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Full text of "Mémoires du Museum d'Histoire Naturelle"

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MÉMOIRES 
DU MUSEUM 
D'HISTOIRE NATURELLE, 


PAR 


LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. 


OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. 


DÉDIÉ AU ROI. 


TOME QUATORZIÈME. 


a Mém.Mus.E.N,.(Paris) bec ty 
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RUE DES MATHURINS S.-J, , HÔTEL DE CELUNY. 


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MÉMOIRES 
DU MUSEUM 
D'HISTOIRE NATURELLE, 
LES PROFESSEURS ee ÉTABLISSEMENT. 
dima ne-emdyuses 


DÉDIÉ AU RO. 


TOME QUATORZIÈME. 


À PARIS, 
CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, 


RUE DES MATHURINS S.-J. , HÔTEL DE CLUNY. 


1027. 


NOMS DES PROFESSEURS. 


(PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. ) 


Messieurs , 


PorTaL , 


. + «+ + + Anatomie de l’homme. 


De Jussieu . . . . Botanique à la campagne. 
DESFONTAINES. . . . Botanique au Muséum. 
De Lamarck. : . . Insectes, coquilles, madrépores, etc. 


GEosrroy-ST.-HiLAIRE . Zoologie. Mammiferes et oiseaux. 

CEVIER 000 Anatomie des animaux. 

LAUGIER : . . . . Chimie générale. 

ConDtEr +. . . . . Géologie, ou Histoire naturelle du globe. 
BRONGNIART . . ,. . Minéralogie. 

Bosc IE Et Culture et naturalisation des végétaux. 
Dumérirn + . . . . Zoologie. Reptiles et poissons. 


Derruze 


Secrétaire de la Société des Annales du Museum. 


{ 


MÉMOIRES 


DU MUSÉUM D'HISTOIRE. NATURELLE. 


SUR LE GENRE DE REPTILES BATRACIENS, 


s 


Nommé AmPHivm A, et sur une nouvelle espèce de 
. cegenre( AMPHIUMA TRIDACTYLUM ). 


(Mémoire lu à l’Académie des Sciences, le 13 novembre 1826.) 


| Par M. LE Bo, CUVIER. 


Lx naturalistes placent avec raison au nombre des objets les 
plus dignes de leur attention ces êtres qui semblent échapper à 
nos méthodes, et qui, réunissant les caractères de plusieurs fa- 
milles, n’appartiennent en quelque sorte à aucune; ils veulent 
les voir de plus près, et se montrent disposés à douter de 
l'existence de ces combinaisons insolites, tant qu’ils ne s’en 
sont pas convaincus par leurs propres yeux. C’est ainsi que 
jusqu’à ces derniers temps il s’est trouvé des écrivains qui 
ont soutenu que la sirène laceriine de Linnæus n’étoit pas 
un animal parfait, mais seulement la larve de quelque reptile 
- ‘batracien, plus ou moins semblable à une salamandre, et 
quelle devoit finir avec l’âge par perdre les branchies exté- 
rieures qui la caractérisent, et même par prendre des pieds 
de derrière comme les autres salamandres. On a même pré- 
tendu avoir observé cet animal dans l’état adulte; et un na- 
turaliste italien a écrit qu’on le voyoit au Muséum des chi- 
Mém. du Muséum. t. 14. I 


0) RePTILE BATRACIEN È 


rurgiens de Londres avec ses quatre pieds, et ne portant plus 
de branchies. 

Cette prétendue sirène adulte étoit connue depuis long- 
temps, et même celui qui a fait connoître la sirène ordinaire, 
le docteur Alexandre Grardèn, de Charlestown, l’avoit aussi 
observée, et l’avoit envoyée en 1771 à Linoæus, et en 17795 
à Ellis, sous le nom d’Æmphivma means; :mais Linnæus 
qui avoit fait paroitre la douzième édition de son Systema 
Naturæ en 1566, étant mort avant d’avoir pu en donner une 
treizième , ces documens étoient restés parmi ses papiers, 
et n’ont été connus que par l'édition que le chevalier James- 
Edouard Smith a donnée en 1821 de la correspondance du 
grand naturaliste suédois. 

Depuis lors les naturalistes des Etats-Unis se sont occupés 
avec intérêt de cet animal. Le docteur Milchill en a envoyé 
en 1822 une description à l’administration du Muséum d’His- 
toire naturelle. La même année il en a paru une dans le He- 
dical recorder du mois de juillet, où l'animal est nommé 
Chrysodonta Larræformuis. 

Il y a surtout deux articles du docteur Richard Harlan , 
qui en font connoître très-exactement les caractères exté- 
rieurs et la configuration: le premier dans le troisième vo- 
lume du Journal de l'Académie des sciences naturelles de 
Philadelphie, de mai 1823, avec une lithographie par M. Le- 
sueur ; le second dans les Annales du Lycée d'histoire natu- 
relle de New-Yorck, de juin 1825, avec une figure dessinée 
par M. Rembrandt Peale. 

M. Harlan ayant bien voulu me faire l’envoi d’un échan- 
tillon de son Ærnpluiuma, je me suis occupé d’en faire la- 
natomie, et surtout de comparer son ostéologie avec celle 


NOMMÉ AMPHIUMA. 3 
de la sirène : ce qui m'a donné de nouvelles preuves que ces 
deux animaux ne peuvent aucunement être des âges différens . 
l’un de l’autre. Sous cé rapport, les observations qui vont 
suivre peuvent déjà offrir quelque intérêt; mais j'ai eu tout 
récemment l'avantage de pouvoir en ajouter de semblables 
sur une autre espèce du même genre, beaucoup plus grande, 
et entièrement nouvelle, et distinguée à l’extérieur par le 
nombre de ses doigts, qui est de trois à tous les Piéds; tandis 
que l’Æmphiuma décrit par le docteur Harlan n’en a que 
deux. 

C’est une confirmation d’un fait qui résultoit déjà dle plu- 
sieurs autres observations, savoir, que les animaux, plus ou 
“moins rapprochés de la forme de nos salamandres et de nos 
proteus, sont beaucoup plus nombreux dans le nouveau 
continent que dans l’ancien. 

MM. Say, Harlan, Mitchill, Écone et d’autres encore, ont 
déjà donné, sur ces différens êtres, ds notes intéressantes, 
et qu'il seroit fort à désirer de voir réunir sous un point de 
vue comparatif. On doit surtout souhaiter de savoir si, effecti- 
vement, plusieurs de ceux qui ont des ouvertures sur les côtés 
du cou n’ont de branchies à aucun âge. M. Harlan l’assure 
de la salamandre des monts Alleganys, dont il a fait même, 

par cette raison, un genre, d’abord sous le nom d’Æbran- 
chus, et ensuite sous celui de Menopoma, tandis qu’il croit 
qu’une espèce très-voisine, le #tton lateralis de M. Say, 
conserve ses branchies pendant toute sa vie, et qu’il en fait 
en conséquence un genre quil nomme Wenobranchus. 
L'opinion de ce savant naturaliste est aussi que l’Ærphiuma 
n’a jamais de branchies. 
Ilest fort inutile de disputer sur les faits. Ainsi, tant que 


1” 


4 Reprire BATRAGIEN 


l’on ne pourra point produire les larves de ces animaux por- 
tant encore des houppes branchiales, il ne sera pas possible 
de soutenir qu'ils se conforment à la règle commune; mais 
j'avoue que toutes les vraisemblances me paroïssent cepen- 
dant favorables à cette opinion. Leur os hyoïde, la distribu- 
tion de leurs artères, tout en eux est semblable à ce qu'on 
voit dans les batraciens ordinaires; et l’on auroit même de 
la peine à expliquer l’existence de ce trou qu'ils ont aux 
côtés du cou, si l’on ne supposoit que c’est un reste de leur 
premier appareil respiratoire. 

Quoi qu'il en soit, nous allons décrire nos deux espèces 
d’Amphiuma , telles que nous les avons sous les yeux, lais- 
sant aux naturalistes qui pourront les observer dans leur 
pays natal à constater l'état dans lequel elles se montrent 
d’abord dans le monde. 


1°. AMPHIUMA MEANS. 


L'Amphiuma means, que l’on pourroit appeler aussi Æm- 
phiuma didacty lum , a le corps alongé et cylindrique, la tête 
déprimée et obtuse, la queue comprimée, pointue, tranchante 
en dessus sur les deux tiers de sa longueur , et arrondie en des- 
sous. Le diamètre de son tronc, versle milieu , est du vingtième 
de sa longueur totale; il s’'amincit un peu en arrière, et la 
queue devient de plus en plus mince jusque vers sa pointe. 
Elle prend plus du quart de la longueur totale; ou pour parler 
plus exactement , elle y est comprise trois fois et deux tiers. La 
tête est aussi large que le tronc, mais un peu moins haute; sa 
longueur est environ du treizième de celle de l’animal. La 
circonscription horizontale de son museau est à peu près pa- 
rabolique. La mâchoire supérieure avance plus que l’infé- 


NOMMÉ AMPHIUMA. 5 

rieure, et la dépasse aussi latéralement. La fente de sa bouche 
- prend à peu près moitié de la longueur de la tête. Les na- 
rines sont percées au bout du museau, et assez près l’une de 
Vautre. Les yeux sont aux côtés de la tête,.un peu plus en 
- avant que la commissure des lèvres, et placés de manière que 
ladistanced’un œil à la bouche est à peu près égale à la moitié 
de l'intervalle qui est entre les deux yeux. L’œil lui-même 
est rond, sans paupière, recouvert par la peau qui devient 
” seulemént transparente à cet endroit comme dans les an- 
guilles : le diamètre de l'œil est très-petit. Les lèvres sont 
minces et peu proéminentes. Il y a sous chaque lèvre une 
rangée de dents coniques, pointues, un peu arquées, ser- 
rées les unes contre les autres. J’en ai compté vingt.de chaque 
côté à la mâchoire supérieure, et seize à l’inférieure. 11 y a 
de plus au palais des dents semblables, mais plus petites, 
rangées sur deux lignes, une de chaque côté, et qui se ren- 
‘eontrent en avant en angle aigu; chacune de ces rangées pa- 
latines en a quatorze ou quinze. On voit l’orifice interne de 
“a narine de chaque côté entre la rangée des dents maxillaires 
et celle des dents palatines du même côté, vers leur partie 
postérieure : ces orifices sont de simples trous dont le bord 
inférieur est membraneux , et pourroit faire fonction de val- 
vule, pour empêcher l'air ou l’eau de remonter de la bouche 
vers la narine. C’est à peine si l'on peut dire qu’il y a une 
langue : un léger bourrelet de la membrane qui tapisse la partie 
inférieure de la bouche en marque seul les contours qui 
représentent un triangle un peü moins large que la mâchoire, 
mais de même forme. On aperçoit dans le fond de la bouche, 
sur la base de cette légère proéminence triangulaire , un très- 
petit trou entouré de lèvres à peine visibles, et qui est la 


6 Reprire BATRACGIEN 


glotte de l'animal. Il ne se montre aucune trace d’oreille 
externe, mais de chaque côté de l'arrière-tête, à la hau- 
teur de la bouche, et à une distance de la commissure égale 
à la longueur de la bouche elle-même, se voit l’évent, où 
ce trou percé au cou dont nous avons déjà parlé. Il: est 
ovale et un peu oblique, son extrémité supérieure étant 
un peu plus en arrière que l’inférieure. Son plus grand dia- 
mètre ne fait pas le quart de la longueur de la bouche: outre 
les lèvres externes que lui forme la peau de ses bords, il a 
deux petits replis ou lèvres internes, minces, membraneuses 
et mobiles. Il n'y a d’ouvert qu’un seul orifice, quoique les 
branches de l’hyoïde, comme nous le verrons, soient au 
nombre de quatre, et que l'on puisse soupçonner que dans 
l'état de larve, s’il a existé, elles interceptoient trois ouver- 
tures. Un peu plus en arrière et un peu plus bas que cet ori- 
fice se montre le pied de devant, qui a l'air d’un petit ten- 
tacule plutôt que d’un pied. Sa longueur n’est pas du quart 
du diamètre du tronc à cet endroit, et sa grosseur ne fait que 
le sixième de sa longueur. On y distingue cependant un coude 
et deux petits doigts, dont l’externe est un peu plus grand 
que l’autre: ces doigts n’ont pas d'ongles. Tout le long des 
côtés du corps on voit des plis transversaux, jusqu'aux pieds 
de derrière qui s’attachent à la base de la queue, fort loin par 
conséquent de ceux de devant, et qui les surpassent à peine 
en grosseur ; ils n’ont aussi que deux doigts semblables à ceux 
de devant. l'anus est une fente longitudinale placée un peu 
plus en arrière que cette seconde paire de pieds. Tout cet 
animal est couvert d’une peau molle, lisse, mate, et qui ne 
montre d’autres inégalités que les plis des côtés, et quelques 
grains très-fins dispersés sur la tête. Sa couleur est un gris 


NOMMÉ AMPHIUMA. 7 
noirâtre en dessus et un gris plus pâle en dessous, sans taches 
niraies d’autres couleurs. 

* L'individu que nous venons de décrire est long de qua- 
torze pouces et demi; mais il y en a de plus grands, et 
M. Harlan en a vu de deux pieds deux pouces anglaïs. Il en 
a aussi observé un qui n’étoit long que de trois pouces, et 
qui néanmoins ne montroit aucune apparence de branchies. 

Cet animal habite dans les étangs des environs de la Nou- 
velle-Orléans, de la Floride, de la Géorgie et de la Caroline 
du sud. On le trouve quelquefois enfoncé à deux et trois pieds 
dans la vase la plus épaisse où il se cache comme un ver de 
terre : c'est à ce qu’il paroît ce qui lui arrive surtout pendant 
l'hiver. On en a trouvé ainsi un grand nombre en creusant un 
fossé auprès de Pensacola. Il peut vivre oo quel- 
que temps sur la terre : et un individu qui s’étoit échappé 
du vase où on le tenoit, fut retrouvé quelques jours après 
bien portant et plein de vie. On pourroit dire, comme on 
voit, que c’est en quelque sôrte plus qu'un amphibie, 
puisqu'il peut vivre dans l’air, dans l’eau et- sous la terre; 
et toutefois ce n’est probablement que par le moyen de 
l'air qu'il respire, car il n’a d’autres organes de respiration 
que des poumons. ï 

Les nègres de ces.pays l'appellent, on ne sait pourquoi, 
Serpent du Congo; et ils l’ont en horreur, prétendant, mais 
a qu’il est très-venimeux. 


< Que An TRIDACTYLUM. 


Cette “ue de l’Æmphiuma à deux doigts convient 
presque en toutes choses à l'espèce à trois doigts. Sa forme 
générale est la même; son diamètre est vingt fois dans sa 


8 REPTILE BATRACIEN 

longueur; la longueur de sa tête y est près de quatorze fois; 
sa queue en fait exactement le quart. Elle a des plis sem- 
blables sur les côtés; sa couleur est la même. En un mot, il 
faut, pour la distinguer, regarder de près à ses extrémités. 
On voit'alors que ses mains et ses pieds sont divisés chacun 
en trois doigts parfaitement distincts : c’est vraiment son seul 
caractère extérieur bien sensible. 

Cette espèce habite les mêmes pays que l’autre. Nos in- 
dividus ont été rapportés de la Nouvelle-Orléans par M. Täin- 
turier Desessarts, habitant de cette colonie, qui a offert au 
Cabinet du Roi une collection intéressante de productions 
naturelles rassemblées dans les divers cantons de la Louisiane. 

30. OSERTATIONS ANATOMIQUES. 


# 

Ces descriptions extérieures prouveroient déjà suffisamment 
que ni l’un ni l’autre Ærnphiuma ne peut être l’adulte de là 
sirène. Une sirène de près de trois pieds de long ne montre 
aucun vestige d’extrémité postérieure; ses pieds de devant, 
les seuls qu’elle ait, se divisent en quatre doigts; ses lèvres 
sont armées chacune d’un demi-cercle de substance de 
corne; elle n’a aucunes dents maxillaires, et ses dents pala- 
tines sont disposées en quinconce sur de larges plaques. Sa 
grosseur proportionnelle est beaucoup plus considérable; en 
un mot, il est impossible que deux animaux de même classe 
soient plus différens. 

Ces différences se soutiennent à l’examen des parties inté- 
rieures. 

La sirène a quatre-vingt-six vertèbres; l’amphiuma tri- 
dactyle en a quatre-vingt-dix-neuf, et le didactyle cent douze. 

La sirène a sept paires de côtes incomplètes, mais cepen- 


NOMMÉ AMPHIUMA. hi: 
dant, très-marquées, attachées à de courtes apophyÿses trans- 
verses. Les amphiumes les ont bien au nombre de cinqou six 
paires, mais réduites à de petits vestiges à peine reconnais- 
sables, attachés à des apophyses transverses plus longues: ces 
vestiges de .côtes ont échappé à M: Harlan:: Sur le reste 
de l’épine les apophyses-transverses de lamphiume ne sont 
pas dilatées autant que celles de la sirène; ses apophyses ou 
plutôt. ses crètes épineuses ne sont pas coupées oblique- 
ment en arrière comme dans la sirène; au contraire elles sont 
inclinées dans ce sens. Ses vertèbres ont en dessous, vers la 


partie antérieure, deux petites crètes dont la sirène n’offre 
aucune trace. 


} 


Le membre antérieur, quoique beaucoup moins développé, 
offre à peu près les mêmes parties que dans la sirène: une omo- 
plate grêle, un coracoïdien élargi en demi-cercle, enchässé 
dans une large lame cartilagineuse impaire qui tient lieu de 
sternum et préserve l’appareil de la circulation. 

C’est sartout par la tête que ces deux reptiles diffèrent : celle 
del’amphiumenese rapproche pasmême autant qu’on auroit pû 
le croire de celle du proteus, et c’est avec la salamandre aqua- 
tique qu’elle a l’analogie la plus marquée. Elle est oblongue; le 
crâne.est excavé en dessus par des fosses temporales très-rap- 
prochées, et qui ne laissent entre elles qu’une crète sagittale 
aigué. Le museau est formé, comme dans la salamandre, par un 
osintermaxillaire impair portant dix dents, et dont l'apophyse 
montante placée entre les deux narines va s’articuler avec le 
frontal. Aux côtés de cette apophyse sont les üs propres du 
nez qui recouvrent une partie des orifices extérieurs des na- 
rines : c’est ce qui n’a lieu ni dans le proteus ni dansla sirène. 


Les maxillaires forment, sur un espace considérable, les côtés 


Mém. du Muséum. t. 14. 2 


10 REPTILE BATRACIEN 

de la mâchoire supérieure; leur partie postérieure se porte 
sous l'orbite, et borne en dessous et en avant la fosse tem- 

porale. Ils ont chacun trente dents dans lamphiume à trois. 
doigts, et quinze ou seize seulement dans le didactyle. Je n'a- 

perçois ni frontal antérieur ni postérieur, l'orbite n’a même 

point d’apophyses en arrière; la crète temporale se réuuit 

à sa correspondante sur les frontaux par un angle aigu, pour 

former ensuite la crète sagittale. La suture coronale, placée 

derrière ces crètes temporales, est aussi en angle aigu. 

On voit distinctement que l’occipital n’est composé que de 
deux pièces comme dans toute la famille des salamandres: 
En dessous il n’y a, comme dans toute cette famille, qu’un 
seul os plat pour tenir lieu du basilaire et des corps des deux 
sphénoiïdes. Aux côtés de sa partie antérieure sont attachés 
longitudinalement les deux os qui portent les dents pala- 
tines, et que l’on a appelé tantôt palatins tantôt vomers. 

Entre les frontaux et ce grand sphénoïde est lemème os que 
dans la sirène et les salamandres, c’est-à-dire, l’analogue de 
l'aile orbitaire suivi d’un espace membraneux. C’est aussi abso- 
lument comme dans les salamandres, et spécialement comme 
dans l’aquatique qu’est constituée la région temporale et auri- 
culaire: on y voit une petite lame qui fait fonction de ptérygoiï- 
dien; un os intermédiaire auquel est suspendue la mâchoire 
inférieure, et qui, selon ma manière de voir, répond au ju- 
gal(x); et uu os postérieur qui prend part aussi à l'articulation 
de la mâchoire inférieure, et qui est, selon moi, le tympanal. 

La fenêtre du labyrinthe est cachée en partie par l’os que 


(t) Voyez à ce vujet l’Ostéologie des batraciens dans le cinquième volume de mes 
Recherches sur les os fossiles. 


NOMMÉ ÂMPHIUMA. k it 
je nommie jugal; elle’est grande et fermée, comme danslles 
genres dont jelviens de parler, par une plaque rondeiqui est 
Vétrier, et qui n’a qu'un petit manche très-court, où plutôt 
une légère tubérosité. Cette plaque est entièrement recou- 
verte par les chairs et par la peau, et il n’existe ni <a Sr i 
ni-trompe d’Eustache.. | 

: L’os hyoïde ne ressemble entièrement à aucun de ceux 
des genres voisins. Toute la partie linguale se réduit à une 
Jame cartilagineuse mince. Ses branches suspensoires sont 
au contraire très-ossifiées; formées chacune d’une pièce ar- 
quée et creusée à son bord supériear d’un sillon profond. 
Entre elles et plus en arrière est une pièce impaire, osseuse, 
comprimée, plus grosse à son extrémité postérieure, qui est 
le corps de l'hyoïde, et qui porte en arrière deux branches 
osseuses, épaisses, arquées, qui ont leur moitié postérieure 
arquée en sens contraire. 

C’est à l'angle que forment ces deux portions de la bran- 
che postérieure que se suspendent de chaque côté trois petits 
arceaux cartilagineux, en sorte que qui ne verroit que le 
squelette croiroit qu’il doit y avoir eu trois orifices de chaque 
côté du cou; mais le fait est que deux des interstices sont 
fermés par la membrane intérieure de la gorge et par la peau, 
et que le dernier, celui qui est le plus en arrière et entre les 
deux ‘derniers arceaux, est seul ouvert. Il restera à savoir si 
c'est toujours là l'état de l’animal, ou si, dans sa première 
jeunesse, il n’avoit pas trois orifices et trois houpes bran- 
chiales attachées à ces arceaux cartilagineux comme la sirène, 
le protée et les jeunes salamandres aquatiques. 

Je dirai encore une fois que je suis disposé à le croire, et 
l'examen des parties molles me confirme dans cette idée, 


a * 


———————— 


‘EXPLICATION DES PLANCHES. 
PLANCHE L 


ic. 1. L’Amphiuma means vu par le dos. — Fic. 2. Le même vu de côté. — 
Fic. 3. Sa tête et ses pieds de devant vus par dessous. — Fic. 4. L’Æmphiuma 
tridactylum vu par dessus.— Fic. 5. Sa partie antérieure, et, Fic. 6, la pos- 
térieure vues par le côté. , . 


PLANCHE Il. 


Fic. 1. L’Amphiuma means ouvert par le ventre et montrant tous les viscéres en 

situation. a L’estomac. D Le canal intestinal. c Le foie. d La rate. ee Lesreins. 

f La vessie. gg Les organes de la génération. kk! Les poumons. : Le cœur dans 
son péricarde, 7 2! Les branches de l’aorte. À Faisceaux musculaires dont les 
intersections, tres-prononcées déterminent les plis transversaux que l’on ré- 
marque sur les parties latérales de l'animal. 

Fic. 2. Les viscères enlevés et étendus pour en montrer mieux les rapports et pour 
faire voir les principaux vaisseaux. a L’estomac ouvert, montrant les sillons 
longitudinaux de la menbrane muqueuse, qui se continuent en se rapelissant 
dans les intestins grèles. b' Gros intestins tout-à-fait lisses à l’extérieur, 0" Rec- 
tum ouvert, montrant l'embouchure de la vessie et celle des organes de Ja 
génération. c Le foie, jeté de côté pour montrer la veine porte c'et la vésicule 
bihaire 72. À Poumon droit, de deux pouces plus long que le poumon 
gauche h': n Aorte descendante , formée par la réunion des deux branches 1}, 
qui en sortant du cœur se rendent aux arceaux cartilagineux qui constituent 
le rudiment des branchies,. 

Fig. 3. Crâne de l'Amphiuma means vu de côté. 

Fic. 4. Le même vu par la face supérieure. 

Fic. 5. Le même vu par la face inférieure. 

Fic. 6. Crâne de l’Amphiuma tridactylum vu de côté. 

Fic. 7. Le même vu par la face supérieure. 

Fic. 8. Le même vu par la face inférieure. | « 

IV. B. Dans ces figures, le crâne de l’Amphiuma trydactylum manque des ailes ptérygoï- 
diennes qui devroient être en’ a , Elles ont été détruites par les fractures que le crâne avoit éprouvées. 

Fic. 9. L’os hyoïde de l’'Amphiuma tridactylum vu de côté. 

Pre. 10, Le même vu en dessous. : | 

Fic. 11. Troisième vertebre de l’'Amphiuma tridactylum, portant un rudiment de 
côte, vue obliquemnnt par le côté droit. 

Fic. 12. Vingt-septieme vertebre vue de même. 

Fic. 13. Une des premieres vertebres caudales vue de même. 

Fi. 14. Bouche de l’'Amphiuma tridactylum ouyerte, montrant toutes les dents 
maxillaires, les palatines à a, les ouvertures des arrières-narines b b, le rudi- 
ment de la langue c , et les plis de la peau dd, qui tiennent lieu de lèvres. 

IG. 15. Parties solides des extrémités antérieures de l’'Amphiuma means vues en 
dessous. 

Fic. 16. Les mêmes vues de côté. 

Dans ces deux figures à est l’omoplate, b les plaques sternales cartilagineuses 
formées probablement des 05 coracoïdiens, c L’humérus, suivi du cubitus et 
du radius, qui portent un carpe cartilagineux et trois os métacarpiens et 
phalangiens osseux: 

Fic. 17. Parties solides des extrémités postérieures vues en dessous. 

Fié. 18. Les mêmes vues de côté. Dans ces deux figures à est l’iléon,  l'ischion, 
c le pubis cartilagineux, d le fémur, suivi d’uu tibia et d’un péroné osseux, 
d’un farse cartilagineux, et de trois os métalarsiens ét phalangiens osseux. 


w'f 


Sunilland del 


FH Sté) ét CHARTE ré 


Werner Liho. 


2 Langluime | 


Lurillard deb. 


Werner. “io. 


NAFIRERE HJLHGOUADAL? 


pk |ORGANOGRAPHIE 


j 


1 VÉGÉTALE. 

Observations sur quelques végétaux miCrOSCOpIqUES ; et 
sur. Le rôle important que leurs analogues jouent dans 
la formation et l'accroissement du tissu cellulaire. 


1 (Lues à l'Académie des Sciences de l’Institut, en sa séance du 12 Des 1826.) 


Par P.-I.-F. TURPIN, 


Membre des Sociétés Philomatique et d’Histoire naturelle de Paris ; de l’Académie des Sciences, 
Arts et Belles-Lettres de Caen; de la Société Linnéenne du Calvados: 


(La variété dans l’unité. ) 


LEIBNITZ. 


Canet de la direction de la partie Iconographique du Dic- 
tionnaire des sciences naturelles, mais plus spécialement de 
la représentation du règne végétal, j'ai fait tous mes efforts 
pour donner à l'exécution des Ro qui se rapportent à cette 
première série des êtres organisés, l'étendue etla perfection que 
me permettoient le plan de l’ouvrage et mes foibles moyens. 

Mon but étant d'offrir au public, et de fixer, dans l'intérêt 
de la science, cette gradation insensible qui nous conduit, 
sans la moindre interruption, du plus simple au plus com- 
posé, je m’étois souvent demandé ce que pouvoit être le vé- 
gétal le plus simple dans son organisation ; celui qui devoit 
être, considéré comme le Ar de départ, ou, en d’autres 


16 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


termes, celui qui formoit le premier degré iszble de l'échelle 
végétale (1). 

Lorsque dans un tableau Iconographique j'ai tracé une 
nouvelle théorie élémentaire sur la formation et l’accroisse- 
ment des masses tissulaires des végétaux, je ne connoissois 
rien alors de plus simple dans la nature que les Monilia , 
dont les espèces, comme on le sait, se composent d'indi- 
vidus qui, pour toute organisation, offrent un petit nombre 
de vésicules, nées successivement les unes au bout des 
autres. Je m'en étois servi provisoirement comme de mon 
point de départ. 

Mais ayant fortement soupçonné l'existence de végétaux 
univésiculaires, ou, pour parler autrement, de végétaux 
n'ayant pour toute composition qu'une seule vésicule (2), 


(1) Il existe réellement des rapports de gradation insensible entre tous les êtres 
organisés; tous sont imperceptiblement liés, et semblent découler les uns des 
autres, des plus simples aux plus composés. Ces rapports ayant lieu dans plusieurs 
sens à la fois, il en résulte l'impossibilité absolue d’enchaîner naturellement les 
êtres bout à bout , et d’en former une échelle de continuité, sans apporter dans 
un tel ordre une foule de perturbations : l'annonce d’une méthode ou d’une classifi- 
cation naturelle placée en tête d’un livre dans lequel nécessairement tous les!feuil- 
lets doivent suivre, est toujours un titre imposteur. 

Mais si, en supposant arbitrairement le nombre total des êtres vivans de cent, 
et qu'avec vingt de ces êtres, bien choisis et convenablement étudiés, on compose 
une échelle de gradation , ce qui est rigoureusement possible ; avec la connoissance 
de cette échelle, on pourra toujours se rendre: compte à priori des quatre-vingts 
autres. À 

(2) J'entends par une seule vésicule l’analogue de celle que l’on isoleroit dune 
masse de tissu cellulaire, masse, qui elle-même, est déjà le composé d’une grande 
quantité de plus petites vésicules. 

Dans l'origine, les vésicules sont remplies d’un fluide gommeux, véritable cam- 
bium destiné à former, ou à nourrir simplement dans la suite , d’autres vésicules. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 17 
je :m'arrètai à cette hypothèse; et en attendant que j'eusse 
découvert ce végétal de la plus grande simplicité, je le figurai 
en tête de la première ligne de mon tableau explicatif, et je 
le considérai, dès lors, comme l'être élémentaire relatif , 
autour duquel, au moyen d’additions progressives d’êtres 
semblables, toutes les modifications individuelles, du plus 
simple au plus composé, devoient avoir lieu. 

Avant d’aller plus loin , je sens le besoin de faire connoître 
ici toute ma pensée sur ce que j'entends par cette loi de sura- 
ioutement dont j'ai déjà parlé dans mon Iconographie élé- 
mentaire des végétaux, et dans quelques autres ouvrages. 

Je commence par avertir qu’il me semble impossible que 
jamais un être organisé, ayant eu son centre vital d’organi- 
sation, s'unisse à un autre ou à plusieurs autres semblables, 
pour former un être plus compliqué, à moins que la chose 
n'ait lieu au moyen de la greffe par approche; ce qui, dans 
ce cas, ne constitue pas un être normal, mais bien un monstre 
par excès. : 

- Chaque espèce d’êtres, tels que nous les observons au mo- 
ment actuel, vit pour son propre compte ; se perpétue, décrit 
“son cercle, et meurt en faisant place à la nouvelle génération 
qui lui succède. Ces êtres microscopiques LUE dit-on, jouis- 
sent des facultés attachées à la vie animale, c’est-à-dire, du 
mouvement et de la locomotion tant qu “ls restent à Pétat 
d'isolement et seulement de la vie végétative ou inerte, dès 
qu'on croit les voir s’agréger ou se souder les uns aux autres, 
me semblent devenir le sujet d’une théorie fantastique née de 
amour du merveilleux, et appuyée uniquement sur des 
observations superficielles et peu suivies. 
Mém. du Muséum. 1. 14. 3 


18 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


Je n’ai rien vu qui püt confirmer cette théorie dans toutes 
les recherches microscopiques que j'ai eu occasion de faire 
jusqu'à présent. Je crois être assez avancé pour ae 
ASSET TUMpONPRRRS de sa réalité. 

J'ai vu, au contraire, à ma grande satisfaction , que les 
êtres du monde microscopique ne se comportent pas au- 
trement que ceux du monde visible à l’œil nu, dont ils ne 
sont, en effet, que la continuité naturelle; qu’ils sont assu- 
jétis aux mèmes lois, et que parmi ceux chez lesquels on 
peut reconnoître des signes non équivoqués d’animalité (1), 
quelques uns indiquent l’origme de plusieurs embranche- 
mens d'animaux invertébrés connus dans lé monde visible. 

Je ne puis en dire autant de ceux dans lesquels la végéta- 
bilité est déjà manifeste. Là on ne trouve que des structures 
très-simples, très-graduées, et que l’on ne peut comparer 
qu’à des vésicules ou à des séries de vésicules isolées de la 
masse tissulaire de végétaux d’un ordre plus élevé. 

Quoique je n’aie rien vu de semblable, il est cependant 


(t) Quoique les plus forts grossissemens de nos microscopes soient loin d'atteindre 
les dernieres limites du monde organisé, ils nous conduisent cependant jusqu’à ce 
point où les embranchemens végétaux et animaux tirent leur origine, et où 
enfin tous les caracteres différentiels de ces deux classes d'êtres viennent s’éva- 
nouir etse confondre. 

Aussi est-ce sur ce point de jonction ou d’origine des embranchemens végétaux 
et animaux , que les botanistes d’une part, les zoologistes de l’autre , semblables 
aux Conquérans qui se baltent sur leurs frontieres respectives, se disputent et 
s'arrachent tour à tour ces malheureux êtres végéto-animaux; tels, par exemple, 
que les oscillaires , parmi lesquelles ce dernier caractere qui nous reste, le mouve- 
ment, vient s’éteindre. Les oscillaires, qui ne se forment point par des globules 
Jjuxtaposés, comme on l’a avancé, se lient naturellement aux végétaux par les 
conferves, et peut-être aux animaux par les éponges. 


 Onganocrarmie Végéraur, 19 
possible que certains animalcules se recherchent, à une 
époque de leur vie; pour satisfaire à des besoins, soit d’as- 
sociation, soit de reproduction, et que dans ce cas ils s’ajus- 
tent, selon les espèces, tantôt bout à bout, tantôt côte à 
côte, et d’autre fois dans tous les sens, de manière à former 
des sortes de filamens simples ou rameux , des lames ou bien 
des masses. Mais dans la supposition que de telles agréga- 
gations aient lieu, toujours sera-t-il vrai qu’elles ne cesseront 
pas d’être animales et qu’elles n’offriront réellement que 
des simulacres de végétaux. 

Au nombre de ces êtres supposés, qui se composent de plu- 
sieurs autres êtres juxtaposés, se trouve l’oscillaire pariétine, 
et conséquemment toutes les espèces du mêine genre. Cette 
oscillaire étant très-commune-je m’en suis servi,pour m'as 
surer si, Véritablement, elle se formoit, comme on le dit, 
par agrégation, ou bien si, en restant assujétie à la loi com- 
mune d’accroissement de tous les êtres organisés, elle gran- 
dissoit progressivement de la base au sommet. Ce point d’or- 
ganisation m’ayant paru très-important à vérifier, je ra- 
massai au bas des murs cette production encore à son état 
de globules, et l'ayant ensuite mise dans l’eau je l’observai 
très-péniblement au microscope pendant plus de trois se- 
maines. Après avoir été témoin du mode d’alongement des 
filamens, je suis resté convaincu que l’on s’étoit trompé. 
Que penser du reste si ce cas, et plusieurs autres sembla- 
ble dont je ne puis parler ici, sont inexacts (1)? 


0) Depuis la Ha de ce Ménome j'ai eu occasion de m’assurer que les 
filamens muqueux, simples où rameux, dont se compose le Girodella. comoides 
(Gaillon) , Conferva comoïdes ( Dillw. ),nese ha point par la juxtaposition 


3* 


20 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 

Chaque espèce d’être organisé, soit végétale, soit animale, 
reste au point que la loi de gradation lui a assigné; on ne la 
voit jamais passer d’un règne dans l’autre seulement, comme 
type normal, elle peut, de sa place, produire quelques-uns 
de ces écarts que nous nommons des monstres; sortes d’é- 
tres de peu de durée, et qui s’éteignent toujours sur le type 
d’où ils se sont momentanément éloignés (1). 

Mais ce qui n'est bien prouvé, c’est que, sans que les 
espèces les plus simples aient besoin de s'unir, et de se sou- 
der à d’autres pour former des espèces plus composées, on 
ne peut s'empêcher de voir dans celles-ci des sortes d’agré- 
gations des premières. En effet, si par la pensée on décompose 
l’un des végétaux les plus compliqués, ou plutôt si, à l’aide 
de végétaux très-simples, on compose celui-ci, il est de toute 
évidence, qu'il en résultera des formes générales très-diffé- 
rentes. Si, par exemple, on prend pour premier type le vé- 
gétal univésiculaire qui fait le principal sujet de ce Mémoire; 
qu’ensuite on y ajoute bout à bout quelques nouvelles vési- 
cules, on aura cet autre type auquel on a donné le nom de 
Mornilia; si lon continue d’ajouter d’autres vésicules on 
obtiendra une conferve à filamens simples, c’est-à-dire , une 


de navicules venues du dehors: ces filamens croissent de la base au sommet de la 
même manière que les autres végétaux confervoides. Quand on observe cette pro- 
duction marme dans tous ses états, on voit qu’elle commence par ne présenter que 
du tissu muqueux dans l'épaisseur duquel il se développe ensuite, peu à peu, des 
corps naviculaires. Je ferai connoître, dans un Mémoire particulier, la structuré 
de cette singuliere production. 

(x) Ces écarts, ces monstres, ces modifications, échappés par rayonnement d’un 
type normal, disparoissent presque toujours à la premiere génération, si on ne 
les maintient par des moyens artificiels, comme Ja greffe pour les végétaux. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 21 
conferve composée d’une seule série de vésicules; si'sur le 
sommet latéral de quelques unes des vésicules de celle-ci on 
ajoute encore d’autres séries de vésicules, on formera une 
conferve rameuse (1). 

En soudant côte à côte plusieurs conferves simples ou uni- 
sériales, un tel assemblage produira la composition laminaire, 
et l’on aura réellement l’organisation d’une Uya. 

Si enfin on applique un certain nombre de ces lames les 
unes sur les autres, on arrivera à cette masse de tissu cel- 
lulaire (2) à l’aide de laquelle la nature modèle à son gré les 
formes des autres végétaux. 

 Gette loi de surajoutement dont je viens La faire Pappli- 
cation à Fa formation du tissu cellulaire peut également se 
rapporter à à toutes les parties constitutives du végétal, soit à 
l’état normal, soit à l’état de monstruosité. 

Offrons quelques exemples. 

La feuille réduite à sa partie essentielle est une écaille; en 
ajoutant à cette écaille elle devient un pétiole; en élargissant 
celui-ci on forme une lame; en découpant cette lame on fait 
une feuille lobée; en articulant et en multipliant plus ou 
moins ces lobes, on obtient enfin le dernier degré de déve- 
loppement de cet organe, c'est-à-dire, une feuille plus ou 
moins foliolée, plus ou moins composée. 


(1) Ce degré de l’organisation végétale marque l’origine des nœuds vitaux et de 
toute espèce de ramification dans les végétaux. 

(2) Ce tissu n’étant réellement qu’un amas de vésicules nées les unes à côté des 
autres par l'accouchement de vésicules plus anciennes qui ont été leurs mères, la 
dénomination de cellulaire doit être changée en celle de vésiculaire, qui exprime 
exactement ce qui est: C’est ce que M. Link a parfaitement senti. 


22 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


Il en est encore de même pour la complication du péri- 
carpe. Deux péricarpes simples, unifoliés (1), uniloculaires 
comme celui du haricot, soudés par le côté qui donne nais- 
sance aux graines, produisent le péricarpe biloculaire d’une 
gentiane; trois réunis de la sorte, celui du colchique; quatre, 
celui du T'eéragastris ; cinq, celui de la fraxinelle; et enfin 
un plus grand nombre, ceux de l'Aura crepitans , et d’une 
renoncule. 

Ne perdons pas de vue que par surajoutement j'entends tou- 
jours une augmentation progressive du nombre des parties du 
centre vers la circonférence , et jamais par juxtaposition (2). 


(1) Tout péricarpe est le produit d’une ou de plusieurs feuilles qui restent sou- 
dées de maniere à former toutes les modifications ou complications que cet organe 
présente. Une feuille roulée en cornet sur sa page supérieure , et dont les deux 
bords , en restant soudés , rentrent plus ou moins vers l’intérieur, offre le péricarpe 
irrégulier et uniloculaire des légumineuses, ceux de la prune, de la pêche : cela 
explique en même temps le sillon latéral de ces derniers. 

De cette modification simple du péricarpe, on arrive successivement à celui de 
l'Hura crepitans , qui présente de quinze à vingt loges, en opposant deux, trois, 
quatre, cinq, six, el enfin jusqu’à vingt feuilles ovariennes. : 

Un grand nombre de ces feuilles rangées alternativement et en spirale autour 
d’un axe, toujours roulées et soudées par leurs bords, de l’extérieur à l’intérieur, 
constituent les péricarpes des vraïes-renoncules, des magnoliers , etc. 

La pomme, la gnyave, la grenade, offrent une plus grande complication ; in- 
dépendamment de la soudure des feuilles ovariennes, celles-ci sont encore soudées 
par leur surface extérieure avec les autres organes de la fleur ; organes libres, seu- 
lement , au sommet de ces péricarpes , où ils forment une sorte de petite couronne. 

Deux feuilles ovariennes, planes ou pliées, opposées, appliquées sur les deux 
faces d’un axe central , stigmalifere et séminulifere, réduit à une simple mem- 
brane dans sa partie médiane, fournissent le pericarpe des, cruciferes. 

(2) Les partisans de la création d'êtres organisés par la juxtaposition d'êtres onga- 
nisés plus simples, cherchent des analogies dans la substance nourricière qui.s’as- 
simile aux massès tissulaires , en leur donnant plus de poids et plus.d’étendue. 


t ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. « 
 Souvenons-nous encore que ‘chaque fois” que de l'être 
a nous passons à l'être & plus ?, celui-ci, en même temps qu’il 
à acquis quelques parties de plus, reçoit encore des facultés 
qui lui sont propres; et se trouvé assujéti à de nouvélles lois; 
que le plus qui le caractérise et le différencie du premier 
entre en harmonie avec ce qui étoit déjà. . 

Maintenant que je me suis expliqué suffisamment sur ce 
que j'appelle la loi de surajoutement dansla formation des 
végétaux, je reviens au sujet de mon Mémoire. 

En supposant qu’il devoit exister dans la nature des-vé- 
gétaux réduits à une seule vésicule, je m’étois dit : Si le vé- 
gétal que je cherche existe, il doit être plus nombreux 
qu'aucun autre ; il doit se présenter sous la forme globulaire, 
enfin ‘il doit se trouver à la surface de presque tous les 
corps; partout, en un mot, où’se rencontrent les conditions 
d'humidité, air, de chaleur et de lumière, agens néces- 
saires au développement de la végétation. 

- Je ne m’étois point trompé dans mes conjectures. Ce vé- 
_gétal univésiculaire je le foulois continuellement sous mes 
pieds, je ne pouvois ouvrir les yeux sans qu’il ne me frappät ; 
mais en le voyant de trop loin, je n’en pouvois juger que par 
l'aspect des masses composées d’une quantité innombrable 
d'individus. 


On ne peut:sans doute concevoir ces changemens de pesanteur ,et de volume, que 
par la juxtaposition|de nouveaux corps: venus du dehors et introduits dans l’orga- 
nisation ; mais ces nouveaux corps, lorsqu'ils s’unissent à ceux de l’organisation , 


sont très-probablement inorgnanisés et réduits à cette molécule invisible que nous. 
nommons élémentaire. 


DE D ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


Je ressemblois à un observateur placé dans la nacelle d’un 
ballon à une grande hauteur au-dessus d’une forêt, qui, en 
n’apercevant qu’une immense croûte de matière de diverses 
couleurs; confondroit le chêne, le hêtre, le noyer et les 
autres espèces végétales contenues dans cette forèt! Ce ne 
seroit qu’en se rapprochant des objets, que cet observateur 
pourroit les distinguer et les décrire. 

C’est ainsi que, l'œil armé d’un bon microscope, je me suis 
approché d’une véritable forêt microscopique, et que, pour 
la première fois, j'y ai distingué ce végétal que je cherchois 
depuis long-temps, et dont je vais maintenant parler d’une 
manière plus précise. 

Comme tout le monde l’a remarqué, partout où il ÿ ahumi- 
dité, chaleur, air et lumière, il se développe sur les surfaces, 
telles que la terre, les pierres, la partie inférieure des murs; 
sur les vieilles écorces des arbres morts ou vivans (fig. 1), et 
jusque sur les toits, des couches de verdure d’une teinte 
plus ou moins intense, selon que ces couches sont plus ou 
moins épaisses, ou qu’elles ont pris naissance en des lieux 
plus ou moins humides, plus ou moins abrités. 

Ces couches de verdure, qui ont été désignées par les au- 
teurs sous les noms, de Byssus botryoides (1) et de Lepra 
botryoides , ne sont point des êtres lépreux ou poudreux; 
inais bien de grandes associations, des forêts d'individus 
distincts, qu'on a considérés comme des êtres particuliers. 

Pour bien observer ces petits végétaux univésiculaires à leur 
état d'isolement, il est nécessaire de les enlever avec pré- 


(1) Palmella botryoides. Lyngbye, pag. 205. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 25 


caution des surfaces qui leur servent de territoire, afin de les 
avoir, autant que possible, dégagés de tous corps étrangers. 
Le meilleur moyen est de suspendre des morceaux de verre 
dans l'intérieur d’une serre chaude et humide; on ne tarde 
pas à voir ces végétaux s y développer, et si ensuite on place 
l’un de ces verres sous le microscope pourvu d’un fort gros- 
sissement, on voit une quantité considérable de corpuscules 
généralement globuleux, vésiculeux, de grosseur différente, 
et conséquemment de tout âge, verts, transparens, luisans, 
fixés par un point de leur surface au corps sur lequel ils 
naissent; toujours immobiles; tantôt isolés et tantôt grou- 
pés par deux, trois, quatre, cinq ou un plus grand nombre, 
selon les points où ils sont nés, et lesflistances plus ou moins 
grandes qui existaient d’abord entre eux (fig. 1 &)(1). 

La dénomination de Byssus pour des végétaux qui ne pré- 
sentoient pas des masses filamenteuses, ayant été changée en 
celle de Lepra, qui désigne un être formé d’une croûte fa- 
rineuse, mais qui n’exprime encoré qu’une idée tout-à-fait 
inexacte, puisqu'elle indique une collection d'êtres distincts, 
et non un être particulier ; je propose d’y substituer celle de 
Globulina, sous laquelle, comme nom générique, viendront 
se ranger toutes les espèces de Lepra simplement composées 
de globules distincts. 

La Globuline, nom collectif que je donnerai désormais à 


(x) Cest par cette dernière cause que, semblable à certaines graines qui, d’ar- 
rondies qu’elles étoient à l’état d’ovules, deviennent anguleuses par pression, 
la forme globuleuse de ces petits végétaux paroït altérée dans ceux que l’on ob- 
serve groupés. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 4 - 


26 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


ces végétaux, est susceptible de se présenter sous toutes les 
couleurs. Je suis très-porté à croire que la verte, Globulina 
botryoides, la plus répandue dans la nature, commence par 
être blanche, et que l’on pourroit, à volonté, la réduire à 
cette couleur en l’étiolant: ce qui est certain, c’est que du 
vert on la voit, sur les vitres des serres, passer successive- 
ment au jaune, à l'aurore et au pourpre ( fig. 1 ). Quelques 
espèces de ce genre, telles que les G/obulina lactea , cæ- 
rulea, rubens, sanguinea (1), sulfurea et atra, offrent les 
couleurs blanche, grise, jaune, bleue, rouge, et même la 
noire. ( fig. 2, 3, 4, 4', 5 et 6). | 

La Globuline, considérée comme un genre composé d’un 
grand nombre d'espèces} me paroît tout aussi distincte qu’une 
mousse, qu’une fougère, qu'un gramen, qu'un chène. Comme 
tous ces végétaux, elle naît, vit, croît, et se reproduit pour 
son propre compte, sans jamais passer de l’état de Globuline; 
par juxtaposition, à celui d’une oscillaire, d’une conferve, 
d’une tremelle ou d’une mousse , comme M. Hornschuch (2) 
a essayé de le démontrer. 

On peut encore moins la considérer comme une produc- 
tion spontanée, puisqu'elle contient en elle un grand nombre 
de globulins nés probablement de ses parois intérieures, et 
destinés à la reproduire. J’ai vu plusieurs fois, sur le porte- 
objet du microscope, des vésicules des Globulina botryoides 
et Globulina atra (fig. 1 c et fig. 6 c), lancer au dehors 


(1) Protococcus mivalis. AcaroH. 
(2) Hornschuch, über die Entstehung und Metamorphose der niederen vegeta- 
bilischen organismen ; dans les Actes de l'Académie des Curieux de la nature} de 


Bonn, tome X , page 513. 


OnGAnoGRAPHIE VÉGÉTALE. 37 
leurs globulins absolument de la même manière qu'une vési- 
culé pollinique expulsé ceux qu’ ’elle renferme; ‘ét que Pi 
a nommés aura seminalis (fig. 26 © d ) his bles 

‘Où chercher mainten ant dans le règne végétal des gé- 
nérations spontanées , si le plus petit comme le plus siinpie 
des végétaux se reproduit par mère (1)? | 

Le genre Globulina se compose d’êtres qui marquent le 
premier terme ou le premier degré visible du règne végétal; 
ces êtres ne présentent aucun signe d’animälité; leurs indi- 
vidus sont fixés sur le corps où ils ont pris naïssance, et 
toujours parfaitement ##mobles. 

L’odeur qu’ils répandent est celle des moisissures: ils ont 
peu ou point de saveur; pressés sous la dent, ils craquent de 
De à faire sentir que l’on écrase une vésicule. 

‘Pour terminer l'histoire de la Globuline, je dirai qu’elle 
possède éminemmént la faculté réproductrice et celle de 
lextensibilité ; que ce petit végétal peut être considéré 
comme/une sorté d’oyarre isolé, ou ce qui est bien plus 
exact, comme l’analogue d’une vésicule isolée de la masse 
tissulaire d’un végétal d’ordre plus élevé. Il arrive assez soû- 
vent qu’un globule favorisé se développe outre sa mesure 
ordinaire, ou qu'il se présente sous la forme d’une sorte 
delgerminätion (fig.1 g): alors la vésicule, devenant plus 
transparénte par extension, permet d’apercevoir dans son 


: : rai 


{i) Nerpeut-on pas supposer que dans! l’origine cette /vesicule végétale a com- 
mencépartêtretune véritable Iproductionÿispontaniéey et(qu’ensuite l'espèce ait 
acquisila faculté de seréproduire par mèrel, tout en«conservant en même témps 
celle de la spontanéité ? 

4* 


28 PART PEER VÉGÉTALE. 


intérieur les, globulins destinés à la reproduire, On remarque 
ces deux cas, par les temps humides, sur la Globulinesdes 
vitres des serres chaudes. 

La Globuline verte, vue à l’œil nu, peut facilement être 
confondue avec des êtres qui en sont fort distincts. Parmi 
elle, nait une oscillaire qui commence par ne présenter que 
l'équivalent de la Globuline, je veux dire par n’être qu’un 
globule vert, au sommet duquel il ne tarde pas à s’en déve- 
lopper un second, un troisième, et enfin un plus grand 
nombre, de manière à former des filamens vermicilliformes 
dans lesquels on aperçoit à peine deux sortes de mouvemens, 
l'un, de systole et de diastole particulier à chaque globule (x); 
et un autre, d’ondulation oude reptation qui se manifeste 
dans toute l’étendue du filament. 

En observant cette production zégéto-animale pour m'as- 
surer si, comme on l’avoit avancé, les globules dont se com: 
posent les filamens s’agrégeoient par juxtaposition, chose.qui 
n'existe pas, j'ai vu plusieurs fois des globules qui, après 
s'être lentement .approchés d’un autre, laissoient échapper 
de leur intérieur une sorte de fumée, très-probablement 
composée de petits globules reproducteurs. 

Dans ces derniers temps on a cru et on croit encore que la 
Globuline verte ou botryoïde n’existe pas, et que ce que 
l'on a désigné sous le nom de Byssus botryoides n’est que 


(1) Ce mouvement produit aussi une scintillation de lumiere, qui donne aux 
globules l'aspect et le:brillant d’une petite émeraude: Cette scintillation. est tout 
simplement produite par un léger, mouvement;.des globules , mouvement: occa- 
sioné par le: déplacement: continuel des: molécules de: l’eau. qui s'élèvent: etse 


vaporisent. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 29 
loscillaire pariétine mal observée(1) ou seulement vue à son 
état naissant. Je puis assurer que l’on s’est trompé, et que l’on 
a confondu la Globuline verte, non-seulement avec l’oscil- 
laire, mais encore avec plusieurs animalcules infusoires. 


D 14 
“La Globuline verte, soute végétale, est toujours parfai- 


tement z#moble ; elle ne devient jamais autre chose qu’une 
vésicule, tandis que l’oscillaire pariétine est un être fila- 
menteux doué de mouvemens, à la vérité très-lents et très- 
rares. f 
Ici, comme dans certains terreins où les chardons finissent 
par s'emparer de tout l’espace et étouffer les plantes plus dé- 
licates qui s’y trouvent, l’oscillaire pariétine couvre, masque 
la Globuline verte, au point que l’on s’est imaginé que cette 
dernière n’existoit pas. | 
On pourroit encore prendre pour de la Globuline ces ma- 
tières vertes qui prennent naissance dans les eaux croupis- 
santes, ou dans les infusions de viandes ou de végétaux, si 
leimicroscope ne nous apprenoit que cesmatières vertes sont 


produites par des amas considérables de petits animaux verts, 


qui tantôt sont des Enchélides, tantôt des Cercares (2), 
et d’autres fois ceux moins connus que l’on- trouve en très- 
grand nombre dans les infusions végétales ou animales (3). 


L " 


@) Oscillatoria parietina. Vaucn. Osc. muralis. Acaron ET LyNGBYE. V’aucheria 
muralis: Boryx. Lyngbya muralis. AcarDH. 

(2). Raphanella urbica. Bory. 

(3). Ces, animalcules’, que je. ne, puis rapporter avec. certitude à aucun de ceux 
que décrit et figure Muller , me semblent des êtres assez compliqués. Leur.ma- 
nière.des’agiter ; qui rappelle celle,du carabe doré, annonce en,:même.temps des 
membres propres à la natation; une carapace, qui paroït.bivalve.et, fendue. aux 


30 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 

Dans toutes ces infusions, je n’ai jamais découvert une 
seule vésicule de globuline verte, 

Ici se présente une remarque assez importante à faire con- 
noître. Lorsqu'on met sur le porte-objet du microscope une 
goutte de l’infusion dans laquelle ces animalcules se trouvent, 
on voit ces petits êtres, à mesure que le liquide s’évapore, 
fuir la sécheresse, se presser les uns contre les autres, et 
enfin mourir faute de l'élément nécessaire à leur existence. 
En cet état de réunion, ils offrent quelque ressemblance 
avec l’organisation vésiculaire d’une U/pa ou d’une feuille de 
jongermanne. Si c’est là ce que l’on a entendu par des méta- 
morphoses d'animaux en végétaux, l’erreur est grossière; 
car il est évident que l’on n’a pas autre chose qu’une lame 
formée d’animalcules qui ont cessé de vivre (1). 

Quand on met de la Globuline dans l’eau, quelque temps 
après il se dégage, à la surface de cette même eau, une 
grande quantité de bulles d’air. 

La cause de ce dégagement est toute simple et facile à con- 
cevoir, si on se rappelle que j’ai déjà dit que la Globuline, 
considérée en masse, représentoit une forêt d'individus de 
tout âge, et dans laquelle tous les instans doivent présenter 
des naissances et des morts. À mesure que les Globules mères 
se crèvent, ils laissent échapper, en même temps que la 
nouvelle génération qu'ils contenoient, cette portion d’air 
qui y étoit enfermée, et qui, en raison de sa plus grande 


deux extrémités, fait soupçonner que ces animaux pourroïent tres-bien , comme 
le pense M. Straus, être voisins des Cypris. 

(:) Quelque moyen que l’on prenne, ces animalcules ,' une ‘fois morts, ne 
reviennent plus à la vie. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 3x 
légèreté, arrive, sous forme de bulles, à la surface de l’eau. 
Cette explication convient également pour l'air qui se 
dégage des masses de tissus végétaux qui se décomposent dans 
l’eau, puisque, comme on le verra bientôt, ces masses ne 
sont que des amas de Globules vésiculaires simplement con- 
tigus ou soudés par approche. 
* La matière verte dont s’est servi le célèbre Priestley dans 
ses recherches sur les différentes natures d’air, est-elle la 
Globuline botryoïde? Je ne le pense pas, ou du moins il fau- 
droit admettre que, s’il en a quelquefois fait usage, il a con- 
fondu avec elle plusieurs espèces de végétaux d’un ordre plus 
élevé, tels que des conferves. De là cette dénomination de 
Mousse d’eau qu’il propose pour désigner sa matière verte. 

Cet habile chimiste, ayant une mauvaise vue, et manquant 
totalement de connaissance en histoire naturelle, comme 
il en convient lui-même, nous a laissé, à l'égard de sa matière 
verte, dans le vague le plus absolu. 

Ce qui ajoute surtout à ce vague, c’est l'erreur dans la- 
quelle il étoit tombé en confondant encore avec la matière 
verte végétale, une autre substance également verte que 
Fon obtient des infusions de viandes, et qui, comme je l'ai 
dit, se compose toujours d’une multitude de petits animaux 
amoncelés. 

“Ingen-Housz, en répétant les expériences de Priestley, 
parle de la matière verte, qu'il romme aussi de la mousse 
d’eau, avec autant de confusion que son illustre prédéces- 
seur. On voit pourtant plus clairement qu'il a fait usage, pour 
ses recherches, tantôt de la Globuline verte, tantôt de con- 
ferves, et d’autres fois de plusieurs espèces d’oscillaires. 


32 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


M. Bory de Saint-Vincent, dans son article Matière verte 
du Dict. des Sc. Nat. (1), en cherchant à mieux caractériser 
la Matière verte, que ne l’avoient fait ses prédécesseurs, 
l’a réduite à la seule Globuline botryoïde. 11 nous semble 
qu'il auroit été mieux de dire tout simplement que, sous la 
dénomination de Matière verte, Priestley , Ingen-Housz, 
Sénebier, et plusieurs autres auteurs, avoient confondu 
des choses fort distinctes, comme le Byssus botryoides, 
l’oscillaire pariétine, l’oscillaire d’Adanson, des conferves, 
et jusqu'aux animalcules verts qui naissent dans les infusions; 
en un mot, tout ce qui, dans l’eau et dans les lieux humides, 
leur présentoit l'apparence d’une mousse ou d’une croûte 
verte, de laquelle ils voyoient se dégager des bulles d’air. 

Convenons que l'expression Matière verte, telle que les 
auteurs que je viens de citer l’ont entendue, n’a jamais été 
qu’une dénomination collective appliquée à un grand nombre 
de choses très-différentes ; et que comme corps organisé, dis- 
tinct, ou même comme corps inorganisé, appréciable, elle 
n'a jamais existé dans la nature ; que l’on ne peut pas non 
plus la considérer comme un principe colorant, puisque 
alors il faudroit supposer autant de principes analogues et 
distincts qu'il y a de couleurs dans les objets de la nature. 

Avant de revenir au principal sujet de ce Mémoire, je dé- 
sire que l’on me permette de signaler une erreur dans la- 
quelle sont tombés tous les auteurs qui ont écrit sur la ma- 
tière verte. 

Ingen-Housz dit : « Si l’on veut obtenir en peu de temps 


Gi) Tome 29, page 324. 


Ex 


i Ja Sei semaine À 
de Pr 
de bœuf cuite, du fromage de-Roquefort, des tranches de, 
_pommé de terre; ét enfin des morceauxde feuilles de 74 
or o ls da Rene “ayant été froid, je n’ai 6b- 
ue j'atiendois:que dans les premiers jours, 
Te COMENT: 
Le ha le résultat dé: ces quatre expériencés : 
air. de bœuf retrcelle de feuilles d'4gave m'ont, 

ide la matière verte; celles de fromagéretide 


porime de terre érient d’un rouge d’ocre ou lacqueux, assez 


e;mais, ce qu'il y'ade rémarquable, c’est que ces ma- 
SRE e purent canin re 
croscope, ‘présentoient, M dome 
AUS Ve ss Yéurtagé KE on apr ah dns 

(1) Ces soit ojeelaun io ne See CEE ronde que | He das Au 
14 partie postérieure é'apfliant “he sorte! déféulbute, et rl #0 
_ Mém. du M t. 14. 


34. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE, 
ment d’une livrée de couleur différente. Au lieu de matière 
rouge, M. Edwards n'ayant obtenu que de la matière verte 
de linfusion de pomme de terre, il est utile que j’avertisse 
que mon expérience a été répétée sursix variétés de ce tuber- 
cule, et que constamment ces variétés ne m'ont jamais fourni 
que de la matière d’un rouge d’ocre, tirant sur la couleur de 
lacque. D'où peut venir une différence aussi remarquable 
entre le résultat obtenu par M. Edwards et le mien? 

* J'ai dit plus haut que la Globuline végétale se composoit 
d’une multitude de petits végétaux réduits à leur plus simple 
expression; queiceux:ci étoient univésiculaires, généralement 
globuleux , de couleurs diverses selon les espèces, et souvent 
dans la même espèce; qu’ils se reproduisoient par mère, et 
qu’enfin ils constituoient le premier degré 2rstble de l'é- 
chelle organique des végétaux. 

- Ce sont tes mêmes végétaux que j’ai figurés dans la pre- 
mière partie du tableau qui accompagne ce Mémoire, et aux- 
quels j’ai donné le nom collectif de Globuline solitaire, parce 
qu’en effet chaque globule est un végétal tout entier. 

Maintenant, sans abandonner lètre globuleux qu’elle a 
hu créé , la nature va nous marquertun second degré d’or- 
gdnisation végétale, en surajoutant seulement quelque chose 
à ee qui existe déjà. 

- C’est encore parmi les espèces du genre Lepra que bn 
trouve les végétaux qui forment ce second degré. 

-1Lorsqu’on observe, aumicroscope , les espèces de Lepra, 
candelaris, chlorina , flavovirens , farinosa, antiquita- 
tis (fig. 7, 8,9, 10 et 11), etc., on voit que le globule, au lieu 
de.se. développer solitairement, est toujours précédé par un 


OncGanoGrAP#1E VÉGÉTALE. ‘35 
ani fibreux, Tégèrement -aplaü, ou ann ; sal 
émane directement (fg.9 Bet 170). oluh;eb cena 
-. Dans ce second. ‘cas d'organisations ue ns AE PTCR 
-cule, devient l'apo/hèce on le conceptacle des lichénographes. 
-_ Avec ces végétaux, je forme un genre. auquel j je propose de 

donner le nom d’Æ4/ysphæria, qui signifie globuline Rae 
née, nom sous lequel je la désignerai plustard (x) 0 
Cette Globuline enchainée;:comme la Globuline jar ere 
naît de même sur la‘terre, sur:les pierres; sur les marbres, 
sur les écorces, sur les mousses; elle présente toute sorte de 
couleurs, et enfin ses vésicules contiennent, très-probable- 
-ment, de mème les corps destinés à la spradlècrices O4 
+ De ce second degré de l’organisation végétale, nous allons 
“passer à un troisième : celui duquel résulte la formation du 
issu primitif des végétaux, que l’on a nommé le #ssu cellu- 
aire ; celui enfin auquel je m’arrète dans ce Mémoire: Nous 
. y retrouverons toujours cette même Globuline que nous 
- avons déjà signalée, soit à l’état solitaire, soit à l'état d’en- 
chaînement ; mais nous l’y verrons sous un appareil plus com- 
_pliqué et restant toutefois l'organe ‘pineipal ou la Pare 
essentielle de ces complications. ua! Lo 
_. Nous verrons encore que, faute d’ nca té né Rene 
tves, son identité a été méconnue chaque fois qu’elle s’est 
: présentée sous des aspects différens.ou “ans des : FeTuee su 
rentes des tissus végétaux. “ 
. En parlant de la Globuline solitaire, j’ j'ai fait remarquer que 
la réseules qi compose ce petit végétal, étoit douée d’une 


F a) Alysphérie. Atrpheri a. Globule enchainé, Pr “vns He et cad ia, 
_ boule, globe. ; BRON EU > 
5* 


‘36 Oxcanveñaruir VéGérané, 
lextensibilité plus ou moins igrai de,selon certaines circons- 
tances de chaléur et d’humidité;, queidans-quelqués casson 
-Noyoit cette vésicule globuleuse s’alonger presque en untube, 
dans lequel d’autresiplus petites vésicules.se formoient àime- 
sure (fig. 1 g). Ceite modification de la Globuline nous &on- 
-duit tout. naturellement à; ces.végétaux que lon a nommés 
des conferves, etdont les filamens ne sont, en effet, que: de 
Ja Globuline elbrisée envésicules. tubuleuses; nées successive- 
ment bout à bout, et dans laquelle paroït cette autre Globu- 
Jine que l’on nomme improprement. de la Matière werte (a). 
. Toutes mes observations sûr la structure, des conferves 
m'ont prouvé que le tube, soit simple, soit rameux, esttou- 
jours composé d’une série de vésicules alongées en tubes, et 
développées les unes à la suite des-autres. Dans aucune des 
espèces. de.cette grande famille je n'ai pu voir ce; tube - 
unique-:qui, Selon M. Edwards; sert d’ Pnoern et à un. autre 
tube articulé.) » : lat 
: Un seul êtré,et même un petit dibaliré dues étudiés iso- 
Panne et tout formés, ne peuvent être marion expli- 
qu : c'est. de la connaissance d’un: grand nombre que la 
vérité doit jaillir. L'étude des conferves, en général, nous dé- 
montre quetoutes leurs espèces ont une tendance bien mar- 
quée à se désarticuler à certaine époque de leur vie, comme 
celase voit.dans les! Zygnema compressum et mtidum (2), : 


(1) La vésicule pollinique;,.soumise aux mêmes conditions, produit PE 
deslextensions tubulaires qui rappellent parfaitement la germination de la vésicule 
réproductrice dés fégélaux conférvoides { fig? 26; e fi). 

--Hes vésicules situées à-la surface des masses du tissu cellulaire s’y étendent, sou- 
entssoit en papilles; soil em poils simples oulten poils cloisonnés. 


(2) Conjugata Princeps. Vaucu. p.64 , tab. 4, fig 1, 6. 


OrGanGGRAPHIE VÉGÉTALE. 37 
dans lé Conferva dissiliens, et autres de ce genre, mais bien 
plus particulièrement dans toutes les espèces des genres Dia- 
toma et Fragilarra (fig. 25), dans lesquelles les vésicules qui 
lès composent, se détachent avec la plus grande facilité. 
© Si, d’un autre côté, on admet l ‘analogie qui existe entre le 
‘filament d’une conferve et une série de vésicules isolées de 
la masse du tissu cellulaire d’un végétal d'ordre plus élevé, 

cette analogie suffit pour nous faire sentir qu'il n’y a pas plus 
ün tube dans un tube dans les conferves, qu’il n’y a une vési- 
cule dans une vésicule dans le tissu cellulaire. 

Les deux lignes que M. Edwards a vues quelquefois au 
pôint d’articulation des vésicules tubuleuses de la conjuguée 
majeure de Vaucher (fig. 16 a), indiquent point l'extrémité 

- des deux tubes intérieurs, mais bien les deux côtés ou les 
“deux bords du diaphragme composé, vu presque de profil. 
La Globuline dans les vésicules tubuleuses dés conférves 
présente quelques modes particuliers d'insertion. En général, 
elle est pariétale, c’est-à-dire, qu’elle naït des parois inté- 
rieures des tubes ou vésicules, comme on le voit dans le Co»- 
ferva rivularis (x) (fig. 14). Dans le Fragilaria unipunc- 
tata (fig. 25), elle conserve la même insertion; mais elle 
affecte, dans chaque vésicule, la disposition d’une petite 
couronne. Elle s’agglomère en masse dans certaines parties 
des Ectospermes , et enfin elle est centrale, et nait d’un 
placenta crinuliforme, qui sé contourne en dite plus ou 
. moins compliquée, selon les espèces de conjuguées dans. les- 

_ quelles ce. me d'insertion a uv (fig: 15 et 16). 


«ile k Nha] 


(1) Chantransia rivularis. DC. 


38 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


La Globuline des conferves est inégale en grosseur; sa 
forme sphéroïdale s’alière quelquefois; sa couleur, verte dans 
le plus grand nombre des espèces, est rose et pourpre dans 
d’autres. Les vésicules les plus développées, celles qui cou- 
rent le plus de chances de devenir le corps reproducteur, ont 
été nommées, à cause de leur plus grande transparence, des 
Corps hyalins, corps que l’on a jugés, à tort, inutiles à la 
reproduction. 

Je ne puis croire avec Vaucher, et plusieurs autres auteurs 
qui l'ont suivi, que la Globuline, qu’ils nomment de la #1a- 
tière verte (1), s'agglomère et se soude dans les conjuguées, 
de manière à constituer une graine, où au moins un corps 
capable de reproduire la conjuguée-mère (fig. 15 et 1608), 

Ce genre d'organisation, par RenapashiOn » me semble 
ici, comme partout ailleurs, opposé à toute espèce d’ana- 
logie. Je pense, au contraire, et toutes mes observations 
s'accordent en ce point, que, sur plusieurs centaines de vé- 
sicules qui se développent dans un article de conjuguée, 
une seule, plus favorisée que les autres, prend le dessus ; 


(1) En considérant des corps organisés vésiculaires congme de la matière verte, 
on a agi comme on le feroit en nommant un champ r. EN et un champ 
de bleuets, l'un de matière rouge, et l’autre de matière bleue. 

Lorsque , dans l’assimilation , la matiere s’unit à la matière, elle doit être dans 
son plus grand état de division. Elle est invisible dans sa molécule ; elle est éle- 
mentaire, elle est inorganisée. F 

Il est donc de toute absurdité d’oser assigner à cetle molécule invisible une 
forme quelconque ; et, ce qui me semble tout aussi absurde encore, de Îa présenter 
comme un être organise, doué d’un mouvement instinctif qui le conduit versun 
point de l'organisation où il doit échanger les avantages de sa vie individuelle 
contre ceux de la vie d’agrégation. 


: 


OnGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 39 
qu’en continuant de grossir elle absorbe toute la nourriture, 
affame ses voisines, et enfin les met dans le cas d’avorter, 

et de disparoître le pie souvent par une sorte d’ émulsion. 
+11 faut remarquer qu’à mesure que la vésicule privilégiée 
_ s'accroît elle devient plus transparente, et que cette trans- 
parence permet de voir un grand nombre de plus petites 
vésicules développées dans son intérieur. Ce sont, très-pro- 
| bablement, ces petites vésicules nouvellement nées qui ont 
induit en erreur, en offrant la fausse apparence d’un assem- 


“blage de vésicules qui ont cessé d’exister. 


* L’avortement de tant de corps reproducteurs, et le dé- 
veloppement constant d’un seul pourroit paroïtre surprenant, 
si nous ne savions d'avance que le règne qi offre pres- 
que partout des cas semblables. 


L’ovaire du giroflier aromatique ( Cape aroma- 


ticus) est divisé en deux loges, dans chacune desquelles se 
trouve une centaine d'ovules : à mesure que cet ovaire se 
change en fruit, l’une des loges s’oblitère, et tous les ovules 
| de cette loge restent rudimentaires; l’autre, en continuant 
de s’agrandir, devient presque centrale, et dé tous les ovules 
qu’elle contient, un set privilégié s’accroit, et produit un 
embryon, ou plutôt une graine HU. de reproduire la 
plante-mère. 

Dans le châtaignier, sur les six loges et les deux ovules 
développés dans l'angle de chacune de ces loges, cinq de 
celles-ci disparoissent, et leurs dix ovules se sèchent et restent 
rudimentaires : une seule loge s’accroit, et un seul ovule 
se convertit en graine , rarement deux. 

Des avortemens semblables et tout aussi constans se font 


4o ORGANOGRAPHIE Vécérazr. 


remar quer dans le fruit du chêne, dans ceux des amandiers, 
des .jasminées, des sapindées, des palmiers, et notamment 
dans ceux du-Cocos nucifera et du dattier. CHE bte 

Des conferves, rausidérés comme des séries de vésicules 
analogues à à celles qu’on peut détacher de la masse tissulaire, 
des autres végétaux, on arrive, sans presque s'en aperce-, 
voir, au tissu cellulaire en général (fig. 18). #7 

En observant celui-ci tout développé, on voit qu “la est! 
qu’un amas de vésicules soudées par approche (1), vésicules 
qui, comme on sait, peuvent se désunir soit ‘mécaniquement, 
soit par la simple macération; que la forme primitive globu- 
- leuse des vésicules n’a été changée en celle d’un polyèdre,. 
variable dans Ja même espèce et selon les espèces, qu’à 
cause du défaut d’espace, et conséquemment de la gêne 
qu’elles se sont mutuellement fait éprouver dans leur accrois- 
sement. On voit encore que, semblables à celles des: con- 
ferves, elles sont incolores , transparentes comme le cristal, 
et sans la moindre apparence de pores ni de tissu (2). 


(…) Letissu vésiculaire succulent‘dont se remplissent les loges des oranges et des 
citrons, vésicules fusiformes , simplement contiguës, qui se développent en s’alon- 
geant des parois internes vers l'angle des loges , uroit dû, depuis long-temps, 
servir à expliquer le tissu cellulaire en général. 

(2) Si M. Gaillon avoit comparé les vésicules tubuleuses dont se compose le 
filament des conferves, aux vésicules du tissu cellulaire des autres végétaux, et 
même à leur tissu vasculaire , il se seroit aperçu de suite que, dans les deux cas, 
+ texture étoit absolument la même; que la couleur n’étoit due qu ’à la présence 
elàlla couleur de la Globuline contenue , et il auroit, j'en suis sûr, renoncé à vou- 
loir-animaliser de véritables végétaux , tels que les conferves, les moisissures, et 
même jusqu'aux Chara. En suivant cette pente sur laquelle s'est placé M. Gaillon, 
on arriveroit à faire une Némazoaïre, non-seulement de chaque vésicule ou de 
chaque tube dont se composent les tissus dés végétaux du haut de l'échelle . mais 
encore de tous les individus végétaux eux-mêmes. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. "43 


D'où viennent donc toutes ces couleurs si riches, si variées 
dont se parent les feuilles, les fleurs et les fruits, si les tissus 
qui forment leurs masses sont entièrement dénuésdecouleurs ? 
De même qu’on l’a déjà vu pour les conferves, toutes ces 
couleurs sont le plus souvent produites par la présence de la 
Globuline renférmée et développée sur les parois intérieures 
des vésicules. Celles-ci, qui ont été d’abord de la Globuline 
de diverses couleurs, sont dévenues blanches et. diaphanes 
par extension. Si en cet état on les compare à des vases de 
cristal remplis de grains blancs, verts, jaunes, pourpres, on 
aura «ne ‘très-justé idée de la manière dont se manifeste 
la couleur des végétaux (r).. À } 

. On acquiert la preuve de la coloration des végétaux par 
la présence de la Globuline, en enlevant d’une feuille pana- 
chée de diverses couleurs (fig. 19 ) une petite lame de 
tissu cellullaire, Cette petite lame, soumise au microscope, 
offrira dans ses vésicules des amas de Globulines qui variront 
en autant de couleurs différentes que la feuille en présen- 
toit (fig. 20 ). Je n’ai pas besoin de dire que c’est la même 
chose pour les pétales (fig. 22) : seulement dans ceux-ci 
‘la Globuline est si petite, si rudimentaire, que le plus sou- 


D meer 
(1) Semblables à celles que produit le prismey Jles couleurs végétales dues sim 
plement à la réunion des globulins dans l’intérieur des wésicules-meres »s’éva- 
nouissent des qu’on isole les globulins, et qu’on les soumet à un très-fort gros- 
sissement du microscope. Îls deviennent alors ce qu’ils sont réellement, ‘blancs et 
diaphanes. Dès l’origine du règne végétal, la nature accorde là lalGlobulinesohtaire 
toutes des couleurs qui doivent ensuite se:manifester danslle reste deswvégétaux. 

Il ne faut pas confondre la:coloration des végétaux par la présence et:la;couleur 
propre de la Globnline, ‘avec celle qui se manifeste sur certains fruits , comme le 
pourpre de la pêche ; celle-ci est produite «par desfluides qui .se «concrètent ‘sou 
forme de points à la surface, exposée au soleil , de ces sortes de fruits. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 6 


42 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


vent on a peine, avec les plus forts grossissemens, à en aper- 
cevoir les contours ( fig. 23 ) (x). 
- Dans tout ce que l’on peut appeler des tissus verts, la 
Globuline est verte (fig. 21); dans les tissus blancs, soit 
ceux qui sont exposés à la lumière, soit ceux qui en sont 
privés, comme la pomme de terre ( fig. 24), le topinambour 
et autres, elle est blanche. Son insertion est invariablement 
pariétale; ce qui veut dire qu’elle émane tonjours, par ex- 
tension, des parois internes des vésicules-mères. Je ne lai 
jamais vue affecter, dans l'intérieur des vésicules, aucun 
arrangemerit symétrique , si ce n’est dans le Fragilaria 
unipunctata (fig. 25), et dans la feuille de l’Ægave ame- 
ricana (fig. 21), où elle simule une espèce de couronne (2). 
Sa forme est généralement globuleuse tant que la capacité de 
la vésicule-mère suffit à son développement : dans le cas 
contraire, comme cela arrive dans le tissu de la pomme de 
terre, elle se déforme par pression, et devient en grande 
partie anguleuse (fig. 24). 

La masse tout entière du peridium des Lycoperdons ou 


(1) Dans les tissus trop jeunes ou dans les tissus épuisés comme le sont ceux de 
la moelle, de la plupart des pétales, des étamines , des styles, des poils, etc., les 
vésicules étant dépourvues de Globulines , ou n’en ayant que de rudimentaires, on 
n’obtiendra jamais, de ces parties, la reproduction d’un nouveau végétal, comme 
il arrive d’une portion d’écorce ou d’une feuille. 

Pour qu’une portion de tissu puisse reproduire , il faut que les vésicules-mères 
contiennent en elles de la Globuline suffisamment développée, puisque, comme 
on l’a déjà vu, chaque globulin est un véritable centre-vital de reproduction. 

(2) Depuis l’époque de la lecture de-ce Mémoire à l’Académie des Sciences, je 
me suis assuré que l'insertion de la Globuline, sur les parois intérieures des vésicules- 
mères, est toujours symétrique et disposée par séries de globules qui alternent 
entre eux. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 43 
vesses-de-loup; la capsule des 77ichia, des Ji ungermannia , 
des Marchantia, se compose de Globuline comparable à 
celle que j’ai déjà nommée de la Globuline enchainée ; comme 
celle-ci, elle naît d’un axe crinuliforme (fig. 17). Celle en- 
fin qui se développe dans les anthères, et que l’on a nommée 
pollen (fig. 26), présente les mêmes caractères que celle 
dont il a déjà été question. Elle naït immédiatement de la 
boîte anthérifère qui lui sert de vésicule ; elle est tantôt libre, 
comme la Globuline solitaire, ou tantôt liée par des fibrilles, 
comme la Globulineenchainée (fig.12); elle se soude quelque- 
fois par approche, comme dans quelques crucifères( fig. 13), 
dans les orchidées, dans les asclépiadées ; enfin elle offre 
toutes sortes de couleurs. Ce qu’on a nommé aura seminalis 
(fig. 26 d) n’est que la réunion des globulins que les vési- 
cules lancent ou laissent échapper au dehors. 

Je ne puis m'empêcher de consigner ici une observation 
que j'ai eu occasion de faire, en soumettant au microscope 
plusieurs sortes de vésicules polliniques. Parmi celles de la 
tulipe des jardins, il s’est présenté plusieurs fois des vési- 
cules dans un véritable état de germination plus ou moins 
avancé (fig. 26 e f). Cette germination consistoit en une 
extension tubulaire dans l’intérieur de laquelle on voyoit, 
de même que dans la vésicule pollinique, la Globuline de 
diverses grosseurs et répandue sans ordre apparent. Ce qui 
est assez remarquable, c’est que cette germination, compa- 
rée à celle de plusieurs conferves que j'ai eu occasion de voir 
et de figurer, s’est trouvée être exactement la même (1). 


(1) Une analogie frappante existe entre la structure des vésicules polliniques et. 


à 6* 


44 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


Il est très-probable que ce prolongement que M. Amicoi 
a vu sur une vésicule pollinique du Portulaca pilosa; et 
qu’il a interprété en faveur de la fécondation, n’étoit qu’une 
germination semblable à celle dont je viens de parler (1). 

On me demandera sans doute si une simple extension de 
parties peut être considérée comme une véritable germina- 
tion, et quel seroit le but de la germination d’un grain ou 
vésicule de pollen? Je répondrai d’abord que toute germi- 
nation végétale n’est jamais qu’une extension, qu’un accrois- 
sement de parties par interposition de nouvelle Globuline; 
ensuite, que cette germination n’est due qu’à un effort mo- 
mentané favorisé par quelques circonstances, et à l’extensi- 
bilité dont la nature a doué les êtres organisés (2). " 

Si je ne craignois pas de dépasser les bornes d’un Mé- 
moire, et d'anticiper sur la publicité de plusieurs faits analo- 


le corps yésiculaire reproducteur des végétaux conferyoïdes ; l’une et l’autre de ces 
vésicules se composent également de deux enveloppes, et contiennent , dans leur 
intérieur, une grande quantité de globulins. 

L'observation de ces deux faits appartient , celle du pollen à Kælreuter, et celle 
du corps vésiculaire reproducteur des conferves à Vaucher. 

L’enveloppe extérieure de ces deux sortes de corps vésiculaires ayant entière 
ment terminé son accrescence, il en résulte que, dans la germination, cette enve- 
loppe est crevée par la vésicule interne, qui seule conserve la faculté de s'alonger 
en filament tubuleux, soit dans les çonferyes, soit dans le pollen, 

La coléorhize des radicelles d’un grand nombre de végétaux a aussi quelques rap- 
ports avec la vésicule extérieure du corps vésiculaire reproducteur des conferves et 
du pollen; comme celles-ci, la coléorhize est une espèce d’enveloppe ou de tunique 
extérieure dont l’accrescence terminée la met dans le cas d’être enfoncée par son 
extrémité, afin de livrer passage à la radicule propre qui y étoit contenue. 

(1) Annales des Sciences Nat., vol. 2, pag. 6. 

(2) Ce prolongement étoit tres-distinct de ces espèces de trainces que forment 
dans l’eau l'aura seminalis, quand il s'échappe de Ja vésicule pollinique. 


-ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 45 
gues à celui dont je viens de faire mention, je dirois qu'il 
suffit qu’une vésicule pollinique soit convenablement nourrie 
pour qu’elle se développe en une véritable. graine suscep- 
ble de germer et de reproduire la plante-mère. 

-_ Je sais que l’on m'objectera, comme ov l’a déjà fait, que 
dans ce cas il n’y a qu’une simple conversion de la vésicule 
pollinique en une graine, Si, par cette conversion on entend 
celle qui a lieu de l'ovaire au fruit, de l’écaille à la feuille, 
je l’'admets sans la moindre résistance, parce qu'ici il est clair 
que l’un n’est que l'enfance de l’autre; mais si, au contraire, 
on soutient que, malgré le changement de la vésicule pollini- 
que en une graine, ces deux organes n’ont rien de commun, 
je demanderai si jamais on a vu un cœur se convertir en pou- 
mon, et celui-ci en foie dans la même espèce d’animal. 
… Presque toutes les choses appréciables par les sens ont été 
saisies par les observateurs ; la Globuline n’a point échappé à 
leurs investigations. Elle à été aperçue partout où elle se 
trouve, mais elle a toujours été méconnue dans ses analogies, 
dans son identité même. On a considéré les diverses formes 
qu’elle présente, selon les situations dans lesquelles on la 
rencontre, comme autant d'organes particuliers; et de là ces 
dénominations différentes qui n’ont servi ensuite qu’à entre- 
tenir notre ignorance sur l'organe le plus important de la 
végétation. Ainsi les masses de Globuline développées à nu, 
soit à l’état solitaire, soit à l’état d’enchaînement, au lieu 
d’être considérées comme une réunion d'individus distincts, 
l'ont été par les lichénographes comme un seul individu 
auquel ils ont donné le nom de Lepra. 

Les auteurs qui se sont occupés des Lepra, les ont si posi- 


46 ORGANOGRAPHIE VEGÉTALE. 


tivement méconnus, et si bien considérés comme des indi- 
vidus membraneux ou crustacés, qu'ils se demandent tou- 
jours où sont leurs réceptacles. 
« Les Lèpres n’offrent qu’une croûte étalée , le plus sou- 

« vent irrégulière, composée de globules pulvérulens, liché- 
« noïdes. Leurs réceptacles sont encore inconnus ( DC. 
« F1. franç.). » La croûte étant une association d'individus 
globuleux, il est clair que le réceptacle demandé par les 
auteurs ne peut se trouver ailleurs que dans l'intérieur du 
globule-indiwidu. 

© Daris la Globuline née à l'intérieur des vésicules dont se com- 
posent les filamens des conferves, on a vu que de la Matière 
verte, quoique, selon les différentes espèces, cette matière 
présente diverses couleurs. Dans les Lycoperdons, les capsules . 
des Trichia, des Jungermannes, des Marchantia, la Globuline 
analogue à celle que j'ai nommée Globuline enchaïnée, a reçu 
le nom de Séminules ou de Gongyles; et cette expression me 
paroît juste. Dans les feuilles, malgré que cet organe soit sus- 
ceptible de se présenter sous toutes sortes de couleurs, M. Pel- 
letier la désigne sous le nom de Ch/orophy lle : dans les tissus 
privés du contact de la lumière, tels que ceux de la pomme 

_de terre, du topinambour, du tronc des sagouyers, la Glo- 
buline a été de la fécule ou de l’amidon; celle de la vésicule 
pollinique des anthères de l'aura seminals. 

La Globuline captive (1), je veux dire celle qui naît des 


A 


(1) La Globuline captive , comme organe, est susceptible ‘d’être altérée et de 
prendre assez souvent un développement monstrueux , selon diverses causes qu 
peuvent provenir, soit de l'interieur , soit de l’extérieur. Ces cas ont fourni aux 
botanistes le moyen d’enrichir nos catalogues , et de doubler les espèces végétales. 


L 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 47 


parois intérieures des vésicules du tissu cellulaire, a joué et 
joue encore un rôle très-important dans les excellens ouvrages 
que M. Mirbel a publiés sur organisation végétale : ce savant 
a vu dans la Globuline du tissu cellulaire des Pores annelés, 
au moyen desquels il suppose que la transmission des-fluides 
peut avoir lieu d’une partie des tissus dans une autre. Toutes 
les personnes qui s'occupent de ces sortes de matières con- 
noissent les belles et savantes discussions auxquelles les pores 
annelés de M. Mirbel ont donné lieu: parmi les adversaires 
de notre physiologiste français, on peut citer les noms de 
MM. Tréviranus, Linck , Rudolphi, Sprengel, qui ne voyoient 
dans les pores annelés que des concrétions ou des grains 
amilacés formés isolément dans l’intérieur du tissu cellulaire. 

Dans un de ses derniers ouvrages, M. Dutrochet, en com- 
_ battant l'existence des pores annelés de M. Mirbel, a consi- 
déré la Globuline captive dont il vient d’être question comme 
des Corpuscules nerveux, où ;' en d’autres termes, comme le 
siége nerveux des végétaux (1). ; 

Dans un travail tout récemment publié, et dont je n’ai eu 
connoiïssance que lorsque le mien étoit terminé, M. Ras- 


Les genres Xyloma, Erineum, Uredo, ÆEcidium, etc., ne sont pour moi que de 
la Globuline malade et extravasée sous l’épiderme des feuilles : aussi trouve-t-on 
dans ces derniers genres presque autant d’espèces qu’il y a d’espèces phanérogames 
dans le règne végétal. ] 

Ces monstruosités, accueillies dans nos-herbiers , méritent qu’on les y conserve, 
non comme des espèces normales , mais comme des cas qui intéressent cette partie 
de la physiologie qui a rapport aux différentes maladies des végétaux. Seulement 
il faut détruire les associations de genres et d’espèces auxquels on les à soumis, 
et les placer à côté des individus qui ont fourni ces cas pathologiques. 

(1) Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure intime des ani-- 


maux et des végétaux , et sur leur motilité , pag. 14. 


48 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


pail, en se proposant des recherches sur la nature physiolo- 
gique et chimique de la fécule, est arrivé, de son côté, à. 
reconnaître que cette substance n’est ni un amas de concré- 
tions amilacées, ni un assémblage de pores annelés, où de 
corpusculés nerveux, mais bien uné masse de véritables vési- 
cules néés immédiatement des vésicules-mères du tissu cel- 
lulaire (1). l 


2 


CONCLUSIONS. 


Le but principal de ce mémoire est de faire une applica- 
tion de la loi de swr-ajoutement de parties aux organes 
constitutifs des tissus, en démontrant l’analogie rigoureuse 
qui existe entre ces petits végétaux univésiculaires que je 
nomme de la Globuline, et cette autre Globuline née et 
contenue dans le tissu cellulaire des autres végétaux, ou 
plutôt de cette Globuline dont se forment en entier les 
masses tissulaires des végétaux. 

Comme les figures jointes à ce mémoire l’indiquent, j’ai 
présenté la Globuline, en général, sous ses trois aspects les 
plus remarquables, et j'ai désigné ces aspects par premier, 
deuxième et troisième degré d'organisation végétale. 

Le premier degré comprend toutes les espèces de végétaux 
dont les individus ne se composent que d’une seule vésicule, 
et dont cette vésicule, comparable à celle qu’on isole d’une 
masse de tissu cellulaire, produit également, de ses paroïs 
intérieures, de plus petites vésicules destinées à la reproduire. 


(r) Développèment de la fécule dans les organes de la fructification des cé- 
réales , etc. Annales des Sciences Nat. , tom. 6, pag. 410 et'suivantes. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 49 


Ces petits végétaux, auxquels j’ai donné le nom de Grosu- 
LINE VÉSICULAIRE SOLITAIRE, offrent le premier degré visible 
du règne végétal. È 
Dans le second, viennent se ranger d’autres végétaux dont 
l'organisation ne diffère de celle des premiers que par un 
petit thallé ou tige horizontale qui précède et donne nais- 
sance à la vésicule qui en émane directement. Les vésicules 
paroissant comme liées cer) elles par le moyen des thalles 
fibreux, je leur ai donné, à cause de cela, le nom de Gro- 
BULINE VÉSICULAIRE ENCHAÎNÉE. 
On sent aisément que la Globuline enchainée seroit la 
Globuline solitaire sans le thalle qui lui sert de support. 
_ Ces deux si gai de Globuline se développent à nu dans 
la nature; elles s'y présentent sous toutes les couleurs, et 
ces couleurs nous révèlent déjà l’origine de presque toutes 
celles que nous remarquons dans le règne végétal. Se repro- 
duisant elle-même, on peut considérer chaque vésicule ou 
chaque individu comme une sorte d’ovaire isolé. 
Les Lichénographes ayant pris la collection«pour l’indi- 
vidu ont confondu ces deux sortes de végétaux, et les ont 
jetés dans une sorte de réceptacle obscur, auquel ils ont 
- donné le nom de Lepra. ï 

_ Le troisième degré comprend toutes les modifications de 
la Globuline contenue dans le péridium des Lycoperdons et 
des Trichia, dansles capsules des Jungermannia et des Mar- 
chantia , dans les vésicules tubuleuses du filament des con- 
ferves, dans la vésicule pollinique des anthères, et dans les 
vésicules da tissu cellulaire. | 

. Cette Globuline, que je nomme captive parce qu’elle est 

Mém. du Muséum. 1. 14. 7 


5o ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE 


contenue dans des vésicules-mères, qui ont commencé par 
être elles-mêmes de la Globuline, offre les mêmes caractères 
que les deux premières: mêmes formes, mêmes couleurs, 
mêmes modes de reproduction. Mais elle s’en distingue en 
ce qu’au lieu de vivre et de croître séparément, elle reste 
dans l’intérieur des vésicules-mères, où, le plus souvent, 
gènée dans son développement, elle perd sa forme globu- 
leuse, devient plus ou moins hexagonale, se soude ou s’entre- 
greffe par ses surfaces, et constitue une nouvelle masse de 
tissu cellulaire. AS 

La Globuline captive, dont les couleurs produisent toutes 
celles dont se parent les diverses parties des végétaux, est 
en même temps la source ou l’origine des masses tissulaires ; 
elle est l’organe reproducteur, ou, en d’autres termes, elle 
est le véritable ovule des tissus. Chaque vésicule-mère étant 
une sorte d’ovaire rempli d’ovules, on conçoit facilement 
l'accroissement des masses tissulaires dans tous les points et 
dans tous les sens, par le développement continuel des jeunes 
vésicules, lorsque surtout, ces développemens sont favo- 
risés par tous les agens nécessaires à la végétation. 

Si on renfermoit de la Globuline solitaire, ou ce qui revient 
au même, des végétaux univésiculaires dans un espace limité, 
comme dans une capsule, ces petits végétaux se trouvant 
mutuellement gènés dans leur accroissement, perdroient in- 
sensiblement leur forme globuleuse; ils deviendroient plus 
ou moins polyèdres, et, forcés de se souder par leurs 
surfaces, ils formeroient une masse de tissu cellulaire, C’est 
ainsi que les vésicules de la Globuline contenues et dévelop- 
pées dans l’intérieur de la vésicule-mère, s’accroissent., s’en- 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. SI 


tre-greffent de manière à renouveler l’ancien tissu, et à en 
augmenter considérablement le volume (1). 

Si au contraire on pouvoit rendre la liberté à la Globuline 
captive des tissus, comme, par exemple, les graines qui s’é- 
chappent des péricarpes, cette Globuline conserveroit l'indé- 

pendance qui existe entre chaque vésicule; et ces vésicules, 
en se détachant de la paroi intérieure de la vésicule-mère , 
formeroient autant de petits végétaux distincts: ce seroit 
alors de la Globuline solitatre. Ces deux suppositions in- 
verses tendent à faire connoître que le règne végétal rour 
ENTIER (considéré dans son organisation tissulaire seule- 
ment) est, ou de la Globuline à l'état solitaire, ou de la 
Globuline agrégée; et que c’est à ces agrégats de Globu- 
line que nous devons toutes les masses et toutes les formes 
que nous observons dans les végétaux, et les objets utiles 
ou agréables que nous en retirons. 

La Globuline, comme corps reproducteur, existant dans 
lintérieur de toutes les parties des tissus, donne naissance 
aux Embryons adventifs, et explique comment ces em- 
bryons peuvent naître de tous les points de la surface des 
végétaux (2), et comment, en même temps, la vie végétale 


(1) Dans une magnifique planche inédite, représentant diverses pièces d’anato- 
mie végétale, M. Mirbel a figuré , d’après ses observations, le jeune tissu cellu- 
laire formé dans l’intérieur de chaque vésicule-mère de l’ancien tissu. 

La résistance et la persistance des vésicules-mères , d’une part, la soudure par 
approche de la globuline pressée dans son développement , faute d’espace , de 
l’autre, expliquent ce fait, moins rare qu’on ne le croit. 

(2) Quelques feuilles détachées de lOrnithogalum thyrsoïdes, et abandonnées 
dans des feuilles de papier gris, ont présenté à M. Poïteau un grand nombre d'Em- 
bryons monocotylés, adventifs, qui, après avoir pris naissance sous l’épiderme 


q* 


52 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


peut être également répartie dans toute la masse encore 
vivante d’un grand arbre, puisque chaque vésiculé de Glo- 
buline est un véritable centre vital. 

Une vésicule isolée du tissu cellulaire, et remplie de la 
nouvelle génération de la Globuline, seroit entièrement com- 
parable à beaucoup d’animacules vésiculeux, qui contien- 
nent également leur reproduction, tels, par exemple, qu’une 
Monade, une Cyclide, un Æolpode ou une Parameécte, si 
ces derniers n’étoient pas doués d’un mouvement de con- 
tractilité et de locomotion volontaire, et s'il n’étoient pas 
destinés à vivre isolément dans l’espace. | 

Jamais un être organisé, ayant eu son centre particulier 
d’orgarusation, ne s’unit à d’autres pour former par juxéa- 
position un être plus compliqué. 

Dans aucun cas, une vésicule de Globuline végétale, soit 
celle qu'on observe à l’état solitaire, soit celle que l'on peut 
isoler du tube d’une conferve, soit enfin celle qu’on détache 
des tissus, ne cesse d’être parfaitement zzerfe, et jamais elle 
v’acquiert, par l'effet de son isolement, la faculté du mouve- 
ment volontaire, comme plusieurs auteurs superficiels l'ont 
avancé: : ; 

Des globules de matière organisée pouvant être considérés 
comme autant d'INDIVIDUS DISTINCTS , COMME autant de CENTRES 
VITAUX D'ORGANISATION et de REPRODUCTION, pleins d’abord, 


et l'avoir ensuite crevé, s’étoient développés aux deux surfaces et sur les bords de 
ces feuilles , à mesure que celles-ci jaunissoient et se desséchoient. Ayant employé le 
même moyen, et l'ayant varié sur des espèces de végétaux différens, j'ai obtenu 
assez souvent le même résultat. Plusieurs de ces Embryons, isolés des feurlles-mères, 
et confiés au sol , sont en ce moment , de grands individus reproduits. 


= 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 53 
_ ensuite vésiculeux, se reproduisant ét se multipliant par de 
nouveaux globules développés par exfension des parois inté- 
. rieures des vésicules devenues mères; des globules de matière 
organisée, dis-je, composent les masses tissulaires de tout le 
règne organisé. | 

Les globules des sucs laiteux des végétaux, les globules 
du sang et ceux du lait chez lés animaux, me semblent de- 
voir être soumis au même mode de reproduction et de mul- 
tiplication (1). 

Un globule organisé plein est déjà, à ne pouvoir en dou- 
ter, le composé d’une foule de plus petits globules. Ce 
globule composé, en obéissant à une force vitale intérieure 
étexpansive, se creuse insensiblement et devient une vésicule: 

Le globule d’eau de savon, que l’on’ enlève avec l’extré- 
mité d’un tube et que l’on force ensuite, en y introduisant 
de l'air, à se dilater et à s'étendre sous forme de vésicule, 
offre, jusqu'à un certain point, l’image du globule vésicu- 
laire organisé. 

Toute vésicule végétale, favorisée par un degré conve- 
nable d'humidité, de chaleur et de lümïère;'a la faculté de 
s'étendre, par celui de ses points le mieux exposé, en un 
tube plus ou moins long. Les papilles ét les poils simples ou 
cloisonnés ne sont que des extensions produites par les vési- 
cules du tissu cellulaire, situées à ‘la surface des masses de 
manière à recevoir l'influence directe des agens dont nous 
venons de parler. 


(1) Dés qu’un fluide , qui a fait partie d’un être organisé, a plus ou moins d’o- 
pacité, on peut être certain d’avance qu'il est, comme le sang et le lait, un composé 
de globules yisibles à un fort grossissement du microscope. 


54 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


Les extensions tubulaires que présente quelquefois la vési- 
cule pollinique ( fig. 26, e f) doivent également leur exis- 
tence aux mêmes causes. Il suffit de placer cette vésicule 
dans un lieu abrité, chaud et Zégèrement humide, pour 
obtenir le développement d’une et même de deux de ces 
extensions. 

Les gros stigmates spongieux, visqueux, et conséquem-= 
ment chargés d’une humidité convenablement entretenue, 
favorisent le développement de l'extension tubulaire des 
vésicules polliniques que le Lasard fixe à la surface de ces 
stigmates. Ces végétations tubulaires, ces sortes de germina- 
tions, en cherchant ensuite leur #2/zeu-arse, c’est-à-dire, abri 
et humidité, s’enfoncent entre les vésicules du tissu cellu- 
laire des stigmates, comme M. Adolphe Brongniart vient de 
le faire connoître dans le travail qu’il a récemment commu- 
niqué à l’Académie des Sciences (r). 

D'accord avec M. Adolphe Brongniart sur le fait que les 
extensions tubulaires s’insinuent entre les vésicules des stig- 
mates, je ne puis l'être de même quand il pense que ces ex- 
tensions font l’oflice de verges végétales (2), et qu’elles sont 


(1) M. Adolphe Brongniart ayant présenté le résultat de ses nombreuses et 
et intéressantes recherches entre l’époque de la lecture de mon Mémoire à l’Aca- 
démie des Sciences, et celle de son impression, cela me permet d’en parler quant 
à ce qui est relatif à l’extension tubulaire de la vésicule pollinique. 

(2) Déjà , dans le règne végétal, on avoit reconnu des organes génitaux dans les 
pistils et les étamines ; des testicules, les uns dans les antheres, les autres dans 
ces glandes qui accompagnent la base des étamines des cruciferes ; ; un fluide sper- 
matique dans l’ensemble des globules contenus dans les vésicules polliniques des 
anthères; une vulve végétale dans les stigmate. Un pénis végétal manquoit : 
M. Adolphe Brongniart pense l’avoir découvert dans ies extensions tubulaires de 
la vésicule pollinique , extensions auxquelles il donne le nom de sac spermatique. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 55 
destinées à faciliter l'introduction des globules spermatiques 
dans l’intérieur de la feuille ovulaire par l'ouverture du Mi- 
cropyle. Je le répète, toute vésicule végétale, aidée d’humi- 
dité, de chaleur et de lumière, peut produire une extension 
analogue à celle que présente le globule vésiculaire produc- 
teur des conferves et des oscillaires’ quand il germe. Ainsi, 
que la vésicule pollinique soit posée sur une gaze, sur une 
éponge, ou sur un stigmate humide, elle y développera in- 
différemment des extensions tubulaires, et ces extensions, 
comme le font les racines et les rameaux aériens en cherchant 
leur railieu-aise, se dirigeront en s’enfonçant soit entre les 
mailles du réseau de l’éponge ou de la gaze, soit entre les 
vésicules du tissu cellulaire du stigmate, par cela seul qu’elles 
y trouveront plus d’abri et plus d'humidité. L'extension tu- 
bulaire de la vésicule pollinique est une germination, puisque 
la germination n’est jamais qu’une extension ou un allonge- 
ment de tissu. Elle est rigoureusement comparable à celle de 
tous les végétaux confervoides dont les corps reproducteurs 
sont vésiculaires et semblables à la vésicule pollinique. Si les 
extensions de la vésicule pollinique s’introduisent entre les 
. vésicules du tissu cellulaire des stigmates spongieux, c’est que 
ces stigmates leur servent d'appui et de territoire, et que là 
elles se comportent absolument comme les extensions radi- 
cellaires du gui ( Vscum album), qui s’insinuent en s’alon- 


On peut prédire qu'avant peu nous aurons des végétalcules spermatiques doués de 
mouvemens, qui ne différeront des animalcules du sperme des animaux, qu’en ce 
qu'ils seront dépourvus de queue Si cet apareil de la génération dans les végétaux, 
si conforme à celui des animaux, est enfin bien établi, ne nous conduira-t-il pas 
à reconnoître, avec M. Dutrochet, un système nerveux qui puisse mettre en action 
tous ces organes ? 


56 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


geant entre les vésicules du tissu cellulaire de l'écorce et de 
l’aubier des arbres sur lesquels ce végétal parasite se fixe. 

Une masse d'œufs de poisson représenteroit parfaitement 
le tissu cellulaire végétal , si chaque œuf, au lieu d’être le 
frère de tous les autres, étoit immédiatement le produit d’un 
œuf semblable à lui. 

La comparaison que Grew établissoit entre l’écume d’une 
liqueur en fermentation et le tissu cellulaire végétal, est 
exacte en ce point, que l’écume est toujours le composé d’un 
certain nombre de vésicules particulières qui se sont succes- 
sivement formées et rapprochées les unes des autres; mais il 
faut faire abstraction de la Globuline D mn nie contenue 
les vésicules-mères du tissu cellulaire. 

: Un grand nombre de végétaux de la plus grande simplicité 
possible, par rapport à nos moyens de perception, paroissent 
être bornés, dans leur organisation, à. une seule vésicule. 
Telles sont toutes les espèces de Globulines vésiculaires soli- 
dans taires (fig. 1, 2, 3, 4, 4', 5 et 6); d’autres, tels que les 
conferves, se composent d’un certain nombre de ces vésicules, 
développées bout à bout, soit en séries simples, soit en séries 
rameuses ; d'autres, enfin, paroïissant n’être que des sortes 
d'associations des deux premiers, offrent des masses compo- 
sées de vésicules simplement agglomérées, et dont l’augmen- 
tation, en tous sens, de ces masses s'explique par la ponte 
ou l'accouchement successif des vésicules-mères. 

Encore une comparaison; car je pense que dans les siences 
on,ne peut trop les multiplier, et qu'il y a toujours de l’avan- 
tagé à comparer les choses nouvelles aux choses anciennes, 
puisque dans la nature tout est en rapport d’analogie. 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE, 57 
Supposons qu’un animal, sphérique ait un centimètre de 
diamètre , et qu'il ne puisse fnaendres qu'une seule fois en sa 
vie et par cz7q: il est clair qu’à la première génération nous 
aurions cinq; individus, à la seconde vingt-cinq, à la troisième 
cent vingt-cinq, à la quatrième six cent vingt-cinq. Le nombre 
des individus s'étant considérablement accru, ilesttout simple 
de penser qu’il faudroit six cent vingt-quatre fois plus, d’'es- 
pace pour contenir cette masse d’ individus qu'il n’en étoit 
nécessaire pour l'individu duquel se sont échappées ces 
quatre générations. dr. Fan 


LS est ainsi que cela sé passe dans la reproduction! et la mul- 
üiplication des vésicules du tissu cellulaire: et par conséquent 
dans l'augmentation en étendue de sa masse. On pourra 
peut-être objecter que dans les associations animales, les in- 
dividus conservent leur liberté, tandis que les vésicules-indi- 
vidus des végétaux paroissent soudées entre elles de manière 
à ne former qu'une masse individuelle. Je répondrai que la 
différence n’est pas aussi grande qu’on pourroit le croire au 
premier abord; que, dans les deux cas, les corps reproduc- 
teurs sont également libres entre eux au commencement de 
leur vie ; et que ce n’est que plus tard, comme cela arrive aux 
monstres animaux par paires, à certains mollusques et au plus 
grand nombre des tissus cellulaires végétaux, que les indi- 
vidus, faute d'espace, s’entre-greffent par leur surface, Cette 
vérité sera démontrée dans un nouveau Mémoire destiné à 
faire connoître la composition d'un grand nombre de tissus 
cellulaires qui ne présentent encore que des amas de petites 
vessies reproductrices jetées comme par hasard les unes sur 
les autres. 
Mém. du Muséum. 1. 14. 8 


58 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


Dans les vésicules-mères des trois grandes modifications 
végétales dont il vient d’être question, vésicules toujours 
incolores et translucides, on voit des globules vésiculaires 
susceptibles de se représenter sous toutes sortes de couleurs, 
et quelquefois sous une forme alongée : c’est la Globuline, 
c’est l'organe producteur des tissus et de tous les corps des- 
tinés à reproduire l'espèce; c’est l’œuf de la vésicule-mère qui 
lui a donné naissance de ses parois intérieures ( fig. 14, 15, 
16, 18, 20, 21, 24 et 25 ). 

Un grain de Globuline (fig. 20 &) isolé d’une vésicule du 
tissu cellulaire, d’un chêne, par exemple, dont le diamètre 
peut être évalué à ;+ de millimètre, transporté, avec tous les 
soins d’abriet de protection convenables sur une terre vierge, 
mais dépourvue de végétaux, pourroit devenir la source de 
forèts immenses composées, bien entendu, du même végé- 
tal dont le grain de Globuline auroït été extrait. Ce grain de 
Globuline est l’analogue de ceux contenus dans le tissu des 
plantes marines, et que l’on nomme des Gongyles. 

Tous les végétaux pourroïent être simplement composés 
de tissu cellulaire, sans que pour cela aucune des formes ex- 
térieures qui les distinguent subit le moindre changement; 
mais la nature ne l’a pas voulu ainsi. Dans l'épaisseur du 
tissu cellulaire de la plus grande partie des végétaux, elle a 
créé avec du tissu cellulaire d’une petitesse extrême de 
nouvelles organisations. Ces organisations sont à mes yeux de 
véritables végétations ou plutôt de petits végétaux internes, 
dont les tigellules simples ou rameuses, selon qu’elles font par- 
tie d’un végétal monocotylé ou d’un végétal dicotylé, trou- 
vent dans la nature leurs représentans parmi les végétaux iso- 


" ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 59 
lés. C’est ainsi que ces tigellules les plus simples, telles que les 
clostres(x), qui sont jetés comme par hasard au milieu du tissu 
cellulaire, ét ces prétendus vaisseaux simples, soit rameux, 
soit en chapelets, rappellent parfaitement, les premiers, l’Echr- 
nella acuta (2), et peut-être toutes les espèces de navicules; 
les seconds des conferves simples ou rameuses, ou en chapelets. 
Une sorte d’oscillaire, dont je viens de former legenre Sprru- 
na, représente, à s’y méprendre, ce que l’on nomme des tra- 
chées, sorte de tigellules fort remarquables par leur manière 
de se contourner en spirale, et dont les analogues se retrou- 
vent encore dans le pédoncule des fleurs fertiles du 7’alZs- 
neria spiralis, dans celui du Cyclamen hederæfolium ; dans 
les tiges volubiles d’un grand nombre de Lianes, dans beau- 
coup de vrilles, dans l'embryon des Cuscutes, etc. Des tigel- 
lules plus composées, plus grosses, plus solides que celles dont 

Al vient d’être question, ont été nommées fibres ou faisceaux 
de cellules alongées. Ces tigellules sont ordinairement simples 

dans les végétaux monocotylés, plus ou moins rameuses dans 
les végétaux dicotylés, pleines comme dans la plupart des 
tiges, ou lacuneuses ou fistuleuses, comme dans celles des 
graminées, des ombellifères, etc. 

La végétation interne dont nous venons de parler, inexac- 
tement observée, mal à propos comparée aux vaisseaux des 
animaux, a été conséquemment nommée #ssu vasculaire. On 
a eru que les tigellules de ces petits végétaux, quand elles sont 
creuses, étoient des canaux conducteurs destinés à diriger le 


(1) Dutrochet. Recherches anatomiques et physiologiques, pag. 33, pl. 1, fig. 13. 
(2) Lyngbye. PI. 69, fig. 1, 2, 3. 


8* 


60 ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. 


cours des fluides dans les diverses parties des tissus. On s’est 
trompé : le creux de ces tigellules n’est qu’une lacune sem- 
blable à celles d’une tige d’ombellifère. Sans doute, cette 
lacune, considérée comme espace, se remplit au besoin d'air 
et d’eau ou d’une substance composée; mais ce seroit évi- 
demment une erreur de la regarder comme un organe ayant 
des fonctions vitales à remplir. 

On auroit dû remarquer, 1°. que ces prétendus vaisseaux 
avoient des diaphragmes de distance en distance, comme en 
ont les tigellules de la plupart des végétaux confervoïdes, et 
que ces diaphragmes, qui ne sont point des valpules , repré- 
sentent rigoureusement les nœuds-vitaux des graminées, des 
ombellifères, et autres végétaux appendiculaires ou pourvus 
de feuilles; 20. que ces mêmes prétendus vaisseaux, au lieu 
d’être ouverts par leurs extrémités, se terminoient toujours 
par des pointes extrêmement déliées, comme l’a déjà très= 
bien observé M. Datrochet pour les trachées (r). 

La végétation interne n’étant qu'un composé de tissu cel- 
lulaire plus petit, je propose de nommer les deux grandes 
modifications de tissu que présentent les végétaux d'ordre 
supérieur, la première, ssu cellulaire simple, la seconde, 
tissu cellulaire composé ou &ssu tigellulaire. 

Lorsqu’avec les moyens les plus amplifians de nos micros- 
copes actuels on observe les vésicules-mères des conferves 
et des tissus cellulaires des autres végétaux, ces vésicules ne 
nous offrent qu'une membrane d’une ténuité extrême, sans 
couleur et d’une diaphanéité qui ne peut être comparée qu’à 


(1) Ouvrage précité, pl. 1 , fig. 4. 


ORGANOGRAPHIE VÉGEÉTALE. 6: 
celle de l’eau ou à celle du cristal; aucune trace d’organisa- 
tion de tissus ni de pores ne s’y manifeste. Au premier abord, 
on seroit tenté de croire que l'accroissement de ces vésicules 
n’a eu lieu que par une simple extension analogue à celle de 
la gomme élastique sur laquelle on opère une traction; mais 
l’analogie nous oblige bientôt à reconnoître que la véritable 
cause de cet accroissement, en volume et en pesanteur, se 
trouve dans la multiplication par accouchement de très-petits 
globules vésiculaires dont la membrane de ces vésicules se 
compose. 

De tout ce qui a été avancé dans ce Mémoire, il suit, 1° que 
la masse tissulaire tout entière des végétaux n’est qu’une 
agglomération, plus ou moins considérable, de plus petits 
végétaux globuleux, univésiculaires, ayant chacun leur prin- 
cipe vital d’action, d'organisation et de reproduction; nés 
par extension des parois intérieures, et par accouchement 
de pareils végétaux qui les ont précédés; simplement con- 
tigus les uns aux autres, ou greffés par approche, ei devenus 
polyèdres à cause du défaut d’espace. 20 Que tous ces étres 
composans , {oujours produits par une sorte de dédouble- 
ment du dedans au dehors, quoique jouissant d’une vie par- 
ticulière, n’en restent pas moins assujétis aux limites des 
contours qui produisent les diverses formes, et à la durée 
de la vie commune ou d’agrégation du végétal composé. 


62 


ExPLicaATion 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


Ir, DEGRÉ D'ORGANISATION VÉGÉTALE. 


Genre GLOBULIN A. Lerra ou LiEPrRARIA des auteurs. 


Globuline vésiculaire solitaire, ou dont chaque vésicule constitue 


Frc. 


14. 


16. 


un individu végétal. 

Morceau de plâtre sur lequel se sont développés des amas de Globuline 
botryoïde (1) de couleurs différentes. 

Globuline vue à un très-fort grossissement du microscope. Il faut remar- 
quer qu'il y en a de solitaire et de greffée par approche, de toutes 
sortes de grosseurs, et conséquemment d’âges différens; de blanche , 
de verte , de jaune, d’aurore et de pourpre. 

Globule plus grossi, dans l’intérieur duquel on commence à apercevoir 
la jeune Globuline. 


>. Globule lançant au dehors la Globuline reproductrice. 
d. Un autre coupé verticalement, pour faire voir que la Globuline repro- 


ductrice a son insertion pariétale. 


. Amas de Globuline vue à l’œil nu, recueillie sur les vitres d’une serre 


_ chaude et tres-humide. 


1 f. Plusieurs vésicules devenues diaphanes par extension , laissant voir dans 


1£g: 


leur intérieur la nouvelle Globuline. 

Ces vésicules , gênées dans leur extension , se sont soudées en partie 
de la même manière que cela a lieu dans la formation du tissu celln- 
laire des végétaux d’ordres plus élevés. 

Une vésicule, prise au même lieu, alongée en tube de maniere à s’ache- 
miner vers la structure confervoide. 

Morceau de pierre sur lequel s’est développée une quantité considérable 
de Globuline blanche. Globulina lactea (2). 


(:) Lepra botryoides. 
(2) Lepra lactea, 


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DE LA PLANcue. 63 
* 2 a. Globuline isolée, très-grossie, : ' 
3. Globuline bleue. Globulina cærulea (1), vivant sur les vieilles planches 
à demi pouries. 3 a. Globuline isolée et grossie. 
4. Globuline rouge. Globulina rubens (2), vivant sur l'écorce du bouleau. 
4 a. Globuline isolée et grossie. 
4’ Globuline sanguine. Globulina sanguinea (3), vivant au bas des 
murs très-humides, où elle forme comme de grandes taches de sang 
plus ou moins noirätres. j 
4 a’ Globuline isolée et grossie. 4 b’ Plus grossie , et laissant voir une 
espèce de disque lumineux. 4 c’ Plus grossie encore, et dans laquelle 
on voit la nouvelle Globuline. Cette Globuline > Vue au microscope, 
ressémble assez bien aux globules du sang des mammiferes. 
5. Globuline couleur de soufre. Globulina sulfurea (4), vivant sur les 
écorces. 


5 a: Globuline isolée et grossie. 

6.  Globuline noire. Globulina atra (5). 6 a. Globuline isolée et grossie. 
6 b. Vésicules tres-dilatées et devenues diaphanes. 6 c. Une vésicule 
lançant la Globuline reproductrice. 


Time, DEGRÉ D'ORGANISATION VÉGÉTALE. 


Genre ALYSPH ÆRI A. \xwpra où LErrariA des auteurs. 


Globuline vésiculaire enchafnée, ou naissant de fibrilles, ou thalles 
sérninulifères. 


7: Globuline jaune. Æ/ysphæria candelaris (6), vivant sur les pierres. 
7 a. Globuline isolée et grossie. 

8.  Globuline des antiques. Alysphærta antiquitatis (7), vivant sur les 
_marbres exposés à l'air. 8 a. Globuline isolée et grossie. 

ET ne ee OPEN de 54 

(1) Lepra cærulea. 

(2) Lepra rubens. 

(3) Protococcus nivalis. Acanps. y 

(&) Lepra sulfurea. 

(5) Lepra atra. 

(6) Lepra candelaris. 

{7) Lepra antiquitatis. 


64 


10. 


11. 


ExPLIGATION 


Globuline jaune-verdâtre. Ælysphæria flavovirens (1), vivant sur la 
terre. 9a. Globuline grossie et isolée. 9 b. Un individu isolé. 

Globuline jaune. 4/ysphæria chlorina (2), vivant sur la terre. 10 a. Glo- 
buline grossie. 

Globuline de la mousse. Ælysphæria muscorum (3), vivant sur la 
mousse. 11 a. Globuline grossie. 11. Un individu grossi. 

Vésicules polliniques naïssant de fibrilles qui les enchaïinent , et qui les 
mettent en rapport avec la Globuline qui forme le second degré de l’or- 
ganisation végétale. Cette modification du pollen appartient particu- 
lierement à la famille des Onagraires, 

Vésicules polliniques qui se sont , en partie, soudées entre elles à cause 
du défaut d’espace et des pressions mutuelles qu’elles se sont fait éprou- 
ver dans la boîte de l’anthère. Cette soudure, qui en fait de petites 
masses de tissu cellulaire, est entierement semblable à celle qui a lieu 
pour la Globuline contenue dans les vesicules-mères du tissu cellulaire. 

Ce pollen appartient à la Giroflée jaune cultivée.  ( Cherranthus 
chetri. Lin. ) 


Ilm, DEGRÉ D'ORGANISATION VÉGÉTALE. y 


GLOBULINE vésiculaire captive, naissant des parois intérieures 
des vésicules alongées des conferves, des vésicules-mères de tous 
les tissus cellulaires , de la vésicule pollinique des anthères, de La 
vésicule de la Lupuline, etc. 


14. 


Deux vésicules tubuleuses, détachées d’un filament du Conferva rivu- 
laris. Lin. Chantransia rivularis. DC. 

Dans ces vésicules, tres-grossies , on distingue la Globuline tres- 
inégale en grosseur, et insérée, sans ordre, sur les parois intérieures 
des vésicules. Ce mode d'insertion est le même que celui de la Globuline 
des vésicules-mères du tissu cellulaire. Voyez les fig. 18, 20, 21, 23 
et 24. 

14 a. Jonction des deux vésicules. 


mo 


(x) Lepra flavovirens. 
(a) Lepra chlorina. 
G) Lepra muscorum. 


DE LA PLANCHE. 65 


15. Deux vésicules tubuleuses, détachées d’un filament du Conferva qui- 
nina. Mull. Conjugata porticalis. Nauch. et DC. Zygnema quininum. 
Lyng. Salmacis quinina. Bory. Dans la première de ces vésicules, la 
Globuline paroît émaner d’un axe crinuliforme, central , enduit d’une 

* substance muqueuse, etcontourné en une simple spirale. Dans la se- 
conde, un des grains de Ja globuline , marqué à, plus favorisé que les, 
autres, a pris plus de développement, et est devenu susceptible de 
reproduire le filament-mère. Cette extension l'ayant rendu plus trans- 
parent, plus incolore, permet de voir que dans son intérieur il existe 
déjà une nouvelle Globuline. a. Jonction des deux vésicules. 

16. Deux yésicules tubuleuses, détachées d’un filament du Conferva ni- 
tida. Dillw. Conjugata Princeps. Vauch. Zygnema nitidum. Ag. et 
Lyng. Salmacis nitida. Bory. : 

Dans la première de ces vésicules, la Globuline se développe sur 
plusieurs axes crinuliformes , contournés en spirales. a. Jonction des 
deux vésicules. b. Grain de Globuline, plus favorisé que les autres, 
devenu capable de reproduire le filament-mère. Cette Globuline, qui 
n’est pas toujours verte, selon les espèces, a reçu le nom impropre de 
matiere verte. 

17. Lycoperdon cæpeforme. Bull. 

Fibrille ou axe crinuliforme sur lequel la Globuline de ce végétal se 
développe. Cette Globuline , dans laquelle on a vu, avec raison, des 
séminules ou gongyles reproducteurs , est analogue à la Globuline en- 
chainée des 4/ysphæria, de certains pollens, fig. 12, et de celle conte- 
nue dans les vésicules des Zygnema, fig. 15 et 16. 

18. ZLilium candidum, Lin. 

Une petite lame de tissu cellulaire enlevée de la surface d'une 
feuille. Ces trois séries de vésicules simulent parfaitement trois fila- 
mens de conferves qui sercient soudés côte à côte. On voit dans 
l'intérieur de ces vésicules alongées que la Globuline est pariétale 
comme dans la rivulaire, fig: 14. Vers le centre dé cette petite lame 
se trouve un organe a dont les fonctions sont encore inconnues. Cet 
organe a été nommé Pore cortical, Stomate, Glande corticale , Pore 
évaporatoire, Pore de l'épiderme, Glande miliaire, Glande épidermoi- 
dale. M. Mirbel l'a appelé Pore alongé ou grand Pore, par opposition 
aux prétendus petits pores qu’il croyoit voir sur la paroi des vésicules 
du tissu cellulaire, et sur les prétendus vaisseaux du tissu tigellulaire. 

De tous les noms donnés à l’organe dont je m'occupe, celui de 


Méim. du Muséum , 1. 14. 9 


66 


19. 


20 


22. 


23. 


24. 


ExpLicATion 


Stomate me paroît préférable, Cet organe, fort remarquable, se com- 
pose d’une vésicule en anneau, plus ou moins alongée, selon les es- 
pèces de végétaux auxquels elle appartient. Cette vésicule, dans laquelle 
la Globuline abonde, se lie avec les autres vésicules du tissu cellulaire. 
L'ouverture ou fente longitudinale de l’anneau ne peut servir, en au- 
cune maniere, à l’introdution , par absorption, des substances nutri- 
tives de la plante, puisqu'elle ne s'étend pas au-delà de la vésicule 
placée immédiatement au-dessous, et qui la masque. 

J'ai appris que tout récemment M. Raspail avoit trouvé de l’analogie 
entre les stomates épidermoïdales et les anthères, et qu'il avoit consé- 
quemment pensé que la Globuline de ces organes pouvoit suppléer à 
l’action fécondante du pollen dans la formation de l'Embryon de la 
graine. É 

Une feuille panachée et dont les couleurs différentes sont produites par 
celles de la Globuline contenue dans les vésicules incolores du tissu 


cellulaire. 


. Portion du tissu cellulaire, dans laquelle on a représenté de la Globuline 


de diverses couleurs, afin d'expliquer la coloration des végétaux-par la 
Globuline. 


. Agave americana. Lin. 


Portion de tissu cellulaire détachée de la surface d’une feuille. La 
Globuline paroît affecter, dans l’intérieur de chaque vésicule , une dis- 
position en couronne. À 

Tulipa Gesneriana. Lin. 

Un pétale panaché représenté pour la même cause que celle qui est 
indiquée fig. 19. 

Quelques séries de vésicules isolées du même pétale, dans l’intérieur 
desquelles on voit de la Globuline colorée , mais simplement rudimen- 
taire. 

Solanum tuberosum. Lin. : 

Portion de tissu cellulaire blanc, détachée d’un tubercule où tige 
souterraine (Pomme de terre). La Globuline ( fécule, amidon ) est 
blanche , diaphane , nacrée , tres-grosse , comparablement aux autres 
espèces de Globuline ; plus ou moins anguleuse , par le défaut d’espace 
qu’elle a éprouvé dans l’intérieur de la vésicule-mère; marquée, sous 
certain jour, d’une aréole qui indique l’état vésiculeux plus ou moins 
avancé de cette Globuline , et souvent d’un point qui indique celui par 
lequel elle tenait à la paroi de la vésicule-mere. 


DE LA PLANCHE. 67 
25. Fragilaria unipunctata. Lyng. 

Portion d’un filament dont les vésicules se désarticulent avec une 
très-grande facilité, et dans l'intérieur desquelles on aperçoit la Globu- 
line pariétale disposée en petites couronnes. 

a. Globuline isolée d’une vésicule. 

26. Tulipa Gesneriana. Lin. 

Vésicules polliniques , contenant en elles de la Globuline , à laquelle 
les sexualistes ont donné le nom d’aura seminalis. 

a. Vésicules parfaites. 3. id. restées rudimentaires. c. Vésicule 
lançant au-dehors sa Globuline. 4. Globuline expulsée. e: Une vésicule 


en état d'extension ou de germination , sans but apparent. f: id. Plus 
avancée. 


27. Humulus Lupulus. Lin. Houblon. 

Une bractée détachée du chaton fertile du Houblon. A la base et aux 
deux surfaces de cette bractée , on observe des vésicules sphériques , 
sessiles, jaunes, tres-odorantes. Ces vésicules, auxquelles on a donné, 
dans le commerce, le nom de Lupuline, contiennent le principe 
qui donne de la qualité à la bierre , et la Globuline nombreuse qu’elles 
expulsent de la même manière que les vésicules polliniques lancent 
la leur. 

a. Portion grossie de la même bractée, sur laquelle on voit plus 
distinctement la Lupuline. b. Vésicule de Lupuline très-grossie. c. 
Vésicule lançant sa Globuline. 

La Lupuline se développe également sur la surface de l'ovaire et à 
la bases des styles. 

M. Raspail croit encore que la Globuline de la Lupuline peut servir, 
au besoin, à féconder les pistils du Houblon. 

28et29. Une vésicule isolée d’une masse de tissu cellulaire, mise en compar aion 
organique avec un animalcule vésiculeux , tel, par exemple, qu’une 
Cyclide. 

L'une et l’autre sont blanches , diaphanes , et donnent naissance, de 
leurs parois intérieures, à des corps destinés à les reproduire. La 
seule différence qui existe est dans l’inertie de la vésicule végétale , 
tandis que la vésicule animale jouit d’une grande contractilité, d’un 
mouvement volontaire, et enfin de la vie solitaire au lieu de celle 
d’agrégation. 


EE ———————————_———— — ——""—"—Û — 


OBSERVATIONS 


FAITES 


SUR LA GIRAFE 


ENVOYÉE AU ROI PAR LE PACHA D'ÉGYPTE, 


ET SORTIE DU LAZARET DE MARSEILLE LE 14 NOVEMBRE 1826. 


CR Girafe fut embarquée à Alexandrie, avec trois 
vaches destinées à lui fournir du lait. Arrivée à Marseille, 
on la débarqua au lazaret avec ses conducteurs, et elle en 
sortit le 14 novembre, à dix heures du soir, pour éviter la 
foule, qui auroit pu l’épouvanter. Elle passa sans crainte les 
portes du lazaret, et marcha tranquillement jusqu’à une an- 
cienne porte de la ville, où elle s'arrêta subitement, sans 
vouloir avancer ni retourner sur ses pas : elle manifestoit de 
la crainte mêlée d'inquiétude. On étoit fort embarrassé sur 
le parti à prendre pour lui faire continuer son chemin, lors- 
qu'une personne de la ville, qui l’avoit jusque-là précédée à 
cheval, revint auprès d’elle, et proposa d'essayer si elle vou- 
droit la suivre. Effectivement, dès que la Girafe revit le che- 
val qu’elle avoit tout-à-coup perdu de vue, elle fut tran- 
quille, et marcha derrière en le suivant de très-près, ainsi 
que les Arabes, qui la tenoient par quatre liens; mais le 
cheval étoit inquiet, son cavalier avoit de la peine à Je re- 


SUR LA GIRAFE. HE 
tenir, et il ne pouvoit supporter que la Girafe vint de temps 
en temps lui flairer la croupe. Elle eut à traverser plusieurs 
promenades publiques, et toujours elle cherchoïit à atteindre 
les rameaux des arbres auprès desquéls élle passoit, sans 
cependant perdre de vue le cheval qu’elle avoit choisi pour 
guide, et qu’elle suivit fidèlement jusqu’à l’écurie qui lui 
étoit destinée. R 

Avant de donner le détail des observations faites sur la 
Girafe même, il est bon de faire connoitre les renseigne- 
mens que l’on a pu obtenir des quatre Arabes qui sont au- 
près d'elle: ces renseignemens ont été traduits par M. Dro- 
vetti neveu, qui a bien voulu servir d’interprète, et qui a 
lui-même voyagé dans toutes les parties de la haute et basse 
Egypte, dont il connoît parfaitement les dialectes, les mœurs 
et les usages. L’un des Arabes qui a été questionné est natif 
d’un village situé à peu de distance au sud de Sennaar; il 
a habité long-temps cette dernière ville, qu’il dit être fort 
grande, et bien peuplée. l’autre n’est pas de ces contrées, 
mais il connoît la ville de Sennaar; il a vécu avec les Arabes 
errans, et il a parcouru au loin les déserts qui sont aux en- 
virons de cette capitale du Funghi, située à 13° 2 de lati- 
tude septentrionale. Voici le resumé des réponses de ces deux 
Arabes. ; 

Sennaar est situé à deux lieues de la rive gauche du Nil, 
dans une plaine basse, sujette aux inondatious pendant les 
grandes crues. 

La campagne est assez belle autour de cette ville; on y 
cultive du froment, du ris, du maïs, du sorcho, du lin, des 
légumes, du coton, etc. 


70 OBSERVATIONS 

La Girafe dont il est question a été prise à huit ou dix jour- 
nées de caravanes, au sud de Sennaar, non loin d’une con- 
trée montagneuse et couverte de forêts profondes. On peut 
présumer que cette ontrée est située dans les environs des 
lieux où le Nil et ses affluens commencent à laisser les mon- 
tagnes de l’Abyssinie pour couler dans la plaine, où, d’après 
le dire de nos Arabes, l'on trouve des autruches, des gazelles, 
des antilopes, des lions de petite espèce, et des panthères; et 
en pénétrant dans les forêts on trouve des éléphans et des rhi- 
nocéros : on y trouve des animaux qui, d’après leur rapport, 
paroissent être une espèce de cerf. Ils ont aussi parlé d’un 
animal qui seroit une espèce d’ours d’après la peinture qu'ils 
en ont faite. [ls ont assuré que les Girafes étoient en petit 
nombre, qu'elles habitoient les forêts; mais qu’elles. parois- 
soient quelquefois dans la plaine, et qu'elles étoient alors 
réunies au nombre de trois ou quatre, deux vieilles et une 
jeune, rarement en plus grand nombre. Elles ne fuient pas 
à la première vue de la présence de l’homme; maïs si on par- 
vient à les approcher elles fuient alors subitement avec une 
telle vitesse, au galop et par bond, qu’elles laissent bien loin 
les meilleurs chevaux. Cependant, si on parvient à les lancer 
dans la plaine, on peut les fatiguer, parce qu’elles ont l’ha- 
leine moins longue que celle des chevaux ; mais lorsqu’elles 
sont fatiguées elles font volte-face, et se défendent vigou- 
reusement à coups de pieds, qu’elles lancent en avant: on ne 
peut s’en rendre maître, et les Arabes les tuent. Ils en man- 
gent la chair; ils font avec la peau, qui est dure et épaisse, 
de très-longues courroies, en la coupant depuis l’extrémité 
de la tête jusqu’à l'extrémité des jambes de derrière; ils en 


SUR LA GIRAFE. PE 71 
font aussi des cravaches, comme font nos selliers avec la peau 
d'ours. Les Arabes ont assuré que les vieilles Girafes se dé- 
fendent avec succès, et à coups de pieds de devant, contre 
les plus forts animaux des déserts. C’est lorsque les jeunes 
. Girales tétent encore, que l’on peut espérer de s’en rendre 
maitre vivantes; mais il arrive presque toujours qu'en vou- 
lant se défaire de leurs liens, elles se cassent quelques mem- 
bres, ou se luxent le cou; d’autres fois aussi elles se refusent 
tout aliment, et meurent. Si on parvient à les conserver sans 
accidens pendant quelques jours, elles sont bientôt tran- 
quilles, et deviennent très-familières ; elles suivent alors sans 
liens les personnes qui les soignent, ainsi que les chevaux et 
les chameux. } 

Quant aux forêts qu'habitent les Girafes, les Arabes n’ont 
pu donner que des renseignemens très-vagues et incertains 
sur les arbres que l’on y rencontre: cependant, d’après ce 
- qu'ils ont dit de Ja forme des feuilles de ces arbres, en les 
comparant à celles qu’on leur a montrées, on peut présumer 
qu'ils appartiennent à la famille des légumineuses, et au genre 
Mimosa; et le goût bien prononcé que la Girafe de Mar- 
seille à manifesté pour les feuilles de plusieurs »2n0sa vient 
assez bien a l'appui de cette idée. Les Arabes ont dit aussi 
que les Girafes recherchoient toujours les rameaux les plus 
élevés, et que jamais on ne voyoit cet animal brouter l'herbe. 
On verra bientôt que ce n’est qu'en prenant une position 
très-gênante que la Girafe peut à peine atteindre le sol du 
bout des lèvres. 

Après ces renseignemens généraux, nous venons directe- 
ment à ceux qui concernent l'individu que nous avons sous 


72 OBSERVATIONS. 


les yeux. Il a été pris au sud de Sennaar, dans les lieux que 
nous avons précédemment indiqués, aux pieds des premières 
montagnes qui tiennent aux chaines de l’Abyssinie. Dans cette 
position la chaleur est, au dire des Arabes, moins forte 
que dans la plaine aux environs de Sennaar. Les pluies ne 
sont pas très-rares, et ces forêts sont fraiches; les nuits sont 
humides, et, dans quelques circonstances, froides; mais quel- 
que avant que l’on aille dans ces montagnes, on ne connoît 
ni la neige ni la glace. 

L'individu femelle dont nous nous occupons étoit âgé 
d'environ cinq à six lunes lorsqu'il est arrivé à Sennaar, ac- 
compagné d’un autre du même sexe, et de même âge. Tous 
les deux furent vendus par les Arabes du désert à Mouker- 
Bey, gouverneur de Sennaar. Celui-ci les envoya en présent 
au pacha d'Egypte, son maitre, après les avoir gardés envi- 
ron trois mois. La plus grande de ces deux Girafes a été des- 
tinée pour la France; et il y avait seize lunes qu'elle avoit 
quitté Sennaar lorsqu’elle est sortie du lazaret de Marseille, 
le 14 novembre 1826. Ainsi elle étoit âgée à cette époque de 
vingt-cinq lunes, ou environ deux ans. Cette jeune Girafe 
a fait le trajet de Sennaar au Caire, partie en marchant avec 
les caravanes, partie sur le Nil, dans une barque qui avoit 
été préparée pour elle seule. 

Pendant le voyage qu’elle a fait en marchant elle n’a ja- 
mais manifesté l’envie de s’enfuir; mais elle témoignoit sou- 
vent de la gaieté, comme font les jeunes chevaux. Il est à 
remarquer que cet animal, depuis son départ de Sennaar 
jusqu’au moment que nous écrivons, n’a jamais bu la moin. 
dre quantité d’eau. Voici comment on peut s’assurer de ce 


sur LA Girare. 73 
fait : elle a été prise qu elle tétoit encore; dès le premier in- 
stant de sa servitude on l’a nourrie avec st lait de vache, et 
on n'a jamais cessé de lui en dônner soir et matin. Mousser- 

Bey avoit donné les ordres les plus sévères pour qu’elle en 
fût pourvue jusqu’au Caire; arrivée dans cette ville on lui a 
présenté de l’eau, et elle n’en a pas voulu; depuis lors on ne 
lui en a présenté qu’au lazaret à Marseille et après sa sortie, 
et elle l'a toujours refusée obstinément. On peut donc tenir 
pour certain que notre Girafe n’a jamais bu d’eau: c’est 
d’ailleurs ce que les Arabes ont assuré. Leur ayant demandé 
la raison de ce goût pour le lait et de cette répugnance pour. 
l’eau, voici ce qu’ils ont sonde: : les Girafes boivent. bien 
de l’eau, ont-ils dit, mais c’est une eau toute particulière ; et 
ils ont ajouté qu'il y avoit dans les environs des lieux où vi- 
vent les Girafes un grand lac dont l’eau est blanche, douce 
et légèrement chaude, et que c’étoit là qu’elles se rendaient, 
même de très-loin, et qu’elles avoient coutume de venir 
boire. C’est. pourquoi elles ne veulent que du lait, qui a la 
couleur, le goût et la température de l’eau du lac blanc. 
Leur ayant demandé quelle étoit la grandeur de ce lac, ils 
ont répondu qu’il étoit très-long, maïs peu large ; que l’on 
y trouvoit un grand nombre de crocodiles et de gros ani- 
maux, qui d'après leur rapport seroïent des hippopotames. 
Ils ont dit encore que les Girafes avançoient dans l’eau pour 
boire, ou qu’elles se mettoient à genoux. 

Les Arabes nomment le lac en question Æ7 Baare habiat ; 
ce qui signifie, d’ après M. Drovetti, la mer du lait. On trouve 
sur quelques cartes, et à l’ouest de Sennaar, un grand 
affluent du Nil, qui est désigné sous le nom de Baar el 

Mém. du Man t. 14. 10 


74 OBSERVATIONS 


abtal, ou Fleuve blanc. Mais l’eau de cette grande rivière 
(que les Arabes regardent probablement comme un lac) 
est-elle blanche, douce et tiède? Nous l’ignorons, et aucun 
voyageur n’a pu nous éclairer à ce sujet. Quoi qu’il en soit du 
Baar el abial, on peut, sans avoir recours à ses eaux un peu 
fabuleuses, expliquer facilement le goût des Girafes prison- 
nières pour le lait. 

On ne peut avoir vivantes que des jeunes Girafes ; il est 
très-naturel qu’alors elles ne veuillent boire que du lait; et, 
comme on continue à ne leur présenter que cette boisson, il 
n’est pas extraordinaire qu’elles en conservent le goût, et 
ne veuillent pas d’eau. Il paroït très-probable que les ani- 
maux qui boivent peu naturellement ne boivent pas d’eau si 
on continue à leur donner constamment une quantité de lait 
suffisante. Ayant fait quelques expériences à cet égard, j'ai 
présenté du lait à deux änons qui étoient séparés de leur mère 
depuis quelque temps, ils l'ont bu avec plaisir; j’en ai pré- 
senté à un jeune mulet et à un cheval de cinq ans, l’un et 
l’autre l'ont bu; j'en ai présenté à un singe, il ne pouvoit 
s'en rassaser. Des cochons boivent le lait avec avidité, ainsi 
que les chiens, les chats et les rats. Je citerai à cette occasion 
un fait particulier et peu connu, celui d’une chèvre qui se té- 
toit elle-même, et que l’on est parvenu très-diflicilement à 
corriger de ce défaut, peu d'accord avec les intérêts de son 
maître. Voilà plusieurs animaux qui aiment le lait, sans avoir 
cependant conservé l'habitude d’en boire. Il ne doit donc 
pas paroître extraordinaire que la Girafe, herbivore, qui a 
conservé l'habitude de cette boisson, la préfère exclusivement 


Le 


à tout autre. £ 


SUR LA GIRAFE. 95 
- La jeune femelle qe nous avons sous les yeux boit main- 
tenant environ seize pots de lait dans les vingt-quatre heures; 
elle en prend, mais rarement, jusqu’à dix-huit et même vingt 
pots. Elle boït avec moins d’avidité le soir. Pour boire elle 
enfonce la bouche-en entier dans le liquide; et étend la lèvre 
supérieure à la surface. Elle aspire avec beaucoup de force, 
et après avoir bu elle rejette habituellement en l'air et par 
un mouvement de tête une gorgée de lait. En général elle 
ne veut pas le lait froid. Le plus souvent elle le boit dès qu’on 
le lui présente, d’autres-fois elle est très-long-temps à se dé- 
cider. Elle paroït en toute chose ou très-délicate ou capri- 
cieuse. Le vase dans lequel on lui présente le lait doit être 
sans odeur. Il paroît même que si l’Arabe qui lui présente sa 
ration a quelque odeur aux mains, comme celle de la litière, 
par exemple, cela suffit pour qu’elle refuse obstinément de 
boire. Sa nourriture solide est par jour de cinq à sept litres 
d’un mélange de maïs et d'orge. On remarque que depuis quel- 
ques jours elle en mange jusqu’à huit ou dix litres. Sur trois 
mesures d'orge on met une mesure de maïs; ce dernier grain 
est celui qu’elle préfère à tout autre. Elle le mange toujours 
avidement lorsqu’on le lui présente seul, et il lui arrive même 
de le choisir grain à grain parmi l'orge. Elle rumine peu en 
général, et bien plus souvent la nuit que le jour. Elle choisit 
çà et là quelques brins de foin, qu’elle mâche avec difficulté, 
et qu’elle avale rarement. On lui a présenté des pommes de 
terre cuites et crues, des navets, des carottes, des bette- 
raves, du raisin frais et sec, des dattes, des figues sèches, du 
sûcre, des châtaignes; elle n’a touché aucun de ces objets, et 
elle les a cependant tous flairés plus ou moins. 


10* 


76 OBSERVATIONS. 


Elle a pris du sel, mais l’a rejeté. Elle mange le pain en 
petite quantité, ainsi que les fèves. De tous les fruits frais 
qu’on a pu lui présenter, elle n’a choisi que les pommes, 
qu’elle ne mange cependant pas avec avidité. Dans le jardin 
de la préfecture’elle a toujours recherché les feuilles de 7»2- 
mosa julibrisim ; elle a recherché aussi les feuilles du robrna. 
Lorsqu'on lui a présenté des feuilles du z22m0sa farinsiana , 
elle les a prises avec avidité; il en a été de même du »77m05a 
leucocephala. Elle à brouté avec quelque préférence les 
feuilles d’un tilleul, d’un cerisier; elle s’est peu arrêtée aux 
feuilles d’un frène; elle vouloit brouter les feuilles d’un s0- 
lanum bonartense, mais on l’en a entpêchée, dans la crainte 
de quelque accident. Il est à remarquer qu’elle revient tou- 
jours avec plaisir à brouter un if et un thuïa; cependant les 
jeunes rameaux de ces arbres, surtout ceux de l'if, sont d’une 
àpreté et d’une amertume très-forte. Lorsqu'on l’a conduite 
dans une petite prairie, ou jardin, elle n’a fait aucune at- 
tention à l’herbe verte qui étoit à ses pieds, ni à l’eau qui 
couloit daus un réservoir auprès d’elle. 

Il est surprenant que ses excrémens soient de deux sortes. 
Ils sont ordinairement de couleur jaune en une seule masse, 
sans forme déterminée, de la nature de ceux de la vache, 
mais un peu plus solides. Quelquefois, mais rarement, ils 
sont par masse formée de plusieurs crottins; d'autrefois les 
crottins, toujours de couleur brune, sont séparés, mais liés 
ensemble en forme de chapelet par une substance gélatineuse 
transparente, sans couleur, et assez solide pour être trans- 
portée au bout d’un bâton. Les urines sont fréquentes, peu 
abondantes chaque fois. anus est petit, point saillant; la 


SUR LA GIRAFE. f 97 
_vulve est également petite et peu marquée; les mamelons, au 
nombre de quatre, sont placés comme ceux de la jument, 
et à peine gros comme une noisette, La queue, qui est cy- 
lindrique, a son origine assez avant sur la croupe; elle est 
épaisse à son sommet, mince à son extrémité; elle arrive à la 
hauteur du jarret; elle est terminée par une poignée de crins 
ondulés, noirs, et longs d’environ sept à huit pouces. 

Îl est assez difficile de parvenir à compter les incisives de 
la mâchoire inférieure, parce que la Girafe que nous obser- 
vons ne se laisse pas aisément toucher la tête ; cependant nous 
pouvons assurer qu’elles sont au nombre de dix en forme de 
spatule. La dernière de chaque côté est petite, conique et 
pointue : ce qui annonce qu'elle est encore dent de lait, et 
n’a pas été changée. Cette observation confirme la jeunesse de 
l'individu. Les dents incisives supérieures manquent comme 
dans tous les ruminans. Quant aux dents mâchelières, il nous 
a été impossible d’en prendre la moindre idée. La langue est 
bleuâtre, presque noire; sa surface supérieure est couverte 
d’aspérités dures et serrées, ce qui la rend très-rude au tou- 
cher: Elle est susceptible de s ’alonger de sept à huit pouces 

au-delà des lèvres : elle est alors d’une mobilité et d’une flexi- 
bilité étonnante; dans cet état elle est cylindrique et aigué,. 
et ressemble à un énorme ver noir qui s’agiteroit autour des. 
lèvres de l’animal. On peut dire que la Girafe se sert de.sa 
langue comme d’une main. Ce n’est pas avec les lèvres qu’elle 
saisit d’abord. les rameaux ou les feuilles des arbres; mais 
c’est bien avec sa langue qu’elle les amène dans sa bouche, 
eticela avec une adresse toute particulière. Tantôt elle plie le 
bout de sa langue en crochet, et tantôt elle la roule comme 


78 OBSERVATIONS 

en spirale autour de l’extrémité des rameaux, etles attire ainsi 
entre l’extrémité des deux mâchoires. C’est auësi avec sa 
langue et à l’aide des aspérités dont elle est couverte qu’elle 
saisit le foin brin à brin. 

La jeune Girafe dont nous donnons ici la description et 
la hauteur prise avec une perche, depuis le niveau du sol 
jusqu’au sommet de la tête entre'les deux oreilles, et lors- 
qu’elle est dans la position la plus droite, 11 pieds 6 pouces. 

Du niveau du sol au niveau du garrot, 7 pieds 4 pouces. 

Du niveau du sol au niveau de la croupe, 6 pieds. 

Da niveau du sol au sternum, 4 pieds 7 pouces. 

Longueur de l'axe du corps, de l’anus à la naissance du 
poitrail, 3 pieds 8 pouces. 

Longueur de la tète, 1 pied 7 pouces. 

Le cou, extrêmement long, est comprimé et mince au 
point de jonction avec la tête. Cet animal est fortement mem- 
bré, les épaules font une saillie énorme; les jambes de devant 
sont légèrement arquées vers les jambes de derrière lorsque 
l’animal est en repos. 

Les oreilles ont, à très-peu de chose près, la forme de 
celle dé la vache, et sont longues de 7 à 8 pouces. Les cornes, 
longués de 6 pouces +, sont parfaitement coniques jusqu’à 
la moitié environ de leur longueur; l’autre moitié, qui est 
cylindrique, est courbée en arrière et non terminée en pointe, 
mais carément. Ces cornes ont 11 pouces + de circonférence 
à la base, 4 pouces de circonférence à la partie moyenne et 
4 pouces de circonférence au sommet; la peau de la tête les 
recouvre entièrement, et le poil y est de la même longueur; 
seulement ceux qui recouvrent le sommet sont un peu plus 


SUR LA GTRAFE. 79 


longs et relevés en forme de brosse. On observe entre les 
deux oreilles, sur le derrière de la tête, une protubérance 
qui paroît céder à une pression un peu:forte. Comme l'animal 
ne veut pas se laisser toucher dans cette partie, on ne peut 
rien dire à ce sujet. La protubérance qui se trouve sur la ligne 
médiane de la tête, entre les narines et les cornes, fait une 
saillie conique, obtuse, d'environ 1 pouce + d’élévation et 
d'environ 3 pouces ; de diamètre. Cette saillie s’étend, mais 
d’une manière moins prononcée, sur une longueur d’environ 
& pouces vers les nasaux. Elle est couverte de poils sembla- 
bles à ceux de la tête, et on peut assurer, d’après sa dureté 
et son immobilité, qu’elle est osseuse et fait partie du front, 

Les narires sont petites; la lèvre supérieure un peu termi- 
née en pointe et de 2 pouces environ plus longue que la 
lèvre inférieure; le menton est fortement prononcé. Les 
“yeux sont noirs, grands, bien fendus, le regard est vif. 

L’œil de la Girafe est disposé pour voir de haut en bas, 
et il lui seroit impossible de voir les objets au-dessus de sa 
tête; car la voûte orbitaire fait extérieurement une saillie 
considérable et forme comme un auvent au-dessus de l’œil, 
tandis que l’arcade sous-orbitaire est rentrante. 

Le pelage du corps, du: coui, des cuisses et d'une partie des 
jambes de devant, offre des taches rousses ou fauve-clair 
sur un fond blanc sale. Ces taches, très-rapprochées, présen- 
tent des polygones approchant plus-ou moins, de la: forme 
- rhomboïdale; elles sont rangées avec quelque régularité et 
à peu près comme les cases d’un damier. Jia tête présente des 
taches rondes ou ovales. Les oreilles’et la petite crinière qui 
règne tout le long du cou, depuis locciput jusqu’à la nais- 


80 OBSERVATIONS 


sance du garrot, sont de couleur fauve. Les crins de la cri- 
nière sont très-courts et roides. 

Le dessous du corps, l’intérieur des cuisses et l’extrémité 
des jambes, sont blanc sale. 

Les sabots sont noirs, bien fendus, bien placés, et ils se 
réduisent à une très-petite épaisseur sur le derrière. 

On remarque, entre les deux jambes de devant, une cal- 
losité considérable ; on remarque aussi, derrière le coude, une 
sorte de poche ou de replis formés par la peau, et on observe 
trés-bien que pendant la marche l'articulation semble recu- 
ler à chaque mouvement de la jambe, et vient remplir cette 
poche qui est totalement vide quand l’animal est en repos. 

L’individu qui nous occupe est presque toujours en mou- 
vement lorsqu'il est debout. Il se couche le plus souvent 
comme les chameaux, sur les deux genoux, d'autrefois comme 
les bœufs, un genou plié, l’autre étendu; mais il se couche 
peu, et jamais pendant le jour. Il est très-propre dans toutes 
les parties de son corps, et ses poils, courts et un peu 
roides, sont partout bien rangés. 

Les allures de la Girafe sont le pas et le galop: nous ne 
l’avons jamais vue trotter. Les Arabes qui l’ont accompagnée 
nous ont assuré qu’elle ne trotte pas. Son pas est un amble 
parfait; ses deux pieds, d’un même côté, sont relevés et 
posés en même.temps; le corps est successivement en équi- 
libre tantôt sur les deux jambes de la gauche, tantôt sur 
celles de la droite. Elle relève peu le pied, et vient toujours 
poser le pied gauche de derrière à la place du pied gauche de 
devant; il en est de même pour la droîte. Son pas est vif, sa 
démarche aisée, mais sans grâce. 


sur LA GIRAFE. 87 

Elle: aime beaucoup à sortir de son écurie, et lorsqu'on la 
fait promener dans le jardin de la Préfecture les jours de 
beau temps, ce qui arrive souvent, elle Bônait comme un 
jeune cheval, mais d’une manière toute particulière, et dont 
on ne peut donner une idée par le récit : elle s'élève assez 
haut, et tombe roide et immobile sur ses jambes. Elle veut 
5 4 Leg se lancer au galer, elle entraîne alors avec elle 
les quatre Arabes qui la retiennent, et nous l’avons vue dans 
un moment de gaieté entrainer cinq hommes vigoureux. ‘ 

Elle ne porte qu'avec difficulté la bouche au niveau du 
sol; pour cela elle écarte considérablement les jambes de 
dévant sur les côtés ; elle contracte la croupe, fait ressortir 
ses épaules comme hors de leur place, et alonge le cou d’une 
manière roide et vraiment ridicule: dans cette position; on 
voit bien qu’elle peut prendre quelque rameau à terre; mais 
on ne conçoit pas qu’elle puisse boire. Lorsqu'elle est ainsi 
courbée, on la diroit disloquée ou estropiée. 

‘11 paroïît qu’elle ne peut pas plier facilement le cou vers 
les jambes de devant; mais nous l’avons vue porter plusieurs 
fois la bouche sur la croupe et tout le long des cuisses; le 
cou se plie alors très-facilement en cercle parfait. Si la Girafe 
ne peut atteindre le sol qu'avec peine, elle a par contre une 
grande facilité pour arriver aux feuillages qui sont bien au- 
dessus d’elle; en tendant le cou, en relevant la tête, et alon- 
geant la langue, elle peut saisir les rameaux qui sont à deux 
ou trois pieds au-dessus de sa taille. Ainsi elle peut brouter, 
sans changer de place, les rameaux des arbres à une grande 
distance. Cet animal est d’un naturel très-doux, on ne la 

Mém. du Muséum. 1. 14. 11 


82 OBSERVATIONS 


jamais vu manifester le moindre sentiment de colère ou de 
malice. Elle distingue l’Arabe qui lui donne habituellement 
son lait et son grair, mais elle n’a pas pour lui une affection 
particulière. Elle se laisse approcher de tous ceux qui vien- 
nent la voir; elle n’aime pas qu'on la touche, et ce n’est que 
lorsqu'elle craint quelque chose ou qu’ox ia tourmente trop, 
qu’elle se défend en donnant des coups de pieds en avant, 
soit avec ses jambes de devant, soit avec celles de derrière. 
Jamais elle ne cherche à donner sa tête ou ses cornes; on la 
voit au contraire tenir sa tête très-élevée quand on l’inquiète 
ou qu’elle craint quelque chose. 

Elle lèche souvent la figure, les mains et les habits de V A- 
rabe qui la soigne. Eile lèche quelquelois les étrangers, et 
flaire assez volontiers les personnes qui s’approchent d’elle. 
Elle paroït craintive, attentive au bruit : cependant elle ne s’é- 
pouvante pas du tout de la présence d’un très-grand nombre 
de personnes qui l’approchent de très-près, On lui a présenté 
des chevaux, elle paroit les voir avec plaisir, les regarde at- 
tentivement, les accompagne des yeux à mesure qu’ils s’é- 
loignent, et semble vouloir les suivre; mais les chevaux ne la 
voient pas tranquillement, ils trépignent, ils ont les oreilles 
droites, et s’éloignent dès qu'on leur lèche la bride. Les 
vaches qui la voient pour la première fois n’en prennent au- 
cune épouvante. 

Notre jeune Girafe aime le grand jour, et son écurie est 
éclairée par deux fenêtres et une grande porte vitrée. Elle est 
dans un même local avec trois vaches ses nourrices et deux 
antilopes de haute taille; elle n’est séparée que par une cloi- 


SUR LA GIRAFE. 83 


son en planche de deux forts chevaux. La chaleur dans son 
écurie est constamment au tempéré, c’est-à-dire, de dix à 
douze degrés, sans que l’on soit obligé de faire Hs feu. Il a 
été recommandé par M. Drovetti de ne pas se servir de 
poële, ni de tuyaux de chaleur. Il paroït que le régime adopté 
convient parfaitement à la Girafe, et tout annonce que nous 
la conserverons. 

Elle est bien en chair et grasse. Depuis sa sortie du lazaret, 
elle a plus de gaité et plus de vigueur. On ne lui a jamais, 
entendu donner aucune voix. 

La Girafe qui est maintenant à Marseille est la seconde 
qui soit arrivée en Europe depuis quelques années. La pre- 
mière fut envoyée par le Pacha d'Egypte à Constantinople, 
en 1822. Elle a peu vécu et est morte dans les jardins du 
sérail: on a regardé la privation de lait comme la cause de sa 
mort. 

On peut dire que la Girafe n’a rien d’élégant ni de gra- 
cieux dans le détail de ses formes; son corps court, ses jambes 
hautes et rapprochées, l’excessive longueur de son cou, la 
déclivité de son dos, sa croupe mal arrondie, et sa queue 
longue et nue, toutes ces choses contrastent d’une manière 
choquante; elle paroïît mal assise, mal en équilibre sur ses 
pieds, et cependant on est saisi d’étonnement à son aspect, 
et on la trouve belle sans pouvoir dire pourquoi. Elle n’est 
peut-être qu'extraordinaire et en opposition avec tous les 
animaux que nous connoissons. 

Il est bien remarquable qu'après l’avoir considérée atten- 
tivement, on ne conserve cependant de ses formes et de son 

à 


84 OBSERVATIONS SUR LA GIRAFE. 


port qu'un souvenir incértain c'est, je crois, ce qui dt cause 
que l’on aime en général à la voir souvent, et chaque _. 
elle donne lieu à quelques nouvelles remarques. 


Marseille, le 19 décembre 1826. 


P. $. Il paroît que depuis les dimensions prises la Girafe a grandi d’un pouce 
et demi. 

Elle mange aujourd’hui plus qu’elle ne mangeoïit à son arrivée. 

Cette note a été rédigée, d’après l’invitation de M. le Prefet, par M. Salze, 
membre de l'Académie de Marseille, professeur de physique au Collége royal, et 
de botanique à l'École secondaire de médecine. | 


T7 
: 


MÉMOIRE 
Sur le Système d'Agriculture adopté par les Bra- 


siliens , et les résultats qu'il a eus dans la 
. province de M1N4s-GERAES. 


PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. 


Rés n’a peut-être jamais été aussi florissante en 
Portugal que dans plusieurs autres parties de l'Europe, et 
les hommes qui peuplèrent le Brésil ne profitèrent même pas 
des connoïssances qu’ils possédoient. L'intérêt qu'a le culti- 
vateur à conserver sa terre est la meilleure garantie des efforts 
qu’il fera pour bien cultiver : cet intérêt, les premiers habi- 
tans du Brésil ne l’avoient point, et à peine leurs descendans 
l'ont-ils aujourd’hui. Une immense contrée s'offroit à leurs 
regards; quelquefois un soldat montoit sur une hauteur, et 
s’écrioit : «Tout ce que je découvre m’appartient; » et dans 
des temps très-modernes, on a vu récompenser par une do- 
nation de vingt-quatre lieues de terrain, sur les deux rives 
. d’un fleuve, quelques victoires obscures remportées sur des 
Indiens timides. Des hommes qui disposoient à leur gré d’une 
contrée immense n’avoient aucun besoin de prendre des 
précautions pour ménager le coin de terre où ils venoient 
de recueillir quelques grains. D'ailleurs il étoit bien rare 
qu’en passant en Amérique ils eussent le projet de s’y fixer 
Mém. du Muséum. t. 14. 12 


86 SYSTÈME D AGRICULTURE 


sans retour; ils vouloient amasser des richesses, pour les éta- 
ler ensuite aux yeux de leurs compatriotes, et à peine comp- 
toient-ils, dans leur existence, le temps qu’ils passoient loin 
de leur pays. Pendant cet intervalle, il falloit vivre sans 
doute; les pratiques qu’ils adoptèrent furent les plus expédi- 
tives, celles qui convenoient le mieux à la vie nomade qu'ils 
menoient, celles des peuplades les plus barbares. La mort, 
les infirmités, une foule de circonstances déjouèrent souvent 
les calculs de ces hommes aventureux; leurs enfants n’avoient 
à regretter ni les bords du Tage, ni les fruits savoureux du 
Douro; ils étoient fatigués d'entendre vanter sans cesse un 
pays qu'ils ne connoissoient point; ils restèrent dans celui où 
ils étoient nés, et le Brésil se peupla; maison s’étoit accou- 
tumé aux pratiques défectueuses de ses premiers habitans, 
et elles se sont perpétuées jusqu’à nos jours. 

Si j'excepte la province de Rio-Grande do Sul, celle des 
Missions, et la province Cisplatine, on ne fait usage, dans 
le Brésil méridional, ni de la charrue, ni des engrais: tout le 
système de l’agriculture brasilienne est fondé sur la destruc- 
tion des forêts; et où il n’y a point de bois, il n’y a point 
de culture. 

L'expérience a appris aux Brasiliens quelles espèces d'arbres 
sont communes dans les forêts qui, mises en culture, doivent 
donner les meilleures récoltes. Lorsqu'on a fait choix d’un 
terrain, on ne le défriche point; on se contente de couper, à 
hauteur d'appui, les arbres qui le couvrent: opération géné- 
ralement confiée aux esclaves, et que l’excessive dureté des 
bois rend souvent très-pénible. C’est quand la saison des 
pluies est passée que l’on abat les portions de forêt que l’on 


ADOPTÉ PAR LES BRASILIENS. 8 
veut cultiver; on donne aux branchages le temps de sécher, 
et l’on y met le feu avant que les pluiès recommencent. 

* Non-seulement chez nous l’on contemple avec une douce 
satisfaction les moissons qui commencent à jaünir, mais un 
champ nouvellement Jabouré plait aussi aux yeux pär cet 
aspect de régularité qui, éveillant toutes les espérances, an- 
nonce le travail de l’homme industrieux et civilisé. Au Brésil, 
au contraire, le terrain que l’on vient d’ensemenser n'offre 
que l’image de la destruction et du chaos; la terre est cou- 
verte de cendre et de charbon, d'énormes branches x demi- 
consumées par les flammes sont jonchées çà et là, et au mi- 
lieu d'elles s'élèvent des troncs noircis et dépouillés de leur 
‘écorce: spectacle d'autant plus hideux, qu'il contraste avec 
les beautés majestueuses des forêts environnantes. 

Lorsqu'on a fait deux récoltes dans une terre qui étoit 
autrefois couverte de bois vierges, on la laisse reposer; il y 
pousse des arbres beaucoup plus gréles qué les premiers, et 
d’une nature entièrement différente; on les laisse croître en- 
viron pendant cinq, six où sept années, suivant les cantons; 
on les coupe, ensuite on les brûle, et on plante dans leurs 
cendres. Après une seule récolte, on laisse la terre reposer 
de nouveau; d’autres arbres y croissent encore, et l’on con- 
tinue de la même manière, jusqu'à ce qu’on juge le sol en- 
tièrement épuisé. 

Cette portion de la province de Minas-Geraës, située à 
lorient de la Serra da Mantiqueira et de la pus qui la 
continue vers le nord, est coupée de montagnes plusou moins 
élévées, et fut autrefois entièrement couverte de forêts. Lors- 
que dés cette partie ‘du Brésil on a fait dans un terrain un 


12* 


88 SYsTèME D'AGRICULTURE 


très-petit nombre de récoltes, on y voit naître une très-grande 
fougère du genre pteris. Une graminée visqueuse, grisâtre 
et fétide, appelée Capim gordura ou herbe à la graisse, suc- 
cède bientôt à cette cryptogame, ou croit en même temps 
qu’elle. Alors presque toutes les autres plantes disparoissent 
avec rapidité. Si quelque arbrisseau s'élève au milieu des 
tiges du Capim gordura, il est bientôt brouté parles bestiaux; 
l’ambitieuse graminée reste maîtresse du terrain, et elle ne 
peut même pas être recommandée comme fourrage; car si 
elle engraisse et les bêtes de somme et le bétail, elle diminue 
sensiblement leurs forces. L’agriculteur ne pouvant plus es- 
pérer de voir naître de nouveaux arbres sur son terrain, dit 
qu'il est perdu sans retour; après avoir fait sept à huit récoltes 
dans un champ, et quelquefois moins, il l’abandonne, et brüle 
d’autres forêts, qui bientôt ont le même sort que les pre- 
mières. Où s’élevoient naguère des arbres gigantesques en- 
trelacés de lianes élégantes, le voyageur ne découvre plus 
que des campagnes immenses de Capim gordura, et cepen- 
dant il paroït incontestable que cette graminée ne s’est intro- 
duite que depuis une cinquantaine d’années dans la province 
des Mines(r);ses graines s’attachent aux vêtemens de l'homme 


(1) Quelques uns disent que ce fut un religieux qui, dans l’intention de rendre un 
service au pays, y apporta cette graminée comme fourrage, et ils ajoutent qu’elle 
fut long-temps appelée Capim do Frey Luiz, du nom de ce même religieux. 
D'autres assurent que le Capim gordura a été introduit dans la province des Mines 
par ui muletier qui venoit de fort loin, et s’étoit servi de cette herbe pour remplir 
ses bâts. Arrivé dans les environs de Villa-Rica, il renouvela son équipage; le 
Capim gordura fut jeté, et ses graines le multiplièrent. Quoi qu’il en soit, il ma 
été impossible de découvrir avec certitude de quel pays cette plante est originaire. 


ADOPTÉ PAR LES BRASILIENS. 89 

et aux poils des animaux; elle se répand partout, et quelques 
montagnes voisines de Rio de Janeiro, où il n’en existoit pas 
un seul pied lors de mon arrivée au Brésil, en sont aujour- 
d’hui entièrement couvertes. 
.… Ainsi les agriculteurs achèvent dans la province des Mines 
ce qu’avoient déjà commencé les hommes qui alloient à la 
recherche de l’or, la destruction si funeste des forêts. La 
disette de bois se fait déjà sentir dans quelques villes qui 
furent construites au milieu des forêts; et des mines de fer 
de la plus étonnante richesse ne peuvent être exploitées 
faute de combustibles. Tous les jours des arbres précieux 
tombent sans utilité sous la hache du cultivateur impré- 
voyant. Il est impossible de croire qu’au milieu de ces in- 
cendies tant de fois répétés une foule d’espèces utiles pour 
des arts et la médecine n’aient pas déjà disparu, et dans quel- 
ques années la Flore que je fais paroître dans ce moment ne 
sera déjà plus, ps. cantons, qu'un monument 
historique. 

. Par une ignorance facile à concevoir, quand on connoit 
ds rapports du gouvernement portugais avec ses colonies, 
le ministère lui-même, qui devoit s'opposer de tous ses efforts 
à. la destruction des bois, a aussi contribué à l’accélérer. Les 
plus belles forêts existoient encore intactes sur les frontières 
de la province qui sont habitées par les Indiens sauvages. 
À l'arrivée du Roi à Püo de Janeiro, le comte de Linhares fit 
rendre un décret qui exemptoit d’impôts pendant dix ans, 


Quelques Mineurs prétendent qu’elle vient de la province de Ri0-Grande do Sul, 
mais je ne l’y ai point trouvée. 


. 


90 SYSTÈME D'AGRICULTURE 

les colons qui iroient s'établir au milieu de ces bois. Une 
telle loi pouvoit sans doute être utilement rendue en faveur 
de colons étrangers qui eussent augmenté la population et 
enseigné un mode de culture plus raisonnable, mais elle ne 
devoit point être faite pour inviter les Brasiliens eux-mêmes, 
qui ont déjà détruit tant de bois, à aller détruire ceux qui 
restent encore. 

Les chances aventureuses de la recherche de l'or et des 
pierreries ont exalté chez les Mineurs cet esprit d'inquiétude 
naturel à tous les hommes; comme les joueurs, ils saisissent 
la moindre lueur d’espérance, et sont toujours prêts à sacri- 
fier ce qu’il y a de plus réel aux chimères de leur imagination. 

La plupart d’entre eux, abandonnant les lieux qui les ont 
vu naître, ont plusieurs fois transporté çà et là leur famille, 
leur fortune et leurs esclaves; et au seul récit que je faisois 
à quelques propriétaires des environs de Villa-Rica de la fer- 
tilité des rives du Jiquitihonba, je les ai vus disposés à quitter 
l'habitation où ils avoient reçu le jour, à traverser un pays 
immense, et à s’enfoncer dans les forêts peuplées par les Bo- 
tocudos. On sent avec quel empressement des hommes ani- 
més d’un tel esprit ont du saisir l’appât qui leur étoit offert 
par le gouvernement lui-même. On s'éloigne du centre de 
la province; des villages jadis florissans sont abandonnés, et 
Pon se précipite vers les frontières. La destruction des bois 
n’est pas le seul résultat fächeux d’un tel système, Une foible 
population, en se disséminant sur une immense étendue, de- 
vient plus difficile à conduire: vivant à de grandes distances 
les uns des autres, les cultivateurs perdent peu à peu les élé- 
mens de la civilisation; les principes de la religion et de la 


ADOPTÉ PAR LES BRASILIENS. o1 
morale ne leur sont plus enseignés; le criminel échappe à la 
rigueur des lois; l'Etat a plus de peine à recouvrer ses de- 
niers; et, en, cas de besoin, le pays ne pourroit qu'après un 
long espace de temps réunir tous ses défenseurs. 

Un changement dans le système d’agriculture admis jus- 
qu’à ce jour remédieroit à tant de maux. Que les Mineurs 
adoptent l'usage de la charrue et des engrais; ils n’auront 
plus besoin de détruire leurs forêts, et ces terres qu’ils disent 
être perdues sans retour leur donneront tous les ans d’abon: 
dantes récoltes; le fils mourra près des lieux où reposent les 
cendres de ses pères, et la population ne s’étendra plus qu’à 
mesure qu’elle augmentera. 

… Je sais très-bien qu'il est des côtes trop rapides pour qu’on 
puisse les labourer; mais combien de vallées fertiles peuvent 
être cultivées avec la charrue! Les racines des arbres seroient 
certainement un obstacle dans les cantons où les bois au- 
roient été brûlés récemment , mais dans une foule d’endroits 
elles sont déjà détruites; et avant qu’elles'le soient il ne se 
passe certainement pas autant d'années que le prétendent les 
Mineurs, quand ils veulent défendre le mode de culture au- 
quel ils sont malheureusement accoutumés. 

. J'ai souvent eu occasion de citer aux cultivateurs des en- 
virons de Villa-Rica un exemple dont ils avoient été témoins 
. comme moi, et qui leur prouve combien leurs terres cou- 
vertes de Capim gordura sont loin d’être perdues pour ja- 
mais. Un habitant des îles Açores étoit venu s'établir à peu 
de distance de la capitale des Mines, près du village de Santa- 
Barbara , et possédoit un troupeau de sept cents bêtes à 
cornes. Au lieu d’abattre et d’incendier des forêts, il réunis- 


92 SYSTÈME D’AGRICULTURE. : 


soit chaque soir ses bestiaux dans un parc; il faisoit enclore 
d’une haie sèche un champ de Capin gordura, et y mettoit 
le feu. Sans bêcher son champ, sans le labourer, il y faisoit 
creuser des trous; des nègres déposoient dans chacun d’eux 
un peu de fumier pris dans les parcs où les bestiaux avoient 
été enfermés, et on y mettait ensuite des grains de maïs. J’ai 
vu ces champs à l’époque de la floraison du maïs; les tiges 
étoient pour le moins aussi belles que celles qui viennent au 
milieu des cendres des bois vierges, et le verd gai de leurs 
feuilles contrastoit d’une manière agréable avec la couleur 
grisâtre du Capim gordura qui avoit poussé avec elles. Si des 
procédés qui rappellent autant l'enfance de l’art ont pu pro- 
duire des résultats aussi heureux, que ne seroit-on pas en 
droit d’espérer d'une culture régulière ? 

Il est très-vrai que lorsqu'on a soin d’éloigner les bestiaux 
d’un terrain où croit le Capim gordura, et que ce terrain 
est par lui-même d’une nature excellente, le Capzm gordura 
finit par se détruire de lui-mème; les vieilles tiges forment 
au bout d’un certain temps une couche épaisse qui ne per- 
met pas aux semences de lever; des rejets d’arbres et d’ar- 
brisseaux se montrent peu à peu; et lorsqu'ils commencent à 
donner de l'ombre, ils font périr entièrement l’ambitieuse 
graminée. Mais il ne faut pas moins de dix ans pour qu’un 
tel changement s’opère dans les meilleurs terrains; et com- 
bien n'est-il pas difficile d’ailleurs d’empècher les bestiaux 
d'approcher d’un champ lorsqu'on ne les garde point! 

Ce n’est pas seulement, au reste, dans les parties du Brésil 
où croit le Capun gordura que le système d’agriculture en 
usage parmi les Brasiliens a les inconvéniens les plus graves. 


ADOPTÉ PAR LES BRASILIENS. | 
Il est d'immenses pays où cette graminée n’a pas encore pé- 
nétré, et d’autres où elle ne pénétrera probablement jamais, 
parce qu’elle ne se plaît bien que dans les terrains argileux; 
mais dans ces pays même, l'incendie répété des bois épuise 
également les terres. Ainsi celles de Piedade, dans le district 
de Minas-Novas, où l’on ne voit point de Capim gordura, 
commencent déjà à se fatiguer, et cependant ce canton n’est 
peuplé que depuis quatre-vingts ans. 11 n’y a pas trente-cinq 
ans que l’on cultive les environs de San-Domingos, et déjà 
les colons se plaignent du peu d’abondance de leurs récoltes. 
Je sais qu'il est quelques cantons heureusement favorisés, tels 
que les environs de Salgado , sur les bords du Rio de Santo- 
Francisco, où on laisse à peine reposer la terre, et où elle 
_ produit toujours avec une égale fécondité; mais ces cantons 
sont du nombre des exceptions, et peut-être n’en devrois-je 
citer aucune dans une esquisse qui ne doit présenter que 
quelques traits principaux. 
S'il falloit actuellement indiquer un moÿen de décider les 
Mineiros à renoncer à leurs pratiques erronnées d’agricul- 
_ ture, cette tâche ne seroit assurément pas difficile. Le gou- 
vernement brasilien exempte de dix années d'impôts ceux qui 
se transportent sur les frontières de la province des Mines; 
qu’il n’ajoute point à ce sacrifice, qu'il en change seulement 
la direction. Au lieu de récompenser des hommes qui cher- 
chent à se soustraire à la surveillance de l’autorité, et détrui- 
sent les forêts qui subsistent encore, que l’on accorde la 
même prime à ceux qui laboureront les terres couvertes de 
Capim gordura, ei Von verra, j'ose le dire, une heureuse ré- 
volution s’opérer bientôt dans la province de Minas-Geraes. 
Mém. du Muséum. 1. 14. 13 


MÉMOIRE vos 
SUR LE GENRE TOZZIA. 


PAR M. AUG. DE SAINT-HILAIRE. 


(Lu à la Société d'Histoire naturelle, dans sa séance du 17 novembre 1826.) 


1 


; 


Nous connoissons jusque dans ses moindres détails l'or- 
ganisation d’une foule de plantes exotiques, et il en est d’in- 
digènes dont la structure et l’histoire sont loin d’avoir été com- 
plétement étudiées. Les botanistes doivent, ce me semble, 
faire des efforts pour remplir de telles lacunes, et j’espère 
qu'on me saura gré de publier quelques observations qui 
acheveront de lever toute espèce de doute sur les affinités du 
genre l'ozz1@, aflinités qui jusqu'ici n’avoient pu être déter- 
minées avec une entière certitude. 

Une plante qui présente, avec une corolle irrégulière et 
des étamines didynames, un fruit à une seule graine, devroit 
nécessairement embarrasser les botanistes qui s’occupent de 
rapports naturels : aussi ont-ils montré beaucoup d’incerti- 
tude sur la place qu’il falloit accorder au genre 7ozzta. Lors- 
que les végétaux étoient encore mal étudiés, et la théorie des 
affinités imparfaitement établié, Bernard de Jussieu rangea 
ce genre parmi les Primulacées; Adanson le placa ensuite 
avec les V’erbenacées, auxquelles il joignoit aussi le Gerar- 
dia (fam. 2, p. 200); Antoine-Laurent de Jussieu le mit à 


MÉNOIRE SUR LE GENRE Tozzra.  : 
la suitedes Lysimachies ; et enfin Ventenat le laissa parmi les 
genres dont la place est incertaine (tab. vég. 1v, pl. 1). 
I paroît que la plupart des äuteurs ont considéfé le fruit 
du Tozzia comme bivalve, ét il est à croire que leurs incer- 

titudes eussent été plus grandes encore s'ils avoient eu sur ce 
fruit les idées que m'a données une observation attentive. 
Binné dit que la capsule du Tozzia est univalve: Il est clair 
qu'il n’a pas entendu par là que cette capsule s’ouvroit laté- 
ralenfent comme celle, par exemple , de plasieurs Renoncu- 
lacées, seul cas où il n’y a vraiment qu’une valve; ilest beau- 
coup plus vraisemblable que immortel Suédois aura voulu 
dire que le fruit du Tozzia étoit composé d’une seule pièce, 
parce qu’il est indéhiscent. Les fruits nombreux que j'ai vus, 
tant dans l’herbier de M. De Candole que dans le mien, 
m’étoient pas; je crois, parfaitement mûrs; mais le botaniste 
un peu exercé reconnoît facilement, mêmetavant la parfaite 
maturité, quand un fruit est déhiscent ou quand il ne doit 
pas s'ouvrir. Car voici la forme de celui du Z'ozzia : Al est 
obovoïde-arrondi, légèrement comprimé, relevé dans sa péri- 
phérie d'un bord saillant, ou espèce de crête étroite, et je ne 
me rappelle point que la crête que je viens de signaler, et qui, 
sije ne me trompe, est commune chez les fruits uniloculaires 
indéhiscens, se retrouve dans ceux qui s’ouvrent. Mais il ya 
un caractère qui achève d'établir, ce me semble, l’indéhis- 
cence des fruits du Tozzia, c’est que la consistance de ces 
fruits n’est réellement pas capsulaire. Quoique je ne les aie 
vus que dans lherbier, et par conséquent dans l’état de des- 
siccation, j'ai reconnu que le péricarpe n’étoit point formé 
d’une substance homogène; la partie intérieure est crustacée; 
197 


96 Mémoire 

la portion extérieure paroît avoir été plus molle, et par con- 

séquent le fruit dont il s’agit doit être appelé drupe ou dru- 
péole, ét non capsule. La dissection du jeune fruit, après 
la chute de la corolle, pouvoit déjà me faire pressentir ce 

caractère ; car dès-lors j'ai trouvé au péricarpe une épaisseur 

que ne présentent point ceux qui sont destinés à devenir 

simplement capsulaires. Gœrtner fils semble, au reste, avoir 

reconnu le caractère énoncé plus haut, car il donne le nom 

de rucule au fruit dont il s’agit, et il y distingue une écorce 

et un noyau (cortex, putamen) (Sup. p. 105). Le mème 

auteur, il est vrai, a dessiné les fruits dont il s’agit comme 

étant à deux valves au sommet. Mais parmi ceux que j'ai ob- 

servés, j'en ai trouvé également un qui, semblable au dessin 

de Gœrtner, étoit bivalve à la partie supérieure, et il étoit 

évident que les deux prétendues valves étoient dues à la pres- 

sion de l’herbier, car leur séparation indiquoit un déchire- 

ment, 

Comme les autres botanistes, M. De Candole a pensé que 
le fruit du T'ozzia étoit capsulaire et bivalve. Cette opinion 
étoit sans doute, comme je l'ai déjà fait remarquer, un obs- 
tacle de moins pour reconnoître la véritable place du genre; 
car dans la famille à laquelle on doit le rapporter, il n'existe 
pas, à ma connoissance, de fruits indéhiscens, mais unique- 
ment des fruits 2-valves; mais ceux des sectateurs des rap- 
ports naturels qui avoient précédé M. De Candole, avoient 
avancé sur le fruit la même chose que lui, et pourtant ils 
avoient méconnu les véritables affinités du genre qui nous 
occupe. L’illustre auteur de la Flore française, adhérant aux 
idées de M. Ramond, fit très-bien sentir que le Tozzia ne 


SUR LE GENRE TOZZIA.. 97 
pouvoit être placé parmi les Primulacées ni parmi les V’er- 
benacées; et tout en montrant qu'il différoit de ses Rhinan- 
thées par la capsule, il le mit pourtant, à cause de ses étamines 
et de sa fleur irrégulière, parmi les plantes de cette famille. 

Lorsque dans mon Mémoire sur le placenta central je passai 
en revue les genres qu’on avoit rapportés avec doute à la 
famille des Primulacées, je dus nécessairement parler du 
Tozzia. Je rappelai l'opinion de M. De Candolle, et je m’ex- 
primai comme il suit : « D’après l'invitation de M. de Jus 
« sieu, M. Desvaux et moi nous avons ouvert plusieurs fruits 
« du Tozzia pris sur des échantillons secs, et dans l’un d’eux 
« M. Desvaux a trouvé deux loges. On sent cependant qu'il 
« sera nécessaire de voir ce caractère sur le fruit. » 

Jusqu'à ce moment aucun botaniste n’avoit eu, à ce qu’il 
paroit, occasion d'observer l'ovaire du genre qui nous occupe. 
Ayant été assez heureux pour trouyer le Tozzia avec des 
fleurs dans les Alpes d'Appenzell (1), je me suis empressé 
d'en ouvrir le jeune fruit tiré de la .corolle, et voici ce que 
j yai observé : Il est partagé par une cloison fort mince en 
deux loges 2-spermes; les ovules, à peu près oblongs-cylin- 
driques, sont attachés à la cloison par une grande partie de 
leur longueur, et n’ont guère de libre que tout-à-fait leur ex- 
trémité inférieure. Un tel ovaire est, dans l’ensemble de ses 
caractères, celui de plusieurs Scrophularinées ; par .consé- 
quenit tous les doutes disparoissent ; et c’est dans cette famille, 
près du Mélampyrum , genre à ovules en nombre déterminé, 


(Gi) A l’'Untergarten, localité qu’il faut recommander aux botanistes d’une ma- 
nière spéciale. 


98 Mémorre 

qu'il faudra irrévocablement placerle Tozzia(r). Commetant 
d’autres observations, celle-ci prouve qu’ondoit étudier le fruit 
dans les ovaires, et que sans ces derniers on ne peut souvent 
obtenir une connoissance parfaite des rapports des plantes. 

Ceux qui ont quelque idée dé l’histoire des fruits, devi- 
neront facilement comment l'ovaire du 70zs1a devient un 
péricarpe uniloculaire et 1-sperme. Si l’on ouvre l'ovaire 
après la chute de la corolle, on trouvera qu’un seul ovule a 
pris de l'accroissement, et dès lors tout le reste de la méta- 
morphose s'explique sans aucune peine. L’ovule fécondé doit, 
comme cela arrive si souvent, repousser peu à peu la cloison 
et les ovules contre la paroi du péricarpe, et il finit par rem- 
plir plus ou moins la cavité du fruit devenu uniloculaire. Pour 
peu qu’on examine la sémenceavet attention, ou se convaincra 
au reste de la vérité de tout ce que j’avance ici; car du côté 
de cette semence où l’on voit l’ombilic, on trouvera les ovules 
avortés qui présentent une couleur jaunâtre. Il est bien évi- 
dent, d’après la figure de Gœrtner fils, que ces ovules ne lui 
ont pas entièrement échappé; mais il a méconnu leur nature, 
et c’est incontestablement ceux qu’il a appelés des apper- 
dices du cordon ombihcal (umbilicus appendiculatus). 

Je crois que, pour faire connoître complétement la plante 
qui fait l'objet de ce Mémoire, je dois dire un mot de ses 
graines. Celles que j'ai disséquées étoient assez müres pour 
me faire connoître leur organisation. L’ombilic est latéral, 
linéaire, et occupe une partie considérable de la longueur 
de la semence. Le périsperme est grand et charnu. L’embryon 


(1) C’estlà qu'il est déjà dans la Flore française. 


ne EN EN NE PPS enseen, 
est droit, fort petit, et il occupe dans le fruit la partie tout- 
à-fait supérieure du périsperme; la radicule regarde le style, 
et est par conséquent supérieure. Il est clair, d’après ceci, 
que ni la radicule, ni les cotylédons ne sont tournés vers 
l'ombilic, et que l'embryon du Tozsia est er au plan 
de ce dernier. AC 

- Ordinairement l'embryon des Sie est placé 
de l’axe du périsperme ,'et sa radicule aboutit à l’ombilic; 
cependant le parallélisme de ce dernier et de l'embryon, gé- 
néral dans les Primulacées, se rencontre encore dans quel- 
ques autres Scrophularinées que le Tozzia, et il confirme 
les rapportsintimes des deux familles, rapports établis, comme 
je l'ai prouvé jadis, par l'intermédiaire du Zimosella (voyez 
mon Mémoire sur le placenta central). ” 

D'après ce que j'ai dit, voici comment il faut tracer les 
caractères du genre Tozzia : 

:Calyxcampanulatus, subbilabiatus, 4-dentatus. Corolla 
mulio longior, 2-labiata ; labio superiore bilobo, inferiore 
tripartito. Stamina 4 didynama; antheræ 2-partitæ, sur- 
mo-dorso affixæ ; loculrs bast aristatis, longitrorsum dehis- 
centibus. Stylus, 1. Stigma obtusum. Ovarüim superum , 
2-loculare; loculis 2-spermis. Ovula oblonga per totam ferè 
longitudinem affixa, infernè libera. Fructus subdrupaceus, 
abortu 1-spermus. Umbilicus linearis. Perispermum car- 
nosum, magnum. Embryo minutus, in margine perisperm 
docatus; rectus , umbilico parallelus.: radicula supera. 


si 


EXAMEN 


VÉGÉTATION DE L'ISOETES SETACEA , 
ET EXPOSITION DE SES CARACTÈRES. 


PAR A. RAFFENEAU DELILE, 
Professeur de botanique à la Faculté de médecine de Montpellier, Correspondant de 
l'Académie royale des Sciences, etc. 


L, méthode naturelle qui distribue les plantes par familles 
repose sur l'étude spéciale de la graine, dont la structure 
correspond à la disposition d’autres organes, de manière à 
faire utilement déduire la connoissance de plusieurs carac- 
tères de l'observation d’un seul. Cette méthode est assujétie 
à la liaison que les plantes conservent entre elles par leurs 
degrés de ressemblance. Elle embrasse tous leurs rapports; 
et par l’ensemble de ces considérations, elle devient très-fa- 
vorable aux progrès de la science. Ses principes ont nécessité 
l'analyse de la graine à sa formation avec le fruit, et surtout 
à son état parfait propre à la germination, qui est le but au- 
quel elle est destinée. Les travaux des botanistes les plus 
distingués de nos jours offrent à cet égard d’excellens modèles 
de recherches, au moyen desquelles ils ont approfondi la 
connoissance du fruit , déterminé l’usage de ses parties, et si- 
gnalé les changemens qu’elles éprouvent depuis la féconda- 
tion jusqu’à la maturité et la germination, On n'a pas tardé 


DE L'ISOETES SETACEA. TOI 


à reconnoître que les rapports des organes sexuels aux pro- 
duits de la fécondation sont tels, que les végétaux dont les 
sexes sont les plus évidens sont aussi ceux dont les fruits et 
la germination nous laissent le moins de doute sur nos obser- 
vations. Mais la petitesse des graines des végétaux crypto- 
games ou acotylédons les dérobe ordinairement aux expé- 
riences des naturalistes, qui ne sont point demeurés d'accord 
sur les dénominations à donner avec exactitude aux parties 
regardées tantôt comme des graines, tantôt comme des bour- 
geons développés sans besoin ni présence de poussière fé- 
condante. Le désir de joindre quelques observations à celles 
qu’on a déjà faites pour éclairer la question des sexes et de la 
germination des cryptogames, m'a fait examiner à tous les 
degrés de sa végétation l’Zsoefes, genre de plante précé- 
demment classé parmi les acotylédones, et dont on n’avoit 
point encore vu germer les graines. Une espèce de ce genre 
est abondante à demi-lieue de Montpellier, dans l’ancien 
bois de Grammont, si fertile que Hebenstreit, au retour 
de ses voyages, cité par Linné ( 7» Am@æn. Acad. +. 4, 
p. 472), racontait n'avoir vu nulle part tant de plantes dans 
un si petit espace. J’ai souvent abordé ce lieu avec cu- 
riosité, comme je vois s’y porter les étrangers non moins 
remplis que moi des souvenirs qu'impriment les écrits de 
Linné. 

L'Isoetes setacea est une plante aquatique, presque tou- 
jours submergée, qui croit dans le limon glaiseux que les 
pluies emportent des champs, dans un petit lac qui se détrui- 
rait si l’on n’avait soin de l’entretenir ; on en retire le limon 
pour le porter au pied des vignes voisines plantées dans un 


Mém. du Muséum. 1. 14. 14 


102 _ VÉGÉTATIOoN 

sol tout couvert de cailloux. La racine de l’fsoetes est une 
souche ou tubercule analogue au plateau des bulbes, et au- 
quel se rattachent toutes les parties du végétal. Ce tubercule 
est charau, globuleux, partagé en trois lobes à sa circon- 
férence ( pl. 6, fig. 15, 17 e ), et convexe en dessus, ou les 
feuilles sont disposées en faisceau. Il présente, au moyen de 
ses trois lobes, trois faces un peu obliques en dessous, sépa- 
rées par trois sillons, et occupées chacune par un écusson ou 
disque déprimé, de la circonférence duquel naissent de nom- 
breuses radicules. Les feuilles sont en fer d’alène, demi-cy- 
lindriques sur le dos, membraneuses sur les bords à leur base 
où la fructification adhère ; elles sont partagées dans le sens 
de leur longueur en quatre canaux anguleux, convertis en 
cellules alongées, par des cloisons transversales: ces cellules 
donnent aux feuilles une légèreté nécessaire à leur direction 
souvent verticale dans l’eau. Les feuilles centrales sont gar- 
nies à leur base de conceptacles d'organes mâles, et celles de 
la circonférence logent les conceptacles des organes femelles. 
Les unes et les autres portent une écaille ou appendice placé 
au-dessus du bord supérieur des conceptacles. C’est cette 
écaille que Linné a regardé comme le calice dans le genre 
Isoetes. Elle paroît destinée à protéger l'extrémité supérieure 
des organes sexuels, comme ferait une véritable valve. Une 
glande distincte ( fig. 23 et 26 © ) remplace le sommet d’un 
stigmate au-dessus des conceptacles femelles, et le sommet 
d’une anthère au-dessus des conceptacles mâles. Cette glande 
se flétrit et saaltère après la fécondation; il est aisé de suivre 
par la dissection ( fig. 27, lettre © ) la trace des communi- 
cations de cette glande avec le tissu des conceptacles. 


DE L'ISORTES SETACEA. 103 


Les conceptacles mâles ne différent des femelles que parce 
qu’ils sont remplis de poussière formée de très-petits globules 
ovoïdes, gros d'un vingtième de millimètre seulement, tandis 
queles globules des conceptacles du second ordre ou femelles 
sont sphériques et épais d’un demi-millimètre. Chaque feuille 

de la plante est excavée en dedans à sa base, et refoulée én 
dehors pour loger un conceptacle presque axillaire, demi- 
ovoïde, dressé, convexe en dehors, libre par ses bords, et 
qui né communique que par une portion moyenne dorsale 
avec le tissu de la feuille. Lies conceptacles se développent 
sous la forme d’un écusson ovoide, fort petit, pelté en des- 
sous. Ils sont très-minces, membraneux, transparens multi- 
loculaires, à cloisons incomplètes, et qui se réduisent à de 
simples brides perpendiculaires sur l'épaisseur de la capsule. Je 
n'ai pu découvrir d'insertion fixe des corpuscules dans aucun 
des conceptacles : leurinsertion m’a paru vague; et lorsque je 
les ai examinés avant leur état parfait, ils étaient sous forme 
de points opaques, simples, noyés au centre de points plus 
gros, anguleux, charnus et transparens. Wahlenberg a décrit 
dans l’/soetes lacustris les corpuscules comme composés 
chacun de quatre grains distincts enfermés dans une tunique 
capsulaire; il a figuré les corpuscules des deux ordres de 
conceptacles de manière à faire voir que les corpuscules, 
arrondis avant leur maturité et transparens, présentent au 
dedans d’une tunique commune quatre points opaques (1) 
qui indiquent la division des corpuscules en quatre autres 
lors de la maturité. Je n’ai rien pu voir de semblable, soit 


(1) Wahlenberg, Flora lapponica , pag. 194, tab, 26. 


14: 


104 VÉGÉTATION 


dans l’Zsoetes lacustris frais,recu des montagnes des Vosges, 
soit dans l’/soetes setacea, qui, pour le volume des parties et 
pour l'évidence de leur disposition, a été très-propre à mes 
observations. 

Les corpuscules dont j'ai pu reconnoître l’organisation 
sont logés dans les conceptacles des feuilles extérieures, et 
ont les caractères propres aux graines; ils sont globuleux, 
chagrinés à la surface, taillés circulairement, à peu près vers 
leur moitié, en un bord tranchant, auquel aboutissent trois 
crêtes fines qui partent d’un point commun et bornent trois 
fossettes triangulaires (fig. 1). Le £esta ou tégument extérieur 
est blanc, friable, couvert d’aspérités; il est tranchant sur 
ses crêtes et sur son rebord annulaire; il est poreux et s’im- 
bibe rapidement d’une humidité qui change aussitôt sa cou- 
leur et le rend gris, mais il redevient très-blanc en se séchant. 
Le £egmen ou tégument intérieur ( fig. 6 b ) est lisse, vert- 
olive, un peu moins opaque et plus épais, marqué du rebord 
annulaire et des trois crêtes plus mousses. L’amande, sous 
les tégumens, est un embryon utriculaire (fig. 4), sphérique, 
qui cède sous la pression, et qui contient un fluide un peu 
grumeleux (fig. 5 ) dans une membrane fine, sur laquelle on 
découvre trois lignes foibles, rayonnantes. Je n’ai trouvé 
d’autre moyen pour séparer les trois parties de la graine, sa- 
voir, les deux tuniques et l’amande, que de faire éclater, 
entre une lame de verre et un instrument plat, par une pres- 
sion modérée, les tégumens l’un après l’autre, afin d'obtenir 
l’amande, ou petit corps vésiculeux intérieur entier, sans quoi 
sa liqueur pénètre les tégumens, et empèche de distinguer 
qu'il y en a deux. 


DE L'ISOETES SETACEA. 105 


Ces graines ont la propriété d’être plus pesantes que l’eau; 
elles éclatent quand on les approche de la flamme d’une 
chandelle, mais n’entrent pas aussitôt en ignition, à moins 
qu'on ne les ait écrasées; alors elles brülent lentement. La 
poussière fine des coques ou capsules mâles a aussi la pro- 
priété de brüler avec lenteur; elle se mêle facilement à l’eau, 
et ne s’y précipite que par degrés. 

La plantule ne paroît dans la germination qu'après avoir 
percé d’abord supérieurement (fig. 7, 8, 9 d) le tégument 
qui lui est propre et qui forme un tube court. Ce tégument, 
par son développement, remplit les fonctions de cotylédon 
au moyen des adhérences ou prolongemens membraneux 
qu'il contracte avec les radicelles primordiales (fig. 10 8); 
mais il se détruit bientôt après avoir paru dans le principe 
juxtaposé à la manière d’un endosperme ou albumen. 

Le sommet de l’embryon est vert, et sa radicule est 
blanche. Il ne tarde pas à s'organiser, entre le sommet et la 
radicule, un tubercule arrondi d’où commence à poindre, 
par le haut, une deuxième feuille cylindrique (fig. 13 1), et 
par le bas une seconde radicule (fig. 11,13 f F). Le tuber- 
eule se grossit d’un second lobe, et débat en ne d’un troi- 
sième, de manière à former en miniature la vraie souche qui 
continue de s’accroitre, et qui pousse des radicelles et des 
feuilles plus nombreuses. Ce tubercule, ou bulbe solide, varie 
singulièremeut en grosseur depuis trois à xqusire millimètres 
jusqu’à vingt-cinq ( ou depuis une ligne jusqu’à un pouce) 
(fig. 14 à 18), suivant l’âge auquel on l’observe. Il est vivace, 
et n’acquiert pas dès la première année tout le volume qu'il 
est susceptible de prendre; voilà pourquoi l’Zsoetes setacea, 


106 VÉGÉTATION 


proportionné par la taille de ses feuilles à celle de ses racines, 
est tantôt une plante sétacée de peu de lignes de haut, tantôt 
une plante subulée élevée de plus d’un pied. | 

Ce tubercule est un peu âcre et fait mal à la gorge; il varie 
suivant les saisons. Il est recouvert et caché par les feuilles 
à sa face supérieure en été; ses trois lobes sont alors vides en 
partie, et réduits à trois poches membraneuses (fig. 22) 
formées par l’écorce retenue à un centre à trois branches, 
charnu. L'eau dans laquelle il a poussé s’épuise ordinairement 
par la sécheresse; les feuilles de la plante périssent, la végé- 
tation reste suspendue, mais la souche charnue se conserve 
très-long-temps, soit en terre, soit à l’air. J’ai fait l’expé- 
rience de garder deux ans des tubercules d’Zsoetes setacea 
dans des tiroirs, et de les planter ensuite : je les ai vus pousser 
sitôt que je les ai tenus humides. Il est donc tout aussi facile 
de cultiver cette plante de ses racines imitant des bulbes, que 
tant d’autres qui sont également vivaces. Il faut seulement la 
tenir inondée au moins pendant une grande partie de l’année: 

Le tubercule commence à croître et se renfle à la fin de 
l'automne; il ne présente plus les feuilles dont il a été cou- 
vert; elles sont détruites, et la fructification en a été enlevée 
sous l’eau pour peu que la plante soit restée submergée. Le 
bourgeon central commence à se développer sous la forme 
de feuilles aplaties et très-étroites , à la base desquelles il n’y 
a point encore de fructification (fig. 17). La souche est alors 
solide, à trois lobes, et nue dans le pourtour de sa face 
supérieure (fig. 15, 17), où les traces de plusieurs feuilles de 
l'année précédente sont imprimées en cicatrices concentriques ; 
et c’est précisément cette partie du tubercule qui se vide 


DE L'Isorres SETACEA. 107 
(fig. 22) à mesure que ses sucs sont absorbés par les feuilles 
qui croissent abondamment. Les feuilles du contour du bour- 
geon développées tandis que le tubercule est gorgé de sucs 
convenables, sont les seules qui produisent des graines fer- 


_tiles. Tous les rangs de feuilles intérieures ne produisent que 


des corpuscules pulvérulens, et les sucs de la végétation se 
distribuent à ces feuilles très-alongées, ou bien séjournent 
de manière à rendre le tissu du tubercule plus dense et moins 
aqueux en été qu'il ne l’étoit en hiver. 

Les tubercules extraits de terre à maturité après l’été se 
conservent sans diminuer de volume, tandis que, recueillis 
dans l’hiver ou au printemps, ils se rident et se dessèchent 
en perdant une partie de leur grosseur. Cette plante ne paroiït 
pas se propager par sa racine, qui est un tubercule isolé, 
vivace, destiné à la conserver. Elle se multiplie considérable- 
ment de ses graines qui germent au mois de novembre, et 
quoiqu’elles diffèrent à peine, extérieurement, de celles de 
certains Lycopodes, elles ont cependant un tout autre mode 
de germer. 

Les Lycopodes, en prenant pour exemple le Lycopodium 
denticulatum décrit par Brotero et Salisbury, sont pourvus 
d’un tubercule latéral, appelé JZ£ellus par Brotero, et qui 
donne naissance inférieurement à la radicule, et supérieure- 
ment à une ügelle couronnée de feuilles primordiales oppo- 
sées, ou vrais cotylédons. L’Isoetes en germination consiste 
dans un pur embryon dont la tunique propre est l’analogue 
d’un cotylédon de joncée ou de liliacée. Cet embryon sa- 
longe, et devient vermiforme de sphérique qu’il étoit; mais il 


105 VÉGÉTATION 

ne sort de feuilles de cette plantule cylindrique qu'après qu’il 
s’est développé, dans un point de sa longueur, une nodosité 
qui sépare la radicule de la tigelle, et qui devient intermé- 
diaire des deux systèmes de la plante, l’un ascendant, l’autre 
descendant. On voit au microscope cette nodosité composée 
d’un nombre de cellules fines, globuleuses (fig. 10, 12 e), 
d'autant plus grand que la nodosité acquiert plusde grosseur, 
jusqu’à ce qu’elle devienne enfin une bosse latérale, opaque, 
rudiment de la souche qui netarde pas à se composer de trois 
lobes, et à constituer la souche vivace de la plante. La graine 
du Lycopode, plante très-feuillée, conserve jusque dans son 
embryon des feuilles rudimentaires. La graine de l’Isoetes, 
qui, au lieu de feuilles en lame, n’a que des feuilles en tuyau, 
ne conserve dans sa structure qu'un cotylédon tubulaire dès 
qu'il s'est développé. On observe, parmi les plantes phanéro- 
gamés, que la Cuscute non feuillée est dépourvue de coty- 
lédons ou rudimens de feuilles quand elle germe ; tandis 
que les plantes auxquelles elle s’allie par sa floraison, très- 
pourvues de feuilles, le sont aussi de cotylédons. On en tire 
cette conséquence que, lorsque la végétation réduit une 
plante au rudiment ou à l’ébauche de son existence dans 
la graine, elle y prépare plus ou moins l’état parfait des traits 
qu’elle n’a pas tous supprimés, en proportion de ce qu’ils 
sont plus ou moins saillans dans la plante adulte. 

Les Lycopodes ont des graines marquées de trois crêtes 
comme celles de l’Isoetes, ce qui établit un degré d’aflinité 
réelle entre ces genres. L’Isoetes paroît être le type de cette 
organisation; elle y correspond aux trois lobes verticillés, 


_ 


DE L’Isozres SETACEA. ‘109 


soudés de la racine aux feuilles rangées concentriquement 
trois à trois qui couronnent cette racine , et aux trois ner- 
vures ou cloisons longitudinales qui font le soutien intérieur 
de la membrane tubulaire des feuilles. Ce n’est point la com- 
pression, comme l'a prétendu Wahlenberg, qui occasione 
les trois crêtes inhérentes à la structure des graines. La com- 
pression agit si directement sur elles, que les facettes par les- 
quelles leur contact s'opère s’aplatissent sans avoir rien de 
symétrique les unes par rapport aux autres. La pression les 
déprime sur des points variables, mais ne produit point de 
crêtes autour de leurs facettes contigués qui deviennent 
lisses. L : 

Ray, botaniste anglais, est le “premier qui ait fait connoître 
(en 168) le genre Isoetes, en décrivant l’espèce propre aux 
lacs des montagnes du pays de Galles, et qui, depuis, a été 
appelée Zsoetes lacustris. I cita les divers noms de cette plante 
Subularia, Calamistrum, dizoides, et fit remarquer qu’elle 

ne portoit ni fleurs, ni fruits apparens, quoique Richardson, 
botaniste du même temps, eût réussi à la cultiver. Dillen, 
soixante-neuf ans plus tard, fit connoïtre la fructification de 
la base des feuilles, et fit graver la plante dans son histoire des 
Mousses, en lui donnant le nom de Calamaria, imité de 
celui de Calamistrum mentionné par Ray. Ces noms sont 
une imitation latine du nom anglais Quéllwort, signifiant 
herbe à tuyaux de plumes, et convenable à des feuilles fistu- 
leuses. Linné, dans la première édition de la Flora suecica, 
réunit au genre Marsileale Calamaria de Dillen. Il recueillit 
ensuite, en Scanie, cette plante qu'il décrivit.et dont il donna 
une figure (ter Scan., p. 149), en lui imposant le nom gé- 
Mém. du Muséum. 1. 14. 15 


110 VÉGÉTATION 


nérique d’Isoetes. Il fit choix de ce mot , parce qu’en grec il 
est synonyme d’Aizoides ou Joubarbe, l’un des termes que 
Ray avoit employés. Pline est l’auteur qui nous apprend que 
la petite Joubarbe a été appelée autrefois Isoetes et Aizoïdes. 

Linné fils ajouta au genre Isoetes, qui ne se composoit que 
dela seule espèce d'Angleterre et de Suède, une deuxième 
espèce de Coromandel, qu'il distingua par ses feuilles plus 
longues, filiformes et droites. Wahlenberg observe que l’Z- 
soetes lacustris en Laponie, lorsqu'il y a assez d’eau dans 
les lacs, s’alonge quelquefois au point de ne plus différer de 
l’'Isoetescoromandelina que Wildenow avoit admise comme 
une espèce douteuse. 

Ray et Dillen avoient constaté l’existence de deux variétés 
de l’Isoetes, l’une à feuilles étroites et plus longues, l’autre 
à feuilles plus grosses et courtes. La finesse ordinaire des 
feuilles de l’Isoetes du midi de la France l’a fait considérer 
comme espèce distincte par M. Bosc, qui, le premier, lui a 
donné le nom d’/soetes setacea dans le Dictionnaire d’'His- 
toire naturelle. Malgré la diversité des feuilles plus ou moins 
longués que cet Zsoetes est susceptible de prendre à (diffé- 
rens àges, ses feuilles ne prennent jamais l’épaisseur et le tissu 
cassant de l’Zsoetes lacustris. Les caractères précis tirés de la 
conformation régulière de la racine à trois lobes, et du tissu 
vert des cloisons au dedans des feuilles, tandis que ces cloi- 
sons sont blanches dans l’/soetes lacustris, suflisent pour em- 
pêcher de-confondre les deux espèces. . 

L’Isoetes n’est point compris dans les Flores anciennes de 
Magnol, Sauvages et Gouan: Cette plante 3 éte découverte 
près de Montpellier en 19973, par l’abbé Duvernoy, qui en 


| _DE L’Isogtes SETACEA. 111 
transmit une description et un dessin à Linné, dont la réponse 
fat telle qu’il suit : 48} 

VIRO CLARISSIMO 

DOMINO L’ABBÉ DUVERNOIS, 

S. D. | 


CAR. LINNÉ. 


‘Litteras tuas r calend martit non ante triduum accept 
Me nulli rescribere tibi relatum doleo. Certe si 10 mihi 
essent manus non sufficerent omnibus qui litteras mittunt, 
et si hoc coram me videres, crederes ine nihil aliud agere 
qua, liütteras, in quos dilapido et res et tempus meum. 

Isoetes lacustris quæ copiosissima est sueciæ nunquam 
crederem crescere Monspelii, nisi a te mussa fuisset. Dedi 
ejus descriptionem, figuram et characterem in itinere sca- 
rico. In nostratibus non vidi talem rudicem qualem tu 
miht delineasti, quæ admodäm singularis est ; cætera 
conpentunt. L 

Phalosophiam botanicam dudüm scripsi, lecto detentus 
æger; aliam traderem hoc ævo nisi senectus me delussaret. 
Decimam tertiam systematis regni vegetabilis partemqueæ 
hisce diebus produt Gotingæ quæso tibi compares (de Ani- 
malibus, 12°. editio Holmensis est), et mihi honorem 
præstes aliqua ex his vestrà lingu& edere. Microscopicas 
tuas observationes lubenter videbo. 

 Servet D. O. te, D". Gouanum, D". Cussonem, ét 
reliquos ex Floré fratres Monspelienses in seros annos in 

suë.gloriam. FE 
Dabam Upsaliæ, 1754, d. 6°. maï. 


112 VÉGÉTATION 


Cette lettre m'a été communiquée fort obligeamment par 

M. Soulier, archiviste à Montpellier, qui utilise toute collec- 

tion de pièces instructives dont il se plaît à répandre la con- 
noissance. 

La place que l’Isoetes doit occuper dans la série naturelle 
des plantes est marquée entre les genres Lycopodium et Mar- 
silea. Comme les Lycopodiacées, ce genre a des graines à 
trois crêtes rayonnantes, etcomme les Marsrlea, des concep- 
tacles indéhiscens, différens par cela même de ceux des Ly- 
copodes. Les deux sexes sont confondus dans les concep- 
tacles des Marsiléacées, et distincts dans l’Isoetes, caractères 
qui, réunis à leur indéhiscence et à leur insertion radicale à 
la base des feuilles celluleuses, ne poussant que droites et 
non roulées, paraissoient suflisans à M. Richard pour isoler 
ce genre des Lycopodiacées rameuses et des Fougères. Il suffit 
de peser ces caractères pour ne pas réunir, à l'exemple de 
Wildenow, l’Isoetes aux Marsiléacées, et pour se rendre à 
l'évidence des affinités démontrées par M. De Candolle. 

Les botanistes ont généralement adopté l'opinion de Linné 
sur l'existence des deux sexes dans l’Isoetes; ils ont considéré 
les corpuscules arrondis de la base des feuilles extérieures 
comme des graines, et ceux, beaucoup plus fins, de la base 
des feuilles intérieures comme des globules de pollen. Les 
feuilles extérieures, munies de graines, représentent, en effet, 
la base fertile de certains groupes de plantes monoïques, 
qui paroissent n'être mâles que par épuisement et avorte- 
ment. De même aussi les feuilles centrales de l’Isoetes ne pa- 
roissent pourvues d'organes mäles que parce que les ovules 
avortés se sont convertis en pollen. On donne le nom d’or- 


DÉ L'Isozres SETACEA. 113 


ganes mâles, dans plusieurs espèces de Lycopodes, aux cap- 
sules ou coques pleines de poussière qui garnissent leurs 
épis au sommet, et on appelle, dans les mêmes plantes, or- 
ganes femelles les capsules de la base des épis, remplies de 
corps arrondis pareils aux grains de l’Isoetes. On peut d’au- 
tant mieux considérer les globules pulvérulens dn sommet 
des épis des Lycopodes comme remplaçant quelquefois des 
graines avortées, que ces seuls globules, quoique très-petits 
et transparens, deviennent des grains qui germent dans les 
espèces de Lycopodes qui ne possèdent point d’autres glo- 
bules plus gros. La manière de fructifier, commune à plusieurs 
espèces de la famille des Lycopodiacées et à celles du genre 
Isoetes, les ont fait placer dans cette famille, comme je l'ai 
dit; mais il y a cette différence entre les Lycopodes et lI- 
soetes, que les capsules à poussière s’ouvrent comme de vrais 
sacs anthérifères dans les Lycopodes, tandis qu’elles restent 
fermées dans l’Isoetes : ce qui prouve que le mode de coopé- 
ration des organes mâles, pour féconder les graines, n’est pas 
le même dans les deux cas. 

L’explication de ce fait se rattache à un sujet contesté : 
celui de l’existence positive des sexes dans les cryptogames, 
plantes bien dignes de ce nom, puisqu'il dénote l'obscurité 
qui voile l’action de leurs organes. J’ai eu recours à l'examen 
approfondi de la structure de la graine, et des parties déve- 
loppées par la germination; elles m’ont révélé la connoissance 
de quelques détails, auparavant inaperçus, qui servent d’ap- 
pui à l'induction par analogie de l’existence des sexes dans 
YIsoetes. Je me suis peu étendu sur ce sujet, ayant adopté les 
principes de Linné , Jussieu et Adanson. Ayant de plus con- 


114  VécéTaTiIoN DE L'IsogTEs SETACEA. 

firmé, par l'expérience, la reproduction de cette plante au 
moyen des globules de la base deises feuilles , que l’analogie 
faisoit soupçonner être desgraines ; j’ai détruit les doutes qui 
restoient encore sur leur véritable usage. 

J'ai saisi, pendant plusieurs années, depuis la lecture que 
j'ai faite de ce Mémoire à l’Académie , en 1822, jusqu'à pré- 
sent 1826, les occasions d'examiner plusieurs fois la struc- 
ture et la germination de l’soetes setacea. J'ai décrit compa- 
rativement l’/soetes lacustris, que je conserve vivant au 
jardin de botanique de Montpellier, et qui m'a été envoyé 
des Vosges par M. le professeur Nestler, de la Faculté de mé- 
decine de Strasbourg. Mes observations reposent donc tout- 
à-fait sur la nature. 

L’explication ci-jointe des figures de l’Isoetes, m'a paru 
nécessaire pour bien comprendre les détails que j'ai exposés. 
Je l'ai fait suivre d’un résumé de la description, en latin, qui 
pourra être utile aux personnes qui ne sont pas habituées à 
la langue française. 


EXPLICATION DES FIGURES. 


Fic. 1. Une graine. 
2. La même un peu plus grossie que la premiere, et dont une portion de la 
tunique extérieure est éclatée. 
3. La graine réduite à sa seconde tunique. 
. L’embryon dépouillé de ses tuniques. 


où = 


. L’embryon ouvert, pour faire voir sa substance membraneuse, utricu-— 

laire, qui laisse échapper une humeur gremuleuse qu’elle contenoit. 
6. Une graine dans laquelle on voit en à la tunique extérieure, en b la 
tunique intérieure , et en € l'embryon. 


ZSOËTES setacea. 


ExpPLicATION DES FiGuREs. 115 


7. Graine en germination. 
a+ Tégument fendu en 3 valves. 
b. Cotylédon. 
c. Sommet tubuleux du cotylédon. 
d. Feuille primordiale. 
8. Diverses parties de la graine, fig. 7, séparées, savoir: 
a. Les six écailles ou valves résultant des deux tuniques de la graine, 
chaque tunique s’étant partagée en 3 valves. 
bc d. R eprésentent les mêmes parties que,celles fig. 7, désignées par 
les mêmes lettres. 1 4 
9. Coupe verticale de l'embryon, fig. 8. 
b. Base épaissie du cotylédon qui adhère en f à la plantule at voisinage 
dé:la radicule. 
©. Sommet hyalin, tubuleux, du cotylédon. 
d. Sommet de la feuille primordiale. 
e: Tubercule radiculaire. 
f. Point radiculaire. 
10. L’embryon à un degré/de végétation plus avancé. 
d e. Désignent les mêmes panties que! celles ainsimarquéesifig. o. 
b c. Section du cotylédon détaché de la plantule, ét qui adhéroit par 
continuité de tissu en 8 à la radicule f. 

11. La jeune plante plus avancée encore dans sa végétation; elle a produit 
deux radicelles f fsur lesquelles le cotylédon a émis un prolongement 
de sa membrane, tandis qu’une troisieme, radicelle h perce latérale- 
ment le cotylédon. 

12, 13, Plantules dépouillées du cotylédon, et dans lesquelles le tubercule 
radiculaire € accru , a produit une deuxieme.feuille 4. 

N. B. Les figures,ci-dessus sont considérablement grossies. 

14,15, 16, 17, 18. Plantes. d’Isoetes , de.dimensions variées, mais toutes de 
grandeur naturelle ;-et.cueillies à l’entrée ;de, l'hiver; quand/les feuilles 
nouvelles commencent-à pousser. . Les lettres 1e désignent. les ‘lobes ra- 
dicaux adultes , que la même lettre e montre à leur état rudimentaire 
aux fig. O, 10, i2 et 13. 

19. Une plante adulte d’Jsoetes setacea en pleine fructification pendant l'été. 

20. Section horizontale de la plante sur la ligne transverse k de la fig. 19. 

21. Portion grossie de la coupe horizontale , de manière à montrer distincte- 

ment les deux ordres de conceptacles; les uns séminiferes à la circonfe- 
rence , les autres polliniferes au centre. 


116 


23. 


24. 
25. 


26. 


27 


28. 


29. 
30. 


s 


ExpPLIcATION DES FrGeures. 


. Section horizontale de la plante à sa base radicale sur la ligne transverse €. 


Cette figure montre les trois lobes radicaux e vides, épuisés et prets à 
être renouvelés par l'accroissement de la substance charnue centrale. 
Base d’une des feuilles du contour de la plante. 

L. Est la partie latérale membraneuse de cette base. - 

m. Section qui met à découvert le tissu celluleux de la feuille. 

n. Écaille calycinale., 

0. Glande stigmatique. 

P. Ovaire ou conceptacle femelle. 

On voit en |, m, sur le côté de la figure 23, une partie de la coupe 

de la feuille tres-grossie. 

Conceptacle isolé’, vu par sa face libre! 

Le même vu par sa face qui adhéroit longitudinalement à la feuille. 
A côté de cette figure sont des graines séparées. 

Base d’une feuille dont le conceptacle est à l’élat d’ovaire. 

m, D, O0, P. désignent les mêmes parties que celles énumérées par les 

mêmes lettres fig. 23 et 27. 

Coupe longitudinale de la base de la feuille, fig. 26. 

m. Tissu celluleux de la feuille. 

n. Écaille calycinale. 

0. Glande stigmatique. 

P. Ovaire ou conceptacle femelle. 

Feuille garnie d’un conceptacle pollinifere marqué q- 

1. Bord membraneux,. 

n. Écaille calycinale. 

0. Glande remplaçant un sommet anthérifere. 

Conceptacle pollinifère ou mäle , isolé, vu par sa face libre: 

Le même vu par sa face qui adhéroit à la feuille. 

Quelques globules de pollen sont représentés en marge de la fig. 30. 

N. B. Les figures 19, 20 et 22 sont de grandeur naturelle ; les fig. 21, 


23 et suivantes sont toutes considérablement grossies, 


ee 


ISOËTES  setacea. Ze phnt à la fn de LEk fig. 


RÉSUMÉ, : 
DE LA DESCRIPTION DE L'ISOETES SETACE 4. 


Isoetes setacea. Bosc., Dict. Hist. nat. 
L 


DESCRIPTIO: 


Radix tuberosa triloba (fig. 15, 16, 17 € ) subtüs oblique triscu- 
tata, radiculas filiformes , pro vario anni tempore glabras aut pubes- 
centes demittens , coronata foliis subulatis basi capsuliferis ad mar- 
gines membranaceis (fig. 23, 1). 

‘Lamina foliorum subtriquetra, partita intbs in tubos quatuor 
coadunatos septis transversis interruptos (fig. 25 m). 

- Capsulæ ovatæ indehiscentes, linea. dorsali medià longitudinali 
coeuntes cum pagina foliorum , infràsquamulam calycinam (fig. 23, 
. 26, 27, 28, n), et infra glandulam peculiarem (fig. idem. 0); cæte- 
rm reconditæ intra foveolam ad originem folii singuli dilatati. Ordo 
capsularum duplex; aliæ numerosiores granulis pulverulentis re- 
pletæ, masculæ, è basi foliorum centralium ortæ; aliæ pauciores, 
fœmineæ, in basi foliorum marginalium , foventes semina. globosa 
(fig..24, 25 )insculpta cristulis tribus radiantibus annulo ambiente 
limitatis (fig. 1). { 

Tunica seminis duplex ; exterior scabre ragilis, alba (fig. 2); 
interior olivacea lævis (fig. 5). Tunica utraque sub germinatione in 
valvulas tres scinditur, ità ut ex ambabus tunicis valvulæ 6 em- 
bryonis latus obtegant (fig. 7 a et figs8 a). 

Embryo vesiculosus mollis humore plenus (fig. 4, 5). 

Colyledo? meo sensu ex analogià quadam germinationis allii, 
cannæ, etc., plantulam includit (fig. 8, 9, b c).et apice in tubu- 
lum(c) pellucidum elongatur , dùm succulentä. basi (b) radicale 


Mém. du Muséurn. t. 14. 16 


118 DzescriPTION 


tuberculum (e) cingit. Cotyledonea membrana ad radiculas primor- 
diales transit cum ipsis adnata (fig. 10, 11, f;; quæ membrana pri- 
müm extus glabra (fig. 8 b ) fibrillas exteriores parit densas, radici- 
formes (fig: 10 b ) cum ipso cotyledone et radiculis primordialibus, 
peract germinatione, evanidas. 

Tuberculum radicale (fig. 10, 12 13 e) sensim augetur, radiculas 
capillaceas mox daturum per propria orificia nascenîtes (fig. 11h). 
Tuberculum istud ex uno latere ab origine gibbosum, in gibbos 3 
dein ampliatur foliis multiplicatis onustum (fig. 14, 15, 17). 

Plantæ adultæ radix fissa in ‘lobos seu gibbos 3, post anthesim 
effætos (fig. 22 e), quotannis renovatur, hiemali et verno tempore 
farcia succulenta, æstivo emaciata. 

Florum, fructuumque vices agunt conceptacula basi foliorum 
immersa , propriis appendicibus prædita , scilicet squamä perigo- 
nali (fig. 26, 27 n ) et glandulä ad instar stigmatis aut antheræ mar- 
cescente (fig. 25, 26, 27, 28 0). 

Anomala indoles plantarum aquatilium numerosis patet exemplis 
ut in trapâ, vallisneriâ, aliisque fluviatilibus , nec aded mirum est 
si organa sexualia apud Isoetem, extra normam communem se se 
habeant. 1 

Naturalem Zostéracearum ordinem intra certos fines ratione pol- 
linis insoliti positum esse arbitror. Pollen in Zosterà et Cimodoceä 
filamentosum pellucidum, peculiarem exsudat visciditatem fecunda- 
tioni idoneam. More : : L00 absimili succos antherarum Isoe- 


tis, absque pulvere fpso per aquam diffluentes, ad ovaria posse 
transferri puto 

Disquisitionem de usu et nomine partium fractificantiuni germi- 
nantiumve , trado botanicis qui è collectis circà plantas ordinum 
dissimilium observationibus ; maximè consentaneas regni vegetabilis 
leges valeant statuere. 

Isoetes setacea ab Tsoete lacustri abundè differt notis sequentibus. 

T. selacea radice regulari trilobâ, foliis subulatis subtriquetris 
mollibus, septis cellularum concoloribus. 


DE L'ISOETES SETACEA. _ 419 

TI. lacustris radice plerumque irregulari, foliis calamiformibus 

subcylindricis fragilibus , septis cellularum medullosis albis. 
 Radiculas vidi in Zsoete lacustri ramosas quales depictæ sunt à 
el. Linneo in itinere suo scanico, p. 149, nec simplices ut cl. Wah- 
lenberg et Smith enarrant. Radiculæ limo expurgatæ cito collabun- 
lur et simplices fibras mentiuntur, quas per aquam si fluitantes mo- 
veris ramosas esse æquè detexeris. 

Neque id mihi contigit videre quod testatur Wahlenberg, qui 
structuram ovulorum granorumque pollinicorum è granulis quatuor 
aggrégatis compositam descripsit et delineavit. Grana ovulorum et 
pollinis rudimentaria aut perfecta, per quamlibet plantæ ætatem diù 
investigata, prorsùs simplicia esse me semper docuit autopsia. Supe- 
rest ut Wahlenbergii errorem refellam qui symetricas areolas se- 
minum à mutuâ eorum pressione formatas esse putavit, nam extant 
in superficie seminum areolæ orbiculares post mutuam pressionem 
ritè applanatæ, dm tripartita eorum hæmisphæria congeniali struc- 
turæ tribuenda sit 

Nihil nisi post iteratas observationes retuli, cùm rate lacustrim 
vivam è montibus Vosagorum à cl. professore Nestler acceperim, 
quam cultam possideo, Isoetemque setaceam Monspeliensem simül 
conferre licuerit. 


16* 


MÉMOIRE 


Sur la Série linéaire des plantes polypétales, et 
en particulier de celles qui font partie de la 
Flore brasilienne. 


PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. 


Lss botanistes savent actuellement que les rapports des 
plantes ne suivent point une progression mathématique, et 
qu'ils se croisent dans tous les sens. De là il résulte que vou- 
loir établir une série linéaire parfaite seroit chercher à ré- 
soudre un problème insoluble; de là résulte encore que l’on 
ne sauroit former une telle série sans sacrifier des rapports 
très-importans pour en ménager d’autres; et qu’enfin il ne 
seroit peut-être pas impossible de composer des séries qui, 
différant en un certain nombre de points, fussent pourtant 
également bonnes. 

L’illustre Brown a dit, à peu près, qu'on ne parviendroit 
à établir une bonne série qu'après avoir composé isolément 
différens groupes naturels, sans s'inquiéter des familles qui 
n’y entreroient point (Gren. rem). Lui-même s’est occupé de 
ce genre de travail, et, plus d’une fois, j'ai tâäché de suivre 
son exemple. Je crois de telles recherches infiniment utiles 
pour la connoïssance généraledes affinités ; je les crois très- 
utiles aussi pour la formation d’une carte, où d’un coup 


SÉRIE LINÉAIRE DES PLANTES" POLYPÉTALES. ere 


d'œil on pourroit apercevoir les rapports | de’tout le règne 
Dre Mais les inconvéniens d’une série linéaire sont tels 
qu’à moins de laisser d'immenses lacunes, on sera forcé quel- 
quefois de rompre dans la série générale les groupes les plus 
naturels formés isolément. Je vais en donner deux exemples 
tirés de mes propres écrits. 

En parlant des rapports des Cucurbitacées ( di 
Mémoire sur cette famille et son appendice ), j'ai dit qu'après 
les Loasées; il falloit placer les T'urnérées, ‘puis les Pas- 
siflorées(s),les Nandhirobées, les Myrtées, les Onag jyraires, 
les Combrétacées, et enfin les Cucurbitacées. Les Nandhi- 
robées se nuancent bien avec les Myrtées par le moyen du 
Lécythis et du Couroupita ; cependant il nv’ést impossible de 
placer dansunesérie généraleles Cucurbitacées après une suite 
composée des Myrtées, des Onagratres et des Combréta- 
cées ; car alors il faudroit que je fisse suivre ces dernières des 
Mélastomées, et tout le monde sentira qn'untelarrangement 
seroit presque ridicule. Je me vois done forcé de-mettre après 
les Nandhirobées les familles suivantes, présentées dans 
l’ordre que je vais indiquer, savoir: les Cucurbitacées, les 
Combrétacées, les Cercodéennes, les Onagratres; les Myr- 
tées, les Mélastomées. Je sens très-bien que cette dernière 
série pourra plaire à quelques personnes plus que la pre- 
mière, parce qu’aucunes plantes ne se ressemblent autant par 
le port que les Feprllea et les Cucuürbitacées; mais il n’en 
est pas moins vrai qu’en rapprochant ces plantes, je sacrifie 


(1) Je passe sous silence, dans cette série, les genres qui établissent des inter- 
médiaires. 


122 SÉRIE LINÉAIRE . 
les rapports que j'ai indiqués entre le fruit des Nandhirobées 
et celui des Myrtées(r). ; 

Je passe au second exemple que j'ai annoncé. Dans ma 
monographie des genres Sauvagesia et Layradia(2), j'ai 
formé un groupe composé des Droséracées , des l’iolacées, 
des Cistées et des Frankéniées ; mais la série linéaire ne doit 
présenter ce groupe qu'après plusieurs familles où l'on 
trouve également des placentas pariétaux, savoir: les Cap- 
paridées et les Bixinées (3); or, si je faisois suivre immédia- 
tement celles-ci des Droséracées , il est évident qu'il y auroit 
entre ces familles un intervalle considérable. Je néglige done 
les rapports qui m'avoient fait ranger les Cistées entre les 
Violacées et les Frankériées, et je les néglige avec d’au- 
tant moins de peine que, par l'intermédiaire du Lapradia, 
la transition des J’zolacées aux Frankéniées ne se fera pas 
sentir trop brusquement. Pouvant actuellement disposer des 
Cistées, je les transporte entre les Bixinées et les Droséra- 
cées, et elles rendront le passage moins sensible, parce que, 
comme les premières, elles ont des étamines indéfinies, et 
que dans le genre Helianthemum , elles présentent des sti- 
pules, comme en offrent aussi les Brxinées. 

Au reste, quand le botaniste connoît tous les rapports des 
plantes, il doit remédier aux inconvéniens inhérens à la série 
linéaire, en indiquant dans son texte, à la suite des familles, 


(1) Voyez mou Mémoire sur les Cucurbitacées. 

(2) Voyez l'Histoire des Plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay. 

(3) M. De Candolle a déjà placé les Birinées entre les Flacourtiées et les Cistées; 
et plus anciennement M. de Jussieu mettoit les genres Bira et Banara entre les 
Tiliacées et les Cistées. 


+ DES PLANTES POLYPÉTALES. 129 
les rapports qu’on est forcé de négliger dans la série. C’est 
ainsi qu’en ont agi MM. de Jussieu et De Candolle, etc’est ainsi: 
que moi-même, dans mon Flora Brasiliæ meridionalis , 
j'ai fait sentir, en parlant des Ménispermées, les rapports de 
ces plantes avec les Ewphorbiacées, rapports que l’on tron- 
vera, soit dit en passant, plus sensibles encore, si l’on veut 
faire attention à une note’ du même ouvrage, Où, au sujet 
d’une espèce de Ménispermées , je montre qu’on pourroit 
presque considérer chaque étamine de sa fleur comme une 
fleur distincte, ainsi qu’on le fait dans le genre Æwphorbia. 

S'il est bien établi que la sèrie linéaire ne sauroit être par- 
faite, il n’en est pas moins vrai que nous devons travailler à 
en faire disparoitre le plus de défauts qu'il nous sera possible. 
Dédaigner de rapprocher les famitles d’après les rapports, 
c’est sans doute s’épargner un embärras extrême; mais il 
me semble que le naturaliste sectateur des affinités doit atta- 
cher à cet arrangement autant d'importance qu’il en attache 
à l’arrangement des genres dans une famille, et des espèces 
dans un genre. J’ai donc cru devoir jusqu'ici établir dans 
mon Flora Brasiliæ meridionalrs a série la plus naturelle 
qu’il m’a été possible; et comme mes idées sont à peu près 
fixées, sur cette série, je’ vais la faire connoître telle que je 
la conçois, depuis les Renonculacées jusqu'aux monopé- 
tales, en accompagnant de quelques observations succinctes. 
Je m’empresse de reconnoître, au reste, que ma tâche est 
moins difficile que ne seroit celle de l’auteur d’un.ouvrage 
général, parce qu'il peut y, avoir, si je ne me trompe, une 
dizaine environ de familles ou petits groupes qui ne four- 
nissent aucune plante à la Flore du Brésil méridional, et qui 


124 SÉRIE LINÉAIRE 
par conséquent n’entrent point dans ma série. La voici telle 
que je la forme: | 


1 Renonculacées, 28 Crucifères. 

2 Dilléniacées. Vu 29 Capparidées. 
3 Magnoliées. 30 Bixinées. À 
4 Anonées. . à 31 Cistées. 

5 Berbéridées. 32 Droséracées. 
6 Ménispermées. 33 Violacées. 

7 Ochnacées. 34 Frankéniées. 
8 Simaroubées. 35 Caryophyllées. 
9 Rutacées. é 36 Paronychiées. 
10 Géraniées (1). 37 Portulacées. 
11 Malvacées. 38 Crassulées. 

12 Tiliacées. * 39 Ficoïdes. 

13 Ternstromiées. 40 Saxifragées. 
14 Marcgraviées. 41 Nopaléces. 

15 Guttifères. 42 Loasées. 

16 Hypéricées. 43 Turnérées. 

17 Aurantiacées. 44 Samydées. 

18 Vinifères. 45 Passiflorées. 
10 Hippocratées. 46 Nandhirobées. 
20 Malpighiées. 47 Cucurbitacées. 
21 Erythroxylées. 48 Combrétacées. 
22 Rhizobolées. 49 Santalacées. e 
23 Méliacées, 5o Cercodéennes. 
24 Sapindacées. 51 Onagraires. 
25 Polygalées. 52 Myrtées. 

26 Fumariacées. 53 Mélastomées. 
27 Papavéracées. 54 Salicariées. 


(x) Je crois devoir rappeler que, sous ce titre, je comprends les Gérantiées ; 
Ozxaldées, Tropéolées , et Linées de M. De Candolle. 


DES PLANTES POLYPÉTALES. 125, 
… 55 Vochysiées. , 60 Rhamnées (1). 
_ 56 Rosacées.  . | 61 Célastrinées. 
57 Légumineuses. 62 Aquifoliées. 
58 Connaracées. 63 Araliées. 
59 Térébintacées. 64 Ombellifères. 


J'ai déjà fait sentir dans mon Æora les rapports qui m'ont 
conduit à établir l’arrangement que j’ai formé pour arriver des 
Renonculacées aux Malyacées. Cette série, jusqu'aux Me- 
ruspermeées, est, à un très-léger changement près, celle que 
M. De Candolle a indiquée, et je ne puis m'empêcher de 
croire qu'elle sera conservée par tous les observateurs. 

. M. De Candolle, tout en admettant comme familles dis- 
tinctes les Malpacées proprement dites, les Sferculiées, les 
Buttnériacées. proprement dites, les Lasiopetalées, les 
Hermaniées ei les Dombéyacées, demande s’il ne seroit pas 
mieux d'en faire un seul groupe. J’ai dit à peu près dans mon 
Mémoire sur le Gynobase (voyez l'Histoire des Plantes les 
plus remarquables) que, pour être conséquent, il falloit, 
conservér autant que cela est possible, à peu près la même dis- 
tance entre les familles, et des distances moindres sans doute, 
mais également proportionnelles entre les tribus des familles 
diverses. J’ai ajouté que, pour pouvoir s’en tenir à quelque 
chose de fixe, on pourroït prendre pour norme un livre qui 
est entre les mains de tous les botanistes, le Gerera Planta- 
rum de Jussieu, livre qui, malgré tant de découvertes mo- 
dernes, reste peut-être le plus beau de tous ceux qui ont été 
publiés sur les rapports des plantes. Je n’ai pas besoin de 


(1) Peut-être faudra-t-il réunir quelques uns de ces derniers groupes, ou en 
changer un peu l’ordre. 


Mem. du Muséum , 1. 14. 17 


. . 
» ET 
_ 0 2} 


126 | SÉRIE LINÉAIRE 


dire que ces principes n’admettent pas une rigueur mathéma- 
tique; mais voulant y rester fidèle autant qu’on peut l'être, 
je me prononce pour laflirmative dans la question proposée 
par M. De Candolle, et ne considère que comme des titres 
les groupes indiqués plus haut, parce qu’il ne me paroit pas 
y avoir entre eux plus de distance qu’il n'y en a, par exemple, 
entre les groupes dont tout le monde se contente de faire des 
tribus dans la famille des Rosacées. Mes Malvacées brast- 
liennes se composeront donc de la tribu des Buftnériées, 
de celles des Hermaniées, des Malpées, des Bombacées, des 
Dombéyées et des Sterculiées , groupes que je conserve tels 
que M. Kunth les a si bien circonscrits. M. De Candolle a 
déjà fait sentir les rapports des Zirum et des Malpacées. 
Ce sont les Buttneriées que je place immédiatement après le 
Linum, parce qu’elles ont, comme lui, avec un embryon 
droit et des anthères 2-loculaires, des étamines definies 
dont plusieurs filets restent stériles et sont analogues aux 
dents des Zinurn. 

A l'exemple de M. de Jussieu et de tous ceux qui l'ont 
suivi, je conserve comme famille les 77/acées, qui se dis- 
tinguent de toutes les tribus de Malpacées par leurs éta- 
mines libres. 

Le Laplacea, et bien plus encore, ce me semble, le Co- 
chleospermum que je mettrai à la tête des T'erastromriacées, 
lieront cette dernière famille avec les 7?/acées. 

M. De Candolle a déjà fait sentir les rapports des Marcgra- 
viées et des Guttifères ; mais pour ne pas rompre ceux que 
ces dernières ont avec les Hypéricées, ce sont les Marcgra- 
viées que je range avant ces deux dernières familles. 


à 


DES PLANTES POLYPÉTALES. ‘227 

_ Après les Aurantiacées qui suivent naturellement les 

Hypéricées, je range également les Ærmpélidées dont les rap- 

pôrts avec d’autres familles ne sont pas très-prononcés, mais 

qui pourtant ont, comme les{urantracées, un nectaire hyÿpo- 

gyne (voyez DC. Prod.), des pétales larges à la base, un 
fruit succulent et un embryon droit. à sx 

… I seroit inutile de démontrer les rapports que les Hippo- 
:cratées ont avec les Malpighiées, et celles-ci avec les Ery- 
throxylées. Lia véritable place des Rhzzobolées, que je mets 
provisoirement à côté de ces dernières, est pour moi très- 
incertaine. Je serois presque tenté d’en dire autant des Mé- 
Lacées; cependant au milieu de l'obscurité qui enveloppe 
encore à mes yeux les aflinités de cette famille; il me semble 
qu’elle n’est nulle part aussi bien placée qu'où l’a rangée 
M. De Candolle, c’est-à-dire, auprès des Sapindacées. 

J'ai fait sentir aïlleurs (Monographie des genres Sawa- 
gesia et Lavradia ) combien les Polygalées avoient de rap- 
‘ports avec cette dernière famille, et en les mettant auprès des 
Sapindacées, j ai par cela mème l'avantage de pouvoir les pla- 
cer en même temps auprès d’une famille avec laquelle elles 
ont également de grandes aflinités, savoir, les Furmnariées. 
Comme celles-ci, les Polygalées ont en effet des fleurs irré- 
gulières, des étamines soudées, un style unique, un 'ovaire 

2-loculaire, des semences’ garnies de caroncule, un ;péris- 
perme charnu. 
- Ayant déjà discuté dans mes autres ouvrages (1) les rap- 


(1) Voyez mon Mémoire sur/le placenta central, celui sur les = dé ipaèir et 
ma Monographie des genres Sauvagesia et: Lavradia. 
# 


17 


128 __ 71 SÉRIE LINÉAIRE 

ports des famillés que je place successivement entre les Dro- 
séracées et les Loasées , je ne reviendrai pas sur cette partie 
de ma série, mais je dois dire quels motifs me portent à pla- 
cer les Sarnydées entre les T'urnérées et les Passiflorées.. 

Il est incontestable que les Samydées s’éloignent des T'é- 
rébintacées par leurs placentas pariétaux. Ce caractère, il est 
vrai, les rapproche, comme l'a dit un savant auteur, des 

- Bixinées et de plusieurs autres familles à insertion hypogyne; 
mais elles ne peuvent être rangées auprès de ces familles, 
puisque leur insertion est périgyne. Or, ces mêmes caractères 
qui les éloignent des T'érébintacées et des Bixinées, près 
desquelles on a cru tour à tour pouvoir lé$ placer ; cés mêmes 
caractères, dis-je , je les trouve tout à la fois dans les Trné- 
rées et les Passiflorées ; donc la véritable place des Sarr- 
dées est celle que je leur donne, et l’on va voir que c'est avec 
les Passiflorées qu’elles ont le plus d’aflinité. Leur port, je 
l'avoue, n'est pas celui des Grenadilles ; mais je suis forcé de 
placer bien plus près encore de ce genre le Malesherbia qui 
assurément n’a pas le port d’un Pass/flora. La différence du 
facies ne sauroit d’ailleurs compenser les rapports qui exis- 
tent dans les parties de la fleur. 

Chez les Passiflorées et les Samydées je trouve égale- 
ment l'absence de la corolle, un calice coloré et une insertion 
périgyne. Les corps stériles des Samydées sont évidemment 
analogues aux couronnes de la fleur des Grenadilles, J'ob- 
serve également dans ces plantes des étamines définies, trois 
stigmates en tête, un ovaire libre et uniloculaire, et trois 
placentas pariétaux. Enfin, ce qui est fort remarquable, leur 
semence m'offre également un arille véritable. 


DES PLANTES POLYPÉTALES. 429 
M. Brown, en laissant les Santalacées parmi les apétales, 
avoit déjà fait sentir que les écailles qu’on trouve dans cette 
famille à l'enveloppe florale lui donnoïent de l’analogie avec 
les polypétales. Mais j'ai recueilli en Amérique une Santa- 
dacée qui a une véritable corolle; donc cette famille doit 
sortir de la classe des apétales, qui n’admet pas de plantes 
polypétales, et avec laquelle d’ailleurs les Santalacées n’ont 
par l'ovaire auéun rapport réel. Actuellement, obligé de les 


‘ranger parmi les polypétales, il est évident que je dois leur 


choisir une place au milieu de celles de ces plantes qui ont 
des étamines périgynes et l’ovaire infère. Leurs parties s’écar- 
tent du nombre quaternaire, type des Combrétacées et des 
Cercodéennes ; cependant elles ne sauroient être mieux pla- 
cées qu'entre ces familles; car leur ovaire est uniloculaire 
comme dans les Combrétacées, et leurs ovules comme dans 
ces deux groupes ont le sommet tourné vers le fond de la 
loge. 

Je ne dirai rien ici de la place que doivent occuper les 
Vochysiées qui comprennent les genres Qualea, Vochysia 
et Salpertia. J'ai démontré ailleurs (1) que cette famille n’a- 
voit avec aucun autre groupe des rapports très-intimes, mais 
que pourtant c’étoit encore entre les SaZcariées et les Ro- 
sacées qu’elle pouvoit être le mieux placée. 

Il seroit superflu de démontrer que les Rosacées doivent 
être suivies des Légumineuses , celles-ci des Connaracées, 
et ces dernières des T'érébintacées, etc. 


(1) Voyez mon second Mémoire sur le placenta central , inséré dans le Recueil 
du Muséum d'Histoire naturelle. 


130 SÉRIE LINÉAIRE DES PLANTES POLYPÉTALES. 


Par une suite de familles qui présentent des arbres à fleurs 
très-apparentes, et à étamines hypogynes, j'arrive aux Æra- 
liées. Je ne prétends pas que cette partie de ma série ne 
prête point à la critique; mais si la suite des groupes qui, 
dans le Genera de Jussieu, s'étendent des Campanulacées 
aux Ombellifères, présente l’enchaînement le plus admirable, 
il n’en est pas moins vrai que rien n’est plus difficile ensuite 
que de lier ces dernières avec le reste des pôlypétales; et je 
dois m’estimer heureux si, conservant ailleurs les rapports 
les plus réels, j'ai pu encore ici sauver des disparates trop 
choquantes. 


Fr « o à 
Han PEU My LH TOR Î O1 


MÉMOIRE 


Concernant l'ouverture que Grew a décrite le 
prémier sur le TEsr des graines; suivi d’une 
notice sur le genre PoNTEDERI A. 


PAR M. RASPAIL. 


À c'exrrémré plus épaisse de la fève, dit Grew (1), 
on voit dans la peau extérieure une ouverture qui est à 
peu près de la grandeur qu'il faut pour y passer une petite 
corde d'épinette, et lorsqu'on coupe la peau, on trouve 
qu’elle se termine à la pointe de la partie que j'appelle la 
radicule.… 

D’après Grew, cette ouverture servoit à deux fins : 16, à 
aérer l'embryon; 20. à faciliter le passage de la radicule dans 
Pacte de la germination (2). 

Des auteurs qui vinrent long-temps après lui ont de temps 
à autre modifié cette idée; et M. Turpin a avancé, sans avoir 
cependant vérifié le fait d’une manière directe, que ce trou, 
qu'il a nommé micropyle, étoit la cicatrice d’un cordon vas- 
culaire qui auroit existé à l’époque de la fécondation (3). 


(1) Anat. des Plant., Paris, 1676, p. 2. 
(2) Ibid, p. 202. 
(3) Annal. du Mus. d'Hist, nat., t. vi, p. 1G9, 


132 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 


En dernier lieu, M. R. Brown, dans un Mémoire plein de 
faits, a cherché à établir que l’ouverture de Grew étoit une 
véritable perforation qu’il croit destinée à transmettre l'aura 
semninalis àl’'amande de l'ovule. L’auteur ne donne à la vérité 
ce dérnier fait que comme une hypothèse qu'on ne doit pas 
admettre à la hâte ( {nnal. des Sc. nat., tom. vor, p. 241). 

Aussi nous garderons-nous bien d'ouvrir une discussion à 
ce sujet, et d’opposer à cette idée le reproche que nous sem- 
bleroit encourir la nature, elle qui obligeroïit l'aura semu- 
nalis à traverser tant de tissus imperforés, tels que les pa- 
pilles et les fibrilles des stigmates, le stigmate, les membranes 
plus ou moins résineuses qui tapissent l’intérieur de l'ovaire, 
et qui auroit ensuite besoin d’un trou pratiqué dans le test de 
l’ovule pour faire parvenir directement l'aura seminalis sur 
le point où doit se former l'embryon. D'ailleurs M. R. Brown 
admet qu'il existe des familles nombreuses telles que les com- 
posées dont les ovules sont imperforés : la perforation de 
l’ovule ne seroit donc pas nécessaire à la fécondation; que 
dis-je? le mode de fécondation ne seroit plus unique, et il 
existerait des familles entières pour lesquelles la nature qui 
féconde auroit besoin de suivre une route insolite et anomale. 

Mais ce n’est pas sous ce point de vue que nous allons nous 
occuper de l'ouverture de Grew. Notre Mémoire roulera sur 
le fait, et non sur l'hypothèse. Le trou décrit par Grew est- 
il une véritable perforation ou n'en est-ce qu’une image trom- 
peuse? Voilà le point d’une question qui nous occupe depuis 
assez long-temps, et que nous croyons avoir résolue après 
des dissections aussi longues que minutieuses. 

Si l’on observe les graines d’une foule de légumineuses, 


C2 pu TEST DES GRAINESS 00! 153 

entre a autres du haricot du côté de l'ombilié 7 1, fig. 1), 
on aperçoit deux empreintes, ‘dont l’une (a), qui forme une 
cavité, correspond à la radicule de l'embryon, et l’autre (6) 
se dessine de l'autre côté du hile comme une vésicule (1). 

- Or, en admettant que la première soit un trou, je ne sais 
pas ce qu’on doit faire de celle qui lui est opposée, et je ne 
vois pas pourquoi Grew n’a pas supposé deux trous pour aérer 
Tembryon. Mais ce qu'il y a de plus singulier dans ce fait, 
c'est que sur certaines graines de la même famille, lorsqu'on 
les examine à une époque un peu voisine de la maturité, 
l'empreinte qui correspond à la radicule de l'embryon ne 
s’observe aucunement, tandis que l’autre empreinte est fort 
bien dessinée. Je citerai comme un exemple de ce que j'a- 
vance la figure 10 (pl. 1 ), qui représente le côté du hile du 
Cassia PRO 

Ce n’est pas cependant par cette considération que nous 
avions été amenés à révoquer en doute l’existence du trou de 

Grew, mais plutôt par la nature des recherches qui nous ont 
prouvé que les perforations de membranes admises par quel- 
ques physiologistes ne sont que des cellules ou des globules 
transparens sur leur centre, recherches qui nous ont de plus 
en plus convaincus que la nature ne se servoit pas, pour opé- 
rer ses mystères, de pores, trous ou perforations acces- 
sibles à nos instrumens d'optique. Mais comme ce n’étoit point 
par des conséquences d’un ordre de faits différens qu’il nous 
étoit permis de renverser un fait admis par tant de physiolo- 


(1) C’est l’organe que M. Savi désigne sous le nom de Glandula bastlaris (Mé- 
moire sur les genres Phaseolus et Dolichos ,\Giorn. dei letter. , 1824). 


Mém, du Muséum. 1. 14. 18 


134 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 
gistes justement célèbres, nous résolümes de procéder à la 
solution du problème de l’ovale par des observations et des 
dissections microscopiques faites sur le frais; et tant que les 
ovules ont continué de se féconder et de croître, nous w’a- 
vons cessé un seul jour de poursuivre ce genre de recherches. 

Le procédé que nous avons suivi étant le même dins un 
travail qui avoit pour but de voir la même chose sur des 
individus différens, nous allons le décrire en peu de mots, 
afin-de n'être pas obligés de le rappeler à chaque observation 
spéciale. | 

Examiner et dessiner l’ovule non fécondé au grossissement 
de cent du microscope de M. Selligue ; et après avoir distine- 
tement reconnu le point que M. R. Brown désigne sous le 
nom de perforation, ramener l’objet au simple grossisse- 
ment d’une loupe; couper l'extrémité de cette partie sup- 
posée perforée , et cela de manière à ce que la coupe eût lieu 
précisément entre ce que M. R. Brown désigne sous le nom 
de membrane interne et entre la perforation externe; placer 
de ehamp cette extrémité circulairement coupée, et l’exa- 
miner de nouveau dans cette position à un grossissement de 
cent diamètres, afin de reconnoître si les rayons lumineux 
passeroient à travers cette perforation sans être brisés par les 
mailles d’un tissu membraneux ; enfin, examiner comparati- 
vement la même prétendué perforation sur des graines avan- 
cées, et en reconnoitre et la nature et les rapports avec les 
membranes externes et internes de la graine : telle est la 
marche que nous avons suivie dans cette sorte de recherches, 
qui a fait passer successivement sous nos yeux un assez grand 
nombre d’ovules et de graines appartenant à des genres bien 


LAN ‘ 


AE 


Du TEST DES GRAINES. à 135 
éloignés les uns des autres, parmi lesquels nous citerons les 
Cassia, le Canna indica, le Cardiospermunrhalicacabum, le 
Samolus Valenandi, le Pontederia cordata, le Papaver 
rheas, le Lythrum salicaria,le Datisca cannabina, le Can- 
nabis satiwa, le: Zygophyllum fabago, le Fagonia cretica, 
le Zygophyllum morgsana, le Peganum harmala, le Che- 
lidonium majus, le Sinapis nigra, le Queria canadensis 
bien des Phaséolées, le Lychnis dioica;, le Cucubalus behen, 
le Saponartia vesicaria , etc. 

Les ovules non fécondés des diverses plantes affectant des 
formes non moins variées que les.graines, ce seroit sacrifier 
la clarté et léxactitude au laconisme que de généraliser Ja 
question; il nous paroît plus convenable de faire l’ application 
du procédé ci-dessus décrit aux ovules-de troïs ou quatre 
plantes qui peuvent fournir autant de types différens , et nous 
commencerons par le Pontederia cordata. 

L’ovule non fécondé du Pontederia cordata (pl, fig. >) 
observé au grossissement déjàindiqué, est bien propre à ex- 
pliquer l'illusion qui, d’après nous, auroït porté MM. Thomas 
Smith et R. Brown a admettre uneperforation dans l'ovule ; 
l'illusion même est si complète , que nous sommes persuadés 
d'avance qu'il n'est aucun botaniste qui ne se trouve disposé 
à se ranger de l’avis des deux savans Anglais à la simple ins- 
pection, et sans le secours d'aucune dissection anatomique, 

L'ovule de cette espèce s’attache au sommet du Placenta 
par un Raphe vertical (b) de la base duquel monte, avec 
adhérence, un /Vucleus ventru qui  s’étrangle au-dessus -de 
son sommet pour former une «espèce de cylindre:(x) transpa- 
ent, dont l'extrémité horizontalement aplatie (a) se dessine 

18 * 


136 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 


comme le seroit la perforation décrite par M. Brown, et en 
occupe exactement la place. 

Mais si l’on coupe avec dextérité ce cylindre (2) un peu 
au-dessus du sommet (&), et qu’on le fixe sur le porte-objet 
par la surface amputée, il devient évident que ce grand tron 
est un tissu composé des mêmes cellules qui recouvrent tout 
l’ovule, et en forment pour ainsi dire le Test (fig. 3). Deux 
circonstances concouroient à l'illusion quand l’ovule non 
mutilé étoit observé, appliqué par le flanc sur le porte-objet: 
10. la portion du Test forme au bout de ce cylindre une légère 
dépression ; or, une dépression observée de profil à l’extré- 
mité d’un cylindre simule l’orifice d’un trou :#c. les cellules 
à l'extrémité que nous décrivons ne sont pas infiltrées dé sub- 
stances capables de nuire à leur transparence; en sorte que 
cette portion diaphane contrastant avec la partie opaque occu- 
péepar le Nucleus;ajoute encore à lapremièresource d’illusion: 

L’ovule du Siraprs rigra (pl. 1, fig. 5) qui forme, ainsi 
que celui du Papayer rheas (pl. 2, fig. 18), le second 
type des ovules, sous le rapport du genre d'observations qui 
nous occupe, est peut-être encore plus propre que celui du 
Pontederia éordata à mettre dans tout son jour l’explication 
et la confirmation de ce que nous venons d'avancer. Les 
cellules de la prétendue perforation y sont si grandes, et se 
dessinent si bien quand on place la section transversale de 
champ et en collant la surface amputée sur le porte-objet, 
qu'il est impossible de ne pas s'en faire une idée exacte (pl: 1, 
fig. 6, et pl. 2, fig. 18); et pourtant cette portion transpa- 
rante du 7'est, en s’affaissant un peu vers l’intérieur de l’ovule, 
présente avec une illusion complète l’image de l’orifice d’une 


pu TEsr DES GRAINESS 137 
ouverture, quand l’ovule entiersest couché sur le flanc. 
! Dans les ovules des *Zygophyllum morgsana, fabago 
(pl r, fig. 2), et Peganum harmala (pl. 2, fig. 13, 14, 
et 15), qui peuvent servir de troisième type, la dépression 
(ou prétendue perforation ) prend un caractère tel qu’on 
pourroit en comparer le profil à deux lobes, dans l’interstice 
desquels le sommet du Vucleus s’avance souvent jusqu’à for- 


mer un troisième lobe. Sur le Zygophyllum fabago (pl. 1, 


fig. 3), en pressant avec l'instrument l’amande (Nucleus y. 


nous avons pu voir |’ extrémité de ce dernier or gane, cédant à 
Peffort de la pression, sortir par l'interstice des deux lobes, fait 
qui sembleroit confirmer pleinement ce que dit M. R. Brown 
au sujet de l’ovule du Æingia (1), si ce phénomène ne s’étoit 
pas toujours offert à nos yeux avec des circonstances qui ac- 
compagnent la rupture d’un tissu extérieur. Car, à mesure 
que nous pressions le Vucleus, il se formoit au prétendu 
trou une vésicule qui n'éclatoit que lorsque la pression aug- 
mentant forçoit sa membrane à se déchirer. Le Nucleus dont 
la pointe semble former sur le sommet de ces ovules ün 
troisième lobe, ne fait donc que pousser le T'esé, sans cesser 
d’en être revêtu. 

A l'égard de ces sortes d'ovules, nous n’avons pas manqué 
de varier nos procédés; tantôt nous avons observé le pré= 
tendu trou par réflexion et de champ, et cette portion réflé- 
chissoit la lumière comme le font les simples cavités, et 
non comme le feroit"la perforation (pl. 2, fig. 14); tantôt 
nous avons cherché à enlever le Test de l’ovule à partir de 


b {1} ÆApice acutiusculo lœvi aperturam! membranæ:internæ aftingente (Loc. cit.). 


138 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 

la partie inférieure à la dépression, à obtenir ainsi une mem- 
brane simple qui s’étendoit sur le porte-objet sans se bosseler 
en deux lobes, et renfermoit dans son centre la trace de l’or- 
gane que nous cherchions à étudier;.et alors ce tissu ne pa- 
roissoit nulle part avoir subi la moindre solution de conti- 
nuité. On peut se faire une idée de cette dernière observa- 
tion par la figure que nous avons donnée du trou ovulaire 
du Peganum harmala 4. (pl. », fig. 15). 

Il est inutile de faire observer que si la cavité Eraiée par 
cette prétendue perforation étoit trop profonde, on seroit 
exposé à n'intéresser dans une coupe transversale que les 
bords de l'orifice, et que dans ce cas on auroit réellement un 
trou ou plutôt un anneau sur le porte-objet; mais l'habitude 
de ces dissections apprend à échapper à cette cause d'erreurs, 

Il est des ovules conformés comme celui des Dianthées, 
Crucifèresiet des Papaver, sur lesquels la portion qui corres- 
pond à la prétendue perforation des autres ovules n'offre 
pas la moindre image d'une dépression même. On y voit 
les rangs des cellules, au lieu de se terminer brusquement à 
ce point comme dans les ovules déjà cités, revenir au con- 
traire sur eux-mêmes, et décrire plus ou moins régulièrement 
des ellipses concentriques dont les deux bouts, au lieu de se 
rejoindre, rentrent parallèlement dans le cordon ombilical, 
fort court, qui attache l'ovule au Placenta. Nous citerons 
comme un exemple assez pittoresque de ce que nous avan- 
cons, l'ovule du Samolus Valerandi (pl. 1, fig. 7). 

Il'est d'autres ovules, tels que celuidu Datisca cannabina, 
sur lesquels il seroit d'une impossibilité absolue de remar- 
quer, je ne dis pas une trace, mais même une place qui puisse 


DU TEST DES GRAINES. 139 

correspondre à la perforation des autres graines ( pl. 1, fig. 4). 
Dans le Cannabis sativa on voit la radicule s’enfoncer telle- 
ment sous le style que, s’il falloit une perforation pour la fé- 
condation,; cette perforation ne pourroit exister que dans le 
centre des trois stigmates, où cependant il est impossible d’en 
trouver la trace. Enfin l’ovule et la graine du Cardiospermum 
halicacabum sont éminemment propres à détruire l'idée 
qu’on s'était formée de la perforation décrite par M. Brown. 
Près de l’échancrure de la tache blanche qui forme comme 
larille de cet ovule avancé en âge, on voit à la vérité un point 
d’une couleur plus foncée, mais ce point n’y présente pas la 
moindre image d’une dépression: il est lisse comme le reste 
du Test; ensuite si l’on enlève l’épiderme, et que par des 
coupes transversales successives on cherche à arriver jusqu’à 
la radicule; on ne surprendra aucune espèce de trace de canal: 
l'espace qui sépare la pointe de la radicule est tellement éloi- 
gné de ce point par deux ou trois couches en spirales, qu'il 
faudroit forcer beaucoup l’analogie pour avancer que la radi- 
cale correspond à cette perforation supposée, et même pour 

y décrire une perforation, 

Il n’est pas inutile de faire observer que la direction de 
cette prétendue perforation varie autant que la direction et 
le point d'insertion du pédicule de l’ovule ( podosperme ). 
Dans le Pontederia cordata et les Rutaoées, cette prétendue 
perforation fait face à la base du style; dans les Papaver elle 
regarde la; cloison placentaire, et se trouve quelquelois infé+ 
rieure au reste de l'avule; dans les Paronychiées elle re- 
garde la base de l'ovaire; dans les Dianthées elle fait face au 
Placenta, etc., etc. 


140 * MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 


Maintenant, si nous passons de l’ovule non fécondé à l'o- 
vale parvenu à son swmmum d’accroissement, c’est-à-dire 
à la graine, il est évident que, puisque l'ovule n’est pas 
perforé sur le point qu’on regardoit comme une perfo- 
ration, la graine ne peut pas l'être davantage. Cependant 
cette prétendue perforation présente une cavité telle sur cer- 
taines graines, sur le karicot, par exemple, qu’elle est à 
peu près, pour me servir d’une expression de Grew, de la 
grandeur qu'il faut pour y passer une petite corde d'é- 
pinette (p. 2); et c’est là que l’observation s’est arrêtée 
depuis la publication du petit volume de l’Ænatomrie des 
Plantes. 

Mais la meilleure manière de reconnoiïtre que sur ces 
graines cette perforation apparente n’est qu’une cavité, c’est 

‘étudier d’abord au microscope la disposition et les dimen- 
sions des cellules qui composent la couche extérieure du Test 
de ces graines; et en étudiant ensuite séparément l’organisa- 
tion du fond de la cavité obtenue par des coupes transver- 
sales successives, on s’assurera que la superficie et les cellules 
des parois internes du trou prétendu ne diffèrent en rien de 
celles du Test; en un mot, que le Z'est se montre dans cette 
cavité sans aucune solution de continuité. 

Sur les graines qui au lieu de cette cavité n’offrent qu’une 
tache, il est bien plus facile de s'assurer que la couche des 
cellules internes du Test n’y a passubi la moindre interruption 
dans son tissu ( Cassia marylandica L., pl. 1, fig. 10 &). L’o- 
vule et la graine ne sont donc point perforés, et la féconda- 
tion n’a pas besoin d’un trou pour arriver au point où l’em- 
bryon doit naître. 


_fe 


; Du TEST DES GRAINES. 141 


Cependant quel rôle joue cette cavité sur l’ovule et sur la 
graine? car enfin puisqu'elle est si souvent en harmonie avec 
la direction de la radicule , il faut bien que sa présence tiénne 
à des causes constantes d'organisation. 

Nous avons eu d'autant plus à cœur de nous occuper de ce 
point de vue , que nous étions bien sûrs d'avance que l’é- 
tude de cette perforation apparente nous amèneroit naturelle- 
ment à la connoissance de la nature de la seconde impression 
qui, sur certaines graines, se remarque*symétriquement de 
l’autre côté du hile. Les recherches relatives à cette question 
ont été faites sur les ovules et les graines des Crucifères et des 
Légumineuses. En examinant les graines de ces deux familles 
à une époque intermédiaire entre la fécondation et la matu- 
rité, on voit évidemment que c’est sur la prétendue perfora- 
tion que s'insère un sac intérieur toujours distinct sur tout le 
reste de sa surface de la surface interne du tégument extérieur 
HER et dont les parois examinées au microscope sont com- 
posées, comme le fesé, d’une couche externe de cellulles que 
j'appelle épiderme, d’une couche interne, et d’une couche: 
intermédiaire et moins simple que les deux autres, qui revient 
à ce qu’on nomme quelquefois parenchyme. Ainsi l'extrémité 
de ce sac s’insère sur la face interne du Test qui correspond 
à l'apparence externe d’une perforation; cette extrémité en 
suivant le développement du sac a entraîné intérieurement le 
point d’adhérence, et a produit là une cavité; l’orifice de 
cette cavité étant formé uniquement par le pli circulaire de 
la couche externe des cellules du Test, cellules qui ne sont 
point, à l’époque de la fécondation, infiltrées de substances 

M ém. du Muséum. 1. 14. 19 


142 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 


capables de les rendre opaques, la transparence de leurs pa- 
rois a produit toute l'illusion et a fait admettre l'existence 
d’un trou. 

Ce sac, dont nous allons étudier la nature et le développe- 
ment, n’est autre que la Secondine de Grew (1) et l’'amande 
de Rich. et de M. R. Brown, ainsi qu'il est facile de la recon- 
noître sur la nature, malgré la divergence des explications de 
ces trois auteurs. Nous ne croyons pas nous tromper davan- 
tage en conjecturant que ce sac est le mème organe que 
M. Mirbel (2) a désigné sous le nom de Périsperme réduit à 
l'état de pellicule presque invisible dans les Crucifères, et 
M. Aug. de Saint-Hilaire (3) dans les Malvées, mais le pre- 
mier d’une manière si peu prononcée encore, et le second 
d’une manière si laconique, qu'un auteur qui vient d’écrire 
tout récemment sur les caractères tirés de l'embryon par 
M. De Candolle, dans la classification des Crucifères, M.Gay(4), 
ayant entrevu entre la radicule et les cotylédons du Brassica 
oleracea une pellicule, ne paroît pas avoir aperçu dans cette 
membrane l’analogue de l’organe annoncé, il n’y a pas long- 
temps, par les deux auteurs ci-dessus cités. 

Pour retrouver le type d’une synonymie déjà assez nom- 
breuse, nous n’avons eu besoin que de poursuivre ce genre 
d'étude surle même ordre de graines, et de les disséquer avec 
précaution, non pas depuis l’époque de la fécondation, car à 


(1) Anatomie des Plantes, Paris 1675, p. 212. 

(2) Ann. des Sc. nat., tom. 6, p. 266 et suiv. 

(3) Nouv. Bull. des Sc. de la Soc. philomat. de Paris, dec. 1825, p. 87. 
(4) Annal des Sc. nat., tom. 7, p. 389 et suiv. 


oi A 


pu TEST DES GRAINES. 143 
cet instant nous doutons que la dissection de l’intérieur de ces 
ovules soit praticable, mais depuis une époque un peu plus 
avancée, jusqu'à cet état où la graine est complète sans être 
mûre. À l’époque de la maturité, le sac dont nous parlons 
s’agglutine tellement aux parois internes du Test, que les 
auteurs en général l'ont décrit comme faisant partie de ce tégu- 
ment, et que M. De Candolle, dans ses Mémoires sur les 
Légumineuses (1), tout en rappelant l'opinion de M. Trévi- 
ranus au sujet de l’existence du périsperme des Légumineuses, 
n’a pas cru devoir repousser l'opinion généralement admise 
sur l'absence d’un a/bumen dans les graines de cette famille. 

Pour en revenir à l’histoire naturelle de cet organe, nous 
prendrons pour sujet de la démonstration l’ovule d'u Szra- 
pis. Dès qu’on peut rencontrer un embryon dans de tels 
ovules, on le trouve droit (pl. 2, fig. 20) et étroitement 
renfermé dans le sac qui s'insère évidemment par sà pointe, 
ainsi que nous l'avons dit plus haut, sur la face intérieure 
de l'empreinte que Grew a regardée comme une perfora- 
tion. Ce sac continuant à se developper, ou à céder à l’em- 
bryon qui se dével@ppe, trouve bientôt dans les parois du 
Test un obstacle à son développement en ligne droite; il est 
forcé, ainsi que l'embryon qu’il recèle, de se fléchir vers le 
côté du Test opposé à son point d'insertion. Bientôt, en 
vertu de cette direction combinée avec l’accroissement ra- 
pide de l'embryon , les cotylédons de celui-ci sont forcés de 
se rapprocher de la radicule; et il arrive un instant où.ces 
deux parties opposées de l'embryon ne sont plus séparées 


(1) Page 58. 
19 


144 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 


l’une de l’autre que par les deux parois comprimées du sac 
qui tapissent, l’une les cotylédons, et l’autre la radicule. 

Ce sont ces deux parois que M. Gay a aperçues entre les 
cotylédons et la radicule du Brassica oleracea, et qu'il a 
prises pour un simple prolongement de la membrane interne 
du Test, sans doute parce qu’il n’a eu occasion de les étudier 
que sur la graine müre. 

L'histoire de la graine du Melilotus n’est pas différente; je 
présente sur la planche l'embryon de cette dernière graine 
dans l’état de l’extrême jeunesse, et sorti de son sac (pl. 2, 
fig. 20 ); ensuite dans un état plus avancé, soit emprisonné 
dans cet organe (fig. 19), soit nu (fig. 21). L'histoire d’un 
Sinapis et d’un Melrlotus, sous ce rapport, est celle de toutes 
les Crucifères et Légumineuses à embryon condupliqué. 

Quant aux graines de ces deux familles à embryon droit, 
l'étude doit.en être faite surtout sur le frais, parce que le sac 
touchant par toute sa surface les paroïs internes du T'esf, 
il devient souvent difiicile à la maturité d’en trouver une 
portion qui puisse se détacher du 'es£ sans altération. II faut 
en dire autant de l’Hippocastane et de J& Châtaigne, enfin de 
toutes les graines en général décrites comme étant dépour- 
vues de périsperme. Sur l'Hippocastane et la Châtaigne ce sac 
prend à la maturité la couleur rougeâtre et la consistance 
cassante que chacun a remarquées sur la membrane qui enve- 
loppe leur embryon. Nous devons faire observer deux choses 
avant de passer à un autre point de vue : 1°, Dans les graines 
à embryon condupliqué la radicule et la pointe correspon- 
dante du sac semblent emprisonnées dans une espèce d’étui, 
ce qui vient de ce que le mode de pression exercée sur les pa- 


pu TEST DES GRAINÉS. 0: 445 


“rois du Test par l'embryon qui’se développe, nai porté que 


‘sur deux points placés symétriquement de chaque côté du 
furicule, “en sorte que la portion intermédiaire qui n’a subi 
‘aucune pression, si ce n’est la pression latérale, est restée 
comme une cloison autour de la radicule à laquelle ‘elle 


‘semble servir de moule. 20. Quand nous avons dit que la 


pointe du sac s’inséroit sur la face interne de ce qu’on croyoit 
une perforation, nous n'avons pas eu la prétention de nier 
que ce point soit aussi le point d'insertion de la couche in- 
terne du Test, en sorte que le point d'insertion du sac se 
feroit plutôt près de lui que sur sa face même, et qu’il pour- 
roit dans d’autres graines se faire sur un point plus éloi- 
gné de Ja prétendue perforation. Mais comme cette question 


tient à des considérations nouvelles, et qui ne seroient peut- 


être pas entendues ici, nous avons préféré décrire l’ovule des 

Légumineuses et des Crucifères, où cette distinction d’inser- 

tion ne sauroit être démontrée à l’œil, en nous contentant 

dans cette circonstance d’énoncer simplement c cette modifi- 
cation de notre idée. 

Afin d'étudier d’une manière plus intelligible l’analogie du 
sac dont nous venons d’exposer la synonymie et le dévelop- 
pement; il ne no®s paroît pas inutile de revenir sur l’his- 
toire de la graine des Céréales, que nous avons publiée en 
oct. et nov. 1925 (1). 

Nous y avons démontré que le périsperme des Céréales 
n’est dans le principe qu’un sac inséré sur le sillon médian de 
la graine, et dont les cellules sont remplies d’une si grande 


{1} Ann. des Sc. nat. 


146 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 
quantité de sucs gommeux et aqueux, qu'avant de l'avoir 
épuisé par un certain séjour dans l’eau, elles sont à peine 
apercevables, et que cet organe correspond dans cet état à la 
substance que les auteurs ont décrite si souvent sous le nom 
d’amnios où de mucilage. Lorsque l’eau a dépouillé les cel- 
lules de ce sac de tous leurs sucs gommeux, et qu'un petit 
séjour dans l'alcool les a dépouillées de l’eau qu’elles renfer- 
ment encore, ces cellules se dessinent si bien sur le porte- 
objet qu’on ne peut plus élever le moindre doute sur l’orga- 
nisation de ce prétendu mucilage. 

Si ce sac, en se développant avec l'embryon que la Con. 
dation a fait naître à sa base, continuoit à n’élaborer que des 
sucs gommeux , il arriveroit un instant où ces sucs s’infiltrant 
à travers les parois des cellules comprimées par l'embryon, 
les parois de ces cellules s’appliqueroient les unes contre les 
autres, et ne présenteroient plus à la loupe que l’image d’une 
simple pellicule qu’il seroit souvent très-diflicile de distin- 
guer des parois du péricarpe. Il arrive au contraire que dans 
le sein de chaque cellule, et aux dépens de la substance gom- 
meuse, se forment d’autres cellules (grains de fécule) infil- 
trées d’une substance analogue, et dont les parois, devenues 
rigides et imperméables à l’eau, à la température ordinaire, 
constituent, en distendant les cellules-mères, la substance du 
périsperme farineux. 

Appliquons maintenant ces principes à l’histoire du sac de 
la graine des Crucifères et des Légumineuses. Ce sac est, tel 
que le périsperme non fécondé des Céréales, composé de cel- 
lules infiltrées de substances gommeuses. À une certaine 
époque, et dans certaines graines de la seconde de ces fa- 


pu TEST DES GRAINES. RS 7) 
milles, ce sac est si épaissi, dans le Cassia marylandica par 
exemple ( pl. 1, fig. 11e), que l’œil le plus prévenu ne pour- 
roit en méconnoître l’analogie avec le périsperme fariteux de 
certaines graines. Mais les cellules de ce sac dans les Légumi- 
neuses, etc., au lieu d'élaborer des cellules féculentes (grains 
de fécule),se dépouillent de leur: substance gommeuse au 
profit de l'embryon qui les comprime et les distend ; leurs pa- 
vois. s’affaissent et s’agglutinent les unes contre les autres; et 
bientôt, quelque compliquée que soit la structure de cet or- 
gane, il se réduit à l'aspect d’une pellicule à peine visible à 
à l'œil nu : car l'épaisseur d’une paroi de cellule ayant à 
peine + de millimètre, quand on supposeroit les couches de 
cellules de ee sac au nombre de 20, cela ne feroit jamais 
que 4o parois appliquées les unes contre les autres après l’é- 
puisement des cellules: or #- de millimètre (ce qui revient 
à + de millimètre) ne forment à la simple loupe que l'équi- 
valent d’une pellicule. 

Le sac des Légumineuses et des Crucifères est donc un pé- 
risperme, mais un périsperme qui:a épuisé ses fonctions avant 
lamaturité, tandis que les périspermes farineux les continuent 
par une nouvelle espèce d'élaboration, pour ne commencer à 
s’épuiser que lorque la germination commence. La chalaze 
de ce périsperme, ou plutôt son point d'insertion, se fait ou 
bien dans le voisinage, ou bien immédiatement au-dessous de 
la tache qu’on regardoit comme une perforation, et contribue 
entraîner cetté portion du Test dans l’intérieur de la graine. 
jusqu'à y produire une cavité qui simule une ouverture. 
Quand le périsperme a été réellement farineux, et que son 
point d'insertion a eu lieu à la partie opposée du hile, alors, 


148 “MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 


bien loin de voir dans l'empreinte de cette insertion l’équiva- 
lent de la prétendue perforation des autres graines, on a ap- 
pelé cette empreinte chalaze, par exemple dans le genre 
Euphorbe, où certes la chalaze affecte réellement la forme 
d’une cavité. 

Les conséquences de cette étude nous conduisent à différer 
d'opinion tantôt avec un auteur et tantôt avec un autre. Ainsi, 
nous sommes convaincus que non-seulement le nombre des 
mernbranes admises par M. R. Brown dans la généralité des 
graines étoit difficile à admettre, et encore plus difficile à dé- 
montrer, mais même qu'en suivant la méthode du savant 
Anglais, nous nous verrions forcés d’admettre six membranes, 
dont trois (couche externe de cellules, couche interne et cou- 
che intermédiaire ou parenchyme) pour le Test, ettrois pour 
le sac périspermatique; mais ce ne seroit de notre part qu'une 
distinction superflue qui ne rouleroït que sur les mots, puis- 

que telle est la structure du péricarpe et de tous les organes 
vésiculeux. Ensuite il nous paroit bien plus naturel de n’a- 
voir égard dans la distribution des tégumens d’une graine 
qu’à la séparation des parois; car la séparation de substance 
indique toujours une séparation de fonctions, et dès-lors il 
devient aisé de distinguer un organe, quelle que soit la com- 
plication de son tissu. Nousidifférerons encore d’opinion avec 
le même auteur, en ce que nous regardons comme évident 
que la radicule de l'embryon est toujours, ainsi que le reste 
de l'embryon, emprisonnée exactement dans le sac périsper- 
matique ; que jamais elle n’est en contact avec le T'es£, et que 
ce prolongement décrit par le savant Anglais, comme unissant 
la radicule au 7'est, ne nous paroît autre chose que l’extrémité 


pu TEST DES GRAINES. 149 


du sac qui d’un côté s’insère sur Je Test, et de l’autre se 
“colle, comme une pellicule, si étroitement sur l embryon, que 
M. R. Brown n’aura pas hésité à la prendre pour un prolon- 
gement de la substance de la radicule. Nous irons même plus 
loin, et en ce point nous différerons d’opinion avec un auteur 
‘non moins célèbre; il n’y a point d’embryon extraire, c’est- 
“dire d’embryon qui soit.en contact par une de ses faces 
‘avec le 7 est, et par l'autre avec le périsperme. L’illusion 


ér ghraérque de ce qu’il arrive qu'une portion du sac pé- 


‘rispermatique, plas comprimé d'un côté que de l’autre, s'est 
beaucoup plus infiltré du côté de la moindre pression; en 
‘sorte que le côté moins infiltré étant réduit, de la manière 
déjà décrite, à l’état d’une simple pellicule, adhère quelque- 
+ fois en entier contre la paroi correspondante du T'esé aux yeux 
de celui qui dissèque la graine. Mais si l’on étudie la graine à 
tous les âges et avec une certaine précaution, il est facile de 
‘se convaincre que dans les Dianthées, etc., pas plus que dans 
les Graminées, l'embryon ne cesse d’être enveloppé sur toute 
_ sa surface par le sac qui devient périsperme. 
+ S'il arrive que le sac périspermatique se remplisse de fé- 
* cule en suivant la marche et l’inflexion ordinaire à certains 
“embryons de Crucifères et de Légumineuses, on aura alors 


… Je périsperme des embryons que M. Richard père a appelés 
Amphitropes, et c’est par le moyen de ces sortes d'organes 


qu'on pourra se faire une idée plus exacte de ce que nous 
* venons d'avancer au sujet des embryons, selon nous, mal à 
Por nommés exéraires. £ 
Ces considérations nous é , plus naturellement 
qu’elles ne semblent le faire au premier coup d'œil, à l'étude 
Mém. du Muséum. 1. 14. 20 


150 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 


de la seconde empreintequi existe symétriquement de l’autre 
côté du hile; et le rapprochement que ce fait va nous fournir 
sera une conquête de plus en faveur d’un système d’organi- 
sation que nous poursuivons depuis trois ans, et qui forme 
un cadre dans lequel toutes nos recherches se rangent si na- 
turellement, que nous ne pouvons nous refuser à la pensée, 
ou peut-être à l'illusion, de le voir accueillir avec quelque 
indulgence. L'ART 
Nous venons d'établir, par des faits que l’on se plaira sans 
doute à vérifier, que la perforation apparente est l'empreinte 
de l'insertion d’un organe interne, qui n’est autre chose que 
la poche dans laquelle doit naître l'embryon. Il arrive quel- 
quefois que la nutrition n’atteint pas cet organe interne, que 
le Test se développe seul, et dans ce cas il n’est besoin que 
d’un peu d’attention pour s'assurer de la conformité com- 
plète de cette poche ainsi réduite avec l’autre empreinte 
dont nous nous occupons maintenant. Soit qu’on examine 
la prétendue perforation sur l'extérieur du Tesf, soit qu’on 
coupe longitudinalement la graine avortée de manière à in- 
téresser dans la coupe les-deux empreintes et le hile, on ne 
découvre entre ces deux empreintes aucune différence d’or- 
ganisation. Elles offrent toutes deux alors l’image d’une vési- 
cule recouverte par le Test, insérée sur la face interne 
de ce tégument, et dans laquelle s’emboitent une ou deux 
autres vésicules à parois plus où moins épaissies. Or, l’expé- 
rience et l’observation viennent de nous apprendre que de 
ces deux empreintes ainsi réduites, celle qui occupe la place 
de la prétendue perforation n’est autre chose que l'insertion 
ou la chalaze d’un véritable périsperme dans lequel doit 


DU TEST DES GRAINES 151 


se développer l'embryon. Nous ne croyons donc pas nous 
écarter des rébles de l’analogie en avançant que la seconde 
empreinte n’est pas autre chose; que c’est l'insertion d’un 
organe interne dans le sein duquel un embryon auroit dû 
naître si la fécondation avoit pu l’atteindre, en sorte que 
dans | ce cas la graine eût été bi- TRUE Qu'on ne 
pense pas que ce soit ici un simple aperçu que ne puisse 
appuyer l'expérience. Toutes les graines bi-embryonées (Æs- 
culus hippocastanum , Castanea vesca ; Amy gdalus com- 
munis , etc.) que nous avons eu l’occasion d'examiner nous 
ont toujours offert les deux embryons exactement empri- 
sonnés chacun dans une poche pApemanaue particulière, 
dont les points d'insertion correspondoient à deux points 
‘placés symétriquement près du hile. 

- On auroïit tort d’opposer à cette assertion, comme une 
objection de quelque valeur, la constance de l'avortement 
de cette empreinte. Rien n’est plus commun dans le règne 
de l’organisation que cet oubli de la nature. Dans le Ponte- 
deria cordata (1), on ne trouve constamment qu'une loge 
fertile, les deux autres n’acquièrent jamais une dimension 
plus grande que l'empreinte dont nous parlons; elles restent 
toujours tellement rédaites, que sans un peu de soin de la part 
de l'observateur l'ovaire paroîtroit exactement uniloculaire. 
Comment prouvons-nous qu’il y a dans ce cas avortement ? 
n'est-ce pas parce que nous pouvons montrer des ovaires à 
trois loges fertiles, soit dans le même genre soit dans les genres 
voisins (Asphodélées, par ex.)? Orsil suffit, pourprouver qu'il 


(a) Voyez ci-après la note relative à ce genre. 


152 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 


y a avortement dans un organe, de le montrer quelquefois 
fécondé, les embryons jumeaux d’une foule de graines sont 
bien capables, je pense, de nous fournir ce genre de preuves. 

Une fois que la nature d’un organe a été déterminée, la 
forme qu'il peut revêtir ne change plus sa destination aux 
yeux de l'observateur. Il lui suffit de le rencontrer à la même 
place, sous quelquemodification qu'il se présente. L’empreinte 
que nous venons d'étudier sera donc toujours un périsperme 
avorté, soit qu’elle-affecte la forme d’une glande, soit qu’elle 
passe à celle d’une caroncule, soit enfin que s'alongeant dans 
le sens longitudinal de la graine, elle se présente sous celle 
d’un Raphe canaliculé. Or, toutes ces formes peuvent être 
observées sur les graines des genres voisins des Phaseolus. 

L’étude de ce passage des formes les unes vers les autres 
dans la même famille nous fera même reconnoître cet organe 
dans les graines sur lesquelles il affecte une forme plus modi- 
fiée, de même que dans celles où il semble avoir disparu tout-à- 
fait. Ainsi, il n’y pas loin de la caroncule de quelques graines 
de Légumineuses à la caroncule des Æwphorbes ; et pour le 
remarquer en passant , la caroncule des Æwphorbes présen- 
tant par une coupe transversale deux lobes également con- 
formés, et par conséquent deux organes avortés, il arriveroit 
dans ce genre que l’organisation primitive de la graine seroït 
en harmonie avec l’organisation de l'ovaire, et le nombre 
ternaire se retrouveroit dans l’un comme dans l’autre de 
ces deux systèmes; en sorte que l’ovule n’y seroit qu’une 
répétition da type de l'ovaire. 

Il n’y a pas loin non plus du Raphe de certains Dolichos 
au Raphe latéral que l’on remarque sur l’ovule du Ponte- 


Du TEST DES GRAINES 153 

deria cordata (pl. 2, fig. 2 a), du Caltha palustris, et sur : 
celui d’une foule de plantes. 
Pour faire comprendre plus clairement notre pensée, et 
pour aborder hardiment la question, qu’on se représente une 
anthère ordinairement bilobée, mais dont un lobe ait avorté, 
telle enfin que je ai dessinée ( pl. 13, fig. 13 d, du tom. 4 des 
Annal. des Sc. naturelles), on ne manquera pas de décou- 
vrir entre la structure des ovules dont celui du-Pontederia 
peut être le type et la structure de l’anthère avortée une 
- stricte analogie. 

Le lobe fertile de l’anthère correspond au ]Vucleus de 
ovale ; le vaisseau médian du funicule de A représente 
le vaisseau médian du filament ; et s’il n’y avoit pas eu avor- 
tement dans celui des côtés du funicule et du filament qui 

est opposé au lobe pollinifère et au ÂVucleus embryoné, 
Vanthère eût possédé deux lobes et la graine deux Nucleus. 
Mais il est bon de remarquer que dans cette supposition les 
deux Vucleus de la graine ne se seroïent pas dessinés comme 
les deux lobes de l’anthère, par une raison qu’il est facile 
de concevoir. Dans les ovules, la résine se porte vers Île 
Testa, en remplit les cellules et les rend rigides; dans un 
anthère, au contraire, la résine se porte vers les cellules du 
centre de l'organe, vers les graines de pollen; en sorte que 
dans les anthères ce que l’on pourroit nommer Tesfa se 
moule sur les deux lobes ou sacs internes, et que dans la 
graine bi-embryonée, au contraire, les deux sacs périsper- 
matiques se moulent sur le T'esfa et restent par là effacés en 
dehors. 
* Ajoutons encore que toutes les anthères bi-loculaires ne 


154 MÉMOIRE CONCERNANT L'OUVERTURE 
sont pas bi-lobées; et lanthère bi-loculaire des Malvacées 
a une si grande analogie de forme avec l’ovule des Crucifères 
et des Dianthées, que je ne pourroiïs avoir sous la main un 
point de comparaison plus pittoresque : car, dans les Mal- 
vacées, les deux lobes internes de l’anthère, au lieu de se 
diriger dans le sens du filament, ont croisé la direction du fi- 
lament et se sont trouvés placés le sommet de lun vers le 
point d'insertion de l’autre, en supposant, comme je l’expli- 
querai plus au long dans un prochain Mémoire, que le point 
d'insertion des masses pollinifères ait lieu comme le point 
d'insertion des sacs périspermatiques tel que nous venons de 
le concevoir: Nous nous arrêterons aujourd’hui à cet exposé. 
Après l’étude des prétendues perforations de la graine, 
nous devions chercher à nous faire une idée exacte de la 
perforation qu’on a décrite au sommet de certains pistils, et 
principalement de ceux des Conifères et des Cicadées. Or, 
en nous servant des procédés que nous avons employés dans 
l’étude de la prétendue perforation du Zygophyllum , nous 
nous sommes convaincus que la perforation de ces pistils 
v’étoit autre chose qu’une dépression entre deux lobes ou 
une cavité, mais qu'aucune communication organique n’exis- 
toit entre l’air extérieur et la cavité que ce pistil surmonte; 
enfin que, de même qu’il n’existe aucune solution de conti- 
nuité du Z'esta au-dessus de la prétendue perforation de 
l'ovule , de même il n’en existe aucune au fond de la cavité 
qu’on remarque au sommet des graines de certains genres 
de Conifères. Nous représentons la figure de l’ovule non fé- 
condé du T'huya avec ses deux lobes (pl. 2, fig. 17)et sesdeux 
ailes; nous le représentons encore à un état voisin de la matu- 


EN EST MEME --+65 
rité (fig. spi ces deux âges différens , et malgré ces deux 
formes différentes, le sommet (a) de l’ovale et de la graine 
ne présente qu'une cavité analogue à celle qu’ ‘on remarque 
sur bien des stigmates évidemment imperforés, par exemple 
sur celui des Mzmulus , mais aucune espèce de perforation 
- à travers laquelle un organe interne se fasse jour (1). 
nur és onrommamteGite CAS LAt HAE PAT HN 
Are QILLE peter dt 
psp: QE ù 


Pa n'existe aucune Don tie sur # Testides ovules, ni 
sur le sommet des pistils de Conifères, etc. 

L'ouverture de Grew est l'empreinte de l'insertion d’un 
organe périspermatique,, c'est une Chalaze. 
Une foule d’ovules recèlent dans leur sein les élémens 
de. deux, ou plusieurs poches à embryon; ce qui rapproche 
la structure de l’ovule de celle de bien des anthères. 


CO En me servant de l'expression de pistil, je ne prétends point me décider 
contre ceux des auteurs qui admettent une Cupule au sommet de l'organe femelle 
des Conifères. En général , les discussions qui n’ont pour objet que la terminologie 
me jperoisent si peu utiles aux pioRrE de la science, que je cherche à n’en aborder 


aucune. Je décris les organes, j’en explique l’analogie, j’ j'en étudie le dévelopement, 
et jercrois rencontrer toujours sous ma main dssez de mots pour me faire entendre. 


Éturs nina Éeses 


744 
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SOUTIEN ORNE 


SUR LE GENRE PONTEDERIA 


2 


nés 

Les caractères du genre Pontederia sont restés pendant 
assez long-temps frappés d’une certaine indécision qui ne 
permettait ni de regarder le genre comme étant womposé 
d'espèces homogènes, ni de le placer d’une manière défini- 
tive dans une des nombreuses familles que l’on a formées 
aux dépens de la classe des monocotylédonés. - 

Il ne s’agissoit de rien moins que de savoir si l'ovaire étoit 
infère ou supère, sorte de caractère qui auroit sufii pour 
transporter ce genre, ou au moins quelques unes de ‘ses 
espèces, d’un bout de la série à l’autre. Fee 

Il paroît que Linné avoit primitivement bien observé ; car 
dans son Genera (éd. de 1754), il s'exprime en ces termes : 
Germen suprà receptaculum ; et ce ne fut que dans la 
suite qu’il sembla émettre des doutes au sujet de la cons- 
tance ou de la généralité de ce caractère, en indiquant, 
comme sous forme d’exception , que les Pontederia vagi- 
nalis et hastata avoient réellement l'ovaire supère (Mur- 
ray, 1774, et Reich., 1778). 

J'ai tout lieu de croire que le P. hastata avoit été letype 
primitif de son genre, et que les doutes qu'il conçut posté- 
rieurement lui furent inspirés par l’analyse, sur le sec; du 
Pontederia cordata , dont la corolle s’étrangle quelquefois 
au-dessus de l'ovaire ; en sorte que si la compression exercée 


_ Norice sur LE GENRE PONTEDERIA 157 
pendant la dessiccation artificielle agglutine les parois de la 
corolle contre l'ovaire, il est:très-facile de se méprendre de 
la même manière que Linné paroît s’être mépris. 

* M. de Jussieu partagea les doutes de Linné; ou du moins 
il crat que l’organisation detoutes les espèces du genre n’étoit 
pas identique sous ce rapport. Species quædam, disoit-il, 
dans le Genera plantarum , germine supero aut semi-su- 
pero juncis affiniores. Les autres espèces, il les laissoit dans 
les Narcisses. 
-nRichard père et M. Kunth établirent dans la suite ce 
genre sur des bases certaines; et depuis eux, tous les bota- 
nistes qui ont eu à s'occuper d’une espèce de Pontederia 
ont confirmé que l'ovaire étoit supère. 
+ Linné n’avoit admis dans son genre que quatre espèces, 
P.ovata, vaginalis , cordata et hastata. Willdenow en sé- 
para l’ovata , dont il fit un genre à part sous le nom de Phry- 
nium , à cause de-son double périgone. Le genre keteran- 
thera de Palisot (Leptanthus Richard, Flore de Mich.) 
ne se distingue réellement des Pontederia que par le nombre 
ternaire de ses étamines. Une circonstance indiquée par 
M. Hooker , dans son Æxotic flora 94 , tendait pourtant à 
attribuer au genre Leptanthus un caractère des plus tran- 
“chés, si ce caractère n’étoit pas susceptible d’être considéré 
comme un accident que l’on peut facilement ramener au 
type générique des autres espèces. Nous reviendrons sur cette 
explication ; après avoir donné quelques idées générales sur 
Ja structure des Pontédérées. : 

1°. Les Pontédérées, ainsi que toutesles plantes qui habitent 
les eaux, ont. un système-radiculaire qui tient de leur habi- 

Mém. du Muséum. t. 14. | 21 


4 
158 NoTrcE SUR LE GENRE PONTEDERTA. 


tation ; d'abord blanchâtres et succulentes, leur épidérme en 
vieillissant finit par leur donnér un aspect bleuâtre; elles ont 
peu de chevelu, et se rapprochent beaucoup, à tous les âges ; 
de la forme simple que toutes les racines affectent dans le 
commencement de leur évolution. À leur extrémité, elles 
possèdent, ainsi que toutes les racines que l’on fait dévelop+ 
per dans l’eau, une calotte plus ou moins déchirée sur les 
bords, que bien des auteurs ont voulu considérer comme un 
organe à part, et que MM. Corréa de Serra et De Candolle 
ont surnommé spongiole, à cause de l’analogie de sa struc- 
ture avec un tissu spongieux. Tel étoit aussi le sentiment de 
Richard, au sujet de la calotte terminale des racines des Pon- 
tederia, etc., d'après le témoignage de M. Kunth(Nos. Gen, 
tom. 1,p. 212) : ÂVeque tarnen putandum est, fibras rade 
cem perrumpentes , particulam epidermidis auferre ; ed- 
demque epidermide vestitas , calyptratas apparere. Im 
verd hæ calyptræ à substanti& ips@ medullæ nascuntur, 
L'auteur en dittout autant de la calotte terminale des Lemna, 
dont Micheli a tant exagéré, par ses figures , les rapperts de 
dimension avec le reste de la racine. 

En rendant compte du Mémoire de M. De Candolle sur les 
lenticelles, en mai 1826 (1), nous avions annoncé que l'opi- 
mion que réfute Richard nous paraissoit la seule vraie ; et que 
la coife terminale des racines étoit tellement un fragment de 
l’épiderme, qu'on pouvoit presque toujours retrouver sur 
le commencement de la racine l’autre partie de l’épiderme 
en forme de gaine , et affectant tous les caractères de la 


(1) Deuxieme section du Bull. univ: des Sciences et de l'Industrie, t. vi, n°. 33. 


Norice sur LE.GENRE-PontEDERtA 159 
coife de l'extrémité, Nos :observations avoient été. faites 
sur les racines des branches de Saule que nous avions lais- 
sées exprès plongées dans l’eau. 
+ M. Dutrochet (1), qui sans doute n’a pas eu connoissance 
de ce travail fort abrégé , a apporté dernièrement de nou- 
velles raisons en faveur de l'opinion qui tend à faire regarder 
la spongiole comme un organe à part, et non comme le dé: 
bris d’un organe déchiré. L'auteur n’a pas cherché à détruire 
lawpreuve que nous avions apportée en faveur de l'opinion 
contraire. EN + 
 & Il assure que la spongiole sort tous les printemps de la 
«pointe de la spongiole endurcie qui forme le bout du fila: 
« ment du chevelu, ou de la radicelle produite l’année précé- 
« dente; qu’alors la spongiole ancienne devientune partie du 
«corps de la radicelle; enfin qu'il n’y a là qu’une produc- 
&.tion successive de parties nouvelles, de la même manière 
«que cela a lieu dans les tiges. D’après lui, le Zemra gtbba 
«possède une spongiole très-volumineuse relativement aux 
«,dimensions de la racine qui est grèle et blanche, tandis 
&« que la spongiole qui la términe est renflée et de couleur 
« verte; ce seroit même par l'observation de cette plante 
«que l'on pourroit se convaincre facilement que la spon- 
«giole ,est bien véritablement un organe distinct du corps 
«. de la radicelle, ». 
+ Nous avons eu occasion d’observer d’une manière assez 
suivie, le développement non-seulement des radicelles de di- 
verses plantes, mais encore. des radicelles des Lemna; et 
rer tre MMA Un Li un, Joel degnes 
(1) Agent immédiat du mouvement vital, 1826, p. 9f'et suiv. | 
21 


160 NoricE SUR LE GENRE PONTEDERIA. 

nous croyons pouvoir assurer que la spongiole des Lernna; 
détachée avec soin de la radicelle, est tout-à-fait blanche , 
quand on n’enlève point avec elle une portion quelconque de 
la radicelle ; que les radicelles des Lemna, au contraire, sont 
toujours verdâtres, surtout sur la ligne qui en forme le canal 
médullaire. Cette coife, que l’on nomme spongiole, est adhé- 
rente à la feuille des Lemna dans le principe; sa base s’en 
détache ensuite déchirée par le développement du corps 
de la racine; et quoique la racine continue à croître, cette 
spongiole, ainsi que tous les organes inertes, ne reçoit plus 
d’accroissement, et finit par se décomposer sans devenir ja- 
mais une partie du corps de la radicelle, comme l'avance 
M. Duatrochet. Quant aux radicelles aquatiques des autres 
plantes (car*c’est sur elles que l'observation doit se faire, si 
où veut se conserver le moyen de ne jamais les perdre de 
vue ), il est plus facile encore de se convaincre que la spon- 
giole n’est que la-partie extrême de l’épiderme déchiré par 
le cône interne de la racine qui s’alonge. Pour cela, il faut 
étudier une racine à l'instant où elle sort de l’écorce; à cette 
époque elle n’a point de spongiole. À mesure que la radicelle 
se développe on voit un anneau formé par le déchiremént 
circulaire de l’épiderme; cet anneau s’élargit de plus en plus; 
une lacune toujours croissante finit par éloigner à une grande 
distance la première portion de l’épiderme , d’avec la por 
tion extrême qui reste au bout de la racine en forme de coife. 
Mais si à tous les âges on mesure les cellules de la coîfe et 
celle de la gaîne qui entoure le commencement de la radi- 
celle, on verra que leurs dimensions sont restées identiques, 
et que leur accroissement a.été stationnaire ; quelquefois 


Novice sur LÉ GENRE Ponrénenra.  16i 
même on apercevra qu ’elles révétént à la fois Lu vieillissant, 
Jé‘même genre de couleur. ? egasiborai, o1douon, #f 
+ Lorsque la gaîne et la ie $e sont décomposées entière- 
ment, la couche immédiatement inférieure qui sert! ‘d'épi- 
derme à la racine, se déchire de même par le dévelop 
pement de la couche qui est interne à l'égard de celle-ci; et 
la radicelle à encore et une nouvelle gaine, et une nouvelle 
spongiole, ce qui ‘rentre entièrement dans la théorie du 
développement du tronc que nous avons expliquée dans 
notre Mémoire sur le Développement de la Fécule: "1. 

* Pour faire jouer un rôle à part à ce déchirement, on a rap- 
pelé les expériences de Bonnet, qui découvrit qu’en mettant 
mérnponÉ extrémité de la racine dans une eau colorée, c'était 
par là spongiole qué la couleur ‘entrait dans le tissu central 
de laradicelle, Mais si l'on'se rappelle les expériences de Sar- 
rabat et Mustel on se convaincra qu'ici il ne se passe pas 
autre chose à l'égard des radicelles que ce qui se passe à 
Végard du tronc; ce n’est jamais par l’épiderme que les sub- 
stances colorées pénètrent dans le corps du végétal, mais 
seliens par les ouvertures artificielles qu’ on pratique, soit 
longitudinalement, soit transversalement sur leur ‘surface. 
Cette expérience de Bonnet ne fait donc que confirmer notre 
Opinion au lieu de l'infirmer, puisqu'ici la spongiole‘ne joue 
pas un autre rôle que la coupe circulaire de l'écorce jeune 
d’un rameau aérien. Je ne nie point que sa présence soit sous 
ce rapport inutile à la nutrition de la radicelle; car, puisque 
le térreau nourrit la racine, pourquoiun débris d organe doué 
_ d’un peu de vitalité lui seroit-il inutile? Je soutiens simplement 
que la spongiole n’est qu’un débris de l'épiderme, qui tend 


162 NoricE SUR LE GENRE PONTEDERIA. 
à se décomposer, pour être remplacé par un antre débris de 
la couche immédiatement placée au-dessous de lui; qu’en- 
fin, si l’on se représente la radicelle composée de cônes 
emboîtés les uns dans les autres, le cône extérieur déchiré 
par le cône suivant, formera par son extrémité la spongiole; 
que ce cône suivant subira à son tour le même sort que le 
cône primitivement extérieur, et ainsi de suite. Cette digres- 
sion, peut-être un peu trop longue, me paroît pourtant mo- 
tivée par la nécessité d’allier la physiologie à la botanique 
pure, unique moyen d'élever cette dernière au niveau des 
autres sciences qui semblaient, pour ainsi dire, la dédaigner. 

2°. Le port des Pontederia, Heteranthera et Phrynium 
Willd.,rapproche ces trois genres des Commelinées. La feuille, 
dont la forme est plus ou moins arrondie, et souvent échant 
crée à la base, s’insère par un pétiole variant en longueur, sur 
une gaine du sein de laquelle sort le bouquet de fleurs. Quel- 
quefois le bouquet sort des gaines inférieures; souvent il sor- 
de la gaine supérieure qui, dépourvue ordinairement de 
limbe, a reçu de Linné le nom de spathe ou involucre; mais 
qui du reste jouit de la structure et de la couleur des féuilles 
inférieures. 

3°. Les fleurs, très-nombreuses sur l’épi du Pontederia 
cordata, le sont moins sur celui du ?2. hastata, encore 
moins sur le P. paginalis, et sur le PArynium ovatum 
Willd., et deviennent isolées au bout d’un assez long pé- 
doncule dans les gaines de certains Heferanthera Beau. 
Du reste, quand elles sont disposées en épi, la structure de 
cet organe peut toujours se ramener à un même type. Ainsi, 
en passant du composé au simple, l’épi du Pontederia cor- 


Norice SUR LE GENRE PoNTEDER‘A. 163 
data L: est formé de fleurs sessiles autour d’uñ axe assez 
_ épais; elles ne naissent dans l’aisselle d'aucune stipule, mais 
elles sont accompagnées à leur base de poils asséz nombreux, 
et d’un calibre assez remarquable, qui descendent sur le 
thyrse bien au-dessous de linsértion du rang inférieur des 
fleurs. Je ne crains point d’être accusé de trop de hardiesse, 
en’assurant que ces poils jouent le rôle de stipules qui, fer- 
tiles sur la moitié HE n ans du thyrse, sont stériles sur la 
moitié inférieure. 

Dans le Pontederia vaginalis L. et le Phrynium ovaturi 
Willd.; les fleurs acquièrent déjà un pedoneule qui devient 
tellèment long dans le Pontederia hastata, que les fleurs de 
cette espèce imitent l’inflorescencé de l'Ombélle; et il paroît 
que Linné y avoit vu une véritable Ombelle, ‘à'en juger par 
l'expression spécifique foribus umbellatis ‘ab il se sert 
pour caractériser cette dernière espèce. Mais il ne faut qü ’une 
attention légère tés juger que la différence dans ces inflo- 
rescences n’est qu’apparente, et qu'elle ne vient que du plus 
ou moins de longueur du pédonicule, qui, quoique très-court, 
n’en existe pas moins sur le Ponféderia cordata L.. . 

 Lestraits de ressemblance des Pontéderiaet Heteranthera 
avec les Commelinées disparoïssent lorsqu’onremonte jusqu’à 
la structure de la fleur. Aussi, des Pontederia de Linné, là 
seule espèce P. opataest restée dans les Commelinées, sous le 
nom de Phryniun. Au reste, la difference des deux familles 
ne réside pas sur des caractères plus nombreux que ceux: qui 
servent de ligne de démarcation aux diverses familles des Mo- 
nocotylédones corolliflores. Un périanthe ‘unique dans les 
Pontédérées, et double dans les Commelinées, voilà toute la 


164 NoricE SUR LE GENRE PONTEDERIA. 


différence essentielle, différence qui, physiologiquement exa- 


minée , pourroit bien diminuer de valeur: Car non-seulement 


le nombre six existe dans les Pontédérées comme dans les 
Commelinées,, mais encore la préfloraison du Pontederta 
cordata mème, dont la structure semble avoir principalement 
motivé la séparation des deux familles, rappelle d’une manière 
frappante la structure de la fleur des Commelinées. On woit 
que ce qu’on désigne dans le Pontederta cordata par le mot 
de lèvre supérieure, et qui se compose de trois divisions égales 
ou presque égales, recouvre dans le bouton la lèvre inférieure 
qui possède aussi trois divisions ; en sorte qu’à cét âge la lèvre 
supérieure forme le péfianthe inférieur ou calice dés Comme: 
linées, et la lèvreïnférieure, le périanthe supérieur ou corolle. 
Si dès ce momentles divisions seules du limbe de ce Pontede- 
ria s’alongeoïent, et que le tube restät avec la briéveté du 
jeune âge, il y a tout lieu de croire queles Pontederia seroïent 
demeurés dans les Commelinées. Mais la base de leur corolle, 
en s’alongeant en tube dans le Cordata, détruit tout rapport 
d'insertion et de préfloraison; et la position horizontale de la 
fleur, en favorisant l’équivoque des!'expressions dont la puis- 
sance est si grande dans la nomenclature, fait que la portion 
inférieure par la préfloraison devient supérieure par la posi- 
tion, et que la supérieure dévient l’inférieure. La supposition 
que nous venons de faire plus haut approche singulièrement 
dela réalité dans lacorolle des Pontederia hastata \.., aqua- 
tica Beauv., El owar., et Leptanthus graminifolius Mich., 
si l'on peut en pareille circonstance se fier à des fleurs dessé- 
chées à ovaire presque mûr, et à des figures faites sur le sec. 

Notre intention n’étant pas de donner une Monographie 


NoTicE SUR LE GENRE PONTEDERIA. 165 


complète du genre en 7 , ce qui demanderoit une 
étude faite sur le vivant, à "égard de toutes les espèces ; nous 
n’insisterons pas trop sur la réunion des deux familles. Mais le 
hasard ayant fait que nous nous sommes servis tout l'été, pour 
étudier l’ovule, des fleurs du Pontederia cordata qui fleurit 
si facilement dans les jardins , il nous a été facile de nous con- 
vaincre que ce genre avoit été assez mal décrit, et que les ca- 
ractères essentiels méritoient une réforme. Car les étamines 
ont été décrites comme étantinsérées trois sur le tube, et trois 
à la base de la corolle ( Linné), ou trois sur le limbe, et trois 
sur le tube (Ægardh. Aphor. bot.), l'ovaire comme étant 
triloculaire et polysperme. Or, le Pontederia cordata pré- 
sente une exception importante à ces caractères, Nous ne par- 
lerons pasde l'ovaire infère d’aprèscertains auteurs; M. Kunth 
a fortbien remarqué qu'il étoit supère, et l'erreur qu’on nous 
semble à tort avoir attribuée à Linné est d’aatant plus dif 
ficile à expliquer, que le type du genre linnéen ne paroît pas 
avoir été le Pontederia cordata, qui seul eût pu produire 
une certaine illusion, mais bien le Pontederia hkastata, dont 
l'ovaire est si gros qu il ne se laisse j jamais emprisonner par 
la corolle. 

La corolle du Pontederia rie L. forme un tube qui 
se divise en s évasant en six portions à peu près. égales, aux- 
quelles sa position horizontale fait prendre une apparence 
bilabiée ; les trois divisions supérieures, dont la médiane pa- 
roît souvent plus grande, forment la lèvre supérieure, ét 
les trois divisions inférieures forment l’autre lèvre: Les éta- 
mines au nombre de six, s’insèrent tout en se continuant en 
relief jusqu’à la base de la corolle, les trois plus longues 

Mém. du Muséum. 1. 14. 22 


166 NoTicE SUR LE GENRE PONTEDERIA. 


chacune sur une des divisions de la lèvre inférieure, les trois 
plus courtes sur chacune des divisions de la lèvre supérieure, 
mais de manière que l’étamine médiane est plus courte que 
les deux autres, et s’insère réellement bien au-dessous d’elles 
vers la base de la corolle. La surface interne de la corolle est 
lisse, externe velue dans sa moitié inférieure, sa couleur est 
d’un bleu strié, qui après la dessiccation paroît moucheté 
par des hachures longitudinales. 

Les anthères avant l’anthèse sont bleues tirant sur le vio- 
let, ovoïdes et biloculaires. Le filament en est cylindrique et 
blanc. L’ovaire (pl. 2, fig. 4), d’une forme toujours alongée, 
occupe à peu près la moitié inférieure du tube. Il possède 
réellement trois loges, mais dont deux avortées, et tellement 
réduites que, sur le frais même, on seroit tenté de le croire 
uniloculaire (fig. 1 et 5): ce qui fait que leurs deux nervures 
sont très-rapprôchées entre elles et très-distantes de la nervure 
de la loge fertile. Ces trois nervures se continuent jusqu’au 
stygmate (a), qu’elles rendent trilobé. Le style qui est un peu 
plus court que l’ovaire, esthérissé, du côté de la loge fertile, 
d’une rangée de poils presque horizontaux, ou légèrement 
dirigés en haut, et glanduleux au sommet; tout le reste est 
glabre. | 

La loge fertile (fig. 1) ne possède qu’un ovule suspendu au 
sommet de la cavité, et lisse sar toute sa surface. Le péri- 
sperme devient farineux; l'embryon cylindrique mais tubé- 
reux vers sa partie inférieure, et mamelonné à la base, est 
orthotrope et blanc (fig. 1x). 

Dans le Pontederia hastata, au contraire, l'ovaire pos- 
sède trois loges (fig. 8) qui le rendent triquètre. Les ovules 


FA 


Norice.sur LE GENRE PonrenerrA. 167 
ÿ Sont si nombreux qu’en mürissant ils sont détachés du 
placenta central par les autres qui se développent. La graine 
ovoïdo-cylindrique se trouve mamelonnée à ses deux bouts, 
et relevée par neuf côtes fort saillantes qui se réunissent aux 
deux mamelons (fig. 7 et r2), Le test est rougeâtre, le pé- 
risperme farineux; l'embryon, tout-à-fait cylindrique (fig. 9) 
et blanc, forme l’axe dont les deux mamelons seraient les 
extrémités ( fig. 10 ). 

La graine du Leptanthus gramineus figurée par Hooker, 
et celle de l'Heteranthera zorteræfolia de Martius, espèce 
bien voisine de la première, possèdent les mêmes formes 
exterieures que la graine du Pontederia hastata , telles que 
nous venons de les décrire. 

Parmi les caractères génériques tracés par M. Hooker, il 
en existe un: qui renverroit bien loin le genre Leptanthus , 
si les modifications qu’y a apportées M. Martius ne nous per- 
mettoient , ainsi que nous l'avons déjà observé au commen- 
cement de cette notice, de ramener cette anomalie apparente 
au type ordinaire des Pontederia. Capsula urilocularis, 
dit M. Hooker, ##alpis, polysperma. Semina receptaculis 
tribus filiformibus valvarun medio affixis inserta. Exotic 
flora 94. Voici comment M. Martius modifie ce caractère : 
Capsula sub-trilocularis ; trivalvis , valpulis medio septife- 
718, dissépimentis tenuissimis vix in axi connatis, semina 
dissepimentis duplici serie adnata, ete. Nov. Gen. p: 7°. 

Or, il est facile de:concevoir qu'une capsule triloculaire 
puisse, à la faveur d’un mode de déchirement , devenir uni- 
Joculaire et à placentas en apparence pariétaux . Supposez 
pour cela que les trois placentas, qui en se soudant dos à 


220 


168 NorTicE SUR LE GENRE PONTEDERI À. 


dos formoient l’axe central, viennent à se séparer les uns des 
autres, et que chacun d’eux suive la cloison contre laquelle 
il est adossé, il arrivera que les cloisons, qui n’avoient d’autre 
point de contact que leur placenta commun , formeront les 
parois d’une capsule uniloculaire dont les placentas .pa- 
riétaux alterneront avec les sutures. On conçoit combien ce 
phénomène doit se présenter fréquemment, quand les liens 
qui unissent les placentas entre eux sont ou trop délicats, 

ou soudés d’une manière imparfaite. 

Peut-être aussi que le mode de dissection concourt à rendre 
plus fréquent ce phénomène, et que pour ne point altérer 
de la sorte la capsule , il vaudroit mieux la couper trans- 
versalement qu’en long, et dans le jeune âge platôt qu'a l'épo- 
que à laquelle le développement de la graine a déja opéré 
des déchiremens. 

Si nous pesons maintenant, la Le des caractères géné- 
riques, il nous sera aisé de juger que la graine paroît jouir 
d’une structure analogue dans toutesles espèces de la famille; 
que le nombre des ovules offre des passageS qui ne per- 
mettent pas d'y puiser des lignes de démarcation; que lor- 
ganisation de la capsule n’est qu’accidentellement différente; 
que la corolle se montre tantôt sexfide et tantôt sexpartite, 
sans que de telles différences se trouvent en harmonie avec 
des différences de port ou d’autres caractères essentiels ; que 
le stygmate-trilobé paroît être généralement simple; qu’ik ne 
reste donc que le nombre des étamines pour motiver une 
division dans ancien genre Pontederia. Quant à la forme 
des, feuilles, elle nous a paru: si variable, que dans certains 
individus de Pontederiæ cordata provenusil y a assez long- 


_ 


ne Noricr sur Le 6 ENRE PONTEDERTA 1 
temps de Trianon et conservés dans la collection de M. De- 
lessert , elles affectent des formes linéaires si prononcées , 
qu'on ne sauroit en méconnoître la ressemblance avec les 
frondes du Scolopendrum officinale. 

© Toutes ces considérations semblent motiver la réforme des 
caracté res de la famille, et des deux. genres qui la °omposens: 
par les expressions suivantes : 

Ponrroenez Kath. Perianthium De sex-fidum 
aut sex-partitum inf erum ; capsula trilocularis 1-aut po- 
bsperma, abortu abdhuiits 1-locularts Placentis centrali 
bus; stigma unicum trilobum. Stamina terna ve SEX SU- 
periüs inferièsve tubo corollæ inserta. Granum ovatum 
costatum, émbryo orthotrôpus in perispermio Jarihaceo. 

. Herbæ aquatice. FoLa vaginantia imbo aut lineari aut 
opato et longius breviüsve peñnéulate. Flores  absque 
séipulis. 

Genus Pontederia. Sigma corollé rs Sex, par- 
üt& aut sex fid8. Stamina sex Feferaus superiüsve tubo 
corollæ inserta. 

Genus Heteranthera. Séiba longius aut brevius co- 
roûà sex partité. Stamina tria. 

Les espèces de cette famille habitent les étangs où 4 lieux 
humides de PInde, de l’Afrique et de l'Amérique , et s’é- 
tendent dans ce. qu continent, depuis le 300. de latit. 
australe j jusqu’au 400. de latit. boréale. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


! | 10 ÿl 1} 
AN. B. Dans la Aihxiboton fe figures on a consulté la symétrie , et l’ordre des matières dans 


leur. indication: 19 O0 


PLANCHE I. 

Fic. 1. Haricot tres-grossi à la EU à (a) Prétendue perforation du test. (b) Vési- 
, cule que dans le courant de ce Mémoire nous avons regardée comme 
une cavité primitivement avortée , et qui sans cet avortement eût fourni 

les mêmes organes que la cavité à embryon. F 
2. Ovule non fécondé du Zygophyllum fabago L. grossi cent fois. (a) Pré- 
; tendue perforation. (b) Raphe qui dans ces sortes d’ovules est à nos yeux 

l’analogue de la vésicule (b) de la premiere figure: 

3. Sommité du même ovule dont le test a été déchiré mécaniquement par le 

| nucleus que nous comprimions. 

‘4. Oÿule non fécondé du Datisca cannabina L. grossi cent fois ; on n’y voit 

aucune trace de perforation. 

5. Ovule non fécondé du Sinapis nigra L. grossi cent fois. (a) Prétendueper— 
foration. Le Raphe que l’on voit sur le lobe opposé correspond au point 
(dde la fig. 1). 

6. Prétendue perforation vue de champ au grossissement de 100. 

7- Ovule non fécondé du Samolus Palerandt L. sur lequel la prétendue, per- 

foration n’a rien moins que l’apparence d’un trou. 

8. Ovule très-avancé du Cassia marylandica L. (a) Point où devroit se trouver 

la prétendue perforation. 

9. Embryon du même; il est vert; et on observe sur ses formes un commence- 

ment de conduplication ( ’oyez les fig. 19, 20, 21 de la pl. 2). 

10. Côté du hile de la même graine. (a) Point lisse où devroit se trouver la pré 
tendue perforation , et qui n’en offre pas la moindre trace. (b) Vésicule 
analogue à la vésicule (b) de la fig. 1. (c) Hile. 

11. Section longitudinale de la même graine, destinée à montrer les rapports 
du péricarpe (f), du périsperme (e) qui s’oblitère à la maturité, et 
se réduit à la consistance d’une pellicule, et enfin de l'embryon (d). 
(a) Point où devroit se trouver la prétendue perforation, et sur lequel 
s’insère le sac périspermatique (e). 


PLANCHE IL. 


Fic. 1. Ovaire du Pontederia cordata L. destiné à démontrer la loge fertile et le 
point d'insertion de l’ovule unique. (a) Prétendue perforation. (g) Stig- 
mate trilobé au sommet par la réunion de trois nervures. 


SS 
ù 


Pl. 
Jar la pPerforahon de’ l'ovute’ et du test de la graine’. 


-  Fic. 2. 


où À 


22. 


. Idem, vu par réfraction. 


ExPLIGATION pes PLANCHES. 171 


Ovule non fécondé de la même espèce. (a) Prétendue perforation. () Raphe 
correspondant à la cavité (b) de la fig. 1 de la pl. 1. (2) Point du cylindre 
que j'intéressois pour faire la coupe horizontale de la fig. 3. 


+ Ovaire intègre du même, vu du côté de la loge fertile. 
. Coupe transversale de cet ovaire. (1) Loge fertile. (j)Loges avortées ; on voit 


sur le péricarpe trois points qui sont les traces de chacune des trois 
nervures qui sillonnent le milieu de la paroi de chaque loge. 


. Préfloraison de la même espèce. Les trois étamines plus longues sont indi- 


quées en noir, et les autres au trait. 


. Fleur et fruit du Pontederia hastata Is. , à loges fertiles.et polyspermes. 
- Graine du même, coupée longitudinalement à la fig. 10. 
. Embryon du même. 


. 


+ Embryon du Pontederia cordata L. ; 
. Sommet de la graine du Pontederia hastata L., à neuf côtes saillantes. 
. Sommet de l’ovule non fécondé du Peganum harmala 1. , vu de flanc. 


{a) Prétendue perforation. 
Idem, vu de champ et par reflexion. Le point (a) réfléchit la lumière comme 


le font les cavités, et non comme le feroit une perforation. 
ll 


- Semence mûre du T'huya occidentalis. 
. La même non fécondée et grossie cent fois. Les points (a) des deux figures 


sont entièrement recouverts par la membrane qui revêt lout l’organe, et 
n’offrent à aucun âge la moindre trace de perforation. 


. Ovule non fécondé du Papaver rheas L. (a) Prétendue perforation. (c) Hile. 
. Embryon renfermé dans le sac périspermatique du Melilotus officinalis L. 
. Embryon du même trés-jeune et non encore condupliqué. 


- Embryon du même , âgé et dépouillé mécaniquement de son sac périsper- 


matique. 


Ovule mür du même; on n’y trouve aucune trace de perforation (a). 


eo 


ENUMERATIO PLANTARUM 


QUAS IN INSULIS BALEARIBUS COLLEGIT. 


J. CAMBESSEDES 


SOCIET. PHILOM. ET HIST. NAT. PAR. 


EARUMQUE CIRCA MARE MEDITERRANEUM DISTRIBUTIO GEOGRAPHICA. 


AVERTISSEMENT. 


Lss îles Baléares, quoique voisines de nos côtes méridio- 
nales, et souvent fréquentées par les navires des diverses 
nations européennes, n'avoient point été jusqu'ici objet 
d’un travail spécial. Antoine Richard, jardinier en chef de 
Trianon, oncle du célèbre Das Richard, est le pre- 
mier qui ait exploré ces îles dans l’intérèt de la botanique. 
Quoiqu'il soit difficile de fixer d’une manière précise l’é époque 
de son voyage, il est certain cependant qu'il eut lieu avant 
l’année 1771, puisque M. Thunberg nous apprend (1) que, 
passant à Paris à cette époque, il y examina la collection de 
plantes recueillies par Richard à Majorque et à Minorque. 
Les traditions de famille qui m’ont été communiquées par 
mon ami M. Achille Richard, n’ont pu me procurer aucune 
donnée plus positive. Aod Richard ne publia rien sur ses 
voyages; mais de retour en France il adressa à Linné une 
ne PS de rs élue EE ge 14 


(1) Voyage au Japon, traduction de Langlès, t. 1, p. 48. 
Mém, du Muséum. 1, 14. 23 


174 AVERTISSEMENT. 


collection des plantes qu’il avoit recueillies. Le naturaliste 
suédois en dressa le catalogue qui existe encore, écrit de sa 
main, dans la bibliothèque de M. Achille Richard. Ce ma- 
nuscrit renferme, à côté d’espèces qui appartiennent évidem- 
ment aux Baléares, telles que Ærenaria balearica, Bunias 
balearica, Hippocrepis sempervirens (H. balearica), Hy- 
pericum balearicum , etc., plusieurs autres espèces qui, ne 
se plaisant que sur les montagnes élevées, ne peuvent par 
conséquent sy rencontrer. De ce nombre sont {rdrosace 
carnea, Alchemilla alpina, Cardamine latifolia, Thlaspr 
montanum, Chéyranthus erysimoides. Cette considération 
m'a empêché de faire aucun usage du catalogue de Linné, et 
me porte à croire qu'en revenant des Baléares, Richard 
traversa les Pyrénées, et réunit ensemble le fruit de tout son 
voyage. Je n’ai point dû, par la mème raison, mentionner 
les plantes des Baléares décrites, soit dans le Mantissa de 
Linné, soit dans le Syzopsis de M. Persoon, et qui ont 
échappé à mes recherches; toutes ces espèces ayant été éta- 
blies sur les plantes communiquées par Richard ou d’après 
des échantillons conservés dans son herbier, et qui ne portent, 
comme je m'en suis assuré par moi-même, aucune étiquette 
de localité. Les Z//ustrationes de Gouan sont le seul ouvrage 
dont j'ai cru pouvoir admettre quelques espèces comme 
appartenant d’une manière authentique à la Flore dont nous 
nous occupons. L'auteur avoit reçu un certain nombre de 
graines des Baléares, et avait cultivé des plantes quienétoient 
provenues dans le jardin de botanique de Montpellier. 

Don Bonaventura Serra (1), homme distingué par ses con- 


(1) Cavanilles (Diss. 11, p. 83, tom. 35, f. 3) dédia, sous le nom de Serra, un 


AVERTISSEMENT. 175 
noissances, qui vivait à Palma à l’époque où Richard par- 
couroit les Baléares, a laissé un catalogue inédit des plantes 
qu'il a recueillies à Majorque, dans lequel il cite souvent 
un JZndex que Richard paroït lui avoir envoyé après son re- 
tour en France. Le mänuscrit de Serra, qui m'a été com- 
muniqué à Majorque par M. le marquis de Campo-Franco, 
estsuivi d’un volume in-folio contenant 1 72 figures dessinées 
par l’auteur lui-même , parmi lesquelles, malgré leur imper- 
fection, j'ai pu reconnoître la plupart des espèces que j’avois 
sous les yeux. J'ai acquis de cette manière la certitude.que 
les synonymes donnés par l’auteur dans son catalogue se 
rapportoient rarement aux plantes de Majorque; erreurs 
bien pardonnables à un homme qui n’avoit que peu de com- 
munications avec le continent, et qui ne citoit que les au- 
teurs qui ont précédé Linné. Enfin, depuis cette époque, de 
La Roche, l’un des auteurs du Dictionnaire encyclopédique, 
a aussi visité les Baléares, mais n’a rien publié sur leur vé- 
gétation. 

. Voulant remplir cette lacune de la science, je m’embar- 
quai à Cette dans les premiers jours de mars 1824; et après 
une traversée des plus promptes, je débarquai au port de 
Soller, petite ville située sur la côte septentrionale de Ma- 


jorque. Je restai dans cette île jusqu’au rer mai; et dans cet 


intervalle je visitai les environs de Palma, les montagnes de 


genre nouveau de la famille des Malvacées'au botaniste de Majorque. Par une faute 
de typographie, ce nom fut changé dans la table du même ouvrage en celui de 
Senra, et c’est ainsi qu’on le trouve écrit Won À tous les auteurs (Juss.— Willd, 
—Pers.—Poir. — DC.). Sprengel, qui a relevé récemment celte erreur (Syst. nt, 


p°78-), change encorelle nom de Serra'en(celuide Serræa. 


23* 


ü 


176 AVERTISSEMENT. 


Valldemosa, d’Esporlas, de Bañabufar, les environs de Pe- 
tra, d’Artà, d’Alcudia, de Pollensa, les montagnes de Llach, 
les Puigs-dè-Torrella et Major, et les environs de Soller.- 
Parti de Majorque, j'arrivai à Iviza le 3 mai; et pendant 
quinze jours consécutifs je parcourus la plus grande partie de 
cette île, où je recueillis plusieurs espèces que je n’avois 
point encore observées. De retour à Majorque, j’explorai le 
mont Galatzo, les environs de Cauvia, d’Andraix, et les 
plaines de Campos et de Lluch-major; puis traversant Pile 
dans sa longueur, je fus m'embarquer à Alcudia, en passant 
par Santa-Maria, Binisalem, Inca et Campanet. J’arrivai à 
Mahon le 28 mai; mais le peu de temps que je passai -dans 
cette ville me permit à peine de visiter les environs: ainsi je 
ne connoitrois que d’une manière très-imparfaite la végéta- 
tion de Minorque, si M. le docteur Hernandez, médecin à 
M ahon, amateur très-zélé de botanique, ne n’avoit permis 
de puiser dans son herbier les plantes qu'il y réunit depuis 
de longues années. Je me plais donc à reconnoître que je 
lui dois la plupart des espèces de Minorque qui entreront 
dans ce catalogue. J’ai reçu aussi un certain nombre de plantes 
de M. Trias, propriétaire à Esporlas dans l’ile Majorque; de 
sorte que, quoique n'ayant parcouru les Baléares que pen- 
dant le printemps et le commencement de l'été, je possède 
cependant une partie de la végétation des autres saisons de 
l’année. 

La plupart de ces espèces étant déjà suffisamment connues, 
mon but n’est point de les décrire dans cet ouvrage : je me 
bornerai donc à tracer léficaractères de celles qui sont nou- 
velles, ou dont les descriptions m'ont paru incomplètes. J'es- 


AVERTISSEMENT. npcpme ‘| 
saierai de plus de fixer les limités de toutes ces plantes autour 
du bassin de la Méditerranée , en m’appuyant sur la synony- 
mie des auteurs qui ont écrit sur la flore de cette région, 
et cherchant, autant que possible, à baser cette partie de mon 
travail sur l’étude d’échantllons originaux. Je n’ai rien né- 
gligé pour mettre dans ces recherches l'exactitude la plus 
scrupuleuse : j'ai comparé mes plantes avec celles de la Flore 
atlantique de M. Desfontaines; j'ai visité l’herbier de Ri- 
chard; j'ai parcouru les plantes recueillies en Syrie par 
M. Labillardière, conservées dans la collection de M. De- 
lessert ; j’ai étudié la végétation de l'Italie, de la Corse, de 
la Sicile, de Candie, de la Palestine, des environs de Tanger 
et de l’Andalousie dans l’herbier de M. Gay, le plus riche 
sans contredit de tous ceux de la capitale en plantes médi- 
terranéennes; enfin j'ai observé par moi-même les espèces du 


,midi de la France, des côtes de Catalogne et du royaume 


de Valence. Puissent mes foibles efforts être approuvés par 
les maîtres de la science, et me valoir leur indulgence pour 
les imperfections qu'ils pourroïient remarquer dans cet ou- 
vrage | à 


IN TRODUCTION. 


" 


Lorsque l’on jette les yeux sur les Flores des divers pays 
qui entourent la Méditerranée, on est frappé de la ressem- 
blance des espèces qu’elles renferment, et si, cherchant à se 
rendre raison de cette analogie, on compare le sol et la cha- 
leur atmosphérique de ces diverses contrées, on trouve en- 
core entre elles les mêmes rapports. Presque partout le cal- 
caire secondaire du Jura s’étend jusqu’au bord de la-mer, et 
forme des coteaux arides, souvent entièrement découverts, 
d’autrés fois peuplés d'oliviers sauvages, de pins d'Alep, de 
chênes, de pistachiers, de myrtes et de nombreuses espèces 
de cistinées. 

La côte méridionale qui s’étend depuis la Syrie jusqu'aux 
colonnes d’'Hercule, jouit d'une température plus élevée que 
les autres parties de la région. Elle possède presque exclu- . 
sivement, du moins en masses considérables, le dattier (PAœ- 
nix dactylifera L.), dont le fruit, abondant en sucs nourri- 
ciers, et se conservant long-temps sans altération, forme la 
principale nourriture des caravanes qui, partant des bords 
de la Méditerranée, s'élancent audacieusement dans le dé- 
sert, et vont mettre à contribution les peuples de l’Afrique 
centrale. 

Pendant que le dattier élève sa tête au milieu des champs 
qui bordent la mer, une espèce d’un genre voisin dont le 
port est moins majestueux, le palmier nain ( Chamærops 


+ 


2 


Erropucrion. 179 
humilis ), couvre de ses larges feuilles en éventail les coteaux 
pierreux qui les avoisinent : moins sensible aux intempéries 
de la, saison, on le trouve fréquemment dans l'Espagne mé- 
ridionale , le royaume de Naples, et jusqu'aux “environs (de 
Nice. Lo 00 

Le pin d'Alep végète sur les plages sablonneuses et les co- 
teaux, maritimes : ses feuilles linéaires offrent un faible abri 
contre l’ardeur d’un soleil brélant. Cet arbre est souvent 
remplacé par le, chêne vert et l'olivier, auxquels se mélent 
sur les coteaux pierreux les myrtes, les pistachiers, et autres 
arbustes à feuilles persistantes. 

Le caroubier, dont la patrie est encore inconnue, et que 
MM. Denham, Clapperton,et Ondney ont observé jusque 
dans le royaume de Bornou, au centre de l'Afrique, est cul- 
tivé en abondance sur Les bords de la Méditerranée, Sa limite 
au nord est la rivière de Gênes (1) et le royaume de Naples. 
On ne le trouve ni sur les côtes de France, ni sur celles de 
Catalogne au nord de Lobrégat; mais il étend ensuite dans 
les provinces méridionales de l'Espagne, sur toute la côte 
septentrionale de l'Afrique, dans la Syrie, l'Asie mineure, la 
Turquie d'Europe et la Grèce (2). 

Schouw regarde la région méditerranéenne comme le 
royaume des Caryophyllées et des Labiées, Cette dernière 
famille est principalement abondante sur les coteaux pier- 
reux; partout le Romarin, des PAlomis, des T eucrium , des 


. TUTO AAC DRE HE RNRAEEE Maur. PRE D TU 


(1) M: Gay l’a vu cultivé communément dans la principauté deMonaco. Naples 
est la seule contrée de l'Italie où il soit indiqué par les auteurs. " 

(2) La plupart de ces renseignemens ont été Communiqués à M. Gay par M. le 
général Tromelin. 


180 Inrropucrion. 


T'hymus sortant des fentes d’un calcaire aride couvrent sa 
nudité de leurs fleurs 4 sl | 

Deux autres végétaux d’origine exotique (le Cactus opun- 
tia L. et l Agave american@) se présentent souvent aux yeux 
du voyageur. Le premier est commun sur les rochers mari- 
times, le second forme des haies autour des champs. Ces 
deux espèces deviennent plus rares à mesure que l’on $'é- 
loigne de l’Afrique ; en France on ne les remarque déjà plus 
que dans les lieux les plus chauds du Roussillon et de la 
Provence. 

M. Viviani a observé que le Coris monspeliensis et plu- 
sieurs autres plantes méridionales s’étendaient plus au nord 
à l’occident qu’à lorient. On s'aperçoit de cette vérité lors- 
qu'on parcourt les catalogues des plantes de l'Etat Romain 
ou de la Toscane, et qu’on les compare à ceux des côtes de 
Provence ou de Ligurie. Cette différence est due à la posi- 
tion géographique de ces diverses contrées, et aux montagnes 
plus ou moins voisines qui influent sur leur température. 

Si nous cherchons maintenant à fixer les limites de la ré- 
gion méditerranéenne, nous lui assignerons d’abord l’Anda- 
lousie, la partie du royaume de Grenade qui s'étend de la 

 Sierra-Neyada jusqu’à la mer, les royaumes de Murcie et de 
Valence, et toute cette partie de la Catalogne qui avoisine 
la Méditerranée. Franchissant ensuite la chaîne des Pyrénées, 
nous entrerons dans le Roussillon; et prenant pour limites 
les Corbières, les montagnes Noires et les Cévennes, nous 
nous dirigerons vers la Provence, la rivière de Gênes et la 
Toscane. En Italie, dès qu’on franchit l’Apennin, et que l’on 
se trouve dans les plaines de Bologne, de Modène ou de 


Inrropucrion. 181 
Parme, la végétation change tout à coup(1); on retrouve les 
espèces de la France septentrionale, et une agriculture ana- 
logue à celle de cette contrée. L’olivier, qui en Europe peut 
être regardé comme l'arbre caractéristique de la région mé- 
diterranéenne, reparoît dès que l’on s'approche de l'Etat 
Romain, et devient plus abondant encore dans le royaume 
de Naples et la Calabre. Dans ces dernières contrées, les 
plantes dontnousnous occuponsnereconnoissent pour limites 
que les sommets élevés de la chaine qui, partant des Alpes, 
se poursuit jusqu'à l’extrémité de l'Italie, et sur lesquels on 
observe avec les Æbies excelsa et pectinata le hètre et une 
foule de plantes alpines. Si nous remontons ensuite sur les 
côtes orientales de l'Italie, nous retrouvons de grands rap- 
ports entre les bords de l’Adriatique et ceux des autres par- 
ties de la Méditerranée. Nous comprendrons donc dans notre 
énumération toute la plage qui s'étend depuis le royaume de 
Naples jusqu’à Trieste, et cette langue de terre qui, longeant 
la mer, se poursuit à l’abri d’une chaîne non. interrompue 
de montagnes depuis l’Hlyrie jusqu’en Grèce et dans la Tur- 
quie d'Europe. 

Les îles de la Méditerranée présentent un aspect tout-à-fait 
semblable à celui des contrées dont nous venons de parler; 
mais la végétation de quelques unes d’entre elles ne peut 
cependant, ainsi que celle de l'Italie, être comprise en entier 
dans ce que nous appelons région méditerranéenne. Sur le 
mont Etna, élevé de 3237 mètres au-dessus du niveau de la 


(1) De:Candolle, Voyage, botanique et agronomique dans les départemens du 
sud-est, pag. 216 et217. 


Mém. du Muséum, 1. 14. 24 


dl 


182 INTRODUCTION. 


mer, et sur les monts Rotondo et d’Oro qui atteignent 2672 
mètres, habitent des plantes quisne ressemblent en rien à 
celles des côtes de'la Sicile et de la Corse, et dont on n’ob- 
serve les analogues que dans les régions élevées d'Europe. 
Mais si descendant de ces sommités on se dirige vers la mer, 
on retrouve l’olivier à la hauteur d’environ cinq cents mètres, 
et avec lui tous les arbres et arbustes particuliers à la végé- 
tation dont nous nous occupons. Candie possède aussi des 
montagnes assez considérables, mais leur élévation n’est point 
assez grande pour nuire aux plantes de la plaine, et pour 
permettre aux espèces alpines de se développer(x). Chypre et 
les îles de Archipel grec n’offrent que des coteaux escarpés 
sur lesquels l'olivier et le pin d’Alep se mêlent aux pista- 
chiers, aux cistes et au petit chène dont les feuilles nourris- 
sent le kermès ( Quercus coccifera Li.) 

Si revenant sur le continent nous continuons à tracer notre 
route à travers l’Asie mineure jusque dans la’ Palestine et 
la Syrie, nous observons des coteaux pierreux entièrement 
analogues à ceux de l'Italie et de la Grèce, et peuplés de 
plantes semblables à celles de ces contrées. La chaleur, de- 
venue plus considérable, permet à quelques espèces plus 
méridionales de se développer, et nous trouvons le Lago- 
nychin stephanianum M. B. (2) qui lie la Flore de la Mé- 
diterranée à celle de l'Arabie heureuse, caractérisée, par l’a- 
bondance des Mimosées. 

Cette partie de la région dont nous nous occupons est 


(1) Voyez Sieber, Reise nach Irseln Kreta. 
(2) M. Gay a reconnu cette espèce dans l’Acacia agrestis (Sieb. herb. Palest. ) 
trouvé à Joppé en Syrie. 


INTRODUCTION. 183 
celle dont les limites naturelles sont les plus difficiles à tra- 
cer. Le Globularia alypum, arbuste éminemment méditer- 
ranéen, s'étend jusqu'en Perse; et, sil faut s’en rapporter 
aux voyageurs anglais, l'olivier se trouve à l’état sauvage sur 
les montagnes du Caboul (1): Bruce à observé ce dernier (2) 
sur le Tarenta, montagne située sous le quinzième degré de 
latitude nord, entre la mer Rouge et l’Abyssinie, et il est dif- 
ficile de ne pas ajouter foi à ce récit, lorsque l’on sait que ce 
voyageur, avant de visiter ces lieux, avoit passé plusieurs an- 
nées en Barbarie, où l’on voit cet arbre en si grande abon- 
dance. I’olivier s’étend encore, en suivant la mer Rouge, 
Jusque dans l'Arabie heureuse. Parmi les espèces méditerra- 
néennes qui s’y trouvént avec lui, je citerai seulement le 
Scirpus lateralis, le Rubia tinctorum, le Fagonia cretica, 
le. Capparis spinosa mentionnées dans la Flore de Forskal. 

L'Egypte, placée sous l'influence d'un grand fleuve, et for- 


mée engrande partie de terrains d’alluvion, ne se lie guère à 


la Flore méditerranéenne que par les espèces maritimes. Tout 
au plus pourroit-on comprendre le Delta dans la région des 
plantes dont nous nous occupons ; mais les sables du désert 
leur présentent une barrière aussi difficile à surmonter que 


les montagnes qui bornent les coteaux pierreux des contrées 


que nous avons énumérées. Cette végétation maritime se 


poursuit sur les bords du désert de Barca et de la grande 
Syrte jusqu’à Tripoli, où les espèces méditerranéennes se 


montrent de nouveau en abondance, et dominent sans inter- 


(1) Elphinstone , an account the Kingdon of Caubul, pag. 146. es 
(2) Bruce ; Voyage en Nubie et en Abyssinie , t. 11, p. 92. 
24* 


184 Inrropucrron. 

ruption jusqu'à l’extrémité du royaume de Maroc. C’est dans 
cette vaste étendue comprise entre l’Atlas et la mer, que la 
végétation méditerranéenne se montre dans toute sa force; 
mais dès que, se dirigeantvers le centre de l'Afrique, on par- 
vient au penchant méridional de la montagne, la physiono- 
mie des plantes change tout à coup: on observe, pour la pre- 
mière fois, un Sapelia, un Geranium en arbre, etc. (1). 

Lorsque l'on considère le peu d’étendue du bras de mer 
qui sépare l'extrémité méridionale du royaume de Maroc des 
Canaries, on doit naturellement s'attendre à trouver une 
grande analogie entre les plantes qui peuplent ces îles et 
celles qui appartiennent à la région méditerranéenne. Si nous 
comparons, par exemple, notre floré des Baléares à celle des 
Canaries, nous voyons que sur cinq cent soixante espèces (2) 
dont est composée cette dernière, cent quarante-quatre sont 
communes aux Baléares; une d’entre elles, lAyperieum ca- 
nariense , est même particulière à ces deux pays; une autre, 
le Succowpia balearica, ne se trouve qu’à Ténériffe, aux Ba- 
léares et en Sicile. Madère, située plus au nord que les Gana- 
ries, offre encore de plus grands rapports avec les Baléares; 
un tiers de sa flore se retrouve dans ces îles. 

La végétation méditerranéenne s'étend donc parle royaume 
de Maroc, les îles de Madère et des Canaries au-delà du dé- 
troit de Gibraltar: On peut la suivre encore au nord sur des 
côtes du Portugal; mais bientôt elleise trouve réduite à quel- 


(1) Stapelia hirsuta L., Geranium arborescens Desf, Cette note m’a été commu- 


niquée par M. Desfonstaines. 
(2) De Buch, Physicalische Beschreibung der: Gang inseln ; p, 187-109. 


ii 


% 


‘ 


Si 


InrropucTrion. 185 


ques plantes des sables que l’on observe sur les bords de 
l'Océan jusqu’au nord de la France et dans la Belgique. 
Avant de terminer ce que jai à dire sur l’ensemble de la 
végétation méditerranéenne, je crois devoir mentionner quel- 
ques faits de géographie:qui m'ont paru trop curieux pour 
être passés sous silence. Le Diræba Ægyptiaca et \ Eleusine 
Ægyptiaca sont deux espèces communes dans les plaines de 
Afrique jusqu’à l'équateur, et, se retrouvent sur la pointe 
méridionale de la Calabre (1). L Æsclepras fruticosa croit 
au cap de Bonne-Espérance, en Corse et en Calabre(r). On lit 
dans la Flore de Naples de M. Tenore (2) que le Canzna in- 
dicaæ, espèce des Indes orientales, couvre les marais qui bor- 
dent le Rosarno, rivière de Calabre (3). Enfin l'/ris fugax, 
si commun sur les bords de la Méditerranée , habite aussi au 
cap de Bonne-Espérance. Ces faits peuvent être regardés 


comme ‘un jeu de la nature, qui paroît se plaire à obscurcir 


sur quelques points les systèmes établis sur les bases les plus 
positives, ou plutôt ils tiennent à des ‘causes qui n’ont point 
été suffisamment approfondies. 

. Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur l’ensemble du 
bassin de la Méditerranée, je dois entrer dans quelques .dé- 
tails particuliers sur les Baléares dont la végétation fait le 
sujetide cet ouvrage. Je commencerai par Majorque, qui est 
bien supérieure à ses voisines, soit par son.étendue, soit par 
la variété de 'ses productions. Cette ile est bornée du nord- 


(1) Communication de M. Gay. 

(2) Tenore, Flor. Nap. 11, p. 1 et 2. 

(3) Cette espèce a été découverte dans cette localité par MM. Mummoli et Louis 
Thomas. ; 


186 INrropucTIon. 


est au sud-ouest par une chaîne non interrompue de mon- 
tagnes qui l’abrite des vents impétueux du golfe de Lyon. 
Grâce à cette fortification naturelle, les habitans jouissent 
d’un printemps perpétuel, et peuvent s’adonner sans crainte 
à Ja culture de l’oranger et du cotonnier. Les points culmi- 
nans de cette chaîne sont les Puig-dé-Torrella et Puig-Major: 
le premier s'élève à 1463 mètres 6 cent., le second n’atteint 
que 1115 mètres 4 cent. Ces deux montagnes, qui sont situées 
à peu de distance l’une de l’autre, peuvent être regardées 
comme le noyau principal de la chaîne. Au nord-est, les col- 
lines, élevées d'environ 600 mètres, se succèdent sans inter- 
ruption jusqu'au lieu appelé Montaña; là elles se bifurquent, 
et vont former d’un côté le cap Formenton, et de l’autre 
celui del Pinar, qui s’avancent de plusieurs lieues dans la 
mer. Au sud-ouest la chaîne s'étend jusqu’à la pointe de Ja 
Dragonère en face de la petite île du même nom; puis, tour- 
nant tout à coup au sud-est, elle se prolonge d’un côté 
jusqu'au cap de Cala: Figuera, et de l’autre jusqu’à Palma. 
C’est dans cette partie de la chaîne, non loin des villages de 
Puig-Puñent et d’Andraix, qu'est situé le mont Galatzo qui 
atteint 989 mètres 3 cent. De ce point on domine toutes les 
hauteurs qui avoisinent, et on aperçoit la plus grande partie 
de l’île. Lorsqu’en partant de Palma on suit la côte méridio- 
nale jusqu’à Artà on ne trouve plus qu’une vaste plaine sa- 
blonneuse baignée dès eaux de la mer. Les coteaux peu élevés 
de Randa se montrent sur la gauche en forme de mamelon; 
mais ne sont point liés aux chaînes principales, et se trouvent 
éloignés d'environ deux lieues de la mer. 

Le promontoire d’Artà, situé au sud-est de l’île, est formé 


ÈS 
Faÿt 


INTRODUCTION. 187 


par une réunion de montagues dont la pius élevée, le Puig- 
Férrutx, atteint 538 mètres 8 cent. C’est dans les flancs de 
l’une d'elles, à une lieue de la ville d’Artà, près du cap Vermei, 
qu’on trouve la Cueva de la Ermita, qui égale au moinsen éten- 
due la fameuse grotte d’Antiparos. Je passai une journée en- 
tière à parcourir ses salles souterraines, dont les voûtes d’une 
immense hauteur sont soutenues par des colonnes d’une di- 
mension énorme. Dans ce vaste labyrinthe, la nature paroît 
se plaire à retracer à l’imaginawon les formes les plus va- 
riées : je remarquai, entre autres curiosités, une stalactite 
représentant une feuille de palmier qui semblait sortir des 
mains d’un sculpteur habile. 

En quittant les montagnes d’Artà, et continuant à suivre 
la côte, on retrouve une plage sablonneuse qui s'étend sans 
interruption jusqu’auprès d’Alcudia. On entre alors dans des 
marais fangeux, dont les émanations méphitiques ont dépeu- 
plé cette ancienne cité qui fut jadis une colonie romaine très- 
florissante, 

… L'aspect des montagnes de Majorque est assez générale- 
ment aride, mais la végétation est très-riche danses vallons. 


C’est là que le caroubier et l'olivier (1) se montrent dans 


toute leur vigueur; le premier ne quitte guère la base des 
montagnes, mais le second s'élève jusqu’à 500 mètres. Le 
pin d'Alep forme des forêts depuis le bord de la mer jusqu’à 
700 mètres d’élévation : il constitue avec l'olivier la masse de 
la végétation arborescente des Baléares ; on le voit souvent 


(1) Le produit des oliviers dépasse annuellement 5,000,000 de réaux. Celui des 


caroubiers s’éleve à 700,000 réaux. 
L 


188 InrroDucrion. 
mêlé au chène vert, qui est communtsur les montagnes jus+ 
qu'à la hauteur d'environ 800 mètres. Les sommets des 
Puigs-dè-Torrella et Major sont entièrement dépourvus d’ar- 
bres : on n’y trouve que quelques arbustes que l’on'a déjà 
remarqués dans la plaine, tels que le CZematis crrhosa,YŸ Hy 
pericum balearicum , dont la forme subit à peine quelques 
modifications. A cette hauteur, on observe déjà dans les 
Pyrénées un changement total dans la végétation ; les plantes 
du pied des montagnes sont remplacées par des espèces al- 
pines, telles que le Cacalia alpina, V_Arnica montana , les 
(rentianes, les Primevères, les Saxifrages, etc. ; mais à Ma- 
jorque , les montagnes n'étant point dominées par des som- 
mets couverts de neige, dont la proximité occasionne dans 
les Pyrénées un grand abaissement dans la température, les 
plantes alpines et même subalpines ne peuvent se dévelop- 
per (1) : de là cette monotonie dans la végétation, et cette 
sécheresse qui fait que l’ile ne possède pas'une seule rivière: 
Le buis des Baléares croît aux environs de Eluch, à la 
hauteur de 5oo mêtres;je l’ai vu encore en plus grande abon- 
dance sur le mont Galatzo, où il se mêle au palmier nain de- 
puis 700 mètres environ jusqu'au sommet de la montagne; 
mais nulle part il ne forme des masses considérables qui 
puissent caractériser une végétation particulière. Le palmier 
nain se trouve, non-seulement sur le mont Galatzo, mais en- 
core aux environs d’Alcudia, de Pollensa et d’Artà. Auprès de 
cette dernière ville il couvre, presqu'à lui seul, les coteaux 


(1) La seule plante qui sembleroit annoncer une tendance vers un changement 
de végétation , est le Sesleria cærulea que l’on observe au sommet des Puigs-dé- 


Torrella et Major. ” 


InrroDucrion. 189 
maritimes, et monte jusqu’au sommet du Puig Ferrutx. Ses 
larges feuilles protégent les plantes plus petites qui se déve- 
Joppenñt sous leur abri; et lorsqu’on les écarte on voit au-des- 
sous d’elles des poil des ere des Oronss,: des 
ch Apt eve (mie msi 

: Une graminée extrêmement commune à Majoqué ‘n'a 
donné l’occasion d'observer un nouveau fait qui vient à l’ap- 
pui de ceux que quelques voyageurs nous ont fait connoître 
sur l'alternance des végétaux. Le Donax tenax P. B., nommé 
dans le pays Carreigt, vit en société sur les montagnes dé- 
pourvues d’arbres ; et les paysaus, afin de se procurer plus 
abondamment cette plante qui sert de nourriture à leurs mu- 
lets, mettent le feu aux forêts de chênes et de pins qui les 
entourent. Dès l’année suivante le sol est couvert de Car- 
reigts qui envahissent tout le terrain, laissant à peine quel- 
ques places aux Cistes, au Pistachier lentisque, et à quelques 
autres arbustes qui végètent au milieu d’eux. Dans les forêts 
anciennement détruites on voit quelques pias, ou plus 
rarement quelques chènes, qui cherchent à à reconquérir le 
sol de leur patrie; mais ils sont de longues années avant 
d’avoir subjugué les PAPE qui me. partout avec 
vigueur. 

* Onobserve sur les coteaux pierreux qui avoisinent les mon- 
tagnes de Majorque les mêmes arbustes qui sont un des carac- 
tères de la région méditerranéenne ; le Myrte, le Pistachier len- 
tisque, le Palmier naio, les Genévriers, les Rhamnusalaternus 
et lycioides , le Cneorum tricoccon , le Daphne gnidium , le 
Caprier é épineux, un grand nombre de Cistes ,le Romarin, en- 
fin l’Hypericum balearicum qui est particulier aux Baléares. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 25 


190 INTRODUCTION. - 

En général, la famille de plantes qui offre le plus grand nom- 
bre d'espèces dans cette région pierreuse est celle des Labiées; 
on y remarque partout des T'eucrium, des Satureia, des 
Thymus, des Lavandula, etc. Une espèce de la famille 
des Liliacées, l_Zsphodelus ramosus VLinn., se montre aussi 
en abondance dans les mêmes localités; sa hampe nue et 
chargée d’un thyrse de grandes fleurs la fait remarquer au 
loin. Si, quittant ces lieux rebelles à la culture, nous nous 
dirigeons vers les riches plaines de Palma, de Campos, de 
Manacor, nous trouvons de vastes champs consacrés à la cul- 
ture des céréales et des légumineuses (1). Bientôt nous n’ob- 
servons plus les caroubiers et les oliviers qu’en petit nombre; 
ces arbres sont remplacés par l’amandier et le figuier dont les 
produits entrent pour un million de réaux dans les revenus 
annuels de l’île. Le dattier se montre dans le lointain; il cou- 
ronne le toit des habitations, tandis que le Cactus opuntia 
entoure les jardins. Ce dernier produit des fruits recherchés 
par les habitans des campagnes ; mais ceux du premier ne 
parviennent jamais à un degré parfait de maturité. 

La côte de Majorque présente sur plusieurs points de 
grandes flaques d’eau entourées de marais salés; c’est là que 
végètent les Tamarix africana et gallica, plusieurs espèces 
de Jones, d’Atriplex, de Chenopodium , le Salsola kali , le 


Salicornia fruticosa, le Statice linonium; enfin le Pan- 


(1) On recueille chaque année dans l’île pour environ 22,000,000 de réaux de 
froment; le produit de l’orge s'élève à 6,000,000 de réaux; celui de l’avoine ne 
dépasse pas, année commune, 3,000,000 de réaux. On ne cultive à Majorque ni la 
luzerne , ni le sainfoin , ni le trefle; maïs on rencontre souvent de grands champs 
semes de fèves qui forment la principale nourriture des paysans 


HE 


‘Inrropucrion. 191 
7 paie in A décénent de at 


id es qui érdianhe ds de Les : 
"O1 78, les Plantago maritima etcorOrOpus, 
sserin a hirsuta ex velutina , Ÿ Anthemis maritima, le 
À Daphiatnm martin pleurs ‘espèces de Lotus, le 
tdium tingitanum , et un grand nombre d’ ri EN 
avi sBvoit Hope long d’énumérer. 2400 
 L’oranger et le citronnier sont cultivés dans tous + us 
abrités du nord, Les vallons de Soller, de Fomalutx, de Pol- 
lensa en sont presque entièrement couverts; et le produit de 
ces vergers augmente de quatre ou cinq cent mille réaux le 
revenu annuel de Majorque. On rencontre aussi quelques 


plantations de müriers sur le penchant des montagnes, princi- 


palement dans le vallon de Valldemosa, lun des lieux les plus 
fertiles et les plus agréables de l’île; mais la culture de cet 
arbre précieux est encore dans son enfance: à peine obtient- 
on, année commune, sen Tee de soie d’une qualité 
médiocres: 47152800 LR 

Les vignes sont des en emphithéauré sur le penchant 
les montagnes de Soller, Valldemosa, Esporlas, Bañabufar, 
et disséminées dans les plaines d’Algayda, de Petra, etc; mais 
leur culture est loin d’avoir acquis tout le développement 
dont elle seroit susceptible, et leur produit annuel ne s'élève 
qu’à 2,389,890 réaux. Si l’en ajoute à ces diverses récoltes 
environ 200 quintaux de lin et 4,000 quintaux de chanvre, 
on se formerà une idée à peu près exacte des productions vé- 
gétales de l'ile. 

Le coton à été introduit depuis peu d’années à Majorque; 

204 


192 INTRODUCTION. 
on en voit aujourd’hui‘des plantations assez considérables au- 
près de 56-Servera , non loin de la ville d’Artà. Il ne sera 
peut-être point inutile d'entrer dans quelques détails sur les 
soins que l’on done à cetteplanté. 0 
Au mois de mars les cultivateurs font des trous d'environ 
dix poucès de profondeur, disposés par lignes parallèles sé- 
parées par un intervalle d'environ deux pieds; ils mettent au 


fond de chaque trou deux couches, l’une de fumier, l'autre 


de terré bien humectée, jettent par dessus trois ou quatre 
graines, et recouvrent le tout avec de la terre ‘ordinaire : la 
plante lève peu après, et produit dès l’automne une petite 
quantité de fruits. Query (Flor. Esp. , vi, p. 501-504 ) estime 
cette récolte à environ So capsules. La seconde année l’ar- 
buste, devenu plus vigoureux, donne jusqu’à 200 fruits, la 
troisième ce nombre s'élève jusqu’à 600 ( Quer., Le. ), la 
quatrième enfin est beaucoup moins productive :'on arrache 
alors’'la plante qui ne rapporteroit plus de quoi payer les 
frais de la culture. : 

Le cotonuier se plait dans les lieux bas et humides; on a 
soin de l’arroser toutes les'semaines, et de remuer Ja terre 
tout autour afin que l’eau pénètre jusqu’à ses racines. La ré- 
colte des capsules'se fait au ‘mois d'octobre; on taille les tigés 
ras de terre au mois d'avril: elles poussent en peu de temps, 
et sont bientôt couvertes de feuilles ét de fleurs. 

Query rapporte (Flor. Esp.,'1. c.) qu'avant l'an 1783 le 
coton wétoit cultivé dans le midi de l'Espagne que par 
quelques amateurs qui en possédoient dans des vases, et par 
des paysans qui en semoïent quelques pieds dans leur jardin, 
afinde fournir leurs maisons de mèches de lampes. Mais à 


INTRODUCTION. 193 
cette époque la culture de cette plante prit'une grande ex- 
tension ; des champs entiers auprès d’Altea , petite ville du 
royaume de Valence ; lui furent consacrés, et ils produisirent 

‘dans l’année que nous venons de citer 4oo quintaux de co- 
ton. M. de Laborde, dans son itinéraire, nous laisse ignorer 
si les Valenciens ont continué de s’adonner à ce genre d’agri- 
culture ; il n’est pas même une seule fois question du coton 
dans cet ouvrage d’ailleurs si remarquable, où l’auteur s’est, 
entre autres, proposé de donner un tableau exact de l’agricul- 
ture espagnole. Les renseignemens que je me suis procurés 
m'ont appris que cet arbuste utile est encore cultivé sur toute 
la côte méridionale de l'Espagne, depuis Elché dans le 
royaume de Valence jusqu’à l'extrémité de l'Andalousie. 
Si nous parcourons les ouvrages des naturalistes qui ont 
visité les bords de la Méditerranée, nous voyons que le co- 
tonnier réussit avec une incroyable facilité dans les parties 
chaudes de cette région. Malheureusement pour la France, les 
essais qui ont été tentés pour l’acclimater en Provence et en 
Languedoc n’ont point répondu à l'espoir qu’on s’en étoit 
d’abord promis: les pluies d'automne survenant avant la ma- 
turité des capsules, s’opposent à leur entier développement 
et frustrent trop souvent l’agriculteur du fruit de ses peines. 

Mais les mêmes inconvéniens ne se présenteroient point en 
Corse qui, comme l’on peut en juger par sa végétation, jouit 
d'une température plus élevée que les provinces méridionales 
de la France : aussi ne sauroit-on trop engager les habitans de 
cette île à s’adonner à ce genre d'industrie qui leur promet 
d'avance de brillans résultais. 

Parmi les végétaux exotiques naturalisés à Majorque, je 


194 Inrropucrion. 


ne dois point oublier de mentionner l_Ærona cherimolia 
que j'ai vu cultivé dans le jardin de M. le marquis de La Ro- 
mana, et dont le port peut être comparé à celui de nos pom- 
miers. Ses fruits mürissent au mois de mai, et ressemblent 
pour la forme au cône du Pinus sylpestris , mais ils sont 
deux fois plus gros; leur surface est couverte d'empreintes 
semblables à celles que les doigts imprimeroient sur un fruit 
mou; leur chair est très-succulente, son goût m'a paru ana- 
logue à celui du melon blanc de Provence. 

Don Pedro Joseph Mayoral, archidiacre de Valence, Fun 
des hommes les plus distingués de son temps par ses con- 
noissances et son patriotisme, avoit introduit et acclimaté 
dans son jardin une espèce d’Ærona qui produisoit en 
abondance des fruits pendant la plus grande partie de l’an- 
née. Ortega, qui nous apprend ce fait (Flora Esp., t. vi, 
p- 14), croit reconnoître dans cette plante l4. squam- 
mosa de Linné; mais la figure qu’il en donne (tab. 21) est 
évidemment calquée sur celle de la table 17 du Voyage de 
Feuillée, que les autres auteurs, et notamment MM. Dunal 
et De Candolle, rapportent à lÆ4. cherimolia VLinn. La 
description de la Flora española ne fournit aucun moyen de 
savoir à laquelle de ces deux espèces appartient l’arbre cul- 
tivé à Valence. La seule observation que me suggèrent le 
fait rapporté par Ortega, et celui dont j'ai été témoin à Ma- 
jorque, c'est que les Ærona du Pérou et du Chili peuvent 
être cultivés avec succès dans les provinces méridionales de 
l'Espagne, notamment dans les îles Baléares, les royaumes 
de Valence et de Murcie, et dans toute l’Andalousie. 

Auprès de la côte méridionale de Majorque, à trois lieues 


Inrropueri on: 195 


énsiros, du cap des Salines, se trouvent deux petites îles 
dont la végétation n’offre rien de remarquable. La première, 
Conejera ou île des Lapins, n’est qu’un rocher inhabité; la 
seconde, Cabrera ou île des Chèvres, beaucoup plus consi- 
. dérable, présente une suite de coteaux escarpés peuplés d’ar- 
bustes communs à Majorque; elle n’est habitée que par quel- 
ques pâtres qui élèvent de nombreux troupeaux de chèvres. 

Minorque, moins bien abritée que, Majorque des vents 
impétueux du nord, est loin d’être aussi fertile. Les arbres y 
sont en petit nombre; l’oranger et le citronnier ne se voient 
plus que dans quelques jardins; l'olivier et le caroubier dis- 
paroiïssent presque totalement ; le pin et le chène, plus vi- 
vaces, se remarquent seuls sur les coteaux au milieu des 
myrteset des autres arbustes méditerranéens. L'ile possède ce- 
pendant quelques montagnes assez remarquables : le monte 
Toro, situé à peu près au centre, paroît être leur noyau 
principal; il envoie à l’ouest une suite de collines qui vont 
se réunirau mont Agatha, tandis que d’autres, moins élevées, 
se prolongent à l’est jusqu’au bord de la mer. Je n’entrerai 
pas dans d’autres détails sur cette île dont la végétation res- 
semble, du reste, à celle de Majorque. 

Iviza est-formée par une réunion de monticules .arides 
_ presque entièrement couvertes de pins. Cet aspect lui a valu 
jadis , ainsi qu’à Formentera, le nom de Préyusæ ou iles des 
Pins; et. s’il est vrai de dire que la civilisation tend à reculer 
les forêts, on se rend facilement raison, en abordant dans 
ces iles, des causes qui ont fait subsister jusqu'ici celles qui 
couvrent leur territoire. La végétation d’Iviza se rapproche 
déjà davantage de celle des côtes de Barbarie; le J'uriperus 


196 InrroDucTioN. 
phænicea, nommé dans le pays Sipina, s'élève, comme 


dans cette contrée! à plusieurs toises de hauteur; le Fagonia 


cretica est commun sur le bord des haies; le Cistus clusit 
abonde sur les coteaux pierreux. 

On trouve fréquemment dans cette île un arbre qui existe 
rarement en masse à l’état sauvage, c’est le Pinus pinea; le 
plus souvent il croît mêlé au Pinus alepensis : quelquefois 
cépendant il couvre à lui seul des coteaux entiers. 

Iviza seroit fertile si les habitans savoient tirer parti de leur 


situation; l'olivier, le caroubier ÿ prospèrent aussi bien qu'à 


Majorque, et la vigne y donne des fruits délicieux. On re- 
cueille aussi dans l’ile du blé, de l'orge et du coton; toute 
la plaine marécageuse qui avoisine la capitale est consacrée à 
cette dernière culture. 

Tout ce que nous venons de dire sur Iviza peut s’appliquer 
à Formentera, qui n’en est séparée que par un bras de mer 
parsemé d’ilots inhabités. 

Nous terminerons cet aperçu sur la géographie physique 
des Baléares par l’énumération de quelques unes des plantes 
les plus remarquables de cet archipel, dont plusieurs ont recu 
l’épithète de Balearica , qui rappelle leur origine. Parmi 
celles-ci nous signalerons d’abord l'Hippocrepis balearica , 
distinguée de toutes les espèces du même genre par son port, 
qui la feroit prendre au premier aspect pour une Corolle. 
Au pied des montagnes de Majorque on la trouve en abon- 
dance dans les fentes des rochers, où elle forme des touffes 
épaisses, hautes de trois ou quatre pieds, dont les fleurs nom- 
breuses et d’un jaune doré la font reconnoïître de loin, et 
exhalent une odeur agréable. 


: 


— 


InrroDUucTION. 197 


a 


| _ Les coteaux maritimes des environs. d’Artà sônt couverts 


d’un geniet épiseux, q que je décris conime une espèce nouvellé 
sous le nom de Gersta lucida. I se rapproche par son 


port du G. ‘C0rpius DC; mais il s s’en distingue par ses ra- 
| meaux luisans, » par ses épines, quin ne portent jamais ni fleurs 


ni feuilles, et par < divers caractères tirés de la fleur. Lg"! 
: L'AHypericum b balearicum, À > un des arbustes les plus élé- 
gans qui décorent nos jardins, est trop ‘connu pour que je 
cherche à le décrire. On sait, d’après ce que j'ai dit plus haut, 
qu'il est commun dans les montagnes de Majorque; il. se 
trouve aussi en abondance à Minorqué et Aviza. | 10) nait 
Un Helichrysum, remarquablé par ses feuilles pes) 
en! forme de spatule, et couvertes d’un duvet cotonneux 
très-blane,, se trouve assez souvent dans les fentes ‘des ro- 
chers des montagnes de Majorque. J’ai donné à ns ‘espèce 


* lenom d’Helichrysum Lamarckü , pour rappeler qi que M. de 


Lamarck est le premier qui l'ait décrite, en la confondant 
avec le Graphalium crassifolium Linn., qui est totalement 


_ différent. M. Persoon, ayant reconnu! cêtte erreur, l’avoit 


mentionnée depuis dans son Syzopsis sous le nom de Grna- 
Phalum ‘ambiguum. Partout où j'ai observé cette belle 
plante, ellevivoit en société avec le Globularix spinosa , et 
il résulte d'observations répétées que jai faites à ce sujet, 
qu’on peut fixer à 300 ou 400 mètres la hauteur barométrique 
à laquelle végètent ces déux espèces. L'Æekchrysum La- 
marcki a été cultivé long-temps au Jardin du Roi; mais on 
ignoroit son origine, et je suppose que son introduction en 
France est due, comme celle de l'Æzppocrepis balearica et 
d’une foule d’autres végétaux , au voyage d'Antoine Richard. 
Mém. du Muséum. 1. 14. 26 


198 InrroDucTIoN. 


Lorsque l’on parcourt les montagnes de Majorque entre 
Lluch et Soller, on trouve assez souvent une belle Ombelli- 
fère, qui a été décrite par Linné sous le nom de Pastinaca 
lucida, et figurée dans les {{lustrationes de Gouan. Sa tige, 
épaisse et anguleuse, s'élève à trois ou quatre pieds ;ses feuilles 
radicales, à lobes larges et luisans, la distinguent facilement 
des espèces du même genre. Je dois à M. Hernandez un 
échantillon de cette plante recueilli à Minorque où elle est 
assez commune. 

J’ai parlé dans un autre Mémoire (1) de Brassica balea- 
rica, dont la tige arborescente sort horizontalement des 
fentes des rochers du Puig-Major, et du Buxus balearica 
qui habite les montagnes de Majorque. Il ne me reste plus 
qu’à dire quelques mots sur trois plantes beaucoup plus petites 
qui méritent aussi une mention particulière. La première est 
une petite Légumineuse qui a été découverte aux Baléares 
par Richard, etque Linné fils a décrite le premiersous le nom 
de Lotus tetraphy Ulus, faisant allusion à l'avortement , qu’il 
croyoit constant, de l’une des folioles de la paire inférieure. 
Cet auteur, et ceux qui l’ont suivi, ont considéré la foliole 
persistante comme une stipule; mais l'examen d’un grand 
nombre d’échantillons m'a démontré que cette opinion 
n’étoit point admissible. J’ai vu, de plus, que l’avortement 
s’étendoit souvent aux deux folioles inférieures, tandis que 
d’autres fois, mais plus rarement à la vérité, il n’existoit pas 
du tout. 

La seconde est un petit Æelanthemuin que j'ai observé 


(1) Excursions dans les îles Baléares, Annales des Voyages: tom. xxx. 


InrropucTion. 199 


dans les sables maritimes auprès de Palma, et qui se fait 
remarquer par ses feuilles un peu charnues, d’une couleur 
glauque, et entièrement lisses. Il est figuré sous le nom d’Ae- 
Lianthemum lu" dans la Flore inédite des Baléares de Bona- 
ventura Serra; ce qui m'a engagé à lui donner celui d’Æe- 
lianthemum Serræ, en l'honneur de ce botaniste. 

Enfin, la troisième est une petite Rhinanthacée, à fleurs 
jaunes, recueillie autrefois par Schaw sur les côtes d’ Afrique, 
sans qu’on sache précisément dans quelle localité, et décrite 
par Linné, tantôt sous le nom de Sibthorpia dr atobigat tan- 
tôt sous celui de Disandra prostrata var. 8. Cette espèce, 
cultivée encore il y a peu d’années au Jardin du Roi, où 
elle avoit probablement été introduite par Ant. Richard, est 
commune à Majorque et à Iviza, dans les creux des or 
Adoptant, avec M. de Jussieu, le genre Disandra de Linné, 
je décrirai cette, espèce sous le nom de D. africana, et je 
mentionnerai les caractères qui la distinguent du D. pros- 
traia. 

Je bornerai ici pm des plantes remarquables 
des Baléares, me réservant de faire connoître d’une manière 
plus détaillée, dans le courant de cet ouvrage, celles qui 
sont ons elles ou peu connues: 


Liste des Auteurs cités le plus fréquemment pour la | 


? 


géograplue des plantes des Baléares. TeRE 
| il, tte. Top 21: US 


AL. — Aruion : Flora Pedemontana. Taurini, 1785. | 

Benra. — Benraa : Catalogue des plantes indigènes des Pyrénées et du Bas-Lan- 
guedoc. Paris, 1826. | 

BerT. — BErtOLON : Amœænitates Italicæ. Bononiæ, 1810. 

Biv. BERNx. — Bivowa BERNARD! : Sicularum plantarum centuriæ T'ebr2. Enr 
1806 et 1807. “ 

Bnowx. — Brown : In Denham et Clapperton narrative. London, 1826. 

Cay. — CayawiLues : Icones. Madrili ; 1701-1800. 

DC.— D£ Cawnouce : Flore française. Paris, 1805. — Supplément. Paris, 1815. 

Der. — Deure : Floræ Ægypliacæ illustratio. Parisüis, 1813. 

Desr.— Desronraines : Flora Atlantica. Parisiis, 17998 et 1799. —Choix de plantes 
du corollaire de Tournefort. Paris, 1808. 

D'Urv:— D'Unvizze : Enumeratio plantarum quas in, insulis Archipelagi aut lit- 
toribus.Ponti-Euxini, annis 1819 et 1820, collegit J. Dumont d’'Urville. Pari- 
siis, 1822. | 

Fonsk.— ForskaL : Flora Ægyptiaco-Arabica. Hauniæ 1776. 

Lac. — Lacasca : Genera et species plantarum quæ nova sunt. Madriti, 1816. 

Onros. et Rar.—-OnToLant et RAFINESQUE SCHMALTZ : Statistica generale di Sicilia. 
Panormi, 1810. 

Presz. — Presr : Deliciæ Pragenses. Pragæ, 1822. ” 

SAzzM.— Sarzmans : Bericht über eine botanische Reise nach einem Theiïle von 
Spanien, nach Gibraltar und Tanger; in Flora Oder Botanische zeitong , 
1825 , p. 737-747. 

Savi. — Sayi : Botanicon Etruscum. Pisis, 1808-1815-1818. 

Scnouss. — ScuoussoE : Jagttagelser over Vextriget i Marokko. Kjobenhayn , 
1800. 

Sesasr. et Maur. — Sepasriant et Mau : Floræ Romanæ Prodromus. Romæ, 1818. 

Srer.— Siser : Reise nach Insel Kreta. Leipsig, 1823. 

Sura.— Smira : Floræ Græcæ Prodromus. Londini, 1806-1815-1816. 

Tex. — Tenore : Flora Neapolitana. 1811-1824. 

Viv.— Vivrani: Floræ Lybicæ specimen, Genuæ, 1824.— Floræ Corsicæ specie- 
rum noyarum vel minüus cognitarum diagnosis. Genuæ, 1824. 


0 


AYLEPI 


Ft ENUMERATIO PLANTARUM | 


ie 45 RANUNGULAGEE. 

à ee CIRRHOSA : Caulis frutescens > Super arbores sepesque 
re Folia persistantia, fasciculata ; punc indivisa , ovata sub- 
cordatave, dentato-serrata; nunc palmato-trifida ; nunc verè pal- 
mato-trisecta , segmentis 3, profundè dentatis vel palmatipartitis , 
duobus inferioribus sessilibus , terminali pédunculato. Flores invo- 
lucrati, involucro calyciformi , primüun flori approximato, anthesi 
peractà remotiusculo. :. » re 

«. Foliis-indivisus HTRE TRE C. Arrhobte Linn, Spec. 766, et 


. auct. — DC. Syst. Veget. 17, p. 1653, excl. Synon. Scop., ex herb. 


Gay.—C. semitriloba. Lagasc. Cat. Hort. Madr., p. 17. — C. po/y- 
morpha «. Viv. Flor. Cors. Spec. , p. 0. 

B.Foliis palmatisectis. C. balearica. Rich. in Journ. Phys., p. 127. 
Ic. et auct. non Pers. — C.'ca/ycina. Ait. Hort. Kew., ed. 1, 11, 
p- 259. C: polymorpha B. et y. Viv. Flor. Cors Spec. , p. 9. 

Frequens i in sepibus Balearium. Floret hyeme et vere. 

- Hab. in Hispaniä meridionali (Lag.), Corsicäl(r), regno Neapoli- 
tano et Calabrià (Tenore), Archipelagi insulis (DC.), circa Athe- 
nas ( Smith ), in, Palæstinä ( DC.), propè Alserium et in Atlante 
(Desf. !). 

Oùs., Le C. cirrhosa varie beaucoup quant à la: forme de D aille ea la 
grandeur de ses fleurs. Les auteurs qui n’ont eu sous les yeux qu’une de ces formes 


n’ont point hésité à la décrire comme espèce. Cependant tels sont les nombreux 
rapports qui lient toutes ces variétésentre: élles,:quejene crois pouvoir distinguer 
que les deux principales. 

(1) Le point d'exclamation placé à la suite d’un nom de pays signifie que j'ai va 
deséchantillons recueillis dans le lieu que j’indique. 


202 DicoryLEDONESs. 


Le C. semitriloba Lag. me paroît devoir rentrer dans ma variété # , les carac= 
tères que cet auteur lui attribue se rapportant parfaitement à ma plante. Je la réunis 
donc au C. cirrhosa Linn. , et je leur joins la var. « du C. polymorpha Niv. Les 
échantillons de Corse, que M. Gay possède, ne me laissent aucun doute surce 
dernier synonyme. Ma variété & est formée des C. balearica Rich. et caly- 
cina Ait. , auxquelles on doit ajouter les variétés 8 et y du C. polymorpha Viv. 

M. De Candolle a conservé dans son Systema les C. cirrhosa Linn., semitriloba 
Lag.,.et balearica Rich. Sa variété 8. pedicellata du C. cirrhosa ne peut être 
admise, puisque, dans toutes les formes, le pédicelle s’alonge après l’épanouis- 
sement de la fleur , et sépare le périgone de l’involucre. 

M. Viviani a senti les nuances qui rapprochent ces diverses espèces et variétés. 
Il réunit ( Flor. Cors. Spec. l. c.) le C. triloba Lagasc. à sa variété «, et le €. ca- 
lycina Ait. à sa variété y; il soupçonne même que le C. balearica ne differe pas 
de sa plante, mais il donne à cette espèce, ainsi constituée , le nom de C. poly 
morpha, et paroît la regarder comme distincte du C. cirrhosa Linn. , puisqu'il ne 
cite pas cette dernière comme synonyme. 

En général le C. cirrhosa , lorsqu'il croît dans les plaines de Majorque auprès 
de Palma, Campos, Arlà, Alcudia, Pollensa, présente des feuilles presque entières, 
légerement dentées en scie; mais dès qu’on atteint les montagnes d’Esporlas , de 
Valldemosa, etc. , les feuilles deviennent graduellement trilobées, palmatifides et 
palmatilobées. Enfin, je possède plusieurs échantillons, que j'ai recueillis au som- 
met de Puig-Major , à douze cents mètres d’élévation , dans lesquels les feuilles 
sont non-seulement palmatilobées , mais encore leurs segmens sont divisés jusqu’à 


la base en lanières étroites presque linéaires et dentées. 


2. Anonis æsrivauis. Linn. Spec., 771. 
a. Floribus miniatis. — A. œstivalis. DC. Syst. 1, p. 225. — 
A. miniata. Jacq. Flor. Austr., t. 354. 


B. Floribus citrinis. 
Inter segetes insularum Majoris et Minoris ( Æern. ) frequens. 


Florebat Martio. 
Hab. in Galliä !, Italiâ ( DC.) , Græcià (Smith), regno Algeriense 


(Desf.), Ægypto (Del.). 


Oss. Ces deux variétés ne différent l’une de l’autre que par la couleur des fleurs. 
J'avois d’abord cru devoir rapporter la seconde à l’une des espèces formées aux dé- 
pens de l’4. æstivalis de Linné; mais après un mür examen il m'a été impossible 
de lui assigner aucun caractère distinctif. J’ai vu de plus dans la variété # des 
pétales mélangés de rouge et de jaune, et cette observation m’a confirmé dans 


tes 


RANUNCULACEZÆ 203 
l'opinion que ces deux formes ne pouvoient être séparées. On sait que M. Reichen- 
bach a réuni récemment (Ic. Plant. Rar. cont. 1v, p. 15-19), les 4. citrina Hoffm., 
Jlava Nill., microcarpa DC., maculata Vallr. , et flammea Schleich’., Thom. , 
Ser. Plant. exsic. non Reich. à l'A. æstivalis de Linné. Il conserve l’4. flammea , 
en lui donnant pour synonymes l4. anomala Valr.—DC. Prodr. el l’4. parvi- 
flora Fisch.-DC. Prodr. Cette espèce ainsi constituée ne se trouve que dans lAu- 
triche et l’Allemagne centrale. On ss , selon le même auteur, réunir à V4. 
autumnalis Linn. VA. æstivalis M. B., non Linn., et V4: micrantha DC. Syst. 
Enfin l’4. dentata Del. lui paraît une bonne espèce; mais il doute que la var. 
£. provincialis (DC. syst.) puisse être rapportée à cette plante. On trouve dans le 
même ouvrage des phrases spécifiques qui, par des caractères tirés de la forme 
des carpelles, servent à distinguer ces diverses espèces. 


3. Ranunouzus EquaTILIS GB. peltatus , foliis emersis ot , tri- 
lobis, peltatis..DC. Syst. 1, p. 235. 
In fossis propè Artam in insulâ Majore. Florebat Aprili. 
y. Coœspitosus. DC. Prodr. 1 , p. 26. 
In aquis stagnantibus propè Palmam, loco dicto Prat, in insulâ 
Majore. Florebat Martio. 


4. Ranvneuzus seererATUs. Linn. Spec., 776. 
In insulà Minore (ern.). 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


5. Ranvnouzus LanuGinosts. Linn. Spec., 779. 

In paludosis Alcudiæ in insulä Majore ; in ins: Minore (Hern.) 
Floret Aprili. 

Hab. in Galliä !, Italiâ (Sebast. et Maur.), Græciä (Smith). 


6. Ranuncuzus REPENs, Linn. Spec., 770. 
In humidis propè Palmam et Artam. Florebat Aprili. 
Hab. in Hispaniä !, Galliä !, Italià !, Græciä (Smith). 


7. Ranuncuzus muricatus. Linn. Spec., 780. 
In insulà Minore (Hern.). 
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto excepta. 


8. Ranuncurus PæiLonoris #. parvulus. DC. Syst. 1, p. 297. — 


204 Dre OTYLEDONES. 
R. parvulus. Linn. Mant., 79.—R. parviflorus. Gouan. “Flor-Monsp 


270. non Linn. 

In aridis montium insulæ Majoris propè Lluch. Florehat un 

d. Trilobus. Nob.— R. trilobus. Desf. ! Ati. 1, p. 437. , tab. 
etauct. — À. Rosani Tenore, Prodr. Flor. Nap. ex DC. 

In humidis maritimis Ebusi. Florebat Majo. 

Hab. in Gallià mediterraneà ! , Corsicà ! , regno Neapolitano 
(Tenore), Græcià (Smith), soul Cypro (DC.), regno Algeriense 
(Desf!). 


. 


Oùs. On sait que le seul caractère qui distingue le À. philonotis dù trilobus , 
consiste en ce que le premier ne présente qu’une série unique de tubercules qui 
borde chaque côté des carpelles, tandis que dans le second ces tubercules couvrent 
les deux faces du fruit, M. Gay possede des exemplaires provenant du Roussillon 
qui lient ces deux formes. Tantôt les carpelles ne présentent qu’une seule série de 
tubercules, tantôt cette série est accompagnée de quelques tubercules dans le mi- 
lieu du disque, tantôt enfin les carpelles en sont lotalement couverls comme dans 
le R: trilobus. Je n’hésite pas, d’après cette observation, à réunir ces deux espèces. 


9. Ficaria ranunouroïnes. Moœnch. Meth. 215. — Ranunculus fica- 
ria. Linn. Spec., 774. 

In Balearibus frequens. 

Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà. 


10. Hercesorus roerinus. Linn. Spec., 784. 4e 
In montibus insulæ Majoris propè Lluch. Florebat Aprili. 
Hab. in Hispanià (DC.), Gallià !, Italià (Savi). 


1. HELLEBORUS LIVIDUS. Ait. Hort. Kew. ed. 1. 11 5 P:.272:— 
H. argutifolius. Viv. Flor. Covs. Spec. , p. 8. 
In montibus insulæ Majoris propè Esporlas ( Trias ). 
Hab. in Corsicä !. 


Oss. M. Viviani a changé le nom adopte pour cette plante en celui d'A; argu- 
tifolius , se fondant sur ce que l’espece d’Aiton et de Curtis étoit originaire d’Amé- 
rique;til m'a été impossible de découvrir ce qui avoit pu l'engager à adopter cette 


ANONAGEzÆ.—NYMPHÆACGEA. 205 


opinion. L’A. lividus est cultivé en pleine terre au Jardin de.Kew; il ne pourroit 
donc habiter que l'Amérique septentrionale. Je l'ai cherché vainement dans les 
ouvrages de Michaux, de Pursh, et de Nuttall. La figure du Lotanical magazin a 
dissipé tous mes doutes ; la plante de Corse et des Baléares y est représentée aussi 
bien que le format de l'ouvrage a permis de le faire. Curtis n’assigne point sa 
patrie; il fait remarquer qu’elle est différente de l’H. trifolius du Canada, avec 
lequel elle avoit été confondue par Miller. 


12. Nicecra pamascena. Linn. Spec., 753. 

Frequens inter segetes Balearium. Aprili, Majo floret. 

Hab. in Hispanià !, Galliä!, Italià (Sebast. et Maur.), Græciä 
et Archipelagi insulis (Smith), Barbariä ( Desf. ! ). 


13. Decpminium srapaysaGriA. Linn. Spec., 750. 

Ad pagos in insulà Majore et Ebuso. Floret Junio. 

Hab. in Hispanià et Galliä mediterraneä (DC.), Etruriä (Savi), 
Cretà et Archipelagi insulis (Smith—D'Urv.). 


14. PxoniA coRALLINA var. fructibus glabris. Nob. 

Caulis glaber , rubellus. Fo/ia ternatim secta, foliolis inferiori- 
bus indivisis aut sæpius bipartitis , omnibus ovato-lanceolatis , inte- 
gris, utrinquè glabris, facie viridibus, dorso purpurascentibus. 
Ovaria glabra , basi erecta , apice contorta divergentia. 

In montibus insulæ Majoris propè Esporlas, necnon ad apicem 
montis Puig-Major; in insulà Minore (Hern.). Floret Majo. 


ANONACEÆ. 


15. Anona crertmorra. Mill. Ditc., n. 5. 
Culta in hortis insulæ Majoris. Fructus maturat Majo. 


NYMPHÆACEA. 
DU 6: Nrumxa aus, Lion. Spec. 729. 
In fossis insulæ Majoris propè Artam. Floret Majo. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 27 


206 DrcorrzLEeDonEs. 
Hab. in Hispanià (BC.) , Gallià!, Italiä/!, Græcià et Archipelagi 
insulis (Smith). 


PAPAVERACEZÆ. 


17. PAPAVER ARGEMONE. Linn. Spec., 725. 
Inter segetes insulæ Majoris propè Esporlas. Florebat Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægyptoexceptä. 


18. Paraver usium. Linn.'Spec., 726. 

Inter segetes insulæ Majoris frequens. Florebat Martio. 

Hab. in Hispanià ! , Galliä !, Italiä (Savi, Sebast. et Maur.), 
Græcià (Smith). 

Os. Te papaver obtusifolium Desf. ne differe du dubium que par ses capsules 
plus globuleuses et moinslongues. M. Desfontaines n’avoit d’abord propose cette 
espèce qu'avec doute ; elle a été depuis admise par les auteurs. Ne pourroit-on pas 
trouver des passages qui permissent de la réunir au P. dubium dont elle présente 
tous les autres caracteres? 


19. Roemenia myerina:æ. DC. Syst. 11, p. 92. 

Inter segetes Ebusi.Florebat Majo. 

Hab. in Gallià mediterraneà ! , Hispaniä& (DC.), Barbarià (Desf. ! ) 
Ægypto (Del.), Græcià et insulà Cypro (Smith). 


20. GLAucIuM FLAVUM. Crantz, Austr., 141. 

In arenosis maritimis insulæ Majoris frequens. Florebat Aprili. 

Hab. in Hispanià !, Gallià !, Italià (DC., Sebast. et Maur.), Græciä, 
(Smith), Barbariä (Desf. !). 


FUMARIACEÆ. 


21. Fumaria capreorara. Linn. Spec. , 985. 
In montosis Balearium vulgatissima. Floret primo ere. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


CrRucIFERÆ. 207 
22. Fumarra orricmatis. Linn. Spec:, 984. 
In agris Balearium frequens. Floret Martio. 
Hab. in tot regione mediterraneà. 


25. Fowarra parvirora. Lam. Dict. 11, p. 567. 
Inter segetes Ebusi. Florebat Majo. 
Hab. in totâ regione mediterraneä. 


CRUCIFERÆ. 


24. Maruiora iNcaNA & purpurea. Brown in Hort. Kew. ed. 2, iv, 
P: 119. 

Ad muros et rupes maritimas Balearium vulgatissima. Floret 
Martio. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 


25. Caerranraus cuetrt. Linn. Spec., 924. 
Ad muros in insulis Majore et Minore. Floret Martio. 


26. NasrurTium orr1ciNALe. Brown in Hort. Kew., ed. 2. 1v, p. 110. 
Ad fontes et rivulos Balearium vulgatissima. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà. 


27. ARABIS VERNA. Brown in Hort. Kew., ed. 2. 1v, p. 105. Non 
Desf. — Hesperis verna. Linn. Spec., 928. 

In montibus insulæ Majoris dictis Puig-Major, Puig-de-Torrella, 
Puig-de-Malluch, haud rara. Floret Martio, Aprili. 

Hab. in tot regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


28. Arasts arasura &. Nob. Turritis hirsuta. Linn. Herb. ex DC.— 
T. sagittata. Bert. Plant. Genuens., 185.— Ærabis sagittata. DC. 
Flor. Fr. Suppl. , p. 592. 

Ad rupes in montibus insulæ Majoris propè Lluch. Florebat Aprili. 

7. Nob. Arabis muralis. Bert. Dec. Ital. 2, p. 37. 


# 


27 


208 DicoryLEDONES. 

Ad rupes in montibus insulæ Majoris Puig-Major, Puig-de-Tor- 
rella. Florebat Aprili. . | 

Hab. in Gallià mediterraneä !, Italiä (Bert. , Savi). 


Oss. Les feuilles de la tige dans l’4. sagittata DC. (4. hirsuta # Nob. ) pré- 
sentent à leur base deux petites oreillettes qui sont tantôt pointues , tantôt arron- 
dies. Dans l’4. hirsuta Scop. (4 hirsuta & Nob.), adoptée dans le Systema de 
M. De Candolle, ces oreillettes sont souvent nulles, et lorsqu’elles existent sont si 
courtes , que la feuille est plutôt en cœur à sa base qu’auriculée. L’4. muralis 
Bert. (4. hirsuta y Nob.) a ses feuilles sessiles entierement dépourvues d’appen- 
dices. Ce caractère se huance , comme l’on voit, d’une manière presque insensible 
dans ces trois espèces ; il me semble donc loin de suflire pour légitimer leur distinc- 
tion. M. De Candolle paroît très-porté (Syst. 26, p. 223) à réunir les deux pre- 
mières; je crois qu’on peut leur joindre sans inconvénient la dernière. Elle se lie 
naturellement à l4. sagittata par l'intermédiaire de l4. hirsuta qui, comme 
elle, a souvent les feuilles de la tige sans oreillettes. Ma variété y (4. rnuralis 
Bert.) ne s'élève guère au-dessus de trois ou quatre pouces; elle est beaucoup plus 
hispide que les deux autres. Ces caractères la font reconnoître au premier aspect, 
mais ne me paroissent pas assez importans pour qu'on puisse la regarder comme 
distincte. J'ai donc cru devoir proposer la réunion de ces trois espèces, en leur con- 
servant le nom d’Æ4. Atrsuta comme le plus ancien. 


29. Carvamine mirsuTa &. DC. Syst. 11, p. 250. 

In umbrosis insulæ Majoris frequens ; in ins. Minore (X/ern. ). Flo- 
rebat Martio. 

B. Maxima. DC. syst. 11, p. 260. 

In humidis montium insulæ Majoris circa Esporlas. Florebat 
Martio. 

Hab. in totà Europà, Barbarià (Desf.). 


30. Konica mariTima. Brown in Denh. et Clapp. Narr., 11, p. 214. 
— Clypeola maritima. Linn. Mant. 426.—ÆAlyssum maritimum. 
Lam. Dict.,1, p. 08. 

Ad muros et rupes maritimas Balearium vulgatissima. Florebat 
Martio. à 

Hab. ad littora totius maris Mediterranei. 


- GRUGIFERE. 209 


31. Cryreora sonrarasri. Linn. Spec. 910. 

Inter rupes ad apicem montis Galatzo in insulà Majore. 

Hab. in Hispaniä ! , Galliä Mediterraneä !, Italià et Sicilià (DC.), 
Barbarià (Desf. !). 


32. Enorxira vurcanis. DC. Syst., 11, p. 356. 
Ubiquè in Balearibus. Floret primo vere. 
Hab. in totà Europà. 


33. Hurcmnsia PETR#A. Brown-Hort. Kew. ed. 2, 1v, p. 82.—Lepi- 
dium petræum. Linn. Spec. 899. : 

Ad apicem montis Puig-Major in insulà Majore. Florebat Aprili. 

Hab. in totà Europà meridionali. 


34. BiscuteLra auricuraTa. Linn. Spec. g11.—B. auriculata fi. 
Lam. Dict., 11, p. 617. 

In agris Ebusi propè S. Gerstrudam. Florebat Majo. 

-B. siliculis lævibus. Nob. B. auriculata a. Lam. |. c.—B. erigeri- 
folia. DC. Dissert. n. 2.—Syst., 1, p. 408.—Deless. Ic. tab. 55. 

Cum priore. 

Hab. var. & in Andalusiä (Salzm.}, Gallià meridionali, Italià et 
Sicilià (DC.), Barbarià (Desf.). Var. &. in Valentiæ, Murciæ, 
Granatæ regnis (DC.) 


Oss. La seule différence qui existe entre ces deux variétés réside dans les 
silicules qui sont plus ou moins chagrinées dans l’une , tandis que dans l’autre elles 
sont parfaitement lisses. Je les ai trouvées croissant ensemble dans un champ de 
l'île d’Iviza, aupres du village de Sainte-Gertrude. Leur ressemblance est telle, 
que je les recueillis sans m’apercevoir de la différence que présentent Jeurs fruits. 
_Ce n’est qu'après mon arrivée à Paris que, visitant mes plantes, je m'aperçus que 
je possédais deux formes décrites comme espèces distinctes. Je ne veux point exa- 
miner ici quelle est l'importance plus ou moins grande que l’on peut attacher dans 
les biscutelles aux silicules lisses ou couvertes d’aspérités ; ces considérations m’en- 
traïneroient trop loin dans un genre où la plupart des différences spécifiques sont 
tirées de ce caractère; j’observerai seulement que deux plantes vivant dans la 
même localité, et présentant sur tous les autres points l'identité la plus parfaite, ne 
me paroissent pas suffisamment distinguées par cet unique caractère. 


210 DicoTYLEDONESs. 


35. Sisvmsrium orrictnare, Scop. carn ed. 2, n. 824. Erysimum 
officinale. Linn. Spec. 922. 

Ad vias in insulà Majore propè Artam. Florebat Aprili. 
. Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà. 


56. Sisymsrium 1r10. Linn. Spec. 921. 

Ad vias et margines agrorum in Balearibus vulgatissima.Florebat 
Martio. ; | 

Hab. in totà regione mediterraneà. 


37. Fe coLumne. Jacq. Flor. Austr.t. 323.— DC. Syst., 11, 
p: 469. 

In montibus insulæ Majoris propè Lluch. Florebat Aprili. 

Hab. in Europà meridionali et orientali (DC.) 


58. Sisymsrium sursironium. Linn. Spec. 918. 
In insulà Minore ( Hern.). | 
Hab. in Pyrenæis orientalibus (DC.), Sicilià (Linn. ). 


39. Lerinium pra. Linn. Spec. ed. 1, p. 645.—DC. Syst.,1r, p. 529. 
— Cochlearia draba. Linn. Spec. ed. 2, p. 904. 

Inter segetes insulæ Majoris. Florebat Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 


40. Lepmium sarivun. Linn. Spec. 890. 
In insulà Minore (Æern.) an spontanea ? 


4x. Levroivu 18eris. Linn. Spec. 900. 
In insulâ Minore (Æern.) 
Hab. in Galià meridionah !, Italià !. 


42. CarsezLa BuRsA— pasroris. Moœnch. Meth. 271.— DC. syst. 11, 
p: 584. — Thlaspi bursa pastoris. Linn. Spec. 903. 

Ubiquè in Balearibus. Floret primo vere. 

Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


43. Brassica BALEARICA : fruticosà, glaberrimä , ramosà ; folus in 


lom.14. 


Pl 


BRAS SICA BALEAVICA Pers. 


CRUCIFERÆ. 211 


ramorum apice congestis, obovatis, crenatis sinuatisve , Carnosis , , 
glaucis; petiolo exauriculato ; ; calyce reflexo; siliquis erectis, an- 
gustissimis ; stigmate subsessili. — Tab. r. 

B. A Me Pers.! Synops. 1, p. 106.—Deless. ! Ic. 1, t. 86. Non 
DC. Syst. 

Caulis ex xupium fissuris horizontaliter productus, -perennis, 
lignosus, brachii humani crassitie, bipedalis eirciter, rugosus, 


‘infernè simplex, apice divisus in ramos plures, breves, tortuosos, 


veterum folioram cicatricibus asperos. Folia ad apicem ramulorum 
congesta, glaberrima , glauca, carnosa , crenato-sinuata, elliptica ; 
obovatave, crenis inferioribus plüs mins profundis panduriformia 
aut lyrata 1 5-2 uncias longa, 12-18 lineas lata. Petioli limbum 
æquantes, lineares, canaliculati, basi attenuati, semper exauriculati. 
Flores corymbosi, demüm in racemum elongati, corymbo florifero 
brevi, folia ramea parüm superante , aphyllo aut infernè foliolis mi- 
nutis exauriculatis instructo. Pedicelli graciles, floriferi, patentes, 
inferiores 5-7 lineas longi. Calycis sepala oblongo-obovata, obtusis- 
sima, flavescentia, reflexa , margine membranacea, 3 lineas longa, 
lineam et dimidiam lata , omnia basi æqualia. Petala calyce dimidio 
longiora, aurea , limbo obovato subrotundo apice retuso, abruptè 
atienuata in unguem calyce dimidio breviorem. Filamenta longiora 
calycem æquantia. Antheræ oblongæ, sagittatæ, plus :minùs ar- 
cuatæ. Glanduleæ 4, petalis oppositæ. Ovarium ineawe, longitudine 
calycis, stigmate capitato subsessili, obsoleté biloho. 

Hab. in fissuris rupium montis idicti Paigr#lajor in jinsulà 
Majore. Florebat Aprili. 


Æzxpl. tab. 1. #-Flos auctus — 2 Petalum.-—3Flos scalyce ,petalisque sectis. — 
4 Reliquiæ fructûs ex herb. Richard. # 


‘@ns. Dansiles échantillons de l’hetïbier de/Richard ;lasgrappede-fruit:est longue 
d'environ six pouces ; les pédicelles sont grêles, filiformes,et dressés ; les siliques 
sont longues.de,deux ponces à deux pouces et demi, ,très-étroites ; et.le stigmate 
presque sessile. Je ne puis rien dire ni des valves ni des graines qui n’existent plus. 

Cette plante a élé confondue dans le Systema de M. de Candolle avec un Bras= 


212 DicorYyLEDoNEs. 


sica qui croîl à Baus-Rous aupres de Nice. M. Gay a prouvé récemment ( Ann. 
scienc. nat. VIT, p. 413-416) que cette dernière espèce n’étoit autre chose que le 
chou des jardins (B. oleracea Linn.). Notre plante en differe par ses tiges ligneuses 
non bisannuelles ou trisannuelles; par ses feuilles toutes dépourvues d’oreillettes ; 
par ses folioles calycinales d’abord dressées , puis réfléchies, non dressées en tout 
temps, tres-obtuses, non plus ou moins amincies au sommet, ni prolongées en 
forme de sac à la base ; par ses pétales d’un jaune doré, non blanchätres, à limbe 
obovale arrondi et brusquement aminci en onglet, non oblong et insensiblement 
rétréci par le bas ; par ses pédicelles beaucoup plus grèles et plus flexibles, dressés, 
non étalés; par ses fleurs ramassées en corymbe, non disposées en longues grappes ; 
enfin par ses siliques au moins d’un tiers plus courtes et plus étroites, à stigmate 
presque sessile, non supporté par un bec séminifere cylindracé de quatre à six 
lignes de longueur , et souvent plus large que la silique elle-même. (Gay, 1. c.) 


44. Brassica oLERACEA. Linn. Spec. 932. 
Colitur in hortis Balearium. 


45. Brassica napus. Linn. Spec. 951. 
Colitur cum priore, 


46. Srxaris arvewsis. Linn. Spec. 933. 

In insulà Minore (Æern.). 

Hab. in totà Europà ; meridiem versüs usquè ad Lusitaniam(DC.), 
Græciam (Smith), et Archipelagi insulas (d’Urv.) progreditur. 


47. Sivaris incana. Linn. Spec. 934. Cordylocarpus pubescens. 
Smith Flor. Græc. Prodr. 11, p. 619. 

In insulà Minore(Æern. ). 

Hab. in Hispanià et Gallià meridionali (DC.), Italià (Bert.), 
Sicilià (DC.), Græciâ (Smith.). 


48. Drpcoraxis erucolnes. DC. Syst. 17, p. 631.—Sinapis erucoides. 
Linn. Spec. 934.— Sisymbrium erucoides. Desf. ! Atl. 1, p. 83. 

Ad vias et margines agrorum in Balearibus vulgatissima. Floret 
Februario Martioque. 

Hab in Hispanià, Galliâ meridionali !, Italià , Sicilià (Biv. Bern.), 
Barbarià (Desf. !) 


— CAPPARIDEZ. 213 


49. Envca sariva. Lam. Flor. Fr. 11, P- 496. 

Inter segetes Ebusi. Florebat Majo. 

Hab. in tot regione mediterraneä, Ægypto exceptä. 

Var. nana. Nob. Caulis humillimus, pollicaris. Flores pallidè 
flavi, venis petalorum fuscis. Ovarium glabriusculum. Fructum 
non vidi. | 

In arenosis maritimis insulæ Majoris, inter Palmam et locum 
dictum Prat. Florebat Martio. 


50. Succowia rarearica. Medik. in Ust. neu. Ann. I, P. 41. — 
DC. Syst. 1, p.643.— Bunias balearica. Linn. Mant. 429.—Gouan 
Ilustr. 45, t. 20. 

In insulis Balearibus (Linn. Gouan.). 


Hab. in insulâ Teneriffà, Siciliâ (DC.). 


51. Rapnanus sarivus. Linn. Spec. 935. 
Colitur in hortis Balearium. 


52. RAPHANUS RAPHANISTRUM GB. Flore Purpurascente. DC. Syst, 1x, 
p- 667. 
In insulà Minore ( Hern.). 


53. Rarmanus marmrmmus. Smith. Engl. Bot. t. 1643. 

In maritimis propè Soller in insulä Majore. Florebat Aprili. 

Hab. in maritimis Angliæ (Smith), Armoraciæ circa Brestum et 
Corisopitios (DC. ). 


CAPPARIDEÆ. 


54. Cavparis sriosa. Linn. Spec. 720. 

Ubiquè ad muros Balearium. Florebat Majo. 

Tantä copià ad mœnia Alcudiæ provenit, ut cognomen Filla de 
lastaperas (ville des Capres) indè nacta sit hæc civitas. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 28 


214 DicoryLEDONES. 
CISTINEÆ. 


55. Cisrus azminus. Linn. Spec. 737. 

In ‘montosis Balearium vulgatissima. Florebat Aprili. 

Hab. in Hispaniâ!, Galliâ mediterraneâ !, Corsicä! , Græcià 
(Smith), Barbarià (Desf !). 

56. Cisrus sazvirozrus. Linn. Spec. 738. 

In montibus Balearium ubiquè occurrit. Floret Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptä. 


57. Cisrus FLoreNTINUS. Lam. Dict. 11, p. 17. 

In collibus aridis insulæ Majoris prope Artam;in ins. Minore 
(Hern.). Floret Aprili. 

Hab. in Italià (Lam.), Ruscinonensi agro (Gay Herb. !), Cata- 
launià ( Benth. ). 


Oss. M. Bentham (Cat. p. 72) regarde cette espèce comme une hybride des 
C. salvifolius et monspeliensis. Les échantillons que j'ai recueillis aux Baléares, 
et ceux que j'ai observés dans l’herbier de M. Gay, provenant du Roussillon, ne 
différent du C. monspeliensis que par leurs fleurs moins nombreuses disposées en 
corymbe non en cyme. Ce caractère est-il suffisant poar motiver la distinction de 
ces deux espèces ? 


58. Crsrus moxsretiensis. Linn. Spec. 737. 
Ubiquè in aridis et montosis Balearium. Floret Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


59. Cisrus Czusir. Dunal ! in DC. Prodr. 1, p. 266. C. libanotis. 
Desf. ! Atl. 1, p. 412, exel. synon. 

In collibus aridis Ebusi. Florebat Majo. 

Hab. in Hispanià (Dunal,!), regno Tunetano propè Spitolam 
( Desf ! ). 


60. HELIANTRHEMUM PLANTAGINEUM. Pers. synops. 11, p. 7. Crstus ser- 
ratus. Desf, LAtl. 1,,p: 416 ,; non Caw. 


Cisrinez. 215 

: In aridis prope Artam, Sû Servera, in insulà Majore. Floret 
Aprili. 
Hab. in Barbarià (Besf. ! ), Hispaniâ (Dunal !), Corsicà !, Cretà !, 


6x. Hecranraemum FumANA @. Dunal ! in DC. Prodr. 1, p. 275. 

In aridis montium insulæ Majoris prope Bañabufar. Florebat 
Aprili. HT: 

Hab. in Barbariä (Desf. !), Hispanià !, Galliä !, Italiä !, Orientem 
versùs: usquè ad Georgiam ! , sepientrionemque usquè ad insulam 
Gottland ! in mari Baltico progreditur. 

B. ericoides. H. ericoides. Dunal ! in DC. Prodr. 1, p. 274. — 
C. ericoides. Cav. Ic. x n. 188, t. 172. 

In collibus petrosis Ebusi circa S. Eulaliam. Florebat Majo. 


‘Oss. Cavanilles a le premier considéré cette forme comme une espèce distincte. 
Oneroit d’abord tenté de se ranger à son avis, lorsqu'on ne considere qu’un 
petit nombre d’échantillons. On trouve en effet des feuilles très-courtes, épaisses 3 
rapprochées les unes des autres, presque imbriquées, à peu près demi-cylindriques, 
convexes en dehors, planes intérieurement. Dans l’H. fumana, au contraire, les 
feuilles sont d'ordinaire assez éloignées les unes des autres, et trois ou quatre fois 
plus longues. Mais ces différences s’évanouissent si l’on compare un grand nombre 
d’exemplaires ; on en trouve alors plusieurs qui tiennent le milieu entre ces deux 
formes, et d’autres qui les montrent réunies sur le même pied. Ces observations 
n’ont point échappé à la sagacité de M. Dunal; il n’adopte qu’avec doute (Prodr. 
1. c.) l'espèce établie par Cavanilles, et demande si elle est vraiment distincte de 
V'H. fumana? Je crois que les botanistes qui auront occasion de l’observer dans les 
lieux où elle végète n’hésitcront pas à la regarder, selon l'opinion récemment 
émise par M. Bentham (Cat. p. 85) , comme une simple forme de cette plante. 


7. Procumbens. H. procumbens. Dunal! in DC. Prodr. 1, p. 275. 

In aridis insulæ Majoris vulgatissima. Florebat Aprili. 

Oss. M. Bentham ( Cat. I. c.), ayant observé que les caractères attribués à l'A. 
procumbens r’étoient point constans, réunit cette espèce à l'H. fumana. 

62. Hezranraemum Lævires. Willd. Enum. 507. 

In aridis insulæ Majoris prope Valldemosam, Palmam, Artam 


frequens, Floret Aprili , Majo. 
28* 


216 DicoTyLEDONESs. 


Hab. in Atlante (Desf. !), Hispaniâ (Cav.), Gallià mediterraneä!, 
Dalmatiä (Dunal), Græcià (Smith). 


63. Hecranraemum virine. Tenore! Flor. Nap. Prodr. p. 31. — 
Dunal in DC. Prodr. 1, p. 275. — II. juniperinum. Lag. in litt. — 
Dunal!1. c. 

In aridis insulæ Majoris prope Cauviam, Incam, Artam ; in ins. 
Minore (/ern.). Floret Majo, Junio. 

Hab. in Galliâ australi (Dunal), regno Neapolitano!, Siciliâ (Dunal), 
Cretâ! , Barbariä !. 

Os. Cette espèce a été réunie par M. Bentham (Cat. l. c.) à l’Æ. glutinosum ; 
mais elle m'en paroît suffisamment distincte par sa tige qui s’éleve à environ un 
pied, très-rameuse, glabre, recouverte d’une écorce grisâtre qui se déchire longi- 
tudinalement ; par ses feuilles plus longues, disposées en verticilles rapprochés 
jusqu’au sommet des rameaux , d’un vert clair, glabres, non couvertes de poils 
visqueux ; enfin par ses fleurs disposées en corymbes ou en grappes très-courtes 
composées de trois ou quatre fleurs , jamais en grappes longues et multiflores. 


64. HezranrHemum GLuTINOSUM. Pers. Synops. 11, p.97. A. lœvipes. 
Sieb. ! Herb. Cret. non auct. 

In aridis insulæ Majoris prope Artlam , Palmam, Cauviam ; in 
Ebusi petrosis circa S. Raphael, S. Eulaliam vulgatissima. Floret 
Aprili, Majo. 

Hab. in Galliâ mediterraneä !, Catalaunià !, regno Valentino! , 
regno Tunetano (Desf. !), Ægypto (Del.), Cretä!. 


65. Hezranrnemum marirozium. DC. Flor. Fr. 1v, p. 277. 

Jo aridis Ebusi circa S. Eulaliam. Florebat Majo. 

Hab. in Africâ boreali (Benth.), Hispaniâ!, Galliâ meridionali 
(DC.), Italià (Dunal). 


66. Hezranruemum Serræ : Caule humili, suffruticoso, ramoso; fo- 
lis oppositis, exstipulatis , brevissimè petiolatis, subcordato-ovatis, 
carnosis , glaucis; floribus racemoso-corymbosis; ovario triloculari; 
stylo basi geniculato, stigmate incrassato. Nob. Tab. 2. 


CiSsTINEZ. ! 217 


Radix longa , nigra, sublignosa , parüm ramosa. Caulis 4-6 un- 
cias longus, suffruticosus, ramosus, pilosiusculus. Folia opposita Ê 
exstipulata, 2-2 + 1. longa, 1 2 L. lata, subcordato-ovata, acutius- 
cula , plana, carnosa, slauca, utrinquè glabra, margine pilosiuscula, 
uninervia, nervo subtùs prominente, basi pilosiusculo; summum pare 
abbreviatum, à proximo remotum, floribus proximum : petiolus 
brevissimus, pilosiusculus. Flores rariüs paniculati vel racemosi , 
sœæpiùs racemo brevissimo corymbosi, corymbo simplici seu com- 
posito : pedicelli 3-4 1. longi, pilosiusculi, deflorati reflexi. Calycis 
sepala 2 exteriora lingulata, minima ; 3 interiora ovata, 1 : 1. longa, 
1 L. lata, margine membranacea, extüs pilosa, pilis longiusculis, albis, 
facie glabra , 5 nervia, nervis prominentibus , 2 lateralibus minori- 
bus. Petala calyce triente longiora, aurea, obovata, unguiculata. 
Stamina calyce pauld breviora. Ovarium pilosum, pilis longiusculis, 
albis, obtusè triquetrum, triloculare. Sti/us basi geniculatus , gla- 
ber, filamentis dimidio brevior , clavatus. Stégma incrassatumn , tri- 
lobum: Fructurn non vidi. 

Ab A. marifolio cui proximum differt : 1°. caule humiliore ; 
2°. foliis brevibus, recentibus glaucis carnosis , lævibus, non facie 
pilosiusculis dorso incano-tomentosis ; 3°. racemis brevibus, subco- 
rymbosis, non elongatis. 

In arenosis maritimis insulæ Majoris inter Palmam et locum dic- 
tum Prat. Floret Martio Aprilique. 


Expl. tab. 1]. 1 Calyx à dorso visus. — 2 Pistillum. 


Oss. Le Cistus glaucus Desf. Atl. (Æ_ crassifolium Pers.) paroît très-différent 
de l'espèce envoyée à M. Dunal du royaume de Valence (A. sexte Lag. in litt.), et 
décrite dans le Prodrome (p. 278) sous le nom d'A. crassifolium. La plante de 
Barbarie, dont j'ai vu deux petits rameaux dans l’herbier de M. Desfontaines, est, 
selon les notes qui m'ont été communiquées par cetillustre professeur, un arbuste 
d'environ deux pieds, tres-rameux, qui croit dans les fentes des rochers calcaires 
auprès de Cafsa à l'entrée du désert. Ses feuilles sont linéaires, longues d'environ six 
lignes, et munies de deux stipules. N'ayant point vu l'A. sexte, il m'est impossible 
d’assigner les caractères qui le distinguent de l’Æ. serræ , et j’aurois même été 


218 DircoTyzEDONESs. 


porté à réunir ces deux espèces si, dans la plante de Valence , les feuilles supé- 
rieures n’étoient pourvues de stipules (Dunal. I. c.). 


VIOLACEZX. 
# 


67 Viora oporara. Var. inodora. 
In montibus insulæ Majoris circa Lluch vulgatissima. Florebat 


Aprili. 
POLYGALEÆ. 


68. PorxcaLa sexariuis. Desf. ! Atl. 11, p. 128, t. 175. 

In montosis Balearium vulgatissima. Floret Martio, Aprili. 

Hab. in Galliâ meridionali prope Massiliam! et Narbonem loco 
dicto Za Clape !, in regno Valentino! , Andalusiä !, Atlante (Desf. !). 


FRANKENIACEÆ. 


69. FRANKENIA PULVERULENTA. Linn. Spec. 474. 

In arenosis insulæ Majoris prope Alcudiam , et ins. Minoris prope 
portum Magonis. Florebat Aprili, Majo. 

Hab. in totâ regione mediterraneä. 


70. Frangenra Lævis, Linn. Spec. 473. 
In maritimis Ebusi frequens. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptä. 


71. Frankenra INTERMEDIA. DC. Prodr. 1, p. 349. 

In maritimis insulæ Majoris prope Alcudiam ; in ins. Minore 
(Hern.). Floret Aprili, Majo. 

Hab. in totâ regione mediterraneä, Ægypto exceptä. 


D A 


SR  — 


. SZLENE DISTICHA Wild. 


CARYOPHYLLEZ. 219 


CARYOPHYLLEÆ. 


72. Siexe ineLara. Smith. Flor. Brit. 467. 
Ad vias in Ebuso. Florebat Majo. 
Hab. in Galliâ! , Italiâ (Sebast. et Maur.—Bert.), Græcià (Smith). 


73. Sicexe RugeLLA. Linn. Spec. 600. ex Schott. in Herb. Desf. — 
Del. ! Flor. Ægypt. Ulustr. n. 144; Descript. p. 232, t. 29; f. 3. 
non DC. Flor. Fr. Suppl. — $. crispa. Salzm. ! Herb. Malac. 
et Tingit. an Poir.?—S. glutinosa. Duf. ! in litt. ad Gay. — S. un- 
dulata. Pourr. ex Duf. ! in litt. ad Gay. 

Inter segetes Ebusi. Floret Majo. 

Hab. in regnis Valenciæ! et Murciæ !, Andalusiâ! , Barbariâ prope 
Tingidem!, Ægypto (Del.!), regno Neapolitano! et in Forojulio ! 

Oss. Le Silene rubella DC. Suppl. n’est point mentionné dans le Prodrome. 
S'il différoit du S. cretica , il faudroit lui conserver le nom de S. annulata, sous 


lequel il a été, pour la première fois, mentionné par Thore dans sa Chloris 
des Landes. 


74. Sivee Gazuica. Linri. Spec. 595. 

In agris insulæ Majoris prope Artam ; in ins. Minore (Æern.). Flo- 
rebat Aprili. 

Hab. in Galliä!, agro Romano (Sebast. et Maur.), Græcià (Smith), 
insulâ Melo (D'Urv.), Andalusià!. 


75. Siexe pisricua : caule erecto, simplicissimo, hispidiusculo ; 
foliis ovato-lanceolatis, acutiusculis, superioribus subulatis ; flori- 
bus spicatis, spicis geminatis, flore in dichotomiä solitario ; calyci- 
bus hirsutis ; pedicellis bracteatis. — Tab. 3. 

SiLENE nisricaa. Willd. Enum. 476 ex Herb: DC. 

Radix annua. Caulis 2-+ pedalis, simplex , erectus, infra medium, 
præsertim ad nodos, pilis mollibus raris hispidus, supra medium 
glabriusculus, scaber. Internodia 11, distantia, superiora longiora. 
Folia obovato-lanceolata, basi connata , in petiolum attenuata, apice 


290 DrcorYxLEDoNEs. 


acutiuscula ; inferiora 2 uncias longa, 4 lineas lata, hispida, in- 
ternodiis dimidio breviora; superiora gradatim minora, lineari- 
subulata , margine præsertim infra medium ciliata, facie glabrius- 
cula , dorso pilis brevissimis densis subscabra. Spicæ in suppetente 
specimine quatuor; duo inferiores alternæ , paucifloræ, imper- 
fectæ , longe pedanculatæ, pedunculis folia æquantibus aut supe- 
rantibus; duc terminales, geminatæ, ex eodem puncto nascentes, 
æquales , 6-8 floræ, florem pedicellatum intra dichotomiam foven- 
tes, rachi flexuosà, scabrä. Flores distichi?, brevissimè pedicel- 
lati, basi dibractaeti; bracteis filiformibus, herbaceis, scabris, 
ciliatis, inferioribus florem æquantibus aut superantibus , supe- 
rioribus medium calycem pauld superantibus. Calyx pilis longius- 
culis subadpressis hirsutus, decemnervius , 5 dentatus, dentibus 
acutiusculis , subulatis ; florens oblongo-obovatus , apice subconstric- 
tus, 5 lineas longus, lineam latus; fructigerus ovoideus. Petalorum 
ungues calyce breviores ; limbus minimus, calycem vix superans, 
bifidus, segmentis linearibus; faux coronata, coronà subintegrä, 
limbo duplà breviore. Anthophorum breve. Ovarium oblongum, sub 
apiceco arctatum. S£yli 3, petalorum limbum æquantes. Capsula in 
6 dentes apice dehiscens. ? 
In insulà Minore ( Hern. ). 
Expl. tab. XI. 1 Flos auctus. 


Ons. Dans les échantillons décrits par Willdenow, la tige étoit tres-rameuse ; 
dans celui de Minorque, au contraire, elle est parfaitement simple. Cette différence 
est probablement due à la culture à laquelle avoient été soumis les échantillons du 

ardin de Berlin. 


76. Siene nocrurwa. Linn. Spec. 595. — $. spicata a. DC. Flor. 
Fr. 1v, p. 799. 

In insulà Minore ( ern.). 

Hab. in Hispaniâ (Otth. in DC.), Gallià meridionali! , Italià 
(Bert. ), Græcià et agro Byzantino (Smith), Cyrenaicä ( Viv. ). 


77: SILENE BRACHYPETALA. Rob. et Cast. in DC. Flor. Fr. Suppl. 6a7. 


« 

Où 
FE © 
EN 
EN . 


CARYOPHYLLEZ. 221 


- Inter rupes maritimas Alcudiæ in insulâ Majore. Florebat Aprili. 
Hab. in Galliä propè Massiliam ! et Monspelium !. 


78. Sixene vizuosa; Var. nata. Nob. Tab. 4.— Lychnis maritima, 
annu«, hispanica, salicis folio. Tournef.! Inst. 358. Silene pendula 
Salzm. ! Herb. Gibralt. non Linn. Er 

. Tota planta viscida , viridula , 2-4 uncias longa. Radix nn. 
Caulis ramosiusculus, villoso-pilosiusculus. Folia sessilia , sublinea- 
ria , apice obtusa, carnosa ; inferiora 8-12 lineas longa , 2-3 lineas 
lata; superiora gradatim minora ; omnia utrinquè pubescentia. F/0- 
res in singulo ramo 1-3: si solitarii, terminales : si uno-plures, infe- 
riores et axillares , longè pedunculati ; peduneulis 6-15 lineas longis, 
filiformibus, primüm erectis,anthesi peractä reflexis. Calyx ls 
culus, pilis brevibus, moniliformibus , 5 dentatus, dentibus ovato- 
oblongis , vix lineam longis , decem striatus , nervis coloratis ; florens 
cylindricus, 7-9 lineas longus ; lineam et dimidiam latus ; fructi- 
gerus clavatus. Petala rosea , ungnibus calycem superantibus, infra 
ovarium in tubum coalitis, limbo 3-3 : lineas longo, 2-2 , lineas lato, 
obovato , profundè emarginato , non autem ad medium usquè fisso , 
lobis obtusis, fauce coronatà, coronà bifidä, brevi , dimidiain lineam 
longâ. Stamina petalorum ungues æquantia. Ovarium ovoideum , 
lineam et dimidiam longum. S4y/:3,stamina paul superantes. /140- 
phorum 4 lineas longum. Capsula ovoidea , anthophorum æquans , 
apice in 6 dentes dehiscens. 

In arenosis maritimis Ebusi. Florebat Majo. ñ 

Hab. in Hispanià meridionali!. 


La 


Os. Cette variété diffère du Siene villosa , tel qu’il croît en Égypte, par sa: 
tige constamment beaucoup plus petite , par ses calices et ses pédoncules beaucoup 
plus alongés ; cependant, après lavoir soigneusement comparée avec des échan- 
tillons de l’herbier de M: Richard, recueillis par M. Delile lui-même, je n’ai point 
cru devoir la considérer comme espèce distincte. La plante d'Égypte s’éleve de six 
pouces à un pied; elle est très-rameuse, ses pédoncules n’ont que quatre à six 
lignes, et ses calices de cinq à sept lignes. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 29 


222 DicoTyLzLEDONEs, 


79. Sicene DEcumBENs. Biv. Bern. Sic. Plant. Cent. 1, p.73 (ex 
herb. DC.) 

Radix annua. Caulis 4-9 uncias longus, erectiusculus , simplex 
vel ramosus, puberulus, viridis seu rubellus, Fo/ia inferiora obo- 
vato-lanceolata , unciam longa , 3 lineas lata , acutiuscula , in petio- 
lum attenuata; superiora gradatim breviora , linearia ; omnia utrin- 
que scabriuscula , puberula. Flores alterni, spicati, spicà 2-3-florä. 
Bracteæ geminatæ, subulatæ , duo inferiores plerumque elongatæ, 
foliacæ , superiores multd breviores, subulatæ , omnes ciliatæ. Pe- 
duncullus inferior quandoquè semuncialis, reliqui brevissimi ,omnes 
etiam fructiferi erecti. Calyx 5-dentatus (dentibus lineam longis, 
ovato-lanceolatis, acutis, margine ciliolatis), puberulus, decem 
nervius, inter nervos canaliculatus (nervis coloratis, apice dila- 
tatis); florens cylindricus, dimidiam unciam longus , 1-2 lineas 
latus ; fructigerus clavatus, 3-3 : lineas latus. Petala carnea; ungui- 
bus calycem pauld superantibus; limbo lineam longo, bifido; fauce 
coronatä, coronà brevi, membranaceä, bifidâ. Capsula susbphæ- 
rica , apice in 6 dentes dehiscens , anthophoro capsulam subæquante , 
2 lineas longo. Sernina subreniformia, dorso sulcata, rufescentia , 
scabriuscula. 

Inter rupes ad apicem montis Galatzo in insulâ Majore. Florebat 
Majo. Ë 

Hab. in Hispaniä et circa Neapolim (Otth. in DC. Prodr.). 


Ons. M. Bertoloni (Amœæn. Ital. 27) réunit les Silene sericea All. , bipartita 
Desf. , vespertina Retz, decumbens Biv. Bern., canescens Tenore. Ces espèces 
ont en effet entre elles une telle analogie, qu’il est difficile de les distinguer par 
des caracteres bien tranchés. Mais il paroît, d’après M. Otth (in DC. Prodr.1, 
p: 373), que cet auteur n’a pas connu le vrai S. sericea All. et la plante qu'il a 
décrite comme telle est mentionnée sous le nom de S. diffusa dans le Prodrome. 
M. Otth distingue de nouveau toutes ces espèces à l'exception des S. vespertina et 
bipartita déjà réunis par plusieurs auteurs. Le S. decumbens, tel qu'il croît aux 
Baléares, a les plus grands rapports avec deux plantes qui se trouvent sur toute la 
côte d’Espagne, depuis Valence jusqu’à Cadix, et qui sont répandues dans les 


CARYOPHYLLEÆ, 223 


herbiers de Paris, l’une sous le nom de S. saponaria Cav., et l’autre sous celui de 
S. tubiflora Dufour in litt. ; sés pétales, beaucoup plus courts; sont le seul carac- 
tère de quelque valeur qui permette de le distinguer de ces deux espèces. 


80. Sizene sepoiness. Jacq.Coll. Suppl. p. 112,t.114,f. 1. 
In maritimis insulæ Mie (Æern. ). 
Hab. in Galliâ prope Massiliam! , Corsicà ! , Sicilià (Biv. Bern. L 
Archipelagi insulis (D'Urv.), (Bar barià Desf. !). 


81. Scene veiurina. Pourt, in Desf. Herb.!—— Lois in Desv. Journ. 
bot. 11, p. 324.— 8. Sulzmannii Otth ! in DC. Prodr. 1, p. 381. 

Ad rupes in montibus insulæ Majoris propè Esporlas. Floret Majo. 

Hab. in Corsicä !. 


82. Srzene rseupo-arocion. Desf. ! Atl. 1, p. 353. 
Ad'margines agrorum in insulâ Majore prope Artam. Floret Aprili. 


Hab. in Atlante (Desf. !). . 


83. Srezrarte mena. Smith Flor. Brit. 473.— 4/sine media. Linn. 
Spec. 473. 

In Balearibus vulgatissima. Floret primo vere. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 


84. ArenARIA RUBRA @ Serninibus immarginatis. Nob.— 4. rubra. 
Linn. Spec. 606. et auct. 

In maritimis Ebusi. Florebat Majo. 

B. Seminibus alé membranaced, integré cinctis. Nob.— 4. media. 
Linn. Spec. 606.— 4. marina. Smith Flor. Brit, p. 480.—.4. mar- 
ginata. DC, Flor. Fr. 1v, p. 703. 

In maritimis prope Alcudiam in insulâ Majore; necnon in ins. Mi- 
nore ( Æern.). Florebat Aprili, Majo. 

y. Seminibus sæpissimè alé membranced, fimbriaté cinctis. Nob. 
A. fimbriata. Salzm.! Herb. Tingit. 

In maritimis Ebusi. Florebat Majo. 

Hab. ad littora totius maris Mediterraneiï; var. y circa Tingidem !. 


29* 


224 DicoTYLEDONESs. 


Oss: Smith (English Flor. t. 11, p. 312) réunit le Spergula pentandra au 
Spergula arvensis, parce que la premiere de ces espèces , qui est censée avoir tou- 
jours les graines bordées , présente quelquefois sur le même pied des graines à bord 
non membraneux. Il auroit été disposé à réunir de même l’Arenaria marina, dont 
les graines sont plus ou moins marginées , à l’Arenaria rubra L. dont les graines 
ne le sont jamais; mais il a cru devoir conserver ces deux espèces parce que les 
graines de l’4. marina ne lui ont jamais paru tout-à-fait privées de rebord. 

Je possede un bon nombre d’échantillons de cette plante recueillis dans les ma— 
rais salés de l’île d’Iviza, sur lesquels*on voit, dans la même capsule, des graines 
bordées et non bordées, à rebord membraneux , tantôt entier, tantôt découpé, et 
à lobes extrêmement fins. Cette remarque m'engage à proposer la réunion non— 
seulement des 4. marina Smith et rubra L., mais encore de V4. fimbriata Salzm., 
qui ne diffère de l’A. marina que par ses graines dont le bord est plus constam- 
ment découpé. L’4. rubra, ainsi constitué, varie beaucoup quant au port, à 
l'épaisseur et à la longueur des feuilles, mais les diverses formes que j'ai observées 
aux Baléares et sur les côtes de France et d’Espagne m'ont paru évidemment dues 
aux terrains plus ou moins fertiles dans lesquels on les rencontre. - 


85. Arenaria TENUIFOLIA d. Hybrida. Ser. in DC. Prodr. 1, p. 406. 
— À. hybrida. Vill. Dauph. 1v, p. 634, t. 47. 

Inter rupes maritimas insulæ Majoris prope Alcudiam. Florebat 
Aprili. 


Hab. in Galliâ meridionali! , Andalusià !. 


86. ARENARIA SERPYLLIFOLIA. @&. Pilis glandulosis hirsuta, folliis 


pellucido-punctatis. Viv. Flor. Lyb. Spec. 24. 
Inter rupes montium insulæ Majoris prope Lluch. Florebat Aprili. 


87. Arenaria BALEARICA. Linn. Syst. Nat. , ed. 12, app. 230. 
Ad rupes excelsas montis Puig-Major in insulä Majore. 


Hab. in Corsicä !. 


88. Arena PROGUMBENS. Vahl. Symb. 1, p. 50, t. 52.— 4. hernia- 
riæfolia. Desf.! Atl.1, p. 350. 
Ad muros prope Palimam ; in insulà Minore ( Æern.). Florebat 


Majo. 


Ve 
d' 


MazvAcEez. 2925 


Hab. in Hispanià prope Carthaginem novam ! pBaxbir 1à(Desf. '); 
Ægypto!, Sicilià (Biv. Bern. ), regno Nepiitaio k 


89. Crasrium vurcarum. Linn. Spec. 627. 
In Balearibus frequens. Florebat Aprili. 
 Hab. in tototâ regione mediterraneà , Ægypto exceptä. 


90. CERASTIUM STRICTUM. Spec. 629. An satis à Cerastio ar- 
vensi distinctum ?. 
Ad rupes montis Puig-Major in insulà Majore. 


MALVACEÆ, 


91. Mazva svevesrris y. Canescens. Gay Herb. !. 

Ad vias in insulà Majore prope Alcudiam. Florebat Aprili. 

Oss. Cette variété se distingue aisément de la forme ordinaire, en ce qu’elle est 
couverte sur toutes ses parties, la corolle exceptée, d’un coton tres-épais et blan- 
châtre. Elle est commune aux environs de Montpellier ! 

92. Mazva rorTunniroziA. Linn. Spec. 069. 

Ubiquè ad vias Balearium. Florebat Aprili, Majo. 

Hab. in totâ regione mediterraneâ, Ægypto exceptä. 


93. Azraæa masuTA; Var. pumila. Nob.—Caulis 2-3 uncias longus, 
ramosus. 
In montosis insulæ Majoris circa ITR Florebat Majo. 


94. Lavatera ARBOREA. Lin. Spec. 972. 

In insulà Minore (Xern.). 

Hab. in agro Nicæensi et Corsicä (DC), insulà Argentariolà (Savi), 
regno Neapolitano (Tenore), Græcià prope Athenas (Smith), Bar- 
barià (Desf. !), Hispanià (DC.). 

Oss. Cette belle Malvacée, assez commune dans les Canaries et sur plusieurs 

4 points de la partie chaude de:la région méditerranéenne, croît spontanément dans 
Ja petite île de Muckry ! près d'Edimbourg. Ce fait de géographie paroîtroit beau- 
coup plus étonnant si l’on ne savoit que la mer; par le niveau constant de sa tem- 
pérature y modifie d’une manière remarquable le climat des lieux qui l’avoisiuent. 


226 DicoTYLEDONESs. 


95. GossyPrum. HERBAcEUM 8. Frutescens. Del. Flor. Ægypt. Il- 
lustr. n. 646.—Vulgd Ælgodon. 

Colitur in Ebuso et insulà Majore prope prædium vulgd S6 Ser- 
vera, haud longè ab urbe Artä. 

In Africà centrali ad ripas lacus Tchad spontaneum ( Denham 
voy. en Afr. trad. d’'Eyriès 11, pag. 284). Colitur in Africæ regnis 
Bornou , Begarmy; Haoussa , ete. (Denham l; c.), Ægypto (Delil.), 
Barbarià (Desf!), Andalusià , regno Granatensi (Salzm.), regno Va- 
lentino, regno Neapolitano, Sicilà (Ortol. et Raf. Stat.), insulis Me- 
litâ (Lam Dict.), Melo (Tourn. voy.), Lesbo (d’'Urv.), Cretà (Sieb.), 


Macedonià , totà Asià mincre, Syrià (Lam. ). 
AURANTIACEZÆ. 


96. Crrrus menica. Risso Ann. Mus. 20, p. 199, t. 2, fig. 2. 
Colitur in hortis Balearium. 


97. Cirrus rimovum. Risso , |. c. pag. 201. 
Colitur cum priore. 


98. Crrrus Auranrium. Risso 1, c. pag. 181, t. 1, fig. 1 et 2. 
Colitur in hortis insulæ Majoris, præcipuè circa Soller, Pollensam; 
rarior in Ebuso et insulà Minore. 


HYPERICINEÆ. 


99. Hyrertcum canartense. Linn. Syst. Veget. p. 575. 
In insulæ Majoris torrente dicto Malluch prope Lluch. 
Hab. in Canariis insulis. (Linn.) 


100. Hyrerrcum sALEARIGUM. Linn. Spec. 1101. 
In montosis Balearium frequens. Floret Aprili , Majo. 


101. Hypericum PERFORATUM. Linn. Spec. 1105. 


GERANIACEZ. 227 


à An sterilibus Balearium haud infrequens. Floret Majo. 
Hab. in totà Europà. 


102. Hypericum romenrosum. Linn. Spec. 1106. Vulgd Tresflorina 
blanquesina. 

In insulà Majore ( Trias.). 

Hab. in Hispanià ! , Gallià mediterraneà !, Sicilià (Ortol. et Raf.), 
insulà Melità (D'Urv.), Barbarià (Desf!). 


105. Hyrerrcum penrarum. Lois. Flor. Gall. p. 490, t. 17. 
In montosis insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Majo. 
Hab. in Calabriä ! , Corsicà ! , Stoechadum insulis!. 


Oss. Les échantillons que je possède ne me paroissent pas différer de ceux de 
Provence, d'Italie et de Corse , quoique leurs feuilles inférieures, jusqu’au milieu 
de la tige, soient entièrement privées de points glanduleux, et que, dans les supé- 
rieures, on en trouve comparativement un tres-petit nombre. 


104. Acer oparus. Ait. Hort. Kew. 111, p. 436. Vulgd Rotabuc. 
Ia fissuris rupium montis Puig-Major in insulà Majore. Florebat 


Aprili. | 
GERANIACEZÆ. 


F05. GERANIUM MOLLE. Lino. Spec. 955. 
In insulà Minore (Hern.). 
Hab. in totà Europä, Barbarià (Desf!). 


106. GERANIUM ROTUNDIFOLIUM. Linn. Spec. 957. 
Ad margines agrorum in insulà Majore frequens. Floret Martio. 
Hab. in totà Europà, in Barbarià (Desf!). 


107. GENaRIUM pissecTuM. Linn. Spec. 956. 
Hab. in totà Europà , in Africà septentrionali (Desf. l-Viv.-Delil.). 


108. GERANIUM ROBERTIANUM, Linn. Spec. 955. 


228 DicoryzEDoNEs. 


In umbrosis montium insulæ Majoris prope Lluch. Floret Aprili. 
Hab. in totà Europä, in Barbarià (Desf.). 


109. Eroniuu cicurartum. DC. Flor. Fr. 1v, p. 840. 
Ad vias in Balearibus vulgatissimum. Floret Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto except. 


110. Erontum moscmarum. Willd. Spec. mr, p. 631. 
In aridis insulæ Majoris et Ebusi. Floret Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


111. Eronrum maracmornes. Willd. Spec. 11, p. 639. 
Übiquè in Balearibus florebat Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


112. Oxaurs coricuLaTa. Linn. Spec. 623. 

Ad margines viarum et in sepibus Balearium vulgatissima. Flo- 
rebat Martio, Aprili. 

Hab. in tolâ regione mediterraneà. 


113. Linuw carricum. Linn. Spec. 401. 

Inter rupes maritimas Balearium frequens. Florebat Aprili. 

Hab. in Gallià meridionali !, Italià ( Bert.- Savi.- Sebast, et 
Maur.), Corsicä (DC.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith), Bar- 
barià (Schousb. ). 

114. Linuu srricrum 8. Æ/ternum. DC. Prodr. 1, p. 424. 

In aridis Balearium haud infrequens. Florebat Aprili, Majo. 

Hab. in regno Valentino !, Catalaunià !, Gallià mediterraneä!, 
Corsicà (DC.). 

115. Livum usrrarissimum. Linn. Spec. 597. 

Colitur in agris Balearium. 


RUTACEÆ. 


116. Faconra crerica. Linn. Spec. 553. 


RESEDACEÆ , 229 
In sterilibus Ebusi prope urbem. Florebat Majo. 
Hab. in regno Valentino! , regno Algeriensi (Desf.!), Cyrenaicä 


(Viv.), Ægypto (Del.), Cretà (DC.), Sicilià (Biv. Bern.-Presl. ). 


117. Rura sracreosa. DC. Prodr. 1, p. 710.-R. chalepensis tenui- 
Jolia. D'Urv. Enum. (ex DC.). 


Ad mœnia urbis Alcudiæ in insulà Majore. Florebat Aprili. 
Hab. in Corsica ! , Sicilià (DC.), insulà Melo. (D'Urv.). 


+118. Rura ancusrirozra. Pers. Synops. 1, p. 464. 


- In aridis insulæ M£joris prope Esporlas, et Ebusi prope S. Eula- 


liam. Floret Majo. 
Hab. in Galhä mediterraneà !. 


RESEDACEÆ. 


119. Reseva ami 8. Undata. DC. Flor. Fr. Suppl. 590. À. undata. 
Linn. Spec. 644. 


Inter segetes Balearium vulgatissima. Floret Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


120. Resena LuTEoLA. Linn. Spec. 642. 
In campis Balearium. Floret Aprili. 
Hab. 1n totà regione mediterraneà. 


121. Resena Lutea. Linn. Spec. 645. 


In campis prope Artam in insulà Majore. Florebat Aprili. 
Hab. in tot regione mediterraneä, Ægypto exceptä. 


322. Resena PayTeumA. Linn. Spec. 645. 


Ad margines agrorum in insulà Majore et Ebuso frequens. Flo- 
rebat Aprili, Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptä. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 30 


230 DrcoTyLEDONESs. 


RHAMNEÆ. 


123. Raamnus ALATERNUS & Balearicus. DC. Prodr. 11, p. 23. Frutex3 
pedalis, ramosus. Folia ovata, parva, 8-10 1. longa, 5-6 |. lata, 
obtusa, denticulata, dentibus acutis, facie viridia scabra, dorso 
ferruginea, lævia. 

In montibus insulæ Majoris prope Llach. Florebat Aprili. 

B. Latifolius. Frutex bipedalis, diffusus. Fo/ia ovato-lanceolata, 
18-20 1. longa, 8-10 1. lala, acuta , serrulata, lævia, utrinquè 
viridia. 

In montibus insulæ Majoris prope Valldemosam, Esporlas fre- 
quens. Florebat Martio. 


124. Ræamus Lycrorpes. Linn. Spec. 279. 

In petrosis inter Cauviam et montem Ga/atzo in insulà Majore. 
Florebat Majo. 

Hab. in regno Valentino (Cav.), Andalusiâ (Salzm:), Atlante 
(Desf. !). 


TEREBINTHACEZÆ. 


129. Pisracra Lenriscus. Linn. Spec. 155. 
Ubique in Balearibus. Floret Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà. 


126. Ceorum rricoccox. Linn. Spec. 04. 

In collibus petrosis insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret 
Aprili. 

Hab. in Ligurià (Viv.), agro Nicæensi (DC.), Gallià mediterra- 
neà !, Hispanià (DC.), regno Tunetano (Desf. !). 


127. Jucrans REGrA. Linn. Spec. 1415. 
Colitur in humidis montium insulæ Majoris. 


LEeGuminosz. 231 


LEGUMINOSEÆ. T 


128. Anacyris rogrina. Linn. Spec. 534. 
. In collibus apricis Balearium frequens. Floret Martio, Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä. 


129. GenisrA Lucia : Foliis simplicibus, obovato-lanceolatis, sub- 
sericeis; spinis lævibus, lucidis, nudis, sæpissimè simplicibus; 
calyce subsericeo, labiis subæqualibus, superiore bipartito, infe- 
riore ultra medium trifido; petalis glabris, carinä vexillo triente 
longiore. Nob. Tab. 5. | 

Caulis tripedalis, ramosissimus, durus , spinosus , glaberrimus. 
Rarmi virides, lucidi, sulcati, spinis alternis, 6 sulcis exaratis, 
subuncialibus , simplicibus , rarissimè ramosis , nudis, mucronatis. 
Folia infra spinas nascentia, paucissima, simplicia , obovato-lan- 
ceolata vel lanceolata , brevissimè petiolata, 1 :-2 lineas longa , li- 
neam lata, utrinquè subsericea, Stipulæ minutæ , rectæ, subulatæ, 
spinescentes, basi connatæ. Ex foliorum superiorum axillis, infra 
spinas, multi nascuntur racemi 4-7 flori, spinis breviores, quasi 
paniculam constituentes. Singuli racemi rachis 5-4 foliata , pilis ad. 
pressis subsericea. Flores brevissimè pedicellati. Bracteæ in summo 
pedicello 2, calycem stipantes, subulatæ, brevissimæ. Calyx bila- 
biatus, subsericeus, 2 lineas longus ; tubo campanulato; labiis tubo 
paulà longioribus, superiore bipartito, inferiore ultra medium tri- 
fido, segmentis omnibus lineari lanceolatis, acutiusculis. Petala 
calyce longiora , lutea : vexillum ovato-lanceolatum , acutum, erec- 
tum , conduplicatum , 3 lineas longum, lineam et dimidiam latum, 
dorso villosiusculum : alæ vexillo pauld breviores, oblongæ , longè 
unguiculatæ, limbo basi ciliolato : carina vexillo triente longior, 
oblonga, villosiuscula, limbo basi utrinquè auriculato, auriculis 
ciliatis. Samira 10, monadelpha : filamentis 5 longioribus, 5 al- 
ternis triente brevioribus, antheris longiorum oblongis, breviorum 


30 * 


232 DrcoryrEebones. 


minoribus ovato-oblongis, omnibus subsagittatis, dorso aflixis. Ova- 
rium minimum , ovoideo-compressum , à medio ad apicem pilosius- 
culum , lineâ suturali longitudinaliter notatum ; ovulis 6 subrotun- 
dis. Stylus filamenta superans, filiformis, subglaber, basi pilis raris 
inspersus , apice incurvus, æqualis, truncatus. Legumenr non vidi. 

In collibus petrosis circa Artam in insulà Majore vulgatissima. 
Florebat Aprili. 


Expl. tab. NV. 1 Flos auctus.— 2 Calyx.— 3 Vexillum.— 4 Alæ.— 5 Carina. — 
6 Tubus stamineus.— 7 Pistillum. 


Oss. Cet arbuste se rapproche du G. scorpius DC., tel qu’on le trouve dans la 
région méditerranéenne, mais il se distingue facilement de cette espèce par ses 
rameaux luisans, par ses épines qui ne portent jamais ni fleurs ni feuilles, par sa 

A L = : r . . 
carêne d’un tiers plus longue que l’étendard ; non égale à ce dernier. 

Je crois utile de donner ici la phrase spécifique du G. scorpius qui suffira pour 
le distinguer du G:. lucida. 


G. scorpius. (DC. Flor. Fr. 1v, p. 498). Foliis simplicibus , obo- 
vatis, sericeis; spinis pubescentibus, floriferis, ramosis; calyce 
glabro, labio superiore bipartito, inferiore paulo longiore, ultra 
medium trifido; petalis glabris, carinà vexillum æquante. 


130. G. civerea. DC. Flor. Fr:1v, p. 494. 

In fissuris rupium montis Puig-de-Malluch in insulà Majore. Flo- 
rebat Aprili. 

Hab. in olearum regione ab Aragonià ad Nicæam (DC.) (1). 


(1) M. de Lamarck a décrit sous le nom de Spartium multicaule, une plante que 
l’on croyoit originaire des Baléares, et qui se trouve mentionnée dans le Catalogue 
du Jardin de Paris, sous le nom de Genista multicaulis ; mais un examen plus 
sévere a prouvé depuis à M. Desfontaines que ce prétendu Genet n’étoit autre chose 
qu'un échantillon défiguré de l’Anthyllis hermanniæ ; il a donc rayé le G. multi- 
caulis du nombre des espèces dans la nouvelle édition qu’il prépare du Catalogue. 
Je dois cette observation à M. Desfontaines. 


PPT 


d. termes 1e de r 


RS: VS 
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EN 7 
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GANT : 
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P1.5. GENISTA ZLUCIDA Woë. 


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Lrceumiosx.: 233 


. 231. Cvrisus spnosus. Lam. Dict. 11, P- 247. . 
- In anontosis Balearium vulgaris. Floret Aprili. 
Hab. in Gallià mediterraneà !, Italiâ (Bert.-Savi), Corsicâ!, Si- 


gilià (Ortol. et Raf.), Barbariâ (Desf. !-Viv.). 


132. Cyrisus camGerus. DC. F1. Fr.1v, p.504.-Spartium lanigerum. 
Desf.! Atl. 11, p. 154.-8. villosum Poir: Voys 11, p. 207. 

In insulà Minore ( Hern.). 

Hab. in Etrurià (Savi), Corsicä! , Græcià et Archipelagi insulis 
(Smith), insulà Melo (D’Urv.), Cretà (DC.), Barbariä (Desf. !), His- 
panià prope Heracleam (DC.). 


183. Cyrisus arcenreus. Linn. Spec. 1043. 

In petrosis insulæ Majoris prope Artam , Cauviam. Floret Aprili. 

Hab. in Galliä mediterraneä !, agro Nicæensi (DC.), regno Nea- 
politano (Tenore), regno Algeriensi et Atlante (Desf. !). 


134. Ononis crispa. Linn. Spec. 1010. 
In insulà Minore ( Æern.). 
Hab. in insulà Cypro (Smith.). 


135. Ononis narrix &. DC. Prodr. n, p. 159.-O. pinguis. Linn. 
Spec. 1009. 
- In arenosis Balearium vulgatissima. Floret Martio, Aprili. 


136. Orons næquironta: DC.! Prodr: 1, p.165:-Ænonis'orientalis 
pentaphylla et heptaphylla viscosa. Vaill.! Herb. 

Variat vexillo flavo et rubro striato. An satis ab. O. Natrice dis- 
tincta? d 

In arenosis maritimis Ebusi. Florebat Majo. 


Hab. in Oriente (Vaill. Herb.), - Corsicà prope S.-Florent!, Oc- 


«citanià prope Monspelium !. 


* 137. Oxoms Pusescens. Linn. Mant. 267,-DC. Prodr; HE, sp: 160 - 
O. Morisoni, Gouan Illustr. 47 (ex DC. I. c.). 


234 DicoryLEDONEs. 


In Balearibus, (Gouan I. c.). 
Hab. in agro Monspeliensi, Hispaniä, Barbariâ, Archipelagi 
insulis (DC.). 


138. Ononis orniTaoponiomes. Linn. Spec. 1009. - 

Inter rupes insulæ Majoris prope S0 Ferendell. Florebat Aprili. 

Hab. in Andalusià (Salzm.), regno Valentino (Cav.), Corsicä!, 
Etruriä (Savi), insulà Caprearum! , Græcià et insulà Cypro (Smith), 
regno Tunetano (Desf.!). 


139. Ononis recinaTA. Linn. Spec. 1o11. 
In insulâ Minore {Hern.). 
Hab. in Andalusiâ!, Occitanià (DC.), Calabriä ! , Corsicä !. 


140. Ononis minurissiwa. Linn. Spec. 1007.-0. barbata Ca. Ic. 
t'T08 

In montibus insulæ Majoris prope Esporlas , Valldemosam , Cau- 
viam. Floret Aprili, Majo. 

-Hab.. in Hispanià !, Gallià mediterraneä !, agro Genuensi (Bert.). 


141. AnTuyLus cyrisoines. Linn. Spec. 1013. 

Frequens in collibus aridis inter Palmam et Cauviam in insulà 
Majore. Floret Aprili, Majo. 

Hab. in Andalusiâ (Salzm.), regno Valentino! , Ruscinonensis 
agri et Provinciæ locis calidioribus (DC.). 


142. ANTHYLLIS VULNERARIA y Rubriflora. DC. Prodr. 11, p. 170.- 
A. vulneraria, Desf. ! Atl. x, p. 151. 

In eodem loco variantem vidi radice perenni et annuë. 

Ïn collibus maritimis prope Artam in insulà Majore. Floret Aprili. 

Hab. in Occitaniâ!, Provinciä!, agro Genuensi (Bert.), agro 
Romano (Sebast. et Maur.), insulà Caprearum ! , Græcià , Cretà et 
insulà Zacyntho (Smith), Cyrenaïcà (Viv.), regno Algeriensi (Desf. !). 


143. ANnTHyLLIS TETRAPHYLLA. Linn. Spec. 1012. 


Leeuminosz 235 


In aridis insulæ Majoris prope Artam, Palmam, Cauviam fre- 
quens. Floret Aprili. 

Hab. in Ardalusià !, regno Valentino!, Occitaniàä (DC.), Pro- 
vinciâ !, agro Nicæensi!, agro Genuensi (Bert.), Etruriâ (Savi), 
agro Romano (Sebast. et Maur..), regno Neapolitano (Tenore), Sici- 
lià (Ortol. et Raf.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith). 


144. Menicaco Lururina. Linn. Spec. 1097. 
Ad vias et margines agrorum in insulà Majore frequens. 
Hab. in Galliä!, Italiä!, Græcià, agro Byzantino et insulà Cypro 


(Smith). 


145. Menicaco arsorea. Linn. Spec. 1096. 
In insulà Majore prope Esporlas. Florebat Majo. An spontanea?. 
Hab. in regno Neapolitano!, Græcià et Archipelagi insulis (Smith). 


146. Mepicaco orsicuraris. AIL. Flor. Pedem. n. 1150.-7. poly- 
morpha a. Desf.! Atl. 11, p. 210. 

In montibus insulæ Majoris prope Lluch. Floret Aprili. 

Hab. in Gallià meridionali!, agro Nicæensi (AIL), agro Romano 
(Sebast. et Maur.), agro Bysantino (Smith), Ægypto ( Del.), Barbariä 
(Desf. !). 


147. Mepicaco scurezrarTa. All. Flor. Pedem. n. 1155. -M. poly- 
morpha (B. scutellata. Desf. Atl. 11, p. 211. 

Ad margines agrorum prope Esporlas in insulâ Majore. Florebat 
Aprili. 

Hab. in Occitaniä!, Provinciäà!, agro Nicæensi (AIL.), Græciâ 
et Archipelagi insulis (Smith), Barbariä (Desf.!). 


148. Menicaco rusercurara ? Willd. Spec. mr, P- 1410. 

Caulis sesquipedalis, ramosus, angulosus, glaber. Folia trifo- 
liata : foliola 3-4 lineas longa, 2-3 lineas lata, obcuneata, apice 
sæpè obcordata , à basi ad medium integra, à medio ad apicem 
dentata , dentibus acutissimis, nervosa, supernè glabriuscula , 


236 DrcoTyrEeDones. 


subtùs pubescentia, lateralia subsessilia, terminale pedicellatum, 
pedicello circiter lineam longo. Stipulæ ovato-lanceolatæ, laciniatæ, 
laciniis subulatis, glabriusculæ. F/ores in axillis foliorum subsoli- 
tarii :-pedunculi folio longiores , uniflori, pubescentes, infra apicem 
instructi bracteis duabus lineari-subulatis, et aristâ (pedunculo floris 
abortivi)brevi, subulatà. Ca/yx infandibuliformis, ultra medium 5- 
fidus, puberulus, tubo 10-nervio, segmentis uninerviis, lineari- 
lanceolatis, subulatis. Petala non vidi. Legumina ellipsoidea, 
cochleata , in spiram contorta, 3 lineas longa , 2 lineas lata , glabra; 
anfractus 7, dorso tuberculis brevibus, acutiusculis, subspinosis, du- 
plici serie dispositis instructi. Semina reniformia, apice subtrun- 
cata, lævia, fusca. 

In insulà Minore ( Hern.). 

Hab: in Corsica !. 


149. Menicaco marina. Linn. Spec. 1097. 
In arenosis maritimis Balearium vulgatissima. Floret April. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


150. Meprcaco urroraus. Rohde in Loisel. Not. 118. non Tenore 
(ex Ser. in DC. Prodr.) 

In arenosis maritimis insulæ Majoris frequens. Floret Martio. 

Hab. in Occitaniâ et Provincià (DC.) , agro Genuensi (Bert.). 


151. Menicaco minima. Lam. Dict. 111, p. 656. 

In aridis montium insulæ Majoris et Ebusi. Floret Martio, Aprili. 

Hab. in Gallià !, Italiä (Bert.-Sebast. et Maur.), Græcià (Smith), 
Barbariä (Desf.!). 


152. Menicaco macuLara. Willd. Spec. m1 p. 1412. 

In agris prope Valldemosam in insulà Majore. Floret Martio, 
Aprili. - 

Hab. in Galliâ!, Itahiä!, Græciâ.et Archipelagi insulis (Smith), 
agro Byzantino (D’Urv.). 


Lrcuminossx. 237 


153. Menicaco wrenrexra. Willd. Spec. m1, p. r411.— M. poly- 
morpha d'intertexta. Desf.! Atl. 11, p. 2x1. 

In agris Ebusi. Cum fructibus lecta Majo. à 

Hab. in Gallià meridionali!, agro Romano (Sebast. et Maur. ), 
insulà Samo (d'Urv.), Ægypto!, regno Algeriensi ( Desf. !). 


154. Meurorus rrarica. Lam. Dict. 1v, p. 68. — Trifolium itali- 
cum. Willd. Spec. mr, p. 1356.—Melilotus rotundifolia. Tenore Flor. 
Nap. Prodr. Suppl. 1, p.66. 

In agris prope Esporlas in irsulà Majore. Florebat Martio. 

Hab. in regno Neapolitano!, Græcià circa Athenas ( Smith}, 
novä Camino insulà (D’Urv.), regno Algeriensi (Desf.). 


155. Merrrorus surcara. Desf.! Atl. 11, p. 195.- Trifolium mau- 
ritanicum. Willd. Spec. 111, p. 1354.- Melilotus longifolia. Tenore 
Prodr. Suppl. 1, p. 66 (ex Ser. in DC. Prodr.).- Trifolium sulcatum. 
Viv. Elor. Lyb. Spec. 45. 

In agris Balearium frequens. Floret Aprili. 

Hab. in regno Neapolitano (Tenore), Sicilià ( Smith}, insulä 
Melo ( D’Urv.), Ægypto (Del.), Cyrenaïcâ (Viv.), regno Alge- 
riensi (Desf.!). 

B. major : M. compacta. Salzm. ! Herb. Tingit. 

In arvis Ebusi. Florebat Majo. 

Hab. in Corsicà ! , Barbarià prope Tingidem !. 


Oss. Cette varicté est remarquable par sa tige presque simple qui s'élève à 
environ deux pieds, et par ses feuilles et ses fleurs du double plus grandes que dans 
! la forme ordinaire. Ces caractères sont constamment les mêmes dans les échan- 
tillons recueillis en Corse, à Iviza et auprès de Tanger; cependant, apres une 
analyse exacte des parties de la fructification, il m’a paru impossible de la distin 
guer comme espèce. Dans les deux formes des Baléares les fruits sont mono- 
spermes, et les graines sont couvertes de petites aspérités. 


156. Trirouum anGusrirouium. Linn. Spec 1503. 


Mém. du Muséurn. 1. 14. 37 


238 DicoryzeDoness. 

In insulà Minore ( Hern. ). | 

Hab. in Galliäâ meridionali!, Italiâ (Sebast. et Maur.—Bert.), 
Græcià et Archipelagi insulis (Smith), prope Trapezum (D'Urv.), 
in Cyrenaïcà (Viv.), Barbarià (Desf. ! ). 

157. Tairocium sTELLATUM. Linn. Spec. 1083. 

In sterilibus Balearium frequens. Floret Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto except. 


158. Trirouium uysripum. Savi Flor. Pis. 17, p. 90.—T". pallescens. 
DC. Flor. Fr. Suppl. 555, non Schreb. — 7! Vaillantii. Tenore ! 
Prodr. xziv, non Poir. nec Lois. — 7. polyanthemum. Tenore ! in 
Herb. Gay. 

In collibus maritimis insulæ Majoris prope Artam ; in ins. Minore 
(Hern. ). Florebat Aprili. 

Hab. in Ruscinonensi agro!, Occitaniâ!, agro Mediolanensi!, 
Etrurià !, regno Neapolitano ! , Corsicà !. 


159. TRIFOLIUM FRAGIFERUM. Linn. Spec. 1086. 

In insulâ Minore ( ern.). 

Hab. in Galliä meridionali!, Italiä!, Siciliâ (Biv. Bern. ), Græ- 
cià et Archipelagi insulis (Smith), insulâ Melo (D’Urv.). 


160. Trirorium ToMENTOsuM. Linn. Spec. 1086. 
In collibus maritimis prope Artam. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


161. Trirorrum Tumens. Stev. lin M. B. Flor. Taur. Cauc. u, P- 217. 

Radix perennis;fibras plurimas capillares emittens. Caulis 4-5 un- 
cias longus, repens, glaber. Folia glaberrima , longissimè petiolata, 
foliolis obovatis, brevissimè petiolulatis ; apice subemarginatis, sub 
lente tenuissimè serrulatis, transversim striatis. Stipulæ ovato- 
acuminatæ , basi dilatatæ , petiolum amplectentes. Flores capitati, 
densi , pedunculo communi elongato, foliis paulà longiore; capitulo 
subrotundo; bracteis lanceolatis, subulatis, calycem æquantibus. 


Lecuminosz. 239 


Calyx oblongo-campanulatus teretiusculusve ; 2lineas longus, 5 den- 
tatus, dentibus erectis, lineari-lanceolatis , uninerviis, duobus su- 
perioribus paulù longioribus ; tubo latere exteriore glabro , interiore 
(axem capituli spectante) à basi ad apicem præsertim supra medium 
villosissimo. Corolla calyce duplà longior : alæ cum carinà connatæ : 
vexillum alis triente longius, oblongum. Ovarium ovoideum, 1-2 
ovulatum. Legumen matürum non vidi. 
In insulâ Minore (Hern.). 


‘Os. J'ai, comparé l'échantillon de cette plante qui m’a été communiqué par 
M. Hernandez, à ceux de l’herbier de M. Gay, recueillies par M. Steven aupres de 
Nasiabab sur les bords de la mer Caspienne, et je n’ai trouvé entre eux aucune 
différence. Les fleurs dans les exemplaires de M. Steven sont plus grandes, mais ce 
caractere paroît tenir au port des échantillons comparés ; ceux de Georgie ayant 
dix pouces environ de haut , tandis que celui de Minorque est de moitié ges petit. 


162. TriFoLium PRocUMBENS GB. Campestre. Ser. in DC. Prodr. nr, 
p. 205. — T. campestre. Schreb. 
Inter rupes maritimas Balearium frequens. Florebat Aprili , Majo. 


163. Trirozrum rirorme. Linn. Spec. 1088. 
In aridis Ebusi circa S. Inès. Florebat Majo. 


164. Dorvenuu recrum. Ser. in DC. Prodr. 11, p. 208. — Lotus 
rectus. Linn. Spec. 1092. 

In fossis Ebusi. Florebat Majo. 

Hab. in Gallià meridionali!, agro Romano (Sebast. et Maur.), 
regno Neapolitano! , Sicilià (Ort. et Raf.), Græcià et insulis Cretä 
et Zacynto (Smith), Barbariä (Desf. !). 


165. Dorveniom æmsurum. Ser. in DC. Prodr. 11, p. 208. Lotus 
hirsutus. Linn. Spec. 1091. 
Ad margines agrorum in Balearibus haud rarum. Florebat Majo. 
: Hab. in Galliâ meridionali ! , Itahià ! | Græcià et insulis Cretà et 
Cypro (Smith), Barbariä (Desf. !). 
Gi di 


240 DrcoryLEDONES. 


166. Dorxeniuu surrruricosum. Vill. Dauph. 111, p. 416. — Lotus 
dorycnium. Linn. Spec. 1003. 

Ubique in aridis Balearium. Florebat Aprili. 

Hab. in Hispanià ! , Gallià meridionali !, Italià ! , Græcià (Smith), 
Barbarià (Desf. !). 


167. Lorus Epuris. Linn. Spec. 1090. 

In aridis circa Artam in insulâ Majore ; in Ebuso (DC. ). 

Hab. in Hispanià meridionali! , Provincià et agro Nicæensi (DC.), 
Corsicä!, agro Neapolitano!, Calabriä!, Sicilià (Ort. et Raf.), 
Græciâ et insulis Cypro et Zacynto (Smith), regno Algeriensi 
(Desf. !). 


168. Lotus ornrHopomoipes. Linn. Spec. 1091. 

In agris prope Valldemosam, Artam in insulà Majore. Floret Aprili. 

Hab. in Hispanià (Cav.), Gallià meridionali et agro Nicæensi 
(DC.), agro Genuensi (Bert.) , agro Romano (Sebast. et Maur.), re- 
gno Neapolitano!, insulà Caprearum! , insulà Melo (D’Urv.), regno 


Algeriensi (Desf.!). 


169. Lorus rerraruyzrus. Linn. Fil. Suppl. 340.—Ser. in DC. 
Prodr. 11, p. 210 (excluso Syn. Viv.). — Tab. 6. 

Radix perennis, fusca. Caules ex eädem radice plures , ramosis- 
simi prostrati, sæpissimè 5-4 uocias longi, aliquando : pedalem 
vel ? pedalem altitudinem attingentes, teretes, virides , glabrati. Fo- 
lia exstipulata, bijuga cùm impari; foliola pilis adpressis utrinquè 
præsertim dorso subsericea , facie viridia, dorso glauca ; 3 superiora 
majora, 2 : lineas longa, lineam et dimidiam lata , cuneata, truncata 


aut emarginata, mucronulata , 2 inferiora dimidid minora , oblongo- 


ovata aut sublinearia, alterum aut rarius utrumque deficiens. Pedun-. 


culi 1-3 unciales, terminales, rariùs axillares , uniflori, glabriusculi, 
sub flore unibracteati, bracteà (folio imperfecto) tripartità, lobo 
medio majore, lateralibus sæpissimè caducis abortivisve. Calyx 


Tab.6. ZOTUS TETRAPHYLLUS. Lin. fl. 


| 2 Et É 
| : : = _ À 7 


LEecuminosz. 241 


subsericeus , 5 fidus , segmentis subulatis, bilabiatis , duobus supe- 
 rioribus alteroque inferiore carinæ subjecto pauld majoribus; tubo 
campanulato , 5-nervi. Pelala calyce dimidid longiora , lutea : 
vexillum unguiculatum , ungue calycis tubum subæquante, limbo 
subrotundo extùs atro-purpureo :-alæ vexillo pauld breviores , 
oblongæ , unguiculatæ , basi, laiere superiore, auriculatæ : carina 
alas æquans, apice abruptè arcuata et longè rostrata, basi bifida 
diusguiculata, genitalia includens. Filamenta 10, diadelpha ; al- 
ternè dimidid longiora et apice dilatata, clavata, antheris basi affi- 
xis , ex Cavo filamenti apice nascentibus (1); alternè filiformia, æqua- 
lia ; antheris flavis, infra medium dorsum affixis. Ovarium lineare, 
gracile , glabrum , 9-10 ovulatum. S{ylus abruptè genuflexus, lon- 
gitudine ipsius ovarii. Stigma MES Legumen junius calyce 
longius. 

Lotus pusillus. Viv. (Flor. Lyb. Spec. p. 47, t. 17, f. 13) ex icone 
et descriptione à nostro cert differt : 1° caule multd humiliore; 2° ra- 
dice verisimiliter annuâ ; 3° caule foliisque hirsutis , non subsericeis ; 
4 foliis ellipticis non cuneatis, nec retuso-truncatis; 4° + Era 
culis folio triplù nec decuplè longioribus, etc. 

In aridis insulæ Majoris prope Artam ad ingressum speluncæ 
Cueva de la Ermita. Florebat Aprili. 


Expl. tab. 6. 1 Folia aucta.—2 Flos. — 3 Calyx.— 4 Vexillum.—5 Ale. — 
6 Carina.— 7 Stamina duo sub lente validiore.— 8/Flos calyce petalisque resectis. 
— 8 Pistillum. 


Os. Linné fils, qui a le premier fait connoître cette plante d’après des.échan- 
tillons recueillis aux Baléares par Richard, lui donna le nom de Z. tetraphyllus , 
faisant allusion à l’avortement , qu’il croyoit constant , de l’une des folioles infé- 
rieures.. Mais il décrivit cette foliole comme une stipule, et les auteurs qui ont 
parlé depuis de cette plante n’ont point hésité à adopter son opinion. Si l’on consi- 


(1) Gette organisation se rencontre tres-souvent dans les genres Lotus et Do— 
rycrnium: 


242 DicoTyLEDONESs. 


dére.cependant que cette prétendue stipule est souvent unique, qu’elle naît sur le 
pétiole, non sur la tige , et qu’elle est aussi distinctement pétiolulée que les folioles 
supérieures, on n’hésitera pas, je crois, à la considérer comme une vraie foliole, 
quoïque les supérieures aient une forme un peu différente. 


170. Lorus creriaus. Linn. Spec. 1091. 

Ubique in arenosis maritimis Balearium. Floret Aprili, Majo. 

Hab. in regno Valentino! , Andalusiä!, Barbarià (Desf.!—Viv.), 
Ægypto ( Del.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith — D’Urv.), 
Corsicä! , Ligurià (Viv.). 


171. Lorus cornieuraTus. Linn. Spec. 1092. 
Ubique in Balearibus. Floret Martio , Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


172. Psorarea BrTuminosa. Linn. Spec. 1057. 

Ad vias in Balearibus frequens. Floret Aprili, Majo. 

Hab. in Hispanià !, Gallià meridionali !, Italiä!, Archipelagi insulis 
(Smith), Syrià!, Barbariä (Desf.!). 


173. PsoraLea PazæsTIna. Gouan Illustr. 51. 
Hab. in Palæstinà , Syrià , agro Byzantino ( DC. ). 


Os. On trouve quelquefois cette plante au port Juvénal, auprès de Montpellier, 
mais elle y est trop rare pour qu’on puisse la regarder comme naturalisée. Elle ne 
diffère du P. bituminosa que par ses folioles oyales-oblongues dans le bas de la 
plante, toujours beaucoup plus grandes, presque glabres; par ses fleurs d’un bleu 
foncé ; enfin parce qu’elle ne répand pas une odeur bitumineuse aussi prononcée. 
Ces caractères méritent-ils qu’on la considere comme une spèce edistincte? 


174. AsrRAGALUS POTERIUM. Vahl. Symb. 1, p. 65.— Tragacantha 
altera. Clus. Hist. 107.— Tragacantha altera, Poterium fortè. VW. 
6°#100.1c. 

In collibus aridis insulæ Majoris prope Artam , Pollensam , 
Lluch. Florebat Aprili. 

Hab, in Andalusiâ prope Gades, et in regno Granatensi (Clus.). 


Lrcuminosz. 243 
195. ScorPrunus susvinrosa. Linn. Spec. 1050. 
In agris insulæ Majoris prope Artam, necnon in Ebuso. Floret 
Aprili, Majo. 
Hab. in Hispaniä ! , Galliä meridionali!, Italiâ (Bert. — Savi. — 
Sebast. et Maur..), Corsicâ!, insulà Astipalæä (D’Urv.), regno Aloc- 
riensi ( Desf. !). 


176. Asrrozosrum scorrromes. DC. Prodr. LU, p. 311. — Ornithopus 
scorpioides. Linn. Spec. 1049. : 

In agris inter Artam et montem Puig-Ferrutx in insulà Majore. 
Florebat Aprili. c 

Hab. in totâ regione mediterraneà Ægypto exceptà. 


177. Hwpocreris sarearica. Jacq. Mise, 1, p. 305.-—Ic. Plant. 
Rar. 1, t. 149. 

In fissuris rupium montium insulæ Majoris prope Esporlas, 
Lluch. , eic., frequens. Floret Aprili ; fructus maturat Junio. 


178. Hierocreris unisriquosa. Linn. Spec. 1049: 
In aridis Balearium frequens. Floret Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto excepta. 


179. Hirrocreris ciraTa. DC. Prodr.u, p. 313: 

Variat pedunculis 2-6 floris. 

In aridis insulæ Majoris prope Artam, Esporlas. Floret Aprilr. 

Hab. in Hispaniä!, Apuliä !, Siciliä et Tauri4 (DC. ). 

180. Hepysarum sPinosissimum. Linn. Spec. 1058. 

In agris insulæ Majoris prope Artam: Florebat April. 

Hab. in Andalusià (Salzm.), Provincià !, agro Nicæensi (DC), 
Apulià !, Aprutio!, Corsicâ!, insulà Melo! , insulâ Cypro (Smith }- 

r61. CIGER ARIETINUM. Linn,, Spec. 1040: 

Colitur in agris Balearium. 


182. Fasa vuzcaris. Moœnch: Meth. 130. 


244 DicoTyLEDONEs. 


Ubique in agris Balearium cuita, cibum usitatissimum rusticis 
præbet. 


183. Vicra saTivA. Linn. Spec. 1037. 
In sepibus insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Aprili, Majo. 
Hab. in totà regione mediterranei. 


184. Vicra Larayromes. Linn. Spec. 1037. 

In insulâ Majore prope Valldemosam, Artam. Floret Aprili. 

Hab. in Galliâ!, Italià (Bert.—Savi.—Sebast. et Maur. ), Corsicä 
(Ser.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith). 


185. Vicra craciis. Lois. Flor. Gall. p. 460, t. 12. — Ervum gra- 
cile. DC. Cat. Hort. Monsp. p. 109. —EÆ. tetraspermum [. gracile. 
Ser. in DC. Prodr. nr, p. 367. 

In montibus prope Lluch, et in arenosis maritimis prope Artam 
in insulà Majore. Florebat Aprili. 

Hab. in Galliä! , Etruriâ (Savi), agro Romano ( Sebast. et Maur. ). 


186. Pisum sarivum. Linn. Spec. 1026. 
Colitur in hortis Balearium. 


187. Laruyrus Apaca. Linn. Spec. 1020. 
In insuläMajore frequens. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


188. Laravrus serirouius. Linn. spec. 1031. 

In montibus insulæ Majoris prope Artam, Soller. Floret Aprili. 

Hab. in Gallià meridionali!, Italiä ( Bert. — Savi. ), Græcià 
(Smith). 


189. LATHYRUS sATIVUS. Linn. Spec. 1020. 


Colitur in hortis Balearium. \ 


190. Larayros cicera. Linn. Spec. 1030. — Z. dubius. Tenore !, 
Cat. Sem. Ann. 1825 collect. p. 5 et 11 (ex Gay). 


LEcuminosz. 245 


Ia agris insulæ Majoris frequens. Florebat Martio, Aprili. 
- Hab. in totä regione mediterrane4. 


191. Laruvrus mrayious. Ser. in. DC. Prodr. 11, p. 374.—Vicia 
bithynica. Linn.Spec. 1038. 

In montibus insulæ Majoris prope Lluch frequens. Florebat 
Aprili. 

Hab. in Gallià meridionali !, Etrurià (Savi.), agro Romano 
(Sebast. et Maur. ), Græciä (Smith), insulä Melo (d’Urv.). 


192. Larayrus crymenum. Linn. Spec. 1032. 

In monte Puig-de-Torrella in insulà Majore; necnon in insulâ 
Minore (Æern.). Floret Aprili. 

Hab. in Andalusiä (Salzm.), Gallià mediterraneä (DC.), agro 
Byzantino (Smith), Barbariä ( Desf ! ). 


103. Laravnus ocarus. DC. Flor. 1v, p. 578.—Pisum ochrus. Linn. 
Spec. 1027. 

In insulâ Minore ( Hern.). 

Hab. in Occitanià et agro Nicæensi (DC.), Etruriä (Savi), agro 
Romano (Sebast. et Maur.), Græcià et insulis Cretâ et Zacynto 
(Smith), Barbarià !. 


104. Lupnus rirsurus. Linn. spec. 1015. 

In insulà Minore (Æern. ). 

Hab. in Hispaniâ (DC.), Gallià meridionali !, Corsicä !, regno 
Neapolitano (Tenore), Græciä, Zacynto et Archipelagi insulis 
(Smith), Ægypto (Delille), regno Algeriensi ( Desf.). 


195. Acacra Farnesiana. Willd.Spec. 1v, p. 1083. 
Ubique in hortis Balearium culta, nunc quasi spontanea. 


106. CeraroniA srciQua. Linn. Spec. 1513.— Vulgd Garrovér. 
In agris Balearium, præcipuè in insulà Majore, culta. 
Colitur in totà Africà septentrionali , Asià minore, agro Byzantino, 


Mém. du Muséum. 1. 14. 32 


246 DicoryLEDonezs. 

Græcià et Archipelagi insulis (Smith), insalà Melità (Forsk.), 
regno Neapolitano (Prosp. Alp.—"Tenore. ), ad littora prope por- 
tum Herculis Monæci ! , in Hispanià meridionali !. 


ROSACEÆ. 


197. Amyeparus communis. Linn. Spec. 677. 
Colitur in campis Balearium. 
Colitur in totà regione mediterranei. 


198. Persica vurcaris. Mill. Dict. n. 1. 
Colitur in hortis Balearium. 


109. ArmenrAcAa vurGaris. Lam. Dict. 1, p. 2. 
Colitur in hortis Balearium. 


200, Prunus spiNosa @& vulgaris. Ser. in DC. Prodr. 11, p. 532. 

Ad sepes in Balearibus frequens. Floret Aprili. 

Hab. in totà Europà. 

B foliis synanthiis. In montibus insulæ Majoris haud rara. Floret 
Aprili. Folia simul cum floribus emittit. 


201. Prunus pomesrica, Linn. Spec. 680. 
Colitur in hortis. 


202. Cerasus suuiAana. DC. F1. Fr. 1v , p. 482. 
Colitur in campis et hortis. 


203. Rusus rruricosus. Linn. Spec. 707. 
Ad sepes in Balearibus frequens. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


204. Fracarna vesea. Linn. Spec. 705. 
In montibus insulæ Majoris. Colitur in hortis. 


205. PorenTicra Reprans. Linn. Spec. 714. 


Lt. 


RosAcez. 247 
Ad sepes et vias in insulà Majore frequens. Martio, Aprili Floret. 
Hab. in totà Europä. 


206. AcrimonrA EuPATORIA. Linn. Spec. 643. 
Ad margines agrorum in insulà Majore. Florét Aprili, Majo. 
Hab. in totà Europä. 


207. Porerium sançuisorsa. Linn. Spec. 1411. 
In agris insûlæ Majoris prope Valldemosam. Floret Aprili. 
Hab. in totà Europä, Ægypto (Delille). 


208. Rosa semrervirens. Linn. Spec. 704. — R. moschata Desf. ! 
Atl. 1, p. 400.—R. atrovirens. Viv. Flor. Ital. Fragm. p. 4, t. 6. 

In insulà Minore. (Æern.) 

Hab. in Galliâ meridionali (DC. ), Italià (Sebast. et Maur.—Viv. ), 
Græcià (Smith.), Barbariä (Desf. ! ). 


209. Rosa Ru»IGINOSA © sepium. Ser, in DC. Prodr. x, p. 617. — 
R; sepium Thuill. Flor. Par. ed. 2, p. 252. 
In aridis inter Cauviam et montem Galatzo. Florebat Majo. 


210. MesriLus oxyAcANTHA War. monostyla.—Cratægus monogyna 
Jacq. Austr. t. 202, f. 1. — Mespilus monogyna Smith is Græc. 


Prodr. 1, p. 341. 
Ad sepes in insulâ Majore frequens. Florebat Aprili. 


211. Pyrus communs. Linn. Spec. 686... 
Colitur in hortis. 


212. Pyrus marus. Linn. Spec. 686. 
Colitur in hortis. 


213. Pyaus sorus. Goertn. Fruct. 11, p. 45, t. 87. 
Colitur in hortis. 


214. CyponrA vurcaris. Pers. Synops. 11, p. 40. 
Colitur in hortis. 


248 DircoryreDonezs. 


MYRTACEÆ. 


215. Myrrus communis. Linn. Spec. 673. 

In montibus Balearium frequens. 

Hab. in Provincià meridionali et agro Nicæensi (DC.), Etrurià 
(Savi), agro Romano (Sebast. et Maur.), regno Neapolitano (Te- 
nore ), Corsicà !, Græcià et Archipelagi insulis (Smith), Cyrenaïcâ 
(Viv.), regnis Algeriensi et Tunetano ( Desf. ). 


216. Puica Granarum. Linn. Spec. 676. 
Ad sepes in insulà Majore. Colitur in hortis. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


SALICARIEÆ. 


217. Lyrrum crærrer. Tenore! Flor. Nap. Prodr. Suppl. 2, 
p- axvin. — L. acutangulum. Lag. Gen. et Spec. Nov. p. 162. 

Radix annua , ramosa , fibras plurimas capillares emittens. Cau- 
lis 1-2 pedalis, parm ramosus , basi subteres , supra medium angu- 
losus, glaberrimus, rubellus. Folia inferiora opposita , oblongo- 
elliptica, obtusa, 5-4 lineas longa, 2-2 : lineas lata; superiora 
alterna, gradatim attenuata et elongata, linearia, acutiuscula; omnia 
sessilia, uninervia. Flores in axillis foliorum solitarii, brevissimè 
pédunculati, erecti, bracteis duabus medio pedunculo insertis , op- 
positis, brevissimis, subulatis instructi. Ca/yx primüm infundibu- 
liformis, demüm tubulosus, 2-3 lineas longus, 6 costatus, 12 nervosns, 
12 dentatus : dentes æquales subdeltoidei; 6 (costis tubi responden- 
tes) petalis oppositi, quasi exteriores ; 6 ( sulcis respondentes ) pe- 
talis alterni, quasi interiores. In æstivatione dentes calycini 6 pe- 
talis oppositi, erecti, 6 iisdem alterni inflexi, valvati, genitalia 
foventes. Petala et filamenta replicativa. Petala 6, 3 lineas longa, 
2lineas lata, summo tubo inserta, obovata, integra,unguiculata, 3-ve- 


OnAGRARIÆ.—Ficoinez. 249 


nia, venis duabus lateralibus vix notatis subunivenia, rosea. Sta- 
. mina 12, calycis nervis ferè ad basin tubi inserta , duplici serie dis- 


posita ; 6 petalisalterna superiora , petalis paulè breviora; 6iisdem 
opposita inferiora , dimidio breviora, calycem vixsuperantia ; omnia 
ante anthesin brevia, inclusa : filamenta filiformia, glabra : antheræ 


- mediodorso insertæ, oblongæ, sub lente utrinquè emarginatæ, luteæ, 


biloculares, longitudinaliter dehiscentes. Pistillum calycis fundo in- 
sertum , brevissimè stipitatum, filamentis longioribus brevius, gla- 
brum. Ovarium oblongo-lineare, biloculare, apice attenuatum in 
stylum teretem : stigma capitatum, papillosum : Ovula plurima, 
medio dissepimento affixa. Fructum non vidi. Variat calyce 10-den- 
tato , petalis 5, staminibus 10. 

Differt a L. kyssopifolio floribus distinctiùs pedunculatis ; den- 
tibus calycinis æqualibus, non 6 (quæ petalis opposita) majori- 
bus; petalis majoribus; staminibus 12, inæquaibus , 6 majoribus 
exsertis , non 6 æqualibus , inclusis; stylo longiore. 

A. L. flexuoso. Lag. Gen et Spec. Nov. p. 16 (ex descriptione) 
videtur differre petalis obovatis integerrimis non ovatis subcordatis. 
Affinior Z. acutangulo. Lag. 1. c., et fortè eadem species. 

In humidis insulæ Majoris prope Artam , necnon in Ebuso. Flore- 
bat Aprili, Majo. 

Hab. in regno Neapolitano (Tenore !), regno Murciæ ? € Lag.). 


ONAGRARIÆ. 


218. Cazurricme verna. Linn. Spec. 6. 
In fossis insulæ Majoris prope Artam. 
Hab. in totà Europä, Barbariâ (Desf.—Schousb. ). 


FICOIDEÆ. 


219. MesemsryAnTHEmUM noDiFLorum. Linn. Spec. 687. 


250 DicoryLEDONES. 


In maritimis insulæ Minoris prope Cala Figuera ( Hern.). 

Hab. in Hispaniâ meridionali! , Corsicä!, Sicilià (Ort. et Raf. ), 
Græcià (Smith), insulis Lero et Melo ( D'Urv.), Ægypto ( Del. ), 
Barbariä ( Desf. ! ). 


GROSSULARIEÆX. 


220. Rises nugrum. Linn. Spec. 200. 
Colitur in hortis. 


CACTI. 


221. Cacrus opuxria. Linn, Spec. 669. Vulgd Figuera de Moro. 

Inter rupes maritimas et ad pagos Balearium vulgatissimus. 

Ia locis calidioribus regionis mediterraneæ nunC quasi spontaneus, 
in Ægypto (Del.), Barbarià (Desf.), Hispaniâä meridionali!, Pro- 
vincià (DC.), ad rupes prope portum Herculis Monœci (Gay), in 
Ligurià ( Viv.). 

Os. Les paysans des Baléares mangent volontiers les fruits de cette plante , et 
n’en éprouvent ordinairement aucun mauvais effet. Des personnes dignes de foi 
m'ont assuré que cette nourriture leur devenoit mortelle lorsqu'ils ayoient l'impru- 
dence de boire, par dessus, une certaine quantité d’eau-de-vie, Je n’ai eu aucune 
occasion de vérifier ce fait pendant mon séjour dans ce pays. 


PORTULACEZÆ. 


222. PorruLaca oxErAcEA. Linn. Spec. 638. 
In campis insulæ Majoris haud rara. 


223. Tamarix Gazzica. Linn. Spec. 386. 

In maritimis prope Alcudiam , Palmam in insulä Majore ; necnon 
in ins. Minore (Hern.). Florebat Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneà. 


PARONYGHIEÆ.—CRASSULACEÆ. 251 


224. Tamarix arricana. Desf. ! Atl. 1, p. 269. 

In maritimis prope Palmam, Alcudiam in insulä Majore; etiam 
in Ebuso. Florebat April 

Hab. in Provinciä !, Calabriä!, Natoliä prope Trapezum (D'Urv.), 
Ægypto (Del.), regno Algeriensi (Desf. !). 


PARONYCHIEÆ. 


225. Paronvemia arGENTEA. DC. Flor. Fr. 1, p. 404.— Hiecebrum 
paronychia. Linn. Spec. 229.— P. nitida Del. Flor. Ægypt. Illustr. 
n. 270 (ex synon. ). 

Ad vias et in sterilibus Balearium vulgatissima. Floret Martio. 

Hab. in Hispaniä!, Galliâ meridionali!, Corsicâ ! , insulis Melitä 
et Melo (D'Urv.), Archipelagi insulis (Smith), Syrià!, Ægypto!, 
totà Barbarià (Viv.—Desf. !— Schousb. ). 

226. Porxcarron TerraPuyiium. Linn. Spec. 131. 

In insulà Majore prope Artam; necnon in ins. Minore ( Æern.). 
Florebat Aprili. 


Hab. in totà regione mediterrane. 


CRASSULACEÆ. 


227. Uwsxicus renouunus. DC. Plant. Grass. t. 156. 

In Balearibus frequens. 

Hab. in Hispaniä !, Galliä!, Italiä !, Græciä et Archipelagi insulis 
(Smith.—D'Urv.). 

228. Sepun REFLExUM. Linn. Spec. 618. 

In insulâ Minore ( Hern.). 


229. Senuu ALTissImom. Lam. Dict. 1v, p.634. 
Ad vias et muros in insulà Majore. 


252 DrcoTYLEDONES. 


Hab. in regno Valentino! , Ruscinonensi agro !, Occitaniâ! , Pro- 
vinciâ et agro Nicæensi (DC.). 


230. Semeervivum Tecrorum. Linn. Spec. 664. 
In tectis et muris vetustis Alcudiæ in insulâ Majore. Florebat 
Majo. 
SAXIFRAGEÆ. 


231. SAxIFRAGA TRIDAGTYLUTES. Linn. Spec. 578. 
In Balearibus vulgatissima. Floret Martio, 
Hab. in totâ Europä. 


UMBELLIFERÆ. 


252. Piurrezra traçium. Vill. Dauph. 11, p. 606. 
Inter rupes ad apicem montis Puig-Major in insulâ Majore. 
Hab. in Galliâ mediterraneâ ( DC.), Alpibus Apuanis ( Bert.), 


* 
233. Caærorayzzum saTIvun. Lam. Flor. Fr. ur, p. 438. 
Colitur in hortis. 


234. Scannix PECTEN-VENERIS. Linn. Spec. 368. 
In agris insulæ Majoris et Ebusi frequens. Florebat Aprili, Majo. 
Hab. in totâ regione mediterraneä , Ægypto exceptà. 


235. Corranprum TEsricuLaATuM. Linn. Spec. 367. 
Inter segetes Ebusi prope S. Raphael. Cum fructibus lectum Majo. 
Hab. in Galliâ mediterraneà ! , agro Bysantino (Smith). 


256. Siuu axcusrirozrum. Linn. Spec. 1672. 

In humidis Ebusi haud rara; in insulà Minore ( Æern.). Floret 
Majo. 

Hab. in Gallià ! , Etrurià (Savi), Græcia ( Smith). 


237. Bricnoura rasrnacærortA. Bert. Journ Bot. 1v, p. 76. — Sium 


UMBELLIFERZ. 253 


siculum.Linn,. Spec.362.—Ligusticum balearicum. Linn. Mant. 21 8. 
Inter segetes insulæ Majoris, inter Alcudiam et Pollentiam ; in ins. 


Minore (ÆHern.). Klorebat Aprili. 


Hab. in Liguriä ( Bert.) , agro Romano ( Sebast. et Maur.) , Corsicà 
(DC.), insulà Caprearum !, Sicilià (Ort. et Raf.— Presl.), insulà 
Melo (D’Urv.), Barbarià ( Desf. !), Hispanià prope Heracleam 
(Salzm.). 


238. Criramum maririmum. Linn. Spec. 354. 
Ad rupes maritimas prope Bañabufar in insulà Majore. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


239. Bunum reruLaceum. Smith Flor. Græc. Prodr. 1,p. 186. — 
Bulbocastanum -creticum ferulæfolio semine oblongo. Tournef. ! 
Coroll. 21.— Bunium ferulæfolium. Desf. ! Coroll. p. 55, t. 43.— 
Sium ferulæfolium. Spreng. in Rœm. et Schult. Syst. Veget. vr, p. 539. 

In campis insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Aprili. 

. -Hab, in insulis Cretà (Tournef.!), Cypro (Smith ), Samo (D'Urv.). 


Os. Cette espece differe essentiellement du B. bulbocastanum par ses pédicelles 
courts , épais, un peu en massue, non grêles et filiformes ; par ses fruits d’un tiers 
plus longs, to. 23 non ellipsoides, légerement courbés en faucille, non 
droits, enfin marqués de côtes beaucoup plus saillantes , séparées par de véritables 
sillons qui sont à peine sensibles dans le B. bulbocastanum. 


240. Aun masus. Linn. Spec. 349. 
In agris insulæ Minoris prope portum Magonis. Florebat Junio. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


241. Davcus carora. Linn. Spec. 348. 
Ad margines agrorum in Balearibus frequens. Floret Aprili, 
Hab in totà regione mediterraneà. 


242. Daucus maxmmus. Desf. ! Atl. 1, p. 241. 

Ad margines agrorum in Ebuso. Florebat Majo. 

Hab. in regno Algeriensi ( Desf. ! ). 

Mém. du Muséum, t. 14. 33 


254 DicoryLEDonezs. 


Os. Cette espèce est voisine du D. Aispidus, tel qu’il croît à la Chambre d'A- 
mour auprès de Biaritz; mais elle en diffère par sa taille de moitié plus élevée; par 
les folioles de son involucre pinnatifides et à sept lobes, non simples et profonde- 
ment tridentées au sommet ; par ses rayons beaucoup plus longs et plus étalés (ils 
sont rapprochés en tête dans le D. hispidus); par ses pétales blancs non jaunes; 
et par ses fruits (d’ailleurs semblables) hérissés de piquans beaucoup plus alongés. 
Sprengel (In Roem. et Schult. Syst. veget. tom. vi, p. 476) rapporte, avec 
doute, le D. maximus Desf. au D. gingidium qui est évidemment tres-différent 
par ses feuilles luisantes et par ses folioles involucrales à lobes recourbés, non droits 
et étalés. 

243. Caucaus PLATYcARPOS. Gouan. Flor. Monsp. 285. 

Inter segetes insulæ Majoris prope Artam. Florebat Aprili. 

Hab, in Gallià meridionali!, agro Romano (Sebast. et Maur. ), 
Barbarià (Desf. ). 


244. CaucaLis ARVENSIS. Far. simplex. 

In umbrosis montium circa Esporlas in insulà Majore. Floret Majo. 

Ons. Cette variété differe de la forme ordinaire par ses tiges toujours simples et 
par ses feuilles découpées en segmens plus étroits. M. Soleirol l’a observée avec 
les mêmes caractères en Corse, et il ne seroït point impossible qu’elle püût être 
considérée comme une espèce distincte. L'état d’imperfection du fruit, dans les 
échantillons que je possède, m’empèche d'émettre aucune opinion positive à cet 
égard. : 

245. Caucaris nopircora. Lam. Dict. 1, p. 656. — Tordylium 
nodosum. Linn. Spec. 346.— Caucalis nodosa. Huds. Angl. 114. 

In agris insulæ Majoris prope castellum Belver. Florebat Majo. 

Hab. in Gallià !, Græcià , agro Byzantino et insulà Cypro (Smith), 
Ægypto (Del.), regno Algeriensi ( Desf. ! ), agro Tingitano 
( Schousb. ). 

246. Arrum GRAvEOLENS.. Linn. Spec. 339. 

a. Sylvestre. — In insulà Minore (Æern.). 

B. Sativum.—Colitur in hortis Balearium. 


247. APIUM PETROSELINQM. Liun. Spec. 379. 
Colitur in hortis Balearium. 


UMBELLIFERE. 255 


248. ANETHUM FOENICULUM. Linn. Spec. 337. 
In collibus petrosis Balearium haud infrequens. 
Hab. in totà Europà meridionali, Barbariâ (Desf. je 


. 249. Suyrnium orusarrum. Linn. Spec. 376. 

Ad pagos in Balearibus vulgatissimum. Floret Aprili. 

Hab. in Provincià et agro Nicæensi (DC.), Græcià et insulä Cypro 
(Smith), regno Algeriensi (Desf. ! ). 


250. Pasrmnaca Lucipa. Linn. Mant. 58. — Gouan Illustr. P. 19, 
t. XI et xII. 

In montibus insulæ Majoris prope Lluch frequens ; 20 Aprilis non- 
düm floruerat. In insulà Minore ( Hern.). 


251. Trarsra viruosa. Linn. Spec. 375. 

In montibus insulæ Majoris prope Artam; 14 Aprilis nondùm flo- 
ruerat. 

Hab. in Gallià mediterraneà (DC.), insulis Patmo et Cypro (Smith), 
regno Algeriensi (Desf. ). 


252. Taapsra caArGaniea. Linn. Mant. 57. 

Ad margines agrorum in Ebuso vulgatissima. Floret Majo. 

Hab. in regno Neapolitano (Tenore), Sicilià (Ort. et Raf.), Græ- 
cià et Archipelagi insulis (Smith—D'Urv.), totà Barbarià ( Desf. ! 
— Schousb. ). 


253. FeruLa comuunis. Linn. Spec. 355. 

In insulà Majore prope Esporlas , necnon in Ebuso. Florebat Majo. 

Hab. in Gallià mediterraneà (DC.), Ligurià (Viv.), agro Romano 
(Sebast. et Maur.), Corsicà (Viv.), Sicilià (Ort. et Raf.), Græcià 
(Smith), Cyrenaicà (Viv.), regno Algeriensi (Desf. ! ). 


254. Burcevrum PRoTRAcTONM. Link. Flor. Port. n1, p. 387.— B. su- 
bovatum. Link. in Spreng. Umbell. 365.— B. rotundifolium a. 
Desf. ! Atl. 1, p. 229.— B. rotundifolium R. intermedium. Lois. 

33* 


256 DrcoTYLEDONES. 


Not. p. 45. — B. rotundifolium 7. lanceolatum. Desv. in Journ. 
Bot. 11, p. 315. — B. granulatum. Gaud. ! in litt. ad Gay. 

Differt à B. rotundifolio foliis oblongis , acutis , pallidius viren- 
tibus ; umbellis 3 nec 5 radiatis; floribus aureis; seminibus verru- 
cosis (Gaud. in litt.). 

Inter segetes Ebusi frequens. Florebat Majo. 
Hab. in Andegavià ! , Pictaviensi agro! , Occitanià ! , Provincià et 
agro Nicæensi (DC.), Calabrià !, insulis Melitä et Melo (D’Urv. ), 

Ægypto (Willd.), Barbariä ( Desf. ! ), Lusitaniä (Link. ). 


255. Burzevrum ARISTATUM. Bartl. in Reichenb. Inconogr. Bot. 11, 
p- 70, t. 178.— B. odontites auctorum non Linn. 

Ad apicem montis Galatzo inter rupes. Florebat Majo. 

Hab. in Pictaviensi agro !, Occitanià !, agro Parmensi!, Calabrià!. 


256. Exvynerum martrimum. Linn. Spec. 337. 
In areuosis maritimis insulæ Majoris. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


267. EnynGrum camresrre. Linn. Spec. 337. 

Ad vias in insulis Majore et Minore. 

Hab. in Hispanià !, Gallià !, Italià!, Græcià et Archipelagi insulis 
(Smith), Barbarià prope Tingidem (Schousb. ). 


CAPRIFOLIACEXÆ. 


258. Lonicera rmpexa a. Viv. Flor. Cors. Spec. 4.— Z. implexa. 
Ait. Hort. Kew. 

Ad sepes in insulà Majore prope Soller , Incam , Artam ; etiam in 
ins. Minore (ZZern.).Floret Majo. 

8. Viv.l.c. — L. balearica. DC. Flor. Fr. Suppl. 499.—Z. ca- 
prifolium. Desf. ! Atl.r p. 165. 

In sepibus Ebusi prope $. Eulaliam. Florehat Majo. 

Hab. Var. &. in Corsicà et prope Genuam (Viv.); 8. in Atiante 


Li 


CapPriroriAcex.—Rugsracez. 257 
(Desfs!), Pyrenæis orientalibus (DC. 2 agro Narbonnensi \ Benth. ), 
Corsicà et propè Genuam (Viv.). % 


‘ HA Viscum arsom. Linn. Spec. 1451. 
Ad arbores in montibus insulæ Majoris. 
Hab. in Gallià !, Italià, Sicilià (Ort. et Raf.), Græcià (Smith.). 


260. Visurnuu rs. Lüinn. Spec. 383. 
la montibus insulæ Majoris vulgatissimum. Floret Martio. 
. Hab. in Gallià meridionali!, agro Romano ( Sebast. et Maur.), re- 
gno Neapolitano (Tenore), regno Algeriensi (Desf. !), agro Tingi- 
tano (Schousb. ). 


261. Samsucus ssuzus. Linn. Spec. 385. 

In Balearibus frequens. 

Hab. in Hispanià ! , Gallià !, Italià (Sebast. et Maur. — Tenore), 
Græcià (Smith), agro Tingitano (Schousb.). 


262. Henera meuix. Linn. Spec. 292. 

Ad muros et truncos vetustos in Balearibus frequens. 

Hab. in Hispanià !, Gallià ! , Italià (Bert.— Sebast. et Maur. — 
-Tenore ), insulà Melità (Forsk.), Græcià, (Smith). 


:RUBIACEÆ. 


263. SHERARDIA ARVENSIS. Linn. Spec. 149. 
In agris Balearium vulgatissima. Floret Martio. 
Hab. in totà Europà , Syrià ! , Barbarià (Desf. F} 


264. AsPeruLA ARVENSIS. Linn. Spec. 150. 

In agris Ebusi. Florebat Majo. 

Hab. in Hispanià !, Gallià !, Italià (Savi.— Sebast. et Maur. — 
Tenore), Græcià (Smith). 


265. AsPeruLa cynancuica. Linn. Spec. 151. 
In aridis Ebusi frequens. Florebat Majo. 


258 DrcoTyLEDONES. ; 
Hab. in Hispanià !, Galliä!, Italià (Bert. — Savi. —Sebast. et 
Maur.—Tenore), Græcià (Smith). ha: - 
266. Garrom tucrum. All. Pedem. 1, p. 5,t. 77, f. 2. ce M 


In fissuris rupium montium insulæ Majoris prope Esporlas.” 
Hab. in Pedemontio (AlL.), prope Genuam et in Alpibus Apuanis 
(Bert.), agro Romano (Sebast. et Maur.), Barbarià ( Desf. !). 


267. Gariom cmNerEuM. All. Pedem. 1, p. 6, t. 77, f. 4. 

In insulà Majore ad apicem montis Galatzo inter rupes. Florebat 
Majo. 

Hab. in Pedemontio et Vellesià inferiore ( All. — DC. ). 


268. Garium axcuicum. Huds. Angl. Go. 
Cum præcedente. Florebat Majo. 


269. Gazrum rricorne. With. Brit. ed. 2, p. 153. 

In agris insulæ Majoris prope Valldemosam, et in Ebuso. Floret 
Aprili. 

Hab. in Gallià !, Græciäet Archipelagi insulis (Smith). 


270. GaLruM sAccnarATUM. All. Pedem. n. 39. 
Ju agris Balearium vulgatissima. Floret Martio. 


271. Gatum murate. All. Pedem. n. 34, t. 77, f. 1.— Sherardia 
muralis. Linn. Spec. 149. 

Ad rupes in Ebuso circa Sy Inès. Florebat Majo. 

Hab. in Provinciæ locis calidioribus (DC. ), agro Nicæensi ({AIL.), 
prope Romam (Sebast. et Maur. ). 


272. Vazantia murauis. Linn. Spec. 1490. 

Inter rupes insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Martio. 

Hab. in Hispanià !, Gallià mediterraneà !, Corsicà!, Etruriä (Savi), 
agro Romano (Sebast. et Maur. ), Græcià (Smith). 


273. Varanria mispina. Linn. Spec. 1490. 
In insulà Majore prope Artam. Florebat Aprili. 


RUBIAGEZÆ., 259 

 Hab. in Hispanià meridionali !, reguo Algeriensi (Desf. !), Cy- 

renaicà (Viv.), Ægypto (Del.), Cretà (Smith), insulis Melo et 
Lero (D’Urv.). 


274. RuBrA TNcTORUM. — À. tinctorum., .Peregrina, lucida, an- 
gustifolia. Linn. et auct. 

Ubique in sterilibus Balearium. Floret April. 

Hab. in totà regione mediterraneà. 


r 


Oss. Linné a le premier distingué les diverses formes de la garence ordinaire 
comme autant d'espèces , et son exemple a été suivi par-les auteurs qui ont traité 
depuis lui de ces plantes ; sans qu'aucun d'eux ait motivé cette distinction sur des 
caractères de quelque valeur. Le R: tinctorum.esticensé avoir des feuilles annuelles; 
les À. peregrina et lucida ne different l’un de l’autre que parce que, dans le 
second les feuilles sont dépourvues, sur leur nervure, des petites dents crochues que 
l’on trouve sur leur bord et sur les angles de la.tige.. Mais si nous examinons ces 
formes avec un peu.plus de sévérité, nous ne tarderons pas à nous convaincre de 
la nécessité de les réunir. En effet , le R. tinctorum n’a point toujours des feuilles 
annuelles ; il peut présenter constamment ce caractère dans le nord de l’Europe , où 
la rigueur des hivers est plus sensible, maïs dans les climats plus secs et plus chauds, 
tels que ceux dont nous nous occupons , ses feuilles sont d’ordinaire persistantes , et, 
dans cet état, il est impossible de le distinguer des R. peregrina et lucida. Quelque- 
fois les feuilles de cette plante sont munies sur leurs bords et sur leur nervure 
de petites dents crochues, c’est alors le RÀ. peregrinu de Linné; mais on trouve 
souvent sur le même pied des rameaux portant des feuilles dépourvues.de dents, 
soit sur leur nervure , soit sur leur bord , et présentant, par conséquent, les carac- 
tères du À. lucida. On n’est pas plus heureux en cherchant à distinguer ces formes 
par le nombre des feuilles à chaque verticelle , il varie sur la même‘tige de trois à 
six; enfin les fleurs ne présentent aucune différence. Ces considérations'ont déter- 
miné M. Gay à réunir ces trois espèces dans son herbier. Je crois pouvoir leur 
joindre le À. angustifolia Linn., que j'ai cueilli dans les rochers au sommet du 
Mont Galatso dans l’île de Majorque , qui ne diffère des formes dont je viens de 
parler, que par son aspect cendré non luisant, par ses feuilles plus étroites, munies 
de dents proportionniellementplus grandes; maisitels sontiles nombreux-pañsages 
que j'ai observés entre toutes, ces plantes , qu’il, m'est ämpossible,de les distinguer 
même comme variétés. 


260 DicoTYLEDONES. 


VALERIANEÆ. 


275. CenrranTHUs cazciTrapa. Dufr. Dissert. p. 39. 
Ubique ad muros Balearium. Floret Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


276. Fenia cornu-cor1x. Gœrtn. Fruct. 1, p. 36,t. 86, f. 3. 

Ad margines agrorum prope Palmam in insulà Majore. Floret 
Martio. 

Hab. in Andalusià (Salzm.), agro Nicæensi (DC.), Apuliä , Cala- 
brià et insulà Caprearum (Tenore), Sicilià (Ortol. et Raf.), insulä 
Melità (D’Urv.), agro Byzantino (Smith), Cyrenaicà (Viv.), Bar- 
barià (Desf. ! — Schousb. ). 


277. VALERIANELLA corONATA. DC. Flor. Fr. 1v, p. 241. 

In agris insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Aprili ; fructus 
maturat Majo. 

Hab. in totà regione mediterraneà. 


GLOBULARIEÆ. 


278. GLosuLaniA spinosA 8. Nob. Monogr. Glob. in Ann. Sc. Nat.1x, 
P- 24- 

Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Esporlas, Lluch., etc. 
Floret Majo. 


279. GLoBurarrA ALYPUM. Linn. Spec. 139. 

In collibus petrosis insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Aprili, 
Majo. 

Hab. in totà regione mediterraneä. Occidentem versus usquè in 
Maderam (ex ore clar. Martii), et ad Orientem usquè in Persiam ! 
progreditur. 


_— 


# 


1 Fo 
DipsacezÆ. —SYNANTHEREZÆ. 261 
me." x x 


un bios 


280. ScasiosA creTicA. Linn. Spec. 145. 

Ad rupes maritimas insulæ Majoris prope Bañabufar. 

Hab. ad PromentosEn vulgù Cap de l’Armi in parte extremà 
meridionali Calabriæ ! !, in Sicilià !, Cretà !. 


281. Scasrosa corumsarrA. Par. maritima. Nob.— S. maritima. 
Linn. AmoϾn. Bot. 1v, p. 304 et auct. 
_ In Balearibus vulgatissima. Floret Aprili, Majo. 

Var. triflora. Nob. 

In sterilibus insulæ Majoris prope Incam. Floret Majo. 


Os. Peu de plantes varient plus que la Scabieuse colombaire : tantôt elle est 
presque glabre , ses feuilles radicales sont spatulées, dentées, les supérieures sont 
simplemeut pinnatifides : les auteurs lui donnent alors le nom de $. columbaria. 
Tantôt elle est pubescente, sa couleur est cendrée, ses feuilles radicales sont encore 
spatulées, mais les supérieures sont deux fois pinnatifides et découpées à lobes li- 
néaires : cette forme a reçu le nom de S$. gramantia. Tantôt enfin les feuilles radi- 
Cales sont elles-mêmes pinnatifides , et ne différent plus des supérieures qu’en ce que 
leurs segmens sont moins étroits : c’est à cette dérnière variété que l’on a donné le 
nom de S. maritima. J'ai observé dans les lieux incultes aupres d’Inca une troi- 
sième forme qui est exactement au S. columbaria ordinaire ce que le S. collina 
Req. est au S. arvensis. Une tige d’un pied au plus émet au-dessous du milieu 
deux rameaux divergens , terminés par un seul capitule de fleurs, presque aussi 


- longs que la tige, qui ne porte elle-même qu’une seule tête. Je n’ai point hésité à 
8s 5e P q P 


ranger cette variété à côté de la Scabieuse colombäire dont elle présente tous les 


autres caracteres. 


SYNANTHEREZÆ. 


282. Ruacaprorus #vuuis. Gœrtn. Fruct. n ; p.354. Lapsanà rha- 


gadiolus. Linn. Spec. 1141. 2 
In montibus prope Lluch, et ad littora maris prope Bañabufar. 


Floret Aprili. 
Hab. in Andalusià ! , Provincià (DC.), regno Neapolitano !, in- 


sulà Cypro (Smith). 
Mém. du Muséum. 1. 14. 34 


262 DicorYLeDoneEs. C 


263. Prexanres suzsosa. DC. Flor. Fr. 1v, p. 7. ri Riel 
bulbosum. Willd. Spec. 1x, p. 1562. COUT. stoloniferum. Viv. Flor. 
Fragm. p. 17, t. 20. 

Ad sepes in Ebuso frequens. Floret primo vere. 

Hab. in Occitanià et Provincià ( DC.) , agro Nicæensi (AIl.), Li- 
gurià orientali (Viv.), reguo Neapolitano (Tenore), Istrià ( Zanni- 
chelli), Ægypto (Del.), regno Algeriensi ( Desf.). 


284. Lacruca sativa. Linn. FE 1118. 
Coliturin hortis. 


265. Lacruca virosa, Linn. Spec. 1110. 
Ad sepes insulæ Majoris prope Esporlas. 
Hab. in Gallià !, agro Byzantino ( Smith ), Ægypto (Del. ). 


286. Lacruca spinosa. Lam. Dict. 117, p. 408. 

Inter rupes maritimas ad ingressum speluncæ La Cueva de la 
Ermita, prope Artam in insulà Majore. 

Hab. in Hispaniàä meridionali, prope Carthaginem novam ! , Bar- 


barià prope Mascar ( Desf. ! ). &: 


287. Suncuus Tenerrimus. Linn. Spec. 1117. 
In agris prope Valldemosam in insulà Majore. Floret Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä. 


288. Suncaus asrer. Vill. Dauph. 11, p. 158.— S. oleraceus {. 
DC. Flor. Fr. 1v , p. 13. — 58. fallax. Wall. Sched. Crit. p. 432. 


In arenosis insulæ Majoris prope Artam. Floret Aprili. 


289. SuNCHUS OLERACEUS. Linn. Spec. 116. —S. oleraceus «. DC. 


Flor. Fr. 1v, p. 13. 
In agris circa Valldemosam in insulà Majore. Florebat Aprili. 


Hab. in totà regione mediterraneà. 


290. Picrmium vureare. Desf. ! Atl. x, p. 211.—Sonchus picroides. 
Lam. Dict. ur, p. 398. 


ALT r . ä ï 
u SYNANTHEREZ. 263 
je ris et sterilibus Balearium frequens. Floret Martio , Aprili. 


fa in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptä. 
. * 


201. Picrmium miverranow. Desf. ! Atl. n, P- 220. —Scorzonera tin- 
gitana. Linn. Spec. ni14. — Sunchus tingitanus. Lam. Dict. mm, 
P- 570. 

In arenosis maritimis insulæ Mai oris prope Artam , Soller et Ebusi 
prope S. Eulaliam. Floret Aprili, Majo. 

Hab. in Andalusiä !, Barbarià !, Ægypto (Del.), Natolià et in- 
sulà Cypro (Smith). 


292. Hyeracruu Triasir. Nob. 

Radix perennis, crassiuscula, fusca , obliqua. Caulis 6-12 un- 
cias longus, adscendens, simpliciusculus , obtusè angulatus , flexuo- 
sus, virescens , villis crispis densiusculis basi vestitus, supra 
medium glabriusculus , ad ramorum et pedunculorum exortum . 
miÿeo-lanatus. Folia dentata, dentibus acutis, retroflexis, remotius- 
culis, ciliata, utrinquè præsertim dorso pilis longiusculis inspersa ; 
radicalia spathulata , apice obtusissima, dimidium caulem æquan- 
tia, 3-6 uncias longa , 1 :-2 uncias lata, in petiolum attenuata ; 
caulina sessilia, inferiore majore , ovato-oblongo vel spathulato , su- 
perioribus minimis, lineari-lanceolatis, subulatis. Æores paniculati, 
paniculà simplici, pauciflorä (5-8 flora). Pedicelli tomentosi. Involu- 


crum campanulatum. “Squamæ erectæ , duplici ordine imbricatæ , 


omnes dorso tomentosæ; 6-8 exteriores lineari-lanceolatæ , angus- 
tissimæ , setis 6-8 subulatis, longissimis, remotis ciliatæ ; interiores 
plures , paul longiores et latiores , margine nudæ', dorso secundum 
lineam mediam pilis uniseriatis hispidæ, subulatis, longiusculis, re- 
motiusculis. Receptaculum villosiusculum. Zigulæ aureæ, 6 lineas 
longæ , involucrum superantes , limbo sublineari , apice 5-dentato. 
Pappus simplex , sub lente denticulatus, ligulis dimidid brevior. 

In fissuris rupium montis qui ville D;. Trias imminet, prope 
Esporlas, in insulà Majore. Floret Majo. 


34* 


E ” 


204 . DicoryLEDONES. 

Hauc speciem dixi in honorem elarissimi Trias, insulæ Majoris 
incolæ, botanices curiosi ; qui plantas Balearicas benè multas com- 
municavit, et in plantis circa Esporlas perquirendis mihi benevolum 
ducem se præbuit. ’ | #1 

Oss. J’aurois desiré établir cette espece d’une maniere plus sévere, en la distin- 
guant de celles qui ont avec elle quelque rapport ; mais ces recherches deviennent 
extrêmement difficiles dans un genre aussi peu connu. Tout ce que je puis en dire, 
c’est que je n’ai rien trouvé , dans les auteurs, qui pût s’y rapporter ; et qu'après 
avoir parcouru les herbiers du Muséum, de MM. de Jussieu , Desfontaines, Deles- 
sert, Richard, et la riche collection de M. Gay, qui est, sans contredit, la plus 


nombreuse en Hreracium , je n’ai rien trouvé qui pat lui être compare. 


N 


2053. Crepis vesicarra. Linn. Spec. 1132. 
Ad margines agrorum in insulà Majore prope castellum Belver. 
Florebat Martio. : 
Hab. in agro Neapolitano ! , Calabrià ! , agro Bysantino (D’Urv.), 
Cretà !. 3 
294. Barkaausta Taraxacrroua. Thuill. Flor, Paris , ed. 2, x, 
P-409- 
In agris prope Valldemosam in insulà Majore. Florebat Aprili. 
Ë 
205. Hvosemis râpraTa. Linn. Spec. 1157. 
In collibus aridis prope Palmam, Artam in insulà Majore. Floret 
Martio, April. 
Hab. in totà regionemediterraneà, Ægypto exceptà. 


206. Hvoseris scagrae Linn. Spec. 1138. 

Ubique in aridis insulæ Majoris. Floret Martio. 

Hab. in Occitanià !, agro Nicæensi ( DC.) , regno Neapolitano!, 
insulà Melità (D’Urv. ), Cretà ! , Barbarià ( Desf. !). 


297. Hyosenis menyrnois à. Caule diffuso, calycibus fructigeris 
glabris. Sebast. et Maur. Flor. Rom. Prodr. 275. — H. hedypnois. 
Linn. Spec. 1158.— Hedypnois monspeliensis. Willd. Spec. 1616. 

In aridis insulæ Majoris prope Artam, Lluch. Florebat Aprili. 


SYNANTHEREÆ | 265 


B. Caule erectiseulo > TAOSO ; calycibus fructigeris totis hirtis 
. Sebast. et Maur., L c.— 71. rhagadioloides. Linn. : Spec. 1139 2. 

‘In aridis circa Artam in insulà Majore, necnon in Ebuso prope 
S.Œulaliam. Florebat Aprili, Majo. # 

LA  Caule érectiusculo, ramoso, calycibus fructigeris, costä PEto- 
scabris. Sebast. et Maur. , L. c. — 1. cretica. Linn. Spec. 1139? 

In aridis insulæ Majoris prope Palmam, Alcudiam, etiam in Ebuso 
circa S. Eulaliam. Florebat Aprili , Majo. .: 


: 


Oss. Cette ‘espèce est commune dans la région méditerranéenne. Il est très- 
probable qu’on doit lui rapporter les Æ. rhagadioloïdes et cretica de Linné et des 
- auteurs; les formes quesj’ai observées dans les herbiers sou$ ces noms, et que j'ai 

recueillies soit dans le midi de la France , soit dans les Baléares, pouvant à peine 

en être distinguées comme variétés. Les auteurs de la Flore de Rome et M. Ber- 
toloni ont déjà proposé cette réunion qui, je pense, mérite d’être adoptée. L’He- 
’ dypnois tubæformis. Tenore (Flor. Nap. u, p. 173, t: re doit être rapportée 
à not e variété «, ; 


. 298. Seniora æranensis. Linn. Spec. 1130. 
In aridis prope montem Galatzo, necnon inter rupes maritimas 
. Alcudiæ in insulà Majore. F loret Aprili, Majo. 
-Hab. in agro Nicæensi (DC.), prope Genuam (Bert. )> in Etrurià 
(Savi), Corsicä!, regno Neapolitano!, Græcià (Smith), Cretà ! !, 


regno Algeriensi ( Desf. !). . 


209. Tarincra rugerosa. DC. Flor. Fr. 1v, p- 52° 

In aridis et ad margines agrorum in Balearibus frequens. Florebat 
Martio. ° 

Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä. 


300. Tarincra mirTA. Roth. Cat. Bot. 1, p. 08. 

In arenosis maritimis insulæ Majoris prope Artam. Florebat Aprili. 

Hab. in Galliä !, Italià ( Bert.—Savi. — Sebast. et Maur.) , Græ- 
cià (Smith). 


3o1. UrosrermuM pALecHameli. Desf. Cat. 90. 


266 Dicoryreponrss. 


Ad vias in Balearibus frequens. Florebat Aprilit # 
Hab. in Gallià meridionali!, Italià (Bert. — Savi. :: Été et 
Maur.) , Archipelagi insulis (Smith), Barbarià ( Desf. ). 


302. UrosPermum ricroipes &. DC. Cat. Hort. Monsp. 69. — U. pi- 
croides. Desf. Cat. 90 et auct. u 

In arenosis maritimis insulæ Majoris propeArtam. Florebat Aprili. 

B. Urosp. picroid. DC. Cat. Hort. Monsp. 69. — U. asperum. 
DC. Flor. Fr. 1v , p. 63. 

Inter rupes maritimas S. Eulaliæ in Ebuso. Florebat Majo. 

Hab. «. in totà regione mediterraneà ; . in Gallià Le cg 
Natolià (Smith ). 


303. Crcaorium ivrygus. Linn. Spec. 1142. 
Ad margines agrorum in Balearibus. Florebat Aprili , Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


304. Cicmorrum Enpivia. Linn. Spec. 1142. 
Colitur in hortis. 


305. Scorymus æispanicus. Linn. Spec. 1143. 
Ad vias in Balearibus. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


306. Carraamus cæruLeus. Linn. Spec. 1163. 

Inter segetes insulæ Majoris prope Esporlas ( Trias), et in Ebuso 
circa S. Inès. Florebat Majo. À 
- Hab. :n Hispanià meridionali !, regno Algeriensi (Desf. ! ), Cre- 
tà!, Peloponneso et Sicilià (Smith), Calabrià !, Corsica! , agro 
Romano (Sebast. et Maur. ). 


307. Carouus marranus. Linn. Spec. 1158, 
Ad vias in Balearibus. Florebat Aprili. 


308. Caruus PxeNoceræaLus. Linn. Spec. 1151. 


ie. 


Li 


SYNANTHEREE. °67 


Ad margines ag agrorum in insulà Majore p prope Paper Alcudiam. 
Florebat Aprili, Majo. LU PL TR PONT. 


Hab. in Gallià ! > Italià CRE —Sebast. et Maur.). 


809. Cexraurea crura. Linn. Spec. 1285. 

.In agris insulæ Majoris prope Cauviam. Florebat Majo. 

Hab. in Barbariä ( Desf. ! ), Cretä (Smith ), insulà Melo! , Sicilià 
(Biv. Bern.), agro Romano (Sebast. et Maur.), Valesiä!, Galliâ 
mediterranei !; ad sepléhtrionem usquè in Hungriam ! et Georgiam ! 
progreditur. f 


+ 


310. Cenraurea seera. Linn. Spec. 1206. 

In agris Ebusi frequens. Floret Majo. 

Hab. in Barbariä (Desf. ), Galliâ mediterraned ! , agro Genuensi 
Bert. ). 


311. CENTAUREA CALCITRAPA. Linn. Spec. 1297. 
. Ubiquè ad vias in Balearibus. F 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


C4 


312. Cenraurea LanaTa. DC. Flor. Fr. 1v, p. 102.— Carthamus la- 
natus. Linn. Spec. 1163. 

Ad vias in Balearibus haud rara. 

Hab. in Hispanià !, Gallià !, Græcià, Archipelagi insulis et Cretà 
(Smith ). 

315. Cenraurea Apura. Lam. Dict. 1, p. 674. 
- In insulà Majore ( Trias). 

Hab. in Barbarià (Desf.), Gallià mediterraneà !, Corsicä ! , regno 


Neapolitano L— (1). 


(1) J’ai recueilli dans les montagnes voisines d’Esporlas une Céntaurée très- 
voisine des C. orientalis et arachnoïdea ; mais les échantillons que j'ai rencontrés 
portoient encore les tiges et le reste des fleurs de l’année précédente, et étoient par 
conséquent trop incomplets pour que je pusse la déterminer d’une maniere cer- 


268 Dicoryrenones. 


314. CINARA GARDUNCULUS. Linn. Spec. 1159. 
Colitur in hortis Balearium. LAET 


315. Ciara scozvmus. Linn. Spec. 1159. 
Colitur cum præcedente. 


316. Leuzea comrera. DC. Flor. Fr.1v, p. 109.— Centaurea coni- 
fera. Linn. Spec. 1240. . 

In aridis insulæ Majoris prope Esporlas. Florebat Majo. 

Hab. in Hispanià , Gallià mediterraneà Ps !, Sicilià (Biv. 
Bern. ), regno Aloeriensi ( Desf. ! ). 

317. Garacrites romenrosa. Moench. Meth. 558. 

Ad margines agrorum prope Valldemosam in insulà Majore. Flo- 


rebat ren 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


318. Carzina LanarA. Linn. Spec. 1160. 
Ad vias in insulà Minore ( Æern.). 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


319. CARLINA CORYMBOSA. Linn. Spec. 1160. 
Ad vias in insulà Majore. 
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptà. 


320. ATRACTYLIS CANGELLATA. Linn. Spec. 1 162. 


laine. Je crois cependant utile de décrire les exemplaires que j'ai sous les yeux, 
afin d'appeler sur cette belle espèce l'attention des voyageurs qui me succéderont. 

Caulis pedalis et ultrà , simplex, striatus, glaber , basi fruticulosus, apice her- 
baceus. Folia inferiora fasciculata, obovato-lanceolata , in petiolum attenuata, 
pinnatifida , segmentis apice mucronatis, 1-2 uncias longa, 3-B lineas lata ; supe- 
riora alterna , pinnatisecta , lobis linearibus, acutis; omnia glaberrima. Fos $oli- 
tarius , terminalis. Involucrum oblongum , campanulatum , 8 lineas longum , 5 li- 
neas latum, foliolis oyatis, acutis, glaberrimis, margine scariosis , integris vel 
serrulatis, apice ciliatis ; ciliis 5-9 longiusculis. 

Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Esporlas. Lecta 26 Marti. 


Zom..14. 


HELICHRYSUM LAMARCEÆAII. Noë. 


Tab. Le 


+. 


. -SYNANTHERE&. 269 
In petrosis prope castellum Belver in insulâ Majore. Florebat Majo. 
Hab. in totà Barbarià !, insulà Astipalæà (D'Urv.), insulis Rhodo, 


Cypro et Cretà, agroque Argolico ( Smith) , Sicilià!,Calabrià! , agro 


Nicæensi !, Provincià! , Occitanià et Ruscinonensi agro ( DC.) , regno 


Valentino! , Andalusià !. 


321. Hericurysum Lamarcxn-: caule basi incrassato, subherbaceo, 
fragili , tomentoso; foliis crassis, spathulatis, utrinquè niveo-to- 
mentosis; capitulis corymbosis , corymbo composito. Nob. Tab. 7. 

Gnaphalium crassifolium. Lam. ! Dict.u, p. 746 (ex Herb. Desf.), 
non Linn. — G. ambiguum. Pers. Synops. 11, p. 417. 

Caulis herbaceus , sesquipedalis, basi incrassatus , fragilis, 


- tomento niveo densissimo tectus. Rami ex eodem trunco basilari plu- 


Émis n : 


rimi, alterni, nonnihil inclinati seu curvati. Folia crassa , utrinquè 


niveo-tomentosa, obsoletè uninervia ; inferiora congesta, spathulata, 
in petiolum attenuata, 1 :-2 uncias longa , 4-5 lineas lata , marcida 
margine subtüs revoluta , recentia plana ; superiora (caulina) re- 
mota, sublinearia, gradatim breviora, summa brevissima. Capitula 
terminalia , corymbosa, corymbo denso composito. Pedicelli brevis- 
simi , lineam longi , tomentosi. Znvolucrum campanulatum , 2 ? li- 
neas longum, 2 lineas latum , squamis imbricatis, aureis, lævibus, 
lucidis, concavis, ovato-oblongis, obtusis, omnibus apice erosis. 
Flosculi flavi, involucrum subæquantes , quinque dentati, dentibus 
acutis; centrales circiter 60, hermaphroditi, tubo infundibulifor- 
mi; marginales 12-15, feminei, tubo cylindraceo. Receptaculum 
nudum. Pappus simplex , denticulatus, flosculos vix superans. Fruc- 
tum non vidi. : à 

Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Esporlas, Lluch. 
Floret Majo. 

Oss. Cette espece a été long-temps cultivée au Jardin des Plantes, mais on 
ignoroit son origine. Son introduction en France est probablement due à Antoine 
Richard , qui l'aura rapportée lors de son voyage aux Baléares; je ne puis cepen- 
dant rien affirmer à cet égard , l'ayant cherchée en vain dans l’herbier de ce voya- 


Mém. du Muséum , À. 14. . 35 


270 DircoTyLEDONESs. 


geur. Les espèces connues dont elle se rapproche le plus sont les Helichrysum 
orientale et lavandulæfolium(Gnaphalium orientale et lavandulæfolium. Willd.) ; 
mais elle s’en distingue facilement par sa tige tres-fragile, couverte d’un coton 
beaucoup plus épais; par ses feuilles inférieures plus larges, épaisses et cou+ 
vertes sur leurs deux faces d’un duvet cotonneux tres-serré, couleur de neïge ; par 
celles de la tige plus étroites, plus courtes et moins nombreuses; enfin par ses 
fleurs plus petites et d'un jaune plus foncé. Adoptant avec MM. De Candolle et 
de Cassini , le genre Helicrysum tel qu’il a été proposé par Gærtner , et changeant 
par conséquent le nom générique de cette plante , j'ai cru devoir remplacer le nom 
spécifique d’ambiguum (Pers.), qui ne peut convenir à une espèce dont les carac- 
tères sont aussi remarquables , par celui de Lamarckür , afin de rappeler que M. de 


Lamarck est le premier qui l’a décrite. 


Expl. tab. VII. 1 Capitulum.— 2 Idem longitudinaliter sectum.— 3 Flosculus 
hermaphroditus. — 4 Idem femineus. 


322. HericurysuM FONTANESII : caule suffruticoso, tomentoso; ramis 
ternatis; foliis angustissimis, linearibus, in petiolum attenuatis, 
utrinquè, præsertim dorso, incano-tomentosis; capitulis corymbosis, 
corymbo composito. Nob. Tab. 8. 

Gnaphalium stæchas (8. inodorum. Desf. ! At]. 1, p. 266. — An 
G. rupestre. Raf. Préc. Découv. Somiol. p. 42? 

Caulis pedalis et ultrà , incano-tomentosus, basi lignosus, ibidem 
veterum foliorum cicatricibus exasperatus. Rarmni ternati, novelli 
curvati aut subflexuosi, erecti. Folia linearia , in petiolum attenuata, 
unciam et dimidiam longa, lineam lata, utrinquè , præsertim sub- 
tùs, incano-tomentosa, uninervia ; inferiora congesta , imbricata , 
margine revoluta ; superiora plana. Capitulaterminalia , corymbosa, 
corymbo denso composito; pedicellis brevissimis , tomentosis. Zn- 
volucrum junius ovoideum oblongum ; florens campanulatum , 3 : li- 
neas longum , 2 lineas latum ; squamis aureis, imbricatis lævibus, 
lucidis , lanceolato-oblongis , acutis. Flosculi et pappus ut in præ- 
cedente. Fructum non vidi. 

In fissuris rupium montis Puig-de-Torrella in insulà Majore. Flo- 


rebat Majo. 


Tab.8. ZELICHRYSUM FONTANE SIL. Nob. 


SYNANTHEREÆ. 271 


À præcedente differt caule basi solido; rigido et verè lignoso, 
non subherbaceo fragili ; ramis ternatis, non alternis; foliis linea- 
_ribus, tenuibus , tomentosis , tomento sordidè albo , non spathulatis 
utrinquè niveo-tomentosis crassis; capitulis longioribus ; squamis 
involucri lanceolato-oblongis, acutis, integris, non ovato-oblongis 
obtusis erosis. 


Oss. Je donne à cette plante le nom d’Helichrysum Fontanesii en l'honneur de 
M. Desfontaines qui l’a découverte dans le royaume d’Alger. Son port, sa tige 
ligneuse, ses longues feuilles, ses fleurs plus grandes la distinguent au premier 
aspect de l'A. Siæchas. On peut ajouter que le Stæchas exhale dans toutes ses 
parties une odeur aromatique assez prononcée, tandis que le Fontanesii est abso- 
lument inodore. 


*Expl. tab. VIIL. 1 Capitulum.— 2 Idem longitudinaliter sectum.—3 Flosculus 
hermaphroditus. — 4 Idem femineus. 


323. Hexicurysum Decumsens : caule suffruticoso, decumbente, to- 
mentoso ; ramis subternatis ; foliis linearibus, tomentosis, margine 
revolutis, marcidis subteretibus ; capitulis corymbosis, corymbo 
conglobato. Nob. 

Gnaphalium decumbens. Lag.! Nov. Gen. et Spec. p. 28, n. 357, 
(ex Herb. Desf.). 

Caulis 4-8 uncias longus, suffruticosus, decumbens, ramosus, 
ramis incano-tomentosis, subternatis. Folia alterna, ad basin ra- 
morum subimbricata, linearia, margine revoluta, demüm subteretia, 
tomentosa , facie virentia, dorso (tomento densiore) albida, 4-5 li- 
neas longa, dimidiam lineam lata. Capitula terminalia , corymbosa, 
corymbo parvulo, conglobato. Znvolucrum ovoideum , aureum, 
squamis lævibus, lucidis , oblongo-lanceolatis, acutis. Æosculi in- 
volucro paul breviores ; marginales (ex clar. Lag. 1. c.)limbo tri- 
quadrifido, feminei. 

Ad. H. Fontanesianum ramis iernatis et involucrorum formâ 
accedit, sed ab illo longè recedere videtur caule humiliore, foliis 
minimis, dembm subteretibus, corymbis parvulis conglobatis. Vix 


35 * 


27 DrcoTYLEDONES. 


ab A. Stœchade distinctum, nisi habitu, ramis decumbentibus, 
foliis inodoris, subteretibus, crassiusculis. An species distincta ?. 

Inter rupes maritimas Alcudiæ in insulâ Majore. Aprili Majoque, 
floret. 


Os. M. Lagasca indique cette plante sur les bords de la mer aupres de Malaga 
en Andalousie, à la Fuen-Santa dans le royaume de Murcie, et au pied du mont 
Urchillo près d’Orihuela dans le royaume de Valence. 

J'ai trouvé dans les sables maritimes d’Artà un Helichrysum , d’ailleurs sem- 
blable au decumbens , mais beaucoup plus rabougri, à rameaux beaucoup plus 
courts, plus serrés, et dont le feuillage est positivement odorant. Je n'ose le 
proposer comme une espèce distincte , et tout ce que je puis en dire, c’est que par 
un de ses caractères (l’odeur) il tend à réunir les A. Stæchas et decumbens. 


324. Herromrvsum sroroas. DC. Flor. Fr. 1v, p. 132. Gnapha- 
lium Stœchas. Linn. Spec. 1193. 

In aridis et maritimis Balearium frequens. Floret Majo. 

Hab. in totà regione mediterraneà. 


325. Herrcurysum micropPayiizum : caule fruticoso, erécto, ramo- 
sissimo ; foliis minimis, lineari-lanceolatis, margine revolutis , fa- 
cie villoso-tomentosis, dorso glaberrimis ; capitulis corymbosis, sub- 
umbellatis , corymbis 6-8-floris. Nob. 

Elichrysum creticum foliis brevioribus et crispis, capitulis mino- 
ribus. Tournef.! Coroll. 33. (ex ejus herbario). — Graphalium 
microphyllum. Wild. ! Spec. m1, p. 1863, (ex herb. Desf.), non 
Tenore, (ex herb. Desf. et Gay.). 

Caulis pedalis, fruticosus, ramosissimus, glaberrimus, sordidè 
fuscus , ramis erectis, infernè glaberrimis, niveis, apice pubescen- 
tibus. Folia sessilia, lineari-lanceolata, obtusa, uninervia , margine 
revoluta, 2, rarius 3 lineas longa, lineæ quadrantem lata, facie 
villoso-tomentosa, dorso glaberrima , ramea inferiora confertissima, 
superiora (in ramis floriferis) remotiuscula. Capitula ad apicem ra- 
morum corymbosa, axe generali brevissimo subumbellata, corymbi 
capitulis 6-8. 7nvolucrumcylindraceum , subcampanulatum, 2 lineas 


SYNANTHEREÆ. | 273 


longum, lineam et dimidiam latum ; squamæ flavescentes, exteriores 
dorso tomentosæ, interiores glabræ, medio dorso multiglandulosæ , 
glandulis aureis approximatis , omnes ovato-oblongæ , apice obtusæ, 
scariosæ, erosæ. Flosculi 5-dentati, mvolucrum æquantes, plurimi 
hermaphroditi infundibuliformes, pauci feminei tubulosi. Pappus 
flosculis pauld longior, denticulatus. Fructum non vidi. Tota planta 
odorem quemdam aromaticum spirat. 


In monte Puig-Major in insulà Majore. Ibi 21 Aprilis nondüm 
floruerat. 


Oss. Les échantillons de Majorque que je possede étoient très-peu avancés lors- 
que je les ai cueillis ; ils présentent encore les restes des fleurs de l’année préce- 
dente, de sorte que j'ai pu m’assurer de la forme des involucres et de celle des 
écailles. J’ai décrit les fleurons d’après l’herbier de Tournefort. 

Le Gnaphalium microphyllum Tenore (Cat. Sem. ann. 1825 in Hort. Neap. 
collect. p. 4) différe de notre plante par son port, par ses feuilles moitié plus 
longues et cotonneuses des deux côtés, par sa tige également cotonneuse dans 
toute sa longueur, par ses involucres campanulés d’une matiere beaucoup plus 
prononcée, par ses écailles intérieures absolument dépourvues de glandes, etc. etc. 
Cette plante, telle que je l’ai vue dans les herbiers de MM. Desfontaines et Gay, 
envoyée par M. Tenore, ne me paroît pas assez distincte du Stæchas pour être 
maintenue au rang d’espèce. 

L’A. microphyllum paroît particulier à quelques îles de la Méditerranée; on le 
trouve à Candie ( Tournef. Herb. !) , dans la Corse méridionale et la Sardaigne 
(Viv.), enfin à Majorque, où il est assez commun sur le penchant du Puig- 
Major, non loin du couvent de Lluch. 


326. Grrora vurcaris. Cass. Dict. Sc. Nat. xvir, p. 531.— Filago 
germanica. Linn. Spec. 1311. 
In insulâ Minore (Hern. ). 


Hab. in totà Europä!, Ægypto (Del.). 


327. Firaco rxemæ4. Linn. Spec. 1511.— Cass. Dict. Sc. Nat. xvn, 
p 2-— Micropus pygmœus. Desf. ! Atl. 11, p. 307. 


Ad vias et in aridis Balearium vulgatissima. Florebat Aprili, 
Majo. 


274 DicorYLEDoneEs. 


Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä. 


. 328. Convza ausrGua. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 460. 
In insulà Minore ( Æern. ). 
Hab. in Andalusià ! , Gallià mediterraneä !, agro Romano (Sebast. 


et Maur. ). 


Ll 


329. Conyza saxariuis. Linn. Spec. 1207. 

Ubique ad muros et rupes Balearium. Floret Aprili. 

Hab. in Barbariâ propè Tingidem !, Andalusià ! , Ruscinonensi 
agro! , Provincià ! , agro Nicæensi !, Corsicà ! , Calabriâ! , Sicilià !, 
Græcià et Archipelagi insulis (Smith). 


330. Convza RuresTRis. Linn. Mant. 113, —C. geminifiora. Tenore ! 
Flor. Nap. 11, p. 213, t. cxxvir, (ex herb. Gay). 

In petrosis prope Artam, Cauviam in insulà Majore. Florebat 
Aprili, Majo. r 

Hab. in regno Valentino! , Andalusià !, Atlante ( Desf. ), Ægypto 
(Del.), Sicilià !, insulâ Caprearum ! , regno Neapolitano!. 


351. Convza sorina. Linn. Mant. 466. 

Frequens inter rupes montium insulæ Majoris ; etiam in insulà 
Minore (/Zern. ). ; 

Hab. in Atlante (Desf.), regno Valentino! Gallià mediterraneà!, 
agro Nicæensi (DC. ), agro Romano ( Sebast. et Maur. ). 


532. Inura opor4. Var. foliis decurrentibus , dorso lanatis. 


In insulà Minore ( Hern.). 


Ozs. Cette variété est tres-remarquable par ses feuilles décurrentes sur la tige, 
dont les ailes se prolongent au point d’atteindre souvent la longueur des entre- 
nœuds, et dont la surface inférieure est couverte d’un duvet laineux et crépu qui 
leur donne en dessous un aspect blanchâtre, tandis que le dessus est vert et parsemé : 
de quelques poils tres-courts. Dans l’/nula odora , tel qu’il croit à Draguignan 
en Provence !, en Corse !, et à Chalepa dans l’ile de Candie !, les feuilles sont 
échancrées en cœur à la base, embrassantes ; leur décurrence, lorsqu'elle existe, est 
à peine sensible; enfin elles sont vertes des deux côtés, et plus ou moins velues à la 


’ 


SYNANTHEREÆ. 275 


surface inférieure. Ces différences m’auroient déterminé à considérer cette forme 
Comme une espèce distincte, si je n’avois yu dans l’herbier de M. Gay des échan- 
tillons de l’nula bifrons qui présentent la même variation. Dans cette dernière 
espèce , les feuilles sont d'ordinaire décurrentes, on les trouve très-rarement 
sessiles , cordiformes et amplexicaules. Cette observation atténuant considérable- 
ment le principal caractère de ma plante, jai cru qu’il seroit plus convenable de 
la signaler comme variété de la forme ordinaire. 


353. Inuza pysenrerica. Linn. Spec. 1237. 
In humidis insulæ Minoris( Hern.). 
Hab. in totà Europa. 


334. Inura viscosa. Desf ! Atl. Il; P. 274. 

In insulà Minore (Hern.). 

Hab. in Gallià meridionali!, agro Genuensi (Bert. ), agro Romano 
(Sebast. et Maur. ), regno Neapolitano (Tenore), Græcià et Archi- 
pelagi insulis ( Smith), Cretà!, regno Algeriensi (Desf. !), agro Tin- 
gitano!. 

335. Inura crrrumones. Linn. Spec. 1240. 

In maritimis Balearium frequens. Florebat Majo, Junio. 

Hab. in totà regione mediterranes. 


356. Sormaco eravrorens. Lam Flor. Fr. I, p. 145. 
In insulà Minore ( Æern.). 
Hab. in Galliä !, Itali4 prope Pisas! , Corsica !. 


337. Senecio vuLcaris. Linn. Spec. 1216. 
In Balearibus frequens. 
Hab. in totà regione mediterraned. 


338. Sexecto 34coëxa. Linn. Spec. 1210. 
In insulâ Minore (Hern.). u 
Hab. in totâ Europ. 

359. Seneero Lirouus. Linn. Spec. 1220. 
In Ebuso ad vias frequens. Florebat Majo. 
Hab. in Hispaniâ meridionali !. 


276 Dicoryzeponss, 


340. Cixeraria marnTiMa, Linn. Spec. 1244. — ÆAchaovan abiat. 
Prosp. Alp. Plant. Ægypt. p. 43, t. xxvinr. 

In arenosis maritimis insulæ Majoris. 

Hab. in Gallià mediterraneä!, Liguriâ meridionali et agro Ge- 
nuensi (Bert.), agro Romano (Sebast, et Maur.) , regno Neapolitano 
(Tenore), Ægypto (Prosp. Alp.). 

341. Beruvm sectiioines. Linn, Mant. 285, non Desf, Atl. — 
Bellis droseræfolia. Gouan Illust. p. 60. 

In humidis prope Deyam in insulà Majore (Trias), necnon in ma- 
ritimis insulæ Minoris ( Æern. ). 

Hab. in Corsicâ!, insulis Therasià (D'Urv.), Chalci et Rhodo 
(Smith). 

342. Carexpuca arvewsis. Linn. Spec. 1303. 

Inter segetes Balearium vulgatissima. Florebat Majo. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 


345. CarysanTHEMUN seGerum. Linn. Spec. 1254. 

In agris insulæ Minoris (Hern.). 

Hab. in Gallià meridionali!, regno FL eee pat insulà 
Melità (Forsk.), Græcià (Smith), Barbariä ( Desf. ). 


344. CurYSANTHEMUM coRoNARIUM. Linn. Spec. 1254. 

Inter segetes insulæ Majoris et Ebusi vulgatisssima. Floret Martio, 
Aprili. 

Hab. in regno Valentino!, Andalusià ?, totâ Africà septentrionali 
(Desf.!—Viv.—Del.), Græcià et Archipelagi insulis (Smith), insulà 
Melità (D’Urv.), regno Neapolitano (Tenore), agro Romano ( Sebast. 
et Maur. ), agro Nicæensi ( DC.) , Provincià !. 

345. Becus Annua. Linn. Spec. 1249. 

Ubique in Balearibus. Floret primo vere. 

Hab. in Hispaniâ !, Barbarià (Desf.!), Cretâ!, Cypro, Asià mi- 
nore et Græcià (Smith), insulà Melità (D'Urv.), regno Neapolitano! , 
agro Nicæensi (DC.), totà Gallià mediterraneä!. 


SYNANTHEREÆ. 277 

346. Beruis-syrvësrais. Cyrill. Plant. Rar.11, p: 22, t. 4.— Doro- 

-ricum bellidiastrum. Desf.! Atl. x, p:278, non Linn.— Ærnica 
bellidiastrum. Lap.! Abr. p. 526, (ex observ. Gay. ), non Willd. 


In insulis Majore (Trias) et Minore (Hern.), ad vias. Floret au- 
tumno. 


Hab. in tot Gallià mediterraneä ! , totà Barbarid! ; agro Nb pol : 
tano ( Tenore ) 


347. Anreuisia cazuica. Willd. Spec. ur, p. 1834. 

In maritimis insulæ Minoris ( Hern.). ; 

Hab. in totà Galliä mediterraneä ! , Etruriä ! , agro Veneto!. 

348. Sanroumwa incana. Lam. Flor. Fr. ur, p. 45. —S. chameæci- 
parissus. Willd. Spec. 1, p. 1797. 


In insulæ Majoris monte Her ASS etiam in insulà Minore 
(Hern.). 


Hab. in Galliâ mediterraneä ! , regno Neapolitano (Tenore). 


349- Anraems maririma. Linn. Spec. 1250. 
In arencsis maritimis Balearium haud rara. 
. # . É s 
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptä. 


350. Anremis ARvENsis. Linn. Spec. 1261. 


In agris prope Artam in insulà Majore. Blorepat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


351. Acuirrea AGERATUM. Linn. Spec. 1 264. 

Ad vias in insulà Majore frequens. Florebat Majo. 

Hab. in Hispanià!, totà Gallià mediterraneä!, agro Nicæensi 
{DC.), agro Romano ( Sebast. et Maur.) , regno Neapolitano (Tenore). 


352. BuraTaazmum spinosum. Linn. Spec. 1247. 
Ad vias in Balearibus frequens. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


353. BurxraaLmum Aquarium. Linn. Spec. 1274. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 36 


278 DicorYLEDONES. 


Ad vias in Ebuso prope S. Eulaliam. Florebat Majo. 


Hab. in Gallià mediterraneä ! , regno Neapolitano ( Tenore ), 


Græcià et insulis Zacyntho et Melo (Smith), regno Algeriensi (Desf.!), 
prope Tingidem !. 


354. BuraTHaLMum mariTIMuM. Linn. Spec. 1274. 

In arenosis Balearium vulgatissimum. Florebat Majo. 

Hab. in Hispanià ab Andalusià ! ad Catalauniam! , Provincià!, 
agro Nicæensi (DC), Græcià (Smith), Barbarià ( Desf.! ). 


CAMPANULACEÆ. 


555. Campanuza ernus. Linn. Spec. 240. 

Ad apicem montis Galatzo in insulà Majore. Florebat Majo. 

Hab. in Hispaniä ! , Gallià meridionali! , agro Romano (Sebast. et 
Maur.), regno Neapolitano ( Tenore ), Græcià et insulà Cypro 
(Smith), regno Alseriensi (Desf. ! ) et prope Tingidem (Schousb. ). 


CUCURBITACEZÆ. 


156. Momorpica EtATERIUM. Linn. Spec. 1434. 
Ad vias in insulà Majore. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


357. Cucumis mexo. Linn.Spec. 1456. 
Colitur in.hortis. 


358. Cucumis sarivus. Linn. Spec. 1437. 
Colitur in hortis. 


359. Cucursira rAGenARIA inn. Spec. 1454. 
Colitur in hortis. 


360. Cucursira maxima: Duch. in Lam. Dict. 1, p. 151. 


3 


ERICGINEÆ—J'ASMINEZ. 379 
Colitur in hortisio mio s) à 2,226 9 ton 


361. Cucursira vero. Duch. in Lam. Dict. HD LOL: 
Coltar ur Lorie 


ERICINEÆ. 


362. Erica arsorea. Linn. Spec. 5o2. 

In montibus insulæ Majoris prope Pollentiam, ibsch, Soller en 
quens ; etiam in insulà Minore (Æern.). Florebat Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptà ; hujus limites 
septentrionales sunt in Italiâ Vallis Telina ! in Galliâ , Cebennarum 


jugus !. | 
363. Erica vacans. Linn. Mant. 230. 
Ubique in montibus insulæ Majoris. Florebat Aprili. 
_Hab. in regno Algeriensi (Desf.), Hispaniä ! , Occitaniä !, Pro- 


vincià !, agro re (DC). 


364. Arsurus uneno. Linn. Spec. 552. 

In montibus insulæ Majoris prope Esporlas. 

Hab. in Atlante (Desf.!), Cyrenaicà (Viv.), Græcià et Archipe- 
lagi inSulis (Smith), Italià ( Sebast. et Maur.—Savi—Viv.), Corsicâl, 
Gallià mediterraneà !. 


JASMINEZÆ. 


365. OLra europxa. Linn. Spec. 5. Vulgd Olivera, Ullastre. 
In montibas Balearium vulgalissi ma. Colitur in agris. 
4 Hab. in totà regione mediterraneä ; hujus limites septentrionales 
in Italià sunt lacus Verbanus , Luganensis, et Benacus ( Herb. 


Gay). 


Os. Cet arbre a été transplanté en Amérique : mais le gouvérnemieritiespagnol 
s'étant de tout temps opposé à sa culture , on n’en trouye que des piedsiisolés sur 


36* 


280 DrcoTryLEDONES. 


toutes les côtes occidentales, depuis le Chili jusqu’à la Californie ; on le cultive plus 
communément aux Etats-Unis, dans la Georgie et la Louisiane (Communication 
de M. Gay.). 


366. Parcivrea LATIFOuIA. Linn. Spec. 10. 
In sepibus insulæ Majoris frequens. Floret Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä. 


» 


367. PHiLLYREA ANGUSTIFOLIA. Linn. Spec. 10. 
Frequens in sepibus insulæ Majoris. Floret Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptä. 


568. Fraxinus exceusior 8. eustralis. Gay herb.!— #. excelsior. 
Desf.! Atl. 11, 394. 
Ad margines agrorum in insulà Majore. 


Oss. Cet arbre diffère du F. excelsior, tel qu’on le rencontre en France partout 
ailleurs que sur la lisière de la Méditerranée, par ses folioles plus étroites et parfai- 
tement glabres en dessous, non marquées de faisceaux de poils aux aisselles des 
nervures latérales. On pourroit le considérer comme une espèce distincte, si l'ob- 
servation n’avoit fait connoître des individus intermédiaires, soit par la largeur des 
folioles, soit par une légère pubescence de leur surface inférieure. 

Le vrai F. excelsior est trés-rare en France dans la région des oliviers : M. Gay 
l’a vu à Perpignan , à l’île Sainte-Lucie et à Balaruc ; mais la variété est beaucoup 
plus commune dans le Roussillon et en Languedoc: on en trouve des plañtations 
considérables sur les bords du canal du Midi, principalement à Castelnaudary 
(Ces faits m’ont élé communiqués par M. Gay.), 

Le F. excelsior de Barbarie, dont M. Desfontaines a bien voulu me communi- 
quer un exemplaire, a les feuilles parfaitement glabres en dessous; il appartient 
donc à la variété qui est cultivée à Majorque et dans le midi de la France. 


APOCYNEÆ. 


369. Vinca menra. Audib. in DC. Cat. Hort. Monsp. p. 71. 

In sepibus insulæ Majoris vulgatissima. Florebat Aprili. 

Hab. prope Monspelium !, in Ruscinonensi agro !, Barbarià prope 
Tingidem !. 


GENTIANEZ. 281 

370. Nerruu oEANDER. Linn. nu 

In montibus insulæ Majoris. 

Hab. in Provincià (1)!, Hispaniä!, totà Barbariä (Schousb. - — 
Desf.!— Viv.), Græciä et Archipelagi insulis (Smith. —D'Urv.), 
Sicilià (Ortol. et Raf.—Viv.), Calabrià ( Tenore), Sardinid, Cor- 
sicà !, Ligurià occidentali ( Viv.). 

Hujus limes septentrionalis in [taliä, est lacus Benacus , ad cujus 
orientales et meridionales ripas, inter rupium fissuras, non rard 
- occurrit (Pollini). In orientem, usquè ad Imerettiæ præfecturam 
Vacca excurrit (Gamba, Voyage dans la Russie méridionale. ). 


371. Cynancnum acurum. Linn. Spec. 310. 

In sepibus insulæ Majoris prope Artan. : 

Hab. in Hispaniä ! , Barbariâ (Desf. !), Ægypto!, omnibus PIE 
pelagi insulis (Smith—D’Urv. ).. 


372. Ascrerras niGra. Linn. Spec. 315. 

In montibus insulæ Majoris prope Esporlas frequens ; necnon in 
insulà Minore ( Hern.). Florebat Majo. 

Hab. in Pedemontio!, agro Nicæensi et Provinciä (DC.), Occita- 
nià ! , Ruscinonensi agro! 


GENTIANEÆ. 


373. Carora »ERFoLIATA. Linn, Mant, 10. 
In insulâ Minore (Hern.). 
Hab. in totà regione mediterraneâ , Ægypto exceptä. 


374. Crironia sricara. Willd. Spec. 1, p. 1069. 


" 


(1) M. Gay a trouvé celte plante en grande abondance au-dessus de Bormes, au 
bord de la Maravène, ruisseau que l’on traverse en allant de Hÿères à Saint- 
Tropez. 


282 DircoTYLEDONES. 
In maritimis insulæ Minoris (Æern:). ‘ Fa 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


375. Cnironta puLcneLra, Swartz Act. Holm, (1785) p. 85,t.3, 
f. 8 et 9. 

In maritimis insulæ Minoris (Æern.). 
< Hab. in Hispaniä!, Gallià !, Italià (Sebast. et Maur.—Bert. ) 


CONVOLVULACEÆ. 


376. Convozvuzus anvewsis. Linn. Spec. 218. 
In agris Balearium frequens. 
. 

Hab. in totâ regione mediterraneà. 


377. Convoryurus arruxoines. Linn. Spec. f222: — C. hirsutus. 
Tenore ! Flor. Nap. 1, p. 60, t. 15. 

Ubique in Balearibus. Floret Martio, Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneà. 


378: ConvozwuLus PenrargraLones. Linn. Syst. nt, p. 229. 

In agris insulæ Majoris prope Artam. Florebat Aprili. 

Hab. in Hispaniä (Cav.), Sicilià (Ortol. et Raf.), Calabriä 
(Tenore !). 

379. Convorvurus zineaTus. Linn. Spec. 224. 

Ad vias in insulà Majore prope Incam, Campos. Florebat Majo. 

Hab. in regno Valentino! , totâ Gallià mediterraneà !, agro Ge- 
nuensi (Viv.), insulà Caprearum!, Archipelagi insulis (Smith), 
Cyrenaicä ( Viv.), regno Algeriensi (Desf. !). 


380. Cazxsrecia serum. Brown Prodr. p. 83. — Convolvulus 
sepiumn. Linn. Spec. 218. 

Ad sepes in Balearibus vulgatissima. 

Hab. in tot regione mediterraneâ, Ægypto exceptä. 


BorRAGINEZ. 283 
‘381. CALvsrec14 soLpANELLA. Brown Prodr.! p: 485: — Convolvulus 


Soldanella. Linn. Spec. 226. 1,00 
In arenosis maritimis insulæ Majoris et Ebusi. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneâ , Ægypto exceptä. 


BORRAGINEÆ. 


382. Herrorrorrum euroPæun. Linn. Spec. 187. 
In agris Balearium frequens. Florebat Aprili. 
-Hab, in totà regione mediterranei. 


383. Ecxiuu rrarcum. Linn. Spec. 200.—Æ. pyrenaicum. Desf. ! 
Atl. 1, p. 164. 


Ad margines viarum in insulà Majore frequens. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione, mediterraneà , Ægypto exceptà. 


384. Ecrium vioraceum. Linn. Mant.‘42. — Æ.prandiflorum. 
Desf. ! Ail. 1, p. 166, t. 46.— E. megalanthos. Lap. ex Bentham Cat. 
p-. 76.—Æ. macranthum. Roem et Schult. Syst.1v, p. 20.—Æ. plan- 


tagineurm. Linn. ? et auct.? 

In collibus maritimis prope Artam in insulà Majore. Florebat 
Aprili. 

Oss. Cette espèce a été le sujet de beaucoup de confusions ;‘maïis les rénseigne- 
mens que j'ai recueillis me portent à croire qu’elle habite sur tous les bordsde la Mé- 
diterranée, et queises ‘diverses formesfontiété décrites tantôt sous/le nom delyiola- 
ceum, tanlôt sous ceux de plantagineum, grandiflorum, et macranthum. Les échan- 
tillons de l’herbier de M. Desfontaines et ceax que M. Gay'areçus.des environs 
de Tanger, confirment des deux'derniers, synonymes: M. De Candolle indique 
VE. plantagineum à Narbonne; or tous les exemplaires que j’ai pu me procurer, 
provenañt de cette localité, m'ont paru se rapporter à l'E. violaceum et confirmer 
la réunion de ces deux espèces proposée récemment par M. Bentham (Cat. I. c.). 
Il faudroit pouréclaircir entièrement ce sujet posséder des échantillons recueillis 
tout autour du bassin de la Méditerranée. Ceux que j'ai eus à ma disposition pro- 
venoient des environs de Toulouse, de Narbonne, de Tangèr!, d'Alger , de Tunis 


et de Naples. 


284 DrcoryLEDONEs. 


385. Ecxiuu Prosrrarum. Desf. Cat. Hort. Par. ed. 1, p. 72.—Del. ! 
Flor. Ægypt. Ilust. n. 216, non Tenore. « 

Ad viam inter Palmam et Soller in insulà Majore. Florebat Aprili. 

Hab. in Ægypto(Del.). 


386. Ecriuu cazvcnum. Viv. Fragm. Ital. 1, p. 2, t. 4.— Æ. ni 
tratum. Tenore! Flor. Nap. p. 5o ,t. 12, non Desf. 

In incultis et ad margines viarum in insulà Majore frequens. Flo- 
rebat NE 


Hab. Pro due !, agro Nicæensi ( DC.), agro Genuensi (Viv.), 
regno Neapolitano! , insulà Caprearum ! , insulis Melitä et Melo 
5 1% NES < ; 


(D'Urv.). 


387. LirHOsPERMUM OFFICINALE. Linn. Spec. 189. 
In insulà Majore prope Esporlas. Florebat Majo. 
Hab. in Europâ fer totä. 


388. Liruospermum ARvENsE. Linn. Spec. 190. 
Ubique in agris insulæ Majoris. Florebat Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto except. 


380. Lirmospermum aruLux. Vahl. Symb. 11, p. 33.—Myosotis apula. 
Linn. Spec. 189. 

In aridis insulæ Majoris prope Petram, Artam. Florebat Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptä. 


390. Nowra curea. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 420. 
In sterilibus prope Cauviam in insulà Majore. Florebat Majo. 
Hab. in Ruscinonensi agro! , Stœchadum insulis ( DC.) , Corsicà !. 


301. Svwpayrum ruserosum. Linn. Spec. 195. 
In montibus insulæ Majoris prope Lluch. Florebat Aprili. 
Hab. in Europà ferè totà. Meridiem vershs usquè in Græciam 


progreditur. 


BORRAGINEX. ‘285 


392. Ancuvsa 1razica. Retz Obs. Bot. fasc. 13 P- 12. — 4. paniculata. 
Ait. Hort. Kew. ed. 1.1, P- 177. 

Ad vias in insulä minore (Hern.). 

Hab. in Galliâ!, Etruriä (Savi), Græciâ (Smith). 


395, Ancuusa ancusriroura. Linn. Spec. 191. 
Ad vias in insul4 Majore circa Artam. Florebat Aprili. 


394. Cyoczossuw rrcrum. Ait. Hort. Kew. éd x P-,179.— C. 
officinale. Desf. ! Atl. 1, p. 158. — Smith Flor. Græc. Prodr. 1, 
P- 117? non Linn. 

In incultis insulæ Majoris prope Artam; etiam in insul4 Minore 
(Æern.). Florebat Aprili. 

Hab. in Galliä mediterraneä !, agro Romano (Sebast. et Maur.), 


Siciliä (Ortol. et Raf.), Cretä!, regno Algeriensi (Desf. 1), agro Tin- 
gitano !. 


Os. Je ne cite qu'avec doute le synonyme de M. Smith, parce qu'il pourroit se 
faire que Sibthorp eût recueilli le yrai €. officinale sur les montagnes de la Grèce. 
Dans ce cas le C. Pictum devroit être ajouté à la flore de cette contrée , puisque 
j'en ai vu un échantillon ; dans l’herbier de M. Gay, provenant de l’île de 
Candie. Cette espèce habite toute la France occidentale depuis les bords de la 
Loire, à Orléans, Blois et Tours, jusqu'aux Pyrénées, et tout le littoral de la 
Provence, du Languedoc et du Roussillon où le €. officinale n’existe pas. 


395. Cynocrossum cuerrirozro. Linn. Spec. 193.— Anchusa lanata. 
Desf. ! Atl. r, P: 158, an Linn. ? 

Frequens in aridis et montosis insulæ Majoris. Florebat Martio. 

Hab. in Provinciä!, Occitaniä !, Aragoniä!, regno Valentino!, 
Andalusià ! regno Alseriensi (Desf. !). 


396. Borraco orricmaris. Linn. Spec. 197. 
Frequens ad vias et maroines agrorum in Balearibus. 
Hab. in totâ regione mediterrane4. 


Mém. du Muséum. t. 14. 37 


286 DicoTyLEDoNEs. 


SOLANEÆ. 


397. Vsrsascum siuarum. Linn. Spec. 254. 
Ad vias in Balearibus vulgatissimum. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


398. Hvoscramus arsus. Linn. Spec. 257. 
In- insulà Minore ( Æern.). 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


399. Hxosciamus nicer. Linn. Spec. 257. 
Ad vias et pagos in insulis Majore et Minore. 
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà. 


4oo. Nicorraxa rasacum. Linn. Spec. 258. 
Colitur in Balearibus. 


4o1. Nicorrana Rusrica. Linn. Spec. 258. 
Colitur in Balearibus præsertim in Ebuso. 


4o2. Puysauis somnirera. Linn. Spec. 267. 

Ad vias in Balearibus haud rara. Florebat Majo. 

Hab. in insulis Chalci et Cypro (Smith), Syriâ!, Ægypto ! , Bar- 
bariâ !. Meridiem versüs usquè ad Senegaliam progreditur. 


403. Soranum nicrum. Linn. Spec. 266. 
Ubique in agris Balearium. Florebat Mextio, 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


4o4. Soranum Tuserosum. Linn. Spec. 265. 
Colitur in agris et hortis Balearium. 


405. Soranum LycoPersicum. Linn. Spec. 265. 
Colitur in hortis. 


406. Soranum MELONGENA. Linn. Spec. 266. 
Colitur cum priore. 


: 


+ 
PERSONATÆ. 287 


407. Soranun sopomeuu. Linn. Spec. 268.—S. Hermanni. Dunal ! 
Sol. p. 212,t.2,f.3. 

Ubique ad vias et pagos Balearium. Februario Martioque flo- 
rebat. 

Hab. in Calabriä !, insulâ Caprearum (Tenore), Sicilià!, Afric4 
(Linn. ). 


408. Carsrcum annum. Linn. Spec. 270. 
Colitur in hortis et condimentum usitatissimum præbet. 


PERSONATZÆ. 
SL Antirrhineæ. 


409. ScroPxuzanIA PEREGRINA. Linn. Spec. 866. 

Ad sepes in insulä Majore circa Palmam, Pollentisam ; necnon in 
insulà Minore (Hern.). Florebat Aprili. 

Hab. in Galliâ meridionali ! , agro Nicæensi (DC.), Etruriä (Savi), 
agro Romano (Sebast. et Maur.), regno Neapolitano!, Græciâ 
(Smith), Cretä!. ï 


410. ScroPaULARIA cammna. Linn. Spec. 865. 

Ad torrentes in montibus insulæ Majoris frequens. Florebat Majo. 

Hab. in Galliä !  Ttalià (Savi—Sebast. et Maur.—Tenore), Græcià 
et ivsulis Cretà et Cypro (Smith), Barbariä ( Desf. ). 


411. Dinar examine. Desf. Ail. 11, p. 37. 
In insulà Minore ( Æern. JE 
Hab. in totà regione mediterranei. 


412. Livarta spuria. Mill. Dict. n. 15. 
In agris insulæ Majoris et Ebusi. Florebat Aprili, Majo. 
Hab. in totà regione mediterrane. 


413. Linaria rrpuyrra. Mill. Dict, n. 2. 
In agris prope Palmam, Artam in insulâ Majore. Floret Aprili. 


37* 


288 _ Drcoryrenones. 


Hab. in Hispaniä(Viv.), totà Barbariä (Desf.—Viw.), insulà Melo 
(D'Urv.), Sicilià (Viv.), Corsicà!. 


414. ANTIRRHINUM ORONTIUM. Linn. Spec. 860. 
Inter segetes Balearium frequens. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà. 


415. Dicirauis ruarst. Linn.Spec. 867.— D. thapsi var. a. Lindi. 
Digit. Monog., p. 10, t. 3. 

Radix incrassata , scabra, fusca. Caulis herbaceus, pedalis, as 
cendens, simplex, tomentosus. Folia lanceolata, utrinquè tomentosa, 
facie viridia, dorso tomento densissimo albida, margine integra vel 
tenuissimè denticulata ; radicalia in petiolum attenuata; caulina ses- 
silia, amplexicaulia , subdecurrentia, gradatim breviora. Flores ra- 
cemosi, secundi, nutantes , racemo 10-15 floro. Pedunculi 3-6 lineas 
longi, sepalis longiores nunc breviores , tomentosi , floriferi nutan- 
tes , fructiferi erecti arcuati , basi suffulti bracteà ovato-lanceolata, 
1-2 lineas longâ , sessili, tomentosâ. Cal/yx 5 partitus, lobis inæ- 
qualibus, superiore minore lineari-subulato, reliquis ovato-lanceo- 
latis acutis, omnibus nervosis , utrinquè, præsertim dorso, villosis, 
pilis brevibus glandulosis. Corolla rosea, intùs rubro-punctata, 14- 
16 lineas longa , 6-7 lineas lata, puberula, limbo brevi , lobis obtu- 
sis. Antheræ immaculatæ, pubescentes. Capsula sepalis triente bre- 
vior, subglobosa , villosiuscula, pilis brevissimis glandulosis. Semina 
plurima , scrobiculis placentæ centralis aflixa, subsphærica, apice 
acutiuscula, sub lente foveolata ; embryo rectus in centro perispermi 
carnosi; radicula apicem seminis spectans. 

In montibus insulæ Majoris prope Lluch, ad rupes in monte 
Puig-dè-Torrella; necnon in insulà Minore (Æern.). Floret Junio. 

Hab. in Hispaniä !. 


Os. Cette espece diffère du D. purpurea par sa tige moins élevée, par ses 
feuilles tomenteuses, blanches en dessous, par ses bractées beaucoup plus courtesque 
les pédicelles, par ses anthères sans taches et pubescentes, Il paroît cependant que 


PERSONATÆ. 289 


plusieurs de ces caracteres s’évanouissent par la culture. M. Lindley paroît indécis 
si on doit conserver le D. thapsi au rang d’espèce ou la regarder comme une variété 
du D. purpurea. Personne, mieux A Le , De pouvoit décider cette question , puis- 
qu’il avoit à sa disposition des exemplaires recueillis en Espagne et en Portugal, et 
qu'il a vu, dans le jardin de Kew, des individus provenant de graines fournies par 
ces mêmes échantillons. 

Linné demande si notre plante n’est point une hybride du Digitalis purpurea et 
du J’erbascum thapsus. Ce doute, qui n’est fondé que sur l’aspect de ses feuilles 
inférieures qui ont quelques rapports avec celles du 7. thapsus, ne peut être admis 
aujourd’hui, puisqu'il n’existe pas d'exemple authentique de fécondation entre 
des plantes de genres différens. D’ailleurs je n’ai apercu dans les Baléares ni le 
D. purpurea, ni le F. thapsus. | 


SIL. RAinanthaceæ. 


416. Veronica anaçaruis. Linn. Spec. 16. 
In fossis Balearium frequens. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


417. Veronica seccagunGa. Linn. Spec. 16. 
In insulà Minore ( Hern. ).. 


Hab. in Galliâ!, Italiâ!, Græcià (Smith). 


418. Veronica AGresTis. Linn. Spec. 18. 
In umbrosis montium insulæ Majoris prope Artam. Florebat 


Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä, Ægypto exceptà. 


419. Veronica cymsarariA. Bodard. Dissert. Pisis, 1708. 

In umbrosis Balearium vulgatissima. Florebat Aprili. 

Hab. in Gallià mediterraneä!, Liguriä (Bert.), Etruriä ( Savi), 
agro Romano ( Sebast. et Maur.), regno Neapolitano !, insulis Archi- 
pelagi et agro Byzantino (Smith—D’Urv.), Cretä !, Barbariä !. 


420. Disanpra arricana : Caulibus villosis , foliis orbiculato-cor- 
datis, 7-9 crenatis, villosis, filamentis corollam subæquantibus , 
stylo glabro , stigmate subincrassato. Nob. Tab. 0. 


290 DicoryLEDONESs. 


Chry sosplenii foliis planta aquatica flore flavo pentapetalo.Schaw 
Cat. n. 149, f. 149.— Sibthorpia africana. Linn. Spec. 880.— Di- 
sandra prostrata B. Willd. Spec. 11, p. 282. 

Caules numerosi, humifusi, repentes, flexuosi, ramosi, filifor- 
mes, pedales, villosi, pilis longiusculis, albidis, subulatis, sim- 
plicibus. Folia alterna, petiolata, orbiculata, cordata, 7-0 crenata 
(crénis rotundatis obtusis, vel ovatis acutiusculis), utrinquè præser- 
tim dorso villosa ; radicalia longissimè petiolata, petiolo 2-3 unciali, 
limbo 6-7 lineas longo, totidem lato ; caulina remotiuscula, petiolo 
internodia æquante vel iisdem breviore. Flores axillares, solitarii, 
rarius geminati, pedunculati, pedunculo petiolos superante, flori- 
fero flexuoso, fructigero spiraliter torto. Ca/yx æqualis , longè hir- 
sutus, 5 rarius 4-fidus ; tubo campanulato ; segmentis ovato-lanceo- 
latis, tubo paul brevioribus. Corolla regularis, rotata , lutea, in ca- 
lyce 5-subfido-5-partita, in calyce 4-subfido 4-partita; tubo brevissimo; 
segmentis calyce duplè longioribus, obovato-oblongis, æstivatione 
imbricatis. Stamina in corollà 5-lobà 5, in corollà 4-lobä 4, medio 
tubo inserta, segmentis alterna, iisdem pauld breviora, æqualia; 
filamentis filiformibus, luteis ; antheris medio dorso insertis, oblon- 
gis, luteis, bilocularibus , loculis longitudinaliter dehiscentibus. 
Ovarium disco hypogyno glanduloso insertum, breve, ovoideum; basi 
glabrum , apice pilosiusculum, biloculare, loculis pluri-ovulatis. 
Stylus subclavatus, corollam æquans : Stigma capitatum , subemar- 
ginatum. Capsula calyce persistente aucto tecta, ovoideo-globosa, 
basi glabra, apice hispida, oppositè bisulca, bivalvis. Placenta cen- 
tralis, scrobiculata. Semina 12-15, scrobiculis placentæ inserta, 
subsphærica , apice acutiuscula , rufescentia. Embryo rectus in 
centro périspermi carnosi : radicula apicem seminis spectans. 

A D. prostrata. Liun. differt : 1° caulibus filiformibus, villosis 
non puberulis; 2 foliis tripl minoribus , longiùs pedunculatis, 7-9 
non 20-30 crenatis, utrinquè villosis non puberulis; 3° floribus du- 
pl minoribus, plerisque solitariis non fasciculatis; 4° filamentis 


Lai 
Wie 


Tom. 14 


PERSONATæ. l 201 


corollam subæquantibus, non eâdem triente brevioribus; 5° siylo 
glabro apice incrassato, non piloso filiformi. 

Ubique in montibus insulæ Majoris et Ebusi, ad rupes umbrosas 
aut excavatas. Floret Majo. 


Oss. Cette espèce habite les côtes septentrionales de l’Afrique, où elle a été 
recueillie par Schaw, sans qu’on sache précisément le lieu où il l’a découverte. On 
doit probablement lui rapporter le Sibthorpia europæa observé par M. Sieber 
auprès de Rettimo dans l’île de Candie (Reis nach Kret, 1, p. 188), et la plante du 
même nom que M. Smith mentionne dans le Prodromus Floræ Græcæ (1, p- 439). 
Il me paroît difficile qu’une espèce qui habite l'Angleterre, et qui en France 
s'éloigne peu de l'Océan, puisse se trouver dans une ile de la Grèce. 

Le Sibthorpia europæa diffère des Disandra: 1° par sa corolle irrégulière ; 


2° par ses étamines inégales, au nombre de quatre, la supérieure avortant 


constamment; enfin par son disque à cinq lobes irréguliers, trois, opposés aux 


. segmens les plus longs de la corolle, lancéolés, deux, opposés aux segmens les plus 


EC did à Si 


courts, beaucoup plus petits et d’une forme arrondie. Les étamimes varient de 


quatre à huit dans le Disandra, maïs leur nombre est toujours le-même que celui 
des lobes de la corolle qui varient aussi dans la même proportion. Ce caractère, 
joint à ceux tirés du disque et de la corolle, me paroït suffisant pour séparer ce 
genre du Sibthorpia; je dirai mème qu’il m’en paroît aussi distinct que ce dernier 
l’est des Véroniques à quatre étamines. On doit cependant observer que le Di- 
sandra et le Sibthorpia ont entre eux la plus grande analogie de port; leur ressem- 
blance est telle qu'il seroit tres-difficile de les distinguer au premier aspect sans 
le secours des fleurs. Les D. prostrata et africana se- distinguent facilement du 
Sibthorpia europæa par leurs corolles jaunes, non d’un rose pâle, mais-les D. pi- 
chinchensis ét retusa (Sibthorpia pichinchensis et retus., Kunth (Nov. Gen. et 
Spec. 1, p- 390-391 , t. 176-177) ont desfleurs d’un rouge plus ou moins foncé. 


Expl. tab. IX. 1 Flos numero partium quaternario.— 2 Idem numero partium 
quinario.— 3 Idem desuper visus.— 4 Corolla.— 5 Pisüllum.—6 Ovarium trans- 
versè sectum.—7 Capsula calyce vestita.—8 Eadem calyce ablato.—9 Eadem 
longitudinaliter secta.— 10 Semen.—11 Idem longitudinaliter sectum. 


42x. Barrsia TRixaGo. Linn. Spec. gd. 1, p.602. 

In maritimis insulæ Minoris (Hern.). 
 Hab. in Hispaniâ !, Galliâ mediterraneä !, Corsicä ! , regno Neapo- 
litano ! , Græcià et Archipelagi insulis (Smith). 


292 DicoryLEDONEs. 


422. Orosancge masor. Linn. Spec. 882. 

In agris prope Esporlas in insulà Majore , necnon in Ebuso. Flo- 
rebat Majo. | 

Hab. in Barbarià (Desf.!), Galliä !, Italià (Sebast. et Maur.-Tenore). 


423. Orosanoue cærurea. Vill. Dauph. 11, p. 406. 

In agris insulæ Majoris prope Artam, necnon in Ebuso. Florebat 
Aprili , Majo. 

Hab. in Hispanià !, Galliä !, Italià (Savi-Tenore), Græcià (Smith). 


LABIATÆ. 


424. Rosmarinus orricinaLis. Linn. Spec. 33. 
Ubique in Balearibus. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


425. Sarvra cranpesTina. Linn. Spec. 36.— $. verbenaca «a. Desf. ! 
Atl. 1, p. 22. 

Ad vias in Balearibus vulgatissima. Florebat Martio. 

Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


426. Sarvia versenaca. Linn. Spec. 35.— S. verbenaca R. Desf. ! 
Alt.1,p. 22. 

Ad margines agrorum prope Esporlas in insulà Majore. Florebat 
Martio. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 

427. Auuca [va. Schreb. Vert. Unilab. 25.— Teucrium Iva. Linn. 
Spec. 787. 

In aridis insulæ Majoris haud rara, etiam in insulâ Minore (Hern.). 
Florebat Majo. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 

428. Teucrium campanuLaTum. Linn. Spec. 786. 

In insulà Majore , ad viam inter vicum Campos et fontem sanctam. 
Florebat Majo. 

Hab. in Apuliä (Tenore ), Sicilià ! , Oriente (Willd. ). 


 Lasrarz. 203 
* 429. Teuomun sorrys. Linn. Spec. 786. 
_ Ju insulà Majore ( Prias)ggN 14 
Hab. in Galli4!, regno Neapolitano (Tenore), Barbarià (Desf. ). 
bi: : 


430. Teucrium marum. Linn. Spec. 788. 
In insulä Minore (Hern. ). . 
Hab. in Occitanià ! , Provincia ! ; Stœchadum insulis!, Corsica !. 


451. Teucrium scorprum. Linn. Spec. 790. 
In insulà Majore (Trias). é 
Heb. in Galliâ!, totà Italià (Bert. —Savi — Sebast. et Maur. — 
Tenore), Sicilià (Ortol. et Raf.), Corsicä!, insulis Zacyntho et Creti 
. Asiâque minore (Smith). 


432. Teucriun cramæprys. Lino. Spec. 790. 
In aridis insulæ Majoris circa Esporlas, Incam ; necnon in insulâ 
Minore (Zern.). Florebat Majo. 

Hab. in Galliä !, Italià (Bert.—Savi—Sebast. et Maur.—Tenore), 


Corsicâ ! , Græcià et Archipelagi insulis (Smith). 


433. Teucrum rLavum. Linn. Spec. 791. 
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas. 
* Hab. in totâ regione mediterrane4, Ægypto exceptä. 


434. Teucrium ASraricum. Linn. Mant. 80. ù 
In fissuris rupium montis Puig-Major in insulâ Majore. 21 Aprilis 
nondüm floruerat. 


Ons. Cette espèce est indiquée avec doute dans les Indes orientales. Peut-être 
son acquisition dans les jardins est-elle due au voyage d’Ant. Richard aux Baléares. 


435. Teucrium PoLrux. à latifotium. DC. Flor. Fr. U1 , p. 521. 
In petrosis Balearium frequens. Florebat Majo. 

-B. angustifolium. DC. Flor. Fr. mm, p.521. 
In insulà Majore prope Artam. 

* Hab. in totâ regione mediterraneä. 


Mém. du Muséum. t. 14 38 


294 DicoTyLeDonezs. 


436. Teucrium cArITATUM pycnophyllum. Gay ! Herb. —(7. pyc- 
nophyllum. Schreb. Unilab. p. 48, n. 5r.— T. candidissimum. 
Salzm.! in litt. ad Gay. 

In sterilibus Ebusi. Florebat Majo. 

Hab. in Corsicâ!, Hispanià ( Willd.). 


437. Sarurera NERvOsA. Desf. ! Atl. ar, p. o. 

An satis a Saturei4 græc distincta ?. 

In aridis Ebusi frequens. Florebat Majo. 

Hab. in Barbariä ( Desf. !), Cyrenaicà (Viv.), insulà Melo (D'Urv.), 
insulà Zacyntho (Smith). 


438. Lavanpuza spica. Chaix in Vill. Dauph. 1, p. 355. 

In montibus circa Esporlas in insulà Majore. 

Hab. in Galliâ mediterraneà ! , regno Neapolitano (Tenore), agro 
Argolico (Smith), Barbarià (Desf. !). 


439. Lavannura srnogcas. Linn. Spec. 800. 
In insulà Minore (Hern.). 
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä. 


440. Lavanpuza DEnraATA. Linn. Spec. 800. 

In aridis insulæ Majoris circa Belver, Cauviam. Florebat Majo. 

Hab. in Hispanià a regno Valentino! ad Andalusiam !, regno Alge- 
riensi (Desf.!), Græcià (Smith). 

441. SiperiTis RoMANA. Linn. Spec. 802. 

Ubique in insulis Balearibus. Martio Aprilique floret. 

Hab. in totâ regione mediterraneà , Ægypto exceptà. 

442. Mevraa rorunnirouA 8. DC. Flor. Fr. 1, p. 534.—"7. crispa. 
Linn. Spec. 805. 

In insulà Minore ( Hern.). 

Hab. in Galliä ! , regno Neapolitano SNS Græcià (Smith). 

443. MenrTHA PULEGIUM (2. eriantha. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 400. 
— M. Pulegium. Desf. ! Alt. 1, p. r7. 


 Lasraræ. 295 
In insulà Minore (ern. ).. dires 4 
Hab. in Gallhià mediterraneä !, Calabriä! , Cretâl!, regno Alge- 

riensi ( Desf.!), prope urbem La Conception! in Americæ regno 

Chilensi. (a 


444. Lau amrrexicauLe. Linn. Spec. 809. 
In agris Balearium vulgatissimum. Martio floret. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


445. Sracays Germanica. Linn. Spec. 812. 
Ad margines viarum prope Esporlas in insulà Majore. Majo 
floret. 
Hab. in Gallià!, Italià , Bulgarià (D’Urv.). 


446. Sracuys miRTA. Linn. Spec. 612. 

Frequens ad vias et in montosis insulæ Majoris. Florebat Aprili. 
Hab. in Galliâ mediterraneà !, Hispanià ! , Barbarià ! , Sicilià!, 
Itali !. 


447. Sracuys aRvensis. Linn. Spec. 814. 
‘In agris insulæ Majoris circa Artam. Florebat Aprili. 
Hab. in Gallià !, Hispaniä! , Barbariä! , Cretà ! , Græciä (Smith), 
Corsicâ!, Italià (Tenore— Sebast, et Maur.—Savi). 


448. Bazrora micra B. Sebast. et Maur. Flor. Rom. Prodr. 196.— 
B. alba. Linn. Spec. 814. 
In insulà Minore ( Hern.). 


Os. Les Ballota nigra et alba de Linné ne different l’un de l’autre.que parce 
que les dents du calice, dans la première espèce, sont dressées , tandis qu’elles 
sont étalées dans la seconde. Ce caractère, qui est sujet à varier ,ne me paroit pas 
suffisant pour motiver la distinction de ces deux plantes, 


449. Marrumuw mispanicum. Linn. Spec. 816. 
In insulà Majore prope Esporlas. 
Hab. in Hispanià !, Barbariä.( Desf.). 
384 


296 DicoTYLEDONES. 


450: Marrusium vurGare. Linn. Spec. 816. 
Ubique ad vias etcirca pagos Balearium. Floret Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä. 


451. Paroms 1Tauica. Smith Spicil. 1, p. 6.— Pers. Synops. 1, 
p- 126. 

In montibus insulæ Majoris prope Lluch haud rara ; etiam in in- 
sulà Minore ( Zern. ). Floret Majo. 

Hab. in Italià et Lusitanià (Pers.). 


452. OrIGanum masoricum : caule laxè tomentoso; foliis ellipticis, 
pubescentibus ; floribus fasciculatis ; calyce bilabiato ; corollà bila- 
biatà , labio superiore emarginato, inferiore trifido. Nob. 

Caulis herbaceus , bipedalis et ultrà, teres, ramosus , tomento laxo 
vestitus. Folia inferiora 8-10 1. longa, 5-6 1. lata, petiolata, petiolo 
4-5 L. longo ; superiora multù breviora, sessilia ; omnia ovato-ellip- 
tica , utrinquè præsertim subtàs pilis brevissimis albidis scabrius- 
cula. Flores ad apicem ramorum spicati, spicis brevissimis, conglo- 
batis ; singuli basi instructi bracteà foliis superioribus omnind con- 
formi , florem subæquante. Calyx bilabiatus, glandulosus; tubo 
infundibuliformi, glabriusculo, 10-nervio; labio superiore profundè 
tridentato, dentibus ovatis, obtusiusculis, ciliatis; inferiore triente 
breviore, bipartito, segmentis obtusiusculis, ciliatis; fauce pilis 
brevibus clausà. Corolla bilabiata, rosea, puberula ; tubo calycem 
pauld superante ; labio superiore brevissimè emarginato ; inferiore 
trifido, segmentis lateralibus labium superiorem æquantibus, medio 
triente longiore; fauce nudà. Stamina summo tubo inserta; fila- 
mentis brevissimis; antheris subrotundis basi brevissimè emargi- 
natis, infrà medium dorsum insertis. Ovarium subrotundum , gla- 
brum , apice 4 lobum. Stylus corollam paululùm superans, fili- 
formis, apice dilatatus, parte dilatatà brevi, bipartità. Fructum 
non vidi. 

In aridis insulæ Majoris prope Incam, Florebat Majo. 


LABIATÆ. | 297 


Oss. Cette espèce diffère essentiellement de l’Origanum vulgare Linn. 1° par 
son calice à deux lèvres bien distinctes, non à cinq dents à peu près égales, fermé 
de poils beaucoup plus courts; 2° par sa corolle dont le tube dépasse à peine le 
calice , au lieu d’être à peu près du double pluslong; 3° par ses étamines beaucoup 
plus courtes; 4°. par ses anthères légerement émarginées à la base, non à deux 
lobes réunis au sommet par un connectif très-étroit. Elle se ÉLÉS de l'O. cre- 
ticum, tel qu'il existe dans l’herbier de M. Gay, provenant de l’île de Candie, 
1°. par ses fleurs disposées en épillets beaucoup plus courts; 2° par son calice à 
deux lèvres, non à cinq dents à peu près égales; 3°. par sa corolle bilabiée, à levres 
inégales, non à cinq segmens à peu près égaux entre eux. L’O. creticum D'Urv. 
Enum. est, selon l'observation consignée dans l’herbier de M. Gay, tres-différent 
du vrai O. creticum ; j'en ai observé des échantillons, provenant de graines rap— 
portées par M. D'Urville et cultivées dans le jardin de Toulon , Qui ne different du 
vulgare, tel qu’il croît aux environs de Paris, que par leurs bractées un peu plus 
courtes; par leurs fleurs plus petites, moins fasciculées : par leur corolle un peu 
plus velue, et dont la lèvre supérieure est fendue jusqu’au-dessus de la base, au lieu 
d’être légèrement émarginée. On doit, selon l'observation de M. Gay, réunir à 
VO. vulgare VO. creticum. DC. FI. Fr. Le vrai creticum n’a point encore été 
observé en France. 


453. Tuymus vurcaris. Linn. Spec. 825. 

In sterilibus lapidosis Balearium frequens. Florebat Majo, Junio. 

Hab. in Hispaniä !, Gallià meridionali!, Italià!, Græciâ et Archi- 
pelagi insulis (Smith). 


454. Taymus rurormis. Ait. Hort. Kew. 11, p. 313. 
Ad rupes et muros insularum Balearium vulgatissimus, Aprili 


Floret. 
Hab. in Hispanià (Pers.). 


455. Tayuus cazamnrma. Smith Flor. Brit. p. 641. 

Jh fissuris rupium montis Puig-dè-Torrella in insulà Majore. 

Hab. in Galliä ! , Italià (Savi—Sebast. et Maur.), monte Athô et 
prope Byzantium (Smith), circa Tingidem !. 


456. Taymus nerera. Smith Flor. Brit. p. 642. 
In insulà Majore (Trias). 


298 DicoryLepones. 


Hab. in Galliä!, Italià ( Bert.—Savi— Sebast. et Maur.), Græcià 
et Archipelagi insulis (Smith). 


457. Prasrum mayus. Linn. Spec. 838. 

In montibus insulæ Majoris prope Esporlas , necnon in insulà Mi- 
nore ( Æern.). 

Hab. in Hispanià meridionali !, Barbarià (Desf. !), Cretà !, Græcià 
et Archipelagi, insulis (Smith). 

Oss. Selon M. Viviani (Flor. Lyb. Spec.), on doit rapporter au Prasium minus 


les synonymes de la Flore française et des auteurs italiens : le Prasium majus ne se 
trouve ni en Corse ni en Italie. 


PYRENACEÆ. 


458. Vitex aGnus-casrus. Linn. Spec. 890. 

Ja humidis insularum Majoris (Trias), et Minoris (Æern.) haud 
rara. 

Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptà. 

459. Versena orricinauis. Linn. Spec. 29. 


Ad vias in insulà Minore (Hern.) 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


ACANTHACEÆ. 


460. Acanraus moLuis. Linn. Spec. 891. 

In insulà Majore prope Incam. Floret Majo. 

Hab. in Gallià meridionali ( DC. ), agro Romano ( Sebast. et 
Maur. ), regno Néapolitano (Tenore), Sicilià (Smith ), Asià minore 
circa Trapezum (D’Urv.), regno Algeriensi (Desf. !). 


PRIMULACEZÆ. 


461. Anacazus cÆruLEA. Lam. Flor. Fr. 11, p. 285. 
In agris insulæ Majoris et Ebusi frequens. Floret Martio . 


PLUMBAGINEZ. 299 


Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptà. 


462. Anacarus Pmoenicea. Lam. Flor. Fr.un, p. 285. 
Ubique in agris Balearium. Martio floret. 
Hab. in Gallià!, Archipelagi insulis (Smith), regno Algeriensi 
(Def. ). 


463. Conis monsreztensis. Linn. Spec. 252. 

Ubique in aridis et arenosis maritimis Balearium. Floret Majo. 

Hab. in Gallià mediterraneä ! , Ligurià occidentali et regno Nea- 
politano (Viv.), Sicilià (Biv. Bern.), Græcià (Smith), Ægypto 
(Del. ), totà Barbarià ( Viv.—Desf.—Schousb.), Hispanià!. 


464. PrRimura ELATIOR. Far. scapo brevi, floribus atro-purpureis. 
Crescit prope Esporlas in insulà Majore ; verisimiliter ex hortis 
transfuga. 


465. Cycramex vernuw. Lob. Ic. tab. 605, fig. sinistra. - Cyclaminus 
vernus. Clus. Hist. p. 265.—Cyclaminus verno tempore florens. Clus. 
Ac. p.265. Ic.—Cyclamen Byzantinum Magn. Bot. Moxsp. p. 85.— 
C. europœæum. Desf. Flor. Al. 1, p. 167.—C. hederæfolium. Sebast. 
et Maur. FI. Rom. Prodr. p. 05.— C. hederæfolium à Bert. Amon. 
Jtal. p. 18. 

In umbrosis Balearium vulgatissimum. Primo vere floret. 

* Hab. in Gallià meridionali ! , Itahià!, Corsicä!, Cretà!, Barbarià 


(Def. !). 


466. Samorus Vazerannr. Linn. Spec. 243. 
Ja humidis Balearium frequens. 
Hab. in orbe ferè toto. 


PLUMBAGINEÆ. 


467. Srarice cuonum. Linn. Spec. 394. 
In paludosis maritimis Balearium haud rara. 


300 DircoTyLEDONESs. 


Hab. in totä regione mediterraneä. 


468. Srarice AuricuzæroLta. Vahl Symb. 1, p. 25. 

In maritimis insulæ Minoris (Æern.). 

Hab. in maritimis Galliæ!, Barbariæ prope Mogador (Schoush.), 
circa Tingidem!. 


469. Srarice oceærou1a. Pourr.—DC. Flor. Fr. 117, p. 422. 

In insulà Majore prope Banabufar, ad littora maris; etiam in in- 
sulà Minore (Hern.). Floret Aprili. 

Hab. in Gallià mediterraneà !, Italià prope Liburnum!, Neapolim!, 
Græcià (Smith). 


47o. Srarice rerRuLACEA. Linn. Spec. 396. 
In maritimis insulæ Minoris (Æern.). 
Hab. in insulà S. Luciæ!, Barbariä !, (Desf.—Schoush.). 


471° Srarice minuTA. Linn. Mant. 59. 

In insulà dé-Coulom prope insulam Minorem (Æern.). 

Hab. in Gallià meridionali prope Massiligm!, Corsicà!, Barbarià 
(Desf.!). 


PLANTAGINEÆ. 


472. Pranraco ranceorara & DC. F1. Fr. m, p. 409. 
Ad vias in Balearibus freqnens. Floret Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptà. 
P. lanceolata €. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 377. 

Ad vias in insulà Minore (Æern.). 


475. Pranraco racorus GB. DC. Flor. Fr. Suppl. p. 378.— P. erios- 
tachya. Tenore Flor. Nap. ex DC. L. c. 

In aridis et ad vias Balearium vulgatissima. Floret Martio. 

Hab. in Gallià mediterraneä!, Hispaniâ !, regno Neapolitano. 


474. PranraGo azricans. Linn. Spec. 165. 


ÀÂMARANTHACEÆ.—PHYTOLACCEZ. 3o1 


Ad vias in insulâ Majore et Ebuso. Floret Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


+ 475. Pranraco rrvosa. Pourr. Act. Toul. nr, p. 324. 
Inter rupes maritimas insulæ Majoris prope Alcudiam. Aprili 
floret. 


Hab. in Andalusià !, Galliâ mediterrane !, Etrurià ! , regno Nea- 
politanc!, Corsicà !. - \ 

476. Pranraco marrmama. Linn. Spec. 165. 

In arenosis maritimis Alcudiæ, loco dicto renal, in insulä Ma- 
jore. Aprili, Majo floret. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 


477. Pzanraco rsyzuium. Linn. Spec. 167. 
In agris insulæ Majoris prope Esporlas. Martio floret. 
Hab. in totâ regione mediterraneä , Ægypto exceptä. 


478. Pranraco coroxopus. Linn. Spec. 166. 

In arenosis maritimis insulæ Majoris prope Alcudiam , loco dicto 
Arenal. Aprili, Majo floret. 

Hab. in totâ regione mediterraneä. 


AMARANTHACEZÆ. 


479. AmaranTaus PRoSTRATUS. Balb. Misc. p. 44 , tab. 10. 

In insulà Minore ( Hern.). 

Hab. in Pedemontio (DC), prope Genuam (Bert.), in agro Ro- 
mano (Sebast. et Maur. ). 


PHYTOLACCEÆ. 


48e. Puayroracca pecanpra. Linn. Spec. 631. 
In insulà Majore prope Esporlas (Trias). 


Mém. du Muséum. 1. 14. 39 


302 DicorxLEeDones. 


 CHENOPODEÆ, 


481. BErTa marrrima. Linn. Spec. 322. 
In maritimis Balearium vulgatissima. Majo floret.… 
Hab. ubique circa mare Mediterraneum. 


482. BEra vurcaris. Linn. Spec. 322. 
Colitur in hortis. 


483. Sprnacra sernosa. Moench Meth. p- 318. 
Colitur in hortis. 


484. Arripcex marmus. Linn. Spec. 1492: 
In maritimis Ebusi. Majo floret. 
Hab. ubique circa mare Mediterraneum. 


485. Arripsex PORTULACOIDES. Linn. Spec. 1493. 
In maritimis prope Alcudiam in insulà Majore. Floret Majo. 
Hab. ubique circa mare Mediterraneum. 


486. Arrrwrex rose. Linn. Spec. 1493. 

In insulà Minore ( Hern.). | 

Hab. in Gallià!, Ligurià (Bert.), regno Neapolitano!, ad littora 
maris Adriatici! , in Georgià!, Cretà!. 


487. Caenoronruom muraLe. Linn. Spec. 318. 
Ad vias in Balearibus frequens, Aprili.floret. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


488. Cnenoronium LErosPERmuM a. DC. Flor. Fr. n1, p. 390. — 


C. album. Liünn. Spec. 319. 
In maritimis Balearium vulgatissima. Majo floret. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


489. Cnenoronium Amgrosiomes. Linn. Spec. 320. 
In insulis Majore (Trias), et Minore (Hern.). 


pr 


Poryeonéz. 303 
Hab. in Gall! , Italiä ! » Corsica! Sicihà (Ortol. et Raf.), regno 


Marocano (Schousb.). 


* 490. Cuenoronrum FruTicosum. Linn. Spec. ed. 1, p. 221. 
Jù maritimis Ebusi. Majo floret. 


Hab. in toto maris Mediterranei littore. 


41. Sarsora Karr. Linn. Spec. 322. 
In maritimis insulæ Minoris (Hern.). 
Hab. ubique circa mare Mediterraneum. 


492. SazrcornrA rruTicosA. Linn. Spec. 5 
In maritimis Balearium vulgaris. 
Hab. ubique circa mare Mediterraneum. 


495. Tuericonum cynocrAmse. Linn. Spec. 1411. 
In umbrosis ad rupes excavatas circa Artam, in insulà Majore. 


Primo vere floret. 


Hab. in Galliâ mediterraneä !, > ali !, Sicilià !, Græcià et Cretâ 


(Smith), Barbariä!. 


POLYGONEEÆ. 


494. Poryconum avicurare. Linn. Spec. 519. 
In insulâ Majore (Trias). 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


495. Euex spvosa. Campd. Monogr. Rum. p. 58,t.1,f. 1. — 


Rumex spinosa. Linn. Spec. 481. 


In insulà Minore (Æern.). 
Hab. in Andalusiä !, Barbarià ! , Ægypto (Del.), Cretä!, Græcià et 


insulà Zacyntho (Smith), insulà Melo!, Sicilià (Biv. Bern.), Cala- 
briâ! , agro Neapolitano!. 


496. Rouex osrusirouvs. Linn.Spec. 478. 


‘Ad sepes Ebusi; necnon in insulâ Minore (Æern.). Floret Majo. 


39* 


304 DrcoryLEDonNEzs. 


Hab. in Galliâ!, Peloponneso et circa Byzantium (Smith). 


497. Ruwex sucerxaropnorus. Linn. spec. 470. 
Ubique in Balearibus. Aprili floret. 
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä. 


498. Rumex acgrosa. Linn. Spec. 481. 
Colitur in hortis. 


LAURINEÆ. 


499. Lavrus xosmis. Linn. Spec. 529. 

In montibus insulæ Majoris inter Pollentiam et Lluch. Aprili 
floret. 

Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptà. In orientali 
plagà septentrionem versùs usque ad Tauriæ meridionalis littora 


progreditur (Stev. in litt. ad Gay). 


THYMELEÆ. 


500. D apane eniprum. Linn. Spec. 511. 
In collibus petrosis insulæ Majoris. Junio floret. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


5or. PassErINA VELUTINA : tomentosa, ramis tortuosis; foliis spa- 
thulatis , obtusissimis ; floribus axillaribus, aggregatis, sessilibus , 
bracteatis ; perianthio infundibuliformi. Nob. 

P. velutina. Pourr. in Herb. Desf.!. 

Frutex sesquipedalis, ramosissimus, ramis tortuosis, densè tomen- 
tosis , tomento flavescente. Folia alterna, approximata, quasi imbri- 
cata, spathulata, crassiuscula, utrinquè tomento densissimo longius- 
culo flavescente vestita, 4 lineas longa, lineam et dimidiam lata. 
Flores axiilares, sessiles, aggregati, instructi bracteis pluribus im- 
bricatis, ovatis, tomentosis. Perianthium tubulosum, infundibuli- 
forme, 4-fidum ,-4 lineas longum, extùs densè tomentosum , intüs 


SANTALACEÆ.—CYTINEZ. 305. 


. glabrum et pallidè luteum. Stamina 8, duplici serie perianthii 
summo tubo inserta, 4 superiora segmentis perianthii opposita, 4 in- 
feriora iisdem alterna : antheræ subsessiles, dorso prope basim 
1 insertæ, luteæ, oblongæ , biloculares, longitudinaliter dehiscentes. 
Ovarium perianthïi fundo insertum, obovoideum , glabrum , dimi- 
diam lineam longum , uniloculare, uniovulatum. Stylus subclavatus, 
glaber, ovario pauld brevior, apice truncatus. Ovulum unicum , OVOi- 
deum , pendulum. 

A P. tartonraira differt : 1° caulibus et foliis densè tomentosis, 
tomento lutescente, non sericeis, argenteis; 2° foliis brevioribus, 
spathulatis, apice rotundatis et obtusissimis , non obovato-lanceolatis, 
sub ellipticis, apice acutiusculis, submucronulatis; 3° perianthio 
fundibuliformi, non campanulato. 

= In arenosis maritimis insulæ Majoris prope Palmam vulgatis- 
sima , in montibus rarior. Floret Martio, Aprili. 


5o2. Passerina HirsuTA. Linn. Spec. 513. 

In collibus petrosis et ad vias Balearium vulgatissima. Martio 
floret. 

Hab. in tot regione mediterranei. 


SANTALACEÆ, 


504. Osyris Asa. Linn. Spec. 1450. 
In montibus insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Martio. 
Hab. in totâ regione mediterraneä, Ægyÿpto exceptä. 


CYTINEÆ. 


500. Cyrwvs ayrocisris. Linn. Gen. p. 566. 

In montibus insulæ Majoris circa Esporlas, ad radices Cisti sal- 
| wifolii. Majofloret. 
Hab. in totâ regione mediterraneä , Ægypto exceptà. 


306 DicoryLEeDonss. 


EUPHORBIACEZÆ. 


505. Mxrcurrazis AnNuA. Linn. Spec. 1465. 
In insulà Minore (Æern.). 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


506. Mercurrazis AMBIGUA. Lann. Fil. Dec. r, t. 8. 

Ad margines viarum in Balearibus haud rara. Aprili floret. 

Hab. in Gallià meridionali prope Telonem et in Corsicâ (DC.), in 
Barbarià circa Tingidem !. 

5o7. Mercuriacis roMENTOsA. Linn. Spec. 1465. 


In collibus petrosis Ebusi prope urbem. Majo floret. 
Hab. in Galliâ mediterraneà. 


508. EuPnorsia caamæsyce. Linn. Spec. 652. 

In insulà Majore (Trias). 

Hab. in Gallià mediterraneà!, Italià !, Græcià et Archipelagi in- 
sulis (Smith), Cretä!, Palestinà!, Barbarià circa Tingidem!, Anda- 


lusià ! , regno Valentino! 


509. EuPmorsra PeeLus. Linn. Spec. 653. 

Ad vias prope Esporlas in insulà Majore. Martio floret. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 

B. minima DC. Flor. Fr. 1, p. 331. — Æ. peploides. Gouan Flor. 
Monsp. p« 174—DC.Elor. Fr. Suppl. p.358.—£. peplus var. minor. 
Viv. Flor. Lyb. Spec. p. 26. 

In insulâ Minore (Æern.). 

Hab. in Gallià mediterraneâ! , Corsicà!, Cyrenaicà (Viv.). 


510. Eurnorera prrayusa. Linn. Spec. 656. 
In sterilibus inter Cauviam et montem Galatzo in insulà AIRE 


Majo floret. 
Hab. in Barbarià (Desf. !), Gallià mediterraneà !, Etrurià (Savi), 


Corsicà !. 


ji : 
w 5 


EuPHORBIACEZ. 307 


511. Eurorgra paraztas. Linn. Spec. 657. : 
+ Übique in arenosis maritimis Balearium.. Floret Majo: 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


| 52. EvPxorsia BIUMBELLATA. Poir: Voy. Barb:.u, p. 174. 1e. 
Inter segetes prope Artam in insulà Majore. Aprili floret.. 
Hab. in Gallià mediterraneà! , Barbariâ (Desf. !). 


513. EvPsorsia Provincrauis. Willd. Spec., Plant, 11, p. 914.— 
E,; segetalis 8. DC: Flor. Fr. in, p-335.—E£. alexandrina. Del. Flor. 
Ægypt. [lust. n. 476, t. 30, f. 2. — E. neapolitana. Tenore! Flor. 
Nap. 1, p. 266; t. xui.— Æ. leiosperma. Salzm.! Herb, Tingit. 

Inter segetes circa Artam et in arenosis portus Soller in insulà Ma- 
jore. Aprili floret. 

Hab. in Gallià mediterraneä!, agro Neapolitano! , Calabrià!, 
Cretà!, Ægypto (Del.), Barbarià prope Tingidem!. 


514. Evrnonsra merioscorra. Linn. Spec. 658. 
Ad pagos in Balearibus frequens. Floret Majo. 


Hab. in totà regione mediterraneà. 


515. Eupuorgra serrara. Linn. Spec. 658. 

Ad margines agrorum prope Esporlas in insulà Majore. Florebat 
Martio. 

Hab. in Gallià mediterraneä!, Andalusiä!, Barbarià ( Desf.), 
Ægypto!, montium.Mamurrarum. nemoribus (Gole d’Itri.) (Te- 
nore ). 

516. EveuorriA penpropes. Linn. Spec. 662. 

In maritimis insulæ Majoris prope Alcudiam, Pollentiam, Lluch, 
Sô Valenti. Florebat Aprili. 

Hab. in Stœchadum insulis et agro Nicæensi (DG.), Ligurià orien- 
tali ( Viv.), agro Romano (Sebast. et Maur.) regno Neapolitano!, 
Corsicà! , Sicilià (Biv. Bern.), Cretà!, Barbarià (Desf. !—Viv.).. 


517. EurnorsiA cæaracas, Einn,,Spec. 662,::::: 


* 


308 DicoTYLEDONES. 


Ad vias in Balearibus frequens. 
Hab. in Hispaniä ! , Gallià meridionali!, Italià ! , Græcià (Smith), 
Cretà !. 


518. Buxus sazearica. Lam. Dict.1, p- 511. 
[no montibus insulæ Majoris prope Lluch, Soller, necnon in monte 
Galatzo. Aprili floret. 


519. Ricnus communs. Linn. Spec. 1430. 

In insulà Majore prope Esporlas , Artam. Majo florebat. An 
spontaneus ?. 

Hab. in Græcià , Cypro et Cretà (Smith), Barbarià ( Desf. !). 


URTICEZÆ. 


520. Ficus carica «& sylvestris. DC. Flor. Fr. 17, p. 318. 
Frequens inter rupes maritimas Balearium. 

B. Sativa. DC. I. c. 

Culta in campis et hortis. 

Colitur in totà regione mediterraneä. 


521. Morus nicra. Linn. Spec. 1398. 
Colitur in Balearibus. 
Culta in totà regione mediterraneä. 


522. Urrica Memsranacea. Poir. ! Dict. 1v, p. 638. 

Ad margines viarum prope Sô Ferendell in parte occidentali in- 
sulæ Majoris; etiam in insulà Minore (Æern.). Florebat Aprili. 

Hab. in Gallià mediterraneä !, agro Romano (Sebast. et Maur.), 
regno Neapolitano (Tenore), Cretà !, totà Barbarià!. 


523. Unrrica urens. Linn. Spec. 1596. 
Ubique in Balearibus. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


524. Unrica rILuurErA. Lino. Spec. 1395. 


À 


AÂMENTACEÆ. 309 
In Balearibus circa pagos et domos vulgatissima. 
Hab. in totà regione meditérraneà. 
925. Parieraria orricinaus. Linn. Spec. 1492. 
- In Balearibus frequens. 
* Hab. in tot regione mediterraneä. 


526. Pamretarta suparca. Linn. Spec. 1492. , 
Inter rupes maritimas prope Artam in insulâ Majore. Florebat 


Aprili. 


527. Canaris sariva. Linn. Spec. 1457. 
Colitur in Balearibus. 


AMENTACEÆ. 


528. Sarix Basvronica. Linn. Spec. 1441. 
Colitur in insulâ Majore prope Artam. 
Culta in totâ regione mediterraneä. 


529. Poruius micra. Linn. Spec. 1464. 
Colitur in insulâ Majore prope Esporlas. 
Culta in totà regione mediterraneä. 


530. Quencus 1rex. Linn. Spec. 1413. 

In montibus Balearium frequens. 

Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto except. 

B. ballota, fructibus dulcibus, foliis integris subtùs incano-tomen- 


tosis. — Q. ballota. Desf. ! Atl. 11, p. 350. 


In montibus insulæ Majoris frequens. 
Hab. in Allante (Desf. !), montibus Græciæ ( Smith). 


531. Cerris ausrrauis, Linn. Spec. 1478. 
Colitur in Ebuso. 


532. Uruvs cawresrris. Linn. Spec. 327. 


Mém. du Muséum. t. 14. 4o 


310 DrcoryLEDONESs. 


Colitur in Balearibus. 
Colitur in totà regione mediterraneà. 


CONIFERÆ. 


533. Prnus rinea. Linn. spec. 1419. 
In sylvis Ebusi frequens. 


534. Pinus acerensis. Mill. Dict. n. 8.—P. maritima. Lamb. Pin. 
13,t.10, non Lam. 

Ubique in Balearibus. 

Hab. in tot regione mediterraneà, Meybio exceptà. 


535. Cupressus rasricrara. DC. Cat. Hori. Monsp. 22. 
Colitur in insulà Majore prope Valldemosam. 


936. Jonrrerus PHoenrcea @. DC. Flor. Fr. nr, p. 279. — J. plœni- 
cea. Linn. Spec. 1471. 

In maritimis insulæ Majoris frequens. 

Hab. in Gallià meridionali !, Italià !, Græcià (Smith), Hispanià !. 

B. DC. L. ce. —J. lycia. our Spec. 1471. — Vulgd Sivina. 

In sylvis Ebusi frequens. 

Hab. in Galliàâ meridionali (DC.), Atlante ( Desf. !), Græcià 
(Smith). 


537. JuxrPerus oxycenrus. Linn. Spec. 1470. 
In maritimis et sterilibus Balearium frequens. 
Hab. in totà regione mediterraneâ , Ægypto exceptà. 


538. Ernepra rraGiuis. Desf.! Atl.11, p. 342. 

In collibus maritimis prope Artam in insulà Majore; necnon in 
insulà Minore ( Hern.). 

Hab. in Atlante (Desf.!). 


ALISMACEÆ.— AROIDEZ. 311 
ne à 


539. Poramoceron narans © angustatum. Mert. et Koch Deutschl. 
Flor. 1, p. 840. 
In fossis prope Artam in insulà Majore. 


540. Poramoceron rEcrinaTum d'. Mert. et Koch Deutschl. Flor. p} 
P- 858. — P. mmarinum. Linn. Spec. 184. 
In fossis Balearium freques. Florebat Majo. 


54x. Anismk eaNaco. Line Spec. 486. 
In fossis Ebusi. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


AROIDEÆ. 


542. Arum muscrvorun. Linn. fil. Suppl. 410. 
In insulis Majore ( Trias), et Minore (Æern.). 
Hab. in Corsicä!. 


543. Anuu 1raucum. Mill. Dict. n. 2. 

In montibus insulæ Majoris prope Valldemosam. Florebat Aprili. 

Hab. in Gallià mediterraneà !, Pedemontio !, agro Romano (Sebast. 
et Maur.) , regno Neapolitano (Tenore). 


544. Amisarum vurGare. Rich. in Kunth Obs. Aroïid. p. 9. — 4rum 
 Arisarum. Linn. Spec. 1370. — Balmisa vulgaris. Lag. Gen. et 
Spec. nov. p. 17. — Vulgd Fraylé. 

Foliaradicalia, cordato-oblonga, vel subsagittata auriculis obtusis, 
mucronulata, integra, lævia, 2-4 uncias longa, 1-2uncias lata, petiolo 
5-8 uncias longo. Scapus teres, lævis , 6-8 uncias longus, rubellus 
seu rubro maculatus: Spatha circiter 2 uncias longa, a basi ad 
medium cylindracea , a medio ad apicem longitudinaliter fissa , 
summo apice incurvato, cuculliformi, mucronulato, glabra, venis 


ko” 


312 MonocOTYLEDONES. 


10 rubellis longitudinaliter notata. Spadix cylindraceus , suprà gla- 
ber, infrà puberulus, spathà paulo brevior, apice incurvatus et incras- 
satus. Stamina numerosa, absque distinctis seriis tertiæ parti infe- 
riori spadicis inserta, puberula, filamentis dimidiam lineam longis, 
antheris unilocularibus. Ovaria 4-6, spadicis basi affixa , sessilia , 
angulosa, puberula, unilocularia , 10-12 ovulata. Stylus quadran- 
tem lineæ longus , apice incrassatus , papillosus. Ovula erecta. Fruc- 
tus exsuccus, membranaceus, indehiscens, angulosus, 6-8 spermus. 
Semina angulosa. Embryo rectus iu centro perispermi. 

In umbrosis Balearium vulgatissimum. Floret primo vere. 

Hab. in tot regione mediterraneà. 


ORCHIDEÆ. 


545. Orcmis morio. Linn. Spec. 1333. 

In montibus insulæ Majoris frequens. Florebat Aprili. 

Hab. in Galliâ meridionaïi !, Etrurià (Savi), agro Romano (Se- 
bast. et Maur. ), regno Neapolitano (Tenore), insulà Cypro et prope 
Byzantium (Smith), Taurià ! , Georgiä !. 


546. Orcis LacTeA. Poir. Dict. 1v, p. 594. — ©. acuminata. Desf. ! 


Atl. x, p. 318, t. 247. 

In collibus petrosis prope Artam, Palmam in insulâ Majore; etiam 
in insulà Minore ( Æern. ). Floret Martio. 

Hab. in Barbarià! , Sicilià ( Ortol. et Raf.). 


547. OrcuIS SECUNDIFLORA. Bert. Amoen. Ital. 82. — Suty rium macu- 
latum. Desf.! Atl. 1, p. 319. — Ophrys densiflora. Desf. Coroll. 


p- 11, t. 16. 
In monte dicto Puig-de-Torrella in insulà Majore.Florebat April. 


Hab. in Provincià !, Ligurià (Bert.), Corsicà !, Calabriä ! , Atlante 
(Desf. ! ). 


548. Ornnys rentureninirera. Willd. Spec. 1v, p. 69. — ©. insecti- 


OrCHIDEZ. 313 


fera a. rosea. Desf.! Atl. n, p. 320.—0O. villosa. Desf. Coroll. p. 8, 
t. 4. Gr Ne 

In collibus petrosis insulæ Majoris prope Petram, Artam. Flore- 
bat Aprili. 

Hab. in agro Romano !, Oriente et Barbarià (Desf.). * 


549. Ornrys rapanirera. Willd. Spec. 1v, p. 68. — O. insectifera 
B. biflora. Desf.! At]. ,p. 320. — ©. pulla. Cyrill. Ic. ined. 12. — 
Tenore ! Flor. Nap. 11, p. 511, t. xovu. — ©. disthoma. Biv. Bern. 
Sic. Plant. Cent.r, p. 59, ex Tenore |. c. — ©. Aiulca. Maur. Rom. 
Plant. cent. xur, t. 2,-f. 2, ex Tenore |. c. 

In insulà Majore prope Artam, Lluch. Florebat Aprili. 

Hab. in agro Romano!, Calabriàä !, Siciliä (Biv. Bern.), Barbarià 


(Desf.!). 


550. Orarys vernix1A. Brot. Flor. Lus.— Salzm. ! Herb. Malac. — 
O. ciliata. Biv. Bern. Sic. Plant. cent. 1, p. 60. — Tenore Flor. 
Nap. n, p. 309, t. xev. — O. scolopax. Brot. Phyt. Lusit. P- 8; 
t. 3, f. 2.—Tenore Flor. Nap. 11, p. 306, non Cav. 

In collibus petrosis insulæ Majoris prope Petram, Artam , et Ebusi 
circa S. Eulaliam. Florebat Aprili, Majo. 

Hab. in Lusitaniä, Andalusiä! , Calabriä!, Siciliâ (Biv. Bern. ), 
regno Algeriensi! , agro Tingitano!. 


551. Oparys rusca. Willd. Spec. 1v, p. 68. 

In collibus petrosis prope Artam et in monte Puig-Majorin insulà 
Majore. Florebat Aprili. 

Hab. in Lusitanià ( Willd.), Galliâ prope Aginnum !, Græciä 
(Smith). 

552. Serarras 11 neua. Linn. £j ec1344. 

In collibus petrosis insulæ Majoris prope Petram , Artam, et in 
Ebuso. Florebat Aprili, Majo. 

Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptä. 


314 MonwocOTYLEDONES. 


IRIDEÆ. 


553. Iris sisvriNCHIUM & major.—I. Sisyrinchium. Biv. Bern. Sic. 
Plant. cent. 2°, non auct. — J. fugax Ten. Flor. Nap. 1, p. 15, t. 1v, 
non Pers. 

Ad margines viarum in Ebuso. Florebat Majo. 

Hab. in regno Neapolitano (Tenore), Sicilià (Biv. Bern.), regno 
Valentino !. 

B. minor, — I. Sisyrinchium. Linn. Spec. 59. 

Inter rupes maritimas prope Alcudiam in insulà Majore. Florebat 
Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneä. An sæpè cum præcedente 
varietate confusa?. 

Ons. La variété « s'élève jusqu’à la hauteur d’un pied , tandis que la variété 8 
n’atteint qu'environ quatre pouces. Elles sont cultivées au jardin du Luxembourg, 
provenant de bulbes que jai recueillies aux Baléares, et conservent depuis deux 
ans leur forme primitive. Je n’hésite cependant pas à les regarder comme de simples 
variétés, leurs fleurs, leurs feuilles, leurs bulbes, etc., m’ayant présente les 
mêmes caractères. La couleur des pétales , qui a été donnée par M. Tenore comme 
un caractere distinctif entre ces deux formes, varie, pour l’intensité dans les 
échantillons des Baléares, suivant l’époque plus ou moins récente de leur épa- 
nouissement. L’/ris fugax Pers. , originaire du Cap de Bonne-Espérance, a des 
étamines monadelphes et fait partie du genre J’ieusseuxia, tandis que la variété 


du Sisyrinchium à laquelle M. Tenore a donné ce nom présente des étamines 
parfaitement libres. 


554. Gzaprozus Lunovicæ. Jan. Plant. exsicc. 
Inter segetes insulæ Majoris prope Alcudiam, Florebat Aprili. 
Hab. in agro Andegavensi !, Provincià !, agro Parmensi !, Hberià !. 


555. Granrorus communis. Linn. Spec. 52. 
Inter segetes insulæ Majoris. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptà. 


556. IxrA suzsocopiun. Var. minima, floribus pallidissimè roseis. 


AMARYLLIDEZ. 315 
In collibus petrosis prope Artam in insul4 Majore. Florebat 
Aprili. é F 
* 557. Crocus sarivus. Al. Pedem. n. 310. 
Colitur in insulâ Majore. 


558. Crocus muimus. DC. Flor. Fr. ur, p. 243. 
la montibus insulæ Majoris prope Esporlas , Lluch frequens. : 
Hab. in Corsicä !. 


AMARYLLIDEZÆ. 


559. Pancrariuw maririmum. Linn. Spec. 418. 
In arenosis maritimis Balearium. 
Hab. in totà regione mediterraneâ. 


560. Narcissus raniaTus. Red. Lil. t. 450. 
Id monte Puig-de-Malluch in iusulä Majore. Florebat Aprili. 


561. Narcissus razé@ra. Linn. Spec. 416. 

In collibus petrosis prope Palmam. Florebat Martio. 

Hab. in Gallià mediterraneà !, Italiâ (Sebast. et Maur. — Tenore), 
Græcià (Smith), Barbarià ( Desf. !). 


562. Narcissus sonQuiIr LA. Linn. Spec. 417. 
In: insulà Minore (Hern.). 
Hab. in Hispaniä !, Occitaniä !, regno Neapolitano (Tenore). 


_ 565. Leucorum Hernannezn: foliis scapum subæquantibus ; spathä 
2-3 florà ; perianthio albo, viridi-maculato; ovario oblongo. Nob. 
Bulbus evoideus, magnus, 15 1. longus, 1 unciam latus. Folia 
linearia, 1-1 + pedalia, 3-4 lineas lata, plana, apice obtusa. Scapus 
folia paululùm superans, 1-3 florus. Spatha monophylla, linearis, 
1 ; unciam longa, 2 lineas lata , apice obtusa. Pedunculi 1-1 z 


unciam longi, filiformes. Perianthium 4-5 lineas longum, 5- 
partitum , lobis oblongis, obtusis, albis, apice viridi maculatis. 


316 MonocoOTYLEDONES. 


Stamina brevia. Stylus stamina paululim superans, perianthio 
triente brevior, filiformis. Ovarium oblongum , subclavatum. 

Differta L. æstivo, 1°. foliis trieute angustioribus; 2°. floribus 
dimidio minoribus; 5°. spathä 1-3 florà, non 3-6 florà ; 4°. ovario 
oblongo , non sphærico. 

Crescit in montibus insulæ Majoris prope Lluck ; necnon in insulà 
Minore ({Zern.). Florebat Aprili. — Hanc speciem dixi in honorem 
cl. Hernandezii doctoris medici, qui plantas plurimas Minoricenses 
mecum benignè communicavit. 


SMILACEÆ. 
564. Smirax Aspera. Linn. Spec. 1458. 


In montibus et ad sepes Balearium frequens. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


565. Ruscus acuzearus. Linn. Spec: 1474. 
In montibus insulæ Majoris haud rarus. 
Hab. in Gallià!, Italià !, Atlante (Desf.). M 


566. Tamus communis. Linn. Spec. 258. 

Ubique ad sepes Balearium. Florebat Aprili. 

Hab. in Gallià!, Italià ( Bert. — Sebast et Maur.), Græcià et 
insulis Cretà et Cypro (Smith ), regno Algeriensi ( Desf. ). 


LILI ACEÆ. 
SL. Æsparageæ. 


567. AsraraGus orricixaLis. Linn. Spec. 448. 
In montibus insulæ Majoris. Colitur in hortis. 


568. Asparacus AcuTIFOLIUS. Linn. Spec. 4/0. 
Ad vias in Balearibus. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto except. 


569. AsparaGus Horripus. Linn. fil. Suppl. 203. 


Lirracez. 317 


Ad vias in Balearibus vulgatissimus. Florebat, Aprili. 
Hab. in Hispanià meridionali (Cav.), Barbarià ; Schousb.— Desf.!), 
Ægypto!, Sicilià ( Biv. Bern. ). | 


S Il. Æsphodelece. 


57o. Asrnonezus ramosus. Linn. Spec. 444. 

In collibus petrosis Balearium  vulgatissimus. Florebat Martio, 
April. ; c 

Differt ab 4. microcarpo Viv. foliis angustioribus et fructibus 
majoribus. 

Hab. in regno Neapolitano ( Tenore }, Græciâet Archipelagi insulis 
(Smith }, Barbarià prope Tingidem !. 

571. AspnopeLus risruLosus. Linn. Spec. 444. 

Ubique in Balearibus. Florebat Martio. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 

572. Muscarr comosum. Mill. Dict, n. 2. — Hyacinthus comosus. 
Linn. Spec. 455. 

In agris Balearium. Florebat Martio. 

Hab. in totà regione mediterrrnei. 


973. Muscarr racemosum. Mill. Dict. n. 3. rs racèemosus. 
Linn. Spec. 425. 

In agris Balearium. Florebat Martio. 

Hab. in Galliä!, Italiä ( Bert. — Sebast. et Maur. — Tenore), 
Græcià et Cretà (Smith ). 


574. Sorzra mariTIMA- Linn. Spec. 442. 

In Balearibus vulgatissima. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 

575. OrniTHoGALUM nARgONENSE. Linn. Spec. 440. — O. pyrenai- 
cum. Desf. ! Atl. 1 p: 299. — Smith Flor. Græc. Prodr, 1 p.231? — 
d'Urv. Enum. n. 318?, non Linn. 

Ad margines agrorum in Ebuso. Florebat Majo. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 4x 


318 MonOCOTYLEDONES. 

Hab. in Gallià mediterraneà !, agro Genuensi!, Étéurià ( Savi ), 
agro Romano (Sebast. et Maur.), regno Neapolitano ( Tenore ), 
Cretà!, regno Tunetano ( Desf.! ). 

576. Arurum Porrum. Linn. Spec. 423. 

Colitur in hortis Balearium. 

577. Actu amrecorrasum. Linn. Spec. 423. 

Inter segetes prope Esporlas in insulà Majore. Florebat Majo. 

Hab. in Gallià mediterraneâ! , Etrurià (Savi), agro Romano( Se- 
bast. et Maur. ), Archipelagi insulis (Smith ). 


578. Auuiumsarivum. Linu. Spec. 425. 
Coliturin hortis Balearium et condimentum usitatissimum præbet. 


579. ALLIUM SUBHISRUTUM Linn. Spec. 424. 
In insulà Majore prope Artam. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


580. Azuun roseuM GB. bulbiferum. Desf. Cat. Hort. Par. p. 32. — 
A. carneum Sav. Cent. 87, ex DC. Flor. Fr. suppl. 

In agris insulæ Majoris inter Alcudiam et Pollentiam. Florebat 
April. 

Hab. in Gallià meridionali!, agro Genuensi ( Bert. ), Etruri 
( Savi ), agro Romano ( Sebast. et Maur. ), Calabrià !, Sicilià (Biv. 


Bern. ). 
58r. ALciuM TRIQUETRUM. Linn. Spec. 431. 
Ubique in fossis et humidis Balearium. Florebat Martio. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


582. Accro cHamæmoLy. Linn. Spec. 433. 

Bulbus ovoideus , tunicis vetulis fuscis , utrinquè impresso punc- 
tatis. Folia lineari-lanceolata, 3-4 uncias longa, 3-4 lineas lata, 
plana, nervo carinali subtüs prominente , margine ciliata. Scapus 
hypogeus, unc'alis, foliorum vaginis involutus, 8-florus, floribus 
umbellatis. Spatha monophylla?. Pedicelli 3 lineas longi, virides, 


MELANTHACEZ. 319 
crassi , recurvati et verisimiliter fructum in terram demitten- 
tes. Perianthii segmenta erecta, lineari-lanceolata, alba, nervo 
medio viridi excurrente inscripta, apice obtusiuscula. Filamenta 
subulata, segmentis perianthii dimidio breviora, omnia apice indi- 
visa. Ovarium sphæroideum , obsoletè 6-sulcatum, saturatè viride, 
triloculare , loculamentis 2-ovulatis. Ovxla erecta, loculamenti 
fundoinserta , obovoidea , totum loculamentum occupantia, ad latera 
non nihil complanata, dorso convexa. Stylus perigonium subæquans, 
ovario longior , subulatus. Odor totius plantæ alliaceus. 

In montibus insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Januario Fe- 
bruarioque. 

Hab. in Hispanià ( Cav. ), Barbarià (Schousb. — Desf, ), Corsicä!, 
regno Neapolitano! , Etruriä (Savi Ds 


583. Azcrum cepa. Linn. Spec. 431. 
Colitur in hortis Balearium. 


S IT. Bromeliaceæ. 


584. AGaAve americana. Linn. Spec. 461. 
Ad sepes et rupes maritimas in Balearibus haud rara. 


MELANTHACEZÆ. 


985. MerevoerA ritirouta : foliis hysteranthiis, filiformibus, 1-3 
nerviis ; antheris sagittato-linearibus ; ovario lineari-oblongo ; stig- 
matibus capitatis. Nob. 

Bulbocodium vernum. Desf.! Atl.1, p. 284, excl. synon. 

Bulbus ovoideus , 6 lineas circiter longus, 4 L. latus, tunicis vetulis 
coriaceis, pigris. Folia paululüm-post flores emergentia, circiter 4 pol- 
lices longa, 1 lineam lata, plana, dorso (saltem in speciminibus siccis) 
1-3 nervia, nervis obsoletis. Scapus brevis , 61. Jongus, foliorum vagi- 
nis involutus, uniflorus. Perianthium 3 pollices longum, 6—partitum, 
lobis longissimè unguiculatis, limbo lineari-lanceolato, circiter 151. 


f* 


. 


320 MonocoTYLEDONES. 


longo , 4 1. lato, obtuso, roseo. Stamina summis unguiculis inserta ; 
filamenta filiformia, 4 1. longa; antheræ basi insertæ, sagittato- 
lineares, filamentis pauld longiores. S4y/i staminibus pauld longiores, 
filiformes, stigmatibus parvulis ; capitatis. Ovarium lineari-oblon- 
gum ; 3 L. longum , 1 |: latum, profondè 3-sulcatum, 3-loculare , 
loculis apice. imperfectè coalitis ; multi-ovulatum." Ovxla angulo 
interno loculorum quadruplici serie inserta: Fructum maturum non 
vidi. 5 

Differt a M. bulbocodio. Ram: 1° foliis 1 1. latis, filiformibus, planis, 
subtùs 1-3 nerviis, non linearibus, 4 1. latis, canaliculatis, enerviis; 
2° ovario lineari-oblongo, non abbreviato, ovoideo; 3° stigmatibus 
minoribus, capitatis, non manifestè obliquè truncatis; 4° ovulis 
longè pluribus. 

À M. caucasica M.B. 1° foliis hysteranthiis, non synanthiis, fili- 
formibus, non lanceolato-linearibus; 2° antheris dupl longioribus, 
linearibus, non oblongis. 

In campis incultis insulæ Majoris prope Esporlas. Floret Autumno. 
( Trias ). 

Oss. Soit qu'avec MM. Ramond et De Candolle on admette legenre Merendera , 
soit qu’à l'exemple de MM. Ker et R. Brown on le considère comme une section 
du Colchicum, il n’est pas moins vrai de dire que ce groupe, caractérisé par les 
segmens du périanthe fendus jusqu’à la base, et par les styles entierement libres, 
forme un lien qui réunit le Bulbocodium aux vrais Colchicum. Le genre Meren- 
dera n’étoit composé jusqu’à présent que de trois espèces, les A7: bulbocodium et 
bulbocodioides Ram. et caucasica M. B. On avoit cru devoir rapporter à la pre- 
miere le B. vernum Desf. ; mais il m'a paru diflicile d'admettre qu’une plante qui 
se trouve sur les coteaux des environs d'Alger, pût être identique avec une espèce 
qui croît dans les Pyrénées à des hauteurs notables , et qui, bien qu’elle descende 
quelquefois assez bas dans les vallées, ne se trouve jamais dans les plaines. Un 
examen attentif de la plante de Barbarie n’a démontré qu’elle étoit différente du 
M. bulbocodium , et je ne doute pas (quoiqué n'ayant pu voir les feuilles adultes qui 
n'existent pas dans l’herbier de M. Desfontaines), vu la forme de ses stigmates, de 
son ovaire, et de ses jeunes feuilles, qu’elle ne soit la même que celle de Majorque. 
Le M. bulbocodioides ( Colchicum bulbocodioïdes Brot.), qui croît sur les collines 
calcaires auprès de Coïmbre et de Lisbonne, et dans plusieurs lieux dés provinces 


Parmzæ.—Juncacezx. 321 
de Beira et de l’Estramadure , ales:plus grands rapportsipar la forme et la largeur 
de ses feuilles , avec le M. bulbocodium; mais la position, géographique des lieux 
dans lesquels cette plante habite, me porte à croire qu’examinée comparative- 
ment avec celle des Pyrénées’, elle offriroit des différenées spécifiqués. Est-il bien 
certain que le Colchicum montanum de Clusius (Hisp. p: 226 ic.) soit un Meren- 
dera ? Il seroït permis d’en douter d’après la figure de cet auteur, qui représente, 
1°. un long style à trois stigmates très-courts; 2°. un périanthe à peine fendu jus- 

qu'au milieu; 3°. une capsule À trois valves poftänit les cloisons sur leur milieu, et 
semblant par cela même appartenir à une Liliacée. À 


PALMÆ. 


586. Proexix varvurera. Linn. Spec. 1658. 
. Colitur in insulà Majore. 


587. Crauzrors numiuis. Linn. Spec. 1657. ‘ 

In collibus maritimis et montibus Balearium frequens. 

Hab. ‘in Hispaniâ meridionali!, Barbariâ (Desf. — Viv. ), regno 
Neapolitano (Ten. ), agro Nicæensi!. 


JUNCACEÆX. 


588. Cauznra oceanicA. DC. Flor. Fr. m1, p. 156.—Zostera oceanica. 
Linn. Mant. 125. — Kernera oceanica. Willd. Spec. 1v, p. 947. — 
Posidonia oceanica Kænig et Sims Annals of Botany. 

In mari. 


589. Juncus mamrmus. Smith. Flor. Brit. 375. 
In paludosis Baleariuin frequens. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 

‘590. Juncus Acurus. Lam. Dict. nr, p. 264. 

In paludosis maritimis Balearium vulgaris. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


691. Juncus suronrus. Linn Spec. 466. 
In paludosis Balearium frequens. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


322 MonocOTYLEDONES. 


992. Juncus acurirLorus. Ehrh. Gram. 66. 
In paludosis prope Artam in insulà Majore. Florebat Aprili. 


593. Juxcus osrusrrcorus. Ehrh. Gram. 76. 
In maritimis Ebusi. Florebat Majo. 


CYPERACEZÆ. 


994. Carex vucrina. Linn. Spec. 1382. 

Ad margines agrorum prope Esporlas in insulà Majore; etiam in 
insulâ Minore ( Æern. ). Florebat Martio. 

Hab. in Galliä!, Italià (Savi ), Sicilià ( Presl. ), Græcià (Smith ). 


595. Carex muricaTa. Linn. Spec. 1382. 
In insulà Minore ( Hern. ). 
Hab. in Gallià !, Italiâ !, Iberiâ! , Barbariä !. 


596. Carex pisrans. Linn. Spec. 1387. 

In maritimis Ebusi. Florebat Majo. 

Hab. in Galliâ !, Italiâ! , Græcià (Smith ). 

597. Carex Grauca. Scop. Carn. n. 1157. 

In maritimis prope Artam in insulà Majore. Florebat Aprili. 

Hab. in Gallià meridionali!, Italià!, Græcià et agro Byzantino 
(Smith. ). 

598. Scrrpus racusrris. Linn. Spec. 72. 

In maritimis Ebusi. Florebat Majo. 


909. ScIRPUS MARITIMUS. Var. Spiculis paucioribus sub-sessilebus. 
In maritimis Ebusi. Florebat Majo. 


600. Scrnpus aoLoscuoenus. Linn. Spec. 72. 
In paludosis Ebusi. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


601. ScaŒnus niricans. Linn. Spec. 64. 


GRAMINEZ. 323 


In humidis prope Artam in insulà Majore. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä , Ægypto exceptà. 


602. CyPerus sunciroRmis. Cav. Îc. mr, n. 223, t. 204, f. 1.—_C. mu- 
cronatus Rottb. Gram. p. 10, t. 8, f. 4.— C. lateralis Forsk. Flor. 
Ægypt.p. 15. 

In humidis prope Artam in insulâ Majore; etiam in insulâ Minore 


(Hern.). 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


605. Cvrerus LonGus 8. Badius. Gay Herb.—C. badius Desf.! Atl. 1, 
p: 45, t. 7, f. 2. 

In insulà Minore ( Hern. ). 

Hab. in Galliä!, Calabriâ!, Cretä!, regno Algeriensi ( Desf.! ), 
agro Tingitano!. 


GRAMINEÆ. 


604. ANTHOXANTHUM ODORATUM. Linn. Spec. 40. 
In fissuris rupium montis Puig-dè-Torrella in insulà Majore. 


Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneà , Ægypto exceptä. 


605. Porxrocox monspeuiense. Desf.! Al. 1, p. 67. 
In maritimis Balearium frequens. Florebat Majo. 
Hab. in totâ regione mediterraneä. 


606. Puaranis canarrensis. Linn. Spec. 79. 

In insulà Minore ( Hern. ). 

Hab. in totà regione mediterraneä. 

B. Paleis exterioribus mulid brevioribus. 

In insulà Majore prope Alcudiam. Florebat Aprilr. 


607. PraLaris AquaTIca Linn. Spec. 79. 
In insulà Minore( Hern. ). 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


324 MonoGoOTYLEDONES. 


608. Panioum verricizcarum. Linn, Spec. 82. 
In insulâ Mirore ( Hern. ). 
Hab. in totà Na mediterraneä. 


609. Panicuu exaucum. Linn. Spec. 83. 
In insulà Minore( Hern. ). 
Hab. in totâ regione mediterraneà. 


610. Panicum crus-GaLui. Linn. Spec. 83. 
In insulà Minore ( Hern. ). 
Hab. in totâ regione mediterranes. 


611. Panicum sancummaLe. Linn. Spec. 84.— Paspalum sanguinale. 
Lam. Illustr. n. 938.—Digitaria sanguinalis. Koel. Gram. 25. 

In insulà Minore ( Hern. ). 

Hab. in totà regione mediterraneà. 


612. PiPTATHERUM MULTIFLORUM. P. B. Agrost. p. 18. — Agrostis 
miliacea Linn. Spec. 91.— Milium arundinaceum Smith Flor. Græc. 
Prodr. 1, p. 45. — Milium multiflorum Venore Flor Nap. mi ; p. 51. 

In aridis Balearium vulgatissimum. Florebat Majo. 

Hab. in totà regione mediterraneä. 


613. Acrosris aa. Linn, Spec. 93. 

In insulà Minore ( Hern. ) 

LB. stolonifera— A stolonifera. Linn. Spec. 95. 

Ad vias in insulà Majore et Ebuso frequens. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä. où 


614. Sri rornus. Desf.! Atl. 1, p. 09, t. PAU 1e 
In aridis prope Palmam. Florebat Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


615. Lacurus ovarus. Linn. Spec. 119. 
In arenosis maritimis Balearium frequens. Florebat Aprili, 
Hab. in totâ regione mediterraneä. : 


GRAMINEZÆ. . 325 


616. Lamancrra aurEa, Moench Meth. 201.—Cynosurus aureus.Linn. 
Spec. 107. —Chrysurus cynosuroides. Pers. Synops.1 p. 80. 
Ad vias in Balearibus frequens. Florebat Aprili. 


617. Meuica ramosa. Vill. Dauph. 1, p.91.—". pyramidalis. Lam. 
Flor. Fr. 1x, p. 585. — M. aspera. Desf. Atl.r, p. 71, ex DC.— H. 
saxatilis. Smith Flor. Græc. Prodr. 1, p. 51, ex D’Urv. 

Inter rupes ad apicem montis Galatzo in insulà Majore. Florebat 
Majo. 

Hab. in Gallià mediterraneä!, Italià ( Bert. ), Sicilià ( Presl ), 
Græciæ insulis ( Smith ), Barbarià ( Desf. ). 


618. Meuca axrara. Linn. Spec. 97. 
. Ad vias et in sterilibus Balearium frequens. Florebat Majo. 

Hab. in Gallià medirionali!, Italiâ ( Bert. — Savi — Sebast. et 
Maur. — Ten. ), Græcià (Smith), Barbarià ( Desf. ). 


619. Avena sarTiva. Linn. Spec. 118. 
Colitur in Balearibus. 


* 620. Avena FaTuA. Linn. Spec. 118. 
In agris Balearium frequens. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 
B. Flosculis glabris. 
In insulâ Minore ( Æern. ). 


621. Donax ausrnauis. Roem. et Schult. Syst. 1, p. 660.— 4rundo 
Donax. Linn. Spec. 68.— Donax sativa. Presl. Cyp. et Gram. Sic. 
p- 32. 

Colitur in Balearibus. 


" 

Oss. Le Donaï australis est indiqué comme croissant spontanément sur tous les 
bords de la Méditerranée. Je ne lai cependant jamais observé complétement à 
l'état sauvage en Provence, en Languedoc, en Roussillon, en Espagne , et aux 
Baléares. Les individus isolés qui se trouvent assez fréquemment sur les bords des 
champs, m'ont toujours paru provenir d'anciennes haies détruites, 


Mém. du Museum. 1. 14. 42 


326 MonocoTyYLEDONES. 

622. Donax rEexax. Roem. et Schult. Syst. Veget.11, p.601.—Ærundo 
ampelodesmos. Gyrill. Plant. Rar. Regn. Neap. fasc. 11. — 4 tenax. 
Vahl Symb.— 4. festucoides. Desf.! Au. 1, p. 108, t. 34.— Donax 
ampelodesmos. Presl. Cyp. et Gram. Sic. p. 32. 

In montibus Balearium frequens. Florebat Aprili. 

Hab. in Andalusiä!, Liguriàâ (Bert. ), Etrurià!, agro Romano 
( Sebast. et Maur.), regno Neapolitaro! , Sicilià ( Presl.), Sardinià!, 
Barbarià ( Desf.! ). 


623. Fesruca PRATENSIS. Smith Flor. Brit. ed. 1, p. 123. 


In insulà Minore ( Æern.). 
Hab. in Corsicà , regno Neapolitano ( Tenore }, Sicilià (Presl. ). 


624. Fesruca sripoines. Desf. ! Atl. 1, p.g90.— Bromus geniculalus. 
Willd. Spec. 434. 

In insulà Minore ( Hern.). 

Hab. in Barbarià !, Hispanià meridionali!, Gallià mediterraneà!, 
totà Italia !. 

625. KoeLeriA Pareoipes. Pers. Synops. 1, p. 97.—Festuca phleoides. 
Vill. Dauph. 11, p.95, t. 2. f. 7. 


In arenosis maritimis Balearium frequens. Florebat Aprili. 


Hab. in totà regione mediterraneä,. 


626. Poa mecasracurA. Koel. Gram. 181.—Briza Eragrostis. Linn. 
Spec. 103. — Poa Eragrostis. Cav. Ic. p. 63, t. 92, non Linn. 

In insulà Minore (Æern. ). 

Hab, in totà regione mediterraneà. 


627. Poa manrima. Willd. Spec. 1, p. 396. 
In maritimis insulæ Majoris prope Alcudiam. Florebat Aprili. 
Hab. in Gallià mediterranei!, littore Liburnensi (Savi), littore 


Adriatico !, Græciæ insulis (Smith). 


628. Poa anxua. Linn. Spec. 99. 


GRAMINEÆ. 327 


In insulà Minore (Hern.). 
Hab. in tot resgione mediterranes. 


629. Poa rmivraus. Linn. Spec. 09. 

In insulà Minore ( Æern.). 

Hab. in Etrurià (Savi), agro Romano (Sebast. et Maur.), regno 
Neapolitano (Tenore), Sicilià (Presl.), Græcià (Smith ). 


630. Poa suzsosa, Linn. Spec. 102. 
Ad vias in Balearibus haud rara. Florebat Aprili. 
Hab. in totä regione mediterraneä, Ægypto exceptà. 


651. Poa micipa. Linn. Spec. 101. — Sclerochloa rigida. Presl. 
Gram. et Cyp. Sic. p. 45. 

Ad apicem montis Galatzo inter rupes; etiam in ins. Minore 
(ern.). Florebat Majo. 

Hab. in totâ regione mediterranei, Ægypto exceptà. 


652. Poa pivaricara. Gouan Illustr. p. 4, t. 2, f. 1. 
Inter rupes maritimas Balearium frequens. Florebat April , 
Majo. 


Hab. in totâ regione mediterraneä. 


633. Baizé mAxIMA. Linn. Spec. 103. 
In sterilibus Balearium vulgaris. Florebat Aprili, Majo. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


634. Briza minor. Linn. Spec. 102. 
In insulà Minore (Hern.). 
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptä. 


635. Bromus morus. Linn. Spec. 112. 
Ad vias in Balearibus frequens. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneä. 


636. Bromus srenus. Lion. Spec. 113. 


328 MonocoTyLEDONES. 

Inter rupes maritimas insulæ Majoris prope Alcudiam. Florebat 
Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptà. 


637. Bromus mapritewsis. Linn. Spec. 114.— Festuca madriten- 
sis. Desf. Atl. 1, p. 91. Î 2 AP pe 

I collibus petrosis Ebusi prope $. Eulaliam. Florebat Majo., 

Hab. in Hispaniä !, Gallià mediterraneä!, agro Romano (Sebast. 
et Maur.), Sicilià (Biv. Bern.), Ægypto (Del.), Barbarià !. 


638. Bromus maxrmus. Desf. ! At. 1, p.95, t. 26. 

In insulâ Minore (Æern.). 

Hab. in Occitaniä (DC.), regno Neapolitano (Tenore), Sicilià (Presl), 
Barbariä (Desf. !). % 


639. Sesceria cæruLea & DC. Flor. Fr. 11, p. 76. — Cynosurus 
cæruleus. Lion. Spec. 106. — Sesleria cœærulea. Scop. et auct. 

In fissuris rupium ad apicem montium Puig-de-Torrella ct Puig- 
Major in insulâ Majore. Florebat Aprili. 

Hab. in Pyrenæiïs (DC.), regno Neapolitano (Tenore) , monte Par- 
passo (Smith). 

8. cylindrica. DC. |, c. — Festuca argentea. Savi Bot. Etrusc.7, 
p.68, ex DC. — Sesleria cylindrica. DC. Flor. Fr. Suppl. 279. 

In fissuris rupium ad basin montium insulæ Majoris prope 
Esporlas , Soller, Lluch. Florebat Aprili, Majo. 

Hab. in totà Italià (DC.—Tenore). 


640. Rorrsozza iNcurvaTA. Linn. fil. Suppl. 114.—Ophiurus incur- 
vatus. P.B. Agrost. 116. 

In maritimis insulæ Majoris prope Artam. Florebat L ADR il. 

Hab, in totà regione mediterraneà. 


641. Æcirors ovara. Linn. Spec: 1489. 
In collibus petrosis circa Palmam. Florebat Majo. 


GRAMINEZ. 329 


Hab, in Barbariâ!, Hispanià !, Gallià mediterraneä!, totà dtaliä!, 
Sicilià (Presl), Archipelagi insulis (Smith). 


642. Triricun sarTivu». /’ar. d'. DC. Flor. Fr. ll, p. 80. 
Colitur in Balearibus. 


643. Triricum repens. Linn. Spec. 127. 
In agris Balearium frequens. 


644. Triricun Puncens & DC. Flor. Fr. Suppl. 253. 
In insulà Minore (Æern.). 


645. Triricum cæspirosum. DC. Cat. Hort. Monsp. 153 — Bromus 
ramosus. Linn. Mant. 34, ex DC.—Festuca cæspitosa. Desf. ! Atl.r, 
p-91,t.24,f.7, 

In montibus insulæ Majoris prope Esporlas; in insulâ Minore 
(Hern.). Florebat Majo. 

Hab. in Gallià mediterraneä!, agro Nicænsi (DC.), agro Parmensi!, 
regno Neapolitano !, Corsicä!, Barbarià (Desf. !). 


646. Tairicum PHænicoipes. DC. Flor. Fr. Suppl. 284. 
In insulà Minore (Hern.). 


647. Triricum cicrarum. DC. Flor. Fr. mi, p. 85. — Bromus dista- 
chyos. Linn. Spec. 115. f 

Inter rupes maritimas insulæ Majoris prope Artam. Florebat 
April. 

Hab. in tot regione mediterraneä, Ægypto exceptà. 


648. Triricum roTTB0LLA. DC. Flor. Fr. m1, p. 86. 

Inter rupes maritimas prope Alcudiam in insulà Majore. Florebat 
Aprili. 

Hab. in Andalusiä !, Gallià mediterraneà!, Corsicâ!, Etrurià !. 

649. Louum rERENNE. Linn. Spec. 122. 

Ad vias in insulis Majore et Minore. Florebat Aprili. 

Hab. in totà regione mediterraneà. 


330 MonocoTYLEDONES. 


B. Glumé calyciné flosculos æquante aut superante, non iisdem 
breviore. 
Ad margines agrorum in Ebuso. Florebat Majo. 


650. HorDeum vurcare. Linn. Spec. 125. 
Colitur in Balearibus. 


651. Horoeum maririmum. Vahl Symb. 1, p. 25. 
Ubique in maritimis Balearium. Florebat Aprili- 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


652. Honpeuu murwum. Linn. Spec. 126. 
Ad vias in Ebuso frequens. Florebat Majo. 
Hab,. in totà regione mediterraneà. 


653. AnproroGon uirrum. Linn. Spec. 1482. 
In collibus petrosis insulæ Majoris frequens. Florebat Aprili. 
Hab. in totà regione mediterraneâ, Ægypto exceptà. . 


654. Zxa mays. Linn. Spec. 1133. 
Colitur in insulà Majore. 


NAYADES. 


655. Cnara mispipa. Linu.Spec. 1624. 
In fossis Ebusi. 


EQUISETACEÆ. 


656. Equiserum cimosum. Linn. Spec. 1517. 
In fossis Ebusi. 


LYCOPODIACEZÆ. 


657. Lycoronium penricuraruw. Linn. Spec. 1569. 

Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Lluch. 

Hab. in Gallià mediterraneà !, Etruriä (Savi), Græcià et insul4 
Cypro (Smith), Barbarià ( Desf.!), Ægypto!. 


Frrices. 331 
FILICES. 


658. Anrantum cAriLLus-vEenERISs. Linn. Spec. 1138. 
In umbrosis Balearium frequens. 
Hab. in totà regione mediterraneà. 


* 659. Prenis aquruiwa. Linn. Spec. 1533. 
In montibus insulæ Majoris frequens. 
Hab. in totà regione mediterraneà, Ægypto exceptà. 


660. Scororenoriom emroniTis. DC. Flor, Fr. nr, p. 552. 

In insulà Minore (Æern.). 

Bz Auriculis integris. Nob. S, sagittatum. DC. Flor. Fr. Suppl. 
382. 

Ad rupes umbrosas vel excavatas montium insulæ Majoris prope 
Lluch, Esporlas, etc. 


661. AsPLENIUM ADIANTUM-NIGRUM. Linn. Spéc. 1541. 

In montibus insulæ Majoris prope Esporlas; in insulà Minore 
(Hern.). 

Hab, in Gallià!, Italiä!, Græcià (Smith), regno Algeriensi 
(Desf.!). 


662. AsPLENIUM TRICHOMANES. Linn. Spec. 1540. 

Ad rupes in montibus insulæ Majoris prope Lluch. 

Hab. in Gallià!, Italià (Bert.—Savi), Græcià (Smith), regno 
Algeriensi ( Desf. !). 


663. Poryronium vurcare. Linn. Spec. 1544. 
In montibus prope Fsporlas in insulà Majore. 
Hab. in Gallià !, Italià !, Græcià (Smith), Barbariä (Desf. pie 


664. CETERACH ormenvanum. DC. Flor. Er. ur, p. 566. 
Ad rupes in insulà Majore frequens. 
Hab. in Galliä!, Italià!, Græcià (Smith), Barbariä (Desf. !). 


332 À COTYLEDONES. 
MUSCI. 


665. Dinymonon susucarus : acaulis ; foltis lancéolato-subulatis , 
siccitate contortis; thecis elongatis; operculo subulato, stricto. 
Nob. 

Folia sat longa, glabra, subnitida, in statu sicco margine inflexa 
et apice ferè spiraliter contorta. Thecæ subcylindricæ, earum cilia 
longa, tenuia ut in Trichostomis, sed simplicissima. Setæ longæ et 
pallidè rufæ. 

Primoobtutu Barbulam subulatam refert, sed peristomii dentibus 
ab eà differt. 

In insulà Minore (Æern.). 


666. Torrura convozuta. Sw. Musc. Suec. 41. 
In insulà Minore (Æern.). 


667. Torrura murazis. Hedw. Fund. 2, p. 92. 
In insulà Minore (Æern.). 


668. Tonrura unGuicuraTa. DC. Flor. Fr. 11, p. 484. 
In insulâ Minore (Hern.). 


669. Funarra ayéromeTrica. Hedw. Spec. 172. 
Ad rupes in monte insulæ Majoris Puig-dè-Torrella. 


670. Bayum carirare. Linn. Spec. 1586. 
In insulà Minore (Æern.). 


671. Hypnuu seriéenm. Linn. Spec. 1595. 
lo insulà Minore (Hern.). 


LICHENES, 


672. RocceLLa TINCTORIA. Linn. Spec. 1622. 
Ad rupes in Balearibus vulgatissima. 


Pr 


FUNGI. 333 
673. Lecanora parezra B. pallescens. Ach. Synops. 160. 
In insulà Minore (Æern.). 


674. Parwerta parerina. Ach. Synops. 200. 
In insulà Minore (Æern.). 


675. Cexouvce runcara. Ach. Synops. 276. 
In insulà Minore (Æern.). 


FUNGI. 
676. Hezverra mirra. Linu. Spec. 1649. 


In insulà Majore (Trias). 

677. TaLEPHORA HIRSUTA. Pers. Synops. Fung. 570. 

In insulà Majore (Trias). 

678. Hypnum rerannum. Linn. Spec. 1647. 

In insulà Majore (Trias). 

679. Porvrorus raccarus. Pers. Mycol. Europ. Sect. 2, p. 58. 
Ia insulà Majore (Trias). 

680. Acarious ALNEuS. Linn. Spec. 1645. 
In insulâ Majore (Trias). 

681. Âcamicus conrieuus. Bull. Herb. t. 240 et 576, f. 2. 
In insulâ Majore ( Trias). 

682. Acaricus rormnosus. Schæff. Fung. Bavar.t. 12. 
In insulà Majore (Trias). 

683. Crararus cancezraTus. Linn. Spec. 1648. 

In insulà Majore ( Trias). 

684. Lycorernon mirrum. Bull. t. 340 et 475. 

In insulà Majore ( Trias). 

685. Geasrrum rurescens. Pers. Disp. Fung, p. 6. 


In insulà Majore (Trias). 7 


Mém.: du Muséum. ?. 14. nie 


33/4 AGOTYLEDONES. 


ALGÆ. 


: A l : 
686. Fucus uezmnraocorros. Hæmm. Diss. Erlangæ, 1792, Ic. 
In mari ad littora insulæ Minoris (Hern.). 


687. Fucus rurgmnarus. Linn. Spec. 1629. 
In mari ad littora insulæ Minoris. (Æern.). 


688. Focus osrusus. Linn. Trans. m1, p. 191. 
In mari ad littora insulæ Majoris. 


689. Ucva comrressa. Linn. Spec. 1632. 
In mari ad littora insulæ Minoris (Æern.). 


690. Urva iresrinazis. Linn. Spec. 1632. 
In mari ad littora insulæ Minoris (Æern.). 


6gr. Ucva racruca. Linn. Spec. 1632. 
In mari ad littora Balearium frequens, . 


CORRIGENDA ET ADDENDA. 


Pag. 185, 1.13. ris fugax, lege ris sisyrinchium. 


Pag. 202. Ante Adonidem æstivalem, adde : — ANEMONE coROoNARtA. Linn. 
Spec. 760. 

In insulä Majore ( V. S. in Herb. Persoon communicata a el. de La Roche). 

Hab. in Gallià mediterraneà (DC.), Etrurià (Savi), Græcià (Smith), Archipe- 
lagi insulis et Asià minore( DC.). | 


Pag. 225. Ante Lavateram arboream adde ; — LaAvaTErA MINORICENSIS : caule 
herbaceo, tomentoso; foliis cordato-subrotundis, crenatis, crispis; floribus1-3; 
calyce exteriore 3-partita ; petalis brevibus ; roseis: Nob:; tel: LOU 

Radix incrassata, lignosa. Tota planta pube, stellatä tomentosa. Caules ex 


eädem radice plures, herbacei, ascendentes, pedales. Folia 4-5 lineas longa, 


- 6-71. lata, cordato-subrotunda, sub-5-loba, crenata, crispa, 5-nervia, nervis 


dorso prominentibus, petiolo brevi, limbum æquante vel superante. Stipulæ bre- 
vissimæ, 1+ 1. longæ, 1 1. latæ, ovato-lanceolatæ, acututiusculæ, vel ovato-obtusæ. 
Flores in axillis foliorum 1-3, pedunculati ,pedunculis 3-8 1. longis, infrà apicem 
articulatis. Calyx duplex; exterior 3-partitus, foliolis late ovato-lanceolatis; inte- 
rior exteriore quadruplo longior, 6 1. longus, campanulatus, 5-fidus, tubo 15- 
nervio , segmentis ovato-lanceolatis , 8-nervüs. Corolla ro$éa , Calyce vix longior. 
Carpella plurima, circa axim centralem, conicum, exsertum disposita, mono- 
sperma. Semen reniforme, peritropum. 

Differt à L. flava Desf. cui habitu proxima, 1°. foliis minoribus, basi cordatis, 
non basi integris et apice emarginatis ; 2°. stipulis mult minoribus ; 3°. floribus 
multo minoribus , roseis, non flavis. 

Crescit in insulà Minore (Hern.). 


Os. Le caractere du Lavatera consiste, comme on sait, à avoir un cälice 
extérieur 3-6-fide, non 3-6 parti comme dans le Walva. Il paroïtroit donc qu’on 
n’auroit dû admettre dansce genre que les espèces qui présentent ce caractère ,lét 
notre Lavatera minoricencis , ainsi que les L: hispida et flava Desf. devroient 
être réunis au genre Malva. Mais si l’on examine les folioles dans les Lavatera à 
calice extérieur triparti, et qu’on compare leur forme à celle du même organé dans 
les Malva, on voit qu’elles sont larges et rapprochées par leur base dans le pret 
mier, tandis qu’elles sont étroitesiet écartées les unes des autres dans le second. Si 
l’on ajoute à cette considération l’analogie du port, on ne balancera pas, je crois, à 
rapporter ces espèces au genre Lavatera dont les caracteres doivent par conséquent 
subir quelque modification. 


Pag. 227. Ante lineam 15, adde : ACERINEÆ. 
‘Pag. 227. Ante Geraniaceas, adde : 


AMPELIDEÆ. 


Vins viniFera. Linn. Spec. 293. 
Colitur in Balearibus. 


Pag. 253. Ante Bunium ferulaceum, adde : Cicura mayon. Lam. Flor. Fr. m, 


p- 1041. 
Ad sepes et domos Balearium frequens. Florebat April. 


43" 


ANALYSE 


DE LA VARIÉTÉ EN MASSE 


DE L’ESSONITE DE CEYLAN. 


PAR M. LAUGIER. 


Carre pierre n’a encore été trouvée qu'à Ceylan. On l'a 
rangée parmi les pierres précieuses , et on l’a souvent con- 
fondue avec le Grénat et le Zircon. On la rencontre tantôt 
en grains irréguliers disséminés dans le sable des rivières, 
tantôt en masses d’un volume assez considérable. Werner 
en a fait le premier une espèce distincte qu’il a nommée 
Kaneelstein, pierre de canelle, à cause de sa couleur qui est 
rouge d’hyacinthe pâle. M. Haüy lui a donné la dénomina- 
tion d’Essonite, signifiant m201rdre, inférieur, indiquant que 
ce minéral possède dans un degré inférieur les caractères des 
minéraux avec lesquels on pourroit le confondre, tels que le 
Lircon et le Grenat. 

Le célèbre Klaproth est le seul chimiste qui en ait fait 
l'analyse. Mais la variété qu’il a examinée étant celle qui 
se présente sous la forme de grains , et M. Leschenault ayant 
récemment rapporté de Ceylan la variété en masse , on a 
desiré connaître si celle-ci différoit de la première par sa 
composition, et je me suis chargé de ce travail. 


ANALYSE DE L'EssonTE DE Cry. 337 
_ La variété d’Essonite en masse est dure et difficile à pul- 
vériser; sa poudre bien fine à une couleur légèrement rosée: 
chauffée au rouge , son poids ne diminue pas sensiblement. 


: 
100 pailito vur dut funuduus ce 92. RE ee à 


caustique ; la masse résultante de la fusion entretenue pen- 
dant une heure avoit une couleur brune vers le fond du 
creuset , et verdâtre sur ses bords. Cette dernière couleur 
communiquée à l’eau n’est point devenue rose par l'addition 
de l'acide hydrochlorique ; ce qui m'a fait présumer qu’elle 
n’étoit point due à de l’oxide de manganèse. 

Toute la masse a été complétement dissoute à froid par 
un excès d'acide hydrochlorique. L’évaporation à siccité de 
la dissolution à laissé un résidu insoluble dans le même acide, 
qui a offert tous les caractères de la silice parfaitement pure, 
et qui équivaloit à 38 parties. 

La dissolution de tous les principes de la pierre (la silice 
exceptée) a été sursaturée par l’ammoniaque ; celle-ci y a 
formé un précipité rougeätre, floconneux, que l'addition de 
l’hydrate de potasse liquide a fait en grande partie dispa- 
roître. La portion que la potasse avoit dissoute étoit de l’alu- 
mine , dont le poids représentoit 19 parties : 10 parties de 
cet oxide ont été converties par les moyens ordinaires en 
100 parties d'alun : la portion insoluble dans l'hydrate de 
potasse étoit de l’oxide de fer formant 7 parties. 

Les quantités de silice , d’alumine et d’oxide de fer déjà 
obtenues étoient loin de représenter la portion d’Essonite sou- 
mise à l'expérience. Aussi ai-je retrouvé dans la dissolution 
hydrochlorique sursaturée par l’ammoniaque une grande 
quantité de chaux que l'acide oxalique en a séparée. 


338 ANALYSE DE L'ESsonITE DE CEYLAN. 


L'oxalate de chaux recueilli, lavé et séché au bain de 
sable, à une température incapable de le décomposer, repré: 
toit 33 parties d’oxide de calcium. 


Se te mul yoc, 2wvv prrwse d'Eccanite 


sont formées de 


38 parties de silice. 
Si denchanx: 
19 . . . . d'alumine. 


7 .. .. d'oxide de fer. 
Total!.0:).:97 


Ces résultats sont presque les mêmes que ceux indiqués 
par l’analyse de Klaproth , qui a trouvé sur 100 parties 
d’Essonite en grains : 


38 parties 8 dixièmes de silice , 


DT : mibeloulée Chauxy 

22! at Ur AWMInEs 

6 .....5 dixièmes d’oxide de fer. 
Total. . . 98 3 


Outre les élémens ci-dessus désignés, j'ai trouvé dans. 
l’'Essonite en masse de Ceylan quelques atomes de cuivre, 
qui vraisemblablement y sont accidentels, et proviennent 
de la gangue qui entoure cette variété. Cette quantité de 
cuivre , quoiqu’à peine appréciable , avoit suffi pour don- 
ner à la dissolution ammoniacale une légère teinte bleue. Je 
la saturai d'acide hydrochlorique , et jy versai quelques 
gouttes d'hydrocyanate de potasse, qui y développèrent une 
couleur rouge de fleurs de pêcher. Ce fait explique comment 


 Anazvse DE L'Essonire DE CEvran. 339 
la couleur verdâtre de la masse ne passa point au rouge 
par l’addition de l’acide hydrochlorique. 

La nature et la proportion des élémens des deux variétés 
d’Essonite une fois connues; si l’on s’occupe de rechercher 


les rapports en vertu desquels ces élémens sont unis, il est 


facile de se convaincre qu’ils sont parfaitement en harmo- 
nie avec les principes qui servent de base au système des 
proportions définies. 

En effet, d’après ce système, la silice , dans les combinai- 
sons qui constituent les substances pierreuses, jouant le rôle 
d’acide relativement aux oxides qui y sont unis, doit con- 
tenir une quantité d’oxigène égale à celui que renferment les 
oxides qui lui sont combinés. 

Ici cette condition est à peu de chose près remplie; car 
38 parties 8 dixièmes de silice contiennent 19 parties 5 
dixièmes d’oxigène, et 38 de silice, 19 parties 1 dixième : 
or d’après l’analyse de Klaproth, les oxides de chaux et 
d'alumine renferment ensemble 19 parties d’oxigène, et d’a- 
près la mienne 18 parties 3 dixièmes de ce principe; d’où il 
suit que la différence est de 5 dixièmes dans le premier 
cas, et de 8 dixièmes dans le second. Ainsi sauf ces légères 
différences , qui doivent être attribuées à l’imperfection des 
moyens analytiques, on ne peut se dispenser de considérer 
les deux variétés d’'Essonites comme de véritables silicates de 
chaux et d’alumine. 

Il est seulement à remarquer qu’en admettant cette con- 
clusion basée sur des expériences positives, l’oxide de fer 
qui s’y rencontre, et dont la proportion varie, doit ètre re- 
gardé comme y étant à l’état de mélange, et ne faisant point 
partie de la combinaison. 


ANALYSE 
DES INDIANITES BLANCHE ET ROSE 


DE COROMANDEL. 


x 


PAR M. LAUGIER. 


Parmi les substances nombreuses qui composent les diverses 
gangues du spinelle, M. le comte de Bournon en a remarqué 
une sous forme de grains tantôt blancs, tantôt de couleur 
rosée , qui lui a paru mériter une attention particulière. Quoi- 
que cette substance ait en apparence beaucoup d’analogie 
avec le feld de spalth, cet habile minéralogiste lui a trouvé 
des caractères assez distincts pour le déterminer à la consi- 
dérer comme une espèce particulière, et à lui donner le nom 
d'Indianite , tiré du pays où on l’a rencontrée pour la pre- 
mière fois. 

M. Chenevix a fait anciennement l’analyse de l’Indianite, 
mais dans un temps où l’on n'avoit point pour but de re- 
chercher dans les pierres la présence d’un alcali que l’on 
étoit loin d'y soupçonner. 

Il paraissoit donc intéressant de s'assurer si cette pierre, 
déjà distincte du feld-spath par quelques caractères physiques, 
en différoit surtout par l’absence de la potasse et de la soude. 

C’est dans cette intention que j'en ai entrepris l'analyse. 


RAS AN 


dé 


ANALYSE DES INDIANITES DE COROMANDEL. 341 


Cent parties bien pulvérisées ont été fortement calcinées 
pendant une demi-heure; elles n’ont perdu qu’un centième 
de leur poids. Fondues ensuite à deux reprises avec six 
parties de nitrate de baryte, elles ont été complétement at- 
taquées et ont été entièrement dissoutes par un excès d’acide 
hydrochlorique. | 

L’évaporation de cette dissolution a fourni d’abord une 
gelée d’un jaune d’or, puis un résidu sec qui ne s’est dis- 
sous qu’en partie dans l’eau chaude aiguisée d'acide, qui 
a laissé une matière blanche offrant tous les caractères de 
la silice, et dont le poids étoit de 43 parties. 

La liqueur isolée de la silice, et contenant tous les autres 
élémens de la pierre, a été mêlée à une quantité d'acide sul- 
furique suffisante pour précipiter la baryte provenant du 
nitrate employé au traitement de la pierre. Le sulfate de 
baryte a été jeté sur un filtre , et j'ai ajouté dans le liquide 
filtré un excès de carbonate d’ammoniaque , dans la vue de 
précipiter l’alumine. Il s’est en effet formé un précipité flo- 
conneux, abondant, qui, après le lavage et la calcination, re- 
présentoit 47 parties de la pierre. Cette quantité d’alumine 
me paraissant trop forte, je desirai m’assurer si elle étoit 
pure, et je la fis bouillir avec une dissolution de potasse 
caustique , qui refusa de dissoudre 15 parties d’une matière 
que je reconnus pour du S. carbonate de chaux, et qui repré- 
sentoient 9 parties de cette base. Après cette opération, 
Palumine se trouvoit réduite à 34 parties et demie. 

La dissolution dont la silice, l’alumine et une partie de la 
chaux contenues dans la pierre avoient été séparées , fut éva- 
porée à siccité, et le résidu calciné jusqu'à décomposition 


Mém. du Muséum. ?. 14. 44 


342 ANALYSE DES INDIANITES DE (COROMANNEL. 


totale du sulfate d’ammoniaque , il ne resta que 23 parties 
d’une substance qui ne se dissolvoit point en totalité dans 
l'eau froide. Six parties seulement furent dissoutes par ce 
liquide; son évaporation spontanée donna la même quantité 
d’un sel blanc cristallisé, efflorescent à l'air, ne précipitant 
point par la dissolution de platine, et présentant les carac- 
tères du sulfate de soude. Les 17 parties insolubles étoient 
formées d’une partie d'oxide de fer et de 16 parties desul- 
fate de chaux solubles dans l’eau bouillante; cette eau don- 
noit un précipité d’un volume semblable, et par le nitrate 
de baryte, et par l’oxalate d'ammoniaque. 

Les 6 parties de sulfate de soude représentent 2 parties 
6 dixièmes de soude, et les 16 parties de sulfate de ehaux, 
6 parties 6 dixièmes de chaux qui, ajoutées aux 9 parties de 
cette base déjà fournies par le carbonate séparé de l’alumime, 
donnent en total 15 parties 6 dixièmes d’oxide de calcium. 

Ainsi, d’après mon analyse, 100 parties d’Indianite blan- 


che contiennent : 


Oxigène, 

ei re radins te 21 602 

Alter ue 2. de Ole POEO 
15 FEVT 5 Mn ie Hesse ds Fo M ec A NE 

SoUGE te RPM EM MOMMONPEN ARE PRE 

oi 17 


Oxide de fer. . … : : 


ANALYSE DES INDIANITES DE COROMANDEL. 343 

Si l’on recherche comment ces substances sont combinées 
entre elles, on voit que cette combinaison est parfaitement 
conforme aux lois sur lesquelles repose le systèmé dés pro- 
portions définies, qui établit que la substance acide, où qui 
en fait les fonctions, doit contenir une quantité d’oxigène 
égale à celle que renferme la base ou les bases qui lui sont 
combinées. 

La quantité de silice indiquée ci-dessus, contient 21 par- 
ties 6 dixièmes d’oxigène, et la quantité d’alumine , de chaux 
et de soude renferme 21:parties 2 sixièmes du même prin- 
cipe, en faisant toutefois abstraction du fer et de l’eau qui 
ne forment que deux parties ou deux centièmes du miné- 
ral analysé, et qui peuvent être considérés comme acci- 
dentels, et à l’état de mélange. 

L'ancienne analyse de l’Indianite blanche faite par M. 
Chenevix présente des résultats qui ne diffèrent des miens 
qu’en ce qu'ils n'indiquent pas l’existence de la soude; du 
reste. ils sont conformes aux proportions définies, parce que 
l’oxigène contenu dans le petit excès d’alumine qu’il y admet 
compense exactement celui que renferme la soude dont il 
ne fait point mention. 

J'ai analysé par les mêmes moyens l’Indianite rose que l’on 
rencontre dans le même lieu, etes produits que j'en ai obtenus 
concordent avec ceux quen’avoit fournis l’Indianite blanche. 

J'ai trouvé que 100 parties de cette dernière sont for- 


mées de 


344 ANALYSE DES INDIANITES DE COROMANDEL. 
Oxigene 

Silice yes a tn DEN ES 
Alamineys tre us ne: 198,4 
Chann-( ou és auyrd SE ANS 
Sonde: eue AS, SRE ES e o dE 
20 9% 


Oxide de fer . .... 3 20 
Fa. sure house 1 
Traces de manganèse, 98 55 


Pertes: ia ofe cond tp; 


Abstraction faite comme ci-dessus du fer et de l’eau, la 
quantité d’oxigène de la silice est égale, à très-peu près, avec 
celle qui est contenue dans l’alumine, la chaux et la soude. 

D’après les résultats ci-dessus rapportés, et qui semblent 
se rapprocher beaucoup de ceux des variétés de feld-spath 
qui renferment de la soude, il appartient aux minéralogistes 
de décider si l’on est fondé à considérer cette substance 
comme une espèce particulière. 


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Tome 14 


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US à M Lorrlouce (Lath.) 


on dures 1. Dre 


DU CANARD PIE, 


A PIEDS DEMI PALMÉS, 


DE LA NOUVELLE-HOLLANDE. 


(nas melanoleuca. Lars.) 


Par M. LE Be. CUVIER. 


uoique cette espèce ne soit pas entièrement nouvelle, 
puisque M. Latham en a déjà parlé dans son deuxième Supplé- 
ment, on a cru pouvoir le reproduire ici, à cause de l'intérêt 
que lui donnent les singularités de sa éonformation, et parce 
que jusqu’à présent, et d’après la Notice abrégée et sans 
figure de ce savant ornithologiste, on l’a mal placée dans 
les Systèmes. Le nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle 
etle Dictionnaire des Sciences naturelles Yont mise parmi 
les Oies, bien qu’elle n’en ait ni le bec ni les pieds. 
L’individu représenté sur notre planche a été rapporté du 
port Jackson par l'expédition que commandoit M. le baron de 
Bougainville. Il offre une nouvelle preuve de cette remarque 
faite depuis long-temps que les productions de la Nouvelle- 
Hollande semblent destinées à démentir toutes nos méthodes, 
et à mettre le désordre dans tous nos systèmes. Sa taille et 
ses formes sont celles d’une oie, son bec celui d’un canard, 
etses pieds presque ceux d’une cigogne; en sorte qu'il faudroit 


Mém. du Muséum , t. 14. 45 


346 pu CANARD PIE, A PIEDS DEMI PALMÉS, 


faire pour lui une nouvelle subdivision dans le genre des 
Anas. Son bec est aussi long que sa tête; sa largeur et sa 
hauteur à la base sont à peu près égales, et comprises deux 
fois et demie dans sa longueur ; les lamelles de ses bords sont 
peu saillantes, minces, et tout-à-fait cachées quand il se ferme; 
elles ne représentent point des dents comme dans beaucoup 
d’oies. Le dos en est en carène un peu arrondie; les narines 
se rapprochent de la carène vers le tiers de sa longueur le 
plus voisin de la base. Un ongle corné, ovale, convexe, lisse et 
fortement recourbé versle bas, occupe toute la largeur del’ex- 
trémité antérieure. Une partie correspondante de la mandi- 
bule inférieure est également cornée, mais le reste des deux 
mandibules est recouvert d’une peau brune qui s’épaissit et 
prend une teinte jaune vers la base du bec, d’où il s’en étend 
de chaque côté une large bande jusqu’à l'œil. La tête, le cou et 
une petite partie du haut du dos sont entièrement couvertsde 
plumes d’un noir tirant un peu sur le brun. Les scapularres 
sont blancs ainsi que la portion du dos qui est entre les racines 
des ailes; ensuite il y a au dos une partie brune, mais le crou- 
pion est blanc ainsi que la poitrine, le ventre et les conver- 
tures supérieures et inférieures de la queue; la portion des 
petites couvertures externes de l'aile, qui est recouverte dans 
l’état de repos par les scapulaires, les petites et les grandes 
couvertures inférieures sont blanches; tout le reste de l'aile 
est noir à l'exception de quelque peu de blanc sur les plumes 
de l’aile bâtarde, et au bout des grandes couvertures les plus 
voisines du corps. Les pennes de la queue et les plumes des 
cuisses sont également noires. Le tiers à peu près de l’os du tibia 
n'est revêtu que d’une peau nue et à petites écailles, ainsi que 


DE LA Nouvezrr-HOoLLANDE. 347 


le tarse tout entier, les bases des doigts et la membrane qui 
unit les trois doigts antérieurs. Cette membrane est fort courte 
et n’embrasse que le tiers de leur longueur. Les deux tiers 
environ de chaque doigt sont garnis en dessus de lames 
transverses; leurs ongles sont arqués et de force médiocre ; le 
pouce n’a point de membrane pour l’élargir; son ongle ne 
surpasse pas en force ceux des doigts de devant. Les jambes 
de cet oiseau sont bien plus hautes que dans les canards et 
les cignes, et, sous ce rapport coinme sous celui du bec, c’est 
à l'Anas arborea des Antilles qu’il ressemble le plus. Dans 
l'état sec, ses jambes et ses pieds paroissent jaunes comme 
les membranes de la base du bec ; mais les unes et les autres 
peuvent avoir été plus ou moins rouges dans le vivant. 


Pieds. Pouc. Lign. 


Longueur du bout du bec au bout de la queue. 2 2 » 
Longueur du bec de sa pointe à sa commissure. » 2 3 
ibaseur la base, 2420 .f 0 Mie RAUE TAU TU »- 8 
Lonsneur delantéte, 2044.02 uen 4 out 2 6 
Lonsneur du cou, 4. 4 nie ee 9 » 
Longueur depuis le pli de l'aile jusqu’au bout 

de ses grandes pennes. . . « 4. 4... 1 2 » 
Longueur des pennes de la queue. . . . . . . on» 5  » 
ÉoBemEur du arse-. . . . - - |. . - +. . 3 6 
Longueur du doigt du milieu. . . . . . . . » UE 
Dongteur du Ppouce, :° 2.7: Jr, se I 7 


45° 


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RECHERCHES 


Sur la distribution géographique des végétaux 
phanérogames dans l'Ancien Monde, depuis 
l'équateur jusqu’au pôle arctique. 


PAR M. MIRBEL. 


> 
Novs sommes encore loin de l’époque où il sera possible 
d'écrire une bonne géographie botanique. Ce que nous sa- 
vons sur les climats et la végétation est peu de chose en 
comparaison de ce qui nous reste à apprendre. Il y auroit 
de la témérité à juger de l'inconnu par le connu; le plus sûr 
est de se borner à recueillir et classer les faits, laissant à ceux 
qui viendront après nous le soin de découvrir et de déve- 
lopper la théorie. 

Ces réflexions ne sont pas nouvelles pour moi; elles m’a- 
voient déterminé d’abord à ne travailler que sur des familles 
isolées. J’ai publié, il y a quelque temps, un Æssai sur la 
géographie des Conifères. Depuis, j'a rédigé un essai sur 
les Amentacées ; tout étoit prêt pour sa publication, lorsqu’en 
relisant mon manuscrit, je reconnus qu'il y avoit une dispro- 
portion choquante entre l’objet principal de mon travail et 
les considérations générales qui l’accompagnoient. Il sembloit 
que l’histoire géographique des Amentacées n’étoit qu’un 
accessoire : à l’occasion de cette famille je traitois de la végé- 


350 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


tation de tout le globe. Ce vice de composition me fit com- 
prendre que si je persistois à isoler les familles, je devois me 
borner à distribuer dans des tableaux synoptiques, les noms 
des plantes et des pays. Un tel résultat ne valoit pas la peine 
que j'avois prise d'extraire des écrits d’un grand nombre de 
voyageurs et de naturalistes tout ce qui avoit trait à la géo- 
graphie des végétaux. J'ai donc renoncé à mon projet, mais 
je n’ai pas voulu perdre le fruit de mes recherches. Pour en 
tirer parti, j'ai dû considérer la végétation sous un point de 
vue plusélevé. Le Mémoire que je présente aujourd’hui n’est 
qu'une mince portion du travail que j'ai entrepris, et dont je 
donnerai la suite plus tard. 


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 


Sur la Géographie botanique, suivies d'un. Tableau de 
la végétation phanérogame de l'Europe, des côtes 
méditerranéennes de l’ Afrique et de quelques contrées 
de l'Asie septentrionale. 


Les pôles et les terres situées entre les tropiques offrent 
les deux extrêmes de la températüre atmosphérique. Ici, 
une chaleur forte et soutenue entretient une végétation va- 
riée, vigoureuse et perpétuelle. Là, un refroidissement à nul 
autre semblable confond les saisons et les années dans un 
hiver permanent, et repousse toute végétation. 

A partir de quelques degrés en deçà des tropiques jus- 


GéocraPuie BOTANIQUE. 351 
qu'aux glaces du pôle, la température partage nettement 
l’année en deux périodes végétales : la chaude ou celle des 
développemens, la froide ou celle du repos. Plus celle-ci 
s'approche du tropique, et plus sa température s'élève; plus 
celle-là s'approche du pôle, et plus sa température s’abaisse. 
L’une et l’autre tiennent d’autant moins de place dans l’an- 
née, qu’elles sont plus éloignées de leur point de départ. 

On a remarqué que la température de la période des dé- 
véloppemens déclinoit plus lentement en s’éloignant des tro- 
piques, que la température de la période du repos en se 
rapprochant du pôle. Aussi arrive-t-il souvent que dans les 
contrées du nord les chaleurs de l’été sont très-vives, quoi- 
que les hivers soient très-longs et très-rigoureux. 

Ces idées générales, toutes vulgaires qu’elles sont, ne pa- 
roîtront pas déplacées comme introduction d’un travail dont 
le but est de montrer la marche graduelle des végétaux de 
YAncien Monde, depuis l'équateur jusqu’au pôle boréal, et 
laliaison de ce phénomène avec le décroissement progressif 
de la température. 

_ Lactivité vitale des plantes se manifeste par une série de 
développemens qui s’opèrent chacun sous l'influence d’une 
quantité très-variable de chaleur, de lumière et de temps, 
dont le z247#47mum et le maximum diffèrent pour chaque es- 
pèce. Au-delà de cette limite, les développemens ne se font 
pas, ou s'arrêtent avant d’avoir atteint le degré de perfection 
nécessaire à la propagation des races, ou même à la conser- 
vation des individus. Dans les contrées où les hivers sus- 
pendent la végétatiou, les arbres, les arbrisseaux et les sous- 
arbrisseaux; pendant ce sommeil périodique des forces 


352 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


vitales, supportent un abaissement de température plus con- 
sidérable que celui qui leur deviendroit fatal à l’époque des 
développemens. 

Mais le froid n’est impuissant que là où les chaleurs sont 
suffisantes pour fermer complétement le cercle de la végéta- 
tion; car si le tissu nouvellement développé n’est pas achevé, 
müri, endurci au retour des frimats, il court risque d’être 
désorganisé par les moindres gelées. De là vient que de fortes 
chaleurs sont, pour beaucoup de végétaux, un sûr préservatif 
contre des hivers rigoureux, tandis que de foibles chaleurs ne 
les sauroient protéger contre des hivers modérés. Sous le cli- 
mat de Paris, nous n’avons garde de mettre en pleine terre 
le Pistachier et le Laurier-rose ; nous savons qu’ilsne supporte- 
roient pas nos hivers. Cependant les jardiniers attachés à 
l'ambassade de lord Mackartney ont trouvé le Laurier-rose 
dans le Pé-Tché-Li, aux environs de Pékin. Le véridique 
Chardin, dont l’autorité est fortifiée en ce point, comme en 
tant d’autres, par celle de ses successeurs, dit que le Pista- 
chier vient à Casbin, et il ajoute même que les pistaches 
qu'on y recueille sont plus grosses qu’en Syrie. Or, les hivers 
de Casbin et de Pékin sont rudes en comparaison des nôtres ; 
mais en revanche, les étés des deux cités asiatiques sont 
beaucoup plus chauds que ceux de Paris. La température 
estivale de Pékin égale presque celle du Caire, et surpasse 
celle d'Alger. Ces exemples, qu’il me seroit facile de multis 
plier, démontrent qu’on ne doit pas attribuer exclusivement 
le phénomène de la distribution géographique des végétaux 
à l'influence de la température de l’une ou de l’autre pé- 
riode ; rien n’étant plus certain que les deux périodes sont 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 353 
dans une mutuelle dépendance et concourent au même but. 
. C’est ici le lieu de parler de l'influence directe de l'hiver 
sur les végétaux indigènes des contrées extra-tropicales; 
influence aperçue par tout le monde, mais que peu de per- 
sonnes ont pris soin d'apprécier à sa juste valeur. 

Le froid hivernal, en arrêtant l’action vitale, ou du moins 
en la rendant extrêmement foible, plonge le végétal dans 
une sorte de léthargie qui n’a rien de commun avec le 
sommeil des animaux, destiné à réparer leurs forces épuisées 
par l'usage qu’ils en ont fait. L’engourdissement de la plante 
commence à l’époque où tous les développemens annuels 
sont accomplis. Alors le végétal est semblable à la graine 
mûre; il reste en repos tant que le froid se fait sentir. Le 
printemps le retrouve à peu près au même point où l'hiver 
l'avoit surpris. Avec le printempsgevient la chaleur qui ra- 
nime la végétation. Si l'hiver devançoit le terme des déve- 
loppemens annuels; ou si, ne venant qu’après eux, il n’en 
éloignoiït pas le retour, le végétal seroit en danger de mort. 
Voilà précisément ce qui arrive pour les arbres et les arbris- 
seaux des climats chauds que nous exposons aux climats du 
nord. L’engourdissement hivernal a donc pour effet de sous- 
traire le végétal à l’action délétère du froid et de le faire 
arriver sain et sauf à la période des développemens. D’où il 
suit que la même cause, je veux dire l’hiver, agissant sur des 


‘organisations végétales différentes, ne souffre pas que les 


unes. s’éloignent des tropiques, et permet aux autres d’ap- 

procher du pôle. La propriété de résister au froid de l'hiver 

est si étendue chez quelques espèces, que nous n’en connois- 

sons pas la limite. Dans la Nouvelle-Bretagne, aux environs 
Mém. du Muséum. 1. 14. 46 


354 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 
du Fort-Entreprise, par 64° 30’, un froid de 49 à 50° n’al- 
tère pas la constitution du Pin banksien, des Sapins blanc, 
noir et rouge, du Melèze à petits fruits et de plusieurs Amen- 
tacées. En Sibérie, sur les rives du Kovyma, par 650 28, 
le Melèze d'Europe, le Cembro, le Genèvrier, le Bouleau, 
l’Aune blanc, résistent à des hivers qui font descendre le 
mercure à 53 ou 54 degrés (1). | 
La chaleur de l'atmosphère ne suffit pas pour amener: les 
développemens à leur perfection, il faut encore le contact 
immédiat des rayons solaires, soit qu'ils agissent par la lu- 
mière ou par la chaleur qu’ils produisent, soit qu'ils agissent 
par ces deux causes réunies. M. de Humboldt, dont les tra- 
vaux sur la géographie botanique seront toujours cités, a fait 
voir que c’étoit moins faute d’une chaleur atmosphérique 
assez forte que d’une lumière solaire assez vive, que la Vigne 
ne mürissoit pas ses fruits sous le ciel brumeux de la Nor- 
mandie. Le rapprochement et la comparaison des phéno- 
mènes m’avoient déjà appris que la vivacité des rayons lumi- 
neux ou leur action non interrompue pendant une longue 
suite de jours, étoit la cause principale de l’étonnante rapi- 
dité des développemens des plantes alpines ou hyperbo- 
réennes (2). Les physiciens qui, faisant abstraction de la 


(x) Toutes les températures dont je fais mention dans ce Mémoire ont été rame- 
nées par le calcul aux degrés du thermomètre centigrade. à 

(2) Les végétaux privés de lumière s’alongent , poussent des tiges gréles et blan- 
châtres, ont un tissu lâche, et ne prennent aucune consistance; en uu mot ils 
s'étiolent. L'effet des rayons lumineux sur,ces êtres organisés consiste particulie- 
rement à séparer les élémens de l’eau et de l’acide carbonique qu’ils, contiennent, 
et à dégager l'oxygène de ce dernier. Le carbone de l'acide avec l'hydrogène et 
l'oxygène de l’eau, produisent les gommes, les résines, les huiles qui coulent 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 355 
température atmosphérique, parviendroient à mesurer l'in- 
fluence immédiate des rayons solaires sur la végétation à 
différentes hauteurs et latitudes, xendroient u un service im- 
mense à la science. PAS TETE 145 ATEN Ar 

Partout où la nature se dahe seule dé la Sel de la 
terre, elle n’y fait naître que les végétaux qui y trouveront 
toutes les conditions indispensables à leurs développemens 
successifs et à leur reproduction. Mais quand l’homme trans- 
porte des végétaux dans un climat différent de celui dont ils 
sont indigènes, il faut que son industrie leur rende, sous 
peine de les voir languir ou périr, tous les avantages qu'ils 
trouvoient dans leur ancienne patrie, à moins que la nouvelle 
ne leur offre des équivalens que nous ne saurions apprécier 
d'avance. D’après quels indices aurait-on conjecturé il y a 
quelques siècles qu’un jour le Myrte et /’Ærbutus unedo de 
l'Asie mineure croîtroient sans abri, le premier en Angleterre, 
dans le Cornouailles, le second en Irlande, dans le Kerry ? 
Souvent quand le résultat de la comparaison des climats 


AsEUE I 


dans les vaisseaux ou qui remplissent les cellules. Ces sucs nourrissent les mem- 
branes et les amènent à l’état ligneux,, résultat d’autant plus marqué que la lumiere 
est plus vive et que son action est plus prolongée. L’obscurité et la lumière pro- 
duisent donc sur la végétation deux effets absolument opposés : l'obscurité, en en- 
treteriant la souplesse des parties végétales, favorise leur alongement; la lumière, 
en aidant à leur nutrition, les consolide et arrête leur croissance. Il suit de là 
qu’une belle végétation , je veux dire celle qui réunit dans une juste mesure la 
grandeur et la force, dépend en partie de l’alternative heureusement ménagce des 
jours et des nuits. Or les plantes hyperboréennes se développent à l’époque où le 
soleil ne quitte plus l’horizon , et la lumière qui agit:incessamment sur.elles, les 
endurcit ayant qu’elles aient eu le temps de s’alonger. Leur végétation est active, 
_. courte; elles sont robustes, mais petites. Mirbel, Si de Physiol. végét., 
vol. 1 3 P» 43. 
46* 


356 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

semble une garantie du succès, notre espérance est déçue. 

Combien d'espèces exotiques cultivées chez nous en plein air 

se ressèment sans pouvoir néanmoins se reproduire! com- 

bien ne donnent que des feuilles et des fleurs! combien ne 
donnent que des feuilles! que signifie cela, sinon que le climat 

sous lequel on les a condamnées à végéter consent à rece- 

voir les individus comme des êtres passagers, mais ne veut 

pas adopter les races? On a beaucoup parlé de Z’acclimata- 

tion des espèces, c’ést-à-dire de l’art de les accoutumer insen- 

siblement à un climat qui leur est contraire. Je connois 

nombre d'espèces dont on a satisfait les besoins par des pro- 
cédés plus ou moins ingénieux , mais je ne pense pas qu'il y 

ait un seul individu dont on soit parvenu à modifier le tem- 

pérament. S'il arrive de temps à autre que des espèces étran- 

gères se mêlent aux indigènes, qu’elles se propagent comme 

elles, que même elles leur disputent la possession du sol, ce 

n’est assurément pas l'ouvrage de l’homme : le climat seul 

donne ces lettres de naturalisation. 

Quoi qu'il en soit, les espèces que le cultivateur pousse au- 
delà de leurs limites naturelles méritent une attention parti- 
culière. Leur émigration forcée, soumettant à l'épreuve d’un 
nouveau climat toutes les phases de leur vie, révèle à l’ob- 
servateur les conditions de leur existence. 

Puisqu'il y a pour chaque espèce des rrima et des 
mazxtima de température au-delà desquels elle ne peut plus 
vivre, la température trace sur le globe des limites ou lignes 
d’arrêt que les différentes espèces ne sauroïent dépasser. 
Ces lignes sont marquées vers l'équateur par l'élévation de la 
température, et vers les pôles par son abaissement: 


“ 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 357 
C'est moins par l'étendue des terres sur lesquelles une 
espèce se propage qu’il convient dewmesurer sa puissance 
expansive, que par la différence plustou moins grande entre 
les températures des divers climats qu’elle habite. En effet, 
l’objet principal de la géographie botanique est de montrer 
les relations des végétaux avec les climats; or, la tempé- 
rature est, de toutes les circonstances climatériques, celle 
qui a l'influence la plus décisive sur la végétation. Je suppose 
une vaste contrée dont le climat seroït partout le même, et 
dont par conséquent la température, distribuée de la même 
manière, seroit partout isotherme dans chaque moment 
donné : pourrait-on soutenir avec quelque apparence de rai- 
son qu’une espèce qui parcourroit cette contrée dans toute 
son étendue et n’en sortiroit pas, auroit une grande puissance 
expansive? Nullement; car pour l'espèce en question, les 
conditions d'existence restant toujours les mêmes, sa présence 
dans les différentes localités ne seroit que la répétition du 
même phénomène. Mais si, dans un espace moins considé- 
rable, une autreespècetrouvoitdestempératures très-diverses, 
et que sa constitution, à la fois robuste et flexible, s’accom- 
modàt également de climats chauds, temperés ou froids, 
quel observateur seroït tenté de nier que cette espèce eût 
une grande puissance expansive ? Ces deux hypothèses, qui 
ne diffèrent des faits connus que parce qu’elles en exagèrent 
lavérité, font'sentir combien il importe aux botänistes d’é- 
tudiér les rapports de la température avec la. végétation. 
Quand nous considérons que la Vigne est cultivée dans 
les plaines de l’Indoustan et de l'Arabie, entre le 13e et 
le 15e parallèles, qu'elle est cultivée sur les bords du Rhin 


358 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

et du Mein sous le re; qu’elle est cultivée au Thibet à 15 
à 1800 toises de hauteur perpendiculaire, sous le 32e , ce 
qui nous frappe et mous intéresse le plus, n’est pas que la 


Vigne habite des pays éloignés les uns des autres, ou qu’elle 


s'élève à une si grande hauteur au-dessus du niveau de la 
mer, mais qu’elle jouisse à un degré si éminent de la pro- 
priété de se plier à tant de climats divers; propriété, il 
faut en convenir, beaucoup plus restreinte dans un grand 
nombre de végétaux qui, partis de l'équateur, touchent les 
deux tropiques sans jamais les dépasser; car nonobstant la 
distance plus considérable entre le 23e parallèle austral et le 
23e parallèle boréal qu'entre le 14e et le 51e parallèles, les 
différences climatériques sont bien moindres d’un tropique à 
l’autre , que dn fond de l’Indoustan aux rives du Mein. 
Quand on suit les mêmes méridiens des pôles à l'équateur, 
et que lon fait abstraction des accidens locaux qui contra- 
rient de temps en temps la marche normale des phénomènes, 
on voit que les richesses végétales se multiplient en raison 
de l'élévation croissante de la température annuelle et de la 
plus longue durée de la période des développemens. On peut 
donc établir une progression numérique des espèces, crois 
sante ou décroissante, selon que l’on descend les latitudes 
ou qu’on les remonte. | le 
On compte cent cinquante à cent soixante familles’ de 
plantes phanérogames dans l'Ancien Monde : toutes , sans 
exception, figurent entre les tropiques. Par-delà ces limites, 
un grand nombre d’entre elles s’'éteignent successivement. 
Dansles contrées boréales, sous le 48e degré, il n’y en a guère 
que Ja moitié qui soit représentée; il n’y en a pas quarante 


# 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 359 
sous le 65e degré : il n’y en a que dix-sept au voisinage des 
glaces polaires. | se lé 
: S'il étoit permis de se bérao une opinion : d’ après des no- 
tions très-positives, mais qui sont loin d’être complètes, j je 
dirois qu’entre les tropiques le nombre des espèces ligneuses, 
arbres, arbrisseaux et sous-arbrisseaux, égale, s’il ne surpasse, 
celui des espèces herbacées annuelles, bisannuelles et viva- 
ces. Le rapport des espèces ligneuses aux espèces herbacées 
annuelles, bisannuelles et vivaces, décroit de l'équateur au 
pôle; mais par une sorte de compensation , le rapport des 
herbes vivaces aux herbes annuelles et bisannuelles va crois- 
sant. Près du terme de la végétation il est au moins de vingt- 
quatre à un. à 

Cette échelle végétale, avec ke circonstances analogues à 
celles que je viens de noter, a été observée également dans 
les montagnes. Les plaines situées à leur pied sont pour 
elles ce que sont les régions équatoriales pour les deux hé- 
misphères. Le nombre des espèces et des familles, le rapport 
des espèces ligneuses aux espèces herbacées, le rapport des 
espèces annuelles aux espèces vivaces, diminuent de la base 
au sommet des montagnes, et chaque station offre une végé- 
tation qui lui est propre. Ici, comme dans les plaines, la 
température trace les lignes d'arrêt. Plus on s'élève au-des- 
sus: du niveau de la mer, moins est chaude et longue la 
période des développemens, et par conséquent plus est 
froide et prolongée la période du repos. Que les causes qui 
déterminent le décroissement progressif de la température 
soient autres qu’à la surface plane et basse de la terre; qu’en 
rase compagne le refroidissement marche beaucoup plus 


360 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


vite durant la période du repos que durant lp 
développemens; que sur les montagnes il soit me sup À 
accéléré durant la période des développemens que durant 
celle du repos , je ne pense pas que cela infirme la compa- 
raison, si les résultats généraux de la végétation sont les 
mêmes , et si les différences s'expliquent d’une manière satis- 
faisante, soit par la graduation particulière de la tempéra- 
ture, soit par des circonstances climatériques qui lui sont 
étrangères, soit enfin par les qualités diverses du sol. 

Je suis si frappé de la ressemblance des résultats, queje mé- 
prouve aucune répugnance à comparer les deux hémisphères 
de notre globe à deux énormes montagnes réunies base à 
base , portant sur leurs larges flancs une innombrable quan- 
tité de végétaux et chargées à leur sommet d’un épais et 
vaste chapeau de neiges permanentes. 


Les botanistes, pour exposer avec méthode et cad la 


succession des végétaux sur les pentes des Pyrénées, des 
Alpes, des Carpathes, du Caucase , des Andes, etc., se sont 
appliqués à déterminer la hauteur des lignes d’arrêt des es- 
pèces qui caractérisent le mieux les diverses stations ; et, 
par ce moyen, ils ont partagé horizontalement la surface des 
massés proéminentes du globe en grandes bandes ou régions 
végétales. Le même procédé a été employé pour les deux 
hémisphères, mais non pas avec autant de succès: les dif- 
ficultés sont incomparablement plus grandes. @is 
De la base au sommet des montagnes, la température pour- 
suit sans intermittence une marche descendante plus ou 
moins rapide , selon les hauteurs des stations. Il n’en est pas 
ainsi dans les plaines. A la vérité, le refroidissement pro- 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 361 

_gressif considéré dans l’ensemble des phénomènes est de 
toute évidence; mais quand on vient aux faits particuliers, 
_onreconnoît que souvent des circonstances locales préci- 
pitent où retardent la marche de la température, ou même 
quelquefois lui font prendre une direction rétrograde. Ici, 
une chaîne de montagnes forme un abri contre les vents 
glacés du nord, et renvoie sur les végétaux la chaleur qu’ils 
reçoivent des rayons solaires; là, le soufle brülant du midi 
élève la température atmosphérique; plus loin, leshivers sont 
modérés par le voisinage de la mer; ailleurs, toutes ces causes 
réunies donnent naissance à un climat si doux, qu’à ne juger 
la position géographique que par les indications du thermo- 
mètre, on croiroit que la latitude est beaucoup plus basse 
qu’elle ne l’est en effet. Il ÿ a aussi des causes locales de re- 
froidissement. Qui sait à quel degré s’échaufferoit l’atmos- 
phère des déserts de lArabie et de l'Egypte, si durant la 
nuit les sables ne perdoient par le rayonnement la chaleur 
excessive qu'ils acquièrent à l’ardeur du jour? Rien n'est 
plus rare que-des plaines exactement de niveau avec la 
mer, et personne n’ignore que cent ou deux cents Loises 
d’élévation suflisent déjà pour produire un abaïssement no- 
table dans la température. Celle-ci à son tour exerce son 
empire sur les végétaux ; elle incline, elle redresse, elle ef- 
face leurs lignes d’arrêt. Tantôt ce sont les espèces du nord 
qui s’'enfoncent vers le tropique; tantôt celles du midi qui re- 
montent vers le nord ,et quelquefois des groupes appartenant 
à ces races distinctes, font échange de patrie, se croisent, 
et, chacun de leur côté, s’en vont établir des colonies dans 
des stations privilégiées, au milieu de populations végétales 

 Mém. du Muséum. 1. 14. 47 


362 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 
auxquelles elles né sont pas moins étrangères par la physio- 
nomie que par le tempérament. | 103 
À travers tant d'anomalies et d’irrégularités, quelle patience 
ne faut-il pas pour suivre la trace des espèces, fixer leur con- 
cordance avec les climats, tracer leurs lignes d’arrêt , et for- 
mer des zones qui donnent une idée juste de la marche géné- 
rale de la végétation! Je dois le dire, la plupart des voyageurs 
n’offrent sur les végétaux, les climats, les températures, que 
des documens incomplets, vagues, inexacts, perdus dans de 
volumineuses relations sans intérêt direct pour le botaniste. 
Les physiciens eux-mêmes ont rarement employé le thermo- 
mètre en vue d'éclairer les phénomènes de la végétation (1). 
Ge seroit en vain que l’on s’appliqueroit à découvrir la distri- 
bution graduée de la température, et son influence journa- 
lière sur les actes de la vie des plantes, dans des tableaux où 
des milliers d'observations se trouvent réduites presque tou- 
jours, pour les mois comme pour les années, à la demi-somme 
des deux températures extrêmes, très-improprement dési- 
gnée sous le nom de empérature moyenne. Vies nombres 
obtenus par ce procédé ne donnent aucune idée vraie de la 
distribution de la chaleur. Aussi arrive-t-il que la ligne d’arrêt 
de beaucoup de végétaux touche des stations de températures 
moyennes très-différentes. Les exemples en sont plus fréquens 


(1) En ma qualité de botaniste, on me pardonnera cette remarque. Il seroit à 
désirer, pour les progres de la géographie botanique, qu’à l’avenir les voyageurs 
portassent dans leurs recherches ce génie d'observation qui caractérise les écrits de 
MM. de Humboldt , Ramond , Wahlenberg, Schouw, de Buch, Parrot | Hanuil- 


ton , etc. 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 363 


sous les hautes que sous les basses latitudes, parce que latem- 
pérature hivernale, dont il faut nécessairement faire état quand 
on calcule les moyennes, peut varier à l'infini, sans nuire aux 
espèces que la Nature a fabriquées pour les pays froids. 
» De tous les botanistes qui ont étudié l'influence de la 
température sur la végétation, Wahlenberg me paroît celui 
qui s'est approché le plus près du but. Ses intéressantes ob- 
servations sur le Bouleau contiennent le premier germe de 
recherches aussi neuves qu'instructives. J’ai la conviction 
que l’histoire physique d’une vingtaine d’arbres, écrite à 
domicile, jour par jour, pendant plusieurs années, sous des 
latitudes différentes, donneroit la solution des problèmes les 
plus compliqués de la géographie végétale. Mais en atten- 
dant ce travail, il n’est pas inutile de mettre en ordre les 
faits constatés, et de tirer de leur coexistence les consé- 
quences les*plus probables. 
-1 Dans l’Ancien continent, depuis l'équateur jusqu’au pôle 
arctique, on peut distinguer cinq régions végétales, savoir : 
la zone équatoriale, la zone de transition tempérée, la zone 
tempérée, la zone de transition glaciale et la zone glaciale. 
Partout où aucune limite accidentelle n’arrête ces zones 
dans leur expansion normale, je les compare aux couleurs du 
prisme, qui se fondent les unes dans les autres par leurs 
bords , de sorte que l’œil ne sauroit les séparer, alors même 
qu’il les distingue parfaitement. Pour marquer le terme des 
différentes zones, le moyen le plus sûr est de prendre pour 
limite de chacune d’elles les points d’arrêt des espèces qui, 
caractérisant le mieux sa flore particulière, cessent de se 


47" 


364 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


propagersitôt que des changemens notables et généraux dans 
les températures annuelles amènent sur la scène une flore 
nouvelle. 

Il m'est impossible de faire l'application de ce cool à 
la zone équatoriale, parce que des sables et des chaînes de 
montagnes y contrarient trop souvent l’expansion normale 
de la végétation. Je suis plus heureux en remontant versile 
nord. La zone de transition équatoriale trouve une limite 
naturelle dans la ligne d’arrêt de l’Olivier; la zone tempérée 
dans la ligne d’arrêt du Chêne commun; la zone de transi- 
tion glaciale dans la ligne d’arrêt du Pin sylvestre en occi- 
dent, et du Mélèze en orient. Quant à la zone glaciale; je la 
divise en deux bandes : l’inférieure ou méridionale, la supé- 
rieure ou septentrionale. L'une et l’autre n’offrent aucun 
arbre; la première nourrit encore beaucoup d’arbrisseaux 
ou arbustes, et finit où ils s'arrêtent (1); la seconde ne nour- 
rit guère que de petites herbes vivaces, et finit où com- 
mencent les neiges permanentes (2). Les espèces de la zone 


(1) Arbrisseaux et arbustes de la bande méridionale de la, zone glaciales,15 Sa- 
lix , Betula nana , pumila , glandulosa ( Betula alba, sur les côtes méridionales du 
Groënland) ; A/nus incana ; Juniperus communis ; Azalea procumbens ; Menziesia 
cœrulea ; Ledum palustre et latifolium ; Diapensia lapponica ; Vaccinium pubes= 
cens , uliginosum et vitis idæa; Oxycoccos palustris ; Kalmia \glauca; 8 Andro= 
meda ; Arbutus alpina; Empetrum nigrum; Erica vulgaris; Rhododendrum lappo- 
nicum ; Potentilla fruticosa (Sorbus aucuparia, côtes méridionales du Groënland). 

(5) ' Arbüstes'de la bande septentrionale de la zone glaciale : Sakix arctica et 
polaris (Salix-retietlata,, passe du. Prince, régents par, 93° 13°); Ændromiéda 


tetragana. : 
19 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 365 
glaciale ne forment qu’une seule et même e flore en n'Asie, en 
Europe et en Amérique. 


 J'offre ici le tableau comparatif" de la végétation de plu- 
sieurs contrées des quâtre zones séptentrionalés. Te’ e ne me 
dissimule pas ses imperfections} és nombres ne sont qu’ ap- 
proximatifs ; toutes les flores connues sont plus ou moins in- 
complètes: cependant les espèces décrites suffisent déjà pour 
donner des idées générales assez justes de la végétation des 
pays que j'examine. 

Le lectéur se demandera pourquoi la zone équatoriale 
ne figure pas dans mon tableau; la raison en est simple : 
après avoir fait, défait, remanié vingt fois le travail, j'ai 
pensé qu'il valoit mieux le supprimer que de remplir mes co- 
lonnes de nombres qui, étant très-éloignés de la vérité, ne con- 
duiroient à aucun résultat certain. On ne sait rien de l’inté- 
rieur de l’Afrique; et quant à l’Indoustan, la majeure partie 
des déconvertes des botanistes anglais sont encore inédites. 
Chaque volume qu'ils publieront nous donnera d’autres 
nombres et d’autres proportions: il faut donc attendre. 

Pour chaque zone, j'inscris dans la première colonne le 
nombre total des espèces indigènes appartenant à chaque 
famille. En additionnant les nombres partiels des espèces li- 
gneuses et des espèces herbacées, distribuées séparément 
dans des colonnes distinctes, on obtiendra quelquefois un 
chiffre plus foible que celui que donne le total, parce que je 
n’ai porté en compte, dans ces colonnes, que les espèces sur 
la durée et la consistance desquelles je n’avois aucun doute. 
La même observation est applicable aux nombres partiels des 


366 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 
espèces herbacées vivaces, et des annuelles et bisannuellés 


relativement au total des espèces herbacées. PERL TN 
Je n'ai composé ce tableau qu'après avoir consulté les 
Species , les flores particulières, et les relations de YO YAGEs 


qui méritoient le plus de confiance, 


N 


re 


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12 MEL PES 


CAL ILAEATICE. 


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À ” [SRE SRE PU 


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De la 


septe 


l'Ancien et du Nouveau Continent réunis ) 


ZONE DE TRANSITION TEMPEÈREF 
———— 
FAMILLES £ 
é 
Typhinées 
À 5 
Graminées 3 
Cypéracée 
tia 
Joncée fo 
Alismacée: 28 » 
Asparaginée 25 13 
Colch à 
Lil 
Narcissées 
Iridées. 
Orchidées 06 
Hydr 
Naiade 2 
Balauopl à 1 1 
Palmiers 3 
Conifère 
34 i 
6 0012 
8 o 
4l 6! 6| 
es LS j9 ojori 
8 4 A ñ 0,001 
29 1 1 03 
6 je 14 
Chénopodée 13 j 53 
Amaranthacées 2 1 n 
9 5 6 
10 À 6 6 
65 65 5 15 
10 1 10 | 
Scropholarinée 7 | 290 | 143 | 106 | 0,036 
Solanée 13 ü5 L] 55 0,010 
Gentian fu 19 | 22 | 0,005 
Apocynées 12 10 10 0,6 
Acanth n 
maniacées 1 1 1 
m nvolvu {8 10 38 5 
ginées 192 18! 170 | 67 
1 | 108 | 306 | 237 
Dace i ' 3 2 
Jasminées. 
19 16 
Erici ba , >. 
R 7 a 5 3,004 
Ebi Ë = 
Campanulacées : 
Lobéliacées 128 | » 1A0) Ur fi JL osors 
Synanthérées 1168 36 | 1132 | 60 {vo | o,14 
Dip: 3 80 5 5 31 | o,oto 
Valérianées o 21 | 0,005 
Rubiacées . 7 54 | o,o14 
Ormbellifères 168 100 
Saxifragées. 70 3 
Portulacées.. 13 5 5 
Paronychiées 31 3 8 
80 3 "7 0 | 19 | 0,009 
6 6 0,001 
Opontiacées . 1 1 
Ficoïdées . 8 , 6 6 
Cucurbitacées 10 10 5 
Onagraires. 24 24 2 | 0,008 
19 1 18 7 10 | 0,002 
200 112 88 8i 4 | 0,0% 
975 | 245] 720 | 271 | 330 | og 
16! :6| * s "| 0,007 
30 30 “ ” n 0,003 
1 1 " " “ S 
36 11 25 17 7 | 0,004 
Oxalidées .… 5| » 5 ' 3 , 
Bslsaminées . 1 n 1 » » 
Géraniacées, . ü 1Û 69! 45] 17] 0,009 
Ampélidées. 1 L Cu 0 " " 
Méliacées. ï 1 . . , x 
Hippocastanées. . ï Gi . : e 
Acérinées. 9 9! » “ | 0,001 
Hypéricinées 39 | 14| 25 * | 0,004 
Auranliacées . 2 2 » = , 
7 3 3 » ” “ 
55| 9| 45 31 | 0,005 
30| 2| 28 14 | 0,003 
9] 33 0,046 
8 0,901 
fl 
3 


Végétation phanérogame d'une partie de la Zone d 


ABLEAU CoMPAR ATIF 


ZONE 


6: 


la T'artarie voisines de cette mer); de la Zone de transition glaciale 


Europe Bor 


e transition tempéré 
nr enr l'Europe australe compris dans cette Zone ): de la Zoë! mpérée Europe moyenne jusqu'à l'Oural et la { 


LEMPÉRÉE 


palestine , Syrie 


,,. Sibérie et Kamtchatka 


ZONE DE 


1sie mineure et Régions 


Caucasiennes 


et de toute la Zone glaciale 


asp er 


TRANSITION GLAC 
ION GLACIALE ONE Gt 
9 y | : ï 
lc 4 i4 2 2 
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6 6 
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10 8 6 | 0,004 
6 6 17 16 16 A A 
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0,020 11 31 15 2 2 2 
0,035 | 77 3 5f 18 136 1 1 
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GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 367 
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71h | AIN | | HT 
LA ZONE ÉQUATORIALE DANS L'ANCIEN MONDE. 
La zone équatoriale des botanistes n’est pas limitée par 
les, tropiques comme la zone équatoriale des géographes; 
elle ne s'arrête que lorsque l’abaissement de la température 
repousse la plupart des formes végétales de l’équateur. Dans 
notre hémisphère, celles-ci atteignent quelquefois le 30° ou 
32° parallèle. 

La durée plus égale des jours et des nuits, l’ardeur plus 
vive des rayons solaires, l'élévation permanente de la tem- 
pérature atmosphérique, assurent à cette zone la supério- 
rité sur les autres par abondance, la vigueur, la variété, le 
luxe des productions végétales. 

La moyenne température annuelle des basses plaines de 
V’Afrique et de l'Asie est quelquefois de + 29° au voisinage 
de l'équateur. Cette moyenne décline à mesure que l’on 
se rapproche de la limite extrême de la zone équatoriale. 
A Calcutta(lat. 22° 34°), la moyenne n’est plus que de 260. 
Je ne pense pas qu’en général elle soit au-dessous de + 220 à 
2301vers le 30e parallèle, si ce n’est sur les côtes orientales 
de l’Asie, Dans toute la zone, la différence entrela moyenne 
du mois le plus chaud et du mois le moins chaud ne paroît 
pas dépasser 15° en plaine; elle est ordinairement beaucoup 
plus foible, surtout près de l'équateur. Les calculs ide Cotte 
ne la portent qu'à 40 à Pondichéry (lat. 11° 53"), dont 
la moyenne annuelle est + 290,5. D’après les observations 


368 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


du docteur Oudney, la différence a été depuis mars 1823 
jusqu'à la fin de juillet 1824 de 12°,25, à Kouka dans le Bour- 
nou, par 130 de lat. ; mais il n’est pas inutile de remarquer 
que les deux moyennes comparées étoient + 34° pour 
avril 1823, et + 220,25 pour janvier 1824. 


Kathmandou offre la preuve que la température équato- 
riale se fait sentir dans les montagnes au-delà du 27e paral- 
lèle. Kathmandou git sous 270,40’ de lat., à 644 toises(4140 
pieds anglais) d’élévation au-dessus du niveau de la mer, 
et sa moyenne annuelle atteint + 16 à 170. 

Les espèces qui donnent à la végétation équatoriale un carac- 
tère particulier, soit par l’accroissement prodigieux des tiges 
en longueur ou en épaisseur, soit par l’élégance tout ensemble 
simple et majestueuse des formes, soit par les grandes dimen- 
sions ou le brillant coloris des feuilles et des fleurs, soit 
enfin par une certaine magnificence sauvage et bizarre que 
je ne saurois définir, éprouvant presque toutes le besoin 
d’une haute température aussi permanente que possible, 
ne franchissent guère le 22e ou 23e parallèle. Au-delà, quoi- 
que la végétation équatoriale soit encore présente, elle n'offre 
plus avec la mème prodigalité ces grands traits exotiquesque 
l'œil saisit d’abord, et ce n’est souvent que par les caractères 
spécifiques ou génériques qu’elle se fait connoître. 

Jamais au bord des grands cours d’eau et dans les terres 
marécageuses la végétation n’est interrompue par les cha- 
leurs équatoriales, quelque fortes qu’elles soient; mais dans 
l'intérieur des plaines, quand la dévorante ardeur d’un so- 
leil que ne tempère l’apparition d'aucun nuage a tari les 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 369 
sources, desséché le sol et consumé les herbes, il semble 
-que les arbres et les arbrisseaux , épuisés par la transpiration, 
sont privés de vie. Les Cattingas, ces immenses forêts du Bré- 
sil, siéloquemment décrites par mon savant confrère, M. Mar- 

tius, dépouillées de leur feuillage, présentent sous un ciel 
-embrasé, le triste aspect des forêts de l’Europe centrale à 
Tépoque où la terre est couverte de frimats. Chose admi- 
_rable ! deux influences contraires, la chaleur et le froid, 
produisent exactement le même effet, la première sur les 
arbres de la zone-équatoriale, la seconde sur les arbres des 
-z0nes septentrionales. Ceux-ci ne résisteroient pas à des cha- 
leurs excessives; ceux-là succomberoiïent au moindre froid: 
les uns et les autres se maintiennent en vigueur et santé à 
Ja place qui leur a été marquée par la Nature. - 
- Presque partout la limite septentrionale de la zone équa- 
toriale est donnée par des accidens de localité, qui souvent 
contrarient plus ou moins la marche normale de la tem- 
pérature. En Chine, autant qu'il m'est permis d’en juger par 
‘des relations très-vagues, les monts Milins, et plus encore le 
climat oriental, refoulent la végétation équatoriale jusque 
vers le tropique. Aux Indes, imposante barrière de l’'Hi- 
malaya sépare brusquement le Thibet de l’Indoustan; et, tan- 
dis que de. ce côté une température chaude et soutenue ap- 
pelle sur les premiers gradins des montagnes les riches et 
nombreuses productions des plaines équatoriales, de l’autre 
côté de longs hivers, déployant leur rigueur sur de hauts pla- 
teaux, livrent. aux végétaux de la zone tempérée des con- 
trées qui sembloient destinées par leurs latitudes à recevoir 
Mém. du Muséurn. t. 14. 48 


370 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


les espèces de la zone de transition tempérée. A l’ouest du 
Népaul, toujours dans les Indes, des déserts de sable mou- 
vant tiennent à grande distance l’une de l’autre la végétation 
de l’Indoustan et celle du Caboulistan. En Perse et dans la 
Turquie d'Asie, encore des montagnes, encore des déserts, 
et ils se continuent par l'Arabie pétrée, l'Egypte, le Fez- 
zan, la Barbarie jusqu'aux plages occidentales que baigne 
l'Océan Atlantique. 

Au sein des déserts on cherche et rarement on trouve des 
points de contact entre les denx végétations. De loin à loin, 
des sources entretiennent une humidité suffisante au dévelop- 
pement de quelques espèces ligneuses ou herbacées; mais ces 
dernières ont une trop courte durée pour fournir des rensei- 
gnemens complets sur les climats; et la plupart des autres 
étant évidemment de celles que leur puissance expansive 
pousse bien au-delà de la zône à laquelle elles appartiennent, 
ne peuvent indiquer sa limite. En effet, qu'importe pour la 
question qui nous occupe, que le Dattier, le Citronnier , l'O- 
ranger des contrées équatoriales, et l’Olivier, le Grenadier, la 
Vigne, l'Abricotier de la zône de transition tempérée, végètent 
ensemble dans les oasis de l'Égypte? Ne savons-nous pas que 
ces arbres végètent ensemble beaucoup plus loin, soit au midi, 
soit au nord? Je pencherois même à croire que c’est moins 
la température que la nature du sol qui retient plusieurs Mr- 
mosa, Acacia et Sénés des tropiques dans les déserts brû- 
lans de l’Indoustan , du Sindhy, du Béloutchistan, de lAra- 
bie et de la partie septentrionale de l'Afrique. 

Il existe très-certainement au sud-est du Lahore, le long 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 377 
des rives du Jumna et du Gange, une communication libre 
entre la végétation de l’Indoustan et celle du Caboulistan; 
_ mais aucun botaniste n’a encore porté ses pas dé cecôté. Quoi- 

qu’au nord là frontière qui sépare le Béloutchistan du Ner- 
manchyr soit embarrassée de montagnes et de sables, je. 
penche à croire, d’après les relations des voyageurs, que dans 
_ces contrées la limite de la zone équatoriale s’arrête vers le 
29° degré. Elle se relève à ouest le long du golfe persique, 
et elle atteint le 30e ou 3re parallèle. Le contact de l’Arabie 
et de la Palestine permet d'observer la transition d’une 
végétation à l’autre : elle s’opère entre le 28e et le 33e degrés. 
Dans cet espace, on voit finir la zone équatoriale et commen. _ 
cer la zone de transition. Le climat protége encore l’Æscle- 
pias gigantea , Ve Guilandina morinda, le Cassia platisili- 
qua, le Cordia myxa, le Tamarindus indica, et ce fameux 
palmier des déserts, le Doum qui, selon Burkhardt, croît près 
du lac Tibérias. À ces végétaux se joignent le Zawsonia alba, 
le Phœnix dactylifera, les Citrus aurantium et médica, le 
Cactus opuntia, le Saccharum officinale, etc: Ceux-ci lais- 
_sent les premiers en arrière, et, secondés par la culture, ils 
pénètrent beaucoup plus avant. 

Les principaux points d'arrêt du Dattier dans la Zone “4 
transition, sont le cap Rocca, Madrid, les îles d’'Hyÿères, la 
rivière de Gènes, Rome, Corfou, Athènes, Smyrne, Tekrid 
en Mésopotamie, Djalk au Béloatchistan, Péchawer au fond 
du Caboulistan. Sa limite extrême, comme on le voit, est 
dans la rivière de Gênes par 44° 5o'. À cette hauteur, et sou- 
vent au-dessous, il ne pousse que des feüilles. L’Oranger va 
un peu plus loin que le Dattier, partout où il n’est pas arrété 


48° 


372 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


par des sables, des plateaux ou des montagnes. L'un et l’autre 
supportent un froid momentané de deux ou trois degrés sous 
zéro ; mais le Dattier veut des étés plus chauds pour compléter 
ses développemens. Souvent à une distance notable de sa 
ligne d’arrèt il cesse de donner des fleurs; tandis que l'Oran- 
ger, tout près du terme de sa course, produit encore des fruits 
excellens. 


LA ZONE DE TRANSITION TEMPÉRÉE. 


Je vais d’abord parler de la portion de la zone de transi- 
tion tempérée située à l'occident de l'Ancien Continent; je 
dirai ensuite quelques mots de la portion orientale qui est 
séparée de la première par l'énorme masse des monts de VHi- 
malaya et du Thibet. 

Une ligne brisée, tracée de l’ouest à l’est, à partir de Moga- 
dor jusqu'aux sources de l'Hydraotes, et qui, dans ce long 
trajet, toucheroit Les crêtes de l’Atlas, le Caire, la cime du 
Mont-Thabor, Bagdad, Chiraz, Kélat, Moultan, ne s’écar- 
teroit pas beaucoup de la limite inférieure de la zone. 

Il s'agit maintenant de tracer la limite supérieure. L’Olivier 
me paroit être de tous les arbres propres à la zone, celui qui 
réunit au plus haut degré les conditions requises pour mar- 
quer les points où elle s'arrête au nord. 

La puissance expansive de l’Olivier vers le pôle est très- 
bornée là où 1l se refuse à croitre; il en est de même d’une 
multitude de végétaux qui font partie de la flore à laquelle 
il appartient ; sa disparition est donc le signal d’un change- 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 373 


ment notable et général dans la végétation, ou, en d’autres 
termes, l'indication du passage de la zone de transition à la 
zone tempérée. | 

L’Olivier s'arrête entre 420 et 43° de latitude en Es- 
pagne ; entre 44° et 45° dans les départemens méridionaux 
de l’est de la France; entre 450 et 460 dans l'Italie orientale 
et dans la Carniole; vers le 4oe sur les côtes orientales 
de la Grèce‘et les côtes occidentales de l'Asie mineure. Il 
existe, dit-on, en quelques endroits du littoral de la Ma- 
cédoine. Ce qui est mieux constaté, c'est qu'il ne se montre 
nulie part autour de la mer de Marmara. Îl reparoît à Sinope, 
et suit les côtes de la mer Noire jusque dans la Gourie. On 
le voit encore par 45° dans lapartie méridionale de la Crimée. 
Un degré plus bas, à l’ouest de la Caspienne, le Térek marque 
le terme de ses progrès. Il abonde dans le Mazandéran. Au- 
cun voyageur ne l'indique dans les immenses contrées de la 
Perse et de la Tartarie, comprises entre la Caspienne et la 
chaine des monts Belour. Elphinstone l’a vu par 34 à 35 de- 
grés, sur les collines qui constituent les gradins inférieurs du 
Caucase Indien. Il est inconnu à l’orient du Caboulistan. 
-J’admets par hypothèse qu’en plaine la moyenne tempé- 
rature annuelle de la zone de transition est + 22 à 23° pour 
la limite inférieure, et + 14° pour la limite supérieure. 
+ Dans la partie méditerranéenne de cette zone , il y a au 
moins six espèces herbacées pour une ligneuse, et le rapport 
des herbacées aux ligneuses va toujours croissant jusqu'aux 
régions hyperboréennes, où l’on compte 26 herbes, la plu- 
part vivaces, pour un sous-arbrisseau. Le nombre des arbres 
de la zone équatoriale est inconnu; on sait seulement qu'il 


374 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


est très-considérable. Le nombre des arbres de la flore mé- 
diterranéenne n’est pas au-dessous de 240; il y en a environ 
75 dans la zone tempérée ; il n'y en a que 27 à 30 dans la 
zone de transition glaciale, 

La plupart des arbres, arbrisseaux et sous-arbrisseaux de 
la zone équatoriale ne se dépouillent jamais complétement 
de leurs feuilles. Le nombre des arbres, arbrisseaux et sous- 
arbrisseaux de la flore méditerranéenne qui offrent ce phé- 
nomène se monte à 300 environ: c'est à peu près le quart de 
toute la végétation ligneuse. La zone tempérée ne possède 
qu'environ 4o espècés à feuilles persistantes; la zone de tran- 
sition glaciale qu'environ 24; la bande méridionale de la 
zone glaciale en compte tout au plus 10. 

Dans la partie méditerranéenne de la zone de transition 
tempérée, les Synanthérées et les Légumineuses sont les fa- 
milles les plus abondantes en espèces; elles forment à elles 
seules le quart de toute la végétation. Viennent ensuite les 
Crucifères, les Graminées, les Labiées, les Caryophyllées, les 
Ombellifères; puis les Scrophularinées, les Rosacées, les Bor- 
raginées, les Renonculacées , les Cypéracées, enfin les Lilia- 
cées, les Cistées, ete. Il est àremarquer que les Synanthérées, 
les Crucifères, les Labiées, les Caryophyllées, les Ombellifères, 
les Rosacées, les Renonculacées, les Cistées, et quelques autres 


familles, offrent, dans la zone de transition tempérée, un 


plus grand nombre de types spécifiques que partout ailleurs. 
La plupart des espèces de ces familles que produisent les 
contrées équatoriales, y habitent les vallées et les montagnes, 
ce qui prouve que les chaleurs fortes et constantes des plaines 
ne conviennent pas à leur tempérament. 


\ 


» 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. : 67 


Les familles qui jouent le rôle le plus important dans toute 
la zone de transition tempérée, soit parce qu’elles peuplent 
d’arbres de haute stature les forêts qui ombragent le flanc 
des montagnes, soit parce qu’elles fournissent les arbres de 
moyenne taille qui se plaisent sur les collines, ou les arbris- 
seaux branchus qui forment les halliers, et les sous-arbrisseaux 
durs et rabougris dont se couvrent les plaines incultes, sont 
d’abord les Amentacées et les Conifères qui composent à 
elles seules plus de la moitié de la végétation arborescente; 
puis les Rosacées, les Légumineuses, les Térébinthacées, les 
Rhamnées, les Jasminées, les Caprifoliacées, les Cistées, les 
Ericinées, les Labiées. 

Mais ce qui donne à la zone de transition une physionomie 
particulière, c’est le rapprochement d'espèces végétales qu’on 
peut considérer comme appartenant à trois populations diffé- 
rentes : celle des régions équatoriales , celle des régions sep- 
tentrionales, et celle qui est propre aux terres situées entre 
le 30e ou 32e et le 44e ou 45e parallèles. La première touche 
à sa fin, la seconde commence, la troisième est dans toute 
sa vigueur. Celle-ci occupe la majeure partie du sol, les deux 
autres forment ça et là des colonies d’autant plus florissantes 
qu’elles sont moins éloignées de la mère patrie. Le Dattier, le 
Latanier et même le Doum, s’il est vrai qu’il croisse en Ga- 
lilée, la Canne à sucre , le Sorgho, lÆgape, le Cactus opun- 
ta, VOranger, le Citronnier, lÆsclepias gigantea, et d’autres 
Apocinées en arbre, plusieurs Mimosa et Acacia de YA- 
frique et de l’Asie, confinés dans des plaines basses avanta- 
geusement situées, représentent la végétation des plaines de la 
zône équatoriale. Celle des plaines des contrées septentrionales 


376 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


est représentée sur les montagnes par le Chêne commun, le 
Hêtre, l’Aulne glatineux, le Charme, le Bouleau, le Frêne, 
V'If, le Sapin commun, le Sapin à feuilles d’if, le Pin syl- 
vestre, etc. Quant à la végétation de la zone de transition, 
on peut dire qu’elle a des traits de ressemblance avec les 
deux autres, sans néanmoins se confondre avec elles. Le 
Figuier, les Müriers, le Liqudambar, le Noyer, le Pista- 
chier, le Lentisque, le Térébinthe, les RAus, l'Olivier, le 
Myrte, le Grenadier, les Syringa, le Styrax, le Laurier d’A- 
pollon, les Tœrmnarix, le Diospyros, le Mrnosa julibrisin, 
le Caroubier, l'arbre de Judée, le Laurier-Rose , les Chènes 
verts, etc., ne feroient point disparate au milieu de la végé- 
tation équatoriale. Les Chènes à feuilles caduques, les Ge- 
nèvriers qui s'élèvent aussi haut que nos plus grands Pins, 
le Pin d'Halep, le Pin pignon, celui de Corse, le Sapin 
d'Orient, l’Abricotier, le Pêcher, le Coignassier, et autres 
Rosacées arborescentes que nous cultivons dans nos vergers, 
et qui viennent en forêts dans le Caboulistan et l'Asie mi- 
neure, ont leurs analogues parmi nos végétaux sauvages. 
Qu'on ne s’attende pas à trouver dans l’intérieur de la zone 
de transition une température et une végétation toujours en 
rapport constant avec les latitudes. Loin de là, car tous les 
accidens propres à contrarier la marche normale des phéno- 
mènes sont, pour ainsi dire, accumulés dans cette zone, etce 
n’est que par exception que la règle s’y montre. L'exemple 
est si instructif, que je veux en faire ressortir les circons- 
tances principales, en donnant quelque étendue à la descrip- 
tion des localités. Il ne s’agit pas ici d’une description telle 
qu’elle sortiroit de la plume d’un géographe; je traite de la 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 377 


distribution des végétaux à la surface du globe; je rejeterai 
_ donc tout développement qui ne rentreroit pas naturellement 
dans ce sujet. 


Je fais précéder la description des contrées par le Tableau 
de la distribution des espèces les plus remarquables de la 
_ portion occidentale de la zone de transition tempérée de 
l'Ancien Monde. Toutes les espèces que je nomme sont li- 
* gneuses, excepté le Bananier (Musa paradisiaca). La lettre 
O (Oui), indique que l’espèce habite la contrée; l’abréviation 
Cult., qu’elle y est cultivée; la lettre N (Non) qu’elle ne 
lhabitepas; le point d’interrogation (?), qu’on pourroit soup- 
*çonner qu’elle y croît, quoiqu’on ne l’y ait pas encore obser- 
- vée; la ligne ponctuée (...:.….), qu’on ne l’y a pas vue, mais 
que d’ailleurs on n’a pas plus de motifs pour nier que pour 
affirmer qu’elle s’y trouve. Quand je dis d’une espèce qu’elle 
est cultipée, je n’entends pas qu’on l’a vue par hasard dans un 
_ jardin de botanique, mais qu’elle est répandue dans le pays 
et soignée comme espèce utile ou agréable. Si le Caboulistan 
ne figure pas dans le tableau, c’est que ce pays de grandes 
‘espérances pour les botanistes, leur est jusqu’à ce jour encore 
moins connu que la Chine, bien qu’ilsoit d’un plus facile 
accès. 


Mém. du Muséum. 1. 14 49 


378 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


DrsTrIBUTION des principales espèces ligneuses de la portion 
occidentale de la zone de transition tempérée dans l’An- 
cien Monde. 


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Chamærops humilis....| © |N. | O. |....| N. | N. |....| N. | O. | O. | O. 
Musa paradisiaca ...... culi. fcult.{cult.| ? | N. | N. | N. | N. | N. | N. {cult. 
Pinus sylvestris....... NAN Pulse MO I OMLOMILONLÉEMO 
— pinaster. .... Dm aoes|he male TON lee eee NASA ON NOMMAOMIENEE 
— pineg.,.... a licaL ie lcults ne ? | N. |cult.|cult.|cult.|cult.|cult 
—Janici0. 254,60. te Ne leetleets liens OR ? OL IOPMIEERE 
—halepensis, ...,..... co NO EE, IE N. | O. ? ONNOME 
— tournefortii... ..... NM N.51..Q:: l'ANLL I OINC I INE AIN 
—brutia 11060 es ONU NET NS IN SENS EN ES OR MINIER 
Abies excelsa........., N. LIN NN NE NT EN MO NOMME 
— taxifolia. .... AL D NET les lese 1 OO. OS TIONIMONTTEESS 
—orientalis. ..... FAO NH SALSA ES OL OI ÉEN ANNE RARE 
Lanx cedrus #2 2%te IN. OL NS TN AN LOS: IN ET PIN Al ANNE 
Juniperus phœnicea.... 
PRE TL , à N. | O. |. ..| 0. | 0. | 0. | 0. |0.|0. 
—excelsa........ deal où UND INE El SDS AIME O0. | OC. IN. | N.|N.IN. 
—oblonga............ N.I|NIN ALU IONI SAT SN EI IN AIENEEIENE 
—drupacea...........| N.|N. .. INR ce UNE MOIN SN ENENEUNE 
— fœtidissima,,....,,... NAN Pre SE ANNE ONE INEAINERIENE 
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Fresnella Fontanesni. + .|NO NM En RS NN LIN LME LIEN 
Cupressus sempervirens.| O. | O. | O. | O. | ©. | ©. | O. | O. | O. | O. | ©. 
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Quercus robur. ...,...| O. |N. [relate 0,,l'0. | 0: 0.1 01r0; 
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GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


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Fagus sylvatica ...... | NN. |0. ..| O. | O. 
Castanea vesca...... ONU NENIE EN ER ONEEe O. 
Ostrya vulgaris...,....| N. | N. |. SAPIN. 
Carpinus betulus....... NAN ONE USA ? | O. 
— orientalis........ FE A PR EN LR TUE Pie p 
Corylus avellana. ...... NAN 10? ? EE NI DE 
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— cordifolia. ......:..1 N. | N. |... : N. 
— oblongata. ......... 
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Betula alba ...... LA NANTES IRC E | ©. 
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Bases) 0. Lan 0. |..'0. | 0 
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380 GÉOGRAPHIE 


BOTANIQUE. 


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Ulmus campestris. ..... 
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Celtis australis....:.:.. 
— tourneforti..,...... 


— abelicea............ 
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Buxus sempervirens . . .. 
Elæagnus hortensis..... 
Osyris alba..... chers 
- Laurus nobilis......... 
Vitex agnus castus..... 
Olea europea.. ... tte 
Phyllirea latifolia. ..... 
— angustifolia. ..,..... 
Ligustrum vulgare ..... 
Jasminum fruticans.... 
Fontanesia phyllireoides. 
Syringa vulgaris. ...... 
— persica..,...... Se DE 
Fraxinus excelsior ..-.. 
— argentea ........... 
— oxyphylla.......... 


— angustifolia......... 


— rotundifolia......... 
Arbutus unedo. ....... 
— andrachne.......... 
Diospyros lotus. ....... 
Styrax officinale ....... 
Cordia myxa.......... 


Barbarie. 


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GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


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Asclepias procera...... N O. ? 5 lNe lu. | N. | N. | N. | N. 
Nerium oleander....... O. leuit.| O. |....1.... N. | O. | O. | ©. | O. | ©. 
Viburnum tinus....... (BE AE 980) PA DE N. |....| O. | ©. | O. | ©. 
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Lonicera caprifolium...| ©. | N. ANNE O AO AIOTL:O; 
Cornus mascula........ 
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Hedera helix.......... O0. |N. [0.1 ? |o. | ©. | ©. | O. | ©. | O. | ©. 
Sambucus nigra ...... PONT EN AMIE Cle O. | ©. ? | O. | ©. | O. | O. 
Tamarix gallica. .......| O. | O0. | O.| ? | O.|0 | ? [O.|0.|0.10. 
— germanica...... EN A NS EE SERIE AHO ALES IN ON NOR... 
—africana,...........| O. | O. |:...|....1... .[N. |[N. |N.|0.]|0.1]0. 
—onentalis. ........,. MAAMOM MOMIE A2 N. 1.2.1 N. IN. | N. IN. 
Cactus opuntia. ....... OANMONLOZ IEEE IE N |[O.|0.1|0.|0.1]0. 
Lawsonia alba......... cut. lcult.lcult.| O. | N°. | N.[N.|N.|[N.|N. IN. 
Myrtus communis......| ©. | N. | O. | O. |....| 8. | O. | O. | O. | O. | O. 
Philadelphus coronarius.| N. | N. |....|....| ? | O. ©. | O. | O. | O. | ©. 
Punica granatum. .....| cult.[cult.| O. | O. | O. | O0. | O0. | O0. | O0. | 0. O. 
Cerasus padus......... NUIN AIME A RAMONIS LCI NT MO:"11O: cut. 
AVION e een sise see NURIN ANA Ant ? | O. 2 LONLOLNO: EP er 
— vulgaris. ..........| cult.|cult.lcult.| O. | O. | O. | O. | O. fcult.lcult.Icult. 
—mahaleb........... N2ALNMN IN Sade NA RO POTROMIES. 
—Jlaurocerasus. .......| IN. | N. |....|.... ? | ©. | O. | O. [cult.lcult.|cult. 
Prunus spinosa......... ON: 012 O0. | ©. | ©. | O. | ©. | O. | O. 
— domestica. CPE RUE cult. cull cult. cult. 0. O. ©. 0. O. O0. 0. 
— aTMENIACA. se. cult. lcult.lcult.| O. | O. | O. | O. {cult.|cult.|cult.|cult. 
Amygdalus persica.....| cult. cult.| O. | ©. | O. | ©. | O. {cult.lcuit.|cult.|cult. 
— COMMUNIS se... 1" ©. lceult.| ©. | O. | ©. | ©. | O. [cult.[cult.lcult.|cult. 
DACAHAL à 2e es NAN A RE PAP MPO ZI ON TENUE I EN CTI 
— orientalis,..... PA NN Tr PS AP MIEN AIO: ENS CINQ PUNCAILEN 
Pyrus sorbus.......... O. IN. | ? |....| ? | ? | O. | O. | O. | O. | O. 
— aucuparia ..... SP IN: 10: ? |{ O. | ©. | O. | O. | O. | O. 
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— cydonia......,..... 
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— torminalis:........ | N | N. |... ? | O. | O. | ©. | O. | O. | O. 
—trilobata......, MOINE OS A NA AAC M TNE NES 
— salicifolia......... 2 PE] Li TARA EE ? 10.10.10. [N.|N.IN. 
N. Et POAO: LAN EN: LINE N- 


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382 GÉOGRAPHIE 


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— pyracantha..,......| NN. |.:..1....1.2 | O. | ? | O. 
Mespilus germanica....| N. | N. |....|....| O. | O. | O. | ©. 
Cercis siliquastrum. .... NN ON). OMR O NO IEO! 
Ceratonia siliqua....... 90107 ONE SlEN A ENUO TO: 
Acacia stephaniana....,.| N. | N. | ©. 0. | O. | ©. à N. 
— coronillæfolia, .... 30 
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— gummifera.. ....... N. | O. PUS IRO RE N. IN IN. 
—nNoUCDI ee .L. NARONNIONMIENTAIRE AIN RINE IP INL 
— farnesiana.. ......., N'a OLO: PRE salocre slcult là. 
— lebbeck..... LAS SE 
—almdas de Hu LES 
—seyal.: 22.4... 30 4 Le COLA … N.|N. |. 
— heterocarpa........, 
— senegal. ....:...... 
Mimosa habbas...,.... N. RO: se losc clone IN AIN PEINE 
—julibrisin......... DONNE OT OT DAT IMOL AN: 
——"agreslis....1....2.1 IN. | N. | O:: 152...) N. LUN. 
Tamarindus indica.....| .... cult.|[cult.| O. | N. | N. | N. | N. 
Cassia fistula...:. AO ie Balai) dt 6 I 4 NAN ONE IN. 
Guilandina morinda..,..| N. |....| O. |:...] N. | N. | N. | N. 
Juglans regia.......... cult.| N. |cult.| O. | O ? | O. |cult. 
— pterocarpa. ........| N. | N. ? ? ? ©. ? N. 
Pistacia lentiscus..... ..| ©. |[cult.| O. ? ? ARNO. l'O: 
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—atlaptucass 00e 0. | N. PURE 0 AR SION) |'O: 
— terebinthus..:....,.| ©. | N. | O. | ©. 22040. 1:00: 
Rhus coriaria........,. O EN ROUE 1 PMAIEO? FOR 
— COLINUS Re eine O. | N. LA SC AE OR OA LC 5 21 | OO 
— pentaphylla......... ON. Eee ECNIN-0R- [NN 
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— oxyacanthoïdes...... 0. NR...).... + N. ee UN. 
— oxyacantha......,... : 
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Paliurus australis. ..... O. | N. | O. ? ? | O. | O. | O. 
Ziziphus vulgaris. ..... ©. lcult.| ©. le O. | ©. | O. | O. 
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È GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 383 


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— frangula...........l N. | N. |. NON TLÉEMOT PR OMMOT". .- 
— cathartica.......... NL NA er MAO TEE IMO AO LOL". 
Ilex aquifolium........ N.|N.|0O. . [| O0. | O0. | O. | O. | O. | 0. 
Staphylea pinnata...,.,| O. | N. |... OuHOUuLALOHLO: 1: .. 
Evonymus europea...., NEMMINEMIRTSE DA METEO NTOS LE E.. 
— latifolia......,. SRE EN PEL HOEE OL SEP REA ©. | O. | O. | O. | O. |... 
— VETTUCOSA.......... NPAIMNElessels ee DEEE Eee OINe UNE IE. 
Viuswinifera. ........ .| ©. {cult.| O. O0. |. O. | O. | O. O. | oO. 
Acer monspessulanuni,.| N. | N. | ? |....|.... NA TOS TOO IS. 
— campestre........., NE HIMINE MR EME OSS ©. |. ...| 0. | O0. | 0. 10. 
— platanoïdes......... NN. dec. al ON EN NO EO SE 
— pseudo-platanus...,. NA IPINe é ..| ©. |: IN NO" NO" |... 
—ibericum........... N.|N. p HO S HE NAUN SUN N. 
— tataricum ...,...... Lg EE A ESS IE OMS MEN CAN CIN UN. 
— heterophyllum...... INA ENE 2 DR OO PIN EN INT IN. 
— lobelii............, N.ÎN N o.|n 
— opulus............. } J d à ni Ribl L AT és lt 
—.opulifolium......... N. | N. À DA eiE O | 0. |0. 
— obtusatum. ........ N.|N. : PA NM mel el OUT NT ie. 
JÆsçulus hippocastanum.| N. | N. SAN. 2100) kalts lente 
Tia rubrar .. en. N. | N. PAR 1 6 DS TPNCATAINP ET IN. 
— platiphyllos......... NE NOR ANR RUE Qi | ? |[0.10.10.10. 
Citrus aupartnn ee du loult:l OL: O. |cult./enit. |cult. |cult.|cult.|eult. 
— medica,........... 
Melia azedarach...../.| cult.|cult.| O. | O. | ? |....|... .Jcult.{cult.|cult. lcult. 


Annona squamosa......| cult.|....|....|.... N.IN EN. IN. lcult.| N. [cuit. 


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’ 


+ À 


384 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


Le Caboulistan. vite rit éd 
L ÿ | Là sun 

Le Caboulistan, qui s'étend depuis l'extrémité de l’Hima- 
laya jusqu’à la frontière occidentale du Béloutchistan, etde- 
puis l'embouchure de l’Indus (lat. 24° ) jusqu'aux rives de. 
l'Oxus (lat. 370),.est fort peu connu. Les contrées fameuses 
de Cachemire, de Caboul et de Candahar occupent plus de 
place dans les récits merveilleux des conteurs arabes que 
dans les savantes dissertations des naturalistes européens. 

La partie du grand désert, située au sud, n’est pas si com- 
plétement stérile qu’on n’y puisse apercevoir des traces de 
la végétation des pays chauds. Sur les sables amoncelés 
comme des vagues croissent de loin à loin, parmi des 
touffes d'herbes maigres, des buissons de Mznosa et de Zr- 
ziphus. Le Holcus spicatus est cultivé autour de quelques . 
huttes éparses; et, ce qui est digne de remarque, les habi- 
tans de ces sauvages demeures sont obligés, pour trouver 
des sources, de creuser des puits de trois cents pieds de 
profondeur dans un sol dont l’aride surface produit cepen- 
dant, presque sans culture, des melons d’eau de plus d'an 
pied de diamètre. Le Setledje, le Chumab et l’Indus por- 
tent la fertilité sur leurs rives au sein du désert. 

À son extrémité occidentale est le Sindhy, dont la partie 
méridionale, baignée à l’ouest par la mer d'Oman, descend 
presque jusqu’au tropique. Le littoral offre une large plaine 
parfaitement unie que parcourent l'Indus et les différens 
canaux qu'il s’est creusé pour porter ses eaux à la mer. Les 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 385 


rives de ce beau fleuve sont d’une grande fertilité; mais si 
l'on s’en éloigne, on trouve d’un côté le désert, et de 
l’autre des montagnes d’une affreuse nudité; singulière res- 
semblance avec l’'Esypte, comme l’observe Henri Pottin- 
ger. A Tatale (lat. 240,44'), du milieu de juin au milieu de 
juillet 1810, ce voyageur remarqua que dans les chambres 
les plus fraiches le thermomètre se soutenoit habituellement 
entre + 33° et 380,5 ; et qu'à Haïderabad (lat. 250,22’), en 
août, saison des pluies, il descendoit rarement au-dessous de 
—+ 380,8. Parmi les végétaux de cette contrée, je ne puis indi- 
quer que des Mimosa , des T'amarix, \ Euphorbia antiquo- 
rum; mais il est hors de doute que la végétation tout entière 
est équatoriale. Je dirai la même chose de la végétation du 
Siouistan, province réputée la plus chaude de l'empire. 

La température annuelle des côtes du Béloutchistan doit 
être inférieure à celle du Sindhy, puisque déjà l’année se 
partage assez nettement en deux saisons, la chaude et la 
froide; mais il est bon d'observer que cette dernière saison 
ne paroit froide que par comparaison avec les chaleurs ex- 
cessives de l’autre. Le sol, stérile partout où il n’est pas ar- 
rosé, est sablonneux comme au désert. Il produit le Dattier, 
le Melia azedarach, le Ficus religiosa, le Dalbergia srs- 
son, le Mangifera indica, le Tamarindus indica, des Zi- 
ziphus et des Mimosa qui s'élèvent à des hauteurs consi- 
dérables; le Noyer, le Sycomore, le Platanus ortentalis y 
viennent très-bien; les Frênes et les Chènes, les Sapins et les 
autres Conifères y sont inconnus. À très-peu de distance de 
la côte le pays devient montueux, et la température varie 
comme les inégalités du sol. Dans les vallées basses et bien 

Mém. du Muséum. 1. 14. 5o 


386 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


exposées, entre le 27e et le 30e degrés, croissent le Dattier, le 
Goyavier, le Bananier, le Figuier, le Pistachier, le Mürier, 
le Grenadier, la Vigne , le Noyer, le Coignassier, le Pécher, 
l’Abricotier, l'Amandier, le Cerisier, le Groseiller. On fait 
dans les plaines du riz, du coton, de lindigo ; mais sur les 
pentes des montagnes et sur les plateaux, où de longs hi- 
vers accompagnés de frimats se font rudement sentir, à 
peine peut-on compter sur de minces récoltés de blé et 
d'orge, tant la maturité de ces grains est tardive. La terre 
produit d’elle-même des Mimosa, des Tamarix, \ Hedysa- 
rum alhagt, V Assa fœtida. 

En tournant au nord-ouest, on entre dans le désert de 
Kerman, sables arides, brülans, mêlés de sel, et privés de 
végétation. Au centre de cette vaste et triste solitude, quel- 
ques sources d’eau douce arrosent la petite oasis de Kébis; 
elle offre aux voyageurs ses toits hospitaliers, ses gazons 
d’une étérnelle verdure et ses ombrages frais. 

Toute la partie de l'empire, depuis le désert de Kerman 
jusqu'aux pentes occidentales de l'Himalaya, et depuis le 
désert du Sud jusqu’au Caucase indien et aux monts Paro- 
pamises, ne peut être retranchée de la zone de transition, 
quoique les accidens du sol en fassent souvent disparaître 
les caractères distinctifs. Entre le 30e et le 33° degrés, les 
pays plats et bas ont des étés extraordinairement chauds et 
des hivers fort doux. Quelquefois, dans cette dernière sai- 
son, il se forme pendant la nuit, à la surface des eaux dor- 
mantes et sur le bord des rivières, une légère couche de 
glace, qui se dissout au lever du soleil. Souvent , dans les 
régions occidentales il tombe de la neige. On n’en voit jamais 


- is 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 387 


à Candahar, par 330,38’. Bien loin de cette ville , au sud-est, 
dans les fertiles plaines de Moultan (lat. 309,50’), ombragées 
parle Dattier,le Melia azedarach,\eF icusreligiosa,Elphins- 
tone remarqua, en décembre 1809, que le thermomètre s’a- 
baissoit le matin jusqu’à — 2°,2: Tout le pays qui s'étend 
de la rive gauche de l’Indus à l'Himalaya et aux montagnes 
méridionales de Cachemire, jouit d’un climat assez chaud 
pour faire mürir les fruits de l'Inde. Le Platane et le Saule 
deviennent d'autant plus rares que les latitudes sont plus 
basses. 

Au nord, le Cachemire (lat. 340—350.), reserré entre deux 
chaînes de montagnes dont les hautes cimes sont chargées 
de neiges perpétuelles, a des hivers froids et des étés d’une 
chaleur modérée. De tous les arbres de l'Inde, le Mürier seul 
y réussit. On y récolte les fruits de l'Europe et du nord de 
l'Asie mineure, le riz, l'orge, le froment, etc. Les montagnes 
sont couvertes de Pins et de Sapins, particulièrement sur leur 
revers septentrional ; les rivières sont bordées de Saules, les 
campagnes voisines des lieux habités sont ornées de Peupliers. 

La vallée de lIndus sépare la chaîne des montagnes septen- 
trionales de Cachemire du Caucase Indien, lequel s’alonge 
de l’est à l’ouest, et va finir où commencent les monts Paro- 
pamises. Sa crête, dont les sommités atteignent quelquefois 
3,000 toises, est toujours chargée de neige. Ses gradins infé- 
rieurs sont garnis de forêts de Lentisques, de Pistachiers, 
d’Oliviers, de Chênes, de Pins, Sapins, etc. Dans les vallées 
basses croissent une multitude de plantes appartenant à des 
genres de la flore européenne. PR 

Au sud du Caucase Indien , et non loin de sa base, dans la 

50* 


388 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


vallée que parcourt le Pundjshier, sont deux villes fameuses : 
Pechawur et Caboul. 1 b 

Pechawur ( lat. 340 ), situé au milieu d’une petite plaine 
basse entourée de montagnes, doit probablement à cette po- 
sition les chaleurs excessives de ses étés, et le froid très-modéré 
de ses hivers. Elphinstone évalue de mémoire à + 49°, le 
maximum de l’été 1809, qui passa généralement pour tem- 
péré. Plusieurs fois le thermomètre monta à + 45° sous une 
tente rafraichie artificiellement. Pendant l'hiver, les gelées 
sont fréquentes la nuit et le matin; le 72:21mum observé est 
— 3,88 ; dans la journée, l'air se réchauffe et la température 
devient très-douce. Peu de localités sont aussi favorables à la 
réunion des végétaux des climats chauds et des climats tem- 
pérés. L’atmosphère, presque toujours tiède quand elle n’est 
pas très-chaude, le sol continuellement humecté par dé nom- 
breuses rivières, entretiennent une végétation vigoureuse et 
variée. D’épais gazons dont la verdure pendant une grande 
partie de l’année, ne cède pas en fraicheur à celle des prairies 
septentrionales, couvrent les lieux incultes. Le bord des ri- 
vières est ombragé par des Saules et par des T'amnarix qui 
acquièrent trente à quarante pieds de haut. A peine peut-on 
apercevoir les villages à travers les arbres fruitiers qui les 
environnent. Le Grenadier, le Mürier, le Frcus religrosa , le 
Dattier, l'Oranger, et quelques autres végétaux de l’Indoustan, 
que les hivers de Pechawur ne dépouillent pas de leur feuil- 
lage, se mêlent à toutes les espèces que nous rassemblons 
dans nos vergers. Les avenues de la ville sont bordées de 


Cyprès et de Platanes. 
A Caboul, où les étés sont moins chauds, où les hivers 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 389 
plus froids, sans être rigoureux, sont accompagnés de neiges 
abondantes, on trouve tous les arbres fruitiers de l'Europe ; 
mais on ne voit plus ceux de l’Indoustan. L'empereur Baber 
y fit planter la Canne à sucre; il n’est pas probable qu’elle y 
ait réussi. 

Je ne dois pas oublier la partie centrale de l'empire. Elle 
est soulevée, si je puis ainsi dire, par plusieurs chaines de 
montagnes qui, semblables aux rayons d’un cercle, partent 
de points différens, et vont aboutir à un centre commun. À 
mesure que ces chaînes s’enfoncent dans le pays, les plaines 
des vallées s’exhaussent, etpar conséquent leur température 
décline. Entre le 32e et le 34e parallèles, on trouve des étés à 
peine aussi chauds qu’en Angleterre, et des hivers moins 
froids peut-être qu'en Norwége, mais aussi chargés de fri- 
mats. Les neiges se maintiennent durant trois ou quatre 
mois; toutes les rivières sont gelées; leS hommes à cheval, 
les chameaux avec leurs bagages les peuvent traverser sur 
la glace. On dit que la plaine de Ghazna (lat. 330,30'), qui 
fait partie du plateau central, est la plus froide du royaume. 

Peu de végétaux de l'Inde habitent le Caboulistan; ceux 
de l’Europe au contraire y abondent. La Vigne, le Pécher, 
l’Abricotier, etc., y viennent sauvages, et paraissent indigènes 
comme dans l’Asiemineure. Les arbres dominans dansles mon- 
tagnes sont plusieurs espèces de Pins, dont un produit des 
cônes plus gros que des artichauts, et des-graines aussi volu- 
mineuses que celles du Pistachier (1), des Cèdres, un Cyprès 
d’une hauteur prodigieuse', et plusieurs espèces de Chênes. 


(1): C’est peut-être le Pinus pinea: 


390 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


Le Noyer, le Pistachier, le Thérébinthe habitent aussi les 
montagnes. Elphinstone croit se rappeler qu’il y a vu le 
Houx, le Bouleau , le Coudrier. Dans les plaines incultes, les 
arbres les plus communs sont le Mürier, le Tamarin, le Pla- 
tane, le Peuplier, et plusieurs espèces de Saules. La culture 
de la Canne à sucre, du coton, de l’indigo, du melon, du 
Sorghum spicatum ei du Sorghum vulgare, du Sesamum 
orientale, du riz, n’est pas rare dans les pays chauds. Celle 
du blé, de l'orge, du mais, de la betterave, de la carotte, 
et de beaucoup d’autres plantes potagères, a lieu partout où 
il existe un peu d'industrie et une terre productive. 

Ces notions vagues ou incomplètes éveillent notre curio- 
sité sans la satisfaire. La flore de l'empire du Caboul nous 
est encore moins connue que celle de la Chine. 

Avant de passer à la Perse, je dirai un mot des contrées 
qui s'étendent à l’ouest et au nord-ouest, depuis les monts 
Paropamises jusqu’au 41e degré, et qui comprennent le pays 
de Balkh, de Maouer, la Boukharie , le Kharisme, etc. Déjà le 
climat n’est plus assez chaud pour l'Olivier ; mais un grand 
nombre de végétaux ligneux qui se groupent autour de lui 
dans la zone de transition se montrent encore sauvages ou 
cultivés, selon les localités. Ces régions offrent un singulier 
assemblage de plaines et de montagnes, de steppes herbeuses 
et de steppes arides, stériles, sablonneuses et souvent salées, 
de terres médiocres et de terres d’une admirable fertilité. 
Dans la morte saison souvent toutes les eaux gèlent ; les ca- 
ravanes traversent alors les rivières sur la glace. Dans l’hiver 
de 1820 à 1821, le baron de Meyendorff, envoyé par la cour 
de Russie en ambassade à Boukhara, y vit baisser le thermo- 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 391 
mètre jusqu'a 12 ou 13 degrés sous zéro, quoiqu’ en général 
la saison fût très-douce. La chaleur des étés compense le 
froid des hivers; elle est si forte et si EE qu’elle des- 
séche la plupart des cours d’eau. 

‘Les cantons de Hérat, Dheiï-Molla, Khiva, Boukhara, Sa- 
marcande, etc., entourés de déserts, ressemblent aux belles 
oasis de l'Égypte. Nulle part la population n’est plus nom- 
breuse, la culture plus soignée, la végétation plus productive. 
Les jardins et les vergers, qui sont très-multipliés , nourrissent 
une grande variétéf@'arbres fruitiers, parmi lesquels on re- 
marque le Grenadier, le Pistachier, le Figuier, qui donnent 
des fruits exquis. 1] y a de grandes plantations de Morus alba 
et éatarica. On cultive le Cotonnier, l’Indigotier, le Sé- 
same, le Sorghum saccharatum, le riz et tous les autres 
grains et légumes de l'Europe. 

D après Falk, les arbres et arbrisseaux vulgaires de la Bou- 
kbarie sont les Prsfacia terebinthus, Elæagnus angustifo- 
lia, Ulmus campestris et effusa, Cratægus oxyacantha, 
Pyrus aria et aucuparia, Mespilus cotoneaster, Spiræa 
crenata, Rosa pimpinellifolia, Capparis spinosa , Clema- 
tis orientalis, Betula alba, Populus alba. : *, 

Les steppes produisent en abondance des Tamarix, l A: 
mygdalus nana, le Calligonum polygonoïdes , et un arbre 
de petite taille qui a des feuilles caduques semblables à celles 
du Melèze. On ne sait pourquoi Falk est tenté de le prendre 
pour l’Abies orientalis, et Pallas pour le Juriperus lycia 
ou sabina. | 

Dans la partie méridionale de la Boukharie, le Platanus 
ortentalis devient un arbre colossal. 


392 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 
La Perse et les provinces Caucasiennes jusqu'au Térek. 


Nous avons vu que la côte du Béloutchistan étoit séparée 
de l’intérieur du pays par des chaines de montagnes. Il en 
est de même de la côte de la Perse. Elle forme depuis les 
monts Buskurd, limite du Béloutchistan, jusqu'aux bouches 
de l’'Euphrate, une lisière de sable dont la largeur varie entre 
dix .et trente lieues, selon que la base des montagnes se 
rapproche ou s'éloigne de la mer: telleæst la partie maritime 
des provinces du Kerman, du Farsistan et du Khouzis- 
tan. L’excessive chaleur de cette côte lui a valu le nom de 
Guermstr où pays chaud. 

Selon Scott - Waring, cité par Morier, la température 
atteignit en juillet 1802 + 45°,5, entre Chiraz et Firuz- 
Abad; et selon Morier lui-même, elle &’éleva en juin 1808 à 
+ 370,77, entre Chiraz et Bouchyr. Les observations faites 
à Bouchyr par le docteur Jukes, portent la moyenne de 
juillet 1808 à + 33°,27, son r7axunum à + 36°,6 et le rn1- 
nimum de novembreetdes quinzepremiersjours de décembre 
1807, à + 150,3. M. de Humboldt estime que la tempéra- 
ture moyenne de cette ville s'élève à + 250,5 : cette éva- 
luation n’est probablement qu'approximative. Quoi qu'il en 
soit, il résulte des faits connus que la température est très- 
élevée sur tout le littoral. Elle le seroit plus encore si des 
rosées bienfaisantes ne tempéroient en quelques lieux l’ar- 
deur de l’été. Ces rosées sont si abondantes à Bouchyr, qu’au 
lever du soleil la terre est trempée comme après une forte 


pluie. 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 393 
* aL végétation est loin d'approcher , pour la richesse, de 
celle qu’on remarque dans quelques parties du Béloutchis- 
tan. Les seuls arbres dont il soit fait mention , sont l’Oranger, 
le Grenadier et le Dattier. Toute la portion de la lisière qui 
dépend dela province de Kerman, est un sable salin, lequel 
ne produit que des dattes d’une tua très-inférieure. 
Les montagnes occidentales de la Perse se projettent vers 
le nord-ouest , bien au-delà des bouches de l'Euphrate. Elles 
Jäissent sur leur gauche la partie septentrionale du Khou- 
zistan, pays fertile, où la Canne à sucre étoit anciennement 
cultivée; sur leur droite, le Louristan , le Kourdistan oriental 
et l’Aderbidjan; et elles se rattachent aux montagnesdel’Ar- 
ménie , entre le lac de Van et le mont Ararat. Chemin fai- 
sant, elles envoient des chaînons à gauche et à droite : les 
premiers se confondentavecles montagnes de l’Asie mineure; 
les autres en général’ se dirigent vers le sud-est, s’abaissent 
insensiblement, et finissent par se perdre dans les déserts de 
sable situés à lorient de la Perse. Jadis ces montagnes étoient 
couvertes de grandes forêts, aujourd’hui les arbres y sont 
clair-semés ; ce sont des Bouleaux, des Cyprès, des Chènes 
et surtout le Quercus infectoria , des Lentisques, etc. Il y 
a d’abondans pâturages } PME dans les montagnes 
septentrionales. 
Le littoral du golfe Persique, jusqu’à la base des mon- 
tagnes, a évidemment une température et une. végétation 
équatoriales. De l'autre coté des montagnes on entre dans 
la zone de transition. Le climat, la végétation, l’aspect du 
pays changent. Le soldes plaines s’exhausse, et forme un vaste 
plateau traversé ça et là par de petites chaînes de collines. 
Mém. du Muséum. 1. 14. bi 


394 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


Le Henné, l'Oranger, le Citronnier, le Dattier viennent à 
l'est des montagnes occidentales jusqu’au 30e parallèle envi- 


ron. C’est au nord du lac salé de Baghteghian, sur le soloù 


florissoit Persépolis, que le Dattierse montre pour la dernière 
fois. Sous la même latitude, on ne le voit pas à Chiraz, situé 
à l’ouest des montagnes, parce que cette ville est déjà très- 
élevée au-dessus de la lisière de sable. L’Oranger y réussit 
encore; l'Orme , le Coudrier, le Pin, le Cyprès y trouvent 
le climat tempéré qui leur convient. Dans les mois de juillet 
et d’août le thermomètre s'élève souvent à trente ou qua- 
rante degrés; mais en hiver il y a des journées fraiches, et 
quelquefois la neige blanchit la terre. 

Amesure qu’on approche des monts Elbours ou des rives du 
Phase, la saison du repos, devenant graduellement plus longue 
et plu froide , resserre les autres saisons dans des limites plus 
étroites. Les conquêtes hivernalessonttrès-sensibles à Cachan, 
Kermanchäh, Hamadan et Koûm (lat. 34° — 35°), A Téhéran 
Je froid est vraiment rude ; il l’est plus à Casbin, et plus en- 
core à Tauris. Ker-Porter, qui séjourna dans cette dernière 
ville en décembre 1818, remarque que le thermomètre 
oscilloit constamment entre — 10 et — 20°: c’est la mesure 
ordinaire des hivers de Pétersbourg. Il n’est pas rare que des 
voyageurs, surpris par la nuitet assaillis par des tourbillons 
de neige que soulèvent les vents furieux du nord-est, pé- 
rissent de froid sur les routes. Au commencement -de mars 
les frimas couvrent encore la terre. 

Aux hivers rigoureux de l'intérieur du pays Pa 
des étés aussi chauds que ceux de la zone torride. A partir 
des premiers jours de juin jusqu’à la fin d’août, une tempéra- 


LL 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 395 
ture rarement au-dessous de + 30 et quelquefois de + 40° 
rend le séjour de Téhéran si fatigant , que toute la popu- 
lation riche abandonne la ville et va chercher sur 5 hau- 
téurs un climat plus tempéré. 

: Dans l'immense pays compris entre les montagnes méri- 
dionales du Kerman etles monts Elbours et Turuck, voisins 
de la mer Caspienne, jamais d’abondantes rosées ; et depuis 

. mars jusqu’en décembre, jamais une goutte de pluie. Durant 
cette longue période, l'atmosphère conserve toute sa trans- 
parence; aucune vapeur ne se forme àla cime des montagnes; 
le ciel est constamment pur et brillant. L’acier le plus poli, 
disent Chardin et d’autres voyageurs, exposé à l'air à quelque 
heure que ce soit, ne prendroit pas la moindre tache de rouille, 
tant la sécheresse est grande (1). Sous de telles influences, il 
ne peut exister ni sources abondantes, ni grands fleuves; et 
si l'on considère que l’eau et la terre sont souvent chargées 
de sel, on concevra que le sol ne doit produire qu’une végé- 
tation misérable. C'est en effet ce qui a lieu dans la majeure 
partie de l’intérieur de la Perse. Que Von se représente un 
plateau sablonneux, aride, coupé çà et là par des chaînes 
de collines pelées, d’où s’échappent de petites rivières qui dis- 
paroissent dans les sables non loin de leur origine; au bord de 
ces eaux courantes un terroir fertile, quand par hasard il n’est 
pas imprégné de sel, et de distance en distance un village ou 
même une ville; partout ailleurs un sol désert, des herbes 
chétives et rares, quelques broussaillés, bi sie pes épineux, 
mais pas un arbre: 


(1) Il ne faut pas-prendre ces expressions dans toute leur rigueur; il yadela 


ba" 


rosée, puisqu'il y a de la végétation. 


396 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


Derrière le rideau des monts Elbours, au bord de la mer 
Caspienne, le Ghilân et le Mazandéran forment une étroite 
lisière parée de tout le luxe végétal que comportent les lati- 
tudes et le climat. Des étés chauds sans être brülans, des 
hivers tempérés, une athmosphère toujours humide, des 
pluies abondantes, un sol très-bas, bien arrosé, excellent, 
favorisent le développement d’une multitude de végé- 
taux. : 

Les hautes montagnes du Mazandéran sont tout-à-fait nues; 
les montagnes inférieures etune partie de la plaine sont cou- 
vertes de bois superbes et très-serrés. Les forêts s'étendent 
depuis la frontière occidentale du Ghilän jusqu'à celle du 
Khorazän. On y remarque le Charme, le Hêtre, l'Orme, des 
Chènes, des Erables,le Platane, le Frêne à fleurs,leChâtaignier, 
le Tilleul, le Cornouiller, le Sorbier, plusieurs espèces d’4- 
cacta, etc. Sous les voûtes épaisses du feuillage croissent le 
Sureau, le Buis, le Sumac et une quantité prodigieuse d’arbris- 
seaux, de lianes et de fougères. Le sol, garanti de l’action 
directe de la lumière, s’engraisse perpétuellement de la dé- 
pouille des végétaux et ne se fatigue pas de produire. 

Aux arbres forestiers du Mazandéran se mêlent l'Oranger et 
le Citronnier. Ils sont cultivés dans les plaines avec le Henné, la 
Canne à sucre, le Caroubier, l’Olivier, le Figuier, la Vigne, le 
riz, le coton, et tous les arbres fruitiers du Pont et de l’Europe. 

On a remarqué qu'il n’y avoit ni Pins ni Sapins dans le 
Mazandéran : peut-être l'absence de ces arbres tient-elle à la 
chaleur du climat, qui s’oppose à ce qu’ils croissent sur les 
montagnes inférieures, et à l’aridité des hautes montagnes qui 


repousse toute végétation. 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 397 
” À l’ouest, entre les montagnes du Ghilàn et la chaîne occi- 
dentale, est l’Aderbidjan, partie la plus septentrionale de la 
Perse. Le pays est élevé ; il y a des vallées et des plaines, des 
landes, des sables arides, de gras pâturages et grand nombre 
derivières. De même qu’au Ghilân, le climat est très-humide, 
les pluies et les neiges sont abondantes, mais l’été est moins 
chaud , et l'hiver est plus long et plus froid. Le Pistachier, le 
Figuier, la Vigne, le Mürier ne réussissent que dans quelques 
stations privilégiées, telles que les belles plaines arrosées par 
la rivière de Koï. Du reste, quand le sol est de bonne qua- 
lité, la végétation égale celle des pays tempérés les plus favo- 
risés. Des arbres d’une admirable venue embellissent les 
campagnes; le voisinage des villes s’annonce par des planta- 
tions de Peupliers: les récoltes se composent de riz, de lin, 
de garance, de tabac et d’excellens fruits. 

Passons de l'Aderbidjan dans les provinces situées au pied 
du Caucase. Au midi, le sol est peu élevé, le climat est très- 
doux : nulle part la Nature ne s’est montrée plus libérale; de 
même que dans le Pont elle a répandu avec profusion des ri- 
chesses végétales qu’elle n’a accordées à l'intérieur de la Perse 
qu'avec une parcimonieuse économie. Tiflis, placé à distance à 
peu près égale dela frontière septentrionale del’Aderbidjan et 
ducentre delachaïne caucasienne, n’a presque point d'hiver. En 
décembre 1771, Guldenstædt vit encore quelques plantesher- 
bacées en fleur dans les campagnes; à lafin du mois iltomba un 
peu de neïge. Janvier 1772 fut très-doux, et dès le milieu de 
février les arbres précoces fleurirent. Au voisinage du Caucase, 
la température subit un abaissement considérable. Le sol 
élevé de l’Imérétie ne permet plus la culture des végétaux 


398 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


qui, tels que le Pécher, le Mürier, etc., demandent de la 
chaleur pour mürir leurs fruits; tandis que dans la Gourie 
( lat 4o° ), province basse à l'extrémité orientale de la mer 
Noire, non-seulement le Pêcher et le Mürier viennent très- 
bien, mais encore le Citronnier , l’'Oranger et l’Olivier, 
comme on l’a vu précédemment. | 

Le Caucase, dont les sommités revêtues de neiges perma- 
nentes sont plus élevées que le Mont-Blanc , n’arrête point 
la puissance expansive de la zone de transition, comme je le 
montrerai tout à l’heure. Une des montagnes principales de 
cette chaîne, le Kasbek, s’élève à 2408 toises, selon MM. Par- 
rot et Maur. de Engelhardt. Ces deux savans y indiquent ainsi 
qu’il suit les lignes d'arrêt supérieures des végétaux les plus 
remarquables : 450 à 550 toises de hauteur perpendiculaire 
au-dessus de la mer pour le Quercus robur et V'Hippophaë 
rhamnoïdes ; 912 pour le Pinus sylvestris ; 1020 environ 
pour l’orge et l’avoine cultivés; 1000 à 1200 pour le Juri- 
perus oblonga, le Betula alba et Y 4zalea pontica; 12 à 
1300 pour le Sorbus aucuparia et le Salix capræa; 13 
à 1400 pour le Rhododendrum caucasicum, les Faccinium 
myrtillus et vitis 1dæa , etc. Enfin, ils fixent à 1650 toises la 
limite des neiges permanentes du Kasbek ; et, concluant du 
particulier au géneral, ils assignent cette hauteur à la limite 
des neiges de toute la chaîne du Caucase. Il seroit hors de 
place de reproduire ici les raisonnemens de MM. Parrot et 
Engelhardt à l'appui de leur opinion; je me bornerai à dire 
qu’on ne sauroit guère douter que , même sous des latitudes 
semblables et dans des stations très-rapprochées, des causes 
locales ne fassent varier plus'ou moins la limite des neiges 


GEOGRAPHIE BOTANIQUE. 399 


 perpétuelles. C’est ce qui arrive aussi pour les lignes d’arrèt 


des végétaux. : M ÿ 

… Les principaux, arbres ou arbrisseaux que produisent les 
provinces. situées au midi du Caucase sont les RAus cott- 
nus. — coriaria, Paliurus australis, Ziziphus vulgaris, 
Juglans regia — pterocarpa, Amygdalus conmunis — 
persica , Punica granatum , Philadelphus coronarius , 
Diospyros lotus, Tamarix gallica, Laurus nobilis, Ficus 
carica , Planera Richardi, Platanus orientalis , Celns 
australis —T. ourneforti, Carpinus ortentals, Quercus ibe- 
rica, Pinus laricio, Abies orientalis, etc. À ces végétaux, 
qui tous sont, propres à la zone de transition, se mêlent 
d’autres espèces indigènes en Europe ou en Tartarie, que nous 
retrouverons bientôt dans les contrées au nord du Caucase. 
… La zone de transition finit en Circassie, par 44°, sur les 
rives du Térek. Près de ce fleuve, on trouve encore dans 
quelques jardins l’Olivier ainsi que le Figuier, le Pistachier 
et le Grenadier. De ces quatre arbres, le Figuier est le seul 
dont les fruits arrivent à parfaite maturité. 

Généralement parlant, l’été.est chaud, et l'hiver tempéré 
dans la partie de la Circassie comprise entre le Caucase et le 
Térek ; toutefois il y a detemps à autre des froids passagers 
très-violens. Guldenstædt assure, d’après ce qui lui a été dit 
sur les lieux, que de 1768 à 1973 le minimum de la tem- 
pérature à Kisljar fut— 27°,3, et Falk, voyageur très-éclairé, 
dit qu’à Mosdock l'hiver est très-rude , quoique de courte 
durée. Si ces faits sont exacts, comment le Figuier, le Grena- 
dier, le Pistachier, et surtout l’Olivier, peuvent-ils passer la 
froide saison sans abri? Cependant Falk affirme que l’Olivier 


400 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


supporte très-bien l'hiver en plein air. Le Câprier vient sau- 
vage sur les bords du Térek, on y cultive le Cotonnier hér- 
bacé, la Vigne, le Pécher, etc., le riz et autres grains. Les 
espèces sauvages qui composent les forêts au nord du Cau- 
case, sont pour la plupart indigènes dans la zone tempérée; 
celles de la zone de transition sont en petit nombre. Les unes 
et les autres croissent également au midi du Caucase. Voici 
les plus remarquables : Ulmus campestris — effusa, Mo- 
rus tatarica , Quercus robur; Carpinus ‘betulus ; Fagus 
sylvatica , Castanea vesca, Taxus baccata, Fraxinus 
excelsior, Tilia europæa, Elæagnus angustifolia, Pyrus 
salicifolia — pyraster — malus — cy don = COMMUNS , 

Prunus domestica — armeniaca — cerasus, etc. | 


La Babylone, la Mésopotamie , la Palestine, la Syrie et 
l’Asie mineure. 

Les sables de l'Arabie s’enfoncent entre l’Irak-Araby: à 
l'est, et la Palestine et la Syrie à l’ouest, jusqu’au 34e degré, 
où le sol, coupé par des chaînes de montagnes, offre des 
rivières nombreuses et des vallées fertiles. Ces sables sont 
moins déserts et moins nus que ceux de l'Arabie. Le Tigre, 
l’'Euphrate , l'Oronte et leurs affluens entretiennent sur leurs 
rives une fraicheur qui favorise la végétation. Cà et là le 
voyageur rencontre une bourgade ou une ville; mais à 
quelque distance des eaux courantes le sol est d’une stéri- 
lité complète. 

Le Dattier remonte les bords de l'Euphrate et du Tigre. A 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 4or 
l'est il gagne les plaines situées entre Bagdad (lat. 330 19/) et 
Kermanchäh ; au nord il s’avance jusqu’à Tekrid par 34° 40'; 
à l’ouest il répand son ombre sur les ruines de Palmyre , et 
pénètre par la Palestine et la Syrie ; jusque sur les plages de 
la Méditerranée. 

Par une circonstance particulière au climat de Bagdad, on 
ne peut y cultiver le Henné, le Bananier et plusieurs autres 
végétaux de la zone chaude, qui croissent ailleurs sous des 
latitudes plus élevées. Ce n’est pas que la température de l'été 
soit trop foible : dans cette saison la chaleur est excessive et 
sans relâche. On dit même que le thermomètre monte à plus 
de 5o degrés durant le temps, heureusement très-court, où 
le samiel répand la désolation et la mort; mais en hiver, la 
température tombe quelquefois à— 2°,5, et peut-être plus 
bas, puisque Niebubr a vu pendant son séjour à Bagdad, en 
février 1765, de la glace de deux doigts d'épaisseur. Ces froids 
instantanés que supporte l’Oranger suffisent pour repousser le 
Henné. Ainsi Bagdad, malgré sa haute température moyenne, 
que Beauchamp estime, peut-être à tort, à +23°,2, n’a que la 
végétation de la limite septentrionale de la zone de transition. 

Depuis Bagdad jusqu'à Mossoul (lat. 36° 20’) les bords 
du Tigre sont couverts de Saules et de Concombres dans 
un espace de deux cents pas. Au-delà de cette étroite lisière, 
le sol n’est qu’un sable aride et nu. 

La Palestine et la Syrie méridionale, développées en amphi- 
téâtre aux bords de la Méditerranée, offrent un des plus re- 
marquables exemples du rapprochement des végétaux des 
pays chauds et des pays tempérés. On y voit le Dattier, la 
Canne à sucre, le Bananier, le Henné, l’'Oranger, le Citronnier 

Mém. du Muséum. 1. 14. 52 


4o2 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

le Pistachier, l’'Olivier, le Caroubier, le Cordia myæxa, le 
Guilandina morinda, le Tamarindus indice, le Melia 
azedarach, les Acacia nilotica et farnesiana, avec presque 
tous les arbres forestiers de la Grèce et de l'Italie et tous les 
arbres fruitiers de l’Europe. Chaque espèce s'établit selon 
ses besoins sur les basses ou hautes plaines, sur le penchant 
des montagnes ou sur leur sommet. 

Les montagnes de l’intérieur de la Palestine méridionale 
forment deux chaînes qui se portent concurremment du midi 
au nord. Dans la partie basse de la vallée est le lac Asphal- 
tique qui reçoit les eaux du Jourdain. La rive occidentale du 
lac est bornée par des montagnes äpres et stériles. C’est à leur 
pied que Hasselquist trouva le Solanum sodomæurn, dont 
le fruit, piqué par des vers, conserve sa couleur, mais ne 
contient plus que de la poussière (1). La rive opposée est 
très-fertile et couverte en partie de grandes forêts. J. L. Burck- 
hardt y remarqua des Gommiers ( 4cacia où Mimosa) et 
un arbre de la famille des Apocynées, que les Arabes nom- 
ment ochejtr, etqui, selon M. Delile, est l’Æsclepras procera 
de la zone équatoriale. 

Au nord du lac, le long de la rive orientale du Jourdain, 
un pays montueux , élevé de plus de 120 toises au-dessus du 


(x) Selon J. L. Burkhardt , les Arabes racontent qu'aux environs du lac Asphal- 
tique ou mer Morte, il y a une espèce de Grenadier qui produit un fruit dans 
lequel onne trouve que de la poussière quand on l’ouyre, et ils prétendent que c’est 
le Pommier de Sodôme. D’autres nient l’existence de cet arbre. Hasselquist mérite 
toute confiance; il rapporte naïvement ce qu'il a vu , et il en donne une explication 
naturelle. Au reste , il n’est pas impossible que ce pelit phénomène $e reproduise 


dans plusieurs végétaux. 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 4o3 


niveau des eaux du fleuve, présente des points de vue déli- 
cieux et une richesse de végétation peu commune. Les col- 
lines produisent en abondance des Chènes, des Pins, l'Olivier 
sauvage, etc. Les rivières qui versent leurs eaux dans le Jour- 
dain cachent leur cours sous le feuillage des Platanes , des 
Amandiers, des Oliviers, des Lauriers- roses, etc. La vallée 
de Damasc et les rives de l’Oronte ne sont pas moins fertiles. 

A défaut d’observations météorologiques, la végétation de 
la Syrie méridionale nous avertit que la température doit y 
être peu différente de celle du Caire. Il n’en est pas ainsi de 
la Syrie septentrionale, de la Caramanie et de l'Anatolie. La 
variation annuelle de la température croît par l'influence des 
latitudes plus septentrionales, à laquelle se joignent quel- 
quefois des causes de refroidissement particulières aux lo- 
calités. Cette double action est évidente à Halep, par 36°,11". 
Le Dattier n’y vient pas; on ne conserve le Lawsonia alba 
et les variétés de l’Oranger et du Citronnier qu’en leur 
fournissant des abris. Le Myrte et le Laurier-rose ne se main- 
tiennent que par la culture (1). Cependant le printemps, l'été 
et l’automne sont très-chauds; en juillet et août le ther- 
momètre se tient entre + 25 et 28°. De la fin de mai au 
milieu de septembre, l’afdeur du soleil, que la sécheresse de 


(1) Malgré l'autorité de A. Russel , j’avoue que j'ai peine à comprendre com- 
ment les hivers d'Halep seroient assez froids pour empêcher le Myrte et le Laurier- 
rose de croître sauvagés, quand je vois ces végétaux prospérer sans le secours de la 
culture en Crimée, en Istrie, en Italie et dans la Provence. Je rappellerai ici ce 
que j'ai dit précédemment. Le Myrte vient sans abri dans le Cornouailles. Il ya 
peut-être dans le climat d'Halep quelque cause étrangère à l’abaissement de Ja 
température hivernale qui nuit à la végétation de certaines espèces. 


59 * 


4o4 GÉGGRAPHIE BOTANIQUE. 
l’atmosphère rend plus active , consume la verdure ; mais ces 
vives chaleurs ne sauroient compenser les inconvéniens de 
quarante jours d'hiver, durant lesquels il neige et il gèle de 
temps en temps : Alexandre Russel vit trois fois, en dix-sept 
ans de séjour à Halep, de la glace assez épaisse pour sup- 
porter le poids d’un homme sans se rompre. 

Ce n’est pas une erreur de dire que des causes locales 


influent sur le climat de cette ville, puisqu’à Smyrne, deux - 


degrés plus au nord , l’Oranger croît encore avec profusion. 
Hasselquist y remarqua même quelques vieux pieds de 
Dattiers, que les hivers avoient épargnés:il ne put en décou- 
vrir de jeunes. Si je ne me trompe, la latitude de Smyrne 
indique la ligne d’arrêt de cet arbre équatorial. 

Tous les voyageurs remarquent qu'il n’y a D un seul 
Olivier sur les Up depuis les Dardanelles jusqu’à anis 
Il ne reparoit qu’au voisinage de cette ville. 

La partie centrale de la Turquie d'Asie comprise entre 
le 35e et le 4oe degrés , est agreste, élevée, coupée par de 
nombreuses chaînes de montagnes, dont la plus considérable 
est le Taurus. Quoique l’été soit fort chaud, et qu'au moïs 
de juillet il arrive fréquemment de dans fe plaines et les 
vallées le thermomètre monte à "300, 350 et même 380, 
beaucoup de végétaux du midi n’y peuvent réussir, à cause 
du refroidissement hivernal. La terre ne se débarasse de neige 
à Erzroûm (lat. 39°0') que vers le milieu d’avril ; quel- 
quefois il en tombe encore en juin: il est vrai que cette 
ville est sur un plateau de plus de 1500 toises d’élévation. 
À peine trouve-t-on quelques bouquets de bois dans les 
plaines. Elles furent jadis couvertes de forêts; depuis l’agri- 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 405 


culture s’en étoit emparée: aujourd’hui elles sont presque 
partout dépouillées et incultes. À voir leur nudité on les 
croiroit stériles. 

. En général c’est dans les vallons, les escarpemens et sur 
Fa collines et les montagnes que sont confinées les forêts de 
’ Asie mineure. Les Pins, les Sapins, les Génèvriers occupent 
les stations les plus élevées; le Larix cedrus, dont le sa- 
vant M. de La Billardière a fixé la ligne d’arrêt, sur le Liban, 
à 991 toises, vient aussi sur le Taurus. Il y a beaucoup d’es- 
pèces de Chènes; aucune contrée de l'Ancien Continent n’en 
produit une aussi grande quantité; la plupart ne se dépouil- 
lent jamais de leur feuillage. Le Hêtre domine dans la Cara- 
manie , la Bythinie, la Paphlagonie, le Pont, la Colchide, où 

: beaucoup de nos arbres fruitiers, tels que le Prunier, le Ce- 

risier,, ’Abricotier, le Pêcher, l'Amandier , le Coignassier, le 
Poirier, le Pommier, le Nèflier, le Sorbier, le Châtaignier, le 
Noyer, leFiguier, les Müriers blanc et noir, la Vigne crois- 
sent sauvages au sein des forêts. Sans doute plusieurs sont 
partis de cette terre fortunée pour se répandre en Grèce, 
en Italie et dans le reste du monde. De vastes espaces sont 
tout couverts d’'Oliviers, de Myrtes, d’Arbousiers, de Téré- 
binthes , de Lentisques, de Pistachiers, de Lauriers, de Gre- 
nadiers, etc. 

Je donnerois une idée trop incomplète de la végétation 
de l'Orient, si je ne citois les espèces suivantes. La plupart 
composent les forêts. (1). 


æ 


(1) Les noms suivis d’un astérisque (*) sont ceux des espèces qui, jusqu'ici, 
n’ont point été observées en Europe ou en Afrique. 


406 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. : 

Pinus halepensis — sylvestris — tourneforti", Abies 
orientalis" — taxifolia, Larix cedrus*, Juniperus dru- 
pacea* — fœtidissima * — phœnicea, Cupressus semper- 
virens, Taxus baccata, Betula alba?— pontica', Quer- 
cus robur — ilex — coccifera — pseudococcifera — ri- 
gida* — infectoria* — liban* — haliphleos* — tourne- 
fortii — æœgilops — esculus, Fagus sylvatica, Castanea 
vesca, Ostrya vulgaris, Carpinus betulus — orientalis , 
Populus alba — nigra — tremula — euphratica”, Salix 
babylonica — monandra — alba — fragilis, etc.; Pla- 
tanus orientalis — acerifolia' — cuneata, Liquidambar 
imberbe*, Celtis australis — tourneforti* , Ulmus campes- 
tris — effusa, Osyris alba, Elæagnus angustifolia, Vitex 
agnus , Fontanesia phyllireoïdes*, Fraxinus ornus — 
excelsior — rotundifolia, Arbutus unedo — andrachne, 
Diospyros lotus, Styrax officinale, Tamarix ortentalis, 
— africana — germanica — gallica , Sambucus rigra, 
Cornus mascula, Pyrus sorbus — aucuparia — elæa- 
gnifolia — torminalis — salicifolia — arta, etc.; Cra- 
tægus trilobata, Azarolus — tanacetifolia, etc.; Prunus 
ayium — cerasus — padus, eic.; Amygdalus incana — 
orientalis*, Mespilus germanica, Mimosa agrestis — 
stephaniana — julibrisin”, Cercis siliquastrum, Ceratonia 
stliqua, Paliurus australis, Ziziphus vulgaris, Ilex aqui- 
folium , Juglans regia*, Acer monspessulanum — hete- 
rophyllum", etc. | 

L'Olivier, le Térébinthe, le Grenadier,le Laurier d’Apol- 
lon, le Laurier-rose, le Myrte, le Figuier, la Vigne sauvage 
suivent les bords de la mer Noire par le Pont, la Mingrélie, 


x 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 407 
; Re k 
la Colchide, et vont former une colonie jusque sur les côtes 


de la Crimée, par 440 à 450 de latitude. Sous ces parallèles 
la température la plus basse atteint à peine — 6°; mais de 
l’autre côté des montagnes qui défendent cette contrée des 
vents du nord, l'hiver est si dur, qu’il semble qu’on se soit 
rapproché du pôle de 4 ou 5 degrés. 


La Méditerranée partage la zone de transition en deux 
bandes, l’une septentrionale ; l’autre méridionale. Examinons 
d’abord celle-ci. 


L'Egypte et la Barbarte. 


Depuis la mer Rouge jusqu’à l'Océan atlantique , et depuis 
le tropique du Cancer jusqu’à la Méditerranée, la majeure 
partie du sol africain n’offre que des déserts parsemés d’oasis. 

Beaucoup de sources ne donnent que des eaux saumâtres. 
Les rivières et les torrens arrivent rarement jusqu’à la mer: 
ils sont bus par les sables ou taris par les chaleurs. Il n’y a 
d'autre cours d’eau navigable que le Nil. Les terres d’allu- 
vion que les débordemens périodiques de ce fleuve déposent 
sur ses rives et sur les plaines de l'Egypte inférieure, les 
collines du littoral de la Cyrénaïque, quelques cantons du 
Fezzan, la partie occidentale de la Barbarie occupée par la 
chaîne de l’Atlas et ses ramifications, sont presque les seules 
contrées productives. Leur fertilité est admirable. | 

La température hivernale des côtes descend jusqu'à 70,5 
à Alexandrie, Rosette et Damiette, mais en général elle os- 
cille entre + 13 et 180. 


408 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


A quelque distance de la mer, le climat des plaines est 
brülant dans toutes les saisons. Cependant il arrive quelque- 
fois en hiver que les vents violens du nord font tomber 
momentanément la température à + 6,+5,+2°, et même 
à zéro, sous des latitudes voisines du tropique. 

Au Caire (lat. 30° 2'), la moyenne de l’année est + 22°,4; 
de l'hiver, + 14°,7; du printemps, + 23°,1; de l'été, + 
20°,5 ; de l'automne , + 21°,9; du mois le plus chaud, + 
29°,9; du mois le plus froid, + 13°,4. 

A Alger ( lat. 36048 ), la moyenne de l’année est + 21°,1; 
de l'hiver, + 16°,4; du printemps, + 18°,7; de l'été, + 26,8 ; 
de l’automne, + 22°,5; du mois le plus chaud, + 28°,2 ; du 
mois le plus froid + 13°,4. 

A l'occident de la mer Rouge est l'Egypte, spacieuse vallée 
bornée par des montagnes et des déserts. À l’époque des 
fortes chaleurs, quand, pour la première fois, on aborde dans 
cette contrée si renommée pour sa fécondité, on éprouve 
une grande surprise; l'œil attristé n’aperçoïit sur une vaste 
plaine terminée par des montagnes blanchâtres et nues que 
des herbes desséchées et quelques arbres épars. Au solstice 


d'été commence la crue du Nil. Vers l’équinoxe d’automne 


les campagnes inondées semblent un grand lac du fond du- 
quel s'élèvent çà et là des Dattiers, des Figuiers, des Zcacia, 
des Saules, des T'amarix , etc. Aux approches du solstice 
d'hiver, les eaux se retirent peu à peu, et la végétation s’em- 
pare successivement des places qu’elles abandonnent. Sur ce 
sol humide et vaseux, des récoltes superbes ne coûtent guère 
que le soin de répandre la semence. Tous les grains sont 
mûrs avant le mois de mai, temps où le retour de la chaleur 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 409 
“et de la sécheresse détruit la verdure. A la fin de décembre et 
au commencement de janvier les arbres se dépouillent de 
leurs feuilles: elles ne sont pas encore toutes détachées que 
déjà les nouvelles se développent. 

Les vapeurs qui s'élèvent de la Méditerranée retombent 
en pluie sur le littoral; mais dans l’intérieur il n’y a que des 
ondées foibles et rares. Lies nuages chassés par les vents du 
nord vers les hautes montagnes de l'Afrique et dissous dans 
l’athmosphère embrasée de la Haute-Égypte, passent ina- 
| perçus.Rien n’altère la transparence du ciel. «Que direz-vous, 
écrivoit Hasselquist à Linné, quand je vous apprendrai qu'il 
y à des arbres qui subsistent depuis six cents ans, sur lesquels 
il n’est pas tombé six onces d’eau. » La contrée ne seroit pas 
habitable en été, si la brise de mer, accompagnée de rosées 
abondantes, ne tempéroit l’ardeur de l’atmosphère. 

Le voyageur peut errer plusieurs jours dans les déserts de 
l'Égypte, de la Nubie, de la Lybie, du Fezzan et de la partie 
septentrionale du Bournou, sans trouver une goutte d’eau ni 
la moindre trace de végétation. Le sol est formé quelquefois 
de cailloux et de gravier, mais plus souvent d’un sable cal- 
caire mouvant, qui se couvre d’efflorescences salines. On ob- 
serve à sa surface des coquillages , des éponges marines, des 
troncs d'arbres pétrifiés : tout atteste ici les anciennes révolu- 
tions du globe. De loin à loin des chaïnons de petites mon- 
tagnes calcaires tout-à-fait dépourvues de terre végétale cou- 
pent ces plaines arides dans différentes directions. Quelques 
cantons, que l’eau du ciel mouille pendant l'hiver, produi- 
sent dans cette saison une végétation qui suffit à la nouriture 
de nombreux troupeaux; mais dès que les fortes chaleurs re- 

Mém. du Muséum. 1 14. 53 


k10 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


viennent, toute apparence de verdure disparoît. Comment la 
végétation résisteroit-elle à une température atmosphérique 
qui s'élève quelquefois à + 5o°? Les lieux bas, le lit des 
torrents où l’humidité séjourne, offrent différens arbustes et 
arbrisseaux, tels que les T'amnarix gallica, africana, et 
orientalis, le Caprier, des Cassia, des Acacia, des Mi- 
mosa, etc. Les terrains salés développent des plantes épi- 
neuses et dures: des Sa/sola, des Traganum, des Calligo- 
num, et des plantes grasses à feuilles épaisses et succulentes: 
des Salicornia, les Mesembrianthemum copticum, cris- 
tallinum et biflorum ; organisation de ces dernières permet 
qu’elles retiennent dans leur tissu une humidité abondante, 
même au temps de la plus grande sécheresse. Ces plantes 
sont broutées par le Chameau, modèle de résignation et de 
sobriété. Enfin les oasis que des sources d’eau vive arrosent, 
iles fertiles au sein d’une mer de sable, nourrissent le Dat- 
tier, le Doûm ou Cucifera thebaica, qu’on retrouve jusque 
sur les côtes du golfe de Benin, l’Æcacia vera, et autres 
espèces du même genre dont on retire la gomme, et un 
arbre de la famille des Conifères, que plusieurs voyageurs 
ont pris pour un If, mais qui est probablement une espèce 
de Juniperus ou de Thuya. On y cultive l’Oranger, le Ci- 
tronnier, le Bananier, l’Olivier, le Grenadier, le Pêcher, et 
autres arbres fruitiers, le riz, l’orge, le froment, etc. 
L'Egypte produit encore le Zzziphus spina christi, le 
Salvadora persica, le Vitex agnus castus ,V Asclepias gi- 
gantea, le Nerium oleander , etautres Apocynéesligneuses; 
le Ficus sycomorus, les Acacia gummifera — rilotica 
— farnesiana — lebbeck — albida — seyal — heterocarpa 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. ki. 


— senegal, le Mimosa habbas ou polyacantha ; le Cactus 
opuntia, etc. On cultive dans quelques jardins du Caire les 
Salix babylonica, ægyptiaca et subserrata, les Populus 
alba et nigra,le Cupressus sempervirens, le Cassia fistula, 
le Tamarindus indica,  Annona squamosa, etc., et notre 
Orme commun qui n’y atteint que la hauteur d’un arbrisseau. 
Autrefois le VNelumbium speciosum étaloit à la surface des 
eaux du Nil ses larges feuilles et ses fleurs magnifiques : il a 
disparu. On en voit encore la représentation sur les ruines 
des monumens antiques. Cette belle plante, indigène dans les 
Indes orientales, étoit-elle étrangère à l'Egypte, et ne s’y con- 
servoit-elle que par la culture? Cela est probable. 

Les montagnes peu élevées de la Cyrénaïque produisent en 
abondance le Caroubier, l’Olivier, le Myrte, le Lentisque, 
l'Arbousier, le Juriperus phænicea; les sommités sont re- 
vêtues d’épaisses forêts d’un T’huya, qui sans doute est le 
Fresnella fontanesii (Thuya articulata, Desf. ). Les Chènes 
si multipliés dans l'Atlas, le Dattier et le Cactus opuntia 
manquent ici. 

L'Atlas, dont les cimes les plus élevées n’atteignent pas 
1200 toises, est composé de deux chaînes parallèles, qui 
courent d’orient en occident, entre le 28e et le 33e degrés. 
Ces montagnes séparent la Barbarie du grand désert de Sa- 
hara. La chaîne la plus voisine du littoral, rafraïchie par les 
vents de mer et par des pluies fréquentes, est couverte de 
forêts. L'autre chaîne, qui confine au désert, est aride et 
presque stérile. Quelques larges vallées intermédiaires, arro- 
sées par un grand nombre de rivières et de ruisseaux, sont 
d’une fertilité extraordinaire. En été, l'air est si sec et si brü- 


547 


412 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


lant dans les contrées les plus méridionales, que les habitans 
quittent leurs demeures pour vivre à l’ombre des Palmiers. 

Quoique les plaines de la partie septentrionale soient en 
général sablonneuses, elles étalent une grande richesse de 
végétation partout où elles ne sont pas privées d'humidité. 
L'hiver est pour elles la saison de la renaissance dela verdure: 
une douce chaleur, accompagnée de pluie, presse le déve- 
loppement d’une multitude de végétaux; les fleurs émaillent 
les campagnes comme dans nos climats au retour du prin- 
temps. Mais quand le soleil se rapproche du tropique, les 
pluies cessent, les rivières se tarissent , atmosphère s’embrase, 
les feuilles des arbres perdent leur fraicheur, les herbes 
sèchent sur pied. 

Les forêts de la Barbarie occupent les gradins supérieurs 
de l'Atlas. Elles sont formées principalement par les Quercus 
suber — ilex — pseudo-suber — obtecta — coccifera — 
pseudo-coccifera, le Quercus ballota dont les glands doux 
servent à la nourriture de l’homme, le Pinus halepensis , le 
Fresnella fontanesii, le Cupressus sempervirens ,les Juni- 
perus phœnicea et lycia. M. Desfontaines , à qui la science 
est redevable d’un excellent ouvrage sur la végétation des 
Etats de Tunis et d'Alger, n’a vu que dans un petit nombre 
de localités le Quercus robur, l’Alnus glutinosa, le Populus 
alba et le Fraxinus excelsior. Les vallons et les collines sont 
garnis d’Oliviers sauvages, de Prstacia terebinthus —»era 
et atlantica, À Arbutus unedo, de Jasminum fruticans, de 
Laurus nobilis, de Myrtus communis, de Rhus penta- 
phylhun*—coriaria et autres espèces , de Ziziphus lotus et 
spina christ, de Vitex agnus castus, de Viburnum tinus, 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 413 


d'Osyris alba, de Celtis australis, ete. Les ruisseaux sont 
bordés de Tamarix gallica — germanica — africana, de 
Salix tridentata — pedicellata — monandra, de Nerium 
oleander , ete. Le Chamærops humilis abonde sur toutes les 
collines incultes. Les Pinus pinea et pinaster croissent sur 
quelques points du littoral. Des forêts de Pinus halepensis 
bordent les côtes du royaume d’Alger. 

La végétation de l'Afrique septentrionale, dont on con- 
noît aujourd'hui 2100 à 2200 espèces, diffère peu de celle du 
littoral septentrional et oriental de la Méditerranée. Sur 344 
végétaux ligneux , savoir 284 arbrisseaux et 60 arbres en- 
viron que possède l’Afrique septentrionale, uné centaine est 
propre au pays; 16 à 18 font partie de la flore équatoriale; 
les autres, c’est-à-dire plus des deux tiers de la totalité, ont 
été observés dans l’Europe australe ou en Orient , avant ou 
depuis le voyage de M. Desfontaines en Barbarie, et parmi 
ceux-ci je compte 39 arbres de haute ou de moyenne taille, 
Beaucoup de plantes herbacées sont également communes à 
l'Europe ou à l'Orient. A la vérité elles sont mêlées à un assez 
grand nombre d'espèces africaines, mais ces dernières appar- 
tiennent presque toutes par leurs types génériques à la flore 
d'Europe. 

En résumé il n'y a guère moins de la moitié des espèces, 
soit ligneuses , soit herbacées, de l'Egypte, de la Lybie et 
de la Barbarie occidentale, qui ne viennent dans les autres 
contrées méditerranéennes de la zone de transition. 

Les Conifères et les Amentacées fournissent 24 arbres à 
l'Afrique septentrionnale ; les Légumineuses, 11; les Térébin- 
thacées, 5 ou 6; les Rosacées, 4 ou 5, etc. Le Ricin, qui 


414 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


n’est le plus souvent qu’une grande herbe dans l’Europe 
australe, devient un arbre sur les côtes méridionales de la 
Méditerranée. 

La proportion des*arbres et arbrisseaux aux herbes an- 
nuelles, bisannuelles et vivaces est de r à 6 à peu près. 

La proportion des herbes vivaces aux herbes annuelles 
et bisannuelles est de 7 à 9. Ici la proportion est croissante, 
tandis que dans les autres parties de la zone elle est décrois- 
sante. Je crois que cette anomalie est plus dans l'apparence 
que dans la réalité; elle disparoîtroit probablement si nous 
possédions la totalité des espèces herbacées qui habitent la 
chaîne de l'Atlas, car il n’est pas douteux que sur les mon- 
tagnes le nombre des herbes vivaces surpasse de beaucoup 
celui des herbes annuelles. 

Les plantes recueillies par feu le docteur Oudney, depuis 
Tripoli jusqu'à Mourzouk , sont , à quelques espèces près, 
parfaitement identiques avec celles qui ont été observées 
en Barbarie. 

Detoutes les provinces dulittoral africain, la Basse-Egypte 
est celle qui nourrit le plus de plantes équatoriales ; ce qu'il 
faut attribuer non-seulement au voisinage de l'Arabie, 
mais aussi à la présence du Nil, dont les eaux, descendant de 
hauts pays très-rapprochés de l’équateur, entraînent néces- 
sairement avec le précieux limon qu’elles charrient un grand 
nombre de graines, parmi lesquelles plusieurs peuvent se dé- 
velopper et se reproduire sous le ciel ardent de l'Egypte. 


Pour terminer la portion occidentale de la zone de transi- 
tion tempérée, il nous reste à passer en revue la Grèce, 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 415 


VItalie , la France méditerranéenne et la Péninsule Hispa- 
panique. 


La Grèce. 


La Grèce est très-montagneuse. On estime que les cimes 
de la chaîne du Pinde ont de quatorze à quinze cents toises. 
Bernouilli assigne onze cent dix-sept toises au mont Olympe. 
Ces évaluations peuvent être contestées ;mais ce qui est certain, 
c’est que la neige se maintient presque toute l’année dans les 
hautes montagnes. Les plaines les plus méridionales ne sont 
pas à l’abri des frimats. Dans le Péloponnèse, auprès de Tri- 
politza, on a vu le thermomètre, au mois de janvier, des- 
cendre à huit ou neuf degrés sous zéro. Toutefois, dans la 
presqu’ile , la neïge est rare et de courte durée, si ce n’est 
sur les stations élevées, où elle ne fond qu’au retour du 
printemps. Sans doute des causes particulières influent sur le 
climat de Tripolitza, puisque le Péloponnèse produit en abon- 
dance l’Oranger, le Citronnier et même le Cactus opuntia, 
qui n’est guère moins que le Dattier sensible à l’abaissement 
de la température. Ce végétal épineux, si commun en Pales- 
tine et sur les côtes méditerranéennes de l’Afrique, forme 
des haies de défense dans les campagnes de la Messénie. Il 
ne paroit pas que le Dattier habite le Péloponnèse: on en voit 
quelques pieds aux environs d'Athènes ; ce sont les seuls 
peut-être qui existent dans toute la Grèce continentale. Sur 
la côte orientale , l'Oranger et le Citronnier pénètrent par 
la Béotie, la Phocide et la Thessalie, jusque vers le mont 
Olympe qui sépare la Macédoine de la Thessalie. C’est pro- 


416 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


bablement le point d'arrêt de ces végétaux ; du moins au- 
cune des relations que j'ai sous les yeux n’en indique la 
présence dans la Macédoine et la Thrace, contrées dont le 
sol, hérissé de montagnes et battu par les vents violens du 
nord , est couvert en grande partie de forêts semblables par 
les arbres qui les composent, à celles de la zone tempérée. 
Le voyageur Hawkins, qui a visité la délicieuse vallée de 
Tempé, au sud du mont Olympe, et qui a donné la liste des 
arbres qu’elle produit, n’y a pas trouvé l’Oranger et le Ci- 
tronnier. À la vérité ils croissent dans l’île de Lemnos, sous 
la même latitude; mais Sibthorp remarque que le climat 
n’est déjà plus assez chaud pour faire mürir leurs fruits. L/O- 
livier réussit encore sur les côtes de la Macédoine, par 41° 
de latitude. 

A en juger par la végétation , les côtes occidentales sont 
plus chaudes que les côtes orientales. Près de l’Epire, entre 
le 30e et le 40e degrés, précisément sous les mêmes latitudes 
que la vallée de Tempé, Corfou, célèbre par sa fécondité, 
produit le Cactus opuntia et le Dattier. 

Les espèces végétales propres à la zone de transition pas- 
sent de l’Epire dans les provinces Illÿriennes. L’Olivier et 
le Myrte, l'Oranger et le Citronnier, décorent les rochers ro- 
mantiques des bouches du Cattaro et les côtes du golfe de 
Guarnero. L’Oranger et le Citronnier ne vont pas au-delà; 
l'Olivier , le Myrte, le Laurier avec les Quercus coccifera 
— lex — æœgilops, le Carpinus orientalis, le Fraxinus 
ornus, le Pinus pinea , VOsyris alba , le Prstacia terebin- 
thus, le Capparis spinosa, etc., suivent le littoral jusqu’au 
fond de l’Adriatique, Mais cette végétation s'arrête tout à 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 417 


coup à peu de distance de la côte, pour faire place à la vé- 
gétation de la zone tempérée. 

La Grèce possède peu de grandes espèces caractéristiques 
de la zone de‘transition, qui ne se retrouvent dans les con- 
trées méditerranéennes de l'Asie, de l’Afrique ou de l'Europe. 
Les arbres et arbrisseaux les plus communs et les plus re- 
marquables, depuis le cap Matapan jusqu’au mont Olympe 
à lorient, et jusqu’aux frontières méridionales de la Dalmatie 
à l’occident, sont, dans les plaines et sur les collines, OZea 
europæa, Jasminum fruticans, Phyllirea media ex angus- 
äfola, Styrax officinale, Arbutus unedo et andrachne, 
Myrtus communis, Punica granatum, Cerasus lauroce- 
rasus , Ceratoria siliqua, Cercis siliquastrum , Pistacia 
terebinthus et lentiscus , Ziziphus vulgaris et spina christi, 
Paliurus australis, Rhamnus alaternus, Capparis spinosa, 
Acermonspessulanum , Laurus nobilis, Osyris alba, Ficus 
carica , Celtis australs, Populus nigra — alba — tremula 
—pyramidalis — atheniensis, Cupressus sempervirens, 
Pinus pinea, Juniperus phœnicea— macrocarpa—sabina, 
plusieurs Céstus, etc. Sur le bord des eaux courantes et dans 
les lieux humides, Platanus orientals , Salix monandra— 
triandra — fragilis — capræa — viminalis — alba — ba- 
bylonica , Alnus glutinosa, Vitex agnus castus, Nerium 
oleander. Sur les côtes de la mer, Pinus pinea et pénaster, 
Quercus ægilops, etc. Sur les montagnes, Abies taxifolia , 
Carpinus betulus, Salix retusa(ces trois espèces habitent 
les plus hautes régions), Pinus sylvestris, Taxus baccata, 
Quercus robur, Ostrya vulgaris, Fagus sylvatica , Cas- 
tanea.vesca (cette espèce vient dans les régions de moyenne 


Mém. du Muséum , 1. 14. 54 


4x8 GÉOGRAPHIE! BOTANIQUE. 

hauteur), Corylus avellana et colurnu , Populus tremula, 
Fraxinus ornus, Tilia platiphyllos, Æsculus hippocas- 
tanum, Pyrus sorbus —aucuparia— malus — communis 
— aria—torminalis, Quercus ilex — ballota et coccifera, 
(ces trois espèces croissent de préférence dans les basses val- 
lées et même dans les plaines ). | 

Les Vrtex agnus castus, Pistacia terebinthus , Jasmi- 
nurn fruticans, Myrtus communis, Ficus carica, Olea 
europæa, Purica granatum , ete., ombragent les collines 
de l'Istrie. 

Les Cupressus sempervirens, Quercus ilex , coccifera 
et ægilops , Ostrya vulgaris, Carpinus orientalis , Fraxi- 
nus ornus, Pinus pinea, Rhus cotinus , Capparis spinosa, 
Osyris alba, Juniperus oxycedrus , Laurus nobilis, et beau- 
coup d'herbes annuelles ou vivaces de la flore méditerra- 
néenne, croissent aux environs de Fiume et de Trieste. 

Ilest à remarquer que les Juziperus macrocarpa, Quer- 
cus ægulops, Corylus colurna, Populus atheriensis, Salix 
babylonica, Arbutus andrachne, Æsculus hippocastanum 
Cerasus vulgaris et laurocerasus, Amygdalus commu- 
rs , Purica granatum , qui viennent spontanément dans 
la Grèce et l’Asie mineure, n’ont pas été trouvés à l’état sau- 
vage à l’ouest de l’Adriatique. 


La Sieile, l'Italie, et les provinces méditerranéennes 
de la France. 


Toutes les circonstances favorables au rapprochement des 
végétaux du midi et du nord se rencontrent en Sicile. Les 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. - ag 
gelées sont à peine cohnues dans les plaines ; les plus grands 
froids ne font descendre le mercure qu’à zéro; et.ces froids 
sont rares ét momentanés. En janvier et février la moyenne 
est + 10 à 1%%en mai 25 environ; en:jaoût la tem- 
pérature s'élève quelquefois Jusqu'à + 44°, ét quand le si- 
rocco vient à souffler, elle atteint et même dépasse 500. 
Palerme (lat. 380,6’), l’un des points les:plus septentrionaux 
de la côte, donne pour moyenne annuelle +- 16°,77; pour 
moyenne de l'hiver + 119,31 ; du printemps + 140,48 ; de 
l'été + 220,02; de l'automne + 189,07. | 

Le Sicilien cultive avec plas ou moins de succès, la Canne 
à sucre, le Bananier, lAnnonier, le Dattier, etc. Les propriétés 
sont environnées d’Agape americana, qui forme des haies 
impénétrables. A côté du Platane, des Peupliers, des Saules, 
croissent le Cactus opuntia, l'Oranger, le Citronnier, FO- 
vier ,le Myrte, le Laurier le Caroubier , le Grenadier ; ete.; 
FArbousier’et le Tamarix abondent sur les côtes. 

Lies dattes des environs de Girgente , situé sur la éôte mé 
ridionale, sont-très-bonnes ,; mais il est douteux qu'on en 
récolte de semblables aux environs de Palerme } où le Dat- 
tier se développe mal et reste chétif. 1 
“Dettoutes les montagnes de Sicile, la plus célèbre est l'Etnä, 
dont l'énorme masse volcanique s’élève à r6r8toises. A 64 
base, qui n’a pas moins de 20 lieues dé circuit | viennent tous 
les arbres fruitiers propres à la zone de transition ; au-delà est 
la région forestière. On dit qu’elle s’étendoit jusqu’à la cime 
il ÿ a deux ou trois siècles; il est certain qu'aujourd'hui elle 
s'arrête à une bienmoindre hauteur. Lestarbres qu'on y a 
observésisont' plusieurs ‘espèces. del Chênes: éntre autres le 


54.* 


420 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

Quercus robur, et le Hêtre, le Frêne ;, te Prunier, le Figuier, 
des Acacia , et enfin des Pins, des Sapins, des Bouleaux. Ces 
derniers ; qui forment la ceinture supérieure, sont peu nom- 
breux à l'exposition du sud et très-multipliés à celle du 
nord. Passé cette région , il n’y a que des herbes et des ar- 
bustes, parmi lesquels se distingue l’Æs/ragalus tragacan- 
tha. L’Etna n’a point de neiges permanentes, à moins qu’on 
ne regarde comme telles les amas de neiges logées dans des 
crevasses à l’abri du soleil, et qui résistent aux étés les plus 
chauds , au-dessus de 1440 toises. 

Les faits géologiques attestent que la Sicile n’a pas tou- 
jours été séparée du continent, et que les montagnes qui 
couvrent une grande partie de sa surface , ne sont que l’ex- 
trémité méridionale des Apennins. Cette chaîne, interrompue 
par le détroit de Messine, reparoît dans la Calabre; ses cimes 
les plus hautes sont dans le royaume de Naples. On remar- 
que en Calabre l’ Æpromonte de 800 toises, dans les Abruzzes 
le Monte-Amaro de 1350, la Majella de 1250, le Monte- 
Corno de 1600, et quelques autres pics moins considérables. 
La neige n’est permanente sur aucun sommet. Les Apennins 
ne sont revêtus d’une riche végétation que dans cette partie 
méridionale de l'Italie; le reste de la chaine est en général 
aride et stérile, 

La température de la Calabre, de la Basilicate et de. la 
Pouille est à peu près la mème que celle de la Sicile. Les 
chaleurs de l’été sont insupportables. L'hiver n’amène jamais 
deigelée. Un grand nombre de rivières et de ruisseaux qui 
descendent des montagnes, des rosées abondantes, un sol 
d’une prodigieuse fécondité , entretiennent presque toute 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 42x 


l’année, dans la majeure partie de ces contrées, une verdure 
fraiche et brillante. Les côtes, les plaines et les collines pro- 
duisent l’Olivier , le Térébinthe , le Lentisque, le Tamarix, 
l’'Arbousier , le Jujubier , le Myrte, le Laurier - rose, le 
Laurier d’'Apollon, le Caroubier, des Rhamnus, des Phyt- 
lirea, le Chamærops humilis , le Mürier, le Platane, le 
Frêne à manne, le Pin pignon , le Châtaignier, des Erables, 
des Saules, des Peupliers, etc. Dans les régions les plus 
chaudes, il y a des bois d’Orangers et de Citronniers: ceux 
des environs de Reggio sont célèbres. Les roches arides sont 
couvertes d'Agave et de Cactus. Au quinzième siècle la 
culture de la Canne à sucre , étoit en vigueur dans la Calabre 
et même sur les côtes du Samnium ; aujourd'hui on ne cul- 
tive plus que le Cotonnier. 

La partie des Apennins qui parcourt la Calabre est om- 
bragée depuis la base jusqu’au sommet d’épaisses forêts 
de Chènes et de Conifères, parmi lesquels on remarque notre 
Chène commun, le Liége, le faux Liége, le Cerris,V Æscu- 
lus; etc., VIF, le Laricio ; le Pin sylvestre, le Prnaster, le 
Sapin à feuilles dif , le Sapin commun, etc. : 

La plupart des végétaux qui croissent en Calabre , suivent 
la côté et garnissent le littoral du golfe de Naples et de 
Gaëte. L’Oranger et le Citronnier viennent aux environs. de 
Naples ; mais déjà le climat ne permet plus que la Canne 
à-sucre y réussisse. Les Français ont essayé inutilement de 
l’y naturaliser à l’époque où ils étoient les maîtres du pays. 

Il arrive quelquefois que la température marque — 2 à 30 
à Naples. La neige y est rare; cependant. il n’est pas sans 
exemple qu'on l’y ait vu tomber pendant, trois. ou quatre 


422 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


jours. Les chaleurs ordinaires sont ++ 22 à 250; les plus 
fortes chaleurs n'excèdent pas 320. Si j'en juge par l’état de 
la végétation, la moyenne annuelle ne doit pas être de plus 
d’un degré au-dessus de celle de Rome, c’est-à-dire qu’elle 
atteindroit à peine+-170. L'hiver commence dans les derniers 
jours de décembre; en février, les premières fleurs se déve- 
loppent; en mai on ressent déjà les chaleurs estivales. : 

Il s’en faut beaucoup que la température des provinces 
septentrionales du royaume soit aussi chaude que celle des 
provinces méridionales, et cela ne résulte pas moins de l’élé- 
vation subite de la chaîne des Apennins et de l'élargisse- 
ment de sa base, que de la hauteur des latitudes. L’Oranger 
et le Citronnier ne peuvent déjà plus supporter le climat du 
Samnium. ir il 

Les plaines des Abruzzes ont des hivers assez froids. Le 
thermomètre descend à 5 ou 6 degrés sous zéro. Des Chênes 
et'autres arbres forestiers, parmi lesquels‘les Conifères sont 
aussi rares qu'ils sont communs en Calabre, ombragent les 
pentes des montagnes, mais ils ne couronnent point leurs 
cimes. Le Pinus pumilio , celui de tous qui monte le plus 
haut, s'arrête à 700 toises ; au-dessus viennent des arbris- 
séaux, des arbustes, des herbes propres aux régions élevées 
que la fieige recouvre tous les hivers. 

M. Tenore, à qui je suis redevable de notes intéressantes 
sur la géographie botanique du royaume de Naples, observe 
que la végétation de la côte orientale a quelques traits de 
ressemblance avec celle de la Grèce et du Levant; que la 
végétation de la côte occidentale diffère très-peu de celle des 
régions australes de l'occident de l'Europe; et que près des 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 423 
deux tiers des espèces qui composent la flore napolitaine 
figurent dans la flore atlantique. Cette dernière remarque 
convient également à la végétation des côtes méditerranéennes 
de la France et de l'Espagne. 

- L’Olivier et les autres végétaux qui lui servent de cortége 
suivent le littoral, d’un côté, jusqu’à Rimini, où ils sont 
arrêtés moins peut-être par la température que par des ma- 
rais saumâtres, et de l’autre , jusqu'aux bases orientales des 
Pyrénées. 

Dans l'intérieur de l'Italie l'Olivier se montre encore au- 
près de Padoue (lat. 450,24"); et, dans des stations abritées, 
au voisinage des lacs de Garde et de Côme(lat. 45° — 460), 
ce qui ne permet guère de douter que ces localités n’aient 
pour le moins une température annuelle de + 140. 

À Vérone (lat. 450 26), à l’est et à peu de distance du lac de 
Garde, l’Olivier ne vient plus, mais on y voit selon Seguieri, 
les Prstacia terebinthus, Ziziphus vulgaris, Punica grana- 
tum,Celtis australis, Ostya vulgaris, Diospyros lotus , etc. 

L’étroite lisière du territoire de Gênes, bornée au sud par 
la Méditerranée et au nord par le rideau des Apennins, jouit 
du privilège de nourrir l’Oranger, le Citronnier, le CAa- 
mærops , le Dattier, jusque sous le 440,30 de lat. envi- 
ron. De ces quatre arbres, un seul, l’Oranger, est cultivé dans 
quelques expositions chaudes du midi de la Provence, et il 
ne sy maintient que difficilement. L’Olivier s'arrête à peu 
de distance des limites méridionales des départemens de la 
Drôme et des Hautes-Alpes; le Pinus halepensis forme 
de petites forêts aux environs d'Antibes, comme aux environs 
d'Alger. 


424 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


A partir du littoral de la France jusqu’à la ligne d’arrèt 
de l’Olivier, et quelquefois au-delà, on retrouve beaucoup 
de végétaux de la zone de transition qui habitent la Grèce 
et l'Italie, et qui viennent également dans la Péninsule Hispa- 
nique. Les principales espèces ligneuses sont les suivantes : 
Pinus pinaster — pinea, Juniperus phœnicea — oxyce- 
drus, Quercus ilex — suber — coccifera, Celtis australs, 
Ficus carica, Osyris alba, Laurus nobils, Fraxinus 
ornus , Phyllirea latifolla — angustifola, Jasminum 
fruticans, Vitex agnus castus, Nerium oleander , Dios- 
pyros lotus, Styrax officinale, Arbutus unedo, Vibur- 
num tinus, Tamarix gallica — africana, Myrtus com- 
mmuris , Punica granatum, Pluladelphus coronarius , Cra- 
tægus azarolus, Mespilus pyracantha, Ceratonia siliqua, 
Cercis siliquastrum, Rhus cotinus — coriaria , Pistacia 
lentiscus — terebinthus — vera, Rhamnus alaternus — 
oleoïdes — infectoria, Ziziphus vulgaris, Paliurus aus- 
tralis, Capparis spinosa, Melia azedarach , Acer mons- 
pessulanum , etc. 


La Péninsule Hispanique. 


À l'exception de la partie septentrionale de l'Espagne qui 
forme le littoral du golfe de Gascogne, et qui appartient à la 
zone tempérée , toute la Péninsule rentre dans la zone de 
transition. 

A l’est, Valencé et Murcie, au sud l’Andaiousie et les 
Algarves , à l’ouest l’Alentejo et le midi de l'Estramadure, 
rappellent la végétation riche et variée des contrées fer- 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 425 


tiles de la Syrie. Sans doute latempérature est moins élevée, 
mais elle est encore assez chaude et assez constante pour favo- 
riser le développement d’une multitude d’espècesdes tropiques. 
Dans l’Andalousie, les gelées sont inconnues; et la neige, si 
jamais il en tombe, se fond à l'instant mêmeotelletouche le sol. 

L’£Erithrina corallodendron , le Schinus molle, le Phy- 
tolacca dioïica de l'Amérique méridionale, le Bananier sont 
communs au sud du Guadalquivir. Autour des habitations 
champêtres le Dattier, l'Oranger , le Citronnier , Olivier , 
le Grenadier , le Figuier , le Müûrier , viennent presque aussi 
facilement que sur leur sol natal. Partout des haies formi- 
dables de Cactus opuntia et d Agave americana défendent 
les propriétés. Avant l'expulsion des Maures , la Canne à sucre, 
cultivée en grand, donnoit des produits considérables. De 
nos jour$, à l’époque de la domination des Français, on a 
vu réussir à Saz-Lucar, dans un jardin d’acclimatation, le 
Cafier, l'Indigotier , le Gommier. De vastes espaces laissés 
en friche par une population ignorante et paresseuse, sont 
envahis par le Chamcærops humilis. 

Cette végétation, en partie exotique , suit les côtes à l’est 
et à l’ouest. Elle étale tout son luxe dans le délicieux pays 
de Valence, où la savante agriculture des Maures n’a pas 
cessé d’être en honneur. Avec les espèces que je viens..de 
nommer, croissent l’Æ#/oë perfoliata, le: Yucca aloïfolia, le 
Cassia tomentosa, Ve Melia azedarach, plusieurs Mimosa 
et Annona, etc. La récolte des dattes est. très-abondante 
aux environs d’Alicante: Le Dattier y vient en grandes plan- 
tations, et acquiert souvent 120 pieds de haut. Cet arbre croit 
encore près de la côte orientale jusqu’au 40e degré, et peut- 


Mémm. du Muséum. t. 14. 55 


426 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


être au-delà. L’4gape abonde aux environs de Taragone 
par 410 5". L’Olivier gagne le littoral de la France. 

Dans son ensemble , la végétation du versant oriental de 
la Péninsule diffère peu de celle des autres côtes méditerra- 
néennes. La côte océanique qui forme le versant occidental 
est moins chaude, selon M. Bory de Saint-Vincent , que les 
stations correspondantes de la côte orientale : ainsi les végé- 
taux du midi ne doivent pas remonter aussi avant vers le 
nord. Quoi qu’il en soit, le Dattier, le Citronnier, l'Oranger 
abondent dans les Algarves et l’Alentejo.L'Oranger est encore 
très-commun aux environs d'Oporto, par 41°; sans doute 
l'Olivier ne s'arrête pas au-dessous du 42e degré. Quant à 
la végétation considérée dans son ensemble, elle a peut-être 
plus detraits communs avec celle des îles atlantiques qu’a- 
vec celle des côtes méditerranéennes. J’ajouterai qu'un assez 
grand nombre d'espèces américaines , dont selon toute ap- 
parence les graines auront été transportées accidentellement 
dans des ballots de marchandises , se sont mêlées et confon- 
dues avec les espèces indigènes. 

Les végétaux les plus communs des plaines et des coteaux 
incultes sont les Quercus suber, [lex et coccifera, le Ju- 
niperus sabina , le Celtis australis, le Laurus nobilis, les 
Pistacia terebinthus et lentiscus , le Myrtus communis, 
les Phyllirea media et angustifolia , le Paliurus australis , 
lé Rhamnus alaternus, et plusieurs autres espèces du même 
genre, le #’zhburnum tinus , V’'Arbutus unedo ; le Capparis 
spinosa, V'Osyris alba, les Jasminum officinale et fruticans, 
et: un grand nombre de Cistes :et autres arbrisseaux et ar- 
bustes à feuilles’ pérsistantes et, coriaces. Des plainesimmenses. 


GÉOGRAPHIE BOTANTQUE. hs+ 
sont couvertes de. Lygeum spartum. Les eaux courantès 
sont bordées de Nertum oleander ; de Bupleururn: spino- 
sum, ete. 

Aucune contrée de l'Europe n'est plus triste. que Kinté- 
rieur de la Péninsule. La plupart des forêts sont tombées 
sous la hache, et le sol dépouillé est resté sans culture. Des 
chaines de montagnes se déploient dans toutes les directions. 
Entre elles s'étendent des parameras, plateaux plus ou moïns 
élevés, souvent aussi nus que les steppes de ‘la Sibérie. 
M, Bory estime à trois cents ou trois cent cinquante toises 
l'élévation du paramera qui fait le partage des eaux entre 
les afflaens du Duero et de la Pinserga et du cours supérieur 
de l'Ebre. Du fond des vallées que ces fleuvés parcourent; 
le voyageur se croit dans une contrée tout hérissée de 
montagnes; mais s’il monte sur les crêtes, son erreur se 
dissipe : il n’aperçoit au loin qu’une plaine immense et 
monotone. 

Les forêts qui ont échappé à la destruction sont formées 
en grande partie de Chênes verts; on y remarque, outre les 
espèces que j'ai déjà nommées, les Quercus ballota, œgi 
lopifolia, faginea, prasina, crenata , rotundifolia, humi: 
ls, etc., Ge dernier ne s'élève guère à plus de six pouces. 
Ontrouve encore dans les vallées et sur les montagnes le TiZa 
europæa (platiphyllos?), le Fagus sylatica; le Castanea 
vesca, le Taxus baccata, le Pinus sylvestris, le Fraxinus 
ornus, etc. L'arbre forestier le plus commun des plaines de 
la zone tempérée , le Quercus robur , croît sur le’ versant 
méridional des Pyrénées. Bowles assüre qu’il vient aussi dans 
d’autres parties de la Péninsule, ce qui me paroît d'autant 

Ge 


428 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


plus probable, que mon respectable et savant ami M. Desfon- 
taines en a constaté la présence dans la chaine de l'Atlas. 

Remarques sur la Flore de l’Europe australe et de 

de fr l'Orient. 

. 

La végétation des iles de la Méditerranée est semblable à 
celle de la terre ferme. Quelques espèces peu importantes de 
plus ou de moins ne constituent pas une différence qui 
mérite d’être notée dans un travail général sur la géographie 
botanique, et je craindrois de fatiguer le’ lecteur en repro- 
duisant sans cesse les mêmes faits. Peut-être ai-je déja mé- 
rité ce reproche. Je me hâte de terminer ce que j'ai à dire 
sur la portion occidentale de la zone de transition tempérée 
par quelques considérations générales sur la végétation de 
l'Europe australe , de la Turquie d’Asie, de la Perse et des 
régions Caucasiennes. 

En rassemblant tout ce que nous connaissons de ces con- 
trées , nous trouvons à peu près 7300 espèces, dont 6000 
environ, où les +, n'ont pas été observées dans l'Afrique sep- 
tentrionale. Mais il est à propos de remarquer que cette 
masse contient au moins 2000 plantes de montagnes, les- 
quélles ne descendent jamais en plaine. 

En comparant la végétation de l’Europe australe à celle 
dela Turquie d’Asie, de la Perse et du Caucase , on trouve 
que , sur les 7300 espèces ; 2000 environ sont communes à 
l'Europe ét à l'Orient ; que 3800 appartiennent exclusivement 
à l’Europe; et 1500: à l'Orient; d’où il faudroit conéluré, si 
ce. comptététoit ‘définitif, que l'Europe australe, malgré le 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 429 
peu d’éteudue des pays qui en font partie, possède 2300 es- 
pèces de plus que les vastes terres de la Turquie d’Asie, de la 
Perse et du Caucase: en sorte que la proportion seroit 
comme 1 +5 à 1; mais ces chiffres indiquent la limite ac- 
tuelle de nos connoissances , et non l’état réel des choses. 
Nous savons assez bien la flore de l'Europe ; nous n’avons 
” que des notions très-incomplètes sur celle de l'Orient. 

Dans les 7300 espèces, les herbacées vivaces sont aux 
annuelles et bisannuelles comme 5 à 3 environ, ou plus 
exactement comme 1 À 
celle de 7 à 9 que donnent les vivaces comparées aux 
annuelles et: bisannuelles dans l'Afrique septentrionale. Ici 
les annuelles et bisannuelles sont plus nombreuses que les 
vivaces ; là au contraire les vivaces dominent, Cette différence 
notable résulte de deux causes: la première, c’est que la 
partie septentrionale de la zonede transition tempérée est hé- 
rissée de hautes montagnes;la seconde, c’est qu’elle est située 
sous des latitudes plus élevées. On ne doit pas perdre de vue 
que le rapport des vivaces aux annuelles et bisannuelles 
croit de la base au sommet des montagnes et de l'équateur 
au pôle. Pour ne pas confondre les résultats de ces deux phé- 
nomènes correspondans, il convient de distinguer la végéta- 
tion des plaines de celle des montagnes. En prenant en bloc 
toutes les plantes herbacées observées en Grèce, je vois que 
les vivaces sont aux annuelles et bisannuelles dans la propor- 
tion de 1 # à 1, ou à peu près de 11 à 8; mais si je soustrais 
de la masse les espèces propres aux montagnes, et que je ne 
considère que les herbes des plaines, j’obtiens la proportion 
de 7 à 8. Les espèces herbacées des campagnes de Rome, 


à 1, proportion très-différente de 


430 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


abstraction faite des espèces des Apennins, me donnent la 
proportion de 4 à 5. Les espèces herbacées des plaines de la 
partie de la France australe qui appartient à la région de l'O: 
livier, m'offrent, à très peu près, autant d'herbes vivaces que 
d'herbes annuelles et bisannuelles. Et si je quitte la zone de 
transition pour la zone tempérée, je trouve que le nombre 
des espèces vivaces l'emporte sur celui des autres espèces 
herbacées. Aux environs de Paris ou de Berlin, je compte à 
peu près deux espèces vivaces pour une annuelle où bisan- 
nuelle. Paris et Berlin sont d’excellens exemples à citer, parce 
que la supériorité du nombre des espèces vivaces sur celui 
des annuelles et bisannuelles, ne peut y être imputée qu’à 
l'élévation des latitudes, puisque les deux localités sont dé- 
pourvues de montagnes. 

Les végétaux ligneux, arbres, arbrisseaux et arbustes 
de l'Europe australe, de la Turquie d'Asie, de la Perse et des 
provinces Caucasiennes, sont aux herbacées de ces contrées 
dans la proportion der à 6. J'ai obtenu la même proportion 
pour l'Afrique septentrionale. ; 

Les arbres sont au nombre de 220 à 240. Ils appartiennent 
à 24 familles, et sont distribués ainsi qu’il suit : Palmiers 2, 
Conifères 23 à 25 , Amentacées 60 à. 65, Ulmacées 4, Urti- 
cées 7 ou 8, Eléagnées 3, Laurinées 1, Verbénacées 1, Jas- 
minées 6 à 10, Ericinées 2 , Ebénacées 1, Styracinées 1 , Apo- 
cynées 1, Caprifoliacées 6 à 8, Portulacées (Tamariscinées) 4 
on 5, Myrtées 2, Rosacées 40 à 45, Légumineuses 4 ou 5, 
TFérébinthacées 10 à 12, Rhamnées 14 à 16, Acérinées 9 
ou 10, Méliacées 1, Aurantiacées 2, Tiliacées 3. 

‘En comparant toute la flore méditerranéenne à la flore 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 431 


de l’Europe moyenne et des contrées de l'Asie tempérée 
voisines de la Caspienne, je trouve que sur les 7300 espèces 
que possède la première, 5ooo au moins manquent à la se- 
conde. É 

Il est temps que je parle de l'Asie orientale ; et quoique 
je ne puisse séparer de la zone équatoriale la partie de V'Hi- 
malaya_ qui confine à l’Indoustan , et de la zone tempérée 
le grand plateau du Thibet, il me semble qu’une courte notice 
sur ces contrées ne paroîtra point déplacée ici. J’exposerai 
“ensuite mes conjectures sur les limites de la zone de tran- 
sion en Chine, et je terminerai par quelques considérations 
sur la flore du Japon. 


L’Himalaya et la lisière méridionale du T'hibet. 


La chaîne de l'Himalaya, immense barrière élevée entre 
les peuples , les animaux , les végétaux et les climats de l’Inde 
et de l’Asie septentrionale, commence à l’est, non loin du 
fleuve Bramapouter, par 280, et se prolonge dans une direc- 
tion nord-ouest jusqu’à l'Indus, par 35°. Au midi elle s’é- 
lève brusquement des plaines du Népaul; au nord elle s’a- 
‘dosse au plateau du Thibet. Les plus hautes montagnes con- 
nues appartiennent à cette chaine; elles sont situées entre le 
28e et le 32e parallèles. M. Colebrook a déduit des observa- 
tions du capitaine Blake les hauteurs suivantes : Pic du Chan- 
dragiri, 34rotoises (21,935 p. anglais); du Swelagar, 3932 toises. 
(25;261p. a. );du Dawalagiri, 4361 toises (28,015 p-a.):ce 
dernier pic dépasse donc le Chimborazo de 1003 toises. M. de 
Humboldt estime que la bauteur moyenne de la crête est de: 


432 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


2450 toises. La limite des neiges perpétuelles se soutient, se- 
lon Fraser, entre 2330 et 2500 toises; élévation surprenante 
à une distance de 5 à 9 degrés du tropique, mais -que l’on 
peut expliquer par la conformation particulière du sol de l’A- 
sie. Tandis que de grands rideaux de montagnes, déployés 
presque parallèlement à l'équateur, et disposés par échelons 
entre la Sibérie septentrionale et le Népaul, ralentissent , 
rompent, arrêtent les torrens d’air froid qui descendent des 
contrées hyperboréennes, les courans ascendans de l’air chaud 
des vastes plaines de l’Indoustan, glissant contre les pentes 
de l'Himalaya, gagnent les régions supérieures, sans mélange 
ni contact avec l’atmosphère du nord: de là vient sans doute 
que l'Himalaya rentre dans la zone équatoriale par son cli- 
mat et sa végétation. 

Les basses plaines du Népaul et du Boutan ont une végé- 
tation qui diffère à peine de celle de l’Indoustan. Une cha- 
leur et une humidité constantes y entretiennent la verdure 
pepdant toute l’année ; les terres cultivées nourrissent à la fois 
le Manguier, l’'Oranger, le Grenadier, le Pêcher, le Pom- 
mier, le Poirier , le Noyer, le Bananier, le Bambou, etc. 
L’ÆErithrina monosperma et le Bombax heptaphyllum sont 


les arbres les plus communs dans les lieux incultes. Les forêts 


des gradins inférieurs de l'Himalaya sont composées partieu- 
lièrement de SAoræa robusta, mêlés de Dalbergia, de Ce- 
drela, ete Entre 300 et 400 toises, on voit paroiître le Pinus 
longifolia et le Minosa catechu, À cette hauteur, par 270 
17! de lat., Hamilton estime la moyenne température an- 
nuelle + 259,35 d’après la température d’une source à Bich- 
hakor. 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 433 
” A mesure que le sol s’exhausse, les espèces des plaines de 
lIndoustan deviennent plus rares, èt des espèces propres! aux 
montagnes s'emparent des stations. La végétation reçoit in- 
sensiblement l'empreinte générique des productions des con- 
trées du nord, sans cesser d'offrir un grand nombre de types 
spécifiques étrangers à nos contrées. On cultive encore lA- 
nanas, la Canne à sucre, le Bambou, le riz dans les vallées 
élevées de 500 à 700 toises , mais quand elles atteignent 800 
à 1000 toises, on ne cultive plus que lorge, le blé ; le mil- 
let et'autres grains des zones septentrionales.'Les arbres vul- 
gaires sont des Michelia , des Gordonia, des Sapins, des 
Pins, des Podocarpus, des Châtaigniers, des Chênes, des 
Noyers, des Lauriers, des Zlex, etc. 

Jamais il ne neige et ne gèle au Boutan, si ce n’est sur'les 
hautes montagnes; mais à Kathmandou (lat. 590 41"), capi- 
tale du Népaul, élevée de 644 toises environ, il tombe de 
la neige tous les hivers. Hamilton évalue + 16 à 17° la 
moyenne température annuelle de cette ville. La moyenne 
de juin, mois le plus chaud, fut, en 1802 ,-+ 23,4; le maxi- 
mum , + 30°; le minimum, + 189,3. La moyenne de janvier, 
mois le plus froid, fut, en 1803, 8°,9; le naximum,+150; 
le minimurn,— 00,5. À unèé élévation de 6 à 700 toises la 
moyenne température annuelle du mont Blanc n’excède 
peut-être pas + 40. 

Dans la partie de l'Himalaya qui fait face à l’Indoustan, et 
sur la frontière méridionale du Thibet, les Pins, les Sapins, 
les Genèvriers , le Salx tetrasperma , les Bouleaux , etc., 
parviennent à de grandes hauteurs, quand ils ne sont pas ar- 
rêtés par la stérilité du sol; ‘ou par d’affreux escarpemens, 


Mém. du Muséum. 1. 14. 56 


434 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


ou par les envahissemens des neiges. À 1900 ou 2000 toises, 
sur les crêtes qui dominent les voûtes de glaces éternelles 
d’où s’échappent les sources du Gange; le capitaine Hodgson 
remarqua un arbre de la famille des Conifères, dont les bran- 
ches aussi grosses que la jambé rampent sur le sol. Cet arbre, 
qu'il prend pour une espèce de Pin, et que les Hindous 
nomment Chandan , n’est peut-être que l’Æbies dumosa de 
Don, lequel représente, dans les hautes stations de l'Hima<" 
laya , le Pinus purmnilio de nos montagnes. Hodgson retrouva 
le Chandan entre 31° et 320 de lat., sur le pic du Chour et 
sur les montagnes neigeuses du Kounawur qui dépendent du 
Thibet. Dans cette contrée , sur une passe élevée de 2350 
toises, A. et P. Gérard observèrent le 2 octobre, sous une 
tente, le thermomètre à+ 10° à midi, à zéro à quatre heures, 
à— 40,4 à sept heures du soir, et le lendemain matin à — 
80,3 au lever du soleil, température qui ne semblera pas 
très-basse , si l’on considère la saison , la hauteur et la lati- 
tude. La Vigne, favorisée par l'exposition , donne des raisins 
délicieux à 1800 toises environ (8000 à 12,000 p. anglais). 
Il seroit difficile de ne pas reconnoître ici l’effet immédiat du 
rayonnement solaire d'autant plus efficace , que la couche 
d’air traversée par les rayons est moins épaisse et plus raré- 
fiée. Les derniers villages , les derniers champs cultivés, sont 
à 2000 toises; c’est aussi la limite ordinaire des grandes fo- 
rêts de Pins. Je n’ai pas besoin de dire qu’à cette hauteur les 
récoltes paient bien faiblement les soins du cultivateur : elles 
se composent de quelques céréales, de sarazin, de bette- 


raves, etc 
De 2000 à 2200 toïises, on voit encore des bouquets de 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 435 
Pins, de Bouleaux, de Groseillers, de RAododendrum , de 
 Vaccinium, etc. Viennent ensuite les petites phanérogames 
ligneusés ou herbacées propres aux régions glaciales, puis les 
Mousses et les Lichens qui touchent aux neiges permanentes. 
Une Campanule en fruit a été recueillie à 2550 toises envi- 
ron, dans la passé de Chalul, au-delà de la crête méridionale 
de l'Himalaya; ét, s’il faut en croire le narrateur, quelques 
espèces végètent à‘ une hauteur beaucoup plus considérable. 
Quoi qu’il en soit, les derniers vestiges de la végétation expi- 
rante, différent à peine de la végétation des hauts sommets 
des Andes, du Cautase, des Carpathes, des Alpes, des Pyré- 
nées, etc. , et de celle des contrées hyperboréennes et des 
terres antarctiques séparées de la Patagonie par le détroit 
de Magellan. Les grandes florés naturelles, quelque forte- 
ment prononcés que soient les’caractères qui les séparent les 
unes des autres , quand, sous l'influence des climats les plus 
favorables, elles étalent toute la richesse et la variété de leurs 
formes, se réduisent insensiblement, par l’effet de la diminu- 
tion progressive de la température annuelle, à un petit nom- 
bre de familles et de genres dont les types spécifiques sont 
partout, sinon semblables, du moins si-peu différens, que 
souvent les botanistes eux-mêmes sont tentés de les con- 
fondre. 

:L’aspect de la lisière méridionale du Thibet est triste et 
sauvage. De hautes plaines bornées de tous côtés par des 
chaines de montagnes surmontées d'énormes:picsique cou- 
ronnent des neiges permanentes, n’offrent souvent à l’œil du 
voyageur que des sables! arides et des terres que le mélange 
de sels gemmes ou de‘substances métalliques condamnent à 

56 * 


436 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 
une stérilité presque absolue. Là, point de grands végétaux; 
quelquefois seulement des herbes et des arbrisseaux dont la 
petitesse et la maigreur attestent l’état de souffrance et.de dé- 
nuement. Toutefois il.y a des cantons dont le terroir est d’une 
meilleure qualité; la Nature les couvre de forèts et de pâtu- 
rages, ou bien l’homme les soumet à la culture. Les hivers 
sont longs et rudes; durant trois mois entiers, les neiges 
ferment toute issue aux habitans confinés dans leurs villages. 
Les étés sont brülans; le flanc des montagnes, frappé par les 
rayons solaires, renvoie dans l'atmosphère une chaleur exces- 
sive. Dans les vallées les moins élevées, et qui ont cependant 
14 à 1500 toises de hauteur (09350 pieds anglais), telles 
que celle que forment à l’ouest l'Himalaya et la chaîne des 
monts Cailas, on cultive le riz, le froment, l'orge, le pa- 
vot, le Mürier. Il y a aussi de! grands vignobles, dont les 
raisins rivalisent, par la grosseur et le goût, avec ceux du 
Caboulistan. L’Abricotier, le Noyer, le Pommier viennent 
en forêts. 10 
Îl existe sans doute des différences notables entre le climat 
de la partie occidentale et celui de la partie orientale du Thi- 
bet. Cette dernière, moins élevée et plus voisine du tropique, 
a, comme la zone équatoriale, ses époques de sécheresse etde 
pluie, et il est probable que la température hivernale y est 
généralement moins basse que dans le Kounawur, quoique 
déjà les froids y soïent très-vifs. | 


Les Alpes du Thibet, de mème que celles du Népaulet du 


Boutan, produisent des Pins, des Sapins; des Genèvriers; des 
Chènes,des Coudriers, des Aulnes, des Saules ; des Bouleaux;, 
des Erables, des Æsculus , des Frènes, des Z/ex , des Gro- 


GÉOGRAPHIE, BOTANIQUE. 437 
seilliers , nr Rer des hernie des Vaccti- 


res tue à (Mir COMRAHOG Jos 


, î 


LÉ Himalaya et le Thibet me conduisent j jusqu’à la frontière 
occidentale de la Chine. ; oùje vaisretrouver la zone dei tran 
sition. Mais, quels renseignemens positifs donner sur la végé- 
tation d’une contrée que, les mœurs immuables ou, si ose 
dire, l'espèce di instinct de la race d’ hommes | qui RATE SUP 
isolent du reste du monde, bien mieux que ne le feroient des 
mers immenses » des déserts affreux, des montagnes plus 


hautes et plus à âpres que la chaîne de r ‘Himalaya? 


a 


‘La ha vi diesel 


La Chine, située entre le 20e et le 43e degrés de latitude, 
sous les ibrits dl les plus orientales de l'Ancien Monde, 
a une température qui semblera très-basse en comparaison 
de celle des contrées occidentales correspondantes que 
baigne l'Océan atlantique. D'après cela, et en ayant ‘égard 
aux notes relatives à la végétation de la Chine, dispersées 
dans les relations de quelques voyageurs, j'admettrai que la 
flore équatoriale de ces contrées ne se: porte pas au-delà du 
27e parallèle , même dans les expositions les plus favorables. 
Si cette hypothèse est fondée, la chaîne des. monts Milins, 
qui court de l’ouest à l’est dans une longueur de plus de 360 
lieues, puis se dirige brusquement vers le nord-est à peu de 
distancé dé la mer, et sépare du! reste de l'empire les pro- 
vinces mévidioliunes de Yun-nan, Koañg-si, Canton et la 
provinée orieñtaleide Fo-kien, marque le terme de la zone 
équatoriale et le commencement de la zorie de transition. 


438 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

: Lesobservationsthermométriques faites par Raper à Canton, 
donnent pour moyenne de l’année 17964<+ 24, pourmoyenne 
d'août + 300,11, pour moyenne de janvier, mois le plus 
froid, —+ 159,8. En août, le r7aximum fut + 310,6, et le 
minimum + 26°, 6. En janvier le maximum fut + 19p, et le 
minimum + 10°,5. M. de Humboldt, d’après des autorités 
qui me sont inconnues, réduit la moyenne de Canton à 
+ 220,9. Il observe que quelquefois le thermomètre tombe 
jusqu’à zéro, et que, par l'effet du rayonnement, il se forme 
de la glace sur les terrasses des maisons. Cette dernière asser- 
tion vient à l’appui de ce que je lis dans les voyages de lord 
Mackartney et de Krusenstern. L'ambassade anglaise arrivant 
à Canton en décembre 1793, n’y trouva pas superflu l’usage 
du, feu de cheminées, et treize années après, en décembre, 
Krusenstern vit vendre de la glace dans les rues. Ces froids 
sont instantanés ; ils n'empêchent pas que la végétation ne 
soit tout Étnbedules 

Parmi les familles les plus remarquables des provinces méri- 
dionales, je citerailes Palmiers, les Laurinées, les Capparidées, 
lés Menispermées, les Malvacées, les Bombacées, les Camel- 
liacées, les Ternstromiacées, les Aurantiacées, les Sapindacées, 
les Magnoliacées, les Térébinthacées, les Rhamnées, les Légu- 
mineuses, les Myrthées, etc. Le cultivateur fait croître àcoté du 
Bananier, du Goyavier,de l’Oranger, du Papayer, du Cocotier, 
du Litchi, du Thé, de la Canne à sucre, le Pêcher, l’Abricotier, 
la Vigne, le Grenadier,le Châtaignier; mais ces derniers végé- 
taux donnent rarement de bons fruits. Ce mélange des arbres 
de l'Inde et de ceux de l'Asie mineure reparoît sur les côtes 
occidentales de l'ile Formose, entre 220,8’ et 250,20'delatitude, 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 439 
- La plupart des. végétaux! de la zone équatoriale ne fran- 
chissent pas les monts Milins. Le revers septentrional de ces 
montâägues ;. tantôt rocailleux et stérile, tantôt ombragé par 
dé grandes forêts de Chênes, de Charmes, de Peupliers, s subit 
de:longs et rudes hivers, durant lesquels le sol des vallées 
est. enseveli sous, la neige. Entre les monts Milins ( lat. 25 à 
270 ),et le fleuve Jaune ( lat: 350 );la végétation présente tous 
les caractères de Ja zone de transition: Les différentes espèces 
d'Orangers,; de Citronniers, le Thé, la Canne à sucre, le Riz, 
le Grenadier, les Müriers blanc etrnoir, la Vigne, le Noyer, 
le Chôtaignier, le Pêcher, l’Abricotier, le Figuier sont cul- 
tivés sur le même sol, mais on n’y trouve plus les Palmiers, 
le Bananier , le Goyavier ; le Papayer , ni aucune autre espèce 
qui demande la chaleur soutenue des contrées, équatoriales. 
Les campagnes produisent une espèce de Bambusa, le PAyl- 
lanthus niurt, le Melia azedarach, le Sullingia sebi- 
fer, qui donne.une sorte deicire avec laquelleles Chinois fa- 
briquent des bougies, le T'hea chinensis, plusieurs Camellia, 
entre autres le Sesarqua, dont on extrait une huile bien in- 
férieure à celle de ? Olea europæaqui est inconnue en Chine, 
l’Olea fragrans , le Sophora japonica, le Sterculia plata- 
nifolia, \ Aylantus glandulosa, le Vitex incisa, des Cle- 
rodendrum ; des. Mimosa, des, Nerium, des Rhamnus, 
l'Æsculus hippocastanum , V’ Abies, orientalis, le Fes 
massoniana , peut-être les Pinus longifolia et pirea(1), 
des Juniperus , des Cupressus, le Cunninghamia sinensis, 


(1) Staunton dit.que la Chine produit une espèce de Pin dont les cones très-gros 
contiennent des graines « dont les Chinois mangent l'amande ayec plaisir. 1l se pour- 
roit que le Pin en question füt le Pinus pinea. 


44o GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


le Podocarpus ‘macrophy la, le Thuya lois des 
. Saules, etc. 

Sur les bords enchanteurs du Yang=tsé-kiäang où flenve 
Bleu et des rivières méridionales qui grossissent ses eaux; le 
Camphrier, le Séllingia sebifera, lé Châtaignier, le Bam- 
bou, cé géant des Graminées, croissent à côté des Pins; des 
Thuya, des Cyprès, dont la couleur sombre et l’aspect uni- 
forme contrastent avec la végétation riche, brillante et variée 
qui les environne. Le Nelumbo étale ses fleurs superbes à la 
surface du fleuve. Le Bambou forme des forêts dans le Tché- 
kiang (lat. 290 30! — 300). Il suit avec le Pin la lisière des 
routes du Kiang-si (lat. 24°— 500), et du Kiang-nan (lat. 250 
— 30°). Toute la zone abonde en Conifères. Les montagnes 
sont garnies de Pins, ou du moins de grands arbres qui ont 
une telle affinité avec eux qu’ils n’appartient qu'aux botanistes 
d’en marquer la différence. Dans le Kiang-si, des col!ines en- 
tières sont couvertes de Camellia sesanqua. Celles qui en- 
tourent la ville de Thong-kiang (lat. 29° ) sont couronnées 
d’'Orangers. Cet arbre, avec le Citronnier, vient encore à 
Koué-té-fou (lat. 34°,30' ), sur la rive droite du fleuve 
Jaune. Le Thea sinensis croît partout dans les haies. Staun- 
ton, rédacteur du voyage de lord Mackartney, asssigne le 
30e degré pour ligne d’arrèt septentrionale de cet arbrisseau'; 
il se trompe, le T’hea remonte plus haut. On en récolte la 
feuille à Tchang-tchou-fou, sous le 32e degré, et si Linné a 
été bien informé, on la récolte même à Pékin (1), ce qui ne 


(1) Thea a Canton ad Pechinum usque in China reperitur, quod mirandum. 
Urbs Pechini æquali a polo longitudine distat ac Roma, regiones vero orientales 
europæis nostris longe sunt frigidiores , adeo ut observationes Pechini institutæ 


N 
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 44r 
paroit pas impossible) quoiqueje n’en aie trouvé nulle part 
la confirmation, puisque Kaempfer assure que le T'hea bohéa 
croît aux environs d’Iedo, dans l’île japonaise de Niphon, où 
la température hivernale doit être très-basse. En teriant pour 
certain le fait avancé par Linné, jy verrais une ‘nouvelle 
preuve de ce que peuvent les chaleurs estivales contre l’in- 
fluence de l'hiver. Je ne puis suivre la Canne à sucre que 
jusqu’au 29€ ou 30e degré: c’est dans le Sé-tchuen, province 
occidentale bornée par les montagnes du Thibet, et 'proba- 
blement plus froide que les provinces maritimes sous la même 
latitude; ce qui me porte à croire que la Canne à sucre est 
cultivée plus au nord dans le Tché-kiang et le Kiang-nan. 
En Chine, à des latitudes très-basses, l'hiver, avec ses carac- 
tères septentrionaux; commence à marquer sa présence dans le 
cours des saisons. Sous le 30e degré, au voisinage du port Hing- 
pé; le Séullingiasebifera perdses feuilles au mois denovembre. 
Un degré et demi plus au nord, lile Tsong-ming, à l’em- 
bouchure du fleuve Bleu, a ur hiver d’une douzaine de jours, 
pendant lesquels il tombe de la neige qui, à la vérité, se fond 
aux premiers rayons du soleil. Le P. Bouvet, témoin ocü- 
laire, rapporte que, le 17 février 1688, à 25 lieues de la mer, 
par 34°, il tomboit de la neïge, et que le Hoang-ho, ou fleuve 
Jaune, étoit obstrué-par des glaces: peut-être ces glaces 
avoient-elles été apportées du haut pays par les eaux. Quoi 
qu'il en soit, rien ne paroît plus certain que dans le Pé-tché- 
li, qui ne s'étend pas au-delà du 42e degré, mais qui s'élève 


frigus ibidem multo acerbius ac Stockholmiæ esse contendant. Amœæn. Acad.,t: 8, 
p- 237. 
Mém. du Muséum. 1. 14. 57 


442 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 
insensiblement depuis le Hoang-ho et la mer Jaune jusqu’à la 
grande muraille, les rivières sont gelées de la fin de novembre 
à la mi-mars, et qu’à Pékin ( lat 390, 54/ ) dont la moyenne 
température m'est que + 12°,7, les hivers sont très-rudes ; 
cependant le Laurier-rose, le Vztex negundo et le Nelumbo, 
croissent en plein air dans les environs. 

Les faits que je viens d'exposer me déterminent à prendre 
le fleuve Jaune et la rivière Hoeï-ho pour ligne de séparation 
de la zone de transition et de la zone tempérée. 

Le Japon. 
1 

Demême que la Chine, le Japon subit l'influence du climat 
oriental. Sa température est beaucoup plus basse que celle 
de Maroc, de Madère, et de la Péninsule Hispanique, situés 
sous les mêmes parallèles. Lesiles Kiusiu et Sikokf et la partie 
méridionale de l'île Niphon , terminent à l’orient la zone de 
transition. Ces îles sont coupées par des montagnes, dont 
plusieurs atteignent à une grande hauteur. Les étés sont très- 
chauds, mais en hiver la température baisse sensiblement. Les 
observations thermométriques faites par Thunberg en 1775, 
à Nangasaki, par 32045',ne donnent que+-16° pour moyenne 
température de l’année; aussi les Bananiers cultivés dans les 
environs ne produisent pas de fruits. Le mois d'août est l’é- 
poque des plus grandes chaleurs. Le thermomètre monte à 
+ 36 ou 370, quelquefois même il s'élève jusqu’à + 430. 
L'hiver commence en janvier et finit en février. Pendant ces 
deux mois le mercure oscille entre + 21° et — 20. De temps 
à autre la neige blanchit la terre, et la surface de l’eau se prend 
en glace. 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE, 443 
 Vile Niphon est traversée par la ligne d’arrêt septentrionale 
de la Zone dé transition. Je n’essaierai pas de déterminer 
exactement la hauteur de cette limite : ce seroit peine inutile. 
La température de Niphon nous est inconnue; et! ‘quant à sa 
végétation, nous n’en savons que ce qu’en a vu Thunberg, 
pendant le voyage qu'il fit en 1776, de Nangasaki à Iedo, 
sous'la surveillance d’une escorte qui ne lui permettoit pas 
de s’écarter de la route. Il existe à Osaka ( lat. 34° 5 ) un jar 
din de botanique où sont rassemblés beaucoup de végétaux 
de l'empire: Le Dracæna revoluta, le Laurus camphora, 
et d’autres espèces auxquelles une température douce est in- 
dispensable, s’y maintiennent en plein air. Lie Tea chinensis, 
qui forme, avecleCamellia japoricaetles Lyciim barbarum 
et japonicum toutes les haies de Kiusiu ; croit encore sur les 
pentes des montagnes entre Miako (lat: 35° ) et Iedo (lat. 
360 14/); mais le T'hea paroït ètre du nombre de ces végé- 
täux que de fortes chaleurs d'été protégent contre l'hiver. Il 
est très-probable que la moÿenne d’Iedo est beaucoup plus 
foible que celle d’Osaka et de Nangasaki. 

“La végétation arborescente des montagnes de Niphôn se 
compose en majeure partie d'espèces Septentrionales : telles 
sont les 774a europæa, Pinus \sylpestris — cembra - — 
strobus, Abies excelsa, Larix europæa. 

Au nord de Niphon, dans l’île d’Iesso , à Matsumaiï , par 
420, latitude supérieure à celle de Rome de 7' seulement, 
Jhiver est long etsévère : le thermomètre descend à— 18 ou 
19°; une FR Jr de neige. revêt le sol depuis novem- 
bre jusqu’en avril. MOTAL EE 

Thunberg nous a Gt connoître 755 NN ns du Ja- 

57* 


444 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

pon; la plupart ont été recueillies aux environs de Nangasaki 
etdans quelques iles voisines. Cet échantillon des productions 
végétales du pays: suffit pour donner une idée du caractère 
général de la végétation. C’est ce qu’on peut appeler une flore 
insulaire. On seroit tenté de dire pour le Japon, comme pour 
beaucoup d’autres iles, qu’originairement la population vé- 
gétale y étoit très-foible, et qu'elle ne s’est accrue peu à peu 
que,par colonisations. 

Surles 755 plantes short j'en compte 240 de l’An- 
cien Continent; quelques unes sont des Indes, telles que : Sa- 
lix japorica, Elæagnus umbellata, Citrus aurantium — 
decumana, Broussonetia papyrifera, Laurus camphora , 
Bambusa arundinacea, Melia azedarach , etc.; d’autres 
de la Chine, telles que: Podocarpus macrophylla, Cupres- 
sus patula, Thuyaorientalis, Ficus pumula, Quercus den- 
tata, Bladhia japonica, Olea fragrans , Sophora japonica, 
Aylantus glandulosa, Camellia sesanqua et japonica, Il- 
licium anisatum , Hydrangea hortensia, Citrus trifoliata, 
Cycas revoluta, Raphis flabelliformus , etc.; d’autres de la 
portion occidentale de la zone de transition, telles que : Mo- 
rus alba et nigra, Nerium oleander, Ziziphus vulgaris, 
Punica granatum, Tamarix gallica, Ilex aquifolium , 
Cercis siliquastrum , des Prunus, Pyrus, Amygdalus, Fr- 
cus, etc. ; d’autres sont communes à toute l’Europe et à l’Asie 
septentrionale ; telles que T'axus baccata, Juniperus com- 
munis , Pinus sylvestris et cembra, Larix europæa, Abies 
excelsa , Castanea vesca, Betula alba, Alnus glutinosa, 
Salix alba, Fraxinus excelsior, Sambucus nigra, etc. Il 
y a aussi une trentaine d'espèces de l'Amérique septentrio- 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 445 


nale, parmi lesquelles je remarque : Raododendrum maxti- 
mum , Sambucus canadensis, Bignonia catalpa ; Magnolia 
glauca, Æsculus pavia, Pinus strobus, Juniperus bermu- 
diana et barbadensis, Juglans nigra, Amorpha fruticosa, 
Vitis labrusca, ec. C’est un Les singulier pour lé bo- 
taniste , que le rapprochement sur la même‘terre de ces types 
divers, qui appartiennent à la végétation de contrées si éloi- 
gnées les unes des autres. 

: Dans la partiela plus méridionale du Japon, les formes des 
pays chauds ne sont pas rares; on trouve des Camelliacées, 
des Ternstromiacées, des noiss) des Magnoliacées, à 
Bignoniacées, des Ardisiacées, des Gardenia , des Begonia, 
des Amomées, des Epidendrum , des Commelina, un Pal- 
mier, une Cycadée, etc.; mais en généralles types génériques 
dominans sont les mêmes que ceux du reste de la zone de 
transition dans l’Ancien Continent. 

Les arbres et les arbrisseaux les plus remarquables qui n’ont 
été observés jusqu’à présent que dans cette contrée, sont les 
suivans : Salix integra, Betula japonica , Quercus glabra 
— glauca — acuta — cuspidata — serrata, Cupressus 
japorica , Thuya dolabrata, Salisburya adianthifolia, 
Podocarpus nageia, Taxus nucifera — verticillata, Celtis 
orientalis , quatre ou cinq Ælæagnus, quatre Laurus, 
Osyris japonica , Nerium divaricatum , Diospyros kaki, 
Syringa suspensa, Callicarpa japonica, Volkumeria ja- 
ponica, Vitex rotunda, Clerodendrum dichotomum , Paul- 
linia japonica, Magnolia obovata — kobus, Citrus japo- 
nica, six Acer, trois Vits, six [lex , plusieurs Prunus et 
Cratægus , etc. 


446 GÉOGRAPHIE shrAR TUE 


Je suis bien trompé si la plupart de ces espèces n’habitent 
pas également la Chine. 
WI . 513 \ { AC TLE Rue £ 
Renseignemens sur la puissance expanswe des espèces 
digneuses les plus remarquables des, contrées boréales 
de l'Ancien. Monde, servant de notes justificatives. 


Cucifera thebaïca. Congo, Guinée, Sénégal (Schrnidt; R. Brown, 
dans le voyage du capitaine Tucker) ; Sennâr.— Egypte supérieure, 
(Delile, Caillaud), Arabie ( Delile) ; Lac Tibérias ( Burckhardt). 

Phœnix dactylifera. Contrées les plus méridionales : Sénégal 
(Adañsoi } Gray); Soudan et Bournou, rare (Oudney, Clapperton, 
Denham); Sennâr, rare (Caillaud ) ; Yémen (Forskal); littoral du 
golfe Persiqué (Chardin, Pottinger;, et autres ); presqu'île de Gu- 
zerat (Macmurdoc). — Contrées les plus septentrianales où il est 
cultivé pour ses fruits : provinces méridionales du Portugal ( Bory 
de Saint-V'incent) ; Valence( Cavanilles); Sicile (Tenore, de Sayves); 
Corfou ( Dodwell, Bory); Syrie et Mésopotamie, entre 34, et 350 de 
lat. (Olivier, Kinneir, Buckingham, Niebuhr et autres ); Perse mé- 
ridionale et Béloutchistan , entre 29° et 50° (Chardin, Pottinger, 
Kinneir ) ; bords de lIndus et de ses affluens entre 32° et 33°( E/- 
phinstone). Limites au nord, où il ne porte plus de fruits : côte 
orientale de l'Espagne vers 41° ( Cavanilles ) et peut-être plus haut, 
J'ignore sa limite extrême en Portugal. Iles d’'Hyères et situations 
privilégiées de la Provence ( Arthur Young, De Candolle) ; rivière 
de Gênes (De Saussure et autres); Rome (De Buch); Athènes 
(Dodwell) ; Smyrne ( Hasselquist. Aucun voyageur ne l'indique sur 
les côtes plus septentrionales de l’Asie mineure). Péchawur dans le 
Caboulistan, par 34° (Elphinstone ). - 

 Chamærops hurilis. Arabie Petrée (Rauwolff); Barbarie (Des- 
fontaines , Della-Cella ; Ytalie( Tenore, Santi, Viviani , Sebastiani 
et Mauri ), sur la côte occidentale jusqu’à Nice (Æ/lione, Viviani, 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 447 
De Candolle) ; Espagne (Cavanilles, Bory ), jusqu’à Lérida , sur la 
côte orientale (Dufour ). s 

Musa paradisiaca. Cultivé partout dans la zone équatoriale. 
Afrique septentrionale (Desfont., Delile, Della-Cella); Syrie et Mé- 
sopotamie ( Olivier, Hasselq. ); Sicile ( Tenore ); Valence ( Cavan.); 
sur les côtes méridionales de la Péninsule Hispanique ( Bory ). 

Pinus laricio. Géorgie , Crimée ( Bieberstein); Apennins en Ca- 
labre ( Tenore ); Corse (De .Cand.); Pyrénées ( Pinus sanguinea ; 
Lapeyr.). 

Pinus halepensis. AUas (Desfont. ); Cyrénaïque? (Pin blanc de 
M. Pacho?); Syrie, Asie-Mineure ( Olivier); Italie australe ( Te- 
nore); Antibes ( De Cand. ). 

Pinus pinaster. Grèce (Sibthorp ); Abruzzes ( Tenore); France 
méridionale et occidentale (De Cand.); naturalisé aux environs de 
Paris. 

Pinus sylvestris. Caucase ( Bieberstein ); Olympe de Bythinie et 
Péloponnèse (SibtAorp); Calabre (Tenore); Valence (Cavan.); Pyrénées 
(Ramond, De Cand.).— Laponie jusqu’à 70°, (sous cette latitude il 
monte encore à 125 toises, F'ahlenbérg et De Buch); Boukharie 
(Falk); Sibérie occidentale , sur l'Oby, encore sous 64°, peut-être 
au-delà (Soujef, dans les voyages de Pallas); Sibérie orientale jus- 
qu'aux monts Stanovoy, par 62° à 63° de latitude ( Sauer , dans la 
relation de l’expédition du capitaine Billing); montagnes du Kamt- 
chatka , entre 55° et 57° (le même; Steller ne l’a point obseryé dans 
ce pays) ; Daourie( Georgi). 

Abies taxifolia. Caucase ( Bieberstein, Pallas); Asie mineure 
(Hasselquist, Tournefort) ; Grèce ( Sibthorp , Dodwell); Italie aus- 
trale ( Tenore).—1l manque dans les îles Britanniques et en Scan- 
dinavie. Oural entier et plaines du nord de la Russie ; dans toutes les 
chaînes de la Sibérie méridionale ( Pallas, Gmelin, et autres); Daou- 
rie (Georgi ); Sibérie orientale , à l’est de l’Aldan jusqu’à 62° de la- 
titude (Sauer ); Kamtchatka entre 55° et 57° (Steller). 


448 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


Abies excelsa. Calabre; montagnes des Abruzzes, entre 350 et 
500 toises ( T'enore); Pyrénées. — IL manque dans les îles Britan- 
niges. Côtes de la Norwége jusqu’à 670 ; Alpes de Laponie jusqu’à 69°; 
par 68° 30!, il monte encore à 133 toises (De Buch et Wahlenberg); 
Russie jusqu’au voisinage de la mer Blanche ( Pallas) ; Sibérie , sur 
l’Oby jusqu’au voisinage du 68° ( Soujef) ; il manque à l’est du Léna 
(Pallas , Gmelin) ; Daourie ( Georgi). 

Larix europæa. Alpes du Dauphiné, du Piémont, de la Carniole 
et de la Hongrie (manque dans les plaines de l’Europe moyenne eten 
Scandinavie). Dans toutes les chaînes de l'Empire russe, depuis lOu- 
ral jusqu’à l'Océan oriental ; au nord , jusqu’à la mer Glaciale par 
pieds épars ; en bois rabougris, par 67°, sur l’Oby; entre 68° et 69o ; 
sur le Jenissey et le Kolyma ; par 67° près des sources de l’Anadyr 
(Gmelin, Pallas, Soujef, Sauer); Daourie ( Georgi ); Kamtchatka 
( Steller , Sauer); Japon ( Thunberg ); îles Kouriles ( Pallas). 

Pinus cembra. Indiqué presque partout avec le Larix , et confiné 
comme lui sur les stations alpines, dans l’Europe tempérée. En Si- 
bérie, il secantonne de préférence vers le sommet des montagnes et vé- 
gète dans quelques contrées où l’on ne voit plus le Zarix, commedans 
le nord du Kamtchatka , le pays des Tchoutches et sur les plages les 
plus voisines de la mer Glaciale. Là, selon les voyageurs, ce n’est plus 
qu’un arbrisseau bas ou même rampant , tandis que dans les contrées 
plus méridionales ; c’est un arbre assez élevé. J’ignore si ces diffé- 
rences sont dues uniquement aux influences du climat, ainsi qu’on l’ob- 
serve pour le Pinus pumilio, ou si elles indiquent deux espèces distinc- 
tes. De Saussure penche à croire que le Cembro à tronc élevé de la 
Sibérie, diffère de celui des Alpes de l’Europe. M. De Candolle a adopté 
la même opinion relativement au Mélèze de la Sibérie , espèce qui 
cependant ne sauroît guère être considérée comme appartenant spécia- 
lément à ce pays: il est peu probable que le Mélèze des plages boréales 
de la Russie d'Europe ne soit pas le même que celui des bouches de 
POby, ces régions n’étant séparées par aucune limite naturelle. 


, 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 449 


Cupressus sempervirens. Barbarie ( Desfont., Della-Cella ); jar- 
dins de l'Egypte (Delile); Palestine (Æasselquist); Asie mineure 
( Olivier ; Tournefort, Sibthorp et autres ) ; régions du Caucase 
(Pallas , Guldenstædi, Bieberstein); Perse entière (Chardin, Olivier, 
Kinneir) : Caboulistan ?(E/phinstone, ce voyageur parle de plusieurs 
espèces de Cyprès). Planté comme arbre d’ornement dans l’Europe 
australe; il supporte encore en plein air le climat de Paris et y 
donne des graines fécondes. 

Juniperus phœnicea. Barbarie ( Desfont., Della-Cella); jardins 
de l'Egypte ( Delile); Palestine (Æasselquist); Asie mineure ( OZi- 
vier et autres); régions du Caucase ( Bieberstein). Europe australe 
entière. 

Taxus baccata. Régions du Caucase ( Bieberst., Guldenst., Pal- 
las); Grèce (SibtAorp ) ; Apennins en Toscane( Santi) ; montagnes de 
Valence ( Cavanilles).— Ecosse ( Lightfoot ); côtes de la Suède jus- 

_qu’à 58°, rare dans l’intérieur du pays (Linné); Varsovie (Schubert); 
manque en Livonie (De Bray ) ainsi que dans tout l’Empire russe 
(la Crimée et le Caucase exceptés), d’après tous les auteurs. 

Quercus ballota. Atlas ( Desfont.); Espagne, Area (Bory ); 
Grèce (Sibthorp ). 

Quercus pseudo-suber. Atlas ( Desfont. ); Calabre ( Tenore); 
Toscane (Sant: ). 

Quercus esculus. Asie mineure (Sibthorp, Din): Grèce ( Sib- 
thorp); Calabre, Abruzzes ( Tenore ). 

Quercus «ægilops. Asie mineure ( Sibthorp , Olivier) ; Grèce 
(Sibthorp) ; Carniole (Scopoli ). 

Quercus suber. Atlas (Desfont.); Espagne ( Cavanilles , Bye ; 
Italie australe (Tenore); Carniole ( Scopoli); Nice ( Allione, cet 
auteur ne l'indique pas dans le Piémont); France occidentale jusqu’à 
l’île de Noirmoutiers, par 47° ( Bonamy ). 

Quercus ilex el coccifera. Atlas ( Desfont.) ; Palestine ( Pockoke ); 
Europe australe entière. — France occidentale jusqu’à 47v (Bonamyÿ); 


Mém. du Muséum. 1. 14. 58 


45o GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

Nice ( Allion) ; Toscane (Santi ) ; Carniole (Scopoli). Us fleurissent 
eu plein air sous le climat de Paris, mais ne mürissent pas leurs 
fruits. 

… Quercus robur (pedunculata et sessiliflora des auteurs). Partie 
montueuse de toute l’Asie mineure , Arménie et régions du Caucase 
(Tournefort, Olivier , Sibthorp, Bieberstein, Pallas, Guldenstædt 
et tous les voyageurs); Grèce (SibtAorp); Italie australe ( Tenore) ; 
Valence ( Cavanilles ). — Côtes de la Norwége jusqu’à 63°, par pieds 
épars et mal venus; réussit parfaitement à Christiania, lat. 60° (De 
Buch); intérieur de la Suède jusqu’à environ 60° ; s'arrête sur la 
côte orientale par 60, 40! ( Linné) ; côtes de la Finlande jusque près 
d’Abo, lat. 600 27° (De Buch ) ; épars et mal venu en Livonie (lat. 56° 
30’.— 59° 30’), les forêts en sont rares dans les parties méridionales 
de ce pays (De Bray ); Wès-rare dans la Grande-Russie au-delà de 
56° ;s’arrête dans lés monts Waldaï et sur le fleuve Msta , vers 58° 
(Guldenstæœdt , Falk); en forêts à Kazan , par 56° ( Erdmann); s’ar- 
rête sur le Wolga et ses affluens , entre 57° et 58° (statistiques russes 
citées par Malte-Brun); s’arrète en Permie à Ossa sur le Kama, 
entre 57° et 58° ( Gmelin) ; nulle part à l’est des monts Oural jus- 
qu'aux fleuves Amour et Argoun en Daourie, où il reparoît entre 
50° et 55° (Gimelin, Pallas); plusieurs missionnaires, cités par 
Duhalde , et les botanistes de l'ambassade de lord Mackartney , 
eroient avoir observé le Chéne commun d'Europe dans les mou- 
tagnes des environs de Pékin et dans différentes contrées de la Tar- 
tarie chinoise. Falk ne le cite point parmi les végétaux de la Bou- 
kharie et de la Soongarie. 

Fagus sylvatica. Palestine (Hasselquist ) ; Asie mineure , Arménie 
(Tournefort , Olivier, Jaubert, Kinneir); Mazandéran (Pallas , Tré- 
zel); Grèce (Sibthorp); Sicile, Italie australe ( Tenore); Valence 
( Cavanilles ). — Naturalisé dans les îles Britanniques ( LigtAfoot , 
Smith) ; Norwége jusqu’à 59°, dans des expositions favorables ; Suède 
jusqu’à 58° 30°, en Westergothie, jusqu’à 57° au Smoland, jusqu’à 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 45x 


Cäliar (lat. 56° 40°) sur les côtes de la Baltique (De Buck); en 
vastes forêts en Scanie et au Smoland, épars en Bahusie (Linné Ds 
Prusse , Lithuanie et Pologne, jusqu’à 55° (ScAzouw ); Crimée méri- 
dionale, régions Caucasiennes jusqu’au Térek ; nulle part dans tout 
le reste de la Russie, pas même en Podelie ni en Volhinie , quoiqu'il 
abonde dans les contrées limitrophes plus occidentales ( Pallas , 
Ginelin, Guldenstædt, Georgi, Falk, Bieberstein ). 

Castanea vesca. Canaries, Ténériffe ( De Buch, Bowdich ); 
Asie mineure , Arménie ( Tournef., Oliv., Kinneir, Jaubert ); ré- 
gions du Caucase ( Pall., Bieberst., Guldenst. ); Europe australe 
entière. Dans les forêts de l'Angleterre ( naturalisé ) (Smith ); il n’y 
mûrit plus ses fruits dans les comtés septentrionaux entre 54° et 
56°. ( Winch ); étranger à la Scandinavie; il en existe quelques 
pieds seulement à Lund en Scanie, par 56° 42’ (De Buch ); cultivé 
à Varsovie ( Schubert, sans doute il n’y porte point de fruits). Selon 
Pallas, il supporte encore le climat de l'Ukraine (lat. 48°— 51° ), 
mais il ne vient point spontanément au nord du Térek, dans tout 
l’Empire russe. Il paroît queicet arbre ne müûrit plus ses fruits par- 
tout où la vigne ne peut être cultivée avec succès. Thunberg indique 
le Castanea.vesca au Japon, Loureiro en Cochinchine et à Canton; 
et d’après les renseignemens des voyageurs , le Châtaignier est un 
arbre fruitier très-commun dans toute la Chine jusqu’à Pékin, et 
même à 2 ou 3 degrés au-delà. Il n’est cependant pas certain que 
l'espèce dont il-s’agit soit la même que celle des contrées occiden- 
tales de l’Ancièn Monde; Loureiro indique plusieurs caractères diffé- 
rentiels dans la description qu’il en donne. Hamilton parle de 
forêts de Châtaigniers croissant dans la région montueuse du Népaul, 
sans déterminer l’espèce à laquelle ils appartiennent. 

Ostry a vulgaris. Asie mineure, Grèce ( Sibthorp ); Italie australe 
({Tenore); Carniole ( Scopoli ); Croatie, Esclavonie (F/aldstein et 
Kitaibel ); Toscane ( Santi ). 

Carpinus orientalis. Arménie (Tournefort); Italie australe(Zénore); 


è 58 * 


452 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


Istrie (Scopoli); Croatie ,Syrmie , Bannat ( Waldstein et Kitaibel ). 

Carpinus betulus. Ghilan , Mazandéran ( Pallas , Trézel ); régions 
du Caucase ( Pal!., Guldenst., Bieberst.); Arménie, Asie mineure 
(Tournef., Oliv. Jaubert, Kinneir); Europe australe entière. — 
Écosse (Lightfoot); Suède : en forêts dans la Scanie ( entre 55 et 56°), 
épars dans le Smoland ( Linné; selon M. de Buck, il ne dépasse 
pas les limites septentrionales de la Scanie ); manque en Livonie 
(de Bray ); Pologne ( Schubert }, Russie, dans les contrées arrosées 
par le Don et le Dnieper, jusqu’à 51° à 52°; manque sur le Wolga 
(Guldenstædt, Falk, Pallas ). 

Alnus glutinosa. AUas ( Desfontaines); Europe australe entière 
(Sibth., De Cund., Tenore, Cavan., Bory, etc.); régions Caucasiennes 
(Pallas, Bieberst.). — Suède jusqu’en Gothie (Linné); manque en 
Laponie ( Fahlenberg ); Russie jusqu’à la mer Blanche; rare en Si- 
hérie(_ Pallas, Gmelin ); Japon ( Thunbers); Amérique septentrio- 
nale, du Canada à la mer Glaciale (Pursh, Michaux , Richardson ). 

Ainus incana. Pyrénées (De Cand); Caucase (Bieberstein); Lapo- 
nie, Russie et Sibérie jusqu’à la mer Glaciale ( JF/ahlenberg, Pall., 
Gmel., Soujef, Suuer ); Kamtchatka ( Steller). Amérique septen- 
trionale : monts Alleghany’s, Canada ( Michaux, Pursh); Terre- 
Neuve (de La Prylaie ); côte Nord-Ouest ( Charnisso ). 

Betula alba. Montagnes de toute l'Europe australe. Caucase (Bie- 
berst, Parrot); Boukharie ( Falk ); côtes orientales de Ja Caspienne 
par 37° (Æanway). — Laponie jusqu’au-delà de 70° ( F'ahlenb., 
de Buch); Sibérie : à l’est, jusqu’à l'Océan oriental ( Pall., Gel ); 
au nord, sur lOby jusqu’à Obdorsk, lat. 67°. 31°; sur le Jenissey 
vers 68° ( Soujef), sur le Kolyma en belles forêts, entre 650 et 66°; 
épars et rabougri vers le 67° degré et au-delà ( Sauer ); Kamtchatka 
(Steller),en forêts sous le 58°( Lesseps); Pallas ne l'indique point 
sur l’Anadyr et le Penghina; Daourie ( Pall., Ginel., Georg. ); 
Japon (Thunb.); Groënland occidental, rare et rabougri (Crantz, 
Gieseke ): 


Ve 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 453 


Populus alba etnigra. Jardins du Caire (Delile); Atlas (Des- 
fontaines) ; Europe australe entière. Régions Caucasiennes jusqu’en 
Perse (Pallas, Bieberst., Guldenst.)—Autour des habitations, dans 
l'Écosse méridionale ( Lightfooti) et en Suède jusqu’à 560 à 57° 
(Linné); Russie méridionale et temperée ( Pallas); manque au nord 
de Moscou ( Guldenstædt ); Kazan ( Erdmann ); Sibérie ; par pieds 
épars jusqu’à l’Oby (Pall., Gmel.). Le Populus alba. est indiqué au 
Kamtchatka par Steller, en Boukharie par Fa/k:, en Daourie , aux 
environs ‘du lac Baïkal, par Georgi, à Haiep par Russel. +: 

Populus tremula. Europe australe entière: Asie Mineüre, Armé- 
nie ( Oliv., Tournef.); régions Caucasiennes ( Bieberst:, Guldenst.)>— 
Laponie jusqu’à la mer glaciale ( ahlenb. ); très-abondant dans 
YEmpire russe, de la Baltique au Léna, au-delà duquelilestrare, 
comme dans les environs d’Okhozk et au Kamtchatka ( Pallas, 
Gmelin, Steller). West encore de‘ belle taille dans les monts Ver- 
choyansk, aux sources du Kolyma , par 62°, mais il ne suit pas les 
bords de ce fleuve jusqu’au .65° (Sauver); Daourie ( Georgi). 

Populus balsamifera. Sibérie, de VIrtych, à la mer d'Okhozk 
(Pall., Gmel.); Kamichatka(Steller); sur le Kolyma aussi loin que 
le Populustremula( Sauer);sources du Penghina dans les monts Sta- 
navoy, par 65° à 66° (Pallas); Daourie (-Pall. , Ginel., Georgi); 
Amérique boréale entière, depuis le 44° parallèle jusqu'aux plages 
arctiques (Michaux, Pursh, Mackenzie, Hearne, Richardson). 

Salix baby lonica. Esypte (Delile); Barbarie( Desfont. ); régions 
basses de toute la Turquie d'Asie, depuis la mer Noire : jusqu’au 
golfe Persique; Perse entière (tous les voÿfageurs); Caboulistan ( E7- 
Phinstone); régions Caucasiennes et Crimée( Bieberst. ); Archipel et 
Grèce ( Sibth.); naturalisé dans la majeure sys de l’Europe tem- 
pérée: | }: ê 
Salix alba. Perse (Oisiens Hoihbés du Muséum ); régions Cauca- 
siennes (Guldenst., Bieberst.)3 Europe australe entière. — Suède 
(Linné); Lithuanie, Livonie, Russie tempérée, Sibérie méridio- 


454 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 
nalé jusqu’à l’Irtych (Pallas, Falk); Daourie (ete Japon 
(Thunb.). 

Salix monandra. Egypte (Delile); | Barbarie ( Desf.); régions du 
Caucase (Pall:, Bieb.); Europe australe. — Suède méridionale 
(Lin); Russie méridionale ( Pallas). 

Salix triandra. Europe australe entière. Régions du Goudisel 
(Pall., Biebn:, Guldenst.). — Suède ( Lin.); Russie entière jus- 
que vers 60°; Sibérie méridionale jusqu’à l’Irtych (Pall., Falk: ). 

Salix capræa. Europe australe. Régions Caucasiennes ( Bieberst. , 
Guld.). — Laponie jusqu’à 69° (#'ahlenb.); Empire russe entier 
jusqu'aux plages arctiques et à l'Océan oriental; Daourie ( Pall., 
Ginel., Georgi). 

Platanus orientalis. Planté comme arbre d'ornement en Egypte et 
en Barbarie (Desfont., Delile); Palestine ( Hasselquist, Bucking- 
ham); Asie mineure (Oliv., Tournef.); régions Caucasiennes, 
Perseentière ( Chardin, Olivier, Kinneir); Béloutchistan (Pottin- 
ger); Caboulistan (Ælphinstone); Boukharie méridionale, lat. 
40°—42° ( Falk) ; Grèce et Archipel ( Sibthorp, Dodwell); Calabre, 
Sicile ( Tenore, de Sayves); cultivé comme arbre d'ornement dans 
l’Europe moyenne. Il supporte très-bien le climat de la France, 
sous 50°.et au-delà, tandis qu’il ne prospère plus à Symphéropol en 
Crimée; par 45°. 

Ulmus campestris. Perse jusqu’à Chiraz ( Chardin) ; régions du 
Caucase (Bieberst. ; Pallas, Guldenst.); Palestine (Æasselg.); 
Europe australe entière. — Angleterre , jusqu’à la rivière Tees 
(Winch) ; Suède, sur le Gotha , jusque vers 58° (de Buch); Kazan 
(Erdmann); manque dans la Russie series et au-delà de 
POural (Pall., Falk). 

Ulmus effusa. Régions Caucasiennes ; (Bieb.) Asie Mineure (Tous 
les voyageurs y indiquent des Ormes, qui se rapportent peut-être 
à cette espèce ou bien aussi à:la précédente; il.n’est pas indiqué 
dans les flores de l’Europe australe). Europe moyenne entière. — 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 455 


Comtés septentrionaux du nord de l'Angleterre où il monte encore 
à 300 toises (7/inch ); Suède: le dernier a été observé par Linné 
à Hamrong, par 61°, non loin du golfe de Bottnie. Dans toute la 
Russie, selon Pallas et Falk, mais probablement pas plus haut que 
le 60° ;car, selon Guldenstædt, les Ormes sont rares au nord de Moscou. 
Boukharie, Soongarie et pays des Kirghises (Falk); manque au nord 
des chaînes Altaïques et à l’est de l’Oural (Falk, Gmel., Pall.); 
Baïkal ( Georgi). 

Morus alba et nigra. Cultivés dans toute la zone de transition. 
Dans la zone tempérée, leur culture cesse partout à quelques degrés 
moins haut que celle de la Vigne, et ne réussit plus en grandau-delà du 
46° parallèle. (Le Mürier cultivé en Russie jusqu’à 51, ou 52°, paraît 
être le Morus tatarica, car Pallas assure que les autres espèces ne 
prospèrent plus au nord du Térek , excepté dans la Crimée méridio- 
nale). Indigène au Caboulistan (Pottinger, Elphinst.); en Perse 
(Cardin, Olivier et autres); dans les régions Caucasiennes (le 
Morus alba seulement, Bieberst.) ; en Chine. 

Ficus carica. Cultivé dans Yémen (Forskal); dans les oasis de 
la Haute-Egypte ( Caillaud) ; dans toute la zone de transition voi- 
sine de la Méditerranée ; en France jusque vers le 50° , à la faveur 
de situations abritées, ou en le couvrant de terre pendant l’hiver ; 
dans la Hongrie méridionale, la Croatie et l’'Esclavonie (F aldstein 
et Kitaibel, Busching); en Russie seulement en Crimée et au sud 
du Térek. ( Pall., Guldenst., Falk). Indigène ou naturalisé dans 
toute la région méditerranéenne. 

Fraxinus excelsior. Atlas(Desfont.); régions montueuses de l’Asie 
mineure (Tournefort, Olivier et autres); Mazandéran ( Pallas, 
Trézel) ; régions Caucasiennes ( Pall., Guld., Bieb.); montagnes 
de lItalie australe {Tenore ). — Côtes de la Norwége jusqu’à 65° 
(De Buch); commun en Suède jusqu’à. . . . (Linné) ; côtes orien- 
tales du golfe Bottnique jusqu’à 62° (De Buck); en Russie, il paroît 
ne pas dépasser de beaucoup le Chêne, cependant il est encore com- 


456 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


mun au nord de Moscou et jusqu’à Novogorod'et Valdaï (58°) (Gul- 
denstædt), où le Chêne est fort rare. Sauer affirme qu’il vient en Si- 
bérie sur le Kolyma , par 65°, ce qui paroît fort douteux, puisque 
tous les autres voyageurs disent qu'il manque à l’est de l’Oural. 

… Olea europæa. Oasis de la Haute-Egypte ; entre 25° et 270 { Cail- 
laud); Barbarie ( Desfont., Pacho, Della- Cella) ; Palestine ( Has- 
selquist, Buckingham). Syrie, Mésopotamie, Babylonie et régions 
basses de l’Asie mineure, vers la Méditerranée et la mer Noire 
( tous les voyageurs ); en Perse seulement sur les bords de la Cas- 
pienne au Mazandéran et au Ghilan (Chardin, Olivier ; Pallas, etc.) 
et dans les contrées voisines du golfe Persique (Chardin); régions 
Caucasiennes jusqu'au Térek, Crimée méridionale (Pall., Guld., 
Bieb.); ses fruits ne mürissent pas bien à Kisljar par 44° ( Falk). 
Europe australe entière, jusqu’à 45, à 46° en Istrie (Scopoli, Horn- 
schuch) et en Lombardie(De Cand),44° à 45° dans l’est de la France 
Arthur Young). Il est naturalisé dans la plupartdes endroits où on le 
cultive ; sa véritable patrie paroît être l'Asie mineure et le Caboulistan. 

Arbutus unedo. Lättoral de la Méditerranée, dans toute la région 
de l’Olivier. France occidentale jusqu’à Nantes (De Cand) Naturalisé 
sur les côtes occidentales de Firlande dans la comté de Kerry (4r- 
thur Young ; Smith). 

Punica granatum. Indigène au Caboulistan et dans toute la Perse 
(Chardin, Oliv., Elphinst., Pottinger, etc. ); dans les régions Cau- 
casiennes jusqu’au Térek (Bieb., Guld., Pall.); dans l'Asie mineure 
et la Syrie (tous les voyageurs); au Péloponnèse et en Thessalie 
(Sibthorp). Naturalisé dans presque tout le reste de la partie occi- 
dentale de la zone de transition. Cultivé dans plasieurs contrées 
équatoriales comme au Bournou et au Soudan (Clapperton et Den- 
ham, Oudney); dans l’Yémen (Forskal), à Bangalore daus l’Indoustan 
(Hamilton). West cultivé au nord de la zone de l’Olivier : en France 
jusqu'à 46° à 47°, où il mürit encore ses fruits; dans des vallons 
abrités du Valais ( de Saussure) ; à Boukhara (Fa/k;, de Meyendorf ). 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 457 


‘'Amygdalus persica. Sauvage au Caboulistan, au Béloutchistan , 
dans les monts Paropamises (ÆElphinstone , Forster, Pottinger ) et 
dans toute la zone de transition de l’Asie plus occidentale (tous les 
voyageurs). Cultivé dans plusieurs contrées équatoriales , comme 
dans l'Yémen ( Forskal), à Bangalore (Hamilton); et dans la zone 
de transition entière. Dans la zone tempérée : en Chine , encore sous 
45° dans la province de Pé-tché-li (Duhalde); au Japon, à Matsu- 
maï, par 42°, ses fruits ne mürissent qu'avec peine ( Golovnin ); 
Boukharie ({ Falk, de Meyendorf } ; Russie: il réussit très-bien à 
Astrakhan , lat.46° ; rare dans la province de Cherson, lat. 48°—49?; 
Kiew (lat. 50°, 27°), où il faut sans doute l’abriter pendant l'hiver, 
comme on le fait pour l’Abricotier et l'Amandier { Guld., Falk , 
Pall., Georg. ). Cracovie ( Malte-Brun ). Il ne réussit plus à Chris- 
tiania ( De Buch ); ses fruits ne müûrissent pas en Angleterre. 
L’Amandier, indigène dans les mêmes contrées ainsi que dans la 
Barbarie , ne paroît pas être cultivé plus au nord que le Pécher. 
Prunus armeniaca. Indigène dans les mêmes contrées que le Pé- 
cher. En forêts à Soungnem au Thibet, par 41°, 35 de lat. et 780, 27° 
de long. , à 1430 toises d’élévation, et cultivé dans ce pays jusqu’à 
2000 toises ( 4. et P. Gérard). Cultivé partout avec le Pêcher et 
l'Amandier. Il mûrit encore ses fruits à Christiania (De Buch). 
Prunus spinosa. Barbarie ( Desf.); Asie mineure (S:bthorp ); 
Mazandéran ( Pallas ); régions Caucasiennes ( Pall.; Guld., Bieb.); 
Europe australe entière. — Suède (Linn.); manque en Livonie ( de 
Bray); Varsovie (Schubert); Russie méridionale ( Pall.), sur 
. VOka , le Wolga , le Don et l’Oural (Fa/k). Manque en Sibérie. 
 Cerasus avium. En forêts dans les régions du Caucase ( Pall., 
Bieb., Guld.), VAsie mineure , les contrées entre la mer Noire et 
l’'Adriatique. Cultivé dans l’Europe tempérée. Sa culture cesse en 
Russie au-delà de 55° ou 56°. Elle réussit malen Livonie (de Bray). 
On prétend que les cerises mûrissent encore quelquefois sur les côtes 
del’Ostrobottnie par 63 à 64°(Malte-Brun); elles mûrissent dans des 
Mém. du Muséum. 1. 14. 59 


4538 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

situations privilégiées sur les côtes de la Norwége jusqu’à 65° (De 
Buch). La culture du Prunus domestica ne cesse point avant celle 
du Cerisier. Il paroît que ce dérnier ne peut pas être cultivé dans la 
zone équatoriale. Le Prunier a été observé par M: Caillaud dans les 
oasis de la Haute-Egypte entre 25° et 270. 

Cerasus:padus. Régions Caucasiennes (Bieb.); rene ( Tenore); 
France méridionale ( De Cand). — Laponie jusqu’à 70°, mais rare 
au-delà de 68° (X/ahlenberg); Russie et Sibérie tempérée (Pall.); 
éncore commun sur l’Oby par 6r°ou 62° (Soujef) ; Daourie (Georg); 
Kamtchatka ( Steller). 

Mespilus germanica. Mazandéran ( Pall., Trézel. ); régions du 
Caucase (Guldenst., Pall., Bieb., ); Europe méditerranéenne et 
moyenne: Angleterre (comté de Chester, lat. 53° — 54° Sinith). 
manque en Pologne ; et en Russie au-delà du Térek. 

Pyrustorminalis. Régions Caucasiennes ( Bieb., Pall.); Arménie 
( Tournef) ; Europe méditerranéenne. — Angleterre (Smith); Da- 
nemarck, rare ( For. Dan.); Varsovie ( Schubert) ; nulle part en 
Russie au nord du Térek et de la Crimée. 

Pyrus aria. Mazandéran , régions Cancasiennes (Pall., Bieb.); 
Europe méditerranéenne.— Ecosse ( Lightfoot); Halland et Goth- 
land (Lin.); manque en Pologue (Schubert), et en Russie au nord du 
Caucase (Pall.), Soongarie ( Falk). 

: Pyrus malus. Spontanément dans toutes les contrées montueuses 
de la zone de transition , en Europe et en Asie , de la Méditerranée 
au Caucase indien. Thibet à 1455 toises (Gérard). — Suède jusqu'à 
58° à 59° (ZLinn.); Finlande occidentale jusqu'à 62° (Malte- Brun); 
rare dans la Russie centrale au-delà de 55° ou 56v; les derniers à 
Valdaï, où cesse également le Chêne (Fait, Guldenst.); Kazan 
(Erdmann). Manque en Sibérie. Cultivé. Dans la zone équatoriale : 
à Bangalore (Æamilton); à Canton ( Duhalde); dans les oasis de 
la Haute-Egypte ( Caillaud). En Europe sa culture cesse au-delà de 
65° dans la Norwége ( De Buch); entre 62 et 64° en Finlande (Malte- 


es 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 459 


Brun); entre 56et 58° sur le Don, le Viatka et le Wolga, où ellé:n’a 
lieu avec succès qu au-dessous de 56° ou 55°; sur l’Oural; elle réussit 
faiblement par 516; elle. n’a lieu nulle: paït ä. l’est de ce Aleñve 
(Falk, Guldenst., etc.). Boukharie, Turkestan , Chine et Mant+ 
chourie. Il paroit, d’après tous les renseigneméns conténus dans, les 
relations de voyages , qu’en Asie ; la Mantchourié exceptée , il dé- 
passe peu le 41°.ou 42° parallèle. L'existence bien constatée du 
Chêne sur les bords.de l'Amour et de lArgoun, indique que ces 
contrées jouissent d’un climat assez chaud pour admettre la culture 
du Pommier , du moins jusqu’à 5o° de lat. Le Poirier accompagne 
presqué partout le Pommier : ces deux arbres ; le, Cerisier et: le 
Chène peuvent être considérés comme men à peu près la même pos 
sance expansive. - 

Pyrus aucuparia. Région Gunasiengies( FF48. DE al mineure 
( Tournef.); Liban (Hasselquist.); montagnes de l'Europe méditer: 
ranéenne. — Laponie entière avec le Bouleau , et en forme d’arbris- 
seaujusqu'au Cap-Nord (#/aklenb.); Russie entière et Sibérie jusqu’à 
l'Océan oriental (.Pall.; Gmel. ) ; sur l'Oby il cesse avec: le-Bouleau, 
entre 66° et 67° (Soujef.); lac Baïkal (Georg.); Kamtchatka (.Stel: 
ler); Groënland, en arbrissean , par 60° ( Crantz, Gieseke ). 

Juglans regia. Indigène dans les montagnes de l'Asie mineuré 
(Tournef., Oliv. , Jaubert ; etc.); des régions Caucasiennes jusqu’au 
Térek (Bieb., Pall., Guld.); de la Perse (Chardin, Oli. ; Pottin- 
ger; etc.), du Caboulistan (Æ/hinst:) et du Thibet (4. et P;Gé- 
rard Voni observé en forêts à Soungnem,, à 1455 toises). Caltivédans 
la zone équatoriale ; au Béloutchistan, par 29°,avec leDaitier et au 
Nermanchyr,sous lemêmerparallèle, avec le Manguier ét autres fruits 
de l'Inde (Potiinger); dans iles vallées du Népaul , entre 500 .et 
1000 toises ( Ælamilton). Dans toute la zone de transition. Il paroit 
cesser avec la Vigne ou peu au-delà ;:dans le nord de FAngleterre ; 
entre, 54e et 550 ;ilme mûrit plus ses fruits ( inch); rare dans la 
Russie.occidentale au-delà sois: existe encore à Kiew , par 50°; et 


20" 


460 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


à Glukhof, par 520, mais y réussit mal ( Guldenstædt) ; dans l'Asie 
tempérée : cultivé en Boukharie ( Falk) ; dans toute la Chine jus- 
qu'aux frontières de la Mantchourie (Duhalde), au Japon (Thun- 
berg ). 

Vitis vinifera. Indigène et cultivé dans toute la zone de transition. 
Cultivé dans quelques endroits de la zone équatoriale : à Bangalore 
dans l’Indoustan , lat. 13° ( Æarmilton ); à Zébid dans l’Yémen , entre 
14° et 15°( Forskal); dans la colonie de Sierra-Léoné ( Gray ), etc. 
Les limites de la culture en grand en Europe, sont par 470 environ 
dans l’ouest de la France , au-dessus de l'embouchure de la Loire; 
entre 49° et 50° sous la longitude de Paris (Ærthur Young); entre 
50° et 51° sur les rives du Rhin et du Mein; entre 48, et 49° en Hon- 
grie; en Russie : entre 46° et 48° au nord de la mer Noire ; entre 48° 
et 49° sur le Don et le Wolga (sur les bords de ce dernier fleuve, les 
environs de Saratow , par 52, produisent encore un peu de vin; à 
Zarizin , par 480 42’, la Vigne est cultivée avec plein succès : on n’en 
indique plus à l’est du fleuve; les contrées voisines de la mer d’Azow 
(46°) produisent des vins forts , maïs il faut couvrir les vignes en 
hiver , pour les garantir des froids qui souvent y sont de — 25° à 27°; 
dans les gouvernemens de Koursk et de Woronech, entre 50° et 52°, 
les vignes sont rares et le raisin ne müril que dans de bonnes années; 
en Ukraine , par 49°, il conserve toujours un goût acide ; en Podolie, 
par 48° à 5o°, la Vigne ne vient plus qu’en espalier dans les jardins. 
Le raisin nè mürit jamais à Kiew.) (Pall., Guld., Falk, Malte- 
Brun). Asie tempérée : Boukharie (Falk) ; Khotan , lat. estimée par 
d'Anville à 35° 36 (relation chinoise, traduite par M. Rémusat ) ; 
Thibet , par 31° 45°, jusqu'à environ 1800 toises d’élévation (4: et 
P. Gérard); Chine jusqu'à 42° , et peut-être au-delà en Mantchourie 
(Duhalde) ; Japon ( Thunberg ); à Matsumaï, par 42°, le raisin ne 
mûrit qu'avec peine ( Golovnin). 

Citrus aurantium. Indigène dans la! zone équatoriale. Naturalisé 
dans la zone de transition : dans toute l'Afrique septentrionale, Dans 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 461 


l’Europe australe, sur les côtes de l'Espagne et de l'Italie, jusqu’à 41° 
à 420 (Cavan., Bory, Ten.); Péloponnèse, Attique (Sibt., JP alpole, 
Dodwell); Corfou (Dodw.). Dans l'Asie, sur le littoral de la Médi- 
terrannée , jusque vers 39 ( commun à Smyrne par 37° 30°, 
Hasselquist , à Lefkosia en Pamphilie, Leake, etc. ); sur le Tigre et 
l'Euphrate, il cesse entre 35° et 37° ( Oliv.). 1 ne vient plus sans abri 
à Halep par 36° ( Russel); dans toutes les contrées situées au nord 
du golfe Persique , des bouches de l’Euphrate à celles de l’Indus ; 
nulle part au-delà de 29° ou 30° (Oliy., Chardin, Kinneir, Pottin- 
ger); si l’on en excepte le littoral méridional de la mer Caspienne, 
dans le Ghilan et le Mazandéran , entre 36° et 38° (Chardin, Oliv. 1 
Trézel , Jaubert), et quelques situations privilégiées du Caboul, 
entre 30° et 34° (Elph., Potting.) ; sur les affluens de l’Indus , jus- 
qu'à 33° à 54° (Ælp#); il ne vient point sur le littoral de la mer 
Noire, à l'exception de quelques cantons de la Colchide, aujour- 
d’hui connus sous le nom de Gourie ; entre 30°et 40° (Guld.). En 
Chine, on cultive des Orangers et des Citronniers, qui peut-être ne 
sont, pas les mêmes espèces que celles de l’ouest de lPAncien Conti- 
nent, jusqu’à 35° ( Duhalde). Au Japon, les Voyageurs n’en indi- 
quent point dans l’île de Niphon. 

Tilia microphylla. Europe méditerranéenne? France (De Cand.); 
Carniole (Scop.)— Communen Norwége, jusqu’à 636, marique au 
delà de.650 (de Buch); rare dans l’intérieur de la Suède au-delà de 
610 ( Linn.); Russie entière jusqu’à Pétersbourg (Pal. , Falk); 
dans le centre de la Russie boréale ; sur les affluens du Duina, jus- 
qu’à 58° (Statistiques russes citées par Malte- Brun); Marique en 
Sibérie, à l’est de lirtych ( Pa/l., Falk ); suit le cours de ce fleuve 
jusque vers, 58° (Soujef ); ne s'arrête: à l’est que vers lé Tom 
( Gmelin. ). 


462 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


er at de quelques espèces nouvelles de la farulle 
des Amentacées. 


Pour donner plus d'intérêt À mes recherches sur la géographie des 
Amentacées , j'avais entrepris d'y joindre la description et la figure 
de toutes les espèces nouvelles appartenant à cette famille , que 
je pouvois découvrir dans lés herbiers. J'ai renoncé à la or 
cation de la géographie des Amentacées, par les motifs que j ’ai 
exposés au commencement de ce Mémoire; mais je n’ai pas renoncé 


à celle des espèces. J'en offre ici neuf, dont huit sont nouvelles ; 
j'en ferai paroître incessamment quelques autres. 


Sauix coLuTeoïpes. PI. 1. 


. S, foliis ellipticis obtusis mucronulatis intégerrimis glabris, sub- 
petiolatis , basi cuneatis obliquis , subtus glaucis, amentis masculis 
coætaneis oblongo conicis basi PRE EEE 8-12-andris , 
Jfilamentis inæqualibus. 

ARBRE Ou ARBRISSEAU ? Rameaux grêles, cylindriques, glabres, 
d’un brun rougeâtre; jeunes pousses. florifères courtes ; feuillées. 
Stipules fugaces..…… 

FEUILLES pos alternes, longues de pouce à 1 pouce, larges 
de 3 à 5 lignes; elliptiques, entières ; sommet arrondi; base cunéi- 
forme, oblique; bord légèrement ondulé ; face supérieure glabre; 
face , inférieure couverte d’une poussière: glauque ; côté médiane 
prolongée au sommet en une pointe fine, très-courte ; nervures à 
peine visibles, presque opposées , ramifiées. Pétiole grêle, de 
à 2 lignes. \ 

Cuatons maLes longs fleé 1 pouce ou moins ; coniques ou obléngs'; 
interrompus à la base, solitaires sur des pédoncules filiforimes, 
glabres. Bractées florifères làches , ovales aiguës, concaves, brunâ- 
tres , garnies en dedans et au bord de poils soyeux, touffus et blancs. 
Etamines au nombre de huit à douze dans chaque fleur, insérées au 


Zom .14. | PL. 20. 


SAZIX COLUTEOIDES. 


Jom..24. 


LÉ ï 
À ARTS ES Le 
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222 


Foy 
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Mirbel del 


Pl.2. 
ALNUS CASTANEÆFOLIA. 


L 
DAT OU CO © OR DUR PEN PE PE 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 463 
fond d’une glande cupuliforme découpée en lobes irréguliers: Filets 
grèles , inégaux , la plapart plus longs que la bractée , courbés ‘en 
sens divers. Ænthères jaunes , didymes , biloculaires , s'ouvrant en 
avant dans leur longueur. Pollen globuleux: BREL 

InDivrbu FEMELLE inconnu. : 2%! H101 
Ce Saule a été trouvé au Sénégal par M: Pérodet. : 


ALNUS cASTANEÆFOLIA. Pl. 2, e 


L 


“A. foliis oblongo-ellipticis obtusis repandis, aüt 6blongo-lanceo: 
latis eroso-dentatis ; petiolatis, supra glabris, sublus in nervorüm 
&xillis pubescentibus, paniculabasi foliata, amentis masculis termi- 
nalibus erectis. He LE : me 

Arsre à fleurs monoïques ; rameaux alternés, cylindriques , gla- 
bres. Bourgeons axillaires, pee Jeunes pousses trigones' pe 
bescéntes. ‘ 

Feuies pétiolées , stipulées , ane celles des pousses précoces 
longues de 3 à 4 pouces, larges de 10 à 15 lignes, oblongues lancéo- 
lées', dentelées ; dentelures inégales , séparées par des sinus alongés , 
quelquefois foiblemeut et irrégulièrement denticulées; celles des 
pousses tardives plus petites , ovales ‘alongées ,'sinuolées : les unes 
et les autres glabres et d’un vert foncé en dessus, pubescentes dans 
l’aisselle des nervures latérales et pâles en’dessous; nervures fines, 
rectilignes , parallèles, unies entre elles par des veines transver- 
sales. Pétiole grèle, long de 4 à r0 lignes , un peu velu: Stipules pe- 
tites, glabres, membraneuses, linéaires-lancéolées , caduques. : 

InFLorescence : Chatons pédicellés ; axillaires, dispodés en pani- 
cule terminale sur un rameau pédonculiforme , grêle , parsemé de 
poils; feuillé à la base de:ses subdivisions inférieures, garni plus 
haut de simples stipules et nu au sommet. 

Cartons maLEs dressés, compactes, longs de r à 2 pouces; un peu 
plus grêles que ceux de lÆ/nus glutinosa, au nombre de 4 ou 5 à la 
partie supérieure de la panicule. Bractéés triflorés, ovales, arron- 


464 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


dies , peltées, coriaces , garnies intérieurement de 4 bractéoles mem- 
braneuses. Fleurs presque sessiles. Périanthe simple, monosépale, 
profondément divisé en 4 lobes ovales oblongs. Quatre étamines op- 
positives , insérées au fond du périanthe. Filets courts, capillaires. 
Anthères saïllantes , ovoïdes , bilobées , biloculaires, inverses ; lobes 
s’ouvrant en avant dans leur longueur. Pollen globuleux , à 4 ou 5 
mamelons. 

Cmarons remeLes longs de 2 lignes, ovoïdes, cylindriques , grou- 
pés en épi au nombre de 4 ou 5 sur des pédicelles communs, les- 
quels égalent les pétioles en longueur et sont insérés à la partie in- 
férieure de la panicule. Bractées charnues, arrondies, aiguës au 
sommet. Braciéoles.…. Fleurs comme dans les autres espèces 
connues. 

Fruits... 

Cette espèce a été découverte par Dombey , à Tarma au Pérou. 


ALNUS ACUMINATA. (Humb. et Bonpl.) PI. 5. 


A. foliis ovatis aut ovato-oblongis, acuminatis, basi subrotun- 
datis, duplicato serratis , supra glabris subtus nervis pubescentibus, 
panicula nuda, amentis fœmineis terminalibus. 

Anrsre à fleurs monoïques. Rameaux cylindriques un peu verru- 
queux , trigones ; pubescens vers le sommet. Bourgeons pubescens , 
pédicellés. 

Feuizces ovales ou ovales oblongues , pétiolées , alternés , longues 
de 5 à 6 pouces , larges de 1+ à 3 pouces ; sommet rétréci en pointe 
plus ou moins aiguë ; base ordinairement arrondie, quelquefois un 
peu cunéiforme; bord entier à la partie inférieure, doublement den- 
telé dans le reste du contour; surface glabre et lisse en dessus ; côte 
et nervures épaisses , pubescentes en dessous ; nervures parallèles ; 
veinules transverses. Pétiole canaliculé, renflé à la base, long de 4 à 
10 lignes, pubescent. Sripules ovales lancéolées, membraneuses, 
parsemées de poils , caduques. 


Mob delf 


P1.3. 
ALNUS ACUMINATA. Humb. et Bonpl. 


NU 


Q 
RS re \ 


Morbel delf 


P1.4. 


FAGUS OBLIQUA. 


er 


GÉOGRAPHIE, BOTANIQUE. 465 

Ivrcorescence. Pédonculé commun latéral , glabre , non.feuillé , 

_ramifié en panicule. | rat 

Cartons mazes longs de 2 à 3 pouces, épais comme une grosse 
plume à écrire, oblongs, compactes , dressés, naissant au nombre 
de 3.uo 4 sur des pédicelles simples ou rameux à la partie infé- 
rieure de la panicule. Bractées florifères triflores , coriaces, non 
peltées , glabres, arrondies, garnies intérieurement de 4 bractéoles 
membraniformes. Aeurs sessiles. Périanthe simple, monosépale, 
membraneux, veiné , profondément divisé en 4 ou 6 lobes oblongs 
et obtus. Etamines au nombre de 4 ou 6, appositives, attachées 
vers la base du périanthe. Filets capillaires, un peu moins longs que 
le périanthe. Ænthères saillantes, ovoïdes , bilobées, biloculaires!, 
inverses ; lobes s’ouvrant en avant dans leur longueur. Pollen glo- 
buleux. 

Cæarows remezces longs d’un demi - pouce environ, épais de 3 
lignes, ovales-alongés, au nombre de 4 ou 5, sessiles ou courte- 
ment pédicellés, distants , terminant la panicule. Bractées bi- 
flores , charnues, ovales cunéiformes , obtuses, garnies intérieure- 
ment de trois bractéoles membraneuses , oblongues. Fleurs comme 
dans les autres espèces. Fruit inconnu. 

: L'échantillon que j’ai dessiné a été recueilli au Pérou par Dombey. 
Depuis, MM. de Humboldt et Bonpland ont rapporté cette espèce 
des mêmes contrées. La description qu'ils ont publiée est très- 
exacte , mais elle est moins complète que la mienne. L’échantillon 
qu'ils avoient sous les yeux étoit très-défectueux : ils ne l'ont pas fait 


figurer. 
Facus osriqua. PI. 4. 


F, foliis ovato-oblongis \obliquis subrhomboïdeis obtusis dupli- 
cato-serratis , basi integris in petiolum attenuatis, pilosiusculis , 
perianthiis masculis solitariis hæmisphæricis sinuatis 30-40-an- 
dris , cupulis capsuliformibus muricatis quadripartitis, segmentis 
ovatis obtusis , ovariis inclusis triquetris, angulis alatis. 


Mém. du Muséum. 1. 14. 60 


466 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

Anene roresrien très-élevé , touffu, à fleurs monoïques. 

Feuires minces, plissées dans le bourgeon , alternes ; longues de 
1 à 2 pouces, larges de 4 à 8 lignes, ovales oblongues, rhomboïdales 
obliques ; sommet obtus ; base cunéiforme, retrécie en pétiole grêle 
et court; bord entier et cilié à la partie inférieure , doublement 
dentelé etiglabre dans le reste du contour; côle et nervures pubes- 
centes ; veinules réticulées. Stipules caduques, membraneuses, lan- 
céolées linéaires, environ de la longueur du pétiole. 

Freurs mAzes solitaires, axillairés, pédonculées. Pédoncule grêle, 
long de 2 à 6 lignes, parsemé de petits poils courts. Périanthe 
simple, hémisphérique, membraneux , irrégulièrement sinué et 
lobé , portant à l’extérieur des poils rares et fins. Ætamines en 
nombre indéterminé (30 à 40). Filets courts, parsemés de petits 
poils. Ænthères saillantes, basifixes, allongées, obtuses , subtétra- 
gones, vélues, biloculaires, s’ouvrant longitudinalement par les 
côtés; Pollen globuleux. ' 

Fceuns FEMELLES: Cupule solitaire, pédonculée, axillaire, capsuli- 
forme,ovoïde,coriace, véloutée, hérissée de pointes, triflore, s’ouvrant 
en 4 ségmens ovales, réunis deux à deux à la base. Pédoncule 
de la longueur des pétioles ou plus court qu'eux, épaïssi au sommet, 
parsemé de petits poils. Périanthe simple, adhérent, à'six dents 
obtuses , pubescentes, dont 3 alternes, cuculliformes , :prolon- 
gées inférieurement sur les angles de l'ovaire en 3 ailes mem- 
brareuses. Ovaire ovoïde , trigone , ailé, couronné par les dents du 
périanthe , composé de trois coques soudées , chacune uniloculaire, 
biovulée. Ovules pendans , attachés vers le sommet de l’angle cen- 
tral des coques. Style très-court , divisé presque jusqu’à sa base en 
trois stigmates subulés , divergens, correspondant chacun à lune 
des coques de l'ovaire (1). Frurr.…. 


(1) J'emploie ici le mot coque dans le sens que je lui ai donné en traitant du 
Péricarpe (Voyez Dictionn. des Sciences nat.). De tous temps les botanistes ont 


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GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 467 


Ce Hêtre est indigène au Chili; il a été observéà la Conception par 
Dombey. D’après les notes: manuscrites de ce-botaniste il ponte le 
nom vulgaire de Robléet fleurit en septembre. 


Facus Domsevr. PI. 5. 


H : KI L 
F. foliis ovato lanceolatis subrhomboïdeis. acutiusculis, serratis 
coriaceis nitidis glabris , basi obliquecuneatis , subpetiolatis, perian- 


+ | 


reconnu l’analogie qui existe entre le péricarpe à cinq coques libres du, Pied- 
d’alouette, et le péricarpe à cinq coques conjointes de la Nigelle. Ici, et dans 
d’autres cas semblables, la Nature montre si clairement son plan, que personne 
ne peut s’y meéprendre. Mais il est des cas où l’analogie est moins évidente. Tel est 
celui qui s’est présenté à moi en 1810 ( Voyez Annales du Muséum, tome 15), 
quand ÿ’examinai la famille des Labiées. Je constatai alors, par une analyse rigou- 
reuse, que les quatre graines nues de Linné ne sont autres choses que quatre coques, 
isolées les unes des autres parce que l’axe central qui, dans un grand.nombre,de 
péricarpes appartenant à d’autres familles, porte les graines et sert de lien commun 
aux différentes loges , a, pour ainsi dire, dans les Labiées, fait défaut et laissé les 
coques en liberte, J’offris en preuve les Borraginées , lesquelles ont dans quelques 
genres, quatre coques libres comme les Labiées, et dans d’autres quatre coques 
réunies en un seul,corps. Dans la même année 1810, M. Robert Brown publia le 
premier volume de son Prodromus Floræ Novæ-Hollandiæ. On ylit.(p. 558) ces 
mots remarquables: « Capsulas omnes pluriloculares ertotidem thecis conferrumi- 
« natas esse, et diversas solùm modis gradibusque cohæsionis et solubilitatis 
« partium judico. » ‘L'auteur cite ensuite plusieurs exemples à l’appui de son 
opinion. En 1813, dans le Journal de Physique, vol. 77: P- 173, je donnai l’en- 
semble de ma doctrine sur la structure du fruit : je la résumai en ce peu de mots 
(p: 178):.« Nous pouvons dire qu’une fleur quelconque n’a jamäis plus d’un 
« ovaire , et que les petites boîtes distinctes, fixées sur un même réceptacle;, ne 
« sont que des portions d’un péricarpe unique. » Plus loin ,(p..186.et,suiy.), 
j'affirmois que le légume ne diffère pas par les caractères essentiels .des boîtes 
groupées, ou mème soudées, qui composent le péricarpe des Renonculacées, des 
Mälvacées , des (Rosacées, etc. Ainsi, selon moi, la gousse ou légume étoit le type 
dé la plupart des fruits. Trois ans après (1816), M.'Robert Brown exposa la même : 
idée. dans son Mémoiresur les, Synanthérées. Nous: suivions la même route, il est 
tout simple que nous soyons arriyés au même but. 


60* 


463 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


thiis masculis ternis campanulatis 4-5-lobis 8-10-andris, cupulis 
involucriformibus læœvigatis quadripartitis , segmentis sublinea- 
ribus laciniatis, ovariis lateraliter exsertis triquetris , angulis mar- 
ginatis. 

Anne forestier à fleurs monoïques. Rameaux flexueux, lisses , 
glabres, étalés. Jeunes pousses pubescentes , visqueuses.| 

Feuices non plissées dans le bourgeon, alternes, stipulées , pétio- 
lées , nombreuses , rapprochées, longues de 5 à 10 lignes, sur 3 49 
de large dans les rameaux florifères , et du double environ dans les 
rameaux stériles, coriaces , obliques , rhomboïdales, ovales-lancéo- 
lées; sommet le plus souvent aigu; base inégale , atténuée en pé- 
tiole; bord entier inférieurement, dentelé ou doublement dentelé 
dans le reste du contour; surface glabre , parsemée de glandules 
papillaires, résinifères, la face supérieure lustrée et d’une cou- 
leur plus foncée ; côte un peu velue vers sa base; 7ervures très- 
fines , glabres; veinules réticulées. Pétioles de 1 à 2 lignes, pubes- 
cens, filiformes. Stipules ovales, fugaces, de la longueur environ 
du. pétiole. 

Freurs mares ternées sur des pédoncules axillaires , solitaires , 
gréles, pubescens , longs de 1 ligne. Périanthe un peu plus long 
que le pétiole, simple, campanulé, membraneux, veiné, velu ; 
limbe découpé en 5 ou 6 lobes ou dents ciliés. Etamines glabres, 
saillantes , insérées au fond du périanthe au nombre de 10 à 12; Fi- 
lets capillaires , longs. Ænthères oblongues, subtétragones , bilocu- 
laires , basifixes, s’ouvrant latéralement, surmontées d’un appendice 
gu, courbé en arrière. 

Freurs remezces : Cupule subsessile , solitaire , axillaire, triflore , 
cartilagineuse, parsemée de poils rares, divisée en lanières épaisses, 
irrégulièrement laciniées, rapprochées deux à deux, dressées contre 
les fleurs , aussi longues qu’elles, trop étroites pour les couvrir. Pé- 
rianthe simple , adkérant, à 6 dents aiguës, dont 3 alternes pro- 
longées inférieurement sur les angles de l'ovaire en un simple re- 


ai 


Jom.14. 


Es 
L 


FAGUS BETULOIDES. 


\ 

: GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 469 
bord mince , cilié, saillant entre les lanières de la cupule. Les autres 
caractères , comme dans le Fagus obliqua, si ce n’est que la fleur 
centrale n’a qu’un périanthe à 4 dents, un ovaire à 2 faces , à 2 co- 
ques et un style à 2 stigmates. Fruit inconnu. 

Cette espèce a été trouvée avec la précédente par le botaniste au- 
quel je la dédie. Elle forme un arbre élevé, fort touffu , qui porte le 
nom vulgaire de Coigué, et fournit un excellent bois de construction. 
Les échantillons de l’herbier du Muséum portent fort peu de fleurs 
mâles , ce qui semble indiquer qu’ils ont été récoltés un peu après la 
floraison. 

Facus seruLoïnes. PI. 6. 

F. foliis ovato-ellipticis obtusis crenulatis coriaceis nitidis gla- 
bris , basi rotundatis brevissime petiolatis, perianthiis masculis so- 
litariis turbinatis 5-7-lobis, 10-16-andris, cupulis involucrifor- 
mibus lævigatis quadripartitis, sesmentis sublinearibus laciniatis , 
ovariis lateraliter exsertis triquetris, angulis marginatis. 

Are forestier à fleurs monoïques. Rameaux divariqués, tor- 
tueux, ridés, brunâtres. Jeunes pousses pubescentes. 

Feunxes ciliées, non plissées dans le bourgeon, alternes, pétio- 
lées, ramassées sur les derniers rameaux et comme imbriquées, 
coriaces , glabres, longues de 4 à ro lignes, sur 3 à 8 de large, 
ovales-elliptiques , obtuses ; bord arrondi et entier à la base, crénelé 
dans le reste du contour , et même cà et là doublement crénelé; sur- 
: faces parsemées de glandules papillaires , résinifères , la face supé- 
rieure lustrée et d’une couleur plus foncée; côte et nervures très- 
fines, glabres; veinules réticulées. Pétioles longs d’une ligne environ, 
filiformes , pubescens. Stipules fugaces, membraneuses, ovales- 
lancéolées , un peu plus longues que le pétiole. | 

Freurs axillaires , rapprochées vers le sommet des rameaux. 

Freurs MaLes pédonculées, solitaires. Pédoncule filiforme, pubes- 
cent, de la longueur du pétiole. Périanthe simple, très-petit , tur- 
biné, membraneux, rougeâtre, veiné, parsemé de poils rares ;limbe 


470 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 

tronqué obliquement , découpé en 5 à 7 lobes arrondis, ciliés. Eta- 
mines très-saillantes, insérées au fond du périanthe au nombre de 10 
à 16. Filets capillaires, très-longs. Ænthères oblongues, bilocu- 
laires, basifixes, s’ouvrant latéralement, surmontées d’un appendice 
épais , obtus , courbé en arrière. Pollen globuleux. 

Freurs remeLres : Cupule sessile, offrant , ainsi que les fleurs, les 
mêmes caractères que le Fagus Dombeyi, si ce n’est que la fleur 
centrale de chaque cupule n’est point différente des fleurs latérales. 

La structureet la disposition des fleurs mâles, ainsi que plusieurs 
caractères de la végétation, paroïissent rapprocher cette espèce du 
Fagus antarctica de Forster; mais selon ce botaniste, les feuilles du 
Fagus antarctica sont plissées dans le bourgeon, et leur disque est 
moins prolongé sur le pétiole d’un côté que de l’autre ( « Folia disco 
superiore breviore , » Comment. Gætting. 9. p.24), caractères qui 
n'existent point dans le Fugus betuloïdes. En revanche, il en offre 
d’autres dont Forster ne fait aucune mention , en parlant de l’antarc- 
tica ;et ces caractères ne sont pourtant pas de nature à être mis en 
oubli dans une description complète; tels sont la consistance épaisse 
et coriace des feuilles, le lustré de leur face supérieure, les glan- 
dules dont elles sont parsemées. La description que Wildenow donne 
du Fagus antarctica (Sp. pl. 4. p. 460) ne convient pas davantage 
à mon espèce. Je crois donc avoir suflisamment établi la non 
identité du Fagus antarctica et du Fagus betuloïdes, mais il faudra 
probablement rapporter comme synonyme de ce dernier le Betula 
antarctica de Forster, décrit par Wildenow (Sp. pl. 4. p. 466) sur 
des échantillons sans fleurs ni fruits. Forster lui-même.en donne 
. simplement le nom dans une liste de plantes recueillies par lui, 
sans fleurs, aux terres Magellaniques ( Comment Gætt. 9. p. 42). 
Commerson, qui a récolté dans les mêmes contrées les échantillons 
sur lesquels j'ai fait ma description, et qui remarque dans ses notes 
qu’ils proviennent d’un arbre formant de vastes forêts sur toutes les 
côtes, les a également étiquetés Betula antarctica. Je puis encore 


L 


X 
N 
Ÿ 


PL.7. 


FAGUS DUBIA. 


k ww 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 471 


m’appuyer de l’autorité du célèbre Vahl, qui a écrit le même nom 
au bas d’un échantillon que M. Ad. de Jussieu a bien voulu me-con- 
fier. Enfin la description que Wildenow a publiée du Betula an- 
tarctica s'applique très-bien au Fagus betuloïdes, et il ne se trompe 
sur le genre, que parce que l'échantillon qu’il a eu sous les yeux 
étoit dépourvu de fleurs. 


Facus pusra. PI. 7. 


F. foliis ovatis obtusiusculis duplicato serratis coriaceis nitidis 
glabris, basi rotundatis,.brevissime petiolatis , perianthiis masculis 
solitariis turbinatis 5-7-lobis 10-16-andris, cupulis..…. 

J'ai de forts soupçons que le Fagus dubia n’est autre chose qu’une 
variété ou plutôt qu’un individu mieux venu. du Fagus betuloïdes. 
Les, rameaux plus lisses , plus alongés, les feuilles plus grandes, plus 
espacées, ovales et non elliptiques, dentelées et non crénelées, 
toutes ces différences peuvent résulter d’une végétation plus vigou- 
reuse. D'ailleurs les autres caractères que présente l’échantillon que 
jai sous les yeux sont parfaitement semblables à ceux du Fagus be- 
tuloïdes. J’ajouterai que Commerson, qui a recueilli cet échantillon 
au détroit de Magellan, l’avoit réuni aux autres dans la même 
feuille, sous le nom de Betula antarctica. Cependant, comme je 
nai pas vu la fleur femelle du Fagus dubia , je n’ose le confondre 
avec le Fagus betuloïdes. 

L'introduction dans le genre Fagus de trois ou qnatre espèces qui 
n’ayoient pas été décrites, modifie.le caractère générique et autorise 
la division du groupe en deux sections bien tranchées. Voici la ré- 
daction que je propose : 

Fzores monoicr. Masculi solitarii vel capitulis aggregati; perian- 
thium simplex membranaceum , monophyllum ; .stamina . 8-40; 
fæminei in cupula 4-partita bini vel terni ; perianthium simplex, 
adhærens,, 6-dentatum; ovarium triloculare , loculis. biovulatis. 
Stylus 1 brevis; stigmata 3 subulata; fructus trigonus, abortu 
unilocularis, monospermus; seen pendulum ; radicula lateraliter 


" 


472 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


adversa , brevis ; cotyledonescrassæ ,carnosæ ; perispermum nullum: 

Secrio I: Cupula muricata , capsuliformis ; ovaria inclusa ; folia 
juoiora plicata. 

Fagus sylvatica 
— ferruginea. 
— obliqua. 
Secrio IL : Cupula involucriformis, segmentis angustis laciniatis ; ; 
ovaria lateribus exserta; folia ; juniora non plicata. 
Fagus Dombeyi. 
— betuloïdes. 
— dubia ? 

Je ne cite ni le Fagus antaretica de Forster, ni le Fagus cochin- 
chinensis de Loureiro, ni le Fagus qui, selon Cunningham ( Kings 
survey of the coasts of Australia, vol. 1, p. 158), croît à la Terre 
de Diémen. La description du premier ne dit rien de la fleur femelle 
qui, jusqu’à présent, n’est pas connue. La description du second est 
si loin de donner une idée nette de l’arbre que Loureiro a vu à la 
Cochinchine, que l’on peut douter que ce soit un Fagus. Quant à 
l’espèce de la Terre de Diémen, indiquée par Cunningham , elle n'est 
encore ni décrite ni nommée. 


MxyricA macroPuyLLa. PI. 8. 


M. foliis obovato-ellipticis aut cuneatis obtusis grossè serratis , 
subpetiolatis, glabris , amentis in paniculas unisexuas dispositis , 
masculis cylindricis brevibus, fœmineis.….. fructibus ovato-globosis 
tuberculosis. 

ARBRE OU ARBRISSEAU ? à fleurs monoïques. 

Feuizces alternes, coriaces , glabres , longues de 2 à 3 pouces sur 
1 ou 2 de large, parsemées de glandules globuleuses résinifères ; 
les feuilles nn obovales , obtuses, rétrécies en pétiole avec 
le bord entier à la base , et dentelées sur le reste du contour ; dente- 
lures larges , peu profondes, très-inclinées ; côte épaisse ; nervures 
fines, arquées , divisées et subdivisées en veinules à leur extrémité; 


Mirbel del? 


P1.8. PlepèreetF. füs veu} 
MYRICA MACROPHYLLA. 


— 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 173 


lesfeuilles inférieures plus petites, cunéiformes et comme spathu- 
lées, dentelées seulement vers leur sommet. Pétiole épais, pubes- 
cent , long de 1, à 3 lignes ou presque nul. 

InrLOREscENcE : chatons disposés en panicules simples unisexuelles, 
sur des pédoncules communs longs de 2 à 3 pouces, solitaires , axil- 
laires , pubescens. 

 Fieurs mazes : Panicules làches ; Chatons cylindriques , grêles, 
longs de 6 à 8 lignes. Bractées florifères réniformes, pubescentes en 
dehors et ciliées. Etamines au nombre de 4 insérées à la partie pos- 
térieure de la bractée. Filets courts, comme monadelphes à leur 
base. Anthères biloculaires, bilobées; lobes ovoïdes s’ouvrant en 
avant dans leur longueur. Pollen mamelonné, de formes diverses. 

Freurs FEMELLES inconnues. 

FrurTs : Drupes secs, ovoïdes, uniloculaires , monospermes, de la 
grosseur d’un petit pois, tout couverts d’écailles imbriquées, calleuses 
à leur sommet, souvent groupés plusieurs ensemble:sur les ramifi- 
cations du pédoncule commun et accompagnés à la base de deux 
bractées cordiformes, pubescentes. Graine ovoïde, attachée au fond 
de la cavité du péricarpe.…… 

Cette espèce a été rapportée de Java par M. Leschenault. La pa - 
nicule mâle (pl. 8, fig. G) a été dessinée d’après un échantiilon 
qui n’avoit point de panicules femelles: Un autre échantillon dont 
Joffre ici la représentation (pl. 8, fig. A), portoit dans sa partie 
moyenne des panicules femelles en fruits ; mais de Vaisselle des 
feuilles supérieures , il partoit des panicules mâles ; dont les chatons, 
mal développés , laissoient cependant apercevoir quelques fleurs 
bien conformées, semblables à celles que l’on voit fig. H et I. J'ignore 
si les deux échantillons ont été recueillis sur le même pied ou sur 
des pieds différens. Les fruits étoient trop avancés pour qu'on pût 
se former une idée exacte de l’attache primitive de l’ovule ,et trop 
jeunes pour qu’on pût observer l'embryon. Ce qui étoit évident , c’est 
que la graine adhéroit par sa partie inférieure au fond de la coque 
péricarpienne, =t qu’elle se prolongeoïit à son sommet en une pointe 


Mém. du Muséum. 1. 14. 61 


474 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


fine, semblable à un funicule qui se seroit détaché antérieurement du 
point le plus élevé de la cavité de la coque. J’ai fait la mêmeobser- 
vation dans le Myrica gale. La graine à l’état d’ovule, seroit-elle 
pendante , et, plus développée, se soudroit-elle au fond'de la cavité, 
comme il arrive dans le Castanea vesca? ou plutôt l’attache’infé- 
rieure seroit-elle véritablement le hile, ainsi que le pensoit’feu 
M. Richard, et la pointe dirigée vers le sommet du péricarpeindi- 
queroit-elle la place du micropyle, comme je serois tenté de le croire 
d’après l’importante découverte de M: Th. Smith et la belle série 
d'observations de MM: R. Brown et Adolphe Brongniart ? 


MyricA sPATHULATA. PI. O. 


M. foliis spathulatis retusis integerrimis glabris, amentis imas- 
culis sessilibus axillaribus solitariis, petiolis subbrevioribus,, fœ- 
MN S vu ver 

ARBRE OU ARBRISSEAU ? à fleurs monoïques. Rameaux glabres, lisses, 
cylindriques. Boutons axillaires , sphériques, écailleux, 

Feurzes alternes , pétiolées, spathulées, longues de, 1 pouce à 
2 + pouces, larges de 5 à 10 lignes, coriaces, lustrées, très-entières, 
glabres, parsemées de glandules globuleuses , résinifères ; sommet 
arrondi , échancré ; base rétrécie en un pétiole longde 6 à:9 lignes ;, 
côte proéminente ; nervures fines , divisées et subdivisées en veinules. 

Crarons maLes sessiles , axillaires , solitaires, grêles, cylindriques, 
dressés , continus , un peu plus courts que les pétioles. Bractées flo- 
rifères réniformes , concaves, glanduleuses, ciliées , rétrécies posté- 
rieurement en un support court, épais. Etamines au nombre de 4, 
insérées au sommet du support sur la face interne de l’écaille. Filets 
libres, capillaires, très-courts. Ænthères biloculaires, bilobées ; lobes 
ovoïdes s’ouyrant en avant dans.leur longueur. Pollen trigone, ma- 
melonné. 

Fleurs femelles et.fruits inconnus. 

Cette espèce a été trouvée à Madagascar par M. Pérodet.. 


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EXPLICATION DES PLANCHES. 


PI. I. Sax corureLoïpes. 


A. Rameau de grandeur-naturelle (r)..—B. Rleür-mâle isolée. :—-C: Étamine vue 
par sa face postérieure: = D.Lamémervue rpar”sa face antérieure: --Æ. La 
même dont les.loges sont-ouvertes. =—/F. Pollen vu au microscope. 


PI. IL. ALnus cASTANEÆroLIA. 


A. Rameau de grandeur naturelle. — B. Bourgeon folüfere de grandeur natu- 
relle. — GC. Une bractée du chaton mâle, sur la face interne de laquelle 
sont attachées trois fleurs.—D. Fleur mâle isolée. —E. La même : on a écarté 
les lobes du périanthe pour faire voir l’attache des étamines. — F. Bractée 
florifère du chaton mâle, de laquelle on a enlevé les fleurs, vue intérieure 
ment.— G. Pollen vu au microscope.—H. Bractée florifere, sur laquelle sont 
attachées deux fleurs femelles ; vue extérieurement. 


PI. IIL Arvos ACUMINATA. 


A. Rameau de grandeur naturelle — B. Bractée florifère du chaton femelle, vue 
intérieurement. — C. La-même vuétextérieurement. — D. Bractée florifère 
du chaton mâle , vue de face. — E. La même vue de profil. — F. Fleur mâle 
isolée. — G. Autre fleur mâle : on a écarté les lobes du périanthe pour faire 
voir le nombre et l'insertion des étamines. — H. Pollen vu au microscope. 


PI. IV. Facus OBLIQUA. 


A. Rameau de grandeur naturelle, n’offrant que des fleurs femelles. — B. Autre 
rameau de grandeur naturelle, moins avancé, offrant des fleurs mâles. — C. 
Feuille prise sur un rameau qui ne portoit point de fleurs, vue en dessous, 
de grandeur naturelle. — D. Une fleur mâle vue de haut en bas. — E, Éta- 
mine vue par sa face postérieure. —F, La même vue par sa face antérieure. 
— G. La même vue par un de ses côtés. — H. Pollen vu au MICrosCope. — 
T. Cupule contenant troïs fleurs. — K. Fleur femelle isolée vue par l’un de ses 


oo 
= 


(1) Les figures qu’on n'indique pas comme étant de’grändéur nätuÿélle, ‘sont très-grossies. 


476 GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. 


côtés. — L. La même vue par l’une de ses faces. —M. La même coupée 
transversalement. — N. La même coupée longitudinalement. 


PI. V. Facus Domsevi. 


A. Rameau de grandeur naturelle, portant des fleurs femelles de grandeur natu- 
relle. — B. Portion d’un autre rameau qui ne portoit pas de fleurs, de gran- 
deur naturelle. — C. Trois fleurs mâles fixées au sommet d’un pédoncule 
commun.— D. Étamine vue par sa face postérieure. — E. La même vue par 
sa face antérieure. —F. La même vue de côlé. —G. Cupule. —H. La même 
dont on a écarté les lobes pour montrer les fleurs. — I. Fleur femelle isolée , 
vue par l’une de ses faces ; elle n’a que deux stigmates, deux marges et deux 
loges par avortement. — K. Autre fleur coupée verticalement. 


PI. VI. Facus BETULOÏDES. 


A. Rameau de grandeur naturelle. — B. Portion supérieure d’un rameau dont on 
a enlevé les feuilles inférieures pour faire voir la disposition des fleurs. — 
C. Fleur mâle dont on a fendu le périanthe dans sa longueur. — D. Étamine 
vue par sa face antérieure. —E. La même vue par sa face postérieure. — 
F. La même vue par le côté. — G. Cupule contenant trois fleurs femelles. 
— H. Une de ces fleurs idlées. — I. Une cupule dont on a enlevé les fleurs. 


PI. VII Facus DUBIA4 


Rameau de grandeur naturelle. 
PI. VIIL. Myrica MACROPHYLLA. 


A. Rameau de grandeur naturelle, — b. Un drupe de grandeur naturelle, avec 
quatre bractées à la base. Je n’ai jamais vu que deux bractées, cependant un 
observateur habile, qui a dessiné les figures b et B, croit en avoir aperçu 
quatre. — B. Le même grossi. — C. Le même coupé horizontalement. — 
D. Le même coupé verticalement. — E. Graine. — F. Une des écailles tuber- 
culées dont est recouvert le péricarpe. — G. Panicule mâle de grandeur natu- 
relle.—H. Une des ramifications de cette panicule, grossie.—I. Fleur mâle vue 
de haut en bas. — K. La même vue par sa face antérieure. — L. La même 
vue par sa face postérieure. — M. Bractée staminifere vue en dessous. — N. 
N°’. 1 à 10, différentes formes de pollen. 


GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. - 1 


PI. IX, N°. 1. Myrica,sPATHULATA. 


À. Rameau de grandeur naturelle. — B. Fleur mâle. — C. Bractée staminifère.— 
D. Pollen de formes diverses, vu au microscope. 


N°. 2. Myrica GALE var. 


A. Rameau de grandeur naturelle: — B. Fruit mûr, accompagné de sa bractée 
antérieure et libre, et de ses deux bractées latérales, lesquelles sont soudées 
au péricarpe. — C. Le même dont on a enlevé la bractée antérieure — 
D. Le même coupé verticalement. — E. Graine. —F. Embryon. 

L’échantillon qui m’a servi de modele a été recueilli en Portugal. Il appartient à 

l’herbier de Vaillant. Les feuilles sont comme drapées par les poils entremé- 
lés qui les recouvrent, : les stigmates sont parsemés de petits poils. Je n’ai pu 
découvrir de poils sur les stigmates du Gale des environs de Paris, et ses 
feuillés sont tres-peu velues. Néanmoins ces différences sont trop légères pour 
que je me croie en droit de donner le Myrica de Portugal comme une espèce 
distincte du Gale. 


DAIURT LE AAA] 1 = 
TABLE 
DES MEMOIRES ET NOTICES 
Contenus dans ce quatorzième Volume. 


M. LE Bo, CUVIER. 
Sur Le genre de Reptiles batraciens nommé Amraruma , et 
sur une nouvelle espèce de ce genre ( AmPAIuMA rRIDAC- 


| TYLUM). 1—14 
Du Canard pie, à pieds demi palmés, de la Nouvelle- 
Hollande. 345—347 


M. LAUGIER. 


Analyse de la variété en masse de l’Essonite de Ceylan. 
336—339 
Analyse des Indianites blanche et rose de Coromandel. 
340—344 

M. AUG. DE SAINT-HILAIRE. 


Sur le système d'Agriculture adopté par les Brasiliens , et 
les résultats qu'il a eus dans la province de Minas- 
Geraes. 85—093 

Mémoire sur le genre Tozzra. 9/4—99 

Mémoire sur la série linéaire des plantes polypétales, et 
en particulier de celles qui font partie de la flore 
brasilienne. 120— 130 


TABLE DES MÉMOIRES ET. NOTICES. 2 
Enumeratio Plantarum quas in insulis Balearibus col- 
legit J. CAmersseves, carumque ctrca mare Mediter- 
raneum distributio geograpluca. 173—335 


M. MIRBEL. , 


Acohewois sur la distribution VEN des 2 égétaux 
phanérogames de. Ancien-Monde, depuis l'équateur 

| jusqu'au pôle arctique ; suivies .de ladescription de 
neuf espèces, de la famille des AmEnTacées. 349-474 


M. RAFFÉNEAU DELILE. 


Examen de la végétation de L'Isortes. nou el expost- 
ton de ses caractères. . à 100—T19 


M. RASPAIL. 


Mémoire concernant l'ouverture. que, Grew a décrite le 
premier sur le Test, des graines; suisi d’une notice 
_ sur le genre PonTEDERIA: ad 131—171 


M. P.JF. TURPIN! 


Organog graphie végétale. des sur quelques végé- 
taux microscopiques, et sur. le rôle important que 
leurs analogues jouent. dans. la. formation et l'ac- 
croissement du tissu cellulaire. 15—67 


LL 


Observations faites sur là Girafe envoyée au Rot par le 
+ pacha d'Egypte, et sortie du\lasaret de Marseille 
le 14 novembre 1836! : |: 68—84 


INDICATION DES PLANCHES DU XIVe. VOLUME. 


Pages. 
PI. I, IL. Amphiuna means ei son anatomie. 14 
IIL,IV, V. Organographie (microscopique) élémen- 
taire et comparée des végétaux. \ 62 
VI, VIT Zsoetes setacea. \ 114 
VIIL, IX. Exemples de la prétendue perforation de 
i l'Ovule et du Test de la graine. 170 
X. Brassica balearica. 211 
». » td Helianthemum serre. 217 
XIT. Szlene disticha. 219 
XII. Szlene rillosa. 221 
XIV. Genista lucida. 232 
XV. Lotus tetraphyllus. 241 
XVI Helichrysum Lamarcki. 269 
XVIT Helicrhysum Fontanesu. 270 
XVIIL Drsandra africana. 201 
XIX. Anas melanoleuca. 345 
XX. Salix coluteoïdes. 462 
XXI. Alnus castaneæfolia. 463 
XXIL nus acuminate, 464 
XXII  Fagus obliqua. 465 
XXIV. Fagus Domberyt. 467 
XXV.  Fagus betuloides. 469 
XXVI... Fagus dubra. 471 
XXVIL Myrica macrophylla., 1 31 472 


XXVIIL Myrica spathulata. 474 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


DES ARTICLES. 


Agriculture. Sur le système d’agricul- 
ture adopté par les Brasiliens, et 
sur ses résultats dans la province 
de Minas-Geraes, 85 et suiv. 

Alnus castaneæfolia et Alnus acumi- 

_ nata. Description et figure de ces 
deux espèces, 463. 

Amentacées. Description de quelques 
espèces nouvelles de cette famille, 
462 et s. 

ÆAmphiuma. Mémoire sur ce genre de 

_ batraciens, et description anato- 
mique de deux espèces, dont une 
est nouvelle, 1 et s. — Ce reptile 
n’est ni une sirene ni un proteus, 
il. se rapproche de la salamandre 
aquatique, 15. 

nas melanoleuca, Lath. Voyez Ca- 
nard pie. 

Anatomie comparée.NVoyez Amphiuma. 

Anatomie végétale. Voyez Carpologie, 
Globuline, Organographie végé- 
tale, Spongiole. 

Animaux. qui semblent réunir les ca- 
ractères de plusieurs familles. Voy. 
Amphiuma. 

Avortemens de la plupart des ovules 

ee dans les végétaux, 30. 


Baléares. Énumération des plantes qui 
croissent‘dans cesîles, avec la'des- 
cription et la figure de celles qui 
sont nouvelles ou! peu: connues ; 


Mém. du Muséum. 1. 14. 


précédée d’une introduction sur 
la géographie physique et la végé- 
tation de cesîles, 1 et 2. 
Batraciens. Noyez Amphiuma. 
Brasiliens. Leur système d'agriculture. 
Voyex Agriculture. 
Brassica balearica, Pers: Description 
et figure de cette plante, 2x1. 


Canard pie, à pieds demi palmés, de Ja 
Nouyelle-Hollande. Description et 
figure de cet oiseau; 345. 

Carpologie. Réfutation de l'opinion de 
Grew, qui a le premier décrit une 
ouverture sur lé test des graines, 
131 et s, — Preuves que la pré- 
tendue perforation desmembranés, 
admise par plusieursphysiologistes, 
est une illusion produite par des 
cellules ou des globules transpa- 
rens, et que lorsqu'il y à une ca- 
vité, le test se montre au fond de 
cette cavité, comme sur toute sa 
surface, sans aucune solution de 
continuité, 133'ets.—Examen ana- 
tomique de plusieurs graines, de- 
puis que les ovules sé montrent 
avant la fécondation jusqu’à la ma- 
turité, 134 et s.— Observations sur 
l'origine et l’usage des cavités et des 

- empreintes qu’on aperçoit à la sur- 
. face des'ovules fécondés;/sur le sac 
périspermatique qui sy insère, et 


62 


482 


que les botanistes ont désigné sous 
différensnoms ; enfin sur la nature 
du périsperme dans les graines des 
plantes des diverses familles, 141 
et s. — Conclusion, 155. 

Classification des végétaux. Voyez Po- 
lrpétales. 

Climats. De leur influence sur la végé- 
tation. Voyez Hiver et Géographie 
botanique. 


Drsandra africana. Description et figure 
de cette plante, 289. 

Donax tenax où Carreigt. Observation 
sur la végétation de cette graminée, 


189. 


Essonite de Ceylan. Analyse chimique 
de la variété en masse de cette 
pierre , 336. 


Fagus obliqua, F. Dombeyi, F. Betu- 
loides, et F. dubia. Description et 
figure de ces quatre espèces, 471. 

Flore des îles Baléares. Voy. Baléares. 

Flore de diverses contrées. Voyez Géo- 
graphie botanique. 


Genista lucida. Description et figure de 
cette plante, 231. 

Géographie botanique. Recherches sur 
la distribution géographique des 
végétaux phanérogames dans l’An- 
cien-Monde , depuis l'équateur jus- 
qu’au pole arctique, 349 et suiv.— 
Considérations générales sur la géo- 
graphie botanique, sur les princi- 
pes , les problèmes et les difficultés 
de cette science, 350 et suiv. — 
Division de l’ancien continent, de 
l'équateur jusqu’au pole, en cinqré- 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


gions ou zones, 363 et suiv. —T'a- 
bleau comparatif de la végétation 
des quatre zones septentrionales , 
366.—Description de la zone équa- 
toriale, 367 ; —de la zone de tran- 
sition tempérée, 372. — Tableau 
dela distribution des plantesligneu- 
ses dans les diverses contrées de la 
partie occidentale de la zone tem- 
pérée, 378.—Description des prin- 
cipales contrées de l’ancien monde, 
avec l'indication de végétaux qui 
y croissent, 384 et suiv. — Remar- 
ques sur la flore de l’Europe aus- 
trale et de lorient, 428 et suiv. ; 
— sur celle de l'Himalaya et du 
Thibet, 431; — sur celle de la 
Chine, 437 ; —sur celle du Japon, 
442 et suiv. — Renseignemens sur 
la puissance expansive des espèces 
ligneuses des contrées boréales de 
l’Ancien-Monde, contenant l’indi- 
cation des divers lieux où chacune 
d’elles se trouve, 446 et suiv. — 
Géographie physique et botanique 
des îles Baléares. Voyez Baléares. 
Girafe. Observations sur la girafe qui 
étoit à Marseille, et qui doit bientôt 
arriver à Paris, 68 et suiv. 
Globuline , le plus simple des végétaux: 
c’est une vésicule uniloculaire , qui 
se reproduit par d’autres vésicules 
formees sur ses parois intérieures, 
23 etsuiv. —Description des diver- 
ses espèces du genre globuline, con- 
fondues sous les noms de Lepra, de 
Byssus, etc., qui se présententsous 
toutes les couleurs, 24 et suiv. — 
Commentla globuline se reproduit, 
28.— Il faut distinguer deux degrés 


DES ARTICLES. 


ou deux espèces principales de glo- 
buline, la globuline solitaire et la 
globuline enchaïînée ; leur diffé- 
rence, 34 et suiv. — Comment la 
globuline s’alonge en tube, et pro- 
duction des conferves, 36. —Avor- 
tement de la plupart des petites 
globulines qui doivent la propager, 
38'et suiv. — Formation et accrois- 
sement du tissu cellulaire 40. — 
La globuline des diverses couleurs 
est le principe de la coloration des 
végétaux, 41: — Vésicules qui se 
présentent quelquefois dans un état 
de germination, 43. — Globuline 
captive, 6, 50 et suiv. Conclusions 
du mémoire, 48etsuiv.— Un grain 
de globuline peut reproduire le 
végétale dont il a été extrait, 58. 
— Premier degré d'organisation vé- 
gétal, genre globulina, 62.— Se- 
cond degré, genre alyspheria , 63. 
— Troisième degré, globuline cap- 
tive, 64. 

Graines, Voy. Carpologie. 

Grew. Examen de l'impression qu’on 
voit sur le test des graines, et que 
Grew a cru être une ouverture, 


13r et suiv. Voy. Carpologie. 


Helianthemum serræ. Description et fi- 
gure de cette plante, 216. 

Helichrysum Lamarckiïet H. Fontane- 
sii, Description et figure de cesdeux 
plantes, 269, 270. 

Heteranthera, genre voisin du Ponte- 
deria. Voy. Pontédérées. 

Hiver. De l'influence du froid hivernal 


sur la végétation, 353. Voy. Géo-. 


graphie botanique. 


483 

Indianites de‘Coromandel. Analyse chi- 
mique deices minéraux, qui ont de 
Vanalogie avec le feld+spath:, 340. 

Isoetes setacea. Examen.de sa végéta- 
tion et de ses caracteres, 100 et 
suiy. ; doit être placé entre les 
genres Lycopodium et Marsilea, 
112; sa description, 117. 


Lemna. Observation sur les radicelles 

de ces plantes, 159! Voy. Spongiole 

Lepra. Les lichens de ce genre ne sont 

que des amas de globuline.\Voy. 
ce mot. . 

Linné. Lettre de Linné à abbé du Ver- 
nols, 111 | 

Lotus tetraphyllus. Description et figure 
de cette plante, 240. 

Lycopodes. De l'existence des organes 
sexuels dans ces plantes et dans 
d’autres cryptogames , et de leur 
manière de fructifier, 112 et suiv. 


Voy. Tsoetes. 


Matière verte. Observations sur la na- 
ture ‘et le développement de la 
substance à laquelle ceux qui se 
sont occupés de Physiologie végé- 
tale ont donné ce nom, 31 ets. 
Voyez Globuline. 

Morica macrophylla et M. spathu- 
lata. Description et figure de ces 
deux espèces, 472. : 


Organographie végétale. Observations 

sur les végétaux microscopiques, 
et sur le rôle qu’ils jouent dans la 
formation et l’accroissemeut du 
tissu cellulaire, 19 et s. — Con- 
clusion du Mémoire, 48. Voyez 
Globuline. 


484 


Oscillaire! pariétine. Observation ‘sùr 
‘Je mode d’accroissement cp ce vé- 
gétal, 10. 

Ovules. Voyez Carpologie. 


) 


Périsperme. Voyez Carpologie. 
Physiologie végétale. Voyez Carpolo- 
gie; voyez aussi Isoetes lacustris. 
Pollen. 1| se présente quelquefois des 
vésicules , polliniques en état de 
germination, 43. — Une, vésicule 
| -pollinique peut se développer en 
une véritable graine, 45. Voyez 
Organographie végétale. 
Polypétales. Sur la série lineaire des 
plantes polypétales, et en particu- 
lier de celles qui font partie de la 
flore brasilienne, 120.et sui. 
Pontédérées, caracteres de cette famille 
et des deux genres dont elle se com- 
pose, 169. Voy. Pontederia. 
Pontederia. Notice sur ce genre de 
plantes et sur les espèces dont il se 
compose , 156. etsuiv. Examen du 
systeme radiculaire des pontéde- 
rées et de plusieurs plantes:aquati- 
ques, 157 et suiv. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. 


Radicules. Systeme radiculairedes plan- 
tes aquatiques. Voy. Spongiole. 


Salix coluteoïdes. Description et figure 
de cet arbre, 462. 

Silene villosa, var. nana. Description 
et figure de cette plante , 221. 
Spongiole. Espèce de coiffe qu’on re- 
marque à l'extrémité des radicules 
de plusieurs plantes aquatiques, et 
particulièrement des lemna et des 
poniederia, et réfutation de l’o- 
pinion des physiologistes qui la 
considerent comme un.organe à 

part, 157 et suiv. 


Test des graines, Voy. Carpologie. 

Tissu cellulaire. Se forme et s'accroît 
par des aggrégations de globuline. 
Voy. ce mot. 

T'ozzia. Mémoire sur ce genre de plan- 
tes, qui doit être placé dans les 
scrophularinées, près des melampy- 
rum, 44 et suiv. 


Végéiaux microscopiques. Voy. Orga- 
nographie végétale. Voy.aussi g/0- 
buline. 


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