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Full text of "Mémoires de Pierre de Fenin, comprenant le récit des événements qui se sont passés en France et en Bourgogne sous les règnes de Charles VI et Charles VII. (1407-1427)"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2009  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/mmoiresdepierrOOfeniuoft 


MEMOIRES 


DE 


PIERRE  DE  FENIN 


A  PARIS, 
DE  L'IMPRIMERIE  DE  CRAPELET, 

RUE    DE    VAUGIRARD  ,    N"  9. 


MÉMOIRES 

DE 

PIERRE  DE  FENIN, 


COJIPRENANT 

LE  RÉCIT  DES  ÉVÉNEMENTS 

QUI    SE   SONT    PASSÉS 

EN  FRANCE  ET  EN  BOURGOGNE 

sous  I.ES  RÈGNES  DE  CHARLES  VI  ET  CHARLES  VII. 

(1407-1427.) 
NOUVELLE   ÉDITION, 

PUBLIÉE  d'après   un    MANUSCRIT,  EN  PARTIE  INEDIT,  DE  LA  BIBLIOTHEQUE  ROYALE  , 
AVEC    ANNOTATIONS    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS, 

PAR  M--  DUPONT. 


A  PARIS,      V^^ 

CHEZ  JULES  RENOUARD, 

LIBRAIRE    DE    LA    SOCIÉTÉ    DE    l'hISTOIRE    DE    FRANCE, 
Bt'E   DE   TOURNON  ,    N»  6. 

1837. 


EXTRAIT  DU  RÈGLEMENT 

DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  L'HISTOIRE  DE  FRANCE. 


«  Art.  14.  Le  Conseil  désigne  les  ouvrages  à  publier,  et  choisit 
les  personnes  les  plus  capables  d'en  préparer  et  d'en  suivre  la  pu- 
blication. 

«  Il  nomme,  pour  chaque  ouvrage  à  publier,  un  commissaire 
responsable  ,  chargé  d'en  surveiller  l'exécution, 

«  Le  nom  de  l'éditeur  sera  placé  à  la  tête  de  chaque  volume. 

«  Aucun  volume  ne  pourra  paroître  sous  le  nom  de  la  Société 
sans  l'autorisation  du  Conseil ,  et  s'il  n'est  accompagné  d'une  dé- 
claration du  commissaire  responsable ,  portant  que  ce  travail  lui  a 
paru  mériter  d'être  publié.  » 


Je  soussigné,  nommé,  par  décision  du  Conseil  en 
date  du  i"  août  i836,  commissaire  responsable  pour 
r édition  des  Mémoires  de  Pierre  de  Fenin,  déclare 
que  le  travail  d'annotations  de  cette  chronique,  tel 
qu'il  a  été  compris  et  exécuté  par  mademoiselle  Du- 
pont, me  paroît  à  tous  égards  mériter  d'être  publié. 

Fait  à  Paris ,  le  lii  février  1887. 

J.  RAVENEL. 


Certifié, 
Le  Secrétaire  de  la  Société'  de  l'Histoire  de  France, 
J.  DESNOYERS. 


PREFACE 


Les  Mémoires  de  Pierre  de  Ferlin^  dont  l'édition 
originale  est  due  à  Denis  Godefroy,  parurent  pour 
la  première  fois  en  i653,  parmi  les  appendices 
à  V Histoire  de  Charles  VI  '  de  Juvénal  des  Ursins. 
Ils  ont  été  compris,  en  i  ^85  et  1 8 1 9,  par  MM.  Per- 
rin  et  Petitot ,  dans  lune  et  l'autre  Collection  de 
Mémoires  relatifs  à  l'histoire  de  France,  par  eux 
publiée  ^  A  l'addition  près  d'un  petit  nombre  de 
notes  explicatives,  ces  deux  éditeurs  n'ont  fait  que 
reproduire  le  texte  donné  par  Godefroy.  Ils  n'a- 
voient  pu ,  sans  doute ,  se  procurer  un  seul  des 
manuscrits  extrêmement  rares  de  cette  chro- 
nique ' .  Plus  heureuse  que  nos  devanciers ,  nous 

'  Paris  ,  de  l'Imprimerie  Royale ,  in-folio.  Les  Mémoires  de 
Pierre  de  Fenin  occupent  les  pages  44^~49^  ^^  ^^  volume. 

*  Tome  5,  page  33i-5o9  de  la  Collection  Perrin  ;  tome  7, 
page  aS-j-S^o  de  la  Collection  Petitot  (première  série). 

^  Valère  André,  qui,  le  premier  ,  signala  l'existence  de  Pierre  de 
Feuin  et  de  son  ouvrage,  cite  J.-B.  Duval,  vice-gouverneur  de  la 
ville  d'Arras ,  et  Claude  d'Oresmieulx ,  de  Lille  ,  comme  étant  cha- 
cun possesseur  d'un  manuscrit  de  cette  chronique.  Il  en  existoit  un 
dans  la  bibliothèque  de  Saint-Waast  d'Arras  :  il  fut  emporté  en 
Angleterre  par  un  religieux  de  cette  abbaye,  lors  de  la  suppression 
des  couvents,  en  1790.  M.  le  marquis  Le  Ver,  qui  nous  a  fourni 
«c  renseignement,  le  tenoit  du  bibliothécaire  même  d'Arras.  Nous 

a 


vlij  PRÉFACE, 

avons  mis  à  profit ,  pour  cette  quatrième  édition^ 
un  manuscrit  '  qui  nous  en  a  offert  une  copie  à 
la  fois  moins  altérée  et  plus  complète  que  celles 
dont  Godefroy  a  fait  usage  -  :  moins  altérée,  car 

avons  fait  d'inutiles  démarches  pour  coanoître  le  sort  de  ce  ma- 
nuscrit. 

'  ïn-quarto,  sur  papier,  d'une  bonne  écriture  du  xv^  siècle. 
Après  avoir  appartenu  à  Baluze,  dans  la  bibliothèque  duquel  il  figu- 
roit  sous  le  n°  654  ,  ce  manuscrit  a  passé  dans  celle  du  Roi  ,  où  il 
est  coté  n°  io3ig^.  Outre  les  Mémoires  de  Pierre  de  Fenin,  qui  ne 
vont  pas  au-delà  du  folio  1 35 ,  ce  volume  renferme  les  pièces  dont 
le  détail  suit  : 

I.  Description  du  Pas  d'armes  tenu  par  Philippe  de  Lalain ,  en 
la  ville  de  Bruges,  le  28  avril  i463  (fol.  136-171). 

II.  Description  du  banquet  donné  à  Lille,  le  17  février  i453  , 
par  Philippe-le-Bon ,  duc  de  Bourgogne  (fol.  172-226).  — Ce 
morceau  a  été  jugé  de  bonne  prise  par  Olivier  de  La  Marche  et  par 
Mathieu  d'Escouchj,  qui  Font  inséré,  le  premier,  dans  ses  Mé- 
moires (11,  160-208),  et  le  second,  dans  son  Histoire  de 
Charles  Fil  (664-679).  Notre  manuscrit  offre  un  texte  plus 
ample  de  cette  pièce. 

Les  folios  227-233  sont  blancs. 

III.  Le  Trespas  du  roy  Charles  (fol.  234-237).  — Relation  des 
funérailles  de  Charles  VII. 

IV.  L'Entrée  de  Rains  (fol.  238-246).  —  Relation  de  l'entrée  de 
Louis  XI  à  Reims  ,  avec  quelques  détails  sur  son  sacre. 

V.  L'Entrée  de  Paris  (fol.  247-25&et  dernier).  —  Relation  de 
l'entrée  du  même  prince  à  Paris. 

Nous  croyons  inédits  les  n"^*  I,  III ,  IV  et  V.  Le  premier  seul  a 
de  l'intérêt. 

'  Nous  avons  sous  les  yeux  un  manuscrit  des  Mémoires  de  Fenirt 
qni  faisoit  partie  de  la  bibliothèque  de  Godefroy.  Il  lui  avoil  été 


PRÉFACE.  ix 

on  y  retrouve  fréquemment  et  les  dates  réelles  des 
faits  mentionnés  '  et  la  véritable  orthographe  du 

communiqué  ,  ainsi  qu'on  l'apprend  par  une  note  de  sa  main ,  par 
M.  de  Lomenie  ;  en  voici  le  titre  exact  :  Mémoires  de  Pierre  de  Fe- 
nin,  cscuier  et  panetier  du  roy  Charles  J'^I,  mis  en  lumière  par 
Gérard  de  Tieulaine ,  sieur  de  Graincourl-lez-Duisans .  A  ces  mots, 
mis  en  lumière,  qui  donnent  à  penser  que  Gérard  de  Tieulaine 
avoitle  projet  de  publier  ces  Mémoires  ,  une  main  autre  que  celle 
de  Godefroy  a  substitué  celui-ci  :  recueillis.  Des  corrections  mar- 
ginales assez  nombreuses  et  surtout  d'importantes  additions  ,  qui  ne 
peuvent  être  que  le  résultat  de  la  collation  de  deux  différentes 
copies ,  prouvent  que  Godefroy  eut  à  sa  disposition  un  second 
manuscrit,  au  moins,  de  cette  chronique. 

[  Celui  dont  il  vient  d'être  parlé  avoit  passé  ,  ainsi  que  tous  ceux 
de  Godefroy,  dans  la  riche  bibliothèque  d'Antoine  Moriau ,  qui  la 
légua  à  la  viUe  de  Paris,  dont  il  fiit  pendant  longues  années  Procu- 
reur et  Avocat.  La  ville  de  Paris  ayant  été  dépouillée  de  sa  biblio- 
thèque à  l'époque  de  la  révolution ,  c'est  dans  celle  de  l'Institut 
que  se  trouvent  aujourd'hui  et  les  manuscrits  de  Godefroy,  et  le  plus 
grand  nombre  des  beaux  et  excellents  livres  dont  Antoine  Moriau 
avoit  fait  don  à  sa  viUe  natale ,  à  la  seule  condition  de  rendre  pu- 
blique l'entrée  du  dépôt  qui  devoit  les  renfermer.  ] 

La  partie  de  cette  note  qui  est  comprise  entre  crochets  nous  a 
été  communiquée  par  M.  Ravenel. 

'  Nous  signalerons  le  passage  où  l'auteur ,  indiquant  la  marche 
suivie,  en  octobre  i^i5,  par  le  roi  Henri  V  et  son  armée,  dit  , 
suivant  le  texte  de  Godefroy  (46o),  que  «  le  mercredy,  jour  de 
Toussaincts ,  son  avant-garde  estoit  logée  à  Fervenc.  »  C'est  une 
faute  grave.  D'abord,  l'entrée  de  ladite  avant-garde  à  Fervenc 
ayant  précédé  de  deux  jours  la  bataille  d'Azincourt  (donnée  le 
^5  octobre),  n'eut  pas  lieu  \ejour  de  Toussaincts  (  i*''  novembre  )  ; 
ensuite  nous  observerons  que  ,  eu  i4'5,  le  jour  de  la  Toussainis  fut 


X  PRÉFACE, 

temps  ;  plus  complète ,  car  elle  comprend  ,  dans 
une  partie  inédite,  le  récit  des  événements  qui 
se  passèrent  en  France  de  14^5  à  1427- 

Occupée,  depuis  plusieurs  années,  de  recher- 
ches sur  les  monuments  historiques  qui  se  rap- 
portent au  règne  de  Charles  VI,  nous  venions 
d'achever  la  lecture  de  tous  les  documents  impri- 
més dont  les  bibliographes  nous  avoient  donné 
connoissance,  et  commencions  celle  des  manuscrits 
indiqués  par  Lelong  et  ses  continuateurs.  Le  Livre 
de  la  mort  de  Jean,  duc  de  Bourgogne  '  fixa ,  l'un 
des  premiers,  notre  attention.  Nous  ne  nous  rap- 
pelions pas  avoir  vu  cet  ouvrage  cité  par  M.  de 
Barante ,  et  nous  espérions  presque  avoir  le  bon- 
heur de  parcourir  un  document  qui  eût  échappé 
à  ses  investigations.  Mais  nous  reconnûmes  bien- 
tôt que  le  brillant  auteur  de  Y  Histoire  des  ducs 
de  Bourgogne  nous  avoit  précédée  dans  l'explo- 
ration de  ce  volume  ^ ,  et  que  l'ouvrage  auquel  la 

un  vendredi.  Notre  manuscrit  porte  »  le  merquedi  devant  la  Tous- 
sains.  »  C'est  la  véritable  date. 

'  Bibliothèque  historique  de  la  France,  II,  page  1^5,  n"  17121 . 
Le  manuscrit  est  imparfait  des  premiers  feuillets  ,  et ,  dès  lors,  le 
titre  manque  en  tête  du  volume;  mais,  au  verso  du  folio  i35,  on 
lit  :  «  Ainsi  finist  le  livre  de  la  mort  au  duc  Jehan  de  Bour- 
goingne.  » 

*  M.    (le  Barante  est  dans  l'habitude  d'indiquer ,  dans  des  notes 


PRÉFACE.  xj 

Bibliothèque  historique  de  la  France  a  donné  le 
titre  de  Livre  de  la  mort  de  Jean,  duc  de  Bourgogne 
ii'étoit  autre  qu'une  copie  des  Mémoires  de  Fenin. 
Nous  venons  de  dire  qu'elle  continue  jusqu'en  1 427 
le  récit  de  ce  chroniqueur,  c'est-à-dire  cinq  années 
au-delà  de  ce  qui  en  avoit  paru  jusqu'à  ce  jour. 
Nous  nous  empressâmes  de  prendre  copie  de  la 
partie  inédite ,  et  de  relever  les  nombreuses  va- 
riantes et  additions  que  nous  procura  la  collation 
de  ce  manuscrit  avec  la  partie  déjà  publiée  ' .  La 

très  sommaires ,  à  quels  auteurs  il  emprunte  les  diverses  circon- 
stances d'un  récit.  Fenin,  qui  lui  a  fourni  quelques  détails,  se 
trouve  assez  fréquemment  cité.  Comme  les  précédentes  éditions  de 
ces  Mémoires  s'arrêtoient  avec  l'année  1422  ,  nous  avions  dû  en 
conclure  que  l'auteur  de  Y  Histoire  des  ducs  de  Bourgogne  avoit  eu 
sous  les  yeux  un  manuscrit  plus  complet  que  les  imprimés,  puisque, 
pour  des  faits  relatifs  aux  années  i^iZ-i^o.']  ,  il  s'appuie  sur  l'au- 
torité de  Fenin,  Ce  manuscrit  étoit-il  le  même  que  celui  dont  le 
père  Lelong  nous  avoit  aidée  à  reconnoître  l'existence?  M.  de  Ba- 
rante ,  consulté  à  ce  sujet ,  a  cru  se  rappeler  que  le  volume  dans 
lequel  il  avoit  découvert  la  continuation  des  Mémoires  de  Fenin. 
contenoit  en  outre  une  pièce  relative  à  Jeanne  d'Arc  ;  et  il  nous  a 
cité  le  numéro  du  manuscrit ,  sans  pouvoir  toutefois  garantir  l'exac- 
titude de  ce  renseignement,  pour  lequel  il  a  dû  s'en  rapporter  à  ses 
souvenirs.  Nous  avons  vu  le  manuscrit  signalé  par  M.  de  Bavante 
(fonds  Baluze  ,  n"  10297)  :  il  ne  contient  rien  qui  concerne  Fenin. 
'  Nous  avons  pareillement  conféré  ce  manuscrit  avec  celui  qui 
a  appartenu  à  Godefroy  (voyez  ci-dessus,  page  viij  ,  note  2).  Plu- 
sieurs mots,  quelques  phrases  qui  manquoient  au  premier,  nous  ont 
été  fournis  par  le  second.  Nous  les  avons  intercalés  dans  le  texte  , 


xij  PREFACE. 

Société  de  l'Histoire  de  France  ayant  bien  voulu 
agréer  qu'une  nouvelle  édition  par  nous  préparée 
des  Mémoires  de  Piéride  de  Fenin  parût  sous  ses 
auspices,  nous  revîmes  notre  travail  dans  tout  son 
ensemble  et  le  livrâmes  à  l'impression.  Qu'il  nous 
soit  permis  d'exposer  ici ,  en  peu  de  mots ,  la 
marche  que  nous  avons  suivie. 

Nous  avons  reproduit  le  texte  du  manuscrit  par 
nous  adopté  avec  toute  l'exactitude  possible.  Tout 
en  évitant  de  nous  abandonner  à  ces  supposi- 
tions, prétendues  ingénieuses,  à  l'aide  desquelles 
on  est  parvenu  si  souvent  à  dénaturer  et  l'expres- 
sion et  la  pensée  d'un  auteur,  nous  n'avons  pas 
cru  devoir  forcer  jusqu'à  l'absurde  les  consé- 
quences d'un  bon  principe.  Ainsi ,  toutes  les  fois 
que  l'évidence  d'une  erreur  dans  notre  manuscrit 
nous  est  apparue  aussi  claire  que  le  jour,  nous 
n'avons  pas  hésité  à  introduire  dans  le  texte  la 

entre  crochets ,  toutes  les  fois  qu'ils  nous  ont  paru  nécessaires  pour 
éclaircir  un  sens  obscur ,  et  rejetés  en  notes  lorsqu'ils  n'ont  pas 
été  indispensables  au  sens  delà  phrase.  Les  notes  qui  comprennent 
ces  variantes  sont  signées  des  initiales  (Ti.  )  du  nom  de  Tieulaine. 
Le  manuscrit  de  Baluze  étant,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
imparfait  des  premiers  feuillets ,  nous  avons  suivi ,  pour  le  com- 
mencement des  Mémoires,  le  texte  du  manuscrit  de  Tieulaine.  Si 
l'on  veut  bien  comparer  ce  texte  avec  celui  de  l'édition  de  Godefroj  , 
on  comprendra  pourquoi  nous  avons  donné  la  préférence  au  ma- 
nuscrit sur  limprimc. 


PRÉFACE.  xiij 

correction  que  nous  pensions  lui  devoir  être  sub- 
stituée, ayant  soin  pourtant  de  conserver  en  note 
le  passage  que  nous  réputions  fautif.  A  notre  avis, 
il  y  auroit  eu  inintelligence  complète  à  adopter 
une  méthode  qui  ne  nous  eût  pas  laissé  cette  li- 
berté. On  verra  que  nous  n'en  avons  point  abusé. 
Il  nous  a  semblé  qu'il  pouvoit  être  utile  ou, 
tout  au  moins,  agréable  au  lecteur  de  trouver 
dans  les  notes  de  courts  renseignements  sur  les 
personnages  cités  dans  le  texte.  Nous  avons  donné 
ces  détails  le  plus  succinctement,  mais  aussi  le 
plus  complètement  possible.  Les  sources  où  nous 
les  avons  puisés  ont  été  soigneusement  indiquées; 
toutes  les  notes  où  ces  indications  manquent  sont 
empruntées  à  l'ouvrage  du  père  Anselme'.  Un 
examen  comparatif  des  dates  assignées  à  un  même 
fait  par  Fenin  et  les  autres  chroniqueurs ,  un  rap- 
prochement entre  sa  manière  d'orthographier  les 
noms  propres  et  celle  des  mêmes  historiens ,  nous 

'  Nous  avons  eu  fréquemment  à  citer  Monstrelet.  Les  différentes 
éditions  de  ce  chroniqueur ,  y  comprise  celle  de  M.  Buchon  , 
n'offrant  pas  un  texte  bien  satisfaisant ,  nous  avons  préféré  suivre, 
pour  nos  citations  ,  celui  du  manuscrit  de  la  Bibliothèque  Royale  , 
coté  8347^"°"-  Par  malheur  ce  manuscrit  s'arrête  avec  l'année  1422. 
Les  personnes  seules  qui  demeurent  à  Paris  étant  à  même  de  le 
consulter,  nous  renvoyons  dans  les  notes  aux  volumes  et  pages 
correspondants  de  l'édition  de  M.  Buchon. 


xiv  PRÉFACE. 

ont  fait  recoiinoître  dans  le  premier  un  guide 
souvent  plus  sûr  à  suivre.  Nous  avons  consigné 
dans  les  notes  le  résultat  de  cette  collation. 

Quelques  pièces  importantes  et  inédites,  relati- 
ves aux  événements  rappelés  dans  les  Mémoires  y 
n'ont  pu  trouver  place  dans  les  notes  à  cause  de 
leur  étendue  :  nous  les  avons  rassemblées  en  corps, 
sous  le  titre  à' Appendice ,  en  plaçant  en  tête  de 
chacune  d'elles  un  court  extrait  du  texte  auquel 
elles  se  rapportent. 

Plusieurs  expressions  employées  par  l'auteur 
des  Mémoires  n'étant  plus  en  usage,  il  a  paru 
utile  d'en  rappeler  le  sens.  Nous  n'avons  pas  voulu 
donner  ces  explications  dans  le  texte,  au  moyen 
de  parenthèses ,  ni  dans  les  notes  au  bas  des 
pages ,  parce  qu'il  auroit  fallu  indispensablement 
les  renouveler  à  chaque  fois  que  se  seroit  pré- 
senté le  mot  qui  les  rendoit  nécessaires.  Nous  en 
avons  formé  un  Glossaire,  dans  lequel  nous  avons 
reproduit,  pour  chaque  mot,  l'une  des  phrases 
où  il  se  trouve  employé.  Par  ce  moyen,  nous 
aurons  épargné  la  peine  de  parcourir  le  volume, 
pour  y  trouver  un  exemple  de  cet  emploi,  à  ceux 
qui  ne  consulteroient  le  Glossaire  que  dans  un 
but  d'études  sur  la  langue. 

Une    Table  analytique  des    matières  termine 


PRÉFACE.  XV 

l'ouvrage.  Nous  y  avons  classé  les  noms  d'hommes 
ou  de  lieux  d'après  l'orthographe  généralement 
adoptée  aujourd'hui.  Nous  avons  pensé  que  ceux 
qui  voudroient  savoir,  par  exemple,  ce  qui  est  dit 
dans  les  Mémoires  sur  Fitz-Walter  ou  le  seigneur 
de  Guitry,  n'imagineroient  point  d'aller  chercher 
à  la  table  les  noms  de  Filonastre  et  de  Giteri; 
mais  aussi ,  comme  ils  ne  trouveroient  que  ces 
derniers  noms  aux  renvois  indiqués,  nous  avons 
dû  faire  suivre  la  véritable  orthographe  de  celle 
dont  Fenin  a  fait  usage.  Plusieurs  renseignements 
biographiques,  dont  nous  n'avons  eu  connois- 
sance  qu'après  l'achèvement  et  l'impression  de 
notre  travail',  ont  été  placés,  en  notes,  au  bas  des 
pages  de  cette  table ,  à  l'endroit  où  se  trouvent 
mentionnés  les  personnages  qu'ils  concernent. 

Notre  travail ,  sans  doute ,  n'auroit  pu  que  ga- 
gner beaucoup  à  n'être  pas  sitôt  livré  à  l'impres- 
sion; mais  l'éveil  ayant  été  donné  sur  l'existence 
du  manuscrit ,  il  nous  en  a  fallu  hâter  la  publica- 
tion pour  ne  pas  laisser  prendre  les  devants  à  la 
concurrence  ^  .  Cette  nécessité  rendra  plus  excu- 

'  Nous  les  devons,  en  grande  partie,  à  M.  La  Cabane. 

'  Une  cinquième  édition  des  Mémoires  de  Pierre  de  Fenin  est 
sous  presse  ;  elle  doit  faire  partie  de  la  Noui>elle  collection  des  Mé- 
moires pour  sert^ir  à  l'Histoire  de  France ,  publiée  par  MM.  Mi- 
chaud  et  Poujoulat. 


xvj  PRÉFACE. 


sables ,  nous  l'espérons ,  les  fautes  que  nous  avons 
pu  commettre  :  soins  et  peines ,  rien  n  a  été  épar- 
gné pour  les  éviter. 


NOTICE 

SUR 

PIERRE  DE  FENIN 


Le  silence  absolu  qu'ont  observé  à  1  égard 
de  Pierre  de  Fenin  tous  les  chroniqueurs  ses 
contemporains,  l'absence  complète,  dans  les  Mé- 
moires que  nous  publions,  du  moindre  passage 
pouvant  mettre  sur  la  voie  d'un  renseignement 
qui  le  concerne ,  tout  a  contribué  à  rendre  difficile 
la  composition  de  cette  Notice.  Un  très  petit 
nombre  de  faits  nouveaux,  dont  nous  devons  la 
connoissance  aux  obligeantes  communications  de 
MM.  le  marquis  Le  Ver,  Le  Glay  fils ,  bibliothé- 
caire à  Cambray,  et  Piers,  bibliothécaire  à  Saint- 
Omer,  joint  à  ce  que  Valère  André  a  écrit  sur 
Pierre  de  Fenin,  dans  la  seconde  édition  '  de 
la  Bihliotheca  Belgica,  voilà  tout  ce  qu'il  nous 
a  été  possible  de  recueillir. 

Pierre  de  Fenin  ^  naquit,  vers  la  fin  du  qua- 

'  Page  '^37.  La  première  édition  ,  publiée  en  1620  ,  ne  fait  pas 
mention  de  Fenin. 

'  \alère  André  écrit  Fci>in.  Foppens  ,  qui  a  donné,  en  1739  , 
une  nouvelle  édition  de  la  Bihliotheca  Belgica,  dit  Fenin.  C'est  là, 
à  ce  qu'il  paroît,  la  véritable  orthographe  du  nom.  Le  passage  sui- 
vant, d'une  lettre  de  M.  le  marquis  Le  Ver,  lève  tous  les  doutes 

b 


xviî]  NOTICE 

torzième  siècle,  d'une  famille  noble  de  l'Artois  % 
dont  quelques  membres  paroissent  avoir  occupé 
des  offices  civils  dans  ce  comté  '.  L'illustration  de 
cette  maison  étoit  déjà  ancienne  ;  c'est  du  moins 
ce  que  semblent  prouver  des  lettres  patentes  du 
roi  Charles  VI,  en  date  du  i8  février  i4i  i,  qui 
confèrent  à  Fenin  la  dignité  de  chevalier  de  l'Ordre 
de  la  Cosse  de  Geneste  K  «Pour  les  bons  rap- 
ports, y  est-il  dit,  et  tesmoignages  que  faits 
nous  ont  esté  de  la  noble  génération  dont  nostre 
bien  amé  Pierre  de  Fenin  est  issu  et  procède, 
Nous,  etc.  » 

En  l'année  i42ii,  au  i3  septembre,  un  Pierre 

à  cet  égard.  «  En  feuilletant  mes  Carlulaires,  écrit-il,  j'ai  trouvé 
(Cartulaire  des  Chartreuses  de  Gosnay)  qu'il  y  a  une  localité,  en 
Artois ,  du  nom  de  Fenin  ,  dont ,  en  1 5o6  ,  l'abbé  de  Blangy-sur- 
Ternoise étoit  seigneur,  ce  qui  fixeroit  l'incerlitude  sur  le  nom  de 
Fenin,  que  quelques  auteurs  écrivent  Feuin  ou  Fevin.  » 

'  «  Petrus  de  Fevin  ,  Artesius,  »  dit  Valère  André.  Le  rédac- 
teur de  la  notice  sur  Pierre  de  Fenin ,  placée  en  tète  de  ses  Mé- 
moires,  dans  la  Collection  de  M.  Petitot ,  a  fait  à  ce  sujet  une 
étrange  méprise.  Trompé ,  à  ce  qu'il  paroît ,  par  le  mot  Artesius, 
qu'il  a  mal  compris ,  il  déclare  que  le  prévôt  d'Arras  exerça 
d'abord  «  la  profession  è^ artificier.  » 

*  «  Guillaume  Fenin,  écuyer,  étoit,  au  i8  mai  i4'4'  sous- 
prévôt  et  garde  de  la  jurisdiction  temporelle  du  chapitre  de  la 
cathédrale  d'Arras.  »  A  ce  renseignement,  communique  par  M.  le 
marquis  Le  Ver,  nous  ajouterons  celui-ci,  qui,  peul-étre,  concerne 
le  même  personnage ,  et  que  nous  devons  à  M.  Le  Glay  fds. 

<t  Cy  gist  William  de  Fenin,  esquier,  sire  de  La  Falecquie ,  et 

maieur  héréditable  de  Demirecourt  et  de ,  qui   trespassa  l'an 

1421  ,  le  mercx'edi  devant  Noël  ;  et  damoiselle  Anne  Bernière  ,  sa 
femme,  qui  trespassa  l'an  i433  ,  le  ^^  jour  de  febvrier,  » 

^  L'Ordre  delà  Cosse  de  Geneste,  institué  par  Saint-Louis, 


SUR  PIERRE  DE  FENIN.  xix 

de  Fenin,  que  nous  avons  lieu  de  croire  le  même 
que  celui  auquel  est  consacrée  cette  Notice,  rem- 
plissoit  les  fonctions  de  garde  du  scel  royal  de  la 
prévosté  de  Beauchesne  en  Vimeu  '  ,  fonctions 
que  rendoit  assez  importantes  le  grand  ressort 
de  la  prévôté  de  Beauquesne  en  Picardie  et  dans 
le  Vimeu.  Dès  le  26  février  \[\i^^  Pierre  Billen, 
écuyer,  étoit  en  possession  de  cet  emploi  ^  C'est 
ATaisemblablement  vers  cette  époque  qu'eut  lieu 
la  nomination  de  Pierre  de  Fenin  à  la  prévôté 
d'Arras,  poste  qu'il  paroît  avoir  occupé  jusqu'à 
sa  mort.  Il  avoit  épousé,  avant  i4io?  Marguerite 
de  Marne ,  dont  il  devint  veuf  en  cette  année  et  à 
laquelle  il  survécut  vingt-trois  ans.  L'un  et  l'au- 
tre furent  inhumés  dans  le  cimetière  de  Saint- 
Nicaise  ^  d'Arras.  L'épitaphe  suivante,  recueillie 

en  1234,  subsista,  selon  André  Favyn  (i,  586),  jusqu'au  règne 
de  Louis  XI.  Godefroy  (44^)  •>  confondant  cet  Ordre  avec  celui  de 
la  Genette ,  dit  qu'il  «  fut  institué  environ  l'an  780,  par  Cliarlcs 
Martel...  et  s'est  maintenu  jusques  au  règne  da  roy  Saint-Louis.» 
Cette  annotation  ,  placée  en  tète  de  l'ordonnance  (datée  de  \^i  1  ) 
qui  décore  Fenin  du  collier  de  l'Ordre  de  la  Cosse  de  Geneste , 
contient  ainsi  une  inadvertance  que  ce  rapprochement  rend  presque 
inexcusable.  \ 

'  Renseignement  fourni  par  M.  le  marquis  Le  Ver. 

'  Renseignement  fourni  par  M.  le  marquis  Le  Ver. 

^  Et  non  pas  Saint-Nicolas,  comme  le  dit  Yalère  André.  «  De- 
puis plus  d'un  siècle ,  nous  écrit  M.  Piers  ,  il  n'existe  plus  à  Arras 
de  cimetière  de  ce  nom  ,  mais  il  y  en  a  un  nommé  Saint-Nicaise. 
Ce  lieu  a  servi  de  sépulture  de  l'an  1292  à  1793.  Quanta  l'enclos 
très  exigu  de  Saint-Nicolas-en-l' Atre ,  près  de  l'ancienne  Notre- 
Dame,  et  qui  fut  un  lieu  de  sépulture  dans  les  siècles  plus  reculés, 
comme    l'indique  le    mot  Atre ,  pris  pour  cimetière  ,  il  y  a   un 


XX  NOTICE 

par  Jean  de  Pitpance  ',  se  lisoit  sur  leur  tombe  -  : 
«  Cy-devant  gist  Pierre  de  Fenin ,  escuier,  ja- 
dis pannetier  du  Roy  iiostre  sire,  et  prévost 
de  ceste  cité,  qui  trespassa  l'an  i433,  le  \^  jour  ^ 
du  mois  de  juing,  et  Demiss.  Marguerite  de 
Marne,  sa  femme,  qui  trespassa  l'an  mil  un 
et  X.  » 

On  remarquera  sans  doute,  dans  cette  épitaphe, 
que  parmi  les  qualités  qui  y  sont  attribuées  à 
Pierre  de  Fenin,  figure  celle  de  pannetier  du  Roj. 
Ce  n'est  pas  sans  dessein  que  nous  nous  étions 
abstenue  d'en  faire  mention.  Ce  n'étoit  qu'après 
avoir  rapporté  l'épitaphe  de  Fenin  que  nous  vou- 

temps  immémorial  qu'il  ne  sert  plus  à  cet  usage.  »  Une  preuve  plus 
convaincante  encore  résulte  du  passage  suivant  d'un  manuscrit  de 
la  bibliothèque  de  Saint-Omer,  coté  787,  et  intitulé  :  Recueil  con- 
cernant In  ville  d'Arras.  Sur  le  verso  du  feuillet  48  se  trouve  cette 
inscription  :  Epitaphes  de  la  cimentiers  de  St.-Nicaise.  La  plus  an- 
cienne est  de  i4i9'  Au  feuillet  5i  on  lit  ces  mots  :  «  Dans  le 
grand  fossage  il  y  a  une  croix  où  est  écrit:  Cy  gist,  etc...,  cy  gist 
Pierre  de  Fenin  ,  prévost  de  cité  ,  en  i433  ,  et  sa  femme  de  même, 
et  aussi ,  etc.  »  Le  volume  d'où  M.  Piers  a  extrait  ce  renseigne- 
ment lui  a  paru  être  d'une  écriture  du  dix-huitième  siècle. 

'  Elle  nous  a  été  communiquée ,  ainsi  que  celle  que  nous  avor^s 
déjà  citée,  par  M.  Le  Glay  ,  qui  l'a  extraite  d'un  volume  in-folio  , 
manuscrit ,  appartenant  à  la  bibliothèque  de  Cambray ,  coté  928  , 
et  ayant  pour  titre  :  »  Epitaphes  de  la  ville  d'Arras ,  par  Jean  de 
Pitpance.  »  Nous  aurons  occasion  de  citer  d'autres  epitaphes  pro- 
venant de  la  même  source. 

^  Au-dessus  de  cette  tombe  en  marbre  on  voyoit  encore  en  164 3, 
selon  Valère  André ,  une  statue  agenouillée  de  Fenin ,  sculptée  en 
relief  ou  peut-être  peinte  sur  les  murs  de  l'église  (  in  miiro  templi). 

'■''   Valère  André  dit  le  28. 


SUR  PIERRE  DE  FENIN.  xxj 

lions  aborder  les  deux  questions  qu'elle  offre  à 
résoudre ,  et  qui  ne  pouvoient  être  discutées  qu'a- 
près une  oonnoissance  préalable  de  ce  document. 

Auprès  de  quel  prince,  CharlesVIouCharlesVII, 
Fenin  exerça- t-il  les  fonctions  de  panetier  ?  à  quelle 
époque  en  fut-il  chargé  ?  Valère  André,  qui  paroît 
avoir  connu  1  epitaphe  du  prévôt  d'Arras ,  n'a  pas 
cru  pouvoir  appliquer  à  un  autre  que  Charles  VII 
les  mots  ce  du  Roy  nostre  sire.  »  Nous  pensons  que 
c'est  une  erreur  '.En  i433,  temps  auquel  on  doit 
raisonnablement  supposer  que  fut  rédigée  cette 
epitaphe,  Charles  VII  n'étoit  pas  encore  reconnu 
roi  de  France  par  le  duc  de  Bourgogne.  On  sait 
que  la  paix  d'Arras,  qui  mit  fin  à  toute  inimitié 
entre  ces  deux  princes ,  ne  fut  conclue  que  deux 
ans  plus  tard,  le  21  septembre  i435.  Ces  mots 
le  Roj  nostre  sire,  employés  par  des  Artésiens 
avant  la  conclusion  dudit  traité ,  ne  pourroient 
donc  s'appliquer  qu'à  Henri  VI ,  regardé  alors 
comme  roi  de  France  par  le  duc  de  Bourgogne  et 
j)ar  ses  sujets ,  si  le  mot  jadis  ne  désignoit  une 
époque  plus  reculée,  qui  doit  être  évidemmentcelle 
de  Charles  VI. 

Le  document  qu'on  vient  de  lire  ne  permet 
pas  de  douter  que  Fenin  n'ait  exercé  ces  fonc- 
tions de  panetier  du  Roi.  Cependant  nous  de- 
vons dire  que,  malgré   la  ténacité  de  nos  re- 

'  Foppens  l'a  jugé  ainsi.  Il  n'a  point  hésité  à  substituer  le  nom 
de  Charles  VI  à  celui  de  son  (ils. 


xxij  NOTICE 


cherches,  il  nous  a  été  impossible  de  découvrir  son 
nom  sur  aucune  liste  des  serviteurs  de  Charles  VI, 
et  que  le  cabinet  généalogique  de  la  Bibliothèque 
Royale  a  été  tout  aussi  inutilement  consulté  par 
M.  La  Cabane,  qui  a  mis  à  notre  disposition  une 
obligeance  dont  nous  avons  plus  heureusement, 
mais ,  par  malheur,  trop  tard  profité  pour  d'autres 
renseignements. 

L'ordonnance  du  1 8  février  i4i  i  mentionnant, 
ainsi  qu'on  l'a  vu,  le  nom  de  Fenin  sans  le  faire 
suivre  d'aucune  qualification ,  ne  pourroit-on  pas 
inférer  de  là  qu'il  n'étoit  pas  encore  en  possession 
de  l'emploi  de  panetier  ?  et ,  par  contre ,  ne  fau- 
droit-il  pas  admettre  qu'au  i3  septembre  i42i  il 
ne  l'exerçoit  plus  ?  Ce  n'est  qu'avec  une  extrême 
réserve  que  nous  hasardons  ces  deux  conjec- 
tures, sentant  fort  bien  qu'elles  ne  reposent  pas 
sur  des  bases  très  solides;  mais  nous  n'avons  pu 
trouver  rien  de  plus  positif  à  cet  égard. 

Le  recueil  àesEpitaphesde  la  uillecl'Arras,Y?iS- 
semblées  par  Jean  de  Pitpance,  contient  encore 
celles  qui  suivent,  et  qui,  selon  toute  probabilité, 
sont  consacrées  à  des  personnages  de  la  famille  du 
prévôt  de  cette  cité.  Nous  ignorons  quels  degrés 
d'affinité  pouvoient  exister  entre  eux. 


«  Cy  gist de  Fenin,  qui  trespassa  l'an  î5o 

le  VI  de  mars.  )) 


SUR  PIERRE  DE  FENIN.  xxîij 

a  C}'  gist  d'^  Isabeaux  Le  Roux ,  sa  femme , 
morte  le  i4  mars  i5o6.  » 

IL 

«  Cy  gist  Pierre  de  Fenin  ',  esq. ,  sire  de  Griii- 
coiirt.   i5o6.  « 

Après  avoir  ainsi  exposé  le  peu  de  faits  qu'il 
nous  a  été  possible  de  recueillir  sur  Pierre  de 
Fenin,  il  nous  reste,  avant  de  clorre  cette  Notice, 
à  dire  quelques  mots  sur  les  Mémoires  qui  portent 
son  nom. 

Le  but  que  s'est  proposé  l'auteur  de  cette  chro- 
nique semble  avoir  été  de  tracer  un  récit  abrégé 
des  dissensions  qui ,  vers  le  commencement  du 
quinzième  siècle,  s'élevèrent  entre  les  maisons 
d'Orléans  et  de  Bourgogne.  Cette  dernière ,  qui 
compromit  les  destinées  de  la  France  dans  sa 
querelle,  y  joue  le  rôle  principal.  Il  étoit  difficile, 
en  effet ,  que  le  tableau ,  si  resserré  qu'il  fût,  des 
événements  dont  la  France  fut  le  théâtre  à  cette 
époque,  n'offrît  pas  fréquemment  aux  regards  les 
deux  grandes  figures  historiques  des  ducs  Jean  et 
Philippe.  Aussi  l'auteur  n'a-t-il  pas  manqué  à  cette 
condition  de  son  œuvre  :  bien  loin  de  là.  On  pour- 
roit  penser  qu'il  n'a,  au  contraire,  considéré  l'his- 
toire de  France  que  comme  une  sorte  d'accessoire 

'  Peut-être  est-ce  lui  qui ,  comme  noble  ,  fut  déchargé  du  droit 
de  franc-fief ,  en  j488,  à  Arras.  (Renseignement  communique 
par  M.  le  marquis  Le  Ver.) 


xxiv  NOTICE 

à  celle  des  ducs  de  Bourgogne.  De  la  direction 
spéciale,  mais  peut-être  involontaire,  ainsi  donnée 
à  son  travail  est  résulté  un  ouvrage  recomman- 
dable  à  plusieurs  égards  et  qui,  sans  doute,  seroit 
encore  plus  utilementconsultési,  dans  cet  ensemble 
de  faits  qu'il  résume,  il  s'en  trou  voit  quelqu'un 
dont  l'auteur  parlât  comme  témoin  oculaire; 
niais  il  ne  j^aroit  pas  qu'il  en  soit  ainsi  ;  nous  avons 
même  tout  lieu  de  croire  qu'il  a  puisé  la  plupart 
de  ses  renseignements  à  la  même  source  que  Mons- 
trelet.  Du  moins  avons-nous  remarqué  chez  l'un 
et  l'autre ,  à  quelques  différences  près,  une  manière 
presque  constamment  uniforme  de  disposer  les 
faits ,  d'ordonner  les  événements ,  qui  décèle  une 
commune  origine.  Toutefois ,  si  l'auteur  des  Mé- 
moires adopte  souvent  l'exposition  d'un  autre ,  sa 
narration  offre  aussi  parfois  des  particularités, 
des  détails,  qu'on  ne  sauroit  trouver  ailleurs,  ad- 
ditions d'autant  plus  importantes  que  plusieurs 
font  connoître  quelques  traits  de  mœurs,  quelques 
usages  du  temps.  A  ces  renseignements,  c]ue  savent 
apprécier  tous  ceux  qui  recherchent  dans  l'his- 
toire autre  chose  cjue  des  généralités  ou  des  dates, 
on  peut  joindre  encore  d'autres  faits  particuliers 
omis  par  les  chroniqueurs  de  cette  époque,  et  qui 
prouvent  que  si,  comme  nous  le  pensons ,  l'auteur 
a  fait  usage  des  mêmes  documents  que  ceux  dont 
Monstrelet  s'est  servi,  il  s'en  est  aussi  procuré 
d'autres  qui  furent  inconnus  à  cet  historien. 


SUR  PIERRE  DE  FENIN.  xxv 

Quant  au  style  de  cette  chronique ,  quelques 
négligences,  de  fréquentes  répétitions  de  mots  et 
de  phrases,  le  rendent  peu  facile,  et  la  narration, 
qui  laisse  trop  apercevoir,  si  l'on  peut  s'exprimer 
ainsi ,  le  travail  de  réduction  d'une  histoire  plus 
étendue,  ne  rend  pas  le  défaut  moins  sensible. 
Mais  si  l'auteur,  après  avoir  traité  de  faits  géné- 
raux, sur  lesquels  il  passe  rapidement,  arrive  aux 
détails  de  quelque  combat,  au  tableau  du  siège  ou 
de  la  prise  d'une  ville,  alors  son  style  devient  plus 
coulant,  son  récit  n'est  pas  dépourvu  d'intérêt. 
11  trouve  des  expressions  simples  et  claires,  par- 
fois naïves.  Ces  qualités  sont ,  en  général ,  plus 
sensibles  lorsqu'il  en  vient  à  émettre  son  opinion 
sur  l'un  des  personnages  qu'il  a  mis  en  scène. 
Veut- il,  par  exemple,  dépeindre  l'état  de  foiblesse 
morale  dans  lequel  languissoit  Charles  VI  lors  de 
la  prise  de  Paris  ?  «  le  Roy,  dit-il ,  estoit  de  tout 
content ,  et  de  Bourguignons  et  d'Ermignas ,  et 
peu  luy  chaloit  comme  tout  allast.  »  Trace-t-il  le 
portrait  de  Charles  VII?  «  il  estoit  de  sa  per- 
sonne moût  bel  prince  et  biau  parleur  à  toutes 
personnes,  et  estoit  piteux  envers  povres  gens; 
mais  il  ne  s'armoit  mie  vollentiers  et  n'avoit  point 
chier  la  guerre,  s'il  s'en  eust  peu  passer.  »  On  ne 
peut,  ce  nous  semble,  faire  plus  naïvement  1  éloge, 
tout  à  la  fois,  et  la  critique  de  ce  prince  efféminé 
auquel  les  extrémités  les  plus  désespérées  eurent 
seules  le  pouvoir  de  rendre  l'énergie  nécessaire 


xxvj  NOTICE 

jjour  reconquérir  son  royaume.  D'ailleurs  le  lan- 
i^ai^e  de  l'auteur,  peu  différent  de  celui  de  Mons- 
trelet,  mais  dont  l'origine  [)icarde  se  fait  sentir 
d'une  manière  plus  prononcée,  n'ote  rien  de  sa 
grâce  ni  à  la  phrase,  ni  à  la  pensée. 

En  résumé,  hien  que  ces  Mémoires  ne  puissent 
prendre  place  au  premier  rang  des  chroniques  de 
l'époque,  ils  peuvent  cependant  figurer  avec  avan- 
tage à  leur  suite.  Les  historiens  de  la  fin  du  qua- 
torzième siècle,  et  ceux,  des  premiers  tenqjs  du 
quinzième,  ne  sont  pas  en  assez  grand  nombre 
pour  qu'il  soit  permis  de  dédaigner  un  ouvrage 
dont  la  forme,  peut-être,  eût  pu  être  plus  at- 
trayante, mais  dont  le  fond  se  recommande  par 
plusieurs  qualités  qui  lui  sont  particulières.  I^es 
additions  du  genre  de  celles  que  nous  avons  si- 
gnalées chez  notre  auteur,  sont  presque  la  seule 
marque  distinctive  qu'aient  entre  elles  la  plupart 
des  chroniques  de  cette  époque.  Comme  elles  dif- 
fèrent peu  les  unes  des  autres  quant  au  récit  des 
principaux  événements,  presque  tous  empruntés 
à  une  même  source,  ces  petits  faits,  ces  légers 
aperçus  de  mœurs  qui  s'y  trouvent  consignés,  de- 
viennent réellement  le  seul  titre  de  propriété  de 
l'auteur,  et  rendent  plus  ou  moins  précieuse 
l'œuvre  de  chaque  historien. 

Tel  est,  à  notre  avis,  le  jugement  que  l'on  peut 
porter  sur  ces  Mémoires.  Leur  existence,  long- 
temj)s  ignorée,  ne  fut  révélée  c|u'en    i(>/\J,  par 


SUR  PIERRE  DE  FENIN.  xxvij 

Valère  André,  qui,  sans  indiquer  sur  quelles 
bases  est  fondée  lopinion  qui  les  attribue  à  Pierre 
de  Fenin,  se  borne  à  dire  que  cet  ancien  prévôt 
d'Arras  avoit  composé,  en  langue  vulgaire,  une 
relation  historique  des  querelles  survenues  entre 
les  princes  de  la  maison  d'Orléans  et  ceux  de  la 
maison  de  Bours^oone.  A  défaut  du  titre  de  l'on- 
vrage ,  que  ne  portoit  sans  doute  aucun  des  ma- 
nuscrits par  lui  signalés,  il  a  cru  devoir  en  citer 
les  premiers  mots.  x\  Taide  de  ce  dernier  rensei- 
gnement, et,  comme  il  nous  semble  permis  de  le 
croire,  sans  aucune  autorité  nouvelle,  Gérard  dç 
Tieulaine,  seigneur  de  Graincourt-lez-Duisans, 
n'a  pas  hésité  à  placer  le  nom  de  Fenin  en  tète 
du  manuscrit  qu'il  se  proposoit  de  7?ie(trc  eu  lu- 
niièrc.  Des  raisons  qu'il  importe  peu  de  connoitre 
empêchèrent  l'exécution  de  ce  projet ,  et  ce  fut 
Godefroy  qui,  en  i653,  fit  paroître  la  première 
édition  de  cette  chronique.  Il  se  contenta,  sans 
plus  d'examen,  de  suivre  les  errements  du  sieur 
de  Tieulaine.  Aucune  preuve  n'étant  produite 
par  ce  dernier  ni  par  Godefroy  pour  soutenir  les 
droits  de  Pierre  de  Fenin  au  titre  d'historien, 
nous  ne  pouvons  considérer  leur  assertion  que 
comme  une  conséquence  de  l'opinion  émise  par 
Valère  André,  ni,  par  conséquent,  reconnoitre 
trois  autorités  diverses  là  où  il  n'en  existe  en  réa- 
lité qu'une  seule.  Cette  autorité  n'étant  point  in- 
l'aillible,  et  ne  s'appuyant  d'ailleurs  (juc  sur  la 


xxviij  NOTICE 

simple  énonciation  d'un  fait ,  nous  avons  dû  cher- 
cher dans  l'ouvrage  lui-même  des  éléments  de 
conviction  que  nous  n'y  avons  pas  trouvés.  Un 
examen  attentif  nous  a  même  amenée  à  ne  pas 
douter  que  Pierre  de  Fenin  ,  prévôt  d'Arras ,  ne 
soit  tout-à-fait  étranger  à  la  rédaction  de  ces  Mé- 
moires. 

L'opinion  contraire  à  celle  que  nous  ne  crai- 
gnons pas  d'émettre  est  établie  depuis  trop  long- 
temps pour  que  ce  ne  nous  soit  pas  un  devoir  de 
produire  des  preuves  à  l'appui  de  cette  assertion. 
Elles  seront  de  deux  sortes  :  les  unes  morales , 
pour  ainsi  dire  ;  les  autres  matérielles.  Nous  re- 
chercherons d'abord ,  dans  cette  chronique,  si  les 
sentiments  qui  s'y  trouvent  exprimés  peuvent 
être  attribués  à  Pierre  de  Fenin;  si  le  récit  de 
certains  faits  offre  toute  l'exactitude ,  toute  la  pré- 
cision que  l'on  seroiten  droit  d'attendre  d'un  his- 
torien placé  dans  les  deux  positions  spéciales  de 
panetier  du  Roi  et  de  prévôt  d'Arras.  Nous  exa- 
minerons, enfin,  si  quelques  événements  qui  y 
sont  mentionnés  ne  seroient  point  d'une  date 
postérieure  à  celle  de  la  mort  de  Fenin. 

En  suivant  avec  attention  l'auteur  de  ces  Mé- 
moires dans  le  cours  malheureux  des  événements 
qu'il  retrace,  on  est  étonné  de  ne  trouver  dans 
son  récit  que  l'exposé  pur  et  simple  des  faits,  sans 
qu'aucune  réflexion,  aucune  marque  quelconque 
d'intérêt  s'y  vienne  mêler  et  trahir  les  prédilec- 


SUR  PIERRE  DE  FENIN.  xxix 

tioiis  politiques  de  l'historien.  Il  les  laisse  devi- 
ner plutôt  qu'il  ne  les  confie.  Ainsi ,  son  opposi- 
tion au  parti  dauphinois,  qui  nulle  part  n'est 
formellement  exprimée ,  se  révèle  par  une  seule 
phrase  où,  parlant  du  conseil  de  Charles  VII,  qui 
ne  vouloit  pas  exposer  la  personne  de  ce  prince 
aux  chances  hasardeuses  d'une  bataille ,  il  dit  que 
ce  conseil  envoyoit  «  tousjours  leur  Roy  »  dans 
un  autre  lieu.  Entre  les  divers  partis  qui  désolent 
la  France,  Dauphinois,  Bourguignons,  Anglois, 
il  tient  la  balance  suspendue  et  dispense  tour  à 
tour  l'éloge  ou  le  blâme  avec  une  impartialité 
bien  voisine  de  l'indifférence.  Cette  modération 
de  langage  et  de  pensée  que  nous  signalons  chez 
l'écrivain  ne  peut-elle  pas  servir  à  prouver  qu'il 
composoit  ces  Mémoires  long-temps  après  l'ac- 
complissement des  faits  qui  y  sont  rappelés,  et 
lorsqu'avoient  disparu  les  derniers  symptômes  de 
cette  fureur  de  parti  qui,  au  temps  de  la  mort 
de  Fenin ,  divisoit  encore  la  France  en  deux  fac- 
tions ennemies.'^ 

D'autre  part,  cette  impartialité  même,  dont 
aucun  autre  chroniqueur  de  l'époque  ne  fourni- 
roit  un  second  exemple,  jointe  à  l'absence  totale, 
dans  ces  Mémoires^  de  ces  particularités  que 
l'on  trouve  chez  tous  les  historiens  lorsqu'ils 
viennent  à  parler  de  faits  que  leur  position  so- 
ciale les  a  mis  à  portée  d'étudier  par  eux-mêmes , 
ne  sont-ce  pas  là  de  nouvelles  et  fortes  probabili- 


XXX  NOTICE 

tés  en  faveur  de  notre  thèse?  Avoit-il  servi 
Charles  Vf,  celui  qui,  ayant  à  rendre  compte  des 
derniers  moments  de  ce  malheureux  prince,  ne 
sait  trouver  d'autre  expression  de  ses  regrets  que 
ces  froides  et  brèves  paroles  :  «  Moult  fut  le  roy 
Charles  amé  de  tout  son  peuple  toute  sa  vie,  et 
pour  ce  on  le  nommoit  Charles-le-bien-Amé  '.» 
Et  s'il  nous  est  impossible  de  reconnoître  nulle 
part  le  panetier  de  Charles  M,  nous  sera-t-il  plus 
permis  .de  voir  l'ancien  prévôt  d'Arras  dans  l'his- 
torien qui ,  suivant  Monstrelet  presqu'à  la  trace , 
emprunte  évidemment  à  un  même  fonds  que  lui 
tous  les  détails  du  siège  de  cette  ville,  en  i4i4-'^ 
A  ces  observations  qui,  tout  au  moins,  il  nous 
semble ,  doivent  éveiller  la  défiance  et  faire  naître 
le  doute  dans  l'esprit  de  ceux  qui  croiroient  re- 
connoître dans  Pierre  de  Fenin,  panetier  de 
Charles  VI,  et  prévôt  d'Arras ,  l'auteur  de  la  chro- 
nique qui  depuis  bientôt  deux  siècles  lui  est  géné- 
ralement attribuée,  nous  en  ajouterons  quelques 
autres  dont  l'effet,  peut-être,  sera  plus  sûr  et  qui 
renferment  de  nouveaux  indices  à  l'appui  de  notre 
opinion. 

Le  Dauphin ,  devenu  roi  à  la  mort  de  son  père , 

*  La  sécheresse  de  ces  paroles  ressortira  encore  davantage,  si 
l'on  veut  les  comparer  à  ce  que  l'auteur  dit ,  quelques  pages  plus 
haut ,  à  l'occasion  de  la  mort  de  Henri  V.  .c  Le  roj  Henri  estoit 
prince  de  haut  entendement  et  qui  moût  vouUoit  garder  justice , 
parquoy  le  povre  peuple  l'amoit  sur  tous  autres  ;  car  il  estoit  tout 
conclu  de  préserver  le  menu  peuple  contre  les  gentis-hommes  des 


SUR  PIERRE  DE  FENIN.  xxxj 

chercha  à  se  réconciher  avec  le  duc  PhiUppe  ; 
mais  le  conseil  de  ce  dernier  s'y  opposa,  ce  Et 
aussy,  dit  l'historien,  on  luy  ramentevoit  le  ser- 
ment qu'il  avoitfait  aux  Englez,  lequel  il  devoit 
garder  de  rompre,  ou  autrement  il  seroit  désho- 
noré s'il  le  faisoit.  Et  par  telz  choses  demoura 
longuement  la  paix  à  faire  entre  le  roy  Charles  de 
France  et  le  duc  Plielipes  de  Bourgoingne  '.»  En 
disant  que  la  paix  demoura  longuemeiit  a  faire, 
il  nous  semble  évident  que  l'auteur  n'a  voulu  par- 
ler de  cet  événement  que  comme  d'un  fait  déjà 
accompli,  et  nous  cherchons  vainement  une  autre 
interprétation  possible  de  ses  paroles.  Or  les 
longues  discordes  entre  Charles  VII  et  le  duc 
Philippe  de  Bourgogne  ne  furent  apaisées  , 
comme  nous  l'avons  déjà  dit ,  qu'en  i435,  par  la 
paix  conclue,  à  Arras,  entre  ces  deux  princes,  le 
21  septembre  de  cette  année.  On  ne  peut  donc 
raisonnablement  attribuer  à  Pierre  de  Fenin , 
mort  en  juin  i433,  une  chronique  contenant  des 
allusions  à  des  événements  qui  n'ont  eu  lieu 
qu'en  i435.  Veut-on  supposer  qu'il  ne  s'agit 
point,  dans  la  phrase  citée,  de  la  paix  définitive- 
ment conclue,  mais  des  premiers  pourparlers.'^ 
L'opinion  qui  donne  ces  Mémoires  à  Fenin  n'en 

grans   inlortions  qu'ilz  faisoient  en  France  et  en  Picardie ,  et  par 
tout  le  royaume  ,  etc.  » 

'    Page  196.   Ce  passage  appartient  à  la  partie  jusqu'à  ce  jour 
in('(lite  des  Mémoires. 


xxxij  NOTICE 


sera  pas  plus  admissible ,  car  les  préliminaires  de 
la  paix  d'Arras  se  traitèrent  à  Nevers  ,  au  mois  de 
janvier  (fin  de  l'année).! 434,  dix-huit  mois  en- 
viron après  sa  mort. 

On  nous  objectera  peut-être  que  nous  étayons 
notre  opinion  d'un  passage  emprunté  à  la  partie 
inédite  des  Mémoires,  et  qu'il  ne  seroit  pas  im- 
possible que  cette  suite  appartînt  à  un  continua- 
teur de  Fenin.  Sans  nous  arrêter,  pour  le  mo- 
ment, à  examiner  la  nouvelle  question  que  sou- 
lèveroit  une  telle  objection,  nous  rapporterons 
un  second  passage,  pris  dans  la  partie  déjà  con- 
nue, et  qui,  bien  que  moins  explicite,  peut  néan- 
moins, comme  le  premier,  servir  à  prouver  que 
la  composition  de  l'une  et  l'autre  partie  est  posté- 
rieure au  décès  de  Fenin.  Robert  Le  Jeune,  bailli 
d'Amiens,  «  tint  bien  le  parti  des  Englez,  dit 
l'auteur,  tant  qu'il  peult  estre  obéy  en  son  office.  » 
Le  bailli  d'Amiens  ayant  été  forcé  d'abandonner 
sa  place  et  même  de  quitter  la  ville,  en  i435, 
c'est  cet  événement  que  l'écrivain  a  en  vue ,  et 
ces  mots,  tant  qu'il  peult  estre  obéy,  n'ont  pu  être 
tracés  qu'après  le  fait  accompli. 

Des  inductions  semblables  peuvent  être  tirées 
de  deux  autres  passages,  empruntés  toujours  aux 
années  déjà  publiées,  et  reculer  jusqu'après 
1 44o  l'époque  à  laquelle  appartient  la  rédaction 
de  ces  Mémoires.  Le  premier  concerne  le  duc 
d'Orléans.  Ce  prince,  fait  prisonnier  à  la  bataille 


SUR  PIERRE  DE  FENIN.  xxxilj 

d'Azincourt,  fut  conduit  en  Angleterre,  où  le 
duc  de  Bourbon  et  lui  «  usèrent,  dit  la  chronique, 
la  plus  grant  partie  de  leur  vie.  »  Or  le  duc 
d'Orléans,  prisonnier  en  i4i5,  demeura  vingt- 
cinq  années  en  Angleterre.  11  ne  revit  donc  la 
France  qu'en  i44o7  lorsque  depuis  sept  ans 
Pierre  de  Fenin  n'existoit  plus.  Comment,  dès 
lors ,  attribuer  à  celui-ci  un  ouvrage  où  sont  re- 
latés des  événements  qu'il  n'a  pu  connoîtrei' 

Le  second  passage  est  relatif  à  Jean  de  Luxem- 
bourg et  au  seigneur  de  Fosseux.  En  signalant 
l'habileté  avec  laquelle  ils  maintinrent  leurs 
troupes  devant  l'armée  royale,  de  façon  à  lui  faire 
abandonner  la  partie  sans  en  venir  à  un  engage- 
ment, l'auteur  dit  que  cela  «  leur  fut  réputé  à  grant 
vaillance  toute  leur  vie.  j>  Cette  phrase  n'est-elle 
pas  évidemment  d'une  date  postérieure  à  la  mort 
de  Jean  de  Luxembourg,  arrivée,  suivant  les 
chroniqueurs,  le  5  janvier  i44o  ? 

Un  dernier  passage  prouveroit  enfin  que  cette 
chronique  ne  remonte  pas  au-delà  de  i444  5  mais 
comme  il  fait  partie  d'un  paragraphe  qui  manque 
à  toutes  les  éditions  des  Mémoires  de  Fenin  qui 
ont  paru  jusqu'à  ce  jour ,  nous  renonçons  à  nous 
prévaloir,  en  faveur  de  notre  opinion,  de  cette 
nouvelle  preuve ,  attendu  qu'on  pourroit  vouloir 
ne  considérer  ce  fragment  que  comme  une  in- 
terpolation d'un  prétendu  continuateur.  Nous  le 
rapporterons  toutefois,  parce  qu'il  fournira  un 


xxxiv  NOTICE 

exemple  du  genre  d'additions  que  renferme  le 

manuscrit  dont  nous  avons  fait  usage. 

Le  duc  Charles  d'Orléans,  désirant  venger  la 
mort  de  son  père ,  demanda ,  en  1 4 1  ^  >  aide  et  se- 
cours au  roi  d'Angleterre.  Pour  garantie  de  la 
solde  par  lui  due  aux  troupes  qui  lui  avoient  été 
envoyées,  il  offrit  de  donner  en  otage  le  comte 
d'Angoulême ,  son  frère ,  ce  qui  fut  accepté.  «  Et 
estoit ,  dit  l'auteur ,  avec  le  conte  d'Engoulesme  , 
Jehan  de  Saveuse,  qui  estoit  de  Picardie.  Ainsi 
demoura  le  conte  d'Engoulesme  prisonnier  en 
hostage  en  Engleterre,  grant  partie  de  sa  'vie , 
sans  estre  rachaté  :  car  le  duc  Charles ,  son  frère 
ainsné,  fut  depuis  es  mains  des  Englez  long- temps, 
comme  il  sera  cy  -  après  desclarié  quant  lieu 
sera  '.  » 

Ce  fut  en  i444  que  le  comte  d'Angoulême 
quitta  r Angleterre  pour  rentrer  en  France,  et  ce 
passage,  où  il  est  dit  que  ce  prince  demeura  pri- 
sonnier graiit  partie  de  sa  vie  n'a  pu,  ce  nous 
semble,  être  écrit  qu'après  son  retour. 

Voulant  prévenir  une  objection  possible,  nous 
avons  supposé  que  quelques  passages  par  nous 
produits  pour  soutenir  notre  opinion  sur  l'époque 
de  la  composition  de  ces  Mémoires,  pourroient 
être  attribués  à  un  continuateur  de  Fenin.  Quand 

'  Voyez  page  Sa  du  présent  volume ,  et  aussi  l'édition  de 
Godefroy ,  page  4^3  ;  celle  de  Perrin  ,  page  356  ,  ou  celle  de 
Petifo)  ,  page  256. 


SUR  PIERRE  DE  FENÏN.  xxxv 

il  y  auroit  quelque  réalité  dans  une  telle  hj^po- 
thèse,  elle  ne  sauroit  affoiblir  les  raisonnements 
à  l'aide  desquels  nous  avons  cherché  à  établir  nos 
j3reuves  ;  et  nous  ne  doutons  pas  qu'en  exami- 
nant la  question  de  ce  nouveau  point  de  vue, 
nous  ne  trouvions  encore  dans  la  chronique 
quelque  indice  qui  démontre  que  les  deux  parties 
réunies  pour  la  première  fois,  par  l'impression, 
dans  le  présent  volume,  sont  d'un  seul  et  même 
auteur. 

Le  manuscrit  de  Tieulaine,  que  nous  citons 
de  préférence  à  l'édition  de  Godefroy,  parce 
qu'ici,  comme  en  beaucoup  d'autres  endroits,  ce 
dernier  a  fait  subir  au  texte  de  graves  altérations, 
se  termine  par  cette  phrase  :  «  Ainsi  ne  couroit 
pour  ce  temps,  partout  où  le  roy  Henry  estoit 
obéi  au  royaume  de  France,  monnoie  royalle  que 
celle  que  le  roy  Henry  avoit  fait,»  phrase  dont 
le  sens,  tout  en  paroissant  achevé,  n'est  pourtant 
que  suspendu,  et  se  trouve  complété  par  ces  mots 
(jue  fournit  le  manuscrit  de  Baluze  :  «  forgier, 
oii  les  armes  de  France  et  d'Engleterre  estoient , 
se  n'estoit  en  péril  de  perdre  la  monnoye;  et  en 
y  eut  pluseurs  qui  par  ceste  manière  la  perdirent,  r. 
Est-il  présumable,  est-il  possible  qu'un  conti- 
nuateur trouve  aussi  précisément,  non  seulement 
le  mot  qui  doit  continuer,  mais  encore  l'idée  qui 
doit  rendre  complète  la  pensée  de  son  prédéces- 
seur? Ne   faut-il  pas   bien  plutôt  admettre  que 


xxxvj  NOTICE 

l'ensemble  du  travail  n'a  qu'une  seule  et  même 
origine,  et  que  le  sieur  de  Tieulaine  et  Godefroy, 
après  lui ,  n'ont  eu  entre  les  mains  que  des  ma- 
nuscrits imparfaits  '  ? 

Telles  sont  les  raisons,  suivant  nous  concluant 
tes ,  qui  nous  ont  portée  à  dépouiller  Pierre  de 
Fenin ,  panetier  de  Charles  VI  et  prévôt  d'Arras, 
du  titre  d'historien  dont  Valère  André  ravoit,mal 
à  propos ,  revêtu.  Mais  comment  ce  bibliographe, 
ordinairement  mieux  informé,  a-t-il  pu  commettre 
cette  erreur  ?  Nous  avons  cherché  à  nous  en  ex- 
pliquer les  causes ,  et  nous  croyons  y  avoir  réussi. 
Du  moins  nous  serable-t-il  y  avoir  quelque  vrai- 
semblance dans  les  conjectures  que  nous  allons 
soumettre  au  lecteur. 

Valère  André  n'a  pas  fait  connoître  les  motifs 
qui  l'ont  déterminé  à  présenter  l'ancien  prévôt 
d'Arras  comme  auteur  de  la  relation  historique 
des  démêlés  survenus  entre  les  maisons  d'Orléans 
et  de  Bourgogne  ;  mais  on  ne  peut  douter  qu'ils 

'  Celui  même  dont  nous  avons  fait  usage  semble  incomplet. 
Des  renseignements ,  des  détails  promis  par  l'auteur  n'y  sont  point 
donnés.  Ainsi,  page  i6'j  ,  après  avoir  parlé  de  l'abandon,  par 
plusieurs  gentilshommes ,  de  la  bannière  du  duc  de  Bourgogne  , 
l'auteur  ajoute  :  «  seront  cj-après  desclariés  les  noms  des  gen- 
tilz-hommes  qui  firent  cette  faute;  »  et  cette  promesse  n'est  point 
remplie.  Ainsi,  page  igg,  à  propos  de  la  forteresse  de  Moisraes , 
«  depuis  qu'elle  fut  abatue ,  dit-il,  la  réparèrent  les  gens  du  roy 
Charles  ,  comme  cy  après  sera  det^isé  ;  »  et  la  suite  du  récit  ne 
contient  rien  à  ce  sujet.  Peut-être  aussi  l'auteur  n'a-t-il  pu  exécu- 
ter ce  qu'il  avoit  projeté. 


SUR  PIERRE  DE  FENIN.  xxxvi] 

eussent  une  forte  apparence  de  raison  pour  avoir 
entraîné  un  esprit  aussi  exact.  Admettons  que  les 
manuscrits  qui  lui  furent  communiqués  portoient 
le  nom  de  Pierre  deFenin.  Il  aura  cru  les  devoir 
donnera  celui  des  membres  de  la  famillequi  avoit 
jeté  le  plus  d'éclat  sur  ce  nom ,  et  qui ,  d'ailleurs  , 
avoit  été  contemporain  des  faits  qui  y  sont  re- 
cueillis. Mais  si ,  comme  nous  n'en  faisons  aucun 
doute,  cette  chronique  fut  composée  aune  époque 
de  beaucoup  postérieure  à  la  mort  du  prévôt 
d'Arras,  il  nous  faudra  nécessairement  reporter 
sur  un  autre  Pierre  de  Fenin  la  propriété  littéraire 
dont  on  avoit  enrichi  son  homonyme.  Deux  docu- 
ments, provenant  de  sources  diverses,  nous  si- 
gnalent l'existence,  vers  la  fin  du  quinzième  siècle 
et  dans  les  premières  années  du  seizième ,  d'un 
Pierre  de  Fenin,  mort  en  1 5o6  ' .  Y  a-t-il  témérité 
àluitransférerle  titre  d'historien  que  nouscroyons 
devoir  oter  au  panetier  de  Charles  VI  ?  Nous  ne 
le  pensons  pas.  C'est  cette  opinion  ,  et  aussi  l'im- 
possibilité de  substituer,  avec  fondement,  un 
autre  nom  à  celui  de  Fenin,  qui  nous  a  engagée 
à  le  conserver  en  tête  de  ces  Mémoires. 

'  \oyez  son  épitaphe  rapportée  ci-dessus,  page  xxiij,  et  la  note 
qui  s'y  rattache.  Nous  remarquerons  que  cette  épitaphe  donne  à 
Pierre  de  Fenin  la  qualité  de  sire  de  Grincourt  ;  et  l'on  a  vu  , 
page  xxvij ,  que  Gérard  de  Tieulaine ,  seigneur  de  Graincourl-lez- 
Duisansi  sembloit  être  le  premier  qui  ait  eu  le  dessein  de  mettre  en 
lumière  les  Mémoires  de  Fenin.  Peut-être  étoit-ce  un  descendant 
du  sire  de  Grincourt  dont  nous  avons  donné  répit.ij)he. 


xxxviij  NOTICE  SUR  PIERRE  DE  FENIN. 

Nous  n'achèverons  pas  cette  Notice  sans  expri- 
mer de  nouveau  à  MM.  le  marquis  Le  Ver,  Le  Glay, 
Piers  et  La  Cabane ,  toute  notre  gratitude  pour 
l'obligeance  qu'ils  ont  mise  à  nous  communiquer 
les  renseignements  qu'ils  possédoient.  Nous  prions 
aussi  M.  Ravenel ,  que  la  Société  de  l'Histoire  de 
France  a  désigné  pour  commissaire  responsable 
de  la  présente  publication,  d'agréer  nos  remercî- 
ments  pour  les  bons  et  utiles  conseils  qu'il  a  bien 
voulu  nous  donner  et  dont  nous  avons  souvent 
profité. 

L.-M.-E.  Dupont. 


LISTE 

DES  OUVRAGES  CITÉS  DANS  LES  ANNOTATIONS 

SUR   LES   MÉMOIRES   DE   PIERRE   DE    FENIN. 


Le  soin  qne  l'on  a  pris  d'indiquer  la  source  de  chacun  des  renseipjneuients 
donnés,  l'obligation  où  l'on  a  été  d'abréger  autant  que  possible  ces  indications, 
ont  semblé  rendre  nécessaire  cette  liste  des  ouvrages  cités,  où  sont  consignés, 
avec  développements,  les  différents  titres,  et  où  se  trouvent  précisées  les  éditions 
dont  on  s'est  servi. 

A. 

Anonyme  de  Saint-Denis.  Histoire  de  Charles  VI ,  roy  de  France, 
escrite  par  les  ordres  et  sur  les  Mémoires  et  les  avis  de  Guy  de 
Monceaux ,  et  de  Philippes  de  Villette  ,  abbez  de  Sainct-Denys  , 
par  un  autheur  contemporain ,  religieux  de  leur  abbaye.  Tra- 
duite sur  le  manuscrit  latin  par  M.  I.  Le  Laboureur.  Paris, 
i663,  2  vol.  in-fol. 

Anselme  (le  Père).  Histoire  généalogique  et  chronologique  de  la 
maison  royale  de  France.  Troisième  édition,  Paris ,  l'y 26-3 3  , 
9  vol.  in-fol. 

Art  {V  )  de  vérifier  les  dates  des  faits  historiques,  des  chartes,  etc. 
Troisième  édition.  Paris ,  i'y83-87,  3  vol.  in-fol. 

B. 

Bataille  du  Liège  {la). 

Aux  pages  373-77  du  premier  volume  des  Mémoires  pour 
servira  F  Histoire  de  France  et  de  Bourgogne.  Voyez  La  Barre. 
Ce  poëme ,  public  pour  la  première  fois  par  La  Barre  ,  a  été 
réimprimé  par  M.  Buchon  ,  à  la  suite  de  la  Chronique  des  ducs 
de  Bourgogne ,  par  Georges  Chastellain  ;  Paris,  1827,  2  vol. 
in-8.  Il  a  reproduit  exactement  l'erreur  de  La  Barre  ,  qui  assigne 
;i  celte  bataille  la  date  de  i468  ,  au  lieu  de  i4o8  ,  erreur  intro- 
duite dans  le  texte  (vers  n  ). 


xl  LISTE 

Berky  {Jacques  Le  Bouvier,  dit).  Chronique. 

Aux  pages  4^1-444  ^^  V Histoire  de  Charles  Vï ,  par  Denjs 

Godefroy;  Paris ,  i653,  in-fol. 
Bertholet  (  Jean  ).  Histoire  ecclésiastique  et  civile  du  duché  de 

Luxembourg  et  comté  de  Chiny.  Luxembourg ,  l'-j^i-^Z  ,  8  vol. 

m-4. 
Bréquigny  (  Feddrix  de  ).  Voyez  Vilevaclt. 

c. 

Chapeauville.  Qui  gesta  pontificum  Leodiensium  scripserunt  auc- 
tores  praecipui.  Leodii ,  1616  ,  3  vol.  in-4. 

Chartier  {Jean  ).  Histoire  de  Charles  VII. 

Aux  pages  i-Sai  de  V Histoire  de  Charles  Vil,  mise  en  lu- 
mière par  Denjs  Godefroy;  Paris,  i66i,  in-fol. 

Chastellain  {George).  OEuvres  historiques  inédites.  Paris,  1887, 
in-8. 

Chronique  {la)  £  Alençon ,  escripte  par  Perce  val  de  Caigny  ,  es- 
cuyer  d'escurie  du  duc  d'Alençon.  MSS. 

Bibliothèque  royale  ^  fonds  Du  Chesne  ,  n"  48,  fol.  63-i  10. 

Chronique  {la)  des  comtes  et  ducs  d'Alençon.  MSS. 

Bibliothèque  royale,  fonds  Du  Chesne,  i\°  48,  fol.  i  i4-i  36. 

CouRCELLES  (  JuLiEN  de).  Histoire  généalogique  et  héraldique  des 
pairs  de  France.  Paris ,  1 822-33  ,  12  vol.  in-4. 

Cronicques  des  guerres  et  advenues  qui  ont  esté  depuis  l'an  mil 
iiii'^  xmii  jusqu'à  l'an  mil  iiii"=  soixante-onze,  es  royaulmes  de 
France  et  d'Angleterre,  et  en  tous  les  pays  du  duc  de  Bour- 
goingne.  MSS. 

Bibliothèque  royale,  ancien  fonds  français ,  n»  6762. 
Ce  manuscrit  offre  une  compilation  assez  étendue  des  chro- 
niques de  Berry,  J.  Chartier,  Du  Clercq  et  autres.  Il  pourroit  être 
forl  utilement  consulté  pour  une  réimpression  des  Mémoires  de 
Du  Clercq ,  auxquels  le  compilateur  fait  de  fréquents  emprunts  , 
et  dont  il  reproduit  des  passages  manquant  dans  les  éditions 
de  MM.  de  Reiffenberg  et  Buchon. 

Croniques  de  France,  dites  de  Saint-Denis.  Paris,  Pasquier  Bon- 
homme ,  t47^>  3  vol.  in-fol. 


DES  OUVRAGES  CITÉS.  xlj 

D. 

Daire  {Louis-François).  Histoire  de  la  ville  d'Amiens,  Paris , 

l'jS'j,  2  vol.  in-4. 
Dd  Chesne  (François).  Histoire  des  chanceliers  et  gardes  des  sceaux 

de  France,  Paris,  1680,  in-fol. 
Du  Clercq  (Jacques).  Mémoires. 

Faisant  partie  du  Supplément  aux  Chroniques  de  Monstrelet 

(tomes  XII-XV  de  l'édition  donnée  par  M.  Buchon). 
DvGVAL-E  (Tf^illiam).  The  Baronage  of  England.  Zorat/o/i,   1675- 

76,  3  vol.  in-fol. 
DoLAURE  (Jacques -Antoine).  Histoire  civile,  physique  et  morale 

de  Paris.  Troisième  édition.  Paris,  iBsS-aô,  10  vol.  in-i2. 
Do  Plessis  (Toussaints).  Histoire  de  la  ville  et  des  seigneurs  de 

Coucy.  Paris ,  1728  ,  in-4. 
Du  TiLLET  (Jean).  Recueil  des  Rois  de  France  ,  leurs  couronne  et 

maison.  Paris ,  1602,  2  vol.  in-4. 

E. 

EscoucHY  (Mathieu  d').  Histoire  de  Charles  VII. 

Aux  pages  531-788  de   V Histoire  de  Charles  F'II,   mise  en 
en  lumière  par  Denys  Godefroy;  Paris,  1661,  in-fol. 


Favtn  {j4ndré).  Le  Théâtre  d'honneur  et  de  chevalerie  ,  ou  l'His- 
toire des  Ordres  militaires.  Paris,  1620,  2  vol.  in-4. 

FÉLiBiEN(7tfiVAe/).  Histoire  de  la  ville  de  Paris,  revue,  augmentée 
et  mise  au  jour  par  Guy-Alexis  Lobineau.  Paris ,  1725,  5  vol. 
in-fol. 

Ferry  de  Lucre.  Histoire  chronographique  des  comtes ,  pays  et 
ville  de  S. -Paul,  enTernois.  Douay,  i6i3,  in-4- 

Froissart  (/.).  Les  Chroniques  de  Jean  Froissart,  avec  notes  et 
éclaircissements  par  J.  A.  Buchon.  Paris,  1824-26,  i5  vol. 
in-8. 


xlij  LISTE 


Gallia  Christiana.  Lutetise  Parisiorum ,  171  5-85,  i3  vol.  in-fol. 
GoDEFROY  [Denys).  Histoire  de  Charles  VI,  par  Jean  Juvénal  des 

Ursins,  augmentée.  Paris,  i653,  in-fol. 
GoLLUT  {Louis).    Les  Mémoires  historiques  de  la  république  Sé- 

quanoise,  et  des  princes  de  la  Franche-Comté  de  Bourgogne. 

Dole,  i5g2,  in-fol. 

H. 

Hardyng  {John).  The  Chronicle  in  mètre.  Londini,  i543,  in-4. 
Haudicquer  DE  Bi.ANCOURT.  Nobiliaire  de  Picardie.  Paris,  1693, 

in-4. 
Hénault  (le  président  ).  Nouvel  abrégé  chronologique  de  l'histoire 

de  France.  Paris,  1788,  3  vol.  in-8. 
Histoire  et  Chronique  de  Liège.  MSS. 

Bibliothèque  royale  ,  ancien  fonds  français  ^  n°  838o^. 


Journal  de  Paris  sous  les  règnes  de  Charles  VI  et  de  Charles  Vil. 
Aux  pages  1-208  du  tome  I  des  Mémoires  pour  servir  à  l'His- 
toire de  France  et  de  Bourgogne.  Voyez  La  Barre.  Nous  l'avons 
constamment  cité  sous  le  titre  de  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris. 

J0VÉNAL  DES  Ursins.  Histoire  de  Charles  VI.  Seconde  édition, 
publiée  par  Denys  Godefroy.  Paris,  de  V Imprimerie  Royale, 
i653,  in-fol. 

L. 

La  Barre  (LefÈvre  de).  Mémoires  pour  servir  à  l'Histoire  de 
France  et  de  Bourgogne.  Paris,  1729,  2  parties,  in-4. 

La  Marche  {Olivier  de).  Mémoires.  2  vol.  in-8. 

Dans  la  Collection  des  Mémoires  pour  servir  à   l'Histoire  de 
France  de  Petitot,  t.  IX  et  X  de  la  première  série. 

La  Morlière  {Adrian  de).  Recueil  de  plusieurs  nobles  et  illustres 
maisons  vivantes  et  esteintes  en  l'estendue  du  diocèse  d'A- 
miens, etc.  Amiens,  i63o,in-4- 


DES  OUVRAGES  CITÉS.  xliij 

La  Roq0e  {Gilles-André  de).  Histoire  généalogique  delà  maison 

de  Harcourt.  Paris,  1662,  4  vol.  in-fol. 
Le  Laboureur  [Jean).  Les  tombeaux  des  personnes  illustres.  Paris, 

1642,  in-fol. 
LoBiNEAD  (  Guy-Alexis).  Voyez  Féljbien. 
LoYEjvs  (/.  G.).  Recueil  héraldique  des  Bourguemestres  de  la  noble 

cité  de  Liège.  Liège,  1720,  in-fol. 

M. 

Ménage  {Gilles).  Dictionnaire  étymologique  de  la  langue  fran- 
çoise.  Nouvelle  édition,  mise  en  ordre  par  A.  F.  Jault.  Paris , 
i-jSo,  2  vol.  in-fol. 

Mever  {Jacques).  Commentarii  sive  Annales  rerum  Flandricarum, 
libri  xvii.  Anlucrpiœ,  i56i,  in-fol. 

Monstrelet  {Enguerrand  de).  Chroniques  d'Enguerrand  de 
Monstrelet.  Nouvelle  édition,  entièrement  refondue  sur  les  ma- 
nuscrits, avec  notes  et  éclaircissements,  par  J.  A.  BucHON.Pam-, 
1826,  i5  vol.  in-8. 

Monstrelet.  La  Cronique  de  Enguerrand  de  Monstrelet.  MSS. 
Bibliothèque  royale,   ancien  fonds  français,  n°  8347^*^'  > 
olim  Colbert,  n°  3 186. 

M0RICE  {Pierre-Hyacinthe).  Histoire  ecclésiastique  et  civile  de 
Bretagne.  Paris,  i'j5o-56,  2  vol.  in-fol. 

Le  second  volume  est  de  Charles  Taillandier. 

—  Mémoires  pour  servir  de  preuves  à  l'Histoire  ecclésiastique  et 
civile  de  Bretagne.  Paris,  l'y 42-46,  3  vol.  in-fol. 

N. 

NicoT  {Jean).  Trésor  delà  langue  françoyse.  Paris,  1606,  in-fol. 

P. 

Perceval  de  Caigny.  Voyez  La  Chronique  d'Alençon. 

Plancher  (dom).  Histoire  générale  et  particulière  de  Bourgogne. 

Dijon,  1738-71,  4  vol.  in-fol. 

Les  trois  premiers  volumes  seulement  sont  de  dom  Plancher  ; 

le  quatrième  est  du  à  dom  Salazard. 


xliv  LISTE  DES  OUVRAGES  CITÉS. 

R. 

Rapin  de  Thoyras.  Histoire  d'Angleterre.  Nouvelle  édition.  La 
Haye,  1749?  '^  ^'^^-  in-4. 

Reiffenberg  (baron  de).  Histoire  de  l'Ordre  de  la  Toison-d'Or. 
Bruxelles,  i83o,  in-4. 

RvMER  {Thomas).  Fœdera,  Couventiones,  Literae,  et  cujuscumque 
generis  Acta  publica  inter  reges  Angliœ  ,  et  alios  quosvis  impera- 
tores  ,  reges,  pontifices ,  principes  vel  communitates  habita  aut 
tractata.  Editiotertia.  Hagœ  Cornais,  1739-45,  10  vol.  in-fol. 


Saint-Remy  (Jean  Le  Febvre  de).  Mémoires. 

Aux  tomes  VII  (page  25 1)  et  VIII  des  Chroniques  d'Enguer- 
rand  de  MonstreleL  ;  nouvelle  édition  entièrement  refondue  par 
J.  A.  Bcchon;  Paris,  1826,  i5  vol.  in-8, 

Salazard  (dom).  Histoire  générale  et  particulière  de  Bourgogne. 
Dijon,  1738-71 ,  4  vol.  in-fol. 

Le  quatrième  volume  seulement  est  de  Salazard  ;  les  trois  pre- 
miers sont  dus  à  dom  Plancher. 

Secousse.  Ordonnances  des  rois  de  France  de  la  troisième  race,  re- 
cueillies par  ordre  chronologique.  Paris,  de  V Imprimerie  royale, 
1741-55,  in-fol.  (tomes  VI  à  IX),  Voyez  Vilevaclt. 

V. 

Vilevaclt  (de).  Ordonnances  des  rois  de  France  de  la  troisième 
race,  recueillies  par  ordre  chronologique.  Paris,  de l' Imprimerie 
royale,  1768-77,  in-fol.  (tomes  X  à  XII).  Avec  Bréquigny. 

Voltaire.  Histoire  du  Parlement  de  Paris. 

Daus  le  tome  XXII  de  ses  OEut^res ,  aç>ec  pré  faces ,  avertis- 
sements,  notes,  etc.;  par  M.  Benchot.  Paris,  1828-84,  70  vol. 
in-8. 


MÉMOIRES 


DE 


PIERRE  DE  FENIN. 


V  érité  est  qu'entre  le  diicLoujs  d'Orléans  ',  frère  au 
roy  Charles ,  et  le  duc  Jean  de  Bourgoingne  %  son  cou- 
sin germain ,  y  eut  par  pluseurs  fois  grandes  envies  et 
mal-talens  eux  deux  ensemble,  et  dont  y  eut  grosses 
assemblées  de  chascune  partie,  pour  paix  trouver;  et 
pour  ce  receurent  le  corps  de  Nostre  Seigneur  ensem- 
ble ,  pour  plus  grande  fiance  avoir  l'un  à  l'autre  :  et , 
comme  il  fut  depuis  apparent,  la  paix  n'y  estoit  mie, 
car  par  la  congnoissance  du  duc  Jean  de  Bourgoingne , 
il  fit  tuer  ledict  duc  d'Orléans  ^ 

*  Louis  de  France,  duc  d'Orléans,  second  fils  de  Charles  V,  né  à 
Paris,  le  samedi  i3  mars  iBji ,  épousa  à  JMelun,  au  mois  de  septem- 
bre 1089,  Valentine  de  Milan,  fille  de  Jean  Galéas  Visconti  ,  duc  de 
Milan ,  et  d'Isabelle  de  France. 

'  Jean,  duc  de  Bourgogne ,  surnommé  Sans-Peur,  fils  de  Philippe- 
le-Hardi,  et  de  Marguerite,  comtesse  de  Flandre,  né  à  Dijon  ,  le 
a8  mai  lôyi  ,  marié  à  Cambrai,  le  9  avril  i585,  à  Marguerite  de  Ba- 
vière ,  fille  d'Albert  de  Bavière,  comte  de  Hainaut,  Hollande  ,  etc.  , 
et  de  Marguerite  de  Silésie  ;  assassiné  à  JMontereau-Faut-Yonne  ,  le 
10  septembre  i4i9' 

'  Le  'i5  novembre  1407.  Les  chroniqueurs  diffèrent  entre  eux  sur 
la  date  qu'ils  assignent  à  cet  événement.  Suivant  le  rédacteur  des 

I 


2  MÉMOIRES  [H07] 

Après  que  letlict  duc  d'Orléans  fut  mort,  il  y  eut 
"raiid  descoiit'ort  des  i^ens  de  son  hostel ,  et  menoient 
si  m  and  dueil,  que  c'estoit  pitié  de  les  voir  ;  car  ledict 
duc  d'Orléans  estoit  horriblement  navré  en  la  teste  et 
au  visaige,  et  si  avoit  un  poing  couppé.  Et  avec  luj  y 
eut  un  sien  valet  de  chambre,  pour  cuider  sauver  ledict 
duc.  En  cest  estât  ledict  duc  fut  emporté  de  ses  gens,  et 
ne  sçavoient  que  mescroire ,  fors  qu'aucmis  pensoient 
<[ue  ce  eust  faict  le  seigneur  de  Canni  ',  pour  ce  que  le- 
dict duc  luy  avoit  for  trait  sa  fem^me  :  et  pour  ceste 
cause  haïssoit-on  le  sire  de  Canni  de  mortele  haine; 

grandes  Chroniques  de  Saint-Denis  (tome  III,  folio  148  v°),  ce  meurtre 
fut  commis  la  veille  de  saint  Denis,  c'est-à-dire  le  25  décembre;  ce 
qui  est  une  erreur  évidente.  Berry  (4i6)  et  l'anonyme  de  Saint- 
Denis  (II,  624)  le  placent  à  la  veille  de  saint  Clément,  c'est-à-dire 
au  22  novembre.  La  date  que  nous  adoptons  est  celle  qui  est  indiquée 
par  les  registres  du  parlement,  et  dans  une  sorte  de  manifeste  ccmtrc 
le  duc  de  Bourgogne,  envoyé  au  roi  Charles  VI  et  aux  principales 
villes  du  royaume,  par  les  enfants  dû  duc  d'Orléans.  Ce  manifeste  est 
rapporté  ]iar  Juvénal  des  Ursins  (20g),  et  fort  incomplètement  par 
Wonstrelet  (II,  lyS). 

Peut-être  ne  sei^a-t-il  pas  inutile  de  signaler,  par  occasion,  une 
erreur  qui  se  trouve  dans  toutes  les  éditions  des  Chroniques  de  Mons- 
trelet,  une  seule  exceptée  (celle  d'Anthoine  Yérard,  de  quarante-sept 
lignes  à  la  page).  On  a  imprimé  dans  le  texte  du  manifesteen  question, 
au  mois  de  novembre,  le  quatorzième  jour ,  au  lieu  de  vingt-troisième. 
Cependant  la  véritable  date  se  lit  dans  presque  tous  les  manuscrits  , 
en  assez  grand  nombre,  que  nous  avons  consultés,  et  notamment  dans 
celui  de  la  Bibliothèque  royale,  n°  8547'"'"  que  M.  Buchon  a  suivi, 
dit-il,  après  l'avoir  compare  soigneusement  à  toutes  les  éditions. 

'  Aubert  LeFlamenc,  seigneur  de  Cany  et  de  Varennes,  chevalier, 
conseiller  et  chambellan  du  Roi.  Mariette  d'Enghien,  sa  femme,  qu'il 
avoit  épousée  en  i58g,  eut  de  Louis,  duc  d'Orléans  ,  un  fds  nommé 
Jean  ,  dit  le  lnUard  d'Orléans,  comte  de  Dunois  et  «le  Longucvillc. 


[1407]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  3 

mais  on  sceiit  bien-tost  api'ès  la  vérité  du  faict ,  et  que 
Je  seigneur  de  Canni  n'y  avoit  nulle  coulpe. 

Le  lendemain,  quand  se  vint  à  porter  le  duc  enter- 
rer, il  y  avoit  moult  de  grands  seigneurs  de  son  lignage 
à  tenir  la  main  au  drap,  et  à  faire  le  dueil  au  corps;  et 
fut  enterré  aux  Célestins.  Entre  les  autres  y  estoit  le 
tluc  Jean  de  Bourgoingne  ,  qui  [avoit  faict  faire  ccste 
besongne ,  et  faisoit  le  dueil  par  semblant ,  et  n'en  sça- 
voit-on  encores  la  vérité.  En  tant  qu'on  portoit  le- 
dict  duc  enterrer,  le  sang  du  corps  coula  parmy  le 
sercueil  à  la  vueûe  d'eux  tous,  dont  y  eut  grand  mur- 
mure de  ceux  qui  là  estoient,  et  de  tels  y  en  eut  qui 
bien  se  doubtoient  de  ce  qui  en  estoit;  mais  rien  n'en 
dirent  à  présent.  Après  l'enterrement  dudict^duc,  les 
seigneurs  qui  là  estoient  prirent  conclusion  d'estre  le 
lendemain  au  conseil  tous  ensemble  pour  eeste  be- 
songne. 

Quand  vint  le  lendemain ,  que  les  seigneurs  fu- 
rent assemblez  ,  le  duc  de  Berry  ",  oncle  dudict  duc ,  y 
estoit  avec  le  duc  de  Bourbon  %  et  des  autres  grande 
planté  :  et  le  duc  Jean  de  Bourgoingne  monta  à  cheval 
pour  aller  au  conseil  avec  les  autres,  accompagné  du 
comte  Waleran  de  Sainct-PauP.  Quand  ledict  duc  vint 

'  Jean  de  France,  duc  de  Berry  et  d'Auvergne,  etc.,  second  fils  du 
roi  Jean  et  de  Bonne  de  Luxembourg,  né  au  château  de  Yincennes  , 
le  5o  novembre  i54o,  mort  à  Paris,  le  i5  juin  i4i6. 

'  Louis  II  du  nom,  duc  de  Bourbon,  comte  de  Clermont,  etc.,  né 
le  4  août  i537,niort  à  Montluçon,  le  ig  août  i4io.  Sa  sœur,  Jeanne  de 
Bourbon,  avoit  épousé  Charles  Y. 

'  Valeran  de  Luxembourg,  comte  de  Saint-Pol  et  de  Ligny,  né 
vers  i555,  suivant  Ferry  de  Locre  (46),  fut  créé  connétable  de  France 


\ 


4  MÉMOIRES  [1407] 

entrer  en  le  conseil ,  le  duc  de  Berry  et  les  autres  liiy 
envoyèrent  dire  qu'il  se  déportast  d'entrer  en  la  cham- 
bre du  conseil  tant  qu'à  présent  '  ;  et  quand  le  duc  Jean 
ouït  ce,  il  fut  tout  esbahy  et  courroucé  :  et  alors  il 
demanda  au  comte  Waleran  deSainct-Paul  :  «  Beau  cou- 
sin de  Sainct-Paul,  que  vous  semble-il  denostre  faict, 
et  qu'avons-nous  à  faire  sur  ceste  besongne?  »  Alors 
le  comité  Waleran  lui  respondit  :  «Monseigneur,  vous 
avez  à  vous  retraire  en  vostre  hostel,  puisqu'il  ne  plaist 
à  nos  seigneurs  que  soyez  au  conseil.  »  Et  adonc  dict 
le  duc  Jean  :  ((  Beau  cousin,  retournez  avec  nous.  ))  Et 
le  comte  luy  respondit  :  «  Pardonnez-moy,  je  iraj  de- 
vers nos  seigneurs  au  conseil.  »  En  tant  que  ces  paroles 
duroient,  le  duc  de  Bcrry  vint  à  l'huis  de  l'hostel,  et 
dist  au  duc  Jean  :  «  Beau  nepveu,  déportez-vous  d'en- 
trer au  conseil  ;  il  ne  plaist  my  bien  à  chascun  qu'y 
soyez.  »  Et  le  duc  Jean  respondit  :  ((  Monsieur^  je  m'en 
déporte  bien;  et  affm  qu'on  ne  mescroye  mie  de  la 
mort  du  duc  d'Orléans,  j'ay  faict  faire  ce  qui  a  esté 
faict,  et  non  autre.  »  A  ces  paroles  fut  le  duc  moult 
esmerveillé;  et  ledict  duc  Jean  tourna  son  cheval. 


ea  i4ii  ,  et  mourut  à  Yvois  le  19  avril  i4i5.  Il  eut  de  Maliaud  de 
Rœux ,  sa  première  femme ,  Jeanne  de  Luxembourg ,  mariée  en  la 
ville  d'Arras,  le  21  février  i4o2,  à  Antoine  de  Bourgogne,  duc  de 
Firabant,  et  moi'te  le  12  août  1407. 

Nous  signalerons  en  passant  une  faute  du  père  Anselme,  qui,  à  l'ar- 
ticle des  Connétables  de  France  (  VI ,  220  },  fait  mourir  le  comte  de 
de  Saint-Pol ,  le  19  août  i4i5. 

'  Selon  Monstrelet  (I,  218),  le  duc  de  Bourgogne  s'étoit  déjà  dé- 
claré l'auteur  du  meurtre ,  lorsqu'il  se  présenta  pour  entrer  au  con- 
çcil.  Cette  circonstance  explique  et  motive  le  refus  du  duc.  de  Berrv. 


[1407]  DE  PIERRE  DE  FENLN.  5 

et  s'en  alla ,  et  tout  incontinent  changea  cheval  à 
son  hostel,  et  partit  de  Paris  h  petite  compagnée,  et 
s'en  alla  tout  de  tire  en  Flandres  sans  arrester  en  nulle 
place,  sinon  quand  il  eut  repeu  bien  en  haste.  Et  ses 
gens  le  suivirent  au  mieux  qu'ils  peurent  en  grand 
doubte,  de  peur  qu'ils  ne  fussent  arrestez.  Ainsi 
partit  le  duc  Jean  de  Paris,  laissant  la  seigneurie  de 
France  en  grande  pensée.  Adonc  messire  Clugnet  de 
Brabant  %  admirai  de  France,  monta  à  cheval  atous 
ses  gens,  et  suit  le  duc  pour  le  cuider  prendre  ;  mais  le 
duc  estoit  jà  bien  loing  :  et  ainsi  messire  Clugnet  re- 
tourna tantostà  Paris.  Geste  mort  fut  l'année  du  grand 
hiver,  et  dura  la  gelée  soixante  et  six  jours  en  un  te- 
nant. 

De  ceux  qui  meirent  le  duc  d'Orléans  à  mort,  au 
commandement  du  duc  Jean  de  Bourgoingne,  furent 
Paulet  d'Antonville"  et  Guillaume  Courte-Heuse ,  et 
pluseurs  autres  que  ne  sçay  nommer^;  mais  ces  deux 

'  Pierre  de  Breban,  dit  Clignet,  seigneur  de  Landreville,  pourvu, 
par  lettres  du  i"  avril  i4o5,  de  la  charge  d'amiral  de  France,  qu'il 
obtint  par  la  faveur  et  à  la  prière  du  duc  d'Orléans.  Après  la  mort 
de  ce  prince ,  il  fut  remplacé  dans  cet  emploi  par  Jacques  de  Châ- 
liUon,  que  protégeoit  le  duc  de  Bourgogne,  et  dont  les  lettres  de 
provision  sont  datées  du  27  avril  i4o8.  Pierre  de  Breban  vivoit  encore 
en  1428  ,  continuant  de  porter  le  titre  d'amiral  de  France. 

'  Raulet  ou  Raoul  d'Auquetouville  est  qualifié  "  escuïer  d'escuieric 
et  verdier  des  forests  de  Bur-le-Roy  »  dans  une  ordonnance  du  5  août 
1596  (Secousse,  VIII,  loi  ),  et  nommé  «  général-conseiller  sur  le  faict 
des  aides  »  par  autre  ordonnance  du  5  septembre  logy  (  Ibid.,  i48). 
Il  étoit  écuyer  ordinaire  de  l'écurie  du  duc  de  Bourgogne  en  i4o8 
(  La  Barre,  II,  147  ). 

''  Les  meurtriers  étoient  au  nombre  de  dix-huit,  et,  selonGollut(654)> 


6  MÉMOIRES  [1407] 

furent  les  principaux,  et  depuis  là  en  avant  eurent 
toutes  leurs  vies  grandes  rentes  sur  le  duc  Jean  pour 
ceste  cause  '.  Le  duc  Jean  fut  moult  blasmé  de  ce  qu'il 
avoît  fait  le  dueil  au  corps,  et  tenu  la  main  au  drap,  et 
depuis  cogneu  de  sa  bouche  le  faict. 

Quand  le  duc  Jean  fut  venu  en  son  pays  de  Flandres 
et  ses  gens  furent  rassemblez ,  il  manda  ses  barons 
pour  avoir  conseil  de  ce  qu'il  avoit  à  faire.  Là  y  eut 
pluseuis  conclusions  par  le  duc  Jean  et  son  conseil 
pour  résister  à  tous  ceux  qui,  pour  la  mort  du  duc 
d'Orléans  ,  luy  voudroient  mener  guerre. 

Tantost  après  la  mort  du  duc  d'Orléans,  y  eut  pris 
en  Amiens  jour  de  parlement,  et  tous  les  seigneurs  de 
France  y  furent  tous  assemblez  ;  et  y  estoit  le  duc  Jean, 
lequel  feit  peindre  dessus  l'huis  de  son  hostel  deux 

avoient  pour  chefs,  outre  ceux  que  nomme  Fenin,  Guillaume  Scab 
et  Jean  La  Motte.  Monstrelet  (I,  214  )  cite  encore  Thomas  Courte- 
Heuse,  valet  de  chambre  du  Roi,  né,  ainsi  que  Guillaume  Courte- 
Heuse,  de  la  comte  de  Guines.  11  ajoute  que  d'Ottonville  étoit  Nor- 
mand, et  qu'un  motif  de  vengeance  personnelle  le  poussa  à  servir 
celle  du  duc  de  Bourgogne.  L'office  des  généraux  dont  le  Roi  l'avoit 
pourvu  à  la  requête  et  prière  du  duc  Philippe  de  Bourgogne ,  lui 
avoit  été  ôté  par  le  duc  d'Orléans. 

'  Il  résulte  du  compte  rendu ,  en  1 408  ,  par  Jean  de  Pressy,  tréso- 
rier général  de  toutes  les  finances  de  Bourgogne ,  qu'en  cette  année 
il  paya  à  RaouUet  d'Ottonville,  1°  par  mandement  du  duc  Jean, 
donné  à  Bruges  le  6  août,  la  somme  de  cinq  cents  francs  d'or  pour  les 
agréables  services  par  lui  rendus  ;  et  2°  par  mandement  du  5  janvier, 
la  somme  de  deux  cent  dix  ecus  d'or  pour  soi  monter  et  habiller  tant 
de  chevaux  comme  de  robes  (La  Barre,  II,  147  ).  Ces  munificences , 
dont  la  dei-nière  est  postérieure  à  peine  d'un  an  au  meurtre  du  duc 
d'Orléans,  ne  peuvent-elles  pas  être  regardées,  en  effet,  comme  le 
salaire  du  crime  ? 


[1407]  DE  PIERRE  DE  FEININ  7 

lances ,  dont  l'une  avoit  fer  de  guerre ,  et  l'autre  fer  de 
roquet;  et  disoit-on  qu'il  l'avolt  faict  en  signiliance 
que  quj  voudroit  à  luy  paix  ou  guerre,  qu'il  le  pre- 
sist,  et  de  ce  on  parla  en  mainte  manière.  Moult  eut 
à  Amiens  de  grands  consaux  tenus  par  les  seigneurs  de 
France,  mais  perceut-on  de  choses  qu'on  y  fit,  fors 
que  ledict  duc  Jean  percevoit  bien  que  la  plus  grande 
partie  des  seigneurs  de  France  le  hajssoient  couAcr- 
tement,  nonobstant  que  pour  lois  n'enfissent  sem- 
blant. 

Le  duc  d'Orléans  avoit  trois  fds  de  Valentine  ',  fille 
au  duc  Galeace  de  Milan,  sa  cousine  germaine,  dont 
le  premier  avoit  nom  Charles'',  qui  estoit  prince  de 
hault  entendement,  et  fut  nommé  duc  d'Orléans  après 
la  mort  de  son  père;  le  second  estoit  nommé  Philippe, 
comte  de  Vertus^;  et  le  troisième,  nomm.é  Jean, 
comte  d'Angoulesme'^.  Et  tous  trois  avoient  bien  ma- 

'  Valentine  de  Milan ,  fille  de  Jean  Galéas  Visconti ,  et  d'Isabelle 
de  France,  sa  première  femme,  morte  au  château  de  Blois,  le  4  dé- 
cembre i4o8. 

^  Charles,  duc  d'Orléans  et  de  Milan,  comte  de  Blois,  etc.,  né  à 
[*aris,  le  26  mai  1091  ,  mort  à  Amboise,  le  4  janvier  i465.  Ayant  été 
fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Azincourt,  en  i4i5,  il  demeura  en 
\ngleterre  pendant  vingt-cinq  ans. 

^  Philippe  d'Orléans,  comte  de  Vertus ,  né  en  juillet  i3g6,  mort 
sans  alliance  en  1420. 

♦  .Teau  d'Orléans,  comte  d'Angoulème  et  de  Périgord,  né  Je 
26  juin  i4o4,  mort  au  château  de  Coignac  en  Angoumois,  le 
5o  avril  1467-  Charles  d'Orléans,  son  frère,  ayant  promis  au  roi  d'An- 
gleterre, en  novembre  i4i2,  cent  mille  écus  pour  le  secours  donné 
par  ce  jirince  à  la  maison  d'Orléans  contre  celle  de  Bourgogne ,  le 
comte  d'Angoulème  fut  livré  en  otage  pour  garantie  de  cette  somme  ; 
il  resta  eu  Angleterre  jusqu'en  1444. 


8  MÉMOIRES  [1408] 

nicres  de  princes ,  et  moult  estoient  courroucez  de  la 
mort  de  leur  père;  et  depuis  eurent  assez  de  peine  pour 
le  cuider  venger,  et  porter  dommage  au  duc  Jean. 
Mais  le  duc  Charles  et  le  comte  d'Angoulesme  furent 
depuis  fort  empeschez  de  prison ,  comme  sera  cy-après 
déclaré. 

L'an  mil  quatre  cens  et  liuict,  Liégeois  rebellèrent 
contre  leur  évesque,  nommé  Jean  de  Bavière',  frère 
au  duc  Guillaume  de  Hollande  '  et  à  la  femme  ^  du 
duc  Jean  de  Bourgoingne ,  parquoy  ledict  évesque 
estoit  moult  puissant  d'amis  :  et  nonobstant  qu'il  fust 
évesque"^  de  Liège,  il  se  vouloit  marier^;  mais  la  plus 

'  Fils  d'Albert  de  Bavière,  comte  de  Hollande,  Zélande  et  Hai- 
naut,  et  de  Marguerite  de  Silésie.  Élu  évêque,  le  i4  novembre  oSg, 
à  peine  âgé  de  dix-sept  ans ,  il  prit  possession  du  siège,  par  com- 
missaire, le  9  mai  i3go,  et  fit  son  entrée  publique  à  Liège  ,  le 
lo  juillet  suivant.  Il  mourut  empoisonné  le  jour  des  Rois,  6  janvier 
i424-  (  V^oy.  Histoire  et  chronicque  de  Liège,  fol.  i49  verso  :  Bib.  Roy., 
manuscrit  838o' ,  et  Loyens  ,  102  et  suiv.) 

'  Guillaume  de  Bavière ,  IV  du  nom ,  comte  de  Hainaut ,  de  Hol- 
lande et  de  Zélande  ,  marié  le  9  avril  i385  à  Marguerite  de  Bourgo- 
gne, fille  de  Philippe-le-Hardi  ;  mort  à  Bouchain,  le  01  mai  1417. 

'  Marguerite  de  Bavière,  mariée  au  duc  Jean  de  Bourgogne,  le 
9  avril  i585,  morte  à  Dijon  le  23  janvier  i4-i3. 

*  Ici  commence  notre  manuscrit. 

*  Pierre  de  Fenin  est  le  seul  historien  de  ce  temps  qui  assigne 
un  tel  motif  à  la  rébellion  des  Liégeois  :  les  autres  ne  parlent  que  du 
mécontentement  que  leur  causa  le  refus  de  Jean  de  Bavière,  qui,  dit 
Gollut  (641),  haiant  tenu  l'e'vesche'par  dix-huit  ans  ne  vouloit  se 
lier  à  ï église.  Le  caractère  connu  de  l'évèque  de  Liège ,  son  ambi- 
tion ,  son  esprit  guerrier,  et  surtout  le  mariage  qu'il  contracta  dix 
ans  plus  tard  avec  la  veuve  du  duc  de  Brabant ,  Elisabeth  de  Luxem- 
bourg ,  tout  autorise  à  croire  que  Fenin  indique  ici  la  véritable  cause 
de  la  révolte  des  Liégeois.   Loyens  (120)  dit   aussi    que  «  Jean  de 


[1408]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  ç) 

grant  partie  de  ceux  de  Liège  ne  le  vouloient  soufTrir. 
Et  pour  ce  y  eut  discencion  graiit  entre  les  deux  par- 
ties, et  tant  que  l'évesque  fut  décachié,  et  ne  vouloient 
obéir  à  Jehan  de  Bavière ,  ains  en  avoient  fait  ung 
aultre ,  fieux  au  conte  de  Peruel  '  ;  et  aussi  le  conte  de 
Peruel  les  soustenoit  contre  Jehan  de  Bavière.  Et 
quant  Jehan  de  Bavière  se  vit  en  ce  dangier,  et  qu'il 
avoit  jà  perdu  la  plus  grant  partie  de  ses  bonnes  villes 
et  fortresses,  il  s'alla  retraire  à  Tret"*,  qui  estoit  de 
son  partj,  et  envoia  devers  le  duc  Guillaume  de  Hol- 
lande, son  frère,  et  devers  le  duc  Jehan  de  Bour- 
goingne,  son  seronge,  en  leur  priant  piteusement 
qu'ilz  le  vousissent  secourre,  et  qu'il  j  en  avoit  grant 
besoing,  car  Liégeois  l'avoient  asségié  dedens  la  ville 
de  Tret.  Et  quant  le  duc  Jehan  et  le  duc  Guillaume 
ouïrent  la  complaincte  de  Jehan  de  Bavière,  ilz  assem- 
blèrent moult  grant  poissance  de  tous  leurs  païs ,  et 
manda  le  duc  Jehan,  les  seigneurs  de  Bourgoingne,  et 
avec  manda  Piquars  et  FI  amans  et  toutes  aultres  gens 
donc  il  povoit,  par  espécial  gentilz-hommes.  Et  le  duc 
Guillaume  manda  Hollandois,  Zélandois%  et  moult 
d'aultres  ses  bons  amis.  Et  quant  les  deux  ducz  eurent 
leur  puissance   assemblée  ,   ilz  eurent  moult   noble 

Bavière  avoit  conçu  le  dessein  d'abandonner  son  évèché  pour  se  ma- 
rier,  à  raison  que  Guillaume,  son  frère,  n'avoit  laissé  qu'une  fille 
"ommée  Jacqueline.  » 

"j^enri  de  Horne ,  comte  de  Perweis.  Thierry  de  Horne ,  son  fils, 
chanoine  et  archidiacre  de  Hasbaye ,  avoit  été  élu  évèque  par  les 
Liégeois  en  i;o6. 

'  Trect,aujouN'hui  Maëstricht. 

'  Haynuiers.  (Ti.) 


lo  MÉMOIRES  [1408] 

corapaignie  et  belle  chevalerie  ,  et  les  nombrolt-on 
bien  à  douze  mille  combatans,  tous  gens  de  fait. 
Alors  commenchèrent  à  chevauchier  vers  Cambresis, 
et  de  là  vers  le  païs  de  Liège ,  et  quant  ilz  furent  entrés 
en  païs  de  Liège,  ilz  gastèrent  fort  le  païs.  Item,  Ro- 
bert Le  Roncz'  et  le  seigneur  de  Jemont  *  estoient  les 
conduiseurs  de  l'ost,  pour  ce  qu'ilz  estoient  du  pays  et 
qu'ilz  savoient  bien  lesquelz  estoient  contre  Jehan  de 
Bavière.  Et  le  conte  de  Peruel  et  les  Liégois,  cjui 
avoient  assëgié  Jehan  de  Bavièrededens  la  ville  de  Tret, 
oirent  nouvelles  que  les  deux  ducz  estoient  à  puissance 
en  leur  païs  de  Liège,  et  qu'ilz  gastoient  tout.  Adonc 
se  levèrent  Liégoiz  et  laissèrent  leur  ^  siège  pour 
venir  combatre  les  deux  ducs.  Et  tant  approchèrent 
les  deux  osts,  qu'ils  furent  assez  près  l'un  de  l'autre, 
près  la  ville  de  Tongre.  Là  y  eut  grandes  ordonnances 
faictes  par  les  deux  ducs  ;  et  ordonna  le  duc  Jean  ses 

'  Ecuyer  d'écurie  de  Jean,  duc  de  Bourgogne,  qui,  dans  uneleUrc 
au  duc  de  Biabant ,  citée  plus  bas  ( page  1 1  ,  note  4 ) »  le  nomme 
Robin-le-Roux.  Monstrelet  (II,  ii  ),  et  l'auteur  anonyme  de  La  Ba- 
taille du  Liè^e  (vers  247),  éciùvent  Robert-Ie-Roux.  La  Barre  a 
omis  de  le  comprendre  au  nombre  des  écuyers  d'écurie  dans  l'état  des- 
officiers de  la  maison  du  duc  de  Bourgogne.  Il  vivoit  encore  en  1417 
(Monstrelet,  IV,  ^\). 

^  Sans  doute  Jean  Jeumont,  qu'on  trouve  sur  la  liste  des  chevaliers 
bannerets  qui  accompagnèrent  le  duc  Jean,  lorsqu'après  la  bataille  de 
Liège,  il  alla  d'Arras  à  Paiùs,  où  il  arriva  le  28  novembre  i4o8 
(Plancher,  III,  Notes,  xxx,'58o).  L'anonyme  de  Saint-Denis  cite  (II,  g5;j 
un  sire  de  Jeumont,  ffanuyei,  ipréposé  parle  duc  de  Bourgogne»  avec 
quelques  autres  braves  capitaines ,  à  la  défense  de  Bapaumes  contre  les 
troupes  du  Roi.  Il  fut  tué  à  la  bataille  d'Azincourt.  MonJ"'<'ltît  (H*  21) 
lui  donne  le  titre  de  <-  marescbal  du  duc  Guillaume  de  Brabant.  » 

'  Il  y  a  ici  lacune  de  quchiues  pages  dans  «otre  manuscrit. 


[1408]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  m 

gens  à  cheval  pour  férir  les  Liégeois  par  derrière.  Le 
seigneur  de  Croj',  le  seigneur  de  Hellj%  le  seigneur 
de  Raisse%  le  seigneur  de  Ponf*,   et  Enguerran  de 

'  Jean,  sire  de  Croy,  de  Renti,  etc.,  chevalier,  conseiller  et  cham- 
bellan de  Jean,  duc  de  Bourgogne,  tué  à  la  bataille  d'Aziucourt. 

'  Jacques,  seigneur  d'Helly,  dit  le  maréchal  de  Guyenne,  fut  fait 
prisonnier  par  les  Anglais  en  i4i5,  ainsi  qu'on  le  voit  par  un  acte  de 
Rymer(iy,  ii«  partie,  4^),  en  date  du  18  septembre  i4i3,  dans 
lequel  il  est  dit  que  le  roi  d'Angleterre  ayant  appris  que  le  seigneur 
de  Heyle  et  d'autres  rebelles,  ses  ennemis,  ont  été  faits  prisonniers 
par  Jean  Blount,  chevalier,  et  d'autres  de  ses  sujets,  il  envoie  Jean 
Radeclif ,  homme  d'armes ,  pour  traiter  de  la  rançon  des  prisonniers 
avec  le  dit  Jean  Blount,  et  les  faire  conduire  en  Angleterre.  Le  sei- 
gneur d'Helly  fut  tué  à,  la  bataille  d'Azincourt,  les  Anglois,  dit  Ju- 
vénal  des  Ursins  (3i5),  n'ayant  point  voulu  le  faire  prisonnier  «  pour 
ce  que  dernièrement  il  avoit  rompu  sa  prison.  » 

'  Peut-être  Pierre  de  Haverskerque ,  seigneur  de  Rasse,  de  Bi-ay, 
de  Raimbaucourt ,  etc.,  châtelain  d'Orchies  et  de  Bailleul,  époux  de 
Jeanne  de  Lalain ,  que  D.  Plancher  (  III ,  Notes,  xxix,  58o)  met  au 
nombre  des  gentilshommes  qui  accompagnèrent  le  duc  de  Bourgogne 
dans  son  expédition  conti-e  les  Liégeois. 

*  Dom  Plancher  (  III ,  Preuves,  cclx  )  nous  a  consei'vé  une  lettre 
datée  de  3Iontost,  sur  les  champs  devant  Tongres,  le  25"=  jour  de  sep- 
tembre 1 408  ,  dans  laquelle  le  duc  de  Bourgogne  rend  compte  à  son 
beau-frère,  le  duc  de  Brabant,  de  la  victoire  par  lui  remportée  sur 
l'armée  des  Liégeois.  Le  duc  cite  comme  ayant  été  chargés  de  se 
porter  sur  l'arrière  -  garde  de  l'ennemi  le  sire  de  Croy,  le  sire  de 
Helly,  le  sire  de  Rasse,  Enguerrand  de  Bournonville  et  Rohin-le~ 
Roux.  Il  n'y  est  point  question  du  seigneur  de  Pont. 

Edouard  ,  d'abord  marquis  de  Pont ,  puis  duc  de  Bar  ,  après  la 
mort  de  son  père  ,  arrivée  en  i4i  i  >  suivant  Monstrelet  (  II,  192  ),  le- 
quel le  nomme  Henry  et  non  Robert,  comme  le  fait  le  P.  An- 
selme (Y,  012),  fut  fait  prisonnier  en  i4i5  avec  le  duc  de  Bavière, 
Pierre  des  Essarts  et  autres  partisans  du  comte  d'Armagnac.  Edouard 
dut  sa  délivrance  aux  sollicitations  de  Bonne  de  Bar,  sa  sœur,  épouse 
du  comte  de  Saint-Pol.  Il  fut  tué  deux  ans  plus  tard,  dans  les  rangs 
de  l'armée  francoisc,  à  la  bataille  d'Azincourt. 


12  MÉMOIRES  [1408] 

Bouriionville',  furent  les  cinq  capitaines  pour  con- 
duire ceux  de  cheval ,  et  les  conduisirent  bien  et  ■vail- 
lamment. Ce  jour  conduisoit  le  seigneur  de  Mirau- 
mont'  les  archers  au  duc  Jean,  et  vaillamment  s'y 
gouverna.  Si  avoit  en  la  compagnie  des  cinq  capitaines 
susdicts  bien  douze  cens  hommes  d'armes  de  bonne 
estoffe  :  et  fut  une  chose  qui  moult  greva  les  Liégeois. 
Ainsi  ordonna  le  duc  Jean  deBourgoingne  ses  batailles, 
et  le  duc  Guillaume  de  Hollande,  son  seronge,  le  comte 
de  Peruvez  et  les  Liégeois  feirent  grandes  ordonnances  : 
et  avoient  de  petits  canons  sur  carrois  grand  foison, 
qui  moult  grevèrent  les  gens  des  deux  ducs  à  l'assem- 
bler. Après  toutes  les  ordonnances  faictes,  les  deux 
osts  s'assemblèrent  à  bataille ,  en  un  camp  nommé 
Hasbain  qui  est  assez  près  de  Tongre.  Là  y  eut  grande 
bataille^  d'un  costé  et  d'autre,  et  se  portèrent  les  Lié- 
geois de  venue  roidement  r  miais  enfin  ils  furent  tous 
desconfits,  et  y  en  eut  moult  de  morts,  et  furent  par 
nombre  morts  vingt  et  huict  mille "^  sur  le  camp,  et  en 
euxfuyans,  sans  ceux  qui  furent  prisonniers.  Là  fut  pris 

•  Enguerrand  de  Bournonvillc ,  vicomte  de  Beaurain,  etc.,  alors 
ocuyer,  depuis  conseiller  et  chambellan  du  duc  de  Bourgogne,  mort 
en  i4i4)  à  la  prise  de  Soissons,  qu'il  défendoit  contre  les  troupes 
du  Roi. 

"  Peut-être  s'agit-il  de  Jean,  seigneur  de  Miraumont,  chevalier, 
chambellan  de  Philippe-le-Hardi ,  père  de  Jean.  Il  est  cité  dans  un 
compte  de  Jean  l'Époulettes  pour  l'année  i4oo  (La  Bakre,  II,  44  ) 

^  Le  dimanche  20  septembre  i4o8. 

*  Monstrelet  et  Saint-Remy  s'accordent  avec  Fenin  sur  Je  nombre 
des  morts.  L'anonyme  de  Saint-Denis  (II,  684)  et  Juvénal  des  Ur- 
sjns  (196)  ne  le  portent  qu'à  vinç^t-quatre  mille.  L'auteur  du  ])oéme 
de  la  Bataille  du  Lic^e  (vers  402)  dit  trente  mille. 


L1408]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i3 

le  comte  tle  Periiel  et  son  fils  '.  A  ceste  journée  se  porta 
le  duc  Jean  de  sa  personne  grandement,  et  messire 
Jacques  de  Courte-Jambe',  qui  portolt  la  banière  au 
duc  Jean,  y  fut  vaillant  chevalier  et  moult  bien  s'j 
porta.  A  ceste  bataille  y  eut  morts  des  gens  au  duc 
Jean ,  et  de  ceux  au  duc  Guillaume  de  deux  à  trois 
cens^  et  non  plus.  Et  y  mourut  un  chevalier  de  grand 
renom,  messire  Florimond  de  Brimeu'^,  qui  estoitàla 
banière  du  duc  Jean,  tlont  le  duc  fut  fort  courroucé. 
Après  ce  que  les  deux  princes  eurent  la  victoire,  ils 
assemblèrent  leurs  gens  ,  et  regracièrent  Dieu  de  l'hon- 
neur qu'il  leur  avoitfait  :  après  firent  coupper  la  teste 
au  comte  de  Peruel,  et  en  firent  présent  à  Jean  de 
Bavière,  qui  vint  vers  eux  assez  tost  après  la  bataille; 
car  il  n'y  estoit  pas,  et  les  mercia  moult  de  l'honneur 
qu'ils  luy  avoient  fait  et  du  secours,  llsluy  firentgrand 
chère  et  gi^and  honneur,  puis  s'en  allèrent  rafraischir, 
et  le  lendemain  toutes  les  bonnes  villes  du  païs  vinrent 


'  L'anonyme  de  Saint-Denis  (II,  684),  ^«  Bataille  du  Liège 
(  vers  582-585  )  et  Monstrelet  (II,  17  )  disent  que  le  père  et  le  fils  y 
moururent.  Suivant  ce  dernier,  et  D.  Plancher  (III,  Preuves,  cclx), 
un  second  fils  du  comte  de  PerAveis  y  fut  également  tué. 

"  Jacques  de  Coui'tiamLles,  chevalier,  seigneur  de  Commarien  et  de 
Marigny,  conseiller  et  chambellan  du  Roi  et  du  duc  de  Bourgogne  (An- 
selme ,  VIII,  719;  La  Barre,  II,  ii9),vivoit  encore  en  mars  1426 
(  Idem,  ibid.,  206  ). 

^  «  De  cinq  à  six  cens  hommes  »  (  Monstrelet,  II,  18  ). 

*  Le  duc  de  Bourgogne  fit  conduire  à  Maëstricht  et  inhumer  avec 
pompe  le  corps  de  Florimont  de  Brimeu,  ainsi  que  l'apprend  un 
compte  rendu,  pour  l'année  i4o8,  par  Jean  de  Pressy.  Florimont 
de  Brimeu  étoit  chevalier  et  chambellan  du  duc  (Plancher,  III » 
26a). 


i4  MÉMOIRES  [1410] 

à  l'obéjssaiice  aux  deux  princes  et  à  Jean  de  Bavière  : 
et  ils  les  receurcnt,  sinon  aucuns  qui  avoient  faict  la 
rébellion,  lesquels  furent  justiciez,  tant  hommes  que 
femmes,  entre  autres  le  damoiseau  de  Rochefort'. 
Après  toutes  ces  choses  ainsi  faictes ,  Jean  de  Bavière 
fut  bien  obéj  par  tout  son  évesché  ,  et  depuis  tout  son 
vivant  ne  firent  rien  à  son  contraire.  Le  pais  de  Liège 
fut  alors  fort  gasté  par  les  gens  des  deux  princes  , 
qui  emportèrent  grand  avoir  dudict  païs.  Quand  les 
deux  princes  eurent  ainsy  accomplj  leur  volonté,  ils 
se  retirèrent  à  grande  joye  chascun  en  son  païs.  Pour 
ceste  besongne  fut  le  duc  Jean  moult  redouté  grand 
temps  :  et  ceux  qui  contre  luj  avoient  proposé  luj  gre- 
ver pour  la  mort  du  duc  d'Orléans,  furent  tous  ac- 
coisez,  et  en  grand  temps  après  n'en  feirent  nul  sem- 
blant de  grever  ledict  duc  :  mais  au  chef  du  tour  la 
chose  se  remit  tellement  que  le  royaume  de  France  en 
fut  long-temps  en  voye  de  destruction ,  comme  pour- 
rez voir  cy-après. 

Après  que  le  duc  Jean  de  Bourgoingne  eut  ainsi 
achevé  en  Liège,  il  fut  bien  deux  ans  qu'on  parloit 
peu  de  la  mort  du  duc  d'Orléans  :  mais  toutesfois  le 
duc  Charles,  son  fils,  machina  tant  qu'il  eut  de  son 
party  pluseurs  seigneurs  de  France ,  qui  luy  promi- 

'  Jean,  seigneur  de  Rochefort  et  d'Agimont,  auquel  les  Liégeois 
révoltés  offrirent ,  le  6  septembre  1 4o6  ,  le  titre  de  MamLourg  (  Cha- 
PEAUViLLE  ,  III ,  gj  ),  «  fut  le  principal  fauteur  des  rebelles ,  quoyque 
son  grand  aage,  ses  biens,  et  sa  noblesse,  le  dussent  avoir  obligé  de 
se  ménager  parmy  les  dangers  cjue  les  gens  de  sa  sorte  courent  dans 
l'engagement  d'une  sédition  populaire.  »  (Anonyme  m:  Saint-Denis, 
il,  684.) 


[1410]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i5 

rent.  ajder  à  veiii^er  la  mort  de  son  père;  et  en  estoit 
le  duc  de  Berry,  le  comte  de  Clairmont  ' ,  et  le  comte 
d'Armignac  %  et  firent  de  grandes  assemblées  par-del;i 
Paris  vers  Mont-le-Hery.  Leduc  Jean  avoit  à  foison  gens 
vers  Sainct-Denjs  en  France  :  et  furent  les  gens  du  duc 
Antoine  de  Brabant  %  logez  à  Sainct-Denjs  '^  en  cette 
mesme  saison ,  et  les  gens  au  comte  Waleran  de  Sainct- 
Paul ,  qui  estoit  à  Paris,  qui  les  manda  pour  les  veoir  : 
et  ils  s'assemblèrent  et  allèrent  pour  passer  parmy 
Sainct-Denjs,  où  les  Brabançons  estoient  logés;  mais, 
par  quelque  contention  qu'ils  eurent  ensemble ,  les 
Brabançons  voulurent  livrer  bataille  aux  gens  du  comte 
Waleran ,  qui  estoient  conduicts  par  le  seigneur  de 
Tian  ^,  et  furent  sur  le  poinct  d'eux  entremesler;  mais 


■  Jean  de  Bourbon,  comte  de  Clermont ,  fils  de  Louis  II,  duc  de 
Bourbon,  et  d'Anne,  dauphine  d'Auvergne  ,  né  au  mois  de  mars  i38o, 
fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Azincourt ,  mourut  en  Angleterre 
au  mois  de  janvier  i433.  Il  prit  le  titre  de  duc  de  Bourbon  après  la 
mort  de  son  père ,  arrivée  le  ig  août  i4io.  (  Voyez  page  5 ,  note  2.  ) 

"  Bernard,  comte  d'Ai'magnac,  deFezensac,  de  Rodez,  etc.,  fils 
de  Jean  II,  comte  d'Armagnac ,  et  de  Jeanne  de  Périgord,  reçut 
l'épée  de  connétable  de  France,  le  3o  décembre  i4i5.  Mort  le 
1-2  juin  i4i8. 

^  Antoine  de  Bourgogne ,  duc  do  Brabant,  second  fils  dePhilippe- 
le-Hardi ,  duc  de  Bourgogne,  et  de  Marguerite,  comtesse  de  Flan- 
dre et  d'Artois,  né  en  i584,  niort  le  i5  octobre  i4i5,  à  la  bataille 
d'Azincourt.  Il  eut  pour  première  femme  Jeanne  de  Luxembourg, 
fille  unique  de  Yaleran  de  Luxembourg ,  comte  de  Saint-Pol  et  de 
Ligny  ;  et  pour  deuxième  Elisabeth  de  Luxembourg,  fille  unique  de 
Jean  de  Luxembourg,  duc  de  Gorlitz,  etc. 

<  Le  20  septembre  î4io.  (Anonyme  de  Saint  Denis,  yoS.) 

'  Monstrelet  dit  Chin  (  II ,  i54  )•  Dans  un  rôle  de  gens  d'armes  as- 
semblés par  le  duc  Jean  en  i4io,  il  vaGiles,  seigneur  de  Chin,  chevalier 


i6  MÉMOIRES  [1410] 

le  duc  Antoine,  qui  avoit  espousé  la  fille  tlu  dict  comte 
Waleian  ' ,  en  ouït  nouvelles  à  Paris,  et  y  vint  moult 
en  haste ,  et  quand  il  fut  venu,  il  fist  retraire  ses  gens , 
et  les  dédaigna  moult  de  ce  qu'ils  avoient  tant  faict; 
et  les  gens  du  dict  comte  s'en  allèrent  à  Paris  pour 
eux  monstrer,  et  puis  s'en  revinrent  à  leurs  logis,  aux 
villages  du  plat  pays. 

En  ce  temps,  les  gens  du  duc  Charles  d'Orléans  et 
du  comte  d'Armignac  estoient  logez  par-delà  Paris  : 
et  alors  on  commença  fort  à  parler  des  gens  au  comte 
d'Armignac ,  pource  qu'ils  estoient  habillez  d'es- 
charpes  blanches ,  car  on  estoit  encores  peu  vuille  au 
pays  de  France  et  de  Picardie  de  telles  escharpes ,  et 
pour  le  nom  des  gens  au  comte  d'Armignac ,  furent 
depuis  ce  temps  tous  gens  lenans  party  contre  le  duc 
Jean  de  Bourgoingne,  appelez  Armignacs.  Nonobstant 
que  le  Pioy  fust  contraire  au  duc  Jean  aucune  fois,  et 
avec  luj  eut  moult  d'autres  grands  seigneurs,  plus 
grands  sans  comparaison  que  le  comte  d'Armignac  , 
si  ne  les  nommoit-on  en  commun  langage,  fors  les 
Armignacs,  dont  ils  étoient  fort  courroucez;  mais 
ils  ne  peurent  oncques  avoir  autre ,  et  de  tout  temps 
de  la  guerre  n'eurent  autre  nom.  Ainsi  par  pluseurs 
fois  y  eut  grandes  assemblées  autour  de  Paris,  tant  des 
gens  du  duc  Jean  de  Bourgoingne  que  du  duc  Charles 
d'Orléans  :  et  tousjours  depuis  commença  la  chose  à 
enfler  entre  les  dicts  deux  ducs,  se  retirant  le  dict  duc 

banneret  (Plancher,  III,  JSotes,  xxxiii,  585).  Monstrelet  (  III,  552  ) 
cite  un  seigneur  de  Chin  ,  tué  à  la  bataille  d'Azincourt. 
'  \'oyez  page  3,  note  3. 


[1410]  DE  PIERRE  DE  FENiN.  ,^ 

de  Bor.rgoingue  avec  ses  alliez  en  son  pays  de  Flandre 
et  Artois".  Peuparavant,  messiie  Jean  de  Montagu, 
grand  maistre  d'hostel  du  Roy,  eut  !a  teste  couppée  à 
Paris  ' ,  et  fut  par  le  conseil  du  duc  Jean  :  si  disoit-on 
qu'il  avoit  desrobé  le  Roy  de  grand  thrésor.  II  avoit 
fait  faire  le  chastel  de  Marcoucy  près  Mont-le-Héry. 

L'an  mil  quatre  cens  dix  ,  la  guerre  commença  foit 
entre  le  duc  Cliarles  d'Orléans  et  le  duc  Jean  de  Bour- 
goingne;  et  avoit  le  dict  duc  Charles  grand  foison  de 
seigneurs  de  France  de  son  party,  qui  lui  avoient 
promis  l'aider  à  destruire  le  duc  Jean,  et  venger  la 
mort  de  son  père.  Il  mist  garnison  en  la  ville  de  Han  ^ 
sur  Some ,  sur  les  marches  du  duc  Jean ,  et  y  estoit 
capitaine  messire  iManessier  Quieret  ^,  et  aussi  en  plu- 

'  Le  départ  du  duc  de  Bourgogne  n'eut  lieu  que  quelques  jours 
après  la  conclusion  du  traité  de  paix,  dit  de  Yicestre ,  entre  lui  et 
les  princes  confédérés;  laquelle  paix  fut  confirmée  par  ordonnance  du 
Roi  ,  le  1  novembre  i4io.  Cette  ordonnance  est  rapportée  par  dom 
Plancher  (III,  Preuves,  ccLxvni  ). 

'  Le  17  octobre  1409-  Jean  de  Montagu,  vidame  de  Laonnois,  sei- 
gneur de  JMarcoussy,  chevalier,  conseiller  du  Roi,  grand-maître  de 
France  et  surintendant  des  finances  sous  Charles  VI,  «  estoit  natif  de 
la  cité  de  Paris,  et  paravant  avoit  esté  secrétaire  du  roi  Charles-le- 
Riche ,  derrenier  trespassé  :  si  estoit  gentilhomme  de  par  sa  mère  » 
(MoNSTRELET,  II,  io5).  Sou  père,  mort  le  17  septembre  i58o,  étoit 
chevalier,  conseiller  et  chambellan  du  Roi;  sa  mère,  noble  dame 
Biette  de  Cassinel,  étoit  de  la  maison  de  Lucques.  (Le  Laboureur, 
les  Tombeaux  des  personnes  illustres;  Paris,  1642,  iu-foL,  pag.  280  ) 
Jl  y  a  donc  sinon  erreur,  du  moins  exagération,  à  dire,  comme  le 
lait  l'anonyme  de  Saint-Denis  (II,  710),  que  Jean  de  Montagu  étoit 
«  d'une  condition   médiocre.  » 

'  Ham. 

*  Le  P.  Anselme  ("VII,  746)  indique  un  Manassez  Queiret, 
comme  étant  peut-être  le  même  que  Manessier  Quicret ,  chevalier, 

2 


,8  MÉMOIRES  [1411] 

seurs  autres  places  ;  et  après  envoya  défier  le  duc 
Jean  '.  Et  pareillement  le  deffièrent  moult  d'autres 
grands  seigneurs ,  et  entre  les  autres  le  deffia  un  che- 
valier de  Picardie,  nommé  Maussart  du  Bos  %  dont 
le  duc  Jean  fut  plus  mal  content  que  de  tous  autres , 
car  messire  Maussart  estoit  son  homme  ,  parquoi  il  le 
cueillit  en  grande  haine.  Quand  le  duc  Jean  sceut  les 
assemblées  que  le  duc  d'Orléans  faisoit  contre  luj,  et 
que  partout  il  cherchoit  alliez  contre  le  duc  Jean  pour 
luy  faire  guerre ,  alors  il  assembla  ses  gens  par  tous  ses 
pays,  et  fist  moult  belle  assemblée  de  gentilshommes, 
et  avec  fist  venir  grande  puissance  des  communes  de 
Flandres  ,  et  tout  assembla  vers  la  ville  d'Arras ,  et  de 
là  tira  droict  au  villaige  de  Marquion%  près  Cambray, 
et  là  se  logea  et  ses  Flamens ,  qui  estoient  sans  nom- 
bre. Et  avoient  tant  de  tentes,  que  ce  sembloit  une 

lequel  donna  quiUance  de  120  livres,  en  prêt  sur  ses  gages  et  ceux 
de  sept  autres  écuyers  de  sa  compagnie,  le  11  juin  i4io. 

'  Les  lettres  de  défi,  datées  de  Jargueau ,  le  18  juillet  14",  sont  in- 
exactement l'apportées  par  3Ionstrelet  (II,  225).  Elles  se  trouvent 
dans  dom  Plancher  (III,   Preuves,  cclxxi). 

'  Maussart  Du  Bois,  c'est  ainsi  que  le  nomment  Juvénal  des  Ursins 
(233)  et  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  {']),  fut  fait  prisonnier,  en 
i4ii,  parles  troupes  du  comte  d'Arundel,  à  l'attaque  du  pont  deSaint- 
Cloud,  et  livré,  dit  Monstrelet  (II,  290),  «  es  mains  des  officiers  du 
Roy.  »  On  l'amena  à  Paris  en  la  prison  du  Chàtelet.  Ayant  refusé  de 
prêter  serment  au  duc  de  Bourgogne ,  il  fut  mis  à  la  torture  et  enfin  dé- 
capité. Il  marcha  au  supplice  d'un  pas  ferme  et  assuré.  Juvénal  des 
Ursins,  qui  a  tracé  un  récit  fort  touchant  des  derniers  moments 
de  Maussart  Du  Bois,  dit  (258)  que  «  foison  de  peuple  y  avoit,  qui 
«  quasi  tous  ploroient  à  chaudes  larmes.  »  Cette  exécution  eut  lieu 
le  16  janvier  i4ii.   (Anonyme  de  Saint-Denis,  II,  8o5.) 

'  II  y    arriva   le    i"  septemhre  i4it.    (Monstrelet,  II,  248.) 


[1411]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  ,9 

bomie  grande  ville  quand  Ils  estolent  logez;  et  avec 
avoient  moult  d'habillemeiis  de  guerre,  et  alloient 
tous  de  pied,  fort  chargez  de  harnois ,  et  si  avoient 
foison  de  cliarroy,  parquoj  ils  faisoient  moult  de  mal 
partout  où  ils  passoient.  Ainsi  le  duc  Jean  assembla 
bien  trente  mille  combatans  ',  et  s'en  alla  de  là  à 
Han  sur  Some,  devant  laquelle  il  mit  le  siège  par  un 
lez,  et  fist  assiéger  degrands  canons  pour  jetter  aux  murs 
de  la  ville.  Là  eut  grandes  escarmouches  faictes,  mais 
enfin  les  gens  d'armes  qui  estoient  dans  la  ville  s'en 
allèrent  par-delà  l'eaue,  et  abandonnèrent  la  ville;  et 
quand  les  gens  du  duc  Jean  le  sceurent ,  ils  assailli- 
rent la  ville,  et  entrèrent  dedans.  Là  firent  Flamens 
grand  desroy,  et  boutèrent  le  feu  partout.  Après  que 
Han  fut  ainsi  désolée ,  le  duc  tira  vers  Nelle ,  laquelle 
fut  destruicte  au  passer,  puis  s'en  alla  loger  devant 
Roye  en  Vermandois,  laquelle  se  mit  incontinent  en 
son  obéissance.  De  là  s'en  alla  loger  devant  Mondi- 
dier  en  grande  ordonnance;  et  avoit  moult  de  petits 
charrois,  où  j  avoit  sur  chascun  deux  petits  canons, 
qu'on  nommoit  ribaudequins,  dont  il  fist  clore  son 
ost  d'un  lez.  Quand  le  duc  Jean  eust  esté  bien  dix  jours 
logé  devant  Mondidier,  et  qu'il  contendoit  à  passer 
outre  vers  Paris,  lors"  sesFlamansse  commenchèrent 

'  L'armée  du  duc  de  Bourgogne  se  composoit,  selon  Monstre- 
let  (Il ,  248),  de  cinquante  à  soixante  mille  hommes,  «  sans  les  varlels 
et  pages,  xlont  il  y  avoit  sans  nombre.  »  L'anonyme  de  Saint-Denis 
(II,  771)  dit  deux  mille  cinq  cents  chevaliers  ,  et  huit  mille  hommes 
d'armes  et  cinquante  mille  piétons  ;  Juvénal  des  Ursins  (226),  deux 
jiiilie  chevaliers,  huit  cents  écuyers  et  quarante  mille  hommes  de  pied. 
Notre  manuscrit  reprend  ici  sans  nouvelle  lacune. 


Lîo  MÉMOIRES  [141  i] 

à  eux  fourmouvoir  pour  retourner  en  leur  païs  ,  et 
tant,  qu'il  ne  fut  point  en  la  puissance  au  duc  Jehan 
de  les  retenii  ;  car  ilz  se  deslogèreiit  '  en  grant  desroy 
par  nuit,  et  j  eult  de  leurs  tentes  arses  grant  planté  et 
de  leurs  aultres  bagages.  Pour  ceste  retournée  fut  le 
tluc  Jehan  fort  iré;  mais  Flaraans  n'en  voulurent  riens 
faire  pour  luy,  donc  il  leur  sceut  moût  mal  gré.  Ainsi 
s'en  râlèrent  Flaraans  en  leur  païs  contre  le  gré  du  duc 
Jehan  ,  et  raloient  plus  en  jour  qu'ilz  n'estoient  ve- 
nus en  deux  ,  et  partout  où  ilz  passoient  ilz  fal soient 
grand  dommaige,  car  ilz  estoient  gens  sans  pitié  et  qui 
u'espargnoient  gentil  ne  villain;  et  aussi  quant  Picars 
les  trouvoieut  à  leur  dessoubz  ilz  leur  faisoient  assez 
de  paine. 

Après  ce  que  Flamans  furent  retraiz  en  leur  pais  et 
le  duc  Jehan  de  cy  à  Arras ,  il  remanda  partout  ses  gens 
et  fist  une  moult  belle  assemblée  de  gentilz-hommes  et 
puis  s'en  alla  vers  Roje  en  Vermandois  %  et  de  là  h 
Bretoul  ^ ,  puis  à  Biauvais  et  Gisors  ;  et  estoit  en  sa 
«^ompaignle  le  comte  de  Arundel  '^  d'Engleterre  atout 

■  Le  26  de  septembre  i4ii,  suivant  Monstrelet  (II,  260),  et 
selon  l'anonyme  de  Saint-Denis  (II,  777  ),  «  le  jour  de  saint  Cosme  et 
saint  Damian,  «  c'est-à-dire  le  27  de  septembre.  Ce  dernier  donne 
])Our  raison  déterminante  des  Flamands,  la  mésintelligence  qui  exis- 
loit  entre  eux  et  les  Picards,  mésintelligence  causée  par  «  l'inégalité 
<les  partages  du  pillage  de  Ham ,  »  et  aussi  la  peur  qui  les  prit  lors- 
qu'ils eurent  reconnu  la  force  et  la  contenance  de  l'avant-garde  en  - 
nemie  qui  leur  étoit  opposée. 

'  Le  manuscrit  porte  vers  Roync  ci  vers  Mandais. 

3  Breteuil. 

*  Peut-être  Thomas  Fitz-AUen,  comte  d'Arundel  et  de  Suriev,  ma- 
rié à  Béatrix  de  Portugal,  mort  le  i5  octobre  i^v3. 


[1411]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  21 

environ  de  quatre  à  cinf[  cens  '  combatans  englez  , 
et  s'(>n  alla  de  s j  à  Pontoise.  li  y  eult  ung  traître  qui 
voulut  murdrlr  le  duc  Jehan  en  tant  qu'il  estoit  à  Pon- 
toise, et  il  séjourna  bien  quinze  jours,  et  entra  le 
traître  en  sa  chambre;  mais  il  fut  apercheu,  et  eut  la  teste 
copce  en  la  ville  de  Pontoise.  Quant  le  duc  Jehan  eut 
ainsi  séjourné  à  Pontoise,  il  se  party  par  ung  après- 
digner  et  s'en  alla  passer  à  Meullent,  et  chevaucha  toute 
nuit  et  tout  son  host,  et  lendemain,  sans  arrester,  s'en 
alla  à  Paris  au  giste  et  se  loga  "  dedens  et  toutes  ses 
gens.  Pour  lors  estoit  le  duc  d'Orliens  logié  à  Saint- 
Denis  \\  grant  puissance,  et  à  Saint-Clau,  par  quoj  le 
duc  Jehan  ne  fist  point  de  logis  entre  Pontoise  et  Pa- 
ris. Quant  le  duc  Jehan  fut  venus  à  Paris ,  le  roy  Char- 
les et  le  doffin  ^  luy  firent  grant  joie,  et  moult  d'autres 

■  Le  nombre  des  Anglois  envoyés  au  duc  de  Bourgogne ,  sous  la 
conduite  du  comte  d'Arundelet  autres  seigneurs,  étoit,  suivant  Mons- 
trelet  (II,  266),  de  douze  centx.  L'anonyme  de  Saint-Denis  (II,  j88) 
dit  six  cents  et  deux  mille  archers  ;  Juvénal  des  Ursins  (aSo),  trois  à 
quatre  mille  ;  et  enÛQ  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (6),  sept  à 
huit  mille. 

'  Le  vendredi  25  octobre  i4ii-  Juvénal  des  Ursins,  qui,  pour  cette 
date,  est  en  désaccord  avec  Monstrelet,  l'anonyme  de  Saint-Denis  et  le 
Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  dit  le  5o  octobre  (252). 

'  Cette  ville  s'étoit  rendue  au  duc  d'Orléans  dès  le  lundi  1 1  octo- 
bre i4ii,  suivant  l'anonyme  de  Saint-Denis  (II,  782},  qui  donne  quel- 
ques articles  de  la  capitulation,  et  seulement  le  24  de  ce  mois,  selon  le 
Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (5).  La  première  de  ces  dates  nous 
semble  préférable  ,  étant  jus-tifiée  par  une  ordonnance  royale  du  i4  oc- 
tobre, dans  laquelle  il  est  parlé  de  la  reddition  de  Saint-Denis  (Secoussi;, 
IX,  640).  Il  faut  cependant  observer  qu'en  i4ii  ,  le  11  octobre  tomba 
le  dimanche  et  non  le  lundi. 

*  Louis   de   France,   duc   de   Guicnne   et   dauphin  de   Viennois  ^ 


0.1  MEMOIRES  [Hlij 

grans  seigneurs,  et  se  raffresqui  luj  et  ses  gens  bien 
trois  sepmaines,  el  avoit  souvent  entre  Paris  et  Saint- 
Denis,  de  grans  escarmuches  des  gens  au  duc  Jehan  et 
de  ceux  au  duc  d'Orliens.  Pour  lors  estoit  capitaine 
de  Paris  le  conte  Waleran  de  Saint- Pol ,  qui  fut  fait 
connestable  de  France  ' . 

Item,  en  ce  temps,  par  une  nujt  saint  Martin 
d'j\er%  le  duc  Jehan  yessj  de  Paris  à  grant  puis- 
sance et  s'en  alla  à  Saint-Clau,  et  vint  environ  le 
point  du  jour.  Quant  le  duc  Jehan  fut  près  de  Saint- 
Clau  ,  il  mist  ses  gens  en  ordonnance,  et  envoia  En- 
guerran  de  Bournoville  et  de  ses  autres  capitaines 
atout  leurs  gens  pour  assaillir  la  ville  de  Saint-Clau  ; 
et  tant  firent  les  gens  au  duc  Jehan  que  la  ville  fut 
prinse  par  force,  et  y  eust  grant  perte  des  gens  au  duc 
d'Orliens ,  et  se  retralrent  en  la  fortresse  du  pont  et 
au  moustier  [de  la  ville.  Là  eut  grand  assaut  au  mous- 
tier]  par  les  gens  du  conte  d'Arondel ,  et  ceux  qui 
estoient dedens  se deffendirent  bien,  mais  riens  ne  leur 

né  le  22  janvier  iSgô,  épousa,  le  3i  août  i4o4i  Marguerite  de  Bour- 
gogne, fille  de  Jean-sans-Peur.  Il  mourut  le  i8  décembre  \/^\5- 

'  Ces  mots,  qui  fut  fait  connestable,  sont  mis  ici  par  anticipation 
sur  l'ordre  chronologique  des  faits ,  et  annoncent  un  événement  fu- 
tur sans  pouvoir  servir  à  en  préciser  l'époque.  En  effet,  l'année  i^ii 
ayant  commencé  au  12  avril,  l'élévation  du  comte  de  Saint- Pol  à 
la  dignité  de  connétable  de  France,  laquelle  est  du  5  mars  de  ladite 
année,  se  trouve  postérieure  de  quatre  mois  à  la  Saint-Martin  d'hiver, 
dont  il  va  être  parlé. 

'  Le  8  novembre.  Le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (6)  donne  la 
même  date.  Monstrelet  (II,  285)  et  Juvénal  des  Ursins  (235)  disent  le 
()  de  novembre  ;  Saint-Remy  (VII,  296)  le  2  ;  et  l'anonyme  de  Saint- 
Oenis  fil,  796)  le  dimanche  iS  novembre. 


[1411]  DE  PIERRE  DE  FEJNIN  23 

valut;  car  il  convint qu' Hz  se  rendissent  en  la  voulenté 
clés  Englès.  Là  fut  priiis  messire  Mausart  du  Boz  par 
les  gens  du  conte  d'Arondel  et  pluseurs  aultres.  Quant 
le  duc  Jehan  eut  ainsi  besoingnié,  il  se  retira  à  Paris 
au  gis  te  et  ses  gens  avecquez  luj.  En  tant  que  l'assault 
duroitau  pont  Saint-Clau,  le  duc  d'Orliens  vinst  pour 
secourre  sez  gens  ;  mais  l'iau  de  Saine  estoit  entre  deux, 
et  ilz  ne  povoient  passer  pour  les  gens  au  duc  Jehan. 
Après  ce  que  le  duc  Jehan  fut  retrait  à  Paris  au  giste, 
ainsi  que  avés  oj,  le  duc  d'Orliens  et  ses  gens  passèrent 
tous  au  pont  Saint-Clau  et  s'en  allèrent  par  nuit  en 
tirant  devers  le  pais  de  Berrj.  Item,  tantost  après  le 
duc  Jehan  de  Bourgoingne  fist  coper  la  teste  à  messire 
Maussart  du  Boz  '  et  ne  peut  estre  sauvé  pour  priaire 
de  ses  amis,  pour  la  hajne  que  le  duc  Jehan  avoit  en 
!uy.  Item,  ung  peu  devant  ',  le  seigneur  de  Croy,  qui 
estoit  au  duc  Jehan ,  avoit  esté  prins  par  les  gens  au 
duc  d'Orliens ,  et  messire  Jehan  de  Croy  ^,  son  fieux  , 
s'en  alla  au  chasteau  de  Monceaux,  en  Normandie,  et 
prinst  les  deux  enfans  d'Eu  ^  [qui  furent  envoyés  à 

'  Le  i6 janvier  i4ii  (Anonyme  de  Saint-Denis,  II,  8o5).  Voyez  ci- 
dessus,  page  i8,  note  2. 

'  Le  vendredi  5o  janvier  i4io.  ( Monstrelet,  II,    178.  ) 

*  Il  mourut  avec  son  père  à  la  bataille  d'Azincourt. 

*  Suivant  Saint-Remy,  Monstrelet  et  l'anonyme  de  Saint-Denis ,  ce 
ne  fut  pas  des  enfants  d'Eu  ,  mais  bien  de  ceux  de  Bourbon,  que  s'em- 
para Jean  de  Croy,  et  cela  semble  plus  vraisemblable.  Toutefois  il 
faut  observer  que  la  duchesse  de  Boui-bon ,  Marie  de  Berry,  étoit 
veuve  en  secondes  noces  ,  et  avoit  cjuatre  enfants  de  Philippe  d'Artois, 
comte  d'Eu,  mort  le  16  juin  1097,  lorsqu'elle  épousa,  le  24  juin  i4oo, 
JeanI,  duc  de  Bourbon.  Il  put  arriver  que  les  enfants  de  l'un  et 
l'autre  lit  tombèrent  an  pouvoir  de  Jean  de  Croy  -,  et  Monstrelet,  qui 
du  reste  semble  être  dans  l'erreur ,  ainsi  que  nous  essaierons  de  le 


?4  MÉMOIRES  [1411] 

Renlj]  ,  par  tjuov  il  fut  depuis  traitié  que  le  seigneur 
de  Croy  fût  délivre,  et  les  enfans  d'Eu  s'en  rallèrent. 
Après  ce  que  Enguerrain  de  Bournoville  et  le  seigneur 
de  Piont'  s'en  allèrent  mener  guerre  vers  Estampes;  et 
fut  le  seigneur  de  Ront  prins  par  Bourdon',  et  mené 

jirouver,  dit  positivement  (II,  2g4)  que  le  seigneur  de  Croy  fit  pri- 
sonniers deux  enfants  du  duc  de  Bourbon  ,  «  c'est  assavoir  ung  filz  de 
trois  ans  ou  environ,  et  une  fille  de  son  premier  marv,  aagée  de  neuf 
ans.  )>  Par  ces  mots  premier  J7iarj,  qu'il  ne  faut  sans  doute  pas  pren- 
dre dans  leur  sens  rigoureux,  31onstrelet  veut  probablement  dési- 
gner le  comte  d'Eu,  mort,  comme  nous  l'avons  dit,  le  \5  juin  1097, 
et  qui ,  par  conséquent,  ne  pouvoit  être  père  d'un  enfant  âgé  de  neuf 
ans  en  i4ii. 

'  Messire  Jean  de  Ront,  chevalier,  fut  envoyé  à  Paris,  en  1417, 
avec  maître  Jean  de  Thoissy,  évêque  d'Auxerre,  et  maître  Tliieny 
Gerbode,  conseiller,  «  pour  l'entretenement  de  la  paix,  lors  traitée 
devant  Arras,  quand  le  siège  y  estoit  »  (La  Barre,  II,  io3).  Le  seigneur 
de  Ront,  ainsi  que  Fenin  le  dira  plus  bas,  avoit  été  l'un  des  princi- 
paux défenseurs  de  cette  ville. 

'  Louis  de  Bourdon,  «  vaillant  chevalier  d'Auvergne,  »  dit  Juvénal 
des  Ursins  (234),  commandoit  à  Étampes  au  nom  du  duc  de  Berry, 
et  s'y  défendit  avec  opiniâtreté.  S'étant  retiré  dans  le  château,  il  fai- 
soit  de  fréquentes  sorties  qui  incommodoient  fort  les  assiégeants,  et 
dans  l'une  desquelles  il  prit  le  seigneur  de  Ront.  Après  la  chute  de 
l'une  des  tours  du  château ,  il  se  renferma  seul  avec  son  valet  dans  1;> 
grosse  tour,  et  s'y  défendit  encore  quelque  temps.  Voyant  enfin  qu'il 
ne  pouvoit  plus  tenir,  il  parlementa,  et  «  rendit  la  place,  sans  ce  qu'il 
fust  prisonnier  ou  payast  finance  ))(255).  Suivant  le  Journal  d' un  bour- 
geois de  Paris  (7),  il  «  fut  mesné  en  prinson  en  Flandres,  et  depuis  ot  sa 
paix.  »  Louis  de  Bourdon  avoit  la  garde  de  la  porte  Saint-3Iartin ,  au 
mois  de  février  i4i5»  lorsque  le  duc  de  Bourgogne  tenta  vainement 
d'entrer  dans  Paris  {Ibidem,  20).  Quatre  ans  plus  tard  il  paya  de  sa  vie 
l'honneur  d'être  ou  de  passer  pour  être  amant  de  la  reine.  Charles  VI, 
revenant  de  Vincennes  «  envers  le  vespre,  rencontra  messire  Loys 
Bourdon  allant  de  Paris  au  bois;  lequel  passant  assez  près  du  Roy,  luy 
feit  la  révérence  et  passa  oultrc  assez  légèrement.  Toute  fois,  le  Roy  It; 


[1411J  DE  PIERRE  DE  FENIN.  25 

en  la  ville  d'Estampes.  Mais  les  gens  au  duc  Jehan  y 
raidrent  le  sié«e ,  et  firent  tant  qu  ilz  eurent  1  „  seigneur 
de  Ront,  et  avec  Bourdon  demoura  prisonnier;  et  si 
fut  la  fortresse  d'Estampes  mise  en  l'obéissance  au  duc 
Jehan.  Ainsi  laissa  le  duc  Jehan  foison  de  ses  gens  en 
la  frontière  par-delà  Paris  et  vers  Bonneval,  et  puix 
il  s'en  ala  en  son  pays  de  Flandres  et  d'Artois.  Et  alors 
ceux  qui  gouvernoient  le  roy  Charles  et  le  duc  de 
Guyane,  doffin,  estoient  du  party  au  duc  Jehan  :  par 
quoy  le  duc  d'Orliens  avoit  le  Roy  contre  luy  et  le  duc 
de  Guyane,  et  falut  qu'il  se  retralsist  vers  Aliens  et 
vers  Bourges  en  Berry.  Item,  le  duc  de  Berry  et  le  duc 
de  Bourbon  furent  tousjours  du  party  au  duc  d'Or- 
liens contre  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne,  combien 
que  le  Roy  fût  contraire  aucunefois  au  duc. 

L'an  mil  quatre  cens  et  unze,  le  roy  Charles  et  le 
duc  Jehan  de  Bourgoingne  firent  leur  mandement  ' 
pour  aller  à  Bourges  en  Berry,  et  assemblèrent  bien 
cent  mille  hommes  de  bonne  estofe  tout  vers  Melun  ' , 

connut  ;  si  ordonna  au  prévost  de  Paris  qu'il  allast  après  luy,  le  prinst, 
et  en  feit  bonne  garde  ,  tant  que  aultrement  y  auroit  ordonné  :  la- 
quelle chose  feust  ainsyfaicte,  et  après,  par  le  commandement  du  Roy, 
feust  questionné,  puis  feust  mis  en  un  sacq  de  cuir  et  jette  en  Seine- 
Sur  lequel  on  avoit  escript  :  Laissez  passer  la  justice  duPioy.  »  (Saint- 
Kemv,  YIII,  5i-j-)..) 

'  Par  ordonnance  datée  de  Paris,  le  6  décembre  i4ii,  le  Roi 
exempte,  pour  cette  fois  seulement,  les  officiers  du  parlement  qui 
possèdent  des  biens  nobles,  de  venir  le  servir  dans  l'armée  qu'il  as- 
semble présentement,  i^  Secousse  ,  IX,  66i.) 

'  «  Le  Roi  yssi  de  Paris,  dit  Monstrelet  (II,  544 )>  en  noble  arroy  , 
le  jeudi  5' jour  de  may  de  ceste  an  (i4i'^),  et  s'en  ala  au  giste  au  bois 
de  Vincennes,  où  estoit  la  Ro\nc  sa  compaigue  ;  et  de  là,  icellc  avec- 


i6  MÉMOIRES  [1412] 

et  puix  tirent  tout  droit  à  Montereau,  et  de  là  à  Sens 
en  Bourgoingne,  et  puis  à  la  Charité-sur-Loire  :  et  me- 
iioient  en  leur  compaignie  moût  d'engins  et  de  grosses 
bombardes  pour  tenir  siège.  Quant  ilz  vindrent  à  la 
Charité,  il  y  eut  fait  de  grans  ordonnances,  et  fut  fait 
le  seigneur  de  Croj  capitaine  de  l'avangarde,  acom- 
paignié  de  Enguerrant  de  Bournoville  et  pluseurs  aul- 
tres  grans  seigneurs.  En  la  compaignie  du  Roy  estoit  le 
duc  de  Guyane,  dofTui,  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne, 
le  duc  de  Louraine  ' ,  et  sj  vint  le  roj  Lois  '  ;  et  moult 
y  avoit  d'aultres  grans  seigneurs  en  la  compaignie  du 
roy  Charles.  Après  ce  que  le  Roy  eut  fait  ses  ordon- 
nances à  la  Charité,  il  s'en  alla  devant  Dun-le-Roy,  et 
y  raist  le  siège  tout  autour.  Mais  enfin  ilz  rendirent  la 
ville  au  Roy  par  ainsi  qu'ilz  s'en  yroient  leurs  corps 
et  leurs  biens  saufs.  Et  de  là  le  Roy  s'en  alla  vers 
Bourges  en  Berry  pour  y  mettre  le  siège;  et  y  eut  de 
la  compaignie  du  Roy  fait  grant  foison  de  chevaliers 
au  prendre  le  siège.  Et  avec  ce  y  eut  de  grans  assaulx 
fait  de  ceux  dedens  contre  ceux  de  dehors  ;  car  la  ville 
estoit  fort  garnie  de  gens  de  fachon  ,  mais  nonobstant 
tout  le  siège  fut  fremé  par  ung  costè.  Dedans  la  ville 
de  Bourges  estoit  le  duc  de  Berry,  oncle  du  Roy  et  du 

ques  lui,  par  Corbueil  ala  à  Meleun.  »  Le  Journal  d'un  bourgeois  de 
Paris  (8)  dit  que  le  Roi  partit  de  Paris  le  6  mai. 

"  Charles ,  dit  le  Hardi ,  duc  de  Lorraine ,  fut  nommé  connétable 
de  France  en  i4i8,  par  la  reine  Isabelle  de  Bavière.  Il  mourut  le 
25  janvier  i45i. 

'  Louis  II  du  nom ,  roi  de  JV'aples ,  de  Sicile ,  de  Jérusalem  et 
d'Aragon,  duc  d'Anjou,  etc.,  né  le  5  octobre  iJ^j ,  mort  le  29 
avril  1417- 


[1412]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  27 

duc  Jehan  de  Bourgoini^ne ,  et  le  duc  de  Boui'bon  ,  et 
aussi  Hz  poToient  aller  et  venir  quant  il  leur  plaisoit  ; 
car  le  siège  n'y  fut  oncques  fermé  fors  par  ung  costé. 
En  tant  que  le  siège  fut  devant  Bourges  par  devers  la 
Charité,  ceux  dedens  saillirent  hors  bien  de  quatre  h 
cinq  cens  sur  l'avangarde  du  Roy,  et  y  eut  là  grant  ba- 
taille. Mais  Ermignas  furent  desconfis  et  reboutés  ens, 
ety  en  mourut  grant  foison,  par  espécial  deEnglès,  qui 
estoient  en  garnison  en  la  ville.  Et  fut  celle  besoingne 
par  ung  dymence  droit  h  nonne  '.  Après  ceux  dedens 
commencèrent  si  fort  à  geter  canons ,  qu'il  falut  que 
les  gens  du  Roy  se  traisissent  arrière.  Ainsi  y  avoit  sou- 
vent grant  assault  d'un  costé  et  d'autre;  mais  l'avan- 
garde du  Roy  estoit  si  forte  que  ceux  de  la  ville  ne  le 
povoient  grever.  Item,  à  une  course  que  le  seigneur  de 
Lorraine  et  le  seigneur  de  Helly  firent,  y  eut  grant 
perte  faite  de  ceux  de  la  ville,  et  y  fut  prins  le  neup- 
veu  '  Bernardon  de  Fère ,  ung  gaillart  homme  d'armes 
et  moût  d'autres  avecquez  luy .  Item ,  Jehan  de  Hu- 
mières^  cacha  ce  jour  cy  avant,  qu'il  ne  peut  retour- 
ner et  fut  enmené  prisonnier  dedens  la  ville. 

'  12  juin  i4i2.  Selon  IMonstrelet  (II,  557  )'  ^^  fut  le  samedi  11  juin. 
L'anonyme  de  Saint-Denis  (  II ,  826  ) ,  Saint-Remy  (  VIII,  327  )  et  Ju- 
vénal  des  Ursins(24")  disent  le  10. 

'  Monstrelet  le  nomme  Guischardon  de  Père  (II,  365).  Bernardon 
de  Père,  son  oncle,  avoit  été  rue  jus ,  peu  de  temps  auparavant,  dans 
une  rencontre  ,  auprès  de  Villefranche,  entre  ceux  du  parti  de  Bour- 
gogne, au  nombre  desquels  il  étoit,  et  des  partisans  du  duc  d'Or- 
léans, commandés  par  Amé  de  \\ry  (Ibidem,  3^i  ). 

'  Il  fut  tué  à  la  bataille  d'Azincourt  (Monstrelet,  III,  35o  j  La  Mor- 
liÈrk,  196). 


■iS  MÉMOIRES  |lil-2i 

Quant  le  roi  Charles  eut  esté  graut  temps  devant 
Bourges ,  comme  vous  vous  ouez ,  il  eut  consel  pour 
aller  par-delà  pour  les  affamer,  et  laissier  garnisons 
vers  la  Charité  pour  destoiirber  les  vivres  ;  et  se  des- 
loga  par  ung  matin  pour  aller  par-delà.  Quant  ceux 
de  la  ville  virent  le  deslogiz ,  ilz  Guidèrent  que  le  Roj 
s'en  fuist,  et  saillirent  après;  mais  il  y  avoit  embûche 
de  ceux  de  l'avangarde  qui  frapèi  ent  sur  eux  et  en  prin- 
drent  et  tuèrent  à  planté,  par  espécial  de  gens  de  vil- 
lage à  qui  on  fist  assez  paine,  et  le  Roy  et  ses  gens  chevau- 
chèrent tant  qu'ilzvindrentpar-delà  la  ville  et  y  remirent 
le  siège.  Et  pour  ce  temps  le  païs  de  Berry  fut  fort  gaslé 
par  les  gens  du  Roy  et  ceux  au  duc  Jehan  de  Bour- 
goingne.  Quant  le  Roy  eut  esté  par-delà  Bourges  grant 
espasse,  il  y  eut  parlement  de  ceux  de  la  ville  ôux 
gens  du  Roy  et  ceux  au  duc  Jehan  de  Bourgoingne , 
tant  qu'il  y  eut  apointement  fait ,  et  parlèrent  le  duc 
de  Berry  et  son  nepveu  le  duc  de  Bourgoingne  ensem- 
ble. Là  eut  de  grans  congnoissances  faites  par  pluseurs 
seigneurs,  et  fist-on  la  pais  du  duc  Jehan  de  Bourgoingne 
et  du  duc  Charles  d'Orliens  ;  et  pardonna  le  duc  d'Or- 
liens  la  mort  de  son  père  au  duc  de  Bourgoingne,  par 
les  condicions  dictes  entre  eulx.  Et  de  ce  on  fist  les 
sermens  à  Ausoire',  et  y  fut  le  duc  d'Orliens'  et  le 
duc  de  Berry.  Après  ce ,  le  Roy  s'en  râla  à  Paris  et 

■  La  cédulequi  renferme  les  articles  de  cette  paix,  faite  à  Auxerre 
le  22  août  i4i2,  se  trouve  insérée  dans  l'ordonnance  royale ,  en  date 
du  même  jour ,  par  laquelle  le  Roi  approuve  le  traité  et  en  ordonne 
l'exécution  (Félibien,  III,  Preuves,  p.  SaS). 

'  Berry  (4^5)  est  eu  contradiction  avec  tous  les  historiens  du  temps, 
en  disant  que  les  princes  d'Orléans  ne  vinrent  point  à  Auxerre  parce 


[1412]  DE  PIERRE  DE  FENIN  29 

chacun  en  son  py ïs  :  et  culdoit-on  véritablement  avoir 
pais  à  tousjours,  donc  le  monde  estoit  joieux  ;  car  il 
lem-  sembloit  qii'ilz  estolent  bien  eschapés,  veu  le  mal- 
vais commencement  qui  y  avoit  esté.  Mais  nonobstant 
({uelque  pais  nv  acord  qu'il  y  eust,  on  vit  bien  brief 
après  qu'elle  n'estoit  mie  ferme,  commt,'  vous  pourrés 
cj-après  percevoir. 

Environ  le  temps  que  le  roj  Charles  alla  pour  assé- 
gier  Bourges,  le  conte  Walerain  de  Saint-Pol,  qui  es- 
toit  connestable  de  France  ',  fut  envoie  en  la  conté 
d'AIenchon  pour  la  maistre  en  l'obéissance  du  Roy,  et 
y  alla  grandement  acompaignié  de  Picars  et  d'aultres 
gens  largement,  et  mist  fort  le  païs  en  son  obéissance. 
Et  il  y  avoit  une  place  nommée  Saint-Remy-au-Plain, 
laquelle  ne  vout  obéir  au  conte  Valerain  :  et  le  conte 
y  mist  le  siège  tout  autour.  Et  tant  y  fut  que  le  sei- 
gneur de  Grantcourt  ^  vint  à  puissance  pour  combatre 
le  conte  Valerain  ,  et  le  conte  Valerain  ordonna  ses 
gens  en  bataille  tellement  que  il  guengna  la  journée  ■ 
à  l'aide  de  ses  gens,  qui  moult  estoient  vailans.  Avec- 
quez  le  conte  Valerain  estoit  Jehan  de  Luxembourg'', 

•  [u'on  les  avoit  avertis  qu'ils  y  seroient  assassinés.  Pierre  des  Essarts, 
;tjoute-t-il ,  leur  donna  avis  de  ce  complot. 

'  L'ordonnance  d'institution ,  constatant  que  Waleran  de  Luxem- 
bourg, comte  de  Saint-Pol,  a  prêté  foi  et  hommage  au  Roi  pour  la 
charge  de  connétable  de  France,  est  du  5  mars  i4ii-  Elle  se  trouve 
dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale  (  Fonds  Notre-Dame  , 
n"  i4o,  fol.  127,  recto.) 

'  Raoul,  seigneur  de  Gaucourt,  etc.,  chevalier,  valet  tranchant  de 
Charles  YI,  depuis  conseiller  et  premier  chambellan  de  Charles  \U. 
Étoit  mort  le  -ii  juin  1462. 

'  Le  10  mai  i^vi.  (Mosstrelet,  II,  556.) 

*  Jean  de  Luxembourg,   seigneur   de  Beaurevoir  et  de  Choques, 


3o  MÉMOIRES  [1412] 

soiiiiepveu,  lequel  fut  ce  jour  fait  chevalier,  et  s'i  porta 
vailaument ,  veu  qu'il  estoit  josne  de  aage.  Et  aussi  y 
fut  fait  chevalier  Raulequin  ',  qui  fut  fieux  du  voidame 
d'Amiens,  et  moût  d'autres  avecquez  eux.  Là  estoit  le 
Borgne  de  La  Heuse  %  homme  de  grant  renom  et  saige 
de  guerre,  par  qui  le  conte  Valeran  se  gouvernoit  en 
partie  pour  le  fait  de  la  guerre. 

Item,  après  ce  que  le  conte  Valeran  eut  guengnié 
la  place  de  Saint-Reniy-au-Plain,  et  prins  beaucoup  de 
prisonniers  ,  il  fut  moût  joieux ,  et  remerchia  nostre 
Seigneur  Jhesu-Crist  de  la  \ictore  qu'il  luy  avoit  en- 
Yoiée.  Et  aussi  Saint-Remy  se  mist  en  son  obéissance 
et  moût  d'autres  places  en  païs  d'Alenchon.  Et  après 
le  conte  Vallerain,  qui  estoit  connestable,  s'en  râla  en 
son  pais  et  devers  le  roy  Charles  et  le  duc  Jehan  de 
Bourgoingne  qui  grant  joie  luy  firent.  Et  avoit  prison- 
nier messire  Jehan  de  Gauchières^,  lequel  il  envoia  à 

épousa,  le  25  novembre  i4i8,  Jeanne  de  Béthune,  vicomtesse  de 
Meaux.  Mort  le  5  janvier  i44o. 

'  Raoul  d'Ailly,  seigneur  de  Picquigny,  Raineval,  Varennes,  etc. , 
marié  le  lO  novembre  i^i?>  à  Jacqueline  de  Béthune,  dame  d'Engle- 
monstier  (Haudicquer  ,  445),  mort  en  1468  (La  Morlière,  -28).  Bau- 
douin, dit  Baugeois  d'Ailly,  son  père,  vidame  d'Amiens,  étoit  cheva- 
lier, conseiller  et  chambellan  du  duc  de  Bourgogne  (La  Barrk,  II , 
120).  II  mourut  à  la  bataille  d'Azincourt.  (La  Morlikre,  -iS.) 

°  Robert  de  La  Heuse,  dit  le  Borgne,  seigneur  de  Ventes,  etc., 
chevalier,  conseiller  et  chambellan  du  Roi ,  prévôt  de  Paris. 

^  Monstrelet  (II,  SSg)  le  nomme  Jannet  de  Garochères,  fih  du 
seigneur  de  Croi.sj.  Une  ordonnance  du  mois  d'avril  i4oo  men- 
tionne Jean  de  Garancières ,  chevalier,  seigneur  de  Croisy,  maître  et 
général  réformateur  des  eaux  et  forets  de  Picardie  et  Normandie  (Se- 
cousse, YIII,  575).  En  i4o5  il  assistoit  au  conseil  comme  maître  d'hô- 
tel du  Roi.  {Ibid.,  620.) 


[1412]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  3i 

Saint-Pol  pour  tenir  prison  ;  mais  enfin  il  lut  délivrés 
de  prison  par  finance. 

Item  ,  ung  peu  devant  ce  temps  '  le  conte  \  allerain 
avoit  tenu  siège  devant  le  chastel  de  Coussy  en  Lan- 
nois  %  et  y  fut  grant  pièce  au  siège.  Et  ceux  de  dedens 
le  delfendirent  bien  ;  mais  le  conte  \allerain  fist  rai- 
ner dessoubz  la  tour  du  dangon  ^  tellement  que,  quant 
vint  à  bouter  en  la  mine,  la  tour  fut  toute  enclinée, 
comme  on  peut  ancoire  voier.  Tant  fut  le  conte  Yalle- 
rain  devant  Coussj  que  il  luy  fut  rendu,  et  y  mist  de 
ses  gens  dedens  pour  le  garder  et  puis  s'en  râla  devers 
le  Roy. 

Après  que  la  paix  du  duc  Jehan  de  Bourgoingne  et 
du  duc  Charles  d'Orliens  fut  confermée  et  asseurée, 
comme  vous  avés  ouy,  il  fut  environ  deux  ans  que  la 
chose  se  entretint,  et  ne  parloit-on  de  nulle  guerre; 

'  Le  manuscrit  porte  :  ung  peu  devant  ce  t$mps  que... 

'  Coucy  en  Laonnois ,  et  non  en  Valois,  comme  dit  Saint-Remv 
(VIT,  298).  On  lit  dans  les  diverses  éditions  de  3Ionstrelet  que  le 
comte  Yaleran  de  Saint-Pol ,  après  avoir  mis  en  son  obéissance  les 
principales  villes  du  Valois ,  y  mit  garnison  «  et  puis  s'en  alla  en  Sois- 
sonnois  vers  Coucy,  «  ce  qui  semble  faire  de  Coucy  une  ville  du  Sois- 
sonnois.  Cette  erreur  ne  doit  pas  être  attribuée  à  Monstrelet.  Le 
manuscrit  que  nous  suivons  toujours  porte  :  «  et  puis  s'en  alla  par 
Soissonnois  vers  Coucy.  » 

'  On  lit  dans  le  manuscrit  de  Tieulaine  :  La  tour  maistre 
Oudon.  Saint-Piemy  (VII,  299)  et  Monstrelet  (II,  297}  écrivent 
Maistre  Odon.  Godefroy,  nous  ne  savons  d'après  quelle  autorité,  a 
imprimé  :  «  Mais  le  comte  ^Valeran  s'advisa  de  faire  miner  par  des- 
soubs  la  tour  un  nomme'  n\z.\sive  Oudon.  »  Cette  tour  subsista  jusqu'au 
18  septembre  1692;  un  tremblement  de  terre  arrivé  à  cette  époque  la 
fendit  du  haut  en  bas.  (Toussainïs  du  Plessis  ,  Histoire  de  Coucy,  1 15.} 


32  MÉMOIRES  [1412] 

mais  par  envie  que  checuii  avoit  de  gouverner  le  royau- 
me, la  chose  se  resmeut  plus  fort  que  devant. 

Item ,  le  duc  Charles  d'Orliens  avoit  envoie  quérir 
aide  en  Engleterre  ',  et,  pour  la  finance  paier,  envoia  le 
conte  d'Eugoulesme,  son  frère,  tenir  hostaige  en  En- 
gleterre et  des  aultres  gentilz-hommes  de  son  hostel  ', 
lesquelz  ilz  furent  depuis  grant  temps,  pour  l'ocasion 
de  la  guerre,  qui  ne  peut  estre  délivrée.  Et  estoit  avec 
le  conte  d'Engoulesme,  Jehan  de  Saveuse  ,  qui  estoit 
de  Picardie.  Ainsi  demoura  le  conte  d'Engoulesme  pri- 
sonnier en  hostage  en  Engleterre  grant  partie  de  sa 
vie  sans  estre  rachaté'*;  car  le  duc  Charles,  son  frère 


■  Le  roi  d'Angleterre  donna,  le  i5  juillet  i4i2,  son  approbation 
aux  diverses  clauses  du  traité  passé  à  Londres,  dès  le  18  mai  précédent, 
entre  ses  commissaires  et  les  envoyés  des  princes  francois.  L'un  des 
articles  du  dit  traité  portoit  que  le  secours  demandé  par  les  princes  se 
composeroit  de  mille  hommes  d'armes  et  de  trois  mille  archers  ,  les- 
quels gagneraient  leur  vie  comme  ils  pourraient  pendant  leur  route  ^ 
jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  rendus  à  Blois;  qu'une  fois  arrivés  là,  ils  rece- 
vroient  leurs  gages  des  dits  princes  ;  enfin  que  ces  gages  seroient  payés 
au  commencement  de  chaque  mois  pour  le  mois  entier,  et  d'après  le 
règlement  suivant,  fait  pour  les  trois  premiers  mois  : 

Chaque  chevalier  recevroit  mensuellement  trente  écus  d'or  ;  chaque 
lîomme  d'armes ,  quinze  écus  d'or ,  et  chaque  archer  sept  écus  et 
demi  (Rvmer,  IV,  2'  part.  ,  i2-i5  et  22).  C'est  à  tort,  sans  doute, 
que  Monstrelet  (II ,  Bgôj  date  du  8  mai  i4i2  cet  acte,  dont  il  ne  donne 
d'ailleurs  qu'une  analyse  fort  succincte. 

'  Outre  Jean  de  Saveuscs  ,  que  va  nommer  Fenin ,  Monstrelet  cite 
(11,392}  Marcel  le  Borgne,  Archembault  de  Yillers,  Guillaume 
Boutiller  et  Jehan  David. 

3  Premier  chambellan  du  duc  d'Orléans  et  gouverneur  de  Blois, 
(  La  MoRLiÈRE,  164} 

^  Voyez  ci -dessus,  page  7,  note  4- 


[1413]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  33 

ainsné ,  fut  depuis  es  mains  des  Englez  long  temps , 
comme  il  sera  cj-après  desclarié  quant  lieu  sera. 

Item ,  en  l'an  mil  quatre  cens  et  treize  le  duc  Jehan 
de  Bourgoingne  estoit  h  Paris,  et  y  avoit  moût  d'autres 
grans  seigneurs  du  sang  rojal  qui  tous  avoient  envie 
sur  le  duc  Jehan  et  contendoieut  à  le  débouter,  et 
qu'il  n'eust  point  de  gouvernement  sur  le  royaume; 
et  quelque  semblant  qu'ilz  luj  monstrassent,  si  le 
haioient-il  en  ceur  comme  il  fut  depuis  aparent.  Et 
de  ce  se  percevoit  le  duc  Jehan  en  mainte  manière, 
à  quoj  il  résistoit  le  plus  qu'il  povoit. 

Item ,  le  duc  Jehan  avoit  grant  partie  du  commun 
de  Paris  en  son  commandement,  par  espécial  les  bou- 
chiers  ;  et  fist  prendre  par  iceux  le  duc  de  Bar  et  mes- 
sire  Jaques  de  La  Rivière  ' ,  lesquelz  furent  tenus  pri- 
sonniers grant  pièche.  Pour  ceste  prinse  fut  le  duc  de 
Guyane,  dofîin,  fort  courchié  à  son  beau -père  le  duc 
Jehan ,  et  luj  dist  qu'il  s'en  repentiroit.  Et  si  eut  à 
Paris  pour  lors  fait  de  merveilleuses  besoingnes  ;  car 
ceux  qui  tenoient  le  party  au  duc  Jehan  portoient 
petis  capperons  tous  d'une  livrée,  et  y  avoit  ung 
bouchier,    nommé  Caboche  %   et  Denisoit  de  Chau- 

■  Seigneur  d'Auneau,  fils  de  Bureau,  sire  de  La  Rivière  ,  premier 
chambellan  des  rois  CharW  V  et  VI- 

'  Simon  Le  Bouteiller,  dit  Caboche  (Vilevault,  X,  164),  ou, 
comme  l'appelle  Monstrelet ,  Jehanninot  Caboche,  étoit  «  escorcheur 
de  vaches  à  boucherie  Saint-Jaques  »  (III,  3).  Son  audace,  les  excès 
auxquels  il  se  porta,  et  l'influence  qu'il  cxerçoit  sur  le  bas  peuple , 
firent  désigner  par  son  nom  les  fauteurs  de  désordre  à  la  tête  desquels 
il  marchoit,  et  les  actes  qu'ils  arrachèrent  à  la  Coiblcsse  royale.  Ainsi 
l'ordonnance   du    ^.5  mai    i4i5  ,    concernant  la  police   générale  du 


34  MÉMOIRES  [1413] 

mont*.  Et  ainsi  conduisolt  le  commun,  pour  la  bende  au 
duc  Jehan  de  Bourgoingne  soustenir.  Par  telz  choses  et 
moût  d'autres,  se  resmeut  la  guerre  entre  le  roj  Charles 
et  les  seigneurs  de  France  contre  le  duc  Jehan  ;  car  ilz 
ne  cessoient  de  faire  tant  qu'llz  eurent  tourné  le  Roy 
et  son  fieux ,  duc  de  Guyane ,  contre  le  duc  Jehan  de 
Bourgoigne.  Item ,  le  duc  de  Bar  fut  délivré  de  prison 
par  le  pourchas  de  Bonne',  sa  seur,  contesse  de  Saint- 
Pol,  et  par  ses  autres  bons  amis.  Et  le  frère  du  seigneur 
de  La  Rivière  ^  mourut  en  prison,  et  luy  mist  on  sur 

royaume,  imposée  à  Charles  YI  par  cette  faction,  et,  en  quelque  sorte, 
rédigée  par  elle,  eut  le  nom  d'ordonnance  cabochienne  (Juvéxal  des 
TJksins,  265).  On  pourroit  croire,  d'après  un  passage  de  Monstrelet 
(III,  201),  que  Caboche  eut  la  tète  coupée  en  i4i4î  lors  de  la  reddi- 
tion de  Bapaume ,  si  l'on  ne  le  retrouvoit  mentionné  dans  une  or- 
donnance du  5i  août  i4i5  (JuvKNAL  DES  Ursins  ,  5o2) ,  et  nominative- 
ment excepté  du  nombre  de  ceux  auxquels  la  dite  ordonnance  accorde 
rémission  de  leurs  méfaits.  Il  apparoît  encore  en  août  i4i8,  prêtant 
aide  et  assistance  aux  séditieux  conduits  par  Capeluche,  le  bourreau. 
(  Idem  ,  355.) 

Nous  remarquerons ,  par  occasion,  que  Vilevault  a  imprimé (  X, 
70-140)  l'ordonnance  dite  cabochienne  sans  la  désigner  sous  ce  titre  , 
et  que  le  texte  qu'il  a  suivi  ne  nous  paroît  pas  valoir  celui  que  ren- 
ferme une  copie  de  cette  ordonnance  contenue  dans  un  manuscrit  de 
la  Bibliothèque  royale.  {Fonds  de  Brienne,  n°  276.) 

•  L'Anonyme  de  Saint -Denis  (II,  866)  le  nomme  «  Denys  de 
Chaumont,  infâme  écorcheur  de  bestes.  »  La  populace  mutinée  con- 
traignit le  duc  de  Guyenne  à  lui  confier  le  commandement  et  la  garde 
du  pont  de  Saint-Cloud.  Saint-Remy  le  qualifie  «  pelletier.  »  (VII , 
355.) 

'  Bonne  de  Bar,  CUe  de  Robert,  duc  de  Bar,  marquis  du  Pont,  etc., 
et  de  Marie  de  France ,  seconde  fille  du  roi  Jean.  Elle  avoit  épousé , 
le  2  juin  i4oo,  Valeran  de  Luxembourg,  III  du  nom,  comte  de 
Saint-Pol  et  de  Ligny. 

'  Charles  de  La  Rivière,  comte  de  Dampmartin ,    seigneur  de  La 


[1413]     ::  DE  PIERRE  DE  FEMN.  35 

qu'il  s'estoit  tué  d'un  pot,  pour  ce  que  on  le  tenoit 
prisonnier  :  et  de  ce  on  parla  en  mainte  manière  '. 

Item,  après  tous  ces  appointemens,  le  duc  Jehan 
se  retrait  en  ses  pais  ',  et  laissa  aucuns  des  seigneurs 
de  son  liostel  vers  le  duc  de  Guyane,  son  biau-fieux, 
donc  messire  Jehan  de  Croy  fut  l'un  ;  mais  il  fut 
prins  ^  et  mené  prisonnier  à  Mont-le-Héry,  et  là  fut 
grant  temps. 

Item ,  en  ce  temps  le  roy  Charles ,  comme  dit 
est  cy -dessus,  et  le  duc  d'Oriiens ,  le  duc  de  Bar, 
le  duc  de  Bourbon  et  le  conte  de  Richemont  \  mes- 
sire Charles  de  Labret  *,  connestable,  et  mont  d'au- 
tres grans  seigneurs  promisdrent  tous  ensemble  de 
destruire  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne  et   luy  ca- 

Rivière ,  d'Auneau ,  etc. ,  souverain  maître  et  général  réformateur  des 
eaux  et  forêts  de  France ,  mort  en  1427. 

'  L'Anonyme  de  Saint-Denis  (II,  SyS)  expose  en  détail  les  diffé- 
rents bruits  auxquels  donna  lieu  la  mort  de  Jacques  de  La  Rivière , 
dont  le  corps ,  dit-il ,  fut  traîné  aux  halles  et  décapité  le  samedi  4 
juin.  En  i4i3,  le  4  juin  tomboit  un  dimanche. 

'  Il  partit  de  Paris  le  22  août  i4i5,  ainsi  qu'on  l'apprend  par  une 
lettre  de  son  chancelier,  en  date  du  23  août,  adressée  à  la  duchesse. 
(D.  Plancher  ,  III,  Preuves,  cclxxx.) 

'  «  Le  mercrecU  XII*  jour  de  janvier  (i4i5).  »  (Monstrelet,  III^ 
i32.)  Le  12  de  janvier,  en  i4i5,  fut  un  vendredi. 

*  Artus  de  Bretagne,  comte  de  Richemont,  né  le  0.5  août  iSgo,  fut 
fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Azincourt.  Revenu  en  France  en  1421,  il 
épousa,  le  10  octobre  i423  ,  Marguerite  de  Bourgogne,  veuve  du  duc 
de  Guyenne,  dauphin  de  Viennois.  Il  mourut  le  26  décembre  i458. 

'  Charles,  sire  d'Albret,  dit  de  Lebret,  comte  de  Dreux  ,  etc. ,  con- 
nétable de  France,  fils  d'Arnaud-Amenjeu,  sire  d'Albret,  et  de  Mar- 
guerite de  Bourbon ,  sœur  de  Jeanne  de  Bourbon ,  femme  de  Charles  V. 
Mort  à  la  bataille  d'Azincourt. 


36  MÉMOIRES  [1413] 

cliier  de  tous  ses  païs.  Après  ce  que  les  seigneurs 
dessusdis  eurent  prlns  ceste  conclusion  contre  le  duc 
Jehan,  il  en  ouy  nouveles ,  donc  il  fut  moût  dolent 
pour  ce  que  le  Roj  estoit  contre  luy,  et  le  duc  de 
Guyenne ,  doffin  ,  plus  que  tous  les  aultres  ;  mais  non- 
obstant il  se  reconforta  de  tout ,  et  assembla  ses  gens 
pour  aller  vers  Paris  savoir  s'il  pouroit  rompre  les 
aliances;  et  moult  se  fioit  au  commun  de  Paris,  qui 
luy  mandèrent  qu'il  allast  seurement  et  qu'ilz  le  me- 
troient  dedens  la  ville  de  Paris. 

Item,  environ  que  le  duc  de  Bar  fut  prins,  mes- 
sire  Pierres  Des  Essars',  qui  estoit  prévost  de  Paris 
et  avoit  en  gouvernement  vers  le  duc  Jehan,  et  moût 
avoit  tenu  son  party;  mais  il  se  retourna,  comme  on 
fist  entendant  au  duc,  et  le  fist  le  duc  Jehan  pren- 
dre et  puis  luy  fist  coper  la  teste  en  la  ville  de  Paris, 
donc  moût  de  gens  furent  fort  merveiliés. 

Item,  quant  le  duc  Jehan  eut  assemblé  ses  gens 
pour  aller  à  Paris,  il  avoit  moût  belle  compagnie;  et 
chevaucha  droit  vers  Paris,  et  se  loga  '  dedens  la  ville  de 
Saint-Denis  en  France ,  et  là  séjourna  grant  pièche. 
En  tant  que  le  duc  Jehan  estoit  logié  à  Saint-Denis, 
le  seigneur  de  Croy  envoia  seize  ou  vingt  hommes 
d'armes  bien  montés  àMont-le-Héry,  où  son  filz  estoit 
prisonnier,  et  firent  tant  par  aucun  moien  que  mes- 

'  Pierre  Des  Essars,  seigneur  de  Laniotte  ,  etc. ,  chevalier,  conseil- 
ler, chambellan  du  Roi  et  du  duc  de  Bourgogne,  prévôt  de  Paris, 
fut  exécuté  le  samedi  premier  jour  de  juillet  i4i3. 

Le  manuscrit  porte  :  «  messire  Pierre  de  Fessars  qui  estoit » 

*  Le  9  février  i/ii3  {Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  20).  L'Ano- 
nyme de  Saint-Denis  (II,  g^S)  dit  le  7. 


[1413J  DE  PIERRE  DE  FEÎ^IN.  87 

sire  Jehan  de  Croj,  qui  estoit  prisonnier  au  cliastel, 
vint  pour  ouir  messe  en  la  \ille ,  et  ilz  le  firent  mon- 
ter sur  ung  bon  coursier  et  puis  s'en  allèrent  droit 
à  Saint-Denis,  affin  que  ceux  du  cliastel  ne  le  peus- 
sent  rescourre.  Ainsi  revint  messire  Jelian  de  Croy 
vers  le  duc  Jehan  et  vers  le  seigneur  de  Croy,  son  père, 
qui  grant  joie  lui  firent  et  à  ceux  qui  l'avolent  ramené. 

En  tant  que  le  duc  Jehan  séjourna  à  Saint-Denis, 
il  envoia  Enguerran  de  Bournoville  ,  par  ung  matin  , 
bien  acompaignié  vers  Paris  ,  adrécha  à  la  porte 
du  Marchié  à  chevaux,  cuidant  que  ceux  de  la  ville 
le  deussent  mectre  ens;  mais  ilz  ne  peurent,  car  ilz 
furent  trop  près  vaitiés.  Et  y  eut  dedens  Paris  grant 
cffroj;  car,  pour  vraj,  il  y  avoit  grant  partie  du  com- 
mun de  Paris  pour  le  duc  Jehan.  Quant  Enguerran 
de  Bournoville  perchent  qu'il  avoit  failj  h  entrer  de- 
dens Paris,  il  s'en  retourna  à  Saint-Denis  devers  le 
duc  Jehan. 

Item ,  assez  tost  après  le  duc  Jehan  se  partj  de  Saint- 
Denis  atout  ses  gens,  et  s'en  ala  à  Compiengne ,  où  il 
mist  garnison  de  ses  gens,  et  y  demoura  capitaine 
messire  Hue  de  Lannoj  ',  h  compaignie  de  Hector  de 
Saveuses'  et  Phelipe  %  son  frère,   et  moût  d'autres 

'  Hugues  de  Lannoy,  seigneur  de  Santé,  chevalier,  conseiller  et 
chambellan  de  Charles  YI  et  du  duc  de  Bourgogne  ,  maître  des  arba- 
lestriers  du  Roi  en  1421.  Mort  le  i"  mai  i456,  âgé  de  soixante  et 
douze  ans. 

'  Ecuyer  d'écurie  de  Jean,  duc  de  Bourgogne  (La  Barre,  II,  148), 
capitaine  de  Bcauvais  en  1417  ;  niort  vers  1420,  peu  après  le  siège 
d'Alibaudières.  (La  Morlière,  164) 

'  Philippe  de  Saveuses ,  qu'on  voit  figurer  dans  toutes  les  cxpédi- 


38  MÉMOIRES  [1413] 

gentis  -  hommes.  Et  si  estoit  Le  Mielet  de  Maudln- 
guehen  ',  -vaillant  homme  de  guerre  et  soubtil.  Item  , 
Enguerran   de  Bournoville  et   Lamon   de   Launoj  ' 
furent  envoies  à  Soissons.   Par  ceste  manière   gar- 
ni  le  duc  Jehan  ses  frontières  de  Beauvoisiz,   et  j 
avpit  moût  de  bonnes  villes  et  fortresses  tenant  son 
parti,  et  puis  il  se  retrait  en  son  pais  d'Artois  et 
de  Flandres.  Quant  le  duc  Jehan  fut  venu  en  son 
païs ,  d'Artois ,  il  manda  partout  les  seigneurs  de  ses 
païs  et  tout  assembla  à  Arras^  Là  y  eut  de  grans 
conseux  tenus  du  duc  Jehan  et  de  ses  barons ,  et  moût 
doutoit  le  Roy  qui  estoit  tourné  contre  luy,  et  plus 
luy  en  estoit  que  de  tous  les  aultres  h  qui  il  avoit 
à  faire.  Mais  enfin  il  prinst  conclusion  de  attendre 
en  son  païs  toutes  aventures  et  résister  contre  tous 
à  son  povoir,  contre  tous  ceus  qui  mal  ly  voudroient  : 
et  fist  partout  garnir  ses  bonnes  villes  et  fortresses 
pour  luydefTendre  contre  tous  venants.  Et  avec  ce, 
se  garni  fort  de  gens  ;  car  il  manda  tous  les  sei- 

t  ions  guerrières  de  cette  époque ,  fut  long-temps  capitaine  d'Amiens 
et  de  l'Artois.  Il  vivoit  encore  en  i465.  (La  IMorlière,  i65.) 

'  Louvelet  de  Mai/iguehem  étoit  écuyer  d'écurie  du  duc  de  Bour- 
gogne (Saixt-Remy,  YII,  44^)-  La  Barre  a  omis  son  nom  dans  la  liste 
des  officiers  de  la  maison  de  ce  prince.  Louvelet  de  Massins^lien  fut 
tué  à  la  bataille  d'Azincourt  (Motjstrelkt,  III,  552). — Le  manuscrit 
de  Tieulaine  porte  Lionnel  de  Ma/dinghen. 

»  Lamon  de  Launoy  figure  au  nombre  des  écuyers  qui  accompa- 
gnèrent le  duc  de  Bourgogne  ,  lorsqu'il  alla,  au  mois  de  juillet  i4o2  ^ 
au  devant  d'Isabelle,  reine  d'Angleterre  ,  veuve  de  Ricbard  II  (Plan- 
cher ,  III,  Noies,  572).  Lamon  de  Launoy  fut  tué  à  la  bataille 
d'Azincourt.  (La  M0RLIÈRE,  186.) 

3  1  mars  i4i5.  (Moxstrhlet ,  TU,  160.) 


[14141  l^E  PIERRE  DE  FENIN.  39 

gnciirs  de  Bourgoingiie,  qui  vlndrent  à  grant  puis- 
sance. 

En  l'an  rail  quatre  cens  et  quatorze,  le  loj  Charles 
de  France  fîst  ses  mandemens  par  toutes  ses  parties  du 
royaume,  et  assembla  bien  quatre-vingt  mille  hommes, 
où  il  avoit  moût  de  haute  seignourie;  car  le  duc  de 
Guyane,  son  fils  ainsné ,  y  estolt ,  le  duc  Charles  d'Or- 
liens,  le  duc  de  Bar,  le  duc  de  Bourbon  '  etmoult  d'aul- 
tres  princes  avec  le  roy  Charles ,  qui  tous  promidrent 
à  destruire  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne  et  luy  déshé- 
riter de  toutes  ses  seigneuries.  Quant  le  Roy  eut  assem- 
blé toutes  ses  gens,  comme  je  vous  diz,  il  chevaucha 
droit  h  Compiengne  *,  qui  estoit  fort  garnie  des  gens  au 
duc  Jehan  de  Bourgoingne,  et  là  mist  le  siège  tout  au- 
tour. Mais  il  y  eut  de  grans  escarmuches  à  prendre  le 
siège ,  et  moult  firent  ceux  de  la  ville  de  paine  aux  gens 
du  roy  Charles,  et  souvent  menoient  prisonniers  de- 
dens  la  ville  par  l'entreprinsede  Hector  de  Sauveuse  et 
Phelipe,  son  frère,  qui  moutestoient  vaillans  en  fait  de 
guerre.  Et  auxi  messire  Hue  de  Launoy,  qui  en  estoit 
capitaine,  s'i  gouverna  hautement,  et  si  estoit  le  boin 
Louvellet  de  Masinguehen,  qui  estoit  homme  bien  re- 
nommé en  toutes  besoingnes  où  il  se  trouvoit.  Avec- 

'  Jean,  I"  du  nom.  Voyez  ci-dessus,  page  i5,  note  1. 

"  Charles  YI  partit  de  Paris  «  le  merquedy  de  la  semaine  peneuse, 
quatriesme  jour  d'avril  »  i4i3  (Saint-Remy,  YII,  420).  Selon  le  Jour- 
nal d'un  bourgeois  de  Paris  {il),  ce  fut«  le  dernier  jour  de  mars,  vigille 
de  Pasques  flories  »  (veille  du  dimanche  des  Rameaux)  ;  el,  suivant 
Monstrelet  (III,  210) ,  «  le  mercredi  de  la  semaine  peneuse,  troisiesme 
jour  d'avril.  »  Ce  dernier  se  trompe  sur  le  jour  ou  plus  probablement 
sur  !c  (juanlièmc  du  mois.  Le  5  avril,  en  i4'5,  tomboit  un  mardi. 


4o  MÉMOIRES  [1414] 

quez  eux  y  avoit  foison  d'autres  gentiz-hommes  de 
graiit  fachon  et  qui  bien  et  vaillaument  se  gouver- 
roient.  Et  le  roj  Charles,  qui  tenoit  son  siège  devant, 
avoit  en  sa  compagnie  de  vailans  hommes  d'armes,  et 
qui  bien  requéroient  leurs  anemis  pour  honneur  con- 
querre.  Et  entre  les  aultres  y  estoit  Estor  de  Bour- 
bon ',  frère  bastart  au  duc  de  Bourbon,  qui  estoit  tenu 
pour  le  plus  vailant  de  tous  les  aultres,  et  manda  à 
ceux  de  la  ville  qu'il  les  yroit  esmaier  le  jour  de  may, 
au  matin.  Quant  le  bastard  de  Bourbon  eut  ainssi 
mandé  [à  ceux  de  la  ville,  ilz  se  pourveurent  à  l'en- 
contre  pour  le  recepvoir;  et  quant  vinst  le  jour  de 
maj,  qui  fut  l'an  mil  quatre  cens  et  quatorze,  le  bas- 
t-art  de  Bourbon ,  qui  estoit  garnj  de  puissans  gens  et 
grandement  acompaignié,  vinst  à  la  porte  de  Com- 
piengne  %  et  avoit  luj  et  ses  gens  chescun  ung  chapel 
de  may  sur  la  teste  armée.  Là  y  eut  grant  [assault  d'un 
costé  et  d'aultre,  et  eut  le  bastart  de  Bourbon  son  che- 
val tué  dessoubz  luj  ;  car  ceux  de  la  ville  se  deffendi- 
rent  bien  et  vaillaument ,  et  y  en  eut  moût  de  bléchiés 
de  tous  costés  ;  mais  nonobstant  quelque  défense  que 
ceux  de  la  ville  firent,  le  bastart  et  ses  gens  allèrent  de 
sy  à  la  porte.  Ainsi  par  pluseurs  fois  y  eut  de  grans  es- 
carrauches  entre  les  gens  du  roy  Charles  et  les  gens  au 
duc  Jehan  de  Bourgoingne  ;  mais  enfin  les  gens  au  duc 
Jehan  de  Bourgoingne  rendirent  la  ville  ^  au  roy  Charles 

■  Hectoi-,  bâtard  de  Bourbon ,  fils  naturel  de  Louis  II,  duc  do  Bour- 
bon. Mort,  le  lo  mai  1414?  au  siège  de  Soissons. 
'  La  porte  de  Pieircfons,  dit  Monstrelet  (III,  2i3). 
'  Le  7  de  mai  i4i4,  suivant  Saint-Remy  (VII,  4'25)  et  Monstrelet 


[1414]  DE  PIERRE  DE  FENI^.  4. 

par  sy  qii'ilz  s'en  yroient  sauve  leurs  corps  et  leurs 
biens,  et  le  Roy  leur  acorda.  Et  quant  le  Roy  eut  la 
ville  de  Compiengne  en  son  obéissance,  il  la  garny  de 
ses  gens ,  et  puix  s'en  ala  à  Soisson ,  où  Enguerran  de 
Bournoville  estoit  :  et  là,  mist  le  siège  tout  autour. 
Mais  il  luy  trouva  grant  defTense  de  Enguerran  et  ses 
gens.  En  tant  que  le  Roy  estoit  au  siège  devant  Sois- 
sons,  le  bastart  de  Bourbon  fut  navré  à  mort  en  alant 
aviser  les  fossez  de  la  ville,  et  fut  moût  plaint  des  gens 
de  son  parti,  par  espécial  du  duc  de  Bourbon,  son 
frère ,  et  qui  moût  Tamoit  pour  la  vaillance  qui  estoit 
en  luy.  Geste  mort  nuyst  depuis  à  Enguerran  de  Bour- 
noville ,  et  si  fut  bien  courchié  quant  il  le  seut  ;  car  il 
l'amoit  de  long  temps.  Quant  le  roy  Charles  eut  esté 
longue  espasse  devant  Soissons,  il  eut  conseil  de  le 
faire  assalir  par  ce  qu'il  sceut  qu'il  y  avoit  dissention 
entre  les  gens  au  duc  Jehan  et  ceux  de  la  ville  :  car  En- 
guerrain  et  ses  gens  s'estoient  voulu  partir  de  la  ville  ; 
mais  le  commun  en  fut  mal  contens  pour  ce  qu'il  les 
laissoit  en  ce  dangier  sans  eux  aidier  à  trouver  leur 
traitié,  et  pour  ce,  se  tournèrent  la  plus  grant  partie 
contre  luy.  Et  auxi  avoit  eu  grant  débat  entre  les  gens 
de  Enguerrain  et  les  gens  Lamon  de  Launoy,  par  quoy 
ilz  cstoient  très  mal  d'acord  dedens  la  ville ,  et  peu 
amoient  l'un  l'autre.  Partelz  choses  fut  depuis  la  ville, 

(III,  2i4).  M.  Buchon  a  imprimé,  par  erreur:  le  luridi  huiùème  jour 
de  mai,  et,  plus  bas,  par  une  inattention  moins  excusable,  il  fait 
quitter  Compiègne  au  Roi ,  après  la  soumission  de  ladite  ville ,  le 
cinquième  jour  de  mai.  Le  manuscrit  que  nous  suivons  pour  toutes 
nos  citations  porte  :  -<  Le  lundy  VU'  jour  de  niay  ;  »  et  «  le  X«  jour 
demay.  » 


4?-  MÉMOIRES  [1414] 

et  eiix-mesmes  en  voie  de  perdicion  ;  car  les  ^ens  du 
Roj  assaillrent  la  ville  tout  autour,  et  dura  l'assaut 
longuement,  et  enfin  elle  fut  prinse  '  d'assaut  par  les 
gensduRoj,  qui  vaillaument  s'i  portèrent.  La  fut  prins 
Enguerran  de  Bournoville  et  Lamon  de  Launoy  et 
toutes  leurs  gens,  et  messire  Pierre  de  Manan',  qui 
estoit  du  pais  ,  fut  prins  avec,  et  depuis,  le  conseil  du 
Roy  leur  list  copper  la  teste.  Quant  la  ville  de  Soissons 
fut  prinse  par  force ,  comme  dit  vous  ay,  il  y  eut  de 
grans  desrois  fais  en  la  ville;  car  toutes  les  églises  fu- 
rent pilliez  et  moût  de  femmes  violées  par  force ,  tant 
gentis-iemmes  comme  aul très,  donc  la  ville  fut  depuis 
long-temps  en  grant  destruction. 

Item,  après  ces  choses  ainsi  faites,  Enguerran  de 
Bournoville  eut  la  teste  copée^  :  et  ne  peut  estre  sauvé 
pour  nulle  priaire,  combien  qu'il  y  avoit  moût  des 
gens  du  Roy  qui  en  estoient  fort  irés  ;  mais  le  duc  de 
Bourbon,  qui  estoit  fort  iré  de  la  mort  de  son  frère 
bastart,  fut  ung  de  ceux  qui  plus  de  mal  lui  fist  faire. 
Quant  le  Roy  eut  achevé  à  Soissons,  il  se  party  pour 
venir  vers  Péronne,  et  se  vint  logier  en  la  ville  ,  où  il 
fut  grant  temps;  et  toutes  ses  gens  estoient  logiés  au 
païs  de  là  entour.  Quant  le  roy  Charles  eut  long-temps 
séjourné  àPéronne,  il  fut  conseillié  de  entrer  aux  païs 

'  Le2omaii4i4,  suivant  l'Anonyme  de  Saint-Denis (II,  9^7);  elle  21, 
selon  Moustrelet  (III,  217)  et  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (22). 

'  Monstrelet  (III,  216)  et  Saint-Remy  (VII,  427)  le  nomment 
Pierre  de  Menau  ;  Juvénal  des  Ursins  (  278)  et  l'Anonyme  de  Saint- 
Denis  (  II,  948) ,  Jean  de  JMenon.  Berry  (4^7)  l'appelle  Pierre  de  Me- 
non,  et  le  qualifie  chevalier  de  Touraine. 

'  Le  2j  mai  i4i4-  {Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  22.) 


[1414J  DE  PIERRE  DE  FEM>.  43 

de  Jehan ,  duc  de  Bourgo'mgne ,  et  tout  prendre  par 
force  et  meclre  h  destruction  sez  pais.  Lors  le  Roj  che- 
vaucha vers  Bapaumes,  laquelle  esloit  fort  garnie  des 
gens  au  duc  Jehan,  et  mist  le  siège  '  autour  de  la  -ville  : 
et  tant  y  fut  qu'elle  luj  fut  rendue  et  ceux  qui  estolent 
dedens  se  partirent  sauve  leurs  corps  et  leurs  biens. 

Item ,  assez  tost  après  que  le  Pioy  eut  mis  Bapaumes 
en  son  obéissance  et  garnj  de  ses  gens,  il  se  parti  pour 
aller  devant  Arraz  mectre  le  siège;  mais  la  ville  estolt 
fort  garnie  de  bonnes  gens  d'armes  et  de  gens  de  trait, 
et  en  estoit  capitaine  messire  Jehan  de  Luxembourg, 
qui  estoit  chevalier  de  giant  renom  et  hardi  aux  ar- 
mes, lequel  avoit  bien  de  bonne  estoffe  mille  hommes 
d'armes ,  sans  les  gens  de  trait,  et  sans  ceux  de  la  ville , 
qui  moût  esloient  puissaus.  Au  dessoubz  de  messire 
Jehan  de  Luxembourg  avoit  pluseurs  capitaines,  et  y 
estoit  le  seigneur  de  Ront,  le  seigneur  de  Noielle% 
nommé  le  Blanc  chevalier;  et  de  Bom^goingne  y  estoit 
le  seigneur  de  Montagu^,  messire  Guillaume  Sandivers'^, 

'  Le  Roi  arriva  devant  Bapaume,  le  12  juillet  i^i 4  ?  selon  Mons- 
trelet  (III,  229)  et  l'Anonyme  de  Saint-Denis  (  II,  gSy);  le  21,  suivant 
Saint-P.emy  (VII,  45i  ). 

'  Jean  de  Tsoyelles,  appelé  le  chevalier  Blanc,  seigneur  de  Castau, 
tué  à  la  bataille  d'Azincourt  (Haudicquee,  594)-  Suivant  Monstrelet 
(m,  556),  il  y  fut  seulement  fait  prisonnier,  et  se  trouvoit  à  la 
bataille   de  Saint -Riquier,  donnée  le  3i   août  1421.  (Monstrelet, 

IV,  342.  ) 

'  Jean  de  IVeuf-Chastel ,  seigneur  de  Montagu,  d'Amance,  etc., 
conseiller  et  chambellan  du  Roi  et  du  duc  de  Bourgogne,  grand-bou- 
teiller  de  France.  Mort  vers  i453. 

*  Guillaume  de  Champdivers,  chevalier,  conseiller  et  chambellan 
du  duc  de  Bourgogne  et  de  Charles  VI ,  bailli  d'Aval  au  comté  de 
Bourgogne.  (La  Barre,  II,  106.} 


44  MÉMOIRES  [1414] 

le  seigneur  de  Toulongcon  '  et  pluseurs  autres  grans 
seigneurs.  Ainsi  messire  Jehan  de  Luxembourg  estoit 
aconipaignié  de  pluseurs  grans  seigneurs  qui  estoient 
vaillans  et  saiges,  et  qui  moût  bien  le  conseillèrent,  tant 
qu'il  y  parut  en  la  fin.  De  ceux  de  la  ville  estoit  capi- 
taine le  seigneur  de  Beaufort  %  qui  estoit  homme  de 
haut  entreprinse,  et  les  tinst  bien  en  son  obéissance 
tant  que  le  siège  dura.  Ainsi  estoit  la  ville  et  cité 
d'Arraz  garnie  de  gens  qui  estoient  moût  \aillans  et 
peu  doubtoient  leurs  anemis  se  non  par  traison.  Et 
aussi  quant  ilz  sèment  la  vérité  qu'ilzairoient  le  siège, 
ilz  boutèrent  le  feu  en  leurs  faulx-bourgs  ^  et  abatirent 
plusieuis  églises,  affin  que  leurs  anemis  ne  s'i  lojassent 
raie  si  à  leur  aise.  Et  si  tindrent  tousjours  le  chastel  de 
Bellemote^  qui  estoit  gisant  confort  pour  eux  ;  car  quant 
ilz  vouloient  envoier  aucun  message  vers  le  duc  Jehan, 
ilz  le  envolent  par  le  chastel  de  Bellemote  pour  aller 
plus  seurement.  Après  ce  que  le  roy  Charles  eut  con- 
quis Bapaumes,  comme  je  vous  aj  dit  cj-dessus,  il 
chevaucha  vers  Arraz^.  Etavoit  lors  en  sa  compagnie 

Jean  de  Toulongeon,  chevalier  banneret,  seigneur  de  Senecey , 
conseiller  et,  chambellan  de  Charles  VI  et  du  duc  Jean  (La  Barre, 
II,  io6),  fut  fait  maréchal  de  Bourgogne  en  1422  ,  et  mounit  le  9  ou 
le  10 juillet  1427  (Idem,  ibidem,  202).  Monsti'clet  (III,  228)  le  nomme 
le  Borgne  de  Toulougeon. 

«  Et  de  la  communauté  étoit  capitaine  le  seigneur  de  Beaufort  à 
la  Barbe.  »  (Mo.nstrelet  ,  III,  228) 

'  Tant  de  Baudimont  que  aheur.  (Ti.) 

*  n  Le  chasteau  de  BeUe-Mote,  qui  n'est  qu'à  demi  lieue  (d'Arras), 
situé  dans  un  terroir  aquatique  ,  et  tout  environné  d'arbres  et  de 
bois.  )»  (Anonyme  de  Saint-Denis,  II,  gSg. ) 

'-'  Le  Roi  quitta  Bapaume  le  19  juillet  i4i4î  et  se  dirigea  vers  Arras 


1  1414]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  45 

bien  cent  mille  hommes,  où  il  y  avoit  moût  de  haus 
prinses;  car  le  duc  de  Guyenne  y  estoit,  le  duc  Charles 
d'Orliens,  le  duc  de  Bar,  le  duc  de  Bourbon,  messire 
Charles  de  Labret',  qui  estoit  connestable  de  France, 
le  conte  de  Richemont,  le  conte  de  Ermignac ,  le  conte 
d'Alenchon'  et  plusieurs  autres  qui  tous  coiitendoient 
à  destruire  le  duc  Jehan  et  ses  pais.  Et  tant  chevaucha 
le  Roy  qu'il  vinst  assez  près  d'Arras,  et  là ,  se  loja  à  une 
petite  ville^  sur  l'iau;  et  lendemain  commencèrent  ses 
gens  h  aprouchier  de  la  ville  d'Arras ,  et  se  loga  le  Roy 

avec  une  armée  de  deux  cens  mille  personnes.  (  Monstrelet  ,  III, 
254-55.) 

■  Nous  avons  vu  plus  haut  (p.  29,  note  i)  que  le  comte  de  Saint-Pol 
fut  élevé  à  la  dignité  de  connétable  de  France ,  en  remplacement  de 
Charles  d'Albret,  le  5  mars  i  .|i  i .  Ce  dernier  fut  rétabli  dans  sa  charge, 
suivant  le  P.  Anselme  (VI,  206),  après  la  mort  du  comte  de  Saint- 
Pol ,  par  lettres  du  i5  juillet  i4i5.  C'est  là  une  double  erreur  :  1°.  Le 
comte  de  Saint-Pol ,  ainsi  que  le  dit  le  P.  Anselme  lui-même  (VIII, 
564),  Q6  mourut  qu'en  i4i5,  le  19  avril;  2°  une  ordonnance  royale 
du  22  août  i4i5  donne  plein  pouvoir  «  à  Waleran,  conte  de  Saint- 
Pol  et  de  Liney,  son  cousin  et  conestable  de  France,....  de  se  trans- 
porter es  marches  de  Picardie  avec  certains  messagiers  ou  ambassa- 
teurs  de  la  partie  d'Angleterre,  pour  parler  d'aucunes  besoingnes 
touchans  le  bien  des  deux  réaumes  »  (  Rvmer,  IV,  2»  part.,  p.  48).  Ce 
fut  sans  doute  peu  de  temps  après  cette  mission  que  Charles  d'Albret 
fut  réintégré,  car  Monstrelet  (  III,  87)  nous  apprend  que  le  4  octo- 
bre i4i5  «  les  seigneurs  d'Offomont  et  de  Mory  vinrent  à  Saint-Pol, 
en  Ternois ,  de  par  le  Roy,  devers  le  comte  de  Saint-Pol ,  pour  cause 
qu'il  rendît  ou  envoyât  l'épée  de  connestable  de  France.  » 

'  Jean  I",  duc  d'Alençon,  pair  de  France,  né  le  9  mai  i585,  suivit 
le  parti  des  enfants  du  duc  d'Orléans.  Il  mourut  à  la  bataille  d'Azin- 
court. 

'  «  Ung  village  nommé  Wancourt,  séant  sur  une  petite  rivière  à 
deux  lieues  d'Arras.  »  (Monstrelet  ,  III,  254) 


46  MÉMOIRES  [1414] 

à  la  maison  du  Temple'.  A  prendre  le  siège,  le  pre- 
mier jour,  y  eut  de  fortes  escarmuches  des  gens  du  Roj 
contre  ceux  de  la  ville;  et  guengnèrent  ceux  de  la  ville 
moût  de  prisonniers  et  de  chevaux.  Mais  nonobstant 
tout  le  siège  fut  assis,  non  mie  si  tost,  mais  au  bout  de 
quinze  jours  il  fut  fremé ,  et  se  loja  le  duc  de  Bourbon 
dedens  les  fauîx-bours  de  Baudivont%  et  le  duc  de 
Bar  estoit  loiiîé  dedens  les  fours-bours  vers  Belleraote. 
Ceux  de  la  ville  faisoient  souvent  de  grans  saillies  hors 
de  la  ville,  par  espécial  à  la  barète  d'Avennes,  et  h  la 
porte  Saint-ilichiel,  vers  Bellemote,  et  souvent  ame- 
noient  prisonniers  en  la  ville.  Item,  les  gens  du  Roj  te- 
noient  pour  ce  temps  le  chastel  d' Avesnes-le-Conte ^ 
et  celluj  de  Villiers  le-Chastel;  par  quoy  ilz  grevoient 
moût  le  pais  et  le  tenoient  en  grant  subjection,  et  allè- 
rentcourrede  syà  Saint-Pol.  Le  conte  Valeran  y  estoit, 
qui  ancore  se  disolt  connestable  de  France,  et  luy  ar- 
dirent  ses  fauxbourgs.  Mais  les  gens  du  conte  Valeran 
sallirent  hors  de  la  ville  de  Saint-Pol ,  et  reboutèrent 
les  gens  du  Roy  et  en  tuèrent  ung,  donc  le  conte  fut 
courchié  par  semblant.  Une  aultre  fois  allèrent  les  gens 
du  Roy  jusquezaux  portes  de  Hesdin  et  y  firent  grant 
efïroy,  mais  ilz  perdirent  moût  de  leurs  gens  avant 
qu'ilz  revenissent  à  leur  siège.  Ainsi  par  pluseurs  fois 
coururent  les  gens  du  roy  Charles  partout  le  pais 
d'Artois;  par  quoy  il  fut  moût  destruit  de  tous  costés. 

'  «  Vers  le  chemia  de  Bapaume,  environ  le  gect  d'un  canon  près 
de  la  ville.  »  (Monstrelet,  III,  235.) 
'   Baudimont. 
^  Le  manuscrit  porte  Ancerne-l&- Conte 


[1414]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  47 

El  ceux  qui  estoient  au  siège  contendoient  fort  à  pren- 
dre la  ville,  et  souvent  ilz  getoient  dez  canons  et  de 
grosses  bombardes  donc  les  portes  et  la  muraille  furent 
raout  adommngiés. 

En  tant  que  le  siège  du  roj  Charles  estoit  devant 
Arras,  ses  gens  passèrent,  par  ung  diraence  après 
disner,  la  rivière  du  marc  '  Saint-Michiel'  par  mie 
petite  planque,  et  vindrent  assez  près  de  la  posterne 
vers  les  maraiz.  Quant  ceux  de  la  ville  les  apercheu- 
rent,  ilz  saillirent  à  l'encontre  d'eux.  Là  veut  grant 
assaut,  mais  enfin  les  gens  du  Roy  furent  desconfiz  et 
en  y  eut  de  mors  et  de  noies  grant  planté  et  de  prins 
et  enmenés  en  la  ville.  A  ceste  besoingne  se  porta  vail- 
lauraent  Perclieval-le-Grant  \  qui  estoit  à  messire  Jehan 
de  Luxembourg;  car  il  entretinst  ceux  qui  là  estoient. 
Lendemain  le  duc  de  Bourbon  envoia  requérir  que  on 
laissast  enterrer  ceux  qui  s' estoient  noies,  et  messire 
Jehan  de  Luxembourg  en  fut  content,  moyennant 

'  Marais.  (Ti.) 

'  Monstrelet  (III,  256)  dit  qu'en  «  une  escarmouche  qui  fut 
sur  l'eaut,  entre  Belle-Mote  et  la  posterne  d'Arras,  y  eut  grant  perte 
du  côté  des  assiégeans ,  pour  tant  que  ceulx  de  l'avant-garde  estoient 
passés  tout  de  pié  par- dessus  une  petite  planchète  ung  aucop ,  jus- 
ques  à  six  ou  sept  vingts  conibatans,  pour  venir  devers  la  petite  pos- 
terne; mais  incontinent  les  assiégez  s'en  vinrent  à  l'encontre  d'iceulx, 
et  de  fait  les  recbaccrent  jusques  à  la  dicte  planche,  et  iceulx  voians 
qu'ils  ne  pouvoient  passer  sinon  à  danger,  retournèrent  sur  ceulx  de 
la  dicte  ville  et  les  remirent  jusques  assez  près  de  la  dicte  posterne  « 

'  Perceval-le-Grand  étoit  capitaine  de  la  ville  de  Roye,  en  Verman- 
dois,  au  mois  de  décembre  1419,  lorsqu'elle  fut  prise  par  les  Dau- 
phinois. (Monstrelet,  IV,  211.) 


48  MÉMOIRES  [1414] 

qu'il  amoif  les  hainaiz  de  ceux  qui  estoientmors,  et 
par  ainsi  fut  fait  et  ordonné.  Item,  le  comte  d'Eu  '  fut 
fait  chevalier  en  une  misne,  à  combatre  contre  le  sei- 
gneur de  Montagu,  et  en  estoit  le  misne  dessoubz  les 
murs  de  la  cité ,  au  lez  de  Baudimont.  Devant  Arraz 
fut  le  roy  Charles  six  sepmaines ,  et  fut  en  l'an  mil 
quatre  cens  et  quatorze,  environ  le  mois  d'aoust.  Peu 
y  guengna  et  moût  y  perdi  de  ses  gens;  et  y  fut  tué 
messire  Amer  de  Sallebrouse^  d'un  canon  qui  le  férit 
en  la  teste.  A  tous  les  assaulz  que  ceux  de  la  ville 
firent,  ilz  perdirent  peu  de  leurs  gens ,  et  n'y  eut  prins 
de  gens  de  grant  nom  que  Bangois  de  la  Benerien  '♦  et 
le  bastart  de  Beiile^  - 

Item,  le  duc  Jehan  avoit  ordonné  grant  puissance 
de  gens  pour  sccourre  ceux  d' Arraz,  et  en  estoit  me- 
neur le  seigneur  de  Croy  :  et  cuidoicnt  frapper  sur  les 
logis  de  Baudimont,  et  ceux  de  la  ville  dévoient  saillir 
à  rencontre.  Mais  quant  le  seigneur  de  Croy  eut  tout 
assemblé  vers  Bétune  poar  estre  au  point  du  jour  h 
Arraz,  il  mist  ses  courreurs  devant*",  mais  ilz  furent 
prins  des  gens  du  Roy  et  menez  au  siège,  par  quoy  la 

'  Les  corps  de  ceux  de  la  ville,  et  les  harnois.  (Ti.) 

'  Charles  d'Artois ,  comte  d'Eu,  fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Azin- 
court ,  à  l'âge  de  vingt-un  à  vingt-deux  ans,  resta  vingt-trois  ans  en 
Angleterre.  Il  mourut  le  25  juillet  1472- 

'  Amé  de  Sarrebruche,  sire  de  Coramercy  et  de  Venisy.  Selon 
Monstreli  t ,  ce  seigneur  mourut  à  Arras  d'un  flux  de  ventre. (III.  243.) 

4  Bougois  de  LaBeuvrière,  mort  à  la  bataille  d'Azincourt.  (Mons- 

TRELET,  III,  554.) 

'  De  Bellay  (Monstrelet,  III,  257).  Le  bâtard  de  Bellay  étoit  capi- 
taine de  la  forteresse  de  La  Ferté,  en  1421.  (Monstrelet,  IV,  SiQ.) 
■^  Et  en  fut  Atis  de  Brimeu ,  et  Jacques  de  Brinieu,  son  frère.  (Ti.) 


[1414]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  49 

chose  fut  rompue.  Et  depuis  Jaques  de  Brimeu  '  escapa 
etentradedeiisla  ville  d'Arras,  donc  il'  fut  bien  joieux. 
Quant  le  roy  Charles  eut  esté  devant  Arraz  grant 
pièce,  comme  je  vous  ay  dit,  la  duchesse  de  Holande ', 
qui  estoit  seur  au  duc  Jehan,  ala  devers  le  roy 
Charles,  et  traita  tant  que  le  duc  Jehan  eut  paix  au  roy 
Charles.  Car  le  conte  de  Pontieu'^,  qui  estoit  second 
fieux  du  roy  Charles ,  avoit  espousé  la  fille  du  duc  de 
Hollande  et  de  la  duchesse ,  ([ui  estoit  nièche  du  duc 
Jehan  de  Bourgoingne,  fille  de  sa  seur.  Quant  la  du- 
chesse de  Hollande  eult  fait  le  traltié^  du  duc  Jehan 
vers  le  Roy,  ceux  de  la  ville  d'Arras  en  furent  bien 
joyeux  :  car  le  Roy  se  desloga  après  ce  qu'il  eut  eu  l'o- 
béissance de  la  ville  et  que  ses  banières  furent  mises 
sur  les  portes. 

■  Jacotin  de  Brimeu,  écuyer,  échanson  du  duc  de  Bourgogne  (L\ 
Barre,  II,  i4i).  Mort  en  i45i.  (Reiffenberg,  3.) 

'  Boni  le  peuTple  fut....    (Ti.) 

'  Marguerite  de  Bourgogne.  Yoyez  ci-dessus,  page  8,  note  2. 

*  Jean  de  France,  duc  de  Touraine,  fils  de  Charles  YI  et  d'Isa- 
belle de  Bavière,  né  le  5i  août  10985  marié  le  00  juin  i4o6,  à 
Jacqueline  de  Bavière,  fille  unique  de  Guillaume  de  Bavière  et  de 
Marguerite  de  Bourgogne.  11  mourut  de  poison,  dit  le  P.  Anselme 
(I,  ii4),  le  5  avril  i4i6. 

Ala  mort  du  duc  de  Berry,  arrivée  le  i5  juin  i4i6  selon  Juvénal 
des  Ursins  (354),  et  le  i3  juin  d'après  Monstrelet  (ITI,  38?.),  Jean  prit 
les  titres  de  duc  de  Berry  et  de  comte  de  Poitou. 

^  La  paix  fut  publiée  le  mardi  4  septembre  i4i4-  (Monstrei.et, 
III,  243.) 

L'ordonnance  royale  qui  confirme  celle  paix  se  trouve  dans  nu 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  Royale  (  fonds  de  Brienne,  n"  197, 
fol.  89,  recto)  ;  elle  est  datée  du  2  février  i4i4-  Monstrelet,  qui  a  rc- 
ruoilli  celle  pièce  (IIÏ  ,  27/)  ) ,  la  donne  fort  incomplète  et  sans  date. 


5o  MÉMOIRES  [1414] 

liera,  combien  que  la  paix  fust  ainsi  traitié,  comme 
je  vous  ay  dit,  il  se  desloga,  et  ses  gens  aussi  s'en  allè- 
rent plus  en  ung  jour  qu'ilz  n'estoient  venus  en  qua- 
tre; et  ne  séjourna  pas  grandement  tant  qu'il  fut  venus 
à  Paris'.  Quant  le  duc  Jehan  se  vit  ainsi  délivré  de  ses 
anemis,  il  en  fut  bien  joyeux,  et  tantost  manda  par- 
tout ses  gens  et  assembla  grant  puissance  de  toutes 
pars  ;  puis  s'en  ala  en  la  duchié  de  Bourgoingne  et 
passa  par  Maisires-sur-Meuse  %  où  le  duc  de  Nevers  % 
son  frère,  luy  fist  grant  feste  et  moût  congneurent^ 
l'un  frère  l'autre.  Et  depuis  le  duc  Jehan  s'en  alla  en 
Bourgoingne,  où  il  séjourna  grant  temps  sans  retour- 
ner en  Flandres  ne  en  Artois  ;  et  là ,  luy  firent  les  sei- 
gneurs de  Bourgoingne  grant  joie,  car  ilz  l'amoient 
moût.  Quand  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne  fut  allé  en 
son  païs  de  Bourgoingne  et  que  la  paix  eult  esté  faite 
devant  Arras,  par  la  duchesse  de  Hollande,  entre  le 
roy  Charles  et  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne ,  comme 
avés  oy  ci-devant,  nonobstant  toutes  choses,  si  avoit- 
il  tousjours  grant  envie  entre  le  duc  Charles  d'Orliens 
et  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne.  Et  de  fait  messire  Jeret 

'  Le  Roi  fit  son  entrée  dans  Paris  le  i"  octobre  i4i4i  selon  Juvénal 
desUrsins  (283);  le  samedi  1 5  octobre,  suivant  le  Journal  d'ixn  bourgeois 
de  Paris,  (24);  enfin,  le  14  octobre,  d'après  Monstrelet  (III,  259). 

'  Mézières-sur-Meuse. 

^  Philippe  de  Bourgogne ,  comte  de  Nevers,  troisième  fils  de  Phi- 
lippe-le-Hardi ,  duc  de  Bourgogne,  et  de  Marguerite,  comtesse  de 
Flandre  et  d'Artois  ;  mort,  le  25  octobre  i4i5,  à  la  bataille  d'Azin- 
court, 

*  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  «  et  moult  conjoirent  l'un  frère 
l'autre.  »  Ce  texte  nous  paroît  préférable. 


[1414]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  5i 

de  Pois  ',  qui  s'en  alloit  en  Bourgoingne  devers  le  duc 
Jehan  atout  environ  trois  cens  compaignons ,  fut  rué 
juz  par  les  gens  au  duc  d'Orliens  et  retenu  prisonnier, 
luy  et  tous  ses  compaignons. 

Item ,  est  vraj  que  après  que  la  paix  fut  traitié  entre 
le  roj  Charles  et  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne,  par  le 
moyen  de  la  duchesse  de  Hollande,  comme  dessus  est 
dit,  et  que  ce  vinst  à  faire  les  sermensde  ce  entretenir, 
monseigneur  de  Guyenne,  dauffin  ,  fist  premièrement 
le  serment,  présens  pluseurs  grans  seigneurs  qui  là 
estoient  :  et  avec  ce  y  estoit  la  duchesse  de  Hollande. 
Et  lors  le  duc  de  Guyenne  dist  à  monseigneur  d'Or- 
liens :  ((  Beau  cousin,  il  vous  convient  jurer  la  paix 
comme  nous  avons  fait.  »  Adonc  se  avancha  le  duc 
d'Orliens  et  se  enclina  bien  bas,  disant  :  a  Monseigneur, 
je  ne  suis  point  tenus  de  faire  serment  ;  car  je  suis  cy 
venus  pour  servir  monseigneur  le  Boy,  et  vous.  ))  Et 
monseigneur  de  Guyenne  luy  dist  :  ((  Il  le  vous  con- 
vient faire ,  nous  vous  en  prions.  »  Et  le  duc  d'Or- 
liens dist  ancoire  une  fois  :  «  Monseigneur,  je  n'ay 
point  rompu  la  paix  et  ne  doy  point  faire  désarment; 
plaise  vous  estre  content.  »  Encore  après  l'en  requist 
le  duc  de  Guyane,  et  adonc  le  duc  d'Orliens  par  grant 
couroulz  lui  dist  :  «  Monseigneur,  je  n'ay  point  rompu 
la  pais,  ne  ceux  de  mon  costé  :  faites  venir  celuy  qui 
l'a  rompue.  )>  Lors  y  estoit  l'archevêque  de  Bains  ',  qui 

'  Jeanet  de  Poix  suivit  le  parti  du  duc  de  Bourgogne.  Le  Roi  lui 
donna  Toffice  d'amiral  de  France,  qu'il  n'exerça  jamais  quoiqu'il  en 
prît  la  qualité.  Il  mourut  de  la  peste ,  à  Paris,  en  i4i8. 

'  Réginald  ou  Renaut  de  Chartres,  nommé  à  l'arclievôclié  de 
Heims  le  iS  mars  i4ô  ;  mort  à  Tours  le  4  avril  i44^» 


52  MÉMOIRES  [1414] 

dist  :  ((  Monseigneur  d'Orliens,  faictes  ce  que  monsei- 
gneur vous  requiert.  »  Adonc,  le  duc  d'Orliens  fist  le 
serinent  de  entretenir  la  paix ,  ainsi  que  contre  sa  vou- 
lenté  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne  avoit  rompu  la 
paix  qui  avoit  esté  faite  à  Aussoire  '.  Après  ce  que  le 
duc  d'Orliens  eut  fait  ce  serment,  monseigneur  de 
Gujenne  fîst  apeler"  monseigneur  de  Bourbon,  le- 
quel cuida  fere^  de  parolles  comme  avoit  fait  monsei- 
gneur le  duc  d'Orliens.  Et  le  duc  de  Guyenne  luy  dist 
en  brief  :  «  Biau  cousin ,  je  vous  prie  que  n'en  parlés 
plus.  »  Adonc  fist  le  duc  de  Bourbon  serment  de  tenir 
la  paix.  Après  ce,  le  fist  le  duc  de  Bar  et  pluseurs  au- 
tres grans  seigneurs ,  sans  y  miectre  contredit ,  de  cy  à 
tant  que  on  apela'^  l'archevesque  de  Sens^,  lequel  es- 
toit  frère  de  Montagu;  et  quant  il  vinst  devant  monsei- 
gneur de  Guyenne,  on  luy  dist  qu'il  failloit  qu'il jurast 
la  paix;   lors   il  s'enclina  et  dist  à   monseigneur  de 

'  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  Auxene.  Monstrelct  (III,  "iSi) 
écrit  Poiiioise.  Il  est  probable  que  c'est  de  cette  dernière  paix,  enfreinte 
par  le  duc  de  Bourgogne ,  que  le  duc  d'Orléans  entendoit  parler. 

'  Huclier.  (ïi.) 

3  Faire  attarge.  (Ti.) 

1  Hucba.  (Ti.) 

'  Jean  de  Montagu  ,  évèque  de  Sens ,  étoit  frère  de  Jean  de  3Ion- 
tagu  décapité  en  i4o9-  H  fut  tué  à  la  journée  d'Azincourt.  Ce  n'étoit 
pas  la  première  fois  que  cet  évèque  guei'rier  s'étoit  fait  remar- 
quer dans  une  bataille.  En  i4i  i ,  lorsque  le  duc  de  Bourgogne  cbassa 
le  duc  d'Orléans  de  la  ville  de  Saint-Denis ,  Jean  de  Montagu  avoit 
pris  parti  pour  les  princes  confédérés  ,  et  <f  non  point,  dit  Monstrelet 
(II,  270),  en  estât  pontifical,  car  en  lieu  de  mitre  il  portoit  ung  ba- 
cinet  en  sa  teste,  pour  dalmatique  portoit  le  baubert  dont  il  estoit 
vestu ,  pour  chasuble  plates  d'acier ,  et  eu  lieu  de  croce  portoit  une 
hache   " 


[1414]  DE  PIERRE  DE  FEMN.  53 

Guyenne  :  u  Monseigneur,  souvienge-vous  du  serment 
que  vous  faisitez  et  nous  tous  au  partir  de  Paris,  pré- 
sente la  Royne?  '  »  Et  adonc  luy  dist  monseigneur  de 
Guyenne  :  «  N'en  parlés  plus:  nous  voulons  que  la  paix 
se  tienge  et  que  vous  le  jurés.  »  Et  l'arcevesque  dist  : 
((  Monseigneur,  je  le  feray  puisque  c'est  vostre  plai- 
sir. «  Et  n'y  en  eut  plus  nul  qui  feissent  relfus  de  jurer 
la  paix,  cpie  ces  trois.  Et  quelque  paix  qu'ilz  eussent 
juré  ensemble,  si  aAoit-il  peu  d'amour,  comme  on 
peut  percevoir  en  brief  temps  après  :  car  les  gens  au 
duc  Jehan,  qui  avoient  fait  la  guerre,  ne  se  osoient 
trouver  es  bonnes  villes  du  Roy,  et  fut  Hector  de  Sa- 
veuse  prins  en  allant  en  pèlerinage  à  Nostre-Dame  de 
Lience  %  et  mené  prisonnier  à  Paris,  où  il  fut  en  grant 
dangier  de  sa  vie;  mais  la  duchesse  de  Hollande  luy 
aida  meut  bien  pour  l'amour  de  ce  qu'il  estoit  h  son 
frère  le  duc  Jehan.  Et  aussi  Phelipe  de  Saveuses,  frère 
à  Hector,  print  ^  le  seigneur  de  Chanle'^  et  Vitase 

'  Isabelle  de  Bavière ,  fiUe  d'Etienne  II ,  dit  le  Jeune ,  due  de  Ba- 
vière, seigneur  d'Ingolstat ,  et  de  Thadée  Yisconti  ;  mariée  à  Amiens , 
le  17  juillet  1 585,  à  Charles  YI,  roideFrance;  morte  le  .20  septembre 
1 455 ,  d'après  les  registres  du  Parlement. 

'  Notrc-Dame-de-Liesse. 

'  Le  manuscrit  porte  •  «J'ai  prias  par  le  seigneur...  »  C'est  une 
erreur  de  copiste,  que  la  suite  du  récit  de  Fenin  sert  à  rectifier,  et  dont 
le  passage  suivant  de  Monstrelet  (III,  271)  fournit  une  nouvelle 
preuve  ;  «  Hector  de  Saveuses ,  qui  fort  avoit  guerroie  les  gens  du  Roy 
devant  Anas,  fut  prins,  en  faisant  le  pèlerinage  deLesse,  des  gens  du 
Koy,  et  mené  à  Paris  :  et  de  fait,  se  n'eust  esté  par  le  pourchas  et 
prièi'c  de  la  contesse  de  Hayncau,  il  eust  esté  exécuté  ;  et  aussi  que 
Plielippe  de  Saveuses,  son  frère,  print  prisonnier  Henry  de  Boissy, 
seigneur  de  Chaule,  et  Eustace  Uaync,  seigneur  de  Sartou,  etc.  w 
'   11  fut  tué  à  la  bataille  d'Azincouit.  (  Mo.nsïrelet ,  111,  554  ) 


54  MÉMOIRES  [1414] 

Dénie,  lesquelz  a  voient  moût  de  leurs  amis  vers  le 
Roy,  et  qui  giant  paine  mirent  à  la  délivrance  de  Ector, 
pour  délivrer  les  deux  dessusdiz  que  Phelipes  tenoit 
prisonniers.  Par  ainsi  escapa  Hector  de  Saveuses  de 
Paris.  Par  telz  choses  et  moût  d'autres  se  resmeut  la 
guerre  et  l'envie  entre  les  seigneurs  de  France  et  le  duc 
Jehan  ;  par  quoj  le  royaume  de  France  a  esté  depuis 
mis  en  perdicion. 

Item,  tout  ce  temps  durant  y  avoit  au  royaume  de 
France  doubles  officiers;  car  checune  partie  conten- 
doit  de  les  faire  à  sa  poste.  Et  estoit  le  conte  Valeran 
de  Saint-Pol  connestable  de  France,  par  la  voulenté 
au  duc  Jehan  de  Bourgoingne  et  le  seigneur  de  Dant- 
pière'  admirai  pareillement  ;  et  les  aultres  avoient  fait 
messire  Charles  de  Labreq  connestable ,  et  Clignet  de 
Brebant  admirai  :  ainsi  estoit  le  royaume  de  France 
en  grant  division  par  la  guerre  du  duc  Jehan  de  Bour- 
goingne et  du  duc  Charles  d'Orliens. 

Item,  ceste  mesmes  année  mil  quatre  cens  et  qua- 
torze, environ  la  Saint-Remy%  le  comte  Valerain  de 
Saint-Pol,  qui  encore  se  disoit  connestable  de  France, 
assembla  de  quatre  à  cinq  mille  ^  combatans ,  et  s'en  ala 
;i  Liegney  en  Barrois,  qui  estoit  à  luy.  Quant  il  fut  là 

'  Jacques  de  Chàtillon,  sire  de  Dampierre,  etc.,  chevalier,  conseil- 
ler et  chambellan  du  roi  Charles  YI,  promu  à  la  charge  d'amiral  de 
France,  le  20  avril  i4o8.  Il  fut  tué  à  la  bataille  d'Azincourt,  le  25  oc- 
tobre i4i5. 

'  Le  10  octobre. 

^  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  quatre  à  cinq  cens  combattans. 
Monstrelet  (III ,  264)  dit  six  cens  combattans,  hommes  d'armes  et 
rchers.  «  Cliafiuc  liomme  d'armes  avoit  à  sa  suite  quatre  hommes  de 


[1414]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  55 

venu,  le  duc  Anthoisne  de  Brabant,  qui  avolt  eu  espoiisé  * 
la  fille  du  conte  Valeran ,  baila  au  conte  Valeran  le  gou- 
vernement de  la  duchié  de  Luxembourg  %  qui  estoit^ 
de  par  sa^  femme;  et  le  conte  Valeran  ,  après  ce  qu'il 
eut  séjourne  cinq  sepmaines  à  Ligney  et  esté  devers  le 
duc  de  Bar,  son  beau-frère,  à  Bar-le-Duc,  s'en  ala 
vers  la  duchié  de  Luxembom^g,  où  il  fut  bien  obéj,  et 
luy  délivra-on  la  fortresse.  Après,  il  s'en  ala  en  moût 
d'autres  bonnes  villes,  et  partout  on  le  metoitdedens, 
au  commandement  du  duc  Antoisne  de  Brabant.  Et  il 
ala  à  Danbilles^,  où  il  séjourna  grant  pièce,  et  puis  il 
alla  mectre  le  siè^e  ^  devant  une  fortresse  nommée 
Noenville  ",  qui  estoit  sur  l'iau  de  Meuse  et  menoit 
guerre  à  la  duchié  de  Luxembourg  :  et  estoit  la  for- 
tresse au  seigneur  d'Orchimont^.  Quant  le  conte  Val- 
leran  eut  mis  le  siège  devant  Noenville,  il  y  fut  grant 
temps,   et  avoit  fait  assoir  de  grans  engins  devant  le 

cheval  dont  deux  étoient  archers,  le  troisième  n'étoit  proprement 
qu'un  valet,  et  le  quatrième  étoit  appelé  Coustilier.  »  (Ménage,  II,  4i.) 

'  En  premières  nopces.  (  Ti.) 

'  S'il  faut  en  croire  le  P.  Bertholet  (VII,  225  et  226),  le  comte  de 
Saint-Pol  eut  le  gouvernement  du  Luxembourg  en  i4n  ,  et  en  fut 
dépossédé  la  même  année. 

'  Estoit  k  luy.  (Ti) 

^  5a  seconde.  (Ti.) 

'  Damvillers. 

*  Le  comte  se  prépara ,  dit  ÎMonstrelet  (  III,  265) ,  à  mettre  le  siège 
devant  la  forteresse  de  Neufville-sur-IMeuse,  environ  la  Saint-André 
(5o  novembre) ,  après  avoir  solennisé  les  fêles  de  la  Toussaint. 

"  Le  manuscrit  porte  Nemidle.  Nous  rétablissons,  d'après  Monstre- 
let,  Saint-Remy,  et  Fenin  lui-même,  le  nom  de  Neuville,  en  adop- 
tant toutefois  l'orthographe  de  Fenin. 

•  Jean  d'Angle,  seigneur  d'Orchemont  (Monstrelet,  III,  265). 
Fenin  donne  la  véritable  orthographe  du  nom  d'Orchiraont. 


56  MÉMOIRES  [1415] 

chastel  [poui  jetter  dedans,  et  puis  il  fist  faire  tossez  au- 
tour dumoustier  qui  estoit  devant  le  chastel]  de  Noeii- 
ville.  Après  que  le  conte  Valeran  eut  fait  pluseurs 
grans  escarmuches ,  il  fist  garnir  le  moustier,  [et  puis 
il  se  pourvueut  bien  de  vivres ,]  et  laissa  de  ses  gens  de- 
dens  pour  garder  que  ceux  du  chastel  ne  peusissent 
saillir,  et  en  fist  capitaine  ung  gentilhomme  du  pais 
que  on  nommoit  le  grant  Vaultier  Disque.  Après  ce  que 
le  conte  Valeran  eut  ainsi  fait  abillier  le  moustier  de 
Noenville  et  garny  de  ses  gens,  il  s'en  alla  àDanvillier 
et  delà  à  Yuvins  ',  où  il  fut  grant  partie  de  l'iver  ;  et  ses 
gens  qu'il  avoit  laissiés  au  moustier  de  Noenville,  y 
furent  tant  que  le  chastel  se  rendi,  et  promist  le  sei- 
gneur qu'il  ne  feroit  plus  de  guerre,  et  les  gens  du 
conte,  qu'il  avoit  laissiés  au  moustier  de  Noenville,  s'en 
rallèrent  devers  luy. 

Item,  le  conte  Vallerain  fut  à  Yuvins  tout  le  qua- 
resme,  et  là  tenoit  ses  gens  avecquez  luy.  Et  quant 
vinst  vers  Pasques,  environ  quinze  jours  après,  il  luy 
prinst  maladie  donc  il  mourut  %  et  fut  enterré  dedens 
la  grande  église  des  Yvins,  combien  qu'il  eust  ordonné 
qu'on  le  portast  à  Boie-de-Champ  %  en  la  conté  de 
Saint-Pol.  Mais  on  n'en  fist  riens  tant  que  à  présent; 
car  le  pais  estoit  périleux,  et  si  n'avoit  avecquez  luy 
nulz  de  ses  prouchains  amis.  Car  il  estoit  desja  mort 

'  Yvois. 

'  Voyez  ci-dessus ,  page  3 ,  note  5. 

Suivant  Monstrelet  (III,  sgS),  Waleran,  comte  de  Saint-Pol, 
tomba  malade  le  lo  avril  i^i5,  et  mourut  environ  douze  jours  après. 

^  Dans  l'abbaye  de  Clercamp  (Monstrelet,  111,  agS).  Le  manu- 
scrit de  Tieulainc  j)ortc  Cei'camp. 


[1415]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  5; 

quant  la  contesse  sa  femme  '  vinst,  qui  en  fist  grant 
doeul  quant  elle  sceut  la  vérité,  car  le  conte  l'avoit 
mont  désirée  à  voier  à  son  derrain.  Apres  la  mort  du 
dit  conteValleren,  ses  gens  furent  moult  desconfortés  et 
s'en  allèrent  les  ungs  en  leur  païs ,  et  les  aulties ,  avec 
la  contesse,  à  Ligny  en  Barrois.  Ainsy  mourut  le  conte 
Valleran  de  Saint-Pol,  hors  de  son  pays,  donc  ce  fut 
grant  dommage  ;  car  il  estoit  prince  de  grant  enten- 
dement et  qui  moût  estoit  saige.  Après  sa  mort ,  le 
duc  Antoisne  de  Brabant  releva  la  conté  de  Saint-Pol 
et  celle  de  Ligney,  et  toutes  les  terres  du  conte  Yale- 
ran,  pour  Plielipes  '  son  fdzpuisné  ;  car  le  duc  Antoisne 
avoit  espousé  la  fille  du  conte  Valeran  et  en  avoit  deux 
filz,  Jehan  ^  et  Phelipe.  Et  depuis  fut  Phelipes,  le 
puisné,  tousjours  nommé  conte  de  Saint-Pol,  tant 
que  son  frère  vesquit.  Item  ,  pour  ce  temps  le  duc 

■  Bonne  de  Bar  (Voyez  page  54,  note  2  ).  La  duchesse,  dit  Monstrelel 
(  III,  296) ,  «  renonça  à  toutes  dettes  et  biens  quelconques  de  son  dit 
feu  mari;  »  et  à  ce  sujet,  il  parle  d'une  cérémonie  alors  observée  par 
les  veuves  dans  ces  sortes  de  renonciations  et  qu'il  avoit  déjà  signalée  , 
(I,  142),  sous  l'année  i4o4,  à  l'occasion  de  la  mort  de  Philippe-le- 
Hardi,  duc  de  Bourgogne.  Elle  consistoit  à  faire  déposer,  sur  la  repré- 
sentation du  corps  du  mari ,  les  clefs ,  la  bourse  et  la  ceinture  de  la 
veuve.  Dom  Plancher  (  III,  Notes,  5-]5]  a  révoqué  en  doute  l'existence 
de  cette  coutimie  et  surtout  son  observation  par  la  veuve  de  Philippe 
le-Hardi.  Le  second  exemple  ci-dessus  rapporté  semble  prouver  qu'il 
a  été  dans  l'erreur. 

'  Philippe  de  Bourgogne,  comte  de  Saint-Pol  et  de  Ligny,  né  le  25 
juillet  1404.  Ildevint  duc  de  Brabant  et  de  Lothier,  etc.,  parla  mort  de 
son  frère.  Mort  le  4  août  i43o. 

'Jean  de  Bourgogne,  duc  de  Brabant,  de  Lothier  el  deLimbourg, 
né  le  1 1  juin  i4o3,  marié  à  Jacqueline  de  Bavière  ,  comtessc^le  Hainaut 
pt  de  Hollande  ;  mort  le  17  avril  1427. 


58  MÉMOIRES  [1415] 

Jehan  de  Bourgoingne  se  tenoit  en  ses  pais  de  Boui- 
goingne ,  et  alors  on  pai  loil  peu  de  guerre  au  pays  de 
France ,  fors  que  chescun  savoit  bien  qu'il  n'y  avoit 
mie  ferme  amour  entre  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne 
et  le  duc  Charles  d'Orliens. 

En  l'an  mil  quatre  cens  et  quinze,  le  roi  Henry  '  d'En- 
gleterre,  qui  bien  savoit  le  descort  qui  estoit  entre  les 
seigneurs  de  France ,  et  qui  tousjours  contendoient  à 
destruire  l'un  l'autre,  fist  faire  son  commandement 
en  Engleterre  et  assembla  grant  puissance  d'Englez; 
et  puis  il  monta  en  la  mer  et  s'en  vinst  descendre  devant 
Harelleu  '' ,  et  là  mist  le  siège  par  mer  et  par  terre. 
Et  la  ville  de  Harefleu  estoit  bien  garnie  de  bonnes 
gens  d'armes  et  qui  bien  la  tindrent;  maisleroy  Henry 
y  fut  si  longuement  qu'il  falut  que  les  Franchois  luy 
rendissent  la  ville  ^ ,  parce  qu'ilz  n'atendoient  point  de 

'  Henri  V,  dit  de  Monmouth,  né  en  i588,  épousa,  le  i  juin  1420, 
Catherine  de  France ,  fille  de  Charles  VI  et  d'Isabelle  de  Bavière ,  et 
mourut  le  3o  août  1422. 

'  Il  prit  terre  ,  la  veille  de  l'Assomption  Notre-Dame  (i4  août  i4i5) , 
dit  Monstrelet  ( III ,  3i2  ) ,  «  à  ung  havre  entre  Harfleu  et  Honnefleu , 
où  l'iaux  de  Seine  chet  en  la  mer.  » 

La  ChronUiue  d'Alencon  (Bib.  roy.,  Manusc.  ,  fonds  Duchesne , 
n°  48  ,  fol.  79,  verso  )  nous  apprend  que  ce  havre  se  nommoit  Quec-de- 
Caux  (  Chef-de  Caux  ). 

Selon  Rapin-Thoyras(IV,  99),  le  roi  Henri  mit  ses  troupes  à  terre, 
au  Havre-de  Grâce  ,  le  21  août. 

'  Le  14  septembre  i4i5  {Journal  d  un  bourgeois  de  Paris ,  26);  le 
jour  de  Saint-Maurice  (22  septembre  ;  Monstrelet,  III,  3i6):  le  18 
septembre  (  Anonyme  de  Saint-Denis,  II,  1004);  le  18  ou  22  septembre 

(  JUVÉNAL  DES  UrSINS  ,  294  et  295  ). 

Le  recueil  de  Rymer  contient  une  lettre  du  roi  d  Angleterre  au 
dauphin  ,  qtii  doit  faire  préférer  la  version  du  Journal  d'un  bourgeois 


[1415]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  Sg 

secours  :  et  fut  le  comme nchemeiit  tle  sa  conqueste 
de  Normandie.  En  tant  que  le  roj  Henry  tenolt  siège 
devant  Hareileu,  les  seigneurs  de  France  firent  de 
grans  assemblées  pour  y  résister  ;  et  se  mist  messire 
Charles  de  Labret ,  qui  estoit  connestable,  sur  les 
champs,  atout  grant  puissance,  et  le  maréchal  Bou- 
chigaut',  et  le  seigneur  de  Dampière,  admirai deFrance, 
et  moût  d'autres  grans  princes  :  c'est  assavoir,  le  duc 
d'Orliens ,  le  duc  de  Bar,  le  duc  de  Bourbon ,  le  duc  de 
Nevers,  le  conte  de  Biaumont  \  Et  avoient  les  sei- 
gneurs dessusdiz  assemblé  toutes  leurs  puissances  pour 
combatre  le  roy  Henry  d'Engleterre. 

Item,  après  ce  que  le  roy  Henry  d'Engleterre  eut 
conquis  la  ville  de  Harefleu  et  aucunes  aultres  places 
en  Normandie,  il  se  parti  atout  sa  puissance  pour  aller 
h  Calais,  et  chevaucha  droit  en  tirant  vers  Normandie; 
et  devant  la  ville  d'Eu  y  eut  grant  escarmuchedes  Fran- 
chois  et  des  Englez,  et  y  mourut  LancellotPerre^  vail- 
le Paris.  Cette  lettre ,  par  laquelle  le  roi  Henri  propose  à  son  cousin 
de  terminer  leur  querelle  par  un  duel  entre  eux  deux,  est  datée  de  sa 
ville  de  Harjlieu,  le  i6  septembre  i4i5  (IV,  a»  partie,  p.  i47)- 

'  Jean  Le  Meingre,  dit  Boucicault ,  né  vers  i368,  fut  créé  maréchal 
de  France  par  lettres  du  20  décembre  logi.  Fait  prisonnier  à  la  ba- 
taille d'Azincourt,  il  fut  conduit  en  Angleterre,  et  y  mourut  en 
1421. 

*  Le  seigneur  de  Beaumont-sur-Loire ,  mort  à  Azincourt  en  i4i5. 
( MoNSTRELET ,  III ,  55i .  )  —  De  Blammont.  (Ti.) 

'  Le  manuscrit  porte  «  Lancellot  pre.  »  La  lettre  p  ainsi  barrée  est 
toujours  employée  par  abréviation  de  la  syllabe  per  ou  par.  JNous  nous 
sommes  décidée  pour  la  première  de  ces  abréviations ,  parce  que  Go- 
defroy  et  le  manuscrit  de  Tieulaine  écrivent  père.  Monstrelct  (  III 
328)  dit  «  Lancelot  Pieres.  »  —  Qui  estoit  Bourbonnois.  (Ti.) 


6o  MÉMOIRES  [1415] 

lant  homme  d'armes  et  bien  renommé ,  et  aux!  il  tua 
l'Englez  qui  l'avoit  navré  à  mort.  De  là,  le  roy  Henry 
chevaucha  en  venant  vers  Abeville,  et  cuidoient  pluseurs 
qu'il  deusist  aller  passer  à  la  Planque -Taque  *  ;  mais 
il  n'en  fist  riens ,  car  il  tira  vers  le  Pont-de-Remy  et 
assailli  la  ville  pour  avoir  passage  par-là.  Mais  elle  fut 
bien  et  grandement  deffendue  par  le  seigneur  de  Blan- 
court%  qui  estoit  sires,  et  ses  deux  filz  qui  estoient 
chevaliers  de  haut  courage  et  bien  renommés,  et  aA^ec- 
ques  ce  estoient  bien  pourveux  de  bonnes  gens  et  de 
abillemens  de  guerre.  Par  quoy  les  gens  du  loy  Henry 
ne  pem  ent  guengnier  le  passage ,  et  si  perdirent  plu- 
seurs de  leurs  gens. 

Item,  après  ce  que  le  roy  Henry  seut  qu'il  ne  pas- 
seroient^  Pont-de-Remy,  il  tira  vers  Araines  et  de  là 
vers  Amiens,  et  passa  par-devant  la  ville  sans  riens 
perdre  et  s'en  ala  logier  à  Bove'^.  Et  la  puissance  le 
roy  Charles  poursuioit  tousjours  îe  roy  Henry,  qui  ^ 
n'y  avoit  que  de  cinq  à  six  lieues  entre  les  deux 
hoz,  et  de  jour  en  jour  les  cuidoient  combatre.  Maiz 

'  Blanque-Taque. 

''  Wancourt,  seigneur  du  Pont-Saint-Remy.  On  lit  dans  Godefroy  ; 
<f  le  seigneur  de  Wancourt  qui  en  estoit  sire ,  »  et  cette  leçon,  à  l'addi- 
tion près  du  mot  eti,  nous  semble  devoir  être  préférée.  Le  père  Anselme 
(  III ,  607  )  signale  un  Philippe  de  Wancoucourt  (  sans  doute  Wan- 
court), seigneur  du  Pont-Saint-Remy  et  de  Dun ,  lequel  vendit, 
en  i438,  à  Philippe  de  Montmorency  les  seigneuries  de  IFancowt^ 
Guemape,  etc. — De  Vaucour.  (Ti.) 

3  Par  le  Pont-de-Remy.  (Ti.) 

^  Le  manuscrit  porte  Bone. 

'  Çin'Wny  nvoit....  (Ti.) 


[1415]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  6i 

ilz  n'avoient  mie  place  h  leur  plaisir,  et  aussi  ilz  aten- 
doient  le  duc  de  Bretaigne*,  qui  leur  venoit  en  aide 
atout  «rant  puissance.  Ainsi  poursuioient  les  Fran- 
chois  le  roj  Henrj  de  jour  en  jour,  et  le  roj  Henry 
s'en  ala  passer  Teau  de  Somme  à  Esclusiers  '  et  s'ala 
logier  autour  de  ^Miraumont  ;  et  les  seigneurs  de  France 
estoient  logiés  à  Pirone^  et  leurs  gens  au  païs  d'entour 
de  Miraumont.  Le  roy  Henry  s'en  alla  droit  chemin 
pour  s'en  aller  droit  à  Calais,  et  se  loja  à  Forclieville '^ 
et  à  Chen^'  et  autour  aux  villaiges.  Les  Franchois  tirè- 
rent au-devant  vers  Saint-Pol.  Après  le  Roy  se  loga  à 
Bonières-Bestalon^,  le  merquedi  devant  la  Toussains', 
l'an  mil  quatre  cens  et  quinze,  et  son  avant-garde  estoit 
logié  à  Freneucli*'.  Et  |)our  vray,  Englez  tindrent 
celle  nuit  sept  ou  huit  vilages.  Le  jeudi  ensuiant  le 
roy  Henry  se  desloga  et  s'en  alla  passer  à  Frenesth; 

'  Jean  YI,  duc  de  Bretagne,  né  le  24  décembre  iBSg,  mort  le 
•29  août  1442. 

'  Monstrelet  fait  traverser  la  Somme  au  roi  d'Angleterre  «  par  le 
passage  de  Voyennes  et  de  Béthencourt  »  (III,  55o).  Saint-Remy  dit 
seulement  que,  de  Corbie,  le  roi  alla  à  Péronne  et  passa  la  rivière  (VIT , 
Joo).  Ce  doit  t^tre  près  de  l'endroit  désigné  par  Monstrelet,  puisque 
Saint-Remy  ajoute  qu'après  avoir  tous  passé  la  Somme ,  le  Roi  alla 
loger  «  assez  près  d'Atliie.  » 

'  Péronne. 

*  Forceville. 

*  A  Acheux. 

^  Bonnières  étant  situé  dans  le  canton  d'Auxy-le-Château  ainsi  que 
Fontaine-l'Etalon ,  peut-être  est-ce  le  surnom  de  ÏEstalon  que  veut 
lui  donner  Fenin. 

"  Le  25  octobre  i4i5. 

'  Frevent. 


62  MÉMOIRES  [1415] 

et  de  là,  chevaucha  jusques  à  Blangy-en-Ternois ', 
et  passa  oultre  pour  luj  aller  logier  à  Masancelles  '  ; 
et  là,  se  loga  tout  ensemble.  Item,  ce  propre  jour 
les  seigneurs  de  France  vindrent  logier  à  Ronsiau- 
ville^  et  à  Azincourt,  et  en  pluseurs  villes  autour, 
et  puis  se  midrent  aux  camps,  et  se  logèrent  assez 
prez  de  l'ost  du  roy  Henry,  qu'il  n'y  avoit  que  en- 
viron quatre  trais  d'arc  entre  les  deux  hoz,  et  lii 
jeurent  celle  nuit  sans  riens  faire  l'un  à  l'autre.  Quant 
ce  \inst  le  vendredi  au  matin  ,  les  seigneurs  de  France 
se  mirent  en  grant  ordonnance  et  firent  une  avant- 
garde  où  ilz  misdrent  la  plus  grant  partie  de  leur 
seignourie  et  la  fleur  de  leurs  gens,  et  si  firent  une 
bataille  moût  puissante  et  une  arrière-garde.  Et  en 
vérité  Franchois  estoient  sans  comparoison  plus  que 
les  Englez^,  et  y  avoit  moût  noble  compaignie, 

'  Blaugy-sur-Ternoise. 

'  Maisoncelles. 

'  Ruisseauville. 

<  Les  historiens  françois  et  anglois  différent  sur  l'évaluation  de  l'ar- 
mée Françoise.  L'Anonyme  de  Saint-Denis  (II,  1006)  dit  qu'elle  se 
composoit  «  de  plus  de  quatorze  mille  hommes  d'armes.  »  (  Chaque 
homme  d'armes  ayant  quatre  hommes  de  cheval  avec  lui ,  cela  feroit 
soixante -dix  mille.  Voyez  ci-dessus,  page  54,  note  5.)  Hardyng 
(chap.  CCXIIII,  fol.  LLX  recto) ,  qui  étoit  présent  à  la  journée  d'Azin- 
court,  fait  monter  l'armée  françoise  à  cent  mille  hommes ,  et  celle  des 
Anglois  à  neuf  miUe.  Le  capitaine  de  Calais  dit,  dans  une  lettre  da- 
tée du  7  octobre  1^1 5,  adressée  au  duc  de  Bedford,  que  les  François 
avoient  cent  mille  hommes  (Rymer,  IV,  2'  partie,  p.  147}  ;  Berry  (43o) 
ne  compte  que  dix  mille  hommes  d'armes.  Les  autres  chroniqueurs 
françois  se  contentent  de  doubler  (Journal  d  un  bourgeois  de  Paris, 
27),  tripler  (Saint-Remy,  VIII,  4),  ou  sextupler  ( Monstre let  ,  III, 
538)  le  nombre  des  François,  sans  évaluer  celui  de  l'armée  angloise. 


[1415]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  63 

Item,  le  roy  Henry  se  mist  pareillement  en  ordon- 
nance et  ordonna  mie  avant-garde  et  mie  grosse  ba- 
taille, et  mist  tous  ses  archiers  devant  checmi  ung  pon- 
chon  '  à  deux  bous  devant  luj  estacliié  en  terre.  Ce  jour 
y  eut  grant  parlement  entre  deux  batailles ,  et  dou- 
loit  le  roy  Henry  moût  la  journée.  Mais  ilz  ne  peurent 
estre  d'acort,  par  quoy  y  falut  qu'ilz  assemblassent 
à  bataille.  Là  vinst  le  seigneur  de  Helly  ',  qui  long- 
temps avoit  esté  prisonnier  en  Engleterre,  et  parla 
au  roy  Henry;  et  cuidoit  bien  que  Franchois  deus- 
sent  avoir  la  journée  pour  eux.  Mais  il  alla  tout  au- 
trement; car,  quant  vinst  à  l'assembler,  Englois  avoicnt 
foison  d'archiers  qui  commencèrent  fort  à  tirer  con- 
tre les  Franchois;  et  Franchoiz  estoient  fort  armez, 
par  quoy  ilz  fment  fort  travailliés  avant  qu'ilz  ve- 
nissent  de  cy  aux  Englois.  Là  y  eut  grant  bataille 
d'un  costé  et  d'autre  ,  et  furent  Englez  fort  reboutés 
de  venue  ;  mais  l'avaiit-garde  des  Franchois  se  mist 
en  grant  desroy  et  commenchèrent  à  assembler  par 
petis  hoteaux  et  Englez  à  férir  ens  et  tuer  sans  merchy. 
Et  aussi  la  bataille  se  ouvrit  et  Englez  entrèrent  ens. 
Lors  se  misdrent  Franchois  en  grant  desroy  et  com- 

'  Monstrelet  (III,  54o)  dit  un  pieu;  Saint  -  Remy  (YIII,  7)  nu 
peuchon.  —  Un  ponclion  aiguisé.  (Ti.) 

'  Voyez,  ci-dessus,  page  11,  note  2. 

Saiut-Reniy  (VIII,  6),  l'Anonyme  de  Saint- Denis  (Ef,  ioo8),  Fenin 
et  Berry  (429)  s'accordent  à  dire  qu'il  y  eut  des  propositions  de  paix 
faites  avant  la  bataille  ;  mais  ces  deux  derniers  chroniqueurs  sont  les 
seuls  qui  désignent  le  sire  de  Helly  comme  ayant  été  député  par  les 
François  vers  le  roi  d'Angleterre,  afin  de  s'entendre  à  ce  sujet.  Berry 
y  joint  même  Guicliard  Daupliin,  et  le  sire  deTrasse. 


64  MÉMOIRES  [H15] 

mencèreiit  à  assembler  par  petis  hoteaux".  Et  aussi 
la  bataille  et  arrière-garde  n'assemblèrent  point  avec 
leurs  gens,  ains  se  misdrent  tous  à  la  fuite;  car  tous 
les  princes  s'estoient  mis  en  l'avan  -  garde  et  avoient 
laissié  leurs  gens  sans  chief.  Par  c|uoy  il  n'y  eut  point 
de  gouvernement  ne  entretenement  en  leurs  gens. 
Là,  j  eut  grant  mortalité  de  Franchois;  car  ilz  fu- 
rent tous  desconfiz  et  y  en  mourut  sur  la  place  de 
trois  à  quatre  mille  %  sans  ceux  qui  furent  prison- 
niers, donc  il  y  en  eut  grant  nombre.  En  tant  que 
la  bataille  des  Francliois  et  des  Englez  duroit  et  que 
Englez  estoient  jà  presque  au-dessus,  Ysambartd'Asin- 
court  %  et  Robert  de  Bournoville  ^,  acompaigniés  de 
aucunes  gens  de  petit  estât,  alèrent  frapper  sur  le  ba- 
guage des  Englez  et  ilz  firent  grant  efFroy.  Et  pour 
ce,  Englez  Guidèrent  que  ce  fussent  Franchois  qui 
venissent  sur  eulx,  pour  eulx  malfaire.  Adonc  tuèrent 

'  Il  nous  semble  qu'il  faut  lire  :  «  Lors  se  misdrent  Franchois  en 
grant  desroy,  et  aussy  la  bataille  et  arrière-garde  n'assemblèrent  point 
avec  leurs  gens.  «  Ces  mots  et  cotnDiencèrent  à  assembler  par  petis 
hoteaux  ,  qui  se  trouvent  déjà  quelques  lignes  plus  haut,  n'auront  été 
répétés  ici  cpie  par  suite  de  l'inattention  du  copiste. 

'  Dix  mille  et  au-dessus  ,  dit  Monstrèlet  (III ,  555  ) ,  sur  lesquels  il 
y  avoit  seize  cents  valets,  et  le  surplus  gentilshommes,  «  et  fut  trouvé 
qu'à  compter  les  princes ,  y  avoit  mort  de  cent  à  six-vingts  ban- 
nières. » 

^  Isambert  d'Azincourt  étoit  au  nombre  des  écuyers  de  la  compa- 
gnie de  Jean  de  Luxembourg,  lors  du  voyage  que  le  duc  de  Bour- 
gogne fit,  sur  la  fin  de  janvier  i4i3,  d'Arras  à  Saint-Denis.  (Plan- 
cher, III,  Notes,  58;.) 

*  Robert  de  Bournonville ,  dit  le  Roux  ,  seigneur  de  I^a  Vallée.  Il  fut 
tué,  en  i436,  à  la  bataille  d'Ardres. 


[1415]  DE  PIERRE  DE  FEMN.  65 

Engloiz  moût  de  prisonniers  qu'ilz  avoient  ;  donc  les 
deux  dessusdiz  furent  depuis  moût  blasmés ,  et  aussi 
ilz  en  furent  pugnis  par  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne. 
Item,  à  ceste  journée,  qui  fut  le  vendredi  de- 
vant la  Toussains,  Tan  mil  quatre  cens  et  quinze, 
entre  Maisoncliieles  et  Azincourt ,  en  la  conté  de 
Saint-Pol,  et  la  appel-on  la  bataille  d'Azincourt,  et 
y  fut  mort  grant  planté  de  noble  sang  de  France. 
Et  y  avoit  messire  Charles  de  Labret,  qui  estoit  con- 
nestable  de  France,  le  maréchal  Bouchigant,  et  le 
seigneur  de  Dampicre,  qui  estoit  admirai  de  France. 
Item,  le  duc  de  Bay  '  y  mourut,  le  conte  de  Marie  % 
le  conte  de  Blancmont  %  et  si  y  mourut  le  duc  An- 
thoisne  de  Brebant  et  le  duc  de  Nevers,  son  frère, 
lesquelz  estoient  frères  au  duc  Jehan  de  Bourgoin- 
gne; et  moût  y  mourut  d'autres  grans  seigneurs.  Item, 
le  duc  d'Orliens,  le  duc  de  Bourbon,  le  conte  de 
Richemont ,  le  conte  d'Eu  ^,  ilz  furent  tous  prison- 
niers et  menez  en  Engleterre ,  et  moult  en  y  eult 
d'autres  grans  seigneurs  enmenés  avecquez  eulx  que 
je  ne  sçay  nommer.  Ainsi  et  par  ceste  manière  fut 
perdue  ceste  journée  pour  les  seigneurs  de  France, 

'   Le  duc  de  Bar.  Voyez  page  ii ,  note  4- 

"  Robert  de  Bar,  comte  de  3Iarle  et  de  Soissoas ,  etc. ,  grand  bou- 
tciller  de  France ,  et  premier  président-lai  de  la  chambre  des  comptes 
de  Paris. 

'  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  Blammont,  ainsi  que  Monstrelct 
(  III,  549  ).  Les  plus  grands  seigneurs  étant  nommés  les  premiers,  il 
n'est  pas  présumable  que  Fenin  ait  voulu  désigner  ici  Jean  de  Blanc- 
mont,  chambellan  ordinaire  de  Jean ,  duc  de  Bourgogne.  (  La  Barfk  , 
II,  i5a.) 

<  D'Eu  7  furent.  (Tr.) 

5 


06  MÉMOIRES  [1415] 

donc  ce  fut  grant  dommage  pour  le  royaume  de  France  ; 
car  de  toutes  nations  du  royaume  la  tlem^  de  la  gen- 
tilesse  y  demoura ,  donc  moût  de  maulx  sont  depuix 
advenuz.  Et  ancore  la  discension  qui  estoit  entre  le 
duc  Jehan  de  Bourgoingne  et  les  seigneurs  du  sang 
royal  pargastoit  tout.  A  ce  jour  le  duc  de  Bretaigne 
estoit  h  Amiens  qui  venoit  à  l'aide  des  Franchois  atout 
grant  puissance  de  gens  ;  mais  ce  fut  trop  tart. 

Après  ce  que  le  roy  Henry  eut  guengnié  ceste  jour- 
née contre  les  Franchois,  il  s'en  ala  logier  de  rechief 
à  Maisonchilles ,  oii  il  avoit  jeu  la  nuit  devant.  Et 
lendemain  au  matin  il  se  desloga  ,  et  alla  passer  parmy 
les  mors ,  où  la  bataille  avoit  esté,  et  là  arresta  grant 
pièche,  et  tira  de  ses  prisonniers  qui  estoient  avec- 
quez  les  mors,  qu'ilz  enmenèrent  avecquez  eux. 

Item ,  des  gens  du  roy  Henry  y  mourut  environ  de 
quatre  à  cinq  cens;  et  si  fut  le  duc  d'Iorc  '  navré  à 
mort,  qui  estoit  oncle  du  roy  Henry.  Et  si  estoient 
Englez  moût  desconfortés  de  ce  que  on  leur  avoit  osté 
leurs  chevaux  ;  car  il  y  en  avoit  moût  de  navres 
et  de  mésaisiés,  qui  s'en  allèrent  à  grant  paine  d'icy 
à  Calais;  maiz  nonobstant  ilz  s'en  allèrent  à  Calais, 
et  là  on  leur  fist  grant  joie.  Après  ce  que  le  roy  Henry 
se  fut  refrescjui  luy  et  ses  gens  en  la  ville  de  Calais, 
il  s'en  alla  en  Engleterre,  où  il  fut  hautement  festié, 
et  luy  fist-on  grant  révérence  partout  le  royaume 
d'Engleterre. 

'  Edouard ,  d'abord  comte  de  Rutland  et  duc  d'Albemarlc,  puis  duc 
d'York,  né  en   i574,   petit -fils    d'Edouard  III,   roi   d'Angleterre. 

(W.  Du<;i)Ar.E,  II,  iSG-iSy.) 


[1415]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  G7 

Item  ,  le  duc  d'Orlicns  et  le  duc  de  Boiirl)on  iisorent 
la  plus  grant  partie  de  leur  \ie  en  Eiigleterre  de- 
puix  ce  temps,  et  avecquez  eux,  le  conte  d'Eu  et 
le  conte  d'Angoulesme,  frère  au  duc  d'Orllens  '. 

Après  ceste  doulereuse  journée ,  et  que  toutes  les 
parties  furent  retraites,  Loys  de  Luxembourg',  qui 
estoit  cvesque  de  Terrouanne,  fist  faire,  en  la  place  on 
la  bataille  avoit  esté,  pluscurs  carniers,  et  puis  fisl 
assembler  tous  les  mors  d'un  costé  et  d'aultre ,  et 
là ,  les  fist  enterrer  ^,  et  puis  ledit  évesque  béney 
la  place,  et  si  la  fist  enclorre  de  fortes  haies  tout 
autour,  pour  les  garder  des  bestes. 

En  tant  que  ceste  bataille  fut,  le  duc  Jehan  de 
Courgoingne  estoit  en  Bourgoingne ,  et  fut  moût  cou- 
rouchié  de  la  perte  aux  Franchois,  quant  dite  lui  fut, 
par  espécial  de  ses  deux  frères,  le  duc  Anthoine  de 
Brabant  et  du  duc  de  Nevers.  Et  tantost  après  il  s'en 
alla  en  ses  païs  de  Flandres  et  d'Artois ,  et  prinst  le 
gouvernement  de  ses  deux  nepveus  de  Brebant  '^. 

Item,  en  ceste  maisme  saison,  le  duc  de  Guyenne, 
filz  ainsné  du  roy  Charles  de  France,  mourut  à  Pa- 

■  Voyez  page  7 ,  note  2  ;  —  page  i5 ,  note  i  ;  —  page  48 ,  note  2  ; 
et  page  7  ,  note  4- 

'  Louis  cTe  Luxembourg  ,  cvêque  de  ïhérouenne,  nommé  chance- 
lier de  France  le  7  février  \l\p.l^,  mourut  en  Angleterre,  le  18  sep- 
tembre i445- 

'  Selon  Monstrclet ,  ce  fut  Philippe,  comte  de  Charolois,  qui  (il 
enteri'er  les  morts  à  ses  frais.  Le  cimetière  fut  béni  par  l'évêque  de 
Guines  '<  au  commandement  et  comme  procureur  de  Louis  de  Luxem- 
bourg ,  évêque  de  Thérouenne.  »  (III,  SSg.) 

*  Voyez  ci-dessus  page  57,  notes  2  et  3. 


G8  MÉMOIRES  [14151 

ris  ',  qui  avoit  espousé  la  fille  aisnée  du  duc  Jehan  de 
Bourgoingiie ,  donc  ce  fut  grant  dommage  pour  le 
royaume;  car  il  avoit  grant  désir  de  tenir  son  peuple 
en  pais.  Et  alors  ne  demoura  des  filz  du  Roj  que  le 
conte  de  Pontieu,  qui  avoit  espousé  la  fdle  du  duc 
Guillaume  de  Hollande,  et  le  duc  de  Touraine%  qui 
estoit  le  puisné  filz  du  Roj. 

Item,  assez  tost  après,  le  roy  Henry  d'Engleterrc 
repassa  la  mer,  et  s'en  vinst  à  Calais ,  et  le  duc  Jehan 
de  Bourgoingne  alla  contre  luy  par  seurtc.  Et  assem- 
blèrent vers  Calais  %  et  parlèrent  eulx  deux  ensemble 

'  Le  i8  décembre  i^i5. 

'  Charles,  duc  de  Touraiac,  depuis  Charles  VIT,  né  le  2'2  février 
i4o2  ;  marié,  en  142*2,  à  Marie  d'Anjou,  fille  aînée  de  Louis  II,  roi  de 
Sicile,  et  d'ioland  d'Aragon  ;  mort  le  22  juillet  1461. 

^  Environ  la  Saint-Remy  (  1"  octobre)  i4i6,  dit  Monstrelct  (III, 
401),  les  rois  d'Allemagne  et  d'Angleterre  se  rendirent  à  Calais,  où 
le  duc  de  Bourgogne  alla  les  rejoindx'e.  «  Le  duc  fut  très  instamment 
requis  du  roy  d'Angleterre  ,  qu'il  se  voulsist  déporter  d'estre  en  aide 
au  roy  de  France  à  l'encontre  de  lui  ;  pour  coudicion  qu'il  partiroit  à 
aucunes  des  conquestes  qu'il  feroit  en  France;  et  avecques  ce,  le  dit 
roi  d'Angleterre  lui  promectroit  de  riens  entreprendre  sur  toutes  ses 
seigneuries  ne  de  ses  aliez  et  bienvueillans.  Laquelle  requeste  ne  lui 
fut  point  accordée  par  le  dit  duc  ;  mais  les  trêves  qui  par  avant  avoient 
esté  accordées  par  ledit  duc  et  par  lui,  furent  lors  ralonguées  jusques 
à  la  Saint-Michel,  l'an  i4'9-  Et  avecques,  comme  je  fuz  informé,  le 
duc  de  Bourgongne  releva  et  fist  hommage  au  dit  roy  d'Alcmaignc  de 
ses  contez  de  Bourgongne  et  d'Alos.  » 

Juvénal  (335)  rapporte  seulement  qu'on  disoit  publiquement  qu'il  y 
avoit  alliance  entre  ces  deux  princes,  le  duc  de  Bourgogne  et  le  roi 
Henri;  «  à  quoy  y  avoit  bien  grande  apparence.  » 

L'entrevue  du  roi  d'Angleterre  et  du  duc  de  Bourgogne  avoit  pour 
but  d'assurer,  par  un  acte  authentique,  les  conventions  précédemment 
I ailes  entre  ces  deux  princes  par  le  ministère  de  leurs  agents.  On 


[1416]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  69 

grant  pioche,  sans  ce  qu'il  y  eust  nulz  de  leurs  gens 
qui  les  peust  ouïr,  ne  sçavoir  qu'ilz  disoient.  Et  de  ce 
on  parla  depuis  en  mainte  manière  ;  maiz  peu  de  gens 
en  sceurent  la  vérité  de  ce  qu'ilz  avoient  parlé.  Apres , 
le  roj  Henry  s'en  râla  en  Engleterre  et  le  duc  Jehan 
de  Bourgoingne  en  ses  pays. 

Item,  après  ce  que  le  duc  de  Guyenne  fut  mort, 
le  conte  de  Pontieu,  lilz  du  roy  Charles,  qui  avoit 
espousé  la  fdle  au  duc  Guillaume  de  Hollande,  niè- 
clie  au  duc  Jehan  de  Bourgoingne,  fut  daufîin  et 
attendant  la  coronne  après  la  mort  du  roy  Charles, 
son  père.  Et  pour  ce,  le  duc  Guillaume,  son  biau- 
père,  le  fist  aprouchier  du  roy  Charles  affin  d'avoir 
le  gouvernement  du  royaume  de  France;  mais  il  ne  de- 
meura gaires  après  que  le  daufîin  mourut  '  à  Com- 
piègne  où  il  estoit,  et  par  ainsi  il  n'y  eut  des  liJz 
du  roy  Charles  plus  que  Charles,  duc  de  Touraine, 

trouve  dans  Rynier  (lY,  2«  part.,  177-78)  les  projets  d'actes  qui 
dévoient  être  soumis  au  duc,  et  par  lesquels  il  faisoit  liommago-ligc 
et  serment  de  loyauté  envers  Henri  V,  comme  souverain  seigneur  et 
roi  de  France.  Le  duc  se  refusa ,  sans  doute,  à  signer  ces  actes,  comme 
le  dit  Monstrelet ,  car  les  copies  qu'en  donne  Rymer  sont  dénuées  de 
tout  caractère  authentique,  et  ne  portent  ni  date  ni  signature.  C'est 
donc  par  inadvertance  ,  si  ce  n'est  plutôt  par  mauvaise  foi ,  que  Rapin 
Tboyras  piétend  que  ces  conventions  furent  réduites  en  forme  de 
lettres  patentes,  écrites  et  signées  de  la  propre  main  du  duc  de  Bour- 
gogne, et  scellées  de  son  sceau  privé.  (IV,  122.) 

'  Le  3  avril  1^16,  suivant  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (3i)  ; 
ou  le  jour  de  Pâques  fleuries  (4  avril) ,  et  d'un  abcès  à  l'oreille,  selon 
Monstrelet  (III,  4o8).  On  a  vu  plus  haut,  page  49,  note  4,  que  le 
1^  Anselme  assigne  une  autre  cause  à  la  mort  de  ce  jeune  prince.  Fc - 
'lin  lui-même  va  rapporter  les  bruits  qui  coururent  à  ce  s)ijct. 


^o  MÉMOIRES  [1417] 

(}ni  cstoit  tout  le  piiisiié,  et  fut  dauflin  en  atendant 
h  couronne  de  France. 

Item ,  le  duc  Guillaume  de  Hollande  mourut  "  ten- 
lost  après  en  ceste  mesme  saison,  et  disoient  mainte 
i^ent  qu'il  avoit  este  empoisonné  ;,  luy  et  son  biau- 
filz  le  dauffin ,  pour  ce  qu'ilz  estoient  si  fort  aliez 
au  duc  Jehan  de  Bourgoingne. 

Après  toutes  ces  besoingnes  ainxi  faictes ,  lesquelles 
advindrent  toutes  en  peu  d'espasse ,  le  duc  Jehan  de 
Bourgoingne  assembla  grant  compaignie  de  ses  gens 
et  s'en  ala  vers  Paris ,  cuidant  avoir  moien  vers  le 
roj  Charles  et  le  dauflin  :  et  s'en  alla  logier  à  La- 
gny-sur-Marne,  où  il  fut  grant  temps.  Et  tant  y 
fut  que  ceulx  de  Paris,  qui  gouvernoient  le  roy  Charles 
et  le  dauffin,  l'apeloient  Jehan  de  Lagny.  Alors  gou- 
vernoit  le  roy  Charles  et  le  dauffin  le  conte  d'Ar- 
mignac  et  le  seigneur  de  Barbesan  %  Davegny  Du 
Castel  %  et  jeuroient  de  la  guerre  '^,  toutes  gens  qui 
estoient  estrangiers  la  plus  grant  partie.  Et  par  ce 

'  Le  5i  mai  i4i7- 

^  Anault  Guilhier  de  Barbazam,  ainsi  nommé  dans  l'oi'donnance 
cabochieiine  { Voyez  ci-dessus ,  page  35 ,  note  i) ,  conseiller  et  cham- 
bellan du  Dauphin  (La  liARRE,  1 ,  3o6  ),  dit  le  Chevalier  sans  reproche 
(  Olivier  de  xa  Marche  ,  I ,  i53)  ,  fut  fait  prisonnier  au  siège  de  Me- 
lun,  en  1420  (Monstrelet,  IY,  264),  et  conduit  au  Château-Gaillard, 
où  il  demeura  jusqu'en  1429  (Idem,  Y,  252).  Il  fut  tué  au  siège  de 
Yaudemont,  en  i43i  (Idem,  YI,  i3).  Godefroy  et  Anselme  le  nom- 
ment Arnaud  Guillen. 

3  Tanneguy  Du  Chastel,  chevalier  breton  ,  conseiller  et  chambellan 
du  roi  Charles  YI ,  pi'évôt  de  Paris  ;  mort  en  i449- 

4  Nous  pensons  qu'au  lieu  de  ces  mots,  qui  n'ûflïcut  aucun  sens  sa- 
tisfaisant ,  il  fau droit  lire  :  et  liemoncl  de  La  Guerre. 


[1417]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  71 

ne  vouloiciit  point  que  le  duc  Jehan  fust  bien  d'acort 
avec  le  Roj,  ne  a\cc  le  doflin ,  pour  ce  qu'llz  sa- 
voient  bien  que  se  le  duc  Jehan  y  estoit,  il  leur  osteroit 
le  gouvernement  qu'ilz  avoient  au  royaume.  Quant 
le  duc  Jehan  eut  assez  esté  à  Lagny,  et  qu'il  vit  bien 
qu'il  ne  povoit  aller  vers  le  Roy  à  présent ,  il  se  party 
et  s'en  retourna  en  Artois  et  en  Flandres  ;  et  alors 
le  duc  Jehan  a\oil  foison  gens  qui  tenoient  les  champs, 
et  tindrent  longuement;  par  quoy  le  pays  fut  fort 
grevé  et  mis  en  grant  destruxion  de  tous  costés  , 
par  espécial  le  pays  de  Picardie  et  de  Santers'.  Et 
en  estoit  l'un  des  capitaines,  messlre  Gastelin  Vast  % 
Jehan  de  Gigny  %  le  baslart  de  Tion  ^,  Charles  Labé  % 
Jehen  Du  Clau'%  Mahieu  Després;  et  moût  d'autres 
en  y  avoit  qui  estoient  gens  sans  pitié,  et  arranchon- 
noient  les  gens  par  tout  où  ilz  alloient,  sans  espar- 

'  Le  manuscrit  porte  Sairles. 

'  Sans  doute  Castelain  Wast,  chevalier,  chambellan  du  duc  de 
Bourgogne  (La  Barre,  II,  129).  Doni  Plancher  (III,  Notes,  5g4}  men- 
tionne la  compagnie  de  Castellaiu  Wast,  laquelle  se  composoit,  en 
août  1417,  de  cent  cinquante-six  écuyers. 

'  Gingin  (Mo.nstrelet,  III,  087)  ou  Guigny ,  Savoisien.  Il  fut  fait 
chevalier  au  siège  de  Meaux,  en  1422.  (Idem  ,  IV,  572.) 

*  Jean  ,  bâtard  de  Thien ,  capitaine  de  la  ville  de  Senlis  (  Godefroy, 
797),  fait  chevalier  au  siège  de  Meaux,  en  1422  (Moa'strelet  ,  lY,  572). 
Il  fut  décapité  en  juillet  14Û9.  (Idem  ,  Vil,  540 

^  En  novembre  1417,  le  duc  de  Bourgogne  mit  eu  garnison  dans  la 
ville  de  Tours  «  un  capitaine  breton,  nommé  Charles  Labbé,  » 
(Berry,  454 )j  lequel  rendit  la  place  au  Dauphin,  l'année  suivante, 
et,  pour  récompense,  en  demeura  capitaine.  ( Mojnstkelet,  IY,  5i.) 

''  Il  étoit Savoisien ,  dit  Monstrelet  (III,  587).  Jean  Du  Clou  avoit, 
«.n  1417,  une  compagnie  composée,  entre  autres  gens  d'armes,  de 
f-cnt  trente-cinq  étuycrs.  i\).  Plancher  ,  IJI ,  Notes,  5940 


72  MÉMOIRES  [1417] 

gnier  gentil  ne  villain.  Et  les  appeloit-on  en  pluseurs 
lieux  les  vandros  %  et  aultre,  les  estrangiers.  Geste  gent 
prindrent  la  ville  et  le  chastel  de  Dan  en  court  %  et 
la  pillèrent,  et  puis  y  boutèrent  le  feu;  et  aussi  fi- 
rent-il  le  Neuf-Chastel-sur-Sajne  \  En  ce  temps  le 
baillj  de  Yersmandois '^  et  Remonnet  de  La  Guerre* 
se  assemblèrent  poui'  ruer  jus  les  estrangiers ,  mais 
les  estrangiers  les  desconfirent  et  tuèrent  grant  planté 
des  gens  du  ballif  et  de  Remonnet,  et  les  prindrent 
prisonniers.  En  cest  estât  régnèrent  les  capitaines 
dessusdiz  grant  temps  :  mais  ilz  allèrent  en  Boul- 
Icnois  et  cuidoirent  faire  ainsi  qu'ilz  faisoient  ail- 
leurs ;  mais  les  compaignons  se  assemblèrent,  et  en 
tuèrent  grant  planté,  et  les  destrussèrent.  Là  fut  tué 
Laurens  Rose,  qui  estoit  lieutenant  de  Jehan  Du  Clau, 
et  pluseurs  de  ses  gens.  Quant  ilz  virent  que  on 
leur  menoit  guerre  ainsi  en  Boulenois ,  ilz  se  re- 
tiairent  arrière,  et  prindrent  ung  gentil-homme  du 
pais,  nommé  Gadifer*^,  qui  avoit  esté  à  destrousser 

'  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  IFaudrois ,  sans  doute  Vaudois. 
'  Davesnecourt. 

^  On  lit  dans  le  manuscrit  de  Tieulaine  :  sur  Enne  ,  et  dans  Mons- 
trelet  (III ,  453) ,  sur  Esne.  C'est  sur  Aisne  qii'il  faut  lire. 

*  Monstrelet  (III,  435)  le  nomme  Thomas  de  Liersis;  Saint-Remy 
(VIII,  5i)  metZa/'g/ey.  Il  fut  décapité  à  Laon  en  i4i8,  peu  de  temps 
après  l'entrée  des  Bourguignons  dans  Paris.  (Monstrelet,  IV,  96.) 

*  En  i4i5  «  Paris  estoit  gardé  par  gens  étranges,  et  estoient  leurs 
capitaines  ung  nommé  Remonet  de  La  Guerre ,  Barbasan  et  autres  , 
tous  mauvais  et  sans  pitié.»  {Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  a8). 
Remonet  de  La  Guerre  fut  massacré  en  i4i8. 

«  Gaddifer  G alcliault  (Monstrelet,  III,  435).  Gadifer  de  Colle- 
haut.  (Ti.) 


[1417]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  78 

de.  leurs  £;ens ,  comme  Hz  disoient ,  lequel  fut  pendu 
à  ung  arbre  au  commandement  du  bastart  de  Tion, 
et  fut  plaint  de  mainte  gent,  car  il  estoit  vaillant 
homme  d'armes  et  de  grant  entreprinse. 

Item ,  tout  ce  temps  y  avoit  pluseurs  capitaines 
de  Picardie  qui  estoient  au  duc  Jehan  ,  et  avoient 
pluseurs  gens  sur  les  camps ,  pareillement  comme  les 
aultres  :  c'est  assavoir,  le  seigneur  de  Fosseux  ',  Hector 
de  Saveuses  ,  Phelipez ,  son  frère ,  raessire  Mauroj 
de  Saint-Légier  ',  messire  Jennet  de  Pois ,  Lojs  de  Var- 
gines  ^,  par  quoy  le  pays  estoit  fort  travaillié  :  et  dura 
ceste  destruction  depuis  la  bataille  d'Asincourt  de  sj  à 
tant  que  le  duc  Jehan  s'en  alla  devant  Paris  au  Mont- 
Rouge.  Item,  en  ceste  mesme  saison,  messire  Mar- 
telet  Du  Maingnil  "♦  et  Ferry  de  Mailly  ^  assemblèrent 

'  Le  seigneur  de  Fosseux  avoit  trois  frères ,  Philippe  ,  Jacques  et 
Jean  (Mo.nstrelet,  IV,  2y).  Jean  de  Fosseux  étoit  seigneur  de  Fosseux 
et  de  Aivelles  (Idem,  III,  437),  chevalier,  conseiller  et  chambellan  de 
Jean,  duc  de  Bourgogne,  gouverneur  et  capitaine-généi-al  du  comté 
d'j^tois.  (Anselme,  III,  574.) 

*  Chevalier,  chambellan  du  duc  Philippe  (La  Barre,  II,  209).  «  En 
1423  fut  pris  dedans  Arras  ,  par  le  commandement  du  duc  de  Bour- 
gogne ,  messire  Mauroi  de  Saint-Léger,  pour  plusieurs  plaintes  qui 
de  lui  étoient  venues  au  dit  duc,  tant  pour  avoir  pillé  sa  ville  d'Au- 
chin,  comme  pour  plusieurs  autres  faits.  Si  fut  mené  prisonnier  au 
châtel  de  Chavetignes ,  où  il  fut  par  l'espace  d'un  an  entier  ;  et  puis 
fut  délivré  par  le  pourchas  de  ses  amis»  (Monstrelet,  Y,  55).  II 
mourut  en  1426  d'une  maladie  épidémique.  (Idem  ,  V,  147O 

^  Fenin  le  nomme  plus  bas  F'arigincs.  Monstrelet  (  lY,  60  )  dit 
Louis  de  IFai-gnies. 

*  Il  étoit ,  en  septembre  i386 ,  écuyer  d'honneur  du  roi  Charles  YI. 
(GoDEFROYJ.  710.) 

"■  Ferry  de  Mailly,  fds  de  Jean  de  Mailly,  seigneur  de  Conty,  brave 
et  vaiUant  chevalier,  grand  partisan  du  duc  de  Bourgogne ,  créé  che- 


94  '      MÉMOIRES  [1417] 

environ  tle  deux  à  trois  cens  compaignons ,  et  s'en  al- 
lèrent logier  en  Santeis  ;  mais  les  gens  du  loj  Charles 
sautèrent  sur  eux  par  nuit  et  les  ruèrent  jux,  et  prin- 
drent  messire  Martelet  et  Ferrj  de  Mailly,  et  les  en- 
menèrent  à  Compiengne.  Et  là  fut  messire  Martelet 
justicié  au  dehors  de  Compiengne,  et  Ferry  de  Maillj 
eschapa  par  le  pourchas  de  ses  amis  :  et  moût  y  eut 
de  leurs  gens  justiciés.  Item,  les  gens  au  duc  Jehan 
passoient  souvent  à  la  Blanque-Taque,  et  moût  tra- 
vailloient  le  pais  vers  Normandie,  et  ramenoient 
souvent  grant  nombre  de  bestiail  au  païs  d'Artois 
et  ailleurs.  Et  à  une  course  que  Jehan  de  Fosseux 
fist,  il  alla  devant  Aumarle ',  et  se  loga  en  la  ville, 
et  puis  fist  assaillir  le  chastel;  mais  il  fut  bien  def- 
fendu  par  ceulx  qui  estoient  dedens.  Et  depuis  le 
feu  se  prinst  en  la  ville  ,  et  fut  toute  arse  et  destruite. 
En  la  compaignie  de  Jehan  Fosseux ,  estoit  Daniot 
de  Pois  "*,  Lojs  de  Varigines  et  moût  d'aultres  gentis- 
hommes.  Delà,  Jehan  de  Fosseux  et  ses  gens  allèrent 
logier  à  llornoy,  et  puis  il  se  retrait  en  Artois  par 
la  Blance-Taque  atout  foison  de  bestes  que  ses  gens 
en  enmenèrent  avecquez  eulx.  Ainsi  et  par  ceste  mas- 
nière  fut  le  pays  de  Vimeu  et  de  Santers  gouverne 
long-temps  par  les  gens  au  duc  Jehan  de  Bourgoingne. 

valier  au  siège  de  Compiègne ,  en  i45o.  Il  épousa  Marie  de  Brabant , 
fille  de  Clugnet  de  Brabant,  amiral  de  France  (La  MorliÈre  ,  202).  11 
servoit  encore,  en  i449i  sous  le  commandement  du  comte  de  Saint- 
Pol.  (Mathieu  d'Escouchv,  S^g.) 

'  Aumale  appartenoit  au  comte  d'Harcourt.  (  Monstrelet,  III,  454-) 
"  Daniot  de  Poix  ,  chevalier,  suivit ,  ainsi  que  son  frère  Jcannet ,  la 
fortune  du  duc  de  Bourgogne  (Anselme,  VII,   8u5).  Il  vivoit  encore 
en  i449'  (Mathieu  n'Escouciiv  ,  579.) 


[H17]  DK  PIERRE  DE  FENIIN.  75 

llem,  avoil  alors  en  la  ville  de  Péronue  i>rant  gar- 
nison des  gens  du  roy  Charles  que  le  conte  d'Erini- 
gnac  y  avoit  mis ,  et  faisoient  assez  paine  aux  gens 
du  duc  Jehan ,  et  aussi  faisoit  le  chastel  de  Muing  * 
à  la  Tille  d'Amiens  et  de  Corbie. 

Item ,  l'an  mil  quatre  cens  et  dix-sept ,  environ 
le  mois  de  juillet',  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne  fist 
faire  son  mandement  par  tous  ses  païs ,  tant  en  Bour- 
goingne, Flandres,  d'Artois,  comme  ailleurs,  et  as- 
sembla moût  noble  compaignie  de  chevalliers  et  es- 
cuiers ,  et  tous  fist  mectre  ensemble  vers  Arras  ,  et 
puis  les  fist  tirer  vers  Amiens,  et  là  passèrent  l'eau 
de  Somme.  Et  fut  adonc  le  seigneur  de  Fosseux  or- 
donné capitaine  de  l'avant-garde  du  duc  Jehan ,  acom- 
paignié  de  pluseurs  notables  seigneurs  ,  et  s'en  alla 
vers  Biauvais  atout  ses  gens  :  et  moût  avoit  grant  com- 
paignie. Et  avecquez  luj  estoit  ung  advocat  d'Amiens, 
nommé  maistre  Robert  Le  Jonne^,  lequel  prescha  le 

'  Ce  nom  n'ofire  aucune  lettre  distincte  dans  le  manuscrit  ;  ce  sont 
huit  jambages  que  nous  croyons  pouvoir  interpréter  par  le  mot 
Muing^  d'après  le  manuscrit  de  Tieulaine  ,  qui  porte  Muin,  I.e 
Dictionnaiie  d'Expilly  cite  un  endroit  appelé  Dcmidn  ,  situé  en  Pi- 
cardie, diocèse ,  élection  et  intendance  d'Amiens ,  doyenné  de  Fouilloy. 
Quoiqu'il  ne  fasse  qu'un  seul  mot  de  de  Muin,  nous  ne  pouvons 
mettre  en  doute  que  ce  ne  soit  le  lieu  indiqué  par  Fenin  ,  Fouilloy  se 
trouvant  près  de  Corbie.  Monstrelet ,  qui  écrit  de  Muyn  (  IV,  210),  dit 
ailleurs  que  ce  château  appartenoit  à  messire  Colard  de  Calville  (III, 
455.) 

'  Le  mois  de  juin.  (Ti.)  —  Le  duc  partit  d' Arras  au  mois  d'août, 
le  jour  de  Saint-Laurent,  c'est-à-dire  le  10.  (Monstrelet,  IV,  4') 

^  Robert  Le  Jeune,  chevalier,  seigneur  de  Contay,  conseiller  du  Roi, 
né  à  Alias,  exert^a  la  profession  d'avocat  a  Amiens.  Nommé  bailli  de 


•jG  MÉMOIRES  [H17] 

commun  de  Biauvais,  et  tant  fist  qu'ilz  furent  con- 
tens  de  tenir  la  partie  au  duc  Jehan,  et  midrent  le 
seigneur  de  Fosseux  en  la  ville  de  Biauvais  et  ses  gens. 
Là  y  eut  moût  de  biens  prins  de  ceulx  qui  tenoient 
la  partie  des  Ermignas  par  les  gens  au  seigneur  de 
Fosseux. 

Item,  le  duc  Jehan  sicvi  assez  tost  après  ses  gens, 
et  alla  h  Biauvais  atout  sa  puissance;  et  là  fut  bien 
quinze  jours.  Quant  il  eut  là  esté  quinze  jours,  il 
envoia  une  partie  de  ses  gens  logier  à  Cambesch', 
et  puis  Hector  de  Saveuses  et  Phellpes,  son  frère,  al- 
lèrent à  Liladam.  Par  aucun  moyen  firent  tant  que 
le  seigneur  de  Liladam  ^  livra  passage  au  duc  Jehan , 
et  avec  ce  promist  de  le  servir,  et  le  servi  depuis 
toute  sa  vie.  Alors  passa  l'avant-garde  au  duc  Jehan 
par  Liladam  %  et  se  alla  logier  en  la  ville  de  Biau- 
raont-sur-Oise ,  et  assegèrent  le  chastel.  Et  le  duc 
Jehan  se  loga  au-dehors  de  Cambely  et  Haubregier  '♦, 

ceUe  ville,  en  1420,  à  la  place  de  Denis  de  Brimen,  il  commit  tant 
d'injustices  qu'il  fut  contraint  de  se  retirer,  en  i455 ,  vers  le  duc  de 
Bourgogne,  qui  le  fit  gouverneur  d'Arias.  Il  mourut  le  i5  avril  i465 
(Daire,  I,  125).  Il  avoit  été  nommé  conseiller-laïc  en  la  chambre  des 
comptes  le  22  juillet  i4i8.  (  Vilevault,  X  ,  462.) 

'  Il  faut  probablement  lii'e  Cambely,  c'est-à-dire  Chanibly. 

"  Jean  de  Villier,  seigneur  de  l'Isle-Adam ,  maréchal  de  France , 
chevalier,  conseiller  et  chambellan  de  Charles  VI ,  fut  tué  dans  une 
sédition  populaire,  le  22  mai  1457. 

'  «  A  l'entrée  de  septembre  1417,  approcha  le  duc  de  Bourgogne  de 
Paris,  et  gaigna  rislc-Adam ,  Pons-Sainte-Maxence,  Senliz,  Beau- 
mont.  »  {Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  52.) 

'  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  Canibelly-le-Haubergcr.  Il 
existe  encore  aujourd'hui,  dans  le  département  de  l'Oise,  arrondisse- 


[1417]  DE  PIERRE  DE  FENIN  77 

en  ses  tentes,  et  avoil  mont  noble  compaignie ,  et 
puis  il  fist  assoir  ses  engins  pour  geter  au  chastel  de 
Biaumont,  et  fut  le  dit  chastel  bien  endommagié  pai' 
les  engins  au  duc  Jehan,  et  tant  que  enfin  ceulx  du 
chastel  se  rendirent  en  la  voulenté  au  duc  Jehan.  Et 
en  y  eut  onze  qui  eurent  les  testes  copées ,  et  les 
aultres  furent  mis  prisonniers  ,  si  non  aucuns  qui 
s'en  allèrent  par  finance,  des  plus  grans.  Le  duc  Jehan 
regarnj  le  chastel  de  Biaumont,  et  y  laissa  de  ses  gens,  et 
puis  il  s'en  alla  mectre  le  siège  devant  Pontoise.  Alors 
estoit  logié  l'avan -garde  au  duc  Jehan  l\  l'abaie  de 
Maubuisson  ;  et  le  duc  Jehan  fist  faire  ung  pont  de 
bateaulx  sur  l'eau  d'Oise  pour  secourre  son  avan- 
garde  s'elle  en  avoit  mestier,  et  là  tinst  son  siège 
tant  que  la  ville  luy  fut  rendue  par  ce  que  les  gens 
d'armes  qui  estoient  ens  s'en  allèrent  sauf  leurs  corps 
et  leurs  biens.  Lors,  après  ce  que  la  ville  de  Pon- 
toise fut  rendue  au  duc  Jehan ,  le  seigneur  de  Liladam 
qui  avoit  livre  passage  au  duc  Jehan  par  sa  ville  de 
Lilladara,  et  avecquez  ce  fist  serment  au  duc  Jehan 
de  tenir  son  partj.  Et  par  ainsi  demoura  capitaine 
de  Pontoise  au  commandement  du  duc  Jehan  ;  et  de- 
lii  en  avant  tinst  bien  le  dit  parti ,  comme  cy-après 
sera  desclairié.  Ensicvant,  le  duc  Jehan  chevaucha 
en  tirant  vers  Moeullent  ',  et  faisoit  ses  gens  che- 
vauchier  en  grant  ordonnance  pour  doubte  de  ses 
ennemis.  Et  pour  vray  le  duc  avoit  moût  belle  com- 
ment de  Senlis,  une  commune  appelée  Vmscxw-le-Haut-Beiger,  la- 
(luclie  ressort,  ainsi  que  Cluimbly,  du  canton  de  Neuilly-en-ThelIe. 
'  Meulan. 


^8  MÉMOIRES  [1417] 

paignie ,  et  s'en  alla  passer  ii  Moeullent ,  et  ses  gens 
chevauchèrent  fort  en  pays.  Et  alla  Hector  de  Saveuses 
devant  une  fortresse  nommée  Balne  %  qui  estoit  h 
l'alDbé  de  Fescans  %  et  estoit  le  dit  abbé  dedens  la 
dite  fortresse  de  Baine,  et  fist  donner  du  vin  à  Hector 
et  Jehan  de  Saveuses  %  et  à  leurs  gens,  par  la  fiance 
d'un  nommé  Lois  de  Saint-Salien  ^,  qui  estoit  parent 
de  l'abbé,  et  avecque  le  dit  Jehan  et  Hector  pro- 
raisdrent  de  ne  point  faire  aucun  mal  dedens  le  dit 
chastel  :  et  sur  ce  furent  mis  ens  ;  mais,  nonobstant 
tous  ce  dessusdit ,  le  chastel  fut  depuis  pillié ,  et  y 
prinst-on  de  grant  chevance,  donc  on  a  depuis  parlé  en 
mainte  manière  sur  ceulx  qui  ce  firent.  Et  en  fut 
Hector  moût  blasmé,  pour  ce  qu'il  les  avoit  asseurés. 
Et  de  ce  ne  sceut  riens  Jehan  de  Fosseux ,  ains  en 
fut  fort  courchié;  mais  moût  de  gens  dirent  que  ce 
fut  par  le  conseil  de  RauUet  Le  Prévost,  qui  estoit 
conseillier  du  dit  Hector,  et  avecquez  ce  qu'il  en  eut 
grant  partie  pour  sa  part. 

Ainsi  fut  ceste  année  le  pais  moût  grevé  par  les 
gens  au   duc  Jehan  de  Bourgoingne.  Et  chevaucha 

•  Beine. 

'  Estout  d'Estouleville,  frère  de  Thomas,  évêque  de  Beauvais,  et  de 
Guillaume,  évèque  de  Lizieux.  Il  fut  élu  abbé  de  Fécamp  vers  la  fin  de 
l'an  i5go,  et  moui'ut  le  i4  octobre  (priclie  idus  octobvis)  1422  {Gallia 
christiana ,  XI,  212). 

^  Jean  de  Saveuse  ne  faisoit  point  partie  de  cette  expédition.  Le 
manuscrit  de  Tieulaine  et  Monstrelet  (IV,  56)  portent  Jean  de  Fos- 
seux. 

^  Louis   de   Saint-Sauf-Lieu  se   noya  dans  la  Somme,  en    1421. 

(  MONSTREI.KT  ,    IV,   342.) 


[1417]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  79 

tant  qu'il  se  loga  sur  le  Mont-Rouge ,  au-dessus  de 
Clamet ',  à  une  grande  lieue  de  Paris;  et  là  fist 
tendre  ses  tentes ,  et  y  fut  grant  temps ,  cuidant 
que  ceux  de  Paris  le  meissent  ens.  Lors  estoit  le 
roy  Charles  et  le  dauffin  dedens  Paris,  et  le  conte 
d'Ermignac  et  moût  d'autres  grands  seigneurs.  En 
tant  que  le  duc  Jehan  estoit  logié  devant  Paris ,  il 
y  avoit  pluseurs  de  ses  gens  qui  de  jour  en  jour  cou- 
roient  devant  la  dite  ville,  et  tuoient  ceux  qu'ilz 
trouvoient,  et  prenoient  tous  les  [biens]  qu'ilz  povoient 
avoir  :  par  quoy  ceulx  de  Paris  n'osoient  jessir,  se 
non  en  grant  dangier  de  leurs  vies.  Ung  jour  ad- 
vinst  que  le  seigneur  de  Fosseux  fist  grant  assemblée 
de  gens  d'armes  et  de  trait,  et  alla  courre  devant 
Paris ,  où  il  eut  grant  escarmuche ,  et  furent  les 
faulzbours  de  Saint-Marcel  prins  par  forche  :  et  y 
eut  mort  de  ceulx  de  Paris  pluseurs.  Et  avecquez  ce 
on  en  amena  deux  prisonniers ,  lesquelz  on  sauva  à 
grant  paine  ;  et  furent  menés  devant  le  duc  Jehan 
pour  scavoir  des  nouvelles  ;  car  le  duc  Jehan  cuidoit 
pour  vray  que  ceulx  de  Paris  se  maisissent  à  discension 
pour  le  maitre  en  la  ville.  Mais  ceulx  qui  tenoient 
son  party  ne  peurent  oncquez  voier  leur  point  de 
faire  leur  entreprinse  pour  le  temps  ;  car  ilz  estoient 
fort  gaitiés  des  garnisons  de  dedens  ,  et  par  ce ,  leur 
falut  atendre  à  une  aultre  fois.  Lors  estoit  messire  Jehan 
de  Luxembourg  logié  dedens  la  ville  de  Saint-Clau  % 
et  y  fut  tant  que  le  duc  Jehan  fut  au  Mont-Rouge , 

Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  Clamait.  Clamart-sous-Meudoii. 
*  Saiut-Cloud. 


8o  MÉMOIRES  [H17] 

et  moult  greva  la  tour  du  pont  de  ses  canons.  Aul- 
tre  chose  n'y  peut  faire ,  pour  la  force  l'eau  qui  estoit 
contre  '  deux. 

Quant  le  duc  Jehan  eut  esté  bien  trois  sepmalnes 
iogié  devant  Paris,  par  la  manière  cjne  je  vous  ay  dit^ 
et  qu'il  vit  qu'il  avoit  failly  à  son  proposement ,  il 
se  desloga,  et  s'en  alla  logier  en  la  ville  de  Mont- 
le-Héry;  et  là  fut  tant  que  le  chastel  luy  fut  rendu. 
EtpareillementMarcousy,  et  pluseurs  a  ul  très  for  tresses 
du  pais  se  mirent  en  l'obéissance  au  duc  Jehan.  Après 
ce  que  le  duc  Jehan  eut  l'obéissence  de  Mont-le-Héry, 
il  s'en  alla  devant  la  ville  de  Corbel  %  et  là  fut  bien 
ung  mois  entier  au  siège  par  ung  costé  et  non  aul- 
trement  :  et  avoit  de  grans  engins  getans  dedens  la 
ville,  et  contre  les  portes  et  muraille.  Mais,  non- 
obstant, ceux  qui  estoient  dedens  la  deffendirent  si 
bien  que  le  duc  Jehan  n'entra  point  dedens  ;  et  aussi 
ceux  de  la  ville  avoient  vivres  assez ,  et  gens  à  leur 
plaisir,  et  qui  fort  les  confortoient  ;  car  ilz  povoient 
entrer  à  leur  plaisir.  Par  ung  costé  devant  Corbel, 
fut  affollé  d'une  jambe  messire  Mauroy  de  Saint- 
Légier,  de  ung  vireton  qui  le  férit  à  ung  assault  qu'il 
faisoit  à  une  barrière,  et  en  locha  depuis  toute  sa 
vie. 

Après  ce  que  le  duc  Jehan  eut  esté  logié,  ainsi  que 
vous  ay  dit,  devant  Corbel,  il  se  desloga^  et  s'en  alla  en 

'  Entre.  (Ti.) 

»  Corbeil. 

3  Le  28  octobre  1417»  après  avoir  été  trois  semaines  devant  cctlc 

ville.   (  Mo.NSTKELET,  IV,   48.  ) 


[1417]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  81 

tirant  vers  la  ville  de  Chartres;  et  tant  chevaucha  qu'il 
y  vinst,  et  se  loga  dedens  la  ville',  car  ilz  liiy  firent 
ouverture,  et  toutes  ses  gens  avecquez  luj.  En  tant  que 
le  duc  Jehan  faisoit  ce  que  je  vous  ay  devant  dit,  il 
avoit  de  ses  gens  en  pluseurs  lieux  qui  pcnsoient  de  ses 
l)csoingnes  :  et  en  envoia  devers  la  rajne  de  France , 
qui  estoit  à  Tours  en  Touraine.  Et  là  envoya  le  duc 
Jehan  grant  foison  de  ses  gens  vers  elle;  et  y  envoia 
le  seigneur  de  Fosseux  et  Hector  de  Saveuses  bien 
acompaigniés,  et  tant  chevauchèrent  qu'ilz  vindrent 
vers  elle,  et  firent  tant  qu'elle  fut  contente  de  venir 
vers  le  duc  Jehan.  Et  le  duc  Jehan  alla  en  sa  personne 
vers  elle  à  Yandome,  et  de  là  la  mena  à  Chartres,  et 
dame  Catherine  %  sa  fdle,  en  sa  compaignie,  et  fille  au 
roy  Charles.  Et  y  eut  pluseurs  grans^  gouverneurs  de 
la  Roy  ne  qui  furent  déposés ,  et  les  aultres  prisonniers. 
Ainsi  se  mist  la  roine  de  France  au  gouvernement  du 
duc  Jehan  deBourgoingne,  et  laissa  le  Roy  son  seigneur, 
et  son  fieux  le  duc  de  Tom^aine ,  Daufïin  ;  et  eut  la  dite 
royne  le  gouvernement  du  royaume.  C'est  assavoir  que, 
en  l'obéissance  du  duc  Jehan ,  on  faisoit  au  nom  d'elle 
et  bailloit  rémissions,  mandemens  et  autres  choses, 
comme  ayant  le  gouvernement  dudit  royaume,  com- 
bien que  le  Roy  estoit  en  vie  et  son  fieux  le  Dauffin, 

■  Il  arriva  devant  Chartres  la  nuit  de  la  Toussaint.  (  Monstrelet  , 
IV,  49-) 

"  Catherine  de  France,  née  le  27  octobre  i4oi ,  mariée  le  2  juin 
1420,  à  Henri  V,  roi  d'Angleterre,  veuve  le  Si  août  i^ii.  Elle  se 
remaria  plus  tard  à  Owin  Tyder  ou  Tudor,  chevalier  du  pays  de 
Galles.  Morte  en  i438. 

^  Plusieurs  ^ens.  (Ti.) 

6 


8^  MÉMOIRES  [1417] 

qui  scmblolt  à  aucuns  chose  assez  loing  de  raison. 
Mais  ainsi  en  avinst  pour  le  temps  qui  lors  estoit. 

En  tant  que  le  duc  Jehan  estoit  en  la  ville  de  Char- 
tres, oii  il  fut  bien  six  sepmaines,  ses  gens  estoientlogiés 
es  villages  d'entour ,  et  en  fut  le  pajs  fort  chargié.  Et 
avinst,  par  ung  dymence,  que  Remonnet  de  La  Guerre 
\inst  pour  ruer  jus  ung  logis  au  duc  Jehan;  mais  ilz  fu- 
rent apercheuz,  et  furent  les  gens  Remonnet  racachiés, 
et  en  y  eut  foison  de  prins  et  destroussez.  Assez  tost 
après,  Hestor  de  Saveuses  ,  luj  acompaignié  de  aucuns 
de  ses  prouchalns  parens,  et  avecquez  ce  de  aucunes  de 
ses  gens  les  plus  fiables,  vint  en  la  ville  de  Chartres,  et 
par  aucunes parolles  qui  avoientestéentre  messireÉlion 
de  Jaqueville  '  et  luj,  présent  le  duc  Jehan,  fut  ledit  de 
Jaqueviiie  prins  dedens  l'église  Nostre-Dame  de  Char- 
tres par  ledit  Hector  et  ses  gens.  Et  venoit  ledit  de  Ja- 
queville de  l'hostel  au  duc  Jehan,  qui  estoit  derrière 
l'église ,  et  prestement  ledit  Hector  le  fist  prendre  par 
ses  gens  en  luy  disant  aucunes  parolles ,  et  le  fist  porter 
hors  de  l'église ,  et  fut  geté  des  degrés  aval  ;  et  se  vou- 
loit  excuser  ledit  Jaqueville,  mais  il  n'y  peut  estre  re- 
cheu  ,  et  fut  très  laidement  batu  ,  et  tant  qu'il  en 
mourut  dedens  brief  temps  après.  Et  y  avoit  ung 
nommé  Jehan  de  Vaux  ' ,  lequel  ledit  Jaqueville  avait 

'  Messire  Hélyon  de  Jacleville ,  chevalier,  conseiller  et  chambellan 
(lu  duc  de  Bourgogne.  Il  fut  gouverneur  de  la  Bastille  de  Paris ,  en 
i4i8.  (La  Barre,  II,  128.) 

'  Peut-être  Jean  de  Vaux ,  chevalier,  fils  de  Guy  de  Vaux ,  écuyer, 
seigneur  de  Merville  (La  Roque,  IV,  2088).  Il  éloit  parent  d'Hector  de 
Saveuses.  (IVÎonstrelet,  TV,  58.) 


[1417]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  83 

autrefois  destroussé,  qui  grant  mal  luy  list.  Inconti- 
nent après  Hector  et  ses  gens  se  partirent  de  la  ville  et 
s'en  allèrent  à  leur  logis  au  vilage.  Et  ledit  Jaqueville, 
qui  ancore  parloit  bien ,  se  fist  porter  devant  le  duc 
Jehan,  et  là  luy  dist  et  fist  grans  plaintes,  en  luy  di- 
sant :  ((  Mon  très  redouté  seigneur,  c'est  pour  vostre 
service  que  je  suis  ainsi  mourdriz ,  »  et  pluseurs  aultres 
parolles ,  donc  le  duc  fut  moût  iré  contre  Hector  et 
ceulx  qui  ce  avoientfait;  et  luy  en  sceut  raout  malvais 
gré,  et  tant  que  de  son  vivant  ne  luy  veut  pardonner, 
combien  que  depuis  il  l'a  servy  en  ses  besoingnes.  Et 
présentement  '  que  ledit  Jaqueville  eut  fait  sa  plainte,  le 
duc  Jehan  monta  à  cheval ,  et  luy  de  sa  personne  fist 
quérir  par  toute  la  ville  pour  trouver  ledit  Hector  et 
ses  gens;  mais  ilz  estoient  jà  dehors.  Et  fist  le  duc 
prendre  aucuns  de  ses  chevaulx  et  aultres  abillemens  ; 
mais  il  fut  apaisié  par  messire  Jehan  de  Luxembourc  et 
le  seigneur  de  Fosseux ,  pour  les  grans  afaires  que  le- 
dit duc  avoit  alors.  Tantost  après  le  duc  Jehan  eut 
nouvelles  de  Paris,  et  luy  fist-on  à  entendre  qu'il  en- 
treroit  dedens  la  ville.  Et  pour  ce,  se  party  de  Chartres 
atout  sa  puissance,  et  chevaucha  vers  Paris  :  et  si  en- 
voia  Hector  de  Saveuse  et  Phelipes,  son  frère,  atout 
leurs  gens,  lesquelz  passèrent  devant  Bris,  ung  petit 
chastel  qui  estoit  à  messire  David  de  Brimeu  "  de  par  sa 
femme;  et  l'avoient  prins  les  gens  du  Roy.  Mais  Hector 

■  Prestement.  (  Ti.) 

'  David  de  Brimeu ,  seigneur  d'Humbercourt ,  chevalier,  conseiller 
et  chambellan  de  Jean,  duc  de  Bourgogne ,  bailli  de  Hesdin  et  maré- 
chal des  logis  (La  Barre,  II,  124).  Mort  en  i45i.  (Reiffenberg  ,  ■>..) 


84  MÉMOIRES  [1417] 

le  prinst  sur  eulx ,  et  en  fist  tuer  à  foison  ;  et  puis  che- 
vaucha en  tirant  vers  Paris,  où  le  duc  Jehan  s'en  ala 
en  grant  ordonnance,  droit  au  dessus  de  Saint-Marcel. 
Et  là  se  mist  en  bataille,  où  il  fut  depuis  le  point  du 
jour  de  sy  à  nonne;  et  Hector  et  Phelipes,  son  frère, 
et  pluseurs  autres  entrèrent  dedens  Saint-Marcel,  et  là 
se  logèrent  en  attendant  d'entrer  dedens  Paris.  Etavec- 
quez  ce  se  aprouchèrent  de  la  porte  ;  mais  ilz  furent 
reboutés  '  par  forche.  Et  assez  tost  après  ceux  de  Paris 
saillirent  dehors  environ  de  trois  à  quatre  cens,  et  as- 
saillirent les  gens  Hector,  et  y  eut  grant  assault  d'un 
costé  et  d'aultre;  mais  touteflfois  furent  ceux  de  Paris 
reboutés  dedens  la  ville.  Quant  le  duc  Jehan  sceut  que 
ses  gens  qu'il  avoit  dedens  Paris  '  eurent  failly  à  leur 
propos,  et  qu'ilz  ne  le  povoient  mectre  dedens ,  il  re- 
manda ses  gens  qui  estoient  dedens  Saint-Marcel,  et 
puis  se  recommencha  à  retraire  vers  Mont-Ie-Héry,  et 
là  se  loga  celle  nuit.  Et  avoit  Hector  de  Saveuses  esté 
bleschié  à  la  porte  de  Paris  ,  d'un  vireton  en  la  teste  ce 
mesmesjour. 


'  Rebouie's  arrière.  (Ti.) 

"  Un  pelletier  de  la  rue  Saiat-Jacques  révéla  la  conspiration  faite  en 
faveur  du  duc  de  Bourgogne.  «  Il  y  eut ,  dit  Juvénal  des  Ursins  (343), 
une  bende  d'un  homme  d'église  et  aucuns  raeschans  mesnagers  de 
Paris,  qui  entreprirent  certain  jour,  pour  le  faire  entrer  (le  duc)  par 
la  porte  Bourdelles.  »  Un  arrêt  du  parlement,  du  26  novembre  1417, 
porte  que  «  M^.  Pierre  Jehannin,  dict  Michel,  prestre,  curé  deLozian- 
iez-Yictry,  eu  Par  lois,  prisonnier  au  Chastelet  de  Paris,  pour  les 
dampnables  et  séditieuses  conspirations....  affin  de  mettre  le  duc  de 
Bourgogne  et  son  armée  en  la  ville  de  Paris ,....  sera  rendu  à  l'évesque 
de  Paris,  et  luy  sera  dit  l'advis  et  opinion  de  la  dite  cour,  qu'il  doit 


[1417]  DE  PIERRE  DE  FEMN.  85 

Item,  lendemain  que  le  duc  Jehan  eut  esté  devant 
Paris,  comme  vous  ay  dit,  et  qu'il  vit  qu'il  ne  povoit 
riens  besoingnier  pour  le  présent,  lors  prinst  conclu- 
sion de  assoir  garnison  tout  autour  de  Paris;  et  en- 
voia  le  seigneur  de  Fosseux ,  Hector  de  Saveuses  ,  mes- 
sire  Jehan  de  Luxembourg  et  tous  ses  Piquars  en  leur 
pais  ;  et  tinst  messire  Jehan  de  Luxembourg  ses  fron- 
tières vers  Mondidier ,  au  devant  de  Compiengne.  Le 
seigneur  de  Lilladam  demoura  à  Pon toise,  à  MoeuUent 
et  sur  les  frontières  vers  Paris;  et  Hector  de  Saveuses 
s'en  alla  à  Biauvais.  Mais  enfin  le  commun  fut  mal  con- 
tent de  luy,  et  y  eut  grant  débat  entre  eulx ,  et  tant  que 
enfin  Hector  fut  mis  hors  de  la  ville,  et  Phelipes  de  Sa- 
veuses, son  frère  ,  s'en  alla  à  Gournay  en  Normandie, 
où  il  fut  grant  temps. 

En  tant  que  Hector  de  Saveuses  et  Phelipes,  son 
frère ,  estoient  en  garnison  à  Biauvais,  Phelipes ,  son 
frère,  s'en  alla  ung  jour  courre  devant  le  chastel  de 
Brelle',  où  il  avoit  esté  pluseurs  fois.  Et  les  gens  du 
Roy  s'estoient  garnis  dedens  ;  et  quant  Phelipes  passa 
devant ,  comme  il  avoit  acoustumé ,  ceux  dedens  sail- 
lirent hors  à  puissance  et  tant  firent,  que  les  gens 
Phelipes  de  Saveuses  furent  mis  en  desroy;  et  en  y 
eut  deprins  grant  foison,  et  si  fut  mort  ung  nommé 
Robin  Toulet,  qui  estoit  moût  vaillant  homme  de 
guerre.  Et  fut  ledit  Phelipes  cachié  de  si  auprès  de 
Biauvais  avec  une  partie  de  ses  gens.  Et  si  fut  le  pais 

procéder  à  dégradation.  »  (Bibliothèque  rovale  ,  Maniiscr.,  fonds  de 
AJesmes,  olini  2j4  ,  mine  0559  ''>  ^^^'  ^^  '  ^eiso.) 
'   Rrouil, 


86  MÉMOIRES  [1418] 

moût  travaillié  vers  Paris  et  en  Biauvoisins  pour  la 
guerre  qui  lors  y  estoit.  Et  le  duc  Jehan  s'en  alla  atout 
ses  Bourguinons  vers  Bourgoingne,  et  mena  la  Royne 
à  Troies  en  Champengne ,  et  puix  s'en  alla  en  son  pais 
de  Bourgoingne ,  où  il  fut  tant  que  Paris  fut  prins  de 
ses  gens.  Et  menoient  les  Pi  cars  forte  guerre  à  tous 
costés  contre  les  gens  du  Roy. 

Item,  le  bastard  de  Tion  estoit  à  Cenlis  '  en  garnison; 
et  quant  le  conte  d'Ermignac  sceut  que  le  duc  Jehan  s'en 
estoit  allé  en  Bourgoingne ,  il  amena  le  roy  Charles 
devant  Cenlis  \  Là  mist  le  siège  tout  autour  et  y  fut 
grant  temps  atout  grant  puissance  de  gens  :  et  avec- 
quez  ce  y  estoit  le  duc  de  Touraine,  dauffin  ,  fdz  du 
roy  Charles,  et  plus  n'en  avoit.  Le  conte  d'Ermignac 
estoit  connestable  de  France  pour  ce  temps.  Et  quant 
i!z  eurent  esté  grant  espasse  devant  Cenlis,  ceulx  de 
dedens  se  defFendoient  bien  et  grandement.  Et  messire 
Jehan  de  Luxembourg  et  le  seigneur  de  Fosseux  assem- 
blèrent tous  les  Picars  pour  aller  lever  le  siège,  et  de 
fait  allèrent  à  Pontoise  ;  mais  pour  celle  fois  n'eurent 
mie  conseil  de  passer  outre ,  et  se  retrairent  en  leur 
païs.  Environ  quinze  jours  après,  ilz  se  rassemblèrent 
atoute  leur  puissance,  et  ancore  s'en  allèrent  à  Pon- 
toise ^ ,  et  de  là  chevauchèrent  vers  Cenlis ,  et  aprou- 
chèrent  si  près  qu'ilz  se  midrent  en  bataille  contre  les 
gens  du  Roy.  Ce  jour  y  eut  de  grans  batailles  et  y  eut 

'  Senlis. 

"  Le  Roi  partit  de  Paris  pour  aller  à  Creil ,  environ  la  Chandeleur 
{■2  février  1417) ,  dit  Monstrelet  (IV,  68).  Il  y  resta  tant  que  dura  le 
siège  de  Senlis. 

J  Ils  y  anivèrcnt  le  17  avril  i4i8.  (Monstrelet  ,  IV,  76.} 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FEMN.  87 

de  gens  mois  ,  d'un  costé  et  d'autre  ,  grant  foison.  Ce 
jour  menoit  le  seigneur  de  Miramont  les  archiers  des 
Picars',  lequel  s'I  gouverna  moût  grandement  et  bien 
les  tint  en  ordonnance  :  et  aussi  Hector  de  Saveuses  y 
fist  ce  jour  de  grans  vaillancc-s,  et  Plielipes,  son  frère, 
le  seigneui'  de  Lilladam  et  pluseurs  aultres.  Ainsi  tinst 
messire  Jehan  de  Luxembourg  et  le  seignem-  de  Fos- 
seux  ce  jour  bataille  contre  le  roy  Charles,  sans  assem- 
bler ensemble,  qui  leur  fut  réputé  à  grant  vaillance 
toute  leur  vie.  Et  tant  que  le  Roy  et  ses  gens  s'en  alla 
du  siège  de  Cenlis  ;  et  avoient  hostage  de  ceux  de  la 
ville  qui  se  vouloient  rendre,  quant  leurs  secours  leur 
vint:  et  eurent  les  hostages  les  testes  coppées\  Et  par 
ainsi  fut  la  ville  délivrée  du  siège  du  Roy,  lequel  Roy 
s'en  râla  à  Paris  :  et  les  Piquorsrefremèrent^  leurs  gar- 
nisons tant  à  Cenlis  comment  ailleurs.  A  ceste  journée 
avoit  ung  capitaine  de  brigans  ,  nommé  Tabari'*,  le- 

'  Le  manuscrit  porte  :  "  Ce  jour  mourut  le  seigneur  de  Miramont 
et  des  archiers  des  Picars.  «  IVous  adoptons  le  texte  du  manuscrit  de 
Tieulaine,  qui  semble  offrir  un  sens  préférable.  Monstrelet  (IV,  80) 
dit  aussi  que  le  seigneur  de  IMiramont  tint  en  bonne  ordonnance  ses 
archers  picards  ,  et  ne  parle  point  de  sa  mort. 

'  Ces  otages  étoient  au  nombre  de  six,  savoir  :  deux  gentilshommes , 
Guillaume  Mauchecler  et  Baudart  de  Vangles;  deux  bourgeois, 
Guillaume  Estable  et  maître  Jean  de  Beaufort,  avocat  du  roi;  et 
deux  membres  du  clergé,  sire  Jean  Durant,  prêtre,  et  un  reUgicux 
de  Saint-Vincent.  Ces  deux  derniers  furent  menés  prisonniers  à  Paris 
(  Monstrelet  ,  IV,  78).  Saint-Remy  (  VIII ,  85)  écrit  ainsi  le  premier 
nom  :  Mauchcvalier.  Godefroy  cite  en  note  :  Baudart  W^oingle ,  et 
Guillaume  Lescalot  (467). 

'  Renforcèrent.  (Ti.) 

"  Il  «  tenoit ,  dit  Monstrelet  ( IV,  112),  la  partie  de  Bourgogne,  et 
fstoit  de  pclitc  cslaturc  cl  boiteux  ;  avoit  souvent  quarante  ou  cin- 


88  MÉMOIRES  [1418] 

quel  avoit  foison  de  gens  de  pie,  qui  furent  presque 
tous  mors  ;  et  faisoit-on  grant  risée ,  pour  ce  que  c'es- 
toient  tous  gens  de  povre  estât;  et  estoit  ledit  Tabari 
Burguinon.  Moût  fut  le  duc  Jehan  joyeulx  quant  il 
sceut  les  nouvelles  de  ses  gens  qui  si  bien  s'estoient 
portés,  et  leur  en  sceut  moût  bon  gré. 

Après  ces  choses  ainsi  faites,  le  seigneur  de  Lilladam, 
qui  se  tenoit  à  Pontoise,  et  avoit  de  grans  acointances 
en  la  ville  de  Paris  à  ceulx  qui  amoient  '  le  parti  du  duc 
Jehan,  et  souvent  en  avoit  des  nouvelles,  car  il  y  en 
avoit  pluseurs  qui  contendoient  que  le  duc  Jehan  eust 
le  gouvernement  du  royaume.  Et  par  ce,  firent  tant 
qu'ilz  en  eurent  de  leur  querelle  grant  partie  :  et 
mandèrent  au  seigneur  de  Lilladam  qu'il  le  metroient 
dedens,  et  luy  mandèrent  qu'il  allast  vers  eux.  Et  lors 
le  seigneur  de  Lilladam  assembla  ce  qu'il  peut  avoir  de 
gens,  et  tant  qu'il  avoit  environ  de  sept  à  huit  cens 
combatans  en  sa  compaignie,  et  alla  droit  à  Paris' 

quante  paysans ,  une  fois  plus ,  l'autre  moins  ,  armés  et  habillés  de 
viels  haubergons ,  Jacques ,  vieilles  haches ,  demi-lances  où  il  y  avoit 
massues  au  bout,  et  autres  habillemens  de  pauvre  estât ,  atout  les- 
quels s'en  aloient,  les  ungs  sur  meschans  chevaulx  et  jumens,  et  les 
autres  à  pié,  embuscher  es  bois  vers  où  se  tenoient  les  Anglois,  et 
quand  ils  povoient  aucuns  prendre ,  le  dit  Tabari  leur  coppoit  les 
gorges  ,  et  pareillement  faisoit  à  ceulx  tenans  la  partie  du  daulphin; 
et  ainsi  en  fist  à  plusieurs  ,  dont  grandement  estoit  hay  des  dessus- 
dictes  parties.  » 

■  Tenoient.  (Ti.) 

*  Le  2g  mai  i4i8 ,  ainsi  qu'il  est  dit  dans  l'ordonnance  du  dauphin , 
datée  du  ni  septembre  i4i8,  comprenant  le  détail  de  tous  les  événe- 
iiients  arrivés  lors  de  l'entrée  des  Dourguignons  dans  Paris  (Vile- 
VAULT,  X,  477)'  -luvénal  des  Ursins  se  trompe  en  mettant  (548)  ce  fait 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  89 

au  jour  qui  dlst  estoit;  et  vint  là  vers  point  du  jour,  et 
trouva  ceulx  qui  le  dévoient  mètre  dedens  tous  près  à 
la  porte.  Et  ainsi  le  seigneur  de  Lilladam  entra  dedens 
Paris  à  grant  double,  et  n'estoit  mie  merveille;  car  il 
y  avoit  dedens  Paris  trois  mille  comhatans  des  gens  du 
Roy  et  du  conte  d'Ermignac,  sans  ceulx  de  la  ville. 
Lors  le  seigneur  de  Lilladam  chevaucha  atous  ses  gens 
en  tirant  vers  la  grant  rue  Saint-Anthoine,  et  com- 
mencha  k  crier  :  «  Vive  Bourgoingne  !  »  et  ceux  de 
Paris  avec  luj,  qui  l'avoient  mis  ens.  Tantost  y  eut 
grant  murmure  dedens  Paris,  et  n'y  eut  point  d'entre- 
tenement  en  nul  des  gens  d'armes ,  se  non  chacun  de 
luy  sauver  au  mieulx  qu'il  peut.  Moût  fort  setraioient 
vers  la  Bastille  Saint-Anthoine,  et  y  fut  le  duc  de 
Touraine  mené  par  Daneguy  Du  Chastel.  Ainsi  se  sau- 
voient  en  allant  à  la  Bastille  ;  mais  ung  vaillant  homme 
d'armes,  nommé  Daviot  de  Gouy',  leur  fist  assez 
d'empeschement ,  et  en  geta  pluseurs  à  terre  de  ceux 
qui  s'enfuioient.  Le  conte  d'Ermignac,  Remonnet  de 
La  Guerre  et  le  chancellier ''  furent  prins,  et  messire 
Hector  de  Chartres" ,  avec  pluseurs  aultres  grans  sei- 

au  «  dimanche  vingt-huictiesme  jour  du  dit  mois  de  mai.  »  Le  di- 
manche étoit  le  29. 

'  Daviod  de  Gouy  ctoit  capitaine  du  chastel  de  Gisors,  en  1419 
(MoNSTRELKT  ,  IV,  lyo).  Sa  famille  étoit  originaire  du  comté  d'Artois. 
(  Haudicquer  ,  245.) 

'  Henrj'  Le  Corgne ,  dit  de  Marie ,  chancelier  de  France ,  mort 
en  i4i8. 

'  Hector  de  Chartres ,  seigneur  d'Ons-en-Bray  ,  d'Alomne  et  de 
Candeville.  On  va  voir  plus  bas  qu'il  fut  tué,  lors  du  massacre  des 
prisons  ,  par  le  peuple  de  Paris. 


90  MÉMOIRES  [1418] 

giieurs.  Et  en  y  eut  bien  de  prins  quatre  cens  ou  envi- 
ron ,  sans  aucuns  de  ceulx  de  la  ville ,  que  on  print 
après  ce  que  la  chose  fut  rapaisié. 

Item ,  le  seigneur  de  Lilladam  et  aultres  grans  sei- 
gneurs allèrent  devers  le  roy  Charles,  lequel  ne  s'es- 
toit  bougie  de  son  hostel,  et  là  parlèrent  à  luj,  et 
luj  firent  grant  révérence,  et  avecquez  ce  ne  le  em- 
peschèrent  en  riens,  ne  aucuns  de  ceulx  qui  le  ser- 
voient;  car  le  Roy  estoit  de  tout  content,  et  de  Bour- 
guinons  et  d'Ermignas,  et  peu  luy  chaloit  comme 
tout  allast ,  comme  checun  qui  de  luy  a  cognolssance 
peut  savoir  Testât  où  il  estoit.  Moût  eut  Paris,  pour  ce 
temps,  grant  desroy,  car  on  prenoit  sans  mercliy  tous 
les  biens  de  ceulx  qui  s'en  estoient  fuis ,  et  mesmes 
ceulx  de  Paris  le  faisoient.  Et  furent  la  plus  grant  partie 
tournés  du  parti  au  duc  Jehan ,  et  tous  accusoient  l'un 
l'autre.  Tantost  que  les  nouvelles  furent  par  le  pays 
que  Paris  estoit  du  parti  au  duc  Jehan,  tous  ses  gens  s'i 
retraioient  :  et  aussi  les  Ermignas  abandonnèrent  plu- 
seurs  de  leurs  fortresses  :  et  y  en  entra  grant  foison 
dedens  la  Bastille  Saint- Antoine.  Et  fut  par  ung  dy- 
mence  que  Paris  fut  prins  '  ,  l'an  mil  quatre  cens 
dix-huit.  Le  merquedi  ensuiant ,  les  gens  du  duc  de 
Touraine,  Dauffin,  fdz  au  roy  Charles  ,  qui  s'estoient 
retrais  dedens  la  Bastille  Saint -Antoine,  comme  dit 
vous  ay,  et  avecquez  eux  ceux  qui  estoient  venus  d'au- 
tres garnisons  ,  firent  une  saillie  ,  et  cuidoient  re- 
prendre la  ville  de  Paris,  et  tant  firent  qu'ilz  rcgucn- 

'  Environ  l'issue  du  mois  il'apvril.  (Ti.)  Voyez  page  88,  note  2 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  gt 

gnairent  la  rue  Saint-Antoine  dessy  à l'ostel  à  l'Ours  ': 
et  estoient  seize  cens  combatans  de  i3onne  estoffe.  Lors 
y  eut  grant  assemblée  de  ceux  de  la  ville  avec  le  sei- 
gneur de  Lilladam  et  les  gens  au  duc  Jehan  qui  là  es- 
toient, et  porta  le  seigneur  de  Lilladam  la  banière  du 
Roy.  Et  défait,  luy  bien  acompaignié,  alla  à  l'en- 
contre  des  gens  du  Dauffin.  Là  eut  grant  bataille  d'un 
costé  et  d'autre ,  et  s'y  portèrent  ceux  de  la  ville  de 
Paris  moût  vaillaument  avec  le  seigneur  de  Lilladam, 
et  tant  firent  que,  en  peu  de  temps,  les  reboutèrent  de 
si  à  la  Bastille  :  et  en  y  eut  de  mors  bien  de  trois  à 
quatre  cens  en  la  place ,  sans  les  navrés ,  donc  il  y  en 
eut  grant  planté.  Après  celle  journée ,  les  gens  du 
Dauffin  furent  moût  simples  ;  mais  nonobstant  tenoient 
tousjom's  la  Bastille.  Et  les  gens  du  duc  Jehan  et  ceulx 
de  Paris  faisoient  moût  grant  joie;  car  gens  venoient 
de  jour  en  jour  à  puissance,  et  y  vint  Hector  de  Sa- 
veuses  et  Phelipes ,  son  frère ,  atout  gi^anment  de  gens, 
lesquelz  on  loga  à  l'ostel  des  Corneilles  ",  devant  la  Bas- 
tille, pour  tenir  frontière  à  eulx.  Quant  ceux  qui  es- 
toient dedens  virent  qu'il  venoit  si  grant  puissance 
contre  eidx,  et  qu'ilz  ne  povoient  rentrer  en  la  ville, 
ilz  commencèrent  à  parlementer,  et  tant  que  le  traitié 


'  Cet  hôtel  étoit  situé  à  la  porte  Baudet  (Monstrelet,  III,  378). 
La  porte  Baudet  ou  Baudoyer  occupoit ,  sur  la  rue  Saint-Antoine , 
l'endroit  où  vient  y  déboucher  la  rue  Culture-Sainte-Catherine  (Du- 
LAURE ,  II ,  6g,  58o).  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  l'hôtel  au 
Louvre. 

'  Le  manuscrit  de  Tieulaine,  et  Monstrelet  (IV,  92)  portent  «  Lo- 
scrcnt  aux  Tounielles.  » 


92  MÉMOIRES  [1418] 

fut  fait,  qu'ilz  s'en  yroient  sauf  leur  corps  et  leurs 
biens.  Et  par  ainsi  rendirent  la  Bastille  au  seigneur  de 
Lilladam,  et  s'en  alloient  devers  îe  Doffin  à  Melim, 
où  il  estoit.  Moût  firent  les  gens  au  seigneur  de  Lil- 
ladam grant  guengne  en  la  ville  de  Paris,  donc  ilz 
furent  riches  grandement. 

Assez  tost  après  arriva  messire  Jehan  de  Luxembourg 
à  Paris,  et  le  seigneur  de  Fosseux  atout  grant  foison  de 
gens  de  guerre.  Et  Hector  de  Saveuses  et  Phelipes ,  son 
frère ,  s'en  allèrent  atout  leurs  gens  à  Compiengne ,  et 
portèrent  ung  mandement  du  Roj  contenant  que  on 
leur  feist  ouverture.  A  quoy  ceux  de  Compiengne  obéi- 
rent, et  entrèrent  les  dessusdiz  dedens  la  ville,  et  pa- 
reillement à  Pons-Saincte-Maxensse  età  Creil ,  à  Coisy 
et  en  pluseurs  aultres  fortresses  du  pais.  Ainsi  furent 
pluseurs  bonnes  villes  et  fortresses  mises  en  l'obéissance 
du  duc  Jehan  par  la  prinse  de  Paris.  Et  mesmement  s'y 
mist  la  ville  de  Péroné,  et  se  rendi  au  conte  de  Charo- 
lois  ',  filz  au  duc  Jehan,  lequel  y  euA  oia  ses  gens.  Et  y  eut 
grant  débat  en  la  ville  de  Péronne  de  ung  des  gouver- 
neurs au  conte  de  Charolois,  nommé  Chantemele%  et 
de  Hector  de  Saveuses  :  et  tant  que  ledit  Hector  cacha  "' 
ledit  Chantemele  pour  tuer,  donc  il  fut  depuis  fort 

'  Philippe  de  Bourgogne  ,  dit  le  Bon  ,  alors  comte  de  Charolois , 
né  le  5o  juin  iSgô.  Il  épousa  ,  en  juin  1409  ,  Michelle  de  France  ,  niio 
de  Charles  YI  et  d'Isabelle  de  Bavière  ,  et  mourut  le  i5  juin  1467. 

'  Philibert  de  Chantemerle  et  de  La  Clayette ,  écuyer,  conseiller  et 
chambellan  du  duc  de  Bourgogne  et  du  comte  de  Charolois  (La  Barre  , 
II ,  125).  Il  avoit  épousé  dame  Jehannette  de  Monstereul  et  de  Gon- 
daly.  (Idem,  ibid.,  ii'Q.) 

'  Chercha.  (Ti.) 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FENIN  93 

iiay  du  conte  de  Charolois  long-temps.  En  tant  que  la 
chose  estoit  nouvelle  à  Paris ,  comme  avez  veu  jcy  de- 
vant, il  y  avoit  souvent  de  grans  desrois  en  la  ville,  et 
accusoient  tous  l'un  l'autre:  et  par  espécial  aucuns 
meschans  de  communs  qui  pilloient  sans  merchy  ceulx 
qui  avoient  tenu  le  parti  au  conte  d'Êrmignac.  Et  lors 
qui  haioit  à  Paris  aucun  homme,  il  ne  falloit  que  dire  : 
«  Il  a  esté  Érmignac ,  »  présentement  estoit  tué  [sur] 
le  carrel.  Et  y  avoit  ung  bourrel,  nommé  Capeluche, 
c[ui  tousjours  avoit  tenu  le  party  au  duc  Jehan ,  lequel 
estoit  moût  malvais,  et  tuoit  hommes  et  femmes,  sans 
commandement  de  justice,  par  les  rues  de  Paris,  tant 
par  hayne,  comme  pour  avoir  le  leur;  mais  enfin  le 
duc  Jehan  luy  fist  coper  le  haterel'.  De  telz  desroiz  y 
eut  à  Paris  moût  pour  ce  temps  qui  estoit  moût  pi- 
teux. 

Item ,  est  assavoir  que  le  duc  Jehan  fist  gisant  joie 
quant  il  sceut  la  prinse  de  Paris  et  du  conte  d'Ermi- 
gnac ,  et  des  aultres  bonnes  villes  et  fortresses  qui  s'es- 
toient  mises  en  son  obéissance ,  et  moût  en  sceut  bon 
gré  au  seigneur  de  Lilladam  et  à  ceulx  qui  luy  avoient 
aidié.  Et  tantost  après  fist  son  assemblée  pour  venir  à 
Paris,  et  tant  chevaucha  qu'il  vinst  assés  près  du  pont 


■  Le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (47)  raconte ,  à  ce  sujet ,  4a 
manière  dont  le  bourreau  prépara  lui-même  son  exécution.  <f  Ordonna 
la  manière  au  nouveau  bourreau,  comment  il  devoit  copper  teste,  et 
fut  deslié,  et  ordonna  le  tronchet  pour  son  col  et  pour  sa  face ,  et  osta 
du  bois  au  bout  de  la  dolaire  et  à  son  coustel,  tout  ainsi  comme  s'il 
voloit  faire  la  dite  office  à  ung  autre ,  dont  tout  le  monde  estoit  esbahy. 
Après  ce,  cria  mercy  à  Dieu,  et  fut  décollé  par  son  varlet.  » 


94  MÉMOIRES  [1418] 

de  Careiiton  '  ;  et  ceux  du  pais  alloient  en  grant  ordon- 
nance au  devant  de  luy,  et  luy  firent  grant  révérence, 
et  pareillement  ses  autres  seigneurs  qui  estoient  à  Paris; 
et  il  les  merchia  assez ,  et  leur  promist  à  faire  de  grans 
biens.  Ainsi  chevaucha  le  duc  Jehan,  tant  qu'il  vinst 
devant  Paris  ""  moût  noblement  et  en  grant  ordonnance. 
Et  ceulx  de  Paris  crioient  tout  à  une  voix  :  «  Vive  le 
bon  duc  de  Bourgoingne  !  »  et  crioient  Noël  de  car- 
four  à  autre,  dessy  h  son  hostel  d'Artois,  où  il  se  loga , 
et  fut  convoie  h  moût  noble  compaignie. 

Après  ce  que  le  duc  Jehan  fut  venu  à  Paris ,  comme 
vous  oez,  il  y  eut  de  grans  conseux  tenus  et  de  grans  or- 
donnances faictes  de  nouveaulx  officiers;  car  le  duc 
Jehan  alla  vers  le  roy  Charles,  et  luy  fîst  grant  révé- 
rence, et  le  Roy  luy  fist  grant  chière;  car  le  duc  Jehan 
fist  publier  partout  Paris  qu'il  vouloit  la  paix  et  le  bien 
du  royaume,  etcontendoit  à  cachier  hors  les  ennemis 
et  estrangiers  qui  mal  avoient  gouverné  le  Roy  et  le  Dof- 
fin,  c'est  assavoir  le  conte  d'Ermignac  et  ses  gens;  et 
que  le  royaume  estoit  gouverné  par  estrangiers,  qui 
estoit  chose  inraisonnable.  Parquoy  ceulx  de  Paris 
furent  esmeus  après  ce  qu'ilz  sceurent  ce,  du  costé  au 
duc  Jehan  ;  et  n'estoit  mie  de  bonne  heure  né  à  Paris, 
qui  n'en  disoit  mal  comme  puis^  fut  apparu. 

Item ,  le  duc  Jehan  fist  tous  nouveaulx  officiers  de 
ses  gens  au  royaume,  et  fist  le  seigneur  de  Lilladam 

'  Charenton. 

'  Le  duc  fit  son  entrée  dans  cette  ville,  avec  la  Reine,  le  i4  juil- 
let i4i8. 

'  Depuis.  (Ti.) 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  gS 

marissal  de  France;  messire  Jaqiiet  de  Pois,  admirai  ; 
messlre  Robinet  de  Mailly  ',  panetier.  Et  à  Paris  fist  pa- 
reillement gouverneurs,  et  fut  maistre  Eutasse  De  La- 
tre  "  chancellier ,  maistre  Phelipes  de  Morville  ^  pre- 
mier président  :  et  tous  ses  gens  avancha  aux  offices  de 
France  ;  car  le  roj  Charles  estoit  content  de  tout  ce  (![ue 
le  duc  Jehan  Youloit  faire,  et  n'y  mettoit  nul  contredit. 
Item ,  assez  tost  après ,  le  commun  de  Paris  se  four- 

'  Robert  de  Mailly,  dit  Robinet,  chevalier,  conseiller  et  chamliel- 
lan  du  Roi  et  des  ducs  de  Bourgogne,  mort  en  i4i9'  L'Anonyme  de 
Saint-Denis  (II,  loig)  le  dit  pendu,  en  i4i5,  par  l'ordre  du  conné- 
table d'Armagnac  ,  le  confondant  avec  Ferry  de  Mailly,  son  frère,  qui 
fut  seulement  fait  prisonnier.  (Monstrklet,  III,  oro.) 

'  Eustacbe  De  Laistre,  chevalier,  seigneur  d'Escuiy  en  Soissonnois, 
maître  des  requêtes  de  l'iiotel  du  Roi ,  en  1099,  et  premier  président 
de  la  chambre  des  comptes,  en  1409.  Il  fut  nommé  chancelier  pour  la 
première  fois ,  le  i4  juin  i4i5.  Destitué  le  8  août  suivant,  il  fut  rétabli 
dans  sa  charge,  le  8  juin  i4i8.  Il  mourut  en  Flandres  ,  le  18  juin  1420 
(F.  DccHESNE,  Jlist.  des  Chanceliers,  45i-55  ;  Anselme,  VI,  579).  Si 
ce  seigneur,  comme  le  dit  Fenin,  n'a  été  réintégré  dans  son  office  de 
chancelier  qu'après  l'entrée  du  duc  de  Bourgogne  dans  Paris  (le  1 4  juil- 
let), le  P.  Anselme  se  trompe  en  donnant  le  8  juin  pour  date  de  sa 
réinstallation. 

'  Philippe  de  Morvilliers ,  seigneur  de  Clary  et  de  Charenton  , 
conseiller  au  Chàtelet.  Mort  le  25  juillet  i438. 

C'étoit ,  dit  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (78) ,  «  le  plus  cruel 
tyrant  que  homme  eust  oncques  veu  à  Paris;  car  pour  une  paroUe 
contre  sa  voulenté,  ou  pour  sourfaire  aucune  denrée,  il  faisoit  percer 
langues  ,  il  faisoit  mener  bons  merchans  en  tumberaulx  parmy  Paris  , 
il  faisoit  gens  tourner  au  pillory  :  brief  il  faisoit  jugemens  si  crueulx , 
et  si  terribles ,  et  si  espouvantables ,  que  nul  homme  n'osoit  parler 
contre  luy ,  ne  appeller  de  luy  ;  et  avec  ce  faisoit  payer  si  grans  ad- 
mendes  et  si  pesantes,  que  tous  ceulx  qui  venoient  entre  ses  mains 
s'en  sentoient  touttes  leurs  vies  ou  de  villenie ,  ou  de  chevance  ,  ou  de 
partie  de  leurs  corps.  » 


96  MÉMOIRES  [1418] 

meut  et  firent  grant  assemblée  de  menus  gens,  et 
allèrent  à  toutes  les  prisons',  et  tuèrent  tous  les  pri- 
sonniers qui  avoient  esté  prins  à  la  prinse  de  Paris.  Et 
là  fut  tué  le  conte  d'Ermignac  ,  Remonnet  de  La 
Guerre,  le  chancellier  et  pluseurs  aul  très  grans  seigneurs, 
et  s'y  fut  tué  messire  Hector  de  Chartres  ;  et  avecquez 
ce  pluseurs  Bourguignons  qui  estoient  emprison  pour 
débat  ou  pour  debte.  Et  n'espargnoient  nul  homme 
que  tous  ne  fussent  mis  à  mort.  Lors  allèrent  au  petit 
Chastellet  oii  il  avoit  foison  prisonniers,  et  commen- 
chèrent  entrer  ens;  et  les  prisonniers  qui  bien  aper- 
chenrent  qu'il  n'y  avoit  remède  en  leurs  vies,  montè- 
rent amont,  et  se  deffendirent  bien  et  vaillaument,  et 
crioient  :  a  Vive  le  Doffin  !  »  et  bleschèrent  assés  du 
commun  ;  mais  enfin  ilz  furent  prins  par  force  et  les 
faisoient  saillir  aval ,  et  les  autres  les  rechevoient  sur 
leurs  piques  et  sur  leurs  bastons,  et  les  murdrissoient 
sans  en  avoir  nul  pitié  ne  merchy.  Ainsi  tuèrent  ceus 
de  Paris  tous  les  prisonniers  des  prisons  de  Paris,  donc 
le  duc  Jehan  fut  moût  iré,  et  leur  en  sceut  moût  mal- 

■  Fenin  se  trompe  évidemment ,  et  intervertit  l'ordre  des  faits ,  en 
plaçant  le  massacre  des  prisons  après  l'arrivée  du  duc  de  Bourgogne  à 
Paris.  Suivant  Monstrelet  (IV,  97),  ce  fut  le  12  juin  qu'eut  lieu  cette 
nouvelle  commotion  populaire ,  dans  laquelle  le  comte  d'Armagnac 
fut  massacré;  et  le  duc  ne  fit  son  entrée  dans  Paris  que  le  i4  juillet 
{Ibid.,  100).  Tous  les  historiens  de  ce  temps  s'accordent  à  présenter 
ces  deux  événements  dans  le  même  ordre  que  Monstrelet ,  et  si  leur 
témoignage  ne  paroissoit  pas  suffisant ,  on  auroit  encore ,  à  l'appui  de 
ce  qu'ils  avancent ,  l'ordonnance  du  Dauphin,  en  date  du  21  sep- 
tembre i4i8  ,  dans  laquelle  ce  prince  relate  les  événements  arrivés 
dans  Paris  à  cette  époque,  et  place  la  mort  du  connétable  avant  l'arri- 
vée du  duc.  (  ViLEVAULT,  X  ,  477.) 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  97 

vais  gré;  car  II  avoit  volenté  de  parler  au  conte  d'Er- 
mignac  de  toutes  ses  fortresses  que  ses  gens  tenoient, 
et  pour  ce  en  fut  mal  content. 

Item,  le  conte  d'Ermignac,  Remonnet  de  La  Guerre 
et  le  cliancelller  furent  trois  jours  en  la  court  du  Palais, 
eux  trois  ensemble  loiés  par  les  bras  ',  et  les  veoit  qui 
voulloit  en  cel  estât.  Et  avoit  le  conte  une  jambe  rom- 
pue, et  si  estoit  trenchié  d'un  coutel  parmj  le  corps, 
en  gise  [d'une  bende],  depuis  les  espaules  jusques  en  bas. 
Et  là  les  trajnoient  les  petits  enfans  de  Paris  de  place  en 
autre,  qui  estoit  chose  bien  estrange  à  veir  de  telz  sei- 
gneurs estre  en  tel  estât. 

Item,  le  commun  de  Paris  fut  plusieurs  foix  esmeu, 
et  ne  les  povoit-on  rapaisier,  dessy  à  tant  que  le  duc 
Jehan  se  couroucha  à  aucuns  des  plus  grans,  et  leur 
dist  qu'il  leur  feroit  leurs  testes  coper  s'ilz  faisoient 
plus  ainsi;,  et  pour  ce  furent  rapaisiés.  Item,  Hector 
de  Saveuses  laissa  à  Compiengne  le  seigneur  de  Crieve- 
ceur  *  en  garnison,  et  autres  pluseurs  de  ses  gens  avec- 
quez  \uy;  mais ,  par  le  moyen  de  messire  Carado  Des 
Quennes\(  lequel  avoit  fait  serment  de  luy  point  ar- 

'  Tous  nuds.  (Ti.) 

'  Jacques,  seigneur  de  Crèvecœur  et  de  Thois,  chevalier,  conseiller 
et  chambellan  du  Roi  et  du  duc  de  Bourgogne  (Anselme,  VII,  m), 
étoit  mort  en  1409  (Reiffenberg,  1^).  Il  étoit  cousin  germain  d'Hec- 
tor de  Saveuses.  (MoNSTRELET,  IV,  58.) 

'  Jean  Des  Quesnes,  dit  Carados,  seigneur  de  Serevillers,  mourut 
tost  après  le  siège  de  Roye,  en  1420,  et  Marie  de  Quinquempoix ,  sa 
veuve ,  étoit  remariée  à  Pierre  de  Montmorency,  suivant  La  Morlière 
(  i36).  Ces  détails  sont  probablement  erronés.  Karados  Dequesnes , 
selon  Monstrelet,  fut  simplement  fait  prisonnier  et  «  mené  en  Angle- 

7 


ç^S  MÉMOIRES  [1418] 

mer  contre  le  duc  Jehan),  fut  la  ville  de  Compiengne 
leprinse.  Et  y  fut  à  la  reprendre  le  seigneur  de  Bos- 
quaulx  %  et  fut  prinse,  par  ung  matin ,  par  la  porte  de 
Perefons^;  car  les  gens  du  Doffin  avoient  dedens  de 
hons  moyens  et  de  bons  amis,  comme  il  fut  bien  appa- 
rant.  Là  fut  prins  le  seignem^  de  Crieveceur,  le  seigneur 
de  Chinères%  qui  avoit  espousé  la  seur  de  Hector,  Ro- 
binet Ogier  et  pluseurs  aultres.  Et  y  fut  mort  ung 

terre,  où  il  demeura  longue  espace,  et  depuis  fut  mis  à  délivrance 
parmi  payant  grand  finance  »  (IV,  '2\6}.  On  le  retrouve,  en  1432, 
projetant,  avec  «  aucuns  autres  du  parti  du  roi  Charles,  »  de  s'empa- 
rer de  la  ville  de  Dourlens  (  Idem  ,  VI,  64).  Il  avoit  été  bailli  de  Rouen , 
et  en  avoit  cessé  les  fonctions  le  23  mars  i4i5.  (  La  Roque  ,  II,  i  180.) 

'  Nous  trouvons  un  sire  de  Boqueaux ,  chambellan  du  roi  Charles  VI 
(Secousse,  IX,  106),  gouverneur  du  Valois,  en  i4i5  (Monstrelet, 
III,  070),  et  un  comte  de  Bosqueaux,  connétable  du  Dauphin,  en 
i^ix  (Idem,  TV,  3io).  C'est  sans  doute  le  même  personnage.  Mons- 
trelet, après  avoir  parlé  de  la  Saint-Martin  d'hiver  de  l'an  14^2,  dit 
(V,  9)  :  «  En  ce  même  temps  ,  fut  pris  dedans  le  châtel  de  Choisy-sur- 
Oise ,  le  seigneur  de  Bosqueaux ,  lequel  par  grands  temps  avoit  eu  très 
grand  règne  en  tenant  le  parti  du  Dauphin  et  d'Orléans.  Si  fut  mené 
à  Paris,  où  il  fut  décapité  et  écartelé,  pource  que  long-temps  par 
avant  il  avoit  occis  et  mis  à  mort ,  par  haine  qu'il  avoit  à  lui,  messire 
Gui  de  Harcourt ,  bailli  de  Vermandois.  »  Le  Journal  d  un  bourgeois 
(le  Paris  (88)  donne  la  date  de  cette  exécution  :  «  Le  samedy  ensui- 
vant, après  la  venue  du  Roy  et  de  la  Reyne,  qui  fut  le  (vendredi)  vingt- 
cinquiesmejour  de  septembre  1422,  fut  descollé  et  escartellé  es  halles 
de  Paris,  ung  nommé  messire  de  Bloquiaulx,  chevalier  et  grant  terrien, 
et  grant  seigneur,  lequel  estoit  de  la  malditte  bande  un  des  souverains  , 
et  congnut  et  confessa  que  par  luy  estoit  ou  avoit  esté  tué  et  murdry  de 
laboureurs  et  autres  plus  de  six  à  sept  cens  hommes  ,  sans  ce  qu'il  avoit 
bouté  feux,  pillé  églises,  etc.,  et  si  fut  le  principal  de  piller  la  ville 
de  Soissons.  » 

"  Pierrefonds. 

^  De  Chierves.  (Monstrelet,  IV,  io8.) 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FENIN  99 

nommé  Bontery,  qui  estoit  à  Hector.  Item,  les  doffi- 
nois  pillèrent  ceux  qui  avoient  tenu  le  parti  au  duc 
Jehan,  par  quoy  la  ville  de  Compiengne  fut  moutdam- 
magié;  et  avec  ce  y  avoit  grant  garnison  pour  faire 
frontière  aupaïsd'entour.  Item ,  le  seigneur  deCrieve- 
ceur  et  le  seigneur  de  Sinères  '  furent  menés  prison- 
niers à  Periefons  %  et  là  les  tinst  le  seigneur  des  Bos- 
quieulx  avec  ung  des  frères  au  seigneur  de  Cliinères, 
qui  long-temps  ^  l'avoit  servy  et  estoit  son  parent,  le- 
quel cuida  trouver  manière  de  livrer  le  chastel  de  Perre- 
fons  aux  Bourguignons ,  affin  de  délivrer  son  frère ,  le 
seigneur  de  Chinères  ;  mais  il  fut  apercheu  par  aucuns, 
et  luy  jQst  le  seigneur  de  Bosquiaulx  copper  la  teste. 
Et  avec  ce  la  besoingne  du  seigneur  de  Crieveceur  et  du 
seigneur  de  Chinères  empira  assez ,  maiz  enfin  ilz  fu- 
rent délivrés  par  finance.  Hector  mist  grant  peine  à 
ravoir  la  ville  de  Compiengne ,  et  se  tinst  grant  temps 
au  chastel  de  Monchi  fort  acompaignié,  et  moût  leur 
faisoit  forte  guerre;  mais  il  n'en  peut  venir  à  chief 
pour  les  grans  affaires  que  on  avoit  aux  aultres  lieux. 

Item,  en  ceste  mesme  année  que  Paris  fut  prins,  l'an 
mil  quatre  cens  et  dix-huit,  le  roy  Henry  d'Angleterre 
rapassa  la  mer  atout  grant  puissance,  et  descendi  à 
Harefleu,  lequel  il  avoit  conquis  l'an  mil  quatre  cens  et 
quinze.  Et  tantost  commencha  fort  à  conquerre  pais, 
villes  et  fortresses  ;  car  elles  se  rendoient  sans  faire 
grant  deffence  pour  ce  qu'ilz  n'avoient  point  d'espé- 

'  De  Chierves. 
*  Pierrefonds. 
-  I-p  manuscrit  porte    «  long-temps  après.  » 


loo  MÉMOIRES  [1418] 

rance  en  nul  secours,  pour  la  discention  qui  estoit 
entre  leurs  seigneurs  de  France  j  car,  en  la  duchié  de 
Normendie,  ceulx  qui  dévoient  deffendre  les  bonnes 
viles  et  fortresches  contre  les  Englez,  les  ungs  estoient 
du  parti  au  duc  Jehan  de  Bourgoingne,  et  avoient 
mesme  guerre  l'un  contre  l'autre.  Par  quoy  chacune 
partie  se  avoit  à  garder  de  deulx  costés,  et  par  telz 
choses  fut  la  duchié  de  Normandie  conquise  en  peu  de 
temps.  Item,  le  roy  Henry  vint  devant  le  Pont-de- 
r Arche,  par-delà  l'eau  de  Saine,  c'est  assavoir  vers 
Caen  :  et  estoit  dedens  le  seigneur  de  Graville'  et  foi- 
son de  ses  gens.  Lors  on  fist  de  grans  assemblées  tant 
de  gens  d'armes  du  pays ,  pour  résister  contre  le  roy 
Henry  %  affin  qu'il  ne  passast  au  Pont-de-l' Arche;  mais 
nonobstant  il  passa,  et  après  se  rendi  le  Pont^  au  roy 
Henry,  qui  fut  grant  desconfort  à  tout  le  pays,  car 
c'estoit  une  des  clez  de  l'eau  de  Saine. 

Item,  messire  Jaques  deHarecourt^  tenoit  pour  ce 

'  Il  étoit ,  en  janvier  i  {21 ,  chef  de  la  forteresse  du  pont  de  Meulan. 

(  MONSTRELET,  V,  12.  ) 

'  Le  manuscrit  porte  «  le  roi  le  Henry,  m 

^  Nous  n'avons  point  trouvé  dans  Rymer  l'acte  constatant  la  reddi- 
tion du  château  et  de  la  ville  de  Pont-de-l'Arche  ;  mais  dans  un  sauf- 
conduit  accordé  par  le  roi  d'Angleterre  à  deux  gentilshommes,  Jean  de 
Graville  et  Pierre  de  Rouville,  avec  mille  hommes  de  suite,  il  est  dit 
qu'ils  auront  leurs  biens  saufs ,  avec  cette  mention  :  «  Selon  la  teneur 
de  l'appointement  fait  récemment  pour  la  reddition  de  la  ville  et  du 
château  de  Pont-de-l'Arche  »  (  IV,  y  partie,  58).  Ce  sauf- conduit  est 
daté  de  l'armée  du  roi  d'Angleterre,  près  de  sa  ville  de  Pont-de- 
l'Arche,  le  19  juillet  i4i8.  Il  est  probable  que  la  reddition  avoit  eu 
lieu  très  peu  de  jours  auparavant. 

•*  Jacques  de  Harcourt,  chevalier,  baron  de  Mongommery,  etc  II 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  lor 

temps  bien  souvent  h  Compaigny',  pour  ce  que  c'es- 
toit  au  conte  d'Ancarville%  son  biau-père,  et  là  tenoit 
frontière  contre  les  Englez,  etprinst  pour  ce  temps  le 
conte  de  Harecourt%  h  qui  il  estoit  parent  prouchain, 
qui  s'estoit  retrait  de  Harecourt,  pour  les  Englez,  à 
son  chastel  à  Aumarle.  Et  là  vinst  messire  Jaques  de 
Harecoui  t  a  ers  luy,  et  le  conte  luy  fist  grant  chière 
comme  à  son  parent ,  et  le  fist  mectre  dedens  son  chas- 
tel atous  ses  gens.  Et  après  pluseurs  parolles  et  re- 
cognoissance  faictes  eulx  ensemble,  messire  Jaques, 
qui  avoit  induit  aucuns  de  ses  gens  de  ce  qu'il  vouUoit 
faire,  mist  luy  de  sa  personne  la  main  au  conte  de  Ha- 
recourt, et  luy  dist  :  «  Monseigneur,  je  vous  fais  pri- 
sonnier du  Roy.  »  Lors  fut  le  conte  bien  esbahy  et 
courchié ,  et  dist  :  «  Biau  cousin ,  que  voullés-vous 
faire?  »  Et  messire  Jaques  respondy  :  «  Monseigneur, 

épousa  en  secondes  noces  Marguerite  de  3Ielun,  comtesse  de  Tancar- 
\ille,  et  fut  tué,  en  i423,  comme  il  tentoit  de  faire  prisonnier  le  sei- 
gneur de  Parthenay,  oncle  de  sa  femme.  C'est  à  tort  que  le  P.  An- 
selme (V,  107),  sur  la  foi  de  Berry  (oyS),  le  fait  mourir  en  1428. 

•  Au  lieu  de  Compaigiiy,  il  faut  lire  Estrepagny,  qui,  en  effet, 
appartenoit  au  comte  de  Tancarville ,  sa  femme  étant  baronne  de  ce 
lieu.  Monstrelet  (IV,  10^)  dit  Estrepigny. 

'  Guillaume,  comte  de  Tancarville,  vicomte  deMelun,  seigneur  de 
Monstreuil- Bellay,  etc.,  premier  chambellan  du  Roi,  connétable  et 
chambellan  héréditaire  de  Normandie,  grand  bouteiller  de  France, 
marié,  le  21  janvier  lOgo,  à  Jeanne  de  Parthenay,  baronne  d'Estre 
pagny,  etc.,  fille  de  Guillaume  L'Archevêque,  seigneur  de  Parthenay. 
11  avoit  été  tué  à  la  bataille  d'Azincourt. 

'  Jean  VII,  comte  de  Harcourt  et  d'Aumale ,  etc.,  étoit  cousin  ger- 
main de  Jacques  de  Harcourt,  seigneur  de  Montgommery.  Il  mourut 
le  18  décembre  \^5-2. 


I02  MÉMOIRES  [1418] 

ne  vous  desplaise ,  je  ay  charge  du  Roy  de  vous  mener 
vers  luy.  »  Là  y  eut  moût  de  paroUes,  et  fist  messire 
Jaques  prendre  ledit  seigneur  de  Harecourt  par  aucuns 
de  ses  gens,  et  le  fist  mener  au  Crotoi;  et  là  le  tinst 
grant  temps  prisonnier,  et  en  pluseurs  aultres  places, 
et  mist  garnison  de  par  luy  à  Ammarle.  Et  avecquez  ce 
prinst  tous  les  biens  dudit  conte  de  Harecourt  à  son 
prouffit  :  et  disoient  aucuns  que  c'estoit  du  consente- 
ment du  conte  d' Ammarle  %  filz  au  conte  de  Harecourt  ; 
car  il  ne  mist  point  de  pour  chas  de  ravoir  son  père. 
Ainssi  tinst  messire  Jaques  de  Harecourt  prisonnier  le 
conte  de  Harecourt  dempuis  ce  temps  jusquez  àce  que 
messire  Jaques  fut  mort,  comme  vous  orrez  cy-après. 
Item ,  après  que  le  roy  Henry  eut  prins  l'obéissance 
du  Pont-de-l' Arche  ,  comme  avés  ouy  cy-devant ,  il 
s'en  alla  vers  Rouen ,  et  là  se  loga  à  Sainte-Katherine , 
devant  Roen.  Et  avoit  dedens  ladite  ville  grant  garni- 
son des  gens  au  duc  Jehan  de  Bourgoingne,  et  y  estoit 
messire  Guy  Le  Boutillier  '  ung  des  principaus  capi- 
taines, et  le  bastart  de  Tion,  le  seigneur  de  Toulon- 

■  Jean  de  Harcourt,  comte  d'Aumale,  etc.,  capitaine  général  delà 
Normandie ,  fut  ordonné  capitaine  des  ville  et  chastel  de  Rouen ,  et  de 
la  forteresse  de  Sainte-Catherine-du-Mont,  le  i5  avril  i4i7-  Né  le 
9  avril  iSgô,  il  mourut  le  17  août  1^1^. 

"  Étoit  natif  de  la  Normandie  (  Monstrelet ,  IV,  1^-2}.  La  forteresse 
du  château  de  La  Roclie-Guyon  s'étant  rendue,  ainsi  que  va  le  dire 
Fenin ,  «  du  consentement  de  la  dame  qui  estoit  dedens ,  au  roy  d'An- 
gleterre, ledit  Roy  la  donna  présentement  à  messire  Guy  Le  Bou- 
tiller,  et  avec  ce  lui  voult  faire  avoir  la  dicte  dame  en  mariage  ;  mais 
oncques  elle  ne  se  y  voult  consentir  »  {Ibid.,  176).  Lorsque  Henri  VI 
fit  son  entrée  dans  Paris,  en  novembre  i45i  ,  pour  se  faire  sacrer  et 
couronner,  il  dîna,  dit  Monstrclct,  »  à  la  ta))lc  de  marbre,  et  au  côte 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  io3 

gon',  messire  Andi'ieu  de  Roches',  Lagan  Darli^,  Gi- 
rard, le  bastart  de  Brimeu'*,  et  pluseurs  autres  de 
bonne  estoflfe,  et  tant  qii'ilz  estolent  bien  de  douze  ii 
seize  cens  combatans^,  et  raout  grandement  s'i  gou- 
vernèrent. 

Item ,  le  roy  Henry  mist  le  siège  tout  autour  de  la 
ville  de  Rouen,  et  y  fut  bien  l'espace  de  neuf  à  dix 
moys^.  Là  y  eut  mainte  grande  escarmuche  faite  de 
ceulx  de  la  ville  sur  les  Englez,  et  moût  leur  portèrent 

de  la  chambre  de  parlement,  à  cette  table,  le  cardinal  de  Yin- 
cestre,  etc....  Si  estoit  grand  maistre  d'hôtel  messire  Jean,  bâtard  de 
Saiat-Pol,  et  avecque  lui  estoient,  devant  la  viande,  messire  Guy  Le 
Bouteiller...  »  (VI,  19}.  Il  étoit  au  siège  de  Sainl-Yalerey ,  en  i454- 
{Ibid.,  119.) 

'  Antoine  de  Toulongeon  ,  seigneur  de  Traves  et  de  La  Bastie,  che- 
valier, conseiller  et  chambellan  du  duc  de  Bourgogne,  fait  maréchal 
de  Bourgogne  en  1 427  ,  marié  à  Catherine  de  Bourbon ,  dame  de  Di 
goine  et  de  Clessey ;  mort  le  29  septembre  i452  (La  Barre,  II,  129  et 
2o5  ).  Monstrelet  désigne  Antoine  de  Toulongeon  comme  faisant  partie 
des  seigneurs  envoyés  à  la  défense  de  Rouen,  pour  le  Roi  et  le  duc  de 
Bourgogne.  (IV,  m.) 

"  André  de  Roiches ,  seigneur  de  Darbonnay ,  chevalier,  chambellan 
du  duc  de  Bourgogne.  (La  Barre,  II,  209.) 

'  Lagen,  bâtard  d'Arly,  étoit,  dit  Monstrelet  (IV,  116),  «l'un 
des  capitaines,  de  tous  ceulx  de  dedens ,  en  qui  ceulx  de  la  commu- 
naulté  de  Rouen  avoient  la  plus  gi-ant  liance,  et  avoit  la  charge  et 
garde  de  la  porte  de  Caulx.  »  Il  mourut  pendant  le  siège  de  Roueu. 
(Ibid.,  ,29.) 

^  Monstrelet  le  nomme  dans  un  endroit  (VI,  5}  «  Garin,  bâtard 
de  Brimeu,  »  et  dans  un  autre  «  Gérard»  (V,  2o5  ).  Il  étoit  prévôt  des 
maréchaux  de  l'armée  du  duc  de  Bourgogne  en  mai  i452.  (Mathieu 
d'Escouchv,  63 I.) 

*  «  Tous  ensemble  pouvoient  avoir  quatre  mille  combattans  ou  au- 
dessus,  tous  gens  de  bonne  estoffe.  »  (  Monstrelet  ,  IV,  1 1 1 .  j 

"^  Selon  Monstrelet  (  IV,  1 15),  le  siège  fut  mis  devant  Rouen  au  mois 


io4  MÉMOIRES  [141  g] 

ceux  de  la  ville  de  grans  dommages ,  et  avoieiit  tous- 
jours  espérance  que  le  duc  Jehan  les  secourroit,  comme 
promis  leur  avoit.  Mais  il  n'en  fist  riens;  car  il  avoit 
d'autres  grans  afaires  pour  la  guerre  qu'il  avoit  au  Dof- 
fin.  Et  par  ainsi  falut  que  ceux  de  Rouen  se  rendissent 
au  roy  Henry  d'Engleterre,  sauf  leurs  vies,  sans  em- 
porter nulz  de  leurs  biens;  et  fut  parce  qu'ilz  n'a- 
voient  nulz  vivres,  car  ils  mengoient  leurs  chevaulx, 
et  les  poures  gens  de  la  ville  mangoient,  par  famine, 
chiens,  cas,  ras,  soriz  et  toutes  telz  choses,  qui  estoit 
piteuse  chose.  Et  en  mourut  bien  dedens  les  fossez  et 
par  la  ville  de  fain  de  dix  à  douze  mille ,  que  on  scet  de 
certain.  Et  avecquez  ce  fallut  que  le  roy  Henry  eust 
une  partie  des  plus  notables  de  la  ville  de  Rouen  en  sa 
voulenté.  Item,  après  ce  que  la  ville  de  Rouen  fut  ren- 
due au  roy  Henry  d'Engleterre ,  il  en  y  eut  pluseurs 
aultres  qui  se  rendirent  es  marches  de  Normandie,  et 
la  garnison  qui  en  estoit  yessue  alla  devers  le  duc 
Jehan. 

Item,  messire  Guy  Le  Boutillier,  qui  estoit  l'un  des 
capitaines  de  Rouen  tant  que  le  siège  y  fut,  se  rendit 
du  parti  au  roy  Henry,  et  luy  fist  serment  de  le  servir 
loyalement  ;  laquelle  chose  y  fist  le  roy  Henry  de  grans 
dons,  et  luy  donna  La  Roche-Guyon  et  aultres  seignou- 
ries  notables.  Item,  aucuns  des  bourgolz  notables  de 
la  dite  ville  se  fièrent  en  messire  Guy  Le  Boutillier  de- 

de  juin  ,  et  la  ville  se  rendit  le  6  janvier  i4i8  (Ibid.,  i4o).  Cela  ne  fe- 
roit  que  cinq  mois  au  plus  de  siège.  Monstrelet  se  trompe  sur  la  date 
du  jour;  les  actes  de  Rymer  nous  fournissent  le  traité  de  la  redditioa 
de  ceUe  ville,  daté  du  i5  janvier  i4i8.  (IV,  m'  part.,  p.  82.) 


[1418]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  io5 

puis  que  le  roj  Henry  eut  le  gouvernement  de  la  ville, 
et  luy  dirent  que  s'il  leur  vouloit  aidier,  qu'ilz  rerae- 
troient  Rouen  en  la  main  du  Roj;  et  messire  Guy  fist 
semblant  d'eulx  voulloir  aidier,  et  puis  le  dist  au  roy 
Henry,  et  par  ce  y  eut  pluseurs  notables  bourgois  de 
Rouen  qui  eurent  les  testes  copéei. ,  donc  ledit  messire 
Guy  [fut]  fort  blasmé  pour  ceste  cause. 

Item,  en  tant  que  le  roy  Henry  tenoit  son  siège  de- 
vant Rouen,  messire  Jaques  de  Harecourt  et  le  seigneur 
de  Moreul  '  firent  une  assemblée  très  grande  pour  aller 
courre  sur  le  siège  des  Englès ,  et  allèrent  jusquez  à 
trois  lieues  près.  Et  le  Roy  envoya  au  devant  le  sei- 
gneur de  Cornouaille'  bien  acompaignié,  lequel  trouva 
les  dessusdis,  et  fist  tant  qu'il  les  mist  en  grant  desroy. 
Là  fut  prins  le  seigneur  de  Moreul  et  pluseurs  aultres 
avecquez  luy,  et  messire  Jaques  de  Harecourt  se  sauva 
par  bon  cheval.  Item,  en  ceste  mesme  saison,  Phelipez 
de  Saveuses,  qui  estoit  à  Gournay,  en  Normandie, 
atout  de  deux  à  trois  cens  combatans ,  fist  par  plusem^s 
fois  de  grans  dommages  aux  gens  du  roy  Henry ,  et 
moût  en  enmena  de  prisonniers  dedens  la  ville  de  Gour- 
nay, et  tant  que  les  prisonniers  Englès  prindrent  le 
chastel  de  Gournay  et  le  tindrent  ung  jour  ;  mais  le 
Boin  de  Saveuses  ^,  qui  lors  y  estoit  pour  Phelipe  ,  son 

'  Thibault  de  Soissons,  seigaeur  de  Moreul  et  de  Cliiniay  (La  Mor- 
LiÈRE,  i3g).  Mort  en  i454-  (Dairk,  I,  Sog.) 

*  Jean  de  Cornwall,  chevalier,  depuis  lord  Fanhope ,  épousa  Eli- 
sabeth, sœur  d'Henri  IV,  veuve  de  Jean  de  Holland,  comte  de  Hun- 
tingdon.  Il  mourut  le  i"  décembre  i445-  (W.  Dugdale,  III,  2i2-i3.) 

'  Bon  de  Saveuses,  seigneur  de  Baye  et  de  Saint  (Haudicquer,  498), 
assistoit  au  siège  de  Calais  en  i436.  (La  Morlière  ,  166.) 


io6  MÉMOIRES  [1418] 

frère,  fist  tant  par  belles  parolles  que  lesdlz  Englez 
prisonniers  luy  rendirent  ledit  chastel,  donc  il  en  y 
eut  qui  en  eiu^ent  malvais  loier. 

Item,  le  roy  Charles  de  France  et  le  duc  Jehan  de 
Bourgoingne  furent  grant  temps  à  Beauvais,  et  avoient 
moût  grant  puissance  de  gens  sur  le  pays  d'en  tour,  en 
espérance  de  lever  le  siège  de  Roen  ;  mais,  par  le  discort 
qui  estoit  entre  le  duc  de  Toui^aine ,  Doffin ,  et  le  duc 
Jehan ,  riens  ne  s'en  fist  ;  car  les  deux  princes  menoient 
forte  guerre  l'un  contre  l'autre.  Item,  après  ce  que  le 
roy  Henry  eut  prins  la  ville  de  Roen  et  fait  faire  le 
serment  à  ceulx  de  la  ville,  et  rais  officiers  de  par  luy, 
il  envoia  ses  gens  au  pays  vers  Gournay  et  vers  le  conté 
d'Eu,  et  tout  se  rendi  sans  coup  férir.  Et  se  rendi 
la  ville  d'Eu  ',  le  chastel  de  Mouchiaux%  le  Neuf-Chas- 
tel,  Denicomt%  Gournay  en  Normandie,  et  moût 
d'autres  bonnes  villes  et  fortresses.  Et  se  tenoit  en  la 
ville  d'Eu  ung  chevallier  englez ,  nommé  messire  Phe- 
lipe  Lis,  lequel  faisoit  forte  guerre  en  Vimeu.  Item, 
le  roy  Henry  conquist  ceste  année  la  duchié  de  Nor- 
mandie tout  à  son  aise;  car  peu  y  avoit  qui  la  defFen- 
desist,  et  mesmementy  eut  pluseurs  Normans  qui  se 
rendirent  Englez  et  firent  le  serment  au  roy  Henry. 
Item,  messire  Lyonnel  de  Bournoville  ^  et  Daniot 

■  On  trouve  dans  Rymer  l'acte  de  reddition  de  la  ville  d'Eu ,  de 
Monceaux ,  de  Saint-Martin  et  de  Guilleim-Court.  Il  porte  la  date  du 
i5  février  i4i8.(IV,  m' part.,  p.  g4-) 

'  Moncheaux. 

'  Deniecourt. 

^  Jean  de  Boiunonvillc,   surnommé  Lionnel ,  seigneur  de  Saint- 


[1419]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  107 

de  Gouj  se  teiioient  pour  lors  en  garnison  à  Gisors, 
et  menolent  forte  guerre  aux  Englez.  Advint  que  les 
gens  du  Roj  estoient  logiésà  Gallifontaine  %  environ 
de  quatre  h  cinq  cens,  et  y  avoit  la  plus  grant  partie 
de  Hirelandois.  Et  monseigneur  Lyonnel  et  Daniot  de 
Gouy  vindrent  fraper  en  la  ville  par  nuit ,  et  boutèrent 
le  feu  en  la  ville,  et  puis  les  assaillirent  baudement,  et 
les  ruèrent  jus  et  desconfirent  tous,  et  puis  s'en  rallè- 
rent  à  Gisors,  en  leur  garnison.  Souvent  faisoitmessire 
Lionnel  de  Bournoville  de  grans  donmages  aux  En- 
glez, et  avecquez  luy  Daniot  de  Gouy,  qui  estoit  moût 
vaillant,  et  aussi  faisoit  le  seigneur  de  Lllladam. 

Item,  assez  tost  après  il  y  eut  ung  grant  parlement 
entre  le  roy  Charles  et  le  roy  Henry  d'Engleterre.  Et 
se  tenoitle  roy  Charles  et  le  duc  Jehan  à  Pontoise.  Et 
le  roy  Henry  vinst  vers  Moullent',  et  là  fîst  tendre  ses 
tentes;  et  pareillement  on  y  tendit  celles  du  roy  Char- 
Martinet  de  Tardinghen,  fut  tué,  en  i45o,  à  la  prise  du  château  de 
laBretesche,  qui  lui  appartenoit. 

'  Gaillefontaine.  Monstrelet  (lY,  i5i)  dit  Ferry-Fontaine  (Séri- 
fontaine). 

'  Il  y  a  dans  Rymer  plusieurs  pièces  concernant  cette  conférence , 
et ,  entre  auti'es ,  un  pouvoir  du  roi  d'Angleterre  à  ses  ambassadeurs , 
en  date  du  8  mai  1419,  pour  déterminer,  avec  les  envoyés  de  France, 
le  lieu  précis  de  l'entrevue.  En  vertu  de  ce  pouvoir,  et  par  acte  du 
graai  1419,  on  fit  choix  du  champ  dit  de  La  Chat,  entre  Meulant  et 
Meysy  (IV,  5'  partie,  it4-i6). 

Par  un  autre  acte,  daté  du  lieu  de  la  conférence,  près  et  sous  Meu- 
lant, le  2g  de  mai  1419,  le  roi  d'Angleterre  fait  savoir  qu'il  a  eu,  ce 
jour-là  même,  une  première  entrevue  avec  Isabelle,  reine  de  France, 
et  le  duc  de  Bourgogne  [Ibid.,  119).  Juvénal  des  Ursins  se  trompe 
donc  en  donnant  pour  date  de  ladite  entrevue  le  00  de  mai  (364). 


io8  MÉMOIRES  [î4l9] 

les.  Là  fut  le  duc  Jehan  et  le  conseil  du  Roy,  par  plu- 
seursfois,  en  parlement  au  roj Henry;  etvouloit  leroy 
Henry  avoir  Katherine,  fille  au  roy  Charles,  en  ma- 
riage, et  avecquez  ce  vouUoit  avoir  la  duchié  de  Nor- 
mandie. Moût  se  tint  le  parlement  sur  ce  longement'; 
mais  enfin  riens  n'en  fut  fait;  car  le  roy  Henry  voul- 
loit  avoir  trop  grant  entrée  sur  le  royaume,  lequel  le 
duc  Jehan  ne  vouîtacorder.  Et  aussi  il  avoit  tousjours 
voulenté  d'avoir  traitié  au  duc  de  Touraine,  Dofiin,  et 
par  ce  se  départi  le  parlement  sans  riens  besongner. 
Et  se  retrait  le  roy  Charles  à  Saint-Denis  en  France ,  et 
la  Royne.  Item,  le  duc  Jehan  avoit  grant  vouUenté 
d'avoir  paix  avec  le  Dofîin,  comme  dit  vous  ay  cy-de- 
vant,  et  pour  ce  y  avoit  embassadeurs  entre  les  parties 
qui  se  traitoient,  et  en  estoit  la  dame  de  Giac',  et  trai- 
tèrent ensemble  en  telle  manière  que  les  deux  prinses 
furent  contens  de  venir  ensemble  pour  trouvair  la 
paix.  Et  lors  le  duc  Jehan,  qui  estoit  à  Pontese,  se 
parti  à  noble  compaignie  pour  aller  devers  le  Doffin, 
qui  estoit  à  Melin  ;  et  ala  la  dame  de  Giac  avecquez  le 
duc  Jehan  dessy  à  Corbeul,  droit  à  une  lieue  de  Melim'. 
Au  costé  de  devers  Miaulx  vint  le  Doffin  atout  sa 
puissance ,  et  le  duc  Jehan  alla  parellement  atout  ses 
gens ,  et  n'aprouchèrent  point  les  deux  puissances  plus 

'   '<  Il  dura  bien  trois  sepmaines,  »  dit  Monstrelet.  (IV,  i55.  ) 

-  Jeanne  DuPeschin,  dame  de  Breon,  fille  d'Imbault,  seigneur  Du 

Peschin,  et  de  Blanche  Le  Bouteiller,  mariée,  en  avril  lOjô,  à  Louis, 

seigneur  de  Giac  et  de  Châteaugay- 

'  Les  deux  princes  se  rencontrèrent  «  l'un  l'autre  environ  à  une  lieue 

près  de  Melun,  emprès  Pouilly-le-Fort  »   (Monstrelet,  IV,  i58), 

'<  en  ung  lieu  dit  Le  Ponccl.  »  (  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  5^.) 


[1419]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  109 

près  que  demie  lieue  petite.  Là  assemblèrent  les  era- 
bassadeurs  des  deux  costcs,  et  tant  firent  que  la  paix 
fut  traitié  [entre  les  deux  princes  durable  àtousjours  '], 
et  jura  le  Doffîn  à  la  tenir,  et  aussi  firent  tous  les  grans 
seigneurs  de  son  costé  avec  luy.  Item,  il  y  eut  moût  de 
grans  promesses  faictes  entre  les  deux  parties,  et  aban- 
donnèrent les  deux  princes  chacun  aux  seigneurs  de 
son  costé  de  aller  servir,  sans  reproche  nulle,  celluy  par 
qui  la  pais  seroit  rompue  :  c'est  assavoir  se  le  Doffui 
la  rompoit,  qu'il  abandonnoit  à  ses  gens  de  aller 
servir  le  duc  Jehan,  ou  celluy  [qui]  tendroit  son  party. 
Et  ainsi  fist  le  duc  Jehan ,  donc  on  fist  de  moult  belles 
lectres  scellées  des  seaulx  des  deulx  parties.  Et  après 
promidrent  de  mectre  paine  de  cachier  le  roy  Henry 
hors  de  France,  et  assemblèrent  toutes  leurs  puissan- 
ces. Ainssi  fut  la  paix  faicte  entre  le  duc  de  Touraine, 
Doffin,  et  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne,  et  cuidoit-on 
que  ce  fust  chose  durable;  mais  depuis  on  vit  bien  le 
contraire,  comme  cy-après  sera  desclarié. 

Item,  tantost  après  que  la  paix  fut  faite  entre  le 
Doffin  et  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne,  leurs  gens  es- 

'  Le  mardi  11  juillet  i4i9>  1^  paix  fut  signée  par  les  deux  princes. 
Ce  traité  est  donné  par  Monstrelet  (lY,  160),  mais  fort  incomplè- 
tement, si  nous  en  jugeons  d'après  la  collation  que  nous  en  avons 
faite  sur  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  Royale,  a°  197 ,  fol.  2-25,  recto 
(fonds  de  Brienne  ).  La  Barre  (  1,  2j5  )  a  commis  une  erreur  en  datant 
cette  pièce  du  mardi  4  juillet,  car  elle  est  sans  aucun  doute  du  11 , 
ainsi  qu'il  est  prouvé  par  une  ordonnance  royale  du  20  juillet  1420, 
dans  la  quelle  le  Roi  dit  qu'il  a  fait  extraire  des  l'egistres  du  parlement, 
où  elles  avoient  été  lues  et  publiées  le  20  juillet  1 419,  les  lettres  passées 
entre  son  fils  et  le  duc  de  Bourgogne,  à  la  date  du  11  juillet  i4i9- 
(RvMER,  IV,  3' partie,  p.  128.) 


iio  MÉMOIRES  [1419] 

toient  ensemble  de  jour  en  jour,  et  menoient  forte 
guerre  aux  Englez  sur  les  marches  de  Normandie. 
Item,  assez  tost  après  le  seigneur  de  Lilladam,  qui  es- 
toit  marissal  de  France,  perdy  la  \ille  de  Pontoise,  la- 
quelle il  avoit  en  garde,  et  la  prindrent  les  Englez  par 
ung  matin*,  laquelle  prinse  fut  au  grant  dommiage  du 
pays  de  France;  car  c'estoit  une  ville  moût  notable  et 
fort  garnie  de  vivres  et  d'autres  biens.  Item,  en  ce 
temps  les  Englez  tindrent  siège  devant  Saint-Martin- 
le-Gallart%  et  estoitdedans  Rigaut  de Fontaynes^;  mais 
le  sire  de  Gimriches^,  qui  estoit  au  Dauffm,  vaillant 
chevallier  de  son  corps ,  assembla  foison  de  gens  et  alla 
lever  le  siège.  Et  y  eut  des  Englez  tuez  à  foison,  et  les 
aultres  se  retrairent  dedens  l'église  de  la  ville  :  et  estoit 
leur  chief  ung  chevallier  nommé  messire  Phelipe  Liz, 
qui  moût  estoit  vaillant. 

Item,  après  ce  que  Pontoise  fut  prinse,  le  roy 
Charles ,  la  Royne  et  dame  Katherine ,  leur  fille ,  s'en 
allèrent  à  Troyes  en  Champengne,  et  là  les  y  mena  le 
duc  Jehan  de  Bourgoingne  pour  estre  arrière  de  la 

'  Le  5i  juillet  i4i9-  Juvénal  des  TJrsius  (568)  dit  le  a8  juillet,  mais 
il  est  le  seul  qui  donne  cette  date. 
^  Saint-Martin-le-GaiUard. 

*  Renaud  de  Fontaines ,  seigneur  de  La  Neuville  ,  fut  fait  chevalier 
à  la  journée  de  Mons  en  Viraeu  (Haudicquer,  2o5),  le  3i  août  i^ii 
(MoNSTRELET,  IV,  335).  Il  étoit ,  en  août  1449^  capitaine  de  la  ville  de 
Yernon.  (J.  Chartier,  i56.  ) 

*  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  Gamaches.  Guillaume,  seigneur 
deGamaches,  chevalier,  conseiller  et  chambellan  du  Roi  et  du  Dau- 
phin ,  bailli  de  Rouen ,  capitaine  de  la  ville  de  Compiègne,  où  il  resta 
jusqu'au  i8  juin  1422.  Il  exerçait  encore  la  charge  de  grand  maître  et 
souverain  réformateur  des  eaux  et  forêts  du  royaume  en  1428. 


[1419]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  m 

guerre  des  Englez.  Item ,  le  seigneur  de  Lilladara  se 
mist  en  çarnison  à  Biauvais  atout  grant  gent,  après 
qu'il  eut  perdu  Pontoise  :  et  là  tenoit  frontière  contre 
les  Encjlès,  et  moût  leur  faisoit  de  grans  dommages. 

Item,  messire  Jaques  de Harecourt  se  tenoit  à  Crotoy 
et  à  Noielle  sur  la  mer,  et  Hector  de  Saveuses  au  Pont- 
de-Remy,  avec  le  seigneur  de  Blancourt  "  et  Loys%  son 
fieux ,  et  là  menoient  guerre  aux  Englez  d'Eu  et  de 
Mouchiaulx.  Et  souvent  s'assembloit  Hector  avec  mes- 
sire Jaques  de  Harecourt,  pour  faire  dommage  aux 
Englez. 

Item,  l'an  mil  quatre  cens  et  dix-neuf  fut  la  paix  faite 
du  duc  de  Touraine,  Doffin,  et  du  duc  Jehan  de  Bour- 
gongne,  en  la  manière  que  je  vous  ay  dit;  et  en  estoit 
tout  le  peuple  de  France  en  grant  joie.  Et  avec  les  gen- 
tilz  hommes  des  deux  costés,  c'est  assavoir  ceulx  du 
Doffin  et  ceulx  du  duc  Jehan  de  Bourgoingne ,  me- 
noient eux  ensemble  forte  guerre  aux  Englez  ;  et  bien 
cuidoit-on  estre  en  France  en  bonne  union.  Mais  en 
brief  temps  après ,  il  y  eut  grant  tribulation;  car  le  duc 
Jehan  fut  mourdry ,  comme  vous  pourrés  cy-après 
voier. 

Vérité  est  que  le  Doffin  estoit  logié  à  Mons- 
triau-faut- Yonne ,  et  là  avoit  assemblé  toute  la  plus 
grant  partie  de  sa  puissance.  Et  alors  le  gouvernoit  le 
seigneur  de  Barbazam,  Davegny  Du  Castel,  le  viconte 

'  Voyez  ci-dessus,  page  60,  note  2.  —  IFnncour.  (  Tr.) 
*  Louis  de  Wancour  fut  fait  prisonnier  à  la  bataille  de  Verneuil , 
donnée  le  G  août  it\nl\  (  Monstrelet  ,  V,  76-78)    Mort  à  la  prise  de 
Saint-Denis,  par  les  Anglois  ,  en  1 435.  (Idem,  VI,  227.) 


112  MÉMOIRES  [1419] 

de  Verbonne  ' ,  le  seigneur  de  Gitery  %  et  moût  d'aul- 
tres  qui  point  n'estoient  du  royaume  de  France.  Et  en 
y  eut  une  partie  qui  pourpensèrent  la  traison  de  mectre 
à  mort  le  duc  Jehan.  Et  tant  firent  que  le  Doffm  fut 
content  de  le  mander,  et  qu'il  fust  mis  à  mort.  Et  de 
fait  se  targa^  Davegny  Du  Chastel  d'aler  devers  le  duc 
Jehan,  lequel  estoit  à  Bray-sm^-Saine ,  à  deux  lieues 
près  de  Monstreau,  atout  grant  puissance  de  gens 
d'armes  et  de  trait.  Quant  la  chose  fut  ainsi  pourpar- 
lée ,  que  dit  vous  ay,  les  gouverneurs  du  Doffin  [or- 
donnèrent que  le  duc  Jehan  seroit  logé  au  chastel  de 
Montereau ,  et  le  Daulphin]  estoit  logiés  dedens  la 
ville,  et  firent  sur  le  pont  pluseurs  barrières  entre  la 
ville  et  le  chastel.  Et  puis  messire  Davegny  s'en  alla  vers 
le  duc  Jehan  à  Bray-sur-Saine ,  et  là  le  trouva ,  et  luy 
dist  que  le  Doffin  se  recommandoit  à  luy  et  luy  prioit 
qu'il  vousist  aller  devers  luy  à  Monstriau  pour  conclm^e 
des  affaires  de  France  ;  et  pluseurs  aultres  choses  luy 
dist.  Et  le  duc  Jehan  fist  à  Davegny  grant  chière  et 
grant  révérence  et  à  ceulx  qui  estoient  avecquez  luy, 
et  luy  dist  qu'il  yroit  vers  monseigneur  leDauffin.  Lors 

'  Guillaume ,  vicomte  de  Narbonue  ;  il  mourut  à  la  bataille  de  Ver- 
neuil,  en  1424.  «  Après  ce  qu'il  fut  trouvé  mort  en  la  bataille,  dit 
Monstrelet,  fut  écartelé  et  son  corps  pendu  au  gibet,  parce  qu'il  avoit 
été  consentant  de  la  mort  du  duc  de  Boui-gogne,  défunt.  »  (  V,  78.) 

"  Guillaume  de  Cbaumont,  cbevalier,  seigneur  de  Guitry  ou  Qui- 
try,  etc.,  conseiller  et  chambellan  de  Cbai-les  VI.  Le  Dauphin  l'insti- 
tua maître  enquêteur  et  général  réformateur  des  eaux  et  forêts  de 
France  ,  par  lettres  du  20  septembre  i4i8,  et  lui  donna  le  comté  de 
Chaumont  au  mois  de  février  de  la  même  année.  Il  mourut  en  i445. 

'  Défait  chargea.  (Tu) 


[1419J  DE  PIERRE  DE  FEMN.  ,i3 

le  duc  Jehan  se  hasla  de  dlgner,  et  puis  monta  à  cheval 
et  toute  sa  gent  avec  luy,  et  moût  faisolt  à  Davegny 
grant  honneur.  Et  bien  hiy  dist  :  «  Davegny,  nous  al- 
lons vers  monseigneur  le  Dauffin  à  vostre  fiance ,  pen- 
sant qu'il  vieulle  bien  entretenir  la  paix  qui  a  esté 
faicte  entre  luy  et  nous  ;  laquelle  nous  voulons  bien 
tenir,  et  le  servir  tout  à  sa  voulenté.  »  A  quoy  Dave- 
gny respondy  :  ((  Mon  très  redouté  seigneur,  n'ayés 
doubte  de  riens  ;  car  monseigneur  est  bien  content  de 
vous,  et  se  veut  désormais  gouverner  par  vous;  et 
avec  ce  y  avés  de  bons  amis  et  qui  bien  vous  ayment.  » 
Ainsi  s'en  alla  le  duc  Jehan  h  sa  mort ,  en  la  compaignie 
de  Davegny  Du  Chastel ,  lequel  le  tray.  Et  chevaucha 
en  grant  ordonnance  de  sy  après  '  Monstriau,  et  là  mist 
ses  gens  en  bataille.  Est  vray  qu'il  y  avoit  des  gens  au 
duc  Jehan  dedens  le  chastel,  poiu'  aviser  le  îogiz;  et  en 
y  eut  varlet  de  chambre  '  qui  bien  se  doubta  de  îa  traï- 
son.  Et  retourna  devers  le  duc  Jehan  pour  luy  dire  : 
((  Mon  très  redouté  seigneur,  advisés  vostre  estât; 
sans  faute  vous  serés  tray,  et  pour  Dieu  vieulliés  y  pen- 
ser. »  Adonc  le  duc  Jehan  dist  à  Davegny  :  «  Nous 
nous  fions  en  vostre  parollc  :  pour  Dieu  avisés  bien 
que  soies  scur  de  ce  nous  avés  dit  qu'il  soit  vérité  ; 
vous  fériés  mal  de  nous  traïr.  »  Et  Davegny  luy  res- 
pondy :    ((  Mon   très   redouté    seigneur ,  j'aymeroie 

'  De  sy  auprès  de....  (Ti.) 

'  Selon  Monstrelet  (IV,  179),  Antoine  de  Toulongeon,  Jean  d'Er- 
may  et  Saubretier  prévinrent  le  duc  qu'il  y  avoit  danger  pour  lui.  Sui- 
vant Juvénal  des  trsins  (  56g) ,  ce  fut  un  juif,  nommé  maître  Mousqtie , 
qui  conseilla  au  duc  de  ne  point  aller  près  du  Dauphin,  "  car  il  n'eu 
rcviendroit  pas.  » 

b 


1,4  MÉMOIRES  [1419] 

mieiilxà  cstre  mort  qu'eusse  fail  Iraïson  à  vous  ne  à 
aultre.  N'aies  nulle  double  de  riens;  car  je  vous  cer- 
tiffie  que  monseigneur  ne  vous  veut  nul  mal.  »  Et  le 
duc  Jehan  respondit  :  a  Nous  irons  à  la  fiance  de  Dieu 
et  de  vous.  »  Et  lors  chevaucha  dessy  au  chastel,  où  il 
entra  par  la  porte  de  derrière,  et  laissa  grant  partie  de 
ses  gens  en  bataille  au  dehors  du  chastel.  Avec  le  duc 
Jehan  descendyrent  moût  de  grans  seigneurs;  et  s'en 
alla  dedens  une  chambre  dedens  le  chastel,  et  Davegnj 
alla  devers  le  Doffin  et  devers  ceulx  qui  estoient  avec 
!uy,  et  leur  dist  la  venue  du  duc  Jehan.  Là  y  eut  grant 
consitoirede  ceulx  qui  faisôient  la  traïson,  et  tantost 
après  on  envoia  devers  le  duc  Jehan  affin  qu'il  venist 
devers  le  Dauffin.  Et  quant  le  duc  Jehan  ouy  que  le 
Dauflin  le  mandoit,  il  parti  pour  aller  vers  luy,  et  y 
alla  cinq  ou  six  grans  seigneurs  avec  luj,  et  tousjours  le 
menoit  Davegnj  Du  Chastel.  Et  quant  le  duc  vint  pour 
entrer  sur  le  pont,  il  y  avoit  une  barrière  à  l'entrée, 
et  cinq  ou  six  de  ses  gens,  et  plus  n'y  en  passa  avec  luy  ; 
car  il  y  avoit  bonnes  gardes  sur  le  pont.  Lors  le  duc 
passa  pour  aller  au  Dauffin,  qui  estoit  en  ung  petit  des- 
tour, et  le  vinst  saluer  moût  humblement.  Et  présen- 
tement ceulx  qui  estoient  ordonnés  pour  le  mectre  à 
mort  estoient  là,  et  frapèrent  sur  le  duc  Jehan.  Et 
quant  le  duc  Jehan  vit  qu'il  estoittray,  il  cuida  tirer  son 
espée  pour  luy  deffendre;  mais  riens  ne  luy  valut,  car 
il  fut  tantost  abatu  et  mis  à  mort  ' ,  donc  ce  fut  pitié 
pour  le  royaulme;  car  pour  sa  mort  sont  depuis  ad- 

'  Le  dimanche  lo  septembre  1419 


[1419]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  '       i,5 

venus  moût  de  maulx  au  royaulme  de  France.  Avec- 
quez  liiy  fut  mort  le  seigneur  de  Noulalle  %  frère  au 
tonte  de  Foiz,  lequel  se  coucha  sur  luy  pour  le  cuider 
sauver.  Après  ce  que  le  duc  Jehan  fut  mort,  ceulx  qui 
là  estoient  legetèrent  du  pont  aval%  et  chaït  sur  ung 
batel;  et  depuis,  par  l'amonnestement  d'aucuns  des  gens 
du  Dauflin,  fut  enterré  h  ung  chimetière  atout  son  pour- 
point et  ses  houseaulx;  et  là  fut  tant  que  la  ville  fut 
conquise  par  les  gens  du  roy  Henry  d'Engleterrc. 
Avec  le  duc  Jehan  estoit  allé  le  seigneur  de  Saint- 

'  Archambaud  de  Foix,  seigneur  de  Navailles,  conseiller  et  cliam- 
l)ellan  du  Roi  et  du  diu;  de  Bourgogne.  Il  étoit  frère  de  Jean,  comte 
<le  Foix  et  de  Bigorrc. 

"  D'après  le  récit  que  fait  La  Barre  de  la  mort  du  duc  Jean,  «  les 
meurtriers  portèrent  le  corps  dans  une  maison  voisine  de  la  porte 
de  la  ville ,  et  ayant  fermé  Ja  porte  qui  étoit  du  côté  du  pont ,  et  fait 
lever  le  pons-le\-}S,  ils  firent  jouer  toutes  les  trompettes  et  tous  les 
autres  instruments...;»  puis  «ils  dépouillèrent  le  corps  du  duc,  ne 
lui  laissant  qu'un  jupon  avec  ses  housseaux,  le  portèrent  sur  le  pont, 
à  dessein  de  le  jetter  dans  la  rivière  et  le  priver  de  sépulture;  mais 
Macé  Bonnet,  curé  de  l'église  de  Montereau,  et  le  curé  d'Eslagi , 
l'ayant  empêché,  le  gardèrent  le  reste  de  la  nuit  sur  le  pont.  Le  len- 
demain les  gens  du  Dauphin  le  firent  porter  en  l'hôpital  de  la  ville,  le 
mirent  dans  une  bière  qui  servoit  aux  pauvres,  et,  en  cet  état,  il  fut 
déposé  en  l'église  de  Notre-Dame,  où  il  fut  inhumé  devant  l'autel  de 
saint  Antoine,  avec  son  jupponet  ses  housseaux  »  (I,  -210-2^).  «  Après 
que  le  duc  fut  mis  à  mort,  dit  Monstrelet,  il  fut  tantost,  parles  gens 
dudit  Daulphin,  dévestu  de  sa  robe,  de  son  haubergon ,  desesjoiaulx 
et  des  autres  choses,  réservé  son  pourpoint  et  ses  houseaulx,  et 
demeura  sur  la  place  jusques  à  mynuit,  qu'on  le  porta  sur  une  table 
dedans  ung  moulin  assez  près  du  pont.  Et  lendemain  au  matin  fut 
mis  en  terre,  en  l'église  Nostre-Dame,  devant  l'autel  saint  Loys, 
atout  son  dit  pourpoint  et  ses  houseaulx,  sa  barète  tirée  sur  son  vi- 
t.3ge.  >.  riV,  188.  j 


ii6  MÉMOIRES  [1419] 

Jorge  '  et  messii  e  Charles  de  Lens  %  lesquelz  furent 
prlns  et  des  autres  à  planté. 

Après  ce  que  le  duc  Jehan  fut  mis  h  mort%  ainsi 

■  Guillaume  de  Yienne,  seigneur  de  Saint-Georges,  conseiller  et 
chambellan  du  Roi  et  du  duc  de  Bourgogne,  mort  vers  la  fin  de  i434. 

'  Charles  de  Recourt,  dit  de  Lens,  seigneur  de  La  CaUinière,  in- 
stitué amiral  de  France,  à  la  place  de  Robert  de  Braquemont,  le 
6  juin  i4i8.  Les  seigneurs  faits  prisonniers  «  furent  depuis  tous  mis  à 
délivrance...,  excepté  messire  Charles  de  Lens,  amiral,  qu'ils  firent 
mourir.»  ( Monstrelet,  IV,  200.) 

^  L'ordonnance  royale  donnée  à  Troyes  le  17  janvier  1419,  dont  ne 
parle  aucun  des  chroniqueurs  françois  de  l'époque,  contient  des  dé- 
tails curieux  sur  cet  événement  important.  Nous  en  extrairons  quelques 
passages ,  présentant  le  résumé  des  dépositions  faites  par  les  témoins 
de  cet  assassinat,  dépositions  qu'on  trouve  d'ailleurs  dans  La  Barre. 

Le  Roi ,  après  avoir  relaté  ce  qui  s'est  passé  depuis  la  paix  jurée  par 
le  Dauphin  et  le  duc  Jean,  ajoute  ce  qui  suit  : 

«  Or  est  ainsi,  que  le  dit  Charles  et  ses  diz  complices  n'ont  fait  la 
dicte  union  que  pour  murdrir  et  tuer  nostre  dit  feu  cousin ,  comme 
ilz  ont  fait  le  dixiesme  jour  de  septembre  derrain  passé,  à  Monstereau 
où  fault  Yonne,  ouquel  lieu  icelluy  nostre  cousin  ala  devers  ledit 
Charles,  accompaigné  de  dix  personnes  tant  seulement,  ainsy  que 
par  ycelluy  Charles  avoit  esté  ordonné  ;  et  luy  estant  à  genoux ,  la  teste 
nue,  et  offrant  à  toute  humilité  son  corps ^  ses  amys  et  toute  sa  puis- 
sance ou  service  de  Nous  et  dudit  Charles ,  et  de  vouloir  entendre  aux 
aftayres  de  nostre  dit  loyaume ,  ainsi  que  besoing  estoit  et  accordé 
avoit  esté  entre  eulx,  le  dit  Charles  mist  tantost  la  main  à  son  aul- 
muce  faysant  semblant  de  saluer  nostre  dit  feu  cousin,  et  à  l'ombre 
de  son  bras,  guigna  les  y  eulx ,  elfist  signe  à  ses  gens  pour  venir  férir 
sur  nostre  dit  feu  cousin  ;  dont  tantoust  après  les  dictes  gens ,  comme 
avoit  esté  préagité  et  conspiré  entre  le  dit  Charles  et  eulx ,  vindrent 
déhachier  et  murdrir  devant  luy  nostre  dit  feu  cousin....  Et  est  vray 
que  le  dit  Charles,  pour  parvenir  à  sa  dicte  damnable  conspiration, 
avoit  fait  mucier  au  dit  Monstereau  certain  grant  nombre  de  gens 
d'armes,  etc.)»  Le  Roi,  qui,  dans  cette  ordonnance,  s'adresse  aux 
habitants  de  Paris,  la  termine  en  leur  défendant,  sous  peine  de  lèse- 


[1410]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  u; 

que  vous  ay  dit ,  ses  gens  en  sccurent  tantost  les  nou- 
velles. Là  y  eut  grant  doeul  fait  en  pluseuis  lieux,  et 
n'est  nulzqui  peust  penser  le  grant  desconfort  qu'il  y 
avoit  de  ses  gens.  Et  avecquez  ce,  les  gens  du  Daufïin 
saillirent  à  puissance  sur  les  gens  au  duc  Jehan ,  les- 
quc'lz  furent  mis  tantost  en  grant  desroy;  car  il  n'y 
eut  point  d'entretenement  en  eulx  depuis  cju'ilz  sceu- 
rent  la  mort  de  leur  seigneur  le  duc  Jehan.  Et  s'en 
alloit  chacun  qui  mieux  povolt,  sans  ordonnance,  et  les 
gens  du  Dauflin  les  encachèrent  fort  ;  car  ilz  estolent 
tous  avisés  de  leur  fait ,  et  moût  en  prindrentet  tuèrent 
ains  qu'ilz  venissent  à  Bray-sur-Saine,  et  les  aultres  se 
sauvèrent  au  mieux  qu'ilz  peurent. 

Item,  après  ceste  doulereuse  mort,  la  guerre  fut 
recommenchic  plus  forte  que  devant,  et  commencha 
checun  de  soy  garnir  contre  sa  partie.  Et  le  roi  Henry 
d'Engleterre  conquestoit  tousjours  fort  sur  les  deux 
parties;  et  par  ainsi  y  avoit  trois  parties  en  France 
qui  tous  contendoient  à  conquerre  sur  le  royaume, 
€t  moût  estoit  le  menu  monde  travaillié. 

Item,  après  ce  que  le  duc  Jehan  fut  mort,  Phelipes 

niajestL',  d'cnvoyor  ni  recevoir  aucun  message  du  Dauphin  ;  «  et  ne 
doit  avoir  aucun  regard  à  la  jeunesce  du  dit  Charles,  pour  son  excu- 
sacion;  car  il  estoit  assez  aagié  pour  congnoistre  le  bien  et  le  mal  ;  et 
posé  ores  qu'il  fust  jeune,  toutes  voyes  sa  malice  et  mauvaistié  a  esté 
si  grande,  qu'elle  a  excédé  toute  aaige,  et  luy  propre  à  estre  le  plus 
affaitié  en  doulces  paroles  pour  décevoir  et  faire  murdrir,  comme  des- 
sus est  dit,  nostre  dit  feu  cousin,  etc.  >»  (  Vilevault,  XII,  273.) 

Cette  ordonnance  est  remarquable,  non  seulement  par  l'inculpa- 
tion dirigée  contre;  le  Dauphin ,  qu'aucune  autre  pièce  de  ce  genre 
n'attaque  si  directement,  mais  encore  par  le  style  oratoire  qu'on  y 
déploie,  et  qu'il  csl  si  peu  ordinaire  de  rencontrer  dans  de  tels  actes.. 


ii8  MÉMOIRES  [1419] 

son  lieux  releva  toutes  les  seignouries  au  duc  Jehan 
son  père,  et  fut  duc  de  Bourgoingne;  et  moût  fut 
courouchié  de  la  mort  de  son  père  et  de  la  traïson 
que  on  luy  avoit  faicte.  Item,  le  duc  Phelipes  avoit 
espousé  Michielle  ',  fille  au  roy  Charles  de  France ,  et 
seur  au  Doffin ,  qui  moût  estoit  dame  de  haut  hon- 
neur, humble ,  courtoise ,  belle  et  bien  amée  de  tous 
les  seigneurs  qui  reparoient  à  la  court  au  duc  Pheli- 
pes, et  avec,  du  povre  commun.  Item  ,  quant  le  duc 
Phelipe  se  fut  saisy  de  tous  les  tenemens  au  duc  Jehan 
son  père ,  il  manda  tous  ses  barons  pour  avoir  conseil 
comraient  il  se  pourroit  vengier  du  Doffin.  Et  lors  on 
luy  conseilla  qu'il  prensist  aliance  avec  le  roy  Henry 
d'Engleterre,  et  qu'il  luy  baillast  Katherine,  fille  au  roy 
Charles,  et  seur  au  Dauffin ,  et  avec,  seur  de  sa  femme, 
laquelle  le  roy  Henry  avoit  grant  désir  d'avoir  k  famé, 
et  que  mieulx  il  ne  se  povoit  vengier  du  Dauffin  ;  car  il 
seroit  cachié  de  France,  sans  jamais  pocesser  en  la 
couronne. 

Item ,  après  que  le  duc  Phelipe  eut  prins  ceste  con- 
clusion ,  il  envoya  devers  le  roy  d'Engleterre.  Et  tant 
y  eut  embassadeurs  entre  les  deux  parties,  que  aliance  ' 
fut  faite  entre  le  roy  Henry  d'Engleterre  et  le  duc 
Phelipe  de  Bourgoingne.  Et  promist  le  duc  Phelipe  de 

'  Voyez  ci-dessus ,  page  ga ,  note  i . 

'  Cette  alliance  est  connue  sous  le  nom  de  Traite  d'Arras.  Les 
deux  actes  qui  la  constatent  sont  :  i".  un  engagement  du  roi  d'An- 
gleterre, daté  de  Rouen  le  i5  décembre  i^i(^,  envoyé  au  duc  de 
Bourgogne;  et  2°.  un  engagement  de  ce  dernier,  daté  d'Arras  le  5 
janvier  suivant,  envoyé  nu  roi  d'Angleterre.  (Rymer,  IV,  3'  part., 
pages  144,  149.) 


[1419]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  119 

livrer  au  roy  Henry  d'Engleterre  Katherine,  fille  au 
roy  Charles  ;  et  le  roy  Henry  luy  promist  de  la  pren- 
dre à  femme,  et  faire  royne  d'Engleterre.  Et  avec  ce 
promist  que  le  roy  Charles  jouyroit  tout  son  vivant 
du  royaume  de  France;  et  si  promist  le  roy  Henry  de 
livrer  au  duc  Phelipe  les  traîtres  qui  avoient  mourdry 
son  père,  se  aucuns  en  chaioit  en  ses  mains.  Et  pluseuis 
autres  promesses  y  eurent  entre  le  roy  Henry  et  le 
duc  Phelipes ,  et  scrmens  fais  des  deux  parties  pour 
entretenir  iDonne  paix  à  tousjours  entre  eulx  :  et  avec, 
promidrent  de  cachier  le  Dauffin  hors  du  royaume  et 
ses  aliez ,  sans  jamais  pocesser  de  nulle  seignourie  au 
royaume  de  France. 

Item,  Phelipes,  conte  de  Saint-Pol,  filz  au  duc 
Antoine  de  Prebant  et  nepveu  au  duc  Jehan,  estoit  à 
Paris  pour  ce  temps ,  et  là  estoit  lieutenant  du  Roy, 
et  entretenoit  la  ville  de  Paris;  car  le  duc  Jehan  luy 
avoit  laissié  après  la  prinse  de  Paris  pour  les  entretenir. 
Et  s'i  gouverna  par  bon  conseil,  combien  qu'il  estoit 
josne  de  aage  et  n'avoit  que  environ  quatorze  ans,  et 
là  fut  tant  que  le  Roy  alla  devant  Melim. 

Item,  au  traitié  qui  fut  fait  entre  le  roy  Henry  et 
le  duc  Phelipe,  fut  ordonné  que  le  roy  Henry  seroit 
droit  héritier  du  royaume  de  France,  luy  et  ses  hoirs, 
après  la  mort  du  roy  Charles  de  France  ;  et  que  jamais 
Charles  le  Doflin  n'en  joiroit,  ne  ceux  qui  de  luy  ven- 
droient,  et  qu'il  n'estoit  digne  de  tenir  royaume  pour 
le  malvais  fait  qu'il  avoit  fait  sur  le  duc  Jehan  de  Bour- 
goingne ,  et  point  ne  s'en  pourroit  excuser,  combien 
qu'il  fust  jonc  quant  le  cas  advint,  et  avec,  estoit  gou- 
verné pai'  gens  estrangiers,  et  qui  avoient  [eu  de  leurs 


120  MÉMOIRES  [1419] 

amis  morts  ']  à  la  traïson  de  Paris ,  par  quoy  ilz  ne 
leur  challoit  quel  déshonneur  le  Dauffin  eust ,  mais 
qu'ilz  fussent  ven£»iés  du  duc  Jehan.  Et  moût  se  vout 
depuis  excuser  pour  sa  jonesse  et  pour  ceux  qui  le  gou- 
vernoient,  disant  que  ce  n'avoit  point  esté  fait  de  son 
consentement,  et  que  autant  eut-il  fait  du  roj  Charles, 
son  père ,  pour  le  temps  ;  mais  à  ce  ne  peut  estre  ouy 
ne  recheu,  et  pour  ce  dura  la  guerre  long -temps  de- 
puis, comme  vous  pourrés  voier  cy-après.Et  mesraes, 
pour  plus  grant  apparucion  monstrer,  le  Dauffin  mist 
hors  d'avecquez  luy  ceux  qui  luy  avoient  donné  le 
conseil  de  mectre  à  mort  le  duc  Jehan ,  et  s'en  allèrent 
hors  du  rojaulme. 

Item,  après  toutes  ces  aliances  faictes  entre  le  roy 
Henry  d'Engleterre  et  le  duc  Phelipe  de  Bourgoin- 
gne,  ilz  avisèrent  de  fort  conquerre  villes  et  for- 
tresses  sur  les  gens  du  Dauffin.  Et  commencha  le  duc 
Phelipes  de  Bourgoingne  à  faire  grans  mandemens 
par  tous  ses  pays ,  et  tout  fist  assembler  vers  Péronne. 
Quant  le  duc  Phelipe  eut  fait  grant  assemblée  de  gens, 
il  bailla  le  gouvernement  h  messire  Jehan  de  Luxem- 
bourg de  les  mener  ;  et  messire  Jehan  de  Luxembourg 
se  loga  en  la  ville  de  Péronne ,  et  ses  gens  tout  au 
tour,  et  de  là  tira  droit  à  Lyons-en-Santers  %  et  là  se 
loga  en  la  ville,  et  toutes  ses  gens  avecques  luy.  Avec 
messire  Jehan  y  avoit  d'autres  moût  bons  capitaynes,  et 
y  estoit  [le  vidame  d'Amiens],  le  seigneur  de  Croy  ", 

'   Le  manuscrit  poilc  :  «  Qui  avoient  ru  leurs  aines  paiL  à  la  trai- 
soa.  )'  Nous  suivons  le  texte  du  manuscrit  de  Ticulaine 
=  Lihous-eu-Santcire. 
'  Antoine,  sire  de  Cfoy,  de  lleiily,  de  Toiccau,  .le,  surnonuuo  le 


[1419]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  121 

Hector  de  Saveuscs,  le  seigneur  de  Humbercourt ', 
marissal  au  duc  Phelipes ,  et  des  aultres  à  planté.  Là 
fut  prinse  conclusion ,  par  messlre  Jehan  et  ceulx  qui 
estoient  avecquez  luy,  de  aller  mectre  siège  devant 
Denum  %  ung'  chastel  à  deux  lieues  de  Corbère  ^5 
lequel  faisoit  assez  de  mal  à  la  ville  de  Corbère  et  au 
pays  d'entour  ;  mais  celle  nuif^  donc  ilz  dévoient  len- 
demain partir,  raessire  Carados  Desquennes  et  Charles 
de  [Flavi^]  prindrent  la  ville  de  Roje,  en  Vermandois, 
qui  avoit  esté  donnée  au  [duc  ^  ]  Phelipes  en  mariage 
avec  la  fdle  au  roy  Charles,  et  entrèrent  dedens,  atout 
bien  trois  cens  combattans.  Lors  estoit  capitaine  de 
Roye  ung  nommé  Percheval-le-Grant,  lequel  eschapa 
de  la  ville ,  et  vint  vers  raessire  Jehan  à  Lyons,  où  il 
estoit.  Quant  il  ouy  les  nouvelles  de  la  ville  de  Roye 
qui  estoit  prinse,  tantost  il  fist  sonner  ses  trompètes, 
et  puis  monta  à  cheval  et  tous  ses  gens  avec  luy,  et  che- 
vaucha vers  Roye  en  grant  ordonnance.  Et  prestement 
mist  coureurs  sus  pour  aller  devant  ;  lesquelz  trouvè- 
rent ancoire  les  eschlelles  dréchiés  aux  murs  de  Roye 
par  où  les  doffînois  estoient  entrés.  Là  y  eut  grant  es- 
Grand,  premier  chambellan  de  Philippc-le-Bon ,  duc  de  Bourgogne; 
mort  en  i^y5. 

■  Voyez  ci-dessus,  page  85,   note  2. 

'  Demuin.  Voyez  ci-dessus,  page  73,  note  i. 

^  Corbie. 

^  Le  dimanche  10  décembre  i4i9-  (  Monstrelet  ,  IV,  210.) 

'  Le  manuscrit  porte  Flam.  Celui  de  Tieulaine,  et  Monstrelet 
(IV,  210)  disent  Cliarles  de  Flavl  ;  ce  dernier  ajoute  hàtavddc  Tour- 
iiemine.  Suivant  La  Morliére  (207) ,  Charles  de  Flavi  êtoil  seigr»fuv 
de  Rouquerolle,  et  fut  fait  chevalier  en  3  44^- 

''  Le  manuscrit  porte  «  au  dit  Phelipes.  » 


122  MÉMOIRES  [1419] 

carmuchc  de  venue ,  et  gueiigiièreiit  sur  eux  les  faulz- 
bouigs  qui  estoient  clos  de  bonne  muraille;  et  avec, 
tout  incontinent,  on  y  mist  le  siège.  Et  se  loga  le  sei- 
gneur de  Lilladam,  qui  estoit  maréchal  de  Fiance,  et 
Hector  de  Saveuses  dedens  les  faulz-hours,  au  costé 
vers  Compiengne ,  et  le  seigneur  de  Croj  à  une  ville 
assez  près ,  et  avec  luy,  le  seigneur  de  Longueval  ',  qui 
pom'  lors  servoit  le  duc  Phelipe,  etservy  grant  temps 
depuis.  Et  messire  Jehan  de  Luxembourg  fut  logic  à 
une  lieue  près  de  Roie,  en  tirant  vers  INoyon,  et  les  Fla- 
mans  ancore  outre,  à  une  ville  nommée  Chempien. 

Ainsi  fut  la  ville  de  Roye  assise  tout  autour,  et  sy  es- 
toit  le  siège  droit  au  Noël,  l'an  mil  quatre  cens  et  dix- 
neuf,  pjien  vingt-quatre  jours  avant  qu'ilz  se  vousissent 
rendre.  Souvent  y  a  voit  de  grans  escarmuches  faites  de 
ceux  de  dehors  contre  ceux  dedens  ;  mais  enfin  ilz  se 
rendirent  par  ce  qu'ilz  s'en  iroient  sauve  leurs  corps 
et  leurs  biens.  Et  messire  Jehan  de  Luxembourg  en 
fut  content,  et  de  ce  leur  bailla  sauf-conduit  pour  eux 
en  aller  à  Compiengne  ;  et  fut  ordonné  Hector  de  Sa- 
veuses pour  les  conduire.  Et  messire  Carados  et  Charles 
de  Flavi  ordonnèrent  leurs  besoingnes  pour  euix  en 
aller,  et  se  partirent  par  ung  sabmedi  bien  matin.  En- 
viron après  une  heure,  après  ce  que  les  dofîinois  fu- 
rent partis  de  Roye ,  et  que  les  gens  de  messire  Jehan 
estoient  jh  dedens  la  ville ,  le  conte  de  Hantuiton  "*  et 

'  Charles,  seigneur  de  Longueval,  marié  à  Marguerite,  OUc  du 
seigneur  de  Divion,  vivoit  encore  en  i4o5.  (La  Morlikp.e,  85) 

'  Jean  Rolland ,  comte  de  Huntingdon ,  depuis  duc  d'Exccstrr, 
mort  le  5  août  1 446.  Elisabeth,  sa  mère,  sœur  du  roi  Henri  IV, 
s'étoit  remariée  au  comte  de  Corn\valI.  (W.  Dugdale  ,  II,  80-81.) 


[1419]  DE  PIERRE  DE  FEMN.  laS 

Cornuaille  \indrent  devant  Roye ,  qui  \enoient  pour 
aidier  à  messire  Jehan  de  Luxembourg.  Et  quant  ilz 
oïrent  que  les  doflinois  estoient  partis ,  et  que  ilz  ne 
povoient  estie  que  une  lieue  loings,  ilz  commencèrent 
fort  à  tirer  après,  et  estoient  bien  mille  combatans. 
Tant  chevaucha  le  conte  de  Hantiton  et  Cornuaille  , 
quilz  actaindirent  les  doffinois  à  trois  lieues  près  de 
Compiengne,  etfrapèrent  sur  eulx  baudement.  Et  aussi 
les  doffinois  ne  s'en  donnoient  garde,  parquoy  ilz  fu- 
rent tantost  mis  en  desroj,  et  furent  tous  rués  jus, 
priiis  et  mors  ,  et  peu  en  eschapa.  Quant  messire  Ca- 
rados  vit  le  fait,  il  se  rendit  à  Hector  de  Saveuses  : 
mais  Cornuaille'  frapa  Hector  de  Saveuses  sur  la  main 
aïant  son  gantelet,  dont  Hector  fut  bien  mal  content, 
mais  il  n'en  peut  avoir  autre  chose  ;  et  hiy  dist 
Cornuaille  :  h  Vous  savés  bien  que  ne  les  povés  fian- 
chier;  car  ilz  ont  sauf-conduit  de  vostre  capitaine.  » 

Item,  avecques  les  Englez  monta  à  cheval  pluseurs 
des  gens  de  messire  Jehan  de  Luxembourg  ,  quant  ilz 
virent  que  on  alloit  ruer  jux  les  doffinois,  et  fut  une 
chose  qui  moût  les  greva  ;  car  leurs  chevaux  estoient 
séjournes ,  et  pour  ce  les  sievirent  plus  raidement  que 
les  Englez.  Et  y  alla  le  bastard  de  Croy*,  Abelletde 
Folleville^  ,  le  bailly  de  Fouquesère  '  ,  et  des  gens  au 

'  Mais  Coriwuaille  luy  osla  cl  frappa....  {  ïi.  ) 

'  Bulor,  bâtard  de  Croy,  frère  d'Antoine,  seigneur  de  Croy  (  Mons- 
ïp.ELET,  lY,  2i4-i5).  Il  fut  tué,  au  mois  de  juin  1420,  au  siège  de 
Montereau.  (  Mo.NsrnELET,  IV,  255-56. } 

'  Aubert  de  Folleville,  capitaine  de  la  ville  de  Rove,  fut  tuè,  en  1 4^7, 
dans  un  engagement  avec  les  dauphinois,  près  d'un  village  nommé 
lioulogne-la-Grasse.  (  Monstrplet,  IV,  542.  j 

^  Le  bailli  de  Fnuqiie.^snle   I  !Monstrelf,t,  I\  ,  '^14-; 


124  MÉMOIRES  [1419] 

seigneur  de  Longueval  avecpluseuis  autres.  Pour  ceste 
cause  se  courouclia  messire  Jehan  de  Luxembourg  moût 
fort,  pour  ce  qu'ilz  estoient  soubz  luy,  et  qu'il  avoit 
baillié  sauf-conduit  aux  dauffinois,  et  vouloit  que  le 
seigneur  de  Croy  luj  baillast  son  frère  bastart,  et  le 
seigneur  de  Longueval ,  le  bastart  de  Dunon  ' ,  frère  de 
sa  femme;  maiz  ilz  n'en  veurent  riens  faire,  et  par 
ce  les  eut  messire  Jehan  en  grant  hajne  long-temps 
après ,  et  en  a\  int  depuix  de  grans  tribulacions ,  comme 
cy-après  sera  veu. 

Tantost  après  ceste  course  faite/ les  Englès  se  lo- 
gèrent à  deux  lieues  près  de  Roye,  atout  leurs  pri- 
sonniers ;  et  landemain  messire  [Jehan  de  Luxem- 
bourg alla  devers  le  conte  de  Hantiton  ,*et  luy  donna 
ung  cheval;  et  avec  ce,  luy  parla"  qu'il  faist  bonne 
compaignie  à  messire  Carado  et  aux  autres  prisonniers. 
Car  pour  vray  messire  Jehan  de  Luxembourg  estoit 
fort  iré  de  ce  que  ilz  avoient  esté  prins  sur  leur  sauf- 
conduit  ,  combien  que  aucuns  veullent  dire  qu'il  le 
savoit  bien.  Mais  il  n'en  estoit  riens  ;  car  messire  Jehan 
estoit  seigneur  qui  bien  vouloit  tenir  ce  qu'il  prometoit. 

Après  ce  que  messire  Jehan  de  Luxembourg  eut 
esté  devers  le  conte  de  Hantiton,  et  qu'ilz  eurent  fait 
les  ungs  aux  autres  grant  chière,  il  se  retrait  à  son 
logis.  Et  lendemain  se  party  atout  une  partie  de  ses 
gens,  et  s'en  alla  vers  La  Foire-sur-Oise ^  :  et  estoit 
en  sa  compaignie  Hector  de  Saveuses.  Quant  messire 
Jehan  vinst  à  La  Foire  ,  il  assist  garnison  par  toutes 

'  Divion  ?  —  Voyez  ci-dessus  ,  page  122  ,  note  i. 
=  Z«j-pria.(Ti.) 
^I  a  Fère-sur-Oise. 


i  1419]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i25 

ses  fortresses  ,  et  mist  Hector  de  Saveuses  à  Nouvion- 
le-Coiîtc,  et  les  autres  en  toutes  ses  autres  places, 
pour  tenir  frontière  contre  Crépi-en-Lannois  [où]  es- 
toit  La  Hiere  '  et  Poton  de  Sainte-Traille  ''  atout  grant 
gent  :  et  là  se  tindrent  dessy  au  karesme ,  que  le  duc 
Phelipe  vint  atout  sa  puissance,  et  mist  le  siège  tout 
autour  de  Creppy.  Les  autres  gens  du  duc  Phelipe 
s'en  allèrent,  après  ce  que  la  ville  de  Roie  fut  prinse, 
cliascun  où  il  voulloit ,  en  son  hostel  ou  ailleurs ,  dessy 
après  la  Chandeleur,  que  le  duc  Phelipe  refist  grant 
mandement  pour  aller  en  Troies  en  Champengne.  Et 
([uant  il  eut  assemblé  tous  ses  gens,  il  chevaucha  vers 
Saint-Quentin  ,  en  Vermendois,  et  là  se  loga  dedens  la 
ville.  Avecques  luy  chevauchoit  le  conte  de  Varvich^ 
etlecontedeQuin^,  et  le  seigneur  de  Ros^,  qui  estoient 
embassadeurs  du  roy  Henry  d'Engleterre  :  et  alloient 
avecques  le  duc  Phelipes  à  Troies  en  Champengne, 
devers  le  roy  Charles  de  France,  pour  Katherine,  fille 
du  roy  Charles,  pour  le  roy  Henry,  laquelle  il  voulloit 
avoir  à  femme,  et  l'eut,  comme  vous  pourrés  cy-après 
voler.  Et  chevauchèrent  lesdlz  embassadeurs  avecques 
le  duc  Phelipes  à  Troies. 

'  Etienne  deVignole,  seigneur  de  Montmorillon  ,  connu  soixs  le 
nom  de  La  llire ,  l'un  des  plus  vaillants  capitaines  de  son  temps.  Il 
mourut  de  ses  blessures  à  Montauban,  en  i442- 

*  Jean,  dit  Poton,  seigneur  de  Xaintrailles,  créé  maréchal  de 
France  en  i454?  mort  à  Bordeaux  le  7  octobre  1461. 

'  Richard  Beauchamps,  comte  de  Warwick  et  d'Aumarle,  né  le  28 
janvier  i38i,  mort  à  Rouen  le  5o  avril  i459-  (  W.Dugdale,  I,  242-47.) 

'•  Le  comte  de  Kent.  Il  étoit,  en  1420 ,  capitaine  de  Melun  pour  le 
roi  Henri  Y,  et  fut  tué  le  22  mars  de  la  même  année ,  à  la  bataille  de 
Baugé.  (Saint-Remy,  Yin,  179-187.) 

'  Jean ,  seigneur  de  Ross  de  Hamlake ,  auquel  le  roi  Henri  Y  donna 


126  MÉMOIRES  [1419] 

Quant  le  duc  Phelipes  se  desloga  de  Saint-Quentin, 
il  s'en  alla  logier  à  Cressj-sur-Sère  *  ;  et  messire  Jehan 
de  Luxembourg  faisoit  l'avant-garde  au  duc  Phelipe , 
et  s'alla  logier  à  lieue  et  demie  de  Crespj,  et  puis  alla 
courre  devant  Crespy.  Et  y  eut  grant  escarmuche  faite, 
et  tant  que  le  bastard  de  Hénaut  %  qui  estoit  avecques 
messire  Jehan ,  fut  tout  décopé  des  doffinois  ;  mais 
nonobstant  il  n'en  mourut  point.  Et  moût  se  porta  se 
jour  messire  Jehan  de  Luxembourg  vailîaument,  et 
Phelipez  de  Saveuses  avec  luj. 

Item ,  le  duc  Phelipez  se  desloga  de  Cressy-sur-Sère, 
et  s'en  alla  logier  devant  Crespj-en-Lannois,  où  il  mist 
le  siège  tout  autour  :  et  y  fut  bien  vingt  jours  avant 
({u'ilz  vousissent  rendre  la  ville  ;  car  ilz  estoient  bien 
huit  cens  combaîans  dedens.  Mais  enfin  se  rendirent 
par  ce  qu'ilz  s'en  yroient  sauve  leurs  corps  et  leurs 
biens,  si  non  ceux  qui  estoient  des  paiz  au  duc  Phe- 
lipez, lesquelz  dévoient  demourer  prisonniers.  Ainssy 
mist  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne  Crespy-en-Lainiois 
en  son  obéissance,  au  commenchement  de  sa  première 
année,  et  ceux  qui  estoient  dedens  s'en  allèrent;  et 

la  seigneurie  de  Bacqueville  en  Normandie.  Tué  en  1420,  à  la  bataille 
de  Baugé.  (  W.  Dugdale  ,  1 ,  552.  ) 

'  Crécy-sur-Serre. 

'  On  lit  dans  Monstrelet  :  «  Le  bâtard  de  Harcourt ,  atout  les  gens 
de  messire  Jaccpies  de  Hai-court ,  son  oncle  (IV,  222).  »  Jean  de  Har- 
court, bâtard  de  Havrech,  appelé  le  bâtard  d'Harcourt,  Gis  de  Chris- 
tophe de  Harcourt ,  seigneur  d'Avrech ,  conseiller  et  chambellan  de 
Charles  YI,  mourut  le  n  mai  i438.  Monstrelet  mentionne ,  sous  l'an- 
née i4i8,  Evrard,  bâtard  de  Hainaut,  frère  de  la  duchesse  Jacqueline , 
comtesse  de  Hainaut  (IV,  no).  ■<  Il  bâtit,  dans  la  Westfrise,  le  châ- 
teau de  Hoogtwoude,  dont  il  fut  le  premier  seigneur.  »  (Berthollet, 
111,398.) 


[1419]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  127 

puis  le  duc  Phelipes  Gst  abatre  la  fortificacion  de  Crespj, 
et  l'abatirent  ceux  de  Lan  '.  El  le  duc  Phelipes  s'en  alla 
logier  à  Lan,  et  puis  delà  s'en  alla  droit  k  Ralns,  et 
delà  à  Châlon,  et  puis  h  Troie  en  Champengne. 

Entre  Troie  et  Challon  chevauchoit  messire  Jehan 
de  Luxembourg  et  messire  Robinet  de  Mailly,  cpii 
estoit  grant  pennetier  de  France,  parmy  ung  villaige. 
Et  y  a  voit  de  grandes  yauves  où  il  a  voit  fossez  cou- 
vertes de  bourbe,  et  messire  Robinet  de  jNïaillj  fondi 
dedens  une  grande  fosse  atout  son  cheval ,  et  là  fut 
noie;  car  on  ne  le  peut  oncquez  recourre,  et  demoura 
bien  trois  heures  dedens  que  on  ne  le  peut  ravoir. 

Item',  ung  peu  devant  ce  temps,  La  Hiere  tenoit  le 
chastel  de  Coussy  de  par  le  Doffin,  qui  moût  estoit  fort, 
etavoitprinsgrant  foison  de  prisonniers gentilz  hommes 
et  autres,  lesquelz  il  avoit  mis  dedens  le  chastel  de  Coussy. 
Et  en  câtoit,  [le]  seigneur  de  Maucourt  %  Lyonnel  de 
Bournoville  et  pluseurs  autres,  lesquelz  advisèrent  leur 
point  que  La  Hire  estoit  à  la  course,  et  par  aucun  moïen 
firent  qu'ilz  prindi^ent  le  chastel  de  Coussy  ^,  et  en  furent 

■  Laon. 

'  Le  seigneur  de  Maucourt  en  Santerre  (Monstrelet,  IV,  i44)- 
Jean,  doc  de  Bourgogne,  avoit  au  nombre  de  ses  chambellans,  Jean 
d'Auvillars,  seigneur  de  Maucourt  (La  Bakre  ,  II,  i52).  Le  seigneur 
de  Maucourt ,  chevalier  de  Vermandois  (  Mosstrelet,  V,  69) ,  quitta, 
en  1424,  le  parti  du  duc  de  Bourgogne  (Ibid.,  70).  Pris  peu  de 
temps  après  par  maître  Robert  Le  Jeune,  bailH  d'Amiens,  «  il  fut, 
par  le  conseil  du  roi  Henri ,  décapité  en  la  dite  ville  d'Amiens ,  et 
son  corps  mis  au  gibet,  ses  biens  et  héritages  confisqués  au  Roi.  » 
{Ibid.,^o.) 

'  Le  château  de  Coucy  fut  surpris  par  les  Bourguignons  ,  environ 
la  Chandeleur,  a  février  i4t8.  (Motjstrelet,  IV,  i44-) 


128  MÉMOIRES  [1419] 

malstres.  Après,  ilz  mandèrent  messiie  Jehan  de  Luxem- 
bourg pour  luy  baillier  le  chastel  ;  et  en  y  eut  aucuns 
qui  ne  furent  mie  contens  de  mectre  les  dedens  qu'ilz 
ne  promeissent  de  eulx  laissier  le  gueng  qu'ilz  avoient 
fait.  Et  le  seigneur  de  Maucourt  alla  au-devant  de 
messire  Jehan,  en  luj  disant  :  «  Monseigneur,  les  com- 
paignons  ne  sont  mie  contens  de  vous  mectre  ens  que 
ne  prometés  premier  de  leur  laissier  ce  cpi'ilz  ont  guen- 
gnié.  »  Et  quant  messire  Jehan  oyt  ce,  il  se  courucha 
grandement,  et  dist  au  seigneur  de  Maucourt  :  «  Traî- 
tre, me  voullés-vous  traïr?  »  Alors  le  fist  prendre  par 
ses  gens,  et  s'il  eust  eu  bourrel ,  il  luy  eust  fait  coper 
la  teste ,  par  le  grant  couroux  qu'il  avoit  à  luy.  Tan- 
tost  Lyonnel  de  Bournovilie  fist  tout  ouvrir,  et  mes- 
sire Jehan  entra  dedens,  et  eut  l'obéissance  du  chastel 
de  Coussy.  Et  depuis  fut  le  seigneur  de  Maucourt  dé- 
livré. 

Item ,  messire  Jehan  de  Luxembourg  avoit  espousé 
Jehenne  de  Bétune',  fille  au  viconte  de  Miaulx ,  qui 
enparavant  avoit  espousé  le  conte  de  Marie,  et  en  avoit 
une  fille  '  qui  estoit  contesse  de  Marie  *  :  et  par  ce  avoit 

'  Jeanne  deBétbune,  vicomtesse  de  Meaux,  veuve  de  Robert  de 
Bar,  seigneur  d'Oisy,  comte  de  Marie,  tué  à  la  bataille  d'Azincourt. 
Elle  se  remaria ,  trois  ans  après ,  à  Jean  de  Luxembourg ,  et  mourut 
vers  la  fia  de  1439. 

"  Jeanne  de  Bar,  comtesse  de  Marie,  épousa,  le  16  juillet  i455, 
Louis  de  Luxembourg,  comte  de  Saint -Pol,  etc.,  connétable  de 
France. 

^  De  Marie ,  et  une  de  messire  Jean  de  Luxembourg ,  qui  pour  ce 
avoit...,  (Ti).  — Monstrelet  parle  du  mariage  de  Jeanne  de  Béthune 
avec  Jean  de  Luxembourg,  lequel  «  dedans  ung  an  ensuivant  eut  de 
la  dite  dame  ung  filz,  lequel  mourut  jeune  »  (IV,  i5o). 


[14-20]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  ,29 

messire  Jehan  de  Luxembourg,  le  gouvernement  de 
pluseurs  hautes  seignouries,  bonnes  villes  et  fortrasses 
donc  il  fist  long-temps  bonne  garde. 

Item ,  quant  le  duc  de  Bourgoiiigne  fut  venu  à  Troies 
en  Champengne,  comme  dit  est  cy-devant,  et  les  em- 
bassadeurs  du  roj  Henry  avecquez  luy,  il  alla  devers 
le  roy  Charles,  son  biau-père,  et  devers  la  Royne;  et 
fist  tant  qu'ilz  furent  contens  que  le  roy  Henry  eust 
Katherine,  leur  fille,  à  mariage.  Et  fut  la  chose  traitié, 
et  du  tout  acordée  par  le  roy  Charles  et  son  conseil. 
Et  puis  les  embassadeurs  s'en  râlèrent  vers  le  roy  Hen- 
ry pour  le  quérir,  affin  qu'il  venist  espouser  à  Troies. 
Et  demoura  vers  dame  Katherine  ung  des  chevalliers  du 
roy  Henry,  nommé  messire  Loys  de  Robessart  ' . 

Item,  Phelipe,  duc  de  Bourgoingne,  fut  une  partie 
du  karesme  à  Troies  ,  et  depuis  tant  que  le  roy  Henry 
y  fut.  En  tant  que  le  duc  Phelipez  estoit  à  Troies  ,  il 
envoia  ''  messire  Jehan  de  Luxembourg  courre  devant 
une  fortresse  à  six  lieues  de  Troies,  nommée  Aliban- 
dières ,  et  faisoit  assés  paine  au  païs  de  Champengne. 
Et  quant  messire  Jehan  y  vint,  il  assist  son  enbûche 
à  ung  quart  de  lieue  près ,  et  puis  envoïa  Hector  de 
Saveuses  et  Ferry  deMailly,  atout  quatre-vingts  com- 
batans,  courre  devant  le  chastel  de  Libandières.  Là  y 
eult  grant  escarmuche;  car  ceulx  du  chastel  saillirent 

'  Louis  Robsart,  natif  de  Hainaut  ,  naturalisé  anglois  en  \^i6, 
membre  du  Parlement  sous  le  titre  de  lord  Bourcbier,  mort  en  i45o 
(W.DuGDALE,  III,  202).  Il  étoit  clievalier  de  l'Ordre  de  la  Jarretière. 
(A.Favyn,  II,  1046.) 

'  «  Dix  jours  avant  Pasques  »  (Monstrelet,  IV,  227),  c'est-à-dire 
Je  iS  mars  i4i9,  l'année  i^'zo  commençant  au  7  avril. 


i3o  MÉMOIRES  [1420] 

Jiors,  et  tantost  après  messire  Jehan  de  Luxembourg 
\int  pour  aviser  la  place.  Et  quant  II  vit  les  doffinois 
dehors ,  liiy  qui  avoit  le  ceur  vaillant ,  frapa  de  l'es- 
pron  pour  remaistre  les  dauffinois  dedens ,  et  les  cacha 
dessj  auprès  de  la  barrière  ;  mais  son  cheval  commen- 
cha  à  desroier  et  saillir,  et  tant  qu'il  falut  que  messire 
Jehan  de  Luxembourg  chaïst  dessoubz  son  cheval.  Là 
y  eut  grant  huée  faite  par  les  doffinois;  car  ilz  ge- 
toient  et  tiroient  fort  sur  messire  Jehan,  et  s'il  n'eust 
eu  brief  secours,  il  eust  esté  prins.  Mais  ses  gens  le 
relevèrent  tantost,  et  \uj  remidrent  sa  lance  en  la 
main,  qu'il  avoit  perdue  au  chaïr.  Et  lors  messire 
Jehan  marcha  avant  vaillauraent ,  et  à  peu  de  gens  re- 
mist  les  doffinois  dedens  ;  et  geta  sa  lance  dedens  les 
fossez  du  boulevert  après  eux,  et  tant  qu'ilz  fremè- 
rent  tout.  Et  messire  Jehan  manda  ses  gens  qui  estoient 
en  embusque,  et,  par  la  grant  ire  qu'il  avoit,  fist  as- 
salir  le  boullevert  sans  avoir  nul  abillement  d'assaut , 
et  fîst  tant  que  le  dit  boullevert  fut  prins  d'assaut ,  et 
y  fist  messire  Jehan  de  Luxembourg  bouter  le  feu,  et 
fut  le  boullevert  tout  espris  que  on  n'y  povoit  plus 
durer.  Moût  se  porta  messire  Jehan  de  Luxembourg, 
ceste  journée,  vaillaument  de  sa  personne  :  et  quant 
ceulx  du  chastel  le  virent  si  vaillant,  ilz  voulurent  sça- 
voir  son  nom ,  et  envoièrent  le  requerre  de  faire  ar- 
mes contre  luy.  Et  il  manda  qu'il  en  estoit  content  ; 
et  puis,  quant  ilz  sc^urent  son  nom,  ilz  n'en  voulurent 
riens  faire.  Après  messire  Jehan  de  Luxembourg  s'en 
alla  à  Troies  devers  le  duc  Phelipc,  et  ses  gens  aux 
villages  autour  de  Troies. 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i3i 

Item,  environ  quinze  jours  après,  le  duc  Phelipe 
renvoia  messire  Jehan  de  Luxembourg  et  le  seigneur 
de  Croy,  le  seignem^  de  Lilladam,  maréchal  de  France, 
Hector  de  Saveuses  et  pluseurs  autres  seigneurs,  pour 
maistre  siège  devant  Alibandières.  Et  y  alèrent  atout 
bien  douze  cens  combatans  de  bonne  estoffe ,  et  me- 
nèrent grans  engins  pour  abatre  la  muraille.  Et  quant 
ce  vint  à  prendre  le  siège ,  messire  Jehan  de  Luxem- 
bourg, qui  autrefois  avoit  prins  le  boulevert,  comme 
avez  ouy,  alla  pour  le  faire  assaillir;  car  les  doffinois 
Tavoient  refait  plus  fort  que  devant.  Et  y  eut  grant 
assaut;  car  les  doflinois  le  deffendirent  grandement. 
Là  estoit  messire  Jehan  de  Luxembourg ,  qui  fort  as- 
sailloit  avecques  les  autres,  et  Hector  de  Saveuses  com- 
batoit  sur  une  eschielle  vaillaument;  et  dura  l'assaut 
bien  deux  heures.  Moût  y  eut  des  gens  messire  Jehan 
de  Luxembourg  navi-és  à  cest  assaut  ;  et  luy  de  sa  per- 
sonne fut  navré  au  visaige,  donc  il  perdy  ung  oeul. 
Quant  messire  Jehan  de  Luxembourg  fut  navré ,  on  le 
remena  à  son  papillon ,  et  puis  l'assaut  commencha  à 
luy  retraire.  Là  fut  Henry  du  Caufour'  navré,  donc  11 
mourut,  ung  gentil-homme  de  Bourgoingne,  et  fut  à 
combatre  sur  une  esquielle ,  et  moût  d'aultres  en  y  eut 
de  navrés  à  mort. 

Item ,  on  emmena  messire  Jehan  de  Luxembourg  en 
ung  chastel  pour  le  gairir,  et  de  là  à  Troies.  Puis  le 
conte  de  Conversent'',  frère  à  messire  Jehan  de  Luxem- 

'  Henry  de  Chaufour,  écayer  d'écurie  du  Roi  et  de  Jean ,  duc  de 
Bourgogne.  (La  Barre  ,  II ,  i48.) 

'  Pierre  de  Luxembourg ,  comte  de  Saint-Pol ,  de  Conversan  et  de 
Brienne,  seigneur  d'Enghien.  Mort  de  la  peste,  le  3i  août  i435. 


i32  MÉMOIRES  [1420] 

bourg,  vint  à  Allbandières  et  entretint  le  siège  tant 
qu'il  dura  et  que  le  chastel  fut  rendu.  Devant  Aliban- 
dières  eut  le  seigneur  de  Biauvoir  '  ung  oeul  crevé. 

Item,  le  conte  de  Conversen  fit  assair  de  grans  en- 
gins devant  Alibandières,  et  moût  fut  fort  abatu  en 
peu  d'espasse  ;  et  tant  que ,  après  ung  parlement  qui 
avoit  esté  entre  les  doffinois  et  les  Bourguignons,  il  y 
eut  ung  grant  assault  tout  autour  du  chastel ,  et  entra 
bien  quatre-vingts  hommes  dedens  ''  ;  mais  enfin  ilz  fu- 
rent cachiés  dehors  par  force ,  et  dura  bien  l'assaut  six 
heures  ;  et  le  falut  laissier  pour  la  nuit  qui  vint.  Là  y 
eut  moût  de  gens  navrez  d'un  costé  et  d'autre ,  et  au 
quatriesmejour  ceux  du  chastel  se  rendirent  sauve  leurs 
corps,  et  y  eut  aucuns  gentilz-hommes  qui  eurent 
leurs  chevaulx  :  et  puis  ilz  s'en  allèrent  à  Moinnes  ^ 
par  sauf-conduit ,  et  la  fortresse  fut  arse  et  toute  déso- 
lée. Et  puis  les  gens  au  duc  Phelipes  s'en  rallèrent  à 
Troies  en  Champengne,  et  se  logèrent  autour  de  la 
ville  et  dedens;  et  les  y  remena  le  conte  de  Con- 
versen. 

Item,  assez  tost  après,  le  duc  Phelipe  envoia  le  sei- 
gneur de  Lilladam  ,  marissal  de  France,  le  seigneur  de 
Croy,  messire  Maurroy  de  Saint-Légier,  atout  bien 

'  Jean  de  Beauvoir  étoit  au  nombre  des  chevaliers  bannerets  qui 
servirent  dans  l'armée  du  duc  de  Bourgogne,  en  i4o5  (D.  Plancher  , 
III,  Notes,  578).  Il  fut  fait  chevalier  en  142a  ( Monstrelet,  IY,  369), 
et  assistoit ,  en  1 453 ,  au  banquet  donné  à  Lille  par  le  duc  de  Bour- 
gogne. (Mathieu  d'Escouchy,  675.) 

^  Dedans  les  trins.  (Ti.) 

'  Monstrelet  écrit  tantôt  Mojmers  (  IV,  233  )  ou  Moyennes  (V, 
160),  tantôt  Moynicrs,  située  dans  le  comté  de  Yertus  (II,  3oo).  La 
Barre  (II,  148)  dit  Moynmers. 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i33 

[mille]  combatans  au  pays  vers  Coiissy  ',  et  vers  la  conté 
de  Touraine".  Et  quant  ilz  vlndrent  à  six  lieues  près 
de  Coussj,  ilz  firent  faire  des  eschielles  de  fçuerre  et 
puix  s'en  allèrent  de  tire,  par  nuit,  pour  assaillir  la  ville 
de  Coussy,  et  vindrent  devant  la  ville  environ  à  soleil 
levant.  Et  quant  le  seigneur  de  Lilladam  vint  devant 
Coussy,  il  fîst  des  chevalliers  j  et  y  fut  le  seigneur  de 
Croy  fait  chevalier,  messire  Baudet  de  Noielle^  etmes- 
sire  Lyonnel  de  Bournoville;  et  puis  on  assailly  la 
ville,  et  n'y  avoit  dedens  que  les  bons  hommes'^  et 
deux  ou  trois  gentilz-hommes,  par  quoy  le  commun 
fut  bien  esbahy;  mais  nonobstant  ilz  se  rassemblèrent 
et  puis  se  defFendirent  bien.  Et  aussy  les  eschielles  fu- 
rent trop  courtes ,  et  par  ce  ,  on  se  retrait  pour  le  pré- 
sent, et  on  se  loga  autour  de  la  ville;  et  puix  on  fist 
faire  des  eschielles  plus  longues  et  des  martiaux  de  fer 
pour  les  rassaillir,  et  au  troisiesme  jour  on  y  refist  uug 
grant  assaut,  et  ancore  se  defFendirent  mieux  qu'ilz 

■  Sans  doute  Toucj,  comme  le  porte  le  manuscrit  de  Tieulaiue. 
Monstrelet  (IV,  234-35)  dit  que  le  duc  de  Bourgogne  envoya  plu- 
sieurs capitaines  au  pays  d' Auxeirois,  et  qu'ils  «  chevauchèrent  par 
plusieurs  journées  jusques  à  une  petite  ville  nommée  Toussy.  » 

'  Le  manuscrit  de  ïieulaine  porte  Tonnerre.  Cette  leçon  nous 
semhle  préférable  à  celle  de  Fenin,  le  comté  de  Tonnerre  faisant, 
ainsi  que  la  ville  de  Toucy,  partie  de  i'Auxerrois. 

'  Baudot  delS'oyelles,  seigneur  deCastau,  conseiller  et  chambellan 
du  duc  Philippe  de  Bourgogne,  fut  gouverneur  des  villes  de  Pé- 
ronne,  Mondidier  et  Roye.  llvivoit  encore  en  i455.  (Haudicquer,  5g4.) 

*  "  On  appeloit  alors  assez  comnuménient  en  France  les  paysans 
houi  hommes,  comme  on  peut  le  voii-  dans  plusieurs  passages  de 
Froissart.  »  (Dacikr,  cité  par  M.  Buchon  dans  son  édition  de  Fkois- 
SAur ,  111,  'i()4-) 


i34  MÉMOIRES  [1420] 

n'avoient  fait  au  premier;  et  tant  qu'ilz  tuèrent  ung 
gentil-homme,  nommé  Ogier  de  Saint-Vandrille',  cail- 
lant homme  de  guerre ,  et  demoura  dedens  les  fossez  % 
et  a\ec  en  navrèrent  assez  d'autres  :  et  s'y  fut  tué  ung 
capitaine  de  brigans ,  nommé  Tabari ,  qui  avoit  autres- 
fois  mené  guerre  aux  Englez,  et  moût  en  avoit  des- 
truit.  Quant  les  gens  au  duc  Phelipez  virent  que  les 
bons  hommes  se  defFendoient  si  bien ,  et  qu'ilz  aper- 
cheurent  qu'ilz  ne  les  pourroient  avoir  d'assault,  ilz  se 
retrairent  en  leur  logis;  et  tantost  après  vint  nouvelles 
au  seigneur  de  Lilladam  que  ses  anemis  le  venoient 
comLatre.  Et  lors  le  seigneur  de  Lilladam  monta  à  che- 
val atous  les  Piquars  avecquez  luy,  et  alla  au  devant 
pour  les  trouver  sur  les  champs  :  et  les  doffinès ,  qui 
avoient  leurs  espies,  en  ouïrent  les  nouvelles ,  et  pour 
ce  qu'ilz  n'estoient  mie  puissans  d'atendre  les  Picars, 
ilz  se  retrairent  à  une  forte  église,  nommée  Escans- 
Saint-Germain^,  à  deux  lieues  près  de  Aussoire  :  et  là 
les  alla  le  seigneur  de  Lilladam  assaigier,  et  les  Picars 
avecquez  luy,  et  j  tint  le  siège  dix-huit  jours  ^.  Et  tant 

'  Oger  de  Saint-Vaudrille.  (Monstrelet,  IV,  236.) 
*  Fosses,  qu'il  ne  fut  point  es  Bourguignons  de  le  rapporter.  (Ti.) 
^  Secousse ,  dans  l'une  des  annotations  sur  l'ordonnance  de  dé- 
cembre i3go,  qui  confirme  des  lettres  d'affranchissement  données  par 
le  chapitre  de  l'abbaye  Saint-Gei-main  d'Auxerre  aux  liabitants  d'É- 
can,  dit  qu'iF.ycam  est  le  véritable  nom  de  cette  ville  ,  située  à  deux 
lieues  et  demie  d'Auxerre,  vers  le  couchant  d'hiver  ;  et  que,  dans  les 
anciens  titres ,  elle  est  appelée  en  latin  Scanciuni  ou  Scamnum,  et 
dans  le  françois,  Escam  (VIT,  390). 

"  Dans  un  compte  rendu  en  1420  par  Guy  Guillebaud,  il  est  dit 
que  le  duc  de  Bourgogne  étant  à  Troyes  envoya ,  le  i4  mai  1420,  «  trè& 
hastivcment  et  toutte  nuit,  porter  lettres  de  sa  part  à  M.  de  l'Isle- 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i35 

fist  le  seigneui'  de  Lillntlam  et  les  Piquars,  que  ceulx  qui 
estoient  dedens  Saint-Germain  se  rendirent  en  la  vou- 
lenté  du  seigneur  de  Lilladam  ,  par  ce  qu'ilz  s'en 
yroient'  par  paiant  finance;  et  puis  après  l'église  fut 
abatue,  c'est  assavoir  la  fortificacion.  Et  de  là  le  sei- 
gneur de  Lilladam  et  les  Picars  se  retralrent  à  Troies 
devers  le  duc  Phelipes,  et  là  trouvèrent  le  l'oj  Heniy 
d'Engleterre  et  toute  sa  puissance  autour  du  pays,  qui 
estoit  venu  pour  luy  marier. 

Vérité  est  que  Tan  mil  quatre  cens  et  vingt,  envi- 
ron la  Penthecouste%  le  roj  Henry  arriva  à  Troies  en 
Champengne  atout  bien  douze  mil  combatans  de 
bonne  estotfe,  et  estoit  leducdeClarence%  son  frère, 
avec  luy,  et  moût  d'autres  grans  seigneurs  d'Engle- 
teiTe  :  et  si  estoit  le  Rouge  duc'^  en  sa  compaignie, 

Adam,  maréchal  de  France,  et  aux  autres  capitaines  tenans  le  siège 
devant  Estau  ou  Escan-Saint-Germain  ,  au  pays  d'Auxerrois,  afin  qu'ils 
entretiennent  le  dit  siège,  sans  en  partir,  pour  cause  de  la  convention 
qui  lors  briefvement  se  devoit  faire  entre  le  Roy  et  Henri ,  roy  d'An- 
gleterre. »  (  La  Barre,  II ,  208  ,  note  y.  ) 

'  Sans  payer yiA/a//ce  (Ti.) 

'  En  1420 ,  le  jour  de  la  Pentecôte  tomba  le  26  mai.  On  trouve  dans 
les  actes  de  Rymer  (  IV,  3«  partie,  p.  175)  une  lettre  du  roi  d'Angle- 
terre au  duc  de  Glocester,  en  date  du  22  mai  1420,  par  laquelle  le 
Roi  informe  son  frère  que  le  lundi,  vingtième  jour  dudit  mois, 
il  est  arrivé  dans  la  ville  de  Troyes;  que  le  lendemain  il  a  eu  une  en- 
trevue avec  sa  mère,  la  reine  de  France,  et  son  frère,  le  duc  de  Bour- 
gogne ,  comme  l'eprésentant  le  roi  de  France  ;  que  le  ti'aité  de  paix 
perpétuelle  fut  signé  dans  cette  conférence  ,  le  mariage  entre  lui  et 
Catherine  conclu,  et  qu'ils  furent  fiancés. 

'  TAomrt.y,  duc  de  Clarence.  (  Ti.)  —  Thomas,  duc  de  Clarence, 
comte  d'Albemarle,  second  fils  du  roi  Henri  lY,  mort  en  1420,  à  la 
bataille  de  Baugé.  (W.  Dugdale  ,  III,  196-97.) 

^  Louis  llf,  dit  le  Barl)u ,  comte  palatin  du  Rhin;  marié,  en  1402, 


i36  MÉMOIRES  [1420] 

qui  esloit  d' Allemengne ,  qui  avoit  espousé  la  seur  du 
loj  Henrj.  Et  quant  le  roy  Henry  fut  arrivé  à  Troies, 
comme  dit  vous  aj,  là  estoit  pouiparlé  de  luy  et  de 
Katherine,  fille  au  roy  Charles,  pai avant,  comme  cy- 
devant  est  dit.  Lors  le  roy  Henry  la  fiancha  au  grant 
moustier  de  Troies,  où  il  y  avoit  moût  grant  peuple  , 
et  y  estoit  la  royne  de  France.  Dedens  les  dix  jours 
après,  ce  mariage  se  parfist  ',  et  espousa  le  roy  Henry 
Katherine,  fille  au  roy  Charles  et  seur  au  Dauffin  ,  qui 

à  Blanche,  fille  de  Henri  IV,  roi  d'Angleterre,  mourut  le  29  décem- 
bre i436.  Le  surnom  de  Rouge  duc,  que  tous  les  chroniqueurs  de  cette 
époque  s'accordent  à  lui  donner,  vint  peut-être  de  la  couleur  de  sa 
barbe  ou  de  ses  cheveux. 

'  Une  lettre  de  Johan  Ofort,  datée  du  siège  de  Sens^  le  6  juin  14^0, 
nous  apprend  que  le  mariage  du  roi  d'Angleten'e  et  de  Catherine  à 
été  célébré  le  dimanche  de  la  Trinité  (2  juin) ,  vers  midi ,  dans  l'église 
cathédrale  de  Troyes  ;  que  le  mardi  suivant  le  roi  Henri  s'est  trans- 
porté devant  la  ville  de  Sens,  à  seize  lieues  de  Troyes,  accompagné 
de  la  Reine  sa  femme ,  et  des  trois  Etats  françois  ;  et  que  le  mercredi 
suivant ,  le  siège  a  été  mis  devant  la  dite  ville  de  Sens.  «  Cette  ville , 
ajoute  Johan  Ofort,  est  dignement  assiégée;  car  il  y  a  deux  rois,  deux 
reines,  quatre  ducs,  avec  monseigneur  de  Bedfort  quand  il  viendra, 
lequel  doit  se  mettre  en  route  de  Paris,  le  12  du  mois  de  juin.  Et  à  ce 
siège  assistent  un  grand  nombre  de  dames  et  de  gentils-hommes ,  tant 
anglois  que  françois,  dont  plusieurs  ont  fait  leurs  premières  armes  il 
y  a  long-temps, mais  qui  se  trouvent  à  un  siège  pour  la  première  fois.  » 
il  dit ,  plus  loin  ,  que ,  «  le  lundi  de  la  Pentecôte  ,  la  paix  finale  a  été 
]»roclamée  dans  Paris,  et,  dans  la  matinée  du  mardi  suivant, 
luie  messe  solennelle  célébrée  à  Notre-Dame,  suivie  d'une  procession 
de  tous  les  grands  et  notables  de  Paris.  Maintenant,  ajoute-t-il,  les 
Anglois  vont  à  Paris  sans  sauf-conduit.  Dans  toutes  les  villes  qui  se 
sont  détachées  du  parti  d'Armagnac,  il  y  a  grandes  réjouissances, 
danses  et  divertissements  de  toute  espèce  chaque  jour  de  fête,  etc.  » 
(Rymer,  IV,  3"  partie,  page  177).  Monstrelet  (IV,  209)  et  Saint-Remy 
(Vlil,  i56)  se  trompent  donc  en  donnant  pour  date  du  mariage  le 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  187 

estoit  moût  belle  dame  ,  humble  et  de  noble  atour.  Là 
y  eut  moût  de  giaiis  noblesses  faites  aux  noeches  du 
roy  Henry,  et  de  haute  seignourie;  et  moût  tlst  haute 
feste  à  son  mariage.  Et  aussy  y  eut  de  grans  acoin- 
tances  entre  le  roy  Henry  et  le  due  Phelipes  de  Bour- 
goingne,  et  avecques  ce  fut  du  tout  la  paix  confermé  ' 
entre  le  roy  Charles  de  France  et  le  roy  Henry  d'En- 
gleterre ,  et  pareillement  entre  le  duc  Phelipes  de 
Bourgoingne.  Et,  comme  devant  est  devisé,  par  les 
promesses  qui  furent  là  faites,  le  roy  Henry  d'Engle- 
terre  devoit  pocesser  du  royaume  de  France  et  estre 
droit  héritier,  luy  et  ses  hoirs,  après  la  mort  du  roy 
Charles  de  France,  sans  que  jamais  nul  venant  du  costé 
du  roy  Charles  y  peust  venir,  s'il  ne  yssoit  du  roy 
Henry  el  de  Katherine,  fdle  au  roy  Charles.  Et  sem- 
bloit  ce  point  estre  moût  estrange  à  aucuns  du  royaume 
de  France,  mais  ilz  ne  le  povoient  avoir  autre  pour  le 
présent. 

Item,  environ  douze  jours  après  que  le  roy  Henry 
eut  espousé  Katherine',  fdle  au  roy  Charles,  et  que 

lendemain  du  jour  de  la  Trinitc  ['3  \mn)  :  ce  dernier  ajoute  encore  à 
son  erreur  en  disant  que  le  lendemain  de  la  Trinité  étoit  le  3o  tiiai. 

'  Les  conditions  de  celte  paix  sont  renfermées  dans  le  traité  de 
Troyes,  en  date  du  21  mai  1420  (Vilevault,  XI,  86).  On  trouve  dans 
Rymer  deux  actes  concernant  ce  traité.  L'un,  du  vendredi  6  décembre 
1 420 ,  est  l'approbation  donnée  à  cette  paix  par  les  trois  États  de 
France  (IV,  3'  partie ,  pages  192  et  ig3);  l'autre,  du  2  mai  1421,  est 
l'approbation  des  trois  États  d'Angleterre.  (Idem  ,  IV,  4'  partie,  p.  25.) 

'  Fenin  se  trompe.  On  a  déjà  vu,  par  la  lettre  citée  dans  une  note 
précédente ,  que ,  le  surlendemain  du  mariage,  le  roi  Henri  quitta 
Troyes  :  c'étoit  le  5  juin.  Juvcnal  des  Ursins  (378)  commet  aussi  une 
erreur,  en  disant  *que  le  Koi  partit  le  5  pour  se  rendre  à  Sens. 


i38  MÉMOIRES  [1420] 

les  festes  furent  passées ,  le  roy  Henry  se  mit  à  voye 
pour  aller  vers  Sen  en  Bourgoingne ,  et  mena  avecquez 
hiy  le  roy  Charles  de  France  et  le  duc  Phelipez  de 
Bourgoingne.  Et  aussi  menoit  la  Roy  ne  sa  femme,  et 
s'en  alla  desy  à  Sens  en  Bourgoingne  ;  et  là ,  mist  le 
siège  tout  autour,  et  leur  fîst  signiflier  qu'ilz  rendis- 
sent la  ville  au  roy  Charles  ;  mais  ilz  n'en  vourent 
riens  faire.  Et  estoit  dedens,  de  par  leDoffin,  le  sei- 
gneur de  Bontouviller  atout  environ  trois  cens  com- 
batans.  Là  fut  le  roy  Charles  et  le  roy  Henry,  et  le  duc 
Phelipez  sept  jours  avant  qu'ilz  vousissent  parlamen- 
ter.  Et  quant  iîz  virent  qu'il  y  avoit  si  grant  puissance 
et  qu'ilz  n'airoient  point  de  secours,  ilz  voulurent 
trouver  leur  appointement,  et  le  roy  Henry  envoia 
Cornouaille  parler  à  eux.  Et  quant  Cornouaille,  qui 
bien  apercheut  qu'ilz  estoient  en  dangier,  fut  venu 
assez  près  de  la  porte  pour  parler  à  eulx ,  y  vint  vers 
luy  ung  gentil-homme  qui  avoit  grant  barbe  :  et  quant 
Cornouaille  le  vit ,  il  luy  dist  qu'il  ne  parleroit  point  à 
luy  se  il  n'avoit  sa  barbe  faite,  et  que  ce  n'estoit  point 
la  gise  des  Englez.  Et  tantost  icelluy  alla  faire  faire  sa 
barbe,  et  puis  revint  vers  le  seigneur  de  Cornouaille; 
et  là  parlèrent  tant  que  le  traitié  fut  fait  par  condicion 
que  ceulx  de  la  ville  s'en  yroient  sauf  leurs  corps  et  leurs 
biens  '  :  c'est  assavoir  les  gens  d'armes  et  ceulx  de  la 
ville  demourroient  en  l'obéissance  du  roy  Charles  ,  et 
ainsy  en  fut  fait.  Et  le  roy  Charles  eut  l'obéissance  de 


'   Sens  se  rendit  le  1 1  juin  i4.io.  (Juvknal  des  Ursins,  078  ;  Journal 
d'un  bnurçjeoi.s  de  Paris,  63.) 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  189 

la  ville  de  Sens  ,  et  entra  dedens  le  roy  Henry  avecques 
luy  et  le  duc  Phelipes.  Là  séjournèrent  huit  jours. 

En  tant  que  les  deux  Rois  estoient  logiés  dedens  la 
ville  de  Sens,  il  y  eut  ung  grant  débat  des  Englez  et 
des  gens  au  duc  Phelipez,  et  furent  les  gens  au  duc 
Phelipes  racachiés  dessy  à  son  hostel.  Et  par  pluseurs 
foix  les  Englez  prindrent  débat  aux  gens  du  duc  Phe- 
lipez pour  ce  que  les  Englez  estoient  les  plus  fors;  et 
moût  endesplaisoitaux  Picars.  Mais  enfin  le  roy  Henry 
fist  defFendre  à  ses  gens  qu'ilz  n'en  faissent  plus.  Après 
ce  que  le  roy  Charles,  le  roy  Henry  et  le  duc  de  Bour- 
goingne  eurent  séjourné  six  '  jours  à  Sens  en  Bour- 
goingne,  ilz  se  deslogèrent  et  s'en  allèrent  vers  Mons- 
triau-fault- Yonne ,  et  là  mirent  le  siège  tout  autour.  A 
Sens  en  Bourgoingne  mourut  maistreEustassede  Latre, 
qui  estoit  chancellier  de  France. 

Item,  est  vray  que  quant  le  Doffin  et  son  conseil 
sentirent  les  aliances  qui  estoient  faites  entre  le  roy 
Henry  et  le  duc  Phelipes  ,  et  avec  ce  qu'ilz  avoient  le 
roy  Charles  vers  eulx,  ilz  furent  aussy  que  tous  esba- 
his,  et  bien  aperçheurent  qu'ilz  ne  pourroientfors  que 
garder  leurs  places.  Et  pour  ce  mirent  grant  paine  à 
les  garnir,  par  espécial  celles  qui  estoient  tenables,  et 
moût  fort  les  pourvoient  de  gens  de  fachon. 

Item ,  quant  le  roy  Charles,  le  roy  Henry  et  le  duc 
Phelipes  eurent  mis  le  siège  autour  de  Monstriau , 
comme  dit  est,  ilz  y  furent  bien  quinze  jours;  et  es- 
toient logiés  droit  sur  les  fossez  de  la  ville.  Avinst ,  par 

'  Il  a  été  dit  plus  haut  que  les  princes  séjournèrent  Ah// jours  à 
Sens.  Le  manuscrit  de  Tieulaine  contient  la  même  inadvertance. 


i4o  MÉMOIRES  [1420] 

le  jour  saint  Jehan-Baptiste  ',  que  Englez  et  Bourguin- 
gnons  commenchèrent  à  assaillir  la  ville  de  IMonstriau; 
et  tant  firent  qu'elle  fut  prinse  d'assault ,  et  y  eut  prins 
unze  gentilz-hommes,  et  si  en  y  eut  de  mors  environ 
autant,  sans  ceux  qui  se  noièrent  h  eux  retraire  dedens 
le  chastel.  Quant  la  ville  de  Monstriau  fut  prinse,  ainsi 
que  dit  vous  ay,  les  gens  au  duc  Phelipes  s'en  allèrent 
tout  droit  à  la  tombe  où  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne 
estoit  enterré,  au  chimetière  delà  ville,  et  là  alumè- 
rent  des  sierges  autour,  et  si  raidrent  ungdrap  d'église 
sur  la  tombe ,  et  puis  on  manda  des  prestres  pour  dire 
vigiles  d'emprès.  Quant  tout  fut  rapaisié,  et  que  les  dof- 
finois  furent  tous  retrais  dedens  le  chastel,  les  Englès 
se  logèrent  devant  leur  pont  et  par  toute  la  ville.  Et 
lors  on  desterra  le  duc  Jehan  de  Bourgoingne,  lequel 
estoit  enterré  atout  son  parpoint  et  ses  housiaulx,  et 
moût  estoit  peu  dommagié  de  pourreture,  et  sy  avoit 
bien  de  six  à  sept  mois  "  qu'il  y  estoit  mis,  donc  moût 
de  gens  furent  moût  merveilliés;  car,  pour  vray,  il  es- 
toit ancore  tout  entier.  Là  y  eut  grant  deul  fait  des 
gens  au  duc  Jehan ,  quand  ilz  virent  leur  seigneur;  et 
fut  leur  deul  tout  renouvelle.  Tantost  après,  il  fut  mis 
en  ung  serceul  de  pion,  et  depuis  fut  porté  à  Dignon^ 
en  Bourgoingne,  et  fut  là  enterré;  maiz  on  luy  fist 
ung  service  dedens  l'église  de  Monstriau,  où  le  duc 
Phelipe,  son  filz,  fut  moût  notable  de  ce  que  on  povoit 

'  Le  24juia  1420. 

'  Le  duc  avoit  été  assassiné  le  18  septembre  i4i9-  ^^  J  «*voit  donc  , 
en  juin  1420,  neuf  mois  qu'il  étoit  inhumé. 
^  Dijon. 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i4[ 

avoir'  ;  et  inout  fut  le  deul  au  duc  Phelipez  renouvelé 
quand  il  vit  le  vlaire  au  duc  Jehan  son  père. 

Item,  après  toutes  ses  besoingnes,  le  roy  Henry  fist 
sommer  le  seigneur  de  Giterl  %  qui  cstoit  capitaine  du 
chastel  [de  JMontereau,  qu'il  rendisl  le  cliasteau],  ou 
il  feroit  mourir  ses  gens  qui  avoient  esté  prins  dedens 
la  ville ,  et  mesmez  y  envoia  le  roy  Henry  les  unze 
gentilz-hommes  que  ses  gens  avoient  prins,  parler  au 
seigneur  de  Giteri  sur  le  bort  des  fosseiz  du  chastel; 
mais  ilz  estoient  bien  tenus.  Et  là  piteusement  firent 
requeste  au  seigneur  de  Giteri,  leur  capitaine  ,  qu'ilz 
vousissent  rendre  le  chastel  pour  eulx  sauver  les  vies, 
et  que  bien  ilz  l'avoient  servy  :  et  aussy  qu'ilz  voient 
bien  qu'il  ne  povoit  longuement  durer  contre  tel  puis- 
sance; mais,  pour  requeste  qu'ilz  faissent,  le  seigneur 
de  Giteri  ne  veut  riens  faire.  Et  quant  les  prisonniers 
oyrent  la  response,  ilz  furent  bien  esbahis,  et  virent 
bien  qu'ilz  estoient  mors.  Adonc  requidrent  aucuns  de 
voier  leurs  femmes  et  leurs  amis  qui  Va  estoient,  et  on 
leur  alla  quérir.  Là  y  eut  de  piteux  regrez  au  prendre 
congié;  et  puis  on  les  remena.  Et  landemain  le  roy 
Henry  fist  dréchierung  gibet  devant  le  chastel,  et  là  les 
fist  pendre  tous,  l'un  après  l'autre.  Et  pour  ce  fut  le 
seigneur  de  Giteri  moût  blasmé;  car  il  lessa  pendre  ses 
gens ,  et  si  rendi  la  fortresse  au  bout  de  six  ^  jours  après, 
et  s'en  alla  sauf  son  corps  et  ses  biens. 

Item,  on  vouloit   occuper'^  le  seigneur  de  Giteri  „ 

'  Voir.  (Ti.) 

'  Guitry. 

'  Quinze.  (Ti.) 

■*  Godefrov  dit  accuser. 


i42  MÉMOIRES  [1420] 

disant  qu'il  avoit  esté  consentant  de  la  mort  au  duc  Je- 
han de  Bourgoingne,  et  de  ce  le  voullolt  combatre  ung 
gentilhomme  nommé  Guillaume  de  Bière  '  ;  mais  enfin 
riens  n'en  fut.  Et  s'en  alla  le  seigneur  de  Giteri,  luy  et 
ses  gens,  et  rendi  le  chastel  de  Monsteriau  au  roj 
Henrj,  lequel  y  laissa  de  ses  gens  en  garnison.  Item, 
devant  Monstriau  fut  tué  messire  Butor  de  Croy,  frère 
bastard  au  seigneur  de  Croy,  qui  estoit  vaillant  cheval- 
lier, et  fut  féru  d'un  vireton  parmy  le  col.  Et  aussi  le  roy 
Henry  fist  pendre  son  varlet  de  pié,  pour  ce  qu'il  avoit 
tué  ung  de  ses  chevaliers  par  aucun  débat  meu  entre 
eulx ,  et  fut  ledit  varlet  pendu  avecquez  les  dofiînois. 

Après  ce  que  le  roy  Henry  eut  l'obéissance  de  Mons- 
triau et  qu'il  l'eut  garny  de  ses  gens ,  il  chevaucha  vers 
Melin ,  et  se  loga  à  deulx  lieues  près  de  la  ville.  Et  le 
duc  Phelipese  loga  à  une  fortresse  nommée  Blandi,  à 
une  lieue  de  Melin  ,  et  landeraain  le  roy  Henry  et  le 
duc  Phelipe  allèrent,  à  grantcompaignie,  aviser  la  ville 


'  Gentilhomme  de  l'hôtel  du  duc  de  Bourgogne  (Moxstrelet,  IV, 
259).  Le  combat  dont  parle  Fenin  fut  autorisé  par  le  roi  d'Angle- 
terre ,  ainsi  qu'il  est  dit  dans  une  lettre  de  ce  prince ,  datée  de  son 
armée  près  de  Melun,  le  i5  juillet  1420.  11  y  expose  aux  capitaines 
de  son  royaume ,  qu'une  querelle  est  survenue  entre  Guillaume  de 
Bière,  homme  d'armes,  capitaine  deMontuurer,  et  Guillaume  Chau- 
mont,  chevalier,  seigneur  de  Guittr},  à  l'occasion  du  meurtre  du  duc 
de  Bourgogne ,  parce  que  le  dit  de  Bière  accusoit  Guitlry  d'avoir  été 
complice  de  ce  meurtre-,  qu'en  conséquence,  entre  le  dit  de  Bière, 
appelant,  et  Guittry,  défendeur,  il  y  aura  un  combat  singulier.  Le  roi 
d'Angleterre  donne  un  sauf-conduit  à  Guittry  et  à  sa  suite  pour  venir 
le  trouver  au  lieu  où  il  sera  ,  se  battre  et  s'en  retourner  sans  être  in- 
quiété s'il  sort  vainqueur  du  combat  (  Rymer,  IV,  5'  partie ,  page  i83). 
Cette  lettre  peut  servir  à  prouver  que  La  Barre  (1,  240)  s'est  trompé, 
en  prétendant  qu'il  n'existoit  aucun  titre  de  ce  défi. 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENIN,  143 

de  Melin,  et  comme  ilz  asserroient  leur  siège.  Et  quant 
ilz  l'eurent  bien  avisé,  au  deuxiesme  jour  après,  ilz  se 
déslogèrent  ;  et  alla  le  duc  Phelipe  et  le  conte  de  Hon- 
titon  logier  devant  la  ville  de  Melin,  au  costé  vers 
Maulx  en  Brie.  Et  le  roy  Henry  s'en  alla  passer  à  Cor- 
beul,  et  de  là  alla  prendre  le  siège  à  l'autre  costé  de 
Melin  '.  Par  ainsy  fut  le  siège  mis  tout  autour  de  Me- 
lin. 

Le  premier  jour  que  le  duc  Phelipes  assist  son  siège, 
les  dofîinois  saillirent  sur  son  logis  et  guengnairent 
l'estendart  d'un  capitaine  nommé  Jehan  de  Gigni,  et 
l'emportèrent  dedens  la  ville  ;  mais  ilz  furent  assés  tost 
reboutés  dedens.  Item,  dedens  les  huict  jours  que  le 
duc  Phelipez  eut  mis  son  siège  devant  la  ville  de  Me- 
lin ,  ses  gens  assaillirent  ung  bouUevert  qui  estoit  à  son 
costé,  et  tant  firent  qu'ilz  le  prindrent  d'assaut;  mais 
il  y  eut  moût  de  ses  gens  bléchiés  et  mors  à  le  garder, 
tant  que  le  siège  dura.  Il  y  fut  mort  ung  vaillant  homme 
d'armes ,  nommé  Eurar  de  Biane  ^  ;  et  aussy  y  eut  ung 
capitaine  mort  des  Englez  ,  nommé  messire  Phelipes 
Liz,  donc  le  duc  Phelipez  fut  moût  yré;  car  il  l'amoit 
moût  pour  la  prudence  qui  estoit  en  luy. 

Item,  le  roy  Henry  fist  clorre  son  host,  tout  autour, 
de  bons  fossez,  et  n'y  avoit  que  quatre  entrées,  où  il  y 
avoit  bonnes  barrières  que  on  gardoit  par  nuit;  par 
quoy  on  ne  povoit  sourprendre  l'ost  au  roy  Henry. 
Moût  tint  le  roy  Henry  puissant  siège  devant  Melun, 

■   Vers  le  Gàtinois,  dit  Moustrelet.  (IV,  265.) 
'  «  Evrard  de  Vienne,  un  notable  gentil-homme  du  pays  de  Bour- 
gogne. »  (  MONSTRELET,  IV,  265.) 


ï44  MÉMOIRES  [1420] 

et  y  fut  le  roy  Charles  grant  espasse  sur  le  derrain  ; 
par  quoy  il  y  avolt  moult  grant  puissance ,  car  la  puis- 
sance du  roy  Henry  y  estoit  avec  celle  du  roy  Charles 
et  du  duc  Phellpes  de  Bourgoingne;  et  dura  le  siège 
dix-huit  sepmaines  entières.  Avec  le  roy  Henry  estoit 
la  Royne  sa  femme,  et  estoit  la  Royne  sa  femme  logié 
dedens  ses  tentes.  Moût  y  avoit  devant  Melun  de  grans 
engins,  par  cpoy  la  ville  fut  fort  abatue;  et  si  avoit  le 
roy  Henry  fait  faire  une  raisne  dessoubz  les  fossez  de 
Melun,  qui  passoit  dessy  aux  murs  de  la  ville.  Mais 
ceux  de  la  ville  l'apercheurent ,  et  contreminèrent 
à  rencontre,  et  tant  qu'elle  fut  perchié  et  y  eut  grant 
assaut  dedens  par  plusieurs  foix;  et  y  combati  le  roy 
Henry  et  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne  '  eulx  deux 
ensemble  contre  deux  doffinois.  Moût  y  fist-on  de 
chevaliers  à  combatre  dedens  la  misne  :  et  y  fut  fait 
chevalier  messire  Jehan  de  Hornes  %  le  seigneur  de 

'  Ce  fait  est  omis  par  Juvénal  des  TIrsins,  qui  pourtant  raconte  fort 
en  détail  comment  se  fit  l'ouverture  de  la  mine,  et  les  combats  qui  s'y 
livrèrent  entre  les  Anglois  et  les  François  (58i). 

'  Jean  de  Hornes,  seigneur  de  Baussignies,  chevalier,  conseiller  et 
chambellan  de  Philippe,  duc  de  Bourgogne  (La  Barre,  II,  ig8,  209}. 
Lorsque,  en  i456  ,  ce  prince  eut  résolu  d'assiéger  la  ville  de  Calais, 
Jean  de  Hornes,  sénéchal  de  Brabant,  fut  chargé  de  conduire  contre 
cette  ville  un  navire  destiné  à  défendre  l'entrée  du  port.  Quelque  re- 
tard apporté  dans  l'exécution  de  cet  ordre  fit  croire  aux  Flamands  qu'ils 
étoient  trahis,  et  malgré  les  instances  du  duc  de  Bourgogne,  ils  retour- 
nèrent en  leur  pays.  Peu  de  temps  après  «  messire  Jean  de  Hornes.... 
fut  rencontré  par  aucuns  Flamans  sur  les  dunes  de  la  mer,  ainsi  qu'il 
alloit  à  ses  affaires,  à  petite  compagnie;  lesquels  le  mirent  à  mort, 
dont  le  duc  de  Bourgogne  eut  au  cœur  très  grand  déplaisir  »  (  Monstre- 
I.ET,  VI,  020).   Il  fut  tué  devant  Ostende,  suivant  Mcyer,  et  inhumé 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENTN.  i45 

Mamraes  '  et  pluseurs  autres,  donc  je  ne  sçoy  point  les 
noms. 

Item  y  y  a\ oit  dedens  la  ville  de  Melun  de  moût  vail- 
lans  gens:  et  estoit  leur  principal  capitaine  le  seigneur 
de  Barbazam,  qui  estoit  vaillant  chevalier  et  grande- 
ment s'i  gouverna ,  et  avec  luy  messire  Jehan  de  Bour- 
bon %  ausquelz  le  Doflin  et  son  conseil  avoient  juré  et 
promis  de  les  secourre  se  ilz  en  avoient  maistier.  Et 
pour  ce  se  tindrent  tant  que  vivi'es  leur  durèrent,  et 
mengèi^ent  leurs  chevaulx,  par  force  de  famine,  et 
leurs  chiens. 

Item,  quant  le  siège  de  Melun  eut  esté  dix-huict 
sepmaines,  comme  dit  est,  vivres  faillirent  en  la  ville. 
Et  par  ce  falut  que  Barbasan  rendist  au  roy  Henry  la 
ville  %  et  se  rendi  en  la  voulenté  du  roy  Henry,  luy  et 

à  Bruges  (286  recto).  C'est  à  tort  que  Jean  Chartier  (97)  le  fait  mourir 
eu  1 458. 

'  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  aussi  Mammes  ,  Monstrelet  dit 
Mamines  (IV,  266).  Dans  un  rôle  des  gens  d'armes  qui  suivirent  le  duc 
Jean  en  1 4o5 ,  on  trouve  au  nombre  des  chevaliers  bacheliers  Jean , 
seigneur  de  Mammez  (D.  Plancher,  III,  Notes,  SjS).  La  Barre  fait 
mention  d'un  Robert  de  Manisme  ou  Mamines,  chevalier,  conseiller 
et  chambellan  de  Philippe,  duc  de  Bourgogne,  chevalier  de  l'Ordre 
de  la  Toison-d'Or,  mort  en  i435  (II,  210). 

'  Le  manuscrit  de  Tieulaine  et  3Ionstrelet  disent  Pierre  de  Bour- 
bon ,  et  ce  dernier  ajoute  (IV,  264)  «  seigneur  de  Préaux.  »  Pierre  de 
Bourbon ,  chevalier,  seigneur  de  Préaux,  aida  Barbazan  à  défendre  la 
ville  de  Melun  contre  le  roi  d'Angleterre ,  en  1420 ,  et  mourut  le  1 1  oc- 
tobre 1422.  (Anselme,  I,  567.) 

^  Le  siège  de  Melun,  suivant  Dugdale  (II,  201  ),  dura  quatorze  se- 
maines et  quatorze  jours,  depuis  la  fête  de  sainte  Marie-Madeleine 
(22  juillet  1420)  jusqu'à  la  Toussaint  (i"  novembre).  Ce  renseigne- 
ment est  fort  précis;  toutefois  il  est  en  désaccord  avec  la  date  d'une  or- 

10 


,46  MÉMOIRES  [1420J 

tous  les  autres.  Item,  Baibazan  et  tous  ses  compaigiions 
furent  menés  prisonniers  à  Paris;  et  fut  ledit  Barbasan 
mis  dedens  la  Bastille  Saint- Antoine,  où  il  fut  long- 
temps prisonnier.  Et  luj  vouloit-on  balllier  charge 
(ju'il  sçavoit  de  la  traïson  qui  avoit  esté  faite  du  duc 
Jehan*;  mais  enfin  il  en  fut  trouvé  non  culpable,  et 
pour  ce  fut  tenus  prisonnier  sans  estre  mis  à  mort  ;  et 
depuis  fut  mené  par  lesEnglès  au  Chastel-Gaillart. 

Item,  en  tant  que  la  ville  de  Melun  fut  en  traitié, 
il  y  eut  ung  gentil-homme  qui  estoit  au  roy  Henry, 
nommé  Bertram  de  Camont%  lequel  fortrait  ung  pri- 
sonnier^ hors  de  la  ville,  après  la  deffence  faite  de  par 
le  roy  Henry.  Et,  pour  ceste  cause,  luy  fist  le  roy 
Henry  coper  la  teste,  nonobstant  que  le  Roy  l'amoit 

donnance  de  Charles  YI ,  donnée  en  son  hosl  devant  Mcleun,  le  i8 
jh/7Z^<.t42o  (  ViLEVAULT,  XI,  g5),  et  avec  un  acte  du  dix-sept  novembre 
suivant,  par  lequel  le  roi  d'Angleterre  donne  pouvoir  à  trois  person- 
nages y  dénommés  de  s'entendre  avec  le  capitaine  et  les  bourgeois  de 
Melun  au  sujet  de  la  reddition  de  cette  place  (Rymer,  IV,  5'  partie, 
19a).  Peut-être  cependant,  bien  que  l'armée  de  Charles  VI  fût  cam- 
pée devant  la  ville  dès  le   18  juillet,  le  siège  ne  fut-il  assis  que  le  22. 

'  La  Barre  (I,  3o5  )  a  extrait  des  archives  de  la  chambre  des  comptes 
de  Dijon  «  les  Articles  sur  lesquels  pourra  estre  interrogué  Barbasan  , 
pour  savoir  la  vérité  de  la  mort  et  occision  de  feu  monseigneur  le  duc 
de  Bourgongne.  » 

"  Voici  ce  que  Monstrelet  nous  apprend  sur  ce  gentil-homme  :  «  Y 
eut  ung  gentil-homme  de  l'ostel  du  roy  d'Angleterre,  nommé  Bertran 
de  Caumont,  qui,  en  la  bataille  d'Azincourt,  le  propre  jour,  estant 
François  se  rendit  Anglois,  pour  tant  que  en  Guienne  il  tenoit  sa  terre 
dudit  roy  d'Angleterre,  et  pour  sa  vaillance  estoit  de  lui  moult  amé  » 
(IV,  283). 

'  «  Amenon  De  Lau,  lequel,  comme  on  disoit,  avoit  esté  couipable 
delà  mort  du  duc  Jehan  de  Bourgogne.  »  (Monstrelet,  IV,  'iSS.) 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i47 

bien  ;  mais  il  vouloit  que  ses  coramandemens  fussent 
tenus  :  et  ne  peult  estre  sauvé  pour  nulle  priaire  des 
seigneurs.  En  ceste  mesme  sepmainc,  le  seigneur  de 
Lilladam  estoit  revenu  de  Sens  en  Bourgoingne,  où  il 
avoit  tenu  garnison,  et  vint  devant  Melun  devers  le 
duc  Phelipes,  et  puis  il  alla  devers  le  roy  Henry  pour 
aucuns  affaires  qu'il  avoit  :  et  estoit  alors  maréchal  de 
France.  Et  quant  il  vint  vers  le  roy  Henry,  il  avoit 
vestu  une  robe  de  blanc  gris  :  et  après  ce  que  le  Roy 
l'eut  salué  et  parlé  à  luy,  il  luy  demanda  :  «  Lilladam, 
esse  la  robe  de  raarissal  de  France?  »  Et  le  seigneur  de 
Lilladam  respondy  :  «  Très  cliier  seigneur,  je  l'ay  fait 
faire  pour  venir  aux  batiaulx  depuis  Sens  jusquesicy.  » 
Et  en  parlant  il  regardoit  le  roy  Henry  au  visaige. 
Adonc  le  roy  Henry  luy  dist  :  «  Comme  osés- vous 
a insy  regarder  ung  prince  au  visaige?  »  Et  le  seigneur 
de  Lilladam  dist  :  «  Très  redouté  seigneur,  c'est  la  gise 
de  France,  et  s'aucun  homme  n'ose  regarder  à  ung  qui 
luy  parle ,  on  le  tient  pour  malvais  homme  et  traître  ; 
et,  pour  Dieu,  ne  vous  veulliés  courrouchier.  »  Et  le 
Roy  dist  :  «  Ce  n'est  pas  nostre  guise.  »  Et  depuis 
monstra  bien  le  roy  Henry  qu'il  n'aymoit  point  le  sei- 
gneur de  Lilladam ,  car  il  le  fist  depuis  prendre  en  la 
ville  de  Paris,  et  mectre  en  prison  à  intencion  que  ja- 
mais il  n'en  istroit,  et  non  fist-il  du  vivant  du  roy 
Henry  :  et  encore  l'eust  fait  morir,  se  n'eust  esté  par  la 
priaire  du  duc  Phelipez  de  Bourgoingne,  lequel  luy 
pria  moût  espécialement  qu'il  ne  mourust  point. 

It^m ,  devant  Melun  eut  aucuns  contens  entre  mes- 
sire  Hue  de  Lannoy  et  ung  huissier  d'armes  du  duc 


,48  MÉMOIRES  [1420] 

Phelipes,  nommé  Graut  Jehan  '  :  et  dist  messire  Hue 
aucunes  paroles  audit  Grant  Jehan,  donc  11  dist  qu'il 
se  plaindroit  au  duc  Pheiipe.  Et  une  autre  fois,  pré- 
sent messire  Hue,  le  Grant  Jehan  se  plainstau  duc  Phe- 
iipe de  l'injure  que  messire  Hue  hiy  avoit  dite;  et  mes- 
sire Hue ,  qui  estoit  armé  et  avoit  ses  ganlelès  mis  en 
ses  mains,  présent  le  duc  Pheiipe,  se  avancha  en  di- 
sant :  ((  Tu  es  ung  très  mahais  garson ,  »  et  frapa  le 
Grant  Jehan  de  son  gantelet  parmy  le  visage,  où  il  es- 
toit  à  genoux  devant  le  duc  Phellpes.  De  ce  fut  le  duc 
Phelipes  très  mal  content,  et  en  sceut  malvais  gré  à 
messire  Hue  de  Lannoj,  et  aussy  messire  Hue  en  fut 
fort  blasmé  de  toutes  gens.  Mais  enfin  le  duc  Phelipes 
luy  pardonna  par  la  priaire  des  seigneurs  de  son  hostel, 
qui  luy  en  requidrent  moult  de  fois,  et  dist  que  se  tel 
outraige  estoit  jamais  fait  présent  sa  personne,  qu'il 
courrouceroit  ceux  qui  ce  feroient. 

Item,  en  tant  que  le  siège  se  tint  devant  Melun, 
Atis  de  Brimeu%  qui  estoit  principal  gouverneur  au 
duc  Phelipes,  mourut  à  Paris  de  maladie  qui  luy  print 
à  Tost,  donc  le  duc  Pheiipe  fut  grandement  courou- 
chié  ;  car  il  estoit  saige,  courtois  et  amé  de  toutes  gens. 

Après  toutes  ces  choses  ainsi  faites ,  et  que  Melun  fut 
mise  en  l'obéissance  du  roy  Henry,  comme  dit  vous  ay, 

*  Jean-le-Graad ,  écuyer,  huissier  d'armes.  (La  Barre,  II,  224.  ) 
'  Chevalier,  conseiller  et  chambellan  des  ducs  Jean  et  Philippe  de 
Bourgogne.  Il  fut  fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Azincourt;  mais  le  Roi, 
dont  il  étoit  également  chambellan  et  conseiller,  lui  donna,  en  i4i8, 
la  somme  de  cinq  cents  livres  pour  payer  sa  rançon  (La  Barre,  II , 
i3o).  Atis  de  Brimeu  mourut  à  Melun ,  et  fut  inhumé  en  l'église  de 
l'abbaye  de  Saint-Pierre ,  près  ladite  ville.  (  Ijdem,  ibid.,  208.) 


[H20]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i4ç, 

le  roj  Henry  le  fist  j^arnir  de  gens  ',  de  vivres  et  de  ce 
qu'il  y  falut,  et  puis  s'en  alla  h  Paris';  et  y  mena  le 
roj  Charles  de  France  avecquez  luy,  et  le  duc  Plielipes 
de  Bourgoingne.  Quant  le  roj  Charles  et  le  roy  Henry 
et  le  duc  Phelipes  furent  Acnus  à  Paris,  >1  y  eut  de 
grans  apointemens  fais.  Et  renouvela  le  roy  Henry  tous 
les  sermens  des  seigneurs  de  France  ;  et  avec  fut  appoin- 
tié  par  parlement  que  jamais  le  Dofltin  ne  pocéderoit 
du  royaume  de  France;  et  le  fist-on  apeller  à  la  lahîe 
demabre";  mais  il  n'y  avoit  garde  de  venir.  Lors  fut 

'  Pierre  de  Yeroult  fut  nommé  capitaiae  de  cette  ville  par  les  deux 

Rois.    (MoNSTRELET,   lY,    282.) 

*  Il  y  arriva  le  i"  décembre  1420.  (  Juvénal  des  Ursi.ns  ,  584  ">  Journal 
d'un  bourgeois  de  Paris,  72.) 

^  Godefroy  donne,  sous  le  titre  d.'u4rrest contre  messire  Charles  de 
Falois ,  dauphin  de  Viennois ,  un  prétendu  extrait  des  registres  du 
pailenient,  duquel  il  résulte  que  «  le  troisiesme  janvier  (1420)  fut  ad- 
journé  à  trois  briefs  jours,  en  cas  de  bannissement,  à  son  de  trompe, 
sur  la  table  de  marbre,  messire  Charles  de  Valois,  dauphin  de  Vien- 
nois, duc  de  Touraine,  et  seul  fils  du  Roy,  à  la  requeste  du  procu- 
reur général  du  Roy,  pour  raison  de  l'homicide  fait  à  la  personne  de 
Jean,  duc  de  Bourgogne,  etc.  »  (joB).  Nous  avons  vainement  cherché 
cet  arrêt  dans  les  registres  du  Parlement.  En  faut-il  conclure,  avec  le 
président  Hénault  (I,  56g),  que  l'arrêt  ne  fut  pas  rendu?  L'accord 
des  chroniqueurs  contemporains  qui  le  mentionnent  permet-il  de 
décider  négativement  cette  question  difficile  ?  Peut-on  enfin  recon- 
noître  ,  comme  l'a  fait  Voltaire  {Histoire  du  Parlement  de  Paris ,  58  ) , 
un  document  authentique  dans  la  pièce  publiée  par  Godefroy,  qui, 
d'ailleurs,  n'indique  point  la  source  où  il  l'a  puisée?  Ce  problème 
historique  a  été  résolu  dans  un  sens  contraire  à  l'existence  de  l'arrêt 
dans  un  Me'moire  de  Boissv-d'Anglas  sur  quelques  eve'netnens  de  la 
fin  du  règne  de  Charles  FI.  (Mém.  de  l'Institut,  Classe  d'histoire 
et  de  littérature  ancienne ,  IV,  545.) 

Le  continuateur  de  dom  Plancher,  après  avoir  rappelé  que  le  Dau- 
phin "  fut  déclaré  atteint  et  convaincu  du  crime  qu'on  avoit  intérêt  de 
lui  imputer,  et  enfin,  par  arrêt  du  parlement  de  Paris,  condamné  à 


i5o  MÉMOIRES  [1420] 

fait  à  Paris  moût  de  iiouviaulx  officiers,  tous  de  par  le 
roy  Henry,  comme  aiant  le  gouvernement  du  royaulme; 
et  adonc  on  commencha  à  déposer  les  gens  du  duc 
Phelipe  des  offices  de  France.  Et  fut  le  seigneur  de 
Humbercourt,  qui  estoit  baillif  d'Amiens,  déposé,  et 
le  seigneur  de  Lilladam  et  pluseurs  autres.  Et  fist  le 
roy  Henry  baillif  d'Amiens  ung  advocat  nommé  mais- 
tre  Robert  Le  Jonne,  lequel  fut  rade  justicier  tant  que 
le  roy  Henry  vesqui ,  et  moût  fort  soustenoit  la  que- 
relle des  Englez;  car  le  roy  Henry  l'amoit  grande- 
ment, et  aussi  faisoient  les  autres  seigneurs  d'Engle- 
terre  qui  reparoient  en  France. 

Item ,  après  ces  apointemens  fais  à  Paris ,  comme 
dit  est,  le  duc  Phelipe  s'en  retourna  en  ses  pays  de 
Flandres  et  d'Artois,  vers  la  duchesse  Michielle,  sa 
femme,  et  là  se  tint  grantespasse.  Et  messire  Jehan  de 
Luxembourg  s'en  alla  à  Biaurevoir,  et  fourni  ses  for- 
tresses  pour  tenir  frontière  vers  le  conté  de  Guise-en- 
Terasse  ' . 

Item,  environ  ung  moys  après,  le  roy  Henry  assist 
garnison  tout  sur  l'iau  de  Saine,  et  puiz  mist  de  ses 

être  banni  et  exilé  à  jamais  c!u  loyauiiic  ,  et  déclaré  incapable  d'y  suc- 
céder, »  ajoute  que  «  le  17  janvier,  le  roi  Charles  donna  la  fameuse 
déclaration,  aussi  déshonorante  jiour  le  moins  à  ceux  qui  la  sollicitèrent 
qu'il  ceux  qui  eurent  la  foiblesse  de  l'accorder.  »  hdL  fameuse  déclaration 
à  laquelle  Salazard  fait  ici  allusion,  est,  sans  aucun  doute,  celle  du 
17  janvier  i4i9i  P^ï"  laquelle  le  roi  Charles  VI  déshérite  son  fils  et 
défend  de  lui  prêter  aucun  secours  contre  le  duc  Philippe  de  Bour- 
gogne. En  plaçant  cette  déclaration  après  l'ajournement  du  Dauphin  à 
la  table  de  marbre  (3  janvier  1420),  il  commet  un  anachronisme 
d'autant  plus  inexcusable,  que  dom  Plancher,  son  prédécesseur, 
l'avoit  mentionnée  à  sa  véritable  date  (  III,  558). 
'  Guise- en-Thiérache. 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENl^i.  ï5i 

gens  dedens  la  Bastille  Saint- Antoine,  et  à  Paris  laissa 
son  oncle,  le  duc  d'Excestre  ',  pour  entretenir  ceux  de 
Paris  :  et  il  envoia  le  duc  de  Clarense,  son  frère,  atout 
grant  puissance,  en  la  Basse-Normandie  mener  guerre. 
Et  puix  se  mist  à  chemin  pour  venir  à  Calais  :  et  de 
Paris  vint  à  Amiens,  et  la  Royne  sa  femme  avecquez 
luy  '.  Et  fut  fort  festié  en  la  ville  d'Amiens  par  maistre 
Robert  Le  Jonne,  lequel  il  avoit  fait  baillif  d'Amiens. 
Et  puis  il  se  desloga  d'Amiens  et  s'en  alla  au  giste  à 
Doullent  et  de  là  à  Saint-Pol ,  et  puis  tira  droit  chemin 
à  Calais;  et  de  là  passa  en  Engleterre,  où  il  fut  haute- 
ment festoie ,  et  la  Royne  sa  femme  avecquez  luy. 
Et  pour  lors  estoit  la  royne  Katherine  enchainte, 
etjeut  assez  tost  après  d'un  filz  qui  eut  nom  Henry  % 
comme  son  père  avoit.  Item,  quant  le  roy  Henry 
passa  [à]  Amiens  et  à  Saint-Pol ,  le  roy  d'Escosse  ^ 
estoit  avecquez  luy,  et  estoit  prisonnier. 

■  Thomas  Beaufort,  comte  Dorset,  puis  duc  d'Excester,  Irère  de 
Henri  IV,  mort  à  Greenwich ,  le  27  décembre  14^6.  (W.  Dugdale,  II, 

125.) 

"  Ils  quittèrent  Paris  le  27  décembre  1420  {Journal  d'un  bour- 
geois de  Paris ,  ^3) ,  et  arrivèrent  à  Amiens  «  la  vigile  saint  Vincent 
(21  janvier).  »  (  MoiN-strelet,  IV,  295).  Juvénal  des  Ursins  commet  une 
erreur  en  disant  «  qu'environ  la  Nativité  de  JNotrc-Dame  (saus  doute 
celle  qui  sefètoit  anciennement  le  i"  janvier),  l'an  1421,  le  roy  d'Angle- 
terre délibéra  d'envoyer  madame  Catherine ,  sa  femme  ,  fille  du  Roy  , 
en  Angleterre,  laquelle  estoit  grosse»  (ôgo).  Henri  partit  avec  sa 
femme,  ainsi  que  le  disent  les  autres  chroniqueurs  ,  et  ce  fut  en  14*20, 
comme  la  suite  des  événements  le  prouve. 

'  Henri  VI,  né  le  6  décembre  il^-i-i  ,  marié,  en  novembre  i444i  '^ 
Marguerite  d'Anjou,  fille  du  roi  de  Sicile;  mort  en  mai  i^'ji- 

*  Jacques  I",  fils  de  Robert  III.  Il  y  avoit  quinze  ans  qu'il  étoit  retenu 
prisonnier  en  Angleterre.  Henri  V    voyant  les  Écossois  prêter  leur 


i52  MÉMOIRES  [1420] 

Quant  le  roy  Henry  fut  rallé  en  Engleterre ,  ainsi 
que  vous  aj  dit,  et  qu'il  eut  mis  au  païs  de  France 
ses  gens  qui  menoient  forte  guerre  aux  dauffinois,  il 
y  eut  pluseurs  seigneurs  de  France  et  d'ailleurs  qui  fu- 
rent courchiés  de  Faliance  que  le  duc  Phelipe  deBour- 
goingne  avoit  prinse  avecquez  le  roy  Henry  d'Engle- 
terre;  et  moût  en  y  eut,  qui  paravant  avoient  tenu 
le  parti  au  duc  Phelipe  et  au  duc  Jehan ,  son  père , 
contre  le  Doffin,  qui  se  retournèrent  contre  luy.  Et 
fut  messire  Jaques  de  Harecourt  l'un  des  principaulx 
qui  s'i  tourna,  et  aussy  atrait  pluseurs  seigneurs  avec- 
quez luy  :  et  prindrent  conclusion  de  mener  guerre 
contre  le  duc  Phelipe ,  combien  que  paravant  il  avoit 
esté  de  son  conseil  et  bien  son  amy.  Mais  par  ce  que 
le  roy  Henry  tenoit  les  terres  du  conté  d'iVncarville, 
qui  estoient  à  la  femme  messire  Jaques ,  et  qui  ne  les 
luy  vouloit  rendre,  il  se  tourna  du  parti  au  Doffin.  Et 
aussy  il  se  fioit  moût  au  chastel  de  Crotoy,  donc  il 
estoit  capitaine.  Avec  messire  Jaques  de  Harecourt  se 
tourna  le  seigneur  de  Rambures  ',  messire  Loys  Burel  % 

appui  au  dauphin  Charles ,  fit  un  accord  avec  le  roi  d'Ecosse ,  par  le- 
quel il  s'engageoit  à  lui  donner  un  congé  limité  pour  aller  dans  son 
royaume,  à  condition  qu'il  l'accompagneroit  en  France  et  qu'il  or- 
donneroit  à  ses  troupes  de  s'en  retourner  dans  leur  pays.  Ce  traité,  en 
date  du  5i  mai  1421  ,  se  trouve  dans  Rymer  (IV,  4'  partie,  p.  5i). 

'  Adrien,  sire  de  Rambures,  de  Dompierre,  d'Escouy,  etc.,  grand 
maître  des  eaux  et  forests  de  Picardie,  vivoit  encore  en  i449-  (La 
MoKLiÈRE,  126.} 

"  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  Louis  Boiirnel.  Louis  Bournel , 
chevalier,  seigneur  de  Thiembronne  et  de  Bouchain,  étoit  avec  son 
père.  Hue  Bournel,  du  voyage  que  le  duc  de  Bourgogne  fit  en  1417 
vei-s  Paris,  et  vivoit  encore  en  i444-  H  avoit  trois  frères,  Charles, 


[1420]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i53 

messire  Lojs  de  Vaucourt,  le  Bon  de  Saveiises  %  les 
enfaiis  de  Harselaines  '  et  mont  d'autres  gentilz-hom- 
nies  de  Vimeu,  de  Pontieu  et  d'ailleurs;  et  faisoient 
forte  guerre  aux  Englès  par  mer  et  par  terre,  et  aussi 
faisoient-il  aux  gens  du  duc  Phelipes  de  Bourgoingne. 
Item,  en  ceste  mesme  année,  qui  fut  l'an  mil 
quatre  cens  et  vingt,  le  roy  Henry  d'Engleterre  avoit 
lalssié  en  France  le  duc  de  Clarense,  son  frère,  qui  es- 
toit  moût  biau  prince,  et  avec  ce  estoit  renommé 
d'estre  vaillant.  Et  lors  estoit  en  France  lieutenant  du 
roj  Henry  son  frère,  pour  la  guerre,  et  avoit  raout 
noble  compaignie  d'Englès  avec  luj,  et  si  estoit  allé  à 
la  Basse-Normandie  %  vers  Dreux.  Si  avint  que  les  dof- 
finois  sceurent  la  venue  du  duc  de  Clarence,  et  pour 
se  assemblèrent  le  plus  qu'ilz  peurent  pour  résister  à 
rencontre  des  Englès  ;  et  le  duc  de  Clarense  sceut  l'as- 
semblée des  doffinois  pareillement.  Et  y  avoit  une  ri- 
vière entre  les  deux  hostz  ^,  qui  estoit  dangereuse  à  pas- 

Guichaid  et  Guillaume  (Anselme,  YIII,  iSa).  La  3Iorlière  (42)  ne 
donne  que  deux  fils  à  Hue  Burnel ,  Louis  et  Guichard. 
'  Robert  de  Saveuses.  (Ti.) 

*  Gauvain  et  Jeau  de  Herselances,  dit  îMonstrelet  (lY,  149)-  Plus 
loin  (291)  il  les  désigne  ainsi  :  «  les  deux  frères  de  Hersellames.  « 

'  En  tirant  vers  Baugé.  (  Ti.  ) 

*  Yoici  quelle  étoit  la  position  des  deux  armées,  selon  le  Journal 
d'un  bourgeois  de  Paris  {'jS)  :  «  La  bataille  devoit  estre  entre  Angers  et 
le  Mans ,  sur  la  rivière  du  Loir  ;  si  alla  voir  la  place  le  duc  de  Clarence 
avant  que  le  jour  de  la  bataille  fust ,  laquelle  place  estoit  ou  pays  des 
Arminaz ,  et  luy  convint  passer  laditte  rivière  par  ung  pont  bien  estroit, 
et  fut  bien  accompaingné  de  quinze  cens  hommes  d'onneur  et  cinq 
cens  archers.  Ses  ennemis,  qui  avoient  toujours  des  amis  partout,  le 
sceurent  et  firent  deux  embûches  en  ung  boys  où  il  luy  convenoit  pas- 
ser après  la  rivière ,  et  devant,  oultre  le  boys,  avoit  bien  quatre  cens 


i54  MÉMOIRES  [1420] 

ser.  Et  quant  le  duc  de  Clarense  sceut  que  ses  ennemis 
estolent  sur  les  champs ,  il  contendi  de  passer  l'iaue ,  et 
passa  des  premiers  atout  environ  de  trois  à  quatre  cens 
hommes  des  plus  gentilz ,  et  ne  peut  sa  puissance  sitost 
passer;  et  les  doffinois,  qui  bien  virent  leur  point,  vin- 
drent  fraper  sur  les  Englès.  Là  eut  forte  bataille'  d'un 
costé  et  d'autre;  mais  les  dofiinois  estoient  sans  cora- 
pareson  plus  que  les  Englès  :  par  quoy  le  meschief 
tourna  sur  le  duc  de  Clarence ,  et  y  fut  mort  de  sa  per- 
sonne ,  et  avec  luy  le  conte  de  Quen  et  le  seigneur  de 
Ros,  maressal  d'Engleterre,  et  moût  d'autres  grans  sei- 

homnies  d'armes  au  cler  sur  une  petite  montaigne  ,  lesquels  les  Angloys 
povoent  bien  voir  :  si  n'en  tindrent  compte ,  car  ils  cuidoicnt  que  plus 
n'en  y  eust  que  ceulx-là,  dont  ils  furent  déceuz  ;  car  en  la  vallée  avoit 
une  grosse  bataille  d'Arminaz  sans  les  deux  embùchi  s  devant  dits,  qui 
aussitost  qu'ils  virent  que  les  Anglois  furent  dedans  le  boys  yssirent 
par-derrière  ,  et  allèrent  rompre  le  pont,  et  puis  les  vindrent  accueillir 
par-den-ièi-e  et  par  les  costez,  et  les  autres  par  devant;  et  ainsi  furent 
tous  mis  à  l'espée,  se  non  environ  deux  cens  bommes,  comme  ménes- 
triers  et  autres  qui  écbappèrent  par  bien  fouir,  et  refirent  le  pont  le 
mieux  qu'ils  poi-ent,  et  s'enfuirent  à  leurs  logeys  :  et  quant  ceulx  des 
logeis  qui  estoient  demourez  le  sçurent,  ils  se  mirent  comme  tous  en- 
raigez  es  faulxbourgs  du  Mans ,  et  mirent  le  feu ,  et  tuèrent  femmes  et 
enffans,  et  hommes  vieulx  et  jeunes  sans  mercy.  Et  fut  la  vigille  de 
Pasques,  qui  fut  le  21' jour  de  mars  14*20.»  Il  se  trompe  d'un  jour;  la 
veille  de  Pâque  étoit  le  1^.  mars. 

Berry  (44o)  raconte  aussi  ce  fait  en  détail  ;  mais  il  donne  une  autre 
version cpjant  au  commencement  de  l'attaque,  et  qui  s'accorde  moins 
bien  avec  celle  de  Fenin. 

'  On  trouve  dans  les  annotations  de  Denis  Godefroy  (75'i)  un  «  Extrait 
d'un  vieil  registre  de  la  chambre  des  comptes  d'Anjou  (fol.  142),  »  dans 
lequel  il  est  dit  que  la  bataille  du  Fieil-Bau^c  fut  donnée  le  samedi 
22"  jour  de  mars  1420,  veille  des  grandes  Pasques.  Juvénal  des  Ursins 
(589)  et  Berry  (44o)  nomment  le  lieu  où  se  livra  la  bataille,  Bau^é-en- 
Vallét. 


[1421]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i55 

gneurs  :  et  si  fut  priiis  le  conte  de  Hantiton.  Moût 
firent  les  Englès  grant  perte  de  leurs  capitaines  ;  mais 
enfin  les  dauHinois  furent  reboutés  par  les  Englès,  et 
regaignèrent  le  corps  du  duc  de  Clarense  et  des  autres 
seigneurs ,  donc  ilz  firent  grant  deul  pour  la  perte  de 
leurs  seigneurs  qui  là  estoient  mors;  car  la  Heur  de  la 
seignourie  d'Engleterre  y  mourut  ceste  journée. 

Item,  quant  nouvelles  furent  portées  devers  le  roy 
Henry  de  la  mort  de  son  frère  le  duc  et  de  ses  autres 
princes,  il  en  fut  moût  courouchié,  et  refist  en  En- 
gleterre  moût  grant  mandement  pour  retourner  en 
France,  et  y  retourna  environ  la  Saint-Jehan-Baptiste  ' 
mil  quatre  cens  vingt-un;  atout  grant  puissance  de 
gens,  vint  descendre  à  Calais ,  et  de  là  chevaucha  à 
Monstereul  et  puis  à  Saint-Riquier.  Lorsestoit  le  chastel 
de  La  Fiesté^  en  la  main  des  doffinois,  et  l'avoit  messire 
Jaques  de  Harecourt  garny  de  ses  gens.  Et  y  estoit 
capitaine,  de  par  luy,  le  bastart  de  Belloj  ^,  lequel  se 
rendi  au  roy  Henry  ;  et  y  fut  mis  Nicaise  de  Bontleurs* 
de  par  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne.  Après,  le  roy 
Henry  s'en  alla  à  Abeville,  et  de  là  à  Rouen,  et  puis  à 
Vernon ,  au  pais  de  Perche.  Et  alloit  à  intencion  de 
combatre  le  Doffin ,  lequel  avoit  grant  gent  vers  Char- 
tre;  mais  il  ne  s'aproucha  point. 

'  Monstrelet  (TV,  5i6)  donne  la  date  précise  de  l'arrivée  en  France 
du  roi  d'Angleterre  et  de  son  armée,  qui  «  entrèrent  en  mer  dcdens 
leurs  vaisseaulx  au  poinct  du  jour,  la  veille  (lojuin)  de  Saint-Bar- 
nabe ,  et  en  ce  mesmes  jour  entrèrent  ou  liâvre  de  Calais.  » 

'  La  Ferté.  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  :  Fiètre. 
Bellay.  Voyez  ci-dessus,  page  48,  note  6. 

'  Nicaise  de  Boufflers  ,  seigneur  de  Beaussart  et  de  Villers  eu  Cam- 
brésis,  testa  le  10  octobre  i456. 


i56  MÉMOIRES  [1421] 

Item  ,  ung  peu  devant ,  le  seigneur  de  Lllladam 
fut  prins  à  Paris  ;  et  le  fist  prendre  le  duc  d'Encester 
de  par  le  roy  d'Engleterre  ,  donc  le  commun  de 
Paris  fut  fort  esmeu  ,  et  s'asemblèrent  bien  mile  ou 
douze  cens  pour  rescourre  le  seigneur  de  Lilladam. 
Mais  le  duc  d'Encester  avoit  environ  six  vingt  comba- 
tans,  et  vintfraper  sur  eux,  en  eulx  commandant,  de 
par  le  Roy,  qu'ilz  se  traisissent  et  que  on  feroit  justice 
au  seigneur  de  Lilladam.  Et  en  y  eut  assez  de  bléchiés; 
mais  enj5n  le  seigneur  de  Lilladam  fut  mené  prisonnier 
en  la  Bastille  Saint-Antoisne,  et  là  fut  tant  que  le  roy 
Henry  vesquit.  Moût  se  gouverna  le  duc  d'Encester  en 
ceste  besoingne  hautement  dedens  Paris  contre  le 
commun. 

Item,  aucuns  dirent  que  le  se-gneur  de  Lilladam 
avoit  parlé  contre  l'onneur  du  roi  Henry ,  et  pour  ce , 
le  vouloit  faire  mourir  en  prison. 

Item ,  quant  le  roy  Henry  passa  par  Abeville  ,  le 
seigneur  de  Cohen  '  fut  commis  capitaine  d' Abeville. 

Item ,  assez  tost  après  que  le  Roy  fut  vers  Vernon  , 
et  qu'il  passa  pour  aller  combatre  le  Doffin  ,  il  le  fist 
sçavoir  au  duc  Phelipe  de  Bourgoingne,  et  le  duc 
Phelipe  assembla  ce  qu'il  poit  avoir  de  gens,  et  che- 
vaucha droit  à  Amiens,  et  de  là  à  Biauvaiz,  et  puis 
vers  Vernon.  Et  se  loga  à  ung  grant  vilage  nommé 
Magni  et  puis,  [de]  sa  personne,  alla  devers  le  roy  Henry. 
Et  quant  il  vint  là,  les  nouvelles  leur  vindrent  que  le 

'  Louis  de  Berghcs,  chevalier,  seigneur  de  Cohen  et  de  Bienque , 
conseiller,  chambellan  de  Philippe-le-Bon ,  duc  de  Bourgogne  (  An- 
SELMK,  VIII,  696),  et  gouverneur  de  la  ville  de  Rue,  en  1422.  (La 
Barre,  II ,  210.) 


[1421]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  iS; 

Dofîin  et  ses  gens  estoient  retralz  vers  Tours  en  Toii- 
ralne.  Et  quant  le  roy  Henry  eut  ouy  les  nouvelles 
qu'il  ne  seroit  point  combatu ,  il  fist  retraire  le  duc 
Phelipe  pour  garder  ses  pays  ;  et  le  duc  Phelipe  s'en 
retourna  droit  à  Biauvais,  et  de  là  alla  logier  à  Crossy '. 
Quant  le  duc  Phelipe  fut  logié  à  Croissy,  il  ouït  les 
nouvelles  que  le  seigneur  d'Offemont'  et  Poton  de 
Sainte-Traille  avoient  prins  Saint-Riquier  par  le  con- 
seil de  messire  Jaques  de  Harecourt,  et  qu'il  luy  gas- 
toient  tout  son  pays. 

Item,  en  ce  voiage,  le  vidame  d'Amiens  ^  eut  une 
jambe  rompue  d'un  cheval  qui  le  rua  en  cachant  ung 
regnarl,  et  fut  long-temps  qu'il  ne  se  povoit  armer. 
Après  ce  que  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne  fut  venu 
logier  à  Croissy,  comme  dit  est,  et  qu'il  sceut  les 
nouvelles  que  Saint-Riquier  estoit  prins ,  il  assembla 
son  conseil  pour  scavoir  comme  il  pourroit  faire.  Et 
lors  prinst  conclusion  qu'il  envoiroit  messire  Jehan  de 
Luxembourg  au  pays,  pour  scavoir  s'il  pourroit  riens 
trouver  sur  ses  ennemis.  Et  le  duc  Phelipe  s'en  alla  à 
Amiens  pour  eux  requerre  qu'ilz  luy  faissent  aide  de 
arbalestriers  pom^  asségier  Saint-Riquier.  Et  de  là  le 
duc  Phelipe  s'en  ala  tant  qu'il  vint  logier  à  Cussy'»;  et 
messire  Jehan  de  Luxembourg  alla  passer  à  Piquigny, 
et  puis  s'ala  logier  à  Dommart  en  Pontieu ,  qui  est  de 

'  Croissy. 

'  Guy  (le  Neelle,  seigneur  de  Merlou  (autrefois  Mello)  et  d'Offe- 
mont ,  mort  en  1 473- 

'   Voyez  ci-dessus,  page  3o,  note  i. 

"  '(  Auxi ,  sur  la  rivière  d'Authie  »  (Mo.vstrelet,  IV,  3-25) ,  et  non 
Cussy,  ou,  comme  on  lit  dans  le  manuscrit  de  Tieulaine,  Coiissy. 


i58  MÉMOIRES  [1421] 

deux  à  trois  lieues  de  Saint-Riquier.  Quant  messire 
Jehan  de  Luxembourg  fut  logié  à  Dommart  et  qu'il  y 
eut  jeu  une  nuit,  il  s'ala  mectre  en  embusche  en  ung 
vilage  au-dessus  de  Saint-Riquier,  atout  bien  cinq  cens 
combatans ,  et  puis  envoia  de  ses  coureurs  devant  la 
ville  pour  faire  saillir  les  doffinois  ;  mais  ilz  ne  saillirent 
point.  Et  quant  messire  Jehan  vit  ce,  il  se  retrait  à 
Dommart ,  et  landemain  s'en  alla  aussj  devers  le  duc 
de  Bourgoingne. 

Item,  le  duc  Phelipe  manda  archiers  et  arbalestriers 
par  tout  les  bonnes  villes,  et  les  mena  avec  luy  devant 
le  Pont-de-Remy  ',  lequel  Lojs  de  Vancourt,  filz  du 
seigneur  de  Vancourt ,  avoit  mis  en  la  main  de  messire 
Jaques  de  Harecourt  :  et  messire  Jaques  j  avoit  mis 
garnison ,  qui  moût  grevoit  la  ville  d'Amiens  et  d'Abe- 
ville.  Quant  le  duc  Phelipe  fut  venu  devant  le  Pont- 
de-Remy,  il  se  loga  en  la  ville,  et  ses  gens  estoient 
logiés  devant  le  Pont.  Adonc  ceulx  de  l'île  du  Pont-de- 
Remy  tirèrent  deux  ou  trois  fusées  sur  les  maisons  de 
la  ville,  qui  estoient  couvertes  [d'esteule  *],  et  si  prinst 
le  feu  assez  tost  ;  par  quoy  la  ville  fut  toute  arse  et 
désolée.  Devant  le  Pont-de-Remy  fut  le  duc  Phelipe 
cinq  ou  six  jours ,  et  puis  ceulx  de  la  ville  d'Amiens  y 
vindrent  atout  cinq  ou  six  grans  batiaulx,  où  il  avoit 
foison  arbalestriers.  Et  quant  ceulx  de  l'ille  seurent 
leur  venue  ,  ils  s'enfuirent  et  laissèrent^  le  chastel,  et 

■  Il  y  alla  loger  «  la  nuit  de  la  Magdaleine  (22  juillet  i4'2i).  »  (Moxs- 

TRELET,  IV,   525.) 

'  Notre  manuscrit  porte  de  tuille. 
'  Laissèrent  l'isle  et  le  chastel.  (Ti.) 


[1421]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  159 

emportèrent  les  biens  qui  estoient  dedens.  Et  preste- 
ment on  passa  par  ung  batel  et  entra-on  dedens  l'ille 
et  dedens  le  chastel,  et  prinst-on  ce  que  on  y  trouva  : 
et  puis  après  on  bouta  le  feu  partout.  Ainsi  fist  le  duc 
Phclipe  désoler  l'ille  et  le  chastel  du  Pont-de-Remy, 
et  pareillement  le  chastel  Diancourt  '  et  celluy  de  Ma- 
reul  %  et  fut  tout  désolé  en  ung  jour.  Après  ce,  le  duc 
Phelipe  s'en  alla  logier  à  Abbeville  et  tous  ses  gens;  et 
y  fut  trois  jouis.  Et  puis  il  alla  mectre  le  siège  ^  devant 
la  ville  de  Saint-Riquier;  et  se  loga  dedens  le  chastel 
de  La  Fiesté  ^,  lequel  les  doffinois  avoient  ars  quant  le 
duc  Phelipe  passa  pour  aller  au  Pont-de-Remy  ;  et 
l'avoit  Nicaise  de  Bonilers  rendu  aux  doffinois,  à  qui 
on  l'avoit  baillié  en  garde  quant  le  roy  Henry  passa  à 
Saint-Riquier. 

Item,  le  duc  Phelipez  fut  devant  Saint-Riquier  le 
moys  d'aoust,  et  n'yestoitle  siège  que  par  deux  costés, 
par  quoy  les  doffinois  sailloient  quand  il  leur  plaisoit. 
Dedens  Saint-Riquier  estoit  le  seigneur  d'Offemont , 
Poton  de  Sainte- Traille  et  moût  d'autres  vaillans 
hommes  d'armes;  et  estoient  bien  six  cens  combatans. 

Item,  en  tant  que  le  siège  fut  devant  le  Pont-de- 
Remy,  il  eut  annes  ^  faites  de  six  doffinois  contre  six 
Bourguignons  pour  rompre  chacun  trois  lances  l'un 

'  Il  faut  sans  doute  lire  cVIaiicouri.   Le  manuscrit  de  Tieulaine 
porte  d'Eaucourt ,  ce  qui  est  le  véritable  nom. 
"  Mareuil. 

'  «  En  la  fin  de  juillet.  »  (  Mo.nstrelet  ,  IV,  S^S.) 
■i  La  Ferté. 
'  Atinces.  (Ti.) 


i6o  MÉMOIRES  [1421] 

contre  l'autre  ;  et  fut  jour  prins  de  les  furnir  dessus 
Saint-Riquler.  Et  là  alla  messire  Jehan  de  Luxem- 
bourg, atout  six  cens  hommes  d'armes,  tous  gens  d'es- 
lite.  Et  le  seigneur  d'OfFremont  vint  pareillement  au 
devant  de  messire  Jehan  de  Luxembourg ,  atout  ses 
gens,  au-dessus  de  Saint-Riquier ,  vers  le  Pont-de- 
Remy  :  et  avoient  baillié  sauf-conduit  l'un  à  l'autre 
pour  eux  et  pour  leurs  gens.  Quant  le  seigneur  d'Of- 
fremont  et  messire  Jehan  de  Luxembourg  furent  venus 
ensemble,  ilz  firent  grant  chière  l'un  à  l'autre,  et  firent 
armer  ceux  qui  dévoient  faire  les  armes.  Et  estoit  de 
la  partie  de  messire  Jehan  de  Luxembourg  messire 
Ljonnel  de  Bournoville ,  le  bastard  de  Robais  ',  Hen- 
rietLalemanf",  ung  nommé  de  Recourt^  et  deux  autres 
avecquez  eux.  Quant  ilz  furent  prez  pour  fournir  leurs 

'  Il  y  avoit  à  la  cour  de  Philippe-le-Bon ,  duc  de  Bourgogne,  un 
messire  Jean  de  Roubais,  seigneur  de  Herzelles,  chevalier,  premier 
chambellan  du  duc  (La  Barre,  II,  206).  Peut-être  le  bâtard  étoit-il 
son  fds. 

="  Henri  Lalement  faisoit  partie  des  écuyers  de  la  compagnie  dn 
seigneur  de  Chateluz,  en  i4i7-  (D-  Plancher,  III,  JSotes,  692.) 

^  Pierre  de  Recourt  servoit  en  qualité  d'écuyer  des  ordonnances  du 
Roy,  sous  messire  Alain  de  Longueval,  suivant  la  monstre  de  sa  com- 
pagnie faite  à  Paris  le  8  septembre  ï^\ï.  Le  même  ayant  suivi  le  parti 
de  Philippe ,  duc  de  Bourgogne  ,  étoit  avec  lui  en  la  bataille  de  Mons 
en  Vimeu,  donnée  l'an  1421  (Haudicquer,  45o).  Il  étoit  au  nombre 
des  seigneurs  qui  s'assemblèrent,  en  1424»  tlans  la  ville  de  Roye,  en 
Vermandois  ,  pour  délibérer  sur  le  projet  qu'ils  avoient  d'abandonner 
la  cause  du  duc  Philippe,  et  d'embrasser  celle  du  Dauphin.  Peu  de 
temps  après  ,  ayant  été  pris  par  Raoul  de  Gaucourt ,  celui-ci  l'envoya 
à  Jean  de  Luxembourg ,  lequel  le  fît  conduire  à  Paris,  «  où  il  fut  écar- 
telé  comme  traître,  et  ses  membres  furent  pendus  en  plusieurs  lieux.  » 

(MONSTRELET,   Y,  7O-80.) 


[1421]  DE  PIERRE  DE  FEMN.  ,6i 

armes ,  ilz  commencèrent  à  courre  les  ungs  contre  les 
autres  ;  et  eut  ledit  de  Rancourt  son  cheval  tué  dessoubz 
luj  d'un  doffinois ,  et  aussi  eut  Henriet  Lalemant  ; 
donc  messire  Jehan  de  Luxembourg  fut  mal  content, 
et  cuida  que  les  dofîinois  tuassent  les  chevaux  de  fait 
avise.  Là  y  eut  de  biaus  coups  férus  et  moût  de 
lances  rompues  de  checune  partie ,  sans  qu'il  y  eût 
homme  bléchié  d'un  costé  ne  d'autre  :  et  par  ce  que  la 
nuit  vint  trop  tost,  il  y  en  eut  deux  de  checune  partie 
qui  ne  peurent  fournir  ce  qu'ilz  avoient  entreprins. 
Et  s'en  ralla  messire  Jehan  de  Luxembourg  au  Pont- 
de-Remy,  devers  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne ,  et  le 


seigneur  d'Offemont  dedens  Saint-R 


quier. 


Item,  en  tant  que  le  duc  Phelipe estoit devant  Saint- 
Riquier  au  siège  ,  comme  dit  est,  les  doffinois  sailloient 
souvent  dehors  sur  les  gens  au  duc  Phelipe ,  et  pre- 
noient  plnseurs  de  ses  gens  qu'ilz  menoient  dedens  la 
ville.  Et  y  fut  prins  messire  Emont  de  Bonherch  ' , 
lequel  fut  tenu  si  longuement  prisonnier  qu'il  mourut 
emprison;  et  si  fut  prins  Jehan  de  Crièveceur  %  et 
pluseurs  autres. 

Item,  ung  peu  devant  que  le  siège  venist  devant 
Saint-Riquier,  les  doffinois  allèrent  courre,  environ 

'  Dans  le  rôle  des  gens  d'armes  assemblés,  en  i4io,  par  le  duc 
Jean ,  Emond  de  Bomberch  se  trouve  au  nombre  des  bannerets  d'Ar- 
tois et  de  Picardie.  l'D.  Plascher,  III,  Noies,  084.) 

'  Jean  de  Crèvecœur,  seigneur  de  Prosart ,  frère  de  Jacques,  sei- 
gneur de  Crèvecœur,  étoit  capitaine  de  Gû^îencourt,  en  Beauvoisis, 
et  suivit  le  parti  du  duc  de  Bourgogne  (  Anselme,  VII,  m).  Mons- 
trelet  le  nomme  tantôt  Jean  de  Crèvecœur  (IV,  53o) ,  tantôt  Jean  de 
Bareritin  (V,  O'ig). 

I  I 


i62  MÉMOIRES  [1421] 

trois  cens  combatans,  desy  à  la  rivière  de  Tausse  ',  et 
assaillirent  l'église  de  Coussj-sur-Taiice  %  où  les  gens 
de  la  ville  s'estoient  retrais.  Et  tant  firent  les  dofTmois 
ffu'ilz  boutèrent  le  feu  dedens  ladite  église  et  ardirent 
plusieurs  de  la  ville ,  et  les  autres  emmenèrent  prison- 
niers à  Saint-Riquier.  Alors  estoit  le  chastel  deDenrier^ 
plain  dedoffinoisqui  estoient  à  Poton  de  Sainte-Traille, 
et  faisoient  assez  paine  au  païs  vers  Monstereul  et  vers 
Hedin. 

Après  ce  que  le  duc  Phelipe  eut  esté  environ  ung 
moys  devant  la  ville  de  Saint-Riquier,  et  qu'il  vit 
qu'ilz  n'avoient  nulle  voulenté  d'eux  rendre,  et  avec 
ce,  qu'ilz  n'estoientasségiés  que  par  deux  costés  et  po- 
voient,  de  jour  en  jour,  avoir  secours  des  gens  de  mes- 
sire  Jaques  de  Harecourt,  il  oyt  nouvelles  que,  par  le 
pourchas  de  messire  Jaques  de  Harecourt ,  les  doffinois 
s'assembloient  pour  le  venir  combatre;  et  fîst  le  duc 
Phelipes  tant  qu'il  sceut  véritablement  que  ses  enne- 
mis estoient  assemblés  pour  le  venir  lever  de  son  siège 
devant  Saint-Riquier.  Quant  le  duc  Phelipes  sceut  la 
vérité,  il  prinst  conseil  à  ses  barons  comment  il  pour- 
roit  faire,  et  puis  prinst  conclusion  d'aller  au  devant 
d'eux ,  outre  Fiau  de  Somme.  Adonc  il  envoya  ^  Phe- 
lipes de  Saveuses  et  le  seigneur  de  Crèveceur  atout  deux 
cens  combatans  pour  chevauchier  sur  les  doffinois.  Le 


'  Candie.  Ils  étoient  douze  cents  chevaux ,  dit  Monstrelet  (IV,  522). 
"  Concliy-sur-Canche. 
^  Douriers. 

•î  '(  Le  vingt-neuvième  jour  du  mois  d'aoust  1 421....  atout  six  vingts 
imbatans.  »  (Monstkelet,  IV,  33 1.) 


[1421]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i63 

se^neur  de  Crèveceur  et  le  seigneur  de  Saveuses  s'en 
allèrent  passer  à  Abville ,  et  arrivèrent  là  environ  jour 
faillj.  Et  là  furent  desy  au  point  du  jour,  qu'ilz  mon- 
tèrent à  cheval  et  chevauchèrent  en  tirant  vers  Araines. 
Et  quant  ilz  furent  deux  lieues  outre  Abbeville,  il 
estoit  ung  peu  devant  soleil  levant  ;  et  Phelipez  de 
Saveuses  raist  douze  coureurs  devant ,  lesquelz  cou- 
reurs [menoit  le  Bègue  de  Grouches  '].  Quant  ilz  fu- 
rent allés  trois  ou  quatre  trais  d'arc,  ilz  virent  les 
doffinois  qui  venoient  en  grant  ordonnance  pour  aller 
vers  la  Blanque-Taque.  Adonc  les  coureurs  se  retrai- 
rent  devers  les  capitaines  :  et  avoient  prins  deux  archiers 
doffinois,  par  quoy  on  sceut  vérité  qu'ilz  alloient 
combatre  le  duc  Phelipes  de  Bourgoingne. 

Item ,  Phelipes  de  Saveuses  et  le  seigneur  de  Crève- 
ceur envoièrent  les  deux  archiers  vers  le  duc  Phelipe, 
et  avec  ce  luy  firent  sçavoir  que  ses  ennemis  le  venoient 
combatre,  et  qu'il  se  hâtast  de  passer  Abeville  pour 
estre  au-devant.  Et  le  duc  Phelipe,  qui  avoit  aban- 
donné son  logis  devant  Salnt-Riquier  et  bouté  le  feu 

'  Le  duc  de  Bourgogne  s' étant  emparé,  en  i4i8,  de  plusieurs 
places  et  forteresses  du  Valois,  «  en  la  ville  de  Creil  fut  mis  un  gea- 
til-liomme  nommé  le  Bugle  de  Grouches,  pour  la  garder,  et  entra  eu 
icello  ville  atout  huit  hommes  tant  seulement.  Si  estoient  dedans  la 
forteresse  le  comte  de  Ventadour,  le  seigneur  de  Chateau-Morant ,  et 
messire  Charles  de  Saint -Sauflieu,  atout  certain  nombre  de  gens 
d'armes,  lesquels  tenoient  le  parti  du  comte  d'Armagnac,  lesquels 
furent,  par  le  moyen  du  dessusdit  Bagle  de  Grouches  et  de  la  com- 
munauté d'icelle  ville,  contraints  à  rendre  ladite  forteresse,  par  con- 
dition qu'ils  s'en  allèrent  saufs  leurs  corps  et  leurs  biens  ;  et  en  de- 
meura icelui  Bugle  capitaine  certain  espace  de  temps.  »  (Mo.nstrklet, 
lY,  95.) 


ï64  MÉMOIRES  [14211 

jà  partout  en  Abeville  ;  et  quand  il  ouït  les  nouvelles 
que  ses  chevaucheurs  luy  mandoient ,  il  se  desloga 
d'Aheville  et  se  mist  aux  champs  atout  sa  puissance. 
Et  les  doffinois  chevauchoient  fort  pour  passer  à  la 
Blanque-Taque  ,  et  tousjours  les  sievoit  Phelipez  de 
Saveuses  et  le  seigneur  de  Crièveceur,  et  tant,  que  les 
doffinois  estoient  jà  assez  près  de  la  Blanque-Taque  et 
l  chevauchoient  à  passer  l'iaue  en  allant  vers  Noielle  sur 
la  mer.  Et  le  duc  Phelipe  les  poursuioit  en  grant  or- 
donnance ;  et  tant  les  poursievi  que  les  deux  batailles 
povoient  voier  l'un  l'autre.  Quant  les  doffinois  aper- 
clieurent  la  bataille  au  duc  Phelipe,  ilz  retournèrent 
aux  plains  camps ,  et  vindrent  baudement  pour  le 
combatre,  et  là  se  mirent  en  bataille.  Et  le  duc  Phe- 
lipes  se  hastoit  moût  fort  pour  les  ataindre  ;  et  tant 
se  hasta,  qu'ilz  furent  à  deux  trais  d'arc  près  l'un 
de  l'autre  '.  Là,  y  eut  de  grans  ordonnances  faites  de 
checune  partie.  Et  fut  le  duc  Phelipe  fait  chevallier 
par  messire  Jehan  de  Luxembourg ,  et  puis  le  duc  Phe- 
lipes  fist  chevallier  Pheîipes  de  Saveuses  ;  et  pluseurs 
autres  en  y  eut  fait.  Et  aussi  pareillement  en  y  eut 
fait  de  la  partie  des  doffinois  ;  et  firent  chevallier  Rigaut 
de  Fontaynes,  messire  Gilles  de  Gamaches  %  et  des 
autres. 

Après  toutes  ces  choses  faites,  ainsi  que  dit  est,  le 

'  Les  deux  armées  se  trouvèrent  en  présence  «  le  samedi ,  dernier 
jour  d'août  (1421),  environ  onze  heures  du  matin  »  (  Moxstrelkt, 
IV,  554  )■  Nous  observerons  que  le  dernier  jour  d'août  fut  un  di- 
manche, en  ï^:ii  ,  et  non  un  samedi. 

'  Mort  à  la  bataille  de  Yerneuil,  en  i^-?4. 


1421]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  iG5 

duc  Phellpez  ordonna  environ  deux  cens  combatans 
sur  une  aille  pour  férir  dolîinois  sur  la  coste,  et  les 
menoit  messire  Mauvray  de  Saint-Ligier  '  et  le  bastart 
de  Coussj  ".  Tantost  après  les  deux  batailles  assemblè- 
rent tout  à  cheval  l'un  contre  l'autre,  et  vindrent 
doffinois  raidement  sur  les  gens  au  duc  Plielipes.  Là  y 
eut  de  grans  coups  de  lance  à  l'assembler  '  d'un  costé 
et  d'autre.  Moût  se  porta  ce  jour  le  duc  Plielipes  vail- 
laument  de  sa  personne ,  et  tellement  que ,  par  le  dit 
des  doffinois,  n'y  eut  nul  de  sa  compagnie  qui  plus  les 
grevast  qu'il  fist  de  sa  propre  main.  Et  messire  Jehan 
de  Luxembourg  s'i  gouverna  hautement  ;  mais  il  fut 
porté  jus  de  son  cheval  et  emmené  prisonnier '^  par 
aucuns  des  doffinois.  Et  fut  mené  bien  ung  trait  d'arc- 
balaistre  sur  ung  petit  cheval,  et  depuis  fut  rescous 
par  ses  gens  :  et  avoit  eu  ung  coup  d'espée  de  travers 
le  nez,  donc  il  eut  le  visaige  fort  deffait,  et  depuix 
qu'il  fut  rescoulx  ralia  pluseurs  de  ses  gens. 

Item,  quant  vint  à  l'assembler  des  deux  batailles, 
il  y  eut  bien  les  deux  pars  des  gens  au  duc  Phelipe 
pour  eux  enfuir,  partirent  de  la  bataille  et  allèrent  vers 
Abevllle  :  et  y  avoit  foison  chevalliers  et  escuiers  de 
Picardie,  de  Flandres  et  d'Artois  ,  qui  estoient  re- 
nommés d'estre  vaillans  ;  mais  ilz  faillirent  à  ce  jour, 
donc  ilz  furent  moût  blasmés  pour  leur  prince  qui 

■  Vo}  ez  ci-dessus ,  page  ^5  ,  note  i. 

*  Perceval,  bâtard  de  Coucy,  seigneur  d'Aubermont ,  testa  au  mois 
de  septembre  1437.  Il  étoit  fils  d'Enguerrand  YII,  seigneur  de  Coucy. 

'  Et  moult  fier  destour.  (Ti.) 

*  11  fut  pris  par  un  homme  d'armes,  nommé  Lanioure.  (  Mo.nstue- 

LET,   IV,  359.) 


i66  MÉMOIRES  [1421] 

estoit  en  la  place.  Mais  ilz  se  veurent  excuser  pour  la 
banlère  au  duc  Phelipes  qui  s'enfuioit;  et  aussy  le  roy 
de  Flandre,  liiraut,  leur  certiffia  que,  pour  vray,  le 
duc  Phelipe  estoit  prins  ou  mors,  par  quoy  ilz  estoient 
tous  esbahis. 

Et  la  banière  du  duc  Phelipe  estoit  demourée  en  la 
main  du  varlet  qui  la  portoit,  parce  que  la  chose 
avoit  esté  si  près  hastée  que  on  ne  l'avoit  baillié  à  nul 
gentil-homme;  et  ledit  varlet  la  laissa  choir  de  paeur 
qu'il  avoit.  Et  fut  relevée  par  ung  gentil-homme 
nommé  Jehan  de  Roissibos  ',  lequel  la  porta  grant 
pièche,  et  si  ralia  plusieurs  gentis-hommes  autour  de 
la  banière  ;  mais  nonobstant  ilz  s'enfuirent  desy  à 
Abeville,  où  ilz  Guidèrent  eux  retraire.  Mais  ceux  de 
la  ville  ne  les  veurent  maitre  dedens  ;  et  sy  y  estoit  le 
seigneur  de  Cohen  qui  estoit  capitaine  d' Abeville, 
lequel  leur  pria  assés  qu'ilz  le  maissent  ens ,  mais  ilz 
n'en  veurent  riens  faire,  par  quoy  on  peut  suposer  que 
se  le  duc  Phelipe  eût  perdu  la  journée,  qu'ilz  se  fus- 
sent rendus  doffinois.  Quant  ceulx  qui  s'enfuioient 
virent  que  ceulx  d' Abeville  ne  les  metroient  point 
dedens ,  ilz  s'en  allèrent  droit  à  Piquengny,  et  là  pas- 
sèrent l'iaue  de  Somme.  Moût  en  sceut  le  duc  Phelipe 
mal  vais  gré,  quant  il  le  sceut;  et  aussi  fist  messire 
Jehan  de  Luxembourg  et  pluseurs  autres  seigneurs.  Et 

'  Peut-être  Jean  deRosimbos,  compris  au  nombre  des  chevaliers, 
dans  le  rôle  des  gens  d'armes  assemblés,  en  i4io,  par  le  duc  de  Bour- 
gogne (D.  Plancher,  III,  Notes,  584)-  Messire  Jean  de  Rosimbos, 
seigneur  de  Fourinelles,  chambellan  du  comte  de  Charolois,  assistoit 
au  banquet  donné  à  Lille,  par  le  duc  de  Bourgogne ,  le  17  février  i455 
(  Mathieu  d'Escouchy,  ôyS).  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  liosinbos. 


[1421]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  167 

depuis  long-temps  après  on  les  nommoit  les  chevalliers 
dePiquigny,  et  seront  cy  après  desclarlés  les  noms  des 
gentilz-liommes  qui  firent  ceste  faute  ' . 

Item ,  le  seigneur  de  Cohen ,  qui  estoit  vaillant 
homme  de  guerre  ,  fut  excusé  de  ceste  besoingne  pour 
ce  qu'il  estoit  bléchié  dedens  la  ville  d' Abeville  en  fai- 
sant le  sourguet  à  cheval,  par  nuit,  acompaignié  de 
huict  ou  dix  hommes  ;  et  y  saillj  sur  eulx  quatre  com- 
paignons  au  coing  d'une  rue  ,  lesquelz  frapèrent  sur 
le  seigneur  de  Cohen  et  sur  ses  gens.  Et  y  fut  le  sei- 
gneur de  Cohen  bien  blcchié ,  et  avec  y  fut  tué  ung 
homme  de  conseil ,  nommé  maistre  Jehan  de  Queus  % 
lequel  maistre  Jehan  estoit  monté  sur  ung  fort  cheval  ; 
et  depuis  qu'il  eut  ung  coup  en  la  teste,  le  cheval  courut 
atout  luy ,  et  tant  qu'il  encontra  une  chayne  de  fer 
tendue  :  et ,  par  la  grant  raidem^  du  cheval ,  abati 
l'estache  du  mlllieu,  oî^i  la  chaîne  tenoit,  et  chet  ledit 
maistre  Jehan,  donc  11  mourut  depuis.  Et  ceux  qui 
avolent  fait  ceste  besoingne  estolent  de  la  ville  d' Abe- 
ville, et  partirent  par  le  moyen  de  leurs  amis  hors  de 

•  Aucun  autre  chroniqueur  ne  fait  mention  de  ce  sobriquet  donné 
aux  chevaliei's  qui  abandonnèrent  si  honteusement  le  champ  de  ba- 
taille. Fenin  n'a  pas  tenu  la  promesse  qu'il  fait  ici  de  déclarer  leurs 
noms. 

'  «  Et  aussi  férirent  ung  advocat  de  ladicte  ville  en  la  teste,  qui 
estoit  avecques  lui  monté  sur  ung  très  bon  cheval ,  qui  avoit  nom 
Phelippe  de  Coux  »  (  Monstrelet,  IV,  324).  Nous  suivons  toujours  , 
pour  les  citations  empruntées  à  Monstrelet,  le  texte  du  manuscrit  dont 
nous  avons  donné  la  description  en  tête  de  ce  volume,  mais  nous  de- 
vons faire  remarquer  que  l'édition  de  M.  Buchon,  à  laquelle  nous 
renvoyons,  porte  ici  le  nom  de  Jean  de  Queux.  C'est  à  tort  qu'on  y  a 
imprimé  «  et  firent  un  avocat ,  »  au  lieu  de  ferfrcnt 


i68  MÉMOIRES  [1421] 

la  ville  ;  et  s'en  allèrent  au  Crotoy ,  vers  messire  Jaques 
de  Harecourt  ;  mais  depuis,  long-temps  après,  ilz  furent 
justiciés.  Et  le  seigneur  de  Colien  s'en  ralla  à  son  hostel  : 
et  pour  lors  on  ne  peut  sçavoir  donc  ce  venoit;  car  la 
ville  d'Abeville  estoit  fort  divisée  par  le  moyen  de 
messire  Jaques  de  Harecourt,  lequel  en  avoit  trouvé 
de  son  parti  grant  foison. 

Item ,  après  que  le  duc  Phelipes  de  Bourgoingne  et 
les  doffinois  eurent  assemblé  bataille,  comme  dit  est 
cy-devant,  il  y  eut  estour  ' .  Et  estoit  demouré  avecquez 
le  duc  Plielipe  environ  cinq  cens  combatans,  lesquelz 
s'y  corabatirent  vaillaument  et  firent  tant  qu'ilz  mirent 
les  doffinois  en  desroy,  et  commenchèrent  à  fuir  en 
allant  vers  Saint- Valleri ,  qui  estoit  de  leur  party.  Et 
les  gens  au  duc  Phelipes  les  charent  '  raidement,  et  si 
en  tuèrent  en  la  place  bien  de  six  à  huit  vingts ,  sans 
ceux  qui  furent  prins,  qui  estoient  bien  de  quatre- 
vingts  h  cent.  Là  fut  mort  messire  Charles  de  Saulien  % 
le  baron  d'Iberi  '^,  Gallehaut  Darsi  "  et  pluseurs  autres 
gentis-hommes.  Et  messire  Rigaut  de  Fontaines  y  fut 
prisonnier,  le  seigneur  de  Conflans  °,  messire  Gilles  de 

'  1/  j-  eut  estour  d'un  costé  et  d'autre.  (  Ti.) 
"  Chassèreul.  (Ti.) 

3  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  de  Saint- Saulieu.  Monstrelet 
àix.  de  Saint- Sauflieu  (IV,  SSg). 

*  «  Pière  d'Argensj',  baron  d'Ivery.  »  (  Monstrelet  ,  IV,  35g.) 

*  «  Galhault  d'Oisy  »  (Mokstrelet,  IV,  oSg).  M.  Buclion  écrit 
d'Arsy. 

«  Peut-être Eustache  de  Conflans,  chtrvalier,  lequel  étoit,  en  i43o, 
capitaine  de  la  ville  de  Cludons  f  Jean  Ciiartieis  ,  45).  Un  seigneur  de 
Conflans,  cité  par  Monstrelet,  assistoit  au  siège  de  Vaudemont  en 
i45i  (V,  35-2). 


[1421]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  169 

Gamaclie ,  messiie  Henry  Burnel",  Poton  de  Sainte- 
Trallle,  le  marquis  de  Serre',  et  pluseurs  autres, 
dessy  au  nombre  dessusdit  :  et  prinst  messire  David  de 
Brimeu  le  marquis  de  Serre  et  messire  Loys  Bournel 
de  sa  main.  Ce  jour  se  porta  le  duc  Phelipes  vaillau- 
ment,  comme  dit  est ,  et  cacha  ses  ennemis  longue- 
ment ,  luy  et  le  seigneur  de  LonguA\il  ;  et  tant  que , 
grant  pièce  après  la  desconfiture,  que  on  ne  sçavoit 
où  il  estoit ,  donc  ses  gens  estoient  en  grant  soussy  ; 
mais  y  revint  vers  son  estandart,  et  avoit  prins  de  sa 
main  deux  hommes  d'armes  ',  lesquelz  furent  depuis 
délivrés  sanspaier  finance.  Après  ce  que  le  duc  Phelipe 
eult  rassemblé  ses  gens ,  et  que  dofilnois  furent  des- 
confilz ,  on  lui  dist  comment  ses  gens  s'en  estoient 
fuiz ,  et  qu'ilz  l'avoient  laissié  ;  donc  il  fut  très  mal 
content  et  leur  en  sceut  malvais  gré;  et  depuis,  long- 
temps après,  n'en  povoit  ouïr  parler. 

Item ,  le  duc  Phelipe  s'en  retourna  dedens  Abeville 
atout  ce  qu'il  avoit  de  gens,  et  avec  luy  fist  mener  ses 
prisonniers;  et  ceulx  de  la  ville  luy  firent  grant  joie  : 
et  là  séjourna  quatre  jours.  Geste  journée  fut  par  ung 
samedi ,  derrain  jour  d'aoust  ^,  l'an  mil  quatre  cens  et 

'  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  Louis  Bournel  ;  Monstrelet  Louis 
de  Thiembronne  (IV,  558).  Voyez  ci-dessus,  page  iSa,  note  2.  Fenin 
réj)are ,  quelques  lignes  plus  bas,  l'erreur  qu'il  commet  ici. 

*  Il  était  frère  de  Pliilippe  de  Saint-Slaufllieu.  (Monstrelet,  IV, 
338.) 

'  Olivier  de  La  Marche  dit  que  le  duc  <f  print  trois  prisonniers 
hommes  d'armes  de  sa  main  :  dont  l'un  fut  le  très  renommé  escuyer  Po- 
son  de  Saintrcilles,  grand  escuyer  de  France  »  (I,  i53).iBerryJ(444)  ^c- 
signe  Gilles  deGamaches,  «  pris  de  la  main  dudit  duc  de  Bourgogne.  » 

■*  Le  dernier  jour  du  mois  d'août,  en  1421,  fut  un  dimanche.  Cette 


i^o  MÉMOIRES  [1421] 

vingt-un.  Quant  le  duc  Phelipe  eut  séjourné  dedens 
Abeville  quatre  jours  ,  il  se  parti  pour  aller  à  Hedin  , 
et  passa  devant  la  ville  de  Saint-Riquier.  Et  lors  messire 
Jehan  de  Luxembourg  se  faisoit  porter  en  une  litière 
pour  ce  qu'il  avoit  esté  bléchié  à  ceste  journée;  et  aussi 
faisoit  le  seigneur  de  Humblercourt.  A  ceste  raesme 
besongne  perdi  le  duc  Phelipe ,  de  ses  gens ,  le  sei- 
gueur  de  Vienville ',  son  marissal,  et  le  seigneur  de 
Mailly  %  tous  gens  de  nom  et  d'autres  environ  six  ou 
huit. 

Item ,  le  duc  Phelipe  s'en  alla  dessy  à  Hedin ,  comme 
devant  est  dit,  et  de  là,  à  Lille  en  Flandres;  et  laissa 
ses  prisonniers  dedens  le  chastel  de  Lille.  Et  puis  il  s'en 
alla  à  Gant ,  vers  la  duchesse  Michielle ,  fille  au  roy 
Charles  ,  et  seur  au  duc  de  Touraine,  dofïin ,  laquelle 
luy  fistgrant  feste.  Assez  tost  après,  il  fut  tant  traitié 
entre  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne  et  le  seigneur 
d'Offemont,  que  ledit  seigneur  d'Offemont  rendi  la 
ville  de  Saint-Riquier  au  duc  Phelipe  ,  et  aucuns  pri- 
sonniers qu'il  avoit ,  parce  que  le  duc  Phelippe  fist 
délivrer  le  seigneur  de  Conflans ,  messire  Rigaut  de 
Fontaines,  messire  Gilles  deGamache,  Poton  de  Sainte- 
Traille,  et  messire  Loys  Burnel.  Et  puix  le  seigneur 

bataille  «  feut  nommée  la  bataille  de  Mons ,  pour  ce  que  icelle  avoit 
esté  faicte  assez  près  d'un  village  nommé  Mons-en-Vimeu.  »  (Saint- 
Remy,  YIII,  196.) 

'  Peut-être  Pierre,  seigneur  de  Viezville,  chevalier,  conseiller  et 
chambellan  du  duc  Jean.  II  fut  envoyé  en  ambassade  en  Angleterre , 
le  igmars  i4i3.  (La  Barre,  II,  106.) 

*  Jean  de  Mailly,  dont  le  père  et  le  frère  aîné  furent  tués  à  la  ba- 
taille d'Azincourt. 


[1421]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  171 

d'Offemont  s'en  alla  Parrefois',  qui  pour  lors  estoit  en 
sa  main. 

Item ,  en  ce  temps  le  chastel  de  Dourrier,  qui  estoit 
en  la  main  de  Poton  de  Sainte-Traille,  fut  rendu  à 
messire  Jehan  Blondel  %  qui  en  estoit  seigneur.  Et  ne 
demoura  de  fortresses  tenant  parti  contraire  au  duc 
Phelipe  que  le  Crotoy  et  Noïelle  sur  la  mer,  lesquelles 
tenoit  messire  Jaques  de  Harecourt  :  et  faisolt  forte 
guerre  au  roy  Henry  d'EngleteiTe  et  au  duc  Phelipe  de 
Bourgoingne. 

Item,  on  mist  le  seigneur  de  Cohen  à  Rue,  en  la 
garnison,  [et  ^]  monseigneur  le  borgne  de  Fosseux  ^  à 

'  S'en  alla  à  Pierre fons.  { Tr.) 

*  «  Messire  Jean  de  Blondel,  qui  naguères  estoit  retourné  de  la  pri- 
son des  Anglois,  assembla  aucuns  gentils-hommes  du  pays....  lesquels 
il  mena  devant  la  forteresse  de  Douvrier,  que  tenoient  les  gens  de  Po- 
ton de  Sainte-Treille,  auxquels  il  parlementa  et....  furent  contens  de 
lui  rendre  ladicte  forteresse  »  (  Monstrelet,  IV,  544)-  U  fut  nommé 
capitaine  de  Saint- Valéry,  en  1422  (Idem  ,  V,  8) ,  et  se  réunit  aux  sei- 
gneurs et  chevaliers  de  Vermandois  qui,  en  1424?  abandonnèrent  le 
parti  du  duc  de  Bourgogne  pour  embrasser  celui  du  roi  Charles  VII 
{Ibid.,  69).  En  1426,  Jean  Blondel,  et  son  cousin  germain,  portant 
les  mêmes  nom  et  prénom  que  lui ,  s'emparèrent  de  la  forteresse 
d'Oripecte  en  Provence,  mais  ne  purent  s'y  maintenir  ;  ils  furent  con- 
traints «  d'eux  départir  de  la  dite  forteresse....  ayant  sauf-conduit  pour 
eux  en  aller  sûrement  :  nonobstant  lequel,  à  l'essir  hors  de  ladite 
forteresse,  fut  le  dit  Jean  Blondel  occis  des  paysans  »  {Ibid.,  162).  On 
retrouve  plus  tard  mention  de  Jean  Blondel ,  mais  il  s'agit  sans  doute 
du  cousin  germain. 

'  Notre  manuscrit  porte  de. 

«  Philippe  de  Fosseux,  dit  le  Borgne,  chevalier,  seigneur  d'Arly 
(Anselme,  VI,  ii5),  fut  placé  par  le  corps  de  la  \nlle  d'Amiens,  an 
mois  de  mars  i454,  capitaine  de  cette  ville,  et  n'y  resta  qu'un  an. 
(Daire,  I,  i66.) 


172  MÉMOIRES  [1422] 

Saint-Riquler.  Et  tenoient  les  dessusditz  frontière 
contre  messire  Jaques  de  Harecourt  ;  par  quoy  le  pays 
de  Pontieu  estoit  fort  grevé,  tant  d'une  partie  que 
d'autre.  Et  moût  y  avoit  de  fortresses  au  Vimeu  tenant 
le  parti  du  Doffin,  tout  par  l'atrait  de  messire  Jaques 
de  Harecourt  :  et  en  estoit  la  ville  de  Gamaches^le 
chastel  de  Rombures',  Lenroy%  les  deux  chastiaux 
d'Araines  et  pîuseurs  autres. 

Item ,  en  ceste  mesme  saison  %  le  roy  Henry  d'En- 
gleterre  tenolt  siège  devant  Miaulx  en  Brie"*,  et  là  avoit 
grant  puissance  d'Englès  et  autres  gens  de  France. 
Dedens  la  ville  de  Miaux  estoit  dedens  pour  le  Doffin 
capitaine  lebastard  de  Vorus^,  et  Pierre  de  Lupe%  les- 

"  Raiobures. 

*  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  Louroy,  et  c'est  probablement 
ainsi  qu'il  faut  lire.  On  voit,  chez  le  P.  Anselme  (VIII,  692),  un 
Guillaume  de  Gamaches  faire  hommage  au  comte  de  Nevers,  le  10 
février  1460,  de  la  ten-e  de  Louroy. 

'  L'an  1422.  (Ti.) 

^  Le  siège  fut  mis  devant  Meaux  le  6  octobre  142I7  selon  IMonstre- 
let  (IV,  347),  et,  suivant  le /owr«fi/  d'un  bourgeois  de  Paris  (78),  le 
jour  de  Saint-Remy  (  1"  octobre).  Juvénal  des  Ursins  (  584  )  et  Berry 
(440)  commettent  une  grave  erreur  en  disant  que  ce  fut  en  1420 ,  avant 
le  départ  de  Henri  V  pour  l'Angleterre. 

'  Monstrelet  dit  Vaulru  (IV,  376)  ;  Juvénal  des  Ursins  (385)  Waurru; 
Berry  (44o)  Vaurus.  Aucun  de  ces  noms  ne  se  trouve  dans  le  P.  An- 
selme ;  on  y  lit  seulement  Vauruzé  (VI,  188).  Olivier  Diiguesclin , 
cousin  germain  du  connétable,  étoit,  en  i356,  seigneur  d'un  lieu 
ainsi  nommé.  La  terre  de  Vauruffe  fut  donnée  au  sire  de  Guemené, 
le  1 3  juillet  1 420,  par  le  duc  de  Bretagne.  (D.  Morice,  II,  Preuves,  io25.) 

^  Monstrelet  (IV,  347)  le  nomme  Pierron  de  Luppcl.  Il  avoit  été 
fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Azincourt  (Rvmkr,  IV,  2'^  partie,  p.  149); 
il  reparoît  à  la  bataille  de  Saint-Riquier ,  donnée  le  5i  août  1421  > 
tenant  toujours  le  parti  du  Dauriiin.  (  Mo.nstrelet,  IV,  336.) 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  1^3 

quels  estoient  vaillans  hommes  de  guerre;  et  avec,  es- 
toient  bonnes  gens  avecquez  eux  et  qui  bien  vaillau- 
ment  delfendirent  la  ville.  En  tant  que  le  Roy  estoit 
devant  la  ville  de  Miaulx  au  siège,  ceux  de  la  ville  di- 
soient moût  de  vllonnie  aux  Englès  :  et  en  y  eut  qui 
menèrent  ung  asne  sur  les  muers  de  la  ville  et  le  fai- 
soient  braire  par  force  de  coups  qu'ilz  luy  donnoient, 
et  puis  crioient  aux  Englès  que  c'estoit  Henry,  leur 
roy,  et  qu'ilz  le  allassent  rescourre.  Et  par  telz  choses 
et  autres  se  courcha  le  roy  Henry  fort  à  eux ,  et  leur  en 
sceut  malvais  gré,  comme  depuis  fut  aparu;  car  il 
fallut  que  ceux  qui  estoient  dedens  et  qui  avoient 
fait  cest  œuvre  luy  fussent  livrés ,  et  les  fist  le  Roy 
pendre  par  le  col,  sans  avoir  nul  merchi. 

Item  ,  Ferre  de  Luxembourg  ,  conte  de  Conversent , 
estoit  pour  ce  temps  prisonnier  dedens  la  ville  de 
Miaulx  :  et  avoit  esté  prins  en  allant  du  siège  de  Melun 
àRriane',  sa  ville;  maiz  il  fut  tant  traitié  par  le  roy 
Henry  que  ceux  qui  estoient  dedens  Miaulx  le  délivrè- 
rent par  avant  qu'ilz  rendesissent  la  ville ,  et  depuis  fut 
ledit  conte  grande  espace  avecquez  le  loy  Henry. 
Quant  le  roy  Henry  eut  esté  bien  cinq  mois  devant  la 
ville  et  le  marchié  de  Miaulx  %  ceux  de  la  ville  furent 
à  discention  l'un  contre  l'autre;  et  par  ce  perdirent  la 
ville.  Et  le  roy  Henry  la  guengna,  et  puis  se  loga  luy 
et  grant  partie  de  ses  gens  dedens  la  ville  ;  par  quoy  le 
marchié  fut  fort  aprochié  de  tous  costez  d'Englez. 

'  Brienne. 

'  le  marché  de  Meaux,  partie  considérable  de  ceUe  ville,  étoit  sé- 
pare de  la  cité  par  un  petit  bras  de  la  Marne. 


1^4  MÉMOIRES  [1422J 

Après  ce  que  le  roy  Henry  eutgaigniéla  ville  de  Miaulx, 
comme  dit  est,  il  guengna  une  ylle  qui  estoit  assez  près 
du  marchié  ,  et  là  fist  logier  pluseurs  de  ses  gens ,  et 
avec  y  fist  assoier  de  grosses  bombardes  donc  la  mu- 
raille du  marchié  fut  toute  arasée  :  et  n'avoient  ceulx 
de  dedens  que  ung  petit  d'avantaige  à  la  deffendre  con- 
tre les  gens  du  roy  Henry. 

Item ,  le  roy  Henry  la  fist  fort  assaillir,  et  dura  l'as- 
saut six  ou  huit  heures  en  ung  tenant  ;  mais  les  doffi- 
nois  se  deffendirent  moût  vaillaument,  et  tant  se 
combatirent  qu'ilz  n'avoient  plus  nules  lances  dedens 
le  marchié ,  sinon  bien  peu.  Maiz  ilz  se  deffendirent 
de  hastiers  de  fer  par  faute  de  lances  >  et  firent  tant  que 
pour  ceste  fois  ilz  reboutèrent  les  Englez  hors  de  leurs 
fossez.  Ainsy,  par  pluseurs  fois,  fist  le  roy  Henry  livrer 
de  grans  escarmuches  aux  doffinois  qui  estoient  dedens 
le  marchié  de  Miaulx,  et  tant  les  fist  aprouchié  qu'ilz 
estoient  bien  en  luy  de  les  faire  prendre  d'assaut  ;  mais 
il  ne  le  veut  point  faire  pour  les  avoir  en  sa  voulenté, 
et  aussy  pour  avoir  plus  grant  proffit. 

Item,  le  roy  Henry  fut  devant  Miaulx  onze  moys  ', 
et  au  onzième  moys  cevix  du  marchié  se  voient  en 
dangier  d'estre  prins  d'assaut,  comme  dit  est,  requi- 
rent de  traitier  au  roy  Henry ,  et  finablement  falut 
qu'ilz  se  rendissent'  en  la  voUenté  du  roy  Henry,  sans 

'  Le  siège  ayant  été  mis  devant  la  ville  le  6  octobre  1421,  comme 
il  vient  d'être  dit  (page  172,  note  4),  et  levé  le  10  mai  1422,  ainsi  qu'il 
va  être  établi  par  la  note  suivante ,  n'avoit  duré  que  sept  mois. 

'  L'acte  de  reddition  de  Meaux,  en  suite  duquel  le  roi  d'Angleterre 
entra  dans  la  ville  le  10  mai  1422,  se  trouve  dans  Rymer  (IV,  4*  part., 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  ,^5 

avoir  autre  grâce,  combien  qu'ilz  avoient  ancore  des 
vivres  dedens  le  marchié  bien  pour  trois  mois.  Après 
ce  que  ceux  du  marchié  de  Miaulx  se  furent  rendus  en 
la  vollenté  du  roy  Henry,  il  fist  pendre  le  bastard  de 
Vorus,  qui  estoit  l'un  des  principaux  capitaines  ;  et  le 
fist  pendre  '  à  ung  arbre ,  au  dehors  de  Miaulx ,  lequel 
arbre  on  nommoit  l'arbre  Vorus,  et  estoit  pour  ce  que 
le  dit  bastard  y  avoit  fait  pendre  pluseurs  povres 
laboureurs.  Après  ce  que  le  roy  Henry  eut  fait  pendre 
le  bastard  deVerous,  il  luy  fist  estachier  '  son  estandart 
sur  sa  poitrine;  et  fut  par  le  couroux  qu'il  avoit  à  luy 
pour  les  villaines  parolles  que  luy  et  ses  gens  avoient 
dites  au  roy  Henry  et  auxEnglez.  Avec  ledit  bastart  fut 
pendu  son  frère  ^,  lequel  estoit  gi-ant  seigneur;  maiz 
il  n'avoit  mie  si  grant  renommée  comme  avoit  le  bas- 
tard  ,  et  le  nommoit-on  Denis  de  Vorus.  Pluseurs  en 
y  eut  des  autres  qui  furent  prisonniers  :  c'est  assavoir 
Pieron  de  Lupe  et  ses  gens,  et  moût  des  gens  du 
bastard  de  Vorus  ;   mais   ils  eschapèrent  par  païant 

page  65)  :  il  est  daté  du  2  mai.  Le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris 
(85)  fait  donc  erreur  en  disant  que  le  marché  se  rendit  le  premier  di- 
manche (  c'est-à-dire  le  5)  de  mai. 

'  «  Le  cinquiesme  jour  de  may,  fut  le  bastart  de  Vanru  traisné 
parmy  toute  la  ville  de  Meaux ,  et  puis  la  teste  coppée ,  et  son  corps 
pendu  à  ung  arbre,  lequel  il  avoit  nommé  de  son  vivant  l'arbre  de 
Vauru  ;  et  estoit  un  orme  ,  et  dessus  luy  fut  mise  sa  teste  en  une  lance 
au  plus  hault  de  l'arbre  et  son  estendart  dessus  son  corps,  {Journal 
d'un  bourgeois  de  Paris,  840 

'  Estoquier.  (ïi.) 

'  «  Emprès  (du  bâtard)  fut  pendu  un  larron  murdrier,  nommé  De- 
nis de  Yauru,  lequel  se  nommoit  son  cousin,  pour  la  grant  cruauté 
•lont  il  estoit  plein.  »  {Journal  d'un  bourgeois  de  Paris.  84.) 


1^6  MÉMOIRES  [1422] 

finance.  Et  tous  les  bourgois  et  autres  qui  estoient 
dedens  le  marchié  furent  contrains  de  baillier  tout 
ce  qu'ilz  avoient  Tailant,  sans  riens  en  retenir;  et 
ceux  qui  faisoient  le  contraire  estoient  pugnis  moût 
griefvement  :  et  estoit  tout  au  prouffit  du  roi  Henry. 
Avecquez  ce  que  les  bourgois  perdirent  leurs  biens  , 
y  leur  falut ,  à  pluseurs  y  en  eut ,  rachater  leurs  biens 
et  maisons  :  par  quoy  le  roy  Henry  y  assembla  de 


grans  finances. 


Item ,  tout  le  dangier  que  ceulx  du  marché  de  Miaux 
eurent  leur  vint  par  la  prlnse  de  l'ille  devant  dite;  et 
pour  ce  a\  oit  le  roy  Henry  proposé  de  la  faire  désoUer 
quant  il  eut  gaignié  le  marchié  ;  mais  il  eut  des  autres 
afaires  qui  l'empeschèrent.  Devant  la  ville  de  Miaulx 
eut  le  fieux  du  seigneur  de  Cornuaille  '  la  teste  empor- 
tée d'un  canon.  Et  estoit  cousin  germain  du  roy  Henry  ; 
par  quoy  il  en  fut  fort  yré  :  et  aussy ,  pour  ceste  cause, 
jura  le  seigneur  de  Cornuaille  qu'il  ne  s'armeroit  plus 
en  France. 

Item ,  en  tant  que  le  siège  estoit  devant  Miaulx ,  le 
seigneur  d'Ofifemont ,  qui  tenoit  le  parti  du  Doffin , 
alla  atout  environ  de  cinquante  hommes  d'armes  pour 
entrer  dedens  la  ville  ;  et,  de  fait,  fut  desy  aux  fossez, 
où  les  dofTmois  l'atendolent  à  une  posterne.  Et  y  eut  la 
plus  grant  partie  de  ses  gens  qui  entrèrent  dedens  ;  et , 
de  sa  personne,  les  cacholt  devant  luy;  car  il  estoit 
vaillant  chevallier.  Maiz  le  guet  du  roy  Henry  l'aper- 

'  Dugdale,  au  lieu  cité  plus  haut,  page  io5,  note  2,  ne  mentionne 
que  deux  bâtards  du  seigneur  de  Gornwall,  sans  parler  du  fils  tué  au 
siège  de  flleaux. 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i-j-j 

client,  et  fut  le  seigneur  d'OfFemout  poursievi  radement 
et  priiis  %  luy  et  quatre  ou  six  de  ses  gens  avec  luy  ; 
et  les  autres  entrèrent  en  la  ville,  comme  dit  est.  Pour 
ccste  prinse  falut  que  le  seigneur  d'OiTèmont  rendesist 
pluseurs  fortresses  qu'il  tenoit  pour  le  Doffin  :  tant 
Ofiemont  ,  Perrefons  ,  Merlan  %  comme  autres.  Et 
avecqucz  ce  jura  et  promist  au  roy  Henry  qu'il  ne 
s'armeroit  plus  contre  luy  ne  ses  aliez,  et  par  ainsi  on 
le  délivra,  et  ^  fortresses  tout  h  sa  voullenté. 

Item,  quant  le  roy  Henry  eut  mis  la  ville  et  mar- 
cliié  de  Miaulx  en  son  obéissance,  comme  devant  est 
desclarié ,  il  le  garny  fort  de  vIatcz  et  de  gens  ;  et  puis 
s'en  alla  à  Paris  et  y  mena  la  royne  Katherine  sa 
femme  ^.  Par  rendicion  de  Maulx,  y  eut  pluseurs  bonnes 
villes  et  fortraissez  au  pays  de  France  qui  se  rendirent; 
et  se  rendi  la  ville  de  Compiengne,  Gournay-sur- 
Aronde ,  Cressonsac ,  Mortemez  et  pluseurs  autres  ; 
et  tous  ceulx  qui  dedens  estoient  pour  le  Doffin  s'en 
allèrent  outre  l'iaue  de  Loire  ,  et  le  roy  Henry  fîst  par- 
tout mètre  de  ses  gens. 

Item ,  ceste  mesme  année  messire  Jehan  de  Luxem- 
bourg fist  grant  assemblée  de  gens  vers  Encre  %  et  puiz 
à  coup,  il  envoia  le  vidamme  d'Amiens  et  le  seigneur 
de  Saveuscs,  atout  leurs  gens,  prendre   place  devant 

'  «  Par  ung  qui  cstoit  queux  de  la  cuisine  du  roy  d'Angleterre  » 
[Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  82.) 

'  Merlou.  Voyez  ci-dessus,  page  i57,  note  2. 

'  Il  semble  manquer  ici  quelques  mots. 

^  Elle  étoit  arrivée   d'Angleterre   le  vingt  et  unième  jour  de  mai 

1422.  (MONSTRELET  ,  lY,    379.) 

'  Eu  mars  1421  [Ib.,  565). L'année  i4'22  commença  le  12  avril  suivant. 

1  2 


1^8  MÉMOIRES  [ï42-2j 

Quennoy  '  auprès  d'Araines  ^  Et  lendemain  messire 
Jehan  de  Luxembourg  les  sievi  atout  foison  gens  et 
abillemens  de  guerre,  et  mist  le  siège  autour  du  chastel 
de  Quennoy  :  et  tant  les  contraignit,  qu'ilz  se  rendirent 
à  la  vollenté  de  messire  Jehan  ,  sinon  le  capitaine,  que 
on  nommoit  Valeran  de  Saint-Germain ,  lequel  prinst 
son  traitié  sans  le  sceu  de  ses  compaignons ,  et  s'en 
alla  sauve  son  corps  et  aucune  partie  de  ses  biens.  Et 
les  autres  furent  envoies  à  raaistre  Robert  Le  Joune 
qui  pour  lors  estoit  baillif  d'Amiens,  lequel  les  fist 
justicier.  Et  y  fut  justicié  ung  gentil-homme  nommé 
Lignart  de  Piquegny  ^,  qui  estoit  parent  du  vidamme 
d'Amiens  ;  mais  le  vidamme  le  haioit  pour  ce  qu'il  luy 
avoit  fouragié  ses  terres  ,  et  pour  ceste  cause  ne  luy 
veut  aidier. 

Quant  messire  Jehan  de  Luxembourg  eut  l'obéis- 
sance du  chastel  de  Quennoy,  il  fist  bouter  le  feu  de- 
dens,  et  fut  ledit  chastel  désoley.  Après,  messire  Jehan 
de  Luxembourg  s'en  alla  devant  Louroy,  et  le  mist  en 
son  obéissance;  et  puis  il  alla  mectre  siège  devant  les 
fortraisses  d'Araines  et  les  asséja  tout  autour.  Ceulx 
qui  estoient  dedens  les  fortraisses  d'Araines  pour  le 
Doffin  boutoient  le  feu  dedens  la  ville,  affin  que  mes- 
sire Jehan  de  Luxembourg  ne  s'i  logast  mie  si  à  son 
aise;  maiz  pour  ce  il  ne  laissa  à  luy  logier,  et  y  fut  la  plus 
grant  partie  du  karesme,  l'an  mil  quatre  cens  et  vingt-un . 
Tant  y  fut  que  ceulx  qui  estoient  dedens  se  rendirent, 

'  QuGsnov. 
'  Airaines. 
^  Lienard  ilc  l'icjuigiiy-  (Monstrelf.t  ,  IV,  564.) 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  17g 

et  baillèrent  les  fortresses  à  messire  Jehan  de  Luxera- 
bourg,  lequel  les  fist  toutes  désoller  et  abatre.  Et  les 
doffinois  s'en  allèrent  à  Compiengne  vers  le  seigneur 
deGamaches,  qui  estoit  ancore  capitaine.  Et  pour  ce 
temps  la  ville  de  Miaulx  n'estoie  mie  ancore  rendue  ; 
mais  le  siège  y  estoit. 

En  tant  que  messire  Jehan  de  I^uxembourg  tenoit 
siège  devant  les  fortresses  d'Araines,  le  seigneur  de 
Gamaches  et  Poton  de  Sainte-Traille  firent  grant  as- 
semblée devers  Compiengne  pour  lever  le  siège  de 
messire  Jehan  de  Luxembourg ,  et  chevauchèrent  en 
venant  vers  Mondidier.  Et  puis  vindrent  à  Perrepont  ' 
et  prindrent  la  ville,  qui  estoit  close  de  palais  et  de 
fossés,  et  après  Guidèrent  prendre  le  chastel  ;  mais  il 
fut  bien  deifendu  par  les  gens  du  vidamme  d'Amiens 
qui  estoient  dedens.  Messire  Jehan  de  Luxembourg 
avoit  de  ses  gens  vers  Mondidier,  qui  luy  firent  sçavoir 
que  le  seigneur  de  Gamaches  et  Poton  l'aloient  com- 
batre  à  son  siège  à  Araines  ;  et  quant  messire  Jehan  de 
Luxembourg  eut  les  nouvelles ,  il  envoya  messire  Hué 
de  Lauuoyet  le  seigneur  de  Saveuses,  atout  environ  six 
cens  combatans  de  bonne  estoffe,  pour  les  aller  cora- 
batre.  Et  avecques  messire  Hue  alla  bien  six  ou  sept- 
viiigs  Englès ,  et  messire  Raul  le  Boutillier  qui  les 
menoit.  Quant  les  dessusdiz  furent  ensemble,  messire 
Jehan  de  Luxembourg  les  convoia  grant  pièce  ,  et  puis 
s'en  retourna  à  son  siège  :  et  messire  Hue  chevaucha 
droit  à  Courti  ',  et  là  se  loga.  Et  puis  lendemain,  bien 

■  Pieirepont. 

'  Peut-être  Conty. 


i8o  MÉMOIRES  [14221 

matin  ,  il  tira  vers  Moreul  ',  et  là  passa  l'iaue  ;  et  de  là 
chevaucha  vers  Perrepont.  Quant  messire  Hue  et  ses 
gens  vindrent  assez  près  de  Perrepont ,  ilz  eurent  cer- 
taines nouvelles  que  les  doffinois  estoient  dedens  la 
ville.  Et  quant  les  doffinois  en  eurent  le  sentement,  ilz 
s'assemblèrent  pour  eulx  mectre  aux  champs  ,  et  bou- 
tèrent le  feu  par  toute  la  ville,  et  puis  s'en  allèrent 
mectre  en  bataille  au  dessus  de  la  ville  de  Perrepont, 
vers  Mondidier.  Et  les  Bourguignons  et  les  Englez,  eulx 
ensemble,  passèrent  tantost  la  ville  de  Perrepont ,  et 
sievirent  raidement  les  doffinois,  et  tant  qu'il  y  [en] 
eut  de  rués  jus  et  y  fut  mort  mig  homme  d'armes  , 
nommé  Brunet  de  Gamaches,  qui  estoit  homme  bien 
renommé  et  tenoit  le  parti  du  Doffin.  Quant  les  Bour- 
guignons et  Englès  furent  passés  outre,  ilz  se  midrent 
en  bataille  contre  les  doffinois  :  et  y  eut  pluseurs  che- 
valliers faiz  par  messire  Hue  de  Launoj.  Et  fist  cheval- 
lier' leBesguede  Launoy  %  Jaques  de  Brimeu,  Antoine 
de  Rambourcpère '^  et  pluseurs  autres  avecques  eulx. 
Là  furent  les  deux  batailles  l'un  contre  l'autre  bien 

'  Moreuil. 

^  Et  fait  chevallier  Guillebert  de  Launoy,  sieur  de  Vuillerval ,  le 
Bègue  de  Lannoy....  (Ti.)  —  Guillebert  ou  Gilbert  de  Lannoy,  sei- 
gneur de  Sautes,  de  Beaumont  et  de  Villerval ,  marié  à  Catherine  de 
Molembais.  Il  étoit  frère  de  Hugues ,  dit  Hue  de  Lannoy. 

^  Baudoin  de  Lannoy,  dit  le  Bègue,  fils  de  Guillebert  ou  Gilbert  de 
Lannoy  et  de  Catherine  de  Molembais ,  seigneur  de  Santés  et  de  Mo- 
lembais. Mort  en  i474- 

<  Le  manuscrit  de  Ticulaine  porte  Rubemprc',  ainsi  que  Monstre - 
let  (IV,  568).  —  Antoine,  seigneur  de  Ruberapré  et  d'Authies,  fut  fait 
chevalier  en  i4'2'2,  et  vivoit  encore  long-temps  après  i453.  (La  Moii- 
LIÈRE,  6i.) 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i8i 

deux  heures  sans  assembler,  et  puis  les  doffinois  com- 
mencèrent à  eulx  retraire  Yers  Compiengne  tout  à  tret, 
sans  eulx  desroier.  Et  quant  les  Bourguignons  et  Englès 
apercheurent  que  les  doffinois  s'en  alloient ,  ilz  en- 
voyèrent le  seigneur  de  SaA^euses  après ,  pour  les  pour- 
sieuir,  atout  bien  quatre-vingt  corabatans;  elles  autres 
sievoient  en  grant  ordonnance  :  et  ainsi  les  poursievi 
le  seigneur  de  Saveuses  bien  deux  lieues  ;  raaiz  il  n'y 
peut  riens  gaignier  ;  car  les  doffinois  avoient  mis  der- 
rière leurs  railleurs  gens  pour  faire  leur  arrière-garde. 
A  ceste  besoingne  y  eut  trois  ou  quatre  Englès  mors  , 
au  passer  de  la  ville,  et  si  fut  mort  le  Breton  d'Ailly  ', 
qui  en  long-temps  ne  s'estoit  armé.  Et  de  toutes  les 
deux  parties  n'eut  de  perte  que  environ  sept  ou  huict 
hommes  ;  mais  les  doffinois  gaignèrent  ung  estandart 
des  Englez.  Après  ceste  besoingne,  les  Bourguignons 
et  Englez  se  retrairent  à  Araines,  vers  messire  Jehan 
de  Luxembourg,  et  les  doffinois  s'en  allèrent  à  Com- 
piengne ,  comme  devant  est  dit. 

Item,  après  ce  que  le  roy  Henry  d'Engleterre  eut 
mis  Miaulx  en  son  obéissance ,  toutes  les  fortresses 
tenantle parti  du  Doffin,  depuis  Paris  dessy  au  Crotoy, 
se  mirent  en  l'obéissance  du  roy  Henry  ;  et  se  mist  la 
villedeGamaches%  Saint- Valéry,  Ramburesetpluseurs 
autres.  Parquoy  il  ne  demoura  que  le  Crotoy,  où  mes- 

'  «  Ung  viel  haulsert  (haussaire  ?) ,  nommé  le  Breton  d'Ailly  » 
( MoNSTRELET,  IV,  56g).  —  «  On  appeloit  autrefois  haussaires  ceux  qui , 
s'élevant  au-dessus  de  la  petite  noblesse,  prennent  aujourd'hui  fiySo) 
Je  titre  de  haut  et  puissant  seigneur.  »  (Ménage  ,  II,  Q:i.) 

'  Elle  se  rendit  le  27  juin  i^nn.  f  Monstrelet  ,  IV,  38'.J.) 


i82  MÉMOIRES  [1422] 

sire  Jaques  de  Harecourt  se  tenoit,  et  Noielle  sur  la 
mer.  Et  tousjours  falsoit  messire  Jaques  forte  guerre 
aux  Englès  et  Bourguignons  ,  par  mer  et  par  terre;  et 
Englez  faisoient,  d'autre  part,  forte  guerre  en  Cham- 
pengne  et  au  pays  de  Perche,  et  vers  la  rivière  de  Loire. 
Item,  d'autre  costé,  doffinois  s'estoient  retrais  à  Guise- 
en-Terrasse  '  et  en  pluseurs  autres  fortresses  autour, 
et  là  menoient  guerre  à  tous  costés;  les  autres  se  te- 
iioient  à  Mont-Aguillon,  à  Mornes  '  et  en  autres  places 
au  pajs  de  Champengne. 

Item,  le  roy  Henry  se  tenoit  alors  à  Paris,  et  fort 
mist  ceulx  de  Paris  en  son  obéissance,  et  moût  faisoit 
tenir  justice  radement  ;  par  quoy  le  povre  peuple 
Tamoit  moût  sur  tous  autres.  Item  ,  le  duc  Phelipes  de 
Bourgoingne  estoit  alors  en  son  païs  de  Bourgoingne , 
et  s'i  tinst  grant  temps  sans  retourner  en  Flandres  ne 
en  Artois.  Et  pour  le  temps  qu'il  y  estoit ,  la  duchesse 
Michielle,  sa  femme,  mourut  à  Gant^,  qui  estoit  dame 
de  haut  honneur  et  bien  amée  de  toutes  gens  grans  et 
petis  ;  et  estoit  fille  du  roy  Charles  de  France  et  seur 
duDoffin.  Moult  furent  ceulx  de  Gant  troublés  pour 
sa  mort,  et  en  donnoit-on  grant  charge  à  aucuns  des 
gouverneurs  du  duc  Phelipe ,  et  aussi  à  la  première 
damoiselle  de  la  duchesse  '♦,  nommée  Ourse ,  et  avoit 

'  Guise-en-Thiéraclie. 

'  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  Monte. 

'  Le  8  juillet  1422.  Voyez  ci-dessus  ,  page  92,  note  i. 

*  Durse  Spazequerin ,  damoiselle  d'honneur  de  la  Reine,  mariée  à 
messire  Jacques  âv.  La  A  iezville  ,  écuyer,  conseiller  et  chambellan  du 
duc  Jean  (La  Barre,  II ,  i25).  Il  est  dit  dans  un  compte  (  1422)  de  Jean 
Fraignot ,  receveur  général  de  Bourgogne ,   que  maître  Thierry  Le 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i83 

espousé  Copln  de  Méville;  maiz  nonobstant  on  n'en 
sceut  oncquez  la  vérité. 

Item ,  le  duc  Phelipe  fist  grant  doeul  de  la  mort  de 
la  duchesse  JMichielle  ,  sa  femme  ,  quant  dit  luy  fut , 
et  moût  en  fut  courclilé.  Item ,  à  ceste  mesmes  saison , 
y  eut  à  Gant  une  femme  qui  donna  à  entendre  qu'elle 
estoit  sem-  aisnée  du  duc  Phelipe  '  ;  et ,  par  aucun  con- 
bourneraent,  luj  firent  ceulx  de  Gant  honneur;  et 
aussi  firent  pluseurs  des  seigneurs  du  pays ,  cuidans 
qu'elle  desist  vérité,  et  luy  fist-on  de  grans  dons  :  et 
moût  se  faisoit  servir  hautement.  Mais  enfin  on  sceut 
bien  qu'elle  abusoit  le  monde,  et  s'en  alla  que  on  ne 
sceut  point  qui  elle  estoit. 

Item ,  ceste  saison  les  doffinois  firent  grant  assem- 

Roy,  conseiller  et  maître  des  requêtes  de  l'hôtel  du  duc  Philippe , 
«  informa  contre  31.  de  Roubais  ,  conseiller  et  premier  chambellan  du 
duc,  et  contre  Ourse,  femme  de  Jacques  de  La  Yiesville,   sur  le  fait 

de  la  mort  de  feue  madame  la  duchesse ,  laquelle  Ourse,  qui  étoit 

allemande,  et  femme  de  Coppin  de  La  Yiesville,  fut  soupçonnée  d'avoir 
empoisonné  la  duchesse  »  (La  Barre,  II,  i8i).  Nous  nous  étonnons 
de  trouver  les  deux  prénoms  de  Jacques  et  de  Coppin  (Gauvain)  attri- 
bués au  mari  de  la  demoiselle  Ourse ,  ayant  tout  lieu  de  croire  que 
Hlonstrelet  et  La  Barre  lui-même  ont  eu  raison  de  faire  deux  person- 
nages bien  distincts  de  Jacques  et  de  Gauvain  de  La  Yiéville.  Le  ma- 
nuscrit de  Tieulaine  porte  Jacques  Copin  de  La  Viesville. 

'  Yoici  ce  que  Salazard  raconte  à  ce  sujet  :  «  Il  parut ,  au  mois 
d'août  1425,  une  personne  sous  un  habit  étranger,  qui  s'annonça 
comme  sœur  du  duc  de  Bourgogne.  D'abord  on  lui  fit  toutes  sortes 
d'honneurs  par  égard  pour  le  prince.  Comme  elle  se  disoit  être  Mar- 
guerite ,  duchesse  de  Guienne,  cela  donna  des  soupçons  ,  attendu  que 
madame  de  Guienne  venoit  d'être  promise  au  comte  de  Richemont. 
A  la  un,  après  l'avoir  convaincue  d'imposture,  on  découvrit  qu'elle 
s'étoit  cchapixie  d'une  abbaye  de  Cologne.  En  conséquence,  on  la  re- 
mit à  l'évèque  de  Tournai  .  qui  la  rcnvova  chez  elle  ->  flV,  7g). 


i84  MÉMOIRES  [14-22] 

blëe  de  gens  et  mirent  le  siège  devant  la  ville  de  Coisne- 
sur-Loire  '  ;  et  tant  y  furent  qu'il  falut  que  ceulx  de  la 
ville  prensissent  jour  de  rendre  la  ville  en  l'obéissance 
du  Doffin.  Et  fut  le  jour  prins  au  dix-huitiesme  joui- 
d'aoust*  l'an  mil  quatre  cens  vingt-deux,  par  condi- 
cion  qu'ilz  livreroient  bataille  au  duc  Phelipe  de  Bour- 
goingne  s'il  y  alloit  au  jour  dessusdit,  ou,  si  n'y  alloit, 
ilz  rendroient  la  ville  aux  gens  du  Doffin.  Et  quant  les 
gens  au  duc  Phelipe  eurent  prins  jour  de  rendre  la  ville, 
ilz  le  firent  savoir  au  duc  Phelipe ,  et  lors  le  duc  fist 
partout  publier  ses  raandemens  pour  estre  au  jour  des- 
susdit contre  le  Doffin,  et  manda  les  Picars  et  tous 
autres  qui  servir  le  voudroient.  Et  aussy  il  envoia  de- 
vers le  roy  Henry  d'Engleterre  affin  qu'il  lui  envoiast 
de  ses  gens  ,  et  le  roy  Henry  lui  envoia  le  duc  de 
Bethefort  %  son  frère ,  atout  bien  trois  mille  comba- 
tans  englez,  et  avec  luy  estoit  le  conte  de  Varvic. 
Item,  le  duc  Phelipe  atendoit  le  duc  de  Bethefort  et 
les  Picars  à  une  bonne  ville  nommée  Vedelay^.  Et 
quant  tous  ses  gens  furent  assemblez ,  il  avoit  une  belle 

'  Cosne-sar-Loire. 

^  Monstrelet  (IV,  4oo)dit  «  leseiEièmejour.  »  Le  manuscrit  (fol.  287} 
porte  «  XXVI 1*  jour.  » 

'  Jean  de  Lancastre,  comte  de  Rendall  et  duc  de  Bedford ,  troisième 
fils  de  Henri  IV  et  de  Marie,  fille  de  Humphrey  de  Bohum,  comte 
de  Hereford,  etc  ;  nommé  régent  du  royaume  de  France  à  la  mort  de 
son  frère  Henri  V;  mort  à  Rouen  le  i4  septembre  i455,  jour  de  la 
fête  de  l'Exaltation  de  la  Sainte-Croix  (W.  Ducdale,  III,  200-202). 
L Art  de  vérifier  les  dates  (1 ,  8i5)  dit  le  i4  décembre. 

<  Le  manuscrit  de  Ticulaine  et  Monstrelet  (IV,  4<J'^)  portent  Fe~ 
zelay. 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  i85 

compaigiiie  desy  au  nombre  de  douze  mille  combatans 
et  tous  gens  de  fait  ;  et  chevaucha  en  tirant  vers  Coisne, 
et  tant,  qu'il  fut  au  jour  qui  dit  estoit.  Et  s'alalogier 
devant  la  ville  deCoisne.  Et  avoit  intencion  de  com- 
batre  le  Doffin  et  sa  puissance,  s'il  y  fust  venus;  mais  il 
n'y  vint  point  :  par  quoy  la  ville  de  Coisne  demoura 
en  l'obéissance  du  duc  Phelipe,  comme  elle  estoit  par- 
avant.  Et  pour  cest  voiage  faisoit  messire  Jehan  de 
Luxembourg  l'avant-garde  au  duc  Phelipe,  et  alla 
courre  desy  à  La  Charité-sur-Loire,  qui  pour  ce  temps 
estoit  tenue  des  gens  du  Doffin  :  et  s'i  gouverna  mes- 
sire Jehan  de  Luxembourg  moût  hautement.  Après  ce 
que  la  journée  que  Coisne  se  devoit  rendre  fut  passée , 
comme  dit  est,  et  que  le  duc  Phelipe  sceut  la  vérité 
que  le  Doffin  ne  le  combatroit  point ,  il  se  commencha 
à  retraire  en  allant  vers  Troies  en  Champengne ,  et  le 
duc  de  Bethefort  s'en  alla  devers  Sens,  en  Bourgoingne, 
en  tirant  vers  Paris,  et  puis  alla  au  bois  de  Vicenne,  où 
le  roy  Henry  son  frère  estoit  moût  mallade. 

Item  ,  quant  le  duc  Phelipe  fut  venus  à  Troies  ,  il 
séjourna  environ  huict  jours  et  puis  chevaucha  en 
allant  vers  Paris,  luy  et  ses  gens.  Et  quant  il  fut  venu 
à  Bri-Conte-Roberl ,  on  luy  dist  certaines  nouvelles 
que  le  roy  Henry  se  mouroit.  Après  ce  que  le  duc  Phe- 
lipe sceut  la  vérité  du  roy  Henry,  il  envoia  messire 
Hue  de  Launoy  vers  luy,  et  estoit  messire  Hue  maistre 
des  arbalestriers  de  France.  Quant  messire  Hue  fut 
venu  devers  le  roy  Henry,  il  le  trouva  moût  grevé  de 
maladie  ,  et  se  recommanda  le  roy  Henry  au  duc  Phe- 
lipe et  luy  pria ,  par  messire  Hue  de  Launoy,  qu'il 


i86  MÉMOIRES  [1422] 

entretenlst  bien  les  sermens  et  aliances  qu'il  avoit  aux 
Englez.  Et  pareillement  pria  à  son  frère,  le  duc  de 
Bethefort,  et  autres  seigneurs  de  son  conseil,  qu'ilz 
fussent  lojaulx  envers  le  duc  Phelipe,  et  moût  leur 
recommanda  en  son  derrain.  Et  ne  demoura  mie  gran- 
ment,  après  ce  que  le  roy  Henry,  eut  ainsi  parlé  à 
messire  Hue  de  Launoy ,  qu'il  trespassa  de  cest  siècle. 
Et  quant  vint  environ  une  heure  devant  sa  mort,  il 
demanda  à  ses  médechins  qu'il  leur  sembloit  de  son 
fait,  et  leur  prioit  qu'ilz  lui  en  deissent  la  vérité.  Lors 
ilz  luy  respondirent  :  «  Très  chier  sires,  pour  Dieu, 
pensés  au  salut  de  vostre  ame  ;  il  ne  se  peut  faire  que 
vives  deux  heures  par  cours  de  nature.  »  Adonc  le  roy 
Henry  commanda  à  son  confesseur  qu'il  deist  les  sept 
seaumes  :  et  quant  vint  à  ung  vers  où  il  est  escrip  : 
Bénigne  fac.,  Domine,  etc.,  où  il  y  a  au  derrain ,  mûri 
Jherusalein%  il  fist  cesser  son  confesseur,  et  puis  dist 
que ,  par  son  ame ,  il  avoit  proposé  de  une  fois  con- 
querre  Jhérusalem  et  faire  rédiffier,  se  Dieu  luy  eust 
laissié  sa  vie. 

Après  ce  qu'il  eut  ce  dit,  on  parleul  les  sept  seau- 
mes, et  dedens  une  après',  il  rendi  son  ame,  donc 
moût  de  gens  furent  fort  courchiés  et  le  tindrent  à  une 
grande  perte;  car  le  roy  Henry  estoit  prince  de  haut 
entendement  et  qui  moût  voulloit  garder  justice.  Par 

'  «  Bénigne  fac,  Domine,  in  bona  voluntate  tua  Sion  ,  ut  œdificen- 
tur  mûri  Jérusalem.  «  (Psalm.  L,  20.) 

*  Cette  leçon  est  conforme  au  texte  du  manuscrit  de  Tieulaine  et 
du  nôtre.  Godefroy  a  imprimé  :  «  une  heure  après  quoi  il  rendit 
l'âme,  w 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  187 

quoy  le  povre  peuple  l'amoit  sur  tous  autres;  car  il 
estoit  tout  conclu  de  préserver  le  menu  peuple  contre 
les  gentis-hommes  des  grans  intortions  qu'llz  falsolent 
en  France  et  en  Picardie,  et  par  tout  le  royaume  :  et, 
par  espécial ,  n'eust  plus  souffert  qu'ilz  eussent  gou- 
verné leurs  chevaulx ,  chiens  et  oyseaulx  sur  le  clergié 
ne  sur  le  menu  peuple ,  comme  ils  avoient  à  coustume 
de  faire;  qui  estoit  chose  assés  raisonnable  au  roy 
Henry  de  ce  vouloir  faire,  et  donc  il  avoit  et  eust  eu 
la  grâce  et  priaire  du  clergié  et  povre  peuple. 

Item,  après  ce  que  le  roy  Henry  fut  trespassé, 
comme  dit  est  devant,  il  y  eut  grant  doeul  fait  de  ses 
gens,  par  espécial  du  duc  de  Bethefort,  son  frère.  Et 
alla  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne  devers  le  duc  de 
Bethefort  pour  le  reconforter,  et  aussi  pour  conclure 
eulx  ensemble  des  affaires  de  France.  Et  quant  le  duc 
Phelipe  et  le  duc  de  Bethefort  eurent  parlé  ensemble , 
le  duc  Phelipe  s'en  retourna  à  Paris ,  où  il  fut  environ 
quinze  jours ,  et  puis  il  s'en  alla  en  son  païs  de  Flan- 
dres et  d'Artois. 

Item  ,  le  corps  du  roy  Henry  fut  emmené  en  En- 
gleterre,  et  avec  s'en  alla  Katherine,  roigne  d'Engle- 
terre,  sa  femme;  et  le  roy  Henry  avoit  ung  petit  filz, 
nommé  Henry  comme  son  père  ,  de  Katherine  ,  seur 
du  Doftin ,  lequel  releva  la  couronne  d'Engleterre  et  le 
royaume.  Et  n'avoit  de  aage  que  environ  quinze  moys  ' 

•  En  donnant  quinze  mois  à  Henri  VI  en  août  1422  (  ce  qui  repor- 
teroit  au  mois  d'avril  1421  l'époque  de  sa  naissance),  Fenin  se  trouve 
d'accord  avec  ce  qu'il  a  déjà  dit,  qu'au  départ  de  Henri  V  et  de  sa 
femme  pour  l'Angleterre,  en  janvier  1420  (fm  de  l'année) ,  Catherine 


i88  MÉMOIRES  [1422] 

quant  son  père  trespassa ,  et  trespassa  l'an  mil  quatre 
cens  vingt-deux,  ou  mois  d'aoust'.  Et  pour  lors  vivoit 
ancore  le  roy  Charles  de  France ,  pour  quoy  le  roy 
Henry  ne  fut  point  héritier  dudit  royaulme;  car  il 
avoit  promis  au  traitié  du  mariage  de  Katherine ,  fille 
du  roy  Charles,  et  au  passement  du  duc  Phelipes  de 
Bourgoingne,  que  le  roy  Charles  joiroit  sa  vie  du 
royaume  ;  et,  après  sa  mort,  le  roy  Henry  seroit  héri- 
tier, luy  et  ses  hoirs ,  comme  en  autre  lieu  cy-devant 
est  plus  à  plein  desclarié  le  premier  acord  fait  entre 
les  parties  '. 

Item,  depuis  l'an  mil  quatre  cens  et  quinze,  que  la 
bataille  d'Azincourt  fut ,  y  eut  en  France  grant  tribu- 
lacion  des  monnoyes.  Et  couronnes,  qui  avoient  esté 
forgiés  pour  dix-huict  solz,  commencèrent  à  monter  à 
dix-neuf  et  à  vingt ,  et  puis  tousjours  en  montant  desy 
à  neuf  francs.  Et,  pour  vray,  ung  escu  monta  et  valut 
neuf  francs  avant  que  la  chose  se  mesist  à  rieuUe;  et 
pareillement  toute  autre  monnoye  monta,  checune  en 
sa  quantité.  Et  couroit  monnoie  que  on  nommoit  fleu- 
rètes,  qui  valloient  dix-huict  deniers  ;  mais  enfin  elles 
furent  mises  à  deux  deniers ,   et  puis  on  les  deffendi 

étoit  enceinte  et  qu'elle  accoucha  peu  après.  Les  historiens  s'accor- 
dent cependant  à  placer  l'accouchement  de  cette  princesse  au  6  de 
décembre  1421. 

'  Le  recueil  de  Rymer  (IV,  4'  partie,  page  80)  contient  un  acte  du 
mois  de  novembre  1422,  duquel  il  résulte  que  le  roi  Henri  Y  mourut 
au  bois  de  Yincennes  ,  le  lundi,  demi  a-  jour  d'août  1422  ,  entre  deux 
et  trois  heures  après  minuit. 

'  Voyez  ci-dessus,  page  157. 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  189 

qu'elles  n'eurent  point  de  cours  ;  par  ce  y  eutpluseurs 
riches  marclians  qui  perdirent  grandement.  Et  aussi , 
du  temps  que  la  monnoye  avoit  cours  pour  si  grant 
prix,  c'estoit  fort  contre  les  seigneurs  ;  car  leurs  sen- 
ciers  qui  leur  dévoient  argent,  vendoient  ung  serpent  ' 
de  blé  dix  ou  douze  frans,  et  paient  une  grande  censé 
de  liuict  ou  dix  septiers  de  blé  :  par  quoy  pluseurs 
seigneurs  etpovresgeutis-horames  eurent  en  ce  de  grans 
dommaiges.  Et  dura  ceste  tribulacion  depuis  l'an  mil 
quatre  cens  et  quinze  desy  à  l'an  mil  quatre  cens  et 
vingt-un,  que  les  choses  se  mirent  à  point  touchant  les 
monnoies,  et  fu  remis  ung  escu  à  vingt-quatre  sols. 
Et  puis  on  fist  blans  doubles  de  huict  deniers;  et  toute 
autre  monnoie  fut  remise  à  rieulle,  checune  à  sa  quan- 
tité. Pour  ceste  année  que  les  monnoies  furent  remises  à 
leur  rieulle,  y  eut  moût  de  procès  et  de  grans  dissen- 
tions, entre  pluseurs  gensdu  royaume,pour  les  marchiés 
qui  estoient  fais  du  temps  de  la  feble  monnoye;  et  vou- 
loient  ceulx  qui  avoient  vendu  ou  fait  marchié  à  solz 
et  h  livres  ,  estre  paies  de  la  monnoie  qui  pour  le  temps 
couroit  :  c'est  assavoir  l'escu  à  vingt-quatre  sols,  et 
blans  pour  huict  deniers  ;  en  quoy  il  y  avoit  bien  grant 
décepte  pour  les  achateurs.Tantost après  le  roy  Henry 
fist  forgier  petite  monnoie  que  on  nommoit  doubles, 
et  vailloient  trois  mailez;  mais  en  commun  lenguague 
on  les  nommoit  niques ,  et  ne  couroit  autre  monnoie. 
Et  quant  aucun  en  avoit  pour  cent  francs  %  c'estoit  la 


'  Le  manuscrit  de  Tieulaine  porte  septier. 
'  Ccni  florins.  (Tr.) 


190  MÉMOIRES  [1422] 

charge  d'un  homme  ;  et  estoit  bonne  moye  *  pour  son 
pris,  se  n'eust  esté  le  grant  empeschement  qu'elle  fai- 
soit  à  porter  :  et  avec  on  fist  forgier  blans  doubles 
englès  en  commun.  Ainsi  par  pluseurs  fois  eut  en 
France  ,  pour  le  temps  des  guerres ,  grant  changement 
de  monnoies,  donc  le  peuple  estoit  mal  content;  maiz 
ilz  ne  le  peurent  avoir  autre.  Et  maismes  fut  fait  par 
le  conseil  du  roj  Henry  que  toutes  gens  qui  avoient 
vaesselle d'argent  la  bailleroient,  checun  en  sa  porsion, 
par  prix  raisonnable  ,  pour  forgier  monnoje  '.  Et 
emprint-on  en  pluseurs  lieux  à  ceux  qui  en  avoient , 
sans  leur  païer  ce  que  la  vaesselle  povoit  valloir.  Par 
espécial  maistre  Robert  Le  Joune ,  qui  pour  lors  estoit 
baillif  d'Amiens ,  en  fist  prendre  à  pluseurs  bourgols 
de  la  ville  d'Amiens  ,  donc  il  estoit  fort  hay,  pour  ce 
et  autres  choses  qu'il  faisoit  à  la  fiance  du  roy  Henry 
qui  moût  l'amoit.  Et  eut  ledit  maistre  Robert  tous- 
jours  grant  gouvernement  de  par  le  roy  Henry  et  de 
ceux  qui ,  après  luy,  vindrent  pour  le  roy  Henry  son 

'  Monnoje.  (Ti.) 

'  Juvénal  des  Ursins  (384)  nous  apprend  que  ,  le  6  décembre  1420, 
les  trois  états  furent  mandés ,  et  qu'entre  autres  choses  on  décida  dans 
cette  assemblée  «  qu'on  feroit  une  manière  d'emprunt  de  marcs  d'ar- 
gent, qu'on  mettroit  à  la  monnoye  :  et  ceux  qui  les  mcttroient  au- 
roient  la  monnoye  au  prix  que  l'on  dii'oit,  et  de  ce  qui  valoit  huict 
francs  le  marc  d'argent,  et  qui  seroit  mis  en  la  monnoye,  ils  en  au- 
roient  sept  francs,  et  non  plus.  »  Il  ajoute  que  cette  décision  fut  mise 
à  exécution,  et  que  nul  n'en  fut  exempt,  pas  même  l'Université,  qui 
réclama;  «  mais  ils  furent  bien  rebutés  par  le  roy  d'Angleterre,  qui 
parla  trop  liien  et  hautement  à  eux  :  ils  cuidèrent  répliquer,  mais  à  la 
fin  ils  se  teurent  et  déportèrent  ;  car  autrement  on  en  eust  logé  en 
prison.  » 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  191 

fieux;  donc  il  estoit  moût  enviez  de  pluseurs  seigneurs 
de  Picardie  et  du  bailliage  d'Amiens.  Mais  nonobstant 
il  tint  bien  le  parti  des  Englez  tant  qu'il  peult  estre 
obéy  en  son  ofllice. 

Item,  dedens  [deux']  mojs  après  ce  que  le  roj Henry 
d'Engleterre  fut  trespassé,  le  roy  Charles  de  France 
trespassa  de  cest  siècle  %  et  fut  enterré  à  Saint-Denis 
en  France  ;  et  avoit  esté  roy  couronné  l'espasse  de 
quarante-six  ans".  Moût  fut  le  roy  Charles  amé  de 
son  peuple  toute  sa  vie ,  et  pour  ce  on  le  nommoit 
Charles-le-bien-Amé.  Maiz  il  fut  la  plus  grant  partie  de 
son  règne  qu'il  avoit  une  malladie  qui  moût  luy  nui- 
soit,  et  par  fois  vouloit  férir  tous  ceulx  qui  estoient 
avecquez  luy.  Et  print  ces  te  maladie  en  la  ville  de 
Mant,  tantost  après  qu'il  eut  esté  en  Flandres  pour 
réduire  les  Flamansqui  pour  lors  se  voulloient  rebeller. 
Vérité  est  que  le  roy  Charles  ouït  sa  messe,  et  ung  de 
ses  serviteurs  ly  vint  baillier  unes  heures,  et  inconti- 
nent que  le  Roy  regarda  dedens,  pour  dire  ses  heures, 
il  devint  ainsi  comme  hors  du  sens,  et  sailly  hors  de 

'  INous  suivons  le  texte  du  manuscrit  de  Tieulaine.  Le  nôtre  porte  : 
'<  dedens  six  moys.  » 

'  Le  20  octobre ,  suivant  Juvénal  des  Ursins  (096)  ;  le  2 1 ,  selon  te 
Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (88)  ;  ou  enfin  le  22 ,  d'après  Mons- 
trelet(IV,  ii5). 

'  Charles  YI  étant  monté  sur  le  trône  le  16  septembre  i58o,  avoit 
régné  quarante-deux  ans,  un  mois  et  six  jours.  Les  éditeurs  de  Mons- 
trelet  lui  font  commettre  une  erreur  semblable  à  celle  de  Fenin,  en 
imprimant  que  Charles  YI  «  fina  sa  vie....  au  quarante-sixième  an  de 
son  règne.  »  Le  manuscrit  do  Monstrelet  dont  nous  reproduisons 
toujours  le  texte ,  porte  f/uarantc-deuxicsme. 


iga  MÉMOIRES  [i422] 

sonoratore,  et  puis  commensa  à  férir  tous  eux  qu'il 
encontrolt  ',  et  mesme  féri  son  frère  ,  le  duc  d'Orlians, 
et  pluseurs  autres  qui  là  estoient.  Mais  tantost  on  le 
prinst  et  puis  on  le  mena  en  sa  chambre  ;  et  depuis  ce 
jour  n'eu  toute  sa  vie  gaires  de  santé,  combien  qu'il 
vesqui  long-temps  en  tel  estât.  Et  en  quelque  estât 
qu'il  fust  depuis,  y  fallolt  avoir  tousjours  regard  sur 
luy  et  garder. 

Item ,  après  ce  que  le  roy  Charles  fut  en  Testât  que 
dit  est  devant ,  il  y  eut  de  moût  merveilleux  gouver- 
nement au  royaume  de  France,  et  y  avolt  pluseurs 
seigneurs  de  son  lignage  qui  tous  contendoient  chacun 
de  avoir  le  plus  grant  gouvernement  autour  du  Roy  : 
et  pour  ceste  cause  se  meut  l'envie  entre  eulx ,  donc  le 
royaume  fut  de  piz,  comme  ci-devant  est  devisé. 

Item ,  quant  le  roy  Charles  mourut ,  il  laissa  son 
royaulme  moût  troublé  ;  car  gens  de  tous  estranges 
pays  avoient  gouvernement  ou  royaume.  Première- 

•  Fenia  est  le  seul  historien  de  l'époque  qui  donne  ces  détails  sur 
les  commencemens  de  la  maladie  du  Roi.  Tous  les  autres  s'accordent 
à  dire  que  Charles  YI  eut  son  premier  accès  de  frénésie  au  moment  où 
il  se  mettoit  en  marche  avec  son  armée  pour  aller  combattre  le  duc 
de  Bretagne  (i5g2). 

Gollut  donne  cependant  une  autre  version  (III,  5gg).  11  prétend 
que  le  Roi  s'étant  rendu  dans  la  ville  d'Amiens,  en  iSqi,  pour  traiter 
de  la  paix  avec  les  ducs  de  Lancastre ,  d'York  et  de  Glocester,  «  à  la 
sortie  de  ce  colloque  ,  le  Roy  tombât  en  une  fiebvre  frénétique ,  la- 
quelle donnât  grand  soubeçon  d'un  empoisonement.  Et  de  mesmes , 
les  ducs  de  Bcrry  et  de  Bar  furent  malades;  mais  le  Barrois  seul  paiat 
pour  tous.  »  Selon  Froissart  (XIII,  45) ,  «  après  ce  que  le  parlement 
eut  esté  à  Amiens ,  le  roy  de  France  eschey  par  incidence  ,  et  par  luy 
mal  garder,  en  fièvre  et  en  chaude  maladie.  » 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  19.3 

ment  les  Englès  en  avoient  conquis  grant  partie  et  de 
jour  en  jour  conquéroient  ' .  Et  avecquez  ce,  avoient 
leducPhelipes  de  Bourgoingne  de  leur  partie,  et  moult 
d'autres grans seigneurs,  sesaliez,  qui  touscontendoient 
à  conquerre  le  royaume  pom'  le  roy  Henry  d'Engle- 
terre,  fieux  du  Roy  devant  dit;  car  le  petit  roy  Henry 
d'Engleterre ,  filz  du  roy  Henry  et  de  Katherine ,  fdle 
du  roy  Charles ,  saisi  le  royaume  de  France  après  la 
mort  du  roy  Charles ,  son  taion;  et  avec,  en  son  scel 
portoit  les  armes  de  France  en  ung  escuchon ,  et  les 
armes  d'Engleterre  en  ung  autre  ;  et  pareillement  en 
toutes  les  monnoies  qu'il  faisoit  forgier  avoit  deux  es- 
cuchons  des  armes  dessusdites.  Et  fist  le  roy  Henry 
deffendre  que  les  couronnes  qui  avoient  esté  forgiés 
du  temps  du  roy  Charles-le-Bien-Amé  n'eussent  point 
de  cours  ,  ne  toutes  monnoies  du  temps  dudit  Roy,  et 
checun  les  portast  aux  forges;  mais  nonobstant  que 
par  pluseurs  fois  fut  deffendu,  et  avec  que  nulle  obli- 
gacion  royalle  on  ne  osoit  passer  à  la  monnoye  devant 
dite  ,  si  en  usoit-on  en  moult  de  lieux.  Et  avoit  le  roy 
Henryfait  forgier monnole  d'or  que  onnommoit S alu s, 
et  valloit  vingt-deux  sols  parisis  chescun  salus  ;  car 

'  L'Angleterre  possédoit  à  cette  époque  la  Normandie  ,  la  Giwenne, 
la  Picardie  ,  la  Champagne  ,  la  Brie,  l'Isle-de-France  et  Paris  ,  à  l'ex- 
ception d'un  petit  nombre  de  places  qui  tenoient  encore  pour  Char- 
les VII.  De  plus,  elle  pouvoit  compter  sur  la  Bourgogne,  la  Flandre 
et  l'Artois,  appartenant  au  duc  de  Bourgogne,  son  vassal  et  son  allié. 
Charles  VII  avoit  en  sa  possession  le  Languedoc,  le  Dauphiné,  le 
Beny,  l'Auvergne  ,  la  Tourainc,  une  partie  de  la  Saintonge,  la  ville 
de  La  Rochelle ,  le  Poitou  ,  la  Provence ,  le  Maine  et  l'Anjou,  f  Rapin- 
TnoYRAs,  IV,  176.) 


194  MÉMOIRES  [1422] 

elle  esloit  bonne  pour  son  pris.  Et  si  fist  forgier  Mans 
de  huict deniers.  Ainsi  ne  couroit  pour  ce  temps,  par- 
tout où  le  roy  Henry  estoit  obéi  ou  royaume  de  France, 
monnoie  royalle  que  celle  que  le  roy  Henry  avoit  fait  ' 
forgier,  où  les  armes  de  France  et  d'Engleterre  estoient,- 
se  n'estoit  en  péril  de  perdre  la  monnoye  :  et  en  y  eut 
pluseurs  qui  par  ceste  manière  la  perdirent. 

Item,  Charles,  duc  de  Touraine,  Dotîin,  qui  estoit 
(ilz  du  roy  Cliarles-le-Bien-Amé  ,  et  droit  héritier  du 
royaume  de  France  par  les  anciens  édis  et  coustume 
dudit  royaume ,  saesy  le  royaume  et  se  fist  nommer 
roy,  après  la  mort  du  roy  Charles ,  son  père,  combien 
que  ,  par  l'acord  fait  au  mariage  du  roy  Henry,  fût  or- 
donné eulx  ensemble  que  le  Doffin  seroit  débouté  du 
royaume ,  et  que  jamaiz  ne  pocesseroit  de  nulle  sei- 
gnouiie  qui  fust  au  roy  Charles,  son  père,  pour  le 
malvais  fait  qu'il  avoit  commis  sur  le  duc  Jehan  de 
Bourgoingne  :  et  acorda  le  roy  Charles  et  le  duc  Phe- 
lipe  ce  traitié,  et  pluseurs  seigneurs  de  France,  au  roy 
Henry.  Et  aussi  fut  ordonné  par  parlement  que  le 
Doffin  seroit  débouté  hors  du  royaume';  maiz  non- 
obstant quelque  apointement  que  on  eust  fait  contre 
luy,  sy  se  fist-il  nommer  roy  de  France  après  la  mort 
dudit  roy  Charles  ;  mais  il  ne  fut  mie  sacré  en  long- 
temps après.  Ainsi  avoit  en  France  deux  rois ,  c'est 
assavoir  le  roy  Charles  et  le  roy  Henry,  lequel  roy 
Henry  se  nommoit  roy  de  France  et  d'Engleterre ,  et 

'  A\oil  faite  (Ti).  —  Ici  se  terminent  les  Mémoires  de  Fenin,  dans 
le  manuscrit  de  Tieulaine  et  dans  toutes  les  éditions  précédentes. 
^  Voyez  ci-dessus,  page  149,  note  3, 


[1422]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  195 

tous  deux  conteudoient  d'avoir  le  royaume  :  par  quoy 
ledit  royaume  fut  long-temps  en  \oie  de  perdicion. 

Item,  le  Doffin,  qui  se  fist  nommer  roy  de  France 
après  la  mort  du  roy  Charles,  son  père,  comme  dit 
-est,  estoit  très  mal  gouverné  :  et  y  avoit  la  plus  grant 
partie  d'estrangiers  qui  le  gouvernoient ,  par  espécial 
Davegny  Du  Chastel ,  le  vicomte  de  Nerbonne  et  plu- 
seurs  autres  gens  de  petit  estât.  Et  pour  ce  y  avoit 
moût  de  grans  seigneurs  qui  tenoient  le  parti  du  roy 
Charles,  qui  en  estoient  très  mal  contens  :  et  avoient  la 
plusgrant  partie  dissentioneulx  ensemble,  donc  les  be- 
soingnes  du  roy  Charles  empiroient  tous  les  jours  en 
plusieurs  manières.  Et  avec  ce,  ceulx  qui  luy  avoient 
donné  le  conseil  de  mectre  le  duc  Jehan  de  Bourgoin- 
gne  à  mort  le  tiroient  tousjours  arrière  de  ses  ennemis 
le  plus  qu'ilz  povoient,  et  moût  reparoit  pour  lors  le 
roy  Charles  à  Bourges  en  Berry. 

Item ,  le  roy  Charles,  qui  estoit  de  sa'  personne  moût 
bel  prince  et  biau  parleur  à  toutes  personnes  ,  et  estoit 
piteux  envers  povres  gens ,  mais  il  ne  s'armoit  mie  vol- 
lentiers  et  n'avoit  point  chier  la  guerre,  s'il  s'en  eust 
peu  passer.  Et  avoit  espousé  la  seur  '  du  roy  Loys  ',  qui 
estoit  moult  dame  de  haut  parage  et  sage  ;  et  eut  plu- 
seurs  enfans ,  donc  mencion  sera  faite  cy-après  plus 
à  plain,  quant  lieu  sera.  Etavecquez  ce,  se  veut,  par 

'  Marie  d'Anjou ,  fille  aînée  de  Louis  ,  II*  du  nom ,  loi  de  Sicile  , 
duc  d'Anjou ,  etc. ,  et  d'Ioland  d'Aragon ,  fut  fiancée ,  au  cliâteau  du 
Louvre  à  Paris,  le  i8  décembre  i4i5,  et  mariée  en  i^-n.  Elle  mou- 
rut le  29  novembre  i465,  âgée  de  cinquante-neuf  ans  ,  un  mois  et 
«juinze  jours. 

'  Voyez  ci-dessus ,  page  ^G,  note  2. 


igô  MÉMOIRES  [1422] 

pliiseurs  fois,  excuser  qu'il  n'avolt  point  esté  coupable 
de  la  mort  au  duc  Jehan  de  Bouigoini^ne,  et  que  ce 
-que  on  avoit  fait  avoit  esté  contre  sa  vouUenté;  mais 
le  ducPhelipes  n'en  veut  estre  content,  ne  faire  paix, 
et  si  en  fut  requis  moult  de  fois  ;  et  luj  olTroit  le  roy 
Charles  à  luy  faire  de  grans  amendemens.  Et  si  osta 
depuis  tous  ceux  qui  avoient  esté  traicteur  de  la  mort 
au  duc  Jehan  de  son  hostel ,  et  plus  ne  les  voulloit 
tenir  autour  de  luj  ;  mais  nonobstant  la  paix  ne  se 
povoit  trouver  vers  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne; 
car  son  conseil  metoit  tousjours  devant  que  son  père 
avoit  esté  mourdri  en  paix,  et  que  bonnement  ne  se 
povoit  fier  en  chose  que  le  roj  Charles  ne  son  conseil 
feissent.  Et  aussj  on  luy  ramentevoit  le  serment  qu'il 
avoit  fait  aux  Englez,  lequel  il  devoit  garder  de  rom- 
pre, ou  autrement  il  seroit  déshonnorés'illefaisoit.  Et 
par  telz  choses,  demoura  longuement  la  paix  à  faire 
entre  le  roj  Charles  de  France  et  le  duc  Phelipes  de 
Bourgoingne,  donc  le  royaume  fut  moût  travaillié. 

Item ,  l'an  mil  quatre  cens  vingt-deux ,  après  ce  que 
le  roy  Henry  d'Engleterre  fut  mort ,  comme  dit  est  de- 
vant, et  que  le  roy  Henry,  son  fdz,  eut  saesi  le  royaume 
de  France  et  d'Engleterre  ,  le  roy  Charles  et  ses  gens 
furent  joyeulx  et  cuidèrent  bien  estre  au-dessus  de  leur 
guerre;  car  moût  doubtoient  le  roy  Henry,  pour  ce 
qu'il  estoit  vaillantconquérant  et  saige  en  fait  deguerre. 

Et  de  fait  se  commencèrent  à  avanchier  sur  le  pais 
au  duc  Phelippe  ;   et   alla  le   connestable  d'Escosse  ' 

'  Jean  SUiart,  sieur  d'Ervette  et  de  Cona-essault,  seigneur  d'Au- 
Ligny-sur-]Nerre,  comte  de  Dreux,  connétable  de  l'armtc  d'Ecosse 


[1423]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  197 

mectre  le  siège  devant  la  \Ille  de  Carbeus  ',  luy  acom- 
paigiiié  de  phiseurs  des  gens  du  roj  Charles;  car  de 
toute  la  guerre  qui  fut  entre  le  roj  Charles  et  le  roy 
Henry  et  le  duc  Phelipe,  les  Escossois  servoient  le  roy 
Charles  contre  les  Englès  et  Bourguignons.  Quant  les 
gens  du  roy  Charles  eurent  mis  le  siège  devant  Carbeux, 
le  marissal  de  Bourgoingne,  nommé  le  borgne  de  Tou- 
longuons  ,  fist  grant  assemblée  pour  lever  le  siège  de 
Carbeux.  Et  avec  luy  alla  le  conte  de  Salsebri  %  qui 
estoit  vaillant  en  fait  de  guerre,  et  bien  se  trouvèrent 
six  mille ^  combatans  de  bonne  estoffe.  Quant  ilz  furent 
tous  assemblés ,  ilz  alloient  pour  lever  le  siège  ;  et  de 
fait  combatirent  le  connestable  d'Escosse  et  ses  gens, 
et  tant  firent  qu'ilz  gaignèrent  la  journée.  Et  fut  le 
connestable  prins ,  et  son  filz '*  mort  en  la  place;  et 

(Du  TiLLET,  II,  234  et  257),  mort  en  1428,  à  la  bataille  de  Rouvray, 
dite  des  Barents,  «  faite  la  nuit  des  Brandons  (i5  février),  environ 
trois  heures  après  minuit»  ( Monstrelet ,  V,  aog).  Rapin-Thoyras 
(lY,  igo)  dit  que  les  François  lui  donnent  le  titre  de  connétable 
d'Ecosse,  mais  qu'on  ne  voit  pas  qu'il  soit  qualifié  de  même  par  les 
historiens  de  sa  nation.  Il  conjecture  de  là  que  l'erreur  des  François 
est  provenue  de  leur  ignorance  de  la  langue  angloise  ou  écossoise,  dans 
lesquelles  le  titre  de  connétable  se  peut  donner  à  tout  chef  qui  commande 
un  corps  de  troupes ,  sans  que  pour  cela  il  soit  connétable  du  royaume. 

'  Gravant.  Le  roi  Charles  VII  fit  assiéger  cette  ville,  qui  tenoit 
j)our  le  duc  de  Bourgogne  ,  en  juillet  \l\'îb.  (  Monstrelet,  V,  57.) 

''  Thomas  de  Montagu  ,  comte  de  Salisbury,  marié  à  Aliénor,  fille 
de  Thomas,  comte  de  Kent.  Mort  au  siège  d'Orléans,  le  5  novem- 
bre 1428.  Il  prend,  dans  son  testament,  les  titres  de  comte  de  Salis- 
Ijuiy,  dePerch,  et  de  lord  Monlliermer.  (W.  Dugdale,  I,  65i-53.) 

'  Monstrelet  (Y,  58)  dit  quatre,  mille. 

*  Selon  Monstrelet  (V,  208),  un  fils  de  Jean  Slitail  lui  tué  avec  son 
père  à  la  bataille  de  Bouvray. 


198  MÉMOIRES  [1423] 

pluseurs  en  y  eut  des  gens  au  roj  Charles  prins  à  ceste 
journée  et  mors,  desy  au  nombre  de  dix  à  douze  cens, 
tous  gens  de  fait.  Ainsi  fut  le  ville  de  Carbeux  délivrée 
du  connestable  d'Escosse  par  le  marissal  de  Bourgoin- 
gne  et  le  conte  de  Salsebri.  Et  puis  les  deux  seigneurs 
dessusdiz  se  retrairent  à  la  conté  de  Salsebrj  ' .  Tantost 
après  mirent  le  siège  devant  Mont-Aguillon  en  Cham- 
pengne,  et  là  fut  bien  liuict  moys' avant  qu'ilz  sevousis- 
sent  rendre  :  et  puis  quant  Mont-Aguillon  fut  rendu,  le 
conte  de  Salsebri  le  fist  abatre  et  du  tout  désoler.  Apres, 
le  dit  conte  s'en  alla  asségier  le  chastel  de  Moimes  % 
qui  moût  estoit  fort,  et  avec  ce  j  avoit  de  vaillans  gens 
de  guerre  et  qui  bien  et  vaillanment  s'i  portèrent.  Et 
y  avoit  ung  nommé  Caignart  ^  qui  estoit  homme  de 
grant  emprinse  et  renommé  sur  tous  les  autres. 

En  tant  que  le  siège  estoit  devant  Mojmes ,  les  gens 
du  roj  Charles  qui  estoient  dedens  faisoient  de  grans 
saillies  sur  les  Erigiez  et  Bourguignons  qui  estoient 
devant  eux  au  siège  :  et  y  prindrent  Henry  de  Latour, 

'  Il  nous  semble  que  cette  phrase  doit  être  ponctuée  et  lue  de  la 
manière  suivante  :  «  Et  puis  les  deux  seigneurs  dessusdiz  se  retrai- 
rent; et  le  conte  de  Salsebry,  tantost  après,  misl  le  siège....  »  Mons- 
trelet  (V,  4^) ,  après  avoir  dit  que  les  Bourguignons  s'en  allèrent  en 
leur  pays  ,  ajoute  que  «  les  comtes  de  Salsebry  et  Suffort  retournèrent 
au  siège  devant  Mont-Aiguillon.  » 

'  «  A  l'issue  de  février,  audit  an  i^aS,  se  rendirent  ceulx  du  Cro- 
toy  et  de  Mont-Aguillon,  aux  Angloys,  leurs  vies  sauves,  et  s'en  allè- 
rent franchement,  qui  tant  de  maulx  avoient  fait;  car  ils  s'estoieut 
tenuz  plus  d'ung  an.  »  {Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  97.) 

^  Moyennes. 

"  Monstrelet  (V,  5i5)  cite  «  un  routier  Boulonnois  ,  appert  homme 
d'armes,  nommé  Canari,  »  fait  prisonnier  au  siège  de  Compiègne, 
en  i4ûo,  par  le  parti  bourguignon. 


[1423]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  199 

capitaine  de  saint  Micliiel ,  et  le  menèrent  dedens 
Moismes.  Et  aussy,  à  une  autre  saillie,  ffitValleran  de 
Boui  novllle  '  tué  d'une  lance  donc  il  fut  féru  travers  le 
corps;  car  il  cstoit  allé  h  l'escarmuche  sans  harnais. 
Ainsi  firent  ceux  de  dedens  Mojmes  moût  de  dom- 
maige,  par  pluseurs  fois,  à  ceulx  qui  tenoient  siège  de- 
vant eulx;  mais  en  y  falut  qu'ilz  se  rendesissent,  et  s'en 
allèrent,  aucune  partie,  sauve  leurs  corps  et  leurs  biens, 
et  les  autres  demourèrent prisonniers.  Et  puiz,  après, 
on  fîst  abatre  le  chastel  de  Moismes  ;  donc  ce  fut  grant 
dommaige,  car  c'estoit  la  plus  forte  plache  de  Cham- 
pengne.  Et  depuis  qu'elle  fut  abatue  la  réparèrent  les 
gens  du  roy  Charles  ,  comme  cy-après  sera  devisé. 

Item,  environ  le  temps  que  dit  est,  le  duc  Phelipe  de 
Bourgoingne  donna  sa  seur  Anne  h  mariage  '  au  duc 

'  Valeran  de  Bournonville  fut  blessé  dangereusement  au  siège  de 
Moyennes  en  Champagne,  en  l'année  il^iS.  Jean  de  Luxembourg  lui 
donna  ensuite  le  gouvernement  de  Beaumont-en-Argone.  Il  étoit  en- 
core un  des  premiers  capitaines  des  armées  du  duc  de  Bourgogne 
en  1 474  et  T  475  (  Anselme  ,  V,  848  ).  Anselme ,  on  le  voit ,  est  en  dés- 
accord avec  Fenin  ;  mais  Monstrelet ,  qui  lui  sert  presque  toujours 
d'autorité,  après  avoir  dit  (V,  i44)  que,  durant  le  siège,  il  y  eut  plu- 
sieurs escarmouches ,  «  entre  lesquelles  eu  y  eut  une  oixfut  mis  à  mort 
Yalerien  de  Bournonville,  d'une  lance  qui  lui  traversa  outre  le  corps,  » 
le  fait  revivre,  en  mai  1428,  et  constituer  capitaine  de  Beaumont,  par 
Jean  de  Luxembourg  (V,  i84). 

^  Les  conditions  du  mariage  étoient  déjà  arrêtées  depuis  le  12  dé- 
cembre i4'i2  (D.  Plancher,  III,  Preuves,  cccxiii).  La  cérémonie  des 
fiançailles  eut  lieu  à  IMontbar,  le  i5  avril  i4'^5  (Salazard  ,  IV,  69),  et 
le  mariage  fut  enfin  célébré  à  Troyes,  où  le  duc  de  Bedford  et  la  pi'in- 
cesse  Anne  se  rendirent,  l'un  au  commencement  de  juin  i423,  et 
l'autre  le  1 4  du  même  mois  {Ibi'd.,  71).  Monstrelet  (V,  29)  dit  aussi 
<|uc  le  mariat<e  se  fil  a  Troves,  "  et  furent  les  noces  faites  tant  solen 


200  MÉMOIRES  [H23j 

de  Bethefort,  frère  du  roy  Henry  d'Engleterre ,  lequel 
roj  Henry  estoit  mort.  Et  fut  le  duc  de  Bethefort  fait 
régent  de  France  pour  son  nepveu  le  josne  Henry.  Par 
quoy  l'aliance  fut  faite  entre  le  duc  de  Bourgoingne  et 
les  Englez  plus  forte  que  devant. 

Item,  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne,  le  duc  de 
Bethefort  et  le  duc  de  Bretaigne  assemblèrent  en  la 
ville  d'Amiens  tous  trois  ensemble  '  et  foison  d'autres 
grands  seigneurs.  Et  si  estoit  le  conte  de  Richemont, 
frère  au  duc  de  Bretaigne,  lequel  avoit  espousé  Mar- 
guerite %  seur  aisnée  au  duc  Phelipe  de  Bourgoingne, 

nellement  que  royalement.  »  La  duchesse  de  Bedford  mourut  à  Paris, 
le  i4  décembre  i435,  suivant  dom  Plancher  (III,  555)  ;  mais  il  com- 
met une  double  erreur ,  quant  au  mois  et  à  l'année  qu'il  indique. 
L'épitaphe  de  cette  princesse,  rapportée  par  Dugdale  (II,  201),  nous 
apprend  qu'elle  fut  enterrée  à  Paris,  aux  Célestins,  dans  la  chapelle 
d'Orléans,  le  14  novembre  i432.  Cette  date  se  trouve  confirmée  par  le 
récit  de  Monstrelet,  qui  place  la  mort  de  la  duchesse  de  Bedford  en 
1432  (VI,  63).  D'ailleurs,  un  second  mariage  contracté  par  le  duc  de 
Bedford,  au  commencement  de  l'année  i433,  avec  Jacqueline ,  fille 
aînée  de  Pierre  de  Luxembourg,  comte  de  Saint-Pol  (Monstrelet, 
YI,  74)  >  prouve,  d'une  manière  non  moins  concluante  que  l'épi- 
taphe d'Anne  de  Bourgogne,  que  cette  princesse  avoit  cessé  de  vivre 
avant  i435. 

'  «  Environ  Quasimodo  (11  avril),  l'an  i423.  »  (Saint-Remv, 
VIII ,  228.) 

"  Les  conventions  relatives  au  mariage  de  cette  princesse  avec  le 
comte  de  Richemont  furent  arrêtées  et  signées  à  Amiens,  le  i4  avril 
1425,  après  Pâques  (D.  Plancher,  III,  Preuves,  cccxi).  La  célé- 
bration s'en  fit  à  Dijon,  dans  la  chapelle  du  palais,  le  10  octobre  sui- 
vant. Cette  date  nous  est  fournie  par  Salazard  (IV,  80).  Il  ajoute  que 
les  noces  du  comte  de  Richemont  furent  suivies  de  celles  du  fils  de  La 
Viévilie,  seigneur  de  Noirien,  qui  épousa,  le  7  novembre,  la  fille  de 
la  dame  de  Roisel.  A  l'aide  de  ce  renseignement,  nous  croyons  pou- 


[1423]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  201 

et  paravant  avoit  espousé  monseigneur  de  Guyane  , 
doffin  de  France. 

Item,  les  trois  dessusdits  furent  cinq  ou  six  jours 
dedens  la  ville  d'Amiens  ensemble;  et  moût  faisoient 
grant  révérence  l'un  h  l'autre.  Et  promirent  eux  trois 
ensemble  de  aidier  l'un  à  l'autre ,  et  baillier  secours  de 
gens  à  celluy  qui  à  faire  en  avoit  '  :  et  raout  d'autres 

voir  signaler  une  erreur  de  La  Barre ,  laquelle  erreur  il  importe  d'au- 
tant plus  de  relever,  que  l'autorité  qu'il  invoque  semble  davantage 
garantir  l'exactitude  de  son  récit. 

Jacques  de  La  Yiesville  ,  seigneur  de  Norran  et  de  Samesson,  che- 
valier, conseiller,  chambellan  du  duc  de  Bourgogne ,  et  bailli  de  Di- 
jon, est  compris ,  par  La  Barre  (II ,  209) ,  dans  Y  Etat  des  officiers  et 
domestiques  de  Philippe-le-Bon  ,  duc  de  Bourgogne.  «  Il  fut  (  dit  une 
note  dont  les  éléments  sont  puisés  dans  le  compte  rendu,  en  i425, 
par  Jean  Fraignot,  receveur  général  de  Bourgogne)  envoyé,  au 
mois  de  février  1422  ,  vers  le  duc  de  Bedford,  pour  traiter  du  mariage 
de  mademoiselle  Anne  de  Bourgogne ,  sœur  au  duc  Philippe.  Elle  fut 
promise  à  Troyes  au  mois  de  mai  i423,  et  mariée  à  Dijon,  le  10  octobre 
de  la  même  année.  Son  ûls  fut  marié  à  Dijon ,  en  l'hôtel  du  duc ,  avec 
la  ûUc  de  feu  messire  Pierre  de  Gillans,  le  7  novembre  i423.  »  Nous 
n'avons  aucun  moyen  de  vérifier  si  La  Barre  est  exact  dans  ce  qu'il 
rapporte  de  la  mission  du  sieur  de  La  Yiéville  relativement  au  ma- 
riage du  duc  de  Bedford  et  de  la  princesse  Anne  ;  mais  il  est  indubi- 
table ,  à  notre  avis ,  qu'il  a  fait  confusion  de  personnes  en  disant  que 
ce  mariage  fut  fait  à  Dijon  le  10  octobre  1420.  D'après  Monstrelet  et 
D.  Plancher,  dont  l'accord  sur  ce  point  semble  former  une  autorité 
irrécusable,  nous  avons  indiqué  la  date  (juin  i423}  et  le  lieu  (Troyes)  du 
mariage  dont  il  s'agit  (voyez  ci-dessus,  page  19g,  note  2).  C'est  à  celui 
de  Marguerite  de  Bourgogne  et  du  comte  de  Richemont,  célèbre'  à 
Dijon,  le  10  octobre  i425,  et  suivi  presque  immédiatement  des  noces 
dufds  de  La  Vic'ville ,  ainsi  que  nous  l'apprend  Salazard,  que  doivent 
être  rapportées  les  indications  fournies  par  La  Barre. 

'  Le  traité  d'alliance  dont  il  est  ici  question  se  trouve  dans  Mons- 
trelet (V,  26).  11  est  daté  d'Amiens,  le  17  avril  i425.  Rapin  Thoyras  se 
trompe  en  disant  qu'il  fut  signe  le  8  avril  (lY,  191)- 


202  MÉMOIRES  [1423] 

promesses  firent  ensemble.  Et  puis  le  duc  de  Bretaigne 
s'en  alla  en  son  pays  de  Bretaigne ,  et  le  duc  de  Bethe- 
fort,  régent,  à  Paris,  et  le  duc  Phelipe  à  Arras,  pour 
tenir  journée  d'unes  armes  que  Lyonnel  de  Vandonne* 
devoit  faire  contre  Poton  de  Sainte-Trallle. 

Item,  à  ceste  assemblée  qui  fut  à  Amiens ,  y  avoit 
pluseurs  folz  à  qui  on  avoit  donné  douze  pièches  d'or  : 
et  dirent  ensemble  que  on  meist  en  ung  grant  hanap 
d'argent,  en  quoj  ilz  buvoient,  une  pièche  d'or,  et  puis 
on  l'emplist  de  vin,  et  que  celluy  qui  buveroit  le  vin 
airoit  la  pièce  d'or,  et  toutes  les  alroit  l'une  après 
l'autre  s'il  les  povoit  boire  toutes  douze.  Là,  y  avoit 
ung  nommé  Doullet,  qui  avoit  esté  folz  au  conte  Val- 
leran  de  Saint-Pol ,  qui  dist  qu'il  les  beveroit  bien,  et 
toutes  les  beut  l'une  après  l'autre  par  convoitise  d'avoir 
l'or  :  mais  quant  les  folz  virent  qu'ilz  avoient  perdu 
leur  or  iîz  se  courroucèrent  ensemble,  et  bâtirent  tant 
Douellet  qu'il  en  mourut  assez  tost  après,  donc  on  fist 
mainte  risée  pour  ceste  besoingne. 

Item,  quant  le  duc  Phelipe  fut  venu  à  Arras  pour 
tenir  la  journée  dessusdite,  Poton  de  Sainte-Traille 
vint  h  Arras  pour  faire  ses  armées  contre  Lyonnel  de 
Vandonne.  Et  avoient  entreprins  de  rompre  douze 
lanches  chacun  bien  assises,  et,  après,  dévoient  com- 
batre  de  haches  tant  qu'elles  durrolent.  Là  estoit  le  duc 
Phelipe,  et  le  conte  de  Richemont  avec  luy,  sonbiau- 
frère ,  et  les  deux  dessusdiz  vindrent  entrer  dedens  les 
liches.  Et  entra  Poton  devant,  pour  ce  que  ce  estoit  à 

'    Lvonncl  de  ynndàinc.  (Mossthelet  ,  \,  5o.) 


[1423]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  2o3 

sa  requeste  de  rompre  les  lances  ;  et  puis  vint  Ljonnel 
acompaignié  de  messire  Jehan  de  Luxembourg  ,  lequel 
le  servi  de  lances  tout  le  jour.  Après  ce  qu  ilz  furent 
prestz,  ils  commencèrent  à  courre  l'un  contre  l'autre  et 
rompirent  plusieurs  lances  l'un  sur  l'autre;  mais  enfin 
Lyonnel  fut  ung  petit  bléchié  parmy  son  hayaume  par 
dessus  le  front,  par  quoy  on  les  fist  cesser  :  et  fist 
chacun  d'eux  son  dever.  Landemain  ,  quant  vint  h 
combatre  à  pié,  ilz  avoient  chacun  ung  petit  pavillon 
tendu  dedens  le  parcage;  et  quant  ilz  furent  prestz 
pour  marchier  et  que  on  eut  faille  cry ,  de  par  le  duc 
Phelipe  ,  que  homme  ne  se  bougast,  lors  Ljonnel  de 
Vandonne  marcha  premier,  car  c'estoit  à  sa  requeste  de 
combatre  de  haches.  Et  vint  vers  le  pavillon  de  Poton  ; 
et  puis  quant  Poton  l'eut  laissié  venir  devers  luy  bien 
avant,  il  yssi  contre  luj.  Là  assemblèrent  eulx  ensem- 
ble et  y  eut  moût  lière  bataille  des  deux  costez  ;  car 
Lyonnel  getoitde  grans  coups  contre  Poton,  et  Poton 
les  rechevoit  frèdement  et  metoit  tousjours  sa  hache 
au  devant.  Et  quant  il  eut  assez  souffert  et  qu'il  vit 
qu'il  estoit  point,  il  féry  Lyonnel  par  dessouJDz  la  vi- 
sière de  son  bachinet  pluseurs  coups  ,  et  tant  fist  qu'il 
lui  leva  tout  amont  et  puis  luy  cuida  lanchier  sa  hache 
au  visaige;  maiz  Lyonnel,  qui  estoit  vise,  luy  prinst  sa 
hache  dessoubz  son  bras  que  Poton  ne  s'en  povoit  ai- 
dier,  et  frapoit  Lyonnel  Poton  de  sa  hache  parmi  les 
jambes.  Mais  il  ne  povoit  férir  grans  coups,  pour  ce  que 
Poton  avoit  prins  Lyonnel  d'une  main  par  le  bort  de 
son  bachinet,  donc  il  luy  avoit  levé  la  visière,  et  mesme 
Poton  esgrifTa  Lyonnel  de  son  gantelletpar  le  visaige; 


2o4  MÉMOIRES  [14-23] 

donc  il  fut  blasmé  d'aucuns  pour  ce  qu'il  ne  devoit 
combatre  que  de  haches  par  les  conditions  dites  entre 
eulx.  Ainsy  combatirent  Lyonnel  de  Vandonne  et 
Poton  de  Sainte-Traille  l'un  l'autre  moult  vaillanment, 
et  firent  leur  devoir  bien  chacun  en  droit  luy.  En  tant 
qu'ilz  combatoient  encore  roidement,  le  duc  Phelipe 
fist  prendre  regart  sur  eux  pour  scavoir  la  vérité  lequel 
airoit  la  victoire,  mais  on  n'en  peut  riens  sçavoir. 

Item,  lendemain,  ung  gentil-homme  nommé  Riflart 
de  Canremj  %  qui  esloit  venu  avecquez  Poton,  courut 
de  fer  de  lance  contre  le  bastart  de  Rabèque*,  et  luy 
percha  ledit  bastart  son  harnaiz  ;  mais  il  ne  fut  point 
bléchié.  Après  toutes  ces  choses  faites ,  Poton  de 
Sainte-Traille  s'en  alla  à  Guise-en-Terrasse ,  où  il  se 
tenoit  pour  lors. 

Item ,  il  ne  demoura  mie  grant  temps  après  que  le 
conte  de  Richemont ,  qui  avoit  espousé  la  seur  ainsnée 
du  ducPhelipes  deBourgoingne,  s'en  alla  devers  le  roy 
Charles  pour  aucuns  contens  qui  fut  entre  le  duc  de 
Bethefort,  régent,  et  luy  \  Et  luy  fist  le  roy  Charles 
grant  révérence ,  car  il  le  fist  son  connestable  de 
France  ^  ;  et  depuis  le  conte  de  Richemont  mena  forte 

'  «  Rifflard  de  Cbamp-Remy ,    tenant  le  parti  du  roi  Charles.  » 

(MONSTRELET,   V,   33.) 

*  Le  bâtard  de  Rosbecque.  (Momstrelet,  V,  55.) 

^  Le  comte  de  Richemont,  ayant  demandé  au  duc  de  Bedford  le  com- 
mandement de  l'armée  angloise,  avoit  essuyé  un  refus.  Irrité  de  cet 
affront,  il  embrassa  le  parti  du  roi  Charles,  f  Rapkn-Thoyras,  IV,  197.) 

''  Les  lettres  d'institution  sont  rapportées  par  Godefroy  {Histoire 
de  Charles  Vil,  799.  ).  Elles  portent  la  date  de  Chinou,  le  7  mars  \l\ik. 
Celle  année  avoit  commencé  le  20  avril. 


[14-23]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  2o5 

guerre  aux  Englez  et  aux  Bourguignons  par  pluseurs 
fois.  Et  avec  ce,  tira  grant  canlité  des  josnes  gentilz- 
horames  de  Bretaigne  avecques  luy  pour  mener  guerre 
contre  les  Englez,  dont  le  duc  de  Bcthefort,  régent , 
fut  mal  content.  Et  depuis,  pour  ceste  cause  ,  en  y  eut 
grant  guerre  sur  les  marches  deBretaigne  et  de  JaBasse- 
Normandie.  Oultre,  le  duc  de  Bourgoingne  fut  fort 
courchié  contre  son  biau-frère ,  le  conte  de  Riche- 
mont  ,  pour  ce  qu'il  s'estoit  tourné  avecques  le  roy 
Charles,  qui  estoit  son  adversaire;  mais  il  ne  l'eut 
autre. 

Item  ,  environ  ce  temps,  le  duc  de  Bethefort,  ré- 
gent, fistasségier  la  ville  de  Crotoy  ',  où  messire  Jaques 
de  Harecourt  estoit.  Et  ymist  le  siège  messire  Raoul  Le 
Boutillier%  atout  environ  mille comba tans ,  par  terre: 
et  si  en  avoitbien  cinq  cents  qui  se  tenoient  sur  la  mer, 
vers  la  fosse  de  Cayeu.  Et  y  fut  le  siège  environ  de 
quatre  à  cinq  mojs  ;  puis  messire  Jaques  de  Harecourt 
fist  traictié  par  condition  que  il  rendroit  la  ville  et  le 
chastel  à  ung  jour  que  dit  fut,  en  cas  que  le  duc  de 
Bethefort  ne  seroit  comba  tu  audit  jour^  Et  de  ce  bailla 
hostagez,  lesquelz  on  mena  en  la  ville  d'Amiens.  Et  en 
estoit  messire  Coquart  de  Camberonne  ^,  et  Jehan  de 

'  «  Environ  la  Saint- Jean-Baptiste  (24  juin  i^iZ),  fut  assiégée,  par 
mer  et  par  terre,  la  ville  et  forteresse  du  Crotoy,   par  les  Anglois.  » 

(  Mo^iSTRELET  ,    V,    57.) 

'  Raoul  Bouteillier,  chevalier  anglois.  (Saint-Remy,  YIII,  23-j  ) 
'   On  parlementa,  vers  la  fin  d'octobre  i^'io,  et  l'on  promit  de  se 

rendre  le  3  mars  de  la  même  année.  Le  traité  de  reddition  se  trouve 

dans  Monstrelet  (V,  47)- 
*  Suivant  Monstrelet  (V,  5i),    messire  Choquart  de  Cambronne 


2o6  MÉMOIRES  [1423] 

Herselaines.  Moût  fut-on  enmerveillié  de  ce  que  mes- 
slre  Jaques  rendi  si-tost  la  ville  de  Crotoy;  et  si  avoit 
eu  grant  espace  de  la  pourvoier.  Et  avec  ce  donnoit  à 
entendre  qu'il  la  tendroit  longement;  mais  il  n'en  fist 
riens. 

Quant  messire  Jaques  eut  mis  le  Crotoj  en  compo- 
sicion ,  et  qu'il  eut  baillié  hostages  de  le  rendre  au  jour, 
comme  dit  est ,  il  lessa  de  ses  gens  dedens  ,  et  s'en  alla 
pour  aller  quérir  secours  devers  le  roy  Charles,  comme 
il  donnoit  à  entendre  à  ses  gens.  Maiz  il  fist  tout  le 
contraire  ;  car  il  s'en  alla  voier  le  seigneur  de  Parte- 
nay  ',  son  bel-oncle ,  car  messire  Jaques  avoit  espousé 
la  nièche  du  seigneur  de  Partenay  et  son  droit  hoir. 
Et  le  seigneur  de  Partenay  luy  fist  grant  chière  et  grant 
honneur.  Quant  messire  Jaques  eut  esté  à  l'ostel  du 
seigneur  de  Partenay,  son  bel-oncle,  comme  dit  est, 
il  avisa  qu'il  y  avoit  une  puissante  forteresse  et  qu'elle 
luy  seroit  bonne  s'il  en  pouvoit  fîner.  Lors  il  se  pensa 
qu'il  feroit  tant  qu'il  l'airoit;  etprint  conclusion  avec 
aucuns  de  ses  gens  de  prendre  le  seigneur  de  Partenay, 
de  par  le  roy  Charles,  et  luy  oster  sa  maison.  Après 
ce  que  messire  Jaques  de  Harecourt  eut  prins  ceste 
conclusion ,  il  se  pourvei  de  gens ,  et  revint  à  Partenay 
voier  son  oncle,  lequel  luy  fist  ancoire  grant  chière, 

resta  au  Crotoy  comme  lieutenant  général  de  Jacques  de  Harcourt ,  et, 
par  conséquent,  ne  se  trouva  point  au  nombre  des  otages.  Fenin  répare, 
un  peu  plus  bas  ,  l'erreur  qu'il  commet  ici.  Peut-être  faudrait-il  lire  : 
le  frère  de  messire  Coquart ,  etc. 

'  Jean  L'Archevesque ,  sire  de  Parthenay,  cousin  de  Jacques  d'Har- 
court ,  et  grand-oncle  de  sa  femme  (La  Roque  ,  1 ,  6i8).  Voyez  ci-des- 
sus, page  100,  note  4 


[1423]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  207 

comme  il  avoit  fait  devant.  Maiz  le  seignem^  de  Par- 
tenay  avoit  esté  averti  par  aucuns  de  ses  gens  du  mal- 
vais tour  que  messire  Jaques  luy  vouloit  faire,  et  pour 
ce  pourvei  de  gens  pour  résister  à  l'encontre,  et  les 
mist  en  lieu  secret  dedens  son  chastel.  Quant  messire 
Jaques  fut  venu ,  et  qu'il  eut  fait  grant  chière  avecquez 
son  oncle  et  disné  ensemble ,  il  avoit  pluseurs  de  ses 
gens  avec  luy  et  luy  sembla  qu'il  estoit  temps  de  be- 
songnier.  Adonc  il  mist  la  main  au  seigneur  de  Par- 
tenay  et  luy  dist  :  «  Bel  oncle ,  je  vous  fais  prisonnier 
du  Roy.  »  Lors  le  seigneur  de  Partenay  lui  dist  :  ((  Biau 
nepveu,  gardés  que  vous  faites.  »  Et  messire  Jaques  dist 
qu'il  falloit  qu'il  fust  ainsy.  A  ceste  parolle  s'avanchè- 
rent  les  gens  de  messire  Jaques  pour  aidier  prendre  le 
seigneur  de  Partenay  et  aucuns  de  ses  gouverneurs  ; 
maiz  il  y  eut  ung  des  gens  au  seigneur  de  Partenay  qui 
sonna  une  petite  cloque ,  comme  ils  avoient  devisé  par 
avant ,  pour  faire  saillir  les  gens  du  seigneur  de  Par- 
tenay quant  il  seroit  heure.  Car  se  messire  Jaques 
n'eust  fait  le  premier  entreprinse  sur  le  seigneur  de 
Partenay  de  le  prendre  ,  il  ne  luy  eust  riens  meffait , 
combien  qu'il  s'estoit  garny  comme  saige.  Quant  les 
gens  du  seigneur  de  Partenay  oïrent  la  cloque,  ilz 
sceurent  bien  que  le  seigneur  avoit  à  besoingnier ,  et 
prestement  saillirent  tous  armés  sur  messire  Jaques  et 
sur  ses  gens;  et  finablement  les  tuèrent  tous.  Et  avec 
fut  tué  messire  Jaques  de  Harecourt,  combien  que 
le  seigneur  de  Partenay  luy  cuida  sauver  la  vie , 
mais  il  ne  luy  peut  sauvoir.  Ainsy  fma  messire  Jaques 
de   Harecourt    sa    vie,  donc  il  fut  peu  plaint  pour 


2o8  MÉMOIRES  [1423] 

le  malvais  tour  qu'il  voulloit  faire  au  seigneur  de  Par- 
tenaj. 

Or  dit  la  vraye  histoire  que  avec  messire  Jaques  de 
Harecourt  moururent  pluseurs  gentilz-hommes,  c'est 
assavoir  le  sire  de  Herselaines ',  Pliellpe  de  Noefville, 
Jehan  de  Caumont,  Jehan  de  Fransières'  et  pluseurs 
autres. 

Après  ce  que  ledit  messire  Jaques  fut  mort ,  messire 
Coquart  de  Camberoene,  qui  lors  estoit  son  lieutenant 
au  Crotoy ,  et  avec  luj  ses  autres  gens,  eurent  perdu 
l'espérance  d'avoir  secours,  et  plus  ne  s'y  actendoient: 
par  quoj  ilz  commencèrent  fort  à  vuider  leurs  biens. 
Et  quant  ce  vint  au  jour  qu'ilz  dévoient  livrer  la  ville 
et  forteresse  du  Crotoy,  le  duc  de  Bethefort,  régent, 
y  fut  en  sa  personne,  grandement  acompaignié;  et  là 
mena  avec  luy  messire  Pierres  deHargicourt,  Jehan  de 
Herselaines  et  le  frère  dudit  messire  Coquart,  lesquelz 
trois  estoient  hostages  pour  ledit  Crotoy  faire  rendre. 
Et  quant  ledit  duc  fut  là  venu,  on  luy  délivra  la  ville 
et  fortresse  de  Crotoy,  à  laquelle  il  ordonna  capitaine 
messire  Raul  Le  Boutlllier ,  donc  le  pays  de  Vlmeu  , 
de  Pontieu  et  d'Artois  furent  en  grant  effroy,  de  paeur 
que  les  aliances  qui  estoient  faites  entre  les  Englez  et 
le  duc  Phelipe,  ses  aliez,  ne  se  rompesissent;  car  bien 
leur  sembloit  que  s'aucunement  lesdites  aliances  se 


'  Monstrelet  dit  ,/c«7?  de  Herselane  (  V,  52).  C'étoit  sans  doute  un 
parent  de  celui  qui  avoit  été  livré  au  duc  de  Bedford  comme  otage  et 
garant  de  la  reddition  du  Crotoy. 

=■  Jehan  de  Fronsières.  (Monstrelet,  V,  5-2.) 


[1423]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  aog 

rompoient,  Englès  les  pourroieiit  moût  grever  par  le 
mojen  dudit  Crotoy. 

Item,  tous  les  habitans  qui  estoient  dedens  la  ville 
de  Crotoj  du  temps  de  messire  Jaques  furent  contrains 
de  faire  serment  aux  Englez  ;  et  ceulx  qui  point  ne 
vouloient  faire,  falloit  qu'ilz  se  partesissent  hors  de 
la  ville  :  et  mesmes  leur  ostoient  les  Englez  grant  partie 
de  leurs  biens. 

Item,  en  ce  temps  dessusdit,  eurent  lesdiz  Englez 
le  gouvernement  de  la  ville  de  One  " .  Après  ce  que  le 
duc  de  Bethefort,  régent,  eut  prins  l'obéissance  des 
places  dessus  desclariés  ,  il  fut  partout  obéy  enVimeu, 
en  Pontieu,  en  Picardie,  desy  à  Vains,  àChâlons  et  à 
Trojes,  desy  vers  l'iaue  de  Loire ,  réservé  la  conté  de 
Guise  ,  La  Fère-en-Cardenois  '  et  Nelle  ,  lesquelz  me- 
noient  forte  guerre  pour  le  roy  Charles.  Item ,  environ 
ce  temps,  messire  Jehan  de  Luxembom^g  menoit  forte 
guerre  à  la  conté  de  Guise,  et  print  par  siège  le  chastel 
de  Landonsj  ^  et  Proisi ,  lesqueles  il  fist  désoler. 

Item,  l'an  mil  quatre  cens  vingt-[  trois  ^"j,  à  la  Saint- 

'  Peut-être  Onz ,  dans  le  gouvernement  de  l'Ile-de-France.  A  cette 
époque ,  les  Anglois  étoient  maîtres  de  presque  toutes  les  villes  de  cette 
province. 

*  La  Fèrc-en-ïardenois. 

'  «  Le  dit  de  Luxembourg  alla  assiéger  Landrccies  ,  où  il  fut  jusques 
au  mois  d'octobre  (i425),  en  combattant  iceux  de  ses  engins  très  fort  ; 
mais,  en  conclusion,  ceux  de  dedans  rendirent  la  forteresse  par  tel  si , 
qu'ils  s'en  allèrent  sauf  leurs  corps  et  grand'  partie  de  leurs  biens..» 

(MOSSTKELET,   V,    45.) 

*  Le  manuscrit  porte  :  «  mil  nii^c  xxii.  »  Les  faits  dont  le  récit  va  suivre 
appartenant  tous  à  l'année  i/f^D,  nous  avons  dû  reclifier  le  texte,  altéré 


21  o  MÉMOIRES  [1423] 

Andrieu',  s'assemblèrent  pluseuis  des  gens  du  loy 
Charles  qui  se  tenolent  à  La  Fère  et  à  Nelle ,  comme 
dit  est  devant ,  et  avecquez  aucuns  de  ceux  de  Guise  ; 
et  prindient  la  ville  de  Compiengne  '  par  nuit,  à  ung 
point  du  jour.  Et  bien  estoient  quatre  cens  combatans, 
et  estoient  leurs  chiefz  ung  nommé  Yon  Du  Puis  ^, 
Gautier  de  Bronsac  ^  et  Ogelot  de  Lan  \  Quant  les 
dessusdiz  eurent  prins  la  ville  de  Compiengne,  ilz 
prindrent  dedens  messire  Lancelot  de  Fransières  ^,  qui 
en  estoit  capitaine,  le  Bègue  de  Fransières,  et  meut 
d'autres  riches  hommes  :  et  avecquez  ce,  pillèrent  tous 
les  biens  de  ladite  ville  et  y  firent  '  de  maulx. 

Item,  messire  Lyonnel  de  Bournoville,  qui  estoit  au 
ducPhelipe  de  Bourgoingne,etle  seigneur  de  Lilladam, 
assemblèrent  bien  six  cens  combatans  pour  cuider  re - 

sans  doute  par  le  copiste ,  dont  l'erreur  se  renouvelle  d'année  en  année 
jusqu'à  la  fin  des  Mémoires. 

'  Le  5o  novembre. 

»  «  En  ce  temps,  bien  pou  après  ou  devant  Nouël,  fut  reprinse 
Compiègne  par  lesArminaz.  »{ Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  96-97.) 

'  Yvon  Du  Puys,  fait  prisonnier  par  le  parti  bourguignon  à  la  ba- 
taille de  Yerneuil ,  donnée  le  17  août  1424  (Mg.nstrelet,  V,  78).  11 
vivoit  encore  en  i44o-  (Berry,  408.) 

<  Gaultier  de  Broussart  accompagnoit  Dunois,  bâtard  d'Orléans,  à 
la  reprise  de  Montargis  sur  les  Anglois,  en  i427(Monstrelet,  V,  164). 
Peut-être  est-ce  lui  que ,  dans  un  autre  endroit  (VI ,  242} ,  Monstrelet 
nomme  Gaucher  de  Boussac,  et  cite  au  nombre  des  «  vaillans  capi- 
taines françois  u  qui  s'emparèrent  de  la  ville  de  Dieppe  au  nom  du  roi 
Charles  Yli. 

*  Angelot  de  Laux.  (  Mcmsstrelet,  V,  55.) 

•*  Lancelot  de  Francières  ,  chevalier,  accompagna  le  Roi ,  en  i588  , 
dans  son  expédition  contre  le  duc  de  Gueldres.  (La  Roque,  IV,  1576.) 

'  Il  faut  probablement  lire  :  «  et  y  firent  moult  de  maulx.  » 


[1423]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  211 

prendre  la  ville  de  Compiengne  par  forche,  mais  ilz 
faillirent  à  leur  entreprlnse  ;  caries  gens  du  roy  Charles 
qui  estoient  dedens  la  defTendirent  bien  :  et  mesmes  , 
à  une  saillie  qu'ilz  firent,  prindrent  le  seigneur  de 
Sores  '  qui  estoit  au  duc  Phelipe.  Et  tant  firent  qu'il 
falut  que  le  seigneur  de  Lilladam  et  raessire  Lyonnel 
et  leui's  gens  se  deslogassent  de  Margny,  où  ilz  estoient  : 
et  s'en  allèrent  logier  h  Gournay-sur-Aronde.  Assez 
tost  après,  le  duc  de  Bethefort,  régent,  vint  à  Mon- 
didier  atout  environ  douze  cens  combatans,  et  là  pria 
au  seigneur  de  Saveuses  qu'il  vousist  aller  mectre  siège 
devant  la  ville  de  Compiengne ,  et  il  luy  bailleroit  gens 
et  paement.  Et  le  seigneur  de  Saveuses  luy  acorda  de 
y  aller,  et  assembla  tantost  ce  qu'il  peut  avoir  de  gens, 
et  s'en  alla  au  Pont-Sainte-Maissence,  dont  Robert  de 
Saveuses  %  son  frère,  estoit  capitaine.  Là  envoia  le  duc 
de  Bethefort,  régent,  le  bailly  de  Rouen,  qui  estoit 
Englez,  et  le  capitaine  de  Gisors,  nommé  Maleberi , 
atout  trois  cens  combatans  englez,  lesquelz  s'en  allè- 
rent avecquez  le  seigneur  de  Saveuses  logier  à  Vemete  ^, 
et  là  tindrent  siège  environ  quinze  jours  :  et  le  seigneur 
de  Lilladam,  messire  Lyonnel  de  Bournoville  et  le 
Bastart  de  Tian  estoient  logiés  à  l'autre  costé  de  l'iaue 
vers  Royaulieu  *.  Ainsi  fut  Compiengne  asségé,  et,  au 

'  Monstrelet  le  nomme  Soral  (V,  58). 

'  Robert  de  Saveuses,  quatrième  fils  de  Morlet,  seigneur  de  Sa- 
veuses, fut  nommé  gouverneur  de  Saint- Valéry,  en  i433;  assistait 
la  prise  de  Luxembourg ,  en  1 443,  et  mourut  quelque  temps  après. 
(La  MoRLiÈRE  ,  164.  ) 

'  Venette. 

^  Royal-Lieu. 


212  MÉMOIRES  [1423] 

bout  de  quinze  jours,  les  gens  du  roy  Charles  qui  es- 
toientdedens  rendirent  la  ville  par  cequ'ilz  s'en  yroient 
sauve  leurs  corps  et  leurs  biens.  Et  avec  ce,  eurent 
trois  sepmaines  d'issue  pour  eulx  en  aller  :  et  de  ce 
entretenir  baillèrent  bons  hostages.  Après  ce,  fut  or- 
donné le  seigneur  de  Lilladam  capitaine  de  la  ville  de 
Compiengncj  et  de  par  le  roy  Henry,  en  ce  temps,  se 
rendit  Nelle-en-Cardenois  aux  gens  au  duc  Phelipe,  et 
eut  le  seignem^  de  Croy  le  gouvernement.  Et  aussi  La 
Fèré  se  mist  en  composicion,  et  promlst  Aladin  de 
Monsay  ',  qui  en  estoit  capitaine  pour  le  roy  Charles, 
de  point  faire  de  guerre,  par  condicion  qu'il  demom^ra 
capitaine  de  ladite  Fère.  Ainsi  n'y  eut  plus  de  places 
en  riUe-de-France  ne  aux  mètes  d'entour  qui  ne  fus- 
sent en  l'obéissance  du  roy  Henry. 

Item,  en  ceste  mesmes  année,  Poton  de  Sainte- 
Traille  et  ceux  de  la  conté  de  Guise  avec  luy  prindrent 
la  ville  de  Han-sur-la-Somme  \  Mais,  au  deuxième 
jour  après  ,  messire  Jehan  de  Luxembourg  vint,  atout 
environ  autant  de  gens  comme  Poton  avoit,  et  reprinst 
la  ville  de  Han  d'assaut.  Moût  s'y  porta  messire  Jaques 
de  Luxembourg  vaillaument,  et  avec  luy  ung  nommé 
Jacotin  de  Covert,  lequel  portoit  son  estandart;  et 
fuiablemcnt  regaignèrent  la  ville.  Mais  Poton  eschapa 

'  Aiardin  de  Moussay,  «  vite  et  appert  homme  d'armes,  »  dit 
Monstrelet  (V,  281) ,  servoit  de  lances  les  cinq  seigneurs  françois  qui 
combattirent  contre  cinq  Bourguignons,  le  20  février  i43o.  Il  fut  fait 
prisonnier  par  les  Anglois  ,  en  i^'S'j,  à  la  prise  de  Fécamp.  (jMojisxRE- 
LET,  VI,  OJI.) 

*  La  ville  de  Ham  fut  prise  le  3  octobre  i423.  (Monstrelbt,  V,  55.) 


[1424]  DE  PIERRE  DE  FEMN.  2i3 

et  s'enfui  à  Guise-eii-Terrasse  '  atout  partie  de  ses  gens; 
et  les  autres  furent  mors  et  prins.  Là  y  eut  priiis  ung 
nommé  Valeran  de  Saint -Germain,  lequel  messire 
Jehan  de  Luxembourg  fist  mourir  pour  aucunes  pro- 
messes donc  le  dessusdit  luy  avoit  faillj.  Assez  tost 
après,  messire  Jehan  de  Luxembourg  mist  siège  devant 
le  chastel  de  Viége-en-Terrasse  %  et  tant  y  fut  que 
ledit  chastel  luj  fut  rendu  et  le  fist  désoler. 

En  tantque  messire  Jehan  de  Luxembourg  estoiten  la 
conté  de  Guise,  il  alla  raectre  une  embusque  assez  près 
de  la  ville  de  Guise,  où  Poton  de  Sainte-Traille  estoit 
en  garnison  ;  et  luj,  de  sa  personne,  estoit  h  ung  quart 
de  lieue  près  de  la  ville,  derrière  une  petite  capelle, 
atout  dix  ou  douze  hommes  d'armes  :  et  puis  il  envoia 
aucuns  de  ses  gens  courre  devant  la  ville.  Et  tantost 
que  Poton  ouït  l'elfroy,  il  saillj  hors,  luj,  le  sire  de 
Verduisant  ^  etl'Estandart  de  Milly  ^,  et  aucuns  de  leurs 

'  (ïuise-en-Thiérache. 

'  Wiége-ea-ïhiérache. 

'  Le  sire  de  Verduisant  fut  tué  à  la  bataille  de  Rouvray,  dite  des 
Harengs,  «  la  nuit  des  Brandons,  environ  trois  heures  après  minuit  » 
(MoNSTRELET,  Y,  209).  Lcs  Biaudons  commencent  au  premier  di- 
manche du  carême,  et  durent  toute  la  semaine  qui  suit.  En  1428,  le 
premier  dimanche  du  carême  tomba  le  i3  février,  h^ Histoire  de 
Charles  F"!!  [5o^)  donne  la  date  précise  de  la  bataille,  qui  eut  lieu 
"  environ  vespres,  le  samedy  douziesme  jour  de  février,  veille  des 
Brandons,  l'an  mil  quatre  cent  vingt-huict.  »  C'est  donc  par  erreur 
que  Jean  Charticr  (17)  place  ce  fait  en  142g. 

♦  Monstrelet  (Y,  64)  dit  de  Mail Ij. — Jean,  chevaUer,  baron  de 
Mailly,  seigneur  de  Beaufort  en  Santerre,  etc.,  surnommé  l'Étendart- 
de-Mail!y,  vivoit  encore  en  1468  (Anselme,  YIII,  655).  —  On  trouve 
dans  Saint-E.emy  (A'III,  355)  mention  d'un  combat  qui  eut  lieu  à 
Anas,  en  1429,  entre  Philibert  de  Bresy,  tenant  le  parti  du  duc  de 


2i4  MÉMOIRES  [1424] 

gens  avecquez  eux  ,  et  cachèrent  les  dessusdlz  si  avant 
qu'ilz  furent  assez  près  de  l'embusque  où  messire  Jehan 
estoit.  Et  tantost  qu'il  vit  son  point,  sailly  de  son 
.embusque ,  luy  et  ses  gens ,  et  tant  firent  que  Poton 
et  le  sire  de  Verduisant,  furent  prins.  Majs  Lyonnel 
de  Vandonne ,  qui  estoit  avec  messire  Jehan  de  Luxem- 
bourg ,  fut  féru  d'une  lance  :  et  luy  alla  le  coup  devers 
i'espaule,  donc  il  fut  afFollé  toute  sa  vie;  et  fut  l'Estan- 
dart  de  Milly  qui  le  férit. 

Item,  messire  Jehan  de  Luxembourg  fist  traitié 
depuis  avec  Poton  de  Sainte-Traille  et  le  seigneur  de 
Verduisant,  par  condicion  qu'ilz  s'en  yroient  hors  de  la 
ville  de  Guise  atout  leurs  gens  sans  y  retourner  :  et , 
par  ceste  manière ,  furent  délivrés  d'icelle  prinse,  et 
par  paiant  aucune  autre  chose.  Assez  tost  après  que  les 
deux  dessusdiz  eurent  emmené  leurs  gens  hors  de  la 
ville  de  Guise ,  messire  Jehan  de  Luxembourg  refist 
grant  mandement  et  alla  mectre  siège  devant  Guise  : 
et  tant  fîst  qu'elle  fut  asségié  tout  autour.  Avec  mes- 
sire Jehan  de  Luxembourg  estoit  messire  Thomas  de 
Rameston  ',Englès,  atout  bien  trois  cens  combatans; 
et  s'i  estoit  le  vidamme  d'Amiens,  le  seigneur  d'An- 
toing"*,  le  sire  de  Saveuses,  et  tant  qu'il  y  avoit  bien 

Bourgogne,  et  «  l'Estendart-de-Milly,  bien  vaillant  escuyer,  »  partisan 
du  roi  Charles  VII. 

'  Thomas  Rarapston,  connétable  et  capitaine  de  la  tour  de  Lon- 
dres (A.  Favyn,  1046),  chevalier,  chambellan  du  régent  (duc  de  Bed- 
ford),  capitaine  commis  et  député  par  les  rois  de  France  et  d'Angle- 
terre pour  traiter,  avec  Jean  de  Luxembourg,  de  la  reddition  de  la 
ville  de  Guise  ,  le  18  de  septembre  i4'.^4-  (Monstrelet,  V,  82.) 

'  Jean  de  Melun,  vicomte  de  Gand,  seigneur  d'Antoing,  etc., 


[1424]  DE  PIERRE  DE  FENI>\  2i5 

deux  mille  combatans  de  bonne  estofïe.  Dedens  la  ville 
de  Guise  estoit  capitaine  Jehan  de  Proissy  ','  lequel  avoit 
avec  luy  de  bonnes  gens  et  qui  bien  se  gouvernèrent 
tant  que  le  siège  y  fut  ;  mais  enfin  ilz  se  midrent 
en  composicion  et  promidrent  de  rendre  la  ville  au 
premier  jour  de  mars  l'an  mil  quatre  cens  vingl- 
[quatre]  %  et  eurent  jour  depuisla  Toussains  ou  environ 
dessj  au  jour  dessusdit.  Et  de  ce  entretenir  baillè- 
rent bons  hostages,  en  cas  que  ledit  messire  Jehan  ne 
serolt  combatu  du  roy  Charles  ou  de  ses  gens  audit  jour. 
Mais  il  ne  le  fut  point ,  et  fallut  que  ladite  ville  luy  fust 
livrée;  car  le  roy  Charles  eut  pendant  le  temps  grant 
perte  de  ses  gens,  par  quoy  il  n'y  peut  pourvoier, 
comme  en  autre  lieu  sera  plus  h  plain  desclarié. 

Alors  que  le  siège  estoit  devant  Guise,  le  duc  de  Bar 
et  le  duc  de  Lorraine  firent  grant  assemblée,  cuidans 
lever  ledit  siège;  mais  enfin  n'eurent  point  conseil 
d'aprochier  ledit  siège.  En  tant  que  messire  Jehan  de 
Luxembourg  tenoit  siège  devant  la  ville  de  Guise,  il 
ala  ung  jour  juer,  acompaignié  de  vingt  à  trente  gentis- 
hommes,  sur  les  champs ,  à  une  lieue  près  ou  environ 

conseiller  et  chambellan  du  duc  de  Bourgogne  ;  mort  le  i5  fé- 
vrier 1484. 

'  Charles  YII  le  nomma  bailli  et  gouverneur  de  Tournay  et  du  pays 
de  Tournaisis.  Il  fit  don  de  tous  ses  biens  à  Léon  de  Proisy,  son  ne- 
veu ,  l'an  1466.  (  Haudicquer  ,  ^36.) 

'  Le  manuscrit  porte  :  «  mil  1111'=  xxui.  »  Voyez  ci-dessus ,  page  209 , 
note  4-  —  Le  siège  de  Guise  dura  jusqu'à  la  mi-septembre ,  époque  à 
laquelle  les  assiégés  demandèrent  à  capituler.  Le  traité,  qu'on  trouve 
dans  Monstrelet  (V,  82),  porte  la  date  du  18  septembre  i424-  On  y 
promettoit  de  se  rendre  le  i"  mars  suivant.  Cependant  la  ville  fut  re- 
mise des  le  26  février.  (Mosstrelet,  >',  1 16.) 


316  MÉMOIRES  [1424] 

du  siège;  et  avoit  en  sa  compaignie  des  ouesiaux  de 
proie,  et  tant  qu'il  y  eut  ung  esprevier  qui  vola  après 
une  per tris,  laquelle  s'ala  mectre  en  ung  buisson  :  et  là 
y  avoit  embusquié  dix  ou  douze  brigans,  lesquelz  gai- 
toient  les  fourragiers  du  siège.  Et  quant  celluy  à  qui 
l'esprevier  estoit  le  siévy,  il  trouva  Tembusche,  et 
tantost  cria  alarme.  Lors  messire  Jehan  de  Luxembourg 
et  ses  gens  s'assemblèrent,  et  là  tuèrent  tous  les  dessus- 
diz ,  réservé  ung  qui  fut  mené  au  siège  :  et  depuis  fist 
messire  Jehan  de  Luxembourg  dréchier  ung  gibet  assez 
près  de  la  ville,  et  là  fist  mener  icelluy  pour  pendre. 
Mais  quant  le  bourrel  l'eut  fait  monter  sur  l'esquielle 
et  qu'il  geta  la  corde  dessus  le  gibet  pour  le  pendre,  il 
sailly  jus  et  s'enfui  dedens  la  ville  à  sauveté. 

Item,  messire  Jehan  de  Luxembourg  fut  depuis, 
comme  dit  est,  saesy  de  la  ville  de  Guise,  et  pareille- 
ment du  chastel  d'Irechon  '  et  de  toute  la  conté,  et  en 
joït  long-temps  paesiblement.  Et  pour  lors  tenoit  de 
moût  hautes  seignouries,  c'est  assavoir  la  conté  de 
Marie ,  celle  de  Soissons  et  Coussy  *,  qui  estoient  assez 
belles  villes  et  moût  d'autres  grans  terres  :  et  pour  ce 
temps  estoit  seigneur  moût  redouté  de  ses  anemis  plus 
que  nul  autre  tenant  le  party  au  duc  Phelipe.  Et  sy 
voulloit  bien  entretenir  ce  qu'il  prometoit  tant  à  ses 
amis  comme  à  ses  anemis. 

Item ,  en  ceste  année  que  messire  Jehan  de  Luxem- 
bourg conquist  la  conté  de  Guise ,  y  eut  pluseurs 
seigneurs  de  Picardie,  de  Santcrs  et  des  marches  au- 

•  Hirson  ou  Hérisson. 

*  Coucy. 


[1424]  DE  PIERRE  DE  FEMPi.  217 

tour,  lesquelz  firent  une  grant  rebellatlon  contre  le 
duc  Plielipe ,  et  en  espccial  contre  messlre  Jehan  de 
Luxembourg,  combien  qu'ilz  avoient  paravant  bien 
servi  le  duc  Phelipe  et  tenu  son  parti.  Mais  ilz  eurent 
voulenté  contraire,  comme  il  fut  apparant,  et  s'as- 
semblèrent grant  quantité  en  la  ville  de  Roye  en  Ver- 
mendois.  Et  là,  prindrent  ensemble  conclusion  de 
tenir  et  prendre  pluseurs  bonnes  villes  et  fortresses, 
dont  les  ungs  d'iceulx  estoient  capitaines.  Et  les  autres 
seigneurs  qui  furent  à  ceste  assemblée  furent,  des 
principaus  ,  le  seigneur  de  Longueval ,  Regnaut  '  son 
frère,  messire  Jehan  Blondel ,  le  sire  de  Maucourt, 
Perre  de  Raicourt  et  pluseurs  autres;  et  sy  y  avoit , 
de  l'acort  d'iceux,  moût  d'autres  grans  seigneurs  et 
autres  gentilz-hommes  qui  avoient  promis  d'estrc 
d'icelle  rebellacion  :  mais  depuis  ilz  s'en  tirèrent  de- 
hors et  se  excusèrent  au  mieux  qu'ilz  peurent.  Quant 
les  seigneurs  dessusdiz  eurent  fait  ceste  assemblée  à 
Roye,  comme  dit  est,  ilz  se  retrairent  chacun  en  son 
hostel,  et  estoient  en  propos  de  prendre  pluseurs 
bonnes  villes  et  fortresses  :  mais  leurs  besoingnes  ne 
vindrent  mie  à  leur  plaisir;  car  il  y  eut  aucuns  qui 
avoient  esté  à  leur  conclusion  qui  les  acusèrent ,  par 
quoy  on  en  fut  sur  sa  garde.  Et  aussi  le  roy  Charles 
perdy,  en  ce  tems,  moût  de  ses  gens  à  la  bataille  de 
Verneul,  ou  Perche,  comme  en  autre  lieu  sera  des- 

'  Renault  de  Longueval,  fait  chevalier  à  la  prise  de  Pontoise,  en 
i44i  (La  MorliÈre,  88),  étoit  seigneur  de  Thenelles  et  de  Maisons- 
lès-Ponthieu ,  chambellan  du  roi  Charles  VII,  et  bailli  d'Amiens.  Il 
mourut  en  1464   (Anselme,  III,  Q>ii.) 


ai8  MÉMOIRES  [1424] 

clarié,  donc  les  seigneurs  dessusdiz  furent  fort  rompus 
de  leurs  propos  ;  et  tant  que,  en  brief  temps  après ,  il 
falut  que  le  seigneur  de  Longueval,  Regnaut  son  frère, 
messire  Jehan  Blondel,  le  siredeMaucourt  et  tous  leurs 
aliez,  s'enfuissent  hors  du  pays.  Et  tantost  après  fu- 
rent apellés  à  ban ,  de  par  le  roy  Henry,  et  finable- 
ment  furent  tous  banys,  eux  et  leurs  coraplisses,  et 
toutes  leurs  terres  prinses  et  confisquées  au  Roy.  Et 
depuis  fut  le  sire  de  Maucourt  prins  par  maistre  Robert 
Le  Josne ,  baillif  d'Amiens  ,  et  eut  le  dit  sire  de  Mau- 
court la  teste  copée  dedens  la  Aille  d'Amiens.  Quant  les 
seigneurs  devant  nommez  virent  qu'ilz  estoient  banis 
du  pays  et,  avec  ce,  qu'ilz  avoient  perdu  leurs  terres, 
ilz  commencèrent  fort  à  mener  guerre  contre  le  roy 
Henry  et  le  duc  Phelipe,  et  venoient  souvent  au  pays 
de  Biauvoisins  et  de  Santers  prendre  prisonniers  se- 
grètement;  par  espécial  Pierres  de  Raicourt  y  estoit 
moût  crému  des  gens  du  pays.  Maiz  enfin  il  fut  prins 
à  Ansainviller  %  vers  Breteul,  d'un  nommé  Raoul  de 
Gaucourt  %  lequel  le  livra  à  messire  Jehan  de  Luxem- 
bourg :  et  depuis  fut  mené  à  Paris,  et  là  fut  esquartelé. 
Après ,  fut  Regnaut  de  Longueval  prins  par  les  gens 
de  messire  Jehan  de  Luxembourg,  et  mené  à  Biauvoir, 
où  il  fut  long-temps  prisonnier;  mais,  par  la  priaire 
de  la  femme  ^  de  messire  Jehan  de  Luxembourg  et  par 
ses  autres  bons  amis ,  fut  délivré ,  et  eut  sa  paix  par 
tout  le  parti  au  duc  Phelipe. 

'  Ansauvillers-en-Chaussée. 

'  Voyez  ci-dessus,  page  29,  note  1. 

^  Voyez  ci-dessus,  page  -^9 ,  note  4- 


[1424]  DE  PIERRE  DE  FEMN.  219 

Ainsi  furent  pluseurs  seigneurs  des  pays  dessus 
desclaiiiés  troublés,  et  s'excusoient  dlsans  que  ceste 
volenté  leur  estoit  venue  parce  que  messire  Jehan  de 
Luxembourg  les  vouloit  trop  corregier,  et  aussi  qu'il 
leur  faisoit  mengier  par  ses  gens  leurs  villes  et  leurs 
gardes.  Et  si  avoit  eu  tousjours  ung  peu  d'envie  sur  le 
sire  de  Longueval  depuis  le  siège  de  Roye.  Car  quant 
les  doffinois,  qui  avoient  sauf-conduit  de  messire  Jehan 
de  Luxembourg,  se  partirent  de  la  ville,  ilz  furent 
destroussez,  comme  dit  est  ',  des  Englez;  et  sy  y  avoit 
des  gens  du  sire  de  Longueval  et  du  seigneur  de  Croy 
pluseurs,  donc  messire  Jehan  de  Luxembourg  se  cour- 
cha  gi^andement ,  pour  ce  qu'ilz  avoient  rompu  son 
sauf-conduit,  et  manda  aux  seigneurs  dessusdiz  qu'ilz 
luy  envoyassent  leurs  gens  pour  les  pugnir,  ou  si  non 
il  les  yroit  requerre  en  leurs  logis.  Et  adonc  dist  le 
seigneur  de  Longueval  que  s'il  alloit  pour  les  prendre, 
et  on  le  vouloit  croire,  on  le  turoit  s'il  n'estoit  le  plus 
fort  :  et  depuis  fut  cette  parolle  dite  à  messire  Jehan 
de  Luxembourg ,  par  quoy  il  fut  long  -  temps  mal 
content  du  seigneur  de  Longueval. 

Item,  l'an  mil  quatre  cens  vingt-[quatre]  %  les 
gens  du  roy  Henry  asségèrent  le  chastel  d'Ivry  ^,  sur 
les  marches  de  Normandie ,  et  tant  furent  devant  que 
les  gens  du  roy  Charles  qui  estoient  dcdens  se  midrent 

'  Voyez  ci-dessus  ,  page  122. 

*  Le  manuscrit  porte  :  «  niil  iiii"  xxiii.  »  Voyez  ci-dessus,  page  209, 
note  4- 

'  Environ  le  mois  de  juin  ,  selon  Monstrelct  (V,  68),  ou  à  Icntrcc 
de  juillet,  suivant  le  Journal  iVun  bourgeois  de  Paris  (97). 


220  MÉMOIRES  [1424] 

en  composicion  '  et  baillèrent  hostages  de  rendre  la 
place  à  ung  jour  qui  dit  fut ,  en  cas  que  les  Englez  ne 
seroient  combatus  audit  jour.  Et  sur  ce  point  en- 
Yoièrent  devers  le  roy  Charles  et  son  conseil  qu'ilz  y 
pourveissent.  Et  quant  le  roy  Charles  sceut  la  vérité, 
il  fist  moût  grande  assemblée  pour  estre  au  jour  des- 
susdit ;  et  pareillement  le  duc  de  Bethefort,  régent, 
assembla  toute  sa  puissance  qu'il  avoit  en  Norman- 
die et  ailleurs  pour  combatre  le  roy  Charles.  Et  alla 
ledit  de  Bethefort,  régent,  vers  Yvry  pour  trouver 
ses  anemis;  et  quant  vint  au  jour  que  Yvry  se  devoit 
rendre,  le  roy  Charles  et  ses  gens  seurent  les  nou- 
velles que  le  duc  de  Bethefort  alloit  à  grant  puissance 
contre  eux  pour  les  combatre .  Lorsque  le  roy  Charles 
sceut  véritablement  que  le  duc  de  Bethefort  alloit  con- 
tre luy  à  sy  grant  puissance,  il  eut  conseil  de  luy 
retraire,  et  s'en  alla  vers  Verneul,  ou  Perche.  Et 
quant  le  duc  de  Bethefort,  régent,  sceut  que  le  roy 
Charles  se  retraioit,  il  tira  après,  atout  sa  puissance, 
et  tant  poursievi  le  roy  Charles,  qu'il  trouva  sa  puis- 
sance assez  près  de  Verneul  :  et  tantost  que  les  ostz 
apercheurent  l'un  l'autre,  ilz  se  midrent  en  grant  or- 
donnance^ et  firent  les  Englez  derrière  leur  bataille 
une  haie  de  leurs  chevaux  tous  loiés  ensemble ,  afïin 
que  les  gens  du  roy  Charles  ne  peussent  férir  sur  eulx 
à  cheval  par  derrière.  Et  pareillement  les  gens  du  roy 

•  «  Le  capitaine  dudit  lieu  d'Ywy,  leqviel  estoit  gascon,  nommé  Gi- 
raultdeLa  Palière  »  (J.  Chartikb,  8),  promit  de  livrer  la  forteresse  la 
nuit  de    l'Assomption  Notre-Dame  (  i5  août)'  142/f.  (  Monstrelet, 

V,  680 


[1424]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  221 

Charles  se  midrent  en  ordonnance ,  et  firent  une  grosse 
bataille  à  pie,  où  ilz  mirent  toute  la  fleur  de  leurs 
gens  :  et  avrcquez  ce,  ordonnèrent  de  leurs  gens  à  che- 
nal pour  férir  Englez  de  travers.  Après  toutes  ces  or- 
donnances ainsy  faites,  ilz  assemblèrent  en  bataille 
toutes  les  deux  parties  à  pie.  Là  y  eut  fière  bataille  de 
tous  costés ,  et  dura  bien  la  besoingne  deux  heures 
avant  que  on  sceust  laquelle  partie  airoit  victore;  mais 
enfin  les  gens  du  roy  Charles  se  rompirent ,  et  puis 
les  Englez  se  comraenchèrent  fort  à  eux  bouter  de- 
dens  :  et  tant  firent  qu'ilz  furent  mis  en  desroy  et  tous 
desconfîs. 

A  ceste  besoingne  mourut  la  plus  grant  partie  de 
toute  la  gentillesse  du  roy  Charles.  Là  mourut  le 
conte  de  Jouglas  ' ,  et  le  conte  de  Bouscans  ' ,  qui  es- 
toient  du  pais  d'Escosse ,  et  avecquez  eulx  tous  leurs 
gens  et  moût  d'autres  grans  seigneurs  de  France.  Et 
si  fut  le  duc  d'Ailenchon  ^  prins  et  pluseurs  autres  , 

■  Archibald  ou  Arcliambault ,  comte  de  Douglas.  Nommé  duc  de 
Touraine  par  le  roi  Charles  YII,  il  prêta  serment  de  fidélité  le  19 
avril  1423,  avant  Pâques.  (Rapin-Thotras  ,  lY,  197;  Du  Tillet  , 
II,  235.) 

'  Le  comte  de  Buchara,  fds  de  Robert,  duc  d'Albanie,  régent 
d'Ecosse ,  et  cousin  germain  de  Jacques  I",  roi  d'Ecosse ,  étoit  conné- 
table de  France.  La  dignité  lui  en  fut  conférée  par  le  Dauphin  ,  après  la 
bataille  de  Baugé  (Rapin-Thoyras,  IV,  181).  11  étoit  gendre  du  comte 
de  Douglas.  (Idem,  ibid.,  197.) 

'  Jean  II,  duc  d'Alençon,  pair  de  France ,  né  le  1  mars  1409.  Con- 
damné à  mort,  le  18  juillet  1474?  il  mourut  deux  ans  après,  étant 
sorti  delà  prison  du  Louvre  (Anselme,  I,  270).  Suivant  la  Chronique 
des  comtes  et  ducs  d'Alençon  (fol.  i3G,  recto),  la  sentence  de  mort  ne 


0.-X1  MÉMOIRES  [1424] 

tant  que  le  roj  Charles  y  perdy  bien  quatre  mille 
combatans,  que  mors  que  prins  ,  tous  gens  de  fait.  A 
ceste  journée  se  porta  le  duc  de  Bethefort,  régent, 
moût  \aillaument  de  sa  personne,  et  corabatoit  d'une 
hache  tant  raidement  qu'il  eut  le  los  de  bien  comba- 
tre  sur  tous  les  autres.  Et  aussi  le  conte  de  Salsebrj 
et  le  conte  de  SufFort  '  s'y  gouAcrnèrent  moût  hau- 
tement ayec  le  duc  de  Bethefort,  régent.  Et  y  avoit 
pluseurs  seigneurs  de  Normandie  qui  paravant  ceste 
journée  avoient  tenu  le  parti  des  Englez,  mais  à  ce 
jour  se  tournèrent  contre  eulx,  et  bien  cuidoient  que 
Englez  deussent  estre  tous  desconfiz.  Et  en  fut  mon- 
seigneur de  Coursy  ''  et  pluseurs  autres. 

Vérité  est  que  le  conseil  du  roy  Charles  ne  veut 
oncquez  souffrir  qu'il  fust  en  sa  persone  en  nulle  ba-- 
taille;  et  quant  ilz  atendoient  d'avoir  aucune  journée, 
ilz  envoioient  tousjours  leur  Roy  en  aucune  bonne 
ville,  donc  ilz  firent  par  pluseurs  fois  grantscens;  car, 
pour  ce  qu'ilz  perdirent  pluseurs  journées,  leur  Roy 
eust  esté  mort  ou  prins ,  s'il  y  eust  esté,  par  cjuoy  leur 
querelle  eust  peu  estre  du  tout  mise  au  néant. 

Item,  pour  ceste  bataille,  qui  fut  perdue  l'an  mil 

fut  point  exécutée;  «  maiz  fut  ledit  duc  délaissé  eu  ladite  prison  du 
Louvre,  où,  après  aulcun  temps,  il  rendit  Gnablement  son  esprit  à  Dieu, 
et  fut  inhumé  au  couvent  des  Jacobins,  à  Paris,  en  l'église  dudit 
lieu.  » 

*  William  de  La  Pôle,  comte,  marquis,  puis  duc  de  Suffblk,  comte 
de  Pembroke ,  fut  décapité  dans  la  rade  de  Douvres ,  le  2  ou  5  mai 

1429.  (W.   DudDALE,  II,    186-89.) 

*  Le  seigneur  de  Choisy.  (Monstrei.kt,  V,  80.) 


[14Î4]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  228 

quatre  cens  vingt-[quatre]  ',  environ  la  Saint-Remy  % 
devant  Verneul ,  ou  Perche,  pour  le  roy  Charles,  fut 
le  dit  roy  Charles  grandement  atarglé  de  reconquerre 
son  royaume  ;  car ,  comme  il  est  en  autre  lieu  des- 
clarié  ^ ,  il  avoit  perdu  foison  de  ses  gens  à  la  bataille 
de  Carvens,  et  sy  en  perdit  moût  audit  Verneul.  Et 
par  ce  fut  long  temps ,  delà  en  avant ,  que  les  gens  du 
roy  Charles  ne  faisoient  que  perdre ,  et  point  ne  se 
trouvoient  puissans  pour  combatre  les  Englez  :  et 
avoient  moult  à  faire  les  dessusdiz  à  garder  leurs  pla- 
ces contre  lesdiz  Englez. 

Il  est  vérité  que  ,  après  ce  que  le  duc  deBethefort, 
régent,  eut  gaignié  la  bataille  de  Verneul  et  du  tout 
desconfit  ses  anemis,  il  merchia  Dieu  de  la  victore- 

■  Le  manuscrit  porte  :  «  mil  uucc  xxiii.  »  Voyez  ci-dessus,  page  209, 
note  4- 

'  Le  premier  octobre.  —  La  bataille  de  Yerneuil  fut  donnée  le  17 
août  14^4  (MossTRELET  ,  Y,  ^3  ;  Journal  d'un  ùouj-geois  de  Paris,  gg; 
Perckval  de  Caig.w,  fol.  86,  recto).  C'est  aux  éditeui-s  de  Monstrelet , 
sans  doute,  et  non  pas  à  ce  chroniqueur,  que  l'on  doit  imputer  l'in- 
advertance par  suite  de  laquelle  une  date  différente,  celle  du  6  août, 
est  assignée  au  même  événement,  dans  un  autre  endroit  (V,  76). 
Saint-Remy  (YIII,  241)  commet  une  double  erreur,  en  disant  que 
-«  cette  bataille  fut  ung  jeudy  vingt-cinquiesme  jour  à^avril,  l'an  mil 
quatre  cent  vingt-quatre.  »  1°.  Le  20  avril  tomboitun  mardi,  en  1424; 
et  20.  nous  venons  de  voir  que  la  bataille  eut  lieu  le  17  août.  Mais  peut- 
être  encore  faut-il  absoudre  Saint-Remy  de  la  faute  que  contient  ce 
passage ,  et  ne  l'attribuer  qu'à  l'inattention  du  copiste  ou  de  l'éditeur.- 
Nous  sommes  d'autant  plus  portée  à  adopter  ce  parti ,  qu'après  avoir 
parlé,  un  peu  plus  haut  (25g),  de  la  prise  d'Ivry,  qui  se  rendit  le  i5 
août  1424,  Saint-Remy  ajoute  que  le  duc  de  Bedford  se  mit  à  la  pour- 
suite de  ses  ennemis ,  et  les  trouva  «  assez  près  de  Verneuil ,  rangiés 
en  une  bataille.  » 

'  Yoyez  ci-dessus,  page  igS. 


23.4  MÉMOIRES  [1424] 

qu'il  luj  avolt  envoie  ;  et  tantost  après  retourna  en 
Normandie,  et  là  fist  fort  pugnir  aucuns  Normans  qui 
s'en  estoient  fuis  de  la  bataille  dessusdite.  Et  puis 
■<^s'en  râla  h  Paris  où  il  trouva  le  duc  Phelipe  de  Bour- 
goingne,  son  biau-frcre,  qui  grant  joie  luy  fist  et  à 
sa  seur  la  Régente  qui  là  estoit;  et  pareillement  fist 
le  duc  de  Bethefort,  régent,  grant  honneur  à  son 
biau-frère  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne. 

En  ce  temps  y  eut  à  Paris  fait  une  grant  feste  à 
l'ostel  d'Artois  ;  car  le  duc  Phelipe  maria  messire  Je- 
han de  La  Trimoulle,  seigneur  de  Jouvelle  %  à  la  seur 

'  Jean  de  La  Trémoille,  seigneur  de  Jonvelle,  grand  maître-d'hô- 
tel et  cliambellan  des  ducs  Jean  et  Philippe  de  Bourgogne ,  épousa  , 
par  traité  du  17  juillet  1^-2^,  Jacqueline  d'Aniboise ,  fille  d'Ingerger 
d'Araboise,  seigneur  de  Rochecorbon,  et  mourut  avant  le  y  mai  i449 
(Anselme,  IV,  164).  Monstrelet  (V,  gS)  nous  apprend  que,  quelques 
jours  après  la  Toussaint  (1424)?  "  le  duc  de  Bourgogne  fit,  en  son 
liostel  d'Artois,  à  ses  propres  dépens,  les  noces  de  messire  Jean  de 
La  ïrimouille ,  seigneur  de  Jonvelles ,  et  de  la  demoiselle  de  Roche- 
baron  ,  sœur  au  seigneur  d'Amboise  ; auxquelles  noces  furent ,  » 

outre  les  personnes  nommées  par  Fenin,  «  la  Reine  (Isabelle),  la 
duchesse  de  Bedford,  la  comtesse  de  Salsebery,  le  seigneur  d' Es- 
table,  etc.  »  Salazard  (  IV,  gS)  écrit  aussi  Rochebaron. 

On  lit  dans  \e  Journal  d' un  bourgeois  de  Paris  (lO'i)  :  «  Ou  moys  de 
novembre  (i424)  fi^t  marié  le  sire  de  ToulongioTi,  en  l'ostel  du  duc 
de  Bourgogne,  qui  estoit  frère  au  seigneur  de  La  Trimouille,  lequel 
y  vint  par  sauf-conduit;  et  si  fut  marié  le  sire  de  l'Esquales,  An- 
gloys,  etc.»  Il  ne  paroît  point,  d'après  le  P.  Anselme,  qu'aucun 
membre  de  la  famille  de  La  Trémoille  ait  possédé  la  seigneurie  de 
Toulongeon ,  et  nous  pensons  que  c'est  par  inadvertance  que  l'éditeur 
ànA\t  Journal  écrit  ce  dernier  nom  au  lieu  de  celui  de  La  Trémoille. 
Georges  de  La  Trémoille ,  frère  aîné  de  celui  qui  fait  l'objet  de  la  pré- 
sente note,  tenoit  le  parti  du  roi  Charles  VII,  et  dut  en  effet  avoir 
besoin  d'un  sauf-conduit  pour  venir  à  Paris  assister  aux  noces  de  son 


[1424]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  2-5 

du  seigneur  d'Anvoise ,  et  fist  ledit  duc  icelle  feste  à 

ses  despens.  Là  y  eut  de  moût  notable  seignourie,  c'est 

assavoir  le  duc  de  Betheforl ,  régent ,  le  conte  de  Sal- 

sebry,  le  conte  de  Suflbrt;  et  si  y  estoit  la  royne  de 

France,  mère  au  roy  Charles,  la  régente,  seurauduc 

Phelipe ,  laquelle  estoit  pour  le  temps  tenue  pour  la 

plus  gaillarde  de  toutes  autres  dames  ;  et  avecquez  ce 

la  contesse  de  Salsebri  ',  qui  estoit  moût  belle  dame,-h  ^ôi«>^C*uii^ 

et  pluseurs  aultres  en  y  avoit  assez  notables.  Là  fist-on 

moût  notables  festes  de  joustes  et  de  dances  ;  et  y  jousta 

le  duc  de  Bethefort,  régent,  qui  oncquez-mais  n'avoit 

jousté. 

Item,  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne  estoit  pour  ce 
temps  moult  resmeu,  et  estoit  de  sa  personne  très 
abille  en  toutes  choses  donc  il  se  vouloit  mesler,  et 
par  espécial  de  dancer  et  de  bien  jouster,  passoit  tous 
ceulx  de  son  hostel.  Et  avec  ce  estoit  fort  amoureux 
sur  les  dames ,  et  mesmes  à  ceste  feste  fut  amoureux 
de  la  contesse  de  Salsebri,  qui  moût  estoit  belle, 
comme  dit  est  devant ,  et  tant  qu'il  y  eut  aucunes  pa- 
rolles  portées  vers  elle  de  par  le  duc  ;  mais  ilz  n'abor- 
dèrent point  ensemble.  Et  depuis  en  ouy  le  conte  de 
Salsebri  les  nouvelles,  donc  il  sceut  très  malvais  gré 
au  duc  Phelipe;  et,  pour  ceste  cause,  le  contendi  à 
grever  depuis,  comme  cy  après  sera  plus  à  plain  devisé. 

Après  ceste  feste  faite  à  Paris,  comme  dit  est,  le  duc 

frère.  Nous  remarquerons  encore  que,  dans  le  récit  de  Monstrelet,  le 
seigneur  d'Etable  (Esquales)  est  cité  comme  présent  au  mariage  de 
Jean  de  La  Trémoille ,  sans  qu'il  soit  parlé  du  sien  propre. 
'  \oyez  ci-dessus,  page  197,  note  2. 

l5 


0.26  MÉMOIRES  [1424] 

Phelipes  s'en  alla  en  son  pays  de  Bourgoingne,  et  là 
prinst  à  femme  la  ducesse  de  Nevers  ',  qui  avoit  eu 
parafant  espousé  le  duc  de  Nevers,  oncle  audit  Phe- 
lipe  et  frère  au  duc  Jehan  de  Bourgoingne  :  et  en  avoit 
eu  icelluy  duc  des  enfans  \  Et  si  estoit  icelle  dame 
demie  seur  à  Charles  de  Bourbon  ^,  et  par  ainsi  fut  la 
seconde  femme  que  le  duc  Phelipe  eut  espousée  ;  mais, 
depuis  qu'elle  fut  famé  au  duc  Phelipe,  elle  ne  vesqui 
que  ung  an  après  ou  environ ,  et  si  n'en  eut  nul  en- 
fant. Moût  estoit  dame  de  sainte  vie,  et  qui  bien  ser- 
voit  Dieu  et  l'Église,  et  avec  ce  ne  portoit point  d'es- 
tat  sur  son  chief,  comment  autres  dames  à  elle  pareilles  : 
et  pour  ce  qu'elle  estoit  si  humble,  furent  moût  de 
gens  courchiés  de  sa  mort.  Et  si  contendoit  fort  à 
mectre  la  paix  entre  le  roi  Charles  et  le  duc  Phelipe 
son  mary. 

En  ceste  mesme  année,  donna  le  duc  Phelipe  de 
Bourgoingne  sa  seur  ^  maisnée  h  Charles  de  Bourbon, 

'  Bonne  d'Artois,  fille  aînée  de  Philippe  d'Artois,  comte  d'Eu,  et 
de  Marie  de  Berry,  veuve  de  Philippe  de  Bourgogne,  comte  de  Ne- 
vers, tué  à  la  bataille  d'Azincourt.  Elle  mourut  à  Dijon,  en  i^iS 
(Anselme,  I,  25i),le  i5  septembre  (Salazard,  IV,  io8).  La  dispense 
accordée  par  le  pape  Martin  V,  pour  ce  mariage,  est  datée  du  25  sep- 
tembre 1^1^.  [Ibid.,  Preuves,  xxxviii.) 

''  Charles  de  Bourgogne ,  comte  de  Nevers ,  qui  mourut  vers  la  fin 
de  mai  1 464  ;  et  Jean  de  Bourgogne ,  comte  de  Nevers ,  né  à  Clamecy 
le  i5  octobre  i4t5 ,  le  jour  même  de  la  mort  de  son  père.  Il  mourut 
à  Nevers. 

'  Charles ,  duc  de  Bourbon  et  d'Auvergne ,  comte  de  Clermont , 
mort  le  4  décembre  i456.  Il  étoit  fils  de  Jean,  duc  de  Bourbon,  et  de 
Mai'ie  de  Berry,  et,  par  conséquent ,  frère  utérin  de  Bonne  d'Artois. 

*  Agnès  de  Bourgogne,  morte  à  Moulins,  le  1"  décembre  1476. 


[1424]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  227 

conte  de  Cleremont  '.  et  la  nommoit-011  Agnès;  donc 
Je  duc  de  Bethefort  fut  fort  courchié ,  et  pluseurs  au- 
tres Englez,  de  ce  que  le  duc  Phelipes  fist  ceste  aliance 
à  leurs  anemis  sans  leur  acort;  mais  ilz  ne  l'eurent 
autre.  En  ce  temps,  et  par  pluseurs  fois,  fut  le  duc 
Phelipe  moût  requis  de  faire  paix  au  roy  Charles,  et 
alloit  le  sire  de  La  Trimoulle  ',  qui  estoit  au  roy 
Charles,  souvent  devers  le  duc  Phelipe.  Et  moût  luy 
faisoit  le  roy  Charles  offrir  de  grans  amendemens  au 
duc  Phelipe  pour  la  mort  de  son  père;  mais  le  duc 
Phelipe  ne  veut  point  atendre  pour  ceste  fois  ,  donc  le 
roy  Charles  et  son  conseil  estoient  très  courchiés,  et 
bien  leur  sembloit  que  s'ilz  eussent  eu  la  paix,  ils  eus- 
sent remis  les  Englès  hors  de  France. 

En  l'an  mil  quatre  cens  vingt  -  cpiatre ,  commen- 
cha  gi'ant  guerre  en  païs  de  Hainaut,  pour  ce  que  la 
ducesse  de  Hainau,  nommée  Jaqueline  %  laquelle  es- 

'  Le  mariage,  arrêté  dès  le  i5  février  1424  (D.  Plancher,  III, 
Preuves,  cccxii),  fut  célébré  le  17  septembre  1425.  (Anselme,  I,  5o5.) 

"  Georges,  seigneur  rie  La  Tréiuoille,  comte  de  Guignes,  grand 
chambellan  de  France,  premier  ministre  d'état  du  roi  Charles  YII  ; 
mort  le  6  mai  i446. 

^  Jacqueline  de  Bavière,  comtesse  de  Hainaut  et  de  Hollande  ,  fille 
unique  de  Guillaume  de  Bavière ,  lY'  du  nom ,  et  de  Marguerite  de 
Bourgogne;  veuve  de  Jean,  dauphin,  fils  de  Charles  YI  ;  remariée, 
en  1417?  à  Jean  de  Bourgogne,  duc  de  Brabant,  son  cousin  germain. 
En  1422,  elle  s'enfuit  en  Angleterre,  d'où  elle  envoya  solliciter  à  Rome 
la  cassation  de  son  mariage ,  sous  prétexte  de  parenté.  Le  duc  ,  de  son 
côté,  y  députa  Jean  de  Gavre,  évèque  de  Cambray,  pour  défendre  sa 
cause  ;  mais ,  sans  attendre  la  décision ,  Jacqueline  se  remaria ,  en  1 425, 
avec  la  permission  de  l'anti-pape  Benoît  XIII ,  à  Humfroy,  duc  de  Glo- 
rester,  frère  du  roi   d'Angleterre  Henri  Y.  La  validité  du  second 


228  MÉMOIRES  [1424] 

toit  fille  au  duc  Guillaume  de  Hainau ,  oncle  au  duc 
Phelipe  de  Bourgoingne ,  et  si  estoit  fille  de  la  seur  au 
duc  Jehan  de  Bourgoingne,  et  par  ce  estoit  cousine 
germaine  deux  fois  au  duc  Phelipe  lors  vivant ,  et  avoit 
icelle  ducesse  Jaqueline  espousé  le  duc  Jehan  de  Bre- 
bant,  cousin  germain  au  duc  Phelipe,  et  enparavant 
avoit  eu  espousé  le  conte  de  Pontieu ,  filz  au  roy 
Charles-le-bien-Amé,  et  frère  aisné  au  roy  Charles  qui 
lors  estoit  vivant;  mais  non  obstant  que  pour  lors  elle 
eust  espousé  le  duc  Jehan  de  Brebant,  si  fut-elle  four- 
traite  du  pais  de  Hainau  par  le  sire  de  Robesart ,  et  me-  - 
née  en  Engleterre  devers  le  duc  de  Clocestre  ',  frère 
au  duc  deBethefort,  régent;  et  là  espousa  ladite  dame 
Jaqueline  le  duc  de  Clocestre.  Et  par  ainsi  eut  la  du- 
cesse Jaqueline  deux  maris  vivans,  c'est  assavoir  le 
duc  Jehan  de  Brebant,  et  le  duc  de  Clocestre  devant 
dit  :  lequelle  chose  sembla  moût  estrange  et  mal  rai- 
sonnable contre  Dieu  et  le  monde,  et  sainte  Église;  car 
elle  avoit  esté  bien  de  quatre  à  cinq  ans  en  la  compai- 
gnie  du  duc  Jehan  de  Breubant.  Maiz  il  y  avoit  eu  au- 
cun discort  entre  eulx ,  par  quoy  ladite  ducesse  s'es- 
toit  partie  d'avecquez  luy  et  venue  en  son  pais  de 
Henau. 

mariage  ayant  été  prononcée  par  le  pape,  en  1426,  Humfroy  la  quitta 
pour  en  épouser  une  autre.  Le  duc  de  Brabant  étant  mort,  le  17  avril 
1427,  Jacqueline  se  remaria  de  nouveau  à  François  de  Borselle  ,  comte 
d'Ostervant.  Elle  mourut  le  8  octobre  i456. 

'  Humphroy,  duc  de  Glocester,  seigneur  de  Pembrokc ,  quatrième 
fils  de  Henri  IV,  fut  accusé  d'avoir  soustrait  à  la  peine  capitale  plu- 
sieurs i^ersonnes,  condamnées  par  les  lois  du  pays.  Le  lendemain  de 


[1424]  DE  PIERRE  DE  FExMN.  229 

Après  ce  que  le  duc  de  Clocestre  eut  espousé  la  du- 
cesse  Jaqueline^  comme  dit  est,  et  qu'ilz  eurent  fait 
graiit  feste  entre  eux  en  Engleterre  bien  ung  moys, 
lors  fist  le  duc  de  Clocestre  grant  assemblée  pour  aller 
prendre  la  pocession  du  pays  de  Henau,  qui  estoit  à 
sa  femme,  atout  bien  douze  cens  combatans,  tous  En- 
glez ,  et  la  ducesse  en  sa  compaignie.  El  s'en  alla  de 
Calais  droit  passer  emprès  Lens  en  Artois  ',  et  de  là 
en  Ilenau.  Et  pourpassa  ledit  duc  parmy  les  pays  au 
duc  Phelipe  de  Bourgoingne  sans  faire  nul  desroy,  si 
non  prendre  des  vivres  tout  paisiblement.  Quant  le 
duc  de  Clocestre  et  la  ducesse  Jaqueline  furent  venus 
en  pays  de  Hainau,  il  y  eut  pluseurs  bonnes  villes  et 
fortraisses  du  pais  qui  obéirent  à  eulx,  et  les  autres  ne 
y  obéirent  point.  Et  aussi  pareillement  y  eut  pluseurs 
des  nobles  du  païs  dessusdit  qui  se  retrairent  vers  le 
duc  Jehan  deBrebant,  leur  premier  seigneur,  et  les 
autres  allèrent  devers  le  duc  de  Clocestre  et  la  ducesse 
Jaqueline;  par  ainsi  fut  le  pays  de  Henau  moût  fort 
devisé  et  mis  en  voie  de  destruction. 

Après  toutes  ces  choses  ainsi  advenues ,  les  nou- 
velles en  furent  portées  au  duc  Phelipe  de  Bourgoin- 
gne, lequel  estoit  pour  le  temps  en  son  païzde  Bour- 
goingne, donc  il  fut  très  mal  content  pour  le  malvais 
tour  que  on  avoit  fait  au  duc  Jehan  de  Brebant,  son 
cousin  germain ,  et,  avec  ce,  du  déshonneur  de  la  du- 
cesse Jaqueline,   sa  cousine  germaine  deux  fois,  et 

son  arrcstatioQ  ,  il  fut  trouvé  mort  dans  sou  lit.  Ce  fut  le  dernier  joui' 
de  février  1446.  (W.  Ducdale,  III,  198-99.) 

'  Vers  la  fin  de  novembre  i424-  (Mo.nstrelet,  Y,  94.) 


23o  MÉMOIRES  [1424] 

moût  en  sceut  malvais  gré  au  duc  de  Clocestre  et  à 
ceulx  qui  ce  luy  avoient  conseilllé. 

Tantost  que  le  duc  Phellpe  sceut  les  nouvelles  de- 
vant dites ,  et  qu'il  fut  venu  à  sa  congnoissance  que 
le  duc  de  Clocestre  '  au  pays  de  Henau,  lors  il  en- 
voia  pluseurs  de  ses  capitaines  devers  le  duc  de  Breu- 
hant,  son  cousin  ;  et  y  alla  le  sire  de  Croy  %  le  sire  de 
Lilladam  et  messire  Andrieu  de  Vallines  %  atout  bien 
douze  cens  combatans  picars,  pour  aller  contre  le  duc 
de  Clocestre. 

Item,  le  duc  Jehan  de  Brebant  estoit  homme  de 
povre  complection  de  sa  personne ,  et  avec  ce  n' estoit 
mie  gouverné  comme  à  tel  seigneur  apartenoit.  Et 
pour  ce ,  fut  ordonné  par  le  conseil  de  Brebant  que 
Phelipe,  son  frère  maisné,  conte  de  Saint-Pol  ^,  seroit 
meneur  et  chief  de  la  guerre  pour  son  frère  contre  le 
duc  de  Clocestre.  Et  se  mist  ledit  conte  de  Saint-Pol 
sur  les  champs,  à  grant  puissance,  pour  aller  contre 
ledit  duc  de  Clocestre.  Et  moût  avoit  le  conte  de 
Saint-Pol  grant  cantité  de  gens  avec  luy;  car  il  avoit 
la  plus  grant  partie  des  nobles  de  Breubant,  et  si  avoit 
bien  douze  cens  combatans  des  gens  au  duc  Phelipe  de 

'  Il  faut  sans  doute  lire  :  «  que  le  duc  de  Clocestre  estoit  au  pays 
de  Henau.  » 

*  Antoine,  seigneur  de  Croy,  de  Renty,  etc. ,  surnommé  le  Grand, 
premier  chambellan  de  Philippe-le-Bon,  duc  de  Bourgogne ,  et  son 
])rincipal  ministre  d'état.  Mort  en  i^'jS. 

'  André  de  \alins,  chevalier,  conseiller,  chambeUan  de  Philippe, 
duc  de  Bourgogne  (La  Barre,  II,  208);  mort  à  la  balaille  de  Bra- 
wershaven  (le  i3  janvier  1420).  (Monstrelet  ,  V,  i430 

*  Voyez  ci-dessus  ,  page  57,  uote  2. 


[1425]  DE  PIERRE  DE  FE^d^.  23 1 

Bourgoingnc;  et  si  avoit  i*rant  partie  des  gentis- 
hommes  de  Henan  ;  et  si  avoit  giant  quantité  des  com- 
muns du  pays  de  Brebant,  et  tant  que  en  la  compai- 
gnie  du  conte  Phelipe  de  Saint-Pol  avoit  bien ,  tant 
nobles  comme  gens  de  communs ,  cinquante  mille 
combatans.  Avec  le  conte  de  Saint-Pol  estoit  Pierre 
de  Luxembourg,  conte  de  Conversen,  son  cousin 
proMcliain ,  lequel  estoit  conduisseur  de  l'ost,  et  fai- 
soil  ledit  conte  de  Saint-Pol  tout  par  son  conseil;  car 
ledit  conte  de  Saint-Pol  estoit  alors  bien  jounc  de 


Item ,  le  duc  de  Clocestre  avoit  rais  de  ses  gens  en 
garnison  à  Braine-le-Conte,  en  Henau  ;  et  là  laisoieut 
forte  guerre  au  païs  d'entour.  Mais  le  conte  de  Saint- 
Pol  et  le  conte  de  Conversent  y  allèrent  mectre  siège, 
et  ilz  furent  bien  douze  jours  avant  que  ceux  qui  es- 
toient  dedens  se  vousissent  rendre  :  et  enfin  ilz  se  ren- 
dirent par  ce  qu'ilz  s'en  yroient  sauve  lem^s  corps  et 
leurs  biens.  Maiz  nonobstant  quelque  promesse  que  ou 
leur  eust  fait,  si  en  tuèrent  les  communs  devant  diz^ 
et  h  grant  paine  les  sauvèrent  les  deux  contes  que  tous 
ne  furent  tuez  :  de  quoy  ilz  furent  moût  courchiés  du 
desroy  que  icelles  communes  y  firent.  Après  ce  que  la 
ville  de  Braine  fut  rendue,  comme  dit  est,  au  conte 
de  Saint-Pol,  il  la  fist  abatre  et  du  tout  désoler;  et 
puis  après  semist  aux  champs,  atout  sa  puissance,  qui 
moût  estoit  grande.  Et  les  gens  du  duc  de  Clocestre  se 
mirent  pareillement  aux  champs,  et  tant,  que  les 
-courreurs  des  deux  parties  furent  près  l'un  de  l'autre, 
et  en  y  eut  de  mors  et  de  prins  de  checune  partie; 


232  MÉMOIRES  [1425J 

mais  les  batailles  ne  assemblèrent  point ,  et  si  fiirent 
grande  espasse  l'un  devant  l'autre.  Ce  jour,  y  eutgrant 
partie  des  communs  qui  estoient  avec  le  conte  de 
Saint-Pol  qui  se  mirent  en  desroy,  et  s'enfuirent  de 
sy  en  Brebant,  donc  le  conte  leur  sceut  moût  raalvais 
gré;  maiz  il  ne  le  povoit  avoir  autre. 

Item,  le  duc  de  Clocestre  avoit  paravant  envoie  son 
hiraut  devers  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne ,  et  luy 
escript  par  ses  lettres  comme  il  estoit  faulx ,  traître  et 
desloyal  vers  le  roy  de  France  et  d'Engleterre,  et,  avec 
ce,  qu'il  avoit  failly  de  la  promesse  qu'il  avoit  faite  aux 
Englez ,  et  pluseurs  autres  injures  luy  manda  '  :  et  fut 
en  partie  pour  ce  que  le  duc  Phelipe  avoit  envoie  ses 
gens  contre  luy  en  l'aide  du  duc  Jehan  de  Brebant.  Et 
sy  luy  escript  avec  ce  que  il  le  combatroit  de  sa  per- 
sonne, et  luy  feroit  gehir  de  sa  coi'ge  la  desloyauté 
qu'il  avoit  fait.  A  quoy  le  duc  Phelipe  respondy  '  bien 
et  grandement  par  bon  conseil ,  et  pfFri  à  mectre  sou 
corps  en  bataille  contre  le  duc  de  Clocestre ,  disant 
([ue  oncquez  n'avoit  failly  de  nulle  promesse  qu'il  eut 
fait,  mais  soustendroit  que  le  duc  de  Clocestre  avoit 

'  Des  deux  lettres  adressées  au  duc  de  Bourgogne  par  le  duc  de 
Glocester,  et  toutes  deux  conservées  par  Monstrelet  (Y,  98  et  108), 
la  première  est  datée  de  Mons,  le  12  janvier  1424?  et  la  seconde  de 
Soignies ,  le  16  mars  de  la  même  année.  Saint-Remy  les  rapporte  éga- 
lement (YIII,  25 1  et  258),  mais  il  donne  à  la  première  la  date  du 
~22  janvier. 

'  Les  deux  léponses  du  duc  de  Bourgogne  se  trouvent  dans  Mons- 
trelet (V,  101  et  109);  l'une  porte  la  date  du  5  mars  i4'^45  l'autre  n'en 
a  point.  La  première  seulement  se  voit  dans  Saint-Remy  (VIII,  254)  > 
qui  la  date  du  12  mars. 


[1425]  DE  PIERRE  DE  FEiNIN.  233 

malvaise  querelle  et  dampnalle  de  avoir*  osté  au  duc 
Jehan  de  Brebaiit  sa  femme,  et  que  cestoit  contre 
l'ordonnance  de  Dieu  et  de  sainte  Église  ;  et  aussi 
d'aucunes  autres  paroUes  que  le  duc  de  Clocestre  avoit 
dit  contre  l'onneur  du  duc  Phelipe ,  et  le  desmentoit. 
Et  finablement,  tant  aprouchèrent  les  deux  dessusdlz 
de  parolles  envoies  par  lettres  l'un  devers  l'autre, 
qu'ils  prindrent  jour  de  combatre  l'un  contre  l'autre. 
Et  esleut  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne  à  juge  l'em- 
pereur d'Alllemengne  '. 

Item ,  sur  ce  propos  envoia  le  duc  Phelipe  de  Bour- 
goingne sauf-conduit  au  duc  de  Clocestre  en  Henau, 
affin  qu'il  s'en  peust  aller  seurement  en  Engleterre 
poiu-  faire  ses  ablllemens  à  combatre  contre  le  duc 
Phelipe.  Et  furent  aportés  les  nouvelles  au  conte  de 
Saint  '  dudit  sauf-conduit  droit  au  jour  qu'ilz  furent 
en  bataille  contre  le  duc  de  Clocestre.  Et  là  dist  ung 
hiraut ,  de  par  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne ,  au 
conte  de  Saint-Pol  et  au  conte  de  Conversen ,  comme 
il  y  avoit  jour  prlns  des  deux  ducz  devant  diz  pour 
combatre  eulx  deux  ensemble  :  et  si  leur  dist  comme 
le  duc  Phelipe  leur  faisoit  sçavoir  qu'il  avoit  donné 
sauf-conduit  au  dit  duc  de  Clocestre,  et  leur  prioit 
que  on  le  laissast  raller  paesiblement  en  Engleterre 
pour  faire  ses  ablllemens.  Mais,  nonobstant  que  le  duc 
de  Clocestre ,  et  aussi  le  conte  de  Saint-Pol  et  le  conte 
de  Conversen  sceurent  bien  ces  nouvelles ,  si  furent-ilz 
depuis  long-temps  en  bataille  l'un  devant  l'autre,  cha- 

'  Sigismond,  mort  le  9  décembre  i!(S-]. 
'  11  faut  proI)ablcnicnl  lire  Saint-Po/. 


234  MÉMOIRES  [1425] 

cuii  contendant  que  sa  partie  se  partesist  premier  du 
champ  :  et  tant  y  furent,  qu'il  falut  que  chacun  s'en 
alast ,  pour  la  nuit  qui  estoit  \enue.  Et  se  retrait  le  duc 
de  Clocestre  à  Mons  en  Henau ,  où  la  duchesse  Jaque- 
line  estoit,  et  là luy  donna  à  entendre  qu'il  avoitgrant 
voulenté  de  combatre  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne, 
et  si  luy  dist  moût  d'autres  choses  desquelles  il  ne  luy 
tinst  riens;  car,  dedens  quatre  jours  après,  il  se  parti_ 
du  païs  de  Henau  atoutes  ses  gens ,  et  laissa  la  ducesse 
sa  femme  en  la  ville  de  Mons,  petitement  acompaignié, 
si  non  des  gens  de  son  pays.  Ainsi  s'en  ralla  le  duc  de 
Clocestre  en  Engleterre  ',  et  paissa  par  les  pais  au  duc 
Phelipe  tout  paysiblement,  sans  souffrir  que  ses  gens 
faissent  nul  desroy  :  et  aussi  ledit  duc  avoit  sauf-con- 
duit, pour  lui  et  pour  tous  ses  gens,  du  duc  Phelipe  de 
Bourgoingne,  et  avoit  ledit  Phelipe  bien  fait  deffendre 
par  tous  ses  pays  que  on  ne  maiffaisit  riens  audit  duc 
de  Clocestre,  ne  à  ses  gens. 

Item,  le  duc  de  Clocestre  eut  conseil  de  requérir  le 
duc  Phelipe  de  Bourgoingne ,  par  la  manière  devant 
dite,  affin  de  trouver  manière  pour  luy  en  raller  du 
pais  de  Henau  seurement  :  et,  quelque  semblant  qu'il 
faisist  de  voulloir  combatre  le  duc  Phelipe,  sy  n'en 
avoit-il  mie  grant  voulenté,  mais  doubtoit  très  fort  la 
puissance  du  duc  Phelipe  et  celle  du  conte  de  Saint- 
Pol,  que  par  eux  ne  fust  rué  juz  audit  pays  de  Henau. 

Assez  tost  après  que  le  duc  de  Clocestre  se  fut  parti 
du  païs  de  Hénau,  comme  dit  est,  et  que  la  ducesse  Ja- 

■  il  y  aiiiva  vers  le  mois  (Voctobrc  i4i5.  (i\AiMi\-Tiioïr,A.s,  IV,  2i5.) 


[1425]  DE  PIERRE  DE  FEMN.  235 

queline  fut  demeurée  en  la  ville  de  Mons ,  lors  envoia 
le  duc  Phelipe  aux  gouverneurs  de  ladite  ville,  et  leur 
manda  qu'ilz  gardassent  bien  que  la  duchesse  Jaque- 
line  ne  se  partesist  de  leur  ville,  et  qu'ilz  luy  en  ren- 
dissent bon  compte,  ou  si  non  il  les  courcheroit.  Et 
ainsi  firent-il,  car  ilz  furent  contemps  que  la  duchesse 
Jaqueline  fust  mise  es  mains  du  duc  Phelipe  de  Bour- 
goingne.  Et  l'envoia  après  quérir  le  duc  Phelipe  par  le 
sire  de  Lilladam  en  la  ville  de  INIons ,  et  puis  fut  menée 
à  Gant.  Et  là  firent  le  duc  Phelipe  et  elle  grantjoye 
l'un  à  l'autre,  et  promist  la  duchesse  d'elle  soy  gou- 
verner, de  là  en  avant,  par  le  conseil  au  duc  Phelipe  : 
et  point  ne  voulloit  raller  devers  le  duc  Jehan  de  Bre- 
bant,  sonmary.  Mais,  quelque  semblant  qu'elle  mons- 
trast,  si  avoit-elle  autre  pensée,  comme  il  fut  depuis 
aparant;  car,  quant  elle  vit  son  point,  elle  s'embla 
secrètement  et  s'en  alla  en  son  pays  de  Hollande,  où 
elle  fut  grandement  recheue  d'aucuns  seigneurs  du 
pays ,  et  fort  se  commencha  à  elle  garder  et  garnir  de 
gens  contre  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne.  Et  avec  ce 
envoya  devers  le  duc  de  Clocestre  aflin  qu'il  luy  en- 
voiast  secours  de  gens ,  lequel  duc  luy  envoia  le  sei- 
gneur de  Filonastre  ',  et  mille  combatans  englez,  ou 
environ. 

Item,  le  duc  Phelipe  fut  très  mal  content  quant  il 
sceut  que  la  ducesse  Jaqueline  s'estoit  ainsi  enblée  de 
la  ville  de  Gant  et  ralée  en  son  pais  de  Hollande ,  et 

'  Walter,  lord  Fitz  Walter,  fait  prisonnier  à  la  bataille  de  Baugé, 
en  1420.  11  servit  dans  la  plupart  des  expéditions  contre  la  France,  et 
mourut  vers  1402.  (W.  Dvgdale,  I,  i-iô.) 


236  MÉMOIRES  [i425] 

doubla  moût  qu'elle  ne  vousist  mectre  ledit  pays  aux 
mains  du  duc  de  Clocestre,  son  mary.  Et  affin  de  y  ré- 
sister, le  duc  Phelipe  fist  grant  assemblée  de  gens,  et 
s'en  alla  en  Hollande  pour  mectre  le  païs  en  son  obéis- 
sance. Et  quant  le  dit  Phelipe  vint  pour  descendre  au 
dit  païs,  les  gens  de  la  ducesse  Jaqueline,  acompalgniés 
de  pluseurs  des  nobles  du  païs,  vourent  deffendre  ledit 
païs  contre  le  dit  duc  Phelipe  de  Bourgoingne;  maiz 
nonobstant  quelque  deffence  que  les  HoUandois  et  En- 
glez  feissent_,  le  duc  Phelipe,  qui  estoit  prince  de  grant 
vaillance,  descendi  audit  païs.  Là  assemblèrent  bataille 
assez  près  de  la  ville  de  Broussalles ,  c'est  assavoir  le 
duc  Phelipe  et  ses  gens  contre  Englez  et  Hollandoys 
tenans  le  parti  de  la  ducesse  Jaqueline ,  et  y  fut  fière 
bataille  de  tous  costés.  Maiz  enfin,  Englez  et  HoUan- 
dois furent  tous  desconfiz  et  mis  en  desroy,  et  en  mou- 
rut sur  la  place  environ  de  sept  à  huit  cens,  sans  ceux 
qui  furent  prisonniers.  A  ceste  besongne  s'enfui  le 
seigneur  de  Filonastre,  qui  est  capitaine  des  Englez, 
que  le  duc  de  Clocestre  avoit  envoyé  en  l'aide  de  la 
ducesse  Jaqueline. 

Item ,  le  duc  Phelipe  perdi  en  ceste  journée  de  ses 
gens  ung  vaillant  chevallier,  nommé  messire  Andrieu 
de  Vaillines,  et  ung  escuier  de  son  hostel,  nommé  Ro- 
bert de  Brimeu  ",  donc  ledit  duc  fut  fort  courchié;  et 

■  '  La  Barre  a  omis  de  comprendre  Robert  de  Brimeu  au  nombre  des 
officiers  et  domestiques  de  la  maison  de  Philippe-le-Bon.  Le  duc  de 
Bourgogne  l'envoya,  en  1420,  ainsi  que  d'autres  seigneurs,  «  au  pays 
d'Auxerrois,  pour  mettre  en  robéissancc  du  Pioi  aucunes  forteresses 
que  tenoient  les  gens  du  Dauphin,  »  (Monstkelet,  IV,  235) 


[1425]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  237 

poy  y  perdi  autres  gens  de  nom.  Et  fut  ceste  bataille 
faite  assez  près  de  Brousselles  ,  comme  dit  est,  et  fut 
en  l'an  mil  quatre  cens  et  [vingt-cinq]  '.  Tantost  après 
toutes  ces  choses  ainsi  faites,  le  ducPhelipe  laissa  grant 
cantité  de  ses  gens  es  bonnes  villes  du  païz  de  Hollande 
pour  résister  contre  les  gens  de  la  ducesse  Jaqueline, 
laquelle  se  tenoit  en  la  ville  de  la  Gande  %  et  faisoit 
mener  forte  guerre  aux  gens  du  duc  Phelipe,  lequel 
s'en  vint  en  son  pays  de  Flandres  et  d'Artois  pour 
faire  faire  ses  abillemens  pour  combalre  le  duc  de  Clo- 
cestre.  Et  fist  forgier  h  Hedin  la  plus  grant  partie  du 
liarnaiz  qu'il  falloit  pour  son  corps  armer.  Moût  fist 
le  duc  Phelipe  faire  de  riches  abillemens  pour  soy 
adouber,  et  estoit  fort  désirant  de  soy  trouver  en 
champ  contre  ledit  duc  de  Clocestre.  Et  bien  luy  sem- 
bloit  qu'il  avoit  vraye  querelle  ,  par  quoy  il  en  estoit 
plus  asseuréj  et  avec  ce  estoit  vaillant  de  sa  personne 
autant  que  nul  autre  prince.  Et  pareillement  fist  le 
duc  de  Clocestre  faire  en  Engleterre  ses  abillemens 
pour  combatre  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne  ,  et  fai- 
soit grant  semblant  d'en  estre  joyeux. 

Item ,  le  duc  de  Bethefort ,  régent ,  et  frère  au  duc 
de  Clocestre ,  qui  avoit  espousé  la  seur  au  duc  Phelipe 
de  Bourgoingne,  estoit  fort  courchié  de  la  discention 
qui  estoit  entre  son  frère  le  duc  de  Clocestre  et  son 

'  Le  manuscrit  porte  :  «  mil  iiiiccet  xiiii.»  Voyez  ci-dessus,  page  20g, 

note  4-  —  La  bataille  de    Bravvershaven  fut  donnée,    selon  Meycr 

_(fol.  269,  verso),  le  i3  janvier  i425  :  «  Sic  pugnatum  idibus  januarii , 

quando  feviœ  surit  divi  Hilarii  episcopi.  »  Saia^ard  (IV,  1 16}  place  cet 

événement  au  lendemain ,  14. 

'  Goude. 


238  MÉMOIRES  [i425] 

serouge  le  duc  Phelipe ,  et  pour  ce  il  mist  grant  paine 
de  mectre  la  paix  eiitr'eulx.  Et  aussi  le  conseil  du  jouiie 
roj  Henry  en  estoit  mal  content  ;  et  leur  sembloit  que, 
par  le  moyen  de  tels  débas,  se  pourroit  le  duc  Phelipe 
esîongier  d'eux,  par  quoy  leurs  Lesoingnes  en  vau- 
droient  de  piz  en  France  en  toutes  manières. 

En  ceste  mesmes  saison  que  le  duc  Phelipe  de  Bour- 
goingne  fut  au  païs  de  Hollande  pour  combatre  les 
Englez  et  Holiandois,  comme  en  autre  lieu  est  descla- 
rié,  passa  le  duc  de  Bethefortpour  allerde  ParisàCalais', 
et  avec  luy  la  duchesse  sa  femme,  seur  au  duc  Phelipe. 
Et  point  n'avoit  le  dit  duc  plus  de  quatre  à  cinq  cens 
combatans  en  sa  compaignie,  et  alloit  en  Engleterre 
à  intencion  de  mectre  la  paix  entre  le  duc  de  Clocestre, 
son  frère,  et  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne,  son  se- 
rouge. 

Quant  le  duc  de  Bethefort ,  régent ,  fut  venu  en  En- 
gleterre', il  ledenga  moût  son  frère  le  duc  de  Cloces- 
tre, pour  la  guerre  qu'il  avoit  prins  contre  le  duc  Phe- 
lipe de  Bourgoingne,  et  luy  monstra,  par  pluseurs  fois, 
le  grant  mal  qu'il  povoit  advenir  par  le  moyen  d'icelle 
guerre  :  et  que  se  tel  chose  s'enlretenoit  le  josneroy 
Henry  seroit  en  péril  de  perdre  grant  partie  de  la  con- 

'  ■  Le  duc  de  Bedford,  sa  femme  et  à  peu  près  cinq  cents  combattants, 
partirent  de  Paris  environ  le  mois  de  décembre  (14^5)  (Monstrelet, 
V,  i4o).  Le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (io8)  précise  la  date  de 
leur  départ ,  en  disant  qu'ils  quittèrent  Paris  <f  le  jour  S.  Éloy ,  premier 
jour  de  décembre  1426;  »  c'est  une  erreur,  quant  à  l'année,  comme 
nous  le  prouverons  plus  bas. 

'  Il  y  arriva  le  20  décembre  (i425)  (Rapin-Thovras,  IV,  216),  et 
nonXe  no  octobre ,  comme  le  dit  Salazard  (IV,  to8). 


[1426]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  ^39 

queste  que  ses  prédécesseurs  avoient  fait  en  France,  et 
qu'il  y  avoit  moût  de  grans  seigneurs ,  et  aussi  des 
bonnes  villes  et  fortresses,  qui  tenoient  le  parti  dudit 
roj  Henrj  seulement  pour  l'amour  du  duc  Phelipe.  Et 
fniahlement  fist  le  dit  duc  de  Bethefort,  régent,  tant 
que  l'armée  que  le  duc  de  Clocestre  assembloit  pour 
mener  guerre  au  duc  Phelipe  fut  rompue;  car  pour 
vray  le  duc  de  Clocestre  fist  de  grans  aliances  en  Engle- 
terrepour  icelle  besoingne  fournir.  Et  mesme  le  conte 
de  Salseberi  s'en  râla  en  haste  de  France  en  Engleterre 
pour  aidier  au  duc  de  Clocestre  à  maintenir  sa  guerre 
contre  le  duc  Phelipe  de  Bourgoingne.  Et  estoit  le  dit 
conte  de  Salsebery  fort  convoiteux  de  grever  le  dit  duc 
Phelipe,  pour  la  hayne  qu'il  avoit  à  luy  de  la  contessesa 
femme  que  le  dit  duc  de  Phelipe  avoit  requise  d'amours, 
comme  en  autre  lieu  est  dit';  mais,  quelque  machine- 
ment  que  le  duc  de  Clocestre  et  ses  aliez  eussent  fais  en 
Engleterre,  si  fut  tout  rompu  par  le  duc  de  Bethefort, 
régent;  et  aussy  la  journée  que  les  deux  ducz  dessus  dits 
avoient  prinse  pour  combatre  l'un  l'autre  fut  ralongié. 
Et  assez  tosl  après  retourna  le  duc  de  Bethefort ,  régent, 
et  sa  femme  la  ducesse,  du  pays  d' Engleterre  en  France  '. 

'  Voyez  ci-dessus,  page  aaS. 

'  <'  En  icelui  an  (1426),  après  que  le  duc  de  Bedfort  eut  séjourné 
en  Angleterre  par  l'espace  de  sept  à  huit  mois ,  avec  sa  femme  et  trois 
mille  combattans  s'en  alla  à  Calais ,  et  de  là  à  Paris  »  (  Monstrelet, 
V,  147)-  A  ce  compte  ,  le  retour  du  duc  de  Bedford  auroit  eu  lieu  vers 
le  mois  de  juillet  1426.  Le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris ,  après 
avoir,  comme  on  l'a  vu  dans  une  note  précédente ,  placé  le  départ  de 
ce  prince  au  1"  décembre  1426,  dit  qu'il  rentra  dans  Paris  le  5  avril 
de  la  même  année,  «  à  ung  sabmedy,  vigille  du  dimanche  perdu  (di- 


a4o  MÉMOIRES  [1427] 

Et  vint  ledit  duc  à  Hedin  ',  où  il  trouva  le  duc  Phe- 
lipe  de  Bourgoingne,  son  serouge,  lequel  luy  fist 
grant  chière  et  à  sa  seur  la  ducesse  ;  et  là ,  après  ce 
que  les  deux  ducz  eurent  fait  grant  chière  l'un  à  l'autre, 
lors  pria  moût  le  duc  de  Bethefort,  régent,  au  duc 
Phelipe  qu'il  vousist  mectre  du  tout  jus  la  jornée  et 
discention  qui  estoient  entre  luy  et  son  frère  le  duc  de 
Clocestre,  et  qu'il  feroit  tant  que  le  dit  duc  de  Cloces- 
tre  ne  prendroit  plus  riens  sur  luy  ne  sur  chose  qui  à  luy 
apartenist.  De  quoy  le  duc  Phelipe  respondy  au  duc  de 
Bethefort,  régent,  qu'il  ne  luy  faisoit  mie  requeste 
raisonnable ,  et  que  ce  seroit  grandement  contre  son 
honneur  s'il  metoit  juz  icelle  journée,  veu  la  grant  dés- 
honneur et  injures  que  le  duc  de  Clocestre  luy  avoit 
mandé  par  ses  lettres,  lesquelles  n'estoient  point  véri- 
tables. Et  moût  se  complaingnoit  le  duc  Phelipe  au  duc 
de  Bethefort,  régent,  des  déshonneurs  que  le  duc  de 
Clocestre  luy  avoit  fait  et  mandé;  et  si  luy  dist  que  les 
choses  estoient  trop  avant,  et  que  bonnement  il  ne  se 
povoit  faire  que  on  ne  veist  lequel  airoit  meilleur  que- 
relle. Et  pour  vray  le  duc  Phelipe  estoit  très  désirant 
de  soy  trouver  en  champ  contre  le  dit  duc  de  Clo- 
cestre, comme  dit  est  ailleurs. 

A  ceste  assemblée,  qui  fut  à  Hedin,  estoit  Jehan 

manche  de  la  Passion) ,  »  étant  «  demoré  en  Angleterre  seize  nioys  )> 
(io8).  Il  résulte  de  ce  passage  que  ce  fut  en  décembre  i425,  et  non 
en  1426,  que  le  duc  de  Bedford  quitta  Paris.  Suivant  Rapin-Thoyras 
(  IV,  5 1 4),  il  demeura  en  Angleteri'e  pendant  toute  l'année  1426. 

'  «  A  celluy  jour  se  party  le  Régent,  pour  aller  devers  le  duc  de 
Bourgogne,  qui  fut  le  vingt-sixiesme  jour  de  may  1427.  »  (Journal 
d'un  bourgeois  de  Paris,  109.) 


[1427]  DE  PIERRE  DE  FENIN.  241 

(le  Luxembourg,  bastart  de  Saint-Pol  %  et  ung  nommé 
Drieu  de  Humières  *,  lesquelz  deux  portolent  chacun 
sur  son  braz  une  petite  rieulle  en  manière  d'un  roj  de 
soleil  ^  ;  et  la  portoient  disant  que  s'il  estoit  nul  Englez 
qui  Touslst  dire  que  le  duc  de  Clocestre  eust  mileur 
querelle  pour  la  guerre  qui  fut  en  Henau  que  le  duc 
Jehan  de  Brebant,  si  leur  despendesist  ladite  rieulle, 
et  ilz  combatroient  yceulz  sur  la  querelle  devant  dite'*. 

'  Jean,  dit  Hennequin,  bâtard  de  Saint-Pol,  seigneur  de  Haut- 
bourdin,  Gis  de  \aleian  de  Luxembourg,  III'  du  nom,  comte  de 
Saint-Pol;  légitimé  le  i g  février  i456.  3Iorten  \^66. 

'  Drieu,  sire  d'Humières,  de  Bouzinccurt,  de  Yaux-lès-Boulen- 
court  et  de  Humereulcs.  Le  père  Anselme  suit  sa  trace  jusqu'en  i4'24 
(VIII,  276).  Monstrelet  (V,  12g)  attribue  le  fait  dont  parle  Fenia 
à  Andrieu ,  fils  du  précédent,  chevalier  de  l'Ordre  de  la  Toison-d'Or, 
lequel  mourut  le  21  novembre  i458.  —  Drieu  de  Humiers,  écuyer, 
s'étant  rendu  coupable  de  meurtre  sur  la  personne  de  Pierre  Le  Par- 
mentier,  dit  Mastant,  obtint  lettres  de  rémission,  données  à  Paris, 
par  le  roi  Henri  M ,  au  mois  de  mai  1424 ,  en  considération  de  ce  que 
ledit  Drieu  «  a  tousjours  esté,  disent  les  lettres,  de  bonne  vie,  re- 
nommée et  honneste  conversacion ,  sans  avoir  esté  reprins  ne  con- 
vaincu d'autre  villain  blasme  ou  reproche,  et  que  ledit  escuïer  et  ses 
prédécesseurs  ont  bien  et  loyaument  servi  à  feu  nostre  très  chier  sei- 
gneur et  ayeul  le  roi  Charles,  derrenier  trespassé,  et  notre  très  chier 
et  très  amé  oncle  le  duc  de  Bourgogne ,  et  encore  nous  sert  en  chacun 
jour  en  noz  guerres  et  autrement.  »  (Tkésor  des  Chartes,  Registre 
coté  vin"xii.  Pièce  Soj.) 

^  «  Portoient  chacun  sur  son  bras  dextre  une  rondelle  d'argent,  où 
il  y  avoit  peint  une  raye  de  soleil.  «  (31on.strelet,  V,  12g.) 

*  Selon  Monstrelet  (Y,  128),  le  duc  de  Bedford  et  sa  femme  allè- 
rent voir  lé  duc  de  Bourgogne  ,  une  première  fois  ,  le  2g  juin  i425, 
avant  leur  voyage  pour  l'Angleterre  ;  et  une  seconde  {Ihid.,  i^'j),  au 
retour  de  ce  même  voyage,  en  1426.  L'anecdote  que  raconte  ici  Fenin 
est  rapportée  par  Monstrelet,  à  l'occasion  de  la  première  visite  faite, 
en  1420  ,  par  le  duc  et  la  duchesse  de  Bedford.  Feniu ,  en  la  plaçant 
Cl*  «427,  semble  commettre  une  erreur  de  date. 

16 


242  MÉMOIRES  DE  PIERRE  DE  FENIN.         [1427J 

Pour  ceste  besoingne  eut  ledit  bastart  parolles,  présent 
le  duc  de  Bethefort,  régent,  et  luy  vouloit  ledit  duc 
faire  despendre  par  ung  de  ses  gens ,  pour  ce  que  on 
luy  avoit  donné  à  entendre  que  jceulx  la  portoient 
pour  vouloir  combatre  tous  Engîès  qui  la  \oudroient 
despendre,  sans  autre  querelle;  mais  quant  le  duc  de 
Bethefort,  régent,  fut  adverti  de  la  querelle  pourquoy 
ilz  la  portoient ,  il  s'en  souffrj  atant. 

Quant  le  duc  de  Bethefort,  régent,  et  la  ducesse  sa 
femme  eurent  séjourné  cinq  ou  six  jours  àHedin,  et 
que  le  duc  Phelipe  leur  eut  fait  grant  chière,  comme 
dit  est  devant,  lors  il  s'en  alla  à  Paris,  où  il  séjourna 
long-temps  :  et  depuis  fut  tant  traitié  par  le  mojen 
du  dit  duc  de  Bethefort,  régent,  que  la  journée  qui 
estoit  entre  le  duc  de  Clocestre  et  le  duc  Phelipe  de 
Bourgoingne  fut  mise  du  tout  au  néant.  Maiz  nonob- 
stant quelque  traitié  qui  fust  entre  eulx,  si  n'aymoient- 
ilz  mie  l'un  l'autre. 


FIN    DES    MEMOIRES    DE    PIERRE    DE    FENIN. 


APPENDICE 


Nous  rassemblons  ,  sous  le  titre  â! Appendice ,  quelques  docu- 
ments qui  se  rattachent  soit  axix  faits  énoncés  dans  les  Mémoires 
de  Fenin,  soit  aux  personnages  dont  il  y  est  fait  mention.  L'éten- 
due de  quelques  unes  de  ces  pièces  n'a  point  permis  de  les  placer 
en  notes  après  le  récit  des  événements  auxquels  elles  se  rapportent  ; 
les  autres  ne  sont  pas  venues  à  notre  connoissance  en  temps  utile. 

Ces  divers  renseignements  sont  classés  suivant  l'ordre  qui  leur 
auroit  été  assigné  dans  les  Mémoires  de  Fenin  si  nous  avions  pu 
les  y  comprendre ,  et  nous  avons  indiqué  en  tête  de  chacun  d'eux 
à  quel  passage  il  sert  d'éclaircissement ,  comme  aussi  la  page  ovi  se 
trouve  rapporté  le  fait  éclairci. 


APPENDICE. 


Page  13,  ligne  3. 

A  ceste  journée  se  porta  le  duc  Jean  de  sa  personne  grande- 
ment, et  messire  Jacques  de  Courte- Jambe,  qui  portoit  la  bannière 
au  duc  Jean ,  y  fut  A'aillant  chevalier  et  moult  bien  s'y  porta. 

Par  lettres  du  lo  décembre  1424?  le  roi  Henri  VI 
donna  h  Jacques  de  Courtiambles,  chevalier,  seigneur 
de  Commarien,  en  récompense  des  bons  et  agréables 
services  à  lui  rendus ,  et  au  feu  roi  Charles  VI ,  par  le 
dit  de  Courtiambles,  tous  les  biens  confisqués  sur  Jehan 
de  Brie,  dit  Sorent,  a  jusques  à  la  valeur  de  cinquante 
livres  parisis  de  rente  ou  revenue  par  an.  »  (Trésor 
DES  Chartes,  Registre  coté  viii^^  xiii,  Pièce  ôg.) 

II. 

Page  49,  ligne  1. 

Et  depuis  Jaques  de  Brimeu  escapa. 

Jacques  de  Brimeu  servoit  sous  les  ordres  du  duc  de 
Bourgogne,  en  1417?  lorsque  ce  prince  passa  la  revue 
de  son  armée,  entre  Pontoise  et  Meulan  (Monstre- 
LET,  IV,  54).  Nommé  chevalier  de  l'Ordre  de  la  Toison- 
d'Or  dès  la  première  promotion ,  il  est  qualifié  a  sei- 


246  APPENDICE, 

gneur  de  Grigiij  »  (Ide3i,  V,  278);  assiste,  en  14^0, 
comme  ce  maréchal  de  l'ost,  »  au  siège  de  Compiègne, 
dirigé  par  Jean  de  Luxembourg  (Idem,  ibid.,  5ii); 
et  à  celui  du  Crotoj,  en  1457.  (Ide3I,  VI,  369.) 

III. 

Page  71,  ligne  13. 


Le  bastart  de  T 


ion. 


«  Charles,  etc., pour  considéracion  des  grans  etaggréa- 
bles  services  à  Nous  rendus  par  Jehan,  bastart  de  Thien, 
chevalier,  capitaine  de  Senlis,  ou  fait  de  nos  guerres 
comme  autrement,  et  à  récompensacion  des  pertes  et 
dommaiges  qu'il  a  eues  et  soustenues  pour  le  fait  et  oc- 
casion des  dites  guerres,  et  mesmement  à  cause  de  ce 
qu'il  a  esté  nagaires  prins  et  détenu  prisonnier  par  noz 
ennemis  et  adversaires  par  longue  espace  de  temps ,  — 
à  icellui  Jehan,  bastart  de  Thien,  avons  donné — 
l'ostel  nommé  Monchy-le-Vieilz,  qui  fut  et  appartint 
à  feu  Guillaume  Le  Bouteillier,  chevalier,  et  Marie  de 
Sermoise,  jadis  sa  femme,  avec  cccc  livres  parisis  de 

rente  annuelle  et  perpétuelle Donné  à  Senlis,  ou 

mois  de  juillet,  mil  iiiicet  xxii.»  '  (Trésor  des  Char- 
tes, Registre  coté  viii"  xii.  Pièce  126.) 

'  Cet  acte  est  mentionné  par  Godefroy,  page  797  de  son  Histoire  de 
Charles  FI. 


APPENDICE.  247 

IV. 

Page  73,  ligne  15. 


Ferry  de  Mailly. 


Par  lettres  données  h  Amiens,  au  mois  d'avril  1425 , 
après  Pâques,  le  roi  Henri  VI  donna  «  à  Colard  de 
Mallli,  chevalier,  seigneur  de  Blangy-sur-Somme ,  et 
Ferry  de  Mailll,  escuïer,  frères,  le  chastel,  terre  et 
seigneurie  de  Rambures,  qui  furent  et  appartindrent 
à  Andreu  de  Rambures  el  à  Jaques  de  Harecourt,  che- 
valiers. ))  (Trésor  des  Chartes,  Registre  coté  viii" 
XII,  Pièce  286.) 


Page  81,  ligne  17. 

Et  eut  ladite  Royne  le  gouvernement  du  royaume. 

Dès  que  la  Reine  eut  recouvré  sa  liberté  ',  elle  écrivit 
aux  bonnes  villes  de  France,  qu'en  vertu  d'anciens 
pouvoirs  irrévocables  qui  lui  avoient  été  conférés  par 
le  Roi ,  elle  alloit  reprendre  le  gouvernement  de  l'État 
au  nom  de  son  époux,  et,  en  conséquence,  requéroit 
d'elles  aide  et  secours.  Un  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
royale'  contient  copie  des  lettres  qui  furent  envoyées 
au  seigneur  de  Chassenage,  gouverneur  du  Dauphiné. 

'  Son    nconduite  avoit  force  Charles  VI  à  la  reléguer  à  Tours,  où 
elle  étoit  presque  gardée  à  vue. 
'  Fonds  De  Camps ,  vol.  XLYIIl. 


248  APPENDICE. 

Elles  diffèrent  très  peu ,  et  seulement  par  l'expression , 
de  celles  que  rapporte  Monstrelet  '  comme  ajant  été 
adressées  à  la  -ville  d'Amiens.  La  Reine  termine  les 
premières  en  invitant  le  seigneur  de  Chassenage  à  ajou- 
ter foi  à  ce  que  lui  diront,  de  sa  part ,  ses  amis  et  féaux 
conseillers  maître  Jean  de  Vissac ,  doyen  de  l'église  de 
Châlons,  et  Guillaume  de  Brion,  commandeur  d'Aul- 
monières.  Ces  deux  envoyés  furent  admis  à  présenter 
leurs  lettres  de  créance ,  et  déposèrent  sur  le  bureau 
du  Conseil  copie  de  la  requête  qu'ils  étoient  chargés  de 
faire  au  nom  de  la  Heine.  Nous  croyons  cette  pièce 
inédite ,  ne  l'ayant  point  trouvée  dans  les  historiens  du 
Dauphiné,  et  pensons  qu'il  peut  être  utile  de  la  pu- 
blier. Nous  la  faisons  suivre  de  la  réponse  du  Conseil. 

Mémoire  à  messieurs  les  Gouverneur  du  Conseil  et  des 
trois  estais  du  pays  de  Daulphiné ,  sur  la  créance 
donnée  par  la  reine  de  France ,  exposée  par  le 
doyen  de  Véglise  de  Châlons  et  le  commandeur 
d Aumonières  y  ambassadeurs  de  ladite  dame,  en 
la  présence  de  M.  le  Gouverneur^  les  seigneurs  du 
Conseil  et  plusieurs  autres  seigneurs  bannerets,  che- 
valiers et  écuyers,  laquelle  créance  a  été  ordonnée 
de  bailler  par  écrit  \ 

Premièrement ,  la  Reine  demande  que ,  attendu  que 
le  gouvernement  du  royaume  de  France  lui  a  été  jà 
pleça  donné  et  octroyé  par  les  Lettres  du  Roi  irrévo- 

'  IV,  52. 

'  Bibliothèque  royale  ,  Manuscrits  (fonds  De  Camps,  vol.  XLYIIl). 


APPENDICE,  249 

cables,  du  consentement  des  seigneurs  du  sang  royal, 
et  de  tous  les  trois  états  du  dit  royaume,  et  aussi  de  ses 
enfans,  que,  pour  le  bien  du  Roy,  de  son  royaume,  de 
M.  le  Dauphin,  son  fils,  et  pour  la  conservation,  tuhi- 
tion  et  gouvernement  de  la  chose  publique,  de  leurs 
terres  et  pays,  vous  ,  mes  dits  seigneurs  le  Gouverneur 
du  Conseil ,  tous  autres  bannerets,  chevaliers  et  écuyers, 
ensemble  tous  les  subgiez  de  mon  dit  seigneur  le  Dau- 
phin ,  vous  vous  adhérez  et  veuillez  adhérer  et  ad- 
joindre avec  la  Royne,  pour  lui  aidier  et  conforter  de 
toute  puissance  à  la  bonne  entention  et  saint  propos 
qu'elle  a  de  poursuir  et  mettre  à  fin  les  choses  dessus- 
dites, c'est  assavoir  le  bien  du  Roy,  du  royaume,  de 
mon  dit  seigneur  le  Dauphin  ,  son  fils,  la  conservation 
et  tuhition  de  la  chose  publique,  de  leurs  terres  et 
pays. 

Item,  que,  comme  la  dite  dame  ait  le  gouvernement 
du  royaume  de  France,  de  monseigneur  le  Dauphin, 
son  fils ,  et  de  leurs  terres  et  seignories ,  comme  dessus 
est  dit;  et  aussi  que  par  raison  et  de  droit  lui  appar- 
tiengne  et  doye  apar tenir,  devant  tous  autres,  le  gouver- 
nement et  administration  de  mon  dit  seigneur  le  Dau- 
phin, son  fils,  de  ses  biens,  terres  et  pays,  attendu 
l'état  du  Roy,  que  chacun  scet,  lequel  Dieu  par  sa 
sainte  grâce  veuille  amender ,  aussi  le  jeune  âge  de  mon 
dit  seigneur  le  Dauphin ,  qui  est  mineur  d'âge  ;  attendu 
aussi  le  gouvernement  par  lequel  le  royaume  de  France 
dépérit  de  jour  en  jour,  dont  la  succession  et  héritage 
de  mondit  seigneur  le  Dauphin  pouroient  tourner  à 
destruction  se  autrement  n'i  est  pourveu,  comme  les 


25o  APPENDICE, 

lettres  à  vous  envoyées  par  la  Rojne  font  plus  k  plein 
mention,  vous,  messeigneurs  les  Gouverneur  du  Con- 
seil, et  tous  autres  bannerets,  chevaliers,  écuïers  et 
subgiez  de  mondit  seigneur  le  Dauphin ,  obéissiez  et 
faites  faire  obéissance  doresnavant  à  la  Rojne ,  comme 
à  celle  qui  doit  avoir  et  à  qui  appartient  la  tuhition  et 
le  gouvernement  de  mon  dit  seigneur  le  Dauphin,  son 
lils ,  pour  le  bien  et  conservation  de  ses  terres  et  pays , 
et  ce,  jusques  à  ce  que  mon  dit  seigneur  le  Dauphin 
soit  en  âge  pour  gouverner  le  royaume  de  France  dont 
il  est  héritier,  et  ses  autres  terres  et  pays.  Et  en  ce 
faisant,  la  Royne  se  offre  de  vous  aidier  et  conforter 
envers  et  contre  tous  qui  voudroient  nuyre  ou  grever 
le  pays  de  mondit  seigneur  le  Dauphin,  et  tous  ses 
bons  vassaux  et  subgiez. 

Item,  que  pour  la  conservation  des  biens,  terres  et 
seigneuries  de  mon  dit  seigneur  le  Dauphin  ,  demande 
et  requiert  la  Royne  que  nulles  finances  soient  baillées 
ne  délivrées  du  pays  de  mon  dit  seigneur  le  Dauphin, 
sinon  par  l'état  de  mon  dit  seigneur  le  Dauphin ,  et 
garde,  tuhition  et  défense  de  ses  terres  et  pays,  en 
quelque  manière  que  ce  soit,  sous  l'ordonnance,  licence 
et  commandement  de  la  Royne. 

Item,  que,  sur  les  demandes  dessus  dites,  soient 
envoyées  à  la  Royne  par  vous,  mes  dits  seigneurs  le 
Gouverneur  du  Conseil  des  trois  états,  vos  lettres  pa- 
tentes ,  ainsi  comme  es  lettres  de  la  dite  dame  à  vous 
envoyées  est  contenu. 

Baillié  par  nous ,  Jehan  de  Vissac ,  doyen  de  l'église 
de  Châlons,  et  Guillaume  de  Brion,  commandeur 


APPENDICE.  25 t 

d' Ausmonières ,  ambassadeurs  dessusdits,  le  ly**  jour 
d'avril  l'an  14 1 8. 

lia  est.  JoHANNES  deViss.4.co. 
Itaest.  Frater  Guillelmus  de  Brione. 

RÉPONSE  au  nom  du  Gouçerneur  du  Dauphiné  aux 
ambassadeurs  de  la  Reine  ' . 

(Lundi)  18  avril  i4iH. 

Monseigneur  le  Gouverneur  et  les  assistaiis  ont  veu 
la  teneur  des  lettres  que  lui  avez  présentées,  et  oj  la 
créance,  laquelle  depuis  avez  baillée  par  écrit.  Vous 
avez  aussi  baillées  deux  autres  lettres  adi^eçans  au  Con- 
seil et  aux  trois  états ,  et  croy  bien  et  aussi  le  présup- 
pose, monsieur,  que  vous  n'avez  autres  lettres  adre- 
çans  à  nobles  ou  h  autres  gens  particuliers  de  ce  pays 
du  Dauphiné  :  car  ainsi  le  deistes-vous  l'autre  soir. 
Vous-mesmes  savez  bien  que  la  matière  est  haulte  et 
pondéreuse;  si  apartient  d'en  avoir  grande  et  meure 
délibération ,  et  pour  ce,  l'en  ne  vous  peut  faire  ré- 
ponse de  présent  :  mais  il  aura  advis  et  délibération  sur 
ces  choses  par  tout  le  mois  de  maj,  et  vous  fera  res- 
ponse  au  dernier  jour  du  dit  mois  de  maj,  en  cette 
ville  %  telle  comme  elle  sera  advisée.  Si  veuillez  avoir 
patience  entre  deux  ^. 

'  Bibliothèque  royale.  Manuscrits  (fonds  De  Camps,  vol.  XLVIII). 

'  Il  y  a  en  marge  :  «  C'est  Chabueil  près  Valence,  » 

'  On  lit  au  bas  de  la  copie  de  cette  lettre  :  «  On  ne  prit  ce  long 

terme  que  pour  en  écrire  au  Dauphin  :  ce  qu'on  fit.  Ainsi  on  éluda 

les  demandes  de  la  Royne,  et  le  Dauphiné  demeura  fidèle  à  Charles  , 

dauphin.  » 


*  APPENDICE. 

VI. 

Page  83,  ligne  25. 


David  de  Brimeu. 


Par  lettres  données  à  Amiens ,  le  25  février  142^  ,  le 
roi  Henri  VI  donna  à  David  de  Brimeu,  chevalier, 
seigneur  de  Humbercourt ,  les  terre  et  seigneurie  de 
Dencat-lez-Abbeville,  avec  appartenances  et  appen- 
dances,  «  tenues  noblement  et  autrement,  jusques  à 
la  somme  de  trois  cens  livres  tournois  de  rente  par 
an,  se  icelles  terre  et  seigneurie  ne  excèdent  la  dite 
somme  de  trois  cens  livres  tournois,  eu  regart  ou  temps 
de XV  ans  a.  »  Ces  biens  avoient  été  confisqués  sur  le 
sire  de  Rambures.  (Trésor  des  Chartes,  Registre 
coté  viii^''  XII,  Pièce  547.) 

VIL 

Page  88,  ligne  14. 

El  mandèrent  au  seigneur  de  Lilladam  qu'il  le  metroient  dedens. 

Les  partisans  du  duc  de  Bourgogne  exploitèrent  avec 
habileté  le  mécontentement  général  qu'excita  dans 
Paris  le  refus  fait  par  le  Dauphin  d'accéder  aux  clauses 
du  projet  de  traité  convenues  entre  ses  ambassadeurs 
et  ceux  du  duc  de  Bour"0£[ne.  Un  document  histo- 
rique,  que  nous  croyons  inédit,  permettra  d'appré- 
cier les  motifs  qui  portèrent  ce  prince  à  repousser  l'ac- 
rommodement  proposé.  Pour  rendre  plus  facile  et  plus 


APPENDICE.  253 

prompte  l'intelligence  de  certains  faits  rappelés  dans 
la  pièce  dont  il  s'agit ,  nous  la  ferons  précéder  du  pas- 
sage suivant  de  Monstrelet ,  Fenin  se  taisant  sur  ces 
événements  : 

((  En  ces  propres  jours,  le  duc  Jehan  de  Bourgongne 
estant  en  son  pays  de  Bourgongne,  vindrent  devers 
lui  les  cardinaulx  d'Ursin  et  de  Saint-Marc,  envoiez 
de  par  notre  saint-père  le  pape  en  France,  pour  apai- 
ser la  dissencion  qui  estoit  entre  le  Roy  et  son  fils> 
d'une  part,  et  la  Royne  et  le  duc  de  Bourgongne, 
d'autre  part.  Ausquelz  cardinaulx  le  dit  duc  fist  grande 
révérence,  et  les  festia  grandement.  Et  après  que  le 
dit  duc  leur  eut  dit  et  remonstré  qu'il  estoit  prest  de 
faire  paix  à  tous  ceulx  qui  la  vouloient ,  et ,  pour  ceste 
cause,  il  avoit  envoie  ses  ambaxadeurs  h  Bray-sur- 
Seine,  devers  les  gens  du  Roy,  pour  traicter  de  paix, 
ils  se  départirent  du  pays  de  Bourgongne,  et  par  Troies 
alèrent  au  dit  lieu  de  Bray-sur-Seine  et  de  Monste- 
reau,  où  ilz  furent  des  ambaxadeurs,  tant  d'un  costé 
comme  d'autre,  très  joieusement  receuz  et  honorez; 
et  de  là,  le  cardinal  de  Saint-Marc  ala  à  Paris.  Ouquel 
lieu,  en  la  présence  du  Roy,  de  son  conseil  et  du  con- 
nestable ,  il  proposa  Testât  de  son  ambaxade,  et  le  bien 
qui  povoit  venir  par  le  moïen  de  paix.  Et  après  qu'il 
eut  esté  dedens  Paris  grandement  honnoré  par  les  sei- 
gneurs dessusdiz,  il  s'en  retourna  à  Monstereau,  de- 
vers les  ambaxadeurs.  Ouquel  lieu  il  demoura,  lui  et  le 
cardinal  d'Ursie ,  durant  la  dite  ambaxade;  et  aloient 
chacun  jour,  avecques  les  ambaxadeurs,  au  moustier 
de  La  Tombe,  là  où  les  parties  convenoient  ensemble. 


?,54  APPENDICE, 

et  tant  y  continuèrent  qu'ilz  furent  d'accord.  Et  fut  la 
paix  trouvée  et  traictée  par  lesdiz  cardinaulx  et  am- 
baxadeurs  dessusdiz ,  par  condicion  que  chacune  des 
parties  raporteroit  par  escript,  devers  ses  souverains, 
le  traictié  tel  comme  ilz  l'avoient  fait  ;  et  s'il  ne  leur 
estoit  agréable ,  chacune  des  parties  demouroit  en  tel 
estât  comme  devant ,  sans  avoir  paix  ne  trêve.  Et  ainsi 
s'en  retournèrent  les  ungs  à  Paris,  devers  le  Roy  et  le 
connestable,  et  les  autres  à  Troies,  devers  la  Rojne 
et  le  conseil  du  duc  de  Bourgongne.  Lequel  traictié, 
monstréàson  conseil,  le  eut  très  bien  pour  agréable.  Et 
tantost  fut  envoyé  en  Bourgon gne,  devers  le  duc,  pour  le 
visiter  et  savoir  s'il  en  estoit  content;  sur  lequel,  en 
la  présence  de  son  conseil ,  fist  response  qu'il  le  tenoit 
pour  bon ,  sans  y  riens  excepter,  et  que  voulenliers 
il  jureroit  et  feroit  jurer  ceulx  de  sa  partie  de  l'entre- 
tenir. Et  pareillement  les  ambaxadeurs  du  Roy  et  du 
connestable,  retournez  à  Paris,  monstrèrent  la  copie 
du  traictié  qu'ilz  avoient  fait  au  Pioy,  au  Daulphin,  et 
à  aucuns  notables  de  leur  conseil  et  de  ceulx  de  la  ville. 
Lequel  après  ce  qu'ils  le  eurent  veu  et  oy,  furent  assez 
contens  que  le  Roy  le  scellast.  Mais  quand  il  fut  mons- 
tre au  comte  d'Armagnac  et  au  chancelier,  au  prévost 
de  Paris  et  autres  capitaines,  ilz  eurent  du  tout  le  dit 
traictié  pour  désagréable,  et  dirent  tout  pleinement 
que  jà  ne  seroient  en  lieu  où  le  Roy  l'accordast  tel  qu'il 
estoit;  et  mesmes  le  chancelier  dist  que  le  Roy  le  scel- 
last s'il  lui  plaisoit,  et  quejà  il  ne  le  scelleroit.  Pour 
lesquelles  responses,  l'évesque  de  Paris,  plusieurs  no- 
tables bourgeois  de  la  ville,  et  aucuns  autres  du  con- 


APPENDICE.  255 

seil  du  Roj  et  du  Daulphln  ,  aians  graiit  désir  d'avoir 
paix,  furent  pour  les  dites  respoiisesbienesmerveillez, 
et  pour  tant  conseillèrent  au  Daulphin  qu'il  tenist  au 
Louvre  ung  conseil  pour  la  dicte  paix,  laquelle  il  fist; 
mais  onques  ledit  connestable  n'y  voult  aler,  et  dist 
que  ceulx  qui  conseilloient  telle  paix  estoient  traislres. 
Finablement ,  par  le  moien  des  contradictions  dessus- 
dictes,  tout  fut  rompu;  et  demourèrent  les  parties 
dessusdictes  en  tel  estât  comme  devant,  sans  avoir  trêves 
ne  paix  ensemble;  pour  quoj  plusieurs  Parisiens  et 
autres  du  conseil  du  Roy  conceurent  grande  bayno 
contre  icellui  connestable  »  (IV,  8i). 

Projet  d accoimnodement  entre  la  Reine  et  le  duc  de 
Bourgogne ,  dune  part,  et  le  Roi  et  le  Dauphin  ^ 
d  autre  part  ' . 

Après  ce  que,  par  plusieurs  journées,  les  am.baxa- 
deurs  du  Roy  et  de  monseigneur  le  Dauphin,  estant 
à  Montereau  ,  sont  assemblé  au  lieu  de  La  Tombe 
acoustumé  avec  les  ambaxadeurs  de  la  Royne  et  de 
monseigneur  de  Bourgongne ,  estant  à  Bray ,  et  que 
sur  les  remonstrances  autresfois  par  eulx  faictes  aux 
advis  et  articles  baillez  de  l'un  et  de  l'autre  costé  res- 
toient  et  demouroient  encor  aucunes  difficultez ,  au- 
jourd'huy,  xxiii^  jour  de  may  141 8,  en  la  présence 
de  messieurs  les  cardinaulx  des  Ursins  et  de  Sainct- 
Marc,  envoyez  par  nostrc  Sainct-Père  le  Pape  pour 
l'appaisement   des   divisions  et   débaz    estans    en    ce 

'  Bibliothèque  royale,  fonds  de  Brienne,  n"  197,  fol.  161  recto. 


256  APPENDICE. 

royaume ,  et  pour  obvier  à  la  roupture  du  traictié  de 
paix  par  leur  bon  moïen ,  et  aussi  de  monsieur  de  La 
Trimollle,  qui  toujours  audit  traictié  a  esté,  du  con- 
sentement des  diz  ambaxadeurs,  m.édiateur,  et  tenu  la 
place  de  la  convention  seure,  furent  fais  les  advis  qui 
s'ensuivent  ausdiz  articles  baillez  par  les  ambaxadeurs 
d'icelles  ambaxades,  pour  iceux  rapporter  au  Roy  et  à 
monseigneur  le  Dauphin  par  leurs  diz  ambaxadeurs, 
et  aussi  à  la  Royne  et  à  mon  dict  seigneur  de  Bour- 
gongne  par  les  leurs ,  afin  que  sur  ce  ils  ayent  leurs 
advis,  poury  prendre  telle  conclusion  commebon  leur 
semblera.  Et  premièrement, 

S'ensuivent  les  advis  aux  articles  baillez  par  les  diz 
ambaxadeurs  de  la  Royne  et  de  mon  dict  seigneur  de 
Bourgogne. 

Au  PREMIER  ARTICLE.  Quc  abolitioii  générallc  soit 
faicte  d'une  partie  et  d'autre,  et  toutes  injures,  tant 
verballes  comme  personnelles  ,  remises  et  pardonnées 
tant  d'un  costé  comme  d'autre. 

Advis  sur  le  dit  article.  Il  semble  que  pour  le  bien 
de  paix  et  pour  venir  à  bonne  union ,  abolition  gé- 
nérale se  face,  par  le  Roy  nostre  seigneur,  h  tous, 
de  tous  les  fais  et  cas  advenus  en  ce  royaume  pour  oc- 
casion des  divisions  et  débas  qui  y  ont  esté  depuis  le 
trespas  de  feu  bonne  mémoire  monseigneur  Phelipe, 
derrenlerduc  de  Bourgongne ,  que  Dieu  absoille,  ex- 
cepté h  ceux  qui  furent  rescouz  par  le  traictié  de  Char- 
tres, et  que  toutes  injures  et  offences  soient  remises 
et  pardonnées,  tant  d'un  costé  que  d'autre,  sans  ce 
que  jamais  d'icelles  soit  faicte  aucune  poursuittc  ou 


APPENDICE.  257 

nction  de  diolct  ou  de  faict,  directement  ou  indirec- 
tement ,  publicquement  ou  ocultement ,  et  que  silence 
soit  sur  ce  imposé  au  procureur  du  Roj  et  à  tous 
autres. 

Item,  que  toutes  confiscations  soient  abolies,  ap- 
peaulx,  proclamations,  adjournemens ,  sentences  et 
tous  procès;  et  avecques  ce  toutes  condamnations, 
suspensions  et  privations  de  bénéfices ,  incarcérations 
et  proscriptions,  tant  de  gens  clercs  comme  lays, 
fais,  soubz  couleur  et  l'ombre  de  justice  ou  autre- 
ment ,  pour  et  à  l'occasion  des  divisions  et  débas  qui 
ont  eu  cours  en  ce  royaume ,  et  tant  de  l'une  partie 
comme  de  l'autre,  soient  mises  au  néant. 

Achùs  siw  le  dict  article.  Il  semble  que  pour  le  bien 
de  paix  le  dict  article  se  puet  passer,  adjousté  au  dict 
advis,  après  ce  mot  bénéfices,  et  autres  choses quelz- 
conques  ecclésiastiques  et  temporelles. 

Item,  que  un  chacun,  d'un  costé  et  d'autre,  re- 
tournera à  ses  biens  quelzconques ,  et  quelque  part 
qu'ilz  soient,  qui  seront  en  nature  de  chose,  et  que 
tous  erapeschemens  qui  seront  ou  sont  mis,  soient 
mis  au  néant,  et  leur  seront  mis  iceulx  biens  à  plaine 
délivrance  par  ce  présent  traictié,  et  de  ce  qui  ne  sera 
en  nature  de  chose,  ne  soit  faicte,  d'un  costé  ne  d'au- 
tre ,  aucune  action  ou  poursuite. 

Advis  sur  le  dict  article.  Il  semble,  pour  le  bien  de 
paix  comme  dessus,  que  le  dict  article  se  puet  passer. 
Toutesvoies,  il  semble  estre  expédient  de  advertlr  les 
seigneurs ,  au  regard  des  biens  meubles ,  que  d'iceulx 
ne  soit  faicte  aucune  poursuite  pour  obvier  aux  incon- 

•7 


258  APPENDICE. 

véniens  et  débats  qui  s'en  poiirroient  eiisulr,  et  que 

le  dit  article  se  de\roit  seulement  entendre  au  reii;ard 

des  choses  immeubles,  et  pour  ce  ne  seroit  jà  besoing 

de  mettre  au  dict  article  ces  mots  :  estans  en  nature  de 

chose. 

Item  ,  que  les  corps  des  personnes  exécutées  à  mort 
pour  occasion  desdiz  débas,  soient  rendus  à  leurs  pa- 
rensetamis,  qui  les  pourchasseront,  pour  les  mettre  en 
terre  saincte,  tant  d'un  costé  que  d'autre,  et  que  leurs 
héritiers  succèdent  en  tous  leurs  biens,  nonobstant 
quelconque  confiscation  ou  aliénation  d'iceulx  biens, 
se  ilz  sont  en  nature  de  chose. 

Advls  sur  le  dict  article.  Justice  donrra  congié  d'em- 
porter les  corps  des  exécutez  pour  occasion  desdiz  dé- 
bats, aux  parens  et  amis  qui  les  requerront,  et  aussi 
les  héritiers  desdiz  exécutez  succéderont  aux  biens, 
ainsi  comme  gist  l'article;  toutesvoies  seront  advertis 
les  seigneurs  des  biens  meubles,  comme  en  l'advis  pré- 
cédent. 

Item  ,  que  tous  offices  rojaulx  demourront  en  la 
main  du  Roj  pour  en  ordonner  à  son  plaisir,  la 
Royne  et  monseigneur  de  Bourgongne  estans  par  de- 
vers luy,  et  par  leur  advis  et  délibération. 

Ad^ns  au  dict  article.  Tous  offices  rojaulx  demour- 
ront en  la  volcnlé  et  disposition  du  Roy,  et  la  Rojne 
et  mon  dit  seigneur  de  Bourgongne  venus  devers  luy, 
et  monseigneiu'  le  Dauphin,  le  lloy  en  ordonnera  à 
son  bon  plaisir,  eu  sur  ce  le  bon  advis  et  conseil  de 
la  Royne,  de  mon  dit  seigneur  le  Dauphin  ,  de  mon- 
seigneur de  Bourgongne,  et  des  autres  seigneurs  du 


APPENDICE.  259 

sang  royal  lors  estans  devers  le  Roy,  et  d'autres  de 
son  conseil,  telz  qu'il  liiy  plaira. 

Item  ,  que  la  Royne  et  monseigneur  de  Bourgongne, 
dessusdiz  ,  et  autres  seigneurs  du  sang  royal,  puissent 
à  leur  plaisir  aller  et  estre  devers  le  Roy,  à  Paris  et 
ailleurs. 

yédi'is  au  dict  article.  Le  Roy  et  monseigneur  le 
Daulpliin  désirent  veoir  la  Royne  et  monseigneur  de 

Bourgongne,  etplaist  au  Roy  que  h  tel  jour ', 

ilz  viennent  par  devers  luy  à  Meleun  où  il  sera,  et  mon 
dict  seigneur  le  Dauphin  avecques  luy;  et,  la  dicte 
convocation  faicte,  pourront,  au  bon  plaisir  du  Roy, 
aller  par  devers  luy  quelque  part  qu'il  soit,  ainsi  que 
autres  fois  ont  faict.  Et  aussi ,  au  bon  plaisir  de  mon 
dict  seigneur  le  Dauphin  ,  pourra  mon  dit  seigneur  de 
Bourgongne  aller  par  devers  luy  quelque  part  qu'il 
soit.  Et  avecques  ce,  seront  contens  le  Roy  et  mon 
dict  seigneur  le  Daulphin  d'avoir  à  la  dicte  convention 
iii*^  chevaliers  et  escuyers  armez  ou  désarmez,  com- 
prins  en  ce  les  gens  de  leurs  hostelz;  et  plaist  au  Roy 
que  la  Royne  et  mon  dict  seigneur  de  Bourgongne  en 
ayent  autant,  compris  ens  aussi  1rs  gens  de  leurs  hos- 
telz ,  et  qu'ilz  en  soient  contens.  Et,  pour  plus  grant 
seurté,  seront  esleuz  par  le  Roy  et  mon  dict  seigneur 
le  Dauphin  deux  notables  chevaliers,  féaulx  et  natifs 
de  ce  royaume ,  qui  auront  en  leur  compagnie  cent  ou 
deux  cens  hommes  d'armes;  et  deux  autres,  esleuz 
par  la  Royne  et  mon  dict  seigneur  de  Bourgongne, 

'  Ceci  n'étant  qu'un  projet,  la  date  du  jour  à  fixer  pour  l'entrevue 
a  dû  rester  en  blanc. 


^6o  APPENDICE. 

féaulx  et  natifs  du  pays  de  mon  dict  seigneur  de  Bour- 
gongne,  qui  auront  cent  ou  deux  cens  hommes  d'ar- 
mes comme  dessus.  Lesquelz  ainsi  esleuz  ,  feront  ser- 
ment au  Roy  et  à  mon  dict  seigneur  le  Daulphin ,  et 
aussi  à  la  Royne  et  à  mon  dict  seigneur  de  Bourgon- 
gne,  et  feront  faire  par  leurs  gens,  de  les  tenir  en 
seurté  et  d'estre  contre  la  partie  qui  ofFenderoit  :  et 
lesquelz  chevaliers  esleuz,  prendront  les  seremens  de 
toutes  les  gens  d'armes  et  serviteurs  qui  seront  et  de- 
vront venir  à  ceste  assemblée,  tant  d'un  costé  que 
d'autre ,  et  d'autres  qui  seront  advisez.  Et  seront  es- 
loignez  toutes  autres  gens  d'armes ,  d'un  costé  et  d'au- 
tre ,  six  lieues  tout  à  l'environ  de  Meleun. 

Item  ,  pour  ce  que  la  Royne  ,  depuis  qu'elle  est  der- 
renièrement  venue  à  Chartres,  par  vertu  de  la  puis- 
sence  à  elle  donnée  de  par  le  Roy ,  a  faict  et  ordonné 
plusieurs  choses ,  que  tout  ce  que  par  elle  a  esté  faict 
et  ordonné  sortira  son  effect,  qui  ne  seroit  préjudi- 
ciable aux  choses  dessusdictes. 

j4dçis  au  dict  article.  Ce  que  la  Royne  a  faict  se- 
lon le  povoir  à  elle  donné ,  sortira  son  plain  efiect;  et 
du  demourant,  le  Roy,  à  la  convention  qui  se  fera  à 
Melun ,  en  ordonnera  à  son  bon  plaisir ,  eu  sur  ce  le 
bon  advis  et  conseil  de  la  Royne,  de  mon  dict  sei- 
gneur le  Dauphin  et  de  monseigneur  de  Bourgongne, 
et  des  autres  seigneurs  du  sang  royal  lors  estans  de- 
vers le  Roy,  et  d'autres  de  son  conseil  tels  qu'il  luy 
plaira. 

Item  ,  que  tout  ce  qui  sera  faict ,  traictié  et  accordé 
en  ceste  partie  pour  la  seineté  et  entretenement  des 


APPENDICE.  261 

choses  dessusdictes ,  soit  l'aict  et  passé  par  le  Koy,  la 
Rojne,  mon  dlct  seigneur  le  Dauphin  et  mon  dict  sei- 
gneur de  Bourgongne. 

Advis  sur  le  dict  article.W.  semble  que  ainsi  se  doibt 
faire. 

Item  ,  que  pour  acompllr  et  entretenir  seurement 
les  choses  dessusdictes ,  soient  advisées  et  baillées  tou- 
tes les  meilleurs  seurtez  que  l'en  pourra. 

Ad^is  comme  dessus ,  que  ainsi  se  doit  faire. 

S'ensuivent  après  les  articles  baillez  par  les  ambaxa- 
deurs  du  Roy  et  de  monseigneur  le  Dauphin  ,  et  les 
advis  fais  sur  ce. 

Premièrement  ,  que  monseigneur  de  Bourgongne 
rende,  restitue  et  remette,  ou  face  rendre ,  restituer 
et  remettre,  réaument  et  de  faict,  en  la  main  du  Roy 
et  de  monseigneur  le  Daulphin  et  en  leur  plaine  obéis- 
sance ,  toutes  les  villes ,  chasteaux  et  forteresses  à  eulx 
appartenans,  qui  par  lui  ou  ses  commis  et  députez  sont 
détenues  et  empeschées ,  en  Testât  qu'elles  estoient 
paravant  les  diz  empeschemens ,  et  en  face  vuidier  in- 
continent tous  les  capitaines,  garnisons  de  gens  d'ar- 
mes et  de  traict,  et  tous  autres  commis  aux  offices  es- 
dictes  citez,  villes  et  chasteaux,  de  par  la  Rojne  et 
de  par  mon  dict  seigneur  de  Bourgongne. 

Advis  sur  le  dict  article.  La  Royne  ne  mon  dict 
seigneur  de  Bourgongne  n'entendent  point  que  icelles 
citez,  villes,  chasteaux  et  forteresses,  dont  ou  dict 
article  est  faicte  mention ,  soient  hors  de  la  main  du 
Roy  ne  de  mon  dict  seigneur  le  Dauphin  ;  mais  la  pro- 


26^  APPENDICE. 

TÏsion  qu'ilz  y  ont  faicte  est  à  la  conservation  de  leur 
héritage,  et  Font  faict  pour  obvier  et  résister  à  tous 
inconvéniens^  et  est  l'intention  que  les  traictiés  qui  à 
présent  se  pourparlent  passez  et  accordez,  et  la  Royne 
et  mon  dict  seigneur  de  Bourgongne  venuz  à  Meleun 
devers  le  Roy  et  monseigneur  le  Daulphin,  toutes  ci- 
tez, villes,  cliasteaux  et  forteresses ,  terres,  rentes  et 
revenues  du  Roy  et  de  mon  dict  seigneur  le  Daulphin , 
èsquelles  la  Royne  et  mon  dict  seigneur  de  Bourgon- 
gne ont  mis  la  dicte  provision,  soient  et  demeurent  en 
la  bonne  et  vraye  obéissance  du  Roy,  en  sa  main  et 
soubz  sa  couronne,  ainsi  qu'il  est  doyvent  de  raison, 
et  qu'ils  esloient  paravant  la  dicte  provision  mise  par 
la  Royne  et  mon  dit  seigneur  de  Bourgongne,  pour 
en  icelles  mettre  bonne  seurté  et  gouvernement ,  se- 
lon qu'il  plaira  au  Roy  et  conseillé  lui  sera  pour  le 
bien  de  lui  et  de  sa  dicte  couronne.  Et  ainsi  sera  faict 
de  toutes  autres  villes  ,  citez  ,  chasteaux  et  forteresses 
du  Roy  et  de  mon  dict  seigneur  le  Daulphin  èsquelles , 
pour  quelconque  personne  que  ce  soit,  a  ou  auroit 
aucun  empeschement  pour  occasion  desdictes  divisions 
et  débas ,  et  seront  ostez  et  faict  oster,  réaument  et 
de  faict,  tous  empeschemens ,  sans  ce  que  les  gar- 
diens ,  capitaines  et  autres  officiers  d'icelles  villes ,  chas- 
teaux et  forteresses  ,  puissent  ou  doyent  aucune  chose 
demander  pour  cause  de  garde,  réparations,  empare- 
mens  ou  autres  choses  quelzconques,  ne  que  pour  ce  ils 
puissent  iceulx  lieux  retenir. 

Item  ,  et  pareillement  soit  faict  à  mon  dict  seigneur 
de  Bourgongne  des  villes,  chasteaux  et  forteresses. 


APPENDICE.  263 

terres,  rentes  et  revenues  à  lui  appartenons  qui  sont 
détenues  h  la  cause  dessusdicte. 

Item  ,  et  pareillement  soit  faict  des  villes  ,  chasteaux 
et  terres  de  monseigneur  le  cardinal  de  Bart,  et  de 
tous  autres  seigneurs  du  sang  et  lignage  du  Ptoj. 

Item  ,  et  semblablement  soit  faict  de  toutes  les  villes, 
chasteaux  et  forteresses ,  terres,  rentes  et  revenues  de 
tous  les  vassaulx,  fcaulx  et  subjects  du  Roj. 

Item,  et  que  ainsi  soit  faict  aux  gens  d'Églize,  tant 
en  esplrituel  comme  en  temporel. 

Âd^'is  aux  trois  articles  préccdens.  Quant  au  re- 
gard de  monseigneur  de  Bar,  combien  que  sur  ce  les 
ambaxadeurs  de  monseigneur  de  Bourgongne  n'ajent 
aucune  commission  ,  néantmoins  ilz  tiennent  que  des 
choses  qui  sont  tenues  de  mon  dict  seigneur  de  Bour- 
gongne à  cause  de  quelconque  sienne  seigneurie,  le 
dict  monseigneur  de  Bourgongne  en  fera  à  mon  dict 
seigneur  de  Bar,  et  pareillement  à  tous  autres,  raison 
et  justice  selon  raison  et  coustume  des  pays;  et  quant 
aux  autres  terres  de  mon  dict  seigneur  de  Bar  et  d'au- 
très  seigneurs  du  sang  et  lignage  du  Roy  ,  et  aussi  des 
autres  dont  ou  tiers  et  quart  articles  est  faict  mention, 
pour  l'advis  de  la  response  ausdicz  tieis  et  quart  arti- 
cles auront  leu  le  second  et  tiers  articles  baillez  par  les 
ambaxadeurs  de  la  Rojne  et  de  mon  dict  seigneur  de 
Bourgongne ,  et  les  advis  sur  iceux  desquelz  la  teneur 
s'ensuit  : 

«  Item,  que  toutes  confiscations  soient  abolyes,  ap- 
peaulx,  proclamations,  adjournemens,  sentences  et 
tous  procès;  et  avec  ce,  toutes  condamnations,  sus- 


264  APPENDICE. 

pensions,  .privations  de  bénéfices,  incarcérations  et 
proscriptions  tant  de  gens  clercs  comme  lays,  fais, 
soqIdz  couleur  et  l'ombre  de  justice  ou  autrement, 
pour  et  à  l'occasion  des  divisions  et  débats  qui  ont  eu 
cours  en  ce  royaume ,  et  tant  d'une  partie  comme  d'au- 
tre, soient  mises  au  néant. 

«  Advis  sur  le  dict  article.  Il  semble  que  pour  le 
bien  de  paix  le  dict  article  se  puet  passer ,  adjousté  au 
dict  advis  après  ces  mots  bénéfices,  et  autres  choses 
quelzconques  ecclésiastiques  et  temporelles. 

u  Item,  que  chacun,  d'un  costé  et  d'autre,  retour- 
nera à  ses  biens  quelzconques  et  quelque  part  qu'ilz 
soient,  qui  seront  en  nature  de  chose ,  et  que  tous  em- 
peschemens  qui  seront  ou  sont  mis,  soient  mis  au 
néant,  et  leur  seront  mis  iceulx  biens  à  plaine  déli- 
vrance par  ce  présent  traictié ,  et  que  de  ce  qui  ne  sera 
en  nature  de  chose  ne  soit  faict,  d'un  costé  ne  d'au- 
tre, aucune  action  ou  poursuite. 

((  Advis  sur  le  dict  article.  Il  semble  pour  le  bien  de 
paix  comme  dessus  que  le  dict  article  se  puet  passer. 
Toutesvoies,  il  semble  estre  expédient  de  advertir  les 
seigneurs,  au  regard  des  biens  meubles,  que  d'iceulx 
ne  soit  faicte  aucune  poursuite,  pour  obvier  aux  in- 
convéniens  et  débas  qui  s'en  pourroient  ensuivre,  et 
que  le  dict  article  se  devroit  seulement  entendre  au 
regard  des  choses  immeubles,  et  pour  ce,  ne  seroit  jà 
besoing  de  mettre  ou  dict  article  les  mots  :  estans  en 
lature  de  chose.  Et  sera  tenue  chacune  partie  en  droict 
soy  enoster  et  faire  oster,  réaument  et  de  faict,  tous 
cmpeschemens ,  sans  ce  que  les  détenteurs  puissent 


APPENDICE.  265 

ou  dojent  quelque  chose  demander  aux  seigneurs  des- 
diz  lieux  pour  cause  de  garde ,  réparations ,  empare- 
mens ,  ou  autres  choses  quelconques ,  ne  que  pour  ce, 
ilz  puissent  iceux  lieux  retenir.  » 

Item  ,  que  mon  dict  seigneur  de  Bourgongne  mette 
ou  face  mettre  au  néant  les  nouvelletez  puis  nagaires 
faictes  ou  préjudice  du  Roy  et  de  sa  souveraineté  et 
seigneurie^  comme  les  cours  qu'ilz  appellent  parle- 
ment, chambre  des  comptes  et  autres  semblables. 

j4dç>is  à  cest  article.  Il  semble  que  à  cest  article 
est  assez  satisfaict  sur  le  vu*  article  des  advis  bailliez 
par  les  ambaxadeurs  du  Roy  et  de  monseigneur  le  Daul- 
phin  ,  qui  dict  ainsy  :  u  Ce  que  la  Royne  a  faict  selon 
le  povoir  à  elle  donné  par  le  Roy ,  sortira  son  plain 
efifect  ;  et  du  demourant  le  Roy,  à  la  convention  qui 
sera  à  INIeleun ,  en  ordonnera  à  son  bon  plaisir,  eu  l'ad- 
vis  et  conseil  de  la  Royne,  de  mon  dict  seigneur  le  Dau- 
phin, démon  dict  seigneur  de  Bourgongne,  et  des  au- 
tres seigneurs  du  sang  royal ,  lors  estans  devers  le  Roy, 
et  d'autres  de  son  conseil  telz  qu'il  luy  plaira.  » 

Item  ,  que  mon  dict  seigneur  de  Bourgongne  se  dé- 
parte et  renonce  à  toutes  trêves,  abstinence  de  guerre, 
aliances  et  autres  convenences  et  pactions  quelcon- 
ques qu'il  a  ou  pourroit  avoir  avec  le  Roy  des  Romains, 
les  Anglois  ou  autres  quelconques  ennemis  et  adver- 
saires du  Roy;  et  de  ce  baillera  ses  lettres  de  renon- 
ciation ,  telles  qui  seront  advisées  et  qu'il  appartien- 
dra. 

Àdvis  au  dict  article.  Mon  dict  seigneur  de  Bour- 
gongne n'a  faict  ne  ne  fera,  en  la  matière  du  dict  ar- 


•266  APPENDICE, 

ticle,  chose  qui  soit  contre  la  loyauté;  mais  tousjours 
a  esté  et  sera  ,  se  Dieu  plaist ,  tant  qu'il  vivra  ,  bon  et 
loyal  parent ,  vassal  et  serviteur  du  Roy  et  de  mon  dict 
seigneur  le  Daulpliin ,  pour  les  secourir  de  corps  et  de 
toute  sa  puissance  contre  tous  leurs  ennemys ,  comme 
tenus  y  est. 

Item  ,  et  que  le  traittié  faict  à  Arras  ,  confermé  de 
Saint-Denis ,  et  par  mon  dict  seigneur  de  Bourgongne, 
et  aucuns  de  ses  barons,  chevaliers,  escuyers  et  au- 
tres ,  juré  à  Piouvre  et  ailleurs,  soit  tenu  et  gardé  selon 
sa  forme  et  teneur. 

Ad^is  cm  dict  article.  Il  semble  que  du  contenu  ou 
dict  article  n'est  pas  grant  besoing  de  faire  aucune 
mention  en  ce  présent  traictié. 

Item,  que  mon  dict  seigneur  de  Bourgongne  cesse 
doresnavant  de  toutes  voyes  de  faict  et  de  guerre,  et 
ne  face  aucuns  mandemens  ou  assemblées  de  gens  d'ar- 
mes et  de  trait ,  sans  le  sceu  et  congié  du  Roy. 

Adins  au  dict  article.  Le  traictié  faict  qui  à  présent 
se  pouiparle ,  toutes  guerres  et  voyes  de  faict  venans  à 
cause  des  divisions  estans  en  ce  royaume  cesseront;  et 
au  surplus  du  contenu  en  l'article ,  la  Royne  et  mon 
dict  seigneur  de  Bourgongne  venus,  estans  devers  le 
Roy  et  mon  dict  seigneur  le  Daulphin  à  la  dicte  con- 
vention, il  en  sera  ordonné  à  leur  bon  plaisir. 

Item,  jurera  et  promettra  mon  dict  seigneur  de 
Bourgongne  de  servir,  secourir  et  aidier  le  Roy,  de 
toute  sa  puissance ,  a  l'encontre  de  l'empereur  ,  des 
Anglois  et  de  tous  autres  ses  ennemis  et  adversaires. 

Jdvis  au  dict  article.  L'advis  donné  au  vu"  article 


APPENDICE.  267 

précédent  y  satisfaict,  qui  dict  :  «  Que  mon  dict  sei- 
gneur de  Bourgongne  a  esté  et  sera  tousjours  bon  et 
lojal  parent,  vassal ,  serviteur  du  Roj  et  de  mon  dict 
seigneur  le  Daulphin ,  pour  les  servir  de  corps  et  de 
toute  sa  puissance,  contre  tous  leurs  ennemis  comme 
tenus  y  est,  )) 

Item  ,  et  est  l'entention  du  Roy  et  de  mon  dict  sei- 
gneur le  Dauphin  que  la  royne  de  Sicille  et  monsei- 
gneur d'Anjou  soient,  et  tous  ceulx  du  sang  et  ligna- 
ge du  Roy  et  avec  quelconques  ses  hommes,  vassaulx 
et  subgels,  compiins  en  la  dicte  paix. 

Jdi'is  au  dict  arLicle.  Il  semble  qu'il  soit  bon  que  la 
dicte  Royne  et  mon  dict  seigneur  d'Anjou  y  soient 
comprins ,  réservé  à  mon  dict  seigneur  de  Eourgongne 
la  poursuite  de  ses  inlérests  ',  par  voye  de  raison;  et 
quant  aux  autres  ,  il  y  est  assez  pourveu  par  les  advis 
et  articles  dessusdiz. 

Item,  que  pour  l'entretenement  de  la  dicte  paix, 
soient  faictes  toutes  les  meilleurs  et  plus  grandes  seur- 
tez  que  l'en  pourra  et  saura  adviser. 

Àdvîs  au  dict  article.  Chacun  eu  doit  estre  d'ac- 
cord. 

'  Catherine,  fille  du  duc  de  Bourgogne,  avoit  été  accordée,  en 
i4io,  au  fils  de  Louis  II,  roi  de  Sicile  et  duc  d'Anjou.  Ce  prince, 
mécontent  de  voir  le  duc  de  Bourgogne  protéger  la  faction  cabo- 
chienne,  lui  avoit  renvoyé  sa  fille,  en  i4i3»  sans  toutefois  rembourser 
ce  qu'il  avoit  reçu  de  la  dot  promise.  Louis  II  élant  mort  en  1417» 
c'étoit  contre  sa  veuve  et  son  fils  que  le  duc  de  Bourgogne  exerçoit  soa 
recours. 


2G8  APPENDICE, 

VIII. 

Page  90,  ligne  23. 

Le  merquedi  ensuiant  ,  les  gens  du  duc  de  Touraine ,  dauflln  , 
fdz  au  roy  Charles  ,  qui  s'estoient  retrais  dedens  la  bastille  Saint- 
Antoine  ,  comme  dit  vous  ay,  et  avecquez  eux  ceux  qui  estoient 
venus  d'autres  garnisons ,  firent  une  saillie ,  et  cuidoient  reprendre 
la  ville  de  Paris. 

Cette  tentative  des  partisans  du  Dauphin  étoit  pré- 
méditée ,  ainsi  qu'on  l'apprend  par  la  lettre  suivante 
de  Robert  Le  Maçon ,  chancelier  de  ce  prince ,  aux 
Gouverneur,  Conseil  et  Trésorier  du  Dauphiné.  Nous 
la  croyons  inédite. 

«  A  nos  très  honnorez  seigneurs ,  messeigneurs  le 
Gouverneur ,  gens  du  Conseil  et  Trésorier  du  Dau- 
phiné étant  à  Grenoble. 

«  Très  chers  et  honnorez  seigneurs ,  le  cas  est  tel 
advenu  que  à  Paris,  le  jour  que  le  traitié  fu  pourparlé 
entre  les  ambassadeurs  du  Roi  et  le  duc  de  Rourgogne, 
et  que  le  dit  traitié  se  devoit  conclure,  les  gens  du  dit 
duc,  qui  estoient  en  aucunes  garnisons  près  Paris,  sont 
entrez  par  mauvaise  trahison  en  la  dite  ville,  ont  prins 
le  connestable ,  le  chancelier  de  France  et  ont  cuidé 
prendre  monseigneur,  et  nous  tous  ses  serviteurs  qui 
espérions  tous  de  bonne  i'oy  la  dite  paix  sans  ce  que 
l'on  feist  plus  guet  ne  garde.  Mais  la  merci  Dieu,  ils 
ont  failli ,  et  s'est  retrait  mon  dict  seigneur  en  cette 
ville  de  Melun,  où  il  a  été  jour  et  demi  pour  assembler 
ses  gens  d'armes  de  toutes  parts,  et  s'y  en  retourna  à 


APPENDICE.  269 

Chareiiton  en  espérance  d'entrer  par  la  Bastide  à  Paris 
pour  déchacier  les  dits  Bourguignons,  et  ne  l'a  peu 
homme  garder  que  en  personne  il  n'y  soit  allé  ;  mais 
je  ne  sçai  qu'il  s'en  ensuivra.  Je  vous  écris  ces  chouses 
pour  vous  adviser,  et  bien  espécialement,  que  à  quel- 
conques lettres  patent  scelées  des  sceaulx  de  mon  dit 
seigneur,  vous  ne  obéissez;  car  ils  ont  prins  les  dits 
sceaulx  en  ma  maison,  et  suis  certain  qu'ils  écriront  à 
vous  et  aux  autres  officiers  deDaulphiné,  et  pour  ce, 
advisez-en  les  dits  officiers  et  les  capitaines,  et  viengne 
l'un  devons  par-devers  mon  dit  seigneur  parmi  Bourges, 
et  là  orrez  nouvelles  où  sera  mon  ditseignem:;  et  aussi 
advisez-en  les  bonnes  villes  et  les  habitans  d'icelles  par 
bonne  manière,  affin  que  aucun  inconvénient  n'en 
puisse  venir  à  mon  dit  seigneur.  Ainsi  que  les  nouvelles 
survendront ,  je  les  vous  ferai  sçavoir  par-delà.  Nostre 
Seigneur  soit  en  garde  de  vous.  Écrit  à  Melun  le  derre- 
nier  jour  de  may. 

«  Le  tout  vostre.  Robert  Le  Maçon,  chancelier  de 
monsieur  le  Daulphin  '.  » 

IX. 

Page  93,  ligne  22. 

Et  tantost  après  fist  son  assemblée  pour  venir  à  Paris. 

Après  l'entrée  du  duc  de  Bourgogne  à  Paris ,  les  né- 
gociations pour  la  paix  entre  ce  prince  et  le  Dauphin 
furent  reprises.  Le  duc  de  Bourgogne  ,  avec  une  suite 

'  Bibliothèque  royaive,  Manuscrits,  fonds  De  Camps,  vol.  XL VIII. 


270  APPENDICE, 

nombreuse,  quitta  Paris  h  pour  aler ,  dit  Monstrelet  *, 
au  pont  de  Charenton,  au-devant  du  duc  de  Bretaigne, 
qui  \eiioit  devers  lui  pour  traitterde  la  paix  du  Daul- 
pliin  et  du  dit  duc,  sur  quoy  i!z  ne  peurent  riens  con- 
corder ,  et  pour  tant  le  dit  duc  de  JBourgongne  s'en 
retourna  à  Paris,  et  le  duc  de  Bretaigne  en  son  pays. 
Et  la  cause  pour  quoj  ilz  s'assemblèrent  au  pont  de 
Charenton  fu'c  pour  ce  qu'on  se  mouroit  d'épidimie 
très  merveilleusement  dedens  la  ville  de  Paris;  car 
comme  il  fut  trouvé  par  les  curez  des  parroisses ,  il  y 
mourut  celle  année  oultre  le  nombre  de  quatre-vingt 
mille  personnes 

{(  Et  tantost  après  revindrent  les  cardinaulx  d'Ursie 
et  de  Saint-Marc,  à  Saint-Mor-des-Fossez,  pour  traic- 
ter  la  paix  entre  les  seigneurs  de  France  ,  auxquels  fu- 
rent cnvoiez  plusieurs  notables  ambaxadeurs  de  par 
le  Roy,  la  Royne  et  le  duc  de  Bourgongne;  lesquelz 
en  fin  firent  ung  traictié  avec  les  gens  du  Daulphin 
qui  y  estoient,  par  lemoien  desdiz  cardinaulx;  lequel 
sembloit  estre  bon  et  proufïilable  pour  toutes  les  par- 
ties; mais  quant  il  fut  apporté  devers  le  Daulphin  et 
ceulxde  son  conseil,  ilz  n'en  furent  point  contens.  Et 
par  ainsi  se  continua  la  guerre  entre  iceulx  plus  di- 
verse qu'elle  ne  fut  paravant.  » 

Le  traité  dont  parle  Monstrelet  est  celui  qui  fut  con- 
clu à  Saint-Maur-des-Fossez,  le  16  septembre  1418'; 
le  duc  de  Bourgogne  s'empressa  de  le  faire  publier  à 

'  IV,  119. 

'    VU.EVAULT,  X,    473. 


APPENDICE.  27, 

Paris  '  ;  soil  qu'il  le  crût  définitif,  soit  qu'il  voulût 
indisposer  le  peuple  contre  le  Dauphin,  s'il  refusoit 
d'adhérer  aux  conditions  du  traité.  Le  Dauphin  n'ajant 
pas  voulu  souscrire  à  cet  acte,  expose  les  motifs  de 
sa  conduite  dans  la  lettre  suivante  ,  que  nous  croyons 
inédite  : 

A  nozamez  et  féaulx  les  Gouverneur,  gens  de  nostre 
Conseil  et  Chambre  des  comptes  de  nostre  pays  de 
Daulphiné  ". 

De  par  le  Doulphin  de  Viennois ,  duc  de  Berry  ,  de 
Touraine,  et  comte  de  Poitou. 

Cherz  et  bien  amez,  nous  tenons  que  vous  avez  as- 
sez sceu  comme,  nonobstant  les  grans  offenses _,  cri- 
mes, maléfices  et  cruautez  advenues  à  Paris,  en  grant 
lésion  de  justice,  esclande  et  reprouche  de  ce  royaume, 
et  ou  préjudice  et  déshonneur  de  monseigneur  et  de 
Nous,  et  en  rompant  le  traictié  encommencé,  pour  le 
grand  désir  et  alïëction  que  Nous  avons  ou  bien  de  la 
paix ,  et  pour  relever  le  povre  peuple  d'opression ,  du- 
quel et  de  la  misère  qu'il  sueffre  nous  avons  grant  pi- 
tié et  compassion,  sommes  derechef ,  mesmement  à  la 
suplication  de  nostre  très  chière  et  très  amée  mère  la 
royne  de  Jérusalem  et  de  Secile,  et  de  nos  chiers  et 
très  amez  frères  les  ducs  de  Bretaigne,  d'Anjou  et  d'A- 

•  «  Ainsi  fut  faitte  cette  paix,  qui  en  fut  couroucé  ou  joyeulx ,  et  fut 
criée  parmy  Paris,  à  quatre  trompettes  et  à  six  ménestriers,  le  lundy  ig" 
jour  de  septembre,  l'an  i4i8.  »  {Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  49.) 

'  RiEMoxnÉQUE  ROYALE,  Munuscrils,  fonds  De  Camps,  vol.  XLVIII. 


272  APPENDICE, 

lençon,  condescendus  à  entendre  au  dit  bien  de  paix, 
et  à  trouver  aucun  traitié  avec  le  duc  de  Bourgogne 
pour  le  relièvenienl  de  ce  royaume;  et  affin  de  y  par- 
venir plus  légièrement  ont  été  faits  certains  Advis  de 
nostre  part  et  rais  en  escript,  lesquels  nous  avons  en- 
volé au  lieu  de  Corbueil  par  très  révérend  père  en 
Dieu  l'archevêque  de  Tours ,  messlre  Robert  de  Bra- 
quemont ,  admirai  de  France,  le  doyen  de  Paris,  et 
maistre  Jehan  Castenier,  nos   ambaxeurs,   qui,  na- 
gaires,  pour  traitier  et  accorder  avec  le  dit  de  Bour- 
aoene  selon  les  dits  Avis,  ont  été  ou  dit  lieu  et  vers 
Paris,  en  la  compaignie  de  nostre  dit  frère,  qui  du  dit 
traitié  a  voulu  et  s'est  offert  estre  médiateur  entre  le 
dit  de  Bourgogne  et  nos  dits  ambaxeurs  pour  Nous. 
Et  pour  tant  que  peut-estre  les  dits  Avis  ne  sont  pas 
venus  à  vostre  connoissance,  Nous,  qui  en  cette  ma- 
tière procédons  pleinement  et  oultre  devoir,  et  vou- 
lons que  chacun  connoisse  en  ce  nostre  bonne  voulenté, 
vous  envoions  la  copie  d'iceux  enclose  en    ces  pré- 
sentes '.Mais  depuis  nagaires  nous  avons  entendu  que, 
après  ce  que  nostre  dit  frère  a  esté  vers  Paris,  et  que, 
aux  lieux  de  Charenton  et  de  Saint-Mor,  il  a  convenu 
avecques  le  dit  de  Bourgogne,  à  laquelle  convention 
nos  dits  ambaxeurs  n'ont  été,  ils  ont,   comme  l'en 
dit,  fait  certain  traitié  enlr'eulx,  sans  nos  ambaxeurs, 
par  ce  que,  puet-estre,  que  nostre  dit  frère  n'estoit 
pas  le  plus  fort,  et  que,  pour  la  cruauté  qui  règne 
par-delà,  il  n'a  pas  osé  débatre  ainsi  que  la  matière 

'  Nous  donnons  ci-après  cette  pièce,  également  inédite. 


APPENDICE.  273 

le  requiert,  ou  autrement  ne  scavoiis  comment,  et  a 
été  accordé  ainsi  le  dit  Iraitié,  jù  soit  ce  que  nos  dits 
amhaxeurs  eussent  puissance  de  traictier,  accorder 
et  de  conclure  pour  Nous,  et  non  autres,  et  que  nos- 
tre  dit  frère  fust  seulement  médiateur,  sans  avoir  vou- 
lu prendre  autre  charge  de  nostre  part,  et  toulesvojes 
nos  dits  ambaxeurs  n'y  ont  été  ouys  ni  appeliez, 
comme  il  apert  par  les  lettres  qu'ils  nous  ont  escriptes 
sur  ce.  Et  en  outre,  sans  en  nous  en  rien  faire  sça- 
voir,le  dit  de  Bourgogne,  par  cautelle  et  pour  sé- 
duire le  peuple  et  le  tenir  tousjours  vers  lui,  comme  il 
a  accoutumé,  fait  crier  et  publier  la  paix  à  Paris  et 
ailleurs  avec  les  feux  et  solcmnitez  accoutumées,  com- 
bien que  le  dit  traitié  fait  avec  Nous  comme  il  dit , 
Nous ,  ne  nos  dits  ambaxeurs ,  n'ayons  eu  aucune  no- 
tifications, ne  donné  consentement,  ne  n'en  savons 
en  tout  riens.  Si  vous  escrivons  ces  choses  pour  vous 
avertir,  et  affin  que,  par  cautelle  et  soubs  espérance 
de  paix,  vous  ne  puissiez  être  déceus  par  faute  d'aver- 
tissement et  de  bonne  garde;  vous  prions  et  néanmoins 
mandons,  de  par  mon  dit  seigneur  et  Nous,  sur  la 
loyauté,  obéissance  et  subjection  en  quoi  vous  êtes 
tenus  à  lui  et  à  Nous,  et  sur  peine  d'encourir  nostre 
indignation  et  d'être  réputés  désobéissant  à  lui  et  à 
Nous ,  et  que  à  nulles  quelconques  lettres  ou  raports 
qui  vous  soient  faits  du  dit  traitié,  vous  ne  adjoutez 
aucune  foj,  ne  ne  recevez  quelconques  venans  de  la 
court  de  mon  dit  seigneur  ne  du  dit  de  Bourgogne,  jus- 
ques  h  ce  qu'il  vous  apert  de  nostre  consentement  au 
dit  traitié  par  nous  lettres  scellées  de  notre  grant  sccl 

18 


2l4  APPENDICE. 

ou  signées  de  nostre  main  ;  ains  vous  tenez  sur  vostre 
garde,  ainsi  ou  mieulx  que  avant,  en  demeurant  tous- 
jours  soubs  la  vraye  obéissance  de  mon  dit  seigneur, 
comme  en  vous  en  avons  de  ce  parfaite  fiance;  et  se 
aucuns  messages  ou  aultres  de  quelconque  estât  qu'ils 
soient,  portans  lettres  ou  semans  paroles  au  dit  trai- 
tié,  venoient  es  pays  de  delà,  de  la  partie  du  dit  Bourgo- 
gne, feust  ou  non  de  mon  dit  seigneur  ou  autrement, 
avant  nostre  dit  consentement,  iceux  prenez  et  arrê- 
tez personnes ,  et  les  mettez  en  tel  ou  si  seur  lieu ,  que 
bien  Nous  en  sc.achiez  respondre;  quar  se  autrement  le 
faites  ,  Nous  y  prendrons  très  grant  déplaisir.  Chiers 
et  bien  amez,  Nostre  Seigneur  soit  garde  de  vous.  Ecrit 
à  Maillesoie,  le  xxix^  jour  de  septembre. 

Charles. 
Alain. 

ABVisfais  pour  le  bien  de  la  paix  et  union  de  ce 
royaume  " . 

Et  premièrement ,  pour  faire  service  et  plaisir  à 
Dieu,  et  remonstrer  aux  vassaulx  et  subgiez  du  Roy, 
et  à  tous  habitans  dessoubs  sa  seigneurie ,  la  très  sin- 
gulière entention  et  voidenté  que  monseigneur  le 
Daulphin  a  à  les  garder  de  toutes  charges  et  oppres- 
sions et  domaiges  qui  se  sont  accoustumez  ensuir  en 
tous  pays  par  fait  de  guerre,  et  de  les  tenir  bien  et 
paisiblement  chacun  ou  sien,  sous  la  seigneurie  du  Roy 

■  En  comparant  ces  Avis  au  traité  conclu  à  Saint-Mor-des-Fossés, 
on  comprendra  quels  motifs  empêchèrent  le  Dauphin  de  donner  sa 
sanction  à  ce  dernier  acte. 


APPENDICE.  275 

son  père  et  la  sienne  ,  et  pour  oster  toutes  excusations 
et  occupations  autres  à  tous  les  subgiez  du  Roi  et  siens , 
fors  de  soi  employer  en  la  deffense  de  ce  royaume 
contre  les  Anglois  ,  anciens  ennemis  d'icelui ,  avec  les- 
quels subgiez  mon  dit  seigneur  veut  employer  sa  propre 
personne  et  y  entendre,  comme  à  lui  touche  et  apar- 
tient,  après  le  Roi,  son  pf're,  plus  que  h  nul  autre, 
nonobstant  tous  les  cas  advenus  dont  l'onneur  du  Roi, 
le  sien  et  de  tout  ce  royaume  sont  tant  grevez ,  comme 
chacun  puet  cognoître,  m(  n  dit  seigneur  le  Dauphin  , 
après  aucunnes  sippications  et  requcstes  à  lui  sur  ce 
faites  pir  I  lusieurs  de  .<on  sang  et  lignages  et  autres, 
est  content  que  bonne  paix  soit  faite  et  antière  récon- 
ciliation de  monsieur  le  duc  de  Bourgogne  envers  le 
Roi  et  envers  lui,  et  qu'il  demeure  leur  bon  parent, 
subjet  et  vassal ,  et  en  leur  bonne  grâce ,  sans  désorena- 
Tant  avoir  souvenance  de  nulles  des  chouses  passées; 
et  est  et  sera  content  mon  dit  seigneur  que  la  dite  paix 
soit  faite  et  fermée,  d'une  part  et  d'autre,  par  les  plus 
graTîs  seiTcmens  que  on  pourra  adviser,  tant  par  sen- 
tence de  notre  Saint-Père,  comme  par  serremens  et 
promesses  des  seigneurs  du  sang  du  Roi  et  de  lui,  et 
de  tous  autres,  lesquels  seront  advisés  povoir  valoir  ou 
bien  de  la  besoigne,  soient  seigneurs  ,  barons,  prélas, 
"villes,  communauté/  et  autres  de  quelque  état. 

iTEiM,  que  la  dite  paix  soit  criée,  publiée  et  notifiée 
solemnellement  par  tout  ce  royaume,  tellement  que 
nul  n'en  puisse  prétendre  ignorance ,  sur  grans  peines 
contre  ceulx  qui  vendront  au  contraire  en  aucune 
manière. 


r..j6  APPENDICE. 

Item,  que  monsieur  de  Bourgogne,  pour  complaire 
à  monseigneur  le  Daulphin  et  lui  faire  plaisir,  ainsi 
qu'il  a  fait  signifTier,  face  rendre  obéissance  à  mon  dit 
seigneur  le  Daulphin  de  sa  yille  de  Tours,  qui  est  de 
son  domaine,  et  chief  de  sa  duchié  de  Tourainne,  qui 
est  le  premier  tiltre  de  seigneurie  que  mon  dit  seigneur 
le  Daulphin  ot  oncques. 

Item,  en  faisant  la  dite  paix  ,  est  l'entretien  '  de  mon 
dit  seigneur  que  ledit  monsieur  de  Bourgogne  se  em- 
ploie, défait  et  incontinent,  de  sa  puissance  contre 
les  dits  anciens  ennemis  du  Roi  et  dudit  royaume,  et 
que  toutes  ses  gens  d'armes  laissent  toutes  garnisons 
de  \illes  et  de  châteaux,  et  se  voisent  emploier,  ainsi 
que  ci-après  sera  dit ,  contre  les  dits  anciens  ennemis; 
et  pareillement  mon  dit  seigneur  le  Dauphin  assem- 
blera toutes  ses  gens  étans  en  garnison,  pour  iceulx 
emploier  contre  les  dits  anciens  ennemis,  comme  cy- 
après  sera  dit;  fera  vuider  toutes  les  garnisons  des  villes 
où  elles  sont,  pourvu  que  les  gens  d'église^,  nobles  et 
autres  demorans  ezdites  villes,  et  aussi  les  nobles  et 
gardes  des  justices  des  villes ,  des  châtellenies ,  des  villes 
où  sont  les  dites  garnisons ,  jm-eront  et  promeltront 
d'être  bons  et  lojaulx  devers  le  Roi  et  mon  dit  seigneur 
le  Daulphin,  et  icelles  villes  et  forteresses  garder  à  eulx 
et  pour  eux,  et  à  eulx  obéir,  sans  obéir  à  autres  quel- 
conques. 

Item  ,  et  affm  que  ledit  monsieur  de  Bourgogne  voye 
bien  clèrement  la  bonne  fiance  que  mon  dit  seigneur 


L'entention  ? 


APPENDICE.  277 

veult  avoir  doresnavant  à  lui ,  quant  il  se  veuillie  em- 
ploier  au  bien  du  Roy  et  du  royaume,  mondit  seii^neur 
est  et  sera  content  que  le  dit  monsieur  de  Bourgogne , 
soubs  le  Roi  et  mondit  seigneur,  soit  lieutenant  et  capi- 
taine général  de  la  guerre  contre  les  dites  engloises 
parties  de  Normandie,  Picardie ,  Champaigne  et  France, 
aTecques  tel  nombre  de  gens  d'armes  et  de  trait  que 
advisé  sera  être  nécessité  pour  résister  ausdits  enne- 
mis, et  delFendre  et  recouvrer  la  seigneurie  du  Roi. 

Item,  à  ce  que  le  dit  monsieur  de  Bourgogne  puisse 
recouvrer  gens  d'armes  et  chevalerie  pour  soi  aldier 
au  soutènement  de  la  charge  que  il  aura  pour  la  guerre , 
comme  dessus  est  dit,  et  qu'ils  soient  plus  enclins  à  le 
servir,  mon  dit  seigneur  sera  content  que  le  dit  mon- 
sieur de  Bourgogne  ,  comme  est  l'entention  du  Roi  en 
cette  partie,  et  par  le  consentement  de  mon  dit  sei- 
gneur, puisse  mander  et  assembler,  ainsi  qu'il  verra 
être  à  faire,  tous  nobles  et  autres  es  pays  de  France, 
Picardie,  Brie  et  Champaigne,  en  oultres  ses  pays  de 
Bourgogne ,  Artois  et  Flandres ,  et  que  les  vassaulx  et 
subgiez  du  Roi  lui  obéissent  èsdits  pays,  à  cause  de  la 
dite  capitainerie  et  lieutenance,  en  toutes  manières, 
pom'  soi  employer  au  fait  de  la  guerre  contre  lesdits 
ennemis  anciens. 

Item  ,  et  se  desdils  pays  ledit  monsieur  de  Bour- 
gogne ne  pouvoit  avoir  assez  gens  pour  supporter  la 
charge  de  la  guerre  qu'il  aura,  et  que  mondit  seigneur 
le  Daulphin  en  ait  plus  largement,  ou  au  contraire,  se 
entre  aideront  de  leurs  gens  ainsi  que  besoing  sera. 

Item  ,  et  pour  le  soutènement  de  la  charge  que  le 


278  APPENDICE. 

dit  monsieur  de  Bourgogne  aura  pour  le  payement  des 
gens  d'armes  et  de  trait ,  et  autres  charges  de  la  guerre 
dont  il  sera  cliargié,  tant  par  son  état  que  pour  autres 
choses  qui  seront  advisées,  seront  les  recettes  des  des- 
sus dits  pays,  qui  lui  seront  bailliées,  distribuées  par 
son  ordonnance  jusques  à  la  somme  qui  sera  advisée 
être  nécessaire  pour  les  choses  dessus  dites ,  sans  ce  que 
aucun  empeschement  lui  puist  être  mis. 

Item  ,  et  pour  ce  que  c'est  l'entention  et  volenté  de 
mondit  seigneur  de  soi  employer  en  personne  ou  fait 
de  la  guerre  contre  les  dits  anciens  ennemis,  mon  dit 
seigneur  yeuit ,  en  sa  compagnie ,  son  beau-frère  le 
duc  de  Bretagne  et  des  autres  de  son  sang ,  avoir  la 
charge  de  la  guerre  contre  lesdits  anciens  ennemis  ou 
pays  de  Guyenne  et  de  la  Basse-Normandie,  et  pour 
lui  servir,  mandera  les  nobles  et  autres  de  pays  de  ce 
royaume,  excepté  des  pays  dessus  dits,  qui  sont  or- 
donnez pour  la  charge  du  dit  monsieur  de  Bourgogne. 

Item,  pour  soutenir  son  état  et  la  charge  de  la  dite 
guerre,  mondit  seigneur  aura  èsdits  pays  les  finances 
et  receptes  tant  du  domaine  que  autres. 

1tE3i  ,  seront  advisées  les  valeurs  des  finances  de  ce 
royaume,  tant  de  celles  qui  seront  es  mains  de  mondit 
seigneur,  comme  du  dit  monsieur  de  Bourgogne,  et 
sur  icelles,  selon  ([ue  le  pourront  porter  les  receptes 
en  chacun  endroit,  considérées  les  charges  qui  seront 
dessus  pour  le  fait  de  la  guerre,  seront  assignez  les  dé- 
pens du  Roy  et  de  la  Reyne. 

Item  ,  quant  aux  fais  des  offices ,  tous  les  officiers 
qui  étoient  ou  temps  de  la  paix  qui  fut  faite  à  Saint- 


APPENDICE.  279 

Denis,  et  jurée  à  Rouvre ,  demourront  en  leurs  offices  ; 
et  les  autres  dont  par  le  Roy  aura  été  pourveu,  vacant 
par  mort ,  ou  par  volontaire  résignation ,  ou  promo- 
tion depuis ,  pareillement  demourront.  Quant  aus  of- 
fices électifs,  vacans  par  mort,  par  les  cas  advenus  à 
Paris ,  sera  pourveu  de  bons  et  soufficiens  officiers  par 
l'ordonnance  du  Roy,  de  la  Reine  et  de  monseigneur 
le  Dauphin,  par  bonne  élection  et  par  Fadvis  des  sei- 
gneurs de  leur  sang  pour  cette  fois. 

Ite3i,  par  ce  présent  apointement,  chacun,  d'une 
part  et  d'autre ,  revendra  h  ses  biens ,  immeubles  et 
héritages,  et  gens  d'église  à  leurs  bénéfices ,  pleinement 
et  franchement ,  sans  ce  que  les  détenteurs  à  présent 
puissent  user  de  rétention  pour  réparations,  gardes, 
fortifications,  ou  autres  quelconques  causes,  ne  au- 
cune chose  demander. 

Ite.m  ,  sera  faite  abolition  générale  de  tous  cas  com- 
mis et  injures ,  réaies  et  personnelles ,  à  cause  des  divi- 
sions advenues  en  ce  dit  royaume,  hors  le  cas  advenu 
à  Paris  derrenier,  et  ceulx  qui  autres  fois  auront  été 
excluds  par  le  traitié  de  Chartres. 

Item,  pour  plus  entretenir  la  paix  dessusdite,  et 
éviter  toutes  suspections  d'une  part  et  d'autre,  s'il  est 
advisié  que  ce  soit  pour  le  meilleur,  mondit  seigneur 
sera  content  d'avoir  en  tour  lui  et  en  son  conseil,  au- 
cuns notables  serviteurs  audit  duc  de  Bourgogne,  et 
pareillement  baillera  des  siens  à  lui ,  lesquielx  seront 
assermentés  d'une  part  et  d'autre. 

Item,  et  se  aucuns  alliances,  convenances,  pactions 
ou  abstinence  de  guerre,  aucunement  esté  ou  étoient 


28o  APPENDICE. 

faites,  traitées,  promises  et  accordées  par  ledit  de 
Bourgogne  avec  le  roy  des  Romains,  lesdits  Anglois  , 
ou  autres  quelconques  ennemis  et  adversaires  du  Roy, 
de  mon  dit  seigneur  le  Dauphin  et  du  royaume,  l'en- 
tencion  de  mon  dit  seigneur  le  Dauphin  est  que  le  dit 
de  Bourgogne  y  renonce ,  et  en  baille  sur  ce  ses  lettres 
convenables.  Donné  ou  châtel  de  Chinon ,  le  quatrième 
jour  d'août,  l'an  mil  iiii<=xviii. 

Superscriptio.  A  nos  amez  et  féaulx  les  gouverneurs, 
gens  de  notre  conseil  et  chambre  des  comptes  de  notre 
pays  de  Daulphiné. 

X. 

Page  102,  ligne  19. 

Et  y  estoit  messire  Guy  Le  Boutillier. 

((  Henri,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France  et 
d'Angleterre ,  savoir  faisons  à  tous  présens  et  à  venir 
que  Nous,  considérans  les  bons,  grans,  notables  et 
prouffitables  services  que  nostre  amé  et  féal  conseiller 
Guy  Le  Bouteillier,  chevalier,  seigneur  de  La  Roche- 
Guion ,  a  faiz  le  temps  passé  à  feu  noz  très  chers  sei- 
gneurs ayeul  et  père  les  roys  de  France  et  d'Angleterre 
derreniers  trespassez,  que  Dieu  pardoint,  à  Nous  et 
à  nostre  très  chier  et  très  amé  oncle  Jehan,  régent 
nostre  royaume  de  France ,  duc  de  Bedford ,  tant  ou 
fait  de  noz  guerres  et  en  la  garde  de  nostre  bonne  ville 
de  Paris,  comme  autrement  en  maintes  manières,  fait 
chacun  jour  et  espérons  que  face  ou  temps  ad  venir,  et 


APPENDICE.  281 

poui'  et  en  récompensacion  et  réraunéracion  de  la 
somme  de  deux  cens  quatre  livres  tournois  qui  deues 
lui  sont  de  reste  pour  les  i^aiges  et  souldes  de  lui  et  des 
gens  d'armes  que ,  par  l'ordonnance  et  commandement 
de  nostre  dit  seigneur  et  père  il  tint ,  l'an  mil  iiii*^  xxii , 
à  la  garde  de  nostre  bonne  ville  de  Paris ,  par  l'espace 
de  trois  mois  et  demi  ou  environ ,  et  aussi  en  l'ostel 
qui  piéça  fut  h  l'arcevesque  de  Besançon,  et  depuis  à 
Martin  Gouge,  évesque  de  Clermont,  situé  à  Paris,  en 
la  rue  d'Arondelle,  tenant,  d'une  part,  à  l'ostel  ou 
pend  l'enseigne  du  Mouton  ,  et  d'autre  part,  au  long 
de  la  rue  des  Noyers ,  et  aboutissant ,  par-derrière ,  sur 
la  rivière  de  Saine,  en  la  rue  des  Augustins,  par  où 
l'en  va  du  Pont-Neuf  à  l'ostel  de  Neelle,  ouquel  hostel 
le  dit  chevalier  fut  logié  durant  le  temps  qu'il  eut  la 
garde  de  nostre  dite  ville,  et  y  fist  faire  plusieurs  et 
grans  réparacions ,  et  pour  certaines  autres  causes  et 

considéracions, audit  nostre  conseiller —  avons — 

donné....  par  ces  présentes  le  dit  hostel  avec  ses 
louages,  appartenances  et appendances  quelconques.... 
Donné  h  Endely-sur-Seine,  le  xxix^  jour  du  mois 
d'avril ,  l'an  de  grâce  mil  cccc  xxiii ,  et  le  premier  de 
nostre  règne.  »  (  Trésor  des  Chartes,  Registre  coté 
viiF^  XII,  Pièce  445-) 


a82  APPENDICE. 

XL 

Page  105,  ligne  24. 

Mais  Je  Boin  de  Saveuse  ,  qui  lors  y  estoit 

«  Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France, 
savoir  faisons  à  tous  présens  et  à  venir,  Nous  avoir 
reçu  l'umble  suppîicacion  de  Bon  de  Saveuses,  jeune 
escuier  de  l'aage  de  vingt-quatre  ans  ou  environ,  con- 
tenant comme  il  soit  extraict  et  yssu  de  grant  et  noble 
généracion,  et  nous  ait  servi,  dès  le  temps  qu'il  a  pu 
porter  armes,  bien  grandement  et  loyaument,  à  l'en- 
contre  de  noz  ennemis,  adversaires  et  malveuillans , 
et  y  exposé  son  corps  et  sa  chevance ,  et  jusques  à  na- 
guères ,  que  Jaques  de  Harecourt,  nostre  adversaire,  a 
tant  fait  par  blandices,  feintes  et  déceptives  paroles, 
en  promettant  au  dit  suppliant  que  il  ne  se  armeroit  à 
rencontre  de  Nous  ne  de  noz  amis  ,  subgez  et  bienveil- 
lans,  maiz  seroit  content  de  lui  et  lui  soufîiroit  que  il 
€uidast  à  garder  la  place  du  Crotoy,  l'a  actraict  avecques 
lui  au  dit  Crotoy,  où  il  a  esté  par  long-temps  sans  soy 
armer,  cuidant  que  le  dit  Jaques  lui  tenist  ce  qu'il  lui 
avoit  promis  :  et  depuis  l'a  ycellui  Jacques  tellement 
induit  et  séduit  par  promesses  et  belles  paroles,  que  le 
dit  suppliant,  par  sa  simplesse  et  jeunesse,  s'est  con- 
senti de  aler,  et  l'a  le  dit  Jacques  mené  avecques  lui  et 
en  sa  compaignie,  monté  et  armé,  faire  plusieurs 
courses  et  destrousses  sur  noz  subgez  et  bienvueillans, 
et  aussi  faire  plusieurs  envayes  etassaulx,  et  aidié  à 


APPENDICE.  283 

prendre  plusieurs  villes,  chasteaulx  et  forteresses  à 
Nous  obéissans;  par  le  moyen  desquelles  courses,  en- 
vayes  et  assaulx,  mort  s'en  est  ensuje  en  plusieurs  de 
noz  ditz  subgez  et  blenveillans ,  et  plusieurs  autres 
maux  et  inconvéniens,  et  tout  par  le  fait  et  occasion 
du  dit  Jaques  et  de  ses  aliez,  que  ledit  suppliant  sujoit 
et  alloit  avecques  eulx  plus  par  crainte  que  autrement. 
Et  il  soit  ainsi  que  naguères  le  sire  de  Sa^euses,  Ro- 
bert de  Saveuses,  ses  frères,  et  autres  parens  et  amis 
du  dit  suppliant,  nos  bienveillans ,  ayant  très  grant 
desplaisance  de  ce  que,  par  les  moyens  dessus  diz,  le 
dit  Jaques  l'avoit  ainsi  séduit  et  actraict  à  lui ,  et  desi- 
rans  le  ratraire  et  mettre  hors  de  la  puissance  d'icellui 
Jaques  pour  le  remettre  en  nostre  service  et  estre  nostre 
bien  veuillant,  comme  il  estoit  paravant  que  il  alast 
avecques  le  dit  Jaques,  ont  tant  fait  que,  en  certaine 
course  que  faisoit  ycellui  suppliant  entre  Amiens  et 
Beauvaiz,  ilz  le  prindrent  et  amenèrent,  et  l'ont  de- 
puis détenu  prisonnier  :  et  combien  que  il  ait  en  soy 
ferme  propos  et  voulenté  d'estre  et  demourer  tous- 
jours  nostre  bon  ,  vray  et  loyal  sugect  et  obéissant ,  et 
de  exposer  son  corps  et  sa  clievance  en  nostre  service, 
sanz  jaraaiz  retourner  devers  le  dit  Jaques,  ne  autres 
noz  adversaires  quelconques ,  ne  yceulx  porter  ne 
favoriser  en  aucune  manière ,  et  aussi  soit  prest  de  faire 
le  serment  de  la  paix  des  deux  royaumes  de  France  et 
d'Angleterre;  toutesvoyes,  lui ,  doubtant  nostre  indi- 
gnacion  et  la  rigueur  de  justice ,  ne  s'est  depuis  osé  ne 
ose  bonnement  apparoir  ne  aler,  venir,  ne  converser 
sceurement  parmi  nostre  royaume,  et  seroit  en  aven- 


284  APPENDICE. 

ture  de  ycellui  déguerpir  et  laissier  de  tous  polns ,  et 
de  aler  en  exil  à  tousjours-maiz  se  nostre  grâce  et  mi- 
séricorde ne  lui  estoit  sur  ce  impartie,  en  nous  hum- 
blement requérant  que,  attendu  la  simplesse  et  jeunese 
du  dit  suppliant,  l'induction  et  séduction  dessusdites, 
et  l'affection ,  ferme  propos  et  Toulenté  que  icellui 
suppliant  a  d'estre  et  demeurer  nostre  bon ,  vray  et 
loyal  subject  et  obéissant ,  et  de  exposer  en  nostre  ser- 
vice son  corps  et  sa  chevance,  est  prest  de  faire  le  dit 
serement;  et,  pour  escliever  sa  désercion  totale  ,  nous 
lui  veuillons  sur  ce  impartir  nostre  dite  grâce  et  misé- 
ricorde :  pourquoy  Nous,  ces  choses  considérées,  et 
que  en  autres  cas  le  dit  suppliant  a  esté  et  est  de  bonne 
vie,  renommée  et  honneste  considéracion  ,  sans  avoir 
esté  reprins,  actainct  ne  convaincu  d'aucun  villain  cas, 
blasme  ou  reprouche,  et  en  faveur  de  ses  diz  frères  et 
autres  ses  parens  et  amis,  qui  nous  ont  bien  et  gran- 
dement servy  ou  fait  de  noz  guerres  et  autrement, 
font  chacun  jour,  et  espérons  que  tousjours  facent, 
voulans  prefférer  miséricorde  à  rigueur  de  justice,  au 
dit  suppliant,  de  notre  certaine  science,  grâce  espé- 
cial  et  auctorité  royal,  avons  quictié,  remis  et  par- 
donné ,  et ,  par  ces  présentes ,  quictons ,  remettons  et 
pardonnons  les  faits  et  cas  dessus  dizs,  et  tout  ce  que 
à  l'occasion  d'icieulx  s'en  est  ensuy,  avec  toute  peine, 
amende  et  offense  corporelle ,  criminelle  et  civille  en 
quoy  ilpourroit,  pour  occasion  des  choses  dessusdites, 
estre  encouru  envers  Nous  et  justice ,  et  le  restituons  à 
sa  bonne  famé  et  renommée  au  pays ,  et  à  ses  biens , 
meubles  et  héritages  non  confisquez ,  et  imposons  sur 


APPENDICE.  285 

ce  scilence  perpétuel  à  nostre  procureur,  pourveu  que 
le  dit  suppliant  nous  fera  le  serement  de  la  dite  paix 
es  mains  de  nostre  bailli  d'Amiens  ou  de  son  lieute- 
nant. Si  donnons  en  mandement  par  ces  mesmes  pré- 
sentes, aux  bailliz  de  Verraendois  et  d'Amiens,  et  à 
tous  noz  autres  justiciers  et  officiers  présens  et  advenir, 
ou  à  leurs  lieuxtenans,  et  à  chacun  d'eulx ,  si  comme  à 
lui  appartiendra ,  que  de  nostre  présente  grâce ,  par- 
don et  rémission  facent,  suffrent  et  laissent  le  dit  sup- 
pliant joïr  et  user  plainement  et  paisiblement,  sanz  le 
molester,  traveiller  ne  empescher,  ne  souffrir  estre 
traveillé ,  molesté  ne  empesché  en  corps  ne  en  biens 
en  aucune  manière  ,  au  contraire,  ainçois  se  son  corps 
ou  aucuns  de  ses  biens  non  confisquez  estoient  ou  sont 
pour  ceprins,  emprisonnés,  saisis,  ai  restez  ou  autre- 
ment empeschés ,  ilz  les  lui  mettent  ou  facent  mettre , 
tantost  et  sans  délay_,  à  pleine  délivrance.  Et  afin  que 
ce  soit  ferme  chose  et  estable  à  tousjours,  nous  aAons 
fait  mettre  notre  scel  à  ces  présentes,  sauf  en  autre 
chose  nostre  droit,  et  l'autrui  en  tout.  Donné  à  Paris , 
au  mois  de  juing,  l'an  de  grâce  mil  cccc  xxii,  et  de 
nostre  règne  le  xlii°.  Signé  par  le  Roy  à  la  relacion  du 
conseil.  Bordes.  '  >)  (Trésor  des  Chartes,  Registre 
coté  VIII"  XII,  Pièce  83.) 


'  Ce  document  prouve  que  c'est  bien  le  Bon  de  Saveuses ,  comme 
nous  l'avons  imprimé  (page  i53,  ligne  i)  d'après  notre  manuscrit,  et 
non  Robert  de  Saveuses,  comme  on  lit  dans  celui  de  Tieulaine  et  dans 
Godefroy,  page  484  -,  qui  se  tourna  du  parti  du  Dauphin  avec  Jacques 
de  Harcourt. 


286  APPENDICE. 

XII. 

Page  106,  ligne  4. 

Le  roy  Charles  de  France  et  le  duc  Jehan  de  Bourgogne  furent 
grant  temps  à  Beauvais. 

Vers  la  fin  de  novembre  de  l'année  i4i8,  le  Roi  et 
le  duc  de  Bourgogne  quittèrent  Paris  ce  pour  aller 
contre  les  Anglojs,  et  allèrent  loger  à  Pontoise,  et  là 
furent  jusqnes  à  trois  sepmaines  après  Noël  sans  riens 
faire,  ce  non  manger  tout  le  pays  d'antour.  Et  les  An- 
gloys  estoient  devant  Rouen,  et  le  Dalphin  ou  ses 
gens  gastèrent  le  pays  de  Touraine,  et  les  autres  estoient 
au  tour  de  Paris,  et  venoient  jusques  aux  portes  de 
Paris,  piller,  tuer,  ne  oncques  le  duc  de  Bourgogne, 
ne  les  siens ,  ne  s'avancèrent  aucunement  de  contester 
aux  Engloys  ne  Arminaz.  Et  pour  ce  encliery  tretout 
de  plus  en  plus  à  Paris,  car  riens  n'y  povoit  venir  pom* 
ceulx  devant  diz  '.  »  Pour  comble  de  maux,  il  régnoit 
à  Paris  une  maladie  épidémique,  qui  commença  au 
mois  de  septembre,  et  qui ,  dans  l'espace  de  trois  mois, 
enleva  plus  de  cent  mille  personnes.  Il  est  probable  que 
la  situation  malheureuse  dans  laquelle  se  trouvoient 
les  Parisiens,  à  l'époque  où  le  Roi  quitta  Paris,  leur  fît 
craindre  de  plus  grandes  calamités  pour  l'avenir ,  et 
qu'ils  en  portèrent  plainte  au  duc  de  Bourgogne  :  c'est 
du  moins  ce  que  permet  de  conjecturer  la  lettre  sui- 
vante, que  nous  croyons  inédite. 

'   Journal  d'un  bourg^eois  de  Paris,  5o. 


APPENDICE.  287 

Promesse  du  duc  de  Bourgogne  de  ne  pas  éloig  ler  le 
Roi  de  Paris  plus  loin  que  Promis  \ 

Jehan,  duc  de  Bourgogne,  comte  de  Flandres, 
d'Artois  et  de  Boui'gogne ,  palatin,  seigneur  de  Salins 
et  de  INIalines,  à  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres 
verront,  salut  et  dilection.  Combien  que  nous  ajons 
tousjours  ferme  propos  et  bon  vouloir  de  nous  em- 
ployer au  bien  et  honneur  de  monseigneur  le  Roy , 
conservation  de  sa  seigneurie,  et  à  la  générale  défense 
de  chacune  cité  et  bonne  ville  de  son  rojaume,  toutes- 
vojes ,  entre  les  autres ,  la  bonne  ville  de  Paris  nous 
vient  souvent  en  mémoire,  en  grand  désir  et  singu- 
lière affection  de  icelle  ajder  à  garder,  défendre  et  pré- 
server de  toutes  oppressions  et  violences,  comme  celle 
que  nous  sçavons  estre  chief  de  toutes  les  autres ,  de 
laquelle  les  clercs ,  bourgeois,  raanans  et  habitans  ont 
tousjours,  à  leur  pouvoir,  désiré,  vouUu  et  poursuivy 
en  grant  obéissance  le  bien  et  honneur  de  mon  dict  sei- 
gneur, de  sa  couronne  et  de  Nous  aussy,  comme  ses 
bons ,  vrays  et  loyaulx  subjects  et  bien  vueillans  de 
nostre  personne  :  et  il  soit  ainsy  que ,  pour  certaines 
grandes  causes  et  raisons  ,  et  par  grand  et  meure  déli- 
bération de  conseil ,  pour  l'évident  proffict  et  honneur 
de  mon  dict  seigneur,  briefve  défense  et  recouvrement 
de  son  pays ,  et  tranquillité  de  son  bon  et  loyal  peu- 
ple, mon  dict  seigneur  et  Nous,  en  sa  compagnie, 

■   liiBLioTnÉQUK    ROYALE,  Munuscrits ,  Fonds  de  Brienne ,  n"  197, 
fol.  2i5  recto. 


288  APPENDICE, 

nous  soyons  nouvellement  traiz  es  marches  de  Brie, 
où,  par  maintes  vojes  et  manières  ajsées,  légières  et 
convenables,  l'en  finera  de  ce  qui  est  nécessaire  et 
expédient  pour  les  défenses  et  recouvrement  dessus- 
dict,  afin  que  chacun  cognoisse  clèrement  que  la  ve- 
nue de  mon  dict  seigneur  et  de  Nous  es  dictes  marches 
n'est  pas  pour  esloigner  et  laissier  sa  dicte  bonne  ville 
de  Paris,  mais  pour  icelle  garder,  défendre  et  secourir, 
promectons  loyaument,  par  la  foj  et  serment  de  nostre 
corps ,  et  en  parolle  de  Prince ,  de  employer  et  expo- 
ser nostre  personne,  noz  amis  et  chevance,  pour  la 
défense  de  mon  dict  seigneur  et  de  son  rojaulme,  et 
de  retourner,  en  la  compagnie  de  luj  et  de  madame  la 
Rojne,  en  la  dicte  ville  de  Paris,  si  tost  qu'elle  sera 
souffisamment  avitaillée  et  fournie  de  ses  autres  néces- 
sités, et  de  secourir  la  dicte  ville  à  toute  force  et  puis- 
sance d'armes,  et  avement  s'il  avenoit  qu'elle  fu s t  as- 
siégée ou  autrement  opprimée  au  plus  tart  dedans  la 
fin  du  mois  de  maj  prochain  venant;  et,  cependant, 
mettrons  toute  peine  et  diligence  de  aydier,  conduire 
et  mener  vivres  au  dict  lieu  de  Paris ,  des  marches  et 
parties  où  mon  dict  seigneur  et  Nous  serons,  et  que 
mon  dict  seigneur,  ma  dicte  dame  et  Nous ,  ne  nous 
esloignerons  de  la  dicte  ville  de  Paris  plus  loing  de  Pro- 
vins, se  ce  n'estoit  par  grand  et  urgente  nécessité,  et 
pour  l'évident  utilité  de  mon  dict  seigneur  et  de  sa 
dicte  seigneurie.  En  tesmoing  de  ce,  nous  avons  faict 
mettre  nostre  scel  à  ces  présentes.  Donné  à  Lagny-sur- 
Marne,  le  xix'jour  de  janvier,  l'an  degrâcemil  cccc  xviii. 
Signé  par  monsieur  le  duc.  Bordes. 


APPENDICE.  289 

Au  dos  :  Lecta  et  puhlicata  in  caméra parliamenti 
die  xxui^januariij  anno  Doinini  inillesiTno  ccccxviii. 
ClÉmens. 

XIIJ. 

Page  116,  ligne  1. 

Avec  le  duc  Jehan  estoit  allé  le  seigneur  de  Saint-Jorge  et  mes- 
sire  Charles  de  Lcns ,  lesquelz  furent  prins. 

(f  Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France ,  saA  oir 
faisons  h  tous  présens  et  à  venir  que  comme  Alain  Le- 
lay  et  Ysabel ,  sa  femme ,  aient  tenu  etencores  tiennent 
le  party  du  roy  d'Angleterre,  nostre  ancien  ennemy 
et  adversaire,  et  lui  aient  fait  foy  et  hommage,  pour- 
quoy  ilz  aient  méfait  envers  Nous  et  nostre  majesté 
royal,  en  commettant  crime  de  lèze-majesté  et  au- 
trement délinquant  en  plusieurs  et  diverses  manières, 
pour  laquel  chose  se  soient  ainsi  meffais  envers  Nous, 
qu'ilz  ont  commis  et  confisquez,  et  forfais  envers 
Nous  et  nostre  dite  seigneurie  tout  ce  qu'ilz  ont  et  pe- 
vent  aAoir  en  nostre  dit  royaume,  et  telement  que 
nous  en  povons  ordonner  à  nostre  bon  plaisir  et  vou- 
lenté.  Nous,  considérans  les  grans ,  notables  et  prouf- 
fitables  services  que  nous  a  fais  en  plusieurs  et  diver- 
ses manières  nostre  amé  et  féal  chevalier,  conseiller  et 
admirai  de  France,  Charles  de  Lens,  seigneur  de  Can- 
gnières,  en  plusieurs  noz  guerres  et  armées,  fait  de 
jour  en  jour,  et  espérons  que  face  ou  temps  à  venir,  à 
icellui ,  par  l'advis  et  délibération  de  nostre  très  cliier 

^9 


290  APPENDICE, 

et  très  amé  cousin  le  duc  de  Bourgogne ,  et  de  plu- 
sieurs de  nostre  conseil,  avons  donné,  cédé,  quictié  , 
octroie,  transporté  et  déîaissié,  et,  par  la  teneur  de 
ces  présentes,  donnons,  cédons,  quictons,  octroions, 
transportons  et  délaissons  de  nostre  certaine  science, 
auctorité  royal  et  pleine  puissance^  en  héritage  per- 
pétuel pour  lui ,  ses  hoirs  ,  successeurs  ou  aians  cause  , 
les  héritages  qui  s'ensuivent  : 

«  C'est  assavoir  un  hostel  assiz  h  Gouvernes  lez  Laigny- 
sur-Marne,  avecques  un  colombier,  auquel  hostel  ap- 
partient xvni  arpens  de  vigne,  l  arpens  de  terres  la- 
bourables et  trente  livres  tournois,  tant  de  cens 
comme  de  rentes  ; 

«  Item ,  un  autre  hostel ,  nommé  Fontenelles ,  avec- 
ques im  colombier,  lez  Jossenj,  auquel  hostel  appar- 
tiennent vixx  arpens  de  terres  labourables,  xii  arpens 
de  prez  et  xl  arpens  de  bois  lez  la  Ville-Neuve  Saint- 
Denis,  lesquels  choses  sont  assises  en  nostre  bailliage 
de  Meaulx  ; 

«  Item,  un  autre  hostel,  avecques  un  colombier,  assiz 
à  Thorigny,  auquel  hostel  appartiennent  vi  arpens  de 
vigne,  un  arpens  de  prez,  de  jardins  et  un  petit  saul- 
çoy,  lesqueles  choses  sont  assises  en  la  prévosté  de 
Mont-Jay  ; 

((  Item,  un  fief  petit,  nommé  Rentilly,  auquel  appar- 
tiennent six  septiers  de  grain  et  nii^x  arpens  de  bois; 

«Item,  un  hostel  assiz  à  Villepereux ,  avecques  un 
colombier ,  auquel  hostel  appartiennent  iiii^^  arpens 
de  terres  labourables  ; 

((Item,  un  autre  hostel  nommé  Arsiz,  avecques  un 


APPENDICE.  291 

colombier ,  auquel  hostel  appartiennent  c  arpens  de 
terres  et  vi  arpens  de  prez; 

«  Item ,  un  autre  hostel ,  nommé  de  Montval ,  assiz 
lez  Saint-Germain-en-Laje ,  auquel  appartiennent 
xnii  arpens  de  vigne,  lesqueles  choses  dessus  dites 
sont  assises  en  nostre  prévosté  de  Paris  ; 

u  Item  ,  un  autre  hostel ,  nommé  Joy-lez-Paris ,  au- 
quel appartiennent  x  arpens  de  vigne  ; 

((  Item,  un  autre  hostel  assiz  à  Paris,  en  la  rue  Saint- 
Pol ,  ouquel  demouroient  feux  le  seigneur  de  Boissay 
et  sa  femme; 

«  Item,  un  autre  hostel  assiz  en  icelle  rue  de  Saint- 
Pol,  devant  le  dit  autre  hostel; 

a  Item ,  un  autre  hostel  assiz  à  Paris,  en  la  rue  des 
Jardins  ; 

((  Item  ,  un  autre  hostel  assiz  à  Paris ,  près  du  Lou- 
vre, nommé  l'hostel  de  Bacqueville. 

«  Lesquelz  héritages,  paravant  noz  ditz  don  et  trans- 
port, estoient  et  appartenoient  à  icelle  Isabel,  femme 
d'icelui  Alain  Le  Lay ,  et  pevent  valoir  par  an  quatre 
cens  livres  parisis  ou  environ  de  revenue,  pour  les  diz 
héritages  avoir,  tenir  et  posséder  par  nostre  dit  con- 
seiller et  admirai ,  et  héréditablement  comme  des  siens 
propres.  Si  donnons  en  mandement  à  nos  amez  et 
féaulx  les  gens  de  nos  comptes  à  Paris ,  aus  commis- 
saires et  généraulx  gouverneurs  de  toutes  noz  finan- 
ces ,  tant  en  Languedoil  que  en  Languedoc  ,  et  à  tous 
noz  autres  justiciers  et  officiers  présens  et  à  venir,  ou 
h  leurs  lieuxtenans ,  et  à  chacun  d'eulx  si  comme  à 
lui  appartiendra ,  que  à  nostre  dit  conseiller  et  admi- 


292  APPENDICE. 

rai ,  ou  à  son  procureur  pour  lui ,  ilz  baillent  et  déli- 
vrent, ou  facent  bailler  et  délivrer  la  possession  et 
saisine  des  diz  héritages,  et  les  fruis ,  rentes,  posses- 
sions ,  revenues ,  yssues ,  émolumens  ,  appartenances 
et  appendences  d'iceulx  le  facent,  seufFrent  et  lais- 
sent joïr  et  user  paisiblement  et  perpétuelment ,  comme 
de  sa  propre  chose  :  et  par  rapportant,  pour  une  fois, 
vidimus  de  ces  présentes  ,  fait  soubs  scel  royal ,  les 
receveurs  commis  ou  à  commettre  sur  le  fait  de  teles 
confiscacions  en  voulons  estre  quictes  et  deschargez 
par  tout  où  il  appartiendra ,  nonobstant  que  nous 
n'ayons  aucunement  acoustumé  de  faire  telz  dons  de 
confiscacions  a  quelques  personnes  que  ce  soit,  et  quel- 
conques usa  iges,  stile,  l'ordonnance  par  Nous  faicte 
de  non  donner  de  nostre  demaine,  dons  et  bienfais  par 
Nous  à  luy  autres  fois  fais,  en  ces  présentes  non  ex- 
primez ,  et  ordonnances ,  mandemens  ou  défenses  à  ce 
contraires.  Et  afin  que  ce  soit  chose  ferme  et  estable 
à  tousjours,  nous  avons  fait  mectre  nostre  scel  à  ces 
présentes,  sauf  en  autre  chose  nostre  droit,  et  l'au- 
truy  en  tout.  Donné  à  Paris,  le  vi'' jour  d'octobre^ 
l'an  de  grâce  mil  ccccxviii,  et  de  nostre  règne  le 
xxxlx^  Ainsi  signé  par  le  Pvoy,  messire  Charles  de 
Savoisy,  messire  Jehan  de  Courcelles,  maistre  Thierry 
Le  Roy,  et  autres  présens.  L.  Calot.  »  (Trésor  des 
Chartes,  Registre  coté  viii'^^xi,  Pièce  Sy.  ) 


APPENDICE.  293 

XIV. 

Page  146,  ligne  8. 

Et  depuis  fut  mené  par  les  Englès  au  Chastel-Gaillart. 

Le  Chastel-Gaillart,  «  château  lojal,  le  plus  fort  et 
imprenable  de  toutes  les  autres  places  de  la  Norman- 
die, suivant  la  commune  renommée  de  ceux  qui  l'ont 
vu,  dit  Mathieu  d'Escouchy  ',  estoit  situé  proche  la 
rivière  de  Seine  ,  sur  une  roche.  »  M.  Charles  Nodier  ' 
et,  plus  récemment,  M.Achille  Deville%  ont  écrit 
l'histoire  du  Château-Gaillard,  fondé  en  1196,  par 
Richard-Cœur-de-Lion. 

XV. 

Page  148,  ligne  1. 

Devant  Melun  eut  aucuns  contens  entre  messire  Hue  de  Lannoy 
el  ung  huissier  d'armes  du  duc  Phelipes  ,  nommé  Grant  Jehan. 

Par  lettres  données  à  Pontoise,  le  9  janvier  1422, 
le  roi  Henri  VI  fit  don  à  Compaignon  Grave,  «  escuier 
d'escuirie  du  duc  de  Bourgogne,  et  Grant  Jehan,  son 
huissier  d'armes,  de  deux  marcs  et  demi  de  lin  or  de 
rente  annuele  et  perpétuele ,  à  les  prendre  et  percevoir 

■  Sous  l'année  i449,  page  586. 

*  Voyages  pittoresques  et  romantiques  dans  i'ancienne  France,  jdn- 
cienne  Normandie  ,  Il ,  1 1 3-125. 

'  Histoire  de  Château- Gaillard  et  du  siège  qu'il  soutint  contre  Phi- 
lippe-Auguste en  f2o3  et  i2o4-  Rouen  ,  E.  Frère,  182g,  in-4°- 


294  APPENDICE. 

en  et  sur  la  terre  et  seignourie  de  Hornoy,  en  Vimeu  j 
laquelle  rente  jadis  fut  et  appartint  à  Jaques  de  Har- 
court.  »  (  Trésor  des  Chartes,  Jlegistre  coté  viii"  xii, 
Pièce  199.) 

XVI. 

Page  149,  note  3. 

Godefroy  donne  ,  sous  le  titre  (S'Arrest  contre  mcssire  Charles  de 
Valois ,  dauphin  de  Viennois,  un  prétendu  extrait  des  registres  du 
Parlement ,  mais  n'indique  point  la  source  où  il  l'a  puisé. 

Nous  trouvons  dans  un  manuscrit  appartenant  à  la 
Bibliothèque  royale  '  une  copie  de  la  pièce  dont  il  s'agit, 
et  nous  pensons  que  c'est  de  ce  volume  que  Godefroy 
l'a  extraite.  Son  authenticité  n'en  est  pas  mieux  établie, 
sans  doute,  et  les  raisons  alléguées  par  Boissy-d'Anglas 
contre  l'existence  de  l'arrêt  conservent  toute  leur 
force  ;  mais  nous  avons  cru  devoir  consigner  ici  le  ré- 
sultat, même  infructueux,  de  nos  recherches,  parce 
qu'il  pourra  servir  de  point  de  départ  à  ceux  qui  se- 
roient  tentés  de  pousser  plus  avant  l'examen  de  la 
question  historique  fort  importante  à  laquelle  Boissy- 
d'Anglas  a  consacré  son  intéressant  Mémoire. 

'Fonds  deBrieiine,  n"  197,  fol.  289,  recto.  La  même  collection 
contient  une  copie  de  l'ordonnance  de  Charles  VI,  qui  confère  à  Fenin 
l'Ordre  de  la  Cosse  de  Geneste. 


APPENDICE.  295 

XVII. 

Page  152,  ligne  20. 

Avec  messire  Jaques  de  Harecourl  se  lourna  le  seigneur  de 
Rambures. 

On  a  vu  plus  haut  '  que,  par  lettres  données  à 
Amiens,  au  mois  d'avril  i/|.25,  après  Pâques,  les  biens 
confisqués  sur  Andreu  de  Rambures  et  Jaques  de  Hare- 
court,  chevaliers ,  furent  donnes  par  le  roi  Henri  VI 
à  Colard  de  Mailli,  chevalier,  seigneur  de  Blangy  sur- 
Somme,  et  Ferry  de  Mailli,  écuyer,  frères. 

XVIII. 

Page  152,  ligne  20. 

Le  seigneur  de  Rambures,  messire  Lojs  Buvel  (Bournel). 

Par  lettres  données  à  Paris ,  au  mois  de  juillet  il\i2.  , 
le  roi  Charles  VI  fait  rémission  des  peines  encourues 
pour  crime  de  lèze-majesté  à  Guillaume  de  Bétencourt, 
dit  Du  Bourgel ,  «  povre  gentil-homme ,  natif  du  pays 
de  Boullenois,  »  lequel,  «  puis  certain  temps  en  ça, 
à  la  prière  et  requeste  de  Loys  Bournel ,  chevalier , 
lors  soy-disant  capitaine  des  ville  et  chastel  de  Ga- 
raaches ,  en  Vymeu ,  fust  venu  en  garnison  ilec ,  avec 
plusieurs  autres  gens  d'armes  et  de  traict...  pour  tenir 
les  diz  chastel  et  ville  en  l'obéissance  du  Roi ; 

'  Page  247,  n"  iv. 


296  APPENDICE. 

maiz,  assez  tost  après  que  le  traictié  de  la  paix  final  fut 
fait  entre  le  roi  Charles  et  le  roy  d'Angleterre,  ré- 
gent, et  héritier  de  France,  le  dit  Loys  et  ceulx  de  sa 
compaignie....  se  tournèrent  de  la  partie  de  cellui  qui 
se  dit  Daulpliin.  »  (Trésor  des  Chartes,  Registre  coté 
vin^^xn,  Pièce  78.) 

XIX. 

Page  161,  ligne  18. 

Et  y  fut  prins  messire  Emont  de  Bonlievch. 

Par  lettres  données  à  Paris,  le  3  octobre  14^9?  ^^ 
roi  Henri  VI  fait  don  à  Jean  de  Melun ,  seigneur  d'An- 
thoing,  et  Jehanne,  sa  femme ,  fille  et  héritière  de  feu 
Edmond  deBourberch,  chevalier,  en  son  vivant  sei- 
gneur de  Frane ,  de  deux  cens  livres  tournois  de 
rente ,  vendues  par  ce  dernier  à  l'abbé  de  Saint-An- 
drieu ,  en  Avignon ,  et  remise  de  tous  les  arrérages 
qui  peuvent  être  dus  ;  lesquelles  deux  cens  livres  de 
rente  appartiennent  au  roi  Henri  VI  par  suite  de  con- 
fiscation sur  le  dit  abbé.  (Trésor  des  Chartes,  Re- 
gistre coté  viii^^xiv,  Pièce  342.) 

XX. 

Page  162,  ligne  6. 

Alors  estoit  le  chastel  de  Denrier  (Douriers)  plein  de  doffinois. 

La  pièce  suivante  contient  quelques  renseignemens 
ignorés  sur  la  prise  du  château  de  Douriers. 


APPENDICE.  297 

((  Charles,  etc.,...  savoir  faisons  à  tous  présens  et 
à  venir,  Nous  avoir  receu  l'humble  supplication  des  pa- 
rens  et  amis  charnelz  de  Pierre  Lojs,  povre  homme, 
chargié  de  femme  et  plusieurs  petits  enfans,  naguères 
demourant  k  Dourrier,  et  à  présent  prisonnier  au  bef- 
froy  d'Amiens,  contenant  que  comme,  ou  mois  de 
juillet  derrenier  passé,  le  dit  Pierre  Loys,  et  autres 
plusieurs  bonnes  gens  de  la  dite  ville  de  Dourrier,  se 
fussent  retraicz,  avec  leurs  biens  ,  à  sauveté  ou  chastel 
du  dit  Dourrier,  pour  double  de  noz  ennemis  de  la 
garnison  du  Crotoj^  qui  chacun  jour  couroient  sur  le 
pais  et  bien  près  d'icelle  ville,  auquel  temps  Jaques  de 
Harecourt ,  nostre  ennemi  et  adversaire ,  et  plusieurs 
autres  en  sa  compaignie ,  jusques  au  nombre  de  mil  ou 
plus  ,  comme  on  disoit ,  fut  en  la  dite  ville  de  Dourrier, 
prinst,  robba  et  pilla  tout  le  bestail  et  autres  biens 
f[u'il  y  pot  trouver ,  et  aucuns  des  hommes  qui  là 
estoient  à  celle  heure,  et,  avecques  ce,  y  bouta  le  feu 
et  ardi  toute  ou  la  grengneur  partie  des  maisons  d'icelle 
ville;  et  ce  fait,  prestement  ledit  Jaques  de  Harecourt, 
sachant,  par  ceulx  qu'il  a  voit  prisonniers,  que  ou  dit 
chastel  de  Dourrier  n'avoit  autre  garnison  que  des  bons 
hommes  de  la  ville ,  dont  un  nommé  Lancelot  de  Dour- 
rier, et  Pierre  Blondel,  estoient  les  capitaines  et  d'icelle 
chastel  avoient  la  garde  et  gouvernement,  ala,  lui  et 
ses  dics  gens ,  au  devant  et  assez  près  du  dit  chastel , 
appella  le  dit  Lancelot,  et  moult  rudement  de  paroles 
très  orribles  lui  fist  conmandement  qu'il  lui  rendist 
la  forteresse,  ou  se  non  il  lui  feroit  tranchier  la  teste, 
et  à  tous  les  autres  qui  là  estoient,  avant  qu'il  feust  ves- 


298  APPENDICE. 

près  ;  sur  quoj  les  dis  Lancelot,  Pierre  Blondel  et  un  bas- 
tart  Du  Quesnoy  parlèrent  ensemble  avec  les  dis  bonnes 
gens,  et  fmablement  conclurent  que  les  dis  Lancelot 
et  Pierre  yroient  devers  le  dit  Jaques  de  Harecourt  afm 
de  lui  remonstrer  comment  Jehan  Blondel,  chevalier, 
seigneur  du  dit  Dourrier,  estoit  prisonnier  en  Angle- 
terre, et  que  eulx  ne  lui  avoit  fait  ne  voulu  faire  au- 
cune guerre;  ains  leur  suilisoit  de  garder  la  forteresse 
de  leur  maistre  prisonnier,  sans  faire  guerre  à  autruy  : 
et  avecques  ce  furent  d'acord  que,  ou  cas  que  à  ce  ne 
pourroient  estre  receuz,  considérans  qu'ils  n'estoient 
point  gens  de  guerre,  ne  puissans  pour  tenir  le  dit 
chastel  contre  tant  de  gens  que  avoit  le  dit  Jaques  de 
Harrecomt,  et  aussi  la  petite  espérance  qu'ils  avoient 
d'avoir  brief  secours ,  que  le  dit  chastel  et  forteresse 
ilz  rendroient  sauf  leurs  corps  et  leurs  biens.  Et  sur  ce 
envoyèrent  devers  le  dit  Jacques  pour  de  lui  avoir  sauf- 
conduit  et  remonstrer  ces  choses;  et,  le  dit  sauf-con- 
duit obtenu ,  les  dis  Lancelot  et  Pierre  y  allèrent  et  lui 
remonstrèrent  les  choses  dessus  dites  au  mieulx  qu'ilz 
peurent  ;  mais  avant  que  le  dit  Jaques  leur  feist  au- 
cune response ,  il  les  fist  ses  prisonniers ,  nonobstant 
le  dit  sauf-conduit,  et  puis  envoya  l'un  de  ses  gens  aux 
bonnes  gens  qui  ou  dit  chastel  estoient  demourez  sans 
chief ,  eulx  dire  que  la  dite  forteresse  ilz  rendissent  sans 
délay,  et  d'icelle  lui  feissent  ouverture,  ou  il  feroit  aus 
diz  Lancelot  et  Pierre  tranchier  les  testes  et  à  eulx  pa- 
reillement; et  néant -moins  leur  offioit,  se  obéir 
vouloient  à  ses  commandemens  en  lui  faisant  du  dit 
chastel  ouverture,  qu'il  les  lairoit  tous  alersaufz  leurs 


APPENDICE.  299 

corps  et  leurs  biens  j  et  sur  ce  le  dit  Pierre  Loys  et 
autres  qui  ou  dit  chastel  estoient  demoui-ez ,  veaiis  que 
sans  chief  ilz  pourroient  pou  faire  ,  prindrent  sauf- 
conduit  de  rechief  du  dit  Jaques,  afin  de  sauver,  avec 
leurs  diz  biens  ,  les  biens  que  avoit  ledit  Jehan  Blondel 
ou  dit  chastel.  Et  ala  le  dit  Pierre  Loys  devers  le  dit 
Jaques,  qui ,  prestement  qu'il  fut  là  venu  ,  fut  fait  pri- 
sonnier comme  les  autres;  et  pour  ce  furent  contrains 
de  rendre  la  dite  forteresse  au  dit  Jaques ,  qui  leur 
acorda  et  à  tous  les  autres  que  ilz  se  partiroient  sau- 
vement  et  leurs  biens  avecques  les  biens  du  dit  Jehan 
Blondel.  Pour  lequel  cas  le  dit  Pierre  Loys,  par  l'es- 
pace de  deux  mois  a  esté  prisonnier  de  nostre  très  chier 
et  très  amé  filz  le  duc  de  Bourgogne,  en  son  chastel 
de  Hesdin ,  et  illec  questionné  moult  durement  pour  ce 
que  on  lui  imposoit  que,  pour  la  reddition  de  la  dite 
forteresse,  lui  et  les  dessus  nommez  Lancelot  et  Pierre 
avoient  receu  du  dit  Jaques  aucune  somme  d'argent , 
dont  le  dit  Pierre  Loys  n'a  point  esté  trouvé  char- 
gié,  etc.,...  Donné  à  Paris,  ou  mois  de  mars,  l'an  de 
grâce  rail  cccc  xxi,  et  de  nostre  règne  le  xlii..  Ainsi 
signé  par  le  Roy,  à  la  relacion  du  conseil.  Oger.  » 
(Trésor  des  Chartes,  Registre  coté  vni^xii,  Pièce 
40.) 


3oo  APPENDICE. 

XXI. 

Page  166,  ligne  11. 

Et  fut  relevée  par  ung  gentil-homme  nommé  Jehan  de  Rois- 
-sibos  (Rosimbos). 

Par  lettres  données  à  Paris ,  au  mois  de  février  1421, 
le  roi  Charles  accorde  à  Jehan  de  Rosimbos,  écuyer, 
rémission  des  peines  par  lui  encourues  pour  sévices 
commis  sur  la  personne  de  Bernard  Descampiaulx.  Je- 
han de  Rosimbos,  auquel  une  assignation  avoit  été 
donnée  par  le  prévôt  d'Amiens  ,  n'ayant  point  compa- 
ru, ce  dernier  fit  prendre  et  amener  comme  prison- 
niers au  dit  lieu  d'Amiens  «  la  dame  de  Waurin  et  au- 
tres gentilz-hommes  et  damoiselles,  parens  et  affins  » 
du  dit  Jehan  de  Rosimbos.  Celui-ci  alléguoit,  pour  sa 
justification,  qu'il  avoit  été  mandé  par  le  duc  de  Bour- 
gogne ((  d'estre  par  devers  lui ,  au  x^  jour  d'avril  der- 
renier  passé,  pour  soy  mettre  sus  en  armes,  et  venir 
en  sa  compaignie ,  et  pendant  ce  temps ,  comme  sub- 
giet  couchant  et  levant  »  du  duc ,  en  sa  châtellenie  de 
Lille  ((  ce  feust  submis  sur  ce  pardevant  le  gouverneur 
de  risle  ou  son  lieutenant,  et  baillié  caution  d'ester  sur 
ce  à  droit  et  d'amender  ce  qu'il  povoit  avoir  méfait  au 
dit  Descampiaulx;  ....  h  quoy  le  bailli  d'Amiens  ne 
voult  obtempérer.  »  Depuis  le  dit  de  Rosimbos  fut  fait 
((  prisonnier  au  dit  lieu  d'Amiens  pour  le  dit  cas  ;  par 
le  moyen  duquel  emprisonnement  les  diz  dame  ,  gen- 
tiz-hommes  et  damoiselles  furent  mis  à  délivrance  :  et 
en  après  n  le  dit  Rosimbos ,  «  estant  au  service  du  Roy 


APPENDICE.  3oi 

au  siège  devant  la  ville  de  Saint-Riquier ,  soubz  et  en 
la  compaigiiie  du  duc  de  Bourgogne ,  »  fut  élargi  sous 
caution.  (Trésor  des  Chartes,  Registre  coté  viii^^xi , 
Pièce  5o4.  ) 

XXII. 

Page  168,  lig:ve  19. 

Là  fut  mort  messire  Charles  de  Saulien,  le  baron  d'Iberi ,  Gale- 
haut  Darsi..., 

Les  biens  de  ce  dernier  avoient  été  confisqués  par 
le  roi  d'Angleterre  ,  et  furent  donnés  à  un  de  ses  pa- 
rens  par  lettres  patentes  dont  extrait  suit  : 

a  Henry,  par  la  grâce  de  Dieu savoir   faisons 

à  tous  présens  et  advenir  que,  tant  pour  considéra- 
tion des  bons  et  aggréables  services  que  a  faiz  et  fait 
un  chacun  joiu'  à  nostre  très  chier  et  très  amé  oncle 
Jehan  ,  régent  nostre  royaume  de  France ,  duc  de  Bed- 
ford ,  nostre  bien  amé  Guillaume  de  Sarcus  ,  escuier, 
et  espérons  que  face  à  Nous  ou  temps  ad  venir,....  au 
dit  Guillaume  avons  donné —  par  ces  présentes,  pour 
lui  et  ses  hoirs  masles  légitimes,  venans  de  lui  en  di- 
recte ligne  à  tousjours-mais,  perpétuelment,  les  terres, 

fiefs,    places,    seigneuries qui  furent   et   appar- 

tindi-ent  à  feux  Pierre  et  Gallehault ,  diz  d'Arcy ,  frè- 
res ,  trespassez  en  l'obéissance  de  noz  ennemis  et  ad- 
versaires, en  leurs  vivans  parens  de  la  mère  du  dit 
Guillaume,  assises  et  situées  es  bailliages  de  Verman- 
dois,  d'Amiens  ,  et  de  Senliz,  en  la  prévosté  de  Mon- 
didier,  ou  conté  de  Clermont,  et  es  anciens  ressors  des 


3o2  APPENDICE, 

dits  bailliages  et  prévostés,  lesquels  sont  à  Nous  for- 
faictes,  acquises  et  confisquées  par  la  rébellion  etMés- 
obéissance  et  autres  crimes  que  les  diz  Pierre  et  Gal- 
lehault  ont  commis  envers  Nous  et  nostre  seigneurie, 

pour  en  joir  et  user jusques  à   la  -valeur  de  mil 

livres  parisis  de  rente  ou  revenue  par  chacun  an ,  eu 
regard  à  ce  qu'elles  valoient  au  temps  de  l'an  rail  nii'^ 
et  dix....  Donné  en  nostre  palais  de  Wesmoustier, 
le  cinquiesme  jour  de  décembre,  l'an  de  grâce  mil 
quatre  cens  et  vint-six,  et  de  nostre  règne  le  cin- 
quiesme. »  (  Trésor  des  Chartes  ,  Registre  coté 
viii^^xiii.  Pièce  63 1.) 

XXIII. 

Page  181,  ligne  20. 

Après  ce  que  le  roy  Henry  d'Engleterre  eut  mis  Miaulx  en  son 
obéissance  ,  toutes  les  fortresses  tenant  le  parti  du  DoflGn ,  depuis 
Paris  dessy  au  Crotoy,  se  mirent  en  l'obéissance  du  roy  Henry  ;  et 
se  mit  la  ville  de  Gamaches. 

Nous  avons  été  induite  en  erreur  par  Monstrelet,  en 
assignant  pour  date  à  la  reddition  de  la  ville  de  Ga- 
maches, celle  du  27  juin  1422.  La  pièce  suivante,  qui 
manque  au  recueil  de  Rymer ,  servira  à  rectifier  cette 
faute. 

((  C'est  le  Traictié  et  appointement  fait  par  hauît  et 
puissant  seigneur  monseigneur  le  conte  de  Warrewik 
et  d' Ambmalle ,  seigneur  de  l'Isle ,  et  cappitaine  de  Ca- 
lais ,  commis  et  député  en  ceste  partie  par  très  haulx , 
très  puissans  et  très  excellans  princes  le  roy  de  France 


APPENDICE.  3o3 

et  le  roy  d'Angleterre ,  son  beau-filz ,  héritier  et  régent 
de  France,  d'une  part,  et  messire  Lojs  Bournel ,  che- 
valier, Adam  de  Haiilt-Guenou ,  dit  Germain,  Lojs 
Le  Beuf ,  Guillaume  de  Ricquerville,  Pierre  Du  Pont, 
Guillaume  Bouterel ,  escuiers  ;  Pierre  Le  Carpentier , 
Gueroult  Aulrei ,  Jehan  Dioubal ,  et  Colart  Jemmes  , 
bourgois  ,  pour  et  ou  nom  des  gens  d'église ,  nobles , 
hommes  d'armes  et  de  trait,  bourgois,  manans  et  ha- 
bitans  ,  et  autres  estans  en  garnison  es  ville  et  chastel 
de  Gamaches ,  d'autre  part ,  en  la  manière  qui  s'en- 
suit : 

((  Premièrement,  lesdessusdiz  feront  plaine  et  entière 
ouverture  et  obéissance  aus  diz  Roys  ou  à  leurs  com- 
mis des  dites  ville  et  chastel  de  Gamaches ,  et  les  ren- 
dront et  restitueront,  réaument  et  de  fait  à  yceulx 
Roys  ou  à  leui  s  diz  commis ,  dedens  demain  x  heures 
du  matin  ,  xn"  jour  de  ce  présent  mois  de  juing. 

((  Item,  que  le  cappitaine  des  dites  ville  et  chastel  de 
Gamaches,  et  ceulx  qui  s'en  vouldront  aler  des  diz 
lieux  en  sa  compaignie ,  s'en  pourront  aler  seurement 
et  paisiblement  oultre  la  rivière  de  Seine,  jusques aux 
places  obéissansà  celluiqui  se  dit  Daulphin,  et  auront 
bon  et  loyal  sauf-conduit,  et  seront  conduiz  oultre 
la  dite  rivière  de  Seine  par  hérault  ou  poursuivant; 
et  si  emporteront  et  amenront  avecques  eulx  leurs 
chevaulx,  harnois,  or,  argent,  vaisselle,  joyaulx  et 
quelconques  leurs  autres  biens ,  sans  toutesfois  em- 
porter calices ,  vestemens ,  joyaulx ,  ou  autres  aorne- 
mens  de  esglises. 

{(  Item,  laisseront  es  dites  ville  et  chastel  tous  canons, 


3o4  APPENDICE. 

pouldres,  ars,  arhalestres,  trait  et  autres  abillemens 
de  guerre  appartenans  aux  dite  ville  et  chastel,  sans  les 
gaster  ne  consumer;  et,  avec  ce,  laisseront  les  dites 
ville  et  chastel  raisonnablement  avitailliez. 

(c  Item ,  restitueront  aux  dits  Rojs  ou  à  leurs  diz 
commis,  tous  prisonniers  de  l'obéissance  des  diz  Rojs 
qu'ilz  ont  par  devers  eux,  et  les  quicteront  de  leurs 
fois,  seremens,  pleiges  et  obligacions. 

«  Item,  restitueront  pareillement  tous  Anglois,  Irois, 
Normans  et  autres  qui  ont  fait  le  serement  de  la  paix 
générale  derrenièrement  faite  entre  les  diz  Roys,  et 
ceulx  aussi  qui  sont  coulpables  de  la  mort  de  feu  mon- 
seigneur le  duc  de  Bourgogne ,  s'aucuns  en  y  a  ,  avec 
tous  leurs  biens  quelconques,  sans  en  riens  receler  : 
et  parmi  ce ,  les  dessus  diz  et  un  chacun  d'eulx,  en  fai- 
sant par  eulx  le  serement  de  la  dite  paix,  demourront 
en  la  bonne  grâce  des  diz  Roys,  et  seront  restituez  à 
leur  bonne  famé  et  renommée  ou  pays,  et  à  leurs  biens 
meubles  et  héritages  quelzconques  non  donnez;  et 
leur  remectront,  quicteront  et  pardonneront  les  diz 
Roys  tous  cas,  offenses,  crimes  et  déliz  qu'ilz  puent 
avoir  commis  et  perpétrez  pour  cause  et  occasion  des 
débats  et  divisions  qui  ont  esté  en  ce  royaume,  et  de 
ce  auront  bonnes  lettres  et  convenables. 

((  Item,  et  par  ce  que,  depuis  certain  appointement 
à  eulx  baillié  par  les  diz  Roys  ,  plusieurs  gens  se  sont 
absentez  et  alez  hors  de  la  dite  ville  et  chastel  de  Ga- 
miaches,  les  diz  cappitaines ,  bourgois  et  autres  seront 
tenus  de  faire  diligence  d'enquérir,  et  savoir  où  tous 
les  biens  quelconques  appartenans  aus  diz  absens  se- 


APPENDICE.  3o5 

ront ,  et  yceulx  mectre  en  certain  hostel  et  livrer,  sans 
en  celer  ou  musser  aucuns,  en  tant  qu'il  en  viendra  à 
congnoissance. 

«  Item,  les  dessus  diz  seront  tenus  rendre  et  restituer 
tous  les  prisonniers  quelzconques  qui  par  eulx  ont  esté 
prins,  es  lieux  et  mectes  estans  en  Tobéissance  des  diz 
Rojs  ,  depuis  le  jour  du  dit  appointement  à  eulx  baillié 
par  les  diz  Rojs  ,  comme  dit  est,  se  ilz  sont  en  nature 
de  chose,  avec  leurs  biens  ou  la  valeur  qu'ilz  povoient 
valoir  quant  au  regart  de  la  course  derrenièrement 
faite  à  Guillemercourt. 

((  Item,  se  aucuns  de  la  dite  ville  ont  de  leur  biens  ou 
dit  chastel,  ilz  les  pourront  retraire  en  la  dite  ville 
sans  préjudice  du  dit  appointement,  réservez  tous  vi- 
vres et  abillement  de  guerres. 

((  Pour  l'acomplisseraent  et  seurté  desquelles  choses 
les  dessus  diz  bailleront  réaniment  et  de  fait  en  hos- 
taiges  à  Nous,  conte  de  Warrewik,  dessus  nommé, 
dedans  ce  jourdïiy,  xi*"  jour  de  ce  présent  mois  de 
juing ,  six  gentilz-horames  pour  le  dit  chastel  de  Gama- 
ches,  des  plus  notables  après  le  cappitaine,  et  pour  la 
dite  ville ,  quatre  bourgois  des  plus  notables  et  recéans 
d'icelle,  lesquelz  seront  renduz  et  restituez  à  la  red- 
dicion  des  dites  ville  et  chastel. 

((En  tesmoing  de  ce,  Nous,  conte  de  Warrewik, 
dessus  nommé ,  avons  mis  nostre  scel  à  ces  présentes. 
Donné  ou  chastel  de  Lourroy-Iez-Gamaches ,  le  xi®  jour 
du  dit  mois  de  juing,  l'an  de  grâce  mil  ccccxxii.  » 

Par  lettres  données  à  Paris,  le  6"  jour  de  septembre 


3o6  APPENDICE. 

«425  ,  le  roi  Henri  confirme  et  ratifie  le  présent  traité, 

(Trisor   des  Chartes,  Registre  coté  vni'^^xii ,  Pièce 

56o.) 

XXIV. 

Page  196,  ligne  28. 

Et  alla  le  connestahle  d'Escosse. 

Charles  Vil ,  par  lettres  données  à  Blois  ,  au  mois  de 
février  1427  ,  accorda  à  Jean  Stuart,  comte  d'Evreux, 
seignem-  d'Arnelaj ,  d'Aubigny,  de  Concressault , 
connétable  de  l'armée  d'Ecosse,  le  droit  de  porter 
dans  ses  armes  l'écartelure  de  France  au  premier  et 
dernier  quartier.  Cette  autorisation  lui  est  donnée 
parce  que,  est-il  dit  dans  l'ordonnance,  «  il  est 
venu  du  pais  et  royaume  d'Escosse,  où  il  estoit  et 
est  grant  et  puissant  seigneur,  à  nostre  secours  par 
deçà  pour  exposer  sa  personne,  et  plusieurs  de  ses  pa- 
rens,  chevalliers  et  escuiers  qu'il  a  amené  en  sa  com- 
pagnie, en  nostre  service  all'encontre  de  noz  anciens 
ennemis  les  Anglois,  qui  de  présent  occupent  grant 
partie  de  nostre  dicte  seigneurye;  depuis  laquelle  sa 
venue,  il  y  a  environ  huictans,  il  s'est  continuellement 
tenu  service,  soy  tousjours  employant  moult  cheva- 
lereusement  en  tous  faictz  d'armes  qui  depuis  le  dict 
temps  se  sont  exploitez  aH'encontre  de  nos  dits  enne- 
mis ,  et  mesmement  s'est  trouvé  et  moult  honnorable- 
ment  gouverné,  toutesfois  qu'il  a  esté  en  sa  franche 
liberté  et  non  prisonnier,  en  toutes  les  batailles  et 
journées  qui  de  par  Nous  ont  été  faictes  et  données  à 


APPENDICE.  3o7 

iceulx  ennemis,  et,  entre  les  autres,  à  Bangé,  comme 
connestable  de  la  dicte  armée,  en  laquelle  furent  mors 
le  duc  de  Clarance,  les  contes  de  Rosdedal  et  de  Ar- 
monde ,  les  seigneurs  de  Ros ,  de  Gré  et  de  Fores ,  a^eq 
plusieurs  autres  seigneurs,  chevalliers  et  escuiers  du 
pays  d'Angleterre;  et  aussi  y  furent  pris  le  conte  de 
Sombrecet,  Thomas  de  Beaufort,  chevaliers,  son  frè- 
re ,  le  conte  de  Horlinegon ,  le  seignem^  de  Filbaré  et 
plusieurs  autres  ,  etc.  »  (Bibliothèque  royale j,  3Ia- 
miscrits ,  fonds  de  Brienne ,  n°  274 ,  fol.  214  ?  recto.  ) 

XXV. 

Page  204,  ligne  9. 

Ung  gentil-homme  nommé  Riflart  de  Canremy. 

Par  lettres  données  à  Paris,  au  mois  de  mars  1423 , 
le  roi  Henri  confirma  des  lettres  de  rémission  accordées 
par  Jean  de  Luxembourg,  seigneur  de  Beaurevoir,  à 
Riflart  de  Campremi,  écuyer,  lequel,  «  comme  mal 
conseillié  et  advisé,  »  avoit  long-temps  tenu  a  le  partj 
contraire  du  Roy  et  de  monsieur  le  duc  de  Bourgo- 
gne,  fait  guerre  à  leurs  subgiez  et  pays,  et  à  l'occa- 
sion de  ce  commis  plusieurs  maux  et  excès.  »  (  Trésor 
DES  Chartes  ,  Registre  coté  vni^^  xii,  Pièce  434-) 


3o8  APPENDICE. 

XXVI. 

Page  208,  ligne  3. 

Avec  messire  Jacques  de  Harecourt  moururent  plusieurs  gentilz- 
hommes,  c'est  assavoir. ...  Jehan  de  Caumont — 

Henry  de  Machy,  ëcujer ,  ayant  laissé  prendre  la 
forteresse  de  Mareull  par  Jehan  de  Caumont  ,  eut 
recours  à  la  clémence  de  Henri  VI,  qui  lui  accorda , 
au  mois  de  juin  14^5,  des  lettres  de  rémission  ainsi 
conçues  :  «  Avons  esté  humblement  exposé  de  la  partie 
de  Henry  de  Machy,  escuyer,  que  deux  ans  a  ou  envi- 
ron le  dict  exposant,  pour  doubte  des  guerres  et  gens 
d'armes  qui  lors  estoient  sur  le  pays,  se  retrait,  lui, 
sa  femme,  enfans  et  biens,  en  la  forteresse  de  Marueil, 
lors  appartenant  au  seigneur  de  Marueil,  laquelle  for- 
teresse est  à  demie  lieue  ou  environ  près  de  la  maison 
du  dit  suppliant;  et  lui  estant  en  la  dicte  forteresse  en 
la  compaignie  de  Jehan  de  Vaudricourt,  escuier,  qui 
lors  en  estoit  cappitaine  et  avoit  la  garde  d'icelle  for- 
teresse ,  ycellui  exposant  avoit  une  queue  de  vin  pour 
la  boisson  de  lui  et  du  dict  cappitaine  et  autres  hommes 
cstans  dedans  la  dicte  forteresse ,  et  dont  il  vendoit 
aucunes  fois  à  détail.  Un  nommé  Jehan  de  Caumont, 
escuier,  vint  en  un  certain  jour  à  la  dicte  forteresse 
accompaignié  de  cinq  ou  six  compaignons,  et  hurta 
au  guischet  de  la  porte  dudit  chastel ,  et  lors  le  dict 
exposant  y  ala ,  et  demanda  qui  ce  estoit  :  lequel  de 
Caumont  respondit  que  c'estoit  amis  :  et  prestement 


APPENDICE.  309 

que  ledit  exposant  congnut  le  dict  Caumont  il  lui  de- 
manda s'il  estoit  tout  seul ,  et  le  dit  Caumont  respon- 
dit  que  oïl ,  et  qu'il  venoit  boire  de  son  vin;  et  pour 
ce  lui  ouvry  le  dit  guichet.  Et  prestement  le  dit  Cau- 
mont enjamba  le  sueil  du  dit  guischet,  et  flst  entrer 
en  la  dite  forteresse  les  diz  compaignons,  qui  estoient 
avec  lui,  et  lesquelz  le  dit  exposant  n'avoit  point  veuz 
paravant  ;  et  saisirent  la  dite  forteresse.  Et  assez  test 
après  y  entrèrent  plusieurs  compaignons  qui  estoient 
de  la  compaigniede  Jacques  de  Harecourtetdu  seigneur 
de  Gamaches,  qui  lors  estoient  au  pays  et  communi- 
coient  et  repairoient  tout  communément,  et  se  te- 
noient,  se  bon  leur  scmbloit,  tant  à  Abbeville  comme  es 
autres  villes  à  Nous  obéissant,  sans  faire  guerre  à  nos 
diz  subgiez.  En  laquelle  forteresse  le  dit  exposant  de- 
moura  en  leur  compaignie  jusques  à  ce  que  feu  nostre 
très  chier  seigneur  et  père,  cui  Dieu  pardoint,  passa 
parmi  la  dicte  ville  d'Abbeville.  Ou  quel  temps  ceulx 
du  parti  du  dit  de  Harecourt  désemparèrent  la  dicte 
forteresse  de  Marueil  et  se  partirent;  et  depuis  fut 
remise  en  la  main  du  dit  seigneur  de  Marueil,  qui 
tenoit  le  parti  de  feu  nostre  très  chier  seigneur  et  ayeul, 
et  de  nostre  oncle  le  duc  de  Bourgogne.  Et  pour 
doubte  que  l'en  voulsist  demander  au  dit  suppliant 
aucune  chose  pour  occasion  de  la  dicte  entrée  et  de- 
meure, se  retraj  en  la  ville  du  Crotoj,  occupée  par 
le  dit  Jacques  de  Harecourt,  où  il  s'est  tousjours  depuis 
tenu,  jusques  environ  l'aoust  derrenièrement  passé, 
que  le  dit  exposant  se  parti  du  dit  lieu  du  Crotoj,  et 
se  vint  rendre  prisonnier  à  nostre  bien  amé  Colard  de 


3io  APPENDICE. 

Mallly,  chevalier,  filz  de  feu  Maillet  de  Mailly,  aussi 
chevalier.  (  Trésor  des  Chartes  ,  Rei^istre  coté 
VIII'"'  XII,  Pièce  353.  ) 

XXVII. 

Page  208,  ligne  6. 

Avec  messire  Jaques  de  Harecourt  moururent....  Jehan  de  Cau- 
monl ,  Jehan  de  Fransières 

Des  lettres  données  à  Paris,  au  mois  de  janvier  x^ii, 
par  le  roi  Charles  VI,  contiennent  rémission  en  faveur 
de  «Jehan  de  Fransières,  escuier,  de  l'aage  de  xxiiii  ans 
ou  environ,  »  des  peines  par  lui  encourues  pour  avoir 
servi  dans  l'armée  de  Jean  de  Bourbon  et  de  Charles 
d'Orléans.  (  Trésor  des  Chartes  ,  Registre  coté 
VHP*  VI ,  Pièce  i .) 

XXVIII. 

Page  208,  ligne  16. 

Là  mena  avec  luy  messire  Pierre  de  Hargicourt. 

{(  Henry savoir  faisons Nous  avoir  receu  hum- 
ble supplication  de  Pierre  de  Hargicourt ,  chevalier, 
natif  du  païs  de  Picardie  et  subglet  de  nostre  très  chier 
et  très  amé  oncle  le  duc  de  Bourgogne,  à  cause  de  la 
terre  et  chastelenie  de  Mondidier,  contenant  que 
comme  depuis  sept  ans  en  çà  ou  environ  le  dit  sup- 
pliant ait  esté  la  plus  grant  partie  du  temps  ou  service 
de  nostre  chière  et  amée  cousine  la  duchesse  de  Bour- 


APPENDICE.  3ii 

boniiois  en  sa  terre  et  conté  de  Ciermont  en  Beauvoisie, 
sans  ce  que  le  temps  pendant  il  se  soit  armé  ne  soj 
entremis  du  fait  de  la  guerre,  et  il  soit  ainsi  que  pen- 
dant les  trêves  et  abstinacions  de  la  guerre  qui  de  ce 
fu  entre  Nous  et  ceulx  de  la  garnison  qui  pour  lors 
estoient  au  Crotoy ,  à  Nous  rebèles  et  désobéissans  , 
le  dit  suppliant  se  feust  retrait  au  dit  lieu  du  Crotoy, 
où  il  se  fust  et  soit ,  par  certaine  espace  de  temps,  tenu 
durans  les  dictes  trêves  et  depuis,jusquesàlareddicion 
et  obéissance  à  Nous  faite  d'icele  ville,  pendant  le- 
quel temps  le  dit  suppliant  n'ait  couru  ne  fait  guerre  , 
pillé,  robe  ,  ne  fait  aucun  desplaisir  à  aucuns  de  noz 
subgiez  ne  autrement,  fors  tant  seulement  en  gardant 
la  place,  mais  ce  fust  ilec  paisiblement  tenu  en  vivant 
du  sien  ;  et,  après  la  reddicion  du  dit  lieu  du  Crotoy, 
le  dit  suppliant  se  fust  retrait  par  devers  sa  maistresse, 
et  il  soit  ainsi  qu'il  ait  très  grant  voulenté,  désir  et 
affection  de  soy  réduire  et  retraire  en  nostre  obéis- 
sance ,  avec  sa  femme  et  autres  ses  parens  et  amis ,  en 
faisant  le  serment  de  la  paix  final  d'entre  noz  deux 
royaumes  de  France  et  d'Angleterre,  et  baillant  bonne 
et  soufTisante  caution  d'estre  et  de  mourir  nostre  bon 
et  loyal  subget  ;  mais  il  doubte  que  il  ne  fust  ou  soit 
aucunement  poursuy  par  aucuns  de  noz  officiers,  ors 
ou  pour  le  temps  à  venir,  pour  raison  de  ce  qu'il  a 
tenu  le  parti  à  nous  contraire,  se  nostre  grâce  et  mi- 
séricorde ne  lui  estoit  sur  ce  impartie ,  en  Nous  hum- 
blement requérant  que,  attendu  ce  que  dit,  est  Nous 
lui  veuillons  nostre  dite  grjîce  sur  ce  impartir.  Pour 
ce  est- il  que  Nous,  ces  choses  considérées,  voulans  en 


3i2  APPENDICE. 

ceste  partie  miséricorde  estre  préférée  à  toute  rigueur... 

à  icelui  suppliant....  pardonnons  les  faits  et  cas  dessus 

diz et  le  restituons  et  remettons  k  sa  bonne  famé 

et  renommée  au  païs,  et  à  ses  biens  meubles  et  héritages 

non  donnés parmy  ce  qu'il  fera  le  serment  de  la 

dicte  paix  et  d'icelle  entretenir  baillera  bonne  et  souf- 
jQsante  caucion.  Donné  à  L'Isle,  le  xiii^  jour  de  juing, 
l'an  de  grâce  mil  ccccxxvii.»  (  Trésor  des  Chartes, 
Registre  coté  viii'"'  xiv  ,  Pièce  7. ) 

XXIX. 

Page  210,  ligne  10. 

Ils  prindrent  dedens  messire  Lancelot  de  Fransières ,  qui  ea 
estoit  capitaine ,  Le  Bègue  de  Fransières,  et  moût  d'autres  riches 
hommes. 

Par  lettres  données  à  Paris,  le  3i  août  1425,  le  roi 
Henri  Vï,  sur  l'humble  supplication  à  lui  faite  par  son 
amé  et  féal  chevalier  Lancelot  de  Francières,  naguères 
lieutenant  du  capitaine  de  la  ville  de  Compiègne, 
((  chargié  de  femme  et  huit  petiz  enfans,  »  lui  accorde 
rémission  des  peines  par  lui  encourues  pour  vio- 
lences et  blessures  fautes,  en  la  compagnie  de  feu 
Guillaume  de  Francières,  en  son  vivant  écujer  et 
son  parent,  sur  la  personne  de  Aubelet  Bandon, 
sergent  du  Roi  en  ladite  ville  de  Compiègne.  (Trésor 
DES  Chartes,  Registre  coté  viii"''  xii,  Pièce  G20.) 

\jt  Bègue  de  Francières  fut  tué  à  Compiègne,  à  la 


APPENDICE.  3i3 

suite  d'un  combat  singulier,  en  juin  1424»  ^i»si  qu'on 
l'apprend  par  la  pièce  suivante  : 

f(  Henri ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roj  de  France  et 
d'Angleterre,  savoir  faisons  à  tous  présens  et  à  venir, 
Nous  avoir  receu  Thumble  supplicacion  des  parens  et 
amis  charneîz  de  Sjmon  Le  Barbier,  homme  d'armes 
soubz  le  sire  de  L'Isle-Adam,  contenant  que  à  un  cer- 
tain jour,  environ  la  feste  d'Ascension  Nostre  Seignem^ 
derrenière  passée  ',  lui  estant  en  garnison  soubz  le  dit 
sire  de  L'Isle  pour  et  ou  nom  de  Nous,  en  la  ville  de 
Compiengne,  avec  autres  des  gens  du  dit  seigneur  de 
L'Isle  ,  pour  la  garde  et  seurté  d'icelle  ville,  et  comme 
il  estoit  en  certain  hostel  en  icelle  ville  avec  un  appelle 
Jehan  de  Rigauville  ,  une  appellée  Mahault  et  sa  mère, 
il  fut  présent  où  paroUes  injm-ieuses  se  meurent  entre 
le  dit  Rigauville,  d'une  part,  et  les  dites  femmes  d'autre, 
entre  lesquelles  paroUes  il  ojt  et  entendi  que  le  dit 
Rigauville  dist  à  icelle  Mahault  qu'il  souspeçonnoit 
tenir   le  parti    d'Armignac,    comme   il    entendoit  à 

son  parler;   et  à  icelle  reproucha  ' avec  grant 

habondance  d'autres  parolles  dont  elle  le  reprint;  les- 
quelles parolles  oyes  par  le  dit  Simon ,  se  mist  en  peine 
de  les  apaisier  au  mieulx  qu'il  pot,  et  néantmoins  ne 
pot  accorder  les  diz  Rigauville,  Mahault  et  sa  mère, 
qui ,  à  ceste  occasion ,  firent  adjourner  le  dit  Rigau- 
ville à  certain  jour  par  devant  le  prévost  du  dit  lieu, 
en  cas  d'injures  et  de  villenies.  Ne  sceurent  les  diz 

'    En  T424,  la  fête  de  l'Ascension  fui  célébrée  le  i"  juin. 
'  Ici  se  trouve,  dans  l'original  de  ces  lettres,  le  détail  des  reproches 
adressés  à  Mahault  par  Jehan  de  Rit^auvillc. 


3i4  APPENDICE. 

parens  et  amis  que  depuis  en  fut  fait.  Bien  est  vraj 
que  le  lundi  '  précédant  devant  le  dit  jour  de  l'Assen- 
cion,  comme  le  dit  Simon  estoit  es  estuves,  audit 
lieu  de  Corapiengne ,  en  la  compaignie  de  Simon  de 
Boulainvillier,  chevalier,  seigneur  d'Iencourt,  qui  es 
dites  estuves  l'avoit  mené,  où  semîjlablement  estoit 
Guillaume  de  La  Nizelle,  et  feu  le  Bègue  de  Francières, 
escuiers  de  la  compaignie  du  dit  seigneur  de  L'Isle- 
Adam,  les  dis  Guillaume  et  Bègue  couchiez  en  un  lit, 
icellui  seigneur  d'Iencourt,  en  soj  esbatant,  pressa 
moult  le  dit  Simon  Le  Barbier  de  lui  dire  et  compter 
le  débat  qui  avoit  esté  entre  le  dit  de  Rigauville ,  Ma- 
liault  et  sa  mère  :  et  il  lui  compta  et  récita,  présens 
lesdis  de  La  Nyzelle  et  Bègue,  non  pensant  à  mal, 
tout  ainsi  et  par  la  manière  que  dit  est  dessus  ;  dont 
iceulx  seigneur  d'Iencourt  et  Nizelle  se  commencèrent 
à  rire  et  esbatre,  et  non  le  dit  Bègue,  lequel,  qui  h 
son  maintien  etparoUe  démonstra  en  estre  courroucié, 
print  à  parler  pour  les  dites  femmes ,  disant  au  dit 
Simon ,  moult  arrogamment ,  qui  le  faisoit  si  hardi  de 
parler  des  dites  femmes  ;  et  le  dit  Simon  lui  respondi 
qu'il  en  povoit  bien  parler  et  compter  la  farce,  puis- 
qu'il plaisoit  au  dit  seigneur  d'Iencourt,  qui  l'en  a\oit 
prié,  et  qu'il  n'y  avoit  chose  qui  tournast  à  préjudice, 
ou  paroUes  semblables  :  oyes  lesquelles  par  le  dit 
Bègue  de  Francières  ,  icellui  Bègue,  démonstrant  estre 
courroucié,  comme  dit  est,  contre  le  dit  Simon,  qui 
autrement  ne  lui  avoit  melTalt  ne  mesdit,  desmenti  le 

■   -ig  mai. 


APPENDICE.  3i5 

dit  Simon ,  en  lui  disant  que  à  lui  n'appartenoit  point 
de  parler  des  dites  femmes,  ne  de  leur  fait  et  en  espécial 
de  la  dite  ÎNÏahaut,  laquelle  avoit  fiance  un  gentil  et 
gaillart  Armignac,  lequel,  pour  l'amour  de  la  dite 
Mahault,  il  \ouldroit  icellui  Armignac  estre  devant 
luj  pour  savoir  se  il  parleroit  ainsi  de  sa  dite  dame 
ou  fiancée  ,  en  soy  démonstrant  de  cueur  et  de  parler 
par  icellui  Bègue  et  à  son  mainting  aucunement  afïaitié 
au  dit  parti  d'Armignac.  A  quoy  le  dit  Simon,  qui 
tousjours  a  tenu  le  dit  parti  contraire  d'Armignac, 
dist  et  respondi  au  dit  Bègue  qu'il  n'avoit  onques  veu 
Armignac  seul  à  seul  en  place  à  qui  il  n'cust  osé  bien 
respondre  de  sa  personne  ,  comme  homme  devoit  faire 
à  ennemi  du  Roy;  dont  le  dit  Bègue  de  rechief  le 
desmenti  en  loy  appellant  ribault,  varlet,  mareschal, 
en  loj  autrement  et  grandement  injuriant  de  parolles, 
et  le  menaçant  de  lui  faire  villannie  et  desplaisir.  Et 
icellui  Simon ,  doulant  et  courroucié  de  ce  que  le  dit 
Bègue  le  injurioit  et  villenoit  ainsi  devant  gentilz- 
homraes  pour  les  dites  femmes,  et  qu'il  avoit  usé 
comme  dit  est,  des  dites  parolles  d'Armignac  et  sem.- 
bloit  qu'il  portast  le  dit  parti ,  ne  se  pot  tenir  qu'il 
ne  deist  au  dit  Bègue  :  «  Je  vous  vouldroie  tenir  aux 
champs  ,  je  vous  rueroie  jus  ,  ou  vous  moj.  »  De  quoi 
icellui  Bègue  se  commença  plus  à  courroucier  que 
devant ,  et  se  leva  à  cop  du  lit  où  il  estoit  couché , 
disant  au  dit  Simon  :  '.<  Tantost  me  trouveras,  et  te 
courrouceray.  »  Et  le  dit  seigneur  d'Iancourt  prist 
lors  le  dit  Simon  par  la  main  et  lui  dist  :  «  Vien-t'en, 
il  ne  te  fera  nul  mal  :  on  en  finera  bien  ;  »  avec  au- 


3i6  APPENDICE. 

cunes  autres  paroUes.  Et  atant  se  départirent  des  dites 
estuves,  et  s'en  vindrent,  le  dit  seigneur  et  lui,  en 
l'os  tel  de  Bar,  en  la  dite  ville  de  Compiengne,  où  ilz 
trouvèrent  Raoulin  de  Helluz,  escuier,  qui  ilec  estoit 
pour  le  dit  seigneur  de  L'Isle-Adam,  lequel,  qui  desjà 
avoit  oy  parler  des  dites  parolles ,  lui  demanda  quel 
débat  il  j  avoit  entre  lui  et  le  dit  Bègue  en  icelles  es- 
tuves;  et  par  lui  et  le  dit  seigneur  d'Iencourt  lui  fut 
compté  le  cas  tel  que  dit  est.  Et  icellui  Raoulin  lui  def- 
fendi  qu'il  n'en  parlast  plus ,  et  qu'il  feroit  bien  la  paix 
d'entre  eulx  deux  ,  dont  il  fut  bien  joieux,  et  promist 
entretenir  et  accomplir  tout  ce  qui  par  le  dit  Raoulin 
seroit  sur  ce  fait  ou  ordonné.  Lequel  Raoulin  depuis 
se  tray  par  devers  Lancelot  de  Francières ,  chevalier , 
lors  estant  au  dit  lieu  de  Compiengne,  de  l'affinité  du 
dit  feu  Bègue,  auquel  il  exposa  ce  que  dit  est,  au 
desceu  du  dit  Simon ,  et  lui  requist  de  paix  et  que 
Iceulx  Bègue  et  Simon  beussent  et  feussent  amis  en- 
semble, en  remonstrant  par  le  dit  Raoulin  au  dit  Lan- 
celot que  le  dit  Simon  n'estoit  point  varlet,  mais 
estoit  homme  d'armes,  qui  bien  et  lojaument  avoit 
servy  le  dit  seigneur  de  L'Isle-Adam,  lequel  ne  seroit 
pas  bien  content  que  ses  gens  feussent  ainsi  ravalez , 
avec  aucunes  autres  parolles ,  après  lesquelles  icellui 
Lancelot  de  Francières  se  traj  devers  le  dit  Bègue ,  ou 
icellui  Bègue  devers  lui,  et  lui  fut  exposé  ce  que  dit 
est  afin  de  venir  à  traictié  de  paix  et  union.  Mais  par 
le  dit  Bègue  fut  respondu  jà  paix  ne  feroit  ne  buroit 
au  dit  Simon ,  et  que  jà  tant  ne  se  abesseroit  de  son 
honneur  pour  un   tel   varlet,    et  le   courrouceroit ; 


APPENDICE.  3i7 

comme  ces  choses  furent  rapportées  par  le  dit  Lan- 
celot  au  dit  Raoulin  de  Halluz  ,  et  au  dit  Simon  par  le 
dit  Raoulin,  qui  lui  dist  qu'il  se  rapportoit  à  luy  de 
soy  delFendre  qui  le  assaudroit.  Et  demourcrent  ces 
choses  en  cest  estât  jusques  au  samedi  '  ensuivant  le 
dit  jour  de  lundi  que,  au  dit  jour  de  samedi,  le  dit 
Bègue,  lui  iiii%  armez  et  embastonnez,  c'est  assavoir 
lui  d'une  hache  de  guerre  ,  et  les  trois  autres  de  espieux 
et  autres  armeures  invasibles ,  au  desceu  du  dit  Simon, 
qui  à  eulx  ne  pensoit  aucunement,  se  vindrent  rendre 
et  asseoir  front  à  front  sur  un  travail  à  raareschal  es- 
tant devant  l'ostel  où  estoit  logié  le  dit  Simon,  où  le 
dit  Bègue  list  apporter  du  vin  dont  lui  et  ses  dis  trois 
compaignons  beurent;  et  furent  ilec  assez  longue  pièce, 
au  veu  et  au  sceu  du  dit  Simon ,  lequel ,  ayant  paour 
d'estre  assailli ,  invasé  et  batu  par  le  dit  Bègue  et  les 
siens ,  ou  contempt  du  débat  devant  dit ,  appella  et  list 
venir  devers  et  avec  lui  deux  de  ses  serviteurs ,  l'un 
nommé  Robin  Aubert  et  Perrenet  de  Rumilly,  garni 
chacun  d'une  espée,  et  leur  encharga  eulx  tenir  à  l'uis 
du  dit  hostel ,  en  îeiu^  monstrant  le  dit  Bègue  et  ses 
gens,  et  il  sauldroit  et  iseroit  hors  du  dit  huys,  garni 
d'une  hache  qu'il  tenoit ,  et  verroit  que  les  dessus  diz 
vouldroient  faire,  en  disant  par  lui  ausdiz  Robien  et 
Perrinet  ces  mots  :  ((  Se  vous  voiez  que  le  Bègue  de 
Francières  viengne  à  moi  pour  me  faire  bien  ou  mal, 
si  nous  laissiez  faire  entre  nous  deux  ;  et  se  les  autres 
qui  sont  avec  lui  viennent  pour  lui  aidier  et  ils  me 


.■)  juin. 


3i8  APPENDICE, 

ruent  jus  ,  si  me  relevez,  se  vous  povez.  »  Et  les  dites 
parolles  ainsi  dites,  se  parti  de  l'uis  du  dit  hostel ,  et 
s'en  aîa  enmy  la  rue ,  apuier  sur  sa  dite  hache  ,  sans 
autre  mal  faire  ne  dire;  lui  estant  ouquel  estât,  fut 
advisé  par  le  dit  Lancelot  de  Francières,  qui  escria  à 
haulte  voix  au  dit  feu  Bègue  :  (f  Bègue,  vojlà  Simon 
devant  toj.  ))  Lesquelles  parolles  oyes  par  le  dit  Bègue, 
icellui  Bègue,  persévérant  en  sa  maie  Aoulenté,  se 
parti  du  dit  travail,  et  h  m  enjambées  et  très  hastive- 
ment  s'adreça  près  du  dit  Simon,  tenant  sa  dite  hache 
de  guerre ,  démonstraiit  lui  vouloir  courir  sus  et  faire 
mal  et  villennie,  disant  :  «  Ribault,  à  moy  Taras.  »  Et 
par  le  dit  Simon  aussi  semblables  parolles ,  en  usant 
desquelles  ilz  et  chacun  d'eulx  haussèrent  leurs  haches, 
et  tout  à  coup  et  en  un  mesmes  mouvement,  sans  ce 
que  nul  de  leurs  gens  feust  d'un  costé  ou  d'autre , 
aidast  ne  secourist  l'un  à  l'autre,  ruèrent  l'un  contre 
l'autre  chacun  un  coup  seulement,  c'est  assavoir  le 
dit  Bègue  son  coup  le  premier  sur  la  poictrine  du  dit 
Simon  ,  dont  il  le  bleça  et  navra  très  lourdement  et  à 
grant  effusion  de  sang,  et  le  dit  Simon  son  coup  sur  la 
teste  du  dit  Bègue,  en  laquelle  il  lui  fist  grant  plaie  et 
incision  ,  aussi  à  grant  effusion  de  sang ,  par  le  moien 
de  laquelle  il  chey  et  tumba  à  terre  ;  et  à  cause  d'icelle 
ala  pou  après  de  vie  à  trespassement.  Pour  raison  du 
quel  cas  le  dit  Simon,  dès  lors  ou  pou  après  ,  se  parti 
secrètement  le  plus  seurement  qu'il  pot  du  dit  lieu  de 
Compiengne,  et  s'est  deffuy  et  assenté  puis  çà  puis  là 
en  aucune  partie  de  nostre  royaume  ,  ouquel  il  n'ose- 
roit  jamais  bonnement  converser  ne  repairer  se  nostre 


APPENDICE.  3ig 

grâce  et  miséricorde  ne  lui  estoit  sur  ce  impartie  ,  en 
Nous  humblement  requérant  par  ses  dis  parens  et  amis 
que,  comme  ledit  delFunct,  durant  sa  maladie  et  avant 
son  trespassement,  lui  saichant  avoir  mesprins  de 
prime  face  envers  ledit  Simon  Le  Barbier,  pardonna  à 
icellui  Simon  ce  que  meffait  lui  avoit,  présens  certaines 
personnes,  et  que  le  dit  Simon  ait  bien  et  bonnement 
servy  feuz  noz  ajeul  et  père,  cui  Dieu  pardoint,  ou 
fait  de  leurs  guerres,  en  la  compaigniedu  dit  seigneur 
de  L'Isle-Adam  et  autrement,  et  en  ce  emploie  et  mis 
en  advanture ,  par  maintes  foiz  et  en  maintes  manières , 
son  corps  et  ses  biens  à  l'encontre  des  ennemis  et  ad- 
versaires des  dis  defluncts  et  les  nostres,  et  est  encore 
prest  de  faire,  attendu  aussi  que  le  débat  et  noise  dont 
dessus  est  parlé  est  advenu  par  ce  que  le  dit  feu  Bègue 
portoit  de  fait  et  de  parolles  le  parti  d'Armignac  ,  que 
à  l'eure  du  conflict  il  fut  invaseur  et  celui  qui  premier 
frappa  ,  comme  dessus  est  dit,  et  que  en  tous  autres 
cas  icellui  Simon  a  esté  de  bonne  vie,  renommée,  et 
honneste  conversacion  sans  onques  mais  avoir  esté 
reprins,  actaint  ou  convaincu  d'aucun  autre  villain 
cas,  blasmc  ou  reprouclie.  Nous  lui  veuillons  sur  ce 
impartir  nostre  dite  grâce  et  miséricorde.  Pour  ce  est- 
il  que  Nous  ,  les  choses  dessus  dites  considérées,  in- 
cllnans  à  la  supplicacion  des  diz  parens  et  amis  ,  vou- 
lans  miséricorde  préférera  rigueur  de  justice,  au  dit 
Simon  Le  Barbier ,  ou  cas  dessus  dit ,  avons  quicté , 
remis  et  pardonné,  quictons ,  remectons  et  pardon- 
nons les  faiz  et  cas  dessus  dis  ,  avecques  toutes  peines, 
ndmcnde  et  offense  corporelle,  criminele  et  civile  en 


320  APPENDICE. 

quoy,  pour  occasion  du  fait  et  cas  dessus  dit ,  il  est  ou 
puet  estre  encouru  envers  Nous  et  justice  ,  ensemble 
tous  appeaulx  et  bans  qui  pour  ce  se  sont  ou  pourroit 
estre  ensuiz;  et  le  restituons  et  remectons  à  sa  bonne 
famé,  renommée  au  païs  et  à  ses  biens  non  confisquez, 
satisfacion  faite  à  partie,  civilement  tant  seulement, 
se  faite  n'est ,  et  imposons  sur  ce  scilence  perpétuel  à 
nostre  procureur  présent  et  à  venir,  pourveu  que  icel- 
lui  suppliant  paiera  promptemerit  vint  livres  toiuniois, 
et  icelles  estre  distribuées  et  aumosnées  pour  Dieu , 
c'est  assavoir  dix  livres  tournois  h  l'Ostel-Dieu  de  Paris, 
et  dix  livres  à  maistre  Raymon  de  Hault-Pont,  Au- 
gustin ,  pour  lui  aidier  à  faire  sa  feste  de  maistre  en 
théologie.  Si  donnons  en  mandement,  etc.,...  Donné  à 
Paris,  ou  mois  de  novembre,  l'an  de  grâce  mil  ccccxxiv, 
et  de  nostre  règne  le  m''.  Ainsi  signé  par  le  Roy  à  la 
relacion  du  conseil.  Calot.  »  (Trésor  des  Chartes, 
Registre  coté  viii''''  xiii ,  Pièce  54.  ) 

XXX. 

Page  212,  ligne  23. 

Moût  s'y  porta  messire  Jaques  de  Luxembourg  vaillaument ,  et 
avec  luy  ung  nommé  Jacotin  de  Coi>ert,  lequel  portoit  son  esten- 
dart. 

Par  lettres  données  à  Paris,  le  i5  octobre  1424?  le 
roi  Henri  VI  fait  don  à  Jacotin  de  Cobert ,  écuyer,  des 
biens  ayant  appartenu  à  Mansardin  Graignart  et  Per- 
ricons  de  Han ,  en  considération  des  bons  services  à 


APPENDICE.  321 

lui  rendus  par  ledit  Jacotin ,  pendant  les  guerres  de 
France,  au  service  et  en  la  compagnie  de  Jean  de 
Luxembourg ,  seigneur  de  Beaurevoir,  «  et  en  faveur 
du  mariage  dont  il  est  en  traicliéavec  la  seur  des  dits 
feux  Mansardin  Graignart  et  Perricons  de  Han ,  frères , 
et  leur  héritière,  se  ne  fust  la  rébellion  et  désobéis- 
sance que  les  dis  Mansardin  et  Perricons ,  eulx  vivans , 
ont  commises  envers  Nous.  »  (Trésor  des  Chartes, 
Registre  coté  vin^  xii ,  Pièce  649.) 

XXXI. 

Page  230,  ligne  8. 

Et  y  alla  le  sire  de  Croy,  le  sire  de  Lilladam  et  messire  Andrieu 
de  yallines. 

«  Henri,...  pour  considéracion  des  grans  et  notables 
services  que  nostre  bien  amé  Andrieu  de  Vallins,  che- 
valier, seneschal  de  Boulonnois ,  chambellan  et  con- 
seiller de  nostre  très  chjer  et  très  amé  oncle  le  duc  de 
Bourgongne,  a  faiz  es  temps  passez  à  feux  noz  très 
chiers  seigneurs,  ajeul  et  père,  les  rojs  de  France  et 
d'Angleterre  derrenièrement  trespassés,  que  Dieu  ab- 
soille ,  tant  ou  fait  de  leurs  guerres  comme  autrement , 
et  en  récompensacion  et  regart  des  grans  pertes  et 
dommaiges  qu'il  a  euz  à  l'occasion  des  guerres  et  divi- 
sions qui  ont  esté  en  nostre  royaume  de  France,  et  des 
fraiz,  charges  et  despens  qu'il  lui  a  convenu  soustenir 
ou  services  de  noz  diz  seigneurs,  ajeul  et  père,  et  de 
feu    nostre   très  chier   cousin  Jehan ,   duc  de  Bour- 

2  t 


322  APPENDICE, 

gogne,  ou  content  des  quels  services  il  a  perdu  toutes 
les  terres,  seigneuries,  héritages  et  revenues  qu'il  avoit 
ou  Dalphiné  de  Viennois,....  avons  donné  au  dit  An- 
drieu  le  chastel,  chastellenie ,  terre,  seigneurie,  jus- 
tice, cens,  rentes  et  revenues  de  Arentières,  situé  en 
lïostre  conté  de  Champaigne ,  avec  toutes  ses  appen- 
dances  et  appartenances ,  qui  furent  à  Manssart  Daisne, 
chevalier,  soj-disant  bailli  de  Victry,  et,  avec  ce,  les 
maisons,  terres,  vignes,  cens,  rentes,  revenues  et 
héritages  que  souloit  tenir,  tant  en  nostre  ville  de 
Paris,  Monstereuil-sur-le-Bois ,  comme  ou  pays  de 
Lannois,  Henriet  de  Lisac,  jusques  à  la  value,  tant 
les  dis  chastel,  chastellenie,  seigneurie,  justice....  de 
Arentières ,  comme  les  autres  terres  et  héritages  des- 
susdis,  de  huit  cens  livres  parisis  par  an,  eu  regart  à 

ce  qu'ils  valoient  xv  ans  a Donné  ou  bois  de  Vin- 

cennes,  le  ii*  jour  de  juing,  Tan  de  grâce  mil  cccc 
XXIII.»  (Trésor  des  Chartes,  Registre  coté  viii"  xii. 
Pièce  237.) 


FIN    DU    L  APPENDICE. 


GLOSSAIRE, 


BiLLEMENS,  aimures ,  armemens. 
[Pourveux  de  bonnes  gens  et  de 
abilleniens de  guerre, 60]  ;  —  [il 
peust  aller  seurement  en  Éngle- 
terre  pour  faire  ses  abillemens 
à  combattre,  253.] 

Abillier  ,  fortifier.  [Après  ce  que 
le  conte  Yaleran  eut  ainsi  fait 
abillier  le  moustier  de  INoen- 
ville,  et  garny  de  ses  gens,  56.\ 

AccoisEZ  ,  apaisés.  [  Et  ceux  qui 
contre  luy  avoient  proposé  luy 
grever  pour  la  mort  du  duc 
d'Orléans,  furent  tous  accoi- 
sez,  14.] 

Adouber  ,  revêtir,  orner,  parer. 
[Moût  fist  le  duc  Phelipe  faire 
de  riches  abillemens  pour  soy 
adouber,  257.] 

AdrÉcha,  se  dirigea.  [Par  ung 
matin,  bien  acompaignié  vers 
Paris,  adre'cha  à  la  porte  du 
marchié  à  chevaux,  37.] 

Affaitié,  attaché?  [En  soy  dé- 
monstrant  de  cueur  et  de  par- 
ler par  icelui  Bègue  et  à  son 
mainting  aucunement  affaitié 
au  dit  parti  d'Armignac,  5i5, 
App.] 

Affins,  alités.  [Parens  et  affins 
du  dit  Jehan,  3oo,  Jpp.] 

Affollé,  estropié.  [Fut  affollé 
d'une  jambe,  de  ung  virelon 
qui  le  férit,  80.] 

AiNs,  mais,  au  contraire.  [Et  ne 
vouloient  obéir  à  Jehan  de  Ba- 
vière, ains  en  avoient  fait  ung 
autre,  9.]  —  Avant.  [Moût  en 
prindrent  et  tuèrent  ains  qu'ilz 
venissent  à  Bray,  117.] 

Amont  ,  nu  haut.  [  Montèrent 
amont,  96.] 


Apparuciom,  apparence.  [Et  pour 
plus  grant  appnrucion  mons- 
ti-er,  le  Dauffin  mist  hors  d'a- 
vecquez  luy  ceux  qui  luy  avoient 
donné  le  conseil  de  mectre  à 
mort  le  duc  Jehan,  120.] 

Arasée,  détruite,  démolie.  [Fist 
assoler  de  grosses  bombardes 
donc  la  muraille  fut  toute  ara- 
sée,  174.I 

Arses,  brûlées.  [Etyeult  de  leurs 
tentes  arses  grant  planté,  20.] 

AssAUDROiT,  assailliroit.  [Lui  dist 

3u'il  se  rapportoit  à  luy  de  soy 
eflendre  qui  le  assaudroit, 
517,  App.] 

Atinées,  armes,  combat?  [Il  y  eut 
atinées  faites  de  six  doflSnois 
contre  six  bourguignons,  i5g, 
note  5.] 

Atargié,  retardé.  [Fut  le  roy 
Charles  grandement  atargié àe 
reconquerre  son  royaume;  car 
il  avoit  perdu  foison  de  ses  gens 
à  la  bataille,  223.] 

Attarge  ,  retardement.  [  Lenuel 
cuida  fère  attarge  de  paroltes, 
comme  avoit  fait  le  duc  d'Or- 
léans, 02,  note  3.] 

Aval,  en  bas.  [Et  fut  geté  des 
degrés  aval,  82.] 

Ava.ntaige,  saillie,  avance.  [Et 
n'avoit  ceulx  de  dedens  que  ung 
petit  d'awa/i/rt/ge  à  la  dépendre 
contre  les  gens  du  roy  Henry, 

I74-] 
AvEJiENT,  principalement?  [De  se- 
courir la  dicte  ville  à  toute  force 
et  puissance  d'armes ,  et  avc- 
ment  s'il  avenoit  qu'elle  fust 
assiégée  ou  autrement  oppii- 
niée,  288,  App.  \ 


324 


GLOSSAIRE. 


B. 


Bachinet,  bassinet,  casque  de  fer. 
[  Il  féry  Lyonael  par  dessoubz 
la  visière  de  son  backinet,  2o5.] 

Barète,  barrière,  porte  '?  [Fai- 
soieiit  souvent  de  grans  saillies 
liors  de  la  ville ,  par  espécial  à 
la  barète  d'Avesnes,  46.] 

Baudement  ,  hardiment.  [  Et  via- 
drent  baudement  pour  le  com- 
battre,  164.] 

Besoisgne,  affaire,  affaires.  [  Et  y 
eut  là  grant  bataille....  Et  fut 


celle  besoingne  par  ung  dy- 
mence,  27.  ]  —  [Et  avec  ce  la 
besoingne  du  sire  de....  empira 
assez,  99.]  —  [Et  ordonnèrent 
leurs  besoingnes  pour  eulx  en 
aller,  12  2.] 

Besoingnié  ,  travaillé.  [  Quant  le 
duc  Jeban  eut  ainsi  besoingnié', 
il  se  retira  à  Paris ,  23.  ] 

BhKTimczs,  flatteries.  [Il  a  tant  fait 
par  blandices ,  feintes  et  décep- 
tives  paroles ,  282,  App.\ 


c. 


Cautelle,  ruse.  [Le  dit  de  Bour- 
gogne ,  par  cautelle  et  pour  sé- 
duire le  peuple,  273,  Àpp.] 

CiiAioiT,  tomboit.  [Se  aucuns  en 
chaioit  en  ses  mains,  119.] 

CnALorr,  importait.  [Et  peu  lui 
chaioit  comme  tout  allast,  90.] 

CiiAPEL,  couronne.  [Et  avoit  luy  et 
ses  gens  chascun  ung  chnpeï  de 
may  sur  la  teste  armée ,  \o.  ] 

CnAUENT,  poursuivirent,  chassè- 
rent? [Les  Doffinois  en  desro)»^ 
commenclièreut  à  fuir.  Et  les 
gens  du  duc  les  charent  rai  dé- 
ment, et  si  en  tuèrent  en  la 
place  bien  de  six  à  buit  vingts , 
168.] 

CiiiEF  (à),  à  bout.  [Mais  il  n'en 
peut  venir  à  chiej]  99.] 


Cler  (au),  au  complet*?  [Y avoit 
bien  quatre  cens  hommes  ar- 
mez au  cler  sur  une  petite  mon- 
taigne,  i55,  note  4-] 

Cloque,  cloche.  [Il  sonna  une  pe- 
tite cloque,  207.] 

CoMPAiGNONS  ,  compagnons ,  du 
même  corps.  [Et  y  sailly  sur  eux 
quatre  compnignons ,  167.] 

CONBOURNEMENT  ,  flcUX    de    joic  ^  ? 

[  Il  y  eut  à  Gant  une  femme  qui 
donna  à  entendre  qu'elle  estoit 
sœur  aisnée  au  duc  Phelipe; 
et,  par  aucun  conbournement, 
luy  firent  ceulx  de  Gant  hon- 
neur, i83.  ] 
CoNJOÏRE.Yr,  s' entrefêtèrent.  [Et 
moût  conjoïrent  l'un  frère  l'au- 
tre, 5o,  note  4-] 


'  Voyez  DucANGE,  au  mot  Barra. 

*  Charles  VII,  en  entraut  dans  Paris,  étoit  «  tout  armé  au  cler,  et  le  Dalphiu  , 
jeune  d'environ  dix  ans,  tout  armé  comme  son  père  le  Roy.  »  [Journal  d'un  bour- 
Aeois  de  Paris  ,  177) — «  Et  estoit  cliacune  lanclie  d'uug  homme  d'armes,  armé 
de  cuirasse  ,  harnas  de  jambes,  sallades,  bannières,  espée,  et  tout  ce  qu'il  faut  à 
un  homme  armé  au  cler,  ses  sallades  et  espées  garnies  d'argent.  »  (Du  Clercq  , 
XII,  »4.) 

'  Ce  mot,  dont  aucun  glossaire  ne  nous  a  fourni  l'explication,  semble  dérivé 
du  verl)e  coinburere ,  brûler.  On  lit,  dans  le  Journal  d'un  l?ourgenù  de  Paris  (141)  » 
qu'après  avoir  montré  au  peuple  le  corps  inanimé  de  Li  Pucelle  d'Orléans,  «  le 
bourrel  remist  le  feu  grant  sur  sa  povre  charogue,  qui  tantost  fut  toutle  comburée 
et  os  et  char  mis  en  cendres.  » 


GLOSSAIRE. 


325 


Co.nte:(di,  tâcha.  [  Et  pour  ceste 
cause,  le  contendi  à  grever  de- 
puis, 225.] 

Co>TE>T,  soutien?  [Ou  content 
desquels....  il  a  perdu...,  022.] 

Co.w'ERSACios,  habitudes?  [A  tou- 
jours esté  de  bonne  vie,  re- 
nommée et  honneste  conversa- 
cion ,  241  ,  note  2.] 

Converser  ,  demeurer,  habiter? 
[Il  n'ose  bonnement  apparoir  ne 
aler,  venir,  ne  converser  sceu- 
rement  parmi  nostre  royaume  , 
285,  App.\ 

CoRGE,  gorge.  [Etluy  feroit  gehir 


de  la  co/gela  deslojaulc,  iy?..\ 
CouRCHERoiT,  châticroit.  [  Le  duc 
Phelipe  manda  aux  gouver- 
neurs de  la  ville  de  Mous ,  qii'ilx 
rendissent  bon  compte  de  la 
duchesse  Jacqueline  ,  ou  si  non 
il  les  courcheroit ,  253.  ] 
CouRCHiB ,  courrouce' ,  attriste'. 
[  Fut  le  Doffin  fort  courchie  à 
son  beau-père,  55];  —  [fist  grant 
doeul  de  la  mort  de  la  duchesse 
Michielle,  sa  femme,  et  moût 
en  fut  courchie,  i85.] 
Cueillit,  prit?  [  Parquoi  il  le 
cueillit  en  grande  haine,  18.] 


D. 


DÉcKPTivEs  ,  trompeuses.  [Par 
blandices  ,  feintes  et  de'ceptives 
paroles,  282,  App.\ 

DicopÉ,  écharpe,  déchiré.  pMessire 
Jehan  fut  tout  de'copéAes  Dof- 
finois,  mais  nonobstant  il  n'en 
mourut  point,  126.] 

Deffui  ,  enfui.  [  Et  s'est  deffui  et 
assenté,  puis  çà  puis  là  en  au- 
cune partie  du  royaume,  3i8, 
App.  ] 

Débraie,  dernier  jour,  dernière 
heure.  [  Il  l'avoit  moût  désirée 
à  voier  à  son  derrain,  5j.  ] 

Desceu  (au),  à  l insu.  [11  exposa 
ce  que  dit  est,  au  desceu  du  dit 
Simon,  et  lui  requist  de  paix, 
5i6,  App.'\ 

Desco>fis  ,  détruits.  [  Hz  furent 
mis  en  desroy  et  tous  desconfis, 
221.] 

Descofort,  tristesse,  douleur. 
[  Il  y  eut  grand  desconfort  des 
gens  de  son  hostel ,  2.] 

Desroier  ,  sortir  du  chemin  ,  être 
en  désordre.  [Son  cheval  com- 


mencha  à  desroier  et  saillir, 
i3o]  ;  —  [les  Doffinois  com- 
mencèrent à  eulx  retraire  tout  à 
tret,  sans  eulx  desroier,  181.] 

Desroiz,  desroy,  désordres,  dé- 
gât. [  De  tels  desroiz  y  eut  à 
Paris  moût  pour  ce  temps,  g5]  ; 
—  [là  firent  les  Flamans  grand 
desroy,  19.] 

DÉsoLLER,  faire  disparoître  le  sol, 
dessoller?  [  Tout  le  dangier  que 
ceux  du  marché  de  Miaux  eu- 
rent leur  vint  par  la  prinse  de 
l'ille  ,  et  pour  ce  avoit  le  roy 
Henry  proposé  de  la  faire  dé- 
soller,  176.] 

Destolr,  voyez  Estour. 

Destourber  ,  détourner.  [Destow- 
ber  les  vivres ,  28.  ] 

DooBTOiE>iT ,  redoutoient ,  crai- 
gnoient.  [Et  peu  doubioient 
leurs  anemis,  se  non  par  traï- 
son,  44-] 

DouLANT,  attristé,  fâché.  [Et  icel- 
lui  Simon  ,  doutant  et  courrou- 
cié,  5i5,  App.] 


32(> 


GLOSSAIRE. 


E. 


Embler  (s'),  s'enfuir.  [Elle  s'embla 
secrètement,  235.] 

Emparemens,  fortifications  ■  [  Pour 
cause  de  garde,  réparations, 
emparemens ,  262  ,  AppJ\ 

ENGINS,  machines  de  guerre.  [Et 
menoient  moût  i^en^ins  et  de 
grosses  bombardes  pour  tenir 
siège,  26];  —  [et  avoit  fait  assoir 
de  grans  engins  devant  le  chas- 
tel  pour  jetter  dedans,  55] 

Enmy,  au  milieu  de.  [Et  s'en  alla 
enmj  la  rue ,  3 1 8 ,  App  ■  ] 

Ens,  dedans.  [Mais  Ermignas  fu- 
rent desconûs  et  reboutés  ens, 
27.] 

Ensuir,  suivre.  [Pour  les  débats 
qui  s'en  pourroient  ensuir,  258, 
App.\ 

Entremesler,  se  battre  ?  [Les  Bra- 
bançons voulurent  livrer  ba- 
taille aux  gens  du  comte,  et  fu- 
rent sur  le  poinct  d'eux  entre- 
mesler, i5.] 

Entretenement,  discipline?  [Car 
il  n'y  eut  point  àH entretenement 
en  eux  depuis  qu'ilz  sceurent  la 
mort  de  leur  seigneur  ;  et  s'en 
alloit  chacun  qui  mieux  povoit, 
sans  ordonnance,  117.] — Ob- 
servation. [Pour  la  seureté  et 
entretenement  des  choses  des- 
sus dictes,  260,  App.\ 

Esgriffa,    e'gratigna.   [Voton  es- 


griffa  Lyonnel  de  son  gantelleê 
par  le  visai ge,  2o5.  ] 

EsLoxGiER,  éloigner.  [  Et  sembloit 
que  par  le  moyen  de  tels  débas, 
se  pourroit  le  duc  Phelipe  e^- 
/o«g/er  d'eux,  par  quoy  leurs 
besoingnes  en  vaudroient  de 
piz,  238.] 

EsMAiER ,  planter  le  mai.  [Dit  qu'il 
iroit  e.îma/erlejourdemay,  4o-] 

EsTACHiER,p/(77i^e7',  attacher.  [Ung 
ponclîon  à  deux  bous  devant  luy 
estachiéen  terre,  65]  ;  —  [après 
ce  que  le  Roy  l'eust  fait  pendre, 
il  luy  fist  estachier  son  estan- 
dart  sur  sa  poitrine  ,  175.] 

Estât  ,  ornement  ?  [  Moût  estoit 
dame  de  sainte  vie  ,  et  ne  por- 
toit  point  d'estai  sur  son  chief, 
comme  autres  dames  à  elles  pa- 
reilles, 226.  ] 

EsTEULE,  paille,  chaume.  [Les  mai- 
sons de  la  ville  estoient  cou- 
vertes d'e^^ewZe ,  i58,  note  2.] 

Estoffe  (  homme  de  bonne  ) ,  de 
mérite,  de  courage.  [Avoit  bien 
de  bonne  estoffe,  mille  hommes 
d'armes,  43.] 

EsTOQUiER,y/«p^er,  briser.  [Il  luy 
fist  estoquier  son  estandart  sur 
sa  poitrine,  175  ,  note  2.  ] 

Estoub,  choc,  combat.  [Après  que 
les  Doffinois  et  le  duc  eurent 
assemblé  bataille ,  il  y  eut  es- 
tour  d'un  costé  et  d'autre,  168.] 


F. 


Fachon  (  gens  de  ) ,  de  mérite,  de 
courage  '  ?  [La  ville  estoit  fort 
garnie  de  gens  de  fachon,  26.] 

FiNER,  venir  à  bout,  afin.  [Il  avisa 
qu'il  y  avoit  une  puissante  for- 
teresse ,   et  qu'elle    luy   seroit 


bonne  s'il  en  poii\o\tf!ner,  206.] 
— Terminer.  [Par  maintes  voyes, 
Venfnera  de  ce  qui  est  néces- 
saire pour  les  défenses  et  re- 
couvremens  dessus  dicts,  288, 
A  pp.  ] 


'  «Les  combatoit  par  si  belle  manière,  que  tous  disoient  que  il  avoit  bien  con- 
tenance de  homme  de/aickon.  >•  (Manl'scrit  de  i,a  Bibliothèque  royale,  Fonds 
de  Baltize,  n'  loSig',  fol.  1R7,  recto.) 


GLOSSAIRE. 


3.7 


FoRTRAiT,  sousirnit,  fit  évader. 
[ Lequel  fortrait vni^  prisounier 
hors  de  la  ville,  après  la  def- 
fense  faite  de  par  le  Roy,  i46.] 
— jRavi,  enlevé.  [Pour  ce  que  le 
duc  lui  3i\ oit  Jbr trait  sa  femme, 

2.1 


FouRMouvoiR,  émouvoir?  [LesFla- 
mans  commenchèrent  à  eux 
fourniOHVoir ,  pour  retourner 
en  leur  pais,  20]  ;  —  [le commun 
de  Paris  se  fourmeul  et  firent 
grant  assemblée,  et  allèrent  aux 
prisons,  et  tuèrent,  etc.,  gS.] 


G. 


G f.ïi\K  ,  avouer,  confe.'iser.  [Luy 
feroit  gehir  de  sa  corge  la  des- 
loyauté, aSa.] 


Grencneur  ,  majeure.  [Et  ardi 
toute  ou  la  grengneur  partie 
des  maisons,  297,  App.\ 


H. 


Hasterel,  cou.  [Le  duc  Jehan  luy 

Cst  coper  le  hasterel,  g5.] 
Hastiers  ',  broches.  [Ils  se  deffen- 

dirent  de  hastiers  de  fer  par 

faute  de  lances,  iy4-] 
Havaume  ,  heaume,  casque.  [Fut 

ung   petit  bléchié   parmy   son 

hayaume,  2o3.] 


HoTEACX,  pelotons?  [Et commen- 
chèrent à  assembler  par  petits 
hoieaux,  65.] 

HousEADLx,  bottes.  [Avec  son  pour- 
point et  ses  houseaul.r  ,  i5.] 

HucHER,  appeler.  [Le  duc  Est  hu- 
cher  le  duc  de  Bourbon,  52, 
note  2. 1 


Ilkc  ,  là.  [  Et  fust  venu  en  garni- 
son ilec,  295,  App-\ 

LsvASiELES,  offensives.  [Et  autres 
armeures  invasibles,  017,  .^pp-] 


Irois,  Irlandois?  [Tous  anglois, 
irois  ,  normans  et  autres  ,  3o4  , 
App.] 


Jeu,  de  gkir,  loge,  couche',  campe'. 
[Où  il  avoit  jeu  la  nuit  de- 
vant, 66.\ 

Jeitrent,  campèrent.  [^tVai jeurent 
celle  nuit  sans  riens  faire,  62.] 

Jeut,  de  GÉSIR,  accoucha.  \Yx  jeut 
assez  tost  après  d'un  fils,  lôi.J 

Juer,  se  divertir,  jouer.  [11  ala  ung 


jour  juer....    sur   les  champs, 

2l5.] 

Jus,  en  bas.  [Il  sailly  jus,  et  s'en  • 
fui  dedens  la  ville  à  sauveté , 
216.] 

Juz  (mettre),  renoncer  à.  [Que  ce 
seroit  grandement  contre  son 
honneur,  s'il  mettoit  juz  icelle 


'  De  Hasta.  Olivier  de  La  Marclie ,  dans  son  Estât  de  la  Maàonda  duc  Charles 
de  Bourgogne,  dict  le  Hardy,  comprend  au  nombre  des  officiers  du  Tiers  estât,  ou 
troisième  classe,  le  Hasteur,  lequel,  dit-il  ,  lient  le  compte  du  rost  avec  son  avde. 
«  Les  portiers  gardent  la  porte ,  et  doivent  prendre  garde ,  quant  on  va  aux 
champs,  aux  chariots  qui  portent  les  vasseaux  de  la  cuisine ,  comme  chaudières, 
paelle$,  grils  ,  hastiers,  et  autres  choses.  " 


328 


GLOSSAIRE. 


journée,  veu  la  grant  deshon- 
neur et  injures  que  le  duc  lui 


avoit   mandé  par   ses    lettres  ^ 
240.] 


l.EDKNGÀ,  g/'o/irfrt,  réprimanda.  [Il 
ledenga  moût  son  frère,  238  ] 

Lez  (au),  à  côte,  auprès.  [Des- 
soubz  les  murs  de  la  cité,  au 
lez  de  Baudimont,  48-  ] 


LoiÉs,  liés.  [Eux  trois  ensemble 

loic's  par  les  bras ,  97.  ] 
Los,  louange.  [Il  eut  le  los  de  bien 

combattre  sur  tous  les  autres , 

222.] 


M. 


Mal-talens  ,  jalousies  ,  dépits  , 
haines.  [  Y  eut  par  plusieurs 
fois  grandes  envies  et  mal-ta- 
leiis,  I.] 

Marches  ,  frontières  ,  limites.  [  Il 
mist  garnison....  sur  les  mar- 
ches du  duc  Jehan,  17.] 

Meffais,  méfaits.  [Pour  laquelle 
chose  se  soient  ainsi  meffais 
envers  Nous,  289,  .App.\ 

MÉSAisiÉs  ,  malades?  [Car  y  en 
avoit  moût  de  navrés  et  de  més- 
aisiés ,  qui  s'en  [allèrent  à  grant 
paine,  66.] 

BIescroire,  se  méprendre,  mot  à 
mot  mal  croire.,  croire  à  faux. 
[Et  aflBn  qu'on  ne  mescroye  mie 


de  la  mort  du  duc  d'Orléans, 
j'ay  faict  faire  ce  qui  a  esté  faict, 

4-j 

Mktes  ,  frontières,  confins.  [  N'y 

eut  plus  de  places  en  l'Ille  de 

France  ne  aux  mctes  d'entour, 

212.] 
MouRDRiz,  MouRDRY,  Blessé,  mïs  à 

mort.  [C'est  pour  vostre  service 

que  je  suis  ainsi  mourdriz,  83]  ; 

—  [car  le  duc  Jehan  fut  mour- 

dry,  III.] 
MuRDRissoiENT,    tuoient.    [Et   les 

murdrissoient    sans    en    avoir 

nul  pitié ,  96.] 
MussER,  cacher.  [Sans  en  celer  ou 

musser  aucuns,  3o5 ,  App.\ 


"^KSi^i ,  blesse.  [Estoit  horrible- 
ment navré  en  la  teste ,  2.  ] 

Nonne,  la  neuvième  heure  du 
jour,  trois  heures  après  midi. 
[Et  fut  celle  besoingne  par  ung 
dymence  droit  à  nonne  ,  27.] 


NouvELLETEZ,  innovatious ,  nou- 
veautés. [Face  mettre  au  néant 
les  nouvelletez  puis  nagaires 
faictes  ou  préjudice  du  Roy  et 
de  sa  souveraineté,  263,  App-] 


Occuper,  accuser.  [On  vouloit 
occuper  le  seigneur  de  Giteri 
disant  qu'il  avoit  esté  consen- 
tant de  la  mort  au  duc  Jehan , 

ï4i-]  .    ^    . 

Offenderoit  ,  contreviendroit. 
I  Feront  serment  de  les  tenir 


en  seureté  et  d'estre  contre  la 

partie    qui    offenderoit,    260, 

App.] 
OsT,  armée.  [Estoient  escondui- 

seurs  de  Vost,  10.] 
Ov  ,  au.  [Eu  regart  ou  temps  de 

quinze  ans  a,  252  ,  Jpp.\ 


GLOSSAIRE. 


319 


P. 


PARGASTOIT,     lUOt     à    IllOt,     gàtoit 

entièrement.  [La  discentioQ  qui 
estoit  entre  le  duc  Jehan  et  les 
seigneurs  du  sang  royal,  par- 
gastoil  tout,  66] 

Parledt,  acheva  de  lire.  [On  par- 
leut  les  sept  seaumes,  186.] 

Passement,  consentement?  [Car  il 
avoit  promis  au  traité  du  ma- 
riage de  Catherine,  et  au  pas- 
sement du  duc  Phelipe  de 
Bourgoigne,  188.] 

Pièce  (grant),  long-temps.  [Et  y 
fut  çrant  pièce  au  siège  ,  3i.] 

Plante  (grant),  grand  nombre. 
[  Et  y  eult  de  leurs  tentes  arses 
grant  planté,  20.] 

Plate,  latne  ou  plaque.  [Il  por- 
toit....  pour  chasuble  plate  d'a- 
cier, Si ,  note  6.  ] 

PocESSER,  posséder.  [Sans  jamais 
pocesser  en  la  couronne,  118]; 
—  [et  que  jamaiz  ne  pocesseroit 
de  nulle  seiguourie  qui  fust  au 
roy  Charles,  194-] 


Poste,  guise,  convenance? {Y Avoit 
au  royaume  de  France  doubles 
officiers;  car  checune  partie 
contendoit  à  les  faire  à  sa  poste, 
54.] 

Pourchas,  sollicitation.  [Il  fut  dé- 
livré de  prison  par  le  pourchas 
de  Bonne,  sa  sœur,  54] 

Pourchasseront,  reclameront.  [  Et 
qu'ils  soient  rendus  à  leurs  pa- 
rens  et  amis  qui  les  pourchas- 
se jont,  258 ,  ^pp.  ] 

PouRPASSA  ,  traversa.  [Et  pour- 
passa  le  dit  duc  parmy  les  pays 
au  duc  Phelippe,  229.] 

PourpensÈrent,  méditèrent.  [Et  en 
y  eut  une  partie  qui  pourpen- 
sèrent  la  traïson  de  mectre  à 
mort  le  duc  Jehan  ,  112.] 

Presist,  prit.  [Lequel  feit  pein- 
dre dessus  l'huis  de  son  hostel 
deux  lances....  et  disoit-on  qu'il 
l'avoit  faict  en  signiGance  que 
quy  voudroit  à  luy  paix  ou 
guei're ,  qu'il  le  presist,  7.] 


R. 


Ralongié,  ajourné.  [Et  aussy  la 
journée  que  les  deux  ducs 
avoient  prinse  pour  combattre 
l'un  à  l'autre  fut  ralongié,  209.] 

RÉBELLATioN,  révoltc  ,  rébclUon. 
[Lesquelz  seigneurs  firent  une 
grant  rébellation  contre  le  duc 
Phelipe,  217.] 

Recéans,  habitans  ?  [Quatre  bour- 
gois  des  plus  notables  et  re- 
céans d'iceîle  ville,  3o5,  .Âpp-] 

Regart,  égard.  [Si  la  terre  et  sei- 
guourie ne  excèdent  la  dite 
somme  de  trois  cens  livres  tour- 
nois, eu  regart  ou  temps  de 
quinze  ans  a,  i5i,  App.\ 

Regart  (prendre),  observer.  [Le 


duc  fist  prendi-e  regart  sur  eux 
pour  sçavoir  lequel  airoit  la  vic- 
toire, 2o4-] 

Relever  ,  prendre  possession  ? 
[Après  sa  mort,  le  duc  Antoisne 
releva  la  conté  de  Saint-Pol.... 
pour  son  fils  ,  57.] 

Reparoient,  résidoient.  [  Tous  les 
seigneurs  qui  reparoient  à  la 
cour  du  duc  Phelipe  ,  1 18.] 

Rescourre,  reprendre ,  recouvrer. 
[  Et  ilz  le  firent  monter  sur  ung 
bon  coursier....  affin  que  ceux 
du  chastel  ne  le  peussent  res- 
courre ,  37.] 

Resmeu  ' .  [  Le  duc  Phelipe  estoil 
pour  ce  temps  moult  resmeu. 


'    Nous  De  comprenons  pas  bien  quelle  acception  peut  avoir  'ce   mot  dans  la 
phrase  citée.  Peut-être  faudroit-il  lire  cresmeu,  craint. 


33o 


GLOSSAIRE. 


et  estoit  de  sa  personne  très 
abille  en  toutes  choses  donc  il 
se  vouloit  mesler,  225.] 

Resmeut,  e'niut  de  nouveau,  ré- 
veilla. [  Par  telz  choses  et  moût 
d'autres  se  resmeut  la  guerre  et 
l'envie  entre  les  seigneurs  de 
France  et  le  duc  Jehan  ,  54-] 

RiEULLE,  rè^le.  [Et  toute  autre 
monnoie  fut  remise  à  rieulle, 
checuneà  sa  quantité,  i88.] 

RiEDLLE  ,  peut-être  rnelle ,  sorte 
de  bouclier.  [Lesquels  portoient 


sur  leurs  bras  une  petite  rieulle, 
en  manière  d'un  roy  de  soleil , 
241.1 


Roquet  ,  «  espèce  d'arme  et  bas- 
ton  de  guerre  à  fer  rebouché 
(émoussé)  dont  on  combatoit  en 
lice  '.  »  [Deux  lances,  dont  l'une 
avoit  fer  de  guerre  et  l'autre  fer 
de  roquet,  7.] 
Roy,  rajon.  {Roj  de  soleil,  241.] 
Ruer  n^,  jeter  a  bas.  [Il  vint  pour 
ruer  jus  ung  logis  au  duc  Je- 
han, 82.] 


Saulcoy,  saussaie.  [Un  jardin  et 
un  petit  saulcoy,  290  ,  Appi\ 

Sauldroit,  sailliroit.  [Et  il  saul- 
droit  et  iseroit  hors  dudit  huys, 
517,  App.\ 

SauvetÉ,  abri,  sûreté  [Il  s'enfui 
dedens  la  ville  à  sauveté,  216.] 

Sentemeivt,  connoissance.  [Ils  eu- 
rent certaines  nouvelles  que  les 
Doffinoisestoient  dedens  la  ville. 
,  Et  quant  les  Doffinois  en  eurent 


le  sentement ,  ilz  s'assemblè- 
rent, etc.,  180.] 

Seronge ,  SERouGK,  heau-frtre. 
[Envoia  devers  le  duc  de  Bour- 
gogne, son  seronge,  9.] 

Simples  ,  tristes,  affligés ,  abattus. 
[Après  celle  journée ,  les  gens 
du  Daufim  furent  moût  sim- 
ples ;  mais  nonobstant  tenoient 
tousjours  la  Bastille  ,91.] 

SouRGUET ,  guet.  [  En  faisant  le 
sourguet  à  cheval,  168.] 


[Après 
son  taïon , 


gri 

la  mort  de  Charles 

193.] 
Targa  (se),  se  fit  fort?  [Et  de  fait 

se  targa  Davegny  d'aler  devers 

le  duc  Jehan,  112.] 
Tour  (au  chef  du) ,  finalement. 

[Mais  au  chef  du  /ourla  chose  se 

remit  tellement  que  le  royaume 

de  France....,  14.] 


TouTESVoiEs,  toutefois.  [Toutes- 
voies  il  nous  semble ,  257 , 
App.] 

Tret  (  tout  à  )  ,  tout  d'un  trait  ? 
[  Les  Doffinois  commencèrent  à 
eulx  retraire  vers  Compiègne 
tout  à  tret  sans  eulx  desroier, 
181.] 

Trins.  [Il  y  eut  ung  grant  assault 
tout  autour  du  chastel ,  et  entra 


'  NicoT.  Le  sens  donné  au  mot  roquet  par  Nicot  convient  parfaitement  pour 
expliquer  le  passage  cité  des  Mémoires  de  Penin  ;  mais  peut-être  ce  mot  n'avoit-il 
pas  une  acception  aussi  spéciale.  On  voit,  dans  un  autre  endroit  du  même  Nicot, 
qne  «  courtois  roquets  sont  dits,  par  translation,...  les  roquets  dont  les  fers  sont 
rabattus, mousses  et  non  esmoulus,  desquels  on  combat  soit  en  lice  ou  en  behourd.» 
Le  roquet  n'avoit  doue  pas  nécessairemeut  le  fer  émoussé ,  puisqu'il  n'étoit  dit 
courtois  qu'après  avoir  subi  cette  préparation. 


GLOSSAIRE. 


33. 


bien  quatre-vingts  hommes  de- 
dans les  trins,  i32  ,  note  a] 
TuniTioN,  garde,  defen-se.  [Pour 


la  conservation  ,  tuhition ,  et 
gouvernement  de  la  chose  pu- 
blique, 249,  App.\ 


\  AiTiis  ,  guettés.  [Car  ils  furent 

trop  près  vaitie's,  07.] 
Yespre  ,  soir.  [  Envers  le  vespre  , 

24,  note  2.] 
ViAiRE,  visage.  [Quant  il  vit  le 

viaire  au  duc  Jehan ,  son  père , 

i4i.] 

YiLLANME,  injure,  offense.  [Le 
menaçant  de  lui  faire  villannie 
et  desplaisir,  5i5,  App.]  —  [Te- 
nant sa  dite  hache  de  guerre , 
démonstrant  lui  vouloir  courir 
sus  et  faire  mal  et  villannie, 
Di%,ib.] 

ViLLENoiT,  offensoit.  [Courroucié 
de  ce  que  le  dit  Bègue  le  inju- 
rioit  et  villcnoit  ainsi ,  3i5  , 
App.] 


\  iRETON  ,  grande  Jlcche  empen- 
née. [Il  fut  affollé  d'ung  vireton 
qui  le  férit  à  ung  assault ,  80.] 

YiSE  ',  prompt,  alerte.  [Luy  cuida 
lanchier  sa  hache  au  visaige  ; 
maiz  Lyounel,  qui  estoit  vise, 
luy  prinst  sa  hache,  2o5.] 

VocRENT,  voulurent.  [Les  gens  du 

pais vourent    deffendre    le 

dit  pais  ,  256.] 

VouT,  voulut.  [Et  moût  se  vout 
depuis  excuser  pour  sa  jonesse, 
120.] 

Vdille  '.  [Car  on  estoit  encore 
peu  vuille  au  pays  de  France , 
de  telles  escharpes,  16] 


Yacves,  eaux.  [  Y  avoit  de  gran- 
des yauves ,  où  il  avoit  fossez 


couvertes  de  bourbe,  127. ] 


■  Peut-être  faut-il  lire  viste, 

'  Nous  ne  trouvons  la  signlficatioa  de  ce  mot  dans  aucun  glossaire.  Godeiroy 
n  imprimé  :  «  car  on  avoit  encor  peu  veu  aux  pays  de  France  et  de  Picardie,  de 
telles  escLarpes.  » 


FIN    DU    GLOSSAIRE. 


TABLE  ANALYTIQUE 


DES   MATIÈRES. 


Abbeville,  Abeville.  Le  dac  Philippe  y 
fait  mettre  le  fen,  i63;  —  ses  habi- 
tans  refusent  l'eiitrée  de  la  ville  aax 
désertenrs  de  la  bataille  de  Saint- 
Riquier,  i66;  —  embûche  tendue 
aa  capitaine  de  cette  ville  ,  167. 

jicheux,  Cheii.  Le  roi  Henri  Y  y  loge, 
61. 

ArLLY  (Bangeois  d'),  vidame  d'Amiens. 
Cité,  3o. 

AiLLY  (Le  Breton  d').  Tué  en  poursui- 
vant les  Dauphinois,  181. 

AiLLY  (  Raoul  ou  Raulequin  d')  ,  vi- 
dame d'Amiens.  Fait  chevalier  à  la 
journée  de  6aint-Remy-dn-Plain , 
305  —  cité,  120  5  —  se  casse  la 
jambe,  137;  —  va  mettre  le  siège 
devant  le  château  du  Quesnoy,  177; 
—  cité,  1^8  ,  179J — assiste  an  siège 
de  Guise ,  2i4- 

Airaines  ,  Araines.  Les  deux  châteaux 
de  ce  nom  tiennent  le  parti  du  dau- 
phin, 1 72  ;  —  siège  de  ces  deux  for- 
teresses ;  la  ville  est  incendiée;  les 
deux  forteresses  abattues,  179. 

Albret  f  Charles  d')  ,  de  Labret,  de 
Labreq.  Se  ligue  avec  les  princes  de 
la  maison  royale  contre  le  duc  de 
Bourgogne  ,  35  ;  —  assiste  au  siège 
d'Arras,  45  ;  —  cité,  54  ;  —  marche 
contre  les  Anglois,  39  ;  —  fait  pri- 
sonnier à  la  bataille  d'Àzincourt,  65. 

Alencon  fcomlè  <S'),Ahnchon.  Sourais 
à  l'obéissance  du  Roi  par  le  comte 
de  Saint-Fol,  29  et  3o. 

Ai.EHCON  (Jean  I-^',  duc  d' ) ,  Ai.en- 
CHo's.  Assiste  au  siège  de  la  ville 
d'Arras,  45. 

ALEKr.oN(JeanII,ducd'),  Ailenchok. 


Fait  prisonnier  à  la  bataille  de  Ter- 
neail,  22 r. 
Alibaudières ,     Alibandières ,    Liban- 
dières.  Escarmouche  devant  le  châ- 
teau de  ce  nom  ,   129;  —  prise  de 
l'un  des  boulevards  de  cette  place, 
i3o  ;  —  siège  mis  devant  cette  for- 
teresse ;  elle  capitule;  est  brûlée  et 
saccagée,  i3i. 
AUens.  Voyez  Orléans. 
Allemagne  (empereur  d'),  Aillemen- 

gne.  "Voyez  Sigismond. 
Amboise  (Louis,  seigneur  d'),AîîvoisE, 

cité,  225. 
Amiens.  Assemblée  de  la  noblesse  de 
France  tenue  dans  cette  ville  après 

la  mort  du  duc  d'Orléans,  6  et  7  ; 

conférence   tenue   dans  cette    ville 
entre  plusieurs  princes,  200. 
Amiens   (  vidame   d' }.    Voyez  Ailly 

(  Beaugeois  et  Raoul  d'). 
Angoclême  (Jean  d'ORi,ÉAiîs,dnc  d'), 
Cité,  7  et  8  ;  —  envoyé  en  Angle- 
terre comme  otage,  32  ;  — cité,  67. 
Anjou  (Louis  II,  roi  de  Sicile,  duc  d'). 
Accompagne  Charles  VI  au  siège  de 
Bourges,  26  ;  —  cité,  68 ,  note;  — 
cité  ,  195. 
Anjou  (René  d') ,  duc  de  Bar,  comte 
de  Guise'.    Assemble    des    troupes 
pour  faire  lever  le  siège  de  Guise. 

2l5. 

Ansauvillier,  Ansainviller.  Cité,  2r8. 

Antoing  (Jean  de  Melun,  seigneur  d'). 
Assiste  au  siège  de  Guise-en-Thié- 
rache,  214;  —  reçoit  de  Henri  VI 
une  rente  de  200  hvres  tournois  , 
296,  App. 

Arcy  (Galleh\ult,  dit  d' ) ,  Darsi. 


'   Fils  de  Louis  II,  duc  d'Anjou,  roi  de  Naples  et  de  Sicile,  né  au  cbàteaii  d'Angers,  le 
16  janvier  i4"8  ,  marié  à  Isabelle,  duchesse  de  Lorraine;  mort  le  10  juillet  1480. 


334 


TABLE  ANALYTIQUE 


Taé  à  la  bataille  de  Saint-Riqnier, 
168  ;  —  cité  ,  3or,  App.;  3o2  ,  -^pp- 

Arly  (  Lagen  d' ) ,  Darli  (  Lagan  ), 
Chargé  par  le  dac  Jean  ainsi  que 
d'antres  chevaliers  de  la  défense  de 
Rouen  ,    io3. 

Abmagnac  (Bernard,  comte  d'),  Ar- 
MiGNAC  ,  Ermignac.  Cité,  M,  note; 

—  se  ligue  avec  les  princes  du  sang 
contre  le  duc  de  Bourgogne,    i5  ; 

—  cilé,  16;  —  sert  dans  l'armée 
royale  au  siège  d'Arras,  45  ;  —  fait 
partie  du  conseil  du  Roi,  70;  — 
cité  ,  75  ,  79;  — conduit  Charles  'VI 
an  siège  de  Senlis  ,  86;  — fait  pri- 
sonnier à  la  prise  de  Paris  ,  89  ;  — 
cité,  93,  94,  Ç)5,note; — massa- 
cré, 96; —  son  corps  mutilé  reste 
trois  jours  exposé  dans  la  cour  dn 
Palais  ;  est  traîné  dans  les  roes  de 
Paris  ,  97. 

Armagnacs,  Ermignas.  Nom  donné 
à  la  faction  d'Orléans  ;  ils  portent 
des  écharpes  blanches  ,  16  ;  —  sont 
battus  dans  une  saillie  qu'ils  font  an 
siège  de  Bourges,  27;  —  abandon- 
nent plusieurs  de  leurs  forteresses 
en  apprenant  la  prise  de  Paris,  90; 

—  massacrés  par  les  Bourguignons, 
93. 

Arras.  L'armée  du  duc  de  Bourgogne 
réunie  dans  cette  ville,  i8; — citée, 
20  ;  —  assemblée  des  seigneurs  de 
Bourgogne  dans  cette  ville,  38  ;  — 
assiégée  par  le  Roi,  43;  — ses  fan- 
bourgs  brûlés,  44  ; — citée,  45  ; — la 
maison  du  temple  sert  de  logement 
au  Roi,  4fi  ;  —  saillies  faites  hors  de 
la  ville  à  la  porte  Saint-Michel,  ib.; 

—  engagement  entre  les  troupes  du 
Roi  et  celles  de  la  ville,  vers  le 
marc  Saint-Michel,  47;  — armes 
faites  dans  une  mine  sons  les  mnrs 


de  cette  ville,  48  ; — secours  envove 
aux  assiégés  ,  ib.  ;  —  reddition  de 
cette  ville ,  49  ;  —  les  bannières  du 
Roi  posées  sur  les  portes  de  la  ville, 
ib.-^  — citée,  76;  —  armes  faites 
par  Poton  de  Xaintrailles  contre 
Lyonnel  de  Vendôme,  ao'î.  "Voyez 
Avesnes  (Barète  d') ,  Uaudimont. 

Arundel  (Thomas  I'itz-Allen,  comte 
d') ,  Arondel.  Conduit  un  seconrs 
d'Augloisau  duc  de  Bourgogne,  20; 
—  cité,  21,  note  ;  —  assiste  au  siège 
de  Saint-Cloud,  22;  —  cité,  23. 

Aiimale,  Aumar/e,  Jmmarle.  Le  châ- 
teau de  ce  nom  assailli  par  Jean  de 
Fosseux,  74;  —  la  ville  incendiée, 
ib.;  — citée,  loia,  102. 

Aumale  (Jean  de  Harcourt,  comte 
d'),  Ammarle.  Cité,    102. 

AuQuETONViiLE  (Raoulet  d'),  Paclet 
d'Antonville '.  Assassin  dn  duc 
d'Orléans,  5;  —  récompensé  parle 
duc  de  Bourgogne,  6. 

Auxerre,  Ausoire.  Les  ducs  d'Orléans 
et  de  Bourgogne  concluent  un  traité 
de  paix  dans  celte  ville,  28;  — 
citée,  52,  i34 

Auxi ,    Cussy,  ville.  Citée,   157. 

Avesnes  (Barète  d').  Engagement  entre 
les  Bourguignons  et  les  tronpes  du 
Roi  à  la  Barète  d'Avesnes,  horsde  la 
ville  d'Arras ,  4(>. 

Avesnes-Ie- Comte.  Le  château  de  ce 
nom  occupé  parles  troupes  da  Roi 
au  siège  d'Arras  ,  46. 

Azincourt.  Les  seigneurs  de  l'armée 
frauçoise  y  logent,  62;  — bataille 
de  ce  nom  ,  65  ;  —  citée  ,  73  ,  188. 

Azincourt  (Isambert  d').  Attaque  les 
bagages  de  l'armée  angloise  pendant 
la  bataille  d'Azincourt,  64  ;  —  est 
cause  que  tous  les  prisonniers  fran- 
çois  sont  massacrés,  ib. 


B. 


Bapatime.  Assiégée  par  le  Roi,  43  ; — 

citée  ,  44. 
Bar  (duc  de).  "Voyez  Anjou  (René  d'). 
Bar  (Edonard,  duc  de),   marquis  de 

Pont.  Fait  partie   de   l'expédition 


contreles  Liégeois,  11  ; — prisonnier 
par  la  faction  cabochienne,  33  ;  — 
mis  en  liberté,  34; — se  ligue  contre 
le  duc  de  Bourgogne ,  35  ;  —  cité  , 
36  ; —  fait  partie  de  l'armée  dn  Roi 


Aiiquetomilla,  armiger,  fuit  receptus  in  tkesaurarmm  Franciœ  et  solilum prœstttit 
sentia  ducis  Burgundiœ ,  tertia  ùie'avgusli   i4o2.    (Note  extraite  àa  Fonds  de 


•    Itadulphus  d, 

Jiiramentum   în  prœsentta    „ _ 

Caignières,  et  communifiuée  par  M.  la  Cabane.) 


DES  MATIÈRES.  335 

Bourgogn*   et  de  Brabant ,  ib,  ; 

cité,  lo  ;  — reçoit,  après  la  bataille 
de  Liège,  latèteducomte  dePenveis, 
i3;  —  cité,    i4. 

Be\ufort  (  Philippe  ,  seigneur  de)  '. 
Capitaine  de  la  ville  d'Arras  ,  main- 
tient les  habitans  dans  l'obéissance 
datant  le  siège  de  cette  ville,  /,4. 

Beadmont  (comte  de),  Biaumont.  Se 
joint  à  plusieurs  grands  seigneurs 
de  Fr;ince  pour  arrêter  les  conquêtes 
du  roi  d'Angleterre  ,    69. 

Beaumont-sur-Oise.  Le  cbàteaa  de  ce 
nom  assiège  par  le  duc  de  Bourgo- 
gne, 76;  —  sa  reddition,  77. 

Beauvoir  (Jean  de),  Biacvoir.  Blessé 
au  siège  d'Alibaudières,  iSa. 

Beaiirevoir,  ville.   Citée,  i5o,  218. 

BEDFORn(JeandeLANCASTRE,dQcde), 
Bethefort.  Assiste  à  la  reddition 
de  la  ville  de  Cosne-sur-Loire ,  184 
et  i85;  —  se  rend  à  Yiucennes  au- 
près de  son  frère  mourant,  186  ; — 
confère  avec  le  duc  de  Bourgogne 
sur  les  affaires  de  France  après  la 
mort  de  Henri  "V,  187;— cité,  199, 
note  ; — épouse  Anne  de  Bourgogne  , 
200;  —  nommé  régent  de  France  , 
ib.  j  —  se  rend  à  Amiens  pour  faire 
des  traités  d'alliance  avec  quel- 
ques princes,  ib.  ;  — cité,  201,  note; 
202  ;  —  indispose  contre  lui  le  duc 
de  Ricbemont,  204  ;  —  fait  assiéger 
la  ville  du  Crotoy,  2o5  ; —  assiste  à 
la  reddition  de  cette  ville,  208  ;  — 
mène  avec  lui  les  otages  dudit  Cro- 
toy, ib.  j  —  réduit  à  son  obéissance 
plusieurs  antres  villes  et  forteresses, 
209;  — prie  le  seigneur  de  Saveuses 
d'aller  mettre  le  siège  devant  Com- 
piègne,  moyennant  qu'il  lui  four- 
nira des  troupes  et  les  paiera  ,211; 
—  cité,  2  r4  ,  note  ;  —  fait  fuir  l'ar- 
mée du  roi  Charles,  220; —  pour- 
suit cette  armée  et  l'atteint  à  Ver- 
neuil,  ih.  ;  — gagne  la  bataille  de 
ce  nom,  222,  223  ;  —  cité,  224  ;  — 
assiste  à  une  fête  donnée  à  Paris  par 
le  duc  de  Bourgogne  ;  joute  pour  la 
première  fois,  225;  — mécontent 
du  duc  Philippe,  227;  — cité,  228; 

'  Etoit  fils  de  Baudoin  de  Beaufort ,  seigneur  de  Sairp,  de  Ccssoye  et  de  Brie,  et  d'Agnès  de 
Liedekerquc.  Il  fut  nommé  capitaine  d'Arras  par  Jean  ,  duc  de  Bourgogne,  et  tué  en  duel  avec 
Payeti  de  Beaufort,  son  frère  unique,  dans  le  faubourg  d'Arras,  le  24  octobre  1437.  CeMe 
famille  liroit  son  nom  df  la  lerrc  et  seigueurie  de  Beaufort ,  situées  près  d'Avesnes  en  Artois. 
I    Note  communiquée  pai  M.  La  Cabane.  ) 


an  siège  d'Arras,  45  ;  —  cité,  46  ; — 
jnre  la  paix  dite  d'Arras,  62  ; — cité, 
55  ;  —  marche  contre  les  Anglois  , 
59  ;  —  tué  à  la  bataille  d'Azincourt, 
65. 

Bar-le-Duc ,  ville.   Citée  ,  55. 

Barbazam  (  Arnanlt  Guilhibr  de  ) , 
Barbesan ,  Barbasan.  Gouverne  le 
Roi  et  le  Dauphin  ,  70;— cité,  72, 
note  ;  —  1 11;  —  capitaine  de  Melun, 
145  ;  —  rend  cette  ville  à  Henri  "V, 
ib.  ;  —  conduit  prisonnier  à  Paris  , 
146;  —  innocent  de  la  mort  du  duc 
de  Bourgogne,  ib.;  —  envoyé  tenir 
prison  au  Chastel-Gaillart,  ib. 

Bastille  (la).  Sert  de  refuge  aux  Arma- 
gnacs, 89  ; —  le  Dauphin  y  est  con- 
duit, 90;  — tient  pour  le  Dauphin, 
91  ;  —  rendue  au  sire  de  L'Isle- 
Adam,  92  ;  —  le  sire  de  Barbasan  y 
est  renfermé,  1 46  ;  —  le  roi  d'An- 
gleterre en  donne  la  garde  aux  An- 
glois, i5i  ;  —  le  sire  de  L'Isle-Adam 
y  est  conduit  prisonnier,  i56. 

Battdimont ,  faubourg  d'Arras  ,  Baii- 
divont.  Le  duc  de  Bourbon  v  loge, 
46;  —cité,  48- 

Bavière  (Isabelle  de),  reine  de  France. 
Citée,  26, nofe; — 49,  note; — 53;  — 
58,  note; —  reléguée  dans  la  ville  de 
Tonrs,  est  mise  en  liberté  par  le  duc 
de  Bourgogne,  81;  —  conduite  à 
Chartres,  ib.  ;  —  reprend  le  gouver- 
nement du  royaume,  ib.  ;  —  se  re- 
tire à  Troyes  avec  le  duc  de  Bour- 
gogne ,  86  ;  —  citée,  108,  1 10,  129, 
i36  ;  —  assiste  à  nne  fête  donnée  à 
Paris  par  Philippe,  duc  de  Bour- 
gogne, 225  ;  —  envoie  ses  ambassa- 
deurs en  Dauphiné,  chargés  de  ses 
instructions  auprès  du  gouvernenr 
de  cette  province  ,  248 ,  App.  ;  — 
envoie  ses  ambassadeurs  au  lien 
nommé  de  La  Tombe,  afin  de  traiter 
delà  paix  avec  ceux  du  Roi,  du 
Dauphin  et  les  cardinaux  des  Ursins 
et  de  Saint-Marc,  -iSS  ,    App. 

Bavière  (Jean  de).  Cause  la  rébellion 
des  Liégeois  en  voulant  se  marier,  8; 

—  assiégé  dans  sa  ville  de  Trect,  9; 

—  demande   secours  aux    dacs   de 


3:j6 


TABLE  ANALYTIQUE 


— désapprouve  la  querelle  entre  son 
frère,  le  duc  de  Glocester,  et  le  duc 
de  Bourgogne  ,  237  j  —  passe  en 
Angleterre  afin  de  rétablir  la  paix 
entre  ces  deux  princes  ,  238  ;  — 
fait  abandonner  au  duc  de  Glocester 
son  projet  de  guerre  contre  le  duc 
Philippe,  a39  ; — revient  en  France, 
ib.-^ — se  rend  à  Hesdin,  près  du  duc 
de  Bourgogne,  et  essaie  vainement 
de  le  ramener  à  des  sentimens  pa- 
cifiques, 9,40;  —  cité,  241,  note; — 
cité,  242;  — revient  à  Paris,  ib.-^ — 
apaise  la  querelle  entre  les  deux 
ducs  de  Bourgogne  et  de  Glocester, 
ib. 

Beine,  Baine.  La  forteresse  de  ce  nom 
pillée,   78. 

Bellay  (bâtard  de),  Beille,  Belloy. 
Fait  prisonnier  au  siège  d'Arras , 
48  ;  —  capitaine  du  château  de  La 
Ferté  :  le  rend  au  roi  Henri  "V,  t55. 

Bellemote  (château  de).  Sert  aux  assié- 
gés d'Arras  à  correspondre  plus  sû- 
rement avec  le  duc  de  Bourgogne, 
44;  —  cité,  46. 

Berry  (  Jean  de  France  ,  duc  de  ). 
Cité  ,  3  ;  —  s'oppose  à  l'entrée  du 
duc  de  Bourgogne  dans  la  chambre 
du  conseil ,  4  ;  —  se  ligue  avec  les 
princes  de  sa  maison,  contre  le  duc 
Jean,  i5;  —  cité,  24,  note;  2.5;  — 
assiégé  dans  sa  ville  de  Bourges  par 
Parmée  du  Roi,  26  ;  —  se  réconcilie 
avec  le  duc  de  Bourgogne  ,  28  5  — 
présent  an  traité  de  paix  passé  à 
Auxerre  ,  ib.  ;  —  cité,  49»  note  ;  — 
192  ,  note. 

Déthune  ,  Bétune.  Troupes  assemblées 
vers  cette  ville,  48- 

BÉTHCNE  (Jeanne  de).  Citée,  3o,  note; 
12S. 

Bière  (Guillaume  de).  Accuse  le  sei- 
gneur de  Guitry  d'avoir  été  com- 
plice de  l'assassinat  du  duc  Jean,  et 
veut  le  combattre,  142. 

Bi.AMMoNT  (comte  de).  Yoyez  Blanc- 
mont. 

Blancmont  (comte  de).  Tué  à  la  ba- 
taille d'Azincourt ,  65. 


Blandy  (forteresse  de).  Le  duc  Phi- 
lippe y  loge,  142. 

Blangj-sur-Ternoise,  ville,  Blangy-en- 
Teriioise.  Citée  ,   62. 

Blanque  -  Taqiie  ,  Planque  -  Taque  , 
Blance-Taque .  Citée,  60,  74,  i63  , 
164. 

Blondel  (Jean  de).  Reprend  posses- 
sion de  sou  château  de  Douriers  , 
171;  —  abandonne  le  parti  du  duc 
Philippe  de  Bourgogne  ,  217  ;  — 
obligé  de  s'enfuir,  2  1 8  ;  —  banni  et 
ses  biens  confisqués,  ib.  •  —  cité, 
298,   App.  ;  —299  ,  Jpp. 

Bonneval,  ville.  Citée,  aS. 

Bannières- Bestalon.  Le  roi  Henri  y 
loge  ,  61. 

BoNTERY.  Tué  à  la  prise  de  Compiè- 
gne,  99. 

BoNTOuviLLER  (le  seigneur  de).  Com- 
mis à  la  défense  de  Sens,  i38. 

BOQUIAUX  ,       BOSQCIADLX  ,     OU      Bos- 

QUiEULx  '  (  le  seigneur  de  ).  Prend 
la  ville  de  Compiègne  ,  98  ;  —  fait 
décapiter  un  frère  du  seigneur  de 
Chierves  ,   99. 

BoucrcAULT  (  Jean  Le  Meingre,  dit), 
BoucHiGAUT.  Se  joint  aux  seigneurs 
de  France  pour  repousser  les  An- 
glois,  59  ; —  prisonnier  à  la  bataille 
d'Azincourt ,    65. 

BouFFLERs  (  Nicaise  de) ,  Bonfleurs  , 
BoNFi.BRS.  Capitaine  du  château 
de  La  Ferté  ,  i55  ;  —  se  rend  aux 
Dauphinois,   159. 

BouRBERCH  ou  BoMBERCH  (  Edmond 
de)  ,  BoNHERCH  ".  Fait  prisonnier 
par  les  Dauphinois,  161  ;  — meurt 
en  prison,  ib.  ;  —  cité,  296,  App. 

Bourbon  (  Charles  de  )  ,  premier  da 
nom  ,  comte  de  Clermonl.  Epouse 
Agnès  de  Bourgogne,  226. 

Bourbon  (Hector,  bâtard  de).  Accom- 
pagne le  Roi  au  siège  de  Compiègne, 
provoque  les  assiégés,  ^o  \  — blessé 
à  mort  au  siège  de  Soissons,  4r. 

Bourbon  (Jeanl'^"',  comte  de  Cler- 
mont ,  duc  de).  Entre  dans  la  ligue 
formée  contre  le  duc  de  Bourgo- 
gne, i5  ;  —  cité,  23,  note  ;  25  ;  — 
assiste  au  siège  de  Bourges  ,  27  ;  — 


■  Messire  Raoul  de  Boquiaux  ,  chevalier  cl  chambellan  du  Roi ,  fut  ordonné  capitaine  et  parde 
du  château  et  de  la  tour  du  pont  de  Choisy  le  1 3  novembre  1 4 1 3.  (  Note  communiquéf  par  M.  La 
Cabane.  ) 

'  Le  père  Anselme  le  nomme  Edmond  d'Abbeville,  seigneur  de  Boubcrs  (  v,  321)  ■. 


DES  MATIÈRES. 


337 


se  ligne  de  nouveau  contre  le  duc 
de  Bourgogne,  35  ;  —  fait  partie  de 
l'armée  du  Roi  dirigée  contre  le  dcc 
Jean,  'ig;  —  cité,  40,  4'  ;  —  solli- 
cite la  mort  d'Enguerrand  de  Bour- 
nonville,  42  ;  —  cité,  45  ;  — assiste 
au  siège  d'Arras  ,   46  ;  —  demande 
qu'on  enterre  les  morts,  47  ; —  hé- 
site à  jnrer  la  paix  d'Arras,  62;  — 
s'arme  contre  les  Anglois  ,    Sg  j  — 
fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Azin- 
court,  65  j  —  cité,  67,  -i^ô,  noie. 
Bourbon   (Louis  II,    duc  de).  Assiste 
au  conseil   tenu   après  la   mort  du 
duc  d'Orléans,  3  ;  —  cité,  40,  note. 
Bourbon    (  Pierre  de  ) ,    seigneur    de 
Préaux  '.    Commis  à  la  défense  de 
Melun,  145. 
Bourdon  (Louis  de).  Prend  le  seigneur 
de  Ront,  24  ; —  fait  prisonnier  à  la 
prise  d'Etampes  ,  25. 
Bourges.  Siège  de  celle  ville,    26;  — 
proposition  de  paix  entre  les  assié- 
gés et  les  assiègeans,  28. 
Bourgogne  (Agnès  de).  Epouse  Char- 
les de  Bourbon,  227. 
Bourgogne  (  Anne  de  )  ,  duchesse  de 
Bedford  '.  Accordée  en  mariage  au 
duc  de  Bedford  ,  19g  j —  cilée  ,  200 , 
ftoee;  — 201,  note  ;  —  224; — assiste 
à  une  fête  donnée  à  Paris  par  son 
frère  le  duc  de  Bourgogne,  225. 
Bourgogne  (Michelle  de  France  ,  du- 
chesse de).  Cilée,  92,  note  ; —  118, 
]5o,    1705 — meurtàGand,   182; 
— sa  mort  ne  paroit  pa.s  naturelle, 
ib.  ;  —  citée,  i83. 
Bourgogne  (  ducs  de).  "Voyez  Jean- 

sans-Peur  ,  Philippe-le-Bon. 
BouRNEL  (Louis),  Bureu.  Abandonne 
le  parti  du  duc  de  Bourgogne,  i52  ; 
— cité,  1.^3,  noce  ; — fait  prisonnier 
à  la  bataille  de  Saint-Rlquier,  169; 
—  remis  en  liberté  eu  échange  de 
la  ville  de  Saint-Riqnier  rendue  au 
ducde Bourgogne,  170;— cité,  295, 
y4pp.  ; —  29(),  --ipp.  ; — 3o3,  -^pp. 
BocRNONViLLE  (  Eugucrrand  de),  £n- 


gxtrran ,  Enguerrain.  Cité,  i  r,  note  ; 
—  fait  partie  de  l'expédition  contre 
les  Liégeois,  12  ;  —  attaque  la  ville 
de  Saint-Clond  ,  22;  — assiste  au 
siège  d'Étampe«,  24;  — conduit 
l'avant-garde  de  l'armée  royale  ,  au 
siège  de  Dun-le-Roi,  26;  —  essaie 
vainement  de  pénétrer  dans  Paris, 
37  ;  —  commis  à  la  défense  de  Sois- 
sons  ,  38;  — indispose  contre  lui 
les  haliitanls  de  cette  ville,  41  ;  — 
fait  prisonnier,  42;  — décapité,  ib. 
BouRNONViLLE  (  Jeau  ,  dit  Lionnel 
de),  BouRNOviLUE.  Cité,  106;  — 
surprend  la  ville  de  Gallifontaine  , 
y  met  le  feu  ,  107  ;  —  retenu  pri- 
sonnier dans  le  château  de  Coucy, 
127  j  — s'empare,  avec  d'autres  pri- 
sonniers, du  dit  château,  ib.;  —  ea 
ouvre  les  portes  à  Jean  de  Luxem- 
bourg, 128:  — fait  chevalier  au 
siège  de  Toussy,  i33  ;  —  fait  armes 
contre  nu  dauphinois,  devant  Saint- 
Riqnier,  160  ;  —  essaie  vainement 
de  prendre  la  ville  de  Compiègne, 
210 ,  211. 
B0URNONVIT.1.E  (Robert  de),  dit  /e 
Roux,  BocRNOViLLE.  Attaque  le.s 
bagages  de  l'armée  angloise  ,  durant 
la  bataille  d'Azincourt,  G4;  —  est 
cause  du  massacre  de  tous  les  pri- 
sonniers francois,  ib. 
BouRNONViur.E  ("Valeran  de),  Bodr- 
NOviLLE  Tué  devant  le  château  de 
Moymer,  ou  Moyennes,  199. 
Boi>e,   Bone.    Le   roi   d'Angleterre   y 

loge,  60. 
Brabant  (Antoine  de  Bourgogne,  duc 
de).  Cité,  4,  note;  8,  note;  i5;  — 
aj)aise  une  querelle  survenue  entre 
ses  troupes  et  celles  du  comte  de 
Sainl-Pol  ,  iG;  —  donne  le  gonver- 
nemsnt  du  Luxembourg  au  comte 
de  Saint-Fol,  55;  —  prend  posses- 
sion des  biens  du  dit  comte  de 
Saint-Pol,  pour  son  neveu  Philippe, 
ôr  ;  —  tué  à  la  bataille  d'Azincourt, 
65  ;  —  cité  ,  67,  1 19. 
Bradant   (Jean  de  Bourgogne,  duc 


'   Fenin  lui  donne  par  erreur  le  prénom  de  Jeau. 

'  A  l'appui  des  renseignements  fournis  par  Dugdale  sur  l'épnqne  de  la  mort  de  cette  prin- 
cesse, nous  avons  cité  Monstrelet.  Nous  aurions  pu,  et  peut-èlre  dii,  mentionner  encore  le  pas- 
sage suivant  du  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (i53)  :  «  KUe  Irespassa  en  l'ostel  de  Bourbon, 
cmprès  le  Louvre ,  le  trei/.icsme  jour  de  novembre  i^'ii,  deux  eures  après  raynuit,  entre  le  jeudy 
el  le  vcndredy....  Le  sabmedy  ensuivant  elle  fut  enterrée  aux  Célestins,  et  sou  cucur  fut  enterré 
aux  AugDstins.» 

22 


338 


TABLE  ANALYTIQUE 


de") ,  Brebant  ,  Breubant  ' .  Cité , 
57  ,  67  ,  227,  note  ;  —  est  aban- 
donné par  sa  femme  ,  228  ;  —  cité, 
.«59,  siSo,  i3i ,  233  ,  a'^S,  241. 

Braine-le-Comte ,  en  Hénaiit.  Assié- 
gée par  le  comte  de  Saint-Pol  , 
23 1  ;  —  abattue,  ib. 

Bray-siir-Seine .  Ci  tée ,  112,   1 1 7 . 

Brebant  (Pierre,  dit  Clignet  de). 
Bradant.  Poiirsnit  vainement  le 
duc  de  Bour<;ogne,  et  revient  à 
Paris,  5;  —  cité,  54. 

I'retagne  (  Jean  VI,  due  de).  Mène 
un  seconrs  à  l'armée  françoise  ,  à 
Azincourt  ,  61  ;  —  arrive  à  Amiens 
après  la  bataille  perdue,  66;  —  fait 
alliance,  dans  la  ville  d'Amiens,  avec 
les  dncs  de  Bourgogne  et  de  Bed- 
ford  ,  200  \  —  retourne  en  Breta- 
£;ne ,  202. 

lireteuil ,  Bretoul ,  Breteul ,  \\\\e.  Ci- 
tée, 20  ,  218. 

Breitil ,  Brelle .  Les  gens  du  Roi  tien- 
nent le  cbâtean  de  ce  notn  ,  85. 

Biie-Comte- Robert,  Bri-  Conte-Robei-t, 
ville.  Citée,  i85. 

Bricnne,  Briane,  ville.  Citée,  173. 

lÎRiMEU  (Atis  de).  Fait  prisonnier  aa 
siège  d'Arras,  48,  note -^  —  tombe 
malade  au  siège  devant  Melun  ,  et 
meurt  à  Paris,  148. 

Brimeu  (David  de),  seigneur  de  Hum- 
bercourt.  Possesseur  du  château  de 


Bris,  83;  —  cité,  121;  —  prend 
de  sa  main  le  marquis  de  Serre  et 
Louis  de  Bournel  ,  169;  —  reçoit 
de  Henri  "V'I  une  partie  des  biens 
du  seigneur  de  Rambnres,  262, 
App. 

Brimeu  (Denis  de),  .seigneur  de  Hum- 
bercourt.  Voyez  Hcmbercourt. 

Brimeu  (  Florimond  de).  Tué  à  la  ba- 
taille de  Liège,  i3. 

Brimeu  (Girard  ,  bâtard  de)  '.  Chargé 
par  le  duc  Jean  de  la  défense  de 
Rouen,   io3. 

Brimeu  (Jacques  de).  Fait  prisonnier 
au  siège  d'Arras  ,  48  ,  note  ;  —  par- 
vient à  s'échapper,  49  ;  —  fait  che- 
valier par  Hue  de  Lannoy,  180  ;  — 
assiste  ,  en  i43o,  au  siège  de  Com- 
piègne  ,  246  ,  App. 

Brimeu  (Robert  de).  Tué  à  la  bataille 
de  Brawcrshaven,  236. 

Bris  (château  (le).  Pris  par  Hector  de 
Saveuses,  83. 

Bronsac  (Gautier  de).  Prend  la  ville 
de  Compiègne  pour  le  roi  Charles  , 
2to  ;  —  fait  plusieurs  prisonniers  , 
ibid. 

Broussart  (Gaultier  de).  "Voyez  Bron- 
sAc  (Gautier  de). 

Bruxelles,  Brousalles,  Bronsselles.  Ci- 
tée, '2Z6,  237. 

BucHAM  (comte  de),  Bouscans.  Cité, 
22t. 


c. 


Caboche  (Sirae^  Le  Bocteiller,  dit). 
L'un  des  chefs  de  la  faction  des  bou- 
chers ,  33  ;  —  cité ,  34 ,  note, 

Caen  ,  ville.  Citée,  100. 

C  vignart.  Défend  le  cbâtean  de  Moy- 
mer  ou  Moyennes  ,  assiégé  par  le 
comte  de  Salisbury,  198. 

Calais.  Arrivée  en  cette  ville  du  roi 
Henri  V  et  de  son  armée  ,  66  ;  — 
entrevue  entre  ce  prince  et  le  duc 


de  Bourgogne,  6*^  ;  — Henri  Y  et 
Catherine  y  passent  pour  aller  en 
Angleterre ,  i  5 1  ;  —  Henry  Y  arrive 
dans  cette  ville  avec  nne  nombreuse 
armée,  i55  ;  —  citée,  229,  238. 

Camberonne  (Coquart  de).  Cité,  2o5, 
206  ,  note;  —  lieutenant  de  Jacques 
d'Harcourt,  au  Crotoy,  208. 

Cambray,  ville.  Citée,  18. 

Campremi   (  Riflard   de  ) ,  Camremy. 


'  Il  <T  été  (lit,  page  57  ,  noie  3,  que  ce  prince  mourul  Ifi  17  avril  1427.  Ce  renseignement, 
puisé  dans  le  r.  Anselme ,  est  fautif.  L'année  i'\7.-j  ayant  commencé  au  20  avril ,  jour  de  Pâques , 
c'est  à  l'année  1426  qu'appartient  le  dix-sepliémc  jour  du  même  mois. 

'  Nous  avons  dit  (page  io3  )  que  le  b.îlard  de  Brimeu  étoit ,  en  i45î  ,  prévôt  drs  maréchaux 
de  l'armée  du  duc  Philippe  ,  et  nous  avons  cité  Mathieu  d'Escoucby  comme  garant  de  cette  asser- 
tion. Peut-être  aurions-nous  dû  remarquer  que  cet  historien  attribue  ces  fonctions  à  Girard  de 
Brimeu,  sans  lui  donner  la  dénomination  de  bâtard;  d'où  l'on  pourroit,  à  toute  force,  conclure 
qu'il  avoitcn  vue  un  personnage  autre  cpie  celui  qui  est  nommé  par  l-"enin. 


DES  MATIÈRES. 


339 


Fait  armes  contre  le  bâtard  de  Ra- 
tèqoe  ,  204  ;  —  reçoit  de  Henri  TI 
des  lettres  de  rémission  d'avoir  servi 
le  parti  dn  Dauphin  ,  007 ,  yipp. 

Canart.  Toyez  Caignart. 

Cany  (Anbert  Le  Flameîîc,  seigneur 
de),  Cani.  Sa  femme  est  eolevëe 
par  le  doc  d'Orléans,  2; — soop- 
çonné  d'être  l'anteur  de  la  mort  de 
ce  prince  ,  ib.;  —  disculpé  de  cette 
îroputation,  3. 

Capelcche,  bourreau.  Décapité,  gS. 

Catherine  de  France,  reine  d'Angle- 
terre. Citée,  58,  note;  —  conduite 
à  Chartres,  avec  sa  mère,  par  Jean, 
dnc  de  Bourgogne,  81;  —  deman- 
dée en  mariage  par  Henri  "V,  108; 

—  se  rend  dans  la  ville  de  Troyes, 
110;  —  citée,  iiS,  119,  iï5;  — 
promise  aa  roi  d'Angleterre,  129'; 

—  un  chevalier  anglois  reste  auprès 
d'elle  ,  ib.  ;  —  citée ,  1 35  ,  note  ;  — 
fiancée  et  mariée,  i36;  —  citée, 
13^;  —  part  pour  l'Angleterre,  1  5i  ; 

—  revient  à  Paris,  177; — accompa- 
gne le  corps  de  son  mari  en  Angle- 
terre ,  187;  — citée,  188,  193. 

Caumokt  (Bertran  de),  Camont.  Fait 
sauver  un  prisonnier,  146;  —  dé- 
capité ,  ib. 

Caumont  (Jean  de).  Tué,  avec  Jacques 
de  Harcourt,  en  voulant  faire  pii- 
sonnier  le  seigneur  de  Parthenay, 
208;  —  s'empare  delà  forteresse  de 
Marenil ,  3o8  et  3o9  ,  ^pp- 

Cayeu  ' .  Cité,  2o5. 

Célestitis  de  Paris,  Le  duc  d'Orléans  y 
est  enterré  ,  3. 

Cercamp  (abbaye  de),  Hoie-de-Champ, 
dans  le  comté  de  Saint-Pol.  Citée, 
56. 

Châlons,  Chalon ,  Challon ,  ville.  Ci- 
tée ,  127,  209. 

Chambly,  Cambesch,  CamMj.  Le  duc 
Jean  y  loge  une  partie  de  ses  gens, 
76. 

CHAMPDrvERs(GnilIanme  de),  Sandi- 
VERS.  Assiste  an  .',iége  d'Arras,  43. 

Champien,  Chempien.  Les  Flamands 
logent  dans  cette  ville,  122. 

Chawtemerie  (  Philibert  de),  Chan- 
TEMEtE.  Prend  qoeielle  avec  Hec- 
tor de  Savca.ses,  92. 


Charenton  (pont  de),  Carenton.  Cité, 
94. 

Charité-sur- Loire  (  la  ) ,  v  ille.  Citée  , 
26-28  ;  —  tenue  par  les  Dauphinois, 
i85. 

Charles  TI.  Cité  ,  i  ;  2  ,  note  ;  2s  ; 
24,  note;  —  fait  ses  mandements 
de  troupes  pour  assiéger  Bourges, 
i5  ;  —  met  le  siège  devant  Dnn-le- 
Roi,    26; —  assiège  Bourges,   ib.; 

—  cité  ,  27  ;  —  consent  à  la  paix  , 
28  ;  —  ciié  ,  2g,  3o  ,  34  ,  35 ,  37, 
note  ;  38;  —  JNl arche  contre  le  duc 
Jean,  39; —  assiège  Conipiègne, 
ib.  ;  —  cité,  40;  —  met  le  siège 
devant  Soissons,  41  ;  —  prend  cette 
ville  d'assaut ,  42  ;  —  fait  décapiter 
Engnerrand  de  Bournonville  ,   ib.  ; 

—  Assiège  Bapaumesj  puis  Arras; 
43  ;  —  cité  44-4S  ;  —  consent  à  la 
paix,  49;  — fait  mettre  ses  ban- 
nières sur  les  portes  de  la  ville  d'Ar- 
ras ,  ib.  ;  —  cité ,  5 1  ;  53  ,  note  ;  54  , 
note  ;  58  ,  note  ;  —  son  armée  pour- 
snit  Henri  "V,  qui  vent  passer  la 
Somme,  60;  —  cité,  67-70;  73, 
note;  76,  76,  note;  79,  8r;  — 
met  le  siège  devant  Senlis ,  86  ; 
cité  87,  89-91,  94;  —  approuve 
tout  ce  que  fait  le  duc  Jean  ,93;  — 
cité,  98,  note;  loi  ,  102;  —  se 
rend  à  Beanvais  accompagné  du 
duc  de  Bourgogne,  106;  —  con- 
vient d'î.ne  entrevue  à  Melnn  avec 
le  roi  Henri,  107;  —  négociations 
rompues ,  108  ;  —  va  à  Troyes  avec 
toute  sa  famille,  110;  —  cité,  112, 
note;  116,  note;  118-12T,  126; 
126  ,  note  ;  —  consent  à  donner  sa 
fille  au  roi  Henri  V,  129;  —  cité, 
i36;  —  reconnoit  le  roi  d'Angle- 
terre pour  son  héritier,  et  succes- 
seur au  trône  de  France,  i37  ;  — 
met  le  siège  devant  Sens,  i38;  — 
assiège  Monlereau,  139;  —  se  rend 
an  siège  de  Melun  ,  i44;  — L-ité  , 
14(5,  note  ;  —  revient  à  Paris,  149; 

—  cité,  i5o  ,  note  ;  170  ,  1S2,  18S  j 

—  meurt  à  Paris;  enterré  à  Saint- 
Denis,  191  ;  —  surnommé  le  liien- 
Aimé  ,  ib.  ;  —  est  pris  de  son  pre- 
mier accès  de  frénésie  ,  dans  la  ville 
du  Mans  ,  ib.  ;  —  à  quelle  occasion , 
ib.  ;  —  cité  ,    192- 1  gS  ;  227,  note  ; 


ICaveuX-sur-Mer   (Somme  ,  arroudissemciil  Je  Saim-ralerr-sur-Somme.) 


34o 


TABLE  ANALYTIQUE 


228  ;  241,  note  ;  —  envoie  ses  am- 
bassadeurs au  lieu  dit  de  La  Tombe, 
pour  traiter  de  la  paix  avec  ceux 
delaKeine,  du  Dauphin,  du  duc 
de  Eourgogne  ,  et  les  cardinaux  des 
Ursins    et    de     Saint -Marc,   2d5. 

Chari.es  TII  ,  dauphin,  duc  de  Tou- 
raine,  depuis  roi  de  France.  Cité, 
29,  «oie;  68-70  ,  79,  Si;  —  con- 
duit à  ia  r.iisîille  par  Tannesiny  Du 
Chastel  ,  89  ;  —  cherche  à  s'empa- 
rer de  Paris,  go;  — cité,  91  5  — 
reste  à  Melun,  92; —  cité,  98, 
lofi  ;  —  a  une  entrevue  avec  le  duc 
de  Bourgogne  ,  108  ;  —  fait  la  paix 
avec  lui,  1095  —  c\iê,  iio;  —  se 
met  contre  les  Anglois,  conjointe- 
ment avec  le  duc  de  Bourgogne, 
1 1 1  ;  —  mande  ce  prince  à  IVIonte- 
reau  ,  112;  —  cité,  n3;  ■ —  le  duc 
de  Bourgogne  assassiné  en  sa  pré- 
sence ,  ii/i;  —  ciîé,  if5-ii8;  — 
déshérité,  119;  —  veut  s'excuser 
de  la  mort  du  duc  Jean  ,  i  20  ;  — 
renvoie  ceux  qui  lui  conseillèrent 
ce  meurtre,  /^.,- — cité,  i36,i38; 

—  voit  avec  peine  l'alliance  du  roi 
Henri  avec  sa  sœur,  189;  —  pro- 
met de  secourir  la  ville  de  Melun, 
i45; —  appelé  à  la  Table  de  Marbre, 
i4q;  —  cité,  i52,  170-172,  180- 
182;  —  fait  assiéger  Cosne-sur- 
Loire,  184; —  cité,  i85  ;  igS  ,  note; 

—  prend  le  litre  de  Roi,  it)4;  — 
est  entouré  de  mauvais  conseillers, 
195  ;  —  son  caractère  ,  ib.  ;  —  pro- 
pose la  })aix  au  duc  Philippe,  et 
renvoie  ceux  qui  furent  coupables 
de  la  mort  du  duc  Jean  ,  196  ;  —  se 
réjouit  de  la  mort  de  Henri  V,  «6.,- 

—  fait  assiéger  Gravant,  197;  — 
«ité,  iqS,  199  'i  —  nomme  le  comte 
de  Richemont  son  connétable,  204; 

—  cité,  2o5,  206,  209;  —  fait  pren- 
dre Corapiègne,  210;  —  ciîé,  21 1  5 

—  forcé  de  rendre  celte  ville,  2T2; 

—  cité,  2i3,2i7,  219;  —  assemble 
ses  troupes  pour   aller  à  Ivry,  220  ; 

—  évite  de  combattre  l'armée  du 
duc  de  Bedfort ,  et  se  retire  vprs 
^erneuil,  ib.;  —  perd  la  bataille 
de  ce  nom  ,  221  ;  —  n'assiste  à  au- 
cune bataille,  222;  —  cité,  223  ; 
224,  note;  22S,  226;  —  propose 
la  paix  an  duc  de  Bourgogne ,  2Ï7  ; 


—  cité,  228;  —  envoie  ses  ambas- 
sadeurs au  lieu  dit  de  La  Tombe  , 
pour  traiter  de  la  paix  avec  ceux 
du  Roi ,  de  la  Reine ,  du  duc  de 
Bourgogne,  et  les  rai-dinaux  des 
Ursins  et  de  Saint-Marc,  255,  App.; 

—  expose  au  gouverneur,  geus  da 
conseil ,  et  chambre  des  comptes  du 
Dauphiné,  les  motifs  qui  lui  ont 
fait  refuser  d'accéder  à  la  paix  de 
Saint-Maur-des-Fossés,  271,  App.  ; 

—  leur  envoie  le  traité  tel  qu'il 
l'avoit  proposé,  274.  App.; — cité, 
294  ,  note  ,  App. 

Chartres,  ville.  Ouvre  ses  portes  aa 
duc  de  Bourgogne,  Si  ;  —  la  Reine 
et  sa  fille  Catherine  viennent  y  de- 
menrer,  ib.  ;  —  événement  tragique 
arrivé  dans  cette  ville  ,  82  5  —  citée , 
83,   .55. 

Chartres  (Hector  de).  Fait  prison- 
nier lors  de  l'entrée  des  Bourgui- 
gnons dans  Paris  ,  89  ;  —  massa- 
cré ,  96. 

Chartres  (Réginald  de)  ,  archevêque 
de  Reims.  Ordonne  au  duc  d'Or- 
léans de  jurei  la  paixd'Arras,  5i. 

Chassenage  (seigneur  de),  gouver- 
neur du  Dauphiné.  Répond  aux 
ambassadeurs  de  la  Reine,  25 1  , 
App. 

Chastel- Gaillard.  Le  seigneur  deBar- 
basan  y  est  détenu  prisonnier,  i4(>; 

—  château  royal,  293  ,  App. 
Châtelet  (le  Petit),    Chastellet.  Mas- 
sacre des  pri.-ionniers  y  détenus,  96. 

Chaufour  (Henry  de),  Caufour 
(Henry  du).  Blessé  au  siège  d'Ali- 
baudières  ;  meurt,  i3i. 

Chaule  (  Henri  de  Boissy,  seigneur 
de),  Chanle.  Fait  prisonnier,  53  ; 

—  mis  en  liberté  ,  54- 
Chaumont  (Denys  de).   Un  des  chefs 

de  la  faction  des  Bouchers,  33. 

Chevaliers  de  Picqnigny.  Nom  donné 
à  ceux  qui  abandonnèrent  la  ban- 
nière du  duc  de  Bourgogne,  à  la 
bataille  de  Saint-Riquier,  167. 

C.HiÈvuES  (  seigneur  de  ),  Chinf,res, 
SiNÈRE.  Beau-frère  d'Hector  de  Sa- 
veuses  j  fait  prisonnier  à  Coni  - 
jiiègne,  98  ;  —  conduit  au  chàtean 
de  l'ierrefonds,  99;  —  un  de  ses 
frère.s,  qui  veut  le  sauver,  est  rais  ii 
mort,  ib. 

Chin  (seigneur  de).  Voyez.  Tian. 


DES  MATIERES. 


34  r 


CuorsY  (seigneur  de'.  Voyez  Coursy 
(seigneur  de). 

daman,  Clamet,  village.  Cité,  79. 

Ci.ARE>CE  (  Thomas,  dnc  de).  Accom- 
pagne .«ion  frère  Henri  "V  à  Troyes, 
iS/i;  —  Va  faire  la  guerre  en  Basse- 
Normandie,  i5i  ; — Lieutenant  de 
Henri  V,  i.53  ;  —  rencontre  les 
Dauphinois  vers  Dreux,  ib.;  — 
perd  la  bataille  dite  de  Bangé,   i54; 

—  tné,  ib.  ;  —  son  corps  est  repris 
par  les  Anglois,  i55  ;  —  cité,  807, 
App. 

CtERMosT,  voyez  Bourbon  (Jean  \" , 
duc  de). 

CoBERT  (Jacoiin  de),  Covert.  Porte 
l'étendard  de  Jean  de  Luxembourg 
à  la  prise  de  Ham,  212;  —  reçoit  de 
Henri  "VI,  en  considération  de  ses 
bons  services,  des  biens  confisqués 
.snr  deux  personnes,  320,  App. 

Cohen  (Louis  de  Berghes,  seigneur 
de).  Capitaine  ci'Abbeville,  l56;  — 
refuse  l'entrée  de  la  ville  aux  déser- 
teurs de  la  b.itaille  de  Saint-Riquier, 
166  ;  —  blessé,  167;  —  à  quelle  oc- 
casion, ib.; —  tient  garnison  à  Rue, 
T71. 

Coisy,   ville.  Se  rend  au  Roî,  91. 

Compiègne.  Citée,  87  ;  —  assiégée  par 
Charles  TI,  39;  —  sa  reddition, 
40  ;  —  citée,  41  ;  —  le  comte  de 
Ponthieu  ,  dauphin  de  France  , 
meurt  dans  cette  ville,  fig;  —  citée 
74,  85  ;  —  ouvre  ses  portes  an  Roi, 
92; — prise  par  trahison,  97;  — 
reprise    par   les   Armagnacs,    98  j 

—  citée,  99 ,  1 22  ,  1 23  ;  —  se  rend  à 
Henri  "V,  177;  —citée,  179,  181  ;  — 
prise  par  les  Dauphinois,  210;  — 
assiégée  par  les  Bourguignons,  211; 
— le  sire  de  L'Isle-Adam  en  est  nom- 
mé capitaine,  212. —  Voyez  Pierre- 
fonds  (porte  de). 

Conchy  -  sur  -  Canche  ,  Coussy  -  sur- 
Taiice  ,  ville.  Son  église,  assaillie 
par  les  Dauphinois  ,  est  brûlée , 
162. 

CoNFLAirs  (seigneur  de).  l'hait  prison- 
nier à  la  bataille  de  Saint-Riquier  , 
168;  —  mis  en  liberté,  170. 


CoNVERSAN  (Pierre  de  Luxembourg, 
comtene).RemplaceJeaQdeLuxeui. 
bourg  au  siège  d'Alibaudières,  i3ij 

—  contraint  cette  forteresse  à  se 
rendre,  y  fait  mettre  le  feu,  i32  ; 

—  retenu  prisonnier  dans  Meaux  , 
173  ;  —  miseu  liberté  avant  la  red- 
dition de  cette  ville,  ib.;  —  met  le 
siège  devant  Braine-le- Comte,  23 1; 

—  reçoit  Tordre  de  ne  pas  livrer  ba- 
taille au  duc  de  Giocester,  233. 

Corbeil,  Corbel ,  Corbeul,  ville.  Assié- 
gée, 80;  —  citée,  loS,  143. 

Corbie,  Corbere,  ville.  Citée,  76,  121. 

Cornwai.ï,  (  Jean  de),  Cornou aii.t.e. 
Est  envoyé  par  le  roi  d'Angleterre 
contre  le  seigneur  de  Morenl  et  Jac- 
ques de  Harcourt,  !o5;  —  cité,  123, 
note;  —  fait  prisonniers  plusieurs 
dauphinois  ayant  s.Tuf-condnit  de 
Jean  de  Luxembourg,  i23; — va 
traiter,  au  nom  du  roi  Henri,  de  la 
reddition  de  Sens,  1  38  ;  —  refuse  de 
parler  à  un  gentilhomme  envoyé  à 
cet  effetpar  les  habitants  de  la  ville, 
parce  qu'il  n'a  pas  fait  couper  sa 
barbe,  ib.;  —  son  fils  tué  an  siège 
de  Meaux,  176. 

Cosne-siir-Loire  ,  Coisne  -  sur-Loire. 
Assiégée  par  les  Dauphinois,  184; 

—  secourue  par  le  duc  de  Bourgo- 
gne, i85. 

Coucj{\j  comté  de),  Coussy.  Citée, 
216. 

Coucy-en- Laoïinois ,  Conssy.  Assiégée, 
3i  ;  —  la  tour  du  donjoti  miuée, 
ib.;  —  prise  du  château  par  les  pri- 
sonniers qui  y  sont  détenus,  127;  — 
citée,  128  ;  —  siège  de  la  ville  par  le 
sirede  L'Isle-Adam,  1  33^ — défendue 
par  les  bon.«-hommes,  ib.  —  Toyez 
Tour  de  maître  Ou  don  (la). 

CoucY  (  Perceval,  bâtard  de),  Coussy. 
Assiste  à  la  bataille  de  Saint-Ri- 
quier, i65. 

CoURSY  (seigneur  de).  Quitte  le  parti 
des  Anglois  etdudncde  Bourgogne, 
222. 

Courte-Heuse  (Guillaume)  '.  Assassin 
du  ducd'Orléaus,  5;  —  réconijjcnsé 
par  le  dnc  de  Bourgogne,  <">. 

Courti.  Cite,  179. 


'  Écuycr.  Éloit  capiuinc  du  cUàleau  de  La  Moiitoirc,  eu  l'itardic,  en  rainue  M'"-  "  |>"rl<>lt 
pour  armes  une  croix  azurée  et  une  étoile  au  premier  r|uarlier  de  l'en;.  ( Nnte  eommimii/utc  par 
.*f.  Ln  C'ahnne.  ) 


^■î 


TABLE  ANALYTIQUE 


CouRTiAMBE  (  Jacques  de  ),  Codrte- 
Jambe.  Porte  la  bannière  du  duo  de 
Bourgogne  à  la  bataille  de  Liège, 
i3  ;  —  récompensé  de  ses  bons  ser- 
vices par  le  roi  Henri  "VI,  s;45,  ^pp. 

Coux  (Philippe  de).  "Voyez  Quecs 
(Jean  de  ). 

Cravant,  Carbens,  Carbeux,  Carvens, 
ville.  Assiégée  par  le  connétable 
d'Ecosse,  197  ;  —  bataille  de  ce  nom, 
ib.  et  198^  —  citée,  223. 

Crécy -sur-Serre  ,  Cressy-sur-Sère.  Le 
duc  de  Bourgogne  y  loge,  1 26. 

Creil,  ville.  Se  rend  au  Roi,  92. 

Crépy-en~Laonnois ,  Crespi-en-Lan- 
nois.  Citée,  12.5; —  escarmouche 
devant  cette  ville,  126;  —  assiégée 
par  le  duc  de  Bourgogne,  ib.;  —  sa 
reddition,  ib.;  —  ses  fortifications 
abattues,  127. 

Cressonsacq,  Cressonsac,  ville-  Se  rend 
à  Henri  V,  177. 

Crevecoedr  (Jacques,  seigneur  de  ); 
Crieveceur.  Tient  garnison  à  Com- 
piègne,  97;  —  fait  prisonnier,  98  ; 
—  conduit  au  château  de  Pierre- 
fonds,  99  ;  —  mis  en  liberté,  ib.;  — 
cité,  161  ,  note  ;  —  va  à  la  décou- 
verte des  Dauphinois,  162;  —  en- 
voie deux  prisonniers  an  duc  de 
Bourgogne,  pour  lui  faire  connoître 
les  intentions  de  l'ennemi,  i63  ;  — 
poursuit  l'armée  du  Dauphin,  164. 

Crevecoeur  (Jean  de),  Crieveceur  , 
seigneur  de  Prosart.  Fait  prisonnier 
par  les  Dauphinois,  durant  le  siège 
de  Saint-Riquier,  161. 

CroissY.  Cité,  iS?. 

Crotoy  (le).  Le  comte  de  Harconrt  y 


est  conduit  prisonnier,  102;  — JaC" 
ques  de  Harconrt  en  est  fait  capi- 
taine, m;  —  cité,  iSa,  168,  171  , 
181  j  —  assiégé,  2o5;  —  se  reud  , 
ib.;  —  cité,  2o5,  206  ;  —  les  Anglois 
en  prennent  possession,  208  ;  —  ses 
habitants  prêtent  serment  aux  An- 
glois, 209. 

Crot  (Antoiiie,  seigneur  de).  Sert 
sous  Jean  de  Luxembourg,  120;  — 
assiste  à  la  prise  de  Roye-en-Ver- 
mandois,  122;  —  refuse  de  livrer 
son  frère  bâtard  à  Jean  de  Luxem- 
bourg, 124;  —  assiste  au  siège d'Ali- 
bandières,  i3i;  —  cité,  i32;  —  fait 
chevalier  avant  le  siège  de  Tonssy  , 
i33;  —  cité,  142;  —  reçoit  le  goa- 
verneraent  de  Nelle  en  Tardenois, 
2ia;  —  cité,  219;  —  envoyé  an  duc 
de  Brabant  pour  aider  à  repousser 
le  duc  de  Glocester,  23o. 

Croy  (Butor,  bâtard  de).  Attaque  plu- 
sieurs Dauphinois  ayant  uu  sauf- 
conduit,  123  ;  —  tué  au  siège  de 
Montereau,  142. 

Croy  (Jean  de).  Enlève  les  enfants  du 
comte  d'Eu,  23  ;  —  conduit  prison- 
nier à  Mont-lc-Héry  ,  35  ;  —  par- 
vient à  s'échapper,  37. 

Croy  (Jean,  seigneur  de).  Fait  partie 
de  l'expédition  contre  les  Liégeois, 
1 1  ;  —  fait  prisonnier,  23  ;  —  échan- 
gé contre  les  enfants  du  comte  d'Eu, 
24;  —  capitaine  de  l'avant-garde 
de  l'armée  royale,  au  siège  de  Dun- 
le-Roi,  26  ;  —  fait  enlever  son  fils, 
détenu  prisonnier  à  Mont-le-Héry, 
36  ;  —  cité  ,  37  ;  —  conduit  un  .se- 
cours d'hommes  ans  assiégés  d'Ar- 
ras,  48, 


Dampierre  (Jacques  de  Chatillon, 
seigneur  de),  DantpiÈrf. ,  Dam- 
riÈRE.  Amiral  de  France,  .^4;  — 
s'arme  contre  les  Anglois,  69;  — 
tué  à  la  bataille  d'Azincourt,  6.'Ti. 

Damvillers,  Danbille,  DanviUier,  ville. 
Citée,  .IS,  56. 

Dnvesnecoun  ,  DanencotirC.  La  ville  et 
le  château  de  ce  nom  pris ,  pillés  et 
brûlés,  72. 

DENLE(Eustache).  Fait  piisounier,  54. 

De   Laistre  fEusiachc),    De  Latre 


Nommé  chancelier  de  France,  95  ; 
—  meurt  à  .Sens  en  Bourgogne,  iSg. 

Demuin,  de  Miiing ,  Denum,  château. 
Cité,  75;  —  121. 

Deniecourt,  Denicourt ,  ville.  Se  rend 
aux  Anglois,  106. 

De  Roches  (  Andrieu  )  ,  seigneur  de 
Darbonnay.  Chargé  par  le  duc  de 
Bourgogne  de  la  défense  de  Rouen, 
io3. 

De  Roich es  (  André).  Voyez,  De  Ro- 
ches (  Andrieu  ") 


DES  MATIÈRES. 


343 


Des  Essars  (Pierre),  prévôt  de  P.iris. 
Cité,  II  ,  note;  —  ag,  note  ;  —  ar- 
rêté et  décapité  à  Paris  ,  par  l'ordre 
du  dac  de  Bourgogne  ,  36. 
Uesprés  (Mathieu).  Capitaine,  71. 
Des  QuESNES  (Jean),  dit  Carados, 
Des  Qdes.nes.  Fausse  son  serment 
et  livre  Compiègne  ans  Dauphinois, 
97;  —  prend  la  ville  de  Roye  en 
Vermandois,  121  ;  —  fait  prisonnier 
à  la  reprise  de  cette  ville  par  les 
Bourguignons  ;  obtient  nn  sauf- 
conduit  pour  être  mené  à  Compiè- 
gne, 122;  —  refait  prisonnier  par 
les  Anglois,  il  vent  se  rendre  à  Hec- 
tor de  Saveuses ,  1 28  ;  —  cité,  1 24 . 
Dijon,  Dignon.  Le  corps  du  dnc  Jean 

de  Bourgogne  y  est  porté,  140. 
Disque  (Vaultier).  Capitaine  du  mons- 
tier  de  La-Neuville-sur-Mense,  5(i. 
DiviON  (  le  bâtard  de),  Dunon.  Beau- 
frère  du  seigneur  de  Longue  val,  124. 
Doinmart   en    Pontiett,    ville.    Citée , 

i57,  i58. 
Douglas  (  Archambault,  comte  de)  , 
JouGLAs.  Tué  à  la  bataille  de  Ver- 
neuii ,  22  I . 
Doulens,  Doii/le/it,  ville.  Citée,  i5i. 
Doullet  ,  fon  dn  comte  de  Saiat-Pol. 
Fait  une  gageure  avec  d'autres  fous, 
202;  —  en   quoi  elle  consiste,  lè.  ; 
victime    de  la    victoire   qu'il   rem- 
porte, ib. 
Douriers,  Denrier,  Dourrier.  Le  châ- 
teau   de    ce   nom    occupé    par  les 


Dauphinois,   1<V3; — rendu  à  Jean 
de   Bloudel ,   seigneur  dudit    lien  , 
171;  —   prise   de  ce  château    par 
Jacques  de  Harcourt,  296,  Jpp. 
Dreux,  ville.  Citée,  i53. 
Du  Bots  (i\laussart\  "Voyez  Du  Bos. 
Du  Bos  ou  Du  lîoz  (Maussart  on  Mau- 
sart).   Envoie   un   défi    au   doc   de 
Bourgogne,  18; — tait  prisonnier  à 
Saint-Cloud.  23;  —  décapité, /t. 
Du  Chastel  (Tanneguy),  Davegny  Du 
Castei.  ,     Daneguy    Du    Chasïei-. 
Gouverne  le  Roi  et  le  Dauphin,  70  ; 
— •  sauve  le  Dauphin  lors  de  l'entrée 
des  Bourguignons  dans  Paris,  89; — 
cité,  II  r  ; — va  trouver  le  duc  Jean 
à  Bray-sur-Seine  ;  le  décide  à  venir 
à  Monterean,  112;  —  se  porte  ga- 
rant envers  le    duc  des  bonnes  in- 
tentions  dn  Dauphin,    1 13  ;  —  lui 
jure  qu'il  préféreroit  plutôt  mourir 
que  de  le  trahir,  1 14; —  conduit  le 
duc  sur  le  pont  de  Monterean,  ib.; 
—  cité,  195. 
Du  Ci.AU  (Jean).   Capitaine,  71  ;  — 

cité,  72. 
Du  Clou  (Jean).  Yoyez  Du  Clau. 
Du  Lau  (Amenon).  Cité,  146,  note. 
Du  Mesnil    (  Martelet  )  ,    Maingnil. 
Sert  le  duc  de  Bourgogne,    78  ;  — 
fait  prisonnier,  74;  — justicié  hors 
de  Compiègne ,  ib. 
Diin-lc-Roi,  ville.  Assiégée,  2(). 
Du    Purs    (Yon).    Prend    la    ville   du 


Compiègne    poui 
210. 


le    roi   Charles 


E. 


Eaucourt  ( le  château  d') ,  Diancoint. 
Saccagé  par  l'ordre  du  duc  de  Bour- 
gogne\    iSg. 

Ecosse  (  le  Roi  et  le  connétable  d'). 
"Voyez  Jacques  I";'  et  Stuart  (Jean). 

Encre.  Assemblée  de  troupes  dans 
cette  ville,  177. 

Escam,  Escans-Saint-Germaîn.  L'église 
de  ce  nom  assiégée  par  le  seigneur 
de  L'Isle-Adam,  i34;  —  ses  fortifi- 
cations abattues,  i3'j. 

Esclusiers.    Le   roi  d'Angleterre  passe 

la  Somme  en  cet  endroit,  6r. 
EsTonTEvn.LE  (Estoul   d'),    abbé  de 
Fécamp.  Reçoitavec  confiance,  dans 
sou  château  ,  Hector  de  Saveuses  et 


sa  compagnie,  78;   — est  pillé  par 
eux  ,  ib. 
Etampes,  ville.  Citée,  24  ;  —  assiégée, 

25. 

Eu,  ville.  Citée,  69;  —  se  rend  aux 
Anglois,  106;— citée,  111. 

Eu  (Charles  d'ARTois,  comte  d').  Fait 
chevalier  dans  uue  mine  sons  les 
murs  d'Arras,  48  ; —  fait  prisonnier 
à  la  bataille  d'Azinconrt,  65;— cité, 
67. 

Eu  (Philippe  d' Artois, comte  d').  Ses 
enfants  Ini    sont  enlevés  dans  sou 
château  de  Monceaux,  en  Norman- 
die, 23;  — cité,  24  ; —  226. 
E:tcESTER  (Thomas  Beaufort,  duc  il' 


344 


TABLE  ANALYTIQUE 


Encester.  Gouverneur  île  Paris , 
i5i  ; — fait  eniprisonuer  le  seigneur 
de  L'Isle-Atlam  ,  i56  ; — dissipe  i'at- 


trouj)einent  cause  par  cette  arresfa- 
lion  ,  ib.-^  —  fait  conduire  le  sire  de 
L'Isle-Adam  à  la  Bastille,  ib. 


FÉCAMP  (  abbé  de  ),   Fescans.  "Voyez 

EsTOUTEVILLE  (EstOUt  d'). 

FÈRE  (Bernardon  de).  Fait  prisonnier, 
27. 

Fitz-Walter  (Walter),  Filo:^astre. 
Conduit  un  secours  d'Anglois  à  la 
ducbesse  Jacqueline,  235; — s'enfuit 
à  la  bataille  de  Brawershaven,  236. 

Fr.Avi  (  Cbarles  de).  Prend  la  ville  de 
Roye-en-Vermandois,  121; — quitte 
cette  ville,  122. 

Fois  (Jean,  comte  de),  Foiz.  Cité,  1 1 5. 

Follevili.e  (Abellet  de).  Attaque  plu- 
sieurs Dauphinois  ayant  sauf-con- 
duit, 123. 

Fontaines  (Renaud  de),  Fontaynes 
(Rigaut).  Défend  la  ville  de  Saint- 
Martin-le-Gaillard  contre  les  An- 
glois,  iio.; — fait  chevalier  avant  la 
bataille  de  Saint-Riquier,  164  j  — 
prisonnier  à  la  même  bataille,  i63  ; 
—  mis  en  liberté,  170. 

Forceville,  ForcheviUe ,  village.  Le  !oi 
d'Angleterre  y  loge,  61. 

FossEux  (le  seigneur  de  '  ).  Sert  le  duc 
de  Bourgogne  ,  73  ^  —  capitaine  de 
l'avant-garde  dn  duc ,  se  rend  à 
Beauvais,  ^5  ; — conduit  avec  lui  un 
avocat  d'Amiens  pour  décider  les 
habitants  de  Beauvais  à  prendre  le 
parti  du  duc  de  Bourgogne,  ib.  ;  — 
cité,  76  ;  —  prend  les  faubourgs  de 
Saint-Marcel,  79;  —  va  en  députa - 
tion  vers  la  Reine  ,  prisonnière  à 
Tours,  81  ; — apaise  la  colère  du  duc 


de  Bourgogne  contre  Hector  de  Sa- 
veuses,  83;  —  est  congédié,  85;  — 
va  faire  lever  le  siège  de  Senlis,  86j 
— se  met  en  bataille  contre  l'armée 
du  Roi,  87  ;  -  entre  à  Paris  ,  92. 

FossETJX  (Jean  de).  Cité,  78,  note;  ■ — 
veut  s'emparer  dn  château  d'Au- 
male,  74  ; — cité,  78. 

FossEux  (Philippe  de),  dit  Le  Borgne. 
Cité,  3,  note  ; — est  mis  en  garnison 
à  Saint-Riquier,  171. 

FocQUEsÈREs  (  le  bailli  de  ).  Attaque 
plusieurs  Dauphinois  ayant  nn 
sauf-conduit,  i23. 

FouQUEssoLE  (bailli  de).  "Voyez  Fou- 
QUESÈRES  (bailli  de). 

Fous  (gageure  de  quelques)  réunis 
dans  la  ville  d'Amiens,  202. 

Francières  (Le  Bègue  de),  Fransiè 
RES.  Est  fait  prisonnier  par  les  Dau- 
phinois à  la  prise  de  Compiègne , 
210; — se  prend  de  querelle,  est  tué, 
3i2-32o, App. 

Francières  (Jean  de),  Fransièkes. 
Tué  en  voulant  faire  prisonnier  le 
seigneur  de  Parlhenay,  208;  —  re- 
çoit de  Charles  "VI  des  lettres  de  ré- 
mission, 3io,  App. 

Francières  (Lancelot  de),  Feansiè- 
REs.  Capitaine  de  Compiègne  ,  est 
fait  prisonnier  par  les  Dauphinois, 
3i()  ;  —  cité,  3x2  ,  App.  ;  —  3i6  , 
App.\  —  3 17,  App. 

Frevent,  Freneuch ,  Frenesth.  L'avant- 
garde  de  l'armée  angloise  y  loge,  61. 


Gadifer  -  Gai^ehault.  Fait  prison- 
nier, 72; — pendu,  73. 

GaUi fontaine,  ville.  Assaillie  et  brûlée 
par  le  parti  bourguignon,  107. 

Gamaches  ,  ville.  Tient  le  parti  du 
Dauphin,  172; — se  met  en  l'obéis- 


sance du  roi  Henri  "V,  181; — ^traité 

de   reddition  de  cette  ville ,    3o2 , 

App. 
Gamaches  (Brnnet  de).  Taé,  180. 
Gamaches  (Gilles  de).    Fait  chevalier 

avant  la  bataille  de  Saint-Riqnier, 


Mort  (le  lu  peste  en  1418.  (  Monsteeiei,  IV,  iiq.  ) 


DES  MATIÈRES. 


345 


164  ; — fait  prisonnier  à  cette  même 
bataille,  169; — remis  en  liberté  en 
échange  de  la  ville  de  Saint-Riqnier, 
170. 

Gamachks  (Guillaume,  seigneur  de), 
GiMRiCBES.  Fait  lever  le  siège  de 
Saint-Martin-le-Gaillard,  iio  ;  — 
capitaine  de  Compiègne  ,  179; — 
essaie  de  faire  lever  le  siège  d'Aî- 
raines ,  ib.  ;  —  prend  la  ville  de 
Pierrepont,  ib.  ; —  tente  vainement 
d'en  prendre  le  château,  ib.\  — 
cité  ,  209,  -^pp. 

Gand,  Gant,  ville.  Citée,  170;  —  Mi- 
chelle,  femme  de  Philippe-le-Bon  , 
duc  de  Bourgogne,  y  meurt,  182  ; 
— arrivée  dans  cette  ville  d'une  pré- 
tendue sœur  du  duc,  i83; — la  du- 
chesse Jacqueline  de  Brabant  est 
conduite  dans  cette  ville,  235. 

Garochères  (  Jean  de),  Gauchières. 
Fait  prisonnier  à  la  bataille  de  Saint- 
Remy-du-Plaiu,  3o  ;  —  conduit  en 
prison  à  Sainl-Pol,  3i  ;  —  mis  en 
liberté,  ib. 

Gaucocrt  (  Raoul  ,  seigneur  de  )  , 
Gra^tcourt.  Perd  la  bataille  de 
Saint-Remy-du-Plain,  2g;  — cité, 
160,  note;  —  fait  prisonnier  Pierre 
de  Recourt  et  le  livre  à  Jean  de 
Luxembourg,  210. 

GiAC  (Jeanne  Du  Peschin,  dame  de). 
Accompagne  Jean,  duc  de  Bourgo- 
gne ,  lors  de  son  entrevue  avec  le 
Dauphin,  108. 

GiNGiN  (Jean  de)  ,  Gigny.  Capitaine, 
7  I  ;  —  son  étendard  pris  par  l'en- 
nemi, 143. 

Gisors.  Citée,  20;  107;  —  Maleberi , 
capitaine  de  cette  ville  ,211. 

Glocester  (Humphi-y,  duc  de)  ,  Clo- 
CESTRis.  Cité,  i35,  note; — 227,  note  ; 
épouse  Jacqueline  de  Hainaut,  228; 
—  prend  possession  du  Hainaut, 
229;  —  met  la  dissension  dans  ce 
pays,  ib.  ;  — cité,  23o,  23 1;  — écrit 
des  lettres  de  déli  au  duc  de  Bour- 
gogne, 232  ;  —  prend  jour  pour  le 
combattre,  233  ; — obtient  un  sauf- 
conduit  pour  quitter  le  Hainaut,  f'è.; 
passe  en  Angleterre,  234;—  envoie 
un  secours  d'hommes  d'armes  à  la 
duche<>se  Jacqueline,  235;  —  cité, 
286; — fait  ses  préparatifs  de  guerre 
pour  combattre  le  duc  de  Bourgo- 


gne, 237; — cité,  238; — abandonne 
le  projet  de  faire  la  guerre  au  duc 
de  Bourgogne,  239: — cité, 240-242. 

Goude  ,  Gande.  La  duchesse  Jacque- 
line se  tient  dans  cette  ville,  237. 

Gournay,  en  Normandie.  Cité,  85  ;  — 
le  château  est  pris  par  les  prison- 
niers qui  y  étoient  enfermés  ,  io5  ; 
— se  rend  an  roi  d'Angleterre,  106. 

Goitrnay-sur-Aronde.  Se  rend  au  roi 
Henri  T,  377; — citée,  211. 

GouY  (Daviod  de).  Arrête  plusieurs 
personnes  dans  leur  fuite  lors  de 
l'entrée  des  Bourguignons  dans  Pa- 
ris, 89  ;  —  tient  garnison  à  Gisors  , 
107  ;  —  met  le  feu  à  la  ville  de 
Galli fontaine,  ib. 

Grand-Jean,  Grant-Jehan.  Prend 
querelle  avec  Hue  de  I.annoy,  148  ; 
—  porte  plainte  au  duc  Philippe, 
ib.;  —  est  frappé  par  ledit  Hue  de 
Lannov  en  présence  du  duc  de 
Bourgogne,  ib.  ;  —  reçoit  de  Hen- 
ri AI  une  rente  qui  avoit  appartenu 
à  Jacques  de  Harcourt,  294,  -^PP- 

Graville  (Jean  ,  seigneur  de).  Capi- 
taine du  Pont-de-l'Arche  ,  défend 
vainement  cette  ville  contre  le  roi 
d'Angleterre,  100. 

Grocches  (Le  Bègue  de).  Fait  prison- 
niers deux  archers  dauphinois,  i63. 

Guise  (le  comté  de).  Tient  pour  le  roi 
Charles,  209; — Cité,  212  ,  2i3-2iG. 

Guise-en-  Thiérache,  Guise -en-  Terasse . 
Citée,  i5o,  182,  204,210,  2i3  ;  — 
siège  de  cette  ville,  214  ; — défendue 
par  Jean  de  Proisy,  capitaine,  2i5; 
sa  reddition,  ib.  ;  —  citée,  216. 

GuiTRT  (  Guillaume  de  Chaumont, 
seignenrde),  Gitery,  Giteri.  L'un 
des  conseillers  du  Dauphin,  1 1 2  ;— 
capitaine  de  IMontereau  ,  i4t  ;  — 
menacé  par  le  roi  Henri  "V  de  voir 
mourir  ses  otages  s'il  ne  livre  le 
château,  ib.  ; — rejette  les  prières  des 
otages  ,  qui  le  supplient  d'épargner 
leur  vie,  ib.  ;  —  les  laisse  pendre  et 
se  rend  au  bout  de  six  jours,  ib.; 
— accusé  d'avoir  trempé  dans  le 
meurtre  du  duc  Jean  par  Guillaume 
de  Bière,  qui  offre  de  le  combattre, 
142. 

Guyenne  (Louis  de  France,  duc  de)  , 
Dauphin  de  "Viennois,  Guyane 
Cité,  21  j  — prend  parti   contre  le 


346 


TABLE  ANALYTIQUE 


(lue  d'Orléans  ,  23  ;  —  se  rend  aa 
siège  de  Bourges,  26  ;  —  mécontent 
du  duo  Jean,  33  ;— cité,  34-36  ;  — 
se  tourne  contre  le  duc  de  Bourgo- 
gne, 39; — cité,  43; — fait  le  serment 
de  maintenir  la  paix  d'Arras,  5i  ; 
— presse   le  duc  d'Orléans  de  jurer 


ladite  paix,  ib.  ;  —  cité,  52,  53  ;  — 
meurt  à  Paris,  67; — cité,  69,  201. 
Guyenne  (Marguerite  de  Bodrgogne, 
dnchesse  de).  Citée,  22,  noce;—  35, 
note; —  i83,  note; —  épouse  le  duc 
deRichemout,  200; — citée,  201, 
note. 


Ham-snr-Somme  ,  Han.  Le  duc  d'Or- 
léans y  met  garnison  ,17;  —  assié- 
gée ;  les  Bourguignons  la  livrent 
aux  flammes,  19;  —  prise  par  le 
parti  dauphinois,  2125  — reprise 
par  Jeau  de  Luxembourg    ib. 

Harcourt,  Hareconrt,  ville.  Citée,  loi. 

Harcourt  (bâtard  de).  Voyez  Hénaut 
(bâtard  de). 

Harcourt  (Jacques  de) ,  Harecodrt. 
Cité,  100; — fait  prisonnier  le  comte 
de  Harcourt ,  son  parent  ,  loi  ;  — 
l'envoie  au  Crotoy,  102; — s'empare 
de  ses  biens,  ib.\ —  s'enteniloit  avec 
le  fils dudit  seigneur,  ib.  ; —  va  atta- 
quer les  Angiois  an  siège  de  Rouen, 
io5; — est  battu  et  doit  sa  liberté  à 
la  vitesse  de  son  cheval ,  ib.  ;  —  se 
fient  au  Crotoy,  d'où  il  fait  la  guerre 
aux  Angiois,  ni  ; — cité,  126,  note. 
— abandonne  le  parti  du  duc  de 
Bourgogne,  i52;  —  pourquoi,  ib.:^ 
cité,  i55;  —  engage  des  seigneurs  à 
prendre  Saint-Riquier,  157  ;^  met 
garnison  au  Pont-de-Remy,  i58  ; — 
conseille  aux  Dauphinois  de  venir 
combattre  le  duc  de  Bourgogne  pour 
lui  faire  lever  le  siège  de  Saint-Ri- 
qaier,  762  ; —  jette  la  division  dans 
Abbeville,  i63; — tient  les  forte- 
resses dii  Crotoy  et  de  Noyelle-sur- 
Mer,  1 7  I  ;  —  décide  plusieurs  forte- 
resses du  "Viineu  à  tenir  le  parti  du 
Dauphin,  172  ;  —  fait  la  guerre  aux 
Angiois  et  aux  Bourguignons,  182  ; 
—  traite  de  la  reddition  du  Crotoy, 
2o5; — doune  des  otages,  «7>.; — quitte 
le  Crotoy  et  va  visiter  le  seigneur  de 
Parthenay,  son  parent ,  206;  —  vent 
le  faire  prisonnier  dasis  son  château, 
ib.;  —  tué  par  les  gens  du  sire  de 
Parthenay,  207; — plusieurs  gentils- 
hommes de  .sa  compagnie  sont  tués, 
2o3  j  —  cité,  2oyj  —  um-  ])arlie  de 


ses  biens  donnés  par  Henri  "VI  à 
Collard  et  Ferry  de  Mailly,  247 , 
■^PP-  ' — entraîne  le  Bon  de  Saveu.ses 
dans  son  parti,  282,  App.  ;  —  cité , 
294,  App.  ; — 295,  App.  ; — s'empare 
du  chàteaa  de  Douriers,  297-299, 
App.  ; — cité,  3o9,  App. 

Harcourt  (Jean  VII,  comte  de),  Ha- 
RECOURT.  Arrêté  prisonnier  dans 
son  château  d'Aumarle,  par  Jacques 
de  Harcourt,  loi  ; — est  conduit  pri- 
sonnier au  Crotoy,  102 

Harjleur,  Harefieur.  A.ssiégée,  58  ;  — 
se  rend,  ib.;  —  citée,  39; —  arrivée 
du  roi  d'Angleterre  dans  cette  ville, 

99- 

Hargicourt  (Pierre  de).  Livré  au  duc 
de  Bedford  comme  otage  et  garant 
de  la  reddition  du  Crotoy,  208  ;  — 
rais  en  liberté,  ib.  ; —  reçoit  des  let- 
tres de  rémission  de  Henri  VI,  3 10, 
App. 

Hasbain,  près  de  Tongres.  Les  duc  de 
Bourgogne  et  comte  de  Hollande  y 
livrent  aux  Liégeois  révoltés  la  ba- 
taille dite  de  Liège  ,12. 

Helly  (  Jacques  ,  seigneur  de).  Fait 
partie  de  l'expédition  contre  les  Lié- 
geois ,  1 1  ;  —  assiste  au  siège  de 
Bourges  ,  27  ■  —  député  vers  le  roi 
d'Angleterre,  avant  la  bataille  d'A- 
zincoiirt,  pour  faire  des  propositions 
d'accommodement,  63. 

HÉNAUï  (  le  bâtard  de).  Blessé  par  les 
Dauphinois  dans  un  engagement 
près  de  Crépy,  126. 

HÉNATJT  (Jacqueline  de  Bavière,  com- 
tesse de).  Citée,  9,  noie  ; — 49»  note  ; 
— 57,  note  ; —  126,  note; —  227; — 
quitte  son  mari  Jean  de  Brabant, 

228  ; — passe  en  Angleterre,  y  éponse 
le  dncdeGlocester,  j7^.;— jette  la  di- 
vision en  Hainaut  par  son  arrivée, 

229  ; —  citée,  234  ;—  livrée  au  duc 


DES  MATIÈRES. 


rie  Bourgogne,  ?35; —  a  une  entre- 
^  ne  avec  lui  à  IMous,  ib.  ;  —  paroît 
consentir  à  tout  ce  qu'il  demande 
et  s'enfuit  secrètement  en  Holiande, 
ib.  ;  —  se  forme  une  armée,  ib.  ;  — 
s'oppose  vainement  au  déharque- 
nient  du  duc  Philippe,  286; — perd 
la  bataille  de  Brawershaven,  ib.:, — 
se  rend  dans  la  ville  de  Gand,  237. 
Hesri  y,  roi  d'Augleterre.  Assiège  et 
prend  Harfleur,  58  ; — se  dirige  vers 
Calais,  59; — fait  assaillir  vainement 
la  ville  du  Pont-de-Remy  pour  y 
avoir  passage,  60  ;  —  poursuivi  par 
l'armée  fraucoise  ,  61;  — passe  la 
Somme  à  Esclusiers  ,  ib.\  —  vient 
loger  à  Maisonceiles  ,  62  ; —  pour- 
parlers entre  ce  prince  et  le  sire  de 
Helly,  63;  —  gagne  la  bataille  dite 
d'AzIncourt,  ib.:, —  va  sur  le  champ 
de  bataille  faire  prisonniers  ceux 
qui  respirent  encore,  G6  ;  —  repasse 
en  Angleterre,  t'^.; — a nne entrevue, 
à  Calais,  avec  le  duc  de  Bourgogne, 
68  ; — cité,  69; — 8r,  note; — descend 
a  Harlleur,  99; — .-e  rend  maître  da 
Pont-de-l'Arche  ,  i  00  ;  —  se  dirige 
vers  Rouen,  102; — met  le  siège  de- 
vant cette  ville,  io3  ; — s'en  empare, 
T04  ;  —  fait  décapiter  plusieurs  no- 
tables bourgeois,  io5  ;— réduit  sans 
combattre  plusieurs  villes  delà  Nor- 
mandie, 106; — se  rend  à  Menlant, 
107  ;  —  a  des  conférences  arec  le 
conseil  du  Roi  au  sujet  de  son  ma- 
riage avec  Catherine,  108; —  exige 
pour  dot  la  Normandie,  ib.  ; —  cité, 
109  ,  1 15,  1 17  ;  —  fait  alliance  avec 
le  duc  de  Bourgogne,  118; — condi- 
tions du  traité,  i  19  ; — fait  la  guerre 
au  Dauphin  conjointement  avec  le 
duc  Philippe ,  120;  — envoie  des 
ambassadeurs  à  Charles  TI  pour  lui 
demander  sa  fille,  laS  ; — cité,  127, 
note  ; —  obticut  la  main  de  la  prin- 
cesse Catherine,  129;  — arrive  à 
ïroyes,  lîf)  ;  —  s'y  marie,  1  36  ;  — 
signe  le  traité  dit  de  Troyes,  i37  ; — 
met  le  siège  devant  Sens,  i38; —  se 
rend  maître  de  cette  ville  ,  ib.  ;  — ■ 
défend  les  querelles  entre  les  An- 
glois  et  les  Bourguignons,  iSg;  — 
assiège  Monlereau,  ib.; — somme  le 
capitaine  de  rendre  la  ville  sous 
peine  de  voir  mourir  ses  otages,  141; 
—les  fait  i)eadre  ,    ib.  ;  —  prend  le 


chàtean  de  Monterean,  1  <2  ;  —  or- 
donne l'exécution  d'un  de  ses  valets 
de  pied,  ib.; — met  le  siège  devant  Me- 
lun,  i43;  —  combat,  dans  une  mine, 
contre  un  Dauphinois,  144  ;  —  se 
rend  maître  delà  ville  de  Sens,  i45; 

—  fait  exécuter  un  de  ses  gentils- 
hommes, 146;  —  accueille  fort  mal 
le  seigneur  de  L'Isle-Adam,  14^;  — 
cité,  148  ;  —  arrive  à  Paris,  149;  — 
fait  appeler  le  Dauphin  à  la  Table 
de  Marbre,  ib.  ;  —  nomme  de  nou- 
veaux officiers  ,  i5o  ;  —  donne  le 
gouvernement  de  la  ville  de  Paris 
an  duc  d'Exeter,  i5i  ;  —  envoie  le 
duc  de  Clarence  en  Basse-Norman- 
die ,  et  part  pour  l'Angleterre  avec 
sa  femme ,  ib.  ;  —  mène  avec  lui  le 
roi  d'Ecosse,  son  prisonnier,  ib.  ; — 
cité,  i52,  i53  5 — revient  en  France, 
3  55^ — fait  le  seigneur  de  Cohen  ca- 
pitaine d'Abbeville,  i56  ;  —  cité, 
157,  iSg,  171; — assiège Meaux,  172; 

—  injurié  par  les  assiégés,  lyS;  — 
se  rend  maître  de  la  ville  ,  ib.  ^  — 
livre  de  nombreux  assauts  au  mar- 
ché de  ladite  ville,  174; —  le  prend 


et  fait 


punir  ceux  qui  se  sont  mo- 


qués de  lui,  175;  —  rançonne  les 
habitants  de  JVÎeaux,  176; — réduit  à 
son  obéissance  plusieurs  antres  villes 
et  forteresses,  177  ;  —  cité,  181  ;  — 
aimé  du  peuple  de  Paris  pour  sa  sé- 
vérité à  faire  exercer  la  justice,  182; 
— cité,  184  ; — tombe  malade  à  Vin- 
cennes,  i85  ;  —  fait  prier  le  duc  de 
Bourgogne  de  ne  pas  oublier  l'al- 
liance qu'il  a  faite  a\ec  les  Anglois, 
1  86  ; — recommande  à  ceux  qui  l'en- 
tourent de  rester  fidèles  an  duc  de 
Bourgogne,  ib.; — meurt,  ib.:, —  son 
corps  est  conduit  en  Angleterre, 
accompagné  de  sa  veuve ,  187  ;  — 
cité,  1M8  ; — fait  forger  de  nouvelles 
monnoies,  189; — ordonne  que  cha- 
cun porte  sa  vaisselle  à  la  Monnoie, 
190  ; — cité,  191,  193,  194;  —  ''6- 
doutè  comme  guerrier,  196  ; — cité, 
200,  2?7,  note. 
Henri  "VI,  roi  d'Angleterre.  Cité,  102, 
note  ;  —  sa  naissance,  i5 1  ;  —  hérite 
de  la  couronne  de  son  père,  1875  — 
se  saisit  de  la  couronne  de  France 
après  la  mort  de  Charles  "VI,  igS; — 
son  ordonnance  sur  les  monnoies  , 
ib.  ;  —  cité,  19',,   196,  197,  200  ;  — 


348 


TABLE  ANALYTIQUE 


toatesles  places  de  l'Isle-de-France 
se  mettent  en  son  obéissance,  212  ; 
— confisque  les   biens   de   quelques 
seigneurs  rebelles  ,   218  ;  —  fait  as- 
siéger  le  château  d'Ivry,    219;  — 
cité,  238,  289,  241,  note. 
Herselaines    ou    Harselaines    (  les 
enfants  de).   Abandonnent  le  parti 
du  duc  de  Bourgogne,  i53. 
Herselaines  (le  seigneur  de).  Cité, 
i53; —    tué,   avec   Jacques  d'Har- 
court,en  voulant  faire  prisonnier  le 
seigneur  de  Partbenay,  208. 
Herselaines  (Jean  de).  Cité,  i53; — 
donné  comme  otage  au  duc  de  Bed- 
ford,  par  Jacques  deHarcourt,  206; 
—  est  mis  en  liberté,  208. 
Ilesdin,  Hedin,  ville.  Citée  ,  46  ,  162  , 
170,  2^7  ;  —  assemblée  tenue  dans 
cette  ville  par  le  duc  de  Bourgogne, 
240  ;  —  des  chevaliers  y   portent  à 
leurs   bras   un  signe  de  défi  contre 
quiconque  ne  trouvera   pas  que  le 
duc  de  Brabant  a  plus  de  raison  de 
faire  la  guerre  que  le   duc  de  Glo- 
cester,  ib. 
Hirson  ou  Hérisson,  Irechon.    Le  châ- 
teau de  ce  nom  au  pouvoir  de  Jean 
de  Luxembourg,  216. 
Hollande  (Guillaume  de  Bavière  IV, 
comte  de  Hainaut  et  de).  Cité,  8;  — 
porte  secours  à  Jean  de  Bavière,  9  ; 
— cité,  10,  note  ;  — 11,  note  ; —  liât 
les  Liégeois,   12  ; — cité,  i3,  49,  68; 
— conduit  le  Dauphin,  son  gendre, 
à  Compiègne,  &Ç)  ;  -  meurt,  70  ;  — 
cité,  227,  note ;—  228. 
Hollande  (Marguerite  de  Bourgogne, 
duchesse  de).   Citée,  8,  note  ;  —  in- 
tercède auprès  du  Roi  en  faveur  du 
duc  de  Bourgogne,  et  obtient  la  paix 
dite  d'Arias,  49  ;— ses  alliances  avec 


la  famille  royale,  ib.  ;— citée,  5o  ;■— 
est  présente  aux  serments  que  font 
les  princes  de  maintenir  la  paix,  5i; 
—  fait  rendre  la  liberté  à  Hector  de 
Savenses,  53  ; — citée,  227,  note. 

HoRNEs  (Jean  de),  seigneur  de  Baussi- 
gnies.  Fait  chevalier,  dans  une  raine, 
sous  les  mnrs  de  Melun,  144. 

Hornoj.  Jean  de  Fosseux  et  ses  troupes 
s'y  rendent,  74. 

Hôtel  à  V Ours ,  à  Paris.    Cité,  91. 

Hôtel  d'Artois,  à  Paris.  Cité  94  ;  — 
Leduc  Phi  lippe  y  donne  une  grande 
fête  à  l'occasion  du  mariage  de  Jean 
de  La  Trémoille,  224. 

Hôtel  des  Corneilles,  à  Paris.  Hector  et 
Philippe  de  Savenses  y  vont  loger, 
91. 

HuMBERCOCRT  '  (Denis  de  Brimeu,  sei- 
gneur de).  Cité,  76,  tiote  ;  —  dépos- 
sédé de  sa  charge  de  bailli  d'Amiens, 
i5o;  —  blessé  à  la  bataille  de  Saint 
Rlquier,  170. 

BoMiÈREs  (Drieu  de)  " .  Porte  à  son 
bras  nn  signe  de  défi  contre  qui- 
conque soutiendra  que  Jean  de  Bra- 
bant n'a  pas  un  plus  jusle  droit  à 
faire  la  guerre  en  Uainaut  que  le 
duc  de  Glocester,  241. 

HuMiÈRES  (Jean  de).  Fait  prisonnier 
an  siège  de  l'ourges,   27. 

HuNTiNGDON  (Jean  Holland,  comte 
d'j,  Hantuiton,  Houtiton,  Hanti- 
•roN,  HoRLiNEGON.  Cité,  io5,  note; 
—  arrive  au  siège  de  Roye-en-Yer- 
mandois  pour  prêter  aide  à  Jean  de 
Luxembourg,  12a  ;  —  attaque  plu- 
sieurs Dauphinois  ayant  un  sauf- 
conduit,  123; —  reçoit  un  cheval 
de  Jean  de  Luxembourg,  12/',  ;  — 
assiste  an  siège  de  Meaax,  i43;  — 
prisonnier  à  la  bataille  de  Baugé  , 
i55;  —  cilé,  307,  Afjf. 


'  Maître- d'hôtel  du  duc  de  Bourgogne  (Saint-Remy,  Vlll,  290).  Il  mourut  d'une  maladie 
épidémique  au  siège  de  Zenenberghe ,  eu  1426.  (  Idem  ,  ibid.;  Monstrelet,  V,  147.  ) 

'  Ce  seigneur  parut  dans  un  pas  d'armes  tenu  par  Philippe  de  Lalaiu ,  à  Bruges ,  le 
28  février  i463.  11  joûla  contre  ledit  Philippi;.  (Manhscbit  de  la  Bibliothèque  royale,  Fonds 
de  Baluze.  n»  loSig',  fol.   i5i,  recto.) 


DES  MATIÈRES. 


349 


Ibery  (baron  (V),  Taé  à  la  bataille  de 

Saint-Riqaier,  16S. 
IvKRy(  Pière  (I'Argemsy,  baron  d'  ). 

Toyez  Ibery  (baron  d'  ). 


lyry.  Le  chàtean  de  ce  nom  assiégé 
par  le  roi  Henri  V,  219  ;  —  traiJe 
sons  condiiioDs,  220. 


Jacleviixe  (Helyon  de),  jAQtEViLLE. 
Prend  querelle  avec  Heoior  de  Sa- 
veuses;  est  blessé  à  mort,  825  — 
porte  ses  plaintes  an  duc  Jean,  83. 

Jacques  l'^' ,  roi  d'Ecosse.  Prisonnier 
de  Henri  Y,  passe  avec  lui  eu  An- 
gleterre, i5i  ;  —  cité,  22r,  note. 

Jean-sans-Pecr,  duc  de  Bourgogne. 
Communie  avec  le  duc  d'Orléans, 
en  signe  de  réconciliation;  le  fait 
tner,  i  ;  —  cité,  2,  note  ;  —  assiste 
an  convoi,  3  ;  —  se  reconnoît  l'au- 
tenr  de  ce  meurtre,  4;  —  se  re- 
tire en  Flandre  ,5;  —  assemble  ses 
barons,  6;  —  assiste  au  conseil  tenu 
dans  la  ville  d'Amiens,  ib.;  —  signe 
qu'il  fait  mettre  sur  la  porte  de  son 
bôtel,  7;  —  cité,  8;  —  s'arme  en 
faveur  de  Jeau  de  Bavière,  9, — 
cité,  10-12; — gagne  la  bataille  de 
Liège,  i3; — devient,  par  cette  vic- 
toire, pins  redoutable  à  ses  enne- 
mis, 14  ;  —  cité,  i5,  16;  — fait  dé- 
capiter Jean  de  Moutagn,  17;  — 
assemble  son  armée  vers  Arras,  18  ; 

—  assiège  Haui,  s'en  rend  maître  et 
la  livre  aux  flammes,  19  ;  —  saccage 
la  ville  de  Nelle,  et  va  camper  de- 
vant INIontdidier,  ib.  ;  —  abandonné 
par  les  Flauiands,  20;  —  refait  son 
armée  à  Arras,  et  se  rend  à  Gisors 
accompagné  du  comte  il'Arundel, 
ib.  ;  —  manque  d'être  assassiné  à 
Pontoise,  21  ;  —  arrive  à  Paris,  ib.; 

—  s'empare   de   Saint-Cloud  ,    22; 

—  fait  décapiter  INIaussart  Du  Doz  , 
23;  —  se  rend  maître  d'Ktampcs, 
ib.; — va,  avec  l'armée  royale,  as- 
siéger Bourges,  25  ;  —  cité  ,  26,  27  ; 

—  se  réconcilie  avec  le  doc  de  Berry 
et  le  duc  d'Orléans,  28  :  —  cité,  3o  , 
3i;  —  fait  emprisonner  plusieurs 
grands  seigneurs,  3.'^;  —  son  parti 
porte,  en   signe  de  ralliement,  des 


chaperons  (blancs\  ib.;  —  cité,  34; 

—  quitte  Paris,  35; —  est  appelé 
par  les  Parisiens,  36;  —  fait  déca- 
piter Pierre  Des  Essars,  ib.;  — cher- 
che vainement  à  pénétrer  dans  Pa- 
ris, 37  ;  —  tient  conseil  à  Arras  avec 
ses  barons  ,  et  tons  les  seigneurs 
de  Bourgogne,  38;  —  cité  3g-4i, 
43-45  ;  —  envoie  un  secours  aux 
assiégés  de  la  ville  d'Arras,  48  ;  — 
fait  sa  paix  avec  le  Roi,  49  ;  —  passe 
par  Mézieres,  et  voit  le  comte  de 
Nevers,  son  frère,  5o;  —  cité,  5i- 
54,  58  ,  64-6(>  ;  —  prend  la  tutelle 
de  ses  deux  neveux  de  Brabant  , 
(37  ;  —  a  une  conférence  à  Calais 
avec  le  roi  d'Angleterre,  68;  — cité, 
69;  —  se  rend  à  Paris,  croyant 
pouvoir  entrer  dans  cette  ville  ,  70  ; 

—  surnom  qui  lui  est  donné  par 
les  Parisiens,  ib.;  —  retourne  en 
Flandre,  71;  —  cité,  73-70;  — 
assiège  le  château  de  Beanmont-sur- 
Oise  ,  76  ;  —  prend    Pontoise  ,    77  ; 

—  cité  ,  78  ;  —  vient  camper  à 
Mont -Rouge,  79;  —  assiège  et 
prend  plnsienr.'.  villes  ,80;  —  ar- 
rive à  Chartres,  81  ;  —  met  la  Reine 
en  liberté,  ib.  ;  —  cité,  82; — se 
dirige  vers  Paris  ,  croyant  encore  y 
pouvoir  entrer,  83;  —  cité,  84,  85; 

—  conduit  la  Reine  à  Troyes,   86  ; 

—  cité,  8S-92; — apprend  la  prise 
de  Paris;  se  rend  dans  cette  ville, 
9-3  ;  —  y  est  reçu  avec  f.cclattialiou  , 
94;  —  fait  de  belles  promesses,  et 
nomme  de  nouveaux  officiers,  9.'); 

—  cité,  96;  —  révolté  des  massa- 
cres, les  fait  cesser,  97  ;  —  cité,  9!^- 
100,  102-104,  106,  107; —  rompt 
les  négociations  entamées  pour  le 
mariage  de  Catherine  avec  Henri  V, 
108; —  traite  de  la  p.iix  avec  le 
Dauphin,    ib.;   —  con<litiorjs    du 


35o 


TABLE  ANALYTIQUE 


traité,  109; —  conduit  la  famille 
royale  à  Troyes,  1 10  •  —  fait  la 
gnerie  aux  Anglois,  conjointement 
avec  le  Dauphin,  m  ;  —  cède  aux 
sollicitations  de  Tannegay  Du  Chas- 
tel,  et  se  rend  à  Montereau,  112; 
—  est  conseillé  de  ne  point  aller  à 
l'entrevue,  1 1 3  ;  —  préparatifs  pour 
sa  réception,  ir4;  —  y  est  assas- 
siné ,  ib.  ;  —  son  corps  ,  jeté  par- 
dessus le  pont ,  tombe  dans  un  ba- 
teau, ii5;  — cité,  ii6-i'io;  127, 
note  ;  —  son  exhumation  ;  ses  res- 
tes transportés  à  Dijon,  140;  — 
cité,  i4i,  142,  146;  i48,  note  ;  140, 
note;  152,194-196;  224,  wo/e;  226, 


238;  —  envoie  ses  ambassadeurs  an 
lieu  nommé  de  La  Tombe,  pour 
traiter  de  la  pais  avec  ceux  du  Roi , 
du  Dauphin ,  et  les  cardinaux  des 
Ursins  et  de  Saint-Marc,  255,  App.; 
—  écrit  aux  habitants  de  Paris,  afin 
de  les  rassurer  sur  le  départ  du  Roi  ; 
leur  promet  qu'il  rentrera  bientôt 
dans  leur  ville,  et  qn'il  ne  s'en  éloi- 
gnera pas  ao-delà  de  Provins  ,  287, 
/1pp. 
Jeumont  (le  seigneur  de  )  ,  Jemont. 
L'un  des  chefs  des  armées  des  duc 
de  Bourgogne  et  comte  de  Hollande 
dirigées  contre  les  Liégeois  ,  10. 


Kekt  '  (le  comte  de),  Qoin  ,  Qoek. 
Député  par  Henri  "V,  vers  Char- 
les Yl  ,   pour  lui  demander  Callie- 


rine  ,  sa  fille ,  en  mariage  ,  i25  ;  - 
meurt  à  la  bataille  de  Baugé  ,  i54 


La.bé  (Charles).  Capitaine,  71. 

La  Beneries  (Bangois  de).  Prisonnier 
au  siège  d'Arras,  48. 

La.  Beuvrière  (  Bongois  de  ).  Voyez 
La  Benerien  (Bongois  de). 

La-Fère-en-  Tardenois  ,  Cardenois  , 
Cette  ville  tient  le  parti  du  roi 
Charles  ,  209  ;  —  citée  ,  210;  —  se 
rend  au  duc  Philippe  ,  par  compo- 
sition ,  2  12;  —  le  capitaine  de  la 
ville,  Aladin  de  Monsay  ,  reste 
chargé  du  même  emploi  de  capi- 
taine ,  en  vertu  du  traité,  ib. 

La-Fère-sur-Oise ,  La  Foire,  ville. 
Citée,   124. 

La  Ferté ,  La  Fiesté.  Le  château  de  ce 
nom  an  pouvoir  des  Dauphinois  , 
i55;  — remis  entre  les  mains  de 
Henri  V,  par  le  bâtard  de  Belloy, 
capitaine  dudit  lieu,  ib.;  —  com- 
mis à  la  garde  de  Nicaise  de  Bouf- 
flers,  par  le  duc  de  Bourgogne  ,  ib.  ; 


—  rendu,  par  le  dit  Nicaise,  aux 
Dauphinois,  iSg;  —  brûlé  ,  ib. 

Lagny-sur-M arne ,  ville.  Le  duc  de 
Bourgogne  y  va  loger,  70  ;  —  citée  , 
71 . 

La  Guerre'  (  Rémonnet  de).  Fait 
prisonnier,  ^2; —  veut  s'emparer 
d'nn  logis  du  duc  de  Bourgogne, 
82  ;  —  t'ait  prisonnier  â  l'entrée  des 
Bourguignons  dans  Paris,  89;  — 
massacré,  96;  —  son  corps  reste 
trois  jours  dans  la  cour  du  Palais, 
97  ;  —  est  trainé  dans  les  rues  de 
Paris ,  ib. 

L\  Heuse  (Robert  de)  ,  dit  tE  Borgne. 
Assiste  à  la  bataille  de  Saint-Remy- 
du-Plain,  3o. 

La  Hire  (  Etienne  de  Tioxoi.e,  dit  \ 
La  HiÈre.  Tient  la  ville  de  Crépy 
en  Laounois,  i25;  —  défend  le  châ- 
teau de  Coucy,  pour  le  Dauphin, 
127  ;  —  y  détient  prisonuiers  plii- 


»    G.  Chastelain  (  66  ,  i''  col.)  le  désigne  ainsi  :  «  Le  comte  de  Quint,  noininc  Offroi-itlc. 

»  Raymond  de  I,a  Guerre,  écuyer  d'écurie  du  roi  Charles  VI ,  fut  nommé  maître  général  des 
«■aux  et  forêts  du  pays  de  Languedoc  par  lettres  du  i  p.  juillet  i4i(>.  il  fut  remplacé  dans  lesdites 
fonctions  par  Jean  de  Courcelles,  chevalier,  qui  obtint  ses  lettres  de  provision  le  24  juillet  t4i8. 

Le  nom  de  famille  de  Rémonnet  de  La  Guerre  étoit  de  Bayle  {Bajuli).  Voyez  les  Koms  féodaux 
<le  D.  Betlancourt,  au  m'it  Bayle.  [Noie  commnniquée  par  M,  La  Cabane.  ) 


DES  MATIÈRES. 


35i 


sieurs  gentilshommes ,  ib.  ;  —  va 
faire  nne  excursion  pendant  laquelle 
ses  prisonniers  s'emparent  do  cbà- 
tean.  ib. 

Lalement  (Henri).  Fait  armes  contre 
un  dauphinois,  devant  les  seignenrs 
d'Offemontet  Jean  deLuxenibourij, 
ifio  ;  —  a  son  cheval  tué  sous  Ini , 
i6i. 

Lamocre.  Ciré  ,  i65  ,  noie. 

Lan  (Ogelot  de).  Prend  la  ville  de 
Complègne  pour  le  roi  Charles , 
210;  — fait  plusieurs  prisonniers  , 
iàid. 

Landrecies,  iMndonsy.  Le  château  de 
ce  nom  assiégé  et  pris  par  Jean  de 
Luxembourg  ,    209;  —  ravagé  ,  ib. 

Lannot  (Baudoin  de),  dit  le  Bègue, 
Launoy.  Fait  chevalier  par  Hue  de 
LannoT, 180. 

Lannoy  (Guillehert).  Cité,  180,  «o/f. 

Laîînoy  (Hue  ou  Hugues  de),  seigneur 
de  Saute.  Nommé  capitaine  de  la 
ville  de  Conipiègne,  87; —  cité, 
39  ;  —  prend  querelle  avec  un  huis- 
sier d'armes  du  duc  Philippe  ,  147  ; 
—  le  frappe  de  son  gantelet ,  en 
présence  du  duc,  148;  —  cité, 
179;  —  fait  plusieurs  chevaliers, 
180  ;  —  envoyé  vers  le  roi  d'Angle- 
terre ,  malade  à  Tincennes,  i85.  — 
assiste  aux  derniers  moments  de  ce 
priuce ,  1  86. 

Laon  ,  Lan.  Ses  fortifications  abattues 
par  le  duc  de  Bourgogne  ,  127. 

La  Palière  (  Girault  de).  Cité,  220, 
note. 

Largis   ou    Liersis    (Thomas  de), 
bailli  du  Termandois.  l-ait  prison- 
nier, 72. 
La   Rivière   (  Charles  de  )  ,  comte  de 

Dampmartin.  Cité  ,  34. 
La  Rivière  (Jacques  de  ).   Fait  pri- 
sonnier par  la  faction  Cabochienne, 
33  ;  —  tué  dans  sa  prison  ,  34  ;  — 
cité,  35 ,  note. 
La  Roche-Guy  on.  Celte  ville  fut  don- 
née à  Guy  Le  l5onlillier,   par  le  roi 
d'Angleterre,  104. 
Latocr  (Henri  de)  '.  Fait  prisonnier 


devant  le  château  de  Moymer  on 
Moyennes,  198. 
La  Trémoii-le  (George  ,  seigneur  de  ) 
TitiMoniLiE.  Cité,  224,  note;  —  dé- 
puté vers  le  duc  de  Bourgogne,  par 
le  roi  Charles  ,  afin  de  lui  offrir  la 
paix  ,  227  ;  —  commis  pour  veiller 
à  la  sûreté  des  ambassadeurs  réunis 
an  lieu  dit  de  La  Tombe,  discutant 
le  traité  de  paix  ,  256  ,  App. 
La  Trémoille  (Jean  de),  TRiMOLir,i.E. 
Marié  à  Paris  ,  par  le  duc  de  Bour- 
gogne, à  la  soeur  du  seigneur  d'Am- 
boise,  224;  —  grande   fête    à  cette 
occasion ,  ib.  ;  —  cité  ,  225  ,  7iote. 
Launoy  (Lamonde).    Commis   à  la 
garde  de  Soissons  ,  38  ^  —  cité,  4i, 
—  fciit  prisonnier  à  la  prise  de  cette 
ville,  est  décapité,  42. 
Laux  (  Angelot  de  ).  "Voyez  Lah  (Oge- 

lot  de). 
La  Viesville  (Coppin  de),  La  "Vie- 
ville.  Ciié,  i83. 
La  "ViEzviLLK  (seigneur  de),  "View  VILLE . 
Tué  à  la  bataille  de  Saint-Riquier, 
170. 
Le  Boutbiller  (  Guy),  Boutillier. 
Capitaine  de  Rouen  ,  102  ;  —  cité  , 
io3,  nofe;  —  fait  serment  de  fidé- 
lité à  Henri  Y,  104  J  —  reçoit  en  ré- 
compense plusieurs  seiguenries,  et 
entre  antres,  celle  de  La  Roche- 
Guyon  ,  ib.  ;  —  trahit  la  confiance 
de  quelques  notables  bourgeois  de 
la  ville  de  Rouen,  et  cause  leur 
mort,  io5;  —  reçoit  de  Henri  "VI 
l'hôtel  de  l'évèque  de  Clermont ,  à 
titre  d'indemnité  des  dépenses  qu'il 
a  faites  au  service  de  Henri  V,  280  , 
App. 
Le  Bouteiller  '  (  Raoul  )  ,  Bou- 
tillier. Chargé ,  par  Jean  de 
Luxembourg,  d'aller  combattre  les 
Dauphinois,  179;  — assiège  la  ville 
du  Crotov,  2o5  ;  —  nommé  capi- 
taine de  la  dite  ville,  208. 
Le  Corgne  (  Henri  ),  dit  de  Marle  , 
chaucelier  de  France.  Prisonnier, 
89  ;  —  tué  à  la  prise  de  Paris  ,  96  ; 
—  son  corps  reste  exposé  trois  jours 


'  Au  nombre  des  seigneurs  qui  s'assemblèrent  a  Arras,  en  i435,  lors  de  la  paix  entre  le  roi 
Cbarles  VII  cl  le  due  de  Bourgogne,  .Saint-Kcmy  (  VIII ,  474  )  nomme  Henry  de  La.  Tour. 

'  Etoit  bailli  de  Caux  ,  capitaine  d'Arqués  et  gouverneur  des  ville  et  comté  d'Eu ,  en  octobre 
i42ï;  capitaine  de  Saint-Valery  en  i423;  bailli  de  Rouen  et  de  Gisors  en  i43o.  {Noie  commu- 
niquée par  .M  La  Cabane.) 


352 


TABLE  ANALYTIQUE 


dans  la  coar  da  Palais,  97  ;  —  traîné 
dans  les  rues  de  Paris,  ib. 

Le  Jeune  (Robert  '  ).  Accompagne  le 
duc  de  Konrgojjfne  à  Beauvais,  75  j 
— obtient  du  commun  de  cette  ville 
qu'ils  se  rangeront  du  parti  du  duc 
et  lui  ouvriront  les  portes,  76;  — 
cité,  127,  note;  —  nommé  bailli 
d'Amiens  par  Henri  "V,  i5o  ;  —  fête 
le  roi  et  la  reine  d'Angleterre  à 
leur  passage  dans  Amiens,  i5i  ;  — ■ 
fait  exécuter  un  gentilhomme  nom- 
mé Lignart  de  Picquigny,  178  ;  — 
hai  des  habitants  d'Amiens,  190;— 
ponrqnoi,  ib.;  —  prend  et  fait  exé- 
enter  le  sire  de  Maucourt,  218. 

Le  Maçon  (Robert).  Donne  avis  au 
gouverneur  et  gens  du  conseil  du 
Dauphiné  de  la  prise  de  Paris  par 
les  Bourguignons,  de  la  fuite  pré- 
cipitée du  Dauphin,  et  leur  enjoint 
de  n'ajouter  aucune  foi  à  ce  qu'on 
pourroit  leur  mander  de  la  part  de 
ce  prince,  268,  App. 

Lens,  en  Artois,  ville.  Citée,  229. 

Lens  (  Charles  de  Recourt,  dit  de). 
Accompagne  le  duc  de  Bourgogne 
à  Montereau,  116;  —  fait  prison- 
nier, ib.  ; —  reçoit  de  Henri  YI  tous 
les  biens  confisqués  sur  Alain  Lelay 
et  Ysabel,  sa  femme,  en  considéra- 
tion des  services  qu'il  Ipi  a  rendus  , 
289,  App. 

Le  Prévost  (  Raullet  ).  Conseille  à 
Hector  de  Saveuses  de  piller  le  châ- 
teau de  Reine,  78. 

Le  Roux  { Robin)  ,  Le  Roncz.  L'un 
des  chefs  des  armées  des  duc  de 
Bourgogne  et  comte  de  Hollande  , 
dirigées  contre  les  Liégeois,  10. 

Liégeois.  Se  révoltent  contre  leur  évè- 
que,  8  ;  — le  tiennent  assiégé  dans  la 
ville  de  Trect;  abandonnent  leur 
siège  pour  livrer  bataille  aux  duc 
de  Bourgogne  et  comte  de  Hollande, 
10  ;  —  cités,  11,12;  —  perdent  la 
bataille,  ib. 

Liesse  (Notre-Dame  de),  Lience. 
Citée,  53. 


Lignj  ,  en  Barrois  ,  Liegnej,  Ligney, 
ville.  Citée,  64,  55,  57. 

Likonsen-Santerre,  Lyons  en-Santers. 
Jehan  de  Luxembourg  y  va  loger 
avec  ses  troupes,  120; — citée,  T2t. 

Lis  (Philippe).  Tient  la  ville  d'En,  io6- 

—  assiège  Saint-Mariin-le-Gaillard, 
iio; —  tué  au  siège  de  Melun,  143. 

L'Isle-yidam,  Liladam,  ville.  Le  duc 
de  Bourgogne  passe  par  cette  ville  , 
76  ;  —  citée,  77. 

L'Isle-Adam  (Jean  de  Yilliers,  sei- 
gneur de  ),  Liladam  ,  Lil-Ladam. 
Promet  de  servir  le  duc  de  Bonr- 
gogne,  76  ;  —  nommé  capitaine  de 
Pontoise,  77  ;  —  cité,  85  ;  —  assiste 
au  siège  de  Seniis,  87  i  —  a  des 
intelligences  dans  la  ville  de  Pa- 
ris, 88; — y  entre  par  trahison, 
89  ;  —  se  rend  tout  de  suite  chez  le 
Roi,  90  ;  —porte  la  bannière  du  Roi 
pour  repousser  les  gens  du  Dau- 
phin, 91  ,  —  traite  pour  ravoir  la 
Bastille,  92;  —  cité,  g^  ;  —  nommé 
maréchal  de  France,  94; — cité,  107  ; 
laisse  prendre  la  ville  de  Pontoise 
par  les  Anglois,  iio; — va  tenir 
garnison  à  Beauvais,  m  ; —  assiège 
Roye-en-Verinandois,  ia2  ;  —  met 
le  siège  devant  Alibaudières  ,   i3i  ; 

—  assiège  Toussy,  i32  ;  —  fait  plu- 
sieurs chevaliers  avant  d'assaillir 
cette  ville,  i33;  —  essaie  vainement 
de  s'en  emparer,  i34;  —  assiège 
l'église  d'Escara  ,  ib.;  —  s'en  rend 
maître,  et  la  fait  abattre,  ainsi  que 
les  fortillcaiions ,  1 65  ;  —  va  à 
Troycs  ,  ib.  ;  —  puis  à  Melon,   i47; 

—  se  présente  devant  le  roi  d'An- 
gleterre; interpellé  par  ce  prince, 
lui  répond  avec  assurance,  ib.;  — 
démis  de  sa  charge  de  maréchal  de 
France  par  le  roi  d'Angleterre,  i5o; 

—  conduit  prisonnier  à  la  Bastille 
Saint-Antoine,  i56; — veut  vaine- 
ment s'emparer  de  Compiègne  par 
force  ,  210; —  assiège  et  prend  cette 
ville,  26.;  —  cité,  21 1;  —  nommé 
capitaine  de   Compiègne,  212;  — 


'  Les  renseignements  sur  Robert  le  Jeune  qui  ont  été  donnés  page  75,  note  3,  sont  puisés,  ainsi 
qu'il  est  dit  au  lieu  indiqué,  dans  l'Histoire  d'Amiens  par  le  P.  Daire.  Il  fait  naître  Robert  Le 
•leuneà  Arras,  et  le  fait  mourir  le  1  5  avril  i463.  Suivant  Du  Clercq  (XIV,  j2o),  Robert  naquit 
à  Lens  en  Artois,  et  mourut  à  Arras,  âgé  de  quatre-vingt-douze  ans  ou  environ  ,  le  19  avril  i4fi3. 
Il  est  à  remarquer  que  le  même  Du  Clercq  {ibitl.,  175),  citant  Robert  Le  Jeune  sous  l'année  1461, 
le  dit  «  asgié  de  quatre-vingts  ans.  » 


DES  MATIERES. 


353 


condnit  an  secours  de  gens  de  guerre 
au  duc  de  Brabant ,  23o ;  —  va 
prendre  à  Mons  la  duchesse  Jacque- 
line ,  et  la  conduit  à  Gand ,  235; 
—  cité  ,3i3,3i5,3i9,  App. 

LoNGUEVAL  (Charles,  seigneur  de). 
Sert  le  parti  du  dnc  de  Bourgogne  , 
122;  —  refuse  de  livrer  son  beau- 
frère  à  Jean  de  Luxembourg,  124; — 
assiste  à  la  bataille  de  Saint-Riquicr, 
169  j  —  abandonne  le  parti  du  duc 
Philippe,  217  ;  —  s'enfuit ,  21 S  ;  — 
banni,  ses  biens  confisqués,  ib.;  — 
cité,  219. 

LowGCEVAL  (Renault  de).  Quitte  le 
parti  du  dacde  Bourgogne,  21 7  ;  — 
obligé  de  s'enfuir,  est  banni  :  ses 
biens  sont  confisqués,  218;  —  fait 
prisonnier  par  les  gens  de  Jean  de 
Luxembourg,  i'6.,- — conduit  à  Beau- 
revoir  pour  tenir  prison  ,  ib.; — mis 
en  liberté,  rentre  dans  le  parti  da 
duc  de  Bourgogne,  ib. 

LoBRAiiîE  (Charles,  dit  le  Hardi ,  duc 
de),  LouRAiNE.  Assiste  au  siège  de 
Bourges,  26;  —  cité,  27  ;  —  assem- 
ble des  troupes  pour  faire  lever  le 
siège  de  Guise  ,  2 1 5. 

Louis  III,  dit  le  Barbu,  comte  Palatin 
dn  Rhin.  Accompagne  Henri  "V  à 
Troyes,  i35  j  —  cité,  i36,  note. 

Louroj,  Lenroy.  Le  château  de  ce  nom 
tient  le  parti  dn  Dauphin  ,  172  ;  — 
se  met  en  l'obéissance  de  Jean  de 
Luxembourg,  178. 

LnpÉ  '  (  Pierre  on  Pierron  de  ), 
LcPE.  Capitaine  de  la  ville  de 
Meaux,  172;  —  fait  prisonnier  à  la 
reddition  de  cette  place,  175. 

Luxembourg ,  duché.  Cité,  55. 

Luxembourg  (  Jean  de  ) ,  .seigneur  de 
Beaurevoir.  Assiste  à  la  journée  de 
Saint-Remi-du-P!ain,  29  ;  —  fait 
chevalier,  3o;  —  capitaine  de  la 
ville  d'Arras  ,  43;  • — cité,  44;  — 
permet  d'enterrer  des  gens  tués 
dans  un  engagement  donné  anx 
portes  d'Arras ,  47  ;  —  à  quelles 
conditions,  ib.;  —  cité,  &\,  note;  — 
maître  de  Saint-Cload,  80;  — cité, 
83,  85  ;  —  se  dispose  à  faire  lever  le 
siège  de  Senb's ,  86  j  —  se  met  en 


bataille  devant  l'armée  royale,  87; 

—  entre  dans  Paris,  92  ;  —  com- 
mande les  troupes  dn  duc  Phi- 
lippe, 120;  —  va  an  secours  de 
Roye-en-Termaudoib,  prise  par  les 
Daujihinois  ,  121  ; —  se  rend  maître 
de  cette  ville,  122;  — accorde  un 
sauf-conduit  anx  Dauphinois,  ib.; — 
cité  ,  123  ;  —  irrité  contre  ceux  qui 
étant  sous  ses  ordres  ont  enfreint 
le  sauf-conduit ,  vent  les  punir, 
124;  — condnit  l'avant-garde  du 
dnc  de  Bon  rgogne  an  siège  de  Crépy , 
126; — cité,  127; — sa  colère  con- 
tre le  sire  de  Mancourt,  qui  veut  lui 
imposer  des  conditions  relativement 
à  la  pri.se  du  château  de  Coucy, 
i'8;  —  cité,  129;  —  se  conduit 
vaillamment  an  siège  d'Aliban- 
dières,  i3o;  —  son  nom  inspire  de 
la  crainte  aux  ennemis,  ib.;  — 
blessé  devant  Alibaudières,  i3i;  — 
se  rend  à  Troyes  pour  sa  gnérison, 
ib.  ;  —  cité,  i5o,  iS/,  x58  ;  —  per- 
met que  des  gentilshommes  de  son 
parti  fassent  armes  contre  des  Dau- 
phinois, 160  ;  —  cité,  161;  — fait 
chevalier  le  duc  Philippe,  avant  la 
bataille  de  Saint-Riquier,  164  ;  — 
blessé  et  fait  prisonnier,  i65;  — 
secouru  par  ses  gens,  ib.  ;  —  cité, 
166,  170;  —  assemble  ses  troupes 
vers  Encre,  177;  — assiège  le  châ- 
teau de  Quesnoy,  178; — y  fiiit  met- 
tre le  feu  ,  ib.  ;  —  se  rend  maître  de 
plusieurs  autres  forteresses,  ib.;  — 
assiège  Airaines,  179;  —  cité,  181; 

—  conduit  l'avant-garde  du  dnc 
Philippe  à  la  reddition  de  Cosne- 
sur-Loire  ,   i85;  —  cité,  199, /zofe; 

—  sert  de  lances  Lyonnel  de  "Ven- 
dôme faisant  armes  contre  Potoa 
de  Xaintrailles,  2o3  ;  —  prend  par 
siège  les  châteaux  de  Landrecies  et 
de  Proisy,  et  les  fait  ravager,  2095  — 
reprend  la  ville  de  Ham  d'assaut , 
ai 2;  —  fait  exécuter  "Valeran  de 
Saint-Germain,  2i3;  —  met  le 
siège  devant  le  château  de  Wiège- 
en-Thiérache  ,  ib.  ;  —  attire  Pofou 
de  Xaintrailles  dans  une  embûche, 
ib.;  —  le  fait  prisonnier,  ainsi  que 


"  Ecuycr.  Commandoit ,  aux  mois  d'avril  et  d'août  1419,  une  compagnie  de  dix-neuf  ccuyer.?  , 
au  service  du  roi  de  France ,  sous  les  ordres  des  seigneurs  de  Barbazan  et  Tanncguy  Du  Chaste). 
(CoD, ".CELLES,  IV,  article  Lupr ,  page  9.) 

53 


354 


TABLE  ANALYTIQUE 


le  sire  de  Verduisaat ,  214; — leur 
rend  la  liberté  sons  conditions  ,  ib.; 
—  assiège  Guise,  ib.;  —  traite  avec 
le  capitaine,  21 5  ;  —  chasse  à  l'éper- 
vier  et  tombe  dans  une  embuscade, 
216;  —  devient  nn  riche  et  puis- 
sant seigneur,  ib.  ;  —  conquiert  tout 
le  comté  de  Guise,  ib.  ; — cité,  217; 


—  envoie  Renault  de  Longueval, 
son  prisonnier,  à  Beaurevoir,  218  ; 

—  cité  ,  219  ;  —  accorde  des  lettres 
de  rémission  à  Riflart  de  Camp- 
remi ,  3o7,  ^4pp. 

Luxembourg  (Louis  de),  évèque  de 
Thérouenne.  Fait  enterrer  les  morts 
de  la  bataille  d'Azincourt,  Qr. 


M. 


Magny,  village.  Cité,  i56. 
Maim.y  (Ferry  de).  Sert  le  duc  de 
Bourgogne  ,  73  ;  —  prisonnier  et 
conduit  à  Compiègne,  parvient  à 
s'échapper,  74;  —  cité,  93  ,  note; — 
fait  une  course  devant  Alibaudiè- 
res,  129;  —  reçoit  de  Henri  "VI 
une  partie  des  biens  d'Adrien  de 
Rambures  et  l'e  Jacques  de  Har- 
court,  247»  -^pp.  ;  —Cité,  igS , 
À  pp. 
Mailly  (  Jean,  seigneur  de  ).  Tué  à  la 

bataille  de  Saint-Riquier,  170. 
Maili.y  (l'Etendard  de).  Voyez  Milly 

(lEtendard  de). 
Maxlly   (  Robert ,    dit   Robinet  de  ). 
Nommé  panetler,  95  j  —  se  noie  , 
127. 
Mainguehem   (Louvelet  de),  Mau- 
DiNGUEHES ,  Masinguehen.  Défend 
la  ville  de  Compiègne  contre  l'ar- 
mée royale ,  38  et  39. 
'MaisonceUes  ,    Masancelles  ,     Maison- 
chielles,  DJaisonchilles.  Le  roi  Henri 
y  loge,  62  ;  —  Cité  ,  65  et  66. 
Maleberi.  Capitaine  de  Gisors,   en- 
voyé an  siège  de  Compiègne,  211. 
Mamines'  (Robert  de),  Mammes.  Fait 
chevalier    dans  une  mine  sous   les 
murs  de  Melun ,  i45. 
Ma N AN  (Pierre  de).  Prisonnier  à  la 
prise  de   Soissons ,    42  ;    —    déca- 
pité ,  ib. 
Mans  (  le  ) ,    Mant.  Le  roi  Charles  "VI 
a  sa  première  attaque  de  frénésie 
dans  cette  ville  ,191. 
Marcoussy  ,     3Iarcoiicy ,     Marcoiisj, 
château.  Bâti  par  Jean  de  Monta- 
gu  ,  grand-maître  d'hôtel  de  Char- 
les  A'I,     17;    —    se    rend   au    duc 
Jean  ,  80. 


JMareuil,  Mareitl.  Le  ch'ileati  de  ce 
nom  saccagé  par  les  ordres  dn  duc 
de  Bourgogne,  1595  —  prise  de 
cette  forteresse  par  Jean  de  Can- 
mont,  3o8,  Jpp. 

Margny.  Citée  ,211. 

Marie  (le  comté  de).  Appartient  à 
Jean  de  Luxembourg,  216. 

Marle  ■  (Jeanne  de  Bar,  comtesse  de), 
femme  de  Louis  de  Luxembourg  , 
comte  de  Saint-Pol.  Citée,  128. 

Marle  (Robert,  duc  de  Bar,  comte 
de  ).  Mort  à  la  bataille  d'Azincourt , 
65;  —  cité,  128. 

Marquion ,  près  Cambraj.  Les  Fla- 
mands y  logent,  18. 

Maubnisson  (  abbaye  de  ).  L'avant- 
garde  du  duc  Jean  y  est  logée ,   77. 

Maucourt  (le  seigneur  de).  Prison- 
nier au  château  de  Coucy,  127;  — 
s'en  empare  conjointement  avec 
d'antres  prisonniers,  ib.;  —  fait 
des  conditions  à  Jean  de  Luxem- 
bourg avant  de  lui  donner  entrée 
dans  ledit  château  ,  128  ;  —  celui-ci 
veut  lui  faire  conper  la  tète  ,  ib.  ;  — 
abandonne  le  parti  dn  duc  de  Bour- 
gogne, 217; — s'enfuit; ses  biens  cou. 
fisqués,  218  ;  —  pris  et  décapité,  ib. 
Meaux ,  Miaiix ,  Miaidx  ,  Maulx ,  en 
Brie.  Citée,  108,  I43;  —  siège  de 
cette  ville  par  Henri  "V,  172;  — 
injure  faite  au  roi  d'Angleterre  par 
les  assiégés,  173;  —  prise  de  ladite 
ville,  174;  —  siège  et  reddition  du 
marché,  ib.;  —  citée,  175  ;  —  le  fils 
du  seigneur  de  Coruwals  est  tué  de- 
vant cette  ville  ,  176;  —  le  seigneur 
d'Offemont  est  fait  prisonnier  en 
cherchant  à  s'y  introduire,  ib.  ;  — 


'  Vovez.  G.  CutsTELLAiN  ,  page  53. 

'  Moilf  le  /,  mars  1461.  {  Oo  Clercq  ,  XIV  ,  igS.  ; 


DES  WATIERES. 


355 


Je  roi  Henri  garnit  et  ravitaille  la 
ville,    17:;  —  citée,  i^q,  i8r. 

Meaux  '  (  Robert  de  Béthune  ,  vi- 
comte de  ).  Cité,  128. 

Meliin,  Meleiin,  Meliin ,  IHelin.  Citée, 
25  j  — le  Danpbin  est  conduit  dans 
cette  ville  après  la  prise  de  Paris, 
92;  — citée,  108,  119,  142;  — 
assiégée  par  le  roi  d'Angleterre  , 
i43;  —  faits  d'armes  passésdans  nne 
mine  sous  les  fossés  de  cette  ville, 
14/,; — reddition  de  cette  place,  i45j 
— citée,  146,  148,  173. 

Menac  ou  Menon  (Jean  on  Pierre 
de).  Voyez  Maîjan  (Pierre  de). 

Nerloii ,  Sierlan.  La  forteresse  de  ce 
nom  donnée  à  Henri  "V,  en  échange 
dn  seigneur  d'Offemont,  son  pri- 
sonnier,  177. 

Menlan,  Moullent ,  MoeuUent ,  Meul- 
lent.  Citée,  21,  77,  78,  85;  — 
conférences  tenues  vers  cette  ville  , 
entre  les  rois  de  France  et  d'Angle- 
terre ,  et  le  dnc  de  Bourgogne,  107. 

Mézières-siir-Meuse ,  Maisires.  Entre- 
vue du  duc  de  Bourgogne  avec  son 
frère  le  doc  de  Nevers,  dans  cette 
ville,  5o. 

MiiLY  (l'Étendard  de).  Tombe  dans 
une  embûche  de  Jean  de  Luxem- 
bourg, ai3  ;  —  blesse  Lyonnel  de 
"Vendôme,  214. 

Miraumont.  Les  armées  françoise  et 
angloise  logent  aux  alentours  de 
cette  ville,  61. 

MiRACMosT  (le  seigneur  de).  Conduit 
les  archers  dn  dnc  Jean  le  jour  de 
la  bataille  de  Liège,  12;  — com- 
mande les  archers  picards  au  siège 
de  Senlis ,  87. 

Monceaux  on  Noncheaux,  Monchiattx, 
château  fort  en  Normandie.  Cité , 
23;  —  se  rend  aux  Anglois,  106 j 
—  cité,  III. 

Monchi.  Hector  de  Saveuses  reste 
long-temps  au  château  de  ce  nom  , 
dans  l'espérance  de  pouvoir  repren- 
dre la  ville  de  Compiègne,  99. 

Monnaie.   Tableau   des  mutations  et 
altérations  dans  les  monnoies,   de- 
puis la  bataille  d'Azinconrt,  188. 
3/o«5,  en  Hainaut ,  ville.   Citée,  234, 

235. 
MoNSAY  (  Aladin  de  ).  Capitaine  de  La 


Fère-en-Tardenois  ,  212;  — rend 
celte  ville  an  duc  Philippe  ,  à  con- 
dition qu'il  eu  restera  toujours  le 
capitaine,  ib. 

JMot-ssAY  (  Alardin  de  ).  Voyez  Mon- 
SAY  (Aladin  de). 

JMoNTAGD  (Jean  de).  Décapité  à  Paris, 
17J  —  cité,  52. 

MoîrT\GU  (Jean  de),  archevêque  de 
Sens.  Fait  difficulté  de  signer  le 
traité  de  paix  d'Arras,  53. 

MoNTAGC  (  Jean  de  Neufchatel,  sei- 
gneur de).  Assiste  an  siège  d'Arras, 
43; —  fait  armes  dans  une  mine 
sous  les  murs  de  la  ville  ,  48. 

Mont-Â'tgiiiUon,  en  Champagne,  Mont- 
u'igiiillon.  Cité,  1R2;  —  siège  du 
château  de  ce  nom  ,  198;  —  il  est 
abattu  ,  après  sa  reddition,  ib. 

Montdidier,  Mondidier.  L'armée  du 
duc  Jean  campe  devant  cette  ville, 
19  ;  —  citée  ,  S/),  179,  180,  211. 

Montereau-Faut  -  Yonne ,  Monstriati , 
Monstreau.  Citée,  26;  —  le  Dau- 
phin loge  dans  cette  ville  ,  1 1 1  ;  — 
le  duc  de  Bourgogne  dans  le  châ- 
teau,  112  ;  —  citée,  ii3  ;  —  le  duc 
de  Bourgogne  y  est  assassiné  ,  ii4  ; 

—  siège  de  cette  ville,  iSg;  — se 
rend,  i4oj  —  service  fait  dans 
l'église  de  celte  ville  pour  Jean,  duc 
de  Bourgogne,  ib.;  —  le  seigneur 
de  Guitry,  capitaine  du  château , 
sommé  de  le  rendre  ,  141  ;  —  citée  , 
142. 

MoHt-le-Héry.  Assemblée  des  princes 
confédérés  près  de  cette  ville,    i5; 

—  citée,  17,  35,  36;  —  siège  dti 
château  ,  par  le  duc  de  Bourgogne  , 
80  ;  —  citée  ,  84. 

Montreuil,   Monstereul,   ville.   Citée, 

i.iS,  162. 
Mont-Rouge  (  le  ),   près  Paris.  Le  duc 

Jean  y  vient  camper,  73  et  79. 
MoREUL  (Thibaut  DE  SoissoNs,  comte 

de  ).  Fait  prisonnier  par  les  Anglois, 

io5. 
Morenil,  Moreul,  ville.  Citée,  180. 
Mortemer,  Mortemez.   La  ville   de  ce 

nom  se  rend  au  roi  d'Angleterre , 

177. 
MoRvii-LiERs  (Philippe  de),  MoRv  ille. 

Nommé  premier  président,  gS. 
Mojmers    ou     Moyennes ,     Moirnes , 


356 


TABLE  ANALYTIQUE 


yiornes,  Moinnes,  Mcyines,  Moisme. 
Citée,    i33,   182  j  — siège   de  son 


château,  198;  —  il  est  abattu  après 
sa  reddition,  19g. 


N. 


Narbonne  (  Gnillanme ,  vicomte  de  ), 
Verbonne.  Gouverne  le  Dauphin  , 
112, 195. 

Navaili.es  (  Archambaut  de  Foix  , 
seigneur  de  ) ,  Novialle.  Tué  en 
cherchant  à  sanver  la  vie  au  duc 
Jean ,  1  i5. 

Kesle ,  Ne/le.  La  ville  de  ce  nom  ra- 
vagée par  le  due  de  Bourgogne  ,  19. 

]Vesle-en- Tardenois ,  Nelle-en-  Carde- 
nois.  Tient  le  parti  du  roi  Charles  , 
209  ;  —  citée ,  210;  —  se  rend  an 
duc  Philippe,  212;  —  le  sire  de 
Croy  en  a  le  gouvernement,  ib. 

Neiif-Chastel ,  ville.  Se  rend  aux  An- 
glois,  106. 

Neuf -Chastel-sîir- Aisne ,  ville.  Pillée 
et  brûlée,  ^2. 

NeiiviUc  (  la  )  sur-Meuse,  Noenville. 
Siège  de  la  forteresse  de  ce  nom  ap- 
partenant au  seigneur  d'Orchiraont, 
.55;  — se  rend  au  comte  de  Saiot- 
Pol,5f). 

Nevers  (Bonne  d'ARTOis,  comtesse 
de).  Epouse  Philippe-Ie-Bon,  duc 
de  Bourgogne,  22(5;  — Meurt  an 
bout  d'un  an  de  mariage,  ib.;  — 


vouloit  faire  faire  la  paix  entre  son 
mari  et  le  roi  Charles,  ib. 

Neters  (Philippe  de  Bourgogne, 
comte  de).  Reçoit  la  visite  de  son 
frère  ,  après  la  paix  d'Arras ,  5o  ;  — 
prend  les  armes  pour  repousser  les 
Anglois,  69; —  tué  à  la  bataille 
d'Azincourt,    65;  —  cité,  67,  226. 

Noefvilt.e  (  Philippe  de).  Tué,  avec 
Jacques  de  Harcourt,  en  voulant 
faire  prisonnier  le  sire  de  Parthenay, 
208. 

Normandie  (la).  Demandée,  par 
Henri  "V,  pour  dot  de  Catherine , 
108. 

Nouvion-le- Comte.  Hector  de  Savenses 
y  est  mis  en  garnison  ,  125. 

NojeUe-sur-lSIer,  Noie/le.  Citée,  tii  , 
164,  1S2. 

NoYELLEs  '  (  Baudot  de  ) ,  Noielle 
(  Baudet  de  ).  Fait  chevalier  au  siège 
de  Toussy ,  i33. 

NoYELLEs  (Jean  de),  dit  le  chcfalier 
blanc  ,  NoiELLE  ,  dit  le  blanc  che- 
valier. Assiste  au  siège  d'Arras,  43. 

Nojon,  ville.  Citée,  122. 


o. 


Offemont  (  forteresse  d'  ).  Rendue  au 
roi  Henri,  en  échange  du  seigneur 
de  ce  nom  prisonnier,  177. 

Offemont  (Guy  de  Neeli-e,  seigneur 
d').  Prend  la  ville  de  Saint-Piiquier, 
iSy;  —  cité,  l'ig;  —  assiste  à  un 
fait  d'armes  entre  six  Dauphinois  et 
six  Bourguignons,  160;  —  cité, 
ifii;  —  échange  la  ville  de  Saint- 
Piiquier  contre  des  seigneurs  dau- 
phinois, prisonniers  da  duc  de 
Bourgogne  ,170;  —  cité  ,171;  — 


fait  prisonnier  en  voulant  pénétrer 
dans  la  ville  de  Meanx ,  176;  — 
rend  plusieurs  forteresses  pour  avoir 
sa  liberté,  et  promet  de  ne  plus 
prendre  les  armes  contre  Henri  V, 
177- 

Ogier  (Robinet).  Prisonnier  à  la  prise 
de  Compiègne,  98. 

OisY  (  Galhault  d').  Yoyez  Arcy 
(Gallehanlt  d'). 

One ,  ville.  Prise  par  les  Anglois,  209. 

Orchimont  (Jean  d'ANOiE  ,  seigneur 


■  Nous  avons  dit,  page  iî3  ,  note  3  ,  d'après  Ilaudiquier,  que  ce  seigneur  vivoit  encore  en 
1453.  On  le  retrouve  mentionné  sept  ans  plus  tard  ,  dans  le  passage  suivant  de  Du  Clercq  :  «  Le 
seizième  jour  de  juillet,  au  dit  an  (1460),  en  la  ville  d'Arras,  sur  le  .soir,  fu.st  prins,  comme 
accusé  d'être  Vaudois ,  par  messire  Baniduin ,  sieur  de  Noyelles ,  chevalier  et  gouverneur  de 
l'sroanc,  maistre  Antoine  Sacqnespée,  etc.  »  (XIV,  37.  ) 


DES  MATIERES. 


307 


d').  Possessenrde  la  forteresse  de  la 
Neaville-sur-Mense,  35. 

Orléans,  Orliens,  Aliens.  Le  duc  d'Or- 
léans se  retire  vers  cette  ville,  25. 

Ori.kaks  (Charles  ducd').  Prend  le 
titre  de  dac  d'Orléans ,  7  ;  —  se 
Lgne  avec  plusieurs  seigneurs  de 
France  contre  le  duc  de  Bourgogne, 
14;  — cité,  x6;  — met  garnison 
dans  la  ville  de  Ham  sur  Somme, 
175  —  cité,  18; — maître  de  Saint- 
Denis  et  de  Saint-Cloud,  21;  —  cité, 
a2; —  qnitte  Saint-Denis,  23;  — 
cité,  23  ;  —  se  réconcilie  avec  le  duc 
de  Bourgogne,  aS;  —  cité,  3i  ;  — 
donne  sou  frère,  le  duc  d'Angoa- 
lème ,  en  otage  aux  Anglois ,  32  ;  — 
se  ligue  de  nouveau  contre  le  duc 
de  Bonrgogue  ,  i5  :  —  fait  partie  de 
l'armée  dn  Roi  diiigée  contre  ce 
prince ,  89  ;  —  cité,  4â,  5o  j  —  con- 


traint d'accéder  à  la  paix  d'Arras  , 
5i; — cité,  5a,  54,  58;  — s'arme 
contre  les  Anglois,  69;  —  prison- 
nier à  la  bataille  d'Aziuconri,  65;  — 
ciié,  G7. 

Orléans  (Jeand'j.  Voyez  Augou- 
lème. 

Orléans  (Louis  de  France,  duc  d'). 
Communie  avec  le  duc  de  Bourgo- 
gne ,  en  signe  de  réconciliation; 
assassiné  par  les  ordres  de  celui-ci, 


lutii 


e  est  emporte 


par  ses  gens ,  2  ;  —  inhumé  aux  Ce 
lestins,  3  ;  — cité,  4-G;  —  avoit  trois 
fils  deYalentinede  Milan,  sa  femme, 
7  ;  —  cité,  14,45,  note  ;  —  blessé 
par  Charles  "V'I,  lors  du  premier  ac- 
cès de  frénésie  de  ce  prince,  192. 

ORi.ÉA:rs  (Philippe  d').  "Voyez  Ver- 
tus. 

Ourse.  Voyez  SpAZEQUERtN  (Darse)» 


P. 


Paris.  Exécation  faite  dans  cette  ville, 
1 7  ;  —  troubles  causés  par  la  faction 
des  bouchers,  33;  —  le  commun  de 
la  ville  mande  an  duc  de  Bourgogne 
de  venir,  et  qu'on  lui  donnera  en- 
trée dans  ladite  ville  ,  36  ;  —  exécu- 
tion da  prévôt,  ib.;  —  Enguerrand 
de  l'ournonville  se  présente  à  la 
porte  du  marché  anx  chevaux,  es- 
pérant entrer  dans  la  ville  ,  37  ;  — 
le  duc  de  Guyenne,  Dauphin,  meurt 
dans  cette  ville,  67;  —  prise  des 
faubourgs  de  Saint-Michel  ,79;  — 
cette  ville  assaillie,  84;  —  envi- 
ronnée de  garnisons,  85;  — une 
conspiration  y  est  ourdie  en  favear 
du  duc  Jean,  88;  —  prise  de  celte 
ville  par  les  Bourguignons ,  89  ;  — 
tentatives  des  Dauphinois  pour  la 
reprendre,  90;  —  ils  viennent  jus- 
qu'à l'hôtel  à  rOnrs,  91  ;  —  pil- 
lage et  meurtres  commis  dans  la 
ville,  9?;  —  arrivée  du  duc  de 
Bourgogne ,  94  ;  —  massacre  des 
prisons ,  96  ;  —  Philippe  ,  comte  de 
Saint-Pol ,  lieutenant  du  Roi  ,119; 
—  prisonniers  conduits  dans  celle 
ville,  146;  —  le  duc  d'Exccsler  en 
est  nommé  gouverneur,  i5i;  — 
soulèvemeat  du  commun  en  favear 


du  sire  de  L'Isle-Adam,  i56; —  arri- 
vée ea  cette  ville  du  roi  d'Angle- 
terre et  de  sa  femme,  177; — grande 
fête  à  l'hôtel  d'Artois,  224  et  225; 
■ —  le  régent ,  duc  de  Bedford,  quitte 
cette  ville  ,  238  ;  —  y  revient ,  242. 
Voyez  Bastille,  Châtelet ,  Cèles- 
tins,  Hôtel  d'Artois,  Hôtel  à  l'Ours, 
Hôtel  des  Corneilles  ,  Saint- Marcel. 

Parthe.vay  (  Jean  L'Archevesqce  , 
seigneur  de  )  ,  Partenay.  Fait  pri- 
sonnier dans  son  château  par  Jac- 
ques de  Harcourt ,  206;  —  ce  qui 
en  arrive ,  207  ;  —  cité,  20^. 

Perceval-le-Grand,  Percheval-i.e- 
Grakt.  Assiste  au  siège  d'Arras, 
47;  —  capitaine  de  Roye-en-Ver- 
maridois ,  121 . 

PÈRE  (Gni.s'.liardon  de  ).  Voyez  Fère 
(  Bernardon  de  ). 

Péronne ,  Pirone  ,  ville.  Citée  ,  42  ;  — 
l'armée  royale  y  est  logée ,  61,75; 
—  se  rend  au  comte  de  Charolois  , 
92;  —  citée,  120. 

l^ERREs  (Lancelot).  Tué  devant  la 
ville  d'Eu,  59. 

Perweis  (Henri  de  Horxe,  comte  de), 
Peruel,  Peruvez.  .Souliùut  la  ré- 
volte des  Liégeois, 9;  —  abandonne 
le  sié"e  de  la  ville  de  Trect,  et  vient 


358 


TABLE  ANALYTIQUE 


livrer  bataille  aax  dacs  de  Bourgo- 
gne et  de  Brabant,  lo  j  —  cité,  12  ; 
— prisoHDier,  i3;  — ■  sa  tète  présen- 
tée à  Jean  de  Bavière ,  ib. 

Perweis  (Thierry  de  Horne,  fils  du 
comte  de  ).  Elu  évêque  par  les  Lié- 
geois, 9  ;  —  prisonnier  à  la  bataille 
de  Liège,  i3. 

Philippe  ,  dit  le  Bon  ,  comte  de  Cba- 
rolois  ,  puis  duc  de  Bourgogne. 
Cité,  67,  note,  92  ^  —  pourquoi 
prend  en  baine  Hector  de  Saveuses, 
93;  —  devient  duc  de  Bourgogne 
par  la  mort  de  son  père  ,  1  lâ  j  — 
vent  le  venger,  ib.;  —  propose  nn 
traité  d'alliance  an  roi  d'Angleterre, 
ib.;  —  conditions  dudit  traité, 
1 19  ;  —  fait  la  guerre  au  Daupbin , 
conjointement  avec  les  Anglois , 
120;  —  cité,  121,  122;  —  assiège 
Crépy,  laS;  —  se  rend  à  Troyes, 
accompagné  des  ambassadeurs  an- 
glois qui  vont  faire  la  demande  de 
Catberine  pour  le  roi  Henri  Y,  ib.; 

—  se  rend  maître  de  Crépy,  126  ;  — 
fait  abattre  ses  fortifications,  127;  — 
obtient  de  Cbarles  TI  qu'il  donnera 
sa  fille  au  roi  d'Angleterre,  129;  — 
fait  assiéger  la  forteresse  d'AUbau- 
dières  ,  ib.;  —  cité,  i3o-i32  ;  —  or- 
donne le  siège  de  Coucy,  i33;  — 
cité,  i34,  i35,  137;  — assiste  an 
siège  de  Sens,  i38;  —  entre  dans  la 
ville,  i3g;  —  assiège  Montereaa, 
ib.;  —  prend  la  ville  ,  et  fait  exhu- 
mer le  corps  de  son  père ,  i4o;  — 
ordonne  nn  service  dans  l'église  de 
cette  ville,  ib.;  —  cité,  141  j  —  se 
dirige  vers  Melun,  142  ;  —  y  met 
le  siège,  i43;  —  fait  armes  dans 
une  mine  contre  nn  Dauphinois , 
144  ;  —  cité  ,  145  ,  note  ;  —  inter- 
cède auprès  de  Henri  Y,  en  faveur 
du  sire  de  LTsle-Adam  ,  que  ce  Roi 
veut  faire  mourir,  147; —  désap- 
prouve la  conduite  de  Hue  de  Lan- 
noy,  qui  se  permet  de  frapper,  en  sa 
présence,  un  de  ses  serviteurs,  1485 

—  ses  regrets  sur  la  perte  d'Atis  de 
Briinen,  ib.;  —  revient  à  Paris,  149; 

—  s'en  retourne  en  Flandre  et  eu 
Artois,  i5o  ;  —  son  alliance  avec  le 
roi  d'Angleterre  cause  la  désertion 
de  plusieurs  seigneurs  de  son  parti, 
i52j  —  cité,  133,  i55,  i56;  —  se 
dispose  à  mettre  le  siège  devant  la 


ville  de  Saint-Riquier,  137  ;  —  fait 
des  demandes  d'hommes  à  cet  effet , 
i58  ;  —  assiège  le  Pont-de-Remy  et 
s'en  rend  maître,  ib.;  — •  y  fait  met- 
tre le  feu,  159  ;  —  dévaste  d'autres 
châteaux,  ib.  ;  —  assiège  Saint-Ri- 
quier, ib.;  —  cité,  160,  note,  161;  — 
va  au-devant  des  Dauphinois  qui 
veulent  lui  faire  lever  le  siège,  162; 
— fait  mettre  le  feu  dans  Abbeville, 
iG3  ;  —  cité,  164  ;  —  fait  chevalier 
par  Jean  de  Luxembourg,  avant  la 
bataille  de  Saint-Riquier,  ib.  ;  — 
fait  à  son  tour  chevalier  Philippe 
de  Saveuses  ,  ib.;  —  se  conduit  vail- 
lamment durant  la  bataille,  i65;  — 
passe  pour  avoir  été  pris  ou  tué  , 
166;  —  ce  bruit  occasionne  la  dé- 
route de  plusieurs  seigneurs,  ib.;  — 
sa  bannière  abandonnée  est  relevée 
par  Jean  de  Rosimbos,  ib.;  —  gagne 
la  bataille  dite  de  Saint-Riquier, 
168  ;  —  fait  deux  prisonniers  de  sa 
main  ,  169  ;  —  s'en  retourne  à  Ab- 
beville, ib.  ;  ■ —  part  pour  Hesdin  , 
170  ;  —  traite  avec  le  seigneur  d'Of- 
femont,  qui  lui  rend  Saint-Riquier 
en  échange  de  plusieurs  prison- 
niers, ib.;  —  cité,  171,  182;  —  af- 
fligé de  la  mort  de  sa  femme  Mi- 
chelle,  j83; —  se  rend  à  Cosne- 
sur-Loire,  pour  prendre  possession 
de  cette  ville  ou  combattre  les  Dau- 
phinois, 184;  — va  à  Troyes,  i85; 

—  apprend  la  maladie  du  roi  d'An- 
gleterre et  lui  envoie  Hue  de  Lan- 
noy,  ib.;  —  cité  ,  186  ;  —  s'entend 
avec  le  duc  de  Bedford ,  régent  de 
France,  sur  les  affaires  du  royaume, 
187  ;  —  cité,  188,  193,  19G,  197  j  — 
accorde  sa  sœur  Anne  an  duc  de 
Bedford,  199  ;  —  se  rend  à  Amiens, 
pour  conclure  nn  traité  d'alliance 
avec  les  ducs  de  Bedford,  de  Breta- 
gne et  le  comte  de  RIcheraont,  200; 

—  cité,  201,  note  ;  —  se  rend  à  Ar- 
ras  pour  tenir  une  journée  d'armes, 
faite  par  Lyonnel  de  "Vendôme  con- 
tre Poton  de  Xaintrailles,  202  5 — ce 
qui  s'y  passe,  2o3  ; — cité,  204,  208, 
210,  211,  212,  21 5,  note  ,  2  16  j  — 
est  abandonné  par  plusieurs  sei- 
gneurs, qui  vont  servir  le  roi  Char- 
les ,  217;  — •pardonne  à  Renault 
de  Longueval  de  l'avoir  quitté,  ii8j 

—  marie  Jean  de  la  Trèmoille  ,    et 


DES  MATIERES. 


35. 


donne  une  grande  fête  à  cette  occa- 
sion, 224  ;  —  amoureux  de  la  com- 
tesse de  Sallsbary,  2i5;  —  retourne 
en  Bourgogne  et  se  marie,  2-26  ;  — 
donne  sa  sœur  Agnès  au  duc  de 
Bourbon,  227;  — sollicité  par  le 
roi  Charles  de  faire  la  paix,  s'y  re- 
fuse ,  ib.  ;  — cité,  228;  — désap- 
prouve le  mariage  de  Jacqueline  de 
Hainaut  avec  le  duc  de  Glocester, 
22g;  — envoie  un  secours  d'hom- 
mes d'armes  au  duc  de  Brabant , 
i3o;  —  reçoit  des  lettres  de  défi  du 
duc  de  Glocester,  2^2  ; —  accepte  le 
combat ,  ib.;  —  désigne  pour  juge 
l'empereur  d'Allemagne,  233  ;  — 
accorde  un  sauf-conduit  au  duc  de 
Glocester  pour  retourner  en  Angle- 
terre, 234;  —  fait  conduire  la  du- 
chesse Jacqueline  à  Gand;  a  une 
entrevue  avec  elle,  235;  —  se  rend 
en  Hollande,  236;  — gagne  la  ba- 
taille de  Bravvershaven  ,  ib.; — se 
prépare  à  combattre  le  duc  de  Glo- 
cester, 287  ;  —  cité  ,  288  ,  239  ;  — 
sollicité  par  le  duc  de  Bedford  de  re- 
noncer à  se  battre  contre  son  frère, 
s'y  refuse,  240;  —  cité,  241,  242. 
Pierrefonds  (  porte  de  )  ,  Perefons ,   à 

Compiègne.  Citée,  98. 
Pierrejonds,     Perefons  ,     Periefons , 
Parefois.   Citée ,   98  ;  —  tentatives 
pour  livrer   le  château  de  ce  nom 
aux  Bourguignons,    99;   — le  sire 
d'Offemont    en    est    maître  ,    171  ; 
—  la   ville  remise   à  Henri  "V,  en 
échange  dudit  seigneur  d'Offemont, 
pri>ouuier,  177. 
Pierrepojit ,   Perrepont.  La  ville  de  ce 
nom     prise    par   les     Dauphinois  , 
179;  —  livrée  aux  flammes,  180. 
Picquignj,   Piquengnj,  Piquignj.  Ci- 
tée ,    157;  —  les   déserteurs   de  la 
bataille  de   Saint-Riquier  s'y  réfu- 
gient,   166.  Yoyez  Chevaliers    de 
Picqnigny. 
PiQUEGHY  (Lignartde).  Fait  prison- 


nier à  la  reddition  du  château  du 
Quesnov,  178; —  exécuté  à  Amiens, 
ib. 
Poix  (Daniot  de) ,  Pois.  "Va,  avec  plu- 
sieurs   gentilshommes,   assaillir    le 
château  d'Aumale,  74. 
Poix  (  Jeannet  de  ) ,  Pois  (  Jeret,  Jeu- 
net,  ou   Jaquet  de).   Fait  prison 
nier  parles  gens  du  duc  d'Orléans, 
5  !  ;  —  cité,  73,  74,  note;  —  nommé 
amiral  de  France  ,  93. 
Pont     (  marquis     de  ).     Voyez     Bar 

(  Edouard  ,  duc  de  ). 
Pont-de-V  Arche  ,  ville.  Se  rend  au  roi 

d'Angleterre  ,  100  ;  —  citée,  102. 
Pont-de-Remr,  ville.  Résiste  à  une  at- 
taque faite  par  le  roi  Henri  T,  60; — 
citée,  III;  —  siège  de  l'île  du  Pont- 
de-Remy,  par  le  duc  de  Bourgogne , 
i58;  —  la  ville  consumée  par  les 
flammes,  ib.  ;  —  l'île  et  le  château 
pris,  dévastés  et  brûlés,  169;  — 
citée,  160,  i6r. 
Pont-Sainte  Maxence,  Maxensse,  ISIais- 
sence.  Se  rend  an  Roi,  92;  —  Ro- 
bert de  Savenses  en  est  fait  capi- 
taine, 211. 
Po^^TiEU  (Jean  de  Frawce,  comte  de), 
duc  de  Tonraine.  Gendre  de  la  du- 
chesse de  Hollande,  49;  —  cité,  68; 

—  prend  le  titre  de  Dauphin,  69; — 
conduit  à  Compiègne,  y  meurt,  ib.; 

—  cité,  70,  11.-],  note,  228. 
Pantoise ,  Pontese.  Le  duc  Jean  man- 
que d'être  assassiné  dans  cette  ville, 
21  ;  —  assiégée  et  prise  par  le  duc 
de  Bonigogne,  77;  —  le  sire  de 
L'Isle-Adam  en  est  fait  capitaine, 
ib.;  —  citée,  85,  86,  88,  107,  108, 
iio;  —  prise  de  celte  ville  par  les 
Anglois,  III. 

Proisj  (château  de)  ,  Proisi.  Assiégé, 

pris  et  dévasté  ,  209. 
Proisy  (Jean  de  ),  Proissy.  Capitaine 

de   la  ville  de  Guise  en  Thiérache, 

2l5. 


Q. 


Qiiesnoj;  Quennoy.  Siège  et  prise  du 
château  de  ce  nom,  178;  —  Jean  de 
Luxembourg  y  fait  mettre  le  feu,  ib. 

QuEtJS  (Jean  de).  Tné  en  faisant  le 
sonrgiietù  cheval,  167. 


Quieret  (Manassez),  Manessier. 
Capitaine  de  Ham  sur  Somme,  17  ; 
—  envoie  défier  le  duc  de  Bourgo- 
gne, i8. 


36o 


TABLE  ANALYTIQUE 


Rabèque  (  le  bâtard  de  ).  Fait  armes 
contre  un  gentilhomme  nommé 
Campremi,  20/,. 

PiAissE  (  seigneur  de  ),  Fait  partie  de 
rexpédition  contre  les  Liégeois,  1 1 . 

Rainbiires ,  Romhures.  Le  château  de 
ce  nom  tient  le  parti  du  Dauphin, 
172-  —  mis  en  l'obéissance  da  roi 
d'Angleterre  ,  18 1  ;  —  donné  par  le 
roi  Henri  VI  â  Colard  et  Ferry  de 
Mailly,  247,  App. 

Rambures  (  Adrien  ,  seigneur  de  ), 
abandonne  le  parti  du  duc  Philippe, 
iSa;  —  une  partie  de  ses  bieus 
donnée,  par  Henri  YI  ,  à  Colard  et 
Ferry  de  Mailly,  247,  Jpp.,- —  autre 
partie  de  ses  liiens  donnée  à  David 
de  Brimeu,  252,  App.,-  —  cité,  295, 
App. 

Rampston  (Thomas  de),  Rameston. 
Assiste  au  siège  de  Gmise-en-Thiéra- 
che,  214. 

Rasse  (  Pierre  de  Haverskerque,  seî- 
gnenr  de).  Voyez  Raisse  (seigneur 
de). 

Recourt  (Pierre  de) ,  Ratj court.  Rai- 
court.  Fait  armes  contre  un  Dau- 
phinois devant  le  seigneur  d'Offe- 
inont  et  Jean  de  Luxemboarg,  160; 

—  a  son  cheval  tué  sous  lui,  1O1; 

iibandonne  le  parti  du  duc  de  Bour- 


gogne, 217  ; 


prisonnier  pai 


Raoul  de  Gancourt,  21 8  j  —  ecar- 
telé  à  Paris,  i/>. 

Reims,  Rains,  ville.  Citée,  127. 

Reims  (  archevêque  de).  Voyez  Char- 
tres (Reginald  de). 

Renty.  Les  enfants  du  comte  d'Eu,  en- 
voyés prisonniers  au  château  de  ce 
nom,  i\. 

RicuEMONT  (  Artns  de  Bretagne  , 
comte  de  ).  Se  ligue  avec  les  autres 
seigneurs  de  France  contre  le  doc 
de  Bourgogne,  35;  —  assiste  an 
siège  d'Arras,  45;  — prisonnier  à 
la  bataille  d'Azincourt ,  65  ;  —  cité, 
i83,»6fe; — fait  un  traité,  à  Amiens, 
avec  le  duc  de  Bourgogne  et  le  duc 


de  Bedford  ,  200;  —  cité,  20  r,  note; 
—  assiste  à  une  journée  d'armes  faite 
a  Arras,  202  j  —  épouse  Marguerite 
de  Bourgogne,  204;  —  fait  conné- 
table par  Charles  VII,  ib.  ;  —  cité  , 
2o5. 

RoBSART  (Louis)  ',  Robessart.  Reste 
auprès  de  Catherine  de  France  après 
l'accord  fait  de  cette  princesse  an 
roi  d'Angleterre,  129  ;  —  accompa- 
gne dans  sa  fuite  Jacqueline  de  Haî- 
naut ,  et  la  conduit  en  Angleterre, 
228. 

RocHEFORT  (le  damoiseau  de).  Exé- 
ciité  comme  un  des  fauteurs  de  la 
rébellion  des  Liégeois,  14. 

RoNT  (Jean  de).  Fait  prisonnier  an 
siège  d'Etampes,  i\\  —  mis  en  li- 
berté à  la  reprise  de  cette  ville  par 
les  Bourguignons  ,25;  —  assiste  au 
siège  d'Arras,  48. 

RosBECQUE  (  hâtard  de).  Voyez  Rabè- 
que (  bâtard  de  ). 

Rose  (Laurens).  Tué,  72. 

RosiMBOs  (Jean  de)  ,  Roissibos.  Re- 
lève la  bannière  du  duc  de  Bourgo- 
gne, tombée  à  terre  durant  la  ba- 
taille de  Saint-Riqnier,  166;  — as- 
signé pour  comparoitre  devant  le 
prévôt  d'Amiens,  3oo,  App. 

Ross  (Jean,  seigneur  de),  Ros.  Dé- 
puté par  Henri  V,  vers  Charles  VI, 
pour  lui  demander  sa  fille  Catherine 
en  mariage,  laS;  — tué  à  la  ba- 
taille de  Baugé ,  1 54  ;  —  cité ,  807  , 
App. 

Roubais  (  le  bâtard  de  ),  Robais.  Fait 
armes  contre  nn  Dauphinois,  devant 
les  seigneurs  d'Offemont  et  Jean  de 
Luxembourg  ,  160. 

Rouen,  Roen.  Citée,  102  ;  —  siège  mis 
autour  de  cette  ville,  io3  j  —  forcée 
de  se  rendre,  io4;  —  conspiration 
découverte  ,  io5  ;  —  citée  ,  106  , 
i55. 

Rouen  (bailli  de).  Voyez  Sylvain 
(Jean). 


'  Aux  renseignements  donnés  sur  ce  seigneur  à  la  page  129,  note  i,  nous  ajouterons  celui 
que  nous  lournit  Lefebvre  de  Saint-Remy  (VIII,  355-36):  «  ï.oys  de  Robcrlsart ,  chevalier  de 
l'Ordre  de  la  Gartière d'Angleterre,»  fut  tue,  au  village  de  Conty,  elfîiovcmbre  i43o. 


DES  MATIERES. 


36 1 


RoOGE  Duc  (le).  Voyez  Louis  III,  dit 
le  Barbu,  comte  Palatin  du  Rhin. 

Rot  de  Flandre  ,  hérant.  Cause 
la  dëronte  de  Saint-Riqnîer  en  di- 
sant le  duc  Philippe  pris  on  mort, 
166. 

Royal-Lien,  Rojaulieu ,  ville.  Citée, 
211. 

Roye-en-Vermandois,  ville.  Se  rend  an 
dac  de  Bourgogne,  19; — citée,  20; — 
prise  par  les  Dauphinois,  121;  — 
fut  donnée   en  dot  à   IVlichelle  de 


France  ,  femme  de  Phijippe-Ie-Bon, 
il.  ;  —  assiégée  et  prise  par  le  sei- 
gneur de  L'Isle-Adam,  122; — citée, 
123-125; —  assemblée  tenue  dans 
cette  ville  par  plusieurs  seigneurs 
voulant  abandonner  le  parti  du  duc 
Philippe,  2175  citée,  219. 

RuBEMPRK  (  Antoine  de) ,  Ramboure- 
PERE  '.  Fait  chevalier  par  Hue  de 
Lannoy,  t8o. 

Rue,  ville.  Citée,  171. 

Ruisseauville ,  Ronsiauville.  Les  sei- 
gneurs francois  y  logent,  C2. 


S. 


Saint-Cloud,  Saint-Clan.  Le  duc  d'Or- 
léans se  rend  maître  de  cette  ville, 
21  j  —  prise  par  force  par  le  duc  de 
Bourgogne,  22  ;  —  citée,  23,79. 

Saint-Denis.  Citée,  i5;  —  querelle 
survenue,  dans  ceite  ville,  entre  les 
Brabançons  et  les  troupes  dn  comte 
de  Saint-Pol,  21;  — citée,  22,  36  , 
37  ;  —  le  Roi  vient  demeurer  dans 
cette  ville,  1085  — y  est  enterré, 
191. 

Saint-Georges  (Guillaume  de  "Vienne, 
seigneur  de),  Saint-Jorge.  Accom- 
pagne le  ducJeanùMonterean,  116; 

—  prisonnier,  ib, 
Saint-Germain  (Taleran  de).  Capi- 
taine du  château  du  Qnesnoy;  traite 
de  la  reddition  de  cette  place  sans 
l'avis  de  ses  compagnons,  178  ;  — 
se  retire  avec  une  partie  de  ses 
biens ,  ib.  ;  —  prisonnier  à  la  prise 
de  Ham ,  2 1 3  ;  —  exécuté ,  ib. 

Saint-Légier  (  Manroy  ou  Mauvray 
de).  Sert  le  duc  de  Bourgogne,  73  ; 

—  blessé  an  siège  de  Corbeil,  80  :  — 


envoyé  par  le  duc  Philippe  assiéger 
Tonssy,  i33;  —  a  un  commande- 
ment à  la  bataille  de  Saint-Riquier, 
16.5. 

Saint-Marcel.  Ses  faubourgs  pris  par 
le  seignenr  de  Fosseux ,  79;  —  les 
gens  dn  duc  de  Bourgogne  y  logent, 
84. 

Saint-Martin-le-Gaillard,  ville,  le-Gal- 
lart.  Assiégée  par  les  Angiois,  110. 

SaÀnt-Michel ,  lieu.  Cité,  199. 

Saint-Pol.  Citée,  3i  ;  —  les  troupes 
do  Roi  brûlent  les  faubourgs  de 
cette  ville  ,  46;  —  le  roi  d'Angle- 
terre y  passe  avec  le  roi  d'Ecosse  , 
i5i. 

Saint-Poi.  (Bonne  de  Bar  ,  comtesse 
de).  Citée  ,  11  ,  note;  —  fait  sortir 
de  prison  son  frère  Edouard,  34  ; — 
citée,  57,  note. 

Saikt-Pol(  Jeande  Luxembourg,  bâ- 
tard de  ).  Cité,  io3  ,  note  ;  —  porte 
à  son  bras  un  signe  de  défi  contre 
quiconque  soutiendra  que  Jean  de 
lïrabant  n'a  pas  un  plus  juste  droit 


'  Nons  avons  dit  (page  180,  note  4\  sur  la  foi  de  La  Morlière ,  qu'Antoine  de  Rubempri- 
«  vivoit  encore  long-temps  après  i453.»  C'est  une  erreur.  Koiis  Usons  dans  Saint-Remy  (VIII  , 
349),  sous  l'année  i43o,  que  le  seigneur  de  Croy,  commandant  les  troupes  du  duc  de  Bour- 
gogne contre  l'éTèque  de  Liège,  ((envoya  le  seigneur  de  Reubempré,  son  beau-frère ,  en  la  for- 
teresse de  Poileinache ,  pour  la  garder  allencontre  des  Liégeois  ;  mais  il  ne  fut  mye  longuement 
dedans  la  dicte  forteresse  que ,  à  une  saillie  qu'il  fist  allencontre  de  ses  adversaires ,  fut  blescbié 
et  emmené  prisonnier  à  Dinant,  où  il  morut  de  la  dicte  blessure.»  C'est  au  troisième  fils  du  sei- 
gneur de  Rubemprc  qu'il  faut  attribuer  ce  que  La  Morlière  a,  mal  à  propos,  mis  sur  le  compte  du 
père ,  ainsi  que  le  prouve  le  passage  suivant  de  Uu  Clercq  :  «  Le  duc,  pour  résister  aux  Allemans  , 
envoya  le  sieur  de  Reubempré,  chevallier,  nommé  Anlhoine  ,  nept'eu  du  dit  sieur  de  Croy, 
accompagné  de  quatre  cens  hommes  d'armes  et  de  quatre  cens  arcbiers....»  (Xill,  go,  .sous 
l'année  ,453.) 

Monstrelet  (  V,  3oi)  fait  erreur  eu  attribuant  au  seigneur  de  Rambures  les  faits  qui  concernent 
le  bcaufrère  du  seigneur  de  Croy. 


362 


TABLE  ANALYTIQUE 


à  faire  la  guerre  en  Hainaut,  que  le 
duc  de  Glocester,  241. 

Saint-Poi,  (Philippe  de  Bourgogne  , 
comte  de  ).  Prend  ce  titre  après  la 
mort  du  comte  Valerand,  son  grand- 
père  ,675  —  lieutenant  du  Roi  à 
Paris,  1195  —  ^'*''  '^  guerre  an  duc 
de  Glocester  à  la  place  de  son  frère, 
Jean  de  Rrabant ,  23o;  — met  le 
siège  devant  Braine-Ie-Comte,  ïji; 
— l'ait  abattre  et  saccager  cette  ville, 
ib.;  —  cité,  aSî  j  —  reçoit  l'ordre 
de  ne  pas  combattre  le  duc  de  Glo- 
cester, 233  ;  —  cité,  234. 

Saint-Pol  (  Valeran  de  Luxembourg, 
comte  de  )  ,  Saint-Paul  (  "Valerain 
de).  Accompagne  le  duc  de  Bour- 
gogne au  conseil  qui  se  tient  après 
la  mort  du  duc  d'Orléans  ,  3  ;  —  re- 
fuse de  suivre  ce  prince  dans  sa 
fuite,  4  ;  —  cité,  11,  note,  i5,  16  j 

—  capitaine  de  la  ville  de  Paris  , 
22  ; —  assiège  Saint-Remy-du-Plain, 
29;  —  gagne  la  bataille  de  ce  nom, 
ib.;  —  cité,  3o  ;  —  assiège  et  prend 
Concy,  3r  ;  —  cité,  34,  note  ; —  45, 
note;  —  fait  faire  une  sortie  contre 
les  gens  du  Roi ,  qai  brûlent  les  fan- 
bourgs  de  Saint-Pol,  46;  — cité, 
54  ;  —  se  rend  maître  de  plusieurs 
forteresses  au  nom  d'Antoine  de 
lirabant,  55; —  passe  à  Bar-le-Duc, 
voit  son  beau-frère  ,  ib.  ;  —  assiège 
le  château  de  La  Neuville  ,  ib.  ;  — 
se  rend  à  Yvois,  et  y  meurt,  ib.  ;  — 
enterré  dans  la  grande  église,  ib.;  — 
avoit  demandé  à  l'être  dans  l'abbaye 
de  Clercamp,  56;  —  cité,  67,  74, 
9.02,  24 1,  note. 

Saint-Quentin  ,  en  Vennandois ,  ville. 
Le  duc  de  Bourgogne  y  loge  ,   i  25  ; 

—  cité,  126. 

Saint- Rem  y-du-Plain,  Saint- Remy-aii- 
Plain.  Siège  de  cette  place ,  2g  ;  — 
bataille  de  ce  nom  ,  gagnée  par  le 
comte  de  Saint-Pol,  ib.  ;  —  se  rend 
audit  comte,  3o. 

Saint- Riquier.  Citée,  i55;  —  prise  de 
cette  ville,  167;  —  citée,  t58;  — 
assiégée  par  le  duc  de  Bonrgogne  , 
159;  —  citée,  160,  i6i  ;  —  les  Dau- 
])hinois  veulent  faire  lever  le  siège  , 
162;  —  citée,  i63;  —  cette  ville 
rendue  au  duc  Philippe,  en  échan- 


ge des  prisonniers  qu'il  a  fûts  à  la 
bataille   de  Saint-Riquier,   l'jo;  — 
citée,  172. 
Saint-Sauf-Lieu  (Charles  de).  'Voyez 

Saulien. 
Saint-Sauf-Lieu  (Louis  de)  ,  Saint- 
.Salien.   Obtient  de   l'abbé   de  Fé- 
camp   l'entrée  de  la   forteresse    de 
Beine   pour   Hector    de   Saveuses  , 
78. 
Saint-Vallery.  Les  Dauphinois  maîtres 
de  cette  ville,    t68;  — elle  se  met 
en    l'obéissance   du   roi   Henri  Y, 
i8t. 
Saint-Vandrillk  (  Ogier  de).  Tué  au 

siège  de  Tonssy,  i34. 
Saint-Yaudrille  (Ogerde).    Yoyez 

Saint-Yandrille  (Ogier  de  ). 
Sainte- Catherine  {\e  fort  de),  devant 
Rouen.  Le  roi  d'Angleterre  y  prend 
son  logement,  102. 
Salisbury  (  Aliènor,  comtesse  de  ) , 
Salsebri.  Citée,  197,  note;  224, 
note  /  —  assiste  à  une  fête  donnée  par 
le  duc  Philippe,  à  l'occasion  du 
du  mariage  de  Jean  deLaTrémoille, 
226  j  —  ce  prince  en  devient  amou- 
reux, ib. 
Salisbury  (  Thomas  de  Montagu  , 
comte  de),  Salsebry  ,  Salsebery. 
Gagne  la  bataille  de  Gravant,  197; 
—  met  le  siège  devant  Mont-Ai- 
guillon, 198;  —  s'en  rend  maître 
et  le  fait  abattre,  ib.;  —  assiège  le 
château  de  Moymers,  ib.; — assiste  à 
la  bataille  de  Terneuil  ,  222;  — 
vient  à  une  fête  donnée  à  Paris  par 
le  duc  de  Bourgogne,  225;  —  prend 
en  haine  le  duc  et  pourquoi,  ib.  ;  — 
sou  lient  le  duc  de  Glocester  dans  sa 
querelle  contre  le  duc  Philippe,  aSg. 
Sarrebrucbe  (Ame  de),  sire  de  Com- 
mercy,  Sallebrouse.  Tué  an  siège 
d'Arras,  48. 
Saulien  (Charles  de).  Tué  à  la  ba- 
taille de  Sainl-Piiquier,  168. 
Saveuses  '  (  Hector  de  ) .  Cité,  37  ;  -— 
défend  Compiègne  contre  le  Roi  , 
3y; —  fait  prisonnier  eu  allant  en 
pèlerinage,  53;  —  mis  en  liberté, 
ib_  ;  _  cité  ,  54,  73  ;  —  obtient  du 
seigneur   de  L'Isle-Adam  de   livrer 


passage  ,  par  sa 


ville,  au  duc   Phi 


Seigneur  (le  .Saveuses  .nprès  la  i 


•  son  frère  Guillaume  ,  i 


1  la  bataille  d'Azincourl- 


DES  MATIÈRES. 


363 


lippe  ,  76  ;  - —  pille  le  château  de 
Beine,  malgré  la  promesse  de  le  res- 
pecter, 78  ;  —  député  par  le  duc 
vers  la  reine  Isabelle,  Sfj —  se 
rend  à  Chartres,  et  prend  querelle 
avec  Hélyon  de  Jacleville,  82-  — 
s'empare  du  château  de  Bris  ,  83  ; — 
entre  dans  les  faubourgs  de  Saint- 
Marcel ,  84;  —  blessé  à  l'une  des 
portes  de  Paris,  ib.;  —  cité,  85  ;  — 
assiste  au  siège  de  Senlis,87;  — 
entre  dans  Paris,  91  ;  —  fait  ouvrir 
les  portes  de  Compiègne  au  nom  du 
Roi ,  92  ;  —  se  querelle  avec  le  sire 
de  Chantemerlc  et  veut  le  tuer,  ib,  ; 
— cité,  97-99,  II  '1  15  I  ;  —  accom- 
pagne des  Dauphinois  prisonniers 
avant  un  sauf-conduit,  122;  — 
s'oppose  vainement  à  ce  qu'on  en- 
freigne le  sauf-conduit,  I23;  — 
cité,  124  ;  —  tient  garnison  à  Nou- 
vion-le-Comte  ,  125; —  va  courir 
devant  Alibaudières ,  129;  —  as- 
siste au  siège  de  cette  forteresse , 
i3i. 

Savecses  (Jean  de)  '.  Envoyé  comme 
otage  en  Angleterre,  par  Charles  , 
duo  d'Orléans,  32;  —  cité,  78. 

Saveuses  ^  (le  Bon  de),  le  Boin.  Per- 
suade aux  Anglois  prisonniers  dans 
le  château  de  Gournay,  et  qui  s'en 
étoient  rendus  maitres ,  de  le  lui 
rendre,  ïof);  —  abandonne  la  cause 
du  duc  Philippe  pour  celle  du  Dau- 
phin ,  i53  ;  —  reçoit  des  lettres  de 
rémission  par  lesquelles  Henri  "VI 
lui  pardonne  d'avoir  servi  le  parti 
du  Dauphin,  et  le  rétablit  dans  ses 
biens ,  282,  /^pp. 

Saveuses  ^  f  Philippe  de  ).  Tient  gar- 
nison à  Compiègne,  87  ;  —  défend 


cette  ville  contre  le  Roi,  3ç)  ;  —  fait 
Ijrisonniers  le  seigneur  de  Chaule  et 
Enstache  Dénie,  53  ;  —  les  échange 
contre  son  frère  ,    54  ;  —  cité,  73  ; 

—  obtient  du  sire  de  L'Isle-Adam  le 
passage,  par  sa  ville,  pour  le  duc 
Jean  ,  76  ;  —  envoyé  à  Paris  par  le 
duc  de  Bourgogne,  83  ;  —  loge  dans 
Saint-:Marcel,  84;  —  défait  dans 
une  course  devant  le  château  de 
Breuil,  85;  —  assiste  au  siège  de 
Senlis,  87; —  entre  dans  Paris,  91  ; 

—  se  fait  ouvrir  les  portes  de  Com- 
piègne, 92  ;  —  obtient  l'ouverture 
de  plusieurs  autres  forteresses  du 
pays ,  ib.  ;  —  fait  un  grand  nombre 
de  prisonniers  anglois  et  les  conduit 
à  Gournay  ,  loS  ;  —  cité,  126  ;  — 
envoyé  an-devant  des  Dauphinois  à 
Saint-Riquier,  i(52  ;  —  donne  avis 
au  duc  Philippe  de  l'approche  de 
l'ennemi,  i63;  —  fait  chevalier  par 
le  duc  de  Bourgogne  à  la  bataille  de 
Saint-Riquier,  164  ;  —  met  le  siège 
devant  le  château  du  QnesnoT,  i  77; 
— cité,  179  ;  — poursuit  les  Dauphi- 
nois, i8i  ;  —  assiège  Compiègne, 
2!  i; — accompagne  Jean  de  Luxem- 
bourg au  siège  de  Guise,  214:  — 
intercède  auprès  de  Henri  TI  pour 
son  frère,  le  Bon  de  Saveuses  ,  qui 
avoit  pris  parti  pour  le  Dauphin, 
283,  -^pp' 

Saveuses  (Robert  de).  Cité,  t53,  note; 

—  capitaine  du  Pont-Sainte-INIaxea- 
ce,  211  ;  —  intercède  auprès  de 
Henri  VI,  afin  d'obtenir  le  pardon 
de  son  frère,  le  Bon  de  Saveuses,  qui 
s'est  laissé  entraîner  dans  le  parti  du 
Dauphin,  283,  ^pp. 

Senlis ,  Cenlis.   Siège  de  cette  ville  par 


'  Il  fat  fait  chevalier,  par  le  comte  de  Duuois,  le  n  août  i45i.  (Du  Clercq  ,  XII ,  11?..) 
'  Capitaine-général  du  comté  d'Artois  et  gouverneur  de  Béthune  (  Anselme  ,  VI ,  1 13  ;  et  VII  , 
8it3).  II  fut  pour\Tien  1436  de  l'office  de  lieulenant  de gaienier  de  Cambrai ,  concurremment  avec 
Enguerrand  de  Monstrclet,  ainsi  qu'on  le  voit  par  les  lettres-patentes  du  duc  de  Bourgogne,  dont 
il  étoit  écuycr  d'écurie.  Ces  lettres,  adressées  au  comte  d'Lstampes,  sont  datées  du  i3  mai  i436,  et 
sont  conservées  dans  le  cartulaire  manuscrit  de  l'église  de  Cambrai.  (  Mémoire  de  M.  Dacier  sur 
la  vie  d" Enguerrand  de  Monstrelet ,  Cheosiqces  ,1,8.) 

i  Seigneur  de  Saveuses  ,  vers  1420  ,  après  la  mort  de  son  frère  Hector.  Dans  la  note  qui  con- 
cerne ce  seigneur,  page  34  ,  il  est  dit  qu'il  fut  long-temps  capitaine  d'Amiens  et  de  l'Artois.  Du 
Clercq  (XIV,  3o6)  nous  apprend  qu'il  fut  déposé  en  i463  «de  sa  capitainerie  d'Amiens,  de  la 
cité  d'Arras  et  delà  ville  de  DouUens.  »  Il  itoit  .igé  de  soixante  et  douze  ans,  lorsqu'en  i465  le 
duc  de  Bourgogne  lui  «  envoya  ung  maïKlinicui  par  lequel  il  le  commectoit  capitaine-général 
d'Artois.»  {Ibid  ,  36  et  38.  )  .<  On  dit  an  i  \i>-^ ,  le  xxviiie  jour  de  mars  ensicvant,  trespassa  de 
ce  inonde  le  seigneur  de  Saveuses,  rugiii  ilr  i.xnvii  uns,  en  la  ville  d'Amiens.»  {Croniques  des 
pierres  et  advenues  es  royaulmes  de  franc-  pi  <l'  Inglelerrc ,  fol.  rnxxx,  verso,  deuxième  colonne.  ) 


364 


TABLE  ANALYTIQUE 


le  Roi ,  86  5  —  bataille,  87  ;  —  levée 
dadit  siège,  ib.  ;  —  otages  décapi- 
tés ,  ib. 

Sens ,  Sen ,  en  Bourgogne.  Assiégée 
par  Henri  "V,  iSS^  —  défendue  par 
le  seigneur  de  Bontouviller,  ib.;  — 
sa  reddition,  ib.  ;  — querelle  sur- 
venue dans  cette  ville,  entre  les  An- 
glois  et  les  Bourguignons  ,  iSg  ^  — 
citée,  r47,  i85. 

Serre  (marquis  de).  Fait  prisonnier  à 
la  bataille  de  Saint-Riquier,  169. 

SiGisMOND ,  empereur  d'Allemagne. 
Cité,  23.1. 

Soissons.  Citée,  38; —  siège  de  cette 
ville  ,  /Ji  ;  —  le  bâtard  de  Bourbon 
y  est  blessé  à  mort,  ib.;  —  dissen- 
.•>ion  dans  la  ville,  cause  de  sa  prise, 
42  ;  —  livrée  au  pillage,  ib. 

Soissons  (la  comté  de).  Apparteuolt  à 
Jean  de  Luxembouri',  216. 


SoREs  (  seigneur  de  ).  Fait  prisonnier., 
par  les  Dauphinois,  à  une  saillie  con- 
tre Complègne,  211. 

Spazeqderin  (Durse),  femme  de  Co- 
pin  de  L.^  "ViÉville.  Accusée  d'avoir 
empoisonné  la  duchesse  de  Bourgo- 
gne, 182,  i83,  note. 

Stcart  (  Jean  ) ,  connétable  d'Ecosse. 
Assiège  Gravant ,  196;  —  y  est  fait 
prisonnier,  197;  —  cité,  198;  — 
Charles  "VII  lui  accorde  le  droit  de 
porter  dans  ses  armes  l'écartelure 
de  France,  au  premier  et  dernier 
quartier,  3c6,  ^pp. 

SuFFOLK  (William  de  la  Pôle,  comte 
de),  SuFFORT.  Assiste  à  la  ba- 
taille de  "Veineuil ,  222  ;  —  vient  à 
une  fête  donnée  à  Paris  par  Phi- 
lippe due  de  Bourgogne,  225. 

Sylvain  (Jean),  bailli  de  Rouen. 
Assiste  au  siège  de  Compiègne,  211. 


Tabari,  capitaine  de  brigands.  Assiste 
au  siège  de  Senlis,  87  ;"  —  cité,  83  ; 
tué    an  siège  de  Toussy,  i34. 

Tancarville  (  Guillaume,  comte  de), 
Ancarville.  Beau-père  de  Jacques 
de  Harcourt,  loi  ;  —  cité,  i52. 

Thien  (bâtard  de),  Tion.  Capitaine, 
7'  ;  —  fait  pendre  un  nommé  Ga- 
difer,  78  ; —  mis  en  garnison  à  Sen- 
lis ,  pendant  le  siège  de  cette  ville  , 
86;  —  défend  Rouen  lors  du  siège 
par  les  Auglois,  102;  —  accompa- 
gne le  sire  de  L'Isle-Adam  au  siège 
de  Compiègne,  an  ;  —  récompensé 
de  .ses  bons  services  par  Charles  VI, 
246,  yipp. 

TiAN  (seigneur  de).  Conduit  les  trou- 
pes du  comte  de  Saint-Pol ,  i5. 

Tongres ,  ville.  Citée,  10,  12. 

Tonnerre,  comté.  Cité,  i33. 

TouLET  (  Robin  ).  ïué  dans  un  enga- 
gement prè.-i  Beau  vais,  {j5. 

TouLONGEoN  (  Antoine  de  ) ,  Toulon- 
G'jîf .  Défend  Rouen  pendant  le  siège 


de  celte  ville  par  les  Auglois,  io3  j 

—  cité,  II 3,  note. 
TouLONGEON  (Jean  de),  Toclongdon, 

dit  le  Borgne.  Assiste  au  siège  d'Ar- 
ras ,  44  î  — S^gne  la  bataille  de  Gra- 
vant. 197  ;  —  cité,  198. 

Tour-Maitre-Oudon ,  à  Concy.  Mi- 
née, 3x,  note. 

Tours,  ville.  La  Reine,  reléguée  dans 
cette  ville,  en  est  tirée  par  le  duc 
de  Bourgogne,    81  ;  —  citée  ,  iS;- 

Toiissj,  Coiissj.  Siège  de  celte  ville  par 
les  Bourguignons,  r33;  —  belle 
défense  des  bons  hommes  de  la 
ville,  ib. 

Trect ,  Tret,  ville.  Siège  de  cette  ville 
par  les  Liégeois  ,  9  ;  —  citée,  10. 

Trojes ,  en  Champagne.  Citée,  86, 
1 10  ;  —  ambassadeurs  anglois  reçus 
dans  cette  ville  par  le  roi  Charles  VI, 
12.^;  —  citée,  127,  129-132;  — 
arrivée  du  roi  d'Angleterre  dans 
cette  ville,  1 35  ;— il  s'y  marie,  i36; 

—  citée,  i85,  209. 


DES  MATIÈRES. 


365 


V. 


yains ,  ville.  Citée,  209. 

Valentine  de  MitAN ,  duchesse  d'Or- 
léans. Citée,  I,  noie;  7. 

Yaixixs  (Andrieii  de) ,  "Vai.lines.  En- 
voyé parle  dac  Philippe  an  duc  de 
Brabant,  ponr  loi  condaire  des 
troapes,  280;  —  tué  à  la  bataille  de 
Brawershaven,  236. 

"Vaurdzé  ou  Taurcffe.  Voyez  Yorus. 

Taux  (  Jean  de  ).  Se  venge  d'Hélyon 
de  Jacleville,  82. 

Fendoine.  Le  dac  Jean  va  dans  cette 
ville  au-devant  de  la  Reine,  81. 

."Vendôme  (Lyonnel  de)  ,  Vandonne. 
Fait  armes  à  Arras  contre  Poton  de 
Xaintrailles  ,  202-204  ;  —  blessé 
d'un  coup  de  lance,  dans  nue  em- 
bn.scade  ,    au  comté  de  Guise,   ai4. 

Venette ,  Femette,    ville.   Citée,    2H. 

"Verduisant  (seigneur  de).  Attiré 
dans  une  embuscade  par  Jean  de 
Luxembourg,  2i3;  —  fait  prison- 
nier, 214  ;  —  mis  en  liberté,  ib. 


Termandois  (  bailli  de  ).  Voyez  Lar 
GiES  ouLiersis  (Thomas  de). 

T'erneuil,  au  Perche  ,  T'erneul.  Citée  , 
217,  220;  —  bataille  de  ce  nom  ga- 
gnée par  le  dnc  de  Redford  ,  223. 

f'ernon, an  Perche.  Henri  "V  va  dans 
cette  ville  avec  l'intention  de  com- 
battre le  Dauphin,    i5")el  i56. 

Veroult  (Pierre  de).  Cité,  149,  noce. 

Vertus  (Philippe  d'ORi.ÉANs  ,  comte 
de).  Cité,  7. 

Vezelaj,  redelay,\ï\\e.  dite,  184. 

Vienne  (  Evrard  de),  Biane.  Mort  au 
siège  de  Melnn,  i43. 

T'iUiers-le-Chastel.  Occupé  par  les 
troupes  du  Roi  au  siège  d'Arras,  46. 

Vincennes ,  Vicenne,  château.  Le  roi 
Henri  V  y  tombe  malade,  iSf). 

VoRtis  (  bâtard  de) ,  Verous.  Capi- 
taine de  la  ville  de  Meaux,  172  ;  — 
pendu  lors  de  la  reddition  de  cette 
ville,  175. 

Vorus  (Denis  de).  Pendu  lors  de  la 
reddition  de  Meaux,  175. 


w. 


YVaxcocrt  (le  seigneur  de),  Blan- 
couRT,  Vancourt.  Défend  la  ville 
du  Pont-dfe-Remy,  assaillie  par  le 
roi  d'Angleterre ,  60  ;  —  cité,  1 1 1  , 
i58. 

Wancourt  (  Louis  de  ) ,  Vaucourt. 
Fait  la  guerre  aux  Anglois ,  1 1 1  ;  — 
abandonne  le  parti  du  duc  de  Bour- 
gogne ,  1  53  ;  —  remet  la  ville  du 
Pont-de-Remy  entre  les  mains  de 
Jacques  de  Harcourt,  i58. 

Wargnies  (Louis  de),  Vargiwes  , 
Varigihes.  Sert  le  duc  de  Bourgo- 


gne, 73  •  —  donne  assaut  à  la  ville 
d'Aumale,  74. 

Warwick  (  Richard  Beauchamps  , 
comte  de  )  ,  Varvich  ,  Tarvic.  Dé- 
puté par  Henri  V  ,  vers  Charles  VI, 
pour  lui  demander  sa  fille  Cathe- 
rine en  mariage,  i25  ; —  envoyé 
pour  faire  lever  le  siège  de  Cosne- 
sur-Loire,  1845  —  cité,  3o-i,  App.; 
—  3o5,  App. 

Wast  (Castelain).  Capitaine,  71. 

Wiége-en-Thiérache ,  Viege-en-Ter- 
rasse.  Siège  du  château  de  ce  nom  , 
2 1 3  ;  —  pris  et  ravagé ,  ib. 


X. 


Xaistraimes  (Jean,  dit  Poton  de  ), 
Sainte-Traili.e.  Tient  la  ville  de 
Crépy-en-Laonnois  ,  i25  ;  —  prend 
Saint-Riqnier,  157  ;  —  défend  cette 


ville  contre  le  duc  de  Bourgogne  , 
169;  — ses  gens  tiennentle  château 
de  Douriers,  i(ja;  — fait  prisonnier 
à  la  bataille  deSaint-Riquier,i69; — 


366         TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


mis  en  liberté  en  échange  de  la  ville 
de  Saint-Riquier,  170; —  rend  le 
château  deDouriers,  171; — se  dis- 
pose à  faire  lever  le  siège  d'Airaines, 
iijç)- — prend  la  ville  de  Pierrepont, 
ib' ;  —  fait  armes  contre  Lionnel 
de  "Vendôme ,  202-204  ;  —  s'em- 
pare de  la  ville  de  Ham-sur-Som- 


me ,  212;  —  ne  peat  la  garder, 
s'échappe  et  s'enfait  à  Guise  en- 
Thiérache,  21 3  ;  —  tombe  dans  une 
embuscadede  Jean  de  Luxembourg, 
est  fait  prisonnier,  214  ;  —  fait  nn 
traité  par  lequel  il  est  mis  en  li- 
berté ,  ib. 


Y. 


YoRCH  (Edouard,  duc  d') ,   Iorc.  Taé 

à  la  bataille  d'Azinconrt ,  66. 
Yvois,    Yuvins,    Yvins.   Le  comte  de 


Saint-Pol  meurt  dans  cette  ville,  et 
y  est  enterré  dans  la  grande  église, 
56. 


FIN    DE    LA    TABLE    ANALYTIQUE    DES    MATIERES. 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  MATIÈRES 

CONTENUES  DANS  CE  VOLUME. 


Préface Page       vij 

Notice  sdr  Pierre  de  Fenin xvij 

Liste  des  ouvrages  consultés xxxix 

Mémoires  de  Pierre  de  Fenin i 

Appendice 2^3 

Glossaire SaB 

Table  analytique  des  matières 333 


FIN    DE    LA    TABLE    GENERALE    DES    MATIERES. 


ERRATA. 

Page      17 ,  note  4  ,  Manassez  Qaeiret lisez  Quieret. 

25 ,  ligne  1 1 ,  Aliens  ' Orlieiis. 

52 .  note  5 ,  évêque archevêque. 

54 ,  note  3  ,  rchers archers. 

i37,  note  a,  5  juin 4  juin. 

1 52  ,  ligne  1 5 ,  oonlé conte. 

i54,  ligne  i  de  la  note,  hommes  d'armes  an  cler..  armez  aa  cler. 

i65,  ligne  2,  sur  la  coste la  costé. 

169 ,  note  2 ,  Saint-Sanflliea ^aini-Sauflieu . 

179,  ligne  i3,  palais  ' palis. 

212,  ligne  I ,  Jaqnes  ' Jean. 

218,  ligne  23 ,  Biaavoir Biaurevoir. 

262 ,  ligne  1 2  ,  il  est  doyvent ils  doyent. 

352 ,  deuxième  colonne,  Lil-ladam TÀUadam. 


Cette  leçon  est  confonne  au  texte  fautif  du  manuscrit. 


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