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MÉMOIRES
DU MUSEUM
D'HISTOIRE NATURELLE,
PAR
LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT.
OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES.
DÉDIÉ AU ROI.
TOME QUATORZIÈME.
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RUE DES MATHURINS S.-J, , HÔTEL DE CELUNY.
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MÉMOIRES
DU MUSEUM
D'HISTOIRE NATURELLE,
LES PROFESSEURS ee ÉTABLISSEMENT.
dima ne-emdyuses
DÉDIÉ AU RO.
TOME QUATORZIÈME.
À PARIS,
CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,
RUE DES MATHURINS S.-J. , HÔTEL DE CLUNY.
1027.
NOMS DES PROFESSEURS.
(PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. )
Messieurs ,
PorTaL ,
. + «+ + + Anatomie de l’homme.
De Jussieu . . . . Botanique à la campagne.
DESFONTAINES. . . . Botanique au Muséum.
De Lamarck. : . . Insectes, coquilles, madrépores, etc.
GEosrroy-ST.-HiLAIRE . Zoologie. Mammiferes et oiseaux.
CEVIER 000 Anatomie des animaux.
LAUGIER : . . . . Chimie générale.
ConDtEr +. . . . . Géologie, ou Histoire naturelle du globe.
BRONGNIART . . ,. . Minéralogie.
Bosc IE Et Culture et naturalisation des végétaux.
Dumérirn + . . . . Zoologie. Reptiles et poissons.
Derruze
Secrétaire de la Société des Annales du Museum.
{
MÉMOIRES
DU MUSÉUM D'HISTOIRE. NATURELLE.
SUR LE GENRE DE REPTILES BATRACIENS,
s
Nommé AmPHivm A, et sur une nouvelle espèce de
. cegenre( AMPHIUMA TRIDACTYLUM ).
(Mémoire lu à l’Académie des Sciences, le 13 novembre 1826.)
| Par M. LE Bo, CUVIER.
Lx naturalistes placent avec raison au nombre des objets les
plus dignes de leur attention ces êtres qui semblent échapper à
nos méthodes, et qui, réunissant les caractères de plusieurs fa-
milles, n’appartiennent en quelque sorte à aucune; ils veulent
les voir de plus près, et se montrent disposés à douter de
l'existence de ces combinaisons insolites, tant qu’ils ne s’en
sont pas convaincus par leurs propres yeux. C’est ainsi que
jusqu’à ces derniers temps il s’est trouvé des écrivains qui
ont soutenu que la sirène laceriine de Linnæus n’étoit pas
un animal parfait, mais seulement la larve de quelque reptile
- ‘batracien, plus ou moins semblable à une salamandre, et
quelle devoit finir avec l’âge par perdre les branchies exté-
rieures qui la caractérisent, et même par prendre des pieds
de derrière comme les autres salamandres. On a même pré-
tendu avoir observé cet animal dans l’état adulte; et un na-
turaliste italien a écrit qu’on le voyoit au Muséum des chi-
Mém. du Muséum. t. 14. I
0) RePTILE BATRACIEN È
rurgiens de Londres avec ses quatre pieds, et ne portant plus
de branchies.
Cette prétendue sirène adulte étoit connue depuis long-
temps, et même celui qui a fait connoître la sirène ordinaire,
le docteur Alexandre Grardèn, de Charlestown, l’avoit aussi
observée, et l’avoit envoyée en 1771 à Linoæus, et en 17795
à Ellis, sous le nom d’Æmphivma means; :mais Linnæus
qui avoit fait paroitre la douzième édition de son Systema
Naturæ en 1566, étant mort avant d’avoir pu en donner une
treizième , ces documens étoient restés parmi ses papiers,
et n’ont été connus que par l'édition que le chevalier James-
Edouard Smith a donnée en 1821 de la correspondance du
grand naturaliste suédois.
Depuis lors les naturalistes des Etats-Unis se sont occupés
avec intérêt de cet animal. Le docteur Milchill en a envoyé
en 1822 une description à l’administration du Muséum d’His-
toire naturelle. La même année il en a paru une dans le He-
dical recorder du mois de juillet, où l'animal est nommé
Chrysodonta Larræformuis.
Il y a surtout deux articles du docteur Richard Harlan ,
qui en font connoître très-exactement les caractères exté-
rieurs et la configuration: le premier dans le troisième vo-
lume du Journal de l'Académie des sciences naturelles de
Philadelphie, de mai 1823, avec une lithographie par M. Le-
sueur ; le second dans les Annales du Lycée d'histoire natu-
relle de New-Yorck, de juin 1825, avec une figure dessinée
par M. Rembrandt Peale.
M. Harlan ayant bien voulu me faire l’envoi d’un échan-
tillon de son Ærnpluiuma, je me suis occupé d’en faire la-
natomie, et surtout de comparer son ostéologie avec celle
NOMMÉ AMPHIUMA. 3
de la sirène : ce qui m'a donné de nouvelles preuves que ces
deux animaux ne peuvent aucunement être des âges différens .
l’un de l’autre. Sous cé rapport, les observations qui vont
suivre peuvent déjà offrir quelque intérêt; mais j'ai eu tout
récemment l'avantage de pouvoir en ajouter de semblables
sur une autre espèce du même genre, beaucoup plus grande,
et entièrement nouvelle, et distinguée à l’extérieur par le
nombre de ses doigts, qui est de trois à tous les Piéds; tandis
que l’Æmphiuma décrit par le docteur Harlan n’en a que
deux.
C’est une confirmation d’un fait qui résultoit déjà dle plu-
sieurs autres observations, savoir, que les animaux, plus ou
“moins rapprochés de la forme de nos salamandres et de nos
proteus, sont beaucoup plus nombreux dans le nouveau
continent que dans l’ancien.
MM. Say, Harlan, Mitchill, Écone et d’autres encore, ont
déjà donné, sur ces différens êtres, ds notes intéressantes,
et qu'il seroit fort à désirer de voir réunir sous un point de
vue comparatif. On doit surtout souhaiter de savoir si, effecti-
vement, plusieurs de ceux qui ont des ouvertures sur les côtés
du cou n’ont de branchies à aucun âge. M. Harlan l’assure
de la salamandre des monts Alleganys, dont il a fait même,
par cette raison, un genre, d’abord sous le nom d’Æbran-
chus, et ensuite sous celui de Menopoma, tandis qu’il croit
qu’une espèce très-voisine, le #tton lateralis de M. Say,
conserve ses branchies pendant toute sa vie, et qu’il en fait
en conséquence un genre quil nomme Wenobranchus.
L'opinion de ce savant naturaliste est aussi que l’Ærphiuma
n’a jamais de branchies.
Ilest fort inutile de disputer sur les faits. Ainsi, tant que
1”
4 Reprire BATRAGIEN
l’on ne pourra point produire les larves de ces animaux por-
tant encore des houppes branchiales, il ne sera pas possible
de soutenir qu'ils se conforment à la règle commune; mais
j'avoue que toutes les vraisemblances me paroïssent cepen-
dant favorables à cette opinion. Leur os hyoïde, la distribu-
tion de leurs artères, tout en eux est semblable à ce qu'on
voit dans les batraciens ordinaires; et l’on auroit même de
la peine à expliquer l’existence de ce trou qu'ils ont aux
côtés du cou, si l’on ne supposoit que c’est un reste de leur
premier appareil respiratoire.
Quoi qu'il en soit, nous allons décrire nos deux espèces
d’Amphiuma , telles que nous les avons sous les yeux, lais-
sant aux naturalistes qui pourront les observer dans leur
pays natal à constater l'état dans lequel elles se montrent
d’abord dans le monde.
1°. AMPHIUMA MEANS.
L'Amphiuma means, que l’on pourroit appeler aussi Æm-
phiuma didacty lum , a le corps alongé et cylindrique, la tête
déprimée et obtuse, la queue comprimée, pointue, tranchante
en dessus sur les deux tiers de sa longueur , et arrondie en des-
sous. Le diamètre de son tronc, versle milieu , est du vingtième
de sa longueur totale; il s’'amincit un peu en arrière, et la
queue devient de plus en plus mince jusque vers sa pointe.
Elle prend plus du quart de la longueur totale; ou pour parler
plus exactement , elle y est comprise trois fois et deux tiers. La
tête est aussi large que le tronc, mais un peu moins haute; sa
longueur est environ du treizième de celle de l’animal. La
circonscription horizontale de son museau est à peu près pa-
rabolique. La mâchoire supérieure avance plus que l’infé-
NOMMÉ AMPHIUMA. 5
rieure, et la dépasse aussi latéralement. La fente de sa bouche
- prend à peu près moitié de la longueur de la tête. Les na-
rines sont percées au bout du museau, et assez près l’une de
Vautre. Les yeux sont aux côtés de la tête,.un peu plus en
- avant que la commissure des lèvres, et placés de manière que
ladistanced’un œil à la bouche est à peu près égale à la moitié
de l'intervalle qui est entre les deux yeux. L’œil lui-même
est rond, sans paupière, recouvert par la peau qui devient
” seulemént transparente à cet endroit comme dans les an-
guilles : le diamètre de l'œil est très-petit. Les lèvres sont
minces et peu proéminentes. Il y a sous chaque lèvre une
rangée de dents coniques, pointues, un peu arquées, ser-
rées les unes contre les autres. J’en ai compté vingt.de chaque
côté à la mâchoire supérieure, et seize à l’inférieure. 11 y a
de plus au palais des dents semblables, mais plus petites,
rangées sur deux lignes, une de chaque côté, et qui se ren-
‘eontrent en avant en angle aigu; chacune de ces rangées pa-
latines en a quatorze ou quinze. On voit l’orifice interne de
“a narine de chaque côté entre la rangée des dents maxillaires
et celle des dents palatines du même côté, vers leur partie
postérieure : ces orifices sont de simples trous dont le bord
inférieur est membraneux , et pourroit faire fonction de val-
vule, pour empêcher l'air ou l’eau de remonter de la bouche
vers la narine. C’est à peine si l'on peut dire qu’il y a une
langue : un léger bourrelet de la membrane qui tapisse la partie
inférieure de la bouche en marque seul les contours qui
représentent un triangle un peü moins large que la mâchoire,
mais de même forme. On aperçoit dans le fond de la bouche,
sur la base de cette légère proéminence triangulaire , un très-
petit trou entouré de lèvres à peine visibles, et qui est la
6 Reprire BATRACGIEN
glotte de l'animal. Il ne se montre aucune trace d’oreille
externe, mais de chaque côté de l'arrière-tête, à la hau-
teur de la bouche, et à une distance de la commissure égale
à la longueur de la bouche elle-même, se voit l’évent, où
ce trou percé au cou dont nous avons déjà parlé. Il: est
ovale et un peu oblique, son extrémité supérieure étant
un peu plus en arrière que l’inférieure. Son plus grand dia-
mètre ne fait pas le quart de la longueur de la bouche: outre
les lèvres externes que lui forme la peau de ses bords, il a
deux petits replis ou lèvres internes, minces, membraneuses
et mobiles. Il n'y a d’ouvert qu’un seul orifice, quoique les
branches de l’hyoïde, comme nous le verrons, soient au
nombre de quatre, et que l'on puisse soupçonner que dans
l'état de larve, s’il a existé, elles interceptoient trois ouver-
tures. Un peu plus en arrière et un peu plus bas que cet ori-
fice se montre le pied de devant, qui a l'air d’un petit ten-
tacule plutôt que d’un pied. Sa longueur n’est pas du quart
du diamètre du tronc à cet endroit, et sa grosseur ne fait que
le sixième de sa longueur. On y distingue cependant un coude
et deux petits doigts, dont l’externe est un peu plus grand
que l’autre: ces doigts n’ont pas d'ongles. Tout le long des
côtés du corps on voit des plis transversaux, jusqu'aux pieds
de derrière qui s’attachent à la base de la queue, fort loin par
conséquent de ceux de devant, et qui les surpassent à peine
en grosseur ; ils n’ont aussi que deux doigts semblables à ceux
de devant. l'anus est une fente longitudinale placée un peu
plus en arrière que cette seconde paire de pieds. Tout cet
animal est couvert d’une peau molle, lisse, mate, et qui ne
montre d’autres inégalités que les plis des côtés, et quelques
grains très-fins dispersés sur la tête. Sa couleur est un gris
NOMMÉ AMPHIUMA. 7
noirâtre en dessus et un gris plus pâle en dessous, sans taches
niraies d’autres couleurs.
* L'individu que nous venons de décrire est long de qua-
torze pouces et demi; mais il y en a de plus grands, et
M. Harlan en a vu de deux pieds deux pouces anglaïs. Il en
a aussi observé un qui n’étoit long que de trois pouces, et
qui néanmoins ne montroit aucune apparence de branchies.
Cet animal habite dans les étangs des environs de la Nou-
velle-Orléans, de la Floride, de la Géorgie et de la Caroline
du sud. On le trouve quelquefois enfoncé à deux et trois pieds
dans la vase la plus épaisse où il se cache comme un ver de
terre : c'est à ce qu’il paroît ce qui lui arrive surtout pendant
l'hiver. On en a trouvé ainsi un grand nombre en creusant un
fossé auprès de Pensacola. Il peut vivre oo quel-
que temps sur la terre : et un individu qui s’étoit échappé
du vase où on le tenoit, fut retrouvé quelques jours après
bien portant et plein de vie. On pourroit dire, comme on
voit, que c’est en quelque sôrte plus qu'un amphibie,
puisqu'il peut vivre dans l’air, dans l’eau et- sous la terre;
et toutefois ce n’est probablement que par le moyen de
l'air qu'il respire, car il n’a d’autres organes de respiration
que des poumons. ï
Les nègres de ces.pays l'appellent, on ne sait pourquoi,
Serpent du Congo; et ils l’ont en horreur, prétendant, mais
a qu’il est très-venimeux.
< Que An TRIDACTYLUM.
Cette “ue de l’Æmphiuma à deux doigts convient
presque en toutes choses à l'espèce à trois doigts. Sa forme
générale est la même; son diamètre est vingt fois dans sa
8 REPTILE BATRACIEN
longueur; la longueur de sa tête y est près de quatorze fois;
sa queue en fait exactement le quart. Elle a des plis sem-
blables sur les côtés; sa couleur est la même. En un mot, il
faut, pour la distinguer, regarder de près à ses extrémités.
On voit'alors que ses mains et ses pieds sont divisés chacun
en trois doigts parfaitement distincts : c’est vraiment son seul
caractère extérieur bien sensible.
Cette espèce habite les mêmes pays que l’autre. Nos in-
dividus ont été rapportés de la Nouvelle-Orléans par M. Täin-
turier Desessarts, habitant de cette colonie, qui a offert au
Cabinet du Roi une collection intéressante de productions
naturelles rassemblées dans les divers cantons de la Louisiane.
30. OSERTATIONS ANATOMIQUES.
#
Ces descriptions extérieures prouveroient déjà suffisamment
que ni l’un ni l’autre Ærnphiuma ne peut être l’adulte de là
sirène. Une sirène de près de trois pieds de long ne montre
aucun vestige d’extrémité postérieure; ses pieds de devant,
les seuls qu’elle ait, se divisent en quatre doigts; ses lèvres
sont armées chacune d’un demi-cercle de substance de
corne; elle n’a aucunes dents maxillaires, et ses dents pala-
tines sont disposées en quinconce sur de larges plaques. Sa
grosseur proportionnelle est beaucoup plus considérable; en
un mot, il est impossible que deux animaux de même classe
soient plus différens.
Ces différences se soutiennent à l’examen des parties inté-
rieures.
La sirène a quatre-vingt-six vertèbres; l’amphiuma tri-
dactyle en a quatre-vingt-dix-neuf, et le didactyle cent douze.
La sirène a sept paires de côtes incomplètes, mais cepen-
NOMMÉ AMPHIUMA. hi:
dant, très-marquées, attachées à de courtes apophyÿses trans-
verses. Les amphiumes les ont bien au nombre de cinqou six
paires, mais réduites à de petits vestiges à peine reconnais-
sables, attachés à des apophyses transverses plus longues: ces
vestiges de .côtes ont échappé à M: Harlan:: Sur le reste
de l’épine les apophyses-transverses de lamphiume ne sont
pas dilatées autant que celles de la sirène; ses apophyses ou
plutôt. ses crètes épineuses ne sont pas coupées oblique-
ment en arrière comme dans la sirène; au contraire elles sont
inclinées dans ce sens. Ses vertèbres ont en dessous, vers la
partie antérieure, deux petites crètes dont la sirène n’offre
aucune trace.
}
Le membre antérieur, quoique beaucoup moins développé,
offre à peu près les mêmes parties que dans la sirène: une omo-
plate grêle, un coracoïdien élargi en demi-cercle, enchässé
dans une large lame cartilagineuse impaire qui tient lieu de
sternum et préserve l’appareil de la circulation.
C’est sartout par la tête que ces deux reptiles diffèrent : celle
del’amphiumenese rapproche pasmême autant qu’on auroit pû
le croire de celle du proteus, et c’est avec la salamandre aqua-
tique qu’elle a l’analogie la plus marquée. Elle est oblongue; le
crâne.est excavé en dessus par des fosses temporales très-rap-
prochées, et qui ne laissent entre elles qu’une crète sagittale
aigué. Le museau est formé, comme dans la salamandre, par un
osintermaxillaire impair portant dix dents, et dont l'apophyse
montante placée entre les deux narines va s’articuler avec le
frontal. Aux côtés de cette apophyse sont les üs propres du
nez qui recouvrent une partie des orifices extérieurs des na-
rines : c’est ce qui n’a lieu ni dans le proteus ni dansla sirène.
Les maxillaires forment, sur un espace considérable, les côtés
Mém. du Muséum. t. 14. 2
10 REPTILE BATRACIEN
de la mâchoire supérieure; leur partie postérieure se porte
sous l'orbite, et borne en dessous et en avant la fosse tem-
porale. Ils ont chacun trente dents dans lamphiume à trois.
doigts, et quinze ou seize seulement dans le didactyle. Je n'a-
perçois ni frontal antérieur ni postérieur, l'orbite n’a même
point d’apophyses en arrière; la crète temporale se réuuit
à sa correspondante sur les frontaux par un angle aigu, pour
former ensuite la crète sagittale. La suture coronale, placée
derrière ces crètes temporales, est aussi en angle aigu.
On voit distinctement que l’occipital n’est composé que de
deux pièces comme dans toute la famille des salamandres:
En dessous il n’y a, comme dans toute cette famille, qu’un
seul os plat pour tenir lieu du basilaire et des corps des deux
sphénoiïdes. Aux côtés de sa partie antérieure sont attachés
longitudinalement les deux os qui portent les dents pala-
tines, et que l’on a appelé tantôt palatins tantôt vomers.
Entre les frontaux et ce grand sphénoïde est lemème os que
dans la sirène et les salamandres, c’est-à-dire, l’analogue de
l'aile orbitaire suivi d’un espace membraneux. C’est aussi abso-
lument comme dans les salamandres, et spécialement comme
dans l’aquatique qu’est constituée la région temporale et auri-
culaire: on y voit une petite lame qui fait fonction de ptérygoiï-
dien; un os intermédiaire auquel est suspendue la mâchoire
inférieure, et qui, selon ma manière de voir, répond au ju-
gal(x); et uu os postérieur qui prend part aussi à l'articulation
de la mâchoire inférieure, et qui est, selon moi, le tympanal.
La fenêtre du labyrinthe est cachée en partie par l’os que
(t) Voyez à ce vujet l’Ostéologie des batraciens dans le cinquième volume de mes
Recherches sur les os fossiles.
NOMMÉ ÂMPHIUMA. k it
je nommie jugal; elle’est grande et fermée, comme danslles
genres dont jelviens de parler, par une plaque rondeiqui est
Vétrier, et qui n’a qu'un petit manche très-court, où plutôt
une légère tubérosité. Cette plaque est entièrement recou-
verte par les chairs et par la peau, et il n’existe ni <a Sr i
ni-trompe d’Eustache.. |
: L’os hyoïde ne ressemble entièrement à aucun de ceux
des genres voisins. Toute la partie linguale se réduit à une
Jame cartilagineuse mince. Ses branches suspensoires sont
au contraire très-ossifiées; formées chacune d’une pièce ar-
quée et creusée à son bord supériear d’un sillon profond.
Entre elles et plus en arrière est une pièce impaire, osseuse,
comprimée, plus grosse à son extrémité postérieure, qui est
le corps de l'hyoïde, et qui porte en arrière deux branches
osseuses, épaisses, arquées, qui ont leur moitié postérieure
arquée en sens contraire.
C’est à l'angle que forment ces deux portions de la bran-
che postérieure que se suspendent de chaque côté trois petits
arceaux cartilagineux, en sorte que qui ne verroit que le
squelette croiroit qu’il doit y avoir eu trois orifices de chaque
côté du cou; mais le fait est que deux des interstices sont
fermés par la membrane intérieure de la gorge et par la peau,
et que le dernier, celui qui est le plus en arrière et entre les
deux ‘derniers arceaux, est seul ouvert. Il restera à savoir si
c'est toujours là l'état de l’animal, ou si, dans sa première
jeunesse, il n’avoit pas trois orifices et trois houpes bran-
chiales attachées à ces arceaux cartilagineux comme la sirène,
le protée et les jeunes salamandres aquatiques.
Je dirai encore une fois que je suis disposé à le croire, et
l'examen des parties molles me confirme dans cette idée,
a *
————————
‘EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE L
ic. 1. L’Amphiuma means vu par le dos. — Fic. 2. Le même vu de côté. —
Fic. 3. Sa tête et ses pieds de devant vus par dessous. — Fic. 4. L’Æmphiuma
tridactylum vu par dessus.— Fic. 5. Sa partie antérieure, et, Fic. 6, la pos-
térieure vues par le côté. , .
PLANCHE Il.
Fic. 1. L’Amphiuma means ouvert par le ventre et montrant tous les viscéres en
situation. a L’estomac. D Le canal intestinal. c Le foie. d La rate. ee Lesreins.
f La vessie. gg Les organes de la génération. kk! Les poumons. : Le cœur dans
son péricarde, 7 2! Les branches de l’aorte. À Faisceaux musculaires dont les
intersections, tres-prononcées déterminent les plis transversaux que l’on ré-
marque sur les parties latérales de l'animal.
Fic. 2. Les viscères enlevés et étendus pour en montrer mieux les rapports et pour
faire voir les principaux vaisseaux. a L’estomac ouvert, montrant les sillons
longitudinaux de la menbrane muqueuse, qui se continuent en se rapelissant
dans les intestins grèles. b' Gros intestins tout-à-fait lisses à l’extérieur, 0" Rec-
tum ouvert, montrant l'embouchure de la vessie et celle des organes de Ja
génération. c Le foie, jeté de côté pour montrer la veine porte c'et la vésicule
bihaire 72. À Poumon droit, de deux pouces plus long que le poumon
gauche h': n Aorte descendante , formée par la réunion des deux branches 1},
qui en sortant du cœur se rendent aux arceaux cartilagineux qui constituent
le rudiment des branchies,.
Fig. 3. Crâne de l'Amphiuma means vu de côté.
Fic. 4. Le même vu par la face supérieure.
Fic. 5. Le même vu par la face inférieure.
Fic. 6. Crâne de l’Amphiuma tridactylum vu de côté.
Fic. 7. Le même vu par la face supérieure.
Fic. 8. Le même vu par la face inférieure. | «
IV. B. Dans ces figures, le crâne de l’Amphiuma trydactylum manque des ailes ptérygoï-
diennes qui devroient être en’ a , Elles ont été détruites par les fractures que le crâne avoit éprouvées.
Fic. 9. L’os hyoïde de l’'Amphiuma tridactylum vu de côté.
Pre. 10, Le même vu en dessous. : |
Fic. 11. Troisième vertebre de l’'Amphiuma tridactylum, portant un rudiment de
côte, vue obliquemnnt par le côté droit.
Fic. 12. Vingt-septieme vertebre vue de même.
Fic. 13. Une des premieres vertebres caudales vue de même.
Fi. 14. Bouche de l’'Amphiuma tridactylum ouyerte, montrant toutes les dents
maxillaires, les palatines à a, les ouvertures des arrières-narines b b, le rudi-
ment de la langue c , et les plis de la peau dd, qui tiennent lieu de lèvres.
IG. 15. Parties solides des extrémités antérieures de l’'Amphiuma means vues en
dessous.
Fic. 16. Les mêmes vues de côté.
Dans ces deux figures à est l’omoplate, b les plaques sternales cartilagineuses
formées probablement des 05 coracoïdiens, c L’humérus, suivi du cubitus et
du radius, qui portent un carpe cartilagineux et trois os métacarpiens et
phalangiens osseux:
Fic. 17. Parties solides des extrémités postérieures vues en dessous.
Fié. 18. Les mêmes vues de côté. Dans ces deux figures à est l’iléon, l'ischion,
c le pubis cartilagineux, d le fémur, suivi d’uu tibia et d’un péroné osseux,
d’un farse cartilagineux, et de trois os métalarsiens ét phalangiens osseux.
w'f
Sunilland del
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Werner Liho.
2 Langluime |
Lurillard deb.
Werner. “io.
NAFIRERE HJLHGOUADAL?
pk |ORGANOGRAPHIE
j
1 VÉGÉTALE.
Observations sur quelques végétaux miCrOSCOpIqUES ; et
sur. Le rôle important que leurs analogues jouent dans
la formation et l'accroissement du tissu cellulaire.
1 (Lues à l'Académie des Sciences de l’Institut, en sa séance du 12 Des 1826.)
Par P.-I.-F. TURPIN,
Membre des Sociétés Philomatique et d’Histoire naturelle de Paris ; de l’Académie des Sciences,
Arts et Belles-Lettres de Caen; de la Société Linnéenne du Calvados:
(La variété dans l’unité. )
LEIBNITZ.
Canet de la direction de la partie Iconographique du Dic-
tionnaire des sciences naturelles, mais plus spécialement de
la représentation du règne végétal, j'ai fait tous mes efforts
pour donner à l'exécution des Ro qui se rapportent à cette
première série des êtres organisés, l'étendue etla perfection que
me permettoient le plan de l’ouvrage et mes foibles moyens.
Mon but étant d'offrir au public, et de fixer, dans l'intérêt
de la science, cette gradation insensible qui nous conduit,
sans la moindre interruption, du plus simple au plus com-
posé, je m’étois souvent demandé ce que pouvoit être le vé-
gétal le plus simple dans son organisation ; celui qui devoit
être, considéré comme le Ar de départ, ou, en d’autres
16 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
termes, celui qui formoit le premier degré iszble de l'échelle
végétale (1).
Lorsque dans un tableau Iconographique j'ai tracé une
nouvelle théorie élémentaire sur la formation et l’accroisse-
ment des masses tissulaires des végétaux, je ne connoissois
rien alors de plus simple dans la nature que les Monilia ,
dont les espèces, comme on le sait, se composent d'indi-
vidus qui, pour toute organisation, offrent un petit nombre
de vésicules, nées successivement les unes au bout des
autres. Je m'en étois servi provisoirement comme de mon
point de départ.
Mais ayant fortement soupçonné l'existence de végétaux
univésiculaires, ou, pour parler autrement, de végétaux
n'ayant pour toute composition qu'une seule vésicule (2),
(1) Il existe réellement des rapports de gradation insensible entre tous les êtres
organisés; tous sont imperceptiblement liés, et semblent découler les uns des
autres, des plus simples aux plus composés. Ces rapports ayant lieu dans plusieurs
sens à la fois, il en résulte l'impossibilité absolue d’enchaîner naturellement les
êtres bout à bout , et d’en former une échelle de continuité, sans apporter dans
un tel ordre une foule de perturbations : l'annonce d’une méthode ou d’une classifi-
cation naturelle placée en tête d’un livre dans lequel nécessairement tous les!feuil-
lets doivent suivre, est toujours un titre imposteur.
Mais si, en supposant arbitrairement le nombre total des êtres vivans de cent,
et qu'avec vingt de ces êtres, bien choisis et convenablement étudiés, on compose
une échelle de gradation , ce qui est rigoureusement possible ; avec la connoissance
de cette échelle, on pourra toujours se rendre: compte à priori des quatre-vingts
autres. À
(2) J'entends par une seule vésicule l’analogue de celle que l’on isoleroit dune
masse de tissu cellulaire, masse, qui elle-même, est déjà le composé d’une grande
quantité de plus petites vésicules.
Dans l'origine, les vésicules sont remplies d’un fluide gommeux, véritable cam-
bium destiné à former, ou à nourrir simplement dans la suite , d’autres vésicules.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 17
je :m'arrètai à cette hypothèse; et en attendant que j'eusse
découvert ce végétal de la plus grande simplicité, je le figurai
en tête de la première ligne de mon tableau explicatif, et je
le considérai, dès lors, comme l'être élémentaire relatif ,
autour duquel, au moyen d’additions progressives d’êtres
semblables, toutes les modifications individuelles, du plus
simple au plus composé, devoient avoir lieu.
Avant d’aller plus loin , je sens le besoin de faire connoître
ici toute ma pensée sur ce que j'entends par cette loi de sura-
ioutement dont j'ai déjà parlé dans mon Iconographie élé-
mentaire des végétaux, et dans quelques autres ouvrages.
Je commence par avertir qu’il me semble impossible que
jamais un être organisé, ayant eu son centre vital d’organi-
sation, s'unisse à un autre ou à plusieurs autres semblables,
pour former un être plus compliqué, à moins que la chose
n'ait lieu au moyen de la greffe par approche; ce qui, dans
ce cas, ne constitue pas un être normal, mais bien un monstre
par excès. :
- Chaque espèce d’êtres, tels que nous les observons au mo-
ment actuel, vit pour son propre compte ; se perpétue, décrit
“son cercle, et meurt en faisant place à la nouvelle génération
qui lui succède. Ces êtres microscopiques LUE dit-on, jouis-
sent des facultés attachées à la vie animale, c’est-à-dire, du
mouvement et de la locomotion tant qu “ls restent à Pétat
d'isolement et seulement de la vie végétative ou inerte, dès
qu'on croit les voir s’agréger ou se souder les uns aux autres,
me semblent devenir le sujet d’une théorie fantastique née de
amour du merveilleux, et appuyée uniquement sur des
observations superficielles et peu suivies.
Mém. du Muséum. 1. 14. 3
18 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
Je n’ai rien vu qui püt confirmer cette théorie dans toutes
les recherches microscopiques que j'ai eu occasion de faire
jusqu'à présent. Je crois être assez avancé pour ae
ASSET TUMpONPRRRS de sa réalité.
J'ai vu, au contraire, à ma grande satisfaction , que les
êtres du monde microscopique ne se comportent pas au-
trement que ceux du monde visible à l’œil nu, dont ils ne
sont, en effet, que la continuité naturelle; qu’ils sont assu-
jétis aux mèmes lois, et que parmi ceux chez lesquels on
peut reconnoître des signes non équivoqués d’animalité (1),
quelques uns indiquent l’origme de plusieurs embranche-
mens d'animaux invertébrés connus dans lé monde visible.
Je ne puis en dire autant de ceux dans lesquels la végéta-
bilité est déjà manifeste. Là on ne trouve que des structures
très-simples, très-graduées, et que l’on ne peut comparer
qu’à des vésicules ou à des séries de vésicules isolées de la
masse tissulaire de végétaux d’un ordre plus élevé.
Quoique je n’aie rien vu de semblable, il est cependant
(t) Quoique les plus forts grossissemens de nos microscopes soient loin d'atteindre
les dernieres limites du monde organisé, ils nous conduisent cependant jusqu’à ce
point où les embranchemens végétaux et animaux tirent leur origine, et où
enfin tous les caracteres différentiels de ces deux classes d'êtres viennent s’éva-
nouir etse confondre.
Aussi est-ce sur ce point de jonction ou d’origine des embranchemens végétaux
et animaux , que les botanistes d’une part, les zoologistes de l’autre , semblables
aux Conquérans qui se baltent sur leurs frontieres respectives, se disputent et
s'arrachent tour à tour ces malheureux êtres végéto-animaux; tels, par exemple,
que les oscillaires , parmi lesquelles ce dernier caractere qui nous reste, le mouve-
ment, vient s’éteindre. Les oscillaires, qui ne se forment point par des globules
Jjuxtaposés, comme on l’a avancé, se lient naturellement aux végétaux par les
conferves, et peut-être aux animaux par les éponges.
Onganocrarmie Végéraur, 19
possible que certains animalcules se recherchent, à une
époque de leur vie; pour satisfaire à des besoins, soit d’as-
sociation, soit de reproduction, et que dans ce cas ils s’ajus-
tent, selon les espèces, tantôt bout à bout, tantôt côte à
côte, et d’autre fois dans tous les sens, de manière à former
des sortes de filamens simples ou rameux , des lames ou bien
des masses. Mais dans la supposition que de telles agréga-
gations aient lieu, toujours sera-t-il vrai qu’elles ne cesseront
pas d’être animales et qu’elles n’offriront réellement que
des simulacres de végétaux.
Au nombre de ces êtres supposés, qui se composent de plu-
sieurs autres êtres juxtaposés, se trouve l’oscillaire pariétine,
et conséquemment toutes les espèces du mêine genre. Cette
oscillaire étant très-commune-je m’en suis servi,pour m'as
surer si, Véritablement, elle se formoit, comme on le dit,
par agrégation, ou bien si, en restant assujétie à la loi com-
mune d’accroissement de tous les êtres organisés, elle gran-
dissoit progressivement de la base au sommet. Ce point d’or-
ganisation m’ayant paru très-important à vérifier, je ra-
massai au bas des murs cette production encore à son état
de globules, et l'ayant ensuite mise dans l’eau je l’observai
très-péniblement au microscope pendant plus de trois se-
maines. Après avoir été témoin du mode d’alongement des
filamens, je suis resté convaincu que l’on s’étoit trompé.
Que penser du reste si ce cas, et plusieurs autres sembla-
ble dont je ne puis parler ici, sont inexacts (1)?
0) Depuis la Ha de ce Ménome j'ai eu occasion de m’assurer que les
filamens muqueux, simples où rameux, dont se compose le Girodella. comoides
(Gaillon) , Conferva comoïdes ( Dillw. ),nese ha point par la juxtaposition
3*
20 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
Chaque espèce d’être organisé, soit végétale, soit animale,
reste au point que la loi de gradation lui a assigné; on ne la
voit jamais passer d’un règne dans l’autre seulement, comme
type normal, elle peut, de sa place, produire quelques-uns
de ces écarts que nous nommons des monstres; sortes d’é-
tres de peu de durée, et qui s’éteignent toujours sur le type
d’où ils se sont momentanément éloignés (1).
Mais ce qui n'est bien prouvé, c’est que, sans que les
espèces les plus simples aient besoin de s'unir, et de se sou-
der à d’autres pour former des espèces plus composées, on
ne peut s'empêcher de voir dans celles-ci des sortes d’agré-
gations des premières. En effet, si par la pensée on décompose
l’un des végétaux les plus compliqués, ou plutôt si, à l’aide
de végétaux très-simples, on compose celui-ci, il est de toute
évidence, qu'il en résultera des formes générales très-diffé-
rentes. Si, par exemple, on prend pour premier type le vé-
gétal univésiculaire qui fait le principal sujet de ce Mémoire;
qu’ensuite on y ajoute bout à bout quelques nouvelles vési-
cules, on aura cet autre type auquel on a donné le nom de
Mornilia; si lon continue d’ajouter d’autres vésicules on
obtiendra une conferve à filamens simples, c’est-à-dire , une
de navicules venues du dehors: ces filamens croissent de la base au sommet de la
même manière que les autres végétaux confervoides. Quand on observe cette pro-
duction marme dans tous ses états, on voit qu’elle commence par ne présenter que
du tissu muqueux dans l'épaisseur duquel il se développe ensuite, peu à peu, des
corps naviculaires. Je ferai connoître, dans un Mémoire particulier, la structuré
de cette singuliere production.
(x) Ces écarts, ces monstres, ces modifications, échappés par rayonnement d’un
type normal, disparoissent presque toujours à la premiere génération, si on ne
les maintient par des moyens artificiels, comme Ja greffe pour les végétaux.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 21
conferve composée d’une seule série de vésicules; si'sur le
sommet latéral de quelques unes des vésicules de celle-ci on
ajoute encore d’autres séries de vésicules, on formera une
conferve rameuse (1).
En soudant côte à côte plusieurs conferves simples ou uni-
sériales, un tel assemblage produira la composition laminaire,
et l’on aura réellement l’organisation d’une Uya.
Si enfin on applique un certain nombre de ces lames les
unes sur les autres, on arrivera à cette masse de tissu cel-
lulaire (2) à l’aide de laquelle la nature modèle à son gré les
formes des autres végétaux.
Gette loi de surajoutement dont je viens La faire Pappli-
cation à Fa formation du tissu cellulaire peut également se
rapporter à à toutes les parties constitutives du végétal, soit à
l’état normal, soit à l’état de monstruosité.
Offrons quelques exemples.
La feuille réduite à sa partie essentielle est une écaille; en
ajoutant à cette écaille elle devient un pétiole; en élargissant
celui-ci on forme une lame; en découpant cette lame on fait
une feuille lobée; en articulant et en multipliant plus ou
moins ces lobes, on obtient enfin le dernier degré de déve-
loppement de cet organe, c'est-à-dire, une feuille plus ou
moins foliolée, plus ou moins composée.
(1) Ce degré de l’organisation végétale marque l’origine des nœuds vitaux et de
toute espèce de ramification dans les végétaux.
(2) Ce tissu n’étant réellement qu’un amas de vésicules nées les unes à côté des
autres par l'accouchement de vésicules plus anciennes qui ont été leurs mères, la
dénomination de cellulaire doit être changée en celle de vésiculaire, qui exprime
exactement ce qui est: C’est ce que M. Link a parfaitement senti.
22 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
Il en est encore de même pour la complication du péri-
carpe. Deux péricarpes simples, unifoliés (1), uniloculaires
comme celui du haricot, soudés par le côté qui donne nais-
sance aux graines, produisent le péricarpe biloculaire d’une
gentiane; trois réunis de la sorte, celui du colchique; quatre,
celui du T'eéragastris ; cinq, celui de la fraxinelle; et enfin
un plus grand nombre, ceux de l'Aura crepitans , et d’une
renoncule.
Ne perdons pas de vue que par surajoutement j'entends tou-
jours une augmentation progressive du nombre des parties du
centre vers la circonférence , et jamais par juxtaposition (2).
(1) Tout péricarpe est le produit d’une ou de plusieurs feuilles qui restent sou-
dées de maniere à former toutes les modifications ou complications que cet organe
présente. Une feuille roulée en cornet sur sa page supérieure , et dont les deux
bords , en restant soudés , rentrent plus ou moins vers l’intérieur, offre le péricarpe
irrégulier et uniloculaire des légumineuses, ceux de la prune, de la pêche : cela
explique en même temps le sillon latéral de ces derniers.
De cette modification simple du péricarpe, on arrive successivement à celui de
l'Hura crepitans , qui présente de quinze à vingt loges, en opposant deux, trois,
quatre, cinq, six, el enfin jusqu’à vingt feuilles ovariennes. :
Un grand nombre de ces feuilles rangées alternativement et en spirale autour
d’un axe, toujours roulées et soudées par leurs bords, de l’extérieur à l’intérieur,
constituent les péricarpes des vraïes-renoncules, des magnoliers , etc.
La pomme, la gnyave, la grenade, offrent une plus grande complication ; in-
dépendamment de la soudure des feuilles ovariennes, celles-ci sont encore soudées
par leur surface extérieure avec les autres organes de la fleur ; organes libres, seu-
lement , au sommet de ces péricarpes , où ils forment une sorte de petite couronne.
Deux feuilles ovariennes, planes ou pliées, opposées, appliquées sur les deux
faces d’un axe central , stigmalifere et séminulifere, réduit à une simple mem-
brane dans sa partie médiane, fournissent le pericarpe des, cruciferes.
(2) Les partisans de la création d'êtres organisés par la juxtaposition d'êtres onga-
nisés plus simples, cherchent des analogies dans la substance nourricière qui.s’as-
simile aux massès tissulaires , en leur donnant plus de poids et plus.d’étendue.
t ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. «
Souvenons-nous encore que ‘chaque fois” que de l'être
a nous passons à l'être & plus ?, celui-ci, en même temps qu’il
à acquis quelques parties de plus, reçoit encore des facultés
qui lui sont propres; et se trouvé assujéti à de nouvélles lois;
que le plus qui le caractérise et le différencie du premier
entre en harmonie avec ce qui étoit déjà. .
Maintenant que je me suis expliqué suffisamment sur ce
que j'appelle la loi de surajoutement dansla formation des
végétaux, je reviens au sujet de mon Mémoire.
En supposant qu’il devoit exister dans la nature des-vé-
gétaux réduits à une seule vésicule, je m’étois dit : Si le vé-
gétal que je cherche existe, il doit être plus nombreux
qu'aucun autre ; il doit se présenter sous la forme globulaire,
enfin ‘il doit se trouver à la surface de presque tous les
corps; partout, en un mot, où’se rencontrent les conditions
d'humidité, air, de chaleur et de lumière, agens néces-
saires au développement de la végétation.
- Je ne m’étois point trompé dans mes conjectures. Ce vé-
_gétal univésiculaire je le foulois continuellement sous mes
pieds, je ne pouvois ouvrir les yeux sans qu’il ne me frappät ;
mais en le voyant de trop loin, je n’en pouvois juger que par
l'aspect des masses composées d’une quantité innombrable
d'individus.
On ne peut:sans doute concevoir ces changemens de pesanteur ,et de volume, que
par la juxtaposition|de nouveaux corps: venus du dehors et introduits dans l’orga-
nisation ; mais ces nouveaux corps, lorsqu'ils s’unissent à ceux de l’organisation ,
sont très-probablement inorgnanisés et réduits à cette molécule invisible que nous.
nommons élémentaire.
DE D ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
Je ressemblois à un observateur placé dans la nacelle d’un
ballon à une grande hauteur au-dessus d’une forêt, qui, en
n’apercevant qu’une immense croûte de matière de diverses
couleurs; confondroit le chêne, le hêtre, le noyer et les
autres espèces végétales contenues dans cette forèt! Ce ne
seroit qu’en se rapprochant des objets, que cet observateur
pourroit les distinguer et les décrire.
C’est ainsi que, l'œil armé d’un bon microscope, je me suis
approché d’une véritable forêt microscopique, et que, pour
la première fois, j'y ai distingué ce végétal que je cherchois
depuis long-temps, et dont je vais maintenant parler d’une
manière plus précise.
Comme tout le monde l’a remarqué, partout où il ÿ ahumi-
dité, chaleur, air et lumière, il se développe sur les surfaces,
telles que la terre, les pierres, la partie inférieure des murs;
sur les vieilles écorces des arbres morts ou vivans (fig. 1), et
jusque sur les toits, des couches de verdure d’une teinte
plus ou moins intense, selon que ces couches sont plus ou
moins épaisses, ou qu’elles ont pris naissance en des lieux
plus ou moins humides, plus ou moins abrités.
Ces couches de verdure, qui ont été désignées par les au-
teurs sous les noms, de Byssus botryoides (1) et de Lepra
botryoides , ne sont point des êtres lépreux ou poudreux;
inais bien de grandes associations, des forêts d'individus
distincts, qu'on a considérés comme des êtres particuliers.
Pour bien observer ces petits végétaux univésiculaires à leur
état d'isolement, il est nécessaire de les enlever avec pré-
(1) Palmella botryoides. Lyngbye, pag. 205.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 25
caution des surfaces qui leur servent de territoire, afin de les
avoir, autant que possible, dégagés de tous corps étrangers.
Le meilleur moyen est de suspendre des morceaux de verre
dans l'intérieur d’une serre chaude et humide; on ne tarde
pas à voir ces végétaux s y développer, et si ensuite on place
l’un de ces verres sous le microscope pourvu d’un fort gros-
sissement, on voit une quantité considérable de corpuscules
généralement globuleux, vésiculeux, de grosseur différente,
et conséquemment de tout âge, verts, transparens, luisans,
fixés par un point de leur surface au corps sur lequel ils
naissent; toujours immobiles; tantôt isolés et tantôt grou-
pés par deux, trois, quatre, cinq ou un plus grand nombre,
selon les points où ils sont nés, et lesflistances plus ou moins
grandes qui existaient d’abord entre eux (fig. 1 &)(1).
La dénomination de Byssus pour des végétaux qui ne pré-
sentoient pas des masses filamenteuses, ayant été changée en
celle de Lepra, qui désigne un être formé d’une croûte fa-
rineuse, mais qui n’exprime encoré qu’une idée tout-à-fait
inexacte, puisqu'elle indique une collection d'êtres distincts,
et non un être particulier ; je propose d’y substituer celle de
Globulina, sous laquelle, comme nom générique, viendront
se ranger toutes les espèces de Lepra simplement composées
de globules distincts.
La Globuline, nom collectif que je donnerai désormais à
(x) Cest par cette dernière cause que, semblable à certaines graines qui, d’ar-
rondies qu’elles étoient à l’état d’ovules, deviennent anguleuses par pression,
la forme globuleuse de ces petits végétaux paroït altérée dans ceux que l’on ob-
serve groupés.
Mém. du Muséum. 1. 14. 4 -
26 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
ces végétaux, est susceptible de se présenter sous toutes les
couleurs. Je suis très-porté à croire que la verte, Globulina
botryoides, la plus répandue dans la nature, commence par
être blanche, et que l’on pourroit, à volonté, la réduire à
cette couleur en l’étiolant: ce qui est certain, c’est que du
vert on la voit, sur les vitres des serres, passer successive-
ment au jaune, à l'aurore et au pourpre ( fig. 1 ). Quelques
espèces de ce genre, telles que les G/obulina lactea , cæ-
rulea, rubens, sanguinea (1), sulfurea et atra, offrent les
couleurs blanche, grise, jaune, bleue, rouge, et même la
noire. ( fig. 2, 3, 4, 4', 5 et 6). |
La Globuline, considérée comme un genre composé d’un
grand nombre d'espèces} me paroît tout aussi distincte qu’une
mousse, qu’une fougère, qu'un gramen, qu'un chène. Comme
tous ces végétaux, elle naît, vit, croît, et se reproduit pour
son propre compte, sans jamais passer de l’état de Globuline;
par juxtaposition, à celui d’une oscillaire, d’une conferve,
d’une tremelle ou d’une mousse , comme M. Hornschuch (2)
a essayé de le démontrer.
On peut encore moins la considérer comme une produc-
tion spontanée, puisqu'elle contient en elle un grand nombre
de globulins nés probablement de ses parois intérieures, et
destinés à la reproduire. J’ai vu plusieurs fois, sur le porte-
objet du microscope, des vésicules des Globulina botryoides
et Globulina atra (fig. 1 c et fig. 6 c), lancer au dehors
(1) Protococcus mivalis. AcaroH.
(2) Hornschuch, über die Entstehung und Metamorphose der niederen vegeta-
bilischen organismen ; dans les Actes de l'Académie des Curieux de la nature} de
Bonn, tome X , page 513.
OnGAnoGRAPHIE VÉGÉTALE. 37
leurs globulins absolument de la même manière qu'une vési-
culé pollinique expulsé ceux qu’ ’elle renferme; ‘ét que Pi
a nommés aura seminalis (fig. 26 © d ) his bles
‘Où chercher mainten ant dans le règne végétal des gé-
nérations spontanées , si le plus petit comme le plus siinpie
des végétaux se reproduit par mère (1)? |
Le genre Globulina se compose d’êtres qui marquent le
premier terme ou le premier degré visible du règne végétal;
ces êtres ne présentent aucun signe d’animälité; leurs indi-
vidus sont fixés sur le corps où ils ont pris naïssance, et
toujours parfaitement ##mobles.
L’odeur qu’ils répandent est celle des moisissures: ils ont
peu ou point de saveur; pressés sous la dent, ils craquent de
De à faire sentir que l’on écrase une vésicule.
‘Pour terminer l'histoire de la Globuline, je dirai qu’elle
possède éminemmént la faculté réproductrice et celle de
lextensibilité ; que ce petit végétal peut être considéré
comme/une sorté d’oyarre isolé, ou ce qui est bien plus
exact, comme l’analogue d’une vésicule isolée de la masse
tissulaire d’un végétal d’ordre plus élevé. Il arrive assez soû-
vent qu’un globule favorisé se développe outre sa mesure
ordinaire, ou qu'il se présente sous la forme d’une sorte
delgerminätion (fig.1 g): alors la vésicule, devenant plus
transparénte par extension, permet d’apercevoir dans son
: : rai
{i) Nerpeut-on pas supposer que dans! l’origine cette /vesicule végétale a com-
mencépartêtretune véritable Iproductionÿispontaniéey et(qu’ensuite l'espèce ait
acquisila faculté de seréproduire par mèrel, tout en«conservant en même témps
celle de la spontanéité ?
4*
28 PART PEER VÉGÉTALE.
intérieur les, globulins destinés à la reproduire, On remarque
ces deux cas, par les temps humides, sur la Globulinesdes
vitres des serres chaudes.
La Globuline verte, vue à l’œil nu, peut facilement être
confondue avec des êtres qui en sont fort distincts. Parmi
elle, nait une oscillaire qui commence par ne présenter que
l'équivalent de la Globuline, je veux dire par n’être qu’un
globule vert, au sommet duquel il ne tarde pas à s’en déve-
lopper un second, un troisième, et enfin un plus grand
nombre, de manière à former des filamens vermicilliformes
dans lesquels on aperçoit à peine deux sortes de mouvemens,
l'un, de systole et de diastole particulier à chaque globule (x);
et un autre, d’ondulation oude reptation qui se manifeste
dans toute l’étendue du filament.
En observant cette production zégéto-animale pour m'as-
surer si, comme on l’avoit avancé, les globules dont se com:
posent les filamens s’agrégeoient par juxtaposition, chose.qui
n'existe pas, j'ai vu plusieurs fois des globules qui, après
s'être lentement .approchés d’un autre, laissoient échapper
de leur intérieur une sorte de fumée, très-probablement
composée de petits globules reproducteurs.
Dans ces derniers temps on a cru et on croit encore que la
Globuline verte ou botryoïde n’existe pas, et que ce que
l'on a désigné sous le nom de Byssus botryoides n’est que
(1) Ce mouvement produit aussi une scintillation de lumiere, qui donne aux
globules l'aspect et le:brillant d’une petite émeraude: Cette scintillation. est tout
simplement produite par un léger, mouvement;.des globules , mouvement: occa-
sioné par le: déplacement: continuel des: molécules de: l’eau. qui s'élèvent: etse
vaporisent.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 29
loscillaire pariétine mal observée(1) ou seulement vue à son
état naissant. Je puis assurer que l’on s’est trompé, et que l’on
a confondu la Globuline verte, non-seulement avec l’oscil-
laire, mais encore avec plusieurs animalcules infusoires.
D 14
“La Globuline verte, soute végétale, est toujours parfai-
tement z#moble ; elle ne devient jamais autre chose qu’une
vésicule, tandis que l’oscillaire pariétine est un être fila-
menteux doué de mouvemens, à la vérité très-lents et très-
rares. f
Ici, comme dans certains terreins où les chardons finissent
par s'emparer de tout l’espace et étouffer les plantes plus dé-
licates qui s’y trouvent, l’oscillaire pariétine couvre, masque
la Globuline verte, au point que l’on s’est imaginé que cette
dernière n’existoit pas. |
On pourroit encore prendre pour de la Globuline ces ma-
tières vertes qui prennent naissance dans les eaux croupis-
santes, ou dans les infusions de viandes ou de végétaux, si
leimicroscope ne nous apprenoit que cesmatières vertes sont
produites par des amas considérables de petits animaux verts,
qui tantôt sont des Enchélides, tantôt des Cercares (2),
et d’autres fois ceux moins connus que l’on- trouve en très-
grand nombre dans les infusions végétales ou animales (3).
L "
@) Oscillatoria parietina. Vaucn. Osc. muralis. Acaron ET LyNGBYE. V’aucheria
muralis: Boryx. Lyngbya muralis. AcarDH.
(2). Raphanella urbica. Bory.
(3). Ces, animalcules’, que je. ne, puis rapporter avec. certitude à aucun de ceux
que décrit et figure Muller , me semblent des êtres assez compliqués. Leur.ma-
nière.des’agiter ; qui rappelle celle,du carabe doré, annonce en,:même.temps des
membres propres à la natation; une carapace, qui paroït.bivalve.et, fendue. aux
30 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
Dans toutes ces infusions, je n’ai jamais découvert une
seule vésicule de globuline verte,
Ici se présente une remarque assez importante à faire con-
noître. Lorsqu'on met sur le porte-objet du microscope une
goutte de l’infusion dans laquelle ces animalcules se trouvent,
on voit ces petits êtres, à mesure que le liquide s’évapore,
fuir la sécheresse, se presser les uns contre les autres, et
enfin mourir faute de l'élément nécessaire à leur existence.
En cet état de réunion, ils offrent quelque ressemblance
avec l’organisation vésiculaire d’une U/pa ou d’une feuille de
jongermanne. Si c’est là ce que l’on a entendu par des méta-
morphoses d'animaux en végétaux, l’erreur est grossière;
car il est évident que l’on n’a pas autre chose qu’une lame
formée d’animalcules qui ont cessé de vivre (1).
Quand on met de la Globuline dans l’eau, quelque temps
après il se dégage, à la surface de cette même eau, une
grande quantité de bulles d’air.
La cause de ce dégagement est toute simple et facile à con-
cevoir, si on se rappelle que j’ai déjà dit que la Globuline,
considérée en masse, représentoit une forêt d'individus de
tout âge, et dans laquelle tous les instans doivent présenter
des naissances et des morts. À mesure que les Globules mères
se crèvent, ils laissent échapper, en même temps que la
nouvelle génération qu'ils contenoient, cette portion d’air
qui y étoit enfermée, et qui, en raison de sa plus grande
deux extrémités, fait soupçonner que ces animaux pourroïent tres-bien , comme
le pense M. Straus, être voisins des Cypris.
(:) Quelque moyen que l’on prenne, ces animalcules ,' une ‘fois morts, ne
reviennent plus à la vie.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 3x
légèreté, arrive, sous forme de bulles, à la surface de l’eau.
Cette explication convient également pour l'air qui se
dégage des masses de tissus végétaux qui se décomposent dans
l’eau, puisque, comme on le verra bientôt, ces masses ne
sont que des amas de Globules vésiculaires simplement con-
tigus ou soudés par approche.
* La matière verte dont s’est servi le célèbre Priestley dans
ses recherches sur les différentes natures d’air, est-elle la
Globuline botryoïde? Je ne le pense pas, ou du moins il fau-
droit admettre que, s’il en a quelquefois fait usage, il a con-
fondu avec elle plusieurs espèces de végétaux d’un ordre plus
élevé, tels que des conferves. De là cette dénomination de
Mousse d’eau qu’il propose pour désigner sa matière verte.
Cet habile chimiste, ayant une mauvaise vue, et manquant
totalement de connaissance en histoire naturelle, comme
il en convient lui-même, nous a laissé, à l'égard de sa matière
verte, dans le vague le plus absolu.
Ce qui ajoute surtout à ce vague, c’est l'erreur dans la-
quelle il étoit tombé en confondant encore avec la matière
verte végétale, une autre substance également verte que
Fon obtient des infusions de viandes, et qui, comme je l'ai
dit, se compose toujours d’une multitude de petits animaux
amoncelés.
“Ingen-Housz, en répétant les expériences de Priestley,
parle de la matière verte, qu'il romme aussi de la mousse
d’eau, avec autant de confusion que son illustre prédéces-
seur. On voit pourtant plus clairement qu'il a fait usage, pour
ses recherches, tantôt de la Globuline verte, tantôt de con-
ferves, et d’autres fois de plusieurs espèces d’oscillaires.
32 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
M. Bory de Saint-Vincent, dans son article Matière verte
du Dict. des Sc. Nat. (1), en cherchant à mieux caractériser
la Matière verte, que ne l’avoient fait ses prédécesseurs,
l’a réduite à la seule Globuline botryoïde. 11 nous semble
qu'il auroit été mieux de dire tout simplement que, sous la
dénomination de Matière verte, Priestley , Ingen-Housz,
Sénebier, et plusieurs autres auteurs, avoient confondu
des choses fort distinctes, comme le Byssus botryoides,
l’oscillaire pariétine, l’oscillaire d’Adanson, des conferves,
et jusqu'aux animalcules verts qui naissent dans les infusions;
en un mot, tout ce qui, dans l’eau et dans les lieux humides,
leur présentoit l'apparence d’une mousse ou d’une croûte
verte, de laquelle ils voyoient se dégager des bulles d’air.
Convenons que l'expression Matière verte, telle que les
auteurs que je viens de citer l’ont entendue, n’a jamais été
qu’une dénomination collective appliquée à un grand nombre
de choses très-différentes ; et que comme corps organisé, dis-
tinct, ou même comme corps inorganisé, appréciable, elle
n'a jamais existé dans la nature ; que l’on ne peut pas non
plus la considérer comme un principe colorant, puisque
alors il faudroit supposer autant de principes analogues et
distincts qu'il y a de couleurs dans les objets de la nature.
Avant de revenir au principal sujet de ce Mémoire, je dé-
sire que l’on me permette de signaler une erreur dans la-
quelle sont tombés tous les auteurs qui ont écrit sur la ma-
tière verte.
Ingen-Housz dit : « Si l’on veut obtenir en peu de temps
Gi) Tome 29, page 324.
Ex
i Ja Sei semaine À
de Pr
de bœuf cuite, du fromage de-Roquefort, des tranches de,
_pommé de terre; ét enfin des morceauxde feuilles de 74
or o ls da Rene “ayant été froid, je n’ai 6b-
ue j'atiendois:que dans les premiers jours,
Te COMENT:
Le ha le résultat dé: ces quatre expériencés :
air. de bœuf retrcelle de feuilles d'4gave m'ont,
ide la matière verte; celles de fromagéretide
porime de terre érient d’un rouge d’ocre ou lacqueux, assez
e;mais, ce qu'il y'ade rémarquable, c’est que ces ma-
SRE e purent canin re
croscope, ‘présentoient, M dome
AUS Ve ss Yéurtagé KE on apr ah dns
(1) Ces soit ojeelaun io ne See CEE ronde que | He das Au
14 partie postérieure é'apfliant “he sorte! déféulbute, et rl #0
_ Mém. du M t. 14.
34. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE,
ment d’une livrée de couleur différente. Au lieu de matière
rouge, M. Edwards n'ayant obtenu que de la matière verte
de linfusion de pomme de terre, il est utile que j’avertisse
que mon expérience a été répétée sursix variétés de ce tuber-
cule, et que constamment ces variétés ne m'ont jamais fourni
que de la matière d’un rouge d’ocre, tirant sur la couleur de
lacque. D'où peut venir une différence aussi remarquable
entre le résultat obtenu par M. Edwards et le mien?
* J'ai dit plus haut que la Globuline végétale se composoit
d’une multitude de petits végétaux réduits à leur plus simple
expression; queiceux:ci étoient univésiculaires, généralement
globuleux , de couleurs diverses selon les espèces, et souvent
dans la même espèce; qu’ils se reproduisoient par mère, et
qu’enfin ils constituoient le premier degré 2rstble de l'é-
chelle organique des végétaux.
- Ce sont tes mêmes végétaux que j’ai figurés dans la pre-
mière partie du tableau qui accompagne ce Mémoire, et aux-
quels j’ai donné le nom collectif de Globuline solitaire, parce
qu’en effet chaque globule est un végétal tout entier.
Maintenant, sans abandonner lètre globuleux qu’elle a
hu créé , la nature va nous marquertun second degré d’or-
gdnisation végétale, en surajoutant seulement quelque chose
à ee qui existe déjà.
- C’est encore parmi les espèces du genre Lepra que bn
trouve les végétaux qui forment ce second degré.
-1Lorsqu’on observe, aumicroscope , les espèces de Lepra,
candelaris, chlorina , flavovirens , farinosa, antiquita-
tis (fig. 7, 8,9, 10 et 11), etc., on voit que le globule, au lieu
de.se. développer solitairement, est toujours précédé par un
OncGanoGrAP#1E VÉGÉTALE. ‘35
ani fibreux, Tégèrement -aplaü, ou ann ; sal
émane directement (fg.9 Bet 170). oluh;eb cena
-. Dans ce second. ‘cas d'organisations ue ns AE PTCR
-cule, devient l'apo/hèce on le conceptacle des lichénographes.
-_ Avec ces végétaux, je forme un genre. auquel j je propose de
donner le nom d’Æ4/ysphæria, qui signifie globuline Rae
née, nom sous lequel je la désignerai plustard (x) 0
Cette Globuline enchainée;:comme la Globuline jar ere
naît de même sur la‘terre, sur:les pierres; sur les marbres,
sur les écorces, sur les mousses; elle présente toute sorte de
couleurs, et enfin ses vésicules contiennent, très-probable-
-ment, de mème les corps destinés à la spradlècrices O4
+ De ce second degré de l’organisation végétale, nous allons
“passer à un troisième : celui duquel résulte la formation du
issu primitif des végétaux, que l’on a nommé le #ssu cellu-
aire ; celui enfin auquel je m’arrète dans ce Mémoire: Nous
. y retrouverons toujours cette même Globuline que nous
- avons déjà signalée, soit à l’état solitaire, soit à l'état d’en-
chaînement ; mais nous l’y verrons sous un appareil plus com-
_pliqué et restant toutefois l'organe ‘pineipal ou la Pare
essentielle de ces complications. ua! Lo
_. Nous verrons encore que, faute d’ nca té né Rene
tves, son identité a été méconnue chaque fois qu’elle s’est
: présentée sous des aspects différens.ou “ans des : FeTuee su
rentes des tissus végétaux. “
. En parlant de la Globuline solitaire, j’ j'ai fait remarquer que
la réseules qi compose ce petit végétal, étoit douée d’une
F a) Alysphérie. Atrpheri a. Globule enchainé, Pr “vns He et cad ia,
_ boule, globe. ; BRON EU >
5*
‘36 Oxcanveñaruir VéGérané,
lextensibilité plus ou moins igrai de,selon certaines circons-
tances de chaléur et d’humidité;, queidans-quelqués casson
-Noyoit cette vésicule globuleuse s’alonger presque en untube,
dans lequel d’autresiplus petites vésicules.se formoient àime-
sure (fig. 1 g). Ceite modification de la Globuline nous &on-
-duit tout. naturellement à; ces.végétaux que lon a nommés
des conferves, etdont les filamens ne sont, en effet, que: de
Ja Globuline elbrisée envésicules. tubuleuses; nées successive-
ment bout à bout, et dans laquelle paroït cette autre Globu-
Jine que l’on nomme improprement. de la Matière werte (a).
. Toutes mes observations sûr la structure, des conferves
m'ont prouvé que le tube, soit simple, soit rameux, esttou-
jours composé d’une série de vésicules alongées en tubes, et
développées les unes à la suite des-autres. Dans aucune des
espèces. de.cette grande famille je n'ai pu voir ce; tube -
unique-:qui, Selon M. Edwards; sert d’ Pnoern et à un. autre
tube articulé.) » : lat
: Un seul êtré,et même un petit dibaliré dues étudiés iso-
Panne et tout formés, ne peuvent être marion expli-
qu : c'est. de la connaissance d’un: grand nombre que la
vérité doit jaillir. L'étude des conferves, en général, nous dé-
montre quetoutes leurs espèces ont une tendance bien mar-
quée à se désarticuler à certaine époque de leur vie, comme
celase voit.dans les! Zygnema compressum et mtidum (2), :
(1) La vésicule pollinique;,.soumise aux mêmes conditions, produit PE
deslextensions tubulaires qui rappellent parfaitement la germination de la vésicule
réproductrice dés fégélaux conférvoides { fig? 26; e fi).
--Hes vésicules situées à-la surface des masses du tissu cellulaire s’y étendent, sou-
entssoit en papilles; soil em poils simples oulten poils cloisonnés.
(2) Conjugata Princeps. Vaucu. p.64 , tab. 4, fig 1, 6.
OrGanGGRAPHIE VÉGÉTALE. 37
dans lé Conferva dissiliens, et autres de ce genre, mais bien
plus particulièrement dans toutes les espèces des genres Dia-
toma et Fragilarra (fig. 25), dans lesquelles les vésicules qui
lès composent, se détachent avec la plus grande facilité.
© Si, d’un autre côté, on admet l ‘analogie qui existe entre le
‘filament d’une conferve et une série de vésicules isolées de
la masse du tissu cellulaire d’un végétal d'ordre plus élevé,
cette analogie suffit pour nous faire sentir qu'il n’y a pas plus
ün tube dans un tube dans les conferves, qu’il n’y a une vési-
cule dans une vésicule dans le tissu cellulaire.
Les deux lignes que M. Edwards a vues quelquefois au
pôint d’articulation des vésicules tubuleuses de la conjuguée
majeure de Vaucher (fig. 16 a), indiquent point l'extrémité
- des deux tubes intérieurs, mais bien les deux côtés ou les
“deux bords du diaphragme composé, vu presque de profil.
La Globuline dans les vésicules tubuleuses dés conférves
présente quelques modes particuliers d'insertion. En général,
elle est pariétale, c’est-à-dire, qu’elle naït des parois inté-
rieures des tubes ou vésicules, comme on le voit dans le Co»-
ferva rivularis (x) (fig. 14). Dans le Fragilaria unipunc-
tata (fig. 25), elle conserve la même insertion; mais elle
affecte, dans chaque vésicule, la disposition d’une petite
couronne. Elle s’agglomère en masse dans certaines parties
des Ectospermes , et enfin elle est centrale, et nait d’un
placenta crinuliforme, qui sé contourne en dite plus ou
. moins compliquée, selon les espèces de conjuguées dans. les-
_ quelles ce. me d'insertion a uv (fig: 15 et 16).
«ile k Nha]
(1) Chantransia rivularis. DC.
38 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
La Globuline des conferves est inégale en grosseur; sa
forme sphéroïdale s’alière quelquefois; sa couleur, verte dans
le plus grand nombre des espèces, est rose et pourpre dans
d’autres. Les vésicules les plus développées, celles qui cou-
rent le plus de chances de devenir le corps reproducteur, ont
été nommées, à cause de leur plus grande transparence, des
Corps hyalins, corps que l’on a jugés, à tort, inutiles à la
reproduction.
Je ne puis croire avec Vaucher, et plusieurs autres auteurs
qui l'ont suivi, que la Globuline, qu’ils nomment de la #1a-
tière verte (1), s'agglomère et se soude dans les conjuguées,
de manière à constituer une graine, où au moins un corps
capable de reproduire la conjuguée-mère (fig. 15 et 1608),
Ce genre d'organisation, par RenapashiOn » me semble
ici, comme partout ailleurs, opposé à toute espèce d’ana-
logie. Je pense, au contraire, et toutes mes observations
s'accordent en ce point, que, sur plusieurs centaines de vé-
sicules qui se développent dans un article de conjuguée,
une seule, plus favorisée que les autres, prend le dessus ;
(1) En considérant des corps organisés vésiculaires congme de la matière verte,
on a agi comme on le feroit en nommant un champ r. EN et un champ
de bleuets, l'un de matière rouge, et l’autre de matière bleue.
Lorsque , dans l’assimilation , la matiere s’unit à la matière, elle doit être dans
son plus grand état de division. Elle est invisible dans sa molécule ; elle est éle-
mentaire, elle est inorganisée. F
Il est donc de toute absurdité d’oser assigner à cetle molécule invisible une
forme quelconque ; et, ce qui me semble tout aussi absurde encore, de Îa présenter
comme un être organise, doué d’un mouvement instinctif qui le conduit versun
point de l'organisation où il doit échanger les avantages de sa vie individuelle
contre ceux de la vie d’agrégation.
:
OnGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 39
qu’en continuant de grossir elle absorbe toute la nourriture,
affame ses voisines, et enfin les met dans le cas d’avorter,
et de disparoître le pie souvent par une sorte d’ émulsion.
+11 faut remarquer qu’à mesure que la vésicule privilégiée
_ s'accroît elle devient plus transparente, et que cette trans-
parence permet de voir un grand nombre de plus petites
vésicules développées dans son intérieur. Ce sont, très-pro-
| bablement, ces petites vésicules nouvellement nées qui ont
induit en erreur, en offrant la fausse apparence d’un assem-
“blage de vésicules qui ont cessé d’exister.
* L’avortement de tant de corps reproducteurs, et le dé-
veloppement constant d’un seul pourroit paroïtre surprenant,
si nous ne savions d'avance que le règne qi offre pres-
que partout des cas semblables.
L’ovaire du giroflier aromatique ( Cape aroma-
ticus) est divisé en deux loges, dans chacune desquelles se
trouve une centaine d'ovules : à mesure que cet ovaire se
change en fruit, l’une des loges s’oblitère, et tous les ovules
| de cette loge restent rudimentaires; l’autre, en continuant
de s’agrandir, devient presque centrale, et dé tous les ovules
qu’elle contient, un set privilégié s’accroit, et produit un
embryon, ou plutôt une graine HU. de reproduire la
plante-mère.
Dans le châtaignier, sur les six loges et les deux ovules
développés dans l'angle de chacune de ces loges, cinq de
celles-ci disparoissent, et leurs dix ovules se sèchent et restent
rudimentaires : une seule loge s’accroit, et un seul ovule
se convertit en graine , rarement deux.
Des avortemens semblables et tout aussi constans se font
4o ORGANOGRAPHIE Vécérazr.
remar quer dans le fruit du chêne, dans ceux des amandiers,
des .jasminées, des sapindées, des palmiers, et notamment
dans ceux du-Cocos nucifera et du dattier. CHE bte
Des conferves, rausidérés comme des séries de vésicules
analogues à à celles qu’on peut détacher de la masse tissulaire,
des autres végétaux, on arrive, sans presque s'en aperce-,
voir, au tissu cellulaire en général (fig. 18). #7
En observant celui-ci tout développé, on voit qu “la est!
qu’un amas de vésicules soudées par approche (1), vésicules
qui, comme on sait, peuvent se désunir soit ‘mécaniquement,
soit par la simple macération; que la forme primitive globu-
- leuse des vésicules n’a été changée en celle d’un polyèdre,.
variable dans Ja même espèce et selon les espèces, qu’à
cause du défaut d’espace, et conséquemment de la gêne
qu’elles se sont mutuellement fait éprouver dans leur accrois-
sement. On voit encore que, semblables à celles des: con-
ferves, elles sont incolores , transparentes comme le cristal,
et sans la moindre apparence de pores ni de tissu (2).
(…) Letissu vésiculaire succulent‘dont se remplissent les loges des oranges et des
citrons, vésicules fusiformes , simplement contiguës, qui se développent en s’alon-
geant des parois internes vers l'angle des loges , uroit dû, depuis long-temps,
servir à expliquer le tissu cellulaire en général.
(2) Si M. Gaillon avoit comparé les vésicules tubuleuses dont se compose le
filament des conferves, aux vésicules du tissu cellulaire des autres végétaux, et
même à leur tissu vasculaire , il se seroit aperçu de suite que, dans les deux cas,
+ texture étoit absolument la même; que la couleur n’étoit due qu ’à la présence
elàlla couleur de la Globuline contenue , et il auroit, j'en suis sûr, renoncé à vou-
loir-animaliser de véritables végétaux , tels que les conferves, les moisissures, et
même jusqu'aux Chara. En suivant cette pente sur laquelle s'est placé M. Gaillon,
on arriveroit à faire une Némazoaïre, non-seulement de chaque vésicule ou de
chaque tube dont se composent les tissus dés végétaux du haut de l'échelle . mais
encore de tous les individus végétaux eux-mêmes.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. "43
D'où viennent donc toutes ces couleurs si riches, si variées
dont se parent les feuilles, les fleurs et les fruits, si les tissus
qui forment leurs masses sont entièrement dénuésdecouleurs ?
De même qu’on l’a déjà vu pour les conferves, toutes ces
couleurs sont le plus souvent produites par la présence de la
Globuline renférmée et développée sur les parois intérieures
des vésicules. Celles-ci, qui ont été d’abord de la Globuline
de diverses couleurs, sont dévenues blanches et. diaphanes
par extension. Si en cet état on les compare à des vases de
cristal remplis de grains blancs, verts, jaunes, pourpres, on
aura «ne ‘très-justé idée de la manière dont se manifeste
la couleur des végétaux (r).. À }
. On acquiert la preuve de la coloration des végétaux par
la présence de la Globuline, en enlevant d’une feuille pana-
chée de diverses couleurs (fig. 19 ) une petite lame de
tissu cellullaire, Cette petite lame, soumise au microscope,
offrira dans ses vésicules des amas de Globulines qui variront
en autant de couleurs différentes que la feuille en présen-
toit (fig. 20 ). Je n’ai pas besoin de dire que c’est la même
chose pour les pétales (fig. 22) : seulement dans ceux-ci
‘la Globuline est si petite, si rudimentaire, que le plus sou-
D meer
(1) Semblables à celles que produit le prismey Jles couleurs végétales dues sim
plement à la réunion des globulins dans l’intérieur des wésicules-meres »s’éva-
nouissent des qu’on isole les globulins, et qu’on les soumet à un très-fort gros-
sissement du microscope. Îls deviennent alors ce qu’ils sont réellement, ‘blancs et
diaphanes. Dès l’origine du règne végétal, la nature accorde là lalGlobulinesohtaire
toutes des couleurs qui doivent ensuite se:manifester danslle reste deswvégétaux.
Il ne faut pas confondre la:coloration des végétaux par la présence et:la;couleur
propre de la Globnline, ‘avec celle qui se manifeste sur certains fruits , comme le
pourpre de la pêche ; celle-ci est produite «par desfluides qui .se «concrètent ‘sou
forme de points à la surface, exposée au soleil , de ces sortes de fruits.
Mém. du Muséum. 1. 14. 6
42 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
vent on a peine, avec les plus forts grossissemens, à en aper-
cevoir les contours ( fig. 23 ) (x).
- Dans tout ce que l’on peut appeler des tissus verts, la
Globuline est verte (fig. 21); dans les tissus blancs, soit
ceux qui sont exposés à la lumière, soit ceux qui en sont
privés, comme la pomme de terre ( fig. 24), le topinambour
et autres, elle est blanche. Son insertion est invariablement
pariétale; ce qui veut dire qu’elle émane tonjours, par ex-
tension, des parois internes des vésicules-mères. Je ne lai
jamais vue affecter, dans l'intérieur des vésicules, aucun
arrangemerit symétrique , si ce n’est dans le Fragilaria
unipunctata (fig. 25), et dans la feuille de l’Ægave ame-
ricana (fig. 21), où elle simule une espèce de couronne (2).
Sa forme est généralement globuleuse tant que la capacité de
la vésicule-mère suffit à son développement : dans le cas
contraire, comme cela arrive dans le tissu de la pomme de
terre, elle se déforme par pression, et devient en grande
partie anguleuse (fig. 24).
La masse tout entière du peridium des Lycoperdons ou
(1) Dans les tissus trop jeunes ou dans les tissus épuisés comme le sont ceux de
la moelle, de la plupart des pétales, des étamines , des styles, des poils, etc., les
vésicules étant dépourvues de Globulines , ou n’en ayant que de rudimentaires, on
n’obtiendra jamais, de ces parties, la reproduction d’un nouveau végétal, comme
il arrive d’une portion d’écorce ou d’une feuille.
Pour qu’une portion de tissu puisse reproduire , il faut que les vésicules-mères
contiennent en elles de la Globuline suffisamment développée, puisque, comme
on l’a déjà vu, chaque globulin est un véritable centre-vital de reproduction.
(2) Depuis l’époque de la lecture de-ce Mémoire à l’Académie des Sciences, je
me suis assuré que l'insertion de la Globuline, sur les parois intérieures des vésicules-
mères, est toujours symétrique et disposée par séries de globules qui alternent
entre eux.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 43
vesses-de-loup; la capsule des 77ichia, des Ji ungermannia ,
des Marchantia, se compose de Globuline comparable à
celle que j’ai déjà nommée de la Globuline enchainée ; comme
celle-ci, elle naît d’un axe crinuliforme (fig. 17). Celle en-
fin qui se développe dans les anthères, et que l’on a nommée
pollen (fig. 26), présente les mêmes caractères que celle
dont il a déjà été question. Elle naït immédiatement de la
boîte anthérifère qui lui sert de vésicule ; elle est tantôt libre,
comme la Globuline solitaire, ou tantôt liée par des fibrilles,
comme la Globulineenchainée (fig.12); elle se soude quelque-
fois par approche, comme dans quelques crucifères( fig. 13),
dans les orchidées, dans les asclépiadées ; enfin elle offre
toutes sortes de couleurs. Ce qu’on a nommé aura seminalis
(fig. 26 d) n’est que la réunion des globulins que les vési-
cules lancent ou laissent échapper au dehors.
Je ne puis m'empêcher de consigner ici une observation
que j'ai eu occasion de faire, en soumettant au microscope
plusieurs sortes de vésicules polliniques. Parmi celles de la
tulipe des jardins, il s’est présenté plusieurs fois des vési-
cules dans un véritable état de germination plus ou moins
avancé (fig. 26 e f). Cette germination consistoit en une
extension tubulaire dans l’intérieur de laquelle on voyoit,
de même que dans la vésicule pollinique, la Globuline de
diverses grosseurs et répandue sans ordre apparent. Ce qui
est assez remarquable, c’est que cette germination, compa-
rée à celle de plusieurs conferves que j'ai eu occasion de voir
et de figurer, s’est trouvée être exactement la même (1).
(1) Une analogie frappante existe entre la structure des vésicules polliniques et.
à 6*
44 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
Il est très-probable que ce prolongement que M. Amicoi
a vu sur une vésicule pollinique du Portulaca pilosa; et
qu’il a interprété en faveur de la fécondation, n’étoit qu’une
germination semblable à celle dont je viens de parler (1).
On me demandera sans doute si une simple extension de
parties peut être considérée comme une véritable germina-
tion, et quel seroit le but de la germination d’un grain ou
vésicule de pollen? Je répondrai d’abord que toute germi-
nation végétale n’est jamais qu’une extension, qu’un accrois-
sement de parties par interposition de nouvelle Globuline;
ensuite, que cette germination n’est due qu’à un effort mo-
mentané favorisé par quelques circonstances, et à l’extensi-
bilité dont la nature a doué les êtres organisés (2). "
Si je ne craignois pas de dépasser les bornes d’un Mé-
moire, et d'anticiper sur la publicité de plusieurs faits analo-
le corps yésiculaire reproducteur des végétaux conferyoïdes ; l’une et l’autre de ces
vésicules se composent également de deux enveloppes, et contiennent , dans leur
intérieur, une grande quantité de globulins.
L'observation de ces deux faits appartient , celle du pollen à Kælreuter, et celle
du corps vésiculaire reproducteur des conferves à Vaucher.
L’enveloppe extérieure de ces deux sortes de corps vésiculaires ayant entière
ment terminé son accrescence, il en résulte que, dans la germination, cette enve-
loppe est crevée par la vésicule interne, qui seule conserve la faculté de s'alonger
en filament tubuleux, soit dans les çonferyes, soit dans le pollen,
La coléorhize des radicelles d’un grand nombre de végétaux a aussi quelques rap-
ports avec la vésicule extérieure du corps vésiculaire reproducteur des conferves et
du pollen; comme celles-ci, la coléorhize est une espèce d’enveloppe ou de tunique
extérieure dont l’accrescence terminée la met dans le cas d’être enfoncée par son
extrémité, afin de livrer passage à la radicule propre qui y étoit contenue.
(1) Annales des Sciences Nat., vol. 2, pag. 6.
(2) Ce prolongement étoit tres-distinct de ces espèces de trainces que forment
dans l’eau l'aura seminalis, quand il s'échappe de Ja vésicule pollinique.
-ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 45
gues à celui dont je viens de faire mention, je dirois qu'il
suffit qu’une vésicule pollinique soit convenablement nourrie
pour qu’elle se développe en une véritable. graine suscep-
ble de germer et de reproduire la plante-mère.
-_ Je sais que l’on m'objectera, comme ov l’a déjà fait, que
dans ce cas il n’y a qu’une simple conversion de la vésicule
pollinique en une graine, Si, par cette conversion on entend
celle qui a lieu de l'ovaire au fruit, de l’écaille à la feuille,
je l’'admets sans la moindre résistance, parce qu'ici il est clair
que l’un n’est que l'enfance de l’autre; mais si, au contraire,
on soutient que, malgré le changement de la vésicule pollini-
que en une graine, ces deux organes n’ont rien de commun,
je demanderai si jamais on a vu un cœur se convertir en pou-
mon, et celui-ci en foie dans la même espèce d’animal.
… Presque toutes les choses appréciables par les sens ont été
saisies par les observateurs ; la Globuline n’a point échappé à
leurs investigations. Elle à été aperçue partout où elle se
trouve, mais elle a toujours été méconnue dans ses analogies,
dans son identité même. On a considéré les diverses formes
qu’elle présente, selon les situations dans lesquelles on la
rencontre, comme autant d'organes particuliers; et de là ces
dénominations différentes qui n’ont servi ensuite qu’à entre-
tenir notre ignorance sur l'organe le plus important de la
végétation. Ainsi les masses de Globuline développées à nu,
soit à l’état solitaire, soit à l’état d’enchaînement, au lieu
d’être considérées comme une réunion d'individus distincts,
l'ont été par les lichénographes comme un seul individu
auquel ils ont donné le nom de Lepra.
Les auteurs qui se sont occupés des Lepra, les ont si posi-
46 ORGANOGRAPHIE VEGÉTALE.
tivement méconnus, et si bien considérés comme des indi-
vidus membraneux ou crustacés, qu'ils se demandent tou-
jours où sont leurs réceptacles.
« Les Lèpres n’offrent qu’une croûte étalée , le plus sou-
« vent irrégulière, composée de globules pulvérulens, liché-
« noïdes. Leurs réceptacles sont encore inconnus ( DC.
« F1. franç.). » La croûte étant une association d'individus
globuleux, il est clair que le réceptacle demandé par les
auteurs ne peut se trouver ailleurs que dans l'intérieur du
globule-indiwidu.
© Daris la Globuline née à l'intérieur des vésicules dont se com-
posent les filamens des conferves, on a vu que de la Matière
verte, quoique, selon les différentes espèces, cette matière
présente diverses couleurs. Dans les Lycoperdons, les capsules .
des Trichia, des Jungermannes, des Marchantia, la Globuline
analogue à celle que j'ai nommée Globuline enchaïnée, a reçu
le nom de Séminules ou de Gongyles; et cette expression me
paroît juste. Dans les feuilles, malgré que cet organe soit sus-
ceptible de se présenter sous toutes sortes de couleurs, M. Pel-
letier la désigne sous le nom de Ch/orophy lle : dans les tissus
privés du contact de la lumière, tels que ceux de la pomme
_de terre, du topinambour, du tronc des sagouyers, la Glo-
buline a été de la fécule ou de l’amidon; celle de la vésicule
pollinique des anthères de l'aura seminals.
La Globuline captive (1), je veux dire celle qui naît des
A
(1) La Globuline captive , comme organe, est susceptible ‘d’être altérée et de
prendre assez souvent un développement monstrueux , selon diverses causes qu
peuvent provenir, soit de l'interieur , soit de l’extérieur. Ces cas ont fourni aux
botanistes le moyen d’enrichir nos catalogues , et de doubler les espèces végétales.
L
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 47
parois intérieures des vésicules du tissu cellulaire, a joué et
joue encore un rôle très-important dans les excellens ouvrages
que M. Mirbel a publiés sur organisation végétale : ce savant
a vu dans la Globuline du tissu cellulaire des Pores annelés,
au moyen desquels il suppose que la transmission des-fluides
peut avoir lieu d’une partie des tissus dans une autre. Toutes
les personnes qui s'occupent de ces sortes de matières con-
noissent les belles et savantes discussions auxquelles les pores
annelés de M. Mirbel ont donné lieu: parmi les adversaires
de notre physiologiste français, on peut citer les noms de
MM. Tréviranus, Linck , Rudolphi, Sprengel, qui ne voyoient
dans les pores annelés que des concrétions ou des grains
amilacés formés isolément dans l’intérieur du tissu cellulaire.
Dans un de ses derniers ouvrages, M. Dutrochet, en com-
_ battant l'existence des pores annelés de M. Mirbel, a consi-
déré la Globuline captive dont il vient d’être question comme
des Corpuscules nerveux, où ;' en d’autres termes, comme le
siége nerveux des végétaux (1). ;
Dans un travail tout récemment publié, et dont je n’ai eu
connoiïssance que lorsque le mien étoit terminé, M. Ras-
Les genres Xyloma, Erineum, Uredo, ÆEcidium, etc., ne sont pour moi que de
la Globuline malade et extravasée sous l’épiderme des feuilles : aussi trouve-t-on
dans ces derniers genres presque autant d’espèces qu’il y a d’espèces phanérogames
dans le règne végétal. ]
Ces monstruosités, accueillies dans nos-herbiers , méritent qu’on les y conserve,
non comme des espèces normales , mais comme des cas qui intéressent cette partie
de la physiologie qui a rapport aux différentes maladies des végétaux. Seulement
il faut détruire les associations de genres et d’espèces auxquels on les à soumis,
et les placer à côté des individus qui ont fourni ces cas pathologiques.
(1) Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure intime des ani--
maux et des végétaux , et sur leur motilité , pag. 14.
48 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
pail, en se proposant des recherches sur la nature physiolo-
gique et chimique de la fécule, est arrivé, de son côté, à.
reconnaître que cette substance n’est ni un amas de concré-
tions amilacées, ni un assémblage de pores annelés, où de
corpusculés nerveux, mais bien uné masse de véritables vési-
cules néés immédiatement des vésicules-mères du tissu cel-
lulaire (1). l
2
CONCLUSIONS.
Le but principal de ce mémoire est de faire une applica-
tion de la loi de swr-ajoutement de parties aux organes
constitutifs des tissus, en démontrant l’analogie rigoureuse
qui existe entre ces petits végétaux univésiculaires que je
nomme de la Globuline, et cette autre Globuline née et
contenue dans le tissu cellulaire des autres végétaux, ou
plutôt de cette Globuline dont se forment en entier les
masses tissulaires des végétaux.
Comme les figures jointes à ce mémoire l’indiquent, j’ai
présenté la Globuline, en général, sous ses trois aspects les
plus remarquables, et j'ai désigné ces aspects par premier,
deuxième et troisième degré d'organisation végétale.
Le premier degré comprend toutes les espèces de végétaux
dont les individus ne se composent que d’une seule vésicule,
et dont cette vésicule, comparable à celle qu’on isole d’une
masse de tissu cellulaire, produit également, de ses paroïs
intérieures, de plus petites vésicules destinées à la reproduire.
(r) Développèment de la fécule dans les organes de la fructification des cé-
réales , etc. Annales des Sciences Nat. , tom. 6, pag. 410 et'suivantes.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 49
Ces petits végétaux, auxquels j’ai donné le nom de Grosu-
LINE VÉSICULAIRE SOLITAIRE, offrent le premier degré visible
du règne végétal. È
Dans le second, viennent se ranger d’autres végétaux dont
l'organisation ne diffère de celle des premiers que par un
petit thallé ou tige horizontale qui précède et donne nais-
sance à la vésicule qui en émane directement. Les vésicules
paroissant comme liées cer) elles par le moyen des thalles
fibreux, je leur ai donné, à cause de cela, le nom de Gro-
BULINE VÉSICULAIRE ENCHAÎNÉE.
On sent aisément que la Globuline enchainée seroit la
Globuline solitaire sans le thalle qui lui sert de support.
_ Ces deux si gai de Globuline se développent à nu dans
la nature; elles s'y présentent sous toutes les couleurs, et
ces couleurs nous révèlent déjà l’origine de presque toutes
celles que nous remarquons dans le règne végétal. Se repro-
duisant elle-même, on peut considérer chaque vésicule ou
chaque individu comme une sorte d’ovaire isolé.
Les Lichénographes ayant pris la collection«pour l’indi-
vidu ont confondu ces deux sortes de végétaux, et les ont
jetés dans une sorte de réceptacle obscur, auquel ils ont
- donné le nom de Lepra. ï
_ Le troisième degré comprend toutes les modifications de
la Globuline contenue dans le péridium des Lycoperdons et
des Trichia, dansles capsules des Jungermannia et des Mar-
chantia , dans les vésicules tubuleuses du filament des con-
ferves, dans la vésicule pollinique des anthères, et dans les
vésicules da tissu cellulaire. |
. Cette Globuline, que je nomme captive parce qu’elle est
Mém. du Muséum. 1. 14. 7
5o ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE
contenue dans des vésicules-mères, qui ont commencé par
être elles-mêmes de la Globuline, offre les mêmes caractères
que les deux premières: mêmes formes, mêmes couleurs,
mêmes modes de reproduction. Mais elle s’en distingue en
ce qu’au lieu de vivre et de croître séparément, elle reste
dans l’intérieur des vésicules-mères, où, le plus souvent,
gènée dans son développement, elle perd sa forme globu-
leuse, devient plus ou moins hexagonale, se soude ou s’entre-
greffe par ses surfaces, et constitue une nouvelle masse de
tissu cellulaire. AS
La Globuline captive, dont les couleurs produisent toutes
celles dont se parent les diverses parties des végétaux, est
en même temps la source ou l’origine des masses tissulaires ;
elle est l’organe reproducteur, ou, en d’autres termes, elle
est le véritable ovule des tissus. Chaque vésicule-mère étant
une sorte d’ovaire rempli d’ovules, on conçoit facilement
l'accroissement des masses tissulaires dans tous les points et
dans tous les sens, par le développement continuel des jeunes
vésicules, lorsque surtout, ces développemens sont favo-
risés par tous les agens nécessaires à la végétation.
Si on renfermoit de la Globuline solitaire, ou ce qui revient
au même, des végétaux univésiculaires dans un espace limité,
comme dans une capsule, ces petits végétaux se trouvant
mutuellement gènés dans leur accroissement, perdroient in-
sensiblement leur forme globuleuse; ils deviendroient plus
ou moins polyèdres, et, forcés de se souder par leurs
surfaces, ils formeroient une masse de tissu cellulaire, C’est
ainsi que les vésicules de la Globuline contenues et dévelop-
pées dans l’intérieur de la vésicule-mère, s’accroissent., s’en-
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. SI
tre-greffent de manière à renouveler l’ancien tissu, et à en
augmenter considérablement le volume (1).
Si au contraire on pouvoit rendre la liberté à la Globuline
captive des tissus, comme, par exemple, les graines qui s’é-
chappent des péricarpes, cette Globuline conserveroit l'indé-
pendance qui existe entre chaque vésicule; et ces vésicules,
en se détachant de la paroi intérieure de la vésicule-mère ,
formeroient autant de petits végétaux distincts: ce seroit
alors de la Globuline solitatre. Ces deux suppositions in-
verses tendent à faire connoître que le règne végétal rour
ENTIER (considéré dans son organisation tissulaire seule-
ment) est, ou de la Globuline à l'état solitaire, ou de la
Globuline agrégée; et que c’est à ces agrégats de Globu-
line que nous devons toutes les masses et toutes les formes
que nous observons dans les végétaux, et les objets utiles
ou agréables que nous en retirons.
La Globuline, comme corps reproducteur, existant dans
lintérieur de toutes les parties des tissus, donne naissance
aux Embryons adventifs, et explique comment ces em-
bryons peuvent naître de tous les points de la surface des
végétaux (2), et comment, en même temps, la vie végétale
(1) Dans une magnifique planche inédite, représentant diverses pièces d’anato-
mie végétale, M. Mirbel a figuré , d’après ses observations, le jeune tissu cellu-
laire formé dans l’intérieur de chaque vésicule-mère de l’ancien tissu.
La résistance et la persistance des vésicules-mères , d’une part, la soudure par
approche de la globuline pressée dans son développement , faute d’espace , de
l’autre, expliquent ce fait, moins rare qu’on ne le croit.
(2) Quelques feuilles détachées de lOrnithogalum thyrsoïdes, et abandonnées
dans des feuilles de papier gris, ont présenté à M. Poïteau un grand nombre d'Em-
bryons monocotylés, adventifs, qui, après avoir pris naissance sous l’épiderme
q*
52 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
peut être également répartie dans toute la masse encore
vivante d’un grand arbre, puisque chaque vésiculé de Glo-
buline est un véritable centre vital.
Une vésicule isolée du tissu cellulaire, et remplie de la
nouvelle génération de la Globuline, seroit entièrement com-
parable à beaucoup d’animacules vésiculeux, qui contien-
nent également leur reproduction, tels, par exemple, qu’une
Monade, une Cyclide, un Æolpode ou une Parameécte, si
ces derniers n’étoient pas doués d’un mouvement de con-
tractilité et de locomotion volontaire, et s'il n’étoient pas
destinés à vivre isolément dans l’espace. |
Jamais un être organisé, ayant eu son centre particulier
d’orgarusation, ne s’unit à d’autres pour former par juxéa-
position un être plus compliqué.
Dans aucun cas, une vésicule de Globuline végétale, soit
celle qu'on observe à l’état solitaire, soit celle que l'on peut
isoler du tube d’une conferve, soit enfin celle qu’on détache
des tissus, ne cesse d’être parfaitement zzerfe, et jamais elle
v’acquiert, par l'effet de son isolement, la faculté du mouve-
ment volontaire, comme plusieurs auteurs superficiels l'ont
avancé: : ;
Des globules de matière organisée pouvant être considérés
comme autant d'INDIVIDUS DISTINCTS , COMME autant de CENTRES
VITAUX D'ORGANISATION et de REPRODUCTION, pleins d’abord,
et l'avoir ensuite crevé, s’étoient développés aux deux surfaces et sur les bords de
ces feuilles , à mesure que celles-ci jaunissoient et se desséchoient. Ayant employé le
même moyen, et l'ayant varié sur des espèces de végétaux différens, j'ai obtenu
assez souvent le même résultat. Plusieurs de ces Embryons, isolés des feurlles-mères,
et confiés au sol , sont en ce moment , de grands individus reproduits.
=
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 53
_ ensuite vésiculeux, se reproduisant ét se multipliant par de
nouveaux globules développés par exfension des parois inté-
. rieures des vésicules devenues mères; des globules de matière
organisée, dis-je, composent les masses tissulaires de tout le
règne organisé. |
Les globules des sucs laiteux des végétaux, les globules
du sang et ceux du lait chez lés animaux, me semblent de-
voir être soumis au même mode de reproduction et de mul-
tiplication (1).
Un globule organisé plein est déjà, à ne pouvoir en dou-
ter, le composé d’une foule de plus petits globules. Ce
globule composé, en obéissant à une force vitale intérieure
étexpansive, se creuse insensiblement et devient une vésicule:
Le globule d’eau de savon, que l’on’ enlève avec l’extré-
mité d’un tube et que l’on force ensuite, en y introduisant
de l'air, à se dilater et à s'étendre sous forme de vésicule,
offre, jusqu'à un certain point, l’image du globule vésicu-
laire organisé.
Toute vésicule végétale, favorisée par un degré conve-
nable d'humidité, de chaleur et de lümïère;'a la faculté de
s'étendre, par celui de ses points le mieux exposé, en un
tube plus ou moins long. Les papilles ét les poils simples ou
cloisonnés ne sont que des extensions produites par les vési-
cules du tissu cellulaire, situées à ‘la surface des masses de
manière à recevoir l'influence directe des agens dont nous
venons de parler.
(1) Dés qu’un fluide , qui a fait partie d’un être organisé, a plus ou moins d’o-
pacité, on peut être certain d’avance qu'il est, comme le sang et le lait, un composé
de globules yisibles à un fort grossissement du microscope.
54 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
Les extensions tubulaires que présente quelquefois la vési-
cule pollinique ( fig. 26, e f) doivent également leur exis-
tence aux mêmes causes. Il suffit de placer cette vésicule
dans un lieu abrité, chaud et Zégèrement humide, pour
obtenir le développement d’une et même de deux de ces
extensions.
Les gros stigmates spongieux, visqueux, et conséquem-=
ment chargés d’une humidité convenablement entretenue,
favorisent le développement de l'extension tubulaire des
vésicules polliniques que le Lasard fixe à la surface de ces
stigmates. Ces végétations tubulaires, ces sortes de germina-
tions, en cherchant ensuite leur #2/zeu-arse, c’est-à-dire, abri
et humidité, s’enfoncent entre les vésicules du tissu cellu-
laire des stigmates, comme M. Adolphe Brongniart vient de
le faire connoître dans le travail qu’il a récemment commu-
niqué à l’Académie des Sciences (r).
D'accord avec M. Adolphe Brongniart sur le fait que les
extensions tubulaires s’insinuent entre les vésicules des stig-
mates, je ne puis l'être de même quand il pense que ces ex-
tensions font l’oflice de verges végétales (2), et qu’elles sont
(1) M. Adolphe Brongniart ayant présenté le résultat de ses nombreuses et
et intéressantes recherches entre l’époque de la lecture de mon Mémoire à l’Aca-
démie des Sciences, et celle de son impression, cela me permet d’en parler quant
à ce qui est relatif à l’extension tubulaire de la vésicule pollinique.
(2) Déjà , dans le règne végétal, on avoit reconnu des organes génitaux dans les
pistils et les étamines ; des testicules, les uns dans les antheres, les autres dans
ces glandes qui accompagnent la base des étamines des cruciferes ; ; un fluide sper-
matique dans l’ensemble des globules contenus dans les vésicules polliniques des
anthères; une vulve végétale dans les stigmate. Un pénis végétal manquoit :
M. Adolphe Brongniart pense l’avoir découvert dans ies extensions tubulaires de
la vésicule pollinique , extensions auxquelles il donne le nom de sac spermatique.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 55
destinées à faciliter l'introduction des globules spermatiques
dans l’intérieur de la feuille ovulaire par l'ouverture du Mi-
cropyle. Je le répète, toute vésicule végétale, aidée d’humi-
dité, de chaleur et de lumière, peut produire une extension
analogue à celle que présente le globule vésiculaire produc-
teur des conferves et des oscillaires’ quand il germe. Ainsi,
que la vésicule pollinique soit posée sur une gaze, sur une
éponge, ou sur un stigmate humide, elle y développera in-
différemment des extensions tubulaires, et ces extensions,
comme le font les racines et les rameaux aériens en cherchant
leur railieu-aise, se dirigeront en s’enfonçant soit entre les
mailles du réseau de l’éponge ou de la gaze, soit entre les
vésicules du tissu cellulaire du stigmate, par cela seul qu’elles
y trouveront plus d’abri et plus d'humidité. L'extension tu-
bulaire de la vésicule pollinique est une germination, puisque
la germination n’est jamais qu’une extension ou un allonge-
ment de tissu. Elle est rigoureusement comparable à celle de
tous les végétaux confervoides dont les corps reproducteurs
sont vésiculaires et semblables à la vésicule pollinique. Si les
extensions de la vésicule pollinique s’introduisent entre les
. vésicules du tissu cellulaire des stigmates spongieux, c’est que
ces stigmates leur servent d'appui et de territoire, et que là
elles se comportent absolument comme les extensions radi-
cellaires du gui ( Vscum album), qui s’insinuent en s’alon-
On peut prédire qu'avant peu nous aurons des végétalcules spermatiques doués de
mouvemens, qui ne différeront des animalcules du sperme des animaux, qu’en ce
qu'ils seront dépourvus de queue Si cet apareil de la génération dans les végétaux,
si conforme à celui des animaux, est enfin bien établi, ne nous conduira-t-il pas
à reconnoître, avec M. Dutrochet, un système nerveux qui puisse mettre en action
tous ces organes ?
56 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
geant entre les vésicules du tissu cellulaire de l'écorce et de
l’aubier des arbres sur lesquels ce végétal parasite se fixe.
Une masse d'œufs de poisson représenteroit parfaitement
le tissu cellulaire végétal , si chaque œuf, au lieu d’être le
frère de tous les autres, étoit immédiatement le produit d’un
œuf semblable à lui.
La comparaison que Grew établissoit entre l’écume d’une
liqueur en fermentation et le tissu cellulaire végétal, est
exacte en ce point, que l’écume est toujours le composé d’un
certain nombre de vésicules particulières qui se sont succes-
sivement formées et rapprochées les unes des autres; mais il
faut faire abstraction de la Globuline D mn nie contenue
les vésicules-mères du tissu cellulaire.
: Un grand nombre de végétaux de la plus grande simplicité
possible, par rapport à nos moyens de perception, paroissent
être bornés, dans leur organisation, à. une seule vésicule.
Telles sont toutes les espèces de Globulines vésiculaires soli-
dans taires (fig. 1, 2, 3, 4, 4', 5 et 6); d’autres, tels que les
conferves, se composent d’un certain nombre de ces vésicules,
développées bout à bout, soit en séries simples, soit en séries
rameuses ; d'autres, enfin, paroïissant n’être que des sortes
d'associations des deux premiers, offrent des masses compo-
sées de vésicules simplement agglomérées, et dont l’augmen-
tation, en tous sens, de ces masses s'explique par la ponte
ou l'accouchement successif des vésicules-mères.
Encore une comparaison; car je pense que dans les siences
on,ne peut trop les multiplier, et qu'il y a toujours de l’avan-
tagé à comparer les choses nouvelles aux choses anciennes,
puisque dans la nature tout est en rapport d’analogie.
ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE, 57
Supposons qu’un animal, sphérique ait un centimètre de
diamètre , et qu'il ne puisse fnaendres qu'une seule fois en sa
vie et par cz7q: il est clair qu’à la première génération nous
aurions cinq; individus, à la seconde vingt-cinq, à la troisième
cent vingt-cinq, à la quatrième six cent vingt-cinq. Le nombre
des individus s'étant considérablement accru, ilesttout simple
de penser qu’il faudroit six cent vingt-quatre fois plus, d’'es-
pace pour contenir cette masse d’ individus qu'il n’en étoit
nécessaire pour l'individu duquel se sont échappées ces
quatre générations. dr. Fan
LS est ainsi que cela sé passe dans la reproduction! et la mul-
üiplication des vésicules du tissu cellulaire: et par conséquent
dans l'augmentation en étendue de sa masse. On pourra
peut-être objecter que dans les associations animales, les in-
dividus conservent leur liberté, tandis que les vésicules-indi-
vidus des végétaux paroissent soudées entre elles de manière
à ne former qu'une masse individuelle. Je répondrai que la
différence n’est pas aussi grande qu’on pourroit le croire au
premier abord; que, dans les deux cas, les corps reproduc-
teurs sont également libres entre eux au commencement de
leur vie ; et que ce n’est que plus tard, comme cela arrive aux
monstres animaux par paires, à certains mollusques et au plus
grand nombre des tissus cellulaires végétaux, que les indi-
vidus, faute d'espace, s’entre-greffent par leur surface, Cette
vérité sera démontrée dans un nouveau Mémoire destiné à
faire connoître la composition d'un grand nombre de tissus
cellulaires qui ne présentent encore que des amas de petites
vessies reproductrices jetées comme par hasard les unes sur
les autres.
Mém. du Muséum. 1. 14. 8
58 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
Dans les vésicules-mères des trois grandes modifications
végétales dont il vient d’être question, vésicules toujours
incolores et translucides, on voit des globules vésiculaires
susceptibles de se représenter sous toutes sortes de couleurs,
et quelquefois sous une forme alongée : c’est la Globuline,
c’est l'organe producteur des tissus et de tous les corps des-
tinés à reproduire l'espèce; c’est l’œuf de la vésicule-mère qui
lui a donné naissance de ses parois intérieures ( fig. 14, 15,
16, 18, 20, 21, 24 et 25 ).
Un grain de Globuline (fig. 20 &) isolé d’une vésicule du
tissu cellulaire, d’un chêne, par exemple, dont le diamètre
peut être évalué à ;+ de millimètre, transporté, avec tous les
soins d’abriet de protection convenables sur une terre vierge,
mais dépourvue de végétaux, pourroit devenir la source de
forèts immenses composées, bien entendu, du même végé-
tal dont le grain de Globuline auroït été extrait. Ce grain de
Globuline est l’analogue de ceux contenus dans le tissu des
plantes marines, et que l’on nomme des Gongyles.
Tous les végétaux pourroïent être simplement composés
de tissu cellulaire, sans que pour cela aucune des formes ex-
térieures qui les distinguent subit le moindre changement;
mais la nature ne l’a pas voulu ainsi. Dans l'épaisseur du
tissu cellulaire de la plus grande partie des végétaux, elle a
créé avec du tissu cellulaire d’une petitesse extrême de
nouvelles organisations. Ces organisations sont à mes yeux de
véritables végétations ou plutôt de petits végétaux internes,
dont les tigellules simples ou rameuses, selon qu’elles font par-
tie d’un végétal monocotylé ou d’un végétal dicotylé, trou-
vent dans la nature leurs représentans parmi les végétaux iso-
" ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 59
lés. C’est ainsi que ces tigellules les plus simples, telles que les
clostres(x), qui sont jetés comme par hasard au milieu du tissu
cellulaire, ét ces prétendus vaisseaux simples, soit rameux,
soit en chapelets, rappellent parfaitement, les premiers, l’Echr-
nella acuta (2), et peut-être toutes les espèces de navicules;
les seconds des conferves simples ou rameuses, ou en chapelets.
Une sorte d’oscillaire, dont je viens de former legenre Sprru-
na, représente, à s’y méprendre, ce que l’on nomme des tra-
chées, sorte de tigellules fort remarquables par leur manière
de se contourner en spirale, et dont les analogues se retrou-
vent encore dans le pédoncule des fleurs fertiles du 7’alZs-
neria spiralis, dans celui du Cyclamen hederæfolium ; dans
les tiges volubiles d’un grand nombre de Lianes, dans beau-
coup de vrilles, dans l'embryon des Cuscutes, etc. Des tigel-
lules plus composées, plus grosses, plus solides que celles dont
Al vient d’être question, ont été nommées fibres ou faisceaux
de cellules alongées. Ces tigellules sont ordinairement simples
dans les végétaux monocotylés, plus ou moins rameuses dans
les végétaux dicotylés, pleines comme dans la plupart des
tiges, ou lacuneuses ou fistuleuses, comme dans celles des
graminées, des ombellifères, etc.
La végétation interne dont nous venons de parler, inexac-
tement observée, mal à propos comparée aux vaisseaux des
animaux, a été conséquemment nommée #ssu vasculaire. On
a eru que les tigellules de ces petits végétaux, quand elles sont
creuses, étoient des canaux conducteurs destinés à diriger le
(1) Dutrochet. Recherches anatomiques et physiologiques, pag. 33, pl. 1, fig. 13.
(2) Lyngbye. PI. 69, fig. 1, 2, 3.
8*
60 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.
cours des fluides dans les diverses parties des tissus. On s’est
trompé : le creux de ces tigellules n’est qu’une lacune sem-
blable à celles d’une tige d’ombellifère. Sans doute, cette
lacune, considérée comme espace, se remplit au besoin d'air
et d’eau ou d’une substance composée; mais ce seroit évi-
demment une erreur de la regarder comme un organe ayant
des fonctions vitales à remplir.
On auroit dû remarquer, 1°. que ces prétendus vaisseaux
avoient des diaphragmes de distance en distance, comme en
ont les tigellules de la plupart des végétaux confervoïdes, et
que ces diaphragmes, qui ne sont point des valpules , repré-
sentent rigoureusement les nœuds-vitaux des graminées, des
ombellifères, et autres végétaux appendiculaires ou pourvus
de feuilles; 20. que ces mêmes prétendus vaisseaux, au lieu
d’être ouverts par leurs extrémités, se terminoient toujours
par des pointes extrêmement déliées, comme l’a déjà très=
bien observé M. Datrochet pour les trachées (r).
La végétation interne n’étant qu'un composé de tissu cel-
lulaire plus petit, je propose de nommer les deux grandes
modifications de tissu que présentent les végétaux d'ordre
supérieur, la première, ssu cellulaire simple, la seconde,
tissu cellulaire composé ou &ssu tigellulaire.
Lorsqu’avec les moyens les plus amplifians de nos micros-
copes actuels on observe les vésicules-mères des conferves
et des tissus cellulaires des autres végétaux, ces vésicules ne
nous offrent qu'une membrane d’une ténuité extrême, sans
couleur et d’une diaphanéité qui ne peut être comparée qu’à
(1) Ouvrage précité, pl. 1 , fig. 4.
ORGANOGRAPHIE VÉGEÉTALE. 6:
celle de l’eau ou à celle du cristal; aucune trace d’organisa-
tion de tissus ni de pores ne s’y manifeste. Au premier abord,
on seroit tenté de croire que l'accroissement de ces vésicules
n’a eu lieu que par une simple extension analogue à celle de
la gomme élastique sur laquelle on opère une traction; mais
l’analogie nous oblige bientôt à reconnoître que la véritable
cause de cet accroissement, en volume et en pesanteur, se
trouve dans la multiplication par accouchement de très-petits
globules vésiculaires dont la membrane de ces vésicules se
compose.
De tout ce qui a été avancé dans ce Mémoire, il suit, 1° que
la masse tissulaire tout entière des végétaux n’est qu’une
agglomération, plus ou moins considérable, de plus petits
végétaux globuleux, univésiculaires, ayant chacun leur prin-
cipe vital d’action, d'organisation et de reproduction; nés
par extension des parois intérieures, et par accouchement
de pareils végétaux qui les ont précédés; simplement con-
tigus les uns aux autres, ou greffés par approche, ei devenus
polyèdres à cause du défaut d’espace. 20 Que tous ces étres
composans , {oujours produits par une sorte de dédouble-
ment du dedans au dehors, quoique jouissant d’une vie par-
ticulière, n’en restent pas moins assujétis aux limites des
contours qui produisent les diverses formes, et à la durée
de la vie commune ou d’agrégation du végétal composé.
62
ExPLicaATion
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Ir, DEGRÉ D'ORGANISATION VÉGÉTALE.
Genre GLOBULIN A. Lerra ou LiEPrRARIA des auteurs.
Globuline vésiculaire solitaire, ou dont chaque vésicule constitue
Frc.
14.
16.
un individu végétal.
Morceau de plâtre sur lequel se sont développés des amas de Globuline
botryoïde (1) de couleurs différentes.
Globuline vue à un très-fort grossissement du microscope. Il faut remar-
quer qu'il y en a de solitaire et de greffée par approche, de toutes
sortes de grosseurs, et conséquemment d’âges différens; de blanche ,
de verte , de jaune, d’aurore et de pourpre.
Globule plus grossi, dans l’intérieur duquel on commence à apercevoir
la jeune Globuline.
>. Globule lançant au dehors la Globuline reproductrice.
d. Un autre coupé verticalement, pour faire voir que la Globuline repro-
ductrice a son insertion pariétale.
. Amas de Globuline vue à l’œil nu, recueillie sur les vitres d’une serre
_ chaude et tres-humide.
1 f. Plusieurs vésicules devenues diaphanes par extension , laissant voir dans
1£g:
leur intérieur la nouvelle Globuline.
Ces vésicules , gênées dans leur extension , se sont soudées en partie
de la même manière que cela a lieu dans la formation du tissu celln-
laire des végétaux d’ordres plus élevés.
Une vésicule, prise au même lieu, alongée en tube de maniere à s’ache-
miner vers la structure confervoide.
Morceau de pierre sur lequel s’est développée une quantité considérable
de Globuline blanche. Globulina lactea (2).
(:) Lepra botryoides.
(2) Lepra lactea,
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DE LA PLANcue. 63
* 2 a. Globuline isolée, très-grossie, : '
3. Globuline bleue. Globulina cærulea (1), vivant sur les vieilles planches
à demi pouries. 3 a. Globuline isolée et grossie.
4. Globuline rouge. Globulina rubens (2), vivant sur l'écorce du bouleau.
4 a. Globuline isolée et grossie.
4’ Globuline sanguine. Globulina sanguinea (3), vivant au bas des
murs très-humides, où elle forme comme de grandes taches de sang
plus ou moins noirätres. j
4 a’ Globuline isolée et grossie. 4 b’ Plus grossie , et laissant voir une
espèce de disque lumineux. 4 c’ Plus grossie encore, et dans laquelle
on voit la nouvelle Globuline. Cette Globuline > Vue au microscope,
ressémble assez bien aux globules du sang des mammiferes.
5. Globuline couleur de soufre. Globulina sulfurea (4), vivant sur les
écorces.
5 a: Globuline isolée et grossie.
6. Globuline noire. Globulina atra (5). 6 a. Globuline isolée et grossie.
6 b. Vésicules tres-dilatées et devenues diaphanes. 6 c. Une vésicule
lançant la Globuline reproductrice.
Time, DEGRÉ D'ORGANISATION VÉGÉTALE.
Genre ALYSPH ÆRI A. \xwpra où LErrariA des auteurs.
Globuline vésiculaire enchafnée, ou naissant de fibrilles, ou thalles
sérninulifères.
7: Globuline jaune. Æ/ysphæria candelaris (6), vivant sur les pierres.
7 a. Globuline isolée et grossie.
8. Globuline des antiques. Alysphærta antiquitatis (7), vivant sur les
_marbres exposés à l'air. 8 a. Globuline isolée et grossie.
ET ne ee OPEN de 54
(1) Lepra cærulea.
(2) Lepra rubens.
(3) Protococcus nivalis. Acanps. y
(&) Lepra sulfurea.
(5) Lepra atra.
(6) Lepra candelaris.
{7) Lepra antiquitatis.
64
10.
11.
ExPLIGATION
Globuline jaune-verdâtre. Ælysphæria flavovirens (1), vivant sur la
terre. 9a. Globuline grossie et isolée. 9 b. Un individu isolé.
Globuline jaune. 4/ysphæria chlorina (2), vivant sur la terre. 10 a. Glo-
buline grossie.
Globuline de la mousse. Ælysphæria muscorum (3), vivant sur la
mousse. 11 a. Globuline grossie. 11. Un individu grossi.
Vésicules polliniques naïssant de fibrilles qui les enchaïinent , et qui les
mettent en rapport avec la Globuline qui forme le second degré de l’or-
ganisation végétale. Cette modification du pollen appartient particu-
lierement à la famille des Onagraires,
Vésicules polliniques qui se sont , en partie, soudées entre elles à cause
du défaut d’espace et des pressions mutuelles qu’elles se sont fait éprou-
ver dans la boîte de l’anthère. Cette soudure, qui en fait de petites
masses de tissu cellulaire, est entierement semblable à celle qui a lieu
pour la Globuline contenue dans les vesicules-mères du tissu cellulaire.
Ce pollen appartient à la Giroflée jaune cultivée. ( Cherranthus
chetri. Lin. )
Ilm, DEGRÉ D'ORGANISATION VÉGÉTALE. y
GLOBULINE vésiculaire captive, naissant des parois intérieures
des vésicules alongées des conferves, des vésicules-mères de tous
les tissus cellulaires , de la vésicule pollinique des anthères, de La
vésicule de la Lupuline, etc.
14.
Deux vésicules tubuleuses, détachées d’un filament du Conferva rivu-
laris. Lin. Chantransia rivularis. DC.
Dans ces vésicules, tres-grossies , on distingue la Globuline tres-
inégale en grosseur, et insérée, sans ordre, sur les parois intérieures
des vésicules. Ce mode d'insertion est le même que celui de la Globuline
des vésicules-mères du tissu cellulaire. Voyez les fig. 18, 20, 21, 23
et 24.
14 a. Jonction des deux vésicules.
mo
(x) Lepra flavovirens.
(a) Lepra chlorina.
G) Lepra muscorum.
DE LA PLANCHE. 65
15. Deux vésicules tubuleuses, détachées d’un filament du Conferva qui-
nina. Mull. Conjugata porticalis. Nauch. et DC. Zygnema quininum.
Lyng. Salmacis quinina. Bory. Dans la première de ces vésicules, la
Globuline paroît émaner d’un axe crinuliforme, central , enduit d’une
* substance muqueuse, etcontourné en une simple spirale. Dans la se-
conde, un des grains de Ja globuline , marqué à, plus favorisé que les,
autres, a pris plus de développement, et est devenu susceptible de
reproduire le filament-mère. Cette extension l'ayant rendu plus trans-
parent, plus incolore, permet de voir que dans son intérieur il existe
déjà une nouvelle Globuline. a. Jonction des deux vésicules.
16. Deux yésicules tubuleuses, détachées d’un filament du Conferva ni-
tida. Dillw. Conjugata Princeps. Vauch. Zygnema nitidum. Ag. et
Lyng. Salmacis nitida. Bory. :
Dans la première de ces vésicules, la Globuline se développe sur
plusieurs axes crinuliformes , contournés en spirales. a. Jonction des
deux vésicules. b. Grain de Globuline, plus favorisé que les autres,
devenu capable de reproduire le filament-mère. Cette Globuline, qui
n’est pas toujours verte, selon les espèces, a reçu le nom impropre de
matiere verte.
17. Lycoperdon cæpeforme. Bull.
Fibrille ou axe crinuliforme sur lequel la Globuline de ce végétal se
développe. Cette Globuline , dans laquelle on a vu, avec raison, des
séminules ou gongyles reproducteurs , est analogue à la Globuline en-
chainée des 4/ysphæria, de certains pollens, fig. 12, et de celle conte-
nue dans les vésicules des Zygnema, fig. 15 et 16.
18. ZLilium candidum, Lin.
Une petite lame de tissu cellulaire enlevée de la surface d'une
feuille. Ces trois séries de vésicules simulent parfaitement trois fila-
mens de conferves qui sercient soudés côte à côte. On voit dans
l'intérieur de ces vésicules alongées que la Globuline est pariétale
comme dans la rivulaire, fig: 14. Vers le centre dé cette petite lame
se trouve un organe a dont les fonctions sont encore inconnues. Cet
organe a été nommé Pore cortical, Stomate, Glande corticale , Pore
évaporatoire, Pore de l'épiderme, Glande miliaire, Glande épidermoi-
dale. M. Mirbel l'a appelé Pore alongé ou grand Pore, par opposition
aux prétendus petits pores qu’il croyoit voir sur la paroi des vésicules
du tissu cellulaire, et sur les prétendus vaisseaux du tissu tigellulaire.
De tous les noms donnés à l’organe dont je m'occupe, celui de
Méim. du Muséum , 1. 14. 9
66
19.
20
22.
23.
24.
ExpLicATion
Stomate me paroît préférable, Cet organe, fort remarquable, se com-
pose d’une vésicule en anneau, plus ou moins alongée, selon les es-
pèces de végétaux auxquels elle appartient. Cette vésicule, dans laquelle
la Globuline abonde, se lie avec les autres vésicules du tissu cellulaire.
L'ouverture ou fente longitudinale de l’anneau ne peut servir, en au-
cune maniere, à l’introdution , par absorption, des substances nutri-
tives de la plante, puisqu'elle ne s'étend pas au-delà de la vésicule
placée immédiatement au-dessous, et qui la masque.
J'ai appris que tout récemment M. Raspail avoit trouvé de l’analogie
entre les stomates épidermoïdales et les anthères, et qu'il avoit consé-
quemment pensé que la Globuline de ces organes pouvoit suppléer à
l’action fécondante du pollen dans la formation de l'Embryon de la
graine. É
Une feuille panachée et dont les couleurs différentes sont produites par
celles de la Globuline contenue dans les vésicules incolores du tissu
cellulaire.
. Portion du tissu cellulaire, dans laquelle on a représenté de la Globuline
de diverses couleurs, afin d'expliquer la coloration des végétaux-par la
Globuline.
. Agave americana. Lin.
Portion de tissu cellulaire détachée de la surface d’une feuille. La
Globuline paroît affecter, dans l’intérieur de chaque vésicule , une dis-
position en couronne. À
Tulipa Gesneriana. Lin.
Un pétale panaché représenté pour la même cause que celle qui est
indiquée fig. 19.
Quelques séries de vésicules isolées du même pétale, dans l’intérieur
desquelles on voit de la Globuline colorée , mais simplement rudimen-
taire.
Solanum tuberosum. Lin. :
Portion de tissu cellulaire blanc, détachée d’un tubercule où tige
souterraine (Pomme de terre). La Globuline ( fécule, amidon ) est
blanche , diaphane , nacrée , tres-grosse , comparablement aux autres
espèces de Globuline ; plus ou moins anguleuse , par le défaut d’espace
qu’elle a éprouvé dans l’intérieur de la vésicule-mère; marquée, sous
certain jour, d’une aréole qui indique l’état vésiculeux plus ou moins
avancé de cette Globuline , et souvent d’un point qui indique celui par
lequel elle tenait à la paroi de la vésicule-mere.
DE LA PLANCHE. 67
25. Fragilaria unipunctata. Lyng.
Portion d’un filament dont les vésicules se désarticulent avec une
très-grande facilité, et dans l'intérieur desquelles on aperçoit la Globu-
line pariétale disposée en petites couronnes.
a. Globuline isolée d’une vésicule.
26. Tulipa Gesneriana. Lin.
Vésicules polliniques , contenant en elles de la Globuline , à laquelle
les sexualistes ont donné le nom d’aura seminalis.
a. Vésicules parfaites. 3. id. restées rudimentaires. c. Vésicule
lançant au-dehors sa Globuline. 4. Globuline expulsée. e: Une vésicule
en état d'extension ou de germination , sans but apparent. f: id. Plus
avancée.
27. Humulus Lupulus. Lin. Houblon.
Une bractée détachée du chaton fertile du Houblon. A la base et aux
deux surfaces de cette bractée , on observe des vésicules sphériques ,
sessiles, jaunes, tres-odorantes. Ces vésicules, auxquelles on a donné,
dans le commerce, le nom de Lupuline, contiennent le principe
qui donne de la qualité à la bierre , et la Globuline nombreuse qu’elles
expulsent de la même manière que les vésicules polliniques lancent
la leur.
a. Portion grossie de la même bractée, sur laquelle on voit plus
distinctement la Lupuline. b. Vésicule de Lupuline très-grossie. c.
Vésicule lançant sa Globuline.
La Lupuline se développe également sur la surface de l'ovaire et à
la bases des styles.
M. Raspail croit encore que la Globuline de la Lupuline peut servir,
au besoin, à féconder les pistils du Houblon.
28et29. Une vésicule isolée d’une masse de tissu cellulaire, mise en compar aion
organique avec un animalcule vésiculeux , tel, par exemple, qu’une
Cyclide.
L'une et l’autre sont blanches , diaphanes , et donnent naissance, de
leurs parois intérieures, à des corps destinés à les reproduire. La
seule différence qui existe est dans l’inertie de la vésicule végétale ,
tandis que la vésicule animale jouit d’une grande contractilité, d’un
mouvement volontaire, et enfin de la vie solitaire au lieu de celle
d’agrégation.
EE ———————————_———— — ——""—"—Û —
OBSERVATIONS
FAITES
SUR LA GIRAFE
ENVOYÉE AU ROI PAR LE PACHA D'ÉGYPTE,
ET SORTIE DU LAZARET DE MARSEILLE LE 14 NOVEMBRE 1826.
CR Girafe fut embarquée à Alexandrie, avec trois
vaches destinées à lui fournir du lait. Arrivée à Marseille,
on la débarqua au lazaret avec ses conducteurs, et elle en
sortit le 14 novembre, à dix heures du soir, pour éviter la
foule, qui auroit pu l’épouvanter. Elle passa sans crainte les
portes du lazaret, et marcha tranquillement jusqu’à une an-
cienne porte de la ville, où elle s'arrêta subitement, sans
vouloir avancer ni retourner sur ses pas : elle manifestoit de
la crainte mêlée d'inquiétude. On étoit fort embarrassé sur
le parti à prendre pour lui faire continuer son chemin, lors-
qu'une personne de la ville, qui l’avoit jusque-là précédée à
cheval, revint auprès d’elle, et proposa d'essayer si elle vou-
droit la suivre. Effectivement, dès que la Girafe revit le che-
val qu’elle avoit tout-à-coup perdu de vue, elle fut tran-
quille, et marcha derrière en le suivant de très-près, ainsi
que les Arabes, qui la tenoient par quatre liens; mais le
cheval étoit inquiet, son cavalier avoit de la peine à Je re-
SUR LA GIRAFE. HE
tenir, et il ne pouvoit supporter que la Girafe vint de temps
en temps lui flairer la croupe. Elle eut à traverser plusieurs
promenades publiques, et toujours elle cherchoïit à atteindre
les rameaux des arbres auprès desquéls élle passoit, sans
cependant perdre de vue le cheval qu’elle avoit choisi pour
guide, et qu’elle suivit fidèlement jusqu’à l’écurie qui lui
étoit destinée. R
Avant de donner le détail des observations faites sur la
Girafe même, il est bon de faire connoitre les renseigne-
mens que l’on a pu obtenir des quatre Arabes qui sont au-
près d'elle: ces renseignemens ont été traduits par M. Dro-
vetti neveu, qui a bien voulu servir d’interprète, et qui a
lui-même voyagé dans toutes les parties de la haute et basse
Egypte, dont il connoît parfaitement les dialectes, les mœurs
et les usages. L’un des Arabes qui a été questionné est natif
d’un village situé à peu de distance au sud de Sennaar; il
a habité long-temps cette dernière ville, qu’il dit être fort
grande, et bien peuplée. l’autre n’est pas de ces contrées,
mais il connoît la ville de Sennaar; il a vécu avec les Arabes
errans, et il a parcouru au loin les déserts qui sont aux en-
virons de cette capitale du Funghi, située à 13° 2 de lati-
tude septentrionale. Voici le resumé des réponses de ces deux
Arabes. ;
Sennaar est situé à deux lieues de la rive gauche du Nil,
dans une plaine basse, sujette aux inondatious pendant les
grandes crues.
La campagne est assez belle autour de cette ville; on y
cultive du froment, du ris, du maïs, du sorcho, du lin, des
légumes, du coton, etc.
70 OBSERVATIONS
La Girafe dont il est question a été prise à huit ou dix jour-
nées de caravanes, au sud de Sennaar, non loin d’une con-
trée montagneuse et couverte de forêts profondes. On peut
présumer que cette ontrée est située dans les environs des
lieux où le Nil et ses affluens commencent à laisser les mon-
tagnes de l’Abyssinie pour couler dans la plaine, où, d’après
le dire de nos Arabes, l'on trouve des autruches, des gazelles,
des antilopes, des lions de petite espèce, et des panthères; et
en pénétrant dans les forêts on trouve des éléphans et des rhi-
nocéros : on y trouve des animaux qui, d’après leur rapport,
paroissent être une espèce de cerf. Ils ont aussi parlé d’un
animal qui seroit une espèce d’ours d’après la peinture qu'ils
en ont faite. [ls ont assuré que les Girafes étoient en petit
nombre, qu'elles habitoient les forêts; mais qu’elles. parois-
soient quelquefois dans la plaine, et qu'elles étoient alors
réunies au nombre de trois ou quatre, deux vieilles et une
jeune, rarement en plus grand nombre. Elles ne fuient pas
à la première vue de la présence de l’homme; maïs si on par-
vient à les approcher elles fuient alors subitement avec une
telle vitesse, au galop et par bond, qu’elles laissent bien loin
les meilleurs chevaux. Cependant, si on parvient à les lancer
dans la plaine, on peut les fatiguer, parce qu’elles ont l’ha-
leine moins longue que celle des chevaux ; mais lorsqu’elles
sont fatiguées elles font volte-face, et se défendent vigou-
reusement à coups de pieds, qu’elles lancent en avant: on ne
peut s’en rendre maître, et les Arabes les tuent. Ils en man-
gent la chair; ils font avec la peau, qui est dure et épaisse,
de très-longues courroies, en la coupant depuis l’extrémité
de la tête jusqu’à l'extrémité des jambes de derrière; ils en
SUR LA GIRAFE. PE 71
font aussi des cravaches, comme font nos selliers avec la peau
d'ours. Les Arabes ont assuré que les vieilles Girafes se dé-
fendent avec succès, et à coups de pieds de devant, contre
les plus forts animaux des déserts. C’est lorsque les jeunes
. Girales tétent encore, que l’on peut espérer de s’en rendre
maitre vivantes; mais il arrive presque toujours qu'en vou-
lant se défaire de leurs liens, elles se cassent quelques mem-
bres, ou se luxent le cou; d’autres fois aussi elles se refusent
tout aliment, et meurent. Si on parvient à les conserver sans
accidens pendant quelques jours, elles sont bientôt tran-
quilles, et deviennent très-familières ; elles suivent alors sans
liens les personnes qui les soignent, ainsi que les chevaux et
les chameux. }
Quant aux forêts qu'habitent les Girafes, les Arabes n’ont
pu donner que des renseignemens très-vagues et incertains
sur les arbres que l’on y rencontre: cependant, d’après ce
- qu'ils ont dit de Ja forme des feuilles de ces arbres, en les
comparant à celles qu’on leur a montrées, on peut présumer
qu'ils appartiennent à la famille des légumineuses, et au genre
Mimosa; et le goût bien prononcé que la Girafe de Mar-
seille à manifesté pour les feuilles de plusieurs »2n0sa vient
assez bien a l'appui de cette idée. Les Arabes ont dit aussi
que les Girafes recherchoient toujours les rameaux les plus
élevés, et que jamais on ne voyoit cet animal brouter l'herbe.
On verra bientôt que ce n’est qu'en prenant une position
très-gênante que la Girafe peut à peine atteindre le sol du
bout des lèvres.
Après ces renseignemens généraux, nous venons directe-
ment à ceux qui concernent l'individu que nous avons sous
72 OBSERVATIONS.
les yeux. Il a été pris au sud de Sennaar, dans les lieux que
nous avons précédemment indiqués, aux pieds des premières
montagnes qui tiennent aux chaines de l’Abyssinie. Dans cette
position la chaleur est, au dire des Arabes, moins forte
que dans la plaine aux environs de Sennaar. Les pluies ne
sont pas très-rares, et ces forêts sont fraiches; les nuits sont
humides, et, dans quelques circonstances, froides; mais quel-
que avant que l’on aille dans ces montagnes, on ne connoît
ni la neige ni la glace.
L'individu femelle dont nous nous occupons étoit âgé
d'environ cinq à six lunes lorsqu'il est arrivé à Sennaar, ac-
compagné d’un autre du même sexe, et de même âge. Tous
les deux furent vendus par les Arabes du désert à Mouker-
Bey, gouverneur de Sennaar. Celui-ci les envoya en présent
au pacha d'Egypte, son maitre, après les avoir gardés envi-
ron trois mois. La plus grande de ces deux Girafes a été des-
tinée pour la France; et il y avait seize lunes qu'elle avoit
quitté Sennaar lorsqu’elle est sortie du lazaret de Marseille,
le 14 novembre 1826. Ainsi elle étoit âgée à cette époque de
vingt-cinq lunes, ou environ deux ans. Cette jeune Girafe
a fait le trajet de Sennaar au Caire, partie en marchant avec
les caravanes, partie sur le Nil, dans une barque qui avoit
été préparée pour elle seule.
Pendant le voyage qu’elle a fait en marchant elle n’a ja-
mais manifesté l’envie de s’enfuir; mais elle témoignoit sou-
vent de la gaieté, comme font les jeunes chevaux. Il est à
remarquer que cet animal, depuis son départ de Sennaar
jusqu’au moment que nous écrivons, n’a jamais bu la moin.
dre quantité d’eau. Voici comment on peut s’assurer de ce
sur LA Girare. 73
fait : elle a été prise qu elle tétoit encore; dès le premier in-
stant de sa servitude on l’a nourrie avec st lait de vache, et
on n'a jamais cessé de lui en dônner soir et matin. Mousser-
Bey avoit donné les ordres les plus sévères pour qu’elle en
fût pourvue jusqu’au Caire; arrivée dans cette ville on lui a
présenté de l’eau, et elle n’en a pas voulu; depuis lors on ne
lui en a présenté qu’au lazaret à Marseille et après sa sortie,
et elle l'a toujours refusée obstinément. On peut donc tenir
pour certain que notre Girafe n’a jamais bu d’eau: c’est
d’ailleurs ce que les Arabes ont assuré. Leur ayant demandé
la raison de ce goût pour le lait et de cette répugnance pour.
l’eau, voici ce qu’ils ont sonde: : les Girafes boivent. bien
de l’eau, ont-ils dit, mais c’est une eau toute particulière ; et
ils ont ajouté qu'il y avoit dans les environs des lieux où vi-
vent les Girafes un grand lac dont l’eau est blanche, douce
et légèrement chaude, et que c’étoit là qu’elles se rendaient,
même de très-loin, et qu’elles avoient coutume de venir
boire. C’est. pourquoi elles ne veulent que du lait, qui a la
couleur, le goût et la température de l’eau du lac blanc.
Leur ayant demandé quelle étoit la grandeur de ce lac, ils
ont répondu qu’il étoit très-long, maïs peu large ; que l’on
y trouvoit un grand nombre de crocodiles et de gros ani-
maux, qui d'après leur rapport seroïent des hippopotames.
Ils ont dit encore que les Girafes avançoient dans l’eau pour
boire, ou qu’elles se mettoient à genoux.
Les Arabes nomment le lac en question Æ7 Baare habiat ;
ce qui signifie, d’ après M. Drovetti, la mer du lait. On trouve
sur quelques cartes, et à l’ouest de Sennaar, un grand
affluent du Nil, qui est désigné sous le nom de Baar el
Mém. du Man t. 14. 10
74 OBSERVATIONS
abtal, ou Fleuve blanc. Mais l’eau de cette grande rivière
(que les Arabes regardent probablement comme un lac)
est-elle blanche, douce et tiède? Nous l’ignorons, et aucun
voyageur n’a pu nous éclairer à ce sujet. Quoi qu’il en soit du
Baar el abial, on peut, sans avoir recours à ses eaux un peu
fabuleuses, expliquer facilement le goût des Girafes prison-
nières pour le lait.
On ne peut avoir vivantes que des jeunes Girafes ; il est
très-naturel qu’alors elles ne veuillent boire que du lait; et,
comme on continue à ne leur présenter que cette boisson, il
n’est pas extraordinaire qu’elles en conservent le goût, et
ne veuillent pas d’eau. Il paroït très-probable que les ani-
maux qui boivent peu naturellement ne boivent pas d’eau si
on continue à leur donner constamment une quantité de lait
suffisante. Ayant fait quelques expériences à cet égard, j'ai
présenté du lait à deux änons qui étoient séparés de leur mère
depuis quelque temps, ils l'ont bu avec plaisir; j’en ai pré-
senté à un jeune mulet et à un cheval de cinq ans, l’un et
l’autre l'ont bu; j'en ai présenté à un singe, il ne pouvoit
s'en rassaser. Des cochons boivent le lait avec avidité, ainsi
que les chiens, les chats et les rats. Je citerai à cette occasion
un fait particulier et peu connu, celui d’une chèvre qui se té-
toit elle-même, et que l’on est parvenu très-diflicilement à
corriger de ce défaut, peu d'accord avec les intérêts de son
maître. Voilà plusieurs animaux qui aiment le lait, sans avoir
cependant conservé l'habitude d’en boire. Il ne doit donc
pas paroître extraordinaire que la Girafe, herbivore, qui a
conservé l'habitude de cette boisson, la préfère exclusivement
Le
à tout autre. £
SUR LA GIRAFE. 95
- La jeune femelle qe nous avons sous les yeux boit main-
tenant environ seize pots de lait dans les vingt-quatre heures;
elle en prend, mais rarement, jusqu’à dix-huit et même vingt
pots. Elle boït avec moins d’avidité le soir. Pour boire elle
enfonce la bouche-en entier dans le liquide; et étend la lèvre
supérieure à la surface. Elle aspire avec beaucoup de force,
et après avoir bu elle rejette habituellement en l'air et par
un mouvement de tête une gorgée de lait. En général elle
ne veut pas le lait froid. Le plus souvent elle le boit dès qu’on
le lui présente, d’autres-fois elle est très-long-temps à se dé-
cider. Elle paroït en toute chose ou très-délicate ou capri-
cieuse. Le vase dans lequel on lui présente le lait doit être
sans odeur. Il paroît même que si l’Arabe qui lui présente sa
ration a quelque odeur aux mains, comme celle de la litière,
par exemple, cela suffit pour qu’elle refuse obstinément de
boire. Sa nourriture solide est par jour de cinq à sept litres
d’un mélange de maïs et d'orge. On remarque que depuis quel-
ques jours elle en mange jusqu’à huit ou dix litres. Sur trois
mesures d'orge on met une mesure de maïs; ce dernier grain
est celui qu’elle préfère à tout autre. Elle le mange toujours
avidement lorsqu’on le lui présente seul, et il lui arrive même
de le choisir grain à grain parmi l'orge. Elle rumine peu en
général, et bien plus souvent la nuit que le jour. Elle choisit
çà et là quelques brins de foin, qu’elle mâche avec difficulté,
et qu’elle avale rarement. On lui a présenté des pommes de
terre cuites et crues, des navets, des carottes, des bette-
raves, du raisin frais et sec, des dattes, des figues sèches, du
sûcre, des châtaignes; elle n’a touché aucun de ces objets, et
elle les a cependant tous flairés plus ou moins.
10*
76 OBSERVATIONS.
Elle a pris du sel, mais l’a rejeté. Elle mange le pain en
petite quantité, ainsi que les fèves. De tous les fruits frais
qu’on a pu lui présenter, elle n’a choisi que les pommes,
qu’elle ne mange cependant pas avec avidité. Dans le jardin
de la préfecture’elle a toujours recherché les feuilles de 7»2-
mosa julibrisim ; elle a recherché aussi les feuilles du robrna.
Lorsqu'on lui a présenté des feuilles du z22m0sa farinsiana ,
elle les a prises avec avidité; il en a été de même du »77m05a
leucocephala. Elle à brouté avec quelque préférence les
feuilles d’un tilleul, d’un cerisier; elle s’est peu arrêtée aux
feuilles d’un frène; elle vouloit brouter les feuilles d’un s0-
lanum bonartense, mais on l’en a entpêchée, dans la crainte
de quelque accident. Il est à remarquer qu’elle revient tou-
jours avec plaisir à brouter un if et un thuïa; cependant les
jeunes rameaux de ces arbres, surtout ceux de l'if, sont d’une
àpreté et d’une amertume très-forte. Lorsqu'on l’a conduite
dans une petite prairie, ou jardin, elle n’a fait aucune at-
tention à l’herbe verte qui étoit à ses pieds, ni à l’eau qui
couloit daus un réservoir auprès d’elle.
Il est surprenant que ses excrémens soient de deux sortes.
Ils sont ordinairement de couleur jaune en une seule masse,
sans forme déterminée, de la nature de ceux de la vache,
mais un peu plus solides. Quelquefois, mais rarement, ils
sont par masse formée de plusieurs crottins; d'autrefois les
crottins, toujours de couleur brune, sont séparés, mais liés
ensemble en forme de chapelet par une substance gélatineuse
transparente, sans couleur, et assez solide pour être trans-
portée au bout d’un bâton. Les urines sont fréquentes, peu
abondantes chaque fois. anus est petit, point saillant; la
SUR LA GIRAFE. f 97
_vulve est également petite et peu marquée; les mamelons, au
nombre de quatre, sont placés comme ceux de la jument,
et à peine gros comme une noisette, La queue, qui est cy-
lindrique, a son origine assez avant sur la croupe; elle est
épaisse à son sommet, mince à son extrémité; elle arrive à la
hauteur du jarret; elle est terminée par une poignée de crins
ondulés, noirs, et longs d’environ sept à huit pouces.
Îl est assez difficile de parvenir à compter les incisives de
la mâchoire inférieure, parce que la Girafe que nous obser-
vons ne se laisse pas aisément toucher la tête ; cependant nous
pouvons assurer qu’elles sont au nombre de dix en forme de
spatule. La dernière de chaque côté est petite, conique et
pointue : ce qui annonce qu'elle est encore dent de lait, et
n’a pas été changée. Cette observation confirme la jeunesse de
l'individu. Les dents incisives supérieures manquent comme
dans tous les ruminans. Quant aux dents mâchelières, il nous
a été impossible d’en prendre la moindre idée. La langue est
bleuâtre, presque noire; sa surface supérieure est couverte
d’aspérités dures et serrées, ce qui la rend très-rude au tou-
cher: Elle est susceptible de s ’alonger de sept à huit pouces
au-delà des lèvres : elle est alors d’une mobilité et d’une flexi-
bilité étonnante; dans cet état elle est cylindrique et aigué,.
et ressemble à un énorme ver noir qui s’agiteroit autour des.
lèvres de l’animal. On peut dire que la Girafe se sert de.sa
langue comme d’une main. Ce n’est pas avec les lèvres qu’elle
saisit d’abord. les rameaux ou les feuilles des arbres; mais
c’est bien avec sa langue qu’elle les amène dans sa bouche,
eticela avec une adresse toute particulière. Tantôt elle plie le
bout de sa langue en crochet, et tantôt elle la roule comme
78 OBSERVATIONS
en spirale autour de l’extrémité des rameaux, etles attire ainsi
entre l’extrémité des deux mâchoires. C’est auësi avec sa
langue et à l’aide des aspérités dont elle est couverte qu’elle
saisit le foin brin à brin.
La jeune Girafe dont nous donnons ici la description et
la hauteur prise avec une perche, depuis le niveau du sol
jusqu’au sommet de la tête entre'les deux oreilles, et lors-
qu’elle est dans la position la plus droite, 11 pieds 6 pouces.
Du niveau du sol au niveau du garrot, 7 pieds 4 pouces.
Du niveau du sol au niveau de la croupe, 6 pieds.
Da niveau du sol au sternum, 4 pieds 7 pouces.
Longueur de l'axe du corps, de l’anus à la naissance du
poitrail, 3 pieds 8 pouces.
Longueur de la tète, 1 pied 7 pouces.
Le cou, extrêmement long, est comprimé et mince au
point de jonction avec la tête. Cet animal est fortement mem-
bré, les épaules font une saillie énorme; les jambes de devant
sont légèrement arquées vers les jambes de derrière lorsque
l’animal est en repos.
Les oreilles ont, à très-peu de chose près, la forme de
celle dé la vache, et sont longues de 7 à 8 pouces. Les cornes,
longués de 6 pouces +, sont parfaitement coniques jusqu’à
la moitié environ de leur longueur; l’autre moitié, qui est
cylindrique, est courbée en arrière et non terminée en pointe,
mais carément. Ces cornes ont 11 pouces + de circonférence
à la base, 4 pouces de circonférence à la partie moyenne et
4 pouces de circonférence au sommet; la peau de la tête les
recouvre entièrement, et le poil y est de la même longueur;
seulement ceux qui recouvrent le sommet sont un peu plus
SUR LA GTRAFE. 79
longs et relevés en forme de brosse. On observe entre les
deux oreilles, sur le derrière de la tête, une protubérance
qui paroît céder à une pression un peu:forte. Comme l'animal
ne veut pas se laisser toucher dans cette partie, on ne peut
rien dire à ce sujet. La protubérance qui se trouve sur la ligne
médiane de la tête, entre les narines et les cornes, fait une
saillie conique, obtuse, d'environ 1 pouce + d’élévation et
d'environ 3 pouces ; de diamètre. Cette saillie s’étend, mais
d’une manière moins prononcée, sur une longueur d’environ
& pouces vers les nasaux. Elle est couverte de poils sembla-
bles à ceux de la tête, et on peut assurer, d’après sa dureté
et son immobilité, qu’elle est osseuse et fait partie du front,
Les narires sont petites; la lèvre supérieure un peu termi-
née en pointe et de 2 pouces environ plus longue que la
lèvre inférieure; le menton est fortement prononcé. Les
“yeux sont noirs, grands, bien fendus, le regard est vif.
L’œil de la Girafe est disposé pour voir de haut en bas,
et il lui seroit impossible de voir les objets au-dessus de sa
tête; car la voûte orbitaire fait extérieurement une saillie
considérable et forme comme un auvent au-dessus de l’œil,
tandis que l’arcade sous-orbitaire est rentrante.
Le pelage du corps, du: coui, des cuisses et d'une partie des
jambes de devant, offre des taches rousses ou fauve-clair
sur un fond blanc sale. Ces taches, très-rapprochées, présen-
tent des polygones approchant plus-ou moins, de la: forme
- rhomboïdale; elles sont rangées avec quelque régularité et
à peu près comme les cases d’un damier. Jia tête présente des
taches rondes ou ovales. Les oreilles’et la petite crinière qui
règne tout le long du cou, depuis locciput jusqu’à la nais-
80 OBSERVATIONS
sance du garrot, sont de couleur fauve. Les crins de la cri-
nière sont très-courts et roides.
Le dessous du corps, l’intérieur des cuisses et l’extrémité
des jambes, sont blanc sale.
Les sabots sont noirs, bien fendus, bien placés, et ils se
réduisent à une très-petite épaisseur sur le derrière.
On remarque, entre les deux jambes de devant, une cal-
losité considérable ; on remarque aussi, derrière le coude, une
sorte de poche ou de replis formés par la peau, et on observe
trés-bien que pendant la marche l'articulation semble recu-
ler à chaque mouvement de la jambe, et vient remplir cette
poche qui est totalement vide quand l’animal est en repos.
L’individu qui nous occupe est presque toujours en mou-
vement lorsqu'il est debout. Il se couche le plus souvent
comme les chameaux, sur les deux genoux, d'autrefois comme
les bœufs, un genou plié, l’autre étendu; mais il se couche
peu, et jamais pendant le jour. Il est très-propre dans toutes
les parties de son corps, et ses poils, courts et un peu
roides, sont partout bien rangés.
Les allures de la Girafe sont le pas et le galop: nous ne
l’avons jamais vue trotter. Les Arabes qui l’ont accompagnée
nous ont assuré qu’elle ne trotte pas. Son pas est un amble
parfait; ses deux pieds, d’un même côté, sont relevés et
posés en même.temps; le corps est successivement en équi-
libre tantôt sur les deux jambes de la gauche, tantôt sur
celles de la droite. Elle relève peu le pied, et vient toujours
poser le pied gauche de derrière à la place du pied gauche de
devant; il en est de même pour la droîte. Son pas est vif, sa
démarche aisée, mais sans grâce.
sur LA GIRAFE. 87
Elle: aime beaucoup à sortir de son écurie, et lorsqu'on la
fait promener dans le jardin de la Préfecture les jours de
beau temps, ce qui arrive souvent, elle Bônait comme un
jeune cheval, mais d’une manière toute particulière, et dont
on ne peut donner une idée par le récit : elle s'élève assez
haut, et tombe roide et immobile sur ses jambes. Elle veut
5 4 Leg se lancer au galer, elle entraîne alors avec elle
les quatre Arabes qui la retiennent, et nous l’avons vue dans
un moment de gaieté entrainer cinq hommes vigoureux. ‘
Elle ne porte qu'avec difficulté la bouche au niveau du
sol; pour cela elle écarte considérablement les jambes de
dévant sur les côtés ; elle contracte la croupe, fait ressortir
ses épaules comme hors de leur place, et alonge le cou d’une
manière roide et vraiment ridicule: dans cette position; on
voit bien qu’elle peut prendre quelque rameau à terre; mais
on ne conçoit pas qu’elle puisse boire. Lorsqu'elle est ainsi
courbée, on la diroit disloquée ou estropiée.
‘11 paroïît qu’elle ne peut pas plier facilement le cou vers
les jambes de devant; mais nous l’avons vue porter plusieurs
fois la bouche sur la croupe et tout le long des cuisses; le
cou se plie alors très-facilement en cercle parfait. Si la Girafe
ne peut atteindre le sol qu'avec peine, elle a par contre une
grande facilité pour arriver aux feuillages qui sont bien au-
dessus d’elle; en tendant le cou, en relevant la tête, et alon-
geant la langue, elle peut saisir les rameaux qui sont à deux
ou trois pieds au-dessus de sa taille. Ainsi elle peut brouter,
sans changer de place, les rameaux des arbres à une grande
distance. Cet animal est d’un naturel très-doux, on ne la
Mém. du Muséum. 1. 14. 11
82 OBSERVATIONS
jamais vu manifester le moindre sentiment de colère ou de
malice. Elle distingue l’Arabe qui lui donne habituellement
son lait et son grair, mais elle n’a pas pour lui une affection
particulière. Elle se laisse approcher de tous ceux qui vien-
nent la voir; elle n’aime pas qu'on la touche, et ce n’est que
lorsqu'elle craint quelque chose ou qu’ox ia tourmente trop,
qu’elle se défend en donnant des coups de pieds en avant,
soit avec ses jambes de devant, soit avec celles de derrière.
Jamais elle ne cherche à donner sa tête ou ses cornes; on la
voit au contraire tenir sa tête très-élevée quand on l’inquiète
ou qu’elle craint quelque chose.
Elle lèche souvent la figure, les mains et les habits de V A-
rabe qui la soigne. Eile lèche quelquelois les étrangers, et
flaire assez volontiers les personnes qui s’approchent d’elle.
Elle paroït craintive, attentive au bruit : cependant elle ne s’é-
pouvante pas du tout de la présence d’un très-grand nombre
de personnes qui l’approchent de très-près, On lui a présenté
des chevaux, elle paroit les voir avec plaisir, les regarde at-
tentivement, les accompagne des yeux à mesure qu’ils s’é-
loignent, et semble vouloir les suivre; mais les chevaux ne la
voient pas tranquillement, ils trépignent, ils ont les oreilles
droites, et s’éloignent dès qu'on leur lèche la bride. Les
vaches qui la voient pour la première fois n’en prennent au-
cune épouvante.
Notre jeune Girafe aime le grand jour, et son écurie est
éclairée par deux fenêtres et une grande porte vitrée. Elle est
dans un même local avec trois vaches ses nourrices et deux
antilopes de haute taille; elle n’est séparée que par une cloi-
SUR LA GIRAFE. 83
son en planche de deux forts chevaux. La chaleur dans son
écurie est constamment au tempéré, c’est-à-dire, de dix à
douze degrés, sans que l’on soit obligé de faire Hs feu. Il a
été recommandé par M. Drovetti de ne pas se servir de
poële, ni de tuyaux de chaleur. Il paroït que le régime adopté
convient parfaitement à la Girafe, et tout annonce que nous
la conserverons.
Elle est bien en chair et grasse. Depuis sa sortie du lazaret,
elle a plus de gaité et plus de vigueur. On ne lui a jamais,
entendu donner aucune voix.
La Girafe qui est maintenant à Marseille est la seconde
qui soit arrivée en Europe depuis quelques années. La pre-
mière fut envoyée par le Pacha d'Egypte à Constantinople,
en 1822. Elle a peu vécu et est morte dans les jardins du
sérail: on a regardé la privation de lait comme la cause de sa
mort.
On peut dire que la Girafe n’a rien d’élégant ni de gra-
cieux dans le détail de ses formes; son corps court, ses jambes
hautes et rapprochées, l’excessive longueur de son cou, la
déclivité de son dos, sa croupe mal arrondie, et sa queue
longue et nue, toutes ces choses contrastent d’une manière
choquante; elle paroïît mal assise, mal en équilibre sur ses
pieds, et cependant on est saisi d’étonnement à son aspect,
et on la trouve belle sans pouvoir dire pourquoi. Elle n’est
peut-être qu'extraordinaire et en opposition avec tous les
animaux que nous connoissons.
Il est bien remarquable qu'après l’avoir considérée atten-
tivement, on ne conserve cependant de ses formes et de son
à
84 OBSERVATIONS SUR LA GIRAFE.
port qu'un souvenir incértain c'est, je crois, ce qui dt cause
que l’on aime en général à la voir souvent, et chaque _.
elle donne lieu à quelques nouvelles remarques.
Marseille, le 19 décembre 1826.
P. $. Il paroît que depuis les dimensions prises la Girafe a grandi d’un pouce
et demi.
Elle mange aujourd’hui plus qu’elle ne mangeoïit à son arrivée.
Cette note a été rédigée, d’après l’invitation de M. le Prefet, par M. Salze,
membre de l'Académie de Marseille, professeur de physique au Collége royal, et
de botanique à l'École secondaire de médecine. |
T7
:
MÉMOIRE
Sur le Système d'Agriculture adopté par les Bra-
siliens , et les résultats qu'il a eus dans la
. province de M1N4s-GERAES.
PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE.
Rés n’a peut-être jamais été aussi florissante en
Portugal que dans plusieurs autres parties de l'Europe, et
les hommes qui peuplèrent le Brésil ne profitèrent même pas
des connoïssances qu’ils possédoient. L'intérêt qu'a le culti-
vateur à conserver sa terre est la meilleure garantie des efforts
qu’il fera pour bien cultiver : cet intérêt, les premiers habi-
tans du Brésil ne l’avoient point, et à peine leurs descendans
l'ont-ils aujourd’hui. Une immense contrée s'offroit à leurs
regards; quelquefois un soldat montoit sur une hauteur, et
s’écrioit : «Tout ce que je découvre m’appartient; » et dans
des temps très-modernes, on a vu récompenser par une do-
nation de vingt-quatre lieues de terrain, sur les deux rives
. d’un fleuve, quelques victoires obscures remportées sur des
Indiens timides. Des hommes qui disposoient à leur gré d’une
contrée immense n’avoient aucun besoin de prendre des
précautions pour ménager le coin de terre où ils venoient
de recueillir quelques grains. D'ailleurs il étoit bien rare
qu’en passant en Amérique ils eussent le projet de s’y fixer
Mém. du Muséum. t. 14. 12
86 SYSTÈME D AGRICULTURE
sans retour; ils vouloient amasser des richesses, pour les éta-
ler ensuite aux yeux de leurs compatriotes, et à peine comp-
toient-ils, dans leur existence, le temps qu’ils passoient loin
de leur pays. Pendant cet intervalle, il falloit vivre sans
doute; les pratiques qu’ils adoptèrent furent les plus expédi-
tives, celles qui convenoient le mieux à la vie nomade qu'ils
menoient, celles des peuplades les plus barbares. La mort,
les infirmités, une foule de circonstances déjouèrent souvent
les calculs de ces hommes aventureux; leurs enfants n’avoient
à regretter ni les bords du Tage, ni les fruits savoureux du
Douro; ils étoient fatigués d'entendre vanter sans cesse un
pays qu'ils ne connoissoient point; ils restèrent dans celui où
ils étoient nés, et le Brésil se peupla; maison s’étoit accou-
tumé aux pratiques défectueuses de ses premiers habitans,
et elles se sont perpétuées jusqu’à nos jours.
Si j'excepte la province de Rio-Grande do Sul, celle des
Missions, et la province Cisplatine, on ne fait usage, dans
le Brésil méridional, ni de la charrue, ni des engrais: tout le
système de l’agriculture brasilienne est fondé sur la destruc-
tion des forêts; et où il n’y a point de bois, il n’y a point
de culture.
L'expérience a appris aux Brasiliens quelles espèces d'arbres
sont communes dans les forêts qui, mises en culture, doivent
donner les meilleures récoltes. Lorsqu'on a fait choix d’un
terrain, on ne le défriche point; on se contente de couper, à
hauteur d'appui, les arbres qui le couvrent: opération géné-
ralement confiée aux esclaves, et que l’excessive dureté des
bois rend souvent très-pénible. C’est quand la saison des
pluies est passée que l’on abat les portions de forêt que l’on
ADOPTÉ PAR LES BRASILIENS. 8
veut cultiver; on donne aux branchages le temps de sécher,
et l’on y met le feu avant que les pluiès recommencent.
* Non-seulement chez nous l’on contemple avec une douce
satisfaction les moissons qui commencent à jaünir, mais un
champ nouvellement Jabouré plait aussi aux yeux pär cet
aspect de régularité qui, éveillant toutes les espérances, an-
nonce le travail de l’homme industrieux et civilisé. Au Brésil,
au contraire, le terrain que l’on vient d’ensemenser n'offre
que l’image de la destruction et du chaos; la terre est cou-
verte de cendre et de charbon, d'énormes branches x demi-
consumées par les flammes sont jonchées çà et là, et au mi-
lieu d'elles s'élèvent des troncs noircis et dépouillés de leur
‘écorce: spectacle d'autant plus hideux, qu'il contraste avec
les beautés majestueuses des forêts environnantes.
Lorsqu'on a fait deux récoltes dans une terre qui étoit
autrefois couverte de bois vierges, on la laisse reposer; il y
pousse des arbres beaucoup plus gréles qué les premiers, et
d’une nature entièrement différente; on les laisse croître en-
viron pendant cinq, six où sept années, suivant les cantons;
on les coupe, ensuite on les brûle, et on plante dans leurs
cendres. Après une seule récolte, on laisse la terre reposer
de nouveau; d’autres arbres y croissent encore, et l’on con-
tinue de la même manière, jusqu'à ce qu’on juge le sol en-
tièrement épuisé.
Cette portion de la province de Minas-Geraës, située à
lorient de la Serra da Mantiqueira et de la pus qui la
continue vers le nord, est coupée de montagnes plusou moins
élévées, et fut autrefois entièrement couverte de forêts. Lors-
que dés cette partie ‘du Brésil on a fait dans un terrain un
12*
88 SYsTèME D'AGRICULTURE
très-petit nombre de récoltes, on y voit naître une très-grande
fougère du genre pteris. Une graminée visqueuse, grisâtre
et fétide, appelée Capim gordura ou herbe à la graisse, suc-
cède bientôt à cette cryptogame, ou croit en même temps
qu’elle. Alors presque toutes les autres plantes disparoissent
avec rapidité. Si quelque arbrisseau s'élève au milieu des
tiges du Capim gordura, il est bientôt brouté parles bestiaux;
l’ambitieuse graminée reste maîtresse du terrain, et elle ne
peut même pas être recommandée comme fourrage; car si
elle engraisse et les bêtes de somme et le bétail, elle diminue
sensiblement leurs forces. L’agriculteur ne pouvant plus es-
pérer de voir naître de nouveaux arbres sur son terrain, dit
qu'il est perdu sans retour; après avoir fait sept à huit récoltes
dans un champ, et quelquefois moins, il l’abandonne, et brüle
d’autres forêts, qui bientôt ont le même sort que les pre-
mières. Où s’élevoient naguère des arbres gigantesques en-
trelacés de lianes élégantes, le voyageur ne découvre plus
que des campagnes immenses de Capim gordura, et cepen-
dant il paroït incontestable que cette graminée ne s’est intro-
duite que depuis une cinquantaine d’années dans la province
des Mines(r);ses graines s’attachent aux vêtemens de l'homme
(1) Quelques uns disent que ce fut un religieux qui, dans l’intention de rendre un
service au pays, y apporta cette graminée comme fourrage, et ils ajoutent qu’elle
fut long-temps appelée Capim do Frey Luiz, du nom de ce même religieux.
D'autres assurent que le Capim gordura a été introduit dans la province des Mines
par ui muletier qui venoit de fort loin, et s’étoit servi de cette herbe pour remplir
ses bâts. Arrivé dans les environs de Villa-Rica, il renouvela son équipage; le
Capim gordura fut jeté, et ses graines le multiplièrent. Quoi qu’il en soit, il ma
été impossible de découvrir avec certitude de quel pays cette plante est originaire.
ADOPTÉ PAR LES BRASILIENS. 89
et aux poils des animaux; elle se répand partout, et quelques
montagnes voisines de Rio de Janeiro, où il n’en existoit pas
un seul pied lors de mon arrivée au Brésil, en sont aujour-
d’hui entièrement couvertes.
.… Ainsi les agriculteurs achèvent dans la province des Mines
ce qu’avoient déjà commencé les hommes qui alloient à la
recherche de l’or, la destruction si funeste des forêts. La
disette de bois se fait déjà sentir dans quelques villes qui
furent construites au milieu des forêts; et des mines de fer
de la plus étonnante richesse ne peuvent être exploitées
faute de combustibles. Tous les jours des arbres précieux
tombent sans utilité sous la hache du cultivateur impré-
voyant. Il est impossible de croire qu’au milieu de ces in-
cendies tant de fois répétés une foule d’espèces utiles pour
des arts et la médecine n’aient pas déjà disparu, et dans quel-
ques années la Flore que je fais paroître dans ce moment ne
sera déjà plus, ps. cantons, qu'un monument
historique.
. Par une ignorance facile à concevoir, quand on connoit
ds rapports du gouvernement portugais avec ses colonies,
le ministère lui-même, qui devoit s'opposer de tous ses efforts
à. la destruction des bois, a aussi contribué à l’accélérer. Les
plus belles forêts existoient encore intactes sur les frontières
de la province qui sont habitées par les Indiens sauvages.
À l'arrivée du Roi à Püo de Janeiro, le comte de Linhares fit
rendre un décret qui exemptoit d’impôts pendant dix ans,
Quelques Mineurs prétendent qu’elle vient de la province de Ri0-Grande do Sul,
mais je ne l’y ai point trouvée.
.
90 SYSTÈME D'AGRICULTURE
les colons qui iroient s'établir au milieu de ces bois. Une
telle loi pouvoit sans doute être utilement rendue en faveur
de colons étrangers qui eussent augmenté la population et
enseigné un mode de culture plus raisonnable, mais elle ne
devoit point être faite pour inviter les Brasiliens eux-mêmes,
qui ont déjà détruit tant de bois, à aller détruire ceux qui
restent encore.
Les chances aventureuses de la recherche de l'or et des
pierreries ont exalté chez les Mineurs cet esprit d'inquiétude
naturel à tous les hommes; comme les joueurs, ils saisissent
la moindre lueur d’espérance, et sont toujours prêts à sacri-
fier ce qu’il y a de plus réel aux chimères de leur imagination.
La plupart d’entre eux, abandonnant les lieux qui les ont
vu naître, ont plusieurs fois transporté çà et là leur famille,
leur fortune et leurs esclaves; et au seul récit que je faisois
à quelques propriétaires des environs de Villa-Rica de la fer-
tilité des rives du Jiquitihonba, je les ai vus disposés à quitter
l'habitation où ils avoient reçu le jour, à traverser un pays
immense, et à s’enfoncer dans les forêts peuplées par les Bo-
tocudos. On sent avec quel empressement des hommes ani-
més d’un tel esprit ont du saisir l’appât qui leur étoit offert
par le gouvernement lui-même. On s'éloigne du centre de
la province; des villages jadis florissans sont abandonnés, et
Pon se précipite vers les frontières. La destruction des bois
n’est pas le seul résultat fächeux d’un tel système, Une foible
population, en se disséminant sur une immense étendue, de-
vient plus difficile à conduire: vivant à de grandes distances
les uns des autres, les cultivateurs perdent peu à peu les élé-
mens de la civilisation; les principes de la religion et de la
ADOPTÉ PAR LES BRASILIENS. o1
morale ne leur sont plus enseignés; le criminel échappe à la
rigueur des lois; l'Etat a plus de peine à recouvrer ses de-
niers; et, en, cas de besoin, le pays ne pourroit qu'après un
long espace de temps réunir tous ses défenseurs.
Un changement dans le système d’agriculture admis jus-
qu’à ce jour remédieroit à tant de maux. Que les Mineurs
adoptent l'usage de la charrue et des engrais; ils n’auront
plus besoin de détruire leurs forêts, et ces terres qu’ils disent
être perdues sans retour leur donneront tous les ans d’abon:
dantes récoltes; le fils mourra près des lieux où reposent les
cendres de ses pères, et la population ne s’étendra plus qu’à
mesure qu’elle augmentera.
… Je sais très-bien qu'il est des côtes trop rapides pour qu’on
puisse les labourer; mais combien de vallées fertiles peuvent
être cultivées avec la charrue! Les racines des arbres seroient
certainement un obstacle dans les cantons où les bois au-
roient été brûlés récemment , mais dans une foule d’endroits
elles sont déjà détruites; et avant qu’elles'le soient il ne se
passe certainement pas autant d'années que le prétendent les
Mineurs, quand ils veulent défendre le mode de culture au-
quel ils sont malheureusement accoutumés.
. J'ai souvent eu occasion de citer aux cultivateurs des en-
virons de Villa-Rica un exemple dont ils avoient été témoins
. comme moi, et qui leur prouve combien leurs terres cou-
vertes de Capim gordura sont loin d’être perdues pour ja-
mais. Un habitant des îles Açores étoit venu s'établir à peu
de distance de la capitale des Mines, près du village de Santa-
Barbara , et possédoit un troupeau de sept cents bêtes à
cornes. Au lieu d’abattre et d’incendier des forêts, il réunis-
92 SYSTÈME D’AGRICULTURE. :
soit chaque soir ses bestiaux dans un parc; il faisoit enclore
d’une haie sèche un champ de Capin gordura, et y mettoit
le feu. Sans bêcher son champ, sans le labourer, il y faisoit
creuser des trous; des nègres déposoient dans chacun d’eux
un peu de fumier pris dans les parcs où les bestiaux avoient
été enfermés, et on y mettait ensuite des grains de maïs. J’ai
vu ces champs à l’époque de la floraison du maïs; les tiges
étoient pour le moins aussi belles que celles qui viennent au
milieu des cendres des bois vierges, et le verd gai de leurs
feuilles contrastoit d’une manière agréable avec la couleur
grisâtre du Capim gordura qui avoit poussé avec elles. Si des
procédés qui rappellent autant l'enfance de l’art ont pu pro-
duire des résultats aussi heureux, que ne seroit-on pas en
droit d’espérer d'une culture régulière ?
Il est très-vrai que lorsqu'on a soin d’éloigner les bestiaux
d’un terrain où croit le Capim gordura, et que ce terrain
est par lui-même d’une nature excellente, le Capzm gordura
finit par se détruire de lui-mème; les vieilles tiges forment
au bout d’un certain temps une couche épaisse qui ne per-
met pas aux semences de lever; des rejets d’arbres et d’ar-
brisseaux se montrent peu à peu; et lorsqu'ils commencent à
donner de l'ombre, ils font périr entièrement l’ambitieuse
graminée. Mais il ne faut pas moins de dix ans pour qu’un
tel changement s’opère dans les meilleurs terrains; et com-
bien n'est-il pas difficile d’ailleurs d’empècher les bestiaux
d'approcher d’un champ lorsqu'on ne les garde point!
Ce n’est pas seulement, au reste, dans les parties du Brésil
où croit le Capun gordura que le système d’agriculture en
usage parmi les Brasiliens a les inconvéniens les plus graves.
ADOPTÉ PAR LES BRASILIENS. |
Il est d'immenses pays où cette graminée n’a pas encore pé-
nétré, et d’autres où elle ne pénétrera probablement jamais,
parce qu’elle ne se plaît bien que dans les terrains argileux;
mais dans ces pays même, l'incendie répété des bois épuise
également les terres. Ainsi celles de Piedade, dans le district
de Minas-Novas, où l’on ne voit point de Capim gordura,
commencent déjà à se fatiguer, et cependant ce canton n’est
peuplé que depuis quatre-vingts ans. 11 n’y a pas trente-cinq
ans que l’on cultive les environs de San-Domingos, et déjà
les colons se plaignent du peu d’abondance de leurs récoltes.
Je sais qu'il est quelques cantons heureusement favorisés, tels
que les environs de Salgado , sur les bords du Rio de Santo-
Francisco, où on laisse à peine reposer la terre, et où elle
_ produit toujours avec une égale fécondité; mais ces cantons
sont du nombre des exceptions, et peut-être n’en devrois-je
citer aucune dans une esquisse qui ne doit présenter que
quelques traits principaux.
S'il falloit actuellement indiquer un moÿen de décider les
Mineiros à renoncer à leurs pratiques erronnées d’agricul-
_ ture, cette tâche ne seroit assurément pas difficile. Le gou-
vernement brasilien exempte de dix années d'impôts ceux qui
se transportent sur les frontières de la province des Mines;
qu’il n’ajoute point à ce sacrifice, qu'il en change seulement
la direction. Au lieu de récompenser des hommes qui cher-
chent à se soustraire à la surveillance de l’autorité, et détrui-
sent les forêts qui subsistent encore, que l’on accorde la
même prime à ceux qui laboureront les terres couvertes de
Capim gordura, ei Von verra, j'ose le dire, une heureuse ré-
volution s’opérer bientôt dans la province de Minas-Geraes.
Mém. du Muséum. 1. 14. 13
MÉMOIRE vos
SUR LE GENRE TOZZIA.
PAR M. AUG. DE SAINT-HILAIRE.
(Lu à la Société d'Histoire naturelle, dans sa séance du 17 novembre 1826.)
1
;
Nous connoissons jusque dans ses moindres détails l'or-
ganisation d’une foule de plantes exotiques, et il en est d’in-
digènes dont la structure et l’histoire sont loin d’avoir été com-
plétement étudiées. Les botanistes doivent, ce me semble,
faire des efforts pour remplir de telles lacunes, et j’espère
qu'on me saura gré de publier quelques observations qui
acheveront de lever toute espèce de doute sur les affinités du
genre l'ozz1@, aflinités qui jusqu'ici n’avoient pu être déter-
minées avec une entière certitude.
Une plante qui présente, avec une corolle irrégulière et
des étamines didynames, un fruit à une seule graine, devroit
nécessairement embarrasser les botanistes qui s’occupent de
rapports naturels : aussi ont-ils montré beaucoup d’incerti-
tude sur la place qu’il falloit accorder au genre 7ozzta. Lors-
que les végétaux étoient encore mal étudiés, et la théorie des
affinités imparfaitement établié, Bernard de Jussieu rangea
ce genre parmi les Primulacées; Adanson le placa ensuite
avec les V’erbenacées, auxquelles il joignoit aussi le Gerar-
dia (fam. 2, p. 200); Antoine-Laurent de Jussieu le mit à
MÉNOIRE SUR LE GENRE Tozzra. :
la suitedes Lysimachies ; et enfin Ventenat le laissa parmi les
genres dont la place est incertaine (tab. vég. 1v, pl. 1).
I paroît que la plupart des äuteurs ont considéfé le fruit
du Tozzia comme bivalve, ét il est à croire que leurs incer-
titudes eussent été plus grandes encore s'ils avoient eu sur ce
fruit les idées que m'a données une observation attentive.
Binné dit que la capsule du Tozzia est univalve: Il est clair
qu'il n’a pas entendu par là que cette capsule s’ouvroit laté-
ralenfent comme celle, par exemple , de plasieurs Renoncu-
lacées, seul cas où il n’y a vraiment qu’une valve; ilest beau-
coup plus vraisemblable que immortel Suédois aura voulu
dire que le fruit du Tozzia étoit composé d’une seule pièce,
parce qu’il est indéhiscent. Les fruits nombreux que j'ai vus,
tant dans l’herbier de M. De Candole que dans le mien,
m’étoient pas; je crois, parfaitement mûrs; mais le botaniste
un peu exercé reconnoît facilement, mêmetavant la parfaite
maturité, quand un fruit est déhiscent ou quand il ne doit
pas s'ouvrir. Car voici la forme de celui du Z'ozzia : Al est
obovoïde-arrondi, légèrement comprimé, relevé dans sa péri-
phérie d'un bord saillant, ou espèce de crête étroite, et je ne
me rappelle point que la crête que je viens de signaler, et qui,
sije ne me trompe, est commune chez les fruits uniloculaires
indéhiscens, se retrouve dans ceux qui s’ouvrent. Mais il ya
un caractère qui achève d'établir, ce me semble, l’indéhis-
cence des fruits du Tozzia, c’est que la consistance de ces
fruits n’est réellement pas capsulaire. Quoique je ne les aie
vus que dans lherbier, et par conséquent dans l’état de des-
siccation, j'ai reconnu que le péricarpe n’étoit point formé
d’une substance homogène; la partie intérieure est crustacée;
197
96 Mémoire
la portion extérieure paroît avoir été plus molle, et par con-
séquent le fruit dont il s’agit doit être appelé drupe ou dru-
péole, ét non capsule. La dissection du jeune fruit, après
la chute de la corolle, pouvoit déjà me faire pressentir ce
caractère ; car dès-lors j'ai trouvé au péricarpe une épaisseur
que ne présentent point ceux qui sont destinés à devenir
simplement capsulaires. Gœrtner fils semble, au reste, avoir
reconnu le caractère énoncé plus haut, car il donne le nom
de rucule au fruit dont il s’agit, et il y distingue une écorce
et un noyau (cortex, putamen) (Sup. p. 105). Le mème
auteur, il est vrai, a dessiné les fruits dont il s’agit comme
étant à deux valves au sommet. Mais parmi ceux que j'ai ob-
servés, j'en ai trouvé également un qui, semblable au dessin
de Gœrtner, étoit bivalve à la partie supérieure, et il étoit
évident que les deux prétendues valves étoient dues à la pres-
sion de l’herbier, car leur séparation indiquoit un déchire-
ment,
Comme les autres botanistes, M. De Candole a pensé que
le fruit du T'ozzia étoit capsulaire et bivalve. Cette opinion
étoit sans doute, comme je l'ai déjà fait remarquer, un obs-
tacle de moins pour reconnoître la véritable place du genre;
car dans la famille à laquelle on doit le rapporter, il n'existe
pas, à ma connoissance, de fruits indéhiscens, mais unique-
ment des fruits 2-valves; mais ceux des sectateurs des rap-
ports naturels qui avoient précédé M. De Candole, avoient
avancé sur le fruit la même chose que lui, et pourtant ils
avoient méconnu les véritables affinités du genre qui nous
occupe. L’illustre auteur de la Flore française, adhérant aux
idées de M. Ramond, fit très-bien sentir que le Tozzia ne
SUR LE GENRE TOZZIA.. 97
pouvoit être placé parmi les Primulacées ni parmi les V’er-
benacées; et tout en montrant qu'il différoit de ses Rhinan-
thées par la capsule, il le mit pourtant, à cause de ses étamines
et de sa fleur irrégulière, parmi les plantes de cette famille.
Lorsque dans mon Mémoire sur le placenta central je passai
en revue les genres qu’on avoit rapportés avec doute à la
famille des Primulacées, je dus nécessairement parler du
Tozzia. Je rappelai l'opinion de M. De Candolle, et je m’ex-
primai comme il suit : « D’après l'invitation de M. de Jus
« sieu, M. Desvaux et moi nous avons ouvert plusieurs fruits
« du Tozzia pris sur des échantillons secs, et dans l’un d’eux
« M. Desvaux a trouvé deux loges. On sent cependant qu'il
« sera nécessaire de voir ce caractère sur le fruit. »
Jusqu'à ce moment aucun botaniste n’avoit eu, à ce qu’il
paroit, occasion d'observer l'ovaire du genre qui nous occupe.
Ayant été assez heureux pour trouyer le Tozzia avec des
fleurs dans les Alpes d'Appenzell (1), je me suis empressé
d'en ouvrir le jeune fruit tiré de la .corolle, et voici ce que
j yai observé : Il est partagé par une cloison fort mince en
deux loges 2-spermes; les ovules, à peu près oblongs-cylin-
driques, sont attachés à la cloison par une grande partie de
leur longueur, et n’ont guère de libre que tout-à-fait leur ex-
trémité inférieure. Un tel ovaire est, dans l’ensemble de ses
caractères, celui de plusieurs Scrophularinées ; par .consé-
quenit tous les doutes disparoissent ; et c’est dans cette famille,
près du Mélampyrum , genre à ovules en nombre déterminé,
(Gi) A l’'Untergarten, localité qu’il faut recommander aux botanistes d’une ma-
nière spéciale.
98 Mémorre
qu'il faudra irrévocablement placerle Tozzia(r). Commetant
d’autres observations, celle-ci prouve qu’ondoit étudier le fruit
dans les ovaires, et que sans ces derniers on ne peut souvent
obtenir une connoissance parfaite des rapports des plantes.
Ceux qui ont quelque idée dé l’histoire des fruits, devi-
neront facilement comment l'ovaire du 70zs1a devient un
péricarpe uniloculaire et 1-sperme. Si l’on ouvre l'ovaire
après la chute de la corolle, on trouvera qu’un seul ovule a
pris de l'accroissement, et dès lors tout le reste de la méta-
morphose s'explique sans aucune peine. L’ovule fécondé doit,
comme cela arrive si souvent, repousser peu à peu la cloison
et les ovules contre la paroi du péricarpe, et il finit par rem-
plir plus ou moins la cavité du fruit devenu uniloculaire. Pour
peu qu’on examine la sémenceavet attention, ou se convaincra
au reste de la vérité de tout ce que j’avance ici; car du côté
de cette semence où l’on voit l’ombilic, on trouvera les ovules
avortés qui présentent une couleur jaunâtre. Il est bien évi-
dent, d’après la figure de Gœrtner fils, que ces ovules ne lui
ont pas entièrement échappé; mais il a méconnu leur nature,
et c’est incontestablement ceux qu’il a appelés des apper-
dices du cordon ombihcal (umbilicus appendiculatus).
Je crois que, pour faire connoître complétement la plante
qui fait l'objet de ce Mémoire, je dois dire un mot de ses
graines. Celles que j'ai disséquées étoient assez müres pour
me faire connoître leur organisation. L’ombilic est latéral,
linéaire, et occupe une partie considérable de la longueur
de la semence. Le périsperme est grand et charnu. L’embryon
(1) C’estlà qu'il est déjà dans la Flore française.
ne EN EN NE PPS enseen,
est droit, fort petit, et il occupe dans le fruit la partie tout-
à-fait supérieure du périsperme; la radicule regarde le style,
et est par conséquent supérieure. Il est clair, d’après ceci,
que ni la radicule, ni les cotylédons ne sont tournés vers
l'ombilic, et que l'embryon du Tozsia est er au plan
de ce dernier. AC
- Ordinairement l'embryon des Sie est placé
de l’axe du périsperme ,'et sa radicule aboutit à l’ombilic;
cependant le parallélisme de ce dernier et de l'embryon, gé-
néral dans les Primulacées, se rencontre encore dans quel-
ques autres Scrophularinées que le Tozzia, et il confirme
les rapportsintimes des deux familles, rapports établis, comme
je l'ai prouvé jadis, par l'intermédiaire du Zimosella (voyez
mon Mémoire sur le placenta central). ”
D'après ce que j'ai dit, voici comment il faut tracer les
caractères du genre Tozzia :
:Calyxcampanulatus, subbilabiatus, 4-dentatus. Corolla
mulio longior, 2-labiata ; labio superiore bilobo, inferiore
tripartito. Stamina 4 didynama; antheræ 2-partitæ, sur-
mo-dorso affixæ ; loculrs bast aristatis, longitrorsum dehis-
centibus. Stylus, 1. Stigma obtusum. Ovarüim superum ,
2-loculare; loculis 2-spermis. Ovula oblonga per totam ferè
longitudinem affixa, infernè libera. Fructus subdrupaceus,
abortu 1-spermus. Umbilicus linearis. Perispermum car-
nosum, magnum. Embryo minutus, in margine perisperm
docatus; rectus , umbilico parallelus.: radicula supera.
si
EXAMEN
VÉGÉTATION DE L'ISOETES SETACEA ,
ET EXPOSITION DE SES CARACTÈRES.
PAR A. RAFFENEAU DELILE,
Professeur de botanique à la Faculté de médecine de Montpellier, Correspondant de
l'Académie royale des Sciences, etc.
L, méthode naturelle qui distribue les plantes par familles
repose sur l'étude spéciale de la graine, dont la structure
correspond à la disposition d’autres organes, de manière à
faire utilement déduire la connoissance de plusieurs carac-
tères de l'observation d’un seul. Cette méthode est assujétie
à la liaison que les plantes conservent entre elles par leurs
degrés de ressemblance. Elle embrasse tous leurs rapports;
et par l’ensemble de ces considérations, elle devient très-fa-
vorable aux progrès de la science. Ses principes ont nécessité
l'analyse de la graine à sa formation avec le fruit, et surtout
à son état parfait propre à la germination, qui est le but au-
quel elle est destinée. Les travaux des botanistes les plus
distingués de nos jours offrent à cet égard d’excellens modèles
de recherches, au moyen desquelles ils ont approfondi la
connoissance du fruit , déterminé l’usage de ses parties, et si-
gnalé les changemens qu’elles éprouvent depuis la féconda-
tion jusqu’à la maturité et la germination, On n'a pas tardé
DE L'ISOETES SETACEA. TOI
à reconnoître que les rapports des organes sexuels aux pro-
duits de la fécondation sont tels, que les végétaux dont les
sexes sont les plus évidens sont aussi ceux dont les fruits et
la germination nous laissent le moins de doute sur nos obser-
vations. Mais la petitesse des graines des végétaux crypto-
games ou acotylédons les dérobe ordinairement aux expé-
riences des naturalistes, qui ne sont point demeurés d'accord
sur les dénominations à donner avec exactitude aux parties
regardées tantôt comme des graines, tantôt comme des bour-
geons développés sans besoin ni présence de poussière fé-
condante. Le désir de joindre quelques observations à celles
qu’on a déjà faites pour éclairer la question des sexes et de la
germination des cryptogames, m'a fait examiner à tous les
degrés de sa végétation l’Zsoefes, genre de plante précé-
demment classé parmi les acotylédones, et dont on n’avoit
point encore vu germer les graines. Une espèce de ce genre
est abondante à demi-lieue de Montpellier, dans l’ancien
bois de Grammont, si fertile que Hebenstreit, au retour
de ses voyages, cité par Linné ( 7» Am@æn. Acad. +. 4,
p. 472), racontait n'avoir vu nulle part tant de plantes dans
un si petit espace. J’ai souvent abordé ce lieu avec cu-
riosité, comme je vois s’y porter les étrangers non moins
remplis que moi des souvenirs qu'impriment les écrits de
Linné.
L'Isoetes setacea est une plante aquatique, presque tou-
jours submergée, qui croit dans le limon glaiseux que les
pluies emportent des champs, dans un petit lac qui se détrui-
rait si l’on n’avait soin de l’entretenir ; on en retire le limon
pour le porter au pied des vignes voisines plantées dans un
Mém. du Muséum. 1. 14. 14
102 _ VÉGÉTATIOoN
sol tout couvert de cailloux. La racine de l’fsoetes est une
souche ou tubercule analogue au plateau des bulbes, et au-
quel se rattachent toutes les parties du végétal. Ce tubercule
est charau, globuleux, partagé en trois lobes à sa circon-
férence ( pl. 6, fig. 15, 17 e ), et convexe en dessus, ou les
feuilles sont disposées en faisceau. Il présente, au moyen de
ses trois lobes, trois faces un peu obliques en dessous, sépa-
rées par trois sillons, et occupées chacune par un écusson ou
disque déprimé, de la circonférence duquel naissent de nom-
breuses radicules. Les feuilles sont en fer d’alène, demi-cy-
lindriques sur le dos, membraneuses sur les bords à leur base
où la fructification adhère ; elles sont partagées dans le sens
de leur longueur en quatre canaux anguleux, convertis en
cellules alongées, par des cloisons transversales: ces cellules
donnent aux feuilles une légèreté nécessaire à leur direction
souvent verticale dans l’eau. Les feuilles centrales sont gar-
nies à leur base de conceptacles d'organes mâles, et celles de
la circonférence logent les conceptacles des organes femelles.
Les unes et les autres portent une écaille ou appendice placé
au-dessus du bord supérieur des conceptacles. C’est cette
écaille que Linné a regardé comme le calice dans le genre
Isoetes. Elle paroît destinée à protéger l'extrémité supérieure
des organes sexuels, comme ferait une véritable valve. Une
glande distincte ( fig. 23 et 26 © ) remplace le sommet d’un
stigmate au-dessus des conceptacles femelles, et le sommet
d’une anthère au-dessus des conceptacles mâles. Cette glande
se flétrit et saaltère après la fécondation; il est aisé de suivre
par la dissection ( fig. 27, lettre © ) la trace des communi-
cations de cette glande avec le tissu des conceptacles.
DE L'ISORTES SETACEA. 103
Les conceptacles mâles ne différent des femelles que parce
qu’ils sont remplis de poussière formée de très-petits globules
ovoïdes, gros d'un vingtième de millimètre seulement, tandis
queles globules des conceptacles du second ordre ou femelles
sont sphériques et épais d’un demi-millimètre. Chaque feuille
de la plante est excavée en dedans à sa base, et refoulée én
dehors pour loger un conceptacle presque axillaire, demi-
ovoïde, dressé, convexe en dehors, libre par ses bords, et
qui né communique que par une portion moyenne dorsale
avec le tissu de la feuille. Lies conceptacles se développent
sous la forme d’un écusson ovoide, fort petit, pelté en des-
sous. Ils sont très-minces, membraneux, transparens multi-
loculaires, à cloisons incomplètes, et qui se réduisent à de
simples brides perpendiculaires sur l'épaisseur de la capsule. Je
n'ai pu découvrir d'insertion fixe des corpuscules dans aucun
des conceptacles : leurinsertion m’a paru vague; et lorsque je
les ai examinés avant leur état parfait, ils étaient sous forme
de points opaques, simples, noyés au centre de points plus
gros, anguleux, charnus et transparens. Wahlenberg a décrit
dans l’/soetes lacustris les corpuscules comme composés
chacun de quatre grains distincts enfermés dans une tunique
capsulaire; il a figuré les corpuscules des deux ordres de
conceptacles de manière à faire voir que les corpuscules,
arrondis avant leur maturité et transparens, présentent au
dedans d’une tunique commune quatre points opaques (1)
qui indiquent la division des corpuscules en quatre autres
lors de la maturité. Je n’ai rien pu voir de semblable, soit
(1) Wahlenberg, Flora lapponica , pag. 194, tab, 26.
14:
104 VÉGÉTATION
dans l’Zsoetes lacustris frais,recu des montagnes des Vosges,
soit dans l’/soetes setacea, qui, pour le volume des parties et
pour l'évidence de leur disposition, a été très-propre à mes
observations.
Les corpuscules dont j'ai pu reconnoître l’organisation
sont logés dans les conceptacles des feuilles extérieures, et
ont les caractères propres aux graines; ils sont globuleux,
chagrinés à la surface, taillés circulairement, à peu près vers
leur moitié, en un bord tranchant, auquel aboutissent trois
crêtes fines qui partent d’un point commun et bornent trois
fossettes triangulaires (fig. 1). Le £esta ou tégument extérieur
est blanc, friable, couvert d’aspérités; il est tranchant sur
ses crêtes et sur son rebord annulaire; il est poreux et s’im-
bibe rapidement d’une humidité qui change aussitôt sa cou-
leur et le rend gris, mais il redevient très-blanc en se séchant.
Le £egmen ou tégument intérieur ( fig. 6 b ) est lisse, vert-
olive, un peu moins opaque et plus épais, marqué du rebord
annulaire et des trois crêtes plus mousses. L’amande, sous
les tégumens, est un embryon utriculaire (fig. 4), sphérique,
qui cède sous la pression, et qui contient un fluide un peu
grumeleux (fig. 5 ) dans une membrane fine, sur laquelle on
découvre trois lignes foibles, rayonnantes. Je n’ai trouvé
d’autre moyen pour séparer les trois parties de la graine, sa-
voir, les deux tuniques et l’amande, que de faire éclater,
entre une lame de verre et un instrument plat, par une pres-
sion modérée, les tégumens l’un après l’autre, afin d'obtenir
l’amande, ou petit corps vésiculeux intérieur entier, sans quoi
sa liqueur pénètre les tégumens, et empèche de distinguer
qu'il y en a deux.
DE L'ISOETES SETACEA. 105
Ces graines ont la propriété d’être plus pesantes que l’eau;
elles éclatent quand on les approche de la flamme d’une
chandelle, mais n’entrent pas aussitôt en ignition, à moins
qu'on ne les ait écrasées; alors elles brülent lentement. La
poussière fine des coques ou capsules mâles a aussi la pro-
priété de brüler avec lenteur; elle se mêle facilement à l’eau,
et ne s’y précipite que par degrés.
La plantule ne paroît dans la germination qu'après avoir
percé d’abord supérieurement (fig. 7, 8, 9 d) le tégument
qui lui est propre et qui forme un tube court. Ce tégument,
par son développement, remplit les fonctions de cotylédon
au moyen des adhérences ou prolongemens membraneux
qu'il contracte avec les radicelles primordiales (fig. 10 8);
mais il se détruit bientôt après avoir paru dans le principe
juxtaposé à la manière d’un endosperme ou albumen.
Le sommet de l’embryon est vert, et sa radicule est
blanche. Il ne tarde pas à s'organiser, entre le sommet et la
radicule, un tubercule arrondi d’où commence à poindre,
par le haut, une deuxième feuille cylindrique (fig. 13 1), et
par le bas une seconde radicule (fig. 11,13 f F). Le tuber-
eule se grossit d’un second lobe, et débat en ne d’un troi-
sième, de manière à former en miniature la vraie souche qui
continue de s’accroitre, et qui pousse des radicelles et des
feuilles plus nombreuses. Ce tubercule, ou bulbe solide, varie
singulièremeut en grosseur depuis trois à xqusire millimètres
jusqu’à vingt-cinq ( ou depuis une ligne jusqu’à un pouce)
(fig. 14 à 18), suivant l’âge auquel on l’observe. Il est vivace,
et n’acquiert pas dès la première année tout le volume qu'il
est susceptible de prendre; voilà pourquoi l’Zsoetes setacea,
106 VÉGÉTATION
proportionné par la taille de ses feuilles à celle de ses racines,
est tantôt une plante sétacée de peu de lignes de haut, tantôt
une plante subulée élevée de plus d’un pied. |
Ce tubercule est un peu âcre et fait mal à la gorge; il varie
suivant les saisons. Il est recouvert et caché par les feuilles
à sa face supérieure en été; ses trois lobes sont alors vides en
partie, et réduits à trois poches membraneuses (fig. 22)
formées par l’écorce retenue à un centre à trois branches,
charnu. L'eau dans laquelle il a poussé s’épuise ordinairement
par la sécheresse; les feuilles de la plante périssent, la végé-
tation reste suspendue, mais la souche charnue se conserve
très-long-temps, soit en terre, soit à l’air. J’ai fait l’expé-
rience de garder deux ans des tubercules d’Zsoetes setacea
dans des tiroirs, et de les planter ensuite : je les ai vus pousser
sitôt que je les ai tenus humides. Il est donc tout aussi facile
de cultiver cette plante de ses racines imitant des bulbes, que
tant d’autres qui sont également vivaces. Il faut seulement la
tenir inondée au moins pendant une grande partie de l’année:
Le tubercule commence à croître et se renfle à la fin de
l'automne; il ne présente plus les feuilles dont il a été cou-
vert; elles sont détruites, et la fructification en a été enlevée
sous l’eau pour peu que la plante soit restée submergée. Le
bourgeon central commence à se développer sous la forme
de feuilles aplaties et très-étroites , à la base desquelles il n’y
a point encore de fructification (fig. 17). La souche est alors
solide, à trois lobes, et nue dans le pourtour de sa face
supérieure (fig. 15, 17), où les traces de plusieurs feuilles de
l'année précédente sont imprimées en cicatrices concentriques ;
et c’est précisément cette partie du tubercule qui se vide
DE L'Isorres SETACEA. 107
(fig. 22) à mesure que ses sucs sont absorbés par les feuilles
qui croissent abondamment. Les feuilles du contour du bour-
geon développées tandis que le tubercule est gorgé de sucs
convenables, sont les seules qui produisent des graines fer-
_tiles. Tous les rangs de feuilles intérieures ne produisent que
des corpuscules pulvérulens, et les sucs de la végétation se
distribuent à ces feuilles très-alongées, ou bien séjournent
de manière à rendre le tissu du tubercule plus dense et moins
aqueux en été qu'il ne l’étoit en hiver.
Les tubercules extraits de terre à maturité après l’été se
conservent sans diminuer de volume, tandis que, recueillis
dans l’hiver ou au printemps, ils se rident et se dessèchent
en perdant une partie de leur grosseur. Cette plante ne paroiït
pas se propager par sa racine, qui est un tubercule isolé,
vivace, destiné à la conserver. Elle se multiplie considérable-
ment de ses graines qui germent au mois de novembre, et
quoiqu’elles diffèrent à peine, extérieurement, de celles de
certains Lycopodes, elles ont cependant un tout autre mode
de germer.
Les Lycopodes, en prenant pour exemple le Lycopodium
denticulatum décrit par Brotero et Salisbury, sont pourvus
d’un tubercule latéral, appelé JZ£ellus par Brotero, et qui
donne naissance inférieurement à la radicule, et supérieure-
ment à une ügelle couronnée de feuilles primordiales oppo-
sées, ou vrais cotylédons. L’Isoetes en germination consiste
dans un pur embryon dont la tunique propre est l’analogue
d’un cotylédon de joncée ou de liliacée. Cet embryon sa-
longe, et devient vermiforme de sphérique qu’il étoit; mais il
105 VÉGÉTATION
ne sort de feuilles de cette plantule cylindrique qu'après qu’il
s’est développé, dans un point de sa longueur, une nodosité
qui sépare la radicule de la tigelle, et qui devient intermé-
diaire des deux systèmes de la plante, l’un ascendant, l’autre
descendant. On voit au microscope cette nodosité composée
d’un nombre de cellules fines, globuleuses (fig. 10, 12 e),
d'autant plus grand que la nodosité acquiert plusde grosseur,
jusqu’à ce qu’elle devienne enfin une bosse latérale, opaque,
rudiment de la souche qui netarde pas à se composer de trois
lobes, et à constituer la souche vivace de la plante. La graine
du Lycopode, plante très-feuillée, conserve jusque dans son
embryon des feuilles rudimentaires. La graine de l’Isoetes,
qui, au lieu de feuilles en lame, n’a que des feuilles en tuyau,
ne conserve dans sa structure qu'un cotylédon tubulaire dès
qu'il s'est développé. On observe, parmi les plantes phanéro-
gamés, que la Cuscute non feuillée est dépourvue de coty-
lédons ou rudimens de feuilles quand elle germe ; tandis
que les plantes auxquelles elle s’allie par sa floraison, très-
pourvues de feuilles, le sont aussi de cotylédons. On en tire
cette conséquence que, lorsque la végétation réduit une
plante au rudiment ou à l’ébauche de son existence dans
la graine, elle y prépare plus ou moins l’état parfait des traits
qu’elle n’a pas tous supprimés, en proportion de ce qu’ils
sont plus ou moins saillans dans la plante adulte.
Les Lycopodes ont des graines marquées de trois crêtes
comme celles de l’Isoetes, ce qui établit un degré d’aflinité
réelle entre ces genres. L’Isoetes paroît être le type de cette
organisation; elle y correspond aux trois lobes verticillés,
_
DE L’Isozres SETACEA. ‘109
soudés de la racine aux feuilles rangées concentriquement
trois à trois qui couronnent cette racine , et aux trois ner-
vures ou cloisons longitudinales qui font le soutien intérieur
de la membrane tubulaire des feuilles. Ce n’est point la com-
pression, comme l'a prétendu Wahlenberg, qui occasione
les trois crêtes inhérentes à la structure des graines. La com-
pression agit si directement sur elles, que les facettes par les-
quelles leur contact s'opère s’aplatissent sans avoir rien de
symétrique les unes par rapport aux autres. La pression les
déprime sur des points variables, mais ne produit point de
crêtes autour de leurs facettes contigués qui deviennent
lisses. L :
Ray, botaniste anglais, est le “premier qui ait fait connoître
(en 168) le genre Isoetes, en décrivant l’espèce propre aux
lacs des montagnes du pays de Galles, et qui, depuis, a été
appelée Zsoetes lacustris. I cita les divers noms de cette plante
Subularia, Calamistrum, dizoides, et fit remarquer qu’elle
ne portoit ni fleurs, ni fruits apparens, quoique Richardson,
botaniste du même temps, eût réussi à la cultiver. Dillen,
soixante-neuf ans plus tard, fit connoïtre la fructification de
la base des feuilles, et fit graver la plante dans son histoire des
Mousses, en lui donnant le nom de Calamaria, imité de
celui de Calamistrum mentionné par Ray. Ces noms sont
une imitation latine du nom anglais Quéllwort, signifiant
herbe à tuyaux de plumes, et convenable à des feuilles fistu-
leuses. Linné, dans la première édition de la Flora suecica,
réunit au genre Marsileale Calamaria de Dillen. Il recueillit
ensuite, en Scanie, cette plante qu'il décrivit.et dont il donna
une figure (ter Scan., p. 149), en lui imposant le nom gé-
Mém. du Muséum. 1. 14. 15
110 VÉGÉTATION
nérique d’Isoetes. Il fit choix de ce mot , parce qu’en grec il
est synonyme d’Aizoides ou Joubarbe, l’un des termes que
Ray avoit employés. Pline est l’auteur qui nous apprend que
la petite Joubarbe a été appelée autrefois Isoetes et Aizoïdes.
Linné fils ajouta au genre Isoetes, qui ne se composoit que
dela seule espèce d'Angleterre et de Suède, une deuxième
espèce de Coromandel, qu'il distingua par ses feuilles plus
longues, filiformes et droites. Wahlenberg observe que l’Z-
soetes lacustris en Laponie, lorsqu'il y a assez d’eau dans
les lacs, s’alonge quelquefois au point de ne plus différer de
l’'Isoetescoromandelina que Wildenow avoit admise comme
une espèce douteuse.
Ray et Dillen avoient constaté l’existence de deux variétés
de l’Isoetes, l’une à feuilles étroites et plus longues, l’autre
à feuilles plus grosses et courtes. La finesse ordinaire des
feuilles de l’Isoetes du midi de la France l’a fait considérer
comme espèce distincte par M. Bosc, qui, le premier, lui a
donné le nom d’/soetes setacea dans le Dictionnaire d’'His-
toire naturelle. Malgré la diversité des feuilles plus ou moins
longués que cet Zsoetes est susceptible de prendre à (diffé-
rens àges, ses feuilles ne prennent jamais l’épaisseur et le tissu
cassant de l’Zsoetes lacustris. Les caractères précis tirés de la
conformation régulière de la racine à trois lobes, et du tissu
vert des cloisons au dedans des feuilles, tandis que ces cloi-
sons sont blanches dans l’/soetes lacustris, suflisent pour em-
pêcher de-confondre les deux espèces. .
L’Isoetes n’est point compris dans les Flores anciennes de
Magnol, Sauvages et Gouan: Cette plante 3 éte découverte
près de Montpellier en 19973, par l’abbé Duvernoy, qui en
| _DE L’Isogtes SETACEA. 111
transmit une description et un dessin à Linné, dont la réponse
fat telle qu’il suit : 48}
VIRO CLARISSIMO
DOMINO L’ABBÉ DUVERNOIS,
S. D. |
CAR. LINNÉ.
‘Litteras tuas r calend martit non ante triduum accept
Me nulli rescribere tibi relatum doleo. Certe si 10 mihi
essent manus non sufficerent omnibus qui litteras mittunt,
et si hoc coram me videres, crederes ine nihil aliud agere
qua, liütteras, in quos dilapido et res et tempus meum.
Isoetes lacustris quæ copiosissima est sueciæ nunquam
crederem crescere Monspelii, nisi a te mussa fuisset. Dedi
ejus descriptionem, figuram et characterem in itinere sca-
rico. In nostratibus non vidi talem rudicem qualem tu
miht delineasti, quæ admodäm singularis est ; cætera
conpentunt. L
Phalosophiam botanicam dudüm scripsi, lecto detentus
æger; aliam traderem hoc ævo nisi senectus me delussaret.
Decimam tertiam systematis regni vegetabilis partemqueæ
hisce diebus produt Gotingæ quæso tibi compares (de Ani-
malibus, 12°. editio Holmensis est), et mihi honorem
præstes aliqua ex his vestrà lingu& edere. Microscopicas
tuas observationes lubenter videbo.
Servet D. O. te, D". Gouanum, D". Cussonem, ét
reliquos ex Floré fratres Monspelienses in seros annos in
suë.gloriam. FE
Dabam Upsaliæ, 1754, d. 6°. maï.
112 VÉGÉTATION
Cette lettre m'a été communiquée fort obligeamment par
M. Soulier, archiviste à Montpellier, qui utilise toute collec-
tion de pièces instructives dont il se plaît à répandre la con-
noissance.
La place que l’Isoetes doit occuper dans la série naturelle
des plantes est marquée entre les genres Lycopodium et Mar-
silea. Comme les Lycopodiacées, ce genre a des graines à
trois crêtes rayonnantes, etcomme les Marsrlea, des concep-
tacles indéhiscens, différens par cela même de ceux des Ly-
copodes. Les deux sexes sont confondus dans les concep-
tacles des Marsiléacées, et distincts dans l’Isoetes, caractères
qui, réunis à leur indéhiscence et à leur insertion radicale à
la base des feuilles celluleuses, ne poussant que droites et
non roulées, paraissoient suflisans à M. Richard pour isoler
ce genre des Lycopodiacées rameuses et des Fougères. Il suffit
de peser ces caractères pour ne pas réunir, à l'exemple de
Wildenow, l’Isoetes aux Marsiléacées, et pour se rendre à
l'évidence des affinités démontrées par M. De Candolle.
Les botanistes ont généralement adopté l'opinion de Linné
sur l'existence des deux sexes dans l’Isoetes; ils ont considéré
les corpuscules arrondis de la base des feuilles extérieures
comme des graines, et ceux, beaucoup plus fins, de la base
des feuilles intérieures comme des globules de pollen. Les
feuilles extérieures, munies de graines, représentent, en effet,
la base fertile de certains groupes de plantes monoïques,
qui paroissent n'être mâles que par épuisement et avorte-
ment. De même aussi les feuilles centrales de l’Isoetes ne pa-
roissent pourvues d'organes mäles que parce que les ovules
avortés se sont convertis en pollen. On donne le nom d’or-
DÉ L'Isozres SETACEA. 113
ganes mâles, dans plusieurs espèces de Lycopodes, aux cap-
sules ou coques pleines de poussière qui garnissent leurs
épis au sommet, et on appelle, dans les mêmes plantes, or-
ganes femelles les capsules de la base des épis, remplies de
corps arrondis pareils aux grains de l’Isoetes. On peut d’au-
tant mieux considérer les globules pulvérulens dn sommet
des épis des Lycopodes comme remplaçant quelquefois des
graines avortées, que ces seuls globules, quoique très-petits
et transparens, deviennent des grains qui germent dans les
espèces de Lycopodes qui ne possèdent point d’autres glo-
bules plus gros. La manière de fructifier, commune à plusieurs
espèces de la famille des Lycopodiacées et à celles du genre
Isoetes, les ont fait placer dans cette famille, comme je l'ai
dit; mais il y a cette différence entre les Lycopodes et lI-
soetes, que les capsules à poussière s’ouvrent comme de vrais
sacs anthérifères dans les Lycopodes, tandis qu’elles restent
fermées dans l’Isoetes : ce qui prouve que le mode de coopé-
ration des organes mâles, pour féconder les graines, n’est pas
le même dans les deux cas.
L’explication de ce fait se rattache à un sujet contesté :
celui de l’existence positive des sexes dans les cryptogames,
plantes bien dignes de ce nom, puisqu'il dénote l'obscurité
qui voile l’action de leurs organes. J’ai eu recours à l'examen
approfondi de la structure de la graine, et des parties déve-
loppées par la germination; elles m’ont révélé la connoissance
de quelques détails, auparavant inaperçus, qui servent d’ap-
pui à l'induction par analogie de l’existence des sexes dans
YIsoetes. Je me suis peu étendu sur ce sujet, ayant adopté les
principes de Linné , Jussieu et Adanson. Ayant de plus con-
114 VécéTaTiIoN DE L'IsogTEs SETACEA.
firmé, par l'expérience, la reproduction de cette plante au
moyen des globules de la base deises feuilles , que l’analogie
faisoit soupçonner être desgraines ; j’ai détruit les doutes qui
restoient encore sur leur véritable usage.
J'ai saisi, pendant plusieurs années, depuis la lecture que
j'ai faite de ce Mémoire à l’Académie , en 1822, jusqu'à pré-
sent 1826, les occasions d'examiner plusieurs fois la struc-
ture et la germination de l’soetes setacea. J'ai décrit compa-
rativement l’/soetes lacustris, que je conserve vivant au
jardin de botanique de Montpellier, et qui m'a été envoyé
des Vosges par M. le professeur Nestler, de la Faculté de mé-
decine de Strasbourg. Mes observations reposent donc tout-
à-fait sur la nature.
L’explication ci-jointe des figures de l’Isoetes, m'a paru
nécessaire pour bien comprendre les détails que j'ai exposés.
Je l'ai fait suivre d’un résumé de la description, en latin, qui
pourra être utile aux personnes qui ne sont pas habituées à
la langue française.
EXPLICATION DES FIGURES.
Fic. 1. Une graine.
2. La même un peu plus grossie que la premiere, et dont une portion de la
tunique extérieure est éclatée.
3. La graine réduite à sa seconde tunique.
. L’embryon dépouillé de ses tuniques.
où =
. L’embryon ouvert, pour faire voir sa substance membraneuse, utricu-—
laire, qui laisse échapper une humeur gremuleuse qu’elle contenoit.
6. Une graine dans laquelle on voit en à la tunique extérieure, en b la
tunique intérieure , et en € l'embryon.
ZSOËTES setacea.
ExpPLicATION DES FiGuREs. 115
7. Graine en germination.
a+ Tégument fendu en 3 valves.
b. Cotylédon.
c. Sommet tubuleux du cotylédon.
d. Feuille primordiale.
8. Diverses parties de la graine, fig. 7, séparées, savoir:
a. Les six écailles ou valves résultant des deux tuniques de la graine,
chaque tunique s’étant partagée en 3 valves.
bc d. R eprésentent les mêmes parties que,celles fig. 7, désignées par
les mêmes lettres. 1 4
9. Coupe verticale de l'embryon, fig. 8.
b. Base épaissie du cotylédon qui adhère en f à la plantule at voisinage
dé:la radicule.
©. Sommet hyalin, tubuleux, du cotylédon.
d. Sommet de la feuille primordiale.
e: Tubercule radiculaire.
f. Point radiculaire.
10. L’embryon à un degré/de végétation plus avancé.
d e. Désignent les mêmes panties que! celles ainsimarquéesifig. o.
b c. Section du cotylédon détaché de la plantule, ét qui adhéroit par
continuité de tissu en 8 à la radicule f.
11. La jeune plante plus avancée encore dans sa végétation; elle a produit
deux radicelles f fsur lesquelles le cotylédon a émis un prolongement
de sa membrane, tandis qu’une troisieme, radicelle h perce latérale-
ment le cotylédon.
12, 13, Plantules dépouillées du cotylédon, et dans lesquelles le tubercule
radiculaire € accru , a produit une deuxieme.feuille 4.
N. B. Les figures,ci-dessus sont considérablement grossies.
14,15, 16, 17, 18. Plantes. d’Isoetes , de.dimensions variées, mais toutes de
grandeur naturelle ;-et.cueillies à l’entrée ;de, l'hiver; quand/les feuilles
nouvelles commencent-à pousser. . Les lettres 1e désignent. les ‘lobes ra-
dicaux adultes , que la même lettre e montre à leur état rudimentaire
aux fig. O, 10, i2 et 13.
19. Une plante adulte d’Jsoetes setacea en pleine fructification pendant l'été.
20. Section horizontale de la plante sur la ligne transverse k de la fig. 19.
21. Portion grossie de la coupe horizontale , de manière à montrer distincte-
ment les deux ordres de conceptacles; les uns séminiferes à la circonfe-
rence , les autres polliniferes au centre.
116
23.
24.
25.
26.
27
28.
29.
30.
s
ExpPLIcATION DES FrGeures.
. Section horizontale de la plante à sa base radicale sur la ligne transverse €.
Cette figure montre les trois lobes radicaux e vides, épuisés et prets à
être renouvelés par l'accroissement de la substance charnue centrale.
Base d’une des feuilles du contour de la plante.
L. Est la partie latérale membraneuse de cette base. -
m. Section qui met à découvert le tissu celluleux de la feuille.
n. Écaille calycinale.,
0. Glande stigmatique.
P. Ovaire ou conceptacle femelle.
On voit en |, m, sur le côté de la figure 23, une partie de la coupe
de la feuille tres-grossie.
Conceptacle isolé’, vu par sa face libre!
Le même vu par sa face qui adhéroit longitudinalement à la feuille.
A côté de cette figure sont des graines séparées.
Base d’une feuille dont le conceptacle est à l’élat d’ovaire.
m, D, O0, P. désignent les mêmes parties que celles énumérées par les
mêmes lettres fig. 23 et 27.
Coupe longitudinale de la base de la feuille, fig. 26.
m. Tissu celluleux de la feuille.
n. Écaille calycinale.
0. Glande stigmatique.
P. Ovaire ou conceptacle femelle.
Feuille garnie d’un conceptacle pollinifere marqué q-
1. Bord membraneux,.
n. Écaille calycinale.
0. Glande remplaçant un sommet anthérifere.
Conceptacle pollinifère ou mäle , isolé, vu par sa face libre:
Le même vu par sa face qui adhéroit à la feuille.
Quelques globules de pollen sont représentés en marge de la fig. 30.
N. B. Les figures 19, 20 et 22 sont de grandeur naturelle ; les fig. 21,
23 et suivantes sont toutes considérablement grossies,
ee
ISOËTES setacea. Ze phnt à la fn de LEk fig.
RÉSUMÉ, :
DE LA DESCRIPTION DE L'ISOETES SETACE 4.
Isoetes setacea. Bosc., Dict. Hist. nat.
L
DESCRIPTIO:
Radix tuberosa triloba (fig. 15, 16, 17 € ) subtüs oblique triscu-
tata, radiculas filiformes , pro vario anni tempore glabras aut pubes-
centes demittens , coronata foliis subulatis basi capsuliferis ad mar-
gines membranaceis (fig. 23, 1).
‘Lamina foliorum subtriquetra, partita intbs in tubos quatuor
coadunatos septis transversis interruptos (fig. 25 m).
- Capsulæ ovatæ indehiscentes, linea. dorsali medià longitudinali
coeuntes cum pagina foliorum , infràsquamulam calycinam (fig. 23,
. 26, 27, 28, n), et infra glandulam peculiarem (fig. idem. 0); cæte-
rm reconditæ intra foveolam ad originem folii singuli dilatati. Ordo
capsularum duplex; aliæ numerosiores granulis pulverulentis re-
pletæ, masculæ, è basi foliorum centralium ortæ; aliæ pauciores,
fœmineæ, in basi foliorum marginalium , foventes semina. globosa
(fig..24, 25 )insculpta cristulis tribus radiantibus annulo ambiente
limitatis (fig. 1). {
Tunica seminis duplex ; exterior scabre ragilis, alba (fig. 2);
interior olivacea lævis (fig. 5). Tunica utraque sub germinatione in
valvulas tres scinditur, ità ut ex ambabus tunicis valvulæ 6 em-
bryonis latus obtegant (fig. 7 a et figs8 a).
Embryo vesiculosus mollis humore plenus (fig. 4, 5).
Colyledo? meo sensu ex analogià quadam germinationis allii,
cannæ, etc., plantulam includit (fig. 8, 9, b c).et apice in tubu-
lum(c) pellucidum elongatur , dùm succulentä. basi (b) radicale
Mém. du Muséurn. t. 14. 16
118 DzescriPTION
tuberculum (e) cingit. Cotyledonea membrana ad radiculas primor-
diales transit cum ipsis adnata (fig. 10, 11, f;; quæ membrana pri-
müm extus glabra (fig. 8 b ) fibrillas exteriores parit densas, radici-
formes (fig: 10 b ) cum ipso cotyledone et radiculis primordialibus,
peract germinatione, evanidas.
Tuberculum radicale (fig. 10, 12 13 e) sensim augetur, radiculas
capillaceas mox daturum per propria orificia nascenîtes (fig. 11h).
Tuberculum istud ex uno latere ab origine gibbosum, in gibbos 3
dein ampliatur foliis multiplicatis onustum (fig. 14, 15, 17).
Plantæ adultæ radix fissa in ‘lobos seu gibbos 3, post anthesim
effætos (fig. 22 e), quotannis renovatur, hiemali et verno tempore
farcia succulenta, æstivo emaciata.
Florum, fructuumque vices agunt conceptacula basi foliorum
immersa , propriis appendicibus prædita , scilicet squamä perigo-
nali (fig. 26, 27 n ) et glandulä ad instar stigmatis aut antheræ mar-
cescente (fig. 25, 26, 27, 28 0).
Anomala indoles plantarum aquatilium numerosis patet exemplis
ut in trapâ, vallisneriâ, aliisque fluviatilibus , nec aded mirum est
si organa sexualia apud Isoetem, extra normam communem se se
habeant. 1
Naturalem Zostéracearum ordinem intra certos fines ratione pol-
linis insoliti positum esse arbitror. Pollen in Zosterà et Cimodoceä
filamentosum pellucidum, peculiarem exsudat visciditatem fecunda-
tioni idoneam. More : : L00 absimili succos antherarum Isoe-
tis, absque pulvere fpso per aquam diffluentes, ad ovaria posse
transferri puto
Disquisitionem de usu et nomine partium fractificantiuni germi-
nantiumve , trado botanicis qui è collectis circà plantas ordinum
dissimilium observationibus ; maximè consentaneas regni vegetabilis
leges valeant statuere.
Isoetes setacea ab Tsoete lacustri abundè differt notis sequentibus.
T. selacea radice regulari trilobâ, foliis subulatis subtriquetris
mollibus, septis cellularum concoloribus.
DE L'ISOETES SETACEA. _ 419
TI. lacustris radice plerumque irregulari, foliis calamiformibus
subcylindricis fragilibus , septis cellularum medullosis albis.
Radiculas vidi in Zsoete lacustri ramosas quales depictæ sunt à
el. Linneo in itinere suo scanico, p. 149, nec simplices ut cl. Wah-
lenberg et Smith enarrant. Radiculæ limo expurgatæ cito collabun-
lur et simplices fibras mentiuntur, quas per aquam si fluitantes mo-
veris ramosas esse æquè detexeris.
Neque id mihi contigit videre quod testatur Wahlenberg, qui
structuram ovulorum granorumque pollinicorum è granulis quatuor
aggrégatis compositam descripsit et delineavit. Grana ovulorum et
pollinis rudimentaria aut perfecta, per quamlibet plantæ ætatem diù
investigata, prorsùs simplicia esse me semper docuit autopsia. Supe-
rest ut Wahlenbergii errorem refellam qui symetricas areolas se-
minum à mutuâ eorum pressione formatas esse putavit, nam extant
in superficie seminum areolæ orbiculares post mutuam pressionem
ritè applanatæ, dm tripartita eorum hæmisphæria congeniali struc-
turæ tribuenda sit
Nihil nisi post iteratas observationes retuli, cùm rate lacustrim
vivam è montibus Vosagorum à cl. professore Nestler acceperim,
quam cultam possideo, Isoetemque setaceam Monspeliensem simül
conferre licuerit.
16*
MÉMOIRE
Sur la Série linéaire des plantes polypétales, et
en particulier de celles qui font partie de la
Flore brasilienne.
PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE.
Lss botanistes savent actuellement que les rapports des
plantes ne suivent point une progression mathématique, et
qu'ils se croisent dans tous les sens. De là il résulte que vou-
loir établir une série linéaire parfaite seroit chercher à ré-
soudre un problème insoluble; de là résulte encore que l’on
ne sauroit former une telle série sans sacrifier des rapports
très-importans pour en ménager d’autres; et qu’enfin il ne
seroit peut-être pas impossible de composer des séries qui,
différant en un certain nombre de points, fussent pourtant
également bonnes.
L’illustre Brown a dit, à peu près, qu'on ne parviendroit
à établir une bonne série qu'après avoir composé isolément
différens groupes naturels, sans s'inquiéter des familles qui
n’y entreroient point (Gren. rem). Lui-même s’est occupé de
ce genre de travail, et, plus d’une fois, j'ai tâäché de suivre
son exemple. Je crois de telles recherches infiniment utiles
pour la connoïssance généraledes affinités ; je les crois très-
utiles aussi pour la formation d’une carte, où d’un coup
SÉRIE LINÉAIRE DES PLANTES" POLYPÉTALES. ere
d'œil on pourroit apercevoir les rapports | de’tout le règne
Dre Mais les inconvéniens d’une série linéaire sont tels
qu’à moins de laisser d'immenses lacunes, on sera forcé quel-
quefois de rompre dans la série générale les groupes les plus
naturels formés isolément. Je vais en donner deux exemples
tirés de mes propres écrits.
En parlant des rapports des Cucurbitacées ( di
Mémoire sur cette famille et son appendice ), j'ai dit qu'après
les Loasées; il falloit placer les T'urnérées, ‘puis les Pas-
siflorées(s),les Nandhirobées, les Myrtées, les Onag jyraires,
les Combrétacées, et enfin les Cucurbitacées. Les Nandhi-
robées se nuancent bien avec les Myrtées par le moyen du
Lécythis et du Couroupita ; cependant il nv’ést impossible de
placer dansunesérie généraleles Cucurbitacées après une suite
composée des Myrtées, des Onagratres et des Combréta-
cées ; car alors il faudroit que je fisse suivre ces dernières des
Mélastomées, et tout le monde sentira qn'untelarrangement
seroit presque ridicule. Je me vois done forcé de-mettre après
les Nandhirobées les familles suivantes, présentées dans
l’ordre que je vais indiquer, savoir: les Cucurbitacées, les
Combrétacées, les Cercodéennes, les Onagratres; les Myr-
tées, les Mélastomées. Je sens très-bien que cette dernière
série pourra plaire à quelques personnes plus que la pre-
mière, parce qu’aucunes plantes ne se ressemblent autant par
le port que les Feprllea et les Cucuürbitacées; mais il n’en
est pas moins vrai qu’en rapprochant ces plantes, je sacrifie
(1) Je passe sous silence, dans cette série, les genres qui établissent des inter-
médiaires.
122 SÉRIE LINÉAIRE .
les rapports que j'ai indiqués entre le fruit des Nandhirobées
et celui des Myrtées(r). ;
Je passe au second exemple que j'ai annoncé. Dans ma
monographie des genres Sauvagesia et Layradia(2), j'ai
formé un groupe composé des Droséracées , des l’iolacées,
des Cistées et des Frankéniées ; mais la série linéaire ne doit
présenter ce groupe qu'après plusieurs familles où l'on
trouve également des placentas pariétaux, savoir: les Cap-
paridées et les Bixinées (3); or, si je faisois suivre immédia-
tement celles-ci des Droséracées , il est évident qu'il y auroit
entre ces familles un intervalle considérable. Je néglige done
les rapports qui m'avoient fait ranger les Cistées entre les
Violacées et les Frankériées, et je les néglige avec d’au-
tant moins de peine que, par l'intermédiaire du Lapradia,
la transition des J’zolacées aux Frankéniées ne se fera pas
sentir trop brusquement. Pouvant actuellement disposer des
Cistées, je les transporte entre les Bixinées et les Droséra-
cées, et elles rendront le passage moins sensible, parce que,
comme les premières, elles ont des étamines indéfinies, et
que dans le genre Helianthemum , elles présentent des sti-
pules, comme en offrent aussi les Brxinées.
Au reste, quand le botaniste connoît tous les rapports des
plantes, il doit remédier aux inconvéniens inhérens à la série
linéaire, en indiquant dans son texte, à la suite des familles,
(1) Voyez mou Mémoire sur les Cucurbitacées.
(2) Voyez l'Histoire des Plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay.
(3) M. De Candolle a déjà placé les Birinées entre les Flacourtiées et les Cistées;
et plus anciennement M. de Jussieu mettoit les genres Bira et Banara entre les
Tiliacées et les Cistées.
+ DES PLANTES POLYPÉTALES. 129
les rapports qu’on est forcé de négliger dans la série. C’est
ainsi qu’en ont agi MM. de Jussieu et De Candolle, etc’est ainsi:
que moi-même, dans mon Flora Brasiliæ meridionalis ,
j'ai fait sentir, en parlant des Ménispermées, les rapports de
ces plantes avec les Ewphorbiacées, rapports que l’on tron-
vera, soit dit en passant, plus sensibles encore, si l’on veut
faire attention à une note’ du même ouvrage, Où, au sujet
d’une espèce de Ménispermées , je montre qu’on pourroit
presque considérer chaque étamine de sa fleur comme une
fleur distincte, ainsi qu’on le fait dans le genre Æwphorbia.
S'il est bien établi que la sèrie linéaire ne sauroit être par-
faite, il n’en est pas moins vrai que nous devons travailler à
en faire disparoitre le plus de défauts qu'il nous sera possible.
Dédaigner de rapprocher les famitles d’après les rapports,
c’est sans doute s’épargner un embärras extrême; mais il
me semble que le naturaliste sectateur des affinités doit atta-
cher à cet arrangement autant d'importance qu’il en attache
à l’arrangement des genres dans une famille, et des espèces
dans un genre. J’ai donc cru devoir jusqu'ici établir dans
mon Flora Brasiliæ meridionalrs a série la plus naturelle
qu’il m’a été possible; et comme mes idées sont à peu près
fixées, sur cette série, je’ vais la faire connoître telle que je
la conçois, depuis les Renonculacées jusqu'aux monopé-
tales, en accompagnant de quelques observations succinctes.
Je m’empresse de reconnoître, au reste, que ma tâche est
moins difficile que ne seroit celle de l’auteur d’un.ouvrage
général, parce qu'il peut y, avoir, si je ne me trompe, une
dizaine environ de familles ou petits groupes qui ne four-
nissent aucune plante à la Flore du Brésil méridional, et qui
124 SÉRIE LINÉAIRE
par conséquent n’entrent point dans ma série. La voici telle
que je la forme: |
1 Renonculacées, 28 Crucifères.
2 Dilléniacées. Vu 29 Capparidées.
3 Magnoliées. 30 Bixinées. À
4 Anonées. . à 31 Cistées.
5 Berbéridées. 32 Droséracées.
6 Ménispermées. 33 Violacées.
7 Ochnacées. 34 Frankéniées.
8 Simaroubées. 35 Caryophyllées.
9 Rutacées. é 36 Paronychiées.
10 Géraniées (1). 37 Portulacées.
11 Malvacées. 38 Crassulées.
12 Tiliacées. * 39 Ficoïdes.
13 Ternstromiées. 40 Saxifragées.
14 Marcgraviées. 41 Nopaléces.
15 Guttifères. 42 Loasées.
16 Hypéricées. 43 Turnérées.
17 Aurantiacées. 44 Samydées.
18 Vinifères. 45 Passiflorées.
10 Hippocratées. 46 Nandhirobées.
20 Malpighiées. 47 Cucurbitacées.
21 Erythroxylées. 48 Combrétacées.
22 Rhizobolées. 49 Santalacées. e
23 Méliacées, 5o Cercodéennes.
24 Sapindacées. 51 Onagraires.
25 Polygalées. 52 Myrtées.
26 Fumariacées. 53 Mélastomées.
27 Papavéracées. 54 Salicariées.
(x) Je crois devoir rappeler que, sous ce titre, je comprends les Gérantiées ;
Ozxaldées, Tropéolées , et Linées de M. De Candolle.
DES PLANTES POLYPÉTALES. 125,
… 55 Vochysiées. , 60 Rhamnées (1).
_ 56 Rosacées. . | 61 Célastrinées.
57 Légumineuses. 62 Aquifoliées.
58 Connaracées. 63 Araliées.
59 Térébintacées. 64 Ombellifères.
J'ai déjà fait sentir dans mon Æora les rapports qui m'ont
conduit à établir l’arrangement que j’ai formé pour arriver des
Renonculacées aux Malyacées. Cette série, jusqu'aux Me-
ruspermeées, est, à un très-léger changement près, celle que
M. De Candolle a indiquée, et je ne puis m'empêcher de
croire qu'elle sera conservée par tous les observateurs.
. M. De Candolle, tout en admettant comme familles dis-
tinctes les Malpacées proprement dites, les Sferculiées, les
Buttnériacées. proprement dites, les Lasiopetalées, les
Hermaniées ei les Dombéyacées, demande s’il ne seroit pas
mieux d'en faire un seul groupe. J’ai dit à peu près dans mon
Mémoire sur le Gynobase (voyez l'Histoire des Plantes les
plus remarquables) que, pour être conséquent, il falloit,
conservér autant que cela est possible, à peu près la même dis-
tance entre les familles, et des distances moindres sans doute,
mais également proportionnelles entre les tribus des familles
diverses. J’ai ajouté que, pour pouvoir s’en tenir à quelque
chose de fixe, on pourroït prendre pour norme un livre qui
est entre les mains de tous les botanistes, le Gerera Planta-
rum de Jussieu, livre qui, malgré tant de découvertes mo-
dernes, reste peut-être le plus beau de tous ceux qui ont été
publiés sur les rapports des plantes. Je n’ai pas besoin de
(1) Peut-être faudra-t-il réunir quelques uns de ces derniers groupes, ou en
changer un peu l’ordre.
Mem. du Muséum , 1. 14. 17
. .
» ET
_ 0 2}
126 | SÉRIE LINÉAIRE
dire que ces principes n’admettent pas une rigueur mathéma-
tique; mais voulant y rester fidèle autant qu’on peut l'être,
je me prononce pour laflirmative dans la question proposée
par M. De Candolle, et ne considère que comme des titres
les groupes indiqués plus haut, parce qu’il ne me paroit pas
y avoir entre eux plus de distance qu’il n'y en a, par exemple,
entre les groupes dont tout le monde se contente de faire des
tribus dans la famille des Rosacées. Mes Malvacées brast-
liennes se composeront donc de la tribu des Buftnériées,
de celles des Hermaniées, des Malpées, des Bombacées, des
Dombéyées et des Sterculiées , groupes que je conserve tels
que M. Kunth les a si bien circonscrits. M. De Candolle a
déjà fait sentir les rapports des Zirum et des Malpacées.
Ce sont les Buttneriées que je place immédiatement après le
Linum, parce qu’elles ont, comme lui, avec un embryon
droit et des anthères 2-loculaires, des étamines definies
dont plusieurs filets restent stériles et sont analogues aux
dents des Zinurn.
A l'exemple de M. de Jussieu et de tous ceux qui l'ont
suivi, je conserve comme famille les 77/acées, qui se dis-
tinguent de toutes les tribus de Malpacées par leurs éta-
mines libres.
Le Laplacea, et bien plus encore, ce me semble, le Co-
chleospermum que je mettrai à la tête des T'erastromriacées,
lieront cette dernière famille avec les 7?/acées.
M. De Candolle a déjà fait sentir les rapports des Marcgra-
viées et des Guttifères ; mais pour ne pas rompre ceux que
ces dernières ont avec les Hypéricées, ce sont les Marcgra-
viées que je range avant ces deux dernières familles.
à
DES PLANTES POLYPÉTALES. ‘227
_ Après les Aurantiacées qui suivent naturellement les
Hypéricées, je range également les Ærmpélidées dont les rap-
pôrts avec d’autres familles ne sont pas très-prononcés, mais
qui pourtant ont, comme les{urantracées, un nectaire hyÿpo-
gyne (voyez DC. Prod.), des pétales larges à la base, un
fruit succulent et un embryon droit. à sx
… I seroit inutile de démontrer les rapports que les Hippo-
:cratées ont avec les Malpighiées, et celles-ci avec les Ery-
throxylées. Lia véritable place des Rhzzobolées, que je mets
provisoirement à côté de ces dernières, est pour moi très-
incertaine. Je serois presque tenté d’en dire autant des Mé-
Lacées; cependant au milieu de l'obscurité qui enveloppe
encore à mes yeux les aflinités de cette famille; il me semble
qu’elle n’est nulle part aussi bien placée qu'où l’a rangée
M. De Candolle, c’est-à-dire, auprès des Sapindacées.
J'ai fait sentir aïlleurs (Monographie des genres Sawa-
gesia et Lavradia ) combien les Polygalées avoient de rap-
‘ports avec cette dernière famille, et en les mettant auprès des
Sapindacées, j ai par cela mème l'avantage de pouvoir les pla-
cer en même temps auprès d’une famille avec laquelle elles
ont également de grandes aflinités, savoir, les Furmnariées.
Comme celles-ci, les Polygalées ont en effet des fleurs irré-
gulières, des étamines soudées, un style unique, un 'ovaire
2-loculaire, des semences’ garnies de caroncule, un ;péris-
perme charnu.
- Ayant déjà discuté dans mes autres ouvrages (1) les rap-
(1) Voyez mon Mémoire sur/le placenta central, celui sur les = dé ipaèir et
ma Monographie des genres Sauvagesia et: Lavradia.
#
17
128 __ 71 SÉRIE LINÉAIRE
ports des famillés que je place successivement entre les Dro-
séracées et les Loasées , je ne reviendrai pas sur cette partie
de ma série, mais je dois dire quels motifs me portent à pla-
cer les Sarnydées entre les T'urnérées et les Passiflorées..
Il est incontestable que les Samydées s’éloignent des T'é-
rébintacées par leurs placentas pariétaux. Ce caractère, il est
vrai, les rapproche, comme l'a dit un savant auteur, des
- Bixinées et de plusieurs autres familles à insertion hypogyne;
mais elles ne peuvent être rangées auprès de ces familles,
puisque leur insertion est périgyne. Or, ces mêmes caractères
qui les éloignent des T'érébintacées et des Bixinées, près
desquelles on a cru tour à tour pouvoir lé$ placer ; cés mêmes
caractères, dis-je , je les trouve tout à la fois dans les Trné-
rées et les Passiflorées ; donc la véritable place des Sarr-
dées est celle que je leur donne, et l’on va voir que c'est avec
les Passiflorées qu’elles ont le plus d’aflinité. Leur port, je
l'avoue, n'est pas celui des Grenadilles ; mais je suis forcé de
placer bien plus près encore de ce genre le Malesherbia qui
assurément n’a pas le port d’un Pass/flora. La différence du
facies ne sauroit d’ailleurs compenser les rapports qui exis-
tent dans les parties de la fleur.
Chez les Passiflorées et les Samydées je trouve égale-
ment l'absence de la corolle, un calice coloré et une insertion
périgyne. Les corps stériles des Samydées sont évidemment
analogues aux couronnes de la fleur des Grenadilles, J'ob-
serve également dans ces plantes des étamines définies, trois
stigmates en tête, un ovaire libre et uniloculaire, et trois
placentas pariétaux. Enfin, ce qui est fort remarquable, leur
semence m'offre également un arille véritable.
DES PLANTES POLYPÉTALES. 429
M. Brown, en laissant les Santalacées parmi les apétales,
avoit déjà fait sentir que les écailles qu’on trouve dans cette
famille à l'enveloppe florale lui donnoïent de l’analogie avec
les polypétales. Mais j'ai recueilli en Amérique une Santa-
dacée qui a une véritable corolle; donc cette famille doit
sortir de la classe des apétales, qui n’admet pas de plantes
polypétales, et avec laquelle d’ailleurs les Santalacées n’ont
par l'ovaire auéun rapport réel. Actuellement, obligé de les
‘ranger parmi les polypétales, il est évident que je dois leur
choisir une place au milieu de celles de ces plantes qui ont
des étamines périgynes et l’ovaire infère. Leurs parties s’écar-
tent du nombre quaternaire, type des Combrétacées et des
Cercodéennes ; cependant elles ne sauroient être mieux pla-
cées qu'entre ces familles; car leur ovaire est uniloculaire
comme dans les Combrétacées, et leurs ovules comme dans
ces deux groupes ont le sommet tourné vers le fond de la
loge.
Je ne dirai rien ici de la place que doivent occuper les
Vochysiées qui comprennent les genres Qualea, Vochysia
et Salpertia. J'ai démontré ailleurs (1) que cette famille n’a-
voit avec aucun autre groupe des rapports très-intimes, mais
que pourtant c’étoit encore entre les SaZcariées et les Ro-
sacées qu’elle pouvoit être le mieux placée.
Il seroit superflu de démontrer que les Rosacées doivent
être suivies des Légumineuses , celles-ci des Connaracées,
et ces dernières des T'érébintacées, etc.
(1) Voyez mon second Mémoire sur le placenta central , inséré dans le Recueil
du Muséum d'Histoire naturelle.
130 SÉRIE LINÉAIRE DES PLANTES POLYPÉTALES.
Par une suite de familles qui présentent des arbres à fleurs
très-apparentes, et à étamines hypogynes, j'arrive aux Æra-
liées. Je ne prétends pas que cette partie de ma série ne
prête point à la critique; mais si la suite des groupes qui,
dans le Genera de Jussieu, s'étendent des Campanulacées
aux Ombellifères, présente l’enchaînement le plus admirable,
il n’en est pas moins vrai que rien n’est plus difficile ensuite
que de lier ces dernières avec le reste des pôlypétales; et je
dois m’estimer heureux si, conservant ailleurs les rapports
les plus réels, j'ai pu encore ici sauver des disparates trop
choquantes.
Fr « o à
Han PEU My LH TOR Î O1
MÉMOIRE
Concernant l'ouverture que Grew a décrite le
prémier sur le TEsr des graines; suivi d’une
notice sur le genre PoNTEDERI A.
PAR M. RASPAIL.
À c'exrrémré plus épaisse de la fève, dit Grew (1),
on voit dans la peau extérieure une ouverture qui est à
peu près de la grandeur qu'il faut pour y passer une petite
corde d'épinette, et lorsqu'on coupe la peau, on trouve
qu’elle se termine à la pointe de la partie que j'appelle la
radicule.…
D’après Grew, cette ouverture servoit à deux fins : 16, à
aérer l'embryon; 20. à faciliter le passage de la radicule dans
Pacte de la germination (2).
Des auteurs qui vinrent long-temps après lui ont de temps
à autre modifié cette idée; et M. Turpin a avancé, sans avoir
cependant vérifié le fait d’une manière directe, que ce trou,
qu'il a nommé micropyle, étoit la cicatrice d’un cordon vas-
culaire qui auroit existé à l’époque de la fécondation (3).
(1) Anat. des Plant., Paris, 1676, p. 2.
(2) Ibid, p. 202.
(3) Annal. du Mus. d'Hist, nat., t. vi, p. 1G9,
132 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
En dernier lieu, M. R. Brown, dans un Mémoire plein de
faits, a cherché à établir que l’ouverture de Grew étoit une
véritable perforation qu’il croit destinée à transmettre l'aura
semninalis àl’'amande de l'ovule. L’auteur ne donne à la vérité
ce dérnier fait que comme une hypothèse qu'on ne doit pas
admettre à la hâte ( {nnal. des Sc. nat., tom. vor, p. 241).
Aussi nous garderons-nous bien d'ouvrir une discussion à
ce sujet, et d’opposer à cette idée le reproche que nous sem-
bleroit encourir la nature, elle qui obligeroïit l'aura semu-
nalis à traverser tant de tissus imperforés, tels que les pa-
pilles et les fibrilles des stigmates, le stigmate, les membranes
plus ou moins résineuses qui tapissent l’intérieur de l'ovaire,
et qui auroit ensuite besoin d’un trou pratiqué dans le test de
l’ovule pour faire parvenir directement l'aura seminalis sur
le point où doit se former l'embryon. D'ailleurs M. R. Brown
admet qu'il existe des familles nombreuses telles que les com-
posées dont les ovules sont imperforés : la perforation de
l’ovule ne seroit donc pas nécessaire à la fécondation; que
dis-je? le mode de fécondation ne seroit plus unique, et il
existerait des familles entières pour lesquelles la nature qui
féconde auroit besoin de suivre une route insolite et anomale.
Mais ce n’est pas sous ce point de vue que nous allons nous
occuper de l'ouverture de Grew. Notre Mémoire roulera sur
le fait, et non sur l'hypothèse. Le trou décrit par Grew est-
il une véritable perforation ou n'en est-ce qu’une image trom-
peuse? Voilà le point d’une question qui nous occupe depuis
assez long-temps, et que nous croyons avoir résolue après
des dissections aussi longues que minutieuses.
Si l’on observe les graines d’une foule de légumineuses,
C2 pu TEST DES GRAINESS 00! 153
entre a autres du haricot du côté de l'ombilié 7 1, fig. 1),
on aperçoit deux empreintes, ‘dont l’une (a), qui forme une
cavité, correspond à la radicule de l'embryon, et l’autre (6)
se dessine de l'autre côté du hile comme une vésicule (1).
- Or, en admettant que la première soit un trou, je ne sais
pas ce qu’on doit faire de celle qui lui est opposée, et je ne
vois pas pourquoi Grew n’a pas supposé deux trous pour aérer
Tembryon. Mais ce qu'il y a de plus singulier dans ce fait,
c'est que sur certaines graines de la même famille, lorsqu'on
les examine à une époque un peu voisine de la maturité,
l'empreinte qui correspond à la radicule de l'embryon ne
s’observe aucunement, tandis que l’autre empreinte est fort
bien dessinée. Je citerai comme un exemple de ce que j'a-
vance la figure 10 (pl. 1 ), qui représente le côté du hile du
Cassia PRO
Ce n’est pas cependant par cette considération que nous
avions été amenés à révoquer en doute l’existence du trou de
Grew, mais plutôt par la nature des recherches qui nous ont
prouvé que les perforations de membranes admises par quel-
ques physiologistes ne sont que des cellules ou des globules
transparens sur leur centre, recherches qui nous ont de plus
en plus convaincus que la nature ne se servoit pas, pour opé-
rer ses mystères, de pores, trous ou perforations acces-
sibles à nos instrumens d'optique. Mais comme ce n’étoit point
par des conséquences d’un ordre de faits différens qu’il nous
étoit permis de renverser un fait admis par tant de physiolo-
(1) C’est l’organe que M. Savi désigne sous le nom de Glandula bastlaris (Mé-
moire sur les genres Phaseolus et Dolichos ,\Giorn. dei letter. , 1824).
Mém, du Muséum. 1. 14. 18
134 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
gistes justement célèbres, nous résolümes de procéder à la
solution du problème de l’ovale par des observations et des
dissections microscopiques faites sur le frais; et tant que les
ovules ont continué de se féconder et de croître, nous w’a-
vons cessé un seul jour de poursuivre ce genre de recherches.
Le procédé que nous avons suivi étant le même dins un
travail qui avoit pour but de voir la même chose sur des
individus différens, nous allons le décrire en peu de mots,
afin-de n'être pas obligés de le rappeler à chaque observation
spéciale. |
Examiner et dessiner l’ovule non fécondé au grossissement
de cent du microscope de M. Selligue ; et après avoir distine-
tement reconnu le point que M. R. Brown désigne sous le
nom de perforation, ramener l’objet au simple grossisse-
ment d’une loupe; couper l'extrémité de cette partie sup-
posée perforée , et cela de manière à ce que la coupe eût lieu
précisément entre ce que M. R. Brown désigne sous le nom
de membrane interne et entre la perforation externe; placer
de ehamp cette extrémité circulairement coupée, et l’exa-
miner de nouveau dans cette position à un grossissement de
cent diamètres, afin de reconnoître si les rayons lumineux
passeroient à travers cette perforation sans être brisés par les
mailles d’un tissu membraneux ; enfin, examiner comparati-
vement la même prétendué perforation sur des graines avan-
cées, et en reconnoitre et la nature et les rapports avec les
membranes externes et internes de la graine : telle est la
marche que nous avons suivie dans cette sorte de recherches,
qui a fait passer successivement sous nos yeux un assez grand
nombre d’ovules et de graines appartenant à des genres bien
LAN ‘
AE
Du TEST DES GRAINES. à 135
éloignés les uns des autres, parmi lesquels nous citerons les
Cassia, le Canna indica, le Cardiospermunrhalicacabum, le
Samolus Valenandi, le Pontederia cordata, le Papaver
rheas, le Lythrum salicaria,le Datisca cannabina, le Can-
nabis satiwa, le: Zygophyllum fabago, le Fagonia cretica,
le Zygophyllum morgsana, le Peganum harmala, le Che-
lidonium majus, le Sinapis nigra, le Queria canadensis
bien des Phaséolées, le Lychnis dioica;, le Cucubalus behen,
le Saponartia vesicaria , etc.
Les ovules non fécondés des diverses plantes affectant des
formes non moins variées que les.graines, ce seroit sacrifier
la clarté et léxactitude au laconisme que de généraliser Ja
question; il nous paroît plus convenable de faire l’ application
du procédé ci-dessus décrit aux ovules-de troïs ou quatre
plantes qui peuvent fournir autant de types différens , et nous
commencerons par le Pontederia cordata.
L’ovule non fécondé du Pontederia cordata (pl, fig. >)
observé au grossissement déjàindiqué, est bien propre à ex-
pliquer l'illusion qui, d’après nous, auroït porté MM. Thomas
Smith et R. Brown a admettre uneperforation dans l'ovule ;
l'illusion même est si complète , que nous sommes persuadés
d'avance qu'il n'est aucun botaniste qui ne se trouve disposé
à se ranger de l’avis des deux savans Anglais à la simple ins-
pection, et sans le secours d'aucune dissection anatomique,
L'ovule de cette espèce s’attache au sommet du Placenta
par un Raphe vertical (b) de la base duquel monte, avec
adhérence, un /Vucleus ventru qui s’étrangle au-dessus -de
son sommet pour former une «espèce de cylindre:(x) transpa-
ent, dont l'extrémité horizontalement aplatie (a) se dessine
18 *
136 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
comme le seroit la perforation décrite par M. Brown, et en
occupe exactement la place.
Mais si l’on coupe avec dextérité ce cylindre (2) un peu
au-dessus du sommet (&), et qu’on le fixe sur le porte-objet
par la surface amputée, il devient évident que ce grand tron
est un tissu composé des mêmes cellules qui recouvrent tout
l’ovule, et en forment pour ainsi dire le Test (fig. 3). Deux
circonstances concouroient à l'illusion quand l’ovule non
mutilé étoit observé, appliqué par le flanc sur le porte-objet:
10. la portion du Test forme au bout de ce cylindre une légère
dépression ; or, une dépression observée de profil à l’extré-
mité d’un cylindre simule l’orifice d’un trou :#c. les cellules
à l'extrémité que nous décrivons ne sont pas infiltrées dé sub-
stances capables de nuire à leur transparence; en sorte que
cette portion diaphane contrastant avec la partie opaque occu-
péepar le Nucleus;ajoute encore à lapremièresource d’illusion:
L’ovule du Siraprs rigra (pl. 1, fig. 5) qui forme, ainsi
que celui du Papayer rheas (pl. 2, fig. 18), le second
type des ovules, sous le rapport du genre d'observations qui
nous occupe, est peut-être encore plus propre que celui du
Pontederia éordata à mettre dans tout son jour l’explication
et la confirmation de ce que nous venons d'avancer. Les
cellules de la prétendue perforation y sont si grandes, et se
dessinent si bien quand on place la section transversale de
champ et en collant la surface amputée sur le porte-objet,
qu'il est impossible de ne pas s'en faire une idée exacte (pl: 1,
fig. 6, et pl. 2, fig. 18); et pourtant cette portion transpa-
rante du 7'est, en s’affaissant un peu vers l’intérieur de l’ovule,
présente avec une illusion complète l’image de l’orifice d’une
pu TEsr DES GRAINESS 137
ouverture, quand l’ovule entiersest couché sur le flanc.
! Dans les ovules des *Zygophyllum morgsana, fabago
(pl r, fig. 2), et Peganum harmala (pl. 2, fig. 13, 14,
et 15), qui peuvent servir de troisième type, la dépression
(ou prétendue perforation ) prend un caractère tel qu’on
pourroit en comparer le profil à deux lobes, dans l’interstice
desquels le sommet du Vucleus s’avance souvent jusqu’à for-
mer un troisième lobe. Sur le Zygophyllum fabago (pl. 1,
fig. 3), en pressant avec l'instrument l’amande (Nucleus y.
nous avons pu voir |’ extrémité de ce dernier or gane, cédant à
Peffort de la pression, sortir par l'interstice des deux lobes, fait
qui sembleroit confirmer pleinement ce que dit M. R. Brown
au sujet de l’ovule du Æingia (1), si ce phénomène ne s’étoit
pas toujours offert à nos yeux avec des circonstances qui ac-
compagnent la rupture d’un tissu extérieur. Car, à mesure
que nous pressions le Vucleus, il se formoit au prétendu
trou une vésicule qui n'éclatoit que lorsque la pression aug-
mentant forçoit sa membrane à se déchirer. Le Nucleus dont
la pointe semble former sur le sommet de ces ovules ün
troisième lobe, ne fait donc que pousser le T'esé, sans cesser
d’en être revêtu.
A l'égard de ces sortes d'ovules, nous n’avons pas manqué
de varier nos procédés; tantôt nous avons observé le pré=
tendu trou par réflexion et de champ, et cette portion réflé-
chissoit la lumière comme le font les simples cavités, et
non comme le feroit"la perforation (pl. 2, fig. 14); tantôt
nous avons cherché à enlever le Test de l’ovule à partir de
b {1} ÆApice acutiusculo lœvi aperturam! membranæ:internæ aftingente (Loc. cit.).
138 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
la partie inférieure à la dépression, à obtenir ainsi une mem-
brane simple qui s’étendoit sur le porte-objet sans se bosseler
en deux lobes, et renfermoit dans son centre la trace de l’or-
gane que nous cherchions à étudier;.et alors ce tissu ne pa-
roissoit nulle part avoir subi la moindre solution de conti-
nuité. On peut se faire une idée de cette dernière observa-
tion par la figure que nous avons donnée du trou ovulaire
du Peganum harmala 4. (pl. », fig. 15).
Il est inutile de faire observer que si la cavité Eraiée par
cette prétendue perforation étoit trop profonde, on seroit
exposé à n'intéresser dans une coupe transversale que les
bords de l'orifice, et que dans ce cas on auroit réellement un
trou ou plutôt un anneau sur le porte-objet; mais l'habitude
de ces dissections apprend à échapper à cette cause d'erreurs,
Il est des ovules conformés comme celui des Dianthées,
Crucifèresiet des Papaver, sur lesquels la portion qui corres-
pond à la prétendue perforation des autres ovules n'offre
pas la moindre image d'une dépression même. On y voit
les rangs des cellules, au lieu de se terminer brusquement à
ce point comme dans les ovules déjà cités, revenir au con-
traire sur eux-mêmes, et décrire plus ou moins régulièrement
des ellipses concentriques dont les deux bouts, au lieu de se
rejoindre, rentrent parallèlement dans le cordon ombilical,
fort court, qui attache l'ovule au Placenta. Nous citerons
comme un exemple assez pittoresque de ce que nous avan-
cons, l'ovule du Samolus Valerandi (pl. 1, fig. 7).
Il'est d'autres ovules, tels que celuidu Datisca cannabina,
sur lesquels il seroit d'une impossibilité absolue de remar-
quer, je ne dis pas une trace, mais même une place qui puisse
DU TEST DES GRAINES. 139
correspondre à la perforation des autres graines ( pl. 1, fig. 4).
Dans le Cannabis sativa on voit la radicule s’enfoncer telle-
ment sous le style que, s’il falloit une perforation pour la fé-
condation,; cette perforation ne pourroit exister que dans le
centre des trois stigmates, où cependant il est impossible d’en
trouver la trace. Enfin l’ovule et la graine du Cardiospermum
halicacabum sont éminemment propres à détruire l'idée
qu’on s'était formée de la perforation décrite par M. Brown.
Près de l’échancrure de la tache blanche qui forme comme
larille de cet ovule avancé en âge, on voit à la vérité un point
d’une couleur plus foncée, mais ce point n’y présente pas la
moindre image d’une dépression: il est lisse comme le reste
du Test; ensuite si l’on enlève l’épiderme, et que par des
coupes transversales successives on cherche à arriver jusqu’à
la radicule; on ne surprendra aucune espèce de trace de canal:
l'espace qui sépare la pointe de la radicule est tellement éloi-
gné de ce point par deux ou trois couches en spirales, qu'il
faudroit forcer beaucoup l’analogie pour avancer que la radi-
cale correspond à cette perforation supposée, et même pour
y décrire une perforation,
Il n’est pas inutile de faire observer que la direction de
cette prétendue perforation varie autant que la direction et
le point d'insertion du pédicule de l’ovule ( podosperme ).
Dans le Pontederia cordata et les Rutaoées, cette prétendue
perforation fait face à la base du style; dans les Papaver elle
regarde la; cloison placentaire, et se trouve quelquelois infé+
rieure au reste de l'avule; dans les Paronychiées elle re-
garde la base de l'ovaire; dans les Dianthées elle fait face au
Placenta, etc., etc.
140 * MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
Maintenant, si nous passons de l’ovule non fécondé à l'o-
vale parvenu à son swmmum d’accroissement, c’est-à-dire
à la graine, il est évident que, puisque l'ovule n’est pas
perforé sur le point qu’on regardoit comme une perfo-
ration, la graine ne peut pas l'être davantage. Cependant
cette prétendue perforation présente une cavité telle sur cer-
taines graines, sur le karicot, par exemple, qu’elle est à
peu près, pour me servir d’une expression de Grew, de la
grandeur qu'il faut pour y passer une petite corde d'é-
pinette (p. 2); et c’est là que l’observation s’est arrêtée
depuis la publication du petit volume de l’Ænatomrie des
Plantes.
Mais la meilleure manière de reconnoiïtre que sur ces
graines cette perforation apparente n’est qu’une cavité, c’est
‘étudier d’abord au microscope la disposition et les dimen-
sions des cellules qui composent la couche extérieure du Test
de ces graines; et en étudiant ensuite séparément l’organisa-
tion du fond de la cavité obtenue par des coupes transver-
sales successives, on s’assurera que la superficie et les cellules
des parois internes du trou prétendu ne diffèrent en rien de
celles du Test; en un mot, que le Z'est se montre dans cette
cavité sans aucune solution de continuité.
Sur les graines qui au lieu de cette cavité n’offrent qu’une
tache, il est bien plus facile de s'assurer que la couche des
cellules internes du Test n’y a passubi la moindre interruption
dans son tissu ( Cassia marylandica L., pl. 1, fig. 10 &). L’o-
vule et la graine ne sont donc point perforés, et la féconda-
tion n’a pas besoin d’un trou pour arriver au point où l’em-
bryon doit naître.
_fe
; Du TEST DES GRAINES. 141
Cependant quel rôle joue cette cavité sur l’ovule et sur la
graine? car enfin puisqu'elle est si souvent en harmonie avec
la direction de la radicule , il faut bien que sa présence tiénne
à des causes constantes d'organisation.
Nous avons eu d'autant plus à cœur de nous occuper de ce
point de vue , que nous étions bien sûrs d'avance que l’é-
tude de cette perforation apparente nous amèneroit naturelle-
ment à la connoissance de la nature de la seconde impression
qui, sur certaines graines, se remarque*symétriquement de
l’autre côté du hile. Les recherches relatives à cette question
ont été faites sur les ovules et les graines des Crucifères et des
Légumineuses. En examinant les graines de ces deux familles
à une époque intermédiaire entre la fécondation et la matu-
rité, on voit évidemment que c’est sur la prétendue perfora-
tion que s'insère un sac intérieur toujours distinct sur tout le
reste de sa surface de la surface interne du tégument extérieur
HER et dont les parois examinées au microscope sont com-
posées, comme le fesé, d’une couche externe de cellulles que
j'appelle épiderme, d’une couche interne, et d’une couche:
intermédiaire et moins simple que les deux autres, qui revient
à ce qu’on nomme quelquefois parenchyme. Ainsi l'extrémité
de ce sac s’insère sur la face interne du Test qui correspond
à l'apparence externe d’une perforation; cette extrémité en
suivant le développement du sac a entraîné intérieurement le
point d’adhérence, et a produit là une cavité; l’orifice de
cette cavité étant formé uniquement par le pli circulaire de
la couche externe des cellules du Test, cellules qui ne sont
point, à l’époque de la fécondation, infiltrées de substances
M ém. du Muséum. 1. 14. 19
142 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
capables de les rendre opaques, la transparence de leurs pa-
rois a produit toute l'illusion et a fait admettre l'existence
d’un trou.
Ce sac, dont nous allons étudier la nature et le développe-
ment, n’est autre que la Secondine de Grew (1) et l’'amande
de Rich. et de M. R. Brown, ainsi qu'il est facile de la recon-
noître sur la nature, malgré la divergence des explications de
ces trois auteurs. Nous ne croyons pas nous tromper davan-
tage en conjecturant que ce sac est le mème organe que
M. Mirbel (2) a désigné sous le nom de Périsperme réduit à
l'état de pellicule presque invisible dans les Crucifères, et
M. Aug. de Saint-Hilaire (3) dans les Malvées, mais le pre-
mier d’une manière si peu prononcée encore, et le second
d’une manière si laconique, qu'un auteur qui vient d’écrire
tout récemment sur les caractères tirés de l'embryon par
M. De Candolle, dans la classification des Crucifères, M.Gay(4),
ayant entrevu entre la radicule et les cotylédons du Brassica
oleracea une pellicule, ne paroît pas avoir aperçu dans cette
membrane l’analogue de l’organe annoncé, il n’y a pas long-
temps, par les deux auteurs ci-dessus cités.
Pour retrouver le type d’une synonymie déjà assez nom-
breuse, nous n’avons eu besoin que de poursuivre ce genre
d'étude surle même ordre de graines, et de les disséquer avec
précaution, non pas depuis l’époque de la fécondation, car à
(1) Anatomie des Plantes, Paris 1675, p. 212.
(2) Ann. des Sc. nat., tom. 6, p. 266 et suiv.
(3) Nouv. Bull. des Sc. de la Soc. philomat. de Paris, dec. 1825, p. 87.
(4) Annal des Sc. nat., tom. 7, p. 389 et suiv.
oi A
pu TEST DES GRAINES. 143
cet instant nous doutons que la dissection de l’intérieur de ces
ovules soit praticable, mais depuis une époque un peu plus
avancée, jusqu'à cet état où la graine est complète sans être
mûre. À l’époque de la maturité, le sac dont nous parlons
s’agglutine tellement aux parois internes du Test, que les
auteurs en général l'ont décrit comme faisant partie de ce tégu-
ment, et que M. De Candolle, dans ses Mémoires sur les
Légumineuses (1), tout en rappelant l'opinion de M. Trévi-
ranus au sujet de l’existence du périsperme des Légumineuses,
n’a pas cru devoir repousser l'opinion généralement admise
sur l'absence d’un a/bumen dans les graines de cette famille.
Pour en revenir à l’histoire naturelle de cet organe, nous
prendrons pour sujet de la démonstration l’ovule d'u Szra-
pis. Dès qu’on peut rencontrer un embryon dans de tels
ovules, on le trouve droit (pl. 2, fig. 20) et étroitement
renfermé dans le sac qui s'insère évidemment par sà pointe,
ainsi que nous l'avons dit plus haut, sur la face intérieure
de l'empreinte que Grew a regardée comme une perfora-
tion. Ce sac continuant à se developper, ou à céder à l’em-
bryon qui se dével@ppe, trouve bientôt dans les parois du
Test un obstacle à son développement en ligne droite; il est
forcé, ainsi que l'embryon qu’il recèle, de se fléchir vers le
côté du Test opposé à son point d'insertion. Bientôt, en
vertu de cette direction combinée avec l’accroissement ra-
pide de l'embryon , les cotylédons de celui-ci sont forcés de
se rapprocher de la radicule; et il arrive un instant où.ces
deux parties opposées de l'embryon ne sont plus séparées
(1) Page 58.
19
144 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
l’une de l’autre que par les deux parois comprimées du sac
qui tapissent, l’une les cotylédons, et l’autre la radicule.
Ce sont ces deux parois que M. Gay a aperçues entre les
cotylédons et la radicule du Brassica oleracea, et qu'il a
prises pour un simple prolongement de la membrane interne
du Test, sans doute parce qu’il n’a eu occasion de les étudier
que sur la graine müre.
L'histoire de la graine du Melilotus n’est pas différente; je
présente sur la planche l'embryon de cette dernière graine
dans l’état de l’extrême jeunesse, et sorti de son sac (pl. 2,
fig. 20 ); ensuite dans un état plus avancé, soit emprisonné
dans cet organe (fig. 19), soit nu (fig. 21). L'histoire d’un
Sinapis et d’un Melrlotus, sous ce rapport, est celle de toutes
les Crucifères et Légumineuses à embryon condupliqué.
Quant aux graines de ces deux familles à embryon droit,
l'étude doit.en être faite surtout sur le frais, parce que le sac
touchant par toute sa surface les paroïs internes du T'esf,
il devient souvent difiicile à la maturité d’en trouver une
portion qui puisse se détacher du 'es£ sans altération. II faut
en dire autant de l’Hippocastane et de J& Châtaigne, enfin de
toutes les graines en général décrites comme étant dépour-
vues de périsperme. Sur l'Hippocastane et la Châtaigne ce sac
prend à la maturité la couleur rougeâtre et la consistance
cassante que chacun a remarquées sur la membrane qui enve-
loppe leur embryon. Nous devons faire observer deux choses
avant de passer à un autre point de vue : 1°, Dans les graines
à embryon condupliqué la radicule et la pointe correspon-
dante du sac semblent emprisonnées dans une espèce d’étui,
ce qui vient de ce que le mode de pression exercée sur les pa-
pu TEST DES GRAINÉS. 0: 445
“rois du Test par l'embryon qui’se développe, nai porté que
‘sur deux points placés symétriquement de chaque côté du
furicule, “en sorte que la portion intermédiaire qui n’a subi
‘aucune pression, si ce n’est la pression latérale, est restée
comme une cloison autour de la radicule à laquelle ‘elle
‘semble servir de moule. 20. Quand nous avons dit que la
pointe du sac s’inséroit sur la face interne de ce qu’on croyoit
une perforation, nous n'avons pas eu la prétention de nier
que ce point soit aussi le point d'insertion de la couche in-
terne du Test, en sorte que le point d'insertion du sac se
feroit plutôt près de lui que sur sa face même, et qu’il pour-
roit dans d’autres graines se faire sur un point plus éloi-
gné de Ja prétendue perforation. Mais comme cette question
tient à des considérations nouvelles, et qui ne seroient peut-
être pas entendues ici, nous avons préféré décrire l’ovule des
Légumineuses et des Crucifères, où cette distinction d’inser-
tion ne sauroit être démontrée à l’œil, en nous contentant
dans cette circonstance d’énoncer simplement c cette modifi-
cation de notre idée.
Afin d'étudier d’une manière plus intelligible l’analogie du
sac dont nous venons d’exposer la synonymie et le dévelop-
pement; il ne no®s paroît pas inutile de revenir sur l’his-
toire de la graine des Céréales, que nous avons publiée en
oct. et nov. 1925 (1).
Nous y avons démontré que le périsperme des Céréales
n’est dans le principe qu’un sac inséré sur le sillon médian de
la graine, et dont les cellules sont remplies d’une si grande
{1} Ann. des Sc. nat.
146 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
quantité de sucs gommeux et aqueux, qu'avant de l'avoir
épuisé par un certain séjour dans l’eau, elles sont à peine
apercevables, et que cet organe correspond dans cet état à la
substance que les auteurs ont décrite si souvent sous le nom
d’amnios où de mucilage. Lorsque l’eau a dépouillé les cel-
lules de ce sac de tous leurs sucs gommeux, et qu'un petit
séjour dans l'alcool les a dépouillées de l’eau qu’elles renfer-
ment encore, ces cellules se dessinent si bien sur le porte-
objet qu’on ne peut plus élever le moindre doute sur l’orga-
nisation de ce prétendu mucilage.
Si ce sac, en se développant avec l'embryon que la Con.
dation a fait naître à sa base, continuoit à n’élaborer que des
sucs gommeux , il arriveroit un instant où ces sucs s’infiltrant
à travers les parois des cellules comprimées par l'embryon,
les parois de ces cellules s’appliqueroient les unes contre les
autres, et ne présenteroient plus à la loupe que l’image d’une
simple pellicule qu’il seroit souvent très-diflicile de distin-
guer des parois du péricarpe. Il arrive au contraire que dans
le sein de chaque cellule, et aux dépens de la substance gom-
meuse, se forment d’autres cellules (grains de fécule) infil-
trées d’une substance analogue, et dont les parois, devenues
rigides et imperméables à l’eau, à la température ordinaire,
constituent, en distendant les cellules-mères, la substance du
périsperme farineux.
Appliquons maintenant ces principes à l’histoire du sac de
la graine des Crucifères et des Légumineuses. Ce sac est, tel
que le périsperme non fécondé des Céréales, composé de cel-
lules infiltrées de substances gommeuses. À une certaine
époque, et dans certaines graines de la seconde de ces fa-
pu TEST DES GRAINES. RS 7)
milles, ce sac est si épaissi, dans le Cassia marylandica par
exemple ( pl. 1, fig. 11e), que l’œil le plus prévenu ne pour-
roit en méconnoître l’analogie avec le périsperme fariteux de
certaines graines. Mais les cellules de ce sac dans les Légumi-
neuses, etc., au lieu d'élaborer des cellules féculentes (grains
de fécule),se dépouillent de leur: substance gommeuse au
profit de l'embryon qui les comprime et les distend ; leurs pa-
vois. s’affaissent et s’agglutinent les unes contre les autres; et
bientôt, quelque compliquée que soit la structure de cet or-
gane, il se réduit à l'aspect d’une pellicule à peine visible à
à l'œil nu : car l'épaisseur d’une paroi de cellule ayant à
peine + de millimètre, quand on supposeroit les couches de
cellules de ee sac au nombre de 20, cela ne feroit jamais
que 4o parois appliquées les unes contre les autres après l’é-
puisement des cellules: or #- de millimètre (ce qui revient
à + de millimètre) ne forment à la simple loupe que l'équi-
valent d’une pellicule.
Le sac des Légumineuses et des Crucifères est donc un pé-
risperme, mais un périsperme qui:a épuisé ses fonctions avant
lamaturité, tandis que les périspermes farineux les continuent
par une nouvelle espèce d'élaboration, pour ne commencer à
s’épuiser que lorque la germination commence. La chalaze
de ce périsperme, ou plutôt son point d'insertion, se fait ou
bien dans le voisinage, ou bien immédiatement au-dessous de
la tache qu’on regardoit comme une perforation, et contribue
entraîner cetté portion du Test dans l’intérieur de la graine.
jusqu'à y produire une cavité qui simule une ouverture.
Quand le périsperme a été réellement farineux, et que son
point d'insertion a eu lieu à la partie opposée du hile, alors,
148 “MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
bien loin de voir dans l'empreinte de cette insertion l’équiva-
lent de la prétendue perforation des autres graines, on a ap-
pelé cette empreinte chalaze, par exemple dans le genre
Euphorbe, où certes la chalaze affecte réellement la forme
d’une cavité.
Les conséquences de cette étude nous conduisent à différer
d'opinion tantôt avec un auteur et tantôt avec un autre. Ainsi,
nous sommes convaincus que non-seulement le nombre des
mernbranes admises par M. R. Brown dans la généralité des
graines étoit difficile à admettre, et encore plus difficile à dé-
montrer, mais même qu'en suivant la méthode du savant
Anglais, nous nous verrions forcés d’admettre six membranes,
dont trois (couche externe de cellules, couche interne et cou-
che intermédiaire ou parenchyme) pour le Test, ettrois pour
le sac périspermatique; mais ce ne seroit de notre part qu'une
distinction superflue qui ne rouleroït que sur les mots, puis-
que telle est la structure du péricarpe et de tous les organes
vésiculeux. Ensuite il nous paroit bien plus naturel de n’a-
voir égard dans la distribution des tégumens d’une graine
qu’à la séparation des parois; car la séparation de substance
indique toujours une séparation de fonctions, et dès-lors il
devient aisé de distinguer un organe, quelle que soit la com-
plication de son tissu. Nousidifférerons encore d’opinion avec
le même auteur, en ce que nous regardons comme évident
que la radicule de l'embryon est toujours, ainsi que le reste
de l'embryon, emprisonnée exactement dans le sac périsper-
matique ; que jamais elle n’est en contact avec le T'es£, et que
ce prolongement décrit par le savant Anglais, comme unissant
la radicule au 7'est, ne nous paroît autre chose que l’extrémité
pu TEST DES GRAINES. 149
du sac qui d’un côté s’insère sur Je Test, et de l’autre se
“colle, comme une pellicule, si étroitement sur l embryon, que
M. R. Brown n’aura pas hésité à la prendre pour un prolon-
gement de la substance de la radicule. Nous irons même plus
loin, et en ce point nous différerons d’opinion avec un auteur
‘non moins célèbre; il n’y a point d’embryon extraire, c’est-
“dire d’embryon qui soit.en contact par une de ses faces
‘avec le 7 est, et par l'autre avec le périsperme. L’illusion
ér ghraérque de ce qu’il arrive qu'une portion du sac pé-
‘rispermatique, plas comprimé d'un côté que de l’autre, s'est
beaucoup plus infiltré du côté de la moindre pression; en
‘sorte que le côté moins infiltré étant réduit, de la manière
déjà décrite, à l’état d’une simple pellicule, adhère quelque-
+ fois en entier contre la paroi correspondante du T'esé aux yeux
de celui qui dissèque la graine. Mais si l’on étudie la graine à
tous les âges et avec une certaine précaution, il est facile de
‘se convaincre que dans les Dianthées, etc., pas plus que dans
les Graminées, l'embryon ne cesse d’être enveloppé sur toute
_ sa surface par le sac qui devient périsperme.
+ S'il arrive que le sac périspermatique se remplisse de fé-
* cule en suivant la marche et l’inflexion ordinaire à certains
“embryons de Crucifères et de Légumineuses, on aura alors
… Je périsperme des embryons que M. Richard père a appelés
Amphitropes, et c’est par le moyen de ces sortes d'organes
qu'on pourra se faire une idée plus exacte de ce que nous
* venons d'avancer au sujet des embryons, selon nous, mal à
Por nommés exéraires. £
Ces considérations nous é , plus naturellement
qu’elles ne semblent le faire au premier coup d'œil, à l'étude
Mém. du Muséum. 1. 14. 20
150 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
de la seconde empreintequi existe symétriquement de l’autre
côté du hile; et le rapprochement que ce fait va nous fournir
sera une conquête de plus en faveur d’un système d’organi-
sation que nous poursuivons depuis trois ans, et qui forme
un cadre dans lequel toutes nos recherches se rangent si na-
turellement, que nous ne pouvons nous refuser à la pensée,
ou peut-être à l'illusion, de le voir accueillir avec quelque
indulgence. L'ART
Nous venons d'établir, par des faits que l’on se plaira sans
doute à vérifier, que la perforation apparente est l'empreinte
de l'insertion d’un organe interne, qui n’est autre chose que
la poche dans laquelle doit naître l'embryon. Il arrive quel-
quefois que la nutrition n’atteint pas cet organe interne, que
le Test se développe seul, et dans ce cas il n’est besoin que
d’un peu d’attention pour s'assurer de la conformité com-
plète de cette poche ainsi réduite avec l’autre empreinte
dont nous nous occupons maintenant. Soit qu’on examine
la prétendue perforation sur l'extérieur du Tesf, soit qu’on
coupe longitudinalement la graine avortée de manière à in-
téresser dans la coupe les-deux empreintes et le hile, on ne
découvre entre ces deux empreintes aucune différence d’or-
ganisation. Elles offrent toutes deux alors l’image d’une vési-
cule recouverte par le Test, insérée sur la face interne
de ce tégument, et dans laquelle s’emboitent une ou deux
autres vésicules à parois plus où moins épaissies. Or, l’expé-
rience et l’observation viennent de nous apprendre que de
ces deux empreintes ainsi réduites, celle qui occupe la place
de la prétendue perforation n’est autre chose que l'insertion
ou la chalaze d’un véritable périsperme dans lequel doit
DU TEST DES GRAINES 151
se développer l'embryon. Nous ne croyons donc pas nous
écarter des rébles de l’analogie en avançant que la seconde
empreinte n’est pas autre chose; que c’est l'insertion d’un
organe interne dans le sein duquel un embryon auroit dû
naître si la fécondation avoit pu l’atteindre, en sorte que
dans | ce cas la graine eût été bi- TRUE Qu'on ne
pense pas que ce soit ici un simple aperçu que ne puisse
appuyer l'expérience. Toutes les graines bi-embryonées (Æs-
culus hippocastanum , Castanea vesca ; Amy gdalus com-
munis , etc.) que nous avons eu l’occasion d'examiner nous
ont toujours offert les deux embryons exactement empri-
sonnés chacun dans une poche pApemanaue particulière,
dont les points d'insertion correspondoient à deux points
‘placés symétriquement près du hile.
- On auroïit tort d’opposer à cette assertion, comme une
objection de quelque valeur, la constance de l'avortement
de cette empreinte. Rien n’est plus commun dans le règne
de l’organisation que cet oubli de la nature. Dans le Ponte-
deria cordata (1), on ne trouve constamment qu'une loge
fertile, les deux autres n’acquièrent jamais une dimension
plus grande que l'empreinte dont nous parlons; elles restent
toujours tellement rédaites, que sans un peu de soin de la part
de l'observateur l'ovaire paroîtroit exactement uniloculaire.
Comment prouvons-nous qu’il y a dans ce cas avortement ?
n'est-ce pas parce que nous pouvons montrer des ovaires à
trois loges fertiles, soit dans le même genre soit dans les genres
voisins (Asphodélées, par ex.)? Orsil suffit, pourprouver qu'il
(a) Voyez ci-après la note relative à ce genre.
152 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
y a avortement dans un organe, de le montrer quelquefois
fécondé, les embryons jumeaux d’une foule de graines sont
bien capables, je pense, de nous fournir ce genre de preuves.
Une fois que la nature d’un organe a été déterminée, la
forme qu'il peut revêtir ne change plus sa destination aux
yeux de l'observateur. Il lui suffit de le rencontrer à la même
place, sous quelquemodification qu'il se présente. L’empreinte
que nous venons d'étudier sera donc toujours un périsperme
avorté, soit qu’elle-affecte la forme d’une glande, soit qu’elle
passe à celle d’une caroncule, soit enfin que s'alongeant dans
le sens longitudinal de la graine, elle se présente sous celle
d’un Raphe canaliculé. Or, toutes ces formes peuvent être
observées sur les graines des genres voisins des Phaseolus.
L’étude de ce passage des formes les unes vers les autres
dans la même famille nous fera même reconnoître cet organe
dans les graines sur lesquelles il affecte une forme plus modi-
fiée, de même que dans celles où il semble avoir disparu tout-à-
fait. Ainsi, il n’y pas loin de la caroncule de quelques graines
de Légumineuses à la caroncule des Æwphorbes ; et pour le
remarquer en passant , la caroncule des Æwphorbes présen-
tant par une coupe transversale deux lobes également con-
formés, et par conséquent deux organes avortés, il arriveroit
dans ce genre que l’organisation primitive de la graine seroït
en harmonie avec l’organisation de l'ovaire, et le nombre
ternaire se retrouveroit dans l’un comme dans l’autre de
ces deux systèmes; en sorte que l’ovule n’y seroit qu’une
répétition da type de l'ovaire.
Il n’y a pas loin non plus du Raphe de certains Dolichos
au Raphe latéral que l’on remarque sur l’ovule du Ponte-
Du TEST DES GRAINES 153
deria cordata (pl. 2, fig. 2 a), du Caltha palustris, et sur :
celui d’une foule de plantes.
Pour faire comprendre plus clairement notre pensée, et
pour aborder hardiment la question, qu’on se représente une
anthère ordinairement bilobée, mais dont un lobe ait avorté,
telle enfin que je ai dessinée ( pl. 13, fig. 13 d, du tom. 4 des
Annal. des Sc. naturelles), on ne manquera pas de décou-
vrir entre la structure des ovules dont celui du-Pontederia
peut être le type et la structure de l’anthère avortée une
- stricte analogie.
Le lobe fertile de l’anthère correspond au ]Vucleus de
ovale ; le vaisseau médian du funicule de A représente
le vaisseau médian du filament ; et s’il n’y avoit pas eu avor-
tement dans celui des côtés du funicule et du filament qui
est opposé au lobe pollinifère et au ÂVucleus embryoné,
Vanthère eût possédé deux lobes et la graine deux Nucleus.
Mais il est bon de remarquer que dans cette supposition les
deux Vucleus de la graine ne se seroïent pas dessinés comme
les deux lobes de l’anthère, par une raison qu’il est facile
de concevoir. Dans les ovules, la résine se porte vers Île
Testa, en remplit les cellules et les rend rigides; dans un
anthère, au contraire, la résine se porte vers les cellules du
centre de l'organe, vers les graines de pollen; en sorte que
dans les anthères ce que l’on pourroit nommer Tesfa se
moule sur les deux lobes ou sacs internes, et que dans la
graine bi-embryonée, au contraire, les deux sacs périsper-
matiques se moulent sur le T'esfa et restent par là effacés en
dehors.
* Ajoutons encore que toutes les anthères bi-loculaires ne
154 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE
sont pas bi-lobées; et lanthère bi-loculaire des Malvacées
a une si grande analogie de forme avec l’ovule des Crucifères
et des Dianthées, que je ne pourroiïs avoir sous la main un
point de comparaison plus pittoresque : car, dans les Mal-
vacées, les deux lobes internes de l’anthère, au lieu de se
diriger dans le sens du filament, ont croisé la direction du fi-
lament et se sont trouvés placés le sommet de lun vers le
point d'insertion de l’autre, en supposant, comme je l’expli-
querai plus au long dans un prochain Mémoire, que le point
d'insertion des masses pollinifères ait lieu comme le point
d'insertion des sacs périspermatiques tel que nous venons de
le concevoir: Nous nous arrêterons aujourd’hui à cet exposé.
Après l’étude des prétendues perforations de la graine,
nous devions chercher à nous faire une idée exacte de la
perforation qu’on a décrite au sommet de certains pistils, et
principalement de ceux des Conifères et des Cicadées. Or,
en nous servant des procédés que nous avons employés dans
l’étude de la prétendue perforation du Zygophyllum , nous
nous sommes convaincus que la perforation de ces pistils
v’étoit autre chose qu’une dépression entre deux lobes ou
une cavité, mais qu'aucune communication organique n’exis-
toit entre l’air extérieur et la cavité que ce pistil surmonte;
enfin que, de même qu’il n’existe aucune solution de conti-
nuité du Z'esta au-dessus de la prétendue perforation de
l'ovule , de même il n’en existe aucune au fond de la cavité
qu’on remarque au sommet des graines de certains genres
de Conifères. Nous représentons la figure de l’ovule non fé-
condé du T'huya avec ses deux lobes (pl. 2, fig. 17)et sesdeux
ailes; nous le représentons encore à un état voisin de la matu-
EN EST MEME --+65
rité (fig. spi ces deux âges différens , et malgré ces deux
formes différentes, le sommet (a) de l’ovale et de la graine
ne présente qu'une cavité analogue à celle qu’ ‘on remarque
sur bien des stigmates évidemment imperforés, par exemple
sur celui des Mzmulus , mais aucune espèce de perforation
- à travers laquelle un organe interne se fasse jour (1).
nur és onrommamteGite CAS LAt HAE PAT HN
Are QILLE peter dt
psp: QE ù
Pa n'existe aucune Don tie sur # Testides ovules, ni
sur le sommet des pistils de Conifères, etc.
L'ouverture de Grew est l'empreinte de l'insertion d’un
organe périspermatique,, c'est une Chalaze.
Une foule d’ovules recèlent dans leur sein les élémens
de. deux, ou plusieurs poches à embryon; ce qui rapproche
la structure de l’ovule de celle de bien des anthères.
CO En me servant de l'expression de pistil, je ne prétends point me décider
contre ceux des auteurs qui admettent une Cupule au sommet de l'organe femelle
des Conifères. En général , les discussions qui n’ont pour objet que la terminologie
me jperoisent si peu utiles aux pioRrE de la science, que je cherche à n’en aborder
aucune. Je décris les organes, j’en explique l’analogie, j’ j'en étudie le dévelopement,
et jercrois rencontrer toujours sous ma main dssez de mots pour me faire entendre.
Éturs nina Éeses
744
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LÉ nl 1 *
SOUTIEN ORNE
SUR LE GENRE PONTEDERIA
2
nés
Les caractères du genre Pontederia sont restés pendant
assez long-temps frappés d’une certaine indécision qui ne
permettait ni de regarder le genre comme étant womposé
d'espèces homogènes, ni de le placer d’une manière défini-
tive dans une des nombreuses familles que l’on a formées
aux dépens de la classe des monocotylédonés. -
Il ne s’agissoit de rien moins que de savoir si l'ovaire étoit
infère ou supère, sorte de caractère qui auroit sufii pour
transporter ce genre, ou au moins quelques unes de ‘ses
espèces, d’un bout de la série à l’autre. Fee
Il paroît que Linné avoit primitivement bien observé ; car
dans son Genera (éd. de 1754), il s'exprime en ces termes :
Germen suprà receptaculum ; et ce ne fut que dans la
suite qu’il sembla émettre des doutes au sujet de la cons-
tance ou de la généralité de ce caractère, en indiquant,
comme sous forme d’exception , que les Pontederia vagi-
nalis et hastata avoient réellement l'ovaire supère (Mur-
ray, 1774, et Reich., 1778).
J'ai tout lieu de croire que le P. hastata avoit été letype
primitif de son genre, et que les doutes qu'il conçut posté-
rieurement lui furent inspirés par l’analyse, sur le sec; du
Pontederia cordata , dont la corolle s’étrangle quelquefois
au-dessus de l'ovaire ; en sorte que si la compression exercée
_ Norice sur LE GENRE PONTEDERIA 157
pendant la dessiccation artificielle agglutine les parois de la
corolle contre l'ovaire, il est:très-facile de se méprendre de
la même manière que Linné paroît s’être mépris.
* M. de Jussieu partagea les doutes de Linné; ou du moins
il crat que l’organisation detoutes les espèces du genre n’étoit
pas identique sous ce rapport. Species quædam, disoit-il,
dans le Genera plantarum , germine supero aut semi-su-
pero juncis affiniores. Les autres espèces, il les laissoit dans
les Narcisses.
-nRichard père et M. Kunth établirent dans la suite ce
genre sur des bases certaines; et depuis eux, tous les bota-
nistes qui ont eu à s'occuper d’une espèce de Pontederia
ont confirmé que l'ovaire étoit supère.
+ Linné n’avoit admis dans son genre que quatre espèces,
P.ovata, vaginalis , cordata et hastata. Willdenow en sé-
para l’ovata , dont il fit un genre à part sous le nom de Phry-
nium , à cause de-son double périgone. Le genre keteran-
thera de Palisot (Leptanthus Richard, Flore de Mich.)
ne se distingue réellement des Pontederia que par le nombre
ternaire de ses étamines. Une circonstance indiquée par
M. Hooker , dans son Æxotic flora 94 , tendait pourtant à
attribuer au genre Leptanthus un caractère des plus tran-
“chés, si ce caractère n’étoit pas susceptible d’être considéré
comme un accident que l’on peut facilement ramener au
type générique des autres espèces. Nous reviendrons sur cette
explication ; après avoir donné quelques idées générales sur
Ja structure des Pontédérées. :
1°. Les Pontédérées, ainsi que toutesles plantes qui habitent
les eaux, ont. un système-radiculaire qui tient de leur habi-
Mém. du Muséum. t. 14. | 21
4
158 NoTrcE SUR LE GENRE PONTEDERTA.
tation ; d'abord blanchâtres et succulentes, leur épidérme en
vieillissant finit par leur donnér un aspect bleuâtre; elles ont
peu de chevelu, et se rapprochent beaucoup, à tous les âges ;
de la forme simple que toutes les racines affectent dans le
commencement de leur évolution. À leur extrémité, elles
possèdent, ainsi que toutes les racines que l’on fait dévelop+
per dans l’eau, une calotte plus ou moins déchirée sur les
bords, que bien des auteurs ont voulu considérer comme un
organe à part, et que MM. Corréa de Serra et De Candolle
ont surnommé spongiole, à cause de l’analogie de sa struc-
ture avec un tissu spongieux. Tel étoit aussi le sentiment de
Richard, au sujet de la calotte terminale des racines des Pon-
tederia, etc., d'après le témoignage de M. Kunth(Nos. Gen,
tom. 1,p. 212) : ÂVeque tarnen putandum est, fibras rade
cem perrumpentes , particulam epidermidis auferre ; ed-
demque epidermide vestitas , calyptratas apparere. Im
verd hæ calyptræ à substanti& ips@ medullæ nascuntur,
L'auteur en dittout autant de la calotte terminale des Lemna,
dont Micheli a tant exagéré, par ses figures , les rapperts de
dimension avec le reste de la racine.
En rendant compte du Mémoire de M. De Candolle sur les
lenticelles, en mai 1826 (1), nous avions annoncé que l'opi-
mion que réfute Richard nous paraissoit la seule vraie ; et que
la coife terminale des racines étoit tellement un fragment de
l’épiderme, qu'on pouvoit presque toujours retrouver sur
le commencement de la racine l’autre partie de l’épiderme
en forme de gaine , et affectant tous les caractères de la
(1) Deuxieme section du Bull. univ: des Sciences et de l'Industrie, t. vi, n°. 33.
Norice sur LE.GENRE-PontEDERtA 159
coife de l'extrémité, Nos :observations avoient été. faites
sur les racines des branches de Saule que nous avions lais-
sées exprès plongées dans l’eau.
+ M. Dutrochet (1), qui sans doute n’a pas eu connoissance
de ce travail fort abrégé , a apporté dernièrement de nou-
velles raisons en faveur de l'opinion qui tend à faire regarder
la spongiole comme un organe à part, et non comme le dé:
bris d’un organe déchiré. L'auteur n’a pas cherché à détruire
lawpreuve que nous avions apportée en faveur de l'opinion
contraire. EN +
& Il assure que la spongiole sort tous les printemps de la
«pointe de la spongiole endurcie qui forme le bout du fila:
« ment du chevelu, ou de la radicelle produite l’année précé-
« dente; qu’alors la spongiole ancienne devientune partie du
«corps de la radicelle; enfin qu'il n’y a là qu’une produc-
&.tion successive de parties nouvelles, de la même manière
«que cela a lieu dans les tiges. D’après lui, le Zemra gtbba
«possède une spongiole très-volumineuse relativement aux
«,dimensions de la racine qui est grèle et blanche, tandis
&« que la spongiole qui la términe est renflée et de couleur
« verte; ce seroit même par l'observation de cette plante
«que l'on pourroit se convaincre facilement que la spon-
«giole ,est bien véritablement un organe distinct du corps
«. de la radicelle, ».
+ Nous avons eu occasion d’observer d’une manière assez
suivie, le développement non-seulement des radicelles de di-
verses plantes, mais encore. des radicelles des Lemna; et
rer tre MMA Un Li un, Joel degnes
(1) Agent immédiat du mouvement vital, 1826, p. 9f'et suiv. |
21
160 NoricE SUR LE GENRE PONTEDERIA.
nous croyons pouvoir assurer que la spongiole des Lernna;
détachée avec soin de la radicelle, est tout-à-fait blanche ,
quand on n’enlève point avec elle une portion quelconque de
la radicelle ; que les radicelles des Lemna, au contraire, sont
toujours verdâtres, surtout sur la ligne qui en forme le canal
médullaire. Cette coife, que l’on nomme spongiole, est adhé-
rente à la feuille des Lemna dans le principe; sa base s’en
détache ensuite déchirée par le développement du corps
de la racine; et quoique la racine continue à croître, cette
spongiole, ainsi que tous les organes inertes, ne reçoit plus
d’accroissement, et finit par se décomposer sans devenir ja-
mais une partie du corps de la radicelle, comme l'avance
M. Duatrochet. Quant aux radicelles aquatiques des autres
plantes (car*c’est sur elles que l'observation doit se faire, si
où veut se conserver le moyen de ne jamais les perdre de
vue ), il est plus facile encore de se convaincre que la spon-
giole n’est que la-partie extrême de l’épiderme déchiré par
le cône interne de la racine qui s’alonge. Pour cela, il faut
étudier une racine à l'instant où elle sort de l’écorce; à cette
époque elle n’a point de spongiole. À mesure que la radicelle
se développe on voit un anneau formé par le déchiremént
circulaire de l’épiderme; cet anneau s’élargit de plus en plus;
une lacune toujours croissante finit par éloigner à une grande
distance la première portion de l’épiderme , d’avec la por
tion extrême qui reste au bout de la racine en forme de coife.
Mais si à tous les âges on mesure les cellules de la coîfe et
celle de la gaîne qui entoure le commencement de la radi-
celle, on verra que leurs dimensions sont restées identiques,
et que leur accroissement a.été stationnaire ; quelquefois
Novice sur LÉ GENRE Ponrénenra. 16i
même on apercevra qu ’elles révétént à la fois Lu vieillissant,
Jé‘même genre de couleur. ? egasiborai, o1douon, #f
+ Lorsque la gaîne et la ie $e sont décomposées entière-
ment, la couche immédiatement inférieure qui sert! ‘d'épi-
derme à la racine, se déchire de même par le dévelop
pement de la couche qui est interne à l'égard de celle-ci; et
la radicelle à encore et une nouvelle gaine, et une nouvelle
spongiole, ce qui ‘rentre entièrement dans la théorie du
développement du tronc que nous avons expliquée dans
notre Mémoire sur le Développement de la Fécule: "1.
* Pour faire jouer un rôle à part à ce déchirement, on a rap-
pelé les expériences de Bonnet, qui découvrit qu’en mettant
mérnponÉ extrémité de la racine dans une eau colorée, c'était
par là spongiole qué la couleur ‘entrait dans le tissu central
de laradicelle, Mais si l'on'se rappelle les expériences de Sar-
rabat et Mustel on se convaincra qu'ici il ne se passe pas
autre chose à l'égard des radicelles que ce qui se passe à
Végard du tronc; ce n’est jamais par l’épiderme que les sub-
stances colorées pénètrent dans le corps du végétal, mais
seliens par les ouvertures artificielles qu’ on pratique, soit
longitudinalement, soit transversalement sur leur ‘surface.
Cette expérience de Bonnet ne fait donc que confirmer notre
Opinion au lieu de l'infirmer, puisqu'ici la spongiole‘ne joue
pas un autre rôle que la coupe circulaire de l'écorce jeune
d’un rameau aérien. Je ne nie point que sa présence soit sous
ce rapport inutile à la nutrition de la radicelle; car, puisque
le térreau nourrit la racine, pourquoiun débris d organe doué
_ d’un peu de vitalité lui seroit-il inutile? Je soutiens simplement
que la spongiole n’est qu’un débris de l'épiderme, qui tend
162 NoricE SUR LE GENRE PONTEDERIA.
à se décomposer, pour être remplacé par un antre débris de
la couche immédiatement placée au-dessous de lui; qu’en-
fin, si l’on se représente la radicelle composée de cônes
emboîtés les uns dans les autres, le cône extérieur déchiré
par le cône suivant, formera par son extrémité la spongiole;
que ce cône suivant subira à son tour le même sort que le
cône primitivement extérieur, et ainsi de suite. Cette digres-
sion, peut-être un peu trop longue, me paroît pourtant mo-
tivée par la nécessité d’allier la physiologie à la botanique
pure, unique moyen d'élever cette dernière au niveau des
autres sciences qui semblaient, pour ainsi dire, la dédaigner.
2°. Le port des Pontederia, Heteranthera et Phrynium
Willd.,rapproche ces trois genres des Commelinées. La feuille,
dont la forme est plus ou moins arrondie, et souvent échant
crée à la base, s’insère par un pétiole variant en longueur, sur
une gaine du sein de laquelle sort le bouquet de fleurs. Quel-
quefois le bouquet sort des gaines inférieures; souvent il sor-
de la gaine supérieure qui, dépourvue ordinairement de
limbe, a reçu de Linné le nom de spathe ou involucre; mais
qui du reste jouit de la structure et de la couleur des féuilles
inférieures.
3°. Les fleurs, très-nombreuses sur l’épi du Pontederia
cordata, le sont moins sur celui du ?2. hastata, encore
moins sur le P. paginalis, et sur le PArynium ovatum
Willd., et deviennent isolées au bout d’un assez long pé-
doncule dans les gaines de certains Heferanthera Beau.
Du reste, quand elles sont disposées en épi, la structure de
cet organe peut toujours se ramener à un même type. Ainsi,
en passant du composé au simple, l’épi du Pontederia cor-
Norice SUR LE GENRE PoNTEDER‘A. 163
data L: est formé de fleurs sessiles autour d’uñ axe assez
_ épais; elles ne naissent dans l’aisselle d'aucune stipule, mais
elles sont accompagnées à leur base de poils asséz nombreux,
et d’un calibre assez remarquable, qui descendent sur le
thyrse bien au-dessous de linsértion du rang inférieur des
fleurs. Je ne crains point d’être accusé de trop de hardiesse,
en’assurant que ces poils jouent le rôle de stipules qui, fer-
tiles sur la moitié HE n ans du thyrse, sont stériles sur la
moitié inférieure.
Dans le Pontederia vaginalis L. et le Phrynium ovaturi
Willd.; les fleurs acquièrent déjà un pedoneule qui devient
tellèment long dans le Pontederia hastata, que les fleurs de
cette espèce imitent l’inflorescencé de l'Ombélle; et il paroît
que Linné y avoit vu une véritable Ombelle, ‘à'en juger par
l'expression spécifique foribus umbellatis ‘ab il se sert
pour caractériser cette dernière espèce. Mais il ne faut qü ’une
attention légère tés juger que la différence dans ces inflo-
rescences n’est qu’apparente, et qu'elle ne vient que du plus
ou moins de longueur du pédonicule, qui, quoique très-court,
n’en existe pas moins sur le Ponféderia cordata L.. .
Lestraits de ressemblance des Pontéderiaet Heteranthera
avec les Commelinées disparoïssent lorsqu’onremonte jusqu’à
la structure de la fleur. Aussi, des Pontederia de Linné, là
seule espèce P. opataest restée dans les Commelinées, sous le
nom de Phryniun. Au reste, la difference des deux familles
ne réside pas sur des caractères plus nombreux que ceux: qui
servent de ligne de démarcation aux diverses familles des Mo-
nocotylédones corolliflores. Un périanthe ‘unique dans les
Pontédérées, et double dans les Commelinées, voilà toute la
164 NoricE SUR LE GENRE PONTEDERIA.
différence essentielle, différence qui, physiologiquement exa-
minée , pourroit bien diminuer de valeur: Car non-seulement
le nombre six existe dans les Pontédérées comme dans les
Commelinées,, mais encore la préfloraison du Pontederta
cordata mème, dont la structure semble avoir principalement
motivé la séparation des deux familles, rappelle d’une manière
frappante la structure de la fleur des Commelinées. On woit
que ce qu’on désigne dans le Pontederta cordata par le mot
de lèvre supérieure, et qui se compose de trois divisions égales
ou presque égales, recouvre dans le bouton la lèvre inférieure
qui possède aussi trois divisions ; en sorte qu’à cét âge la lèvre
supérieure forme le péfianthe inférieur ou calice dés Comme:
linées, et la lèvreïnférieure, le périanthe supérieur ou corolle.
Si dès ce momentles divisions seules du limbe de ce Pontede-
ria s’alongeoïent, et que le tube restät avec la briéveté du
jeune âge, il y a tout lieu de croire queles Pontederia seroïent
demeurés dans les Commelinées. Mais la base de leur corolle,
en s’alongeant en tube dans le Cordata, détruit tout rapport
d'insertion et de préfloraison; et la position horizontale de la
fleur, en favorisant l’équivoque des!'expressions dont la puis-
sance est si grande dans la nomenclature, fait que la portion
inférieure par la préfloraison devient supérieure par la posi-
tion, et que la supérieure dévient l’inférieure. La supposition
que nous venons de faire plus haut approche singulièrement
dela réalité dans lacorolle des Pontederia hastata \.., aqua-
tica Beauv., El owar., et Leptanthus graminifolius Mich.,
si l'on peut en pareille circonstance se fier à des fleurs dessé-
chées à ovaire presque mûr, et à des figures faites sur le sec.
Notre intention n’étant pas de donner une Monographie
NoTicE SUR LE GENRE PONTEDERIA. 165
complète du genre en 7 , ce qui demanderoit une
étude faite sur le vivant, à "égard de toutes les espèces ; nous
n’insisterons pas trop sur la réunion des deux familles. Mais le
hasard ayant fait que nous nous sommes servis tout l'été, pour
étudier l’ovule, des fleurs du Pontederia cordata qui fleurit
si facilement dans les jardins , il nous a été facile de nous con-
vaincre que ce genre avoit été assez mal décrit, et que les ca-
ractères essentiels méritoient une réforme. Car les étamines
ont été décrites comme étantinsérées trois sur le tube, et trois
à la base de la corolle ( Linné), ou trois sur le limbe, et trois
sur le tube (Ægardh. Aphor. bot.), l'ovaire comme étant
triloculaire et polysperme. Or, le Pontederia cordata pré-
sente une exception importante à ces caractères, Nous ne par-
lerons pasde l'ovaire infère d’aprèscertains auteurs; M. Kunth
a fortbien remarqué qu'il étoit supère, et l'erreur qu’on nous
semble à tort avoir attribuée à Linné est d’aatant plus dif
ficile à expliquer, que le type du genre linnéen ne paroît pas
avoir été le Pontederia cordata, qui seul eût pu produire
une certaine illusion, mais bien le Pontederia hkastata, dont
l'ovaire est si gros qu il ne se laisse j jamais emprisonner par
la corolle.
La corolle du Pontederia rie L. forme un tube qui
se divise en s évasant en six portions à peu près. égales, aux-
quelles sa position horizontale fait prendre une apparence
bilabiée ; les trois divisions supérieures, dont la médiane pa-
roît souvent plus grande, forment la lèvre supérieure, ét
les trois divisions inférieures forment l’autre lèvre: Les éta-
mines au nombre de six, s’insèrent tout en se continuant en
relief jusqu’à la base de la corolle, les trois plus longues
Mém. du Muséum. 1. 14. 22
166 NoTicE SUR LE GENRE PONTEDERIA.
chacune sur une des divisions de la lèvre inférieure, les trois
plus courtes sur chacune des divisions de la lèvre supérieure,
mais de manière que l’étamine médiane est plus courte que
les deux autres, et s’insère réellement bien au-dessous d’elles
vers la base de la corolle. La surface interne de la corolle est
lisse, externe velue dans sa moitié inférieure, sa couleur est
d’un bleu strié, qui après la dessiccation paroît moucheté
par des hachures longitudinales.
Les anthères avant l’anthèse sont bleues tirant sur le vio-
let, ovoïdes et biloculaires. Le filament en est cylindrique et
blanc. L’ovaire (pl. 2, fig. 4), d’une forme toujours alongée,
occupe à peu près la moitié inférieure du tube. Il possède
réellement trois loges, mais dont deux avortées, et tellement
réduites que, sur le frais même, on seroit tenté de le croire
uniloculaire (fig. 1 et 5): ce qui fait que leurs deux nervures
sont très-rapprôchées entre elles et très-distantes de la nervure
de la loge fertile. Ces trois nervures se continuent jusqu’au
stygmate (a), qu’elles rendent trilobé. Le style qui est un peu
plus court que l’ovaire, esthérissé, du côté de la loge fertile,
d’une rangée de poils presque horizontaux, ou légèrement
dirigés en haut, et glanduleux au sommet; tout le reste est
glabre. |
La loge fertile (fig. 1) ne possède qu’un ovule suspendu au
sommet de la cavité, et lisse sar toute sa surface. Le péri-
sperme devient farineux; l'embryon cylindrique mais tubé-
reux vers sa partie inférieure, et mamelonné à la base, est
orthotrope et blanc (fig. 1x).
Dans le Pontederia hastata, au contraire, l'ovaire pos-
sède trois loges (fig. 8) qui le rendent triquètre. Les ovules
FA
Norice.sur LE GENRE PonrenerrA. 167
ÿ Sont si nombreux qu’en mürissant ils sont détachés du
placenta central par les autres qui se développent. La graine
ovoïdo-cylindrique se trouve mamelonnée à ses deux bouts,
et relevée par neuf côtes fort saillantes qui se réunissent aux
deux mamelons (fig. 7 et r2), Le test est rougeâtre, le pé-
risperme farineux; l'embryon, tout-à-fait cylindrique (fig. 9)
et blanc, forme l’axe dont les deux mamelons seraient les
extrémités ( fig. 10 ).
La graine du Leptanthus gramineus figurée par Hooker,
et celle de l'Heteranthera zorteræfolia de Martius, espèce
bien voisine de la première, possèdent les mêmes formes
exterieures que la graine du Pontederia hastata , telles que
nous venons de les décrire.
Parmi les caractères génériques tracés par M. Hooker, il
en existe un: qui renverroit bien loin le genre Leptanthus ,
si les modifications qu’y a apportées M. Martius ne nous per-
mettoient , ainsi que nous l'avons déjà observé au commen-
cement de cette notice, de ramener cette anomalie apparente
au type ordinaire des Pontederia. Capsula urilocularis,
dit M. Hooker, ##alpis, polysperma. Semina receptaculis
tribus filiformibus valvarun medio affixis inserta. Exotic
flora 94. Voici comment M. Martius modifie ce caractère :
Capsula sub-trilocularis ; trivalvis , valpulis medio septife-
718, dissépimentis tenuissimis vix in axi connatis, semina
dissepimentis duplici serie adnata, ete. Nov. Gen. p: 7°.
Or, il est facile de:concevoir qu'une capsule triloculaire
puisse, à la faveur d’un mode de déchirement , devenir uni-
Joculaire et à placentas en apparence pariétaux . Supposez
pour cela que les trois placentas, qui en se soudant dos à
220
168 NorTicE SUR LE GENRE PONTEDERI À.
dos formoient l’axe central, viennent à se séparer les uns des
autres, et que chacun d’eux suive la cloison contre laquelle
il est adossé, il arrivera que les cloisons, qui n’avoient d’autre
point de contact que leur placenta commun , formeront les
parois d’une capsule uniloculaire dont les placentas .pa-
riétaux alterneront avec les sutures. On conçoit combien ce
phénomène doit se présenter fréquemment, quand les liens
qui unissent les placentas entre eux sont ou trop délicats,
ou soudés d’une manière imparfaite.
Peut-être aussi que le mode de dissection concourt à rendre
plus fréquent ce phénomène, et que pour ne point altérer
de la sorte la capsule , il vaudroit mieux la couper trans-
versalement qu’en long, et dans le jeune âge platôt qu'a l'épo-
que à laquelle le développement de la graine a déja opéré
des déchiremens.
Si nous pesons maintenant, la Le des caractères géné-
riques, il nous sera aisé de juger que la graine paroît jouir
d’une structure analogue dans toutesles espèces de la famille;
que le nombre des ovules offre des passageS qui ne per-
mettent pas d'y puiser des lignes de démarcation; que lor-
ganisation de la capsule n’est qu’accidentellement différente;
que la corolle se montre tantôt sexfide et tantôt sexpartite,
sans que de telles différences se trouvent en harmonie avec
des différences de port ou d’autres caractères essentiels ; que
le stygmate-trilobé paroît être généralement simple; qu’ik ne
reste donc que le nombre des étamines pour motiver une
division dans ancien genre Pontederia. Quant à la forme
des, feuilles, elle nous a paru: si variable, que dans certains
individus de Pontederiæ cordata provenusil y a assez long-
_
ne Noricr sur Le 6 ENRE PONTEDERTA 1
temps de Trianon et conservés dans la collection de M. De-
lessert , elles affectent des formes linéaires si prononcées ,
qu'on ne sauroit en méconnoître la ressemblance avec les
frondes du Scolopendrum officinale.
© Toutes ces considérations semblent motiver la réforme des
caracté res de la famille, et des deux. genres qui la °omposens:
par les expressions suivantes :
Ponrroenez Kath. Perianthium De sex-fidum
aut sex-partitum inf erum ; capsula trilocularis 1-aut po-
bsperma, abortu abdhuiits 1-locularts Placentis centrali
bus; stigma unicum trilobum. Stamina terna ve SEX SU-
periüs inferièsve tubo corollæ inserta. Granum ovatum
costatum, émbryo orthotrôpus in perispermio Jarihaceo.
. Herbæ aquatice. FoLa vaginantia imbo aut lineari aut
opato et longius breviüsve peñnéulate. Flores absque
séipulis.
Genus Pontederia. Sigma corollé rs Sex, par-
üt& aut sex fid8. Stamina sex Feferaus superiüsve tubo
corollæ inserta.
Genus Heteranthera. Séiba longius aut brevius co-
roûà sex partité. Stamina tria.
Les espèces de cette famille habitent les étangs où 4 lieux
humides de PInde, de l’Afrique et de l'Amérique , et s’é-
tendent dans ce. qu continent, depuis le 300. de latit.
australe j jusqu’au 400. de latit. boréale.
EXPLICATION DES PLANCHES.
! | 10 ÿl 1}
AN. B. Dans la Aihxiboton fe figures on a consulté la symétrie , et l’ordre des matières dans
leur. indication: 19 O0
PLANCHE I.
Fic. 1. Haricot tres-grossi à la EU à (a) Prétendue perforation du test. (b) Vési-
, cule que dans le courant de ce Mémoire nous avons regardée comme
une cavité primitivement avortée , et qui sans cet avortement eût fourni
les mêmes organes que la cavité à embryon. F
2. Ovule non fécondé du Zygophyllum fabago L. grossi cent fois. (a) Pré-
; tendue perforation. (b) Raphe qui dans ces sortes d’ovules est à nos yeux
l’analogue de la vésicule (b) de la premiere figure:
3. Sommité du même ovule dont le test a été déchiré mécaniquement par le
| nucleus que nous comprimions.
‘4. Oÿule non fécondé du Datisca cannabina L. grossi cent fois ; on n’y voit
aucune trace de perforation.
5. Ovule non fécondé du Sinapis nigra L. grossi cent fois. (a) Prétendueper—
foration. Le Raphe que l’on voit sur le lobe opposé correspond au point
(dde la fig. 1).
6. Prétendue perforation vue de champ au grossissement de 100.
7- Ovule non fécondé du Samolus Palerandt L. sur lequel la prétendue, per-
foration n’a rien moins que l’apparence d’un trou.
8. Ovule très-avancé du Cassia marylandica L. (a) Point où devroit se trouver
la prétendue perforation.
9. Embryon du même; il est vert; et on observe sur ses formes un commence-
ment de conduplication ( ’oyez les fig. 19, 20, 21 de la pl. 2).
10. Côté du hile de la même graine. (a) Point lisse où devroit se trouver la pré
tendue perforation , et qui n’en offre pas la moindre trace. (b) Vésicule
analogue à la vésicule (b) de la fig. 1. (c) Hile.
11. Section longitudinale de la même graine, destinée à montrer les rapports
du péricarpe (f), du périsperme (e) qui s’oblitère à la maturité, et
se réduit à la consistance d’une pellicule, et enfin de l'embryon (d).
(a) Point où devroit se trouver la prétendue perforation, et sur lequel
s’insère le sac périspermatique (e).
PLANCHE IL.
Fic. 1. Ovaire du Pontederia cordata L. destiné à démontrer la loge fertile et le
point d'insertion de l’ovule unique. (a) Prétendue perforation. (g) Stig-
mate trilobé au sommet par la réunion de trois nervures.
SS
ù
Pl.
Jar la pPerforahon de’ l'ovute’ et du test de la graine’.
- Fic. 2.
où À
22.
. Idem, vu par réfraction.
ExPLIGATION pes PLANCHES. 171
Ovule non fécondé de la même espèce. (a) Prétendue perforation. () Raphe
correspondant à la cavité (b) de la fig. 1 de la pl. 1. (2) Point du cylindre
que j'intéressois pour faire la coupe horizontale de la fig. 3.
+ Ovaire intègre du même, vu du côté de la loge fertile.
. Coupe transversale de cet ovaire. (1) Loge fertile. (j)Loges avortées ; on voit
sur le péricarpe trois points qui sont les traces de chacune des trois
nervures qui sillonnent le milieu de la paroi de chaque loge.
. Préfloraison de la même espèce. Les trois étamines plus longues sont indi-
quées en noir, et les autres au trait.
. Fleur et fruit du Pontederia hastata Is. , à loges fertiles.et polyspermes.
- Graine du même, coupée longitudinalement à la fig. 10.
. Embryon du même.
.
+ Embryon du Pontederia cordata L. ;
. Sommet de la graine du Pontederia hastata L., à neuf côtes saillantes.
. Sommet de l’ovule non fécondé du Peganum harmala 1. , vu de flanc.
{a) Prétendue perforation.
Idem, vu de champ et par reflexion. Le point (a) réfléchit la lumière comme
le font les cavités, et non comme le feroit une perforation.
ll
- Semence mûre du T'huya occidentalis.
. La même non fécondée et grossie cent fois. Les points (a) des deux figures
sont entièrement recouverts par la membrane qui revêt lout l’organe, et
n’offrent à aucun âge la moindre trace de perforation.
. Ovule non fécondé du Papaver rheas L. (a) Prétendue perforation. (c) Hile.
. Embryon renfermé dans le sac périspermatique du Melilotus officinalis L.
. Embryon du même trés-jeune et non encore condupliqué.
- Embryon du même , âgé et dépouillé mécaniquement de son sac périsper-
matique.
Ovule mür du même; on n’y trouve aucune trace de perforation (a).
eo
ENUMERATIO PLANTARUM
QUAS IN INSULIS BALEARIBUS COLLEGIT.
J. CAMBESSEDES
SOCIET. PHILOM. ET HIST. NAT. PAR.
EARUMQUE CIRCA MARE MEDITERRANEUM DISTRIBUTIO GEOGRAPHICA.
AVERTISSEMENT.
Lss îles Baléares, quoique voisines de nos côtes méridio-
nales, et souvent fréquentées par les navires des diverses
nations européennes, n'avoient point été jusqu'ici objet
d’un travail spécial. Antoine Richard, jardinier en chef de
Trianon, oncle du célèbre Das Richard, est le pre-
mier qui ait exploré ces îles dans l’intérèt de la botanique.
Quoiqu'il soit difficile de fixer d’une manière précise l’é époque
de son voyage, il est certain cependant qu'il eut lieu avant
l’année 1771, puisque M. Thunberg nous apprend (1) que,
passant à Paris à cette époque, il y examina la collection de
plantes recueillies par Richard à Majorque et à Minorque.
Les traditions de famille qui m’ont été communiquées par
mon ami M. Achille Richard, n’ont pu me procurer aucune
donnée plus positive. Aod Richard ne publia rien sur ses
voyages; mais de retour en France il adressa à Linné une
ne PS de rs élue EE ge 14
(1) Voyage au Japon, traduction de Langlès, t. 1, p. 48.
Mém, du Muséum. 1, 14. 23
174 AVERTISSEMENT.
collection des plantes qu’il avoit recueillies. Le naturaliste
suédois en dressa le catalogue qui existe encore, écrit de sa
main, dans la bibliothèque de M. Achille Richard. Ce ma-
nuscrit renferme, à côté d’espèces qui appartiennent évidem-
ment aux Baléares, telles que Ærenaria balearica, Bunias
balearica, Hippocrepis sempervirens (H. balearica), Hy-
pericum balearicum , etc., plusieurs autres espèces qui, ne
se plaisant que sur les montagnes élevées, ne peuvent par
conséquent sy rencontrer. De ce nombre sont {rdrosace
carnea, Alchemilla alpina, Cardamine latifolia, Thlaspr
montanum, Chéyranthus erysimoides. Cette considération
m'a empêché de faire aucun usage du catalogue de Linné, et
me porte à croire qu'en revenant des Baléares, Richard
traversa les Pyrénées, et réunit ensemble le fruit de tout son
voyage. Je n’ai point dû, par la mème raison, mentionner
les plantes des Baléares décrites, soit dans le Mantissa de
Linné, soit dans le Syzopsis de M. Persoon, et qui ont
échappé à mes recherches; toutes ces espèces ayant été éta-
blies sur les plantes communiquées par Richard ou d’après
des échantillons conservés dans son herbier, et qui ne portent,
comme je m'en suis assuré par moi-même, aucune étiquette
de localité. Les Z//ustrationes de Gouan sont le seul ouvrage
dont j'ai cru pouvoir admettre quelques espèces comme
appartenant d’une manière authentique à la Flore dont nous
nous occupons. L'auteur avoit reçu un certain nombre de
graines des Baléares, et avait cultivé des plantes quienétoient
provenues dans le jardin de botanique de Montpellier.
Don Bonaventura Serra (1), homme distingué par ses con-
(1) Cavanilles (Diss. 11, p. 83, tom. 35, f. 3) dédia, sous le nom de Serra, un
AVERTISSEMENT. 175
noissances, qui vivait à Palma à l’époque où Richard par-
couroit les Baléares, a laissé un catalogue inédit des plantes
qu'il a recueillies à Majorque, dans lequel il cite souvent
un JZndex que Richard paroït lui avoir envoyé après son re-
tour en France. Le mänuscrit de Serra, qui m'a été com-
muniqué à Majorque par M. le marquis de Campo-Franco,
estsuivi d’un volume in-folio contenant 1 72 figures dessinées
par l’auteur lui-même , parmi lesquelles, malgré leur imper-
fection, j'ai pu reconnoître la plupart des espèces que j’avois
sous les yeux. J'ai acquis de cette manière la certitude.que
les synonymes donnés par l’auteur dans son catalogue se
rapportoient rarement aux plantes de Majorque; erreurs
bien pardonnables à un homme qui n’avoit que peu de com-
munications avec le continent, et qui ne citoit que les au-
teurs qui ont précédé Linné. Enfin, depuis cette époque, de
La Roche, l’un des auteurs du Dictionnaire encyclopédique,
a aussi visité les Baléares, mais n’a rien publié sur leur vé-
gétation.
. Voulant remplir cette lacune de la science, je m’embar-
quai à Cette dans les premiers jours de mars 1824; et après
une traversée des plus promptes, je débarquai au port de
Soller, petite ville située sur la côte septentrionale de Ma-
jorque. Je restai dans cette île jusqu’au rer mai; et dans cet
intervalle je visitai les environs de Palma, les montagnes de
genre nouveau de la famille des Malvacées'au botaniste de Majorque. Par une faute
de typographie, ce nom fut changé dans la table du même ouvrage en celui de
Senra, et c’est ainsi qu’on le trouve écrit Won À tous les auteurs (Juss.— Willd,
—Pers.—Poir. — DC.). Sprengel, qui a relevé récemment celte erreur (Syst. nt,
p°78-), change encorelle nom de Serra'en(celuide Serræa.
23*
ü
176 AVERTISSEMENT.
Valldemosa, d’Esporlas, de Bañabufar, les environs de Pe-
tra, d’Artà, d’Alcudia, de Pollensa, les montagnes de Llach,
les Puigs-dè-Torrella et Major, et les environs de Soller.-
Parti de Majorque, j'arrivai à Iviza le 3 mai; et pendant
quinze jours consécutifs je parcourus la plus grande partie de
cette île, où je recueillis plusieurs espèces que je n’avois
point encore observées. De retour à Majorque, j’explorai le
mont Galatzo, les environs de Cauvia, d’Andraix, et les
plaines de Campos et de Lluch-major; puis traversant Pile
dans sa longueur, je fus m'embarquer à Alcudia, en passant
par Santa-Maria, Binisalem, Inca et Campanet. J’arrivai à
Mahon le 28 mai; mais le peu de temps que je passai -dans
cette ville me permit à peine de visiter les environs: ainsi je
ne connoitrois que d’une manière très-imparfaite la végéta-
tion de Minorque, si M. le docteur Hernandez, médecin à
M ahon, amateur très-zélé de botanique, ne n’avoit permis
de puiser dans son herbier les plantes qu'il y réunit depuis
de longues années. Je me plais donc à reconnoître que je
lui dois la plupart des espèces de Minorque qui entreront
dans ce catalogue. J’ai reçu aussi un certain nombre de plantes
de M. Trias, propriétaire à Esporlas dans l’ile Majorque; de
sorte que, quoique n'ayant parcouru les Baléares que pen-
dant le printemps et le commencement de l'été, je possède
cependant une partie de la végétation des autres saisons de
l’année.
La plupart de ces espèces étant déjà suffisamment connues,
mon but n’est point de les décrire dans cet ouvrage : je me
bornerai donc à tracer léficaractères de celles qui sont nou-
velles, ou dont les descriptions m'ont paru incomplètes. J'es-
AVERTISSEMENT. npcpme ‘|
saierai de plus de fixer les limités de toutes ces plantes autour
du bassin de la Méditerranée , en m’appuyant sur la synony-
mie des auteurs qui ont écrit sur la flore de cette région,
et cherchant, autant que possible, à baser cette partie de mon
travail sur l’étude d’échantllons originaux. Je n’ai rien né-
gligé pour mettre dans ces recherches l'exactitude la plus
scrupuleuse : j'ai comparé mes plantes avec celles de la Flore
atlantique de M. Desfontaines; j'ai visité l’herbier de Ri-
chard; j'ai parcouru les plantes recueillies en Syrie par
M. Labillardière, conservées dans la collection de M. De-
lessert ; j’ai étudié la végétation de l'Italie, de la Corse, de
la Sicile, de Candie, de la Palestine, des environs de Tanger
et de l’Andalousie dans l’herbier de M. Gay, le plus riche
sans contredit de tous ceux de la capitale en plantes médi-
terranéennes; enfin j'ai observé par moi-même les espèces du
,midi de la France, des côtes de Catalogne et du royaume
de Valence. Puissent mes foibles efforts être approuvés par
les maîtres de la science, et me valoir leur indulgence pour
les imperfections qu'ils pourroïient remarquer dans cet ou-
vrage | à
IN TRODUCTION.
"
Lorsque l’on jette les yeux sur les Flores des divers pays
qui entourent la Méditerranée, on est frappé de la ressem-
blance des espèces qu’elles renferment, et si, cherchant à se
rendre raison de cette analogie, on compare le sol et la cha-
leur atmosphérique de ces diverses contrées, on trouve en-
core entre elles les mêmes rapports. Presque partout le cal-
caire secondaire du Jura s’étend jusqu’au bord de la-mer, et
forme des coteaux arides, souvent entièrement découverts,
d’autrés fois peuplés d'oliviers sauvages, de pins d'Alep, de
chênes, de pistachiers, de myrtes et de nombreuses espèces
de cistinées.
La côte méridionale qui s’étend depuis la Syrie jusqu'aux
colonnes d’'Hercule, jouit d'une température plus élevée que
les autres parties de la région. Elle possède presque exclu- .
sivement, du moins en masses considérables, le dattier (PAœ-
nix dactylifera L.), dont le fruit, abondant en sucs nourri-
ciers, et se conservant long-temps sans altération, forme la
principale nourriture des caravanes qui, partant des bords
de la Méditerranée, s'élancent audacieusement dans le dé-
sert, et vont mettre à contribution les peuples de l’Afrique
centrale.
Pendant que le dattier élève sa tête au milieu des champs
qui bordent la mer, une espèce d’un genre voisin dont le
port est moins majestueux, le palmier nain ( Chamærops
+
2
Erropucrion. 179
humilis ), couvre de ses larges feuilles en éventail les coteaux
pierreux qui les avoisinent : moins sensible aux intempéries
de la, saison, on le trouve fréquemment dans l'Espagne mé-
ridionale , le royaume de Naples, et jusqu'aux “environs (de
Nice. Lo 00
Le pin d'Alep végète sur les plages sablonneuses et les co-
teaux, maritimes : ses feuilles linéaires offrent un faible abri
contre l’ardeur d’un soleil brélant. Cet arbre est souvent
remplacé par le, chêne vert et l'olivier, auxquels se mélent
sur les coteaux pierreux les myrtes, les pistachiers, et autres
arbustes à feuilles persistantes.
Le caroubier, dont la patrie est encore inconnue, et que
MM. Denham, Clapperton,et Ondney ont observé jusque
dans le royaume de Bornou, au centre de l'Afrique, est cul-
tivé en abondance sur Les bords de la Méditerranée, Sa limite
au nord est la rivière de Gênes (1) et le royaume de Naples.
On ne le trouve ni sur les côtes de France, ni sur celles de
Catalogne au nord de Lobrégat; mais il étend ensuite dans
les provinces méridionales de l'Espagne, sur toute la côte
septentrionale de l'Afrique, dans la Syrie, l'Asie mineure, la
Turquie d'Europe et la Grèce (2).
Schouw regarde la région méditerranéenne comme le
royaume des Caryophyllées et des Labiées, Cette dernière
famille est principalement abondante sur les coteaux pier-
reux; partout le Romarin, des PAlomis, des T eucrium , des
. TUTO AAC DRE HE RNRAEEE Maur. PRE D TU
(1) M: Gay l’a vu cultivé communément dans la principauté deMonaco. Naples
est la seule contrée de l'Italie où il soit indiqué par les auteurs. "
(2) La plupart de ces renseignemens ont été Communiqués à M. Gay par M. le
général Tromelin.
180 Inrropucrion.
T'hymus sortant des fentes d’un calcaire aride couvrent sa
nudité de leurs fleurs 4 sl |
Deux autres végétaux d’origine exotique (le Cactus opun-
tia L. et l Agave american@) se présentent souvent aux yeux
du voyageur. Le premier est commun sur les rochers mari-
times, le second forme des haies autour des champs. Ces
deux espèces deviennent plus rares à mesure que l’on $'é-
loigne de l’Afrique ; en France on ne les remarque déjà plus
que dans les lieux les plus chauds du Roussillon et de la
Provence.
M. Viviani a observé que le Coris monspeliensis et plu-
sieurs autres plantes méridionales s’étendaient plus au nord
à l’occident qu’à lorient. On s'aperçoit de cette vérité lors-
qu'on parcourt les catalogues des plantes de l'Etat Romain
ou de la Toscane, et qu’on les compare à ceux des côtes de
Provence ou de Ligurie. Cette différence est due à la posi-
tion géographique de ces diverses contrées, et aux montagnes
plus ou moins voisines qui influent sur leur température.
Si nous cherchons maintenant à fixer les limites de la ré-
gion méditerranéenne, nous lui assignerons d’abord l’Anda-
lousie, la partie du royaume de Grenade qui s'étend de la
Sierra-Neyada jusqu’à la mer, les royaumes de Murcie et de
Valence, et toute cette partie de la Catalogne qui avoisine
la Méditerranée. Franchissant ensuite la chaîne des Pyrénées,
nous entrerons dans le Roussillon; et prenant pour limites
les Corbières, les montagnes Noires et les Cévennes, nous
nous dirigerons vers la Provence, la rivière de Gênes et la
Toscane. En Italie, dès qu’on franchit l’Apennin, et que l’on
se trouve dans les plaines de Bologne, de Modène ou de
Inrropucrion. 181
Parme, la végétation change tout à coup(1); on retrouve les
espèces de la France septentrionale, et une agriculture ana-
logue à celle de cette contrée. L’olivier, qui en Europe peut
être regardé comme l'arbre caractéristique de la région mé-
diterranéenne, reparoît dès que l’on s'approche de l'Etat
Romain, et devient plus abondant encore dans le royaume
de Naples et la Calabre. Dans ces dernières contrées, les
plantes dontnousnous occuponsnereconnoissent pour limites
que les sommets élevés de la chaine qui, partant des Alpes,
se poursuit jusqu'à l’extrémité de l'Italie, et sur lesquels on
observe avec les Æbies excelsa et pectinata le hètre et une
foule de plantes alpines. Si nous remontons ensuite sur les
côtes orientales de l'Italie, nous retrouvons de grands rap-
ports entre les bords de l’Adriatique et ceux des autres par-
ties de la Méditerranée. Nous comprendrons donc dans notre
énumération toute la plage qui s'étend depuis le royaume de
Naples jusqu’à Trieste, et cette langue de terre qui, longeant
la mer, se poursuit à l’abri d’une chaîne non. interrompue
de montagnes depuis l’Hlyrie jusqu’en Grèce et dans la Tur-
quie d'Europe.
Les îles de la Méditerranée présentent un aspect tout-à-fait
semblable à celui des contrées dont nous venons de parler;
mais la végétation de quelques unes d’entre elles ne peut
cependant, ainsi que celle de l'Italie, être comprise en entier
dans ce que nous appelons région méditerranéenne. Sur le
mont Etna, élevé de 3237 mètres au-dessus du niveau de la
(1) De:Candolle, Voyage, botanique et agronomique dans les départemens du
sud-est, pag. 216 et217.
Mém. du Muséum, 1. 14. 24
dl
182 INTRODUCTION.
mer, et sur les monts Rotondo et d’Oro qui atteignent 2672
mètres, habitent des plantes quisne ressemblent en rien à
celles des côtes de'la Sicile et de la Corse, et dont on n’ob-
serve les analogues que dans les régions élevées d'Europe.
Mais si descendant de ces sommités on se dirige vers la mer,
on retrouve l’olivier à la hauteur d’environ cinq cents mètres,
et avec lui tous les arbres et arbustes particuliers à la végé-
tation dont nous nous occupons. Candie possède aussi des
montagnes assez considérables, mais leur élévation n’est point
assez grande pour nuire aux plantes de la plaine, et pour
permettre aux espèces alpines de se développer(x). Chypre et
les îles de Archipel grec n’offrent que des coteaux escarpés
sur lesquels l'olivier et le pin d’Alep se mêlent aux pista-
chiers, aux cistes et au petit chène dont les feuilles nourris-
sent le kermès ( Quercus coccifera Li.)
Si revenant sur le continent nous continuons à tracer notre
route à travers l’Asie mineure jusque dans la’ Palestine et
la Syrie, nous observons des coteaux pierreux entièrement
analogues à ceux de l'Italie et de la Grèce, et peuplés de
plantes semblables à celles de ces contrées. La chaleur, de-
venue plus considérable, permet à quelques espèces plus
méridionales de se développer, et nous trouvons le Lago-
nychin stephanianum M. B. (2) qui lie la Flore de la Mé-
diterranée à celle de l'Arabie heureuse, caractérisée, par l’a-
bondance des Mimosées.
Cette partie de la région dont nous nous occupons est
(1) Voyez Sieber, Reise nach Irseln Kreta.
(2) M. Gay a reconnu cette espèce dans l’Acacia agrestis (Sieb. herb. Palest. )
trouvé à Joppé en Syrie.
INTRODUCTION. 183
celle dont les limites naturelles sont les plus difficiles à tra-
cer. Le Globularia alypum, arbuste éminemment méditer-
ranéen, s'étend jusqu'en Perse; et, sil faut s’en rapporter
aux voyageurs anglais, l'olivier se trouve à l’état sauvage sur
les montagnes du Caboul (1): Bruce à observé ce dernier (2)
sur le Tarenta, montagne située sous le quinzième degré de
latitude nord, entre la mer Rouge et l’Abyssinie, et il est dif-
ficile de ne pas ajouter foi à ce récit, lorsque l’on sait que ce
voyageur, avant de visiter ces lieux, avoit passé plusieurs an-
nées en Barbarie, où l’on voit cet arbre en si grande abon-
dance. I’olivier s’étend encore, en suivant la mer Rouge,
Jusque dans l'Arabie heureuse. Parmi les espèces méditerra-
néennes qui s’y trouvént avec lui, je citerai seulement le
Scirpus lateralis, le Rubia tinctorum, le Fagonia cretica,
le. Capparis spinosa mentionnées dans la Flore de Forskal.
L'Egypte, placée sous l'influence d'un grand fleuve, et for-
mée engrande partie de terrains d’alluvion, ne se lie guère à
la Flore méditerranéenne que par les espèces maritimes. Tout
au plus pourroit-on comprendre le Delta dans la région des
plantes dont nous nous occupons ; mais les sables du désert
leur présentent une barrière aussi difficile à surmonter que
les montagnes qui bornent les coteaux pierreux des contrées
que nous avons énumérées. Cette végétation maritime se
poursuit sur les bords du désert de Barca et de la grande
Syrte jusqu’à Tripoli, où les espèces méditerranéennes se
montrent de nouveau en abondance, et dominent sans inter-
(1) Elphinstone , an account the Kingdon of Caubul, pag. 146. es
(2) Bruce ; Voyage en Nubie et en Abyssinie , t. 11, p. 92.
24*
184 Inrropucrron.
ruption jusqu'à l’extrémité du royaume de Maroc. C’est dans
cette vaste étendue comprise entre l’Atlas et la mer, que la
végétation méditerranéenne se montre dans toute sa force;
mais dès que, se dirigeantvers le centre de l'Afrique, on par-
vient au penchant méridional de la montagne, la physiono-
mie des plantes change tout à coup: on observe, pour la pre-
mière fois, un Sapelia, un Geranium en arbre, etc. (1).
Lorsque l'on considère le peu d’étendue du bras de mer
qui sépare l'extrémité méridionale du royaume de Maroc des
Canaries, on doit naturellement s'attendre à trouver une
grande analogie entre les plantes qui peuplent ces îles et
celles qui appartiennent à la région méditerranéenne. Si nous
comparons, par exemple, notre floré des Baléares à celle des
Canaries, nous voyons que sur cinq cent soixante espèces (2)
dont est composée cette dernière, cent quarante-quatre sont
communes aux Baléares; une d’entre elles, lAyperieum ca-
nariense , est même particulière à ces deux pays; une autre,
le Succowpia balearica, ne se trouve qu’à Ténériffe, aux Ba-
léares et en Sicile. Madère, située plus au nord que les Gana-
ries, offre encore de plus grands rapports avec les Baléares;
un tiers de sa flore se retrouve dans ces îles.
La végétation méditerranéenne s'étend donc parle royaume
de Maroc, les îles de Madère et des Canaries au-delà du dé-
troit de Gibraltar: On peut la suivre encore au nord sur des
côtes du Portugal; mais bientôt elleise trouve réduite à quel-
(1) Stapelia hirsuta L., Geranium arborescens Desf, Cette note m’a été commu-
niquée par M. Desfonstaines.
(2) De Buch, Physicalische Beschreibung der: Gang inseln ; p, 187-109.
ii
%
‘
Si
InrropucTrion. 185
ques plantes des sables que l’on observe sur les bords de
l'Océan jusqu’au nord de la France et dans la Belgique.
Avant de terminer ce que jai à dire sur l’ensemble de la
végétation méditerranéenne, je crois devoir mentionner quel-
ques faits de géographie:qui m'ont paru trop curieux pour
être passés sous silence. Le Diræba Ægyptiaca et \ Eleusine
Ægyptiaca sont deux espèces communes dans les plaines de
Afrique jusqu’à l'équateur, et, se retrouvent sur la pointe
méridionale de la Calabre (1). L Æsclepras fruticosa croit
au cap de Bonne-Espérance, en Corse et en Calabre(r). On lit
dans la Flore de Naples de M. Tenore (2) que le Canzna in-
dicaæ, espèce des Indes orientales, couvre les marais qui bor-
dent le Rosarno, rivière de Calabre (3). Enfin l'/ris fugax,
si commun sur les bords de la Méditerranée , habite aussi au
cap de Bonne-Espérance. Ces faits peuvent être regardés
comme ‘un jeu de la nature, qui paroît se plaire à obscurcir
sur quelques points les systèmes établis sur les bases les plus
positives, ou plutôt ils tiennent à des ‘causes qui n’ont point
été suffisamment approfondies.
. Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur l’ensemble du
bassin de la Méditerranée, je dois entrer dans quelques .dé-
tails particuliers sur les Baléares dont la végétation fait le
sujetide cet ouvrage. Je commencerai par Majorque, qui est
bien supérieure à ses voisines, soit par son.étendue, soit par
la variété de 'ses productions. Cette ile est bornée du nord-
(1) Communication de M. Gay.
(2) Tenore, Flor. Nap. 11, p. 1 et 2.
(3) Cette espèce a été découverte dans cette localité par MM. Mummoli et Louis
Thomas. ;
186 INrropucTIon.
est au sud-ouest par une chaîne non interrompue de mon-
tagnes qui l’abrite des vents impétueux du golfe de Lyon.
Grâce à cette fortification naturelle, les habitans jouissent
d’un printemps perpétuel, et peuvent s’adonner sans crainte
à Ja culture de l’oranger et du cotonnier. Les points culmi-
nans de cette chaîne sont les Puig-dé-Torrella et Puig-Major:
le premier s'élève à 1463 mètres 6 cent., le second n’atteint
que 1115 mètres 4 cent. Ces deux montagnes, qui sont situées
à peu de distance l’une de l’autre, peuvent être regardées
comme le noyau principal de la chaîne. Au nord-est, les col-
lines, élevées d'environ 600 mètres, se succèdent sans inter-
ruption jusqu'au lieu appelé Montaña; là elles se bifurquent,
et vont former d’un côté le cap Formenton, et de l’autre
celui del Pinar, qui s’avancent de plusieurs lieues dans la
mer. Au sud-ouest la chaîne s'étend jusqu’à la pointe de Ja
Dragonère en face de la petite île du même nom; puis, tour-
nant tout à coup au sud-est, elle se prolonge d’un côté
jusqu'au cap de Cala: Figuera, et de l’autre jusqu’à Palma.
C’est dans cette partie de la chaîne, non loin des villages de
Puig-Puñent et d’Andraix, qu'est situé le mont Galatzo qui
atteint 989 mètres 3 cent. De ce point on domine toutes les
hauteurs qui avoisinent, et on aperçoit la plus grande partie
de l’île. Lorsqu’en partant de Palma on suit la côte méridio-
nale jusqu’à Artà on ne trouve plus qu’une vaste plaine sa-
blonneuse baignée dès eaux de la mer. Les coteaux peu élevés
de Randa se montrent sur la gauche en forme de mamelon;
mais ne sont point liés aux chaînes principales, et se trouvent
éloignés d'environ deux lieues de la mer.
Le promontoire d’Artà, situé au sud-est de l’île, est formé
ÈS
Faÿt
INTRODUCTION. 187
par une réunion de montagues dont la pius élevée, le Puig-
Férrutx, atteint 538 mètres 8 cent. C’est dans les flancs de
l’une d'elles, à une lieue de la ville d’Artà, près du cap Vermei,
qu’on trouve la Cueva de la Ermita, qui égale au moinsen éten-
due la fameuse grotte d’Antiparos. Je passai une journée en-
tière à parcourir ses salles souterraines, dont les voûtes d’une
immense hauteur sont soutenues par des colonnes d’une di-
mension énorme. Dans ce vaste labyrinthe, la nature paroît
se plaire à retracer à l’imaginawon les formes les plus va-
riées : je remarquai, entre autres curiosités, une stalactite
représentant une feuille de palmier qui semblait sortir des
mains d’un sculpteur habile.
En quittant les montagnes d’Artà, et continuant à suivre
la côte, on retrouve une plage sablonneuse qui s'étend sans
interruption jusqu’auprès d’Alcudia. On entre alors dans des
marais fangeux, dont les émanations méphitiques ont dépeu-
plé cette ancienne cité qui fut jadis une colonie romaine très-
florissante,
… L'aspect des montagnes de Majorque est assez générale-
ment aride, mais la végétation est très-riche danses vallons.
C’est là que le caroubier et l'olivier (1) se montrent dans
toute leur vigueur; le premier ne quitte guère la base des
montagnes, mais le second s'élève jusqu’à 500 mètres. Le
pin d'Alep forme des forêts depuis le bord de la mer jusqu’à
700 mètres d’élévation : il constitue avec l'olivier la masse de
la végétation arborescente des Baléares ; on le voit souvent
(1) Le produit des oliviers dépasse annuellement 5,000,000 de réaux. Celui des
caroubiers s’éleve à 700,000 réaux.
L
188 InrroDucrion.
mêlé au chène vert, qui est communtsur les montagnes jus+
qu'à la hauteur d'environ 800 mètres. Les sommets des
Puigs-dè-Torrella et Major sont entièrement dépourvus d’ar-
bres : on n’y trouve que quelques arbustes que l’on'a déjà
remarqués dans la plaine, tels que le CZematis crrhosa,YŸ Hy
pericum balearicum , dont la forme subit à peine quelques
modifications. A cette hauteur, on observe déjà dans les
Pyrénées un changement total dans la végétation ; les plantes
du pied des montagnes sont remplacées par des espèces al-
pines, telles que le Cacalia alpina, V_Arnica montana , les
(rentianes, les Primevères, les Saxifrages, etc. ; mais à Ma-
jorque , les montagnes n'étant point dominées par des som-
mets couverts de neige, dont la proximité occasionne dans
les Pyrénées un grand abaissement dans la température, les
plantes alpines et même subalpines ne peuvent se dévelop-
per (1) : de là cette monotonie dans la végétation, et cette
sécheresse qui fait que l’ile ne possède pas'une seule rivière:
Le buis des Baléares croît aux environs de Eluch, à la
hauteur de 5oo mêtres;je l’ai vu encore en plus grande abon-
dance sur le mont Galatzo, où il se mêle au palmier nain de-
puis 700 mètres environ jusqu'au sommet de la montagne;
mais nulle part il ne forme des masses considérables qui
puissent caractériser une végétation particulière. Le palmier
nain se trouve, non-seulement sur le mont Galatzo, mais en-
core aux environs d’Alcudia, de Pollensa et d’Artà. Auprès de
cette dernière ville il couvre, presqu'à lui seul, les coteaux
(1) La seule plante qui sembleroit annoncer une tendance vers un changement
de végétation , est le Sesleria cærulea que l’on observe au sommet des Puigs-dé-
Torrella et Major. ”
InrroDucrion. 189
maritimes, et monte jusqu’au sommet du Puig Ferrutx. Ses
larges feuilles protégent les plantes plus petites qui se déve-
Joppenñt sous leur abri; et lorsqu’on les écarte on voit au-des-
sous d’elles des poil des ere des Oronss,: des
ch Apt eve (mie msi
: Une graminée extrêmement commune à Majoqué ‘n'a
donné l’occasion d'observer un nouveau fait qui vient à l’ap-
pui de ceux que quelques voyageurs nous ont fait connoître
sur l'alternance des végétaux. Le Donax tenax P. B., nommé
dans le pays Carreigt, vit en société sur les montagnes dé-
pourvues d’arbres ; et les paysaus, afin de se procurer plus
abondamment cette plante qui sert de nourriture à leurs mu-
lets, mettent le feu aux forêts de chênes et de pins qui les
entourent. Dès l’année suivante le sol est couvert de Car-
reigts qui envahissent tout le terrain, laissant à peine quel-
ques places aux Cistes, au Pistachier lentisque, et à quelques
autres arbustes qui végètent au milieu d’eux. Dans les forêts
anciennement détruites on voit quelques pias, ou plus
rarement quelques chènes, qui cherchent à à reconquérir le
sol de leur patrie; mais ils sont de longues années avant
d’avoir subjugué les PAPE qui me. partout avec
vigueur.
* Onobserve sur les coteaux pierreux qui avoisinent les mon-
tagnes de Majorque les mêmes arbustes qui sont un des carac-
tères de la région méditerranéenne ; le Myrte, le Pistachier len-
tisque, le Palmier naio, les Genévriers, les Rhamnusalaternus
et lycioides , le Cneorum tricoccon , le Daphne gnidium , le
Caprier é épineux, un grand nombre de Cistes ,le Romarin, en-
fin l’Hypericum balearicum qui est particulier aux Baléares.
Mém. du Muséum. 1. 14. 25
190 INTRODUCTION. -
En général, la famille de plantes qui offre le plus grand nom-
bre d'espèces dans cette région pierreuse est celle des Labiées;
on y remarque partout des T'eucrium, des Satureia, des
Thymus, des Lavandula, etc. Une espèce de la famille
des Liliacées, l_Zsphodelus ramosus VLinn., se montre aussi
en abondance dans les mêmes localités; sa hampe nue et
chargée d’un thyrse de grandes fleurs la fait remarquer au
loin. Si, quittant ces lieux rebelles à la culture, nous nous
dirigeons vers les riches plaines de Palma, de Campos, de
Manacor, nous trouvons de vastes champs consacrés à la cul-
ture des céréales et des légumineuses (1). Bientôt nous n’ob-
servons plus les caroubiers et les oliviers qu’en petit nombre;
ces arbres sont remplacés par l’amandier et le figuier dont les
produits entrent pour un million de réaux dans les revenus
annuels de l’île. Le dattier se montre dans le lointain; il cou-
ronne le toit des habitations, tandis que le Cactus opuntia
entoure les jardins. Ce dernier produit des fruits recherchés
par les habitans des campagnes ; mais ceux du premier ne
parviennent jamais à un degré parfait de maturité.
La côte de Majorque présente sur plusieurs points de
grandes flaques d’eau entourées de marais salés; c’est là que
végètent les Tamarix africana et gallica, plusieurs espèces
de Jones, d’Atriplex, de Chenopodium , le Salsola kali , le
Salicornia fruticosa, le Statice linonium; enfin le Pan-
(1) On recueille chaque année dans l’île pour environ 22,000,000 de réaux de
froment; le produit de l’orge s'élève à 6,000,000 de réaux; celui de l’avoine ne
dépasse pas, année commune, 3,000,000 de réaux. On ne cultive à Majorque ni la
luzerne , ni le sainfoin , ni le trefle; maïs on rencontre souvent de grands champs
semes de fèves qui forment la principale nourriture des paysans
HE
‘Inrropucrion. 191
7 paie in A décénent de at
id es qui érdianhe ds de Les :
"O1 78, les Plantago maritima etcorOrOpus,
sserin a hirsuta ex velutina , Ÿ Anthemis maritima, le
À Daphiatnm martin pleurs ‘espèces de Lotus, le
tdium tingitanum , et un grand nombre d’ ri EN
avi sBvoit Hope long d’énumérer. 2400
L’oranger et le citronnier sont cultivés dans tous + us
abrités du nord, Les vallons de Soller, de Fomalutx, de Pol-
lensa en sont presque entièrement couverts; et le produit de
ces vergers augmente de quatre ou cinq cent mille réaux le
revenu annuel de Majorque. On rencontre aussi quelques
plantations de müriers sur le penchant des montagnes, princi-
palement dans le vallon de Valldemosa, lun des lieux les plus
fertiles et les plus agréables de l’île; mais la culture de cet
arbre précieux est encore dans son enfance: à peine obtient-
on, année commune, sen Tee de soie d’une qualité
médiocres: 47152800 LR
Les vignes sont des en emphithéauré sur le penchant
les montagnes de Soller, Valldemosa, Esporlas, Bañabufar,
et disséminées dans les plaines d’Algayda, de Petra, etc; mais
leur culture est loin d’avoir acquis tout le développement
dont elle seroit susceptible, et leur produit annuel ne s'élève
qu’à 2,389,890 réaux. Si l’en ajoute à ces diverses récoltes
environ 200 quintaux de lin et 4,000 quintaux de chanvre,
on se formerà une idée à peu près exacte des productions vé-
gétales de l'ile.
Le coton à été introduit depuis peu d’années à Majorque;
204
192 INTRODUCTION.
on en voit aujourd’hui‘des plantations assez considérables au-
près de 56-Servera , non loin de la ville d’Artà. Il ne sera
peut-être point inutile d'entrer dans quelques détails sur les
soins que l’on done à cetteplanté. 0
Au mois de mars les cultivateurs font des trous d'environ
dix poucès de profondeur, disposés par lignes parallèles sé-
parées par un intervalle d'environ deux pieds; ils mettent au
fond de chaque trou deux couches, l’une de fumier, l'autre
de terré bien humectée, jettent par dessus trois ou quatre
graines, et recouvrent le tout avec de la terre ‘ordinaire : la
plante lève peu après, et produit dès l’automne une petite
quantité de fruits. Query (Flor. Esp. , vi, p. 501-504 ) estime
cette récolte à environ So capsules. La seconde année l’ar-
buste, devenu plus vigoureux, donne jusqu’à 200 fruits, la
troisième ce nombre s'élève jusqu’à 600 ( Quer., Le. ), la
quatrième enfin est beaucoup moins productive :'on arrache
alors’'la plante qui ne rapporteroit plus de quoi payer les
frais de la culture. :
Le cotonuier se plait dans les lieux bas et humides; on a
soin de l’arroser toutes les'semaines, et de remuer Ja terre
tout autour afin que l’eau pénètre jusqu’à ses racines. La ré-
colte des capsules'se fait au ‘mois d'octobre; on taille les tigés
ras de terre au mois d'avril: elles poussent en peu de temps,
et sont bientôt couvertes de feuilles ét de fleurs.
Query rapporte (Flor. Esp.,'1. c.) qu'avant l'an 1783 le
coton wétoit cultivé dans le midi de l'Espagne que par
quelques amateurs qui en possédoient dans des vases, et par
des paysans qui en semoïent quelques pieds dans leur jardin,
afinde fournir leurs maisons de mèches de lampes. Mais à
INTRODUCTION. 193
cette époque la culture de cette plante prit'une grande ex-
tension ; des champs entiers auprès d’Altea , petite ville du
royaume de Valence ; lui furent consacrés, et ils produisirent
‘dans l’année que nous venons de citer 4oo quintaux de co-
ton. M. de Laborde, dans son itinéraire, nous laisse ignorer
si les Valenciens ont continué de s’adonner à ce genre d’agri-
culture ; il n’est pas même une seule fois question du coton
dans cet ouvrage d’ailleurs si remarquable, où l’auteur s’est,
entre autres, proposé de donner un tableau exact de l’agricul-
ture espagnole. Les renseignemens que je me suis procurés
m'ont appris que cet arbuste utile est encore cultivé sur toute
la côte méridionale de l'Espagne, depuis Elché dans le
royaume de Valence jusqu’à l'extrémité de l'Andalousie.
Si nous parcourons les ouvrages des naturalistes qui ont
visité les bords de la Méditerranée, nous voyons que le co-
tonnier réussit avec une incroyable facilité dans les parties
chaudes de cette région. Malheureusement pour la France, les
essais qui ont été tentés pour l’acclimater en Provence et en
Languedoc n’ont point répondu à l'espoir qu’on s’en étoit
d’abord promis: les pluies d'automne survenant avant la ma-
turité des capsules, s’opposent à leur entier développement
et frustrent trop souvent l’agriculteur du fruit de ses peines.
Mais les mêmes inconvéniens ne se présenteroient point en
Corse qui, comme l’on peut en juger par sa végétation, jouit
d'une température plus élevée que les provinces méridionales
de la France : aussi ne sauroit-on trop engager les habitans de
cette île à s’adonner à ce genre d'industrie qui leur promet
d'avance de brillans résultais.
Parmi les végétaux exotiques naturalisés à Majorque, je
194 Inrropucrion.
ne dois point oublier de mentionner l_Ærona cherimolia
que j'ai vu cultivé dans le jardin de M. le marquis de La Ro-
mana, et dont le port peut être comparé à celui de nos pom-
miers. Ses fruits mürissent au mois de mai, et ressemblent
pour la forme au cône du Pinus sylpestris , mais ils sont
deux fois plus gros; leur surface est couverte d'empreintes
semblables à celles que les doigts imprimeroient sur un fruit
mou; leur chair est très-succulente, son goût m'a paru ana-
logue à celui du melon blanc de Provence.
Don Pedro Joseph Mayoral, archidiacre de Valence, Fun
des hommes les plus distingués de son temps par ses con-
noissances et son patriotisme, avoit introduit et acclimaté
dans son jardin une espèce d’Ærona qui produisoit en
abondance des fruits pendant la plus grande partie de l’an-
née. Ortega, qui nous apprend ce fait (Flora Esp., t. vi,
p- 14), croit reconnoître dans cette plante l4. squam-
mosa de Linné; mais la figure qu’il en donne (tab. 21) est
évidemment calquée sur celle de la table 17 du Voyage de
Feuillée, que les autres auteurs, et notamment MM. Dunal
et De Candolle, rapportent à lÆ4. cherimolia VLinn. La
description de la Flora española ne fournit aucun moyen de
savoir à laquelle de ces deux espèces appartient l’arbre cul-
tivé à Valence. La seule observation que me suggèrent le
fait rapporté par Ortega, et celui dont j'ai été témoin à Ma-
jorque, c'est que les Ærona du Pérou et du Chili peuvent
être cultivés avec succès dans les provinces méridionales de
l'Espagne, notamment dans les îles Baléares, les royaumes
de Valence et de Murcie, et dans toute l’Andalousie.
Auprès de la côte méridionale de Majorque, à trois lieues
Inrropueri on: 195
énsiros, du cap des Salines, se trouvent deux petites îles
dont la végétation n’offre rien de remarquable. La première,
Conejera ou île des Lapins, n’est qu’un rocher inhabité; la
seconde, Cabrera ou île des Chèvres, beaucoup plus consi-
. dérable, présente une suite de coteaux escarpés peuplés d’ar-
bustes communs à Majorque; elle n’est habitée que par quel-
ques pâtres qui élèvent de nombreux troupeaux de chèvres.
Minorque, moins bien abritée que, Majorque des vents
impétueux du nord, est loin d’être aussi fertile. Les arbres y
sont en petit nombre; l’oranger et le citronnier ne se voient
plus que dans quelques jardins; l'olivier et le caroubier dis-
paroiïssent presque totalement ; le pin et le chène, plus vi-
vaces, se remarquent seuls sur les coteaux au milieu des
myrteset des autres arbustes méditerranéens. L'ile possède ce-
pendant quelques montagnes assez remarquables : le monte
Toro, situé à peu près au centre, paroît être leur noyau
principal; il envoie à l’ouest une suite de collines qui vont
se réunirau mont Agatha, tandis que d’autres, moins élevées,
se prolongent à l’est jusqu’au bord de la mer. Je n’entrerai
pas dans d’autres détails sur cette île dont la végétation res-
semble, du reste, à celle de Majorque.
Iviza est-formée par une réunion de monticules .arides
_ presque entièrement couvertes de pins. Cet aspect lui a valu
jadis , ainsi qu’à Formentera, le nom de Préyusæ ou iles des
Pins; et. s’il est vrai de dire que la civilisation tend à reculer
les forêts, on se rend facilement raison, en abordant dans
ces iles, des causes qui ont fait subsister jusqu'ici celles qui
couvrent leur territoire. La végétation d’Iviza se rapproche
déjà davantage de celle des côtes de Barbarie; le J'uriperus
196 InrroDucTioN.
phænicea, nommé dans le pays Sipina, s'élève, comme
dans cette contrée! à plusieurs toises de hauteur; le Fagonia
cretica est commun sur le bord des haies; le Cistus clusit
abonde sur les coteaux pierreux.
On trouve fréquemment dans cette île un arbre qui existe
rarement en masse à l’état sauvage, c’est le Pinus pinea; le
plus souvent il croît mêlé au Pinus alepensis : quelquefois
cépendant il couvre à lui seul des coteaux entiers.
Iviza seroit fertile si les habitans savoient tirer parti de leur
situation; l'olivier, le caroubier ÿ prospèrent aussi bien qu'à
Majorque, et la vigne y donne des fruits délicieux. On re-
cueille aussi dans l’ile du blé, de l'orge et du coton; toute
la plaine marécageuse qui avoisine la capitale est consacrée à
cette dernière culture.
Tout ce que nous venons de dire sur Iviza peut s’appliquer
à Formentera, qui n’en est séparée que par un bras de mer
parsemé d’ilots inhabités.
Nous terminerons cet aperçu sur la géographie physique
des Baléares par l’énumération de quelques unes des plantes
les plus remarquables de cet archipel, dont plusieurs ont recu
l’épithète de Balearica , qui rappelle leur origine. Parmi
celles-ci nous signalerons d’abord l'Hippocrepis balearica ,
distinguée de toutes les espèces du même genre par son port,
qui la feroit prendre au premier aspect pour une Corolle.
Au pied des montagnes de Majorque on la trouve en abon-
dance dans les fentes des rochers, où elle forme des touffes
épaisses, hautes de trois ou quatre pieds, dont les fleurs nom-
breuses et d’un jaune doré la font reconnoïître de loin, et
exhalent une odeur agréable.
:
—
InrroDUucTION. 197
a
| _ Les coteaux maritimes des environs. d’Artà sônt couverts
d’un geniet épiseux, q que je décris conime une espèce nouvellé
sous le nom de Gersta lucida. I se rapproche par son
port du G. ‘C0rpius DC; mais il s s’en distingue par ses ra-
| meaux luisans, » par ses épines, quin ne portent jamais ni fleurs
ni feuilles, et par < divers caractères tirés de la fleur. Lg"!
: L'AHypericum b balearicum, À > un des arbustes les plus élé-
gans qui décorent nos jardins, est trop ‘connu pour que je
cherche à le décrire. On sait, d’après ce que j'ai dit plus haut,
qu'il est commun dans les montagnes de Majorque; il. se
trouve aussi en abondance à Minorqué et Aviza. | 10) nait
Un Helichrysum, remarquablé par ses feuilles pes)
en! forme de spatule, et couvertes d’un duvet cotonneux
très-blane,, se trouve assez souvent dans les fentes ‘des ro-
chers des montagnes de Majorque. J’ai donné à ns ‘espèce
* lenom d’Helichrysum Lamarckü , pour rappeler qi que M. de
Lamarck est le premier qui l'ait décrite, en la confondant
avec le Graphalium crassifolium Linn., qui est totalement
_ différent. M. Persoon, ayant reconnu! cêtte erreur, l’avoit
mentionnée depuis dans son Syzopsis sous le nom de Grna-
Phalum ‘ambiguum. Partout où j'ai observé cette belle
plante, ellevivoit en société avec le Globularix spinosa , et
il résulte d'observations répétées que jai faites à ce sujet,
qu’on peut fixer à 300 ou 400 mètres la hauteur barométrique
à laquelle végètent ces déux espèces. L'Æekchrysum La-
marcki a été cultivé long-temps au Jardin du Roi; mais on
ignoroit son origine, et je suppose que son introduction en
France est due, comme celle de l'Æzppocrepis balearica et
d’une foule d’autres végétaux , au voyage d'Antoine Richard.
Mém. du Muséum. 1. 14. 26
198 InrroDucTIoN.
Lorsque l’on parcourt les montagnes de Majorque entre
Lluch et Soller, on trouve assez souvent une belle Ombelli-
fère, qui a été décrite par Linné sous le nom de Pastinaca
lucida, et figurée dans les {{lustrationes de Gouan. Sa tige,
épaisse et anguleuse, s'élève à trois ou quatre pieds ;ses feuilles
radicales, à lobes larges et luisans, la distinguent facilement
des espèces du même genre. Je dois à M. Hernandez un
échantillon de cette plante recueilli à Minorque où elle est
assez commune.
J’ai parlé dans un autre Mémoire (1) de Brassica balea-
rica, dont la tige arborescente sort horizontalement des
fentes des rochers du Puig-Major, et du Buxus balearica
qui habite les montagnes de Majorque. Il ne me reste plus
qu’à dire quelques mots sur trois plantes beaucoup plus petites
qui méritent aussi une mention particulière. La première est
une petite Légumineuse qui a été découverte aux Baléares
par Richard, etque Linné fils a décrite le premiersous le nom
de Lotus tetraphy Ulus, faisant allusion à l'avortement , qu’il
croyoit constant, de l’une des folioles de la paire inférieure.
Cet auteur, et ceux qui l’ont suivi, ont considéré la foliole
persistante comme une stipule; mais l'examen d’un grand
nombre d’échantillons m'a démontré que cette opinion
n’étoit point admissible. J’ai vu, de plus, que l’avortement
s’étendoit souvent aux deux folioles inférieures, tandis que
d’autres fois, mais plus rarement à la vérité, il n’existoit pas
du tout.
La seconde est un petit Æelanthemuin que j'ai observé
(1) Excursions dans les îles Baléares, Annales des Voyages: tom. xxx.
InrropucTion. 199
dans les sables maritimes auprès de Palma, et qui se fait
remarquer par ses feuilles un peu charnues, d’une couleur
glauque, et entièrement lisses. Il est figuré sous le nom d’Ae-
Lianthemum lu" dans la Flore inédite des Baléares de Bona-
ventura Serra; ce qui m'a engagé à lui donner celui d’Æe-
lianthemum Serræ, en l'honneur de ce botaniste.
Enfin, la troisième est une petite Rhinanthacée, à fleurs
jaunes, recueillie autrefois par Schaw sur les côtes d’ Afrique,
sans qu’on sache précisément dans quelle localité, et décrite
par Linné, tantôt sous le nom de Sibthorpia dr atobigat tan-
tôt sous celui de Disandra prostrata var. 8. Cette espèce,
cultivée encore il y a peu d’années au Jardin du Roi, où
elle avoit probablement été introduite par Ant. Richard, est
commune à Majorque et à Iviza, dans les creux des or
Adoptant, avec M. de Jussieu, le genre Disandra de Linné,
je décrirai cette, espèce sous le nom de D. africana, et je
mentionnerai les caractères qui la distinguent du D. pros-
traia.
Je bornerai ici pm des plantes remarquables
des Baléares, me réservant de faire connoître d’une manière
plus détaillée, dans le courant de cet ouvrage, celles qui
sont ons elles ou peu connues:
Liste des Auteurs cités le plus fréquemment pour la |
?
géograplue des plantes des Baléares. TeRE
| il, tte. Top 21: US
AL. — Aruion : Flora Pedemontana. Taurini, 1785. |
Benra. — Benraa : Catalogue des plantes indigènes des Pyrénées et du Bas-Lan-
guedoc. Paris, 1826. |
BerT. — BErtOLON : Amœænitates Italicæ. Bononiæ, 1810.
Biv. BERNx. — Bivowa BERNARD! : Sicularum plantarum centuriæ T'ebr2. Enr
1806 et 1807. “
Bnowx. — Brown : In Denham et Clapperton narrative. London, 1826.
Cay. — CayawiLues : Icones. Madrili ; 1701-1800.
DC.— D£ Cawnouce : Flore française. Paris, 1805. — Supplément. Paris, 1815.
Der. — Deure : Floræ Ægypliacæ illustratio. Parisüis, 1813.
Desr.— Desronraines : Flora Atlantica. Parisiis, 17998 et 1799. —Choix de plantes
du corollaire de Tournefort. Paris, 1808.
D'Urv:— D'Unvizze : Enumeratio plantarum quas in, insulis Archipelagi aut lit-
toribus.Ponti-Euxini, annis 1819 et 1820, collegit J. Dumont d’'Urville. Pari-
siis, 1822. |
Fonsk.— ForskaL : Flora Ægyptiaco-Arabica. Hauniæ 1776.
Lac. — Lacasca : Genera et species plantarum quæ nova sunt. Madriti, 1816.
Onros. et Rar.—-OnToLant et RAFINESQUE SCHMALTZ : Statistica generale di Sicilia.
Panormi, 1810.
Presz. — Presr : Deliciæ Pragenses. Pragæ, 1822. ”
SAzzM.— Sarzmans : Bericht über eine botanische Reise nach einem Theiïle von
Spanien, nach Gibraltar und Tanger; in Flora Oder Botanische zeitong ,
1825 , p. 737-747.
Savi. — Sayi : Botanicon Etruscum. Pisis, 1808-1815-1818.
Scnouss. — ScuoussoE : Jagttagelser over Vextriget i Marokko. Kjobenhayn ,
1800.
Sesasr. et Maur. — Sepasriant et Mau : Floræ Romanæ Prodromus. Romæ, 1818.
Srer.— Siser : Reise nach Insel Kreta. Leipsig, 1823.
Sura.— Smira : Floræ Græcæ Prodromus. Londini, 1806-1815-1816.
Tex. — Tenore : Flora Neapolitana. 1811-1824.
Viv.— Vivrani: Floræ Lybicæ specimen, Genuæ, 1824.— Floræ Corsicæ specie-
rum noyarum vel minüus cognitarum diagnosis. Genuæ, 1824.
0
AYLEPI
Ft ENUMERATIO PLANTARUM |
ie 45 RANUNGULAGEE.
à ee CIRRHOSA : Caulis frutescens > Super arbores sepesque
re Folia persistantia, fasciculata ; punc indivisa , ovata sub-
cordatave, dentato-serrata; nunc palmato-trifida ; nunc verè pal-
mato-trisecta , segmentis 3, profundè dentatis vel palmatipartitis ,
duobus inferioribus sessilibus , terminali pédunculato. Flores invo-
lucrati, involucro calyciformi , primüun flori approximato, anthesi
peractà remotiusculo. :. » re
«. Foliis-indivisus HTRE TRE C. Arrhobte Linn, Spec. 766, et
. auct. — DC. Syst. Veget. 17, p. 1653, excl. Synon. Scop., ex herb.
Gay.—C. semitriloba. Lagasc. Cat. Hort. Madr., p. 17. — C. po/y-
morpha «. Viv. Flor. Cors. Spec. , p. 0.
B.Foliis palmatisectis. C. balearica. Rich. in Journ. Phys., p. 127.
Ic. et auct. non Pers. — C.'ca/ycina. Ait. Hort. Kew., ed. 1, 11,
p- 259. C: polymorpha B. et y. Viv. Flor. Cors Spec. , p. 9.
Frequens i in sepibus Balearium. Floret hyeme et vere.
- Hab. in Hispaniä meridionali (Lag.), Corsicäl(r), regno Neapoli-
tano et Calabrià (Tenore), Archipelagi insulis (DC.), circa Athe-
nas ( Smith ), in, Palæstinä ( DC.), propè Alserium et in Atlante
(Desf. !).
Oùs., Le C. cirrhosa varie beaucoup quant à la: forme de D aille ea la
grandeur de ses fleurs. Les auteurs qui n’ont eu sous les yeux qu’une de ces formes
n’ont point hésité à la décrire comme espèce. Cependant tels sont les nombreux
rapports qui lient toutes ces variétésentre: élles,:quejene crois pouvoir distinguer
que les deux principales.
(1) Le point d'exclamation placé à la suite d’un nom de pays signifie que j'ai va
deséchantillons recueillis dans le lieu que j’indique.
202 DicoryLEDONESs.
Le C. semitriloba Lag. me paroît devoir rentrer dans ma variété # , les carac=
tères que cet auteur lui attribue se rapportant parfaitement à ma plante. Je la réunis
donc au C. cirrhosa Linn. , et je leur joins la var. « du C. polymorpha Niv. Les
échantillons de Corse, que M. Gay possède, ne me laissent aucun doute surce
dernier synonyme. Ma variété & est formée des C. balearica Rich. et caly-
cina Ait. , auxquelles on doit ajouter les variétés 8 et y du C. polymorpha Viv.
M. De Candolle a conservé dans son Systema les C. cirrhosa Linn., semitriloba
Lag.,.et balearica Rich. Sa variété 8. pedicellata du C. cirrhosa ne peut être
admise, puisque, dans toutes les formes, le pédicelle s’alonge après l’épanouis-
sement de la fleur , et sépare le périgone de l’involucre.
M. Viviani a senti les nuances qui rapprochent ces diverses espèces et variétés.
Il réunit ( Flor. Cors. Spec. l. c.) le C. triloba Lagasc. à sa variété «, et le €. ca-
lycina Ait. à sa variété y; il soupçonne même que le C. balearica ne differe pas
de sa plante, mais il donne à cette espèce, ainsi constituée , le nom de C. poly
morpha, et paroît la regarder comme distincte du C. cirrhosa Linn. , puisqu'il ne
cite pas cette dernière comme synonyme.
En général le C. cirrhosa , lorsqu'il croît dans les plaines de Majorque auprès
de Palma, Campos, Arlà, Alcudia, Pollensa, présente des feuilles presque entières,
légerement dentées en scie; mais dès qu’on atteint les montagnes d’Esporlas , de
Valldemosa, etc. , les feuilles deviennent graduellement trilobées, palmatifides et
palmatilobées. Enfin, je possède plusieurs échantillons, que j'ai recueillis au som-
met de Puig-Major , à douze cents mètres d’élévation , dans lesquels les feuilles
sont non-seulement palmatilobées , mais encore leurs segmens sont divisés jusqu’à
la base en lanières étroites presque linéaires et dentées.
2. Anonis æsrivauis. Linn. Spec., 771.
a. Floribus miniatis. — A. œstivalis. DC. Syst. 1, p. 225. —
A. miniata. Jacq. Flor. Austr., t. 354.
B. Floribus citrinis.
Inter segetes insularum Majoris et Minoris ( Æern. ) frequens.
Florebat Martio.
Hab. in Galliä !, Italiâ ( DC.) , Græcià (Smith), regno Algeriense
(Desf.), Ægypto (Del.).
Oss. Ces deux variétés ne différent l’une de l’autre que par la couleur des fleurs.
J'avois d’abord cru devoir rapporter la seconde à l’une des espèces formées aux dé-
pens de l’4. æstivalis de Linné; mais après un mür examen il m'a été impossible
de lui assigner aucun caractère distinctif. J’ai vu de plus dans la variété # des
pétales mélangés de rouge et de jaune, et cette observation m’a confirmé dans
tes
RANUNCULACEZÆ 203
l'opinion que ces deux formes ne pouvoient être séparées. On sait que M. Reichen-
bach a réuni récemment (Ic. Plant. Rar. cont. 1v, p. 15-19), les 4. citrina Hoffm.,
Jlava Nill., microcarpa DC., maculata Vallr. , et flammea Schleich’., Thom. ,
Ser. Plant. exsic. non Reich. à l'A. æstivalis de Linné. Il conserve l’4. flammea ,
en lui donnant pour synonymes l4. anomala Valr.—DC. Prodr. el l’4. parvi-
flora Fisch.-DC. Prodr. Cette espèce ainsi constituée ne se trouve que dans lAu-
triche et l’Allemagne centrale. On ss , selon le même auteur, réunir à V4.
autumnalis Linn. VA. æstivalis M. B., non Linn., et V4: micrantha DC. Syst.
Enfin l’4. dentata Del. lui paraît une bonne espèce; mais il doute que la var.
£. provincialis (DC. syst.) puisse être rapportée à cette plante. On trouve dans le
même ouvrage des phrases spécifiques qui, par des caractères tirés de la forme
des carpelles, servent à distinguer ces diverses espèces.
3. Ranunouzus EquaTILIS GB. peltatus , foliis emersis ot , tri-
lobis, peltatis..DC. Syst. 1, p. 235.
In fossis propè Artam in insulâ Majore. Florebat Aprili.
y. Coœspitosus. DC. Prodr. 1 , p. 26.
In aquis stagnantibus propè Palmam, loco dicto Prat, in insulâ
Majore. Florebat Martio.
4. Ranvneuzus seererATUs. Linn. Spec., 776.
In insulà Minore (ern.).
Hab. in totà regione mediterraneä.
5. Ranvnouzus LanuGinosts. Linn. Spec., 779.
In paludosis Alcudiæ in insulä Majore ; in ins: Minore (Hern.)
Floret Aprili.
Hab. in Galliä !, Italiâ (Sebast. et Maur.), Græciä (Smith).
6. Ranuncuzus REPENs, Linn. Spec., 770.
In humidis propè Palmam et Artam. Florebat Aprili.
Hab. in Hispaniä !, Galliä !, Italià !, Græciä (Smith).
7. Ranuncuzus muricatus. Linn. Spec., 780.
In insulà Minore (Hern.).
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto excepta.
8. Ranuncurus PæiLonoris #. parvulus. DC. Syst. 1, p. 297. —
204 Dre OTYLEDONES.
R. parvulus. Linn. Mant., 79.—R. parviflorus. Gouan. “Flor-Monsp
270. non Linn.
In aridis montium insulæ Majoris propè Lluch. Florehat un
d. Trilobus. Nob.— R. trilobus. Desf. ! Ati. 1, p. 437. , tab.
etauct. — À. Rosani Tenore, Prodr. Flor. Nap. ex DC.
In humidis maritimis Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in Gallià mediterraneà ! , Corsicà ! , regno Neapolitano
(Tenore), Græcià (Smith), soul Cypro (DC.), regno Algeriense
(Desf!).
.
Oùs. On sait que le seul caractère qui distingue le À. philonotis dù trilobus ,
consiste en ce que le premier ne présente qu’une série unique de tubercules qui
borde chaque côté des carpelles, tandis que dans le second ces tubercules couvrent
les deux faces du fruit, M. Gay possede des exemplaires provenant du Roussillon
qui lient ces deux formes. Tantôt les carpelles ne présentent qu’une seule série de
tubercules, tantôt cette série est accompagnée de quelques tubercules dans le mi-
lieu du disque, tantôt enfin les carpelles en sont lotalement couverls comme dans
le R: trilobus. Je n’hésite pas, d’après cette observation, à réunir ces deux espèces.
9. Ficaria ranunouroïnes. Moœnch. Meth. 215. — Ranunculus fica-
ria. Linn. Spec., 774.
In Balearibus frequens.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà.
10. Hercesorus roerinus. Linn. Spec., 784. 4e
In montibus insulæ Majoris propè Lluch. Florebat Aprili.
Hab. in Hispanià (DC.), Gallià !, Italià (Savi).
1. HELLEBORUS LIVIDUS. Ait. Hort. Kew. ed. 1. 11 5 P:.272:—
H. argutifolius. Viv. Flor. Covs. Spec. , p. 8.
In montibus insulæ Majoris propè Esporlas ( Trias ).
Hab. in Corsicä !.
Oss. M. Viviani a changé le nom adopte pour cette plante en celui d'A; argu-
tifolius , se fondant sur ce que l’espece d’Aiton et de Curtis étoit originaire d’Amé-
rique;til m'a été impossible de découvrir ce qui avoit pu l'engager à adopter cette
ANONAGEzÆ.—NYMPHÆACGEA. 205
opinion. L’A. lividus est cultivé en pleine terre au Jardin de.Kew; il ne pourroit
donc habiter que l'Amérique septentrionale. Je l'ai cherché vainement dans les
ouvrages de Michaux, de Pursh, et de Nuttall. La figure du Lotanical magazin a
dissipé tous mes doutes ; la plante de Corse et des Baléares y est représentée aussi
bien que le format de l'ouvrage a permis de le faire. Curtis n’assigne point sa
patrie; il fait remarquer qu’elle est différente de l’H. trifolius du Canada, avec
lequel elle avoit été confondue par Miller.
12. Nicecra pamascena. Linn. Spec., 753.
Frequens inter segetes Balearium. Aprili, Majo floret.
Hab. in Hispanià !, Galliä!, Italià (Sebast. et Maur.), Græciä
et Archipelagi insulis (Smith), Barbariä ( Desf. ! ).
13. Decpminium srapaysaGriA. Linn. Spec., 750.
Ad pagos in insulà Majore et Ebuso. Floret Junio.
Hab. in Hispanià et Galliä mediterraneä (DC.), Etruriä (Savi),
Cretà et Archipelagi insulis (Smith—D'Urv.).
14. PxoniA coRALLINA var. fructibus glabris. Nob.
Caulis glaber , rubellus. Fo/ia ternatim secta, foliolis inferiori-
bus indivisis aut sæpius bipartitis , omnibus ovato-lanceolatis , inte-
gris, utrinquè glabris, facie viridibus, dorso purpurascentibus.
Ovaria glabra , basi erecta , apice contorta divergentia.
In montibus insulæ Majoris propè Esporlas, necnon ad apicem
montis Puig-Major; in insulà Minore (Hern.). Floret Majo.
ANONACEÆ.
15. Anona crertmorra. Mill. Ditc., n. 5.
Culta in hortis insulæ Majoris. Fructus maturat Majo.
NYMPHÆACEA.
DU 6: Nrumxa aus, Lion. Spec. 729.
In fossis insulæ Majoris propè Artam. Floret Majo.
Mém. du Muséum. 1. 14. 27
206 DrcorrzLEeDonEs.
Hab. in Hispanià (BC.) , Gallià!, Italiä/!, Græcià et Archipelagi
insulis (Smith).
PAPAVERACEZÆ.
17. PAPAVER ARGEMONE. Linn. Spec., 725.
Inter segetes insulæ Majoris propè Esporlas. Florebat Martio.
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægyptoexceptä.
18. Paraver usium. Linn.'Spec., 726.
Inter segetes insulæ Majoris frequens. Florebat Martio.
Hab. in Hispanià ! , Galliä !, Italiä (Savi, Sebast. et Maur.),
Græcià (Smith).
Os. Te papaver obtusifolium Desf. ne differe du dubium que par ses capsules
plus globuleuses et moinslongues. M. Desfontaines n’avoit d’abord propose cette
espèce qu'avec doute ; elle a été depuis admise par les auteurs. Ne pourroit-on pas
trouver des passages qui permissent de la réunir au P. dubium dont elle présente
tous les autres caracteres?
19. Roemenia myerina:æ. DC. Syst. 11, p. 92.
Inter segetes Ebusi.Florebat Majo.
Hab. in Gallià mediterraneà ! , Hispaniä& (DC.), Barbarià (Desf. ! )
Ægypto (Del.), Græcià et insulà Cypro (Smith).
20. GLAucIuM FLAVUM. Crantz, Austr., 141.
In arenosis maritimis insulæ Majoris frequens. Florebat Aprili.
Hab. in Hispanià !, Gallià !, Italià (DC., Sebast. et Maur.), Græciä,
(Smith), Barbariä (Desf. !).
FUMARIACEÆ.
21. Fumaria capreorara. Linn. Spec. , 985.
In montosis Balearium vulgatissima. Floret primo ere.
Hab. in totà regione mediterraneà.
CrRucIFERÆ. 207
22. Fumarra orricmatis. Linn. Spec:, 984.
In agris Balearium frequens. Floret Martio.
Hab. in tot regione mediterraneà.
25. Fowarra parvirora. Lam. Dict. 11, p. 567.
Inter segetes Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in totâ regione mediterraneä.
CRUCIFERÆ.
24. Maruiora iNcaNA & purpurea. Brown in Hort. Kew. ed. 2, iv,
P: 119.
Ad muros et rupes maritimas Balearium vulgatissima. Floret
Martio.
Hab. in totà regione mediterraneä.
25. Caerranraus cuetrt. Linn. Spec., 924.
Ad muros in insulis Majore et Minore. Floret Martio.
26. NasrurTium orr1ciNALe. Brown in Hort. Kew., ed. 2. 1v, p. 110.
Ad fontes et rivulos Balearium vulgatissima. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà.
27. ARABIS VERNA. Brown in Hort. Kew., ed. 2. 1v, p. 105. Non
Desf. — Hesperis verna. Linn. Spec., 928.
In montibus insulæ Majoris dictis Puig-Major, Puig-de-Torrella,
Puig-de-Malluch, haud rara. Floret Martio, Aprili.
Hab. in tot regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
28. Arasts arasura &. Nob. Turritis hirsuta. Linn. Herb. ex DC.—
T. sagittata. Bert. Plant. Genuens., 185.— Ærabis sagittata. DC.
Flor. Fr. Suppl. , p. 592.
Ad rupes in montibus insulæ Majoris propè Lluch. Florebat Aprili.
7. Nob. Arabis muralis. Bert. Dec. Ital. 2, p. 37.
#
27
208 DicoryLEDONES.
Ad rupes in montibus insulæ Majoris Puig-Major, Puig-de-Tor-
rella. Florebat Aprili. . |
Hab. in Gallià mediterraneä !, Italiä (Bert. , Savi).
Oss. Les feuilles de la tige dans l’4. sagittata DC. (4. hirsuta # Nob. ) pré-
sentent à leur base deux petites oreillettes qui sont tantôt pointues , tantôt arron-
dies. Dans l’4. hirsuta Scop. (4 hirsuta & Nob.), adoptée dans le Systema de
M. De Candolle, ces oreillettes sont souvent nulles, et lorsqu’elles existent sont si
courtes , que la feuille est plutôt en cœur à sa base qu’auriculée. L’4. muralis
Bert. (4. hirsuta y Nob.) a ses feuilles sessiles entierement dépourvues d’appen-
dices. Ce caractère se huance , comme l’on voit, d’une manière presque insensible
dans ces trois espèces ; il me semble donc loin de suflire pour légitimer leur distinc-
tion. M. De Candolle paroît très-porté (Syst. 26, p. 223) à réunir les deux pre-
mières; je crois qu’on peut leur joindre sans inconvénient la dernière. Elle se lie
naturellement à l4. sagittata par l'intermédiaire de l4. hirsuta qui, comme
elle, a souvent les feuilles de la tige sans oreillettes. Ma variété y (4. rnuralis
Bert.) ne s'élève guère au-dessus de trois ou quatre pouces; elle est beaucoup plus
hispide que les deux autres. Ces caractères la font reconnoître au premier aspect,
mais ne me paroissent pas assez importans pour qu'on puisse la regarder comme
distincte. J'ai donc cru devoir proposer la réunion de ces trois espèces, en leur con-
servant le nom d’Æ4. Atrsuta comme le plus ancien.
29. Carvamine mirsuTa &. DC. Syst. 11, p. 250.
In umbrosis insulæ Majoris frequens ; in ins. Minore (X/ern. ). Flo-
rebat Martio.
B. Maxima. DC. syst. 11, p. 260.
In humidis montium insulæ Majoris circa Esporlas. Florebat
Martio.
Hab. in totà Europà, Barbarià (Desf.).
30. Konica mariTima. Brown in Denh. et Clapp. Narr., 11, p. 214.
— Clypeola maritima. Linn. Mant. 426.—ÆAlyssum maritimum.
Lam. Dict.,1, p. 08.
Ad muros et rupes maritimas Balearium vulgatissima. Florebat
Martio. à
Hab. ad littora totius maris Mediterranei.
- GRUGIFERE. 209
31. Cryreora sonrarasri. Linn. Spec. 910.
Inter rupes ad apicem montis Galatzo in insulà Majore.
Hab. in Hispaniä ! , Galliä Mediterraneä !, Italià et Sicilià (DC.),
Barbarià (Desf. !).
32. Enorxira vurcanis. DC. Syst., 11, p. 356.
Ubiquè in Balearibus. Floret primo vere.
Hab. in totà Europà.
33. Hurcmnsia PETR#A. Brown-Hort. Kew. ed. 2, 1v, p. 82.—Lepi-
dium petræum. Linn. Spec. 899. :
Ad apicem montis Puig-Major in insulà Majore. Florebat Aprili.
Hab. in totà Europà meridionali.
34. BiscuteLra auricuraTa. Linn. Spec. g11.—B. auriculata fi.
Lam. Dict., 11, p. 617.
In agris Ebusi propè S. Gerstrudam. Florebat Majo.
-B. siliculis lævibus. Nob. B. auriculata a. Lam. |. c.—B. erigeri-
folia. DC. Dissert. n. 2.—Syst., 1, p. 408.—Deless. Ic. tab. 55.
Cum priore.
Hab. var. & in Andalusiä (Salzm.}, Gallià meridionali, Italià et
Sicilià (DC.), Barbarià (Desf.). Var. &. in Valentiæ, Murciæ,
Granatæ regnis (DC.)
Oss. La seule différence qui existe entre ces deux variétés réside dans les
silicules qui sont plus ou moins chagrinées dans l’une , tandis que dans l’autre elles
sont parfaitement lisses. Je les ai trouvées croissant ensemble dans un champ de
l'île d’Iviza, aupres du village de Sainte-Gertrude. Leur ressemblance est telle,
que je les recueillis sans m’apercevoir de la différence que présentent Jeurs fruits.
_Ce n’est qu'après mon arrivée à Paris que, visitant mes plantes, je m'aperçus que
je possédais deux formes décrites comme espèces distinctes. Je ne veux point exa-
miner ici quelle est l'importance plus ou moins grande que l’on peut attacher dans
les biscutelles aux silicules lisses ou couvertes d’aspérités ; ces considérations m’en-
traïneroient trop loin dans un genre où la plupart des différences spécifiques sont
tirées de ce caractère; j’observerai seulement que deux plantes vivant dans la
même localité, et présentant sur tous les autres points l'identité la plus parfaite, ne
me paroissent pas suffisamment distinguées par cet unique caractère.
210 DicoTYLEDONESs.
35. Sisvmsrium orrictnare, Scop. carn ed. 2, n. 824. Erysimum
officinale. Linn. Spec. 922.
Ad vias in insulà Majore propè Artam. Florebat Aprili.
. Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà.
56. Sisymsrium 1r10. Linn. Spec. 921.
Ad vias et margines agrorum in Balearibus vulgatissima.Florebat
Martio. ; |
Hab. in totà regione mediterraneà.
37. Fe coLumne. Jacq. Flor. Austr.t. 323.— DC. Syst., 11,
p: 469.
In montibus insulæ Majoris propè Lluch. Florebat Aprili.
Hab. in Europà meridionali et orientali (DC.)
58. Sisymsrium sursironium. Linn. Spec. 918.
In insulà Minore ( Hern.). |
Hab. in Pyrenæis orientalibus (DC.), Sicilià (Linn. ).
39. Lerinium pra. Linn. Spec. ed. 1, p. 645.—DC. Syst.,1r, p. 529.
— Cochlearia draba. Linn. Spec. ed. 2, p. 904.
Inter segetes insulæ Majoris. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä.
40. Lepmium sarivun. Linn. Spec. 890.
In insulà Minore (Æern.) an spontanea ?
4x. Levroivu 18eris. Linn. Spec. 900.
In insulâ Minore (Æern.)
Hab. in Galià meridionah !, Italià !.
42. CarsezLa BuRsA— pasroris. Moœnch. Meth. 271.— DC. syst. 11,
p: 584. — Thlaspi bursa pastoris. Linn. Spec. 903.
Ubiquè in Balearibus. Floret primo vere.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
43. Brassica BALEARICA : fruticosà, glaberrimä , ramosà ; folus in
lom.14.
Pl
BRAS SICA BALEAVICA Pers.
CRUCIFERÆ. 211
ramorum apice congestis, obovatis, crenatis sinuatisve , Carnosis , ,
glaucis; petiolo exauriculato ; ; calyce reflexo; siliquis erectis, an-
gustissimis ; stigmate subsessili. — Tab. r.
B. A Me Pers.! Synops. 1, p. 106.—Deless. ! Ic. 1, t. 86. Non
DC. Syst.
Caulis ex xupium fissuris horizontaliter productus, -perennis,
lignosus, brachii humani crassitie, bipedalis eirciter, rugosus,
‘infernè simplex, apice divisus in ramos plures, breves, tortuosos,
veterum folioram cicatricibus asperos. Folia ad apicem ramulorum
congesta, glaberrima , glauca, carnosa , crenato-sinuata, elliptica ;
obovatave, crenis inferioribus plüs mins profundis panduriformia
aut lyrata 1 5-2 uncias longa, 12-18 lineas lata. Petioli limbum
æquantes, lineares, canaliculati, basi attenuati, semper exauriculati.
Flores corymbosi, demüm in racemum elongati, corymbo florifero
brevi, folia ramea parüm superante , aphyllo aut infernè foliolis mi-
nutis exauriculatis instructo. Pedicelli graciles, floriferi, patentes,
inferiores 5-7 lineas longi. Calycis sepala oblongo-obovata, obtusis-
sima, flavescentia, reflexa , margine membranacea, 3 lineas longa,
lineam et dimidiam lata , omnia basi æqualia. Petala calyce dimidio
longiora, aurea , limbo obovato subrotundo apice retuso, abruptè
atienuata in unguem calyce dimidio breviorem. Filamenta longiora
calycem æquantia. Antheræ oblongæ, sagittatæ, plus :minùs ar-
cuatæ. Glanduleæ 4, petalis oppositæ. Ovarium ineawe, longitudine
calycis, stigmate capitato subsessili, obsoleté biloho.
Hab. in fissuris rupium montis idicti Paigr#lajor in jinsulà
Majore. Florebat Aprili.
Æzxpl. tab. 1. #-Flos auctus — 2 Petalum.-—3Flos scalyce ,petalisque sectis. —
4 Reliquiæ fructûs ex herb. Richard. #
‘@ns. Dansiles échantillons de l’hetïbier de/Richard ;lasgrappede-fruit:est longue
d'environ six pouces ; les pédicelles sont grêles, filiformes,et dressés ; les siliques
sont longues.de,deux ponces à deux pouces et demi, ,très-étroites ; et.le stigmate
presque sessile. Je ne puis rien dire ni des valves ni des graines qui n’existent plus.
Cette plante a élé confondue dans le Systema de M. de Candolle avec un Bras=
212 DicorYyLEDoNEs.
sica qui croîl à Baus-Rous aupres de Nice. M. Gay a prouvé récemment ( Ann.
scienc. nat. VIT, p. 413-416) que cette dernière espèce n’étoit autre chose que le
chou des jardins (B. oleracea Linn.). Notre plante en differe par ses tiges ligneuses
non bisannuelles ou trisannuelles; par ses feuilles toutes dépourvues d’oreillettes ;
par ses folioles calycinales d’abord dressées , puis réfléchies, non dressées en tout
temps, tres-obtuses, non plus ou moins amincies au sommet, ni prolongées en
forme de sac à la base ; par ses pétales d’un jaune doré, non blanchätres, à limbe
obovale arrondi et brusquement aminci en onglet, non oblong et insensiblement
rétréci par le bas ; par ses pédicelles beaucoup plus grèles et plus flexibles, dressés,
non étalés; par ses fleurs ramassées en corymbe, non disposées en longues grappes ;
enfin par ses siliques au moins d’un tiers plus courtes et plus étroites, à stigmate
presque sessile, non supporté par un bec séminifere cylindracé de quatre à six
lignes de longueur , et souvent plus large que la silique elle-même. (Gay, 1. c.)
44. Brassica oLERACEA. Linn. Spec. 932.
Colitur in hortis Balearium.
45. Brassica napus. Linn. Spec. 951.
Colitur cum priore,
46. Srxaris arvewsis. Linn. Spec. 933.
In insulà Minore (Æern.).
Hab. in totà Europà ; meridiem versüs usquè ad Lusitaniam(DC.),
Græciam (Smith), et Archipelagi insulas (d’Urv.) progreditur.
47. Sivaris incana. Linn. Spec. 934. Cordylocarpus pubescens.
Smith Flor. Græc. Prodr. 11, p. 619.
In insulà Minore(Æern. ).
Hab. in Hispanià et Gallià meridionali (DC.), Italià (Bert.),
Sicilià (DC.), Græciâ (Smith.).
48. Drpcoraxis erucolnes. DC. Syst. 17, p. 631.—Sinapis erucoides.
Linn. Spec. 934.— Sisymbrium erucoides. Desf. ! Atl. 1, p. 83.
Ad vias et margines agrorum in Balearibus vulgatissima. Floret
Februario Martioque.
Hab in Hispanià, Galliâ meridionali !, Italià , Sicilià (Biv. Bern.),
Barbarià (Desf. !)
— CAPPARIDEZ. 213
49. Envca sariva. Lam. Flor. Fr. 11, P- 496.
Inter segetes Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in tot regione mediterraneä, Ægypto exceptä.
Var. nana. Nob. Caulis humillimus, pollicaris. Flores pallidè
flavi, venis petalorum fuscis. Ovarium glabriusculum. Fructum
non vidi. |
In arenosis maritimis insulæ Majoris, inter Palmam et locum
dictum Prat. Florebat Martio.
50. Succowia rarearica. Medik. in Ust. neu. Ann. I, P. 41. —
DC. Syst. 1, p.643.— Bunias balearica. Linn. Mant. 429.—Gouan
Ilustr. 45, t. 20.
In insulis Balearibus (Linn. Gouan.).
Hab. in insulâ Teneriffà, Siciliâ (DC.).
51. Rapnanus sarivus. Linn. Spec. 935.
Colitur in hortis Balearium.
52. RAPHANUS RAPHANISTRUM GB. Flore Purpurascente. DC. Syst, 1x,
p- 667.
In insulà Minore ( Hern.).
53. Rarmanus marmrmmus. Smith. Engl. Bot. t. 1643.
In maritimis propè Soller in insulä Majore. Florebat Aprili.
Hab. in maritimis Angliæ (Smith), Armoraciæ circa Brestum et
Corisopitios (DC. ).
CAPPARIDEÆ.
54. Cavparis sriosa. Linn. Spec. 720.
Ubiquè ad muros Balearium. Florebat Majo.
Tantä copià ad mœnia Alcudiæ provenit, ut cognomen Filla de
lastaperas (ville des Capres) indè nacta sit hæc civitas.
Mém. du Muséum. 1. 14. 28
214 DicoryLEDONES.
CISTINEÆ.
55. Cisrus azminus. Linn. Spec. 737.
In ‘montosis Balearium vulgatissima. Florebat Aprili.
Hab. in Hispaniâ!, Galliâ mediterraneâ !, Corsicä! , Græcià
(Smith), Barbarià (Desf !).
56. Cisrus sazvirozrus. Linn. Spec. 738.
In montibus Balearium ubiquè occurrit. Floret Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptä.
57. Cisrus FLoreNTINUS. Lam. Dict. 11, p. 17.
In collibus aridis insulæ Majoris prope Artam;in ins. Minore
(Hern.). Floret Aprili.
Hab. in Italià (Lam.), Ruscinonensi agro (Gay Herb. !), Cata-
launià ( Benth. ).
Oss. M. Bentham (Cat. p. 72) regarde cette espèce comme une hybride des
C. salvifolius et monspeliensis. Les échantillons que j'ai recueillis aux Baléares,
et ceux que j'ai observés dans l’herbier de M. Gay, provenant du Roussillon, ne
différent du C. monspeliensis que par leurs fleurs moins nombreuses disposées en
corymbe non en cyme. Ce caractère est-il suffisant poar motiver la distinction de
ces deux espèces ?
58. Crsrus moxsretiensis. Linn. Spec. 737.
Ubiquè in aridis et montosis Balearium. Floret Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
59. Cisrus Czusir. Dunal ! in DC. Prodr. 1, p. 266. C. libanotis.
Desf. ! Atl. 1, p. 412, exel. synon.
In collibus aridis Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in Hispanià (Dunal,!), regno Tunetano propè Spitolam
( Desf ! ).
60. HELIANTRHEMUM PLANTAGINEUM. Pers. synops. 11, p. 7. Crstus ser-
ratus. Desf, LAtl. 1,,p: 416 ,; non Caw.
Cisrinez. 215
: In aridis prope Artam, Sû Servera, in insulà Majore. Floret
Aprili.
Hab. in Barbarià (Besf. ! ), Hispaniâ (Dunal !), Corsicà !, Cretà !,
6x. Hecranraemum FumANA @. Dunal ! in DC. Prodr. 1, p. 275.
In aridis montium insulæ Majoris prope Bañabufar. Florebat
Aprili. HT:
Hab. in Barbariä (Desf. !), Hispanià !, Galliä !, Italiä !, Orientem
versùs: usquè ad Georgiam ! , sepientrionemque usquè ad insulam
Gottland ! in mari Baltico progreditur.
B. ericoides. H. ericoides. Dunal ! in DC. Prodr. 1, p. 274. —
C. ericoides. Cav. Ic. x n. 188, t. 172.
In collibus petrosis Ebusi circa S. Eulaliam. Florebat Majo.
‘Oss. Cavanilles a le premier considéré cette forme comme une espèce distincte.
Oneroit d’abord tenté de se ranger à son avis, lorsqu'on ne considere qu’un
petit nombre d’échantillons. On trouve en effet des feuilles très-courtes, épaisses 3
rapprochées les unes des autres, presque imbriquées, à peu près demi-cylindriques,
convexes en dehors, planes intérieurement. Dans l’H. fumana, au contraire, les
feuilles sont d'ordinaire assez éloignées les unes des autres, et trois ou quatre fois
plus longues. Mais ces différences s’évanouissent si l’on compare un grand nombre
d’exemplaires ; on en trouve alors plusieurs qui tiennent le milieu entre ces deux
formes, et d’autres qui les montrent réunies sur le même pied. Ces observations
n’ont point échappé à la sagacité de M. Dunal; il n’adopte qu’avec doute (Prodr.
1. c.) l'espèce établie par Cavanilles, et demande si elle est vraiment distincte de
V'H. fumana? Je crois que les botanistes qui auront occasion de l’observer dans les
lieux où elle végète n’hésitcront pas à la regarder, selon l'opinion récemment
émise par M. Bentham (Cat. p. 85) , comme une simple forme de cette plante.
7. Procumbens. H. procumbens. Dunal! in DC. Prodr. 1, p. 275.
In aridis insulæ Majoris vulgatissima. Florebat Aprili.
Oss. M. Bentham ( Cat. I. c.), ayant observé que les caractères attribués à l'A.
procumbens r’étoient point constans, réunit cette espèce à l'H. fumana.
62. Hezranraemum Lævires. Willd. Enum. 507.
In aridis insulæ Majoris prope Valldemosam, Palmam, Artam
frequens, Floret Aprili , Majo.
28*
216 DicoTyLEDONESs.
Hab. in Atlante (Desf. !), Hispaniâ (Cav.), Gallià mediterraneä!,
Dalmatiä (Dunal), Græcià (Smith).
63. Hecranraemum virine. Tenore! Flor. Nap. Prodr. p. 31. —
Dunal in DC. Prodr. 1, p. 275. — II. juniperinum. Lag. in litt. —
Dunal!1. c.
In aridis insulæ Majoris prope Cauviam, Incam, Artam ; in ins.
Minore (/ern.). Floret Majo, Junio.
Hab. in Galliâ australi (Dunal), regno Neapolitano!, Siciliâ (Dunal),
Cretâ! , Barbariä !.
Os. Cette espèce a été réunie par M. Bentham (Cat. l. c.) à l’Æ. glutinosum ;
mais elle m'en paroît suffisamment distincte par sa tige qui s’éleve à environ un
pied, très-rameuse, glabre, recouverte d’une écorce grisâtre qui se déchire longi-
tudinalement ; par ses feuilles plus longues, disposées en verticilles rapprochés
jusqu’au sommet des rameaux , d’un vert clair, glabres, non couvertes de poils
visqueux ; enfin par ses fleurs disposées en corymbes ou en grappes très-courtes
composées de trois ou quatre fleurs , jamais en grappes longues et multiflores.
64. HezranrHemum GLuTINOSUM. Pers. Synops. 11, p.97. A. lœvipes.
Sieb. ! Herb. Cret. non auct.
In aridis insulæ Majoris prope Artlam , Palmam, Cauviam ; in
Ebusi petrosis circa S. Raphael, S. Eulaliam vulgatissima. Floret
Aprili, Majo.
Hab. in Galliâ mediterraneä !, Catalaunià !, regno Valentino! ,
regno Tunetano (Desf. !), Ægypto (Del.), Cretä!.
65. Hezranrnemum marirozium. DC. Flor. Fr. 1v, p. 277.
Jo aridis Ebusi circa S. Eulaliam. Florebat Majo.
Hab. in Africâ boreali (Benth.), Hispaniâ!, Galliâ meridionali
(DC.), Italià (Dunal).
66. Hezranruemum Serræ : Caule humili, suffruticoso, ramoso; fo-
lis oppositis, exstipulatis , brevissimè petiolatis, subcordato-ovatis,
carnosis , glaucis; floribus racemoso-corymbosis; ovario triloculari;
stylo basi geniculato, stigmate incrassato. Nob. Tab. 2.
CiSsTINEZ. ! 217
Radix longa , nigra, sublignosa , parüm ramosa. Caulis 4-6 un-
cias longus, suffruticosus, ramosus, pilosiusculus. Folia opposita Ê
exstipulata, 2-2 + 1. longa, 1 2 L. lata, subcordato-ovata, acutius-
cula , plana, carnosa, slauca, utrinquè glabra, margine pilosiuscula,
uninervia, nervo subtùs prominente, basi pilosiusculo; summum pare
abbreviatum, à proximo remotum, floribus proximum : petiolus
brevissimus, pilosiusculus. Flores rariüs paniculati vel racemosi ,
sœæpiùs racemo brevissimo corymbosi, corymbo simplici seu com-
posito : pedicelli 3-4 1. longi, pilosiusculi, deflorati reflexi. Calycis
sepala 2 exteriora lingulata, minima ; 3 interiora ovata, 1 : 1. longa,
1 L. lata, margine membranacea, extüs pilosa, pilis longiusculis, albis,
facie glabra , 5 nervia, nervis prominentibus , 2 lateralibus minori-
bus. Petala calyce triente longiora, aurea, obovata, unguiculata.
Stamina calyce pauld breviora. Ovarium pilosum, pilis longiusculis,
albis, obtusè triquetrum, triloculare. Sti/us basi geniculatus , gla-
ber, filamentis dimidio brevior , clavatus. Stégma incrassatumn , tri-
lobum: Fructurn non vidi.
Ab A. marifolio cui proximum differt : 1°. caule humiliore ;
2°. foliis brevibus, recentibus glaucis carnosis , lævibus, non facie
pilosiusculis dorso incano-tomentosis ; 3°. racemis brevibus, subco-
rymbosis, non elongatis.
In arenosis maritimis insulæ Majoris inter Palmam et locum dic-
tum Prat. Floret Martio Aprilique.
Expl. tab. 1]. 1 Calyx à dorso visus. — 2 Pistillum.
Oss. Le Cistus glaucus Desf. Atl. (Æ_ crassifolium Pers.) paroît très-différent
de l'espèce envoyée à M. Dunal du royaume de Valence (A. sexte Lag. in litt.), et
décrite dans le Prodrome (p. 278) sous le nom d'A. crassifolium. La plante de
Barbarie, dont j'ai vu deux petits rameaux dans l’herbier de M. Desfontaines, est,
selon les notes qui m'ont été communiquées par cetillustre professeur, un arbuste
d'environ deux pieds, tres-rameux, qui croit dans les fentes des rochers calcaires
auprès de Cafsa à l'entrée du désert. Ses feuilles sont linéaires, longues d'environ six
lignes, et munies de deux stipules. N'ayant point vu l'A. sexte, il m'est impossible
d’assigner les caractères qui le distinguent de l’Æ. serræ , et j’aurois même été
218 DircoTyzEDONESs.
porté à réunir ces deux espèces si, dans la plante de Valence , les feuilles supé-
rieures n’étoient pourvues de stipules (Dunal. I. c.).
VIOLACEZX.
#
67 Viora oporara. Var. inodora.
In montibus insulæ Majoris circa Lluch vulgatissima. Florebat
Aprili.
POLYGALEÆ.
68. PorxcaLa sexariuis. Desf. ! Atl. 11, p. 128, t. 175.
In montosis Balearium vulgatissima. Floret Martio, Aprili.
Hab. in Galliâ meridionali prope Massiliam! et Narbonem loco
dicto Za Clape !, in regno Valentino! , Andalusiä !, Atlante (Desf. !).
FRANKENIACEÆ.
69. FRANKENIA PULVERULENTA. Linn. Spec. 474.
In arenosis insulæ Majoris prope Alcudiam , et ins. Minoris prope
portum Magonis. Florebat Aprili, Majo.
Hab. in totâ regione mediterraneä.
70. Frangenra Lævis, Linn. Spec. 473.
In maritimis Ebusi frequens. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptä.
71. Frankenra INTERMEDIA. DC. Prodr. 1, p. 349.
In maritimis insulæ Majoris prope Alcudiam ; in ins. Minore
(Hern.). Floret Aprili, Majo.
Hab. in totâ regione mediterraneä, Ægypto exceptä.
D A
SR —
. SZLENE DISTICHA Wild.
CARYOPHYLLEZ. 219
CARYOPHYLLEÆ.
72. Siexe ineLara. Smith. Flor. Brit. 467.
Ad vias in Ebuso. Florebat Majo.
Hab. in Galliâ! , Italiâ (Sebast. et Maur.—Bert.), Græcià (Smith).
73. Sicexe RugeLLA. Linn. Spec. 600. ex Schott. in Herb. Desf. —
Del. ! Flor. Ægypt. Ulustr. n. 144; Descript. p. 232, t. 29; f. 3.
non DC. Flor. Fr. Suppl. — $. crispa. Salzm. ! Herb. Malac.
et Tingit. an Poir.?—S. glutinosa. Duf. ! in litt. ad Gay. — S. un-
dulata. Pourr. ex Duf. ! in litt. ad Gay.
Inter segetes Ebusi. Floret Majo.
Hab. in regnis Valenciæ! et Murciæ !, Andalusiâ! , Barbariâ prope
Tingidem!, Ægypto (Del.!), regno Neapolitano! et in Forojulio !
Oss. Le Silene rubella DC. Suppl. n’est point mentionné dans le Prodrome.
S'il différoit du S. cretica , il faudroit lui conserver le nom de S. annulata, sous
lequel il a été, pour la première fois, mentionné par Thore dans sa Chloris
des Landes.
74. Sivee Gazuica. Linri. Spec. 595.
In agris insulæ Majoris prope Artam ; in ins. Minore (Æern.). Flo-
rebat Aprili.
Hab. in Galliä!, agro Romano (Sebast. et Maur.), Græcià (Smith),
insulâ Melo (D'Urv.), Andalusià!.
75. Siexe pisricua : caule erecto, simplicissimo, hispidiusculo ;
foliis ovato-lanceolatis, acutiusculis, superioribus subulatis ; flori-
bus spicatis, spicis geminatis, flore in dichotomiä solitario ; calyci-
bus hirsutis ; pedicellis bracteatis. — Tab. 3.
SiLENE nisricaa. Willd. Enum. 476 ex Herb: DC.
Radix annua. Caulis 2-+ pedalis, simplex , erectus, infra medium,
præsertim ad nodos, pilis mollibus raris hispidus, supra medium
glabriusculus, scaber. Internodia 11, distantia, superiora longiora.
Folia obovato-lanceolata, basi connata , in petiolum attenuata, apice
290 DrcorYxLEDoNEs.
acutiuscula ; inferiora 2 uncias longa, 4 lineas lata, hispida, in-
ternodiis dimidio breviora; superiora gradatim minora, lineari-
subulata , margine præsertim infra medium ciliata, facie glabrius-
cula , dorso pilis brevissimis densis subscabra. Spicæ in suppetente
specimine quatuor; duo inferiores alternæ , paucifloræ, imper-
fectæ , longe pedanculatæ, pedunculis folia æquantibus aut supe-
rantibus; duc terminales, geminatæ, ex eodem puncto nascentes,
æquales , 6-8 floræ, florem pedicellatum intra dichotomiam foven-
tes, rachi flexuosà, scabrä. Flores distichi?, brevissimè pedicel-
lati, basi dibractaeti; bracteis filiformibus, herbaceis, scabris,
ciliatis, inferioribus florem æquantibus aut superantibus , supe-
rioribus medium calycem pauld superantibus. Calyx pilis longius-
culis subadpressis hirsutus, decemnervius , 5 dentatus, dentibus
acutiusculis , subulatis ; florens oblongo-obovatus , apice subconstric-
tus, 5 lineas longus, lineam latus; fructigerus ovoideus. Petalorum
ungues calyce breviores ; limbus minimus, calycem vix superans,
bifidus, segmentis linearibus; faux coronata, coronà subintegrä,
limbo duplà breviore. Anthophorum breve. Ovarium oblongum, sub
apiceco arctatum. S£yli 3, petalorum limbum æquantes. Capsula in
6 dentes apice dehiscens. ?
In insulà Minore ( Hern. ).
Expl. tab. XI. 1 Flos auctus.
Ons. Dans les échantillons décrits par Willdenow, la tige étoit tres-rameuse ;
dans celui de Minorque, au contraire, elle est parfaitement simple. Cette différence
est probablement due à la culture à laquelle avoient été soumis les échantillons du
ardin de Berlin.
76. Siene nocrurwa. Linn. Spec. 595. — $. spicata a. DC. Flor.
Fr. 1v, p. 799.
In insulà Minore ( ern.).
Hab. in Hispaniâ (Otth. in DC.), Gallià meridionali! , Italià
(Bert. ), Græcià et agro Byzantino (Smith), Cyrenaicä ( Viv. ).
77: SILENE BRACHYPETALA. Rob. et Cast. in DC. Flor. Fr. Suppl. 6a7.
«
Où
FE ©
EN
EN .
CARYOPHYLLEZ. 221
- Inter rupes maritimas Alcudiæ in insulâ Majore. Florebat Aprili.
Hab. in Galliä propè Massiliam ! et Monspelium !.
78. Sixene vizuosa; Var. nata. Nob. Tab. 4.— Lychnis maritima,
annu«, hispanica, salicis folio. Tournef.! Inst. 358. Silene pendula
Salzm. ! Herb. Gibralt. non Linn. Er
. Tota planta viscida , viridula , 2-4 uncias longa. Radix nn.
Caulis ramosiusculus, villoso-pilosiusculus. Folia sessilia , sublinea-
ria , apice obtusa, carnosa ; inferiora 8-12 lineas longa , 2-3 lineas
lata; superiora gradatim minora ; omnia utrinquè pubescentia. F/0-
res in singulo ramo 1-3: si solitarii, terminales : si uno-plures, infe-
riores et axillares , longè pedunculati ; peduneulis 6-15 lineas longis,
filiformibus, primüm erectis,anthesi peractä reflexis. Calyx ls
culus, pilis brevibus, moniliformibus , 5 dentatus, dentibus ovato-
oblongis , vix lineam longis , decem striatus , nervis coloratis ; florens
cylindricus, 7-9 lineas longus ; lineam et dimidiam latus ; fructi-
gerus clavatus. Petala rosea , ungnibus calycem superantibus, infra
ovarium in tubum coalitis, limbo 3-3 : lineas longo, 2-2 , lineas lato,
obovato , profundè emarginato , non autem ad medium usquè fisso ,
lobis obtusis, fauce coronatà, coronà bifidä, brevi , dimidiain lineam
longâ. Stamina petalorum ungues æquantia. Ovarium ovoideum ,
lineam et dimidiam longum. S4y/:3,stamina paul superantes. /140-
phorum 4 lineas longum. Capsula ovoidea , anthophorum æquans ,
apice in 6 dentes dehiscens.
In arenosis maritimis Ebusi. Florebat Majo. ñ
Hab. in Hispanià meridionali!.
La
Os. Cette variété diffère du Siene villosa , tel qu’il croît en Égypte, par sa:
tige constamment beaucoup plus petite , par ses calices et ses pédoncules beaucoup
plus alongés ; cependant, après lavoir soigneusement comparée avec des échan-
tillons de l’herbier de M: Richard, recueillis par M. Delile lui-même, je n’ai point
cru devoir la considérer comme espèce distincte. La plante d'Égypte s’éleve de six
pouces à un pied; elle est très-rameuse, ses pédoncules n’ont que quatre à six
lignes, et ses calices de cinq à sept lignes.
Mém. du Muséum. 1. 14. 29
222 DicoTyLzLEDONEs,
79. Sicene DEcumBENs. Biv. Bern. Sic. Plant. Cent. 1, p.73 (ex
herb. DC.)
Radix annua. Caulis 4-9 uncias longus, erectiusculus , simplex
vel ramosus, puberulus, viridis seu rubellus, Fo/ia inferiora obo-
vato-lanceolata , unciam longa , 3 lineas lata , acutiuscula , in petio-
lum attenuata; superiora gradatim breviora , linearia ; omnia utrin-
que scabriuscula , puberula. Flores alterni, spicati, spicà 2-3-florä.
Bracteæ geminatæ, subulatæ , duo inferiores plerumque elongatæ,
foliacæ , superiores multd breviores, subulatæ , omnes ciliatæ. Pe-
duncullus inferior quandoquè semuncialis, reliqui brevissimi ,omnes
etiam fructiferi erecti. Calyx 5-dentatus (dentibus lineam longis,
ovato-lanceolatis, acutis, margine ciliolatis), puberulus, decem
nervius, inter nervos canaliculatus (nervis coloratis, apice dila-
tatis); florens cylindricus, dimidiam unciam longus , 1-2 lineas
latus ; fructigerus clavatus, 3-3 : lineas latus. Petala carnea; ungui-
bus calycem pauld superantibus; limbo lineam longo, bifido; fauce
coronatä, coronà brevi, membranaceä, bifidâ. Capsula susbphæ-
rica , apice in 6 dentes dehiscens , anthophoro capsulam subæquante ,
2 lineas longo. Sernina subreniformia, dorso sulcata, rufescentia ,
scabriuscula.
Inter rupes ad apicem montis Galatzo in insulâ Majore. Florebat
Majo. Ë
Hab. in Hispaniä et circa Neapolim (Otth. in DC. Prodr.).
Ons. M. Bertoloni (Amœæn. Ital. 27) réunit les Silene sericea All. , bipartita
Desf. , vespertina Retz, decumbens Biv. Bern., canescens Tenore. Ces espèces
ont en effet entre elles une telle analogie, qu’il est difficile de les distinguer par
des caracteres bien tranchés. Mais il paroît, d’après M. Otth (in DC. Prodr.1,
p: 373), que cet auteur n’a pas connu le vrai S. sericea All. et la plante qu'il a
décrite comme telle est mentionnée sous le nom de S. diffusa dans le Prodrome.
M. Otth distingue de nouveau toutes ces espèces à l'exception des S. vespertina et
bipartita déjà réunis par plusieurs auteurs. Le S. decumbens, tel qu'il croît aux
Baléares, a les plus grands rapports avec deux plantes qui se trouvent sur toute la
côte d’Espagne, depuis Valence jusqu’à Cadix, et qui sont répandues dans les
CARYOPHYLLEÆ, 223
herbiers de Paris, l’une sous le nom de S. saponaria Cav., et l’autre sous celui de
S. tubiflora Dufour in litt. ; sés pétales, beaucoup plus courts; sont le seul carac-
tère de quelque valeur qui permette de le distinguer de ces deux espèces.
80. Sizene sepoiness. Jacq.Coll. Suppl. p. 112,t.114,f. 1.
In maritimis insulæ Mie (Æern. ).
Hab. in Galliâ prope Massiliam! , Corsicà ! , Sicilià (Biv. Bern. L
Archipelagi insulis (D'Urv.), (Bar barià Desf. !).
81. Scene veiurina. Pourt, in Desf. Herb.!—— Lois in Desv. Journ.
bot. 11, p. 324.— 8. Sulzmannii Otth ! in DC. Prodr. 1, p. 381.
Ad rupes in montibus insulæ Majoris propè Esporlas. Floret Majo.
Hab. in Corsicä !.
82. Srzene rseupo-arocion. Desf. ! Atl. 1, p. 353.
Ad'margines agrorum in insulâ Majore prope Artam. Floret Aprili.
Hab. in Atlante (Desf. !). .
83. Srezrarte mena. Smith Flor. Brit. 473.— 4/sine media. Linn.
Spec. 473.
In Balearibus vulgatissima. Floret primo vere.
Hab. in totà regione mediterraneä.
84. ArenARIA RUBRA @ Serninibus immarginatis. Nob.— 4. rubra.
Linn. Spec. 606. et auct.
In maritimis Ebusi. Florebat Majo.
B. Seminibus alé membranaced, integré cinctis. Nob.— 4. media.
Linn. Spec. 606.— 4. marina. Smith Flor. Brit, p. 480.—.4. mar-
ginata. DC, Flor. Fr. 1v, p. 703.
In maritimis prope Alcudiam in insulâ Majore; necnon in ins. Mi-
nore ( Æern.). Florebat Aprili, Majo.
y. Seminibus sæpissimè alé membranced, fimbriaté cinctis. Nob.
A. fimbriata. Salzm.! Herb. Tingit.
In maritimis Ebusi. Florebat Majo.
Hab. ad littora totius maris Mediterraneiï; var. y circa Tingidem !.
29*
224 DicoTYLEDONESs.
Oss: Smith (English Flor. t. 11, p. 312) réunit le Spergula pentandra au
Spergula arvensis, parce que la premiere de ces espèces , qui est censée avoir tou-
jours les graines bordées , présente quelquefois sur le même pied des graines à bord
non membraneux. Il auroit été disposé à réunir de même l’Arenaria marina, dont
les graines sont plus ou moins marginées , à l’Arenaria rubra L. dont les graines
ne le sont jamais; mais il a cru devoir conserver ces deux espèces parce que les
graines de l’4. marina ne lui ont jamais paru tout-à-fait privées de rebord.
Je possede un bon nombre d’échantillons de cette plante recueillis dans les ma—
rais salés de l’île d’Iviza, sur lesquels*on voit, dans la même capsule, des graines
bordées et non bordées, à rebord membraneux , tantôt entier, tantôt découpé, et
à lobes extrêmement fins. Cette remarque m'engage à proposer la réunion non—
seulement des 4. marina Smith et rubra L., mais encore de V4. fimbriata Salzm.,
qui ne diffère de l’A. marina que par ses graines dont le bord est plus constam-
ment découpé. L’4. rubra, ainsi constitué, varie beaucoup quant au port, à
l'épaisseur et à la longueur des feuilles, mais les diverses formes que j'ai observées
aux Baléares et sur les côtes de France et d’Espagne m'ont paru évidemment dues
aux terrains plus ou moins fertiles dans lesquels on les rencontre. -
85. Arenaria TENUIFOLIA d. Hybrida. Ser. in DC. Prodr. 1, p. 406.
— À. hybrida. Vill. Dauph. 1v, p. 634, t. 47.
Inter rupes maritimas insulæ Majoris prope Alcudiam. Florebat
Aprili.
Hab. in Galliâ meridionali! , Andalusià !.
86. ARENARIA SERPYLLIFOLIA. @&. Pilis glandulosis hirsuta, folliis
pellucido-punctatis. Viv. Flor. Lyb. Spec. 24.
Inter rupes montium insulæ Majoris prope Lluch. Florebat Aprili.
87. Arenaria BALEARICA. Linn. Syst. Nat. , ed. 12, app. 230.
Ad rupes excelsas montis Puig-Major in insulä Majore.
Hab. in Corsicä !.
88. Arena PROGUMBENS. Vahl. Symb. 1, p. 50, t. 52.— 4. hernia-
riæfolia. Desf.! Atl.1, p. 350.
Ad muros prope Palimam ; in insulà Minore ( Æern.). Florebat
Majo.
Ve
d'
MazvAcEez. 2925
Hab. in Hispanià prope Carthaginem novam ! pBaxbir 1à(Desf. ');
Ægypto!, Sicilià (Biv. Bern. ), regno Nepiitaio k
89. Crasrium vurcarum. Linn. Spec. 627.
In Balearibus frequens. Florebat Aprili.
Hab. in tototâ regione mediterraneà , Ægypto exceptä.
90. CERASTIUM STRICTUM. Spec. 629. An satis à Cerastio ar-
vensi distinctum ?.
Ad rupes montis Puig-Major in insulà Majore.
MALVACEÆ,
91. Mazva svevesrris y. Canescens. Gay Herb. !.
Ad vias in insulà Majore prope Alcudiam. Florebat Aprili.
Oss. Cette variété se distingue aisément de la forme ordinaire, en ce qu’elle est
couverte sur toutes ses parties, la corolle exceptée, d’un coton tres-épais et blan-
châtre. Elle est commune aux environs de Montpellier !
92. Mazva rorTunniroziA. Linn. Spec. 069.
Ubiquè ad vias Balearium. Florebat Aprili, Majo.
Hab. in totâ regione mediterraneâ, Ægypto exceptä.
93. Azraæa masuTA; Var. pumila. Nob.—Caulis 2-3 uncias longus,
ramosus.
In montosis insulæ Majoris circa ITR Florebat Majo.
94. Lavatera ARBOREA. Lin. Spec. 972.
In insulà Minore (Xern.).
Hab. in agro Nicæensi et Corsicä (DC), insulà Argentariolà (Savi),
regno Neapolitano (Tenore), Græcià prope Athenas (Smith), Bar-
barià (Desf. !), Hispanià (DC.).
Oss. Cette belle Malvacée, assez commune dans les Canaries et sur plusieurs
4 points de la partie chaude de:la région méditerranéenne, croît spontanément dans
Ja petite île de Muckry ! près d'Edimbourg. Ce fait de géographie paroîtroit beau-
coup plus étonnant si l’on ne savoit que la mer; par le niveau constant de sa tem-
pérature y modifie d’une manière remarquable le climat des lieux qui l’avoisiuent.
226 DicoTYLEDONESs.
95. GossyPrum. HERBAcEUM 8. Frutescens. Del. Flor. Ægypt. Il-
lustr. n. 646.—Vulgd Ælgodon.
Colitur in Ebuso et insulà Majore prope prædium vulgd S6 Ser-
vera, haud longè ab urbe Artä.
In Africà centrali ad ripas lacus Tchad spontaneum ( Denham
voy. en Afr. trad. d’'Eyriès 11, pag. 284). Colitur in Africæ regnis
Bornou , Begarmy; Haoussa , ete. (Denham l; c.), Ægypto (Delil.),
Barbarià (Desf!), Andalusià , regno Granatensi (Salzm.), regno Va-
lentino, regno Neapolitano, Sicilà (Ortol. et Raf. Stat.), insulis Me-
litâ (Lam Dict.), Melo (Tourn. voy.), Lesbo (d’'Urv.), Cretà (Sieb.),
Macedonià , totà Asià mincre, Syrià (Lam. ).
AURANTIACEZÆ.
96. Crrrus menica. Risso Ann. Mus. 20, p. 199, t. 2, fig. 2.
Colitur in hortis Balearium.
97. Cirrus rimovum. Risso , |. c. pag. 201.
Colitur cum priore.
98. Crrrus Auranrium. Risso 1, c. pag. 181, t. 1, fig. 1 et 2.
Colitur in hortis insulæ Majoris, præcipuè circa Soller, Pollensam;
rarior in Ebuso et insulà Minore.
HYPERICINEÆ.
99. Hyrertcum canartense. Linn. Syst. Veget. p. 575.
In insulæ Majoris torrente dicto Malluch prope Lluch.
Hab. in Canariis insulis. (Linn.)
100. Hyrerrcum sALEARIGUM. Linn. Spec. 1101.
In montosis Balearium frequens. Floret Aprili , Majo.
101. Hypericum PERFORATUM. Linn. Spec. 1105.
GERANIACEZ. 227
à An sterilibus Balearium haud infrequens. Floret Majo.
Hab. in totà Europà.
102. Hypericum romenrosum. Linn. Spec. 1106. Vulgd Tresflorina
blanquesina.
In insulà Majore ( Trias.).
Hab. in Hispanià ! , Gallià mediterraneà !, Sicilià (Ortol. et Raf.),
insulà Melità (D'Urv.), Barbarià (Desf!).
105. Hyrerrcum penrarum. Lois. Flor. Gall. p. 490, t. 17.
In montosis insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Majo.
Hab. in Calabriä ! , Corsicà ! , Stoechadum insulis!.
Oss. Les échantillons que je possède ne me paroissent pas différer de ceux de
Provence, d'Italie et de Corse , quoique leurs feuilles inférieures, jusqu’au milieu
de la tige, soient entièrement privées de points glanduleux, et que, dans les supé-
rieures, on en trouve comparativement un tres-petit nombre.
104. Acer oparus. Ait. Hort. Kew. 111, p. 436. Vulgd Rotabuc.
Ia fissuris rupium montis Puig-Major in insulà Majore. Florebat
Aprili. |
GERANIACEZÆ.
F05. GERANIUM MOLLE. Lino. Spec. 955.
In insulà Minore (Hern.).
Hab. in totà Europä, Barbarià (Desf!).
106. GERANIUM ROTUNDIFOLIUM. Linn. Spec. 957.
Ad margines agrorum in insulà Majore frequens. Floret Martio.
Hab. in totà Europà, in Barbarià (Desf!).
107. GENaRIUM pissecTuM. Linn. Spec. 956.
Hab. in totà Europà , in Africà septentrionali (Desf. l-Viv.-Delil.).
108. GERANIUM ROBERTIANUM, Linn. Spec. 955.
228 DicoryzEDoNEs.
In umbrosis montium insulæ Majoris prope Lluch. Floret Aprili.
Hab. in totà Europä, in Barbarià (Desf.).
109. Eroniuu cicurartum. DC. Flor. Fr. 1v, p. 840.
Ad vias in Balearibus vulgatissimum. Floret Martio.
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto except.
110. Erontum moscmarum. Willd. Spec. mr, p. 631.
In aridis insulæ Majoris et Ebusi. Floret Martio.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
111. Eronrum maracmornes. Willd. Spec. 11, p. 639.
Übiquè in Balearibus florebat Martio.
Hab. in totà regione mediterraneà.
112. Oxaurs coricuLaTa. Linn. Spec. 623.
Ad margines viarum et in sepibus Balearium vulgatissima. Flo-
rebat Martio, Aprili.
Hab. in tolâ regione mediterraneà.
113. Linuw carricum. Linn. Spec. 401.
Inter rupes maritimas Balearium frequens. Florebat Aprili.
Hab. in Gallià meridionali !, Italià ( Bert.- Savi.- Sebast, et
Maur.), Corsicä (DC.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith), Bar-
barià (Schousb. ).
114. Linuu srricrum 8. Æ/ternum. DC. Prodr. 1, p. 424.
In aridis Balearium haud infrequens. Florebat Aprili, Majo.
Hab. in regno Valentino !, Catalaunià !, Gallià mediterraneä!,
Corsicà (DC.).
115. Livum usrrarissimum. Linn. Spec. 597.
Colitur in agris Balearium.
RUTACEÆ.
116. Faconra crerica. Linn. Spec. 553.
RESEDACEÆ , 229
In sterilibus Ebusi prope urbem. Florebat Majo.
Hab. in regno Valentino! , regno Algeriensi (Desf.!), Cyrenaicä
(Viv.), Ægypto (Del.), Cretà (DC.), Sicilià (Biv. Bern.-Presl. ).
117. Rura sracreosa. DC. Prodr. 1, p. 710.-R. chalepensis tenui-
Jolia. D'Urv. Enum. (ex DC.).
Ad mœnia urbis Alcudiæ in insulà Majore. Florebat Aprili.
Hab. in Corsica ! , Sicilià (DC.), insulà Melo. (D'Urv.).
+118. Rura ancusrirozra. Pers. Synops. 1, p. 464.
- In aridis insulæ M£joris prope Esporlas, et Ebusi prope S. Eula-
liam. Floret Majo.
Hab. in Galhä mediterraneà !.
RESEDACEÆ.
119. Reseva ami 8. Undata. DC. Flor. Fr. Suppl. 590. À. undata.
Linn. Spec. 644.
Inter segetes Balearium vulgatissima. Floret Martio.
Hab. in totà regione mediterraneä.
120. Resena LuTEoLA. Linn. Spec. 642.
In campis Balearium. Floret Aprili.
Hab. 1n totà regione mediterraneà.
121. Resena Lutea. Linn. Spec. 645.
In campis prope Artam in insulà Majore. Florebat Aprili.
Hab. in tot regione mediterraneä, Ægypto exceptä.
322. Resena PayTeumA. Linn. Spec. 645.
Ad margines agrorum in insulà Majore et Ebuso frequens. Flo-
rebat Aprili, Majo.
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptä.
Mém. du Muséum. 1. 14. 30
230 DrcoTyLEDONESs.
RHAMNEÆ.
123. Raamnus ALATERNUS & Balearicus. DC. Prodr. 11, p. 23. Frutex3
pedalis, ramosus. Folia ovata, parva, 8-10 1. longa, 5-6 |. lata,
obtusa, denticulata, dentibus acutis, facie viridia scabra, dorso
ferruginea, lævia.
In montibus insulæ Majoris prope Llach. Florebat Aprili.
B. Latifolius. Frutex bipedalis, diffusus. Fo/ia ovato-lanceolata,
18-20 1. longa, 8-10 1. lala, acuta , serrulata, lævia, utrinquè
viridia.
In montibus insulæ Majoris prope Valldemosam, Esporlas fre-
quens. Florebat Martio.
124. Ræamus Lycrorpes. Linn. Spec. 279.
In petrosis inter Cauviam et montem Ga/atzo in insulà Majore.
Florebat Majo.
Hab. in regno Valentino (Cav.), Andalusiâ (Salzm:), Atlante
(Desf. !).
TEREBINTHACEZÆ.
129. Pisracra Lenriscus. Linn. Spec. 155.
Ubique in Balearibus. Floret Martio.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà.
126. Ceorum rricoccox. Linn. Spec. 04.
In collibus petrosis insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret
Aprili.
Hab. in Ligurià (Viv.), agro Nicæensi (DC.), Gallià mediterra-
neà !, Hispanià (DC.), regno Tunetano (Desf. !).
127. Jucrans REGrA. Linn. Spec. 1415.
Colitur in humidis montium insulæ Majoris.
LEeGuminosz. 231
LEGUMINOSEÆ. T
128. Anacyris rogrina. Linn. Spec. 534.
. In collibus apricis Balearium frequens. Floret Martio, Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä.
129. GenisrA Lucia : Foliis simplicibus, obovato-lanceolatis, sub-
sericeis; spinis lævibus, lucidis, nudis, sæpissimè simplicibus;
calyce subsericeo, labiis subæqualibus, superiore bipartito, infe-
riore ultra medium trifido; petalis glabris, carinä vexillo triente
longiore. Nob. Tab. 5. |
Caulis tripedalis, ramosissimus, durus , spinosus , glaberrimus.
Rarmi virides, lucidi, sulcati, spinis alternis, 6 sulcis exaratis,
subuncialibus , simplicibus , rarissimè ramosis , nudis, mucronatis.
Folia infra spinas nascentia, paucissima, simplicia , obovato-lan-
ceolata vel lanceolata , brevissimè petiolata, 1 :-2 lineas longa , li-
neam lata, utrinquè subsericea, Stipulæ minutæ , rectæ, subulatæ,
spinescentes, basi connatæ. Ex foliorum superiorum axillis, infra
spinas, multi nascuntur racemi 4-7 flori, spinis breviores, quasi
paniculam constituentes. Singuli racemi rachis 5-4 foliata , pilis ad.
pressis subsericea. Flores brevissimè pedicellati. Bracteæ in summo
pedicello 2, calycem stipantes, subulatæ, brevissimæ. Calyx bila-
biatus, subsericeus, 2 lineas longus ; tubo campanulato; labiis tubo
paulà longioribus, superiore bipartito, inferiore ultra medium tri-
fido, segmentis omnibus lineari lanceolatis, acutiusculis. Petala
calyce longiora , lutea : vexillum ovato-lanceolatum , acutum, erec-
tum , conduplicatum , 3 lineas longum, lineam et dimidiam latum,
dorso villosiusculum : alæ vexillo pauld breviores, oblongæ , longè
unguiculatæ, limbo basi ciliolato : carina vexillo triente longior,
oblonga, villosiuscula, limbo basi utrinquè auriculato, auriculis
ciliatis. Samira 10, monadelpha : filamentis 5 longioribus, 5 al-
ternis triente brevioribus, antheris longiorum oblongis, breviorum
30 *
232 DrcoryrEebones.
minoribus ovato-oblongis, omnibus subsagittatis, dorso aflixis. Ova-
rium minimum , ovoideo-compressum , à medio ad apicem pilosius-
culum , lineâ suturali longitudinaliter notatum ; ovulis 6 subrotun-
dis. Stylus filamenta superans, filiformis, subglaber, basi pilis raris
inspersus , apice incurvus, æqualis, truncatus. Legumenr non vidi.
In collibus petrosis circa Artam in insulà Majore vulgatissima.
Florebat Aprili.
Expl. tab. NV. 1 Flos auctus.— 2 Calyx.— 3 Vexillum.— 4 Alæ.— 5 Carina. —
6 Tubus stamineus.— 7 Pistillum.
Oss. Cet arbuste se rapproche du G. scorpius DC., tel qu’on le trouve dans la
région méditerranéenne, mais il se distingue facilement de cette espèce par ses
rameaux luisans, par ses épines qui ne portent jamais ni fleurs ni feuilles, par sa
A L = : r . .
carêne d’un tiers plus longue que l’étendard ; non égale à ce dernier.
Je crois utile de donner ici la phrase spécifique du G. scorpius qui suffira pour
le distinguer du G:. lucida.
G. scorpius. (DC. Flor. Fr. 1v, p. 498). Foliis simplicibus , obo-
vatis, sericeis; spinis pubescentibus, floriferis, ramosis; calyce
glabro, labio superiore bipartito, inferiore paulo longiore, ultra
medium trifido; petalis glabris, carinà vexillum æquante.
130. G. civerea. DC. Flor. Fr:1v, p. 494.
In fissuris rupium montis Puig-de-Malluch in insulà Majore. Flo-
rebat Aprili.
Hab. in olearum regione ab Aragonià ad Nicæam (DC.) (1).
(1) M. de Lamarck a décrit sous le nom de Spartium multicaule, une plante que
l’on croyoit originaire des Baléares, et qui se trouve mentionnée dans le Catalogue
du Jardin de Paris, sous le nom de Genista multicaulis ; mais un examen plus
sévere a prouvé depuis à M. Desfontaines que ce prétendu Genet n’étoit autre chose
qu'un échantillon défiguré de l’Anthyllis hermanniæ ; il a donc rayé le G. multi-
caulis du nombre des espèces dans la nouvelle édition qu’il prépare du Catalogue.
Je dois cette observation à M. Desfontaines.
PPT
d. termes 1e de r
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Lrceumiosx.: 233
. 231. Cvrisus spnosus. Lam. Dict. 11, P- 247. .
- In anontosis Balearium vulgaris. Floret Aprili.
Hab. in Gallià mediterraneà !, Italiâ (Bert.-Savi), Corsicâ!, Si-
gilià (Ortol. et Raf.), Barbariâ (Desf. !-Viv.).
132. Cyrisus camGerus. DC. F1. Fr.1v, p.504.-Spartium lanigerum.
Desf.! Atl. 11, p. 154.-8. villosum Poir: Voys 11, p. 207.
In insulà Minore ( Hern.).
Hab. in Etrurià (Savi), Corsicä! , Græcià et Archipelagi insulis
(Smith), insulà Melo (D’Urv.), Cretà (DC.), Barbariä (Desf. !), His-
panià prope Heracleam (DC.).
183. Cyrisus arcenreus. Linn. Spec. 1043.
In petrosis insulæ Majoris prope Artam , Cauviam. Floret Aprili.
Hab. in Galliä mediterraneä !, agro Nicæensi (DC.), regno Nea-
politano (Tenore), regno Algeriensi et Atlante (Desf. !).
134. Ononis crispa. Linn. Spec. 1010.
In insulà Minore ( Æern.).
Hab. in insulà Cypro (Smith.).
135. Ononis narrix &. DC. Prodr. n, p. 159.-O. pinguis. Linn.
Spec. 1009.
- In arenosis Balearium vulgatissima. Floret Martio, Aprili.
136. Orons næquironta: DC.! Prodr: 1, p.165:-Ænonis'orientalis
pentaphylla et heptaphylla viscosa. Vaill.! Herb.
Variat vexillo flavo et rubro striato. An satis ab. O. Natrice dis-
tincta? d
In arenosis maritimis Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in Oriente (Vaill. Herb.), - Corsicà prope S.-Florent!, Oc-
«citanià prope Monspelium !.
* 137. Oxoms Pusescens. Linn. Mant. 267,-DC. Prodr; HE, sp: 160 -
O. Morisoni, Gouan Illustr. 47 (ex DC. I. c.).
234 DicoryLEDONEs.
In Balearibus, (Gouan I. c.).
Hab. in agro Monspeliensi, Hispaniä, Barbariâ, Archipelagi
insulis (DC.).
138. Ononis orniTaoponiomes. Linn. Spec. 1009. -
Inter rupes insulæ Majoris prope S0 Ferendell. Florebat Aprili.
Hab. in Andalusià (Salzm.), regno Valentino (Cav.), Corsicä!,
Etruriä (Savi), insulà Caprearum! , Græcià et insulà Cypro (Smith),
regno Tunetano (Desf.!).
139. Ononis recinaTA. Linn. Spec. 1o11.
In insulâ Minore {Hern.).
Hab. in Andalusiâ!, Occitanià (DC.), Calabriä ! , Corsicä !.
140. Ononis minurissiwa. Linn. Spec. 1007.-0. barbata Ca. Ic.
t'T08
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas , Valldemosam , Cau-
viam. Floret Aprili, Majo.
-Hab.. in Hispanià !, Gallià mediterraneä !, agro Genuensi (Bert.).
141. AnTuyLus cyrisoines. Linn. Spec. 1013.
Frequens in collibus aridis inter Palmam et Cauviam in insulà
Majore. Floret Aprili, Majo.
Hab. in Andalusiâ (Salzm.), regno Valentino! , Ruscinonensis
agri et Provinciæ locis calidioribus (DC.).
142. ANTHYLLIS VULNERARIA y Rubriflora. DC. Prodr. 11, p. 170.-
A. vulneraria, Desf. ! Atl. x, p. 151.
In eodem loco variantem vidi radice perenni et annuë.
Ïn collibus maritimis prope Artam in insulà Majore. Floret Aprili.
Hab. in Occitaniâ!, Provinciä!, agro Genuensi (Bert.), agro
Romano (Sebast. et Maur.), insulà Caprearum ! , Græcià , Cretà et
insulà Zacyntho (Smith), Cyrenaïcà (Viv.), regno Algeriensi (Desf. !).
143. ANnTHyLLIS TETRAPHYLLA. Linn. Spec. 1012.
Leeuminosz 235
In aridis insulæ Majoris prope Artam, Palmam, Cauviam fre-
quens. Floret Aprili.
Hab. in Ardalusià !, regno Valentino!, Occitaniàä (DC.), Pro-
vinciâ !, agro Nicæensi!, agro Genuensi (Bert.), Etruriâ (Savi),
agro Romano (Sebast. et Maur..), regno Neapolitano (Tenore), Sici-
lià (Ortol. et Raf.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith).
144. Menicaco Lururina. Linn. Spec. 1097.
Ad vias et margines agrorum in insulà Majore frequens.
Hab. in Galliä!, Italiä!, Græcià, agro Byzantino et insulà Cypro
(Smith).
145. Menicaco arsorea. Linn. Spec. 1096.
In insulà Majore prope Esporlas. Florebat Majo. An spontanea?.
Hab. in regno Neapolitano!, Græcià et Archipelagi insulis (Smith).
146. Mepicaco orsicuraris. AIL. Flor. Pedem. n. 1150.-7. poly-
morpha a. Desf.! Atl. 11, p. 210.
In montibus insulæ Majoris prope Lluch. Floret Aprili.
Hab. in Gallià meridionali!, agro Nicæensi (AIL), agro Romano
(Sebast. et Maur.), agro Bysantino (Smith), Ægypto ( Del.), Barbariä
(Desf. !).
147. Mepicaco scurezrarTa. All. Flor. Pedem. n. 1155. -M. poly-
morpha (B. scutellata. Desf. Atl. 11, p. 211.
Ad margines agrorum prope Esporlas in insulâ Majore. Florebat
Aprili.
Hab. in Occitaniä!, Provinciäà!, agro Nicæensi (AIL.), Græciâ
et Archipelagi insulis (Smith), Barbariä (Desf.!).
148. Menicaco rusercurara ? Willd. Spec. mr, P- 1410.
Caulis sesquipedalis, ramosus, angulosus, glaber. Folia trifo-
liata : foliola 3-4 lineas longa, 2-3 lineas lata, obcuneata, apice
sæpè obcordata , à basi ad medium integra, à medio ad apicem
dentata , dentibus acutissimis, nervosa, supernè glabriuscula ,
236 DrcoTyrEeDones.
subtùs pubescentia, lateralia subsessilia, terminale pedicellatum,
pedicello circiter lineam longo. Stipulæ ovato-lanceolatæ, laciniatæ,
laciniis subulatis, glabriusculæ. F/ores in axillis foliorum subsoli-
tarii :-pedunculi folio longiores , uniflori, pubescentes, infra apicem
instructi bracteis duabus lineari-subulatis, et aristâ (pedunculo floris
abortivi)brevi, subulatà. Ca/yx infandibuliformis, ultra medium 5-
fidus, puberulus, tubo 10-nervio, segmentis uninerviis, lineari-
lanceolatis, subulatis. Petala non vidi. Legumina ellipsoidea,
cochleata , in spiram contorta, 3 lineas longa , 2 lineas lata , glabra;
anfractus 7, dorso tuberculis brevibus, acutiusculis, subspinosis, du-
plici serie dispositis instructi. Semina reniformia, apice subtrun-
cata, lævia, fusca.
In insulà Minore ( Hern.).
Hab: in Corsica !.
149. Menicaco marina. Linn. Spec. 1097.
In arenosis maritimis Balearium vulgatissima. Floret April.
Hab. in totà regione mediterraneä.
150. Meprcaco urroraus. Rohde in Loisel. Not. 118. non Tenore
(ex Ser. in DC. Prodr.)
In arenosis maritimis insulæ Majoris frequens. Floret Martio.
Hab. in Occitaniâ et Provincià (DC.) , agro Genuensi (Bert.).
151. Menicaco minima. Lam. Dict. 111, p. 656.
In aridis montium insulæ Majoris et Ebusi. Floret Martio, Aprili.
Hab. in Gallià !, Italiä (Bert.-Sebast. et Maur.), Græcià (Smith),
Barbariä (Desf.!).
152. Menicaco macuLara. Willd. Spec. m1 p. 1412.
In agris prope Valldemosam in insulà Majore. Floret Martio,
Aprili. -
Hab. in Galliâ!, Itahiä!, Græciâ.et Archipelagi insulis (Smith),
agro Byzantino (D’Urv.).
Lrcuminossx. 237
153. Menicaco wrenrexra. Willd. Spec. m1, p. r411.— M. poly-
morpha d'intertexta. Desf.! Atl. 11, p. 2x1.
In agris Ebusi. Cum fructibus lecta Majo. à
Hab. in Gallià meridionali!, agro Romano (Sebast. et Maur. ),
insulà Samo (d'Urv.), Ægypto!, regno Algeriensi ( Desf. !).
154. Meurorus rrarica. Lam. Dict. 1v, p. 68. — Trifolium itali-
cum. Willd. Spec. mr, p. 1356.—Melilotus rotundifolia. Tenore Flor.
Nap. Prodr. Suppl. 1, p.66.
In agris prope Esporlas in irsulà Majore. Florebat Martio.
Hab. in regno Neapolitano!, Græcià circa Athenas ( Smith},
novä Camino insulà (D’Urv.), regno Algeriensi (Desf.).
155. Merrrorus surcara. Desf.! Atl. 11, p. 195.- Trifolium mau-
ritanicum. Willd. Spec. 111, p. 1354.- Melilotus longifolia. Tenore
Prodr. Suppl. 1, p. 66 (ex Ser. in DC. Prodr.).- Trifolium sulcatum.
Viv. Elor. Lyb. Spec. 45.
In agris Balearium frequens. Floret Aprili.
Hab. in regno Neapolitano (Tenore), Sicilià ( Smith}, insulä
Melo ( D’Urv.), Ægypto (Del.), Cyrenaïcâ (Viv.), regno Alge-
riensi (Desf.!).
B. major : M. compacta. Salzm. ! Herb. Tingit.
In arvis Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in Corsicà ! , Barbarià prope Tingidem !.
Oss. Cette varicté est remarquable par sa tige presque simple qui s'élève à
environ deux pieds, et par ses feuilles et ses fleurs du double plus grandes que dans
! la forme ordinaire. Ces caractères sont constamment les mêmes dans les échan-
tillons recueillis en Corse, à Iviza et auprès de Tanger; cependant, apres une
analyse exacte des parties de la fructification, il m’a paru impossible de la distin
guer comme espèce. Dans les deux formes des Baléares les fruits sont mono-
spermes, et les graines sont couvertes de petites aspérités.
156. Trirouum anGusrirouium. Linn. Spec 1503.
Mém. du Muséurn. 1. 14. 37
238 DicoryzeDoness.
In insulà Minore ( Hern. ). |
Hab. in Galliäâ meridionali!, Italiâ (Sebast. et Maur.—Bert.),
Græcià et Archipelagi insulis (Smith), prope Trapezum (D'Urv.),
in Cyrenaïcà (Viv.), Barbarià (Desf. ! ).
157. Tairocium sTELLATUM. Linn. Spec. 1083.
In sterilibus Balearium frequens. Floret Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto except.
158. Trirouium uysripum. Savi Flor. Pis. 17, p. 90.—T". pallescens.
DC. Flor. Fr. Suppl. 555, non Schreb. — 7! Vaillantii. Tenore !
Prodr. xziv, non Poir. nec Lois. — 7. polyanthemum. Tenore ! in
Herb. Gay.
In collibus maritimis insulæ Majoris prope Artam ; in ins. Minore
(Hern. ). Florebat Aprili.
Hab. in Ruscinonensi agro!, Occitaniâ!, agro Mediolanensi!,
Etrurià !, regno Neapolitano ! , Corsicà !.
159. TRIFOLIUM FRAGIFERUM. Linn. Spec. 1086.
In insulâ Minore ( ern.).
Hab. in Galliä meridionali!, Italiä!, Siciliâ (Biv. Bern. ), Græ-
cià et Archipelagi insulis (Smith), insulâ Melo (D’Urv.).
160. Trirorium ToMENTOsuM. Linn. Spec. 1086.
In collibus maritimis prope Artam. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà.
161. Trirorrum Tumens. Stev. lin M. B. Flor. Taur. Cauc. u, P- 217.
Radix perennis;fibras plurimas capillares emittens. Caulis 4-5 un-
cias longus, repens, glaber. Folia glaberrima , longissimè petiolata,
foliolis obovatis, brevissimè petiolulatis ; apice subemarginatis, sub
lente tenuissimè serrulatis, transversim striatis. Stipulæ ovato-
acuminatæ , basi dilatatæ , petiolum amplectentes. Flores capitati,
densi , pedunculo communi elongato, foliis paulà longiore; capitulo
subrotundo; bracteis lanceolatis, subulatis, calycem æquantibus.
Lecuminosz. 239
Calyx oblongo-campanulatus teretiusculusve ; 2lineas longus, 5 den-
tatus, dentibus erectis, lineari-lanceolatis , uninerviis, duobus su-
perioribus paulù longioribus ; tubo latere exteriore glabro , interiore
(axem capituli spectante) à basi ad apicem præsertim supra medium
villosissimo. Corolla calyce duplà longior : alæ cum carinà connatæ :
vexillum alis triente longius, oblongum. Ovarium ovoideum, 1-2
ovulatum. Legumen matürum non vidi.
In insulâ Minore (Hern.).
‘Os. J'ai, comparé l'échantillon de cette plante qui m’a été communiqué par
M. Hernandez, à ceux de l’herbier de M. Gay, recueillies par M. Steven aupres de
Nasiabab sur les bords de la mer Caspienne, et je n’ai trouvé entre eux aucune
différence. Les fleurs dans les exemplaires de M. Steven sont plus grandes, mais ce
caractere paroît tenir au port des échantillons comparés ; ceux de Georgie ayant
dix pouces environ de haut , tandis que celui de Minorque est de moitié ges petit.
162. TriFoLium PRocUMBENS GB. Campestre. Ser. in DC. Prodr. nr,
p. 205. — T. campestre. Schreb.
Inter rupes maritimas Balearium frequens. Florebat Aprili , Majo.
163. Trirozrum rirorme. Linn. Spec. 1088.
In aridis Ebusi circa S. Inès. Florebat Majo.
164. Dorvenuu recrum. Ser. in DC. Prodr. 11, p. 208. — Lotus
rectus. Linn. Spec. 1092.
In fossis Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in Gallià meridionali!, agro Romano (Sebast. et Maur.),
regno Neapolitano! , Sicilià (Ort. et Raf.), Græcià et insulis Cretä
et Zacynto (Smith), Barbariä (Desf. !).
165. Dorveniom æmsurum. Ser. in DC. Prodr. 11, p. 208. Lotus
hirsutus. Linn. Spec. 1091.
Ad margines agrorum in Balearibus haud rarum. Florebat Majo.
: Hab. in Galliâ meridionali ! , Itahià ! | Græcià et insulis Cretà et
Cypro (Smith), Barbariä (Desf. !).
Gi di
240 DrcoryLEDONES.
166. Dorxeniuu surrruricosum. Vill. Dauph. 111, p. 416. — Lotus
dorycnium. Linn. Spec. 1003.
Ubique in aridis Balearium. Florebat Aprili.
Hab. in Hispanià ! , Gallià meridionali !, Italià ! , Græcià (Smith),
Barbarià (Desf. !).
167. Lorus Epuris. Linn. Spec. 1090.
In aridis circa Artam in insulâ Majore ; in Ebuso (DC. ).
Hab. in Hispanià meridionali! , Provincià et agro Nicæensi (DC.),
Corsicä!, agro Neapolitano!, Calabriä!, Sicilià (Ort. et Raf.),
Græciâ et insulis Cypro et Zacynto (Smith), regno Algeriensi
(Desf. !).
168. Lotus ornrHopomoipes. Linn. Spec. 1091.
In agris prope Valldemosam, Artam in insulà Majore. Floret Aprili.
Hab. in Hispanià (Cav.), Gallià meridionali et agro Nicæensi
(DC.), agro Genuensi (Bert.) , agro Romano (Sebast. et Maur.), re-
gno Neapolitano!, insulà Caprearum! , insulà Melo (D’Urv.), regno
Algeriensi (Desf.!).
169. Lorus rerraruyzrus. Linn. Fil. Suppl. 340.—Ser. in DC.
Prodr. 11, p. 210 (excluso Syn. Viv.). — Tab. 6.
Radix perennis, fusca. Caules ex eädem radice plures , ramosis-
simi prostrati, sæpissimè 5-4 uocias longi, aliquando : pedalem
vel ? pedalem altitudinem attingentes, teretes, virides , glabrati. Fo-
lia exstipulata, bijuga cùm impari; foliola pilis adpressis utrinquè
præsertim dorso subsericea , facie viridia, dorso glauca ; 3 superiora
majora, 2 : lineas longa, lineam et dimidiam lata , cuneata, truncata
aut emarginata, mucronulata , 2 inferiora dimidid minora , oblongo-
ovata aut sublinearia, alterum aut rarius utrumque deficiens. Pedun-.
culi 1-3 unciales, terminales, rariùs axillares , uniflori, glabriusculi,
sub flore unibracteati, bracteà (folio imperfecto) tripartità, lobo
medio majore, lateralibus sæpissimè caducis abortivisve. Calyx
Tab.6. ZOTUS TETRAPHYLLUS. Lin. fl.
| 2 Et É
| : : = _ À 7
LEecuminosz. 241
subsericeus , 5 fidus , segmentis subulatis, bilabiatis , duobus supe-
rioribus alteroque inferiore carinæ subjecto pauld majoribus; tubo
campanulato , 5-nervi. Pelala calyce dimidid longiora , lutea :
vexillum unguiculatum , ungue calycis tubum subæquante, limbo
subrotundo extùs atro-purpureo :-alæ vexillo pauld breviores ,
oblongæ , unguiculatæ , basi, laiere superiore, auriculatæ : carina
alas æquans, apice abruptè arcuata et longè rostrata, basi bifida
diusguiculata, genitalia includens. Filamenta 10, diadelpha ; al-
ternè dimidid longiora et apice dilatata, clavata, antheris basi affi-
xis , ex Cavo filamenti apice nascentibus (1); alternè filiformia, æqua-
lia ; antheris flavis, infra medium dorsum affixis. Ovarium lineare,
gracile , glabrum , 9-10 ovulatum. S{ylus abruptè genuflexus, lon-
gitudine ipsius ovarii. Stigma MES Legumen junius calyce
longius.
Lotus pusillus. Viv. (Flor. Lyb. Spec. p. 47, t. 17, f. 13) ex icone
et descriptione à nostro cert differt : 1° caule multd humiliore; 2° ra-
dice verisimiliter annuâ ; 3° caule foliisque hirsutis , non subsericeis ;
4 foliis ellipticis non cuneatis, nec retuso-truncatis; 4° + Era
culis folio triplù nec decuplè longioribus, etc.
In aridis insulæ Majoris prope Artam ad ingressum speluncæ
Cueva de la Ermita. Florebat Aprili.
Expl. tab. 6. 1 Folia aucta.—2 Flos. — 3 Calyx.— 4 Vexillum.—5 Ale. —
6 Carina.— 7 Stamina duo sub lente validiore.— 8/Flos calyce petalisque resectis.
— 8 Pistillum.
Os. Linné fils, qui a le premier fait connoître cette plante d’après des.échan-
tillons recueillis aux Baléares par Richard, lui donna le nom de Z. tetraphyllus ,
faisant allusion à l’avortement , qu’il croyoit constant , de l’une des folioles infé-
rieures.. Mais il décrivit cette foliole comme une stipule, et les auteurs qui ont
parlé depuis de cette plante n’ont point hésité à adopter son opinion. Si l’on consi-
(1) Gette organisation se rencontre tres-souvent dans les genres Lotus et Do—
rycrnium:
242 DicoTyLEDONESs.
dére.cependant que cette prétendue stipule est souvent unique, qu’elle naît sur le
pétiole, non sur la tige , et qu’elle est aussi distinctement pétiolulée que les folioles
supérieures, on n’hésitera pas, je crois, à la considérer comme une vraie foliole,
quoïque les supérieures aient une forme un peu différente.
170. Lorus creriaus. Linn. Spec. 1091.
Ubique in arenosis maritimis Balearium. Floret Aprili, Majo.
Hab. in regno Valentino! , Andalusiä!, Barbarià (Desf.!—Viv.),
Ægypto ( Del.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith — D’Urv.),
Corsicä! , Ligurià (Viv.).
171. Lorus cornieuraTus. Linn. Spec. 1092.
Ubique in Balearibus. Floret Martio , Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà.
172. Psorarea BrTuminosa. Linn. Spec. 1057.
Ad vias in Balearibus frequens. Floret Aprili, Majo.
Hab. in Hispanià !, Gallià meridionali !, Italiä!, Archipelagi insulis
(Smith), Syrià!, Barbariä (Desf.!).
173. PsoraLea PazæsTIna. Gouan Illustr. 51.
Hab. in Palæstinà , Syrià , agro Byzantino ( DC. ).
Os. On trouve quelquefois cette plante au port Juvénal, auprès de Montpellier,
mais elle y est trop rare pour qu’on puisse la regarder comme naturalisée. Elle ne
diffère du P. bituminosa que par ses folioles oyales-oblongues dans le bas de la
plante, toujours beaucoup plus grandes, presque glabres; par ses fleurs d’un bleu
foncé ; enfin parce qu’elle ne répand pas une odeur bitumineuse aussi prononcée.
Ces caractères méritent-ils qu’on la considere comme une spèce edistincte?
174. AsrRAGALUS POTERIUM. Vahl. Symb. 1, p. 65.— Tragacantha
altera. Clus. Hist. 107.— Tragacantha altera, Poterium fortè. VW.
6°#100.1c.
In collibus aridis insulæ Majoris prope Artam , Pollensam ,
Lluch. Florebat Aprili.
Hab, in Andalusiâ prope Gades, et in regno Granatensi (Clus.).
Lrcuminosz. 243
195. ScorPrunus susvinrosa. Linn. Spec. 1050.
In agris insulæ Majoris prope Artam, necnon in Ebuso. Floret
Aprili, Majo.
Hab. in Hispaniä ! , Galliä meridionali!, Italiâ (Bert. — Savi. —
Sebast. et Maur..), Corsicâ!, insulà Astipalæä (D’Urv.), regno Aloc-
riensi ( Desf. !).
176. Asrrozosrum scorrromes. DC. Prodr. LU, p. 311. — Ornithopus
scorpioides. Linn. Spec. 1049. :
In agris inter Artam et montem Puig-Ferrutx in insulà Majore.
Florebat Aprili. c
Hab. in totâ regione mediterraneà Ægypto exceptà.
177. Hwpocreris sarearica. Jacq. Mise, 1, p. 305.-—Ic. Plant.
Rar. 1, t. 149.
In fissuris rupium montium insulæ Majoris prope Esporlas,
Lluch. , eic., frequens. Floret Aprili ; fructus maturat Junio.
178. Hierocreris unisriquosa. Linn. Spec. 1049:
In aridis Balearium frequens. Floret Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto excepta.
179. Hirrocreris ciraTa. DC. Prodr.u, p. 313:
Variat pedunculis 2-6 floris.
In aridis insulæ Majoris prope Artam, Esporlas. Floret Aprilr.
Hab. in Hispaniä!, Apuliä !, Siciliä et Tauri4 (DC. ).
180. Hepysarum sPinosissimum. Linn. Spec. 1058.
In agris insulæ Majoris prope Artam: Florebat April.
Hab. in Andalusià (Salzm.), Provincià !, agro Nicæensi (DC),
Apulià !, Aprutio!, Corsicâ!, insulà Melo! , insulâ Cypro (Smith }-
r61. CIGER ARIETINUM. Linn,, Spec. 1040:
Colitur in agris Balearium.
182. Fasa vuzcaris. Moœnch: Meth. 130.
244 DicoTyLEDONEs.
Ubique in agris Balearium cuita, cibum usitatissimum rusticis
præbet.
183. Vicra saTivA. Linn. Spec. 1037.
In sepibus insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Aprili, Majo.
Hab. in totà regione mediterranei.
184. Vicra Larayromes. Linn. Spec. 1037.
In insulâ Majore prope Valldemosam, Artam. Floret Aprili.
Hab. in Galliâ!, Italià (Bert.—Savi.—Sebast. et Maur. ), Corsicä
(Ser.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith).
185. Vicra craciis. Lois. Flor. Gall. p. 460, t. 12. — Ervum gra-
cile. DC. Cat. Hort. Monsp. p. 109. —EÆ. tetraspermum [. gracile.
Ser. in DC. Prodr. nr, p. 367.
In montibus prope Lluch, et in arenosis maritimis prope Artam
in insulà Majore. Florebat Aprili.
Hab. in Galliä! , Etruriâ (Savi), agro Romano ( Sebast. et Maur. ).
186. Pisum sarivum. Linn. Spec. 1026.
Colitur in hortis Balearium.
187. Laruyrus Apaca. Linn. Spec. 1020.
In insuläMajore frequens. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà.
188. Laravrus serirouius. Linn. spec. 1031.
In montibus insulæ Majoris prope Artam, Soller. Floret Aprili.
Hab. in Gallià meridionali!, Italiä ( Bert. — Savi. ), Græcià
(Smith).
189. LATHYRUS sATIVUS. Linn. Spec. 1020.
Colitur in hortis Balearium. \
190. Larayros cicera. Linn. Spec. 1030. — Z. dubius. Tenore !,
Cat. Sem. Ann. 1825 collect. p. 5 et 11 (ex Gay).
LEcuminosz. 245
Ia agris insulæ Majoris frequens. Florebat Martio, Aprili.
- Hab. in totä regione mediterrane4.
191. Laruvrus mrayious. Ser. in. DC. Prodr. 11, p. 374.—Vicia
bithynica. Linn.Spec. 1038.
In montibus insulæ Majoris prope Lluch frequens. Florebat
Aprili.
Hab. in Gallià meridionali !, Etrurià (Savi.), agro Romano
(Sebast. et Maur. ), Græciä (Smith), insulä Melo (d’Urv.).
192. Larayrus crymenum. Linn. Spec. 1032.
In monte Puig-de-Torrella in insulà Majore; necnon in insulâ
Minore (Æern.). Floret Aprili.
Hab. in Andalusiä (Salzm.), Gallià mediterraneä (DC.), agro
Byzantino (Smith), Barbariä ( Desf ! ).
103. Laravnus ocarus. DC. Flor. 1v, p. 578.—Pisum ochrus. Linn.
Spec. 1027.
In insulâ Minore ( Hern.).
Hab. in Occitanià et agro Nicæensi (DC.), Etruriä (Savi), agro
Romano (Sebast. et Maur.), Græcià et insulis Cretâ et Zacynto
(Smith), Barbarià !.
104. Lupnus rirsurus. Linn. spec. 1015.
In insulà Minore (Æern. ).
Hab. in Hispaniâ (DC.), Gallià meridionali !, Corsicä !, regno
Neapolitano (Tenore), Græciä, Zacynto et Archipelagi insulis
(Smith), Ægypto (Delille), regno Algeriensi ( Desf.).
195. Acacra Farnesiana. Willd.Spec. 1v, p. 1083.
Ubique in hortis Balearium culta, nunc quasi spontanea.
106. CeraroniA srciQua. Linn. Spec. 1513.— Vulgd Garrovér.
In agris Balearium, præcipuè in insulà Majore, culta.
Colitur in totà Africà septentrionali , Asià minore, agro Byzantino,
Mém. du Muséum. 1. 14. 32
246 DicoryLEDonezs.
Græcià et Archipelagi insulis (Smith), insalà Melità (Forsk.),
regno Neapolitano (Prosp. Alp.—"Tenore. ), ad littora prope por-
tum Herculis Monæci ! , in Hispanià meridionali !.
ROSACEÆ.
197. Amyeparus communis. Linn. Spec. 677.
Colitur in campis Balearium.
Colitur in totà regione mediterranei.
198. Persica vurcaris. Mill. Dict. n. 1.
Colitur in hortis Balearium.
109. ArmenrAcAa vurGaris. Lam. Dict. 1, p. 2.
Colitur in hortis Balearium.
200, Prunus spiNosa @& vulgaris. Ser. in DC. Prodr. 11, p. 532.
Ad sepes in Balearibus frequens. Floret Aprili.
Hab. in totà Europà.
B foliis synanthiis. In montibus insulæ Majoris haud rara. Floret
Aprili. Folia simul cum floribus emittit.
201. Prunus pomesrica, Linn. Spec. 680.
Colitur in hortis.
202. Cerasus suuiAana. DC. F1. Fr. 1v , p. 482.
Colitur in campis et hortis.
203. Rusus rruricosus. Linn. Spec. 707.
Ad sepes in Balearibus frequens.
Hab. in totà regione mediterraneà.
204. Fracarna vesea. Linn. Spec. 705.
In montibus insulæ Majoris. Colitur in hortis.
205. PorenTicra Reprans. Linn. Spec. 714.
Lt.
RosAcez. 247
Ad sepes et vias in insulà Majore frequens. Martio, Aprili Floret.
Hab. in totà Europä.
206. AcrimonrA EuPATORIA. Linn. Spec. 643.
Ad margines agrorum in insulà Majore. Florét Aprili, Majo.
Hab. in totà Europä.
207. Porerium sançuisorsa. Linn. Spec. 1411.
In agris insûlæ Majoris prope Valldemosam. Floret Aprili.
Hab. in totà Europä, Ægypto (Delille).
208. Rosa semrervirens. Linn. Spec. 704. — R. moschata Desf. !
Atl. 1, p. 400.—R. atrovirens. Viv. Flor. Ital. Fragm. p. 4, t. 6.
In insulà Minore. (Æern.)
Hab. in Galliâ meridionali (DC. ), Italià (Sebast. et Maur.—Viv. ),
Græcià (Smith.), Barbariä (Desf. ! ).
209. Rosa Ru»IGINOSA © sepium. Ser, in DC. Prodr. x, p. 617. —
R; sepium Thuill. Flor. Par. ed. 2, p. 252.
In aridis inter Cauviam et montem Galatzo. Florebat Majo.
210. MesriLus oxyAcANTHA War. monostyla.—Cratægus monogyna
Jacq. Austr. t. 202, f. 1. — Mespilus monogyna Smith is Græc.
Prodr. 1, p. 341.
Ad sepes in insulâ Majore frequens. Florebat Aprili.
211. Pyrus communs. Linn. Spec. 686...
Colitur in hortis.
212. Pyrus marus. Linn. Spec. 686.
Colitur in hortis.
213. Pyaus sorus. Goertn. Fruct. 11, p. 45, t. 87.
Colitur in hortis.
214. CyponrA vurcaris. Pers. Synops. 11, p. 40.
Colitur in hortis.
248 DircoryreDonezs.
MYRTACEÆ.
215. Myrrus communis. Linn. Spec. 673.
In montibus Balearium frequens.
Hab. in Provincià meridionali et agro Nicæensi (DC.), Etrurià
(Savi), agro Romano (Sebast. et Maur.), regno Neapolitano (Te-
nore ), Corsicà !, Græcià et Archipelagi insulis (Smith), Cyrenaïcâ
(Viv.), regnis Algeriensi et Tunetano ( Desf. ).
216. Puica Granarum. Linn. Spec. 676.
Ad sepes in insulà Majore. Colitur in hortis.
Hab. in totà regione mediterraneä.
SALICARIEÆ.
217. Lyrrum crærrer. Tenore! Flor. Nap. Prodr. Suppl. 2,
p- axvin. — L. acutangulum. Lag. Gen. et Spec. Nov. p. 162.
Radix annua , ramosa , fibras plurimas capillares emittens. Cau-
lis 1-2 pedalis, parm ramosus , basi subteres , supra medium angu-
losus, glaberrimus, rubellus. Folia inferiora opposita , oblongo-
elliptica, obtusa, 5-4 lineas longa, 2-2 : lineas lata; superiora
alterna, gradatim attenuata et elongata, linearia, acutiuscula; omnia
sessilia, uninervia. Flores in axillis foliorum solitarii, brevissimè
pédunculati, erecti, bracteis duabus medio pedunculo insertis , op-
positis, brevissimis, subulatis instructi. Ca/yx primüm infundibu-
liformis, demüm tubulosus, 2-3 lineas longus, 6 costatus, 12 nervosns,
12 dentatus : dentes æquales subdeltoidei; 6 (costis tubi responden-
tes) petalis oppositi, quasi exteriores ; 6 ( sulcis respondentes ) pe-
talis alterni, quasi interiores. In æstivatione dentes calycini 6 pe-
talis oppositi, erecti, 6 iisdem alterni inflexi, valvati, genitalia
foventes. Petala et filamenta replicativa. Petala 6, 3 lineas longa,
2lineas lata, summo tubo inserta, obovata, integra,unguiculata, 3-ve-
OnAGRARIÆ.—Ficoinez. 249
nia, venis duabus lateralibus vix notatis subunivenia, rosea. Sta-
. mina 12, calycis nervis ferè ad basin tubi inserta , duplici serie dis-
posita ; 6 petalisalterna superiora , petalis paulè breviora; 6iisdem
opposita inferiora , dimidio breviora, calycem vixsuperantia ; omnia
ante anthesin brevia, inclusa : filamenta filiformia, glabra : antheræ
- mediodorso insertæ, oblongæ, sub lente utrinquè emarginatæ, luteæ,
biloculares, longitudinaliter dehiscentes. Pistillum calycis fundo in-
sertum , brevissimè stipitatum, filamentis longioribus brevius, gla-
brum. Ovarium oblongo-lineare, biloculare, apice attenuatum in
stylum teretem : stigma capitatum, papillosum : Ovula plurima,
medio dissepimento affixa. Fructum non vidi. Variat calyce 10-den-
tato , petalis 5, staminibus 10.
Differt a L. kyssopifolio floribus distinctiùs pedunculatis ; den-
tibus calycinis æqualibus, non 6 (quæ petalis opposita) majori-
bus; petalis majoribus; staminibus 12, inæquaibus , 6 majoribus
exsertis , non 6 æqualibus , inclusis; stylo longiore.
A. L. flexuoso. Lag. Gen et Spec. Nov. p. 16 (ex descriptione)
videtur differre petalis obovatis integerrimis non ovatis subcordatis.
Affinior Z. acutangulo. Lag. 1. c., et fortè eadem species.
In humidis insulæ Majoris prope Artam , necnon in Ebuso. Flore-
bat Aprili, Majo.
Hab. in regno Neapolitano (Tenore !), regno Murciæ ? € Lag.).
ONAGRARIÆ.
218. Cazurricme verna. Linn. Spec. 6.
In fossis insulæ Majoris prope Artam.
Hab. in totà Europä, Barbariâ (Desf.—Schousb. ).
FICOIDEÆ.
219. MesemsryAnTHEmUM noDiFLorum. Linn. Spec. 687.
250 DicoryLEDONES.
In maritimis insulæ Minoris prope Cala Figuera ( Hern.).
Hab. in Hispaniâ meridionali! , Corsicä!, Sicilià (Ort. et Raf. ),
Græcià (Smith), insulis Lero et Melo ( D'Urv.), Ægypto ( Del. ),
Barbariä ( Desf. ! ).
GROSSULARIEÆX.
220. Rises nugrum. Linn. Spec. 200.
Colitur in hortis.
CACTI.
221. Cacrus opuxria. Linn, Spec. 669. Vulgd Figuera de Moro.
Inter rupes maritimas et ad pagos Balearium vulgatissimus.
Ia locis calidioribus regionis mediterraneæ nunC quasi spontaneus,
in Ægypto (Del.), Barbarià (Desf.), Hispaniâä meridionali!, Pro-
vincià (DC.), ad rupes prope portum Herculis Monœci (Gay), in
Ligurià ( Viv.).
Os. Les paysans des Baléares mangent volontiers les fruits de cette plante , et
n’en éprouvent ordinairement aucun mauvais effet. Des personnes dignes de foi
m'ont assuré que cette nourriture leur devenoit mortelle lorsqu'ils ayoient l'impru-
dence de boire, par dessus, une certaine quantité d’eau-de-vie, Je n’ai eu aucune
occasion de vérifier ce fait pendant mon séjour dans ce pays.
PORTULACEZÆ.
222. PorruLaca oxErAcEA. Linn. Spec. 638.
In campis insulæ Majoris haud rara.
223. Tamarix Gazzica. Linn. Spec. 386.
In maritimis prope Alcudiam , Palmam in insulä Majore ; necnon
in ins. Minore (Hern.). Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà.
PARONYGHIEÆ.—CRASSULACEÆ. 251
224. Tamarix arricana. Desf. ! Atl. 1, p. 269.
In maritimis prope Palmam, Alcudiam in insulä Majore; etiam
in Ebuso. Florebat April
Hab. in Provinciä !, Calabriä!, Natoliä prope Trapezum (D'Urv.),
Ægypto (Del.), regno Algeriensi (Desf. !).
PARONYCHIEÆ.
225. Paronvemia arGENTEA. DC. Flor. Fr. 1, p. 404.— Hiecebrum
paronychia. Linn. Spec. 229.— P. nitida Del. Flor. Ægypt. Illustr.
n. 270 (ex synon. ).
Ad vias et in sterilibus Balearium vulgatissima. Floret Martio.
Hab. in Hispaniä!, Galliâ meridionali!, Corsicâ ! , insulis Melitä
et Melo (D'Urv.), Archipelagi insulis (Smith), Syrià!, Ægypto!,
totà Barbarià (Viv.—Desf. !— Schousb. ).
226. Porxcarron TerraPuyiium. Linn. Spec. 131.
In insulà Majore prope Artam; necnon in ins. Minore ( Æern.).
Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterrane.
CRASSULACEÆ.
227. Uwsxicus renouunus. DC. Plant. Grass. t. 156.
In Balearibus frequens.
Hab. in Hispaniä !, Galliä!, Italiä !, Græciä et Archipelagi insulis
(Smith.—D'Urv.).
228. Sepun REFLExUM. Linn. Spec. 618.
In insulâ Minore ( Hern.).
229. Senuu ALTissImom. Lam. Dict. 1v, p.634.
Ad vias et muros in insulà Majore.
252 DrcoTYLEDONES.
Hab. in regno Valentino! , Ruscinonensi agro !, Occitaniâ! , Pro-
vinciâ et agro Nicæensi (DC.).
230. Semeervivum Tecrorum. Linn. Spec. 664.
In tectis et muris vetustis Alcudiæ in insulâ Majore. Florebat
Majo.
SAXIFRAGEÆ.
231. SAxIFRAGA TRIDAGTYLUTES. Linn. Spec. 578.
In Balearibus vulgatissima. Floret Martio,
Hab. in totâ Europä.
UMBELLIFERÆ.
252. Piurrezra traçium. Vill. Dauph. 11, p. 606.
Inter rupes ad apicem montis Puig-Major in insulâ Majore.
Hab. in Galliâ mediterraneâ ( DC.), Alpibus Apuanis ( Bert.),
*
233. Caærorayzzum saTIvun. Lam. Flor. Fr. ur, p. 438.
Colitur in hortis.
234. Scannix PECTEN-VENERIS. Linn. Spec. 368.
In agris insulæ Majoris et Ebusi frequens. Florebat Aprili, Majo.
Hab. in totâ regione mediterraneä , Ægypto exceptà.
235. Corranprum TEsricuLaATuM. Linn. Spec. 367.
Inter segetes Ebusi prope S. Raphael. Cum fructibus lectum Majo.
Hab. in Galliâ mediterraneà ! , agro Bysantino (Smith).
256. Siuu axcusrirozrum. Linn. Spec. 1672.
In humidis Ebusi haud rara; in insulà Minore ( Æern.). Floret
Majo.
Hab. in Gallià ! , Etrurià (Savi), Græcia ( Smith).
237. Bricnoura rasrnacærortA. Bert. Journ Bot. 1v, p. 76. — Sium
UMBELLIFERZ. 253
siculum.Linn,. Spec.362.—Ligusticum balearicum. Linn. Mant. 21 8.
Inter segetes insulæ Majoris, inter Alcudiam et Pollentiam ; in ins.
Minore (ÆHern.). Klorebat Aprili.
Hab. in Liguriä ( Bert.) , agro Romano ( Sebast. et Maur.) , Corsicà
(DC.), insulà Caprearum !, Sicilià (Ort. et Raf.— Presl.), insulà
Melo (D’Urv.), Barbarià ( Desf. !), Hispanià prope Heracleam
(Salzm.).
238. Criramum maririmum. Linn. Spec. 354.
Ad rupes maritimas prope Bañabufar in insulà Majore.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
239. Bunum reruLaceum. Smith Flor. Græc. Prodr. 1,p. 186. —
Bulbocastanum -creticum ferulæfolio semine oblongo. Tournef. !
Coroll. 21.— Bunium ferulæfolium. Desf. ! Coroll. p. 55, t. 43.—
Sium ferulæfolium. Spreng. in Rœm. et Schult. Syst. Veget. vr, p. 539.
In campis insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Aprili.
. -Hab, in insulis Cretà (Tournef.!), Cypro (Smith ), Samo (D'Urv.).
Os. Cette espece differe essentiellement du B. bulbocastanum par ses pédicelles
courts , épais, un peu en massue, non grêles et filiformes ; par ses fruits d’un tiers
plus longs, to. 23 non ellipsoides, légerement courbés en faucille, non
droits, enfin marqués de côtes beaucoup plus saillantes , séparées par de véritables
sillons qui sont à peine sensibles dans le B. bulbocastanum.
240. Aun masus. Linn. Spec. 349.
In agris insulæ Minoris prope portum Magonis. Florebat Junio.
Hab. in totà regione mediterraneà.
241. Davcus carora. Linn. Spec. 348.
Ad margines agrorum in Balearibus frequens. Floret Aprili,
Hab in totà regione mediterraneà.
242. Daucus maxmmus. Desf. ! Atl. 1, p. 241.
Ad margines agrorum in Ebuso. Florebat Majo.
Hab. in regno Algeriensi ( Desf. ! ).
Mém. du Muséum, t. 14. 33
254 DicoryLEDonezs.
Os. Cette espèce est voisine du D. Aispidus, tel qu’il croît à la Chambre d'A-
mour auprès de Biaritz; mais elle en diffère par sa taille de moitié plus élevée; par
les folioles de son involucre pinnatifides et à sept lobes, non simples et profonde-
ment tridentées au sommet ; par ses rayons beaucoup plus longs et plus étalés (ils
sont rapprochés en tête dans le D. hispidus); par ses pétales blancs non jaunes;
et par ses fruits (d’ailleurs semblables) hérissés de piquans beaucoup plus alongés.
Sprengel (In Roem. et Schult. Syst. veget. tom. vi, p. 476) rapporte, avec
doute, le D. maximus Desf. au D. gingidium qui est évidemment tres-différent
par ses feuilles luisantes et par ses folioles involucrales à lobes recourbés, non droits
et étalés.
243. Caucaus PLATYcARPOS. Gouan. Flor. Monsp. 285.
Inter segetes insulæ Majoris prope Artam. Florebat Aprili.
Hab, in Gallià meridionali!, agro Romano (Sebast. et Maur. ),
Barbarià (Desf. ).
244. CaucaLis ARVENSIS. Far. simplex.
In umbrosis montium circa Esporlas in insulà Majore. Floret Majo.
Ons. Cette variété differe de la forme ordinaire par ses tiges toujours simples et
par ses feuilles découpées en segmens plus étroits. M. Soleirol l’a observée avec
les mêmes caractères en Corse, et il ne seroït point impossible qu’elle püût être
considérée comme une espèce distincte. L'état d’imperfection du fruit, dans les
échantillons que je possède, m’empèche d'émettre aucune opinion positive à cet
égard. :
245. Caucaris nopircora. Lam. Dict. 1, p. 656. — Tordylium
nodosum. Linn. Spec. 346.— Caucalis nodosa. Huds. Angl. 114.
In agris insulæ Majoris prope castellum Belver. Florebat Majo.
Hab. in Gallià !, Græcià , agro Byzantino et insulà Cypro (Smith),
Ægypto (Del.), regno Algeriensi ( Desf. ! ), agro Tingitano
( Schousb. ).
246. Arrum GRAvEOLENS.. Linn. Spec. 339.
a. Sylvestre. — In insulà Minore (Æern.).
B. Sativum.—Colitur in hortis Balearium.
247. APIUM PETROSELINQM. Liun. Spec. 379.
Colitur in hortis Balearium.
UMBELLIFERE. 255
248. ANETHUM FOENICULUM. Linn. Spec. 337.
In collibus petrosis Balearium haud infrequens.
Hab. in totà Europà meridionali, Barbariâ (Desf. je
. 249. Suyrnium orusarrum. Linn. Spec. 376.
Ad pagos in Balearibus vulgatissimum. Floret Aprili.
Hab. in Provincià et agro Nicæensi (DC.), Græcià et insulä Cypro
(Smith), regno Algeriensi (Desf. ! ).
250. Pasrmnaca Lucipa. Linn. Mant. 58. — Gouan Illustr. P. 19,
t. XI et xII.
In montibus insulæ Majoris prope Lluch frequens ; 20 Aprilis non-
düm floruerat. In insulà Minore ( Hern.).
251. Trarsra viruosa. Linn. Spec. 375.
In montibus insulæ Majoris prope Artam; 14 Aprilis nondùm flo-
ruerat.
Hab. in Gallià mediterraneà (DC.), insulis Patmo et Cypro (Smith),
regno Algeriensi (Desf. ).
252. Taapsra caArGaniea. Linn. Mant. 57.
Ad margines agrorum in Ebuso vulgatissima. Floret Majo.
Hab. in regno Neapolitano (Tenore), Sicilià (Ort. et Raf.), Græ-
cià et Archipelagi insulis (Smith—D'Urv.), totà Barbarià ( Desf. !
— Schousb. ).
253. FeruLa comuunis. Linn. Spec. 355.
In insulà Majore prope Esporlas , necnon in Ebuso. Florebat Majo.
Hab. in Gallià mediterraneà (DC.), Ligurià (Viv.), agro Romano
(Sebast. et Maur.), Corsicà (Viv.), Sicilià (Ort. et Raf.), Græcià
(Smith), Cyrenaicà (Viv.), regno Algeriensi (Desf. ! ).
254. Burcevrum PRoTRAcTONM. Link. Flor. Port. n1, p. 387.— B. su-
bovatum. Link. in Spreng. Umbell. 365.— B. rotundifolium a.
Desf. ! Atl. 1, p. 229.— B. rotundifolium R. intermedium. Lois.
33*
256 DrcoTYLEDONES.
Not. p. 45. — B. rotundifolium 7. lanceolatum. Desv. in Journ.
Bot. 11, p. 315. — B. granulatum. Gaud. ! in litt. ad Gay.
Differt à B. rotundifolio foliis oblongis , acutis , pallidius viren-
tibus ; umbellis 3 nec 5 radiatis; floribus aureis; seminibus verru-
cosis (Gaud. in litt.).
Inter segetes Ebusi frequens. Florebat Majo.
Hab. in Andegavià ! , Pictaviensi agro! , Occitanià ! , Provincià et
agro Nicæensi (DC.), Calabrià !, insulis Melitä et Melo (D’Urv. ),
Ægypto (Willd.), Barbariä ( Desf. ! ), Lusitaniä (Link. ).
255. Burzevrum ARISTATUM. Bartl. in Reichenb. Inconogr. Bot. 11,
p- 70, t. 178.— B. odontites auctorum non Linn.
Ad apicem montis Galatzo inter rupes. Florebat Majo.
Hab. in Pictaviensi agro !, Occitanià !, agro Parmensi!, Calabrià!.
256. Exvynerum martrimum. Linn. Spec. 337.
In areuosis maritimis insulæ Majoris.
Hab. in totà regione mediterraneà.
267. EnynGrum camresrre. Linn. Spec. 337.
Ad vias in insulis Majore et Minore.
Hab. in Hispanià !, Gallià !, Italià!, Græcià et Archipelagi insulis
(Smith), Barbarià prope Tingidem (Schousb. ).
CAPRIFOLIACEXÆ.
258. Lonicera rmpexa a. Viv. Flor. Cors. Spec. 4.— Z. implexa.
Ait. Hort. Kew.
Ad sepes in insulà Majore prope Soller , Incam , Artam ; etiam in
ins. Minore (ZZern.).Floret Majo.
8. Viv.l.c. — L. balearica. DC. Flor. Fr. Suppl. 499.—Z. ca-
prifolium. Desf. ! Atl.r p. 165.
In sepibus Ebusi prope $. Eulaliam. Florehat Majo.
Hab. Var. &. in Corsicà et prope Genuam (Viv.); 8. in Atiante
Li
CapPriroriAcex.—Rugsracez. 257
(Desfs!), Pyrenæis orientalibus (DC. 2 agro Narbonnensi \ Benth. ),
Corsicà et propè Genuam (Viv.). %
‘ HA Viscum arsom. Linn. Spec. 1451.
Ad arbores in montibus insulæ Majoris.
Hab. in Gallià !, Italià, Sicilià (Ort. et Raf.), Græcià (Smith.).
260. Visurnuu rs. Lüinn. Spec. 383.
la montibus insulæ Majoris vulgatissimum. Floret Martio.
. Hab. in Gallià meridionali!, agro Romano ( Sebast. et Maur.), re-
gno Neapolitano (Tenore), regno Algeriensi (Desf. !), agro Tingi-
tano (Schousb. ).
261. Samsucus ssuzus. Linn. Spec. 385.
In Balearibus frequens.
Hab. in Hispanià ! , Gallià !, Italià (Sebast. et Maur. — Tenore),
Græcià (Smith), agro Tingitano (Schousb.).
262. Henera meuix. Linn. Spec. 292.
Ad muros et truncos vetustos in Balearibus frequens.
Hab. in Hispanià !, Gallià ! , Italià (Bert.— Sebast. et Maur. —
-Tenore ), insulà Melità (Forsk.), Græcià, (Smith).
:RUBIACEÆ.
263. SHERARDIA ARVENSIS. Linn. Spec. 149.
In agris Balearium vulgatissima. Floret Martio.
Hab. in totà Europà , Syrià ! , Barbarià (Desf. F}
264. AsPeruLA ARVENSIS. Linn. Spec. 150.
In agris Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in Hispanià !, Gallià !, Italià (Savi.— Sebast. et Maur. —
Tenore), Græcià (Smith).
265. AsPeruLa cynancuica. Linn. Spec. 151.
In aridis Ebusi frequens. Florebat Majo.
258 DrcoTyLEDONES. ;
Hab. in Hispanià !, Galliä!, Italià (Bert. — Savi. —Sebast. et
Maur.—Tenore), Græcià (Smith). ha: -
266. Garrom tucrum. All. Pedem. 1, p. 5,t. 77, f. 2. ce M
In fissuris rupium montium insulæ Majoris prope Esporlas.”
Hab. in Pedemontio (AlL.), prope Genuam et in Alpibus Apuanis
(Bert.), agro Romano (Sebast. et Maur.), Barbarià ( Desf. !).
267. Gariom cmNerEuM. All. Pedem. 1, p. 6, t. 77, f. 4.
In insulà Majore ad apicem montis Galatzo inter rupes. Florebat
Majo.
Hab. in Pedemontio et Vellesià inferiore ( All. — DC. ).
268. Garium axcuicum. Huds. Angl. Go.
Cum præcedente. Florebat Majo.
269. Gazrum rricorne. With. Brit. ed. 2, p. 153.
In agris insulæ Majoris prope Valldemosam, et in Ebuso. Floret
Aprili.
Hab. in Gallià !, Græciäet Archipelagi insulis (Smith).
270. GaLruM sAccnarATUM. All. Pedem. n. 39.
Ju agris Balearium vulgatissima. Floret Martio.
271. Gatum murate. All. Pedem. n. 34, t. 77, f. 1.— Sherardia
muralis. Linn. Spec. 149.
Ad rupes in Ebuso circa Sy Inès. Florebat Majo.
Hab. in Provinciæ locis calidioribus (DC. ), agro Nicæensi ({AIL.),
prope Romam (Sebast. et Maur. ).
272. Vazantia murauis. Linn. Spec. 1490.
Inter rupes insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Martio.
Hab. in Hispanià !, Gallià mediterraneà !, Corsicà!, Etruriä (Savi),
agro Romano (Sebast. et Maur. ), Græcià (Smith).
273. Varanria mispina. Linn. Spec. 1490.
In insulà Majore prope Artam. Florebat Aprili.
RUBIAGEZÆ., 259
Hab. in Hispanià meridionali !, reguo Algeriensi (Desf. !), Cy-
renaicà (Viv.), Ægypto (Del.), Cretà (Smith), insulis Melo et
Lero (D’Urv.).
274. RuBrA TNcTORUM. — À. tinctorum., .Peregrina, lucida, an-
gustifolia. Linn. et auct.
Ubique in sterilibus Balearium. Floret April.
Hab. in totà regione mediterraneà.
r
Oss. Linné a le premier distingué les diverses formes de la garence ordinaire
comme autant d'espèces , et son exemple a été suivi par-les auteurs qui ont traité
depuis lui de ces plantes ; sans qu'aucun d'eux ait motivé cette distinction sur des
caractères de quelque valeur. Le R: tinctorum.esticensé avoir des feuilles annuelles;
les À. peregrina et lucida ne different l’un de l’autre que parce que, dans le
second les feuilles sont dépourvues, sur leur nervure, des petites dents crochues que
l’on trouve sur leur bord et sur les angles de la.tige.. Mais si nous examinons ces
formes avec un peu.plus de sévérité, nous ne tarderons pas à nous convaincre de
la nécessité de les réunir. En effet , le R. tinctorum n’a point toujours des feuilles
annuelles ; il peut présenter constamment ce caractère dans le nord de l’Europe , où
la rigueur des hivers est plus sensible, maïs dans les climats plus secs et plus chauds,
tels que ceux dont nous nous occupons , ses feuilles sont d’ordinaire persistantes , et,
dans cet état, il est impossible de le distinguer des R. peregrina et lucida. Quelque-
fois les feuilles de cette plante sont munies sur leurs bords et sur leur nervure
de petites dents crochues, c’est alors le RÀ. peregrinu de Linné; mais on trouve
souvent sur le même pied des rameaux portant des feuilles dépourvues.de dents,
soit sur leur nervure , soit sur leur bord , et présentant, par conséquent, les carac-
tères du À. lucida. On n’est pas plus heureux en cherchant à distinguer ces formes
par le nombre des feuilles à chaque verticelle , il varie sur la même‘tige de trois à
six; enfin les fleurs ne présentent aucune différence. Ces considérations'ont déter-
miné M. Gay à réunir ces trois espèces dans son herbier. Je crois pouvoir leur
joindre le À. angustifolia Linn., que j'ai cueilli dans les rochers au sommet du
Mont Galatso dans l’île de Majorque , qui ne diffère des formes dont je viens de
parler, que par son aspect cendré non luisant, par ses feuilles plus étroites, munies
de dents proportionniellementplus grandes; maisitels sontiles nombreux-pañsages
que j'ai observés entre toutes, ces plantes , qu’il, m'est ämpossible,de les distinguer
même comme variétés.
260 DicoTYLEDONES.
VALERIANEÆ.
275. CenrranTHUs cazciTrapa. Dufr. Dissert. p. 39.
Ubique ad muros Balearium. Floret Martio.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
276. Fenia cornu-cor1x. Gœrtn. Fruct. 1, p. 36,t. 86, f. 3.
Ad margines agrorum prope Palmam in insulà Majore. Floret
Martio.
Hab. in Andalusià (Salzm.), agro Nicæensi (DC.), Apuliä , Cala-
brià et insulà Caprearum (Tenore), Sicilià (Ortol. et Raf.), insulä
Melità (D’Urv.), agro Byzantino (Smith), Cyrenaicà (Viv.), Bar-
barià (Desf. ! — Schousb. ).
277. VALERIANELLA corONATA. DC. Flor. Fr. 1v, p. 241.
In agris insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Aprili ; fructus
maturat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà.
GLOBULARIEÆ.
278. GLosuLaniA spinosA 8. Nob. Monogr. Glob. in Ann. Sc. Nat.1x,
P- 24-
Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Esporlas, Lluch., etc.
Floret Majo.
279. GLoBurarrA ALYPUM. Linn. Spec. 139.
In collibus petrosis insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Aprili,
Majo.
Hab. in totà regione mediterraneä. Occidentem versus usquè in
Maderam (ex ore clar. Martii), et ad Orientem usquè in Persiam !
progreditur.
_—
#
1 Fo
DipsacezÆ. —SYNANTHEREZÆ. 261
me." x x
un bios
280. ScasiosA creTicA. Linn. Spec. 145.
Ad rupes maritimas insulæ Majoris prope Bañabufar.
Hab. ad PromentosEn vulgù Cap de l’Armi in parte extremà
meridionali Calabriæ ! !, in Sicilià !, Cretà !.
281. Scasrosa corumsarrA. Par. maritima. Nob.— S. maritima.
Linn. AmoϾn. Bot. 1v, p. 304 et auct.
_ In Balearibus vulgatissima. Floret Aprili, Majo.
Var. triflora. Nob.
In sterilibus insulæ Majoris prope Incam. Floret Majo.
Os. Peu de plantes varient plus que la Scabieuse colombaire : tantôt elle est
presque glabre , ses feuilles radicales sont spatulées, dentées, les supérieures sont
simplemeut pinnatifides : les auteurs lui donnent alors le nom de $. columbaria.
Tantôt elle est pubescente, sa couleur est cendrée, ses feuilles radicales sont encore
spatulées, mais les supérieures sont deux fois pinnatifides et découpées à lobes li-
néaires : cette forme a reçu le nom de S$. gramantia. Tantôt enfin les feuilles radi-
Cales sont elles-mêmes pinnatifides , et ne différent plus des supérieures qu’en ce que
leurs segmens sont moins étroits : c’est à cette dérnière variété que l’on a donné le
nom de S. maritima. J'ai observé dans les lieux incultes aupres d’Inca une troi-
sième forme qui est exactement au S. columbaria ordinaire ce que le S. collina
Req. est au S. arvensis. Une tige d’un pied au plus émet au-dessous du milieu
deux rameaux divergens , terminés par un seul capitule de fleurs, presque aussi
- longs que la tige, qui ne porte elle-même qu’une seule tête. Je n’ai point hésité à
8s 5e P q P
ranger cette variété à côté de la Scabieuse colombäire dont elle présente tous les
autres caracteres.
SYNANTHEREZÆ.
282. Ruacaprorus #vuuis. Gœrtn. Fruct. n ; p.354. Lapsanà rha-
gadiolus. Linn. Spec. 1141. 2
In montibus prope Lluch, et ad littora maris prope Bañabufar.
Floret Aprili.
Hab. in Andalusià ! , Provincià (DC.), regno Neapolitano !, in-
sulà Cypro (Smith).
Mém. du Muséum. 1. 14. 34
262 DicorYLeDoneEs. C
263. Prexanres suzsosa. DC. Flor. Fr. 1v, p. 7. ri Riel
bulbosum. Willd. Spec. 1x, p. 1562. COUT. stoloniferum. Viv. Flor.
Fragm. p. 17, t. 20.
Ad sepes in Ebuso frequens. Floret primo vere.
Hab. in Occitanià et Provincià ( DC.) , agro Nicæensi (AIl.), Li-
gurià orientali (Viv.), reguo Neapolitano (Tenore), Istrià ( Zanni-
chelli), Ægypto (Del.), regno Algeriensi ( Desf.).
284. Lacruca sativa. Linn. FE 1118.
Coliturin hortis.
265. Lacruca virosa, Linn. Spec. 1110.
Ad sepes insulæ Majoris prope Esporlas.
Hab. in Gallià !, agro Byzantino ( Smith ), Ægypto (Del. ).
286. Lacruca spinosa. Lam. Dict. 117, p. 408.
Inter rupes maritimas ad ingressum speluncæ La Cueva de la
Ermita, prope Artam in insulà Majore.
Hab. in Hispaniàä meridionali, prope Carthaginem novam ! , Bar-
barià prope Mascar ( Desf. ! ). &:
287. Suncuus Tenerrimus. Linn. Spec. 1117.
In agris prope Valldemosam in insulà Majore. Floret Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä.
288. Suncaus asrer. Vill. Dauph. 11, p. 158.— S. oleraceus {.
DC. Flor. Fr. 1v , p. 13. — 58. fallax. Wall. Sched. Crit. p. 432.
In arenosis insulæ Majoris prope Artam. Floret Aprili.
289. SuNCHUS OLERACEUS. Linn. Spec. 116. —S. oleraceus «. DC.
Flor. Fr. 1v, p. 13.
In agris circa Valldemosam in insulà Majore. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà.
290. Picrmium vureare. Desf. ! Atl. x, p. 211.—Sonchus picroides.
Lam. Dict. ur, p. 398.
ALT r . ä ï
u SYNANTHEREZ. 263
je ris et sterilibus Balearium frequens. Floret Martio , Aprili.
fa in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptä.
. *
201. Picrmium miverranow. Desf. ! Atl. n, P- 220. —Scorzonera tin-
gitana. Linn. Spec. ni14. — Sunchus tingitanus. Lam. Dict. mm,
P- 570.
In arenosis maritimis insulæ Mai oris prope Artam , Soller et Ebusi
prope S. Eulaliam. Floret Aprili, Majo.
Hab. in Andalusiä !, Barbarià !, Ægypto (Del.), Natolià et in-
sulà Cypro (Smith).
292. Hyeracruu Triasir. Nob.
Radix perennis, crassiuscula, fusca , obliqua. Caulis 6-12 un-
cias longus, adscendens, simpliciusculus , obtusè angulatus , flexuo-
sus, virescens , villis crispis densiusculis basi vestitus, supra
medium glabriusculus , ad ramorum et pedunculorum exortum .
miÿeo-lanatus. Folia dentata, dentibus acutis, retroflexis, remotius-
culis, ciliata, utrinquè præsertim dorso pilis longiusculis inspersa ;
radicalia spathulata , apice obtusissima, dimidium caulem æquan-
tia, 3-6 uncias longa , 1 :-2 uncias lata, in petiolum attenuata ;
caulina sessilia, inferiore majore , ovato-oblongo vel spathulato , su-
perioribus minimis, lineari-lanceolatis, subulatis. Æores paniculati,
paniculà simplici, pauciflorä (5-8 flora). Pedicelli tomentosi. Involu-
crum campanulatum. “Squamæ erectæ , duplici ordine imbricatæ ,
omnes dorso tomentosæ; 6-8 exteriores lineari-lanceolatæ , angus-
tissimæ , setis 6-8 subulatis, longissimis, remotis ciliatæ ; interiores
plures , paul longiores et latiores , margine nudæ', dorso secundum
lineam mediam pilis uniseriatis hispidæ, subulatis, longiusculis, re-
motiusculis. Receptaculum villosiusculum. Zigulæ aureæ, 6 lineas
longæ , involucrum superantes , limbo sublineari , apice 5-dentato.
Pappus simplex , sub lente denticulatus, ligulis dimidid brevior.
In fissuris rupium montis qui ville D;. Trias imminet, prope
Esporlas, in insulà Majore. Floret Majo.
34*
E ”
204 . DicoryLEDONES.
Hauc speciem dixi in honorem elarissimi Trias, insulæ Majoris
incolæ, botanices curiosi ; qui plantas Balearicas benè multas com-
municavit, et in plantis circa Esporlas perquirendis mihi benevolum
ducem se præbuit. ’ | #1
Oss. J’aurois desiré établir cette espece d’une maniere plus sévere, en la distin-
guant de celles qui ont avec elle quelque rapport ; mais ces recherches deviennent
extrêmement difficiles dans un genre aussi peu connu. Tout ce que je puis en dire,
c’est que je n’ai rien trouvé , dans les auteurs, qui pût s’y rapporter ; et qu'après
avoir parcouru les herbiers du Muséum, de MM. de Jussieu , Desfontaines, Deles-
sert, Richard, et la riche collection de M. Gay, qui est, sans contredit, la plus
nombreuse en Hreracium , je n’ai rien trouvé qui pat lui être compare.
N
2053. Crepis vesicarra. Linn. Spec. 1132.
Ad margines agrorum in insulà Majore prope castellum Belver.
Florebat Martio. :
Hab. in agro Neapolitano ! , Calabrià ! , agro Bysantino (D’Urv.),
Cretà !. 3
294. Barkaausta Taraxacrroua. Thuill. Flor, Paris , ed. 2, x,
P-409-
In agris prope Valldemosam in insulà Majore. Florebat Aprili.
Ë
205. Hvosemis râpraTa. Linn. Spec. 1157.
In collibus aridis prope Palmam, Artam in insulà Majore. Floret
Martio, April.
Hab. in totà regionemediterraneà, Ægypto exceptà.
206. Hvoseris scagrae Linn. Spec. 1138.
Ubique in aridis insulæ Majoris. Floret Martio.
Hab. in Occitanià !, agro Nicæensi ( DC.) , regno Neapolitano!,
insulà Melità (D’Urv. ), Cretà ! , Barbarià ( Desf. !).
297. Hyosenis menyrnois à. Caule diffuso, calycibus fructigeris
glabris. Sebast. et Maur. Flor. Rom. Prodr. 275. — H. hedypnois.
Linn. Spec. 1158.— Hedypnois monspeliensis. Willd. Spec. 1616.
In aridis insulæ Majoris prope Artam, Lluch. Florebat Aprili.
SYNANTHEREÆ | 265
B. Caule erectiseulo > TAOSO ; calycibus fructigeris totis hirtis
. Sebast. et Maur., L c.— 71. rhagadioloides. Linn. : Spec. 1139 2.
‘In aridis circa Artam in insulà Majore, necnon in Ebuso prope
S.Œulaliam. Florebat Aprili, Majo. #
LA Caule érectiusculo, ramoso, calycibus fructigeris, costä PEto-
scabris. Sebast. et Maur. , L. c. — 1. cretica. Linn. Spec. 1139?
In aridis insulæ Majoris prope Palmam, Alcudiam, etiam in Ebuso
circa S. Eulaliam. Florebat Aprili , Majo. .:
:
Oss. Cette ‘espèce est commune dans la région méditerranéenne. Il est très-
probable qu’on doit lui rapporter les Æ. rhagadioloïdes et cretica de Linné et des
- auteurs; les formes quesj’ai observées dans les herbiers sou$ ces noms, et que j'ai
recueillies soit dans le midi de la France , soit dans les Baléares, pouvant à peine
en être distinguées comme variétés. Les auteurs de la Flore de Rome et M. Ber-
toloni ont déjà proposé cette réunion qui, je pense, mérite d’être adoptée. L’He-
’ dypnois tubæformis. Tenore (Flor. Nap. u, p. 173, t: re doit être rapportée
à not e variété «, ;
. 298. Seniora æranensis. Linn. Spec. 1130.
In aridis prope montem Galatzo, necnon inter rupes maritimas
. Alcudiæ in insulà Majore. F loret Aprili, Majo.
-Hab. in agro Nicæensi (DC.), prope Genuam (Bert. )> in Etrurià
(Savi), Corsicä!, regno Neapolitano!, Græcià (Smith), Cretà ! !,
regno Algeriensi ( Desf. !). .
209. Tarincra rugerosa. DC. Flor. Fr. 1v, p- 52°
In aridis et ad margines agrorum in Balearibus frequens. Florebat
Martio. °
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä.
300. Tarincra mirTA. Roth. Cat. Bot. 1, p. 08.
In arenosis maritimis insulæ Majoris prope Artam. Florebat Aprili.
Hab. in Galliä !, Italià ( Bert.—Savi. — Sebast. et Maur.) , Græ-
cià (Smith).
3o1. UrosrermuM pALecHameli. Desf. Cat. 90.
266 Dicoryreponrss.
Ad vias in Balearibus frequens. Florebat Aprilit #
Hab. in Gallià meridionali!, Italià (Bert. — Savi. :: Été et
Maur.) , Archipelagi insulis (Smith), Barbarià ( Desf. ).
302. UrosPermum ricroipes &. DC. Cat. Hort. Monsp. 69. — U. pi-
croides. Desf. Cat. 90 et auct. u
In arenosis maritimis insulæ Majoris propeArtam. Florebat Aprili.
B. Urosp. picroid. DC. Cat. Hort. Monsp. 69. — U. asperum.
DC. Flor. Fr. 1v , p. 63.
Inter rupes maritimas S. Eulaliæ in Ebuso. Florebat Majo.
Hab. «. in totà regione mediterraneà ; . in Gallià Le cg
Natolià (Smith ).
303. Crcaorium ivrygus. Linn. Spec. 1142.
Ad margines agrorum in Balearibus. Florebat Aprili , Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà.
304. Cicmorrum Enpivia. Linn. Spec. 1142.
Colitur in hortis.
305. Scorymus æispanicus. Linn. Spec. 1143.
Ad vias in Balearibus. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà.
306. Carraamus cæruLeus. Linn. Spec. 1163.
Inter segetes insulæ Majoris prope Esporlas ( Trias), et in Ebuso
circa S. Inès. Florebat Majo. À
- Hab. :n Hispanià meridionali !, regno Algeriensi (Desf. ! ), Cre-
tà!, Peloponneso et Sicilià (Smith), Calabrià !, Corsica! , agro
Romano (Sebast. et Maur. ).
307. Carouus marranus. Linn. Spec. 1158,
Ad vias in Balearibus. Florebat Aprili.
308. Caruus PxeNoceræaLus. Linn. Spec. 1151.
ie.
Li
SYNANTHEREE. °67
Ad margines ag agrorum in insulà Majore p prope Paper Alcudiam.
Florebat Aprili, Majo. LU PL TR PONT.
Hab. in Gallià ! > Italià CRE —Sebast. et Maur.).
809. Cexraurea crura. Linn. Spec. 1285.
.In agris insulæ Majoris prope Cauviam. Florebat Majo.
Hab. in Barbariä ( Desf. ! ), Cretä (Smith ), insulà Melo! , Sicilià
(Biv. Bern.), agro Romano (Sebast. et Maur.), Valesiä!, Galliâ
mediterranei !; ad sepléhtrionem usquè in Hungriam ! et Georgiam !
progreditur. f
+
310. Cenraurea seera. Linn. Spec. 1206.
In agris Ebusi frequens. Floret Majo.
Hab. in Barbariä (Desf. ), Galliâ mediterraned ! , agro Genuensi
Bert. ).
311. CENTAUREA CALCITRAPA. Linn. Spec. 1297.
. Ubiquè ad vias in Balearibus. F
Hab. in totà regione mediterraneà.
C4
312. Cenraurea LanaTa. DC. Flor. Fr. 1v, p. 102.— Carthamus la-
natus. Linn. Spec. 1163.
Ad vias in Balearibus haud rara.
Hab. in Hispanià !, Gallià !, Græcià, Archipelagi insulis et Cretà
(Smith ).
315. Cenraurea Apura. Lam. Dict. 1, p. 674.
- In insulà Majore ( Trias).
Hab. in Barbarià (Desf.), Gallià mediterraneà !, Corsicä ! , regno
Neapolitano L— (1).
(1) J’ai recueilli dans les montagnes voisines d’Esporlas une Céntaurée très-
voisine des C. orientalis et arachnoïdea ; mais les échantillons que j'ai rencontrés
portoient encore les tiges et le reste des fleurs de l’année précédente, et étoient par
conséquent trop incomplets pour que je pusse la déterminer d’une maniere cer-
268 Dicoryrenones.
314. CINARA GARDUNCULUS. Linn. Spec. 1159.
Colitur in hortis Balearium. LAET
315. Ciara scozvmus. Linn. Spec. 1159.
Colitur cum præcedente.
316. Leuzea comrera. DC. Flor. Fr.1v, p. 109.— Centaurea coni-
fera. Linn. Spec. 1240. .
In aridis insulæ Majoris prope Esporlas. Florebat Majo.
Hab. in Hispanià , Gallià mediterraneà Ps !, Sicilià (Biv.
Bern. ), regno Aloeriensi ( Desf. ! ).
317. Garacrites romenrosa. Moench. Meth. 558.
Ad margines agrorum prope Valldemosam in insulà Majore. Flo-
rebat ren
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
318. Carzina LanarA. Linn. Spec. 1160.
Ad vias in insulà Minore ( Æern.).
Hab. in totà regione mediterraneà.
319. CARLINA CORYMBOSA. Linn. Spec. 1160.
Ad vias in insulà Majore.
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptà.
320. ATRACTYLIS CANGELLATA. Linn. Spec. 1 162.
laine. Je crois cependant utile de décrire les exemplaires que j'ai sous les yeux,
afin d'appeler sur cette belle espèce l'attention des voyageurs qui me succéderont.
Caulis pedalis et ultrà , simplex, striatus, glaber , basi fruticulosus, apice her-
baceus. Folia inferiora fasciculata, obovato-lanceolata , in petiolum attenuata,
pinnatifida , segmentis apice mucronatis, 1-2 uncias longa, 3-B lineas lata ; supe-
riora alterna , pinnatisecta , lobis linearibus, acutis; omnia glaberrima. Fos $oli-
tarius , terminalis. Involucrum oblongum , campanulatum , 8 lineas longum , 5 li-
neas latum, foliolis oyatis, acutis, glaberrimis, margine scariosis , integris vel
serrulatis, apice ciliatis ; ciliis 5-9 longiusculis.
Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Esporlas. Lecta 26 Marti.
Zom..14.
HELICHRYSUM LAMARCEÆAII. Noë.
Tab. Le
+.
. -SYNANTHERE&. 269
In petrosis prope castellum Belver in insulâ Majore. Florebat Majo.
Hab. in totà Barbarià !, insulà Astipalæà (D'Urv.), insulis Rhodo,
Cypro et Cretà, agroque Argolico ( Smith) , Sicilià!,Calabrià! , agro
Nicæensi !, Provincià! , Occitanià et Ruscinonensi agro ( DC.) , regno
Valentino! , Andalusià !.
321. Hericurysum Lamarcxn-: caule basi incrassato, subherbaceo,
fragili , tomentoso; foliis crassis, spathulatis, utrinquè niveo-to-
mentosis; capitulis corymbosis , corymbo composito. Nob. Tab. 7.
Gnaphalium crassifolium. Lam. ! Dict.u, p. 746 (ex Herb. Desf.),
non Linn. — G. ambiguum. Pers. Synops. 11, p. 417.
Caulis herbaceus , sesquipedalis, basi incrassatus , fragilis,
- tomento niveo densissimo tectus. Rami ex eodem trunco basilari plu-
Émis n :
rimi, alterni, nonnihil inclinati seu curvati. Folia crassa , utrinquè
niveo-tomentosa, obsoletè uninervia ; inferiora congesta, spathulata,
in petiolum attenuata, 1 :-2 uncias longa , 4-5 lineas lata , marcida
margine subtüs revoluta , recentia plana ; superiora (caulina) re-
mota, sublinearia, gradatim breviora, summa brevissima. Capitula
terminalia , corymbosa, corymbo denso composito. Pedicelli brevis-
simi , lineam longi , tomentosi. Znvolucrum campanulatum , 2 ? li-
neas longum, 2 lineas latum , squamis imbricatis, aureis, lævibus,
lucidis, concavis, ovato-oblongis, obtusis, omnibus apice erosis.
Flosculi flavi, involucrum subæquantes , quinque dentati, dentibus
acutis; centrales circiter 60, hermaphroditi, tubo infundibulifor-
mi; marginales 12-15, feminei, tubo cylindraceo. Receptaculum
nudum. Pappus simplex , denticulatus, flosculos vix superans. Fruc-
tum non vidi. : à
Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Esporlas, Lluch.
Floret Majo.
Oss. Cette espece a été long-temps cultivée au Jardin des Plantes, mais on
ignoroit son origine. Son introduction en France est probablement due à Antoine
Richard , qui l'aura rapportée lors de son voyage aux Baléares; je ne puis cepen-
dant rien affirmer à cet égard , l'ayant cherchée en vain dans l’herbier de ce voya-
Mém. du Muséum , À. 14. . 35
270 DircoTyLEDONESs.
geur. Les espèces connues dont elle se rapproche le plus sont les Helichrysum
orientale et lavandulæfolium(Gnaphalium orientale et lavandulæfolium. Willd.) ;
mais elle s’en distingue facilement par sa tige tres-fragile, couverte d’un coton
beaucoup plus épais; par ses feuilles inférieures plus larges, épaisses et cou+
vertes sur leurs deux faces d’un duvet cotonneux tres-serré, couleur de neïge ; par
celles de la tige plus étroites, plus courtes et moins nombreuses; enfin par ses
fleurs plus petites et d'un jaune plus foncé. Adoptant avec MM. De Candolle et
de Cassini , le genre Helicrysum tel qu’il a été proposé par Gærtner , et changeant
par conséquent le nom générique de cette plante , j'ai cru devoir remplacer le nom
spécifique d’ambiguum (Pers.), qui ne peut convenir à une espèce dont les carac-
tères sont aussi remarquables , par celui de Lamarckür , afin de rappeler que M. de
Lamarck est le premier qui l’a décrite.
Expl. tab. VII. 1 Capitulum.— 2 Idem longitudinaliter sectum.— 3 Flosculus
hermaphroditus. — 4 Idem femineus.
322. HericurysuM FONTANESII : caule suffruticoso, tomentoso; ramis
ternatis; foliis angustissimis, linearibus, in petiolum attenuatis,
utrinquè, præsertim dorso, incano-tomentosis; capitulis corymbosis,
corymbo composito. Nob. Tab. 8.
Gnaphalium stæchas (8. inodorum. Desf. ! At]. 1, p. 266. — An
G. rupestre. Raf. Préc. Découv. Somiol. p. 42?
Caulis pedalis et ultrà , incano-tomentosus, basi lignosus, ibidem
veterum foliorum cicatricibus exasperatus. Rarmni ternati, novelli
curvati aut subflexuosi, erecti. Folia linearia , in petiolum attenuata,
unciam et dimidiam longa, lineam lata, utrinquè , præsertim sub-
tùs, incano-tomentosa, uninervia ; inferiora congesta , imbricata ,
margine revoluta ; superiora plana. Capitulaterminalia , corymbosa,
corymbo denso composito; pedicellis brevissimis , tomentosis. Zn-
volucrum junius ovoideum oblongum ; florens campanulatum , 3 : li-
neas longum , 2 lineas latum ; squamis aureis, imbricatis lævibus,
lucidis , lanceolato-oblongis , acutis. Flosculi et pappus ut in præ-
cedente. Fructum non vidi.
In fissuris rupium montis Puig-de-Torrella in insulà Majore. Flo-
rebat Majo.
Tab.8. ZELICHRYSUM FONTANE SIL. Nob.
SYNANTHEREÆ. 271
À præcedente differt caule basi solido; rigido et verè lignoso,
non subherbaceo fragili ; ramis ternatis, non alternis; foliis linea-
_ribus, tenuibus , tomentosis , tomento sordidè albo , non spathulatis
utrinquè niveo-tomentosis crassis; capitulis longioribus ; squamis
involucri lanceolato-oblongis, acutis, integris, non ovato-oblongis
obtusis erosis.
Oss. Je donne à cette plante le nom d’Helichrysum Fontanesii en l'honneur de
M. Desfontaines qui l’a découverte dans le royaume d’Alger. Son port, sa tige
ligneuse, ses longues feuilles, ses fleurs plus grandes la distinguent au premier
aspect de l'A. Siæchas. On peut ajouter que le Stæchas exhale dans toutes ses
parties une odeur aromatique assez prononcée, tandis que le Fontanesii est abso-
lument inodore.
*Expl. tab. VIIL. 1 Capitulum.— 2 Idem longitudinaliter sectum.—3 Flosculus
hermaphroditus. — 4 Idem femineus.
323. Hexicurysum Decumsens : caule suffruticoso, decumbente, to-
mentoso ; ramis subternatis ; foliis linearibus, tomentosis, margine
revolutis, marcidis subteretibus ; capitulis corymbosis, corymbo
conglobato. Nob.
Gnaphalium decumbens. Lag.! Nov. Gen. et Spec. p. 28, n. 357,
(ex Herb. Desf.).
Caulis 4-8 uncias longus, suffruticosus, decumbens, ramosus,
ramis incano-tomentosis, subternatis. Folia alterna, ad basin ra-
morum subimbricata, linearia, margine revoluta, demüm subteretia,
tomentosa , facie virentia, dorso (tomento densiore) albida, 4-5 li-
neas longa, dimidiam lineam lata. Capitula terminalia , corymbosa,
corymbo parvulo, conglobato. Znvolucrum ovoideum , aureum,
squamis lævibus, lucidis , oblongo-lanceolatis, acutis. Æosculi in-
volucro paul breviores ; marginales (ex clar. Lag. 1. c.)limbo tri-
quadrifido, feminei.
Ad. H. Fontanesianum ramis iernatis et involucrorum formâ
accedit, sed ab illo longè recedere videtur caule humiliore, foliis
minimis, dembm subteretibus, corymbis parvulis conglobatis. Vix
35 *
27 DrcoTYLEDONES.
ab A. Stœchade distinctum, nisi habitu, ramis decumbentibus,
foliis inodoris, subteretibus, crassiusculis. An species distincta ?.
Inter rupes maritimas Alcudiæ in insulâ Majore. Aprili Majoque,
floret.
Os. M. Lagasca indique cette plante sur les bords de la mer aupres de Malaga
en Andalousie, à la Fuen-Santa dans le royaume de Murcie, et au pied du mont
Urchillo près d’Orihuela dans le royaume de Valence.
J'ai trouvé dans les sables maritimes d’Artà un Helichrysum , d’ailleurs sem-
blable au decumbens , mais beaucoup plus rabougri, à rameaux beaucoup plus
courts, plus serrés, et dont le feuillage est positivement odorant. Je n'ose le
proposer comme une espèce distincte , et tout ce que je puis en dire, c’est que par
un de ses caractères (l’odeur) il tend à réunir les A. Stæchas et decumbens.
324. Herromrvsum sroroas. DC. Flor. Fr. 1v, p. 132. Gnapha-
lium Stœchas. Linn. Spec. 1193.
In aridis et maritimis Balearium frequens. Floret Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà.
325. Herrcurysum micropPayiizum : caule fruticoso, erécto, ramo-
sissimo ; foliis minimis, lineari-lanceolatis, margine revolutis , fa-
cie villoso-tomentosis, dorso glaberrimis ; capitulis corymbosis, sub-
umbellatis , corymbis 6-8-floris. Nob.
Elichrysum creticum foliis brevioribus et crispis, capitulis mino-
ribus. Tournef.! Coroll. 33. (ex ejus herbario). — Graphalium
microphyllum. Wild. ! Spec. m1, p. 1863, (ex herb. Desf.), non
Tenore, (ex herb. Desf. et Gay.).
Caulis pedalis, fruticosus, ramosissimus, glaberrimus, sordidè
fuscus , ramis erectis, infernè glaberrimis, niveis, apice pubescen-
tibus. Folia sessilia, lineari-lanceolata, obtusa, uninervia , margine
revoluta, 2, rarius 3 lineas longa, lineæ quadrantem lata, facie
villoso-tomentosa, dorso glaberrima , ramea inferiora confertissima,
superiora (in ramis floriferis) remotiuscula. Capitula ad apicem ra-
morum corymbosa, axe generali brevissimo subumbellata, corymbi
capitulis 6-8. 7nvolucrumcylindraceum , subcampanulatum, 2 lineas
SYNANTHEREÆ. | 273
longum, lineam et dimidiam latum ; squamæ flavescentes, exteriores
dorso tomentosæ, interiores glabræ, medio dorso multiglandulosæ ,
glandulis aureis approximatis , omnes ovato-oblongæ , apice obtusæ,
scariosæ, erosæ. Flosculi 5-dentati, mvolucrum æquantes, plurimi
hermaphroditi infundibuliformes, pauci feminei tubulosi. Pappus
flosculis pauld longior, denticulatus. Fructum non vidi. Tota planta
odorem quemdam aromaticum spirat.
In monte Puig-Major in insulà Majore. Ibi 21 Aprilis nondüm
floruerat.
Oss. Les échantillons de Majorque que je possede étoient très-peu avancés lors-
que je les ai cueillis ; ils présentent encore les restes des fleurs de l’année préce-
dente, de sorte que j'ai pu m’assurer de la forme des involucres et de celle des
écailles. J’ai décrit les fleurons d’après l’herbier de Tournefort.
Le Gnaphalium microphyllum Tenore (Cat. Sem. ann. 1825 in Hort. Neap.
collect. p. 4) différe de notre plante par son port, par ses feuilles moitié plus
longues et cotonneuses des deux côtés, par sa tige également cotonneuse dans
toute sa longueur, par ses involucres campanulés d’une matiere beaucoup plus
prononcée, par ses écailles intérieures absolument dépourvues de glandes, etc. etc.
Cette plante, telle que je l’ai vue dans les herbiers de MM. Desfontaines et Gay,
envoyée par M. Tenore, ne me paroît pas assez distincte du Stæchas pour être
maintenue au rang d’espèce.
L’A. microphyllum paroît particulier à quelques îles de la Méditerranée; on le
trouve à Candie ( Tournef. Herb. !) , dans la Corse méridionale et la Sardaigne
(Viv.), enfin à Majorque, où il est assez commun sur le penchant du Puig-
Major, non loin du couvent de Lluch.
326. Grrora vurcaris. Cass. Dict. Sc. Nat. xvir, p. 531.— Filago
germanica. Linn. Spec. 1311.
In insulâ Minore (Hern. ).
Hab. in totà Europä!, Ægypto (Del.).
327. Firaco rxemæ4. Linn. Spec. 1511.— Cass. Dict. Sc. Nat. xvn,
p 2-— Micropus pygmœus. Desf. ! Atl. 11, p. 307.
Ad vias et in aridis Balearium vulgatissima. Florebat Aprili,
Majo.
274 DicorYLEDoneEs.
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä.
. 328. Convza ausrGua. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 460.
In insulà Minore ( Æern. ).
Hab. in Andalusià ! , Gallià mediterraneä !, agro Romano (Sebast.
et Maur. ).
Ll
329. Conyza saxariuis. Linn. Spec. 1207.
Ubique ad muros et rupes Balearium. Floret Aprili.
Hab. in Barbariâ propè Tingidem !, Andalusià ! , Ruscinonensi
agro! , Provincià ! , agro Nicæensi !, Corsicà ! , Calabriâ! , Sicilià !,
Græcià et Archipelagi insulis (Smith).
330. Convza RuresTRis. Linn. Mant. 113, —C. geminifiora. Tenore !
Flor. Nap. 11, p. 213, t. cxxvir, (ex herb. Gay).
In petrosis prope Artam, Cauviam in insulà Majore. Florebat
Aprili, Majo. r
Hab. in regno Valentino! , Andalusià !, Atlante ( Desf. ), Ægypto
(Del.), Sicilià !, insulâ Caprearum ! , regno Neapolitano!.
351. Convza sorina. Linn. Mant. 466.
Frequens inter rupes montium insulæ Majoris ; etiam in insulà
Minore (/Zern. ). ;
Hab. in Atlante (Desf.), regno Valentino! Gallià mediterraneà!,
agro Nicæensi (DC. ), agro Romano ( Sebast. et Maur. ).
532. Inura opor4. Var. foliis decurrentibus , dorso lanatis.
In insulà Minore ( Hern.).
Ozs. Cette variété est tres-remarquable par ses feuilles décurrentes sur la tige,
dont les ailes se prolongent au point d’atteindre souvent la longueur des entre-
nœuds, et dont la surface inférieure est couverte d’un duvet laineux et crépu qui
leur donne en dessous un aspect blanchâtre, tandis que le dessus est vert et parsemé :
de quelques poils tres-courts. Dans l’/nula odora , tel qu’il croit à Draguignan
en Provence !, en Corse !, et à Chalepa dans l’ile de Candie !, les feuilles sont
échancrées en cœur à la base, embrassantes ; leur décurrence, lorsqu'elle existe, est
à peine sensible; enfin elles sont vertes des deux côtés, et plus ou moins velues à la
’
SYNANTHEREÆ. 275
surface inférieure. Ces différences m’auroient déterminé à considérer cette forme
Comme une espèce distincte, si je n’avois yu dans l’herbier de M. Gay des échan-
tillons de l’nula bifrons qui présentent la même variation. Dans cette dernière
espèce , les feuilles sont d'ordinaire décurrentes, on les trouve très-rarement
sessiles , cordiformes et amplexicaules. Cette observation atténuant considérable-
ment le principal caractère de ma plante, jai cru qu’il seroit plus convenable de
la signaler comme variété de la forme ordinaire.
353. Inuza pysenrerica. Linn. Spec. 1237.
In humidis insulæ Minoris( Hern.).
Hab. in totà Europa.
334. Inura viscosa. Desf ! Atl. Il; P. 274.
In insulà Minore (Hern.).
Hab. in Gallià meridionali!, agro Genuensi (Bert. ), agro Romano
(Sebast. et Maur. ), regno Neapolitano (Tenore), Græcià et Archi-
pelagi insulis ( Smith), Cretà!, regno Algeriensi (Desf. !), agro Tin-
gitano!.
335. Inura crrrumones. Linn. Spec. 1240.
In maritimis Balearium frequens. Florebat Majo, Junio.
Hab. in totà regione mediterranes.
356. Sormaco eravrorens. Lam Flor. Fr. I, p. 145.
In insulà Minore ( Æern.).
Hab. in Galliä !, Itali4 prope Pisas! , Corsica !.
337. Senecio vuLcaris. Linn. Spec. 1216.
In Balearibus frequens.
Hab. in totà regione mediterraned.
338. Sexecto 34coëxa. Linn. Spec. 1210.
In insulâ Minore (Hern.). u
Hab. in totâ Europ.
359. Seneero Lirouus. Linn. Spec. 1220.
In Ebuso ad vias frequens. Florebat Majo.
Hab. in Hispaniâ meridionali !.
276 Dicoryzeponss,
340. Cixeraria marnTiMa, Linn. Spec. 1244. — ÆAchaovan abiat.
Prosp. Alp. Plant. Ægypt. p. 43, t. xxvinr.
In arenosis maritimis insulæ Majoris.
Hab. in Gallià mediterraneä!, Liguriâ meridionali et agro Ge-
nuensi (Bert.), agro Romano (Sebast, et Maur.) , regno Neapolitano
(Tenore), Ægypto (Prosp. Alp.).
341. Beruvm sectiioines. Linn, Mant. 285, non Desf, Atl. —
Bellis droseræfolia. Gouan Illust. p. 60.
In humidis prope Deyam in insulà Majore (Trias), necnon in ma-
ritimis insulæ Minoris ( Æern. ).
Hab. in Corsicâ!, insulis Therasià (D'Urv.), Chalci et Rhodo
(Smith).
342. Carexpuca arvewsis. Linn. Spec. 1303.
Inter segetes Balearium vulgatissima. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneä.
345. CarysanTHEMUN seGerum. Linn. Spec. 1254.
In agris insulæ Minoris (Hern.).
Hab. in Gallià meridionali!, regno FL eee pat insulà
Melità (Forsk.), Græcià (Smith), Barbariä ( Desf. ).
344. CurYSANTHEMUM coRoNARIUM. Linn. Spec. 1254.
Inter segetes insulæ Majoris et Ebusi vulgatisssima. Floret Martio,
Aprili.
Hab. in regno Valentino!, Andalusià ?, totâ Africà septentrionali
(Desf.!—Viv.—Del.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith), insulà
Melità (D’Urv.), regno Neapolitano (Tenore), agro Romano ( Sebast.
et Maur. ), agro Nicæensi ( DC.) , Provincià !.
345. Becus Annua. Linn. Spec. 1249.
Ubique in Balearibus. Floret primo vere.
Hab. in Hispaniâ !, Barbarià (Desf.!), Cretâ!, Cypro, Asià mi-
nore et Græcià (Smith), insulà Melità (D'Urv.), regno Neapolitano! ,
agro Nicæensi (DC.), totà Gallià mediterraneä!.
SYNANTHEREÆ. 277
346. Beruis-syrvësrais. Cyrill. Plant. Rar.11, p: 22, t. 4.— Doro-
-ricum bellidiastrum. Desf.! Atl. x, p:278, non Linn.— Ærnica
bellidiastrum. Lap.! Abr. p. 526, (ex observ. Gay. ), non Willd.
In insulis Majore (Trias) et Minore (Hern.), ad vias. Floret au-
tumno.
Hab. in tot Gallià mediterraneä ! , totà Barbarid! ; agro Nb pol :
tano ( Tenore )
347. Anreuisia cazuica. Willd. Spec. ur, p. 1834.
In maritimis insulæ Minoris ( Hern.). ;
Hab. in totà Galliä mediterraneä ! , Etruriä ! , agro Veneto!.
348. Sanroumwa incana. Lam. Flor. Fr. ur, p. 45. —S. chameæci-
parissus. Willd. Spec. 1, p. 1797.
In insulæ Majoris monte Her ASS etiam in insulà Minore
(Hern.).
Hab. in Galliâ mediterraneä ! , regno Neapolitano (Tenore).
349- Anraems maririma. Linn. Spec. 1250.
In arencsis maritimis Balearium haud rara.
. # . É s
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptä.
350. Anremis ARvENsis. Linn. Spec. 1261.
In agris prope Artam in insulà Majore. Blorepat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä.
351. Acuirrea AGERATUM. Linn. Spec. 1 264.
Ad vias in insulà Majore frequens. Florebat Majo.
Hab. in Hispanià!, totà Gallià mediterraneä!, agro Nicæensi
{DC.), agro Romano ( Sebast. et Maur.) , regno Neapolitano (Tenore).
352. BuraTaazmum spinosum. Linn. Spec. 1247.
Ad vias in Balearibus frequens. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneä.
353. BurxraaLmum Aquarium. Linn. Spec. 1274.
Mém. du Muséum. 1. 14. 36
278 DicorYLEDONES.
Ad vias in Ebuso prope S. Eulaliam. Florebat Majo.
Hab. in Gallià mediterraneä ! , regno Neapolitano ( Tenore ),
Græcià et insulis Zacyntho et Melo (Smith), regno Algeriensi (Desf.!),
prope Tingidem !.
354. BuraTHaLMum mariTIMuM. Linn. Spec. 1274.
In arenosis Balearium vulgatissimum. Florebat Majo.
Hab. in Hispanià ab Andalusià ! ad Catalauniam! , Provincià!,
agro Nicæensi (DC), Græcià (Smith), Barbarià ( Desf.! ).
CAMPANULACEÆ.
555. Campanuza ernus. Linn. Spec. 240.
Ad apicem montis Galatzo in insulà Majore. Florebat Majo.
Hab. in Hispaniä ! , Gallià meridionali! , agro Romano (Sebast. et
Maur.), regno Neapolitano ( Tenore ), Græcià et insulà Cypro
(Smith), regno Alseriensi (Desf. ! ) et prope Tingidem (Schousb. ).
CUCURBITACEZÆ.
156. Momorpica EtATERIUM. Linn. Spec. 1434.
Ad vias in insulà Majore.
Hab. in totà regione mediterraneà.
357. Cucumis mexo. Linn.Spec. 1456.
Colitur in.hortis.
358. Cucumis sarivus. Linn. Spec. 1437.
Colitur in hortis.
359. Cucursira rAGenARIA inn. Spec. 1454.
Colitur in hortis.
360. Cucursira maxima: Duch. in Lam. Dict. 1, p. 151.
3
ERICGINEÆ—J'ASMINEZ. 379
Colitur in hortisio mio s) à 2,226 9 ton
361. Cucursira vero. Duch. in Lam. Dict. HD LOL:
Coltar ur Lorie
ERICINEÆ.
362. Erica arsorea. Linn. Spec. 5o2.
In montibus insulæ Majoris prope Pollentiam, ibsch, Soller en
quens ; etiam in insulà Minore (Æern.). Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptà ; hujus limites
septentrionales sunt in Italiâ Vallis Telina ! in Galliâ , Cebennarum
jugus !. |
363. Erica vacans. Linn. Mant. 230.
Ubique in montibus insulæ Majoris. Florebat Aprili.
_Hab. in regno Algeriensi (Desf.), Hispaniä ! , Occitaniä !, Pro-
vincià !, agro re (DC).
364. Arsurus uneno. Linn. Spec. 552.
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas.
Hab. in Atlante (Desf.!), Cyrenaicà (Viv.), Græcià et Archipe-
lagi inSulis (Smith), Italià ( Sebast. et Maur.—Savi—Viv.), Corsicâl,
Gallià mediterraneà !.
JASMINEZÆ.
365. OLra europxa. Linn. Spec. 5. Vulgd Olivera, Ullastre.
In montibas Balearium vulgalissi ma. Colitur in agris.
4 Hab. in totà regione mediterraneä ; hujus limites septentrionales
in Italià sunt lacus Verbanus , Luganensis, et Benacus ( Herb.
Gay).
Os. Cet arbre a été transplanté en Amérique : mais le gouvérnemieritiespagnol
s'étant de tout temps opposé à sa culture , on n’en trouye que des piedsiisolés sur
36*
280 DrcoTryLEDONES.
toutes les côtes occidentales, depuis le Chili jusqu’à la Californie ; on le cultive plus
communément aux Etats-Unis, dans la Georgie et la Louisiane (Communication
de M. Gay.).
366. Parcivrea LATIFOuIA. Linn. Spec. 10.
In sepibus insulæ Majoris frequens. Floret Martio.
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä.
»
367. PHiLLYREA ANGUSTIFOLIA. Linn. Spec. 10.
Frequens in sepibus insulæ Majoris. Floret Martio.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptä.
568. Fraxinus exceusior 8. eustralis. Gay herb.!— #. excelsior.
Desf.! Atl. 11, 394.
Ad margines agrorum in insulà Majore.
Oss. Cet arbre diffère du F. excelsior, tel qu’on le rencontre en France partout
ailleurs que sur la lisière de la Méditerranée, par ses folioles plus étroites et parfai-
tement glabres en dessous, non marquées de faisceaux de poils aux aisselles des
nervures latérales. On pourroit le considérer comme une espèce distincte, si l'ob-
servation n’avoit fait connoître des individus intermédiaires, soit par la largeur des
folioles, soit par une légère pubescence de leur surface inférieure.
Le vrai F. excelsior est trés-rare en France dans la région des oliviers : M. Gay
l’a vu à Perpignan , à l’île Sainte-Lucie et à Balaruc ; mais la variété est beaucoup
plus commune dans le Roussillon et en Languedoc: on en trouve des plañtations
considérables sur les bords du canal du Midi, principalement à Castelnaudary
(Ces faits m’ont élé communiqués par M. Gay.),
Le F. excelsior de Barbarie, dont M. Desfontaines a bien voulu me communi-
quer un exemplaire, a les feuilles parfaitement glabres en dessous; il appartient
donc à la variété qui est cultivée à Majorque et dans le midi de la France.
APOCYNEÆ.
369. Vinca menra. Audib. in DC. Cat. Hort. Monsp. p. 71.
In sepibus insulæ Majoris vulgatissima. Florebat Aprili.
Hab. prope Monspelium !, in Ruscinonensi agro !, Barbarià prope
Tingidem !.
GENTIANEZ. 281
370. Nerruu oEANDER. Linn. nu
In montibus insulæ Majoris.
Hab. in Provincià (1)!, Hispaniä!, totà Barbariä (Schousb. - —
Desf.!— Viv.), Græciä et Archipelagi insulis (Smith. —D'Urv.),
Sicilià (Ortol. et Raf.—Viv.), Calabrià ( Tenore), Sardinid, Cor-
sicà !, Ligurià occidentali ( Viv.).
Hujus limes septentrionalis in [taliä, est lacus Benacus , ad cujus
orientales et meridionales ripas, inter rupium fissuras, non rard
- occurrit (Pollini). In orientem, usquè ad Imerettiæ præfecturam
Vacca excurrit (Gamba, Voyage dans la Russie méridionale. ).
371. Cynancnum acurum. Linn. Spec. 310.
In sepibus insulæ Majoris prope Artan. :
Hab. in Hispaniä ! , Barbariâ (Desf. !), Ægypto!, omnibus PIE
pelagi insulis (Smith—D’Urv. )..
372. Ascrerras niGra. Linn. Spec. 315.
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas frequens ; necnon in
insulà Minore ( Hern.). Florebat Majo.
Hab. in Pedemontio!, agro Nicæensi et Provinciä (DC.), Occita-
nià ! , Ruscinonensi agro!
GENTIANEÆ.
373. Carora »ERFoLIATA. Linn, Mant, 10.
In insulâ Minore (Hern.).
Hab. in totà regione mediterraneâ , Ægypto exceptä.
374. Crironia sricara. Willd. Spec. 1, p. 1069.
"
(1) M. Gay a trouvé celte plante en grande abondance au-dessus de Bormes, au
bord de la Maravène, ruisseau que l’on traverse en allant de Hÿères à Saint-
Tropez.
282 DircoTYLEDONES.
In maritimis insulæ Minoris (Æern:). ‘ Fa
Hab. in totà regione mediterraneä.
375. Cnironta puLcneLra, Swartz Act. Holm, (1785) p. 85,t.3,
f. 8 et 9.
In maritimis insulæ Minoris (Æern.).
< Hab. in Hispaniä!, Gallià !, Italià (Sebast. et Maur.—Bert. )
CONVOLVULACEÆ.
376. Convozvuzus anvewsis. Linn. Spec. 218.
In agris Balearium frequens.
.
Hab. in totâ regione mediterraneà.
377. Convoryurus arruxoines. Linn. Spec. f222: — C. hirsutus.
Tenore ! Flor. Nap. 1, p. 60, t. 15.
Ubique in Balearibus. Floret Martio, Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà.
378: ConvozwuLus PenrargraLones. Linn. Syst. nt, p. 229.
In agris insulæ Majoris prope Artam. Florebat Aprili.
Hab. in Hispaniä (Cav.), Sicilià (Ortol. et Raf.), Calabriä
(Tenore !).
379. Convorvurus zineaTus. Linn. Spec. 224.
Ad vias in insulà Majore prope Incam, Campos. Florebat Majo.
Hab. in regno Valentino! , totâ Gallià mediterraneà !, agro Ge-
nuensi (Viv.), insulà Caprearum!, Archipelagi insulis (Smith),
Cyrenaicä ( Viv.), regno Algeriensi (Desf. !).
380. Cazxsrecia serum. Brown Prodr. p. 83. — Convolvulus
sepiumn. Linn. Spec. 218.
Ad sepes in Balearibus vulgatissima.
Hab. in tot regione mediterraneâ, Ægypto exceptä.
BorRAGINEZ. 283
‘381. CALvsrec14 soLpANELLA. Brown Prodr.! p: 485: — Convolvulus
Soldanella. Linn. Spec. 226. 1,00
In arenosis maritimis insulæ Majoris et Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneâ , Ægypto exceptä.
BORRAGINEÆ.
382. Herrorrorrum euroPæun. Linn. Spec. 187.
In agris Balearium frequens. Florebat Aprili.
-Hab, in totà regione mediterranei.
383. Ecxiuu rrarcum. Linn. Spec. 200.—Æ. pyrenaicum. Desf. !
Atl. 1, p. 164.
Ad margines viarum in insulà Majore frequens. Florebat Majo.
Hab. in totà regione, mediterraneà , Ægypto exceptà.
384. Ecrium vioraceum. Linn. Mant.‘42. — Æ.prandiflorum.
Desf. ! Ail. 1, p. 166, t. 46.— E. megalanthos. Lap. ex Bentham Cat.
p-. 76.—Æ. macranthum. Roem et Schult. Syst.1v, p. 20.—Æ. plan-
tagineurm. Linn. ? et auct.?
In collibus maritimis prope Artam in insulà Majore. Florebat
Aprili.
Oss. Cette espèce a été le sujet de beaucoup de confusions ;‘maïis les rénseigne-
mens que j'ai recueillis me portent à croire qu’elle habite sur tous les bordsde la Mé-
diterranée, et queises ‘diverses formesfontiété décrites tantôt sous/le nom delyiola-
ceum, tanlôt sous ceux de plantagineum, grandiflorum, et macranthum. Les échan-
tillons de l’herbier de M. Desfontaines et ceax que M. Gay'areçus.des environs
de Tanger, confirment des deux'derniers, synonymes: M. De Candolle indique
VE. plantagineum à Narbonne; or tous les exemplaires que j’ai pu me procurer,
provenañt de cette localité, m'ont paru se rapporter à l'E. violaceum et confirmer
la réunion de ces deux espèces proposée récemment par M. Bentham (Cat. I. c.).
Il faudroit pouréclaircir entièrement ce sujet posséder des échantillons recueillis
tout autour du bassin de la Méditerranée. Ceux que j'ai eus à ma disposition pro-
venoient des environs de Toulouse, de Narbonne, de Tangèr!, d'Alger , de Tunis
et de Naples.
284 DrcoryLEDONEs.
385. Ecxiuu Prosrrarum. Desf. Cat. Hort. Par. ed. 1, p. 72.—Del. !
Flor. Ægypt. Ilust. n. 216, non Tenore. «
Ad viam inter Palmam et Soller in insulà Majore. Florebat Aprili.
Hab. in Ægypto(Del.).
386. Ecriuu cazvcnum. Viv. Fragm. Ital. 1, p. 2, t. 4.— Æ. ni
tratum. Tenore! Flor. Nap. p. 5o ,t. 12, non Desf.
In incultis et ad margines viarum in insulà Majore frequens. Flo-
rebat NE
Hab. Pro due !, agro Nicæensi ( DC.), agro Genuensi (Viv.),
regno Neapolitano! , insulà Caprearum ! , insulis Melitä et Melo
5 1% NES < ;
(D'Urv.).
387. LirHOsPERMUM OFFICINALE. Linn. Spec. 189.
In insulà Majore prope Esporlas. Florebat Majo.
Hab. in Europâ fer totä.
388. Liruospermum ARvENsE. Linn. Spec. 190.
Ubique in agris insulæ Majoris. Florebat Martio.
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto except.
380. Lirmospermum aruLux. Vahl. Symb. 11, p. 33.—Myosotis apula.
Linn. Spec. 189.
In aridis insulæ Majoris prope Petram, Artam. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptä.
390. Nowra curea. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 420.
In sterilibus prope Cauviam in insulà Majore. Florebat Majo.
Hab. in Ruscinonensi agro! , Stœchadum insulis ( DC.) , Corsicà !.
301. Svwpayrum ruserosum. Linn. Spec. 195.
In montibus insulæ Majoris prope Lluch. Florebat Aprili.
Hab. in Europà ferè totà. Meridiem vershs usquè in Græciam
progreditur.
BORRAGINEX. ‘285
392. Ancuvsa 1razica. Retz Obs. Bot. fasc. 13 P- 12. — 4. paniculata.
Ait. Hort. Kew. ed. 1.1, P- 177.
Ad vias in insulä minore (Hern.).
Hab. in Galliâ!, Etruriä (Savi), Græciâ (Smith).
395, Ancuusa ancusriroura. Linn. Spec. 191.
Ad vias in insul4 Majore circa Artam. Florebat Aprili.
394. Cyoczossuw rrcrum. Ait. Hort. Kew. éd x P-,179.— C.
officinale. Desf. ! Atl. 1, p. 158. — Smith Flor. Græc. Prodr. 1,
P- 117? non Linn.
In incultis insulæ Majoris prope Artam; etiam in insul4 Minore
(Æern.). Florebat Aprili.
Hab. in Galliä mediterraneä !, agro Romano (Sebast. et Maur.),
Siciliä (Ortol. et Raf.), Cretä!, regno Algeriensi (Desf. 1), agro Tin-
gitano !.
Os. Je ne cite qu'avec doute le synonyme de M. Smith, parce qu'il pourroit se
faire que Sibthorp eût recueilli le yrai €. officinale sur les montagnes de la Grèce.
Dans ce cas le C. Pictum devroit être ajouté à la flore de cette contrée , puisque
j'en ai vu un échantillon ; dans l’herbier de M. Gay, provenant de l’île de
Candie. Cette espèce habite toute la France occidentale depuis les bords de la
Loire, à Orléans, Blois et Tours, jusqu'aux Pyrénées, et tout le littoral de la
Provence, du Languedoc et du Roussillon où le €. officinale n’existe pas.
395. Cynocrossum cuerrirozro. Linn. Spec. 193.— Anchusa lanata.
Desf. ! Atl. r, P: 158, an Linn. ?
Frequens in aridis et montosis insulæ Majoris. Florebat Martio.
Hab. in Provinciä!, Occitaniä !, Aragoniä!, regno Valentino!,
Andalusià ! regno Alseriensi (Desf. !).
396. Borraco orricmaris. Linn. Spec. 197.
Frequens ad vias et maroines agrorum in Balearibus.
Hab. in totâ regione mediterrane4.
Mém. du Muséum. t. 14. 37
286 DicoTyLEDoNEs.
SOLANEÆ.
397. Vsrsascum siuarum. Linn. Spec. 254.
Ad vias in Balearibus vulgatissimum. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà.
398. Hvoscramus arsus. Linn. Spec. 257.
In- insulà Minore ( Æern.).
Hab. in totà regione mediterraneà.
399. Hxosciamus nicer. Linn. Spec. 257.
Ad vias et pagos in insulis Majore et Minore.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà.
4oo. Nicorraxa rasacum. Linn. Spec. 258.
Colitur in Balearibus.
4o1. Nicorrana Rusrica. Linn. Spec. 258.
Colitur in Balearibus præsertim in Ebuso.
4o2. Puysauis somnirera. Linn. Spec. 267.
Ad vias in Balearibus haud rara. Florebat Majo.
Hab. in insulis Chalci et Cypro (Smith), Syriâ!, Ægypto ! , Bar-
bariâ !. Meridiem versüs usquè ad Senegaliam progreditur.
403. Soranum nicrum. Linn. Spec. 266.
Ubique in agris Balearium. Florebat Mextio,
Hab. in totà regione mediterraneà.
4o4. Soranum Tuserosum. Linn. Spec. 265.
Colitur in agris et hortis Balearium.
405. Soranum LycoPersicum. Linn. Spec. 265.
Colitur in hortis.
406. Soranum MELONGENA. Linn. Spec. 266.
Colitur cum priore.
:
+
PERSONATÆ. 287
407. Soranun sopomeuu. Linn. Spec. 268.—S. Hermanni. Dunal !
Sol. p. 212,t.2,f.3.
Ubique ad vias et pagos Balearium. Februario Martioque flo-
rebat.
Hab. in Calabriä !, insulâ Caprearum (Tenore), Sicilià!, Afric4
(Linn. ).
408. Carsrcum annum. Linn. Spec. 270.
Colitur in hortis et condimentum usitatissimum præbet.
PERSONATZÆ.
SL Antirrhineæ.
409. ScroPxuzanIA PEREGRINA. Linn. Spec. 866.
Ad sepes in insulä Majore circa Palmam, Pollentisam ; necnon in
insulà Minore (Hern.). Florebat Aprili.
Hab. in Galliâ meridionali ! , agro Nicæensi (DC.), Etruriä (Savi),
agro Romano (Sebast. et Maur.), regno Neapolitano!, Græciâ
(Smith), Cretä!. ï
410. ScroPaULARIA cammna. Linn. Spec. 865.
Ad torrentes in montibus insulæ Majoris frequens. Florebat Majo.
Hab. in Galliä ! Ttalià (Savi—Sebast. et Maur.—Tenore), Græcià
et ivsulis Cretà et Cypro (Smith), Barbariä ( Desf. ).
411. Dinar examine. Desf. Ail. 11, p. 37.
In insulà Minore ( Æern. JE
Hab. in totà regione mediterranei.
412. Livarta spuria. Mill. Dict. n. 15.
In agris insulæ Majoris et Ebusi. Florebat Aprili, Majo.
Hab. in totà regione mediterrane.
413. Linaria rrpuyrra. Mill. Dict, n. 2.
In agris prope Palmam, Artam in insulâ Majore. Floret Aprili.
37*
288 _ Drcoryrenones.
Hab. in Hispaniä(Viv.), totà Barbariä (Desf.—Viw.), insulà Melo
(D'Urv.), Sicilià (Viv.), Corsicà!.
414. ANTIRRHINUM ORONTIUM. Linn. Spec. 860.
Inter segetes Balearium frequens. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà.
415. Dicirauis ruarst. Linn.Spec. 867.— D. thapsi var. a. Lindi.
Digit. Monog., p. 10, t. 3.
Radix incrassata , scabra, fusca. Caulis herbaceus, pedalis, as
cendens, simplex, tomentosus. Folia lanceolata, utrinquè tomentosa,
facie viridia, dorso tomento densissimo albida, margine integra vel
tenuissimè denticulata ; radicalia in petiolum attenuata; caulina ses-
silia, amplexicaulia , subdecurrentia, gradatim breviora. Flores ra-
cemosi, secundi, nutantes , racemo 10-15 floro. Pedunculi 3-6 lineas
longi, sepalis longiores nunc breviores , tomentosi , floriferi nutan-
tes , fructiferi erecti arcuati , basi suffulti bracteà ovato-lanceolata,
1-2 lineas longâ , sessili, tomentosâ. Cal/yx 5 partitus, lobis inæ-
qualibus, superiore minore lineari-subulato, reliquis ovato-lanceo-
latis acutis, omnibus nervosis , utrinquè, præsertim dorso, villosis,
pilis brevibus glandulosis. Corolla rosea, intùs rubro-punctata, 14-
16 lineas longa , 6-7 lineas lata, puberula, limbo brevi , lobis obtu-
sis. Antheræ immaculatæ, pubescentes. Capsula sepalis triente bre-
vior, subglobosa , villosiuscula, pilis brevissimis glandulosis. Semina
plurima , scrobiculis placentæ centralis aflixa, subsphærica, apice
acutiuscula, sub lente foveolata ; embryo rectus in centro perispermi
carnosi; radicula apicem seminis spectans.
In montibus insulæ Majoris prope Lluch, ad rupes in monte
Puig-dè-Torrella; necnon in insulà Minore (Æern.). Floret Junio.
Hab. in Hispaniä !.
Os. Cette espece diffère du D. purpurea par sa tige moins élevée, par ses
feuilles tomenteuses, blanches en dessous, par ses bractées beaucoup plus courtesque
les pédicelles, par ses anthères sans taches et pubescentes, Il paroît cependant que
PERSONATÆ. 289
plusieurs de ces caracteres s’évanouissent par la culture. M. Lindley paroît indécis
si on doit conserver le D. thapsi au rang d’espèce ou la regarder comme une variété
du D. purpurea. Personne, mieux A Le , De pouvoit décider cette question , puis-
qu’il avoit à sa disposition des exemplaires recueillis en Espagne et en Portugal, et
qu'il a vu, dans le jardin de Kew, des individus provenant de graines fournies par
ces mêmes échantillons.
Linné demande si notre plante n’est point une hybride du Digitalis purpurea et
du J’erbascum thapsus. Ce doute, qui n’est fondé que sur l’aspect de ses feuilles
inférieures qui ont quelques rapports avec celles du 7. thapsus, ne peut être admis
aujourd’hui, puisqu'il n’existe pas d'exemple authentique de fécondation entre
des plantes de genres différens. D’ailleurs je n’ai apercu dans les Baléares ni le
D. purpurea, ni le F. thapsus. |
SIL. RAinanthaceæ.
416. Veronica anaçaruis. Linn. Spec. 16.
In fossis Balearium frequens. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà.
417. Veronica seccagunGa. Linn. Spec. 16.
In insulà Minore ( Hern. )..
Hab. in Galliâ!, Italiâ!, Græcià (Smith).
418. Veronica AGresTis. Linn. Spec. 18.
In umbrosis montium insulæ Majoris prope Artam. Florebat
Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà.
419. Veronica cymsarariA. Bodard. Dissert. Pisis, 1708.
In umbrosis Balearium vulgatissima. Florebat Aprili.
Hab. in Gallià mediterraneä!, Liguriä (Bert.), Etruriä ( Savi),
agro Romano ( Sebast. et Maur.), regno Neapolitano !, insulis Archi-
pelagi et agro Byzantino (Smith—D’Urv.), Cretä !, Barbariä !.
420. Disanpra arricana : Caulibus villosis , foliis orbiculato-cor-
datis, 7-9 crenatis, villosis, filamentis corollam subæquantibus ,
stylo glabro , stigmate subincrassato. Nob. Tab. 0.
290 DicoryLEDONESs.
Chry sosplenii foliis planta aquatica flore flavo pentapetalo.Schaw
Cat. n. 149, f. 149.— Sibthorpia africana. Linn. Spec. 880.— Di-
sandra prostrata B. Willd. Spec. 11, p. 282.
Caules numerosi, humifusi, repentes, flexuosi, ramosi, filifor-
mes, pedales, villosi, pilis longiusculis, albidis, subulatis, sim-
plicibus. Folia alterna, petiolata, orbiculata, cordata, 7-0 crenata
(crénis rotundatis obtusis, vel ovatis acutiusculis), utrinquè præser-
tim dorso villosa ; radicalia longissimè petiolata, petiolo 2-3 unciali,
limbo 6-7 lineas longo, totidem lato ; caulina remotiuscula, petiolo
internodia æquante vel iisdem breviore. Flores axillares, solitarii,
rarius geminati, pedunculati, pedunculo petiolos superante, flori-
fero flexuoso, fructigero spiraliter torto. Ca/yx æqualis , longè hir-
sutus, 5 rarius 4-fidus ; tubo campanulato ; segmentis ovato-lanceo-
latis, tubo paul brevioribus. Corolla regularis, rotata , lutea, in ca-
lyce 5-subfido-5-partita, in calyce 4-subfido 4-partita; tubo brevissimo;
segmentis calyce duplè longioribus, obovato-oblongis, æstivatione
imbricatis. Stamina in corollà 5-lobà 5, in corollà 4-lobä 4, medio
tubo inserta, segmentis alterna, iisdem pauld breviora, æqualia;
filamentis filiformibus, luteis ; antheris medio dorso insertis, oblon-
gis, luteis, bilocularibus , loculis longitudinaliter dehiscentibus.
Ovarium disco hypogyno glanduloso insertum, breve, ovoideum; basi
glabrum , apice pilosiusculum, biloculare, loculis pluri-ovulatis.
Stylus subclavatus, corollam æquans : Stigma capitatum , subemar-
ginatum. Capsula calyce persistente aucto tecta, ovoideo-globosa,
basi glabra, apice hispida, oppositè bisulca, bivalvis. Placenta cen-
tralis, scrobiculata. Semina 12-15, scrobiculis placentæ inserta,
subsphærica , apice acutiuscula , rufescentia. Embryo rectus in
centro périspermi carnosi : radicula apicem seminis spectans.
A D. prostrata. Liun. differt : 1° caulibus filiformibus, villosis
non puberulis; 2 foliis tripl minoribus , longiùs pedunculatis, 7-9
non 20-30 crenatis, utrinquè villosis non puberulis; 3° floribus du-
pl minoribus, plerisque solitariis non fasciculatis; 4° filamentis
Lai
Wie
Tom. 14
PERSONATæ. l 201
corollam subæquantibus, non eâdem triente brevioribus; 5° siylo
glabro apice incrassato, non piloso filiformi.
Ubique in montibus insulæ Majoris et Ebusi, ad rupes umbrosas
aut excavatas. Floret Majo.
Oss. Cette espèce habite les côtes septentrionales de l’Afrique, où elle a été
recueillie par Schaw, sans qu’on sache précisément le lieu où il l’a découverte. On
doit probablement lui rapporter le Sibthorpia europæa observé par M. Sieber
auprès de Rettimo dans l’île de Candie (Reis nach Kret, 1, p. 188), et la plante du
même nom que M. Smith mentionne dans le Prodromus Floræ Græcæ (1, p- 439).
Il me paroît difficile qu’une espèce qui habite l'Angleterre, et qui en France
s'éloigne peu de l'Océan, puisse se trouver dans une ile de la Grèce.
Le Sibthorpia europæa diffère des Disandra: 1° par sa corolle irrégulière ;
2° par ses étamines inégales, au nombre de quatre, la supérieure avortant
constamment; enfin par son disque à cinq lobes irréguliers, trois, opposés aux
. segmens les plus longs de la corolle, lancéolés, deux, opposés aux segmens les plus
EC did à Si
courts, beaucoup plus petits et d’une forme arrondie. Les étamimes varient de
quatre à huit dans le Disandra, maïs leur nombre est toujours le-même que celui
des lobes de la corolle qui varient aussi dans la même proportion. Ce caractère,
joint à ceux tirés du disque et de la corolle, me paroït suffisant pour séparer ce
genre du Sibthorpia; je dirai mème qu’il m’en paroît aussi distinct que ce dernier
l’est des Véroniques à quatre étamines. On doit cependant observer que le Di-
sandra et le Sibthorpia ont entre eux la plus grande analogie de port; leur ressem-
blance est telle qu'il seroit tres-difficile de les distinguer au premier aspect sans
le secours des fleurs. Les D. prostrata et africana se- distinguent facilement du
Sibthorpia europæa par leurs corolles jaunes, non d’un rose pâle, mais-les D. pi-
chinchensis ét retusa (Sibthorpia pichinchensis et retus., Kunth (Nov. Gen. et
Spec. 1, p- 390-391 , t. 176-177) ont desfleurs d’un rouge plus ou moins foncé.
Expl. tab. IX. 1 Flos numero partium quaternario.— 2 Idem numero partium
quinario.— 3 Idem desuper visus.— 4 Corolla.— 5 Pisüllum.—6 Ovarium trans-
versè sectum.—7 Capsula calyce vestita.—8 Eadem calyce ablato.—9 Eadem
longitudinaliter secta.— 10 Semen.—11 Idem longitudinaliter sectum.
42x. Barrsia TRixaGo. Linn. Spec. gd. 1, p.602.
In maritimis insulæ Minoris (Hern.).
Hab. in Hispaniâ !, Galliâ mediterraneä !, Corsicä ! , regno Neapo-
litano ! , Græcià et Archipelagi insulis (Smith).
292 DicoryLEDONEs.
422. Orosancge masor. Linn. Spec. 882.
In agris prope Esporlas in insulà Majore , necnon in Ebuso. Flo-
rebat Majo. |
Hab. in Barbarià (Desf.!), Galliä !, Italià (Sebast. et Maur.-Tenore).
423. Orosanoue cærurea. Vill. Dauph. 11, p. 406.
In agris insulæ Majoris prope Artam, necnon in Ebuso. Florebat
Aprili , Majo.
Hab. in Hispanià !, Galliä !, Italià (Savi-Tenore), Græcià (Smith).
LABIATÆ.
424. Rosmarinus orricinaLis. Linn. Spec. 33.
Ubique in Balearibus.
Hab. in totà regione mediterraneà.
425. Sarvra cranpesTina. Linn. Spec. 36.— $. verbenaca «a. Desf. !
Atl. 1, p. 22.
Ad vias in Balearibus vulgatissima. Florebat Martio.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
426. Sarvia versenaca. Linn. Spec. 35.— S. verbenaca R. Desf. !
Alt.1,p. 22.
Ad margines agrorum prope Esporlas in insulà Majore. Florebat
Martio.
Hab. in totà regione mediterraneä.
427. Auuca [va. Schreb. Vert. Unilab. 25.— Teucrium Iva. Linn.
Spec. 787.
In aridis insulæ Majoris haud rara, etiam in insulâ Minore (Hern.).
Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneä.
428. Teucrium campanuLaTum. Linn. Spec. 786.
In insulà Majore , ad viam inter vicum Campos et fontem sanctam.
Florebat Majo.
Hab. in Apuliä (Tenore ), Sicilià ! , Oriente (Willd. ).
Lasrarz. 203
* 429. Teuomun sorrys. Linn. Spec. 786.
_ Ju insulà Majore ( Prias)ggN 14
Hab. in Galli4!, regno Neapolitano (Tenore), Barbarià (Desf. ).
bi: :
430. Teucrium marum. Linn. Spec. 788.
In insulä Minore (Hern. ). .
Hab. in Occitanià ! , Provincia ! ; Stœchadum insulis!, Corsica !.
451. Teucrium scorprum. Linn. Spec. 790.
In insulà Majore (Trias). é
Heb. in Galliâ!, totà Italià (Bert. —Savi — Sebast. et Maur. —
Tenore), Sicilià (Ortol. et Raf.), Corsicä!, insulis Zacyntho et Creti
. Asiâque minore (Smith).
432. Teucriun cramæprys. Lino. Spec. 790.
In aridis insulæ Majoris circa Esporlas, Incam ; necnon in insulâ
Minore (Zern.). Florebat Majo.
Hab. in Galliä !, Italià (Bert.—Savi—Sebast. et Maur.—Tenore),
Corsicâ ! , Græcià et Archipelagi insulis (Smith).
433. Teucrum rLavum. Linn. Spec. 791.
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas.
* Hab. in totâ regione mediterrane4, Ægypto exceptä.
434. Teucrium ASraricum. Linn. Mant. 80. ù
In fissuris rupium montis Puig-Major in insulâ Majore. 21 Aprilis
nondüm floruerat.
Ons. Cette espèce est indiquée avec doute dans les Indes orientales. Peut-être
son acquisition dans les jardins est-elle due au voyage d’Ant. Richard aux Baléares.
435. Teucrium PoLrux. à latifotium. DC. Flor. Fr. U1 , p. 521.
In petrosis Balearium frequens. Florebat Majo.
-B. angustifolium. DC. Flor. Fr. mm, p.521.
In insulà Majore prope Artam.
* Hab. in totâ regione mediterraneä.
Mém. du Muséum. t. 14 38
294 DicoTyLeDonezs.
436. Teucrium cArITATUM pycnophyllum. Gay ! Herb. —(7. pyc-
nophyllum. Schreb. Unilab. p. 48, n. 5r.— T. candidissimum.
Salzm.! in litt. ad Gay.
In sterilibus Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in Corsicâ!, Hispanià ( Willd.).
437. Sarurera NERvOsA. Desf. ! Atl. ar, p. o.
An satis a Saturei4 græc distincta ?.
In aridis Ebusi frequens. Florebat Majo.
Hab. in Barbariä ( Desf. !), Cyrenaicà (Viv.), insulà Melo (D'Urv.),
insulà Zacyntho (Smith).
438. Lavanpuza spica. Chaix in Vill. Dauph. 1, p. 355.
In montibus circa Esporlas in insulà Majore.
Hab. in Galliâ mediterraneà ! , regno Neapolitano (Tenore), agro
Argolico (Smith), Barbarià (Desf. !).
439. Lavannura srnogcas. Linn. Spec. 800.
In insulà Minore (Hern.).
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä.
440. Lavanpuza DEnraATA. Linn. Spec. 800.
In aridis insulæ Majoris circa Belver, Cauviam. Florebat Majo.
Hab. in Hispanià a regno Valentino! ad Andalusiam !, regno Alge-
riensi (Desf.!), Græcià (Smith).
441. SiperiTis RoMANA. Linn. Spec. 802.
Ubique in insulis Balearibus. Martio Aprilique floret.
Hab. in totâ regione mediterraneà , Ægypto exceptà.
442. Mevraa rorunnirouA 8. DC. Flor. Fr. 1, p. 534.—"7. crispa.
Linn. Spec. 805.
In insulà Minore ( Hern.).
Hab. in Galliä ! , regno Neapolitano SNS Græcià (Smith).
443. MenrTHA PULEGIUM (2. eriantha. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 400.
— M. Pulegium. Desf. ! Alt. 1, p. r7.
Lasraræ. 295
In insulà Minore (ern. ).. dires 4
Hab. in Gallhià mediterraneä !, Calabriä! , Cretâl!, regno Alge-
riensi ( Desf.!), prope urbem La Conception! in Americæ regno
Chilensi. (a
444. Lau amrrexicauLe. Linn. Spec. 809.
In agris Balearium vulgatissimum. Martio floret.
Hab. in totà regione mediterraneä.
445. Sracays Germanica. Linn. Spec. 812.
Ad margines viarum prope Esporlas in insulà Majore. Majo
floret.
Hab. in Gallià!, Italià , Bulgarià (D’Urv.).
446. Sracuys miRTA. Linn. Spec. 612.
Frequens ad vias et in montosis insulæ Majoris. Florebat Aprili.
Hab. in Galliâ mediterraneà !, Hispanià ! , Barbarià ! , Sicilià!,
Itali !.
447. Sracuys aRvensis. Linn. Spec. 814.
‘In agris insulæ Majoris circa Artam. Florebat Aprili.
Hab. in Gallià !, Hispaniä! , Barbariä! , Cretà ! , Græciä (Smith),
Corsicâ!, Italià (Tenore— Sebast, et Maur.—Savi).
448. Bazrora micra B. Sebast. et Maur. Flor. Rom. Prodr. 196.—
B. alba. Linn. Spec. 814.
In insulà Minore ( Hern.).
Os. Les Ballota nigra et alba de Linné ne different l’un de l’autre.que parce
que les dents du calice, dans la première espèce, sont dressées , tandis qu’elles
sont étalées dans la seconde. Ce caractère, qui est sujet à varier ,ne me paroit pas
suffisant pour motiver la distinction de ces deux plantes,
449. Marrumuw mispanicum. Linn. Spec. 816.
In insulà Majore prope Esporlas.
Hab. in Hispanià !, Barbariä.( Desf.).
384
296 DicoTYLEDONES.
450: Marrusium vurGare. Linn. Spec. 816.
Ubique ad vias etcirca pagos Balearium. Floret Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä.
451. Paroms 1Tauica. Smith Spicil. 1, p. 6.— Pers. Synops. 1,
p- 126.
In montibus insulæ Majoris prope Lluch haud rara ; etiam in in-
sulà Minore ( Zern. ). Floret Majo.
Hab. in Italià et Lusitanià (Pers.).
452. OrIGanum masoricum : caule laxè tomentoso; foliis ellipticis,
pubescentibus ; floribus fasciculatis ; calyce bilabiato ; corollà bila-
biatà , labio superiore emarginato, inferiore trifido. Nob.
Caulis herbaceus , bipedalis et ultrà, teres, ramosus , tomento laxo
vestitus. Folia inferiora 8-10 1. longa, 5-6 1. lata, petiolata, petiolo
4-5 L. longo ; superiora multù breviora, sessilia ; omnia ovato-ellip-
tica , utrinquè præsertim subtàs pilis brevissimis albidis scabrius-
cula. Flores ad apicem ramorum spicati, spicis brevissimis, conglo-
batis ; singuli basi instructi bracteà foliis superioribus omnind con-
formi , florem subæquante. Calyx bilabiatus, glandulosus; tubo
infundibuliformi, glabriusculo, 10-nervio; labio superiore profundè
tridentato, dentibus ovatis, obtusiusculis, ciliatis; inferiore triente
breviore, bipartito, segmentis obtusiusculis, ciliatis; fauce pilis
brevibus clausà. Corolla bilabiata, rosea, puberula ; tubo calycem
pauld superante ; labio superiore brevissimè emarginato ; inferiore
trifido, segmentis lateralibus labium superiorem æquantibus, medio
triente longiore; fauce nudà. Stamina summo tubo inserta; fila-
mentis brevissimis; antheris subrotundis basi brevissimè emargi-
natis, infrà medium dorsum insertis. Ovarium subrotundum , gla-
brum , apice 4 lobum. Stylus corollam paululùm superans, fili-
formis, apice dilatatus, parte dilatatà brevi, bipartità. Fructum
non vidi.
In aridis insulæ Majoris prope Incam, Florebat Majo.
LABIATÆ. | 297
Oss. Cette espèce diffère essentiellement de l’Origanum vulgare Linn. 1° par
son calice à deux lèvres bien distinctes, non à cinq dents à peu près égales, fermé
de poils beaucoup plus courts; 2° par sa corolle dont le tube dépasse à peine le
calice , au lieu d’être à peu près du double pluslong; 3° par ses étamines beaucoup
plus courtes; 4°. par ses anthères légerement émarginées à la base, non à deux
lobes réunis au sommet par un connectif très-étroit. Elle se ÉLÉS de l'O. cre-
ticum, tel qu'il existe dans l’herbier de M. Gay, provenant de l’île de Candie,
1°. par ses fleurs disposées en épillets beaucoup plus courts; 2° par son calice à
deux lèvres, non à cinq dents à peu près égales; 3°. par sa corolle bilabiée, à levres
inégales, non à cinq segmens à peu près égaux entre eux. L’O. creticum D'Urv.
Enum. est, selon l'observation consignée dans l’herbier de M. Gay, tres-différent
du vrai O. creticum ; j'en ai observé des échantillons, provenant de graines rap—
portées par M. D'Urville et cultivées dans le jardin de Toulon , Qui ne different du
vulgare, tel qu’il croît aux environs de Paris, que par leurs bractées un peu plus
courtes; par leurs fleurs plus petites, moins fasciculées : par leur corolle un peu
plus velue, et dont la lèvre supérieure est fendue jusqu’au-dessus de la base, au lieu
d’être légèrement émarginée. On doit, selon l'observation de M. Gay, réunir à
VO. vulgare VO. creticum. DC. FI. Fr. Le vrai creticum n’a point encore été
observé en France.
453. Tuymus vurcaris. Linn. Spec. 825.
In sterilibus lapidosis Balearium frequens. Florebat Majo, Junio.
Hab. in Hispaniä !, Gallià meridionali!, Italià!, Græciâ et Archi-
pelagi insulis (Smith).
454. Taymus rurormis. Ait. Hort. Kew. 11, p. 313.
Ad rupes et muros insularum Balearium vulgatissimus, Aprili
Floret.
Hab. in Hispanià (Pers.).
455. Tayuus cazamnrma. Smith Flor. Brit. p. 641.
Jh fissuris rupium montis Puig-dè-Torrella in insulà Majore.
Hab. in Galliä ! , Italià (Savi—Sebast. et Maur.), monte Athô et
prope Byzantium (Smith), circa Tingidem !.
456. Taymus nerera. Smith Flor. Brit. p. 642.
In insulà Majore (Trias).
298 DicoryLepones.
Hab. in Galliä!, Italià ( Bert.—Savi— Sebast. et Maur.), Græcià
et Archipelagi insulis (Smith).
457. Prasrum mayus. Linn. Spec. 838.
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas , necnon in insulà Mi-
nore ( Æern.).
Hab. in Hispanià meridionali !, Barbarià (Desf. !), Cretà !, Græcià
et Archipelagi, insulis (Smith).
Oss. Selon M. Viviani (Flor. Lyb. Spec.), on doit rapporter au Prasium minus
les synonymes de la Flore française et des auteurs italiens : le Prasium majus ne se
trouve ni en Corse ni en Italie.
PYRENACEÆ.
458. Vitex aGnus-casrus. Linn. Spec. 890.
Ja humidis insularum Majoris (Trias), et Minoris (Æern.) haud
rara.
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptà.
459. Versena orricinauis. Linn. Spec. 29.
Ad vias in insulà Minore (Hern.)
Hab. in totà regione mediterraneä.
ACANTHACEÆ.
460. Acanraus moLuis. Linn. Spec. 891.
In insulà Majore prope Incam. Floret Majo.
Hab. in Gallià meridionali ( DC. ), agro Romano ( Sebast. et
Maur. ), regno Néapolitano (Tenore), Sicilià (Smith ), Asià minore
circa Trapezum (D’Urv.), regno Algeriensi (Desf. !).
PRIMULACEZÆ.
461. Anacazus cÆruLEA. Lam. Flor. Fr. 11, p. 285.
In agris insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Martio .
PLUMBAGINEZ. 299
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptà.
462. Anacarus Pmoenicea. Lam. Flor. Fr.un, p. 285.
Ubique in agris Balearium. Martio floret.
Hab. in Gallià!, Archipelagi insulis (Smith), regno Algeriensi
(Def. ).
463. Conis monsreztensis. Linn. Spec. 252.
Ubique in aridis et arenosis maritimis Balearium. Floret Majo.
Hab. in Gallià mediterraneä ! , Ligurià occidentali et regno Nea-
politano (Viv.), Sicilià (Biv. Bern.), Græcià (Smith), Ægypto
(Del. ), totà Barbarià ( Viv.—Desf.—Schousb.), Hispanià!.
464. PrRimura ELATIOR. Far. scapo brevi, floribus atro-purpureis.
Crescit prope Esporlas in insulà Majore ; verisimiliter ex hortis
transfuga.
465. Cycramex vernuw. Lob. Ic. tab. 605, fig. sinistra. - Cyclaminus
vernus. Clus. Hist. p. 265.—Cyclaminus verno tempore florens. Clus.
Ac. p.265. Ic.—Cyclamen Byzantinum Magn. Bot. Moxsp. p. 85.—
C. europœæum. Desf. Flor. Al. 1, p. 167.—C. hederæfolium. Sebast.
et Maur. FI. Rom. Prodr. p. 05.— C. hederæfolium à Bert. Amon.
Jtal. p. 18.
In umbrosis Balearium vulgatissimum. Primo vere floret.
* Hab. in Gallià meridionali ! , Itahià!, Corsicä!, Cretà!, Barbarià
(Def. !).
466. Samorus Vazerannr. Linn. Spec. 243.
Ja humidis Balearium frequens.
Hab. in orbe ferè toto.
PLUMBAGINEÆ.
467. Srarice cuonum. Linn. Spec. 394.
In paludosis maritimis Balearium haud rara.
300 DircoTyLEDONESs.
Hab. in totä regione mediterraneä.
468. Srarice AuricuzæroLta. Vahl Symb. 1, p. 25.
In maritimis insulæ Minoris (Æern.).
Hab. in maritimis Galliæ!, Barbariæ prope Mogador (Schoush.),
circa Tingidem!.
469. Srarice oceærou1a. Pourr.—DC. Flor. Fr. 117, p. 422.
In insulà Majore prope Banabufar, ad littora maris; etiam in in-
sulà Minore (Hern.). Floret Aprili.
Hab. in Gallià mediterraneà !, Italià prope Liburnum!, Neapolim!,
Græcià (Smith).
47o. Srarice rerRuLACEA. Linn. Spec. 396.
In maritimis insulæ Minoris (Æern.).
Hab. in insulà S. Luciæ!, Barbariä !, (Desf.—Schoush.).
471° Srarice minuTA. Linn. Mant. 59.
In insulà dé-Coulom prope insulam Minorem (Æern.).
Hab. in Gallià meridionali prope Massiligm!, Corsicà!, Barbarià
(Desf.!).
PLANTAGINEÆ.
472. Pranraco ranceorara & DC. F1. Fr. m, p. 409.
Ad vias in Balearibus freqnens. Floret Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptà.
P. lanceolata €. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 377.
Ad vias in insulà Minore (Æern.).
475. Pranraco racorus GB. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 378.— P. erios-
tachya. Tenore Flor. Nap. ex DC. L. c.
In aridis et ad vias Balearium vulgatissima. Floret Martio.
Hab. in Gallià mediterraneä!, Hispaniâ !, regno Neapolitano.
474. PranraGo azricans. Linn. Spec. 165.
ÀÂMARANTHACEÆ.—PHYTOLACCEZ. 3o1
Ad vias in insulâ Majore et Ebuso. Floret Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà.
+ 475. Pranraco rrvosa. Pourr. Act. Toul. nr, p. 324.
Inter rupes maritimas insulæ Majoris prope Alcudiam. Aprili
floret.
Hab. in Andalusià !, Galliâ mediterrane !, Etrurià ! , regno Nea-
politanc!, Corsicà !. - \
476. Pranraco marrmama. Linn. Spec. 165.
In arenosis maritimis Alcudiæ, loco dicto renal, in insulä Ma-
jore. Aprili, Majo floret.
Hab. in totà regione mediterraneä.
477. Pzanraco rsyzuium. Linn. Spec. 167.
In agris insulæ Majoris prope Esporlas. Martio floret.
Hab. in totâ regione mediterraneä , Ægypto exceptä.
478. Pranraco coroxopus. Linn. Spec. 166.
In arenosis maritimis insulæ Majoris prope Alcudiam , loco dicto
Arenal. Aprili, Majo floret.
Hab. in totâ regione mediterraneä.
AMARANTHACEZÆ.
479. AmaranTaus PRoSTRATUS. Balb. Misc. p. 44 , tab. 10.
In insulà Minore ( Hern.).
Hab. in Pedemontio (DC), prope Genuam (Bert.), in agro Ro-
mano (Sebast. et Maur. ).
PHYTOLACCEÆ.
48e. Puayroracca pecanpra. Linn. Spec. 631.
In insulà Majore prope Esporlas (Trias).
Mém. du Muséum. 1. 14. 39
302 DicorxLEeDones.
CHENOPODEÆ,
481. BErTa marrrima. Linn. Spec. 322.
In maritimis Balearium vulgatissima. Majo floret.…
Hab. ubique circa mare Mediterraneum.
482. BEra vurcaris. Linn. Spec. 322.
Colitur in hortis.
483. Sprnacra sernosa. Moench Meth. p- 318.
Colitur in hortis.
484. Arripcex marmus. Linn. Spec. 1492:
In maritimis Ebusi. Majo floret.
Hab. ubique circa mare Mediterraneum.
485. Arripsex PORTULACOIDES. Linn. Spec. 1493.
In maritimis prope Alcudiam in insulà Majore. Floret Majo.
Hab. ubique circa mare Mediterraneum.
486. Arrrwrex rose. Linn. Spec. 1493.
In insulà Minore ( Hern.). |
Hab. in Gallià!, Ligurià (Bert.), regno Neapolitano!, ad littora
maris Adriatici! , in Georgià!, Cretà!.
487. Caenoronruom muraLe. Linn. Spec. 318.
Ad vias in Balearibus frequens, Aprili.floret.
Hab. in totà regione mediterraneä.
488. Cnenoronium LErosPERmuM a. DC. Flor. Fr. n1, p. 390. —
C. album. Liünn. Spec. 319.
In maritimis Balearium vulgatissima. Majo floret.
Hab. in totà regione mediterraneà.
489. Cnenoronium Amgrosiomes. Linn. Spec. 320.
In insulis Majore (Trias), et Minore (Hern.).
pr
Poryeonéz. 303
Hab. in Gall! , Italiä ! » Corsica! Sicihà (Ortol. et Raf.), regno
Marocano (Schousb.).
* 490. Cuenoronrum FruTicosum. Linn. Spec. ed. 1, p. 221.
Jù maritimis Ebusi. Majo floret.
Hab. in toto maris Mediterranei littore.
41. Sarsora Karr. Linn. Spec. 322.
In maritimis insulæ Minoris (Hern.).
Hab. ubique circa mare Mediterraneum.
492. SazrcornrA rruTicosA. Linn. Spec. 5
In maritimis Balearium vulgaris.
Hab. ubique circa mare Mediterraneum.
495. Tuericonum cynocrAmse. Linn. Spec. 1411.
In umbrosis ad rupes excavatas circa Artam, in insulà Majore.
Primo vere floret.
Hab. in Galliâ mediterraneä !, > ali !, Sicilià !, Græcià et Cretâ
(Smith), Barbariä!.
POLYGONEEÆ.
494. Poryconum avicurare. Linn. Spec. 519.
In insulâ Majore (Trias).
Hab. in totà regione mediterraneä.
495. Euex spvosa. Campd. Monogr. Rum. p. 58,t.1,f. 1. —
Rumex spinosa. Linn. Spec. 481.
In insulà Minore (Æern.).
Hab. in Andalusiä !, Barbarià ! , Ægypto (Del.), Cretä!, Græcià et
insulà Zacyntho (Smith), insulà Melo!, Sicilià (Biv. Bern.), Cala-
briâ! , agro Neapolitano!.
496. Rouex osrusirouvs. Linn.Spec. 478.
‘Ad sepes Ebusi; necnon in insulâ Minore (Æern.). Floret Majo.
39*
304 DrcoryLEDonNEzs.
Hab. in Galliâ!, Peloponneso et circa Byzantium (Smith).
497. Ruwex sucerxaropnorus. Linn. spec. 470.
Ubique in Balearibus. Aprili floret.
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä.
498. Rumex acgrosa. Linn. Spec. 481.
Colitur in hortis.
LAURINEÆ.
499. Lavrus xosmis. Linn. Spec. 529.
In montibus insulæ Majoris inter Pollentiam et Lluch. Aprili
floret.
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptà. In orientali
plagà septentrionem versùs usque ad Tauriæ meridionalis littora
progreditur (Stev. in litt. ad Gay).
THYMELEÆ.
500. D apane eniprum. Linn. Spec. 511.
In collibus petrosis insulæ Majoris. Junio floret.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
5or. PassErINA VELUTINA : tomentosa, ramis tortuosis; foliis spa-
thulatis , obtusissimis ; floribus axillaribus, aggregatis, sessilibus ,
bracteatis ; perianthio infundibuliformi. Nob.
P. velutina. Pourr. in Herb. Desf.!.
Frutex sesquipedalis, ramosissimus, ramis tortuosis, densè tomen-
tosis , tomento flavescente. Folia alterna, approximata, quasi imbri-
cata, spathulata, crassiuscula, utrinquè tomento densissimo longius-
culo flavescente vestita, 4 lineas longa, lineam et dimidiam lata.
Flores axiilares, sessiles, aggregati, instructi bracteis pluribus im-
bricatis, ovatis, tomentosis. Perianthium tubulosum, infundibuli-
forme, 4-fidum ,-4 lineas longum, extùs densè tomentosum , intüs
SANTALACEÆ.—CYTINEZ. 305.
. glabrum et pallidè luteum. Stamina 8, duplici serie perianthii
summo tubo inserta, 4 superiora segmentis perianthii opposita, 4 in-
feriora iisdem alterna : antheræ subsessiles, dorso prope basim
1 insertæ, luteæ, oblongæ , biloculares, longitudinaliter dehiscentes.
Ovarium perianthïi fundo insertum, obovoideum , glabrum , dimi-
diam lineam longum , uniloculare, uniovulatum. Stylus subclavatus,
glaber, ovario pauld brevior, apice truncatus. Ovulum unicum , OVOi-
deum , pendulum.
A P. tartonraira differt : 1° caulibus et foliis densè tomentosis,
tomento lutescente, non sericeis, argenteis; 2° foliis brevioribus,
spathulatis, apice rotundatis et obtusissimis , non obovato-lanceolatis,
sub ellipticis, apice acutiusculis, submucronulatis; 3° perianthio
fundibuliformi, non campanulato.
= In arenosis maritimis insulæ Majoris prope Palmam vulgatis-
sima , in montibus rarior. Floret Martio, Aprili.
5o2. Passerina HirsuTA. Linn. Spec. 513.
In collibus petrosis et ad vias Balearium vulgatissima. Martio
floret.
Hab. in tot regione mediterranei.
SANTALACEÆ,
504. Osyris Asa. Linn. Spec. 1450.
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Martio.
Hab. in totâ regione mediterraneä, Ægyÿpto exceptä.
CYTINEÆ.
500. Cyrwvs ayrocisris. Linn. Gen. p. 566.
In montibus insulæ Majoris circa Esporlas, ad radices Cisti sal-
| wifolii. Majofloret.
Hab. in totâ regione mediterraneä , Ægypto exceptà.
306 DicoryLEeDonss.
EUPHORBIACEZÆ.
505. Mxrcurrazis AnNuA. Linn. Spec. 1465.
In insulà Minore (Æern.).
Hab. in totà regione mediterraneä.
506. Mercurrazis AMBIGUA. Lann. Fil. Dec. r, t. 8.
Ad margines viarum in Balearibus haud rara. Aprili floret.
Hab. in Gallià meridionali prope Telonem et in Corsicâ (DC.), in
Barbarià circa Tingidem !.
5o7. Mercuriacis roMENTOsA. Linn. Spec. 1465.
In collibus petrosis Ebusi prope urbem. Majo floret.
Hab. in Galliâ mediterraneà.
508. EuPnorsia caamæsyce. Linn. Spec. 652.
In insulà Majore (Trias).
Hab. in Gallià mediterraneà!, Italià !, Græcià et Archipelagi in-
sulis (Smith), Cretä!, Palestinà!, Barbarià circa Tingidem!, Anda-
lusià ! , regno Valentino!
509. EuPmorsra PeeLus. Linn. Spec. 653.
Ad vias prope Esporlas in insulà Majore. Martio floret.
Hab. in totà regione mediterraneä.
B. minima DC. Flor. Fr. 1, p. 331. — Æ. peploides. Gouan Flor.
Monsp. p« 174—DC.Elor. Fr. Suppl. p.358.—£. peplus var. minor.
Viv. Flor. Lyb. Spec. p. 26.
In insulâ Minore (Æern.).
Hab. in Gallià mediterraneâ! , Corsicà!, Cyrenaicà (Viv.).
510. Eurnorera prrayusa. Linn. Spec. 656.
In sterilibus inter Cauviam et montem Galatzo in insulà AIRE
Majo floret.
Hab. in Barbarià (Desf. !), Gallià mediterraneà !, Etrurià (Savi),
Corsicà !.
ji :
w 5
EuPHORBIACEZ. 307
511. Eurorgra paraztas. Linn. Spec. 657. :
+ Übique in arenosis maritimis Balearium.. Floret Majo:
Hab. in totà regione mediterraneà.
| 52. EvPxorsia BIUMBELLATA. Poir: Voy. Barb:.u, p. 174. 1e.
Inter segetes prope Artam in insulà Majore. Aprili floret..
Hab. in Gallià mediterraneà! , Barbariâ (Desf. !).
513. EvPsorsia Provincrauis. Willd. Spec., Plant, 11, p. 914.—
E,; segetalis 8. DC: Flor. Fr. in, p-335.—E£. alexandrina. Del. Flor.
Ægypt. [lust. n. 476, t. 30, f. 2. — E. neapolitana. Tenore! Flor.
Nap. 1, p. 266; t. xui.— Æ. leiosperma. Salzm.! Herb, Tingit.
Inter segetes circa Artam et in arenosis portus Soller in insulà Ma-
jore. Aprili floret.
Hab. in Gallià mediterraneä!, agro Neapolitano! , Calabrià!,
Cretà!, Ægypto (Del.), Barbarià prope Tingidem!.
514. Evrnonsra merioscorra. Linn. Spec. 658.
Ad pagos in Balearibus frequens. Floret Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà.
515. Eupuorgra serrara. Linn. Spec. 658.
Ad margines agrorum prope Esporlas in insulà Majore. Florebat
Martio.
Hab. in Gallià mediterraneä!, Andalusiä!, Barbarià ( Desf.),
Ægypto!, montium.Mamurrarum. nemoribus (Gole d’Itri.) (Te-
nore ).
516. EveuorriA penpropes. Linn. Spec. 662.
In maritimis insulæ Majoris prope Alcudiam, Pollentiam, Lluch,
Sô Valenti. Florebat Aprili.
Hab. in Stœchadum insulis et agro Nicæensi (DG.), Ligurià orien-
tali ( Viv.), agro Romano (Sebast. et Maur.) regno Neapolitano!,
Corsicà! , Sicilià (Biv. Bern.), Cretà!, Barbarià (Desf. !—Viv.)..
517. EurnorsiA cæaracas, Einn,,Spec. 662,:::::
*
308 DicoTYLEDONES.
Ad vias in Balearibus frequens.
Hab. in Hispaniä ! , Gallià meridionali!, Italià ! , Græcià (Smith),
Cretà !.
518. Buxus sazearica. Lam. Dict.1, p- 511.
[no montibus insulæ Majoris prope Lluch, Soller, necnon in monte
Galatzo. Aprili floret.
519. Ricnus communs. Linn. Spec. 1430.
In insulà Majore prope Esporlas , Artam. Majo florebat. An
spontaneus ?.
Hab. in Græcià , Cypro et Cretà (Smith), Barbarià ( Desf. !).
URTICEZÆ.
520. Ficus carica «& sylvestris. DC. Flor. Fr. 17, p. 318.
Frequens inter rupes maritimas Balearium.
B. Sativa. DC. I. c.
Culta in campis et hortis.
Colitur in totà regione mediterraneä.
521. Morus nicra. Linn. Spec. 1398.
Colitur in Balearibus.
Culta in totà regione mediterraneä.
522. Urrica Memsranacea. Poir. ! Dict. 1v, p. 638.
Ad margines viarum prope Sô Ferendell in parte occidentali in-
sulæ Majoris; etiam in insulà Minore (Æern.). Florebat Aprili.
Hab. in Gallià mediterraneä !, agro Romano (Sebast. et Maur.),
regno Neapolitano (Tenore), Cretà !, totà Barbarià!.
523. Unrrica urens. Linn. Spec. 1596.
Ubique in Balearibus.
Hab. in totà regione mediterraneà.
524. Unrica rILuurErA. Lino. Spec. 1395.
À
AÂMENTACEÆ. 309
In Balearibus circa pagos et domos vulgatissima.
Hab. in totà regione meditérraneà.
925. Parieraria orricinaus. Linn. Spec. 1492.
- In Balearibus frequens.
* Hab. in tot regione mediterraneä.
526. Pamretarta suparca. Linn. Spec. 1492. ,
Inter rupes maritimas prope Artam in insulâ Majore. Florebat
Aprili.
527. Canaris sariva. Linn. Spec. 1457.
Colitur in Balearibus.
AMENTACEÆ.
528. Sarix Basvronica. Linn. Spec. 1441.
Colitur in insulâ Majore prope Artam.
Culta in totâ regione mediterraneä.
529. Poruius micra. Linn. Spec. 1464.
Colitur in insulâ Majore prope Esporlas.
Culta in totà regione mediterraneä.
530. Quencus 1rex. Linn. Spec. 1413.
In montibus Balearium frequens.
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto except.
B. ballota, fructibus dulcibus, foliis integris subtùs incano-tomen-
tosis. — Q. ballota. Desf. ! Atl. 11, p. 350.
In montibus insulæ Majoris frequens.
Hab. in Allante (Desf. !), montibus Græciæ ( Smith).
531. Cerris ausrrauis, Linn. Spec. 1478.
Colitur in Ebuso.
532. Uruvs cawresrris. Linn. Spec. 327.
Mém. du Muséum. t. 14. 4o
310 DrcoryLEDONESs.
Colitur in Balearibus.
Colitur in totà regione mediterraneà.
CONIFERÆ.
533. Prnus rinea. Linn. spec. 1419.
In sylvis Ebusi frequens.
534. Pinus acerensis. Mill. Dict. n. 8.—P. maritima. Lamb. Pin.
13,t.10, non Lam.
Ubique in Balearibus.
Hab. in tot regione mediterraneà, Meybio exceptà.
535. Cupressus rasricrara. DC. Cat. Hori. Monsp. 22.
Colitur in insulà Majore prope Valldemosam.
936. Jonrrerus PHoenrcea @. DC. Flor. Fr. nr, p. 279. — J. plœni-
cea. Linn. Spec. 1471.
In maritimis insulæ Majoris frequens.
Hab. in Gallià meridionali !, Italià !, Græcià (Smith), Hispanià !.
B. DC. L. ce. —J. lycia. our Spec. 1471. — Vulgd Sivina.
In sylvis Ebusi frequens.
Hab. in Galliàâ meridionali (DC.), Atlante ( Desf. !), Græcià
(Smith).
537. JuxrPerus oxycenrus. Linn. Spec. 1470.
In maritimis et sterilibus Balearium frequens.
Hab. in totà regione mediterraneâ , Ægypto exceptà.
538. Ernepra rraGiuis. Desf.! Atl.11, p. 342.
In collibus maritimis prope Artam in insulà Majore; necnon in
insulà Minore ( Hern.).
Hab. in Atlante (Desf.!).
ALISMACEÆ.— AROIDEZ. 311
ne à
539. Poramoceron narans © angustatum. Mert. et Koch Deutschl.
Flor. 1, p. 840.
In fossis prope Artam in insulà Majore.
540. Poramoceron rEcrinaTum d'. Mert. et Koch Deutschl. Flor. p}
P- 858. — P. mmarinum. Linn. Spec. 184.
In fossis Balearium freques. Florebat Majo.
54x. Anismk eaNaco. Line Spec. 486.
In fossis Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneä.
AROIDEÆ.
542. Arum muscrvorun. Linn. fil. Suppl. 410.
In insulis Majore ( Trias), et Minore (Æern.).
Hab. in Corsicä!.
543. Anuu 1raucum. Mill. Dict. n. 2.
In montibus insulæ Majoris prope Valldemosam. Florebat Aprili.
Hab. in Gallià mediterraneà !, Pedemontio !, agro Romano (Sebast.
et Maur.) , regno Neapolitano (Tenore).
544. Amisarum vurGare. Rich. in Kunth Obs. Aroïid. p. 9. — 4rum
Arisarum. Linn. Spec. 1370. — Balmisa vulgaris. Lag. Gen. et
Spec. nov. p. 17. — Vulgd Fraylé.
Foliaradicalia, cordato-oblonga, vel subsagittata auriculis obtusis,
mucronulata, integra, lævia, 2-4 uncias longa, 1-2uncias lata, petiolo
5-8 uncias longo. Scapus teres, lævis , 6-8 uncias longus, rubellus
seu rubro maculatus: Spatha circiter 2 uncias longa, a basi ad
medium cylindracea , a medio ad apicem longitudinaliter fissa ,
summo apice incurvato, cuculliformi, mucronulato, glabra, venis
ko”
312 MonocOTYLEDONES.
10 rubellis longitudinaliter notata. Spadix cylindraceus , suprà gla-
ber, infrà puberulus, spathà paulo brevior, apice incurvatus et incras-
satus. Stamina numerosa, absque distinctis seriis tertiæ parti infe-
riori spadicis inserta, puberula, filamentis dimidiam lineam longis,
antheris unilocularibus. Ovaria 4-6, spadicis basi affixa , sessilia ,
angulosa, puberula, unilocularia , 10-12 ovulata. Stylus quadran-
tem lineæ longus , apice incrassatus , papillosus. Ovula erecta. Fruc-
tus exsuccus, membranaceus, indehiscens, angulosus, 6-8 spermus.
Semina angulosa. Embryo rectus iu centro perispermi.
In umbrosis Balearium vulgatissimum. Floret primo vere.
Hab. in tot regione mediterraneà.
ORCHIDEÆ.
545. Orcmis morio. Linn. Spec. 1333.
In montibus insulæ Majoris frequens. Florebat Aprili.
Hab. in Galliâ meridionaïi !, Etrurià (Savi), agro Romano (Se-
bast. et Maur. ), regno Neapolitano (Tenore), insulà Cypro et prope
Byzantium (Smith), Taurià ! , Georgiä !.
546. Orcis LacTeA. Poir. Dict. 1v, p. 594. — ©. acuminata. Desf. !
Atl. x, p. 318, t. 247.
In collibus petrosis prope Artam, Palmam in insulâ Majore; etiam
in insulà Minore ( Æern. ). Floret Martio.
Hab. in Barbarià! , Sicilià ( Ortol. et Raf.).
547. OrcuIS SECUNDIFLORA. Bert. Amoen. Ital. 82. — Suty rium macu-
latum. Desf.! Atl. 1, p. 319. — Ophrys densiflora. Desf. Coroll.
p- 11, t. 16.
In monte dicto Puig-de-Torrella in insulà Majore.Florebat April.
Hab. in Provincià !, Ligurià (Bert.), Corsicà !, Calabriä ! , Atlante
(Desf. ! ).
548. Ornnys rentureninirera. Willd. Spec. 1v, p. 69. — ©. insecti-
OrCHIDEZ. 313
fera a. rosea. Desf.! Atl. n, p. 320.—0O. villosa. Desf. Coroll. p. 8,
t. 4. Gr Ne
In collibus petrosis insulæ Majoris prope Petram, Artam. Flore-
bat Aprili.
Hab. in agro Romano !, Oriente et Barbarià (Desf.). *
549. Ornrys rapanirera. Willd. Spec. 1v, p. 68. — O. insectifera
B. biflora. Desf.! At]. ,p. 320. — ©. pulla. Cyrill. Ic. ined. 12. —
Tenore ! Flor. Nap. 11, p. 511, t. xovu. — ©. disthoma. Biv. Bern.
Sic. Plant. Cent.r, p. 59, ex Tenore |. c. — ©. Aiulca. Maur. Rom.
Plant. cent. xur, t. 2,-f. 2, ex Tenore |. c.
In insulà Majore prope Artam, Lluch. Florebat Aprili.
Hab. in agro Romano!, Calabriàä !, Siciliä (Biv. Bern.), Barbarià
(Desf.!).
550. Orarys vernix1A. Brot. Flor. Lus.— Salzm. ! Herb. Malac. —
O. ciliata. Biv. Bern. Sic. Plant. cent. 1, p. 60. — Tenore Flor.
Nap. n, p. 309, t. xev. — O. scolopax. Brot. Phyt. Lusit. P- 8;
t. 3, f. 2.—Tenore Flor. Nap. 11, p. 306, non Cav.
In collibus petrosis insulæ Majoris prope Petram, Artam , et Ebusi
circa S. Eulaliam. Florebat Aprili, Majo.
Hab. in Lusitaniä, Andalusiä! , Calabriä!, Siciliâ (Biv. Bern. ),
regno Algeriensi! , agro Tingitano!.
551. Oparys rusca. Willd. Spec. 1v, p. 68.
In collibus petrosis prope Artam et in monte Puig-Majorin insulà
Majore. Florebat Aprili.
Hab. in Lusitanià ( Willd.), Galliâ prope Aginnum !, Græciä
(Smith).
552. Serarras 11 neua. Linn. £j ec1344.
In collibus petrosis insulæ Majoris prope Petram , Artam, et in
Ebuso. Florebat Aprili, Majo.
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä.
314 MonwocOTYLEDONES.
IRIDEÆ.
553. Iris sisvriNCHIUM & major.—I. Sisyrinchium. Biv. Bern. Sic.
Plant. cent. 2°, non auct. — J. fugax Ten. Flor. Nap. 1, p. 15, t. 1v,
non Pers.
Ad margines viarum in Ebuso. Florebat Majo.
Hab. in regno Neapolitano (Tenore), Sicilià (Biv. Bern.), regno
Valentino !.
B. minor, — I. Sisyrinchium. Linn. Spec. 59.
Inter rupes maritimas prope Alcudiam in insulà Majore. Florebat
Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä. An sæpè cum præcedente
varietate confusa?.
Ons. La variété « s'élève jusqu’à la hauteur d’un pied , tandis que la variété 8
n’atteint qu'environ quatre pouces. Elles sont cultivées au jardin du Luxembourg,
provenant de bulbes que jai recueillies aux Baléares, et conservent depuis deux
ans leur forme primitive. Je n’hésite cependant pas à les regarder comme de simples
variétés, leurs fleurs, leurs feuilles, leurs bulbes, etc., m’ayant présente les
mêmes caractères. La couleur des pétales , qui a été donnée par M. Tenore comme
un caractere distinctif entre ces deux formes, varie, pour l’intensité dans les
échantillons des Baléares, suivant l’époque plus ou moins récente de leur épa-
nouissement. L’/ris fugax Pers. , originaire du Cap de Bonne-Espérance, a des
étamines monadelphes et fait partie du genre J’ieusseuxia, tandis que la variété
du Sisyrinchium à laquelle M. Tenore a donné ce nom présente des étamines
parfaitement libres.
554. Gzaprozus Lunovicæ. Jan. Plant. exsicc.
Inter segetes insulæ Majoris prope Alcudiam, Florebat Aprili.
Hab. in agro Andegavensi !, Provincià !, agro Parmensi !, Hberià !.
555. Granrorus communis. Linn. Spec. 52.
Inter segetes insulæ Majoris. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptà.
556. IxrA suzsocopiun. Var. minima, floribus pallidissimè roseis.
AMARYLLIDEZ. 315
In collibus petrosis prope Artam in insul4 Majore. Florebat
Aprili. é F
* 557. Crocus sarivus. Al. Pedem. n. 310.
Colitur in insulâ Majore.
558. Crocus muimus. DC. Flor. Fr. ur, p. 243.
la montibus insulæ Majoris prope Esporlas , Lluch frequens. :
Hab. in Corsicä !.
AMARYLLIDEZÆ.
559. Pancrariuw maririmum. Linn. Spec. 418.
In arenosis maritimis Balearium.
Hab. in totà regione mediterraneâ.
560. Narcissus raniaTus. Red. Lil. t. 450.
Id monte Puig-de-Malluch in iusulä Majore. Florebat Aprili.
561. Narcissus razé@ra. Linn. Spec. 416.
In collibus petrosis prope Palmam. Florebat Martio.
Hab. in Gallià mediterraneà !, Italiâ (Sebast. et Maur. — Tenore),
Græcià (Smith), Barbarià ( Desf. !).
562. Narcissus sonQuiIr LA. Linn. Spec. 417.
In: insulà Minore (Hern.).
Hab. in Hispaniä !, Occitaniä !, regno Neapolitano (Tenore).
_ 565. Leucorum Hernannezn: foliis scapum subæquantibus ; spathä
2-3 florà ; perianthio albo, viridi-maculato; ovario oblongo. Nob.
Bulbus evoideus, magnus, 15 1. longus, 1 unciam latus. Folia
linearia, 1-1 + pedalia, 3-4 lineas lata, plana, apice obtusa. Scapus
folia paululùm superans, 1-3 florus. Spatha monophylla, linearis,
1 ; unciam longa, 2 lineas lata , apice obtusa. Pedunculi 1-1 z
unciam longi, filiformes. Perianthium 4-5 lineas longum, 5-
partitum , lobis oblongis, obtusis, albis, apice viridi maculatis.
316 MonocoOTYLEDONES.
Stamina brevia. Stylus stamina paululim superans, perianthio
triente brevior, filiformis. Ovarium oblongum , subclavatum.
Differta L. æstivo, 1°. foliis trieute angustioribus; 2°. floribus
dimidio minoribus; 5°. spathä 1-3 florà, non 3-6 florà ; 4°. ovario
oblongo , non sphærico.
Crescit in montibus insulæ Majoris prope Lluck ; necnon in insulà
Minore ({Zern.). Florebat Aprili. — Hanc speciem dixi in honorem
cl. Hernandezii doctoris medici, qui plantas plurimas Minoricenses
mecum benignè communicavit.
SMILACEÆ.
564. Smirax Aspera. Linn. Spec. 1458.
In montibus et ad sepes Balearium frequens.
Hab. in totà regione mediterraneà.
565. Ruscus acuzearus. Linn. Spec: 1474.
In montibus insulæ Majoris haud rarus.
Hab. in Gallià!, Italià !, Atlante (Desf.). M
566. Tamus communis. Linn. Spec. 258.
Ubique ad sepes Balearium. Florebat Aprili.
Hab. in Gallià!, Italià ( Bert. — Sebast et Maur.), Græcià et
insulis Cretà et Cypro (Smith ), regno Algeriensi ( Desf. ).
LILI ACEÆ.
SL. Æsparageæ.
567. AsraraGus orricixaLis. Linn. Spec. 448.
In montibus insulæ Majoris. Colitur in hortis.
568. Asparacus AcuTIFOLIUS. Linn. Spec. 4/0.
Ad vias in Balearibus.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto except.
569. AsparaGus Horripus. Linn. fil. Suppl. 203.
Lirracez. 317
Ad vias in Balearibus vulgatissimus. Florebat, Aprili.
Hab. in Hispanià meridionali (Cav.), Barbarià ; Schousb.— Desf.!),
Ægypto!, Sicilià ( Biv. Bern. ). |
S Il. Æsphodelece.
57o. Asrnonezus ramosus. Linn. Spec. 444.
In collibus petrosis Balearium vulgatissimus. Florebat Martio,
April. ; c
Differt ab 4. microcarpo Viv. foliis angustioribus et fructibus
majoribus.
Hab. in regno Neapolitano ( Tenore }, Græciâet Archipelagi insulis
(Smith }, Barbarià prope Tingidem !.
571. AspnopeLus risruLosus. Linn. Spec. 444.
Ubique in Balearibus. Florebat Martio.
Hab. in totà regione mediterraneä.
572. Muscarr comosum. Mill. Dict, n. 2. — Hyacinthus comosus.
Linn. Spec. 455.
In agris Balearium. Florebat Martio.
Hab. in totà regione mediterrrnei.
973. Muscarr racemosum. Mill. Dict. n. 3. rs racèemosus.
Linn. Spec. 425.
In agris Balearium. Florebat Martio.
Hab. in Galliä!, Italiä ( Bert. — Sebast. et Maur. — Tenore),
Græcià et Cretà (Smith ).
574. Sorzra mariTIMA- Linn. Spec. 442.
In Balearibus vulgatissima.
Hab. in totà regione mediterraneä.
575. OrniTHoGALUM nARgONENSE. Linn. Spec. 440. — O. pyrenai-
cum. Desf. ! Atl. 1 p: 299. — Smith Flor. Græc. Prodr, 1 p.231? —
d'Urv. Enum. n. 318?, non Linn.
Ad margines agrorum in Ebuso. Florebat Majo.
Mém. du Muséum. 1. 14. 4x
318 MonOCOTYLEDONES.
Hab. in Gallià mediterraneà !, agro Genuensi!, Étéurià ( Savi ),
agro Romano (Sebast. et Maur.), regno Neapolitano ( Tenore ),
Cretà!, regno Tunetano ( Desf.! ).
576. Arurum Porrum. Linn. Spec. 423.
Colitur in hortis Balearium.
577. Actu amrecorrasum. Linn. Spec. 423.
Inter segetes prope Esporlas in insulà Majore. Florebat Majo.
Hab. in Gallià mediterraneâ! , Etrurià (Savi), agro Romano( Se-
bast. et Maur. ), Archipelagi insulis (Smith ).
578. Auuiumsarivum. Linu. Spec. 425.
Coliturin hortis Balearium et condimentum usitatissimum præbet.
579. ALLIUM SUBHISRUTUM Linn. Spec. 424.
In insulà Majore prope Artam. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà.
580. Azuun roseuM GB. bulbiferum. Desf. Cat. Hort. Par. p. 32. —
A. carneum Sav. Cent. 87, ex DC. Flor. Fr. suppl.
In agris insulæ Majoris inter Alcudiam et Pollentiam. Florebat
April.
Hab. in Gallià meridionali!, agro Genuensi ( Bert. ), Etruri
( Savi ), agro Romano ( Sebast. et Maur. ), Calabrià !, Sicilià (Biv.
Bern. ).
58r. ALciuM TRIQUETRUM. Linn. Spec. 431.
Ubique in fossis et humidis Balearium. Florebat Martio.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
582. Accro cHamæmoLy. Linn. Spec. 433.
Bulbus ovoideus , tunicis vetulis fuscis , utrinquè impresso punc-
tatis. Folia lineari-lanceolata, 3-4 uncias longa, 3-4 lineas lata,
plana, nervo carinali subtüs prominente , margine ciliata. Scapus
hypogeus, unc'alis, foliorum vaginis involutus, 8-florus, floribus
umbellatis. Spatha monophylla?. Pedicelli 3 lineas longi, virides,
MELANTHACEZ. 319
crassi , recurvati et verisimiliter fructum in terram demitten-
tes. Perianthii segmenta erecta, lineari-lanceolata, alba, nervo
medio viridi excurrente inscripta, apice obtusiuscula. Filamenta
subulata, segmentis perianthii dimidio breviora, omnia apice indi-
visa. Ovarium sphæroideum , obsoletè 6-sulcatum, saturatè viride,
triloculare , loculamentis 2-ovulatis. Ovxla erecta, loculamenti
fundoinserta , obovoidea , totum loculamentum occupantia, ad latera
non nihil complanata, dorso convexa. Stylus perigonium subæquans,
ovario longior , subulatus. Odor totius plantæ alliaceus.
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Januario Fe-
bruarioque.
Hab. in Hispanià ( Cav. ), Barbarià (Schousb. — Desf, ), Corsicä!,
regno Neapolitano! , Etruriä (Savi Ds
583. Azcrum cepa. Linn. Spec. 431.
Colitur in hortis Balearium.
S IT. Bromeliaceæ.
584. AGaAve americana. Linn. Spec. 461.
Ad sepes et rupes maritimas in Balearibus haud rara.
MELANTHACEZÆ.
985. MerevoerA ritirouta : foliis hysteranthiis, filiformibus, 1-3
nerviis ; antheris sagittato-linearibus ; ovario lineari-oblongo ; stig-
matibus capitatis. Nob.
Bulbocodium vernum. Desf.! Atl.1, p. 284, excl. synon.
Bulbus ovoideus , 6 lineas circiter longus, 4 L. latus, tunicis vetulis
coriaceis, pigris. Folia paululüm-post flores emergentia, circiter 4 pol-
lices longa, 1 lineam lata, plana, dorso (saltem in speciminibus siccis)
1-3 nervia, nervis obsoletis. Scapus brevis , 61. Jongus, foliorum vagi-
nis involutus, uniflorus. Perianthium 3 pollices longum, 6—partitum,
lobis longissimè unguiculatis, limbo lineari-lanceolato, circiter 151.
f*
.
320 MonocoTYLEDONES.
longo , 4 1. lato, obtuso, roseo. Stamina summis unguiculis inserta ;
filamenta filiformia, 4 1. longa; antheræ basi insertæ, sagittato-
lineares, filamentis pauld longiores. S4y/i staminibus pauld longiores,
filiformes, stigmatibus parvulis ; capitatis. Ovarium lineari-oblon-
gum ; 3 L. longum , 1 |: latum, profondè 3-sulcatum, 3-loculare ,
loculis apice. imperfectè coalitis ; multi-ovulatum." Ovxla angulo
interno loculorum quadruplici serie inserta: Fructum maturum non
vidi. 5
Differt a M. bulbocodio. Ram: 1° foliis 1 1. latis, filiformibus, planis,
subtùs 1-3 nerviis, non linearibus, 4 1. latis, canaliculatis, enerviis;
2° ovario lineari-oblongo, non abbreviato, ovoideo; 3° stigmatibus
minoribus, capitatis, non manifestè obliquè truncatis; 4° ovulis
longè pluribus.
À M. caucasica M.B. 1° foliis hysteranthiis, non synanthiis, fili-
formibus, non lanceolato-linearibus; 2° antheris dupl longioribus,
linearibus, non oblongis.
In campis incultis insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Autumno.
( Trias ).
Oss. Soit qu'avec MM. Ramond et De Candolle on admette legenre Merendera ,
soit qu’à l'exemple de MM. Ker et R. Brown on le considère comme une section
du Colchicum, il n’est pas moins vrai de dire que ce groupe, caractérisé par les
segmens du périanthe fendus jusqu’à la base, et par les styles entierement libres,
forme un lien qui réunit le Bulbocodium aux vrais Colchicum. Le genre Meren-
dera n’étoit composé jusqu’à présent que de trois espèces, les A7: bulbocodium et
bulbocodioides Ram. et caucasica M. B. On avoit cru devoir rapporter à la pre-
miere le B. vernum Desf. ; mais il m'a paru diflicile d'admettre qu’une plante qui
se trouve sur les coteaux des environs d'Alger, pût être identique avec une espèce
qui croît dans les Pyrénées à des hauteurs notables , et qui, bien qu’elle descende
quelquefois assez bas dans les vallées, ne se trouve jamais dans les plaines. Un
examen attentif de la plante de Barbarie n’a démontré qu’elle étoit différente du
M. bulbocodium , et je ne doute pas (quoiqué n'ayant pu voir les feuilles adultes qui
n'existent pas dans l’herbier de M. Desfontaines), vu la forme de ses stigmates, de
son ovaire, et de ses jeunes feuilles, qu’elle ne soit la même que celle de Majorque.
Le M. bulbocodioides ( Colchicum bulbocodioïdes Brot.), qui croît sur les collines
calcaires auprès de Coïmbre et de Lisbonne, et dans plusieurs lieux dés provinces
Parmzæ.—Juncacezx. 321
de Beira et de l’Estramadure , ales:plus grands rapportsipar la forme et la largeur
de ses feuilles , avec le M. bulbocodium; mais la position, géographique des lieux
dans lesquels cette plante habite, me porte à croire qu’examinée comparative-
ment avec celle des Pyrénées’, elle offriroit des différenées spécifiqués. Est-il bien
certain que le Colchicum montanum de Clusius (Hisp. p: 226 ic.) soit un Meren-
dera ? Il seroït permis d’en douter d’après la figure de cet auteur, qui représente,
1°. un long style à trois stigmates très-courts; 2°. un périanthe à peine fendu jus-
qu'au milieu; 3°. une capsule À trois valves poftänit les cloisons sur leur milieu, et
semblant par cela même appartenir à une Liliacée. À
PALMÆ.
586. Proexix varvurera. Linn. Spec. 1658.
. Colitur in insulà Majore.
587. Crauzrors numiuis. Linn. Spec. 1657. ‘
In collibus maritimis et montibus Balearium frequens.
Hab. ‘in Hispaniâ meridionali!, Barbariâ (Desf. — Viv. ), regno
Neapolitano (Ten. ), agro Nicæensi!.
JUNCACEÆX.
588. Cauznra oceanicA. DC. Flor. Fr. m1, p. 156.—Zostera oceanica.
Linn. Mant. 125. — Kernera oceanica. Willd. Spec. 1v, p. 947. —
Posidonia oceanica Kænig et Sims Annals of Botany.
In mari.
589. Juncus mamrmus. Smith. Flor. Brit. 375.
In paludosis Baleariuin frequens.
Hab. in totà regione mediterraneä.
‘590. Juncus Acurus. Lam. Dict. nr, p. 264.
In paludosis maritimis Balearium vulgaris.
Hab. in totà regione mediterraneä.
691. Juncus suronrus. Linn Spec. 466.
In paludosis Balearium frequens. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà.
322 MonocOTYLEDONES.
992. Juncus acurirLorus. Ehrh. Gram. 66.
In paludosis prope Artam in insulà Majore. Florebat Aprili.
593. Juxcus osrusrrcorus. Ehrh. Gram. 76.
In maritimis Ebusi. Florebat Majo.
CYPERACEZÆ.
994. Carex vucrina. Linn. Spec. 1382.
Ad margines agrorum prope Esporlas in insulà Majore; etiam in
insulâ Minore ( Æern. ). Florebat Martio.
Hab. in Galliä!, Italià (Savi ), Sicilià ( Presl. ), Græcià (Smith ).
595. Carex muricaTa. Linn. Spec. 1382.
In insulà Minore ( Hern. ).
Hab. in Gallià !, Italiâ !, Iberiâ! , Barbariä !.
596. Carex pisrans. Linn. Spec. 1387.
In maritimis Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in Galliâ !, Italiâ! , Græcià (Smith ).
597. Carex Grauca. Scop. Carn. n. 1157.
In maritimis prope Artam in insulà Majore. Florebat Aprili.
Hab. in Gallià meridionali!, Italià!, Græcià et agro Byzantino
(Smith. ).
598. Scrrpus racusrris. Linn. Spec. 72.
In maritimis Ebusi. Florebat Majo.
909. ScIRPUS MARITIMUS. Var. Spiculis paucioribus sub-sessilebus.
In maritimis Ebusi. Florebat Majo.
600. Scrnpus aoLoscuoenus. Linn. Spec. 72.
In paludosis Ebusi. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
601. ScaŒnus niricans. Linn. Spec. 64.
GRAMINEZ. 323
In humidis prope Artam in insulà Majore. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptà.
602. CyPerus sunciroRmis. Cav. Îc. mr, n. 223, t. 204, f. 1.—_C. mu-
cronatus Rottb. Gram. p. 10, t. 8, f. 4.— C. lateralis Forsk. Flor.
Ægypt.p. 15.
In humidis prope Artam in insulâ Majore; etiam in insulâ Minore
(Hern.).
Hab. in totà regione mediterraneä.
605. Cvrerus LonGus 8. Badius. Gay Herb.—C. badius Desf.! Atl. 1,
p: 45, t. 7, f. 2.
In insulà Minore ( Hern. ).
Hab. in Galliä!, Calabriâ!, Cretä!, regno Algeriensi ( Desf.! ),
agro Tingitano!.
GRAMINEÆ.
604. ANTHOXANTHUM ODORATUM. Linn. Spec. 40.
In fissuris rupium montis Puig-dè-Torrella in insulà Majore.
Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä.
605. Porxrocox monspeuiense. Desf.! Al. 1, p. 67.
In maritimis Balearium frequens. Florebat Majo.
Hab. in totâ regione mediterraneä.
606. Puaranis canarrensis. Linn. Spec. 79.
In insulà Minore ( Hern. ).
Hab. in totà regione mediterraneä.
B. Paleis exterioribus mulid brevioribus.
In insulà Majore prope Alcudiam. Florebat Aprilr.
607. PraLaris AquaTIca Linn. Spec. 79.
In insulà Minore( Hern. ).
Hab. in totà regione mediterraneä.
324 MonoGoOTYLEDONES.
608. Panioum verricizcarum. Linn, Spec. 82.
In insulâ Mirore ( Hern. ).
Hab. in totà Na mediterraneä.
609. Panicuu exaucum. Linn. Spec. 83.
In insulà Minore( Hern. ).
Hab. in totâ regione mediterraneà.
610. Panicum crus-GaLui. Linn. Spec. 83.
In insulà Minore ( Hern. ).
Hab. in totâ regione mediterranes.
611. Panicum sancummaLe. Linn. Spec. 84.— Paspalum sanguinale.
Lam. Illustr. n. 938.—Digitaria sanguinalis. Koel. Gram. 25.
In insulà Minore ( Hern. ).
Hab. in totà regione mediterraneà.
612. PiPTATHERUM MULTIFLORUM. P. B. Agrost. p. 18. — Agrostis
miliacea Linn. Spec. 91.— Milium arundinaceum Smith Flor. Græc.
Prodr. 1, p. 45. — Milium multiflorum Venore Flor Nap. mi ; p. 51.
In aridis Balearium vulgatissimum. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneä.
613. Acrosris aa. Linn, Spec. 93.
In insulà Minore ( Hern. )
LB. stolonifera— A stolonifera. Linn. Spec. 95.
Ad vias in insulà Majore et Ebuso frequens. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä. où
614. Sri rornus. Desf.! Atl. 1, p. 09, t. PAU 1e
In aridis prope Palmam. Florebat Majo.
Hab. in totà regione mediterraneà.
615. Lacurus ovarus. Linn. Spec. 119.
In arenosis maritimis Balearium frequens. Florebat Aprili,
Hab. in totâ regione mediterraneä. :
GRAMINEZÆ. . 325
616. Lamancrra aurEa, Moench Meth. 201.—Cynosurus aureus.Linn.
Spec. 107. —Chrysurus cynosuroides. Pers. Synops.1 p. 80.
Ad vias in Balearibus frequens. Florebat Aprili.
617. Meuica ramosa. Vill. Dauph. 1, p.91.—". pyramidalis. Lam.
Flor. Fr. 1x, p. 585. — M. aspera. Desf. Atl.r, p. 71, ex DC.— H.
saxatilis. Smith Flor. Græc. Prodr. 1, p. 51, ex D’Urv.
Inter rupes ad apicem montis Galatzo in insulà Majore. Florebat
Majo.
Hab. in Gallià mediterraneä!, Italià ( Bert. ), Sicilià ( Presl ),
Græciæ insulis ( Smith ), Barbarià ( Desf. ).
618. Meuca axrara. Linn. Spec. 97.
. Ad vias et in sterilibus Balearium frequens. Florebat Majo.
Hab. in Gallià medirionali!, Italiâ ( Bert. — Savi — Sebast. et
Maur. — Ten. ), Græcià (Smith), Barbarià ( Desf. ).
619. Avena sarTiva. Linn. Spec. 118.
Colitur in Balearibus.
* 620. Avena FaTuA. Linn. Spec. 118.
In agris Balearium frequens. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä.
B. Flosculis glabris.
In insulâ Minore ( Æern. ).
621. Donax ausrnauis. Roem. et Schult. Syst. 1, p. 660.— 4rundo
Donax. Linn. Spec. 68.— Donax sativa. Presl. Cyp. et Gram. Sic.
p- 32.
Colitur in Balearibus.
"
Oss. Le Donaï australis est indiqué comme croissant spontanément sur tous les
bords de la Méditerranée. Je ne lai cependant jamais observé complétement à
l'état sauvage en Provence, en Languedoc, en Roussillon, en Espagne , et aux
Baléares. Les individus isolés qui se trouvent assez fréquemment sur les bords des
champs, m'ont toujours paru provenir d'anciennes haies détruites,
Mém. du Museum. 1. 14. 42
326 MonocoTyYLEDONES.
622. Donax rEexax. Roem. et Schult. Syst. Veget.11, p.601.—Ærundo
ampelodesmos. Gyrill. Plant. Rar. Regn. Neap. fasc. 11. — 4 tenax.
Vahl Symb.— 4. festucoides. Desf.! Au. 1, p. 108, t. 34.— Donax
ampelodesmos. Presl. Cyp. et Gram. Sic. p. 32.
In montibus Balearium frequens. Florebat Aprili.
Hab. in Andalusiä!, Liguriàâ (Bert. ), Etrurià!, agro Romano
( Sebast. et Maur.), regno Neapolitaro! , Sicilià ( Presl.), Sardinià!,
Barbarià ( Desf.! ).
623. Fesruca PRATENSIS. Smith Flor. Brit. ed. 1, p. 123.
In insulà Minore ( Æern.).
Hab. in Corsicà , regno Neapolitano ( Tenore }, Sicilià (Presl. ).
624. Fesruca sripoines. Desf. ! Atl. 1, p.g90.— Bromus geniculalus.
Willd. Spec. 434.
In insulà Minore ( Hern.).
Hab. in Barbarià !, Hispanià meridionali!, Gallià mediterraneà!,
totà Italia !.
625. KoeLeriA Pareoipes. Pers. Synops. 1, p. 97.—Festuca phleoides.
Vill. Dauph. 11, p.95, t. 2. f. 7.
In arenosis maritimis Balearium frequens. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä,.
626. Poa mecasracurA. Koel. Gram. 181.—Briza Eragrostis. Linn.
Spec. 103. — Poa Eragrostis. Cav. Ic. p. 63, t. 92, non Linn.
In insulà Minore (Æern. ).
Hab, in totà regione mediterraneà.
627. Poa manrima. Willd. Spec. 1, p. 396.
In maritimis insulæ Majoris prope Alcudiam. Florebat Aprili.
Hab. in Gallià mediterranei!, littore Liburnensi (Savi), littore
Adriatico !, Græciæ insulis (Smith).
628. Poa anxua. Linn. Spec. 99.
GRAMINEÆ. 327
In insulà Minore (Hern.).
Hab. in tot resgione mediterranes.
629. Poa rmivraus. Linn. Spec. 09.
In insulà Minore ( Æern.).
Hab. in Etrurià (Savi), agro Romano (Sebast. et Maur.), regno
Neapolitano (Tenore), Sicilià (Presl.), Græcià (Smith ).
630. Poa suzsosa, Linn. Spec. 102.
Ad vias in Balearibus haud rara. Florebat Aprili.
Hab. in totä regione mediterraneä, Ægypto exceptà.
651. Poa micipa. Linn. Spec. 101. — Sclerochloa rigida. Presl.
Gram. et Cyp. Sic. p. 45.
Ad apicem montis Galatzo inter rupes; etiam in ins. Minore
(ern.). Florebat Majo.
Hab. in totâ regione mediterranei, Ægypto exceptà.
652. Poa pivaricara. Gouan Illustr. p. 4, t. 2, f. 1.
Inter rupes maritimas Balearium frequens. Florebat April ,
Majo.
Hab. in totâ regione mediterraneä.
633. Baizé mAxIMA. Linn. Spec. 103.
In sterilibus Balearium vulgaris. Florebat Aprili, Majo.
Hab. in totà regione mediterraneä.
634. Briza minor. Linn. Spec. 102.
In insulà Minore (Hern.).
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptä.
635. Bromus morus. Linn. Spec. 112.
Ad vias in Balearibus frequens. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneä.
636. Bromus srenus. Lion. Spec. 113.
328 MonocoTyLEDONES.
Inter rupes maritimas insulæ Majoris prope Alcudiam. Florebat
Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptà.
637. Bromus mapritewsis. Linn. Spec. 114.— Festuca madriten-
sis. Desf. Atl. 1, p. 91. Î 2 AP pe
I collibus petrosis Ebusi prope $. Eulaliam. Florebat Majo.,
Hab. in Hispaniä !, Gallià mediterraneä!, agro Romano (Sebast.
et Maur.), Sicilià (Biv. Bern.), Ægypto (Del.), Barbarià !.
638. Bromus maxrmus. Desf. ! At. 1, p.95, t. 26.
In insulâ Minore (Æern.).
Hab. in Occitaniä (DC.), regno Neapolitano (Tenore), Sicilià (Presl),
Barbariä (Desf. !). %
639. Sesceria cæruLea & DC. Flor. Fr. 11, p. 76. — Cynosurus
cæruleus. Lion. Spec. 106. — Sesleria cœærulea. Scop. et auct.
In fissuris rupium ad apicem montium Puig-de-Torrella ct Puig-
Major in insulâ Majore. Florebat Aprili.
Hab. in Pyrenæiïs (DC.), regno Neapolitano (Tenore) , monte Par-
passo (Smith).
8. cylindrica. DC. |, c. — Festuca argentea. Savi Bot. Etrusc.7,
p.68, ex DC. — Sesleria cylindrica. DC. Flor. Fr. Suppl. 279.
In fissuris rupium ad basin montium insulæ Majoris prope
Esporlas , Soller, Lluch. Florebat Aprili, Majo.
Hab. in totà Italià (DC.—Tenore).
640. Rorrsozza iNcurvaTA. Linn. fil. Suppl. 114.—Ophiurus incur-
vatus. P.B. Agrost. 116.
In maritimis insulæ Majoris prope Artam. Florebat L ADR il.
Hab, in totà regione mediterraneà.
641. Æcirors ovara. Linn. Spec: 1489.
In collibus petrosis circa Palmam. Florebat Majo.
GRAMINEZ. 329
Hab, in Barbariâ!, Hispanià !, Gallià mediterraneä!, totà dtaliä!,
Sicilià (Presl), Archipelagi insulis (Smith).
642. Triricun sarTivu». /’ar. d'. DC. Flor. Fr. ll, p. 80.
Colitur in Balearibus.
643. Triricum repens. Linn. Spec. 127.
In agris Balearium frequens.
644. Triricun Puncens & DC. Flor. Fr. Suppl. 253.
In insulà Minore (Æern.).
645. Triricum cæspirosum. DC. Cat. Hort. Monsp. 153 — Bromus
ramosus. Linn. Mant. 34, ex DC.—Festuca cæspitosa. Desf. ! Atl.r,
p-91,t.24,f.7,
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas; in insulâ Minore
(Hern.). Florebat Majo.
Hab. in Gallià mediterraneä!, agro Nicænsi (DC.), agro Parmensi!,
regno Neapolitano !, Corsicä!, Barbarià (Desf. !).
646. Tairicum PHænicoipes. DC. Flor. Fr. Suppl. 284.
In insulà Minore (Hern.).
647. Triricum cicrarum. DC. Flor. Fr. mi, p. 85. — Bromus dista-
chyos. Linn. Spec. 115. f
Inter rupes maritimas insulæ Majoris prope Artam. Florebat
April.
Hab. in tot regione mediterraneä, Ægypto exceptà.
648. Triricum roTTB0LLA. DC. Flor. Fr. m1, p. 86.
Inter rupes maritimas prope Alcudiam in insulà Majore. Florebat
Aprili.
Hab. in Andalusiä !, Gallià mediterraneà!, Corsicâ!, Etrurià !.
649. Louum rERENNE. Linn. Spec. 122.
Ad vias in insulis Majore et Minore. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneà.
330 MonocoTYLEDONES.
B. Glumé calyciné flosculos æquante aut superante, non iisdem
breviore.
Ad margines agrorum in Ebuso. Florebat Majo.
650. HorDeum vurcare. Linn. Spec. 125.
Colitur in Balearibus.
651. Horoeum maririmum. Vahl Symb. 1, p. 25.
Ubique in maritimis Balearium. Florebat Aprili-
Hab. in totà regione mediterraneà.
652. Honpeuu murwum. Linn. Spec. 126.
Ad vias in Ebuso frequens. Florebat Majo.
Hab,. in totà regione mediterraneà.
653. AnproroGon uirrum. Linn. Spec. 1482.
In collibus petrosis insulæ Majoris frequens. Florebat Aprili.
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptà. .
654. Zxa mays. Linn. Spec. 1133.
Colitur in insulà Majore.
NAYADES.
655. Cnara mispipa. Linu.Spec. 1624.
In fossis Ebusi.
EQUISETACEÆ.
656. Equiserum cimosum. Linn. Spec. 1517.
In fossis Ebusi.
LYCOPODIACEZÆ.
657. Lycoronium penricuraruw. Linn. Spec. 1569.
Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Lluch.
Hab. in Gallià mediterraneà !, Etruriä (Savi), Græcià et insul4
Cypro (Smith), Barbarià ( Desf.!), Ægypto!.
Frrices. 331
FILICES.
658. Anrantum cAriLLus-vEenERISs. Linn. Spec. 1138.
In umbrosis Balearium frequens.
Hab. in totà regione mediterraneà.
* 659. Prenis aquruiwa. Linn. Spec. 1533.
In montibus insulæ Majoris frequens.
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà.
660. Scororenoriom emroniTis. DC. Flor, Fr. nr, p. 552.
In insulà Minore (Æern.).
Bz Auriculis integris. Nob. S, sagittatum. DC. Flor. Fr. Suppl.
382.
Ad rupes umbrosas vel excavatas montium insulæ Majoris prope
Lluch, Esporlas, etc.
661. AsPLENIUM ADIANTUM-NIGRUM. Linn. Spéc. 1541.
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas; in insulà Minore
(Hern.).
Hab, in Gallià!, Italiä!, Græcià (Smith), regno Algeriensi
(Desf.!).
662. AsPLENIUM TRICHOMANES. Linn. Spec. 1540.
Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Lluch.
Hab. in Gallià!, Italià (Bert.—Savi), Græcià (Smith), regno
Algeriensi ( Desf. !).
663. Poryronium vurcare. Linn. Spec. 1544.
In montibus prope Fsporlas in insulà Majore.
Hab. in Gallià !, Italià !, Græcià (Smith), Barbariä (Desf. pie
664. CETERACH ormenvanum. DC. Flor. Er. ur, p. 566.
Ad rupes in insulà Majore frequens.
Hab. in Galliä!, Italià!, Græcià (Smith), Barbariä (Desf. !).
332 À COTYLEDONES.
MUSCI.
665. Dinymonon susucarus : acaulis ; foltis lancéolato-subulatis ,
siccitate contortis; thecis elongatis; operculo subulato, stricto.
Nob.
Folia sat longa, glabra, subnitida, in statu sicco margine inflexa
et apice ferè spiraliter contorta. Thecæ subcylindricæ, earum cilia
longa, tenuia ut in Trichostomis, sed simplicissima. Setæ longæ et
pallidè rufæ.
Primoobtutu Barbulam subulatam refert, sed peristomii dentibus
ab eà differt.
In insulà Minore (Æern.).
666. Torrura convozuta. Sw. Musc. Suec. 41.
In insulà Minore (Æern.).
667. Torrura murazis. Hedw. Fund. 2, p. 92.
In insulà Minore (Æern.).
668. Tonrura unGuicuraTa. DC. Flor. Fr. 11, p. 484.
In insulâ Minore (Hern.).
669. Funarra ayéromeTrica. Hedw. Spec. 172.
Ad rupes in monte insulæ Majoris Puig-dè-Torrella.
670. Bayum carirare. Linn. Spec. 1586.
In insulà Minore (Æern.).
671. Hypnuu seriéenm. Linn. Spec. 1595.
lo insulà Minore (Hern.).
LICHENES,
672. RocceLLa TINCTORIA. Linn. Spec. 1622.
Ad rupes in Balearibus vulgatissima.
Pr
FUNGI. 333
673. Lecanora parezra B. pallescens. Ach. Synops. 160.
In insulà Minore (Æern.).
674. Parwerta parerina. Ach. Synops. 200.
In insulà Minore (Æern.).
675. Cexouvce runcara. Ach. Synops. 276.
In insulà Minore (Æern.).
FUNGI.
676. Hezverra mirra. Linu. Spec. 1649.
In insulà Majore (Trias).
677. TaLEPHORA HIRSUTA. Pers. Synops. Fung. 570.
In insulà Majore (Trias).
678. Hypnum rerannum. Linn. Spec. 1647.
In insulà Majore (Trias).
679. Porvrorus raccarus. Pers. Mycol. Europ. Sect. 2, p. 58.
Ia insulà Majore (Trias).
680. Acarious ALNEuS. Linn. Spec. 1645.
In insulâ Majore (Trias).
681. Âcamicus conrieuus. Bull. Herb. t. 240 et 576, f. 2.
In insulâ Majore ( Trias).
682. Acaricus rormnosus. Schæff. Fung. Bavar.t. 12.
In insulà Majore (Trias).
683. Crararus cancezraTus. Linn. Spec. 1648.
In insulà Majore ( Trias).
684. Lycorernon mirrum. Bull. t. 340 et 475.
In insulà Majore ( Trias).
685. Geasrrum rurescens. Pers. Disp. Fung, p. 6.
In insulà Majore (Trias). 7
Mém.: du Muséum. ?. 14. nie
33/4 AGOTYLEDONES.
ALGÆ.
: A l :
686. Fucus uezmnraocorros. Hæmm. Diss. Erlangæ, 1792, Ic.
In mari ad littora insulæ Minoris (Hern.).
687. Fucus rurgmnarus. Linn. Spec. 1629.
In mari ad littora insulæ Minoris. (Æern.).
688. Focus osrusus. Linn. Trans. m1, p. 191.
In mari ad littora insulæ Majoris.
689. Ucva comrressa. Linn. Spec. 1632.
In mari ad littora insulæ Minoris (Æern.).
690. Urva iresrinazis. Linn. Spec. 1632.
In mari ad littora insulæ Minoris (Æern.).
6gr. Ucva racruca. Linn. Spec. 1632.
In mari ad littora Balearium frequens, .
CORRIGENDA ET ADDENDA.
Pag. 185, 1.13. ris fugax, lege ris sisyrinchium.
Pag. 202. Ante Adonidem æstivalem, adde : — ANEMONE coROoNARtA. Linn.
Spec. 760.
In insulä Majore ( V. S. in Herb. Persoon communicata a el. de La Roche).
Hab. in Gallià mediterraneà (DC.), Etrurià (Savi), Græcià (Smith), Archipe-
lagi insulis et Asià minore( DC.). |
Pag. 225. Ante Lavateram arboream adde ; — LaAvaTErA MINORICENSIS : caule
herbaceo, tomentoso; foliis cordato-subrotundis, crenatis, crispis; floribus1-3;
calyce exteriore 3-partita ; petalis brevibus ; roseis: Nob:; tel: LOU
Radix incrassata, lignosa. Tota planta pube, stellatä tomentosa. Caules ex
eädem radice plures, herbacei, ascendentes, pedales. Folia 4-5 lineas longa,
- 6-71. lata, cordato-subrotunda, sub-5-loba, crenata, crispa, 5-nervia, nervis
dorso prominentibus, petiolo brevi, limbum æquante vel superante. Stipulæ bre-
vissimæ, 1+ 1. longæ, 1 1. latæ, ovato-lanceolatæ, acututiusculæ, vel ovato-obtusæ.
Flores in axillis foliorum 1-3, pedunculati ,pedunculis 3-8 1. longis, infrà apicem
articulatis. Calyx duplex; exterior 3-partitus, foliolis late ovato-lanceolatis; inte-
rior exteriore quadruplo longior, 6 1. longus, campanulatus, 5-fidus, tubo 15-
nervio , segmentis ovato-lanceolatis , 8-nervüs. Corolla ro$éa , Calyce vix longior.
Carpella plurima, circa axim centralem, conicum, exsertum disposita, mono-
sperma. Semen reniforme, peritropum.
Differt à L. flava Desf. cui habitu proxima, 1°. foliis minoribus, basi cordatis,
non basi integris et apice emarginatis ; 2°. stipulis mult minoribus ; 3°. floribus
multo minoribus , roseis, non flavis.
Crescit in insulà Minore (Hern.).
Os. Le caractere du Lavatera consiste, comme on sait, à avoir un cälice
extérieur 3-6-fide, non 3-6 parti comme dans le Walva. Il paroïtroit donc qu’on
n’auroit dû admettre dansce genre que les espèces qui présentent ce caractère ,lét
notre Lavatera minoricencis , ainsi que les L: hispida et flava Desf. devroient
être réunis au genre Malva. Mais si l’on examine les folioles dans les Lavatera à
calice extérieur triparti, et qu’on compare leur forme à celle du même organé dans
les Malva, on voit qu’elles sont larges et rapprochées par leur base dans le pret
mier, tandis qu’elles sont étroitesiet écartées les unes des autres dans le second. Si
l’on ajoute à cette considération l’analogie du port, on ne balancera pas, je crois, à
rapporter ces espèces au genre Lavatera dont les caracteres doivent par conséquent
subir quelque modification.
Pag. 227. Ante lineam 15, adde : ACERINEÆ.
‘Pag. 227. Ante Geraniaceas, adde :
AMPELIDEÆ.
Vins viniFera. Linn. Spec. 293.
Colitur in Balearibus.
Pag. 253. Ante Bunium ferulaceum, adde : Cicura mayon. Lam. Flor. Fr. m,
p- 1041.
Ad sepes et domos Balearium frequens. Florebat April.
43"
ANALYSE
DE LA VARIÉTÉ EN MASSE
DE L’ESSONITE DE CEYLAN.
PAR M. LAUGIER.
Carre pierre n’a encore été trouvée qu'à Ceylan. On l'a
rangée parmi les pierres précieuses , et on l’a souvent con-
fondue avec le Grénat et le Zircon. On la rencontre tantôt
en grains irréguliers disséminés dans le sable des rivières,
tantôt en masses d’un volume assez considérable. Werner
en a fait le premier une espèce distincte qu’il a nommée
Kaneelstein, pierre de canelle, à cause de sa couleur qui est
rouge d’hyacinthe pâle. M. Haüy lui a donné la dénomina-
tion d’Essonite, signifiant m201rdre, inférieur, indiquant que
ce minéral possède dans un degré inférieur les caractères des
minéraux avec lesquels on pourroit le confondre, tels que le
Lircon et le Grenat.
Le célèbre Klaproth est le seul chimiste qui en ait fait
l'analyse. Mais la variété qu’il a examinée étant celle qui
se présente sous la forme de grains , et M. Leschenault ayant
récemment rapporté de Ceylan la variété en masse , on a
desiré connaître si celle-ci différoit de la première par sa
composition, et je me suis chargé de ce travail.
ANALYSE DE L'EssonTE DE Cry. 337
_ La variété d’Essonite en masse est dure et difficile à pul-
vériser; sa poudre bien fine à une couleur légèrement rosée:
chauffée au rouge , son poids ne diminue pas sensiblement.
:
100 pailito vur dut funuduus ce 92. RE ee à
caustique ; la masse résultante de la fusion entretenue pen-
dant une heure avoit une couleur brune vers le fond du
creuset , et verdâtre sur ses bords. Cette dernière couleur
communiquée à l’eau n’est point devenue rose par l'addition
de l'acide hydrochlorique ; ce qui m'a fait présumer qu’elle
n’étoit point due à de l’oxide de manganèse.
Toute la masse a été complétement dissoute à froid par
un excès d'acide hydrochlorique. L’évaporation à siccité de
la dissolution à laissé un résidu insoluble dans le même acide,
qui a offert tous les caractères de la silice parfaitement pure,
et qui équivaloit à 38 parties.
La dissolution de tous les principes de la pierre (la silice
exceptée) a été sursaturée par l’ammoniaque ; celle-ci y a
formé un précipité rougeätre, floconneux, que l'addition de
l’hydrate de potasse liquide a fait en grande partie dispa-
roître. La portion que la potasse avoit dissoute étoit de l’alu-
mine , dont le poids représentoit 19 parties : 10 parties de
cet oxide ont été converties par les moyens ordinaires en
100 parties d'alun : la portion insoluble dans l'hydrate de
potasse étoit de l’oxide de fer formant 7 parties.
Les quantités de silice , d’alumine et d’oxide de fer déjà
obtenues étoient loin de représenter la portion d’Essonite sou-
mise à l'expérience. Aussi ai-je retrouvé dans la dissolution
hydrochlorique sursaturée par l’ammoniaque une grande
quantité de chaux que l'acide oxalique en a séparée.
338 ANALYSE DE L'ESsonITE DE CEYLAN.
L'oxalate de chaux recueilli, lavé et séché au bain de
sable, à une température incapable de le décomposer, repré:
toit 33 parties d’oxide de calcium.
Se te mul yoc, 2wvv prrwse d'Eccanite
sont formées de
38 parties de silice.
Si denchanx:
19 . . . . d'alumine.
7 .. .. d'oxide de fer.
Total!.0:).:97
Ces résultats sont presque les mêmes que ceux indiqués
par l’analyse de Klaproth , qui a trouvé sur 100 parties
d’Essonite en grains :
38 parties 8 dixièmes de silice ,
DT : mibeloulée Chauxy
22! at Ur AWMInEs
6 .....5 dixièmes d’oxide de fer.
Total. . . 98 3
Outre les élémens ci-dessus désignés, j'ai trouvé dans.
l’'Essonite en masse de Ceylan quelques atomes de cuivre,
qui vraisemblablement y sont accidentels, et proviennent
de la gangue qui entoure cette variété. Cette quantité de
cuivre , quoiqu’à peine appréciable , avoit suffi pour don-
ner à la dissolution ammoniacale une légère teinte bleue. Je
la saturai d'acide hydrochlorique , et jy versai quelques
gouttes d'hydrocyanate de potasse, qui y développèrent une
couleur rouge de fleurs de pêcher. Ce fait explique comment
Anazvse DE L'Essonire DE CEvran. 339
la couleur verdâtre de la masse ne passa point au rouge
par l’addition de l’acide hydrochlorique.
La nature et la proportion des élémens des deux variétés
d’Essonite une fois connues; si l’on s’occupe de rechercher
les rapports en vertu desquels ces élémens sont unis, il est
facile de se convaincre qu’ils sont parfaitement en harmo-
nie avec les principes qui servent de base au système des
proportions définies.
En effet, d’après ce système, la silice , dans les combinai-
sons qui constituent les substances pierreuses, jouant le rôle
d’acide relativement aux oxides qui y sont unis, doit con-
tenir une quantité d’oxigène égale à celui que renferment les
oxides qui lui sont combinés.
Ici cette condition est à peu de chose près remplie; car
38 parties 8 dixièmes de silice contiennent 19 parties 5
dixièmes d’oxigène, et 38 de silice, 19 parties 1 dixième :
or d’après l’analyse de Klaproth, les oxides de chaux et
d'alumine renferment ensemble 19 parties d’oxigène, et d’a-
près la mienne 18 parties 3 dixièmes de ce principe; d’où il
suit que la différence est de 5 dixièmes dans le premier
cas, et de 8 dixièmes dans le second. Ainsi sauf ces légères
différences , qui doivent être attribuées à l’imperfection des
moyens analytiques, on ne peut se dispenser de considérer
les deux variétés d’'Essonites comme de véritables silicates de
chaux et d’alumine.
Il est seulement à remarquer qu’en admettant cette con-
clusion basée sur des expériences positives, l’oxide de fer
qui s’y rencontre, et dont la proportion varie, doit ètre re-
gardé comme y étant à l’état de mélange, et ne faisant point
partie de la combinaison.
ANALYSE
DES INDIANITES BLANCHE ET ROSE
DE COROMANDEL.
x
PAR M. LAUGIER.
Parmi les substances nombreuses qui composent les diverses
gangues du spinelle, M. le comte de Bournon en a remarqué
une sous forme de grains tantôt blancs, tantôt de couleur
rosée , qui lui a paru mériter une attention particulière. Quoi-
que cette substance ait en apparence beaucoup d’analogie
avec le feld de spalth, cet habile minéralogiste lui a trouvé
des caractères assez distincts pour le déterminer à la consi-
dérer comme une espèce particulière, et à lui donner le nom
d'Indianite , tiré du pays où on l’a rencontrée pour la pre-
mière fois.
M. Chenevix a fait anciennement l’analyse de l’Indianite,
mais dans un temps où l’on n'avoit point pour but de re-
chercher dans les pierres la présence d’un alcali que l’on
étoit loin d'y soupçonner.
Il paraissoit donc intéressant de s'assurer si cette pierre,
déjà distincte du feld-spath par quelques caractères physiques,
en différoit surtout par l’absence de la potasse et de la soude.
C’est dans cette intention que j'en ai entrepris l'analyse.
RAS AN
dé
ANALYSE DES INDIANITES DE COROMANDEL. 341
Cent parties bien pulvérisées ont été fortement calcinées
pendant une demi-heure; elles n’ont perdu qu’un centième
de leur poids. Fondues ensuite à deux reprises avec six
parties de nitrate de baryte, elles ont été complétement at-
taquées et ont été entièrement dissoutes par un excès d’acide
hydrochlorique. |
L’évaporation de cette dissolution a fourni d’abord une
gelée d’un jaune d’or, puis un résidu sec qui ne s’est dis-
sous qu’en partie dans l’eau chaude aiguisée d'acide, qui
a laissé une matière blanche offrant tous les caractères de
la silice, et dont le poids étoit de 43 parties.
La liqueur isolée de la silice, et contenant tous les autres
élémens de la pierre, a été mêlée à une quantité d'acide sul-
furique suffisante pour précipiter la baryte provenant du
nitrate employé au traitement de la pierre. Le sulfate de
baryte a été jeté sur un filtre , et j'ai ajouté dans le liquide
filtré un excès de carbonate d’ammoniaque , dans la vue de
précipiter l’alumine. Il s’est en effet formé un précipité flo-
conneux, abondant, qui, après le lavage et la calcination, re-
présentoit 47 parties de la pierre. Cette quantité d’alumine
me paraissant trop forte, je desirai m’assurer si elle étoit
pure, et je la fis bouillir avec une dissolution de potasse
caustique , qui refusa de dissoudre 15 parties d’une matière
que je reconnus pour du S. carbonate de chaux, et qui repré-
sentoient 9 parties de cette base. Après cette opération,
Palumine se trouvoit réduite à 34 parties et demie.
La dissolution dont la silice, l’alumine et une partie de la
chaux contenues dans la pierre avoient été séparées , fut éva-
porée à siccité, et le résidu calciné jusqu'à décomposition
Mém. du Muséum. ?. 14. 44
342 ANALYSE DES INDIANITES DE (COROMANNEL.
totale du sulfate d’ammoniaque , il ne resta que 23 parties
d’une substance qui ne se dissolvoit point en totalité dans
l'eau froide. Six parties seulement furent dissoutes par ce
liquide; son évaporation spontanée donna la même quantité
d’un sel blanc cristallisé, efflorescent à l'air, ne précipitant
point par la dissolution de platine, et présentant les carac-
tères du sulfate de soude. Les 17 parties insolubles étoient
formées d’une partie d'oxide de fer et de 16 parties desul-
fate de chaux solubles dans l’eau bouillante; cette eau don-
noit un précipité d’un volume semblable, et par le nitrate
de baryte, et par l’oxalate d'ammoniaque.
Les 6 parties de sulfate de soude représentent 2 parties
6 dixièmes de soude, et les 16 parties de sulfate de ehaux,
6 parties 6 dixièmes de chaux qui, ajoutées aux 9 parties de
cette base déjà fournies par le carbonate séparé de l’alumime,
donnent en total 15 parties 6 dixièmes d’oxide de calcium.
Ainsi, d’après mon analyse, 100 parties d’Indianite blan-
che contiennent :
Oxigène,
ei re radins te 21 602
Alter ue 2. de Ole POEO
15 FEVT 5 Mn ie Hesse ds Fo M ec A NE
SoUGE te RPM EM MOMMONPEN ARE PRE
oi 17
Oxide de fer. . … : :
ANALYSE DES INDIANITES DE COROMANDEL. 343
Si l’on recherche comment ces substances sont combinées
entre elles, on voit que cette combinaison est parfaitement
conforme aux lois sur lesquelles repose le systèmé dés pro-
portions définies, qui établit que la substance acide, où qui
en fait les fonctions, doit contenir une quantité d’oxigène
égale à celle que renferme la base ou les bases qui lui sont
combinées.
La quantité de silice indiquée ci-dessus, contient 21 par-
ties 6 dixièmes d’oxigène, et la quantité d’alumine , de chaux
et de soude renferme 21:parties 2 sixièmes du même prin-
cipe, en faisant toutefois abstraction du fer et de l’eau qui
ne forment que deux parties ou deux centièmes du miné-
ral analysé, et qui peuvent être considérés comme acci-
dentels, et à l’état de mélange.
L'ancienne analyse de l’Indianite blanche faite par M.
Chenevix présente des résultats qui ne diffèrent des miens
qu’en ce qu'ils n'indiquent pas l’existence de la soude; du
reste. ils sont conformes aux proportions définies, parce que
l’oxigène contenu dans le petit excès d’alumine qu’il y admet
compense exactement celui que renferme la soude dont il
ne fait point mention.
J'ai analysé par les mêmes moyens l’Indianite rose que l’on
rencontre dans le même lieu, etes produits que j'en ai obtenus
concordent avec ceux quen’avoit fournis l’Indianite blanche.
J'ai trouvé que 100 parties de cette dernière sont for-
mées de
344 ANALYSE DES INDIANITES DE COROMANDEL.
Oxigene
Silice yes a tn DEN ES
Alamineys tre us ne: 198,4
Chann-( ou és auyrd SE ANS
Sonde: eue AS, SRE ES e o dE
20 9%
Oxide de fer . .... 3 20
Fa. sure house 1
Traces de manganèse, 98 55
Pertes: ia ofe cond tp;
Abstraction faite comme ci-dessus du fer et de l’eau, la
quantité d’oxigène de la silice est égale, à très-peu près, avec
celle qui est contenue dans l’alumine, la chaux et la soude.
D’après les résultats ci-dessus rapportés, et qui semblent
se rapprocher beaucoup de ceux des variétés de feld-spath
qui renferment de la soude, il appartient aux minéralogistes
de décider si l’on est fondé à considérer cette substance
comme une espèce particulière.
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Tome 14
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DU CANARD PIE,
A PIEDS DEMI PALMÉS,
DE LA NOUVELLE-HOLLANDE.
(nas melanoleuca. Lars.)
Par M. LE Be. CUVIER.
uoique cette espèce ne soit pas entièrement nouvelle,
puisque M. Latham en a déjà parlé dans son deuxième Supplé-
ment, on a cru pouvoir le reproduire ici, à cause de l'intérêt
que lui donnent les singularités de sa éonformation, et parce
que jusqu’à présent, et d’après la Notice abrégée et sans
figure de ce savant ornithologiste, on l’a mal placée dans
les Systèmes. Le nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle
etle Dictionnaire des Sciences naturelles Yont mise parmi
les Oies, bien qu’elle n’en ait ni le bec ni les pieds.
L’individu représenté sur notre planche a été rapporté du
port Jackson par l'expédition que commandoit M. le baron de
Bougainville. Il offre une nouvelle preuve de cette remarque
faite depuis long-temps que les productions de la Nouvelle-
Hollande semblent destinées à démentir toutes nos méthodes,
et à mettre le désordre dans tous nos systèmes. Sa taille et
ses formes sont celles d’une oie, son bec celui d’un canard,
etses pieds presque ceux d’une cigogne; en sorte qu'il faudroit
Mém. du Muséum , t. 14. 45
346 pu CANARD PIE, A PIEDS DEMI PALMÉS,
faire pour lui une nouvelle subdivision dans le genre des
Anas. Son bec est aussi long que sa tête; sa largeur et sa
hauteur à la base sont à peu près égales, et comprises deux
fois et demie dans sa longueur ; les lamelles de ses bords sont
peu saillantes, minces, et tout-à-fait cachées quand il se ferme;
elles ne représentent point des dents comme dans beaucoup
d’oies. Le dos en est en carène un peu arrondie; les narines
se rapprochent de la carène vers le tiers de sa longueur le
plus voisin de la base. Un ongle corné, ovale, convexe, lisse et
fortement recourbé versle bas, occupe toute la largeur del’ex-
trémité antérieure. Une partie correspondante de la mandi-
bule inférieure est également cornée, mais le reste des deux
mandibules est recouvert d’une peau brune qui s’épaissit et
prend une teinte jaune vers la base du bec, d’où il s’en étend
de chaque côté une large bande jusqu’à l'œil. La tête, le cou et
une petite partie du haut du dos sont entièrement couvertsde
plumes d’un noir tirant un peu sur le brun. Les scapularres
sont blancs ainsi que la portion du dos qui est entre les racines
des ailes; ensuite il y a au dos une partie brune, mais le crou-
pion est blanc ainsi que la poitrine, le ventre et les conver-
tures supérieures et inférieures de la queue; la portion des
petites couvertures externes de l'aile, qui est recouverte dans
l’état de repos par les scapulaires, les petites et les grandes
couvertures inférieures sont blanches; tout le reste de l'aile
est noir à l'exception de quelque peu de blanc sur les plumes
de l’aile bâtarde, et au bout des grandes couvertures les plus
voisines du corps. Les pennes de la queue et les plumes des
cuisses sont également noires. Le tiers à peu près de l’os du tibia
n'est revêtu que d’une peau nue et à petites écailles, ainsi que
DE LA Nouvezrr-HOoLLANDE. 347
le tarse tout entier, les bases des doigts et la membrane qui
unit les trois doigts antérieurs. Cette membrane est fort courte
et n’embrasse que le tiers de leur longueur. Les deux tiers
environ de chaque doigt sont garnis en dessus de lames
transverses; leurs ongles sont arqués et de force médiocre ; le
pouce n’a point de membrane pour l’élargir; son ongle ne
surpasse pas en force ceux des doigts de devant. Les jambes
de cet oiseau sont bien plus hautes que dans les canards et
les cignes, et, sous ce rapport coinme sous celui du bec, c’est
à l'Anas arborea des Antilles qu’il ressemble le plus. Dans
l'état sec, ses jambes et ses pieds paroissent jaunes comme
les membranes de la base du bec ; mais les unes et les autres
peuvent avoir été plus ou moins rouges dans le vivant.
Pieds. Pouc. Lign.
Longueur du bout du bec au bout de la queue. 2 2 »
Longueur du bec de sa pointe à sa commissure. » 2 3
ibaseur la base, 2420 .f 0 Mie RAUE TAU TU »- 8
Lonsneur delantéte, 2044.02 uen 4 out 2 6
Lonsneur du cou, 4. 4 nie ee 9 »
Longueur depuis le pli de l'aile jusqu’au bout
de ses grandes pennes. . . « 4. 4... 1 2 »
Longueur des pennes de la queue. . . . . . . on» 5 »
ÉoBemEur du arse-. . . . - - |. . - +. . 3 6
Longueur du doigt du milieu. . . . . . . . » UE
Dongteur du Ppouce, :° 2.7: Jr, se I 7
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RECHERCHES
Sur la distribution géographique des végétaux
phanérogames dans l'Ancien Monde, depuis
l'équateur jusqu’au pôle arctique.
PAR M. MIRBEL.
>
Novs sommes encore loin de l’époque où il sera possible
d'écrire une bonne géographie botanique. Ce que nous sa-
vons sur les climats et la végétation est peu de chose en
comparaison de ce qui nous reste à apprendre. Il y auroit
de la témérité à juger de l'inconnu par le connu; le plus sûr
est de se borner à recueillir et classer les faits, laissant à ceux
qui viendront après nous le soin de découvrir et de déve-
lopper la théorie.
Ces réflexions ne sont pas nouvelles pour moi; elles m’a-
voient déterminé d’abord à ne travailler que sur des familles
isolées. J’ai publié, il y a quelque temps, un Æssai sur la
géographie des Conifères. Depuis, j'a rédigé un essai sur
les Amentacées ; tout étoit prêt pour sa publication, lorsqu’en
relisant mon manuscrit, je reconnus qu'il y avoit une dispro-
portion choquante entre l’objet principal de mon travail et
les considérations générales qui l’accompagnoient. Il sembloit
que l’histoire géographique des Amentacées n’étoit qu’un
accessoire : à l’occasion de cette famille je traitois de la végé-
350 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
tation de tout le globe. Ce vice de composition me fit com-
prendre que si je persistois à isoler les familles, je devois me
borner à distribuer dans des tableaux synoptiques, les noms
des plantes et des pays. Un tel résultat ne valoit pas la peine
que j'avois prise d'extraire des écrits d’un grand nombre de
voyageurs et de naturalistes tout ce qui avoit trait à la géo-
graphie des végétaux. J'ai donc renoncé à mon projet, mais
je n’ai pas voulu perdre le fruit de mes recherches. Pour en
tirer parti, j'ai dû considérer la végétation sous un point de
vue plusélevé. Le Mémoire que je présente aujourd’hui n’est
qu'une mince portion du travail que j'ai entrepris, et dont je
donnerai la suite plus tard.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Sur la Géographie botanique, suivies d'un. Tableau de
la végétation phanérogame de l'Europe, des côtes
méditerranéennes de l’ Afrique et de quelques contrées
de l'Asie septentrionale.
Les pôles et les terres situées entre les tropiques offrent
les deux extrêmes de la températüre atmosphérique. Ici,
une chaleur forte et soutenue entretient une végétation va-
riée, vigoureuse et perpétuelle. Là, un refroidissement à nul
autre semblable confond les saisons et les années dans un
hiver permanent, et repousse toute végétation.
A partir de quelques degrés en deçà des tropiques jus-
GéocraPuie BOTANIQUE. 351
qu'aux glaces du pôle, la température partage nettement
l’année en deux périodes végétales : la chaude ou celle des
développemens, la froide ou celle du repos. Plus celle-ci
s'approche du tropique, et plus sa température s'élève; plus
celle-là s'approche du pôle, et plus sa température s’abaisse.
L’une et l’autre tiennent d’autant moins de place dans l’an-
née, qu’elles sont plus éloignées de leur point de départ.
On a remarqué que la température de la période des dé-
véloppemens déclinoit plus lentement en s’éloignant des tro-
piques, que la température de la période du repos en se
rapprochant du pôle. Aussi arrive-t-il souvent que dans les
contrées du nord les chaleurs de l’été sont très-vives, quoi-
que les hivers soient très-longs et très-rigoureux.
Ces idées générales, toutes vulgaires qu’elles sont, ne pa-
roîtront pas déplacées comme introduction d’un travail dont
le but est de montrer la marche graduelle des végétaux de
YAncien Monde, depuis l'équateur jusqu’au pôle boréal, et
laliaison de ce phénomène avec le décroissement progressif
de la température.
_ Lactivité vitale des plantes se manifeste par une série de
développemens qui s’opèrent chacun sous l'influence d’une
quantité très-variable de chaleur, de lumière et de temps,
dont le z247#47mum et le maximum diffèrent pour chaque es-
pèce. Au-delà de cette limite, les développemens ne se font
pas, ou s'arrêtent avant d’avoir atteint le degré de perfection
nécessaire à la propagation des races, ou même à la conser-
vation des individus. Dans les contrées où les hivers sus-
pendent la végétatiou, les arbres, les arbrisseaux et les sous-
arbrisseaux; pendant ce sommeil périodique des forces
352 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
vitales, supportent un abaissement de température plus con-
sidérable que celui qui leur deviendroit fatal à l’époque des
développemens.
Mais le froid n’est impuissant que là où les chaleurs sont
suffisantes pour fermer complétement le cercle de la végéta-
tion; car si le tissu nouvellement développé n’est pas achevé,
müri, endurci au retour des frimats, il court risque d’être
désorganisé par les moindres gelées. De là vient que de fortes
chaleurs sont, pour beaucoup de végétaux, un sûr préservatif
contre des hivers rigoureux, tandis que de foibles chaleurs ne
les sauroient protéger contre des hivers modérés. Sous le cli-
mat de Paris, nous n’avons garde de mettre en pleine terre
le Pistachier et le Laurier-rose ; nous savons qu’ilsne supporte-
roient pas nos hivers. Cependant les jardiniers attachés à
l'ambassade de lord Mackartney ont trouvé le Laurier-rose
dans le Pé-Tché-Li, aux environs de Pékin. Le véridique
Chardin, dont l’autorité est fortifiée en ce point, comme en
tant d’autres, par celle de ses successeurs, dit que le Pista-
chier vient à Casbin, et il ajoute même que les pistaches
qu'on y recueille sont plus grosses qu’en Syrie. Or, les hivers
de Casbin et de Pékin sont rudes en comparaison des nôtres ;
mais en revanche, les étés des deux cités asiatiques sont
beaucoup plus chauds que ceux de Paris. La température
estivale de Pékin égale presque celle du Caire, et surpasse
celle d'Alger. Ces exemples, qu’il me seroit facile de multis
plier, démontrent qu’on ne doit pas attribuer exclusivement
le phénomène de la distribution géographique des végétaux
à l'influence de la température de l’une ou de l’autre pé-
riode ; rien n’étant plus certain que les deux périodes sont
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 353
dans une mutuelle dépendance et concourent au même but.
. C’est ici le lieu de parler de l'influence directe de l'hiver
sur les végétaux indigènes des contrées extra-tropicales;
influence aperçue par tout le monde, mais que peu de per-
sonnes ont pris soin d'apprécier à sa juste valeur.
Le froid hivernal, en arrêtant l’action vitale, ou du moins
en la rendant extrêmement foible, plonge le végétal dans
une sorte de léthargie qui n’a rien de commun avec le
sommeil des animaux, destiné à réparer leurs forces épuisées
par l'usage qu’ils en ont fait. L’engourdissement de la plante
commence à l’époque où tous les développemens annuels
sont accomplis. Alors le végétal est semblable à la graine
mûre; il reste en repos tant que le froid se fait sentir. Le
printemps le retrouve à peu près au même point où l'hiver
l'avoit surpris. Avec le printempsgevient la chaleur qui ra-
nime la végétation. Si l'hiver devançoit le terme des déve-
loppemens annuels; ou si, ne venant qu’après eux, il n’en
éloignoiït pas le retour, le végétal seroit en danger de mort.
Voilà précisément ce qui arrive pour les arbres et les arbris-
seaux des climats chauds que nous exposons aux climats du
nord. L’engourdissement hivernal a donc pour effet de sous-
traire le végétal à l’action délétère du froid et de le faire
arriver sain et sauf à la période des développemens. D’où il
suit que la même cause, je veux dire l’hiver, agissant sur des
‘organisations végétales différentes, ne souffre pas que les
unes. s’éloignent des tropiques, et permet aux autres d’ap-
procher du pôle. La propriété de résister au froid de l'hiver
est si étendue chez quelques espèces, que nous n’en connois-
sons pas la limite. Dans la Nouvelle-Bretagne, aux environs
Mém. du Muséum. 1. 14. 46
354 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
du Fort-Entreprise, par 64° 30’, un froid de 49 à 50° n’al-
tère pas la constitution du Pin banksien, des Sapins blanc,
noir et rouge, du Melèze à petits fruits et de plusieurs Amen-
tacées. En Sibérie, sur les rives du Kovyma, par 650 28,
le Melèze d'Europe, le Cembro, le Genèvrier, le Bouleau,
l’Aune blanc, résistent à des hivers qui font descendre le
mercure à 53 ou 54 degrés (1). |
La chaleur de l'atmosphère ne suffit pas pour amener: les
développemens à leur perfection, il faut encore le contact
immédiat des rayons solaires, soit qu'ils agissent par la lu-
mière ou par la chaleur qu’ils produisent, soit qu'ils agissent
par ces deux causes réunies. M. de Humboldt, dont les tra-
vaux sur la géographie botanique seront toujours cités, a fait
voir que c’étoit moins faute d’une chaleur atmosphérique
assez forte que d’une lumière solaire assez vive, que la Vigne
ne mürissoit pas ses fruits sous le ciel brumeux de la Nor-
mandie. Le rapprochement et la comparaison des phéno-
mènes m’avoient déjà appris que la vivacité des rayons lumi-
neux ou leur action non interrompue pendant une longue
suite de jours, étoit la cause principale de l’étonnante rapi-
dité des développemens des plantes alpines ou hyperbo-
réennes (2). Les physiciens qui, faisant abstraction de la
(x) Toutes les températures dont je fais mention dans ce Mémoire ont été rame-
nées par le calcul aux degrés du thermomètre centigrade. à
(2) Les végétaux privés de lumière s’alongent , poussent des tiges gréles et blan-
châtres, ont un tissu lâche, et ne prennent aucune consistance; en uu mot ils
s'étiolent. L'effet des rayons lumineux sur,ces êtres organisés consiste particulie-
rement à séparer les élémens de l’eau et de l’acide carbonique qu’ils, contiennent,
et à dégager l'oxygène de ce dernier. Le carbone de l'acide avec l'hydrogène et
l'oxygène de l’eau, produisent les gommes, les résines, les huiles qui coulent
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 355
température atmosphérique, parviendroient à mesurer l'in-
fluence immédiate des rayons solaires sur la végétation à
différentes hauteurs et latitudes, xendroient u un service im-
mense à la science. PAS TETE 145 ATEN Ar
Partout où la nature se dahe seule dé la Sel de la
terre, elle n’y fait naître que les végétaux qui y trouveront
toutes les conditions indispensables à leurs développemens
successifs et à leur reproduction. Mais quand l’homme trans-
porte des végétaux dans un climat différent de celui dont ils
sont indigènes, il faut que son industrie leur rende, sous
peine de les voir languir ou périr, tous les avantages qu'ils
trouvoient dans leur ancienne patrie, à moins que la nouvelle
ne leur offre des équivalens que nous ne saurions apprécier
d'avance. D’après quels indices aurait-on conjecturé il y a
quelques siècles qu’un jour le Myrte et /’Ærbutus unedo de
l'Asie mineure croîtroient sans abri, le premier en Angleterre,
dans le Cornouailles, le second en Irlande, dans le Kerry ?
Souvent quand le résultat de la comparaison des climats
AsEUE I
dans les vaisseaux ou qui remplissent les cellules. Ces sucs nourrissent les mem-
branes et les amènent à l’état ligneux,, résultat d’autant plus marqué que la lumiere
est plus vive et que son action est plus prolongée. L’obscurité et la lumière pro-
duisent donc sur la végétation deux effets absolument opposés : l'obscurité, en en-
treteriant la souplesse des parties végétales, favorise leur alongement; la lumière,
en aidant à leur nutrition, les consolide et arrête leur croissance. Il suit de là
qu’une belle végétation , je veux dire celle qui réunit dans une juste mesure la
grandeur et la force, dépend en partie de l’alternative heureusement ménagce des
jours et des nuits. Or les plantes hyperboréennes se développent à l’époque où le
soleil ne quitte plus l’horizon , et la lumière qui agit:incessamment sur.elles, les
endurcit ayant qu’elles aient eu le temps de s’alonger. Leur végétation est active,
_. courte; elles sont robustes, mais petites. Mirbel, Si de Physiol. végét.,
vol. 1 3 P» 43.
46*
356 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
semble une garantie du succès, notre espérance est déçue.
Combien d'espèces exotiques cultivées chez nous en plein air
se ressèment sans pouvoir néanmoins se reproduire! com-
bien ne donnent que des feuilles et des fleurs! combien ne
donnent que des feuilles! que signifie cela, sinon que le climat
sous lequel on les a condamnées à végéter consent à rece-
voir les individus comme des êtres passagers, mais ne veut
pas adopter les races? On a beaucoup parlé de Z’acclimata-
tion des espèces, c’ést-à-dire de l’art de les accoutumer insen-
siblement à un climat qui leur est contraire. Je connois
nombre d'espèces dont on a satisfait les besoins par des pro-
cédés plus ou moins ingénieux , mais je ne pense pas qu'il y
ait un seul individu dont on soit parvenu à modifier le tem-
pérament. S'il arrive de temps à autre que des espèces étran-
gères se mêlent aux indigènes, qu’elles se propagent comme
elles, que même elles leur disputent la possession du sol, ce
n’est assurément pas l'ouvrage de l’homme : le climat seul
donne ces lettres de naturalisation.
Quoi qu'il en soit, les espèces que le cultivateur pousse au-
delà de leurs limites naturelles méritent une attention parti-
culière. Leur émigration forcée, soumettant à l'épreuve d’un
nouveau climat toutes les phases de leur vie, révèle à l’ob-
servateur les conditions de leur existence.
Puisqu'il y a pour chaque espèce des rrima et des
mazxtima de température au-delà desquels elle ne peut plus
vivre, la température trace sur le globe des limites ou lignes
d’arrêt que les différentes espèces ne sauroïent dépasser.
Ces lignes sont marquées vers l'équateur par l'élévation de la
température, et vers les pôles par son abaissement:
“
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 357
C'est moins par l'étendue des terres sur lesquelles une
espèce se propage qu’il convient dewmesurer sa puissance
expansive, que par la différence plustou moins grande entre
les températures des divers climats qu’elle habite. En effet,
l’objet principal de la géographie botanique est de montrer
les relations des végétaux avec les climats; or, la tempé-
rature est, de toutes les circonstances climatériques, celle
qui a l'influence la plus décisive sur la végétation. Je suppose
une vaste contrée dont le climat seroït partout le même, et
dont par conséquent la température, distribuée de la même
manière, seroit partout isotherme dans chaque moment
donné : pourrait-on soutenir avec quelque apparence de rai-
son qu’une espèce qui parcourroit cette contrée dans toute
son étendue et n’en sortiroit pas, auroit une grande puissance
expansive? Nullement; car pour l'espèce en question, les
conditions d'existence restant toujours les mêmes, sa présence
dans les différentes localités ne seroit que la répétition du
même phénomène. Mais si, dans un espace moins considé-
rable, une autreespècetrouvoitdestempératures très-diverses,
et que sa constitution, à la fois robuste et flexible, s’accom-
modàt également de climats chauds, temperés ou froids,
quel observateur seroït tenté de nier que cette espèce eût
une grande puissance expansive ? Ces deux hypothèses, qui
ne diffèrent des faits connus que parce qu’elles en exagèrent
lavérité, font'sentir combien il importe aux botänistes d’é-
tudiér les rapports de la température avec la. végétation.
Quand nous considérons que la Vigne est cultivée dans
les plaines de l’Indoustan et de l'Arabie, entre le 13e et
le 15e parallèles, qu'elle est cultivée sur les bords du Rhin
358 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
et du Mein sous le re; qu’elle est cultivée au Thibet à 15
à 1800 toises de hauteur perpendiculaire, sous le 32e , ce
qui nous frappe et mous intéresse le plus, n’est pas que la
Vigne habite des pays éloignés les uns des autres, ou qu’elle
s'élève à une si grande hauteur au-dessus du niveau de la
mer, mais qu’elle jouisse à un degré si éminent de la pro-
priété de se plier à tant de climats divers; propriété, il
faut en convenir, beaucoup plus restreinte dans un grand
nombre de végétaux qui, partis de l'équateur, touchent les
deux tropiques sans jamais les dépasser; car nonobstant la
distance plus considérable entre le 23e parallèle austral et le
23e parallèle boréal qu'entre le 14e et le 51e parallèles, les
différences climatériques sont bien moindres d’un tropique à
l’autre , que dn fond de l’Indoustan aux rives du Mein.
Quand on suit les mêmes méridiens des pôles à l'équateur,
et que lon fait abstraction des accidens locaux qui contra-
rient de temps en temps la marche normale des phénomènes,
on voit que les richesses végétales se multiplient en raison
de l'élévation croissante de la température annuelle et de la
plus longue durée de la période des développemens. On peut
donc établir une progression numérique des espèces, crois
sante ou décroissante, selon que l’on descend les latitudes
ou qu’on les remonte. | le
On compte cent cinquante à cent soixante familles’ de
plantes phanérogames dans l'Ancien Monde : toutes , sans
exception, figurent entre les tropiques. Par-delà ces limites,
un grand nombre d’entre elles s’'éteignent successivement.
Dansles contrées boréales, sous le 48e degré, il n’y en a guère
que Ja moitié qui soit représentée; il n’y en a pas quarante
#
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 359
sous le 65e degré : il n’y en a que dix-sept au voisinage des
glaces polaires. | se lé
: S'il étoit permis de se bérao une opinion : d’ après des no-
tions très-positives, mais qui sont loin d’être complètes, j je
dirois qu’entre les tropiques le nombre des espèces ligneuses,
arbres, arbrisseaux et sous-arbrisseaux, égale, s’il ne surpasse,
celui des espèces herbacées annuelles, bisannuelles et viva-
ces. Le rapport des espèces ligneuses aux espèces herbacées
annuelles, bisannuelles et vivaces, décroit de l'équateur au
pôle; mais par une sorte de compensation , le rapport des
herbes vivaces aux herbes annuelles et bisannuelles va crois-
sant. Près du terme de la végétation il est au moins de vingt-
quatre à un. à
Cette échelle végétale, avec ke circonstances analogues à
celles que je viens de noter, a été observée également dans
les montagnes. Les plaines situées à leur pied sont pour
elles ce que sont les régions équatoriales pour les deux hé-
misphères. Le nombre des espèces et des familles, le rapport
des espèces ligneuses aux espèces herbacées, le rapport des
espèces annuelles aux espèces vivaces, diminuent de la base
au sommet des montagnes, et chaque station offre une végé-
tation qui lui est propre. Ici, comme dans les plaines, la
température trace les lignes d'arrêt. Plus on s'élève au-des-
sus: du niveau de la mer, moins est chaude et longue la
période des développemens, et par conséquent plus est
froide et prolongée la période du repos. Que les causes qui
déterminent le décroissement progressif de la température
soient autres qu’à la surface plane et basse de la terre; qu’en
rase compagne le refroidissement marche beaucoup plus
360 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
vite durant la période du repos que durant lp
développemens; que sur les montagnes il soit me sup À
accéléré durant la période des développemens que durant
celle du repos , je ne pense pas que cela infirme la compa-
raison, si les résultats généraux de la végétation sont les
mêmes , et si les différences s'expliquent d’une manière satis-
faisante, soit par la graduation particulière de la tempéra-
ture, soit par des circonstances climatériques qui lui sont
étrangères, soit enfin par les qualités diverses du sol.
Je suis si frappé de la ressemblance des résultats, queje mé-
prouve aucune répugnance à comparer les deux hémisphères
de notre globe à deux énormes montagnes réunies base à
base , portant sur leurs larges flancs une innombrable quan-
tité de végétaux et chargées à leur sommet d’un épais et
vaste chapeau de neiges permanentes.
Les botanistes, pour exposer avec méthode et cad la
succession des végétaux sur les pentes des Pyrénées, des
Alpes, des Carpathes, du Caucase , des Andes, etc., se sont
appliqués à déterminer la hauteur des lignes d’arrêt des es-
pèces qui caractérisent le mieux les diverses stations ; et,
par ce moyen, ils ont partagé horizontalement la surface des
massés proéminentes du globe en grandes bandes ou régions
végétales. Le même procédé a été employé pour les deux
hémisphères, mais non pas avec autant de succès: les dif-
ficultés sont incomparablement plus grandes. @is
De la base au sommet des montagnes, la température pour-
suit sans intermittence une marche descendante plus ou
moins rapide , selon les hauteurs des stations. Il n’en est pas
ainsi dans les plaines. A la vérité, le refroidissement pro-
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 361
_gressif considéré dans l’ensemble des phénomènes est de
toute évidence; mais quand on vient aux faits particuliers,
_onreconnoît que souvent des circonstances locales préci-
pitent où retardent la marche de la température, ou même
quelquefois lui font prendre une direction rétrograde. Ici,
une chaîne de montagnes forme un abri contre les vents
glacés du nord, et renvoie sur les végétaux la chaleur qu’ils
reçoivent des rayons solaires; là, le soufle brülant du midi
élève la température atmosphérique; plus loin, leshivers sont
modérés par le voisinage de la mer; ailleurs, toutes ces causes
réunies donnent naissance à un climat si doux, qu’à ne juger
la position géographique que par les indications du thermo-
mètre, on croiroit que la latitude est beaucoup plus basse
qu’elle ne l’est en effet. Il ÿ a aussi des causes locales de re-
froidissement. Qui sait à quel degré s’échaufferoit l’atmos-
phère des déserts de lArabie et de l'Egypte, si durant la
nuit les sables ne perdoient par le rayonnement la chaleur
excessive qu'ils acquièrent à l’ardeur du jour? Rien n'est
plus rare que-des plaines exactement de niveau avec la
mer, et personne n’ignore que cent ou deux cents Loises
d’élévation suflisent déjà pour produire un abaïssement no-
table dans la température. Celle-ci à son tour exerce son
empire sur les végétaux ; elle incline, elle redresse, elle ef-
face leurs lignes d’arrêt. Tantôt ce sont les espèces du nord
qui s’'enfoncent vers le tropique; tantôt celles du midi qui re-
montent vers le nord ,et quelquefois des groupes appartenant
à ces races distinctes, font échange de patrie, se croisent,
et, chacun de leur côté, s’en vont établir des colonies dans
des stations privilégiées, au milieu de populations végétales
Mém. du Muséum. 1. 14. 47
362 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
auxquelles elles né sont pas moins étrangères par la physio-
nomie que par le tempérament. | 103
À travers tant d'anomalies et d’irrégularités, quelle patience
ne faut-il pas pour suivre la trace des espèces, fixer leur con-
cordance avec les climats, tracer leurs lignes d’arrêt , et for-
mer des zones qui donnent une idée juste de la marche géné-
rale de la végétation! Je dois le dire, la plupart des voyageurs
n’offrent sur les végétaux, les climats, les températures, que
des documens incomplets, vagues, inexacts, perdus dans de
volumineuses relations sans intérêt direct pour le botaniste.
Les physiciens eux-mêmes ont rarement employé le thermo-
mètre en vue d'éclairer les phénomènes de la végétation (1).
Ge seroit en vain que l’on s’appliqueroit à découvrir la distri-
bution graduée de la température, et son influence journa-
lière sur les actes de la vie des plantes, dans des tableaux où
des milliers d'observations se trouvent réduites presque tou-
jours, pour les mois comme pour les années, à la demi-somme
des deux températures extrêmes, très-improprement dési-
gnée sous le nom de empérature moyenne. Vies nombres
obtenus par ce procédé ne donnent aucune idée vraie de la
distribution de la chaleur. Aussi arrive-t-il que la ligne d’arrêt
de beaucoup de végétaux touche des stations de températures
moyennes très-différentes. Les exemples en sont plus fréquens
(1) En ma qualité de botaniste, on me pardonnera cette remarque. Il seroit à
désirer, pour les progres de la géographie botanique, qu’à l’avenir les voyageurs
portassent dans leurs recherches ce génie d'observation qui caractérise les écrits de
MM. de Humboldt , Ramond , Wahlenberg, Schouw, de Buch, Parrot | Hanuil-
ton , etc.
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 363
sous les hautes que sous les basses latitudes, parce que latem-
pérature hivernale, dont il faut nécessairement faire état quand
on calcule les moyennes, peut varier à l'infini, sans nuire aux
espèces que la Nature a fabriquées pour les pays froids.
» De tous les botanistes qui ont étudié l'influence de la
température sur la végétation, Wahlenberg me paroît celui
qui s'est approché le plus près du but. Ses intéressantes ob-
servations sur le Bouleau contiennent le premier germe de
recherches aussi neuves qu'instructives. J’ai la conviction
que l’histoire physique d’une vingtaine d’arbres, écrite à
domicile, jour par jour, pendant plusieurs années, sous des
latitudes différentes, donneroit la solution des problèmes les
plus compliqués de la géographie végétale. Mais en atten-
dant ce travail, il n’est pas inutile de mettre en ordre les
faits constatés, et de tirer de leur coexistence les consé-
quences les*plus probables.
-1 Dans l’Ancien continent, depuis l'équateur jusqu’au pôle
arctique, on peut distinguer cinq régions végétales, savoir :
la zone équatoriale, la zone de transition tempérée, la zone
tempérée, la zone de transition glaciale et la zone glaciale.
Partout où aucune limite accidentelle n’arrête ces zones
dans leur expansion normale, je les compare aux couleurs du
prisme, qui se fondent les unes dans les autres par leurs
bords , de sorte que l’œil ne sauroit les séparer, alors même
qu’il les distingue parfaitement. Pour marquer le terme des
différentes zones, le moyen le plus sûr est de prendre pour
limite de chacune d’elles les points d’arrêt des espèces qui,
caractérisant le mieux sa flore particulière, cessent de se
47"
364 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
propagersitôt que des changemens notables et généraux dans
les températures annuelles amènent sur la scène une flore
nouvelle.
Il m'est impossible de faire l'application de ce cool à
la zone équatoriale, parce que des sables et des chaînes de
montagnes y contrarient trop souvent l’expansion normale
de la végétation. Je suis plus heureux en remontant versile
nord. La zone de transition équatoriale trouve une limite
naturelle dans la ligne d’arrêt de l’Olivier; la zone tempérée
dans la ligne d’arrêt du Chêne commun; la zone de transi-
tion glaciale dans la ligne d’arrêt du Pin sylvestre en occi-
dent, et du Mélèze en orient. Quant à la zone glaciale; je la
divise en deux bandes : l’inférieure ou méridionale, la supé-
rieure ou septentrionale. L'une et l’autre n’offrent aucun
arbre; la première nourrit encore beaucoup d’arbrisseaux
ou arbustes, et finit où ils s'arrêtent (1); la seconde ne nour-
rit guère que de petites herbes vivaces, et finit où com-
mencent les neiges permanentes (2). Les espèces de la zone
(1) Arbrisseaux et arbustes de la bande méridionale de la, zone glaciales,15 Sa-
lix , Betula nana , pumila , glandulosa ( Betula alba, sur les côtes méridionales du
Groënland) ; A/nus incana ; Juniperus communis ; Azalea procumbens ; Menziesia
cœrulea ; Ledum palustre et latifolium ; Diapensia lapponica ; Vaccinium pubes=
cens , uliginosum et vitis idæa; Oxycoccos palustris ; Kalmia \glauca; 8 Andro=
meda ; Arbutus alpina; Empetrum nigrum; Erica vulgaris; Rhododendrum lappo-
nicum ; Potentilla fruticosa (Sorbus aucuparia, côtes méridionales du Groënland).
(5) ' Arbüstes'de la bande septentrionale de la zone glaciale : Sakix arctica et
polaris (Salix-retietlata,, passe du. Prince, régents par, 93° 13°); Ændromiéda
tetragana. :
19
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 365
glaciale ne forment qu’une seule et même e flore en n'Asie, en
Europe et en Amérique.
J'offre ici le tableau comparatif" de la végétation de plu-
sieurs contrées des quâtre zones séptentrionalés. Te’ e ne me
dissimule pas ses imperfections} és nombres ne sont qu’ ap-
proximatifs ; toutes les flores connues sont plus ou moins in-
complètes: cependant les espèces décrites suffisent déjà pour
donner des idées générales assez justes de la végétation des
pays que j'examine.
Le lectéur se demandera pourquoi la zone équatoriale
ne figure pas dans mon tableau; la raison en est simple :
après avoir fait, défait, remanié vingt fois le travail, j'ai
pensé qu'il valoit mieux le supprimer que de remplir mes co-
lonnes de nombres qui, étant très-éloignés de la vérité, ne con-
duiroient à aucun résultat certain. On ne sait rien de l’inté-
rieur de l’Afrique; et quant à l’Indoustan, la majeure partie
des déconvertes des botanistes anglais sont encore inédites.
Chaque volume qu'ils publieront nous donnera d’autres
nombres et d’autres proportions: il faut donc attendre.
Pour chaque zone, j'inscris dans la première colonne le
nombre total des espèces indigènes appartenant à chaque
famille. En additionnant les nombres partiels des espèces li-
gneuses et des espèces herbacées, distribuées séparément
dans des colonnes distinctes, on obtiendra quelquefois un
chiffre plus foible que celui que donne le total, parce que je
n’ai porté en compte, dans ces colonnes, que les espèces sur
la durée et la consistance desquelles je n’avois aucun doute.
La même observation est applicable aux nombres partiels des
366 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
espèces herbacées vivaces, et des annuelles et bisannuellés
relativement au total des espèces herbacées. PERL TN
Je n'ai composé ce tableau qu'après avoir consulté les
Species , les flores particulières, et les relations de YO YAGEs
qui méritoient le plus de confiance,
N
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Chénopodée 13 j 53
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10 À 6 6
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10 1 10 |
Scropholarinée 7 | 290 | 143 | 106 | 0,036
Solanée 13 ü5 L] 55 0,010
Gentian fu 19 | 22 | 0,005
Apocynées 12 10 10 0,6
Acanth n
maniacées 1 1 1
m nvolvu {8 10 38 5
ginées 192 18! 170 | 67
1 | 108 | 306 | 237
Dace i ' 3 2
Jasminées.
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Rubiacées . 7 54 | o,o14
Ormbellifères 168 100
Saxifragées. 70 3
Portulacées.. 13 5 5
Paronychiées 31 3 8
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6 6 0,001
Opontiacées . 1 1
Ficoïdées . 8 , 6 6
Cucurbitacées 10 10 5
Onagraires. 24 24 2 | 0,008
19 1 18 7 10 | 0,002
200 112 88 8i 4 | 0,0%
975 | 245] 720 | 271 | 330 | og
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Géraniacées, . ü 1Û 69! 45] 17] 0,009
Ampélidées. 1 L Cu 0 " "
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Hippocastanées. . ï Gi . : e
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GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 367
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LA ZONE ÉQUATORIALE DANS L'ANCIEN MONDE.
La zone équatoriale des botanistes n’est pas limitée par
les, tropiques comme la zone équatoriale des géographes;
elle ne s'arrête que lorsque l’abaissement de la température
repousse la plupart des formes végétales de l’équateur. Dans
notre hémisphère, celles-ci atteignent quelquefois le 30° ou
32° parallèle.
La durée plus égale des jours et des nuits, l’ardeur plus
vive des rayons solaires, l'élévation permanente de la tem-
pérature atmosphérique, assurent à cette zone la supério-
rité sur les autres par abondance, la vigueur, la variété, le
luxe des productions végétales.
La moyenne température annuelle des basses plaines de
V’Afrique et de l'Asie est quelquefois de + 29° au voisinage
de l'équateur. Cette moyenne décline à mesure que l’on
se rapproche de la limite extrême de la zone équatoriale.
A Calcutta(lat. 22° 34°), la moyenne n’est plus que de 260.
Je ne pense pas qu’en général elle soit au-dessous de + 220 à
2301vers le 30e parallèle, si ce n’est sur les côtes orientales
de l’Asie, Dans toute la zone, la différence entrela moyenne
du mois le plus chaud et du mois le moins chaud ne paroît
pas dépasser 15° en plaine; elle est ordinairement beaucoup
plus foible, surtout près de l'équateur. Les calculs ide Cotte
ne la portent qu'à 40 à Pondichéry (lat. 11° 53"), dont
la moyenne annuelle est + 290,5. D’après les observations
368 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
du docteur Oudney, la différence a été depuis mars 1823
jusqu'à la fin de juillet 1824 de 12°,25, à Kouka dans le Bour-
nou, par 130 de lat. ; mais il n’est pas inutile de remarquer
que les deux moyennes comparées étoient + 34° pour
avril 1823, et + 220,25 pour janvier 1824.
Kathmandou offre la preuve que la température équato-
riale se fait sentir dans les montagnes au-delà du 27e paral-
lèle. Kathmandou git sous 270,40’ de lat., à 644 toises(4140
pieds anglais) d’élévation au-dessus du niveau de la mer,
et sa moyenne annuelle atteint + 16 à 170.
Les espèces qui donnent à la végétation équatoriale un carac-
tère particulier, soit par l’accroissement prodigieux des tiges
en longueur ou en épaisseur, soit par l’élégance tout ensemble
simple et majestueuse des formes, soit par les grandes dimen-
sions ou le brillant coloris des feuilles et des fleurs, soit
enfin par une certaine magnificence sauvage et bizarre que
je ne saurois définir, éprouvant presque toutes le besoin
d’une haute température aussi permanente que possible,
ne franchissent guère le 22e ou 23e parallèle. Au-delà, quoi-
que la végétation équatoriale soit encore présente, elle n'offre
plus avec la mème prodigalité ces grands traits exotiquesque
l'œil saisit d’abord, et ce n’est souvent que par les caractères
spécifiques ou génériques qu’elle se fait connoître.
Jamais au bord des grands cours d’eau et dans les terres
marécageuses la végétation n’est interrompue par les cha-
leurs équatoriales, quelque fortes qu’elles soient; mais dans
l'intérieur des plaines, quand la dévorante ardeur d’un so-
leil que ne tempère l’apparition d'aucun nuage a tari les
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 369
sources, desséché le sol et consumé les herbes, il semble
-que les arbres et les arbrisseaux , épuisés par la transpiration,
sont privés de vie. Les Cattingas, ces immenses forêts du Bré-
sil, siéloquemment décrites par mon savant confrère, M. Mar-
tius, dépouillées de leur feuillage, présentent sous un ciel
-embrasé, le triste aspect des forêts de l’Europe centrale à
Tépoque où la terre est couverte de frimats. Chose admi-
_rable ! deux influences contraires, la chaleur et le froid,
produisent exactement le même effet, la première sur les
arbres de la zone-équatoriale, la seconde sur les arbres des
-z0nes septentrionales. Ceux-ci ne résisteroient pas à des cha-
leurs excessives; ceux-là succomberoiïent au moindre froid:
les uns et les autres se maintiennent en vigueur et santé à
Ja place qui leur a été marquée par la Nature. -
- Presque partout la limite septentrionale de la zone équa-
toriale est donnée par des accidens de localité, qui souvent
contrarient plus ou moins la marche normale de la tem-
pérature. En Chine, autant qu'il m'est permis d’en juger par
‘des relations très-vagues, les monts Milins, et plus encore le
climat oriental, refoulent la végétation équatoriale jusque
vers le tropique. Aux Indes, imposante barrière de l’'Hi-
malaya sépare brusquement le Thibet de l’Indoustan; et, tan-
dis que de. ce côté une température chaude et soutenue ap-
pelle sur les premiers gradins des montagnes les riches et
nombreuses productions des plaines équatoriales, de l’autre
côté de longs hivers, déployant leur rigueur sur de hauts pla-
teaux, livrent. aux végétaux de la zone tempérée des con-
trées qui sembloient destinées par leurs latitudes à recevoir
Mém. du Muséurn. t. 14. 48
370 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
les espèces de la zone de transition tempérée. A l’ouest du
Népaul, toujours dans les Indes, des déserts de sable mou-
vant tiennent à grande distance l’une de l’autre la végétation
de l’Indoustan et celle du Caboulistan. En Perse et dans la
Turquie d'Asie, encore des montagnes, encore des déserts,
et ils se continuent par l'Arabie pétrée, l'Egypte, le Fez-
zan, la Barbarie jusqu'aux plages occidentales que baigne
l'Océan Atlantique.
Au sein des déserts on cherche et rarement on trouve des
points de contact entre les denx végétations. De loin à loin,
des sources entretiennent une humidité suffisante au dévelop-
pement de quelques espèces ligneuses ou herbacées; mais ces
dernières ont une trop courte durée pour fournir des rensei-
gnemens complets sur les climats; et la plupart des autres
étant évidemment de celles que leur puissance expansive
pousse bien au-delà de la zône à laquelle elles appartiennent,
ne peuvent indiquer sa limite. En effet, qu'importe pour la
question qui nous occupe, que le Dattier, le Citronnier , l'O-
ranger des contrées équatoriales, et l’Olivier, le Grenadier, la
Vigne, l'Abricotier de la zône de transition tempérée, végètent
ensemble dans les oasis de l'Égypte? Ne savons-nous pas que
ces arbres végètent ensemble beaucoup plus loin, soit au midi,
soit au nord? Je pencherois même à croire que c’est moins
la température que la nature du sol qui retient plusieurs Mr-
mosa, Acacia et Sénés des tropiques dans les déserts brû-
lans de l’Indoustan , du Sindhy, du Béloutchistan, de lAra-
bie et de la partie septentrionale de l'Afrique.
Il existe très-certainement au sud-est du Lahore, le long
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 377
des rives du Jumna et du Gange, une communication libre
entre la végétation de l’Indoustan et celle du Caboulistan;
_ mais aucun botaniste n’a encore porté ses pas dé cecôté. Quoi-
qu’au nord là frontière qui sépare le Béloutchistan du Ner-
manchyr soit embarrassée de montagnes et de sables, je.
penche à croire, d’après les relations des voyageurs, que dans
_ces contrées la limite de la zone équatoriale s’arrête vers le
29° degré. Elle se relève à ouest le long du golfe persique,
et elle atteint le 30e ou 3re parallèle. Le contact de l’Arabie
et de la Palestine permet d'observer la transition d’une
végétation à l’autre : elle s’opère entre le 28e et le 33e degrés.
Dans cet espace, on voit finir la zone équatoriale et commen. _
cer la zone de transition. Le climat protége encore l’Æscle-
pias gigantea , Ve Guilandina morinda, le Cassia platisili-
qua, le Cordia myxa, le Tamarindus indica, et ce fameux
palmier des déserts, le Doum qui, selon Burkhardt, croît près
du lac Tibérias. À ces végétaux se joignent le Zawsonia alba,
le Phœnix dactylifera, les Citrus aurantium et médica, le
Cactus opuntia, le Saccharum officinale, etc: Ceux-ci lais-
_sent les premiers en arrière, et, secondés par la culture, ils
pénètrent beaucoup plus avant.
Les principaux points d'arrêt du Dattier dans la Zone “4
transition, sont le cap Rocca, Madrid, les îles d’'Hyÿères, la
rivière de Gènes, Rome, Corfou, Athènes, Smyrne, Tekrid
en Mésopotamie, Djalk au Béloatchistan, Péchawer au fond
du Caboulistan. Sa limite extrême, comme on le voit, est
dans la rivière de Gênes par 44° 5o'. À cette hauteur, et sou-
vent au-dessous, il ne pousse que des feüilles. L’Oranger va
un peu plus loin que le Dattier, partout où il n’est pas arrété
48°
372 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
par des sables, des plateaux ou des montagnes. L'un et l’autre
supportent un froid momentané de deux ou trois degrés sous
zéro ; mais le Dattier veut des étés plus chauds pour compléter
ses développemens. Souvent à une distance notable de sa
ligne d’arrèt il cesse de donner des fleurs; tandis que l'Oran-
ger, tout près du terme de sa course, produit encore des fruits
excellens.
LA ZONE DE TRANSITION TEMPÉRÉE.
Je vais d’abord parler de la portion de la zone de transi-
tion tempérée située à l'occident de l'Ancien Continent; je
dirai ensuite quelques mots de la portion orientale qui est
séparée de la première par l'énorme masse des monts de VHi-
malaya et du Thibet.
Une ligne brisée, tracée de l’ouest à l’est, à partir de Moga-
dor jusqu'aux sources de l'Hydraotes, et qui, dans ce long
trajet, toucheroit Les crêtes de l’Atlas, le Caire, la cime du
Mont-Thabor, Bagdad, Chiraz, Kélat, Moultan, ne s’écar-
teroit pas beaucoup de la limite inférieure de la zone.
Il s'agit maintenant de tracer la limite supérieure. L’Olivier
me paroit être de tous les arbres propres à la zone, celui qui
réunit au plus haut degré les conditions requises pour mar-
quer les points où elle s'arrête au nord.
La puissance expansive de l’Olivier vers le pôle est très-
bornée là où 1l se refuse à croitre; il en est de même d’une
multitude de végétaux qui font partie de la flore à laquelle
il appartient ; sa disparition est donc le signal d’un change-
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 373
ment notable et général dans la végétation, ou, en d’autres
termes, l'indication du passage de la zone de transition à la
zone tempérée. |
L’Olivier s'arrête entre 420 et 43° de latitude en Es-
pagne ; entre 44° et 45° dans les départemens méridionaux
de l’est de la France; entre 450 et 460 dans l'Italie orientale
et dans la Carniole; vers le 4oe sur les côtes orientales
de la Grèce‘et les côtes occidentales de l'Asie mineure. Il
existe, dit-on, en quelques endroits du littoral de la Ma-
cédoine. Ce qui est mieux constaté, c'est qu'il ne se montre
nulie part autour de la mer de Marmara. Îl reparoît à Sinope,
et suit les côtes de la mer Noire jusque dans la Gourie. On
le voit encore par 45° dans lapartie méridionale de la Crimée.
Un degré plus bas, à l’ouest de la Caspienne, le Térek marque
le terme de ses progrès. Il abonde dans le Mazandéran. Au-
cun voyageur ne l'indique dans les immenses contrées de la
Perse et de la Tartarie, comprises entre la Caspienne et la
chaine des monts Belour. Elphinstone l’a vu par 34 à 35 de-
grés, sur les collines qui constituent les gradins inférieurs du
Caucase Indien. Il est inconnu à l’orient du Caboulistan.
-J’admets par hypothèse qu’en plaine la moyenne tempé-
rature annuelle de la zone de transition est + 22 à 23° pour
la limite inférieure, et + 14° pour la limite supérieure.
+ Dans la partie méditerranéenne de cette zone , il y a au
moins six espèces herbacées pour une ligneuse, et le rapport
des herbacées aux ligneuses va toujours croissant jusqu'aux
régions hyperboréennes, où l’on compte 26 herbes, la plu-
part vivaces, pour un sous-arbrisseau. Le nombre des arbres
de la zone équatoriale est inconnu; on sait seulement qu'il
374 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
est très-considérable. Le nombre des arbres de la flore mé-
diterranéenne n’est pas au-dessous de 240; il y en a environ
75 dans la zone tempérée ; il n'y en a que 27 à 30 dans la
zone de transition glaciale,
La plupart des arbres, arbrisseaux et sous-arbrisseaux de
la zone équatoriale ne se dépouillent jamais complétement
de leurs feuilles. Le nombre des arbres, arbrisseaux et sous-
arbrisseaux de la flore méditerranéenne qui offrent ce phé-
nomène se monte à 300 environ: c'est à peu près le quart de
toute la végétation ligneuse. La zone tempérée ne possède
qu'environ 4o espècés à feuilles persistantes; la zone de tran-
sition glaciale qu'environ 24; la bande méridionale de la
zone glaciale en compte tout au plus 10.
Dans la partie méditerranéenne de la zone de transition
tempérée, les Synanthérées et les Légumineuses sont les fa-
milles les plus abondantes en espèces; elles forment à elles
seules le quart de toute la végétation. Viennent ensuite les
Crucifères, les Graminées, les Labiées, les Caryophyllées, les
Ombellifères; puis les Scrophularinées, les Rosacées, les Bor-
raginées, les Renonculacées , les Cypéracées, enfin les Lilia-
cées, les Cistées, ete. Il est àremarquer que les Synanthérées,
les Crucifères, les Labiées, les Caryophyllées, les Ombellifères,
les Rosacées, les Renonculacées, les Cistées, et quelques autres
familles, offrent, dans la zone de transition tempérée, un
plus grand nombre de types spécifiques que partout ailleurs.
La plupart des espèces de ces familles que produisent les
contrées équatoriales, y habitent les vallées et les montagnes,
ce qui prouve que les chaleurs fortes et constantes des plaines
ne conviennent pas à leur tempérament.
\
»
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. : 67
Les familles qui jouent le rôle le plus important dans toute
la zone de transition tempérée, soit parce qu’elles peuplent
d’arbres de haute stature les forêts qui ombragent le flanc
des montagnes, soit parce qu’elles fournissent les arbres de
moyenne taille qui se plaisent sur les collines, ou les arbris-
seaux branchus qui forment les halliers, et les sous-arbrisseaux
durs et rabougris dont se couvrent les plaines incultes, sont
d’abord les Amentacées et les Conifères qui composent à
elles seules plus de la moitié de la végétation arborescente;
puis les Rosacées, les Légumineuses, les Térébinthacées, les
Rhamnées, les Jasminées, les Caprifoliacées, les Cistées, les
Ericinées, les Labiées.
Mais ce qui donne à la zone de transition une physionomie
particulière, c’est le rapprochement d'espèces végétales qu’on
peut considérer comme appartenant à trois populations diffé-
rentes : celle des régions équatoriales , celle des régions sep-
tentrionales, et celle qui est propre aux terres situées entre
le 30e ou 32e et le 44e ou 45e parallèles. La première touche
à sa fin, la seconde commence, la troisième est dans toute
sa vigueur. Celle-ci occupe la majeure partie du sol, les deux
autres forment ça et là des colonies d’autant plus florissantes
qu’elles sont moins éloignées de la mère patrie. Le Dattier, le
Latanier et même le Doum, s’il est vrai qu’il croisse en Ga-
lilée, la Canne à sucre , le Sorgho, lÆgape, le Cactus opun-
ta, VOranger, le Citronnier, lÆsclepias gigantea, et d’autres
Apocinées en arbre, plusieurs Mimosa et Acacia de YA-
frique et de l’Asie, confinés dans des plaines basses avanta-
geusement situées, représentent la végétation des plaines de la
zône équatoriale. Celle des plaines des contrées septentrionales
376 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
est représentée sur les montagnes par le Chêne commun, le
Hêtre, l’Aulne glatineux, le Charme, le Bouleau, le Frêne,
V'If, le Sapin commun, le Sapin à feuilles d’if, le Pin syl-
vestre, etc. Quant à la végétation de la zone de transition,
on peut dire qu’elle a des traits de ressemblance avec les
deux autres, sans néanmoins se confondre avec elles. Le
Figuier, les Müriers, le Liqudambar, le Noyer, le Pista-
chier, le Lentisque, le Térébinthe, les RAus, l'Olivier, le
Myrte, le Grenadier, les Syringa, le Styrax, le Laurier d’A-
pollon, les Tœrmnarix, le Diospyros, le Mrnosa julibrisin,
le Caroubier, l'arbre de Judée, le Laurier-Rose , les Chènes
verts, etc., ne feroient point disparate au milieu de la végé-
tation équatoriale. Les Chènes à feuilles caduques, les Ge-
nèvriers qui s'élèvent aussi haut que nos plus grands Pins,
le Pin d'Halep, le Pin pignon, celui de Corse, le Sapin
d'Orient, l’Abricotier, le Pêcher, le Coignassier, et autres
Rosacées arborescentes que nous cultivons dans nos vergers,
et qui viennent en forêts dans le Caboulistan et l'Asie mi-
neure, ont leurs analogues parmi nos végétaux sauvages.
Qu'on ne s’attende pas à trouver dans l’intérieur de la zone
de transition une température et une végétation toujours en
rapport constant avec les latitudes. Loin de là, car tous les
accidens propres à contrarier la marche normale des phéno-
mènes sont, pour ainsi dire, accumulés dans cette zone, etce
n’est que par exception que la règle s’y montre. L'exemple
est si instructif, que je veux en faire ressortir les circons-
tances principales, en donnant quelque étendue à la descrip-
tion des localités. Il ne s’agit pas ici d’une description telle
qu’elle sortiroit de la plume d’un géographe; je traite de la
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 377
distribution des végétaux à la surface du globe; je rejeterai
_ donc tout développement qui ne rentreroit pas naturellement
dans ce sujet.
Je fais précéder la description des contrées par le Tableau
de la distribution des espèces les plus remarquables de la
_ portion occidentale de la zone de transition tempérée de
l'Ancien Monde. Toutes les espèces que je nomme sont li-
* gneuses, excepté le Bananier (Musa paradisiaca). La lettre
O (Oui), indique que l’espèce habite la contrée; l’abréviation
Cult., qu’elle y est cultivée; la lettre N (Non) qu’elle ne
lhabitepas; le point d’interrogation (?), qu’on pourroit soup-
*çonner qu’elle y croît, quoiqu’on ne l’y ait pas encore obser-
- vée; la ligne ponctuée (...:.….), qu’on ne l’y a pas vue, mais
que d’ailleurs on n’a pas plus de motifs pour nier que pour
affirmer qu’elle s’y trouve. Quand je dis d’une espèce qu’elle
est cultipée, je n’entends pas qu’on l’a vue par hasard dans un
_ jardin de botanique, mais qu’elle est répandue dans le pays
et soignée comme espèce utile ou agréable. Si le Caboulistan
ne figure pas dans le tableau, c’est que ce pays de grandes
‘espérances pour les botanistes, leur est jusqu’à ce jour encore
moins connu que la Chine, bien qu’ilsoit d’un plus facile
accès.
Mém. du Muséum. 1. 14 49
378 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
DrsTrIBUTION des principales espèces ligneuses de la portion
occidentale de la zone de transition tempérée dans l’An-
cien Monde.
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— angustifolia. ..,.....
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Jasminum fruticans....
Fontanesia phyllireoides.
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Fraxinus excelsior ..-..
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— oxyphylla..........
— angustifolia.........
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—africana,...........| O. | O. |:...|....1... .[N. |[N. |N.|0.]|0.1]0.
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Cactus opuntia. ....... OANMONLOZ IEEE IE N |[O.|0.1|0.|0.1]0.
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Punica granatum. .....| cult.[cult.| O. | O. | O. | O0. | O0. | O0. | O0. | 0. O.
Cerasus padus......... NUIN AIME A RAMONIS LCI NT MO:"11O: cut.
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— vulgaris. ..........| cult.|cult.lcult.| O. | O. | O. | O. | O. fcult.lcult.Icult.
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Amygdalus persica.....| cult. cult.| O. | ©. | O. | ©. | O. {cult.lcuit.|cult.|cult.
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382 GÉOGRAPHIE
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Ceratonia siliqua....... 90107 ONE SlEN A ENUO TO:
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— gummifera.. ....... N. | O. PUS IRO RE N. IN IN.
—nNoUCDI ee .L. NARONNIONMIENTAIRE AIN RINE IP INL
— farnesiana.. ......., N'a OLO: PRE salocre slcult là.
— lebbeck..... LAS SE
—almdas de Hu LES
—seyal.: 22.4... 30 4 Le COLA … N.|N. |.
— heterocarpa........,
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Mimosa habbas...,.... N. RO: se losc clone IN AIN PEINE
—julibrisin......... DONNE OT OT DAT IMOL AN:
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Tamarindus indica.....| .... cult.|[cult.| O. | N. | N. | N. | N.
Cassia fistula...:. AO ie Balai) dt 6 I 4 NAN ONE IN.
Guilandina morinda..,..| N. |....| O. |:...] N. | N. | N. | N.
Juglans regia.......... cult.| N. |cult.| O. | O ? | O. |cult.
— pterocarpa. ........| N. | N. ? ? ? ©. ? N.
Pistacia lentiscus..... ..| ©. |[cult.| O. ? ? ARNO. l'O:
seu btob LL ‘«.| ©. [cult.| O. | O. | O. | N. | O. | O.
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— oxyacanthoïdes...... 0. NR...).... + N. ee UN.
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Staphylea pinnata...,.,| O. | N. |... OuHOUuLALOHLO: 1: ..
Evonymus europea...., NEMMINEMIRTSE DA METEO NTOS LE E..
— latifolia......,. SRE EN PEL HOEE OL SEP REA ©. | O. | O. | O. | O. |...
— VETTUCOSA.......... NPAIMNElessels ee DEEE Eee OINe UNE IE.
Viuswinifera. ........ .| ©. {cult.| O. O0. |. O. | O. | O. O. | oO.
Acer monspessulanuni,.| N. | N. | ? |....|.... NA TOS TOO IS.
— campestre........., NE HIMINE MR EME OSS ©. |. ...| 0. | O0. | 0. 10.
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— pseudo-platanus...,. NA IPINe é ..| ©. |: IN NO" NO" |...
—ibericum........... N.|N. p HO S HE NAUN SUN N.
— tataricum ...,...... Lg EE A ESS IE OMS MEN CAN CIN UN.
— heterophyllum...... INA ENE 2 DR OO PIN EN INT IN.
— lobelii............, N.ÎN N o.|n
— opulus............. } J d à ni Ribl L AT és lt
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384 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Le Caboulistan. vite rit éd
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Le Caboulistan, qui s'étend depuis l'extrémité de l’Hima-
laya jusqu’à la frontière occidentale du Béloutchistan, etde-
puis l'embouchure de l’Indus (lat. 24° ) jusqu'aux rives de.
l'Oxus (lat. 370),.est fort peu connu. Les contrées fameuses
de Cachemire, de Caboul et de Candahar occupent plus de
place dans les récits merveilleux des conteurs arabes que
dans les savantes dissertations des naturalistes européens.
La partie du grand désert, située au sud, n’est pas si com-
plétement stérile qu’on n’y puisse apercevoir des traces de
la végétation des pays chauds. Sur les sables amoncelés
comme des vagues croissent de loin à loin, parmi des
touffes d'herbes maigres, des buissons de Mznosa et de Zr-
ziphus. Le Holcus spicatus est cultivé autour de quelques .
huttes éparses; et, ce qui est digne de remarque, les habi-
tans de ces sauvages demeures sont obligés, pour trouver
des sources, de creuser des puits de trois cents pieds de
profondeur dans un sol dont l’aride surface produit cepen-
dant, presque sans culture, des melons d’eau de plus d'an
pied de diamètre. Le Setledje, le Chumab et l’Indus por-
tent la fertilité sur leurs rives au sein du désert.
À son extrémité occidentale est le Sindhy, dont la partie
méridionale, baignée à l’ouest par la mer d'Oman, descend
presque jusqu’au tropique. Le littoral offre une large plaine
parfaitement unie que parcourent l'Indus et les différens
canaux qu'il s’est creusé pour porter ses eaux à la mer. Les
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 385
rives de ce beau fleuve sont d’une grande fertilité; mais si
l'on s’en éloigne, on trouve d’un côté le désert, et de
l’autre des montagnes d’une affreuse nudité; singulière res-
semblance avec l’'Esypte, comme l’observe Henri Pottin-
ger. A Tatale (lat. 240,44'), du milieu de juin au milieu de
juillet 1810, ce voyageur remarqua que dans les chambres
les plus fraiches le thermomètre se soutenoit habituellement
entre + 33° et 380,5 ; et qu'à Haïderabad (lat. 250,22’), en
août, saison des pluies, il descendoit rarement au-dessous de
—+ 380,8. Parmi les végétaux de cette contrée, je ne puis indi-
quer que des Mimosa , des T'amarix, \ Euphorbia antiquo-
rum; mais il est hors de doute que la végétation tout entière
est équatoriale. Je dirai la même chose de la végétation du
Siouistan, province réputée la plus chaude de l'empire.
La température annuelle des côtes du Béloutchistan doit
être inférieure à celle du Sindhy, puisque déjà l’année se
partage assez nettement en deux saisons, la chaude et la
froide; mais il est bon d'observer que cette dernière saison
ne paroit froide que par comparaison avec les chaleurs ex-
cessives de l’autre. Le sol, stérile partout où il n’est pas ar-
rosé, est sablonneux comme au désert. Il produit le Dattier,
le Melia azedarach, le Ficus religiosa, le Dalbergia srs-
son, le Mangifera indica, le Tamarindus indica, des Zi-
ziphus et des Mimosa qui s'élèvent à des hauteurs consi-
dérables; le Noyer, le Sycomore, le Platanus ortentalis y
viennent très-bien; les Frênes et les Chènes, les Sapins et les
autres Conifères y sont inconnus. À très-peu de distance de
la côte le pays devient montueux, et la température varie
comme les inégalités du sol. Dans les vallées basses et bien
Mém. du Muséum. 1. 14. 5o
386 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
exposées, entre le 27e et le 30e degrés, croissent le Dattier, le
Goyavier, le Bananier, le Figuier, le Pistachier, le Mürier,
le Grenadier, la Vigne , le Noyer, le Coignassier, le Pécher,
l’Abricotier, l'Amandier, le Cerisier, le Groseiller. On fait
dans les plaines du riz, du coton, de lindigo ; mais sur les
pentes des montagnes et sur les plateaux, où de longs hi-
vers accompagnés de frimats se font rudement sentir, à
peine peut-on compter sur de minces récoltés de blé et
d'orge, tant la maturité de ces grains est tardive. La terre
produit d’elle-même des Mimosa, des Tamarix, \ Hedysa-
rum alhagt, V Assa fœtida.
En tournant au nord-ouest, on entre dans le désert de
Kerman, sables arides, brülans, mêlés de sel, et privés de
végétation. Au centre de cette vaste et triste solitude, quel-
ques sources d’eau douce arrosent la petite oasis de Kébis;
elle offre aux voyageurs ses toits hospitaliers, ses gazons
d’une étérnelle verdure et ses ombrages frais.
Toute la partie de l'empire, depuis le désert de Kerman
jusqu'aux pentes occidentales de l'Himalaya, et depuis le
désert du Sud jusqu’au Caucase indien et aux monts Paro-
pamises, ne peut être retranchée de la zone de transition,
quoique les accidens du sol en fassent souvent disparaître
les caractères distinctifs. Entre le 30e et le 33° degrés, les
pays plats et bas ont des étés extraordinairement chauds et
des hivers fort doux. Quelquefois, dans cette dernière sai-
son, il se forme pendant la nuit, à la surface des eaux dor-
mantes et sur le bord des rivières, une légère couche de
glace, qui se dissout au lever du soleil. Souvent , dans les
régions occidentales il tombe de la neige. On n’en voit jamais
- is
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 387
à Candahar, par 330,38’. Bien loin de cette ville , au sud-est,
dans les fertiles plaines de Moultan (lat. 309,50’), ombragées
parle Dattier,le Melia azedarach,\eF icusreligiosa,Elphins-
tone remarqua, en décembre 1809, que le thermomètre s’a-
baissoit le matin jusqu’à — 2°,2: Tout le pays qui s'étend
de la rive gauche de l’Indus à l'Himalaya et aux montagnes
méridionales de Cachemire, jouit d’un climat assez chaud
pour faire mürir les fruits de l'Inde. Le Platane et le Saule
deviennent d'autant plus rares que les latitudes sont plus
basses.
Au nord, le Cachemire (lat. 340—350.), reserré entre deux
chaînes de montagnes dont les hautes cimes sont chargées
de neiges perpétuelles, a des hivers froids et des étés d’une
chaleur modérée. De tous les arbres de l'Inde, le Mürier seul
y réussit. On y récolte les fruits de l'Europe et du nord de
l'Asie mineure, le riz, l'orge, le froment, etc. Les montagnes
sont couvertes de Pins et de Sapins, particulièrement sur leur
revers septentrional ; les rivières sont bordées de Saules, les
campagnes voisines des lieux habités sont ornées de Peupliers.
La vallée de lIndus sépare la chaîne des montagnes septen-
trionales de Cachemire du Caucase Indien, lequel s’alonge
de l’est à l’ouest, et va finir où commencent les monts Paro-
pamises. Sa crête, dont les sommités atteignent quelquefois
3,000 toises, est toujours chargée de neige. Ses gradins infé-
rieurs sont garnis de forêts de Lentisques, de Pistachiers,
d’Oliviers, de Chênes, de Pins, Sapins, etc. Dans les vallées
basses croissent une multitude de plantes appartenant à des
genres de la flore européenne. PR
Au sud du Caucase Indien , et non loin de sa base, dans la
50*
388 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
vallée que parcourt le Pundjshier, sont deux villes fameuses :
Pechawur et Caboul. 1 b
Pechawur ( lat. 340 ), situé au milieu d’une petite plaine
basse entourée de montagnes, doit probablement à cette po-
sition les chaleurs excessives de ses étés, et le froid très-modéré
de ses hivers. Elphinstone évalue de mémoire à + 49°, le
maximum de l’été 1809, qui passa généralement pour tem-
péré. Plusieurs fois le thermomètre monta à + 45° sous une
tente rafraichie artificiellement. Pendant l'hiver, les gelées
sont fréquentes la nuit et le matin; le 72:21mum observé est
— 3,88 ; dans la journée, l'air se réchauffe et la température
devient très-douce. Peu de localités sont aussi favorables à la
réunion des végétaux des climats chauds et des climats tem-
pérés. L’atmosphère, presque toujours tiède quand elle n’est
pas très-chaude, le sol continuellement humecté par dé nom-
breuses rivières, entretiennent une végétation vigoureuse et
variée. D’épais gazons dont la verdure pendant une grande
partie de l’année, ne cède pas en fraicheur à celle des prairies
septentrionales, couvrent les lieux incultes. Le bord des ri-
vières est ombragé par des Saules et par des T'amnarix qui
acquièrent trente à quarante pieds de haut. A peine peut-on
apercevoir les villages à travers les arbres fruitiers qui les
environnent. Le Grenadier, le Mürier, le Frcus religrosa , le
Dattier, l'Oranger, et quelques autres végétaux de l’Indoustan,
que les hivers de Pechawur ne dépouillent pas de leur feuil-
lage, se mêlent à toutes les espèces que nous rassemblons
dans nos vergers. Les avenues de la ville sont bordées de
Cyprès et de Platanes.
A Caboul, où les étés sont moins chauds, où les hivers
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 389
plus froids, sans être rigoureux, sont accompagnés de neiges
abondantes, on trouve tous les arbres fruitiers de l'Europe ;
mais on ne voit plus ceux de l’Indoustan. L'empereur Baber
y fit planter la Canne à sucre; il n’est pas probable qu’elle y
ait réussi.
Je ne dois pas oublier la partie centrale de l'empire. Elle
est soulevée, si je puis ainsi dire, par plusieurs chaines de
montagnes qui, semblables aux rayons d’un cercle, partent
de points différens, et vont aboutir à un centre commun. À
mesure que ces chaînes s’enfoncent dans le pays, les plaines
des vallées s’exhaussent, etpar conséquent leur température
décline. Entre le 32e et le 34e parallèles, on trouve des étés à
peine aussi chauds qu’en Angleterre, et des hivers moins
froids peut-être qu'en Norwége, mais aussi chargés de fri-
mats. Les neiges se maintiennent durant trois ou quatre
mois; toutes les rivières sont gelées; leS hommes à cheval,
les chameaux avec leurs bagages les peuvent traverser sur
la glace. On dit que la plaine de Ghazna (lat. 330,30'), qui
fait partie du plateau central, est la plus froide du royaume.
Peu de végétaux de l'Inde habitent le Caboulistan; ceux
de l’Europe au contraire y abondent. La Vigne, le Pécher,
l’Abricotier, etc., y viennent sauvages, et paraissent indigènes
comme dans l’Asiemineure. Les arbres dominans dansles mon-
tagnes sont plusieurs espèces de Pins, dont un produit des
cônes plus gros que des artichauts, et des-graines aussi volu-
mineuses que celles du Pistachier (1), des Cèdres, un Cyprès
d’une hauteur prodigieuse', et plusieurs espèces de Chênes.
(1): C’est peut-être le Pinus pinea:
390 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Le Noyer, le Pistachier, le Thérébinthe habitent aussi les
montagnes. Elphinstone croit se rappeler qu’il y a vu le
Houx, le Bouleau , le Coudrier. Dans les plaines incultes, les
arbres les plus communs sont le Mürier, le Tamarin, le Pla-
tane, le Peuplier, et plusieurs espèces de Saules. La culture
de la Canne à sucre, du coton, de l’indigo, du melon, du
Sorghum spicatum ei du Sorghum vulgare, du Sesamum
orientale, du riz, n’est pas rare dans les pays chauds. Celle
du blé, de l'orge, du mais, de la betterave, de la carotte,
et de beaucoup d’autres plantes potagères, a lieu partout où
il existe un peu d'industrie et une terre productive.
Ces notions vagues ou incomplètes éveillent notre curio-
sité sans la satisfaire. La flore de l'empire du Caboul nous
est encore moins connue que celle de la Chine.
Avant de passer à la Perse, je dirai un mot des contrées
qui s'étendent à l’ouest et au nord-ouest, depuis les monts
Paropamises jusqu’au 41e degré, et qui comprennent le pays
de Balkh, de Maouer, la Boukharie , le Kharisme, etc. Déjà le
climat n’est plus assez chaud pour l'Olivier ; mais un grand
nombre de végétaux ligneux qui se groupent autour de lui
dans la zone de transition se montrent encore sauvages ou
cultivés, selon les localités. Ces régions offrent un singulier
assemblage de plaines et de montagnes, de steppes herbeuses
et de steppes arides, stériles, sablonneuses et souvent salées,
de terres médiocres et de terres d’une admirable fertilité.
Dans la morte saison souvent toutes les eaux gèlent ; les ca-
ravanes traversent alors les rivières sur la glace. Dans l’hiver
de 1820 à 1821, le baron de Meyendorff, envoyé par la cour
de Russie en ambassade à Boukhara, y vit baisser le thermo-
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 391
mètre jusqu'a 12 ou 13 degrés sous zéro, quoiqu’ en général
la saison fût très-douce. La chaleur des étés compense le
froid des hivers; elle est si forte et si EE qu’elle des-
séche la plupart des cours d’eau.
‘Les cantons de Hérat, Dheiï-Molla, Khiva, Boukhara, Sa-
marcande, etc., entourés de déserts, ressemblent aux belles
oasis de l'Égypte. Nulle part la population n’est plus nom-
breuse, la culture plus soignée, la végétation plus productive.
Les jardins et les vergers, qui sont très-multipliés , nourrissent
une grande variétéf@'arbres fruitiers, parmi lesquels on re-
marque le Grenadier, le Pistachier, le Figuier, qui donnent
des fruits exquis. 1] y a de grandes plantations de Morus alba
et éatarica. On cultive le Cotonnier, l’Indigotier, le Sé-
same, le Sorghum saccharatum, le riz et tous les autres
grains et légumes de l'Europe.
D après Falk, les arbres et arbrisseaux vulgaires de la Bou-
kbarie sont les Prsfacia terebinthus, Elæagnus angustifo-
lia, Ulmus campestris et effusa, Cratægus oxyacantha,
Pyrus aria et aucuparia, Mespilus cotoneaster, Spiræa
crenata, Rosa pimpinellifolia, Capparis spinosa , Clema-
tis orientalis, Betula alba, Populus alba. : *,
Les steppes produisent en abondance des Tamarix, l A:
mygdalus nana, le Calligonum polygonoïdes , et un arbre
de petite taille qui a des feuilles caduques semblables à celles
du Melèze. On ne sait pourquoi Falk est tenté de le prendre
pour l’Abies orientalis, et Pallas pour le Juriperus lycia
ou sabina. |
Dans la partie méridionale de la Boukharie, le Platanus
ortentalis devient un arbre colossal.
392 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
La Perse et les provinces Caucasiennes jusqu'au Térek.
Nous avons vu que la côte du Béloutchistan étoit séparée
de l’intérieur du pays par des chaines de montagnes. Il en
est de même de la côte de la Perse. Elle forme depuis les
monts Buskurd, limite du Béloutchistan, jusqu'aux bouches
de l’'Euphrate, une lisière de sable dont la largeur varie entre
dix .et trente lieues, selon que la base des montagnes se
rapproche ou s'éloigne de la mer: telleæst la partie maritime
des provinces du Kerman, du Farsistan et du Khouzis-
tan. L’excessive chaleur de cette côte lui a valu le nom de
Guermstr où pays chaud.
Selon Scott - Waring, cité par Morier, la température
atteignit en juillet 1802 + 45°,5, entre Chiraz et Firuz-
Abad; et selon Morier lui-même, elle &’éleva en juin 1808 à
+ 370,77, entre Chiraz et Bouchyr. Les observations faites
à Bouchyr par le docteur Jukes, portent la moyenne de
juillet 1808 à + 33°,27, son r7axunum à + 36°,6 et le rn1-
nimum de novembreetdes quinzepremiersjours de décembre
1807, à + 150,3. M. de Humboldt estime que la tempéra-
ture moyenne de cette ville s'élève à + 250,5 : cette éva-
luation n’est probablement qu'approximative. Quoi qu'il en
soit, il résulte des faits connus que la température est très-
élevée sur tout le littoral. Elle le seroit plus encore si des
rosées bienfaisantes ne tempéroient en quelques lieux l’ar-
deur de l’été. Ces rosées sont si abondantes à Bouchyr, qu’au
lever du soleil la terre est trempée comme après une forte
pluie.
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 393
* aL végétation est loin d'approcher , pour la richesse, de
celle qu’on remarque dans quelques parties du Béloutchis-
tan. Les seuls arbres dont il soit fait mention , sont l’Oranger,
le Grenadier et le Dattier. Toute la portion de la lisière qui
dépend dela province de Kerman, est un sable salin, lequel
ne produit que des dattes d’une tua très-inférieure.
Les montagnes occidentales de la Perse se projettent vers
le nord-ouest , bien au-delà des bouches de l'Euphrate. Elles
Jäissent sur leur gauche la partie septentrionale du Khou-
zistan, pays fertile, où la Canne à sucre étoit anciennement
cultivée; sur leur droite, le Louristan , le Kourdistan oriental
et l’Aderbidjan; et elles se rattachent aux montagnesdel’Ar-
ménie , entre le lac de Van et le mont Ararat. Chemin fai-
sant, elles envoient des chaînons à gauche et à droite : les
premiers se confondentavecles montagnes de l’Asie mineure;
les autres en général’ se dirigent vers le sud-est, s’abaissent
insensiblement, et finissent par se perdre dans les déserts de
sable situés à lorient de la Perse. Jadis ces montagnes étoient
couvertes de grandes forêts, aujourd’hui les arbres y sont
clair-semés ; ce sont des Bouleaux, des Cyprès, des Chènes
et surtout le Quercus infectoria , des Lentisques, etc. Il y
a d’abondans pâturages } PME dans les montagnes
septentrionales.
Le littoral du golfe Persique, jusqu’à la base des mon-
tagnes, a évidemment une température et une. végétation
équatoriales. De l'autre coté des montagnes on entre dans
la zone de transition. Le climat, la végétation, l’aspect du
pays changent. Le soldes plaines s’exhausse, et forme un vaste
plateau traversé ça et là par de petites chaînes de collines.
Mém. du Muséum. 1. 14. bi
394 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Le Henné, l'Oranger, le Citronnier, le Dattier viennent à
l'est des montagnes occidentales jusqu’au 30e parallèle envi-
ron. C’est au nord du lac salé de Baghteghian, sur le soloù
florissoit Persépolis, que le Dattierse montre pour la dernière
fois. Sous la même latitude, on ne le voit pas à Chiraz, situé
à l’ouest des montagnes, parce que cette ville est déjà très-
élevée au-dessus de la lisière de sable. L’Oranger y réussit
encore; l'Orme , le Coudrier, le Pin, le Cyprès y trouvent
le climat tempéré qui leur convient. Dans les mois de juillet
et d’août le thermomètre s'élève souvent à trente ou qua-
rante degrés; mais en hiver il y a des journées fraiches, et
quelquefois la neige blanchit la terre.
Amesure qu’on approche des monts Elbours ou des rives du
Phase, la saison du repos, devenant graduellement plus longue
et plu froide , resserre les autres saisons dans des limites plus
étroites. Les conquêtes hivernalessonttrès-sensibles à Cachan,
Kermanchäh, Hamadan et Koûm (lat. 34° — 35°), A Téhéran
Je froid est vraiment rude ; il l’est plus à Casbin, et plus en-
core à Tauris. Ker-Porter, qui séjourna dans cette dernière
ville en décembre 1818, remarque que le thermomètre
oscilloit constamment entre — 10 et — 20°: c’est la mesure
ordinaire des hivers de Pétersbourg. Il n’est pas rare que des
voyageurs, surpris par la nuitet assaillis par des tourbillons
de neige que soulèvent les vents furieux du nord-est, pé-
rissent de froid sur les routes. Au commencement -de mars
les frimas couvrent encore la terre.
Aux hivers rigoureux de l'intérieur du pays Pa
des étés aussi chauds que ceux de la zone torride. A partir
des premiers jours de juin jusqu’à la fin d’août, une tempéra-
LL
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 395
ture rarement au-dessous de + 30 et quelquefois de + 40°
rend le séjour de Téhéran si fatigant , que toute la popu-
lation riche abandonne la ville et va chercher sur 5 hau-
téurs un climat plus tempéré.
: Dans l'immense pays compris entre les montagnes méri-
dionales du Kerman etles monts Elbours et Turuck, voisins
de la mer Caspienne, jamais d’abondantes rosées ; et depuis
. mars jusqu’en décembre, jamais une goutte de pluie. Durant
cette longue période, l'atmosphère conserve toute sa trans-
parence; aucune vapeur ne se forme àla cime des montagnes;
le ciel est constamment pur et brillant. L’acier le plus poli,
disent Chardin et d’autres voyageurs, exposé à l'air à quelque
heure que ce soit, ne prendroit pas la moindre tache de rouille,
tant la sécheresse est grande (1). Sous de telles influences, il
ne peut exister ni sources abondantes, ni grands fleuves; et
si l'on considère que l’eau et la terre sont souvent chargées
de sel, on concevra que le sol ne doit produire qu’une végé-
tation misérable. C'est en effet ce qui a lieu dans la majeure
partie de l’intérieur de la Perse. Que Von se représente un
plateau sablonneux, aride, coupé çà et là par des chaînes
de collines pelées, d’où s’échappent de petites rivières qui dis-
paroissent dans les sables non loin de leur origine; au bord de
ces eaux courantes un terroir fertile, quand par hasard il n’est
pas imprégné de sel, et de distance en distance un village ou
même une ville; partout ailleurs un sol désert, des herbes
chétives et rares, quelques broussaillés, bi sie pes épineux,
mais pas un arbre:
(1) Il ne faut pas-prendre ces expressions dans toute leur rigueur; il yadela
ba"
rosée, puisqu'il y a de la végétation.
396 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Derrière le rideau des monts Elbours, au bord de la mer
Caspienne, le Ghilân et le Mazandéran forment une étroite
lisière parée de tout le luxe végétal que comportent les lati-
tudes et le climat. Des étés chauds sans être brülans, des
hivers tempérés, une athmosphère toujours humide, des
pluies abondantes, un sol très-bas, bien arrosé, excellent,
favorisent le développement d’une multitude de végé-
taux. :
Les hautes montagnes du Mazandéran sont tout-à-fait nues;
les montagnes inférieures etune partie de la plaine sont cou-
vertes de bois superbes et très-serrés. Les forêts s'étendent
depuis la frontière occidentale du Ghilän jusqu'à celle du
Khorazän. On y remarque le Charme, le Hêtre, l'Orme, des
Chènes, des Erables,le Platane, le Frêne à fleurs,leChâtaignier,
le Tilleul, le Cornouiller, le Sorbier, plusieurs espèces d’4-
cacta, etc. Sous les voûtes épaisses du feuillage croissent le
Sureau, le Buis, le Sumac et une quantité prodigieuse d’arbris-
seaux, de lianes et de fougères. Le sol, garanti de l’action
directe de la lumière, s’engraisse perpétuellement de la dé-
pouille des végétaux et ne se fatigue pas de produire.
Aux arbres forestiers du Mazandéran se mêlent l'Oranger et
le Citronnier. Ils sont cultivés dans les plaines avec le Henné, la
Canne à sucre, le Caroubier, l’Olivier, le Figuier, la Vigne, le
riz, le coton, et tous les arbres fruitiers du Pont et de l’Europe.
On a remarqué qu'il n’y avoit ni Pins ni Sapins dans le
Mazandéran : peut-être l'absence de ces arbres tient-elle à la
chaleur du climat, qui s’oppose à ce qu’ils croissent sur les
montagnes inférieures, et à l’aridité des hautes montagnes qui
repousse toute végétation.
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 397
” À l’ouest, entre les montagnes du Ghilàn et la chaîne occi-
dentale, est l’Aderbidjan, partie la plus septentrionale de la
Perse. Le pays est élevé ; il y a des vallées et des plaines, des
landes, des sables arides, de gras pâturages et grand nombre
derivières. De même qu’au Ghilân, le climat est très-humide,
les pluies et les neiges sont abondantes, mais l’été est moins
chaud , et l'hiver est plus long et plus froid. Le Pistachier, le
Figuier, la Vigne, le Mürier ne réussissent que dans quelques
stations privilégiées, telles que les belles plaines arrosées par
la rivière de Koï. Du reste, quand le sol est de bonne qua-
lité, la végétation égale celle des pays tempérés les plus favo-
risés. Des arbres d’une admirable venue embellissent les
campagnes; le voisinage des villes s’annonce par des planta-
tions de Peupliers: les récoltes se composent de riz, de lin,
de garance, de tabac et d’excellens fruits.
Passons de l'Aderbidjan dans les provinces situées au pied
du Caucase. Au midi, le sol est peu élevé, le climat est très-
doux : nulle part la Nature ne s’est montrée plus libérale; de
même que dans le Pont elle a répandu avec profusion des ri-
chesses végétales qu’elle n’a accordées à l'intérieur de la Perse
qu'avec une parcimonieuse économie. Tiflis, placé à distance à
peu près égale dela frontière septentrionale del’Aderbidjan et
ducentre delachaïne caucasienne, n’a presque point d'hiver. En
décembre 1771, Guldenstædt vit encore quelques plantesher-
bacées en fleur dans les campagnes; à lafin du mois iltomba un
peu de neïge. Janvier 1772 fut très-doux, et dès le milieu de
février les arbres précoces fleurirent. Au voisinage du Caucase,
la température subit un abaissement considérable. Le sol
élevé de l’Imérétie ne permet plus la culture des végétaux
398 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
qui, tels que le Pécher, le Mürier, etc., demandent de la
chaleur pour mürir leurs fruits; tandis que dans la Gourie
( lat 4o° ), province basse à l'extrémité orientale de la mer
Noire, non-seulement le Pêcher et le Mürier viennent très-
bien, mais encore le Citronnier , l’'Oranger et l’Olivier,
comme on l’a vu précédemment. |
Le Caucase, dont les sommités revêtues de neiges perma-
nentes sont plus élevées que le Mont-Blanc , n’arrête point
la puissance expansive de la zone de transition, comme je le
montrerai tout à l’heure. Une des montagnes principales de
cette chaîne, le Kasbek, s’élève à 2408 toises, selon MM. Par-
rot et Maur. de Engelhardt. Ces deux savans y indiquent ainsi
qu’il suit les lignes d'arrêt supérieures des végétaux les plus
remarquables : 450 à 550 toises de hauteur perpendiculaire
au-dessus de la mer pour le Quercus robur et V'Hippophaë
rhamnoïdes ; 912 pour le Pinus sylvestris ; 1020 environ
pour l’orge et l’avoine cultivés; 1000 à 1200 pour le Juri-
perus oblonga, le Betula alba et Y 4zalea pontica; 12 à
1300 pour le Sorbus aucuparia et le Salix capræa; 13
à 1400 pour le Rhododendrum caucasicum, les Faccinium
myrtillus et vitis 1dæa , etc. Enfin, ils fixent à 1650 toises la
limite des neiges permanentes du Kasbek ; et, concluant du
particulier au géneral, ils assignent cette hauteur à la limite
des neiges de toute la chaîne du Caucase. Il seroit hors de
place de reproduire ici les raisonnemens de MM. Parrot et
Engelhardt à l'appui de leur opinion; je me bornerai à dire
qu’on ne sauroit guère douter que , même sous des latitudes
semblables et dans des stations très-rapprochées, des causes
locales ne fassent varier plus'ou moins la limite des neiges
GEOGRAPHIE BOTANIQUE. 399
perpétuelles. C’est ce qui arrive aussi pour les lignes d’arrèt
des végétaux. : M ÿ
… Les principaux, arbres ou arbrisseaux que produisent les
provinces. situées au midi du Caucase sont les RAus cott-
nus. — coriaria, Paliurus australis, Ziziphus vulgaris,
Juglans regia — pterocarpa, Amygdalus conmunis —
persica , Punica granatum , Philadelphus coronarius ,
Diospyros lotus, Tamarix gallica, Laurus nobilis, Ficus
carica , Planera Richardi, Platanus orientalis , Celns
australis —T. ourneforti, Carpinus ortentals, Quercus ibe-
rica, Pinus laricio, Abies orientalis, etc. À ces végétaux,
qui tous sont, propres à la zone de transition, se mêlent
d’autres espèces indigènes en Europe ou en Tartarie, que nous
retrouverons bientôt dans les contrées au nord du Caucase.
… La zone de transition finit en Circassie, par 44°, sur les
rives du Térek. Près de ce fleuve, on trouve encore dans
quelques jardins l’Olivier ainsi que le Figuier, le Pistachier
et le Grenadier. De ces quatre arbres, le Figuier est le seul
dont les fruits arrivent à parfaite maturité.
Généralement parlant, l’été.est chaud, et l'hiver tempéré
dans la partie de la Circassie comprise entre le Caucase et le
Térek ; toutefois il y a detemps à autre des froids passagers
très-violens. Guldenstædt assure, d’après ce qui lui a été dit
sur les lieux, que de 1768 à 1973 le minimum de la tem-
pérature à Kisljar fut— 27°,3, et Falk, voyageur très-éclairé,
dit qu’à Mosdock l'hiver est très-rude , quoique de courte
durée. Si ces faits sont exacts, comment le Figuier, le Grena-
dier, le Pistachier, et surtout l’Olivier, peuvent-ils passer la
froide saison sans abri? Cependant Falk affirme que l’Olivier
400 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
supporte très-bien l'hiver en plein air. Le Câprier vient sau-
vage sur les bords du Térek, on y cultive le Cotonnier hér-
bacé, la Vigne, le Pécher, etc., le riz et autres grains. Les
espèces sauvages qui composent les forêts au nord du Cau-
case, sont pour la plupart indigènes dans la zone tempérée;
celles de la zone de transition sont en petit nombre. Les unes
et les autres croissent également au midi du Caucase. Voici
les plus remarquables : Ulmus campestris — effusa, Mo-
rus tatarica , Quercus robur; Carpinus ‘betulus ; Fagus
sylvatica , Castanea vesca, Taxus baccata, Fraxinus
excelsior, Tilia europæa, Elæagnus angustifolia, Pyrus
salicifolia — pyraster — malus — cy don = COMMUNS ,
Prunus domestica — armeniaca — cerasus, etc. |
La Babylone, la Mésopotamie , la Palestine, la Syrie et
l’Asie mineure.
Les sables de l'Arabie s’enfoncent entre l’Irak-Araby: à
l'est, et la Palestine et la Syrie à l’ouest, jusqu’au 34e degré,
où le sol, coupé par des chaînes de montagnes, offre des
rivières nombreuses et des vallées fertiles. Ces sables sont
moins déserts et moins nus que ceux de l'Arabie. Le Tigre,
l’'Euphrate , l'Oronte et leurs affluens entretiennent sur leurs
rives une fraicheur qui favorise la végétation. Cà et là le
voyageur rencontre une bourgade ou une ville; mais à
quelque distance des eaux courantes le sol est d’une stéri-
lité complète.
Le Dattier remonte les bords de l'Euphrate et du Tigre. A
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 4or
l'est il gagne les plaines situées entre Bagdad (lat. 330 19/) et
Kermanchäh ; au nord il s’avance jusqu’à Tekrid par 34° 40';
à l’ouest il répand son ombre sur les ruines de Palmyre , et
pénètre par la Palestine et la Syrie ; jusque sur les plages de
la Méditerranée.
Par une circonstance particulière au climat de Bagdad, on
ne peut y cultiver le Henné, le Bananier et plusieurs autres
végétaux de la zone chaude, qui croissent ailleurs sous des
latitudes plus élevées. Ce n’est pas que la température de l'été
soit trop foible : dans cette saison la chaleur est excessive et
sans relâche. On dit même que le thermomètre monte à plus
de 5o degrés durant le temps, heureusement très-court, où
le samiel répand la désolation et la mort; mais en hiver, la
température tombe quelquefois à— 2°,5, et peut-être plus
bas, puisque Niebubr a vu pendant son séjour à Bagdad, en
février 1765, de la glace de deux doigts d'épaisseur. Ces froids
instantanés que supporte l’Oranger suffisent pour repousser le
Henné. Ainsi Bagdad, malgré sa haute température moyenne,
que Beauchamp estime, peut-être à tort, à +23°,2, n’a que la
végétation de la limite septentrionale de la zone de transition.
Depuis Bagdad jusqu'à Mossoul (lat. 36° 20’) les bords
du Tigre sont couverts de Saules et de Concombres dans
un espace de deux cents pas. Au-delà de cette étroite lisière,
le sol n’est qu’un sable aride et nu.
La Palestine et la Syrie méridionale, développées en amphi-
téâtre aux bords de la Méditerranée, offrent un des plus re-
marquables exemples du rapprochement des végétaux des
pays chauds et des pays tempérés. On y voit le Dattier, la
Canne à sucre, le Bananier, le Henné, l’'Oranger, le Citronnier
Mém. du Muséum. 1. 14. 52
4o2 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
le Pistachier, l’'Olivier, le Caroubier, le Cordia myæxa, le
Guilandina morinda, le Tamarindus indice, le Melia
azedarach, les Acacia nilotica et farnesiana, avec presque
tous les arbres forestiers de la Grèce et de l'Italie et tous les
arbres fruitiers de l’Europe. Chaque espèce s'établit selon
ses besoins sur les basses ou hautes plaines, sur le penchant
des montagnes ou sur leur sommet.
Les montagnes de l’intérieur de la Palestine méridionale
forment deux chaînes qui se portent concurremment du midi
au nord. Dans la partie basse de la vallée est le lac Asphal-
tique qui reçoit les eaux du Jourdain. La rive occidentale du
lac est bornée par des montagnes äpres et stériles. C’est à leur
pied que Hasselquist trouva le Solanum sodomæurn, dont
le fruit, piqué par des vers, conserve sa couleur, mais ne
contient plus que de la poussière (1). La rive opposée est
très-fertile et couverte en partie de grandes forêts. J. L. Burck-
hardt y remarqua des Gommiers ( 4cacia où Mimosa) et
un arbre de la famille des Apocynées, que les Arabes nom-
ment ochejtr, etqui, selon M. Delile, est l’Æsclepras procera
de la zone équatoriale.
Au nord du lac, le long de la rive orientale du Jourdain,
un pays montueux , élevé de plus de 120 toises au-dessus du
(x) Selon J. L. Burkhardt , les Arabes racontent qu'aux environs du lac Asphal-
tique ou mer Morte, il y a une espèce de Grenadier qui produit un fruit dans
lequel onne trouve que de la poussière quand on l’ouyre, et ils prétendent que c’est
le Pommier de Sodôme. D’autres nient l’existence de cet arbre. Hasselquist mérite
toute confiance; il rapporte naïvement ce qu'il a vu , et il en donne une explication
naturelle. Au reste , il n’est pas impossible que ce pelit phénomène $e reproduise
dans plusieurs végétaux.
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 4o3
niveau des eaux du fleuve, présente des points de vue déli-
cieux et une richesse de végétation peu commune. Les col-
lines produisent en abondance des Chènes, des Pins, l'Olivier
sauvage, etc. Les rivières qui versent leurs eaux dans le Jour-
dain cachent leur cours sous le feuillage des Platanes , des
Amandiers, des Oliviers, des Lauriers- roses, etc. La vallée
de Damasc et les rives de l’Oronte ne sont pas moins fertiles.
A défaut d’observations météorologiques, la végétation de
la Syrie méridionale nous avertit que la température doit y
être peu différente de celle du Caire. Il n’en est pas ainsi de
la Syrie septentrionale, de la Caramanie et de l'Anatolie. La
variation annuelle de la température croît par l'influence des
latitudes plus septentrionales, à laquelle se joignent quel-
quefois des causes de refroidissement particulières aux lo-
calités. Cette double action est évidente à Halep, par 36°,11".
Le Dattier n’y vient pas; on ne conserve le Lawsonia alba
et les variétés de l’Oranger et du Citronnier qu’en leur
fournissant des abris. Le Myrte et le Laurier-rose ne se main-
tiennent que par la culture (1). Cependant le printemps, l'été
et l’automne sont très-chauds; en juillet et août le ther-
momètre se tient entre + 25 et 28°. De la fin de mai au
milieu de septembre, l’afdeur du soleil, que la sécheresse de
(1) Malgré l'autorité de A. Russel , j’avoue que j'ai peine à comprendre com-
ment les hivers d'Halep seroient assez froids pour empêcher le Myrte et le Laurier-
rose de croître sauvagés, quand je vois ces végétaux prospérer sans le secours de la
culture en Crimée, en Istrie, en Italie et dans la Provence. Je rappellerai ici ce
que j'ai dit précédemment. Le Myrte vient sans abri dans le Cornouailles. Il ya
peut-être dans le climat d'Halep quelque cause étrangère à l’abaissement de Ja
température hivernale qui nuit à la végétation de certaines espèces.
59 *
4o4 GÉGGRAPHIE BOTANIQUE.
l’atmosphère rend plus active , consume la verdure ; mais ces
vives chaleurs ne sauroient compenser les inconvéniens de
quarante jours d'hiver, durant lesquels il neige et il gèle de
temps en temps : Alexandre Russel vit trois fois, en dix-sept
ans de séjour à Halep, de la glace assez épaisse pour sup-
porter le poids d’un homme sans se rompre.
Ce n’est pas une erreur de dire que des causes locales
influent sur le climat de cette ville, puisqu’à Smyrne, deux -
degrés plus au nord , l’Oranger croît encore avec profusion.
Hasselquist y remarqua même quelques vieux pieds de
Dattiers, que les hivers avoient épargnés:il ne put en décou-
vrir de jeunes. Si je ne me trompe, la latitude de Smyrne
indique la ligne d’arrêt de cet arbre équatorial.
Tous les voyageurs remarquent qu'il n’y a D un seul
Olivier sur les Up depuis les Dardanelles jusqu’à anis
Il ne reparoit qu’au voisinage de cette ville.
La partie centrale de la Turquie d'Asie comprise entre
le 35e et le 4oe degrés , est agreste, élevée, coupée par de
nombreuses chaînes de montagnes, dont la plus considérable
est le Taurus. Quoique l’été soit fort chaud, et qu'au moïs
de juillet il arrive fréquemment de dans fe plaines et les
vallées le thermomètre monte à "300, 350 et même 380,
beaucoup de végétaux du midi n’y peuvent réussir, à cause
du refroidissement hivernal. La terre ne se débarasse de neige
à Erzroûm (lat. 39°0') que vers le milieu d’avril ; quel-
quefois il en tombe encore en juin: il est vrai que cette
ville est sur un plateau de plus de 1500 toises d’élévation.
À peine trouve-t-on quelques bouquets de bois dans les
plaines. Elles furent jadis couvertes de forêts; depuis l’agri-
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 405
culture s’en étoit emparée: aujourd’hui elles sont presque
partout dépouillées et incultes. À voir leur nudité on les
croiroit stériles.
. En général c’est dans les vallons, les escarpemens et sur
Fa collines et les montagnes que sont confinées les forêts de
’ Asie mineure. Les Pins, les Sapins, les Génèvriers occupent
les stations les plus élevées; le Larix cedrus, dont le sa-
vant M. de La Billardière a fixé la ligne d’arrêt, sur le Liban,
à 991 toises, vient aussi sur le Taurus. Il y a beaucoup d’es-
pèces de Chènes; aucune contrée de l'Ancien Continent n’en
produit une aussi grande quantité; la plupart ne se dépouil-
lent jamais de leur feuillage. Le Hêtre domine dans la Cara-
manie , la Bythinie, la Paphlagonie, le Pont, la Colchide, où
: beaucoup de nos arbres fruitiers, tels que le Prunier, le Ce-
risier,, ’Abricotier, le Pêcher, l'Amandier , le Coignassier, le
Poirier, le Pommier, le Nèflier, le Sorbier, le Châtaignier, le
Noyer, leFiguier, les Müriers blanc et noir, la Vigne crois-
sent sauvages au sein des forêts. Sans doute plusieurs sont
partis de cette terre fortunée pour se répandre en Grèce,
en Italie et dans le reste du monde. De vastes espaces sont
tout couverts d’'Oliviers, de Myrtes, d’Arbousiers, de Téré-
binthes , de Lentisques, de Pistachiers, de Lauriers, de Gre-
nadiers, etc.
Je donnerois une idée trop incomplète de la végétation
de l'Orient, si je ne citois les espèces suivantes. La plupart
composent les forêts. (1).
æ
(1) Les noms suivis d’un astérisque (*) sont ceux des espèces qui, jusqu'ici,
n’ont point été observées en Europe ou en Afrique.
406 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. :
Pinus halepensis — sylvestris — tourneforti", Abies
orientalis" — taxifolia, Larix cedrus*, Juniperus dru-
pacea* — fœtidissima * — phœnicea, Cupressus semper-
virens, Taxus baccata, Betula alba?— pontica', Quer-
cus robur — ilex — coccifera — pseudococcifera — ri-
gida* — infectoria* — liban* — haliphleos* — tourne-
fortii — æœgilops — esculus, Fagus sylvatica, Castanea
vesca, Ostrya vulgaris, Carpinus betulus — orientalis ,
Populus alba — nigra — tremula — euphratica”, Salix
babylonica — monandra — alba — fragilis, etc.; Pla-
tanus orientalis — acerifolia' — cuneata, Liquidambar
imberbe*, Celtis australis — tourneforti* , Ulmus campes-
tris — effusa, Osyris alba, Elæagnus angustifolia, Vitex
agnus , Fontanesia phyllireoïdes*, Fraxinus ornus —
excelsior — rotundifolia, Arbutus unedo — andrachne,
Diospyros lotus, Styrax officinale, Tamarix ortentalis,
— africana — germanica — gallica , Sambucus rigra,
Cornus mascula, Pyrus sorbus — aucuparia — elæa-
gnifolia — torminalis — salicifolia — arta, etc.; Cra-
tægus trilobata, Azarolus — tanacetifolia, etc.; Prunus
ayium — cerasus — padus, eic.; Amygdalus incana —
orientalis*, Mespilus germanica, Mimosa agrestis —
stephaniana — julibrisin”, Cercis siliquastrum, Ceratonia
stliqua, Paliurus australis, Ziziphus vulgaris, Ilex aqui-
folium , Juglans regia*, Acer monspessulanum — hete-
rophyllum", etc. |
L'Olivier, le Térébinthe, le Grenadier,le Laurier d’Apol-
lon, le Laurier-rose, le Myrte, le Figuier, la Vigne sauvage
suivent les bords de la mer Noire par le Pont, la Mingrélie,
x
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 407
; Re k
la Colchide, et vont former une colonie jusque sur les côtes
de la Crimée, par 440 à 450 de latitude. Sous ces parallèles
la température la plus basse atteint à peine — 6°; mais de
l’autre côté des montagnes qui défendent cette contrée des
vents du nord, l'hiver est si dur, qu’il semble qu’on se soit
rapproché du pôle de 4 ou 5 degrés.
La Méditerranée partage la zone de transition en deux
bandes, l’une septentrionale ; l’autre méridionale. Examinons
d’abord celle-ci.
L'Egypte et la Barbarte.
Depuis la mer Rouge jusqu’à l'Océan atlantique , et depuis
le tropique du Cancer jusqu’à la Méditerranée, la majeure
partie du sol africain n’offre que des déserts parsemés d’oasis.
Beaucoup de sources ne donnent que des eaux saumâtres.
Les rivières et les torrens arrivent rarement jusqu’à la mer:
ils sont bus par les sables ou taris par les chaleurs. Il n’y a
d'autre cours d’eau navigable que le Nil. Les terres d’allu-
vion que les débordemens périodiques de ce fleuve déposent
sur ses rives et sur les plaines de l'Egypte inférieure, les
collines du littoral de la Cyrénaïque, quelques cantons du
Fezzan, la partie occidentale de la Barbarie occupée par la
chaîne de l’Atlas et ses ramifications, sont presque les seules
contrées productives. Leur fertilité est admirable. |
La température hivernale des côtes descend jusqu'à 70,5
à Alexandrie, Rosette et Damiette, mais en général elle os-
cille entre + 13 et 180.
408 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
A quelque distance de la mer, le climat des plaines est
brülant dans toutes les saisons. Cependant il arrive quelque-
fois en hiver que les vents violens du nord font tomber
momentanément la température à + 6,+5,+2°, et même
à zéro, sous des latitudes voisines du tropique.
Au Caire (lat. 30° 2'), la moyenne de l’année est + 22°,4;
de l'hiver, + 14°,7; du printemps, + 23°,1; de l'été, +
20°,5 ; de l'automne , + 21°,9; du mois le plus chaud, +
29°,9; du mois le plus froid, + 13°,4.
A Alger ( lat. 36048 ), la moyenne de l’année est + 21°,1;
de l'hiver, + 16°,4; du printemps, + 18°,7; de l'été, + 26,8 ;
de l’automne, + 22°,5; du mois le plus chaud, + 28°,2 ; du
mois le plus froid + 13°,4.
A l'occident de la mer Rouge est l'Egypte, spacieuse vallée
bornée par des montagnes et des déserts. À l’époque des
fortes chaleurs, quand, pour la première fois, on aborde dans
cette contrée si renommée pour sa fécondité, on éprouve
une grande surprise; l'œil attristé n’aperçoïit sur une vaste
plaine terminée par des montagnes blanchâtres et nues que
des herbes desséchées et quelques arbres épars. Au solstice
d'été commence la crue du Nil. Vers l’équinoxe d’automne
les campagnes inondées semblent un grand lac du fond du-
quel s'élèvent çà et là des Dattiers, des Figuiers, des Zcacia,
des Saules, des T'amarix , etc. Aux approches du solstice
d'hiver, les eaux se retirent peu à peu, et la végétation s’em-
pare successivement des places qu’elles abandonnent. Sur ce
sol humide et vaseux, des récoltes superbes ne coûtent guère
que le soin de répandre la semence. Tous les grains sont
mûrs avant le mois de mai, temps où le retour de la chaleur
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 409
“et de la sécheresse détruit la verdure. A la fin de décembre et
au commencement de janvier les arbres se dépouillent de
leurs feuilles: elles ne sont pas encore toutes détachées que
déjà les nouvelles se développent.
Les vapeurs qui s'élèvent de la Méditerranée retombent
en pluie sur le littoral; mais dans l’intérieur il n’y a que des
ondées foibles et rares. Lies nuages chassés par les vents du
nord vers les hautes montagnes de l'Afrique et dissous dans
l’athmosphère embrasée de la Haute-Égypte, passent ina-
| perçus.Rien n’altère la transparence du ciel. «Que direz-vous,
écrivoit Hasselquist à Linné, quand je vous apprendrai qu'il
y à des arbres qui subsistent depuis six cents ans, sur lesquels
il n’est pas tombé six onces d’eau. » La contrée ne seroit pas
habitable en été, si la brise de mer, accompagnée de rosées
abondantes, ne tempéroit l’ardeur de l’atmosphère.
Le voyageur peut errer plusieurs jours dans les déserts de
l'Égypte, de la Nubie, de la Lybie, du Fezzan et de la partie
septentrionale du Bournou, sans trouver une goutte d’eau ni
la moindre trace de végétation. Le sol est formé quelquefois
de cailloux et de gravier, mais plus souvent d’un sable cal-
caire mouvant, qui se couvre d’efflorescences salines. On ob-
serve à sa surface des coquillages , des éponges marines, des
troncs d'arbres pétrifiés : tout atteste ici les anciennes révolu-
tions du globe. De loin à loin des chaïnons de petites mon-
tagnes calcaires tout-à-fait dépourvues de terre végétale cou-
pent ces plaines arides dans différentes directions. Quelques
cantons, que l’eau du ciel mouille pendant l'hiver, produi-
sent dans cette saison une végétation qui suffit à la nouriture
de nombreux troupeaux; mais dès que les fortes chaleurs re-
Mém. du Muséum. 1 14. 53
k10 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
viennent, toute apparence de verdure disparoît. Comment la
végétation résisteroit-elle à une température atmosphérique
qui s'élève quelquefois à + 5o°? Les lieux bas, le lit des
torrents où l’humidité séjourne, offrent différens arbustes et
arbrisseaux, tels que les T'amnarix gallica, africana, et
orientalis, le Caprier, des Cassia, des Acacia, des Mi-
mosa, etc. Les terrains salés développent des plantes épi-
neuses et dures: des Sa/sola, des Traganum, des Calligo-
num, et des plantes grasses à feuilles épaisses et succulentes:
des Salicornia, les Mesembrianthemum copticum, cris-
tallinum et biflorum ; organisation de ces dernières permet
qu’elles retiennent dans leur tissu une humidité abondante,
même au temps de la plus grande sécheresse. Ces plantes
sont broutées par le Chameau, modèle de résignation et de
sobriété. Enfin les oasis que des sources d’eau vive arrosent,
iles fertiles au sein d’une mer de sable, nourrissent le Dat-
tier, le Doûm ou Cucifera thebaica, qu’on retrouve jusque
sur les côtes du golfe de Benin, l’Æcacia vera, et autres
espèces du même genre dont on retire la gomme, et un
arbre de la famille des Conifères, que plusieurs voyageurs
ont pris pour un If, mais qui est probablement une espèce
de Juniperus ou de Thuya. On y cultive l’Oranger, le Ci-
tronnier, le Bananier, l’Olivier, le Grenadier, le Pêcher, et
autres arbres fruitiers, le riz, l’orge, le froment, etc.
L'Egypte produit encore le Zzziphus spina christi, le
Salvadora persica, le Vitex agnus castus ,V Asclepias gi-
gantea, le Nerium oleander , etautres Apocynéesligneuses;
le Ficus sycomorus, les Acacia gummifera — rilotica
— farnesiana — lebbeck — albida — seyal — heterocarpa
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. ki.
— senegal, le Mimosa habbas ou polyacantha ; le Cactus
opuntia, etc. On cultive dans quelques jardins du Caire les
Salix babylonica, ægyptiaca et subserrata, les Populus
alba et nigra,le Cupressus sempervirens, le Cassia fistula,
le Tamarindus indica, Annona squamosa, etc., et notre
Orme commun qui n’y atteint que la hauteur d’un arbrisseau.
Autrefois le VNelumbium speciosum étaloit à la surface des
eaux du Nil ses larges feuilles et ses fleurs magnifiques : il a
disparu. On en voit encore la représentation sur les ruines
des monumens antiques. Cette belle plante, indigène dans les
Indes orientales, étoit-elle étrangère à l'Egypte, et ne s’y con-
servoit-elle que par la culture? Cela est probable.
Les montagnes peu élevées de la Cyrénaïque produisent en
abondance le Caroubier, l’Olivier, le Myrte, le Lentisque,
l'Arbousier, le Juriperus phænicea; les sommités sont re-
vêtues d’épaisses forêts d’un T’huya, qui sans doute est le
Fresnella fontanesii (Thuya articulata, Desf. ). Les Chènes
si multipliés dans l'Atlas, le Dattier et le Cactus opuntia
manquent ici.
L'Atlas, dont les cimes les plus élevées n’atteignent pas
1200 toises, est composé de deux chaînes parallèles, qui
courent d’orient en occident, entre le 28e et le 33e degrés.
Ces montagnes séparent la Barbarie du grand désert de Sa-
hara. La chaîne la plus voisine du littoral, rafraïchie par les
vents de mer et par des pluies fréquentes, est couverte de
forêts. L'autre chaîne, qui confine au désert, est aride et
presque stérile. Quelques larges vallées intermédiaires, arro-
sées par un grand nombre de rivières et de ruisseaux, sont
d’une fertilité extraordinaire. En été, l'air est si sec et si brü-
547
412 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
lant dans les contrées les plus méridionales, que les habitans
quittent leurs demeures pour vivre à l’ombre des Palmiers.
Quoique les plaines de la partie septentrionale soient en
général sablonneuses, elles étalent une grande richesse de
végétation partout où elles ne sont pas privées d'humidité.
L'hiver est pour elles la saison de la renaissance dela verdure:
une douce chaleur, accompagnée de pluie, presse le déve-
loppement d’une multitude de végétaux; les fleurs émaillent
les campagnes comme dans nos climats au retour du prin-
temps. Mais quand le soleil se rapproche du tropique, les
pluies cessent, les rivières se tarissent , atmosphère s’embrase,
les feuilles des arbres perdent leur fraicheur, les herbes
sèchent sur pied.
Les forêts de la Barbarie occupent les gradins supérieurs
de l'Atlas. Elles sont formées principalement par les Quercus
suber — ilex — pseudo-suber — obtecta — coccifera —
pseudo-coccifera, le Quercus ballota dont les glands doux
servent à la nourriture de l’homme, le Pinus halepensis , le
Fresnella fontanesii, le Cupressus sempervirens ,les Juni-
perus phœnicea et lycia. M. Desfontaines , à qui la science
est redevable d’un excellent ouvrage sur la végétation des
Etats de Tunis et d'Alger, n’a vu que dans un petit nombre
de localités le Quercus robur, l’Alnus glutinosa, le Populus
alba et le Fraxinus excelsior. Les vallons et les collines sont
garnis d’Oliviers sauvages, de Prstacia terebinthus —»era
et atlantica, À Arbutus unedo, de Jasminum fruticans, de
Laurus nobilis, de Myrtus communis, de Rhus penta-
phylhun*—coriaria et autres espèces , de Ziziphus lotus et
spina christ, de Vitex agnus castus, de Viburnum tinus,
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 413
d'Osyris alba, de Celtis australis, ete. Les ruisseaux sont
bordés de Tamarix gallica — germanica — africana, de
Salix tridentata — pedicellata — monandra, de Nerium
oleander , ete. Le Chamærops humilis abonde sur toutes les
collines incultes. Les Pinus pinea et pinaster croissent sur
quelques points du littoral. Des forêts de Pinus halepensis
bordent les côtes du royaume d’Alger.
La végétation de l'Afrique septentrionale, dont on con-
noît aujourd'hui 2100 à 2200 espèces, diffère peu de celle du
littoral septentrional et oriental de la Méditerranée. Sur 344
végétaux ligneux , savoir 284 arbrisseaux et 60 arbres en-
viron que possède l’Afrique septentrionale, uné centaine est
propre au pays; 16 à 18 font partie de la flore équatoriale;
les autres, c’est-à-dire plus des deux tiers de la totalité, ont
été observés dans l’Europe australe ou en Orient , avant ou
depuis le voyage de M. Desfontaines en Barbarie, et parmi
ceux-ci je compte 39 arbres de haute ou de moyenne taille,
Beaucoup de plantes herbacées sont également communes à
l'Europe ou à l'Orient. A la vérité elles sont mêlées à un assez
grand nombre d'espèces africaines, mais ces dernières appar-
tiennent presque toutes par leurs types génériques à la flore
d'Europe.
En résumé il n'y a guère moins de la moitié des espèces,
soit ligneuses , soit herbacées, de l'Egypte, de la Lybie et
de la Barbarie occidentale, qui ne viennent dans les autres
contrées méditerranéennes de la zone de transition.
Les Conifères et les Amentacées fournissent 24 arbres à
l'Afrique septentrionnale ; les Légumineuses, 11; les Térébin-
thacées, 5 ou 6; les Rosacées, 4 ou 5, etc. Le Ricin, qui
414 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
n’est le plus souvent qu’une grande herbe dans l’Europe
australe, devient un arbre sur les côtes méridionales de la
Méditerranée.
La proportion des*arbres et arbrisseaux aux herbes an-
nuelles, bisannuelles et vivaces est de r à 6 à peu près.
La proportion des herbes vivaces aux herbes annuelles
et bisannuelles est de 7 à 9. Ici la proportion est croissante,
tandis que dans les autres parties de la zone elle est décrois-
sante. Je crois que cette anomalie est plus dans l'apparence
que dans la réalité; elle disparoîtroit probablement si nous
possédions la totalité des espèces herbacées qui habitent la
chaîne de l'Atlas, car il n’est pas douteux que sur les mon-
tagnes le nombre des herbes vivaces surpasse de beaucoup
celui des herbes annuelles.
Les plantes recueillies par feu le docteur Oudney, depuis
Tripoli jusqu'à Mourzouk , sont , à quelques espèces près,
parfaitement identiques avec celles qui ont été observées
en Barbarie.
Detoutes les provinces dulittoral africain, la Basse-Egypte
est celle qui nourrit le plus de plantes équatoriales ; ce qu'il
faut attribuer non-seulement au voisinage de l'Arabie,
mais aussi à la présence du Nil, dont les eaux, descendant de
hauts pays très-rapprochés de l’équateur, entraînent néces-
sairement avec le précieux limon qu’elles charrient un grand
nombre de graines, parmi lesquelles plusieurs peuvent se dé-
velopper et se reproduire sous le ciel ardent de l'Egypte.
Pour terminer la portion occidentale de la zone de transi-
tion tempérée, il nous reste à passer en revue la Grèce,
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 415
VItalie , la France méditerranéenne et la Péninsule Hispa-
panique.
La Grèce.
La Grèce est très-montagneuse. On estime que les cimes
de la chaîne du Pinde ont de quatorze à quinze cents toises.
Bernouilli assigne onze cent dix-sept toises au mont Olympe.
Ces évaluations peuvent être contestées ;mais ce qui est certain,
c’est que la neige se maintient presque toute l’année dans les
hautes montagnes. Les plaines les plus méridionales ne sont
pas à l’abri des frimats. Dans le Péloponnèse, auprès de Tri-
politza, on a vu le thermomètre, au mois de janvier, des-
cendre à huit ou neuf degrés sous zéro. Toutefois, dans la
presqu’ile , la neïge est rare et de courte durée, si ce n’est
sur les stations élevées, où elle ne fond qu’au retour du
printemps. Sans doute des causes particulières influent sur le
climat de Tripolitza, puisque le Péloponnèse produit en abon-
dance l’Oranger, le Citronnier et même le Cactus opuntia,
qui n’est guère moins que le Dattier sensible à l’abaissement
de la température. Ce végétal épineux, si commun en Pales-
tine et sur les côtes méditerranéennes de l’Afrique, forme
des haies de défense dans les campagnes de la Messénie. Il
ne paroit pas que le Dattier habite le Péloponnèse: on en voit
quelques pieds aux environs d'Athènes ; ce sont les seuls
peut-être qui existent dans toute la Grèce continentale. Sur
la côte orientale , l'Oranger et le Citronnier pénètrent par
la Béotie, la Phocide et la Thessalie, jusque vers le mont
Olympe qui sépare la Macédoine de la Thessalie. C’est pro-
416 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
bablement le point d'arrêt de ces végétaux ; du moins au-
cune des relations que j'ai sous les yeux n’en indique la
présence dans la Macédoine et la Thrace, contrées dont le
sol, hérissé de montagnes et battu par les vents violens du
nord , est couvert en grande partie de forêts semblables par
les arbres qui les composent, à celles de la zone tempérée.
Le voyageur Hawkins, qui a visité la délicieuse vallée de
Tempé, au sud du mont Olympe, et qui a donné la liste des
arbres qu’elle produit, n’y a pas trouvé l’Oranger et le Ci-
tronnier. À la vérité ils croissent dans l’île de Lemnos, sous
la même latitude; mais Sibthorp remarque que le climat
n’est déjà plus assez chaud pour faire mürir leurs fruits. L/O-
livier réussit encore sur les côtes de la Macédoine, par 41°
de latitude.
A en juger par la végétation , les côtes occidentales sont
plus chaudes que les côtes orientales. Près de l’Epire, entre
le 30e et le 40e degrés, précisément sous les mêmes latitudes
que la vallée de Tempé, Corfou, célèbre par sa fécondité,
produit le Cactus opuntia et le Dattier.
Les espèces végétales propres à la zone de transition pas-
sent de l’Epire dans les provinces Illÿriennes. L’Olivier et
le Myrte, l'Oranger et le Citronnier, décorent les rochers ro-
mantiques des bouches du Cattaro et les côtes du golfe de
Guarnero. L’Oranger et le Citronnier ne vont pas au-delà;
l'Olivier , le Myrte, le Laurier avec les Quercus coccifera
— lex — æœgilops, le Carpinus orientalis, le Fraxinus
ornus, le Pinus pinea , VOsyris alba , le Prstacia terebin-
thus, le Capparis spinosa, etc., suivent le littoral jusqu’au
fond de l’Adriatique, Mais cette végétation s'arrête tout à
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 417
coup à peu de distance de la côte, pour faire place à la vé-
gétation de la zone tempérée.
La Grèce possède peu de grandes espèces caractéristiques
de la zone de‘transition, qui ne se retrouvent dans les con-
trées méditerranéennes de l'Asie, de l’Afrique ou de l'Europe.
Les arbres et arbrisseaux les plus communs et les plus re-
marquables, depuis le cap Matapan jusqu’au mont Olympe
à lorient, et jusqu’aux frontières méridionales de la Dalmatie
à l’occident, sont, dans les plaines et sur les collines, OZea
europæa, Jasminum fruticans, Phyllirea media ex angus-
äfola, Styrax officinale, Arbutus unedo et andrachne,
Myrtus communis, Punica granatum, Cerasus lauroce-
rasus , Ceratoria siliqua, Cercis siliquastrum , Pistacia
terebinthus et lentiscus , Ziziphus vulgaris et spina christi,
Paliurus australis, Rhamnus alaternus, Capparis spinosa,
Acermonspessulanum , Laurus nobilis, Osyris alba, Ficus
carica , Celtis australs, Populus nigra — alba — tremula
—pyramidalis — atheniensis, Cupressus sempervirens,
Pinus pinea, Juniperus phœnicea— macrocarpa—sabina,
plusieurs Céstus, etc. Sur le bord des eaux courantes et dans
les lieux humides, Platanus orientals , Salix monandra—
triandra — fragilis — capræa — viminalis — alba — ba-
bylonica , Alnus glutinosa, Vitex agnus castus, Nerium
oleander. Sur les côtes de la mer, Pinus pinea et pénaster,
Quercus ægilops, etc. Sur les montagnes, Abies taxifolia ,
Carpinus betulus, Salix retusa(ces trois espèces habitent
les plus hautes régions), Pinus sylvestris, Taxus baccata,
Quercus robur, Ostrya vulgaris, Fagus sylvatica , Cas-
tanea.vesca (cette espèce vient dans les régions de moyenne
Mém. du Muséum , 1. 14. 54
4x8 GÉOGRAPHIE! BOTANIQUE.
hauteur), Corylus avellana et colurnu , Populus tremula,
Fraxinus ornus, Tilia platiphyllos, Æsculus hippocas-
tanum, Pyrus sorbus —aucuparia— malus — communis
— aria—torminalis, Quercus ilex — ballota et coccifera,
(ces trois espèces croissent de préférence dans les basses val-
lées et même dans les plaines ). |
Les Vrtex agnus castus, Pistacia terebinthus , Jasmi-
nurn fruticans, Myrtus communis, Ficus carica, Olea
europæa, Purica granatum , ete., ombragent les collines
de l'Istrie.
Les Cupressus sempervirens, Quercus ilex , coccifera
et ægilops , Ostrya vulgaris, Carpinus orientalis , Fraxi-
nus ornus, Pinus pinea, Rhus cotinus , Capparis spinosa,
Osyris alba, Juniperus oxycedrus , Laurus nobilis, et beau-
coup d'herbes annuelles ou vivaces de la flore méditerra-
néenne, croissent aux environs de Fiume et de Trieste.
Ilest à remarquer que les Juziperus macrocarpa, Quer-
cus ægulops, Corylus colurna, Populus atheriensis, Salix
babylonica, Arbutus andrachne, Æsculus hippocastanum
Cerasus vulgaris et laurocerasus, Amygdalus commu-
rs , Purica granatum , qui viennent spontanément dans
la Grèce et l’Asie mineure, n’ont pas été trouvés à l’état sau-
vage à l’ouest de l’Adriatique.
La Sieile, l'Italie, et les provinces méditerranéennes
de la France.
Toutes les circonstances favorables au rapprochement des
végétaux du midi et du nord se rencontrent en Sicile. Les
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. - ag
gelées sont à peine cohnues dans les plaines ; les plus grands
froids ne font descendre le mercure qu’à zéro; et.ces froids
sont rares ét momentanés. En janvier et février la moyenne
est + 10 à 1%%en mai 25 environ; en:jaoût la tem-
pérature s'élève quelquefois Jusqu'à + 44°, ét quand le si-
rocco vient à souffler, elle atteint et même dépasse 500.
Palerme (lat. 380,6’), l’un des points les:plus septentrionaux
de la côte, donne pour moyenne annuelle +- 16°,77; pour
moyenne de l'hiver + 119,31 ; du printemps + 140,48 ; de
l'été + 220,02; de l'automne + 189,07. |
Le Sicilien cultive avec plas ou moins de succès, la Canne
à sucre, le Bananier, lAnnonier, le Dattier, etc. Les propriétés
sont environnées d’Agape americana, qui forme des haies
impénétrables. A côté du Platane, des Peupliers, des Saules,
croissent le Cactus opuntia, l'Oranger, le Citronnier, FO-
vier ,le Myrte, le Laurier le Caroubier , le Grenadier ; ete.;
FArbousier’et le Tamarix abondent sur les côtes.
Lies dattes des environs de Girgente , situé sur la éôte mé
ridionale, sont-très-bonnes ,; mais il est douteux qu'on en
récolte de semblables aux environs de Palerme } où le Dat-
tier se développe mal et reste chétif. 1
“Dettoutes les montagnes de Sicile, la plus célèbre est l'Etnä,
dont l'énorme masse volcanique s’élève à r6r8toises. A 64
base, qui n’a pas moins de 20 lieues dé circuit | viennent tous
les arbres fruitiers propres à la zone de transition ; au-delà est
la région forestière. On dit qu’elle s’étendoit jusqu’à la cime
il ÿ a deux ou trois siècles; il est certain qu'aujourd'hui elle
s'arrête à une bienmoindre hauteur. Lestarbres qu'on y a
observésisont' plusieurs ‘espèces. del Chênes: éntre autres le
54.*
420 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Quercus robur, et le Hêtre, le Frêne ;, te Prunier, le Figuier,
des Acacia , et enfin des Pins, des Sapins, des Bouleaux. Ces
derniers ; qui forment la ceinture supérieure, sont peu nom-
breux à l'exposition du sud et très-multipliés à celle du
nord. Passé cette région , il n’y a que des herbes et des ar-
bustes, parmi lesquels se distingue l’Æs/ragalus tragacan-
tha. L’Etna n’a point de neiges permanentes, à moins qu’on
ne regarde comme telles les amas de neiges logées dans des
crevasses à l’abri du soleil, et qui résistent aux étés les plus
chauds , au-dessus de 1440 toises.
Les faits géologiques attestent que la Sicile n’a pas tou-
jours été séparée du continent, et que les montagnes qui
couvrent une grande partie de sa surface , ne sont que l’ex-
trémité méridionale des Apennins. Cette chaîne, interrompue
par le détroit de Messine, reparoît dans la Calabre; ses cimes
les plus hautes sont dans le royaume de Naples. On remar-
que en Calabre l’ Æpromonte de 800 toises, dans les Abruzzes
le Monte-Amaro de 1350, la Majella de 1250, le Monte-
Corno de 1600, et quelques autres pics moins considérables.
La neige n’est permanente sur aucun sommet. Les Apennins
ne sont revêtus d’une riche végétation que dans cette partie
méridionale de l'Italie; le reste de la chaine est en général
aride et stérile,
La température de la Calabre, de la Basilicate et de. la
Pouille est à peu près la mème que celle de la Sicile. Les
chaleurs de l’été sont insupportables. L'hiver n’amène jamais
deigelée. Un grand nombre de rivières et de ruisseaux qui
descendent des montagnes, des rosées abondantes, un sol
d’une prodigieuse fécondité , entretiennent presque toute
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 42x
l’année, dans la majeure partie de ces contrées, une verdure
fraiche et brillante. Les côtes, les plaines et les collines pro-
duisent l’Olivier , le Térébinthe , le Lentisque, le Tamarix,
l’'Arbousier , le Jujubier , le Myrte, le Laurier - rose, le
Laurier d’'Apollon, le Caroubier, des Rhamnus, des Phyt-
lirea, le Chamærops humilis , le Mürier, le Platane, le
Frêne à manne, le Pin pignon , le Châtaignier, des Erables,
des Saules, des Peupliers, etc. Dans les régions les plus
chaudes, il y a des bois d’Orangers et de Citronniers: ceux
des environs de Reggio sont célèbres. Les roches arides sont
couvertes d'Agave et de Cactus. Au quinzième siècle la
culture de la Canne à sucre , étoit en vigueur dans la Calabre
et même sur les côtes du Samnium ; aujourd'hui on ne cul-
tive plus que le Cotonnier.
La partie des Apennins qui parcourt la Calabre est om-
bragée depuis la base jusqu’au sommet d’épaisses forêts
de Chènes et de Conifères, parmi lesquels on remarque notre
Chène commun, le Liége, le faux Liége, le Cerris,V Æscu-
lus; etc., VIF, le Laricio ; le Pin sylvestre, le Prnaster, le
Sapin à feuilles dif , le Sapin commun, etc. :
La plupart des végétaux qui croissent en Calabre , suivent
la côté et garnissent le littoral du golfe de Naples et de
Gaëte. L’Oranger et le Citronnier viennent aux environs. de
Naples ; mais déjà le climat ne permet plus que la Canne
à-sucre y réussisse. Les Français ont essayé inutilement de
l’y naturaliser à l’époque où ils étoient les maîtres du pays.
Il arrive quelquefois que la température marque — 2 à 30
à Naples. La neige y est rare; cependant. il n’est pas sans
exemple qu'on l’y ait vu tomber pendant, trois. ou quatre
422 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
jours. Les chaleurs ordinaires sont ++ 22 à 250; les plus
fortes chaleurs n'excèdent pas 320. Si j'en juge par l’état de
la végétation, la moyenne annuelle ne doit pas être de plus
d’un degré au-dessus de celle de Rome, c’est-à-dire qu’elle
atteindroit à peine+-170. L'hiver commence dans les derniers
jours de décembre; en février, les premières fleurs se déve-
loppent; en mai on ressent déjà les chaleurs estivales. :
Il s’en faut beaucoup que la température des provinces
septentrionales du royaume soit aussi chaude que celle des
provinces méridionales, et cela ne résulte pas moins de l’élé-
vation subite de la chaîne des Apennins et de l'élargisse-
ment de sa base, que de la hauteur des latitudes. L’Oranger
et le Citronnier ne peuvent déjà plus supporter le climat du
Samnium. ir il
Les plaines des Abruzzes ont des hivers assez froids. Le
thermomètre descend à 5 ou 6 degrés sous zéro. Des Chênes
et'autres arbres forestiers, parmi lesquels‘les Conifères sont
aussi rares qu'ils sont communs en Calabre, ombragent les
pentes des montagnes, mais ils ne couronnent point leurs
cimes. Le Pinus pumilio , celui de tous qui monte le plus
haut, s'arrête à 700 toises ; au-dessus viennent des arbris-
séaux, des arbustes, des herbes propres aux régions élevées
que la fieige recouvre tous les hivers.
M. Tenore, à qui je suis redevable de notes intéressantes
sur la géographie botanique du royaume de Naples, observe
que la végétation de la côte orientale a quelques traits de
ressemblance avec celle de la Grèce et du Levant; que la
végétation de la côte occidentale diffère très-peu de celle des
régions australes de l'occident de l'Europe; et que près des
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 423
deux tiers des espèces qui composent la flore napolitaine
figurent dans la flore atlantique. Cette dernière remarque
convient également à la végétation des côtes méditerranéennes
de la France et de l'Espagne.
- L’Olivier et les autres végétaux qui lui servent de cortége
suivent le littoral, d’un côté, jusqu’à Rimini, où ils sont
arrêtés moins peut-être par la température que par des ma-
rais saumâtres, et de l’autre , jusqu'aux bases orientales des
Pyrénées.
Dans l'intérieur de l'Italie l'Olivier se montre encore au-
près de Padoue (lat. 450,24"); et, dans des stations abritées,
au voisinage des lacs de Garde et de Côme(lat. 45° — 460),
ce qui ne permet guère de douter que ces localités n’aient
pour le moins une température annuelle de + 140.
À Vérone (lat. 450 26), à l’est et à peu de distance du lac de
Garde, l’Olivier ne vient plus, mais on y voit selon Seguieri,
les Prstacia terebinthus, Ziziphus vulgaris, Punica grana-
tum,Celtis australis, Ostya vulgaris, Diospyros lotus , etc.
L’étroite lisière du territoire de Gênes, bornée au sud par
la Méditerranée et au nord par le rideau des Apennins, jouit
du privilège de nourrir l’Oranger, le Citronnier, le CAa-
mærops , le Dattier, jusque sous le 440,30 de lat. envi-
ron. De ces quatre arbres, un seul, l’Oranger, est cultivé dans
quelques expositions chaudes du midi de la Provence, et il
ne sy maintient que difficilement. L’Olivier s'arrête à peu
de distance des limites méridionales des départemens de la
Drôme et des Hautes-Alpes; le Pinus halepensis forme
de petites forêts aux environs d'Antibes, comme aux environs
d'Alger.
424 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
A partir du littoral de la France jusqu’à la ligne d’arrèt
de l’Olivier, et quelquefois au-delà, on retrouve beaucoup
de végétaux de la zone de transition qui habitent la Grèce
et l'Italie, et qui viennent également dans la Péninsule Hispa-
nique. Les principales espèces ligneuses sont les suivantes :
Pinus pinaster — pinea, Juniperus phœnicea — oxyce-
drus, Quercus ilex — suber — coccifera, Celtis australs,
Ficus carica, Osyris alba, Laurus nobils, Fraxinus
ornus , Phyllirea latifolla — angustifola, Jasminum
fruticans, Vitex agnus castus, Nerium oleander , Dios-
pyros lotus, Styrax officinale, Arbutus unedo, Vibur-
num tinus, Tamarix gallica — africana, Myrtus com-
mmuris , Punica granatum, Pluladelphus coronarius , Cra-
tægus azarolus, Mespilus pyracantha, Ceratonia siliqua,
Cercis siliquastrum, Rhus cotinus — coriaria , Pistacia
lentiscus — terebinthus — vera, Rhamnus alaternus —
oleoïdes — infectoria, Ziziphus vulgaris, Paliurus aus-
tralis, Capparis spinosa, Melia azedarach , Acer mons-
pessulanum , etc.
La Péninsule Hispanique.
À l'exception de la partie septentrionale de l'Espagne qui
forme le littoral du golfe de Gascogne, et qui appartient à la
zone tempérée , toute la Péninsule rentre dans la zone de
transition.
A l’est, Valencé et Murcie, au sud l’Andaiousie et les
Algarves , à l’ouest l’Alentejo et le midi de l'Estramadure,
rappellent la végétation riche et variée des contrées fer-
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 425
tiles de la Syrie. Sans doute latempérature est moins élevée,
mais elle est encore assez chaude et assez constante pour favo-
riser le développement d’une multitude d’espècesdes tropiques.
Dans l’Andalousie, les gelées sont inconnues; et la neige, si
jamais il en tombe, se fond à l'instant mêmeotelletouche le sol.
L’£Erithrina corallodendron , le Schinus molle, le Phy-
tolacca dioïica de l'Amérique méridionale, le Bananier sont
communs au sud du Guadalquivir. Autour des habitations
champêtres le Dattier, l'Oranger , le Citronnier , Olivier ,
le Grenadier , le Figuier , le Müûrier , viennent presque aussi
facilement que sur leur sol natal. Partout des haies formi-
dables de Cactus opuntia et d Agave americana défendent
les propriétés. Avant l'expulsion des Maures , la Canne à sucre,
cultivée en grand, donnoit des produits considérables. De
nos jour$, à l’époque de la domination des Français, on a
vu réussir à Saz-Lucar, dans un jardin d’acclimatation, le
Cafier, l'Indigotier , le Gommier. De vastes espaces laissés
en friche par une population ignorante et paresseuse, sont
envahis par le Chamcærops humilis.
Cette végétation, en partie exotique , suit les côtes à l’est
et à l’ouest. Elle étale tout son luxe dans le délicieux pays
de Valence, où la savante agriculture des Maures n’a pas
cessé d’être en honneur. Avec les espèces que je viens..de
nommer, croissent l’Æ#/oë perfoliata, le: Yucca aloïfolia, le
Cassia tomentosa, Ve Melia azedarach, plusieurs Mimosa
et Annona, etc. La récolte des dattes est. très-abondante
aux environs d’Alicante: Le Dattier y vient en grandes plan-
tations, et acquiert souvent 120 pieds de haut. Cet arbre croit
encore près de la côte orientale jusqu’au 40e degré, et peut-
Mémm. du Muséum. t. 14. 55
426 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
être au-delà. L’4gape abonde aux environs de Taragone
par 410 5". L’Olivier gagne le littoral de la France.
Dans son ensemble , la végétation du versant oriental de
la Péninsule diffère peu de celle des autres côtes méditerra-
néennes. La côte océanique qui forme le versant occidental
est moins chaude, selon M. Bory de Saint-Vincent , que les
stations correspondantes de la côte orientale : ainsi les végé-
taux du midi ne doivent pas remonter aussi avant vers le
nord. Quoi qu’il en soit, le Dattier, le Citronnier, l'Oranger
abondent dans les Algarves et l’Alentejo.L'Oranger est encore
très-commun aux environs d'Oporto, par 41°; sans doute
l'Olivier ne s'arrête pas au-dessous du 42e degré. Quant à
la végétation considérée dans son ensemble, elle a peut-être
plus detraits communs avec celle des îles atlantiques qu’a-
vec celle des côtes méditerranéennes. J’ajouterai qu'un assez
grand nombre d'espèces américaines , dont selon toute ap-
parence les graines auront été transportées accidentellement
dans des ballots de marchandises , se sont mêlées et confon-
dues avec les espèces indigènes.
Les végétaux les plus communs des plaines et des coteaux
incultes sont les Quercus suber, [lex et coccifera, le Ju-
niperus sabina , le Celtis australis, le Laurus nobilis, les
Pistacia terebinthus et lentiscus , le Myrtus communis,
les Phyllirea media et angustifolia , le Paliurus australis ,
lé Rhamnus alaternus, et plusieurs autres espèces du même
genre, le #’zhburnum tinus , V’'Arbutus unedo ; le Capparis
spinosa, V'Osyris alba, les Jasminum officinale et fruticans,
et: un grand nombre de Cistes :et autres arbrisseaux et ar-
bustes à feuilles’ pérsistantes et, coriaces. Des plainesimmenses.
GÉOGRAPHIE BOTANTQUE. hs+
sont couvertes de. Lygeum spartum. Les eaux courantès
sont bordées de Nertum oleander ; de Bupleururn: spino-
sum, ete.
Aucune contrée de l'Europe n'est plus triste. que Kinté-
rieur de la Péninsule. La plupart des forêts sont tombées
sous la hache, et le sol dépouillé est resté sans culture. Des
chaines de montagnes se déploient dans toutes les directions.
Entre elles s'étendent des parameras, plateaux plus ou moïns
élevés, souvent aussi nus que les steppes de ‘la Sibérie.
M, Bory estime à trois cents ou trois cent cinquante toises
l'élévation du paramera qui fait le partage des eaux entre
les afflaens du Duero et de la Pinserga et du cours supérieur
de l'Ebre. Du fond des vallées que ces fleuvés parcourent;
le voyageur se croit dans une contrée tout hérissée de
montagnes; mais s’il monte sur les crêtes, son erreur se
dissipe : il n’aperçoit au loin qu’une plaine immense et
monotone.
Les forêts qui ont échappé à la destruction sont formées
en grande partie de Chênes verts; on y remarque, outre les
espèces que j'ai déjà nommées, les Quercus ballota, œgi
lopifolia, faginea, prasina, crenata , rotundifolia, humi:
ls, etc., Ge dernier ne s'élève guère à plus de six pouces.
Ontrouve encore dans les vallées et sur les montagnes le TiZa
europæa (platiphyllos?), le Fagus sylatica; le Castanea
vesca, le Taxus baccata, le Pinus sylvestris, le Fraxinus
ornus, etc. L'arbre forestier le plus commun des plaines de
la zone tempérée , le Quercus robur , croît sur le’ versant
méridional des Pyrénées. Bowles assüre qu’il vient aussi dans
d’autres parties de la Péninsule, ce qui me paroît d'autant
Ge
428 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
plus probable, que mon respectable et savant ami M. Desfon-
taines en a constaté la présence dans la chaine de l'Atlas.
Remarques sur la Flore de l’Europe australe et de
de fr l'Orient.
.
La végétation des iles de la Méditerranée est semblable à
celle de la terre ferme. Quelques espèces peu importantes de
plus ou de moins ne constituent pas une différence qui
mérite d’être notée dans un travail général sur la géographie
botanique, et je craindrois de fatiguer le’ lecteur en repro-
duisant sans cesse les mêmes faits. Peut-être ai-je déja mé-
rité ce reproche. Je me hâte de terminer ce que j'ai à dire
sur la portion occidentale de la zone de transition tempérée
par quelques considérations générales sur la végétation de
l'Europe australe , de la Turquie d’Asie, de la Perse et des
régions Caucasiennes.
En rassemblant tout ce que nous connaissons de ces con-
trées , nous trouvons à peu près 7300 espèces, dont 6000
environ, où les +, n'ont pas été observées dans l'Afrique sep-
tentrionale. Mais il est à propos de remarquer que cette
masse contient au moins 2000 plantes de montagnes, les-
quélles ne descendent jamais en plaine.
En comparant la végétation de l’Europe australe à celle
dela Turquie d’Asie, de la Perse et du Caucase , on trouve
que , sur les 7300 espèces ; 2000 environ sont communes à
l'Europe ét à l'Orient ; que 3800 appartiennent exclusivement
à l’Europe; et 1500: à l'Orient; d’où il faudroit conéluré, si
ce. comptététoit ‘définitif, que l'Europe australe, malgré le
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 429
peu d’éteudue des pays qui en font partie, possède 2300 es-
pèces de plus que les vastes terres de la Turquie d’Asie, de la
Perse et du Caucase: en sorte que la proportion seroit
comme 1 +5 à 1; mais ces chiffres indiquent la limite ac-
tuelle de nos connoissances , et non l’état réel des choses.
Nous savons assez bien la flore de l'Europe ; nous n’avons
” que des notions très-incomplètes sur celle de l'Orient.
Dans les 7300 espèces, les herbacées vivaces sont aux
annuelles et bisannuelles comme 5 à 3 environ, ou plus
exactement comme 1 À
celle de 7 à 9 que donnent les vivaces comparées aux
annuelles et: bisannuelles dans l'Afrique septentrionale. Ici
les annuelles et bisannuelles sont plus nombreuses que les
vivaces ; là au contraire les vivaces dominent, Cette différence
notable résulte de deux causes: la première, c’est que la
partie septentrionale de la zonede transition tempérée est hé-
rissée de hautes montagnes;la seconde, c’est qu’elle est située
sous des latitudes plus élevées. On ne doit pas perdre de vue
que le rapport des vivaces aux annuelles et bisannuelles
croit de la base au sommet des montagnes et de l'équateur
au pôle. Pour ne pas confondre les résultats de ces deux phé-
nomènes correspondans, il convient de distinguer la végéta-
tion des plaines de celle des montagnes. En prenant en bloc
toutes les plantes herbacées observées en Grèce, je vois que
les vivaces sont aux annuelles et bisannuelles dans la propor-
tion de 1 # à 1, ou à peu près de 11 à 8; mais si je soustrais
de la masse les espèces propres aux montagnes, et que je ne
considère que les herbes des plaines, j’obtiens la proportion
de 7 à 8. Les espèces herbacées des campagnes de Rome,
à 1, proportion très-différente de
430 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
abstraction faite des espèces des Apennins, me donnent la
proportion de 4 à 5. Les espèces herbacées des plaines de la
partie de la France australe qui appartient à la région de l'O:
livier, m'offrent, à très peu près, autant d'herbes vivaces que
d'herbes annuelles et bisannuelles. Et si je quitte la zone de
transition pour la zone tempérée, je trouve que le nombre
des espèces vivaces l'emporte sur celui des autres espèces
herbacées. Aux environs de Paris ou de Berlin, je compte à
peu près deux espèces vivaces pour une annuelle où bisan-
nuelle. Paris et Berlin sont d’excellens exemples à citer, parce
que la supériorité du nombre des espèces vivaces sur celui
des annuelles et bisannuelles, ne peut y être imputée qu’à
l'élévation des latitudes, puisque les deux localités sont dé-
pourvues de montagnes.
Les végétaux ligneux, arbres, arbrisseaux et arbustes
de l'Europe australe, de la Turquie d'Asie, de la Perse et des
provinces Caucasiennes, sont aux herbacées de ces contrées
dans la proportion der à 6. J'ai obtenu la même proportion
pour l'Afrique septentrionale. ;
Les arbres sont au nombre de 220 à 240. Ils appartiennent
à 24 familles, et sont distribués ainsi qu’il suit : Palmiers 2,
Conifères 23 à 25 , Amentacées 60 à. 65, Ulmacées 4, Urti-
cées 7 ou 8, Eléagnées 3, Laurinées 1, Verbénacées 1, Jas-
minées 6 à 10, Ericinées 2 , Ebénacées 1, Styracinées 1 , Apo-
cynées 1, Caprifoliacées 6 à 8, Portulacées (Tamariscinées) 4
on 5, Myrtées 2, Rosacées 40 à 45, Légumineuses 4 ou 5,
TFérébinthacées 10 à 12, Rhamnées 14 à 16, Acérinées 9
ou 10, Méliacées 1, Aurantiacées 2, Tiliacées 3.
‘En comparant toute la flore méditerranéenne à la flore
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 431
de l’Europe moyenne et des contrées de l'Asie tempérée
voisines de la Caspienne, je trouve que sur les 7300 espèces
que possède la première, 5ooo au moins manquent à la se-
conde. É
Il est temps que je parle de l'Asie orientale ; et quoique
je ne puisse séparer de la zone équatoriale la partie de V'Hi-
malaya_ qui confine à l’Indoustan , et de la zone tempérée
le grand plateau du Thibet, il me semble qu’une courte notice
sur ces contrées ne paroîtra point déplacée ici. J’exposerai
“ensuite mes conjectures sur les limites de la zone de tran-
sion en Chine, et je terminerai par quelques considérations
sur la flore du Japon.
L’Himalaya et la lisière méridionale du T'hibet.
La chaîne de l'Himalaya, immense barrière élevée entre
les peuples , les animaux , les végétaux et les climats de l’Inde
et de l’Asie septentrionale, commence à l’est, non loin du
fleuve Bramapouter, par 280, et se prolonge dans une direc-
tion nord-ouest jusqu’à l'Indus, par 35°. Au midi elle s’é-
lève brusquement des plaines du Népaul; au nord elle s’a-
‘dosse au plateau du Thibet. Les plus hautes montagnes con-
nues appartiennent à cette chaine; elles sont situées entre le
28e et le 32e parallèles. M. Colebrook a déduit des observa-
tions du capitaine Blake les hauteurs suivantes : Pic du Chan-
dragiri, 34rotoises (21,935 p. anglais); du Swelagar, 3932 toises.
(25;261p. a. );du Dawalagiri, 4361 toises (28,015 p-a.):ce
dernier pic dépasse donc le Chimborazo de 1003 toises. M. de
Humboldt estime que la bauteur moyenne de la crête est de:
432 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
2450 toises. La limite des neiges perpétuelles se soutient, se-
lon Fraser, entre 2330 et 2500 toises; élévation surprenante
à une distance de 5 à 9 degrés du tropique, mais -que l’on
peut expliquer par la conformation particulière du sol de l’A-
sie. Tandis que de grands rideaux de montagnes, déployés
presque parallèlement à l'équateur, et disposés par échelons
entre la Sibérie septentrionale et le Népaul, ralentissent ,
rompent, arrêtent les torrens d’air froid qui descendent des
contrées hyperboréennes, les courans ascendans de l’air chaud
des vastes plaines de l’Indoustan, glissant contre les pentes
de l'Himalaya, gagnent les régions supérieures, sans mélange
ni contact avec l’atmosphère du nord: de là vient sans doute
que l'Himalaya rentre dans la zone équatoriale par son cli-
mat et sa végétation.
Les basses plaines du Népaul et du Boutan ont une végé-
tation qui diffère à peine de celle de l’Indoustan. Une cha-
leur et une humidité constantes y entretiennent la verdure
pepdant toute l’année ; les terres cultivées nourrissent à la fois
le Manguier, l’'Oranger, le Grenadier, le Pêcher, le Pom-
mier, le Poirier , le Noyer, le Bananier, le Bambou, etc.
L’ÆErithrina monosperma et le Bombax heptaphyllum sont
les arbres les plus communs dans les lieux incultes. Les forêts
des gradins inférieurs de l'Himalaya sont composées partieu-
lièrement de SAoræa robusta, mêlés de Dalbergia, de Ce-
drela, ete Entre 300 et 400 toises, on voit paroiître le Pinus
longifolia et le Minosa catechu, À cette hauteur, par 270
17! de lat., Hamilton estime la moyenne température an-
nuelle + 259,35 d’après la température d’une source à Bich-
hakor.
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 433
” A mesure que le sol s’exhausse, les espèces des plaines de
lIndoustan deviennent plus rares, èt des espèces propres! aux
montagnes s'emparent des stations. La végétation reçoit in-
sensiblement l'empreinte générique des productions des con-
trées du nord, sans cesser d'offrir un grand nombre de types
spécifiques étrangers à nos contrées. On cultive encore lA-
nanas, la Canne à sucre, le Bambou, le riz dans les vallées
élevées de 500 à 700 toises , mais quand elles atteignent 800
à 1000 toises, on ne cultive plus que lorge, le blé ; le mil-
let et'autres grains des zones septentrionales.'Les arbres vul-
gaires sont des Michelia , des Gordonia, des Sapins, des
Pins, des Podocarpus, des Châtaigniers, des Chênes, des
Noyers, des Lauriers, des Zlex, etc.
Jamais il ne neige et ne gèle au Boutan, si ce n’est sur'les
hautes montagnes; mais à Kathmandou (lat. 590 41"), capi-
tale du Népaul, élevée de 644 toises environ, il tombe de
la neige tous les hivers. Hamilton évalue + 16 à 17° la
moyenne température annuelle de cette ville. La moyenne
de juin, mois le plus chaud, fut, en 1802 ,-+ 23,4; le maxi-
mum , + 30°; le minimum, + 189,3. La moyenne de janvier,
mois le plus froid, fut, en 1803, 8°,9; le naximum,+150;
le minimurn,— 00,5. À unèé élévation de 6 à 700 toises la
moyenne température annuelle du mont Blanc n’excède
peut-être pas + 40.
Dans la partie de l'Himalaya qui fait face à l’Indoustan, et
sur la frontière méridionale du Thibet, les Pins, les Sapins,
les Genèvriers , le Salx tetrasperma , les Bouleaux , etc.,
parviennent à de grandes hauteurs, quand ils ne sont pas ar-
rêtés par la stérilité du sol; ‘ou par d’affreux escarpemens,
Mém. du Muséum. 1. 14. 56
434 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
ou par les envahissemens des neiges. À 1900 ou 2000 toises,
sur les crêtes qui dominent les voûtes de glaces éternelles
d’où s’échappent les sources du Gange; le capitaine Hodgson
remarqua un arbre de la famille des Conifères, dont les bran-
ches aussi grosses que la jambé rampent sur le sol. Cet arbre,
qu'il prend pour une espèce de Pin, et que les Hindous
nomment Chandan , n’est peut-être que l’Æbies dumosa de
Don, lequel représente, dans les hautes stations de l'Hima<"
laya , le Pinus purmnilio de nos montagnes. Hodgson retrouva
le Chandan entre 31° et 320 de lat., sur le pic du Chour et
sur les montagnes neigeuses du Kounawur qui dépendent du
Thibet. Dans cette contrée , sur une passe élevée de 2350
toises, A. et P. Gérard observèrent le 2 octobre, sous une
tente, le thermomètre à+ 10° à midi, à zéro à quatre heures,
à— 40,4 à sept heures du soir, et le lendemain matin à —
80,3 au lever du soleil, température qui ne semblera pas
très-basse , si l’on considère la saison , la hauteur et la lati-
tude. La Vigne, favorisée par l'exposition , donne des raisins
délicieux à 1800 toises environ (8000 à 12,000 p. anglais).
Il seroit difficile de ne pas reconnoître ici l’effet immédiat du
rayonnement solaire d'autant plus efficace , que la couche
d’air traversée par les rayons est moins épaisse et plus raré-
fiée. Les derniers villages , les derniers champs cultivés, sont
à 2000 toises; c’est aussi la limite ordinaire des grandes fo-
rêts de Pins. Je n’ai pas besoin de dire qu’à cette hauteur les
récoltes paient bien faiblement les soins du cultivateur : elles
se composent de quelques céréales, de sarazin, de bette-
raves, etc
De 2000 à 2200 toïises, on voit encore des bouquets de
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 435
Pins, de Bouleaux, de Groseillers, de RAododendrum , de
Vaccinium, etc. Viennent ensuite les petites phanérogames
ligneusés ou herbacées propres aux régions glaciales, puis les
Mousses et les Lichens qui touchent aux neiges permanentes.
Une Campanule en fruit a été recueillie à 2550 toises envi-
ron, dans la passé de Chalul, au-delà de la crête méridionale
de l'Himalaya; ét, s’il faut en croire le narrateur, quelques
espèces végètent à‘ une hauteur beaucoup plus considérable.
Quoi qu’il en soit, les derniers vestiges de la végétation expi-
rante, différent à peine de la végétation des hauts sommets
des Andes, du Cautase, des Carpathes, des Alpes, des Pyré-
nées, etc. , et de celle des contrées hyperboréennes et des
terres antarctiques séparées de la Patagonie par le détroit
de Magellan. Les grandes florés naturelles, quelque forte-
ment prononcés que soient les’caractères qui les séparent les
unes des autres , quand, sous l'influence des climats les plus
favorables, elles étalent toute la richesse et la variété de leurs
formes, se réduisent insensiblement, par l’effet de la diminu-
tion progressive de la température annuelle, à un petit nom-
bre de familles et de genres dont les types spécifiques sont
partout, sinon semblables, du moins si-peu différens, que
souvent les botanistes eux-mêmes sont tentés de les con-
fondre.
:L’aspect de la lisière méridionale du Thibet est triste et
sauvage. De hautes plaines bornées de tous côtés par des
chaines de montagnes surmontées d'énormes:picsique cou-
ronnent des neiges permanentes, n’offrent souvent à l’œil du
voyageur que des sables! arides et des terres que le mélange
de sels gemmes ou de‘substances métalliques condamnent à
56 *
436 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
une stérilité presque absolue. Là, point de grands végétaux;
quelquefois seulement des herbes et des arbrisseaux dont la
petitesse et la maigreur attestent l’état de souffrance et.de dé-
nuement. Toutefois il.y a des cantons dont le terroir est d’une
meilleure qualité; la Nature les couvre de forèts et de pâtu-
rages, ou bien l’homme les soumet à la culture. Les hivers
sont longs et rudes; durant trois mois entiers, les neiges
ferment toute issue aux habitans confinés dans leurs villages.
Les étés sont brülans; le flanc des montagnes, frappé par les
rayons solaires, renvoie dans l'atmosphère une chaleur exces-
sive. Dans les vallées les moins élevées, et qui ont cependant
14 à 1500 toises de hauteur (09350 pieds anglais), telles
que celle que forment à l’ouest l'Himalaya et la chaîne des
monts Cailas, on cultive le riz, le froment, l'orge, le pa-
vot, le Mürier. Il y a aussi de! grands vignobles, dont les
raisins rivalisent, par la grosseur et le goût, avec ceux du
Caboulistan. L’Abricotier, le Noyer, le Pommier viennent
en forêts. 10
Îl existe sans doute des différences notables entre le climat
de la partie occidentale et celui de la partie orientale du Thi-
bet. Cette dernière, moins élevée et plus voisine du tropique,
a, comme la zone équatoriale, ses époques de sécheresse etde
pluie, et il est probable que la température hivernale y est
généralement moins basse que dans le Kounawur, quoique
déjà les froids y soïent très-vifs. |
Les Alpes du Thibet, de mème que celles du Népaulet du
Boutan, produisent des Pins, des Sapins; des Genèvriers; des
Chènes,des Coudriers, des Aulnes, des Saules ; des Bouleaux;,
des Erables, des Æsculus , des Frènes, des Z/ex , des Gro-
GÉOGRAPHIE, BOTANIQUE. 437
seilliers , nr Rer des hernie des Vaccti-
res tue à (Mir COMRAHOG Jos
, î
LÉ Himalaya et le Thibet me conduisent j jusqu’à la frontière
occidentale de la Chine. ; oùje vaisretrouver la zone dei tran
sition. Mais, quels renseignemens positifs donner sur la végé-
tation d’une contrée que, les mœurs immuables ou, si ose
dire, l'espèce di instinct de la race d’ hommes | qui RATE SUP
isolent du reste du monde, bien mieux que ne le feroient des
mers immenses » des déserts affreux, des montagnes plus
hautes et plus à âpres que la chaîne de r ‘Himalaya?
a
‘La ha vi diesel
La Chine, située entre le 20e et le 43e degrés de latitude,
sous les ibrits dl les plus orientales de l'Ancien Monde,
a une température qui semblera très-basse en comparaison
de celle des contrées occidentales correspondantes que
baigne l'Océan atlantique. D'après cela, et en ayant ‘égard
aux notes relatives à la végétation de la Chine, dispersées
dans les relations de quelques voyageurs, j'admettrai que la
flore équatoriale de ces contrées ne se: porte pas au-delà du
27e parallèle , même dans les expositions les plus favorables.
Si cette hypothèse est fondée, la chaîne des. monts Milins,
qui court de l’ouest à l’est dans une longueur de plus de 360
lieues, puis se dirige brusquement vers le nord-est à peu de
distancé dé la mer, et sépare du! reste de l'empire les pro-
vinces mévidioliunes de Yun-nan, Koañg-si, Canton et la
provinée orieñtaleide Fo-kien, marque le terme de la zone
équatoriale et le commencement de la zorie de transition.
438 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
: Lesobservationsthermométriques faites par Raper à Canton,
donnent pour moyenne de l’année 17964<+ 24, pourmoyenne
d'août + 300,11, pour moyenne de janvier, mois le plus
froid, —+ 159,8. En août, le r7aximum fut + 310,6, et le
minimum + 26°, 6. En janvier le maximum fut + 19p, et le
minimum + 10°,5. M. de Humboldt, d’après des autorités
qui me sont inconnues, réduit la moyenne de Canton à
+ 220,9. Il observe que quelquefois le thermomètre tombe
jusqu’à zéro, et que, par l'effet du rayonnement, il se forme
de la glace sur les terrasses des maisons. Cette dernière asser-
tion vient à l’appui de ce que je lis dans les voyages de lord
Mackartney et de Krusenstern. L'ambassade anglaise arrivant
à Canton en décembre 1793, n’y trouva pas superflu l’usage
du, feu de cheminées, et treize années après, en décembre,
Krusenstern vit vendre de la glace dans les rues. Ces froids
sont instantanés ; ils n'empêchent pas que la végétation ne
soit tout Étnbedules
Parmi les familles les plus remarquables des provinces méri-
dionales, je citerailes Palmiers, les Laurinées, les Capparidées,
lés Menispermées, les Malvacées, les Bombacées, les Camel-
liacées, les Ternstromiacées, les Aurantiacées, les Sapindacées,
les Magnoliacées, les Térébinthacées, les Rhamnées, les Légu-
mineuses, les Myrthées, etc. Le cultivateur fait croître àcoté du
Bananier, du Goyavier,de l’Oranger, du Papayer, du Cocotier,
du Litchi, du Thé, de la Canne à sucre, le Pêcher, l’Abricotier,
la Vigne, le Grenadier,le Châtaignier; mais ces derniers végé-
taux donnent rarement de bons fruits. Ce mélange des arbres
de l'Inde et de ceux de l'Asie mineure reparoît sur les côtes
occidentales de l'ile Formose, entre 220,8’ et 250,20'delatitude,
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 439
- La plupart des. végétaux! de la zone équatoriale ne fran-
chissent pas les monts Milins. Le revers septentrional de ces
montâägues ;. tantôt rocailleux et stérile, tantôt ombragé par
dé grandes forêts de Chênes, de Charmes, de Peupliers, s subit
de:longs et rudes hivers, durant lesquels le sol des vallées
est. enseveli sous, la neige. Entre les monts Milins ( lat. 25 à
270 ),et le fleuve Jaune ( lat: 350 );la végétation présente tous
les caractères de Ja zone de transition: Les différentes espèces
d'Orangers,; de Citronniers, le Thé, la Canne à sucre, le Riz,
le Grenadier, les Müriers blanc etrnoir, la Vigne, le Noyer,
le Chôtaignier, le Pêcher, l’Abricotier, le Figuier sont cul-
tivés sur le même sol, mais on n’y trouve plus les Palmiers,
le Bananier , le Goyavier ; le Papayer , ni aucune autre espèce
qui demande la chaleur soutenue des contrées, équatoriales.
Les campagnes produisent une espèce de Bambusa, le PAyl-
lanthus niurt, le Melia azedarach, le Sullingia sebi-
fer, qui donne.une sorte deicire avec laquelleles Chinois fa-
briquent des bougies, le T'hea chinensis, plusieurs Camellia,
entre autres le Sesarqua, dont on extrait une huile bien in-
férieure à celle de ? Olea europæaqui est inconnue en Chine,
l’Olea fragrans , le Sophora japonica, le Sterculia plata-
nifolia, \ Aylantus glandulosa, le Vitex incisa, des Cle-
rodendrum ; des. Mimosa, des, Nerium, des Rhamnus,
l'Æsculus hippocastanum , V’ Abies, orientalis, le Fes
massoniana , peut-être les Pinus longifolia et pirea(1),
des Juniperus , des Cupressus, le Cunninghamia sinensis,
(1) Staunton dit.que la Chine produit une espèce de Pin dont les cones très-gros
contiennent des graines « dont les Chinois mangent l'amande ayec plaisir. 1l se pour-
roit que le Pin en question füt le Pinus pinea.
44o GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
le Podocarpus ‘macrophy la, le Thuya lois des
. Saules, etc.
Sur les bords enchanteurs du Yang=tsé-kiäang où flenve
Bleu et des rivières méridionales qui grossissent ses eaux; le
Camphrier, le Séllingia sebifera, lé Châtaignier, le Bam-
bou, cé géant des Graminées, croissent à côté des Pins; des
Thuya, des Cyprès, dont la couleur sombre et l’aspect uni-
forme contrastent avec la végétation riche, brillante et variée
qui les environne. Le Nelumbo étale ses fleurs superbes à la
surface du fleuve. Le Bambou forme des forêts dans le Tché-
kiang (lat. 290 30! — 300). Il suit avec le Pin la lisière des
routes du Kiang-si (lat. 24°— 500), et du Kiang-nan (lat. 250
— 30°). Toute la zone abonde en Conifères. Les montagnes
sont garnies de Pins, ou du moins de grands arbres qui ont
une telle affinité avec eux qu’ils n’appartient qu'aux botanistes
d’en marquer la différence. Dans le Kiang-si, des col!ines en-
tières sont couvertes de Camellia sesanqua. Celles qui en-
tourent la ville de Thong-kiang (lat. 29° ) sont couronnées
d’'Orangers. Cet arbre, avec le Citronnier, vient encore à
Koué-té-fou (lat. 34°,30' ), sur la rive droite du fleuve
Jaune. Le Thea sinensis croît partout dans les haies. Staun-
ton, rédacteur du voyage de lord Mackartney, asssigne le
30e degré pour ligne d’arrèt septentrionale de cet arbrisseau';
il se trompe, le T’hea remonte plus haut. On en récolte la
feuille à Tchang-tchou-fou, sous le 32e degré, et si Linné a
été bien informé, on la récolte même à Pékin (1), ce qui ne
(1) Thea a Canton ad Pechinum usque in China reperitur, quod mirandum.
Urbs Pechini æquali a polo longitudine distat ac Roma, regiones vero orientales
europæis nostris longe sunt frigidiores , adeo ut observationes Pechini institutæ
N
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 44r
paroit pas impossible) quoiqueje n’en aie trouvé nulle part
la confirmation, puisque Kaempfer assure que le T'hea bohéa
croît aux environs d’Iedo, dans l’île japonaise de Niphon, où
la température hivernale doit être très-basse. En teriant pour
certain le fait avancé par Linné, jy verrais une ‘nouvelle
preuve de ce que peuvent les chaleurs estivales contre l’in-
fluence de l'hiver. Je ne puis suivre la Canne à sucre que
jusqu’au 29€ ou 30e degré: c’est dans le Sé-tchuen, province
occidentale bornée par les montagnes du Thibet, et 'proba-
blement plus froide que les provinces maritimes sous la même
latitude; ce qui me porte à croire que la Canne à sucre est
cultivée plus au nord dans le Tché-kiang et le Kiang-nan.
En Chine, à des latitudes très-basses, l'hiver, avec ses carac-
tères septentrionaux; commence à marquer sa présence dans le
cours des saisons. Sous le 30e degré, au voisinage du port Hing-
pé; le Séullingiasebifera perdses feuilles au mois denovembre.
Un degré et demi plus au nord, lile Tsong-ming, à l’em-
bouchure du fleuve Bleu, a ur hiver d’une douzaine de jours,
pendant lesquels il tombe de la neige qui, à la vérité, se fond
aux premiers rayons du soleil. Le P. Bouvet, témoin ocü-
laire, rapporte que, le 17 février 1688, à 25 lieues de la mer,
par 34°, il tomboit de la neïge, et que le Hoang-ho, ou fleuve
Jaune, étoit obstrué-par des glaces: peut-être ces glaces
avoient-elles été apportées du haut pays par les eaux. Quoi
qu'il en soit, rien ne paroît plus certain que dans le Pé-tché-
li, qui ne s'étend pas au-delà du 42e degré, mais qui s'élève
frigus ibidem multo acerbius ac Stockholmiæ esse contendant. Amœæn. Acad.,t: 8,
p- 237.
Mém. du Muséum. 1. 14. 57
442 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
insensiblement depuis le Hoang-ho et la mer Jaune jusqu’à la
grande muraille, les rivières sont gelées de la fin de novembre
à la mi-mars, et qu’à Pékin ( lat 390, 54/ ) dont la moyenne
température m'est que + 12°,7, les hivers sont très-rudes ;
cependant le Laurier-rose, le Vztex negundo et le Nelumbo,
croissent en plein air dans les environs.
Les faits que je viens d'exposer me déterminent à prendre
le fleuve Jaune et la rivière Hoeï-ho pour ligne de séparation
de la zone de transition et de la zone tempérée.
Le Japon.
1
Demême que la Chine, le Japon subit l'influence du climat
oriental. Sa température est beaucoup plus basse que celle
de Maroc, de Madère, et de la Péninsule Hispanique, situés
sous les mêmes parallèles. Lesiles Kiusiu et Sikokf et la partie
méridionale de l'île Niphon , terminent à l’orient la zone de
transition. Ces îles sont coupées par des montagnes, dont
plusieurs atteignent à une grande hauteur. Les étés sont très-
chauds, mais en hiver la température baisse sensiblement. Les
observations thermométriques faites par Thunberg en 1775,
à Nangasaki, par 32045',ne donnent que+-16° pour moyenne
température de l’année; aussi les Bananiers cultivés dans les
environs ne produisent pas de fruits. Le mois d'août est l’é-
poque des plus grandes chaleurs. Le thermomètre monte à
+ 36 ou 370, quelquefois même il s'élève jusqu’à + 430.
L'hiver commence en janvier et finit en février. Pendant ces
deux mois le mercure oscille entre + 21° et — 20. De temps
à autre la neige blanchit la terre, et la surface de l’eau se prend
en glace.
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE, 443
Vile Niphon est traversée par la ligne d’arrêt septentrionale
de la Zone dé transition. Je n’essaierai pas de déterminer
exactement la hauteur de cette limite : ce seroit peine inutile.
La température de Niphon nous est inconnue; et! ‘quant à sa
végétation, nous n’en savons que ce qu’en a vu Thunberg,
pendant le voyage qu'il fit en 1776, de Nangasaki à Iedo,
sous'la surveillance d’une escorte qui ne lui permettoit pas
de s’écarter de la route. Il existe à Osaka ( lat. 34° 5 ) un jar
din de botanique où sont rassemblés beaucoup de végétaux
de l'empire: Le Dracæna revoluta, le Laurus camphora,
et d’autres espèces auxquelles une température douce est in-
dispensable, s’y maintiennent en plein air. Lie Tea chinensis,
qui forme, avecleCamellia japoricaetles Lyciim barbarum
et japonicum toutes les haies de Kiusiu ; croit encore sur les
pentes des montagnes entre Miako (lat: 35° ) et Iedo (lat.
360 14/); mais le T'hea paroït ètre du nombre de ces végé-
täux que de fortes chaleurs d'été protégent contre l'hiver. Il
est très-probable que la moÿenne d’Iedo est beaucoup plus
foible que celle d’Osaka et de Nangasaki.
“La végétation arborescente des montagnes de Niphôn se
compose en majeure partie d'espèces Septentrionales : telles
sont les 774a europæa, Pinus \sylpestris — cembra - —
strobus, Abies excelsa, Larix europæa.
Au nord de Niphon, dans l’île d’Iesso , à Matsumaiï , par
420, latitude supérieure à celle de Rome de 7' seulement,
Jhiver est long etsévère : le thermomètre descend à— 18 ou
19°; une FR Jr de neige. revêt le sol depuis novem-
bre jusqu’en avril. MOTAL EE
Thunberg nous a Gt connoître 755 NN ns du Ja-
57*
444 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
pon; la plupart ont été recueillies aux environs de Nangasaki
etdans quelques iles voisines. Cet échantillon des productions
végétales du pays: suffit pour donner une idée du caractère
général de la végétation. C’est ce qu’on peut appeler une flore
insulaire. On seroit tenté de dire pour le Japon, comme pour
beaucoup d’autres iles, qu’originairement la population vé-
gétale y étoit très-foible, et qu'elle ne s’est accrue peu à peu
que,par colonisations.
Surles 755 plantes short j'en compte 240 de l’An-
cien Continent; quelques unes sont des Indes, telles que : Sa-
lix japorica, Elæagnus umbellata, Citrus aurantium —
decumana, Broussonetia papyrifera, Laurus camphora ,
Bambusa arundinacea, Melia azedarach , etc.; d’autres
de la Chine, telles que: Podocarpus macrophylla, Cupres-
sus patula, Thuyaorientalis, Ficus pumula, Quercus den-
tata, Bladhia japonica, Olea fragrans , Sophora japonica,
Aylantus glandulosa, Camellia sesanqua et japonica, Il-
licium anisatum , Hydrangea hortensia, Citrus trifoliata,
Cycas revoluta, Raphis flabelliformus , etc.; d’autres de la
portion occidentale de la zone de transition, telles que : Mo-
rus alba et nigra, Nerium oleander, Ziziphus vulgaris,
Punica granatum, Tamarix gallica, Ilex aquifolium ,
Cercis siliquastrum , des Prunus, Pyrus, Amygdalus, Fr-
cus, etc. ; d’autres sont communes à toute l’Europe et à l’Asie
septentrionale ; telles que T'axus baccata, Juniperus com-
munis , Pinus sylvestris et cembra, Larix europæa, Abies
excelsa , Castanea vesca, Betula alba, Alnus glutinosa,
Salix alba, Fraxinus excelsior, Sambucus nigra, etc. Il
y a aussi une trentaine d'espèces de l'Amérique septentrio-
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 445
nale, parmi lesquelles je remarque : Raododendrum maxti-
mum , Sambucus canadensis, Bignonia catalpa ; Magnolia
glauca, Æsculus pavia, Pinus strobus, Juniperus bermu-
diana et barbadensis, Juglans nigra, Amorpha fruticosa,
Vitis labrusca, ec. C’est un Les singulier pour lé bo-
taniste , que le rapprochement sur la même‘terre de ces types
divers, qui appartiennent à la végétation de contrées si éloi-
gnées les unes des autres.
: Dans la partiela plus méridionale du Japon, les formes des
pays chauds ne sont pas rares; on trouve des Camelliacées,
des Ternstromiacées, des noiss) des Magnoliacées, à
Bignoniacées, des Ardisiacées, des Gardenia , des Begonia,
des Amomées, des Epidendrum , des Commelina, un Pal-
mier, une Cycadée, etc.; mais en généralles types génériques
dominans sont les mêmes que ceux du reste de la zone de
transition dans l’Ancien Continent.
Les arbres et les arbrisseaux les plus remarquables qui n’ont
été observés jusqu’à présent que dans cette contrée, sont les
suivans : Salix integra, Betula japonica , Quercus glabra
— glauca — acuta — cuspidata — serrata, Cupressus
japorica , Thuya dolabrata, Salisburya adianthifolia,
Podocarpus nageia, Taxus nucifera — verticillata, Celtis
orientalis , quatre ou cinq Ælæagnus, quatre Laurus,
Osyris japonica , Nerium divaricatum , Diospyros kaki,
Syringa suspensa, Callicarpa japonica, Volkumeria ja-
ponica, Vitex rotunda, Clerodendrum dichotomum , Paul-
linia japonica, Magnolia obovata — kobus, Citrus japo-
nica, six Acer, trois Vits, six [lex , plusieurs Prunus et
Cratægus , etc.
446 GÉOGRAPHIE shrAR TUE
Je suis bien trompé si la plupart de ces espèces n’habitent
pas également la Chine.
WI . 513 \ { AC TLE Rue £
Renseignemens sur la puissance expanswe des espèces
digneuses les plus remarquables des, contrées boréales
de l'Ancien. Monde, servant de notes justificatives.
Cucifera thebaïca. Congo, Guinée, Sénégal (Schrnidt; R. Brown,
dans le voyage du capitaine Tucker) ; Sennâr.— Egypte supérieure,
(Delile, Caillaud), Arabie ( Delile) ; Lac Tibérias ( Burckhardt).
Phœnix dactylifera. Contrées les plus méridionales : Sénégal
(Adañsoi } Gray); Soudan et Bournou, rare (Oudney, Clapperton,
Denham); Sennâr, rare (Caillaud ) ; Yémen (Forskal); littoral du
golfe Persiqué (Chardin, Pottinger;, et autres ); presqu'île de Gu-
zerat (Macmurdoc). — Contrées les plus septentrianales où il est
cultivé pour ses fruits : provinces méridionales du Portugal ( Bory
de Saint-V'incent) ; Valence( Cavanilles); Sicile (Tenore, de Sayves);
Corfou ( Dodwell, Bory); Syrie et Mésopotamie, entre 34, et 350 de
lat. (Olivier, Kinneir, Buckingham, Niebuhr et autres ); Perse mé-
ridionale et Béloutchistan , entre 29° et 50° (Chardin, Pottinger,
Kinneir ) ; bords de lIndus et de ses affluens entre 32° et 33°( E/-
phinstone). Limites au nord, où il ne porte plus de fruits : côte
orientale de l'Espagne vers 41° ( Cavanilles ) et peut-être plus haut,
J'ignore sa limite extrême en Portugal. Iles d’'Hyères et situations
privilégiées de la Provence ( Arthur Young, De Candolle) ; rivière
de Gênes (De Saussure et autres); Rome (De Buch); Athènes
(Dodwell) ; Smyrne ( Hasselquist. Aucun voyageur ne l'indique sur
les côtes plus septentrionales de l’Asie mineure). Péchawur dans le
Caboulistan, par 34° (Elphinstone ). -
Chamærops hurilis. Arabie Petrée (Rauwolff); Barbarie (Des-
fontaines , Della-Cella ; Ytalie( Tenore, Santi, Viviani , Sebastiani
et Mauri ), sur la côte occidentale jusqu’à Nice (Æ/lione, Viviani,
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 447
De Candolle) ; Espagne (Cavanilles, Bory ), jusqu’à Lérida , sur la
côte orientale (Dufour ). s
Musa paradisiaca. Cultivé partout dans la zone équatoriale.
Afrique septentrionale (Desfont., Delile, Della-Cella); Syrie et Mé-
sopotamie ( Olivier, Hasselq. ); Sicile ( Tenore ); Valence ( Cavan.);
sur les côtes méridionales de la Péninsule Hispanique ( Bory ).
Pinus laricio. Géorgie , Crimée ( Bieberstein); Apennins en Ca-
labre ( Tenore ); Corse (De .Cand.); Pyrénées ( Pinus sanguinea ;
Lapeyr.).
Pinus halepensis. AUas (Desfont. ); Cyrénaïque? (Pin blanc de
M. Pacho?); Syrie, Asie-Mineure ( Olivier); Italie australe ( Te-
nore); Antibes ( De Cand. ).
Pinus pinaster. Grèce (Sibthorp ); Abruzzes ( Tenore); France
méridionale et occidentale (De Cand.); naturalisé aux environs de
Paris.
Pinus sylvestris. Caucase ( Bieberstein ); Olympe de Bythinie et
Péloponnèse (SibtAorp); Calabre (Tenore); Valence (Cavan.); Pyrénées
(Ramond, De Cand.).— Laponie jusqu’à 70°, (sous cette latitude il
monte encore à 125 toises, F'ahlenbérg et De Buch); Boukharie
(Falk); Sibérie occidentale , sur l'Oby, encore sous 64°, peut-être
au-delà (Soujef, dans les voyages de Pallas); Sibérie orientale jus-
qu'aux monts Stanovoy, par 62° à 63° de latitude ( Sauer , dans la
relation de l’expédition du capitaine Billing); montagnes du Kamt-
chatka , entre 55° et 57° (le même; Steller ne l’a point obseryé dans
ce pays) ; Daourie( Georgi).
Abies taxifolia. Caucase ( Bieberstein, Pallas); Asie mineure
(Hasselquist, Tournefort) ; Grèce ( Sibthorp , Dodwell); Italie aus-
trale ( Tenore).—1l manque dans les îles Britanniques et en Scan-
dinavie. Oural entier et plaines du nord de la Russie ; dans toutes les
chaînes de la Sibérie méridionale ( Pallas, Gmelin, et autres); Daou-
rie (Georgi ); Sibérie orientale , à l’est de l’Aldan jusqu’à 62° de la-
titude (Sauer ); Kamtchatka entre 55° et 57° (Steller).
448 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Abies excelsa. Calabre; montagnes des Abruzzes, entre 350 et
500 toises ( T'enore); Pyrénées. — IL manque dans les îles Britan-
niges. Côtes de la Norwége jusqu’à 670 ; Alpes de Laponie jusqu’à 69°;
par 68° 30!, il monte encore à 133 toises (De Buch et Wahlenberg);
Russie jusqu’au voisinage de la mer Blanche ( Pallas) ; Sibérie , sur
l’Oby jusqu’au voisinage du 68° ( Soujef) ; il manque à l’est du Léna
(Pallas , Gmelin) ; Daourie ( Georgi).
Larix europæa. Alpes du Dauphiné, du Piémont, de la Carniole
et de la Hongrie (manque dans les plaines de l’Europe moyenne eten
Scandinavie). Dans toutes les chaînes de l'Empire russe, depuis lOu-
ral jusqu’à l'Océan oriental ; au nord , jusqu’à la mer Glaciale par
pieds épars ; en bois rabougris, par 67°, sur l’Oby; entre 68° et 69o ;
sur le Jenissey et le Kolyma ; par 67° près des sources de l’Anadyr
(Gmelin, Pallas, Soujef, Sauer); Daourie ( Georgi ); Kamtchatka
( Steller , Sauer); Japon ( Thunberg ); îles Kouriles ( Pallas).
Pinus cembra. Indiqué presque partout avec le Larix , et confiné
comme lui sur les stations alpines, dans l’Europe tempérée. En Si-
bérie, il secantonne de préférence vers le sommet des montagnes et vé-
gète dans quelques contrées où l’on ne voit plus le Zarix, commedans
le nord du Kamtchatka , le pays des Tchoutches et sur les plages les
plus voisines de la mer Glaciale. Là, selon les voyageurs, ce n’est plus
qu’un arbrisseau bas ou même rampant , tandis que dans les contrées
plus méridionales ; c’est un arbre assez élevé. J’ignore si ces diffé-
rences sont dues uniquement aux influences du climat, ainsi qu’on l’ob-
serve pour le Pinus pumilio, ou si elles indiquent deux espèces distinc-
tes. De Saussure penche à croire que le Cembro à tronc élevé de la
Sibérie, diffère de celui des Alpes de l’Europe. M. De Candolle a adopté
la même opinion relativement au Mélèze de la Sibérie , espèce qui
cependant ne sauroît guère être considérée comme appartenant spécia-
lément à ce pays: il est peu probable que le Mélèze des plages boréales
de la Russie d'Europe ne soit pas le même que celui des bouches de
POby, ces régions n’étant séparées par aucune limite naturelle.
,
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 449
Cupressus sempervirens. Barbarie ( Desfont., Della-Cella ); jar-
dins de l'Egypte (Delile); Palestine (Æasselquist); Asie mineure
( Olivier ; Tournefort, Sibthorp et autres ) ; régions du Caucase
(Pallas , Guldenstædi, Bieberstein); Perse entière (Chardin, Olivier,
Kinneir) : Caboulistan ?(E/phinstone, ce voyageur parle de plusieurs
espèces de Cyprès). Planté comme arbre d’ornement dans l’Europe
australe; il supporte encore en plein air le climat de Paris et y
donne des graines fécondes.
Juniperus phœnicea. Barbarie ( Desfont., Della-Cella); jardins
de l'Egypte ( Delile); Palestine (Æasselquist); Asie mineure ( OZi-
vier et autres); régions du Caucase ( Bieberstein). Europe australe
entière.
Taxus baccata. Régions du Caucase ( Bieberst., Guldenst., Pal-
las); Grèce (SibtAorp ) ; Apennins en Toscane( Santi) ; montagnes de
Valence ( Cavanilles).— Ecosse ( Lightfoot ); côtes de la Suède jus-
_qu’à 58°, rare dans l’intérieur du pays (Linné); Varsovie (Schubert);
manque en Livonie (De Bray ) ainsi que dans tout l’Empire russe
(la Crimée et le Caucase exceptés), d’après tous les auteurs.
Quercus ballota. Atlas ( Desfont.); Espagne, Area (Bory );
Grèce (Sibthorp ).
Quercus pseudo-suber. Atlas ( Desfont. ); Calabre ( Tenore);
Toscane (Sant: ).
Quercus esculus. Asie mineure (Sibthorp, Din): Grèce ( Sib-
thorp); Calabre, Abruzzes ( Tenore ).
Quercus «ægilops. Asie mineure ( Sibthorp , Olivier) ; Grèce
(Sibthorp) ; Carniole (Scopoli ).
Quercus suber. Atlas (Desfont.); Espagne ( Cavanilles , Bye ;
Italie australe (Tenore); Carniole ( Scopoli); Nice ( Allione, cet
auteur ne l'indique pas dans le Piémont); France occidentale jusqu’à
l’île de Noirmoutiers, par 47° ( Bonamy ).
Quercus ilex el coccifera. Atlas ( Desfont.) ; Palestine ( Pockoke );
Europe australe entière. — France occidentale jusqu’à 47v (Bonamyÿ);
Mém. du Muséum. 1. 14. 58
45o GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Nice ( Allion) ; Toscane (Santi ) ; Carniole (Scopoli). Us fleurissent
eu plein air sous le climat de Paris, mais ne mürissent pas leurs
fruits.
… Quercus robur (pedunculata et sessiliflora des auteurs). Partie
montueuse de toute l’Asie mineure , Arménie et régions du Caucase
(Tournefort, Olivier , Sibthorp, Bieberstein, Pallas, Guldenstædt
et tous les voyageurs); Grèce (SibtAorp); Italie australe ( Tenore) ;
Valence ( Cavanilles ). — Côtes de la Norwége jusqu’à 63°, par pieds
épars et mal venus; réussit parfaitement à Christiania, lat. 60° (De
Buch); intérieur de la Suède jusqu’à environ 60° ; s'arrête sur la
côte orientale par 60, 40! ( Linné) ; côtes de la Finlande jusque près
d’Abo, lat. 600 27° (De Buch ) ; épars et mal venu en Livonie (lat. 56°
30’.— 59° 30’), les forêts en sont rares dans les parties méridionales
de ce pays (De Bray ); Wès-rare dans la Grande-Russie au-delà de
56° ;s’arrête dans lés monts Waldaï et sur le fleuve Msta , vers 58°
(Guldenstæœdt , Falk); en forêts à Kazan , par 56° ( Erdmann); s’ar-
rête sur le Wolga et ses affluens , entre 57° et 58° (statistiques russes
citées par Malte-Brun); s’arrète en Permie à Ossa sur le Kama,
entre 57° et 58° ( Gmelin) ; nulle part à l’est des monts Oural jus-
qu'aux fleuves Amour et Argoun en Daourie, où il reparoît entre
50° et 55° (Gimelin, Pallas); plusieurs missionnaires, cités par
Duhalde , et les botanistes de l'ambassade de lord Mackartney ,
eroient avoir observé le Chéne commun d'Europe dans les mou-
tagnes des environs de Pékin et dans différentes contrées de la Tar-
tarie chinoise. Falk ne le cite point parmi les végétaux de la Bou-
kharie et de la Soongarie.
Fagus sylvatica. Palestine (Hasselquist ) ; Asie mineure , Arménie
(Tournefort , Olivier, Jaubert, Kinneir); Mazandéran (Pallas , Tré-
zel); Grèce (Sibthorp); Sicile, Italie australe ( Tenore); Valence
( Cavanilles ). — Naturalisé dans les îles Britanniques ( LigtAfoot ,
Smith) ; Norwége jusqu’à 59°, dans des expositions favorables ; Suède
jusqu’à 58° 30°, en Westergothie, jusqu’à 57° au Smoland, jusqu’à
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 45x
Cäliar (lat. 56° 40°) sur les côtes de la Baltique (De Buck); en
vastes forêts en Scanie et au Smoland, épars en Bahusie (Linné Ds
Prusse , Lithuanie et Pologne, jusqu’à 55° (ScAzouw ); Crimée méri-
dionale, régions Caucasiennes jusqu’au Térek ; nulle part dans tout
le reste de la Russie, pas même en Podelie ni en Volhinie , quoiqu'il
abonde dans les contrées limitrophes plus occidentales ( Pallas ,
Ginelin, Guldenstædt, Georgi, Falk, Bieberstein ).
Castanea vesca. Canaries, Ténériffe ( De Buch, Bowdich );
Asie mineure , Arménie ( Tournef., Oliv., Kinneir, Jaubert ); ré-
gions du Caucase ( Pall., Bieberst., Guldenst. ); Europe australe
entière. Dans les forêts de l'Angleterre ( naturalisé ) (Smith ); il n’y
mûrit plus ses fruits dans les comtés septentrionaux entre 54° et
56°. ( Winch ); étranger à la Scandinavie; il en existe quelques
pieds seulement à Lund en Scanie, par 56° 42’ (De Buch ); cultivé
à Varsovie ( Schubert, sans doute il n’y porte point de fruits). Selon
Pallas, il supporte encore le climat de l'Ukraine (lat. 48°— 51° ),
mais il ne vient point spontanément au nord du Térek, dans tout
l’Empire russe. Il paroît queicet arbre ne müûrit plus ses fruits par-
tout où la vigne ne peut être cultivée avec succès. Thunberg indique
le Castanea.vesca au Japon, Loureiro en Cochinchine et à Canton;
et d’après les renseignemens des voyageurs , le Châtaignier est un
arbre fruitier très-commun dans toute la Chine jusqu’à Pékin, et
même à 2 ou 3 degrés au-delà. Il n’est cependant pas certain que
l'espèce dont il-s’agit soit la même que celle des contrées occiden-
tales de l’Ancièn Monde; Loureiro indique plusieurs caractères diffé-
rentiels dans la description qu’il en donne. Hamilton parle de
forêts de Châtaigniers croissant dans la région montueuse du Népaul,
sans déterminer l’espèce à laquelle ils appartiennent.
Ostry a vulgaris. Asie mineure, Grèce ( Sibthorp ); Italie australe
({Tenore); Carniole ( Scopoli ); Croatie, Esclavonie (F/aldstein et
Kitaibel ); Toscane ( Santi ).
Carpinus orientalis. Arménie (Tournefort); Italie australe(Zénore);
è 58 *
452 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Istrie (Scopoli); Croatie ,Syrmie , Bannat ( Waldstein et Kitaibel ).
Carpinus betulus. Ghilan , Mazandéran ( Pallas , Trézel ); régions
du Caucase ( Pal!., Guldenst., Bieberst.); Arménie, Asie mineure
(Tournef., Oliv. Jaubert, Kinneir); Europe australe entière. —
Écosse (Lightfoot); Suède : en forêts dans la Scanie ( entre 55 et 56°),
épars dans le Smoland ( Linné; selon M. de Buck, il ne dépasse
pas les limites septentrionales de la Scanie ); manque en Livonie
(de Bray ); Pologne ( Schubert }, Russie, dans les contrées arrosées
par le Don et le Dnieper, jusqu’à 51° à 52°; manque sur le Wolga
(Guldenstædt, Falk, Pallas ).
Alnus glutinosa. AUas ( Desfontaines); Europe australe entière
(Sibth., De Cund., Tenore, Cavan., Bory, etc.); régions Caucasiennes
(Pallas, Bieberst.). — Suède jusqu’en Gothie (Linné); manque en
Laponie ( Fahlenberg ); Russie jusqu’à la mer Blanche; rare en Si-
hérie(_ Pallas, Gmelin ); Japon ( Thunbers); Amérique septentrio-
nale, du Canada à la mer Glaciale (Pursh, Michaux , Richardson ).
Ainus incana. Pyrénées (De Cand); Caucase (Bieberstein); Lapo-
nie, Russie et Sibérie jusqu’à la mer Glaciale ( JF/ahlenberg, Pall.,
Gmel., Soujef, Suuer ); Kamtchatka ( Steller). Amérique septen-
trionale : monts Alleghany’s, Canada ( Michaux, Pursh); Terre-
Neuve (de La Prylaie ); côte Nord-Ouest ( Charnisso ).
Betula alba. Montagnes de toute l'Europe australe. Caucase (Bie-
berst, Parrot); Boukharie ( Falk ); côtes orientales de Ja Caspienne
par 37° (Æanway). — Laponie jusqu’au-delà de 70° ( F'ahlenb.,
de Buch); Sibérie : à l’est, jusqu’à l'Océan oriental ( Pall., Gel );
au nord, sur lOby jusqu’à Obdorsk, lat. 67°. 31°; sur le Jenissey
vers 68° ( Soujef), sur le Kolyma en belles forêts, entre 650 et 66°;
épars et rabougri vers le 67° degré et au-delà ( Sauer ); Kamtchatka
(Steller),en forêts sous le 58°( Lesseps); Pallas ne l'indique point
sur l’Anadyr et le Penghina; Daourie ( Pall., Ginel., Georg. );
Japon (Thunb.); Groënland occidental, rare et rabougri (Crantz,
Gieseke ):
Ve
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 453
Populus alba etnigra. Jardins du Caire (Delile); Atlas (Des-
fontaines) ; Europe australe entière. Régions Caucasiennes jusqu’en
Perse (Pallas, Bieberst., Guldenst.)—Autour des habitations, dans
l'Écosse méridionale ( Lightfooti) et en Suède jusqu’à 560 à 57°
(Linné); Russie méridionale et temperée ( Pallas); manque au nord
de Moscou ( Guldenstædt ); Kazan ( Erdmann ); Sibérie ; par pieds
épars jusqu’à l’Oby (Pall., Gmel.). Le Populus alba. est indiqué au
Kamtchatka par Steller, en Boukharie par Fa/k:, en Daourie , aux
environs ‘du lac Baïkal, par Georgi, à Haiep par Russel. +:
Populus tremula. Europe australe entière: Asie Mineüre, Armé-
nie ( Oliv., Tournef.); régions Caucasiennes ( Bieberst:, Guldenst.)>—
Laponie jusqu’à la mer glaciale ( ahlenb. ); très-abondant dans
YEmpire russe, de la Baltique au Léna, au-delà duquelilestrare,
comme dans les environs d’Okhozk et au Kamtchatka ( Pallas,
Gmelin, Steller). West encore de‘ belle taille dans les monts Ver-
choyansk, aux sources du Kolyma , par 62°, mais il ne suit pas les
bords de ce fleuve jusqu’au .65° (Sauver); Daourie ( Georgi).
Populus balsamifera. Sibérie, de VIrtych, à la mer d'Okhozk
(Pall., Gmel.); Kamichatka(Steller); sur le Kolyma aussi loin que
le Populustremula( Sauer);sources du Penghina dans les monts Sta-
navoy, par 65° à 66° (Pallas); Daourie (-Pall. , Ginel., Georgi);
Amérique boréale entière, depuis le 44° parallèle jusqu'aux plages
arctiques (Michaux, Pursh, Mackenzie, Hearne, Richardson).
Salix baby lonica. Esypte (Delile); Barbarie( Desfont. ); régions
basses de toute la Turquie d'Asie, depuis la mer Noire : jusqu’au
golfe Persique; Perse entière (tous les voÿfageurs); Caboulistan ( E7-
Phinstone); régions Caucasiennes et Crimée( Bieberst. ); Archipel et
Grèce ( Sibth.); naturalisé dans la majeure sys de l’Europe tem-
pérée: | }: ê
Salix alba. Perse (Oisiens Hoihbés du Muséum ); régions Cauca-
siennes (Guldenst., Bieberst.)3 Europe australe entière. — Suède
(Linné); Lithuanie, Livonie, Russie tempérée, Sibérie méridio-
454 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
nalé jusqu’à l’Irtych (Pallas, Falk); Daourie (ete Japon
(Thunb.).
Salix monandra. Egypte (Delile); | Barbarie ( Desf.); régions du
Caucase (Pall:, Bieb.); Europe australe. — Suède méridionale
(Lin); Russie méridionale ( Pallas).
Salix triandra. Europe australe entière. Régions du Goudisel
(Pall., Biebn:, Guldenst.). — Suède ( Lin.); Russie entière jus-
que vers 60°; Sibérie méridionale jusqu’à l’Irtych (Pall., Falk: ).
Salix capræa. Europe australe. Régions Caucasiennes ( Bieberst. ,
Guld.). — Laponie jusqu’à 69° (#'ahlenb.); Empire russe entier
jusqu'aux plages arctiques et à l'Océan oriental; Daourie ( Pall.,
Ginel., Georgi).
Platanus orientalis. Planté comme arbre d'ornement en Egypte et
en Barbarie (Desfont., Delile); Palestine ( Hasselquist, Bucking-
ham); Asie mineure (Oliv., Tournef.); régions Caucasiennes,
Perseentière ( Chardin, Olivier, Kinneir); Béloutchistan (Pottin-
ger); Caboulistan (Ælphinstone); Boukharie méridionale, lat.
40°—42° ( Falk) ; Grèce et Archipel ( Sibthorp, Dodwell); Calabre,
Sicile ( Tenore, de Sayves); cultivé comme arbre d'ornement dans
l’Europe moyenne. Il supporte très-bien le climat de la France,
sous 50°.et au-delà, tandis qu’il ne prospère plus à Symphéropol en
Crimée; par 45°.
Ulmus campestris. Perse jusqu’à Chiraz ( Chardin) ; régions du
Caucase (Bieberst. ; Pallas, Guldenst.); Palestine (Æasselg.);
Europe australe entière. — Angleterre , jusqu’à la rivière Tees
(Winch) ; Suède, sur le Gotha , jusque vers 58° (de Buch); Kazan
(Erdmann); manque dans la Russie series et au-delà de
POural (Pall., Falk).
Ulmus effusa. Régions Caucasiennes ; (Bieb.) Asie Mineure (Tous
les voyageurs y indiquent des Ormes, qui se rapportent peut-être
à cette espèce ou bien aussi à:la précédente; il.n’est pas indiqué
dans les flores de l’Europe australe). Europe moyenne entière. —
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 455
Comtés septentrionaux du nord de l'Angleterre où il monte encore
à 300 toises (7/inch ); Suède: le dernier a été observé par Linné
à Hamrong, par 61°, non loin du golfe de Bottnie. Dans toute la
Russie, selon Pallas et Falk, mais probablement pas plus haut que
le 60° ;car, selon Guldenstædt, les Ormes sont rares au nord de Moscou.
Boukharie, Soongarie et pays des Kirghises (Falk); manque au nord
des chaînes Altaïques et à l’est de l’Oural (Falk, Gmel., Pall.);
Baïkal ( Georgi).
Morus alba et nigra. Cultivés dans toute la zone de transition.
Dans la zone tempérée, leur culture cesse partout à quelques degrés
moins haut que celle de la Vigne, et ne réussit plus en grandau-delà du
46° parallèle. (Le Mürier cultivé en Russie jusqu’à 51, ou 52°, paraît
être le Morus tatarica, car Pallas assure que les autres espèces ne
prospèrent plus au nord du Térek , excepté dans la Crimée méridio-
nale). Indigène au Caboulistan (Pottinger, Elphinst.); en Perse
(Cardin, Olivier et autres); dans les régions Caucasiennes (le
Morus alba seulement, Bieberst.) ; en Chine.
Ficus carica. Cultivé dans Yémen (Forskal); dans les oasis de
la Haute-Egypte ( Caillaud) ; dans toute la zone de transition voi-
sine de la Méditerranée ; en France jusque vers le 50° , à la faveur
de situations abritées, ou en le couvrant de terre pendant l’hiver ;
dans la Hongrie méridionale, la Croatie et l’'Esclavonie (F aldstein
et Kitaibel, Busching); en Russie seulement en Crimée et au sud
du Térek. ( Pall., Guldenst., Falk). Indigène ou naturalisé dans
toute la région méditerranéenne.
Fraxinus excelsior. Atlas(Desfont.); régions montueuses de l’Asie
mineure (Tournefort, Olivier et autres); Mazandéran ( Pallas,
Trézel) ; régions Caucasiennes ( Pall., Guld., Bieb.); montagnes
de lItalie australe {Tenore ). — Côtes de la Norwége jusqu’à 65°
(De Buch); commun en Suède jusqu’à. . . . (Linné) ; côtes orien-
tales du golfe Bottnique jusqu’à 62° (De Buck); en Russie, il paroît
ne pas dépasser de beaucoup le Chêne, cependant il est encore com-
456 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
mun au nord de Moscou et jusqu’à Novogorod'et Valdaï (58°) (Gul-
denstædt), où le Chêne est fort rare. Sauer affirme qu’il vient en Si-
bérie sur le Kolyma , par 65°, ce qui paroît fort douteux, puisque
tous les autres voyageurs disent qu'il manque à l’est de l’Oural.
… Olea europæa. Oasis de la Haute-Egypte ; entre 25° et 270 { Cail-
laud); Barbarie ( Desfont., Pacho, Della- Cella) ; Palestine ( Has-
selquist, Buckingham). Syrie, Mésopotamie, Babylonie et régions
basses de l’Asie mineure, vers la Méditerranée et la mer Noire
( tous les voyageurs ); en Perse seulement sur les bords de la Cas-
pienne au Mazandéran et au Ghilan (Chardin, Olivier ; Pallas, etc.)
et dans les contrées voisines du golfe Persique (Chardin); régions
Caucasiennes jusqu'au Térek, Crimée méridionale (Pall., Guld.,
Bieb.); ses fruits ne mürissent pas bien à Kisljar par 44° ( Falk).
Europe australe entière, jusqu’à 45, à 46° en Istrie (Scopoli, Horn-
schuch) et en Lombardie(De Cand),44° à 45° dans l’est de la France
Arthur Young). Il est naturalisé dans la plupartdes endroits où on le
cultive ; sa véritable patrie paroît être l'Asie mineure et le Caboulistan.
Arbutus unedo. Lättoral de la Méditerranée, dans toute la région
de l’Olivier. France occidentale jusqu’à Nantes (De Cand) Naturalisé
sur les côtes occidentales de Firlande dans la comté de Kerry (4r-
thur Young ; Smith).
Punica granatum. Indigène au Caboulistan et dans toute la Perse
(Chardin, Oliv., Elphinst., Pottinger, etc. ); dans les régions Cau-
casiennes jusqu’au Térek (Bieb., Guld., Pall.); dans l'Asie mineure
et la Syrie (tous les voyageurs); au Péloponnèse et en Thessalie
(Sibthorp). Naturalisé dans presque tout le reste de la partie occi-
dentale de la zone de transition. Cultivé dans plasieurs contrées
équatoriales comme au Bournou et au Soudan (Clapperton et Den-
ham, Oudney); dans l’Yémen (Forskal), à Bangalore daus l’Indoustan
(Hamilton). West cultivé au nord de la zone de l’Olivier : en France
jusqu'à 46° à 47°, où il mürit encore ses fruits; dans des vallons
abrités du Valais ( de Saussure) ; à Boukhara (Fa/k;, de Meyendorf ).
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 457
‘'Amygdalus persica. Sauvage au Caboulistan, au Béloutchistan ,
dans les monts Paropamises (ÆElphinstone , Forster, Pottinger ) et
dans toute la zone de transition de l’Asie plus occidentale (tous les
voyageurs). Cultivé dans plusieurs contrées équatoriales , comme
dans l'Yémen ( Forskal), à Bangalore (Hamilton); et dans la zone
de transition entière. Dans la zone tempérée : en Chine , encore sous
45° dans la province de Pé-tché-li (Duhalde); au Japon, à Matsu-
maï, par 42°, ses fruits ne mürissent qu'avec peine ( Golovnin );
Boukharie ({ Falk, de Meyendorf } ; Russie: il réussit très-bien à
Astrakhan , lat.46° ; rare dans la province de Cherson, lat. 48°—49?;
Kiew (lat. 50°, 27°), où il faut sans doute l’abriter pendant l'hiver,
comme on le fait pour l’Abricotier et l'Amandier { Guld., Falk ,
Pall., Georg. ). Cracovie ( Malte-Brun ). Il ne réussit plus à Chris-
tiania ( De Buch ); ses fruits ne müûrissent pas en Angleterre.
L’Amandier, indigène dans les mêmes contrées ainsi que dans la
Barbarie , ne paroît pas être cultivé plus au nord que le Pécher.
Prunus armeniaca. Indigène dans les mêmes contrées que le Pé-
cher. En forêts à Soungnem au Thibet, par 41°, 35 de lat. et 780, 27°
de long. , à 1430 toises d’élévation, et cultivé dans ce pays jusqu’à
2000 toises ( 4. et P. Gérard). Cultivé partout avec le Pêcher et
l'Amandier. Il mûrit encore ses fruits à Christiania (De Buch).
Prunus spinosa. Barbarie ( Desf.); Asie mineure (S:bthorp );
Mazandéran ( Pallas ); régions Caucasiennes ( Pall.; Guld., Bieb.);
Europe australe entière. — Suède (Linn.); manque en Livonie ( de
Bray); Varsovie (Schubert); Russie méridionale ( Pall.), sur
. VOka , le Wolga , le Don et l’Oural (Fa/k). Manque en Sibérie.
Cerasus avium. En forêts dans les régions du Caucase ( Pall.,
Bieb., Guld.), VAsie mineure , les contrées entre la mer Noire et
l’'Adriatique. Cultivé dans l’Europe tempérée. Sa culture cesse en
Russie au-delà de 55° ou 56°. Elle réussit malen Livonie (de Bray).
On prétend que les cerises mûrissent encore quelquefois sur les côtes
del’Ostrobottnie par 63 à 64°(Malte-Brun); elles mûrissent dans des
Mém. du Muséum. 1. 14. 59
4538 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
situations privilégiées sur les côtes de la Norwége jusqu’à 65° (De
Buch). La culture du Prunus domestica ne cesse point avant celle
du Cerisier. Il paroît que ce dérnier ne peut pas être cultivé dans la
zone équatoriale. Le Prunier a été observé par M: Caillaud dans les
oasis de la Haute-Egypte entre 25° et 270.
Cerasus:padus. Régions Caucasiennes (Bieb.); rene ( Tenore);
France méridionale ( De Cand). — Laponie jusqu’à 70°, mais rare
au-delà de 68° (X/ahlenberg); Russie et Sibérie tempérée (Pall.);
éncore commun sur l’Oby par 6r°ou 62° (Soujef) ; Daourie (Georg);
Kamtchatka ( Steller).
Mespilus germanica. Mazandéran ( Pall., Trézel. ); régions du
Caucase (Guldenst., Pall., Bieb., ); Europe méditerranéenne et
moyenne: Angleterre (comté de Chester, lat. 53° — 54° Sinith).
manque en Pologne ; et en Russie au-delà du Térek.
Pyrustorminalis. Régions Caucasiennes ( Bieb., Pall.); Arménie
( Tournef) ; Europe méditerranéenne. — Angleterre (Smith); Da-
nemarck, rare ( For. Dan.); Varsovie ( Schubert) ; nulle part en
Russie au nord du Térek et de la Crimée.
Pyrus aria. Mazandéran , régions Cancasiennes (Pall., Bieb.);
Europe méditerranéenne.— Ecosse ( Lightfoot); Halland et Goth-
land (Lin.); manque en Pologue (Schubert), et en Russie au nord du
Caucase (Pall.), Soongarie ( Falk).
: Pyrus malus. Spontanément dans toutes les contrées montueuses
de la zone de transition , en Europe et en Asie , de la Méditerranée
au Caucase indien. Thibet à 1455 toises (Gérard). — Suède jusqu'à
58° à 59° (ZLinn.); Finlande occidentale jusqu'à 62° (Malte- Brun);
rare dans la Russie centrale au-delà de 55° ou 56v; les derniers à
Valdaï, où cesse également le Chêne (Fait, Guldenst.); Kazan
(Erdmann). Manque en Sibérie. Cultivé. Dans la zone équatoriale :
à Bangalore (Æamilton); à Canton ( Duhalde); dans les oasis de
la Haute-Egypte ( Caillaud). En Europe sa culture cesse au-delà de
65° dans la Norwége ( De Buch); entre 62 et 64° en Finlande (Malte-
es
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 459
Brun); entre 56et 58° sur le Don, le Viatka et le Wolga, où ellé:n’a
lieu avec succès qu au-dessous de 56° ou 55°; sur l’Oural; elle réussit
faiblement par 516; elle. n’a lieu nulle: paït ä. l’est de ce Aleñve
(Falk, Guldenst., etc.). Boukharie, Turkestan , Chine et Mant+
chourie. Il paroit, d’après tous les renseigneméns conténus dans, les
relations de voyages , qu’en Asie ; la Mantchourié exceptée , il dé-
passe peu le 41°.ou 42° parallèle. L'existence bien constatée du
Chêne sur les bords.de l'Amour et de lArgoun, indique que ces
contrées jouissent d’un climat assez chaud pour admettre la culture
du Pommier , du moins jusqu’à 5o° de lat. Le Poirier accompagne
presqué partout le Pommier : ces deux arbres ; le, Cerisier et: le
Chène peuvent être considérés comme men à peu près la même pos
sance expansive. -
Pyrus aucuparia. Région Gunasiengies( FF48. DE al mineure
( Tournef.); Liban (Hasselquist.); montagnes de l'Europe méditer:
ranéenne. — Laponie entière avec le Bouleau , et en forme d’arbris-
seaujusqu'au Cap-Nord (#/aklenb.); Russie entière et Sibérie jusqu’à
l'Océan oriental (.Pall.; Gmel. ) ; sur l'Oby il cesse avec: le-Bouleau,
entre 66° et 67° (Soujef.); lac Baïkal (Georg.); Kamtchatka (.Stel:
ler); Groënland, en arbrissean , par 60° ( Crantz, Gieseke ).
Juglans regia. Indigène dans les montagnes de l'Asie mineuré
(Tournef., Oliv. , Jaubert ; etc.); des régions Caucasiennes jusqu’au
Térek (Bieb., Pall., Guld.); de la Perse (Chardin, Oli. ; Pottin-
ger; etc.), du Caboulistan (Æ/hinst:) et du Thibet (4. et P;Gé-
rard Voni observé en forêts à Soungnem,, à 1455 toises). Caltivédans
la zone équatoriale ; au Béloutchistan, par 29°,avec leDaitier et au
Nermanchyr,sous lemêmerparallèle, avec le Manguier ét autres fruits
de l'Inde (Potiinger); dans iles vallées du Népaul , entre 500 .et
1000 toises ( Ælamilton). Dans toute la zone de transition. Il paroit
cesser avec la Vigne ou peu au-delà ;:dans le nord de FAngleterre ;
entre, 54e et 550 ;ilme mûrit plus ses fruits ( inch); rare dans la
Russie.occidentale au-delà sois: existe encore à Kiew , par 50°; et
20"
460 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
à Glukhof, par 520, mais y réussit mal ( Guldenstædt) ; dans l'Asie
tempérée : cultivé en Boukharie ( Falk) ; dans toute la Chine jus-
qu'aux frontières de la Mantchourie (Duhalde), au Japon (Thun-
berg ).
Vitis vinifera. Indigène et cultivé dans toute la zone de transition.
Cultivé dans quelques endroits de la zone équatoriale : à Bangalore
dans l’Indoustan , lat. 13° ( Æarmilton ); à Zébid dans l’Yémen , entre
14° et 15°( Forskal); dans la colonie de Sierra-Léoné ( Gray ), etc.
Les limites de la culture en grand en Europe, sont par 470 environ
dans l’ouest de la France , au-dessus de l'embouchure de la Loire;
entre 49° et 50° sous la longitude de Paris (Ærthur Young); entre
50° et 51° sur les rives du Rhin et du Mein; entre 48, et 49° en Hon-
grie; en Russie : entre 46° et 48° au nord de la mer Noire ; entre 48°
et 49° sur le Don et le Wolga (sur les bords de ce dernier fleuve, les
environs de Saratow , par 52, produisent encore un peu de vin; à
Zarizin , par 480 42’, la Vigne est cultivée avec plein succès : on n’en
indique plus à l’est du fleuve; les contrées voisines de la mer d’Azow
(46°) produisent des vins forts , maïs il faut couvrir les vignes en
hiver , pour les garantir des froids qui souvent y sont de — 25° à 27°;
dans les gouvernemens de Koursk et de Woronech, entre 50° et 52°,
les vignes sont rares et le raisin ne müril que dans de bonnes années;
en Ukraine , par 49°, il conserve toujours un goût acide ; en Podolie,
par 48° à 5o°, la Vigne ne vient plus qu’en espalier dans les jardins.
Le raisin nè mürit jamais à Kiew.) (Pall., Guld., Falk, Malte-
Brun). Asie tempérée : Boukharie (Falk) ; Khotan , lat. estimée par
d'Anville à 35° 36 (relation chinoise, traduite par M. Rémusat ) ;
Thibet , par 31° 45°, jusqu'à environ 1800 toises d’élévation (4: et
P. Gérard); Chine jusqu'à 42° , et peut-être au-delà en Mantchourie
(Duhalde) ; Japon ( Thunberg ); à Matsumaï, par 42°, le raisin ne
mûrit qu'avec peine ( Golovnin).
Citrus aurantium. Indigène dans la! zone équatoriale. Naturalisé
dans la zone de transition : dans toute l'Afrique septentrionale, Dans
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 461
l’Europe australe, sur les côtes de l'Espagne et de l'Italie, jusqu’à 41°
à 420 (Cavan., Bory, Ten.); Péloponnèse, Attique (Sibt., JP alpole,
Dodwell); Corfou (Dodw.). Dans l'Asie, sur le littoral de la Médi-
terrannée , jusque vers 39 ( commun à Smyrne par 37° 30°,
Hasselquist , à Lefkosia en Pamphilie, Leake, etc. ); sur le Tigre et
l'Euphrate, il cesse entre 35° et 37° ( Oliv.). 1 ne vient plus sans abri
à Halep par 36° ( Russel); dans toutes les contrées situées au nord
du golfe Persique , des bouches de l’Euphrate à celles de l’Indus ;
nulle part au-delà de 29° ou 30° (Oliy., Chardin, Kinneir, Pottin-
ger); si l’on en excepte le littoral méridional de la mer Caspienne,
dans le Ghilan et le Mazandéran , entre 36° et 38° (Chardin, Oliv. 1
Trézel , Jaubert), et quelques situations privilégiées du Caboul,
entre 30° et 34° (Elph., Potting.) ; sur les affluens de l’Indus , jus-
qu'à 33° à 54° (Ælp#); il ne vient point sur le littoral de la mer
Noire, à l'exception de quelques cantons de la Colchide, aujour-
d’hui connus sous le nom de Gourie ; entre 30°et 40° (Guld.). En
Chine, on cultive des Orangers et des Citronniers, qui peut-être ne
sont, pas les mêmes espèces que celles de l’ouest de lPAncien Conti-
nent, jusqu’à 35° ( Duhalde). Au Japon, les Voyageurs n’en indi-
quent point dans l’île de Niphon.
Tilia microphylla. Europe méditerranéenne? France (De Cand.);
Carniole (Scop.)— Communen Norwége, jusqu’à 636, marique au
delà de.650 (de Buch); rare dans l’intérieur de la Suède au-delà de
610 ( Linn.); Russie entière jusqu’à Pétersbourg (Pal. , Falk);
dans le centre de la Russie boréale ; sur les affluens du Duina, jus-
qu’à 58° (Statistiques russes citées par Malte- Brun); Marique en
Sibérie, à l’est de lirtych ( Pa/l., Falk ); suit le cours de ce fleuve
jusque vers, 58° (Soujef ); ne s'arrête: à l’est que vers lé Tom
( Gmelin. ).
462 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
er at de quelques espèces nouvelles de la farulle
des Amentacées.
Pour donner plus d'intérêt À mes recherches sur la géographie des
Amentacées , j'avais entrepris d'y joindre la description et la figure
de toutes les espèces nouvelles appartenant à cette famille , que
je pouvois découvrir dans lés herbiers. J'ai renoncé à la or
cation de la géographie des Amentacées, par les motifs que j ’ai
exposés au commencement de ce Mémoire; mais je n’ai pas renoncé
à celle des espèces. J'en offre ici neuf, dont huit sont nouvelles ;
j'en ferai paroître incessamment quelques autres.
Sauix coLuTeoïpes. PI. 1.
. S, foliis ellipticis obtusis mucronulatis intégerrimis glabris, sub-
petiolatis , basi cuneatis obliquis , subtus glaucis, amentis masculis
coætaneis oblongo conicis basi PRE EEE 8-12-andris ,
Jfilamentis inæqualibus.
ARBRE Ou ARBRISSEAU ? Rameaux grêles, cylindriques, glabres,
d’un brun rougeâtre; jeunes pousses. florifères courtes ; feuillées.
Stipules fugaces..……
FEUILLES pos alternes, longues de pouce à 1 pouce, larges
de 3 à 5 lignes; elliptiques, entières ; sommet arrondi; base cunéi-
forme, oblique; bord légèrement ondulé ; face supérieure glabre;
face , inférieure couverte d’une poussière: glauque ; côté médiane
prolongée au sommet en une pointe fine, très-courte ; nervures à
peine visibles, presque opposées , ramifiées. Pétiole grêle, de
à 2 lignes. \
Cuatons maLes longs fleé 1 pouce ou moins ; coniques ou obléngs';
interrompus à la base, solitaires sur des pédoncules filiforimes,
glabres. Bractées florifères làches , ovales aiguës, concaves, brunâ-
tres , garnies en dedans et au bord de poils soyeux, touffus et blancs.
Etamines au nombre de huit à douze dans chaque fleur, insérées au
Zom .14. | PL. 20.
SAZIX COLUTEOIDES.
Jom..24.
LÉ ï
À ARTS ES Le
IT
222
Foy
Q
D
NL
\
\
{
\
\
Mirbel del
Pl.2.
ALNUS CASTANEÆFOLIA.
L
DAT OU CO © OR DUR PEN PE PE
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 463
fond d’une glande cupuliforme découpée en lobes irréguliers: Filets
grèles , inégaux , la plapart plus longs que la bractée , courbés ‘en
sens divers. Ænthères jaunes , didymes , biloculaires , s'ouvrant en
avant dans leur longueur. Pollen globuleux: BREL
InDivrbu FEMELLE inconnu. : 2%! H101
Ce Saule a été trouvé au Sénégal par M: Pérodet. :
ALNUS cASTANEÆFOLIA. Pl. 2, e
L
“A. foliis oblongo-ellipticis obtusis repandis, aüt 6blongo-lanceo:
latis eroso-dentatis ; petiolatis, supra glabris, sublus in nervorüm
&xillis pubescentibus, paniculabasi foliata, amentis masculis termi-
nalibus erectis. He LE : me
Arsre à fleurs monoïques ; rameaux alternés, cylindriques , gla-
bres. Bourgeons axillaires, pee Jeunes pousses trigones' pe
bescéntes. ‘
Feuies pétiolées , stipulées , ane celles des pousses précoces
longues de 3 à 4 pouces, larges de 10 à 15 lignes, oblongues lancéo-
lées', dentelées ; dentelures inégales , séparées par des sinus alongés ,
quelquefois foiblemeut et irrégulièrement denticulées; celles des
pousses tardives plus petites , ovales ‘alongées ,'sinuolées : les unes
et les autres glabres et d’un vert foncé en dessus, pubescentes dans
l’aisselle des nervures latérales et pâles en’dessous; nervures fines,
rectilignes , parallèles, unies entre elles par des veines transver-
sales. Pétiole grèle, long de 4 à r0 lignes , un peu velu: Stipules pe-
tites, glabres, membraneuses, linéaires-lancéolées , caduques. :
InFLorescence : Chatons pédicellés ; axillaires, dispodés en pani-
cule terminale sur un rameau pédonculiforme , grêle , parsemé de
poils; feuillé à la base de:ses subdivisions inférieures, garni plus
haut de simples stipules et nu au sommet.
Cartons maLEs dressés, compactes, longs de r à 2 pouces; un peu
plus grêles que ceux de lÆ/nus glutinosa, au nombre de 4 ou 5 à la
partie supérieure de la panicule. Bractéés triflorés, ovales, arron-
464 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
dies , peltées, coriaces , garnies intérieurement de 4 bractéoles mem-
braneuses. Fleurs presque sessiles. Périanthe simple, monosépale,
profondément divisé en 4 lobes ovales oblongs. Quatre étamines op-
positives , insérées au fond du périanthe. Filets courts, capillaires.
Anthères saïllantes , ovoïdes , bilobées , biloculaires, inverses ; lobes
s’ouvrant en avant dans leur longueur. Pollen globuleux , à 4 ou 5
mamelons.
Cmarons remeLes longs de 2 lignes, ovoïdes, cylindriques , grou-
pés en épi au nombre de 4 ou 5 sur des pédicelles communs, les-
quels égalent les pétioles en longueur et sont insérés à la partie in-
férieure de la panicule. Bractées charnues, arrondies, aiguës au
sommet. Braciéoles.…. Fleurs comme dans les autres espèces
connues.
Fruits...
Cette espèce a été découverte par Dombey , à Tarma au Pérou.
ALNUS ACUMINATA. (Humb. et Bonpl.) PI. 5.
A. foliis ovatis aut ovato-oblongis, acuminatis, basi subrotun-
datis, duplicato serratis , supra glabris subtus nervis pubescentibus,
panicula nuda, amentis fœmineis terminalibus.
Anrsre à fleurs monoïques. Rameaux cylindriques un peu verru-
queux , trigones ; pubescens vers le sommet. Bourgeons pubescens ,
pédicellés.
Feuizces ovales ou ovales oblongues , pétiolées , alternés , longues
de 5 à 6 pouces , larges de 1+ à 3 pouces ; sommet rétréci en pointe
plus ou moins aiguë ; base ordinairement arrondie, quelquefois un
peu cunéiforme; bord entier à la partie inférieure, doublement den-
telé dans le reste du contour; surface glabre et lisse en dessus ; côte
et nervures épaisses , pubescentes en dessous ; nervures parallèles ;
veinules transverses. Pétiole canaliculé, renflé à la base, long de 4 à
10 lignes, pubescent. Sripules ovales lancéolées, membraneuses,
parsemées de poils , caduques.
Mob delf
P1.3.
ALNUS ACUMINATA. Humb. et Bonpl.
NU
Q
RS re \
Morbel delf
P1.4.
FAGUS OBLIQUA.
er
GÉOGRAPHIE, BOTANIQUE. 465
Ivrcorescence. Pédonculé commun latéral , glabre , non.feuillé ,
_ramifié en panicule. | rat
Cartons mazes longs de 2 à 3 pouces, épais comme une grosse
plume à écrire, oblongs, compactes , dressés, naissant au nombre
de 3.uo 4 sur des pédicelles simples ou rameux à la partie infé-
rieure de la panicule. Bractées florifères triflores , coriaces, non
peltées , glabres, arrondies, garnies intérieurement de 4 bractéoles
membraniformes. Aeurs sessiles. Périanthe simple, monosépale,
membraneux, veiné , profondément divisé en 4 ou 6 lobes oblongs
et obtus. Etamines au nombre de 4 ou 6, appositives, attachées
vers la base du périanthe. Filets capillaires, un peu moins longs que
le périanthe. Ænthères saillantes, ovoïdes , bilobées, biloculaires!,
inverses ; lobes s’ouvrant en avant dans leur longueur. Pollen glo-
buleux.
Cæarows remezces longs d’un demi - pouce environ, épais de 3
lignes, ovales-alongés, au nombre de 4 ou 5, sessiles ou courte-
ment pédicellés, distants , terminant la panicule. Bractées bi-
flores , charnues, ovales cunéiformes , obtuses, garnies intérieure-
ment de trois bractéoles membraneuses , oblongues. Fleurs comme
dans les autres espèces. Fruit inconnu.
: L'échantillon que j’ai dessiné a été recueilli au Pérou par Dombey.
Depuis, MM. de Humboldt et Bonpland ont rapporté cette espèce
des mêmes contrées. La description qu'ils ont publiée est très-
exacte , mais elle est moins complète que la mienne. L’échantillon
qu'ils avoient sous les yeux étoit très-défectueux : ils ne l'ont pas fait
figurer.
Facus osriqua. PI. 4.
F, foliis ovato-oblongis \obliquis subrhomboïdeis obtusis dupli-
cato-serratis , basi integris in petiolum attenuatis, pilosiusculis ,
perianthiis masculis solitariis hæmisphæricis sinuatis 30-40-an-
dris , cupulis capsuliformibus muricatis quadripartitis, segmentis
ovatis obtusis , ovariis inclusis triquetris, angulis alatis.
Mém. du Muséum. 1. 14. 60
466 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Anene roresrien très-élevé , touffu, à fleurs monoïques.
Feuires minces, plissées dans le bourgeon , alternes ; longues de
1 à 2 pouces, larges de 4 à 8 lignes, ovales oblongues, rhomboïdales
obliques ; sommet obtus ; base cunéiforme, retrécie en pétiole grêle
et court; bord entier et cilié à la partie inférieure , doublement
dentelé etiglabre dans le reste du contour; côle et nervures pubes-
centes ; veinules réticulées. Stipules caduques, membraneuses, lan-
céolées linéaires, environ de la longueur du pétiole.
Freurs mAzes solitaires, axillairés, pédonculées. Pédoncule grêle,
long de 2 à 6 lignes, parsemé de petits poils courts. Périanthe
simple, hémisphérique, membraneux , irrégulièrement sinué et
lobé , portant à l’extérieur des poils rares et fins. Ætamines en
nombre indéterminé (30 à 40). Filets courts, parsemés de petits
poils. Ænthères saillantes, basifixes, allongées, obtuses , subtétra-
gones, vélues, biloculaires, s’ouvrant longitudinalement par les
côtés; Pollen globuleux. '
Fceuns FEMELLES: Cupule solitaire, pédonculée, axillaire, capsuli-
forme,ovoïde,coriace, véloutée, hérissée de pointes, triflore, s’ouvrant
en 4 ségmens ovales, réunis deux à deux à la base. Pédoncule
de la longueur des pétioles ou plus court qu'eux, épaïssi au sommet,
parsemé de petits poils. Périanthe simple, adhérent, à'six dents
obtuses , pubescentes, dont 3 alternes, cuculliformes , :prolon-
gées inférieurement sur les angles de l'ovaire en 3 ailes mem-
brareuses. Ovaire ovoïde , trigone , ailé, couronné par les dents du
périanthe , composé de trois coques soudées , chacune uniloculaire,
biovulée. Ovules pendans , attachés vers le sommet de l’angle cen-
tral des coques. Style très-court , divisé presque jusqu’à sa base en
trois stigmates subulés , divergens, correspondant chacun à lune
des coques de l'ovaire (1). Frurr.….
(1) J'emploie ici le mot coque dans le sens que je lui ai donné en traitant du
Péricarpe (Voyez Dictionn. des Sciences nat.). De tous temps les botanistes ont
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GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 467
Ce Hêtre est indigène au Chili; il a été observéà la Conception par
Dombey. D’après les notes: manuscrites de ce-botaniste il ponte le
nom vulgaire de Robléet fleurit en septembre.
Facus Domsevr. PI. 5.
H : KI L
F. foliis ovato lanceolatis subrhomboïdeis. acutiusculis, serratis
coriaceis nitidis glabris , basi obliquecuneatis , subpetiolatis, perian-
+ |
reconnu l’analogie qui existe entre le péricarpe à cinq coques libres du, Pied-
d’alouette, et le péricarpe à cinq coques conjointes de la Nigelle. Ici, et dans
d’autres cas semblables, la Nature montre si clairement son plan, que personne
ne peut s’y meéprendre. Mais il est des cas où l’analogie est moins évidente. Tel est
celui qui s’est présenté à moi en 1810 ( Voyez Annales du Muséum, tome 15),
quand ÿ’examinai la famille des Labiées. Je constatai alors, par une analyse rigou-
reuse, que les quatre graines nues de Linné ne sont autres choses que quatre coques,
isolées les unes des autres parce que l’axe central qui, dans un grand.nombre,de
péricarpes appartenant à d’autres familles, porte les graines et sert de lien commun
aux différentes loges , a, pour ainsi dire, dans les Labiées, fait défaut et laissé les
coques en liberte, J’offris en preuve les Borraginées , lesquelles ont dans quelques
genres, quatre coques libres comme les Labiées, et dans d’autres quatre coques
réunies en un seul,corps. Dans la même année 1810, M. Robert Brown publia le
premier volume de son Prodromus Floræ Novæ-Hollandiæ. On ylit.(p. 558) ces
mots remarquables: « Capsulas omnes pluriloculares ertotidem thecis conferrumi-
« natas esse, et diversas solùm modis gradibusque cohæsionis et solubilitatis
« partium judico. » ‘L'auteur cite ensuite plusieurs exemples à l’appui de son
opinion. En 1813, dans le Journal de Physique, vol. 77: P- 173, je donnai l’en-
semble de ma doctrine sur la structure du fruit : je la résumai en ce peu de mots
(p: 178):.« Nous pouvons dire qu’une fleur quelconque n’a jamäis plus d’un
« ovaire , et que les petites boîtes distinctes, fixées sur un même réceptacle;, ne
« sont que des portions d’un péricarpe unique. » Plus loin ,(p..186.et,suiy.),
j'affirmois que le légume ne diffère pas par les caractères essentiels .des boîtes
groupées, ou mème soudées, qui composent le péricarpe des Renonculacées, des
Mälvacées , des (Rosacées, etc. Ainsi, selon moi, la gousse ou légume étoit le type
dé la plupart des fruits. Trois ans après (1816), M.'Robert Brown exposa la même :
idée. dans son Mémoiresur les, Synanthérées. Nous: suivions la même route, il est
tout simple que nous soyons arriyés au même but.
60*
463 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
thiis masculis ternis campanulatis 4-5-lobis 8-10-andris, cupulis
involucriformibus læœvigatis quadripartitis , segmentis sublinea-
ribus laciniatis, ovariis lateraliter exsertis triquetris , angulis mar-
ginatis.
Anne forestier à fleurs monoïques. Rameaux flexueux, lisses ,
glabres, étalés. Jeunes pousses pubescentes , visqueuses.|
Feuices non plissées dans le bourgeon, alternes, stipulées , pétio-
lées , nombreuses , rapprochées, longues de 5 à 10 lignes, sur 3 49
de large dans les rameaux florifères , et du double environ dans les
rameaux stériles, coriaces , obliques , rhomboïdales, ovales-lancéo-
lées; sommet le plus souvent aigu; base inégale , atténuée en pé-
tiole; bord entier inférieurement, dentelé ou doublement dentelé
dans le reste du contour; surface glabre , parsemée de glandules
papillaires, résinifères, la face supérieure lustrée et d’une cou-
leur plus foncée ; côte un peu velue vers sa base; 7ervures très-
fines , glabres; veinules réticulées. Pétioles de 1 à 2 lignes, pubes-
cens, filiformes. Stipules ovales, fugaces, de la longueur environ
du. pétiole.
Freurs mares ternées sur des pédoncules axillaires , solitaires ,
gréles, pubescens , longs de 1 ligne. Périanthe un peu plus long
que le pétiole, simple, campanulé, membraneux, veiné, velu ;
limbe découpé en 5 ou 6 lobes ou dents ciliés. Etamines glabres,
saillantes , insérées au fond du périanthe au nombre de 10 à 12; Fi-
lets capillaires , longs. Ænthères oblongues, subtétragones , bilocu-
laires , basifixes, s’ouvrant latéralement, surmontées d’un appendice
gu, courbé en arrière.
Freurs remezces : Cupule subsessile , solitaire , axillaire, triflore ,
cartilagineuse, parsemée de poils rares, divisée en lanières épaisses,
irrégulièrement laciniées, rapprochées deux à deux, dressées contre
les fleurs , aussi longues qu’elles, trop étroites pour les couvrir. Pé-
rianthe simple , adkérant, à 6 dents aiguës, dont 3 alternes pro-
longées inférieurement sur les angles de l'ovaire en un simple re-
ai
Jom.14.
Es
L
FAGUS BETULOIDES.
\
: GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 469
bord mince , cilié, saillant entre les lanières de la cupule. Les autres
caractères , comme dans le Fagus obliqua, si ce n’est que la fleur
centrale n’a qu’un périanthe à 4 dents, un ovaire à 2 faces , à 2 co-
ques et un style à 2 stigmates. Fruit inconnu.
Cette espèce a été trouvée avec la précédente par le botaniste au-
quel je la dédie. Elle forme un arbre élevé, fort touffu , qui porte le
nom vulgaire de Coigué, et fournit un excellent bois de construction.
Les échantillons de l’herbier du Muséum portent fort peu de fleurs
mâles , ce qui semble indiquer qu’ils ont été récoltés un peu après la
floraison.
Facus seruLoïnes. PI. 6.
F. foliis ovato-ellipticis obtusis crenulatis coriaceis nitidis gla-
bris , basi rotundatis brevissime petiolatis, perianthiis masculis so-
litariis turbinatis 5-7-lobis, 10-16-andris, cupulis involucrifor-
mibus lævigatis quadripartitis, sesmentis sublinearibus laciniatis ,
ovariis lateraliter exsertis triquetris, angulis marginatis.
Are forestier à fleurs monoïques. Rameaux divariqués, tor-
tueux, ridés, brunâtres. Jeunes pousses pubescentes.
Feunxes ciliées, non plissées dans le bourgeon, alternes, pétio-
lées, ramassées sur les derniers rameaux et comme imbriquées,
coriaces , glabres, longues de 4 à ro lignes, sur 3 à 8 de large,
ovales-elliptiques , obtuses ; bord arrondi et entier à la base, crénelé
dans le reste du contour , et même cà et là doublement crénelé; sur-
: faces parsemées de glandules papillaires , résinifères , la face supé-
rieure lustrée et d’une couleur plus foncée; côte et nervures très-
fines, glabres; veinules réticulées. Pétioles longs d’une ligne environ,
filiformes , pubescens. Stipules fugaces, membraneuses, ovales-
lancéolées , un peu plus longues que le pétiole. |
Freurs axillaires , rapprochées vers le sommet des rameaux.
Freurs MaLes pédonculées, solitaires. Pédoncule filiforme, pubes-
cent, de la longueur du pétiole. Périanthe simple, très-petit , tur-
biné, membraneux, rougeâtre, veiné, parsemé de poils rares ;limbe
470 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
tronqué obliquement , découpé en 5 à 7 lobes arrondis, ciliés. Eta-
mines très-saillantes, insérées au fond du périanthe au nombre de 10
à 16. Filets capillaires, très-longs. Ænthères oblongues, bilocu-
laires, basifixes, s’ouvrant latéralement, surmontées d’un appendice
épais , obtus , courbé en arrière. Pollen globuleux.
Freurs remeLres : Cupule sessile, offrant , ainsi que les fleurs, les
mêmes caractères que le Fagus Dombeyi, si ce n’est que la fleur
centrale de chaque cupule n’est point différente des fleurs latérales.
La structureet la disposition des fleurs mâles, ainsi que plusieurs
caractères de la végétation, paroïissent rapprocher cette espèce du
Fagus antarctica de Forster; mais selon ce botaniste, les feuilles du
Fagus antarctica sont plissées dans le bourgeon, et leur disque est
moins prolongé sur le pétiole d’un côté que de l’autre ( « Folia disco
superiore breviore , » Comment. Gætting. 9. p.24), caractères qui
n'existent point dans le Fugus betuloïdes. En revanche, il en offre
d’autres dont Forster ne fait aucune mention , en parlant de l’antarc-
tica ;et ces caractères ne sont pourtant pas de nature à être mis en
oubli dans une description complète; tels sont la consistance épaisse
et coriace des feuilles, le lustré de leur face supérieure, les glan-
dules dont elles sont parsemées. La description que Wildenow donne
du Fagus antarctica (Sp. pl. 4. p. 460) ne convient pas davantage
à mon espèce. Je crois donc avoir suflisamment établi la non
identité du Fagus antarctica et du Fagus betuloïdes, mais il faudra
probablement rapporter comme synonyme de ce dernier le Betula
antarctica de Forster, décrit par Wildenow (Sp. pl. 4. p. 466) sur
des échantillons sans fleurs ni fruits. Forster lui-même.en donne
. simplement le nom dans une liste de plantes recueillies par lui,
sans fleurs, aux terres Magellaniques ( Comment Gætt. 9. p. 42).
Commerson, qui a récolté dans les mêmes contrées les échantillons
sur lesquels j'ai fait ma description, et qui remarque dans ses notes
qu’ils proviennent d’un arbre formant de vastes forêts sur toutes les
côtes, les a également étiquetés Betula antarctica. Je puis encore
L
X
N
Ÿ
PL.7.
FAGUS DUBIA.
k ww
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 471
m’appuyer de l’autorité du célèbre Vahl, qui a écrit le même nom
au bas d’un échantillon que M. Ad. de Jussieu a bien voulu me-con-
fier. Enfin la description que Wildenow a publiée du Betula an-
tarctica s'applique très-bien au Fagus betuloïdes, et il ne se trompe
sur le genre, que parce que l'échantillon qu’il a eu sous les yeux
étoit dépourvu de fleurs.
Facus pusra. PI. 7.
F. foliis ovatis obtusiusculis duplicato serratis coriaceis nitidis
glabris, basi rotundatis,.brevissime petiolatis , perianthiis masculis
solitariis turbinatis 5-7-lobis 10-16-andris, cupulis..….
J'ai de forts soupçons que le Fagus dubia n’est autre chose qu’une
variété ou plutôt qu’un individu mieux venu. du Fagus betuloïdes.
Les, rameaux plus lisses , plus alongés, les feuilles plus grandes, plus
espacées, ovales et non elliptiques, dentelées et non crénelées,
toutes ces différences peuvent résulter d’une végétation plus vigou-
reuse. D'ailleurs les autres caractères que présente l’échantillon que
jai sous les yeux sont parfaitement semblables à ceux du Fagus be-
tuloïdes. J’ajouterai que Commerson, qui a recueilli cet échantillon
au détroit de Magellan, l’avoit réuni aux autres dans la même
feuille, sous le nom de Betula antarctica. Cependant, comme je
nai pas vu la fleur femelle du Fagus dubia , je n’ose le confondre
avec le Fagus betuloïdes.
L'introduction dans le genre Fagus de trois ou qnatre espèces qui
n’ayoient pas été décrites, modifie.le caractère générique et autorise
la division du groupe en deux sections bien tranchées. Voici la ré-
daction que je propose :
Fzores monoicr. Masculi solitarii vel capitulis aggregati; perian-
thium simplex membranaceum , monophyllum ; .stamina . 8-40;
fæminei in cupula 4-partita bini vel terni ; perianthium simplex,
adhærens,, 6-dentatum; ovarium triloculare , loculis. biovulatis.
Stylus 1 brevis; stigmata 3 subulata; fructus trigonus, abortu
unilocularis, monospermus; seen pendulum ; radicula lateraliter
"
472 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
adversa , brevis ; cotyledonescrassæ ,carnosæ ; perispermum nullum:
Secrio I: Cupula muricata , capsuliformis ; ovaria inclusa ; folia
juoiora plicata.
Fagus sylvatica
— ferruginea.
— obliqua.
Secrio IL : Cupula involucriformis, segmentis angustis laciniatis ; ;
ovaria lateribus exserta; folia ; juniora non plicata.
Fagus Dombeyi.
— betuloïdes.
— dubia ?
Je ne cite ni le Fagus antaretica de Forster, ni le Fagus cochin-
chinensis de Loureiro, ni le Fagus qui, selon Cunningham ( Kings
survey of the coasts of Australia, vol. 1, p. 158), croît à la Terre
de Diémen. La description du premier ne dit rien de la fleur femelle
qui, jusqu’à présent, n’est pas connue. La description du second est
si loin de donner une idée nette de l’arbre que Loureiro a vu à la
Cochinchine, que l’on peut douter que ce soit un Fagus. Quant à
l’espèce de la Terre de Diémen, indiquée par Cunningham , elle n'est
encore ni décrite ni nommée.
MxyricA macroPuyLLa. PI. 8.
M. foliis obovato-ellipticis aut cuneatis obtusis grossè serratis ,
subpetiolatis, glabris , amentis in paniculas unisexuas dispositis ,
masculis cylindricis brevibus, fœmineis.….. fructibus ovato-globosis
tuberculosis.
ARBRE OU ARBRISSEAU ? à fleurs monoïques.
Feuizces alternes, coriaces , glabres , longues de 2 à 3 pouces sur
1 ou 2 de large, parsemées de glandules globuleuses résinifères ;
les feuilles nn obovales , obtuses, rétrécies en pétiole avec
le bord entier à la base , et dentelées sur le reste du contour ; dente-
lures larges , peu profondes, très-inclinées ; côte épaisse ; nervures
fines, arquées , divisées et subdivisées en veinules à leur extrémité;
Mirbel del?
P1.8. PlepèreetF. füs veu}
MYRICA MACROPHYLLA.
—
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 173
lesfeuilles inférieures plus petites, cunéiformes et comme spathu-
lées, dentelées seulement vers leur sommet. Pétiole épais, pubes-
cent , long de 1, à 3 lignes ou presque nul.
InrLOREscENcE : chatons disposés en panicules simples unisexuelles,
sur des pédoncules communs longs de 2 à 3 pouces, solitaires , axil-
laires , pubescens.
Fieurs mazes : Panicules làches ; Chatons cylindriques , grêles,
longs de 6 à 8 lignes. Bractées florifères réniformes, pubescentes en
dehors et ciliées. Etamines au nombre de 4 insérées à la partie pos-
térieure de la bractée. Filets courts, comme monadelphes à leur
base. Anthères biloculaires, bilobées; lobes ovoïdes s’ouvrant en
avant dans leur longueur. Pollen mamelonné, de formes diverses.
Freurs FEMELLES inconnues.
FrurTs : Drupes secs, ovoïdes, uniloculaires , monospermes, de la
grosseur d’un petit pois, tout couverts d’écailles imbriquées, calleuses
à leur sommet, souvent groupés plusieurs ensemble:sur les ramifi-
cations du pédoncule commun et accompagnés à la base de deux
bractées cordiformes, pubescentes. Graine ovoïde, attachée au fond
de la cavité du péricarpe.……
Cette espèce a été rapportée de Java par M. Leschenault. La pa -
nicule mâle (pl. 8, fig. G) a été dessinée d’après un échantiilon
qui n’avoit point de panicules femelles: Un autre échantillon dont
Joffre ici la représentation (pl. 8, fig. A), portoit dans sa partie
moyenne des panicules femelles en fruits ; mais de Vaisselle des
feuilles supérieures , il partoit des panicules mâles ; dont les chatons,
mal développés , laissoient cependant apercevoir quelques fleurs
bien conformées, semblables à celles que l’on voit fig. H et I. J'ignore
si les deux échantillons ont été recueillis sur le même pied ou sur
des pieds différens. Les fruits étoient trop avancés pour qu'on pût
se former une idée exacte de l’attache primitive de l’ovule ,et trop
jeunes pour qu’on pût observer l'embryon. Ce qui étoit évident , c’est
que la graine adhéroit par sa partie inférieure au fond de la coque
péricarpienne, =t qu’elle se prolongeoïit à son sommet en une pointe
Mém. du Muséum. 1. 14. 61
474 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
fine, semblable à un funicule qui se seroit détaché antérieurement du
point le plus élevé de la cavité de la coque. J’ai fait la mêmeobser-
vation dans le Myrica gale. La graine à l’état d’ovule, seroit-elle
pendante , et, plus développée, se soudroit-elle au fond'de la cavité,
comme il arrive dans le Castanea vesca? ou plutôt l’attache’infé-
rieure seroit-elle véritablement le hile, ainsi que le pensoit’feu
M. Richard, et la pointe dirigée vers le sommet du péricarpeindi-
queroit-elle la place du micropyle, comme je serois tenté de le croire
d’après l’importante découverte de M: Th. Smith et la belle série
d'observations de MM: R. Brown et Adolphe Brongniart ?
MyricA sPATHULATA. PI. O.
M. foliis spathulatis retusis integerrimis glabris, amentis imas-
culis sessilibus axillaribus solitariis, petiolis subbrevioribus,, fœ-
MN S vu ver
ARBRE OU ARBRISSEAU ? à fleurs monoïques. Rameaux glabres, lisses,
cylindriques. Boutons axillaires , sphériques, écailleux,
Feurzes alternes , pétiolées, spathulées, longues de, 1 pouce à
2 + pouces, larges de 5 à 10 lignes, coriaces, lustrées, très-entières,
glabres, parsemées de glandules globuleuses , résinifères ; sommet
arrondi , échancré ; base rétrécie en un pétiole longde 6 à:9 lignes ;,
côte proéminente ; nervures fines , divisées et subdivisées en veinules.
Crarons maLes sessiles , axillaires , solitaires, grêles, cylindriques,
dressés , continus , un peu plus courts que les pétioles. Bractées flo-
rifères réniformes , concaves, glanduleuses, ciliées , rétrécies posté-
rieurement en un support court, épais. Etamines au nombre de 4,
insérées au sommet du support sur la face interne de l’écaille. Filets
libres, capillaires, très-courts. Ænthères biloculaires, bilobées ; lobes
ovoïdes s’ouyrant en avant dans.leur longueur. Pollen trigone, ma-
melonné.
Fleurs femelles et.fruits inconnus.
Cette espèce a été trouvée à Madagascar par M. Pérodet..
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EXPLICATION DES PLANCHES.
PI. I. Sax corureLoïpes.
A. Rameau de grandeur-naturelle (r)..—B. Rleür-mâle isolée. :—-C: Étamine vue
par sa face postérieure: = D.Lamémervue rpar”sa face antérieure: --Æ. La
même dont les.loges sont-ouvertes. =—/F. Pollen vu au microscope.
PI. IL. ALnus cASTANEÆroLIA.
A. Rameau de grandeur naturelle. — B. Bourgeon folüfere de grandeur natu-
relle. — GC. Une bractée du chaton mâle, sur la face interne de laquelle
sont attachées trois fleurs.—D. Fleur mâle isolée. —E. La même : on a écarté
les lobes du périanthe pour faire voir l’attache des étamines. — F. Bractée
florifère du chaton mâle, de laquelle on a enlevé les fleurs, vue intérieure
ment.— G. Pollen vu au microscope.—H. Bractée florifere, sur laquelle sont
attachées deux fleurs femelles ; vue extérieurement.
PI. IIL Arvos ACUMINATA.
A. Rameau de grandeur naturelle — B. Bractée florifère du chaton femelle, vue
intérieurement. — C. La-même vuétextérieurement. — D. Bractée florifère
du chaton mâle , vue de face. — E. La même vue de profil. — F. Fleur mâle
isolée. — G. Autre fleur mâle : on a écarté les lobes du périanthe pour faire
voir le nombre et l'insertion des étamines. — H. Pollen vu au microscope.
PI. IV. Facus OBLIQUA.
A. Rameau de grandeur naturelle, n’offrant que des fleurs femelles. — B. Autre
rameau de grandeur naturelle, moins avancé, offrant des fleurs mâles. — C.
Feuille prise sur un rameau qui ne portoit point de fleurs, vue en dessous,
de grandeur naturelle. — D. Une fleur mâle vue de haut en bas. — E, Éta-
mine vue par sa face postérieure. —F, La même vue par sa face antérieure.
— G. La même vue par un de ses côtés. — H. Pollen vu au MICrosCope. —
T. Cupule contenant troïs fleurs. — K. Fleur femelle isolée vue par l’un de ses
oo
=
(1) Les figures qu’on n'indique pas comme étant de’grändéur nätuÿélle, ‘sont très-grossies.
476 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
côtés. — L. La même vue par l’une de ses faces. —M. La même coupée
transversalement. — N. La même coupée longitudinalement.
PI. V. Facus Domsevi.
A. Rameau de grandeur naturelle, portant des fleurs femelles de grandeur natu-
relle. — B. Portion d’un autre rameau qui ne portoit pas de fleurs, de gran-
deur naturelle. — C. Trois fleurs mâles fixées au sommet d’un pédoncule
commun.— D. Étamine vue par sa face postérieure. — E. La même vue par
sa face antérieure. —F. La même vue de côlé. —G. Cupule. —H. La même
dont on a écarté les lobes pour montrer les fleurs. — I. Fleur femelle isolée ,
vue par l’une de ses faces ; elle n’a que deux stigmates, deux marges et deux
loges par avortement. — K. Autre fleur coupée verticalement.
PI. VI. Facus BETULOÏDES.
A. Rameau de grandeur naturelle. — B. Portion supérieure d’un rameau dont on
a enlevé les feuilles inférieures pour faire voir la disposition des fleurs. —
C. Fleur mâle dont on a fendu le périanthe dans sa longueur. — D. Étamine
vue par sa face antérieure. —E. La même vue par sa face postérieure. —
F. La même vue par le côté. — G. Cupule contenant trois fleurs femelles.
— H. Une de ces fleurs idlées. — I. Une cupule dont on a enlevé les fleurs.
PI. VII Facus DUBIA4
Rameau de grandeur naturelle.
PI. VIIL. Myrica MACROPHYLLA.
A. Rameau de grandeur naturelle, — b. Un drupe de grandeur naturelle, avec
quatre bractées à la base. Je n’ai jamais vu que deux bractées, cependant un
observateur habile, qui a dessiné les figures b et B, croit en avoir aperçu
quatre. — B. Le même grossi. — C. Le même coupé horizontalement. —
D. Le même coupé verticalement. — E. Graine. — F. Une des écailles tuber-
culées dont est recouvert le péricarpe. — G. Panicule mâle de grandeur natu-
relle.—H. Une des ramifications de cette panicule, grossie.—I. Fleur mâle vue
de haut en bas. — K. La même vue par sa face antérieure. — L. La même
vue par sa face postérieure. — M. Bractée staminifere vue en dessous. — N.
N°’. 1 à 10, différentes formes de pollen.
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. - 1
PI. IX, N°. 1. Myrica,sPATHULATA.
À. Rameau de grandeur naturelle. — B. Fleur mâle. — C. Bractée staminifère.—
D. Pollen de formes diverses, vu au microscope.
N°. 2. Myrica GALE var.
A. Rameau de grandeur naturelle: — B. Fruit mûr, accompagné de sa bractée
antérieure et libre, et de ses deux bractées latérales, lesquelles sont soudées
au péricarpe. — C. Le même dont on a enlevé la bractée antérieure —
D. Le même coupé verticalement. — E. Graine. —F. Embryon.
L’échantillon qui m’a servi de modele a été recueilli en Portugal. Il appartient à
l’herbier de Vaillant. Les feuilles sont comme drapées par les poils entremé-
lés qui les recouvrent, : les stigmates sont parsemés de petits poils. Je n’ai pu
découvrir de poils sur les stigmates du Gale des environs de Paris, et ses
feuillés sont tres-peu velues. Néanmoins ces différences sont trop légères pour
que je me croie en droit de donner le Myrica de Portugal comme une espèce
distincte du Gale.
DAIURT LE AAA] 1 =
TABLE
DES MEMOIRES ET NOTICES
Contenus dans ce quatorzième Volume.
M. LE Bo, CUVIER.
Sur Le genre de Reptiles batraciens nommé Amraruma , et
sur une nouvelle espèce de ce genre ( AmPAIuMA rRIDAC-
| TYLUM). 1—14
Du Canard pie, à pieds demi palmés, de la Nouvelle-
Hollande. 345—347
M. LAUGIER.
Analyse de la variété en masse de l’Essonite de Ceylan.
336—339
Analyse des Indianites blanche et rose de Coromandel.
340—344
M. AUG. DE SAINT-HILAIRE.
Sur le système d'Agriculture adopté par les Brasiliens , et
les résultats qu'il a eus dans la province de Minas-
Geraes. 85—093
Mémoire sur le genre Tozzra. 9/4—99
Mémoire sur la série linéaire des plantes polypétales, et
en particulier de celles qui font partie de la flore
brasilienne. 120— 130
TABLE DES MÉMOIRES ET. NOTICES. 2
Enumeratio Plantarum quas in insulis Balearibus col-
legit J. CAmersseves, carumque ctrca mare Mediter-
raneum distributio geograpluca. 173—335
M. MIRBEL. ,
Acohewois sur la distribution VEN des 2 égétaux
phanérogames de. Ancien-Monde, depuis l'équateur
| jusqu'au pôle arctique ; suivies .de ladescription de
neuf espèces, de la famille des AmEnTacées. 349-474
M. RAFFÉNEAU DELILE.
Examen de la végétation de L'Isortes. nou el expost-
ton de ses caractères. . à 100—T19
M. RASPAIL.
Mémoire concernant l'ouverture. que, Grew a décrite le
premier sur le Test, des graines; suisi d’une notice
_ sur le genre PonTEDERIA: ad 131—171
M. P.JF. TURPIN!
Organog graphie végétale. des sur quelques végé-
taux microscopiques, et sur. le rôle important que
leurs analogues jouent. dans. la. formation et l'ac-
croissement du tissu cellulaire. 15—67
LL
Observations faites sur là Girafe envoyée au Rot par le
+ pacha d'Egypte, et sortie du\lasaret de Marseille
le 14 novembre 1836! : |: 68—84
INDICATION DES PLANCHES DU XIVe. VOLUME.
Pages.
PI. I, IL. Amphiuna means ei son anatomie. 14
IIL,IV, V. Organographie (microscopique) élémen-
taire et comparée des végétaux. \ 62
VI, VIT Zsoetes setacea. \ 114
VIIL, IX. Exemples de la prétendue perforation de
i l'Ovule et du Test de la graine. 170
X. Brassica balearica. 211
». » td Helianthemum serre. 217
XIT. Szlene disticha. 219
XII. Szlene rillosa. 221
XIV. Genista lucida. 232
XV. Lotus tetraphyllus. 241
XVI Helichrysum Lamarcki. 269
XVIT Helicrhysum Fontanesu. 270
XVIIL Drsandra africana. 201
XIX. Anas melanoleuca. 345
XX. Salix coluteoïdes. 462
XXI. Alnus castaneæfolia. 463
XXIL nus acuminate, 464
XXII Fagus obliqua. 465
XXIV. Fagus Domberyt. 467
XXV. Fagus betuloides. 469
XXVI... Fagus dubra. 471
XXVIL Myrica macrophylla., 1 31 472
XXVIIL Myrica spathulata. 474
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES ARTICLES.
Agriculture. Sur le système d’agricul-
ture adopté par les Brasiliens, et
sur ses résultats dans la province
de Minas-Geraes, 85 et suiv.
Alnus castaneæfolia et Alnus acumi-
_ nata. Description et figure de ces
deux espèces, 463.
Amentacées. Description de quelques
espèces nouvelles de cette famille,
462 et s.
ÆAmphiuma. Mémoire sur ce genre de
_ batraciens, et description anato-
mique de deux espèces, dont une
est nouvelle, 1 et s. — Ce reptile
n’est ni une sirene ni un proteus,
il. se rapproche de la salamandre
aquatique, 15.
nas melanoleuca, Lath. Voyez Ca-
nard pie.
Anatomie comparée.NVoyez Amphiuma.
Anatomie végétale. Voyez Carpologie,
Globuline, Organographie végé-
tale, Spongiole.
Animaux. qui semblent réunir les ca-
ractères de plusieurs familles. Voy.
Amphiuma.
Avortemens de la plupart des ovules
ee dans les végétaux, 30.
Baléares. Énumération des plantes qui
croissent‘dans cesîles, avec la'des-
cription et la figure de celles qui
sont nouvelles ou! peu: connues ;
Mém. du Muséum. 1. 14.
précédée d’une introduction sur
la géographie physique et la végé-
tation de cesîles, 1 et 2.
Batraciens. Noyez Amphiuma.
Brasiliens. Leur système d'agriculture.
Voyex Agriculture.
Brassica balearica, Pers: Description
et figure de cette plante, 2x1.
Canard pie, à pieds demi palmés, de Ja
Nouyelle-Hollande. Description et
figure de cet oiseau; 345.
Carpologie. Réfutation de l'opinion de
Grew, qui a le premier décrit une
ouverture sur lé test des graines,
131 et s, — Preuves que la pré-
tendue perforation desmembranés,
admise par plusieursphysiologistes,
est une illusion produite par des
cellules ou des globules transpa-
rens, et que lorsqu'il y à une ca-
vité, le test se montre au fond de
cette cavité, comme sur toute sa
surface, sans aucune solution de
continuité, 133'ets.—Examen ana-
tomique de plusieurs graines, de-
puis que les ovules sé montrent
avant la fécondation jusqu’à la ma-
turité, 134 et s.— Observations sur
l'origine et l’usage des cavités et des
- empreintes qu’on aperçoit à la sur-
. face des'ovules fécondés;/sur le sac
périspermatique qui sy insère, et
62
482
que les botanistes ont désigné sous
différensnoms ; enfin sur la nature
du périsperme dans les graines des
plantes des diverses familles, 141
et s. — Conclusion, 155.
Classification des végétaux. Voyez Po-
lrpétales.
Climats. De leur influence sur la végé-
tation. Voyez Hiver et Géographie
botanique.
Drsandra africana. Description et figure
de cette plante, 289.
Donax tenax où Carreigt. Observation
sur la végétation de cette graminée,
189.
Essonite de Ceylan. Analyse chimique
de la variété en masse de cette
pierre , 336.
Fagus obliqua, F. Dombeyi, F. Betu-
loides, et F. dubia. Description et
figure de ces quatre espèces, 471.
Flore des îles Baléares. Voy. Baléares.
Flore de diverses contrées. Voyez Géo-
graphie botanique.
Genista lucida. Description et figure de
cette plante, 231.
Géographie botanique. Recherches sur
la distribution géographique des
végétaux phanérogames dans l’An-
cien-Monde , depuis l'équateur jus-
qu’au pole arctique, 349 et suiv.—
Considérations générales sur la géo-
graphie botanique, sur les princi-
pes , les problèmes et les difficultés
de cette science, 350 et suiv. —
Division de l’ancien continent, de
l'équateur jusqu’au pole, en cinqré-
TABLE ALPHABÉTIQUE
gions ou zones, 363 et suiv. —T'a-
bleau comparatif de la végétation
des quatre zones septentrionales ,
366.—Description de la zone équa-
toriale, 367 ; —de la zone de tran-
sition tempérée, 372. — Tableau
dela distribution des plantesligneu-
ses dans les diverses contrées de la
partie occidentale de la zone tem-
pérée, 378.—Description des prin-
cipales contrées de l’ancien monde,
avec l'indication de végétaux qui
y croissent, 384 et suiv. — Remar-
ques sur la flore de l’Europe aus-
trale et de lorient, 428 et suiv. ;
— sur celle de l'Himalaya et du
Thibet, 431; — sur celle de la
Chine, 437 ; —sur celle du Japon,
442 et suiv. — Renseignemens sur
la puissance expansive des espèces
ligneuses des contrées boréales de
l’Ancien-Monde, contenant l’indi-
cation des divers lieux où chacune
d’elles se trouve, 446 et suiv. —
Géographie physique et botanique
des îles Baléares. Voyez Baléares.
Girafe. Observations sur la girafe qui
étoit à Marseille, et qui doit bientôt
arriver à Paris, 68 et suiv.
Globuline , le plus simple des végétaux:
c’est une vésicule uniloculaire , qui
se reproduit par d’autres vésicules
formees sur ses parois intérieures,
23 etsuiv. —Description des diver-
ses espèces du genre globuline, con-
fondues sous les noms de Lepra, de
Byssus, etc., qui se présententsous
toutes les couleurs, 24 et suiv. —
Commentla globuline se reproduit,
28.— Il faut distinguer deux degrés
DES ARTICLES.
ou deux espèces principales de glo-
buline, la globuline solitaire et la
globuline enchaïînée ; leur diffé-
rence, 34 et suiv. — Comment la
globuline s’alonge en tube, et pro-
duction des conferves, 36. —Avor-
tement de la plupart des petites
globulines qui doivent la propager,
38'et suiv. — Formation et accrois-
sement du tissu cellulaire 40. —
La globuline des diverses couleurs
est le principe de la coloration des
végétaux, 41: — Vésicules qui se
présentent quelquefois dans un état
de germination, 43. — Globuline
captive, 6, 50 et suiv. Conclusions
du mémoire, 48etsuiv.— Un grain
de globuline peut reproduire le
végétale dont il a été extrait, 58.
— Premier degré d'organisation vé-
gétal, genre globulina, 62.— Se-
cond degré, genre alyspheria , 63.
— Troisième degré, globuline cap-
tive, 64.
Graines, Voy. Carpologie.
Grew. Examen de l'impression qu’on
voit sur le test des graines, et que
Grew a cru être une ouverture,
13r et suiv. Voy. Carpologie.
Helianthemum serræ. Description et fi-
gure de cette plante, 216.
Helichrysum Lamarckiïet H. Fontane-
sii, Description et figure de cesdeux
plantes, 269, 270.
Heteranthera, genre voisin du Ponte-
deria. Voy. Pontédérées.
Hiver. De l'influence du froid hivernal
sur la végétation, 353. Voy. Géo-.
graphie botanique.
483
Indianites de‘Coromandel. Analyse chi-
mique deices minéraux, qui ont de
Vanalogie avec le feld+spath:, 340.
Isoetes setacea. Examen.de sa végéta-
tion et de ses caracteres, 100 et
suiy. ; doit être placé entre les
genres Lycopodium et Marsilea,
112; sa description, 117.
Lemna. Observation sur les radicelles
de ces plantes, 159! Voy. Spongiole
Lepra. Les lichens de ce genre ne sont
que des amas de globuline.\Voy.
ce mot. .
Linné. Lettre de Linné à abbé du Ver-
nols, 111 |
Lotus tetraphyllus. Description et figure
de cette plante, 240.
Lycopodes. De l'existence des organes
sexuels dans ces plantes et dans
d’autres cryptogames , et de leur
manière de fructifier, 112 et suiv.
Voy. Tsoetes.
Matière verte. Observations sur la na-
ture ‘et le développement de la
substance à laquelle ceux qui se
sont occupés de Physiologie végé-
tale ont donné ce nom, 31 ets.
Voyez Globuline.
Morica macrophylla et M. spathu-
lata. Description et figure de ces
deux espèces, 472. :
Organographie végétale. Observations
sur les végétaux microscopiques,
et sur le rôle qu’ils jouent dans la
formation et l’accroissemeut du
tissu cellulaire, 19 et s. — Con-
clusion du Mémoire, 48. Voyez
Globuline.
484
Oscillaire! pariétine. Observation ‘sùr
‘Je mode d’accroissement cp ce vé-
gétal, 10.
Ovules. Voyez Carpologie.
)
Périsperme. Voyez Carpologie.
Physiologie végétale. Voyez Carpolo-
gie; voyez aussi Isoetes lacustris.
Pollen. 1| se présente quelquefois des
vésicules , polliniques en état de
germination, 43. — Une, vésicule
| -pollinique peut se développer en
une véritable graine, 45. Voyez
Organographie végétale.
Polypétales. Sur la série lineaire des
plantes polypétales, et en particu-
lier de celles qui font partie de la
flore brasilienne, 120.et sui.
Pontédérées, caracteres de cette famille
et des deux genres dont elle se com-
pose, 169. Voy. Pontederia.
Pontederia. Notice sur ce genre de
plantes et sur les espèces dont il se
compose , 156. etsuiv. Examen du
systeme radiculaire des pontéde-
rées et de plusieurs plantes:aquati-
ques, 157 et suiv.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES.
Radicules. Systeme radiculairedes plan-
tes aquatiques. Voy. Spongiole.
Salix coluteoïdes. Description et figure
de cet arbre, 462.
Silene villosa, var. nana. Description
et figure de cette plante , 221.
Spongiole. Espèce de coiffe qu’on re-
marque à l'extrémité des radicules
de plusieurs plantes aquatiques, et
particulièrement des lemna et des
poniederia, et réfutation de l’o-
pinion des physiologistes qui la
considerent comme un.organe à
part, 157 et suiv.
Test des graines, Voy. Carpologie.
Tissu cellulaire. Se forme et s'accroît
par des aggrégations de globuline.
Voy. ce mot.
T'ozzia. Mémoire sur ce genre de plan-
tes, qui doit être placé dans les
scrophularinées, près des melampy-
rum, 44 et suiv.
Végéiaux microscopiques. Voy. Orga-
nographie végétale. Voy.aussi g/0-
buline.
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