier atout environ douze cens combatans, et là pria
au seigneur de Saveuses qu'il vousist aller mectre siège
devant la ville de Compiengne , et il luy bailleroit gens
et paement. Et le seigneur de Saveuses luy acorda de
y aller, et assembla tantost ce qu'il peut avoir de gens,
et s'en alla au Pont-Sainte-Maissence, dont Robert de
Saveuses % son frère, estoit capitaine. Là envoia le duc
de Bethefort, régent, le bailly de Rouen, qui estoit
Englez, et le capitaine de Gisors, nommé Maleberi ,
atout trois cens combatans englez, lesquelz s'en allè-
rent avecquez le seigneur de Saveuses logier à Vemete ^,
et là tindrent siège environ quinze jours : et le seigneur
de Lilladam, messire Lyonnel de Bournoville et le
Bastart de Tian estoient logiés à l'autre costé de l'iaue
vers Royaulieu *. Ainsi fut Compiengne asségé, et, au
' Monstrelet le nomme Soral (V, 58).
' Robert de Saveuses, quatrième fils de Morlet, seigneur de Sa-
veuses, fut nommé gouverneur de Saint- Valéry, en i433; assistait
la prise de Luxembourg , en 1 443, et mourut quelque temps après.
(La MoRLiÈRE , 164. )
' Venette.
^ Royal-Lieu.
212 MÉMOIRES [1423]
bout de quinze jours, les gens du roy Charles qui es-
toientdedens rendirent la ville par cequ'ilz s'en yroient
sauve leurs corps et leurs biens. Et avec ce, eurent
trois sepmaines d'issue pour eulx en aller : et de ce
entretenir baillèrent bons hostages. Après ce, fut or-
donné le seigneur de Lilladam capitaine de la ville de
Compiengncj et de par le roy Henry, en ce temps, se
rendit Nelle-en-Cardenois aux gens au duc Phelipe, et
eut le seignem^ de Croy le gouvernement. Et aussi La
Fèré se mist en composicion, et promlst Aladin de
Monsay ', qui en estoit capitaine pour le roy Charles,
de point faire de guerre, par condicion qu'il demom^ra
capitaine de ladite Fère. Ainsi n'y eut plus de places
en riUe-de-France ne aux mètes d'entour qui ne fus-
sent en l'obéissance du roy Henry.
Item, en ceste mesmes année, Poton de Sainte-
Traille et ceux de la conté de Guise avec luy prindrent
la ville de Han-sur-la-Somme \ Mais, au deuxième
jour après , messire Jehan de Luxembourg vint, atout
environ autant de gens comme Poton avoit, et reprinst
la ville de Han d'assaut. Moût s'y porta messire Jaques
de Luxembourg vaillaument, et avec luy ung nommé
Jacotin de Covert, lequel portoit son estandart; et
fuiablemcnt regaignèrent la ville. Mais Poton eschapa
' Aiardin de Moussay, « vite et appert homme d'armes, » dit
Monstrelet (V, 281) , servoit de lances les cinq seigneurs françois qui
combattirent contre cinq Bourguignons, le 20 février i43o. Il fut fait
prisonnier par les Anglois , en i^'S'j, à la prise de Fécamp. (jMojisxRE-
LET, VI, OJI.)
* La ville de Ham fut prise le 3 octobre i423. (Monstrelbt, V, 55.)
[1424] DE PIERRE DE FEMN. 2i3
et s'enfui à Guise-eii-Terrasse ' atout partie de ses gens;
et les autres furent mors et prins. Là y eut priiis ung
nommé Valeran de Saint -Germain, lequel messire
Jehan de Luxembourg fist mourir pour aucunes pro-
messes donc le dessusdit luy avoit faillj. Assez tost
après, messire Jehan de Luxembourg mist siège devant
le chastel de Viége-en-Terrasse % et tant y fut que
ledit chastel luj fut rendu et le fist désoler.
En tantque messire Jehan de Luxembourg estoiten la
conté de Guise, il alla raectre une embusque assez près
de la ville de Guise, où Poton de Sainte-Traille estoit
en garnison ; et luj, de sa personne, estoit h ung quart
de lieue près de la ville, derrière une petite capelle,
atout dix ou douze hommes d'armes : et puis il envoia
aucuns de ses gens courre devant la ville. Et tantost
que Poton ouït l'elfroy, il saillj hors, luj, le sire de
Verduisant ^ etl'Estandart de Milly ^, et aucuns de leurs
' (ïuise-en-Thiérache.
' Wiége-ea-ïhiérache.
' Le sire de Verduisant fut tué à la bataille de Rouvray, dite des
Harengs, « la nuit des Brandons, environ trois heures après minuit »
(MoNSTRELET, Y, 209). Lcs Biaudons commencent au premier di-
manche du carême, et durent toute la semaine qui suit. En 1428, le
premier dimanche du carême tomba le i3 février, h^ Histoire de
Charles F"!! [5o^) donne la date précise de la bataille, qui eut lieu
" environ vespres, le samedy douziesme jour de février, veille des
Brandons, l'an mil quatre cent vingt-huict. » C'est donc par erreur
que Jean Charticr (17) place ce fait en 142g.
♦ Monstrelet (Y, 64) dit de Mail Ij. — Jean, chevaUer, baron de
Mailly, seigneur de Beaufort en Santerre, etc., surnommé l'Étendart-
de-Mail!y, vivoit encore en 1468 (Anselme, YIII, 655). — On trouve
dans Saint-E.emy (A'III, 355) mention d'un combat qui eut lieu à
Anas, en 1429, entre Philibert de Bresy, tenant le parti du duc de
2i4 MÉMOIRES [1424]
gens avecquez eux , et cachèrent les dessusdlz si avant
qu'ilz furent assez près de l'embusque où messire Jehan
estoit. Et tantost qu'il vit son point, sailly de son
.embusque , luy et ses gens , et tant firent que Poton
et le sire de Verduisant, furent prins. Majs Lyonnel
de Vandonne , qui estoit avec messire Jehan de Luxem-
bourg , fut féru d'une lance : et luy alla le coup devers
i'espaule, donc il fut afFollé toute sa vie; et fut l'Estan-
dart de Milly qui le férit.
Item, messire Jehan de Luxembourg fist traitié
depuis avec Poton de Sainte-Traille et le seigneur de
Verduisant, par condicion qu'ilz s'en yroient hors de la
ville de Guise atout leurs gens sans y retourner : et ,
par ceste manière , furent délivrés d'icelle prinse, et
par paiant aucune autre chose. Assez tost après que les
deux dessusdiz eurent emmené leurs gens hors de la
ville de Guise , messire Jehan de Luxembourg refist
grant mandement et alla mectre siège devant Guise :
et tant fîst qu'elle fut asségié tout autour. Avec mes-
sire Jehan de Luxembourg estoit messire Thomas de
Rameston ',Englès, atout bien trois cens combatans;
et s'i estoit le vidamme d'Amiens, le seigneur d'An-
toing"*, le sire de Saveuses, et tant qu'il y avoit bien
Bourgogne, et « l'Estendart-de-Milly, bien vaillant escuyer, » partisan
du roi Charles VII.
' Thomas Rarapston, connétable et capitaine de la tour de Lon-
dres (A. Favyn, 1046), chevalier, chambellan du régent (duc de Bed-
ford), capitaine commis et député par les rois de France et d'Angle-
terre pour traiter, avec Jean de Luxembourg, de la reddition de la
ville de Guise , le 18 de septembre i4'.^4- (Monstrelet, V, 82.)
' Jean de Melun, vicomte de Gand, seigneur d'Antoing, etc.,
[1424] DE PIERRE DE FENI>\ 2i5
deux mille combatans de bonne estofïe. Dedens la ville
de Guise estoit capitaine Jehan de Proissy ',' lequel avoit
avec luy de bonnes gens et qui bien se gouvernèrent
tant que le siège y fut ; mais enfin ilz se midrent
en composicion et promidrent de rendre la ville au
premier jour de mars l'an mil quatre cens vingl-
[quatre] % et eurent jour depuisla Toussains ou environ
dessj au jour dessusdit. Et de ce entretenir baillè-
rent bons hostages, en cas que ledit messire Jehan ne
serolt combatu du roy Charles ou de ses gens audit jour.
Mais il ne le fut point , et fallut que ladite ville luy fust
livrée; car le roy Charles eut pendant le temps grant
perte de ses gens, par quoy il n'y peut pourvoier,
comme en autre lieu sera plus h plain desclarié.
Alors que le siège estoit devant Guise, le duc de Bar
et le duc de Lorraine firent grant assemblée, cuidans
lever ledit siège; mais enfin n'eurent point conseil
d'aprochier ledit siège. En tant que messire Jehan de
Luxembourg tenoit siège devant la ville de Guise, il
ala ung jour juer, acompaignié de vingt à trente gentis-
hommes, sur les champs , à une lieue près ou environ
conseiller et chambellan du duc de Bourgogne ; mort le i5 fé-
vrier 1484.
' Charles YII le nomma bailli et gouverneur de Tournay et du pays
de Tournaisis. Il fit don de tous ses biens à Léon de Proisy, son ne-
veu , l'an 1466. ( Haudicquer , ^36.)
' Le manuscrit porte : « mil 1111'= xxui. » Voyez ci-dessus , page 209 ,
note 4- — Le siège de Guise dura jusqu'à la mi-septembre , époque à
laquelle les assiégés demandèrent à capituler. Le traité, qu'on trouve
dans Monstrelet (V, 82), porte la date du 18 septembre i424- On y
promettoit de se rendre le i" mars suivant. Cependant la ville fut re-
mise des le 26 février. (Mosstrelet, >', 1 16.)
316 MÉMOIRES [1424]
du siège; et avoit en sa compaignie des ouesiaux de
proie, et tant qu'il y eut ung esprevier qui vola après
une per tris, laquelle s'ala mectre en ung buisson : et là
y avoit embusquié dix ou douze brigans, lesquelz gai-
toient les fourragiers du siège. Et quant celluy à qui
l'esprevier estoit le siévy, il trouva Tembusche, et
tantost cria alarme. Lors messire Jehan de Luxembourg
et ses gens s'assemblèrent, et là tuèrent tous les dessus-
diz , réservé ung qui fut mené au siège : et depuis fist
messire Jehan de Luxembourg dréchier ung gibet assez
près de la ville, et là fist mener icelluy pour pendre.
Mais quant le bourrel l'eut fait monter sur l'esquielle
et qu'il geta la corde dessus le gibet pour le pendre, il
sailly jus et s'enfui dedens la ville à sauveté.
Item, messire Jehan de Luxembourg fut depuis,
comme dit est, saesy de la ville de Guise, et pareille-
ment du chastel d'Irechon ' et de toute la conté, et en
joït long-temps paesiblement. Et pour lors tenoit de
moût hautes seignouries, c'est assavoir la conté de
Marie , celle de Soissons et Coussy *, qui estoient assez
belles villes et moût d'autres grans terres : et pour ce
temps estoit seigneur moût redouté de ses anemis plus
que nul autre tenant le party au duc Phelipe. Et sy
voulloit bien entretenir ce qu'il prometoit tant à ses
amis comme à ses anemis.
Item , en ceste année que messire Jehan de Luxem-
bourg conquist la conté de Guise , y eut pluseurs
seigneurs de Picardie, de Santcrs et des marches au-
• Hirson ou Hérisson.
* Coucy.
[1424] DE PIERRE DE FEMPi. 217
tour, lesquelz firent une grant rebellatlon contre le
duc Plielipe , et en espccial contre messlre Jehan de
Luxembourg, combien qu'ilz avoient paravant bien
servi le duc Phelipe et tenu son parti. Mais ilz eurent
voulenté contraire, comme il fut apparant, et s'as-
semblèrent grant quantité en la ville de Roye en Ver-
mendois. Et là, prindrent ensemble conclusion de
tenir et prendre pluseurs bonnes villes et fortresses,
dont les ungs d'iceulx estoient capitaines. Et les autres
seigneurs qui furent à ceste assemblée furent, des
principaus , le seigneur de Longueval , Regnaut ' son
frère, messire Jehan Blondel , le sire de Maucourt,
Perre de Raicourt et pluseurs autres; et sy y avoit ,
de l'acort d'iceux, moût d'autres grans seigneurs et
autres gentilz-hommes qui avoient promis d'estrc
d'icelle rebellacion : mais depuis ilz s'en tirèrent de-
hors et se excusèrent au mieux qu'ilz peurent. Quant
les seigneurs dessusdiz eurent fait ceste assemblée à
Roye, comme dit est, ilz se retrairent chacun en son
hostel, et estoient en propos de prendre pluseurs
bonnes villes et fortresses : mais leurs besoingnes ne
vindrent mie à leur plaisir; car il y eut aucuns qui
avoient esté à leur conclusion qui les acusèrent , par
quoy on en fut sur sa garde. Et aussi le roy Charles
perdy, en ce tems, moût de ses gens à la bataille de
Verneul, ou Perche, comme en autre lieu sera des-
' Renault de Longueval, fait chevalier à la prise de Pontoise, en
i44i (La MorliÈre, 88), étoit seigneur de Thenelles et de Maisons-
lès-Ponthieu , chambellan du roi Charles VII, et bailli d'Amiens. Il
mourut en 1464 (Anselme, III, Q>ii.)
ai8 MÉMOIRES [1424]
clarié, donc les seigneurs dessusdiz furent fort rompus
de leurs propos ; et tant que, en brief temps après , il
falut que le seigneur de Longueval, Regnaut son frère,
messire Jehan Blondel, le siredeMaucourt et tous leurs
aliez, s'enfuissent hors du pays. Et tantost après fu-
rent apellés à ban , de par le roy Henry, et finable-
ment furent tous banys, eux et leurs coraplisses, et
toutes leurs terres prinses et confisquées au Roy. Et
depuis fut le sire de Maucourt prins par maistre Robert
Le Josne , baillif d'Amiens , et eut le dit sire de Mau-
court la teste copée dedens la Aille d'Amiens. Quant les
seigneurs devant nommez virent qu'ilz estoient banis
du pays et, avec ce, qu'ilz avoient perdu leurs terres,
ilz commencèrent fort à mener guerre contre le roy
Henry et le duc Phelipe, et venoient souvent au pays
de Biauvoisins et de Santers prendre prisonniers se-
grètement; par espécial Pierres de Raicourt y estoit
moût crému des gens du pays. Maiz enfin il fut prins
à Ansainviller % vers Breteul, d'un nommé Raoul de
Gaucourt % lequel le livra à messire Jehan de Luxem-
bourg : et depuis fut mené à Paris, et là fut esquartelé.
Après , fut Regnaut de Longueval prins par les gens
de messire Jehan de Luxembourg, et mené à Biauvoir,
où il fut long-temps prisonnier; mais, par la priaire
de la femme ^ de messire Jehan de Luxembourg et par
ses autres bons amis , fut délivré , et eut sa paix par
tout le parti au duc Phelipe.
' Ansauvillers-en-Chaussée.
' Voyez ci-dessus, page 29, note 1.
^ Voyez ci-dessus, page -^9 , note 4-
[1424] DE PIERRE DE FEMN. 219
Ainsi furent pluseurs seigneurs des pays dessus
desclaiiiés troublés, et s'excusoient dlsans que ceste
volenté leur estoit venue parce que messire Jehan de
Luxembourg les vouloit trop corregier, et aussi qu'il
leur faisoit mengier par ses gens leurs villes et leurs
gardes. Et si avoit eu tousjours ung peu d'envie sur le
sire de Longueval depuis le siège de Roye. Car quant
les doffinois, qui avoient sauf-conduit de messire Jehan
de Luxembourg, se partirent de la ville, ilz furent
destroussez, comme dit est ', des Englez; et sy y avoit
des gens du sire de Longueval et du seigneur de Croy
pluseurs, donc messire Jehan de Luxembourg se cour-
cha gi^andement , pour ce qu'ilz avoient rompu son
sauf-conduit, et manda aux seigneurs dessusdiz qu'ilz
luy envoyassent leurs gens pour les pugnir, ou si non
il les yroit requerre en leurs logis. Et adonc dist le
seigneur de Longueval que s'il alloit pour les prendre,
et on le vouloit croire, on le turoit s'il n'estoit le plus
fort : et depuis fut cette parolle dite à messire Jehan
de Luxembourg , par quoy il fut long - temps mal
content du seigneur de Longueval.
Item, l'an mil quatre cens vingt-[quatre] % les
gens du roy Henry asségèrent le chastel d'Ivry ^, sur
les marches de Normandie , et tant furent devant que
les gens du roy Charles qui estoient dcdens se midrent
' Voyez ci-dessus , page 122.
* Le manuscrit porte : « niil iiii" xxiii. » Voyez ci-dessus, page 209,
note 4-
' Environ le mois de juin , selon Monstrelct (V, 68), ou à Icntrcc
de juillet, suivant le Journal iVun bourgeois de Paris (97).
220 MÉMOIRES [1424]
en composicion ' et baillèrent hostages de rendre la
place à ung jour qui dit fut , en cas que les Englez ne
seroient combatus audit jour. Et sur ce point en-
Yoièrent devers le roy Charles et son conseil qu'ilz y
pourveissent. Et quant le roy Charles sceut la vérité,
il fist moût grande assemblée pour estre au jour des-
susdit ; et pareillement le duc de Bethefort, régent,
assembla toute sa puissance qu'il avoit en Norman-
die et ailleurs pour combatre le roy Charles. Et alla
ledit de Bethefort, régent, vers Yvry pour trouver
ses anemis; et quant vint au jour que Yvry se devoit
rendre, le roy Charles et ses gens seurent les nou-
velles que le duc de Bethefort alloit à grant puissance
contre eux pour les combatre . Lorsque le roy Charles
sceut véritablement que le duc de Bethefort alloit con-
tre luy à sy grant puissance, il eut conseil de luy
retraire, et s'en alla vers Verneul, ou Perche. Et
quant le duc de Bethefort, régent, sceut que le roy
Charles se retraioit, il tira après, atout sa puissance,
et tant poursievi le roy Charles, qu'il trouva sa puis-
sance assez près de Verneul : et tantost que les ostz
apercheurent l'un l'autre, ilz se midrent en grant or-
donnance^ et firent les Englez derrière leur bataille
une haie de leurs chevaux tous loiés ensemble , afïin
que les gens du roy Charles ne peussent férir sur eulx
à cheval par derrière. Et pareillement les gens du roy
• « Le capitaine dudit lieu d'Ywy, leqviel estoit gascon, nommé Gi-
raultdeLa Palière » (J. Chartikb, 8), promit de livrer la forteresse la
nuit de l'Assomption Notre-Dame ( i5 août)' 142/f. ( Monstrelet,
V, 680
[1424] DE PIERRE DE FENIN. 221
Charles se midrent en ordonnance , et firent une grosse
bataille à pie, où ilz mirent toute la fleur de leurs
gens : et avrcquez ce, ordonnèrent de leurs gens à che-
nal pour férir Englez de travers. Après toutes ces or-
donnances ainsy faites, ilz assemblèrent en bataille
toutes les deux parties à pie. Là y eut fière bataille de
tous costés , et dura bien la besoingne deux heures
avant que on sceust laquelle partie airoit victore; mais
enfin les gens du roy Charles se rompirent , et puis
les Englez se comraenchèrent fort à eux bouter de-
dens : et tant firent qu'ilz furent mis en desroy et tous
desconfîs.
A ceste besoingne mourut la plus grant partie de
toute la gentillesse du roy Charles. Là mourut le
conte de Jouglas ' , et le conte de Bouscans ' , qui es-
toient du pais d'Escosse , et avecquez eulx tous leurs
gens et moût d'autres grans seigneurs de France. Et
si fut le duc d'Ailenchon ^ prins et pluseurs autres ,
■ Archibald ou Arcliambault , comte de Douglas. Nommé duc de
Touraine par le roi Charles YII, il prêta serment de fidélité le 19
avril 1423, avant Pâques. (Rapin-Thotras , lY, 197; Du Tillet ,
II, 235.)
' Le comte de Buchara, fds de Robert, duc d'Albanie, régent
d'Ecosse , et cousin germain de Jacques I", roi d'Ecosse , étoit conné-
table de France. La dignité lui en fut conférée par le Dauphin , après la
bataille de Baugé (Rapin-Thoyras, IV, 181). 11 étoit gendre du comte
de Douglas. (Idem, ibid., 197.)
' Jean II, duc d'Alençon, pair de France , né le 1 mars 1409. Con-
damné à mort, le 18 juillet 1474? il mourut deux ans après, étant
sorti delà prison du Louvre (Anselme, I, 270). Suivant la Chronique
des comtes et ducs d'Alençon (fol. i3G, recto), la sentence de mort ne
0.-X1 MÉMOIRES [1424]
tant que le roj Charles y perdy bien quatre mille
combatans, que mors que prins , tous gens de fait. A
ceste journée se porta le duc de Bethefort, régent,
moût \aillaument de sa personne, et corabatoit d'une
hache tant raidement qu'il eut le los de bien comba-
tre sur tous les autres. Et aussi le conte de Salsebrj
et le conte de SufFort ' s'y gouAcrnèrent moût hau-
tement ayec le duc de Bethefort, régent. Et y avoit
pluseurs seigneurs de Normandie qui paravant ceste
journée avoient tenu le parti des Englez, mais à ce
jour se tournèrent contre eulx, et bien cuidoient que
Englez deussent estre tous desconfiz. Et en fut mon-
seigneur de Coursy '' et pluseurs autres.
Vérité est que le conseil du roy Charles ne veut
oncquez souffrir qu'il fust en sa persone en nulle ba--
taille; et quant ilz atendoient d'avoir aucune journée,
ilz envoioient tousjours leur Roy en aucune bonne
ville, donc ilz firent par pluseurs fois grantscens; car,
pour ce qu'ilz perdirent pluseurs journées, leur Roy
eust esté mort ou prins , s'il y eust esté, par cjuoy leur
querelle eust peu estre du tout mise au néant.
Item, pour ceste bataille, qui fut perdue l'an mil
fut point exécutée; « maiz fut ledit duc délaissé eu ladite prison du
Louvre, où, après aulcun temps, il rendit Gnablement son esprit à Dieu,
et fut inhumé au couvent des Jacobins, à Paris, en l'église dudit
lieu. »
* William de La Pôle, comte, marquis, puis duc de Suffblk, comte
de Pembroke , fut décapité dans la rade de Douvres , le 2 ou 5 mai
1429. (W. DudDALE, II, 186-89.)
* Le seigneur de Choisy. (Monstrei.kt, V, 80.)
[14Î4] DE PIERRE DE FENIN. 228
quatre cens vingt-[quatre] ', environ la Saint-Remy %
devant Verneul , ou Perche, pour le roy Charles, fut
le dit roy Charles grandement atarglé de reconquerre
son royaume ; car , comme il est en autre lieu des-
clarié ^ , il avoit perdu foison de ses gens à la bataille
de Carvens, et sy en perdit moût audit Verneul. Et
par ce fut long temps , delà en avant , que les gens du
roy Charles ne faisoient que perdre , et point ne se
trouvoient puissans pour combatre les Englez : et
avoient moult à faire les dessusdiz à garder leurs pla-
ces contre lesdiz Englez.
Il est vérité que , après ce que le duc deBethefort,
régent, eut gaignié la bataille de Verneul et du tout
desconfit ses anemis, il merchia Dieu de la victore-
■ Le manuscrit porte : « mil uucc xxiii. » Voyez ci-dessus, page 209,
note 4-
' Le premier octobre. — La bataille de Yerneuil fut donnée le 17
août 14^4 (MossTRELET , Y, ^3 ; Journal d'un ùouj-geois de Paris, gg;
Perckval de Caig.w, fol. 86, recto). C'est aux éditeui-s de Monstrelet ,
sans doute, et non pas à ce chroniqueur, que l'on doit imputer l'in-
advertance par suite de laquelle une date différente, celle du 6 août,
est assignée au même événement, dans un autre endroit (V, 76).
Saint-Remy (YIII, 241) commet une double erreur, en disant que
-« cette bataille fut ung jeudy vingt-cinquiesme jour à^avril, l'an mil
quatre cent vingt-quatre. » 1°. Le 20 avril tomboitun mardi, en 1424;
et 20. nous venons de voir que la bataille eut lieu le 17 août. Mais peut-
être encore faut-il absoudre Saint-Remy de la faute que contient ce
passage , et ne l'attribuer qu'à l'inattention du copiste ou de l'éditeur.-
Nous sommes d'autant plus portée à adopter ce parti , qu'après avoir
parlé, un peu plus haut (25g), de la prise d'Ivry, qui se rendit le i5
août 1424, Saint-Remy ajoute que le duc de Bedford se mit à la pour-
suite de ses ennemis , et les trouva « assez près de Verneuil , rangiés
en une bataille. »
' Yoyez ci-dessus, page igS.
23.4 MÉMOIRES [1424]
qu'il luj avolt envoie ; et tantost après retourna en
Normandie, et là fist fort pugnir aucuns Normans qui
s'en estoient fuis de la bataille dessusdite. Et puis
■<^s'en râla h Paris où il trouva le duc Phelipe de Bour-
goingne, son biau-frcre, qui grant joie luy fist et à
sa seur la Régente qui là estoit; et pareillement fist
le duc de Bethefort, régent, grant honneur à son
biau-frère le duc Phelipe de Bourgoingne.
En ce temps y eut à Paris fait une grant feste à
l'ostel d'Artois ; car le duc Phelipe maria messire Je-
han de La Trimoulle, seigneur de Jouvelle % à la seur
' Jean de La Trémoille, seigneur de Jonvelle, grand maître-d'hô-
tel et cliambellan des ducs Jean et Philippe de Bourgogne , épousa ,
par traité du 17 juillet 1^-2^, Jacqueline d'Aniboise , fille d'Ingerger
d'Araboise, seigneur de Rochecorbon, et mourut avant le y mai i449
(Anselme, IV, 164). Monstrelet (V, gS) nous apprend que, quelques
jours après la Toussaint (1424)? " le duc de Bourgogne fit, en son
liostel d'Artois, à ses propres dépens, les noces de messire Jean de
La ïrimouille , seigneur de Jonvelles , et de la demoiselle de Roche-
baron , sœur au seigneur d'Amboise ; auxquelles noces furent , »
outre les personnes nommées par Fenin, « la Reine (Isabelle), la
duchesse de Bedford, la comtesse de Salsebery, le seigneur d' Es-
table, etc. » Salazard ( IV, gS) écrit aussi Rochebaron.
On lit dans \e Journal d' un bourgeois de Paris (lO'i) : « Ou moys de
novembre (i424) fi^t marié le sire de ToulongioTi, en l'ostel du duc
de Bourgogne, qui estoit frère au seigneur de La Trimouille, lequel
y vint par sauf-conduit; et si fut marié le sire de l'Esquales, An-
gloys, etc.» Il ne paroît point, d'après le P. Anselme, qu'aucun
membre de la famille de La Trémoille ait possédé la seigneurie de
Toulongeon , et nous pensons que c'est par inadvertance que l'éditeur
ànA\t Journal écrit ce dernier nom au lieu de celui de La Trémoille.
Georges de La Trémoille , frère aîné de celui qui fait l'objet de la pré-
sente note, tenoit le parti du roi Charles VII, et dut en effet avoir
besoin d'un sauf-conduit pour venir à Paris assister aux noces de son
[1424] DE PIERRE DE FENIN. 2-5
du seigneur d'Anvoise , et fist ledit duc icelle feste à
ses despens. Là y eut de moût notable seignourie, c'est
assavoir le duc de Betheforl , régent , le conte de Sal-
sebry, le conte de Suflbrt; et si y estoit la royne de
France, mère au roy Charles, la régente, seurauduc
Phelipe , laquelle estoit pour le temps tenue pour la
plus gaillarde de toutes autres dames ; et avecquez ce
la contesse de Salsebri ', qui estoit moût belle dame,-h ^ôi«>^C*uii^
et pluseurs aultres en y avoit assez notables. Là fist-on
moût notables festes de joustes et de dances ; et y jousta
le duc de Bethefort, régent, qui oncquez-mais n'avoit
jousté.
Item, le duc Phelipe de Bourgoingne estoit pour ce
temps moult resmeu, et estoit de sa personne très
abille en toutes choses donc il se vouloit mesler, et
par espécial de dancer et de bien jouster, passoit tous
ceulx de son hostel. Et avec ce estoit fort amoureux
sur les dames , et mesmes à ceste feste fut amoureux
de la contesse de Salsebri, qui moût estoit belle,
comme dit est devant , et tant qu'il y eut aucunes pa-
rolles portées vers elle de par le duc ; mais ilz n'abor-
dèrent point ensemble. Et depuis en ouy le conte de
Salsebri les nouvelles, donc il sceut très malvais gré
au duc Phelipe; et, pour ceste cause, le contendi à
grever depuis, comme cy après sera plus à plain devisé.
Après ceste feste faite à Paris, comme dit est, le duc
frère. Nous remarquerons encore que, dans le récit de Monstrelet, le
seigneur d'Etable (Esquales) est cité comme présent au mariage de
Jean de La Trémoille , sans qu'il soit parlé du sien propre.
' \oyez ci-dessus, page 197, note 2.
l5
0.26 MÉMOIRES [1424]
Phelipes s'en alla en son pays de Bourgoingne, et là
prinst à femme la ducesse de Nevers ', qui avoit eu
parafant espousé le duc de Nevers, oncle audit Phe-
lipe et frère au duc Jehan de Bourgoingne : et en avoit
eu icelluy duc des enfans \ Et si estoit icelle dame
demie seur à Charles de Bourbon ^, et par ainsi fut la
seconde femme que le duc Phelipe eut espousée ; mais,
depuis qu'elle fut famé au duc Phelipe, elle ne vesqui
que ung an après ou environ , et si n'en eut nul en-
fant. Moût estoit dame de sainte vie, et qui bien ser-
voit Dieu et l'Église, et avec ce ne portoit point d'es-
tat sur son chief, comment autres dames à elle pareilles :
et pour ce qu'elle estoit si humble, furent moût de
gens courchiés de sa mort. Et si contendoit fort à
mectre la paix entre le roi Charles et le duc Phelipe
son mary.
En ceste mesme année, donna le duc Phelipe de
Bourgoingne sa seur ^ maisnée h Charles de Bourbon,
' Bonne d'Artois, fille aînée de Philippe d'Artois, comte d'Eu, et
de Marie de Berry, veuve de Philippe de Bourgogne, comte de Ne-
vers, tué à la bataille d'Azincourt. Elle mourut à Dijon, en i^iS
(Anselme, I, 25i),le i5 septembre (Salazard, IV, io8). La dispense
accordée par le pape Martin V, pour ce mariage, est datée du 25 sep-
tembre 1^1^. [Ibid., Preuves, xxxviii.)
'' Charles de Bourgogne , comte de Nevers , qui mourut vers la fin
de mai 1 464 ; et Jean de Bourgogne , comte de Nevers , né à Clamecy
le i5 octobre i4t5 , le jour même de la mort de son père. Il mourut
à Nevers.
' Charles , duc de Bourbon et d'Auvergne , comte de Clermont ,
mort le 4 décembre i456. Il étoit fils de Jean, duc de Bourbon, et de
Mai'ie de Berry, et, par conséquent , frère utérin de Bonne d'Artois.
* Agnès de Bourgogne, morte à Moulins, le 1" décembre 1476.
[1424] DE PIERRE DE FENIN. 227
conte de Cleremont '. et la nommoit-011 Agnès; donc
Je duc de Bethefort fut fort courchié , et pluseurs au-
tres Englez, de ce que le duc Phelipes fist ceste aliance
à leurs anemis sans leur acort; mais ilz ne l'eurent
autre. En ce temps, et par pluseurs fois, fut le duc
Phelipe moût requis de faire paix au roy Charles, et
alloit le sire de La Trimoulle ', qui estoit au roy
Charles, souvent devers le duc Phelipe. Et moût luy
faisoit le roy Charles offrir de grans amendemens au
duc Phelipe pour la mort de son père; mais le duc
Phelipe ne veut point atendre pour ceste fois , donc le
roy Charles et son conseil estoient très courchiés, et
bien leur sembloit que s'ilz eussent eu la paix, ils eus-
sent remis les Englès hors de France.
En l'an mil quatre cens vingt - cpiatre , commen-
cha gi'ant guerre en païs de Hainaut, pour ce que la
ducesse de Hainau, nommée Jaqueline % laquelle es-
' Le mariage, arrêté dès le i5 février 1424 (D. Plancher, III,
Preuves, cccxii), fut célébré le 17 septembre 1425. (Anselme, I, 5o5.)
" Georges, seigneur rie La Tréiuoille, comte de Guignes, grand
chambellan de France, premier ministre d'état du roi Charles YII ;
mort le 6 mai i446.
^ Jacqueline de Bavière, comtesse de Hainaut et de Hollande , fille
unique de Guillaume de Bavière , lY' du nom , et de Marguerite de
Bourgogne; veuve de Jean, dauphin, fils de Charles YI ; remariée,
en 1417? à Jean de Bourgogne, duc de Brabant, son cousin germain.
En 1422, elle s'enfuit en Angleterre, d'où elle envoya solliciter à Rome
la cassation de son mariage , sous prétexte de parenté. Le duc , de son
côté, y députa Jean de Gavre, évèque de Cambray, pour défendre sa
cause ; mais , sans attendre la décision , Jacqueline se remaria , en 1 425,
avec la permission de l'anti-pape Benoît XIII , à Humfroy, duc de Glo-
rester, frère du roi d'Angleterre Henri Y. La validité du second
228 MÉMOIRES [1424]
toit fille au duc Guillaume de Hainau , oncle au duc
Phelipe de Bourgoingne , et si estoit fille de la seur au
duc Jehan de Bourgoingne, et par ce estoit cousine
germaine deux fois au duc Phelipe lors vivant , et avoit
icelle ducesse Jaqueline espousé le duc Jehan de Bre-
bant, cousin germain au duc Phelipe, et enparavant
avoit eu espousé le conte de Pontieu , filz au roy
Charles-le-bien-Amé, et frère aisné au roy Charles qui
lors estoit vivant; mais non obstant que pour lors elle
eust espousé le duc Jehan de Brebant, si fut-elle four-
traite du pais de Hainau par le sire de Robesart , et me- -
née en Engleterre devers le duc de Clocestre ', frère
au duc deBethefort, régent; et là espousa ladite dame
Jaqueline le duc de Clocestre. Et par ainsi eut la du-
cesse Jaqueline deux maris vivans, c'est assavoir le
duc Jehan de Brebant, et le duc de Clocestre devant
dit : lequelle chose sembla moût estrange et mal rai-
sonnable contre Dieu et le monde, et sainte Église; car
elle avoit esté bien de quatre à cinq ans en la compai-
gnie du duc Jehan de Breubant. Maiz il y avoit eu au-
cun discort entre eulx , par quoy ladite ducesse s'es-
toit partie d'avecquez luy et venue en son pais de
Henau.
mariage ayant été prononcée par le pape, en 1426, Humfroy la quitta
pour en épouser une autre. Le duc de Brabant étant mort, le 17 avril
1427, Jacqueline se remaria de nouveau à François de Borselle , comte
d'Ostervant. Elle mourut le 8 octobre i456.
' Humphroy, duc de Glocester, seigneur de Pembrokc , quatrième
fils de Henri IV, fut accusé d'avoir soustrait à la peine capitale plu-
sieurs i^ersonnes, condamnées par les lois du pays. Le lendemain de
[1424] DE PIERRE DE FExMN. 229
Après ce que le duc de Clocestre eut espousé la du-
cesse Jaqueline^ comme dit est, et qu'ilz eurent fait
graiit feste entre eux en Engleterre bien ung moys,
lors fist le duc de Clocestre grant assemblée pour aller
prendre la pocession du pays de Henau, qui estoit à
sa femme, atout bien douze cens combatans, tous En-
glez , et la ducesse en sa compaignie. El s'en alla de
Calais droit passer emprès Lens en Artois ', et de là
en Ilenau. Et pourpassa ledit duc parmy les pays au
duc Phelipe de Bourgoingne sans faire nul desroy, si
non prendre des vivres tout paisiblement. Quant le
duc de Clocestre et la ducesse Jaqueline furent venus
en pays de Hainau, il y eut pluseurs bonnes villes et
fortraisses du pais qui obéirent à eulx, et les autres ne
y obéirent point. Et aussi pareillement y eut pluseurs
des nobles du païs dessusdit qui se retrairent vers le
duc Jehan deBrebant, leur premier seigneur, et les
autres allèrent devers le duc de Clocestre et la ducesse
Jaqueline; par ainsi fut le pays de Henau moût fort
devisé et mis en voie de destruction.
Après toutes ces choses ainsi advenues , les nou-
velles en furent portées au duc Phelipe de Bourgoin-
gne, lequel estoit pour le temps en son païzde Bour-
goingne, donc il fut très mal content pour le malvais
tour que on avoit fait au duc Jehan de Brebant, son
cousin germain , et, avec ce, du déshonneur de la du-
cesse Jaqueline, sa cousine germaine deux fois, et
son arrcstatioQ , il fut trouvé mort dans sou lit. Ce fut le dernier joui'
de février 1446. (W. Ducdale, III, 198-99.)
' Vers la fin de novembre i424- (Mo.nstrelet, Y, 94.)
23o MÉMOIRES [1424]
moût en sceut malvais gré au duc de Clocestre et à
ceulx qui ce luy avoient conseilllé.
Tantost que le duc Phellpe sceut les nouvelles de-
vant dites , et qu'il fut venu à sa congnoissance que
le duc de Clocestre ' au pays de Henau, lors il en-
voia pluseurs de ses capitaines devers le duc de Breu-
hant, son cousin ; et y alla le sire de Croy % le sire de
Lilladam et messire Andrieu de Vallines % atout bien
douze cens combatans picars, pour aller contre le duc
de Clocestre.
Item, le duc Jehan de Brebant estoit homme de
povre complection de sa personne , et avec ce n' estoit
mie gouverné comme à tel seigneur apartenoit. Et
pour ce , fut ordonné par le conseil de Brebant que
Phelipe, son frère maisné, conte de Saint-Pol ^, seroit
meneur et chief de la guerre pour son frère contre le
duc de Clocestre. Et se mist ledit conte de Saint-Pol
sur les champs, à grant puissance, pour aller contre
ledit duc de Clocestre. Et moût avoit le conte de
Saint-Pol grant cantité de gens avec luy; car il avoit
la plus grant partie des nobles de Breubant, et si avoit
bien douze cens combatans des gens au duc Phelipe de
' Il faut sans doute lire : « que le duc de Clocestre estoit au pays
de Henau. »
* Antoine, seigneur de Croy, de Renty, etc. , surnommé le Grand,
premier chambellan de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne , et son
])rincipal ministre d'état. Mort en i^'jS.
' André de \alins, chevalier, conseiller, chambeUan de Philippe,
duc de Bourgogne (La Barre, II, 208); mort à la balaille de Bra-
wershaven (le i3 janvier 1420). (Monstrelet , V, i430
* Voyez ci-dessus , page 57, uote 2.
[1425] DE PIERRE DE FE^d^. 23 1
Bourgoingnc; et si avoit i*rant partie des gentis-
hommes de Henan ; et si avoit giant quantité des com-
muns du pays de Brebant, et tant que en la compai-
gnie du conte Phelipe de Saint-Pol avoit bien , tant
nobles comme gens de communs , cinquante mille
combatans. Avec le conte de Saint-Pol estoit Pierre
de Luxembourg, conte de Conversen, son cousin
proMcliain , lequel estoit conduisseur de l'ost, et fai-
soil ledit conte de Saint-Pol tout par son conseil; car
ledit conte de Saint-Pol estoit alors bien jounc de
Item , le duc de Clocestre avoit rais de ses gens en
garnison à Braine-le-Conte, en Henau ; et là laisoieut
forte guerre au païs d'entour. Mais le conte de Saint-
Pol et le conte de Conversent y allèrent mectre siège,
et ilz furent bien douze jours avant que ceux qui es-
toient dedens se vousissent rendre : et enfin ilz se ren-
dirent par ce qu'ilz s'en yroient sauve lem^s corps et
leurs biens. Maiz nonobstant quelque promesse que ou
leur eust fait, si en tuèrent les communs devant diz^
et h grant paine les sauvèrent les deux contes que tous
ne furent tuez : de quoy ilz furent moût courchiés du
desroy que icelles communes y firent. Après ce que la
ville de Braine fut rendue, comme dit est, au conte
de Saint-Pol, il la fist abatre et du tout désoler; et
puis après semist aux champs, atout sa puissance, qui
moût estoit grande. Et les gens du duc de Clocestre se
mirent pareillement aux champs, et tant, que les
-courreurs des deux parties furent près l'un de l'autre,
et en y eut de mors et de prins de checune partie;
232 MÉMOIRES [1425J
mais les batailles ne assemblèrent point , et si fiirent
grande espasse l'un devant l'autre. Ce jour, y eutgrant
partie des communs qui estoient avec le conte de
Saint-Pol qui se mirent en desroy, et s'enfuirent de
sy en Brebant, donc le conte leur sceut moût raalvais
gré; maiz il ne le povoit avoir autre.
Item, le duc de Clocestre avoit paravant envoie son
hiraut devers le duc Phelipe de Bourgoingne , et luy
escript par ses lettres comme il estoit faulx , traître et
desloyal vers le roy de France et d'Engleterre, et, avec
ce, qu'il avoit failly de la promesse qu'il avoit faite aux
Englez , et pluseurs autres injures luy manda ' : et fut
en partie pour ce que le duc Phelipe avoit envoie ses
gens contre luy en l'aide du duc Jehan de Brebant. Et
sy luy escript avec ce que il le combatroit de sa per-
sonne, et luy feroit gehir de sa coi'ge la desloyauté
qu'il avoit fait. A quoy le duc Phelipe respondy ' bien
et grandement par bon conseil , et pfFri à mectre sou
corps en bataille contre le duc de Clocestre , disant
([ue oncquez n'avoit failly de nulle promesse qu'il eut
fait, mais soustendroit que le duc de Clocestre avoit
' Des deux lettres adressées au duc de Bourgogne par le duc de
Glocester, et toutes deux conservées par Monstrelet (Y, 98 et 108),
la première est datée de Mons, le 12 janvier 1424? et la seconde de
Soignies , le 16 mars de la même année. Saint-Remy les rapporte éga-
lement (YIII, 25 1 et 258), mais il donne à la première la date du
~22 janvier.
' Les deux léponses du duc de Bourgogne se trouvent dans Mons-
trelet (V, 101 et 109); l'une porte la date du 5 mars i4'^45 l'autre n'en
a point. La première seulement se voit dans Saint-Remy (VIII, 254) >
qui la date du 12 mars.
[1425] DE PIERRE DE FEiNIN. 233
malvaise querelle et dampnalle de avoir* osté au duc
Jehan de Brebaiit sa femme, et que cestoit contre
l'ordonnance de Dieu et de sainte Église ; et aussi
d'aucunes autres paroUes que le duc de Clocestre avoit
dit contre l'onneur du duc Phelipe , et le desmentoit.
Et finablement, tant aprouchèrent les deux dessusdlz
de parolles envoies par lettres l'un devers l'autre,
qu'ils prindrent jour de combatre l'un contre l'autre.
Et esleut le duc Phelipe de Bourgoingne à juge l'em-
pereur d'Alllemengne '.
Item , sur ce propos envoia le duc Phelipe de Bour-
goingne sauf-conduit au duc de Clocestre en Henau,
affin qu'il s'en peust aller seurement en Engleterre
poiu- faire ses ablllemens à combatre contre le duc
Phelipe. Et furent aportés les nouvelles au conte de
Saint ' dudit sauf-conduit droit au jour qu'ilz furent
en bataille contre le duc de Clocestre. Et là dist ung
hiraut , de par le duc Phelipe de Bourgoingne , au
conte de Saint-Pol et au conte de Conversen , comme
il y avoit jour prlns des deux ducz devant diz pour
combatre eulx deux ensemble : et si leur dist comme
le duc Phelipe leur faisoit sçavoir qu'il avoit donné
sauf-conduit au dit duc de Clocestre, et leur prioit
que on le laissast raller paesiblement en Engleterre
pour faire ses ablllemens. Mais, nonobstant que le duc
de Clocestre , et aussi le conte de Saint-Pol et le conte
de Conversen sceurent bien ces nouvelles , si furent-ilz
depuis long-temps en bataille l'un devant l'autre, cha-
' Sigismond, mort le 9 décembre i!(S-].
' 11 faut proI)ablcnicnl lire Saint-Po/.
234 MÉMOIRES [1425]
cuii contendant que sa partie se partesist premier du
champ : et tant y furent, qu'il falut que chacun s'en
alast , pour la nuit qui estoit \enue. Et se retrait le duc
de Clocestre à Mons en Henau , où la duchesse Jaque-
line estoit, et là luy donna à entendre qu'il avoitgrant
voulenté de combatre le duc Phelipe de Bourgoingne,
et si luy dist moût d'autres choses desquelles il ne luy
tinst riens; car, dedens quatre jours après, il se parti_
du païs de Henau atoutes ses gens , et laissa la ducesse
sa femme en la ville de Mons, petitement acompaignié,
si non des gens de son pays. Ainsi s'en ralla le duc de
Clocestre en Engleterre ', et paissa par les pais au duc
Phelipe tout paysiblement, sans souffrir que ses gens
faissent nul desroy : et aussi ledit duc avoit sauf-con-
duit, pour lui et pour tous ses gens, du duc Phelipe de
Bourgoingne, et avoit ledit Phelipe bien fait deffendre
par tous ses pays que on ne maiffaisit riens audit duc
de Clocestre, ne à ses gens.
Item, le duc de Clocestre eut conseil de requérir le
duc Phelipe de Bourgoingne , par la manière devant
dite, affin de trouver manière pour luy en raller du
pais de Henau seurement : et, quelque semblant qu'il
faisist de voulloir combatre le duc Phelipe, sy n'en
avoit-il mie grant voulenté, mais doubtoit très fort la
puissance du duc Phelipe et celle du conte de Saint-
Pol, que par eux ne fust rué juz audit pays de Henau.
Assez tost après que le duc de Clocestre se fut parti
du païs de Hénau, comme dit est, et que la ducesse Ja-
■ il y aiiiva vers le mois (Voctobrc i4i5. (i\AiMi\-Tiioïr,A.s, IV, 2i5.)
[1425] DE PIERRE DE FEMN. 235
queline fut demeurée en la ville de Mons , lors envoia
le duc Phelipe aux gouverneurs de ladite ville, et leur
manda qu'ilz gardassent bien que la duchesse Jaque-
line ne se partesist de leur ville, et qu'ilz luy en ren-
dissent bon compte, ou si non il les courcheroit. Et
ainsi firent-il, car ilz furent contemps que la duchesse
Jaqueline fust mise es mains du duc Phelipe de Bour-
goingne. Et l'envoia après quérir le duc Phelipe par le
sire de Lilladam en la ville de INIons , et puis fut menée
à Gant. Et là firent le duc Phelipe et elle grantjoye
l'un à l'autre, et promist la duchesse d'elle soy gou-
verner, de là en avant, par le conseil au duc Phelipe :
et point ne voulloit raller devers le duc Jehan de Bre-
bant, sonmary. Mais, quelque semblant qu'elle mons-
trast, si avoit-elle autre pensée, comme il fut depuis
aparant; car, quant elle vit son point, elle s'embla
secrètement et s'en alla en son pays de Hollande, où
elle fut grandement recheue d'aucuns seigneurs du
pays , et fort se commencha à elle garder et garnir de
gens contre le duc Phelipe de Bourgoingne. Et avec ce
envoya devers le duc de Clocestre aflin qu'il luy en-
voiast secours de gens , lequel duc luy envoia le sei-
gneur de Filonastre ', et mille combatans englez, ou
environ.
Item, le duc Phelipe fut très mal content quant il
sceut que la ducesse Jaqueline s'estoit ainsi enblée de
la ville de Gant et ralée en son pais de Hollande , et
' Walter, lord Fitz Walter, fait prisonnier à la bataille de Baugé,
en 1420. 11 servit dans la plupart des expéditions contre la France, et
mourut vers 1402. (W. Dvgdale, I, i-iô.)
236 MÉMOIRES [i425]
doubla moût qu'elle ne vousist mectre ledit pays aux
mains du duc de Clocestre, son mary. Et affin de y ré-
sister, le duc Phelipe fist grant assemblée de gens, et
s'en alla en Hollande pour mectre le païs en son obéis-
sance. Et quant le dit Phelipe vint pour descendre au
dit païs, les gens de la ducesse Jaqueline, acompalgniés
de pluseurs des nobles du païs, vourent deffendre ledit
païs contre le dit duc Phelipe de Bourgoingne; maiz
nonobstant quelque deffence que les HoUandois et En-
glez feissent_, le duc Phelipe, qui estoit prince de grant
vaillance, descendi audit païs. Là assemblèrent bataille
assez près de la ville de Broussalles , c'est assavoir le
duc Phelipe et ses gens contre Englez et Hollandoys
tenans le parti de la ducesse Jaqueline , et y fut fière
bataille de tous costés. Maiz enfin, Englez et HoUan-
dois furent tous desconfiz et mis en desroy, et en mou-
rut sur la place environ de sept à huit cens, sans ceux
qui furent prisonniers. A ceste besongne s'enfui le
seigneur de Filonastre, qui est capitaine des Englez,
que le duc de Clocestre avoit envoyé en l'aide de la
ducesse Jaqueline.
Item , le duc Phelipe perdi en ceste journée de ses
gens ung vaillant chevallier, nommé messire Andrieu
de Vaillines, et ung escuier de son hostel, nommé Ro-
bert de Brimeu ", donc ledit duc fut fort courchié; et
■ ' La Barre a omis de comprendre Robert de Brimeu au nombre des
officiers et domestiques de la maison de Philippe-le-Bon. Le duc de
Bourgogne l'envoya, en 1420, ainsi que d'autres seigneurs, « au pays
d'Auxerrois, pour mettre en robéissancc du Pioi aucunes forteresses
que tenoient les gens du Dauphin, » (Monstkelet, IV, 235)
[1425] DE PIERRE DE FENIN. 237
poy y perdi autres gens de nom. Et fut ceste bataille
faite assez près de Brousselles , comme dit est, et fut
en l'an mil quatre cens et [vingt-cinq] '. Tantost après
toutes ces choses ainsi faites, le ducPhelipe laissa grant
cantité de ses gens es bonnes villes du païz de Hollande
pour résister contre les gens de la ducesse Jaqueline,
laquelle se tenoit en la ville de la Gande % et faisoit
mener forte guerre aux gens du duc Phelipe, lequel
s'en vint en son pays de Flandres et d'Artois pour
faire faire ses abillemens pour combalre le duc de Clo-
cestre. Et fist forgier h Hedin la plus grant partie du
liarnaiz qu'il falloit pour son corps armer. Moût fist
le duc Phelipe faire de riches abillemens pour soy
adouber, et estoit fort désirant de soy trouver en
champ contre ledit duc de Clocestre. Et bien luy sem-
bloit qu'il avoit vraye querelle , par quoy il en estoit
plus asseuréj et avec ce estoit vaillant de sa personne
autant que nul autre prince. Et pareillement fist le
duc de Clocestre faire en Engleterre ses abillemens
pour combatre le duc Phelipe de Bourgoingne , et fai-
soit grant semblant d'en estre joyeux.
Item , le duc de Bethefort , régent , et frère au duc
de Clocestre , qui avoit espousé la seur au duc Phelipe
de Bourgoingne, estoit fort courchié de la discention
qui estoit entre son frère le duc de Clocestre et son
' Le manuscrit porte : « mil iiiiccet xiiii.» Voyez ci-dessus, page 20g,
note 4- — La bataille de Bravvershaven fut donnée, selon Meycr
_(fol. 269, verso), le i3 janvier i425 : « Sic pugnatum idibus januarii ,
quando feviœ surit divi Hilarii episcopi. » Saia^ard (IV, 1 16} place cet
événement au lendemain , 14.
' Goude.
238 MÉMOIRES [i425]
serouge le duc Phelipe , et pour ce il mist grant paine
de mectre la paix eiitr'eulx. Et aussi le conseil du jouiie
roj Henry en estoit mal content ; et leur sembloit que,
par le moyen de tels débas, se pourroit le duc Phelipe
esîongier d'eux, par quoy leurs Lesoingnes en vau-
droient de piz en France en toutes manières.
En ceste mesmes saison que le duc Phelipe de Bour-
goingne fut au païs de Hollande pour combatre les
Englez et Holiandois, comme en autre lieu est descla-
rié, passa le duc de Bethefortpour allerde ParisàCalais',
et avec luy la duchesse sa femme, seur au duc Phelipe.
Et point n'avoit le dit duc plus de quatre à cinq cens
combatans en sa compaignie, et alloit en Engleterre
à intencion de mectre la paix entre le duc de Clocestre,
son frère, et le duc Phelipe de Bourgoingne, son se-
rouge.
Quant le duc de Bethefort , régent , fut venu en En-
gleterre', il ledenga moût son frère le duc de Cloces-
tre, pour la guerre qu'il avoit prins contre le duc Phe-
lipe de Bourgoingne, et luy monstra, par pluseurs fois,
le grant mal qu'il povoit advenir par le moyen d'icelle
guerre : et que se tel chose s'enlretenoit le josneroy
Henry seroit en péril de perdre grant partie de la con-
' ■ Le duc de Bedford, sa femme et à peu près cinq cents combattants,
partirent de Paris environ le mois de décembre (14^5) (Monstrelet,
V, i4o). Le Journal d'un bourgeois de Paris (io8) précise la date de
leur départ , en disant qu'ils quittèrent Paris <f le jour S. Éloy , premier
jour de décembre 1426; » c'est une erreur, quant à l'année, comme
nous le prouverons plus bas.
' Il y arriva le 20 décembre (i425) (Rapin-Thovras, IV, 216), et
nonXe no octobre , comme le dit Salazard (IV, to8).
[1426] DE PIERRE DE FENIN. ^39
queste que ses prédécesseurs avoient fait en France, et
qu'il y avoit moût de grans seigneurs , et aussi des
bonnes villes et fortresses, qui tenoient le parti dudit
roj Henrj seulement pour l'amour du duc Phelipe. Et
fniahlement fist le dit duc de Bethefort, régent, tant
que l'armée que le duc de Clocestre assembloit pour
mener guerre au duc Phelipe fut rompue; car pour
vray le duc de Clocestre fist de grans aliances en Engle-
terrepour icelle besoingne fournir. Et mesme le conte
de Salseberi s'en râla en haste de France en Engleterre
pour aidier au duc de Clocestre à maintenir sa guerre
contre le duc Phelipe de Bourgoingne. Et estoit le dit
conte de Salsebery fort convoiteux de grever le dit duc
Phelipe, pour la hayne qu'il avoit à luy de la contessesa
femme que le dit duc de Phelipe avoit requise d'amours,
comme en autre lieu est dit'; mais, quelque machine-
ment que le duc de Clocestre et ses aliez eussent fais en
Engleterre, si fut tout rompu par le duc de Bethefort,
régent; et aussy la journée que les deux ducz dessus dits
avoient prinse pour combatre l'un l'autre fut ralongié.
Et assez tosl après retourna le duc de Bethefort , régent,
et sa femme la ducesse, du pays d' Engleterre en France '.
' Voyez ci-dessus, page aaS.
' <' En icelui an (1426), après que le duc de Bedfort eut séjourné
en Angleterre par l'espace de sept à huit mois , avec sa femme et trois
mille combattans s'en alla à Calais , et de là à Paris » ( Monstrelet,
V, 147)- A ce compte , le retour du duc de Bedford auroit eu lieu vers
le mois de juillet 1426. Le Journal d'un bourgeois de Paris , après
avoir, comme on l'a vu dans une note précédente , placé le départ de
ce prince au 1" décembre 1426, dit qu'il rentra dans Paris le 5 avril
de la même année, « à ung sabmedy, vigille du dimanche perdu (di-
a4o MÉMOIRES [1427]
Et vint ledit duc à Hedin ', où il trouva le duc Phe-
lipe de Bourgoingne, son serouge, lequel luy fist
grant chière et à sa seur la ducesse ; et là , après ce
que les deux ducz eurent fait grant chière l'un à l'autre,
lors pria moût le duc de Bethefort, régent, au duc
Phelipe qu'il vousist mectre du tout jus la jornée et
discention qui estoient entre luy et son frère le duc de
Clocestre, et qu'il feroit tant que le dit duc de Cloces-
tre ne prendroit plus riens sur luy ne sur chose qui à luy
apartenist. De quoy le duc Phelipe respondy au duc de
Bethefort, régent, qu'il ne luy faisoit mie requeste
raisonnable , et que ce seroit grandement contre son
honneur s'il metoit juz icelle journée, veu la grant dés-
honneur et injures que le duc de Clocestre luy avoit
mandé par ses lettres, lesquelles n'estoient point véri-
tables. Et moût se complaingnoit le duc Phelipe au duc
de Bethefort, régent, des déshonneurs que le duc de
Clocestre luy avoit fait et mandé; et si luy dist que les
choses estoient trop avant, et que bonnement il ne se
povoit faire que on ne veist lequel airoit meilleur que-
relle. Et pour vray le duc Phelipe estoit très désirant
de soy trouver en champ contre le dit duc de Clo-
cestre, comme dit est ailleurs.
A ceste assemblée, qui fut à Hedin, estoit Jehan
manche de la Passion) , » étant « demoré en Angleterre seize nioys )>
(io8). Il résulte de ce passage que ce fut en décembre i425, et non
en 1426, que le duc de Bedford quitta Paris. Suivant Rapin-Thoyras
( IV, 5 1 4), il demeura en Angleteri'e pendant toute l'année 1426.
' « A celluy jour se party le Régent, pour aller devers le duc de
Bourgogne, qui fut le vingt-sixiesme jour de may 1427. » (Journal
d'un bourgeois de Paris, 109.)
[1427] DE PIERRE DE FENIN. 241
(le Luxembourg, bastart de Saint-Pol % et ung nommé
Drieu de Humières *, lesquelz deux portolent chacun
sur son braz une petite rieulle en manière d'un roj de
soleil ^ ; et la portoient disant que s'il estoit nul Englez
qui Touslst dire que le duc de Clocestre eust mileur
querelle pour la guerre qui fut en Henau que le duc
Jehan de Brebant, si leur despendesist ladite rieulle,
et ilz combatroient yceulz sur la querelle devant dite'*.
' Jean, dit Hennequin, bâtard de Saint-Pol, seigneur de Haut-
bourdin, Gis de \aleian de Luxembourg, III' du nom, comte de
Saint-Pol; légitimé le i g février i456. 3Iorten \^66.
' Drieu, sire d'Humières, de Bouzinccurt, de Yaux-lès-Boulen-
court et de Humereulcs. Le père Anselme suit sa trace jusqu'en i4'24
(VIII, 276). Monstrelet (V, 12g) attribue le fait dont parle Fenia
à Andrieu , fils du précédent, chevalier de l'Ordre de la Toison-d'Or,
lequel mourut le 21 novembre i458. — Drieu de Humiers, écuyer,
s'étant rendu coupable de meurtre sur la personne de Pierre Le Par-
mentier, dit Mastant, obtint lettres de rémission, données à Paris,
par le roi Henri M , au mois de mai 1424 , en considération de ce que
ledit Drieu « a tousjours esté, disent les lettres, de bonne vie, re-
nommée et honneste conversacion , sans avoir esté reprins ne con-
vaincu d'autre villain blasme ou reproche, et que ledit escuïer et ses
prédécesseurs ont bien et loyaument servi à feu nostre très chier sei-
gneur et ayeul le roi Charles, derrenier trespassé, et notre très chier
et très amé oncle le duc de Bourgogne , et encore nous sert en chacun
jour en noz guerres et autrement. » (Tkésor des Chartes, Registre
coté vin"xii. Pièce Soj.)
^ « Portoient chacun sur son bras dextre une rondelle d'argent, où
il y avoit peint une raye de soleil. « (31on.strelet, V, 12g.)
* Selon Monstrelet (Y, 128), le duc de Bedford et sa femme allè-
rent voir lé duc de Bourgogne , une première fois , le 2g juin i425,
avant leur voyage pour l'Angleterre ; et une seconde {Ihid., i^'j), au
retour de ce même voyage, en 1426. L'anecdote que raconte ici Fenin
est rapportée par Monstrelet, à l'occasion de la première visite faite,
en 1420 , par le duc et la duchesse de Bedford. Feniu , en la plaçant
Cl* «427, semble commettre une erreur de date.
16
242 MÉMOIRES DE PIERRE DE FENIN. [1427J
Pour ceste besoingne eut ledit bastart parolles, présent
le duc de Bethefort, régent, et luy vouloit ledit duc
faire despendre par ung de ses gens , pour ce que on
luy avoit donné à entendre que jceulx la portoient
pour vouloir combatre tous Engîès qui la \oudroient
despendre, sans autre querelle; mais quant le duc de
Bethefort, régent, fut adverti de la querelle pourquoy
ilz la portoient , il s'en souffrj atant.
Quant le duc de Bethefort, régent, et la ducesse sa
femme eurent séjourné cinq ou six jours àHedin, et
que le duc Phelipe leur eut fait grant chière, comme
dit est devant, lors il s'en alla à Paris, où il séjourna
long-temps : et depuis fut tant traitié par le mojen
du dit duc de Bethefort, régent, que la journée qui
estoit entre le duc de Clocestre et le duc Phelipe de
Bourgoingne fut mise du tout au néant. Maiz nonob-
stant quelque traitié qui fust entre eulx, si n'aymoient-
ilz mie l'un l'autre.
FIN DES MEMOIRES DE PIERRE DE FENIN.
APPENDICE
Nous rassemblons , sous le titre â! Appendice , quelques docu-
ments qui se rattachent soit axix faits énoncés dans les Mémoires
de Fenin, soit aux personnages dont il y est fait mention. L'éten-
due de quelques unes de ces pièces n'a point permis de les placer
en notes après le récit des événements auxquels elles se rapportent ;
les autres ne sont pas venues à notre connoissance en temps utile.
Ces divers renseignements sont classés suivant l'ordre qui leur
auroit été assigné dans les Mémoires de Fenin si nous avions pu
les y comprendre , et nous avons indiqué en tête de chacun d'eux
à quel passage il sert d'éclaircissement , comme aussi la page ovi se
trouve rapporté le fait éclairci.
APPENDICE.
Page 13, ligne 3.
A ceste journée se porta le duc Jean de sa personne grande-
ment, et messire Jacques de Courte- Jambe, qui portoit la bannière
au duc Jean , y fut A'aillant chevalier et moult bien s'y porta.
Par lettres du lo décembre 1424? le roi Henri VI
donna h Jacques de Courtiambles, chevalier, seigneur
de Commarien, en récompense des bons et agréables
services à lui rendus , et au feu roi Charles VI , par le
dit de Courtiambles, tous les biens confisqués sur Jehan
de Brie, dit Sorent, a jusques à la valeur de cinquante
livres parisis de rente ou revenue par an. » (Trésor
DES Chartes, Registre coté viii^^ xiii, Pièce ôg.)
II.
Page 49, ligne 1.
Et depuis Jaques de Brimeu escapa.
Jacques de Brimeu servoit sous les ordres du duc de
Bourgogne, en 1417? lorsque ce prince passa la revue
de son armée, entre Pontoise et Meulan (Monstre-
LET, IV, 54). Nommé chevalier de l'Ordre de la Toison-
d'Or dès la première promotion , il est qualifié a sei-
246 APPENDICE,
gneur de Grigiij » (Ide3i, V, 278); assiste, en 14^0,
comme ce maréchal de l'ost, » au siège de Compiègne,
dirigé par Jean de Luxembourg (Idem, ibid., 5ii);
et à celui du Crotoj, en 1457. (Ide3I, VI, 369.)
III.
Page 71, ligne 13.
Le bastart de T
ion.
« Charles, etc., pour considéracion des grans etaggréa-
bles services à Nous rendus par Jehan, bastart de Thien,
chevalier, capitaine de Senlis, ou fait de nos guerres
comme autrement, et à récompensacion des pertes et
dommaiges qu'il a eues et soustenues pour le fait et oc-
casion des dites guerres, et mesmement à cause de ce
qu'il a esté nagaires prins et détenu prisonnier par noz
ennemis et adversaires par longue espace de temps , —
à icellui Jehan, bastart de Thien, avons donné —
l'ostel nommé Monchy-le-Vieilz, qui fut et appartint
à feu Guillaume Le Bouteillier, chevalier, et Marie de
Sermoise, jadis sa femme, avec cccc livres parisis de
rente annuelle et perpétuelle Donné à Senlis, ou
mois de juillet, mil iiiicet xxii.» ' (Trésor des Char-
tes, Registre coté viii" xii. Pièce 126.)
' Cet acte est mentionné par Godefroy, page 797 de son Histoire de
Charles FI.
APPENDICE. 247
IV.
Page 73, ligne 15.
Ferry de Mailly.
Par lettres données h Amiens, au mois d'avril 1425 ,
après Pâques, le roi Henri VI donna « à Colard de
Mallli, chevalier, seigneur de Blangy-sur-Somme , et
Ferry de Mailll, escuïer, frères, le chastel, terre et
seigneurie de Rambures, qui furent et appartindrent
à Andreu de Rambures el à Jaques de Harecourt, che-
valiers. )) (Trésor des Chartes, Registre coté viii"
XII, Pièce 286.)
Page 81, ligne 17.
Et eut ladite Royne le gouvernement du royaume.
Dès que la Reine eut recouvré sa liberté ', elle écrivit
aux bonnes villes de France, qu'en vertu d'anciens
pouvoirs irrévocables qui lui avoient été conférés par
le Roi , elle alloit reprendre le gouvernement de l'État
au nom de son époux, et, en conséquence, requéroit
d'elles aide et secours. Un manuscrit de la Bibliothèque
royale' contient copie des lettres qui furent envoyées
au seigneur de Chassenage, gouverneur du Dauphiné.
' Son nconduite avoit force Charles VI à la reléguer à Tours, où
elle étoit presque gardée à vue.
' Fonds De Camps , vol. XLYIIl.
248 APPENDICE.
Elles diffèrent très peu , et seulement par l'expression ,
de celles que rapporte Monstrelet ' comme ajant été
adressées à la -ville d'Amiens. La Reine termine les
premières en invitant le seigneur de Chassenage à ajou-
ter foi à ce que lui diront, de sa part , ses amis et féaux
conseillers maître Jean de Vissac , doyen de l'église de
Châlons, et Guillaume de Brion, commandeur d'Aul-
monières. Ces deux envoyés furent admis à présenter
leurs lettres de créance , et déposèrent sur le bureau
du Conseil copie de la requête qu'ils étoient chargés de
faire au nom de la Heine. Nous croyons cette pièce
inédite , ne l'ayant point trouvée dans les historiens du
Dauphiné, et pensons qu'il peut être utile de la pu-
blier. Nous la faisons suivre de la réponse du Conseil.
Mémoire à messieurs les Gouverneur du Conseil et des
trois estais du pays de Daulphiné , sur la créance
donnée par la reine de France , exposée par le
doyen de Véglise de Châlons et le commandeur
d Aumonières y ambassadeurs de ladite dame, en
la présence de M. le Gouverneur^ les seigneurs du
Conseil et plusieurs autres seigneurs bannerets, che-
valiers et écuyers, laquelle créance a été ordonnée
de bailler par écrit \
Premièrement , la Reine demande que , attendu que
le gouvernement du royaume de France lui a été jà
pleça donné et octroyé par les Lettres du Roi irrévo-
' IV, 52.
' Bibliothèque royale , Manuscrits (fonds De Camps, vol. XLYIIl).
APPENDICE, 249
cables, du consentement des seigneurs du sang royal,
et de tous les trois états du dit royaume, et aussi de ses
enfans, que, pour le bien du Roy, de son royaume, de
M. le Dauphin, son fils, et pour la conservation, tuhi-
tion et gouvernement de la chose publique, de leurs
terres et pays, vous , mes dits seigneurs le Gouverneur
du Conseil , tous autres bannerets, chevaliers et écuyers,
ensemble tous les subgiez de mon dit seigneur le Dau-
phin , vous vous adhérez et veuillez adhérer et ad-
joindre avec la Royne, pour lui aidier et conforter de
toute puissance à la bonne entention et saint propos
qu'elle a de poursuir et mettre à fin les choses dessus-
dites, c'est assavoir le bien du Roy, du royaume, de
mon dit seigneur le Dauphin , son fils, la conservation
et tuhition de la chose publique, de leurs terres et
pays.
Item, que, comme la dite dame ait le gouvernement
du royaume de France, de monseigneur le Dauphin,
son fils , et de leurs terres et seignories , comme dessus
est dit; et aussi que par raison et de droit lui appar-
tiengne et doye apar tenir, devant tous autres, le gouver-
nement et administration de mon dit seigneur le Dau-
phin, son fils, de ses biens, terres et pays, attendu
l'état du Roy, que chacun scet, lequel Dieu par sa
sainte grâce veuille amender , aussi le jeune âge de mon
dit seigneur le Dauphin , qui est mineur d'âge ; attendu
aussi le gouvernement par lequel le royaume de France
dépérit de jour en jour, dont la succession et héritage
de mondit seigneur le Dauphin pouroient tourner à
destruction se autrement n'i est pourveu, comme les
25o APPENDICE,
lettres à vous envoyées par la Rojne font plus k plein
mention, vous, messeigneurs les Gouverneur du Con-
seil, et tous autres bannerets, chevaliers, écuïers et
subgiez de mondit seigneur le Dauphin , obéissiez et
faites faire obéissance doresnavant à la Rojne , comme
à celle qui doit avoir et à qui appartient la tuhition et
le gouvernement de mon dit seigneur le Dauphin, son
lils , pour le bien et conservation de ses terres et pays ,
et ce, jusques à ce que mon dit seigneur le Dauphin
soit en âge pour gouverner le royaume de France dont
il est héritier, et ses autres terres et pays. Et en ce
faisant, la Royne se offre de vous aidier et conforter
envers et contre tous qui voudroient nuyre ou grever
le pays de mondit seigneur le Dauphin, et tous ses
bons vassaux et subgiez.
Item, que pour la conservation des biens, terres et
seigneuries de mon dit seigneur le Dauphin , demande
et requiert la Royne que nulles finances soient baillées
ne délivrées du pays de mon dit seigneur le Dauphin,
sinon par l'état de mon dit seigneur le Dauphin , et
garde, tuhition et défense de ses terres et pays, en
quelque manière que ce soit, sous l'ordonnance, licence
et commandement de la Royne.
Item, que, sur les demandes dessus dites, soient
envoyées à la Royne par vous, mes dits seigneurs le
Gouverneur du Conseil des trois états, vos lettres pa-
tentes , ainsi comme es lettres de la dite dame à vous
envoyées est contenu.
Baillié par nous , Jehan de Vissac , doyen de l'église
de Châlons, et Guillaume de Brion, commandeur
APPENDICE. 25 t
d' Ausmonières , ambassadeurs dessusdits, le ly** jour
d'avril l'an 14 1 8.
lia est. JoHANNES deViss.4.co.
Itaest. Frater Guillelmus de Brione.
RÉPONSE au nom du Gouçerneur du Dauphiné aux
ambassadeurs de la Reine ' .
(Lundi) 18 avril i4iH.
Monseigneur le Gouverneur et les assistaiis ont veu
la teneur des lettres que lui avez présentées, et oj la
créance, laquelle depuis avez baillée par écrit. Vous
avez aussi baillées deux autres lettres adi^eçans au Con-
seil et aux trois états , et croy bien et aussi le présup-
pose, monsieur, que vous n'avez autres lettres adre-
çans à nobles ou h autres gens particuliers de ce pays
du Dauphiné : car ainsi le deistes-vous l'autre soir.
Vous-mesmes savez bien que la matière est haulte et
pondéreuse; si apartient d'en avoir grande et meure
délibération , et pour ce, l'en ne vous peut faire ré-
ponse de présent : mais il aura advis et délibération sur
ces choses par tout le mois de maj, et vous fera res-
ponse au dernier jour du dit mois de maj, en cette
ville % telle comme elle sera advisée. Si veuillez avoir
patience entre deux ^.
' Bibliothèque royale. Manuscrits (fonds De Camps, vol. XLVIII).
' Il y a en marge : « C'est Chabueil près Valence, »
' On lit au bas de la copie de cette lettre : « On ne prit ce long
terme que pour en écrire au Dauphin : ce qu'on fit. Ainsi on éluda
les demandes de la Royne, et le Dauphiné demeura fidèle à Charles ,
dauphin. »
* APPENDICE.
VI.
Page 83, ligne 25.
David de Brimeu.
Par lettres données à Amiens , le 25 février 142^ , le
roi Henri VI donna à David de Brimeu, chevalier,
seigneur de Humbercourt , les terre et seigneurie de
Dencat-lez-Abbeville, avec appartenances et appen-
dances, « tenues noblement et autrement, jusques à
la somme de trois cens livres tournois de rente par
an, se icelles terre et seigneurie ne excèdent la dite
somme de trois cens livres tournois, eu regart ou temps
de XV ans a. » Ces biens avoient été confisqués sur le
sire de Rambures. (Trésor des Chartes, Registre
coté viii^'' XII, Pièce 547.)
VIL
Page 88, ligne 14.
El mandèrent au seigneur de Lilladam qu'il le metroient dedens.
Les partisans du duc de Bourgogne exploitèrent avec
habileté le mécontentement général qu'excita dans
Paris le refus fait par le Dauphin d'accéder aux clauses
du projet de traité convenues entre ses ambassadeurs
et ceux du duc de Bour"0£[ne. Un document histo-
rique, que nous croyons inédit, permettra d'appré-
cier les motifs qui portèrent ce prince à repousser l'ac-
rommodement proposé. Pour rendre plus facile et plus
APPENDICE. 253
prompte l'intelligence de certains faits rappelés dans
la pièce dont il s'agit , nous la ferons précéder du pas-
sage suivant de Monstrelet , Fenin se taisant sur ces
événements :
(( En ces propres jours, le duc Jehan de Bourgongne
estant en son pays de Bourgongne, vindrent devers
lui les cardinaulx d'Ursin et de Saint-Marc, envoiez
de par notre saint-père le pape en France, pour apai-
ser la dissencion qui estoit entre le Roy et son fils>
d'une part, et la Royne et le duc de Bourgongne,
d'autre part. Ausquelz cardinaulx le dit duc fist grande
révérence, et les festia grandement. Et après que le
dit duc leur eut dit et remonstré qu'il estoit prest de
faire paix à tous ceulx qui la vouloient , et , pour ceste
cause, il avoit envoie ses ambaxadeurs h Bray-sur-
Seine, devers les gens du Roy, pour traicter de paix,
ils se départirent du pays de Bourgongne, et par Troies
alèrent au dit lieu de Bray-sur-Seine et de Monste-
reau, où ilz furent des ambaxadeurs, tant d'un costé
comme d'autre, très joieusement receuz et honorez;
et de là, le cardinal de Saint-Marc ala à Paris. Ouquel
lieu, en la présence du Roy, de son conseil et du con-
nestable , il proposa Testât de son ambaxade, et le bien
qui povoit venir par le moïen de paix. Et après qu'il
eut esté dedens Paris grandement honnoré par les sei-
gneurs dessusdiz, il s'en retourna à Monstereau, de-
vers les ambaxadeurs. Ouquel lieu il demoura, lui et le
cardinal d'Ursie , durant la dite ambaxade; et aloient
chacun jour, avecques les ambaxadeurs, au moustier
de La Tombe, là où les parties convenoient ensemble.
?,54 APPENDICE,
et tant y continuèrent qu'ilz furent d'accord. Et fut la
paix trouvée et traictée par lesdiz cardinaulx et am-
baxadeurs dessusdiz , par condicion que chacune des
parties raporteroit par escript, devers ses souverains,
le traictié tel comme ilz l'avoient fait ; et s'il ne leur
estoit agréable , chacune des parties demouroit en tel
estât comme devant , sans avoir paix ne trêve. Et ainsi
s'en retournèrent les ungs à Paris, devers le Roy et le
connestable, et les autres à Troies, devers la Rojne
et le conseil du duc de Bourgongne. Lequel traictié,
monstréàson conseil, le eut très bien pour agréable. Et
tantost fut envoyé en Bourgon gne, devers le duc, pour le
visiter et savoir s'il en estoit content; sur lequel, en
la présence de son conseil , fist response qu'il le tenoit
pour bon , sans y riens excepter, et que voulenliers
il jureroit et feroit jurer ceulx de sa partie de l'entre-
tenir. Et pareillement les ambaxadeurs du Roy et du
connestable, retournez à Paris, monstrèrent la copie
du traictié qu'ilz avoient fait au Pioy, au Daulphin, et
à aucuns notables de leur conseil et de ceulx de la ville.
Lequel après ce qu'ils le eurent veu et oy, furent assez
contens que le Roy le scellast. Mais quand il fut mons-
tre au comte d'Armagnac et au chancelier, au prévost
de Paris et autres capitaines, ilz eurent du tout le dit
traictié pour désagréable, et dirent tout pleinement
que jà ne seroient en lieu où le Roy l'accordast tel qu'il
estoit; et mesmes le chancelier dist que le Roy le scel-
last s'il lui plaisoit, et quejà il ne le scelleroit. Pour
lesquelles responses, l'évesque de Paris, plusieurs no-
tables bourgeois de la ville, et aucuns autres du con-
APPENDICE. 255
seil du Roj et du Daulphln , aians graiit désir d'avoir
paix, furent pour les dites respoiisesbienesmerveillez,
et pour tant conseillèrent au Daulphin qu'il tenist au
Louvre ung conseil pour la dicte paix, laquelle il fist;
mais onques ledit connestable n'y voult aler, et dist
que ceulx qui conseilloient telle paix estoient traislres.
Finablement , par le moien des contradictions dessus-
dictes, tout fut rompu; et demourèrent les parties
dessusdictes en tel estât comme devant, sans avoir trêves
ne paix ensemble; pour quoj plusieurs Parisiens et
autres du conseil du Roy conceurent grande bayno
contre icellui connestable » (IV, 8i).
Projet d accoimnodement entre la Reine et le duc de
Bourgogne , dune part, et le Roi et le Dauphin ^
d autre part ' .
Après ce que, par plusieurs journées, les am.baxa-
deurs du Roy et de monseigneur le Dauphin, estant
à Montereau , sont assemblé au lieu de La Tombe
acoustumé avec les ambaxadeurs de la Royne et de
monseigneur de Bourgongne , estant à Bray , et que
sur les remonstrances autresfois par eulx faictes aux
advis et articles baillez de l'un et de l'autre costé res-
toient et demouroient encor aucunes difficultez , au-
jourd'huy, xxiii^ jour de may 141 8, en la présence
de messieurs les cardinaulx des Ursins et de Sainct-
Marc, envoyez par nostrc Sainct-Père le Pape pour
l'appaisement des divisions et débaz estans en ce
' Bibliothèque royale, fonds de Brienne, n" 197, fol. 161 recto.
256 APPENDICE.
royaume , et pour obvier à la roupture du traictié de
paix par leur bon moïen , et aussi de monsieur de La
Trimollle, qui toujours audit traictié a esté, du con-
sentement des diz ambaxadeurs, m.édiateur, et tenu la
place de la convention seure, furent fais les advis qui
s'ensuivent ausdiz articles baillez par les ambaxadeurs
d'icelles ambaxades, pour iceux rapporter au Roy et à
monseigneur le Dauphin par leurs diz ambaxadeurs,
et aussi à la Royne et à mon dict seigneur de Bour-
gongne par les leurs , afin que sur ce ils ayent leurs
advis, poury prendre telle conclusion commebon leur
semblera. Et premièrement,
S'ensuivent les advis aux articles baillez par les diz
ambaxadeurs de la Royne et de mon dict seigneur de
Bourgogne.
Au PREMIER ARTICLE. Quc abolitioii générallc soit
faicte d'une partie et d'autre, et toutes injures, tant
verballes comme personnelles , remises et pardonnées
tant d'un costé comme d'autre.
Advis sur le dit article. Il semble que pour le bien
de paix et pour venir à bonne union , abolition gé-
nérale se face, par le Roy nostre seigneur, h tous,
de tous les fais et cas advenus en ce royaume pour oc-
casion des divisions et débas qui y ont esté depuis le
trespas de feu bonne mémoire monseigneur Phelipe,
derrenlerduc de Bourgongne , que Dieu absoille, ex-
cepté h ceux qui furent rescouz par le traictié de Char-
tres, et que toutes injures et offences soient remises
et pardonnées, tant d'un costé que d'autre, sans ce
que jamais d'icelles soit faicte aucune poursuittc ou
APPENDICE. 257
nction de diolct ou de faict, directement ou indirec-
tement , publicquement ou ocultement , et que silence
soit sur ce imposé au procureur du Roj et à tous
autres.
Item, que toutes confiscations soient abolies, ap-
peaulx, proclamations, adjournemens , sentences et
tous procès; et avecques ce toutes condamnations,
suspensions et privations de bénéfices , incarcérations
et proscriptions, tant de gens clercs comme lays,
fais, soubz couleur et l'ombre de justice ou autre-
ment , pour et à l'occasion des divisions et débas qui
ont eu cours en ce royaume , et tant de l'une partie
comme de l'autre, soient mises au néant.
Achùs siw le dict article. Il semble que pour le bien
de paix le dict article se puet passer, adjousté au dict
advis, après ce mot bénéfices, et autres choses quelz-
conques ecclésiastiques et temporelles.
Item, que un chacun, d'un costé et d'autre, re-
tournera à ses biens quelzconques , et quelque part
qu'ilz soient, qui seront en nature de chose, et que
tous erapeschemens qui seront ou sont mis, soient
mis au néant, et leur seront mis iceulx biens à plaine
délivrance par ce présent traictié, et de ce qui ne sera
en nature de chose, ne soit faicte, d'un costé ne d'au-
tre , aucune action ou poursuite.
Advis sur le dict article. Il semble, pour le bien de
paix comme dessus, que le dict article se puet passer.
Toutesvoies, il semble estre expédient de advertlr les
seigneurs , au regard des biens meubles , que d'iceulx
ne soit faicte aucune poursuite pour obvier aux incon-
•7
258 APPENDICE.
véniens et débats qui s'en poiirroient eiisulr, et que
le dit article se de\roit seulement entendre au reii;ard
des choses immeubles, et pour ce ne seroit jà besoing
de mettre au dict article ces mots : estans en nature de
chose.
Item , que les corps des personnes exécutées à mort
pour occasion desdiz débas, soient rendus à leurs pa-
rensetamis, qui les pourchasseront, pour les mettre en
terre saincte, tant d'un costé que d'autre, et que leurs
héritiers succèdent en tous leurs biens, nonobstant
quelconque confiscation ou aliénation d'iceulx biens,
se ilz sont en nature de chose.
Advls sur le dict article. Justice donrra congié d'em-
porter les corps des exécutez pour occasion desdiz dé-
bats, aux parens et amis qui les requerront, et aussi
les héritiers desdiz exécutez succéderont aux biens,
ainsi comme gist l'article; toutesvoies seront advertis
les seigneurs des biens meubles, comme en l'advis pré-
cédent.
Item , que tous offices rojaulx demourront en la
main du Roj pour en ordonner à son plaisir, la
Royne et monseigneur de Bourgongne estans par de-
vers luy, et par leur advis et délibération.
Ad^ns au dict article. Tous offices rojaulx demour-
ront en la volcnlé et disposition du Roy, et la Rojne
et mon dit seigneur de Bourgongne venus devers luy,
et monseigneiu' le Dauphin, le lloy en ordonnera à
son bon plaisir, eu sur ce le bon advis et conseil de
la Royne, de mon dit seigneur le Dauphin , de mon-
seigneur de Bourgongne, et des autres seigneurs du
APPENDICE. 259
sang royal lors estans devers le Roy, et d'autres de
son conseil, telz qu'il liiy plaira.
Item , que la Royne et monseigneur de Bourgongne,
dessusdiz , et autres seigneurs du sang royal, puissent
à leur plaisir aller et estre devers le Roy, à Paris et
ailleurs.
yédi'is au dict article. Le Roy et monseigneur le
Daulpliin désirent veoir la Royne et monseigneur de
Bourgongne, etplaist au Roy que h tel jour ',
ilz viennent par devers luy à Meleun où il sera, et mon
dict seigneur le Dauphin avecques luy; et, la dicte
convocation faicte, pourront, au bon plaisir du Roy,
aller par devers luy quelque part qu'il soit, ainsi que
autres fois ont faict. Et aussi , au bon plaisir de mon
dict seigneur le Dauphin , pourra mon dit seigneur de
Bourgongne aller par devers luy quelque part qu'il
soit. Et avecques ce, seront contens le Roy et mon
dict seigneur le Daulphin d'avoir à la dicte convention
iii*^ chevaliers et escuyers armez ou désarmez, com-
prins en ce les gens de leurs hostelz; et plaist au Roy
que la Royne et mon dict seigneur de Bourgongne en
ayent autant, compris ens aussi 1rs gens de leurs hos-
telz , et qu'ilz en soient contens. Et, pour plus grant
seurté, seront esleuz par le Roy et mon dict seigneur
le Dauphin deux notables chevaliers, féaulx et natifs
de ce royaume , qui auront en leur compagnie cent ou
deux cens hommes d'armes; et deux autres, esleuz
par la Royne et mon dict seigneur de Bourgongne,
' Ceci n'étant qu'un projet, la date du jour à fixer pour l'entrevue
a dû rester en blanc.
^6o APPENDICE.
féaulx et natifs du pays de mon dict seigneur de Bour-
gongne, qui auront cent ou deux cens hommes d'ar-
mes comme dessus. Lesquelz ainsi esleuz , feront ser-
ment au Roy et à mon dict seigneur le Daulphin , et
aussi à la Royne et à mon dict seigneur de Bourgon-
gne, et feront faire par leurs gens, de les tenir en
seurté et d'estre contre la partie qui ofFenderoit : et
lesquelz chevaliers esleuz, prendront les seremens de
toutes les gens d'armes et serviteurs qui seront et de-
vront venir à ceste assemblée, tant d'un costé que
d'autre , et d'autres qui seront advisez. Et seront es-
loignez toutes autres gens d'armes , d'un costé et d'au-
tre , six lieues tout à l'environ de Meleun.
Item , pour ce que la Royne , depuis qu'elle est der-
renièrement venue à Chartres, par vertu de la puis-
sence à elle donnée de par le Roy , a faict et ordonné
plusieurs choses , que tout ce que par elle a esté faict
et ordonné sortira son effect, qui ne seroit préjudi-
ciable aux choses dessusdictes.
j4dçis au dict article. Ce que la Royne a faict se-
lon le povoir à elle donné , sortira son plain efiect; et
du demourant, le Roy, à la convention qui se fera à
Melun , en ordonnera à son bon plaisir , eu sur ce le
bon advis et conseil de la Royne, de mon dict sei-
gneur le Dauphin et de monseigneur de Bourgongne,
et des autres seigneurs du sang royal lors estans de-
vers le Roy, et d'autres de son conseil tels qu'il luy
plaira.
Item , que tout ce qui sera faict , traictié et accordé
en ceste partie pour la seineté et entretenement des
APPENDICE. 261
choses dessusdictes , soit l'aict et passé par le Koy, la
Rojne, mon dlct seigneur le Dauphin et mon dict sei-
gneur de Bourgongne.
Advis sur le dict article.W. semble que ainsi se doibt
faire.
Item , que pour acompllr et entretenir seurement
les choses dessusdictes , soient advisées et baillées tou-
tes les meilleurs seurtez que l'en pourra.
Ad^is comme dessus , que ainsi se doit faire.
S'ensuivent après les articles baillez par les ambaxa-
deurs du Roy et de monseigneur le Dauphin , et les
advis fais sur ce.
Premièrement , que monseigneur de Bourgongne
rende, restitue et remette, ou face rendre , restituer
et remettre, réaument et de faict, en la main du Roy
et de monseigneur le Daulphin et en leur plaine obéis-
sance , toutes les villes , chasteaux et forteresses à eulx
appartenans, qui par lui ou ses commis et députez sont
détenues et empeschées , en Testât qu'elles estoient
paravant les diz empeschemens , et en face vuidier in-
continent tous les capitaines, garnisons de gens d'ar-
mes et de traict, et tous autres commis aux offices es-
dictes citez, villes et chasteaux, de par la Rojne et
de par mon dict seigneur de Bourgongne.
Advis sur le dict article. La Royne ne mon dict
seigneur de Bourgongne n'entendent point que icelles
citez, villes, chasteaux et forteresses, dont ou dict
article est faicte mention , soient hors de la main du
Roy ne de mon dict seigneur le Dauphin ; mais la pro-
26^ APPENDICE.
TÏsion qu'ilz y ont faicte est à la conservation de leur
héritage, et Font faict pour obvier et résister à tous
inconvéniens^ et est l'intention que les traictiés qui à
présent se pourparlent passez et accordez, et la Royne
et mon dict seigneur de Bourgongne venuz à Meleun
devers le Roy et monseigneur le Daulphin, toutes ci-
tez, villes, cliasteaux et forteresses , terres, rentes et
revenues du Roy et de mon dict seigneur le Daulphin ,
èsquelles la Royne et mon dict seigneur de Bourgon-
gne ont mis la dicte provision, soient et demeurent en
la bonne et vraye obéissance du Roy, en sa main et
soubz sa couronne, ainsi qu'il est doyvent de raison,
et qu'ils esloient paravant la dicte provision mise par
la Royne et mon dit seigneur de Bourgongne, pour
en icelles mettre bonne seurté et gouvernement , se-
lon qu'il plaira au Roy et conseillé lui sera pour le
bien de lui et de sa dicte couronne. Et ainsi sera faict
de toutes autres villes , citez , chasteaux et forteresses
du Roy et de mon dict seigneur le Daulphin èsquelles ,
pour quelconque personne que ce soit, a ou auroit
aucun empeschement pour occasion desdictes divisions
et débas , et seront ostez et faict oster, réaument et
de faict, tous empeschemens , sans ce que les gar-
diens , capitaines et autres officiers d'icelles villes , chas-
teaux et forteresses , puissent ou doyent aucune chose
demander pour cause de garde, réparations, empare-
mens ou autres choses quelzconques, ne que pour ce ils
puissent iceulx lieux retenir.
Item , et pareillement soit faict à mon dict seigneur
de Bourgongne des villes, chasteaux et forteresses.
APPENDICE. 263
terres, rentes et revenues à lui appartenons qui sont
détenues h la cause dessusdicte.
Item , et pareillement soit faict des villes , chasteaux
et terres de monseigneur le cardinal de Bart, et de
tous autres seigneurs du sang et lignage du Ptoj.
Item , et semblablement soit faict de toutes les villes,
chasteaux et forteresses , terres, rentes et revenues de
tous les vassaulx, fcaulx et subjects du Roj.
Item, et que ainsi soit faict aux gens d'Églize, tant
en esplrituel comme en temporel.
Âd^'is aux trois articles préccdens. Quant au re-
gard de monseigneur de Bar, combien que sur ce les
ambaxadeurs de monseigneur de Bourgongne n'ajent
aucune commission , néantmoins ilz tiennent que des
choses qui sont tenues de mon dict seigneur de Bour-
gongne à cause de quelconque sienne seigneurie, le
dict monseigneur de Bourgongne en fera à mon dict
seigneur de Bar, et pareillement à tous autres, raison
et justice selon raison et coustume des pays; et quant
aux autres terres de mon dict seigneur de Bar et d'au-
très seigneurs du sang et lignage du Roy , et aussi des
autres dont ou tiers et quart articles est faict mention,
pour l'advis de la response ausdicz tieis et quart arti-
cles auront leu le second et tiers articles baillez par les
ambaxadeurs de la Rojne et de mon dict seigneur de
Bourgongne , et les advis sur iceux desquelz la teneur
s'ensuit :
« Item, que toutes confiscations soient abolyes, ap-
peaulx, proclamations, adjournemens, sentences et
tous procès; et avec ce, toutes condamnations, sus-
264 APPENDICE.
pensions, .privations de bénéfices, incarcérations et
proscriptions tant de gens clercs comme lays, fais,
soqIdz couleur et l'ombre de justice ou autrement,
pour et à l'occasion des divisions et débats qui ont eu
cours en ce royaume , et tant d'une partie comme d'au-
tre, soient mises au néant.
« Advis sur le dict article. Il semble que pour le
bien de paix le dict article se puet passer , adjousté au
dict advis après ces mots bénéfices, et autres choses
quelzconques ecclésiastiques et temporelles.
u Item, que chacun, d'un costé et d'autre, retour-
nera à ses biens quelzconques et quelque part qu'ilz
soient, qui seront en nature de chose , et que tous em-
peschemens qui seront ou sont mis, soient mis au
néant, et leur seront mis iceulx biens à plaine déli-
vrance par ce présent traictié , et que de ce qui ne sera
en nature de chose ne soit faict, d'un costé ne d'au-
tre, aucune action ou poursuite.
(( Advis sur le dict article. Il semble pour le bien de
paix comme dessus que le dict article se puet passer.
Toutesvoies, il semble estre expédient de advertir les
seigneurs, au regard des biens meubles, que d'iceulx
ne soit faicte aucune poursuite, pour obvier aux in-
convéniens et débas qui s'en pourroient ensuivre, et
que le dict article se devroit seulement entendre au
regard des choses immeubles, et pour ce, ne seroit jà
besoing de mettre ou dict article les mots : estans en
lature de chose. Et sera tenue chacune partie en droict
soy enoster et faire oster, réaument et de faict, tous
cmpeschemens , sans ce que les détenteurs puissent
APPENDICE. 265
ou dojent quelque chose demander aux seigneurs des-
diz lieux pour cause de garde , réparations , empare-
mens , ou autres choses quelconques , ne que pour ce,
ilz puissent iceux lieux retenir. »
Item , que mon dict seigneur de Bourgongne mette
ou face mettre au néant les nouvelletez puis nagaires
faictes ou préjudice du Roy et de sa souveraineté et
seigneurie^ comme les cours qu'ilz appellent parle-
ment, chambre des comptes et autres semblables.
j4dç>is à cest article. Il semble que à cest article
est assez satisfaict sur le vu* article des advis bailliez
par les ambaxadeurs du Roy et de monseigneur le Daul-
phin , qui dict ainsy : u Ce que la Royne a faict selon
le povoir à elle donné par le Roy , sortira son plain
efifect ; et du demourant le Roy, à la convention qui
sera à INIeleun , en ordonnera à son bon plaisir, eu l'ad-
vis et conseil de la Royne, de mon dict seigneur le Dau-
phin, démon dict seigneur de Bourgongne, et des au-
tres seigneurs du sang royal , lors estans devers le Roy,
et d'autres de son conseil telz qu'il luy plaira. »
Item , que mon dict seigneur de Bourgongne se dé-
parte et renonce à toutes trêves, abstinence de guerre,
aliances et autres convenences et pactions quelcon-
ques qu'il a ou pourroit avoir avec le Roy des Romains,
les Anglois ou autres quelconques ennemis et adver-
saires du Roy; et de ce baillera ses lettres de renon-
ciation , telles qui seront advisées et qu'il appartien-
dra.
Àdvis au dict article. Mon dict seigneur de Bour-
gongne n'a faict ne ne fera, en la matière du dict ar-
•266 APPENDICE,
ticle, chose qui soit contre la loyauté; mais tousjours
a esté et sera , se Dieu plaist , tant qu'il vivra , bon et
loyal parent , vassal et serviteur du Roy et de mon dict
seigneur le Daulpliin , pour les secourir de corps et de
toute sa puissance contre tous leurs ennemys , comme
tenus y est.
Item , et que le traittié faict à Arras , confermé de
Saint-Denis , et par mon dict seigneur de Bourgongne,
et aucuns de ses barons, chevaliers, escuyers et au-
tres , juré à Piouvre et ailleurs, soit tenu et gardé selon
sa forme et teneur.
Ad^is cm dict article. Il semble que du contenu ou
dict article n'est pas grant besoing de faire aucune
mention en ce présent traictié.
Item, que mon dict seigneur de Bourgongne cesse
doresnavant de toutes voyes de faict et de guerre, et
ne face aucuns mandemens ou assemblées de gens d'ar-
mes et de trait , sans le sceu et congié du Roy.
Adins au dict article. Le traictié faict qui à présent
se pouiparle , toutes guerres et voyes de faict venans à
cause des divisions estans en ce royaume cesseront; et
au surplus du contenu en l'article , la Royne et mon
dict seigneur de Bourgongne venus, estans devers le
Roy et mon dict seigneur le Daulphin à la dicte con-
vention, il en sera ordonné à leur bon plaisir.
Item, jurera et promettra mon dict seigneur de
Bourgongne de servir, secourir et aidier le Roy, de
toute sa puissance , a l'encontre de l'empereur , des
Anglois et de tous autres ses ennemis et adversaires.
Jdvis au dict article. L'advis donné au vu" article
APPENDICE. 267
précédent y satisfaict, qui dict : « Que mon dict sei-
gneur de Bourgongne a esté et sera tousjours bon et
lojal parent, vassal , serviteur du Roj et de mon dict
seigneur le Daulphin , pour les servir de corps et de
toute sa puissance, contre tous leurs ennemis comme
tenus y est, ))
Item , et est l'entention du Roy et de mon dict sei-
gneur le Dauphin que la royne de Sicille et monsei-
gneur d'Anjou soient, et tous ceulx du sang et ligna-
ge du Roy et avec quelconques ses hommes, vassaulx
et subgels, compiins en la dicte paix.
Jdi'is au dict arLicle. Il semble qu'il soit bon que la
dicte Royne et mon dict seigneur d'Anjou y soient
comprins , réservé à mon dict seigneur de Eourgongne
la poursuite de ses inlérests ', par voye de raison; et
quant aux autres , il y est assez pourveu par les advis
et articles dessusdiz.
Item, que pour l'entretenement de la dicte paix,
soient faictes toutes les meilleurs et plus grandes seur-
tez que l'en pourra et saura adviser.
Àdvîs au dict article. Chacun eu doit estre d'ac-
cord.
' Catherine, fille du duc de Bourgogne, avoit été accordée, en
i4io, au fils de Louis II, roi de Sicile et duc d'Anjou. Ce prince,
mécontent de voir le duc de Bourgogne protéger la faction cabo-
chienne, lui avoit renvoyé sa fille, en i4i3» sans toutefois rembourser
ce qu'il avoit reçu de la dot promise. Louis II élant mort en 1417»
c'étoit contre sa veuve et son fils que le duc de Bourgogne exerçoit soa
recours.
2G8 APPENDICE,
VIII.
Page 90, ligne 23.
Le merquedi ensuiant , les gens du duc de Touraine , dauflln ,
fdz au roy Charles , qui s'estoient retrais dedens la bastille Saint-
Antoine , comme dit vous ay, et avecquez eux ceux qui estoient
venus d'autres garnisons , firent une saillie , et cuidoient reprendre
la ville de Paris.
Cette tentative des partisans du Dauphin étoit pré-
méditée , ainsi qu'on l'apprend par la lettre suivante
de Robert Le Maçon , chancelier de ce prince , aux
Gouverneur, Conseil et Trésorier du Dauphiné. Nous
la croyons inédite.
« A nos très honnorez seigneurs , messeigneurs le
Gouverneur , gens du Conseil et Trésorier du Dau-
phiné étant à Grenoble.
« Très chers et honnorez seigneurs , le cas est tel
advenu que à Paris, le jour que le traitié fu pourparlé
entre les ambassadeurs du Roi et le duc de Rourgogne,
et que le dit traitié se devoit conclure, les gens du dit
duc, qui estoient en aucunes garnisons près Paris, sont
entrez par mauvaise trahison en la dite ville, ont prins
le connestable , le chancelier de France et ont cuidé
prendre monseigneur, et nous tous ses serviteurs qui
espérions tous de bonne i'oy la dite paix sans ce que
l'on feist plus guet ne garde. Mais la merci Dieu, ils
ont failli , et s'est retrait mon dict seigneur en cette
ville de Melun, où il a été jour et demi pour assembler
ses gens d'armes de toutes parts, et s'y en retourna à
APPENDICE. 269
Chareiiton en espérance d'entrer par la Bastide à Paris
pour déchacier les dits Bourguignons, et ne l'a peu
homme garder que en personne il n'y soit allé ; mais
je ne sçai qu'il s'en ensuivra. Je vous écris ces chouses
pour vous adviser, et bien espécialement, que à quel-
conques lettres patent scelées des sceaulx de mon dit
seigneur, vous ne obéissez; car ils ont prins les dits
sceaulx en ma maison, et suis certain qu'ils écriront à
vous et aux autres officiers deDaulphiné, et pour ce,
advisez-en les dits officiers et les capitaines, et viengne
l'un devons par-devers mon dit seigneur parmi Bourges,
et là orrez nouvelles où sera mon ditseignem:; et aussi
advisez-en les bonnes villes et les habitans d'icelles par
bonne manière, affin que aucun inconvénient n'en
puisse venir à mon dit seigneur. Ainsi que les nouvelles
survendront , je les vous ferai sçavoir par-delà. Nostre
Seigneur soit en garde de vous. Écrit à Melun le derre-
nier jour de may.
« Le tout vostre. Robert Le Maçon, chancelier de
monsieur le Daulphin '. »
IX.
Page 93, ligne 22.
Et tantost après fist son assemblée pour venir à Paris.
Après l'entrée du duc de Bourgogne à Paris , les né-
gociations pour la paix entre ce prince et le Dauphin
furent reprises. Le duc de Bourgogne , avec une suite
' Bibliothèque royaive, Manuscrits, fonds De Camps, vol. XL VIII.
270 APPENDICE,
nombreuse, quitta Paris h pour aler , dit Monstrelet *,
au pont de Charenton, au-devant du duc de Bretaigne,
qui \eiioit devers lui pour traitterde la paix du Daul-
pliin et du dit duc, sur quoy i!z ne peurent riens con-
corder , et pour tant le dit duc de JBourgongne s'en
retourna à Paris, et le duc de Bretaigne en son pays.
Et la cause pour quoj ilz s'assemblèrent au pont de
Charenton fu'c pour ce qu'on se mouroit d'épidimie
très merveilleusement dedens la ville de Paris; car
comme il fut trouvé par les curez des parroisses , il y
mourut celle année oultre le nombre de quatre-vingt
mille personnes
{( Et tantost après revindrent les cardinaulx d'Ursie
et de Saint-Marc, à Saint-Mor-des-Fossez, pour traic-
ter la paix entre les seigneurs de France , auxquels fu-
rent cnvoiez plusieurs notables ambaxadeurs de par
le Roy, la Royne et le duc de Bourgongne; lesquelz
en fin firent ung traictié avec les gens du Daulphin
qui y estoient, par lemoien desdiz cardinaulx; lequel
sembloit estre bon et proufïilable pour toutes les par-
ties; mais quant il fut apporté devers le Daulphin et
ceulxde son conseil, ilz n'en furent point contens. Et
par ainsi se continua la guerre entre iceulx plus di-
verse qu'elle ne fut paravant. »
Le traité dont parle Monstrelet est celui qui fut con-
clu à Saint-Maur-des-Fossez, le 16 septembre 1418';
le duc de Bourgogne s'empressa de le faire publier à
' IV, 119.
' VU.EVAULT, X, 473.
APPENDICE. 27,
Paris ' ; soil qu'il le crût définitif, soit qu'il voulût
indisposer le peuple contre le Dauphin, s'il refusoit
d'adhérer aux conditions du traité. Le Dauphin n'ajant
pas voulu souscrire à cet acte, expose les motifs de
sa conduite dans la lettre suivante , que nous croyons
inédite :
A nozamez et féaulx les Gouverneur, gens de nostre
Conseil et Chambre des comptes de nostre pays de
Daulphiné ".
De par le Doulphin de Viennois , duc de Berry , de
Touraine, et comte de Poitou.
Cherz et bien amez, nous tenons que vous avez as-
sez sceu comme, nonobstant les grans offenses _, cri-
mes, maléfices et cruautez advenues à Paris, en grant
lésion de justice, esclande et reprouche de ce royaume,
et ou préjudice et déshonneur de monseigneur et de
Nous, et en rompant le traictié encommencé, pour le
grand désir et alïëction que Nous avons ou bien de la
paix , et pour relever le povre peuple d'opression , du-
quel et de la misère qu'il sueffre nous avons grant pi-
tié et compassion, sommes derechef , mesmement à la
suplication de nostre très chière et très amée mère la
royne de Jérusalem et de Secile, et de nos chiers et
très amez frères les ducs de Bretaigne, d'Anjou et d'A-
• « Ainsi fut faitte cette paix, qui en fut couroucé ou joyeulx , et fut
criée parmy Paris, à quatre trompettes et à six ménestriers, le lundy ig"
jour de septembre, l'an i4i8. » {Journal d'un bourgeois de Paris, 49.)
' RiEMoxnÉQUE ROYALE, Munuscrils, fonds De Camps, vol. XLVIII.
272 APPENDICE,
lençon, condescendus à entendre au dit bien de paix,
et à trouver aucun traitié avec le duc de Bourgogne
pour le relièvenienl de ce royaume; et affin de y par-
venir plus légièrement ont été faits certains Advis de
nostre part et rais en escript, lesquels nous avons en-
volé au lieu de Corbueil par très révérend père en
Dieu l'archevêque de Tours , messlre Robert de Bra-
quemont , admirai de France, le doyen de Paris, et
maistre Jehan Castenier, nos ambaxeurs, qui, na-
gaires, pour traitier et accorder avec le dit de Bour-
aoene selon les dits Avis, ont été ou dit lieu et vers
Paris, en la compaignie de nostre dit frère, qui du dit
traitié a voulu et s'est offert estre médiateur entre le
dit de Bourgogne et nos dits ambaxeurs pour Nous.
Et pour tant que peut-estre les dits Avis ne sont pas
venus à vostre connoissance, Nous, qui en cette ma-
tière procédons pleinement et oultre devoir, et vou-
lons que chacun connoisse en ce nostre bonne voulenté,
vous envoions la copie d'iceux enclose en ces pré-
sentes '.Mais depuis nagaires nous avons entendu que,
après ce que nostre dit frère a esté vers Paris, et que,
aux lieux de Charenton et de Saint-Mor, il a convenu
avecques le dit de Bourgogne, à laquelle convention
nos dits ambaxeurs n'ont été, ils ont, comme l'en
dit, fait certain traitié enlr'eulx, sans nos ambaxeurs,
par ce que, puet-estre, que nostre dit frère n'estoit
pas le plus fort, et que, pour la cruauté qui règne
par-delà, il n'a pas osé débatre ainsi que la matière
' Nous donnons ci-après cette pièce, également inédite.
APPENDICE. 273
le requiert, ou autrement ne scavoiis comment, et a
été accordé ainsi le dit Iraitié, jù soit ce que nos dits
amhaxeurs eussent puissance de traictier, accorder
et de conclure pour Nous, et non autres, et que nos-
tre dit frère fust seulement médiateur, sans avoir vou-
lu prendre autre charge de nostre part, et toulesvojes
nos dits ambaxeurs n'y ont été ouys ni appeliez,
comme il apert par les lettres qu'ils nous ont escriptes
sur ce. Et en outre, sans en nous en rien faire sça-
voir,le dit de Bourgogne, par cautelle et pour sé-
duire le peuple et le tenir tousjours vers lui, comme il
a accoutumé, fait crier et publier la paix à Paris et
ailleurs avec les feux et solcmnitez accoutumées, com-
bien que le dit traitié fait avec Nous comme il dit ,
Nous , ne nos dits ambaxeurs , n'ayons eu aucune no-
tifications, ne donné consentement, ne n'en savons
en tout riens. Si vous escrivons ces choses pour vous
avertir, et affin que, par cautelle et soubs espérance
de paix, vous ne puissiez être déceus par faute d'aver-
tissement et de bonne garde; vous prions et néanmoins
mandons, de par mon dit seigneur et Nous, sur la
loyauté, obéissance et subjection en quoi vous êtes
tenus à lui et à Nous, et sur peine d'encourir nostre
indignation et d'être réputés désobéissant à lui et à
Nous , et que à nulles quelconques lettres ou raports
qui vous soient faits du dit traitié, vous ne adjoutez
aucune foj, ne ne recevez quelconques venans de la
court de mon dit seigneur ne du dit de Bourgogne, jus-
ques h ce qu'il vous apert de nostre consentement au
dit traitié par nous lettres scellées de notre grant sccl
18
2l4 APPENDICE.
ou signées de nostre main ; ains vous tenez sur vostre
garde, ainsi ou mieulx que avant, en demeurant tous-
jours soubs la vraye obéissance de mon dit seigneur,
comme en vous en avons de ce parfaite fiance; et se
aucuns messages ou aultres de quelconque estât qu'ils
soient, portans lettres ou semans paroles au dit trai-
tié, venoient es pays de delà, de la partie du dit Bourgo-
gne, feust ou non de mon dit seigneur ou autrement,
avant nostre dit consentement, iceux prenez et arrê-
tez personnes , et les mettez en tel ou si seur lieu , que
bien Nous en sc.achiez respondre; quar se autrement le
faites , Nous y prendrons très grant déplaisir. Chiers
et bien amez, Nostre Seigneur soit garde de vous. Ecrit
à Maillesoie, le xxix^ jour de septembre.
Charles.
Alain.
ABVisfais pour le bien de la paix et union de ce
royaume " .
Et premièrement , pour faire service et plaisir à
Dieu, et remonstrer aux vassaulx et subgiez du Roy,
et à tous habitans dessoubs sa seigneurie , la très sin-
gulière entention et voidenté que monseigneur le
Daulphin a à les garder de toutes charges et oppres-
sions et domaiges qui se sont accoustumez ensuir en
tous pays par fait de guerre, et de les tenir bien et
paisiblement chacun ou sien, sous la seigneurie du Roy
■ En comparant ces Avis au traité conclu à Saint-Mor-des-Fossés,
on comprendra quels motifs empêchèrent le Dauphin de donner sa
sanction à ce dernier acte.
APPENDICE. 275
son père et la sienne , et pour oster toutes excusations
et occupations autres à tous les subgiez du Roi et siens ,
fors de soi employer en la deffense de ce royaume
contre les Anglois , anciens ennemis d'icelui , avec les-
quels subgiez mon dit seigneur veut employer sa propre
personne et y entendre, comme à lui touche et apar-
tient, après le Roi, son pf're, plus que h nul autre,
nonobstant tous les cas advenus dont l'onneur du Roi,
le sien et de tout ce royaume sont tant grevez , comme
chacun puet cognoître, m( n dit seigneur le Dauphin ,
après aucunnes sippications et requcstes à lui sur ce
faites pir I lusieurs de .<on sang et lignages et autres,
est content que bonne paix soit faite et antière récon-
ciliation de monsieur le duc de Bourgogne envers le
Roi et envers lui, et qu'il demeure leur bon parent,
subjet et vassal , et en leur bonne grâce , sans désorena-
Tant avoir souvenance de nulles des chouses passées;
et est et sera content mon dit seigneur que la dite paix
soit faite et fermée, d'une part et d'autre, par les plus
graTîs seiTcmens que on pourra adviser, tant par sen-
tence de notre Saint-Père, comme par serremens et
promesses des seigneurs du sang du Roi et de lui, et
de tous autres, lesquels seront advisés povoir valoir ou
bien de la besoigne, soient seigneurs , barons, prélas,
"villes, communauté/ et autres de quelque état.
iTEiM, que la dite paix soit criée, publiée et notifiée
solemnellement par tout ce royaume, tellement que
nul n'en puisse prétendre ignorance , sur grans peines
contre ceulx qui vendront au contraire en aucune
manière.
r..j6 APPENDICE.
Item, que monsieur de Bourgogne, pour complaire
à monseigneur le Daulphin et lui faire plaisir, ainsi
qu'il a fait signifTier, face rendre obéissance à mon dit
seigneur le Daulphin de sa yille de Tours, qui est de
son domaine, et chief de sa duchié de Tourainne, qui
est le premier tiltre de seigneurie que mon dit seigneur
le Daulphin ot oncques.
Item, en faisant la dite paix , est l'entretien ' de mon
dit seigneur que ledit monsieur de Bourgogne se em-
ploie, défait et incontinent, de sa puissance contre
les dits anciens ennemis du Roi et dudit royaume, et
que toutes ses gens d'armes laissent toutes garnisons
de \illes et de châteaux, et se voisent emploier, ainsi
que ci-après sera dit , contre les dits anciens ennemis;
et pareillement mon dit seigneur le Dauphin assem-
blera toutes ses gens étans en garnison, pour iceulx
emploier contre les dits anciens ennemis, comme cy-
après sera dit; fera vuider toutes les garnisons des villes
où elles sont, pourvu que les gens d'église^, nobles et
autres demorans ezdites villes, et aussi les nobles et
gardes des justices des villes , des châtellenies , des villes
où sont les dites garnisons , jm-eront et promeltront
d'être bons et lojaulx devers le Roi et mon dit seigneur
le Daulphin, et icelles villes et forteresses garder à eulx
et pour eux, et à eulx obéir, sans obéir à autres quel-
conques.
Item , et affm que ledit monsieur de Bourgogne voye
bien clèrement la bonne fiance que mon dit seigneur
L'entention ?
APPENDICE. 277
veult avoir doresnavant à lui , quant il se veuillie em-
ploier au bien du Roy et du royaume, mondit seii^neur
est et sera content que le dit monsieur de Bourgogne ,
soubs le Roi et mondit seigneur, soit lieutenant et capi-
taine général de la guerre contre les dites engloises
parties de Normandie, Picardie , Champaigne et France,
aTecques tel nombre de gens d'armes et de trait que
advisé sera être nécessité pour résister ausdits enne-
mis, et delFendre et recouvrer la seigneurie du Roi.
Item, à ce que le dit monsieur de Bourgogne puisse
recouvrer gens d'armes et chevalerie pour soi aldier
au soutènement de la charge que il aura pour la guerre ,
comme dessus est dit, et qu'ils soient plus enclins à le
servir, mon dit seigneur sera content que le dit mon-
sieur de Bourgogne , comme est l'entention du Roi en
cette partie, et par le consentement de mon dit sei-
gneur, puisse mander et assembler, ainsi qu'il verra
être à faire, tous nobles et autres es pays de France,
Picardie, Brie et Champaigne, en oultres ses pays de
Bourgogne , Artois et Flandres , et que les vassaulx et
subgiez du Roi lui obéissent èsdits pays, à cause de la
dite capitainerie et lieutenance, en toutes manières,
pom' soi employer au fait de la guerre contre lesdits
ennemis anciens.
Item , et se desdils pays ledit monsieur de Bour-
gogne ne pouvoit avoir assez gens pour supporter la
charge de la guerre qu'il aura, et que mondit seigneur
le Daulphin en ait plus largement, ou au contraire, se
entre aideront de leurs gens ainsi que besoing sera.
Item , et pour le soutènement de la charge que le
278 APPENDICE.
dit monsieur de Bourgogne aura pour le payement des
gens d'armes et de trait , et autres charges de la guerre
dont il sera cliargié, tant par son état que pour autres
choses qui seront advisées, seront les recettes des des-
sus dits pays, qui lui seront bailliées, distribuées par
son ordonnance jusques à la somme qui sera advisée
être nécessaire pour les choses dessus dites , sans ce que
aucun empeschement lui puist être mis.
Item , et pour ce que c'est l'entention et volenté de
mondit seigneur de soi employer en personne ou fait
de la guerre contre les dits anciens ennemis, mon dit
seigneur yeuit , en sa compagnie , son beau-frère le
duc de Bretagne et des autres de son sang , avoir la
charge de la guerre contre lesdits anciens ennemis ou
pays de Guyenne et de la Basse-Normandie, et pour
lui servir, mandera les nobles et autres de pays de ce
royaume, excepté des pays dessus dits, qui sont or-
donnez pour la charge du dit monsieur de Bourgogne.
Item, pour soutenir son état et la charge de la dite
guerre, mondit seigneur aura èsdits pays les finances
et receptes tant du domaine que autres.
1tE3i , seront advisées les valeurs des finances de ce
royaume, tant de celles qui seront es mains de mondit
seigneur, comme du dit monsieur de Bourgogne, et
sur icelles, selon ([ue le pourront porter les receptes
en chacun endroit, considérées les charges qui seront
dessus pour le fait de la guerre, seront assignez les dé-
pens du Roy et de la Reyne.
Item , quant aux fais des offices , tous les officiers
qui étoient ou temps de la paix qui fut faite à Saint-
APPENDICE. 279
Denis, et jurée à Rouvre , demourront en leurs offices ;
et les autres dont par le Roy aura été pourveu, vacant
par mort , ou par volontaire résignation , ou promo-
tion depuis , pareillement demourront. Quant aus of-
fices électifs, vacans par mort, par les cas advenus à
Paris , sera pourveu de bons et soufficiens officiers par
l'ordonnance du Roy, de la Reine et de monseigneur
le Dauphin, par bonne élection et par Fadvis des sei-
gneurs de leur sang pour cette fois.
Ite3i, par ce présent apointement, chacun, d'une
part et d'autre , revendra h ses biens , immeubles et
héritages, et gens d'église à leurs bénéfices , pleinement
et franchement , sans ce que les détenteurs à présent
puissent user de rétention pour réparations, gardes,
fortifications, ou autres quelconques causes, ne au-
cune chose demander.
Ite.m , sera faite abolition générale de tous cas com-
mis et injures , réaies et personnelles , à cause des divi-
sions advenues en ce dit royaume, hors le cas advenu
à Paris derrenier, et ceulx qui autres fois auront été
excluds par le traitié de Chartres.
Item, pour plus entretenir la paix dessusdite, et
éviter toutes suspections d'une part et d'autre, s'il est
advisié que ce soit pour le meilleur, mondit seigneur
sera content d'avoir en tour lui et en son conseil, au-
cuns notables serviteurs audit duc de Bourgogne, et
pareillement baillera des siens à lui , lesquielx seront
assermentés d'une part et d'autre.
Item, et se aucuns alliances, convenances, pactions
ou abstinence de guerre, aucunement esté ou étoient
28o APPENDICE.
faites, traitées, promises et accordées par ledit de
Bourgogne avec le roy des Romains, lesdits Anglois ,
ou autres quelconques ennemis et adversaires du Roy,
de mon dit seigneur le Dauphin et du royaume, l'en-
tencion de mon dit seigneur le Dauphin est que le dit
de Bourgogne y renonce , et en baille sur ce ses lettres
convenables. Donné ou châtel de Chinon , le quatrième
jour d'août, l'an mil iiii<=xviii.
Superscriptio. A nos amez et féaulx les gouverneurs,
gens de notre conseil et chambre des comptes de notre
pays de Daulphiné.
X.
Page 102, ligne 19.
Et y estoit messire Guy Le Boutillier.
(( Henri, par la grâce de Dieu, roy de France et
d'Angleterre , savoir faisons à tous présens et à venir
que Nous, considérans les bons, grans, notables et
prouffitables services que nostre amé et féal conseiller
Guy Le Bouteillier, chevalier, seigneur de La Roche-
Guion , a faiz le temps passé à feu noz très chers sei-
gneurs ayeul et père les roys de France et d'Angleterre
derreniers trespassez, que Dieu pardoint, à Nous et
à nostre très chier et très amé oncle Jehan, régent
nostre royaume de France , duc de Bedford , tant ou
fait de noz guerres et en la garde de nostre bonne ville
de Paris, comme autrement en maintes manières, fait
chacun jour et espérons que face ou temps ad venir, et
APPENDICE. 281
poui' et en récompensacion et réraunéracion de la
somme de deux cens quatre livres tournois qui deues
lui sont de reste pour les i^aiges et souldes de lui et des
gens d'armes que , par l'ordonnance et commandement
de nostre dit seigneur et père il tint , l'an mil iiii*^ xxii ,
à la garde de nostre bonne ville de Paris , par l'espace
de trois mois et demi ou environ , et aussi en l'ostel
qui piéça fut h l'arcevesque de Besançon, et depuis à
Martin Gouge, évesque de Clermont, situé à Paris, en
la rue d'Arondelle, tenant, d'une part, à l'ostel ou
pend l'enseigne du Mouton , et d'autre part, au long
de la rue des Noyers , et aboutissant , par-derrière , sur
la rivière de Saine, en la rue des Augustins, par où
l'en va du Pont-Neuf à l'ostel de Neelle, ouquel hostel
le dit chevalier fut logié durant le temps qu'il eut la
garde de nostre dite ville, et y fist faire plusieurs et
grans réparacions , et pour certaines autres causes et
considéracions, audit nostre conseiller — avons —
donné.... par ces présentes le dit hostel avec ses
louages, appartenances et appendances quelconques....
Donné h Endely-sur-Seine, le xxix^ jour du mois
d'avril , l'an de grâce mil cccc xxiii , et le premier de
nostre règne. » ( Trésor des Chartes, Registre coté
viiF^ XII, Pièce 445-)
a82 APPENDICE.
XL
Page 105, ligne 24.
Mais Je Boin de Saveuse , qui lors y estoit
« Charles, par la grâce de Dieu, roy de France,
savoir faisons à tous présens et à venir, Nous avoir
reçu l'umble suppîicacion de Bon de Saveuses, jeune
escuier de l'aage de vingt-quatre ans ou environ, con-
tenant comme il soit extraict et yssu de grant et noble
généracion, et nous ait servi, dès le temps qu'il a pu
porter armes, bien grandement et loyaument, à l'en-
contre de noz ennemis, adversaires et malveuillans ,
et y exposé son corps et sa chevance , et jusques à na-
guères , que Jaques de Harecourt, nostre adversaire, a
tant fait par blandices, feintes et déceptives paroles,
en promettant au dit suppliant que il ne se armeroit à
rencontre de Nous ne de noz amis , subgez et bienveil-
lans, maiz seroit content de lui et lui soufîiroit que il
€uidast à garder la place du Crotoy, l'a actraict avecques
lui au dit Crotoy, où il a esté par long-temps sans soy
armer, cuidant que le dit Jaques lui tenist ce qu'il lui
avoit promis : et depuis l'a ycellui Jacques tellement
induit et séduit par promesses et belles paroles, que le
dit suppliant, par sa simplesse et jeunesse, s'est con-
senti de aler, et l'a le dit Jacques mené avecques lui et
en sa compaignie, monté et armé, faire plusieurs
courses et destrousses sur noz subgez et bienvueillans,
et aussi faire plusieurs envayes etassaulx, et aidié à
APPENDICE. 283
prendre plusieurs villes, chasteaulx et forteresses à
Nous obéissans; par le moyen desquelles courses, en-
vayes et assaulx, mort s'en est ensuje en plusieurs de
noz ditz subgez et blenveillans , et plusieurs autres
maux et inconvéniens, et tout par le fait et occasion
du dit Jaques et de ses aliez, que ledit suppliant sujoit
et alloit avecques eulx plus par crainte que autrement.
Et il soit ainsi que naguères le sire de Sa^euses, Ro-
bert de Saveuses, ses frères, et autres parens et amis
du dit suppliant, nos bienveillans , ayant très grant
desplaisance de ce que, par les moyens dessus diz, le
dit Jaques l'avoit ainsi séduit et actraict à lui , et desi-
rans le ratraire et mettre hors de la puissance d'icellui
Jaques pour le remettre en nostre service et estre nostre
bien veuillant, comme il estoit paravant que il alast
avecques le dit Jaques, ont tant fait que, en certaine
course que faisoit ycellui suppliant entre Amiens et
Beauvaiz, ilz le prindrent et amenèrent, et l'ont de-
puis détenu prisonnier : et combien que il ait en soy
ferme propos et voulenté d'estre et demourer tous-
jours nostre bon , vray et loyal sugect et obéissant , et
de exposer son corps et sa clievance en nostre service,
sanz jaraaiz retourner devers le dit Jaques, ne autres
noz adversaires quelconques , ne yceulx porter ne
favoriser en aucune manière , et aussi soit prest de faire
le serment de la paix des deux royaumes de France et
d'Angleterre; toutesvoyes, lui , doubtant nostre indi-
gnacion et la rigueur de justice , ne s'est depuis osé ne
ose bonnement apparoir ne aler, venir, ne converser
sceurement parmi nostre royaume, et seroit en aven-
284 APPENDICE.
ture de ycellui déguerpir et laissier de tous polns , et
de aler en exil à tousjours-maiz se nostre grâce et mi-
séricorde ne lui estoit sur ce impartie, en nous hum-
blement requérant que, attendu la simplesse et jeunese
du dit suppliant, l'induction et séduction dessusdites,
et l'affection , ferme propos et Toulenté que icellui
suppliant a d'estre et demeurer nostre bon , vray et
loyal subject et obéissant , et de exposer en nostre ser-
vice son corps et sa chevance, est prest de faire le dit
serement; et, pour escliever sa désercion totale , nous
lui veuillons sur ce impartir nostre dite grâce et misé-
ricorde : pourquoy Nous, ces choses considérées, et
que en autres cas le dit suppliant a esté et est de bonne
vie, renommée et honneste considéracion , sans avoir
esté reprins, actainct ne convaincu d'aucun villain cas,
blasme ou reprouche, et en faveur de ses diz frères et
autres ses parens et amis, qui nous ont bien et gran-
dement servy ou fait de noz guerres et autrement,
font chacun jour, et espérons que tousjours facent,
voulans prefférer miséricorde à rigueur de justice, au
dit suppliant, de notre certaine science, grâce espé-
cial et auctorité royal, avons quictié, remis et par-
donné , et , par ces présentes , quictons , remettons et
pardonnons les faits et cas dessus dizs, et tout ce que
à l'occasion d'icieulx s'en est ensuy, avec toute peine,
amende et offense corporelle , criminelle et civille en
quoy ilpourroit, pour occasion des choses dessusdites,
estre encouru envers Nous et justice , et le restituons à
sa bonne famé et renommée au pays , et à ses biens ,
meubles et héritages non confisquez , et imposons sur
APPENDICE. 285
ce scilence perpétuel à nostre procureur, pourveu que
le dit suppliant nous fera le serement de la dite paix
es mains de nostre bailli d'Amiens ou de son lieute-
nant. Si donnons en mandement par ces mesmes pré-
sentes, aux bailliz de Verraendois et d'Amiens, et à
tous noz autres justiciers et officiers présens et advenir,
ou à leurs lieuxtenans, et à chacun d'eulx , si comme à
lui appartiendra , que de nostre présente grâce , par-
don et rémission facent, suffrent et laissent le dit sup-
pliant joïr et user plainement et paisiblement, sanz le
molester, traveiller ne empescher, ne souffrir estre
traveillé , molesté ne empesché en corps ne en biens
en aucune manière , au contraire, ainçois se son corps
ou aucuns de ses biens non confisquez estoient ou sont
pour ceprins, emprisonnés, saisis, ai restez ou autre-
ment empeschés , ilz les lui mettent ou facent mettre ,
tantost et sans délay_, à pleine délivrance. Et afin que
ce soit ferme chose et estable à tousjours, nous aAons
fait mettre notre scel à ces présentes, sauf en autre
chose nostre droit, et l'autrui en tout. Donné à Paris ,
au mois de juing, l'an de grâce mil cccc xxii, et de
nostre règne le xlii°. Signé par le Roy à la relacion du
conseil. Bordes. ' >) (Trésor des Chartes, Registre
coté VIII" XII, Pièce 83.)
' Ce document prouve que c'est bien le Bon de Saveuses , comme
nous l'avons imprimé (page i53, ligne i) d'après notre manuscrit, et
non Robert de Saveuses, comme on lit dans celui de Tieulaine et dans
Godefroy, page 484 -, qui se tourna du parti du Dauphin avec Jacques
de Harcourt.
286 APPENDICE.
XII.
Page 106, ligne 4.
Le roy Charles de France et le duc Jehan de Bourgogne furent
grant temps à Beauvais.
Vers la fin de novembre de l'année i4i8, le Roi et
le duc de Bourgogne quittèrent Paris ce pour aller
contre les Anglojs, et allèrent loger à Pontoise, et là
furent jusqnes à trois sepmaines après Noël sans riens
faire, ce non manger tout le pays d'antour. Et les An-
gloys estoient devant Rouen, et le Dalphin ou ses
gens gastèrent le pays de Touraine, et les autres estoient
au tour de Paris, et venoient jusques aux portes de
Paris, piller, tuer, ne oncques le duc de Bourgogne,
ne les siens , ne s'avancèrent aucunement de contester
aux Engloys ne Arminaz. Et pour ce encliery tretout
de plus en plus à Paris, car riens n'y povoit venir pom*
ceulx devant diz '. » Pour comble de maux, il régnoit
à Paris une maladie épidémique, qui commença au
mois de septembre, et qui , dans l'espace de trois mois,
enleva plus de cent mille personnes. Il est probable que
la situation malheureuse dans laquelle se trouvoient
les Parisiens, à l'époque où le Roi quitta Paris, leur fît
craindre de plus grandes calamités pour l'avenir , et
qu'ils en portèrent plainte au duc de Bourgogne : c'est
du moins ce que permet de conjecturer la lettre sui-
vante, que nous croyons inédite.
' Journal d'un bourg^eois de Paris, 5o.
APPENDICE. 287
Promesse du duc de Bourgogne de ne pas éloig ler le
Roi de Paris plus loin que Promis \
Jehan, duc de Bourgogne, comte de Flandres,
d'Artois et de Boui'gogne , palatin, seigneur de Salins
et de INIalines, à tous ceulx qui ces présentes lettres
verront, salut et dilection. Combien que nous ajons
tousjours ferme propos et bon vouloir de nous em-
ployer au bien et honneur de monseigneur le Roy ,
conservation de sa seigneurie, et à la générale défense
de chacune cité et bonne ville de son rojaume, toutes-
vojes , entre les autres , la bonne ville de Paris nous
vient souvent en mémoire, en grand désir et singu-
lière affection de icelle ajder à garder, défendre et pré-
server de toutes oppressions et violences, comme celle
que nous sçavons estre chief de toutes les autres , de
laquelle les clercs , bourgeois, raanans et habitans ont
tousjours, à leur pouvoir, désiré, vouUu et poursuivy
en grant obéissance le bien et honneur de mon dict sei-
gneur, de sa couronne et de Nous aussy, comme ses
bons , vrays et loyaulx subjects et bien vueillans de
nostre personne : et il soit ainsy que , pour certaines
grandes causes et raisons , et par grand et meure déli-
bération de conseil , pour l'évident proffict et honneur
de mon dict seigneur, briefve défense et recouvrement
de son pays , et tranquillité de son bon et loyal peu-
ple, mon dict seigneur et Nous, en sa compagnie,
■ liiBLioTnÉQUK ROYALE, Munuscrits , Fonds de Brienne , n" 197,
fol. 2i5 recto.
288 APPENDICE,
nous soyons nouvellement traiz es marches de Brie,
où, par maintes vojes et manières ajsées, légières et
convenables, l'en finera de ce qui est nécessaire et
expédient pour les défenses et recouvrement dessus-
dict, afin que chacun cognoisse clèrement que la ve-
nue de mon dict seigneur et de Nous es dictes marches
n'est pas pour esloigner et laissier sa dicte bonne ville
de Paris, mais pour icelle garder, défendre et secourir,
promectons loyaument, par la foj et serment de nostre
corps , et en parolle de Prince , de employer et expo-
ser nostre personne, noz amis et chevance, pour la
défense de mon dict seigneur et de son rojaulme, et
de retourner, en la compagnie de luj et de madame la
Rojne, en la dicte ville de Paris, si tost qu'elle sera
souffisamment avitaillée et fournie de ses autres néces-
sités, et de secourir la dicte ville à toute force et puis-
sance d'armes, et avement s'il avenoit qu'elle fu s t as-
siégée ou autrement opprimée au plus tart dedans la
fin du mois de maj prochain venant; et, cependant,
mettrons toute peine et diligence de aydier, conduire
et mener vivres au dict lieu de Paris , des marches et
parties où mon dict seigneur et Nous serons, et que
mon dict seigneur, ma dicte dame et Nous , ne nous
esloignerons de la dicte ville de Paris plus loing de Pro-
vins, se ce n'estoit par grand et urgente nécessité, et
pour l'évident utilité de mon dict seigneur et de sa
dicte seigneurie. En tesmoing de ce, nous avons faict
mettre nostre scel à ces présentes. Donné à Lagny-sur-
Marne, le xix'jour de janvier, l'an degrâcemil cccc xviii.
Signé par monsieur le duc. Bordes.
APPENDICE. 289
Au dos : Lecta et puhlicata in caméra parliamenti
die xxui^januariij anno Doinini inillesiTno ccccxviii.
ClÉmens.
XIIJ.
Page 116, ligne 1.
Avec le duc Jehan estoit allé le seigneur de Saint-Jorge et mes-
sire Charles de Lcns , lesquelz furent prins.
(f Charles, par la grâce de Dieu, roy de France , saA oir
faisons h tous présens et à venir que comme Alain Le-
lay et Ysabel , sa femme , aient tenu etencores tiennent
le party du roy d'Angleterre, nostre ancien ennemy
et adversaire, et lui aient fait foy et hommage, pour-
quoy ilz aient méfait envers Nous et nostre majesté
royal, en commettant crime de lèze-majesté et au-
trement délinquant en plusieurs et diverses manières,
pour laquel chose se soient ainsi meffais envers Nous,
qu'ilz ont commis et confisquez, et forfais envers
Nous et nostre dite seigneurie tout ce qu'ilz ont et pe-
vent aAoir en nostre dit royaume, et telement que
nous en povons ordonner à nostre bon plaisir et vou-
lenté. Nous, considérans les grans , notables et prouf-
fitables services que nous a fais en plusieurs et diver-
ses manières nostre amé et féal chevalier, conseiller et
admirai de France, Charles de Lens, seigneur de Can-
gnières, en plusieurs noz guerres et armées, fait de
jour en jour, et espérons que face ou temps à venir, à
icellui , par l'advis et délibération de nostre très cliier
^9
290 APPENDICE,
et très amé cousin le duc de Bourgogne , et de plu-
sieurs de nostre conseil, avons donné, cédé, quictié ,
octroie, transporté et déîaissié, et, par la teneur de
ces présentes, donnons, cédons, quictons, octroions,
transportons et délaissons de nostre certaine science,
auctorité royal et pleine puissance^ en héritage per-
pétuel pour lui , ses hoirs , successeurs ou aians cause ,
les héritages qui s'ensuivent :
« C'est assavoir un hostel assiz h Gouvernes lez Laigny-
sur-Marne, avecques un colombier, auquel hostel ap-
partient xvni arpens de vigne, l arpens de terres la-
bourables et trente livres tournois, tant de cens
comme de rentes ;
« Item , un autre hostel , nommé Fontenelles , avec-
ques im colombier, lez Jossenj, auquel hostel appar-
tiennent vixx arpens de terres labourables, xii arpens
de prez et xl arpens de bois lez la Ville-Neuve Saint-
Denis, lesquels choses sont assises en nostre bailliage
de Meaulx ;
« Item, un autre hostel, avecques un colombier, assiz
à Thorigny, auquel hostel appartiennent vi arpens de
vigne, un arpens de prez, de jardins et un petit saul-
çoy, lesqueles choses sont assises en la prévosté de
Mont-Jay ;
(( Item, un fief petit, nommé Rentilly, auquel appar-
tiennent six septiers de grain et nii^x arpens de bois;
«Item, un hostel assiz à Villepereux , avecques un
colombier , auquel hostel appartiennent iiii^^ arpens
de terres labourables ;
((Item, un autre hostel nommé Arsiz, avecques un
APPENDICE. 291
colombier , auquel hostel appartiennent c arpens de
terres et vi arpens de prez;
« Item , un autre hostel , nommé de Montval , assiz
lez Saint-Germain-en-Laje , auquel appartiennent
xnii arpens de vigne, lesqueles choses dessus dites
sont assises en nostre prévosté de Paris ;
u Item , un autre hostel , nommé Joy-lez-Paris , au-
quel appartiennent x arpens de vigne ;
(( Item, un autre hostel assiz à Paris, en la rue Saint-
Pol , ouquel demouroient feux le seigneur de Boissay
et sa femme;
« Item, un autre hostel assiz en icelle rue de Saint-
Pol, devant le dit autre hostel;
a Item , un autre hostel assiz à Paris, en la rue des
Jardins ;
(( Item , un autre hostel assiz à Paris , près du Lou-
vre, nommé l'hostel de Bacqueville.
« Lesquelz héritages, paravant noz ditz don et trans-
port, estoient et appartenoient à icelle Isabel, femme
d'icelui Alain Le Lay , et pevent valoir par an quatre
cens livres parisis ou environ de revenue, pour les diz
héritages avoir, tenir et posséder par nostre dit con-
seiller et admirai , et héréditablement comme des siens
propres. Si donnons en mandement à nos amez et
féaulx les gens de nos comptes à Paris , aus commis-
saires et généraulx gouverneurs de toutes noz finan-
ces , tant en Languedoil que en Languedoc , et à tous
noz autres justiciers et officiers présens et à venir, ou
h leurs lieuxtenans , et à chacun d'eulx si comme à
lui appartiendra , que à nostre dit conseiller et admi-
292 APPENDICE.
rai , ou à son procureur pour lui , ilz baillent et déli-
vrent, ou facent bailler et délivrer la possession et
saisine des diz héritages, et les fruis , rentes, posses-
sions , revenues , yssues , émolumens , appartenances
et appendences d'iceulx le facent, seufFrent et lais-
sent joïr et user paisiblement et perpétuelment , comme
de sa propre chose : et par rapportant, pour une fois,
vidimus de ces présentes , fait soubs scel royal , les
receveurs commis ou à commettre sur le fait de teles
confiscacions en voulons estre quictes et deschargez
par tout où il appartiendra , nonobstant que nous
n'ayons aucunement acoustumé de faire telz dons de
confiscacions a quelques personnes que ce soit, et quel-
conques usa iges, stile, l'ordonnance par Nous faicte
de non donner de nostre demaine, dons et bienfais par
Nous à luy autres fois fais, en ces présentes non ex-
primez , et ordonnances , mandemens ou défenses à ce
contraires. Et afin que ce soit chose ferme et estable
à tousjours, nous avons fait mectre nostre scel à ces
présentes, sauf en autre chose nostre droit, et l'au-
truy en tout. Donné à Paris, le vi'' jour d'octobre^
l'an de grâce mil ccccxviii, et de nostre règne le
xxxlx^ Ainsi signé par le Pvoy, messire Charles de
Savoisy, messire Jehan de Courcelles, maistre Thierry
Le Roy, et autres présens. L. Calot. » (Trésor des
Chartes, Registre coté viii'^^xi, Pièce Sy. )
APPENDICE. 293
XIV.
Page 146, ligne 8.
Et depuis fut mené par les Englès au Chastel-Gaillart.
Le Chastel-Gaillart, « château lojal, le plus fort et
imprenable de toutes les autres places de la Norman-
die, suivant la commune renommée de ceux qui l'ont
vu, dit Mathieu d'Escouchy ', estoit situé proche la
rivière de Seine , sur une roche. » M. Charles Nodier '
et, plus récemment, M.Achille Deville% ont écrit
l'histoire du Château-Gaillard, fondé en 1196, par
Richard-Cœur-de-Lion.
XV.
Page 148, ligne 1.
Devant Melun eut aucuns contens entre messire Hue de Lannoy
el ung huissier d'armes du duc Phelipes , nommé Grant Jehan.
Par lettres données à Pontoise, le 9 janvier 1422,
le roi Henri VI fit don à Compaignon Grave, « escuier
d'escuirie du duc de Bourgogne, et Grant Jehan, son
huissier d'armes, de deux marcs et demi de lin or de
rente annuele et perpétuele , à les prendre et percevoir
■ Sous l'année i449, page 586.
* Voyages pittoresques et romantiques dans i'ancienne France, jdn-
cienne Normandie , Il , 1 1 3-125.
' Histoire de Château- Gaillard et du siège qu'il soutint contre Phi-
lippe-Auguste en f2o3 et i2o4- Rouen , E. Frère, 182g, in-4°-
294 APPENDICE.
en et sur la terre et seignourie de Hornoy, en Vimeu j
laquelle rente jadis fut et appartint à Jaques de Har-
court. » ( Trésor des Chartes, Jlegistre coté viii" xii,
Pièce 199.)
XVI.
Page 149, note 3.
Godefroy donne , sous le titre (S'Arrest contre mcssire Charles de
Valois , dauphin de Viennois, un prétendu extrait des registres du
Parlement , mais n'indique point la source où il l'a puisé.
Nous trouvons dans un manuscrit appartenant à la
Bibliothèque royale ' une copie de la pièce dont il s'agit,
et nous pensons que c'est de ce volume que Godefroy
l'a extraite. Son authenticité n'en est pas mieux établie,
sans doute, et les raisons alléguées par Boissy-d'Anglas
contre l'existence de l'arrêt conservent toute leur
force ; mais nous avons cru devoir consigner ici le ré-
sultat, même infructueux, de nos recherches, parce
qu'il pourra servir de point de départ à ceux qui se-
roient tentés de pousser plus avant l'examen de la
question historique fort importante à laquelle Boissy-
d'Anglas a consacré son intéressant Mémoire.
'Fonds deBrieiine, n" 197, fol. 289, recto. La même collection
contient une copie de l'ordonnance de Charles VI, qui confère à Fenin
l'Ordre de la Cosse de Geneste.
APPENDICE. 295
XVII.
Page 152, ligne 20.
Avec messire Jaques de Harecourl se lourna le seigneur de
Rambures.
On a vu plus haut ' que, par lettres données à
Amiens, au mois d'avril i/|.25, après Pâques, les biens
confisqués sur Andreu de Rambures et Jaques de Hare-
court, chevaliers , furent donnes par le roi Henri VI
à Colard de Mailli, chevalier, seigneur de Blangy sur-
Somme, et Ferry de Mailli, écuyer, frères.
XVIII.
Page 152, ligne 20.
Le seigneur de Rambures, messire Lojs Buvel (Bournel).
Par lettres données à Paris , au mois de juillet il\i2. ,
le roi Charles VI fait rémission des peines encourues
pour crime de lèze-majesté à Guillaume de Bétencourt,
dit Du Bourgel , « povre gentil-homme , natif du pays
de Boullenois, » lequel, « puis certain temps en ça,
à la prière et requeste de Loys Bournel , chevalier ,
lors soy-disant capitaine des ville et chastel de Ga-
raaches , en Vymeu , fust venu en garnison ilec , avec
plusieurs autres gens d'armes et de traict... pour tenir
les diz chastel et ville en l'obéissance du Roi ;
' Page 247, n" iv.
296 APPENDICE.
maiz, assez tost après que le traictié de la paix final fut
fait entre le roi Charles et le roy d'Angleterre, ré-
gent, et héritier de France, le dit Loys et ceulx de sa
compaignie.... se tournèrent de la partie de cellui qui
se dit Daulpliin. » (Trésor des Chartes, Registre coté
vin^^xn, Pièce 78.)
XIX.
Page 161, ligne 18.
Et y fut prins messire Emont de Bonlievch.
Par lettres données à Paris, le 3 octobre 14^9? ^^
roi Henri VI fait don à Jean de Melun , seigneur d'An-
thoing, et Jehanne, sa femme , fille et héritière de feu
Edmond deBourberch, chevalier, en son vivant sei-
gneur de Frane , de deux cens livres tournois de
rente , vendues par ce dernier à l'abbé de Saint-An-
drieu , en Avignon , et remise de tous les arrérages
qui peuvent être dus ; lesquelles deux cens livres de
rente appartiennent au roi Henri VI par suite de con-
fiscation sur le dit abbé. (Trésor des Chartes, Re-
gistre coté viii^^xiv, Pièce 342.)
XX.
Page 162, ligne 6.
Alors estoit le chastel de Denrier (Douriers) plein de doffinois.
La pièce suivante contient quelques renseignemens
ignorés sur la prise du château de Douriers.
APPENDICE. 297
(( Charles, etc.,... savoir faisons à tous présens et
à venir, Nous avoir receu l'humble supplication des pa-
rens et amis charnelz de Pierre Lojs, povre homme,
chargié de femme et plusieurs petits enfans, naguères
demourant k Dourrier, et à présent prisonnier au bef-
froy d'Amiens, contenant que comme, ou mois de
juillet derrenier passé, le dit Pierre Loys, et autres
plusieurs bonnes gens de la dite ville de Dourrier, se
fussent retraicz, avec leurs biens , à sauveté ou chastel
du dit Dourrier, pour double de noz ennemis de la
garnison du Crotoj^ qui chacun jour couroient sur le
pais et bien près d'icelle ville, auquel temps Jaques de
Harecourt , nostre ennemi et adversaire , et plusieurs
autres en sa compaignie , jusques au nombre de mil ou
plus , comme on disoit , fut en la dite ville de Dourrier,
prinst, robba et pilla tout le bestail et autres biens
f[u'il y pot trouver , et aucuns des hommes qui là
estoient à celle heure, et, avecques ce, y bouta le feu
et ardi toute ou la grengneur partie des maisons d'icelle
ville; et ce fait, prestement ledit Jaques de Harecourt,
sachant, par ceulx qu'il a voit prisonniers, que ou dit
chastel de Dourrier n'avoit autre garnison que des bons
hommes de la ville , dont un nommé Lancelot de Dour-
rier, et Pierre Blondel, estoient les capitaines et d'icelle
chastel avoient la garde et gouvernement, ala, lui et
ses dics gens , au devant et assez près du dit chastel ,
appella le dit Lancelot, et moult rudement de paroles
très orribles lui fist conmandement qu'il lui rendist
la forteresse, ou se non il lui feroit tranchier la teste,
et à tous les autres qui là estoient, avant qu'il feust ves-
298 APPENDICE.
près ; sur quoj les dis Lancelot, Pierre Blondel et un bas-
tart Du Quesnoy parlèrent ensemble avec les dis bonnes
gens, et fmablement conclurent que les dis Lancelot
et Pierre yroient devers le dit Jaques de Harecourt afm
de lui remonstrer comment Jehan Blondel, chevalier,
seigneur du dit Dourrier, estoit prisonnier en Angle-
terre, et que eulx ne lui avoit fait ne voulu faire au-
cune guerre; ains leur suilisoit de garder la forteresse
de leur maistre prisonnier, sans faire guerre à autruy :
et avecques ce furent d'acord que, ou cas que à ce ne
pourroient estre receuz, considérans qu'ils n'estoient
point gens de guerre, ne puissans pour tenir le dit
chastel contre tant de gens que avoit le dit Jaques de
Harrecomt, et aussi la petite espérance qu'ils avoient
d'avoir brief secours , que le dit chastel et forteresse
ilz rendroient sauf leurs corps et leurs biens. Et sur ce
envoyèrent devers le dit Jacques pour de lui avoir sauf-
conduit et remonstrer ces choses; et, le dit sauf-con-
duit obtenu , les dis Lancelot et Pierre y allèrent et lui
remonstrèrent les choses dessus dites au mieulx qu'ilz
peurent ; mais avant que le dit Jaques leur feist au-
cune response , il les fist ses prisonniers , nonobstant
le dit sauf-conduit, et puis envoya l'un de ses gens aux
bonnes gens qui ou dit chastel estoient demourez sans
chief , eulx dire que la dite forteresse ilz rendissent sans
délay, et d'icelle lui feissent ouverture, ou il feroit aus
diz Lancelot et Pierre tranchier les testes et à eulx pa-
reillement; et néant -moins leur offioit, se obéir
vouloient à ses commandemens en lui faisant du dit
chastel ouverture, qu'il les lairoit tous alersaufz leurs
APPENDICE. 299
corps et leurs biens j et sur ce le dit Pierre Loys et
autres qui ou dit chastel estoient demoui-ez , veaiis que
sans chief ilz pourroient pou faire , prindrent sauf-
conduit de rechief du dit Jaques, afin de sauver, avec
leurs diz biens , les biens que avoit ledit Jehan Blondel
ou dit chastel. Et ala le dit Pierre Loys devers le dit
Jaques, qui , prestement qu'il fut là venu , fut fait pri-
sonnier comme les autres; et pour ce furent contrains
de rendre la dite forteresse au dit Jaques , qui leur
acorda et à tous les autres que ilz se partiroient sau-
vement et leurs biens avecques les biens du dit Jehan
Blondel. Pour lequel cas le dit Pierre Loys, par l'es-
pace de deux mois a esté prisonnier de nostre très chier
et très amé filz le duc de Bourgogne, en son chastel
de Hesdin , et illec questionné moult durement pour ce
que on lui imposoit que, pour la reddition de la dite
forteresse, lui et les dessus nommez Lancelot et Pierre
avoient receu du dit Jaques aucune somme d'argent ,
dont le dit Pierre Loys n'a point esté trouvé char-
gié, etc.,... Donné à Paris, ou mois de mars, l'an de
grâce rail cccc xxi, et de nostre règne le xlii.. Ainsi
signé par le Roy, à la relacion du conseil. Oger. »
(Trésor des Chartes, Registre coté vni^xii, Pièce
40.)
3oo APPENDICE.
XXI.
Page 166, ligne 11.
Et fut relevée par ung gentil-homme nommé Jehan de Rois-
-sibos (Rosimbos).
Par lettres données à Paris , au mois de février 1421,
le roi Charles accorde à Jehan de Rosimbos, écuyer,
rémission des peines par lui encourues pour sévices
commis sur la personne de Bernard Descampiaulx. Je-
han de Rosimbos, auquel une assignation avoit été
donnée par le prévôt d'Amiens , n'ayant point compa-
ru, ce dernier fit prendre et amener comme prison-
niers au dit lieu d'Amiens « la dame de Waurin et au-
tres gentilz-hommes et damoiselles, parens et affins »
du dit Jehan de Rosimbos. Celui-ci alléguoit, pour sa
justification, qu'il avoit été mandé par le duc de Bour-
gogne (( d'estre par devers lui , au x^ jour d'avril der-
renier passé, pour soy mettre sus en armes, et venir
en sa compaignie , et pendant ce temps , comme sub-
giet couchant et levant » du duc , en sa châtellenie de
Lille (( ce feust submis sur ce pardevant le gouverneur
de risle ou son lieutenant, et baillié caution d'ester sur
ce à droit et d'amender ce qu'il povoit avoir méfait au
dit Descampiaulx; .... h quoy le bailli d'Amiens ne
voult obtempérer. » Depuis le dit de Rosimbos fut fait
(( prisonnier au dit lieu d'Amiens pour le dit cas ; par
le moyen duquel emprisonnement les diz dame , gen-
tiz-hommes et damoiselles furent mis à délivrance : et
en après n le dit Rosimbos , « estant au service du Roy
APPENDICE. 3oi
au siège devant la ville de Saint-Riquier , soubz et en
la compaigiiie du duc de Bourgogne , » fut élargi sous
caution. (Trésor des Chartes, Registre coté viii^^xi ,
Pièce 5o4. )
XXII.
Page 168, lig:ve 19.
Là fut mort messire Charles de Saulien, le baron d'Iberi , Gale-
haut Darsi...,
Les biens de ce dernier avoient été confisqués par
le roi d'Angleterre , et furent donnés à un de ses pa-
rens par lettres patentes dont extrait suit :
a Henry, par la grâce de Dieu savoir faisons
à tous présens et advenir que, tant pour considéra-
tion des bons et aggréables services que a faiz et fait
un chacun joiu' à nostre très chier et très amé oncle
Jehan , régent nostre royaume de France , duc de Bed-
ford , nostre bien amé Guillaume de Sarcus , escuier,
et espérons que face à Nous ou temps ad venir,.... au
dit Guillaume avons donné — par ces présentes, pour
lui et ses hoirs masles légitimes, venans de lui en di-
recte ligne à tousjours-mais, perpétuelment, les terres,
fiefs, places, seigneuries qui furent et appar-
tindi-ent à feux Pierre et Gallehault , diz d'Arcy , frè-
res , trespassez en l'obéissance de noz ennemis et ad-
versaires, en leurs vivans parens de la mère du dit
Guillaume, assises et situées es bailliages de Verman-
dois, d'Amiens , et de Senliz, en la prévosté de Mon-
didier, ou conté de Clermont, et es anciens ressors des
3o2 APPENDICE,
dits bailliages et prévostés, lesquels sont à Nous for-
faictes, acquises et confisquées par la rébellion etMés-
obéissance et autres crimes que les diz Pierre et Gal-
lehault ont commis envers Nous et nostre seigneurie,
pour en joir et user jusques à la -valeur de mil
livres parisis de rente ou revenue par chacun an , eu
regard à ce qu'elles valoient au temps de l'an rail nii'^
et dix.... Donné en nostre palais de Wesmoustier,
le cinquiesme jour de décembre, l'an de grâce mil
quatre cens et vint-six, et de nostre règne le cin-
quiesme. » ( Trésor des Chartes , Registre coté
viii^^xiii. Pièce 63 1.)
XXIII.
Page 181, ligne 20.
Après ce que le roy Henry d'Engleterre eut mis Miaulx en son
obéissance , toutes les fortresses tenant le parti du DoflGn , depuis
Paris dessy au Crotoy, se mirent en l'obéissance du roy Henry ; et
se mit la ville de Gamaches.
Nous avons été induite en erreur par Monstrelet, en
assignant pour date à la reddition de la ville de Ga-
maches, celle du 27 juin 1422. La pièce suivante, qui
manque au recueil de Rymer , servira à rectifier cette
faute.
(( C'est le Traictié et appointement fait par hauît et
puissant seigneur monseigneur le conte de Warrewik
et d' Ambmalle , seigneur de l'Isle , et cappitaine de Ca-
lais , commis et député en ceste partie par très haulx ,
très puissans et très excellans princes le roy de France
APPENDICE. 3o3
et le roy d'Angleterre , son beau-filz , héritier et régent
de France, d'une part, et messire Lojs Bournel , che-
valier, Adam de Haiilt-Guenou , dit Germain, Lojs
Le Beuf , Guillaume de Ricquerville, Pierre Du Pont,
Guillaume Bouterel , escuiers ; Pierre Le Carpentier ,
Gueroult Aulrei , Jehan Dioubal , et Colart Jemmes ,
bourgois , pour et ou nom des gens d'église , nobles ,
hommes d'armes et de trait, bourgois, manans et ha-
bitans , et autres estans en garnison es ville et chastel
de Gamaches , d'autre part , en la manière qui s'en-
suit :
(( Premièrement, lesdessusdiz feront plaine et entière
ouverture et obéissance aus diz Roys ou à leurs com-
mis des dites ville et chastel de Gamaches , et les ren-
dront et restitueront, réaument et de fait à yceulx
Roys ou à leui s diz commis , dedens demain x heures
du matin , xn" jour de ce présent mois de juing.
(( Item, que le cappitaine des dites ville et chastel de
Gamaches, et ceulx qui s'en vouldront aler des diz
lieux en sa compaignie , s'en pourront aler seurement
et paisiblement oultre la rivière de Seine, jusques aux
places obéissansà celluiqui se dit Daulphin, et auront
bon et loyal sauf-conduit, et seront conduiz oultre
la dite rivière de Seine par hérault ou poursuivant;
et si emporteront et amenront avecques eulx leurs
chevaulx, harnois, or, argent, vaisselle, joyaulx et
quelconques leurs autres biens , sans toutesfois em-
porter calices , vestemens , joyaulx , ou autres aorne-
mens de esglises.
{( Item, laisseront es dites ville et chastel tous canons,
3o4 APPENDICE.
pouldres, ars, arhalestres, trait et autres abillemens
de guerre appartenans aux dite ville et chastel, sans les
gaster ne consumer; et, avec ce, laisseront les dites
ville et chastel raisonnablement avitailliez.
(c Item , restitueront aux dits Rojs ou à leurs diz
commis, tous prisonniers de l'obéissance des diz Rojs
qu'ilz ont par devers eux, et les quicteront de leurs
fois, seremens, pleiges et obligacions.
« Item, restitueront pareillement tous Anglois, Irois,
Normans et autres qui ont fait le serement de la paix
générale derrenièrement faite entre les diz Roys, et
ceulx aussi qui sont coulpables de la mort de feu mon-
seigneur le duc de Bourgogne , s'aucuns en y a , avec
tous leurs biens quelconques, sans en riens receler :
et parmi ce , les dessus diz et un chacun d'eulx, en fai-
sant par eulx le serement de la dite paix, demourront
en la bonne grâce des diz Roys, et seront restituez à
leur bonne famé et renommée ou pays, et à leurs biens
meubles et héritages quelzconques non donnez; et
leur remectront, quicteront et pardonneront les diz
Roys tous cas, offenses, crimes et déliz qu'ilz puent
avoir commis et perpétrez pour cause et occasion des
débats et divisions qui ont esté en ce royaume, et de
ce auront bonnes lettres et convenables.
(( Item, et par ce que, depuis certain appointement
à eulx baillié par les diz Roys , plusieurs gens se sont
absentez et alez hors de la dite ville et chastel de Ga-
miaches, les diz cappitaines , bourgois et autres seront
tenus de faire diligence d'enquérir, et savoir où tous
les biens quelconques appartenans aus diz absens se-
APPENDICE. 3o5
ront , et yceulx mectre en certain hostel et livrer, sans
en celer ou musser aucuns, en tant qu'il en viendra à
congnoissance.
« Item, les dessus diz seront tenus rendre et restituer
tous les prisonniers quelzconques qui par eulx ont esté
prins, es lieux et mectes estans en Tobéissance des diz
Rojs , depuis le jour du dit appointement à eulx baillié
par les diz Rojs , comme dit est, se ilz sont en nature
de chose, avec leurs biens ou la valeur qu'ilz povoient
valoir quant au regart de la course derrenièrement
faite à Guillemercourt.
(( Item, se aucuns de la dite ville ont de leur biens ou
dit chastel, ilz les pourront retraire en la dite ville
sans préjudice du dit appointement, réservez tous vi-
vres et abillement de guerres.
(( Pour l'acomplisseraent et seurté desquelles choses
les dessus diz bailleront réaniment et de fait en hos-
taiges à Nous, conte de Warrewik, dessus nommé,
dedans ce jourdïiy, xi*" jour de ce présent mois de
juing , six gentilz-horames pour le dit chastel de Gama-
ches, des plus notables après le cappitaine, et pour la
dite ville , quatre bourgois des plus notables et recéans
d'icelle, lesquelz seront renduz et restituez à la red-
dicion des dites ville et chastel.
((En tesmoing de ce, Nous, conte de Warrewik,
dessus nommé , avons mis nostre scel à ces présentes.
Donné ou chastel de Lourroy-Iez-Gamaches , le xi® jour
du dit mois de juing, l'an de grâce mil ccccxxii. »
Par lettres données à Paris, le 6" jour de septembre
3o6 APPENDICE.
«425 , le roi Henri confirme et ratifie le présent traité,
(Trisor des Chartes, Registre coté vni'^^xii , Pièce
56o.)
XXIV.
Page 196, ligne 28.
Et alla le connestahle d'Escosse.
Charles Vil , par lettres données à Blois , au mois de
février 1427 , accorda à Jean Stuart, comte d'Evreux,
seignem- d'Arnelaj , d'Aubigny, de Concressault ,
connétable de l'armée d'Ecosse, le droit de porter
dans ses armes l'écartelure de France au premier et
dernier quartier. Cette autorisation lui est donnée
parce que, est-il dit dans l'ordonnance, « il est
venu du pais et royaume d'Escosse, où il estoit et
est grant et puissant seigneur, à nostre secours par
deçà pour exposer sa personne, et plusieurs de ses pa-
rens, chevalliers et escuiers qu'il a amené en sa com-
pagnie, en nostre service all'encontre de noz anciens
ennemis les Anglois, qui de présent occupent grant
partie de nostre dicte seigneurye; depuis laquelle sa
venue, il y a environ huictans, il s'est continuellement
tenu service, soy tousjours employant moult cheva-
lereusement en tous faictz d'armes qui depuis le dict
temps se sont exploitez aH'encontre de nos dits enne-
mis , et mesmement s'est trouvé et moult honnorable-
ment gouverné, toutesfois qu'il a esté en sa franche
liberté et non prisonnier, en toutes les batailles et
journées qui de par Nous ont été faictes et données à
APPENDICE. 3o7
iceulx ennemis, et, entre les autres, à Bangé, comme
connestable de la dicte armée, en laquelle furent mors
le duc de Clarance, les contes de Rosdedal et de Ar-
monde , les seigneurs de Ros , de Gré et de Fores , a^eq
plusieurs autres seigneurs, chevalliers et escuiers du
pays d'Angleterre; et aussi y furent pris le conte de
Sombrecet, Thomas de Beaufort, chevaliers, son frè-
re , le conte de Horlinegon , le seignem^ de Filbaré et
plusieurs autres , etc. » (Bibliothèque royale j, 3Ia-
miscrits , fonds de Brienne , n° 274 , fol. 214 ? recto. )
XXV.
Page 204, ligne 9.
Ung gentil-homme nommé Riflart de Canremy.
Par lettres données à Paris, au mois de mars 1423 ,
le roi Henri confirma des lettres de rémission accordées
par Jean de Luxembourg, seigneur de Beaurevoir, à
Riflart de Campremi, écuyer, lequel, « comme mal
conseillié et advisé, » avoit long-temps tenu a le partj
contraire du Roy et de monsieur le duc de Bourgo-
gne, fait guerre à leurs subgiez et pays, et à l'occa-
sion de ce commis plusieurs maux et excès. » ( Trésor
DES Chartes , Registre coté vni^^ xii, Pièce 434-)
3o8 APPENDICE.
XXVI.
Page 208, ligne 3.
Avec messire Jacques de Harecourt moururent plusieurs gentilz-
hommes, c'est assavoir. ... Jehan de Caumont —
Henry de Machy, ëcujer , ayant laissé prendre la
forteresse de Mareull par Jehan de Caumont , eut
recours à la clémence de Henri VI, qui lui accorda ,
au mois de juin 14^5, des lettres de rémission ainsi
conçues : « Avons esté humblement exposé de la partie
de Henry de Machy, escuyer, que deux ans a ou envi-
ron le dict exposant, pour doubte des guerres et gens
d'armes qui lors estoient sur le pays, se retrait, lui,
sa femme, enfans et biens, en la forteresse de Marueil,
lors appartenant au seigneur de Marueil, laquelle for-
teresse est à demie lieue ou environ près de la maison
du dit suppliant; et lui estant en la dicte forteresse en
la compaignie de Jehan de Vaudricourt, escuier, qui
lors en estoit cappitaine et avoit la garde d'icelle for-
teresse , ycellui exposant avoit une queue de vin pour
la boisson de lui et du dict cappitaine et autres hommes
cstans dedans la dicte forteresse , et dont il vendoit
aucunes fois à détail. Un nommé Jehan de Caumont,
escuier, vint en un certain jour à la dicte forteresse
accompaignié de cinq ou six compaignons, et hurta
au guischet de la porte dudit chastel , et lors le dict
exposant y ala , et demanda qui ce estoit : lequel de
Caumont respondit que c'estoit amis : et prestement
APPENDICE. 309
que ledit exposant congnut le dict Caumont il lui de-
manda s'il estoit tout seul , et le dit Caumont respon-
dit que oïl , et qu'il venoit boire de son vin; et pour
ce lui ouvry le dit guichet. Et prestement le dit Cau-
mont enjamba le sueil du dit guischet, et flst entrer
en la dite forteresse les diz compaignons, qui estoient
avec lui, et lesquelz le dit exposant n'avoit point veuz
paravant ; et saisirent la dite forteresse. Et assez test
après y entrèrent plusieurs compaignons qui estoient
de la compaigniede Jacques de Harecourtetdu seigneur
de Gamaches, qui lors estoient au pays et communi-
coient et repairoient tout communément, et se te-
noient, se bon leur scmbloit, tant à Abbeville comme es
autres villes à Nous obéissant, sans faire guerre à nos
diz subgiez. En laquelle forteresse le dit exposant de-
moura en leur compaignie jusques à ce que feu nostre
très chier seigneur et père, cui Dieu pardoint, passa
parmi la dicte ville d'Abbeville. Ou quel temps ceulx
du parti du dit de Harecourt désemparèrent la dicte
forteresse de Marueil et se partirent; et depuis fut
remise en la main du dit seigneur de Marueil, qui
tenoit le parti de feu nostre très chier seigneur et ayeul,
et de nostre oncle le duc de Bourgogne. Et pour
doubte que l'en voulsist demander au dit suppliant
aucune chose pour occasion de la dicte entrée et de-
meure, se retraj en la ville du Crotoj, occupée par
le dit Jacques de Harecourt, où il s'est tousjours depuis
tenu, jusques environ l'aoust derrenièrement passé,
que le dit exposant se parti du dit lieu du Crotoj, et
se vint rendre prisonnier à nostre bien amé Colard de
3io APPENDICE.
Mallly, chevalier, filz de feu Maillet de Mailly, aussi
chevalier. ( Trésor des Chartes , Rei^istre coté
VIII'"' XII, Pièce 353. )
XXVII.
Page 208, ligne 6.
Avec messire Jaques de Harecourt moururent.... Jehan de Cau-
monl , Jehan de Fransières
Des lettres données à Paris, au mois de janvier x^ii,
par le roi Charles VI, contiennent rémission en faveur
de «Jehan de Fransières, escuier, de l'aage de xxiiii ans
ou environ, » des peines par lui encourues pour avoir
servi dans l'armée de Jean de Bourbon et de Charles
d'Orléans. ( Trésor des Chartes , Registre coté
VHP* VI , Pièce i .)
XXVIII.
Page 208, ligne 16.
Là mena avec luy messire Pierre de Hargicourt.
{( Henry savoir faisons Nous avoir receu hum-
ble supplication de Pierre de Hargicourt , chevalier,
natif du païs de Picardie et subglet de nostre très chier
et très amé oncle le duc de Bourgogne, à cause de la
terre et chastelenie de Mondidier, contenant que
comme depuis sept ans en çà ou environ le dit sup-
pliant ait esté la plus grant partie du temps ou service
de nostre chière et amée cousine la duchesse de Bour-
APPENDICE. 3ii
boniiois en sa terre et conté de Ciermont en Beauvoisie,
sans ce que le temps pendant il se soit armé ne soj
entremis du fait de la guerre, et il soit ainsi que pen-
dant les trêves et abstinacions de la guerre qui de ce
fu entre Nous et ceulx de la garnison qui pour lors
estoient au Crotoy , à Nous rebèles et désobéissans ,
le dit suppliant se feust retrait au dit lieu du Crotoy,
où il se fust et soit , par certaine espace de temps, tenu
durans les dictes trêves et depuis,jusquesàlareddicion
et obéissance à Nous faite d'icele ville, pendant le-
quel temps le dit suppliant n'ait couru ne fait guerre ,
pillé, robe , ne fait aucun desplaisir à aucuns de noz
subgiez ne autrement, fors tant seulement en gardant
la place, mais ce fust ilec paisiblement tenu en vivant
du sien ; et, après la reddicion du dit lieu du Crotoy,
le dit suppliant se fust retrait par devers sa maistresse,
et il soit ainsi qu'il ait très grant voulenté, désir et
affection de soy réduire et retraire en nostre obéis-
sance , avec sa femme et autres ses parens et amis , en
faisant le serment de la paix final d'entre noz deux
royaumes de France et d'Angleterre, et baillant bonne
et soufTisante caution d'estre et de mourir nostre bon
et loyal subget ; mais il doubte que il ne fust ou soit
aucunement poursuy par aucuns de noz officiers, ors
ou pour le temps à venir, pour raison de ce qu'il a
tenu le parti à nous contraire, se nostre grâce et mi-
séricorde ne lui estoit sur ce impartie , en Nous hum-
blement requérant que, attendu ce que dit, est Nous
lui veuillons nostre dite grjîce sur ce impartir. Pour
ce est- il que Nous, ces choses considérées, voulans en
3i2 APPENDICE.
ceste partie miséricorde estre préférée à toute rigueur...
à icelui suppliant.... pardonnons les faits et cas dessus
diz et le restituons et remettons k sa bonne famé
et renommée au païs, et à ses biens meubles et héritages
non donnés parmy ce qu'il fera le serment de la
dicte paix et d'icelle entretenir baillera bonne et souf-
jQsante caucion. Donné à L'Isle, le xiii^ jour de juing,
l'an de grâce mil ccccxxvii.» ( Trésor des Chartes,
Registre coté viii'"' xiv , Pièce 7. )
XXIX.
Page 210, ligne 10.
Ils prindrent dedens messire Lancelot de Fransières , qui ea
estoit capitaine , Le Bègue de Fransières, et moût d'autres riches
hommes.
Par lettres données à Paris, le 3i août 1425, le roi
Henri Vï, sur l'humble supplication à lui faite par son
amé et féal chevalier Lancelot de Francières, naguères
lieutenant du capitaine de la ville de Compiègne,
(( chargié de femme et huit petiz enfans, » lui accorde
rémission des peines par lui encourues pour vio-
lences et blessures fautes, en la compagnie de feu
Guillaume de Francières, en son vivant écujer et
son parent, sur la personne de Aubelet Bandon,
sergent du Roi en ladite ville de Compiègne. (Trésor
DES Chartes, Registre coté viii"'' xii, Pièce G20.)
\jt Bègue de Francières fut tué à Compiègne, à la
APPENDICE. 3i3
suite d'un combat singulier, en juin 1424» ^i»si qu'on
l'apprend par la pièce suivante :
f( Henri , par la grâce de Dieu , Roj de France et
d'Angleterre, savoir faisons à tous présens et à venir,
Nous avoir receu Thumble supplicacion des parens et
amis charneîz de Sjmon Le Barbier, homme d'armes
soubz le sire de L'Isle-Adam, contenant que à un cer-
tain jour, environ la feste d'Ascension Nostre Seignem^
derrenière passée ', lui estant en garnison soubz le dit
sire de L'Isle pour et ou nom de Nous, en la ville de
Compiengne, avec autres des gens du dit seigneur de
L'Isle , pour la garde et seurté d'icelle ville, et comme
il estoit en certain hostel en icelle ville avec un appelle
Jehan de Rigauville , une appellée Mahault et sa mère,
il fut présent où paroUes injm-ieuses se meurent entre
le dit Rigauville, d'une part, et les dites femmes d'autre,
entre lesquelles paroUes il ojt et entendi que le dit
Rigauville dist à icelle Mahault qu'il souspeçonnoit
tenir le parti d'Armignac, comme il entendoit à
son parler; et à icelle reproucha ' avec grant
habondance d'autres parolles dont elle le reprint; les-
quelles parolles oyes par le dit Simon , se mist en peine
de les apaisier au mieulx qu'il pot, et néantmoins ne
pot accorder les diz Rigauville, Mahault et sa mère,
qui , à ceste occasion , firent adjourner le dit Rigau-
ville à certain jour par devant le prévost du dit lieu,
en cas d'injures et de villenies. Ne sceurent les diz
' En T424, la fête de l'Ascension fui célébrée le i" juin.
' Ici se trouve, dans l'original de ces lettres, le détail des reproches
adressés à Mahault par Jehan de Rit^auvillc.
3i4 APPENDICE.
parens et amis que depuis en fut fait. Bien est vraj
que le lundi ' précédant devant le dit jour de l'Assen-
cion, comme le dit Simon estoit es estuves, audit
lieu de Corapiengne , en la compaignie de Simon de
Boulainvillier, chevalier, seigneur d'Iencourt, qui es
dites estuves l'avoit mené, où semîjlablement estoit
Guillaume de La Nizelle, et feu le Bègue de Francières,
escuiers de la compaignie du dit seigneur de L'Isle-
Adam, les dis Guillaume et Bègue couchiez en un lit,
icellui seigneur d'Iencourt, en soj esbatant, pressa
moult le dit Simon Le Barbier de lui dire et compter
le débat qui avoit esté entre le dit de Rigauville , Ma-
liault et sa mère : et il lui compta et récita, présens
lesdis de La Nyzelle et Bègue, non pensant à mal,
tout ainsi et par la manière que dit est dessus ; dont
iceulx seigneur d'Iencourt et Nizelle se commencèrent
à rire et esbatre, et non le dit Bègue, lequel, qui h
son maintien etparoUe démonstra en estre courroucié,
print à parler pour les dites femmes , disant au dit
Simon , moult arrogamment , qui le faisoit si hardi de
parler des dites femmes ; et le dit Simon lui respondi
qu'il en povoit bien parler et compter la farce, puis-
qu'il plaisoit au dit seigneur d'Iencourt, qui l'en a\oit
prié, et qu'il n'y avoit chose qui tournast à préjudice,
ou paroUes semblables : oyes lesquelles par le dit
Bègue de Francières , icellui Bègue, démonstrant estre
courroucié, comme dit est, contre le dit Simon, qui
autrement ne lui avoit melTalt ne mesdit, desmenti le
■ -ig mai.
APPENDICE. 3i5
dit Simon , en lui disant que à lui n'appartenoit point
de parler des dites femmes, ne de leur fait et en espécial
de la dite ÎNÏahaut, laquelle avoit fiance un gentil et
gaillart Armignac, lequel, pour l'amour de la dite
Mahault, il \ouldroit icellui Armignac estre devant
luj pour savoir se il parleroit ainsi de sa dite dame
ou fiancée , en soy démonstrant de cueur et de parler
par icellui Bègue et à son mainting aucunement afïaitié
au dit parti d'Armignac. A quoy le dit Simon, qui
tousjours a tenu le dit parti contraire d'Armignac,
dist et respondi au dit Bègue qu'il n'avoit onques veu
Armignac seul à seul en place à qui il n'cust osé bien
respondre de sa personne , comme homme devoit faire
à ennemi du Roy; dont le dit Bègue de rechief le
desmenti en loy appellant ribault, varlet, mareschal,
en loj autrement et grandement injuriant de parolles,
et le menaçant de lui faire villannie et desplaisir. Et
icellui Simon , doulant et courroucié de ce que le dit
Bègue le injurioit et villenoit ainsi devant gentilz-
homraes pour les dites femmes, et qu'il avoit usé
comme dit est, des dites parolles d'Armignac et sem.-
bloit qu'il portast le dit parti , ne se pot tenir qu'il
ne deist au dit Bègue : « Je vous vouldroie tenir aux
champs , je vous rueroie jus , ou vous moj. » De quoi
icellui Bègue se commença plus à courroucier que
devant , et se leva à cop du lit où il estoit couché ,
disant au dit Simon : '.< Tantost me trouveras, et te
courrouceray. » Et le dit seigneur d'Iancourt prist
lors le dit Simon par la main et lui dist : « Vien-t'en,
il ne te fera nul mal : on en finera bien ; » avec au-
3i6 APPENDICE.
cunes autres paroUes. Et atant se départirent des dites
estuves, et s'en vindrent, le dit seigneur et lui, en
l'os tel de Bar, en la dite ville de Compiengne, où ilz
trouvèrent Raoulin de Helluz, escuier, qui ilec estoit
pour le dit seigneur de L'Isle-Adam, lequel, qui desjà
avoit oy parler des dites parolles , lui demanda quel
débat il j avoit entre lui et le dit Bègue en icelles es-
tuves; et par lui et le dit seigneur d'Iencourt lui fut
compté le cas tel que dit est. Et icellui Raoulin lui def-
fendi qu'il n'en parlast plus , et qu'il feroit bien la paix
d'entre eulx deux , dont il fut bien joieux, et promist
entretenir et accomplir tout ce qui par le dit Raoulin
seroit sur ce fait ou ordonné. Lequel Raoulin depuis
se tray par devers Lancelot de Francières , chevalier ,
lors estant au dit lieu de Compiengne, de l'affinité du
dit feu Bègue, auquel il exposa ce que dit est, au
desceu du dit Simon , et lui requist de paix et que
Iceulx Bègue et Simon beussent et feussent amis en-
semble, en remonstrant par le dit Raoulin au dit Lan-
celot que le dit Simon n'estoit point varlet, mais
estoit homme d'armes, qui bien et lojaument avoit
servy le dit seigneur de L'Isle-Adam, lequel ne seroit
pas bien content que ses gens feussent ainsi ravalez ,
avec aucunes autres parolles , après lesquelles icellui
Lancelot de Francières se traj devers le dit Bègue , ou
icellui Bègue devers lui, et lui fut exposé ce que dit
est afin de venir à traictié de paix et union. Mais par
le dit Bègue fut respondu jà paix ne feroit ne buroit
au dit Simon , et que jà tant ne se abesseroit de son
honneur pour un tel varlet, et le courrouceroit ;
APPENDICE. 3i7
comme ces choses furent rapportées par le dit Lan-
celot au dit Raoulin de Halluz , et au dit Simon par le
dit Raoulin, qui lui dist qu'il se rapportoit à luy de
soy delFendre qui le assaudroit. Et demourcrent ces
choses en cest estât jusques au samedi ' ensuivant le
dit jour de lundi que, au dit jour de samedi, le dit
Bègue, lui iiii% armez et embastonnez, c'est assavoir
lui d'une hache de guerre , et les trois autres de espieux
et autres armeures invasibles , au desceu du dit Simon,
qui à eulx ne pensoit aucunement, se vindrent rendre
et asseoir front à front sur un travail à raareschal es-
tant devant l'ostel où estoit logié le dit Simon, où le
dit Bègue list apporter du vin dont lui et ses dis trois
compaignons beurent; et furent ilec assez longue pièce,
au veu et au sceu du dit Simon , lequel , ayant paour
d'estre assailli , invasé et batu par le dit Bègue et les
siens , ou contempt du débat devant dit , appella et list
venir devers et avec lui deux de ses serviteurs , l'un
nommé Robin Aubert et Perrenet de Rumilly, garni
chacun d'une espée, et leur encharga eulx tenir à l'uis
du dit hostel , en îeiu^ monstrant le dit Bègue et ses
gens, et il sauldroit et iseroit hors du dit huys, garni
d'une hache qu'il tenoit , et verroit que les dessus diz
vouldroient faire, en disant par lui ausdiz Robien et
Perrinet ces mots : (( Se vous voiez que le Bègue de
Francières viengne à moi pour me faire bien ou mal,
si nous laissiez faire entre nous deux ; et se les autres
qui sont avec lui viennent pour lui aidier et ils me
.■) juin.
3i8 APPENDICE,
ruent jus , si me relevez, se vous povez. » Et les dites
parolles ainsi dites, se parti de l'uis du dit hostel , et
s'en aîa enmy la rue , apuier sur sa dite hache , sans
autre mal faire ne dire; lui estant ouquel estât, fut
advisé par le dit Lancelot de Francières, qui escria à
haulte voix au dit feu Bègue : (f Bègue, vojlà Simon
devant toj. )) Lesquelles parolles oyes par le dit Bègue,
icellui Bègue, persévérant en sa maie Aoulenté, se
parti du dit travail, et h m enjambées et très hastive-
ment s'adreça près du dit Simon, tenant sa dite hache
de guerre , démonstraiit lui vouloir courir sus et faire
mal et villennie, disant : « Ribault, à moy Taras. » Et
par le dit Simon aussi semblables parolles , en usant
desquelles ilz et chacun d'eulx haussèrent leurs haches,
et tout à coup et en un mesmes mouvement, sans ce
que nul de leurs gens feust d'un costé ou d'autre ,
aidast ne secourist l'un à l'autre, ruèrent l'un contre
l'autre chacun un coup seulement, c'est assavoir le
dit Bègue son coup le premier sur la poictrine du dit
Simon , dont il le bleça et navra très lourdement et à
grant effusion de sang, et le dit Simon son coup sur la
teste du dit Bègue, en laquelle il lui fist grant plaie et
incision , aussi à grant effusion de sang , par le moien
de laquelle il chey et tumba à terre ; et à cause d'icelle
ala pou après de vie à trespassement. Pour raison du
quel cas le dit Simon, dès lors ou pou après , se parti
secrètement le plus seurement qu'il pot du dit lieu de
Compiengne, et s'est deffuy et assenté puis çà puis là
en aucune partie de nostre royaume , ouquel il n'ose-
roit jamais bonnement converser ne repairer se nostre
APPENDICE. 3ig
grâce et miséricorde ne lui estoit sur ce impartie , en
Nous humblement requérant par ses dis parens et amis
que, comme ledit delFunct, durant sa maladie et avant
son trespassement, lui saichant avoir mesprins de
prime face envers ledit Simon Le Barbier, pardonna à
icellui Simon ce que meffait lui avoit, présens certaines
personnes, et que le dit Simon ait bien et bonnement
servy feuz noz ajeul et père, cui Dieu pardoint, ou
fait de leurs guerres, en la compaigniedu dit seigneur
de L'Isle-Adam et autrement, et en ce emploie et mis
en advanture , par maintes foiz et en maintes manières ,
son corps et ses biens à l'encontre des ennemis et ad-
versaires des dis defluncts et les nostres, et est encore
prest de faire, attendu aussi que le débat et noise dont
dessus est parlé est advenu par ce que le dit feu Bègue
portoit de fait et de parolles le parti d'Armignac , que
à l'eure du conflict il fut invaseur et celui qui premier
frappa , comme dessus est dit, et que en tous autres
cas icellui Simon a esté de bonne vie, renommée, et
honneste conversacion sans onques mais avoir esté
reprins, actaint ou convaincu d'aucun autre villain
cas, blasmc ou reprouclie. Nous lui veuillons sur ce
impartir nostre dite grâce et miséricorde. Pour ce est-
il que Nous , les choses dessus dites considérées, in-
cllnans à la supplicacion des diz parens et amis , vou-
lans miséricorde préférera rigueur de justice, au dit
Simon Le Barbier , ou cas dessus dit , avons quicté ,
remis et pardonné, quictons , remectons et pardon-
nons les faiz et cas dessus dis , avecques toutes peines,
ndmcnde et offense corporelle, criminele et civile en
320 APPENDICE.
quoy, pour occasion du fait et cas dessus dit , il est ou
puet estre encouru envers Nous et justice , ensemble
tous appeaulx et bans qui pour ce se sont ou pourroit
estre ensuiz; et le restituons et remectons à sa bonne
famé, renommée au païs et à ses biens non confisquez,
satisfacion faite à partie, civilement tant seulement,
se faite n'est , et imposons sur ce scilence perpétuel à
nostre procureur présent et à venir, pourveu que icel-
lui suppliant paiera promptemerit vint livres toiuniois,
et icelles estre distribuées et aumosnées pour Dieu ,
c'est assavoir dix livres tournois h l'Ostel-Dieu de Paris,
et dix livres à maistre Raymon de Hault-Pont, Au-
gustin , pour lui aidier à faire sa feste de maistre en
théologie. Si donnons en mandement, etc.,... Donné à
Paris, ou mois de novembre, l'an de grâce mil ccccxxiv,
et de nostre règne le m''. Ainsi signé par le Roy à la
relacion du conseil. Calot. » (Trésor des Chartes,
Registre coté viii'''' xiii , Pièce 54. )
XXX.
Page 212, ligne 23.
Moût s'y porta messire Jaques de Luxembourg vaillaument , et
avec luy ung nommé Jacotin de Coi>ert, lequel portoit son esten-
dart.
Par lettres données à Paris, le i5 octobre 1424? le
roi Henri VI fait don à Jacotin de Cobert , écuyer, des
biens ayant appartenu à Mansardin Graignart et Per-
ricons de Han , en considération des bons services à
APPENDICE. 321
lui rendus par ledit Jacotin , pendant les guerres de
France, au service et en la compagnie de Jean de
Luxembourg , seigneur de Beaurevoir, « et en faveur
du mariage dont il est en traicliéavec la seur des dits
feux Mansardin Graignart et Perricons de Han , frères ,
et leur héritière, se ne fust la rébellion et désobéis-
sance que les dis Mansardin et Perricons , eulx vivans ,
ont commises envers Nous. » (Trésor des Chartes,
Registre coté vin^ xii , Pièce 649.)
XXXI.
Page 230, ligne 8.
Et y alla le sire de Croy, le sire de Lilladam et messire Andrieu
de yallines.
« Henri,... pour considéracion des grans et notables
services que nostre bien amé Andrieu de Vallins, che-
valier, seneschal de Boulonnois , chambellan et con-
seiller de nostre très chjer et très amé oncle le duc de
Bourgongne, a faiz es temps passez à feux noz très
chiers seigneurs, ajeul et père, les rojs de France et
d'Angleterre derrenièrement trespassés, que Dieu ab-
soille , tant ou fait de leurs guerres comme autrement ,
et en récompensacion et regart des grans pertes et
dommaiges qu'il a euz à l'occasion des guerres et divi-
sions qui ont esté en nostre royaume de France, et des
fraiz, charges et despens qu'il lui a convenu soustenir
ou services de noz diz seigneurs, ajeul et père, et de
feu nostre très chier cousin Jehan , duc de Bour-
2 t
322 APPENDICE,
gogne, ou content des quels services il a perdu toutes
les terres, seigneuries, héritages et revenues qu'il avoit
ou Dalphiné de Viennois,.... avons donné au dit An-
drieu le chastel, chastellenie , terre, seigneurie, jus-
tice, cens, rentes et revenues de Arentières, situé en
lïostre conté de Champaigne , avec toutes ses appen-
dances et appartenances , qui furent à Manssart Daisne,
chevalier, soj-disant bailli de Victry, et, avec ce, les
maisons, terres, vignes, cens, rentes, revenues et
héritages que souloit tenir, tant en nostre ville de
Paris, Monstereuil-sur-le-Bois , comme ou pays de
Lannois, Henriet de Lisac, jusques à la value, tant
les dis chastel, chastellenie, seigneurie, justice.... de
Arentières , comme les autres terres et héritages des-
susdis, de huit cens livres parisis par an, eu regart à
ce qu'ils valoient xv ans a Donné ou bois de Vin-
cennes, le ii* jour de juing, Tan de grâce mil cccc
XXIII.» (Trésor des Chartes, Registre coté viii" xii.
Pièce 237.)
FIN DU L APPENDICE.
GLOSSAIRE,
BiLLEMENS, aimures , armemens.
[Pourveux de bonnes gens et de
abilleniens de guerre, 60] ; — [il
peust aller seurement en Éngle-
terre pour faire ses abillemens
à combattre, 253.]
Abillier , fortifier. [Après ce que
le conte Yaleran eut ainsi fait
abillier le moustier de INoen-
ville, et garny de ses gens, 56.\
AccoisEZ , apaisés. [ Et ceux qui
contre luy avoient proposé luy
grever pour la mort du duc
d'Orléans, furent tous accoi-
sez, 14.]
Adouber , revêtir, orner, parer.
[Moût fist le duc Phelipe faire
de riches abillemens pour soy
adouber, 257.]
AdrÉcha, se dirigea. [Par ung
matin, bien acompaignié vers
Paris, adre'cha à la porte du
marchié à chevaux, 37.]
Affaitié, attaché? [En soy dé-
monstrant de cueur et de par-
ler par icelui Bègue et à son
mainting aucunement affaitié
au dit parti d'Armignac, 5i5,
App.]
Affins, alités. [Parens et affins
du dit Jehan, 3oo, Jpp.]
Affollé, estropié. [Fut affollé
d'une jambe, de ung virelon
qui le férit, 80.]
AiNs, mais, au contraire. [Et ne
vouloient obéir à Jehan de Ba-
vière, ains en avoient fait ung
autre, 9.] — Avant. [Moût en
prindrent et tuèrent ains qu'ilz
venissent à Bray, 117.]
Amont , nu haut. [ Montèrent
amont, 96.]
Apparuciom, apparence. [Et pour
plus grant appnrucion mons-
ti-er, le Dauffin mist hors d'a-
vecquez luy ceux qui luy avoient
donné le conseil de mectre à
mort le duc Jehan, 120.]
Arasée, détruite, démolie. [Fist
assoler de grosses bombardes
donc la muraille fut toute ara-
sée, 174.I
Arses, brûlées. [Etyeult de leurs
tentes arses grant planté, 20.]
AssAUDROiT, assailliroit. [Lui dist
3u'il se rapportoit à luy de soy
eflendre qui le assaudroit,
517, App.]
Atinées, armes, combat? [Il y eut
atinées faites de six doflSnois
contre six bourguignons, i5g,
note 5.]
Atargié, retardé. [Fut le roy
Charles grandement atargié àe
reconquerre son royaume; car
il avoit perdu foison de ses gens
à la bataille, 223.]
Attarge , retardement. [ Lenuel
cuida fère attarge de paroltes,
comme avoit fait le duc d'Or-
léans, 02, note 3.]
Aval, en bas. [Et fut geté des
degrés aval, 82.]
Ava.ntaige, saillie, avance. [Et
n'avoit ceulx de dedens que ung
petit d'awa/i/rt/ge à la dépendre
contre les gens du roy Henry,
I74-]
AvEJiENT, principalement? [De se-
courir la dicte ville à toute force
et puissance d'armes , et avc-
ment s'il avenoit qu'elle fust
assiégée ou autrement oppii-
niée, 288, App. \
324
GLOSSAIRE.
B.
Bachinet, bassinet, casque de fer.
[ Il féry Lyonael par dessoubz
la visière de son backinet, 2o5.]
Barète, barrière, porte '? [Fai-
soieiit souvent de grans saillies
liors de la ville , par espécial à
la barète d'Avesnes, 46.]
Baudement , hardiment. [ Et via-
drent baudement pour le com-
battre, 164.]
Besoisgne, affaire, affaires. [ Et y
eut là grant bataille.... Et fut
celle besoingne par ung dy-
mence, 27. ] — [Et avec ce la
besoingne du sire de.... empira
assez, 99.] — [Et ordonnèrent
leurs besoingnes pour eulx en
aller, 12 2.]
Besoingnié , travaillé. [ Quant le
duc Jeban eut ainsi besoingnié',
il se retira à Paris , 23. ]
BhKTimczs, flatteries. [Il a tant fait
par blandices , feintes et décep-
tives paroles , 282, App.\
c.
Cautelle, ruse. [Le dit de Bour-
gogne , par cautelle et pour sé-
duire le peuple, 273, Àpp.]
CiiAioiT, tomboit. [Se aucuns en
chaioit en ses mains, 119.]
CnALorr, importait. [Et peu lui
chaioit comme tout allast, 90.]
CiiAPEL, couronne. [Et avoit luy et
ses gens chascun ung chnpeï de
may sur la teste armée , \o. ]
CnAUENT, poursuivirent, chassè-
rent? [Les Doffinois en desro)»^
commenclièreut à fuir. Et les
gens du duc les charent rai dé-
ment, et si en tuèrent en la
place bien de six à buit vingts ,
168.]
CiiiEF (à), à bout. [Mais il n'en
peut venir à chiej] 99.]
Cler (au), au complet*? [Y avoit
bien quatre cens hommes ar-
mez au cler sur une petite mon-
taigne, i55, note 4-]
Cloque, cloche. [Il sonna une pe-
tite cloque, 207.]
CoMPAiGNONS , compagnons , du
même corps. [Et y sailly sur eux
quatre compnignons , 167.]
CONBOURNEMENT , flcUX de joic ^ ?
[ Il y eut à Gant une femme qui
donna à entendre qu'elle estoit
sœur aisnée au duc Phelipe;
et, par aucun conbournement,
luy firent ceulx de Gant hon-
neur, i83. ]
CoNJOÏRE.Yr, s' entrefêtèrent. [Et
moût conjoïrent l'un frère l'au-
tre, 5o, note 4-]
' Voyez DucANGE, au mot Barra.
* Charles VII, en entraut dans Paris, étoit « tout armé au cler, et le Dalphiu ,
jeune d'environ dix ans, tout armé comme son père le Roy. » [Journal d'un bour-
Aeois de Paris , 177) — « Et estoit cliacune lanclie d'uug homme d'armes, armé
de cuirasse , harnas de jambes, sallades, bannières, espée, et tout ce qu'il faut à
un homme armé au cler, ses sallades et espées garnies d'argent. » (Du Clercq ,
XII, »4.)
' Ce mot, dont aucun glossaire ne nous a fourni l'explication, semble dérivé
du verl)e coinburere , brûler. On lit, dans le Journal d'un l?ourgenù de Paris (141) »
qu'après avoir montré au peuple le corps inanimé de Li Pucelle d'Orléans, « le
bourrel remist le feu grant sur sa povre charogue, qui tantost fut toutle comburée
et os et char mis en cendres. »
GLOSSAIRE.
325
Co.nte:(di, tâcha. [ Et pour ceste
cause, le contendi à grever de-
puis, 225.]
Co>TE>T, soutien? [Ou content
desquels.... il a perdu..., 022.]
Co.w'ERSACios, habitudes? [A tou-
jours esté de bonne vie, re-
nommée et honneste conversa-
cion , 241 , note 2.]
Converser , demeurer, habiter?
[Il n'ose bonnement apparoir ne
aler, venir, ne converser sceu-
rement parmi nostre royaume ,
285, App.\
CoRGE, gorge. [Etluy feroit gehir
de la co/gela deslojaulc, iy?..\
CouRCHERoiT, châticroit. [ Le duc
Phelipe manda aux gouver-
neurs de la ville de Mous , qii'ilx
rendissent bon compte de la
duchesse Jacqueline , ou si non
il les courcheroit , 253. ]
CouRCHiB , courrouce' , attriste'.
[ Fut le Doffin fort courchie à
son beau-père, 55]; — [fist grant
doeul de la mort de la duchesse
Michielle, sa femme, et moût
en fut courchie, i85.]
Cueillit, prit? [ Parquoi il le
cueillit en grande haine, 18.]
D.
DÉcKPTivEs , trompeuses. [Par
blandices , feintes et de'ceptives
paroles, 282, App.\
DicopÉ, écharpe, déchiré. pMessire
Jehan fut tout de'copéAes Dof-
finois, mais nonobstant il n'en
mourut point, 126.]
Deffui , enfui. [ Et s'est deffui et
assenté, puis çà puis là en au-
cune partie du royaume, 3i8,
App. ]
Débraie, dernier jour, dernière
heure. [ Il l'avoit moût désirée
à voier à son derrain, 5j. ]
Desceu (au), à l insu. [11 exposa
ce que dit est, au desceu du dit
Simon, et lui requist de paix,
5i6, App.'\
Desco>fis , détruits. [ Hz furent
mis en desroy et tous desconfis,
221.]
Descofort, tristesse, douleur.
[ Il y eut grand desconfort des
gens de son hostel , 2.]
Desroier , sortir du chemin , être
en désordre. [Son cheval com-
mencha à desroier et saillir,
i3o] ; — [les Doffinois com-
mencèrent à eulx retraire tout à
tret, sans eulx desroier, 181.]
Desroiz, desroy, désordres, dé-
gât. [ De tels desroiz y eut à
Paris moût pour ce temps, g5] ;
— [là firent les Flamans grand
desroy, 19.]
DÉsoLLER, faire disparoître le sol,
dessoller? [ Tout le dangier que
ceux du marché de Miaux eu-
rent leur vint par la prinse de
l'ille , et pour ce avoit le roy
Henry proposé de la faire dé-
soller, 176.]
Destolr, voyez Estour.
Destourber , détourner. [Destow-
ber les vivres , 28. ]
DooBTOiE>iT , redoutoient , crai-
gnoient. [Et peu doubioient
leurs anemis, se non par traï-
son, 44-]
DouLANT, attristé, fâché. [Et icel-
lui Simon , doutant et courrou-
cié, 5i5, App.]
32(>
GLOSSAIRE.
E.
Embler (s'), s'enfuir. [Elle s'embla
secrètement, 235.]
Emparemens, fortifications ■ [ Pour
cause de garde, réparations,
emparemens , 262 , AppJ\
ENGINS, machines de guerre. [Et
menoient moût i^en^ins et de
grosses bombardes pour tenir
siège, 26]; — [et avoit fait assoir
de grans engins devant le chas-
tel pour jetter dedans, 55]
Enmy, au milieu de. [Et s'en alla
enmj la rue , 3 1 8 , App ■ ]
Ens, dedans. [Mais Ermignas fu-
rent desconûs et reboutés ens,
27.]
Ensuir, suivre. [Pour les débats
qui s'en pourroient ensuir, 258,
App.\
Entremesler, se battre ? [Les Bra-
bançons voulurent livrer ba-
taille aux gens du comte, et fu-
rent sur le poinct d'eux entre-
mesler, i5.]
Entretenement, discipline? [Car
il n'y eut point àH entretenement
en eux depuis qu'ilz sceurent la
mort de leur seigneur ; et s'en
alloit chacun qui mieux povoit,
sans ordonnance, 117.] — Ob-
servation. [Pour la seureté et
entretenement des choses des-
sus dictes, 260, App.\
Esgriffa, e'gratigna. [Voton es-
griffa Lyonnel de son gantelleê
par le visai ge, 2o5. ]
EsLoxGiER, éloigner. [ Et sembloit
que par le moyen de tels débas,
se pourroit le duc Phelipe e^-
/o«g/er d'eux, par quoy leurs
besoingnes en vaudroient de
piz, 238.]
EsMAiER , planter le mai. [Dit qu'il
iroit e.îma/erlejourdemay, 4o-]
EsTACHiER,p/(77i^e7', attacher. [Ung
ponclîon à deux bous devant luy
estachiéen terre, 65] ; — [après
ce que le Roy l'eust fait pendre,
il luy fist estachier son estan-
dart sur sa poitrine , 175.]
Estât , ornement ? [ Moût estoit
dame de sainte vie , et ne por-
toit point d'estai sur son chief,
comme autres dames à elles pa-
reilles, 226. ]
EsTEULE, paille, chaume. [Les mai-
sons de la ville estoient cou-
vertes d'e^^ewZe , i58, note 2.]
Estoffe ( homme de bonne ) , de
mérite, de courage. [Avoit bien
de bonne estoffe, mille hommes
d'armes, 43.]
EsTOQUiER,y/«p^er, briser. [Il luy
fist estoquier son estandart sur
sa poitrine, 175 , note 2. ]
Estoub, choc, combat. [Après que
les Doffinois et le duc eurent
assemblé bataille , il y eut es-
tour d'un costé et d'autre, 168.]
F.
Fachon ( gens de ) , de mérite, de
courage ' ? [La ville estoit fort
garnie de gens de fachon, 26.]
FiNER, venir à bout, afin. [Il avisa
qu'il y avoit une puissante for-
teresse , et qu'elle luy seroit
bonne s'il en poii\o\tf!ner, 206.]
— Terminer. [Par maintes voyes,
Venfnera de ce qui est néces-
saire pour les défenses et re-
couvremens dessus dicts, 288,
A pp. ]
' «Les combatoit par si belle manière, que tous disoient que il avoit bien con-
tenance de homme de/aickon. >• (Manl'scrit de i,a Bibliothèque royale, Fonds
de Baltize, n' loSig', fol. 1R7, recto.)
GLOSSAIRE.
3.7
FoRTRAiT, sousirnit, fit évader.
[ Lequel fortrait vni^ prisounier
hors de la ville, après la def-
fense faite de par le Roy, i46.]
— jRavi, enlevé. [Pour ce que le
duc lui 3i\ oit Jbr trait sa femme,
2.1
FouRMouvoiR, émouvoir? [LesFla-
mans commenchèrent à eux
fourniOHVoir , pour retourner
en leur pais, 20] ; — [le commun
de Paris se fourmeul et firent
grant assemblée, et allèrent aux
prisons, et tuèrent, etc., gS.]
G.
G f.ïi\K , avouer, confe.'iser. [Luy
feroit gehir de sa corge la des-
loyauté, aSa.]
Grencneur , majeure. [Et ardi
toute ou la grengneur partie
des maisons, 297, App.\
H.
Hasterel, cou. [Le duc Jehan luy
Cst coper le hasterel, g5.]
Hastiers ', broches. [Ils se deffen-
dirent de hastiers de fer par
faute de lances, iy4-]
Havaume , heaume, casque. [Fut
ung petit bléchié parmy son
hayaume, 2o3.]
HoTEACX, pelotons? [Et commen-
chèrent à assembler par petits
hoieaux, 65.]
HousEADLx, bottes. [Avec son pour-
point et ses houseaul.r , i5.]
HucHER, appeler. [Le duc Est hu-
cher le duc de Bourbon, 52,
note 2. 1
Ilkc , là. [ Et fust venu en garni-
son ilec, 295, App-\
LsvASiELES, offensives. [Et autres
armeures invasibles, 017, .^pp-]
Irois, Irlandois? [Tous anglois,
irois , normans et autres , 3o4 ,
App.]
Jeu, de gkir, loge, couche', campe'.
[Où il avoit jeu la nuit de-
vant, 66.\
Jeitrent, campèrent. [^tVai jeurent
celle nuit sans riens faire, 62.]
Jeut, de GÉSIR, accoucha. \Yx jeut
assez tost après d'un fils, lôi.J
Juer, se divertir, jouer. [11 ala ung
jour juer.... sur les champs,
2l5.]
Jus, en bas. [Il sailly jus, et s'en •
fui dedens la ville à sauveté ,
216.]
Juz (mettre), renoncer à. [Que ce
seroit grandement contre son
honneur, s'il mettoit juz icelle
' De Hasta. Olivier de La Marclie , dans son Estât de la Maàonda duc Charles
de Bourgogne, dict le Hardy, comprend au nombre des officiers du Tiers estât, ou
troisième classe, le Hasteur, lequel, dit-il , lient le compte du rost avec son avde.
« Les portiers gardent la porte , et doivent prendre garde , quant on va aux
champs, aux chariots qui portent les vasseaux de la cuisine , comme chaudières,
paelle$, grils , hastiers, et autres choses. "
328
GLOSSAIRE.
journée, veu la grant deshon-
neur et injures que le duc lui
avoit mandé par ses lettres ^
240.]
l.EDKNGÀ, g/'o/irfrt, réprimanda. [Il
ledenga moût son frère, 238 ]
Lez (au), à côte, auprès. [Des-
soubz les murs de la cité, au
lez de Baudimont, 48- ]
LoiÉs, liés. [Eux trois ensemble
loic's par les bras , 97. ]
Los, louange. [Il eut le los de bien
combattre sur tous les autres ,
222.]
M.
Mal-talens , jalousies , dépits ,
haines. [ Y eut par plusieurs
fois grandes envies et mal-ta-
leiis, I.]
Marches , frontières , limites. [ Il
mist garnison.... sur les mar-
ches du duc Jehan, 17.]
Meffais, méfaits. [Pour laquelle
chose se soient ainsi meffais
envers Nous, 289, .App.\
MÉSAisiÉs , malades? [Car y en
avoit moût de navrés et de més-
aisiés , qui s'en [allèrent à grant
paine, 66.]
BIescroire, se méprendre, mot à
mot mal croire., croire à faux.
[Et aflBn qu'on ne mescroye mie
de la mort du duc d'Orléans,
j'ay faict faire ce qui a esté faict,
4-j
Mktes , frontières, confins. [ N'y
eut plus de places en l'Ille de
France ne aux mctes d'entour,
212.]
MouRDRiz, MouRDRY, Blessé, mïs à
mort. [C'est pour vostre service
que je suis ainsi mourdriz, 83] ;
— [car le duc Jehan fut mour-
dry, III.]
MuRDRissoiENT, tuoient. [Et les
murdrissoient sans en avoir
nul pitié , 96.]
MussER, cacher. [Sans en celer ou
musser aucuns, 3o5 , App.\
"^KSi^i , blesse. [Estoit horrible-
ment navré en la teste , 2. ]
Nonne, la neuvième heure du
jour, trois heures après midi.
[Et fut celle besoingne par ung
dymence droit à nonne , 27.]
NouvELLETEZ, innovatious , nou-
veautés. [Face mettre au néant
les nouvelletez puis nagaires
faictes ou préjudice du Roy et
de sa souveraineté, 263, App-]
Occuper, accuser. [On vouloit
occuper le seigneur de Giteri
disant qu'il avoit esté consen-
tant de la mort au duc Jehan ,
ï4i-] . ^ .
Offenderoit , contreviendroit.
I Feront serment de les tenir
en seureté et d'estre contre la
partie qui offenderoit, 260,
App.]
OsT, armée. [Estoient escondui-
seurs de Vost, 10.]
Ov , au. [Eu regart ou temps de
quinze ans a, 252 , Jpp.\
GLOSSAIRE.
319
P.
PARGASTOIT, lUOt à IllOt, gàtoit
entièrement. [La discentioQ qui
estoit entre le duc Jehan et les
seigneurs du sang royal, par-
gastoil tout, 66]
Parledt, acheva de lire. [On par-
leut les sept seaumes, 186.]
Passement, consentement? [Car il
avoit promis au traité du ma-
riage de Catherine, et au pas-
sement du duc Phelipe de
Bourgoigne, 188.]
Pièce (grant), long-temps. [Et y
fut çrant pièce au siège , 3i.]
Plante (grant), grand nombre.
[ Et y eult de leurs tentes arses
grant planté, 20.]
Plate, latne ou plaque. [Il por-
toit.... pour chasuble plate d'a-
cier, Si , note 6. ]
PocESSER, posséder. [Sans jamais
pocesser en la couronne, 118];
— [et que jamaiz ne pocesseroit
de nulle seiguourie qui fust au
roy Charles, 194-]
Poste, guise, convenance? {Y Avoit
au royaume de France doubles
officiers; car checune partie
contendoit à les faire à sa poste,
54.]
Pourchas, sollicitation. [Il fut dé-
livré de prison par le pourchas
de Bonne, sa sœur, 54]
Pourchasseront, reclameront. [ Et
qu'ils soient rendus à leurs pa-
rens et amis qui les pourchas-
se jont, 258 , ^pp. ]
PouRPASSA , traversa. [Et pour-
passa le dit duc parmy les pays
au duc Phelippe, 229.]
PourpensÈrent, méditèrent. [Et en
y eut une partie qui pourpen-
sèrent la traïson de mectre à
mort le duc Jehan , 112.]
Presist, prit. [Lequel feit pein-
dre dessus l'huis de son hostel
deux lances.... et disoit-on qu'il
l'avoit faict en signiGance que
quy voudroit à luy paix ou
guei're , qu'il le presist, 7.]
R.
Ralongié, ajourné. [Et aussy la
journée que les deux ducs
avoient prinse pour combattre
l'un à l'autre fut ralongié, 209.]
RÉBELLATioN, révoltc , rébclUon.
[Lesquelz seigneurs firent une
grant rébellation contre le duc
Phelipe, 217.]
Recéans, habitans ? [Quatre bour-
gois des plus notables et re-
céans d'iceîle ville, 3o5, .Âpp-]
Regart, égard. [Si la terre et sei-
guourie ne excèdent la dite
somme de trois cens livres tour-
nois, eu regart ou temps de
quinze ans a, i5i, App.\
Regart (prendre), observer. [Le
duc fist prendi-e regart sur eux
pour sçavoir lequel airoit la vic-
toire, 2o4-]
Relever , prendre possession ?
[Après sa mort, le duc Antoisne
releva la conté de Saint-Pol....
pour son fils , 57.]
Reparoient, résidoient. [ Tous les
seigneurs qui reparoient à la
cour du duc Phelipe , 1 18.]
Rescourre, reprendre , recouvrer.
[ Et ilz le firent monter sur ung
bon coursier.... affin que ceux
du chastel ne le peussent res-
courre , 37.]
Resmeu ' . [ Le duc Phelipe estoil
pour ce temps moult resmeu.
' Nous De comprenons pas bien quelle acception peut avoir 'ce mot dans la
phrase citée. Peut-être faudroit-il lire cresmeu, craint.
33o
GLOSSAIRE.
et estoit de sa personne très
abille en toutes choses donc il
se vouloit mesler, 225.]
Resmeut, e'niut de nouveau, ré-
veilla. [ Par telz choses et moût
d'autres se resmeut la guerre et
l'envie entre les seigneurs de
France et le duc Jehan , 54-]
RiEULLE, rè^le. [Et toute autre
monnoie fut remise à rieulle,
checuneà sa quantité, i88.]
RiEDLLE , peut-être rnelle , sorte
de bouclier. [Lesquels portoient
sur leurs bras une petite rieulle,
en manière d'un roy de soleil ,
241.1
Roquet , « espèce d'arme et bas-
ton de guerre à fer rebouché
(émoussé) dont on combatoit en
lice '. » [Deux lances, dont l'une
avoit fer de guerre et l'autre fer
de roquet, 7.]
Roy, rajon. {Roj de soleil, 241.]
Ruer n^, jeter a bas. [Il vint pour
ruer jus ung logis au duc Je-
han, 82.]
Saulcoy, saussaie. [Un jardin et
un petit saulcoy, 290 , Appi\
Sauldroit, sailliroit. [Et il saul-
droit et iseroit hors dudit huys,
517, App.\
SauvetÉ, abri, sûreté [Il s'enfui
dedens la ville à sauveté, 216.]
Sentemeivt, connoissance. [Ils eu-
rent certaines nouvelles que les
Doffinoisestoient dedens la ville.
, Et quant les Doffinois en eurent
le sentement , ilz s'assemblè-
rent, etc., 180.]
Seronge , SERouGK, heau-frtre.
[Envoia devers le duc de Bour-
gogne, son seronge, 9.]
Simples , tristes, affligés , abattus.
[Après celle journée , les gens
du Daufim furent moût sim-
ples ; mais nonobstant tenoient
tousjours la Bastille ,91.]
SouRGUET , guet. [ En faisant le
sourguet à cheval, 168.]
[Après
son taïon ,
gri
la mort de Charles
193.]
Targa (se), se fit fort? [Et de fait
se targa Davegny d'aler devers
le duc Jehan, 112.]
Tour (au chef du) , finalement.
[Mais au chef du /ourla chose se
remit tellement que le royaume
de France...., 14.]
TouTESVoiEs, toutefois. [Toutes-
voies il nous semble , 257 ,
App.]
Tret ( tout à ) , tout d'un trait ?
[ Les Doffinois commencèrent à
eulx retraire vers Compiègne
tout à tret sans eulx desroier,
181.]
Trins. [Il y eut ung grant assault
tout autour du chastel , et entra
' NicoT. Le sens donné au mot roquet par Nicot convient parfaitement pour
expliquer le passage cité des Mémoires de Penin ; mais peut-être ce mot n'avoit-il
pas une acception aussi spéciale. On voit, dans un autre endroit du même Nicot,
qne « courtois roquets sont dits, par translation,... les roquets dont les fers sont
rabattus, mousses et non esmoulus, desquels on combat soit en lice ou en behourd.»
Le roquet n'avoit doue pas nécessairemeut le fer émoussé , puisqu'il n'étoit dit
courtois qu'après avoir subi cette préparation.
GLOSSAIRE.
33.
bien quatre-vingts hommes de-
dans les trins, i32 , note a]
TuniTioN, garde, defen-se. [Pour
la conservation , tuhition , et
gouvernement de la chose pu-
blique, 249, App.\
\ AiTiis , guettés. [Car ils furent
trop près vaitie's, 07.]
Yespre , soir. [ Envers le vespre ,
24, note 2.]
ViAiRE, visage. [Quant il vit le
viaire au duc Jehan , son père ,
i4i.]
YiLLANME, injure, offense. [Le
menaçant de lui faire villannie
et desplaisir, 5i5, App.] — [Te-
nant sa dite hache de guerre ,
démonstrant lui vouloir courir
sus et faire mal et villannie,
Di%,ib.]
ViLLENoiT, offensoit. [Courroucié
de ce que le dit Bègue le inju-
rioit et villcnoit ainsi , 3i5 ,
App.]
\ iRETON , grande Jlcche empen-
née. [Il fut affollé d'ung vireton
qui le férit à ung assault , 80.]
YiSE ', prompt, alerte. [Luy cuida
lanchier sa hache au visaige ;
maiz Lyounel, qui estoit vise,
luy prinst sa hache, 2o5.]
VocRENT, voulurent. [Les gens du
pais vourent deffendre le
dit pais , 256.]
VouT, voulut. [Et moût se vout
depuis excuser pour sa jonesse,
120.]
Vdille '. [Car on estoit encore
peu vuille au pays de France ,
de telles escharpes, 16]
Yacves, eaux. [ Y avoit de gran-
des yauves , où il avoit fossez
couvertes de bourbe, 127. ]
■ Peut-être faut-il lire viste,
' Nous ne trouvons la signlficatioa de ce mot dans aucun glossaire. Godeiroy
n imprimé : « car on avoit encor peu veu aux pays de France et de Picardie, de
telles escLarpes. »
FIN DU GLOSSAIRE.
TABLE ANALYTIQUE
DES MATIÈRES.
Abbeville, Abeville. Le dac Philippe y
fait mettre le fen, i63; — ses habi-
tans refusent l'eiitrée de la ville aax
désertenrs de la bataille de Saint-
Riquier, i66; — embûche tendue
aa capitaine de cette ville , 167.
jicheux, Cheii. Le roi Henri Y y loge,
61.
ArLLY (Bangeois d'), vidame d'Amiens.
Cité, 3o.
AiLLY (Le Breton d'). Tué en poursui-
vant les Dauphinois, 181.
AiLLY ( Raoul ou Raulequin d') , vi-
dame d'Amiens. Fait chevalier à la
journée de 6aint-Remy-dn-Plain ,
305 — cité, 120 5 — se casse la
jambe, 137; — va mettre le siège
devant le château du Quesnoy, 177;
— cité, 1^8 , 179J — assiste an siège
de Guise , 2i4-
Airaines , Araines. Les deux châteaux
de ce nom tiennent le parti du dau-
phin, 1 72 ; — siège de ces deux for-
teresses ; la ville est incendiée; les
deux forteresses abattues, 179.
Albret f Charles d') , de Labret, de
Labreq. Se ligue avec les princes de
la maison royale contre le duc de
Bourgogne , 35 ; — assiste au siège
d'Arras, 45 ; — cité, 54 ; — marche
contre les Anglois, 39 ; — fait pri-
sonnier à la bataille d'Àzincourt, 65.
Alencon fcomlè <S'),Ahnchon. Sourais
à l'obéissance du Roi par le comte
de Saint-Fol, 29 et 3o.
Ai.EHCON (Jean I-^', duc d' ) , Ai.en-
CHo's. Assiste au siège de la ville
d'Arras, 45.
ALEKr.oN(JeanII,ducd'), Ailenchok.
Fait prisonnier à la bataille de Ter-
neail, 22 r.
Alibaudières , Alibandières , Liban-
dières. Escarmouche devant le châ-
teau de ce nom , 129; — prise de
l'un des boulevards de cette place,
i3o ; — siège mis devant cette for-
teresse ; elle capitule; est brûlée et
saccagée, i3i.
AUens. Voyez Orléans.
Allemagne (empereur d'), Aillemen-
gne. "Voyez Sigismond.
Amboise (Louis, seigneur d'),AîîvoisE,
cité, 225.
Amiens. Assemblée de la noblesse de
France tenue dans cette ville après
la mort du duc d'Orléans, 6 et 7 ;
conférence tenue dans cette ville
entre plusieurs princes, 200.
Amiens ( vidame d' }. Voyez Ailly
( Beaugeois et Raoul d').
Angoclême (Jean d'ORi,ÉAiîs,dnc d'),
Cité, 7 et 8 ; — envoyé en Angle-
terre comme otage, 32 ; — cité, 67.
Anjou (Louis II, roi de Sicile, duc d').
Accompagne Charles VI au siège de
Bourges, 26 ; — cité, 68 , note; —
cité , 195.
Anjou (René d') , duc de Bar, comte
de Guise'. Assemble des troupes
pour faire lever le siège de Guise.
2l5.
Ansauvillier, Ansainviller. Cité, 2r8.
Antoing (Jean de Melun, seigneur d').
Assiste au siège de Guise-en-Thié-
rache, 214; — reçoit de Henri VI
une rente de 200 hvres tournois ,
296, App.
Arcy (Galleh\ult, dit d' ) , Darsi.
' Fils de Louis II, duc d'Anjou, roi de Naples et de Sicile, né au cbàteaii d'Angers, le
16 janvier i4"8 , marié à Isabelle, duchesse de Lorraine; mort le 10 juillet 1480.
334
TABLE ANALYTIQUE
Taé à la bataille de Saint-Riqnier,
168 ; — cité , 3or, App.; 3o2 , -^pp-
Arly ( Lagen d' ) , Darli ( Lagan ),
Chargé par le dac Jean ainsi que
d'antres chevaliers de la défense de
Rouen , io3.
Abmagnac (Bernard, comte d'), Ar-
MiGNAC , Ermignac. Cité, M, note;
— se ligue avec les princes du sang
contre le duc de Bourgogne, i5 ;
— cilé, 16; — sert dans l'armée
royale au siège d'Arras, 45 ; — fait
partie du conseil du Roi, 70; —
cité , 75 , 79; — conduit Charles 'VI
an siège de Senlis , 86; — fait pri-
sonnier à la prise de Paris , 89 ; —
cité, 93, 94, Ç)5,note; — massa-
cré, 96; — son corps mutilé reste
trois jours exposé dans la cour dn
Palais ; est traîné dans les roes de
Paris , 97.
Armagnacs, Ermignas. Nom donné
à la faction d'Orléans ; ils portent
des écharpes blanches , 16 ; — sont
battus dans une saillie qu'ils font an
siège de Bourges, 27; — abandon-
nent plusieurs de leurs forteresses
en apprenant la prise de Paris, 90;
— massacrés par les Bourguignons,
93.
Arras. L'armée du duc de Bourgogne
réunie dans cette ville, i8; — citée,
20 ; — assemblée des seigneurs de
Bourgogne dans cette ville, 38 ; —
assiégée par le Roi, 43; — ses fan-
bourgs brûlés, 44 ; — citée, 45 ; — la
maison du temple sert de logement
au Roi, 4fi ; — saillies faites hors de
la ville à la porte Saint-Michel, ib.;
— engagement entre les troupes du
Roi et celles de la ville, vers le
marc Saint-Michel, 47; — armes
faites dans une mine sons les mnrs
de cette ville, 48 ; — secours envove
aux assiégés , ib. ; — reddition de
cette ville , 49 ; — les bannières du
Roi posées sur les portes de la ville,
ib.-^ — citée, 76; — armes faites
par Poton de Xaintrailles contre
Lyonnel de Vendôme, ao'î. "Voyez
Avesnes (Barète d') , Uaudimont.
Arundel (Thomas I'itz-Allen, comte
d') , Arondel. Conduit un seconrs
d'Augloisau duc de Bourgogne, 20;
— cité, 21, note ; — assiste au siège
de Saint-Cloud, 22; — cité, 23.
Aiimale, Aumar/e, Jmmarle. Le châ-
teau de ce nom assailli par Jean de
Fosseux, 74; — la ville incendiée,
ib.; — citée, loia, 102.
Aumale (Jean de Harcourt, comte
d'), Ammarle. Cité, 102.
AuQuETONViiLE (Raoulet d'), Paclet
d'Antonville '. Assassin dn duc
d'Orléans, 5; — récompensé parle
duc de Bourgogne, 6.
Auxerre, Ausoire. Les ducs d'Orléans
et de Bourgogne concluent un traité
de paix dans celte ville, 28; —
citée, 52, i34
Auxi , Cussy, ville. Citée, 157.
Avesnes (Barète d'). Engagement entre
les Bourguignons et les tronpes du
Roi à la Barète d'Avesnes, horsde la
ville d'Arras , 4(>.
Avesnes-Ie- Comte. Le château de ce
nom occupé parles troupes da Roi
au siège d'Arras , 46.
Azincourt. Les seigneurs de l'armée
frauçoise y logent, 62; — bataille
de ce nom , 65 ; — citée , 73 , 188.
Azincourt (Isambert d'). Attaque les
bagages de l'armée angloise pendant
la bataille d'Azincourt, 64 ; — est
cause que tous les prisonniers fran-
çois sont massacrés, ib.
B.
Bapatime. Assiégée par le Roi, 43 ; —
citée , 44.
Bar (duc de). "Voyez Anjou (René d').
Bar (Edonard, duc de), marquis de
Pont. Fait partie de l'expédition
contreles Liégeois, 11 ; — prisonnier
par la faction cabochienne, 33 ; —
mis en liberté, 34; — se ligue contre
le duc de Bourgogne , 35 ; — cité ,
36 ; — fait partie de l'armée dn Roi
Aiiquetomilla, armiger, fuit receptus in tkesaurarmm Franciœ et solilum prœstttit
sentia ducis Burgundiœ , tertia ùie'avgusli i4o2. (Note extraite àa Fonds de
• Itadulphus d,
Jiiramentum în prœsentta „ _
Caignières, et communifiuée par M. la Cabane.)
DES MATIÈRES. 335
Bourgogn* et de Brabant , ib, ;
cité, lo ; — reçoit, après la bataille
de Liège, latèteducomte dePenveis,
i3; — cité, i4.
Be\ufort ( Philippe , seigneur de) '.
Capitaine de la ville d'Arras , main-
tient les habitans dans l'obéissance
datant le siège de cette ville, /,4.
Beadmont (comte de), Biaumont. Se
joint à plusieurs grands seigneurs
de Fr;ince pour arrêter les conquêtes
du roi d'Angleterre , 69.
Beaumont-sur-Oise. Le cbàteaa de ce
nom assiège par le duc de Bourgo-
gne, 76; — sa reddition, 77.
Beauvoir (Jean de), Biacvoir. Blessé
au siège d'Alibaudières, iSa.
Beaiirevoir, ville. Citée, i5o, 218.
BEDFORn(JeandeLANCASTRE,dQcde),
Bethefort. Assiste à la reddition
de la ville de Cosne-sur-Loire , 184
et i85; — se rend à Yiucennes au-
près de son frère mourant, 186 ; —
confère avec le duc de Bourgogne
sur les affaires de France après la
mort de Henri "V, 187;— cité, 199,
note ; — épouse Anne de Bourgogne ,
200; — nommé régent de France ,
ib. j — se rend à Amiens pour faire
des traités d'alliance avec quel-
ques princes, ib. ; — cité, 201, note;
202 ; — indispose contre lui le duc
de Ricbemont, 204 ; — fait assiéger
la ville du Crotoy, 2o5 ; — assiste à
la reddition de cette ville, 208 ; —
mène avec lui les otages dudit Cro-
toy, ib. j — réduit à son obéissance
plusieurs antres villes et forteresses,
209; — prie le seigneur de Saveuses
d'aller mettre le siège devant Com-
piègne, moyennant qu'il lui four-
nira des troupes et les paiera ,211;
— cité, 2 r4 , note ; — fait fuir l'ar-
mée du roi Charles, 220; — pour-
suit cette armée et l'atteint à Ver-
neuil, ih. ; — gagne la bataille de
ce nom, 222, 223 ; — cité, 224 ; —
assiste à une fête donnée à Paris par
le duc de Bourgogne ; joute pour la
première fois, 225; — mécontent
du duc Philippe, 227; — cité, 228;
' Etoit fils de Baudoin de Beaufort , seigneur de Sairp, de Ccssoye et de Brie, et d'Agnès de
Liedekerquc. Il fut nommé capitaine d'Arras par Jean , duc de Bourgogne, et tué en duel avec
Payeti de Beaufort, son frère unique, dans le faubourg d'Arras, le 24 octobre 1437. CeMe
famille liroit son nom df la lerrc et seigueurie de Beaufort , situées près d'Avesnes en Artois.
I Note communiquée pai M. La Cabane. )
an siège d'Arras, 45 ; — cité, 46 ; —
jnre la paix dite d'Arras, 62 ; — cité,
55 ; — marche contre les Anglois ,
59 ; — tué à la bataille d'Azincourt,
65.
Bar-le-Duc , ville. Citée , 55.
Barbazam ( Arnanlt Guilhibr de ) ,
Barbesan , Barbasan. Gouverne le
Roi et le Dauphin , 70;— cité, 72,
note ; — 1 11; — capitaine de Melun,
145 ; — rend cette ville à Henri "V,
ib. ; — conduit prisonnier à Paris ,
146; — innocent de la mort du duc
de Bourgogne, ib.; — envoyé tenir
prison au Chastel-Gaillart, ib.
Bastille (la). Sert de refuge aux Arma-
gnacs, 89 ; — le Dauphin y est con-
duit, 90; — tient pour le Dauphin,
91 ; — rendue au sire de L'Isle-
Adam, 92 ; — le sire de Barbasan y
est renfermé, 1 46 ; — le roi d'An-
gleterre en donne la garde aux An-
glois, i5i ; — le sire de L'Isle-Adam
y est conduit prisonnier, i56.
Battdimont , faubourg d'Arras , Baii-
divont. Le duc de Bourbon v loge,
46; —cité, 48-
Bavière (Isabelle de), reine de France.
Citée, 26, nofe; — 49, note; — 53; —
58, note; — reléguée dans la ville de
Tonrs, est mise en liberté par le duc
de Bourgogne, 81; — conduite à
Chartres, ib. ; — reprend le gouver-
nement du royaume, ib. ; — se re-
tire à Troyes avec le duc de Bour-
gogne , 86 ; — citée, 108, 1 10, 129,
i36 ; — assiste à nne fête donnée à
Paris par Philippe, duc de Bour-
gogne, 225 ; — envoie ses ambassa-
deurs en Dauphiné, chargés de ses
instructions auprès du gouvernenr
de cette province , 248 , App. ; —
envoie ses ambassadeurs au lien
nommé de La Tombe, afin de traiter
delà paix avec ceux du Roi, du
Dauphin et les cardinaux des Ursins
et de Saint-Marc, -iSS , App.
Bavière (Jean de). Cause la rébellion
des Liégeois en voulant se marier, 8;
— assiégé dans sa ville de Trect, 9;
— demande secours aux dacs de
3:j6
TABLE ANALYTIQUE
— désapprouve la querelle entre son
frère, le duc de Glocester, et le duc
de Bourgogne , 237 j — passe en
Angleterre afin de rétablir la paix
entre ces deux princes , 238 ; —
fait abandonner au duc de Glocester
son projet de guerre contre le duc
Philippe, a39 ; — revient en France,
ib.-^ — se rend à Hesdin, près du duc
de Bourgogne, et essaie vainement
de le ramener à des sentimens pa-
cifiques, 9,40; — cité, 241, note; —
cité, 242; — revient à Paris, ib.-^ —
apaise la querelle entre les deux
ducs de Bourgogne et de Glocester,
ib.
Beine, Baine. La forteresse de ce nom
pillée, 78.
Bellay (bâtard de), Beille, Belloy.
Fait prisonnier au siège d'Arras ,
48 ; — capitaine du château de La
Ferté : le rend au roi Henri "V, t55.
Bellemote (château de). Sert aux assié-
gés d'Arras à correspondre plus sû-
rement avec le duc de Bourgogne,
44; — cité, 46.
Berry ( Jean de France , duc de ).
Cité , 3 ; — s'oppose à l'entrée du
duc de Bourgogne dans la chambre
du conseil , 4 ; — se ligue avec les
princes de sa maison, contre le duc
Jean, i5; — cité, 24, note; 2.5; —
assiégé dans sa ville de Bourges par
Parmée du Roi, 26 ; — se réconcilie
avec le duc de Bourgogne , 28 5 —
présent an traité de paix passé à
Auxerre , ib. ; — cité, 49» note ; —
192 , note.
Déthune , Bétune. Troupes assemblées
vers cette ville, 48-
BÉTHCNE (Jeanne de). Citée, 3o, note;
12S.
Bière (Guillaume de). Accuse le sei-
gneur de Guitry d'avoir été com-
plice de l'assassinat du duc Jean, et
veut le combattre, 142.
Bi.AMMoNT (comte de). Yoyez Blanc-
mont.
Blancmont (comte de). Tué à la ba-
taille d'Azincourt , 65.
Blandy (forteresse de). Le duc Phi-
lippe y loge, 142.
Blangj-sur-Ternoise, ville, Blangy-en-
Teriioise. Citée , 62.
Blanque - Taqiie , Planque - Taque ,
Blance-Taque . Citée, 60, 74, i63 ,
164.
Blondel (Jean de). Reprend posses-
sion de sou château de Douriers ,
171; — abandonne le parti du duc
Philippe de Bourgogne , 217 ; —
obligé de s'enfuir, 2 1 8 ; — banni et
ses biens confisqués, ib. • — cité,
298, App. ; —299 , Jpp.
Bonneval, ville. Citée, aS.
Bannières- Bestalon. Le roi Henri y
loge , 61.
BoNTERY. Tué à la prise de Compiè-
gne, 99.
BoNTOuviLLER (le seigneur de). Com-
mis à la défense de Sens, i38.
BOQUIAUX , BOSQCIADLX , OU Bos-
QUiEULx ' ( le seigneur de ). Prend
la ville de Compiègne , 98 ; — fait
décapiter un frère du seigneur de
Chierves , 99.
BoucrcAULT ( Jean Le Meingre, dit),
BoucHiGAUT. Se joint aux seigneurs
de France pour repousser les An-
glois, 59 ; — prisonnier à la bataille
d'Azincourt , 65.
BouFFLERs ( Nicaise de) , Bonfleurs ,
BoNFi.BRS. Capitaine du château
de La Ferté , i55 ; — se rend aux
Dauphinois, 159.
BouRBERCH ou BoMBERCH ( Edmond
de) , BoNHERCH ". Fait prisonnier
par les Dauphinois, 161 ; — meurt
en prison, ib. ; — cité, 296, App.
Bourbon ( Charles de ) , premier da
nom , comte de Clermonl. Epouse
Agnès de Bourgogne, 226.
Bourbon (Hector, bâtard de). Accom-
pagne le Roi au siège de Compiègne,
provoque les assiégés, ^o \ — blessé
à mort au siège de Soissons, 4r.
Bourbon (Jeanl'^"', comte de Cler-
mont , duc de). Entre dans la ligue
formée contre le duc de Bourgo-
gne, i5 ; — cité, 23, note ; 25 ; —
assiste au siège de Bourges , 27 ; —
■ Messire Raoul de Boquiaux , chevalier cl chambellan du Roi , fut ordonné capitaine et parde
du château et de la tour du pont de Choisy le 1 3 novembre 1 4 1 3. ( Note communiquéf par M. La
Cabane. )
' Le père Anselme le nomme Edmond d'Abbeville, seigneur de Boubcrs ( v, 321) ■.
DES MATIÈRES.
337
se ligne de nouveau contre le duc
de Bourgogne, 35 ; — fait partie de
l'armée du Roi dirigée contre le dcc
Jean, 'ig; — cité, 40, 4' ; — solli-
cite la mort d'Enguerrand de Bour-
nonville, 42 ; — cité, 45 ; — assiste
au siège d'Arras , 46 ; — demande
qu'on enterre les morts, 47 ; — hé-
site à jnrer la paix d'Arras, 62; —
s'arme contre les Anglois , Sg j —
fait prisonnier à la bataille d'Azin-
court, 65 j — cité, 67, -i^ô, noie.
Bourbon (Louis II, duc de). Assiste
au conseil tenu après la mort du
duc d'Orléans, 3 ; — cité, 40, note.
Bourbon ( Pierre de ) , seigneur de
Préaux '. Commis à la défense de
Melun, 145.
Bourdon (Louis de). Prend le seigneur
de Ront, 24 ; — fait prisonnier à la
prise d'Etampes , 25.
Bourges. Siège de celle ville, 26; —
proposition de paix entre les assié-
gés et les assiègeans, 28.
Bourgogne (Agnès de). Epouse Char-
les de Bourbon, 227.
Bourgogne ( Anne de ) , duchesse de
Bedford '. Accordée en mariage au
duc de Bedford , 19g j — cilée , 200 ,
ftoee; — 201, note ; — 224; — assiste
à une fête donnée à Paris par son
frère le duc de Bourgogne, 225.
Bourgogne (Michelle de France , du-
chesse de). Cilée, 92, note ; — 118,
]5o, 1705 — meurtàGand, 182;
— sa mort ne paroit pa.s naturelle,
ib. ; — citée, i83.
Bourgogne ( ducs de). "Voyez Jean-
sans-Peur , Philippe-le-Bon.
BouRNEL (Louis), Bureu. Abandonne
le parti du duc de Bourgogne, i52 ;
— cité, 1.^3, noce ; — fait prisonnier
à la bataille de Saint-Rlquier, 169;
— remis en liberté eu échange de
la ville de Saint-Riqnier rendue au
ducde Bourgogne, 170;— cité, 295,
y4pp. ; — 29(), --ipp. ; — 3o3, -^pp.
BocRNONViLLE ( Eugucrrand de), £n-
gxtrran , Enguerrain. Cité, i r, note ;
— fait partie de l'expédition contre
les Liégeois, 12 ; — attaque la ville
de Saint-Clond , 22; — assiste au
siège d'Étampe«, 24; — conduit
l'avant-garde de l'armée royale , au
siège de Dun-le-Roi, 26; — essaie
vainement de pénétrer dans Paris,
37 ; — commis à la défense de Sois-
sons , 38; — indispose contre lui
les haliitanls de cette ville, 41 ; —
fait prisonnier, 42; — décapité, ib.
BouRNONViLLE ( Jeau , dit Lionnel
de), BouRNOviLUE. Cité, 106; —
surprend la ville de Gallifontaine ,
y met le feu , 107 ; — retenu pri-
sonnier dans le château de Coucy,
127 j — s'empare, avec d'autres pri-
sonniers, du dit château, ib.; — ea
ouvre les portes à Jean de Luxem-
bourg, 128: — fait chevalier au
siège de Toussy, i33 ; — fait armes
contre nu dauphinois, devant Saint-
Riqnier, 160 ; — essaie vainement
de prendre la ville de Compiègne,
210 , 211.
B0URNONVIT.1.E (Robert de), dit /e
Roux, BocRNOViLLE. Attaque le.s
bagages de l'armée angloise , durant
la bataille d'Azincourt, G4; — est
cause du massacre de tous les pri-
sonniers francois, ib.
BouRNONViur.E ("Valeran de), Bodr-
NOviLLE Tué devant le château de
Moymer, ou Moyennes, 199.
Boi>e, Bone. Le roi d'Angleterre y
loge, 60.
Brabant (Antoine de Bourgogne, duc
de). Cité, 4, note; 8, note; i5; —
aj)aise une querelle survenue entre
ses troupes et celles du comte de
Sainl-Pol , iG; — donne le gonver-
nemsnt du Luxembourg au comte
de Saint-Fol, 55; — prend posses-
sion des biens du dit comte de
Saint-Pol, pour son neveu Philippe,
ôr ; — tué à la bataille d'Azincourt,
65 ; — cité , 67, 1 19.
Bradant (Jean de Bourgogne, duc
' Fenin lui donne par erreur le prénom de Jeau.
' A l'appui des renseignements fournis par Dugdale sur l'épnqne de la mort de cette prin-
cesse, nous avons cité Monstrelet. Nous aurions pu, et peut-èlre dii, mentionner encore le pas-
sage suivant du Journal d'un bourgeois de Paris (i53) : « KUe Irespassa en l'ostel de Bourbon,
cmprès le Louvre , le trei/.icsme jour de novembre i^'ii, deux eures après raynuit, entre le jeudy
el le vcndredy.... Le sabmedy ensuivant elle fut enterrée aux Célestins, et sou cucur fut enterré
aux AugDstins.»
22
338
TABLE ANALYTIQUE
de") , Brebant , Breubant ' . Cité ,
57 , 67 , 227, note ; — est aban-
donné par sa femme , 228 ; — cité,
.«59, siSo, i3i , 233 , a'^S, 241.
Braine-le-Comte , en Hénaiit. Assié-
gée par le comte de Saint-Pol ,
23 1 ; — abattue, ib.
Bray-siir-Seine . Ci tée , 112, 1 1 7 .
Brebant (Pierre, dit Clignet de).
Bradant. Poiirsnit vainement le
duc de Bour<;ogne, et revient à
Paris, 5; — cité, 54.
I'retagne ( Jean VI, due de). Mène
un seconrs à l'armée françoise , à
Azincourt , 61 ; — arrive à Amiens
après la bataille perdue, 66; — fait
alliance, dans la ville d'Amiens, avec
les dncs de Bourgogne et de Bed-
ford , 200 \ — retourne en Breta-
£;ne , 202.
lireteuil , Bretoul , Breteul , \\\\e. Ci-
tée, 20 , 218.
Breitil , Brelle . Les gens du Roi tien-
nent le cbâtean de ce notn , 85.
Biie-Comte- Robert, Bri- Conte-Robei-t,
ville. Citée, i85.
Bricnne, Briane, ville. Citée, 173.
lÎRiMEU (Atis de). Fait prisonnier aa
siège d'Arras, 48, note -^ — tombe
malade au siège devant Melun , et
meurt à Paris, 148.
Brimeu (David de), seigneur de Hum-
bercourt. Possesseur du château de
Bris, 83; — cité, 121; — prend
de sa main le marquis de Serre et
Louis de Bournel , 169; — reçoit
de Henri "V'I une partie des biens
du seigneur de Rambnres, 262,
App.
Brimeu (Denis de), .seigneur de Hum-
bercourt. Voyez Hcmbercourt.
Brimeu ( Florimond de). Tué à la ba-
taille de Liège, i3.
Brimeu (Girard , bâtard de) '. Chargé
par le duc Jean de la défense de
Rouen, io3.
Brimeu (Jacques de). Fait prisonnier
au siège d'Arras , 48 , note ; — par-
vient à s'échapper, 49 ; — fait che-
valier par Hue de Lannoy, 180 ; —
assiste , en i43o, au siège de Com-
piègne , 246 , App.
Brimeu (Robert de). Tué à la bataille
de Brawcrshaven, 236.
Bris (château (le). Pris par Hector de
Saveuses, 83.
Bronsac (Gautier de). Prend la ville
de Compiègne pour le roi Charles ,
2to ; — fait plusieurs prisonniers ,
ibid.
Broussart (Gaultier de). "Voyez Bron-
sAc (Gautier de).
Bruxelles, Brousalles, Bronsselles. Ci-
tée, '2Z6, 237.
BucHAM (comte de), Bouscans. Cité,
22t.
c.
Caboche (Sirae^ Le Bocteiller, dit).
L'un des chefs de la faction des bou-
chers , 33 ; — cité , 34 , note,
Caen , ville. Citée, 100.
C vignart. Défend le cbâtean de Moy-
mer ou Moyennes , assiégé par le
comte de Salisbury, 198.
Calais. Arrivée en cette ville du roi
Henri V et de son armée , 66 ; —
entrevue entre ce prince et le duc
de Bourgogne, 6*^ ; — Henri Y et
Catherine y passent pour aller en
Angleterre , i 5 1 ; — Henry Y arrive
dans cette ville avec nne nombreuse
armée, i55 ; — citée, 229, 238.
Camberonne (Coquart de). Cité, 2o5,
206 , note; — lieutenant de Jacques
d'Harcourt, au Crotoy, 208.
Cambray, ville. Citée, 18.
Campremi ( Riflard de ) , Camremy.
' Il <T été (lit, page 57 , noie 3, que ce prince mourul Ifi 17 avril 1427. Ce renseignement,
puisé dans le r. Anselme , est fautif. L'année i'\7.-j ayant commencé au 20 avril , jour de Pâques ,
c'est à l'année 1426 qu'appartient le dix-sepliémc jour du même mois.
' Nous avons dit (page io3 ) que le b.îlard de Brimeu étoit , en i45î , prévôt drs maréchaux
de l'armée du duc Philippe , et nous avons cité Mathieu d'Escoucby comme garant de cette asser-
tion. Peut-être aurions-nous dû remarquer que cet historien attribue ces fonctions à Girard de
Brimeu, sans lui donner la dénomination de bâtard; d'où l'on pourroit, à toute force, conclure
qu'il avoitcn vue un personnage autre cpie celui qui est nommé par l-"enin.
DES MATIÈRES.
339
Fait armes contre le bâtard de Ra-
tèqoe , 204 ; — reçoit de Henri TI
des lettres de rémission d'avoir servi
le parti dn Dauphin , 007 , yipp.
Canart. Toyez Caignart.
Cany (Anbert Le Flameîîc, seigneur
de), Cani. Sa femme est eolevëe
par le doc d'Orléans, 2; — soop-
çonné d'être l'anteur de la mort de
ce prince , ib.; — disculpé de cette
îroputation, 3.
Capelcche, bourreau. Décapité, gS.
Catherine de France, reine d'Angle-
terre. Citée, 58, note; — conduite
à Chartres, avec sa mère, par Jean,
dnc de Bourgogne, 81; — deman-
dée en mariage par Henri "V, 108;
— se rend dans la ville de Troyes,
110; — citée, iiS, 119, iï5; —
promise aa roi d'Angleterre, 129';
— un chevalier anglois reste auprès
d'elle , ib. ; — citée , 1 35 , note ; —
fiancée et mariée, i36; — citée,
13^; — part pour l'Angleterre, 1 5i ;
— revient à Paris, 177; — accompa-
gne le corps de son mari en Angle-
terre , 187; — citée, 188, 193.
Caumokt (Bertran de), Camont. Fait
sauver un prisonnier, 146; — dé-
capité , ib.
Caumont (Jean de). Tué, avec Jacques
de Harcourt, en voulant faire pii-
sonnier le seigneur de Parthenay,
208; — s'empare delà forteresse de
Marenil , 3o8 et 3o9 , ^pp-
Cayeu ' . Cité, 2o5.
Célestitis de Paris, Le duc d'Orléans y
est enterré , 3.
Cercamp (abbaye de), Hoie-de-Champ,
dans le comté de Saint-Pol. Citée,
56.
Châlons, Chalon , Challon , ville. Ci-
tée , 127, 209.
Chambly, Cambesch, CamMj. Le duc
Jean y loge une partie de ses gens,
76.
CHAMPDrvERs(GnilIanme de), Sandi-
VERS. Assiste an .',iége d'Arras, 43.
Champien, Chempien. Les Flamands
logent dans cette ville, 122.
Chawtemerie ( Philibert de), Chan-
TEMEtE. Prend qoeielle avec Hec-
tor de Savca.ses, 92.
Charenton (pont de), Carenton. Cité,
94.
Charité-sur- Loire ( la ) , v ille. Citée ,
26-28 ; — tenue par les Dauphinois,
i85.
Charles TI. Cité , i ; 2 , note ; 2s ;
24, note; — fait ses mandements
de troupes pour assiéger Bourges,
i5 ; — met le siège devant Dnn-le-
Roi, 26; — assiège Bourges, ib.;
— cité , 27 ; — consent à la paix ,
28 ; — ciié , 2g, 3o , 34 , 35 , 37,
note ; 38; — JNl arche contre le duc
Jean, 39; — assiège Conipiègne,
ib. ; — cité, 40; — met le siège
devant Soissons, 41 ; — prend cette
ville d'assaut , 42 ; — fait décapiter
Engnerrand de Bournonville , ib. ;
— Assiège Bapaumesj puis Arras;
43 ; — cité 44-4S ; — consent à la
paix, 49; — fait mettre ses ban-
nières sur les portes de la ville d'Ar-
ras , ib. ; — cité , 5 1 ; 53 , note ; 54 ,
note ; 58 , note ; — son armée pour-
snit Henri "V, qui vent passer la
Somme, 60; — cité, 67-70; 73,
note; 76, 76, note; 79, 8r; —
met le siège devant Senlis , 86 ;
cité 87, 89-91, 94; — approuve
tout ce que fait le duc Jean ,93; —
cité, 98, note; loi , 102; — se
rend à Beanvais accompagné du
duc de Bourgogne, 106; — con-
vient d'î.ne entrevue à Melnn avec
le roi Henri, 107; — négociations
rompues , 108 ; — va à Troyes avec
toute sa famille, 110; — cité, 112,
note; 116, note; 118-12T, 126;
126 , note ; — consent à donner sa
fille au roi Henri V, 129; — cité,
i36; — reconnoit le roi d'Angle-
terre pour son héritier, et succes-
seur au trône de France, i37 ; —
met le siège devant Sens, i38; —
assiège Monlereau, 139; — se rend
an siège de Melun , i44; — L-ité ,
14(5, note ; — revient à Paris, 149;
— cité, i5o , note ; 170 , 1S2, 18S j
— meurt à Paris; enterré à Saint-
Denis, 191 ; — surnommé le liien-
Aimé , ib. ; — est pris de son pre-
mier accès de frénésie , dans la ville
du Mans , ib. ; — à quelle occasion ,
ib. ; — cité , 192- 1 gS ; 227, note ;
ICaveuX-sur-Mer (Somme , arroudissemciil Je Saim-ralerr-sur-Somme.)
34o
TABLE ANALYTIQUE
228 ; 241, note ; — envoie ses am-
bassadeurs au lieu dit de La Tombe,
pour traiter de la paix avec ceux
delaKeine, du Dauphin, du duc
de Eourgogne , et les cardinaux des
Ursins et de Saint -Marc, 2d5.
Chari.es TII , dauphin, duc de Tou-
raine, depuis roi de France. Cité,
29, «oie; 68-70 , 79, Si; — con-
duit à ia r.iisîille par Tannesiny Du
Chastel , 89 ; — cherche à s'empa-
rer de Paris, go; — cité, 91 5 —
reste à Melun, 92; — cité, 98,
lofi ; — a une entrevue avec le duc
de Bourgogne , 108 ; — fait la paix
avec lui, 1095 — c\iê, iio; — se
met contre les Anglois, conjointe-
ment avec le duc de Bourgogne,
1 1 1 ; — mande ce prince à IVIonte-
reau , 112; — cité, n3; ■ — le duc
de Bourgogne assassiné en sa pré-
sence , ii/i; — ciîé, if5-ii8; —
déshérité, 119; — veut s'excuser
de la mort du duc Jean , i 20 ; —
renvoie ceux qui lui conseillèrent
ce meurtre, /^.,- — cité, i36,i38;
— voit avec peine l'alliance du roi
Henri avec sa sœur, 189; — pro-
met de secourir la ville de Melun,
i45; — appelé à la Table de Marbre,
i4q; — cité, i52, 170-172, 180-
182; — fait assiéger Cosne-sur-
Loire, 184; — cité, i85 ; igS , note;
— prend le litre de Roi, it)4; —
est entouré de mauvais conseillers,
195 ; — son caractère , ib. ; — pro-
pose la })aix au duc Philippe, et
renvoie ceux qui furent coupables
de la mort du duc Jean , 196 ; — se
réjouit de la mort de Henri V, «6.,-
— fait assiéger Gravant, 197; —
«ité, iqS, 199 'i — nomme le comte
de Richemont son connétable, 204;
— cité, 2o5, 206, 209; — fait pren-
dre Corapiègne, 210; — ciîé, 21 1 5
— forcé de rendre celte ville, 2T2;
— cité, 2i3,2i7, 219; — assemble
ses troupes pour aller à Ivry, 220 ;
— évite de combattre l'armée du
duc de Bedfort , et se retire vprs
^erneuil, ib.; — perd la bataille
de ce nom , 221 ; — n'assiste à au-
cune bataille, 222; — cité, 223 ;
224, note; 22S, 226; — propose
la paix an duc de Bourgogne , 2Ï7 ;
— cité, 228; — envoie ses ambas-
sadeurs au lieu dit de La Tombe ,
pour traiter de la paix avec ceux
du Roi , de la Reine , du duc de
Bourgogne, et les rai-dinaux des
Ursins et de Saint-Marc, 255, App.;
— expose au gouverneur, geus da
conseil , et chambre des comptes du
Dauphiné, les motifs qui lui ont
fait refuser d'accéder à la paix de
Saint-Maur-des-Fossés, 271, App. ;
— leur envoie le traité tel qu'il
l'avoit proposé, 274. App.; — cité,
294 , note , App.
Chartres, ville. Ouvre ses portes aa
duc de Bourgogne, Si ; — la Reine
et sa fille Catherine viennent y de-
menrer, ib. ; — événement tragique
arrivé dans cette ville , 82 5 — citée ,
83, .55.
Chartres (Hector de). Fait prison-
nier lors de l'entrée des Bourgui-
gnons dans Paris , 89 ; — massa-
cré , 96.
Chartres (Réginald de) , archevêque
de Reims. Ordonne au duc d'Or-
léans de jurei la paixd'Arras, 5i.
Chassenage (seigneur de), gouver-
neur du Dauphiné. Répond aux
ambassadeurs de la Reine, 25 1 ,
App.
Chastel- Gaillard. Le seigneur deBar-
basan y est détenu prisonnier, i4(>;
— château royal, 293 , App.
Châtelet (le Petit), Chastellet. Mas-
sacre des pri.-ionniers y détenus, 96.
Chaufour (Henry de), Caufour
(Henry du). Blessé au siège d'Ali-
baudières ; meurt, i3i.
Chaule ( Henri de Boissy, seigneur
de), Chanle. Fait prisonnier, 53 ;
— mis en liberté , 54-
Chaumont (Denys de). Un des chefs
de la faction des Bouchers, 33.
Chevaliers de Picqnigny. Nom donné
à ceux qui abandonnèrent la ban-
nière du duc de Bourgogne, à la
bataille de Saint-Riquier, 167.
C.HiÈvuES ( seigneur de ), Chinf,res,
SiNÈRE. Beau-frère d'Hector de Sa-
veuses j fait prisonnier à Coni -
jiiègne, 98 ; — conduit au chàtean
de l'ierrefonds, 99; — un de ses
frère.s, qui veut le sauver, est rais ii
mort, ib.
Chin (seigneur de). Voyez. Tian.
DES MATIERES.
34 r
CuorsY (seigneur de'. Voyez Coursy
(seigneur de).
daman, Clamet, village. Cité, 79.
Ci.ARE>CE ( Thomas, dnc de). Accom-
pagne .«ion frère Henri "V à Troyes,
iS/i; — Va faire la guerre en Basse-
Normandie, i5i ; — Lieutenant de
Henri V, i.53 ; — rencontre les
Dauphinois vers Dreux, ib.; —
perd la bataille dite de Bangé, i54;
— tné, ib. ; — son corps est repris
par les Anglois, i55 ; — cité, 807,
App.
CtERMosT, voyez Bourbon (Jean \" ,
duc de).
CoBERT (Jacoiin de), Covert. Porte
l'étendard de Jean de Luxembourg
à la prise de Ham, 212; — reçoit de
Henri "VI, en considération de ses
bons services, des biens confisqués
.snr deux personnes, 320, App.
Cohen (Louis de Berghes, seigneur
de). Capitaine ci'Abbeville, l56; —
refuse l'entrée de la ville aux déser-
teurs de la b.itaille de Saint-Riquier,
166 ; — blessé, 167; — à quelle oc-
casion, ib.; — tient garnison à Rue,
T71.
Coisy, ville. Se rend au Roî, 91.
Compiègne. Citée, 87 ; — assiégée par
Charles TI, 39; — sa reddition,
40 ; — citée, 41 ; — le comte de
Ponthieu , dauphin de France ,
meurt dans cette ville, fig; — citée
74, 85 ; — ouvre ses portes an Roi,
92; — prise par trahison, 97; —
reprise par les Armagnacs, 98 j
— citée, 99 , 1 22 , 1 23 ; — se rend à
Henri "V, 177; —citée, 179, 181 ; —
prise par les Dauphinois, 210; —
assiégée par les Bourguignons, 211;
— le sire de L'Isle-Adam en est nom-
mé capitaine, 212. — Voyez Pierre-
fonds (porte de).
Conchy - sur - Canche , Coussy - sur-
Taiice , ville. Son église, assaillie
par les Dauphinois , est brûlée ,
162.
CoNFLAirs (seigneur de). l'hait prison-
nier à la bataille de Saint-Riquier ,
168; — mis en liberté, 170.
CoNVERSAN (Pierre de Luxembourg,
comtene).RemplaceJeaQdeLuxeui.
bourg au siège d'Alibaudières, i3ij
— contraint cette forteresse à se
rendre, y fait mettre le feu, i32 ;
— retenu prisonnier dans Meaux ,
173 ; — miseu liberté avant la red-
dition de cette ville, ib.; — met le
siège devant Braine-le- Comte, 23 1;
— reçoit Tordre de ne pas livrer ba-
taille au duc de Giocester, 233.
Corbeil, Corbel , Corbeul, ville. Assié-
gée, 80; — citée, loS, 143.
Corbie, Corbere, ville. Citée, 76, 121.
Cornwai.ï, ( Jean de), Cornou aii.t.e.
Est envoyé par le roi d'Angleterre
contre le seigneur de Morenl et Jac-
ques de Harcourt, !o5; — cité, 123,
note; — fait prisonniers plusieurs
dauphinois ayant s.Tuf-condnit de
Jean de Luxembourg, i23; — va
traiter, au nom du roi Henri, de la
reddition de Sens, 1 38 ; — refuse de
parler à un gentilhomme envoyé à
cet effetpar les habitants de la ville,
parce qu'il n'a pas fait couper sa
barbe, ib.; — son fils tué an siège
de Meaux, 176.
Cosne-siir-Loire , Coisne - sur-Loire.
Assiégée par les Dauphinois, 184;
— secourue par le duc de Bourgo-
gne, i85.
Coucj{\j comté de), Coussy. Citée,
216.
Coucy-en- Laoïinois , Conssy. Assiégée,
3i ; — la tour du donjoti miuée,
ib.; — prise du château par les pri-
sonniers qui y sont détenus, 127; —
citée, 128 ; — siège de la ville par le
sirede L'Isle-Adam, 1 33^ — défendue
par les bon.«-hommes, ib. — Toyez
Tour de maître Ou don (la).
CoucY ( Perceval, bâtard de), Coussy.
Assiste à la bataille de Saint-Ri-
quier, i65.
CoURSY (seigneur de). Quitte le parti
des Anglois etdudncde Bourgogne,
222.
Courte-Heuse (Guillaume) '. Assassin
du ducd'Orléaus, 5; — réconijjcnsé
par le dnc de Bourgogne, <">.
Courti. Cite, 179.
' Écuycr. Éloit capiuinc du cUàleau de La Moiitoirc, eu l'itardic, en rainue M'"- " |>"rl<>lt
pour armes une croix azurée et une étoile au premier r|uarlier de l'en;. ( Nnte eommimii/utc par
.*f. Ln C'ahnne. )
^■î
TABLE ANALYTIQUE
CouRTiAMBE ( Jacques de ), Codrte-
Jambe. Porte la bannière du duo de
Bourgogne à la bataille de Liège,
i3 ; — récompensé de ses bons ser-
vices par le roi Henri "VI, s;45, ^pp.
Coux (Philippe de). "Voyez Quecs
(Jean de ).
Cravant, Carbens, Carbeux, Carvens,
ville. Assiégée par le connétable
d'Ecosse, 197 ; — bataille de ce nom,
ib. et 198^ — citée, 223.
Crécy -sur-Serre , Cressy-sur-Sère. Le
duc de Bourgogne y loge, 1 26.
Creil, ville. Se rend au Roi, 92.
Crépy-en~Laonnois , Crespi-en-Lan-
nois. Citée, 12.5; — escarmouche
devant cette ville, 126; — assiégée
par le duc de Bourgogne, ib.; — sa
reddition, ib.; — ses fortifications
abattues, 127.
Cressonsacq, Cressonsac, ville- Se rend
à Henri V, 177.
Crevecoedr (Jacques, seigneur de );
Crieveceur. Tient garnison à Com-
piègne, 97; — fait prisonnier, 98 ;
— conduit au château de Pierre-
fonds, 99 ; — mis en liberté, ib.; —
cité, 161 , note ; — va à la décou-
verte des Dauphinois, 162; — en-
voie deux prisonniers an duc de
Bourgogne, pour lui faire connoître
les intentions de l'ennemi, i63 ; —
poursuit l'armée du Dauphin, 164.
Crevecoeur (Jean de), Crieveceur ,
seigneur de Prosart. Fait prisonnier
par les Dauphinois, durant le siège
de Saint-Riquier, 161.
CroissY. Cité, iS?.
Crotoy (le). Le comte de Harconrt y
est conduit prisonnier, 102; — JaC"
ques de Harconrt en est fait capi-
taine, m; — cité, iSa, 168, 171 ,
181 j — assiégé, 2o5; — se reud ,
ib.; — cité, 2o5, 206 ; — les Anglois
en prennent possession, 208 ; — ses
habitants prêtent serment aux An-
glois, 209.
Crot (Antoiiie, seigneur de). Sert
sous Jean de Luxembourg, 120; —
assiste à la prise de Roye-en-Ver-
mandois, 122; — refuse de livrer
son frère bâtard à Jean de Luxem-
bourg, 124; — assiste au siège d'Ali-
bandières, i3i; — cité, i32; — fait
chevalier avant le siège de Tonssy ,
i33; — cité, 142; — reçoit le goa-
verneraent de Nelle en Tardenois,
2ia; — cité, 219; — envoyé an duc
de Brabant pour aider à repousser
le duc de Glocester, 23o.
Croy (Butor, bâtard de). Attaque plu-
sieurs Dauphinois ayant uu sauf-
conduit, 123 ; — tué au siège de
Montereau, 142.
Croy (Jean de). Enlève les enfants du
comte d'Eu, 23 ; — conduit prison-
nier à Mont-lc-Héry , 35 ; — par-
vient à s'échapper, 37.
Croy (Jean, seigneur de). Fait partie
de l'expédition contre les Liégeois,
1 1 ; — fait prisonnier, 23 ; — échan-
gé contre les enfants du comte d'Eu,
24; — capitaine de l'avant-garde
de l'armée royale, au siège de Dun-
le-Roi, 26 ; — fait enlever son fils,
détenu prisonnier à Mont-le-Héry,
36 ; — cité , 37 ; — conduit un .se-
cours d'hommes ans assiégés d'Ar-
ras, 48,
Dampierre (Jacques de Chatillon,
seigneur de), DantpiÈrf. , Dam-
riÈRE. Amiral de France, .^4; —
s'arme contre les Anglois, 69; —
tué à la bataille d'Azincourt, 6.'Ti.
Damvillers, Danbille, DanviUier, ville.
Citée, .IS, 56.
Dnvesnecoun , DanencotirC. La ville et
le château de ce nom pris , pillés et
brûlés, 72.
DENLE(Eustache). Fait piisounier, 54.
De Laistre fEusiachc), De Latre
Nommé chancelier de France, 95 ;
— meurt à .Sens en Bourgogne, iSg.
Demuin, de Miiing , Denum, château.
Cité, 75; — 121.
Deniecourt, Denicourt , ville. Se rend
aux Anglois, 106.
De Roches ( Andrieu ) , seigneur de
Darbonnay. Chargé par le duc de
Bourgogne de la défense de Rouen,
io3.
De Roich es ( André). Voyez, De Ro-
ches ( Andrieu ")
DES MATIÈRES.
343
Des Essars (Pierre), prévôt de P.iris.
Cité, II , note; — ag, note ; — ar-
rêté et décapité à Paris , par l'ordre
du dac de Bourgogne , 36.
Uesprés (Mathieu). Capitaine, 71.
Des QuESNES (Jean), dit Carados,
Des Qdes.nes. Fausse son serment
et livre Compiègne ans Dauphinois,
97; — prend la ville de Roye en
Vermandois, 121 ; — fait prisonnier
à la reprise de cette ville par les
Bourguignons ; obtient nn sauf-
conduit pour être mené à Compiè-
gne, 122; — refait prisonnier par
les Anglois, il vent se rendre à Hec-
tor de Saveuses , 1 28 ; — cité, 1 24 .
Dijon, Dignon. Le corps du dnc Jean
de Bourgogne y est porté, 140.
Disque (Vaultier). Capitaine du mons-
tier de La-Neuville-sur-Mense, 5(i.
DiviON ( le bâtard de), Dunon. Beau-
frère du seigneur de Longue val, 124.
Doinmart en Pontiett, ville. Citée ,
i57, i58.
Douglas ( Archambault, comte de) ,
JouGLAs. Tué à la bataille de Ver-
neuii , 22 I .
Doulens, Doii/le/it, ville. Citée, i5i.
Doullet , fon dn comte de Saiat-Pol.
Fait une gageure avec d'autres fous,
202; — en quoi elle consiste, lè. ;
victime de la victoire qu'il rem-
porte, ib.
Douriers, Denrier, Dourrier. Le châ-
teau de ce nom occupé par les
Dauphinois, 1<V3; — rendu à Jean
de Bloudel , seigneur dudit lien ,
171; — prise de ce château par
Jacques de Harcourt, 296, Jpp.
Dreux, ville. Citée, i53.
Du Bots (i\laussart\ "Voyez Du Bos.
Du Bos ou Du lîoz (Maussart on Mau-
sart). Envoie un défi au doc de
Bourgogne, 18; — tait prisonnier à
Saint-Cloud. 23; — décapité, /t.
Du Chastel (Tanneguy), Davegny Du
Castei. , Daneguy Du Chasïei-.
Gouverne le Roi et le Dauphin, 70 ;
— • sauve le Dauphin lors de l'entrée
des Bourguignons dans Paris, 89; —
cité, II r ; — va trouver le duc Jean
à Bray-sur-Seine ; le décide à venir
à Monterean, 112; — se porte ga-
rant envers le duc des bonnes in-
tentions dn Dauphin, 1 13 ; — lui
jure qu'il préféreroit plutôt mourir
que de le trahir, 1 14; — conduit le
duc sur le pont de Monterean, ib.;
— cité, 195.
Du Ci.AU (Jean). Capitaine, 71 ; —
cité, 72.
Du Clou (Jean). Yoyez Du Clau.
Du Lau (Amenon). Cité, 146, note.
Du Mesnil ( Martelet ) , Maingnil.
Sert le duc de Bourgogne, 78 ; —
fait prisonnier, 74; — justicié hors
de Compiègne , ib.
Diin-lc-Roi, ville. Assiégée, 2().
Du Purs (Yon). Prend la ville du
Compiègne poui
210.
le roi Charles
E.
Eaucourt ( le château d') , Diancoint.
Saccagé par l'ordre du duc de Bour-
gogne\ iSg.
Ecosse ( le Roi et le connétable d').
"Voyez Jacques I";' et Stuart (Jean).
Encre. Assemblée de troupes dans
cette ville, 177.
Escam, Escans-Saint-Germaîn. L'église
de ce nom assiégée par le seigneur
de L'Isle-Adam, i34; — ses fortifi-
cations abattues, i3'j.
Esclusiers. Le roi d'Angleterre passe
la Somme en cet endroit, 6r.
EsTonTEvn.LE (Estoul d'), abbé de
Fécamp. Reçoitavec confiance, dans
sou château , Hector de Saveuses et
sa compagnie, 78; — est pillé par
eux , ib.
Etampes, ville. Citée, 24 ; — assiégée,
25.
Eu, ville. Citée, 69; — se rend aux
Anglois, 106;— citée, 111.
Eu (Charles d'ARTois, comte d'). Fait
chevalier dans uue mine sons les
murs d'Arras, 48 ; — fait prisonnier
à la bataille d'Azinconrt, 65;— cité,
67.
Eu (Philippe d' Artois, comte d'). Ses
enfants Ini sont enlevés dans sou
château de Monceaux, en Norman-
die, 23; — cité, 24 ; — 226.
E:tcESTER (Thomas Beaufort, duc il'
344
TABLE ANALYTIQUE
Encester. Gouverneur île Paris ,
i5i ; — fait eniprisonuer le seigneur
de L'Isle-Atlam , i56 ; — dissipe i'at-
trouj)einent cause par cette arresfa-
lion , ib.-^ — fait conduire le sire de
L'Isle-Adam à la Bastille, ib.
FÉCAMP ( abbé de ), Fescans. "Voyez
EsTOUTEVILLE (EstOUt d').
FÈRE (Bernardon de). Fait prisonnier,
27.
Fitz-Walter (Walter), Filo:^astre.
Conduit un secours d'Anglois à la
ducbesse Jacqueline, 235; — s'enfuit
à la bataille de Brawershaven, 236.
Fr.Avi ( Cbarles de). Prend la ville de
Roye-en-Vermandois, 121; — quitte
cette ville, 122.
Fois (Jean, comte de), Foiz. Cité, 1 1 5.
Follevili.e (Abellet de). Attaque plu-
sieurs Dauphinois ayant sauf-con-
duit, 123.
Fontaines (Renaud de), Fontaynes
(Rigaut). Défend la ville de Saint-
Martin-le-Gaillard contre les An-
glois, iio.; — fait chevalier avant la
bataille de Saint-Riquier, 164 j —
prisonnier à la même bataille, i63 ;
— mis en liberté, 170.
Forceville, ForcheviUe , village. Le !oi
d'Angleterre y loge, 61.
FossEux (le seigneur de ' ). Sert le duc
de Bourgogne , 73 ^ — capitaine de
l'avant-garde dn duc , se rend à
Beauvais, ^5 ; — conduit avec lui un
avocat d'Amiens pour décider les
habitants de Beauvais à prendre le
parti du duc de Bourgogne, ib. ; —
cité, 76 ; — prend les faubourgs de
Saint-Marcel, 79; — va en députa -
tion vers la Reine , prisonnière à
Tours, 81 ; — apaise la colère du duc
de Bourgogne contre Hector de Sa-
veuses, 83; — est congédié, 85; —
va faire lever le siège de Senlis, 86j
— se met en bataille contre l'armée
du Roi, 87 ; - entre à Paris , 92.
FossETJX (Jean de). Cité, 78, note; ■ —
veut s'emparer dn château d'Au-
male, 74 ; — cité, 78.
FossEux (Philippe de), dit Le Borgne.
Cité, 3, note ; — est mis en garnison
à Saint-Riquier, 171.
FocQUEsÈREs ( le bailli de ). Attaque
plusieurs Dauphinois ayant nn
sauf-conduit, i23.
FouQUEssoLE (bailli de). "Voyez Fou-
QUESÈRES (bailli de).
Fous (gageure de quelques) réunis
dans la ville d'Amiens, 202.
Francières (Le Bègue de), Fransiè
RES. Est fait prisonnier par les Dau-
phinois à la prise de Compiègne ,
210; — se prend de querelle, est tué,
3i2-32o, App.
Francières (Jean de), Fransièkes.
Tué en voulant faire prisonnier le
seigneur de Parlhenay, 208; — re-
çoit de Charles "VI des lettres de ré-
mission, 3io, App.
Francières (Lancelot de), Feansiè-
REs. Capitaine de Compiègne , est
fait prisonnier par les Dauphinois,
3i() ; — cité, 3x2 , App. ; — 3i6 ,
App.\ — 3 17, App.
Frevent, Freneuch , Frenesth. L'avant-
garde de l'armée angloise y loge, 61.
Gadifer - Gai^ehault. Fait prison-
nier, 72; — pendu, 73.
GaUi fontaine, ville. Assaillie et brûlée
par le parti bourguignon, 107.
Gamaches , ville. Tient le parti du
Dauphin, 172; — se met en l'obéis-
sance du roi Henri "V, 181; — ^traité
de reddition de cette ville , 3o2 ,
App.
Gamaches (Brnnet de). Taé, 180.
Gamaches (Gilles de). Fait chevalier
avant la bataille de Saint-Riqnier,
Mort (le lu peste en 1418. ( Monsteeiei, IV, iiq. )
DES MATIÈRES.
345
164 ; — fait prisonnier à cette même
bataille, 169; — remis en liberté en
échange de la ville de Saint-Riqnier,
170.
Gamachks (Guillaume, seigneur de),
GiMRiCBES. Fait lever le siège de
Saint-Martin-le-Gaillard, iio ; —
capitaine de Compiègne , 179; —
essaie de faire lever le siège d'Aî-
raines , ib. ; — prend la ville de
Pierrepont, ib. ; — tente vainement
d'en prendre le château, ib.\ —
cité , 209, -^pp.
Gand, Gant, ville. Citée, 170; — Mi-
chelle, femme de Philippe-le-Bon ,
duc de Bourgogne, y meurt, 182 ;
— arrivée dans cette ville d'une pré-
tendue sœur du duc, i83; — la du-
chesse Jacqueline de Brabant est
conduite dans cette ville, 235.
Garochères ( Jean de), Gauchières.
Fait prisonnier à la bataille de Saint-
Remy-du-Plaiu, 3o ; — conduit en
prison à Sainl-Pol, 3i ; — mis en
liberté, ib.
Gaucocrt ( Raoul , seigneur de ) ,
Gra^tcourt. Perd la bataille de
Saint-Remy-du-Plain, 2g; — cité,
160, note; — fait prisonnier Pierre
de Recourt et le livre à Jean de
Luxembourg, 210.
GiAC (Jeanne Du Peschin, dame de).
Accompagne Jean, duc de Bourgo-
gne , lors de son entrevue avec le
Dauphin, 108.
GiNGiN (Jean de) , Gigny. Capitaine,
7 I ; — son étendard pris par l'en-
nemi, 143.
Gisors. Citée, 20; 107; — Maleberi ,
capitaine de cette ville ,211.
Glocester (Humphi-y, duc de) , Clo-
CESTRis. Cité, i35, note; — 227, note ;
épouse Jacqueline de Hainaut, 228;
— prend possession du Hainaut,
229; — met la dissension dans ce
pays, ib. ; — cité, 23o, 23 1; — écrit
des lettres de déli au duc de Bour-
gogne, 232 ; — prend jour pour le
combattre, 233 ; — obtient un sauf-
conduit pour quitter le Hainaut, f'è.;
passe en Angleterre, 234;— envoie
un secours d'hommes d'armes à la
duche<>se Jacqueline, 235; — cité,
286; — fait ses préparatifs de guerre
pour combattre le duc de Bourgo-
gne, 237; — cité, 238; — abandonne
le projet de faire la guerre au duc
de Bourgogne, 239: — cité, 240-242.
Goude , Gande. La duchesse Jacque-
line se tient dans cette ville, 237.
Gournay, en Normandie. Cité, 85 ; —
le château est pris par les prison-
niers qui y étoient enfermés , io5 ;
— se rend an roi d'Angleterre, 106.
Goitrnay-sur-Aronde. Se rend au roi
Henri T, 377; — citée, 211.
GouY (Daviod de). Arrête plusieurs
personnes dans leur fuite lors de
l'entrée des Bourguignons dans Pa-
ris, 89 ; — tient garnison à Gisors ,
107 ; — met le feu à la ville de
Galli fontaine, ib.
Grand-Jean, Grant-Jehan. Prend
querelle avec Hue de I.annoy, 148 ;
— porte plainte au duc Philippe,
ib.; — est frappé par ledit Hue de
Lannov en présence du duc de
Bourgogne, ib. ; — reçoit de Hen-
ri AI une rente qui avoit appartenu
à Jacques de Harcourt, 294, -^PP-
Graville (Jean , seigneur de). Capi-
taine du Pont-de-l'Arche , défend
vainement cette ville contre le roi
d'Angleterre, 100.
Grocches (Le Bègue de). Fait prison-
niers deux archers dauphinois, i63.
Guise (le comté de). Tient pour le roi
Charles, 209; — Cité, 212 , 2i3-2iG.
Guise-en- Thiérache, Guise -en- Terasse .
Citée, i5o, 182, 204,210, 2i3 ; —
siège de cette ville, 214 ; — défendue
par Jean de Proisy, capitaine, 2i5;
sa reddition, ib. ; — citée, 216.
GuiTRT ( Guillaume de Chaumont,
seignenrde), Gitery, Giteri. L'un
des conseillers du Dauphin, 1 1 2 ;—
capitaine de IMontereau , i4t ; —
menacé par le roi Henri "V de voir
mourir ses otages s'il ne livre le
château, ib. ; — rejette les prières des
otages , qui le supplient d'épargner
leur vie, ib. ; — les laisse pendre et
se rend au bout de six jours, ib.;
— accusé d'avoir trempé dans le
meurtre du duc Jean par Guillaume
de Bière, qui offre de le combattre,
142.
Guyenne (Louis de France, duc de) ,
Dauphin de "Viennois, Guyane
Cité, 21 j — prend parti contre le
346
TABLE ANALYTIQUE
(lue d'Orléans , 23 ; — se rend aa
siège de Bourges, 26 ; — mécontent
du duo Jean, 33 ;— cité, 34-36 ; —
se tourne contre le duc de Bourgo-
gne, 39; — cité, 43; — fait le serment
de maintenir la paix d'Arras, 5i ;
— presse le duc d'Orléans de jurer
ladite paix, ib. ; — cité, 52, 53 ; —
meurt à Paris, 67; — cité, 69, 201.
Guyenne (Marguerite de Bodrgogne,
dnchesse de). Citée, 22, noce;— 35,
note; — i83, note; — épouse le duc
deRichemout, 200; — citée, 201,
note.
Ham-snr-Somme , Han. Le duc d'Or-
léans y met garnison ,17; — assié-
gée ; les Bourguignons la livrent
aux flammes, 19; — prise par le
parti dauphinois, 2125 — reprise
par Jeau de Luxembourg ib.
Harcourt, Hareconrt, ville. Citée, loi.
Harcourt (bâtard de). Voyez Hénaut
(bâtard de).
Harcourt (Jacques de) , Harecodrt.
Cité, 100; — fait prisonnier le comte
de Harcourt , son parent , loi ; —
l'envoie au Crotoy, 102; — s'empare
de ses biens, ib.\ — s'enteniloit avec
le fils dudit seigneur, ib. ; — va atta-
quer les Angiois an siège de Rouen,
io5; — est battu et doit sa liberté à
la vitesse de son cheval , ib. ; — se
fient au Crotoy, d'où il fait la guerre
aux Angiois, ni ; — cité, 126, note.
— abandonne le parti du duc de
Bourgogne, i52; — pourquoi, ib.:^
cité, i55; — engage des seigneurs à
prendre Saint-Riquier, 157 ;^ met
garnison au Pont-de-Remy, i58 ; —
conseille aux Dauphinois de venir
combattre le duc de Bourgogne pour
lui faire lever le siège de Saint-Ri-
qaier, 762 ; — jette la division dans
Abbeville, i63; — tient les forte-
resses dii Crotoy et de Noyelle-sur-
Mer, 1 7 I ; — décide plusieurs forte-
resses du "Viineu à tenir le parti du
Dauphin, 172 ; — fait la guerre aux
Angiois et aux Bourguignons, 182 ;
— traite de la reddition du Crotoy,
2o5; — doune des otages, «7>.; — quitte
le Crotoy et va visiter le seigneur de
Parthenay, son parent , 206; — vent
le faire prisonnier dasis son château,
ib.; — tué par les gens du sire de
Parthenay, 207; — plusieurs gentils-
hommes de .sa compagnie sont tués,
2o3 j — cité, 2oyj — um- ])arlie de
ses biens donnés par Henri "VI à
Collard et Ferry de Mailly, 247 ,
■^PP- ' — entraîne le Bon de Saveu.ses
dans son parti, 282, App. ; — cité ,
294, App. ; — 295, App. ; — s'empare
du chàteaa de Douriers, 297-299,
App. ; — cité, 3o9, App.
Harcourt (Jean VII, comte de), Ha-
RECOURT. Arrêté prisonnier dans
son château d'Aumarle, par Jacques
de Harcourt, loi ; — est conduit pri-
sonnier au Crotoy, 102
Harjleur, Harefieur. A.ssiégée, 58 ; —
se rend, ib.; — citée, 39; — arrivée
du roi d'Angleterre dans cette ville,
99-
Hargicourt (Pierre de). Livré au duc
de Bedford comme otage et garant
de la reddition du Crotoy, 208 ; —
rais en liberté, ib. ; — reçoit des let-
tres de rémission de Henri VI, 3 10,
App.
Hasbain, près de Tongres. Les duc de
Bourgogne et comte de Hollande y
livrent aux Liégeois révoltés la ba-
taille dite de Liège ,12.
Helly ( Jacques , seigneur de). Fait
partie de l'expédition contre les Lié-
geois , 1 1 ; — assiste au siège de
Bourges , 27 ■ — député vers le roi
d'Angleterre, avant la bataille d'A-
zincoiirt, pour faire des propositions
d'accommodement, 63.
HÉNAUï ( le bâtard de). Blessé par les
Dauphinois dans un engagement
près de Crépy, 126.
HÉNATJT (Jacqueline de Bavière, com-
tesse de). Citée, 9, noie ; — 49» note ;
— 57, note ; — 126, note; — 227; —
quitte son mari Jean de Brabant,
228 ; — passe en Angleterre, y éponse
le dncdeGlocester, j7^.;— jette la di-
vision en Hainaut par son arrivée,
229 ; — citée, 234 ;— livrée au duc
DES MATIÈRES.
rie Bourgogne, ?35; — a une entre-
^ ne avec lui à IMous, ib. ; — paroît
consentir à tout ce qu'il demande
et s'enfuit secrètement en Holiande,
ib. ; — se forme une armée, ib. ; —
s'oppose vainement au déharque-
nient du duc Philippe, 286; — perd
la bataille de Brawershaven, ib.:, —
se rend dans la ville de Gand, 237.
Hesri y, roi d'Augleterre. Assiège et
prend Harfleur, 58 ; — se dirige vers
Calais, 59; — fait assaillir vainement
la ville du Pont-de-Remy pour y
avoir passage, 60 ; — poursuivi par
l'armée fraucoise , 61; — passe la
Somme à Esclusiers , ib.\ — vient
loger à Maisonceiles , 62 ; — pour-
parlers entre ce prince et le sire de
Helly, 63; — gagne la bataille dite
d'AzIncourt, ib.:, — va sur le champ
de bataille faire prisonniers ceux
qui respirent encore, G6 ; — repasse
en Angleterre, t'^.; — a nne entrevue,
à Calais, avec le duc de Bourgogne,
68 ; — cité, 69; — 8r, note; — descend
a Harlleur, 99; — .-e rend maître da
Pont-de-l'Arche , i 00 ; — se dirige
vers Rouen, 102; — met le siège de-
vant cette ville, io3 ; — s'en empare,
T04 ; — fait décapiter plusieurs no-
tables bourgeois, io5 ;— réduit sans
combattre plusieurs villes delà Nor-
mandie, 106; — se rend à Menlant,
107 ; — a des conférences arec le
conseil du Roi au sujet de son ma-
riage avec Catherine, 108; — exige
pour dot la Normandie, ib. ; — cité,
109 , 1 15, 1 17 ; — fait alliance avec
le duc de Bourgogne, 118; — condi-
tions du traité, i 19 ; — fait la guerre
au Dauphin conjointement avec le
duc Philippe , 120; — envoie des
ambassadeurs à Charles TI pour lui
demander sa fille, laS ; — cité, 127,
note ; — obticut la main de la prin-
cesse Catherine, 129; — arrive à
ïroyes, lîf) ; — s'y marie, 1 36 ; —
signe le traité dit de Troyes, i37 ; —
met le siège devant Sens, i38; — se
rend maître de cette ville , ib. ; — ■
défend les querelles entre les An-
glois et les Bourguignons, iSg; —
assiège Monlereau, ib.; — somme le
capitaine de rendre la ville sous
peine de voir mourir ses otages, 141;
—les fait i)eadre , ib. ; — prend le
chàtean de Monterean, 1 <2 ; — or-
donne l'exécution d'un de ses valets
de pied, ib.; — met le siège devant Me-
lun, i43; — combat, dans une mine,
contre un Dauphinois, 144 ; — se
rend maître delà ville de Sens, i45;
— fait exécuter un de ses gentils-
hommes, 146; — accueille fort mal
le seigneur de L'Isle-Adam, 14^; —
cité, 148 ; — arrive à Paris, 149; —
fait appeler le Dauphin à la Table
de Marbre, ib. ; — nomme de nou-
veaux officiers , i5o ; — donne le
gouvernement de la ville de Paris
an duc d'Exeter, i5i ; — envoie le
duc de Clarence en Basse-Norman-
die , et part pour l'Angleterre avec
sa femme , ib. ; — mène avec lui le
roi d'Ecosse, son prisonnier, ib. ; —
cité, i52, i53 5 — revient en France,
3 55^ — fait le seigneur de Cohen ca-
pitaine d'Abbeville, i56 ; — cité,
157, iSg, 171; — assiège Meaux, 172;
— injurié par les assiégés, lyS; —
se rend maître de la ville , ib. ^ —
livre de nombreux assauts au mar-
ché de ladite ville, 174; — le prend
et fait
punir ceux qui se sont mo-
qués de lui, 175; — rançonne les
habitants de JVÎeaux, 176; — réduit à
son obéissance plusieurs antres villes
et forteresses, 177 ; — cité, 181 ; —
aimé du peuple de Paris pour sa sé-
vérité à faire exercer la justice, 182;
— cité, 184 ; — tombe malade à Vin-
cennes, i85 ; — fait prier le duc de
Bourgogne de ne pas oublier l'al-
liance qu'il a faite a\ec les Anglois,
1 86 ; — recommande à ceux qui l'en-
tourent de rester fidèles an duc de
Bourgogne, ib.; — meurt, ib.:, — son
corps est conduit en Angleterre,
accompagné de sa veuve , 187 ; —
cité, 1M8 ; — fait forger de nouvelles
monnoies, 189; — ordonne que cha-
cun porte sa vaisselle à la Monnoie,
190 ; — cité, 191, 193, 194; — ''6-
doutè comme guerrier, 196 ; — cité,
200, 2?7, note.
Henri "VI, roi d'Angleterre. Cité, 102,
note ; — sa naissance, i5 1 ; — hérite
de la couronne de son père, 1875 —
se saisit de la couronne de France
après la mort de Charles "VI, igS; —
son ordonnance sur les monnoies ,
ib. ; — cité, 19',, 196, 197, 200 ; —
348
TABLE ANALYTIQUE
toatesles places de l'Isle-de-France
se mettent en son obéissance, 212 ;
— confisque les biens de quelques
seigneurs rebelles , 218 ; — fait as-
siéger le château d'Ivry, 219; —
cité, 238, 289, 241, note.
Herselaines ou Harselaines ( les
enfants de). Abandonnent le parti
du duc de Bourgogne, i53.
Herselaines (le seigneur de). Cité,
i53; — tué, avec Jacques d'Har-
court,en voulant faire prisonnier le
seigneur de Partbenay, 208.
Herselaines (Jean de). Cité, i53; —
donné comme otage au duc de Bed-
ford, par Jacques deHarcourt, 206;
— est mis en liberté, 208.
Ilesdin, Hedin, ville. Citée , 46 , 162 ,
170, 2^7 ; — assemblée tenue dans
cette ville par le duc de Bourgogne,
240 ; — des chevaliers y portent à
leurs bras un signe de défi contre
quiconque ne trouvera pas que le
duc de Brabant a plus de raison de
faire la guerre que le duc de Glo-
cester, ib.
Hirson ou Hérisson, Irechon. Le châ-
teau de ce nom au pouvoir de Jean
de Luxembourg, 216.
Hollande (Guillaume de Bavière IV,
comte de Hainaut et de). Cité, 8; —
porte secours à Jean de Bavière, 9 ;
— cité, 10, note ; — 11, note ; — liât
les Liégeois, 12 ; — cité, i3, 49, 68;
— conduit le Dauphin, son gendre,
à Compiègne, &Ç) ; - meurt, 70 ; —
cité, 227, note ;— 228.
Hollande (Marguerite de Bourgogne,
duchesse de). Citée, 8, note ; — in-
tercède auprès du Roi en faveur du
duc de Bourgogne, et obtient la paix
dite d'Arias, 49 ;— ses alliances avec
la famille royale, ib. ;— citée, 5o ;■—
est présente aux serments que font
les princes de maintenir la paix, 5i;
— fait rendre la liberté à Hector de
Savenses, 53 ; — citée, 227, note.
HoRNEs (Jean de), seigneur de Baussi-
gnies. Fait chevalier, dans une raine,
sous les mnrs de Melun, 144.
Hornoj. Jean de Fosseux et ses troupes
s'y rendent, 74.
Hôtel à V Ours , à Paris. Cité, 91.
Hôtel d'Artois, à Paris. Cité 94 ; —
Leduc Phi lippe y donne une grande
fête à l'occasion du mariage de Jean
de La Trémoille, 224.
Hôtel des Corneilles, à Paris. Hector et
Philippe de Savenses y vont loger,
91.
HuMBERCOCRT ' (Denis de Brimeu, sei-
gneur de). Cité, 76, tiote ; — dépos-
sédé de sa charge de bailli d'Amiens,
i5o; — blessé à la bataille de Saint
Rlquier, 170.
BoMiÈREs (Drieu de) " . Porte à son
bras nn signe de défi contre qui-
conque soutiendra que Jean de Bra-
bant n'a pas un plus jusle droit à
faire la guerre en Uainaut que le
duc de Glocester, 241.
HuMiÈRES (Jean de). Fait prisonnier
an siège de l'ourges, 27.
HuNTiNGDON (Jean Holland, comte
d'j, Hantuiton, Houtiton, Hanti-
•roN, HoRLiNEGON. Cité, io5, note;
— arrive au siège de Roye-en-Yer-
mandois pour prêter aide à Jean de
Luxembourg, 12a ; — attaque plu-
sieurs Dauphinois ayant un sauf-
conduit, 123; — reçoit un cheval
de Jean de Luxembourg, 12/', ; —
assiste an siège de Meaax, i43; —
prisonnier à la bataille de Baugé ,
i55; — cilé, 307, Afjf.
' Maître- d'hôtel du duc de Bourgogne (Saint-Remy, Vlll, 290). Il mourut d'une maladie
épidémique au siège de Zenenberghe , eu 1426. ( Idem , ibid.; Monstrelet, V, 147. )
' Ce seigneur parut dans un pas d'armes tenu par Philippe de Lalaiu , à Bruges , le
28 février i463. 11 joûla contre ledit Philippi;. (Manhscbit de la Bibliothèque royale, Fonds
de Baluze. n» loSig', fol. i5i, recto.)
DES MATIÈRES.
349
Ibery (baron (V), Taé à la bataille de
Saint-Riqaier, 16S.
IvKRy( Pière (I'Argemsy, baron d' ).
Toyez Ibery (baron d' ).
lyry. Le chàtean de ce nom assiégé
par le roi Henri V, 219 ; — traiJe
sons condiiioDs, 220.
Jacleviixe (Helyon de), jAQtEViLLE.
Prend querelle avec Heoior de Sa-
veuses; est blessé à mort, 825 —
porte ses plaintes an duc Jean, 83.
Jacques l'^' , roi d'Ecosse. Prisonnier
de Henri Y, passe avec lui eu An-
gleterre, i5i ; — cité, 22r, note.
Jean-sans-Pecr, duc de Bourgogne.
Communie avec le duc d'Orléans,
en signe de réconciliation; le fait
tner, i ; — cité, 2, note ; — assiste
an convoi, 3 ; — se reconnoît l'au-
tenr de ce meurtre, 4; — se re-
tire en Flandre ,5; — assemble ses
barons, 6; — assiste au conseil tenu
dans la ville d'Amiens, ib.; — signe
qu'il fait mettre sur la porte de son
bôtel, 7; — cité, 8; — s'arme en
faveur de Jeau de Bavière, 9, —
cité, 10-12; — gagne la bataille de
Liège, i3; — devient, par cette vic-
toire, pins redoutable à ses enne-
mis, 14 ; — cité, i5, 16; — fait dé-
capiter Jean de Moutagn, 17; —
assemble son armée vers Arras, 18 ;
— assiège Haui, s'en rend maître et
la livre aux flammes, 19 ; — saccage
la ville de Nelle, et va camper de-
vant INIontdidier, ib. ; — abandonné
par les Flauiands, 20; — refait son
armée à Arras, et se rend à Gisors
accompagné du comte il'Arundel,
ib. ; — manque d'être assassiné à
Pontoise, 21 ; — arrive à Paris, ib.;
— s'empare de Saint-Cloud , 22;
— fait décapiter INIaussart Du Doz ,
23; — se rend maître d'Ktampcs,
ib.; — va, avec l'armée royale, as-
siéger Bourges, 25 ; — cité , 26, 27 ;
— se réconcilie avec le doc de Berry
et le duc d'Orléans, 28 : — cité, 3o ,
3i; — fait emprisonner plusieurs
grands seigneurs, 3.'^; — son parti
porte, en signe de ralliement, des
chaperons (blancs\ ib.; — cité, 34;
— quitte Paris, 35; — est appelé
par les Parisiens, 36; — fait déca-
piter Pierre Des Essars, ib.; — cher-
che vainement à pénétrer dans Pa-
ris, 37 ; — tient conseil à Arras avec
ses barons , et tons les seigneurs
de Bourgogne, 38; — cité 3g-4i,
43-45 ; — envoie un secours aux
assiégés de la ville d'Arras, 48 ; —
fait sa paix avec le Roi, 49 ; — passe
par Mézieres, et voit le comte de
Nevers, son frère, 5o; — cité, 5i-
54, 58 , 64-6(> ; — prend la tutelle
de ses deux neveux de Brabant ,
(37 ; — a une conférence à Calais
avec le roi d'Angleterre, 68; — cité,
69; — se rend à Paris, croyant
pouvoir entrer dans cette ville , 70 ;
— surnom qui lui est donné par
les Parisiens, ib.; — retourne en
Flandre, 71; — cité, 73-70; —
assiège le château de Beanmont-sur-
Oise , 76 ; — prend Pontoise , 77 ;
— cité , 78 ; — vient camper à
Mont -Rouge, 79; — assiège et
prend plnsienr.'. villes ,80; — ar-
rive à Chartres, 81 ; — met la Reine
en liberté, ib. ; — cité, 82; — se
dirige vers Paris , croyant encore y
pouvoir entrer, 83; — cité, 84, 85;
— conduit la Reine à Troyes, 86 ;
— cité, 8S-92; — apprend la prise
de Paris; se rend dans cette ville,
9-3 ; — y est reçu avec f.cclattialiou ,
94; — fait de belles promesses, et
nomme de nouveaux officiers, 9.');
— cité, 96; — révolté des massa-
cres, les fait cesser, 97 ; — cité, 9!^-
100, 102-104, 106, 107; — rompt
les négociations entamées pour le
mariage de Catherine avec Henri V,
108; — traite de la p.iix avec le
Dauphin, ib.; — con<litiorjs du
35o
TABLE ANALYTIQUE
traité, 109; — conduit la famille
royale à Troyes, 1 10 • — fait la
gnerie aux Anglois, conjointement
avec le Dauphin, m ; — cède aux
sollicitations de Tannegay Du Chas-
tel, et se rend à Montereau, 112;
— est conseillé de ne point aller à
l'entrevue, 1 1 3 ; — préparatifs pour
sa réception, ir4; — y est assas-
siné , ib. ; — son corps , jeté par-
dessus le pont , tombe dans un ba-
teau, ii5; — cité, ii6-i'io; 127,
note ; — son exhumation ; ses res-
tes transportés à Dijon, 140; —
cité, i4i, 142, 146; i48, note ; 140,
note; 152,194-196; 224, wo/e; 226,
238; — envoie ses ambassadeurs an
lieu nommé de La Tombe, pour
traiter de la pais avec ceux du Roi ,
du Dauphin , et les cardinaux des
Ursins et de Saint-Marc, 255, App.;
— écrit aux habitants de Paris, afin
de les rassurer sur le départ du Roi ;
leur promet qu'il rentrera bientôt
dans leur ville, et qn'il ne s'en éloi-
gnera pas ao-delà de Provins , 287,
/1pp.
Jeumont (le seigneur de ) , Jemont.
L'un des chefs des armées des duc
de Bourgogne et comte de Hollande
dirigées contre les Liégeois , 10.
Kekt ' (le comte de), Qoin , Qoek.
Député par Henri "V, vers Char-
les Yl , pour lui demander Callie-
rine , sa fille , en mariage , i25 ; -
meurt à la bataille de Baugé , i54
La.bé (Charles). Capitaine, 71.
La Beneries (Bangois de). Prisonnier
au siège d'Arras, 48.
La. Beuvrière ( Bongois de ). Voyez
La Benerien (Bongois de).
La-Fère-en- Tardenois , Cardenois ,
Cette ville tient le parti du roi
Charles , 209 ; — citée , 210; — se
rend au duc Philippe , par compo-
sition , 2 12; — le capitaine de la
ville, Aladin de Monsay , reste
chargé du même emploi de capi-
taine , en vertu du traité, ib.
La-Fère-sur-Oise , La Foire, ville.
Citée, 124.
La Ferté , La Fiesté. Le château de ce
nom an pouvoir des Dauphinois ,
i55; — remis entre les mains de
Henri V, par le bâtard de Belloy,
capitaine dudit lieu, ib.; — com-
mis à la garde de Nicaise de Bouf-
flers, par le duc de Bourgogne , ib. ;
— rendu, par le dit Nicaise, aux
Dauphinois, iSg; — brûlé , ib.
Lagny-sur-M arne , ville. Le duc de
Bourgogne y va loger, 70 ; — citée ,
71 .
La Guerre' ( Rémonnet de). Fait
prisonnier, ^2; — veut s'emparer
d'nn logis du duc de Bourgogne,
82 ; — t'ait prisonnier â l'entrée des
Bourguignons dans Paris, 89; —
massacré, 96; — son corps reste
trois jours dans la cour du Palais,
97 ; — est trainé dans les rues de
Paris , ib.
L\ Heuse (Robert de) , dit tE Borgne.
Assiste à la bataille de Saint-Remy-
du-Plain, 3o.
La Hire ( Etienne de Tioxoi.e, dit \
La HiÈre. Tient la ville de Crépy
en Laounois, i25; — défend le châ-
teau de Coucy, pour le Dauphin,
127 ; — y détient prisonuiers plii-
» G. Chastelain ( 66 , i'' col.) le désigne ainsi : « Le comte de Quint, noininc Offroi-itlc.
» Raymond de I,a Guerre, écuyer d'écurie du roi Charles VI , fut nommé maître général des
«■aux et forêts du pays de Languedoc par lettres du i p. juillet i4i(>. il fut remplacé dans lesdites
fonctions par Jean de Courcelles, chevalier, qui obtint ses lettres de provision le 24 juillet t4i8.
Le nom de famille de Rémonnet de La Guerre étoit de Bayle {Bajuli). Voyez les Koms féodaux
<le D. Betlancourt, au m'it Bayle. [Noie commnniquée par M, La Cabane. )
DES MATIÈRES.
35i
sieurs gentilshommes , ib. ; — va
faire nne excursion pendant laquelle
ses prisonniers s'emparent do cbà-
tean. ib.
Lalement (Henri). Fait armes contre
un dauphinois, devant les seignenrs
d'Offemontet Jean deLuxenibourij,
ifio ; — a son cheval tué sous Ini ,
i6i.
Lamocre. Ciré , i65 , noie.
Lan (Ogelot de). Prend la ville de
Complègne pour le roi Charles ,
210; — fait plusieurs prisonniers ,
iàid.
Landrecies, iMndonsy. Le château de
ce nom assiégé et pris par Jean de
Luxembourg , 209; — ravagé , ib.
Lannot (Baudoin de), dit le Bègue,
Launoy. Fait chevalier par Hue de
LannoT, 180.
Lannoy (Guillehert). Cité, 180, «o/f.
Laîînoy (Hue ou Hugues de), seigneur
de Saute. Nommé capitaine de la
ville de Conipiègne, 87; — cité,
39 ; — prend querelle avec un huis-
sier d'armes du duc Philippe , 147 ;
— le frappe de son gantelet , en
présence du duc, 148; — cité,
179; — fait plusieurs chevaliers,
180 ; — envoyé vers le roi d'Angle-
terre , malade à Tincennes, i85. —
assiste aux derniers moments de ce
priuce , 1 86.
Laon , Lan. Ses fortifications abattues
par le duc de Bourgogne , 127.
La Palière ( Girault de). Cité, 220,
note.
Largis ou Liersis (Thomas de),
bailli du Termandois. l-ait prison-
nier, 72.
La Rivière ( Charles de ) , comte de
Dampmartin. Cité , 34.
La Rivière (Jacques de ). Fait pri-
sonnier par la faction Cabochienne,
33 ; — tué dans sa prison , 34 ; —
cité, 35 , note.
La Roche-Guy on. Celte ville fut don-
née à Guy Le l5onlillier, par le roi
d'Angleterre, 104.
Latocr (Henri de) '. Fait prisonnier
devant le château de Moymer on
Moyennes, 198.
La Trémoii-le (George , seigneur de )
TitiMoniLiE. Cité, 224, note; — dé-
puté vers le duc de Bourgogne, par
le roi Charles , afin de lui offrir la
paix , 227 ; — commis pour veiller
à la sûreté des ambassadeurs réunis
an lieu dit de La Tombe, discutant
le traité de paix , 256 , App.
La Trémoille (Jean de), TRiMOLir,i.E.
Marié à Paris , par le duc de Bour-
gogne, à la soeur du seigneur d'Am-
boise, 224; — grande fête à cette
occasion , ib. ; — cité , 225 , 7iote.
Launoy (Lamonde). Commis à la
garde de Soissons , 38 ^ — cité, 4i,
— fciit prisonnier à la prise de cette
ville, est décapité, 42.
Laux ( Angelot de ). "Voyez Lah (Oge-
lot de).
La Viesville (Coppin de), La "Vie-
ville. Ciié, i83.
La "ViEzviLLK (seigneur de), "View VILLE .
Tué à la bataille de Saint-Riquier,
170.
Le Boutbiller ( Guy), Boutillier.
Capitaine de Rouen , 102 ; — cité ,
io3, nofe; — fait serment de fidé-
lité à Henri Y, 104 J — reçoit en ré-
compense plusieurs seiguenries, et
entre antres, celle de La Roche-
Guyon , ib. ; — trahit la confiance
de quelques notables bourgeois de
la ville de Rouen, et cause leur
mort, io5; — reçoit de Henri "VI
l'hôtel de l'évèque de Clermont , à
titre d'indemnité des dépenses qu'il
a faites au service de Henri V, 280 ,
App.
Le Bouteiller ' ( Raoul ) , Bou-
tillier. Chargé , par Jean de
Luxembourg, d'aller combattre les
Dauphinois, 179; — assiège la ville
du Crotov, 2o5 ; — nommé capi-
taine de la dite ville, 208.
Le Corgne ( Henri ), dit de Marle ,
chaucelier de France. Prisonnier,
89 ; — tué à la prise de Paris , 96 ;
— son corps reste exposé trois jours
' Au nombre des seigneurs qui s'assemblèrent a Arras, en i435, lors de la paix entre le roi
Cbarles VII cl le due de Bourgogne, .Saint-Kcmy ( VIII , 474 ) nomme Henry de La. Tour.
' Etoit bailli de Caux , capitaine d'Arqués et gouverneur des ville et comté d'Eu , en octobre
i42ï; capitaine de Saint-Valery en i423; bailli de Rouen et de Gisors en i43o. {Noie commu-
niquée par .M La Cabane.)
352
TABLE ANALYTIQUE
dans la coar da Palais, 97 ; — traîné
dans les rues de Paris, ib.
Le Jeune (Robert ' ). Accompagne le
duc de Konrgojjfne à Beauvais, 75 j
— obtient du commun de cette ville
qu'ils se rangeront du parti du duc
et lui ouvriront les portes, 76; —
cité, 127, note; — nommé bailli
d'Amiens par Henri "V, i5o ; — fête
le roi et la reine d'Angleterre à
leur passage dans Amiens, i5i ; — ■
fait exécuter un gentilhomme nom-
mé Lignart de Picquigny, 178 ; —
hai des habitants d'Amiens, 190;—
ponrqnoi, ib.; — prend et fait exé-
enter le sire de Maucourt, 218.
Le Maçon (Robert). Donne avis au
gouverneur et gens du conseil du
Dauphiné de la prise de Paris par
les Bourguignons, de la fuite pré-
cipitée du Dauphin, et leur enjoint
de n'ajouter aucune foi à ce qu'on
pourroit leur mander de la part de
ce prince, 268, App.
Lens, en Artois, ville. Citée, 229.
Lens ( Charles de Recourt, dit de).
Accompagne le duc de Bourgogne
à Montereau, 116; — fait prison-
nier, ib. ; — reçoit de Henri YI tous
les biens confisqués sur Alain Lelay
et Ysabel, sa femme, en considéra-
tion des services qu'il Ipi a rendus ,
289, App.
Le Prévost ( Raullet ). Conseille à
Hector de Saveuses de piller le châ-
teau de Reine, 78.
Le Roux { Robin) , Le Roncz. L'un
des chefs des armées des duc de
Bourgogne et comte de Hollande ,
dirigées contre les Liégeois, 10.
Liégeois. Se révoltent contre leur évè-
que, 8 ; — le tiennent assiégé dans la
ville de Trect; abandonnent leur
siège pour livrer bataille aux duc
de Bourgogne et comte de Hollande,
10 ; — cités, 11,12; — perdent la
bataille, ib.
Liesse (Notre-Dame de), Lience.
Citée, 53.
Lignj , en Barrois , Liegnej, Ligney,
ville. Citée, 64, 55, 57.
Likonsen-Santerre, Lyons en-Santers.
Jehan de Luxembourg y va loger
avec ses troupes, 120; — citée, T2t.
Lis (Philippe). Tient la ville d'En, io6-
— assiège Saint-Mariin-le-Gaillard,
iio; — tué au siège de Melun, 143.
L'Isle-yidam, Liladam, ville. Le duc
de Bourgogne passe par cette ville ,
76 ; — citée, 77.
L'Isle-Adam (Jean de Yilliers, sei-
gneur de ), Liladam , Lil-Ladam.
Promet de servir le duc de Bonr-
gogne, 76 ; — nommé capitaine de
Pontoise, 77 ; — cité, 85 ; — assiste
au siège de Seniis, 87 i — a des
intelligences dans la ville de Pa-
ris, 88; — y entre par trahison,
89 ; — se rend tout de suite chez le
Roi, 90 ; —porte la bannière du Roi
pour repousser les gens du Dau-
phin, 91 , — traite pour ravoir la
Bastille, 92; — cité, g^ ; — nommé
maréchal de France, 94; — cité, 107 ;
laisse prendre la ville de Pontoise
par les Anglois, iio; — va tenir
garnison à Beauvais, m ; — assiège
Roye-en-Verinandois, ia2 ; — met
le siège devant Alibaudières , i3i ;
— assiège Toussy, i32 ; — fait plu-
sieurs chevaliers avant d'assaillir
cette ville, i33; — essaie vainement
de s'en emparer, i34; — assiège
l'église d'Escara , ib.; — s'en rend
maître, et la fait abattre, ainsi que
les fortillcaiions , 1 65 ; — va à
Troycs , ib. ; — puis à Melon, i47;
— se présente devant le roi d'An-
gleterre; interpellé par ce prince,
lui répond avec assurance, ib.; —
démis de sa charge de maréchal de
France par le roi d'Angleterre, i5o;
— conduit prisonnier à la Bastille
Saint-Antoine, i56; — veut vaine-
ment s'emparer de Compiègne par
force , 210; — assiège et prend cette
ville, 26.; — cité, 21 1; — nommé
capitaine de Compiègne, 212; —
' Les renseignements sur Robert le Jeune qui ont été donnés page 75, note 3, sont puisés, ainsi
qu'il est dit au lieu indiqué, dans l'Histoire d'Amiens par le P. Daire. Il fait naître Robert Le
•leuneà Arras, et le fait mourir le 1 5 avril i463. Suivant Du Clercq (XIV, j2o), Robert naquit
à Lens en Artois, et mourut à Arras, âgé de quatre-vingt-douze ans ou environ , le 19 avril i4fi3.
Il est à remarquer que le même Du Clercq {ibitl., 175), citant Robert Le Jeune sous l'année 1461,
le dit « asgié de quatre-vingts ans. »
DES MATIERES.
353
condnit an secours de gens de guerre
au duc de Brabant , 23o ; — va
prendre à Mons la duchesse Jacque-
line , et la conduit à Gand , 235;
— cité ,3i3,3i5,3i9, App.
LoNGUEVAL (Charles, seigneur de).
Sert le parti du dnc de Bourgogne ,
122; — refuse de livrer son beau-
frère à Jean de Luxembourg, 124; —
assiste à la bataille de Saint-Riquicr,
169 j — abandonne le parti du duc
Philippe, 217 ; — s'enfuit , 21 S ; —
banni, ses biens confisqués, ib.; —
cité, 219.
LowGCEVAL (Renault de). Quitte le
parti du dacde Bourgogne, 21 7 ; —
obligé de s'enfuir, est banni : ses
biens sont confisqués, 218; — fait
prisonnier par les gens de Jean de
Luxembourg, i'6.,- — conduit à Beau-
revoir pour tenir prison , ib.; — mis
en liberté, rentre dans le parti da
duc de Bourgogne, ib.
LoBRAiiîE (Charles, dit le Hardi , duc
de), LouRAiNE. Assiste au siège de
Bourges, 26; — cité, 27 ; — assem-
ble des troupes pour faire lever le
siège de Guise , 2 1 5.
Louis III, dit le Barbu, comte Palatin
dn Rhin. Accompagne Henri "V à
Troyes, i35 j — cité, i36, note.
Louroj, Lenroy. Le château de ce nom
tient le parti dn Dauphin , 172 ; —
se met en l'obéissance de Jean de
Luxembourg, 178.
LnpÉ ' ( Pierre on Pierron de ),
LcPE. Capitaine de la ville de
Meaux, 172; — fait prisonnier à la
reddition de cette place, 175.
Luxembourg , duché. Cité, 55.
Luxembourg ( Jean de ) , .seigneur de
Beaurevoir. Assiste à la journée de
Saint-Remi-du-P!ain, 29 ; — fait
chevalier, 3o; — capitaine de la
ville d'Arras , 43; • — cité, 44; —
permet d'enterrer des gens tués
dans un engagement donné anx
portes d'Arras , 47 ; — à quelles
conditions, ib.; — cité, &\, note; —
maître de Saint-Cload, 80; — cité,
83, 85 ; — se dispose à faire lever le
siège de Senb's , 86 j — se met en
bataille devant l'armée royale, 87;
— entre dans Paris, 92 ; — com-
mande les troupes dn duc Phi-
lippe, 120; — va an secours de
Roye-en-Termaudoib, prise par les
Daujihinois , 121 ; — se rend maître
de cette ville, 122; — accorde un
sauf-conduit anx Dauphinois, ib.; —
cité , 123 ; — irrité contre ceux qui
étant sous ses ordres ont enfreint
le sauf-conduit , vent les punir,
124; — condnit l'avant-garde du
dnc de Bon rgogne an siège de Crépy ,
126; — cité, 127; — sa colère con-
tre le sire de Mancourt, qui veut lui
imposer des conditions relativement
à la pri.se du château de Coucy,
i'8; — cité, 129; — se conduit
vaillamment an siège d'Aliban-
dières, i3o; — son nom inspire de
la crainte aux ennemis, ib.; —
blessé devant Alibaudières, i3i; —
se rend à Troyes pour sa gnérison,
ib. ; — cité, i5o, iS/, x58 ; — per-
met que des gentilshommes de son
parti fassent armes contre des Dau-
phinois, 160 ; — cité, 161; — fait
chevalier le duc Philippe, avant la
bataille de Saint-Riquier, 164 ; —
blessé et fait prisonnier, i65; —
secouru par ses gens, ib. ; — cité,
166, 170; — assemble ses troupes
vers Encre, 177; — assiège le châ-
teau de Quesnoy, 178; — y fiiit met-
tre le feu , ib. ; — se rend maître de
plusieurs autres forteresses, ib.; —
assiège Airaines, 179; — cité, 181;
— conduit l'avant-garde du dnc
Philippe à la reddition de Cosne-
sur-Loire , i85; — cité, 199, /zofe;
— sert de lances Lyonnel de "Ven-
dôme faisant armes contre Potoa
de Xaintrailles, 2o3 ; — prend par
siège les châteaux de Landrecies et
de Proisy, et les fait ravager, 2095 —
reprend la ville de Ham d'assaut ,
ai 2; — fait exécuter "Valeran de
Saint-Germain, 2i3; — met le
siège devant le château de Wiège-
en-Thiérache , ib. ; — attire Pofou
de Xaintrailles dans une embûche,
ib.; — le fait prisonnier, ainsi que
" Ecuycr. Commandoit , aux mois d'avril et d'août 1419, une compagnie de dix-neuf ccuyer.? ,
au service du roi de France , sous les ordres des seigneurs de Barbazan et Tanncguy Du Chaste).
(CoD, ".CELLES, IV, article Lupr , page 9.)
53
354
TABLE ANALYTIQUE
le sire de Verduisaat , 214; — leur
rend la liberté sons conditions , ib.;
— assiège Guise, ib.; — traite avec
le capitaine, 21 5 ; — chasse à l'éper-
vier et tombe dans une embuscade,
216; — devient nn riche et puis-
sant seigneur, ib. ; — conquiert tout
le comté de Guise, ib. ; — cité, 217;
— envoie Renault de Longueval,
son prisonnier, à Beaurevoir, 218 ;
— cité , 219 ; — accorde des lettres
de rémission à Riflart de Camp-
remi , 3o7, ^4pp.
Luxembourg (Louis de), évèque de
Thérouenne. Fait enterrer les morts
de la bataille d'Azincourt, Qr.
M.
Magny, village. Cité, i56.
Maim.y (Ferry de). Sert le duc de
Bourgogne , 73 ; — prisonnier et
conduit à Compiègne, parvient à
s'échapper, 74; — cité, 93 , note; —
fait une course devant Alibaudiè-
res, 129; — reçoit de Henri "VI
une partie des biens d'Adrien de
Rambures et l'e Jacques de Har-
court, 247» -^pp. ; —Cité, igS ,
À pp.
Mailly ( Jean, seigneur de ). Tué à la
bataille de Saint-Riquier, 170.
Maili.y (l'Etendard de). Voyez Milly
(lEtendard de).
Maxlly ( Robert , dit Robinet de ).
Nommé panetler, 95 j — se noie ,
127.
Mainguehem (Louvelet de), Mau-
DiNGUEHES , Masinguehen. Défend
la ville de Compiègne contre l'ar-
mée royale , 38 et 39.
'MaisonceUes , Masancelles , Maison-
chielles, DJaisonchilles. Le roi Henri
y loge, 62 ; — Cité , 65 et 66.
Maleberi. Capitaine de Gisors, en-
voyé an siège de Compiègne, 211.
Mamines' (Robert de), Mammes. Fait
chevalier dans une mine sous les
murs de Melun , i45.
Ma N AN (Pierre de). Prisonnier à la
prise de Soissons , 42 ; — déca-
pité , ib.
Mans ( le ) , Mant. Le roi Charles "VI
a sa première attaque de frénésie
dans cette ville ,191.
Marcoussy , 3Iarcoiicy , Marcoiisj,
château. Bâti par Jean de Monta-
gu , grand-maître d'hôtel de Char-
les A'I, 17; — se rend au duc
Jean , 80.
JMareuil, Mareitl. Le ch'ileati de ce
nom saccagé par les ordres dn duc
de Bourgogne, 1595 — prise de
cette forteresse par Jean de Can-
mont, 3o8, Jpp.
Margny. Citée ,211.
Marie (le comté de). Appartient à
Jean de Luxembourg, 216.
Marle ■ (Jeanne de Bar, comtesse de),
femme de Louis de Luxembourg ,
comte de Saint-Pol. Citée, 128.
Marle (Robert, duc de Bar, comte
de ). Mort à la bataille d'Azincourt ,
65; — cité, 128.
Marquion , près Cambraj. Les Fla-
mands y logent, 18.
Maubnisson ( abbaye de ). L'avant-
garde du duc Jean y est logée , 77.
Maucourt (le seigneur de). Prison-
nier au château de Coucy, 127; —
s'en empare conjointement avec
d'antres prisonniers, ib.; — fait
des conditions à Jean de Luxem-
bourg avant de lui donner entrée
dans ledit château , 128 ; — celui-ci
veut lui faire conper la tète , ib. ; —
abandonne le parti dn duc de Bour-
gogne, 217; — s'enfuit; ses biens cou.
fisqués, 218 ; — pris et décapité, ib.
Meaux , Miaiix , Miaidx , Maulx , en
Brie. Citée, 108, I43; — siège de
cette ville par Henri "V, 172; —
injure faite au roi d'Angleterre par
les assiégés, 173; — prise de ladite
ville, 174; — siège et reddition du
marché, ib.; — citée, 175 ; — le fils
du seigneur de Coruwals est tué de-
vant cette ville , 176; — le seigneur
d'Offemont est fait prisonnier en
cherchant à s'y introduire, ib. ; —
' Vovez. G. CutsTELLAiN , page 53.
' Moilf le /, mars 1461. { Oo Clercq , XIV , igS. ;
DES WATIERES.
355
Je roi Henri garnit et ravitaille la
ville, 17:; — citée, i^q, i8r.
Meaux ' ( Robert de Béthune , vi-
comte de ). Cité, 128.
Meliin, Meleiin, Meliin , IHelin. Citée,
25 j — le Danpbin est conduit dans
cette ville après la prise de Paris,
92; — citée, 108, 119, 142; —
assiégée par le roi d'Angleterre ,
i43; — faits d'armes passésdans nne
mine sous les fossés de cette ville,
14/,; — reddition de cette place, i45j
— citée, 146, 148, 173.
Menac ou Menon (Jean on Pierre
de). Voyez Maîjan (Pierre de).
Nerloii , Sierlan. La forteresse de ce
nom donnée à Henri "V, en échange
dn seigneur d'Offemont, son pri-
sonnier, 177.
Menlan, Moullent , MoeuUent , Meul-
lent. Citée, 21, 77, 78, 85; —
conférences tenues vers cette ville ,
entre les rois de France et d'Angle-
terre , et le dnc de Bourgogne, 107.
Mézières-siir-Meuse , Maisires. Entre-
vue du duc de Bourgogne avec son
frère le doc de Nevers, dans cette
ville, 5o.
MiiLY (l'Étendard de). Tombe dans
une embûche de Jean de Luxem-
bourg, ai3 ; — blesse Lyonnel de
"Vendôme, 214.
Miraumont. Les armées françoise et
angloise logent aux alentours de
cette ville, 61.
MiRACMosT (le seigneur de). Conduit
les archers dn dnc Jean le jour de
la bataille de Liège, 12; — com-
mande les archers picards au siège
de Senlis , 87.
Monceaux on Noncheaux, Monchiattx,
château fort en Normandie. Cité ,
23; — se rend aux Anglois, 106 j
— cité, III.
Monchi. Hector de Saveuses reste
long-temps au château de ce nom ,
dans l'espérance de pouvoir repren-
dre la ville de Compiègne, 99.
Monnaie. Tableau des mutations et
altérations dans les monnoies, de-
puis la bataille d'Azinconrt, 188.
3/o«5, en Hainaut , ville. Citée, 234,
235.
MoNSAY ( Aladin de ). Capitaine de La
Fère-en-Tardenois , 212; — rend
celte ville an duc Philippe , à con-
dition qu'il eu restera toujours le
capitaine, ib.
JMot-ssAY ( Alardin de ). Voyez Mon-
SAY (Aladin de).
JMoNTAGD (Jean de). Décapité à Paris,
17J — cité, 52.
MoîrT\GU (Jean de), archevêque de
Sens. Fait difficulté de signer le
traité de paix d'Arras, 53.
MoNTAGC ( Jean de Neufchatel, sei-
gneur de). Assiste an siège d'Arras,
43; — fait armes dans une mine
sous les murs de la ville , 48.
Mont-Â'tgiiiUon, en Champagne, Mont-
u'igiiillon. Cité, 1R2; — siège du
château de ce nom , 198; — il est
abattu , après sa reddition, ib.
Montdidier, Mondidier. L'armée du
duc Jean campe devant cette ville,
19 ; — citée , S/), 179, 180, 211.
Montereau-Faut - Yonne , Monstriati ,
Monstreau. Citée, 26; — le Dau-
phin loge dans cette ville , 1 1 1 ; —
le duc de Bourgogne dans le châ-
teau, 112 ; — citée, ii3 ; — le duc
de Bourgogne y est assassiné , ii4 ;
— siège de cette ville, iSg; — se
rend, i4oj — service fait dans
l'église de celte ville pour Jean, duc
de Bourgogne, ib.; — le seigneur
de Guitry, capitaine du château ,
sommé de le rendre , 141 ; — citée ,
142.
MoHt-le-Héry. Assemblée des princes
confédérés près de cette ville, i5;
— citée, 17, 35, 36; — siège dti
château , par le duc de Bourgogne ,
80 ; — citée , 84.
Montreuil, Monstereul, ville. Citée,
i.iS, 162.
Mont-Rouge ( le ), près Paris. Le duc
Jean y vient camper, 73 et 79.
MoREUL (Thibaut DE SoissoNs, comte
de ). Fait prisonnier par les Anglois,
io5.
Morenil, Moreul, ville. Citée, 180.
Mortemer, Mortemez. La ville de ce
nom se rend au roi d'Angleterre ,
177.
MoRvii-LiERs (Philippe de), MoRv ille.
Nommé premier président, gS.
Mojmers ou Moyennes , Moirnes ,
356
TABLE ANALYTIQUE
yiornes, Moinnes, Mcyines, Moisme.
Citée, i33, 182 j — siège de son
château, 198; — il est abattu après
sa reddition, 19g.
N.
Narbonne ( Gnillanme , vicomte de ),
Verbonne. Gouverne le Dauphin ,
112, 195.
Navaili.es ( Archambaut de Foix ,
seigneur de ) , Novialle. Tué en
cherchant à sanver la vie au duc
Jean , 1 i5.
Kesle , Ne/le. La ville de ce nom ra-
vagée par le due de Bourgogne , 19.
]Vesle-en- Tardenois , Nelle-en- Carde-
nois. Tient le parti du roi Charles ,
209 ; — citée , 210; — se rend an
duc Philippe, 212; — le sire de
Croy en a le gouvernement, ib.
Neiif-Chastel , ville. Se rend aux An-
glois, 106.
Neuf -Chastel-sîir- Aisne , ville. Pillée
et brûlée, ^2.
NeiiviUc ( la ) sur-Meuse, Noenville.
Siège de la forteresse de ce nom ap-
partenant au seigneur d'Orchiraont,
.55; — se rend au comte de Saiot-
Pol,5f).
Nevers (Bonne d'ARTOis, comtesse
de). Epouse Philippe-Ie-Bon, duc
de Bourgogne, 22(5; — Meurt an
bout d'un an de mariage, ib.; —
vouloit faire faire la paix entre son
mari et le roi Charles, ib.
Neters (Philippe de Bourgogne,
comte de). Reçoit la visite de son
frère , après la paix d'Arras , 5o ; —
prend les armes pour repousser les
Anglois, 69; — tué à la bataille
d'Azincourt, 65; — cité, 67, 226.
Noefvilt.e ( Philippe de). Tué, avec
Jacques de Harcourt, en voulant
faire prisonnier le sire de Parthenay,
208.
Normandie (la). Demandée, par
Henri "V, pour dot de Catherine ,
108.
Nouvion-le- Comte. Hector de Savenses
y est mis en garnison , 125.
NojeUe-sur-lSIer, Noie/le. Citée, tii ,
164, 1S2.
NoYELLEs ' ( Baudot de ) , Noielle
( Baudet de ). Fait chevalier au siège
de Toussy , i33.
NoYELLEs (Jean de), dit le chcfalier
blanc , NoiELLE , dit le blanc che-
valier. Assiste au siège d'Arras, 43.
Nojon, ville. Citée, 122.
o.
Offemont ( forteresse d' ). Rendue au
roi Henri, en échange du seigneur
de ce nom prisonnier, 177.
Offemont (Guy de Neeli-e, seigneur
d'). Prend la ville de Saint-Piiquier,
iSy; — cité, l'ig; — assiste à un
fait d'armes entre six Dauphinois et
six Bourguignons, 160; — cité,
ifii; — échange la ville de Saint-
Piiquier contre des seigneurs dau-
phinois, prisonniers da duc de
Bourgogne ,170; — cité ,171; —
fait prisonnier en voulant pénétrer
dans la ville de Meanx , 176; —
rend plusieurs forteresses pour avoir
sa liberté, et promet de ne plus
prendre les armes contre Henri V,
177-
Ogier (Robinet). Prisonnier à la prise
de Compiègne, 98.
OisY ( Galhault d'). Yoyez Arcy
(Gallehanlt d').
One , ville. Prise par les Anglois, 209.
Orchimont (Jean d'ANOiE , seigneur
■ Nous avons dit, page iî3 , note 3 , d'après Ilaudiquier, que ce seigneur vivoit encore en
1453. On le retrouve mentionné sept ans plus tard , dans le passage suivant de Du Clercq : « Le
seizième jour de juillet, au dit an (1460), en la ville d'Arras, sur le .soir, fu.st prins, comme
accusé d'être Vaudois , par messire Baniduin , sieur de Noyelles , chevalier et gouverneur de
l'sroanc, maistre Antoine Sacqnespée, etc. » (XIV, 37. )
DES MATIERES.
307
d'). Possessenrde la forteresse de la
Neaville-sur-Mense, 35.
Orléans, Orliens, Aliens. Le duc d'Or-
léans se retire vers cette ville, 25.
Ori.kaks (Charles ducd'). Prend le
titre de dac d'Orléans , 7 ; — se
Lgne avec plusieurs seigneurs de
France contre le duc de Bourgogne,
14; — cité, x6; — met garnison
dans la ville de Ham sur Somme,
175 — cité, 18; — maître de Saint-
Denis et de Saint-Cloud, 21; — cité,
a2; — qnitte Saint-Denis, 23; —
cité, 23 ; — se réconcilie avec le duc
de Bourgogne, aS; — cité, 3i ; —
donne sou frère, le duc d'Angoa-
lème , en otage aux Anglois , 32 ; —
se ligue de nouveau contre le duc
de Bonrgogue , i5 : — fait partie de
l'armée dn Roi diiigée contre ce
prince , 89 ; — cité, 4â, 5o j — con-
traint d'accéder à la paix d'Arras ,
5i; — cité, 5a, 54, 58; — s'arme
contre les Anglois, 69; — prison-
nier à la bataille d'Aziuconri, 65; —
ciié, G7.
Orléans (Jeand'j. Voyez Augou-
lème.
Orléans (Louis de France, duc d').
Communie avec le duc de Bourgo-
gne , en signe de réconciliation;
assassiné par les ordres de celui-ci,
lutii
e est emporte
par ses gens , 2 ; — inhumé aux Ce
lestins, 3 ; — cité, 4-G; — avoit trois
fils deYalentinede Milan, sa femme,
7 ; — cité, 14,45, note ; — blessé
par Charles "V'I, lors du premier ac-
cès de frénésie de ce prince, 192.
ORi.ÉA:rs (Philippe d'). "Voyez Ver-
tus.
Ourse. Voyez SpAZEQUERtN (Darse)»
P.
Paris. Exécation faite dans cette ville,
1 7 ; — troubles causés par la faction
des bouchers, 33; — le commun de
la ville mande an duc de Bourgogne
de venir, et qu'on lui donnera en-
trée dans ladite ville , 36 ; — exécu-
tion da prévôt, ib.; — Enguerrand
de l'ournonville se présente à la
porte du marché anx chevaux, es-
pérant entrer dans la ville , 37 ; —
le duc de Guyenne, Dauphin, meurt
dans cette ville, 67; — prise des
faubourgs de Saint-Michel ,79; —
cette ville assaillie, 84; — envi-
ronnée de garnisons, 85; — une
conspiration y est ourdie en favear
du duc Jean, 88; — prise de celte
ville par les Bourguignons , 89 ; —
tentatives des Dauphinois pour la
reprendre, 90; — ils viennent jus-
qu'à l'hôtel à rOnrs, 91 ; — pil-
lage et meurtres commis dans la
ville, 9?; — arrivée du duc de
Bourgogne , 94 ; — massacre des
prisons , 96 ; — Philippe , comte de
Saint-Pol , lieutenant du Roi ,119;
— prisonniers conduits dans celle
ville, 146; — le duc d'Exccsler en
est nommé gouverneur, i5i; —
soulèvemeat du commun en favear
du sire de L'Isle-Adam, i56; — arri-
vée ea cette ville du roi d'Angle-
terre et de sa femme, 177; — grande
fête à l'hôtel d'Artois, 224 et 225;
■ — le régent , duc de Bedford, quitte
cette ville , 238 ; — y revient , 242.
Voyez Bastille, Châtelet , Cèles-
tins, Hôtel d'Artois, Hôtel à l'Ours,
Hôtel des Corneilles , Saint- Marcel.
Parthe.vay ( Jean L'Archevesqce ,
seigneur de ) , Partenay. Fait pri-
sonnier dans son château par Jac-
ques de Harcourt , 206; — ce qui
en arrive , 207 ; — cité, 20^.
Perceval-le-Grand, Percheval-i.e-
Grakt. Assiste au siège d'Arras,
47; — capitaine de Roye-en-Ver-
maridois , 121 .
PÈRE (Gni.s'.liardon de ). Voyez Fère
( Bernardon de ).
Péronne , Pirone , ville. Citée , 42 ; —
l'armée royale y est logée , 61,75;
— se rend au comte de Charolois ,
92; — citée, 120.
l^ERREs (Lancelot). Tué devant la
ville d'Eu, 59.
Perweis (Henri de Horxe, comte de),
Peruel, Peruvez. .Souliùut la ré-
volte des Liégeois, 9; — abandonne
le sié"e de la ville de Trect, et vient
358
TABLE ANALYTIQUE
livrer bataille aax dacs de Bourgo-
gne et de Brabant, lo j — cité, 12 ;
— prisoHDier, i3; — ■ sa tète présen-
tée à Jean de Bavière , ib.
Perweis (Thierry de Horne, fils du
comte de ). Elu évêque par les Lié-
geois, 9 ; — prisonnier à la bataille
de Liège, i3.
Philippe , dit le Bon , comte de Cba-
rolois , puis duc de Bourgogne.
Cité, 67, note, 92 ^ — pourquoi
prend en baine Hector de Saveuses,
93; — devient duc de Bourgogne
par la mort de son père , 1 lâ j —
vent le venger, ib.; — propose nn
traité d'alliance an roi d'Angleterre,
ib.; — conditions dudit traité,
1 19 ; — fait la guerre au Daupbin ,
conjointement avec les Anglois ,
120; — cité, 121, 122; — assiège
Crépy, laS; — se rend à Troyes,
accompagné des ambassadeurs an-
glois qui vont faire la demande de
Catberine pour le roi Henri Y, ib.;
— se rend maître de Crépy, 126 ; —
fait abattre ses fortifications, 127; —
obtient de Cbarles TI qu'il donnera
sa fille au roi d'Angleterre, 129; —
fait assiéger la forteresse d'AUbau-
dières , ib.; — cité, i3o-i32 ; — or-
donne le siège de Coucy, i33; —
cité, i34, i35, 137; — assiste an
siège de Sens, i38; — entre dans la
ville, i3g; — assiège Montereaa,
ib.; — prend la ville , et fait exhu-
mer le corps de son père , i4o; —
ordonne nn service dans l'église de
cette ville, ib.; — cité, 141 j — se
dirige vers Melun, 142 ; — y met
le siège, i43; — fait armes dans
une mine contre nn Dauphinois ,
144 ; — cité , 145 , note ; — inter-
cède auprès de Henri Y, en faveur
du sire de LTsle-Adam , que ce Roi
veut faire mourir, 147; — désap-
prouve la conduite de Hue de Lan-
noy, qui se permet de frapper, en sa
présence, un de ses serviteurs, 1485
— ses regrets sur la perte d'Atis de
Briinen, ib.; — revient à Paris, 149;
— s'en retourne en Flandre et eu
Artois, i5o ; — son alliance avec le
roi d'Angleterre cause la désertion
de plusieurs seigneurs de son parti,
i52j — cité, 133, i55, i56; — se
dispose à mettre le siège devant la
ville de Saint-Riquier, 137 ; — fait
des demandes d'hommes à cet effet ,
i58 ; — assiège le Pont-de-Remy et
s'en rend maître, ib.; — • y fait met-
tre le feu, 159 ; — dévaste d'autres
châteaux, ib. ; — assiège Saint-Ri-
quier, ib.; — cité, 160, note, 161; —
va au-devant des Dauphinois qui
veulent lui faire lever le siège, 162;
— fait mettre le feu dans Abbeville,
iG3 ; — cité, 164 ; — fait chevalier
par Jean de Luxembourg, avant la
bataille de Saint-Riquier, ib. ; —
fait à son tour chevalier Philippe
de Saveuses , ib.; — se conduit vail-
lamment durant la bataille, i65; —
passe pour avoir été pris ou tué ,
166; — ce bruit occasionne la dé-
route de plusieurs seigneurs, ib.; —
sa bannière abandonnée est relevée
par Jean de Rosimbos, ib.; — gagne
la bataille dite de Saint-Riquier,
168 ; — fait deux prisonniers de sa
main , 169 ; — s'en retourne à Ab-
beville, ib. ; ■ — part pour Hesdin ,
170 ; — traite avec le seigneur d'Of-
femont, qui lui rend Saint-Riquier
en échange de plusieurs prison-
niers, ib.; — cité, 171, 182; — af-
fligé de la mort de sa femme Mi-
chelle, j83; — se rend à Cosne-
sur-Loire, pour prendre possession
de cette ville ou combattre les Dau-
phinois, 184; — va à Troyes, i85;
— apprend la maladie du roi d'An-
gleterre et lui envoie Hue de Lan-
noy, ib.; — cité , 186 ; — s'entend
avec le duc de Bedford , régent de
France, sur les affaires du royaume,
187 ; — cité, 188, 193, 19G, 197 j —
accorde sa sœur Anne an duc de
Bedford, 199 ; — se rend à Amiens,
pour conclure nn traité d'alliance
avec les ducs de Bedford, de Breta-
gne et le comte de RIcheraont, 200;
— cité, 201, note ; — se rend à Ar-
ras pour tenir une journée d'armes,
faite par Lyonnel de "Vendôme con-
tre Poton de Xaintrailles, 202 5 — ce
qui s'y passe, 2o3 ; — cité, 204, 208,
210, 211, 212, 21 5, note , 2 16 j —
est abandonné par plusieurs sei-
gneurs, qui vont servir le roi Char-
les , 217; — •pardonne à Renault
de Longueval de l'avoir quitté, ii8j
— marie Jean de la Trèmoille , et
DES MATIERES.
35.
donne une grande fête à cette occa-
sion, 224 ; — amoureux de la com-
tesse de Sallsbary, 2i5; — retourne
en Bourgogne et se marie, 2-26 ; —
donne sa sœur Agnès au duc de
Bourbon, 227; — sollicité par le
roi Charles de faire la paix, s'y re-
fuse , ib. ; — cité, 228; — désap-
prouve le mariage de Jacqueline de
Hainaut avec le duc de Glocester,
22g; — envoie un secours d'hom-
mes d'armes au duc de Brabant ,
i3o; — reçoit des lettres de défi du
duc de Glocester, 2^2 ; — accepte le
combat , ib.; — désigne pour juge
l'empereur d'Allemagne, 233 ; —
accorde un sauf-conduit au duc de
Glocester pour retourner en Angle-
terre, 234; — fait conduire la du-
chesse Jacqueline à Gand; a une
entrevue avec elle, 235; — se rend
en Hollande, 236; — gagne la ba-
taille de Bravvershaven , ib.; — se
prépare à combattre le duc de Glo-
cester, 287 ; — cité , 288 , 239 ; —
sollicité par le duc de Bedford de re-
noncer à se battre contre son frère,
s'y refuse, 240; — cité, 241, 242.
Pierrefonds ( porte de ) , Perefons , à
Compiègne. Citée, 98.
Pierrejonds, Perefons , Periefons ,
Parefois. Citée , 98 ; — tentatives
pour livrer le château de ce nom
aux Bourguignons, 99; — le sire
d'Offemont en est maître , 171 ;
— la ville remise à Henri "V, en
échange dudit seigneur d'Offemont,
pri>ouuier, 177.
Pierrepojit , Perrepont. La ville de ce
nom prise par les Dauphinois ,
179; — livrée aux flammes, 180.
Picquignj, Piquengnj, Piquignj. Ci-
tée , 157; — les déserteurs de la
bataille de Saint-Riquier s'y réfu-
gient, 166. Yoyez Chevaliers de
Picqnigny.
PiQUEGHY (Lignartde). Fait prison-
nier à la reddition du château du
Quesnov, 178; — exécuté à Amiens,
ib.
Poix (Daniot de) , Pois. "Va, avec plu-
sieurs gentilshommes, assaillir le
château d'Aumale, 74.
Poix ( Jeannet de ) , Pois ( Jeret, Jeu-
net, ou Jaquet de). Fait prison
nier parles gens du duc d'Orléans,
5 ! ; — cité, 73, 74, note; — nommé
amiral de France , 93.
Pont ( marquis de ). Voyez Bar
( Edouard , duc de ).
Pont-de-V Arche , ville. Se rend au roi
d'Angleterre , 100 ; — citée, 102.
Pont-de-Remr, ville. Résiste à une at-
taque faite par le roi Henri T, 60; —
citée, III; — siège de l'île du Pont-
de-Remy, par le duc de Bourgogne ,
i58; — la ville consumée par les
flammes, ib. ; — l'île et le château
pris, dévastés et brûlés, 169; —
citée, 160, i6r.
Pont-Sainte Maxence, Maxensse, ISIais-
sence. Se rend an Roi, 92; — Ro-
bert de Savenses en est fait capi-
taine, 211.
Po^^TiEU (Jean de Frawce, comte de),
duc de Tonraine. Gendre de la du-
chesse de Hollande, 49; — cité, 68;
— prend le titre de Dauphin, 69; —
conduit à Compiègne, y meurt, ib.;
— cité, 70, 11.-], note, 228.
Pantoise , Pontese. Le duc Jean man-
que d'être assassiné dans cette ville,
21 ; — assiégée et prise par le duc
de Bonigogne, 77; — le sire de
L'Isle-Adam en est fait capitaine,
ib.; — citée, 85, 86, 88, 107, 108,
iio; — prise de celte ville par les
Anglois, III.
Proisj (château de) , Proisi. Assiégé,
pris et dévasté , 209.
Proisy (Jean de ), Proissy. Capitaine
de la ville de Guise en Thiérache,
2l5.
Q.
Qiiesnoj; Quennoy. Siège et prise du
château de ce nom, 178; — Jean de
Luxembourg y fait mettre le feu, ib.
QuEtJS (Jean de). Tné en faisant le
sonrgiietù cheval, 167.
Quieret (Manassez), Manessier.
Capitaine de Ham sur Somme, 17 ;
— envoie défier le duc de Bourgo-
gne, i8.
36o
TABLE ANALYTIQUE
Rabèque ( le bâtard de ). Fait armes
contre un gentilhomme nommé
Campremi, 20/,.
PiAissE ( seigneur de ), Fait partie de
rexpédition contre les Liégeois, 1 1 .
Rainbiires , Romhures. Le château de
ce nom tient le parti du Dauphin,
172- — mis en l'obéissance da roi
d'Angleterre , 18 1 ; — donné par le
roi Henri VI â Colard et Ferry de
Mailly, 247, App.
Rambures ( Adrien , seigneur de ),
abandonne le parti du duc Philippe,
iSa; — une partie de ses bieus
donnée, par Henri YI , à Colard et
Ferry de Mailly, 247, Jpp.,- — autre
partie de ses liiens donnée à David
de Brimeu, 252, App.,- — cité, 295,
App.
Rampston (Thomas de), Rameston.
Assiste au siège de Gmise-en-Thiéra-
che, 214.
Rasse ( Pierre de Haverskerque, seî-
gnenr de). Voyez Raisse (seigneur
de).
Recourt (Pierre de) , Ratj court. Rai-
court. Fait armes contre un Dau-
phinois devant le seigneur d'Offe-
inont et Jean de Luxemboarg, 160;
— a son cheval tué sous lui, 1O1;
iibandonne le parti du duc de Bour-
gogne, 217 ;
prisonnier pai
Raoul de Gancourt, 21 8 j — ecar-
telé à Paris, i/>.
Reims, Rains, ville. Citée, 127.
Reims ( archevêque de). Voyez Char-
tres (Reginald de).
Renty. Les enfants du comte d'Eu, en-
voyés prisonniers au château de ce
nom, i\.
RicuEMONT ( Artns de Bretagne ,
comte de ). Se ligue avec les autres
seigneurs de France contre le doc
de Bourgogne, 35; — assiste an
siège d'Arras, 45; — prisonnier à
la bataille d'Azincourt , 65 ; — cité,
i83,»6fe; — fait un traité, à Amiens,
avec le duc de Bourgogne et le duc
de Bedford , 200; — cité, 20 r, note;
— assiste à une journée d'armes faite
a Arras, 202 j — épouse Marguerite
de Bourgogne, 204; — fait conné-
table par Charles VII, ib. ; — cité ,
2o5.
RoBSART (Louis) ', Robessart. Reste
auprès de Catherine de France après
l'accord fait de cette princesse an
roi d'Angleterre, 129 ; — accompa-
gne dans sa fuite Jacqueline de Haî-
naut , et la conduit en Angleterre,
228.
RocHEFORT (le damoiseau de). Exé-
ciité comme un des fauteurs de la
rébellion des Liégeois, 14.
RoNT (Jean de). Fait prisonnier an
siège d'Etampes, i\\ — mis en li-
berté à la reprise de cette ville par
les Bourguignons ,25; — assiste au
siège d'Arras, 48.
RosBECQUE ( hâtard de). Voyez Rabè-
que ( bâtard de ).
Rose (Laurens). Tué, 72.
RosiMBOs (Jean de) , Roissibos. Re-
lève la bannière du duc de Bourgo-
gne, tombée à terre durant la ba-
taille de Saint-Riqnier, 166; — as-
signé pour comparoitre devant le
prévôt d'Amiens, 3oo, App.
Ross (Jean, seigneur de), Ros. Dé-
puté par Henri V, vers Charles VI,
pour lui demander sa fille Catherine
en mariage, laS; — tué à la ba-
taille de Baugé , 1 54 ; — cité , 807 ,
App.
Roubais ( le bâtard de ), Robais. Fait
armes contre nn Dauphinois, devant
les seigneurs d'Offemont et Jean de
Luxembourg , 160.
Rouen, Roen. Citée, 102 ; — siège mis
autour de cette ville, io3 j — forcée
de se rendre, io4; — conspiration
découverte , io5 ; — citée , 106 ,
i55.
Rouen (bailli de). Voyez Sylvain
(Jean).
' Aux renseignements donnés sur ce seigneur à la page 129, note i, nous ajouterons celui
que nous lournit Lefebvre de Saint-Remy (VIII, 355-36): « ï.oys de Robcrlsart , chevalier de
l'Ordre de la Gartière d'Angleterre,» fut tue, au village de Conty, elfîiovcmbre i43o.
DES MATIERES.
36 1
RoOGE Duc (le). Voyez Louis III, dit
le Barbu, comte Palatin du Rhin.
Rot de Flandre , hérant. Cause
la dëronte de Saint-Riqnîer en di-
sant le duc Philippe pris on mort,
166.
Royal-Lien, Rojaulieu , ville. Citée,
211.
Roye-en-Vermandois, ville. Se rend an
dac de Bourgogne, 19; — citée, 20; —
prise par les Dauphinois, 121; —
fut donnée en dot à IVlichelle de
France , femme de Phijippe-Ie-Bon,
il. ; — assiégée et prise par le sei-
gneur de L'Isle-Adam, 122; — citée,
123-125; — assemblée tenue dans
cette ville par plusieurs seigneurs
voulant abandonner le parti du duc
Philippe, 2175 citée, 219.
RuBEMPRK ( Antoine de) , Ramboure-
PERE '. Fait chevalier par Hue de
Lannoy, t8o.
Rue, ville. Citée, 171.
Ruisseauville , Ronsiauville. Les sei-
gneurs francois y logent, C2.
S.
Saint-Cloud, Saint-Clan. Le duc d'Or-
léans se rend maître de cette ville,
21 j — prise par force par le duc de
Bourgogne, 22 ; — citée, 23,79.
Saint-Denis. Citée, i5; — querelle
survenue, dans ceite ville, entre les
Brabançons et les troupes dn comte
de Saint-Pol, 21; — citée, 22, 36 ,
37 ; — le Roi vient demeurer dans
cette ville, 1085 — y est enterré,
191.
Saint-Georges (Guillaume de "Vienne,
seigneur de), Saint-Jorge. Accom-
pagne le ducJeanùMonterean, 116;
— prisonnier, ib,
Saint-Germain (Taleran de). Capi-
taine du château du Qnesnoy; traite
de la reddition de cette place sans
l'avis de ses compagnons, 178 ; —
se retire avec une partie de ses
biens , ib. ; — prisonnier à la prise
de Ham , 2 1 3 ; — exécuté , ib.
Saint-Légier ( Manroy ou Mauvray
de). Sert le duc de Bourgogne, 73 ;
— blessé an siège de Corbeil, 80 : —
envoyé par le duc Philippe assiéger
Tonssy, i33; — a un commande-
ment à la bataille de Saint-Riquier,
16.5.
Saint-Marcel. Ses faubourgs pris par
le seignenr de Fosseux , 79; — les
gens dn duc de Bourgogne y logent,
84.
Saint-Martin-le-Gaillard, ville, le-Gal-
lart. Assiégée par les Angiois, 110.
SaÀnt-Michel , lieu. Cité, 199.
Saint-Pol. Citée, 3i ; — les troupes
do Roi brûlent les faubourgs de
cette ville , 46; — le roi d'Angle-
terre y passe avec le roi d'Ecosse ,
i5i.
Saint-Poi. (Bonne de Bar , comtesse
de). Citée , 11 , note; — fait sortir
de prison son frère Edouard, 34 ; —
citée, 57, note.
Saikt-Pol( Jeande Luxembourg, bâ-
tard de ). Cité, io3 , note ; — porte
à son bras un signe de défi contre
quiconque soutiendra que Jean de
lïrabant n'a pas un plus juste droit
' Nons avons dit (page 180, note 4\ sur la foi de La Morlière , qu'Antoine de Rubempri-
« vivoit encore long-temps après i453.» C'est une erreur. Koiis Usons dans Saint-Remy (VIII ,
349), sous l'année i43o, que le seigneur de Croy, commandant les troupes du duc de Bour-
gogne contre l'éTèque de Liège, ((envoya le seigneur de Reubempré, son beau-frère , en la for-
teresse de Poileinache , pour la garder allencontre des Liégeois ; mais il ne fut mye longuement
dedans la dicte forteresse que , à une saillie qu'il fist allencontre de ses adversaires , fut blescbié
et emmené prisonnier à Dinant, où il morut de la dicte blessure.» C'est au troisième fils du sei-
gneur de Rubemprc qu'il faut attribuer ce que La Morlière a, mal à propos, mis sur le compte du
père , ainsi que le prouve le passage suivant de Uu Clercq : « Le duc, pour résister aux Allemans ,
envoya le sieur de Reubempré, chevallier, nommé Anlhoine , nept'eu du dit sieur de Croy,
accompagné de quatre cens hommes d'armes et de quatre cens arcbiers....» (Xill, go, .sous
l'année ,453.)
Monstrelet ( V, 3oi) fait erreur eu attribuant au seigneur de Rambures les faits qui concernent
le bcaufrère du seigneur de Croy.
362
TABLE ANALYTIQUE
à faire la guerre en Hainaut, que le
duc de Glocester, 241.
Saint-Poi, (Philippe de Bourgogne ,
comte de ). Prend ce titre après la
mort du comte Valerand, son grand-
père ,675 — lieutenant du Roi à
Paris, 1195 — ^'*'' '^ guerre an duc
de Glocester à la place de son frère,
Jean de Rrabant , 23o; — met le
siège devant Braine-Ie-Comte, ïji;
— l'ait abattre et saccager cette ville,
ib.; — cité, aSî j — reçoit l'ordre
de ne pas combattre le duc de Glo-
cester, 233 ; — cité, 234.
Saint-Pol ( Valeran de Luxembourg,
comte de ) , Saint-Paul ( "Valerain
de). Accompagne le duc de Bour-
gogne au conseil qui se tient après
la mort du duc d'Orléans , 3 ; — re-
fuse de suivre ce prince dans sa
fuite, 4 ; — cité, 11, note, i5, 16 j
— capitaine de la ville de Paris ,
22 ; — assiège Saint-Remy-du-Plain,
29; — gagne la bataille de ce nom,
ib.; — cité, 3o ; — assiège et prend
Concy, 3r ; — cité, 34, note ; — 45,
note; — fait faire une sortie contre
les gens du Roi , qai brûlent les fan-
bourgs de Saint-Pol, 46; — cité,
54 ; — se rend maître de plusieurs
forteresses au nom d'Antoine de
lirabant, 55; — passe à Bar-le-Duc,
voit son beau-frère , ib. ; — assiège
le château de La Neuville , ib. ; —
se rend à Yvois, et y meurt, ib. ; —
enterré dans la grande église, ib.; —
avoit demandé à l'être dans l'abbaye
de Clercamp, 56; — cité, 67, 74,
9.02, 24 1, note.
Saint-Quentin , en Vennandois , ville.
Le duc de Bourgogne y loge , i 25 ;
— cité, 126.
Saint- Rem y-du-Plain, Saint- Remy-aii-
Plain. Siège de cette place , 2g ; —
bataille de ce nom , gagnée par le
comte de Saint-Pol, ib. ; — se rend
audit comte, 3o.
Saint- Riquier. Citée, i55; — prise de
cette ville, 167; — citée, t58; —
assiégée par le duc de Bonrgogne ,
159; — citée, 160, i6i ; — les Dau-
])hinois veulent faire lever le siège ,
162; — citée, i63; — cette ville
rendue au duc Philippe, en échan-
ge des prisonniers qu'il a fûts à la
bataille de Saint-Riquier, l'jo; —
citée, 172.
Saint-Sauf-Lieu (Charles de). 'Voyez
Saulien.
Saint-Sauf-Lieu (Louis de) , Saint-
.Salien. Obtient de l'abbé de Fé-
camp l'entrée de la forteresse de
Beine pour Hector de Saveuses ,
78.
Saint-Vallery. Les Dauphinois maîtres
de cette ville, t68; — elle se met
en l'obéissance du roi Henri Y,
i8t.
Saint-Vandrillk ( Ogier de). Tué au
siège de Tonssy, i34.
Saint-Yaudrille (Ogerde). Yoyez
Saint-Yandrille (Ogier de ).
Sainte- Catherine {\e fort de), devant
Rouen. Le roi d'Angleterre y prend
son logement, 102.
Salisbury ( Aliènor, comtesse de ) ,
Salsebri. Citée, 197, note; 224,
note / — assiste à une fête donnée par
le duc Philippe, à l'occasion du
du mariage de Jean deLaTrémoille,
226 j — ce prince en devient amou-
reux, ib.
Salisbury ( Thomas de Montagu ,
comte de), Salsebry , Salsebery.
Gagne la bataille de Gravant, 197;
— met le siège devant Mont-Ai-
guillon, 198; — s'en rend maître
et le fait abattre, ib.; — assiège le
château de Moymers, ib.; — assiste à
la bataille de Terneuil , 222; —
vient à une fête donnée à Paris par
le duc de Bourgogne, 225; — prend
en haine le duc et pourquoi, ib. ; —
sou lient le duc de Glocester dans sa
querelle contre le duc Philippe, aSg.
Sarrebrucbe (Ame de), sire de Com-
mercy, Sallebrouse. Tué an siège
d'Arras, 48.
Saulien (Charles de). Tué à la ba-
taille de Sainl-Piiquier, 168.
Saveuses ' ( Hector de ) . Cité, 37 ; -—
défend Compiègne contre le Roi ,
3y; — fait prisonnier eu allant en
pèlerinage, 53; — mis en liberté,
ib_ ; _ cité , 54, 73 ; — obtient du
seigneur de L'Isle-Adam de livrer
passage , par sa
ville, au duc Phi
Seigneur (le .Saveuses .nprès la i
• son frère Guillaume , i
1 la bataille d'Azincourl-
DES MATIÈRES.
363
lippe , 76 ; - — pille le château de
Beine, malgré la promesse de le res-
pecter, 78 ; — député par le duc
vers la reine Isabelle, Sfj — se
rend à Chartres, et prend querelle
avec Hélyon de Jacleville, 82- —
s'empare du château de Bris , 83 ; —
entre dans les faubourgs de Saint-
Marcel , 84; — blessé à l'une des
portes de Paris, ib.; — cité, 85 ; —
assiste au siège de Senlis,87; —
entre dans Paris, 91 ; — fait ouvrir
les portes de Compiègne au nom du
Roi , 92 ; — se querelle avec le sire
de Chantemerlc et veut le tuer, ib, ;
— cité, 97-99, II '1 15 I ; — accom-
pagne des Dauphinois prisonniers
avant un sauf-conduit, 122; —
s'oppose vainement à ce qu'on en-
freigne le sauf-conduit, I23; —
cité, 124 ; — tient garnison à Nou-
vion-le-Comte , 125; — va courir
devant Alibaudières , 129; — as-
siste au siège de cette forteresse ,
i3i.
Savecses (Jean de) '. Envoyé comme
otage en Angleterre, par Charles ,
duo d'Orléans, 32; — cité, 78.
Saveuses ^ (le Bon de), le Boin. Per-
suade aux Anglois prisonniers dans
le château de Gournay, et qui s'en
étoient rendus maitres , de le lui
rendre, ïof); — abandonne la cause
du duc Philippe pour celle du Dau-
phin , i53 ; — reçoit des lettres de
rémission par lesquelles Henri "VI
lui pardonne d'avoir servi le parti
du Dauphin, et le rétablit dans ses
biens , 282, /^pp.
Saveuses ^ f Philippe de ). Tient gar-
nison à Compiègne, 87 ; — défend
cette ville contre le Roi, 3ç) ; — fait
Ijrisonniers le seigneur de Chaule et
Enstache Dénie, 53 ; — les échange
contre son frère , 54 ; — cité, 73 ;
— obtient du sire de L'Isle-Adam le
passage, par sa ville, pour le duc
Jean , 76 ; — envoyé à Paris par le
duc de Bourgogne, 83 ; — loge dans
Saint-:Marcel, 84; — défait dans
une course devant le château de
Breuil, 85; — assiste au siège de
Senlis, 87; — entre dans Paris, 91 ;
— se fait ouvrir les portes de Com-
piègne, 92 ; — obtient l'ouverture
de plusieurs autres forteresses du
pays , ib. ; — fait un grand nombre
de prisonniers anglois et les conduit
à Gournay , loS ; — cité, 126 ; —
envoyé an-devant des Dauphinois à
Saint-Riquier, i(52 ; — donne avis
au duc Philippe de l'approche de
l'ennemi, i63; — fait chevalier par
le duc de Bourgogne à la bataille de
Saint-Riquier, 164 ; — met le siège
devant le château du QnesnoT, i 77;
— cité, 179 ; — poursuit les Dauphi-
nois, i8i ; — assiège Compiègne,
2! i; — accompagne Jean de Luxem-
bourg au siège de Guise, 214: —
intercède auprès de Henri TI pour
son frère, le Bon de Saveuses , qui
avoit pris parti pour le Dauphin,
283, -^pp'
Saveuses (Robert de). Cité, t53, note;
— capitaine du Pont-Sainte-INIaxea-
ce, 211 ; — intercède auprès de
Henri VI, afin d'obtenir le pardon
de son frère, le Bon de Saveuses, qui
s'est laissé entraîner dans le parti du
Dauphin, 283, ^pp.
Senlis , Cenlis. Siège de cette ville par
' Il fat fait chevalier, par le comte de Duuois, le n août i45i. (Du Clercq , XII , 11?..)
' Capitaine-général du comté d'Artois et gouverneur de Béthune ( Anselme , VI , 1 13 ; et VII ,
8it3). II fut pour\Tien 1436 de l'office de lieulenant de gaienier de Cambrai , concurremment avec
Enguerrand de Monstrclet, ainsi qu'on le voit par les lettres-patentes du duc de Bourgogne, dont
il étoit écuycr d'écurie. Ces lettres, adressées au comte d'Lstampes, sont datées du i3 mai i436, et
sont conservées dans le cartulaire manuscrit de l'église de Cambrai. ( Mémoire de M. Dacier sur
la vie d" Enguerrand de Monstrelet , Cheosiqces ,1,8.)
i Seigneur de Saveuses , vers 1420 , après la mort de son frère Hector. Dans la note qui con-
cerne ce seigneur, page 34 , il est dit qu'il fut long-temps capitaine d'Amiens et de l'Artois. Du
Clercq (XIV, 3o6) nous apprend qu'il fut déposé en i463 «de sa capitainerie d'Amiens, de la
cité d'Arras et delà ville de DouUens. » Il itoit .igé de soixante et douze ans, lorsqu'en i465 le
duc de Bourgogne lui « envoya ung maïKlinicui par lequel il le commectoit capitaine-général
d'Artois.» {Ibid , 36 et 38. ) .< On dit an i \i>-^ , le xxviiie jour de mars ensicvant, trespassa de
ce inonde le seigneur de Saveuses, rugiii ilr i.xnvii uns, en la ville d'Amiens.» {Croniques des
pierres et advenues es royaulmes de franc- pi <l' Inglelerrc , fol. rnxxx, verso, deuxième colonne. )
364
TABLE ANALYTIQUE
le Roi , 86 5 — bataille, 87 ; — levée
dadit siège, ib. ; — otages décapi-
tés , ib.
Sens , Sen , en Bourgogne. Assiégée
par Henri "V, iSS^ — défendue par
le seigneur de Bontouviller, ib.; —
sa reddition, ib. ; — querelle sur-
venue dans cette ville, entre les An-
glois et les Bourguignons , iSg ^ —
citée, r47, i85.
Serre (marquis de). Fait prisonnier à
la bataille de Saint-Riquier, 169.
SiGisMOND , empereur d'Allemagne.
Cité, 23.1.
Soissons. Citée, 38; — siège de cette
ville , /Ji ; — le bâtard de Bourbon
y est blessé à mort, ib.; — dissen-
.•>ion dans la ville, cause de sa prise,
42 ; — livrée au pillage, ib.
Soissons (la comté de). Apparteuolt à
Jean de Luxembouri', 216.
SoREs ( seigneur de ). Fait prisonnier.,
par les Dauphinois, à une saillie con-
tre Complègne, 211.
Spazeqderin (Durse), femme de Co-
pin de L.^ "ViÉville. Accusée d'avoir
empoisonné la duchesse de Bourgo-
gne, 182, i83, note.
Stcart ( Jean ) , connétable d'Ecosse.
Assiège Gravant , 196; — y est fait
prisonnier, 197; — cité, 198; —
Charles "VII lui accorde le droit de
porter dans ses armes l'écartelure
de France, au premier et dernier
quartier, 3c6, ^pp.
SuFFOLK (William de la Pôle, comte
de), SuFFORT. Assiste à la ba-
taille de "Veineuil , 222 ; — vient à
une fête donnée à Paris par Phi-
lippe due de Bourgogne, 225.
Sylvain (Jean), bailli de Rouen.
Assiste au siège de Compiègne, 211.
Tabari, capitaine de brigands. Assiste
au siège de Senlis, 87 ;" — cité, 83 ;
tué an siège de Toussy, i34.
Tancarville ( Guillaume, comte de),
Ancarville. Beau-père de Jacques
de Harcourt, loi ; — cité, i52.
Thien (bâtard de), Tion. Capitaine,
7' ; — fait pendre un nommé Ga-
difer, 78 ; — mis en garnison à Sen-
lis , pendant le siège de cette ville ,
86; — défend Rouen lors du siège
par les Auglois, 102; — accompa-
gne le sire de L'Isle-Adam au siège
de Compiègne, an ; — récompensé
de .ses bons services par Charles VI,
246, yipp.
TiAN (seigneur de). Conduit les trou-
pes du comte de Saint-Pol , i5.
Tongres , ville. Citée, 10, 12.
Tonnerre, comté. Cité, i33.
TouLET ( Robin ). ïué dans un enga-
gement prè.-i Beau vais, {j5.
TouLONGEoN ( Antoine de ) , Toulon-
G'jîf . Défend Rouen pendant le siège
de celte ville par les Auglois, io3 j
— cité, II 3, note.
TouLONGEON (Jean de), Toclongdon,
dit le Borgne. Assiste au siège d'Ar-
ras , 44 î — S^gne la bataille de Gra-
vant. 197 ; — cité, 198.
Tour-Maitre-Oudon , à Concy. Mi-
née, 3x, note.
Tours, ville. La Reine, reléguée dans
cette ville, en est tirée par le duc
de Bourgogne, 81 ; — citée , iS;-
Toiissj, Coiissj. Siège de celte ville par
les Bourguignons, r33; — belle
défense des bons hommes de la
ville, ib.
Trect , Tret, ville. Siège de cette ville
par les Liégeois , 9 ; — citée, 10.
Trojes , en Champagne. Citée, 86,
1 10 ; — ambassadeurs anglois reçus
dans cette ville par le roi Charles VI,
12.^; — citée, 127, 129-132; —
arrivée du roi d'Angleterre dans
cette ville, 1 35 ;— il s'y marie, i36;
— citée, i85, 209.
DES MATIÈRES.
365
V.
yains , ville. Citée, 209.
Valentine de MitAN , duchesse d'Or-
léans. Citée, I, noie; 7.
Yaixixs (Andrieii de) , "Vai.lines. En-
voyé parle dac Philippe an duc de
Brabant, ponr loi condaire des
troapes, 280; — tué à la bataille de
Brawershaven, 236.
"Vaurdzé ou Taurcffe. Voyez Yorus.
Taux ( Jean de ). Se venge d'Hélyon
de Jacleville, 82.
Fendoine. Le dac Jean va dans cette
ville au-devant de la Reine, 81.
."Vendôme (Lyonnel de) , Vandonne.
Fait armes à Arras contre Poton de
Xaintrailles , 202-204 ; — blessé
d'un coup de lance, dans nue em-
bn.scade , au comté de Guise, ai4.
Venette , Femette, ville. Citée, 2H.
"Verduisant (seigneur de). Attiré
dans une embuscade par Jean de
Luxembourg, 2i3; — fait prison-
nier, 214 ; — mis en liberté, ib.
Termandois ( bailli de ). Voyez Lar
GiES ouLiersis (Thomas de).
T'erneuil, au Perche , T'erneul. Citée ,
217, 220; — bataille de ce nom ga-
gnée par le dnc de Redford , 223.
f'ernon, an Perche. Henri "V va dans
cette ville avec l'intention de com-
battre le Dauphin, i5")el i56.
Veroult (Pierre de). Cité, 149, noce.
Vertus (Philippe d'ORi.ÉANs , comte
de). Cité, 7.
Vezelaj, redelay,\ï\\e. dite, 184.
Vienne ( Evrard de), Biane. Mort au
siège de Melnn, i43.
T'iUiers-le-Chastel. Occupé par les
troupes du Roi au siège d'Arras, 46.
Vincennes , Vicenne, château. Le roi
Henri V y tombe malade, iSf).
VoRtis ( bâtard de) , Verous. Capi-
taine de la ville de Meaux, 172 ; —
pendu lors de la reddition de cette
ville, 175.
Vorus (Denis de). Pendu lors de la
reddition de Meaux, 175.
w.
YVaxcocrt (le seigneur de), Blan-
couRT, Vancourt. Défend la ville
du Pont-dfe-Remy, assaillie par le
roi d'Angleterre , 60 ; — cité, 1 1 1 ,
i58.
Wancourt ( Louis de ) , Vaucourt.
Fait la guerre aux Anglois , 1 1 1 ; —
abandonne le parti du duc de Bour-
gogne , 1 53 ; — remet la ville du
Pont-de-Remy entre les mains de
Jacques de Harcourt, i58.
Wargnies (Louis de), Vargiwes ,
Varigihes. Sert le duc de Bourgo-
gne, 73 • — donne assaut à la ville
d'Aumale, 74.
Warwick ( Richard Beauchamps ,
comte de ) , Varvich , Tarvic. Dé-
puté par Henri V , vers Charles VI,
pour lui demander sa fille Cathe-
rine en mariage, i25 ; — envoyé
pour faire lever le siège de Cosne-
sur-Loire, 1845 — cité, 3o-i, App.;
— 3o5, App.
Wast (Castelain). Capitaine, 71.
Wiége-en-Thiérache , Viege-en-Ter-
rasse. Siège du château de ce nom ,
2 1 3 ; — pris et ravagé , ib.
X.
Xaistraimes (Jean, dit Poton de ),
Sainte-Traili.e. Tient la ville de
Crépy-en-Laonnois , i25 ; — prend
Saint-Riqnier, 157 ; — défend cette
ville contre le duc de Bourgogne ,
169; — ses gens tiennentle château
de Douriers, i(ja; — fait prisonnier
à la bataille deSaint-Riquier,i69; —
366 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
mis en liberté en échange de la ville
de Saint-Riquier, 170; — rend le
château deDouriers, 171; — se dis-
pose à faire lever le siège d'Airaines,
iijç)- — prend la ville de Pierrepont,
ib' ; — fait armes contre Lionnel
de "Vendôme , 202-204 ; — s'em-
pare de la ville de Ham-sur-Som-
me , 212; — ne peat la garder,
s'échappe et s'enfait à Guise en-
Thiérache, 21 3 ; — tombe dans une
embuscadede Jean de Luxembourg,
est fait prisonnier, 214 ; — fait nn
traité par lequel il est mis en li-
berté , ib.
Y.
YoRCH (Edouard, duc d') , Iorc. Taé
à la bataille d'Azinconrt , 66.
Yvois, Yuvins, Yvins. Le comte de
Saint-Pol meurt dans cette ville, et
y est enterré dans la grande église,
56.
FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
Préface Page vij
Notice sdr Pierre de Fenin xvij
Liste des ouvrages consultés xxxix
Mémoires de Pierre de Fenin i
Appendice 2^3
Glossaire SaB
Table analytique des matières 333
FIN DE LA TABLE GENERALE DES MATIERES.
ERRATA.
Page 17 , note 4 , Manassez Qaeiret lisez Quieret.
25 , ligne 1 1 , Aliens ' Orlieiis.
52 . note 5 , évêque archevêque.
54 , note 3 , rchers archers.
i37, note a, 5 juin 4 juin.
1 52 , ligne 1 5 , oonlé conte.
i54, ligne i de la note, hommes d'armes an cler.. armez aa cler.
i65, ligne 2, sur la coste la costé.
169 , note 2 , Saint-Sanflliea ^aini-Sauflieu .
179, ligne i3, palais ' palis.
212, ligne I , Jaqnes ' Jean.
218, ligne 23 , Biaavoir Biaurevoir.
262 , ligne 1 2 , il est doyvent ils doyent.
352 , deuxième colonne, Lil-ladam TÀUadam.
Cette leçon est confonne au texte fautif du manuscrit.
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