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Full text of "Mémoires du Museum d'Histoire Naturelle"

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MÉMOIRES 
DU MUSÉUM 


D'HISTOIRE NATURELLE. 


NOMS DES PROFESSEURS. 


(PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. ) 


Messieurs , 


PORTAL. . . . . . Anatomie de l’homme. 

DE Jussieu. . . . . Professeur honoraire. 

Desrowraines. . . . Botanique au Muséum. 

De Lamarck. + . Insectes, coquilles, madrépores, etc. 


GEOFFROY-ST. Hun£, % # Zoologie. Mamnäifères ét oiseaux. 
Cover .… . .4 LE Aüatomié des animaux | ! 


LauciER . . . . . Chimie générale. 


CoRDIER . . . . Géologie, ou Histoire naturelle du globe. 


BroxGnianT . . . . Minéralogie. 
Duménm « . . . + Zoologie. Réplilés êt poissons! 
DE Jussieu Fils. . . Botanique à la campagne. 


Mirsez . . . . . Culture et naturalisation des végétaux. 


DELEUZE + Cats A4 la Canidté dac Annalog dn Mnsénm. 


MÉMOIRES 


DU MUSEUM 
D'HISTOIRE NATURELLE. 


PAR 
LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. 
OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. 


DE DTELALARIOE 


TOME DIX-HUITIÈME. 


A PARIS, 
CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, 


RUE DES MATHURINS S.-J., HÔTEL DE CLUNY. 


1829. 


IMPRIMERIE DE A. BELIN, 
rue des Mathurins Saint-Jacques, n°. 14. 


MÉMOIRES 


DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. 


MÉMOIRE 


SUR 


LA FAMILLE DES SAPINDACÉES, 


PAR M. J. CAMBESSEDES. 


Lixné a le premier senti l’aflinité des genres que l’on peut 
considérer comme les types de la famille des Sapindacées ; 
on trouve en effet, dans ses Fragmenta methodi naturals, 
les genres Sapindus, Paullinia, Cardiospermum , groupés 
ensemble dans le cinquantième ordre, et le Dodonæa placé 
avec doute dans l’ordre suivant, qui correspond aux Malpi- 
ghiacées et aux Acérinées réunies. 

Adanson, qui écrivoit vingt-cinq ans après Linné, n’adopta 
point le rapprochement ingénieux de l’illustre auteur suédois; 
les genres connus de Sapindacées sont placés, soit dans la pre- 
mière section des Pistachiers (Melicoccus, Sapindus, Dodo- 
næa ), soit parmi les Geranium (Corindon, nom sous lequel 
sont confondus le Cardiospermum, le Paullinia et le Serja- 

Mém. du Muséum. t. 18. IAE 


2 L MÉMOIRE 
ua), soit enfin dans la famille des Tithymales (Cwparia ). 

Il étoit réservé à M. de Jussieu de jeter, d’une manière 
solide , les fondemens de la famille; il réunit, dans son Ge- 
nera plantarum, sous le nom de Sapindr, les genres Car- 
diospermum Vänn., Paullinia Linn., Sapindus Linn., Ta- 
Lsia Aubl., Æporetica Vorst., Schmidelia Linn., Ornitrophe 
Comm., Æuphoria Comm., Mellicocca Vinn., Toulicia 
Aubl., 7'rigonis Jacq., Molinæa Comm., Cossignia Comm. 
et les fit suivre de quatre autres moins connus: Matayba 
Aubl., £zourea Aubl., Cupanria Plum., et Pckea Aubl. 

Peu après cette époque (1794), M. de Lamarck publia le 
genre Séadmannia, et Ruiz et Pavon firent connoître dans 
leur Prodrome le Llagunoa ( Amirola Pers.). En 1800, 
Swartz décrivit avec soin le genre Hypelate de Brown, et le 
rapporta aux Sapindacées. En 1804, M. Poiteau publia le 
genre T’hournria. Deux ans plus tard Kænig fit connoître le 
Blighia ( Akeesia Tuss.) 

En 1811 (Ann. du Mus. 18, p. 476), M. de Jussieu, 
passant en revue les caractères de la famille, intercalle les 
genres que nous venons de citer parmi ceux qu'il avoit 
rapprochés dans le Genera : il place auprès d'eux le Xoel- 
reuteria de Laxmann, confondu par Linné fils avec le Sa- 
pindus, \ Eystathes de Loureiro, lÆZectryon de Gærtner, 
et le Dodonæa rejeté auparavant à la fin des Térébintha- 
cées : il considère le ScAleichera de Willdenow comme une 
espèce de Malicocca; il réunit au Molinæa le Guioa de 
Cavauilles, en observant toutefois que ce genre, ainsi consti- 
tué, est presque congénère du Cwparta; enfin , persistant 
dans l'opinion qu'il avoit émise dans le quatrième volume des 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 3 


Annales du Muséum, considère, à l'exemple de Plumier 
et de Schumacher, le Paullinia de Linné comme formé de 
deux genres distincts, 

Depuis lors, M. Kunth a publié |’ Urvzllea, voisin du Ser- 
jania et du Cardiospermum (Nov. Gen. 5, p. 105);ila 
réuni au Schmidelia (déja formé des genres Schmidelie, 
Ornitrophe et Allophyllus) V Aporetica de Forster; et a 
proposé de séparer du Melcocca, tel que l'entend M. de 
Jussieu (Mém. du Muséum, 3, p. 178), les M. panicu- 
lata, dentata, dversifoli et trijuga (Schleichera Wild.). 

Le Prodrome de M. De Candolle ne fait aucune addition 
importante à la famille qui nous occupe: le T#2a de Roemer 
et Schultes ( Gelonium Gærtn., Pet. Th.) s'y trouve rappro- 
ché du Cupania ; la plupart des réunions proposées par les 
auteurs cités précedemment y sont adoptées; mais on y re- 
marque encore les genres Schmidelia et Aporetica séparés, 
et ce dernier y est confondu avec le Pometra, dont M. de 
Jussieu avoit déjà signalé l’aflinité intime avec lEvphoria. 
Parmi les genres peu connus, placés à la suite de la famille, 
on trouve le Ratonia établi par M. De Candolle sur une 
plante découverte à Saint-Domingue par M. Bertero. 

Enfin tout récemment , M. Blume, dans un ouvrage publié 
à Java, sous le titre de Brjdragen tot de Flora van Neder- 
landsch Indë, à fait connoître cinq genres nouveaux appar- 
tenant aux Sapindacées : le Lepisanthes, l Aphania, YE- 
rioglossum , l’'Irina et le Mischocarpus. 

Tel étoit l’état de la science lorsque l'étude de nos Sapin- 
dacées brésiliennes, qui ont augmenté de plus d’un quart le 
nombre des espèces de la famille, m’a fourni l’occasion d’a- 


4 MÉMOIRE 


nalyser toutes celles qui sont conservées dans les collections 
de Paris. Cet examen m'a conduit à détrure un certain nombre 
de geures, à en établir deux nouveaux, à caractériser d’une 
manière plus précise ceux qui étoient déjà connus, et à dé- 
crire plusieurs espèces nouvelles, tirées, soit de mon propre 
herbier, soit de ceux du Muséum, de MM. de Jussieu, Des- 
fontaines, Delessert, Kunth, Gay et Richard. Afin de motiver 
les changemens que j'ai été appelé à faire, je vais, avant de 
donner en langue technique les descriptions qui font la base 
de mon travail, tracer les caractères généraux des Sapinda- 
cées, passer en revue les genres , discuter la valeur de leurs 
caractères, et dire quelques mots sur les rapports déjà bien 
connus des familles voisines avec celle qui fait le sujet de ce 
Mémoire. 
Caractères de la famille. 


La famille des Sapindacées se compose d’arbres ou d’ar- 
brisseaux souvent grimpans et munis de vrilles, et d’un petit 
nombre de plantes herbacées. Les feuilles sont alternes, pé- 
tiolées, presque toujours composées, souvent pourvues de 
stipules. Les fleurs sont polygames, disposées en grappes; 
leur couleur est blanche ou rose, très-rarement jaune. Le 
calice est formé de cinq folioles, libres ou plus ou moins sou- 
dées entre elles; dans quelques genres, les deux supérieures 
sont souvent réunies ensemble; leur préfloraison est imbri- 
quée. La corolle est composée de cinq pétales insérés sur le 
réceptacle, alternes avec les folioles du calice, simples ou 
munis intérieurement d'une écaille de forme variable; leur 
nombre se trouve souvent réduit par avortement, et dans ce 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 5 


cas les supérieurs disparoissent toujours les premiers; leur 
préfloraison est imbriquée. Le disque présente des formes très- 
différentes, mais qui sont constantes dans les divers genres : 
tantôt il occupe tout le fond du calice, et se prolonge, entre 
les pétales et les étamines, en un rebord entier ou frangé; 
tantôt il se trouve réduit à deux ou quatre glandes situées à 
la base des pétales : dans tous les cas, l’avortement à lieu, 
ainsi que dans les pétales, du haut en bas, et détermine, dans 
d’autres parties de la fleur, des modifications importantes 
dont nous aurons à parler souvent dans le courant de ce Mé- 
moire. Les étamines sont au nombre de dix (vingt dans le 
seul genre Prostea), ou par avortement de neuf, huit, sept, 
six, cinq; elles sont insérées au milieu da disque ou sur le ré- 
ceptacle, et entourent la base de l'ovaire; leurs filets sont le 
plus souvent velus, et articulés au dos ou à la base des an- 
thères, qui s’ouvrent longitudinalement par le côté ou par 
la face interne. L'ovaire est divisé en trois, ou plus rare- 
ment en deux ou quatre loges; chacune d’elles contient un, 
deux, ou trois ovules, dans le seul Magonia elles sont pluri- 
ovulées. Le style est tantôt simple, tantôt divisé, plus ou 
moins profondément, en autant de lobes qu’on compte de 
loges à l'ovaire. Les stigmates sont terminaux, ou placés lon- 
gitudinalement sur la face interne des divisions du style. Dans 
les fleurs mäles, le pistil est réduit à l’état rudimentaire, ou 
disparoit même en entier. Le fruit présente une organisation 
extrêmement variable : tantôt il est capsulaire, et s'ouvre en 
plusieurs valves opposées aux cloisons ou alternes avec elles; 
tantôt il est charnu et indéhiscent; tantôt enfin il est composé 
de samares accolées, par leur face interne, à un axe cen- 


6 MÉMOIRE 


tral. Les graines sont souvent entourées d’un arille qui prend 
dans certains genres un très-grand développement. Le tégu- 
ment externe est souvent dur et crustacé; l’interne, lorsqu'il 
existe, se montre sous la forme d’une membrane très-mince. 
L'embryon est dépourvu de périsperme, très-rarement droit, 
presque toujours plus on moins courbé, ou même roulé plu- 
sieurs fois sur lui-même en forme de spirale; dans ce cas, le 
sommet des cotylédons occupe le centre de la spire, et la ra- 
dicule, toujours dirigée vers le hile, est extérieure; quelque- 
fois les deux cotylédons sont soudés en une masse charnue. 
La plumule est composée de deux petites folioles. 


Revue des genres. 


Les fleurs du Sapindus, genre qui a donné à juste titre 
son nom à la famille, peuvent être considerées comme les 
types de toute fleur régulière de Sapindacée : elles présentent 
souvent cinq folioles calicinales, cinq pétales, un disque qui 
remplit le fond du ealice, et dont le bord, légèrement ondulé, 
se prolonge entre les étamines et le pistil, dix étamines, et un 
ovaire à trois loges (1); mais déjà, dans ce genre, les avorte- 
mens si frequens des parties de la fleur commencent à se 
montrer, la plupart des fleurs ayant huit étamines au lieu de 
dix, et une espèce du genre, le $S. senegalensis, n'ayant 
habituellement que deux loges à l'ovaire. Les fruits des Sa- 


(1) N'ayant jamais observé de fleur de Sapindacée qui eût cinq loges à l’ovaire, 
je n’ose considérer ce nombre comme le type de l’organisation régulière de cet 
organe. 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 3) 


voniers sont charnus, indéhiscens, souvent uniloculaires et 
portant sur un de leurs côtés les traces des lobes avortés et 
du style. 

Les Cuparua ont des fleurs presque entièrement sembla- 
bles à celles des Sapindus, mais leurs capsules déhiscentes 
les distinguent facilement de ce genre. La seule inspection 
des figures d’Aublet suflit pour démontrer jusqu’à l'évidence 
que son f’oua-rana et ses Sapindus arborescens et frutes- 
cens ne sauraient être séparés du Cuparua; on doit lui réunir 
encore le 7zna de Roemer et Schultes (Gelonium Gærtn.), 
qui n'en diffère que par ses capsules biloculaires et ses 
étamines réduites au nombre de cinq, caractères n'ayant 
dans ce cas qu'une valeur spécifique; le BZghia de Kæœnig 
(Akeesia Juss.), dont l'arille prend un développement plus 
grand que dans les autres espèces; le Dinereza de M. La- 
billardière ; le Mischocarpus de M. Blume; le Ratonia de 
M. De Candolle, qui a les plus grands rapports avec le C. Zen- 
scifolia; le Stadinannia de M. de Lamarck, qui se lie 
d’un côté aux C. apetala Labill. et Lessertiana Nob. par: 
l'absence des pétales, et aux C. aborescens et frutescens 
(Sapindus Aubl.) par l'avortement de deux des lobes de la 
capsule. 

Dans le T’houinia, l’Hypelate, ele Melicocca, les fleurs 
diffèrent peu de celles des Sapindus et des Cuparia; mais 
dans le premier l'ovaire est divisé profondément en trois lobes 
qui deviennent membraneux au sommet après la fécondation, 
et qui se changent plus tard en trois samares accolées par 
leur base à un axe central; dans les deux autres, qui ont entre 
eux les plus grands rapports, les pétales avortent quelquefois 


8 MÉMOIRE 


eu entier, ainsi que dans quelques espèces de Cupania, le fruit 
est indéhiscent, couronné au sommet par les restes du style; 
mais dans le Melicocca les graines sont dressées, et elles sont 
pendantes dans l'Æypelate. Ce caractère important, que ce 
dernier genre ne partage, à ma connoiïssance, avec aucun 
autre Sapindacée à loges du fruit monospermes, m'a engagé 
à lui réunir plusieurs des Melicocca de M. de Jussieu. 
M. Robert Brown avoit déjà indiqué la division de ce genre, 
fondée sur des observations analogues (1). Le genre Aype- 
late, ainsi constitué, se compose de plantes ayant tantôt des 
feuilles pennées sans impaire, tantôt trifoliolées; mais cet 
unique caractère n’a point assez d'importance, dans la fa- 
mille qui nous occupe, pour motiver des distinctions géné- 
riques, et les espèces du genre T’houinia, que personne n'a 
jamais songé à diviser, présentent aussi, dans la structure 
de leurs feuilles, les mêmes différences. 

Le T'alisia possède un calice fendu jusqu’au-delà du mi- 
lieu en cinq lobes; des pétales au nombre de cinq, munis 
intérieurement, au-dessus de leur base, d'un long appendice 
couvert de poils; un disque très-charnu, qui se prolonge entre 
les pétales et les filets; huit étamines insérées sur le disque, 
autour d’un ovaire triloculaire; un stigmate presque sessile. 
Les fruits de ce genre n’étant point encore connus, il est 
difficile de déterminer ses affinités d’une manière positive. 

Les fleurs des Vephelium ont quelques rapports, par la 
forme de leur calice et de leur disque, avec celles des Ta- 
lisia ; mais leurs pétales sont dépourvus d’appendices, et le 


\1) Congo, p.8. 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 9 


nombre de leurs étamines varie de dix à six. Dans ce genre 
le fruit est indéhiscent, souvent uniloculaire par avortement; 
l'arille prend un grand développement, et fournit aux habi- 
tans de l'Inde un de leurs fruits les plus recherchés. Je crois, 
avec M. de Jussieu, qu'on doit réunir au Vephelium le Po- 
metia de Forster; les fleurs de ce dernier, que j'ai analysées, 
diffèrent peu de celles des {V. longana et litchr, et ses fruits 
paroissent avoir de grands rapports avec ceux de ces deux 
arbres. 

Dans le Schnudelia , le calice est reduit constamment à 
quatre folioles par la soudure des deux supérieures; les pé- 
tales ne sent qu'au nombre de quatre, et la place du cin- 
quième reste vide; la partie du disque opposée au pétale 
supérieur qui manque avorte constamment, de sorte que 
les étamines et le pistil n’occupent pas le centre de la fleur; 
Je fruit est indéhiscent,, divisé très-profondément en trois 
lobes arondis, dont un ou deux avortent très-souvent. 

Vahl avoit envoyé jadis à MM. de Jussieu et Desfontaines, 
sous le nom d'Oyritrophe pinnata, une plante de Guinée, 
qui a été décrite sous cette dénomination par M. Poiret, et 
que M. Sprengel a confondue récemment avec le Pornetia 
pinnata de Forster. Ayant eu à ma disposition les échantillons 
originaux, j'ai pu m'assurer qu'elle différoit génériquement 
de toutes les Sapindacées connues. Son fruit arrondi, portant 
à sa base deux petits lobes avortés, lui donne des rapports 
avec le Schmidelia; mais elle se distingue de ce genre par 
son calice à cinq folioles , par ses pétales au nombre de cinq, 
par son disque régulier, et par ses étamines au nombre de 
vingt, caractère qu'elle ne partage avec aucun autre genre 


Mém. du Muséum. t. 18. 2 


10 MÉMOIRE 


de la famille. Je lui ai assigné le nom de Prostea, eu l'hou- 
ueur de M. Prost, de Mende, qui a publié un catalogue 
des plantes de la Lozère, et qui s’est acquis des droits à la 
reconnoissance des botanistes, par la profusion avec laquelle 
il a répandu dans les herbiers les plantes de cette contrée. 

Une plante de Timor, qui se trouve dans la riche collec- 
tion du Muséum, n’a fourni les matériaux d’un autre genre, 
que je dédie, sous le nom de Moulinsia, à M. Charles Des 
Moulins, de Bordeaux, auteur de plusieurs Mémoires inté- 
ressans dans diverses branches de l'histoire naturelle. Les 
fruits du Moulinsia ressemblent entièrement à ceux des Cu- 
para, mais ses fleurs irrégulières l’éloignent de ce genre, 
et le rapprochent des Sapindacées à fleurs incomplètes. 

L'Erioglossum de M. Blume a les plus grands rapports, par 
la structure de sa fleur, avec le Moulinsia; cependant la na- 
ture de son fruit, décrit avec détail par M. Blume, et qui se 
rapproche beaucoup de celui des Sc/midelia et des Sapin- 
dus, ne me permet pas de douter qu’il n’en diffère suflisam- 
ment. C’est, sans aucun doute, à ce genre que l’on doit rap- 
porter une plante, très-bien décrite et figurée par Vororha, 
dans un ouvrage inédit conservé dans la bibliothèque de 
M. de Jussieu, et qui avoit reçu de ce voyageur le nom de 
Viteria stilaginea. 

Les fruits de l’Zrina de M. Blume ressemblent beaucoup 
à ceux des Schmidelia; mais ces deux genres diffèrent l’un 
de l’autre par le port et par la structure de la fleur. Considéré 
d’après l’ensemble de ses caractères, le genre de Java me pa- 
roit presque intermédiaire entre le Sapindus et le Schmi- 


delra. 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. IT 


Le Lepisanthes du même auteur paroît avoir aussi une 
affinité intime avec le Sapindus; je ne saurois, dans l’état 
de mes connoissances, assigner les différences que présentent 
ces deux genres. 

Les genres Paullinia, Serjania et Urvillea ont entre eux, 
soit par leur port, soit par l'irrégularité de leur fleur, une 
ressemblance telle qu’il devient presque impossible de les dis- 
tinguer sans le secours des fruits; mais après la fécondation, 
l'ovaire du premier se change en une capsule déhiscente, et 
celui des deux derniers en trois samares accolées par leur 
bord interne à un axe central. Dans l’Urvillea, les graines 
sont placées au milieu de la samare, tandis que dans le Ser- 
jania, elles sont situées à son extrémité supérieure. 

Les fruits du Z'oulicia ne diffèrent point de ceux des Ser- 
jania, et il deviendroit difficile de distinguer ces deux genres, 
si l’on ne trouvoit dans l’organisation de leur fleur et dans 
leur port des caractères essentiels. 

Le Cardiospermum a aussi une affinité intime avec les 
genres Serjanta et Urvillea, maïs il en diffère par la struc- 
ture particulière de son fruit. 

Les genres Kœlreuteria, Cossignia, Llagunoa et Dodo- 
næa se distinguent de toutes les autres Sapindacées par leurs 
ovaires, dont les loges renferment deux ou trois ovules, et 
par jeur embryon roulé sur lui-même en spirale. Les deux 
premiers, munis tous les deux de pétales en nombre moindre 
que celui des folioles du calice, diffèrent l'an de l’autre par la 
nature de leur fruit. Les deux derniers, dépourvus de pétales, 
se distinguent par la structure du fruit, et par plusieurs autres 
caractères. 


12 MÉMOIRE 


Le Magonia de M. de Saint-Hilaire a des rapports avec 
les quatre genres précédens; il se rapproche surtout du La- 
gunoa par son style recourbé au sommet; mais il s'éloigne 
de ce genre et de toutes les Sapindacées connues par ses cap- 
sules polyspermes, par ses graines ailées, et par la forme de 
son embryon : malgré ces différences notables , il me paroît 
impossible de l’éloigner de cette famille. 

Il est encore quatre genres (Æphania B|., Enourea Aubl., 
Alectryon Gærtn. et, Matayba Aubl.) qui me paroissent 
appartenir d’une manière évidente aux Sapindacées, mais sur 
lesquels je n’ai pu me procurer que des documens incomplets. 
Je serois porté à croire, d’après l’analyse que j'ai faite des 
fleurs du dernier, que le fruit, figuré dans l'ouvrage d’Aublet, 
a été dessiné d’une manière inexacte, ou appartient peut- 
être à une toute autre plante : il m'est toutefois impossible 
d'expliquer comment un ovaire triloculaire, contenant dans 
chaque loge un ovule ascendant, peut se métamorphoser 
en une capsule uniloculaire, bivalve , et portant sur le bord 
de l’une d’elles deux graines péritropes et superposées. 

Avant de terminer la revue des genres de Sapindacéés, je 
dois dire quelques mots sur une erreur qui s’est introduite 
dans la description de quelques espèces, et qui se trouve ré- 
pétée dans les ouvrages les plus récens. Les feuilles de quel- 
ques T'hounia et Schmidelia ont été décrites comme sim- 
ples; mais il est facile de s'assurer qu'elles ne présentent ce 
caractère que par l'avortement des deux folioles latérales, qui 
existent toujours dans les jeunes feuilles à l’état rudimentaire; 
ces deux folioles, plus ou moins développées, tombent quel- 
quefois lorsque la feuille est adulte, mais les traces de leur 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 16 


existence persistent toujours sur le pétiole, qui est légèrement 
renflé vers ce point. Il en est de même dans le Z/agumoa 
rutida, et Fanalogie me porteroit à croire, vu la grande afli- 
uité de ce genre et du Dodonæa, qu'il n’y a point de Sapin- 
dacée à feuilles vraiment simples, et que ce caractère, lors- 
qu'il existe, est toujours dû à un avortement. 


Division de la famulle en deux tribus. 


En comparant ensemble les caractères des genres qui 
composent la famille des Sapindacées, il est facile de voir 
qu'ils peuvent être divisés en deux groupes très-naturels, 
fondés sur le nombre des ovules contenus dans chaque loge 
de l'ovaire, et'sur l’organisation de l'embryon. L'une de 
ces divisions correspond entièrement aux Dodonæaceæ de 
M. Kunth, et je l’adopte telle qu'elle est établie dans les 
Nova Genera, en y ajoutant seulement le Cossignia, qui a 
l’aflinité la plus intime avec le Xælreuteria. L'autre, à la- 
quelle je donnerai le nom de Sapindées, comprend les Paul. 
 liniaceæ ei les Sapindaceæ veræ du même auteur; et quoi- 
que ce groupe soit beaucoup plus nombreux que le précé- 
dent, il me paroït impossible de séparer les genres qui le 
composent. En effet, les pétales, considérés comme dépourvus 
d’appendices dans les Sapirdaceæ veræ , en sont presque 
toujours munis, et quelquefois ce caractère, ainsi que celui 
de la présence ou de l'absence totale des pétales, varie dans 
le mème genre. On ne serait pas plus heureux en tentant 
de séparer les genres à fleurs régulières de ceux à fleurs 
irrégulières, puisqu'il faudroit placer dans des sections dif. 


14 MÉMOIRE 


férentes des genres qui ont l’affinité la plus intime, tels que 
Prostea et Schmidelia, Moulinsia et Cupania. V'absence 
ou la présence des vrilles séparerait le Serjania du T'oulicia ; 
un Thournia, un Cardiospermum et plusieurs Paullinia 
se trouveroient éloignés de leurs congénères. Ces considé- 
rations m'ont engagé à laisser intact le groupe des Sapin 
dées, et à classer les genres qui le composent d’après une 
série qui me paroît assez naturelle. 

En général, les caractères qui varient le moins dans la fa- 
mille des Sapindacées, et qui peuvent par conséquent servir 
de base aux divisions génériques, sont : la forme du disque, 
qui est toujours accompagnée de modifications constantes 
dans les autres parties de la fleur; le nombre des ovules dans 
les loges de l'ovaire, et leur position; enfin l’orginisation du 
fruit et de l'embryon. La présence ou l'absence des vrilles, 
les feuilles pennées avec ou sans impaire, offrent aussi des ca- 
ractères qui, quoique d’une moindre valeur, peuvent cepen- 
dant, dans le plus grand nombre de cas, servir à corroborer 
ceux que fournissent les organes de la reproduction. 


Affinités de la famille. 


Les affinités des Sapindacées ont été signalées par tous les 
auteurs qui se sont occupés des rapports naturels; aussi n’ai- 
je presque rien à ajouter à ce qu’en ont dit MM. de Jussieu, 
Kunth et De Candolle. Liées de la manière la plus intime 
aux Acérinées, par l’ensemble de leurs caractères et sur- 
tout par la position particulière de leur disque, elles ne se 
distinguent guère de ce groupe, que l’on a considéré avec 


#} 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 15 


raison comme intermédiaire entre elles et les Malpighiacées, 
que par leurs feuilles alternes et par leurs pétales presque 
toujours munis intérieurement d’un appendice. 

Les Ampélidées ont aussi de grands rapports avec la famille 
qui nous occupe, soit par l'insertion des parties de leur fleur, 
soit par leurs étamines en nombre déterminé, soit par leurs 
ovules dressés et insérés au fond des loges de l'ovaire comme 
dans le plus grand nombre de Sapindacées, soit par l’analogie 
qui existe entre les tiges grimpantes des Cissus et celles des 
genres Sezjaria, Paullinia, etc. 

Enfin, je dois signaler encore la ressemblance qu’ont, par 
leur port, les genres qui font le sujet de ce Mémoire avec les 
Méliacées et les Thérébinthacées, ressemblance telle que 
plusieurs plantes de ces deux familles se trouvent confondues 
avec eux dans presque toutes les collections. 


16 MÉMOIRE 


SAPINDACEÆ Juss. 


Frores polygami. Maso. Cazyx magis minùs profundè 4-5-partitus, 
seu 4-5-phyllus; æstivatione imbricatä. Perara 4-5, seu rariùs nulla, 
foliolis calycinis alterna , receptaculo inserta , nunc nuda, nunc intùs 
appendice duplicata; æstivatione imbricatâ. Discus carnosus; nunc 
calycis fundum occupans, regularis , subinteger , apice inter petala 
et staminä expansus ; nunc glandulosus, incompletus, glandulis 
inter peta et stamina sitis. SramiNA 8-10, rariùs 5-6-7, rarissimè 20, 
nunc disco, nunc receptaculo inter glandala et pistillum inserta : fila- 
menta libera, vel imà basi coalita : antheræ introrsæ, longitudinaliter 
dehiscentes. Pisricut rudimentum minimum vel nullum. Frorss her- 
maphroditi : CALYxX, PETALA , DISCUS, STAMINA ut in masculis. Ovarium 
3-loculare , rariùs 2-4-loculare, loculis 1-2-3-rarissimè pluri- 
ovulatis. Srycus indivisus, vel magis mins profundè 3-rariüs 2-fidus. 
Ovura in ovariis uniovulatis erecta vel ascendentia, rarissimè (in 
Hypelate) suspensa ; in ovariis 2-ovulatis superius ascendens, in- 
ferius suspensum. Frucrus nunc capsularis, loculicido-septicido-ve 
2-3-valvis, nunc samaroïdeus, nunc carnosus et indehiscens. SEmINA 
sæpius arillata. INrecumEenTum exterius crustaceum vel membrana- 
ceum , interius pellucidum. PertsPermum nullum. Emsryo raro rectus, 
sæpiùs curvatus vel spiraliter convolutus. Ranicura ad hilum versa. 
CoryLepoxes incumbentes, in massam crassam aliquando coadunatæ. 
Piumua diphylla. 

ARSOREs, vel FRUTICES sæpè scandentes et cirrosi, rariùs herbæ 
scandentes. Forta alterna , composita , rarissimè simplicia, stipulata 
vel exstipulata, sæpè lineis vel punctis pellucidis notata. FLoREs ra- 
cemosi vel racemoso-paniculati, parvuli, albidi seu rosei, rarissimé 
luteï. 


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Mém. du Muséum. t. 18. 


‘NAA4VHIVANIAVS VOALV'IVNV V'IN4 VE 


18 MÉMOIRE 


SECTIO PRIMA. 


SAPINDEZÆ. 


Ovarii loculamenta uniovulata; embryo curvatus, rariùs 
rectus. 


CARDIOSPERMUM Lanx. — Tab. I, A et B. 


Caryx (foliis duobus superioribus coalitis) 4-phyllus, foliolis 2 ex- 
terioribus minoribus. Perara 4, quinti superioris deficientis sede 
vacuà; 2 lateralia sæpè foliolis calycinis subadhærentia, intùs supra 
basim squamà aucta; duo inferiora a staminibus remotiuscula : 
squamæ petalorum inferiorum æquilateræ, apice cristà glandulosà 
instructæ, infra apicem in appendicem inflexam desinentes ; squamæ 
petalorum lateralium inæquilateræ, lateraliter emarginatæ, appen- 
dice et cristà destitutæ. Discus : glandulæ 2, petalis inferioribus 
oppositæ, rotundatæ vel lineares. Sramna 8, imæ basi ovarii cir- 
cumposita, excentralia , 4 quæ glandulis proxima sæpè pauld bre- 
viora. Pisrirzum excentrale. Srvzus trifidus, segmentis longitudina- 
liter intüs stigmata gerentibus. Ovariun triloculare, loculis unio- 
vulatis. Ovura angulo interno ad medium loculorum aflixa, ascen- 
dentia. Frucrus : capsula trigona, membranacea, vesiculosa, stylo 
persistente coronata, basi calyce suffulta, trilocularis ; loculicido- 
trivalvis : dissépimenta tenuissima, valyis opposita, axi centrali 
adnata, in duas lamellas partibilia, seriùs decidua et tunc lamellæ 
binæ vicinorum dissepimentorum conjunctæ foliola tria medio ad 
suturam longitudinalem seminifera referentes : axis centralis trigo- 
nus. Sema globosa, ascendentia ; funiculo crasso, sæpè in arillum 
parvulum bilobum expanso. IxTEGumENTUM exterius crustaceum. 
Ewsryo curvatus; radiculà brevi; cotyledonibus magnis, incum- 
bentibus. . 

Hersx volubiles (rarissimè suffrutices non volubiles), cirrosæ. 
Foura biternata vel supradecomposita, exstipulata. FLores in race- 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 19 


mos breves compositos dispositi : pedunculns communis apice sæpis- 
simè bicirrosus. 

Hujus generis species sunt: C. Æalicacabum ! (1) L., microcar- 
pum! Kunth , molle! Kunth, Loxense! Kunth, parviflorum Nob. 
Flor. Bras., anomalum Nob. |. c., grandiflorum Swartz, elegans! 
Kunth, Duarteanum Nob. 1. c., coluteoides! Kunth, macrophryl- 
lum! Kunth, kispidum ! Kunth, kirsutum Willd., corindum Linn., 
pubescens Lag. 

Species 13 ex Americà intertropicali; 1 è Guineâ; 1 ex Americà 
intertropicali, Indià orientali, et Africä. 


URVILLEA Kuwnrx |, 


Cazvx 5-phyllus, foliolis 2 exterioribus minoribus. Perara 4, 
quinti superioris deficientis sede vacua, supra basim squamä aucta, 
duo inferiora a staminibus remotiuscula : squamæ petalorum infe- 
riorum infra apicem in appendicem inflexam desinentes ; squamæ 
petalorum lateralium appendice destitutæ. Disous : glandulæ 4, 
petalis oppositæ , duæ inferiores majores. STammNa 8, imæ basi 
ovarli circumposita ; excentralia. Pisricrum excentrale. Sryrus 3-f- 
dus, segmentis longitudinaliter intüs stigmata gerentibus. Ovarru 
3-loculare, loculis uniovulatis. Ovura angulo interno ad medium 
loculorum affixa , ascendentia. Frucrus membranaceus, basi calyce 
suffultus , styli reliquiis coronatus, trialatus, medio parüm inflatus 
ibique trilocularis, compositus è samaris tribus , axi centrali adna- 
tis, tardiüs solubilibus, dorso alatis, unilocularibus, monospermis, 
indehiscentibus. Semina globosa, ascendentia; funiculo crasso, in 
arillam parvulum bilobum expanso. Inrecumenrun exterius crusta- 
ceum. Emsrvo vix curvatus : radicula parvula, conica, parüm in- 
curva : cotyledones rectæ, crassissimæ. 


(x) Je marque d’un point d'exclamation les espèces que j'ai été à même d’exa- 


miner. 


20 4 MÉMOIRE 


Frucrices scandentes , volubiles, cirrosi. Foria ternata. FLores in 
racemos spicæformes dispositi : pendunculus communis apice sæpis- 
simè bicirrosus. 

Hujus generis species sunt : U. wlmacea! (1) Kunth, glabra Nob. 
Flor. Bras., rufescens Nob. |. c., ferruginea Lindl. — Omnes ex 
Americà intertropicali. 


SERJANIA Pzum. 


Paulliniæ spec. Lin. — Juss. Gen. — Seriana Schum. 


Cazvx 5-vel (foliolis duobus superioribus coalitis) 4-phylius, fo- 
liolis 2 exterioribus minoribus. Perara 4, quinti superioris defi- 
cientis sede vacuà, supra basim squamà aucta , duo inferiora a sta- 
minibus remotiuscula : squamæ petalorum inferiorum infra apicem 
in appendicem inflexam desinentes; squamæ petalorum lateralium 
appendice destitutæ. Discus : glaudulæ 2-4 ad basim petalorum, 
2-superiores sæpè abortivæ. Sramna 8, receptaculo inserta, imæ 
basi ovarii circumposita, excentralia. Pisrirrom excentrale. Sryrus 
trifidus, segmentis longitudinaliter intüs stigmata gerentibus. Ova- 
Riu triloculare, loculis uniovulatis. Ovuza angulo interno loculo- 
rum aflixa , ascendentia. Frucrus basi calyce suffultus, styli reliquiis 
coronatus , trialatus, compositus à samaris tribus axi centrali fili- 
formi adnatis : samaræ membranaceæ, basi in alam productæ, apice 
uniloculares et monospermæ. SEMEN angulo interno affixum, ascen- 
dens, funiculo crassissimo, sæpè in arillum bilobum paryulum 
dilatato. INTEGuMENTUM exterius crustaceum. Emsryo curvatus : radi- 
cula brevis : cotyledones incnmbentes; exterior curvata; interior 
subhamosa, biplicata, apicem exterioris amplectens. 


———————"————————“————— —_——— 


(x) M. Kunth, ayant reçu de M. Balbis un exemplaire de l'Urvillea Berteriana, 
s'est assuré que cette espece ne differe pas suflsamment de l'U. ulmacea. 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 21 


Frurices scandentes, volubiles, cirrosi. Fozra ternata, biternata , 
rariùs tritérnata vel impari-pinnata, stipulata. FLores racemosi : 
pedunculus communis apice sæpissimè bicirrossus. 

Hujus generis species sunt : S. siuata! Schum., Plumeriana 
Spreng., mollis! Kunth , acapulcensis! Kunth, emarginata! Kunth, 
cuspidata Nob. Flor. Bras., /anceolata Nob. 1. c. divaricata Schum., 
Caracasana! Willd., glabrata! Kunth, racemosa Schum., specta- 
bilis Schum., paucidentata DC. , Ossana DC., pubescens! Kunth, 
mexicana Wild. , angustifolia Willd., paniculata ! Kunth, lupu- 
lina Schnm., lucida! Schum., oxyphylla! Kunth., velutina Nob. 
L. c., elegans Nob. 1. c., reticulata Nob. 1. c., grandiflora Nob. |. c., 
clematidifolia Nob. 1. c., communis Nob. 1. c., zoxia Nob. 1. c., Dom- 
beyana Nob. 1. c., multiflora Nob. 1. c., meridionalis Nob. 1. c., 
lethalis! Aug. de S.-Hil., Airsuta Nob.1.c., Laruotteana Nob. |. c., 
triternata! Wild., paludosa Nob. 1. c., parvifolia! Kunth, Aetero- 
play lla DC. 

Species 57 ex Americà intertropicali; 1 è Brasiliæ meridionalis 
provincià Missionum. 


TOULICIA Aus. — Jjuss. 


Ponæa ScAreb. 


Carvx 5-partitus, foliolis subæqualibus, 2 exterioribus. Perara 5 
(an semper?), intùs ad basim appendice longiusculà, bipartità, 
pilosà instructa. Discus calycis fundum occupans , apice breviter 
5-lobus, lobis 2 inferioribus majoribus. Sramina 8, disco inserta. 
Pisrirum subcentrale. Srvius brevis, trifidus. Ovarium triloculare , 
loculis uniovulatis. Ovura angulo interno loculorum aflixa, ascen- 
dentia. Frucrus styli reliquiis coronatus, trialatus, compositus è 
samaris tribus axi centrali filiformi adnatis : samaræ inembranaceæ, 


22 MÉMOIRE 


basi in alam productæ , tardiùs longitudinaliter in duas lamellas 
solubiles, apice uniloculares et:monospermæ. Semex angulo interno 
affixum, ascendens. INTEGUuMENTUM Crustaceum. Eusrxo curvatus : 
radicula parvula: cotyledones incumbentes; exterior curvata , inte- 
riorem äamplectens; interior transversè intùs plicata. 

Ausor. Fours abruptè pinnata, foliolis suboppositis, exstipulata ? 
Racemt ad apicem ramorum paniculam magnam efformantes. 

Hujus generis species unica : 7. guy anensis ! Aubl. 


PAULLINIA Scaum. — Juss. Ann. Mus. 
Paulliniæ spec. Linn.—Juss. Gen. — Cururu Plumn. 


Cauvx 5-vel (foliolis 2 superioribus coalitis) 4-phyllus, foliolis 
2 exterioribus minoribus. PErara 4, quinti superioris deficientis 
sede vacuà, intüs supra basim squamà aucta, duo inferiora a stami- 
nibus remotiuscula : squamæ petalorum inferiorum infra apicem in 
appendicem inflexam desinentes; squamæ petalorum lateralium 
appendice destitutæ. Discus : glandulæ 2-4 ad basim petalorum , 
2 superiores sæpè abortivæ. Sramma 8, receptaculo inserta, imæ 
basi ovarii circamposita, excentralia. PisriLum excentrale. SryLus 
trifidus, segmentis longitudinaliter intùs stigmata gerentibus. Ova- 
un triloculare, loculis uniovulatis. Ovuza angulo interno loculorum 
affixa, ascendentia. Frucrus : capsula basi calyce persistente suf- 
fulta, styli reliquiis coronata , pyriformi-trigona , apice sæpè bre- 
viter trialata, 3-locularis, septicido-trivalvis: dissepimenta mem- 
branacea, axi centrali adnata. SemiNa angulo interno ad basim locu- 
lorum aflixa, arillo bilobo semi-tecta. InrecumENTux exterius crusta= 
ceum. Emsaxo curvatus : radicula brevis : cotyledones incumbentes, 
maguæ. 

Fnurices scandentes, volubiles, cirrosi. Foura ternata, biternata, 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 23 


triternata, pinnata, bipinnata vel decomposita, stipulata. FLones 
racemosi : pedunculus communis apice sæpissimè bicirrosus. 

Hujus generis species sunt: P. Turbacensis! Kunth, cururu ! 
Lino. , zitida! Kunth, riparia ! Kunth, pinnata ! Linn., grandiflora 
Nob. Flor. Bras., rubiginosa Nob. L. c:, elegans Nob. 1. c., macro- 
phylla! Kunth, tetragona Aubl., vespertilio! Swartz, acutangula 
Pers., meliæfolia! Juss. , micrantha Nob. 1. c., sericea Nob. 1. c., 
velutina DC. , obovata Pers., tomentosa! Jacq., Senegalensis Juss. , 
cupana! Kunth, sphærocarpa ! Juss., subrotunda Pers. , pteropoda 
DC. , curassavica! Linn., Barbadensis! Jacq., macrophylla Nob. 
(Ornitrophe macrophylla! Poir.), carpopodea Nob. Flor. Bras., 
affinis Nob. 1. c., rnultiflora Nob. 1. c., polyphylla Schum., aus- 
tralis! Aug. de S.-Hil., fhalictrifolia! Juss., nodosa Jacq., den- 
siflora Sinith, Carthaginensis Jacq., caribæa Jacq., fuscescens ! 
Kunth, mollis! Kunth, triternata! Kunth, diversifolia Jacq., his- 
pida Jacq., cauliflora Jacq., cupaniæfolia! Juss., connarifolia ! 
Juss., fibulata! Juss., rufescens ! Juss., ingæfolia! Juss. 

Species 44 ex Americà intertropicali; 1 à Brasiliæ meridionalis 
provincià Missionum ; 1 è Senegalià ; 1 è Senegalià et Americà inter- 


tropicali. 


SCHMIDELIA Kuwrx. 


Schmidelia et Allophyllus Zznn. — Aporetica Forst. — 
Toxicodendron Gærtn. non Tourn.— Aporetica, Schmi- 
delia et Ornitrophe Juss.— Gemella Lour.— Schmidelia 
et Aporeticæ spec. DC. Prodr. 


Caux (foliolis 2 superioribus coalitis) 4-partitus, foliolis inæ- 
qualibus. Prerara 4, quinti superioris deficientis sede vacuä, intùs 
nuda vel sæpiùs supra unguem squamä aucta. Discus incompletus , 
4-glandulosus ; glandulæ petalis oppositæ. Sramma 8 , receptaculo 


24 MÉMOIRE 


inserta, imæ basi ovarii circumposita, excentralia. Prsritrum excen - 
trale. Sryzus inter lobos ovarii immersus , axi sæpè incidens , 2-3- 
lidus , segmentis longitudinaliter intüs stigmata gerentibus. Ovauum 
magis minùs altè 2-5-lobum ; lobis rotundatis, 2-3-loculare, loculis 
uuiovulatis. Ovura erecta. Frucrus indehiscens, 1-2-rariüs 3-lobus, 
lobis rotundatis, monospermis, carnosus vel subexsuccus, putamine 
crustaceo. SEmNA erecta, arillata seu arillo destituta. INTEGUMENTUM 
exterius membranaceum. Emsrxo curvatus : radicula brevis : cotyle- 
dones incumbentes, transversè biplicatæ. 

Ansores, vel rRuTicEs cirris destituti. Foua trifoliolata, rard abortu 
foliolorum lateralium subsimplicia , exstipulata. FLores racemosi. 

Hujus generis species sunt : $. integrifolia! DC., serrata! DC., 
africana! DC. , Cobbe! DC. , racemosa ! Linn., cominia! Swartz, 
distachia DC. , occidentalis! Swartz, spicata! DC., Timoriensis 
DC. glabrata! Kunth, mollis! Kunth, Guaranitica ! Aug. de S.-Hil., 
Cochinchinensis DC. , ternata | (Aporetica ternata Forst.), Gemella 
(Gemelia trifoliata Lour.), vitieifolia ! Kunth, sericea Nob. Flor. 
Bras. , edulis Nob. L. c., puberula Nob. 1. c., levis Nob. I. c., Bo- 
jeriana Nob., Bantamentis Blume, fulvinervis Blume, Javensis 
Blume, littoralis Blume, heterophylla Nob. Flor. Bras., rigida! 
Swartz, allophyllus DC. 

Species 11 ex Americà intertropicali; 1 à Brasiliæ meridionalis 
provincià Missionum; 2 ex Africà; 1 ex insulà Madagascar ; 1 ex 
iusulà Borbonià; 10 ex Indià orientali; 2 è Cochinchinà ; 1 è novä 
Caledonià. 


IRINA Bzume. 


Cazyx 5-partitus, persistens. Perara 5, ints nuda, longitudine 
calycis. Discus emarginatus, genitalia cingens. Srawna 5, pistillo 
approxinata (in floribus masculis longissima). Ovarru didymum, 
biloculare, loculis 1-sporis. Sryzus 1, stigmate obtuso. Canrezra 
abortu solitaria , coriacea, sicca, indehiscentia. Sema solitaria, 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACGÉES. . 25 


exarillata. CoryLepones crassæ, in radicem descendentem attenuatæ. 
Arbores foliis abruptè pinnatis, spicis paniculatis, terminalibus. 
Species 3 Javenses : J. glabra Blume, tomentosa Blume, integer- 
rima Blume. 
Character ex Blume, Bijdragen tot de Flora van Nederlandsch 
Indië, p. 229—231. 


PROSTEA Nos. Tab. I, C. 


Caryx 5-partitus, foliolis 2 exterioribus. Peraza 5, intüs ad basim 
squamà parvulà aucta. Discus annularis, calycis fundum occupans. 
Sramna 20! disco inter ejus marginem et ovarium duplici serie in- 
serta. Pisrrcum centrale. Sryzus inter lobos ovarii immersus, indi- 
visus, Sricma subtridentatum. Ovarium profundè 3-lobatum, lobis 
rotundatis, 3-loculare, loculis uniovulatis. Ovura erecta. Feucrus 
indehiscens, abortu 1-lobatus, ad basim lobos abortivos et styli 
reliquias gerens, carnosus?, abortu unilocularis. Sema ignota. 

Ansor, seu Frutex cirris destitutus. Fozra impari-pinnata, exsti- 
pulata. FLores in racemis fasciculati. 

Hujus generis species unica Guineensis : P. pinnata ( Ornitrophe 
pinnata Poir. ). 


' 


LEPISANTHES Bzruuer. 

Carvx 4-sepalus, sepalis inæqualibus, imbricatis. Perara 4-5, 
calyce parüm! longiora, intüs squamä aucta, Discus emarginatus, 
genitalia cingens. Sramna 8, brevissima, pistillo approximata. Ova- 
rium 3-gonum , 5-loculare, loculis 1-sporis. Sryus subnullus , stig- 
mate obtuso.Drura ? tetragona, nucleo triloculari, loculis 1-spermis. 

Arsor, foliis abruptè pinnatis, foliolis suboppositis ; racemis sim- 
plicibus, axillaribus lateralibusque. \ 

Species unica ( L. montana) Javensis. 


Mém. du Muséum. 1. 18. 4 


26 MÉMOIRE 


Character ex Blume, Bijdragen tot de Flora van Nederlandsch, 
Indië, p. 157—2538. jun 


SAPINDUS Lrnx. 


Carvx 5-partitus. Prraza 5, intüs nuda vel supra unguem squamâ 
aucta. Discus calycis fundum occupans, regularis, integer seu cre- 
nulatus. Sramina 8-10, disco inter ejus marginem et ovarium in- 
serta. Pisnizzum centrale. Sryzus indivisus. Sricma terminale, 3-ra- 
riùs 2-lobum. Ovarum 3-rarius 2-loculare, loculis uniovulatis. 
Ovora erecta seu ascendentia. Frucrus carnosus, abortu 1-2-lobus, 
rarissimè 3-lobus, lobis rotundatis, indehiscens , abortu 1-2-sper- 
mus , rarissimè 3-spermus, putamine crustaceo. SEuINA arillo desti- 
tuta (an semper?). Ixrecumenrum exterius membranaceum. Eusnyo 
curvatus vel rectus : radicula brevis : cotyledones crassissimæ, in- 
cumbentes seu rectæ. 

Ansores. Forra exstipulata, abruptè pinnäta, vel abortu unius 
folioli subimpari-pinnata, foliolis oppositis alternisve. 

Hujus genéris species sunt : S. saponaria! Linn., marginatus 
Willd., Forsythii DC., stenopterus! DC. rigidus ! Ait., Surinamensis 
Poir., inæqualis! DC., angulatus Poir., Senegalensis! Poir., tetra- 
phyllus Vahl, salicifolius DC., laurifolius ! Vah], longifolius Vabl , 
lucidus Hamilt., emarginatus Vahl, rubiginosus Roxb., divaricatus 
Nob. Flor. Bras. , juglandifolius Nob. 1. c., esculentus Nob. I. c., 
Rarak DC. 

Species 1 ex Americ septentrionali ; 8 ex Americà intertropicali ; 
1 è Senegalià ; 1 ex Americà intertropicali et insulà Borbonià ; 8 ex 
Indià orientali. 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACEES. 27 


ERIOGLOSSUM Bziume. 


-Sapindi spec. Blume, Cat. Hort. Butenz. 


 Cazyx 5-sepalus, sepalis 2 interioribus minoribus. Psrara 4 , con- 

cava, basi intus aucta ligulâ bifidà villosà. Sramma 8, inæqualia, 
villosa. Ovarra 5, stylo connata, 1-spora. Sryzus 1 , stigmate obtuso. 
Carrera elliptica , baccata, basi connata, ex abortu sæpè solitaria. 

Frurex habitu Sapindi , foliis pinuatis, 3-4-jugis sæpè cùm im- 
pari. 

Species unica (Z. edule ) Javensis. 

Character ex Blume, Bijdragen tot de Flora van Nederlandsch 
Indië, p. 229. 


MOULINSIA Nos. 


Cazvx 5-partitus. Perara 4, quinti superioris deficientis sede va- 
ca, intüs supra basim squamà cucullatà aucta ; squamæ apice cris- 
tatæ, infra apicem in appendicem inflexam desinentes. Discus in- 
completus, 4-lobus; lobi petalis oppositi. Sramma 8, excentralia, 
imæ basi ovarii circumposita. Pisrrrzum excentrale. Sryzus indivi- 
sus, inter lobos ovarii incidens. Sricma subtrilobum. Ovarium 3-lo- 
batum , 3-loculare, loculis uniovulatis. Ovura erecta. Frucrus : cap- 
sula 3-vel abortu 2-lobata, styli reliquiis apiculata, 3-vel abortu 
2-locularis, loculicido 2-3-valvis. Semina..………. 

Arvor, seu FRUTEx Cirris destitutus. Fozra exstipulata ?, abruptè 
pinnata , foliolis alternis seu oppositis. FLores racemosi. 

Species unica Timoriensis : M. cupanioïdes Nob. (Sapindus fraxi- 
rufolius? DC.) 


Ons. Il seroit possible que le Sapindus rubiginosus de Roxburg dût être réuni au 
Moulinsia ; je n’ose cependant, n'ayant point eu à ma disposition d’échantillon 
authentique, le rapprocher de ce genre. 


28 MÉMOIRE 
CUPANIA Prun. 


Voua-rana et Sapindi spec. Aubl.— Trigonis Jacqg.— Cu- 
pania, Molinæa et TrigonisJuss. Gen.—Geloniam Geærtn., 
Pet. Th., non Roxb.— Guioa Cap.— Stadmannia Lam. 
— Blighia Æœnig. — Akeesia Tuss. — Bonannia Raf. — 
Tina Rom. et Schult. — Cupania, Blighia, Tina, Stad- 
mannia, Ratonia, Sapindi spec. DC. Prodr. — Dimereza 
et Cupania Labrll; — Tina et Mischocarpus Blume. 


Caryx magis mins profundè 5-fidus, vel 5-partitus. PeraLa 5, 
supra unguem squamà parvulà aucta (an semper?), rard nulla. 
Discus calycis fundum occupans , regularis, integer seu crenulatus. 
Srama 10 vel abortu 9-5, disco inter ejus marginem et ovarium 
inserta. Pisrccum centrale. Sryzus trifidus seu indivisus. Ovarrom 
2-3-loculare, loculis 1-ovulatis. Ovura erecta. Frucrus : capsula 
pyriformis, 2-3-gona, styli reliquiis coronata, loculicido-2-5-val- 
vis, 2-3-locularis. Sema erecta, arillata. InreGumExTuN exterius 
crustaceum. Emsrxo magis minbs curvatus : radicula parvula : coty- 
ledones incumbentes ; crassissimæ. 

Ansones, vel Faurices cirris destituti. Forra exstipulata?, abrupte- 
pinnata vel’ abortu unius folioli subimpari-pinnata, foliolis oppo- 
sitis alternisve. FLores racemoso-paniculati vel racemosi. 

Hujus generis species sunt: C, tomentosa!{Swartz, excelsa! Kunth, 
latifolia! Kunth, scrobiculata ! Kunth, glabra ! Swartz, saponaria! 
Pers., geminata! Poir. , glauca ( Dimereza glauca Labill.), Poi- 
retii! Kunth, emarginata Nob. Flor. Bras., zanthoxyloides Nob. 
1. c., vernalis Nob. |. c., euphoriæfolia Nob.l.c., paniculata Nob. 
l. c., punctata Nob. 1. c., reticulata Nob., J’oua-rana Nob., levis! 
Pers., alternifolia ! Pers. , venulosa DC., canescens Pers., Tolambitou 
Nob., Lessertiana Nob., syderoxylon! (Stadmannia Lam.), apetala 
Labill., dentata DC., lentiscifolia! Pers., Ratonia Nob,( Ratonia 


SUR LA FAMILLE DES ,SAPINDACÉES. 29 


Domingensis DC.), Perrottetii Nob., cupanioïdes (Gelonium cupa- 
nioïdes Gærtn.), Thouarsiana! Nob.; Chapelieriana Nob., rupestris 
(Tina rupestris Blume). 

Species 7exinsulis Madagascar, Borboniä.et Mauritianàä; 4 ex Indià 
orientali; 1 ex insulà Mauritianä et Indià orientali;.3.èx Amicorum 
insulis et novä Caledonià ; 5 17 ex Americà intertropicali ; 4 è Brasiliæ 
meridionalis provincià Rio Grande de S-Pedro do Sul. 


Ons. Le C! nitida, rapporté avec Houte à te! genre par M. De Candolle, doit 
être intercallé parmÿ les Paullinia : il mé paroi! exlfèémement voisin du P. con- 
narifolia) (Rich. in Juss: Ann: Mus. 4, p: 349), et je crois qu'avant de l’admetire 
défuitiventent au, nombre des espèces, il faudra Je soumettre, à un nouvel 
examen. : :} 

M. Du Petit-Thouars 1 n’a AA aucune espece de son | genre Gelonium : en 
proposant le’ nom de Tina Madagascariensis, M. De Candolle ne peut donc avoir 
eu en vue que de fixer l’attention des voyageurs sur les espèced de ce genre qui se 
trouvent à Madagascar. Maïs comme deuxide nos Cupañia originaires de cetté île 
ont,des fruits biloculaires, et;rentrent. par conséquent dans le'genre Tina: de 
MM. Roemer et Schultes, il deyient nécessaire, afin d'éviter Îles .confusions, de 
supprimer l'épithète de Madagascariensis, qui pourroit se rapporter également à 
tous les deux. 


anodin RARES TA Une LS 


Cauyx pofundè 5-fidus. Perta 9, intüs supra basim squamä lim- 
bum æquante densissimè pilosà aucta. Discus carnosissimus, totum 
calycis fandum occupans, regularis, crenulatus. Sramma 8 ,;\ disco 
inter ejus marginem êt ovariumiinserta. Prsrirzum centrale. Snrema 
subsessile , obsoletissimè 3-dentatum. Ovarium 3-loculare (4+loculare 
ex Aubl.), loculis uniovulatis. Ovura fando loculorum affixa, erecta. 
Fauorus ignotis, ,, :: | 

Arsores, vel Frurices cirris destituti. Four exstipulata, abruptè 
pinnata , foliolis alternis. FLores racemoso-paniculati. 

Hujus generis species sunt : 7°. hexaphylla Vahl., Guyanensis! 


Aubl, mollis!;Kanth; ined;; Æcladodea DC.—Ommes ex Americà 
iotertropiealhiner enieluus 


Fr 


3o OUT MÉMOIRE! 
.do sy 


NEPHELIUM Liv. 


Pometia Forst. — Euphoria et Nephelium Juss. Gen. — 
Scytalia ME EEE UT Lour. — A spec. 
et PART DC. bris 


Caryx magis minüs profundè 5-6-dentatus. Peraza 5-6 seu (in 
N. lappaceo) nulla , intùs densé pilosa et appendice destituta. Discus 
annularis, calycis fundum occupans. Sramina 8-10, rariüs 6, disco 
inter ejus marginém et ovarium inserta. Prsrirrum centralé. Srvrus 
indivisus. Sricma bilobum vel bifidum. Ovariun obcordato-didymum , 
2-loculare, loculis uniovulatis. Ovura erecta. Faucrus indehiscens, 
sæpè abortu i1-lobatus et ad latus lobum alterum-abortivum, ge- 
rens, tuberculatus seu muricatus, rariüs levis. Sema crassa , arillo 
carnoso vestita. InrecumEN Tu exterius crustaceum. Empayo rectus : 
radicula parvula : cotyledonés crassissimæ , coadunatæ. 

Ansores. Fozta abruptè pinnata, foliolis oppositis alternisve, ex- 
stipulata. FLones racemoso-paniculati. 

Hujus generis species sunt : N. lappaceum ! Linn., informe (Eu- 
phoria informis DC.), longana\(ÆE. longana Lam.), Lit-chi! (E. 
Lit-chi Desf.), glabrum (E. glabra Blume) , Noronhianum (E: No- 
ronhiana Blume), xerocarpum (E. xerocarpa Blume ), pinnatum! 
(Pometiw pinnata Forst.). 

Species 7 ex: Indià orientali ; Chiuä et Coéhinchinàä ; 1 ex insulis 
Hebridis, | 


THOUINIA Poir., DC., non Tauns. nec Smira=Tab. 4, D. 


Thyana ÆHamult. Prodr. 
PV: | LUE 1 » ei 
 Cauvx 4-5-partitus. Pérars 4-5, intùs nuda (an semper?). Discus 
calycis fundum occupans, regularis, crenulatus. SramnA 8-10; disco 


SUR LA FAMILLE DES :SAPINDACÉES. 31 


inter ejus marginéni et ovariuni inserta. Pisrmum centrale. Sryius 
intér lobos ovañii immmersus, breviter 3-fidus.; segmentis longitu- 
dinaliter intüs stigmata gerentibus. Ovarium 5-lobum , lobis fæcun- 
dationérpéractà in alam productis, 3-loculare; loculis unioyulatis. 
Ovura erecta. Frucrus constans à samaris 3 axi centrali adnatis : sa- 
maræ dorso et apice in alam membranaceam productæ, basi unilo- 
culares et monospermæ. Sema erecta , arillo destituta (an semper?). 
INTEGUuMENTUN exterius :membraänaceum..Emsrvo curvatus : radicula 
brevis : cotyledones sublineares, incumbentes. 

Ansores, vel Frurices rarissimè cirrosi, FoLra exstipulata, abrupte 
pivpata; trifoliolata, aut abortu foliorum 2, lateralium subsimplicia. 

Species hujus generis sunt: 7. simplicifolia! Poit:, integrifolia 
Spreng., wifoliata! Poit., scandens Nob. Flor. Bras., tormentosa 
DC., villosa DC., pinnata Turp., polygamna Meyer, decandra Bonpl. 
Omnes ex Americà intertropicali. 


HYPELATE P. Brown. 

Melicoccæ spec. Juss. — Hypelate et Melicoccæ spec. DC. 

Cazvyx 5-partitus. Peraza 5 seu nulla, intus nuda. Disous calycis 
fundum occupans, subinteger lobatusve. Sramma 8-10, disco inter 
ejus marginem et ovarium inserta. Pisriczum centrale. Sryzus bre- 
vissimus , indivisus. Sriema sub-2-3-lobum. Ovarrum 2-5-loculare, 
loculis 2-5-ovulatis. Ovura pendula!. Frucrus apice styli reliquiis 
coronatus , subexsuccus, indehiscens, abortu 1-2-locularis. Sema 
pendula, arillo destituta? InrecumenTum exterius coriaceum. Em- 
sryo curvatus : radicula parvula, supera : cotyledones crassæ, cur- 
vatæ, incumbentes. 

Arsores. Forra exstipulata, trifoliolata seu abruptè pinnata, fo- 
liolis oppositis alternisve. Frores glomerati, seu in paniculas breves 
dispositi. 


32 AMD A A EL! M ÉAO URE! AZ 


Hujus generis’ species sunt : 77. trifoléata ! Sw: ;spaniculata ! 
(M. paniculata Juss.), dentata !( 1. dentata Juss.), "0 
(AE. diversifolia Juss.).. nu 

Species 2 ex Americäintertropicali; 2°ex insulà Muritian: | 


€ 


MELICOCCA Lin. Se 
Melicoccæ spec. ri DC, —Schleichera /#rlld: 


: : 174! 


Carvx 4-5-partitus. Perara tot quot foliola calycina, seu 'rulla, 
iutus nuda. Discus calycis fandum occupañs ; integer lobatusve. 
Sramina 8-10, disto inter'ejus marginem él'ovarium insërta. Prsrrecum 
centrale. Sryzus indivisus. SricuA’ 2-3-lobum. Ovarrum 2-3-locularé, 
loculis uniovulatis. Ovuca erecta. Frücrus apice stylireliquiis coro- 
natus, indehiscens , subexsuccus: ahôttu 1-2-locularis , 122 spermus. 
Sema erecta , substancià carnosà (arillo) involuta, Ixrecumenrum 
exterius coriaceum, Emsryo rectus; radicolà{parwulà ; cotyledonibus 
crassis, Coadunatis. 

Arsores. Foria exstipulata, abruptè pinnata, foliolis suboppositis. 
FLores racemosi, racemis spicæformibus. 

Hujus generisspecies sunt : M. PUS ! 4e L fire Lnatitr à Kunth, 
trijuga ! Juss. 

He 2 Ex Anrericà RO 1 EX ndià Se 

ARR IREREE 

Oss. Il me Pardi ainsi qu'à M, De. Candolle, Harpe que le M. ie 

cens Roth appofienne, à ce genre, | 


IN? rl [1 C5 ilus 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 33 


SECTIO SECUNDA. 


DODONÆACEZÆ. 


Ovarii loculamenta 2-3-ovulata; embryo spiraliter con- 
volutus. 


KOELREUTERIA Laxm. non Mure.— Tab. I, E. 
_ Sapindi spec. Linn. fil. 


Cazvx 5-partitus. Perara abortu 3-4, intüs ad unguem appendice 
parvulà bipartitä aucta. Discus carnosissimus, totum calycis fundum 
occupans, regularis , 8-crenatus. Sramina 8, rariüs 5-6-7, disco 
inter ejus marginem et ovarium inserta. Pisrrum centrale. Sryzus 
indivisus , apice truncatus, acutiusculus. Ovarium 3-loculare, loculis 
2-ovulatis. Ovura angulo interno ad medium loculorum aflixa, infe- 
rius suspensum, superius ascendens. Frucrus : capsula vesiculosa, 
inflata , apice styli reliquiis apiculata, supernè subunilocularis, in- 
fernè 3-locularis, loculicido-3-valvis, valvis infra medium semi- 
niferis. SEmINA arillo destituta. InrecumeNTumM exterius crustaceum. 
Ewsrvo spiraliter convolutus ; radiculà extrarià ad hilum spectante. 


Arsor parva. Forra exstipulata, impari-pinnata, foliolis oppositis 
alternisve. FLores racemoso-paniculati. 


Species unica Chinensis : Æ. paniculata! Laxm. 
COSSIGNIA Com. in Juss. Gen. 


Carvx 5-partitus. PEraLA 4, appendice destituta. Discus irregula- 
ris, Calycis fundum occupans, margine hinc longior, indè snb- 
evanidus. Sramma 6-5, disco inseria. Prsrizcum excentrale. Sryrus 


longiusculus, stigmate capitellato terminatus. Ovarrom 3-loculare, 
Mém. du Muséum. 1. 18. 


34 MÉMOIRE 
loculis 3-ovulatis. Ovura angulo interno supra medium loculèrum 
aflixa , superius ascendens, intermedium subperitropum, inferius 
suspensum. Frucrus : capsula basi calyce suffulta, styli reliquiis 
coronata , loculicido=trivalvis , 3-locularis, loculis 5-seu abortu 
2-ovulatis. Semina receptaculo centrali persistenti triangulari aflixa, 
arillo destituta. INreGumEexTu“ exterius crustaceum. Eusrvo spiraliter 
convolutus ; radiculà extrariä, ad hilum spectante. 

Frurex cirris destitutus. Forra exstipulata, impari-pinnata, 1-2- 
juga. Frores paniculati. 

Species unica ex insulis Borbonià et Mauritianà : C. Borbonica! 
DC. 

LLAGUNOA Ruiz et Pay. 


Amirola Pers. 


Cazyx 5-fidus. Perara 0. Discus carnosus, calycis fundum occu- 
pans, tubi interna latera induens, apice 10-lobatus. Sramina 8, ra- 
riùs 9-10, disco inserta. Pisriczum centrale, Sryzus indivisus, apice 
incurvus, stigmate subtrilobo terminatus. Ovarium 3-loculare, loculis 
2-ovulatis. Ovura angulo interno loculorum aflixa, ascendentia. 
Frucrus : capsula basi calyce persistente suffulta, subtricocca, 3-lo- 
cularis, loculicido-3-valvis, valvis medio septiferis, loculis 1-2- 
spermis. SEmmA arillo destituta. INTEGUMENTUM exterius crusta- 
ceum. Ewsrvo spiraliter convolutus; radiculà extrarià, ad hilum 
spectante. 

Ansores. Forta exstipulata, trifoliata vel sæpiüus abortu foliolo- 
rum lateralium subsimplicia. Frores in racemos breves, pauciflo- 
ros ; axillares dispositi. 

Species 3 ex Americà intertropicali : L/. nitida! Ruiz et Pav., 
prunifolia! Kunth, molfis! Kunth. 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 35 


DODONZÆA Lin. 


Cazvx 5-4-rarius 5-partitus. Perara o. Discus hypogynus, sæpè 
evanidus. SrammA 8, rariüs 9-10, disco vel receptaculo inserta. Pis- 
riLLum centrale. SryLus breviter 2-3-rariüs 4-fidus, segmentis lon- 
tudinaliter intùs stigmata gerentibus Ovarun 2-3-rarissimé 4-que- 
trum, 2-5-rarissimè 4-loculare, loculis 2-ovulatis. Ovuca angulo 
interno ad medium loculorum affixa , superius ascendens , inferius 
suspensum. FRucrus : capsula membranacea, 2-3-4-quetra , 2-3-4- 
alata, 2-5-4-locularis, septicido-2-5-4-valvis; valvis carinatis, dorso 
alatis : axis centralis 2-3-4-gonus, breviter 2-3-4-alatus. Semina 
arillo destituta. IvrecumenTuu exterius crustaceum. Emsrvo spira- 
liter convolutus : radicula extraria : cotyledones lineares. 

AnsorEs parvæ, seu FRuTICEs cirris destituti. FoLra exstipulala , 
simplicia ! 

Hujus generis species sunt : D. viscosa! Linn., spathulata Smith. 
Jamaïcensis, DC., bialata ! Kunth, Burmammiana DC., microcarpa! 
(D. microcarpa et salicifolia DC.), dioïca Roxb., triquetra! Andr., 
cuneata Smith, asplenifolia! Rude., eriocarpa Smith, aftenuata 
Cunningh. 

Spec. 2 ex Americà intertropicali; 1 ex Americà et Africä; 2 ex 
Indiä orientali; 1 ex insulâ Borbonià ; 2 ex insulis Sandwich; 4 è 
novà Hollandiä. 


GENUS ANOMALUM. 


MAGONIA Auc. pe S.-Hrx. 
Phæocarpus Mart. et Zucc. 


Caux 5-partitus, foliolis inæqualibus. Perara 5, appendice des- 
tituta. Discus calycis fundum occupans , irregularis , margine hinc 
longior et duplex, indè brevior et simplex. Sramina 8, disco inserta. 
Pisruzum excentrale. Sryius curvatus. SriGmA terminale, subtrilo- 


36 MÉMOIRE 
bum. Ovarium triloculare , loculis pluri-ovulatis. Ovura angulo in- 
terno aflixa , subperitropa , imbricata. Frucrus : (teste Aug. de 
S.-Hil.) capsula magna, lignosa, 5-valvis, polysperma. Semixa magna, 
valdè complanata, alà undiquè cincta. Ummricus marginalis, medio 
diametro mäjori respondens. Ivrecumenrun duplex. Emsnvo rectus, 
valdè complanatus : radicula parva, umbilicum subattingens : coty- 
ledones magnæ, suborbiculares. 

Arsores. Foria M a D UT ; abruptè pinnata. FLores racemoso- 
paniculati. 

Species 2 ex Americà intertropicali: M. glabrata! et pubescens! 
Aug. de S.-Hil. 


GENERA MIHI NON SATIS NOTA. 


ENOUREA Au. 


Cazvx 4-partitus , foliolis 2 oppositis majoribus. Perara 4» calyci 
inserla?, inæqualia, intüs ad unguem squamà aucta. Discus: glandulæ 
2 ad basim petalorum majorum. STAMINA 13, receptaculo inserta, inæ- 
qualia, basi connata. Pisrizzum excentrale. Sryus o. Sricmara 3. Car- 
suca sphærica, 3-valvis, 1-locularis ; 1-sperma. re erectum, pulpà 
farinosà vestitum. 

Frurex scandens, cirrosus. Foura impari-pinnata. FLores racemosi. 

Character ex Aublet. 

Genus verosimiliter Paulliniæ afhne. 

Species unica Guyanensis : Æ. capreolata Aubl. 


MATAYBA Aunr. 
Ephielis ScAreb. 


Cazxx profundè 5-fidus. Perara 5, intùs ad basim breviter appen- 
diculata. Discus calycis fundum occupans, 8-crenatus. Sramma 8, 
disco inter ejus mgarinem et ovarium inserta. Pisnzzum centrale. 
Sricwa subsessile, subtridentatum. Ovariom 2-loculare , loculis uni- 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 37 
ovulatis. Ovura angulo interno ad medium loculorum aflixa, ascen- 
dentia. Frucrus non satis notus. 

Ansor. Four exstipulata, abruptè pinnata. Frores racemoso-pani- 
culati. 


Spec. unica : M. Guyanensis! Aubl. (v. s. in herb. Juss.) 


Oss. Le M. Guyanensis ne se trouve pas à Saint-Domingue, où il est indiqué 
par M. De Candolle , sur l’autorité de M. Bertero. La plante que ce voyageur a 
communiquée à M. Kunth, sous le nom d’Æphielis fraxinea, est une Méliacée qui 
appartient probablement au genre Zrichilia. On a vu plus haut que le F’oua-rana 
d’Aublet ne pouvoit être rapporté au Matayba; je crois qu’on doit en séparer 
encore le M. Patrisiana de M. De Candolle, qui s’en éloigne par ses feuilles 
pennées avec impaire , et qui, vn l’organisation de son fruit, pourroit bien appar- 
tenir à une toute autre famille. 


APHANIA Brume. 


Cazvx 4-partilus, inæqualis. Pérara4, ciliata, basi intus bis- 
quammata. Discus hypogynus, genitalia cingens. Srammna 5, pistillo 
approximata. Ovarium ovatum, compressum, 2-loculare, loculis 
1-sporis. Srycus subnullus, stigmate emarginato. FRUoTUS........... 

Arsor, foliis abruptè pinnatis, foliolis suboppositis; racemis ter- 
minalibus, compositis. 

Species unica Javensis : 4. montana Blume. 

Character ex Blume, Bijdragen tot de Flora van Nederlandsch 
Indiëé, p. 236. 

ALECTRYON Gzærrn. 


Fros......Bacca coriacea, globosa, in vertice et ad alterum latus di- 
midium margine coriaceo in cristam compresso aucta, unilocularis. 
Rec. tuberculum parvum supra basim loculamenti in latere baccæ 
cristato. SEMEN unicum, erectum, basi arillo cinctum. Inrecumemrun 
duplex : exterius crustaceum , interius membranaceum. Emervo spi- 
raliter convolutus ; radiculà extrarià, inferà, hilum spectante. 

Character ex Gærtner. 

Species unica : 4. excelsum Gærtn. 


38 MÉMOIRE 


Species novæ, seu minüs cognitæ. 
SCHMIDELIA BOJERIANA Nos. 


S. foliüis ternatis, glabriusculis, suprà lætè viridibus, subtüs 
pallidis; foliolis oblongis, subsessilibus, subintegris; termi- 
nali cuneato, subacuminato; lateralibus obtusiusculis; ra- 
cemis ramosis. 


Nom. vulg. Leffoun-doula 


Rai teretes, glandulosi . infernè glabrati, supernè puberuli. Foz1a 
trifoliolata : foliola oblonga , subsessilia , integra vel obsoletissime 
sinuato-dentata, suprà læelè viridia, subtùs pallida, glabra nisi 
subtùs ad nervum medium prominentem puberula ; terminale res 
poil. longum , 6-8 L. latum, cuneatum, subacuminatum ; lateralia 
triente minora , basi et apice gradatim angustata , obtusiuscula : pe- 
tiolus communis circiter 6 1. longus, suprà canaliculatus, subtüs 
convexus ;, pube brevissimä pruinosus. Racemr axillares, solitarii, 
ramosi, folio longiores; rachi ramulisque teretiusculis, puberulis. 
Cazsx 4-partitus, glabriusculus ; foliolis rotundatis, ciliolulatis ; 
2 exterioribus minimis; 2 interioribus lineam circiter longis, supe- 
riore latiore. Peraza et Sramina non suppetierunt. Discus 4-glandu- 
dosus, incompletus. Frucrus calyce persistente suffultus, breviter 
pedicellatus, 2-vel sæpius abortu 1-lobus, lobis rotundatis, dia- 
metro 2-lineari , glaber. Sryzus persistens , fructu triplo brevior, 
bifidus , axi incidens. SEMEX erectum, rotundatum , funiculo crassis- 
simo. InTEGuMENIUM exterius membranaceum; interius pellucidum. 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 39 


Ranicura parvula. Coryrenoxes longæ, sublineares. 
Habitat in provincià Eminna prard Ra-masuna in insulà Mada- 
gascar ( Bojer.) (v. s. in herb. Mus.). 


PROSTEA PINNATA Nos. 


P. foliis impari-pinnatis, 6-7-jugis; foliolis oblongis, subacu- 
minatis, glabriusculis; racemis compositis; floribus fasci- 
culatis. 

Ornitrophe pinnata Pour. Dict. 8, p. 266. — Schmidelia ? 
pinnata DC. Prodr. 1, p.Grx. 


Ram teretes , tomento brevi rufescente vestiti. Forra impari-pin- 
uata , 6-7-juga : foliola 15 1.-5 poll. longa, 8 1.-1 poll. lata, oblonga, 
basi et apice gradatim angustata, subacuminata , integerrima, sub- 
sessilia, glabra nisi subtüs ad nervos prominulos puberula : petiolus 
communis rachi adjectà 8 poll. longus, suprà obsoleté canaliculatus, 
subtüs convexus, rufescenti-tomentosus. Racemr ad apicen: ramorum 
paniculam magnam folio longiorem efformantes, rachi ramis ramu- 
lisque tomento rufescente vestitis. FLores ramulis brevissimis sub- 
fasciculati, subsessiles, basi bracteà minimä tomentosâ suffulti. 
Cazvx 5-partitus , foliolis rotudantis, concavis, subæqualibus intüs 
glabris, extùs densè tomentosis. Perara 5, calyce pauld breviora, ro- 
tundata, concava, utrinquè pilosa, intüs ad basim squamà parvulà 
longè barbatà instructa. Drscus annularis, integer. Sramina 20, disco 
inserta : filamenta brevia, pilosa : antheræ basi aflixæ, oblongæ, 
filamentis pauld longiores, basi emarginatæ, glabræ, à latere dehis- 
centes. Sryzus glabriusculus, subtrigonus. Ovarium profundè 3-lo- 
batum , pilis longissimis vestitum. Frucrus cerasi magnitudine, 
glabratus. (Flos ante apertionem observatus.) 

In Guineà (7al.) (v. s. in herb. Juss. et Desf. ). 


4o MÉMOIRE 


MOULINSIA CUPANIOIDES Nos. 


M. foliis abruptè pinnatis; folioliis 4-5-jugis, oblongis, basi et 
apice angustatis, subacuminatis, petiolulatis, integerrimis ; 
racemis compositis. : 


Sapindus fraxinifolius? DC. Pr. 1, p. 6o8. 


Ram infernè teretes et subglabrati, supernè sulcati et tomento 
brevi rubiginoso vestiti. Foura abruptè vel abortu uniusfolioli impari- 
pinnata : foliola 4-5-juga, sæpissimè opposita, rariùs alterna, 15-5 
poll. longa, 8-21 L. lata, oblonga, basi et apice angustata, acuta vel 
subacuminata, petiolulata, petiolulo x 1. longo, integerrima; juniora 
ad nervos rubiginoso-tomentosa , suprà pilis brevibus scabriuscula, 
subtüs iisdem densioribus longioribusque subtomentosa ; adulta sub- 
glabrata nisi supra ad nervum medium rubiginoso-tomentosa : pe- 
tiolus communis rachi adjectà 3-6 pollicaris, teretiusculus, rubi- 
ginoso-tomentosus. Racemr ad apicem ramorum foliis superioribus 
abortantibus paniculam efformantes ; singuli 3-5-pollicares , spicæ- 
formes : pedunculus communis brevissimus, subnullus : rachis sul- 
cata, rubiginoso-tomentosa. FLores polygami, in racemis fasciculati : 
pedicelli brevissimi , tomentosi , basi bracteä lineari tomentosà suf- 
fulti. Masc. Cazvx 5-partitus, tomentosus ; foliolis rotundatis, obtusis, 
inæqualibus ; 2 exterioribus minoribus. Perara 4, quinti superioris 
deficientis sede vacuà, subinæqualia, calyce dupld longiora, 3 1. 
Jonga , 2 1. lata, obovato-oblonga, apice rotundata et erosa, glabra, 
flabellato-venosa, intùs supra basim aucta squamà limbo dimidio 
breviore, margine ciliatà, apice cristatä, infra apicem appendice 
brevi longè barbatà inflexà instructâ; cristà bifidà, ciliatà. Drscus 
incompletus, 4-lobus; lobi crassi, acutiusculi, petalis oppositi. 
Sramma 8, excentralia , libera , petalis paulo breviora ; 4 glandulis 
opposita paul minora : filamenta densè pilosa : antheræ infra me- 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 45 


dium dorsum affixæ , glabræ, subrotundæ, à latere dehiscentes. Prs- 
TILU rudimentum excentrale , pilosiusculum. FLORES HERMAPHRODITI : 
CaLyx, PETALA, DISQUS, STAMINA ut in masculis. Pisriczum densè pilo- 
sum. Sryzus 1: |. longus, indivisus, inter lobos ovarii incidens. 
SriGma subtridentatum. Ovarrum 3-lobatum. Carsura (quæ immatura 
suppetiit) 3-vel abortu 2-lobata, lobis obtusis , subcompressis, styli 
reliquiis apiculata, glabrata , loculicido-trivalvis, valvis intus ad 
marginem hirsutis. 
In insulis Timor et Java? (v. s. in herb. Mus. et Kunth.) 


CUPANIA RETICULATA Nos. 


C: foliolis 2-3-jugis, ellipticis, breviter acuminatis vel apice 
rotundatis, integerrimis, petiolulatis, reticulato-nervosis , 
glabris; calyce persistente, 5-partito, tomentoso; capsulà 
obcordatà, pyriformi-trilobatà, tomentosà 


Raur infernè teretes , subglabrati , cinerei ; supernè sulcati, to- 
mento brevi ferrugineo vestiti. Forra abruptè pinnata : foliola 2-3- 
juga, alterna, 2-5 poll. longa, 1-2 poll. lata, elliptica, basi et apice 
angustata, breviter acuminata vel rariùs apice rotundata, petiolulata, 
petiolulo 1-2 1. longo, integerrima, reticulato-nervosa, glabra, nervo 
medio lateralibusque subtüs prominentibus : petiolus communis 
rachi adjectà 3-5 poll. longus, suprà obsoletè canaliculatus, subtüs 
convexus , glabratus, cinereus. Racemr ad apicem ramorum foliis su- 
perioribus abortantibus vel deciduis paniculam magnam efformantes. 
FLores non suppetierunt.Caryx persistens ,5-partitus, foliolis ovatis, 
obtusiusculis , tomentosis, 1 1. longis. Carsura breviter pedicellata, 
5-6 L. longa, totidem et ampliüs lata, pyriformi-trilobata, obcor- 
data, styli reliquiis coronata, basi valdè angustata tomento brevi 
denso ferrugineo vestita , ab apice ad medium loculicido-trivalvis , 


Mém. du Mus. t. 18. 6 


45 MÉMOIRE 


trilocularis, loculis uniovulatis : pedicellus 1-1+1. longus, tomen- 
tosus, basi bracteà parvulà tomentosà suffultus. Sema arillo sacci- 
formi ; apice pervio cincta. InrecumENTuM crustaceum, nitidum. 
Eusrxo immaturus suppetiit. F 


In Guyanà. Descriptio ex specimine ab amicissimo Gay commu 
nicato. 


CUPANIA VOUA-RANA Nos. 


C. foliolis 2-3-jugis, ellipticis vel oblongo-obovatis, obtusis 
seu brevissimè acuminatis, obsoletè sinuatis, petiolulatis, 
glabris; calyce 5-partito, tomentoso, persistente, demüm 
glabrato; capsulà obcordato-bilobatà, glabratà. 

Voua-rana Guyanensis Aubl. Guyan. suppl. p. 12, tab. 374. 
— Matayba? Voua-rana DC. Prod. 1, p. 609. — Cupania 
lævigata Rich. ined. 


Ram teretes, glabrati, glandulis creberrimis scabriuseuli. FoLra 
abruptè pinoata : foliola 2-3-juga, alterna, 3-6 poll. longa, 1-3 poll. 
lata, petiolulata, petiolulo 2 |. longo, elliptica vel oblongo-obovata , 
basi et apice angustata, obtusa seu breviter acuminata , obsoletis- 
simè sinuata , glabra, suprà lætè viridia, subtüs pallidiora, nervo 
medio lateralibusque subtüs prominentibus : petiolus communis 
rachi adjectà 3-4 pollicaris, pube brevi scabriusculus, demüm gla- 
bratus, glandulosus. Racemt axillares , ramosi ; floriferi folio bre- 
viores , fructiferi folio sæpè longiores : rachis teretiuscula, glandulis 
creberrimis scabriuscula, pube brevi lomentosa, demüm subglabra- 
ta : ramuli inferiores 1-2 pollicares, superiores gradatim abbreviati. 
FLores in racemis subfasciculati, polygami, subsessiles, basi bracteà 
minimà subulatà tomentosà circiter 1 1. longà sufFulti, Masc. Carvx 
5-partitus , tomentosus ; foliolis ovatis , obtusiuseulis , 1 1. longis. 
Pgrara calycem paululüm superantia, spathulata, longè unguiculata, 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 43 


extus glabriuscula, intüs supra unguem appendice bipartità barbatä 
limbo paulè longiore aucta. Discus crassus, integer. Sramna 8, petalis 
duplo longiora, æqualia : filamenta a basi ad medium pilosa, su- 
pernè glabra : antheræ subrotundæ, medio afixæ, basi breviter emar- 
ginatæ, glabræ. Pisrizr rudimentum minimum, pilosum. FLores 
FEMINEI non suppetierunt. Capsura breviter pedicellata, pedicello cras- 
siusculo, vix 1 1. longo, basi calyce persistente suffulta, 6-7 |. longa, 
7-8 1. lata , obcordato-bilobata , basi valdè angustata , styli reliquiis 
coronata , glabrata , ab apice ad medium loculicido-bivalvis, 2-lo- 
cularis , loculis uniovulatis, uno sæpè vacuo. SEMINA arillo sacci- 
formi , apice pervio cincta. INTEGUMENTUM crustaceum , nitidum. 
Rapicura minima. Coryrenones incumbentes, crassissimæ , inter se 
coalitæ. 
In Guyanà. 


CUPANIA TOLAMBITOU Nos. 


C. foliolis 2-3-jugis, oblongis, basi et apice angustatis, sub- 
acuminatüs, integerrimis, subsessilibus, glaberrimis; calyce 
deciduo ; capsulà obcordato-3-lobatà, glabrà. 

Nom. vulg. Tolambitou. 


Ram teretes, cinerei, glandulosi, glabri. Foura abruptè pinnata : 
foliola 2-3-juga, alterna vel opposita, 12-53: poll. longa, 10-16 1. lata , 
oblonga , basi et apice angustata, acuta vel subacuminata , subsessi- 
lia, integerrima, glaberrima, reticulato-nervosa, sub lente pellucido- 
punctata, suprà lætè viridia, subtüs pallidiora : petiolus communis 
rachi adjectà circiter 1 pollicem longus , angulosus, glaberrimus. 
Racer axillares, solitarii, folio muliù breviores, vix pollicares : pe- 
dunculo communi rachique teretibus, glabris. Cazyx deciduus. Pe- 
TALA, STAMINA €t PisrixLum non suppetierunt. Discus regularis, basi 
fructum cingens. Carsura breviter pedicellata, pedicello 3 1. circiter 


44 MÉMOIRE 


longo glabro, trilobata, lobis rotundatis subcompressis uno alterove 
sæpè vacuo , apice profundè emarginata et styli reliquiis apiculata, 
basi valdè attenuata, 1 poll. longa, totidem et ampliùs lata, glabra, 
loculicido-trivalvis, valvis intùs glabris. Semma ( quæ immatura 
suppetierunt) arillo carnoso, sacciformi , apice pervio cincta. Inre- 
GUMENTUM Crustaceum nitidum. 

In insulà Madagascar (Chapelier ). 


CUPANIA CHAPELIERIANA Nos. 


C. foliolis 3-7-jugis, ellipuico-oblongis, basi et apice angusta- 
tis, dentatis, glabris, suprà nitidis; calyce persistente, pu- 
berulo ; capsulà obovoideà, glabratà. 


Rai teretes, pube brevi rubiginosà pruinosi, Forra abruptè vel 
abortu unius folioli impari-pinnata : foliola 3-7 juga , opposita vel 
subopposita ; inferiora citciter 1 poll. longa, 7 1. lata, elliptica; 
superiora duplù majora, oblonga ; omnia sessilia, basi et apice gra- 
datim angustata , acutiuscula, dentata, glabra nisi subtüs ad nervos 
sub lente pube rarissimä inspersa, suprà nitida ; nervo medio latera- 
libusque subtùs prominulis : petiolus communis, angulosus, pube 
rar inspersus , rachi adjectà 2°-4 pollicaris; rachis angustissimé 
marginata. Raceut axillares, folio pauld longiores, ramosi, pube 
brevi rubiginosà pruinosi. Frores...... Carvx persistens, 1 l. longus, 
puberulus, foliolis inæqualibus rotundatis. Discus brevis, undulatus. 
Carsura pedicellata, pedicello 3-4 1. longo, obovoïdea , apice stylo 
conico integro persistente 1+ L. longo restrata, basi valdè angustata, 
8 1. longa, 61. lata , glabrata, 2-locularis , abortu sæpè monosperma, 
5-valvis, valvis’intüs glabris. Semina matura non suppetierunt. 

In parte orientali insulæ Madagascar ab indefesso Chapelier lecta. 


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SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 


CUPANIA THOUARSIANA Nos. 


C. foliolis 2-jugis, obovato-oblongis, cuneatis, emarginatis, 
integerrimis, glaberrimis; calyce persistente, puberulo ; 
capsulà obovatà, glabrà. 


Ram teretes, pube brevi cinerei. Forra abruptè pinnata ; foliola 
2-juga, subopposita, 2-2: poll. longa, 10-12 1. lata, obovato-oblonga, 
gradatim in petiolulum angustata , cuneata , apice emarginata, in- 
tegerrima, margine subtüs revoluta, glaberrima, levia; nervo medio 
subtùs prominente, lateralibus utrinquè prominulis : petiolus com- 
munis rachi adjectà 1-2 pollicaris, supra complanatus canaliculis- 
que duobus exaratus, subtüs convexus , glaber nisi ad basim pube 
rarâ pruinosus. Racemi axillares, folio breviores, densè puberuli. 
Frores.…..... Cazvx persistens, 11. longus, puberulus, foliolis ovatis. 
Discus brevis, undulatus. Carsura obovata, apice styli reliquiis api- 
culata, subcompressa, 6 1. longa, 5 1. lata, glabra, 2-locularis, abortu 
sæpè monosperma, 2-valvis, valvis medio septifcris, intus pube- 
rulis. Sema obvoïdea, levia, nitida, brunea, 3-4 1. longa, 13 |. lata. 
Inrecumenrum crustaceum. Eusryo haud visus. 

In insulà Madagascar a clar. Du Petit-Thouars lecta (v. s. in 


herb. Juss. ). 


Ozs. Cette espèce est voisine de notre C. emarginata (Flor. Bras. 1, p. 386), 
mais elle s’eu distingue par la forme de ses folioles et de ses capsules. 


CUPANIA PERROTTETII Nos. 


C. foliolis 2-3 jugis, ellipticis, acutiusculis vel obtusis, inte- 
gerrimis, petiolulatis, glabris; calyce deciduo, 5-partito, 
hirtello ; capsulà obovatà, apice subemarginatà, subbilo- 
batà, glabratà. 


Rami teretes , pube brevi pruinosi. Forra abruptè pinnata : foliola 


46 MÉMOIRE 

2-5 juga , opposita vel subopposita, 3:-6 poll. longa, 1-5 poll. lata, 
elliptica, basi et apice angustata, acutiuscula vel obtusa, petiolulata, 
petiolulo 1 1. longo, integerrima, glabra, suprà lætè viridia, subtüs 
pallidiora ; nervo medio lateralibusque subtüs prominulis : petiolus 
communis rachi adjectà 2-4 pollicaris, glabriusculus. FLores in 
axillis foliorum racemosi; racemis brevissimis; rachi densè pilis 
brevibus rubiginosis vestità : pedicelli 1-2 1. longi, hirtelli, basi 
bracteà parvulà hirtellà instructi. Cazvx 5-partitus, hirtellus, fo- 
liolis ovatis, acutiusculis, 3 lineæ quadrantes longis. Perara 5 
calyce vix longiora, obovata, basi intüs appendice brevissimä ciliatà 
aucta. Discus calycis fundum occupans. Srama 8, petala parüm 
superantia, æqualia, puberula : antheræ basi aflixæ, subrotundæ , 
a latere dehiscentes. Pisrrzum stamina superans, hirtellum. Srxzus 
brevis , indivisus. Sricmwa subbilobum. Ovarrum ovoideo-oblongum, 
2-loculare, 2-ovulatum. Carsuza 8 1. longa, 6 1. lata , obovata, sub- 
compressa, subbilobata, basi parüm angustata, apice subemargi- 
nata et styli reliquiis apiculata, glabrata, loculicido-bivalvis, valvis 
intüs densè hirsutis. SEmINA non suppetierunt. 

In insulis Philippinis. —( Perrottet.) ( v. s. in herb. Mus.). 


CUPANIA LESSERTIANA Nos. 


C. foliis 2-3-jugis, oblongo-lanceolatis, basi et apice angusta- 
tatis, acuminatis, integerrimis, petiolulatis, glaberrimis; 
calyce persistente, 5-fido, hirtello ; capsulà pyriformi, gla- 
bratà. 

Mischocarpus Sundaicus B/ume Bijdragen tot de Flora van 
Nederlandsch Indië, p. 238. 


Arror. Ramr teretes, glabri, rubelli, glandulis parvulis scabriusculi. 
Fouia abruptè pinnata : foliola 2-3-juga, opposita alternave, 3-5 
poll. longa , 1-1+ poll. lata , oblongo-lanceolata, basi et apice angus- 


SUR LA F\MILLE DES SAPINDACÉES. 47 


tata, acuminata, petiolulata, petiolulo 2 1. longo, integerrima, gla- 
berrima, nervo medio lateralibusque subtüs prominentibus : petiolus 
commuvis rachi adjectà 1:-3 pollicaris, teretiusculus, rubellus. 
Racer axillares, solitarii seu geminati, spicæformes, 3-4 poll. longi : 
pedunculus communis brevissimus : rachis angulata, pubescens. 
Frores in racemis fasciculati : pedicelli 1 1. longi, hirtelli, basi 
bracteà parvulà deciduä suffulti. Carvx profundè 5-fidus , lobis acu- 
tiusculis, vix + 1. longus, hirtellus. Prrara nulla. Discus calycis 
fundum occupans, brviter 8-crenatus. Sramna 8, disci crenis alterna, 
calycem æquantia, glabra : filamenta brevissima ; antheræ basi af- 
fixæ, a latere dehiscentes. Pisriczum densè hirtellum. Sryrus brevis- 
simus, Srima trilobum. Capsura calyce persistente suffulta, styli re- 
liquiis coronata, pyriformis, basi valdè angustata et quasi pedicel- 
lata, apice ovoïdea , costis 3 parüm elevatis notata , glabrata, 6-7 1. 
longa, 3 1. lata, 3-vel: abortu 2-locularis, loculicido 2-3-valvis, 
valvis intus glabris. Sema arillo carnoso, supra basim pervio 
involuta. INTEGUMENTUM crustaceum. Emsryvo curvatus : cotyledones 
crassissimæ, incumbentes : radicula parvula, curvata. 
In insulis Java et Nusa Kambanga. 


CUPANIA RATONIA Nos. 


C. foliolis 2-3-jugis, oblongo-spathulatis, subcuneatis, obtusis 
vel apice breviter emarginatis , integerrimis, glaberrimis, 
petiolulatis; calyce 5-partito, persistente; capsulà obcor- 
dato-2-lobatà, glabrà. 

Ratonia Domingensis DC. Prodr. 1, p. 618. 

Nom. pulg. Raton. 


Ram teretes, glabrati. Foura 2-3-juga : foliola petiolulata, alterna 
vel subopposita, 15-18 I. louga , 6-8 1. Jata, oblongo-spathulata , 
integerrima , apice rotundata vel breviter emarginata , basi yaldè 


43 MÉMOIRE 


angustata et subcuneata, glaberrima, suprà nitida, nervo medio 
lateralibusque subtüs prominulis : petioluli 1-2 1. longi : petiolus 
communis rachi adjectà 2-2:-pollicaris, suprà obsoletè sulcatus, 
subtüs convexus. Racemr fructiferi simplices, axillares, solitarii, 
folium æquantes : rachis sulcata, puberula. Cazvx persistens, 5-par- 
titus , puberulus ; foliolis ovatis, acutiusculis. Carsura (quæ imma- 
tura suppetiit) breviter pedicellata , pedicello basi bracteà parvulà 
acutiusculà suffulto, apice styli brevis bifidi reliquiis coronata, basi 
valdè angustata , obcordato-2-lobatä, lobis compressis, altero sæpè 
abortivo, 6 1. longa, totidem lata, glabra. 

Affinis C. lentiscifoliæ ; sed foliolorum formä et fructu 2-no0n 
3-lobato distincta. 

In insulà Domingensi.(v. s. in herb. Xurth comm. a clar Bertero). 


TALISIA MOLLIS Kunru herb. 


T. floribus racemoso-paniculatis ; foliolis oblongis, basi et 
apice gradatim angustatis, acuminatis, subtùs molliter hir- 
sutis; calycibus petalis brevioribus, molliter hirsutis. 

Talisia Guyanensis DC. Prodr. 1, p. 609 excl. synon. 


Forra 5-multijuga : foliola alterna, brevissimè petiolulata, 5-8 
poil. longa , 2-2: poll. lata, oblonga, basi et apice gradatim angus- 
tata, acuminata, sæpè subinæquilatera , integerrima , suprà nitida 
et levia , subtüs molliter hirsuta ; nervis suprà subimpressis, subtùs 
prominentibus : petiolus communis teres , crassitie pennæ anserinæ, 
glabratus. FLores racemoso-paniculati, in racemis subfasciculati ; 
pedunculo communi rachique molliter hirsutis, pilis rufescentibus. 
Carvx campanulatus , 2 1. longus , profundè 5-fidus, pilis rufescen- 
tibus molliter hirsutus ; lobis obtusis. Perara 5, 3 1. longa, 1: 1. lata, 
sublinearia, basi in unguem angustata, apice obtusa, 5-venia, glabra 


Zom 1. 


ED. del ef dirmr EVE PTE 0 OSE 7 À  Coignel soupe. | 


Tab.1. A, CARDIONSPERMUM Halicacabum. VW CARDIOSPERMUM coluteoides. ©, PROSTEA 
J'hinate . D, 7ZAOUINIA lrifèliata . E, XAOKLREUTERIA pParueutate À 


SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 49 


nisi ad basim ciliolulata , intüs ad unguem squamä lineari limbum 
æquante densè rigidèque pilosâ aucta. Discus carnosissimus, calycis 
fundum occupans, 5-lobus, densè pilosus. Sramma 8, medio disco in- 
serta, centralia, glabra, petala subæquantia : filamenta filiformia : 
antheræ basi aflixæ, subsagittatæ, lineares, acutæ, 1 1. longæ, à 
latere dehiscentes. Pisrizr rudimentum nullum. Frores feminei 
non suppetierunt. 
In Guyanà. 


Ons. Cette espèce diffère de celle d'Aublet par ses feuilles, dont les folioles sont 
plus grandes et velues en dessous , par ses pétales plus larges , par la forme de son 
disque, etc. C’est probablement le 7°. Guyanensis qui a été décrit dans le Pro- 
drome de M. De Gandolle, sous le nom de 7°. glabra. 


EEE NU 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


Tasse I. 


A. Cardiospermum Halicacabum. — 1. Fleur mâle très-grossie, vue en dessus. 
— 2. La même dont les pétales ont été enlexés. — 3. L’un des pétales inférieurs 
vu par sa face interne. — 4. L’un des pétales latéraux, vu par sa face interne. — 
5. Etamine vue par devant. — 6. La même vue par derrière. — 7. Fleur herma- 
phrodite dont les pélales ont été enlevés. — 8. Coupe longitudinale du pistil. 

B. Cardiospermum coluteoides. — 1. Fruit de grandeur naturelle, — 2. Cloisons 
après la chute des valves. — 3. Axe central. — 4. Graine groissie, munie à sa base 
d’un funicule épais. — 5. Embryon. 

CG, Prostea pinnata. — 1. Coupe longitudinale de la fleur, afin de montrer la 
position relative de ses divers organes : les pétales et les folioles calicinales ont été 
coupés au-dessus de leur base. — 2. Petale vu par sa face interne. 
vue par devant. — {. Etamine vue par derrière. — 5, Fruits. 

D. Thouinia trifoliata. — 1. Ovaire tres-grossi, peu après la fécondation. — 
2. Fruit très-grossi, dont une des samares a été enlevée, afin de montrer plus 


Mém. du Muséum. t. 18. 7 


— 3. Etamine 


50 MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES SAPINDACÉES. 


clairement l'insertion des deux autres. 3. L'une des samares , dont l'aile mem- 
braneuse a été supprimée, conpée) longitudinalement , afin de faire voir la forme 
et l'insertion de la graine. — -4. Samare de grandeur naturelle, — 5. Embryon 
dépouillé de ses tégumens. REP . 
E. Xœælreuteria! paniculata. — 1. Fleur hermaphrodite très-grossie. — 2. La 
même coupée verticalement.=3. Pétale va par sa face interne. — {. Etamine vue 
par devant.—5, Etamine yue par derrière. — 6, Coupe transversale de l'ovaire. 
— 7. Fruit de grandeur _…. .— 8. L'une des valves après la déhiscence. — 
9. Coupe de la graine, afin à" 0 l'embryon roulé sur lui-même, et le tégu- 


fau centre de la spire. 


/ : , Fi : 
ment interne qui se prolon 
NUE 
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MERS LT |" te 


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> 
" k | Le.) 4 194 
Moulinsia cupanioides. — aie très-grossie ; vüe en dessus. — 2. La même 


dont les pétales _ont été enle — 3. Pétale y L e interne. — 4. Jeune 
fruit coupé lengitadinalement, 5e 6. Fruits à l'époque de la maturité. 
\ k - LA L 2 $ ë : 
Sa pl.) 7 
5, À 


Cupania Lessertiana. C * 
verticalement. —3. Stigmat rl i.—4, Fruit.— 5. Le même coupé trans 
versalement, afin de montrer les trois 0, s, dont une est plus petite et ne con- 
tient pas de graine. ré : ento: ée de son arille, vue de face. — 7. La 
même vue par le dos. —8, La même épouillée de son l'arille et vue de face. — 
9. Embryon,vu de face: 16: Le même-vu par le dos. \ 

Pe DES APE ta LS 


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Il. CUPANTA Lessertiana . 


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N'OSE. 


MÉMOIRE. 
SUR LES HIELLA, | 


NOUVEAU GENRE DE CRUSTACÉS AMPHIPODES. 


PAR M. HERCULE STRAUS-DURCKHEIM. 


Lss deux ordres de Crustacés, désigné sous les nomis d’Iso- 
PODES et d’AMPHIPODES, sont assez peu distinets l’un de l’âutre 
pour qu'on ne puisse leur assigner de caractère bien tranché, 
et il faut nécessairement en rassembler plusieurs, chacun à 
part n'étant pas assez important pour indiquer une différence 
telle entre les animaux de ces deux ordres, qu'au moins l’une 
des principales fonctions soit changée, ou bien Fan des ap- 
pariels essentiels autrement conformé. En laissant les Cya- 
mus parmi les sopodes, comme l'ont fait les zoologistes 
jusqu’à présent, il seroit encore plus difficile de trouver 
des caractères communs à tous les genres de ce même ordre; 
mais déjà, dans un autre ouvrage (r), nous avons proposé de 
séparer ces animaux des Isopodes, et de les réunir aux Dr- 
chelestian, aux Nymphon, aux Pycnogonum, aux Ler- 
næa, ete:, pour en former un ordre à part sous le nom de 
CRUSTACÉS PARASITES. 


{ } l 
(1) Considérations générales sur l’ Anatomie comparée des animaux. 


52 MÉMOIRE 


Dans les Isopodes, aussi bien que dans les Amphipodes, le 
corps se divise en trois parties : la tête, le tronc et l’abdo- 
men. La tête est distincte, mobile, et porte deux ou quatre 
antennes, deux yeux composés cessiles, et la bouche. Le 
tronc est formé d’une suite de segmens simples et mobiles, 
portant ordinairement chacun une paire de pates ambula- 
toires. L’abdomen, composé également d'un ou de plusieurs 
segmens mobiles, est garni de fausses pates servant à la res- 
piration. Toutes les espèces sont petites. 

Les caractères qui distinguent au contraire ces deux ordres 
de Crustacés ne résident que dans la direction des pates, 
la forme des fausses pates, la présence où l’absence des 
palpes mandibulaires, ainsi que dans les formes et la dis- 
position des segmens abdominaux. Mais tous ces caractères 
sont trop peu influens pour déterminer une modification 
essentielle dans l’économie de ces animaux. 

Dans les Isopodes, les mandibules sont sans palpes; les 
pates toutes portées obliquement en avant; l'abdomen dé- 
rigé dans le mème sens que le tronc, et les fausses pates ré- 
duites à de simples lames branchiales imbriquées, à l’excep- 
tion de celles de la dernière paire, qui sont larges, divisées 
le plus souvent en deux branches, et formant des appendices 
natatoires analogues à ceux qui terminent la queue dans les 
Décapodes macroures. 

Chez les Amphipodes, les mandibules sont palpifères; les 
premières paires de pates dirigées en avant, et les posté- 
rieures en arrière; l'abdomen, généralement fléchi en des- 
sous, porte plusieurs paires de fausses pates bifides, sem- 
blables à celles des Décapodes macroures, et la dernière, 


SUR LES HIELLA. 53 


qui correspond aux appendices latéraux du ségment posté- 
rieur dans un grand nombre d’Isopodes, conserve générale- 
ment la forme des autres fausses pates, et ne s’élargit point 
en nageoires. Les caractères les plus apparens dans ces deux 
ordres sont, celui de la présence où de l'absence des palpes 
mandibulaires, celui que présentent les branchies, et celui 
qu'offre la forme et la disposition de l’abdomen. 

Quoique l'ordre des Amphipodes ne soit composé que 
d’un très-petit nombre de genres, quelques uns d’entre eux, 
et notamment celui des Hiella que nous faisons connoître ici, 
approchent tellement des Isopodes, qu'on seroit tenté, à la 
première vue, de les ranger parmi eux; et c’est principale- 
ment comme formant la’ chaine qui lie ces deux ordres de 
Crustacés, que le nouveau genre que nous décrivons est re- 
marquable pour le zoologiste nomenclateur. 

Les Hiella sont, comme tous les Amphipodes, des Crus- 
tacés de très-petite taille; la seule espèce connue qui forme 
letype du genre (pl. 4, fig. 1,2) n’a pas 0,015m. de longueur; 
la tête (a,b) est grosse et hémisphérique; le tronc (4,c) 
large, ovale, déprimé, bombé en dessus, concave en dessous, 
et composé de sept segmens semblables, portant chacun une 
paire de pates, dont les quatre premières (4) sont dirigées 
en avant, et les trois autres (e) en arrière; l'abdomen (4,f ), 
comprimé et grêle, est également formé de sept segmens, 
dont les trois derniers très-courts, et ils portent tous une 
paire de fausses pates bifides, branchiales (g), paroissant ser- 
vir aussi à la nage. 

La tête (fig. 3, 4), qui est fort grosse, ronde, convexe en 
avant et aplatie en arrière, s'applique dans tout son contour 


54 MÉMOIRE 


contre le premier segment du tronc, avec l'intérieur du- 
quel elle communique par une large ouverture occipitalé 
(Big. 4, a). De chaque côté on aperçoit une grande tache rou- 
geûtre, ovale (fig. 3, &,a), alongée de haut en bas, consti- 
tuant un œil composé, mais dont les cristallines sont à peine 
visibles à la loupe. Au milieu du front est une profonde dé- 
pression qui s'étend jusqu’au bord inférieur de la tête, et 
dans laquelle sont insérées les quatre antennes; les deux su- 
périeures (2,6), placées au milieu du front, égalent en lon- 
gueur à peu près la moitié de la largeur de la tête : elles sont 
en forme d’alène et composées de quatre-articles, dont le 
premier très-gros, ovoide, les deux suivans courts en anneau, 
et le dernier en cône fort alongé, égalant à lui seul plus des 
deux tiers de toute l'antenne. 

La paire inférieure (c;c), insérée plus en dessous, est 
beaucoup plus petite que celle dont nous venons de parler, 
mais offre d’ailleurs la même conformation. D #98] 

Les organes de la bouche forment ensemble un gros rhu- 
seau dirigé en dessous (fig. 2, 6, fig. 3, e,e,f,f;et fig: 4, 6,6,4), 
entre les deux pates de la première paire; on y rémarque 
une espèce de labre, deux mandibules, quatre mâchoires et 
une lèvre inférieure bien distincte. 

Le labre étant immobile, pourroît être considéré comme 
up simple chaperon triangulaire qui recouvre la partie supé: 
rieure du museau. À son extrémité antérieure , retrécie en 
pointe, il.est surmonté d’un gros tubercule arrondi (fig. 3, 4). 

Les mandibules (e,e, fig. 5) sont deux grosses pièces pla- 
cées immédiatement sous le labre, et disposées à peu près 
comme celles des insectes broyeurs : elles sont fixées par 


SURILESMAIE LLA. 55 


une articulation ligamenteuse à la partie latérale du crâne, 
et se portent de là obliquement en dedans'et en dessous 
pour aller à la rencontre l’une de l’autre. Leur extrémité in- 
cisive (&,6,c,) présente un bord plié en angle, mais sans 
dentelures, ce qui semble indiquér que ces animaux ne 
vivent point de chair. Au bord supérieur est inséré un palpe 
filiforme (4) de quatre articles, réfléchi sur le labre entre 
les deux antennes inférieures. 

Les mächoires supérieures, ou de la première paire (fig. 4, 
ce, et fig. 6), sont placées immédiatement sous les mandi- 
bules, mais un peu plus en dedans; elles sont formées de trois 
pièces, dont l’une (a) est le corps de la mâchoire, et les deux 
autres des appendices terminaux dirigés obliquement en de- 
dans, et ciliés à leur extrémité. T’appendice interne (4) étant 
très-peu mobile, pourroit être considéré comme une simple 
continuation du corps de la mâchoire; mais l'extérieur (ec), 
dont l'articulation est bien distincte, doit être regardé comme 
un véritable palpe. 

La seconde paire de mâchoires (fig. 4, ff; et fig. 7), pla- 
cée au-dessous de la première, et un peu plus petite, est 
également terminée en deux branches courtes, ciliées (a,6), 
mais dont l’externe (&) est fixe , et l’intérne mobile. 

La lèvre (fig. 4, d,e,e) est très:grandeé, triangulaire, et 
s’'avance jusqu’au bout des mâchoires. Elle porte à son lex- 
trémité deux petits appendices triangulaires foliacés, mobiles 
(e;e), représentant: des palpes d’une seule pièce, comme 
ceux des mâchoires. | 

Les sept premierssegmens du corps formant le tronc sont, 


” 


56 MÉMOIRE 


comme dans tous les Isopodes et les Amphipodes , parfai- 
tement mobiles, et ne différent entre eux que par l’étendue 
de leur circonférence, mais sont d’ailleurs d’égale longueur 
d'avant en arrière. Les arceaux supérieurs sont seuls cornés, 
les inférieurs entièrement membraneux etnullement distincts 
entre les pates; en dehors de celles-ci on en aperçoit seule- 
ment une petite partie solide (fig. 2, z,:,2), fixée en forme 
d’appendice aux deux extrémités de l’arceau supérieur, et 
c'est avec ces pièces que s’articulent les pates. Les arceaux 
supérieurs augmentent de grandeur depuis le premier jas- 
qu'au quatrième, et diminuent ensuite graduellement jus- 
qu’au dernier, qui est un peu plus petit que l’antérieur, de 
manière que le tronc, vu en dessus, présente une forme ovale. 
La face ventrale du tronc étant membraneuse, est entière- 
ment plane et même un peu concave. 

Les sept paires de pates ambulatoires (fig. 8—12) sont à 
peu près semblables, ne différant que dans les proportions 
des diverses parties dont elles sont composées, ainsi que dans 
la disposition qu’elles affectent. Les quatre paires anté- 
rieures sont, comme nous l’avons déjà fait remarquer, diri- 
gées en avant, et les trois autres en arrière; mais celles-ci non 
réfléchies sur le dos comme dans les Gammarus. 

Chaque pate est composée de six articles sussessifs, dont 
le premier, très-grand (a) et alongé, forme la hanche, qui 
se porte verticalement en dessous. Elle est fortement com- 
primée , et l’on aperçoit facilement au travers des tégumens 
les muscles moteurs du second article. 

Le trochanter (b) est une pièce fort courte et parfaitement 


SUR LESVHIELLA. 57 


mobile dans ses deux articulations, comme cela est assez or- 
dinaire chez tous les Crustacés et les Arachnides. 

L'article suivant (c), qui occupe la place de la cuisse , est 
également court, surtout dans les deux premières paires de 
pates, mais il s’alonge davantage dans les suivantes, et de- 
vient même la pièce la plus grosse dans le quatrième : nous 
la considérons en conséquence comme l analogue de la cuisse, 
quoiqu’on trouve chez les Décapodes macroures réellement 
deux trochanters à la suite de la hanche. 

Le quatrième article (4), correspondant à la jambe, est di- 
rigé dans le mème sens que la cuisse, mais il est un peu plus 
long. Dans les deux paires antérieures il forme la pièce la 
plus forte, tandis que dans les autres il est plus grêle et un 
peu plus long que la cuisse. 

Le tarse (e) n’est composé que d’une seule phalange, 
ronde, mince et alongée, légèrement courbée en dessous, 
et terminée par un crochet unique, peu arqué ( f). 

A l’origine de chaque pate, excepté la première et la der- 
nière, sont fixées, à la face interne, deux grandes lames 
membraneuses en forme de larges feuilles très-minces, di- 
rigées en dessous et faisant face en dehors. Une de ces feuilles 
trouve son analogue dans les femelles des divers genres du 
même ordre, ainsi que dans celles des Isopodes. Les pates 
de la seconde, troisième, quatrième et cinquième paire ont 
chacune deux de ces lames qui s'étendent jusqu’au-delà de 
la hanche; l’externe (2) est blanchâtre et renflée à son bord 
postérieur; l’interne () grêle et mince dans toute son éten- 
due. À la cinquième paire (fig. 11), cette dernière feuille est 
trés-courte, étroite à son origine, et élargie en palette à son 


M ém.du Muséum . 1. 18. 8 


58 : 1'MÉMOIRE: à 

extrémité; dans la sixième (fig. 12 );1elle n'existe pas du tout, 
et dans la septième; les-deux lames ont également disparu, 
mais la pate! elle-même!ne diffère en rien de celle de la paire 
précédente: f #eab sb Lodge ag 

L'abdomen (fig: 5, c,f') est comme dans tous les Amphi- 
podes, beaucoup: plus grèle que le tronc, assez fortement 
comprimé et fléchi ei dessous: Il est composé de sept seg- 
mens, diminuant de-grandeur du premier au dernier; Far- 
ceau inférieur de chacun est éorné.et bien distinct, mais fort 
étroit d'avant en arrière... 

Chaque segment porte deux fausses pates branchiales (fig. 
13 et 14), formées d'une-Jongue hanche-en prisme carré (a), 
dirigée en dessous, etterminée par deux appendices lancéolés 
(B,c), ciliés sur leurs bords. Dans les trois paires antérieures 
(fig. 13), les hanches sont très-grosses ; et moins longues que 
leurs deux branches, tandis que dans les quatre postérieures 
(fig. 14) elles sont de plus en plus alongées, plus grèles, et 
leurs lames terminales proportionnellement plus courtes et 
non ciliées. Dans les hanches des unes et des autres on voit 
distineterent, au travers des tégumens, les muscles qui meu- 
vent les appendices. Les deux fausses pates de la première 
paire sont fort rapprochées , et les autres d'autant plus écar- 
tées qu'elles sont plus postérieures, 

Le canal alimentaire (fig. 15) n’est composé que de deux 
parties bien distinctes, l'œsophage et l'intestin : le premier 
(a,b), entièrement contenu dans la tête; est grèle et court, 
se porte verticalement en dessus, se recourbe légèrement en 
arrière, et. s’abouche avec l'intestin dans le trou occipital. 

L’intestin (2,4), qui ne fait aucune circonvolution, forine 


SUR ILES HIELLA. 59 


dans les quatre: premiers Segmens du tronc ue très-forte di- 
latation. déprimée (4,6) qu'on. peut considérer comme le 
gésier, mais qui d’ailleurs ne renferme aucun appareil de 
rumination , comme on enremarque dans beaucoup d’autres 
Crustacés, et se continue insensiblément avec le reste de l’in- 
testin, sans que rien n'indique le point où finit l’un et où 
commence l’autre, tandis qu'au cardia cette espèce de gésier 
se distingue ;de lœsophage par sa dilatation subite, et c’est 
là aussi où s'ouvrent les canaux excrétéurs du foie, 
-L'intestin proprement dit (c,d), qui s'étend du quatrième 
segment du tronc jusqu'à l'extrémité de l'abdomen, est très- 
gros, partout du même calibre, et se trouve formé, ainsi que 
le gésier, d’une membrane épaisse et, musculeuse, tapissée 
intérieurement d’unemuqueuse peu dictincte. L'anus s’ouvre 
à l'extrémité du, dernier segment abdominal, comme cela 
est ordinaire chez les Crustacés. Dans le septième segment 
du, tronc, le canal alimentaire présente de chaque côté un 
large ligament fibreux (e,e).qui va se fixer aux parties la- 
térales du mème segment, et sert à maintenir l'intestin en 
place. 

Nous n'avons pu apercevoir qu’une seule espèce de glande 
dépendant de l'appareil digestif, qui est probablement l’ana- 
logue du foie (4,f,g:): Elle forme autour du cardia un petit 
anneau ( /,f), de chaque côté duquel part un long appen- 
dice.en forme de vaisseau ( /,g), longeant la face latérale de 
l'intestin jusqu'au septième segment du tronc, où il se ter- 
mine en cul-de-sac. Cet anneau, ainsi que ses prolonge- 
mens, ont une couleur jaune d’ocre, et présentent une suite 
de rétrécissemens assez réguliers qui les font paroître comme 


6o MÉMOIRE 


articulés. De chaque côté du cardia l'anneau forme un canal 
excréteur excessivement court, qui s'ouvre dans la partie la 
plus voisine de lintestin. + +! is 13 win, 

Quoique nous ayons eu l’occasion de voir un assez gand 

nombre: d'individus de l'espèce dont nous donnons'ici les 
détails anatomiques, nous n’en avons pas rencontré un seul 
qui ne fût chargé d'œufs; soit que nous les ayons trouvés dans 
l'intérieur du corps, soit qu'ils fussent placés entre les lames 
membraneuses qui adhèrent aux pates, où ces animauxpor- 
tent leurs œufs après la ponte jusqu'à ce qu'ils soient éclos; 
et nous sommes de là dans l'impossibilité de donner quelques 
détails sur la différence des sexes. Il n’est'toutefois pas pro- 
bable que ces animaux soient hermaphrodites, car nous n’a- 
vons apercu aucun organe qui puisse être considéré cornme 
sécréteur du sperme. Les ovaires, dont nous n'avons pu voir 
que des fragmens, ont la forme d’une grappe très-complexe, 
remplissant toute la cavité du corps, et pénétrant jusque 
dans les hanches des pates; mais nous n'avons jamais pu 
apercevoir l'orifice de l’oviductus. 

Les œufs sont très-petits, parfaitement ronds et d’une cou- 
leur rouge pâle: : 

Le système nerveux (fig. 16) est composé, comme dans 
tous les Crustacés à corps multiarticulé, d’un encéphale (a, 
a,b,b) situé dans la tête, au-dessus de l'œsophage, et d’une 
suite de ganglions pacés le long de la face ventrale du corps, 
et formant la moelle épinière, de laquelle partent tous les 
nerfs du corps. Û Ë 

L’encéphale est formé de deux ganglions séparés par un 
fort étranglement , et dont chacun est composé de deux ren- 


SUR LES HIELLA. 6r 


flemens placés au devant l’un de l’autre (&,6,a,6). Des 
deux antérieurs naissent les nerfs optiques (c,c) qui éga- 
lent chacun le cerveau en grosseur. Ces nerfs sont d'ailleurs 
très-courts, et s’élargissent bientôt pour se diviser en une 
infinité de petits nerfs simples (4,4) qui se rendent en di- 
vergent vers leurs cristallines respectifs, où chacun fait les 
fonctions du nerf optique propre, à l'instar de ceux des yeux 
des insectes. | 

Les nerfs des quatre antennes naissent au-dessous des 
mêmes parties du cervau. 

Les renflemens postérieurs de l’encéphale se prolongent 
en arrière en deux gros troncs nerveux (e,e) qui contour- 
nent l’œsophage dont ils forment le collier, et se réunissent 
ensuite sur la première paire de ganglions inférieurs ( f) 
placée immédiatement au-dessus du cardia, dans l’intérieur 
de la tête. Cette paire de ganglions fournit des nerfs aux deux 
pates antérieures, et, par analogie avec ce qui se remarque 
chez les autres animaux articulés, elle doit fournir aussi les 
nerfs des organes de la hanche. Immédiatement en arrière de 
cette première paire se trouve la seconde (£g), qui n’en est 
séparée que par un simple étranglement; elle produit les 
nerfs cruraux de la deuxième paire de pates. 

La troisième paire de ganglions, un peu plus grosse que 
les deux premières, est placée dans le premier segment, près 
de son bord antérieur; les deux ganglions sont entièrement 
confondus en une seule masse, et produisent chacun deux 
troncs nerveux, dont l’antérieur est le nerf crural de la troi- 
sième paire de pates, et le posterieur, plus foible, se rend 
dans les muscles du segment correspondant. 


62 MÉMOIRE 


La quatrième paire de ganglions, semblable à la troisième, 
mais un peu plus grosse, est placée au milieu du troisième 
segment; la cinquième, plus forte ‘encore que la quatrième! 
est située entre le quatrième et le cinquième segment. Enfin 
la sixième et la septième paire, graduellement plus petites, 
mais toujours semblables aux trois précédentes ; sont placées 
au niveau du bord antérieur des sixième et septième seg- 
mens. Les cordons de la moelle épinière qui umissent «es 
diverses espèces de ganglions sont parfaitement isolés l'un 
de l’autre. TT 

La disposition que présente les ganglions de la moelle épi- 
nière dans les Hiella n’est relative à aucune des lois de rela- 
tion du système nerveux que nous avons indiquées dans:nos 
Considérations générales sur l'anatomie comparée des ami- 
maux articulés , les rapports dans lesquels se trouve le corps 
et la moelle épinière de ces animaux ne nous ayant pas été 
connus au moment où nous avons publié cet ouvrage; mais 
cette espèce d'exception, que semble offrir les Hiella, rentre 
toutefois. dans le principe général duquel découlent ces lois, 
el se trouve prévu par exclusion dans l'énoncé de ces der- 
nières. : (qd 

ia disposition de la moelle épinière de cesanimaux semble, 
au premier aperçu, se rapporter à la seconde ou à la qua- 
trième loi, la première des denx conçue en ces termes : Lors- 
que le tronc est composé de segmens soit mobiles, soit 
immobiles, soit même soudés , mais toujours distinots dans 
leur région sternale , tandis que l'abdomen est formé de 
segmens bien mobiles , les paires de ganglions:se répètent 
dans chaque segment de l'une et de l'autre partie ;ren 


SUR LES HIELL À. 63 


suivant, pour la grosseur, la proportion des organes de la 
vie animalerenfermés dans chaque segment. Mais il y est dit 
que les pièces sternales doivent être désfincies, ce qui n’a pas 
lieu pour le tronc dans les Hiella. La quatrième loi est ex- 
primée comme il suit: Dans les espèces où le tronc est 
_composé de segmens entièrement réunis et confondus 
en un seul, sans qu'il soit possible d’apercevoir aucune 
trace de suture qui distingue les diverses pièces sternales 
(alors les pates rayonnent autour du sternum commun), e£ 
que l'abdomen est également formé de segmens entière- 
ment soudés, qu'ils soient d'ailleurs encore distincts ou 
non, on ne trouve dans le tronc qu'une seule paire de gan- 
glions fournissant tous les nerfs de cette partie du corps. 
Cette paire de ganglions se trouve placée au centre sur 
lequel rayonnent les pates. Dans cette dernière loi, qui 
concerne plus particulièrement les Arachnides, il est dit, 
entre parenthèses, que les pates rayonnent sur un sternum 
commun, ce qui n’est également pas chez les Hiella; mais 
on verra facilement que ces animaux rentrent, relativement 
au tronc, dans la condition que nous avons énoncée pour l’ab- 
domen dans la cinquième loi, qui est de la teneur suivante : 
Lorsque le tronc est composé de segimens, soit moules, 
soit immmobiles ; soit soudés, mais distincts dans leurs par- 
tes sternales, tandis que ceux formant l'abdomen sont bien 
mobiles, les ganglions se répètent dans l'une et dans l’autre 
partie; avec cette différence que dans le tronc ils sont tou- 
jours fort gros, et chaque segment a sa paire propre, tan- 
dis que dans l'abdomen ils sont beaucoup plus petits, sou- 
vent moins nombreux que les segmens, et leur situation 


64 MÉMOIRE 


moins constante : ces ganglions étant presque toujours placés 
en avant de leurs segmens respectifs. Nous aurions néces- 
sairement dù indiquer encore une nouvelle loi qui aurait pu 
comprendre le système nerveux des Hiella, et conçue en ces 
termes : T'outes Les fois que le tronc est composé de seg- 
mens mobiles, ou immobiles , ou soudés, non distincts dans 
leur partie sternale, et sans que les pates rayonnent sur 
un même point, les ganglions de la moelle épinière s'y ré- 
pètent, mais ne se trouvent point rigoureusement dans 
leurs segmens respectifs, et d'ordinaire plus en avant. 
Cependant on conçoit que ce n’est point d’après un seul 
exemple qu’on peut établir une loi: et il faut attendre que 
d’autres animaux , dont le corps se trouve dans le mème cas 
que celui des Hiella, viennent confirmer ou modifier l'énoncé 
de la loi que nous venons d'indiquer. 

Dans les quatre premiers segmens de l'abdomen qui sont 
bien mobiles, et distincts dans leurs régions sternales, on 
trouve une paire de ganglions, mais plus petits que celle du 
tronc, et dont la dernière paire fournit les nerfs des quatre 
segmens postérieurs, qui sont fort petits et très-mobiles, ainsi 
que leurs appendices; c’est-à-dire que dans cette partie du 
corps la moelle épinière suit également la cinquième loi que 
nous avons indiquée, et les ganglions des trois derniers seg- 
mens sont portés plus en avant et confondus avec ceux du 
quatrième. 

Les Æiella approchant des Isopones plus que tout autre 
genre d’Ampxipones, nous les plaçons en tête de ce dernier 
ordre, immédiatement à la suite des Sphæroma, qui termi- 
nent ceux-là. Ces animaux ont beaucoup de rapport avec le 


SUR LES HIELLA. 65 


genre T'hemisto, récemment décrit par M. Guérin (Mémoire 
de la Société d'Histoire naturelle de Paris, tome 4), dont 
ils diffèrent toutefois d’une manière notable: les T'hemisto 
n'ayant que douze segmens, dont cinq à l'abdomen, des an- 
tennes, dont la dernière partie est multiarticulée, et des pates 
tout-à-fait différentes; mais d’ailleurs la forme générale du 
corps et les organes de la bouche ressemblent beaucoup à 
ceux des Hiella. Ce dernier genre paroît avoir aussi beaucoup 
d’analogie avec un petit Crustacé que M. Latreille a figuré dans 
l'Encycl. méth., Crustacés, pl. 328, fig. 17—19, sous le 
nom de Phronime.…., et déjà figuré par Montagu (7rans. 
Üinn., tome xt, pl. 2, fig. 3), sous le nom de Cancer mono- 
culoides , mais qui n’a que cinq paires de pates au tronc, au 
lieu de sept. Plus tard, M. Latreille fit de ces Crustacés un 
genre à part sous le nom d'Æyperia, dont M. Desmarest a le 
premier indiqué les caractères de la manière suivante, d’a- 
près une communication de M. Latreille lui-même : Quatre 
antennes sétacées , les dix pieds, proprement dits, médio- 
crement longs, et tous terminés par un article simple et 
pointu; tête assez petite, ronde, plane au devant, point 
prolongée en rostre ; corps conique, terminé par deux lames 
ériangulaires, alongées, horizontales (Desm., Cons. gé- 
nérales sur la classe des Crustacés, pag. 258 ). Quoique 
la forme générale du corps des Hyperia approche (d’après 
la figure de l'Encyclopédie) beaucoup de celle des Hiella, 
les caractères que M. Latreille lui assigne montrent suffi- 
samment combien ces deux genres diffèrent. 

Nous caractérisons le genre Hiella de la manière suivante : 

Tête hémisphérique , quatre antennes courtes en alène 

Mém. du Muséum. 1. 18. 9 


66 MÉMOIRE 


de quatre articles ; bouche saillante, composée d'un labre, 
d'une paire de mandibules, de deux paires de mâchotres 
et d'une lèvre inférieure terminée par deux lobules; le 
tronc et l'abdomen chacun de sept segmens mobiles ; sept 
paires de pates ambulatoires, dont quatre dirigées en 
avant et trois en arrière; une paire de fausses pates à 
chaque segment abdominal. 


H. Onrgiexu mihi. 


Cette espèce, type du genre, a été decouverte dans l'O- 
céan, près de la Rochelle, par M. d’'Orbigny , à qui nous la 
dédions. Sa longueur est de 0,015m au plus; sa couleur d’un 
brun päle. Ces animaux ont été trouvés dans les ovaires 
d’une espèce de R/usostome. 


Zom.. 16. 


NAUITTmr 


ANATOMIE DE LA HIELLA ORBICNIZ. 


Dasriné par lAnteur. 


SUR LES HIELLA. 67 


j 


TT 


Fic. 


+ 


© 


10. 
11. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


. L'Hiella Orbignit, de grandeur naturelle, vue en dessus. 
. La même deux fois grossie, vue de côté. a,b La tête. a,c Le tronc. 


c,f L’abdomen. b La saillie que forment les organes de la bouche. d Les 
quatre pates antérieures. e Les trois postérieures. g Les fausses pates. 
i,1,t Les appendices latéraux des segmens du tronc. 


. La tête, vue de face. a,a Les yeux. b,b Les antennes supérieures. c,c Les 


inférieures. d Le labre. e,e Les mandibules. f,f Les mâchoires de la pre- 
mière paire. g Les appendices de la lèvre. 


. La même, vue en dessous. a Le trou occipital. b,b Les mandibules. c,c Les 


mâchoires de la premiere paire. f, f Celles de la seconde. d La lèvre. e,e Ses 
deux appendices palpiformes. 


. La mandibule droite, vue en dessous. a,b,c Son bord incisif. d Son palpe. 

. La mâchoire droite de la première paire, vue en dessous. a Son corps. 
b et c Ses appendices. 

. La mâchoire droite de la seconde paire, vue en dessous. a et b Ses deux 
appendices. 

. La pate de la première paire. 


. Celle de la seconde paire. 


Celle de la troisieme et de la quatrième. i 
Les lames membraneuses de la cinquième, la pate ayant la même forme 
que celle des deux paires précédentes. 


. La pate de la sixième paire; celle de la septième n’en diffère que par 


l'absence de la lame g. 

Dans ces diverses figures de pates, a représente la hanche, 6 le tro- 
chanter , c la cuisse, d la jambe, e le tarse, f le crochet, # la lame 
membraneuse externe, et À la lame interne. 


. La fausse pate gauche de la première et de la seconde paire. a La 


hanche. b,c Les deux appendices. d Le milieu de l’arceau inférieur. 


. La fausse pate de la quatrième paire. a La hanche. à Ses appendices. 


d Le milieu de l’arceau inférieur. 


. L'appareil digestif vu de côté. a,b L’œsophage. b,c Le gésier. c,d L'in- 


MÉMOIRE SUR LES HIELLA. 


testin proprement dit. e,e Ligamens latéraux qui fixent l'intestin dans le 
sixième segment. ,fg Le foie. b,f L'anneau qui entoure le cardia. 


‘ f,g Son appendice gauche. 
. Le système nerveux. a,a,b,b Les quatre renflemens du cerveau. c,c Les 


nerfs optiques primitifs. d,d Les nerfs optiques propres (l'œil étant coupe 
horizontalement). d',d L’œil entier. e,e Le collier de l’œsophage. f,g Les 
deux premiers ganglions de la moelle épinière confondus en un seul. 
hik,Lm Les cinq paires de ganglions suivans du tronc. n,0,p,q Les 
quatre paires de ganglions abdominaux. 1—7 Indiquent les bords anté- 
rieurs des segmens du tronc. 1'—{' Les bords antérieurs de ceux de 
l'abdomen. 


ÉLOGE HISTORIQUE 


DE M. BOSC, 


LU À LA SÉANCE PUBLIQUE DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 
LE 15 JUIN 1828; 


PAR M. LE Bo. CUVIER. 


SECRÉTAIRE PERPÉTUEL. 


Lous-Aucusrn-Guirraume Bosc, long-temps connu sous le 
surnom D'Anric, naquit à Paris, le 29 janvier 1759, de Paul 
Bosc d’Antic (1), et de Marie-Angélique Lamy d'Hangest. 
Sa famille paternelle, autrefois florissante dans les Céven- 
nes, étoit fort déchue par suite des guerres de religion; et 
l'attachement permanent qu’elle avoit montré au protestan- 
tisme avoit consommé sa ruine. M. d'Antic le père, contraint 
par sa position d’embrasser un état lucratif, choisit la méde- 
cine : mais, comme protestant, il ne put prendre de degrés en 
France; et c’étoit en Gueldre, sur les bords du Zuydersée, 
et dans la très-petite et très-obscure université de Harder- 
wick, qu'il étoit allé chercher le bonnet de docteur : aussi ne 
lui fut-il permis d'exercer à Paris que long-temps après, à la 


(x) Paul Bosc d’Antic, ne en 1726 à Pierre-Ségude en Languedoc, mort à Paris 
eu 1784. Ses œuvres ont été recueillies en 2 vol. in-12; Paris, 1780. 


Méin. du Muséum. 1. 18. 10 


70 ÉLOGE HISTORIQUE 


faveur d’une charge qu’il acheta dans la maison du Roi. En 
attendant, il s’occupoit de la chimie et des arts chimiques, 
et on a de lui, sur ces matières, des ouvrages qui ne sont 
pas sans mérite pour déur temps. 

Le jeune Bosc pouvoit espérer un appui plus utile de ses 
parens maternels : sa mère étoit fille et sœur de deux officiers- 
généraux d'artillerie, distingués dans leur arme, et cette cir- 
constance engagea sa famille à le destiner de bonne heure 
au service militaire. 

Rarement le génie d’un enfant se conforme-t-il à ces vo- 
cations arrangées d'avance. Celui-ci du moins ne s’occupa 
jamais de la sienne. A peine sut-il marcher, que l'observation 
des objets naturels devint son unique passion. Il rassembloit 
des pierres, et prenoit des insectes bien avant de savoir écrire, 
et il a dit de lui-même, qu'il ne se souvenoit pas d'avoir eu 
d’autres jouets. 

Le goût de la campagne et d’une vie solitaire, et même un 
peu sauvage, qui s'allioit si bien avec cette première inclina- 
tion, se renforça encore par des événemens domestiques. 
M. d’Antic avoit fait un second mariage, et s’étoit transporté 
à Servin, près de Langres, où on lui avoit confié une grande 
verrerie, Sa nouvelle femme montroit peu de tendrésse pour 
un fils d’un premier lit. On le laissoit passer ses journées au 
milieu des bois, et l'amour qu'il y prit pour la solitude se 
conserva si long-temps, qu’à quinze ans, ék tout protestant 
qu'il étoit, l’idée de s'y livrer tout entier, jointe à celle de 
cultiver un petit jardin, le décida presque à céder aux sug- 
gestions d'un chartreux qui vouloit l’attirer dans son ordre. 

Cependant on pensoit toujours à le préparer à l’état auquel 


DE M. BOSC. 71 
on le destinoit, et son père s'étant chargé d’une verrerie plus 
considérable que celle de Servin, et qui étoit située dans les 
montagnes de l'Auvergne, le laissa âgé de dix ans au collége 
de Dijon, en priant ses maîtres de l’appliquer de préférence 
aux mathématiques, et à tout ce qui pouvoit être utile à un 
futur officier ; direction qui, suivie trop à la lettre, lui fit né- 
gliger les langues anciennes et la littérature, sans le rendre 
un grand mathématicien, En effet, aucune idée d’avancement 
ni de fortune ne pouvoit le détourner de ses premiers goûts, 
Les petites ambitions de collége ne le touchèrent pas plus 
que ne firent dans la suite celles du monde; il ne prenoit 
même qu'une foible part aux jeux de ses camarades, et ne se 
montroit guère au milieu de leurs ébats que lorsqu'il y avoit 
des foibles à protéger; car dès lors une justice inflexible fai- 
soit le fond de son caractère. Le reste de ses récréations se 
passoit,, dans sa chambre, à arranger ses plantes ou ses in- 
sectes, et à lire sans choix toutes sortes de livres, et chaque 
fois qu'il pouvoit sortir, il se hâtoit de courir à la campagne. 
Enfin ses maitres imaginèrent de l'envoyer au cours de bota- 
nique de Durande, qui avoit alors à Dijon quelque célébrité, 
et il se crut éclairé d’un jour nouveau. L’étade métho- 
dique de ces objets, que jusqu'alors il n’avoit recueillis et 
observés que dans une sorte de confusion, s’empara de son 
esprit : ce même écolier, pour qui le latin de Cicéron r’avoit 
point eu d’attrait, se passionna pour celui de Linnæus; il ne 
voulut plus en écrire d'autre, et son français même, nous 
devons l'avouer, eut quelquefois avec son latin une trop 
grande ressemblance. 

Ce n’étoient pas là des moyens d'obtenir les prix du col- 


72 ÉLOGE HISTORIQUE 


lége : peut-être même ne se seroit-il pas trouvé trop bien pré- 
paré pour son examen de l'artillerie; mais d’autres événe- 
mens le dispensèrent de subir cette épreuve. 

La nouvelle entreprise de M. d’Antic le père ne lui avoit 
valu que des procès ruineux. Venu à Paris pour chercher 
d’autres ressources, et ne pouvant plus présenter son fils 
pour un corps où l'on n'entroit point sans faire preuve de 
quelque revenu, il se trouva heureux de lui obtenir un petit 
emploi dans les bureaux du contrôle général, et ensuite dans 
ceux de la poste. C’étoit un cruel changement pour un jeune 
homme qui n’avoit de bonheur qu’à courir tout le jour à 
l'air libre des champs; mais, quelque ami que fût M. Bose 
d’une vie indépendante, il savoit aussi mettre son caractère 
à se ployer à ses devoirs, et l’intendant des Pere M. d'O- 
gny, le trouva si exact et si intelligent, qu'après quelques 
années, il l’éleva à l'emploi de secrétaire de l'intendance, ce 
que maintenant l’on décoreroit du titre de secrétaire géné- 
ral, et qu'il lui donna la promesse d’une place encore mieux 
rétribuée, celle de premier commis, ou de chef de division, 
comme on s'exprime aujourd'hui. 

Dès ce moment, M. Bosc, arrivé à quelque aisance, put 
disposer d’une partie de son temps en faveur de ses premiers 
goûts, et il se lia successivement avec les hommes qui les 
partageoient à Paris. Sa place lui donnant la franchise des 
ports, il en profita pour établir des correspondances éten- 
dues, et il ne tarda point à se mettre en relation suivie avec 
les naturalistes les plus célèbres de France et de l'étranger. 
Bientôt il prit lui-même parmi eux une sorte de rang. 

A cette époque, l’histoire naturelle n’étoit pas, à beaucoup 


DE M1 BOSC.0 73 
près, ce qu'onla voit de nos jours. Les élèves immédiats de 
Linsæus, oubliant que ce grand maitre'ne' leur avoit donné 
ses méthodes que comme les avenues du sanctuaire, que 
comme des moyens de. se préparer à la véritable science, 
croyoient y voir la science lout entière. Ils s’y tenoient stric- 
tement attachés, ne proposoient que des systèmes artificiels, 
des caractèrés extérieurs, de sèches nomenclatures, le tout 
exprimé Gans un langage créé tout exprès, ingénieux sans 
doute et expressif, mais que ses formes rendoient presque 
effrayant pour les hommes nourris des ouvrages classiques. 
La France, enorgueillie, à juste titre, des surprenantes dé- 
couvertes de Réaumur, des profondes recherches de Bernard 
de Jussieu, des conceptions hardies et de la haute éloquence 
de Buffon, sembloit peu touchée de cette précision dans la 
détermination des espèces, qui faisoit le principal mérite de 
l’école du Nord, et dont on ne pressentoit point encore toutes 
les conséquences. À peine Les noms linnéens commencoient- 
ils à être adoptés pour les végétaux, et cela grâce à l'appui 
que leur avoit prêté Bernard de Jussieu. Herman à Stras- 
bourg, Gouan à Montpellier, ct à Paris son élève Brousson- 
net, étoient à peu près les seuls hommes de quelque répu- 
tation qui se fussent déclarés complétement sectateurs du na- 
turaliste Suédois. 

M. Bosc, dont les premières occupations avoient été des col- 
lections de plantes et d'insectes, dut sentir de bonne heure la 
nécessité d'une nomenclature précise et applicable à un grand 
nombre d'objets. Linnæus seul pouvoit la lai offrir, et c’est ce 
qui l’engagea à s’y attacher, et à s’y attacher exclusivement : 
le suivant avec scrupule pour les noms, pour les distribu- 


74 ÉLOGE HISTORIQUE 


tions, pour la terminologie, dans toutes les parties de la 
science. Romé Delille, qui plus tard a porté la erystallogra- 
phie beaucoup plus loin que Linnæus, avoit cependant aussi 
arboré l’étendard de ce grand naturaliste, et cette circon- 
stance lui valut en M. Bosc un disciple zélé qui fit un bon 
usage dans ses études des cristaux de ce qui lui restoit de ses 
mathématiques du collége. On lui doit même la découverte 
de l’espèce de pierre zéolitique appelée chabasie (1). Néan- 
moins ce furent surtout les insectes qui l’occupèrent ; et une 
anecdote curieuse qui montre bien l’état où se trouvoit parmi 
uous l'étude de la nature, c’est qu'il n’apprit qu’en 1782, 
lorsque Broussonnet revint d'Angleterre, l'existence des ou- 
vrages de Fabricius. Le Sys£ema entomologicum, ce livre 
qui a fait une si grande révolution dans l’histoire des insectes, 
étoit imprimé depuis sept ans, et personne encore à Paris 
n’en avoit entendu parler. Bientôt M. Bosc fit la connaissance 
de Fabricius lui-même, et cet excellent homme a été jusqu'à 
sa mort son ami dévoué. Il a décrit dans sa collection les plus 
intéressans de ses insectes, et il le cite à chaque page de ses 
écrits. M. Bosc lui abandonnoit, en effet toutes ses collec- 
tions; et ce qu'il a fait pour Fabricius, il l’a fait pour une 
multitude d’autres; personne n’a été plus communicatif. Ne 
s’occupant des sciences que pour son plaisir, il ne ressentoit, 
ni n’excitoit ces jalousies qui ont troublé la vie de tant de sa- 
vans. Tout au plus, les vieux antagonistes des méthodes lin- 
néennes pouvoient-ils prendre quelque humeur de son ardeur 


(1) Description de la chabasie dans le Journal d'histoire naturelle de Lamarck, 
Bruguière, etc. , 1.2, p. 181, et Journal des mines, 1. 5, p. 277-1797. 


DE M. BOSC: 75 
à les propager; mais il étoit d’ailleurs d’un caractère si égal, 
si peu disposé à l'attaque, si juste appréciateur des mérites 
de chacun, que ces vieillards mêmes lui pardonnèrent. Quant 
aux jeunes gens, frappés de la facilité apparente des voies 
qu'il leur indiquoit, ils se livrèrent et avec ardeur à sa direc- 
tion. Si plus tard quelques uns ne demeurèrent pas étrangers 
à des vues plus profondes, il n’en est pas moins vrai qu’il 
donna alors une vive et utile impulsion, et que c'est à cette 
impulsion que l’on a dû plusieurs des hommes qui maintenant 
honorent le plus la science. 

Pour compléter l’espèce de révolution scientifique qu'ils 
avoient entreprise, Broussonnet et M. Bosc déterminèrent 
quelques uns de ces jeunes naturalistes, et des hommes déjà 
plus avancés, mais qui étoient dans les mêmes sentimens, à 
fonder avec eux une société linnéenne sur le modèle de celle 
qui venoit de se former à Londres, et qui a rendu de si grands 
services à toutes les branches de la science de la nature par 
les quinze volumes qu’elle a publiés, et qui sont si pleins de 
faits nouveaux, et d'espèces singulières ou brillantes. 

Celle de MM. Bose et Broussonnet se proposoit destravaux 
semblables, et vouloit, en outre, par des excursions régu- 
lières, recueillir et faire connoître toutes les productions des 
environs de Paris; mais elle n’a pas eu le même succès. A la 
vérité, elle commença à préparer ses publications, et l’on a 
d'elle un cahier in-folio imprimé en 1702, dont M. Bosc a 
composé une grande partie (1); mais bientôt ses travaux 


A —_— …—  …—…— _ —…——.——— —  ————…— "TE 


() Actes de la Sociélé d'histoire naturelle de Paris, t. 1, 1"°. partie, Paris, 
1792, in-fol. Il y a de M. Bosc neuf Mémoires : Ardea gularis.— Sepia TUGO£Q.— 


76 ÉLOGE HISTORIQUE 


furent arrêtés par les troubles civils. Les gens de la campagne 
la prenoient dans ses excursions pour un rassemblement de 
malintentionnés ; à Paris mème, le buste qu'elle avoit érigé 
à Linnæus, en 1790, sous le grand cèdre du Jardin du Roi, 
fut brisé par une populace qui, au lieu de Charles Linnœæus, 
croyoitlire Charles neuf; er ce qui lui fut plus funeste, c'est 
que les dissensions qui agitoient la nation pénétrèrent dans 
son sein, ct que les plus distingués de ses membres furent 
assez foibles pour se brouiller à propos d'opinions passagères, 
qu'eux-mêmes, quelques années après, avoient oubliées ou 
désavouées. É 

La société philomatique, composée d’élémens moins com- 
bustibles, donna plus de suite à ses travaux, et M. Bosc lui 
fournit plusieurs observations (1). Îl enrichit aussi vers ce 


Lacerta exanthematica — Serropalpus Keroplatus. — Acheta sylvestris. — Locusa 
punctatissima.— Lycoperdon Azxalum.— Decumaria sarmentosa. 

(1) Bulletin des Sciences par la Société philomatique ,t. 1, ve. partie, 1791. 
Description d’un nouveau bostriche (D. fuscatus).—d’une nouvelle espèce d’opatre 
(op. rafipes).— d'une nouvelle espèce d'iule (iulus guttulatus ).— d'une nouvelle 
espèce dé riz (oriza cristala). — d'un nouvel agrostis (agr. Cy lindracea). — d'un 
nouveläinsecte (callopus marginatus). 1792. Description de deux insectes nouveaux 
(phalangium spinosum et cynips, aptera). An III. Emploi économique des haies 
du vaccinium myrullus. — Description de deux nouvelles espèces d'animaux 
(corvus cærulescens et acarus manicatus). Plus tard on trouve de lui dans le même 
recueil: 1707. Description d'objets nouveaux d'histoire naturelle trouvés dans une 
traversée de Bordeaux à Charlestown (tentaculaire ; actinie panachée, plusieurs 
chara, l'oscane, plusieurs hydres). An-VI. Du Z’ïllarcia. An VII. Description de 
trois lépidoptères de la Caroline (crancleus adspergillus, pyralis saccularia , alu- 
cita cerella ). An-IX.-Pescription d’une espèce de conferve (conf. inorassata), — 
d’une nouvelle espece de puce (pulex fasciatus). An X. Obseryation et description 
d'une espèce de balane qui :e fixe dans les madrépores (bal:madreporarum). — 


DE M. BOSC. 77 


temps-là de divers morceaux un Journal d'histoire naturelle, 
“entrepris par MM. Lamarck, Bruguière, Haüy et Pelletier, 
-qui ne fut pas de longue durée (1). 

Au reste, ces nombreux petits écrits ne sont guère que des 
descriptions isolées d'espèces, et faités avec une brièveté 
peut-être plus que linnéenne ; et toutefois ce genre facile de 
publications fut aussi interrompu, lorsque M. Bosc devint 
lui-mème l’objet des persécutions d’un parti à jamais fameux 
par sa férocité. 

Pour en expliquer les causes, il est nécessaire que nous le 
reprenions un peu plus haut dans la carrière de ses emplois. 

Nous avons vu que l’estime bien fondée de M. d'Ogny l’a- 
voit porté par degrés à une place assez avantageuse dans les 
postes. En 1790, cette administration avoit été ce qu’on ap- 
pelle réorganisée. On en avoit éloigné M. d'Ogny, et, suivant 
l'usage, les nouveaux administrateurs n’avoient eu rien de 
plus pressé que de faire descendre de quelques degrés le pro- 
tégé particulier de leur prédécesseur. Un prompt retour de 


sur deux nouvelles alyéolittes (alv. grain de féluque). An XI. Note sur l’écureuil 
capistrate de la Caroline. Plus tard il a inséré aussi quelques articles dans le nou- 
veau Bulletin. 1808. Notice agronomique sur les espèces de frênes. Extrait du plan 
de travail adopté pour étudier et classer les diverses variétés de vignes cultivées 
dans les pépinières du Luxembourg. 1811. Sur un nouveau genre de vers intésti— 
naux nommés tétragules. 1812. Description du dipodion, nouveau genre de vers 
intestinaux. < 

(1) Journal d'histoire naturelle, rédigé par MM. Lamarck, Bruguière, Olivier 
Haüy et Pelletier, 2 vol. in-8°., Paris, 1792. Tome 1. Description d’une nouvelle 
espèce de grimpereau. 2. — de deux mouches (rm. tridens et m. cephalotes). — du 
sciurus carolinensis.— du cynips quercus tozæ.— du tanagra humeralis. Mémoire 
sur la chabasie, Description d’une nouvelle espèce de cucume.— du bostrichus 
furcatus. — du ripiphorus. — du coturnix ypsilophorus. 


Mém. du Muséum. t. 18. II 


73 ÉLOGE HISTORIQUE 


fortune le fit remonter, au contraire, beaucoup plus haut. Les 
événemens portèrent momentanément au pouvoir un homme 
avec qui il étoit depuis long-temps lié d’une amilié étroite, 
ce Roland que sa probité et ses lumières n'empéchèrent point 
de commettre des fautes funestes à son pays, mais dont les 
malheurs ont fait pardonner la mémoire. On réorganisa une 
autre fois l'administration des postes, et, le 11 mars 1792, 
M. Bosc en fut nommé l’un des chefs, on peut dire même 
le chef principal; car ses liaisons particulières avec le minis- 
tère lui donnoient à peu près toute l’autorité : autorité pas- 
sagère qui ne dura que seize mois, et devint pour celui qui 
en étoit le dépositaire la source de cruelles souffrances. 

Le premier renvoi de Roland par Louis XVI n’eut point 
encore d'effet contre lui. Une troisième réorganisation déjà 
imminente fut alors empèchée par l’Assemblée législative. 
Mais il n’en fut pas de même du second renvoi du même 
ministre , lorsque le parti appelé de la Gironde, dont Roland 
étoit la créature, fut abattu et mis en jugement par celui 
qu'on nommoit de la Montagne. Le 31 mai 1793, jour de 
cette révolution qui amena ce qu’on appela le règne de la 
terreur, M. Bosc fut arrêté dans son domicile, et, nous le 
dirons avec honte, par un homme qui, sous prétexte d’his- 
toire naturelle, s’étoit depuis long-temps insinué dans sa 
familiarité. On le conduisit à la poste, où on le rendit té- 
moin de la première violation du secret des lettres qui ait 
eu lieu depuis qu'il en était administrateur, violation qui 
dès lors continua ouvertement pendant tout le règne de 
la terreur, et qui, sous des formes moins impudentes, s’est 
prolongée long-temps depuis. A la vérité, la Convention, 


DE M. BOSC. 79 


non encore subjuguée, le rendit pour lors à ses fonctions; et 
comme son département personnel n’embrassoit que les mes- 
sageries, il put encore y vaquer sans déshonneur; mais ses 
collègues et lui ne tardèrent pas à être définitivement ren- 
voyés. Le 14 septembre 1703 fut le jour de leur destitution. 

Si quelque chose étonna M. Bosc, ce fut d’avoir été con- 
servé si long-temps. Intimement lié au ministère tombé, rien 
n'avoit pu l'empêcher de lui montrer son attachement. Il 
avoit visité Servan à la Conciergerie; il avoit toujours vu 
ouvertement madame Roland, soit chez elle, soit dans ses 
différentes prisons. Le jour où elle fut arrêtée, elle lui avoit 
confié sa fille, et c’est dans ses mains qu’elle déposa ces Mé- 
moires célèbres où l’on est également frappé de l’esprit dis- 
tingué et de la pureté d’ame de l’auteur, et du mal que peu- 
vent produire les intentions les plus pures, et l’esprit le plus 
distingué, lorsque l’expérience ne leur sert pas de guide. 
Roland lui-même avoit trouvé son premier asile dans une 
petite maison dont M. Bosc disposoit, au fond de la forêt de 
Montmorency, et c’est de là que, par des chemins détour- 
nés, il s'étoit rendu à Rouen, où deux amies l’avoient dérobé 
à tous les yeux : c'en étoit plus qu'il ne falloit pour que le 
parti dominant ne l’en tint pas quitte pour une destitution, 
etilest probable que, s’il füt demeuré à Paris, il eût subi le 
même sort que ses amis. Heureusement il eut l’idée de se 
retirer dans cette mème solitude. L’éloignement où il sy 
trouvoit des lieux et des chemins fréquentés, le costume 
populaire dont il s’y revêtit, le soin qu'il y prit de travailler 
lui-même à la terre et au bois, empèchèrent que le voisi- 
nage ne se doutàt ni de ce qu'il étoit, ni surtout des liaisons 


30 ÉLOGE HISTORIQUE. 
qu'il avoit eues, et qui, dans un temps où chaque village 
avoit son inquisition, n’auroient pas manqué de le faire dé- 
noncer. ù 
Cependant les misérables qui s’étoient emparés du pou- 
voir multiplioient leurs assassinats. M. Bose, quand par hasard 
il sortoit de sa retraite et jetoit les yeux sur un journal, y 
lisoit chaque fois la perte de quelque ami. Sa douleur n'eut 
plus de bornes lorsqu'il apprit que madame Roland avoit 
péri sur l’échafaud, et que son mari, à cette nouvelle, 
s’étoit donné la mort. Lui-même se jugea perdu un jour 
qu'il rencontra face à face, dans une promenade, Robes- 
pierre, à qui il entendit prononcer tout bas son nom. Mais 
ni la douleur ni le danger ne lui firent repousser les malheu- 
reux qui venoient encore le prier de leur donner asile. On 
frisonne quand on le voit cachant dans un petit grenier l’un 
des députés voués à l’échafaud, au moment même où le 
hasard amenoit autour de la maison des agens occupés de 
la recherche des proscrits; lorsque n'ayant quelquelois à 
servir à son hôte que des limaçons et des racines sauvages, 
ne pouvant lui offrir, quand il souffre, que les œufs d'une 
seule poule, cette poule est tuée un jour par uu oiseau de 
proie. Aucun roman na rien de si déchirant; mais aucun 
roman non plus n’a rien de si merveilleux que lorsque le 
même député, sorti, après le 9 thermidor, de son étroite 
cachette, se voit, au bout de quelques mois, nommé le pre- 
miér à ce Directoire, qui, bientôt tout-puissant au Gedans 
et au dehors, fait trembler l'Allemagne, conquiert l'Italie, 
détrône le Pape, le roi de Sardaigne et le roi de Naples, 
humilie le roi d'Espagne, et contraint l'Autriche à signer une 


DE M. BOSC. 8I 


paix qui agrandit la France d’un quart, et la laisse à peu 
près maîtresse du midi de l’Europe. 

On va être tenté de croire que M. Bosc sera porté à la 
fortune par l’homme qui, si récemment, lui avoit dû la vie, 
et que voilà devenu l’un des maitres de l’Etat. Il n’en fut rien. 
M: Bosc étoit trop fier pour se laisser faire du bien autre- 
ment qu'il ne l’entendoit. On vouloit lui rendre sa place aux 
postes; mais on vouloit, en même temps, qu'il y devint le 
collègue de ceux qu’il croyoit les provocateurs de sa desti- 
tution : rien au monde r'auroit pu l'y faire consentir, et son 
grand protecteur n'eut pas le pouvoir d'obtenir qu'il en füt 
autrement. Toute la faveur qu'il lui put montrer fut de venir 
quelquefois se promener avec lui dans la petite maison qui 
leur avoit servi d'asile. 

Un chagrin plus vif se joignit à celui-là. La jeune personne 
qu’une mère mourante lui avoit confiée lui fit éprouver un 
sentiment qu'elle ne partagea point, et rien ne put le calmer 
qu'un grand et long éloignement. 

On lui avoit promis de le nommer, à la première vacance, 
consul aux Etats-Unis. Son ami Michaux dirigeoit dans la 
Caroline un jardin de naturalisation. Il étoit sûr qu’ilen seroit 
bien reçu, et il se décida à aller attendre sa promotion sur les 
lieux ; mais bien des désagrémens lui étoient encore réservés 
dans l'intervalle. Après s’être rendu à pied à Bordeaux, faute 
de moyens de voyager autrement, il s'était embarqué, le 
18 août 1798, sur un vaisseau américain, qui, à peine sorti 
de la Garonne, fut visité par une frégate anglaise. M. Bosc se 
vit au moment d’être dépouillé de tout ce qui lui restoit, s’il 
n’eût réussi à se donner au capitaine pour un colon de Saint- 


32 ÉLOGE HISTORIQUE 


Domingue qui essayoit d'aller sauver quelques débris de sa 
fortune. Arrivé à Charlestown, il apprit que M. Michaux 
l’avoit croisé. Nommé successivement vice-consul à Wil- 
mington (1), et consul à New-York (2), il ne put obtenir 
d'exequatur du président Adams, qui avoit alors avec la 
France de graves discussions politiques. Du moins il toucha 
ses traitemens, et, n'ayant aucune fonction à exercer, il s’'é- 
tablit dans le jardin de Michaux, et s'y livra tout entier à 
l'histoire naturelle. 

On comprend quel soulagement ce dut être pour lui après 
tant de soucis, de dangers et de malheurs, de reprendre, 
loin des cabales et des intrigues, cette vie des bois que, dès 
sa première jeunesse, il avoit tant aimée. Le matin, à la 
chasse, ou à la recherche des plantes et des insectes; le soir, 
occupé d'étudier et de préparer ce qu'il avoit recueilli, il 
redevint plus naturaliste que jamais; et lorsque, dans l'été 
de l’année 1800, les brouilleries entre la France et les Etats- 
Unis en furent venues au point qu’il n'y eut plus de possi- 
bilité pour des agens français de demeurer en Amérique, il 
se vit en état d'apporter des matériaux à tous les naturalistes 
de l'Europe. 

En effet, toujours également généreux, s’il avoit des in- 
sectes nouveaux, c’étoit pour son ami Fabricius ou pour 
Olivier; des poissons, il les donnait à Lacépède; des oiseaux, 
à Daudin; des reptiles, à M. Latreille. Quiconque travailloit 
sur quelque branche que ce füt de l'histoire naturelle, étoit 


(x) 18 messidor an V, avec 5,000 fr. d’appointemens. 
(2) 12 messidor an VI, avec 12,000 fr. 


ÉLOGE DE M. BOSC. 33 


sûr d'obtenir de M. Bosc tout ce qu'il possédoit, d’en ap- 
prendre tout ce qu'il savoit qui s’y rapportàt. Ce ne fut qu’a- 
près avoir enrichi tant d'écrivains du fruit de ses travaux, 
qu'il se décida à en profiter pour lui-même. 

Peu après son retour, étoit arrivée la fameuse révolution 
du 18 brumaire. Inconnu au nouvel arbitre des fortunes, 
balotté encore de l'administration des postes à celle des hos- 
pices, et de celle-ci aux postes, voyant que la carière des 
emplois politiques ou administratifs ne lui promettoit pas, 
depuis son retour, une existence plus assurée qu'avant son 
départ, il renonça enfin à demeurer dans une dépendance 
si immédiate du pouvoir; et M. le comte Chaptal l'ayant 
chargé en 1803 de l'inspection des jardins et des pépinières 
de Versailles, il se consacra désormais tout entier à l’his- 
toire naturelle, et à l’application de ses principes aux di- 
verses branches de l’agriculture. Appelé successivement au 
Conseil d’ Agriculture, à la Section d'Agriculture de l’Institut, 
au Jury de l'École d’Alfort, à l'inspection générale des pépi- 
nières, il mena une vie TE valle: tout appasée à la première, 
toute de calme et de sa po et c’est aussi depuis lors 
seulement que ses ouvrages ont pris un caractère d’i impor- 
tance et de durée. 

Avant son départ, il n’avoit publié, comme nous l’avons 
vu, que des fragmens, que des descriptions d'espèces isolées, 
et rédigées avec sécheresse. À peine l’histoire des coquilles 
et des vers qu’il donna, peu après son retour, dans le petit 
Buffon de Déterville, sort-elle de cette catégorie (1). Mais le 

\ 
ei 2 EN RSR TC tr AS 


G) Histoire naturelle des coquilles, contenant leur discription, les mœurs des 


84 ÉLOGE HISTORIQUE 


Nouveau Dictionnaire d'histoire ntaurelle et le Cours com- 
plet d'Agriculture, publiés par le même libraire, et auxquels 
M. Bosc a eu la plus grande part, se présentent sous un autre 
jour. 


C'est surtout dans le dictionnaire d'Histoire naturelle que 
M. Bosc a placé les nombreuses observations qu’il avoit faites 
dans ses courses et dans ses voyages (1). 

Sur les reptiles, les poissons, les mollusques, les vers, le 
plus grand nombre des articles est de lui, et il en a donné 
une infinité sur la botanique : tous sont remarquables par 
leur précision, leur netteté, et beaucoup renferment des faits 
propres à l’auteur. C’est aussi de ses porte-feuilles que sont 
ürées un grand nombre de figures relatives à ces parties de 
la science. Tout autre auroit mieux aimé employer ces riches 
matériaux pour un ouvrage qui n’eùt pas été collectif; mais 
ici, comme en tout le reste, M. Bosc ne voyoit que lutilité, 
et ne songeoit point aux intérêts de son amour-propre. C’est 
par la même raison qu’il mettoit le Cours d'Agriculture (2) 
au-dessus de ses autres travaux. La 2° édition de ce recueil 
paroît surtout avoir excité tous ses efforts. « Il ne m'est pas 


animaux qui les habitent, et leurs usages, avec figures dessinées d’après nature , 
5 vol. in-18, avec 94 planches. Paris, 1801, et la 2e, édition, 1824. Histoire 
naturelle des vers et des crustacés, 5 vol. in-18, 1821, et la seconde édition 1825. 

(1) Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle appliquée aux arts, principale- 
ment à l’agriculture et à l’économie rurale et domestique, par une société de natu- 
ralistes et d'agriculteurs, 24 vol. in-8s. Paris 1803 et 1804, et la 2°. édit., en 
36 vol. , 1816-1819. 

(2) Nouveau Cours complet d'Agriculture théorique et pratique, ou Dictionnaire 
raisonné et universel d’Agricultôre, par les membres de la section d'Agriculture 
de l'Institut de France , 13 vol. Paris, 1809. La 2°, édit. 16 vol., 1821-1823. 


DE M. BOSC. 85 


« passé un livre sous les yeux, écrivoit-il, lorsque cette édi- 
« tion se préparoit; je n’ai pas assisté à une séance de société; 
€ je n'ai pas fait un pas dans les jardins ou dans la campagne 
« sans prendre des notes, et ces notes sont rédigées de ma- 
« nière à être intercalées, en peu de jours, dans les articles 
« qu’elles concernent. » 

C’est avec la même conscience qu'il a constamment tra- 
vaillé, soit à ses notes sur l’edition d'Olivier de Serre, don- 
née par la Sociéte d'Agriculture, soit aux Mémoires qu’il a 
insérés dans les collections de cette Société (1), dont il étoit 
un des membres les plus actifs, soit dans les Annales de 
l'Agriculture française (2), dont il partageoit la rédaction 
avec notre respectable confrère M. Tessier, soit enfin dans 
les Mémoires de l’Institut (3). 

Une grande partie de son temps étoit employée, et tou- 
jours par le mème sentiment d'utilité, à ses fonctions pu- 
bliques, et il n’y mettoit pas seulement son temps : toute la 
fermeté, la roideur même de son caractère n’y étoient pas de 


(x) Observations sur les différences qu’il y a entre les marais proprement dits, 
et les terrains marécageux. Mémoire de la Société d'Agriculture de Paris, t. 17, 
1814. 

Rapport sur une maladie des pommiers à cidre, Did. , 1821, p. 421, et d’autres 
écrits cités dans les rapports généraux des travaux de cette Société. 

(2) Forez à la fin de cet Eloge les titres des Rapports divers et Extraits d’ou- 
vrages insérés par M. Bosc dans ses Annales. 

(3) Mémoire sur les différentes espèces de chênes qui croissent en France, et 
sur ceux étrangers à l'empire, qui se cultivent dans les jardins et pépinières des 
environs de Paris, etc. Lu le 2 juin 1606, imprimé dansles Mémoires de l’Institut, 
1er, sem. 1807. 

Notice agronomique sur les diverses espèces des frênes qui se cultivent, en ce 


moment, dans les jardins et pépinières de Paris. Lu le 29 février 1808, imprimé 
dans le vol. de 1808. 


Mém. du Muséum. t. 18, 12 


86 ÉLOGE HISTORIQUE 


trop; car, du moment où l’on sort du cerele de la pure théo- 
rie, ce ne sont plus de simples erreurs qu'il faut combattre, 
mais des erreurs alliées à des passions. M. Bosc en fit l'expé- 
rience dans plus d’une occasion , et nous voyons dans ses Mé- 
moires qu'il se plaint avec amertune d’avoir eu, pendant quel- 
que temps, pour supérieur, un homme d’un caractère indéfi- 
nissable, qui sembloit se plaire à détruire à mesure tout ce 
dont il le voyoit occupé avec intérêt. 

Ailleurs, du moins, et soutenu par un ministre éclairé, il 
obtint le pouvoir de faire quelque bien. Chacun a pu voir la 
beile collection qu'il avoit formée, près du Luxembourg, de 
nos principales variétés de vignes. Le royaume en produit 
plus de 1,400. Les comparer, fixer leurs caractères, constater 
pour chacune d’elles les conditions de leur prospérité; pro= 
pagér alors de préférence les plus avantageuses, relativement 
à chaque sol, à chaque exposition, à chaque latitude, seroitun 
travail de la plus haute importance, et dont les conséquences 
pourroient être immenses pour notre richesse territoriale : 
M. Bosc l’avoit entrepris. Déja, en trois années, il avoit décrit 
ou fait représenter plus de 4oo de ces variétés; mais il lui 
aurait fallu dix ans, et en France il'est bien rare qu’un projet 
qui n’est qu'utile trouve dix ans de suite de l'appui dans 
l'administration supérieure. El faudroit que le chef fût aussi 
instruit que son subordonné, ou qu'il eût la modestie de ne 
pas vouloir mettre du sien dans la direction; et lorsqu'il pos- 
sède l’une ou l’autre de ces qualités déjà si rares, il faudroit 
qu'il restàt dix ans en place: chacun voit bien que la réunion 
de ces conditions est la chose imposible, 

C’est dans les voyages qu'il faisoit pour compléter son tra- 
vail que M. Bosc a pris le germe de la maladie qui a abrégé 


DE M. BOSC. 87 


ses jours ; il les faisoit toujours à pied comme dans sa jeunesse; 
surpris en 1824, dans le département du Var, par un violent 
orage, il fut saisi d’une fièvre qui, mal soignée, se convertit 
en affections chroniques, dont la mort seule devoit le délivrer. 

Cette triste perspective, sur laquelle il perdit promptement 
toute illusion, l'afligeoit d'autant plus, que le désintéressement 
le plus constant ne lui avoit rien laissé faire pour l’avenir de 
sa famille. Une occasion cependant se présenta d'ajouter quel- 
que chose à son aisance pendant les années qu'il espéroit en- 
core pouvoir travailler pourelle. Ce fut la vacance de la chaire 
d’horticulture au Jardin-da-Roi, lors du décès de notre con- 
frère M. Thouin. Aucun titre assurément ne manquoit à 
M. Bosc pour y prétendre, et toutefois il n’obtint pas la plu- 
ralité des suffrages des corps qui avoient droit d'y présenter : 
non qu'il n’y fût généralement aimé et respecté; non qu’on 
ne lui reconnût au plus haut degré toutes les lumieres et l’ex- 
périence nécessaires, mais parce qu'à son âge et avec des souf- 
frances qui déjà étoient devenues très-vives, on n’en espéroit 
plus l'activité qu'exigeoit plus que jamais un établissement 
aussi vaste, et depuis trop long-temps conduit par un vieillard. 
L'autorité cependant l y nomma, par un procédé dont il n’y 
a eu qu'un autre exemple, et qui dut paroître alors d'autant 
extraordinaire, que l’on n’apercevoit pas comment M. Bosc 
s’éroit attiré une telle faveur. Aussi n'en étoit-ce pas une. L’é- 
loignement pour son concurrent l’avoit servi plus que son 
mérite; et à peine avoit-il pris possession de son nouvel em- 
ploi, que l’on s’empressa, en supprimant les pépinières, de 
lui apprendre que ce n'étoit ni pour l'enrichir, ni pour lui 
plaire, que l’on s’étoit écarté de tous les usages. Trompé ainsi 
dans un espoir si légitime, le chagrin qu’il en concut donna 


88-* ÉLOGE HISTORIQUE 


plus d’activité au mal qui le rongeoit : les douleurs les plus 
vives l’accablèrent souvent, et, malgré toute son ardeur à 
remplir ses devoirs, il ne put faire les cours publics dont il 
étoit chargé. L'administration du Jardin occupa seule tous 
les momens que ses maux lui laissèrent, et du moins, en 
cette partie, il fit de grands efforts et obtint de vrais succès. 
Ses souffrances, devenues intolérables, l’enlevèrent enfin 
le 10 juillet 1828, à l’âge de soixante-neuf ans. 

Sans les chagrins et les accidens qui se combinèrent pour 
détruire sa santé, il auroit pu long-temps encore se rendre 
utile aux sciences et à son pays. La nature l’avoit créé vigou- 
reux; une stature robuste, une figure noble et calme annon- 
çoient à la fois la force du corps et la pureté de l'ame. Etranger 
aux intrigues du monde, on pourroit dire qu'il l'a été quel- 
quefois aux ménagemens que la société réclame; mais tou- 
jours aussi il a été plus sévère encore pour lui-même que 
pour les autres. Sa probité inflexible, son dévouement entier 
à ses amis, un désintéressement poussé jusqu’à l’exagération, 
et qui, après tant de travaux et tant d'occasions légitimes 
d'améliorer sa fortune, ne laisse à sa famille d’autre ressource 
que la justice du gouvernement, ne marqueront pas moins 
sa place parmi les hommes que leur caractère désigne au res- 
pect de la postérité que parmi ceux que leurs services dési- 
gnent à sa reconnoissance. 

M. Bosc'avoit épousé en 1800 mademoiselle Susanne Bosc, 
sa cousine. Il laisse deux fils, dont un oflicier de marine, et 
l’autre docteur en médecine, et trois filles, mesdames Pilâtre 
et Soubeiran, et mademoiselle Clémentine Bosc. 

Sa place à l'Académie a été remplie par M. Flourens, et 
sa châire au Jardin du Roi, par M. de Mirbel. 


DE M. BOSC. 89 


LISTE 


DES ARTICLES INSÉRÉS PAR M. BOSC DANS LES ANNALES 


1807. 
1810. 
1810. 


1812. 
1821. 


DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE. 

Rapport sur le Mémoire de M. Féburier , relatif à la culture de l’ané- 
mone. (Fait à l'Institut, le 22 juin 1807.) (T. 30, p. 346.) 

Rapport sur l’Essai relatif aux abeilles ; par M: Féburier. (Institut 22 jan- 
vier 1810 ) (T. 42, p. 30.) 

Rapport sur un Mémoire de M. Deslandes : Observations sur les sols et 
terres de bruyères. (Soc. d’Agricult., 19 sept. 1810.) (T. 43, p. 348.) 

Rapport sur la dessiccation des châtaignes. (T. 51, p. 257.) 

Rappert au Conseil d'Agriculture sur l’éducation des oïseaux. (T. 15, 
p- 329.) 

Rapport à la Soc. d'Agriculture (le 20 août 1823), sûr une presse propre 
à retirer le miel des gâteaux de cire. (T. 24, p. 120.) 

Rapport fait à l’Académie des Sciences (en 1£24), sur une Notice de 
M. Dejean, relative à la conservation des blés dans des vaisseaux her- 
métiquement fermés. (In-8o.) (T. 26, p. 262.) 

Rapport fait à la Soc. centrale d'Agricult. (1824), sur emploi du muriate 
de chaux et du chlorure de chaux en agriculture. (T. 26, p. 327.) 


Notice sur Ja vie et les travaux de J. M. Cels. (Lue à la Soc. d’Agricult. 
du dépt. de Seine-et-Oise, le 22 juin 18c6.)(T. 27, p. 356.) 


Netice sur le traité des arbres et arbustes qu’on cultive en France en 
pleine terre, par Duhamel.) (Lue à l’Institut, le 26 janvier 1807.) 
(T. 28, p. 388.) 

Note sur le sucre du rosage pontique (rhododendron ponticum). (Lue à 
l'Institut, ) (T. 30, p.418.) 

Mémoire sur l'utilité des clôtures en général, et sur celle des haies vives 
en particulier. (Lu à la société d'Agricult. de Versailles, en 1807.) 
(T:3r, p.24) 

Exposition faite à la Soc. centrale d’Agricult. de la Seine, du plan de tra- 
yail adopté pour étudier et classer les diverses variétés de vignes culti- 
yées dans les pépinières du Luxembourg. (T. 32, p. 100.) 

Mémoire sur les différentes espèces de chênes, etc. (Lu en extrait à l’Ins- 
titut, le 2 juin 1806.) (T. 33, p. 183.) 


90 
1808. 


1808. 
1808. 


1812. 
1812. 


1813. 


1814. 


1814. 


1817. 


1819. 


1820. 
1821. 


1823. 
1826. 


1827. 
1827. 


1811* 


1811. 


ÉLOGE HISTORIQUE 


Note sur le Kermès, et instruction sur sa récolte. ( Avec MM. Olivier et 
Tessier.) ('T. 34, p. 231.) 

Considérations sur le plant, etsur les principes qui doivent guider ceux 
qui l’arrachent et le replantent. (T. 35, p. 130.) 

Note sur les espèces de magnoliers qui sont en pleine terre dans les jar- 
dins des,environs de Paris, et de leur culture, (T. 35, p. 392.) 

Note sur le lin de Sibérie. (T. 51, p. 278.) 

Notice sur deux insectes du G. Cerceris, qui font la guerre aux charan- 
çons, les plus nuisibles aux arbres fruitiers (TL. 51, p. 370.) 

Notice sur la pirole et autres insectes qui nuisent aux vignobles. (T. 53, 
P- 379-) 

Notice sur les insectes qui dévorent les laines des matelas et des habits, 
les fourrures, les plumes, et autres objets d'économie domestique. 
(T.57, p. 232.) : 

Observations sur les différences qu'il y a entre les marais proprement dits, 
et les terrains marécageux. (T. 57, p. 364.) 

Quelques aperçus sur l’insecte connu sous le nom de Mouche hessoise , 
et sur un insecte parasite qui s’en nourrit. (T. 70, p. 277.) 


Note sur les moyens de rétablir en état d’être consommés par les personnes 
les plus difliciles les beurres devenus rances. (T. 7, p. 104.) 

Nole sur un rouleau coupant. (T.9 ,p. 149.) 

Note sur un remède reconnu propre à la guérison des abeilles affectées 
de dysenterie. (T. 16, p. 154.) 

Note sur les bierres économiques. (T. 23, p. 285.) 

Note sur les deux modes de cultures propres à augmenter les produits de 
la Champagne craïeuse. (Lues à la Soc. d'Agricult., 1824.) (T. 33, 
p. 6o.) 

Notice sur l’Arracacha. (T. 35, p. 42.) 

Note sur les moyens de nourrir les vers à soie avec d'autres feuilles que 
celles du mürier blanc. (T. 37, p. 208.) 


EXTRAITS D'OUVRAGES. 


Ext. du traité du citrus; par Georges Gallesio (In-8e.) ('E. 45, p: 328.) 
Ext. de l’ouvrage de M. G, H. Walz (méd.-vétérin, ): De La gale des 


ne ———————_—_—_—_—_—_——_—_—_——_—_—_—_—_—____ _—_] 


* C’est da mois de janvier 18r1 que M. Bosc a partagé avec M. Tessier la direction principale 
du Journal. 


1811. 
1811. 


1811. 


1811. 
1812. 
1813. 
1814. 
1814. 
1815. 
1815. 
1815. 


1816. 


1817. 


1818. 


1518. 


DE M. BOSC. gt 


moutons , de sa nature, de ses causes, et des moyens de la guérir. 
(In-8°., traduit de l'allemand.) (T. 46 , p. 227.) 

Ext, de l'ouvrage de M. Truchet sur l’insecte du kérmes (In-8°., 1811.) 
(T. 46, p. 328.) 

Ext. de l'ouvrage de M. Carena (H.), sur les réservoirs artificiels, etc. 
(T. 47, p: 120.) 

Ext. de l'ouvrage de M. Lullin de Châteauvieux , intitulé: Des associa- 
tions rurales pour la fabrication du lait, connues én Suisse sous le nom 
de Fruilières. (In-6°.) (T: 48, p. 122.) 

xt. de l'ouvrage de M. Sarrazin : Zraïté élémentaire de la culture du 
tabac en France. (In-8°.) (T. 48, p.246.) 

Ext. de l'ouvrage de M. de Barbançoïs, intitulé : Petit traité sur la partie 
la plus importante de l’agriculture en France. (n-8°.) (E.5o, p.311.) 

Ext. du traité du pastel et de l'indigo, par Giobert. (2 vol. in-8°.) 
(T. 54 , p. 202.) 

Ext. des nouvelles observations de M. F. Huber, sur les abeïlles. (2 vol. 
in-8°.) (T. 59, p. 241.) 

Ext. des Principes pratiques sur l’éducation, la taille’et uen 
ment des arbres fruitiers, par J. Mozard. {In-8°.) (T. 50, p. 232.) 
Extrait des Mémoires de M. Quenin , sur les prairies artificielles, (Cou- 

ronné à Aix.) (T.62, p. 342.) 

Ext. du Mémoire de M. Pajet Descharmes, sur la culture dela bettérave 
à sucre. (T.63, p. 102.) 

Ext. d’un Mémoire sur les fonds ruraux du dépt. de l’Escaut, par M. de 
Lichtervelde. (1 vol. in-8°.) (T. 64, p.214.) 

Ext. de l’Essai sur l'amélioration des principaux animaix domestiques 
du dépt. de la Charente-Inférieure , par M: Chambert. (1x vol. in-8°) 
(CT: 69, p- 57-) 

Extrait de la Topographie de tous les PRRENES connus ; par M.-A. Jul- 
lien. (In-6°.) ('T. 70, p.31.) 

Analyse de la partie agricole du Journal des maires ét des habitans des 
nn 1816. (T. 65, p. 112 et205; 1:66, p: 116; 68, p. 266 et 

7.) : 


Ext. de l'ouvrage de M. L. Reynier : De l'Economie publique et rurale 
des Celtes, des Germaïns, et autres peuples du Nord et du centre de 
l’Europe. (In-8°.) (T. 2, p. 380.) 

Ext. de la Description du dépt. de la Vendée, et considérations sur ta 
guerre civile de 1703 à 1797, par M. Cavaleau. (In-8°., 1818.) (T.3, 
p.64.) 


92 


1819. 


1821. 
1822. 


1822. 


1822. 


1823. 


1824. 
1824. 
1826. 


1827. 


1828, 


1828. 


1828. 


ÉLOGE HISTORIQUE DE M. BOSC. 


Ext. de l'ouvrage de M. Trouvé : Statistique du dépt. de T Aude. (In-8’.) 
(T.6, p. 384.) 

Ext. du Rapport des travaux de la Soc. d'Agricult., d'Hist. naturelle , et 
arts utiles de Lyon, en 1520, par M. Grognier. (In-8°.) (T. 12, p. 112 
el 2:8.) 

Ext. des Principes sur La culture de la vigne en cordons, sur la conduite 
des treilles , et la manière de faire Le vin (Anonyme). (In-8°.) (T. 10, 
P- 118.) 

Ext. de l'ouvrage de M. d'Harcourt : Réflexion sur l'état agricole et com- 
mércial des provinces centrales de France. (In-8°.) (T. 19, p. 260.) 

Ext. de l'ouvrage intitulé : De La disette ét de la surabondance en France, 
et avec un Mémoire sur les réserves à domicile, par M. Laboulinière. 
(In-8°.) (T. 19, p. 388.) 

Ext. de l'ouvrage de M, Chaptal : De la chimie appliquée à l'agriculture. 
(2 vol. in-8°.) (T. 33, p. 299.) 

Ext. de l'ouvrage inlitulé : Nouveau traité sur la laine et sur les moutons, 
par MM. Perrault de Jatemps. Fabry et F. Girod de l’Ain. (In-8°.) 
(T. 26, p. 345.) n 

Ext. de l'ouvrage de M. Guyetaut (couronné par la Soc. d’Emulation du 
Jura): Essai sur l’état actuel de l'agriculture dans le Jura. (14 juin 
1822, in-8°.) (T. 26, p. 362.) 

Ext. de l'ouvrage de M. Delamarre, intitulé: Traïté pratique de la culture 
des pins à grandes dimensions , de leur aménagement, de leur exploi- 
tation , et des divers emplois de leurs bois. (In-8°.) (T. 33, p. 238.) 

Ext. de l'ouvrage de M. Puvis, ayant pour titre: Essai sur la marne 
(In-8°.) (T. 35, p. 111.) 

Ext. du Mémoire de M. Gasparin (lu à la Soc. cent. d’Agricult. de Paris, 
le 2 nov. 1825) : Des effets du climat sur les assolemens, considérés 

+ dans la région des oliviers. (In-8°.) (T. 38, p. 97.) 

Ext. du Mémoire de M. Théodore de Saussure (communiqué à la Soc. 
d'Hist, nat. de Geneve, le 17 mars 1825) : De l'influence du desséche- 
ment sur la germination de plusieurs graines alimentaires. (In-8°.) 
(T. 38, p. 108.) 

Ext. du Cours de culture et de naturalision des végétaux, par A. Thouin 
publié par son neveu Oscar Leclerc. (3 vol. In-8°,, 1827). (T. 38, 


P- 379.) 


RECHERCHES 


SUR 


LES OSSEMENS FOSSILES 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL (HÉRAULT), 


Par MM. Marcer DE SERRES, DUBRUEIL , Professeurs , et B. JEAN- 
JEAN, Docteur-Médecin , Préparateur de Zoologie à la Faculté de 
Montpellier. 


(DEUXIÈME ARTICLE.) 


CHAPITRE XIV. 


Du rapport qui existe entre les limons à ossemens des 
cavernes et les brèches osseuses. 


Nous avons déjà fait observer que les antiques alluvions 
avoient entraîné dans les grandes cavités des calcaires secon- 
daires et tertiaires les limons qui les obstruent , et nous ajou- 
terons que ces alluvions ont produit les mêmes effets dans 
les fentes verticales où se sont formées ces brèches osseuses. 
Les fentes longitudinales, ou les cavernes dont les cavités sui- 
vent la direction des couches, comme les fentes verticales 
qui coupent, sous divers angles, ces couches, paroïssent avoir 
été comblées par des phénomènes analogues, c’est-à-dire, 


Mém. du Muséum. 1. 18. 13 


94 RECTERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


par des courans extérieurs qui y ont entrainé les limons, ou 
tout au moins la plus grande partie des ossemens qui leur 
sont mêlés. Les fentes de nos terrains secondaires et tertiaires 
ont donc probablement été obstruées par des phénomènes 
de remplissage, qui ont produit des effets tellement analogues, 
qu’ils semblent avoir dépendu d’une seule et même cause. 

Cette analogie est sensible, soit que l’on en observe les 
effets relativement aux espèces d'animaux réunis par ces an- 
tiques alluvions, soit à la nature des limons qui les ont saisis. 
Mais pour mieux faire sentir le rapport qui existe entre les 
limons à ossemens des cavernes et les brèches osseuses, in- 
diquons les différentes espèces de mammifères terrestres, re- 
connus au milieu des brèches et des cavernes en général, 
afin de s’assurer s’il y a quelque identité entre ces deux an- 
tiques populations. Pour mettre de l’ordre dans cet examen, 
nous passerons d'abord en revue les espèces fossiles recon- 
nues dans les brèches osseuses et les cavernes situées hors du 
territoire de la France, et nous étudierons ensuite celles de 
la France elle-mème. 


S L. 


Brèches osseuses situées hors du territoire de la 
France. 


Les brèches osseuses de la Dalmatie, ainsi que celles du 
cap de Palinure, dans le royaume de Naples et de l'ile de 
Cerigo, offrent à peu près les mêmes espèces d’ berbivores ; 
ce sont partout des cerfs et des chevaux, dont on retrouve 
également des représentans dans nos cavernes. 

Les brèches osseuses de Sardaigne ont de plus un genre 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL 05: 


de rongeur particulier, les Zagomys ; les espèces en sont plus 
grandes que le Zagomys ogotonna, mais un peu moindres 
que le lagomys alpinus et celui de Corse.-On y observe de 
plus des rongeurs du genre des campagnols et des lapins d’un 
üers plus petits que les nôtres. Avec ces herbivores, l’on dé- 
couvre une espèce de carnassier insectivore du genre des mu- 
saraignes. Les brèches de Sicile et du Véronais présentent 
également des cerfs, des bœufs, dont une espèce est peut- 
être analogue à l’aurochs, des chevaux, et enfin des débris 
de carnassiers du genre chien qui annoncent que ces brèches 
ont réuni des animaux d’habitudes et de mœurs très-dispa- 
rates. Les brèches osseuses d'Ullivetto, près de Pise, en sont 
encore une preuve, puisque avec les rongeurs et les cerfs que 
l’on y découvre (dont certaines espèces se rapprochent des 
cerfs de l’archipel des Indes), l’on voit des carnassiers de la 
taille de nos ours et de nos lions. Il n’est pas moins remar- 
quable d’y rencontrer le cyclostoma elegans, dont on re- 
trouve de si nombreux débris dans les terrains à ossemens 
des cavernes, et en particulier dans celles de Lunel-Vieil. 
Les mêmes espèces se remontrent dans les brèches osseuses 
de Nice; en effet, les cerfs, les bœufs, les chévaux, les ron- 
geurs du genre des lapins et des rats, y sont en grand nombre, 
confondus et mêlés avec des débris de carnassiers de grands 
felrs, et d’autres espèces assez rapprochées de nos panthères. 
Il paroît que l’on y a également observé, depuis peu, d’autres 
genres de carnassiers, des ours, des hyènés, et avec eux des 
pachydermes, tels que des sangliers et des rhinocéros, dont 
les débris existent à la fois dans les cavernes de la France et 
de l'Angleterre. Les brèches de Nice ont encore présenté dif- 
férens vestiges de tortues de terre, plus rapprochés du ser- 


96 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


tudo radiata de la Nouvelle-Hollande que de toute autre 
espèce; avec ces débris sont confondues de nombreuses co- 
quilles de terre, parmi lesquelles, on peut signaler le cyclos- 
toma elegans et les helix algira, lapicida, vermuculata, 
nemoralis, nitida, cristallina , espèces d'autant plus remar- 
quables, que, quoique mélées à des débris des mammifères 
qui n’appartiennent plus à nos régions, elles n’en sont pas 
moins semblables à nos espèces actuelles. Si les caractères 
zoologiques ont une grande importance pour réunir ou dis- 
ünguer les formations, la similitude qui existe entre les co- 
quilles de terre ensevelies dans les limons des cavernes à os- 
semens, et celles qui ont été saisies par le ciment des brèches, 
annonce ce semble de grands rapports entre des formations 
qui ont les mêmes espèces pour caractéristiques. Mais n’en- 
ticipons pas sur les résultats auxquels nous conduiront les 
observations que l’un de nous a eu l’occasion de faire sur les 
brèches osseuses du midi de la France. 

Ce sont encore des ruminans du genre des cerfs, des bœufs 
et des moutons de petite taille, que nous présentent les brè- 
ches osseuses de Concud, près de Téruel en Arragon, et avec 
des solipèdes dont les espèces se rapprochent assez de nos 
ânes. Les ruminans du genre cerf abondent également dans 
les brèches de Gibraltar; avec eux, l’on retrouve les lago- 
mys qui existent dans les brèches de Sardaigne et de la Corse, 
des rongeurs du genre lapin et des coquilles terrestres. Ainsi 
partout la population antédiluvienne des brèches situées 
hors du territoire de la France, se compose principalement 
des ruminans et des rongeurs, auxquels s'ajoutent parfois 
de grands carnassiers et des pachydermes que l’on retrouve 
dans les cavernes à ossemens. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. : 97 


S IL. 


Brèches osseuses situées en France. 


Lors de la publication de l'ouvrage de M. Cuvier, l’on ne 
connoissoit guère en France d’autres brèches osseuses que 
celles de Sète et d'Antibes; comme ces brèches osseuses, 
ainsi que celles que nous venons d'indiquer, se montroient 
toutes dans des rochers calcaires isolés et avancés sur les 
côtes de la Méditerranée, l'on avoit cru que cette position 
étoit générale pour cet ordre de formation. Cependant quel 
que soit l’éloignement de la Méditerranée que présentent les 
rochers calcaires rapprochés des terrains tertiaires où des 
fentes se sont opérées, ces fentes se montrent remplies par le 
même ciment, lequel réunit à peu près les mêmes espèces de 
mammifères. L’on avoit également regardé la couleur rou- 
geâtre de ce ciment comme une nuance caractéristique des 
brèches, tandis que cette couleur, purement accidentelle, 
varie non-seulement de localité à localité, mais encore dans 
la même localité. La formation des brèches osseuses n’est 
donc point liée, d'une manière essentielle, à leur rapproche- 
ment du bassin actuel de la Méditerranée, pas plus que leur 
couleur, souvent rougeûtre, ne peut servir à les caractériser. 

Les brèches osseuses d'Antibes, comme celles que nous 
avons déjà indiquées, recèlent principalement des débris 
de ruminans et de solipèdes du genre des cerfs et des che- 
vaux. Avec ces ruminans, l’on découvre aussi des rongeurs 
de la taille de nos lapins : les uns et les autres sont réduits 
à des débris épars et confondus dans la pâte de la brèche, 


\ 
Où RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


Des fragmens d’albâtre et de dolomite compacte grise se 
montrent saisis par le ciment de la brèche, preuve que leurs 
dépôts avoient précédé celui de la roche où ils se présentent. 
Les brèches osseuses d'Aix en Provence, qui remplissent 
les fentes du second calcaire tertiaire, où calcaire moellon, 
au rocher du Dragon, nous sont à peine connues ; cependant 
nous y avons reconnu des débris de chevaux de moyenne 
taille, de ruminans et de pachydermes du genre rhinocéros. 
Les brèches de Saint-Hyppolite et d’Anduze (Gard), quoi- 
que enclavées dans les fentes du calcaire jurassique, offrent 
également des rhinocéros que nous avons déjà signalés dans 
plusieurs formations de ce genre, même dans celles qui exis- 
tent dans les fentes du calcaire moellon. Mais faute d’obser- 
vations, nous ignorons quels sont les autres genres qui ac- 
compagnent ces grands pachydermes. Quant aux brèches 
osseuses de Vendémian, près de Gignac (Hérault), jusqu'à 
présent peu observées, elles n’ont offert que des débris de 
rongeurs du genre de nos lapins. 

Les brèches de Sète, que nous avons pu étudier avec plus 
de soin, nous ont offert une population plus étendue, mais 
toujours caractérisée par les ruminans et les rongeurs. Ces 
derniers y sont plus en excès que partout ailleurs, du moins 
relativement au nombre de leurs individus, qui souvent est 
si considérable, que les brèches en paroïssent comme pétries. 
Ces rongeurs y sont représentés par cinq ou six espèces, sa- 
voir : trois espèces du genre lapin, l’une de la taille de nos 
lièvres, l’autre de la forme et de la taille de nos lapins, et 
la troisième d’un tiers plus petite que notre espèce ordi- 
naire : avec ces rongeurs, l'on en découvre de semblables 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 99 


au campagnol et à d’autres espèces de rats. Ces rongeurs 
sont accompagnés par des ruminans, principalement du genre 
cerf et peut-être du genre mouton. Des chevaux sont con- 
fondus avec eux , ainsi que des débris de palæotheriurm, dont 
les espèces se rapprochent du z2edmn. L'apparition de ce 
genre inconnu au milieu des brèches osseuses prouve que les 
palæotherium ne sont pas tous contemporains du dépôt des 
gypses tertiaires, et que leurs espèces se sont perpétuées sur 
la terre postérieurement à ce dépôt, puisqu'elles se retrou- 
vent encore dans l'étage le plus supérieur des terrains marins 
supérieurs; ce qui annonce , avec d’autres faits que l’un de 
nous a développés ailleurs, que les mammifères terrestres ont 
péri plus tard dans le midi que dans le nord de la France. 

Les brèches de Sète, comme les terrains à ossemens de nos 
cavernes, nous ont présenté des oiseaux et des reptiles. Les 
tortues de terre existent dans les deux formations ; mais celles 
de Sète ont de plus des serpens de la taille de la couleuvre 
commune. Quant aux oiseaux, ils ne se rapportent pas aux 
mêmes genres. La famille des passereaux est représentée à 
Sète par des oiseaux de la dimension de nos bergeronettes, 
et celles des gallinacées par des espèces de la taille de nos pi- 
geons, et enfin les palmipèdes par des espèces assez rappro- 
chées des goéulands (/arws ). Des coquilles terrestres accom- 
pagnent ces débris d'animaux vertébrés, soit des hélix, soit 
des pupa, soit enfin le bulnus decollatus, espèce si com- 
mune dans les limons à ossemens de nos cavernes. 

Nous pourrions également citer les fentes des seconds cal- 
caires marins tertiaires de Baillargues et de Vendargues ( Hé- 
rault), que l’on voit remplies par des limons rougeûtres, et 


100 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


où l’on observe quelques débris osseux. Nous l’aurions fait 
si l’on ne pouvoit se former quelques doutes sur leur fossi- 
lité; peut-être ne sont-ils que des restes d’animaux de notre 
époque que les alluvions y ont entrainés: ces ossemens indi- 
quent la manière dont les brèches osseuses se sont formées. Si 
les ossemens que l’on observe dans les fentes étroites des cal- 
caires marins de Baillargues et de Vendargues sont réellement 
fossiles, et si les limons rougeûtres au milieu desquels ils se 
trouvent s’étoient solidifiés, nous aurions encore là de véri- 
tables brèches osseuses; ou si, au lieu d’être vertical, le 
sens de leur plus grande étendue eût été horizontal , elles re- 
présenteroïient des cavernes à ossemens. Du reste, les fentes 
de nos rochers calcaires, soit secondaires, soit tertiaires, qui 
n'ont pas été remplies par des brèches osseuses, se comblent 
en partie, de nos jours, par des alluvions plus ou moins abon- 
dantes, lesquelles alluvions, comme celles qui ont précédé 
l’ordre des choses actuel, entraînent des débris osseux avec 
les limons et les galets qu’elles enlèvent au sol qu’elles par- 
courent. Ainsi, puisque des effets semblables à ceux que nous 
présentent les formations à ossemens des brèches et des ca- 
vernes se produisent par les alluvions actuelles, les alluvions 
anciennes, dont l’action étoit plus puissante encore, ont bien 
pu accumuler dans les bas-fonds, et surtout dans les cavités, 
cette antique population, dont les vestiges sont pour nous 
un si grand sujet d’étonnement. 

Après les brèches de Sète, nous mentionnerons les forma- 
tions d’eau douce graveleuse de Pézenas (Hérault), qui, quoi- 
qu'appartenant à des formations totalement différentes, n’en 
montrent pas moins des espèces de mammifères analogues 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 101 
à celles que recèlent les brèches osseuses empâtées, dont la 
date paroît plus récente. Ces terrains d’eau douce graveleux 
ont saisi non-seulement un grand nombre de débris de mam- 
mifères terrestres, mais encore des fragmens de roches volca- 
niques, étant entourés de formations de ce genre, fort dévelop- 
pées à peu de distance du vallon de Riége, où ils sont situés. 

Ces brèches recèlent donc toujours, comme celles que 
nous avons déjà indiquées, des ruminans et principalement 
des cerfs. Avec une espèce assez rapprochée du cerf ordi- 
naire, l’on y découvre des débris du cerf à bois gigantesques, 
et diverses espèces d’élans. Les chevaux y ont aussi des re- 
présentans, ainsi que les pachydermes des genres éléphant et 
hippopotame. C’est du milieu des couches d’eau douce que 
l’on découvre de nombreux débris de l'elephas meridio- 
nalis de M. Nesti. ? 

Enfin, à une grande distance de la Méditerranée, à Ville- 
franche (Aveyron), qui en est séparée par environ vingt my- 
riunètres, l’on découvre, dans les fentes du calcaire juras- 
sique, des brèches osseuses empâtées, et avec elles toujours 
des ruminans du genre cerf, Des recherches fort superficielles 
nous y ont déjà fait reconnaitre plusieurs espèces de ce genre, 
et avec ces débris de mammifères des Lelix nemoralis con- 
servant encore leurs couleurs. 

Les ruminans caractérisent également les brèches osseuses 
de Villefranche (Haute-Garonne), quoique celles-ci remplis- 
sent les fentes du calcaire moellon. Ce sont toujours des cerfs 
et avec eux des moutons, ainsi que des rongeurs du genre 
lapin. Mais ces brèches, comme ceiles de Sète, recèlent un 
genre de pachyderme inconnu dans la nature vivante : genre 

Mérm. du Museum. 1. 18. JTE 


102 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


nommé chæropotame par M. Cuvier (1), et qui est peu éloigné 
de nossangliers, si ce n’est par la forme de ses canines. C’est 
le second exemple que nous fournissent les brèches osseuses 
de genres totalement perdus. Avec ces mammifères terres- 
tres, l'on observe des coquilles terrestres et fluviatiles, parmi 
lesquelles il en existe de bien particulières, et entre autres 
des bulimes à bouche à gauche, comme le cocklogena in- 
terrupta de M. Daudebard, mais dont la longueur n’est pas 
moindre de cent cinq millimètres. Ces bulimes sont accom- 
pagnés de différentes espèces d’elix. Ces brèches méritent 
d'autant plus d’être signalées que, comme celles que nous 
venons d'indiquer, elles se trouvent à environ quinze ou 
seize myriamètres de la Méditerranée, et par conséquent 
tout-à-fait dans l’intérieur des terres. 

Les brèches de Perpignan (Pyrénéesorientales), qui, comme 
les précédentes, se sont logées dans les fentes du calcaire 
moellon, sont également fort remarquables. Les ruminans y 
dominent, soit le cerf à bois gigantesques, soit une espèce 
de fort petite taille, soit un ruminant assez semblable à nos 
moutons. Des rongeurs les accompagnent, et le genre castor 
y a des représentans, comme il en a dans nos cavernes. Il en 
est de mème des carnassiers, qui y sont signalés par un ours 
assez rapproché de lours noir d'Europe, mais qui en diffère 
essentiellement par le grand aplatissement de son front. Ce 
caractère nous a porté à considérer cette espèce fossile comme 
nouvelle, et à lui donner le nom d'ursus metopoleainus. 

Les oiseaux ont également laissé de leurs débris dans les 


(x) Voyez Recherches sur les ossemens fossiles ; t. 3, p. 360. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 103 


brèches de Perpignan; chose remarquable, les genres que 
Von y observe appartiennent à la famille des gallinacées et à 
des espèces de la taille du grand coq doré. Ainsi, les galli- 
nacées ne sont pas aussi rares, parmi les oiseaux fossiles, qu’on 
lavoit supposé, puisque nous en avons démontré l'existence 
dans deux de nos localités, Sète et Perpignan. Il résulte donc 
des faits précédens, 1°. que la population antédiluvienne des 
brèches osseuses empâtées se compose principalement de ru- 
minans et de rongeurs; les premiers y sont les plus générale- 
ment répandus, tandis que les seconds, lorsqu'ils existent, 
s’y montrent en nombre considérable sous le rapport de leurs 
individus. 

20, Qu’après les ruminans et les rongeurs, les solipèdes et 
les pachydermes y sont le plus généralement disséminés, 
surtout le genre rhinocéros, qui signale également les terrains 
à ossemens des cavernes, et dont une espèce est si abon- 
dante dans les terrains marins supérieurs. 
© 30. Que les carnassiers, loin d’être étrangers à la popula- 
tion des brèches, même ceux de la plus grande taille, la ca- 
ractérisent également, puisque des hyènes, des lions, des 
panthères et des ours se montrent dans certaines de ces brè- 
ches osseuses. 

4°. Que les oiseaux et les reptiles, quoique moins com- 
muns au milieu des brèches que les mammifères terrestres 
qu’ils accompagnent, semblent cèpendant en caractériser la 
population, comme ils le font pour celle des cavernes à osse- 
mens; qu'il est même remarquable que les mêmes familles 
de ces deux ordres d'animaux existent dans ces différentes 
formations. +: LD 


104 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 

50, Que partout l’on ne découvre, dans le ciment ou la 
pète des brèches osseuses que des coquilles terrestres et flu- 
viatiles, principalement les cyclostoma elegans et le bulimus 
decollatus, si abondans au milieu des limons à ossemens de 
n0s cavernes. 

6°. Que la population des brèches se compose, 1°, d’ani- 
maux dont les analogues ne vivent plus aujourd’hui que dans 
les régions les plus chaudes de la terre; 2°. d’autres dont les 
espèces vivent encore dans les régions tempérées; 3°. enfin, 
d’un très-petit nombre des régions glacées du nord, tels que 
les lagomys ou lièvres sans queue. 

7°. Que les genres ou les espèces perdus, ensevelis'au mi- 
lieu de nos brèches, se rapportent presque uniquement à des 
genres dont les analogues ne vivent plus aujourd’hui que dans 
les latitudes les plus chaudes; ou à des espèces qui ont les 
mêmes genres d'habitation. 

Mais pour se faire une idée aussi générale que possible de 
l’ensemble de la population qui a été ensevelie dans les fentes 
verticales ou longitudinales des terrains tertiaires et secon- 
daires, il est nécessaire d'indiquer, d’une manière sommaire, 
les différentes espèces fossiles découvertes dans les cavernes 


de l’Europe. 
CHAPITRE X Y. 


Apercu général sur les cavernes à ossemens. 


L’existence des cavernes à ossemens, qui constitue un des 
phénomènes naturels les plus curieux et les plus intéressans 
pour la science, semble se multiplier tellement depuis que 


DES GAVERNES DE LUNEL-VIEIL, 105 


l'attention des géologues est fixée sur ce genre de phéno- 
mènes, que l’on ne sauroit trop multiplier les observations 
propres à éclaircir l’histoire de leur formation. 

Parmi ce grand nombre de cavernes à ossemens, celles de 
la Hongrie et de la Westphalie, connues depuis une époque 
déjà assez reculée, sont d’autant plus remarquables, qu’elles 
semblent liées les unes aux autres, les montagnes où elles se 
trouvent ayant une certaine continuité. Les diverses chaines 
où elles existent n’offrent entre elles que de légers intervalles, 
à l'exception cependant de celles de la Westphalie, qui ne 
tiennent pas aux autres d’une manière aussi évidente. Les ca- 
vernes à ossemens de la Carniole semblent en dehors de ce 
premier système, à en juger par leur position, quoiqu'il soit 
possible qu’elles en dépendent par des intermédiaires qui 
ne nous sont pas connus. 

Quoi qu'il en soit, ces cavernes, ouvertes dans le calcaire 
secondaire, appartiennent, du moins pour les roches où elles 
se trouvent, au même système de formation. Elles renfer- 
ment à peu près toutes les mêmes espèces de mammifères 
terrestres. 

On peut de même y signaler les herbivores que l’on voit 
dans les nôtres, c’est-à-dire des cerfs, des bœufs, des che- 
vaux et des sangliers, avec quelques débris d’éléphans. Ces 
cavernes diffèrent plus des nôtres, sous le rapport des car- 
nassiers qu’elles recèlent, que sous celui de leurs espèces 
d'herbivores. Les ours y sont singulièrement en excès sur les 
autres carnassiers ; tandis que dans les nôtres, le genre hyène 
domine essentiellement. Aussi les cavernes de l'Allemagne 
recèlent-elles jusqu’à trois espèces de grands ours, le spe- 


106 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


lœus, V'arctoideus et le priscus ; avec elle, l’on observe des 
ours fort rapprochés du glouton. Deux espèces de grands 
fes, le spelæa et l'antiqua, se montrent avec ces ours; 
elles sont accompagnées d’autres carnassiers peu éloignés du 
loup ou du chien de berger, du renard et du putois. 

La plupart de ces espèces fossiles sont à peu près généra- 
lement répandues dans les cavernes de l'Allemagne, sur un 
espace de plus de deux cents lieues. Il en est de même dans 
les cavernes de la Carniole, quoique leur position plus rap- 
prochée du littoral de la Méditerranée semble les éloigner de 
la chaine où l'on observe les cavernes de la Hongrie, de PAl- 
lemagne et de la Westphalie. Partout les os fossiles se mon- 
trent, comme ceux des brèches, dans leur vraie nature ani- 
male; partout encore ils sont accompagnés de fragmens d’un 
marbre bleuätre, semblables à ceux que l’on observe dans 
les brèches osseuses des côtes de la Méditerranée, telles que 
celles de la Dalmatie, de Nice, d'Antibes, de Sète et de Gi- 
braltar. 

Les mêmes espèces se remontrent également, et à peu près 
avec les mêmes circonstances, dans les nombreuses cavernes 
de l'Angleterre. Ce sont toujours des herbivores, principale- 
ment des cerfs, des bœufs et des chevaux, associés et con- 
fondus dans le même limon avec des débris de carnassiers. 
Ceux-ci y sont principalement représentés par des hyènes, 
tandis que les ours, contrairement à ce que l’on observe dans 
les cavernes de l'Allemagne, y sont assez rares. D’autres car- 
nassiers du genre feds, analogues à nos tigres et à nos lions, 
les accompagnent, et avec eux existent des loups, des renards, 
coï’mme dans les cavernes de Lunel-Vieil. pt, 


DES, CAVERNES DE LUNEI-VIEIL. 107 


Les cavernes de l’Angleterre recèlent en outre de grands 
pachydermes, tels que des éléphans, des hippopotames et 
des rhinocéros. Un squelette à peu près entier, de ce dernier 
genre, a été découvert dans les cavernes du Derbyshyre; en 
sorte que, par rapport à cet individu, on ne peut douter 
qu'il n’ait été entrainé par une violente inondation. Des ron- 
geurs des genres lapin et rat composent également cette 
antique population, et prouve que partout les cavernes à 
ossemens ont été remplies par des limons analogues, qui 
présentent, pour la plupart, la même association d'animaux. 

Le nombre des ossemens fossiles qui existent dans cer- 
taines cavernes de l'Angleterre, est également fait pour éton- 
ner, On a évalué que, dans la caverne de Kuhloch, leur masse 
pouvoit être d'environ cinq mille pieds cubes. Cependant 
cette énorme masse d’ossemens ne paroit y avoir été trans- 
portée de loin; car la plupart de ces os, qui appartiennent 
au genre ours, ne semblent ni usés, ni altérés par l’action des 
eaux. Dans la caverne de Banwell, l’on a trouvé un si grand 
nombre d’ossemens de bœufs, de daims, d’élans, mêlés à 
des os de loups et d’ours gigantesques, que le tout formoit 
une masse de plus de quarante pieds d'épaisseur. Ces os, 
dans un état de conservation aussi parfait que ceux de nos 
cimetières, paroissent avoir été entrainés par des alluvions 
dans cette cavité, car elle n’a d'autre ouverture qu’une issue 
en forme de tuyau, qui, avant d’être encombrée par du sable, 
du limon et des fragmens de roche calcaire, communiquoit 
avec le sol extérieur. 

Pendant long-temps l’on n’a connu en France d’autres 
cavernes à ossemens que le trou de Fouvent, département 


108 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


de la Haute-Saône, où l’on a rencontré des hyènes avec des 
débris d’éléphans, de rhinocéros et de chevaux; mais depuis 
la découverte que nous avons faite des cavernes de Lunel- 
Vieil, l'on a reconnu que ce phénomène étoit aussi commun 
en France qu'en Angleterre et en Allemagne. 

Les plus remarquables de ces cavernes sont celles que 
M. Buckland a découvertes dans le département du Doubs et 
dans les environs de Besançon. Ces cavernes, situées à Oi- 
selles ou Quingey, sur les bords du Doubs, à cinq lieues au- 
dessous de Besançon, sont ouvertes dans le calcaire jurassique 
compacte, comme les cavernes à ossemens de la Franconie. 
Le limon à ossemens, mêlé de fragmens de pierres et de cail- 
loux roulés, y est recouvert par une couche stalagmitique 
assez solide (1). Ainsi, cette caverne est du même ordre qu'un 
grand nombre d’excavations, dont les montagnes de la Hon- 
grie, de l'Allemagne, et d’une partie de la France et de l’An- 
gleterre sont percées, et qui toutes recèlent, en plus ou moins 
grande abondance, des ossemens d'animaux étrangers pour 
la plupart à notre climat. 

Les ossemens y sont éparpillés dans le limon et les cailloux 
roulés avec la même irrégularité que dans les cavernes d’AI- 
lemagne, d'Angleterre et de Lunel-Vieil. Ces ossemens ont 
appartenu à des animaux de tous les äges; M. Buckland y a 
trouvé une quantité d'épiphyses éloignées des os auxquels 
elles se rapportoient, et mêiées confusément avec du limon, 
des cailloux roulés et d’autres os. 

Ces ossemens se rapportent, à ce qu’il paroît, principale- 
VIE D SYONTIE UMOMERN ON EN ON | MANN RS DORE 


{1) Annales des Sciences naturelles, t. 10, mars 1827, p. 306. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 109 


ment à l'ours des cavernes (rsus spelæus), en sorte que 
M. Buckland suppose qu'il en a été de la caverne d'Oiselles 
comme de celles de Muggendorf et: du Hartz, c’est-à-dire 
qu'elle avoit été habitée par ces animaux avant l'introduction 
du limon et des cailloux roulés qui les ont comblées. Il observe 
encore qu'avec ces débris d'ours, l’on découvre une certaine 
quantité de petites côtes d’autres-animaux, en sorte que des 
recherches ultérieures pourroient bien y faire découvrir des 
restes de hyènes, de loups.et de tigres. D'après ces faits, l’exis- 
tence des côtes en grand nombre; et l'absence de touté mar- 
que de dents sur les plus grands os ne permettent pas de les 
regarder comme des repaires d'hyènes. 7 

M. Buckland dit avoir observé des dents d’ours SOA PE 
à celles qu'il avoit trouvées. en si grande abondance dans la 
grotte d'Oiselles, dans la collection de M. Fargeau, de Be- 
sançon, dents qui provenoient dés mines de fer oxidé pisi-. 
forme exploitées près de cette ville: Hrappelle également que 
M:Brongniart avoit déjà découvert, dans un endroït peu éloi- 
gné de cette localité, des os placés dans des trous et dans des 
ouvertures à la surface d’un roc d'un calcaire tertiaire ; mais 
il n’a pas eu le temps de constater.si le minerai de frs con 
tenant les dents d’ours, venoit d’une fente, d’une caverne, ou 
bien d’un de ces dépôts superficiels du diluvium ferrugineux, 
qui abondent sur les rocs oolitiques de cette formation. Il 
en conclut pourtant que, dans l’'un.et l’autre cas, ceë dents 
d'ours seroient antédiluviennes, et presque contemporainés 
de celles de la grotte d’Oiselles ; mais ne peut-on pas en con- 
clure également que, puisque partout les ossemens d’éurs, 
d'hyènes et. d’autres animaux sont confondus dans le même 

Mérm. du Muséum. 1. 18. 15 


110 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


limon, c'est par ce qu'ils ont été rassemblés par une même 
cause, qui les a plutôt réunis dans des fentes, des trous et 
des cavités, que partout ailleurs, par suite du vide qu'elles 
présentoient. Du moins, s’il y a identité entre les espèces 
d’oursdes cavernes et celles ensevelies dans des fentes ou dans 
des trous étroits, il est probable que les unes et les autres 
ont été transportées dans les lieux où on les observe aujour- 
d'hui par une cause dumème genre, surtout lorsqu'on est 
forcé de considérer ces espèces comme contemporaines. 

M. Buckland rapporte une observation qui confirme plei- 
nement ce que nous avons dit sur l'éloignement des brèches 
osseuses de la Méditerranée. Cet habile géologue dit avoir 
observé sur le côté de la route, à une lieue nord-ouest de 
Champlitte, une fente entièrement remplie d'argile ferrugi- 
neuse, et près d'elle une masse isolée de brèches précisément 
identiques avec celles qui forment la matrice des os trouvés 
dans des fentes à Sète et à Gibraltar. Les fragmens de pierre 
contenus dans cette brèche étoient du calcaire jurassique 
compacte; probablement elle contient des os comme toutes 
celles du mème genre. Ainsi, à mesure que l’on observera 
mieux les fentes des rochers calcaires, l’on reconnoîtra de 
plus en plus combien le phénomène des brèches osseuses et 
des cavernes à ossemens est général; et par suite, qu’il a été 
produit par des causes du même genre, c’est-à-dire par une 
sorte de remplissage ; ainsi que M. Bertrand, Geslin, Huot, 
et un de nous l’ont supposé. 

Cette opinion n’est point celle que M. Cuviera adoptée, en 
rendant compte à l’Académie des Sciences de l& découverte 
faite à Oiselles, par M. Buckland. Cet illustre savant observe 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIFIL. 11 
que, sans vouloir entrer dans aucune discussion, soit sur la 
formation des cavernes, soit sur la manièré dont on peut se 
rendre compte de la présence des ossemens qu’elles renfer- 
ment, tout porte à croire que ces ossemens appartiennent à 
des animaux qui y ont vécu et y sont morts paisiblement. 
L'état d'intégrité des débris osseux ne permet pas, selon lui, 
de supposer qu’ils y aient été entraînés , soit par des courans 
d’eau, soit de toute autre manière. Cesdébriss' y sontaccumulés 
par un long séjour, et dans la suite, ils y ont été enfouis par le 
limon qu’une grande inondation ÿ a jeté. C’est ce dont on ne 
peut douter, quand on considère que ces os conservent en- 
core leurs proéminences les plus déliées, et que si quelques 
uns ont souffert, c’est qu'ils ont été entamés par les dents 
d’autres animaux semblables. Si les os plats et minces sont 
presque toujours fracturés dans les cavernes, c’est à cause de 
leur fragilité, et parce que le seul poids des animaux qui 
marchoïent ou se couchoient sur eux suflisoïit pour les 
rompre. 

Il paroît pourtant, observe toujours M. Cuvier, qu’à une 
époque quelconque l’eau a pénétré dans la caverne d'Oiselles, 
et y a roulé quelques ossemens fossiles, qui se trouvent brisés 
et mêlés à des caïloux arrondis; mais cette particularité ne 
s’observe que vers l'entrée. A mesure qu’on avance, les os 
sont mieux conservés; et à quatre cents mètres de l’ouver- 
ture, ils se trouvent dans un état parfait d’intégrité. On n’a 
pas poussé les recherches plus avant, quoique la caverne 
d’Oiselles ait jusqu’à sept cents mètres de profondeur. 

L’état d'intégrité de certaines parties d’ossemens fossiles ne 
paroît pas cependant une preuve bien positive que ces osse- 


112 RECHERCHES, SUR: LES OSSEMENS FOSSILES 


mens n'ont pas été entrainés par des courans dans les lieux 
où on les observe, puisqu'il faudroit en dire autant des 
coquilles marines. des terrains d’alluvion, qui conservent 
leurs aspérités les. plus fines, et leurs parties les plusite- 
nues et les plus délicates. On devroit également l'admettre 
relativement aux aroplothertun et aux palæotherium; dont 
on trouve les squelettes à peu près entiers au milieu des 
masses de gypse qui les enveloppent; animaux qui, d’après 
M. Constant Prévost, n’ont pas plus vécu dans les lieux où 
l’on découvre leurs ossemens, que les éléphans, les rhinocé- 
ros, les mastodontes, les palmiers dont nos marnes, nos sables 
aboudent, et qui tous ont été entrainés de points plus ou 
moins éloignés, par des courans habituels ou par des inonda- 
tions subites sur le fond de mer aujourd'hui à sec. Obser- 
vons enfin que, tous les jours, les fleuves entrainent, dans le 
bassin des mers, les cadavres des animaux qui ont vécu sur 
les terres sèches ou dans leur propresein; cadavres qui secon- 
serveroient dans un état d’intégrité parfait, non-seulement 
par rapport à leur squelette, mais encore relativement à leurs 
chairs et à leurs tégumens, s'ils trouvoient, sur les rivages 
lointains où ils sont rejetés , une température assez basse-pour 
les préserver de la putréfaction, comme cela est arrivé aux 
cadavres des éléphans et des rhinocéros du pôle. Tous les 
jours la Méditerranée rejette sur ses rivages des têtes ou d’au- 
tres parties du squelette d'animaux vertébrés qui, malgré le 
ballotage qu'ils ont éprouvé, n’en conservent pas moins leurs 
éminences les plus délicates, et leurs apophyses les plus dé- 
liées. Il en est de même des coquilles fluviatiles et terrestres 
des Alpes que le Rhône et la Durance entraînent dans la 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 113 


Méditerranée. Ces coquilles, malgré leur ténuité, ne mon- 
trent pas plus de traces du transport qu’elles ont éprouvé que 
les ossemens des animaux qui leur sont mêlés. Si ces coquilles 
et ces ossemens passoient à l’état fossile dans les lieux où la 
mer les rejette, leur intégrité pourroit bien tromper sur la 
cause qui les auroit disséminées, et faire présumer qu’elles 
auroient vécu dans les lieux où on les observeroit. 

Pendant que M. Buckland découvroit des caverues à osse- 
mens dans les environs de Besançon, M. Billaudel en faisoit 
autant dâns les environs de Bordeaux. Celles-ci existent au 
milieu des carrières en exploitation sur les bords de la Ga- 
ronne, auprès de, Saint-Macaire, et dans des bans de calcaire 
tertiaire. Elles consistent uniquement en une cavité de forme 
irrégulière, ayant 2 mètr. à 2,35 de longueur, environ 1 mètre 
de largeur au milieu, et seulement 0,50 à son ouverture di- 
rigée vers l’est ou vers l’origine du bassin de la Garonne, et 
à l'opposé du courant de cette rivière. Cette cavité, située à 
vingt-cinq mètres environ au-dessus des basses eaux de la Ga- 
ronne, étoit, suivant M. Billaudel (1), remplie d'une terre 
rousse très-compacte, et d’ossemens tellement enveloppés et 
pressés par celte gangue terreuse, qu'on ne put vider cette 
petite caverne qu'en y ouvrant une fouille à coups de pioche. 
Les ossemens ÿ étoient presque tous brisés; cependant l’on 
y a recueilli quelques humérus et quelques fémurs de bœufs 
encore entiers. Le limon terreux étoit infiltré dans les racines 
des dents, autour des maxillaires, et dans les cavités du crâne. 
Du reste, les ossemens ne paraissoient pas avoir été roulés, 


a —————r 


(1) Bulletin de la Société Linnéenne de Bordeaux , 1. 1, pag. 60, 95, 127 et 319 


11 4 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


ni avoir été amenés de loin, à en juger du moius par leur peu 
d'altération. 

Is conservent de la matière animale, quoiqu'ils soient fra- 
giles. Certaines parties de ces os ont pris cependant une plus 
grande dureté, comme si elles avoient été pénétrées de sucs 
lapidifiques. M. Billaudel ne dit pas si tous les os, qu’il décrit 
comme fossiles, happoient à la langue, caractère que M. Buc- 
kland recommarde de nouveau dans son Mémoire sur les 
cavernes d’Oiselles. Cet habile observateur suppose que la 
propriété de happer à la langue provient de la perte de la 
gélatine animale, lorsqu'elle n’a été remplacée par aucune 
matière minérale; mais cette propriété existe souvent dans 
des os fossiles en partie pétrifiés; M. Buckland en donne lui- 
même la preuve, en faisant observer que cette faculté existoit 
à un haut degré dans des dents d'ours découvertes dans des 
mines de fer oxidé pisiforme. Quoi qu'il en soit de la cause 
qui rend les os antédiluviens si happans, ce caractère est es- 
sentiel à noter; lorsqu'on le joint à ceux que nous avons déjà 
indiqués, il permet de décider, avez plus de certitude, si les 
os que l’on examine sont ou non fossiles. Ce défaut de men- 
tion nous fait douter que les os de taupes, décrits par M. Bil- 
laudel comme contemporains des autres ossemens découverts 
dans la caverne de Saint-Macaire, soient réellement fossiles, 
et de la même époque que ceux de ces derniers. 

Quant aux animaux fossiles des cavernes des environs de 
Bordeaux, ils se rapportent à peu près aux mêmes espèces 
que ceux que l'on observe dans les nôtres : ce sont des hyènes, 
des blaireaux, des sangliers, des chevaux, des cerfs et des 
bœufs, confondus dans le même limon avec quelques co- 


- 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 115 


quilles terrestres. D’après les dessins que M. Billaudel a donnés 
de quelques uns de ces débris, il paroît qu’ils se rapportent 
à des animaux d’âges très-différens. Le crâne qu'il représente 
(pl. IE, fig. 1, 2) a appartenu à une très-jeune hyène, tandis 
qu'il en est tout le contraire des maxillaires et des dents qu’il 
figure dans sa planche Ire. La plapart de ces dents sont tron- 
quées net, comme le sont celles des hyènes adultes. Ainsi, 
les espèces carnassières, et probablement les herbivores, ont 
été réunies dans les cavernes de Saint-Macaire, comme dans 
celles de Lunel-Vieil, dans les âges les plus opposés; il paroît 
que leurs débris ne sont pas plus entiers dans l’un que dans 
l’autre de ces souterrains. La première observation n’a pas 
échappé à M. Billaudel; car il observe que sur huit canines. 
qu'il a recueillies, six ont appartenu à des animaux âgés, et 
deux à une hyène très-jeune : d’où il conclut, avec raison, 
qu’il, y avoit au moins trois individus d'hyène dans les ca- 
vernes qu'il décrit. 

D’après les expériences de M. Billaudel, le limon.à osse- 
mens des cavernes de Saint-Macaire est si peu pénétré de ma- 
üère animale, qu'il semble n’en renfermer aucune trace; cir- 
constance qui, jointe à celle de leur élévation et de leur petite 
dimension, rend peu probable Ia supposition admise, qu’elles 
aient servi de repaire aux carnassiers, quoique certains os y 
présentent des marques évidentes de coups de dent. 

Enfin, nous devons à M. Dumas, naturaliste distingué qui 
habite la petite ville de Sommières, la découverte de cavernes 
à ossemens qui, comme celles de Lunel-Vieil, sont ouvertes 
dans le calcaire moellon. Ces cavernes recèlent à peu près les 
mêmes espèces animales; ce sont pour les carnassiers de 


116 - RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


grandes espèces du genre fels et des hyènes; et pour les her- 
bivores, des chevaux, des cerfs et des bœufs. M. Dumas se 
proposant de décrire ces cavernes avec les détails qu'elles 
exigent, nous devons nous borner à faire observer que les ca- 
vernes de Lunel-Vieil ne sont pas les seules qui soient con- 
nues dans les seconds calcaires marins tertiaires. 

Après les cavernes que nous venons de mentionner, nous 
ferons observer que les ours et les sangliers abondent égale- 
ment dans certaines de ces cavités. On cite de nombreux dé- 
bris d'ours fossiles, principalement de l’ursus gulo, dans les 
cavernes de Sundwich, ours mèlés avec une espèce particu- 
lière de sanglier, nommé sus priscus par M. Goldfuss. Cette 
espèce diffère du sanglier ordinaire par une plus grande lon- 
gueur et une moindre largeur dans sa partie antérieure. 

Les cavernes à ossemens du nouveau continent sont en- 
core plus remarquables sous le rapport des débris de mammi- 
fères terrestres que l’on y observe, puisque ces mammifères 
ont appartenu non-seulement à des espèces, mais encore à 
des genres totalement inconnus dans la nature vivante (x). 
C’est dans les cavernes de Green-Briar, en Virginie, qu'a été 
découvert cet énorme édenté, nommé m#egalonyæ par M. Jef: 
ferson, uom que M. Cuvier à ensuite adopté. Ces cavernes 
recèlent peut-être bien d’autres animaux inconnus, d’autant 
qu'elles ressemblent beaucoup à celles d'Allemagne et de 


(1) Nous n’osons poini parler des cavernes des environs du Soldiers River qui 
se jette dans le Missouri, où l’on a découvert un genre inconnu de grand saurien, 
genre que l’on a nommé saurocephalus, faute de données pour le faire en toute 
connoïssance de cause. La découverte d’un pareil reptile dans une caverne est, du 
reste, nn fait remarquable. 


DES GAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 117 
Hongrie, et qu'il n’est pas présumable qu’il n’y ait péri, ou 
qu'il n’y ait été entrainé qu’une seule espèce (r). 

C'est surtout à l’égard de ces cavernes que l’on peut dire, 
avec MM. Bertrand-Geslin et Huot, que s'il en est qui ont 
servi de refuge à des carnassiers, il en est également qui, par 
le mélange d'animaux que l’on y observe.et qui n’ont jamais 
pu vivre ensemble, annoncent que leurs débris ont dû y être 
entassés, comme dans,les brèches osseuses, par des fentes, des 
crevasses, ou des éboulemens pratiqués aux parois supé- 
rieures de ces cavernes naturelles, et dans lesquelles des al- 
luvions les ont entraîné avec le limon rougeâtre qui les enve- 
loppe assez généralement. Ainsi, les terrains à ossemens des 
cavernes et les brèches osseuses seroient des formations ana- 
logues, dont la date pourroit être donnée, par le plus ou 
moins de différence des fossiles que l’on y observe avec nos 
espèces actuelles, si nous ne trouvions pas dans les mêmes 
formations des espèces et même des genres perdus, confon- 
dus et mêlés avec des races très-rapprochées de nos races ac- 
tuelles. Aussi, faute de caractères zoologiques suflisans pour 
différencier ces deux ordres de formations, les brèches os- 
seuses sont probablement contemporaines des limons à osse- 
mens des cavernes, puisque si dans les unes, l'on découvre 
des palæotherium , dans les autres, l’on déterre des mega- 
lony x, animaux encore plus différens de nos espèces actuelles. 

Du reste, la plupart des animaux fossiles des cavernes se 
retrouvent peu à peu dans les terrains d’alluvions les plus 
clairs et les moins douteux. En effet, la présence des ours, 

(1) Transaction de la Société philosophique de Philadelphie, 1. 4, p: 246. 

Mém. du Muséum. 1. 18. 16 


118 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


des tigres, des lions et des hyènes dans ces derniers terrains, 
comme dans les cavités souterraines, n’est point sans impor- 
tance pour la solution de la question qui nous occupe, d’au- 
tant que l’ours des cavernes se retrouve aussi bien dans les 
sables des terrains marins supérieurs, qu’au milieu du limon 
rougeàtre des cavernes, et qu'il en est de mème des hyènes, 
des grands lynx et des panthères. 

La population des cavernes, très-rapprochée de celle des 
brèches osseuses , n’en diffère done que par la présence d’une 
plus grande quantité de carnassiers des genres ours, hyènes 
et felis. À part cette différence et celle qui résulte de la pré- 
sence de deux genres inconnus, aperçus dans certaines fentes 
verticales du midi de la France, il y a une analogie remar- 
quable entre les deux populations. Cette analogie peut faire 
supposer que la réunion de tant d'animaux de mœurs et d’ha- 
bitudes si différentes a été produite par une cause de même 
nature, et que les alluvions, dont les effets ont été si multi- 
pliés sur la surface du globe, peuvent bien y être étrangères. 

Les alluvions semblent du moins avoir entrainé les animaux 
des brèches osseuses dans les fentes étroites où ils sont réunis 
souvent en nombre immense; car lon ne peut supposer des 
cerfs, des bœufs, des rhinocéros, des lions, etc., vivant dans 
de pareilles fentes, lors même que, comme celles de Sète, 
elles ne s’étendroient pas au-dessous des mers actuelles. Ces 
alluvions peuvent bien également avoir exercé leur action 
relativement à certaines cavernes, dont les issues sont très- 
étroites, et le niveau très-élevé au-dessus du sol inférieur; 
telles sont, par exemple, les cavernes de Dream-Lead que 
nous avons déjà signalées. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 119 


Or, si les brèches osseuses et certaines cavités à ossemens 
ont été comblées par un phénomène de remplissage, pour- 
quoi ne pas le supposer également pour les cavernes où rien 
n'indique le contraire? On le peut, ce semble, avec d'autant 
plus de raison, que de pareilles réunions ont été produites 
dans une infinité de lieux par des alluvions, et que les allu- 
vions devoient surtout combler les cavités. Ainsi le dépôt de 
Canstadt offre des hyènes en quantité presque aussi considé- 
rable que nos cavernes et celles de l'Angleterre. Ce genre se 
retrouve également avec de grandes espèces de felis et d’ours, 

‘ainsi qu'avec des lynx, des panthères, dans les sables des 
terrains marins supérieurs, Où se montrent aussi des débris 
d’éléphans, d’hippopotames, de rhinocéros, de cerfs, de 
bœufs, de chevaux et de rongeurs, et une foule d’autres es- 
pèces anologues à celles des terrains à ossemens des cavernes. 
Aussi à mesure que l’on observe les terrains d’alluvion, l'on 
reconnoît de plus en plus que les carnassiers sont loin d'y 
être aussi rares qu'on l’avoit supposé. 

Enfin, on ne peut plus douter que les brèches osseuses et 
les limons à ossemens des cavernes n'aient été produits par 
les mêmes alluvions, lorsqu'on les voit réunis comme daus 
les cavernes de Bize. Ces cavernes, découvertes par M. Tour- 
nal fils, à trois kilomètres au nord du village de Bize, près 
du lieu nommé Las Founs, présentent ce fait jusqu’à présent 
inaperçu, de la réunion du limon à ossemens et des brèches 
osseuses dans le même lieu et avec les mêmes circonstances. 

Ces cavernes, connues sous le nom de grottes de Bize, ou 
des Moulins ou de Las Founs (Aude), sont au nombre de 
deux : les gens du pays en comptent bien trois; mais comme 


120 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


troisième est peu étendue, qu’elle communique avec celle 
qui est la plus cepisinttigles on doit la considérer comme 
une dépendance de celle-ci. 

Les ouvertures naturelles, par lesquelles on pénètre dans 
les cavernes de Bize, sont aussi vastes que spacieuses; par 
cela même, les limons à ossemens ont pu s’y introduire avec 
toute facilité; et aussi dans certaines parties ces ossemens sont 
aussi abondans qu'ils peuvent l'être dans un cimetière. 

Ces cavernes présentent ce fait particulier, peut-être jus- 
qu'à présent inaperçu, de réunir une grande quantité d’osse- 
mens nou-seulement disséminés dans le limon, mais fixés à 
leur voüte et sur leurs parois latérales. Ces ossemens s’y mon- 
trent adhérens avec des coquilles terrestres si peu altérées, 
qu'elles conservent encore une partie de leurs couleurs, et 
cela par l'intermédiaire d’un ciment fort dur, qui n’est, du 
reste, qu'une sorte de limon endurci. L’on y observe égale- 
. ment quelques ossemens humains, soit parmi les ossemens 
fixés au plafond, soit parmi ceux que l’on voit épars au mi- 
lieu du limon noir. Dans ce dernier, qui est supérieur au li- 
mon rouge, les ossemens humains, mêlés à des anoglochis 
d'espèces perdues, sont de plus accompagnés par des pote- 
ries; en sorte que, d’après ces faits, ces cavernes présente- 
roient, comme la fameuse fente de Koestritz, des espèces Les 
semblent perdues depuis les temps historiques. 

Quant aux ossemens, ils sont pour la plupart brisés, frac- 
turés, et couverts de fissures plus ou moins profondes, les- 
quelles font supposer qu'ils étoient déjà séparés des chairs qui 
les recouvroient, lorsqu'ils ont été entrainés avec les limons 
et les cailloux roulés. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. [21 


Ces ossemens se rapportent presque uniquement à des 
herbivores; car parmi la grande quantité que nous en avons 
retiré, nous n'avons découvert que deux ou trois fragmens 
qui signalent des carnassiers, soit du genre chien, soit du 
genre felrs. La presque totalité se compose donc de‘chevaux, 
de cerfs, des sous-genres anoglochis etcatoglochis, de bœufs 
et de rongeurs des genres lapin et rat. Quelques débris d’oi- 
seaux accompagnent ces mammifères terrestres, mais ils y 
sont fort rares. Enfin quelques coquilles terrestres des genres 
helix, cyclostoma et bulimus, sont mêlés aux débris osseux, 
et se montrent comme eux dans le limon ou fixés au plafond, 
ou enfin sur les parois latérales des cavernes de Bize. 

Les dernières cavernes que nous signalerons ont été décou- 
vertes auprès du village d’Argou, dans les Pyrénées orien- 
tales, par M. Farines de Perpignan, et l’un de nous, M. de 
Serres. Ces cavernes se montrent également dans le calcaire 
secondaire; leurs ouvertures sont encore plus vastes que 
celles des cavernes de Bize. Les grottes d’Argou ont cela de 
particulier, d’être ouvertes par le haut, et d’offrir autant d’os- 
semens à leur extérieur que dans l’intérieur des diversés ca- 
vités qui en font partie. En effet, les ossemens sont répandus 
tout aussi bieu sur une petite plate-forme qui se trouve en 
avant des cavernes d’Argou, que dans ces cavernes où ils se 
montrent disséminés dans trois couches différentes de limons 
sablonneux. Ces limons sont d'autant moins solides, qu'ils 
appartiennent aux couches les plus inférieures, en sorte que 
là où ils sont pulvérulens, les ossemens et les cailloux roulés 
paroïssent également dans une plus grande abondance. 

Ces ossemens sont encore plus brisés et fricturés que ceux 


1272 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


des cavernes de Lunel-Vieil.et de Bize, et à tel point, que 
nous n'avons pas pu y découvrir un os quelconque entier. Ils 
signalent à peu près tous des mammifères terrestres herbi- 
vores, surtout des chevaux qui là, comme dans les autres 
cavités souterraines du midi de la France, sont singulièrement 
en excès sur les autres espèces. Après les chevaux, viennent 
des cerfs, des bœufs, des rhinocéros et des sangliers. L'on 
n’y voit point de rongeurs, ni d'oiseaux , ni de coquilles ter- 
restres, du moins jusqu'à présent nous n’en avons découvert 
aucune trace. 

En résumé, l'on peut conclure de ces faits, que les cavernes 
à ossemens et les brèches osseuses sont des phénomènes 
analogues, et trop généralement répandus pour re pas avoir 
été produits par une cause qui a agi d’une manière assez gé- 
nérale. Cette cause paroïît être la même que celle qui a dis- 
persé les diverses sortes de diluvium sur nos continens. On 
peut d'autant plus le conjecturer, que les limons à ossemens 
cessent dans les lieux où, par suite de l’élévation du sol au- 
dessus du niveau de la mer, le diluvium n’est point parvenu. 
De même la présence des ossemens est liée à celle des cail- 
loux roulés ou des roches fragmentaires, ou enfin de tout 
autre dépôt d’alluvion; car lorsque les unset les autres n’exis- 
tent pas, les ossemens ne s'y montrent pas non plus de même 
que dans les fentes ou les cavités, dont les ouvertures sont 
trop étroites pour que les ossemens aient pu y pénétrer. Aussi 
la grandeur, mais non le nombre des ossemens disséminés 
dans les cavernes ou les fentes, dans lesquelles les brèches 
osseuses se sont formées, est-elle proportionnelle à celle des 
dimensions des ouvertures qui les ont reçus. 


DES CAVEMNES DE LUNEL-VIEIL. 123 


Quant à l'accumulation des ossemens dans des espaces aussi 
resserrés que le sont les cavernes et les fentes où se montrent 
les brèches osseuses, elle n’est peut-être pas plusextraordinaire 
que l’amoncellement sur des points extrêmement ‘restreins 
de ces bancs coquilliers ; si riches en espèces’et en individus, 
tels, par exemple, que le fameux banc de Grignon, et tant 
d’autres que nous pourrions citer. Cet amoncellement a été 
produit par des inondations opérées par les eaux courantes 
ou par les eaux marines, soit qu'il se rapporte aux débris 
des mollusques, soit qu'il ait eu lieu pour les ossemens des 
mammifères. Dans d’autres circonstances cependant, il semble 
le résultat naturel de la retraite des mers dans le bassin qu’elles 
occupent aujourd’hui. 

Si donc l’on peut supposer, pour certaines cavités souter- 
raines, que cet amoncellement a été effectué par les carnas- 
siers, on ne peut pas du moins l’admettre pour toutes, puis- 
qu'il en est, comme celles de Bize et d’Argou, où l’on ne 
découvre presque pas de traces de pareils animaux. Du reste, 
dans toute hypothèse, on ne peut s'empêcher de reconnoître 
que des alluvions ont entrainé, dans ces cavités, les limons 
et les cailloux roulés qui les remplissent en partie, et que, 
dans certaines circonstances, ces alluvions ont été tellement 
puissantes, qu’elles ont porté jusqu’au plafond des cavernes 
les ossemens, les coquilles, les cailloux roulés et les limons 
que lon y voit fixés. 

Si les alluvions ne sont pas la véritable cause de cet ordre 
de phénomènes, il restera toujours à expliquer le rapport et 
l’analogie qui existent entre les animaux des cavernes, des 
brèches osseuses, et ceux que l’on voit ensevelis au milieu 


124 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 

des dépôts d’alluvion; soit qu'ils aient été produits par les 
eaux des mers, soit qu’ils l'aient été par les eaux courantes. 
Dans ce dernier cas, la similitude entre les espèces détruites 
est tellement frappante, que les terrains d’alluvion fluviaule 
semblent en quelque sorte des cavernes extérieures, si on 
a égard à la grande quantité d’ossemens et d’excrémens de 
carnassiers que l’on y observe. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 125 


LIVRE IL. 


DES OSSEMENS FOSSILES DÉCOUVERTS DANS LES CAVERNES 
DE LUNEL-VIEIL. 


CHAPITRE PREMIER. 


Du nombre relatif des différentes espèces fossiles. 


Les cavernes de Lunel-Vieil ont offert jusqu’à présent 
trente-deux ou trente-trois espèces de mammifères terrestres, 
qui se composent, 

10. De quatorze espèces de carnassiers ; 

2°. De cinq rongeurs; 

30. De sept pachydermes ; 

4°. De sept ruminans; 
ou dix-neuf espèces de carnassiers sur trente-trois, c'est-à- 
dire moins des deux tiers de la totalité, 

Ce rapport annonce que de toutes les cavernes à ossemens 
du midi de la France, celles de Lunel-Vieil sont celles où le 
nombre des carnassiers est le plus considérable relativement 
aux herbivores. En effet, dans celles des environs de Som- 
mières, il y en a un moins grand nombre, et l’on en voit à 
peine quelques débris dans les cavernes de Bize, et aucune 
trace dans celles d’Argou. 

Quant aux espèces d’herbivores ensevelies dans les cavernes 

Mém. du Muséum. 1. 18. 17 


126 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


de Bunel-Vieil, elles n’y sont-pas également communes; cer- 
taines y ont laissé de nombreux débris, tandis que d’autres y 
ont à peine laissé quelques traces. Parmi les genres d’herbi- 
vores que l’on peut signaler comme ceux dont les débris sont 
les plus abondans, l’on doit signaler au premier rang : 

1°. Les cerfs; 

20, Les bœufs; 

30, Les chevaux. 

Les espèces de ces trois genres devoient être bien com- 
munes à l’époque où elles ont été entrainées dans nos cavi- 
tés, soit que l’on détermine leur nombre relatif par les débris 
osseux qu'elles ont laissés, ou par les dents que l’on en ren- 
contre. Il est remarquable que, mème pour ces espèces es- 
sentiellement herbivores, le nombre des dents observées soit 
en proportion avec les autres parties de leur squelette, quoi- 
que l’on en ait rencontré de tous les âges. 

Parmi les carnassiers, le genre essentiellement dominant 
est le genre hyène; mais les débris que l’on en découvre n'an- 
noncent pourtant pas un grand nombre d'individus. 

Généralement les têtes de carnassiers sont hors de propor- 
tion avec les autres ossemens, c’est-à-dire qu’elles sont beau- 
coup plus nombreuses, signalant un plus grand nombre d’in- 
dividus qu'on ne le supposeroit d’après celui des ossemens. : 
Cette remarque s'applique presque uniquement aux carnas- 
siers du genre hyène. 

Les excrémens deshyènes, auxquels M. Buckland a appliqué 
le nom d'album græcum, dont les médecins de lantiquité 
se sont servi pour exprimer des objets analogues, paroïissent 
un peu hors de proportion. Avec le nombre d’ossemens ap- 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 127 


partenant à ce genre, même en faisant abstraction des excré- 
mens qui se rapportent à d’autres carnassiers, tels que les 
loups et les renards qui ont aussi l'habitude de dévorer les 
os (car tous les excrémens trouvés dans nos cavernes ne se 
rapportent pas aux hyènes), certains paroïissent appartenir à 
des carnassiers du genre chien (caris ). 

Le nombre de ces excrémens paroît assez: considérable 
relativement aux ossemens; mais il seroit bien foible si l’on 
suppose qu'ils sont les restes des hyènes qui ont vécu dans 
les cavernes : car si les hyènes ont transporté tous les osse- 
mens que l’on y a rencontrés , il faut qu’elles s’y soient 
succédé pendant bien des générations, et que leur nombre 
ait été bien considérable. 

Après les hyènes, les carnassiers les plus abondans appar- 
tiennent 

1°. Au genre chat ( fes); 

20, Au genre chien (cants). 

Il n’est pas inutile de faire remarquer qu’en signalant 
ces deux genres d’une manière aussi générale, nous faisons 
entrer, dans les genres felis et cants ; la plupart des espèces 
que Linnæus avoit comprises dans les dernières éditions du 
Systema natura. Les détails dans lesquels nous entrerons 
dans la suite seront plus que suflisans pour se faire une idée 
nette des espèces fossiles que nous comprenons dans les deux 
genres que nous venons de signaler. Quant aux carnassiers 
du genre ours, on observe que les débris des ‘espèces très- 
rapprochées de nos grands ours vivans, et en particulier voi- 
sines de l’ours des Alpes (wrsus Alpinus), ne sont pas aussi 
nombreux que dans la plupart des cavernes à ossemens con- 


128 RECHERCHES SUR! LES OSSEMENS FOSSILES 


nues jusqu'à présent. Leur existence y est annoncée par des 
dents et un certain nombre d'os isolés. Le nombre des os dé- 
couverts, qui appartiennent aux ours,.est du reste en rapport 
avec celui des dents que l’on a rencontrées. Dans le principe, 
l’on a cru que les ours étoient bornés au eouloir de l’est, 
mais les fouilles faites dans la grande caverne ont prouvé, 
plus tard, que leurs débris y étoient confondus avec ceux de 
nos grands lions, de nos hyènes, et de nos autres carnassiers 

Les petites espèces du genre ours, rapprochées de nos 
blaireaux, n'ont pas laissé d’abondans débris dans nos ca- 
vernes, en sorte que l’on peut réduire à dix espèces de car- 
nassiers celles dont le nombre paroît avoir été assez consi- 
dérable. Ces carnassiers sont : 

1°. Trois espèces d'hyènes; 

20, Deux espèces du genre chien; 

3. Cinq espèces du genre chat. 

Mais sous le rapport du nombre, les débris des carnassiers 
le cèdent aux herbivores, surtout aux genres cerfs, bœufs 
et chevaux. 

Les débris des herbivores, autres que ceux qui se rappor- 
tent aux trois genres que nous venons de signaler, ne sont 
pas aussi nombreux que ceux des carnassiers. Les moins rares 
appartiennent à des pachydermes du genre sanglier (ss); 
ceux qui se rapportent aux Rhinocéros sont beaucoup moins 
abondans. Les débris des rongeurs sont au contraire assez 
rares, soit ceux qui ont appartenu aux rats ou à des espèces 
du genre lièvre ou lapin (/epus), soit surtout ceux qui se 
rapportent aux castors. En résumant ces faits, on voit que 
les débris des mammifères terrestres, réunis dans nos ca- 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIT. 129 


vernes, dont le nombre considérable est en excès sur ceux 
des autres mammifères, se rapportent à quatre genres prin- 
cipaux, les cerfs, les bœufs, les chevaux et les Ayènes. Ces 
quatre genres seroient donc les caractéristiques des terrains 
à ossemens de nos cavernes. Les blaireaux et les castors se- 
roient au contraire les espèces les plas rares, et dont on a 
trouvé le moins d'individus distincts. 

Quant aux débris des oiseaux, généralement peu abondans, 
ils y sont réduits à un petit nombre d’espèces, ainsi qu’à peu 
d'individus. Leurs débris sont donc aussi rares dans nos li- 
mons à ossemens, qu'ils le sont dans la plupart de nos for- 
mations. Les reptiles qui se rapportent uniquement à des 
reptiles chéloniens du genre des tortues sont au contraire 
assez abondans, si ce n’est en espèces, du moins en indivi- 
dus. Leurs espèces sont toutes de terre, et analogues à celles 
qui vivent encore sur le sol au-dessous duquel celles-ci sont 
ensevelies. Il en est de même des coquilles; les espèces de 
terre ont été trouvées en très-grand nombre dans nos sou- 
terrains, principalement dans la grande caverne, surtout celles 
qui signalent un cyclostome très-voisin du cyclostoma ele- 
gans, et un bulime peu différent du blmus decollatus de 
Draparnaud. 

Enfin au-dessous des graviers et du limon, où se trouvoient 
tous ces débris d'animaux qui ont vécu sur des terres sèches, 
l’on à découvert divers débris de poissons et de coquilles de 
mer; mais ces débris généralement assez rares, à l’exception 
de ceux qui se rapportent au squalus cornubicus, ne s'y 
trouvent probablement que parce qu'ils y ont été entrainé; 


130 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


après avoir été détachés des formations antérieures au dépôt 
des terrains d'alluvion, où gisent les os fossiles. 

Leur nombre est d’ailleurs si peu considérable , compara- 
tivement à celui des débris des mammifères terrestres ense- 
velis dans les limons supérieurs, que la présence de ces corps 
organisés marins ne pourroit seule faire considérer la réunion 
des espèces que nous venons de signaler comme le résultat 
d'une irruption marine, ainsi qu’on l’a supposé. Ces débris 
qui signalent des productions de mer ne se rencontrent dans 
nos cavernes que parce que les courans, qui y ont entrainé 
les galets, les y ont aussi transportés, après les avoir déta- 
chés des formations où ils avoient été ensevelis antérieu- 
rement. | 

D'ailleurs la population antédiluvienne de nos cavernes se 
compose d’espèces essentiellement terrestres; il n’y a d’ex- 
ception que pour une seule, le castor. Les espèces de ce genre 
sont les seules, parmi nos fossiles , dont les représentans ac- 
tuels, vivant au bord ou dans le sein des fleuves, puissent être 
considérées comme fluviatiles; toutes les autres, même nos 
coquilles, sont des terres sèches. Du reste, nos limons à os- 
semens sont de véritables dépôts fluviatiles, produits par des 
eaux douces, dont le cours ne s’est point étendu jusqu’au 
lit des mers. 

Nos cavernes ont encore présenté des vertèbres de petits 
poissons d’eau douce, et quelques débris d'insectes. 

Une dernière question qui nous reste à traiter, est celle 
de savoir si le nombre des herbivores est en excès sur celui 
des carnassiers, non-seulement sous le rapport des espèces, 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL, 131 


ainsi que nous l'avons déjà fait observer, mais encore sous 
celui des individus qui appartiennent à ces animaux ‘aussi 
opposés par leur organisation que par leurs habitudes. 

D'abord on pourroit observer dnisque les herbivores 
offrent un plus grand nombre d’espèces dans nos cavernes 
que les carnassiers, ils doivent aussi présenter un plus grand 
nombre d'individus. En effet, le nombre des individus qui se 
rapportent à nos herbivores des genres cerf, bœuf et cheval 
est plus considérable que celui du genre de carnassiers dont 
on trouve le plus de débris, les hyènes: Mais dans la nature 
actuelle, le nombre des herbivoresest singulièrement en excès 
sur celui des carnassiers; dès lors, ne peut-il pas en avoir été 
de mème dans les temps géologiques. 

Quoi qu'il en soit, le nombre des individus fossiles qui 
ont appartenu aux genres cerf, bœuf et cheval, est plus con- 
sidérable que celui de nos individus qui se rapportent au 
genre hyène; quoique nous n’ayons au plus que deux espèces 
de chevaux, et que nous comptions jusqu’à trois espèces 


d'hyènes. 
CHAPITRE II. 


Du nombre relatif des différentes pièces osseuses des 
squelettes de nos espèces fossiles. 


Après avoir examiné le nombre relatif des différentes 
espèces, étudions le nombre relatif des différentes pièces os- 
seuses du squelette de nos espèces fossiles. 

10, Les os du crâne sont extrèmement rares, séparés; ils 
le sont mème beaucoup plus que les autres portions de la 


132 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


tête, soit pour les carnassiers, soit pour les herbivores. 

2°, Six têtes seulement ont été trouvées à peu près en- 
tières. Ces têtes appartenoient au sanglier, au cheval, au 
blaireau et à l’hyène. L'on a également découvert un cer- 
tain nombre de têtes Mutilées et tronquées, ne conservant 
que l’occiput, et ayant appartenu à des individus d'âges très- 
différens. Jamais les maxillaires inférieurs n’ont été obsérvés 
en connexion avec les têtes dont ils avoient fait partie. Les 
branches des maxillaires inférieurs n’ont pas été trouvées 
non plus réunies entre elles. La présence de ces têtes ou de 
ces portions de têtes, au milieu des limons de nos cavernes, 
semble annoncer, d’une part, que les animaux qu’elles rap- 
pellent n’ont pas dû vivre loin des lieux où on les observe; 
et que de l’autre, le courant qui les a entraînés n’avoit pas 
une grande force impulsive. Aussi ces têtes ont-elles été trou- 
vées près de l’arrivée du courant. 

30. Les côtes sont infiniment rares, soit celles qui se rap- 
portent aux carnassiers, soit celles qui ont appartenu aux 
herbivores. Les côtes se montrent toutes brisées , fracturées, 
et réduites en fragmens peu considérables. Il n’y a d’excep- 
tion que pour une seule côte de lion, d'hyène, de cerf et de 
bœuf. Il est remarquable que, parmi tant d’ossemens, il ÿ ait 
si peu de côtes, et qu’il n’y en ait que quatre d’un peu en- 
tières. Cette circonstance tient-elle à la fragilité, ainsi qu’à la 
forme de cet os? l’on pourroit le supposer, si le rapport des 
os ensevelis s’étoit toujours montré en rapport avec la déli- 
catesse de leur tissu, ou à ce que certains de ces os, comme 
les côtes, par exemple, sont préférés par les espèces carnas- 
sières qui en font leur pâture, 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 133 


4. Les fémurs, quoiqu’ayant un tissu solide, ne sont 
pas fort communs, soit entiers, soit brisés : l’on ne peut citer 
d'à peu près entiers que deux fémurs, l’un de cerf, l’autre 
de cheval. Quant aux autres, on les a trouvés presque tous 
brisés, et réduits au corps de l'os, soit ceux des carnas- 
siers, soit ceux des herbivores. Le nombre des fémurs des 
Carnassiers est, toutes choses égales d’ailleurs, moins con- 
sidérable que ceux des herbivores; aussi la plupart de ces 
derniers sont-ils brisés, et réduits en fragmens souvent peu 
reconnaissables. Il paroît aussi que les os qui se rapportent 
aux membres antérieurs et postérieurs des carnassiers sont 
beaucoup plus rares que ceux des herbivores. La plupart 
sont tronqués dans les deux ordres d'animaux, ce qui a dé- 
pendu peut-être de leur longueur, qui n’est pas en propor- 
tion avec leur dureté, comme cela a lieu pour les canons. 

5°. Les péronés sont plus rares encore, en faisant abstrac- 
tion des espèces qui n'en présentent point; il en est de même 
des rotules et des phalanges onguales, surtout celles qui se 
rapportent aux carnassiers. 

60. Les vertèbres ne sont pas très-communes dans les 
deux grandes divisions des mammifères. La plapart sont bri- 
sées et tronquées; rarement a-t-on pu en raccorder un cer- 
tan nombre, et reconstruire ainsi des portions de colonne 
vertébrale. Deux vertèbres lombaires de cerfs ont été trou- 
vées en connexion; elles étoient retenues dans leur position 
normale par un ciment calcaire endurci. 

7°. Les humérus sont communs, quoiqu’en général il y en 
ait fort peu d’entiers. Il n’en existe dans la plupart que la 
partie inférieure , et cela chez les carnassiers comme chez les 


Mém. du Muséum. 1. 18. 18 


134 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


herbivores. En général le corps des os longs, comme la partie 
la plus compacte et la plus dure, s’est mieux conservé que 
les têtes articulaires qui, contenant plus de substance spon- 
gieuse, sont par cela même plus tendres et moins résis- 
tantes. Il en est de même du pourtour des os plats; ce pour- 
tour est souvent entamé et fracturé, mais, comme l’on pense 
bien, par toute autre cause. 

80. Les radius sont plus fréquens que les humérus, et beau- 
coup plus que les cubitus. Lorsque les radius et les cubitus 
sont réunis ensemble comme chez les bœufs et les cerfs, ou 
sont soudés comme chez les chevaux, les deux os on! été 
trouvés par fois accolés; du moins en avons-nous deux ou 
trois exemples. Nous ferons observer que deux fragmens d’un 
même radius ont été trouvés à deux pieds de distance, et 
comme les deux parties ont pu être coaptées, l’os s’est trouvé 
ainsi entier, de brisé qu’il étoit avant sa jonction artificielle. 

9°. Les tibias sont communs, surtout ceux de cerfs, de 
bœufs et de chevaux; nous n’en avons guère observé plus de 
cinq à six d'à peu près entiers. Les autres, tout brisés, ne 
conservoient que leur partie inférieure. Les os longs ont gé- 
néralement plutôt offert leur partie inférieure que leur ex 
trémité supérieure. 

10°. Les métatarsiens et les métacarpiens sont les plus 
communs des os des herbivores, surtout les canons des cerfs, 
des bœufs et des chevaux. Ceux des carnassiers ne sont pas 
rares, eu égard au nombre d'individus observés. Mais il ne 
faut pas perdre de vue que les os du métacarpe et du méta- 
tarse sont durs et solides en mème temps que leur nombre 
est considérable dans le squelette. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 135 


110, Les omoplates ne sont pas fréquentes; il y en a fort 
peu d’entières, si ce n’est celles des bœufs et des rhinocéros, 
dont on a retrouvé des portions assez bien conservées. 

120, Les os du bassin ne sont pas rares, mais jamais on ne 
les voit entiers; à peine at-on, à force de recherches, trouvé 
quatre ou cinq sacrums, et deux ou trois iléums un peu ca- 
ractérisés. 

13°. Les phalanges onguales des solipèdes, sous le rapport 
de leur nombre, sont au-dessous de celui des canons; ceux- 
ci sont très-communs, tandis que les phalanges sont assez 
rares. Enfin les os du carpe et du tarse sont généralement 
fort rares, soit en raison de leur nombre dans le squelette, 
soit en raison du nombre de nos espèces fossiles. 

En résumé, quelque considérable que soit le nombre des 
ossemens fossiles découverts dans les cavernes de Lunel- 
Vieil, il seroit impossible de reconstruire la moitié seulement 
du squelette d’une seule des espèces dont on y a trouvé les 
débris. On le pourroit d'autant moins, qu’il est certains os 
du squelette qui n’y existent pas, ou dont on n’observe que 
des fragmens. 

L’énumération que nous avous faite, du nombre relatif 
des différentes pièces osseuses de nos espèces fossiles, prouve 
que les diverses parties de squelette n’ont pas été également 
conservées, puisqu'il en est certaines dont on n’a presque 
pas trouvé de traces; qu’il en est d’autres constamment bri- 
sées, et enfin certaines, comme les métacarpiens et les mé- 
tatarsiens, qui se présentent souvent entières. 

Si l’on considère la réunion de tant d’ossemens dans nos 
cavernes, comme produite par les carnassiers dont elles 


136 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 

étüient les repaires, 6n pourroit supposer que si les os les plus 
solides sont généralement les mieux conservés, cela tient à 
ce que les carfiassiérs; qui comme les hyènes ont l'habi- 
tüudé dé lés rotigér, en étoientimoins friands. Trouvant moins 
de moelle dans les canons que dans les autres os, ils les ont 
laissés dans leur d’intégrité sans les ronger, comme ils l'ont 
fait de ceux qui étoient les plus propres à assouvir leur ap 
pétit, comme à satisfaire leur voracité. 

Quant aux dents, leur solidité à dû nécessairement les faire 
durer én favorisant leur conservation. Les carnassiers les 
plus gloutons ne les attaquant jamais, elles ont dû se con- 
server en totalité. Cependant leur nombre n’est guère ‘en 
excès sur celui dés os, ce qui devroit avoir eu lieu au moins 
pour lës herbivores, dont certaines parties du squelette au- 
roient été dévorées. L'on ne voit pas cependant qu'il en soit 
ainsi, puisque le nombre des dents s'est montré assez en pro- 
portion avec les autrés parties du squelette, à l'exception 
pourtant des hyènes dont les têtes, et par suite les dents, 
sont en excès sar les autres ossemens. Il est done de fait, 
pour nos cavernes, que les dents ne sont point en excès d’une 
manière sensible sur les autres parties du squelette, soit re- 
lativement aux espèces, soit à celui des individus qu’elles 
rappellent. Aussi n’avons-nous pas eu l’occasion d'établir une 
seule de nos espèces sur des caractères fournis uniquement 
par les dents, puisqu'il ne s’en est point rencontré qui ne se 
rapportassent à diverses parties des squelettes découverts. 

Si les débris osseux qui se rapportent aux cerfs, aux 
bœufs et aux chevaux sont les plus abondans dans nôs ca- 
velnes, il en est de même de leurs dents. Ges dents annon- 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 187 
cent des individus des âges les plus opposés, car tandis qu'il 
y en a beaucoup de la première dentition, d’autres sont usées 
jusqu’au collet. Cette remarque s'applique aux autres herbi- 
vores, mème aux rhinocéros, aussi bien qu'aux différentes 
espèces de carnassiers, qui sont confondus avec les premiers. 

Quant aux bois, ils ne sont pas en excès sur les ossemens 
des cerfs qu'ils signalent. Peu de ces bois ont été trouvés 
entiers; tous ont présenté leurs extrémités brisées : aussi ont- 
ils peu servi à déterminer les espèces des cerfs qu'ils rap- 
pellent. L'on n’a point découvert dans nos cavernes de traces 
de cornes de bœufs, ni du noyau intérieur, si ce n’est une 
seule douille que possède M. Gautier, Du reste, les crânes 
appartenant à ce genre se sont montrés plus rares que ceux 
des cerfs. 

En résumé, la proportion la plus constante, que l’on ob- 
serve entre le nombre relatif des différentes pièces osseuses 
de nos fossiles, semble pouvoir être établie dans l’ordre sui- 
vant : 

1°, Au premier rang, l'on doit placer les métacarpiens et 
les métatarsiens. 

2°, Les tibias. 

3. Les astragales. 

4°. Les radius. 

5°, Les humérus. 

6°. Les calcanéums. 

7°. Les fémurs. 

Se, Les vertèbres. 

g°. Les crànes. 

Ce rapport, qui ne peut être qu’approximatif, est le même 


138 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


pou# les espèces cernassières que pour les herbivores, ce 
qui indique que les unes et les autres ont subi les mêmes 
causes d’altération comme de conservation. 


CHAPITRE II. 


De l'âge relatif des diverses espèces fossiles des cavernes 
É de Lunel-Vieil. 

En contemplant le grand nombre d'individus de mammi- 
fères terrestres, dont nos cavernes nous ont conservé les dé- 
bris, on se demande si tous ces débris ont appartenu à des 
animaux du même âge, soit jeunes, soit adultes. La plus 
simple comparaison prouve que les individus quis’ y trouvent 
réunis avoient les âges les plus opposés, et que si le plus 
grand nombre étoit tout-à-fait adulte, d’autres étoient jeunes, 
ayant leurs os épiphysés, et leurs dents non encore sorties 
des alvéoles. 

Cette diversité d'age se remarque aussi bien chez les car- 
nassiers que chez les herbivores. Pour en citer des exemples, 
nous dirons que nous avons rencontré des maxillaires de 
felis, dont certaines dents n’étoient point sorties des alvéoles, 
et d’autres ayant leurs dents en partie usées. Ainsi, les pre- 
miers étoient tout-à-fait jeunes lorsqu'ils ont péri, et qu'ils 
ont été transportés dans nos cavernes; tandis que les seconds 
ne sont morts, non-seulement qu'après avoir acquis tout leur 
développement, mais encore lorsqu'ils étoient parvenus à un 
âge rapproché de la caducité. Ce que nous venons de dire 
de nos felis, nous pouvons le dire de nos loups, de nos ours 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIT, 139 


et de nos hyènes. On sait que les derniers de ces carnassiers 
rongent les os, et que par suite de leur voracité, ils usent 
le sommet de leurs dents, à raison du violent frottement 
qu'elles leur font éprouver. Leurs dents ont alors la forme 
de cônes tronqués, du moins leurs molaires; c’est ainsi que 
se présente le plus grand nombre de nos dents d’hyènes, 
qui ont assez généralement leur sommet émoussé et tron- 
qué net, tandis que leurs carnassières sont usées à leur face 
externe ou interne, suivant que leurs dents sont supérieures 
ou inférieures. 

Ainsi nos hyènes, comme les espèces actuelles, devoient 
ronger et briser les os des animaux dont elles faisoiént leur 
pâture; et les nôtres, en particulier, avoient usé le sommet 
de leurs mâchelières à force de triturer des os durs et solides. 
Mais tandis que certaines de nos hyènes paroissent avoir été 
détruites déjà parvenues à l’âge adulte, d’autres iudividus 
sont au contraire tellement jeunes, que les sutures des os de 
leur crâne sont très-apparentes, non ossifiées, et certaines 
de leurs dents ne sont point sorties de leurs alvéoles. 

Nous possédons plusieurs têtes d'hyènes dont le crâne est 
tellement arrondi, qu'au premier abord, on pourroit les 
prendre pour des têtes de felis, et qui ne sont pourtant que 
des têtes d’hyènes jeunes. Si ces têtes offrent le crâne arrondi, 
c’est par suite de la non apparition des crêtes osseuses qui se 
développent avec l’âge, élèvent la tête, et la rendent par 
cela même de plus en plus aiguë; en même temps les sinus 
de la face et du crâne, en se développant, donnent au dia- 
mètre antéro-postérieur et perpendiculaire de la tête une 
étendue plus grande, et la font paroître plus alongée. C’est 


140 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


par suite de cette diversité de développement que les têtes 
des jeunes hyènes s’éloignent par leur forme de celle que ces 
parties prennent lorsque l’animal devient adulte. Il est à re- 
marquer que les rudimens des sinus s'étendent jusqu’à l’oc- 
ciput. Toujours résulte-t-il de ces faits, que nos hyènes ont 
péri dans nos cavernes dans les àges les plus opposés, et que 
les têtes des jeunes individus ne sont ni plus brisées, ni plus 
entières que celles des individus tont-à-fait adultes. 

Les mêmes différences d’âges se font remarquer dans les 
autres carnassiers, en sorte qu'il est de fait qu'ils se trouvent 
dans nos cavernes dans les âges les plus opposés. Si donc les 
diverses espèces y ont réellement vécu, il est tout simple 
qu’on les y trouve dans un âge où la mort a pu naturellement 
les atteindre, mais non pas également dans un àge qui leur 
promettoit une longue existence. Si des carnassiers aussi ter- 
ribles que nos grands lions et nos hyènes s’étoient succédés 
les uns aux autres, en disputant nos repaires aux ours, aux 
lynx, aux loups, aux renards, qui les auroient aussi habités, 
l'on ne devroit pas trouver réunis de jeunes et de vieux in- 
dividus de ces espèces carnassières; car il est diflicile de les 
supposer vivant ensemble de bonne intelligence. Une aussi 
grande réunion de carnassiers, tels que des lions, des pan- 
thères, des ours, des loups et des hyènes, les uns évidemment 
jeunes, puisque certains n’ont que leurs dents de lait et leurs 
os encore épiphysés; les autres tout-à-fait adultes, leurs su- 
tures étant ossifiées, et leurs dents presque tout usées; une 
pareille réunion, disons-nous, n’a pu être produite que par 
une cause violente, qui les aura détruits et rassemblés sans 
égard à leur àge, comme à leurs habitudes, 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 141 


Les herbivores nous présentent les mêmes diversités rela- 
tivement à leur âge; comme les carnassiers, l’on en rencontre 
de tout-à-fait jeunes, et d’autres adultes. Il est même un 
genre d’herbivores dont on peut fixer l’âge avec une grande 
certitude; c’est aussi sur ce genre que nous appellerons l’at- 
tention. On sait que par la manière dont les incisives sont 
creusées comme par l'espèce d’usure de la couronne des ca- 
nines, on parvient à déterminer l’âge des chevaux. En appli- 
quant ces principes à nos chevaux fossiles, et invoquant à 
cet égard les lumières de M. le docteur Pigeaire , nous avons 
reconnu que nos chevaux, comme nos carnassiers, avoient 
été détruits dans les âges les plus opposés; et les détails, 
dans lesquels nous entrerons en parlant de nos solipèdes 
fossiles le prouveront assez. 

Les autres herbivores nous ont présenté les mêmes par- 
ticularités que nos chevaux; nous avons rencontré des dents 
de rhinocéros qui n’étoient point encore sorties de leurs al- 
véoles; tandis que d’autres étoient plus ou moins usées. Des 
humérus se sont montrés avec leurs épiphyses, tandis que 
d’autres n’en présentoient aucune trace. Les individus de nos 
bœufs ont également les âges les plus opposés; plusieurs of- 
frent certaines de leurs dents encore dans leurs alvéoles: 
comme dans les jeunes bœufs, quelques uns ont la troisième 
molaire de leur maxillaire inférieur à trois tubercules, carac- 
tère de cette dent de lait; dans d’autres, au contraire, les 
dents sont plus ou moins usées, usure qui annonce l’âge 
adulte de l’animal auquel elles ont appartenu. Les diverses 
parties du squelette de nos aurochs, comme de nos autres 
espèces de bœufs, signalent également des individus d’âges 

Mém. du Muséurn. 1. 18. 19 


142! RECHEROHES SUR DES OSSEMENS FOSSILES 


tout-à-fait différens; et tandis que certains os ot encore 
leurs épiphyses, d'autres, plus: rs et las rire + 
n’en offrent aucune traces -91700 0 10,20 ne 

Le genre de ruminans où il existe rer de diversité sous 
lerapport de l'âge, c'estisans contredit celui dont les débris 
sont les plus abondans, c'est-à-dire le genre cérf. Les espétes 
dont ce genre se compose ont été réunies dans nos cavernes 
dans les âges les plus différens ; ainsi certains frontaux n’a 
voient pas encore d'indices de bois, d’autres ne suppor- 
toient que des dagues ou des fourches, et enfin quelques uns 
avoient non-seulement le maître andouiller, mais encore plu- 
sieurs andouillers secondaires. Les meules, ou les proémi- 
nences de l'os frontal qui portent les bois, se montrent, dans 
les mêmes espèces, plus ou moins alongées, et plus ou moins 
larges; l’on sait que les meules prennent chaque année une 
plus grande brièveté et une plus grande largeur. Or, d’après 
ces divers caractères, tandis que) certains de nos cerfs n’a- 
voient qu'un ou deux ans, d’autres étoient parvenus à six ou 
huit années, et peut-être mème au-delà, à en juger par la 
force des os et leurs sutures effacéés; aucun de nos cerfs ne 
s'étant présenté avec des bois assez entiers pour voir de quelle 
manière ils se couronnoient. À peine ces bois ont-ils conservé 
un ou deux andouillers, et comme leurs cassures sont an- 
ciennes, ils ont dû ètre rompus avant d’avoir été entrainés 
dans nossouterrains. Ainsi, quoique les bois deséerfs adultes 
aient une grande solidité, ces bois ne sont pas plus entiers 
que les os; certains paroissent avoir été rongés vers leurs ds 
trémités, si tant'est que l'on puisse désigner, de cétte ma- 
uière! les fractureset les cassures! qu'ils présentent: : 599 


: 


DES: CAVERNES ) DE) LUNEL+VILIL, 143 
Les sangliers, comme:les-pachydermes du genre rhinocé- 
108, ont également péri dans des âges très-différens, ce qu’an- 
noncent leurs dépouilles osseuses et leurs dents. Nous possé- 
dons une tête d’un énorme sanglier, qui a appartenu à un 
individu tout-à-fait adulte. La couronne de ses molaires est 
presque usée, et les canines inférieures ayant acquis un grand 
développement, offrent leurs faces correspondantes aux ca- 
nines supérieures. en grande partie usées. D’autres molaires, 
qui dépendoient d'individus différens, ont été trouvées à l’état 
de simples germes, rappelant ainsi de jeunes individus. 

Ce que nous venons de dire des pachidermes, nous pou- 
vous le dire également des rongeurs et des autres espèces 
fossiles dont nos cavernes recéloient les débris, si les détails 
dans lesquels nous sommes entrés ne suflisoient pas prouver 
que toutes nos espèces y ont été entrainées, ou y ont péri 
dans les âges les plus différens. Cependant l’on ne doit pas 
perdre de vue que les espèces adultes y sont les plus abon- 
dantes. Quelle que soit donc la cause qui ait réuni, dans des 
espaces aussi resserrés, un si grand nombre d’espèces diffé- 
rentes, et surtout un si grand nombre d'individus, cette cause 
les à saisis dans un moment où les uns alloient bientôt pé- 


rir, et les autres pouvoient encore se promettre une longue 
existence, 


CHAPITRE IV. 


Du rapport des espèces fossiles des cavernes avec les 
espèces vivantes. 


Le plus grand nombre des espèces observées dans nos 
cavernes se rapproche beaucoup des espèces actuellement 


144 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


vivantes. Cette identité, entre ces mammifères fossiles et ceux 
qui vivent encore, annonce que les limons à ossemens des 
cavernes sont un des derniers dépôts où ont été ensevelis 
des corps organisés. 

A l'exception des lions ou tigres, des hyènes, des grands 
lynx et des rhinocéros, les autres mammifères terrestres des 
cavernes ont leurs analogues dans les temps présens. La même 
analogie se remarque entre les espèces de reptiles, d'oiseaux 
et de mollusques terrestres, et nos espèces vivantes. Ces es- 
pèces ne diffèrent entre elles que par les caractères qui sont 
dans les limites des variations qu’éprouvent les espèces en gé- 
néral. Les mammifères terrestres sont donc les seuls, parmi 
nos fossiles, qui n’aient pas tous, comme espèces, leurs re- 
présentans sur la terre. 

Nos lions ou grands tigres surpassent du moins nos plus 
grands lions vivans d'environ un sixième, et ils s’en éloignent 
seulement par leur taille; d’autres caractères qui pouvoient 
les différencier peuvent aussi avoir disparu. Noshyènes fossiles 
diffèrent également par leur grandeur de nos espèces vivantes, 
dont elles s’éloignent encore par d’autres distinctions; en 
sorte que l’on peut avoir quelques doutes sur leur identité. 

Parmi nos petites espèces de fes, il y en à peut-être plu- 
sieurs de perdues : à la vérité les débris qui en restent sont 
trop incomplets pour se décider à cet égard. 

En vain cherchons-nous des espèces perdues parmi nos 
herbivores fossiles, à l'exception de celles qui ont appartenu 
au genre rhinocéros; ce sont les seules que l'on puisse ranger 
parmi les races éteintes. Nos cavernes en ont montré deux 
espèces détruites, le rirocéros leptorhinus ; plus rappro- 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 145 


ché de l’unicorne de Java que de toute autre espece, et enfin 
une autre plus petite, ou le »zAutus, avec lequel le rhino- 
céros bicorne du Cap a quelques analogies. A l'exception de 
ces deux espèces d’herbivores, celles qui existent dans nos 
cavernes s’éloignent peu des espèces actuellement vivantes; 
s’il existe entre elles quelques différences, elles restent du 
moins dans les limites des variations que les espèces les 
mieux établies peuvent éprouver. 

Ainsi, sur environ dix-neuf espèces d’herbivores que recè- 
lent nos cavernes, il est remarquable qu’il n’y en ait que deux 
de perdues, ou le neuvième de la totalité, tandis que sur 
quatorze carnassiers, il y en auroit quatre de détruites, c’est- 
à-dire plus du quart. Ce rapport seroit fait pour surprendre, 
si l'étude des terrains tertiaires ne prouvoit pas qu'il n’y a 
aucune relation de nombre entre les races détruites et les es- 
pèces qui ont encore leurs analogues dans les temps actuels, 
et qui se trouvent cependant dans les mêmes formations. 
C’est un point dé fait, que l'un de nous a démontré relati- 
vement aux terrains à fossiles du midi de la France, qui font 
partie des formations tertiaires les plus rapprochées de lé- 
poque géologique actuelle. 

Il n’en résulte pas moins cependant que nos cavernes rece- 
lent à la fois des espèces peu différentes de nos races actuelles 
ou peut-être même tout-à-fait analogues, et d’autres qui 
paroissent perdues. Ce point de fait semble infirmer cette loi, 
beaucoup trop généralisée, que les fossiles diffèrent d'autant 
plus des espèces vivantes, qu'ils sont enfouis plus profondé- 
ment, ou qu'ils se trouvent dans des formations plus an- 
ciennes, puisqu'ici des espèces perdues se montrent dans les 


140 RECHERCGHES, SUR: LES OSSRMENS FOSSILES 
{ounauons les plus récentes de celles qui renferment des dé- 
bris de mammifères terrestres, les derniers des anima ss qui 
out paru sur la terre. il 

Il est remarquable que les.espèces perdues de nos cavernes 
se rapportent principalemeñt à des races dont les genres ne 
vivent plus maintenant que dans leslatitudes les plus chaudes, 
tandis que les espèces semblables ou très-rapprochées de 
nos espèces actuelles, ont aujourd’hui leurs représentans dans 
les zones tempérées, Parmi les premiers, nous êiterons nos 
hyèues, nos rhinocéros, comme parmi les secondes, nos 
loups, nos renards, nos ours, nos castors, nos chevaux, nos 
cerfs et nos bœufs. Ne pourroit-on pas en conclure que si la 
terre avoit, à l’époque où vivoit cette dernière génération 
d'animaux, la plus rapprochée de la nôtre , une température 
plus élevée que celle qu’elle a aujourd'hui, les espèces qui 
avoient besoin de cette température élevée ont cessé d'exister, 
du moins dans nos régions , lorsqu'elles n’y ont plus trouvé 
la même chaleur? Les espèces, au contraire, qui n’exigeoient 
pas pour vivre une température aussi chaude ont pu se 
perpétuer sur le sol mème où vivoient leurs premiers repré- 
sentans, et lier ainsi les générations éteintes aux générations 
actuelles. Il paroit du moins que, le plus généralement, les 
espèces perdues de nos formations récentes se rapportent à 
des races des climats les plus chauds, tandis que celles qui 
ont leurs analogues vivent aujourd'hui daus des régions tem- 
pérées. 

Les espèces tout-à-fait perdues seroient Mie) relativement 
aux nôtres, des espèces délicates qui ont cessé de vivre dès 
qu'ellés n'ont pu satisfaire aux conditions d'existence aux- 


DES CAVERNES DE LUNEL-VILIL. 147 
quelles elles avoient été soumises ; les espèces conservées se- 
roient analogues à nos espèces robustes qui peuvent résister, 
sans périr, à de grandes modifications dans leurs habitudes. 
Parmi celles-ci, on doit essentiellement comprendre les es- 
pèces qui se trouvent à l’état vivant et fossile, celles-ci ayant 
supporté, sans périr, les températures les plus différentes. 

Si en général les espèces enfouies profondément dans les 
entrailles de la terre, ou dont les débris ont été ensevelis 
avec nos plus anciennes formations, sont différentes de nos 
espèces actuelles, les mêmes circonstances se reproduisent 
Jusque dans les formations les plus récentes, puisque l’on y 
découvre également des espèces perdues, mêlées et confon- 
dues avec des animaux semblables à ceux qui vivent encore, 
et quelquefois même sur le sol où leurs analogues fossiles 
ont été ensevelis. Ce fait remarquable a lieu non-seulement 
dans les cavernes à ossemens, mais encore dans toutes les 
formations postérieures au dépôt du calcaire moellon, où il 
existe à la fois des animaux perdus, et des animaux sem- 
blables aux nôtres. Les derniers temps géologiques ne sont 
donc pas aussi éloignés des temps actuels qu’on l’a généra- 
lement supposé; et les modifications que le globe a éprou- 
vées, et qui ont anéanti tant de générations, ne remontent 
pas à une antiquité indéfinie, les causes qui les ont produites 


ne différant probablement pas des causes qui agissent main- 
tenant. 


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Lettre adressée à M. Grorrroy-SaAINT-HILAIRE , 
membre de l’Académie royale des Sciences , 
sur les races distinctes que FR Pr 
certaines espèces considérées jusqu'à HE 
comme er , 


PAR M. MARCEL DE SERRES. 


Mowsreur ; 


Le sujet d'observation que je viens soumettre à vos mé- 
ditations m'a été inspiré par votre beau Rapport (r) sur les 
travaux de M. Roulin; à ce titre il vous appartient: ce qui 
me donne l'espoir que vous me faciliterez les moyens de le 
rendre digne de l’objet auquel il s'applique, objet qui na- 
guère a fixé votre attention. 

Il résulte des faits généralement admis, que les espèces 
animales ont éprouvé de nombreuses variations dans leur 
organisation par l'influence de l’homme; et que, lorsque 


(1) Ce rapport, Sur quelques changemens observés dans les animaux domestiques 
transportés de l’ancien monde dans le nouveau continent, est suivi de quelques 
nouveaux développemens devenus l’objet d’un Mémoire spécial, sous ce titre ; 
Dans quels rapports de structure organique et de parenté sont entre eux les ani- 
maux.des âges historiques et vivant actuellement, et les espèces antédiluviennes 
et perdues. Voyez le 17°. tome des Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle, 
p- 209. 

Mém. du Muséum. t. 18. 20 


LÉ Guns LETTRE SUR CERTAINES ESPÈCES 


surmontant cette influence par des causes quelconques, elles 
repassent à l’état sauvage, leurs différences disparoiïssent; en 
sorte qu’elles reprennent, et même bientôt, l'uniformité de 
leur type primitif. Ainsi les grandes variétés, ou les races 
diverses d’une mème espèce, sont d’autant plus nombreuses, 
que cette espèce a subi, d’une manière plus profonde, l'in- 
fluence de l’homme. Les animaux que nous avons réduits à 
l’état de domesticité présentent en effet le plus grand nombre 
de ces variétés et le plus de constance dans ces variations 
du premier ordre, auxquelles l'on a donné le nom de races. 

Ces faits, puissamment confirmés par les observations ré- 
centes de M. Roulin, paroissent conduire à des résultats im- 
portans pour la connoissance des différentes espèces, résul- 
tats dont la géologie positive peut aussi tirer parti pour mieux 
saisir les causes des diverses modifications que la surface du 
globe a éprouvées. 

Vous savez, Monsieur, que les dépôts produits sur la terre 
postérieurement à la retraite des mers se font remarquer 
par le grand nombre de corps organisés qu’ils renferment, 
et surtout par le nombre des mammifères terrestres que l’on 
y observe. Ces mammifères terrestres, différant quelquefois 
par leurs espèces et mème par leurs genres de nos races ac- 
tuelles, y semblent cependant ensevelis depuis une époque 
peu éloignée de nous. On le présume du moins, puisque 
quelques uns d’entre eux se montrent dans une position ver- 
ticale, et que leurs débris sont parfois entourés de branches 
d'arbres concassées, dont ces animaux avoient fait leur pà- 
ture. On le présume encore, parce que le plus grand nombre 
de ces mammifères se rapporte aux espèces dont l'homme a 


CONSIDÉRÉES COMME FOSSILES. 151 
le plus particulièrement fait la conquête, et notamment à 
celle du cheval. Le nombre des individus de cette espèce 
est réellement remarquable dans les dépôts d’alluvion, soit 
dans ceux disséminés à la surface du sol, soit parmi ceux 
qui ont comblé en tout ou en partie les fentes de nos rochers. 
Enfin l’on est en quelque sorte forcé de regarder cette pré- 
somption comme une vérité démontrée, depuis q’avec 
MM. Tournal, de Christol et de Fanoue, nous avons décou- 
vert des ossemens humains, ou des objets de fabrication hu- 
maine, mêlés et confondus avec des espèces perdues, et con- 
sidérées jusqu’à présent comme fossiles. 

Il existe également d’autres preuves, non moins positives, 
de la nouveauté de ces dépôts. Ces preuves se tirént non: 
seulement de ce que ces espèces domestiques y sont singu- 
lièrement en excès, du moins en Europe, sur les autres es- 
pèces qui n’ont jamais quitté l’état sauvage, mais encore dé 
leur absence complète dans les continens où elles n’ont été 
découvertes ni à l'état sauvage, ni à l’état domestique. En 
effet les bœufs, les chevaux, qui existent aujourd’hui en Amé- 
rique y ont été transportés d'Europe; ce qui nous fait con- 
cevoir comment, tandis que leurs dépouilles se trouvent, dans 
nos contrées, mêlées et confondues avec celles des masto- 
dontes et des éléphans, on n’en observe nulle trace avec celles 
des mêmes mastodontes et des mêmes éléphans que l’on dé- 
couvre en Amérique à l’état fossile. Nous employons du reste 
cette expression, non dans le sens que nous lui attachons, 
mais uniquement dans celui qu’on lui a donné communé- 
ment, et peut-être sans bien s'entendre. 

Or, puisque les chevaux et les bœufs n’existoient pas à 


152 LETTRE SUR CERTAINES ESPÈCES 


l'état vivant dans le nouveau continent, lors de sa décou- 
verte ; qu’on ne les y a point rencontrés à l’état fossile avec 
les mastodontes qui s’y trouvent en grand nombre dans ce 
dernier état, et aux débris desquels ils sont mêlés dans l’an- 
cien, il faut que la population de ces deux continens n'ait 
pas été uniforme lors de la destruction de toutes ces espèces, 
comme elle paroit lavoir été à une époque antérieure, c’est- 
à-dire lors du dépôt des terrains secondaires; il falloit égale- 
ment que les choses fussent déjà arrangées à peu près de la 
même manière qu’elles le sont aujourd’hui: ce qui fait encore 
présumer que la destruction de ces mammifères terrestres, 
dont l’ancienneté ne peut pas toujours s’évaluer par les diffé- 
rences qu'ils présentent avec nos races actuelles, n'a pas eté 
antérieure à l'apparition de l'homme. 

On est amené forcément à cette conclusion par les obser- 
vations suivantes. Les terrains, produits avant et lors de la 
retraite des mers, offrent bien quelques débris de nos animaux 
domestiques, mais ces débris y sont toujours épars et peu 
nombreux. D'ailleurs ils n’annoncent pas, d’individu à indi- 
vidu, des différences assez grandes pour y admettre des races 
distinctes et analogues à celles qui caractérisent aujourd’hui 
les variations de nos animaux domestiques. Les bœufs, les 
chevaux, et peut-être les autres espèces domestiques ense- 
velies avec eux dans les dépôts d’alluvion produits après la 
retraite des mers (1), offrent au contraire des différences 


(1) On pourroit donner à cet ordre de dépôt le nom de terrains quaternaires, 


ainsi que l’ont déjà fait plusieurs géologues ; c'est dans ce sens que nous emploie- 
rons cette expression. | 


CONSIDÉRÉES COMME FOSSILES. E 153 


assez grandes d’individu à individu, pour les considérer 
comme constituant des races distinctes et caractérisées par 
des formes et des proportions diverses. 

Les espèces aujourd’hui domestiques présentoient donc déjà 
des races particulières, lors de leurs dépôts, dans les terrains 
d’alluvion ou des autres dépôts quaternaires, tandis que la 
même circonstance ne se rencontre point parmi les débris de 
ces espèces ensevelies dans des terrains antérieurs à la re- 
traite des mers. Parmi les restes des chevaux enterrés dans 
nos cavernes à ossemens, avec des rhinocéros, des hyènes, 
des ours, des lions et des cerfs d’espèces perdues, les uns 
rappellent des individus dont la haute stature étoit analogue 
à celle des chevaux de l’Allemagne, de la Suisse et de la Hol- 
lande; d’autres paroissent être intermédiaires entre ces races 
et les chevaux arabes, ou de la Camargue, dont on retrouve 
aussi des débris dans nos cavités souterraines, et se rappro- 
chent par ces caractères des chevaux espagnols. Il en est de 
même des bœufs ensevelis avec nos diverses races de chevaux ; 
ceux-ci paroissent également constituer des races distinctes 
et assez diversifiées. 


En un mot, puisque les chevaux, les bœufs des dépôts 
postérieurs à la retraite des mers offrent des races distinctes 
et tranchées, tandis que les chevaux et les bœufs des dépôts 
antérieurs à cette même retraite ne présentent rien de sem- 
blable, n'est-il pas naturel d'en conclure que les premiers 
seuls ont dü ressentir l'influence de la différence des climats, 
ainsi que celle de l’homme, et par conséquent être contem- 
porains de son apparition sur la terre. 


Il nous paroit donc que l’on ne doit considérer comme 


194 LETTRE SUR CERTAINES ESPÈCES 


fossiles que les seuls corps organisés ensevelis dans les ter- 
rains quatenaires ou dans les dépôts antérieurs à la retraite 
des mers ; car ceux qui en recouvrent les dernières relais- 
sées n'ont aucun caractère qui puisse les faire distinguer des 
dépôts stratifiés ou déplacés pendant la période alluviale ac- 
tuelle. II faudroit dès lors, et d’après la nature des choses, 
réserver le nom de fossiles aux corps organisés antérieurs à 
à l’existence de l’homme; et il n’y a guère que ceux qui se 
trouvent dans les dépôts produits avant ou lors de la retraite 
des mers que l’on puisse aujourd’hui considérer comme tels. 
C’est donc un nouveau champ ouvert à l'observation que ce- 
lui d'examiner les corps organisés ensevelis dans les entrailles 
de la terre, sous le rapport des variations qu’ils ont pu éprou- 
ver dans leurs espèces, et les diverses modifications que 
l'homme ou les circonstances extérieures ont pu leur faire 
éprouver. 

Toujours résulte-t-il des observations que nous venons de 
soumettre à votre attention, que lors mème que nous n’au- 
rions pas observé des ossemens humains ou des objets de 
fabrication humaine dans les cavernes à ossemens, ou des 
espèces d'animaux d’espèces perdues travaillés par la main 
de l’homme, l’on auroit pu présumer, d'après les races di- 
verses des chevaux et des bœufs qui y sont ensevelis, que 
cet ordre de phénomènes étoit postérieur où contemporain à 
l'apparition de l’homme sur la terre. La destruction de cer-— 
taines espèces, et même de certains genres, n’annonce donc 
pas, comme on l’a supposé, de grands changemens dans 
l’ordre de la nature. Elle n’empèche nullement que le passé 
ne soit lié au présent par une chaîne non interrompue. Des 


CONSIDÉRÉES COMME FOSSILES. 155 


espèces ont pu se perpétuer, et d’autres cesser d'exister pour 
toujours, par le seul effet des modifications qui ont lieu sous 
nos yeux , et dont l’action est peut-être plus puissante qu’on 
ne l’a supposée, par cela même qu’elle est constante. 

Cet aperçu vous inspirera-t-il assez d'intérêt pour que je 
puisse, à l’aide de vos hautes lumières, trouver les moyens 
de rendre digne de l'attention de l’Académie des Sciences un 
travail qui n’est encore qu'ébauché, mais dont personne ne 
peut mieux que vous, Monsieur, sentir toute l'importance, 
ainsi que les applications que l’on peut en faire, pour saisir 
les rapports qui lient les générations présentes aux généra- 
tions passées. Puisse-t-il du moins me faire obtenir cet avan- 
tage que j'ambitionne, d'autant plus qu’il me donnera de 
nouvelles occasions d'apprécier toute la profondeur de vos 
pensées, et toute la sagacité de vos aperçus. 


ADDITION à la lettre précédente. 


Les bœufs et les chevaux ensevelis dans les cavernes à os- 
semens du midi de la France, ayant paru présenter des races 
distinctes et diversifiées, il étoit curieux de s'assurer s’il n’en 
étoit pas de mème des chiens que l’on découvre avec eux. 
On sait que le chien est, de tous les animaux, celui dont 
l’homme a le plus particulièrement fait la conquête. On sait 
encore que cette espèce présente le plus de variations, ou de 
ces grandes variétés que l’on a nommées races. Aussi M. Cu- 


156 LETTRE SUR CERTAINES ESPÈCES 


vier observe-t-il que, par suite de l'influence de l’homme, il 
s’est développé, chez quelques chiens, une fausse molaire de 
plus, soit d’un côté, soit de l’autre, et chez d’autres, un doigt 
de plus au pied de derrière, avec les os du tarse correspon- 
dans (1). 

Muis cette même influence s’est-elle exercée sur les chiens 
dont les débris sont ensevelis dans les cavités souterraines de 
nos contrées méridionales? Pour se décider à cet égard, il 
faut s'assurer s’il existe quelques différences entre les divers 
individus des chiens enterrés dans nos souterrains, et si ces 
différences restent dans les limites des variations qu’éprou- 
vent les espèces les mieux circonscrites. Voici ce qui résulte 
d’une comparaison attentive des différentes pièces osseuses 
qui, par leurs caractères anatomiques, doivent être rappor- 
tées à l'espèce du chien. 

Certains maxillaires de cette espèce ne présentent pas de 
traces de la petite tuberculeuse que l’on observe dans le loup 
et le renard, en arrière de la dent qui suit la carnassière. 
Cette même tuberculeuse paroiît pourtant avoir existé dans 
d’autres maxillaires des chiens de nos cavernes, puisqu'on y 
aperçoit encore les alvéoles qui les renfermoient, alvéoles 
qui, sur d’autres fragmens, se montrent oblitérées. La petite 
tuberculeuse, dont nous parlons se voit également dans plu- 
sieurs maxillaires des chiens vivans de races différentes, avec 
cette particularité que, tandis que cette dent existe sur un 


côté, on n’en aperçoit pas de traces distinctes sur le côté 
opposé. 


(1) Discours sur les Révolutions de la surface du globe, p. 124—125. 


CONSIDÉRÉES COMME FOSSILES. 157 


L'absence de la dernière tuberculeuse, dans certains maxil- 
laires inférieurs des chiens vivans, comme dans ceux des 
chiens de nos cavernes, tient-elle uniquement à la différence 
d'âge des individus où elle existe, comparés à ceux où on 
n'en voit plus de traces ? Cette question est d'autant plus dif- 
ficile à résoudre, que cette dent manque quelquefois chez 
les chiens vieux et très-âgés, ayant été expulsée de l’alvéole 
où elle étoit logée, tandis que d’un autre côté on la retrouve 
assez fréquemment chez la plupart des jeunes individus. D’un 
autre côté, cette dent existe chez certains chiens, tandis que 
d’autres en sont privés; en sorte qu’il n’est pas toujours clair 
que son absence dépende de l’âge de l'individu où l’on n’en 
observe pas de vestiges, ni que cette absence puisse être at- 
tribuée à la mastication. 

Par cela même, il est fort douteux que la présence de cette 
dent tuberculeuse tienne aux modifications que l’homme au- 
roit fait éprouver aux chiens où cette dent existeroit. On peut 
d'autant plus en douter, que les chiens ensevelis dans nos 
cavernes sont plus semblables au chien, tel qu'on suppose 
qu’il étoit avant d’avoir subi l’influence de l'homme, que 
la plupart de nos races domestiques. Aussi nos chiens parois- 
sent-ils intermédiaires entre le loup et le chien d’arrêt; leur 
museau, plus alongé, ressemble assez à celui des chiens qui, 
abandonnés à eux-mêmes, sont revenus à l’état sauvage. 
Toutes les parties de leur squelette sont plus fortes, toutes 
proportions gardées, surtout les vertèbres dorsales et lom- 
baires, que ne le sont ces mêmes parties dans la plupart de 
nos chiens, à l'exception du chien de berger. 

Cependant, tandis que certains individus de nos chiens pré- 

Mém. du Muséum. 1. 18. 21 


158 LETTRE SUR CERTAINES ESPÈCES 


sentent de nombreux rapports avec le loup, d’autres en of- 
frent avec le renard, ce qui annonce que nos chiens n'avoient 
pas entièrement conservé l’uniformité de leur type primitif, 
pi une identité absolue dans leurs caractères. 

Ces différences ne sont pas les seules que l’on observe 
entre les divers individus de nos chiens. En effet, en compa- 
rant ensemble un assez grand nombre de maxillaires infé- 
rieurs, nous n’avions d'abord aperçu d’autres différences entre 
eux que dans le plusou le moins de force des branches qui en 
font partie, ainsi que dans le diamètre antéro-postérieur de leur 
carnassière, qui varie depuis 0,022 jusqu'à 0,028; mais un 
examen plus attentif nous a fait remarquer un de ces maxil- 
laires, qui, par sa canine plus longue et plus aiguë, ainsi que 
par le moins de hauteur dans ses branches dans le sens ver- 
tical, ressembloit assez à un maxillaire de renard. Mais outre 
que les dimensions et la force de cet os l'éloignoient entiè- 
rement de celui du renard, les autres rapports plus impor- 
tans, tels que ceux dépendant de la forme, rendoient impos- 
sible tout rapprochement, nous avons été forcés d’en conclure 
que quelques uns de nos chiens différoient des autres par moins 
de hauteur dans les branches de leurs maxillaires, ainsi que 
par la forme plus aiguë de leurs canines. 

Nous avons également comparé les autres parties du sque- 
lette de nos chiens, et comme elles ont présenté entre elles 
des différences plus ou moins grandes, ces différences signa- 
lent ou des races diverses, ou des espèces distinctes: ce qu’il 
est difficile d'admettre, les caractères différentiels n'étant pas 
ici d’un ordre assez élevé pour être spécifiques. 

Afin de ne pas donner trop d’étendue à cette lettre, nous 


CONSIDÉRÉES COMME FOSSILES. 159 


ne porterons plus votre attention, Monsieur et illustre Pro- 
fesseur, que sur un seul point. Nous possédons plusieurs tibias 
qui manifestement ont appartenu à des chiens, et cependant 
ils diffèrent entre eux par des caractères de variétés, mais qui 
n’en sont-pas moins remarquables. Certains de ces ubias ont 
les plus grands rapports avec ceux du loup; ils n’en diffèrent 
guère que par un peu moins de force et de longueur, tandis 
que les autres, plus courts et moins épais, ont dù provenir 
de chiens beaucoup plus petits, et dont les dimensions n'é- 
toient pas les mêmes que celles des premiers. Ces os longs, 
comme les autres parties du squelette, signalent donc des 
chiens de diverses tailles et d’une stature entièrement diffé- 
rente ; en sorte qu'ils paroïissent annoncer des races distinctes 
dans celles de nos espèces dont nous avons fait plus par- 
ticulièrement la conquête. Peut-être peut-on conclure de ces 
faits , auxquels nous donnerons plus de développemens dans 
la suite, que notre influence s’étoit déjà fait ressentir sur les 
chiens enterrés dans nos souterrains, comme sur les autres 
espèces domestiques que l’on y découvre. 


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Agréez, Monsieur, etc., 


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- 


ORGANOGRAPHIE 


MICROSCOPIQUE, ÉLEMENTAIRE ET COMPAREE 


DES VÉGÉTAUX. 


OBSERVATIONS 


Sur l’origine ou la formation primitive du tissu cellulaire; sur 
chacune des vésicules composantes de ce tissu , considérées comme 
autant d’'Individualités distinctes, ayant leur centre vital parti- 
culier de végétation et de propagation, et destinées à former, par 
agglomération, l’Individualité composée de tous les végétaux dont 
l’organisation de la masse comporte plus d’une vésicule. 


PAR P.J. F. TURPIN. 


Deruis trente ans un concours de circonstances très-favora- 
bles, assez rares à rencontrer, m'ont mis dans le cas de sa- 
tisfaire mes goûts naturels, et de remplir en même temps 
mes cartons d’une foule d'observations sur les êtres orga- 
nisés du règne végétal. 

Deux voyages qui ont duré près de dix années, tant à Saint- 
Demingue que dans les Etats-Unis de l'Amérique, m'ont 
enrichi d’un grand nombre de matériaux. Six mille dessins 
de plantes que j'ai exécutés, depuis vingt-cinq ans que 

Mém. du Muséum. 1 18. 22 


162 ORGANOGRAPHIE 


j'habite Paris (1), d'après des végétaux d'ordres différens 
recueillis sur les divers points du globe par nos plus célèbres 
botanistes, ont également contribué à augmenter le nombre 
des faits que je possède, à étendre et à lier mes idées sur 
l’organisation végétale et sur la physiologie, toujours subor- 
donnée au mode d’érganisation de chaque être. 

C’est en cherchant à mettre de l’ordre dans la publication 
successive de tous ces faits acquis, que je sentis toute l'im- 
portance qu'il y avoit de commencer par bien établir, par 
bien faire connoître dans ses élémens les plus reculés lor- 
ganisation interne, ou, autrement dit, l’organisation élémen- 
taire des masses tissulaires des végétaux, bien convaincu qu’en- 
suite les divers organes extérieurs qui en dépendent s’expli- 
queroient, pour ainsi dire, d'eux-mêmes. 

Par élémens les plus reculés, j'entends ceux qu'il nous est 
possible d'atteindre à l’aide de nos moyens microscopiques 
les plus amplifians, élémens bien certainement subordonnés 


(1) Des images de plantes, tracées par la main d’un botaniste , sont à la science 
des végétaux ce que sont les analyses des corps à la science de la Chimie. L'Icono- 
graphie, en histoire naturelle, sera toujours la plus utile partie du signalement 
des objets que l’on se propose de faire connoître. Je pense, d’après cela, avoir 
un peu contribué à l'avancement progressif de la” Botanique par le grand nombre 
de dessins que j'ai produits dans divers ouvrages. 

Que l’on ne croie pas cependant qu’en écrivant cette note j'aie cherché le moin- 
drement à me faire un mérite quelconque. En faisant des dessins d'histoire natu= 
relle, et en y ajoutant quelquefois des descriptions, j'ai fait un métier qui se 
trouvoit entiérement dans mes goûts; j'ai, comme tous les autres, satisfait à un 
besoin de plaisir, comparable à celui qui soutient la passion du chasseur, mais qui, 
dans les deux cas, ne peut être, selon moi, un titre à récompense. Aussi ne m’a-t- 
on jamais vu aux lieux où se distribuent les avantages pécuhiaires ou honorifiques, 


DÉS VÉGÉTAUX. 163 


à d’autres bien plus reculés encore, et dont les bornes défi- 
nitives nous resteront à jamais cachées. 

Aünsi, quoi que l’homme fasse, sa conception très-bornée, 
et plus encore le peu d’étendue de'ses sens, l’obligera , dans 
toutes les connoïssances dont il s'occupe, de partir de l'infini 
où de l’inconnu, chaque fois qu'il voudra approfondir une 
science positive quelconque. Mais si, partant de cet infini ou 
de cet inconnu, il saisit promptement le premier anneau visible 
de la chaîne qui subordonne, et duquel dépend la formation 
de toutes les choses appréciables , toutes ces choses s’expli- 
queront à merveille l’une par l’autre; elles se rangeront na- 
turellement à leur véritable place, et éclaireront en même 
temps leurs voisines, si toutefois celles-ci conservoient encore 
quelques obscurités. 

Dans plusieurs de mes Mémoires précédens j'ai déjà com- 
mencé à démontrer que tout le règne végétal, considéré seu- 
lement dans l’organisation de ses masses tissulaires ou tégu- 
mentaires, nesecomposoit que d’agglomérations plus ou moins 
considérables de globules organisés, pleins ou devenus vési- 
culaires; que ces globules ou ces vésicules étoient d’abord 
autant de centres vitaux de végétation, et ensuite de propa- 
gation; que chacune de ces vésicules destinées à donner nais- 
sance, par extension deses parois intérieures, à de plus petites 
vésicules (pl. 1, fig. 20, 27 et 22), pouvant, selon certaines 
circonstances de végétation, servir à remplacer la vésicule- 
mère, ou à devenir toute espèce de modifications de corps 
propagateur (pl. 2, fig. 8); que ces vésicules, dis-je, étoient 
autant d’irdipidualités particulières, puisque chacune d’elles, 
soit qu’elle vive isolément dans l’espace (pl. 4, fig. 1), 


164 ORGANOGRAPHIE 


soit qu'elle fasse partie de léndividualité composée d'une 
plante (pl. 4, fig. 2 et 3), croissoit et se propageoit pour son 
propre compte, sans s’embarrasser le moindrement de ce 
qui se passe chez ses voisines (1). 

Je ne connais rien de plus analogue que ces petits et très- 
nombreux végétaux globuleux et vésiculaires répandus sur 
toutes les surfaces humides du globe, et auxquels j'ai donné 
le nom de globuline solitaire (pl. 4, fig. 1 ), comparés à ces 
autres vésicules z2dividus dont se forment les masses de tissus 
cellulaires des végétaux composés { pl. 4, fig. 2 et 3). Ces 
deux sortes d'indipidualités vésiculaises, vivant et se propa- 
geant en leur particulier, ne diffèrent seulement que par Fi- 


(1) L'indépendance organique dont jouissent les individus des trois sortes d’êtres 
dont se composent, par agglomération , les masses tissulaires des végétaux, savoir : 
la cuticule ou épiderme, les vésicules du tissu cellulaire, et les tigellules filamen- 
téuses du tissu vasculaire; cette indépendance peut seule expliquer comment, dans 
certaines maladies des plantes, la désorganisation des tissus s'arrête tout à coup, et 
d'une manière tout-à-fait brusque. C’est, dans ces cas, un vice contagieux qui 
règne dans une partie des êtres membraneux, vésiculaires et filamenteux, qui 
forment la masse des tissus, maisqui , après avoir fait ses ravages en s'étendant de 
éoutre en contre, par le seul contact, finit, par épuisement , entre la vésicule de 
droite et la vésicule de gauche, c’est-à-dire que la première se décompose entie- 
rement, lorsque la derniére reste saine , et continue de vivre. 

Les tissus animaux éprouvent la même chose, soit dans leur désorganisation, 
soit dans leur gugnison. Il arrive un moment où, dans les plaies, les tissus 
décomposés se décollent des tissus que la contagion n'a pu atteindre. Alors la 
guérison est presque lerminée. 

Le mal qui tend à la déorganisation des tissus étant comparable à un incendie 
qui s'étend de maison en maison, le cultivateur et le chirurgien n’attendent pas 
que la cause du mal soit épuisée; il relranche promptement la partie gangrénée 
de celle qui ne l’est pas encore. Cette opération est un violent cordon sanitaire 
que l'on établit entre les individus malades et élémentaires des tissus et ceux qui 
se portent bien. 


DES VÉGÉTAUX. 165 


solement dans l’espace des unes, et par l’agglomération en 
tissu cellulaire et en z2dividualités composées des autres. 

On ne peut s’empêther de voir dans ces petits végétaux 
univésiculaires, si nombreux et si généralement répandus 
dans la nature, dans cette globuline solitaire, que nous ne 
distinguons à l’œil nu que sous l’apparence de grandes cou- 
ches vertes ou de toutes autres couleurs, et dont les auteurs 
ont fait, d'après cette seule apparence, le genre Lepra; on 
ne peut s'empêcher, dis-je, de voir dans ces amas considé- 
rables, dans ces forêts d'individus vésiculaires un immense 
tissu cellulaire à vésicules éparses (pl. 4, fig. 1 ). 

Si tout à coup les z2dyidualités vésiculaires qui consti- 
tuent, par agglomération, les z2dipidualités composées des 
arbres, des plantes en général, venoient à se décoller, à s’i- 
soler, les forêts s’affaisseroient , les z2dividualités d'ageréga- 
tion cesseroient, et nous n’aurions plus que des monceaux 
d’individualités particulières; ce ne seroit plus que de la glo- 
buline solitaire, dont les masses informes ne simuleroient pas 
mel celles gélatineuses de la Bichatie (pl. 1, fig. 1, 4 et 5), 
ou bien ces rochers ou bancs d’huitres formés d’une longue 
suite de générations d'individus entassées les unes au-dessus 
des autres. 

Je viens de parler de la globuline solitaire, de ces petits 
végétaux des plus répandus dans la nature, et conséquemment 
de la plus grande simplicité possible, de ces petits végétaux 
dont toute l’organisation se borne à n'être qu'une vésicule 
propagatrice comparable à l’une de celles que lon isoleroit 
d’une masse de tissu cellulaire d’un végétal composé. 

Je désire que l’on me permette de saisir celte occasion 


166 ORGANOGRAPHIE 


pour répondre à un auteur qui a nié dernièrement l'isole- 
ment ou l'individualité de ces petits végétaux, en préten- 
dant qu'ils étoient toujours précédés par une membrane 
commune, blanche, transparente et muqueuse qui, selon 
lui, doit être considérée comme la base d’une plante, comme 
le hallus des lichens membraneux, et le globule vésiculaire 
qui résulteroit de l'expansion de cette membrane, comme 
un conceptacle propagateur. Cette idée, conçue à priorr, 
est entièrement calquée sur ce qui se passe dans l’organisa- 
tion d'un grand nombre de lichens. 

Cette membrane commune n'existe certainement pas; ce 
qui peut avoir donné lieu à cette méprise, vient de ce qu'un 
grand nombre de ces petits végétaux globuleux et vési- 
laires, en naissant les uns des autres et très-près les uns des 
autres, se soudent quelquefois par approche, et forment, par 
cette soudure, de grandes masses qui représentent une sorte 
de tissu cellulaire, ou de grandes masses de générations qui se 
surmontent , en se servant successivement de territoire, de la 
même manière que cela a lieu dans augmentation progressive 
des troncs d’arbres, dans le développement d’un polypier, ou 
dans l’accroisement continuel du banc d’huîtres dont jai déjà 
parlé, et dont, s’il avoit été miscroscopique, on n’auroit pas 
manqué de faire un Mycoderma où un Lepra, en niant ou 
en méconnoissant l'individualité particulière de chaque huître 
composante, Qui sait même si l’esprit de système ou de con- 
tradiction n’y auroit pas vu une membrane commune et vitale, 
liant tous les individus demanière à former du rocher d’huîtres 
tout entier une grosse trémelle? 

Cette théorie, qui considère les végétaux comme étant des 


DES VÉGÉTAUX. 167 


indiwidualités composées , formées de l'agglomération d’un 
grand nombred'2dividualitésvésiculaires exd'individualités 
filamenteuses, est entièrement basée sur l'observation des 
gradations que présentent les diverses modifications ou es- 
pèces végétales dans leur organisation. Elle explique parfaite- 
ment comment, 10. le tissu cellulaire n’est qu'un ar2as d’in- 
dividus vésiculaires développés les uns à côté des autres, et 
de l'intérieur d’une vésicule-mère qui les a précédés (pl. 4, 
fig. 2 et 3, b,d); 20. comment ces vésicules, de sphériques et 
libres qu’elles étoient d’abord, se soudent ensuite lesunesaux 
autres, et deviennent, par défaut d'espace et par la pression 
mutuelle qu’elles se font éprouver, plus ou moins héxaëdres 
dans la plupart des tissus cellulaires (pl. 4, fig. 3); 30. com- 
ment chaque vésicule étant un centre vital particulier de végé- 
tation et de propagation, établit dans tous les points de l’or- 
ganisation encore vivante, d’un végétal composé, autant de 
points vitaux desquels on peut espérer le développement 
d'un corps propagateur(1), et 5°. comment, enfin, la vie vé- 
gétale peut être également répartie sur tous les points de la 
masse tégumentaire qui n’a pas encore cessé d'exister. 

Je me suis assuré par des observations que je ferai con- 
noître ailleurs qu'ici, que, dans les masses tissulaires des vé- 
gétaux, les vésicules, toutes développées, du tissu cellulaire, 


(1) C'est ainsi qu’à la surface des écorces ou des feuilles il peut surgir un grand 
nombre de corps propagateurs, véritables embryons susceptibles de reproduire des 
individus semblables à la plante mère dans l’intérieur de laquelle ils sont nés. 

C'est ainsi , comme je l'ai déjà fait connoitre , que des faces et des bords de plu 
sieurs feuilles détachées d’un pied d'Ornithogalum thyrsiflorum , il étoit sorti un 
nom bre considérable d’embryons, jusqu’à cent trente-trois sur l’une d’elles. 


168 ORGANOGRAPHIE 


ne végètent plus, que leur existence vitale est términée, et, 
qu’en cet état, elles ne servent plus qu'à abriter la globuline 
ou vésicules futures, seules capables de se coller et de s'unir 
dans l’action de la greffe. Les tigellules filamenteuses cessent 
également de vivre dès qu’elles ont atteint toute leur étendue; 
et la cuticule ne pouvant plus s’accroitre, se décompose et 
est peut-être remplacée par une nouvelle. 

Toute greffe végétale, de quelque manière qu'on l'opère, 
consiste toujours à mettre en contact deux masses de vési- 
cules pourvues de Globuline vivante; ces jeunes vésicules, 
muqueuses de leur nature et conséquemment très-collantes, 
s'appliquent les unes sur les autres, la sève des deux masses 
entre en communauté d'existence: dès ce moment deux exis- 
tences particulières, distinctes, se confondent en une seule, 
mais sans cependant consentir à abandonner jamais le ca- 
ractère qui différencie chacune d'elles. C'est ainsi qu'à parür 
du point de l’union ou de la greffe, l'épine, en restant toujours 
épine, produit ses feuilles, ses fleurs et ses fruits, tandis que 
le Néflier, placé au-dessus, reste Néflier, et conserve, sans la 
moindre altération, les attributs qui le caractérisent 

Les divers États de l'Amérique du Nord, vivant sous un 
certain nombre de lois communes à tous, mais en conser- 
vant d’autres lois particulaires à chacun d'eux, offrent assez 
bien l’image de ce qui se passe lorsque nous unissons, par la 
greffe, des masses ou des associations de vésicules et de ti- 
gellules de deux végétaux composés differens. 


DES VÉGÉTAUX. 169 


Du Tissu cellulaire considéré comme formant la base de 
de tous les végétaux développés ; comme étant composé 
de vésicules individus distinctes, agglomérées en masses, 
libres ou soudées entre elles, sphériques, avec espaces 
angulaires (méats) (pl. 3, D), ou héxaèdres, par pression 
mutuelle, et conséquemment sans méats (pl. 4, fig. 3), 
servant de conceptactles aux vésicules futures (globuline) 
d'un nouveau tissu (pl. 4, fig. 2 et 3, b, d), ou aux corps 
propagateurs de l’espèce (pl. 2, fig. 2, 8). 


Ce seroit, je crois, perdre son temps et le faire perdre aux 
autres, que de discuter aujourd’hui pour savoir si le tissu 
cellulaire végétal est une masse de mucus simplement cel- 
lulée, ou si cette masse est, au contraire, produite par une 
agglomération de vésicules distinctes plus ou moins soudées 
entre elles. Cette dernière opinion a été celle de Malpighi; 
elle a été confirmée depuis par les plus habiles et les plus 
savans anatomistes de l’époque actuelle. Les Link, les Tre- 
viranus, les Kieser, les Polini, les Du Petit-Thouars, les 
Amici, les Dutrochet, les De Candolle, les Raspail, ete., 
n’admettent plus aueun doute à cet égard. 

Mais il me semble que cette opinion, quoique générale- 
mentreçue, n’est pas encore suffisamment appuyée de preuves. 
Les observations qui y ont conduit, consistant toutes dans 
des dissolutions de tissus cellulaires, soit en arrachant mé- 
caniquement les vésicules, soit en employant, pour les isoler, 
la chaleur de leau bouillante ou celle de l’acide nitrique. 
Ces moyens artificiels ne suflisoient pas à beaucoup de per- 
sonnes, parce qu’en effet on pouvoit supposer qu'en agis- 

Mém. du Muséum. 1. 18. 23 


1790 ORGANOGRAPHIE 


sant ainsi, on désorganisoit la lame unique et commune à 
deux cellules, comme, par exemple, la cuticule des deux 
faces d’une feuille(1) ou d’un péricarpe se séparent quelque- 
fois l’une de l’autre. 

Il étoit donc nécessaire d'employer d’autres moyens qui 
pussent, sans avoir recours à aucune rupture, prouver et 
démontrer la pluralité des vésicules dans la composition des 
masses de tissu cellulaire. 

C’est de quoi je me suis occupé. 

D’après une conviction qui m'est depuis long-temps ac- 
quise, j'écrivois (2), il y a plusieurs années, € l’organisation 
« d’un être vivant et celle de ses organes en particulier, ne 
« peuvent s'expliquer qu'autant que l’on suit pas à pas le 
« développement successif de cet être, depuis le premier 
« moment de sa formation jusqu’à celui de sa mort. » 

Sans ce moyen, en effet, il est presque impossible d’arriver 
à des idées exactes sur la nature et sur les analogies des 
êtres organisés, soit de leur ensemble, soit seulement des 
diverses parties dont ils se composent. Tant que l’on a voulu, 
tant que l’on s’est obstiné à vouloir comprendre des êtres tout 
développés, les explications que l’on en a données sont res- 
tées peu satisfaisantes et la plupart erronées. Si, par exemple, 
au lieu de s’en tenir à observer l'embryon des graminées, 
tout venu sous le tégument de la graine, on se füt plutôt at- 
taché à le voir venir, ces nombreuses discussions, pour savoir 


si la scutelle est ou n’est pas le cotylédon, n’auroïent pas eu 
( 
(1) Les feuilles du Buis offrent assez souvent ce cas de désorganisation. 
(2) Essai d’une Iconographie élémentaire et philosophique des végétaux, p. 15, 
année 1820, 


DES VÉGÉTAUX. 171 
lieu, et le temps précieux des habiles botanistes qui se sont 
occupés de ce point de l’organisation végétale auroit été plus 
convenablement employé pour l'avancement de la science. 
En suivant cette marche, qui consite à voir venir les choses, 
ces hommes célèbres auroient vu que tous les embryons des 
graminées, quand ils commencent, ont, comme tous les em- 
bryons monocotylés, une gaine cotylédonaire complète, mais 
qui se déchire ensuite par le développement de la gemmule 
qui la chasse sur le côté, où cette petite feuille, ou gaine co- 
tylédonaire ne paroït plus que sous l'aspect d’un appendicule 
latéral. Ce que je viens de dire pour l'embryon des gra- 
minées est applicable à tout: suivre progressivement et pas à 
pas les êtres organisés à mesure qu'ils se déroulent ou se dé- 
veloppent sera toujours le plus sûr moyen de les expliquer 
dans leur organisation propre et dans les rapports de res- 
semblance qui les lient naturellement les uns aux autres. 

Un morceau de tissu végétal fout venu d'un chêne, d’un 
orme ou d’un Cactus, observé par petites tranches sous les 
plus forts grossissemens du microscope, désorganisé ou déchiré 
par les moyens mécaniques des instrumens, de la chaleur 
de l’eau bouillante ou de celle de lacide nitrique, ne put 
être suffisamment compris dans sa formation. En cet état il à 
dû donner naissance à un grand nombre d'erreurs; on a dû 
croire à des stomates ou pores corticaux, sous formes de vé- 
ritables ouvertures rondes ou en fentes, à des pores annelés 
sur les vésicules du tissu cellulaire, à un système nerveux 
dans ces petites vésicules futures contenues dans les vési- 
cules-mères des tissus cellulaires, et enfin à un grand nombre 
d’autres idées qui ne sont pas plus fondées, mais qui devoient 


172 ORGANOGRAPHIE 


naturellement découler des premières, puisqu'il est vrai de 
dire que si la vérité enfante des vérités nouvelles, l'erreur 
enfante aussi l'erreur; chaque espèce ne peut produire que 
son früit. C’est ainsi qu'après avoir imaginé un cours cireu- 
latoire pour la sève, on fut obligé de se marteler le cerveau 
pour imaginer de nouveau deux chemins différens, l’un 
pour l'ascension et l’autre pour la descente : le premier de 
ces chemins fut établi dans le centre des troncs d'arbres, et 
tout près de la moelle; le second dans l'épaisseur de l'écorce. 
On ne voulut pas voir qu’un très-grand nombre de végétaux 
manquent, les uns d’écorce et les autres de bois; qu’il en est 
qui sont sphériques, comme beaucoup de Cactus ; qu'un 
énorme potiron, qui commence par un point, végète et grossit 
progressivement dans tous les sens, sans que cependant on 
puisse établir en lui une sève montante et une sève descen- 
dante. De cette erreur d’un cours réglé et circulatoire pour 
la sève, naquit encore l’idée des prétendus vaisseaux, et de 
toutes ces perforations prétendues, soit de la cuticule ou 
épiderme, soit des vésicules du tissu cellulaire, soit enfin de 
celles de certaines tigellules internes, du tissu tigellulaire ou 
fibreux. 

Si de voir venir les êtres organisés à mesure qu'ils se dé- 
roulent est un sûr moyen d’arriver à les expliquer, il en est un 
autre non moins certain qui est, en très-grand, le parallèle de 
celui-ci, mais qui exige la connoissance d’un nombre considé- 
rable de modifications d’êtres de tous les points de l'échelle, 
c'est-à-dire depuis l’état organique le plus simple jusqu’à 
l’état organique le plus composé. 

Si dans toutes les évolutions que subit l’homme depuis 


DES VÉGÉTAUX. 173 
l’époque où il n’est encore qu’un globule muqueux et inco- 
lore jusqu’à celle où il est entièrement développé; si dans 
l’ensemble de ses tissus et des divers organes qui le consti- 
tuent on retrouve assez facilement, en le décomposant par 
la pensée, l’analogue de tous les êtres organisés plus simples 
placés au-dessous de lui, il est bien certain aussi que chaque 
fois que nous voudrons nous rendre compte de l’organisa- 
tion compliquée d’un être, soit de ses organes, soit seule- 
ment de ses tissus, le plus sûr moyen sera de descendre le 
plus bas possible dans l’échelle organique, et de remonter en- 
suite successivement jusqu’à lui. Cette manière d'étudier les 
êtres a quelque chose de grandiose qui élève l'ame, et qui 
nous apprend deux vérités incontestables : la première, qu’il 
existe un plan unique d’organisation graduée pour tous les 
êtres ; la seconde, qu’un être quelconque est toujours une 
sorte de composé d’êtres plus simples que lui. 

Lorsque, il y a quelques années, je voulus me rendre 
compte de l’organisation, très-compliquée en apparence, des 
végétaux composés, des arbres, je me mis à la recherche de 
tout ce qui pouvoit exister de plus simple dans la nature en 
fait de végétaux; je consultai pour cela les milieux tran- 
quilles, abrités et humides, mais jouissant d'assez d’air et de 
lumière; je visitai le sein des eaux douces et salées, l’inté- 
rieur des serres chaudes et humides; j’observai avec soin 
ces productions vésiculaires et filamenteuses qui se dévelop- 
pent dans l'épaisseur des liqueurs fermentescibles, et dont, 
lorsqu'elles se collent les unes aux autres, composent ces 
coagulums informes dont on a fait ces fausses existences vé- 
gétales sous le nom de Mycoderma. 

Je trouvai dans ces vagues matières vertes des auteurs, 


174 ORGANOGRAPHIE 


et dans les diverses espèces de /epra des botanistes, des fo- 
rêts immenses de petits végétaux distincts, globuleux, vési- 
culaires, naissant, croissant et se propageant pour leur propre 
compte, au moyen de plus petites vésicules, nées par exten- 
sion de la paroi intérieure d’une vésicule-mère. Je vis, dès 
lors, dans ces amas d'individus globuleux et vésiculaires, une 
sorte de grand tissu cellulaire dont les élémens, au lieu d’être 
agglomérés ou même soudés, étoient libres et épars. Dès 
ce moment, je conçus pleinement l’organisation et la forma- 
tion du tissu cellulaire, puisque dans celui-ci chaque vési- 
cule composante a également son centre vital particulier de 
végétation et de propagation; et dès ce moment encore j'a- 
perçus l’éndividualité de chaque vésicule, individualité con- 
courant, par agglomération, à constituer l’z2dvidualité com- 
posée de tous les végétaux dont la structure générale com- 
porte au moins deux vésicules propagatrices soudées ensemble. 

J'étois sausfait; la distance qui a lieu entre une associa- 
tion de petits végétaux vésiculaires libres entre eux, et les 
vésicules sphériques et agglomérées d’un tissu cellulaire im- 
parfait comme celui des Cactus (pl. 1, fig. 15, et pl 3), 
étoit nulle pour moi. Je voyois de part et d’autre les mêmes 
individus vésiculaires; je leur reconnoissois la même indé- 
pendance organique; je les voyois, dans les deux cas, n’avoir 
en commun que la masse de liquide dans laquelle les uns et 
les autres sont plongés, et dont chacun se nourrit par absorp- 
tion, sans égard pour ses voisins ; mais je sentois aussi que j’a- 
vois besoin de convaincre les autres de cette grande vérité, 
et qu'il falloit encore chercher dans la nature quelques pro- 
ductions végétales qui tinssent le milieu entre des individus 
vésiculaires épars, et des individus vésiculaires agglomérés 


» » [< 
DES VEÉGETAUX. 179 


en masse de tissu cellulaire. La nature n'ayant jamais fait de 
saut dans ses créations successives, je ne tardai pas à rencon- 
trer cette production organisée dans laquelle devoit se trouver 
le chaïinon qui unissoit les tissus cellulaires à vésicules libres 
et éparses, et les tissus cellulaires à vésicules agglomérées 
sphériques ou hexaèdres, simplement contiguës ou soudées 
par approche. 

A la surface interne des vitres des serres chaudes et très- 
humides, et quelquefois au sommet de la partie intérieure 
des entonnoirs en verre dont on se sert pour abriter les 
boutures, il se développe une production végétale (pl. 1, 
fig. 1, 4, c.) de forme irrégulière, aplatie en membrane ou 
relevée en masse, dont le volume varie depuis celui d’un 
grain de millet jusqu’à celui d’une noix. Sa substance très- 
molle, très-aqueuse et de la couleur d’un grain de raisin blanc 
bien mür, rappelle un peu le Nostoc commun. Mais dès que 
lon soumet cette production sous le microscope, au lieu des 
individus filamenteux moniliformes ou en chapelets des Nos- 
tocs, on trouve (fig. 4 et 5) que ces masses végétantes sont 
produites par un nombre considérable de vésicules sphéri- 
ques, blanches, transparentes et muqueuses, dans l’intérieur 
desquelles sont des vésicules futures, vertes, et variant pour 
le nombre de une à six. Dans ces amas de vésicules indi- 
vidus, parmi lesquelles il y en a d’isolées, de groupées et 
soudées par deux, trois, quatre, et en plus grand nombre, de 
sphériques et d’hexaèdres, par la pression mutuelle qu’elles 
se sont fait éprouver, on surprend véritablement, dans cette 
production, la nature s’essayant à faire du tissu cellulaire. 
Il étoit impossible d'arriver à une démonstration plus com- 


176 ORGANOGRAPHIE 


plète de la formation de ce tissu. Je dirai mème de tous les 
tissus organiques, puisque, comme on le présume, tous ont 
un tissu cellulaire ou au moins globulaire pour base. 

Dans cette production privilégiée se présentent une foule 
de cas qui servent à expliquer ou à dévoiler ce qui se passe 
dans les végétaux d'ordres supérieurs. Elle offre tous les 
passages quiconduisent des tissus cellulaires à vésicules éparses 
aux tissus cellulaires imparfaits des Cactus (fig. 15), et de 
ceux-ci aux tissus cellulaires composés de vésicules sou- 
dées et devenues hexaèdres par pression (fig. 16). Dans plu- 
sieurs de ces vésicules-mères la vésicule future ou globuline, 
en continuant de végéter, a produit une seconde génération 
de globuline propagatrice; d’autres (fig. 7) ne pouvant plus 
contenir leur génération, se déchirent et accouchent de nou- 
veaux individus vésiculaires, dans l’intérieur desquels on 
aperçoit déjà une nouvelle génération contenue. 

La couleur verte de la globuline est ce qui, comme dans 
tous les autres tissus cellulaires végétaux, produit la couleur 
verdâtre des masses vues à l’œil nu: en se séchant les vésicules- 
mères crèvent, laissent couler Peau qu’elles contiennent, et 
déposent, sans ordre, la globuline, comme cela se voit dans 
la fig. 143 et cette même globuline, si l'humidité lui manque 
pour se gonfler et devenir des vésicules-mères à son tour, 
prend, comme la globuline des feuilles à l’automne, les cou- 
leurs jaune, rose, aurore, pourpre, brune et noire. C’est en 
cet état que cette production paroît le plus souvent aux 
vitres des serres chaudes, et surtout aux points où deux de 
ces vitres s’entrecroisent. 

Il est des cas, très-nombreux en histoire naturelle, où l’on 


DES, VÉGÉTAUX. 177 


se demande de bonne foi, ferai-je de cet être üne espèce 
où un genre? un végétal où un animal? J'avoue qu’én étu- 
diant la singulière production dont il vient d’être question , 
j'ai éprouvé une semblable difficulté, quoique d’un autre 
genre, et que cette difliculté me semble impossible à sur- 
monter. Dois-je individualiser la masse végétante (fig. 1, 6bc) 
ou dois-je la considérer comme un amas d'individus vésicu- 
laires distincts, lors même qu’ils sont soudés entré eux ? Pour 
la vue simple, cette masse croissante et végétante seroit un 
individu ; mais si l’on place cet individu sous le microscope, 
il se décompose en une foule d’individualités vésiculaires qui 
ont toutes leur centre vital particulier de végétation et de 
propagation. Reconnoïssons donc ici, comme dans tous les 
autres végétaux, que la masse tissulaire est une individualité 
composée de l’agglomération d’un grand nombre d’indivi- 
dualités plus simples. 

Cette production végétale, si féconde en faits explicatifs 
de l’organisation des tissus, n’ayant encore été décrite ni 
figurée, j'en ai fait un genre nouveau que j'ai dédié à l’im- 
mortel physiologiste Bichat, et auquel j'ai, conséquemment, 
donné le nom de Bichatia vesiculinosa. 

La Bichatie est encore remarquable; en ce qu’on ne la 
trouve jamais qu'aux surfaces du verre, où aucune autre pro- 
duction organisée, au moins à ma connoissance, ne se déve- 
loppe. Les jardiniers regardant cette végétation intéressante 
comme une saleté qui obscurcit les vitraux de leurs serres, 
ne la laissent pas toujours s'étendre autant que celle que j'ai 
figurée. Je dois aussi avertir que la Bichatie étant le premier 
terme ou l’origine de la formation du tissu cellulaire, ses vé- 


Mém. du Muséum. 1. 18. 24 


178 ORGANOGRAPHIE 


sicules, dont la consistance n’est guère au-dessus de celle 
de l’écume de l’eau, et qui laisseroient des doutes sur leur 
existence organisée sans la globuline propagatrice que cha- 
cune d'elles renferme, s’affaissent se déchirent facilement, au 
point que l’observateur n’a plus sous les yeux que des débris 
membraneux de vésicules et de la globuline éparse, comme 
cela se voit (fig. 14). Il est donc utile de la détacher des 
vitres ou des entonnoirs avec précaution, de la déposer sur 
des feuilles fraîches renfermées dans une boîte de fer-blanc, 
etde la soumettre ensuite, le plus tôt possible, sous le micros- 
cope. La couleur et la forme des masses de la Bichatie, vues 
à l'œil nu, rappellent assez bien cette production du Carnbiun 
en forme des gouttes de suif qui se developpent cà et là sur 
la surface d’un aubier vif et décortiqué. Je ne serois pas le 
moindrement étonné qu'entre ces deux végétations il y eût 
la plus parfaite analogie, l’une et l’autre présentant le tissu 
cellulaire à son origine. 

J'avois pensé que les gommes auroient pu n'offrir quel- 
que chose d’organisé ayant de l'analogie avec la Bichatie. 
Toutes celles que j'ai observées se sont étendues, et telle- 
ment divisées dans l’eau qu'il n’est plus rien resté d’aperce- 
vable sous le microscope. 

Dans la Bichatie se trouve toute l'explication de la formation 
du tissu cellulaire, par agglomération de vésicules blanches, 
transparéntes et muqueuses, sphériques et simplement con- 
tigués, en laissant entre elles des vides angulaires, ou dé- 
venues hexagones par pression mutuelle, et soudées entre 
elles sans vides angulaïres. En elle est la preuve de l'indi- 
vidualité de chaque vésicule des tissus cellulaires, puisque 


DES! VÉGÉTAUX. 170) 
chacune d’elles a son centre vital particulier de végétation et 
de propagation; en elle se trouve encore ces deux autres 
preuves : la première, que c’est toujours, ou presque tou- 
tours, à la présence et à la couleur propre de la Globuline 
propagatrice contenue dans! les vésicules-mères des tissus 
cellulaires que sont dues presque toutes les couleurs dont se 
parent les diverses parties des végétaux (pli, figsr, e, et 5, 
15,16;17et 17,@3 pl. 2,1 et 1,a, 4eti5); la séconde, que 
‘étendue, dans tousles sens, des masses végétales n’a lieu que 
par l'accouchement d’anciennesivésicules'en un plus grand 
nombre de vésicules nouvelles (pl 1; fig 78,9, 10, tr et 12; 
pl. 2, fig. héorique 10), développement, entièrement et ri- 
gourensement comparable à Pétendue des associations ani- 
males. ciblé 

La même démonstration de la formation dutissu cellulaire 
pourroit encore avoir lieu dansdes tissus cellulairés lâches et 
aqueux, comme ceux de la. pulpede: certains fruits, dans 
lesquels les vésicules qui les composent sont grandes, flasques 
informes, de toutes grandeurs, libres'entre elles, et jetées au 
hasard les unes sur les autrès comme:autant.de petites vessies 
à moitié remplies d’air. elles sont , pour exemple, les tissus 
cellulaires de la pulpe jaune et bien müre-dumésocarpe, du 
péricarpe du Camcærops humilis (pl. r, fig. 17, a); du fluide 
mucilagineux qui devient plus tard le périspernie (fig: 19); de 
la chair jaune du Potiron, Cucurbita maxima (pl. 2,dig. 1, a 
et fig. 2); dela partie la plus intérieure d’une feuille de V Æ/0e 
vulgaris (fig, 3). 1 sul 


1801 QRGANOG R A PHIE 
Des Méats. intercellulaires ou Canaux intercellulaires. 


- On à nommé Méats, intercellulaires, ou canaux intercellu- 
laires, des vides ou-espaces angulaires( pl. 3, 66, et pl. 4, fig.2) 
produits ordinairement par la rencontre ou par la conti- 
guité de c2g\vésiéules sphériques dans le très-petit nombre 
detissus cellulairesimparfaits, comme ceux des Cactus (pl. 1, 
fig. 15) et de, quelques: feuilles de végétaux monocotylés. 
Je: m'étonne que: l’o ait attaché une certaine importance à 
ces vides qui n'ont rien àrfaire avec l’organisation, et qui ne 
sont véritablement que-depetites.portions.de l’espace univer- 
seltout-à-fait comparables celles qui séparent deux hommes 
dans la rue, ou à celles illimitées qui ont lieu entre les vé- 
sicules individus, d’un: tissu cellulaire à vésicules libres et 
éparses (pl 4, fig; 1). est tout aussiétonnant qu'après avoin 
créé, quelque chose avec 7167, on ait encore attribué à ce 
quelque chose des fonctions physiologiques, comme de ser- 
vir de passageou de conduit à la sève. La:sève, qui n’a point 
un cours réglé, ni de chemins différens pour monter et pour 
descendre, mais qui:se porte tout simplement, sans canaux 
et sans ouvertures particulières, partout où le besoin d’assi- 
milation se fat sentir, se loge dans les masses tissulaires des 
végétaux partout. où alle rencontre des vides, et ces vides 
sont, pour le plus grand:nombre des tissus , ceux de l'inté- 
rieur. des vésicules du tissu cellulaire, et ceux tubuleux des 
tigellules du tissu tigellulaire ou prétendus vaisseaux (quand 
elles sont creuses); et enfin ceux angulaires (pl. 3, bb, et 
pl. 4, fig. 2), qui ne se trouvent que dans la composition 


DES. VÉGÉTAUX. 181 


d’un petit nombre de tissus cellulaires. Ces vides, comme 
locaux, favorisent quelquefois la formation des raphides 
(pl. r, fig. 16) que l’on rencontre entre les vésicules d’un 
assez grand nombre de tissus cellulaires avec méats ou sans 
méats, comme celui figuré pl. 1, fig. 16. 

Les grains de Globuline ou vésicules futures (fig. 15, &), 
que M. Kieser a vus dans les vides angulaires des méats 
n'y étoient point nés; ils étoient échappés d’une vésicule- 
mère comme tous ceux que l’on voit en a. Mais abrités et 
entourés d'humidité, il est plus que probable que dans cette 
nouvelle situation ils continuent de végéter, et deviennent, 
à leur tour, une vésicule-mère, qui se soude ensuite avec 
celles de la masse du tissu cellulaire. 


De la Globuline ou vésicules futures des résicules-mères 
du tissu cellullaire. 


La globuline naît, par extension, des parois intérieures 
de chacune des vésicules-mères dont se composent, par ag- 
glomération, les masses de tissu cellulaire; elle en est le corps 
propagateur, et est destinée à renouveler et à étendre, dans 
tous les, sens, la base tissulaire des végétaux. Son insertion, 
sur les parois intérieures des vésicules-mères est symétrique; 
elle y forme des séries dont les globules de l’une alterne avec 
ceux d’une autre (1). La globuline est sphérique tant que son 


oo 


(1) Si généralement la globuline nous paroït sans ordre dans l’intérieur des 


vésicules, cela vient de ce que nos instrumens, au lieu de couper, ne font que 
déchirer ou refouler les vésicules. 


182 ORGANOGRAPHIE 


développement n'a pas été gêné par le défaut de capacité de 
la vésicule-mère; c’est par cette cause que les grains les plus 
gros de la globuline des vésicules du tissu cellulaire de la 
pomme de terre (Solarum tuberosum) présentent des formes 
irrégulières et angulaires. 

La globuline vivante est susceptible de se présenter, sous 
toutes sortes de couleurs, excepté la noire, et c’est sa pré- 
sence dans les vésicules transparentes et toujours incolores du 
tissu cellulaire qui occasione presque toutes celles que nous 
observons dans les végétaux. Elle commence toujours par 
être blanche; elle se colore ensuite selon les diverses espèces 
végétales, selon les divers organes de ces mêmes végétaux, 
selon l’âge de ces organes, selon leur état de santé ou de 
maladie, et selon leur exposition à l'humidité, à la chaleur et 
à la lumière. Elle est d’abord blanche dans l’origine de toutes 
ies feuilles; en prenant de la force elle verdit généralement, 
et en s’épuisant elle jaunit, rougit et noircit au moment de la 
chute des feuilles. C’est elle seule qui blanchit ou verdit dans 
les salades, selon qu'on les expose à la lumière ou qu’on 
les en prive. On la voit quelquefois, sans sortir du sein de la 
vésicule-mère, du tissu cellulaire, s'étendre extraordinaire- 
ment, produire de ses parois inférieures une et même deux 
générations emboïitées (1). 


(1) J'ai dejà eu l’occasion d'observer plusieurs cas qui m’ont présenté des vési= 
cules de tissu cellulaire, dans l’intérieur desquelles un ou plusieurs des grains 
vésiculaires de Globuline avoient végété et pris un accroissement tel, que dans 
leur intérieur il s’éloit développé une nouvelle génération de globules. On peut en 
voir trois exemples dans les planches 1, fig. 5, ce, et 2, fig. 3, a, et fig. 2,b, qui 
accompagnent ce Mémoire. 


Le plus curieux de ces faits est celui qui a été découvert par mon tres-honorable 


DES VÉGÉTAUX. 183 


C’est un grain de Globuline, plus favorisé que les autres, 
qui devient toujours le conceptacle propagateur de tout corps 
capable de propager l’espèce, tel que bourgeon, bulbille, 
embryon de graine (pl. », fig. {héorique 10 et 10, q). La Glo- 
buline ou vésicule future de tissu cellulaire est pleine d’un 
fluide gommeux ou mucilagineux très-nutritif, et ce fluide, 
très-probablement, est une masse de très-petits globules 
inapercevables. 

La Globuline est aux vésicules-mères des tissus, quant à 
la qualité nutritive, ce que sont les pois à leur cosse; plus 
jeune et conséquemment plus tendre que la vésicule, plu- 
sieurs insectes s’en nourrissent, et n’attaquent jamais ni la 
vésicule-mère ni la cuticule qui la contient, et sous laquelle 
ils cheminent comme sous une tente. 

Excitée par la piqüre des insectes, ou par une température 
trop sèche, trop chaude ou trop froide, elle devient malade, 


ami M. Le Baillif, dans les globules qui circulent librement avec le liquide con- 
tenu dans l’intérieur des mérithalles tubuleux des tiges de Charas. Très-souvent un 
grand nombre de ces globules que l’on avoit simplement considérés comme des 
concrétions de matières nutritives, mais qui sont bien des centres vitaux orga— 
nisés, absorbent, végèlent, croissent au point de remplir entierement le diamètre 
du tube, et produisent, par extension de leurs parois intérieures, une nouvelle 
génération de globules, dans l’intérieur desquelles on en distingue une plus nouvelle 
encore. La végétation et l’accroissement, par absorption et par association, des 
globules (Globuline) végétaux développés dans l’intérieur des vésicules-mères des 
tissus cellulaires, ou dans le tube des Conferves et des Charas, la faculté qu'ont 
ces globules de produire dans leur sein d’autres globules, répond à la première 
question d’organographie, posée, par M. De Candolle, ainsi qu’il suit : 

« Les grains ou globules visibles, soit dans l’intérieur des cellules, soit dans les 
« sucs des méats intercellulaires , peuvent-ils se dilater eux-mêmes en cellules ? » 
Organ. végét. ,t. 2, p. 206. 


184 ORGANOGRAPHIE 


perd sa couleur de santé, prend des formes monstrueuses , 
tourmente et crispe les feuilles et les écorces, reste sous la 
cuticule (pl 2, fig. 4 et 5), ou’en sort , en la crevant, et pa- 
roit à la surface des végétaux sous toutes sortes d’aspects 
(pl. 2, fig.6 et 7). La cloque des feuilles du pêcher, la noix de 
gale, les Uredo, les Æcidium, les Xyloma, et en général tous 
ces prétendus végétaux qui sont censés prendre naissance 
sous la cuticule, sont toujours produits par un état patho- 
logique de la Globuline. C’est ce que l’on pourroit appeler 
l’ergot de cet organe. 


Des ouvertures en forme de pores ou des fentes destinées à 
l'introduction des fluides et des liquides dans l'épaisseur 
des masses tissulaires des végétaux. 


Ces ouvertures particulières existent-elles ? sont-elles utiles ? 
Non, et non encore, puisqu'elles n’existent pas, et que celles 
que l’on a cru voir, soit à la cuticule, sous le nom de nores 
corticaux ou de stomates, soit aux vésicules du tissu cellulaire, 
sous celui de pores annelés, n’ont été que l'effet d’une illu- 
sion. La cuticule générale des végétaux est une sorte de 
grande vésicule ou de grande enveloppe incolore , d’une 
minceur et d’une transparence extrême. Elle n’a d'ouverture 
nulle part; sa nature est la meme que celle d’une vésicule- 
mère du tissu cellulaire : elle a seulement une étendue infini- 
ment plus grande. Les plus puissantes combinaisons du mi- 
croscope ne peuvent nous faire apercevoir les élemens qui 
la composent, mais l’analogie seule nous dit que des globules 
incolores, transparens et muqueux, contigus les uns des 
autres et susceptibles d'ouvrir ou de serrer les rangs, selon 


ne] 


s DES VÉGÉTAUX. 185 


les besoins de la vie, la composent. A la surface inférieure 
de cette membrane est fixée une espèce de réseau dont les 
mailles, formées par des filets incolores, solides ou peut- 
être tubuleux, varient de forme et de grandeur, selon les 
espèces de végétaux. Les mailles du réseau de la cuticule 
des Fougères, du Houx de lÆvcuba Japonica, se com- 
posent de filamens sinueux et d’un aspect très-élégant. Indé- 
pendament de ce réseau, la cuticule des feuilles et celle des 
jeunes écorces du système aérien des végétaux d’ordres su- 
périeurs, présentent encore des organes particuliers qui se 


‘lient avec les filamens du réseau, et qui se composent de 


deux vésicules remplies de globuline, courbées de dehors en 
dedans, de manière à laisser entre elles une simple fente ou 
un espace plus ou moins large. C’est cette fente ou cet espace 
qui permet de voir la cuticule transparente et à nu, qui a fait 
croire que ce lieu étoit percé, et ce qui a fait donner le nom de 


A 


pore cortical ou de stomate à cet organe formé de deux vé- 


sicules simplement appliquées sur la face, probablement ex- 
térieure, de lamembrane imperforée de la cuticule(pl. 3, fig 3). 

Je ne parlerai point des pores annelés des vésicules du 
tissu cellulaire; chacun sait aujourd’hui que la membrane 
muqueuse de cet organe est imperforée, et que des grains 
de globuline blanche et transparente, en se dessinant sur le 
porte objet du miseroscope par un bord circulaire rembruni 
et par un point lumineux au centre, ont donné lieu à cette 
méprise. 

Quelques personnes croient encore que certaines tigellules 
internes et composantes des tiges proprementdites, et qu’elles 
appellent des vaisseaux, sont munies d'ouvertures, de pores ou 

Mém. du Muséum. 1. 18. 25 


186 ORGANOGRAPHIE ‘ 


de fentes annelées où bardées comme une boutonnière d’ha- 
bit: c'est encore une illusion du mème genre que celledont je 
viens de parler relativement aux prétendues ouvertures de 
la cuticule, J'ai déjà fait sentir la grande analogie qu'il y 
avoit entre une tige proprement dite et les tigellules internes 
qui la composent, et entre les stomates de la première et les 
pores annelés ou bordés des soi-disant vaisseaux. On doit se 
rappeler que, dans les deux cas, ce sout presque toujours deux 
vésicules courbées et conjointes remplies de globuline, bien 
conformée dans celles des stomates, et simplement puneti- 
forme et rudimentaire dans celles des pores annelés des vais- 
seaux. La membrane dont se compose le tube de ces vaisseaux 
ou plutôt de ces tigellules n’est pas plus perforée que la euti- 
cule des tiges proprement dites; Fopacité des deux vésicules 
appliquées contrastant avec la grande transparence de la 
partie du tube que l’on aperçoit entre elles, a encore produit 
cette illusion. Je ne puis donner une meilleure idée de la struc- 
ture et de l'assemblage des vésicules conjointes des tigellules, 
qu’en en indiquant la figure 2 de la planche 3, qui représente 
un stomate (1). 


Un mot sur la sève. 


De l’eau reçue par l'absorption insensible de toutes les 


(1) Les tigellules composantes (vaisseaux), lorsqu'elles sont tubuleuses , repré- 
sentent rigoureusement une tige ordinaire qui seroit réduite à sa cuticule. La grande 
analogie qui existe entre les stomates de la cuticule, soit des écorces, soit des 
feuilles, et ce que l’oma nommé des:pores annelés sur les tigellules internes et eorn- 
posantes, me détermine à employer la dénomination de Szomaine pour ces, pré 
tendus pores, malgré ce que peut avoir de défectueux cette dénomination qui 
exprime une ouverture qui n'existe pas. 


DES VÉGÉTAUX. 187 


surfaces aspirantes du végétal prend le nom de sève dès qu’elle 
est admise à baigner la masse des tissus. Cette eau, en obéis- 
sant d’abord aux simples lois dela physique, tend à se mettre 
en équilibre et à imprégner également toutes les parties de là 
masse tissulaire du végétal; mais deux causes s'opposent à 
cet équilibre, et font que l’on trouve toujoars une bien plus 
grande quantité de sève dans un lieu plutôt que dans un 
autre. La première de ces causes naît de la différence de 
compacité des tissus qui permet à l’eau de se loger en plus ou 
en moins grande abondance, selon que les vides sont plus 
vastes et plus abondans. La seconde, bien plus puissante, 
vient du degré d'énergie de la vie qui n’est pas le même dans 
toutes les parties de l'organisation végétale. 

Quoique toutes les vésicules du tissu cellulaire et toutes 
les tigellules qui végètent parmi celles-ci soient autant d’in- 
dividus distincts, puisque chacune d’elles a son centre vital 
particulier de végétation et de propagation, elles n’en forment 
pas moins une grande association d'assistance mutuelle, et 
restent toujours tributaires soumises de l’individualité com- 
posée de la plante qu’elles sont appelées à constituer. 

C’est ainsi que tour à tour on voit le système aérien et le 
système terrestre des arbres se faire des emprunts et des 
envois réciproques de sève selon l’état des milieux dans les 
quels chacun d’eux se trouve et les besoins qu’ils éprouvent. 
Ce n’est que dans ce cas, et dans les végétaux à longues tiges 
seulement, que l’on peut admettre une sève qui monte, une 
sève qui descend, et une sève qui stationne. Si l’atmosphèreest 
sèche et brülante, et que laterre soit humide, le système aé- 
rien demande etreçoit du système terrestre qui envoie; alors 


183 ORGANOGRAPHIE 


lisève monte. Si long-temps après, lorsque la terre elle-même 
est épuissée, il survient de la pluie, le système terrestre, à 
son tour, implore un secours qu'il a accordé quelque temps 
auparavant, et il le reçoit du système aérien qui se trouve 
dans l'abondance; alors la sève descend. Si la pluie dure, si 
l'atmosphère et la terre sont amplement pourvues d'humidité, 
les deux systèmes pouvant s’abreuver chacun dans leur mi- 
lieu, il en résulte, comme pendant l'hiver, un état de station 
pour la sève. S'il reste encore un peu de mouvement, ce ne 
peut être que des surfaces qui reçoivent plus tôt, vers le 
centre des tissus qui recoivent plus tard. En effet comment 
pourroit- on établir une sève qui monte et une sève qui des- 
cend dans un végétal globuleux, commeun Cactus melocactus 
ou bien dans le tissu d’un fruit sphérique comme celui du Poti- 
ron(Cucurbitamaxima} La sève, dans l'épaisseur des masses 
tissulaires des végétaux, n’a point de circulation réglée; elle 
ne monte point par un chemin et elle ne descend point par un 
autre; aucuns vaisseaux conducteurs, destinés à diriger sa pré- 
tendue marche, n’existent dans l’organisation des tissus : elle 
se porte tout simplement où elle est appelée, où le besoin 
vital se fait sentir, et cela dans tous les sens indistinctement, 
comme si la forme de tous les végétaux étoit sphérique, et 
comme si tous ne présentoient dans leur masse tissulaire 
qu'une simple agglomération de vésicules. 

La science des végétaux a commencé par être enveloppée 
d'erreurs et d'idées grossières. Lorsque l’on crut reconnoitre 
des sexes et une fécondation dans les végétaux, on s’imagina 
d’abord que la vésicule pollinique, tout entière, s’introdui- 
soit dans l'ovaire, et puis dans l’ovule, par cette espèce de 


DES VÉGÉTAUX. - 189 
canal qui se voit au centre des styles peu nombreux dont les 
pistils se composent de plusieurs feuilles soudées. Plus tard 
on réconnut cette erreur, et on la remplaca par celle des 
prétendus canaux, ou des cordons ou vaisseaux pistillaires 
dont tout le monde cause encore, mais qui cependant 
n'existent pas (1). 

M. Adolphe Brongniart, dans son beau travail sur la Gé- 
nération et le développement de l'Embryon dans les vé- 
. gétaux phanérogames, a mieux aimé, et avec plus de rai- 

son, faire arriver les globules des vésicules polliniques dans 
l’intérieur du sac ovulaire, en les faisant glisser entre les vé- 
sicules du tissu cellulaire des stigmates, des styles, quelque- 
fois très-longs, et des ovaires, pour de là entrer ensuite 
dans l’ovule, par l’ouverture du micropyle. Je crains bien 
que la science n’en reste pas encore à ce point. Les êtres 
. organisés végétaux me paroissent encore plus simples. 
Il en fut de même pour l'absorption et le transfert de la 
sève dans l’intérieur des tissus. On imagina sur les cuticules, 
sur les vésicules du tissu cellulaire, et sur certaines tigellules 


(Gi) Les faisceaux de fibres qu’on aperçoit quelquefois sur la coupe transversale 
des styles uniques, ou composés par soudure, ont donné lieu de penser qu’ils pou- 
voient être des canaux ou des vaisseaux pistillaires (cordons pistillaires de Correa )E 
dont les hautes fonctions devoient être de conduireles globules prétendus sperma— 
tiques depuis les vulves stigmatiques jusque dans l’intérieur de la feuille ovulaire. 
Les pistils, qui ne sont que l'enfance du fruit, étant toujours le produit d’une ou 
de plusieurs feuilles soudées entre elles, et ces feuilles ayant leurs nervures mé- 
dianes composées de plusieurs fibres réunies, c’est à ces paquets de fibres, qui se 
prolongent de la base de la feuille ovarienne jusqu’à son sommet (stigmate), que 
l’on a donné le nom de cordons pistillaires , et auxquels on a accordé des fonctions 
romantiques. 


190 ORGANOGRA\PHIE 


tubuleuses du tissu tigellulaire, de petites portes rondes ou 
alongées que l’on orna ensuite d’une sorte de petit cham- 
branle (bourrelet}) (pl. 3, fig. 2, ), par lesquelles l’eau pût 
entrer ou sortir du végétal, ou passer de l’intérieur d’une 
vésicule dans l’autre, et de celles-ci dans les prétendus vais- 
seaux poreux. 

Nulle ouverture visible sur la cuticule des végétaux, nulle 
ouverture visible sur la vésicule composante du tissu cellu- 
laire, et nulle ouverture visible sur la tigellule du tissu tigel- 
lulaire, Ces trois sortes d'organes, ou plutôt ces trois sortes 
d'individus composans, offrent une membrane continue, 
transparente, incolore, et sans organisation apparente, mais 
qui, selon toute espèce d’analogies, se composent de très- 
petits globules muqueux, blancs, transparens, simplement 
contigus et susceptibles de s'éloigner ou de se rapprocher, 
pour laisser entrer ou sortir les fluides et les liquides, selon 
les besoins de la vie et l’état des milieux dans lesquels le vé- 
gétal se trouve placé (pl. 3, fig. 1, &, d). 


RESUME. 


Dès que la matière s'organise, elle se globulise. 

Ce que nous considérons, à la vue simple, comme une 
substance muqueuse ou mucilagineuse, soit à la surface des 
corps immergés, soit dans les tissus commençans ou peu faits 
des êtres organisés, est, sous l’action du microscope, un 
amas de globules distincts, muqueux, incolores, transpa- 
rens, z2diyidus, puisque chacun d’eux a son centre vital par- 
ticulier, toujours ou presque toujours doué d’un mouvement, 


DES VÉGÉTAUX, 191 


sur la nature duquel nous n’avons encore rien de précis. 

Ces amas de globules, lorsqu'ils font partie d'un végétal 
ou d’un animal, forment le plus simple comme le premier 
de tous les tissus : c’est le Zzssu globiulatre. 

Lorsque ces globules naissent dans l’espace, comme à la 
surface des corps placés sous l’eau, qu'ils enduisent d’un 
mucilage que l'on reconnoit au toucher, ou comme dans ce 
précipité que l’on trouve au fond des vases dans lesquels on * 
conserve de l'eau; ces globules, de la plus grande simplicité 
possible, constituent autant d'sxdiidus distincts, et doivent 
ètre regardés comme formant le premier degré, rrsible, de 
l'échelle de l’organisation. C’est avec ces êtres que j'ai formé 
le genre Protospheæria simplex (1). 

Ces globules, très-probablement pleins et n’offrant aucunes 
granulations intérieures capables de les propager, peuvent-ils 
être considérés comme étant la seule production organisée 
spontanée ? 

Il est à remarquer qu'aux mêmes lieux on trouve en 
même temps des êtres filamenteux d’une ténuité extrême, 
très-longs, pleins, sans granulation propagatrice apparente, 
de la mème substance que les globules de Protosphéries. 
Ces êtres forment mon genre Protonema simplex (2). 

Je pense que les Protosphéries montrent l’origine des 
tissus cellulaires, et les Protonèmes celle des issus fibreux, 
soit dans les végétaux soit dans les animaux. 


D’autres globules analogues aux Protosphéries, mais sus- 


(1) Atl. Dict. Scienc. nat., t.2,pl. 1. 
(2) Ati. Dici. Scienc. nat.,t. 2, pl. 2. 


= 


192 ORGANOGRAPHIE 


7 


ceptibles, en se développant, de se creuser en vésicules, et 
de produire de leurs parois inférieures de plus petites vési- 
cules destinées à propager l'espèce, présentent, quand ils 
naissent dans l’espace, un second degré de végétation très- 
remarquable par l’état vésiculaire, et plus encore par la 
faculté de la reproduction. Ces globules vésiculaires , exces- 


,sivement répandus dans la nature, verts le plus souvent, : 


mais aussi, selon les espèces, jaunes, rouges, bleus, ont pour 
territoire les surfaces humides de tous les corps exposés à 
l'air et à la lumière, sur lesquels ces petits végétaux sphé- 
riques et vésiculaires forment d'immenses prairies microsco- 
piques. 

Ce sont ces mêmes prairies, vues à l’œil nu, qui avoient 
été individualisées sous formes de croûtes, et auxquelles les 
botanistes avoient donné le nom de Lepra ou de Leprarta. 

C’est aujourd'hui mon genre G/lobulina. 

Tous ces petits végétaux vésiculaires annoncent le tissu 
cellulaire des végétaux d'ordres plus élevés. Ils sont rigou- 
reusement analogues aux vésicules agglomérées de ce tissu, 
puisque dans les deux cas la vésicule est un centre vital par- 
ticulier de végétation et de propagation, et que, pour avoir 
des individus isolés de globuline, il suflit de désagglomérer 
du tissu cellulaire, et que pour faire celui-ci avec des indi- 
vidus vésiculaires de globuline, on n’a qu’à les rapprocher et 
à les souder. 

D’après ce qui vient d’être dit on peut poser : 

10, Une agglomération de globules distincts de Proto- 
sphéries forme le 7zssu globularre. 

20, Une agglomération de vésicules distinetes propaga- 


hs. ani de céé donnee 


DES VÉGÉTAUX. 193 


trices et individus, forme le Zéssu cellulaire (V. ésiculaire), 

30. Un grain de Globuline, produit par extension des pa- 
rois intérieures de l’une des vésicules conceptables du tissu 
cellulaire, est l’origine ou le germe propagateur, soit des 
vésicules futures. d’un nouveau tissu cellulaire, soit de tout 
corps capable de propager l'espèce. 

4°. Que c’est dans le tissu cellulaire des végétaux que la 
nature a placé le siége de tous les corps propagateurs de l’es- 
pèce, en faisant de chacune des vésicules composantes de ce 
tissu un véritable conceptacle de reproduction. 

50. Que dans la masse tissulaire d’un végétal d’ordre supé- 
rieur et entièrement développé, il n'y a de vivant que la 
Globuline seule capable de croître et de se greffer, par ap- 
proche, avec de la Globuline d’un végétal analogue. Quela 
cuticule ou épiderme (excepté la globuline contenue dans 
les vésicules des stomates), que les vésicules-mères du tissu 
cellulaire et les fibres pleines ou fistuleuses du üssu fibreux, 
ont entièrement cessé de vivre, et ne jouent plus, dans l’ac- 
tion de la greffe, aucun rôle physiologique. 


Méin. du Muséum. t. 18. 26 


194 ORGANOGRAPHIE 


| EXPLICATION DES FIGURES 


| tO? s'tu JE TH Ve’ 
REPRÉSENTÉES DAS. LES, QUATRE rives avr HAL PEER CE néons 
L : Leo DET , ! : 
CRE : hautQ tes 
” peser ” 
: 
nor uses br, rs ar Er Qu: 9 


Probe COQ 2 CAMES 


Origine où formation primitive du tissu cellulaire. 


.Fic. 1. Cette figure représente un morceau de verre sur lequel s’est développé 
de la Bichatie vésiculineuse, dans toutes sortes d'états. a. Goultés d’eau provenant 
de l# vapeur corédenséé de Vintérieur’d’üne serre chaude, et dans lesquelles sont 
déja desçeorpuscules propagateurs.de! la Bichatie. b,b. Bichatie commençant à se 
développer et Wayant encore que la transparence de l’eau.c. Bichatie entièrement 
formée. d,d: Bichatie désorganisée. passant, par l’effetide cette désorganisation, 
édhimie célä'artive à beaucoup de feuillage à l'automne, aux couleurs jaune; aurore, 
rose ;tpourpre brune et noire. C'eit dans la partie des châssis où deux vitres se 
croisent que la Bichatie, protégée dans cet espace, se maine el qu’elie présente 
{outes | les couleurs que l’onwient de désigner. . 

Fic. &{Gouttés d’eau de grosseurs MEétéites. 
Fic. 3." Une goutte d’eawétendue sur le porte-ohjet du microscope , recueillie 


LA 


dans l’intérieur d’une serre chaude et dans laquelle ondistingue des corps diffé 
rens, tous parfaitement inertes. a. Corpuscules que je crois être les propagules 
de la Bichatie "vésiculineue. b,b,b,b,b. Vésicules de diverses grosseurs, et dans 
l'intérieum desquelles: on voityde, la Globuline propagatrice des vésicules-mères. 
c,c..Jeuhes individus de Proionema simpleæ. (Eurp.) d. deubrane (né, 
chiffonnées, que l’on reriçoritresouyéntdans les eaüx, el queje Supposéétreiles a- 


dâvres de vésicules qui ont-céssé d'exister. Ces débris de vésicules offrent quelques À 


granulätions très-fines qui ne sontsans doute que de la globuline rudimentaire 
restée atlachée aux parois de la vésicule-mere. 


Fic. 4; Bichatie vésiculiueuse commencant se developper. | { 
L { r 1 Unit : "4 » { t 
. Ven du = a à CRT Pie 
4 ac ae 


* J'engage le lecténr, si son inæntion est de s "instrhire, à lite avec attention l'as an) des 
ge Q pne 
figures; il y uouvera peut-êwe plus Me choses que dans le texte courant du Mémoires 


èc * © MD à NU 


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à ORIGINE oz form ation Primitioe de Tissu cellulasre: 
Zom .16. d 


D 00 Mtin 
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Tupin pins novent 1826. Pérervañions mieroscopiquer dec y 


Leg .1 a 14, BICHATIA versrcunose. lTirp 


er A oh 


DES VÉGÉTAUX. 195 


Fic. 5. Bichatie arrivée à son plus grand état de developpement, a,a,a,a,a, Vési- 
cules individus, isolées. b,b,b. Vésicules individus soudées par deux, et:constituant 
par cette union, soudées, l’origine des individualités composées de Ja presquertotalité 
des végétaux. c. Idem par quatre. d. Idem en grandnombre, de manière à formertet 
à expliquer parfaitement l’organisation des masses du tissu cellulaire des végélaux , 
en même témps que cela démontre comment les vésicules, de sphériqueset.de libres 
qu’elles étoient entre elles d’abord , se soudent ensuite , perdent leur sphénicité, 
deviennent hexagones parle défaut d'espace et par la pression mutuelle qu’elles se 
font éprouver. 

On doit remarquer que dans cette masse de Bichatie la globuline propagatrice 
est d’un beau vert; que c’est à la réunion de tous ces corps propagateurs au’est due 
la couleur verdâtre des masses vues à l’œil nu ; que le nombre des corps propa- 
gateurs varie, dans chaque vésicule-mère, depuis un jusqu’à sept, mais que le 
nombre quatre s’y voit fréquemment. e,e,e. Vésicules-mères dans l’intérieur des- 
quelles la globuline propagatrice s’est dilatée et a donné naissance à une deuxième 
génération de globuline. 

Ossenvariox. La fig. 5 abonde en explications de premier ordre pour l’organi- 
sation végélale. 

16. Les vésicules isolées de la masse prouvent, par leur centre vital particulier de 
végétation et de propagation, leur individualité. Leur analogie rigoureuse avec les 
autres vésicules soudées par approche et avec toutes celles dont se composent, par 
agglomération, tous les tissus cellulaires, atieste, d’une manière incontestable, 
l'individualité de celles-ci. + 

2°. Comment les vésicules individus des tissus cellulaires , en se développant et 
en se disputant mutuellement l’espace, perdent leur forme sphérique, se collent 
les unes aux autres, deviennent plus on moins hexaëdres, font disparoître ces pré- 
tendus canaux séveux, quinesont que des videsangulairesinsignifians, ou de petites 
portions de l’espace universel, etauxquels on a donné le nom de méats. 

3°, Comment il se fait que des vésicules individus, en se soudant par approche, 
constituent l’individualité composée des plantes, mais dans lesquelles individualités 
il n’y a de commun que l'absorption des fluides et des liquides, sans que jamais les 
individus vésiculaires et composaus se confondent entre eux et cessent d’être toujours 
un centre vital particulier de végétation et de propagation. 

4°. Que cet amas de vésicules distinctes, en se collant les unes aux autres et en 
établissant une existence commune, mais seulement, comine je viens de le dire, 
dans ce qui appartient à l'absorption , explique ce qui se passe dans toute espèce 
de greffes végétales. Que fait-on en pareil cas? on rapproche deux masses, deux 
associations d'individus vésiculaires; ces individus, muqueux de leur nature, se 


196 ORGANOGRAPHIE 


collent, les fluides et les liquides entrent en communication, et dès lors les deux 
masses n’en font plus qu'une; mais les individus vésiculaires dont se composent 
chacune de ces masses ne pouvant se confondre, il en résulte, ce que l’on connoît 
bien , que le sujet et la greffe , tout en se servant mutuellement de territoire, con- 
servent en même temps le caractère propre de leur espèce. 

La membrane qui compose la vésicule du tissu cellulaire étant muquêéuse, se colle 
à la membrane d’une autre vésicule dès qu’il y a contact, et des lors les deux vésicules 
entrenten communication d'absorption. En quoi consiste cetteadhérence, comment 
at-elle lieu? J'ai déjà dit que, par ANALOGIE, la membrane des vésicules, qui nous 


paroît sous le microscope si transparente, si unie, étoit composée d’une foule consi-. 


dérable de petits globules blancs, transparens et simplement contigus les uns aux 
autres (pl. 3, fig. 1). Alors cette action de coller ne seroït produite que par l’action 
du vide, à laquelle il faut ajouter celle de l’attraction qui existe et qui rapproche ces 
petits globules composans. Encore résulteroit-il, que les masses de tous les êtres 
organisés ne seroient composées que d'agglomérations de globules individus diver- 
sement combinés, et dont les premiers et les plus petits échapperont toujours, 
même aux plus grands efforts de notre imagination. 

Ces individus composans sont-ils, tous, centre vital de végétation et de propa- 
gation ? Je n’en puis douter un seul instant. C’est de cette manière seulement qu'il 
est possible de se rendre compte de la vie répandue dans tous les points de l’orga- 
nisation tissulaire et de l'augmentation des masses dans tous les sens à la fois. 

Quoiqu’un animal ou un végétal soit une individualité composée d’une mul- 
titude d’individualités plus simples, or auroit cependant le plus grand tort de croire, 
avec quelques naturalistes, que des individus animaux très-petils et très-simples, 
après avoir vécu librement dans l’espace, se recherchent, s'associent, se soudent par 
approche, et constituent par ce moyen des existences connues et plus compliquées, 
soit des végétaux, soit des animaux. Ces métamorphoses ou ces sortes d’agglomérats 
n’ont jamais lieu ; les individualités vésiculaires et composantes de la masse d’un 
chène ou de toute autre plante, sont nées pour cetie masse : c’est une sorte de 
population composée de plusieurs générations de vésicules nées de l’intérieur les 
unes des autres ; on ne vit jamais ces vésicules individus libres et vagabondes dans 
l'espace se grelfer ensuite, naturellement, pour former un être plus compliqué. 

Un arbre, comme tout autre être organisé, commence par un seul globule; ce glo- 
bule, propagateur de sa nature, se creuse, devient vésiculaire ; des parois intérieures 
de cette vésicule naît par extension , une nouvelle génération de globules égale- 
ment propagateurs ; ceux-ci, en grossissant et en remplissant toute la capacité de la 
vésicule-mère qui ne peut plus le contenir, se déchire, et verse dans l’espace une 
géuération d'individus nombreux qui forment masses, qui se soudent plus ou moins 


ns 


… 


DES VÉGÉTAUX. #9 


entre eux, et continuent à leur tour à engendrer de nouveaux individus, à en mul- 
tiplier le nombre, à augmenter l'étendue de la masse (pl. 2, fig. 10). 

Si l’accroissement de ces masses, de ces associations d'individus distincts, se 
faisoit irréguliérement et sans formes arrêtées comme dans la Bichatie vésiculineuse 
(pl: 1, fig. 1), tout ce que je viens de dire sur la pluralité des individus dans {a for- 
mation des masses tissulaires et l’accroissement de cesmasses par accouchement de 
nouvelles générations des anciennes vésicules-mères , paroîtroit plus simple. Mais 
quand il s’agit d’une fleur, d’un fruit dont la forme est symétrique et constante 
pour chaque espèce, dont l'étendue a ses limites, cela devient plus difficile en 
apparence ; je dis en apparence, puisque sous l’action décomposante du miscroscope, 
un pétale, simplement considéré dans son tissu cellulaire, n’est qu’une agglomé- 
ration de vésicules individus. 

On peut comparer, jusqu’à un certain point, la masse croissante d’un arbre à la 
masse croissante d’une association d’abeilles, et les essaims qui en résultent, et 
qui s’isolent de la ruche commune à ces Bulbilles qui se détachent de la plante- 
mère, et vont au loin établir une plante nouvelle, puisqu'il est rigoureusement vrai 
que ces Bulbilles ne seroient que des amas de vésicules individus, sans la cuticule 
qui les enveloppe. 

Les vésicules et la globuline du tissu cellulaire, les tigellules qui végètent parmi 
Jes vésicules , et la cuticule aui enveloppe le tout , forment des êtres distincts qui 
n’ont de commun que leur association, mais qui ne se confondent point et qui ne 
se convertissent jamais les uns dans les autres. 

Fic. 6. Une lignée de globules pleins et de globules devenus vésiculaires of- 
frant une progression d’accroissement depuis le point visible jusqu’au plus grand 
diamètre de développement accordé à cette production. On voit qu’à un certain 
degré d'expansion de la vésicule, elle produit de ses parois intérieures une nouvelle 
génération de globulins destinés à la propagation de l’espece. a,b. Ces deux figures 
indiquent comment deux ou quatre grains de globuline, en se dilatant en vésicules, 
se soudent par approche, faute d'espace. 

Fic. 7. Une Vésicule-mere sur le point d’accoucher de sept vésicules enfans, 

_ qui déjà contiennent , elles-mêmes, une nouvelle génération, 

Fic. 8, 9, 10, r1et12. Accouchemens terminés. a,a,a,a,a. Cadavres membra- 
neux des vésicules-méres. 

Fic. 13. Une petite masse de Bichatie vésiculineuse, composée de la réuniou 
soudée de douze individus vésiculaires devenus hexaëdres par pression mutuelle, 
Deux individus sont restés isolés. 

Fig. 14. Etat de la Bichatie vésiculineuse lorsqu'on la détache des vitraux sans 


198 ORGANOGRAPHIE 


précaution. Les vésicules sont si fugaces que le moindre choc suffit pour les crever, 
et les mettre dans le cas de répandre l’eau et la Globuline propagatrice qu’elles con- 
tiennent. Elles s'affaissent alors les unes sur les autres, et ne paroissent, plus au 
milieu de la Globuline qui résiste, que comme des membranes plissées ou chiffon- 
nées, ou même comme des apparences de fibres. a,a, Vésicules échappées à la des- 
truction générale. 

Fic. 15. Portioa de tissu cellulaire détachée de la tige herbacée du Cactus spe- 
ciosissimus. L'organisation de ce tissu cellulaire , comme on le voit, se lie parfai- 
tement à celui que forme , par rapprochement fortuit, les vésicules individus de la 
Bichatie vésiculineuse (fig. 4 et 5). Ce tissu cellulaire n’est véritablement qu'un 
amas de vésicules individus distinctes, qui , ayant joui de l’espace, ont conservé, 
dans leur développement , leurs formes sphériques, et ces vides angulaires ot insi- 
gnifians que l’on nomme des Méats. - 

Ici la Globuline propagatrice est beaucoup plus nombreuse, dans chaque vési- 
cule-mère, que dans celles de la Bichatie; mais, dans les déux cas, c'est toujours 
à la couleur verte de la Globuline qu'est due celle, locale, des masses ou des indi- 
vidualités composées. 

a. Globuline propagatrice échappée des vésicules-meres. b. Quatre grains de 
Globulines tres-grossis, pour faire voir un point lumineux que je pense n'être 
produit que par une illusion microscopique. 

Fic. 16. Portion de tissu cellulaire détachée d’une feuille du Mesembryanthemum 
barbatum. Ce tissu différe du précédent par la gène mutuelle qu'ont éprouvée, 
dans leur expansion , les vésicules individus; ce qui les a mis dans le cas de deve- 
nir, forcément, hexagones. Une autre différence, mais tout-à-fait étrangère à 
l'organisation, consiste dans la présence de ces nombreuses aiguilles (Raphides 
DC.) qui se trouvent entre les vésicules de ce tissu cellulaire , dans le sens longi- 
tudinal, et qui, dans certains tissus, affectent une disposition en faisceau. 

a. Globuline propagatrice et Raphides isolées de la masse. 4. Trois grains de 
Globuline tres-grossis, dans lesquels on aperçoit un, deux et même trois points 
lumineux. c. Deux Raphides. 


Fic. 17. Une petite portion de tissu cellulaine détachée de la pulpe du méso- * 


carpe d'un fruit mür du Chamærops humilis. Ce tissu cellulaire, vu au micros- 
cope ‘17, 4), n'offre que des vésicules blanches, transparentes comme du verre, 
molles, affaissées, sans adhésion, et contenant en elles de la Globuline assez nom- 
breuse, et dont la couleur d’un jaune brillant la fait ressembler à autant de petites 
perles d’or. En comparant ces vésicules à celles des fig. 4 et 5, on ne peut s’em- 
pêcher de reconnoître la rigoureuse analogie quiexiste entre elles , en même temps 
que si l’on jette les yeux sur les fig. 1, c et 17, on acquiert la conviction de ce 


DES VÉGÉTAUX. 199 


que j'ai déjà annoncé, que les couleurs diverses qu’offrent les végétaux ne sont 
dues, pour la plus grande partie, qu’à la couleur et à la présence de la Globuline 
contenue dans les vésicules-mères, toujours incolores, des tissus cellulaires. 
a. Vésicules individus vues sous le microscope. 

Fic. 18. Un embryon naissant, à l’état muqueux, ou plutôt à l’état de tissu 
globulaire, de grosseur naturelle, isolé du sac ovulaire d’une future graine d’o- 
ranger (Citrus aurantiumn). a. Au moindre effort, ce petitêtre végétal peut se réduire 
en un nombre considérable de petits globules muqueux, blancs, transparens, 
qui se séparent de maniere à faire croire qu'ils n’étoient encore qu’entassés les uns 
à côté des autres, sans presque aucune adhésion organique. b. Globules plus 
grossis. 

Il est plus que probable qu’à cette époque la cuticule enveloppante existe déjà, 
mais qu’étant extrêmement fugace , elle m'aura échappé. 

Fig. 19. Substance muqueuse qui remplit le sac cvulaire des graines, et au mi- 
lieu de laquelle se développent les embryons. Cette substance, vue à l’œil nu, res- 
semble à un fluide. Assisté du secours du microscope, elle devient un véritable tissu 
cellulaire analogue à ceux des fig. 4, 5, 15 et 17, 4. Ce tissu, trés-lâche, se com- 
pose de vésicules blanches, diaphanes, molles, irrégulières, avec peu ou point 
d'adhésion; dans leur intérieur on voit de la globuline rudimentaire. C’est à ce 
tissu cellulaire mucilagineux que l’on a donné les noms de périsperme, d’endos- 
perme et d’albumen, quand il persiste et se condense autour de l’embryon sous le 
tégument de la graine. 

Fic. 20. La Globuline propagatrice naît, par extension, des parois intérieures 
des vésicules meres du tissu cellulaire ; son insertion est d’abord symétrique : c’est 
ordinairement des séries dont les globulins alternent entre eux. Si cet ordre ne 
nous apparoîl pas aussi souvent que cela devroit êlre, la faute en est due au dés- 
ordre que le tranchant du rasoir apporte dans les coupes que nous faisons des 
tissus. Il convient mieux, après avoir coupé un peu, d’enlever le tissu en le déchi- 
rant au moyen d’une pince; alors on obtient quelquefois des vésicules dans les- 
quelles la Globuline est restée rangée comme je l'ai figurée sous le n° 20. 

Fic. 21. Portion d’une vésicule pour bien exprimer la véritable insertion de la 
Globuline propagatrice. J'ai fait voir, dans l’intérieur de cette Globuline, une 
nouvelle génération de Globuline, afin de bien faire comprendre sa destination 
future. 

Fic. 22. Portion membraneuse d’une vésicule-mère, étendue pour mieux mon- 
trer encore la disposition de la Globuline propagatrice. Les deux séries de points 
indiquent l’adhérence de la Globuline avec la membrane mere. 


: 


. 


200 ORGANOGRAPHIE | 


Prancne II. 


PE a: 
rie servant è expliquer le développement, dans tous les TE sur ture 


points, des masses tissulaires des RéafIeuT N a 


FA [e L h En c, NA € 
dci, Fic. 1. Portion de tissu de la pulpe a mésocarpe ee - 
APE à énorme Haut e l'on 


FA FE, a. Le même tissu. de gro 


AE das, | 
Pr 2 ny fs Fe cules, com 
SALE ES PAT 48 


A He E FE à comme du yerre les; irr ù for 1e et de grand 
UE _ tenant une e ntité i en mn jaune d’or. 
» Plus ily a de lulaire, p otiron est 
“jaune, et plus il es! de " 
: b. Trois gr os, AE 17 du paire a pour dia- 
{ : mètre DE er ‘ L ce 


Fic. 2. issu clllir re, vu à crane : détaché de cette partie du potiron 
qui accom] oit à l'œil nu comme grésillé; les vésicules- 
mères sont encore plus fla ques s irrégulières que les précédentes. La Glo- 
ce qu’au lieu d’être sphérique, elle 


est alongée , un peu obliqu €» poi te par les bouts, dont l’un se rte fis un 
filet qui probablement a+ poib d'attache.» *a- - Globuline i a vérdi 


Puline propagatrice est r 


lumière, après y avoir été exposée. 4,,. Grains, de Globuline de Ro tee ( 
+‘ etcontemant déjà une nouvelle à Rr. de (Globuline. c. Quelques spot 


| _ Glob line isolés et tres-gro a. nr NT ’action de la lu | 

Cr EI + Onservariox. La Globuline pro ice reproduit" tout si nee ment la peut 
HAN" wère, ou devient, selon les circonstances favorables à sa végétati on, un COFP? pro- 
Ve pagateur de l'espèce ou de l'individualité composée, comme fai déja dit ; mais 

< k tt elle est aussi susceptible de s "étendre en vésicule, et de nn ne sg intérieur 

4 e ou deux générations emboîtées. Selon qu’elle est plus on moins.exposée à la 


e, elle s'étiole, blanchit, ou prend plus de consistance et verdit. C’est ce 
rrive aux Globulines ben ME et jaunes de la pomme de terre et de la carotte 
sont mises en contact avec la lumiere; non-seulement elles verdissert, 
elles acquièrent encore une sayeur âcre qui est un signe de santé dans ces vé- 
ux, et ane chose fort désagréable pour nous. 


: transparentes 
Sn 


D LC 
ita maxim Duch:). ' 
] Es | vési=. € 


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ki 5 | Fic. 3.Portiondetissu cellulaire. prise dans le centre d’une feuille de l’Aloëvulga- 


qe “is. Ce tissu n’est qu’an amas de pelites poches ou vessies blanches, diaphanes, flas— 
ques, affaissées les unes sur les autres, irrégulières, contenant une petite quantité de 
Globuline propagatrice avortée ; mais dont quelques grains marqués a se so nt déve- 


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DES VÉGÉTAUX, 20 


loppés au point de donner naissance, dans leur intérieur, à une nouvelle géné 
tion de Globuline. 

Les grains de Globuline qui se sont déxelanpés en a sont remarquables par Pir- 
régularité de leur forme, et par celle même de la génération contenue dans leur 
intérieur, J’ai déjà observé {dans les Globulina viscosa , sanguinea et botryaides 
(Alt. Dict, scienc. nat.) des formes semblables. 

Fic. 4. Une portion de feuille de l’Acer platanoïdes, sur laquelle est une au 
tache d’un pourpre noir. 

Ossenvarion. Les botanistes, avides d’espèces végétales, ont désigné comme 
telles, une foule de cas qui ne représentent que de la Globuline propagatrice al- 
térée, malade où monstrueuse. C’est avec ces fausses ou prétendues espèces végé- 
tales, soi-disant parasites, qu’ils ont formé le genre Xyloma, Uredo, Æcidium , 
Erineum, et tant d’autres qui sont censés prendre naissance sous les épidermes ou 
cuticules des feuilles et des écorces. 

Lorsqu'on observe, sous le microscope muni d’un grossissement de cinq cents 
fois, les taches pourpres ou noires dont on a fait le genre Xy/oma, apres toutefois 
en avoir enlevé la cuticule, on voit qu’en cette partie la Globuline propagatrice, par 
une cause que je ne connois pas encore, s’est altérée; qu’elle est devenue dure, 
cornée et d’un pourpre noir; qu’elle n’a point augmenté de volume, et que,.con- 
séquemment, elle est toujours restée captive sous la cuticule, et dans l’intérieur de 
chaque vésicule-mère du tissu cellulaire. 

Fic. 5. Portion très-grandie de la précédente figure, dont on a enlevé la cuticule 
afin de mettre à nu les vésicules-meres du tissu cellulaire, et la Globuline propa- 
gatrice développée dans l’intérieur de ces vésicules. a. Globuline verte à l’état de 
santé.ou. à l’état normal, #. Globuline malade ou monstrueuse, devenue dure, 
cornée et d’un noir pourpre. a’. Globuline verte, très-grossie, d': Globuline pourpre 
moire, très-grossie , malade. 

F1c. 6..Portion d’une feuille de Rosier sur la surface inférieure de laquelle se 
sont, développés une foule de points saïllans d’un jaune aurore, Ces points ont 
servi aux botanistes pour créer un être végétal auquel ils ont donne le nom d’E- 
redo rosæ. C’est encore de la Globuline propagatrice malade, qui diffère de la 
précédente, en ce que celle-ci, au lieu de rester cachée sous la cuticule et dans 
l’intérieur des vésicules-mères, prend plus de développement et se multiplie à un 
tel point que, ne pouvant plus être contenue sous la cuticule , elle la déchire irré- 
gulièrement, et paroît ; sur la feuille, comme autant de petits, mamelons pulvis- 
culeux. 

Fic. 7. Portion tres-grandie de la précédente figure vue sous le microscope. 
a. Cuticule souleyée et déchirée irrégulierement par le développement monstrueux 


Méin. du Museum. \. 18. 27 


202. ORGANOGRAPHIE 


de la Globuline malade. C’est avec les lambeaux de cette cuticule que les auteurs 
ont fait une cupule ou une collerette. 4. Globuline malade et multipliée à l'excès. 
c. Globuline malade, isolée, et dont quelques grains, devenus vésiculeux, présentent 
dans leur intérieur, une nouvelle génération de Globuline. 

Fic. 8. Par cette figure, simplement explicative, j'ai voulu faire comitllté 
comment un jeune végétal , un Embryon, se développoit par extension des tissus 
propres de la plante mère, et comment, à cet âge, il ne présentoit encore qu’un 
tissu cellulaire composé, par agglomération, d’un grand nombre de globules vésicu- 
laires seulement contigus les uns aux autres; globules vésiculaires qui , considérés 
comme autant de centres vitaux particuliers de proÿagation, en contiennent 
d’autres destinés à les remplacer, à les multiplier, et à expliquer en même 
temps l'augmentation dans tous les sens'et de tous les points des masses végétales. 

J’ai dépouillé cet embryon dicotylédon , ou cet embryon pourvu de deux petites 
feuilles opposées, d’une partie de sa cuticule ou de son épiderme, afin de mettre 
à découvert la masse progressive de son tissu cellulaire. Mais j'ai accompagné ce 
végétal naissant de la feuille ovulaire qui l’abrite et le protége, sous le nom de 
tégument de la graine, jusqu’à l’époque de la germination. On s'apercevra aisé- 
ment que j'ai déchiré la presque totalité de l’un des côtés de la lame de cette feuille 
protectrice de l'embryon, afin de découvrir celui-ci dans toutes ses parties. 

a,a. Bases des feuilles ovariennes. b. Article ou dernier mérithalle de la tige du 
végétal-mère. Cet article, quand il existe, a été improprement nommé cordon 
ombilical. ce. Nœud-vital, sur le bord duquel la dernière feuille d’un axe végétal 
terminé par un embryon se développe. d. Indique le point où l’on a cessé de couper 
la nervure médiane de la feuille ovulaire. d'. Sommet ou partie terminale de la 
nervure médiane. e,e. Bords de la feuille ovulaire sondes dans presque toute leur 
étendue. Partie de la feuille dont les bords n’ont point subi de soudure, et qui, 
par cela même, ont ménagé une petite ouverture qui se manifeste sur presque tous 
les ovules, et jusque sur une grande quantité de graines parvenues à leur maturité. 
C'est à cette ouverture, que j'avois anciennement observée à Saint-Domingue 
(Haiti), et dépuis en France, que j'ai donné le nom de Wicropyle, connoissant alors 
assez peu l’organisation végétale ; nourri des idées d'autrui, croyant, avec tout le 
monde, à cette idée enchanteresse des amours, et conséquemment des sexes, et 
d’une fécondation nécessaire à la propagation des végétaux, je m’empiressai de 
publier dans un Mémoire (1), non-seulement le fait qui se bornoït à l'existence du 
Micropyle, mais encore je voulus lui assigner des fonctions d’un ordre très-élevé ; 
celles de servir d’organe introducteur , daus l’intérieur de l'ovule, à ce fluide mys- 


@) Ann. Mus., t, 7, p« 219. 


DES VÉGÉTAUX. 203 


térieux, ou plutôt à cet amas de globules, auquel on a donné le nom de Aura semi- 
nalis, et auquel enfin on suppose, comme cela a lieu chez les animaux d’ordres 
supérieurs , le pouvoir de la fécondation. Ajouter encore à tant de choses aimables 
et aussi séduisantes que le sont celles qui tiennent aux amours des plantes, eu 
expliquer, pour ainsi dire, l'énigme , ‘en montrant l’ouverture secrete par laquelle 
l'agent fécondateur devoit s’introduire, c’étoit plaire aux amans de Flore, c’étoit 
publier un écrit qui devoit être accueilli, et faire fortune dans la science. Aussi le 
Micropyle naissant fut-il honorablement recu et placé dans les ouvrages des 
hommes les plus distingués dans la science des végétaux: MM. Mirbel (1), Dé Can- 
dolle (2), Richard (3) l’'admirent dans les excellens livres élémentaires qu'ils ont 
publiés depuis. Les cordons ou prétendus cordons pistillaires de Correa de Serra 
établirent la correspondance des papilles des stigmates jusqu’à l'ouverture du Mi- 
cropyle; rien ne manquoit alors que la vérité, M. Auguste de Saint-Hilaire ajouta 
encore à la célébrité du Micropy le, en le reconnoissant , avec toutes ses fonctions, 
dans son savant Mémoire sur les placentas libres et centraux d’un grand nombre 
de péricarpes (4). Enfin, tout dernièrement, M. Robert Brown, dans de très- 
savantes observations placées à la suite de: son Mémoire sur l’établissement du 
nouveau genre Xingia Australis, a reconnu l'existence du HMrcropyle sur l’ovule 
de ce végétal, et a profité de cette occasion pour faire l’histoire de cette petite 
ouverture, en rappelant successivement les différens auteurs qui en ont parlé. 

Le Micropyle n’est point un organe; une simple lacune, un oubli de soudure, 
si je puis m’exprimer ainsi, ne mérite pas plus ce nom que ces Méats ou petits 
espaces angulaires, entierement insignifians, dont on a fait des canaux destinés au 
mouvemeut de la seve. ; 

Dans la supposition même d’une fécondation dans les végétaux, je serois loin 
d'admettre aujourd’hui que l'ouverture du Micropyle,a été ménagée, tout exprès, 
pour donner passage à ce que l’on nomme le fluide fécondant. Ce moyen me 
sembleroit trop grossier, trop mécanique ; pour l’accomplissemeut d’une fonction 
qui , si elle existe, doit avoir lieu par une simple absorption; sans qu’il soit besoin 
de canaux et d'ouvertures particulières , de même que les fluides nourriciers s’in- 
troduisent et se répandent dans l'épaisseur des masses lissulaires sans le secours de 


_ (1) Élémens de Phys. vég. et de Bot., 1'°. part., p. 49. 
(2) Théorie élém. de Bou. et Organ. vég., t. 2, p. 58. 
(3) Nouv. élém. de Bot. , 17°. édit., p. 269, et 4°: édit., p. 292. 
4) Mém. sur Les Plantes auxquelles on attribue un placenta central libre. 


204 ORGANOGRAPHIE 


ces prétendues ouvertures que l'on appelle des stomates, à la surface des plantes, 
des pores annelés sur les vésicules du tissu cellulaire, et sur les soi-disant vaisseaux 
du tissu tigellulaire. 11 n’y a pas plus de si visibles dans ts mise des ne 
taux que dans celle des animaux. 

Cependant , comme tout ce qui apparoît dans la structure des végétaux mérite 
d’être signalé, l'ouverture du Micropyle restera comme un simple fait, comme 
un caractère , mais dont il ne faudra pas faire plus de cas que de l'ouverture, très 
analogue, que l’on observe à la base de la lame soudée de la feuille rudimentaire 
où bractée des Warczravia (pl. », fig. 0, a), des Norantea, ou au sommet des 
feuilles ovariennes des péricarpes des Reseda, du Staphylea pinnata , etc. 

LL 188. Points de la nervure médiane de la feuille ovulaire d’où peuvent naître 
des Embryons, lesquels , par rapport au point d’attache de la graine, seroient ou 
horizontaux ou suspendus de manière à être considérés comme ayant la radicule 
horizontale ou supérieure. k. Point duquel l'Embryon a pris naissance, et s'est 
ensuite développé au degré où nous le voyons par une simple multiplication, par 
accouchement de vésicules nouvelles, comme on va le voir dans l'instant, en expli- 
quant la figure 10 de cette planche. }'. Tigelle ascendante ou premier mérithalle 
du jeune végétal , que l’on a eu tort de considérer comme une radicuie, 

OssErvaTioN. L’embryon de la graine entièrement analogue aux bulbilles et aux 
bourgeons, n'étant comme eux qu’une simple ‘extension des tissus du végétal- 
mere, ne peut, en effet, s’être accru que dans le sens ascendant, tant qu'il est resté 
contenu sous ses enveloppes foliacées et protectrices. Ce ne peut être qu'après s'être 
isolé de sa mére, après avoir déchiré les tégumens qui l'ont d’abord protégé, et 
dans les premières évolutions de la germination, que cette extrémité peut s'étendre 
en un système descendant, et qu’elle peut alors, seulement, mériter le nom de ra- 
dicule et plus tard celui de racines. Il est bien étonnant que cette belle observation, 
que nous devons à la pénétrantesagacité de M. Du Petit-Thouars , n’ait pas conduit 
ce savant à renoncer à l'idée que l'embryon naît de toutes pièces au milieu .de 
l’espace du sac ovulaire , sans adhérence aucune avec le tissu du végétal-mère , au 
lieu de voir, dans la formation d'un embryon , un véritable bourgeon terminal se 
développant, comme tout autre bourgeon, par continuité du tissu cellulaire de la 
mère et à l’aisselle d’une dernière feuille Li ; plus tard, devient ce que l’on 
nomme le tégument de la graine. 

Je ne connoiïs rien qui puisse mieux servir à la démonstration rigoureuse de 
l'embryon végétal et de ses enveloppes protectrices, qu’un chou pommé et coupé 
verticalement, dans l’intérieur, duquel on ménage Je bourgeon terminal en le déga- 
geant et en formant autour de lui une cavité au moyen de la suppression d'un 


DES VÉGÉTAUX, 20 


certain nombre de feuilles. Le bourgeon représentera exactement un embryon 
ascendant ou à radicule inférieure; ses petites feuilles seront, en même temps, 
cotylédons et gemmules: Si, par la-pensée, on accroit la tigelle de ce bourgeon, 
qu’on la fasse ramper sur la paroi intérieure de la cavité jusqu’à son sommet, on 
aüra alors dans la tigelle accrue un raphé, et le bourgeon, forcément renversé, 
expliquera l’embryon descendant ou à radicule supérieure. Les feuilles extérieures 
du chou, que l’on aura réservées, joueront le rôle, les plus intérieures , des enve- 
loppes immédiates de l'embryon ou de la graine , et toutes les autres seront com- 
parables aux feuilles qui composent les péricarpes, c’est-à-dire, les phycostemes, 
les étamines, les pétales, les sépales des calices , les bractées , les feuilles propre- 
ment dites, et si on veut encore, les cotylédons ou protophylles. 

On aura enfin, dans ce chou ainsi préparé, la démonstration complète que dans 
l’organisation du végétal la plus compliquée, il n’y a véritablement que deux choses 
principales, savoir : une tige et des organes appendiculaires parfaitement ana- 
logues , des feuilles. 

ë. Nœud-vital. Point auquel s’est arrêté l’accroissement ascendant du premier 
mérithalle du jeune végétal. A ce point, la nature a placé le berceau ou le concep- 
tacle des corps propagateurs que l’on distingue sous les noms de bourgeons, de 
bulbilles, de cayeux. Dé ce point se développent des organes appendiculaires et 
protecteurs des corps propagateurs qui prennent naissance à leurs aisselles, Les 
premières feuilles de l'embryon végétal, mal connues d’abord, furent nommées 
cotylédons. M. Du Petit-Thouars les désigna plus tard sous le nom plus conve- 
nable de protophylles ou premières feuilles du végétal. 

Au centre et entre ces deux deux protophylles s’éleve, sous forme conique, la 
gemmule. C’est le bourgeon terminal du petit végétal embryon. 

Osservarion. Tout corps propagateur, soit végétal, soit animal, ne peut jamais 
se former isolément dans l’espace d’une cavité quelconque; il est toujours produit 
par extension des tissus d’un individu mère qui précéde. Plus tard ce corps pro- 
pagateur se sépare et s’isole, si toutefois il n’est pas destiné à vivre en commu- 
nauté d’existence et d’organisation , comme le font la plupart des bourgeons des 
végétaux composés , lesquels restent entés les uns sur les autres, en se servant suc- 
cessivement de territoire. 

Fic. 9. Feuille rudimentaire ou florale (bractée) détachée d’une ombelle du 
Marcgravia umbellata. 

Cette feuille représente exactement la feuille -ovulaire-et son Micropyle. a. Ou- 
verturé ou partie non soudée de cette feuille, comparable à celle:du Micropyle des 
feuilles ovulaires (fig. 8,.f.) 


206 ORGANOGRAPHIE 


Dans le Norantea violacea les feuilles florales offrent le même caractère. 

Fic. 10. Cette figure est entièrement théorique, entièrement explicative, elle 
est complétement idéale ; mais elle exprime, selon moi, rigoureusement et fidele- 
ment le résultat d’une foule d'observations positives sur l’organisation et le mode 
de propagation des végétaux et des animaux, soit de leur individualité composée, 
soit des individualités particulières qui constiluent leurs masses tissulaires. 

Par cette image, on verra que mon intention a été de démontrer que tous les 
corps organisés, ou au moins les végétaux, commencent par un point, et que de ce 
point aux masses tissulaires les plus étendues, l'augmentation réelle n’a jamais lieu 
que par la multiplication , par accouchemens continuels de vésicules propagatrices. 

a. Fragment d’une vésicule-mère qui peut être celle d’un végétal univésiculaire, 
celle d’une globuline solitaire, ou celle d’une individualité particulière et isolée 
de l'agglomération d’un tissu cellulaire. Dans ce fragment, j'ai figuré quelques 
grains vésiculaires de globuline, dont l’un d'eux en a’, plus favorisé que les autres, 
s'est développé de manière à produire un nouvel être par suite d’accouchemens et 
de multiplication de vésicules. af. Point d’origine, soit d’un être simple vésiculaire, 
soit d’un être plus compliqué et composé, par agglomération, d’un grand nombre 
d'êtres plus simples. D. Progression croissante du globule a’ en la vésicule 4'””, 
dans laquelle ils’est développé deux générations visibles et comme emboitées. Dans 
les vésicules 4',b",0"",0"", on voit la globuline, ou vésicules futures, grossir peu à 
peu: c. Vésicule-mère accouchant de la génération qui doit lui succéder. c'. Ca- 
davre membraneux de la vésicule-mère qui, dans l’intérieur des masses du tissu 
cellulaire , doit entierement disparoître par émulsion et être absorbé, comme sub- 
stance nutritive, par les nouvelles vésicules. c'. Jeunes vésicules dans l’intérieur 
desquelles on voit déjà de la globuline propagatrice. Tous les d simples indiquent des 
vésicales qui ontracquis tout leur développement, et dans lesquelles on distingue 
de la |globuline propagatrice plus ou moins avancée. Les d' désignent les restes 
membraneux des vésicules-méres qui ont cessé de vivre. d”. Trois vésicules gènées 
dans leur développement , et formant, par cette cause, une petite masse de tissu 
cellulaire parfait, c’est-à-dire du tissu cellulaire sans espaces ou Méats. e,e. Vési- 
cules-meres sur le point d'accoucher d’une nouvelle génération de vésicules. Tous 
les e’ montrent des vésicules-mères accouchant de nouvelles vésicules, dont les plus 
grosses contiennent déjà de la Globüline propagatrice. 

Jff. Ce mode d'augmentation, en étendue et en poids dans les masses tissulaires 
qui constituent ki partie solide des êtres organisés, est le même que celui qui a lieu 
pour da formation et l'étendue des massés illimitées de certaines productions du bas 
de l'échelle, comme celle, par exemple, de la Bichatie vésiculineuse (pl. 1, fig. 1), 


DES VÉGÉTAUX. 207 


ou bien encore de l'augmentation, en étendue , d’une association de Végétaux ou 
d’Animaux libres sur un terrain donné; ce qui veut dire que, dans tous les cas, les 
masses n’augmentent que par des accouchemens ou par des propagalions succes- 
sives d’êtres agglomérés ou d'êtres isolés, 

Ici se présente, entre l'accroissement de ces diverses masses, une différence qui 
me semble digne de toute notre attention. Si je place, en un lieu, un Animal de 
l'espèce dont tous les individus sont propagateurs , il représentera le globule a! 
(fig. 10), il en résultera bientôt, par l’effet de la multiplication, par accouchemens 
successifs, une masse d’Individus qui ira toujours en augmentant; masse sans 
forme quelconque à la vérité, et dont la durée sera sans bornes, comme cela a lieu 
pour toutes les populations animales. 

Il n’en est point ainsi pour les Individualités composées de Végétaux et des Ani- 
maux d'ordres supérieurs. Quoique ces Individualités ne soient encore que des ag- 
glomérations d’Individualités plus simples, celles-ci, en se propageant, sont rete- 
nues, dans leur débordement, par une espèce de moule mystérieux, par la cuti- 
cule, qui s'étend en même temps que la masse intérieure, mais qui en limite 
l'étendue, et donne à chaque espèce d’êtres composés, ou à chacun de leurs organes, 
les formes variées et constantes que nous leur voyons. 

C’est pour exprimer cette enveloppe destinée à contenir la multiplication aveugle 
et par accouchement des vésicules composantes, que j'ai tracé, arbitrairement, 
la ligne f, f,f. La figure g exprime l’origine ou la formation d’un nouvel individu 
destiné à vivre et à se développer sur la mère, comme les bourgeons, ou à s’en 
isoler comme les bulbilles et les embryons des graines. On voit que cet individu 
émane directement d’un grain de Globuline contenu dans une vésicule-mère, et 
que cé grain de Globuline est, dans lous les tissus cellulaires végétaux, une véri- 
table séminule. 

OBsERVATION. À peine eus-je esquissé la fig. n° 10, que je sentis que j’ayois pro- 
duit l’image exacte du développement de toutes les choses , soit physiques, soit mo- 
rales. Cela devoit être. A mesure que l’on remonte vers l’origine de toutes les 
choses, les principes qui reglent, qui subordonnent, diminuent de nombre jusqu’à 
ce qu’enfin on ait atteint le principe unique ou le principe mère duquel tout 
dépend. Tous les corps de la nature commencent ou ont commencé par n’être 
que le point a’ de notre figure; en ce point est déjà ce que nous appelons un 
principe d’attraction ou vital : principe mystérieux qui fait que de six points 
parfaitement égaux pour nos sens, le premier restera ce qu'il est, le second 
deviendra , par des justa-posilions, une Montagne ou un Globe terrestre; le 
troisième ‘une vésicule organisée Végétale ou Animale, dont le développement, 


208 ORGANOGRAPHIE 


dû à la multiplication de noinbreux globules inapercevables, se fera du centre 
vers la circonférence ; le quatrième, un Vers où une Mousse; le cinquième, 
un Oiseau ou un Palmier; le sixième, enfin , un Chêne ou un Homme. En disant 
un Vers ou une Mousse, un Chène ou un Homme, je ne veux pas dire que le 
même globule ou le même point puisse devenir indifféremment, et d’après les 
seules influences du milieu das lequel il se trouve exposé, une chose ou bien une 
autre. Cette doctrine, déja émise dans la science, ne peut se soutenir. Les in- 
fluences extérieures ou environnantes, quelque puissantes quelles soient, ne peu- 
vent changer la destination future du principe qui pénètre toutes les parties du 
point-globule et originaire de chaque espèce de chose, Elles peuvent bien en mo- 
difier le développement en le rendant monstrueux par excès ou en l’atténuant , ou 
même en détruisant entièrement l'être commençant, mais jamais elles ne peuvent 
faire qu'un même globule devienne indifféremment ou une Mousse ou un Mar- 
ronier. ) 

Les feux souterrains qui occasionent ces éruptions volcaniques qui nous épou- 
vantent ont commencé par une étincelle. Les incendies qui se manifestent à la 
surface de la terre sont dans le même cas. Les maladies les plus sérieuses, celles 
qui amènent la mort, ont toutes, pour origine, un léger malaise. Un mot, une 
action, souvent très-insignifiante, suffit pour bouleverser les sociétés humaines, et 
y déterminer des révolutions désastreuses. 

Un point propagaleur, un point-mère (fig. 10, a); marque donc constamment 
Vorigine ou le point de départ du développemeut de toutes les choses. 

Veut-on se faire l’idée la plus exacte du développement, par propagation de par 
ties, d’une association d'Individus végétaux où Animaux libres dans l’espace ? Veut- 
on se rendre compte de l'augmentation des masses tissulaires par accouchemens 
successifs des vésicules-mères et Individus dont ces masses ne sont que des agglo- 
mérations ? Veut-on savoir commént se forme, à la surface des masses lissulaires, 
des Exostoses ou des Broussins , comme, par exemple; le Bédéguar de l’Eglantier ? 
Désire-t-on connoîlre l’origine de tous les conps propagateurs Végétaux? qu'on lise 
avec attention notre figure 10, depuis la vésieule-mère a, qui.a produit, jusqu’à son 
entier développement. F 

La figure écrite, placée à côté de celle dont il vient d’être question, exprime la 
mème idée. D'üné souche commune , que je suppose être une vésicule propagatrice 
de 6 vésicules semblables à elle, ont voit que la première génération se compose 
de 6 vésicules individus, la seconde de 36, la troisieme de 216, la quatrième 
de 1,296, la citiquieme de 5,996, et enfin la sixieme de 46,656, : ; La 


: 


Si ces Individus vésiculaires sont destinés à vivre enrcommunauté d'absonplion, et 


Zom ZE Vas 7° 


L 
ren za Diamètre de la vaieute mére Inde, 120 de mil. Îd. ample 800 


» four 
INDIVIDU res rulatre., sphérique , Ayant son centre odtol. parteuter de vegétihion el de propagation "4 


contenant trois Creneraliorts de globules propagateurs, embortees les unes dans les autres 
«7 A ir 


\ L2 LA 
k DES VÉGÉTAUX. 209 


à faire partie de l’agglomération de la masse tissulaire d’un Individu composé, ils 
auront, par cette succession de générations et par cette étonnante multiplication ; 
étendu les dimensions, dans tous les sens, de cette masse. Mais si, au contraire, ils 
doivent exister isolément, comme la Globuline Végétale solitaire, comme les Ani- 
malcules vésiculeux, ou come toute espèce CE animal en général, la SOAETE 
occupera un espace plus considér. able. pe 
LS : Fic. 11. Trois grains vésiculaires de formes différentes, extraits d’une des vésicules- 
Ë mères dont se compose toute la masse du tissu cellulaire d’une pomme de terre: 

; Cette Globuline , comme celle de plusieurs tissus cellulaires blancs qui servent à 
‘la nourriture de l’homme, se nomme fécule. C’est la plus grosse des Globulines 
que je connoïsse; elle est blanche, transparente et légèrement nacrée; on en 
_ trouve, dans la même vésicule, de dimensions et de formes différentes; les grams 
Hp les moins volumineux conservent encore la forme sphérique, tandis que les plus 
hr: LE ayant été gênés dans leur accroissement , sont comprimés et souvent obtu- 
à ft: _sément trigones ou ovoïdes. 


à Ces ains vésiculaires de Globuline ffrént un caractère extrêmement impor- 
P 


tant à connaître, parce que ce caractère prouve que ces corps sont organisés, qu'ils 
_… végètent et qu’ils sont nés, par extension, des parois intérieures de la vésicule-mère 
qui les a produits. 
JU ÿ Ce caractère consiste en deux choses : la première en un Ombilic ou Hile par 
} |A dE? grain de Globuline tenoit à sa mère, comme une sonnule" ou une graine 


4 


Prance [IL 

Un Ivoiviu vésiculaire, sphérique, ayant son centre vital particulier de végéta- 
tion et de propagation, contenant trois Générations de globules propagateurs, 
emboîtées les unes dans les x 


Le diamètre réel ou naturel di e cette vés icule-mcre, en la supposant appartenir au 
tissu cellulaire du Cactus speciosu 


t d'au vingtième de millimètre, et l’ampli- 
fication de cette figure a,a est de 3 ,000 f fois. Des parties de vésicules semblables 
l’avoisinent, mais seulement par conte de mañière à laisser entre elles de 


| Mém. du Muséum. 1. 18. 28 


210 ORGANOGRAPHIE 


petites portions de l'espace universel limitées, sous forme angulaire, par le cou- 
tact de cinq vésicules. C’est le Méat des auteurs. 

Je dois avertir que dans cette vésicule-mère j'ai anticipé sur les générations 
futures, afin de mieux faire sentir que la cause de tout accroissement dans les 
inasses tissulaires des végétaux, comme du développement de toute espèce de corps 
propagateurs de ces êtres, étoit dans le dédoublement de l’intérieur à l'extérieur 
de nouvelles vésicules nées, par extension, des paroïs intérieures d’une vésicule-mère 
qui précède. 

Une vésicule-mèére à l’état normal contient une seule génération de vésicules 
futures (Globuline}, dans l’intérieur desquelles on n’aperçoit point encore la géné- 
ration qui doit suivre et en résulter (pl. 1, fig. 5, 15, 16, et pl. 2, fig. 1, a). Mais 
il arrive souvent, que dans les tissus lâches et aqueux, on rencontre plusieurs 
générations emboîtées (pl. 1, fig. 5, e, et pl. 2, fig, 2, 4, 3, a,eet 7,c). 

a,a. Vésicule-mère individu , blanche, d’une transparence extrême, formée d’une 
membrane dépourvue de toute porosilé apparente, et dont l’organisation n’est pas 
plus apercevable que celle de l’eau ou d’un morceau de cristal : c'est du mucus 
durci ou une bulle de savon solidifiée. Née, par extension, des parois intérieures 
d’une mère semblable qui l’a précédée, à son tour elle produit, de la même ma- 
nière, des vésicules futures (Globuline), en a”, et desquelles, plus tard , a” et a” 
doivent encore naître toutes les génerations à venir, 

Toutes ces générations emboîtées n’y sont point en corps, au moins pour nos 
sens; mais on peut aflirmer quelles y sont en principes, puisqu'on les voit toujours 
naître, par accouchement , d’une vésicule-mere qui a précédé (pl. 1, fig. 7, 8, 9, 
10, et pl. 4, fig. b et d). 

b,b. On conçoit aisément que cinq vésicules sphériques, simplement contigues 
par quelques points de léurs surfaces, doivent laisser entre elles de petites portions 
de l’espace universel (pl. 1, fig. 15, et pl. 4, fig. 2), et que ces espaces angulaires, 
que les auteurs ont nommés Méats intercellulaires ou Canaux intercellulaires , ne 
sont que l’espace qui sépare deux hommes ou deux oïseaux, et que n'étant rien 
par eux-mêmes, ils ne peuvent avoir aucune fonction physiologique à remplir. 

Que les liquides et les fluides profitent de ces espaces, qu'ils les remplissent, que 
des substances s'y concretent, que des cristaux même s’y forment et s’y établissent 
quelquefois, c’est une chose toute simple ; des qu'il y a localité, il y a bientôt loca- 
taires, Mais, que l’on ait attaché de l'importance à ces riens, que l’on en ait fait 
quelque chose, et qu’à ce quelque chose on ait attribué des fonctions physiologi- 
ques, comme de servir aux prétendues sèves montantes et seves descendantes, c’est 
n'avoir pas, selon moi, le moïndrement compris ces vides; c’est n'avoir pas le moin- 


DES VÉGÉTAUX, 211 


drement compris comment est formé le tissu cellulaire ( voyez pl. 4, fig. 1,2et 3); - 
c’est même ne pas s'être aperçu que ces vides n’avoient lieu que dans la formation 
des tissus cellulaires imparfaits (pl. 4, fig. 2), peu nombreux comparativement aux 
tissus cellulaires parfaits (fig. 3). 

Dans le fond ombré de ces espaces angulaires, j’ai fait sentir la vésicule placée 
au-dessous. 

3. Une petite quantité de vésicules échappées, par accouchement, d’une vésicule- 
mére réduite à l’état de chiffon membraneux. Fig. 3. Sur celte membrane, j'ai 
indiqué en 4, quoique cela ne se voie point dans la nature, les points par lesquels 
les jeunes vésicules, également pouvues de points analogues , adhéroïent à jeurs 
mères. Les quatre vésicules ombrées, avec une cinquième placée en dehors, font 
connoître de quelle manière ont lieu les Méats. 

1. Une petite portion de la membrane d’une vésicule du tissu cellulaire, comme 
l’analogie nous indique qu’elle doit être organisée; c’est-à-dire un composé de 
globules blancs, transparens et muqueux, contigus les uns aux autres, elsusceptibles 
de s'éloigner en à on de se rapprocher en a, selon les besoins d’absorption ou de 
résorption. 

2. Un petit morceau de la cuticule générale d’une plante pris à l'endroit où 
sont appliquées les deux vésicules plus ou moins courbées et remplies de globuline. 
C’est encore par analogie que je suppose cette membrane cuticulaire ou épider- 
moïdale , composée d’une foule considérable de très-petits globules incolores, dia- 
phanes et simplement rapprochés les uns des autres, mais pouvant ouvrir ou serrer 
les rangs pour laisser entrer ou sortir les fluides et les liquides dans l'absorption ou 
dans l’excrétion. 

La grande transparence de la cuticule et l’opacité des vésicules, à cause de la 
grande quantité de globuline qu’elles contiennent , a fait croire à ces prétendues 
ouvertures situées à la surface des feuilles et des jeunes écorces, et auxquelles on à 
donné les noms de pores corticaux ou de stomates. C’est uneerreur. Ilen a été demême 
à l’égard de certaines grosses tigellules (que l’on a appelées des vaisseaux), à la surface 
desquelles des organes analogues aux stomates ont été décorés du nom de pores 
annelés. Même erreur. Ces miniatures de tiges internes et composantes, creuses 
ou fistuleuses pour la plupart, présentent à leur surface des vésicules géminées, que 
je ne pourroïs mieux représenter que par celles figurées sous le n°. 2, b. Mais ces 
tigellules n’ont pas plus d'ouvertures ou de pores que la cuticule et que la vésicule 
du tissu cellulaire. Nulle part de ces prétendues ouvertures dans l’organisation 
végétale. Partout des globules ou des vésicules agglomérées susceptibles de s’écarter 
ou de se rapprocher pour laisser passer les liquides et les fluides, soit qu’ils sortent 
des tissus ou soit qu’ils y entrent. 


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| changent en aucune manière leur nature, chacune d'elles conserve le caractère de 

" ce, et le globule qui en résulte ne peut que reproduire sa mère, ou donner 

5 cRpasntEnne de l'espèce dont ils émanent. Hans. donc. vraiment 

é,entre ces vésicules, que celle de leur nourriture au 
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Zissu cellulaire 
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Lspaces Ürites, arnguaæres 
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de propager le éspee 2; vénplement c onGyiis, 
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laches et agueu, Cactus A. VAE JT 79° | 


GEME MODE. 


Tissu cellulaire Parfait. 


Z upaces nuls. 


Zndoidus vesreulares, sphert Lyues dans 

Z ortgte, ayant, chacut, Son centre oudal 
de végétation et de PTOP agalior, so“ des 

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THÉORIE sur lx formation des lots Prcipales modficahons du Jis celluat'e 
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OBSERVATIONS GÉNÉRALES 


SUR 


LES CIRCONSTANCES QUI PAROISSENT AVOIR ACCOMPAGNÉ 


LE DÉPOT DES TERRAINS TERTIAIRES; 


PAR M. MARCEL DE SERRES. 


Lzs observations récentes de M. Elie de Beaumont, sur les 
végétaux fossiles des terrains d’Anthracite des Alpes, et les 
notes qus M. Adolphe Brongniart y a jointes, me paroissent 
tellement importantes et coincider si bien avec les faits que 
j'ai observés dans le midi de la France, qu’elles me portent 
à soumettre les réflexions suivantes au jugement des géolo- 
gues, avant même d’avoir publié les faits qui leur servent de 
base. 

M. Elie de Beaumont fait remarquer que plusieurs des 
espèces végétales des terrains d’Anthracite des Alpes sont 
les mêmes que celles des couches du terrain houiller pro- 
prement dit. Cependant la présence de ces végétaux dans les 
premiers de ces terrains qui appartiennent à la formation du 
lias, ne doit pas faire rentrer dans la formation houillère des 
couches qui sous des rapports très-essentiels s’en éloignent 
beaucoup; mais seulement faire supposer que ces végétaux 


214 OBSERVATIONS GÉNÉRALES 


analogues à ceux des houïlles, gisant pourtant dans des ter- 
rains de la mème formation que le lias, y ont été transportés 
d'ailleurs; ce qu'indique assez la manière dont se présentent 
ces végétaux disposés pour la plupart en fragmens incomplets, 
rarement bien étendus, épars, et enfin dont les mêmes espèces 
ne paroissent pas se trouver en grande quantité dans le même 
lieu. 

D'un autre côté, M. Adolphe Brongniart, observe, ce me 
semble avec toute raison, que, quoique d’après l'identité ou 
l’extrème analogie des végétaux du terrain houiller sur tous 
les points du globe il soit probable que le même genre de 
végétation existoit sur toute la terre à l'époque du dépôt 
de ce combustible, il ne faut en conclure quil en fut de 
même à l’époque de la formation du lias, des couches ooli- 
tiques de la craie ou des terrains parisiens, et que la végé- 
tation fut la même sur tous les points du globe. 

Cette dernière proposition me paroit tellement fondée sur 
les faits déjà observés, que c’est sur elle que j’appellerai par- 
ticulièrement l'attention des géologues. 

Il me paroït, avec l’habile observateur que nous venons de 
citer, qu’à mesure que la terre se couvroit d’un plus grand 
nombre de végétaux, et étoit habitée par une plus grande 
quantité d’espèces animales , elle tendoit de plus en plus vers 
l'état stable où elle est arrivée maintenant, et qu'ainsi les 
différences de climat commençant à s'établir, où devenant 
plus tranchées, des végétaux différens ont dû croître sur les 
diverses zones de la terre, comme des animaux divers peu- 
pler un sol dont la végétation n’étoit plus la même. Aussi 
est-il très-probable qu'à l’époque où le lias s’est déposé, la 


= 


SUR DÉPÔT DES TERRAINS TERTIAIRES. 219 


végétation des zones tempérées que nous habitons, n’étoit 
probablement pas la même que celle des régions tropicales, 
et que ces dernières pouvoient encore produire les mêmes 
végétaux qui, lors du dépôt des terrains houillers, couvroient 
les zones tempérées. 

Cette remarque, fondée sur les faits observés, me paroit 
appuyer puissamment cette observation que nous avons faite il 
y a long-temps, que d’après la distribution des débris fossiles 
d'animaux, les climats de la terre en se modifiant devoient 
avoir conservé entre eux les mêmes rapports qu'on leur re- 
connoit aujourd'hui. En effet, les mêmes espèces animales 
ou des espèces très-voisines vivoient autrefois dans l’aucien et 
le nouveau continent à des hauteurs verticales très-diffé- 
rentes; et d’après la nature de l’organisition animale, cette 
simultanéité d’existence suppose une grande conformité dans 
les circonstances extérieures, sous l'influence desquelles ces 
espèces vivoient, notamment dans la température atmospho- 
rique. Or l’on sait que les régions élevées du nouveau monde 
qui contiennent des débris d'animaux fossiles, jouissent par 
suite de leur latitude combinée avec l'élévation du sol, d’une 
température à peu près égale à celle des parties plus boréales, 
mais moins élevées, de l’ancien continent, où des débris ana- 
logues ont été observés. Donc les mèmes rapports de tem- 
pérature qui existent aujourd’hui entre ces diverses régions 
existoient aussi à l’époque où les animaux dont on y trouve 
les débris les habitoient. Si, comme plusieurs faits semblent le 
démontrer, cette température ancienne n’étoit pas égale, mais 
supérieure à la température actuelle, il faut en conclure que 
les causes qui ont amené ce changement de température 


216 OBSERVATIONS GÉNÉRALES 


ont exercé une influence égale et simultanée sur les deux 
continens, et agi de manière à ne point troubler les rapports 
qu'on remarque encore aujourd'hui dans la distribution des 
êtres vivans sur le globe. 

Mais si déjà, lors du dépôt du lias, la terre étoit partagée, 
comme elle l’est aujourd’hui, en diverses zones de tempé- 
ratures inégales, dont chacune étoit caractérisée par des ani- 
maux et des végétaux particuliers, ne faut-il pas en conclure 
également que les temps géologiques sont moins éloignés 
de l’époque actuelle qu’on ne l’a supposé jusqu’à présent. 
En effet, les dépôts cristallins qui semblent s'être solidifiés 
antérieurement à l’apparition des êtres vivant sur le globe, 
et qui seuls ont quelque importance pour la solidité de notre 
planète, ne sont probablement que le résultat de labaisse- 
ment de la température de la terre, ou, si l’on veut, un pur 
effet thermométrique, tandis que les dépôts qui renferment 
des débris de corps organisés rentrent dans les effets pro- 
duits dans les limites des causes actuellement agissantes. Le 
globe terrestre a éprouvé, si l’on veut, des modifications 
dans sa formation, comme probablement les autres corps 
planétaires; mais il n’a point subi de grandes et de nom- 
breuses révolutions, à moins que l’on ne veuille donner ce 
nom à la dernière inondation qui a disséminé le déluvium 
sur une assez grande étendue de la partie la plus basse de 
notre planète. 

Ce qui paroït du moins positif, c’est que les dépôts ter- 
tiaires, distinctement stratifiés, ont été produits par des 
causes qui n’avoient rien de violent ni d'irrégulier, et que 
tous ont eu lieu dans le sein du même liquide, quelle que soit 


SUR LE DÉPÔT” DES °TÉRRAINS TERTIAIRES. 217 
la diversité d’habitätion que lon puisse supposer aux animaux 
où aux végétaux dont ils offrent les débris. Il y a plus'en- 
core, c’est que les mers étoient déjà séparées lorsqu'ils ont 
été formés, les mers ét l'Océan ayant leur place actuelle, 
et les continens une hs pe à ee près semblable à 
celle d'aujourd'hui. ohs# sSVÉAINE 

Ce point de fait résulte de! l'observation des différences 
nombreuses que l’on remarque entre'les bassins tertiaires 
dépendant de l’Océan et de la Méditerranée , et de l’analogie 
{frappante qui existe entre les dépôts tertiaireset les fossiles 
qu’ils renferment dans des: ‘bassins dépendant des mêmes 
mers ou de mers différentes, mais limitrophes. Cela n’em- 
pèche pas que quelques bassins particuliers, dépendant de 
l'Océan, ne communiquassent encore avec la Méditerranée, 
ou avec d’autres mers, lorsque les dépôts tertiaires s’y effec- 
tuoient, surtout quand leur niveau peu élevé coincidoit avec 
leur ligne de pente vers les autres mers. C’est probablement 
à cause de cette dernière circonstance que l’on retrouve, dans 
les deux bassins de la Basse-Autriche et de la Hongrie, les 
formations des collines sub-appennines et du Languedoc, 
ou les sables marins, le calcaire moellon ou second calcaire 
tertiaire, réunis avec le kagelflüh suisse, lequel représentant 
les terrains d’eau douce moyens, recouvre le premier cal- 
caire tertiaire, ces bassins tenant à la fois des bassins océa- 
niques et méditerranéens. 

On en trouvera encore la preuve dans une infinité d’autres 
faits que nous rapportons dans notre Mémoire sur les ter- 
rains tertiaires du midi de la France, qui s’imprime dans ce 
moment par les soins de M. Huot. Elle résulte surtout de 

Mém. du Muséum. 1. 18. 29 


et 
‘218 OBSERVATIONS >GÉNÉRALES 


larposition constante de ces dépôts tertiaires au: fond des 
vallées, ne s’élevant jamais à la hauteur des contreforts, dès 
que celle-ci parvient à des niveaux peu considérables. Cette 
position des dépôts tertiaires formés dans l'ancienne mer, 
au pied'et à la base des contreforts secondaires et sans s’é- 
lever avec eux, est tellement constante dans les bassins ter- 
tiaires dépendant dela Méditerranée, qu'à mesure que l’on _ 
s'élève vers le point culminant d’un contrefort, les forma- 
tions secondaires se montrent seules, tandis que l'on retrouve 
les dépôts tertiaires sur: le revers opposé du même contre- 
fort qui sépare: deux bassins tertiaires contigus. Cette situa- 
tion, fixe au-bas et de chaque côté des contreforts qui sé- 
parent les bassins tertiaires contigus, prouve que si les dé- 
pôts tertiaires ne se sont pas élévés plus haut, c’est que lors 
de leur précipitation les eaux dela Méditerranée, qui les ont 
produits dans chaque bassin, ne s’élevoient pas jusqu'à la 
hauteur des contreforts, et qu'à mesure que cette mer se 
retiroit dans les limites qu’elle occupe aujourd'hui, la masse 
de ses eaux, refoulée vers son bassin actuel, diminuoit de 
plus en plus. Aussi paroit-il que les dépôts tertiaires, préci- 
pités dans le bassin de l'ancienne mer, nersélèvent pas dans 
le midi de la France au-dessus de quatre cents mètres du 
niveau actuel de la Méditerranée (1 ). 

Les terrains tertiaires, à l'esception des terrains d’eau 
douce supérieurs (2) et du diluvium; étant les dernières re- 


- (1) Ce qui comprend les dépôts de calcaire lacustre et de sonrey avec les marnes 
et les ligniles particuliers à ce système, où l’on ne voit jamais de,fossiles marins, 
si ce n’est ceux qui ont pu être détachés des formations préexistantes. 

(2) Les formations tertiaires déposées apres la retraite des mers de dessus nos 


SUR LE DÉPÔTIDES TERRAINS TERTIAIRES. 219 


laissées des mers, lorsque déjà FOcéan et la Méditerranée 
étoient séparés, semblent d'autant plus anciens qu'ils sont 
plus éloignés des mers actuelles, et d'autant plus récens qu’ils 
en sont plus rapprochés. Ils paroïssent encore ‘avoir cela de 
particulier, que la plupart de ceux dépendant de lFOcéan 
sont plus anciens que les dépôts tertiaires dépendant des bas- 
sins littoraux méditerranéens. 

On est amené involontairemeut à cette conséquence, en 
observant la différence de position qu'occupent les banes 
pierreux marins dans les deux ordres de ces bassins. En 
effet, les calcaires marins pierreux tertiaires des bassins océa- 
niques sont en général inférieurs au gypse à ossemens, 
tandis que ceux des bassins méditerranéens sont pour la 
plupart non-seulement supérieurs aux gyÿpses, mais encore 
aux marnes bleues sub-appennines. Les uns et les autres sont 
aussi distincts par leur position géologique que par les fos- 
siles qu'ils renferment; point de fait sur lequel nous avons 
insisté dans nos travaux sur le calcaire moellon. 

Ainsi, en partant de ce fait positif que le second calcaire 
tertiaire du midi de la France est plus récent que le calcaire 
grossier ou le premier calcaire tertiaire, puisque le calcaire 
moellon se trouve constamment supérieur à des marnes, 
qui, dans les bassins océaniques, et particulièrement dans 
celui de Paris, sont elles-mêmes au-dessus du calcaire gros- 
sier ; il en résulte que si on établit deux séries parallèles re- 
présentant les couches tertiaires du bassin de Paris et celles 


continens , sont les seulés qui s'élèvent à toutes sortes de hauteurs, et qui reposent 
indifféremment sur les roches d’âges les plus opposés. 


220 | :: OBSERVATIONS GÉNÉRALES 


des.bassins méditerranéens , et partant du terme commun &, 
ou 7rarnes argileuses bleues, Yon aura dans le bassin de 
Paris & marnes bleues, al sables marins supérieurs, tandis 
que dans le bassin méditerranéen on aura a marnes bleues, 
a'.calcaire moellon, a" sables marins; série qui, ayant 
pour son dernier terme, ou sôn terme supérieur, un étage 
plus élevé, indique par conséquent que les sables des ter- 
rains, méditerranéens ont été déposés postérieurement aux 
sables du bassin parisien, où du moins qu'ils ontisuivi le 
dépôt de bancs pierreux caleaires, lesquels manquent dans 
ce. dernier bassin , et ont succédé immédiatement aux marnes 
bleues. | 

Mais, chose remarquable; tandis que le second calcaire 
tertiaire manque dans la plupart des bassins océaniques, et 
particulièrement dans celui de Paris,ile premier, ou celui 
qui est inférieur au, gypse à ossemens, semble ne pas avoir 
été déposé dans les bassins du midi de la France. En effet, 
la plupart de ceux que l’on ÿ observe, et l’on peut dire 
presque tous, appartiennent au second calcaire marin tertiaire 
ou calcaire moellon; c'est avec ce calcaire que sont bâties à 
peu près toutes les villes du midi de la France (1), parmi 
lesquelles il nous suflira de citer Marseille, Nimes, Mont- 
pellier, Beziers, Narbonne, et qu'ont été construits les mo- 
numens les plus remarquables, soit antiques, soit modernes, 


(1) I paroît qu'il eh est de même en Italie et'en Espagne, où le calcaire moellon 
comme les calcaires d’eau douce sont employés en grand dans les constructions. 
Aussi nous paroit-il utile d'observer la nature des diflérens matériaux qui servent 
aux constructions , pour se faire une lidée juste de l'étendue et du développement 
des diverses formations d’une contrée. 


SUR LE DÉPÔT DES TERRAINS TERTIAIRES. 221 


tels que l'arc de triomphe d'Orange, le pont du Gard, une 
certaine partie des arènes de Nimes et le bel aquéduc du 
Peyrou, près Montpellier. Ce banc pierreux est tellement 
nécessaire pour les constructions, que lorsqu'il vient à man- 
quer ou qu'il reste sableux, comme dans les environs de 
Perpignan, on est réduit à bâtir les maisons et même les 
monumens avec de la brique (1). 

D’après ces faits, il paroîtroit que non-seulement les mers 
étoient déjà séparées, lors de la précipitation des terrains ter- 
tiaires, mais encore que l'Océan est rentré plus tôt que la 
Méditerranée dans ses limites actuelles; point de fait qui 
semble résulter aussi bien de la comparaison géologique des 
bassins tertiaires méditerranéens et océaniques, que des mo- 
numens historiques. Ainsi se lient les derniers temps géolo- 
giques aux temps historiques; car la période qui se rapporte 
aux dépôts tertiaires n’est probablement pas éloignée des 
temps actuels, comme on peut le présumer, nous ne cesse- 
rons de le répéter, d’après les nombreuses espèces analogues 

qui existent dans les couches tertiaires récentes. 

Si les dépôts tertiaires ont été produits successivement à 
peu d'intervalle les uns des autres, et à mesure que les 
mers se retiroient, l’on ne peut admettre que les couches 


(r) Si, dans notre grand Mémoire sur les terrains tertiaires du midi de la 
France, nous ayons admis l’existence du premier calcaire tertiaire, c’est que nous 
ayons été trompé par la présence des grains verts dans les couches inférieures du 
second calcaire tertiaire. Mais depuis que nous avons reconnu que les grains verts 
existoient aussi bien dans les sables marins tertiaires que dans des couches secon- 
daires, nous avons senti que nous avions donné aux grains verts une importance 


géologique qu’ils n’avoient point. 


222 OBSERVATIONS GÉNÉRALES 


qui en dépendent, et dont les débris organiques annoncent 
des habitations différentes dans les êtres qu’elles renferment, 
ont été précipitées par des liquides différens, ou par des re- 
traites et des détours successifs des eaux des mers sur nos 
continens. Les faits qui annoncent le contraire sont telle- 
ment nombreux, que, pour abréger, je n’en citerai qu'un 
seul encore inédit, quoique le bassin où nous l’avons aperçu 
ait été visité par de nombreux géologues. 

Dans le bas du vallon d'Aix (Bouches-du-Rhône), et au 
sud-est de cette ville, près du moulin de Saint-Jérôme, on 
observe au-dessous du diluvium : 

1°, Des sables marins tertiaires, caractérisés par de nom- 
breux débris de coquilles marines mélangées de moules, de 
grosses hélices et de cyclostomes. 

29, Un calcaire moellon pierreux avec de nombreuses co- 
quilles marines, de petites huîtres et quelques individus de 
l'ostrea crassissima. 

30. Un calcaire d’eau douce marneux à petites paludines en 
gisement, contrastant avec le calcaire moellon qui le surmonte. 

Ce que ce calcaire d’eau douce présente de particulier, 
c’est qu'il a été percé en place par des modioles, ou d’autres 
coquilles marines perforantes. Or, comme la liaison entre le 
calcaire moellon et le calcaire d’eau douce est aussi intime 
qu'immédiate, il faut que l’un et l’autre aient été déposés 
dans le même liquide, c’est-à-dire dans le bassin de l’ancienne 
mer; car, sil en étoit autrement, l’on trouveroit sur le cal- 
caire d’eau douce un dépôt quelconque, produit lors de la 
retraite de la Méditerranée, pendant que ce bassin n’étoit 
occupé que par des eaux douces, et habité par des animaux 


SUR LE DÉPÔT DES TERRAINS TERTIAIRES. 229 


terrestres. Aucune trace de surface continentale n’existant 
entre ces deux dépôts, et le second calcaire marin se trou- 
vant mêlé ou alternant avec le calcaire d’eau douce comme, 
par exemple, dans les bassins de Pézenas (Hérault) et de Las- 
foux (Gard), il faut bien admettre que les uns et les autres 
ont été précipités dans le même liquide, d'autant que les 
dépôts marins renferment souvent des corps organisés flu- 
viatiles et terrestres, comme les dépôts d’eau douce des fos- 
siles marins, étant même parfois percés par des coquilles de 
mer, soit en place, comme à Aïx, soit roulés, comme à 
Montpellier. 

En résumé, il semble résulter des faits observés jusqu’à 
présent : 

10. Qu'au moins à partir du lias, les climats déjà différen- 
ciés, il existoit sur la terre diverses zones habitées par des 
animaux particuliers, et couvertes de végétaux auxquels la 
température de ces zones convenoit. 

20, Que lorsqu'il n’y a pas eu transport des animaux et 
des végétaux d’une zone dans une autre , leurs débris se trou- 
vent encore dans les lieux qu'occupoient les êtres dont ils 
rappellent l'existence ; mais que lorsqu'il y a eu déplacement, 
il s’est produit un mélange des débris des corps organisés 
d’une zone avec ceux d’une autre zone. 

30. Que les dépôts tertiaires, produits dans le bassin de 
l’ancienne mer (à l'exception du diluvium et des terrains d’eau 
douce supérieurs formés après la retraite des mers), sont 
d’autant plus anciens que les bassins où on les observe sont 
plus éloignés des mers actuelles, et d’autant plus récens qu’ils 
en sont plus rapprochés. 


224 OBSERV. GÉN. SUR LE DÉPÔT DES TERRAINS TETIAIRES. 


4°. Que les dépôts tertiaires des bassins dépendant de 
l'Océan semblent d'autant plus anciens que les mêmes genres 
de dépôts des bassins littoraux de la Méditerranée, puisque 
le second calcaire tertiaire est presque le seul qui ait une 
grande étendue dans les bassins méditerranéens, tandis que 
le premier occupe à peu près entièrement les bassins océa- 
niques. 

5, Que les dépôts tertiaires ont été produits par des causes 
analogues à celles qui agissent encore , mais avec une moindre 
énergie, et que le grand nombre d’espèces semblables aux 
nôtres qu'ils renferment, indique que leurs dépôts n’ont 
pas de beaucoup précédé la période géologique actuelle. 

Il est d'autant plus essentiel d’insister sur les faits qui prou- 
vent que les phénomènes géologiques rentrent dans l'étendue 
des causes qui agissent encore, que la géologie positive a été 
retardée par cette idée assez généralement admise, que ces 
phénomènes devoient avoir été produits par des causes qui 
avoient cessé d’agir. Par suite de cette manière d'envisager 
les modifications que le globe a subies, l’on ne vouloit pas re- 
connoître, dans les volcans éteints, des effets semblables à 
ceux qui s’opèrent dans nos volcans brülans, et encore moins 
voir dans les masses cristallines et les soulèvemens qui les 
ont portées au-dessus de leur niveau primitif, des preuves de 
la température élevée que lécorce aujourd’hui solide de 
notre globe a eue dans son origine. 


NOTE 
SUR LES ÉLATINÉES. 


NOUVELLE FAMILLE DE PLANTES, 


PAR J. CAMBESSEDES. 


Ok sait que lors de la publication du Genera Plantarum, 
les genres ÆZatine et Bergia furent rapportés aux Caryo- 
phyllées. Depuis cette époque, M. de Jussieu, éclairé par 
l'excellente analyse de l'Elatine Alsinastrum publiée par 
Gærtner, émit des doutes sur la place qu’ils devoient occu- 
per (1) dans la série des ordres naturels. 

Ces doutes ont été depuis confirmés par tous les auteurs 
qui se sont occupés des Caryophyllées (2), sans qu'aucun 
d'eux ait fixé la place que devoient occuper ces genres. 

Tel étoit l’état de la question, lorsque je fus conduit, par 
mes travaux relatifs à la Flore du Brésil, à analyser une plante 
recueillie dans cette contrée par M. Auguste de Saint-Hilaire, 
et que, dans un arrangement provisoire de son herbier, j’a- 
vois classée, d’après son Labitus, parmi les 4renaria. Je ne 
tardai pas à m’apercevoir qu’elle différoit de ce dernier genre 


(1) Ann. Mus. 10, p. 388. 
(2) Aug. de S.-Hil. Mém. Mus. 2, p. 116. — Bartling, Bettrag zur Botanik. 
— De Candolle, Prodr. 1, p. 390. 


Mém. du Muséum. 1, 18. 30 


226 NOTE 


et de toutes les vraies Caryophyllées, par son embryon 
droit dépourvu de périsperme. Ce caractère m’engagea à la 
rapprocher de l'£Zatine et du Bergia, et ÿ'acquis bientôt la 
certitude de leurs rapports intimes. Je vis de plus qne ces 
deux genres formoient avec la plante brésilienne un petit 
groupe parfaitement distinct des Caryophyllées; et je crois 
être fondé aujourd’hui à les distinguer, comme famille, sous 
le nom d’Elatinées, emprunté au genre le plus anciennement 
établi, et dont les espèces sont les plus nombreuses. Je vais 
passer en revue les caractères de cette nouvelle famille, en les 
comparant à ceux des Caryophyllées. 

Les Elatinées sont des petites plantes annuelles, qui végètent 
dans les lieux marécageux. Leurs tiges fistuleuses poussent- 
souvent de leurs nœuds des petites radicelles. Les feuilles, 
dénuées de stipules, sont opposées comme celles des Caryo- 
phyllées, ou paroïissent souvent verticellées par l'avortement 
de l’axe central des jeunes rameaux axillaires. Le calice 
est composé de trois à cinq folioles, libres ou légèrement 
soudées à leur base. Les pétales, en nombre égal aux seg- 
mens du calice, sont insérés sur le réceptacle. Les étamines 
prennent naissance entre les pétales et l'ovaire; généralement 
en nombre double des pétales, la moitié d’entre elles leur 
est opposée, l’autre alterne avec eux. L'ovaire renferme trois 
ou cinq loges. Les styles, en nombre égal aux loges de l’o- 
vaire, sont terminés par des stigmates en tête (1). Jusqu'ici 
cette organisation ne diffère de celle des Carÿophyllées que 


A. 


(1) Cette organisation des styles a déja été signalée, pour VE. Ælsinastrum, par 
M. Aug. de Saint-Hilaire (Mém. Mus., 2, p- 116). 


SUR LES ÉLATINÉES. 227 


par l’organisation des stigmates, qui, comme l’on sait, sont 
toujours latéraux dans les plantes de cette famille, et placés 
sur la face interne des styles. L'analyse du fruit va bientôt 
nous offrir de nouveaux caractères distinctifs. La capsule des 
Caryophyllées est, le plus souvent, uniloculaire, mais dans 
les espèces où elle présente des loges plus ou moins complètes, 
il est facile de s'assurer que les cloisons sont opposées aux 
valves: cette organisation se montre d’une manière tout-à- 
fait évidente dans les Mollugo et dans le Lychnis viscosa ; 
dans nos Elatinées, au contraire, les valves sont alternes avec 
les cloisons. On sait que les graines des Caryophyllées pré- 
sentent toutes, à l’exception d’un petit nombre d’espèces 
signalées par M. de Saint-Hilaire (1), un embryon plus ou 
moins recourbé, entourant un périsperme farineux; celles des 
Elatinées sont, comme nous l'avons vu plus haut, et comme 
Gærtner l’a très-bien figuré pour l’E£latine Alsinastrum , 
dépourvues de périsperme; l'embryon droit, ou légèrement 
courbé, est immédiatement recouvert par deux tégumens de 
consistance diflérente, mais qui ne présentent aucune trace 
de périsperme farineux. 

Nos Elatinées différent donc des Caryophyllées par lorga- 
nisation des stigmates, par celle de leurs capsules, et par 
leurs graines. Ces caractères nous paroïssent suflisans pour 
établir une famille qui s'éloigne, selon nous, bien plus des 
Caryophyllées que les Paronychiées, les Portulacées, et plu- 
sieurs autres groupes de plantes à périsperme farineux (2). 


(Gi) Mém. Mus. 12, p. 79. 
(2) L'opinion de M. Bartling, qui réunit en une même classe les Chénopodées, 


228 NOTE 


Les Elatinées ont aussi des rapports avec les Hypéricinées 
par leurs stigmates terminaux, par la déhiscence de leurs cap- 
sules, par la structure de leurs graines, peut-être même par 
la présence de sucs résineux de même nature dans leurs di- 
verses parties; mais elles s’en distinguent par l'existence d’un 
véritable placenta central , par leurs étamines en nombre dé- 
terminé, etc. 

Cette nouvelle famille comprend trois genres, dont les 
espèces, liées entre elles par un port tout-à-fait identique, 
végètent dans les lieux marécageux des quatre parties du 
monde : les Æ/atine se trouvent en Europe, les Bergia aux 
Indes orientales et an cap de Bonne-Espérance, notre genre 
nouveau en Amérique. Nous allons maintenant tracer en 
langue technique les caractères distinctifs de ces divers genres. 


les Phytolacées, les Amaranthacées , les Paronychiées et les Caryophyllées, me 
paroît très-fondée, malgré l'insertion différente des parties de la fleur dans toutes ces 
familles. Je différe cependant de son avis quant à l'établissement des groupes ; 
il me semble qu’en admettant cette classe telle à peu près qu'il la propose, on 
pourroit laisser subsister presqu’en entier les anciennes divisions: ainsi ses Sclé- 
ranthées ne me paroïssent pas suflisamment distinctes des Paronychiées; les 
Spergulées, malgré la différence de l'insertion , sont plus voisines des Alsinées que 
des Paronychiées, etc. 


SUR LES ÉLATINÉES. 229 
ELATINE Lainn., Juss., GÆRTN. 


Cazvx 3-4-partitus. Perara 5-4, foliolis calycinis alterna, hypo- 
gyna. Sramina 6-8, rarissimè 3, hypogyna : filamenta libera : antheræ 
dorso aflixæ, 2-loculares longitudinaliter intùs dehiscentes. Pisrir- 
Lux liberum. Sryzr 5-4. Sricmara totidem, capitata. Ovarium 3-4- 
loculare, loculis multiovulatis. Ovura angulo interno loculorum af- 
fixa. Carsura stylis persistentibus coronata, 3-4-valvis; valvæ septis 
alternæ; columna centralis crassa, septifera; septa placentis al- 
terna. Semina placentis centralibus affixa, cylindracea, parüm in- 
curva , longitudinaliter costata lineisque transversalibus elevatis 
notata : hilum ad basim seminis situm : raphe ab hilo ad apicem 
seminis hilo contrarium ducta : integumentum duplex; exterius 
chartaceum ; interius subcarnosum : perispermum nullum : em- 
bryo parum incurvus , cylindraceus : radicula hilum spectans. 

Hersz. Caures radicantes. Focra opposita; juniora sæpè in axillis 
vetulorum, rachi ramulorum lateralium abortivä, subfasciculata. 
FLores axillares , pedunculati vel sessiles, solitarii vel subfascicu- 
lati. 


Characteres in Æ. hydropiper, hexandré, Alsinastro. 
BERGIA Linx., Juss. 


Cauvx 5-partitus. Perara 5, foliolis calycinis alterna, hypogyna. 
SramiNA 10 , hypogyna : filamenta libera : antheræ dorso afixæ, 2-lo 
culares , longitudinaliter intüus dehiscentes. Pisrirrum liberum. Sryzr 
5. Sricmara totidem , capitata. Ovariun 5-loculare, loculis multiovu- 
latis. Ovuza angulo interno loculorum aflixa. Capsuza stylis persis- 


230 -NOTE 


tentibus coronata, 5-valvis; valvæ septis alternæ ; columna centralis 
crassa, septifera ; septa placentis alterna, Sema placentis centra- 
libus aflixa , cylindracea, parüm incurya, longitudinaliter costata 
lineisque transversalibus elevatis notata : hilum ad basim seminis 
situm : raphe ab hilo ad apicem seminis hilo contrarium ducta : 
integumentum duplex; exterius chartaceum ; interius subcarnosum : 
perispermum oullum : embryo parüm incurvus, cylindraceus : ra- 
dicula hilum spectans. 

Hensz. Caures radicantes ? Fozra opposita ; juniora sæpè in axillis 
vetulorum, rachi ramulorum lateralium abortivà , subfasciculata. 
Frores axillares, pedunculati vel sessiles, glomerati. 

Genus vix ab ÆElatine distinctum, nisi numero partium floris 
quinario. 

Characteres in B. verticillata. 


_ 


MERIMEA Nos. 


Caryx 5-partitus. Perara 5, foliolis calycinis alterna, hypogyna. 
Sramma 10, hypogyna : filamenta imà basi coalita : antheræ dorso 
afixæ, 2-loculares, longitudinaliter intüs dehiscentes. Prsrrzux libe- 
rum. Srvur 5, imâ basi coaliti. Sricmara totidem, capitata. Ova- 
run 5-loculare , loculis multiovulatis. Ovura angulo interno locu- 
lorum aflixa. Carsuza stylis persistentibus coronata, 5-locularis , sep- 
ticido-5-valvis, valvis marginibus introflexis dissepimenta consti- 
tuentibus : columna centralis crassiuscula, ad imam basim septa 
incompleta placentis alterna gerens. Sema placentæ centrali 5-lobæ 
affixa , ellipsoideo-oblonga , recta , lævia : hilum ad basim seminis 
situm : raphe ab hilo ad apicem seminis hilo contrarium ducta : in- 
tegumentum duplex; exterius chartaceum ; interius subcarnosum : 
perispermum nullum : embryo rectus, cylindraceus : radicula hi- 
lum spectans. 


SUR LES ÉLATINÉES. 231 


Hersx. Caures radicantes. Foura opposita ; juniora sæpè in axillis 
vetulorum , rachi ramulorum lateralium abortivà, subfasciculata. 
FLores axillares, solitarii , pedunculati. 

Species unica M. arenarioïdes Nob. 


Genus dicatum amicissimo Prospero Mérimée, cujus nomen in 
litteris nunc enitet; jam anteà in artibus notum patris laboribus, 
cujus chromaticæ tabulæ de botanicà benè meruerunt. 

A Bergié distinctum : habitu; capsulæ structurâ; seminibus 
lævibus, nec costatis. 


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ANATOMIE 


DE 


« 


# 


DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES, 
PAR LYONET. 


(PREMIER ARTICLE.) 


Pou de mouton. PI, 1, 2, 5. 


Cr insecte est un de ceux sur lesquels j'ai fait des essais, 
avant de me déterminer pour l’anatomie dela chenille, que j'ai 
publiée. Je les eusse poussé plus loin, et peut-être fussent-ils 
devenus tôt ou tard un traité suivi, si je n’eusse compris qu'il 
convenoit quelquefois de se prêter aux préjugés vulgaires ; 
que le nom ignoble de l’animal eût pu faire tort à l'ouvrage; 
et qu’ainsi il valoit mieux débuter par un insecte d’un nom 
moins déplaisant. Je me contentai donc d’effleurer simple- 
ment ce premier sujet, qui, par sa singularité, ne déplaira 
peut-être pas à ceux qui portent leur attention plutôt sur lé 
choses mêmes que sur les idées accessoires qui les accompa- 
gnent. Quoi qu’il en soit, l'animal dont on va parler est uné 
des grandes espèces de sa classe, Il à deux lignes et demie 
Mémm. du Muséum. 1. 18. 31 


234 ANATOMIE 


de long, sur une et demie de large. La fig. 1 de la premiere 
planche le fait voir de taille naturelle, et les fig. 2 et 3 le gros- 
sissent environ mille fois. Dans la fig. 2 on le voit du côté du 
dos, et fig. 3 du côté du ventre, 

Sa tête, ses pates et son corselet, sont en dehors presque 
partout écailleux , et couleur de gomme commune. Son corps 
y est membraneux, à contours ondoyans, et d’un gris sale. 
La loupe le montre hérissé, de même que le corselet, et une 
partie du dessus de la tête, de piquans ou gros poils noirs 
très-courts. Ses pates en ont d’un peu plus longs. Son anusA, 
fig. 3, placé dans un enfoncement sous le bas du corps, ne 
paroît à la loupe que comme entouré d’un cercle écailleux noï- 
râtre, rompu transversalement chez les uns, et entier chez les 
autres, dont celui des premiers semble accordé aux femelles, 
pour que ce cercle, en écartant ses bords, pût se prêter au 
passage des œufs ou des petits, dans la ponte. Ces cercles 
paroissent donner aux excrémens de l'insecte la forme de 
cylindres annelés qu'ils ont. Le corps de l'animal, au-dessus 
de l'anus, offre un espace un peu creux, et presque sans poils, 
B,C, fig. 2. 

Le dessus du corselet K, fig. 2, paroit être d’une seule 
pièce écailleuse. Son dessous, d'où partent ses six pates , est 
composé de la réunion de plusieurs pièces écailleuses réunies. 
Ses pates y tiennent chacune par une courte articulation, 
Chaque pate est écailleuse en dehors, et composée d’une 
cuisse à deux pièces, ou, si l’on veut, d’une double cuisse, 
d’une jambe et d’un pied. Les secondes cuisses des six pates 
ont chacune en dessous, vers leur articulation avec la jambe, 
dans l’écaille dont elles sont revètues, une grande échan- 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES, 235 
crure, couverte d’une membrane, D,D,D, fig. 3, ménagée, 
sans doute, pour que la jambe, E,E,E, n'y trouvant point 
la résistance de l’écaille, pût se replier davantage sur la cuisse, 
et c’est apparemment aussi pour cette raison que l’on voit 
en G,G, fig. 2, aux deux pates postérieures, sur le dessus 
de la première articulation de la cuisse, une échancrure pa- 
reille. Le pied, F,F,F, fig. 3, plus mince que la jambe, est 
composé, de plusieurs articulations ou pièces, dont la der- 
nière , plus grande et plus grosse que les autres, est armée à 
l'extrémité d’an double angle noir et crochu. 

Le dessus de la tête de l'animal paroït composé de plusieurs 
pièces réunies, et un peu différemment colorées. Deux sphé- 
roïdes H,H, fig. 2 et 3, s’y distinguent sur le devant. Elles sont 
convexes, ovales, entourées d’un cercle noir, et se terminent 
au-dessous de la tête. Leur situation les feroit d’abord prendre 
pour deux yeux, mais c'est un autre organe qu'on dévelop- 
pera dans la suite. Le dessous de la tète est latéralement 
échancré, voyez fig. 3, et forme de part et d’autre une cavité 
propre à recevoir l'articulation par où la pate antérieure tient 
au corselet, articulation qui y est souvent si étroitement 
appliquée, que la première paire de pates semble alors sortir 
de la tête. Celle-ci mérite d’être observée en dessous. 

On y voit, fig. 3, une espèce de mentonnière ou de pro- 
longement blanchätre, qui avance sur le corselet en se rétré- 
cissant, et s’y enchasse dans une coulisse assez profonde, qui 
y a été ménagée exprès. Quand l’insecte alonge le cou, la 
partie postérieure du creux de cette coulisse reste vide, 
comme on peut s’en apercevoir, fig. 3, au bas du prolonge- 
ment de la tête, où ce vide a été réprésenté; mais quand il 


236 ANATOMIE 


retire la tête vers le corselet, la mentonnière en remplit toute 
la cavité. On seroit d’abord tenté de croire que c’est de la 
pointe émoussée par où la mentonnière se termine sous le 
corselet, que l’insecte fait sortir l'instrument qui lui sert à 
prendre sa nourriture, mais on se tromperoit; la menton- 
nière y est entièrement fermée, et elle tient tellement au 
fond de sa coulisse, qu'elle ne peut guère se porter en dehors. 
Aussi est-ce dans la trompe recourbée, E, fig. 2 et 3, qui part 
du devant de sa tête, qu'est renfermé cet instrument, et la 
mentonnière ne contient que les différentes pièces qui con- 
tribuent à former son jeu. Et, à parler exactement, I n’est 
pas proprement la trompe, c’est un étui attaché au devant 
de la tête, et composé de deux pièces garnies de poils très- 
fins, K,K, fig. 5, qui, appliquées l’une contre Pautre, comme 
elles le sont fig. 4, renferment un espace à peu près eylin- 
drique, où loge un second étui écailleux L, fig. 5. 

Quand, en saisissant ce second étui avec une fine pince, 
on le tire jusqu'à le faire sortir environ du double de sa lon- 
gueur apparente, on voit enfin paroître à sa racine un ren- 
flement écailleux , en forme de bulbe alongé, M, fig. 6 et, 
tenant par le bas à une manière de cyhndre aplati, M,N, 
qu’on peut faire avancer hors de la tête, jusqu’au niveau de 
l'étui de la trompe. On trouve alors ce cylindre soutenu vers 
sa racine par deux larges et courtes lames, O;N,O,N, fig. 9, 
qui l’environnent en partie. Dans son intérieur on entrevoit 
en même temps, vers le milieu de toute sa longueur, en 
dessus et en dessous, deux longues lames brunes écailleuses, 
parallèles et près l’une de l’autre entre O,0, fig. 6 et 7. 

A mesure qu’en tirant le second étui, le bulbe (c’est ainsi 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 237 
que je continuerai de nommer ce renflement) et les parties 
qui le suivent commencent à paroître, on observe que celles 
qui sont renfermées dans la mentonnière abandonnent suc- 
cessivement, et qu’ainsi la mentonnière leur tenoit lieu d’étui, 
ce dont on peut encore mieux s'assurer, quand on fend lon- 
gitudinalement la peau d’une mentonnière, comme il a été 
fait fig. 8; car alors on trouve le bulbe placé tout en bas 
en P, et la trompe P,Q, qui, sortant en Q du devant de la 
tête, s’introduit dans son fourreau KK, fig. 4 et 5. En con- 
tinuant encore de tirer, on fait renverser les parties attachées 
au bas du bulbe, qui alors le suivent, jusqu’à ce qu’elles 
soient presque étendues en droite ligne, comme les repré- 
sente la fig. 10, où l’espace postérieur de la mentonnière R,S 
est resté vide, et où l’on voit, à la hauteur de RS, sortir hors 
des parties qui accompagnent la trompe un filet blanc, qui 
est le bout antérieur de l’œsophage, lequel, entre RetS, 
perce la mentonnière, pour aller s’ouvrir-dans l’estomac, 

Après cet examen j'enlevai de la tête toutes les parties 
RS, T, fig. 10, qui servent au mouvement de la trompe, pour 
en examiner mieux la structure; mais il n’y eut pas moyen 
d’abord. Une prodigieuse quantité de filamens blancs, assez 
forts quoique très-déliés, qui tenoient de toutes parts aux 
pièces écailleuses que je voulois connoître, m’empêchèrent 
d’en venir à bout. Je laissai donc tremper pendant quelques 
jours une autre tête dans de l’eau, et ensuite je parvins sans 
peine à en tirer la trompe, avec tout l’ensemble des pièces 
sohdes qui en forment le jeu, et qui, alors dégagées aisément 
des filets qui en offusquoient la vue, restèrent dans la situa- 
tion remarquable où je les ai représentées au microscope, 


238 ANATOMIE 


fig. 17, situation que naturellement elles ont, ou à peu près, 
dans l'insecte en repos, couché à la renverse, et vu de côté. 
A,B est le bout du fourreau, qui se montre couvert de son 
étui en I, fig. 2 et 3, au dehors de la tête; le reste y est ren- 
fermé. E,F est le bulbe qui pendant l’inaction de la trompe 
occupe l'extrémité postérieure de la mentonnière en P, fig. 8. 
F,D, F,D, fig. 11, sont deux lames écailleuses, où probable- 
ment les muscles ont été insérés, qui ont servi à darder la 
trompe. LL sont des sortes de traverses qui, appuyant contre 
le crâne, soutiennent le jeu du ressort de la double lame 
recourbée F,C,K, pour faire retourner le bulbe E,F en place 
après l’action. Entre ces lames, se trouve le canal qui porte 
la nourriture de la trompe à l'estomac, et qui suit pour cet 
effet la route circonflexe ABEFCK, fig. 11, jusqu’à K.,, où la 
lame écailleuse et convexe K,H a une échancrure, pour lais- 
ser le passage libre à ce canal, qui de là va percer la men- 
tonnière, comme il a été dit, entre R et S, fig. 10, et s’ou- 
vrir dans l'estomac. 

L’assemblage tracé dans sa situation naturelle et de côté, 
fig. 11, se voit déplié en dessus et en dessous, fig. 12 et 13. 
Dans ces trois figures les mêmes lettres désignent les mêmes 
pièces écailleuses; mais on a supprimé dans la fig. 12 et 13 
l'enveloppe du bulbe, pour faire paroître les pièces écail- 
leuses qu'il renfermoit. H,K,I est une écaille convexe, dont 
la figure approche de celle d’un battant de bivalve. On voit 
que son milieu porte une tache ovalaire plus foncée que le 
reste, Les deux lames F,K,L, dans leur courbure naturelle, 
fig. 11, et redressées fig. 12 et 13, m'ont paru être un pro- 
longement de l’étui de la trompe. Elles s’élargissent un peu 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 239 
à mesure qu’elles approchent de K, bordent le côté inférieur 
de la pièce convexe HI, et y sont intimement adhérentes. Il 
est singulier que, bien que dans ce sujet-ci les deux lames 
EK, PK se soient trouvées entièrement séparées, je les aie vu 
réunies, et ne faisant qu'une seule pièce dans un autre sujet : 
et alors elles étoient percées dans toute leur longueur d’un 
canal, dont la coupe transversale est représentée fig. 14, et 
par où passoit l’œsophage. Il est à présumer que cette diffé- 
rence vient de l’âge plus ou moins avancé de l’animal. Quoi 
qu'il en soit, après que ces deux lames se sont écartées l’une 
de l’autre en ondoyant le long des deux bords latéraux de 
la plaque H.F, fig 12 et 13, elles se terminent chacune beau- 
coup au-delà par une traverse LL, qui leur donne un air de 
béquille. Ces deux traverses, dans leur situation naturelle, 
se touchent par une de leurs extrémités, tandis qu’elles ap- 
puient de l’autre contre deux corps sphéroïdes écailleux, 
AA, pl. 2, fig. 1, où est représenté le côté intérieur d’un 
crane. BB y sont les traverses, qui se touchent d’un coté, et 
appuient contre les deux corps AA de l’autre. On y voit, 
quoique peu distinctement, entre C et FF, le côté convexe 
de la plaque écailleuse H,K , pl. 7, fig. 11. La situation de ces 
traverses paroit fournir un point d'appui pour soutenir l’ac- 
tion de la trompe. 

L’assemblage écalleux N,E,P,O,F, pl. 1, fig. 12 et 13, 
forme une articulatien naturellement renfermée dans le bulbe 
EF, fig. 11. Il est composé de quatre pièces écailleuses, une 
irrégulièrement triangulaire, ou plutôt en treflle, F,N,O, 
dont la base se termine par deux apophyses, N et O, qui 
s’emboitent dans de petites cavités, dont les têtes des deux 


240 ANATOMIE 


lames N,D et O,D, qui forment deux autres pièces de cet 
assemblage, sont pourvues, et enfin d’une lame écailleuse 
grossiérement ovalaire, E,P, qui tient en place les trois 
autres pièces, lesquelles sont étroitement rassemblées. C’est 
du milieu d'elles que sort l’étui FB, fig. 12, qui renferme la 
trompe jusqu'à son extrémité antérieure; étui dont on à fait 
disparoître ici un morceau intermédiaire, pour mettre une 
partie BMG de la trompe à découvert. Cet étui, représenté 
encore beaucoup plus en grand fig. 9, est fendu et ouvert 
dans toute sa longueur. Il laisse toujours à nu une partie de 
la trompe, qu'on peut faire sortir en dehors par la fente de 
l’étui, autant qu'on le voit fig. 9, sans que je l'en aie pu 
faire sortir entièrement, parce que la fente ne prétoit pas 
assez pour cet effet. 

Quand après avoir laissé sécher la trompe dans son étui 
on y fait parvenir une goutte d'eau, la transparence de l’étui 
permet de voir monter et descendre l’eau dans la trompe, et 
cela se voit encore mieux aux endroits où un bout de l’étui 
a été emporté, ainsi qu'il l’a été depuis B jusqu’à G, fig. 19, 
où C et M marquent deux telles gouttes extrêmement petites, 
comme À en montre deux autres, vues au travers de l’étui 
mème. 

E,Q, fig. 12, est un vaisseau plus delié vers son origine que 
n'est la trompe. Il s’élargit à mesure qu’il descend vers Q, 
où probablement il a été rompu. Il m'a paru composé de la 
réunion d’anneaux cartilagineux. Je le crois l'œæsophage, et 
vraisemblablement il sert à pomper le suc nourricier qui doit 
passer à l'estomac. J’ai cru entrevoir à sa partie anterieure E 
une petite opacité, qui pourroit bien être une soupape on 


DE DIFFÉRENTES (ESPÈCES D'INSECTES. 24 
valvule, ce qui posé, et qu'elle ouvre d’'E en Q, il arrivera 
que lorsque l'insecte tire le vaisseau E,Q, d'Een Q, il s’alon- 
-gera; et comme ses anneaux cartilagineux l’empecheront de 
se rétrécir en même temps, ils y formera un plus grand vide 
qui fera ouvrir la soupape ou valvulé à l'air, ou à la liqueur 
qui est dans la trompe, laquelle, trempée dans le suc nour- 
ricier, le fera monter le long de ce canal vers Pestomac, par 
un jeu semblable à celui des pompes commnnes, excepté que 
le vide s’y forme en élevant le piston, au lieu qu'il se fera 
ici en alongeant le tuyau de la pompe, qui permettra à la 
liqueur d'entrer, pendant que la soupape, en se fermant, 
l’empêchera de se retourner en arrière. 

Curieux de connoitre les deux parties qui s’étoient offertes 
sous l'apparence de sphéroïdes oblongs, pl. 1, fig. 2 et 3, HH, 
que l’on aperçoit sur le devant de la tête, j’enlevai le crâne, 
où ces parties étoient enchässées; et après l'avoir nettoyé, je 
le trouvai tel que je l'ai représenté fort en grand et vu du côté 
intérieur; pl. 2, fig. 1, AA, sont ces deux parties s'offrant 
encoresous l'apparence de sphéroïdes oblongs. Ellessont très- 
saillantes. Leur moitié postérieure est opaque, et passable- 
ment remplie; l’autre en partie vide, et un peu transparente, 
mais moins qu'elle ne l’est à son côté extérieur, qui a la lu- 
cidité et la couleur d’un verre jaunâtre. 

Comme cet insecte est du nombre de ceux qui n’ont point 
d’antennes, et que ces parties AA, pl. 2, fig. 1, s’y trouvent 
placées aux mêmes endroits où les autres en ont, ilse pourroit 
qu’elles en fissent les fonctions. Leurs côtés postérieurs pa- 
raissent communiquer ensemble au moyen d’un canal écail- 
Jeux très-large, qui en renferme unautre un peu moins spacieux. 


Mém. du Muséum. 1. 18. 32 


242 ANATOMIE 


Il rampe en arc de cercle appuyé dans l’intérieur du crâne, 
et est caché en partie par la plaque écailleuse C, pl. », fig. r, 
qui, comme on l’a vu, est l’écaille HE, pl. r, fig. 12 et 13, de 
même que BCB de cette deuxième planche en sont les deux 
branches écailleuses LHKKIL, vues dans un autre situation. 

Ayant enlevé avec un instrument très-subtil ces deux 
parties HH, pl. 1, fig. 2 et 3, plus grossies en AA, pl. », fig r, 
pour les examiner au microscope, je trouvai d’abord que c’é- 
toient deux vaisseaux écailleux, qui tenoient fort peu du 
sphéroïde; qu’ils étoient obliquement arrondis par dessous, de 
la manière qu’on en a représenté un'par le côté, pl. 2, fig. 2. 
On y entrevoyoit intérieurement un corps assez opaque, qui 
n’en remplissoit pas toute la capacité, et qui s’élevoit un peu 
en bosse sur la face supérieure AB du vaisseau qui le con- 
tenoit. Cetteélévation étoit hérissée, vers À, de quelques poils 
longs, et dansle reste d’un très-grand nombre de poils extrème- 
ment courts, et presqueinvisibles, mème à l’aide dés meilleurs 
microscopes. J'ouvris un des vaisseaux AB, fig. 2, et j'en tirai 
un second vaisseau écailleux, fig. 3, CD, pourvu d’un appen- 
dice fibreux ou charnu , EC, au côté qui répond à celui de B, 
fig. 2, et qui est apparemment le même qui perce à cetendroit 
ce vaisseau AB. La moitié supérieure de ce second vaisseau 
étoit très-hérissée de poils blancs, les mêmes, selon toute 
apparence, que ceux qu'on a vus un peu plus haut sur le 
dessus de la fig. 2. Sa moitié inférieure D, fig. 3, étoit rase. 
J'y crus voir intérieurement un troisième corps. J'ouvris 
le second pour m'en assurer, et j'en tirai effectivement un 
troisième vaisseau écailleux, mais de forme très- différente 
des deux premiers. Il se terminoit en masse 1, fig. 4, munie 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 243 


par devant d’un cou large et oblique, FG, qui aboutissoit par 
G à l’appendice charnu E, fig. 3, et B, fig. 2. Un ligament 
FH, qui me parut écailleux, y tenoit fortement. Je réussis 
encore à ouvrir la partie IF, fig. 4, et j'en fis sortir une sub- 
stance blanchâtre et charnue, remplie de quantité de grains 
sphériques, extrêmement transparens, assez durs, faciles à en 
séparer, et qui, vus: à un microspope d’une demi-ligne de 
foyer, ne paraissoient pas plus grands qu’ils n’ont été repré- 
sentés fig. 5. 

Le peu de rapport que cet organe a avec ceux des sens 
dans les grands animaux ne nous permet pas d'en déterminer 
l'usage par l’analogie. S'il servoit à quelque sens que nous 
n'avons point, comme on seroit tenté de le croire, toutes nos 
conjectures là-dessus seroient parfaitement inutiles et hasar- 
dées à pure perte. 

La fig. 6 de la pl. 2 est un corps brun, un peu mou, oblong, 
grossièrement cylindrique, se terminant en pointe mousse et 
arrondie aux deux extrémités, d’où partent par un étrangle- 
ment alongé deux appendices, AB, de la même couleur. 
Quantité de petits vaisseaux noirâtres rampent sur leur su- 
perficie. L'autre côté de ce corps paroït avoir tenu parnombre 
de membranes, G,C,C,C,G,C, au dedans de la tête, d’où je l'ai 
tiré. La substance qu'il renferme est muqueuse. On peut, 
avec quelque vraisemblance, le prendre pour le cerveau de 
l'animal, et en ce cas A et B en seroient probablement le 
cervelet. 

La fig. 7 est une lame mince et tranparente, qui semble 
tenir le milieu entre la membrane et l’écaille, n'ayant ni la 
flexibilité de l’une, ni la fermeté de l’autre. Elle couvre le 


244 ANATOMIE 


milieu du côté intérieur de la partie faite en battant dé, bi- 
valve, pl. 1, HE fig. 12 eta3, dont il a déjà été parlé. La tache 
oblongue plus foncée qui se montre au milieu de fig. 7, pl: 2; 
est écailleuse et couleur d’ambre. C'esticelle qui se fait aper- 
cevoir vers lemmilieu de la pièce LH, fig. 12 et 13, pl. 1,4 

A côté des sphéroïdes irréguliers AA, pl. 2, fig. 1,.on voit 
plus en dehors, DD, deux ovales longs et encadrés, couverts 
de grains blanes et polis. Ce soût deux assemblages d'yeux 
dans leur position naturelle. La bordure large qui les en- 
vironne est écailleuse et relevée; elle descend du côté de 
l’occiput, par un prolongement jusqu’en E, puis elle remonte, 
en se dirigeant obliquement, vers le dessus,de la tête; et après 
s'être bifurquée près de FF, elle va s'ouvrir dans le canal plus 
spacieux, par où les corpssphéroïdaux AA communiquent l'un 
avec l’autre; ce qui peut faire soupçonner que ces deux corps 
sphéroïdaux ont quelque raport avec l’organe de la vue. Les 
deux espaces écailleux renfermés entre ce canal et les prolon- 
gemens EF se montrent, dans la figure, percés de nombre de 
trous; ce sont des ouvertures, dans lesquelles des poils ont 
été implantés. Le dessus du corselet en est criblé pareille- 
ment. | 

La fig. 8 réprésente le côté extérieur d’un de ces assem-- 
blages, ou plutôt d’une des deux cornées où les yeux se 
trouvent rassemblés, suivant la disposition qu’en offre la figure. 
Ce n’est qu'après avoir vidé le dedans d’une tête, et en avoir 
examiné le crâne dans tous les sens, que je suis parvenu à les 
apercevoir. J'en ai compté environ cent à chaque cornée. 
Ils ne se trouvent pas placés chacun dans une facette hexa- 
gone, comme le sont ceux de la plupart des insectes ailés, mais 


DE DIFFÉRENTÉS' BSPÈGES D'INSECTES. 245 


ils y sont disposés d’une autre manière, et de # façon à peu 
près qu’on peut l’observer fig: yaris 

Ayant mouillé d’une goutte d’eau une de ces cornées, et 
ayant passé un pincéau sur son côté intérieur, jen ai détaché 
grandnombre degrainssphériquestransparens, dontune partie 
étoïient aussi petits environ que les yeux dont'il vient d’être 
parlé ,et d’autres paroïssoient avoir le double de cette gran- 
deur. Ces grains avoient de la consistance, et conservoient leur 
forme sans diminution sensible, après qu’on avoit fait évaporer 
l’eau dans laquelle ils trempoient. Si on confirme, après des 
examens répétés, que ces grains transparens de deux diffé- 
rentes grandeurs sont de véritables lentilles, il faudra suppo- 
ser, vu qu'une seule cornée en a fourni beaucoup plus de cent, 
que chaque œil, ou plusieurs d’entre eux, ont au moins deux 
lentilles; alors il se pourroit que chacun de ces yeux füt une 
véritable lorgnette : chose qui après tout ne seroit pas une 
singularité aussi grande qu’on pourroit se imaginer, puisque 
j'äi trouvé, comme on le verra dans la suite, que les yeux 
de la phalène, dont j'ai publié l'anatomie de la chenille, sont 
de’véritables télescopes qui ont deux verres objectifs et un 
oculaire, et où il y'en a encore probablement d’intermé- 
diaïres que leur extrème petitesse et leur emplacement dans 
lesitubes opaques empêchent d’être découverts. 
la fig. 9, pl 2, représente un stigmate environné d’un 
morceau de peau du corps de l'animal, vu en dehors, au 
travers d’une lentille d’une demi-ligne de foyer. Ce stigmate 
se montre percé à jour, ainsi qu’on les trouve tous lorsqu'on 
en a détaché et enlevé, comme ici, la trachée-artère qui s’y 
ouvre; et les filamens par oùeelle y tient : douze poils roides ou 


246 ANATOMIE: 
épines sortent de ce morcéau de peau, et sont implantés chacun 
dans un tubercule écailleux percé pour cet effet, et environnés 
d'une membrane mince et flexible, dont aucun filet noir 
écailleux, semblable à ceux qui couvrent le reste de la peau, 
n’empèche la mobilité. Ces poils, ou plutôt ces épines, sont 
beaucoup trop clair-semés pour pouvoir servir de couverture 
à l'animal; mais ils servent apparemment à rendre chez lui le 
sens du toucher plus délicat : du moins ai-je observé dans 
plusieurs autres sortes d'insectes chez qui les poils étoient 
également rares, qu'ils étoient aussi implantés, comme ici, 
dans un anneau écailleux , environné d’une membrane beau- 
coup plus mince et flexible que la peau ne l’étoit partout 
ailleurs, et qu à la racine de chaque poil ou épine aboutissoit 
un petit nerf qui y tenoit, au moyen de quoi nul corps ne 
pouvoit heurter contre cette épine sans qu’elle ne cedàt, et ne 
tiràt, comme par une sorte de petit levier, le nerf attaché à 
sa racine, et n’imprimät ainsi un sentiment notable à l’animal. 

Ayant adapté à mon verre d’une demi-ligne de foyer les 
pièces qu’il faut pour en faire un microscope double, et ayant 
ainsi rendu Ja superficie de l’objet, pl. 2, fig. 9, en apparence 
encore da moins seize fois plus étendue, les fils noirs qui se 
montroient d’abord comme faisant des réseaux irréguliers 
sur la peau de l'animal, se découvrirent être des nervures 
assez épaisses, toutes plissées en ziz-zag, afin, très-vraisém- 
blablement, que ces nervures n’empèchassent pas la peau 
de pouvoir aisément s'étendre au besoin en tous sens. 

La fig. 10, qui offre une parcelle de la peau, fig. 9, grossie 
à ce double microscope, fait voir en A un anneau ou tu- 
bereule écailleux, dans lequel un de ces poils roides avoit 


DE DIFFÉRENTES DEPÈCES D'INSECTES. 247 


été implanté. Son ouverture circulaire à jour marque l’é- 
paisseur apparente du poil. On découvre dans cette figure 
comment les nervures sont pliées en zig-zag, et que toutes 
restent écartées à quelque distance de l'anneau A, tandis 
qu’elles touchent en grand nombre le stigmate fig. Q, et y 
paroissent même être plus amassées qu'ailleurs : aussi les stig- 
mates ne concourent-ils point à l'organe du tact, comme le 
font, selon toute apparence, chaque poil ou épine. 

La fig. r est celle d’un stigmate entier vu de profil : A en 
est le côté extérieur, qui paroît comme relévé en bouton 
sur le dessus de la peau, CD, de l'animal. On a d’abord de 
Ja peine à reconnoiître que cet organe est effectivement con- 
vexe en dehors. Sa superficie extérieure un peu transparente, 
laissant entrevoir en B l'anneau concentrique qui borde son 
ouverture à l’opposite, et fait paroître le stigmate comme 
concave en dessus, et ce n’est qu’en parvenant à l’exposer 
au microscope par le côté, qu'on s'assure pleinement du 
contraire, En séparant sa moitié antérieure de la postérieure, 
on trouve qu’ilest creux en dedans, et garni de poils. 

Cetinsecte a, ainsi que les chenilles, dix-huit stigmates, neuf 
de chaque côté. Ils sont écailleux. Leur emplacement n’est 
pas dans une même ligne latérale, comme celui des chenilles; 
mais ils se trouvent disposés comme le marquent, dans les 
fig. 2 et. 3 de la pl. r, les nombres 1, 2, 3 jusqu'à 9. La 
première paire.est sur les côtés du corselet, entre la première 
et la seconde paire de pates. La seconde paire de stigmates 
se trouve sur une pièce écailleuse, pl. 2, fig. 14, qui termine 
le corselet à l'endroit où il communique avec le corps, et où 
ces stigmates sont indiqués par les ouvertures B et C. La troi- 


248 VPATA YANATOMIE / TATITT 0 

sième et la quatrièmepaire;, sont placéestrès près l’une de l’au- 
tre, à la partie antérieure du corps, sur unassemblageécailleux, 
pl. 2, fig. 17, BA, AB, qui borde l'étranglement-parlequelle 
corps tient au corselet : ils y-sont märqués AsetB, et beau- 
coup moins grossisique fig. 11, 13, 13, 14, 15 et:26: Les cinq 
autres paires se trouvent aux endroits du corps désignés pariles 
chiffres 5, 6, 7,8 et 9, fig. 2et 3, pl. r. Les stigmates de la pre- 
nière paire sont bien quatre fois plus grands que ceux du corps. 
Ceux de la seconde paire, pl. 2, fig. 13; mont semblé ronds. 
Ils étoient couverts en dessus d’une membrane, sur laquelle 
paroissoient nombre de nervures ondoyañtes dirigées vers 
un centre commun. Les autres avoient la forme desphéroïdes 
oblongs. Ils étoient aussi munis en dessus d’une membrane 
à nervures ondoyantes, mais avec cette différence qu’au lieu 
de tendre vers un centre commun (voyez pl. 2, fig. 13), 
ils se rapprochoiïent vers une ligne faisant partie di grand 
diamètre de l'ouverture, ainsi qu'il a été représenté pl. 2, 
fig. 12. Cette membrane sert à donner plus ou moins d'entrée 
à'la fois à l’air, ou à en exclure l'eau au besoin) comme de = 
on submerge le stigmate. 

Leur forme étant, les uns SDS LU autres sphéroïdes, 
ils sont creux en dedans, et garnis de poils dirigés vers l'ou- 
verture supérieure, ainsi que le représente la fig. 15 de 
la pl. 2, qui en offre l'ouverture inférieure. Ces poils ‘peu- 
vent servir, par leur direction vers le milieu de leur ouver: 
ture antérieure, à empêcher les corpuscules, qui flottent 
dans l'air, d'entrer par les stigmates dans les bronches où ils 
pourroient causer des obstructions, et à en faciliter aussi da 
sortie, si par hasard ils y étoient entrés. 


Là A » 
DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 249 


Une lame récailleuse et recourbée embrassesous la peau 
une partié du stigmate, comme on le voit en A, fig. 12 
et 15. 

La fig:16 y montre en AC le côté; dustigmate qui est 
sous la peau. Deux anneaux écailleuxconicentriques bordent 
son ouverture postérieure, après quoi la trachée-artère y 
üenten C par unemembrane; qui peut-être aiété icitrop alon- 
gée par les tiraillemens: Que je puis ‘avoir fait subir involon- 
tairement à ce vaisseau en le séparant du:corps de l'animal. 
CDEFGH est une partie très+considérable de lactrachée 
exactement représentée d’après nature. Elle a: été rompue 
en H,.et.a fourui dans sa longueur, CH, quatrebronches, 
DLEL,EM,GN. toutes tournées du même côté, et aussi 
grosses, ou peu s'en faut, qu'elle-même; ces bronéhes, qui 
se sont trouvées rompues, pourroient bien aussi avoir abouti 
chacune à un stigmate. Toute la trachée-et ses grandes bron- 
ches étoient entourées, comme on d'a représenté dans: la 
fig. 16, d'un fil tourné en ressort à: boudin, inecomparable- 
ment plus fin et plus serré qu'ilne l'est dansles bronches de 
même épaisseur des éhenilles. : :: O8! 

Une lentille d’une demi-ligne de foyer le rendoit à peine vi- 
sible. Il étoit impossible de l'apercevoir par ce même verre 
à des bronches: plus minces : et ce ‘qui est remarquable, 
plus celles-ci étoient..déliées, «et moins elles paroissoient 
blanches et transparentes; de sorté que celles! qui ne parois- 
soient que tin à:6e microscope ; ya sémbloïent presque 
ROÏTES. Hi L D rpaorc Jo Mis vob aq 


| 6 € 


Les bronches; tant grasses que: HAE Men onwtrouve en 
nombre prodisieux dans les chenilles, Soient à PRRPEE 
Mérn. du Muséum. ts x8; 1011 3 


250 ANATOMIE 1: 
tion en beaucoup noindre! quantité dans l'animal dontil s'a- 
git ici. On les y distinguoit facilement d’une secondersorte de 
vaisseaux très-blanes, clairs, et en quantité innombrable qui 
s’y trouvoient;.ce$) derniers awoient moias de consistance, 
et au microscopesenonerpolivoit déméler s'ils! étoient formés 
d'un fil roïde,touiné conunescelui des bronches, oùnon: 
Deux ou trois joursde macération dans l’eau les réduisoient 
en bouillie ; au )Jièu que eux. qui sont sûrement des bron- 
ches, s’y conservoientuplus Jong-temps sans se dissoudre: 

ie corselet est extérieunement composé d’un assemblagé 
d'au, moins seisé pièces écailleuses. La plus grande, pl tr, 
fig. 2, K, couvre à pEu près tout son dessus. À l’'opposite il y 
en a quatorze, et:$om eitrémité postérieure se termine par 
une grande pièceécailleuse, pl.2, fig.14 : À, estil'ouverture par 
laquelle le corselet communique avec de corps; B et C sont 
des élévations convexesk creuses et percées à jour, qüi m'ont 
paru être la seconde: paire de:stigmates. Je ne ‘puis dires 
ouverture D est absolument-une ouverture ;'où si elle à été 
couverte, comme il est apparent, d’une meémbrañe : son 
usage m'est inconnu, Onze poils où ‘épihes éecupoient les 
onze petits ‘trous que l’on voit èn E au-dessus de cette 
ouverturé.t 92 184 1i0Y2919q8 Læhb ol uy à 


; 


La partie‘antérieure da corps, celle qui, x l'ouverture A; 


quent aux apophyses CetiD;ifig 155 Bret AB'sütit les Stig= 
mates de la troisième et quatrième! paire: Lés pièces, fig. 1, 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 251 
occupent le dessus, et éelles;:fig. 18, océupentile dessous de 
l’étranglement qui sépare le-corps du :corselet:i1:il 

Comme cet insecte devoit. pouvoir pénétrer au travers de 
la laine des moutons, surda peau désquels ilrvit,1ses pates 
ont été pourvues de pieds propres: À Jûi en procurer les 
moyens. On en voit un, sépäréde la jambe!}"eb extrêmement 
grossi, pl. 3, fig. 1. 1Lasix articulations, dontilés! quatre pre- 
mières A,B,C,D, quoique: très-courtes; sont de grosseur et 
de. lyiguens rl la cinquième | E; beaucoup ‘plus 
grosse qu'aucune des autres  estià peu! près aussi longue'que 
les quatre premières ‘ensemble. Après elle; suit le boût du 
pied H; il est armé de deux ongles ou crochets dentés E et 
F, pourvus en dessous. d’urie languette blanche, aplatie et 
pointue, dont la moitié antérieuire:B,L,[, fig. 2, est garnie aux 
deux côtés d’une file de kimes minces écailleuses, ou’ d’esi 
pêce d’arètes, blanches assez éminentes; l’autre moitié est 
hérissée de piquans très-courts: elle sort de l'extrémité de là 
cinquième articulation du pied, et elléytient : A,LK, fig. r, 
est à l’autre extrémité du pied un troncon du bout de la 
jambe. On en voit. sortir en Let K-deux lames écailleuses, 
où étoient insérés des musclés moteurs du ‘pied. Ce bout de 
jambe, et les bords de: châquesarticulationt du pied, sont 
hérissés de très-fortes épines. “103901 

La fig. 2 de la même planche offre encore plüs en grand, 
et dans une autre position en AA: iles deux ongles ou griffes 
du pied, et la languette BjJ,G; qui maturellément y est pla- 
cée dessous; mais qu’on voit-ici ‘en ‘pléin et à! découvert, 
parce qu'on a renversé pour cet effet à droite et à gauche 
l'un et l’autre des deux ongles, qui sermontrent ici par 


252 LA POTEAi U : SANATOMIE 


leurs côtés, naturellement tournés l'un vers l’autre. On y 
aperçoit distinetement:la forme pyramidale de l’extrémité 
antérieure B,l1-de la languette; armée dés espèces d’arêtes 
mentionnées/uh peu plus haut, et son autre bout hérissé de 
petits piquans; cette languette y est placée par la raeine, entre 
deux pièces. écailleuses ; dont l’une D,G,G; fig. 2, est can- 
nelée de rainures obliques qui se rencontrent, et forment 
des angles à peu près ‘droits sur la ligne où. elles se brisent : 
l’autre pièce. écäilleuse a  beaucoup/moïns de largeur, et 
est représentée-dans le-milieu de la fig. 3; une petite écaille 
réunit ces deux pièces en E, fig. > et 3, par un fort ligament. 
On peut remarquer à la fig. 2 que lés deux onglès ide l'in 
secte sont armés de crochets. Chaque ongle tient à une forte 
pièce écailleuse FH, avec laquelle il forme ‘un angle aigu 
immobile, A,L,F; cette pièce elle-même est articulée avec 
une autre pièce écailleuse moins largetet courbe, F,G,[, qui 
tient en G, par un ligament très-fort, aux deux pièces écail- 
leuses G,D,G, fig. 2et 3, | 

Au reste, on conçoit aisément que la languette écailleuse 
H,G, fig. 1, placée à peu près comme le pouce à l’opposite 
des doigts d’une main, fournit à l'animal, par cette sorte 
de pince, un moyen d'autanvplas aisé, soit de se crampon- 
ner à la laine du mouton, soit desé tirer au travers’en la sai- 
sissant avec ces trois parties du pied, que les deux ongles 
sont garnis de crochets qui contribuent efficacement à favoriser 
ces procédés, en servant d’autañt de points d’appui à l’ani- 
mal, pour, l'empêcher de glisser’ en arrière}; ou de lächer 
prise. ! lo 90,400 Jp V | 

Les pates, au nombre de six, ‘eompüsées d’une double 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 253 


cuisse L et D, pl. 1, fig. 3, d’une jambe E, et d’un pied 
à cinq articulations F, sont'intérieurement pourvues à leurs 
articulations de lames ou arêtes très-fortes, tenant chacune 
par l’une de leurs extrémités à l'écaille dont elle procède, 
et de l’autre à des muscles qui en sont les moteurs. Voici 
comme sont faites et placées plusieurs de ces lames que j'en 
ai tirées. 

A l'endroit où le pied est articulé avec la jambe, deux 
lames, I et K, pl. 3, fig. 1, tiennent très-fortement, chacune 
- par une épaisse tête, couleur de gomme, à cette articula- 
tion; de là elles entrent en forme de lame plate dans la 
jambe, où elles reçoivent l’attache des muscles moteurs du 
pied. 

J'ai trouvé dans le füt de cette jambe une lame ou arête, 
pl. 3, fig. 6, fort déliée, à l'extrémité de laquelle tenoit un 
filet AB, qui avoit la souplesse d’un nerf. 

Au bout de la jambe, du côté de la cuisse, tient par un 
ligament très-fort, la tête À, fig. 5, d’une quatrième lame AB, 
qui a environ le quart de la longueur de la jambe, et entre 
dans la cuisse. 

La fig. 7 représente une cinquième lame écailleuse, qui, 
dans la cuisse, est attachée par sa tête À à l'endroit où la 
jambe s’y articule. Cette lame, environ d’un tiers plus courte 
que la cuisse n’est grosse, a plus de largeur qu'aucune autre 
de ces lames. 

La fig. 8 offre une sixième lame écailleuse. Elle pénètre 
dans le corselet de l’animal, et tient par sa tête À à l’articu- 
lation courte qui divise la cuisse près du corselet. 


Quant au pied, pl. 3, fig. 1, AF, j'ai vu que sa dernière 


254 ANATOMIE 


articulation E tenoit par deux fils écailleux très-forts; mais 
déliés, à l'articulation qui la précédoit, et que les quatre 
autres articulations de ce pied tenoient ensemble de la mème 
façon. Je n’ai pas démélé si chacun de ces fils traversoit 
toutes les cinq articulations du pied, et les enfiloit ainsi, ou 
si chaque pièce étoit attachée à la précédente par deux nour 
veaux fils. Ce qui m’a paru certain, c’est que ces fils se bifur- 
quoient dans chaque articulation, et y tenoient de la façon 
que je l'ai représenté fig. A, qui fait voir, presque aplomb, 


la pénultième pièce, pl 3, fig. 1, D, d'un pied : on y aper- - 


çoit en dedans le fil A qui se bifurque, et tient à un autre fil 
courbé en cercle, et attaché à l’intérieur de l’écaille. #i 

Les fig. 9, 10 et 11 sont trois lames tirées d’une. pate 
postérieure, Sur la première, qui étoit large, et de sa cuisse, 
s’élevoit une apophyse couleur de gomme, qui, se fléchissant 
près de son origine, se terminoit par un long filet écailleux A. 
La seconde, fig. 10, étoit une lame eflilée, jqui me parut avoir 
aussi été dans la cuisse; et celle, fig. 11; se trouva dans Ja 
pate postérieure, au même endroit que celle fig. 5, à l’an- 
térieure. | 

La différence la plus sensible que j'aie remarquée aux pates 
de cet insecte, c’est que celles de la troisième paire étoient les 
plus longues, et que leurs cuisses antérieures, celles qui tien- 
nent au corselet, avoient en dessus, comme il a déjà été 
remarqué, une échancrure GG, pl. 1, fig. >, à l’écaille qui 
les couvre. Il m'a paru, au reste, singulier que toutes les 
cuisses et jambes de cet insecte, que j'ai ouvertes, se soient 
trouvées intérieurement doublées d'une écaille blanchâtre, 
moins dure que l’extérieure, et qui pouvoit en être séparée 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES, 255 


par éclats : on y observoit les mêmes trous, dont l’écaille 
extérieure étoit percée, pour y recevoir ses poils ou épines. 
Je ne puis décider si les écailles de ces insectes sont constam- 
ment ainsi doublées, ou si elles ne l’ont été ici que parce que 
c’étoit le temps où l'animal se disposoit à muer, auquel temps 
on,sait que généralement les insectes ne quittent leur dé- 
pouillé que lorsqu'il s’en est formé sous elle une autre 
toute prête à la remplacer. 

Quand on suit le canal de l'œsophage qui, à la hauteur 
de RS, pl. r, fig. 10, disparoit en se plongeant au travers 
d'une ouverture ménagée pour cet effet dans la menton- 
nière, l’on trouve qu'à l’opposite il entre dans un four- 
reau qui, du corselet, le conduit dans l'estomac. C’est ce 
qui, est représenté pl. 3, fig. 12, où AB est ce canal très- 
délié qui perce en B le bout ABC de la mentonnière, et 
reparoit én Cplus épais, parce qu’il y est enveloppé du four- 
reau, qui l'accompagne jusqu'à lestomac CD, dans lequel 
l’œsophage seul s’ouvre, pendant que ce fourreau, à l'entrée 
C de l'estomac, s’élargit en tous sens pour lui servir de tu- 
nique extérieure. 

Ce viscère CD tent du sphéroïde plat. Il est couvert de 
nombre de petitsvaisseaux de couleur foncée, et semblables à 
ceux qui se trouvent pl, 2’, fig. 6, sur la partie que je crois 
être le cerveau. 

On voit sortir de lestomac sept canaux blanchätres assez 
considérables, rompus en E,;F,G,H,I,K,l, qui pourroient 
bien être autant d’intestins, mais dont j'ignore les aboutissans, 
parce qu'ils se sont rompus lorsque j’ai tiré ce viscère du cor- 
selet; et ce seroïit alors une circonstance bien remarquable 


256 ANATOMIE 


qu'un estomac, ou pour me servir de son nom propre, quoi- 
que hors de mode, qu’un ventricule, avec sept pylores, au 
lieu d’un qu'ont les grands animaux, et auxquels abouti- 
roient autant d’intestins séparés. ÿ 

On trouve dans la région antérieure du corps de l’animal, 
à une petite distance de l’étranglement qui sépare le corps 
du corselet, un vaisseau en sphéroïde oblong, pl. 3, fig. 12, 
rempli d'une substance pâteuse couleur marron: Deüx 
queues minces, À et B, qui se terminent en pointe, sortent 
des deux extrémités de son grand axe. J’ignore absolument 
l’usage-de ce viscère. 

La fig. 13, pl. 3, représente un sac comme il y en a quatre 
dans le corps de l'animal, Ils sont membraneux, fortifiés par 
des fibres qui les environnent en guise de filets à mailles irré- 
gulières. Leur ouverture est maintenue dans la figure cireu- 
laire qu’elle a par un cercle roïde et écailleux qui l'entoure. 
Tous quatre étoient fermés en dessus, chacun par un cou- 
vercle convexe, fig. 14, de même nature, et pareillement 
environné et affermi par un cercle écailleux. Ces quatre sacs 
m'ont paru communiquer par un conduit large et membra- 
neux À, fig. 13, à une cavité plus spacieuse, qui aboutit à 
l’anus. Ils contenoïent une substance brune, pâteuse , opaque 
et homogène, fig. 15, dans laquelle, après lavoir dépurée, 
je n’ai découvert aucun vaisseau; ce qui me fait croire que 
cette substance pourroit bien n’être que de la matière fécale. 

L’anus de cet insecte, qui vu à la loupe ne me parut d’a- 
bord que comme entouré d’un anneau écailleux , entier aux 
uns, fendu aux autres, examiné au microscope, se trouva fait 
tout autrement, mais ausssi de deux différentes façons; 


DE DIFFÉRENTES! ESPÈCES D'INSECTES. 25 pi 


ph 3, fig. 16 et:179, probablement suivant les sexes. Dans la 
fig. 17 tout est écailleux; sa partie A,B,C, hérissée de piquans, 
est la seule qui naturellement paroisse en dehors. Dans la 
fig. 16, cette ouverture est en partie bordée de deux écailles 
en forme de corne, A et B, hérissées d’épines tournées en 
dehors. CD est une espèce de masse écailleuse, pareïllement 
hérissée par son gros bout D, qui est le seul qui se montre en 
dehors, le reste disparaissant sous la peau. Ce gros bout 
occupe en grande partie l’espace supérieur que laissent entre 
elles les deux écailles, en forme de corne A et B. L'espace 
inférieur qui est entre leurs deux pointes n’est occupé que 
par une membrane; structure qui paroit indiquer que cet 
anus est celui de la femelle, destiné à devoir se prêter au 
passage des œufs ou des petits qu’elle met bas. 

Quoique je n’eusse remarqué en dessinant cet insecte au- 
cune autre ouverture à la partie postérieure que celle dont il 
vient d’être parlé, cependant ayant mis tremper son corps 
deux jours dans de l’eau, je vis paroïître immédiatement au- 
dessus de cette ouverture un corps qui sembloit grand comme 
la pointe d'une très-fine aiguille, et qui, vu en dessus avec 
une forte loupe, paroissoit tel qu'A, fig. 18, et de côté, 
comme À, fig. 19. Dans le premier sens, il se montroit blanc 
et membraneux ; à l’opposite, il étoit écailleux et couleur de 
gomme commune, D'une ouverture placée sur le tubercule 
B, sortoit de part et d’autre une lame écailleuse, tant soit | 
peu courbe, CC, de mème couleur brune, qui sembloit des- 
tinée à lui servir de soutien. Une de ces lames est représentée 
fort en grand fig. 20; quantité de branches ou de fibres y 
étoieut adhérentes. À chaque côté de l’élévation en forme de 

Mém. du Muséum. 1. 18. 34 


258 ANATOMIE 


tubercule B, fig. 18 et 19, étoit placée une aigrette D de 
piquans noirs très-courts. J’essayai, au moyen d’une pince, 
de faire sortir davantage ce corps À du tubercule B, mais 
ayant trouvé trop de résistance, j’ouvris le ventre de l’insecte 
avec une fine aiguille aiguisée en couteau. J'en tirai cette 
partie, que je trouvai très-adhérente à une pièce écailleuse 
E,F,L,H, fig. 21, avec laquelle elle faisoit en E un angle droit. 
Cette pièce étoit suivie de quelques gros vaisseaux, tellement 
enveloppés d’un nombre prodigieux de filamens, qu'il ny 
eut pas moyen de les représenter. 

La partie À, fig. 18 et 19, tracée plus en grand et de côté 
en AE, fig. 21, se voit par derrière fig. 22. Elle y est écail- 
leuse dans toute sa longueur, et presque dans toute sa lar- 
geur. L'ayant rompue transversalement en G, je trouvai 
qu’elle renfermoit un large tuyau qui contenoit un conduit 
blanc membraneux plus délié. Ayant examiné la situation de 
cette partie, fig. 21, dans le corps de l’animal, je l’y ai vue 
telle qu’on laperçoit de côté fig. 23, et en dessus fig. 24. 
Elle s’y trouvoit en partie enveloppée par un assemblage 
écailleux, représenté à part fig. 25, dans lequel elle étoit 
placée et assujétie comme le montrent en ces deux sens 
les fig. 23 et 24. Cette partie, qu'on ne fait qu’entrevoir en 
A,E,F,L,H, fig. 23, et qui se montre à nu, mais en sens 
presque contraire, fig. 21, y est placée dans un assemblage 
écailleux, ouvert depuis A jusqu'à LE, fig. 23 et 24, pour lais- 
ser le jeu libre à la pièce A,E,F,L,H, qui n'y tenoit que par 
un ligament très fort en H, sans empècher, pour peu que l’on 
appuyät contre le coude E, de faire sortir en avant la partie 
E,A , fig. 21, jusqu’à ce que E, élevé jusqu’au niveau de A,L,, 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 259 
fig. 23, et ainsi ne faisant qu’une ligne droite, l’angle à peu 
près droit du coude A,E,L, fût entièrement effacé, et alors la 
partie E,A paroissoit presque toute hors du corps, comme 
elle se montre en À, fig. 18 et 19. 

Au reste, on aperçoit en M,Ï, fig. 23, une suture qui 
montre que l’écaille fig. 25 n’est pas d’une seule pièce, mais 
qu’il s’est fait en M,I une réunion des deux cornes M,K, dont 
on en a représenté une à part fig. 20, avec la pièce M,L 
fig. 23, qui est marquée M,L,M fig. 25. 

Quoiqu'il soit assez probable que la partie qui vient d’être 
décrite est celle qui caractérise le mâle, il faudroit d’autres 
recherches, pour pouvoir le décider, que celle que j'ai faites. 
Nombre d'insectes sont pourvus d’un conduit qu’ils savent 
alonger, et au travers duquel ils pondent leurs œufs, et ce 
conduit peut, au premier coup d'œil, aisément donner le 
change, et faire prendre des femelles pour des mâles. 

Parvenu jusqu'ici, je n’ai pas poussé plus avant mes re- 
cherches sur cet insecte, qui peut encore fournir de l’ouvrage 
pour long-temps à ceux qui voudront les continuer, et qui, 
en attendant, nous a donné occasion de reconnoitre qu’il est 
fait sur un plan bien différent de celui des insectes dont nous 
avons quelque connoissance. 


DES POUX D'’OISEAUX. 


L’insecte qui vient de nous occuper pendant quelque 
temps m’ayant rappelé que j’avois trouvé dans mon Redi, sur 
la génération des insectes, les figures de plusieurs poux d’oi- 
seaux et de quadrupèdes, j'eus la curiosité de jeter les yeux 


260 ANATOMIE 


sur cette partie de son ouvrage. Elle in’offrit trente-six de 
ces animaux représentés au microscope, mais d'une manière 
trop incertaiue pour pouvoir être bien exacte. Aussi m'a- 
perçus-je que je n’avois pas l'édition originale, mais une tra- 
duction latine imprimée à Amsterdam en 1671, dont les 
planches pouvoient bien avoir été un peu négligées, Quoiqu'il 
en soit, le manque de précision que m'oflrirent ces figures 
n'ayant fait naître le désir de n''assurer par les objets mèmes 
de ce qui en étoit, me fournit l’occasion d'examiner, et de 
dessiner avec autant de vérité qu’il me fut possible, les figures 
des insectes de ce genre, que l’on va voir grossies au micros- 
cope, mais gravées d’une autre main que de la mienne. 

Pour leur donner une grandeur relative un peu juste, 
j'eus recours aux cornées des yeux d’un de ces insectes ailés 
qu'on nomme Demoiselles. J'ai coupé au microscope un 
morceau de cornée de la longueur d’une ligne, suivant l'ali- 
gnement des facettes hexagones dans lesquelles elles sont 
divisées. Ce procédé me procura une échelle d’une ligne, 
divisée en trente-quatre facettes ou parties égales, dont la 
nature avoit fait elle-même les frais. 

Je collai cette espèce de micromètre sur une découpure de 
glace de miroir des plus minces, et lorsqu'il s’agissoit de 
mesurer un très-petit objet, je l'y placai tout à côté, et comp- 
tant au travers d'un microscope combien cet objet et chacune 
de ses parties avoient de facettes de longueur, je m’en assurai 
ainsi exactement. M’ayant fait ensuite une seconde échelle, 
de deux pouces, divisés chacun en vingt parties égales, je 
donnai dans mon dessin à l’objet autant de ces vingtièmes 
parties de pouces de longueur que je lui en avois trouvé de 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 261 
trente-quatrièmes d’une ligne, au microscope; ice iqui rendit 
l'objet à peu près vingt fois plus long qué dans larnature 
donna à sa surface quatre cents fois plus d'étendue, et le grossit 
environ huit mille fois; c'est-à-dire.quesiun animal pouvoit 
croître proportionnellement jusqu’à acquérir vingt fois plus 
que,sa longueur, il auroit acquis huit mille fois plus de poids 
ou de substance qu'il n’en avoit eu auparavant. 

Après ces peutes dispositions il ne restoit que de me pro- 
curer des objets; chose qui n’étoit pas sans difficulté, Les 
oiseaux vivans ne se laissent pas manier comme on veut, et 
les oiseaux morts, en se refroidissant, écartent tellement ces 
insectes, qu'ils y deviennent bientôt fort rares. Un expé- 
dient assez simple m'y fit pourtant réussir. C’étoit de mettre 
sur l'oiseau mort un papier blanc, de chauffer un mouchoir 
devant le feu, et de le mettre alors, rassemblé en pelotte, 
sur ce papier. La chaleur du mouchoir se répandant ainsi aux 
environs, et sy faisant sentir aux insectes, les détermina bien- 
tôt à quitter l'oiseau froid, à s'avancer vers l’endroit d’où 
venoit la chaleur, et à se rassembler petits et grands contre 
le dessous du papier, à l'endroit où son dessus étoit échauffé 
par le mouchoir. De cette manière je parvins à me procurer 
des sujets en abondance. 

Ceux que je trouvai ainsi se distinguoient naturellement 
en deux classes. Il ÿ en avoit à huit pates , mais en petit 
nombre; il y en avoit d’autres en plus grand nombre à six ; 
et dans cette dernière classe on reconnoissoit aisément deux 
genres remarquables par la différence de leurs pates et de 
leurs têtes. Les premiers avoient la tête courte, ‘et tenant 
plus ou moins de la figure d’un trèfle. Leurs pates étoient 


262 ANATOMIE 


pourvues d’un pied assez long et mince, dont l’articulation se 
fléchissant en dehors, fournissoit un appui à l'animal pour 
courir, et dont les deux ongles crochus, qui terminoient ses 
pieds, se tenant naturellement écartés, contribuoient à affer- 
mir ses pas, et à le rendre assez léger à la course. 

Ceux du second genre marchoïent d’un pas plus tardif; 
leur tête étoit plus alongée, et ils n’avoient pour tout pied 
qu'un crochet simple ou double, mais alors ordinairement 
appliqué contre son pareil. Ces crochets étoient articulés au 
bout de la jambe, élargie à cet endroit, afin que le crochet, 
ramené sur ce bout, püt mieux s’accrocher aux barbes des 
plumes pour s’y tenir. 


DE LA CLASSE A SIX JAMBES. 


Pou d'aigle. PI. 4, fig. r. 
D 

Par le moyen indiqué, je trouvai sur un aigle tué sur nos 
rivages nombre de ces insectes, de couleur et de taille si 
différentes , que je ne les crus pas d’abord de mème espèce; 
mais les ayant examinés avec plus d'attention, je trouvai qu’ils 
avoient tous la même forme , et que leurs variétés ne prove- 
noient principalement que de leur différence d'âge; que les 
petits étoient tout blancs, et que la couleur des écailles dont 
l’insecte est pourvu prenoit insensiblement une couleur plus 
foncée, à mesure qu’il devenoit plus grand. 

Celui que j'ai représenté pl. 4, fig. 1, avoit acquis toute sa 
taille. Sa longueur étoit d’une ligne. Le fond de sa couleur étoit 
grisâtre; sa tête, ses pates et son corselet me parurent écailleux 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 263 


en dehors : la première étoit ornée de taches noires symé- 
triques. Son corps étoit traversé de dix bandes écailleuses 
polies, et d’un brun-rouge plus foncé aux uns qu'aux autres. 
La dernière de ces bandes, celle qui étoit la plus près de 
l’extérmité postérieure, étoit intérrompue à la ligne supé- 
rieure; les autres ne l’étoient pas, mais elles y avoient moins 
de couleur. La seconde partie de son corselet étoit traversée 
en dessus d’une raie de même couleur. On lui voyoit sous la 
tête, près de la racine des antennes, deûx points noirs, qui 
étoient apparemment ses yeux. Ses antennes étoient d’une 
figure singulière. Elles ne ressembloient pas mal à un gland 
couronné d’une aigrette de poils roides et courts. Elles te- 
noient à la tête de l'animal par un pédicule assez mince, placé 
sur un tubercule. On voit une de ces antennes grossie plus 
de cinquante mille fois fig. 2. 

Deux barbillons, pourvus à leur extremité de quelques 
poils courts pareils, débordoient tant soit peu le devant de 
son museau. 

Sa tête et son corps étoient garnis de longs poils assez 
rares; quelques uns en avoient en outre de courts et serrés 
à l'extrémité postérieure que d’autres n’avoient pas, et qu’ainsi 
on peut soupçonner être seulement propres à l’un des deux 
sexes. 

Ses trois paires de pates en avoient aussi de courts. Elles 
étoient composées chacune d’une cuisse A, d’une jambe B 
et d’un pied C, représentés fort en grand fig. 3. 

Les pieds de ceux de ce premier genre de la classe à six 
jambes qui se sont offerts à mes yeux étoient remarquables 
par une espèce de talon ou d’ergot D, qui se trouve sous 


264 ANATOMIE 

l'endroit où le pied est articulé à la jambe; ce qui fait que 
quand l'animal court, son pied n’appuie que sur cet ergot 
et sur les deux crochets qui terminent son autre bout, lais- 
sant sous ces trois points d'appui un espace arqué qui ne 
repose nulle part. 

Cette disposition sert probablement à un usage que l’on ne 
soupçonneroit pas; et l’on ne saura d’abord que penser, si je 
dis que je crois que cette élévation et cette courbure de la 
plante du pied leur ont été données pour y porter leurs œufs, 
saus qu'ils appuient, et pour qu'ils soient moins exposés à 
recevoir des chocs qui pourroient les faire tomber mal à 
propos quand l'insecte court. 

Ce qui pourtant doit faire passer cette conjecture, quelque 
étrange qu'elle paroisse, pour assez vraisemblable, c’est que 
cet insecte porte souvent sous la plante du pied un corps 
oblong E, fig. 3, qui a parfaitement la forme d’un œuf, et que 
ce corps n'est pas une partie constituante du pied, vu que 
tous les individus de cette espèce n’en ont pas; que ceux qui 
en sont pourvus en portent en nombre fort inégal, depuis 
un jusqu'à six, et que souvent tel qui en a aujourd'hui en 
est dépourvu demain. Si donc ces corps étrangers, mais de 
forme très-régulière, ne sont pasdes œufs, quoiqu'ils enaient 
parfaitement la figure, quel usage leur assignera-t-on ? J'avoue 
qu'il paroïit étrange qu'un animal colle ses œufs sous ses 
pieds; mais n’en connoït-on pas qui les ont collés sur leur 
dos, comme le pipa, et d’autres entre les jambes, sous le 
ventre, comme les écrevisses et les chevrettes? Est-il beau- 
coup plus étrange qu'il y en ait qui les aient collés contre la 
plante du pied, quand son élévation concave et arquée semble 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 265 
lui avoir été donnée tout exprès? Quoique nous ignorions 
le bat d’un emplacement si singulier, il peut pourtant avoir 
été très-necessaire. Qui sait si ce n’est pas de la plante du 
pied de l’animal que ses œufs tirent leur première nourriture, 
comme ceux de nombre d'espèces d'insectes la tirent pour 
un temps du suc des arbres et des plantes, où la mère les dé- 
pose tout exprès dans des entailles qu’elle y fait, et où l’on 
voit grossir l’œuf considérablement , ‘avant que le petit en 
sorte? ou qui sait si ces œufs n’ont pas besoin d’un degré di- 
diversifié de chaleur pour éclore, et si ces animaux ne les 
portent point collés à leurs pieds, afin d’être en état de le 
leur procurer, en les appliquant plus ou moins fort, ou fré- 
quemment, contre le corps de l'oiseau, ou en les transportant 
aux endroits dont les degrés de chaleur leur sont le plus con- 
venables? Et comme cette figure de pied est commune à 
nombre de poux de ce premier genre, on peut leur soup- 
conner à tous le même usage, ce qu'avec un peu d'industrie 
et d'application il seroit aisé de trouver moyen de vérifier ou 
de détruire. 


Pou de héron. PI. 4, fig. 4. 


Il à un dix-septième de plus qu’une ligne de longueur. Sa 
couleur est &risâtre. Sa tête, son double corselet et ses jambes 
sont écailleuses en dehors, ce qui m’a paru être commun à tous 
ceux que jai trouvés de cette classe. Le fond gris de sa tête et 
de son corselet est rehaussé de raies et dè tâches d’un brun très- 
foncé. Son corps est transvérsalément garni de neuf bandes 
écailleuses du même brun. Ses pieds ‘sont armés châcun de 

Mém. du Muséum. 1. 18. 35 


266 12271 0 ANATOMIE 

deux ongles crochns très-écartés. Cet insecte est blanchätre 
quand il est jeune. J'ai trouvé que, parmi les vieux, il men 
avoit qui étoient d’une huitième partie de ligne plus petits 
que les autres. Ils pourroïent bièn-avoir été des mâles, vu 
que, parmi les insectes comme parmi les oiseaux de proie, 
les mâles sont ordinairement les plus petits. Du reste, ils ne 
m'ont paru différer extérienrement des autres qu'en ce que 
leur partie postérieure n’étoit pas garnie à l'extrémité d’une 
rangée de pointes ou de poils grosiet très-courts, tels qu'on 
les voit à l’insecte representé pl. 4, fig. 4, que je crois avoir 
été une femelle. 

Le même jour que le héron fut tué, je lui trouvai beau- 
coup de ces insectes. Deux jours après je ne lui en vis plus. 
Il ne m'en a fourni que de l’espèce ici représentée, qui m'a 
paru trè s-différente de celle qui se voit. dans Redi, pl. 6: 
ainsi le héron est probablement infesté-de plus d’une sorte 
de ces animaux. 


Pou de corbeau. PI. 4, fig. 5. 


Cet insecte est du même genre que les deux précédens. 
C’est, si je m’en souviens bien, un pou de corbeau. Je ne puis 
l’assurer positivement, parce qu'il y a quelques années que 
je J'ai dessiné, et que le papier sur lequel, j'ayois pris des 
notes s’est égaré. Sa longueur est d'un trente-quatrième de 
moins qu’une ligne. Son espèce.est très-approchante de celles 
de l'aigle et du héron que l’on, vient de faire connoître; mais 
le beau noir des cercles éçailleux qui.-uaversent Je dessus de 
son corps, et qui orne les écailles de,sa 4ête, de son corselet 


DE DIFFÉRENTES) ESPÈCES D'INSECTES. 267 


et de ses pates, lui donne un air plus élégant. Il est pareille- 
ment pourvu de poils clair-semés, longs au corps, et courts 
aux jambes; mais ce qui le distingue à cet égard, c’est qu'il 
porte à chaqué côté de la tête trois’ er aussi longs que son 
corps même. 

Cet insecte m’a donné occasion de connoître qu’ilétoit mâle. 
Sa femelle le surpasse en beauté, et en diffère tellement par 
la distribution agréable du noir dont elle est émaillée, qu’au 
premier coup d'œil on la croiroit d’une autre espèce. Aussi 
peut-elle passer pour un des jolis animaux de sa petitesse. 
J'avois commencé avec plaisir à la dessiner, lorsque je fus 
appelé ailleurs, et une minute d’absence me la fit perdre, 
et me priva du plaisir de la faire connoitre. 


Pou de coq de bruyère. PI. 4, fig. 6. 


Il est da second genre de la première classe. Il à une ligne 
et trois dix-septièmes de longueur. Sa couleur générale est 
d’un blanchätre de parchemin. Les traces qui terminent ses 
contours et les figures qu’on lui voit sur le dos $ont noires. 
Ce qu'il a de moïns foncé que ces taches, maïs d’un peu plus 
foncé que’ sa couleur générale, comme le sont les deux ren- 
flemens qui terminent lés deux côtés de son occiput, et la 
figure à trois pointes placée entre deux, est d’un feuille- 
morte un peu sombre. 

Son corps est-parsemé de: pa oi fins et rares; ceux 
gi ses Li soHE gs courts. * 


| 15% 13347 il 


(1 


268 ANATOMIE 
(1 


Autre sorte du même oiseau. PI. A fig. 7. ds dns 


Il est [du même genre que le précédent, et plus court, de 
la dix-septième partie d’une ligne. Sa couleur est d’un gris 
roussâtre. Les raies et taches régulièrement distribuées sur 
sa tête, son corselet, son corps et ses pates sont couleur de 
gomme commune, plus ou moins foncée suivant les endroits. 
Ce qui le caractérise particulièrement, c’est sa tête large et an- 
gulaire, aux deux côtés de l’occiput, et son.corps court, ar- 
rondi, et terminé par deux éminences en pointe emoussée AA. 
Il est garni de, longs poils rares, comme le commun de ces 
sortes d'insectes. | 


Pou:de milan. brun. PI. 4, fig. 8. 


Du second genre, de la longueur. d'un # de ligne, et d’un 
fond de couleur grisâtre; ses jambes, et la, file de larges 
taches entrecoupées, à chaque; anneau qui lui passe sur la 
ligne supérieure, sont d'un feuille-morte div ersement foncé. 
Une grande partie de,sa tête, son corselet. et,son corps sont 
munis, sur les côtés, d’un.rebord noirâtre. On lui. voit sur les 
pates des taches de la mème couleur, Son corps a neuf ar- 
ticulations ou anneaux , dont le,dernier, est fort étroit. Son 
corselet a, comme le commun des insectes,de celte classe, 
deux divisions.Ses antennes, DD,.enoutcinq,etl'extremiré de 
la derniere est garnie de quatre ou, Gin; |piquaps Arés-courts, 
Elles sont d’ailleurs pourvues de quelques poils presque imper- 
ceptibles. On en voit de pareils, en petit nombre, à ses pates. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 269 


Du reste, tout le dessus de son corps est garni de poils longs, 
très-deliés et assez rares. On en trouve de moins longs à sa 
tête. Ses jambes sont terminées par deux ongles noirs, crochus, 
presque toujours tellement appliqués l’un contre l’autre, qu’ils 
paroissent n’en faire qu’un. Ils tiennent à l’extremité de la 
jambe par une double articulation très-courte A et B, fig. 9. La 
jambe, près de son extremité, est armée, à son côté intérieur, 
d’un ardillon écailleux CG. Quand l’insecte marche, on ne lui 
croiroit que deux paires de pates, parce qu'il tient alors les 
deux antérieures cachées sous sa tête. Ses pates, au reste, 
comme le gros des espèces de ce genre, sont plus larges qu’é- 
paisses, et c’est ce qui fait que, dans les figures, les pates que 
lon voit en dessus paroïssent plus minces que celles qui s’y 
montrent de côté. 


Pou de hupe. PL 5, fig. 1. 


Cet insecte a vingt-deux facettes ou trente quatrièmes 
parties de ligne de longueur. Il est du premier genre de la 
classe à six jambes. Sa couleur est feuille-morte. Sa tête est 
large et plate; tout le dessus de son corps est écailleux, et 
hérissé de poils blonds, qu'on n’aperçoit qu’au microscope. 
On lui remarque de part et d’autre, à l’endroit où les yeux 
sont ordinairement placés, deux ou trois taches, qui vraisem- 
blablement indiquent cet organe. Son corps en laisse entre- 
voir intérieurement de grandes et noires, qu'on peut soup- 
conner être des alimens aperçus au travers des écailles qui 
les couvrent, parce que ces taches ne sont pas toujours pla- 
cées de.même. Cet insecte est ovipare. Il pond ses œufs 


270 ANATOMIE 


autour de la racine des plumes de l'oiseau qui le nourtit. Ils 
y sont attachés par petites grappes. Leur couleur est blanche. 
Leur forme est oblongue, et ils paroïssent commé couverts 
d'un réseau de facettes irrégulièrement hexagones, fig. 2. 


Autre Pou de corbeau. PI. 5, fig. 3. 


Sa longueur est de vingt-huit facettes. Il est du second 
genre, et mérite d’être vu au microscope, pour la distribution 
élégante des figures et des traces noïres qui lui ornént la tête, 
le corselet, le corps et les jambes. Du reste, sa couleur est 
grisätre, et avec une forte loupe on le trouve hérissé de poils 
blancs. Sa forme est un peu aplatie. Sa tête est grande, son 
corps large et court. Ses jambes sont terminées par déux 
ongles ou crochets réunis qui ne s’écartent que rarement. Il 
s’en sert pour se cramponner aux corps qu'il a saisis, et le fait 
si bien, qu'on a quelque peine à l’en détacher. On lui entre- 
voit sous la peau du dos un viscère brun recourbé, dont je 
n'ai point examiné l'usage. 


Pou d’un oiseau qui m'a paru être un tiercelet 
d’épervier. PI. 5, fig. 4. 


Il est du second genre, et à une facette de moïns qu’unie 
ligne de longueur. Sa couleur est d'un grisâtre tirant sur le 
feuille-morte, rehaussé de nuances, de figures, et de traits 
couleur de gomme commune. On le trouve de deux gran- 
deurs. Le corps des plus grands se términe comme célui que 
j'ai représenté fig. 4; celui des autres a l'extremité faite corime 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 27 


on!le voit separément fig. 5, en À, B, et ces derniers, comme 
les plus petits, sont apparemment les mâles. 


Pou de geai. PI. 5, fig. 6. 


Il a une ligne de longueur, est du second genre, et res- 
semble beaucoup à celui de la fig. 3; mais il est plus grand, 
sa tête est plus grande à proportion, et ses écailles sont d’une 
autre couleur; car celles-ci sont couleur de gomme plus ou 
moins foncée, au lieu que le foncé de celles de la fig. 3 est noir. 
Tout ce qui n’est pas écailleux dans la fig. 6 est blanc. Son 
corps est large et court; ses antennes sont composées de cinq 
pièces articulées bout à bout, et pourvues à chaque articu- 
lation de quelques épines si petites, qu’elles ne sont visibles 
qu’au moyen d’un bon microscope. L’extrémité de ses an- 
tennes se termine par deux petites pointes, et devant chaque 
antenne , tout près de sa racine, la tête porte une espèce de 
corne émoussée, informe, et plus grosse que les antennes, 
La loupe fait voir sur chacune des quatorze écailles du dessus 
de son corps une tache blanche; et un peu plus bas, vers les 
côtés , deux points de la même couleur. Du reste, ces écailles 
ont des contours ondoyans échancrés du côté qui fait face 
à la partie postérieure du corps. 

La fig. 7 représente la tête de cet animal, avec sa pre- 
mière paire de jambes MM, grossies plus de soixante mille 
fois, et vues en dessous. Le bout de son museau A est écail- 
leux, très-mince, et concave jusqu'en B. G est une partie 
charnue placée entre les rebords écailleux DD. On peut la 
considérer comme la lèvre supérieure de l’insecte. EE sont 


272 ANATOMIE 


ses deux mächoires appliquées l’une contre l’autre. Elles 
couvrent ici une partie de l'ouverture de la bouche. GG sont 
les deux cornes, et HH ses antennes, dont il a été parlé. 
I est le conduit du gosier, qu'on entrevoit au travers de la 
peau. KK sont deux élévations écailleuses, sur chacune des- 
quelles j'ai vu deux grains transparens, qui vraisemblable- 
ment sont des yeux, ou des tubercules pour recevoir la racine 
d’un poil. On en voit trois ou quatre semblables sur les côtés 
arrondis NN de l’occiput; mais aucun deces grains n’a pu être 
représenté à cause de sa petitesse; aussi ne les aperçoit-on 
que lorsqu'on examine une tête par le côté. DK, DK est un 
assemblage écailleux très-solide, dans lequel les mächoires 
sont articulées. 

La figure 8 représente en E une de ces mächoires encore 
plus en grand, et son articulation avec un morceau de l’as- 
semblage dont il vient d’être parlé. L est la lèvre supérieure 
et F l’inférieure, dont une moitié a été retranchée, et l’en- 
foncement qui paroit entre deux est l'ouverture de sa bouche. 
On voit que la mâchoire E est solide, et qu’elle se termine 
en deux pointes mousses. J'ai vu que l'animal s’en sert, 
comme des crochets qui terminent ses jambes, pour se tenir 
aux corps sur lesquels il rampe, et qu'il tient ordinairement 
ses jambes antérieures tellement cachées sous sa tête, qu'au 
premier coup d'œil on croiroit qu'il n’a que quatre pates. 


Pou de bécasse de mer. PI. 5, fig. o. 


Il a quatre facettes de moins qu’une ligne; et est du se- 
cond genre de la première classe. Sa couleur est blanche; 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 273 


sa tête et le bout de sa partie postérieure sont marqués de 
quelques taches couleur de gomme, et cet insecte a du reste 
la tète, le corselet et la corps ornés de traits noirs comme 
on le voit dans la figure. Ses pates sont toutes blanches; son 
poil est de la même couleur, mais clair-semé. 


Pou de tourterelle. PI. 5, fig. 10. 

Sa longueur est d’une ligne et sept facettes. Il appartient, 
comme le précédent, au second genre de la première classe. 
Son corps est eflilé et plat; sa couleur tire sur le feuille- 
morte ; sa tête et son corselet paroïssent chacun comme 
transversalement divisés en deux parties, et son corps en 
huit. Les côtés de la tête, du corselet et du corps sont 
bordés d’écailles brunes; son corps est muni de plus, sur le 
dessus de chaque anneau, depuis la partie latérale jusqu’à une 
petite distance de la supérieure, de part et d’autre, d’une 
plaque feuille-morte assez large, qui m'a paru être écail- 
leuse; mais le pénultième anneau n’en avoit qu'une seule, 
qui couvroit presque tout son dessus. Le bout de chaque 
jambe s’élargissoit vers son extrémité, et étoit, au lieu de 
pied, pourvu de deux crochets, ordinairement si réunis, qu’ils 
paraissoient n’en faire qu'un. Ils étoient articulés avec ce bout, 
de façon que l’animal pouvoit les ramener sur la jambe, 
comme une jambette se replie sur son manche, jusqu’à les 
y faire disparoître. 

L’inflexion des articulations de ses pates est un peu tournée 
du côté de la tête; chose assez fréquente parmi les poux de 
ce genre, comme les insectes de la pl. 4, fig: 6*et 7, en four- 

Mém. du Muséum. 1. 18. 36 


274 ANATOMIE 


nissent des exemples; ce qui contribue, avec le défaut de 
pieds, à rendre leur marche tardive , mais qui en récompense 
facilite à ces animaux le moyen de se tenir très- fortement 
à ce qu'ils saisissent, de sorte qu’on a quelque peine à leur 
faire lâcher prise. Ses antennes sont placées sur les côtés de 
la division qui sépare la partie antérieure de la tète de la 
postérieure : elles sont composées chacune de cinq pièces 
jointes par des articulations. Il a des poils, mais fort rares; 
ceux de sa tête et de ses pates sont extrêmement courts. 


Pou de la plus grande espèce de corbeaux. PI. 6, fig. 13. 


Il est du premier genre de la première classe, et diffère 
de tous ceux de cette classe que j'ai examinés, non-seule- 
ment en ce qu'il est tout d’une couleur, mais qu'il en est 
aussi le plus gros, ayant une ligne et sept facettes de long 
sur une demi-ligne de large. Sa couleur est d’un brun très- 
foncé et presque noire. Tout son dessus est poli, et m'a paru 
écailleux. Son poil est rare et grisàtre; celui du corps et de 
la tête est de deux longueurs; celui des pates est court. 

Il à le corps un peu aplati, comme l’ont ceux de ce même 
genre. Sa figure se voit assez distinctement dans la planche, 
pour n'avoir pas besoin d’être décrite plus en détail. 


DE LA CLASSE A HUIT JAMBES, 


Ceux de cette classe que j'ai vus étoient tous naturelle- 
ment plus petits, et à proportion beaucoup plus courts, que 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 270 


ceux de la première. Leurs pates avoient un plus grand 
nombre d’articulations, et ne pouvoient admettre la divi- 
sion ordinaire en trois parties principales : la cuisse, la jambe 
et le pied. Et ce qui les distinguoit encore plus; c’est. que 
pendant que ceux de la première classe avoient des têtes 
grandes et remarquables, on n’en voyoit point du tout à 
ceux-ci. Le premier insecte de cette classe que les oiseaux 
m'ont fourni fut le 


Pou de pivoine. PI. 5, fig. 11. 


Il n’avoit que quinze facettes, c’est-à-dire une demi-ligne 
moins deux facettes de longueur. Le dessus de son corps et de 
son corselet étoit armé de lames écailleuses, hérissées de 
très-courtes épines. Ces lames étoient d’un brun-rougeâtre 
très-foncé, dont la forme et l’arrangement se voient d’un 
coup d'œil plus distinctement dans la figure qu’on ne sau- 
roit les faire connoiître par une longue description. Tout le 
reste de l’animal est en dessus grisätre, excepté que les côtés du 
dessus de son corps, qui n’est point garni d’écailles, sont d’un 
blanc de lait, ce qui pourroit bien n’être que l'effet d’un corps 
graisseux, ordinairement de cette couleur dans les insectes, 
et que la transparence de la peau permet d'entrevoir. Les 
lames écailleuses et brunes qui environnent le dessus de son 
corps et en couvrent une partie, environnent une partie 
presque semblable de son dessous, dont le reste est aussi 
grisâtre et blanc. Le milieu du dessous de son corselet m'a 
paru d’un brun sale. Le bas de son corps rentrant par le 
milieu, se termine par deux éminences arrondies en forme de 


276 ANATOMIE 


cœur. Ses pates m'ont paru avoir au moins sept articulations, 
en comptant le pied pour une. Les deux pates antérieures 
m'ont semblé être les plus longues et les plus grosses des 
huit. Voutes sont transparentes; mais aux premières articu- 
lations des deux antérieures, on entrevoit dans l’intérieur un 
corps brun, opaque et alongé, qu'on n’aperçoit point aux 
trois autres paires. 

Le corselet de cet insecte se termine, par devant, par deux 
antennes ou barbillons AA , entre lesquelles se trouve placé 
un étui longitudimalement fendu. En pressant un peu le 
dessus du corselet, on fait sortir par cet étui deux bras ex- 
trèmement déliés, dont la ténuité ne m’a pas permis d’aper- 
cevoir s'ils étoient armés chacun d’une pince par le bout, 
moins encore d’une pince dentée, comme j'en ai vu à un 
autre animal de cette classe, dont il sera parlé bientôt ; mes 
meilleurs verres ne s'étant pas trouvés assez forts pour pou- 
voir m'en assurer dans ce sujet-ci. 


Pou d'une sorte d'émerillon. PI. 5, fig. 12. 


Il est de la même classe, et n’a que douze facettes, ou 
un bon tiers de ligne de longueur. Vu au microscope, c’est 
un très-joli animal. Sa couleur est grisâtre; mais les diffé- 
rentes grandes taches régulières et symétriques d’un brun 
très-foncé et noirâtre qui sont répandues sur le dessus, le 
font paroître avec avantage. La figure de son corps diffère 
beaucoup de celle de l’insecte précédent, comme on s’en 
apercevra aisément en comparant les gravures qui en ont été 
faites. Mais quant aux pates, aux poils, aux barbillons, et à 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 277 


l'étui placé entre deux, sur le devant du corselet, leur dif- 
férence n’est pas fort remarquable. Lorsque j'ai pressé le 
devant du corps de cet insecte, j'ai fait sortir de l’étui, qui 
semble lui tenir lieu de tête, deux bras aplatis, armés cha- 
cun à leur extrémité d’une pince, que j'ai bien fait ouvrir 
en pressant ces bras avec une aiguille très-fine; mais leur 
petitesse extrème ne ma pas permis de découvrir si ces 
pinces étoient pourvues de dents ou non. 

Puisque non-seulement les quadrupèdes et les oiseaux, 
mais l’homme même, l'être le plus orgueilleux de ceux qui 
rampent sur la terre, sont réduits à l’humiliation de se voir 
destinés à nourrir malgré eux de leur substance des ani- 
maux parasites, qui les harcellent, faudra-t-il s'étonner que 
les insectes mêmes ne soient pas exempts d'une pareille dis- 
grâce , et qu'il n’y ait pas jusqu'aux chenilles et aux limaçons 
qui-n’en aient à souffrir? Si l’on en doutoit, voici deux 
exemples entre plusieurs que l’on pourroit fournir, pour nous 
tirer de cette incertitude. 


Pou de la cherulle du bois de saule. PI. 6, , fig. rr. 


Comme les deux précédens, il est de la seconde classe. Sa 
longueur n’est que de neuf facettes, ou d’un bon quart de 
ligne. Il paroît ici beaucoup plus grand, parce qu’au lieu de 
vingt fois, on lui a donné soixante fois sa longueur dans la 
gravure, afin de le faire mieux connoître; de sorte qu’il y 
est grossi de 216,000 fois. 

Son corps est écailleux par dehors, du moins en dessus, 
et de couleur feuille-morte. Ses quatre paires de pates sont 


278 ANATOMIE 


si transparentes, qu’elles paroissent être de verre. Je leur 
ai compté huit articulations à chacune, mais on n’en voit 
que six dans la figure, parce que les deux autres sont cachées 
sous le corps. La pénultième est la plns longue, après suit 
la dernière; l'antepénultième m'a paru la plus courte. 

Le pied a une figure particulière qu’on ne sauroit distin- 
guer qu'à la faveur d’un fort microscope, et dans un jour 
favorable. Il est représenté, fig. 12, grossi 5,832,000 fois. On 
y voit qu'il est pourvu de deux ongles crochus AA, au-delà 
desquels déborde une membrane qui y est adhérente, tra- 
versée de fibres qui se croisent. L'animal rapproche ses 
ongles, et plie ainsi cette membrane à volonté, jusqu’à la 
mettre en double, ou peu s’en faut, et c’est ce qui lui arrive 
ordinairement à chaque pas, quand il marche ou coure, ce 
qu'il fait avec beaucoup de vitesse. 

On ne lui aperçoit à l'extrémité antérieure du corps ni 
corselet ni tète; mais pour toute tête rien qu'un double étui 
placé entre deux antennes ou barbillons BB, à six articula- 
tions, dont les trois dernières sont un peu brunes et opaques, 
et les premières claires et transparentes. 

L'on voit sortir de cet étui double l’extrémité antérieure 
d’un autre étui transparent A, fig. 11, où sont renfermés 
deux bras cylindriques également transparens, au bout de 
chacun desquels on voit une sorte de tenaille ou pince den- 
celée, de figure approchant de eellesdes écrevisses. Ces pinces 
servent vraisemblablement de bouche et de mâchoires à 
l'animal, auquel on n’en découvre point d’autres, de même 
qu’elles en tiennent lieu à plus d’une sorte d'insectes aqua- 
tiques et terrestres très-voraces qui sont dans le mème cas, 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 279 


_ mais sans avoir leurs pinces placées au bout de bras mobiles, 
que l’insecte peut faire avancer hors du devant du corps. 
On aperçoit à l’insecte dont il s’agit dans toute la longueur 
de ses deux bras, et même encore au travers de leurs four- 
reaux transparens, un vaisseau, qui est apparemment le 
canal par où la nourriture passe dans son estomac. 

Ces bras, munis de pinces, ne paroissent , au reste, que 
quand il plait à l’animal de les faire sortir, et alors il les 
alonge plus ou moins, tantôt l’un, tantôt l’autre, et leur 
donne les inflexions que bon lui semble. Ordinairement il 
n’en paroît rien au dehors, comme dans la fig. 133 mais quand 
on presse le dessus du corps de l’insecte, on le contraint de 
les faire sortir , et alors on voit même souvent que ces pinces 
s'ouvrent et se ferment comme pour mordre, Il est très- 
apparent que cet insecte, et les autres espèces munies de bras 
armés de semblables pinces, s’en servent pour les introduireau 
travers des pores de la peau des animaux dans leurs corps, et 
qu'ils les y enfoncent jusqu’à ce qu'ayant atteint la nourriture 
qu'il leur faut, ils en expriment le suc avec leurs pinces et l’a- 
valent. La fig. 14 représente ces deux instrumens nourriciers 
poussés en dehors, différemment fléchis, et dont l’un ouvre 
sa pince pour mordre. Îls sont grossis 729,000 fois. AA est le 
doublé étui brun, que l’on prendroit d’abord pour la tête de 
l’animal; BB sont deux fourreaux transparens, de l’extrémité 
desquels sortent les bras cylindriques BC, BC, qui dans leur 
situation de repos sont renfermés dans leurs fourreaux, et 
dans le corps de l’insecte; CC sont les deux pinces, l’une 
ouverte, l’autre fermée. 

Au reste, Fanimal pond ses œufs sur le corps et autour de 


U 


280 ANATOMIE 


la tête de la chenille. Ils sont ronds et aplatis en forme de 
gâteaux. J'ai vu des chenilles qui en avoient bien le tiers du 
corps couvert. Leurs coques ont une consistance surprenante. 
J'ai vu éclore nombre de ces œufs peu après qu'ils avoient 
trempé plus de deux heures dans l’esprit-de-vin. 


Pou de limacon des jardins. PI. 5, fig. 13. 


Il est de la seconde classe, et de la grosseur d’un petit grain 
de sable. Il a sa demeure dans la coquille des limaçons de nos 
jardins. Il court fort vite, et il est si délicat, qu’on ne peut 
guère le toucher sans l’écraser; ce qui, outre sa petitesseet son 
agilité, le rend difficile à être examiné. Il tient de la mite pour 
l'extérieur, mais il en diffère en ce qu'il est plus petit, et plus 
agile, que son corps est plus eflilé par derrière, et qu’il n’est pas 
partout également blanc; mais étant grisâtre, une large raie 
ondoyante d’un blanc de lait assez vif parcourt longitudina- 
lement son dos, depuis la hauteur de la seconde paire de 
jambes jusqu’à son extremité postérieure. Ses poils, qui sont 
clair-semés, sont courts et extrêmement fins. Il a sur le de- 
vant, au lieu de tête, des parties qui semblent analogues à 
celles de l’insecte précédent; ce qui donne lieu de croire qu'il 
pourroit bien avoir aussi à son usage des pinces, ou quelque 
chose d’analogue, pour prendre sa nourriture. Les articu- 
lations de ces huit pates, armées de petits piquans, sont si 
courtes, qu'à voir ses pates séparément on les prendroit pour 
des antennes. L’extrémité de chaque pied est pourvue de 
deux ongles ou crochets separés. Cet insecte court aisé- 
ment à sec sur la surface de l’eau, comme je m'en suis aperçu, 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 281 


lorsque, voulant le fixer sous mon microscope pour le des- 
siner, je l’entourai d’un large cercle d'eau; car il franchit 
tout aussitôt cet obstacle en courant par dessus, sans s’y 
embarrasser ni se mouiller : qualité qui lui a apparemment 
été donnée pour l'empêcher d'être arrêté ou incommodé par 
l'eau et l'humidité, si nécessaires aux limaçons. 


Troisième sorte de Pou de coq de bruyère. PI.6, fig. 16. 


Cette espèce, qui est aussi de la seconde classe, a, par sa 
couleur blanche uniforme, la disposition de ses pates en deux 
groupes de direction opposée, et par sa petitesse, du rapport 
avec les mites. Il n’a que 6< de facette de longueur; ce qui 
me l’a fait grossir huit fois plus qu’il l’auroit été suivant l’é- 
chelle qui m'a servi pour les autres poux d’oiseaux. Son 
museau m'a paru se terminer par deux crochets qui ont un 
mouvement alternatif et régulier, par lequel ils ne cessent 
de se porter en avant, et de se retirer l’un après l’autre, de 
sorte qu'ils ne restent jamais tranquilles et de niveau; c’est 
pourquoi l’un des deux a été représenté un peu plus alongé 
que l’autre dans la figure. 

Ses pates sont aplaties. On les voit ici du côté large. 
Leur côté étroit n’en fait pas distinguer les articulations; et 
vues par le côté large, elles ne paroïssent encore que comme 
des corps tortueux pourvus de divers renflemens. Les articu- 
lations n’en sont pourtant pas moins réelles, et je crois leur en 
avoir compté cinq. Leurs pieds m'ont paru plats, rouds, et 
pourvus au moins d’un ongle ou crochet. 

On doute au premier coup d'œil de quel côté est la partie 


Mém. du Muséum. t. 18. 37 


292 ANATOMIE 


antérieure de l’animal. Son corps, qui vers le milieu est le 
plus gros, diminue presque dans le mème genre, mais en sens 
contraire, vers ses deux extrémités opposées; et ses quatre 
paires de jambes, séparées en deux groupes, dont l’un paroît 
autant fléchi vers l’une des extrémités du corps que l’autre 
vers l’opposite , augmentent cette incertitude, qui ne cesse 
que par un examen bien attentif. 

Son corps est pourvu de quelques poils de differentes gran- 
deurs, dont il y en a deux plus longs que les autres à chaque 
côté de son extrémité postérieure, Ses pates ont aussi quel- 
quels poils. 


MITES. 


Les deux derniers insectes dontil vient d’être parlé ont tant 
de rapport avec les mites, que je n’aurois pas hesité de les 
ranger dans cette classe, si ce n’étoit qu'ils sont logés et nourris 
par des êtres animés vivans, et que pour cette raison l’autre 
nom paroit plutôt leur convenir. 

Quoique l’on ne se soit peut-être pas avisé jusqu'ici de 
croire qu'il y eût plus d’une espèce de mites, je ne doute 
pourtant pas qu'il n’y en ait de bien des sortes, puisque les 
trois espèces suivantes se sont offertes d’elles-mêmes à mes 
regards, sans que j'aie pris la peine de les chercher. La pre- 
mière et la plus connue est 


La Mie du fromage. PI, 6, fig. 15. 


Elle a 6; de facette de longueur. Elle est blanche, et d’un 
poli brillant, excepté que son museau et ses pates m'ont 


DE’ DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 283 


paru avoir une teinte de rouge. Son corps est presque cylin- 
drique et arrondi par derrière; il commnuique avec le cor- 
selet sans étranglement fort sensible, et il a très-peu de poils. 
Les quatre paires de pates de l’animal sont naturellement 
séparées en deux groùpes, dont l’antérieur est dirigé du côté 
de devant, et semble partir du corselet; l'autre est dirigé 
vers l’opposite, et paroit tenir contre le dessous du corps. La 
dernière paire en est la plus mince et la plus courte. Elle a un 
seul long poil à chaque pate, et quelques poils plus courts à 
chacune de leurs articulations, qui m’ont paru être au nombre 
de six. Son museau est fendu. Elle l’alonge quand on lui 
presse le dos, et alors on voit distinctement qu'il est composé 
de deux pièces séparées. 

Cet insecte m'a mis bas des petits vivans en été, et pondu 
des œufs en novembre; de sorte qu’à cet égard il pourroit 
bien tenir de la nature des pucerons, qui pendant tout l'été 
mettent bas des petits vivans sans s’accoupler, et qui vers la 
fin de l’arriere-saison s'accouplent, et pondent alors des œufs, 
qui n’éclosent qu’au printemps suivant. C’est un fait qu'on ne 
sauroit guère se dispenser d'admettre, si les mites du fromage 
qui m'ont fourni cette observation ont été de la même espèce; 
ce que je n'ai pas examiné assez attentivement pour pouvoir 
le garantir avec une entière certitude. 


Seconde: espèce de Mite. PI. 6, fig. 8. 
Elle a huit facettes de longueur, et est ainsi plus longue 


que la précédente, mais sans être plus grosse. Son corps et 
son corselet sont séparés: par un étranglement plus marqué; 


284 ANATOMIE 


ses pates sont placées dans le même ordre, et les quatre pos- 
térieures sont sensiblement les plus courtes; elles ont pareil- 
lement un long poil à une de leurs articulations, et quelques 
poils courts aux autres : je lui ai compté le même nombre 
d’articulations à chaque pate qu’au précédent. Le poil de son 
corps est aussi très-rare, et placé de la même façon; un ren- 
flement très-large parcourt la plus grande partie de la lon- 
gueur de son corselet et de son corps ; l'animal est tout blane, 
mais on lui entrevoit souvent deux taches brunes au tra- 
vers de l'épaisseur du dos, qui ne sont vraisemblablement 
que des alimens plus ou moins digérés. On lui aperçoit deux 
barbillons au museau, qui sortent d’une apparence de tête, 
et qui pourroit bien en être une en effet : cet insecte m'a 
pondu des œufs oblongs, fig. 7. 

J'ai entrevu quelquefois les petits au travers de leur coque. 
Je n'ai pas eu occasion de remarquer si cet insecte, dans 
d’autres temps, est vivipare; il a été représenté, pl. 6, fig. 8, 
soixante fois plus long que nature; et par conséquent grossi 
deux cent seize mille fois. 


Troisième espèce de Mite. PI. 4, fig. ro et rr. 


Cette espèce, représentée vue sur le dos, fig. 10, et de côté, 
fig. 11, ressemble un peu à celle du fromage; mais elle n’a 
pas le museau et les pates rougeûtres : j'ai négligé de la me- 
surer. Elle ne m'a pas paru plus grande qu’un petit grain de 
sable; mais telle qu’elle est, elle ne laisse pas que de faire 
souvent bien du ravage dans nos cabinets d'histoire naturelle, 
surtout parmi les papillons, quand on a négligé de mettre du 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 285 


:amphre ou d’autres préservatifs contre cette vermine dans 
es boites et les tiroirs où l’on garde ces sortes de curiosités; 
#t quand on y trouve quelque papillon ou autre insecte tombé 
en poussière, on peut compter que c’est le plus souvent l’ou- 
vrage de ces mites; elles sont blanchâtres et un peu transpa- 
rentes vues au microscope. Leur tête, si c'en est une, ce que 
je n’ai pas assez examiné dans les mites, se termine en pointe 
brune émoussée; leur corselet est fort petit; la partie anté- 
rieure de leur corps est plus renflée que l’autre. Cette mite 
a, comme les autres, huit pates séparées en deux groupes, 
dont les quatre premières se portent en avant, et les quatre 
autres en arrière : elle est distinguée par les longs poils noirs, 
quoique assez rares, dont elle est hérisée, qui, grossis au mi- 
croscope cent vingt-cinq mille fois, paroissent pourvus de 


barbes, et encore alors presque imperceptibles, tels qu’on 
en a représenté fig. 12. 


TIQUE. PL 6, fig. r. 


Parmi les insectes parasites de nos contrées qui infestent 
la peau des animaux vivans, la tique peut certainément passer 
pour un des plus remarquables pour la taille. Celle qui est 
représentée pl. 6, fig. 1, a bien trois lignes de longueur; je 
lai trouvée sur une fouine, à la peau de laquelle elle tenoit 
si fortement par le devant de la tête, que, pour ne pas la lui 
arracher, je fus obligé d’emporter avéc un instrument le mor- 
ceau de peau auquel elle tenoit. Il m’a semblé que cette tique 
étoit d'une autre espèce que celle que j'ai quelquefois trouvée 
attachée à la peau de l’homme et du chien; mais n’ayant pas 


296 ANATOMIE 


eu occasion de les comparer ensemble, et n'ayant examiné et 
dessiné que celle-ci, je ne: puis rien décider là-dessus: Quoi 
qu'il en soit, la tique dont il s’agit ici a été représentée à la, 
loupe, fig, 2, vue sur.le dos, et fig. 3, ducôté opposé. Son 
corps est d’un blanc qui approche du blanc de lait; la peau 
en est épaisse et dure : au, microscope, on la trouve par- 
courue de sillons parallèles très-serrés, et également dis- 
tans les uns des autres, dans le genre de ceux que la loupe 
nous fait apercevoir au bout des doigts. Le corps'de cette 
tique a de plus en dessus et.en dessous quelques plis assez 
profonds, dont l’arrangement différent paroît assez dans la 
figure pour n'avoir pas besoin, d'explication ultérieure. Je 
n'ai trouvé que deux stigmates à cet animal; ils sont placés 
dans un petit enfoncement sur les côtés du corps, à peu près 
à égale distance de ses extrémités, et un,peu, plus près de la 
ligne inférieure que de la supérieure. On les aperçoit en CC, 
fig. 3, comme on y voit aussi l’emplacement de ses huit 
jambes qui sont brunes, et composées, à ce qu’il m'a paru, 
chacune de sept articulations. Elle a sur le dessus du corps, 
tout près de la tête, une plaque brune écailleuse qu’on aper- 
çoit fig. 1 et 2. Sa tête, qui est. fort petite, écailleuse et de la 
mème couleur brune, est plus; large vers,son front que par 
derrière; de son front partent deux antennes AA, fig. 2 et3, 
entre lesquelles est placé un instrument. B qui lui tient lieu 
de trompe ou de bouche. 

L'anus, fig. 3, D , de cet insecte n'estpas placé, comme or- 
dinairement, au bout postérieur du corps, mais à la ligne 
inférieure, enyiron à uu quart de distance de cette extrémité, 
à l'endroit où deux grands plis de son corps se rencontrent. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 297 


Curieux de connoître plus en détail la’ structure extérieure 
de cette dernière partie, ainsi que du pied, du stigmate, et 
surtout de la trompe de cét insecte, où la loupe paroissoit 
m'annoncer quelques singularités, j’exposai ces quatre parties 
successivement au microscope, et je vis, quant à l’anus, 
qu'il étoit formé comme le représente la fig. 6; qu’environné 
d’une manière de ceréle écailléux brun A,B, son ouverture se 
fermoit par deux larges lames écailleusés circulaires, C et D, 
qui se séparoient pour donner passage aux excrémens, et 
ensuite retournant l'une vérs l’autre, se réunissoient par leurs 
bords, et interceptoïeut ainsi toute communication exté- 
rieure. 

Le pied, quand la tique appuyoit dessus, me’ parut tel 
qu'il se voit fig. 73 il étoit blanc. Sa planté A est plate et 
ronde. Elle étoit pourvue de deux ongles crochus très-séparés 
l’un de l'autre, Bet CG, qui y tenoïént. Quand l'animal lève 
le: pied pour faire ün' pas, sa plante se résserre et sé'gonfle, 
ou plie de façon qu’elle n’a guère que le!tiers de sa largeur; 
les deux ongles se rapprochent en se fléchissant én dedans, 
et vont se joindre vers le devant du pied : ils se séparent 
ensuite, le pied réprénid sa forme, fig. 7, l’insecte se pose à 
terre, et le pas est fait. Lorsque dans'son repos il tient quel- 
que pate en l'air, attitude qui lui’ est fort familière, il ren- 
verse le pied, en applique lés deux onglés l’un contre l’autre, 
et le place dans uné échancrure qui semble avoir été ménia- 
gée au bas de la pate tout exprès pour que l'animal y pût 
mettre son pied en sûreté lorsqu'il n’en use point; ét dans 
cette position le pied se fait si peu remarquer, qu'on croiroit 
d’abord qu'il a été emporté. La fig. 8, qui représente la der- 


288 ANATOMIE 


nière articulation À d’une pate, où la tique renverse son 
pied B, pour le faire entrer avec les ongles joints C, daus 
l'échancrure D, peut donner une idée de cet arrangement. 
Le stigmate est représenté très en grand fig. 5. Il n’est ni 
parfaitement rond, et son ouverture n’est pas placée précisé- 
ment à son centre. Il est plus élevé d’un côté que de l'autre 
sur la peau de la tique. Il paroît brun, et comme chagriné de 
petits grains ronds; mais quand on a emporté un stigmate, et 
qu'on l'a bien lavé par dedans, tous ces grains paroissent percés 
à jour, et on les prendroit aisément pour un assemblage 
d'yeux s'ils étoient placés à la tête; mais on se refuse à l'idée 
qu'un animal les ait placés contre les côtés du corps, quoi- 
que ce soit un fait qui, malgré son invraisemblance,.ne se- 
roit peut-être pas entièrement indigne d’être éclairci. L'in- 
secte, quand il a le museau enfoncé dans la peau de quelque 
animal, comme il l’a souvent pendant quelques jours de 
suite, ne sauroit guère alors faire usage de ses yeux s'ils 
étoient à la tête; mais placés à ses deux côtés, comme il a 
naturellement alors le corps’en l'air, et qu'il se tient sur la 
tête, ses yeux, ainsi placés, pourroient alors lui servir à ob- 
server ce qui l’environne, Ce qu'il y a de certain, c'est qu'au- 
cune trachée n’y aboutit; mais que toutes les bronches se 
réunissent en un tronc commun, qui s'ouvre dans le gros 
tubercule qui s'élève presque au centre du corps, fig. 5, et 
qui se montre tantôt ouvert, tantôt fermé; de sorte que le 
tubercule seul pourroit bien faire les fonctions de stigmate, 
peudant que le corps qui l’environne auroit eu une destina- 
tion toute différente. : 
Enfin, quant à la partie B, fig. 2.et 3, placée au devant de 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 289 


la tête, entre les deux antennes A,A, et qui paroit devoir 
tenir lieu de bouche ou de trompe à l’animal, je fus d'autant 
plus curieux de voir sa structure, que j'avois admiré plus 
d’une plus fois la force avec laquelle cet insecte, au moyen 
de ce petit instrument, s'attache aux animaux, de facon qu'il 
est plus aisé d’arracher la tête à la tique que lui faire lâcher 
prise; et que le plus souvent, quand on veut user de vio- 
lence pour l’ôter de l'endroit où elle s’est fixée, son corps 
seul reste entre les doigts, et la trompe avec la tête, séparées 
du corps de l’insecte, demeurent attachées à la peau de l’a- 
nimal, où la tique a plongé sa trompe. 

Ayant donc examiné cet instrument au microscope, je le 
trouvai tel que le représente la fig. 4 de la pl. 6. Il étoit 
couvert par dessus de deux lames écailleuses CD,CD , armées 
chacune, près du bout de leur côté extérieur, de deux barbes 
ou crochets C, Ces lames ont été un peu amenées vers les côtés 
dans la figure pour les rendre plus visibles; l'instrument 
même est percé tout du long d’un canal BD, par où les ali- 
mens passent pour entrer dans l'estomac. On le voit ici 
pourvu de quatre rangs de dents ou crochets alignés suivant 
sa longueur, et dont les pointes sont obliquement dirigées 
vers le corps de l’animal, et je ne doute pas qu’il n’y en ait 
encore deux autres rangs pour le moins à l’opposite, quoique 
j'aie négligé de m'en assurer. On conçoit aisément que des 
dents ainsi taillées en dards permettent à l'instrument BD de 
s'introduire avec facilité dans la peau, mais très-difficilement 
d’en être retiré : voilà pourquoi, quand on veut le faire brus- 
quement, et avec quelque effort, on ne manque pas, au lieu 
d'y réussir, d’arracher la tête de l’insecte; mais on ne sauroit 

Mém. du Muséum. t. 18. 38 


290 ANATOMIE 


douter que quand on lui en laisse le temps il ne sache flé- 
chir, et faire rentrer les dents de sa trompe de façon, lors- 
qu'il veut se dégager, que leur direction ne s’y oppose plus, 
ce qu'il ne peut exécuter quand on le tire par le corps, et 
qu'on l’empèche ainsi de pouvoir se décrocher. 


Mouche de Saint-Marc (1). PI. 3. 


Cette mouche est fort connue dans ce pays par le dom- 
mage qu’elle fait aux boutons des arbres fruitiers dès qu’au 
printemps leurs feuilles commencent à s'épanouir. L/on voit 
souvent alors ces mouches rassemblées en quantité sur les 
arbres, autour de leurs boutons, qu'elles paroïssent sucer, 
après quoi le bouton languit, ne produisant que des feuilles 
récoquevillées et contrefaites, et l’arbre devient souvent stérile 
pour cette année-là. Une mouche aussi nuisible n’a pas man- 
qué de recevoir un nom dans ces provinces, comme on lui en 
a donné un en France, où elle porte celui de »#2ouche de Saint- 
Marc, parce que c’est aux approches de la Saint-Marc que 
cette mouche y paroit communément. Ici on l'appelle la 
mouche noire (zwarte »lieg), à cause que le noir est sa cou- 
leur dominante, et qu’elle est plus noïre que ne le sont les 
mouches ordinairement. Le peuple, qui est peuple chez nous 


(1) La Mouche de Saint-Marc est le vrai Bibio Marci Meig. Lyonet est le pre- 
mier qui ait découvert que c’est à elle que nous devons le dégât des arbres frui- 
tiers au printemps, et qui ait trouvé vingt stigmates sur les larves, et seize sur 
les nymphes. C’est de même à lui que nous devons la première description détaillée 


des parties de la bouche. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 291 


comme ailleurs, a sur l’origine de ces insectes une idée bien 
étrange, et qui semble encore un reste de la folle opinion 
dont on a été si long-temps entiché autrefois, touchant les 
générations équivoques que l’on attribuoit aux insectes, 
faute de les avoir étudiés, et qu’un de no$ antiphilosophes 
modernes n'a pas rougi d'étendre même à tout ce qui croit 
et vit sur notre globe. Le peuple chez nous, dis-je, croit 
que, comme il arrive souvent qu'après un vent froid du nord 
nos arbres sont le plus infectés de ces mouches, c’est ce vent 
même qui les produit, quoiqu'il ne fasse autre chose que de 
les engourdir plus ou moins, ce qui, les empêchant de s'élever 
bien haut, les oblige de s’abattre sur les arbres voisins. Aussi 
n'est-ce pas dans l'air, mais sous nos pieds qu'il faut cher- 
cher leur origine; c’est là que les femelles ayant pondu 
leurs œufs, il en naît des nichées de vers qui après avoir 
passé, comme presque toutes les espèces d'insectes ailés, 
par un état moyen, deviennent des mouches de Saint-Mare 
comme furent celles qui les avoient produits. 

Un hasard nr'éclaircit sur leur origine. En novembre, un 
de mes gens sentit, dans une allée de mon jardin, sous ses 
pieds un endroit mou; il le découvrit, et trouva un nid de 
quelques centaines de vers rassemblés en un tas. Il m'en 
avertit, Je mis dans une boîte de plomb ce nid, où n’ayant 
trouvé tout autour aucun aliment que le tan répandu dans 
cette allée, j'en mèlai avec de la térre dont je les couvris. Ils 
avoient déjà alors acquis toute leur taille ou peu s’en faut. Je 
leur offris aussi du bois pourri; ils en mangèrent jusqu’à la 
fin de décembre, après quoi je n'ai pas remarqué qu'ils aient 
pris de nourriture. Le 20 mars, je trouvai qu’ils avoient eom- 


292 ANATOMIE 


mencé à se changer en nymphes, et comprenant par là qu'ils 
avoient tout leur développement, je me mis à les examirier 
et à les dessiner. 

C’est ainsi que j'en ai représenté un de pit natu- 
relle, pl. 7, fig. 4. Leur tête est noire et écailleuse; leur corps 
est grisätre : ils ont douze anneaux séparés par des étrangle- 
mens très-sensibles. On leur remarque, sans le secours d’au- 
un verre, plusieurs piquans feuille-morte à chaque anneau. 
Vus avec une loupe d’an demi-pouce de foyer, ces piquans 
paroissent lisses; mais examinés avec un verre d’un foyer de 
demi-ligne, on les trouve tout hérissés de pointes très-ser- 
rées, dirigées obliquement vers l'extrémité ‘du piquant, où 
ils sont implantés. J'en ai représenté un excessivement gross, 
fig. 9, pour en donner une idée. 

La loupe fait paroître le corps de cet animal comme tout 
parsemé de petits points feuille-morte; mais au moyen de 
verres beaucoup plus forts, on trouve que ces points sont 
de vraies épines, et qu'entre celles-là il y en a éncore un 
très-grand nombre de plus petites, qui couvrent tout leur 
corps, et dont la direction est oblique et en arrière: La 
fig. 20, qui est celle du dernier anneau de l’insecte très- 
grossi, peut en donnér une idée. On voit qu'il se termine 
par un mamelon BC, charnu, fendu , et hérissé d’épines en- 
core plus petites que celles qui couvrent le corps. Linsecte, 
privé de jambes, peut faire rentrer à son gré cette partie 
charnue , et en faire usage, comme de jambes, pour sé pous- 
ser en avant, ce à quoi les piquans, dirigés obliquement vers 
la partie postérieure dont son corps est couvert, contribuent 
principalement, 


* DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D’INSECTES. 203 


J'ai compté vingt stigmates à ce ver. On ne les aperçoit 
guère qu'à la loupe. Tous les anneaux, excepté le second 
et le penultième, en ont un à chaque côté. Les dix-huit 
premiers sont placés sur la ligne latérale, la dernière paire 
l'est aux lignes intermédiaires supérieures; ils sont plus grands 
que les autres. On en voit un représenté fig. 20 en A. 

A cette dernière paire de stigmates aboutissent intérieure- 
ment de très-gros vaisseaux, qui m'ont paru être environ 
de la longueur du corps de l'animal. Ils sembloient composés 
d’une file d’anneaux assez larges, qui n’avoient nullement 
la roideur du fil tourné en ressort à boudin qui environne 
ordinairement Îles bronches des insectes. C’étoit vers le temps 
que ces vers se changeoïent en nymphes que j'examinai ces 
vaisseaux : peut-être avoient-ils alors déjà perdu de leur 
consistance, par la révolution intérieure que les insectes su- 
bissent dans cette crise. C’est un point dont il sera aisé de 
s'éclaircir, en examinant ces vaisseaux dans un sujet moins 
près de se transformer. La paire de stigmates du premier an- 
neau, quoique moins grands que ceux de la dernière paire, 
le sont pourtant davantage que ceux des huit autres paires. 
Leur proportion relative est exprimée par la fig. 20 A, et les 
fig. 15 et 16. 

La nymphe de cet insecte est tracée de grandeur natu- 
relle, fig. 5. Elle est blanchâtre; ses deux derniers stigmates 
y'ont disparu, et on ne lui trouve plus ceux de son troisième 
anneau : soit que l’animal les ait perdus en changeant de 
forme, ou bien qu’alors les étuis des ailes les cachent. 

- J'ai trouvé sur ce ver deux sortes d'insectes. Je ne puis 
dire s'ils sont parasites, ou si le hasard les y a fait rencontrer. 


« 
294 ANATOMIE 


Le premier avoit environ une ligne de longueur. Il étoit 
blanc, plat et extrêmement mince. C’étoit une espèce de 
Tænia sans articulations. L'un de ses bouts me parat rompu. 
Il se donna beaucoup de mouvemens, mais sans avancer ni 
reculer. La fig. 14 en fait voir la forme très en grand, et la 
fig. 3 trace assez grossièrement celle de l’autre insecte, que 
je ne pus bien représenter, parce qu’il m’échappa lorsque je 
commençai à en dessiner les contours. Il étoit plus petit 
qu'une mite, avoit huit jambes, et l'extrémité de son corps 
étoit fourchue, dans le sens que la figure le fait voir. 

Le ver de la mouche de Saint- Marc, pour changer en 
nymphe, se fait en terre de petites loges en sphéroïdes alon- 
gés, qui m'ont paru construites aussi légèrement que si l’in- 
secte n'y avoit employé ni soie ni gomme. Plusieurs s’err 
firent dans des morceaux de bois pourri, qu'ils avoient creusés 
pour cet effet; mais elles n’avoient aussi presque point de 
consistance. 

Le 15 avril mes nymphes commencèrent à me fournir des 
moüches. Le mäle et la femelle ont été représentés pl 7, 
fig. > et 6, dans leur situation de repos, et fig. 1 e7 avec les 
ailes déployées. La femelle est plus grande que le mâle. Elle 
a le corps plus renflé, et l'extrémité est terminée plus en 
pointe; mais sa tête est beaucoup plus petite et plus eflilée. 
Les fig. 19 et 31, qui montrent en dessus la tête de l’un et 
de l’autre grossies dans la même proportion, font voir qu’elles 
sont d’une structure si différente, qu’on ne les croiroit pas 
de la mème espèce. Dans les mâles les yeux à réseaux ED,ED, 
lig. 19, en couvrent tout le dessus, au lieu que dans la fe- 
melle, E, fig. 31, à peine ils en occupent le tiers. La tête du 


G 

DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 209 
mâle est plus large que longue, et s’élargit un peu vers l’oc- 
ciput. Celle de la femelle est au contraire bien plus longue 
que large, et se rétrécit considérablement vers ce côté-là, et 
y est garnie de poils beaucoup plus longs. Ce n'est guère 
que par les antennes et les barbillons qu’elles paroissent se 
ressembler. 

La fig. 10 offre le devant de la tête dû mâle bien plus grossie 
que dans la fig. 19. À est un bec ou museau qui avance, 
et qu'on peut regarder comme la bouche de l'animal. Elle 
est fendue le long de la ligne supérieure, et paroït dans le 
mâle transversalement divisée en quatre pièces, chacune garnie 
tout autour de bandes noirâtres écailleuses. Avec le secours 
d’un bon microscope, on la trouve, de même que les deux 
barbillons BB qui l’accompagnent, et ses deux antennes CC, 
garnie d’un grand nombre de poils, et entre ces poils d’une 
plus grande quantité encore de piquans très-courts, que l’on 
ne distingue que difficillement en A,B et C, fig. 10. La partie 
de la bouche À, qui, joieRant la tête, est un peu plus blanche 
que le reste, est transparente, de même que le sont les en- 
droits blanchâtres qu’on aperçoit sur le devant de chacune 
des cinq articulations de ses barbillons BB. La fig. 12 montre 
cette bouche ouverte et un peu plus en grand. 

La fig. 8 est la bouche de la femelle. Elle est pis large que 
celle du mâle, et de figure très-différente. On n’y voit point 
ces lames écailleuses qui semblent diviser transversalement 
les lèvres de l’autre en trois ou quatre parties; mais les lèvres 
des deux sexes s'ouvrent dans le même sens. 

Les deux grandes cornées du imäle, qui occupent presque 
tout le dessus de sa tête et y forment l'assemblage de ses yeux 


La 

296 ANATOMIE 
à réseaux, A,E,D,A,E,D, fig. 19, sont garnies de poils plantés 
dans les angles de leurs facettes hexagones. On sait que ces 
facettes, qui sont plusieurs milliers en nombre, portent cha- 
cune une lentille très-transparente, qui constitue chacune la 
partie antérieure d’un œil, et peut-être mème d’un télescope. 

Quand on détache ces cornées de la tête pour en voir le 
dedans, on n’y découvre d’abord qu’une substance brune 
opaque où l’on ne distingue rien; mais au microscope on 
la trouve composée de corps oblongs appliqués les uns contre 
les autres suivant leur longueur, Ce sont vraisemblablement 
autant de tubes optiques, au moyen desquels lanimal dis- 
tingue de loin les objets. Ce qui confirme cette idée, c’est 
que quand on frotte avec un pinceau cet assemblage de 
tubes dans une goutte d’eau, -on trouve-ensuite au fond 
grand nombre de lentilles ou de corps convexes très-trans- 
parens, au moins de deux différentes grandeurs, qui conser- 
vent leur forme et leur transparence après que l’eau s’est 
entièrement évaporée, et que tout est parfaitement sec, et 
dont les plus grauds égalent environ la capacité des tubes 
auxquels il y a tout lieu de soupçonner qu’ils ont servi de 
lentilles optiques. Comme ce fait mérite d’être mieux éclairci 
qu'il n'a été jusqu'à présent, nous nous proposons d'y re- 
venir, et de communiquer au lecteur le résultat de nos 
recherches. 

Quand on examine la tête du mâle par dessus, ainsi qu’elle 
a été représentée fig. 7, on est surpris lorsqu'on ignore que 
cela est assez commun aux mouches, de lui trouver, vers le 
devant des deux côtés O,0, encore deux autres cornées 
beaucoup plus petites, et à réseaux plus serrés que ceux qui 


CR 


# 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 2097 


en occupent le dessus. Ces cornées, que je n'ai point remar- 
quées à la femelle, y forment une convexité plus courbe, et 
‘elles se trouvent latéralement réunies aux grandes par har- 
monie. Une de ces plus petites cornées se voit en plein fig. 28; 
son côté arrondi est l’antérieur. On ne les aperçoit qué peu 
distinctement fig. 27, où AA sont les antennes, BB les bar- 
billons, D l'ouverture du gosier, où EE terminent par leurs 
contours le bord inférieur des deux grandes cornées, et 
où, en O,0, on entrevoit les deux petites, mais peu distinc- 
tement, tant à cause de leur position oblique, que parce 
qu'elles se trouvent placées dans l'ombre. Quand on les 
expose bien nettoyées, et dégagées de tout ce qui les offusque 
en dedans et en dehors, à un microscope, on les trouve plus 
claires et plus transparentes que les grandes cornées, qui con- 
servent toujours une teinte brune que celles-ci n’ont point, et 
qui paroît avoir été donnée aux autres, parce qu’étant expo- 
sées sans paupières aux rayons du soleil, il sembloit néces- 
saire que leur force fût tempérée par une moindre transpa- 
rence de la cornée, au travers de laquelle ils doivent passer 
pour frapper le nerf optique. Ne devroit-on pas croire que 
tant d’yeux à réseaux, et même de deux sortes différentes, 
ne fussent plus que suflisans pour perfectionner la vue d’un 
si petit animal ? Cependant on s’abuseroit, puisque l’auteur de 
la nature lui a donné une troisième sorte d’yeux plus sem- 
blables aux nôtres. Ces yeux sont au nombre de trois, et 
quantité d’autres espèces de mouches en ont de pareils. Ils 
n'ont point cet apparat télescopique des yeux à réseaux, et 
n’occupent qu'un très-petit endroit de l’occiput marqué D, 
fig. 19 et 31, où ils sont posés dans la femelle sur la con- 


Mém. du Muséum. t. 18. 39 


298 94 - ANATOMIE 

vexité écailleuse dé son crâne; au mâle sur une crète enfon- 
cée, qui le long de la ligne supérieure partage le dessus de 
la tête longitudinalement en deux hémisphères. Comme cette 
crête, vu sa profondeur, n’y sauroit être aperçue, l'on en a 
enlevé un morceau qu’on a représenté fort grossi fig. 30. On 
y peut observer comment ces trois yeux A,B,C sont enca- 
drés dans un double cercle écailleux, qui paroît chagriné; 
qu'ils y sont placés en trèfle, tant soit peu élevés sur leur 
plan de position, et pointés un peu en élévation, le premier 
B en avant, et les deux autres A et C vers les côtés. La erète 
sur laquelle ils sont posés m'a paru creuse, et propre par là 
à donner passage à leurs nerfs optiques; elle avance jusqu'au 
devant de la tête, et les grandes cornées y sont inarticulées 
le long de la ligne supérieure. 

Quant aux femelles, leurs yeux m'ont paru différer de 
ceux du mâle, en ce que les deux petites cornées du mâle 
leur manquent, en ce que les deux cornées qu’elles ont sont 
beaucoup plus petites que les grandes du màle, et en ce que 
ces dernières ont les facettes plus grandes que ne les ont 
celles des femelles, quoique les facettes de celles-ci surpas- 
sent en grandeur celles des petites cornées de l’autre sexe. 

Les barbillons BB, fig. 10, 19 et 31 de cette mouche, ne 
m'ont rien offert qui m'ait frappé, si ce n’est qu'ils sont beau- 
coup plus longs que ses antennes. Chaque barbillon est com- 
posé de cinq pièces écailleuses, imparfaitement cylindriques, 
placées à la file les unes des autres, hérissées de poils, et réu- 
nies pour en faciliter les mouvemens par des intervalles mem- 
braneux qui se disünguent dans les figures, en ce qu'ils y 
forment des interstices blanchätres. 


- DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 209 
Les antennes CC, fig. 10, et AA, fig. 19 et 81, du mâle 
et de la femelle paroissent de la même forme. Je n'ai pas 
examiné si au microscope on y découvre des différences. 
Les antennes du mâle se voient fort grossies fig. 173; elles pa- 
roissent alors d’une forme très-élégante, et ne ressémblent 
pas mal à des pyramides d’ifs artistement taillées. On voit 
que chacune est composée de neuf pièces séparées par des 
intervalles : que la plus haute a la forme d’un gland; les 
autres celle de vases et de disques de différentes grandeurs et 
épaisseurs; que toutes environnent une tige commune assez 
déliée; que chacune des pièces est en dehors composée d’un 
très-grand nombre d’épines ou filets très-courts, serrés les uns 
contre les autres, outre lesquels on aperçoit que l'antenne 
est encore garnie de nombre de poils plus longuets et beau- 
coup plus rares. 
Il est diflicile de s’imaginer qu’ane partie extérieurement 
si composée ne soit uniquement donnée à cet insecte que 
pour lui servir d'ornement. Tant d’apparat n’y étoit pas non 
plus fort nécessaire, si elle ne devoit servir que pour pou- 
voir juger par le tact des objets qu'il rencontre de trop près 
pour pouvoir être distingués par ses yeux; car outre que ses 
barbillons, comme plus longs et plus mobiles, semblent pro- 
pres de reste pour cet usage, quel emploi assignera-t-on alors 
à l'organe intérieur que le pou de mouton, privé, comme 
nous l'avons vu d'antennes, paroit avoir en leur place? Ce n’y 
sauroit être un ornement , puisqu'il est caché dans la tête, 
ni par cette raison non plus un instrument pour tâtonner les 
corps voisins extérieurs. Ce n’est donc vraisemblement dans 
les insectes que l’une de ces deux choses, savoir l'organe 


300 ANATOMIE 


de l’ouie ou de l’odorat, déguisé sous une forme méconnois- 
sable; ou bien, comme je serois tenté de le croire, l'organe 
de quelque sens que nous n'avons pas, et qu'il nous est par 
conséquent impossible de deviner. 

Cette mouche est de la classe de celles à deux ailes. 
Ses ailes sont d’une teinte un peu noirâtre; ce qui pro- 
vient moins de leurs nervures noires, que du grand nombre 
de piquans de cette couleur dont elles sont semées, et qui 
ont été représentés dans la fig. 18, où l’on en voit un petit 
morceau tel qu'il paroît au microscope. Les ailes de la fe- 
melle sont un peu plus grandes et plus foncées en couleur 
que celles du màle. 

Cette mouche , comme le commun de celles à deux ailes, 
a latéralement vers le bas du corselet, de part et d'autre, un 
balancier, qui se trouve représenté exactement et en grand 
fig. 11. Son bout antérieur A se termine en forme de cuille- 
ron, et est rempli en dessus par une convexité ovale. Sa base 
Best composée d’un assemblage singulier de pièces écailleuses 
noires, réunies par des membranes blanchâtres. Avec un fort 
microscope on le trouve couvert aussi d’un très-grand nombre 
de piquans, alors même presque invisibles, et de poils plus 
longs et plus rares. 

Le dedans du balancier renferme un grand vaisseau mem- 
braneux. Sous sa base il contient un assez gros vaisseau , dont 
la forme approche de la triangulaire. Il paroït se partager en 
trois ou quatre branches, qui pourroient bien être des 
bronches, puisque, comme elles, un fil roide tourné en res- 
sort à boudin les environne. Ce balancier, sur lequel les 
ailes en frappant causent assez vraisemblablement le bour- 


sd 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES 3o1 


donnement que les mouches font quand elles volent, semble 
devoir aussi contribuer par ses mouvemens à diriger leur vol. 

L’extrémité du corps du mâle ne se termine pas en pointe 
comme celle de la femelle. Elle s’élargit au contraire un peu, 
et est d’une structure singulière, comme le montre la fig. 21, 
où elle est représentée assez en grand pour faire voir qu’elle 
est latéralement pourvue de deux prolongemens terminés 
par deux crochets AA, tournés en dedans, et l’un vers 
Pautre. Ils sont écailleux; l’extrémité de leur pointe est un 
peu émoussée ; ils servent dans laccouplement à tenir la fe- 
melle, et pour cet effet ils sont capables de divers mouve- 
mens, mais dans leur état de repos l’animal les tient recour- 
bés en dedans, de la facon que l’exprime la figure. Deux 
mamelons , dont j'ignore l’usage, terminent le corps de 
l'animal. 

Le pied de cette mouche est composé , comme ordinaire- 
ment, de quelques articulations, dont la dernière, qu’on 
peut nommer la plante, est grossie au moyen d’une forte 
loupe, fig. 24. On l'y voit en dessus. Elle se termine par trois 
sortes d'orteils écartés les uns des autres. Des côtés de la 
racine de celui du milieu sortent deux crochets, au moyen 
desquels la plante s'accroche aux corps sur lesquels elle pose. 
A peu près du mème endroit sortent deux filets roides et 
courbes, qui passent par dessus l’orteii du milieu. 

Quand à l’aide d’un bon microscope on examine la plante 
du pied en dessous, comme on le voit fig. 29, on trouve que 
ses orteils y sont aplatis, blanchätres et hérissés d’un très- 
grand nombre de petits crochets, qui servent à animal pour 
se cramponner et grimper contre des corps lisses. A,B,C re- 


302 ANATOMIE 


présentent les orteils, E et D les deux crochets, et sous l'or- 
teil du milieu on voit les deux filets roides. Dans la fig. 29, 
ses orteils sont rapprochés, et placés comme ils se trouvent 
dans leur état d’inaction, et fig. 24, ils sont écartés, comme 
quand l’insecte court. 

Après avoir éclairei l’origine de cet insecte, et fait con- 
noître en gros ses parties extérieures, on doit naturellement 
ètre curieux de savoir comment il s’y prend pour causer le 
dommage qu'il fait aux boutons des arbres, et avec d'autant 
plus de raison, qu'on ne remarque pas qu'il soit armé de 
dents comme le sont plusieurs autres espèces de mouches. 

Pour éclaircir ce mystère, qui n’est pas si difficile à dévoiler 
qu'il le paroît, il faut considérer que ces mouches se mon- 
trent au même temps que les boutons des arbres fruitiers ne 
font que commencer à se développer; qu’alors les feuilles 
n’en sont que comme ébauchées, très-petites etfort tendres; 
qu’ainsi le moindre räclement, s'il m'est permis d’user de 
ce terme, sufhit pour en déchirer les fibres, et mettre en 
désordre toute leur structure; après quoi le suc nourricier, 
arrêté dans un endroit, détourné dans un autre, et mal dis- 
tribué partout, ne peut que troubler le développement né- 
gulier de la feuille, empêcher sa croissance, et la faire re- 
coqueviller; et qu'à plus forte raison la branche ébauchée, ou 
la fleur renfermée dans ce bouton, comme étant alors encore 
plus délicate que les feuilles, en doivent soufrir un désordre 
irréparable pour cette année. Cela posé, il faut remarquer 
que bfèn que la mouche de Saint-Marc soit privée de dents, 
elle ne laisse pas que d’avoir dans la bouche une sorte de langue 
écailleuse ou d’instrument , au moyen duquel elle est de reste 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 303 


enétat de causer le dommage qu’on lui attribue. Cet instru- 
ment est composé de deux lames de différentes formes, mais 
assez élégantes, appliquées l'une sur Pautre, et qui diffèrent 
encore dans les deux sexes. Les lamés de la langue du mâle 
sont représentées en plein, et fort grossies fig. 23 et 25, et 
cette dernière l’est un peu plus que l'autre. Fig 23 est la 
supérieure; elle est écailleuse, noire, eflilée, plus claire, et 
couleur de gomme vers sa pointe, qui est armée de filets 
écailleux. Sa lame inférieure, fig. 25, est latéralement garnie 
d’une plus longue suite de filets écailleux, plus serrés et plus 
fins, se séparant vers la pointe. Ce qui est le plus foncé dans 
la lame nfème est écailleux ; le reste m’en a semblé moins 
solide. Ces deux lames sont réunies par le bas de leurs côtés 
en CD, fig. 26, où À marque la lame supérieure et B l’in- 
férieure. 

La fig. 22 est celle de la lame supérieure de la langue de 
la femelle. En la comparant avec celle du mäle, fig. 23, on 
voit qu’elle est non-seulement plus courte, mais autrement 
figurée et colorée. 

La fig. 13 représente en C la lame inférieure de la langue 
de la femelle. D est une écaille noire qu'on peut envisager 
comme sa racine, et EE sont les bases des antennes de la 
mouche. En comparant cette lame avec celle du mâle, fig. 25, 
on remarque aisément en quoi elles diffèrent, soit pour la 
forme, soit pour la figure de ses écailles noires. 

Quoi qu’il en soit, on voit donc qu'au lieu de dents, cette 
mouche a la bouche pourvue d’une double lame écailleuse, 
armée de pointes suflisantes pour entamer les boutons tendres 
des arbres qui à peine commencent à se développer, dont 


304 ANATOMIE 


ensuite elle peut facilement exprimer par ses lèvres écailleuses 
le suc et s’en nourrir, et qu'ainsi quand une nuée de ces in- 
sectes tombe au printemps sur les arbres, ils les doivent 
rendre stériles pour cette année-là. D'où il résulte que dans 
l’histoire de cette mouche, et dans les dégâts qu’elle fait, il 
n'y a rien que de fort naturel. | 


EXPLICATION DES PLANCHES, 


PAR M. W. DE HAAN. 


PLancne I. 


Fic. 1. Le melophagus ovinus de grandeur naturelle. 

Fic. 2, 3. Le même, grossi en dessus et en dessous. | 
A, l'anus.—B,C, espace un peu creux au-dessus de l’anus.—DDD, 

échancrure inférieure des cuisses. —EEE, les jambes.— FFF , les tarses. 
—GGG, échancrure supérieure aux coxes des pieds postérieurs. — HH, 
les antennes. —I1, la trompe. —K,, le corselet divisé en dessus en qua- 
torze pièces, trois pour le prothorax, trois pour le métothorax, huit pour 
le mésothotorax. LLL, les coxes. 1,2,3,4,5,6,7,8,9 , les neuf paires de 
de stigmates. 

Fic. 4. La trompe I, fig. 2 et 3 grossie. 

Fic. 5. La trompe avec ses deux lames extérieures ou levres supérieures dis- 
tantes KK, laissant entrevoir le tube intérieur L. 

Fic. 6, 7. Le même organe avec le tube intérieur prolongé au moyen d’une pince 
du double de sa longueur visible, vu en dessus fig. 6, et en dessous 
fig. 7. | 
O0, les mandibules.— M,N , le tube composé de la lèvre inférieure, 

qui embrasse la trompe proprement dite, composée des deux mandibules 
et des palpes mandibulaires. 

Fic. 8, 10. La partie inférieure de la tête ou celle qui se trouvesous la trompe, 
fendue au milieu , pour montrer la direction intérieure de la trompe. 
Le sommet des mandibules M, fig. 6, 7, se trouve dansla fig. 8 en P, à la 


Tom .18, 


4. 
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Sibeliis Seule 


1 


Fic. 9. 


Fic. 11. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 30 


base du prolongement de la tête, comme dans sa situation naturelle. 

Celles-ci, retirées en dehors, laissent un vide R,S, fig. 10 , par lequel 

perce la base de la N'ES LE se rend au milieu entre R et S à 

l’estomac. 

Une partie de la trompe F,R,B,M,G, fig. 12, où l’on remarque distinc- 
tement qu’elle est composée de deux tubes qui s’emboîtent , dont l’un 
est formé par les mâchoires, et l’autre par les palpes maxillaires. 

Le mécanisme de la trompe fig. 10, dessiné dans l’insecte couché à la 
renverse et de côte. 

À,B;L,E;F,C,K, direction de la trompe, de son sommet jusqu’à sa 
base , où elle se rend dans l’estomac.— A,B, la partie qui sort de la tête. 
— J,H, fig. 2 et 3.—L,E,F, la partie Q,P, fig. 8. — F,C;K se trouve 
sous le bulbe P, fig. 8. — F,D,F,D, deux lames écailleuses qui servent 
d’attache aux muscles. — L,L, anneau cartilagineux par lequel glisse la 
trompe lorsqu'elle sort de la tête. Cet anneau est fixé par deux cartilages 
à la lame J,H,K, commencement de l’œ&sophage. 


Fic.12, 13. Le même mécanisme de la trompe dans sa situation naturelle et vu 


Fic. 14. 


Frc. 1. 


en dessous. On y a coupé l’enveloppe extérieure du bulbe E,F, fig. 11, 
pour étaler les pièces écailleuses qu’elle renfermoit. H,K,1, — H,KI, 
fig. 11. 

F,K,L, F,K,L, ces deux lames ont été dessinées dans leur situation 
naturelle, fig. 11, formant par leur extrémité une gaîne qui embrasse 
la trompe en L. Ici H,K,I est déployé de la courbe qu’elle ayoit dans la 
figure précédente en ligne droite; de là les deux lames de la gaine L,E 
sont séparées et éloignées l’une de l’autre. —F,N,O,E,P,N,D,0,D sont 
les quatre pièces renfermées dans le bulbe E,F; fig. 11.—N,D, N,D sont 
les deux cartilages F,D, F,D, fig. 11.—F,R,B, M G, la trompe qui passe 
entre les quatre pièces précédentes; elle est double comme on l’a vu 
fig. 9-—B,C,M,G, partie de la trompe extérieure coupée de B jusqu’à G. 
—M,C,R sont des gouttes d’eau qu’on a fait monter dans la trompe en la 
plaçant dans l'eau après avoir été desséchée. — E,Q, une trachée: 

Coupe transversale des deux lames F,K, fig. 12 


Priscmsith 


La partie supérieure de la tête vue en dedéne et débarassée des organes 
qui s y trouvent. t ARR 
AA, sphéroïdes creux analogues aux tubereules HN, pi. 1, fig. 2 et 3, 
qui out la fonction d'antennes. Ces antennes correspondent intérieure— 
ment par un canal circulaire, IT. — G est la plaque HE K fig, 11, 12, 


Mém. du Muséum. 1. 18. 4o 


306 ANATOMIE 


13, pl. 1. — B,C,B, les deux lames écailleuses, — L,H,K,K,LL, ibid. 
— DD. les yeux, munis intérieurement d’un rebord creux qui descend 
à la partie postérieure de la tête en E, et remonte ensuite en F, où il se 
bifurque pour se rendre dans le canal qui joint les antennes. L'espace 
qu’embrasse ce prolongement est criblé de trous dans lesquels des poils 
ont été implantés. C 
Fic. 2. Une antenne H, pl. 1, fig. 2, séparée et grandie. — A,B, bord intérieur. 
— B, muscle. 
Fi. 3. Faisceau de nerfs contenus dans A,B, fig. 2, qu’on peut distinguer au 
travers de ses parois. 
C, les nerfs acnlaires. — E, le muscle B, fig. 2. 
Fic: 4. Bulbe contenu dans le faisceau des nerfs, fig. 3. — G,F, le muscle B, 
fig. 2, —E, fig. 3. — H,F, un ligament. 
Fic. 5. Grains contenus dans le bulbe, fig. 4. 
Fic. 6. Organe cylindrique de l'intérieur de la tête, muni de chaque côté d'un 
appendice A et B, couvert par une quantité de petits vaisseaux, et fixé 
par les muscles CCCCCC. Lyonet croit que c'est le cerveau : c'est 
vraisemblablement l'estomac. 
Fic. 7. Lame cartilagineuse qui se trouve sur la face intérieure de H,I, pl. 1, f 
Mfg. 12 et 13; . 
Fic. 8. Un des yeux, vu du côté extérieur. 
Fic: g. Unstigmate avec une partie de la peau couverte de poils. 
Fc. 10. Une pièce de la peau fig. 9, vué par un foyer plus grand : les bords des 
. cellules sont ondoyans. 
A, l’anneau ou la base d’un des poils qui environnent le stigmate : les | 
cellules de la peau sont toujours écartées des poils, tandis qu’on les voit 4 
agglomérées autour des stigmates. 
Fic. 11. Una stigmate entier , vu de profil. 
C,D, la peau extérieure. — À, la convexité extérieure du stigmate. — 
B, la convexilé intérieure du stigmate. 
Fic. 12. Un stigmate du ventre, vu en dessus. La membrane qui le couvre a une 
ouverture oblongue, dans le sens d’un diametre du contour, ce qui 
fait que les plis ne sont pas concentriques. 
A, une lame écailleuse qui se trouve sous la peau, et sert d’attache à 
des muscles. 
Fic. 13. Un stigmate thoracique de la seconde paire, pl. 1, fig. 3, avec les plis 
concentriques de sa membrane extérieure. 
Fu. 14, Le métathorax. 
À, l’ouverture postérieure du thorax.—B;,C, les stigmates de la seconde 


|! Zom 18. 


Fig. 15 
Fi. 16 
Fic. 47. 
Fic. 18 
FiIG."xe 
KIG. 2. 
Erc 18: 


DE DIFFÉRENTES ESPÈGRS D'INSECTES. 307 


paire, marquées 2, 2, pl. 3, fig. 3. — D, ouverture qui a été couverte 
d’une membrane perdue par la macéralion. —E#,, les petits trous sur 
lesquels les poils ont été implantés. 


. Un stigmate représenté de sa partie inférieure. Par l’ouverture on re- 


marque les poils intérieurs, dirigés vers le milieu de l'ouverture supe- 
rieure. 
À, la même lame que dans la fig. 12. 


+ H,C, la partie d’une trachée qui adhère en C au côté postérieur d’un 


stigmate. Deux anneaux concentriques bordent son ouverture. Cette 
trachée donne quatre branches principales, D;1, E,L, F,M, G,N, qui 
vraisemblablement vont aboutir à autant de trachées. 
Le rebord inférieur de la partie antérieure du ventre, qui communique 
avec l'ouverture À, fig. x{,. du thorax. 
A,B, A,B, les trachées de la troisième et quatrieme paire. — C,D, 
sont deux :apophyses du bord écailleux vertical, qui correspondent 
avec les deux autres, Fet E, fig. 16. 


+ Le rebord supérieur de la partie antérieure du ventre. 


F, E, deux apophyses. ’oyez l'explication de la figure précédente. 
Prancne III. 


Le tarse. 

A,B,C,D,E, les cinq articulations tarsiennes, dont les quatre premières 
sont hérissées de poils à leur base, et la cinquième du côté inférieur. — 
H, la sixième articulation, terminée par deux crochets FF en dessus, et 
par une languette Gen dessous. — I,K , deux apodemes ou lames car- 
ülagineuses, qui servent à l’attache des muscles, et tiennent par une 
tête épaisse à la place où le tarse est articulé avec la jambe. 

La sixième articulation H du tarse, plus grande avec lesérochets FF, fig. 1, 
éloignés l’un de l’autre, pour faire entrevoir plus distinctement la place 
de la languette G, fig: 1: 

AH, H,F, F,1, les trois articulations des crochets FF, fig. 1, renver- 
sées. La première, munie de dents intérieurement, est immobile. La 
troisieme F,[, tient par un ligament GG à la base de la languette G,D,G. 
— B,If, la languette G, fig. 1; elle est palmée, garnie d’épines sur 
les côtés. — G,D,6G, la racine de la languette, placée entre deux pièces 
écailleuses, dont l’une est cannelée par des rainures obliques, qui se ren 
contrent au milieu, et dont l’autre, éu 
G,D,G, sans cannelures, se place contre la premiere, étant réunie avec 

elle à sa base par une petite écaille EE, fig. 2et 3. 


308 | ANATOMIE 


Fic. 4. La quatrième articulation du tarse avec deux fils musculeux, qui tiennent 
au bord cartilagineux de l'anneau, et qui se bifurquent au-delà en A. 

Fic. 5. Lame A,B, qui tient par la tête A au sommet de la jambe; et entre dans 
la cuisse. 

Fic. 6. Lame qui se trouve dans l’intérieur de la jambe, à laquelle est attaché 
le muscle A,B. 

Fic. 7. Lame attachée par sa tête A à la base de la cuisse. 

Fic. 8. Lame fixée au coxe, pénétrant dans le thorax. 

Fic. 9, 10, 11. Trois lames prises de la cuisse d’une pate postérieure. 

Fic. 12. L’estomac C,D, couvert d’un nombre de petits vaisseaux analogues à 
ceux qui se trouvent sur l'organe N,0, fig. 6, pl. 2. — C, l’œsophage 
qui perce en C dans la tête, à la place R,S, pl.r,fig.10.—E,F,G,H,I,K,L, 
sept vaisseaux blanchâtres qui sortent de l'estomac, et que Lyonet 
regarde comme autant d’intestins, ce qui ne paroit pas probable. Peut- 
être que D,H est le vrai intestin, et que E,F,G,I,K,L sont des tra- 
chées qui se portent sur l'estomac. 

Fic. 12 *. Organe trouvé dans le ventre, à peu de distance du thorax , muni de 
deux fils qui se terminent en pointe. C’est yraisemblablement un œuf. 

Fic. 13 et 14. Cet organe fig. 13, formé par une membrane circulaire fig. 14, est 
un des testicules. Ils s’en trouve quatre semblables dans le ventre. 

A est un canal qui en sort et qui se rend à l’anus. 

Fic. 15 est le principe des œufs contenus dans l'organe fig. 13. 

Fic. 16. L’anus d’une femelle , formé par deux:écailles arquées A et B, dont l’es— 
pace intermédiaire est occupé par une membrane. 

C,D, l'extrémité du canal intestinal, qui se termine entre les deux 
crochets. 

Fic. 17. L’anus d’un mâle, composé de deux lames à bords cartilagineux et cou- 
verts de poils. 

Fic. 18, 19. Le dard mâle, vu en dessus et de côté. 

CC, deux supports à la base du dard.— DD, deux aigrettes en des- 
sous des supports. à 

Fic. 20. Un des supports. —CC, plus grandi. Les fils qui sortent de sa base sont 
des nerfs (?). 

Fic. 21. A,E, le même organe que À, fig. 18, 19, vu de côté, dont les supports 
sont coupés. Il tient à la partie intérieure du corps, à une lame cartila- 
gineuse H,L,F,E, enveloppé d’un nombre prodigieux de nerfs et de 
trachées. 

Fic. 22. Encore le même organe que A, fig. 18, 19.— A,E, fig.20, brisé en G, 
pour faire entrevoir le canal intérieur. 


on 16. [A 
1.72. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 309 


Fic. 23,24. Le dard vu dans sa situation naturelle de côté, fig. 23, et en dessus, 


Fic. 25. 


Fic. 
Fic. 


CES 


Fic. 6. 
FiG. 7. 
Fié 8. 
Fic. 9. 
Fi, 10, 


Fic. 12. 


Fic.Wre 
Fic. 2. 
Fic. 3. 


Fic. 4. 


fig. 24. 

A,E,F,L,H, le dard courbe sur lui-même. — A,I, ouverture de l’é- 
caille dont il est couvert ; celle-ci tient au dard par un ligament H. 
Le cartillage séparé du dard, fig. 24. 


Prancue IV. 


Liotheum ( Colpocephalum) flavescens Nitzch Germar’s Magazin 11, 

pag. 208. 

Une antenne. 
Un pied. 

A, la cuisse. — B, la jambe. — D,C, le tarse, muni en dessous 
d’une pointe en D. La partie concave inférieure du crochet, entre la 
pointe et le bout, est destinée, selon l’observation de Lyonet, à porter les 

œufs , comme on en voit placé un en E. 

Liotheum ( Colpocephalum), n. sp. Pou du Héron, pag. 265. 
Liotheum (Colpocephalum) sub æquale Nitzch, 1. 1., pag. 299. Pou de 

corbeau, Lower, pag. 266. 

Philopterus (Nirmus) cameratus. Nitzch, 1. 1., pag. 291. Pou du coq de 

bruyère, pag. 267. 

Philopterus ( Goniodes) chelicornis ? Nitzch, 1. 1. , pag. 293. Pou du coq 

de bruyère, Lyoner, pag. 268. 

Philopterus ( Nirmus) discocephalus ? Nitzch , 1. 1., pag. 201, Pou du 

milan brun , LYONET , pag. 268. 

Pied du pou précédent. 

A,B, le tarse biarticulé, avec une épine au sommet. 

11. Sarcoptes destructor, LATREILLE (4carus destructor Scurank , Enum. 

Insect. Austriæ, 1057). Mite, Lyoner, pag. 284. 

Un des poils ventraux grossi. 


Prancume V. 


Liotheum (Colpocephalum) , n. sp: 1. 1. Pou de hupe, Lxower. 

Un œuf du pou de hupe. 

Philopterus ( Docophorus ) ocellatus. Nitzch , 1. l., p. 920. Pou de cor- 
beau , Lyowxr, pag. 266. 

Philopterus (Docophorus) platyrhynchus ? Nitzch, 1. 1., pag. 920. — 
Pou d’épervier, LYoNET, pag. 270. 


310 _ ANATOMIE : 


Fig. 5. Extrémité postérieure d’un mâle du pou précédent. 
Fic. 6. Philopterus ( Docophorus ), n. sp. Nitzch, 1. 1. — Pou du geai (Garrulus 


* Glandarius }, LYoNET; pag. 271. ni 
). 7: ot du pou précédent grossie. ù 
= A, proéminence de la tète. — EE, Len dérishoi dan, — DD, lèvre 


supérieure. — B,D, rebord cartilagineux. — GG, deux cornes (trabecu- 
Læ) Nitzch. — HH, les antennes. — I, lévre inférieure. — MM, la pre- 
mièére paire de pates. 1 
Fic. 8. Une des mâchoires. — EE, fig. 7, plus grandie. 

| —F, la lèvre imférieure. 
Fi. 9. Philopterus (Docophorus) auratus. Nitzch, 1. 1 
bécasse de mer, Lxoner, pag. 272. : 


lèvre supérieure. 


pag. 290. — Pou de 

}. 

ic. 10. Philopterus ( Lipeurus) baculus. Nitzch, 1. L., pag: 29. —Pou de tour- 
terelle , Lxoxer, pag. 273. 


Fic. 11. Ce pou approche oup du Gamasus coleoptratorum, LATREILLE ( De- 
geer, VIE . 15); mais il en differe la forme et les cou- 
S leurs du co w de pivoine, Lyoner 75 
6 4 AA, les deu res. æ; 
.12. Gamasus ? — Pou d’une sorte d'émerillon ( Falco 
| æ. æsalon. Lann. PE ET, pag. 276. M | vu: | 


Fic. 13. P-Podidu limaçon des jardins Lxoxer, pag. 49. 


Prancue VI. 


Îxodes ricinus, LATREILLE. — Tique , Lyoner , pag. 285. 
Le D 4 


3. La même, grossie en dessus et en dessous. 
AA, palpes labiaux. —B, la ge Ce 
anus. 


trompe de la é avec ses deux pal 
de 


 stygmates. — D, 


6 andie, vue en 
dessous. js 4 
CC, les palpes labiaux armés de deux der ss —/B,D; la trompe ar- 
née de quatre rangées de dents. x 
Un des stigmates, CC, fig. 3: 


L'anus, D, fig. 3 » entouré d’un cercle écaille B, et s’ouvrant au 


faire voir comment la Maé B des pieds, se replie 


FiG. 8. Un pied grandi, po ÿ 
}, dans le creux inférieur de l’articulation précé- 


avec les crochets 
dente. 


LÉ: 


| Zom 16. 


4 


PIS 


SOUS 


< 


Pl24. 


Fig: I0. 
A#ig: 0. 


+ 408 


te 


Ce. 


Zom pe 
NET :u 
Ag: 7 2 


Fÿ05. Pig:d 6. à 
© © 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 317 


Fic. 7*. OEuf de la mite fig. 8. 

Fic. g Acarus farinæ? LATREILLE (Degeer, vu, pl. 5 , fig. 15). Seconde espèce 
de mite Lvower. 

Fic. 9, 10. Manquent. . # 

Fic. * 1KfPba de la chenille du bois de au (Cbsoes ligniperda) ,wover, pag. 297. 
BB, les deux palpes maxillaires. — À, la trompe. 

Fic. 12. Crochets des tarses du pou  éinh avec une membrane trilobée, qui 
joint leur bord extérieur. 36 :9 Aù 

Fic. 13: Liotheum (Colpocephalum) , n. sp. Nirzon. CA Linie n'en est pas 


| |: I “1 Tone 14 
* 4 


, fig. 12, du pou de la 


chenille du bois de saule. Elle par une pince. 


F1G. 15, Acarus domestieus, Larrencét: e dufromage, LyoNer, p.26. 
Fic. 16. Pou du coq de bruyère, LYonET, pag. 281. 
ST LE | 
g Lance VII. & 
EL 4 
Fic. 1. Bibio Marci Mecs. = Le mâle avec les ailes déployées. 


2. Le mâle en repos. # 

Fic. 3. Pou trouvé sur le corps de la larve. 
Fic. 4. La larve. 2 

: La nÿmphe, vuecôté. £ \ 

\ imelle en repos. @) ” 


elle avec les ailes déployées. 

: Guche de la femelle , vue en devant. 

FiG. 9. Une des épines dont le corps de la larve est hérissé. 

Fic. 10. La partie antérieure de la tête d’un mâle. — A, la trompe! — BBiles 
palpes maxillaires.— CC, les antennes, — DD, les yeux. 

Fic. 11. Un balancier groii, ; dont le bout À se termine en forme de cüilleron. 

Fic. 12. La trompe À, +10, plus grossie ; avec les parties qui lal composent 

1 séparées les unes des autres. : 

Fic. 13: dr levre inférieure d’une femelle. { 

CC, sa partie membraneuse. —D, sa base. — EE, les bases des an- 


nnes, 


Fic. 14. Filaria trouvée dans.le ventre d’une la 
Fic. 15. Stigmate du nr à anneau de la ar 
Fic. 16. St mate des articulations moyennes arve, plus petites que celles 
"  »du premier anneau. É 


Fic. 19h Mennes d’un mâle à neuf Lente, Ve 


4 


312 


Fic. 
Fic. 


Fic. 


Fic. 
Fi. 


Frc. 
Fic. 


Fic. 


Fic. 


Fic. 


Fic. 


Fi. 


Fr. 


Fic. 


20. 


21, 


22. 


26. 


29. 


30. 


31. 


ANATOMIE DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 


. Portion des ailes tres-grossie. 
. La tête d’un mâle. 


AA, les antennes. —BB, les palpes maxillaires. —C, la trompe. — 
EE, les yeux.—D, les ocelles. 
La dernière articulation du cérps d’une larve grossie, avec les poils qui 
se trouvent dessus. 
À, stigmate plus grand en nature que ceux du premier anneau. 
L’anus d’une mouche mâle, terminé par deux crochets AA, avec deux 
mamelons entre deux. 
La langue d’une mouche femelle, avec laquelle elle perce les jeunes 


feuilles, 


. La langue d’une mouche mâle. 
. La dernière articulation des tarses vue en dessus. Voyez l’explication de 


la fig. 29. 


. La lèvre inférieure d’un mâle. 


La même partie vue de côté, divisée en long en deux écailles A et B, qui 
se réunissent en C. 


. La tête d’une mouche mäle vue en dessous. 


90, la partie des yeux qui se trouve à cette face de la tête. — BB, les 
palpes maxillaires. — AA, les antennes. — D, l’œsophage. 


. La partie des yeux qui se trouve à la face inférieure de la tête, séparée. 


Voyez OO, fig. 27. Le côté arrondi est contigu aux yeux de la face su- 
périeure. 
La dernière articulation tarsienne, fig. 24, plus grandie et vue en dessous. 

A,B,C, trois orteils qui la terminent. —E,D, les deux crochets. — 
B, deux filets roïdes. 

Les trois ocelles D, fig. 19, plus grandis, 

A,B,C, les trois ocelles. B est l’antérieur; A et C sont les latéraux. — 
La ligne moyenne B,Dest un peu creuse. —E,C, le bord de l'œil gauche. 
La tête d’une mouche femelle, avec les yeux beaucoup plus petits que 

dans le mâle. 


AA,BB,C, les mêmes parties que dans la fig. 19. 


RECHERCHES 


SUR 


LES OSSEMENS FOSSILES 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL (HÉRAULT), 


Par MM. Marcez ne SERRES , DUBRUEIL , Professeurs, et B. JEAN- 
JEAN, Docteur-Médecin, Préparateur de Zoologie à la Faculté de 
Montpellier. 


(TROISIÈME ARTICLE.) 


CHAPITRE V. 


DES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE MAMMIFÈRES TERRESTRES. 


SECTION PREMIÈRE. 
Des espèces carnassières. 


PLANTIGRADES. 


Genre Ours. 


Lxs grands ours des cavernes de Lunel-Vieil constituent 
deux espèces distinctes. La première se rapporte à une es- 
pèce considérée jusqu’à présent comme antédiluvienne, et 
nommée, par M. Cuvier, ours à front bombé ( ursus spe- 
lœus). La seconde paroîtroit rappeler l’ours noir d'Europe, 
Mémm. du Muséum. t. 18. 41 


314 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


que certains observateurs ont assimilé à l’ursus arctos de 
Linné, et que d’autres ont distingué de cette espèce. Cette 
seconde espèce ensevelie dans nos cavernes, nommée, par 
M. Cuvier, wrsus arctoïdeus, et caractérisée par l’apla- 
tissement de son front, paroit s'être retrouvée dans d’autres 
cavités souterraines de nos contrées méridionales. L'un de 
nous a, en eflet, signalé eet ours dans les cavernes de Bize 
(Aude), comme la première dans celles des environs du 
Vigan (Gard ). 4 

Nous avons pu comparer les débris de ces deux espèces, 
avec trois têtes d’ours vivans, qui appartenoient à trois es- 
pèces différentes. Aussi la comparaison que nous en avons 
faite nous ayant paru utile à leur exacte détermination, 
nous en avons tracé le tableau, afin que l’on püt mieux saisir 
leurs divers rapports. Nous ferons seulement observer que 
les têtes de l’ours noir d'Europe et de l’ours noir d’Amé- 
rique provenoient d'individus très-vieux, tandis que celle 
de l’ours brun des Alpes avoit appartenu à un très-jeune 
individu qui possédoit cependant toutes ses dents de rem- 
placement. Nous mentionnerons également les rapports qui 
existent entre les ours de nos cavernes ét ceux des cavités 
souterraines de la Westphalie, mais sans trop nous y appe- 
santir; les excellens travaux de M. Cuvier nous dispensent 
d’entrer dans de grands détails à cet égard. 

Il est enfin une dernière observation que nous ne devonis 
point négliger; c’est celle quiconcerne le nombre des indi- 
vidus de diverses espèces d'ours que l’on découvre dans les 
cavités souterraines. Il semble que les ours ou leurs débris 
abondent principalement dans les cavernes du nord de lEu- 


EE Eee le 


1 IIDES! CAVERNES DE LUNEL-VIEIL: … Gb 


rope, et qu'on ne les trouve avec abondance, dans nos con- 
trées méridionales, que dans:les cavernes rapprochées des 
hautes montagnes. En effet, nous sommes réduits à établir 
nos différentes espèces d’ours:de Lunel-Vieil avec quelques 
fragmens de maxillaires!-etiquelques dents isolées, tandis que 
ces ours composent presqu'à eux seuls les restes des ani- 
maux: entraînés dans les cavernes des environs du Vigan, 
au pied des hautes montagnes des Cévennes. Cette particu- 
larité remarquable paroîtroit annoncer qu’à l’époque où 
os différentes espèces ont été détruites, elles s’étoient déjà 
choisi des stations en harmonie avec leurs conditions d’exis- 


tence. 


1°. De l'ours à front bombé (ursus spelæus). 
Des os de la téte. 
© ST. Des dents et du maxillaire supérieur. 


Nous rapporterons d’abord à l’ursus spelæus une cou- 
ronne de canine supérieure gauche, ainsi que trois incisives 
latérales ou troisièmes, dont deux appartiennent au côté 
droit, et l’autre au côté opposé. L'une de ces incisives est 
privée de la pointe de la couronne, l’autre a perdu l’extré- 
mité de sa racine, et la dernière est, au contraire, d’une 
intégrité parfaite. 

On ne peut confondre ces incisives avec celles des grands 
felis, la pointe de leur couronne étant très-crochue et di- 
rigée en dehors. Le bourrelet qu’elles présentent à la base 
et un peu en arrière, descend obliquement en avant et en 
dehors, laissant une échancrure, à la partie interne de la 


316 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


base, beaucoup plus obtuse que chez les fels, où cette 
échancrure, presque tranchante vers le côté externe de la 
couronne, remonte de sa pointe vers la base. 

La racine des incisives latérales est aplatie chez les fels, 
tandis qu’elle est presque arrondie dans,nos ours. Enfin, la 
face qui regarde la seconde: incisive:est légèrement creusée 
en gouttière, et on la voit se terminer par une, pointe arron- 
die, en forme de crochet recourbé en haut et en arrière. 

L’incisive dont la racine s’est montrée la plus entière, et 
chez laquelle la cavité de la dent n’a pas paru tout-à-fait 
oblitérée, a présenté une longueur de 0,041. La hauteur de 
la portion émaillée, prise à sa face postérieure, étant de 
0,016, et l’épaisseur de la partie la plus renflée de la racine 
de 0,012, nous ferons remarquer, en passant, que l’incisive 
dont la pointe de la couronne manque, doit avoir appar- 
tenu à un ours plus âgé et plus fort, à en juger, du moins, 
par le volume plus considérable de la dent. 

Dans un ours noir d'Europe, qui nous sert de terme de 
comparaison, la même incisive n’oflre qu’une longueur de 
0,036 ; la partie émaillée n’a plus que 0,015, et sa plus 
grande épaisseur 0,010. Cet ours noir étoit cependant très- 
vieux, ce qu'annonce assez l’usure de l’émail de ses molaires 
et l’oblitération entière de la cavité de la racine de ces dents, 
tandis que les ours de nos cavernes n’étoient point encore 
parvenus à leur dernier degré d’accroissement. La même 
incisive de l’ours brun des Alpes, incisive qui n’avoit pas 
encore acquis toute sa longueur, avoit à peu près les mêmes 
dimensions, sa partie émaillée ayant 0,015, et sa plus grande 
épaisseur 0,009. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL, 317 


Nous rapporterons également à l’ursus spelœus une pé- 
nultième et une dernière molaires supérieures gauches, dont 
les dimensions sont bien au-dessus de celles que présentent 
les dents analogues dans les ours vivans. La première de ces 
molaires à sans ‘doute appartenu à un individu plus jeune 
que celui dont provenoit la dernière molaire, puisque l’é- 
mail de la pénultième est intact, celui de l’autre ayant été 
presque entièrement usé par l'effet de la mastication. 

Un accident résultant des fouilles a enlevé la grosse émi- 
nence antérieure et externe de la pénultième ; mais cette 
dent n’en est pas moins remarquable, en ce que la surface 
de sa couronne, ainsi que la partie antérieure de la face in- 
terne, se montre parsemée de lignes ou stries qui se croisent 
en différens sens. Examinées vers la face interne, ces lignes 
ne descendent pas tout-à-fait jusqu’au collet de la couronne. 
Elles s'arrêtent, au contraire, vers un petit rebord qui des- 
cend du milieu du tubercule ou éminence postérieure et 
interne, longe le dessus du collet vers la face interne, et, 
après avoir contourné l'extrémité antérieure de la dent, va 
se terminer à la base du petit tubercule antérieur et externe 
qui est en avant de la grande éminence. Les mêmes stries 
se retrouvent dans les mêmes dents de l’ours brun des 
Alpes, tandis que l’on n’en voit aucune trace sur l’ours noir 
d'Europe et d'Amérique. Cette particularité, commune à 
l'ursus spelœus, et à l'ours brun des Alpes actuellement vi- 
vant, indiquerait-elle une conformité d'habitude entre ces 
deux espèces? C’est ce qu’il est possible de supposer, mais 
non de démontrer. Il nous paroïîtroit, du reste, que l’ours 
brun, comme l’ursus spelœus , avoit le front bombé, ainsi 


318 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


que l’ont admis les zoologistes, rapport de conformation 
dont il est facile de s’assurer en comparant les crânes de ces 
deux espèces. Du reste, comme l’a observé depuis long- 
temps M. Cuvier, l’ursus spelœus, ou l'ours à front bombé 
des cavernes, avait une taille bien supérieure à celle de 
l’ours brun, et des proportions bien plus fortes, puisque 
certains individus de la première espèce devoient avoir une 
taille à peu près égale à celle de nos chevaux de moyenne 
grandeur. 

Le diamètre antéro-postérieur de notre pénultième molaire 
est de 0,028, et le diamètre transversal entre le lobe pos- 
térieur de 0,018. Mais sur l’ours noir d'Europe, cette dent 
n'a plus d’avant en arrière que 0,022, et transversalement 
0,015. Elle est encore plus petite dans l'ours noir d'Amé- 
rique, où elle ne présente plus d'avant en arrière que 0,018 
et traversalement que 0,014. Enfin, dans l'ours des Alpes, 
la même dent ne nous a offert d'avant en arrière que 0,019, 
et seulement 0,014 dans le sens traversal. 

La dernière molaire supérieure qui a appartenu à un in- 
dividu plus âgé, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, 
offre dans son diamètre antéro-postérieur 0,044, et dans la 
partie la plus étendue de son diamètre traversal 0,020. 

La même dent n’offre, dans l’ours noir d'Europe, d’avant 
en arrière que 0,032 , et traversalement 0,018. Chez l’ours 
noir d'Amérique, le diamètre antéro-postérieur est de 0,027, 
et le transversal de 0,015. Dans l’ours brun des Alpes, la lon- 
gueur dans le même sens est seulement de 0,028, et la partie 
la plus large seulement 0,015, comme dans la dernière mo- 


laire de l'ours noir d'Amérique. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 319 


Ces comparaisons suflisent sans doute pour démontrer 
combien notre ours à front bombé, qui ne paroît pas avoir 
de représentans parmi nos races vivantes, était supérieur en 
force et en dimensions à nos espèces actuelles, et combien 
il devoit être terrible et formidable; car ses besoins devoient 
ètre en rapport avec sa haute stature. 


$ IT. Des dents et du maxillaire inférieur. 


Nous rapportons encore au genre ours trois condyles du 
maxillaire inférieur, l’un du côté droit et les deux autres 
du côté gauche, qui ont été découverts dans les limons à 
ossemens de nos cavernes. Ces condyles, comparés à ceux 
des maxillaires inférieurs des ours vivans, n’ont présenté 
d'autre différence que dans leur grandeur relative. Ces frag- 
mens de maxillaires auroient donc appartenu à l’'ursus spe- 
lœus, c'est-à-dire à ia plus grande des espèces d’Ours qui à 
été entraînée dans nos cavernes. 

Commes ceux des ours vivans, ces condyles présentent 
une rainure ou gouttière qui part du côté externe du condyle. 
Cette gouttière descend d’abord obliquement en dedans, 
remonte de suite en gagnant toujours la partie interne; et 
en se contournant va se terminer à son extrémité interne, 
qui, au lieu lieu d’être légèrement pointue comme l’externe, 
paroît tronquée, présente le tiers d’un cercle à bord tran- 
chant, en laissant une dépression oblique à partir de ce 
bord vers le col. Dans le lion, au lieu de cette dépression, 
l'extrémité interne se termine par un tubercule obtus, carac- 
tère tranchant qui empêche de confondre nos portions de 
maxillaires, avec les grandes espèces du genre febes. 


320 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


D'ailleurs la surface articulaire du condyle présente, chez 
les ours, une portion demi-cylindrique, qui nait immédia- 
tement après l’apophyse coronoïde, et se porte plus en 
arrière et plus en bas que chez le lion. Dans ce dernier, la 
surface de cette portion demi-cylindrique n’est point aussi 
grande, surtout dans sa partie antérieure, près de l’apophyse 
coronoïide. 

En mesurant ces condyles d’une extrémité à l’autre, on 
trouve qu'ils ont jusqu'à 0,062, tandis que l’on n’observe 
plus que 0,047 dans l’ours noir d'Europe, 0,049 dans l'ours 
noir d'Amérique, et seulement 0,029 dans l’ours brun des 
Alpes. A la vérité , l'individu de cette dernière espèce qui 
nous a servi de terme de comparaison n’avoit point acquis 
son entier développement; c’est probablement à cette cause 
qu’il faut attribuer la petitesse de la dernière dimension que 
nous venons de donner. 

Le diamètre antéro-postérieur du demi-cylindre ne nous 
a présenté, dans l’ours à front bombé de nos cavernes, que 
0,023. Le mème diamètre a paru, dans l’ours noir d'Europe, 
égal à 0,016; dans celui de l'Amérique, à 0,016; et dans 
l'ours brun des Alpes, à 0,013. 

Nous ferons encore remarquer que l'épaisseur du cou du 
condyle de l’ursus spelœus des cavernes de Lunel-Vieil 
est, proportion gardée, plus mince et plus alongée que dans 
le lion vivant, avec lequel nous l'avons comparé. 

Nous rapporterons enfin à la même espèce d’ours, 1°. une 
partie antérieure de maxillaire inférieur droit découvert 
dans nos cavernes, et qui conserve encore sa canine; 2°. deux 
canines inférieures du côté droit; 3°. la couronne d’une ca- 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 321 


nine gauche supérieure ; 40. deux autres canines qui paroïssent 
avoir appartenu à des individus tout-à-fait adultes. 

Le fragment de maxillaire pourvu de sàcanine ne présente 
pas; dans l’espace qui sépare cetté dent d’avéc les molaires, 
les alvéoles qui, dans l’ours brun dés Alpés, servent à loger 
ses pétites fausses molairés dé lait. On sait que ces dents 
disparoissent avec l’âge chez cértains individus, tandis qu’oti 
les voit quelquefois persister, soit en tout, soit en partie. 
Un intervalle très-grand existe donc dans notre fragment 
entre la canine et la première faussé molaire persistante. La 
hauteur du maxillaire dans cet intérvallé est dé 0,052, tandis 
qu’il n'est plus dans l’ours noir d'Europe que de 0,044, 
dans celui d'Amérique de 0,036, et dans l'ours brun des 
Alpes de 0,034. 

L’épaisseur de ce maxillaire, mesurée en arrière du pre- 
mier trou méhtonnier, est de 0,028, tandis qu’elle n’est plus 
dans l'oùrs noir d'Europe que de 6,018, dans celui d’Amé- 
rique de 0,018, et dans celui des Alpes de 0,012. 

La longueur en ligne droite des canines isolées de l’ursus 
spelæus est de 6,095, dans Pours noir d'Europe de 0,080, 
ainsi que dans l’ours d'Amérique; celui des Alpes n’a pas pü 
être mesuré, la racine n'étant pas encore tout-à-fait formée. 

Quant à la plus grande largeur de la racine de la canine 
de l’ours de nos cavernes, nous l'avons trouvée de 0,027; 
celle de l’ours noir d'Europé étant de 0,024, et celle l’ours 
d'Amérique de 0,022, tandis que dans l’ours des Alpes elle 
n’est plus que de 0,018. 

La portion émaillée de la dent suit lés mêmes rapports. 
En effet, tandis qu’elle est de 0,036 dans la dent de l’#rsus 

Mém. du Muséum. 1. 18. 42 


322 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


spelæus, elle n’est plus que de 0,030 sur celle de l'ours noir 
d'Europe, de 0,024 sur celle de l'ours d'Amérique , et de 
0,025 dans l'ours brun des Alpes. 

Nous possédons également une troisième incisive du côté 
droit, que malheureusement nous n’avons pas pu comparer 
à ses analogues dans les différentes têtes d’ours qui nous 
ont servi de terme de comparaison, celles-ci ayant été per- 
dues. Cette dent n'a du reste rien de remarquable, si ce 
n’est sa grosseur et la forme particulière de sa pointe. Cette 
partie de la dent est en eflet plus courte que dans l'ours 
brun, et aussi fait-elle paroitre le lobe latéral plus écarté et 
plus long. 

Nous rapportons enfin à la même espèce d'ours deux mo- 
laires inférieures du côté droit, la pénultième et la dernière. 
Ces deux dents ont du reste les mêmes caractères que ses 
analogues de l’ours brun des Alpes; l’on y reconnoit les 


stries, et ses sillons disposés en différens sens, et enfin les 


petits mamelons qui couronnent la dernière. 

Le diamètre antéro-postérieur de la pénultième est de 
0,028, et le transversal de 0,018; dans l’ours noir le dia- 
mètre d'avant en arrière de la même dent est de 0,022, et le 
transversal de 0,015. Dans l'ours d'Amérique, le diamètre 
antéro-postérieur n’est plus que de 0,017, et le transversal 
de 0,010. Enfin la mème dent a chez l’ours brun, pour ex- 
pression de sa longueur, 0,021, et 0,013 pour celle de sa 
plus grande largeur. 

Quant à la dernière molaire inférieure droite de notre 
ursus spelæus, sa couronne n'a pas été usée par l'effet de la 
mastication. Son bord arrondi présente comme une série de 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 323 


petits lobes mousses, et le centre est chargé de stries en- 
foncées qui la sillonnent en différens sens. Cette dent offre 
dans son diamètre antéro-postérieur 0,023, et dans sa plus 
grande largeur 0,016. La même dent n’a plus, dans lours 
noir d'Europe, que 0,018, et 0,015 dans le sens transversal. 
Celle de l’ours noir d'Amérique encore plus petite, ne pré- 
sente, d'avant en arrière, que 0,015, et transversalement 
que 0,010; proportions peu différentes de celles de la mème 
dent dans l’ours brun des Alpes, où on la trouve pour les 
mêmes dimensions de 0,016 et de 0,070. 

D’après la grandeur relative des deux espèces d'ours en- 
sevelies dans nos cavernes, nous rapporterons encore à 
l’ursus spelœus un fragment de maxillaire inférieur gauche. 
Ce maxillaire a perdu son condyle, l’apophyse ere 
ainsi die le crochet ou apophyse angulaire. Il ne conserve 
donc qu’une portion de Palvéole de la dernière molaire; 
mais sa forme, ainsi que celle de la racine de cette dent qui 
rappelle assez bien celle d’un T, ne permet pas de douter 
qu'il appartienne au genre ours. On en doute d’autant moins, 
que l’on y adapteroit très-bien la dernière molaire que nous 
venons de décrire, si cette molaire étoit du même côté que 
notre maxillaire. 

La hauteur de ce maxillaire est, au bord externe et posté- 
rieur de l’alvéole, de 0,067, tandis que cette même hauteur 
n’est plus, dans l'ours noir d'Europe, que de 0,047, et dans 
l'espèce d'Amérique, que de 0,045. Ce fragment de maxil- 
laire ressemble beaucoup plus par sa forme, ainsi que par le 
peu de profondeur de la fosse massétérine, au maxillaire de 
Jours brun des Alpes, qu’à toute autre espèce; mais les pro- 


324 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 

portions sont tellement différentes, que la hauteur du maxil- 
laire, mesurée au même endroit que dans l'ysus spelœus 
de nos cavernes, n’est plus que de 0,037, c’est-x+dire, près 
de la moitié moindre. Cette différence entre les proportions 
des deux espèces peut facilement faire juger combien est 
fondé ce que nous avons déjà dit sur la grandeur et la sta- 
ture. des ours à, front bombé de nos cavités souterraines. Du 
reste, ainsi que nous l’observerons plus tard, l’ursus spelœus 
de nos cavernes ne paroïit pas avoir acquis d’aussi grandes 
dimensions que la mème espèce ensevelie dans les cavernes 
du nord de l'Europe, 


20. De l'ours à front aplati (ursus arctoideus). 


SL. Des dents. 


Nous n'avons pu constater la présence. de, cette, espèce 
dans nos souterrains que par quelques, dents isolées, et un 
seul cubitus, Cependant, comme ces dents ont appartenu à 
des individus, non-seulement adultes, mais vieux, et qu’elles 
nous ont présenté des, différences sensibles avec celles de 
l’ursus spelœus, mous croyons que cette espèce est assez 
bien établie sur les caractères fournis par ces, dents, et le 
cubitus dont nous avons déjà parlé. 

Les dents que nous signalons d’une manière spéciale sont, 
1°, une dernière molaire supérieure droite; 2°. deux pénuls 
tièmes supérieures gauches ; 3°. une antépénultième. infé- 
rieure du côté droit. Toutes ces dents comparées, à celles 
de l'ours noir d'Europe, qui, comme l’ursus arctoïideus, 


avoit le front aplati, n’ont pas paru différer par leur forme; 


DES CAVERNNES DE LUNEL-VIEIL. 325 


et il faut bien remarquer que l'individu qui nous a servi de 
terme de comparaison étoit très-àgé, comme les individus 
dont provenoient les dents découvertes dans nos cavernes. 
L’ours noir d'Europe dont nous possédons le squelette avoit 
donc pris tout son accroissement, et comme l'émail de sa 
dernière molaire d'en haut avoit tout-à-fait disparu de la 
couronne, on peut juger que cet individu étoit très-âgé. Les 
dimensions de ces dents, rapprochées de celles des dents de 
l'ours noir, n’ont point paru différer; à peine ont-elles offert 
quelques millimètres en plus des dernières. Néanmoins notre 
dernière molaire supérieure présente une plus grande lar- 
geur vers sa partie antérieure, qui est de 0,020, et une 
longueur de 0,037. La mème dent n’a plus en largeur dans 
l'ours noir que 0,018, et en longueur 0,036. 

De pareilles différences dans les dimensions s’observent 
également dans les pénultièmes supérieures, qui ont jusqu’à 
0,023 pour expression de leur longueur d’avant en arrière, 
et de 0,018 pour celle de la largeur. La même longueur 
de la pénultième supérieure de l'ours noir n’est plus que 
de 0,022, et sa largeur de 0,016. Quant à l'antépénultième 
inférieure du côté droit, elle offre à peu près les mêmes di- 
mensions dans l’ours de nos cavernes, comme dans l’ours 
noir d'Europe, c’est-à-dire, d'avant en arrière, de 0,024, 
et en largeur, vers la partie la plus épaisse, 0,012. 

Outre les dents que nous venons d'indiquer, M. Gautier, 
propriétaire des cavernes de Lunel-Vieil, en possède quel- 
ques autres qui ont été extraites de ces cavernes, et qui se 
rapportent à l’ursus arctoïdeus. Elles en ont du moins tous 
les caractères, et, par exemple, la pénultième supérieure ne 


326 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


présente point de stries sur la surface de sa couronne, ni à 
sa face interne, comme la même dent dans l'ursus spelœus. 


$ I. Du cubitus. 


Nous rapportons encore à l’ursus arctoïdeus un cubitus 
gauche qui malheureusement n’est pas entier. Il y manque, 
en effet, une partie de l’olécrâne, ainsi que l’extrémité infé- 
rieure. Ce cubitus ne pourroit être confondu qu'avec celui. 
du lion ; mais ses caractères l’en éloignent totalement, ainsi 
que du cubitus des hyènes et du loup. Nous voyons du 
moins la cavité qui recoit la tête du radius être, propor- 
tion gardée, beaucoup plus petite que dans les carnassiers 
dont nous venons de rappeler les noms. L’obliquité de son 
articulation avec l’humérus, le peu de hauteur de l’olécràne, 
la petitesse de son articulation avec la partie supérieure du 
radius, sont autant de caractères qui doivent faire ranger 
notre cubitus parmi ceux du genre ours. D'un autre côté, 
ce cubitus étant assez rapproché par sa forme de celui de 
l'ours noir d'Europe, et n’en différant pas d’une manière 
bien sensible par ses dimensions, il est extrêmement pro- 
bable qu'il a appartenu à l'espèce désignée par M. Cuvier 
sous le nom d’ursus arctoïdeus , dont les débris, ainsi que 
nous l'avons déjà fait observer, abondent dans les cavernes 
du nord de l'Europe. Les ossemens qui se rapportent à cette 
espèce sont, au contraire, fort rares dans les cavernes de 
nos contrées méridionales, et même, à ce qu'il paroît, dans 
celles que l’on voit le plus rapprochées du centre des hautes 
montagnes. L'ursus spelæus paroït du moins la seule espèce 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIFIL. 327 


abondante dans les cavités souterraines du midi de la France 
qui ont une pareille situation géographique. Mais cette es- 
pèce ne semble pas, cependant, avoir acquis dans nos con- 
trées les mêmes dimensions que les individus ensevelis dans 
les cavernes du nord de l’Europe, ainsi que l'annonce le 
tableau comparatif que nous tenons des dimensions des di- 
vers individus de lursus spelœus déjà décrites. Cette diffé- 
rence n’indiqueroit-elle pas qu’à l’époque où les débris de 
cette espèce ont été entraînés dans nos souterrains, les cli- 
mats étoient déjà établis de la même manière qu’ils le sont 
actuellement? Ces faits étant loin d’être les seuls qui amènent 


à la même conséquence, on peut le présumer avec quelque 
fondement. 


TABLEAU 


Des dimensions de quelques parties des têtes et des dents de trois de 
d’'Iserlohn, près Sundwich en Westphalie, et les dents 


Longueur de la tête depuis l’épine ou protubérance occipitale aux imcisives....................,..... 
Largeur du crâne entre les apohyses postorbitaires du frontal.,........,.....:.4... 
Distance de l’épine occipitale à une ligne qui couperoit en travers les apophyses postorbitaires du frontal 


d'uu'côte Alantre. 229206 esse cc rbameensarbeneesenee NA SE CEUMeRRARIES ee NUS 


Distance de la même ligne aux incisives........... 
Distance de cette higne x la réunion des crêtes qui viennent des apophyses postorbitaires du frontal pour 


une 


former la crête sagittale............e..ssssesoossssecccsscessec ee tmemepemretbosesses es 


Plus grande largeur des arcades zygomatiques................ 
Distance d’une apophyse postorbitaire de l’os malaire d’un côté à celle du côté opposé................. 
Longueur d’une incisive latérale ou troisième SUDÉLIENTE ==. sense eMi Rec 


Pénultieme molaire supérieure , mesurée dans son diamètre antéro-postérieur..........ses-see 


Pénultieme molaire supérieure, mesnrée dans le diamètre transversal. ....... 


nn ns sms 


Dernière molaire supérieure mesurée dans son diamètre antéro-postérieur. . 


Dernière molaire supérieure mesurée dans son diamètre transversal ....... 


Diamètre antéro-postérieur du demi-cylindre ou surface articulaire ............,.....,............. 
Hauteur du maxillaire inférieur prise dans l’intervalle entre la canine et la premiere fausse molaire... ... 
Épaisseur de ce maxillaire mesuré en arrière du trou mentonnier. ....,....,.....m..,.. 
Hauteur de la couronne d’une troisième incisive, ou latérale inférieure prise en dehors ......... 


….. 


Canine inférieure isolée mesurée en ligne droite......... 


Hauteur de la portion émaillée de la même canine............,.................................8 


La même canine, mesurée à la partie la plus large de sa racine. ............. 


Longueur antéro-postérieure de la dernière molaire inférieure ou tuberculeuse. 
Diamètre transversal de la même dent .............,....... 
Hauteur du maxillaire inférieur en arriere de la tuberculeuse......,....,... 


COMPARATIF 
nos ours vivans, avec celles de la tête de l’ursus spelæus de la caverne 


de l’ursus spelæus, ef l’ursus arctoïdeus des cavernes de Lunel-V'ieil. 


URSUS spELÆEUS | URSUS SPELÆUS | URSUS ARCTODEUS, | OURS NOIR | Guns NorR | OURS BRUN 


de de D'EUROPE, 
d'Iserthon. Lunel-Vieil. Lunel-Vieil. Ursus arctos. D'AMÉRIQUE. DESRALERS: 
a, , 
0,527 » » 0,325 0,310 0,230 
0,140 » » 0,114 0,120 0,077 
0,290 5 5 0,175 0,193 0,133 
0,250 5 » 0,167 0,145 0,125 
0,110 » » k 0,098 0,113 0,105 
0,311 » » 0,190 0,210 0,137 
0,175 » » 0,130 0,135 0,097 
, 0,041 » 0,036 » 0,036 
0,015 0,012 ” 0,010 » +  o,oro 
0,018 0,016 » 0,015 » 0,015 
0,030 0,028 0,023 0,022 0,018 0,019 
0,021 o,o18 0,018 0,016 0,014 0,014 
0,050 0,044 0,037 0,034 0,027 0,028 
0,025 0,020 0,020 0,018 0,015 0,015 
» 0,062 » 0,047 0,049 0,029 
» 0,023 » 0,016 0,016 0,013 
» 0,052 » 0,044 0,036 0,034 
» 0,028 » 0,018 0,018 0,012 
ë 0,013 ” » » 0,010 
” 0,095 » 0,080 0,080 0,080 
» 0,036 » 0,030 0,024 0,025 
» 0,027 2 0,024 0,022 0,018 
>» » 0,024 0,024 0,019 0,021 
» » 0,012. o,011 0,009 0,010 
» 0,028 » 0,022 0,017 0,021 
» 0,018 » 0,015 0,010 0,013 
» 0,023 » 0,018 0,015 0,016 
» 0,016 » 0,015 0,010 0,010 
» 0,067 » 0,047 0,045 0,037 


Mém. du Muséum. t. 18. 43 


330 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


30. Du blaireau d'Europe (ursus meles). 


Notre troisième espèce d’ours a été établie sur un assez 
grand nombre de pièces osseuses, pour n'avoir aucun doute 
sur le rapprochement que nous en avons fait avec l’ursus 
meles, ou blaireau d'Europe. Parmi les principales pièces 
osseuses qui nous ont servi à caractériser cette espèce, nous 
mentionnerons, 1°. un museau entier que nous avons fait 
figurer; 2°. une branche droite du maxillaire inférieur ; 
3°. trois autres branches du côté gauche du même os; 4°. un 
humérus droit entier, que nous avons également fait figurer; 
5°. une foule d’autres pièces osseuses, dont plusieurs font 
partie de nos collections, ou de celles de la Faculté des 
sciences, ou enfin de celles de M. Gauthier de Lunel, dont 
l’obligeance a été si grande pour nous. D’après le nombre 
des fragmens qui nous restent de cette espèce, il paroit que 
le blaireau était, à l'époque où nos espèces ont été entrai- 
nées dans nos cavernes, plus abondant sur notre sol que 
les autres ours , tels que le spelœus et l’arctoïdeus qui 
lui sont contemporains. À la vérité, le blaireau s'étend peu 
dans les stations qu’il s’est choisies, et il ne se transporte 
à de grandes distances, et d’un lieu dans un autre, qu'avec 
peine et difliculté. Ce point de fait peut nous faire concevoir 
comment le blaireau est encore si rare parmi les espèces 
considérées jusqu’à nous comme fossiles, c'est-à-dire, parmi 
celles qui, enterrées dans les dépôts quaternaires, paroissent 
avoir été détruites à l’époque la plus ancienne de la pé- 
riode alluviale actuelle. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 33: 


Le museau du blaireau de nos cavernes n’a rien de re- 
marquable, si ce n’est des proportions un peu plus fortes 
que le blaireau actuellement vivant. A la vérité, cette cir- 
constance peut tenir à l’âge qu'avait l'individu dont pro- 
vient notre museau. Ce qu'il y a de certain, c’est que ce 
fragment osseux présente toutes ses dents, lesquelles sont 
usées presque jusqu'à la base de leur couronne, et que, 
d'après cette usure, l'animal qui avoit de pareilles dents 
devoit être non-seulement adulte, mais fort âgé. 

Ce museau, rapproché de celui du blaireau d'Europe, n’a 
offert d'autre différence que dans son diamètre. En effet, 
nous avons comparé la distance qui existe entre les pointes 
des apophyses orbitaires du frontal à celle du côté opposé, 
et nous avons trouvé que cette distance est de 0,040 dans 
l'espèce de nos cavernes, tandis qu’elle n’étoit plus que de 
0,036 dans le blaireau vivant. Nous avons fait cette compa- 
raison sur la plus grosse tête des divers individus de blaireau 
que nous possédons, ayant également le soin de choisir celles 
qui se rapportoient à l'individu le plus âgé. 

La distance que nous avons observée sur notre espèce, de- 
puis le bord incisif mesuré entre les deux incisives moyennes, 
jusqu'à la réunion des deux arêtes qui partent des deux 
apophyses postorbitaires pour aller former la suture sagittale, 
après s'être réunies, est de 0,087, tandis que nous ne l'avons 
plus trouvée que de 0,084 sur notre tête de comparaison. 
Le trou sous-orbitaire est également beaucoup plus large 
dans l'espèce de nos cavernes; l’écartement du tubereule 
moyen et externe de la tuberculeuse supérieure d’un côté à 
celui correspondant de la tuberculeuse de l’autre côté, est 


332 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


également plus considérable. En effet nous le trouvons de 
0,044, et seulement de 0,042 dans la tête qui nous sert de 
terme de comparaison. Enfin l'intervalle qui sépare la face 
externe d’une canine à celle du côté opposé est.de 0,033, 
tandis qu'il n’est plus que de 0,030 dans l'espèce vivante. 
Les mèmes différences de grandeur que nous avons ob- 
servées entre la tête du blaireau de nos cavernes et celles des 
divers individus qui nous ont servi de terme de comparai- 
son, existent entre celles de ces mêmes individus. Ces diffé- 
rences restent done dans les limites des variations qu'éprou- 
vent les espèces les mieux circonscrites. Du reste, les diffé- 
rences qui tiennent aux dimensions sont assez sensibles dans 
les diverses espèces enterrées dans nos souterrains, pour nous 
faire présumer que ces espèces détruites, en tout semblables 
aux nôtres, avoient généralement de plus fortes proportions 
que celles qui les représentent dans les temps présens. Ces 
dimensions plus considérables tiendroient-elles à une nour- 
riture plus abondante, ou à une température plus élevée, 
que ces espèces trouvoient dans nos régions, ou à ce qu'elles 
étoient pour lors plus rapprochées de leur état ou de leur 
type primitif? ou doit-on les attribuer à toute autre cause ? 
c’est ce que nous n'avons nullement la prétention de décider. 
11 nous suflit d’avoir établi le point de fait, qui est assez cu- 
rieux pour ne pas être passé sous silence, persuadé que d’au- 
tres, placés dans des circonstances plus favorables, sauront 
en tirer des conclusions en harmonie avec nos connoïissances, 
et en même temps utiles aux progrès de la géologie positive. 
Quant aux maxillaires inférieurs découverts dans nos ca- 
vernes, et qui se rapportent à la mème espèce de blaireau, 


DES CAVERNES DE, LUNEL-VIEIL. 333 


ils se ressemblent tous par leurs caractères anatomiques. Ils 
ne différent les uns des autres que par un peu plus où un 
peu moins de force: ce qui dépend de l'âge des divers indi- 
vidus auxquels ils ont appartenu; ce que confirme les diffé- 
rens degrés d'usure des dents: Les unes en effet sont usées 
jusqu'au collet, tandis que les autres conservent leurs tuber- 
cules aigus dans une parfaite intégrité, comme les dents qui, 
ayant peu sérvi, n’ont pas encore éprouvé l'effet de la détri- 
tion, Enfin l’humérus entier que nous avons fait figurer ne 
diffère en rien de humérus du blaireau d'Europe, si ce n’est 
que, comme les aûtres pièces osseuses qui se rapportent au 
blaireau de nos cavernes, il a an peu plus de force et de 
volume. 

En résumé, la: petite espèce d'ours entrainée dans nos 
cavernes aves les wrsus spelœus et arctoideus, ne différant 
pas d’une manière essentielle du blaireau d'Europe, doit être 
rapportée à cette dernière espèce. Notre blaireau avoit pro- 
bablement le même genre de vie et les mêmes mœurs que 
le blaireau vivant, à en juger du moins par le genre d’usure 
qu'ont éprouvé ses dents, usure qui est entièrement sem 
blable à celle que l’on observe dans le blaireau d'Europe. 
Cette espèce étoit d'autant plus intéressante à signaler, qu’elle 
paroît peu répandue parmi les mammifères terrestres dissé- 
minés dans les dépôts diluviens; et en effet, on ne l’a guère 
indiquée jusqu'ici que dans un très-petit nombre de localités. 
Aussi le blaireau est-il assez rare parmi les espèces détruites, 
et celles considérées jusqu’à nous comme antédiluviennes. 


334 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 
DIGITIGRADES. 


10. Putois (putorius Cuv. ) 


Nous possédons deux fragmens de cubitus, l'un du côté 
droit et l’autre du côté gauche, qui signalent un carnassier 
digitigrade, entre le putois et le furet. Nous étions à peu près 
décidés à rapporter ces deux fragmens osseux au putois 
(mustela putorius ), lorsque M. de Christol nous a fait part 
d’une observation qui lui est propre, et qui nous a fait sen- 
ür que le rapprochement que nous avions fait devoit être 
fondé. En effet, cet habile observateur nous a assuré avoir 
découvert dans les cavernes de Lunel-Vieil une mächoire 
supérieure, un humérus entier et un tibia, qui ne différoient 
par aucun caractère appréciable des os analogues du putois 
commun. Malheureusement il n’a pas pu nous montrer les 
pièces sur lesquelles il fondoit son opinion; mais son habileté 
reconnue, jointe à notre observation, suflit pour faire ajouter 
le putois aux débris des carnassiers qui ont été entraînés 
dans nos souterrains. Du reste, cette espèce avoit déjà été 
reconnue parmi celles qui ont été entrainées dans les cavités 
souterraines. 


20, Loutre (lutra). 


Quoique nous n’ayons pas pu établir l’existence de cette 
espèce dans nos cavernes par un grand nombre de pièces 
osseuses, le maxillaire qui nous a servi à la reconnoître a des 
caractères trop positifs pour douter de son existence dans les 
lieux où vivoient nos autres carnassiers. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIFIT. 335 


La branche de maxillaire inférieur du côté droit, que 
nous rapportons à la loutre commune (rrustela lutra Linn.), 
est privée de son apophyse coronoïde et de son condyle. On 
n'y voit pas non plus les incisives, la canine, ni la tubercu- 
leuse, mais seulement les seconde et troisième fausses mo- 
laires, et enfin la carnassière. 

Quoique ce maxillaire présente les caractères généraux de 
la dentition des martes, on n’y observe pas cependant, comme 
dans les espèces de ce genre, ni comme chez le glouton 
(würsus gulo ), la première fausse molaire rudimentaire à une 
seule racine, qui se trouve à la base de la canine dans ces 
espèces. L’on y découvre seulement, comme chez Île putois 
(mustela putortus), le zorille (»iverra zorilla Gm.), le 
grison (25erra vittata Linn.), et le tayra (mustela bar- 
bara Vin.) , trois fausses molaires à deux racines, lesquelles 
sont placées obliquement, comme dans le ratel ( verra 
mellivora). C’est surtout la première de ces fausses molaires 
dont la direction est oblique, et son obliquité est même 
beaucoup plus grande que celle de la seconde. 

Quant à la carnassière, elle a les mêmes caractères que 
la même dent dans les moufettes et le midaus, c’est-à-dire 
qu’elle est divisée en deux parties à peu près égales. L’anté- 
rieure est composée de trois tubercules pointus, formant 
une sorte de triangle, et dont les deux plus extérieurs, tran- 
chans et aigus, rappellent assez bien la carnassière des chats 
(felis ). La partie postérieure de cette dent forme un talon 
creux à bord tranchant, composé de deux tubercules peu 
saillans, lesquels sont séparés par de petits sillons à peine 
distincts. Le postérieur l’est cependant beaucoup plus que 


336 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


Vantérieur. La base de ces tubercules tranchans repose sur 
un petit rebord extérieur assez saillant, lequel est situé à la 
base de la couronne. Ce rebord existe également dans les 
fausses molaires. Du reste, le bord interne du talon présente 
uue forme circulaire, et il est tranchant; disposition qui, 
comme celles que nous venons de détailler, annonce combien 
notre espèce devoit être carnassière. 

La tuberculeuse qui manque dans notre maxillaire paroît 
avoir été plus forte que ne l’est la même dent chez lesmartes; 
par ce caractère elle se rapproche beaucoup plus de la loutre 
que du premier de ces genres. 

. Ces caractères réunis éloignent toute idée de rapproche- 
ment entre notre maxillaire et celui des moufettes. D'un 
autre côté, on ne/peut douter qu'il wait appartenu à une 
espèce plus grande-et plus forte. En effet, une comparaison 
exacte de ce ‘fragment avec un maxillaire inférieur de Ja 
loutre commune, qui provenoit d’un individu très-vieux, a 
prouvé que:ce fragment devoit avoir appartenu à un individu 
adulte du genre loutre, et fort rapproché de Fespèce qui vit 
dans les rivières d'Europe. Les loutres ensevelies dans nos 
cavernes devoientavoir cependant des dimensions plus con- 
sidérables et plus fortes que l'espèce vivante, à en juger du 
moins par celles qu’indique le fragment que nous décrivons: 
Elles paraissent encore différer’ de notre espèce par la posi- 
tion plus oblique de leurs fausses molaires, et surtout de la 
seconde de:ces fausses molaires. | 

Mais pour mieux démontrer ce point de fait; nous avons 
comparé notre maxillaire avec celui de Fespèce vivante; et 
tandis que nous avons trouvé la distance du bord antérieur 


DES CAVERNES DE LUNEL-+VIEIL. 457 


alvéolaire des incisives au bord de la fosse massétérine de 
0,050, la même distance n’a plus été que de 0,041 dans le 
squelette de loutre le plus fort que nous possédions. 

La carnassière nous a présenté 0,014 d'avant en arrière, 
et une largeur à la partie la plus renflée de 0,008. La hau- 
teur de la pointe tranchante extérieure du tubercule posté- 
rieur qui concourt à former le triangle a offert 0,007; enfin 
le rebord placé en dehors et au-dessus de la couronne nous 
a paru plus saillant et plus marqué que dans l'espèce vivante, 
qui est loin d'offrir dans les dimensions de sa carnassière 
les mêmes proportions. Du moins le diamètre antéro-pos- 
rieur n’est, dans cette dernière espèce, que de 0,012; sa 
largeur dans la partie la plus renflée de 0,006, et la hau- 
teur de la pointe du tubercule tranchant postérieur, qui 
forme le triangle, seulement de 0,005. 

Les autres dents comparées ensemble ont présenté les 
mêmes rapports, qui ont toujours annoncé de plus fortes 
proportions à l'espèce ensevelie dans nos souterrains. Enfin 
l’on ne doit pas perdre de vue que la première et surtout 
la seconde fausse molaire sont placées beaucoup plus obli- 
quement dans la loutre de Lunel-Vieil que dans l'espèce 
vivante, où ces dents ont à peu près la mème direction. 

Notre maxillaire se distingue donc uniquement par sa force 
et ses proportions de celui de la loutre commune, Sa hau- 
teur prise au bord alvéolaire du milieu de la carnassière est 
de 0,016; son épaisseur de 0,009, tandis que cette même 
hauteur dans l'espèce vivante n’est plus que de 0,011, et son 
épaisseur de 0,005. 

La cavité de notre maxillaire dans laquelle est logée la 


Mém. du Muséum. t. 18. AA 


338 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


tuberculeuse est plus grande que dans l'espèce vivante; il en 
est de même de celle qui reçoit la canine, La fosse massétérine 
est également plus profonde; le bord antérieur de l’apo- 
physe coronoïde est plus rejeté en dehors, de manière que la 
tuberculeuse est plus en dedans. Ces caractères réunis sem- 
blent annoncer que, quoïque la loutre commune vivante soit 
très-carnassière, et qu'elle jouisse d’une grande force muscu- 
laire, la loutre des cavernes de Lunel-Vieil en jouissoit cepen- 
dant à un plus haut degré. Mais peut-on conclure de ces dif- 
férences que cette dernière constituoit une espèce distincte et 
bien caractérisée? c'est ce que nous n’oserions décider, sur- 
tout avec le petit nombre de pièces osseuses que nous avons 
pu réunir parmi le grand nombre de celles que leur mollesse 
ou leur altération n’a pas permis de reconnoitre et de con- 
server. 

En résumé, le maxillaire et les dents que nous venons de 
décrire suflisent pour signaler un carnassier de la tribu des 
digitigrades. Les caractères que ces pièces osseuses fournis- 
sent sont plus que suflisans pour faire saisir que notre car- 
nassier, très-rapproché des martes par son système général 
de dentition , s’en éloignoit pourtant par la forme particulière 
de ses dents. Cette forme est tellement analogue à celles que 
présentent les dents de la loutre commune, que notre car- 
nassier doit être assimilé à cette espèce, dont il ne différoit 
probablement que par plus de force et une plus grande taille: 

Noscavernes recéleraient donc deux espèces demammiféres 
terrestres qui vivent ordinairement dans les eaux douces (1); 


(1) La loutre avoit déjà été observée parmi les dépôts fluviatiles et ceux d’alluyion. 


PES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 339 


car outre laloutre dont nous nous occupons, nos cavernes nous 
ont offert des débris de castor qui semblent bien rapprochés 
du castor fiber, ainsi que les figures que nous en donnerons 
permettront de s’en assurer. Si les carnassiers avoient pro- 
duit l’étrange rassemblement des espèces ensevelies dans nos 
cavernes, la présence de ces deux espèces qui vivent ordi- 
nairement dans nos rivières ou les fleuves paroitroit singu- 
lière; mais comme nous attribuons ce rassemblement à une 
toute autre cause, c’est-à-dire aux alluvions qui ont dispersé 
le dilupium sur la surface du sol, la présence de ces animaux 
aquatiques dans nos souterrains ne peut pas plus nous étonner 
que celle des animaux terrestres qui les accompagnent, mais 
dont les débris sont de beaucoup les plus nombreux. 


GENRE CHIEN (CANIS). 


Les carnassiers que nous aïlons décrire se rapportent à la 
deuxième division des digitigrades, c’est-à-dire à ceux qui ont 
deux tuberculeuses plates derrière la carnassière supérieure. 
Cette tribu n’est représentée dans nos cavernes que par le 
genre chien (canis), genre qui comprend seulement deux 
espèces. Ces deux espèces sont fort rapprochées : la première, 
ou la plus grande, du chien domestique(cants fanuliaris), et 
de la race connue vulgairement sous le nom de chien d’ar- 
rêt; la seconde paroit tout-à-fait analogue au renard (cars 
vulpes). L'on auroit pu en reconnoître jusqu'à trois, si les 
caractères tirés de la grandeur pouvoient être considérés 
comme spécifiques, et non comme étant dans les limites des 
variations qu'éprouvent les espèces les mieux circonscrites; 


340 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


mais toujours résulte-t-il de nos observations que le plus 
grand canis de nos cavernes, dont la force étoit inférieure 
à celle du loup (caris lupus ), présentoit d'assez grandes dif- 
{érences dans sa stature, différence sensible même sur le petit 
nombre d'individus qui nous restent de cette espèce. 

Nous allons donc indiquer ces deux espèces, en commen- 
çant par celle qui est fort rapprochée du chien ordinaire. 


10, Chien (canis familiaris. ) 
A. Os de la tête. 


Les plus grands individus des chiens ensevelis dans les 
cavernes de Lunel-Vieil semblent, d’après leur taille, avoir 
été intermédiaires entre le chien courant et le loup. Les os 
de la tête qui ont servi à établir cette espèce sont, pre- 
mièrement, deux fragmens de maxillaire superieur du côté 
gauche : l’un de ces maxillaires offre la carnassière et l'a- 
vant-dernière tuberculeuse, tandis que l’autre ne conserve 
plus que les deux dernières tuberculeuses, Ces dents ne dif- 
fèrent point de celles du chien ordinaire : quoique peu usées, 
elles signalent cependant, comme les maxillaires dont elles 
dépendent, des individus tout-à-fait adultes. 

Pour mieux faire juger du rapport que présentent ces dents 
avec celles de nos espèces vivantes, nous les avons comparées, 
ainsi que les os que nous allons signaler, avec les squelettes du 
loup, du chien d'arrêt et du chien dogue, La longueur d'avant 
en arrière de la carnassière du chien de nos cavernes est de 
0,022; celle du chien loup est de 0,024, et celle du chien 
courant seulement de 0,019. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIFIL. 341 


La tuberculeuse qui succède à la carnassière a, pour expres- 
sion de son diamètre transverse, 0,019; dans le loup, 0,021, 
et dans le chien courant 0,018. 

Quant à la dernière tuberculeuse, son diamètre transverse 
est de 0,013; de 0,012 dans le loup, et de 0,071 dans le chien 
courant. 

Le chien enseveli dans nos cavernes ayant sa dernière tu- 
berculeuse plus large que celle du loup, devoit être moins 
carnassier que cette espèce, conclusion qu’annonce également 
le peu de force des branches de son maxillaire. 

Outre ces fragmens de maxillaires supérieurs, nous possé- 
dons deux demi-maxillaires inférieurs qui paroissent avoir 
appartenu au même individu; du moins ces deux fragmens 
se sont parfartement joints, en sorte qu'ils nous ont donné 
la forme exacte du maxillaire inférieur. La plupart des dents 
s’y trouvent encore; il n'y manque que la première fausse 
molaire du côté droit, et les deux tuberculeuses du côté Op- 
posé qui viennent immédiatement après la carnassière. Notre 
maxillaire seroit donc à peu près complet, s’il n’avoit pas été 
privé de ses branches montantes. 

On cherche en vain dans ce maxillaire la petite tubercu- 
leuse que l’on voit dans le loup et le renard, en arrière de la 
dent qui suit la carnassière. Cependant cette même dent pa- 
roit avoir existé dans certains maxillaires des chiens de nos 
cavernes, où l’on aperçoit encore les alvéoles qui les renfer- 
moient, alvéoles qui sur d’autres se montrent oblitérées. La 
petite tuberculeuse dont nous parlons s’observe également 
dans plusieurs maxillaires des chiens vivans de races diffé- 
rentes, avec cette particularité, que tandis que cette dent existe 


342 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


sur un côté, on n'en voit pas de traces distinctes sur le côté 
opposé. 

L'absence de la dernière tuberculeuse, dans certains maxil- 
laires inférieurs des chiens vivans, comme dans ceux des chiens 
de nos cavernes, tiendroit-elle uniquement de la différence 
d'âge des individus où elle existe, comparés à ceux où l’on 
n'en voit plus de traces? Il paroitroit bien que chez les chiens 
vieux et très-àgés cette dent manque quelquefois, parce que 
la dent a été expulsée de l’alvéole où elle étoit logée, tandis 
que, d’un autre côté, on la retrouve assez fréquemment 
chez la plupart des jeunes individus. Mais il suffit que cette 
dent existe chez certains chiens, et que d’autres en soient 
privés, pour ne devoir pas en attribuer d’une manière géné- 
rale l'absence à l’âge ou à l'effet de la mastication. 

Sans doute les chiens ensevelis dans les cavernes de Lu- 
nel-Vieil sont plus semblables au chien, tel qu’on suppose 
qu'il étoit avant d’avoir subi l'influence de l’homme, qu’à la 
plupart des races domestiques, puisqu'ils paroiïssent inter- 
médiaires entre le loup et le chien d’arrêt. Leur museau étoit 
en effet plus alongé, comme le devient celui des chiens qui, 
abandonnés à eux-mêmes, retournent à l’état sauvage. Toutes 
les parties de leur squelette étoient plus fortes, toutes pro- 
portions gardées, surtout les vertèbres dorsales et lombaires, 
que ne le sont ces mêmes parties dans la plupart de nos 
chiens, à l'exception cependant du chien de berger. Les em- 
preintes des attaches musculaires confirment la même re- 
marque, et annoncent des carnassiers plus forts et plus ro- 
bustes que la plupart des chiens actuels. Mais tandis que 
certains individus de ces chiens présentent de nombreux rap- 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 343 


ports avec le loup, d’autres en offrent avec le renard, ainsi 
que nous le ferons plus tard observer, preuve indépendante 
de la première, et qui annonce comme celle-ci que nos 
chiens n’avoient pas entièrement conservé l’uniformité de 
leur type primitif, ni une identité absolue dans leurs carac- 
tères essentiels, à moins que l'on ne considère ces diffé- 
rences comme spécifiques, et non comme des caractères an- 
nonçant diverses races de chiens. 

Nous devons aussi faire remarquer que dans les squelettes 
de loup que nous avons sous les yeux la dernière tubercu- 
leuse supérieure recouvre entièrement la dernière tubercu- 
leuse inférieure. De même, chez le renard, la dernière tu- 
berculeuse supérieure recouvre la moitié antérieure de la 
dernière tuberculeuse inférieure, tandis que chez les chiens 
cette même dent supérieure avance presque tout-à-fait sur 
la partie antérieure de la dent inférieure, au point que celle- 
ci reste tout-à-fait en arrière, et n’est point soutenue par la 
supérieure; disposition qui permet à cette dent de fuser hors 
de son alvéole, et de disparoître de bonne heure. L'on voit 
également sur quelques têtes de renards que cette dernière 
tuberculeuse a disparu d’un côté, que l'alvéole est oblitérée, 
tandis qu’elle existe du côté opposé. 

Il paroitroit donc que lorsque les dents ne sont pas soute- 
nues par celles qui leur sont superposées, ces dents fusent et 
sont chassées peu à peu de leurs alvéoles, qui, à la longue, 
finissent par s’oblitérer, en sorte que leur présence ou leur 
absence dépendant de cette disposition, et par suite de l’âge, 
ne peut être considérée comme un caractère spécifique, ni 
peut-être comme celui d’une race particulière et distincte. 


544 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


Certains des chiens ensevelis dans les cavernes de nos 
contrées méridionales présenteroient donc la petite tuber- 
culeuse qui, chez le loup et le renard, se trouve en arrière 
de la tuberculeuse placée après la carnassière, et d’autres en 
seroient complétement privés. Cette différence remarquable 
n'indique pourtant pas une espèce différente, ni mème peut- 
être à elle seule plusieurs races parmi les chiens dont les dé- 
bris se montrent dans nos souterrains, On a admis cependant 
que, par une suite de notre influence, nous avions développé 
dans le chien une fausse molaire de plus, soit d’un côté, soit 
de l’autre, comme nous avions produit dans certaines races 
de chiens un doigt de plus au pied de derrière, avec ses os 
du tarse correspondans (1). Or les différences étant ici du 
même ordre, n'indiqueroient, si l’on adopte cette dernière 
opinion, que des variations d’une mème espèce, ou des races 
diverses distinguées par des caractères déjà assez profonds, 

Du reste, les formes des dents de nos chiens ne paroissent 
pas différentes de celles des chiens vivans. Il y a plus encore, 
l’usure des dents a dû s’opérer comme dans les temps pré- 
sens, puisqu'elle a produit le même genre de détrition dans 
les unes et dans les autres. 

Les branches des maxillaires des chiens de nos cavernes 
diffèrent de celles du loup par leur force moins considérable, 
ainsi que par le rapprochement de la carnassière d’un côté à 
celle du côté opposé, rapprochement qui devoit donner à 
u0$ chiens un museau plus alongé , et les rendre assez sembla- 


bles aux lévriers. 


1) Discours sur les révolutions de la surface du Globe, par M. Cuvier, p. 124 


et 125. 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 345 


Aussi la distance que l’on observe sur notre maxillaire in- 
férieur entre le bord tranchant de la première incisive et le 
bord postérieur de la tuberculeuse placée après la carnas- 
sière est-il de 0,105, tandis que l’on trouve pour la même 
distance dans le loup 0,118, dans le chien d’arrêt 0,101, et 
dans le dogue 0,111. 

La carnassière a dans son diamètre antéro-postérieur 0,025, 
tandis qu’elle offre 0,028 dans le loup, et seulement 0,022 
dans le chien d'arrêt, et 0,024 dans le dogue. Quant à l’é- 
cartement qui existe entre la pointe la plus élevée de la car- 
nassière et celle du côté opposé, on le trouve de 0,045 dans 
notre espèce, et de 0,055 dans le loup. 

Sept autres fragmens de maxillaire inférieur, dont trois 
du côté gauche et quatre du côté droit, ne nous ont pré- 
senté des différences entre eux que dans le plus ou le moins 
de force des branches qui en font partie, ainsi que dans le 
diamètre antéro-postérieur de leur carnassière, qui varie de- 
puis 0,022 jusqu’à 0,028. Il est cependant un de ces frag- 
mens dont la canine plus longue et plus aiguë, ainsi que le 
moins de hauteur des branches du maxillaire dans le sens 
vertical des dents, pourroit faire supposer que cette portion 
de maxillaire avoit appartenu au renard. Mais le renard qui 
auroit eu un pareil maxillaire auroit été d’une taille tellement 
supérieure à celle de l'espèce vivante, que, comme ses autres 
rapports ne viennent point confirmer un pareil rapproche- 
ment, on pourroit, en se fondant sur ces différences, sup- 
poser que les chiens de Lunel-Vieil constituoient plusieurs 
espèces ou races distinctes. 

Nous possédons encore neuf canines, soit inférieures, soit 


Mém. du Muséum. 1. 18, 45 


346 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


supérieures, dont trois se rapportent au côté droit, et six 
au côté gauche, qui, ne différant entre elles que par un peu 
plus ou un peu moins de force, semblent avoir appartenu 
à la mème espèce de chien. Ces dents signalent cependant 
des individus d’àges très-divers. Certaines de ces dents en 
effet ont leur pointe usée, tandis que d’autres sont au con- 
traire tout-à-fait aiguës au sommet. Dans l’une d’elles, la 
cavilé de la racine n’étoit point encore oblitérée : les plus 
grosses ont toutes paru plus petites que celles du loup. 

Une comparaison exacte de ces canines avec celles du loup 
nous à prouvé que, tandis que leur longueur étoit de 0,045, 
celle de la portion émaillée, prise en dehors, de 0,020, et 
la plus grande largeur de la racine de 0,012, les mèmes 
dimensions dans les canines du loup étoient de 0,050, de 
0,025, et de 0,015. 

Du reste, nous ne saurions trop le répéter, il n’existe de 
différence entre nos maxillaires, ceux du loup et du chien 
dogue, que dans la taille. On peut cependant observer que 
les molaires sont beaucoup plus rapprochées dans le chien 
de nos cavernes que dans le loup, où l'intervalle qui les sé- 
pare varie depuis un millimètre jusqu’à trois. La quatrième 
molaire surtout, se portant obliquement par son bord pos- 
térieur en dehors, recouvre par sa face interne quelques 
millimètres de la face externe et antérieure de la carnas- 
sière, en sorte que, par l'effet de ce recouvrement, ces dents 
font plus que se toucher, puisque l’une avance sur l’autre. 

Les différentes espèces ou races de chiens ensevelis dims 
nos cavernes, dont les maxillaires se rapprochent le plus de 
ceux du loup par la force et le diamètre de Ta carnassière, 


DES CAVERNES LE LUNEL-VIEIL. 347 


ont bien leurs molaires plus écartées entre elles, mais jamais 
autant que dans le loup, d’où l’on pourroit supposer que 
nos chiens, quoique généralement plus petits que le loup, 
avoient peut-être une force aussi considérable dans leurs mà- 
choires, puisque leur maxillaire inférieur avoit une moindre 
longueur. 

B. Vertèbres. 


Nous ne possédons qu’une seule première vertèbre cervi- 
cale de notre chien. Cette vertèbre a tant de rapports avec 
l’atlas des chiens d'arrêt actuellement vivant, qu’elle s'est 
parfaitement articulée avec les condyles de l’occiput d’une tête 
appartenant à cette variété. Seulement les apophyses trans- 
verses, ou les ailes, sont plus minces et moins étendues dans 
l'espèce de nos chiens que dans le chien d’arrêt, quoique 
les autres caractères soient les mêmes. Notre vertèbre, com- 
parée à l’atlas du loup et du dogue, présente une dispro- 
portion assez grande dans sa taille. 

En effet, la distance qui sépare l'extrémité d’une aile à 
l’autre est, dans notre chien, de 0,085, et la hauteur à la 
face postérieure de l’anneau du canal vertébral, est de 0,018, 
et de o,o11 à la face antérieure, Chez le loup, la distance 
de l'extrémité d'une apophyse à l’autre est de 0,100, et la 
hauteur en arrière de 0,018, et en avant de 0,011. Quant à 
la distance du rebord de la cavité qui recoit les condyles, 
elle est trasversalement de 0,048; en sorte qu’elle surpasse 
celle des chiens de nos cavernes de 8 millimètres. 

Nous possédons encore nne vertèbre dorsale, ainsi que 
la septième ou huitième et trois premières lombaires qui 


348 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


paroissent avoir appartenu au même individu. Ces vertèbres 
ont les mêmes caractères que celles du genre chien; elles 
sont seulement plus fortes que les mêmes vertèbres du chien 
d’arrèt, et ont leurs apophyses épineuses moins hautes que 
celles du loup, quoiqu'assez rapprochées de ces dernières 
par leur force. Elles paroiïssent plus petites que leurs ana- 
logues dans le chien dogue; mais par l’ensemble de leurs 
caractères, on ne peut guère les rapporter qu'à une espèce 
du genre chien. 


C. Os du train antérieur. 


Cubitus. 


Un cubitus, dont il existe encore les deux tiers supérieurs, 
nous a encore signalé une espèce de chien assez semblable 
au chien d’arrêt : fait qui confirme ce que nous avons déjà 
avancé. 


D. Os du train postérieur. 
Tibia. 


Nous possédons également deux tibias quisignalent encore 
un canis : l'un de ces tibias est entier et très-bien conservé, 
tandis qu'il ne reste que le tiers inférieur du second. Le pre- 
mier, plus fort et plus épais, ne paroït pas avoir appartenu 
au même individu, ni peut-être à la même race ou à la même 
espèce de chien; car il a beaucoup plus de rapports que le 
premier avec l'os analogue dans le loup. Il diffère cependant 
du tibia du loup par un peu moins de force et de longueur. 
Ces différences s'accordent avec celles que présentent les 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 349 


différentes parties des squelettes de nos plus grands chiens, 
pièces osseuses qui annoncent toutes des chiens d’une taille 
et d’une stature inférieure à celle des loups actuellement 
vivant. " 


Calcanéum. 


Le calcanéam du côté droit, que nous rapportons à notre 
chien, ne diffère pas de celui du loup, du moins d’après ses 
dimensions. La tubérosité de notre calèanéum est seulement 
moins large que celle que l’on observe sur le calcanéum du 
loup; celle-ci ayant jusqu’à 0,016 d’un côté à l’autre, tandis 
que dans notre chien elle n’est que de 0,014. 


Métatarsiens. 


Le premier, le second et le troisième os du métatarse du 
côté gauche que nous possédons, semblent avoir dépendu 
du même individu, puisqu'ils s’articulent ensemble. Comme 
les autres os que nous avons déjà décrits, ceux-ci signalent 
une espèce de chien plus petite que le loup, mais n’en dif- 
férant que par la taille et les proportions des diverses parties 
du squelette. Aussi, sans terme de comparaison, l’on auroit 
bien pu confondre notre chien avec le loup, ce que feront 
encore sentir les mesures suivantes. 

En effet, le diamètre longitudinal du premier de ces mé- 
tatarsiens est, dans notre chien, de 0,075, le second de 
0,085, et le troisième de 0,086. Dans le loup, le même dia- 
mètre est pour le premier 0,078, pour le second 0,088, et 
pour le troisième 0,090. Quant aux autres dimensions, elles 


350 RECH£RCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


ne diffèrent guère que d’un demi-millimètre en plus, pour 
les os qui se rapportent au loup. 

Nous rapportons enfin à la même espèce de chien un 
fragment supérieur de la troisième ou quatrième côte du côté 
gauche, ainsi qu’un os sésamoïide et une phalange onguéale. 

En résumé, l’on a pu juger par ce qui précède que l’exis- 
tence du chien avec les autres espèces ensevelies dans nos 
cavernes, ne peut être contestée, d’après le grand nombre 
des débris que l’on en observe. Ces débris indiqueroient-ils 
une seule et même espèce, ou annonceroient-ils plusieurs 
races ou plusieurs grandes variétés dans cette espèce unique ? 
L'on peut adopter l’une ou l’autre de ces opinions, suivant 
que l’on considère les différences qui existent entre nos 
chiens, comme des différences spécifiques, ou comme étant 
dans les limites des variations qu'éprouvent les espèces les 
mieux circonscrites. 


2°. Renard (canis vulpes). 


Cette espèce a été établie sur un moindre nombre de 
pièces osseuses que l'espèce précédente, mais assez cepen- 
dant pour juger que nos renards ne difléroient pas sensible- 
ment des renards vivans, si ce n’est par leur taille, qui, sou- 
vent la même, est aussi plus considérable. 


É Dents. 


Nous possédonsune canine inférieure gauche qui ressemble 
entièrement à celle du renard ; elle esttrès-longue et pointue, 
à bord postérieur tranchant : caractère qui lui est commun 
avec le bord antérieur et interne. Sa longueur totale est de 


' 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 351 


0,045; celle de la partie émaillée de 0,027, et enfin la partie 
la plus large de la racine 0,010, 

Ces dimensions ne sont point lesmèmes que celles des ca- 
nines des renards, qui sont plus petites et plus grêles. La forme 
de cette canine est du reste tellement différente de celle du 
chien d'arrêt, qu'on ne peut s'empêcher de la rapporter au 
renard, dont elle a tous les caractères, à la grandeur près. 
Cette dent n’appartiendroit-elle pas au chacal, ce que nous 
n’oserions décider, faute d’objets de comparaison? Ce qu'il 
y a de certain, c’est que l'espèce qu’elle signale devoit avoir 
une taiile supérieure à celle des renards actueilement vivant. 
Enfin nous ferons mention d’une branche entière de maxil- 
laire inférieur du côté droit qui a appartenu à nos renards. 
Cette portion de maxillaire ne conserve plus que la carnas- 
sière, et ne diffère des maxillaires des renards actuellement 
vivant que par un peu plus de hauteur dans la partie de sa 
branche, et surtout dans la portion qui correspond au der- 
rière de la carnassière du train antérieur. 


Os du train antérieur. 
Humérus, radius, métacarpiens. 


Nous possédons un humérus entier du côté gauche, ainsi 
qu’une moitié inférieure du côté droit d’un autre humérus, 
qui offrent les mêmes caractères anatomiques et les mêmes 
dimensions que les humérus des divers squelettes de renard, 
avec lesquels nous l’avons comparé. Il en est de même d'un 
radius et d’un second os du métacarpe du côté droit trouvés 
avec cet humérus, et que nous avons également comparés 


352 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


avec les radius de nos squelettes. Ces différens os ne diffèrent 
pas d’une manière sensible de leurs analogues, dans nos 
renards vivans; il en est également d'une vertèbre caudale 
découverte dans les limons de nos cavités souterraines. 


Os du train postérieur. 


Nous avons également découvert dans les limons de Lunel- 
Vieil un os des iles entier, avec lequel s’est assez bien arti- 
culé un fémur gauche également entier, mais trouvé fort loin 
du premier, et par des fouilles différentes. Ces os ont annoncé 
un individu adulte parvenu à son entier accroissement, et 
l'un et l’autre n’ont point paru différer d’une manière appré- 
ciable des os analogues des renards actuellement vivant. Ils 
ont donc servi à confirmer l'existence de cette espèce dans 
nos cavernes. 

Ce petit nombre de pièces osseuses suffit donc pour prou- 
ver qu’il a été enseveli dans nos cavernes, avec les autres 
animaux que l’on y déterre, une espèce du genre chien 
tellement rapprochée du renard, qu'on ne sauroit l’en sépa- 
rer. Ce renard variait par la taille, puisque les uns étoient 
beaucoup plus grands que les renards actuellement vivant, 
tandis que les autres étoient tout-à-fait semblables à ceux-ci 
par leurs dimensions. Nous avons également comparé ces 
débris, évidemment du même âge que ceux ensevelis dans 
les cavernes de Lunel-Vieil, avec différens restes de renard 
qui, dans les temps présens, avoient été périr naturellement 
dans ces cavités. Cette comparaison faite avec toute l’atten- 
tion dont nous pouvons être susceptible, n'a indiqué aucune 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 353 


différence appréciable entre les uns et les autres. Ces der- 
niers débris, presque de nos jours, se distinguoient des pre- 
miers par leur ténacité, par leur couleur, et parce qu’ils ne 
ne happoient pas à la langue, et enfin parce que calcinés ils 
devenoient d’un noir foncé, se réduisant en véritable charbon 
animal. 

Les cavernes de Lunel-Vieil recèlent donc des débris de 
deux espèces au moins du genre chien. La plus grande, fort 
rapprochée du chien domestique, constitue ou deux espèces 
distinctes, ou tout au moins plusieurs races : opinion qui nous 
paroît plus probable que la première; la plus petite enfin, 
extrêmement voisine du renard, ne sauroit en être distinguée 
par aucun caractère positif. La présence de deux espèces 
semblables à nos races actuelles est une preuve de plus que 
les dépôts diluviens ou quaternaires recèlent à la fois des 
espèces perdues et des espèces semblables aux nôtres. 


Memm. du Muséum. t. 18. 46 


354 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


Praxcue XVI. 
GENRE OURS. 
Ours des cavernes (ursus spélæus). 
(Les divers os représentés sur cette planche ont été dessinés de grandeur naturelle.) 
Partie antérieure de branche gauche de maxillaire inférieur d'ursus 
spelœus, offrant la canine vue par sa face externe. 


Frc. 2. Canine inférieure du côte droit, vue par sa face interne. 
Fic. 3. Incisive supérieure gauche latérale, ou troisième de cette sorte de dent, 


Fic. 1. 


vue par sa face externe et postérieure. 

Fic. 4. Incisive inférieure du côté droit , la troisième ou latérale, vue par sa face 

. correspondante à la seconde incisive , et par sa face buccale. 

Fic. 5. Portion de maxillaire supérieur du côté gauche, vue par sa face interne, 
montrant l’antépénultième molaire, ainsi que les stries de cette face, 
et celles de la surface triturante. 

Fic. 6. Dernière molaire supérieure gauche, vue par sa face interne et sa sur- 
face triturante , dont le bord interne est détruit, et les stries usées par 
la détrition. 

Dernière molaire inférieure du côté gauche, vue par sa face interne et sa 


surface triturante. 


Fic. 7. 


Ours arctoïde (ursus arctoïdeus). 


Fic. 8 Antépénultieme molaire supérieure gauche, vue par sa face interne et sa 
surface triturante , dont l’émail est usé vers le bord interne. 

Fic. 9. Derniere molaire supérieure du côté droit, vue par sa face interne et sa 

surface triturante, dont l’émail est presque tout détruit par la masti- 


cation. 


Wode-Véran del 
H* Lermigeaux lith 


OURS des CAVERNES, — OURS ARCTOIDE. —  BLAIREAU. 


x ; 
Zuk de Langlums 


AT 


sf or 


Ca 
PAR 


Tome 18 


CHIEN. - RENARD -  LOUTRE | 


DES CAVERNES DE LUNEL-VIEIL. 355 


Blaireau (ursus meles). 


Fic. 10. Museau et partie antérieure de crâne de blaireau, vu par sa face supé- 
rieure. 

Fic. 11. Branche de maxillaire inférieur du côté droit, vu par sa face externe. 

Fic. 12. Branche gauche de maxillaire inférieur, vue par sa face externe, et sa 
surface triturante. 

Fic. 13. Humérus du côté droit, vu par sa face antérieure. 


Prancue XVII. 


GENRE CHIEN (CANIS). 


(Espèce intermédiaire entre le loup et le chien d’arrêt, mais plos rapprochée du canis familiaris 
que du canis lupus. Tous ces fragmens sont représentés de grandeur naturelle. ) 


Fic. 1. Fragment de maxillaire supérieur du côté gauche, contenant la carnas- 
sière et l’avant-derniere tuberculeuse , vu par sa face, palatine. 

Fic. 2. Porlion de maxillaire supérieur du coté gauche, avec les deux tubercu- 
Jeuses, vues par leurs faces triturantes. 

Fic. 3. Maxillaire inférieur offrant toutes ses dents, la premiere fausse molaire 
du côté droit et la tuberculeuse du côté gauche exceptées, vu du côté 
gauche. 

Fic. 4. Atlas présentant les faces articulaires condyloïdiennes, et la face infé- 
rieure du corps et des ailes ayant appartenu à un chien de la taille de 
nos chiens d’arrêt, à ailes plus minces que chez ce dernier. 

Fic. 5. Tibia du côté gauche, vu par sa face antérieure, et tourné de haut 
en bas. 

Fic. 6. Calcanéum du côté droit, vu par sa face articulaire avec l’astragale, et 
un peu par sa face interne. 

Fi. 7. Phalange onguéale de chien. 


Renard (canis vulpes). 


Fic. 8. Humérus du côté droit de renard, vu par sa face antérieure, dont il ne 
reste plus que les deux tiers infér'eurs. | 

Fic. 9. Radius du côté droit de renard, vu par sa face antérieure. 

Fic. 10. Canine inférieure du côté gauche de renard , vue par sa face externe. 


\ 


356 RECHERCHES SUR LES OSSEMENS FOSSILES, ETC. 


Fic. 11. Carnassière inférieure de renard du côté droit, vue par sa face externe. 
Fic. 12. La même dent , vue par sa face interne. 
Fic. 13. Troisième os du métacarpe du côté droit de renard. 


DIGITIGRADES. 


Loutre (mustela lutra). 


Fic. 14. Maxillaire inférieur du côté droit de loutre (mustela lutra), vu par sa 


face externe. 
Fic. 15. Le même, vu par son bord alvéolaire, présentant toute la face supérieure 
de la carnassiere, etc. 


DESCRIPTION 


D'UN NOUVEAU GENRE , 


DE L'ORDRE DES DOUVES. 


ET 


DE DEUX. ESPÈCES DE STRONGLES; 


PAR M. KUHN, D. M. 


+ / { 4 
/ * LÀ r CON & 4 
A Ce 4 re 


Panur les entozoaires dont je vais donner la description, 
deux appartiennent au genre strongle, et deux autres for- 
ment un genre nouveau de l’ordre des douves ou des tré- 
matodes. J'ai déjà décrit aïlleurs une des deux espèces de 
strongles (voy. le Bulletin des Sc. nat. , avril 1829 ); mais j'ai 
cru devoir reproduire ici cette description, parce que je l’ac- 
compagne de figures, et que d’ailleurs l’on a ainsi la facilité 
de pouvoir comparer entre elles deux espèces qui se rencon- 
trent sur un même animal. 

Les douvesrentreroient dansle genre Polystoma de M. Ru- 
dolphi, si cet auteur avoit conservé les caractères qu'il avoit 
primitivement assignés à ce genre; car dans son premier 
traité d’helminthologie ( Ærtozoorum sie vermium intes- 
tinalium Histor. rat., 1810), il donne pour caractère du 
genre Polystoma : « port antici complures ». Mais depuis 


358 NOUVEAU GENRE DE L'ORDRE DES DOUVES 


M. Rudolphi a resserré ce genre dans des limites plus étroites, 
et dans son Syzopsts il n’admet plas parmi les Polystoma 
que les douves à six pores antérieurs. En opérant ce chan- 
gement, il auroit dü transformer en même temps le nom de 
Polystoma, qui n’est plus assez, précis, en celui d’Æexas- 
toma. Quoi qu'il en soit, je me vois dans la nécessité de créer 
un genre nouveau, pour lequel le nom d'Octostoma se pré- 
sente tout naturellement, vu le nombre des pores. En voici 
les caractères : 


GENUS OCTOSTOMA: 


LI 
Corpus molle depressum continuum ; caput ports sucto- 
ris octo instructum. 


1. O. ALosæ : Capite angulato; ports antrorsium conver- 
gentibus. — Hab. in Clupeæ Alosæ branchüs. 


L’octostoma de l’alose est un ver long de cinq à six lignes, 
et ayant un peu plus d’une demi-ligne de largeur dans le 
milieu. Son corps est mou et n'offre pas la moindre résistance; 
il est aplati, continu ou sans traces d’articulations, et rétréci 
vers les deux extrémités : le rétrécissement antérieur cons- 
titue le col, qui supporte une tête plus large, aplatie et trian- 
gulaire ; le rétrécisssement postérieur se termine en une 
queue pointue. Le ver présente deux surfaces, l’une supé- 
rieure et l’autre inférieure, qu’on peut distinguer l’une de 
l’autre soit à la tête soit à la queue; la surface inférieure se 
reconnoit à la tête, parce que là elle est concave, et que c’est 
sur elle que se trouvent les suçoirs; à la queue, parce que là 
elle présente l’orifice de l'anus. La surface supérieure se re- 


ET DEUX ESPÈCES DE STRONGLES. 359 


connoît à la convexité de la tête, et à l'absence de l’anus 
sur la queue. 

La tête présente une espèce de triangle dont la base se con- 
tinue avec le col, et dont le sommet ( qui est antérieur ) cons- 
titue une sorte de museau légèrement obtus, et plus ou moins 
prolongé, selon les individus. Le milieu de la tète offre deux 
bandes obscures très-rapprochées, et qui se continuent dans 
le corps; elles sont formées par l’agglomération des matières 
contenues dans le tube digestif. La tête est mince et trans- 
parente à ses deux bords; chacun de ceux-ci est pourvu in- 
férieurement de quatre pores légèrement pédiculés, ou, en 
d’autres termes, de quatre petits mamelons percés d’un ori- 
fice à leur sommet. Ces huit pores sont disposés selon deux 
lignes qui se rencontreroient à angle aigu au devant du mu- 
seau : les deux postérieures, qui sont'les plus écartées, corres- 
pondent aux angles latéraux de la tête; les deux antérieures, 
qui sont les plus rapprochées de la ligne médiane, sont situées 
à une certaine distance en arrière de l'extrémité du museau. 
Les pores sont d’autant plus grands qu’ils sont plus posté- 
rieurs; ils s'ouvrent à la surface inférieure de l’animal, et la 
concavité que présente la tête à cette même surface permet 
à l’épizoaire d’embrasser les lames branchiales, pour s’y fixer 
à l’aide de ses pores qui font oflice de ventouses. 

Le tube digestif est double antérieurement et simple pos- 
térieurement, en supposant toutefois que la partie que je 
nomme la tête soit réellement la partie antérieure de l’ani- 
mal; il se manifeste sous l'apparence de deux bandes noires 
le long des côtés de l’animal. Ces bandes commencent entre 
les deux premiers pores par deux orifices (bouches) qui y 


360 NOUVEAU GENRE DE L'ORDRE DES DOUVES 
comiuniquent, et qui sont très-peu visibles dans cette es- 
pèce. Après avoir été rapprochées lune de l’autre à la’ tête 
et au col, ces mêmes bandes s’écartent en devenant plus 
claires et plus étroites, et suivent les parties latérales du corps 
de l’animal; en sorte qu’il reste une surface oblongue dans 
leur interstice. En s’approchant de la queue ces bandes re- 
deviennent plus larges et plus foncées, et se réunissent vers 
le commencement de la queue en un intestin simple et 
unique, dont on peut facilement suivre la trace jusqu’à l'a- 
nus. La couleur foncée de tout l’apareil digestif résulte, 
comme je l'ai déjà dit, de la présence de la matière alimen- 
taire; celle matière, vue au microscope, se présente sous 
forme d’un amas de corpuscules opaques et arrondis ;. très- 
rapprochés à la tête, au col et au commencement de la queue, 
et plus disséminés au milieu du corps et dans le voisinage de 
l’anus. Ce dernier se trouve sous la queue, un peu en avant 
de l'extrémité; son orifice, qui est légèrement triangulaire, 
mène dans une espèce d’intestin rectum parfaitement transpa- 
rent, et distinct aux endroits où il n’y a point de globules de 
matière fécale. 

Immédiatement derrière l'anus, ét sur les côtés de cette 
ouverture, se trouvent deux pores ( pores postérieurs) qui sont 
arrondis, et qui servent, sans doute, à fixer l'extrémité pos- 
térieure de l’épizoaire. 

L’ovaire occupe tout l’espace qui résulte de l’écartement 
des deux divisions du tube digestif; il est oblong et terminé 
en pointe à ses deux extrémités; vu au microscope, il pré- 
sente deux séries de corpuscules (ovules) jaunätres, alon- 
gés, disposés comme les divisions d’une feuille de fougère, 


ET DEUX ESPÈCES DE STRONGLES. 36% 


gère, et sur les côtés d’une ligne médiane plus claire. Les 
plus inférieurs de ces corpuscules sont les plus développés. 

L'Octostoma que je viens de décrire se trouve souvent 
en très-grande quantité dans les branchies de Palose, où il est 
replié entre les lames branchiales; de sorte qu’en n’y regar- 
dant pas de bien près, on pourroit aisément le prendre pour 
de petits flocons de mucosités. J'ai examiné une vingtaine 
d’aloses, et il n’y en a pas une seule sur laquelle je n’en aie 
trouvé un plus ou moins grand nombre. 


2, O. scomsni. Capite obtuso, truncato; ports antrorsüm 
divergentibus. — Hab. in Scombri branchus. 


L’Octostoma du maquereau commun n'a que trois lignes 
de longueur; il est aplati comme le précédent, et rétréci vers 
ses deux extrémités. Sa tête est obtuse antérieurement, et les 
deux séries de pores qu’elle offre à sa surface inférieure sont 
disposées de manière qu’elles s’écartent antérieurement, ce 
qui est précisément l'inverse de ce qu’on a vu dans lespèce 
précédente; ces pores sont également supportés par de petits 
mamelons qui les rendent saillans. Entre les deux pores les 
plus antérieurs, et un peu plus en avant, se trouvent deux 
orifices (les bouches, si c’est là la partie antérieure de l’a- 
nimal ); chacun de ces orifices mène à son canal digestif cor- 
respondant. Les deux canaux digestifs, qui sont latéraux, et 
qui se distinguent facilement par la présence des matières 
alimentaires, se réunissent vers l'extrémité postérieure de 
l'animal ; de cette réunion résulte un canal unique (rectum), 
qui se termine par un orifice anal arrondi : cette disposition 
‘ressemble absolument à celle de l'espèce précédente. Des 

Mém. du Muséum. t. 18. 47 


362 NOUVEAU GENRE DE L'ORDRE DES DOUVES 


deux côtés de l'anus, et un peu plus en arrière, se trouvent 
aussi les deux pores postérieurs; mais qui ont une forme 
oblongue dans cette espèce. Dans l’interstice des deux par- 
ties de l'appareil digestif l'on remarque l'ovaire, dont les 
ovules présentent un arrangement beaucoup plus irrégulier 
que dans l’'Octostoma de l’alose. 

J'ai toujours désigné ici, sous le nom de tête, l'extrémité 
de l’helminthe qui est pourvue de huit pores, quoique rien 
ne justifie d’ailleurs cette manière de voir : en ceci je n'ai 
fait que suivre l'exemple des auteurs en général, qui pren- 
nent pour extrémité céphalique, dans les Polystoma, celle 
qui présente les six pores. Cependant il seroit fort possible que 
cette manière de voir ne fût pas juste, et j'ai quelque pen- 
chant à le croire, depuis que j'ai vu en vie des Polystoma 
que j'ai trouvés sur le Squalus catulus , et dont je donnerai 
prochainement la description. Ces Polystoma exécutent des 
mouvemens en tout analogues à ceux de la sangsue : fixés 
d’un côté à l’aide de leurs six pores, et d’une manière très- 
solide sur les lames branchiales, ils se meuvent en tous sens 
avec l’autre extrémité (qui est supposée être la queue); on 
les voit appliquer cette extrémité comme pour sucer, puis 
la porter à un autre endroit, puis quitter de nouveau, puis 
parcourir toute l'étendue d’une lame branchiale, et enfin la 
fixer lorsqu'il s’est rencontré un endroit favorable à la suc- 
cion. C’est absolument le même jeu que celui d’une sang- 
sue qui met quelque difliculté à prendre; fixée par son extré- 
mité postérieure, elle parcourt avec sa bouche différens en- 
droits de la peau, jusqu'à ce qu’elle finisse par en trouver un 
qui lui convienne. 


ET DEUX ESPÈCES DE STRONGLES. 363 


En disséquant deux marsouins, ce printemps, j'ai trouvé 
les veines de la base du crâne, les bronches et les veines pul- 
monaires remplies d’helminthes, que j'ai vu aussitôt ne pas 
appartenir tous à une seule et même espèce; ils présentoient 
en effet des différences tellement tranchées, qu’on en étoit 
frappé au premier coup d’œil. L’observatién microscopique 
est venue confirmer pleinement la réalité de cette première 
apparence. Parmi ces helminthes, il y avoit d’abord le Stron- 
gylus inflexus, qui est connu depuis long-temps, et qui est 
le seul qu’on ait encore décrit comme appartenant au mar- 
souin. Il y avoit ensuite deux autres espèces plus petites, 
encore nouvelles, et que je vais décrire sous les noms de 45%. 
minor et de S4. convolutus. On connoîtroit maintenant, d’a- 
près cela, trois espèces de Strongles sur un seul cétacé : cette 
circonstance a dû m'inspirer de la défiance, et me faire soup- 
conner que tous ces Strongles n’étoient qu’une seule espèce à 
différens états; mais tous étoient adultes, les ovaires étoient 
pleins, les différentes espèces n’étoient point mélangées, et il 
y avoit des caractères tellement différentiels, qu'ilne m'a point 
été possible de les laisser réunies sous un seul nom spécifique, 
sans tomber dans le vague. 

Voici les caractères des deux espèces nouvelles : 


1. STRONGYLUS MINOR. 

St. corpore filiformi rectiusculo anticè parum, posticè 
mulid magis attenuato, masculo octo lineas, feminino 
pollicem longo. Ore nudo orbiculart. 

Mans cauda leviter inflexa, parüm incrassans ; bursa 


364 NOUVEAU GENRE DE L'ORDRE DES DOUVES 


biloba(x1) , lobo anteriore subbipartitoin corpus antrorsum 
abeuntè ; lobo posteriore appendicibus tribus, binis latera- 
libus, terti& posticé, instructo. 

Feux caudasimplex, acuta, antè cujus apicem tuber- 
culum genitale eminet. 

Habitat in Delphini Phocenæ bronchiis, vasis pulmo- 
num , AC præsertim venosis Crantu sinubus. 


C’est probablement cette espèce deStrongle que M. Rudol- 
phi a vue, mais qu’il a confondue avec le S/rongy lus inflexus. 
En effet, en parlant de ce dernier, il dit qu’on le trouve dans 
la cavité du tympan et dans les bronches du marsouin; et il 
ajoute que ceux de la cavité du tympan ont un demi-pouce 
à un pouce et demi de longueur, tandis que ceux des bronches 
sont longs de six à huit pouces; mais comme il n’avoit que des 
vers qui avoient été long-temps conservés dans l'alcool, il lui a 
été impossible de donner une description précise de la confor- 
mation délicate du petit Strongle, et, dans l'incertitude, il a 
laissé les deux espèces réunies. 

Le Strongylus minor se trouve de préférence dans les sinus 
veineux de la base du crâne; je ne l’ai même trouvé que là sur 
un des deux marsouins que j'ai disséqués. Comme dans le mar- 
souin le sinus caverneux s'étend jusque dans l’intérieur de l’os 
tympanal, et que la cavité du tympan n’est qu’une dépen- 


(1) Dans la note que j'ai insérée dans le Bulletin des Scienc. nat., j'ai dit que 
la bourse étoit trilobée, parce que j'ai considéré les deux renflemens du lobe 
antérieur comme des lobes distincts; mais je crois m’approcher davantage de la. 
vérité en n’admettant que deux lobes, dont l’antérieur est subdivisé par une légère 
dépression. 


‘ET DEUX ESPÈGES DE STRONGLES:, 365 


dance de ce sinus, et non de l'appareil guttural, il s'ensuit 
que dès qu'il y a des helminthes dans les veines du cràne, 
ceux-ci peuvent aussi passer dans la cavité du tympan, qui 
est pleine de sang au lieu d’être remplie d’air, comme dans 
les animaux à audition aérienne. C'est pouræette raison que 
Klein ey;Camper ont pu dire que le marsouin avoit des hel- 
minthes dans le tympan,;, 

Les sinus caverneux et, la plupart des autres veines de la 
base: du crâne sont remplis dejces petits Strongles. parallèle- 
ment agglomérés les uns aux autres, et l’on est étonné de ce 
qu'un animal ait pu vivre ayant les veines céphaliques pour 
ainsi dire farcies d’entozoaires.… 


) 


2. STRONGYLUS CONVOLUTUS. 

67. capillaris, contortus (vermes Sibé cù Eunvolut ) ji 
corpus maris pollicem, feminæ lineas pigenti longum ; 
CRPre truncaturn , os ntüdum orbiculare. 7 

Mans cauda leviter dilatata; bursa bilbba, lobo ante- 
riore mnajore complanato , posteriore rotundato tribus tr- 
cluso appendicibus, quarum binæ laterales, tertiaque pos- 
terior. Quos inter lobos filum genitale prosilit. 

Feux cauda apice coarctata, antè rulvam depressam 
vesicul& parvé sphæricé instructa, quæ levi tractu vesicu- 
loso corport continuatur. 

Habitat in Delphint Phocenæ bronchus atque vasis 
pulmonum. 


Cette espèce, qui est très-délicate, se distingue par son 
corps flexueux, et parce que les individus sont entortillés les 
uns dans les autres de telle manière qu’il devient souvent 


366 NOUVEÂÏU GENRE DE L'ORDRE DES DOUVES 


impossible de les séparer sans les déchirer. Les mâles sont 
partout uniformément grèles et repliés; les femelles ne sont 
grèles et flexueuses que dans la moitié ou les deux tiers 
antérieurs; car l'ovaire, qui occupe la moitié ou le tiers pos- 
térieur, donne à cette partie un peu plus de volume et de 
consistance. Les mâles se reconnoissent même à lœil nu par 
un petit renflement qu'ils présentent à l’extrémité de la 
queue; les femelles de cette espèce présentent ‘un phéno- 
mène particulier, c’est que leur queue est pourvue d’une 
petite vésicule analogue à la bourse des mäles. Ce caractèré, 
tant que je sache, ne se retrouve dans aucune autre espèce 
de Strongle. Le Sérongylus convolutus est plus rare que les 
deux autres espèces du marsouin. Parmi ceux de cette espèce, 
que j'ai trouvés, lenombre des femelles dépassoit de beaucoup 
celui des mâles. 

Pour mieux faire ressortir les caractères distinctifs des trois 
espèces de Strongles du marsouin, je les mettrai en regard 
dans le tableau qui suit : 


ET DEUX ESPÈCES DE. STRONGLES: , 


STRONGYLUS INFLEXUS: 


Long de six à huit pouces, 


La partie antérieure du 
corps est seule flexueuse, 
et ramassée dans de pe- 
tites poches qui sont dans 
le poumon. 

Le mâle seul est sensible- 
ment aminci en arriere. 


Bourse du mâle trilobée; 
le lobe postérieur profon- 
dément divisé, et muni de 
deux appendices en forme 
de cornes; le lobe moyen 
petit , arrondi latérale- 
ment ; l’antérieur, grand, 
alongé, bosselé, et se per- 
dant sous le corps en 
avant. 

Queue de la femelle ren- 
flée et munie de deux cro- 
chets. 


STRONGYLUS MINOR: - 


Long de huit lignes à un 
pouce. 

Les corps est presque tout 
droit; les individus réunis 
par fascicules dans les 
veines ou les bronches. 


Les deux sexes sont amin- 
cis vers les bouts , surtout 
en arrière. 


Bourse bilobée; le lobe pos. 

‘térieur muni de trois ap- 
pendices; l’antérieur of- 
frant deux bosselures, et 
se perdant en ayant sous 
le corps. 


Queue de la femelle sim- 
plement terminée; vulve 
saillante. 


367 


STRONGYEUS CONVOLUTUS 


Long de un pouce à vingt 
lignes. 

Le corps est entiérement 
plié, si ce n’est la partie 
occupée par l’oyaire de la 
femelle ; les individus ag- 
glomérés, entortillés. 

Le corps est partout uni- 
forme pour la grosseur; 
lovaire seul donne un peu 
plus de relief à la partie 
postérieure de la femelle. 

Bourse bilobée ; le lobe pos- 
térieur muni de trois ap 
pendices ; l’antérieuruni, 
aplati, nettement termi= 
né. 


Queue de la femelle mu- 
nie d’une vésicule; vulve 
déprimée. 


368 


NOUVEAU (GENRE DE L'ONDRÉ DES! DOUVES, ETC. 


Frc. 1. 


QE» 


16. 


C4 ’ | nd 
ANL. : ÉEA / Dr Er SE 


EXPLICATION DES FIGURES... 
d ss | Ÿ> 19, kdl Kw, Que, 741 


1,00 1e gnuraubiribniesl forb (he 
Octostoma alosæ de, grandeur naturelle. —\a. La tête. — b. Extrémité 
caudäle: Le ju L Li ji 


. Le méme lgréssi, vu par la fate inférièuré. 4. Leiruséan. 2 b,b,6,b 


Lesquätre pores d’un côté. — c,c,c. Canal alimentaire d’un côté, rempli 
de matières. —.d. Intestin rectum. — e. Anüs. — ff. Pores postérieurs. 
— g,g. Ovaires. ‘ 


davantage. a.1Le museau. — /b,b;babes quatre suçoirs d’un côté. 


. La têté dit même; vué obliquement ; en Te que les suçoirs paroissent 


«+ Octostoma scombri de grandeur naturelle. 
. Le même grossi, vu par la face inférieure. —t à,a,a,a. Les quatres pores 


d'un côté. —#,5. Les deux orifices antériebrs de l'appareil digestif. — 
c,0,c. Ganal digestif d’un côté. — d! Recturb, = e, Anus. — f,f. Pores 
ostérieurs. — 9: Ovaire. | ni le # L 
Done convolufus de. grandeur naturelle. — 4. Le mäle. — a. La 
tête. — Ÿ. La queue. — B. Lä femelle. © a! La têté. —:Y. La queue. 
Le même, la queue dw mâle grossie let: vué de côté; on! voit le rpénis 
s’avancer entre les deux lobes de la bourse. I : 


, a = 49 4 
. Le même, la queue du mâle grossie et vue par la face supérieure ; on 


aperçoit distinctement les trois appéndices dulobe postérieur de lxboutse; 
le lobe antérieur dépasse un peu le corps des deux côtés: M PATIDTE 


. Le même, la queue de la femelle grossie et vue de côté ; on aperçoit ; un 


peu au devant de l'extrémité, la vésicule avec son prolongement, qui se 
erd antérieurement ; derrière la vésicule est uh petit enfoncernent dans 
equel s'ouvre la vulve. 


. Strongylus minor de grandeur naturelle... Le mâle, — a La tête.— 


b. La queue. — B. La femelle. — a. La tête. — L. La queue. 


. Le même, la queue du mâle groisie ét vue dé côté; on aperçoit de 


profil les deux lobes de la bourse; ;!|; | 


« . Î F4 
. Le même , la queue du mäle grossie et vue par la face supérieure ; on 


aperçoit les trois appendices du lobe postérieur de la bourse. 


. Le même, la queue d: la femelle grossie ; on voit au devant du sommet 


de la queue un petit renflement où s'ouvre la vulve. 


. Strongylus inflexus mâle, de grandeur naturelle.— a. Extrémité buccale. 


— b. Extrémité caudale. 


. Extremité caudale du même, grossie et vue par la face supérieure. — 


a,a. Les deux divisions du lobe postérieur de la bourse ; on voit chacune 
de ces divisions munie d’un appendice charnu, destiné à Ja soutenir. — 
b,b. Lobe moyen. —c;c Lobe antérieur se perdant sous le corps. 
Strongylus inflexus femelle, de grandeur naturelle. — a. Extrémité 
buccale. — b. Extrémité caudale. 


+ Extrémité caudale de la même, grossie et vue de profil. — a. Grand cro- 


chet. — à. Petit crochet; c'est entre ces deux crochets que s'ouvre la 
vulve. — c. Renflement caudal. 


#4 , 244, {1 & 


$0 


DESCRIPTION 


D'UN GENRE NOUVEAU 
DE LA FAMILLE DES GÉRANIACÉES, 


PAR J. CAMBESSEDES. 


2 


Les auteurs qui ont écrit de nos jours sur la famille des Gé- 
raniacées ont émis des opinions très-différentes sur ses vraies 
limites. On sait que les Géraines de M. de Jussieu ne com- 
prénoient primitivement que les genres Geranium et Mon- 
sonta, dont on avoit rapproché le 7ropæolum, le Balsa- 
mina et l’'Oxaks. Plus tard, lillustre auteur du Genera 
crut devoir en éloigner ces trois derniers genres : l’un fut 
rapproché des Rutacées, et les deux autres élevés au rang de 
famille. 

M. Kunth n’a point adopté cette dernière opinion de M. de 
Jussieu : la famille des Géraniacées se trouve dans ses Nova 
Genera telle qu’elle avoit été primitivement constituée; et 
parmi les genres voisins figure le RAynchotheca, placé par 
M. de Jussieu dans les vraies Géraniacées (1). M. De Can- 
dolle, au contraire, admet dans son Prodrome les divisions 


(1) Mém. Mus. 3, p. 446. 
Mémm. du Muséum. 1. 18. 48 


370 DESCRIPTION D'UN NOUVEAU GENRE 


proposées par M. de Jussieu , et établit sous le nom d'Oxa- 
lidées (1) une nouvelle famille, qui comprend les genres 
Averrhoa, Biophytum , Oxalis et Ledocarpum déjà rap- 
proché de l'Oxalis par M. Desfontaines. 

Plus tard, M. de Saint-Hilaire, ayant étudié à fond l’en- 
semble de la famille, pense non-seulement qu’elle doit rester 
intacte, mais encore qu’on ne peut trouver de caractère suf- 
fisant pour élever des Oxalidées, Tropéolées et Balsaminées 
au rang de tribu ; il réunit de plus aux Géraniacées ainsi 
constituées les Linées de M. De Candolle, qui ont les plus 
grands rapports avec les Oxalrs (2). Cette opinion de M. de 
Saint-Hilaire sur les vraies limites de la famille qui nous oc- 
cupe, à peu près conforme à celle de M. Kunth, auroit ac- 
quis pour lui une certitude encore plus complète s’il avoit 
eu présente à la mémoire l’organisation d’un genre nouveau 
qu'il a découvert au Brésil, et que j'ai trouvé récemment 
confondu par mégarde avec un paquet de Caryophyllées. Je 
vais passer en revue ses caractères en les comparant à ceux 
des Geranium et des Oxalrs. 

Notre genre nouveau se compose de deux plantes herba- 
cées, à rameaux dichotomes, à feuilles dépourvues de sti- 
pules, scarieuses et presque embrassantes à leur base, oppo- 
sées dans le bas de la tige, verticillées par quatre au-dessous 
de ses bifurcations, Les fleurs naissent trois à trois dans l’angle 
dessrameaux; mais vers le sommet de la plante les rameaux 


‘ 


(1) Il paroît (voyez Aug. de Saint-Hil. Flor. Bras. merid, 1, p. 95) qu’en 
proposant le nom d’Oxalideæ , M. Robert Brown n'avoit eu en vue que de substi- 
tuer un mot plus harmonieux à celui de Gerania adopté par M. de Jussieu. 

(2) Flor. Bras. merid. 1, p. 137. 


DE LA FAMILLE DES GÉRANIACÉES. 371 


latéraux se raccourcissent, et l’inflorescence est alors sem- 
blable à celle des Oxalrs dits en ombelle. 

Le calice est fendu jusqu’au-delà du milieu en cinq lobes 
aigus, dont la préfloraison est valvaire; disposition assez rare 
dans la famille des Géraniacées, mais que nous avons déjà 
signalée, M. Adrien de Jussieu et moi, dans une espèce de 
Tropæolum. 

La corolle est composée de cinq pétales insérés sur le ré- 
ceptacle, alternes avec les lobes du calice; leur préfloraison 
est tordue , comme dans les Oxalis, et diffère par conséquent 
un peu de celle des Geranium (1). Entre chaque pétale, et 
sur le même rang qu'eux, se trouve une petite glande abso- 
lument semblable à celle que l’on observe dans ce dernier 
genre : cet organe manque comme on le sait dans les Oxalrs. 

Les étamines sont au nombre de dix, insérées sur le ré- 
ceptacle, libres; ainsi que dans les Geranium, cinq sont plus 
courtes et opposées aux pétales, cinq sont plus longues et 
placées au devant des glandes. Les anthères sont caduques, 
articulées au sommet d’un filet en alène, biloculaires et s’ou- 
vrent longitudinalement par leur face externe. 

L’ovaire est divisé en trois loges, chacune d’elles renferme 
deux ovules comme celles des Geranium. Les styles sont au 
nombre de trois, libres, ainsi que dans un grand nombre 
d'Oxals. 

Le fruit est une capsule qui s'ouvre, comme dans ce der- 
nier genre, par le milieu des loges, et présente après sa dé- 


(1) Dans quelques Geranium que j'ai analysés, un des pétales est tout-à-fait 
intérieur, et les quatre autres se recouvrent mutuellement par un de leurs bords. 


372 DESCRIPTION D'UN GENRE NOUVEAU 


hiscence trois valves qui portent les cloisons dans leur mi- 
lieu. Les ovules inférieurs avortent constamment, de sorte 
que chaque loge ne renferme plus, ainsi que les coques des 
Geranium, qu'une seule graine ascendante. Ces graines sont 
munies, d’un périsperme analogue à celui des Oxalis ; mais 
l'embryon au lieu d’être droit, ou à peu près droit et souvent 
incolore, comme dans ce dernier genre, est recourbé et vert 
comme celui des Geranium. 

Il est facile de voir d’après ce qui précède, que le genre 
qui fait le sujet de ce Mémoire tient presque le milieu entre 
le Geranium et YOxalis, quoique se rapprochant cependant 
davantage de ce dernier ; de sorte qu'il semble combler l’inter- 
valle qui existoit encore entre les Oxalidées et les Geraniacées 
proprement dites, et confirmer l'opinion de M. de St-Hilaire. 
Je me rangerai d'autant plus volontiers de son avis, que je 
croisinutile, pour la facilité des recherches, d'établir cinq sec- 
tions dans une famille qui ne renferme que quatorze genres. 

Je vais maintenant tracer en langue technique les carac- 
tères de mon genre nouveau. Je lui donnerai le nom de Cæ- 
sarea, en l'honneur de César de S.-Hiliare, capitaine de vais- 
seau de la marine royale, et grand-père du voyageur auquel 
nous devons sa découverte. Ce marin distingué, l'ami et le 
compagnon d'armes de Duguay-Trouin, est le premier qui 
ait importé aux îles de France et de Bourbon le café de 
Moka, et doit, par ce service éminent rendu à l’agriculture, 
être considéré comme un des bienfaiteurs de ces deux co- 
lonies. 


| 


DE LA FAMILLE DES GÉRANIACÉES. 373 


CÆSAREA Nos. 


Cazyx 5-fidus, persistens; lobi sabaristati; præfloratione 
valvatà. PeraLA 5, lobis calycinis alterna, receptaculo inserta, 
libera, unguiculata; præfloratione contortà. Discus : glan- 
dulæ 5, petalis alternæ. SramiNA 10, receptaculo inserta; 5 
breviora petalis opposita; 5 longiora antè glandulas inserta : 
filamenta libera, filiformia, in alabastro erecta : antheræ ex- 
trorsæ, mobiles, 2-loculares, loculis rimà longitudinali dehis- 
centibus. Pisrizcum liberum. Sryzi 3, longitudinaliter intüs 
stigmata gerentes. Ovarium 3-loculare, loculis 2-ovulatis. 
OvurA angulo interno loculorum aflixa, superius ascendens, 
inferius suspensum. Frucrus : capsula obcordato-3-lobata, 
loculicido-3-valvis, valvis medio septiferis. SEmINA in loculis 
(abortu ovuli inferioris ) solitaria, ascendentia. INTEcumENTuM 
tenue. PerISPERMUM crassum, cartilaginoso-carnosum. Emsrxo 
inclusus, curvatus, viridis : radicula supra hilum spectans : 
cotyledones lineares, curvatæ. 

Hensx; ramis dischotomis ; foliis simplicibus, exstipulatis, 
oppositis, ad basim ramulorum quadratim verticillatis, inte- 
gris; floribus in dichotomià ternatis. 

Species 2 brasilienses. 


374 DESCRIPTION D'UN GENRE NOUVEAU 


CÆSAREA ALBIFLORA. Tab. X VIIL. 


C. foliis oblongis; seminibus glabris. 


Ranix ramosa, fibras plurimas capillares emittens. Cauces ex 
eâdem radice plures , 1-2-< pedales, debiles, decumbentes , dicho- 
tomi, vix ramosi , pubescentes simulque tomento niveo densè vestiti. 
Foura 1-1-2 poll. longa, 5-8 1. lata, oblonga, basi et apice angus- 
tata, acuta, obsoletè dentata, suprà viridia et puberula, subtüs 
niveo-tomentosa ; infériora minora , profundè dentata , petiolulata , 
petiolulo basi dilatato; superiora sessilia , subamplexicaulia. FLores 
in dichotomiis superioribus ternati , ad apicem ramorum ramulis 
lateralibus abbreviatis umbellas 9-floras mentientes : pedunculi 
6-12 1. longi, filiformes, niveo-tomentosi, fructiferi deflexi. Caryx 
infundibuliformis, 5-1. longus , profundè 5-fidus, niveo-tomentosus 
simulque pilis sericeis vestitus; tubo 10-costato; lobis oblongo-lan- 
ceolatis, acutis, subaristatis, trinerviis. Perara obovata , apice 
rotundata et erosa, unguiculata , alba, pennivenia , calyce triente 
longiora. Graxourx parvulæ, bilobæ, lobis rotundatis. Sramina gla- 
bra, 5-petalis opposita calyce duplè breviora, 5-glandualis opposita 
calycem subæquantia : filamenta filiformia, subulata : antheræ 
medio afixæ, subrotundæ, bilobæ, basi emarginatæ, a latere dehis- 
centes. Pisricum stamina breviora æquans. Srvui filiformes, pube- 
ruli, longitudinaliter intüs-stigmata gerentes. Ovarium ovoïdeum, 
densè hirsutum. Carsura obcordato-trilobata, hirsuta, calyce brevior, 
loculicido-trivalvis, valvis obcordatis, medio septiferis. SemIna ro- 
tundata, scabriuscula , glabra. Ranrcura cylindrica, obtusa : cotyle- 
dones radiculam æquantes, lineares, obtusæ. 

Non infrequens prope præsidium S$. Theresa et urbem ÆRocha , 
necnon in monte Pa6 de Assucar, in parte orientali provinciæ Cis- 
platinæ. Lecta cùm floribus fructibusque maturis Octobri. 


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DE LA FAMILLE DES GÉRANIACÉES. 375 


B. Ramosa : caule ramosissimo, pubescente; foliis subtüs vix 
tomentosis, sericeis; Calyce hirto, pilis longis sericeis. 

ln collibus vulg Cerro aspro, prope urbem Æocha, in parte 
orientali provinciæ Cisplatinæ. Lecta cum floribus fructibusque 
maturis Octobri. 


Expl. Tab. xvi.—1. Alabastrum , calyce ablato, ut glandularum situs et peta- 
lorum præfloratio perspiciantur.— 2. Id. petalis ablatis ut staminum situs pers- 
piciatur. — 3. Petalum.— 4. Floris sectio verticalis , calyce petalisque supra basim 
resectis. — 5. Capsula calyce vestita, —6. Eadem calyce ablato. — 7. Eadem lon- 
gitudinaliter resecta. — 8 Seminis sectio verticalis. 


CÆSAREA RUBRIFLORA. 


C. foliis lanceolatis oblongove lanceolatis ; seminibus 
pilosis. 


Ranix fibras plurimas capillares emittens. Cauus sesquipedalis, 
herbaceus , dichotomus, teres, infernè hirtellus, supernè incano- 
tomentosus. Fora5-10 1. longa , 12-53 1. lata, lanceolata oblongove- 
lanceolata , sessilia, subamplexicaulia, gradatim apicem versus 
angustata , obtusiuscula, basi cordata et scariosa, sinuato-dentata , 
suprà viridia et hirtella, subtüs incano-tomentosa, penninervia, 
nervis subtüs prominulis. Frores in dichotomiis superioribus ternati, 
ad apicem ramorum ramis lateralibus abbreviatis umbellas 9-floras 
mentientes : pedunculi 6-1 2 1. longi, filiformes, incano-tomentosi, fruc- 
tiferi deflexi. Cazvx infundibuliformis, 5-fidus, 3 1. longus, hirtellus 
simulque tomento incano vestitus; tubo 10-costato ; lobis lanceola- 
tis, acutis , subaristatis, 5-nerviis. Peraa apice rotundata et denti- 
culata , obovato-oblonga , subcuneiformia , unguiculata, purpurea, 
calyce dupld ferè longiora, pennivenia. GLanpuzx parvulæ, sub- 
truncatæ. Sramna glabra , longiora calyce triente breviora : filamenta 
filiformia : antheræ, infra medium aflixæ, subrotundæ, basi emar- 


376 DESCRIPTION D'UN GENRE NOUVEAU, ETC. 


ginatæ , extüs rimà longitudinali dehiscentes. Pisrizzum staminibus 
brevius. Srxui filiformes, glabri. Ovarrum ovoideum , hirsutissimum. 
Carsuza obcordato-trilobata, hirsuta, calyce brevior, loculicido- 
trivalvis; valvis obcordatis, medio septiferis. Sema ascendentia, 
obovoïdea , pilosa. Radicula cylindrica, obtusa : cotyledones radi- 
culam æquantes, lineares. 

Nascitur prope urbiculam Wzlla do Castro in parte provinciæ 
S. Pauli dictà Campos Geraës, et in paludosis haud longe ab urbe 
Curitybba iu parte australi ejusdem provinciæ. Lecta cum floribus 
et fructibus maturis Februario Martioque. 


ANATOMIE 


DE 


DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES, 


PAR LYONET. 


(DEUXIÈME ARTICLE.) 


_ Araignées. PI. 8. 


L'ivensiox qu'on nous inspire dès le bas âge pour les 
animaux venimeux, et entre autres pour les araignées, est 
vraisemblablement la cause qu’on ne les a pas examinées de 
si près que plusieurs autres sortes d'insectes. Aussi n’est-ce 
pas, je l'avoue, un animal qui nous y invite fort par sa 
figure , son caractère, ni par l'utilité qu'on en peut tirer pour 
les usages de la vie. Sa figure est ordinairement assez hideuse; 
son caractère est méchant, et sa soie, outre qu'elle est fort 
difficile à recueillir, ne vaut pas à beaucoup près celle du ver 
qui nous en fournit. Faut-il après cela s'étonner si messieurs 
les académiciens de Paris, qui furent chargés de la part de 
leur roi d'étudier cette sorte d’insecte, pour voir si l’on 


Mém. du Muséum. t. 18. , 49 


378 ANATOMIE 


pourroit tirer parti de leur soie, n’y aient pas découvert ce 
qu’elle avoit peut-être de plus remarquable, et qui fait 
exception à une des règles les plus générales de la nature, 
savoir : que les mäles, au moins d’un très-grand nombre 
d’espèces, ont les parties qui les caractérisent placées près 
du bout de leurs antennes, au-delà de leur tête, et que, ce 
qui est encore plus singulier, et dont on ne connoissoit pas 
d'exemple, que je sache, ces parties sont, à tous égards, 
parfaitement séparées et doubles; deux singularités qui 
peuvent bien avoir été en partie la cause que, quoique 
d’autres naturalistes eussent bien aussi remarqué que les 
mâles avaient au bout de leurs antennes des boutons dont 
celles des femelles étoient privées, ils ne se sont point avisés 
de soupconner que ces boutons renfermassent des pièces 
aussi essentielles. 

De pareilles singularités me déterminèrent, sur la mention 
que Lesser, dans sa Théologie des Insectes, avoit faite de ces 
boutons, qu'il y nomme des nœuds, mais dont il ne con- 
noissoit pas l'usage, d’y ajouter par forme de note, tome I, 
pag. 184, édition de La Haye, la remarque suivante : «€ Que 
« ces nœuds étoient plus dignes d’attention qu'ils ne le pa- 
« roissoient d'abord, et peut-être, y ajoutai-je, aura-t-on 
« peine à me croire, si je dis que ce sont les instrumens de la 
« génération du mâle. Je puis cependant, y poursuis-je, 
« assurer, pour lavoir vu plus d’une fois, que certaines 
« espèces d'araignées s'accouplent par là. Les mâles de ce 
« genre ont le corps plus mince et les jambes plus longues 
« que les femelles. C’est un spectacle assez risible que de les 


« voir faire l'amour. L’une et l’autre, montées sur des tapis 
D 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 379 


de toile, s’approchent avec circonspection et à pas me- 
surés. Elles alongent les jambes, secouent un peu la toile, 
se tätonnent du bout du pied, comme n’osant s'approcher : 
après s'être touchées, souvent la frayeur les saisit; elles 
se laissent tomber avec précipitation, et demeurent quel- 
que temps suspendues à leurs fils. Le courage ensuite leur 
revient ; elles remontent, et poursuivent leur premier ma- 
nége. Après s'être tätonnées assez long-temps, avec une 
égale défiance de part et d’autre , elle commencent à s’ap- 
procher davantage et à devenir plus familières. Alors, les 
tàtonnemens réciproques deviennent aussi plus fréquens 
et plus hardis. Toute crainte cesse, et enfin, de privautés 
en privautés, de mâle parvient à être prêt à conclure. Un 
des deux boutons de ses antennes s’ouvre tout d’un coup, 
et comme par ressort. Il fait paroître à découvert un corps 
blanc (ou d'autre couleur, suivant les espèces), l'antenne 
se plie par un mouvement tortueux, ce corps se joint au 
ventre de la femelle, un peu plus bas que son corselet, 
et fait la fonction à laquelle la nature l’a destiné. 

« Quand on ignore, poursuit cette note, que les arai- 
gnées (j'entends les adultes) s’entrehaïssent naturellement, 
et se tuent en toute autre rencontre que lorsqu'il s’agit de 
s’accoupler, on ne peut qu'être surpris de voir la manière 
bizarre dont elles font l’amour; mais quand on connoît le 
principe qui les fait agir de la sorte, rien n’y paroît 
étrange, et l'on ne peut qu'admirer l'attention qu’elles 
ont à ne pas se livrer trop aveuglément à une passion où 
une démarche imprudente pourroit leur devenir fatale. 
C’est un avis qu'elles donnent au lecteur. » 


380 ANATOMIE 


Ce que je marquai, dans cette note, sur le danger que 
l’araignée me sembloit courir en faisant l'amour, n’étoit alors 
qu'un simple soupçon tiré de son mauvais caractère et des 
précautions dont elle m'avoit en conséquence paru faire 
usage en amour; mais je n'avois pas encore pu m'assurer de 
la vérité du fait par mes yeux. Quelques années après, j'en 
eus l’occasion, et je puis aujourd'hui assurer très-positive- 
ment que le danger que les araignées, au moins les mâles, 
paroiïssent craindre en pareil cas n’est aucunement chi- 
mérique. 

Dans un des beaux jours de l’arrière-saison, je vis une 
grosse araignée de vigne, suspendue au centre de sa toile, à 
une treille qui étoit vers ma fenêtre. J'aperçus, sur le bord 
de la mème toile, une araignée mâle d'assez maigre appa- 
rence, dont les filets étoient tout près de là, qui, au moyen 
de petits tiraillemens de la toile de la femelle, auxquels 
elle répondoit de son côté, paroissoient coqueter ensemble. 
Après quelque temps, le mäle paroissant craindre d’appro- 
cher la femelle , elle se détermina à faire elle-mème des 
avances; elle quitta le centre de ses filets, s’approcha du 
galant timide, et, placée à très-peu de distance de lui, elle 
fit mille petites minauderies et agaceries comiques pour 
l’attirer, et elle y réussit enfin, au point que le mâle, ne 
pouvant résister à tant de séduction, succomba, et s’avança 
pour témoigner à sa belle par des effets réels combien il étoit 
sensible à ses prévenances; mais la perfide, levant tout à 
coup le masque, saisit le galant désastreux, l'enveloppa dans 
ses rets, et le perça apparemment d’un de ses dards empoi- 
sonnés, car m'étant pressé de voler à son secours, je l’enlevai 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 381 


bien de la toile, et le dégageai de la filasse qui l’envelep- 
poit, mais trop tard; la Parque avoit déjà tranché le fil de 
ses jours, et il ne me seroit resté d’autre satisfaction que 
celle d'apaiser.les mânes ducdéfunt en: vengeant sa mort, si 
la scélérate, eomme par honte de sa trahison, ne se fût 
promptement allé cacher sous: des feuilles, où elle échappa 
aux effets de ma vengeance. 

Un événement aussi tragique, et apparemment fort ordi- 
naire, arrivé sous mes yeux, fit naître en moi la curiosité de 
connoître mieux cette méchante .race d'animaux. Le pre- 
mier sujet qui m'en fournit l’occasion fut le mâle qui, dans 
la planche 8, est représenté, fig: 2, de grandeur naturelle, 
et, fig. 9, très-grossi, mutilé, et couché à la renverse. Il est 
de ceux qui se nichent dans les coins des murailles. Sa cou- 
leur est d’un brun: sale et désagréable. Le dessus de son cor- 
selet et de son corps a des nuances et des taches d’un brun 
plus foncé, distribuées symétriquement ,mais avec un peu de 
netteté. L'insecte est extrèmement velu, et comme son poil 
est roide et cassant, il cause aisément des éruptions à la 
peau, par les bouts qui en restent dans ses pores, lorsque 
l’insecte nous tombe sur le visage ou sur la main, ce qui fait 
croire à tort que leur attouchement même est venimeux , 
quoiqu'il ne le soit pas davantage que celui des chenilles ve- 
lues et des orties, qui sans ètre venimeuses, par une cause 
toute pareille, produisent le même effet. Les jambes longues 
de l’araignée dont il s’agit, son corps mince, et surtout les 
_ boutons de ses antennes AA, fig. 2, et DD, fig. o, qu'on ne 
trouve point à celles des femelles, annoncent que c’est un 
mâle. Je le trouvai vers la mi-août , et le suffoquai par la va- 


3832 ANATOMIE 


peur du soufre. On distingue aisément, fig. 9, où il est fort 
grossi, et vu à la renverse, les parties extérieures qui le com- 
posent, excepté sa tête, qui, enchàssée dans le dossier du 
corselet, n’est visible qu'à lopposite. A,A sont ses deux 
paturons, armés chacun du crochet fatal CG; dont il blesse, 
empoisonne, et tue sa Capture. Ces paturons ét leurs cro- 
chets sont écailleux en dehors, excepté que le dessus, obli- 
quement tronqué, est membraneux, et bordé, sur le tran- 
chant de l’écaille qui l'entoure , d’un certain nombre de 
dents pointues. L’insecte, en ramenant ses crochets sur ce 
côté tronqué, écrase sa proie au moyen des dents qu’elle 
y rencontre, et la remd. par là plus propre à ètre mangée. 
DM,DM sont deux bras ou antennes à cinq articulations, 
tout d’une venue dans la femelle, mais plus composées, et 
terminées par un bouton, D,D, dans le mâle. F est la lèvre 
inférieure, accompagnée de deux lames écailleuses E,E. Le 
dessous du corselet, marqué G, est aussi écailleux; il a en 
gros la figure d’un écusson, et est échancré à chaque origine 
de ses huit pates, pour en laisser le jeu plus libre. H,H,H,.... 
sont les premières de leurs cinqarticulations. LI est le corps 
de l’insecte. K,K sont les deux manmrelons ou filières, qui en 
cachent encore deux autres ; et LL sont deux queues articu- 
lées dont l'extrémité postérieure du corps de l'insecte est 
pourvue. Je n’ai proprement examiné avec un peu d'attention 
à ce mâle que ses antennes ou bras, avec leurs boutons, ses 
paturons et leurs crochets, ses .mamelons ou filières, et la 
position de ses yeux, et c’est par conséquent à quoi il faudra 
que je borne mes observations dans ce sujet. 

Les. araignées portent naturellement leurs deux antennes 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 383 


courbées vers le plan de position. On en voit une de profil, 
un peu fléchie en cercle, et fort grossie, fig. 4. Elles partent 
chacune d’un côté de la tête, à la hauteur des endroits où les 
paturons AA, et là lèvre F, fig. 9, avec ses deux accompa- 
gnemens EE, en dérivent. La première articulation À, fig. 4, 
des cinq de l’antenne dont il s’agit, et la troisième, B, sont 
fort courtes; la seconde est la plus longue. Toutes sont exté- 
rieurement écailleuses, et réunies bout à bout par de fortes 
membranes, qui leur permettent de se mouvoir en bien des 
sens. Le bout antérieur de la quatrième articulation D, 
fig. 1, 4, 8 et 10, est irrégulièrement renflé par le côté exté- 
rieur, et d’un endroit où ce renflement paroît comme tron- 
qué en dessus, fig. 10, partent deux grosses épines, l’une 
plus longue que l’autre, E et F. La cinquième articulation, 
ou bien le bouton de l’antenne, est renflé vers sa base, et 
terminé en pointe émoussée. C’est la partie la plus remar- 
quable de l'insecte, en ce qu’elle a au côté intérieur, un peu 
en dessous, une cavité membranense AF, fig. 1, dans la- 
quelle tiennent et sont placées un peu à découvert, comme 
on le voit dans les fig. 4, 8 et 10, en H,I, les parties qui ca- 
ractérisent le mâle, et qui, dans diverses autres espèces, y 
sont renfermées par un couvercle. Elles sont d’une confor- 
mation si irrégulière et.si bizarre, qu’il est bien difficile de les 
démèler, lors même qu'on les a sous les yeux. H,l, fig. 1, 4, 
8 et 10, en est une écaille, par laquelle leur assemblage se 
termine. Elle a ordinairement, plas ou moins, suivant les 
espèces, une figure qui tient de la faux, étant concave en 
dedans, convexe à l’opposite, et se terminant, dans cette 
espèce, par un crochet pointu H, fig. 1, 4 et 8. Je la nom- 


384 ANATOMIE 


merai le conducteur, parce qu’elle m’a paru servir de point 
d'appui et de conducteur au pénis, qui étant courbe, mince, 
long, et mème très-long quelquefois, a besoin d’être con- 
duit et soutenu. L, fig. 1 et 8, est le pénis, qui, dans cette 
espèce, est des plus courts. On voit qu'il est conique et ar- 
qué. En le touchant avec une aiguille, on le trouve écailleux 
et élastique. Sa figure se reconnoît plus distinctement, fig. 3, 
où il est représenté à part, et beaucoup plus en grand. On y 
aperçoit que son extrémité antérieure @ est percée, et qu'il 
est en dedans pourvu d’un conduit membraneux, dont une 
petite partie se montre en 0. Il appuie ordinairement, par le 
devant de sa courbure, contre le côté intérieur du conduc- 
teur, ce qui, outre l'usage dont il est parlé, contribue en- 
core à le garantir du choc des corps étrangers. Du reste, tout 
l'assemblage des autres parties qui accompagnent celles 
dont on vient de parler est si bizarre et si singulièrement 
réuni, qu’à moins d'y donner un temps très-considérable, et 
de les anatomiser et suivre minutieusement et en détail, ce 
que je n’ai pas fait, je doute qu'il soit possible de s’en faire 
une juste idée; mais ce dont on peut plus aisément s'assurer, 
lorsqu'on les presse, c’est qu’elles se portent naturellement 
à sortir du bouton par un mouvement spiral, et que leur res- 
sort les y fait rentrer d’elles-mêmes par un mouvement pa- 
reil, mais en sens contraire. 

La lèvre inférieure F, fig. 9, et ses accompagnemens E4E, 
y cachent un peu le bas des deux paturons de l’araignée. On 
en voit un, fig. 15, représenté en entier, et un peu plus grossi 
que fig. 9. Son endroit obliquement tronqué C,H, y paroît 
distinctement. Le fond, comme il a été dit, en est membra- 


# A :] 0 
DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 385 


neux, On voit que ses bords sont garnis, d’un côté, de huit 
dents, et de l’autre de trois. Le crochet A,C, articulé sur le 
bout du paturon en C, peut se mouvoir depuis A jusqu’en H , 
et écraser ainsi sur ces dents l’insecte qu’il a percé. ai 
Le crochet dont chacun des deux paturons est :armé'a 
quelque chose d’élégant, commeon le voit par la fig.:14, qui 
le représente grossi au microscope. Son côté intérieur B;F,A, 
a, depuis B jusqu’en À, une rainure assez profonde; quai lis: 
paroït en B sous une membrane, laquelle réunit un :assem- 
blage noir, écailleux, BCEDB, qui entoure let fortifie le 
crochet, et est muni en C d’une plaque noire, convexe, 
écailleuse, et d’un poli luisant. Assez près de la ponite du 
crochet, on lui trouve en À, sur le côté, une ouverture, et la 
transparence du crochet laisse entrevoir qu'à cette ouverture 
aboutit intérieurement un canal cylindrique assez étroit, qui, 
vers F, entre dans un tuyau plus large, et qui,'plus bas, dis- 
paroît sous l’enveloppe opaque DE,.et parcourt toute la 
longueur du paturon. jusqu’à la tête de laraignée, oùil 
s'ouvre dans un réservoir, que l’on aura occasion de faire 
connoitre dans la suite, ét qui contient le poison dont l'arai- 
gnée tue les insectes qu’elle a blessés. 
La fig. 13 représente un peu à la renverse le dessus de la 
tête et du corselet de cette araignée; mais cornme elle n’a 
pas été dessinée aussitôt après sa mort, si les nuances de ses 
couleurs se sont trouvées un peu effacées, ée que j'ignore, 
et qui peut bien avoir aussi été le cas de la fig. 9, cela n’im- 
portera guère, parce que les foibles nuances de ses, sales cou- 
leurs attirent peu notre attention. Quoi qu'il en soit, DE, 
fig. 13, est son corselet; BAO est sa tête. Elle-n’a point du 
Mém. du Museum. 1. 18. 50 


386 ANATOMIE 


tout de cou; mais elle est enchässée jusqu'à O dans le cor- 
selet avec lequel elle est coarticulée, et où elle se termine 
en pointe émoussée. Les deux élévations oblongues qui, l’une 
joignant l’autre le long de la ligne supérieure, occupent 
bien les trois quarts de la longueur de la tête, m'ont paru 
désigner l'emplacement des deux réservoirs du poison. 

‘On voit à la hauteur de BA comment ses huit yeux sont 
disposés sur le devant de la tête, et on le montrera plus clai- 
rement dans un autre sujet. Leur cornée est écailleuse et 
polie. Quand sur une araignée vivante on regarde ses yeux 
en certain sens, ils paroïssent étincelans comme du feu. CC 
sont les deux paturons, dont l’un montre son crochet, et 
l’autre la ramené sur lui de facon qu'on ne l’aperçoit qu’a- 
vec peine. La fig. 7 offre à la loupe la partie postérieure de 
cette araignée , vue du côté du ventre. On y remarque deux 
mamelons, BB, dans leur situation naturelle. Ce sont deux 
des quatre filières d’où l’insecte tire le fil de sa toile. Plus 
bas cette partie est pourvue de deux queues, à deux articu- 
lations chacune. T’usage ne m'en est pas connu : peut-être 
servent-elles à l'animal pour chercher en tätonnant les en- 
droits les plus propres à y attacher son fil. L'anus se trouve 
placé entre ces deux queues, Quand on soulève les deux 
mamélons BB, fig. 7, on trouve qu'ils en couvrent deux au- 
tres un peu plus petits, qui sont aussi des filières. Dans la 
fig. 11 la première paire de mamelons a été soulevée , afin de 
faire paroïtre la seconde dans sa situation naturelle, comme 
elle se montre en C. La fig. 5 offre de profil le bout d'un des 
deux premiers mamelons, fort grossi. Après avoir commencé 
à diminuer en s’arrondissant, depuis C jusqu’à B, il est re- 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 387 


haussé d’une élévation ou bourrelet, AB, qu’on n’aperçoit 
que peu distinctement dans la figure, à cause du cercle d’é- 
pines ou poils qui l'entoure et le cäche. 

Le dessus de ce bourrelet, placé obliquement, foiblement 
arrondi, et entouré de poils ou d'épines assez serrées et re- 
courbées en dedans, est criblé de quantité de petits trous, 
faits pour ouvrir passage et servir de moule aux fils dont l’in- 
secte: fait ses toiles. Ce bourrelet est entouré d’un second, 
pareillement criblé de trous et environné de poils, mais moins 
longs et plus rares que le premier. La fig. 16 fait voir en 
dessus, et plus en grand, la disposition de ces deux bourre- 
lets et des poils qui les environnent. Quand on a coupé le 
bout antérieur du mamelon, et qu'après en avoir vidé l’in- 
térieur on le regarde au microscope, on aperçoit aisément les 
trous dont il est criblé, et c’est ainsi qu’on le représente 
fig. 16. 

Comme ces bourrelets sont membraneux, et peuvent aisé- 
ment céder à la pression, on conçoit qu’à proportion que 
Paraignée presse plus ou moins fort avec ses mamelons sur le 
plan d'appui, ou avec ses pates sur le mamelon, un nombre 
plus ou moins grand des trous dont il est percé, et qui sont 
remplis de matière soyeuse, toucheront l’endroit contre le- 
quel ils appuient , et fourniront ainsi un ou plusieurs fils à la 
fois à l’araignée, suivant ses besoins, et suivant qu'elle a ap- 
puyé plus ou moins fort. 

La fig. 6 trace la forme du bout d’un des deux mamelons 
naturellement cachés, ou de l'autre paire fort grossie et vue 
de côté. Son extrémité arrondie ABC est pareillement un peu 
oblique, et criblée de petits trous difficiles à être aperçus 


388 ANATOMIE 


dans la figure; mais ce qui le distingue fort de l’autre paire, 
c’est que non-seulement cette extrémité est plus alongée, mais 
que, comme on le voit dans la fig. 5, bon nombre de petites 
filières saillantes, terminées chacune:par un tuyau, s'élèvent 
de toutes parts sur son dessus. Il y a apparence que ces 
tuyaux servent à mouler une autre sorte de soie plus épaisse 
que celle qui part immédiatement des cribles du mamelon, 
qui pourroit bien être gluante, tandis que celle de ces petits 
mamelons ne l’est pas. Au moins voit-on, en jetant du sable 
dans une toile d’araignée, qu'il ne s'attache pas aux ‘fils qui 
en forment les rayons, et qui sont les plus épais, mais bien à 
ceux qui en composent la spirale. Ce qu'il y a de bien cer- 
tain, c’est que ces petites filières sont creuses, ainsi que leurs 
tuyaux, et que ces tuyaux sont ouverts par leurs deux extré- 
mités, comme je m’en suis assuré, en séparant du bout de 
la seconde paire de mamelons un morceau contenant trois 
petites filières, A, B et C, fig. 12, et l'examinant d’abord à 
sec et ensuite dans de l’eau. A sec, ses trois petites filières, 
représentées ici fort grossies au microscope, me parurent 
d'une couleur assez sombre. Les ayant ensuite mouillées, 
elles conservèrent encore un moment cette teinte; mais un 
peu après elles devinrent claires, d’abord par l'extrémité 
antérieure de leurs tuyaux, et ensuite cette clarté descendit 
assez lentement jusque tout au bas de chaque filière, qui 
restèrent claires et transparentes aussi long-temps qu’elles 
continuèrent à être mouillées; ce qu’on ne peut guère attri- 
buer qu'à l'effet de l'eau, qui entrant lentement par le boat des 
tayaux, remplit enfin successivement toute la filière, et la fit 
ainsi pjaroître claire, jusqu’à ce qu’elle fût de nouveau séchée. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 389 


Seconde espèce d’Araignée mâle. PI, 9. 


Comme il y auroit de la témérité à vouloir établir sur une 
seule expérience un fait quelconque d'histoire naturelle, et à 
plus forte raison de vouloir le faire par rapport à un point aussi 
singulier et aussi nouveau que celui dont il vient d’être fait 
mention, quant à ce qui caractérise le mâle de ces insectes, 
J'ai cru devoir encore examiner les antennes d'araignées 
mâles de quelques autres espèces, pour voir s’il en seroit de 
même. La première qui s’offrit fut pareillement une araignée 
de coin de muraille ou de cloison. Je la trouvai en mars. On 
la voit de grandeur naturelle, pl. 0, fig. b. Elle est d’un 
jaune cendré, nuancé de noir. Ses jambes sont annelées de 
raies noires transversales. Le long de la ligne supérieure son 
corps est marqué d’une grande tache noire symétriquement 
dentée, placée sur un fond jaune, et suivie d’une double ligne 
de points jaunes et noirs alternatifs, ce qui la rend assez re- 
connoissable. 

Les parties que renferme le bouton de chaque antenne sont 
à proportion plus grandes dans cette araignée que dans la 
précédente; et comme les pièces qui en composent l’assem- 
blage sont moins transparentes, on les distingue plus aisé- 
ment. 

L’antenne vue de côté avec son bouton, et la faux ou le 
conducteur AF qui en déborde, mème dans leur état de re- 
pos, comme ici, sont représentés fort grossis, fig. 1. L’antenne 
s’y voit dans sa courbure naturelle. Elle est composée , ainsi 
qu’à l’ordinaire, de cinq pièces articulées, dont la première 


390 ANATOMIE 


B, et la troisième D, sont très-courtes; et la dernière, qui 
constitue le bouton, est fort grosse. C, fig., 1, 2, 3 et 4, est 
un crochet écailleux, mobile, dont on ne voit que le bout, 
fig. 1, 2 et 3, et qui paroit en entier fig. 4. Il tient à la 
racine du pénis, et ne s’est point trouvé à l’araignée précé- 
dente. L, fig. 1, est une lame écailleuse fourchue, noire et 
concave, qui tient à l’avant-dernière articulation, et dont 
l'usage m'est inconnu. 

La fig. 2 offre aplomb, mais encore plus en grand, ces 
mêmes parties dans leur état de repos, à la réserve seule- 
ment que le pénis PBAE, pour le faire mieux apercevoir, y 
a été tiré un peu de côté, et n’appuie pas, comme il le fait 
naturellement, contre la concavité du conducteur F,A, 

Tout cer assemblage, ainsi qu'il a déjà été remarqué par 
rapport à l’araignée précédente, sort, s’alonge, et agit par 
uu mouvement de rotation très-singulier, qui fait qu’en tour- 
pant autour de son centre il s’alonge à mesure, et sort hors 
du bouton, où il étoit en partie renfermé. Pour s’en assurer 
on n'a qu'à appuyer tant soit peu, avec une aiguille, contre 
l'endroit sur l'extrémité duquel le conducteur et le pénis se 
trouvent placés. On fait alors très-aisément tourner tout cet 
assemblage, en poussant le conducteur à reculons, et alors le 
pénis se porte en avant, et toutes les parties qui l'accompa- 
gnent sortent du bouton, sans perdre leurs situations respec- 
tives; et l’on peut ainsi leur faire faire un tour et demi sans 
aucun effort. Mais dans leur situation de repos, il n’y a pas 
moyen de les faire ainsi tourner en sens contraire sans tout 
rompre. Aussi est-ce par ce premier mouvement de rotation 
que le pénis, écailleux, élastique, naturellement fort re- 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 3ot 


courbé, et souvent très-mince et long, comme il l’est dans 
ce sujet, moyennant la direction du conducteur, remplit les 
fonctions auxquelles il est destiné. 

Les fig. 3 et 4 montrent, l’une par le côté et l’autre par 
devant, ces parties, auxquelles on a fait ainsi faire un tour 
et demi; de sorte que l’extrémité antérieure À du conduc- 
teur AF, est ici tournée en bas, pendant que dans la situa- 
tion de repos elle a une position toute contraire, comme on 
l'a vu fig. 1 et 2. 


Parties d'une troisième espèce d’Araignée mâle. 


Une araignée d’une autre espèce, mais aussi du nombre 
de celles qui se nichent dans les coins de muraille et de cloi- 
son, et que j'ai négligé de représenter au naturel, parce que 
se disposant à changer de peau elle n’avoit pas sa couleur fixe, 
n'offrit, quant au bouton de ses antennes, pour singularité 
qu’il cachoit totalement tout l’ensemble des parties qui con- 
stituent son sexe, lesquelles y étoient renfermées comme dans 
une boite ( AB, pl. 9, fig. 6), sans qu’il en parût rien au 
dehors, pendant que les boutons des araignées précédentes 
étoient ouverts par devant, etsembloientmanquerde capacité 
pour en pouvoir contenir tout l'assemblage; ce qui est cause 
que le conducteur en débordoit toujours et se montroit à nu. 
De prime abord on seroit porté à croire que cette différence 
d’avoir le bouton ouvert ou fermé fûtune distinction d’espèce, 
mais il me paroit que quelquefois ce n’en est qu'une d'âge, 
et que de porter les parties du bouton à découvert est alors 


392 ANATOMIE 


une marque de pleine puberté, tandis que le bouton fermé 
en est une du contraire; car outre qu'il peut être nécessaire 
à des espèces que ces parties, avant le temps de pouvoir ser- 
vir, et pendant qu'elles se forment, et n’ont pas encore ac- 
quis leur consistance, soient renfermées et à l'abri de toute 
atteinte, le bouton fermé, même de l’araignée dont il s’agit, 
me paroit favoriser ma conjecture; car cet insecte n’étoit 
point encore adulte. Pour l'être en effet il devoit mettre bas 
sa dernière dépouille et paroître sous une nouvelle peau, et 
alors ses boutons ne se seroient point montrés fermés, comme 
avant cette mue, mais ouverts, comme ceux des deux arai- 
gnées précédentes, ainsi que je m’en suis assuré, en enlevant 
au bouton, fig. 6, la peau qui le couvroit par devant; car je 
ne n'ai pas trouvé que la nouvelle peau, qui le couvroit vi- 
siblement par derrière, le couvrit aussi à l’opposite; mais jy 
ai vu paroître entièrement à nu les parties dont il s’agit, tout 
comme elles se sont montrées dans les deux premières arai- 
gnées, qui étoient adultes. 

Quoi qu’il en soit, ayant enlevé le devant ACB de la peau 
du bouton, fig. 6, les parties qu’il cachoit se sont offertes à 
nu, et vues aplomb, d’une façon aussi peu distincté que le 
montre la fig. 8, quoiqu’on y reconnût pourtant fort aisément 
le conducteur F,G et le pénis G,D,E; mais ayant mis le bou- 
ton sur son côté, et fait sortir entièrement les parties qu'il 
renfermoit, elles se sont fait voir de la façon que je les ai re- 
présentées fig. 7, c’est-à-dire pas aussi terminées et distinctes 
que si elles avoient pris toute leur consistance, mais assez 
pour én faire distinguer passablement l'assemblage. A y est la 
vieille peau, qui avoit couvert le côté postérieur du bouton; 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 303 


B le bouton qui en est entièremént dégagé ; FG le conduc- 
teur, armé près de F d’une écaille noire fourchue; P la ra- 
cine du pénis, munie, vers C, d’un crochet noir écailleux , 
et P,E,N, le pénis dans sa courbure ordinaire, mais dégagé 
du conducteur, contre le côté intérieur duquel il appuie na- 
turellement. 

La fig. 9 représente ce conducteur grossi environ ‘huit 
mille fois. Il m'a paru d’une consistance de cartilage. Son 
bord extérieur «est recourbé en forme d’ourlet, qui s’élargit 
depuis son origine, et se termine en s’arrondissant en pointe 
mousse, Il est sillonné de rainures obliquement transversales, 
qui lui donnent une apparence de cordon. 

La fig. ro est celle du pénis grossi vingt-sept mille fois. Il 
est creux, écailleux, très-mince, naturellement recourbé, et 
plus large qu'épais. A quelque distance de son origine il a un 
renflement alongé, À, d’une couleur plus foncée en dehors 
qu’à l’opposite. Il s’élargit et diminue insensiblement. Le pénis 
même s’élargit un peu vers son extrémité, et s’y termine 
d’une façon assez élégante , comme on le voit en B. 

Voici donc trois sortes d'araignées dont on vient de mon 
trer à l’œil que le mâle a les parties qui constituent son sexe 
placées au bout de ses antennes, et qu’elles sont à tous égards 
doubles; ce qui, joint aux deux espèces dont il a été parlé 
plus baut, nous offre cinq espèces d'araignées qui sont dans 
le même cas; ét comme je n’aï examiné que ces cinqespèces, 
qui se sont toutes trouvées telles, il y a bien lieu de présu- 
mer que ce cas est commun aux araignées en général, et que 
s'il s’en trouve des espèces dont les partiesmäles ne soient pas 
doubles, ou qui les aient placées ailleurs, ce que j'ignore, elles 

Mém. du Muséum. t. 18. 5 


304 ANATOMIE 


devront vraisemblablement être considérées comme faisant 
exception à la règle. 

Cette troisième espèce d’araignée, celle qui n’avoit pas 
encore quitté sa dernière dépouille, m'ayant donné lieu de 
faire quelques autres observations microscopiques à son su- 
jet, je vais les joindre ici, quoiqu’elles ne soient pas du même 
ordre que les précédentes. 

La fig. 11 est la partie supérieure du devant de sa tête, 
grossie trois mille trois cent soixante-quinze fois, à dessein 
d'y faire remarquer la direction et l'emplacement de ses huit 
yeux. A et B sont les deux endroits où les antennes ont été 
articulées. On voit dans cette figure que chaque œil est 
pointé différemment; que les quatre supérieurs regardent 
obliquement en haut, vers des points opposés, dont deux 
portent en avant et deux en arrière; que deux autres visent 
directement de côté, l’un à droite l'autre à gauche, et que 
les deux qui restent regardent obliquement en avant. Ces 
yeux sont transparens et convexes, le fond en est blanc. Ils 
sont enchâssés chacun dans un anneau noir, écailleux et assez 
large. Les cornées ne m’en ont pas paru parfaitement lisses, 
ce qui pourroit bien avoir été l'effet de son état de mue. 

Ayant tiré un de ces yeux de son anneau, et’ placé de 
profil comme il l’est fig. 12, où il se trouve grossi environ 
cent vingt-cinq mille fois, j'ai remarqué que du côté extérieur 
C,A,D, qui est celui qui paroît au dehors de la tête, il étoit 
plus convexe que du côté opposé C,B,D; mais que sur le 
milieu de ce dernier côté s’élevoit la portion d'une sphère 
beaucoup plus petite, qui, vraisemblement ; y avoit tenu lieu 
de cristallin. Quand on en regardoit le centre B aplomb, 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 395 


en sorte que notre prunelle se trouvoit dans une même ligne 
avec les points A et B, le centre B paroissoit beaucoup plus 
clair et transparent que tout le reste; et lorsqu'il étoit ainsi 
exposé à un bon microscope, on pouvoit voir tout au tra- 
vers de cet endroit les objets que l’on plaçoit dans une juste 
distance à l'opposite. 

La fig. 13 est celle d’un bout de pied du même insecte, 
grossi vingt-sept mille fois. On lui a ôté les épines dont il 
étoit hérissé, pour mieux faire paroître le crochet A, et les 
deux griffes B dont il est armé. Les points qu’on y aperçoit 
marquent les endroits où ont été implantées des épines qui, 
emportées, ont laissé naturellement ces marques après elles. 
On découvre au dedans de ce bout de pied que le nouveau 
crochet D, et les deux nouvelles griffes C, dont l’araignée au- 
roit fait usage après sa mue, ne se moulent pas dans l’inté- 
rieur du vieux crochet et des vieilles griffes, mais se forment 
plus haut dans l’intérieur du bout du pied , et que ces parties 
y sont beaucoup plus grandes que celles qu’elles sont desti- 
nées à remplacer. Ces griffes, qui sont doubles, et placées 
l'une à côté de l’autre, comme on le remarque en B, sont 
d’une forme très-singulière : on en voit une extrémement gros- 
sie fig. 14. Elles sont noires, irrégulièrement arquées, ainsi 
que le montre leur contour A,B,C, et sont purvues au côté 
inférieur d’une douzaine de crochets rangés en file, et di- 
minuant successivement de grandeur et de courbure depuis 
le premier jusqu'au dernier. 

C’est probablement au moyen de ce crochet À, fig. 13, et 
des deux griffes armées de crochets, que l’araignée porte à 
l'extrémité de ses pieds, qu'elle sait tirer la toile de ses ma- 


306 ANATOMIE 


melons, l’arranger avec adresse, et s’y suspendre ou en des- 
cendre comme il lui plaît; car si elle n’avoit pas la faculté 
d'arrêter où diminuer l'effet du poids de son corps sur le fil 
qui sort de ses filières, elle se verroit souvent d’abord portée 
par terre lorsqu'elle ne voudroit que se suspendre. Ce qui 
ne lui arrive pourtant pas, demeurant au contraire suspen- 
due, ou descendant par reprises, tantôt vite, tantôt lente- 
ment, tout autant de fois qu’elle le trouve à propos. 

Je ne suis pas en état de décider précisément comment 
ces procédés s’exécutent, mais je conçois que cela peut se 
faire au moyen du erochet et des deux griffes d’une de ses 
pates, de la manière suivante: supposons que l’araignée, après 
avoir attaché un fil à quelque corps fixe, comme A, fig. 15, sy 
fût suspendue par un des mamelons M, dont elle tire satoile, 
et se sentit par le poids de son corpsentrainée vers la terre, ce 
qu’elle voulüt prévenir; supposons encore que E et D fussent 
les deux grifles, et C le crochet de la pate dont elle vouloit 
se servir pour cet effet. D'abord elle pourroit appuyer d’un 
autre pied contre le fil en B, le faire passer sous le crochet C, 
et l’en écarter obliquement plus ou moins, comme elle le trou- 
veroit nécessaire, ce qu'on suppose avoir été fait ici jusqu’à B. 
De cette façon, le mamelon M ne soutiendroit pas seul tout le 
poids de l’araignée, mais le crochet C en portera avec lui une 
partie plus ou moins sensible, suivant que cet autre pied aura 
soulevé plus ou moins le point B; et si cela ne suflit pas pour 
rallentir la descente, ou bien pour l'arrêter au: besoin tout-à- 
fait , elle n'aura qu’à faire faire un, deux ou trois zig-zags ou 
allées et venues à son fil sur les crochets E et D des deux 
griffes du pied, pour faire soutenir à ces griffes en grande 


DE DIFFÉRENTES, ESPÈCES D’INSECTES. 397 


partie, et même presque tout-à-fait lorsqu'l le faut, le poids 
de son corps, et en délivrer le mamelon M. C’est ainsi que 
l’araignée sera pleinement en état de descendre plus ou moins 
vite, et de rester suspendue à son:fil tout autant de:foïs:qu'il 
lui plaira; sans que je prétende pourtant décider que la chose 
s'exécute précisément, ainsi que je viens d’en montrer la pos- 
sibilité. 

Quant aux réservoirs -que je m'étois proposé de faire con: 
noître, et où se prépare et se conserve le suc venimeux dont 
l’araignée tue les insectes qu’elle a blessés en faisant couler de 
ce suc dans les plaies par le trou À du crochet de ses paturons, 
pl. 8, fig. 14, on parvient, en ouvrant d’abord tout le crochet 
A,C, fig. 15, ensuite le paturon CD, et enfin le devant de la 
tête de l’insecte jusqu’au de là desyeux, onparvient, dis-je, 
ainsi jusqu’à ces réservoirs, qui s’y trouvent au nombre de 
deux placés auprès des yeux,, l’un à côté de l’autre, à droite 
et à gauche de la supérieure, ainsi qu’on l’aperçoit entre G 
et les yeux, pl. 8, fig. 13. La fig. 16, pl. 9, représente un 
de ces réservoirs séparément et fort grossi : AB est le réser- 
voir même dont le canal AE s'ouvre par E dans la blessure 
de l’insecte meurtri, et DE est la partie du canal renfermée 
dans le crochet. 

On entrevoit dans ce réservoir AB un second vaisseau de 
moitié plus étroit ; c’est apparemmententre leurs deux enve- 
loppes que se filtre et se prépare le poison. L’enveloppe du 
réservoir extérieur est. garnie d’une couche de fibres à di- 
rection oblique, dont la construction, en raceourcissant et res- 
serrant le réservoir, oblige apparemment le poison à mon- 
ter par le canal AË, pour aller se répandre par le trou A, 


308 ANATOMIE 


pl. 8, fig. 14, dans l’insecte blessé. Ces fibres de direction 
oblique, examinées au microscope, paroissent coordonnées 
chacune comme on l'entrevoit déjà pl. 9, fig. 16; mais elles 
se montrent plus distinctement fig. 17, qui trace un fragment 
de ce vaisseau beaucoup plus grossi, et où plusieurs de ces 
fibres se voient rompues et séparées les unes des autres. Ces 
fibres, quand, après les avoir laissé sécher, on les examine 
avec un fort microscope; paroissent composées de deux sub- 
stances, l’une charnue qui se retire en séchant, et l’autre écail- 
leuse qui est tournée en ressort à boudin, ou plutôt en vis 
d’Archimède, et qui demeure toujours dans le même état, 
comme on l’a représentée fig. 18. 


Araignée femelle du même genre. PI. 10, fig. 1—27. 


Après avoir ainsi légèrement passé en revue plusieurs par- 
ties d'araignées mâles, on ne me saura peut-être pas mauvais 
gré que j'en fasse de mème par rapport à leurs femelles; et 
que, comme j'ai pris ces mâles du nombre de ceux qui se 
nichent dans les coins de mur ou de cloison, je prenne aussi 
du même endroit la femelle, sur laquelle je vais donner quel- 
ques essais. 

Elle se voit de grandeur naturelle, pl. 10, fig. 1; elle est 
couverte de poils très-courts; sa couleur est grisâtre, marquée 
de taches d’un brun foncé. Je l'ai prise et dessinée en mars, 
et ainsi vers la fin d’une saison où vraisemblablement elles 
n’ont de long-temps pas trouvé beaucoup à manger; cepen- 
dant celle-ci avoit encore le corps sensiblement plus gros 
que ne l'ont les mäles de sa taille, mais elle avoit les pates 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 309 
plus courtes; deux caractères, outre celui des boutons aux 
antennes, par où l’on peut généralement distinguer du pre- 
mier coup d’œil un mâle d’une femelle. Du reste, à l'extérieur, 
on n'aperçoit pas de différence fort sensible entre le mâle et 
la femelle, par rapport à la forme de la tête, du corselet, des 
pates, des paturons, de leur crochet, de la lèvre inférieure 
et de ses accompagnemens, des deux mamelons ou filières 
visibles et des deux queues; de sorte que ce qui a été dit 
ou se dira d’une des deux à tous ces égards, pourra être censé 
avoir été dit de l’autre, et parce qu’on en voit pl. 8, fig. 9, 
qui représente un màle couché à la renverse, on se rappellera 
aisément ces mèmes parties dans la femelle couchée au même 
sens, pl. 10, fig. 2, mais tracée plus en petit, et l’on recon- 
noitra que AA sont ses bras ou antennes, BB ses paturons, 
DD leurs crochets, C...... ses huit pates tronquées à la pre- 
mière articulation, K l’étranglement qui sépare le corselet du 
corps, FF les deux mamelons ou filières visibles, et GG les 
deux queues de l’insecte. Les bras ou antennes de la femelle, 
A,A, fig. r et2, et A,B,C, fig. 3, sont composées, comme 
celles du mâle, de cinq articulations dont la première et la 
troisième sont fort courtes, et dont celles-ci et la seconde 
sont d’une couleur beaucoup plus claire que le reste; mais 
ce qui distingue essentiellement les bras de la femelle de ceux 
du mâle, c’est que pendant que ceux du mâle se terminent 
par un bouton qui contient , comme on l’a déjà remarqué, 
ce qui caractérise son sexe, ceux de la femelle sont tout d’une 
venue, et ne renferment quoi que ce soit qui caractérise le 
sien, mais se terminent sans renflement par un bout arrondi 
fort velu ou épineux, dont, quand au moyen de quelque 


4oo ANATOMIE 


instrument subtil on emporte les épines, on trouve le bout 
pourvu d’un ongle ou crochet mobile denté, pareil à ceux 
qu’on trouve doubles à chaque pate d’araïignées, et qui 
peut bien lavoir été aussi à ses bras, où quelque manque 
d'attention, joint à la difficulté qu'il y a d’emporter les 
épines du bout du bras même sans rompre et émporter la 
griffe, n’ont empêché de m'assurer si l'antenne n’est munie 
que d’une griffe, ou si elle en a deux comme les pieds de cet 
insecte. 

Ses deux paturons BB, et leurs crochets D,D fig. 2, m'ont 
paru faits à tous égards comme ceux du mâle, si ce n’est que 
le paturon de la femelle me sembla un peu plus gros et plus 
court. 

La lèvre inférieure, flanquée de ses deux accompagne- 
mens ; tient avec eux à une membrane qui borde par devant 
Pécaille inférieure du corselet sur laquelle ils peuvent se mou- 
voir. Ces accompagnemens ‘sont plus grands que la lèvre 
même, et à proportion aussi que ceux des mâles précédens. 
On les a représentés à part et en dehors, fig. 25. Leur bord 
antérieur est blanchâtre, et le reste de ce côté est d’une cou- 
leur qui, comme celle de ses pates, de la plus grande partie 
de ses bras et de son corselet, approche de celle de la gomme 
commune, M est la lèvre inférieure , SS en sont les accom- 
pagnemens. Outre que ces parties, comme le resté des par- 
ties extérieures de l’araignée, sont presque toutes hérissées 
de poils, elles sont à leur bord antérieur pourvues de poils 
plus serrés: et plus longs qui ÿ forment comme de petits 
pinceaux. 

Quand on renverse cette lèvre et ses accompagnemens sur 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES, 4o1 


le corselet, et les paturons sur le côté opposé, ce qui se fait 
sans effort, on met à découvert un espace membraneux blan- 
châtre dont il ne paroît autrement rien au dehors, et qui est 
représenté, fig. 24, en C,A,S,L,S,A,C, où les paturons BC,BC 
sont articulés d’un côté, et la lèvre supérieure L et ses deux 
accompagnemens S,S, qui sont les mêmes que l’on voit du 
côté opposé en S,S, fig. 25, mais un peu plus en grand, le 
sont de l’autre. A,A, y marquent la première articulation 
des bras, dont on a retranché le reste. 

Lorsque j'eus mis tout cet espace à découvert, et que je 
n'y vis point l’ouverture de la bouche que je comptois d'y 
voir à nu, je soupconnai d’abord que les araignées se nour- 
rissoient comme le fourmillon, et d’autres insectes voraces, 
par l’ouverture qu’ils ont vers le bout de leurs crochets, au 
travers de laquelle ils sucent la substance des animaux qui 
leur servent de pâture; mais ayant ensuite découvert que 
cette ouverture ne communiquoit pas avec l’estomac, mais 
avec le réservoir du poison, je changeai d'idée, et je n’eus 
pas plus tôt soulevé la partie renflée charnue LE, fig. 24, que 
je vis qu'elle étoit la lèvre supérieure dont la continuité 
avec l’œsophage est représentée par A,X, fig. 27, et qui, 
appliquée sur l’inférieure, m’avoit d’abord rendu l'ouverture 
de la bouche entièrement invisible. Cette ouverture se voit 
fig. 23, où M la représente, et où tout s'offre plus aplomb 
pour cet effet. 

Quand on retranche la lèvre inférieure, on met à découvert 
le palais dont la forme s'offre à plein, et plus en grand, fig. 20: 
L est l'entrée de l’œsophage; [,K est une sorte de gouttière ou 
canal par lequel les alimens se portent vers l'estomac. Je n’ai 

Mém. du Muséum. 1. 18. 52 


4o2 ANATOMIE 


point examiné dans ce sujet la partie large et brune qui borde 
de part et d’autre cette gouttière; mais l'ayant fait à l’araignée 
mäle d’une autre espèce, je l’ai trouvée telle que la représente 
fort en grand, avec son œsophage, la fig. 4. 

Sa structure est très-remarquable. AC est la gouttière par 
laquelle les alimens descendent dans l’estomac; les parois de 
cette gouttière sont écailleuses et de couleur sombre; elles 
s’épaississent insensiblement un peu depuis A jusqu'à B, et 
elles sont bordées chacune d’une aile de couleur plus claire, 
qui s’élargit également de part et d'autre en approchant de 
l’œsophage, et qui donne au tout la forme d’une truelle alon- 
gée A,F,B,G,A. 

Ces deux ailes sont obliquement traversées d’une centaine 
de barres pour le moins, dont la direction vers l’estomac se 
voit entre F et G. Avec un verre de deux cinquièmes de ligne 
de foyer, j'ai trouvé que ces barres étoient écailleuses et gar- 
nies de dents extrèmement petites. Les barres les plus lon- 
gues en avoient chacune une douzaine, les autres me paru- 
rent en avoir moins, à proportion chacune de leur longueur. 
La fig. 5 est la coupe transversale du palais dont AC marque 
la cavité du canal ou de la gouttière. 

L’œsophage a naturellement la courbure qu’on lui voit 
en B,C,D, fig. 4, et qui est l'effet de deux lames écailleuses 
parallèles, naturellement ainsi fléchies, qui en parcourent la 
longueur. Elles se touchent, mais ne peuvent aisément s’é- 
carter pour donner passage aux alimens. Au bout de ces 
lames on trouve dans l’œsophage une pièce, en partie écail- 
leuse, en partie membraneuse et en partie charnue, DE, 
fig. 4, et N, fig. 27, qui représente en droite ligne le canal 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 4o3 


qui descend de la bouche À jusqu’à l’entrée de l'estomac, 
dont l’usage n’est pas facile à déterminer. Elle pourroiït bien 
être une sorte de machine pneumatique dont les parois, en 
s’écartant , formeroient un vide propre à faire passer, par la 
pression de l'air extérieur, les alimens de la bouche dans 
l’estomac. Quoi qu’il en soit, ce qu'il y a d’écailleux dans 
cette partie est composé de deux lames recourbées, appli- 
quées l’une contre l’autre, qui laissent un petit vide entre 
elles, et forment par leur rencontre un contour de cœur 
alongé que l’on remarque en N, fig. 27; mais qui paroit 
beaucoup plus grand, et dégagé de ce qui l’environnoit en 
dessus, fig. 18, en perspective, fig. 17, et de côté, fig. 15. 

Quant au corselet, son dessus est composé de deux pièces 
égales, presque écailleuses, et réunies le long de la-ligne supé- 
rieure. Son dessous, qui paroït fig. 2, est pareillement écail: 
leux, ou peu s’en faut. Il a la figure d’un écusson, et est lon- 
gitudinalement traversé de deux raies d’un brun plus foncé 
que le reste. Des côtés de cet écusson partent les huit pates, 
qui, comme les antennes, m'ont paru chacune composées de 
cinqpièces écailleuses, articulées par des membranes. Ces pates 
sont hérissées d’épines noires, de différentes grosseur et lon- 
gueur. Le corps et le corselet de l’araignée sont aussi garnis 
d’épines, dont les unes sont noires, et les autres blanchâtres. 
Elles contribuent à former la diversité des taches que l’on voit 
à cet animal; mais ce qui les constitue principalement est une 
seconde peau qui se trouve sous la supérieure, et qui estteinte 
de ces diverses couleurs que la transparence de la peau supé- 
rieure, quoique très-forte, coriace, et tenant de l’écaille, per- 
met d’entrevoir. 


404 ANATOMIE 


Lorsqu'on racle et qu'on emporte le poil ou les épines de 
cet insecte, on voit que le fond de sa couleur est d’un feuille- 
morte jaunâtre, rehaussé de taches noires, et piqué de points 
blanchätres. 

La peau supérieure, trempée quelque temps dans l’eau, et 
ensuite examinée au microscope par son côté intérieur, m'a 
paru double, quoique je n’en aie pu séparer les deux lames ; 
car je l'ai trouvée criblée d’un grand nombre d'ouvertures très- 
sensibles, au travers desquelles il étoit aisé d’apercevoir l’autre 
duplicature qu’on pouvoit envisager comme l’épiderme, et 
alors cette partie criblée seroit la peau, et la tunique colo- 
rée et mollasse qui est dessous pourroit être envisagée comme 
la membrane adipeuse, ou bien comme le panicule charnu 
de l’animal, suivant que ce tégument sera trouvé graisseux ou 
non, ce que jai négligé d'examiner. 

Quand on a enlevé le dessus du corselet, avec la tête qui y 
est enchàssée, on met en vue le cerveau composé de deux 
masses assez petites, blanches, à peu près sphériques, A et 
B, fig. 22, avec la moelle épinière qui en est comme une con- 
tinuation très-volumineuse. Ce cerveau se trouve placé à la 
hauteur de l'endroit où la tête s’enchàsse dans le corselet. Les 
deux lobes du cerveau sont séparés; mais la moelle épinière 
qui en procède forme deux troncs épais qui d’abord se tou- 
chent, ensuite se séparent, parcourent chacun une courbe 
irrégulière, et vont se réunir et se confondre plus bas sous la 
ligne supérieure, et renferment ainsi un espace qui tient de la 
forme du corselet. À mesure que la moelle épinière décrit de 
part et d'autre la courbe dont il vient d’être parlé, elle fournit 
neuf branches, C,D,E,F,G;,H,I,K, et L, qui, à la réserve de la 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. ko5 


dernière, s'introduisent chacune dans la première articulation 
de la pate qui lui est la plus voisine. La dernière branche L;, 
se dirigeant perpendiculairement vers le corps, atteint lécaille 
qui le sépare du corselet. 

Le cerveau, le tronc et les branches de la moelle épinière, 
ont plusieurs renflemens et inégalités irrégulières, comme le 
montre la fig. 22. La substance en est molle et blanchâtre, 
mais picotée à plusieurs endroits de petits points bruns, comme 
on le voit représenté dans cette figure. 

On aperçoit dans l’espace que renferment les deux troncs 
de cette moelle, directement au-dessous de leur séparation 
antérieure, un corps pointu M, un peu plus sombre que le 
reste. C’est l'assemblage écailleux, que j'ai dit, que je soup- 
çonnois être une espèce de machine servant à pomper les 
alimens de la bouche vers l’estomac. Elle ne paroît pas fort 
distinctement ici, parce qu'elle est couverte de chairs qui 
remplissent cet espace, et qui sont mollasses, blanchâtres et 
‘peu transparentes. 

Lorsque, laissant l’araignée dans la même position, on 
enlève le cerveau et toute la moelle épinière, avec les par- 
ties qui les environnent, on met à découvert un assemblage 
solide et blanc, qui, par sa fermeté, tient de l’arète et est 
d’une figure assez élégante. Il peut être considéré comme le 
sternum de l'insecte; cet assemblage se voit fig. 26. Il ne repré: 
sente pas mal un corset travaillé à jour et criblé de quantité 
d'ouvertures irrégulières, dont celles du milieu sont moins 
grandes que les autres. De ses côtés partent plusieurs paquets 
ou- faisceaux de lames fibreuses B,B,B,B, dont la substance 
tient, de la fermeté d’un cartilage, et paroït se ramollir à 


406 ANATOMIE 


mesure qu'elles s’éloignent de l'endroit d’où elles partent. 
Les muscles de la tête et des pates y ont été probablement 
insérés. Sur le devant A de ce sternum repose la partie D,E, 
fig. 4, ou N, fig. 27, qui est la même, différemment grossie 
et exposée en vue, dont il a déjà été parlé, et qui se trouve 
au bas de l'œsophage. Cette partie est suivie d’un conduit 
membraneux qui, traversant la longueur du sternum et le 
dépassant, s’introduit dans le corps; au travers de l’étrangle- 
ment qui le sépare du corselet, où vraisemblablement il va 
s'ouvrir dans l’estomac. | 

On voit à la région antérieure du dessous du ventre de la 
femelle en V, fig. 2, une pièce écailleuse, couleur de gomme 
commune, que l’on ne trouve point au mäle. C’est par là que se 
fait l'accouplement. Ces parties sont placées sur le bord anté- 
rieur d'un sillon très-profond E,H qui, à quelque distance de 
la ligne inférieure, remonte vers le corselet, et qu'on expose 
en vue lorsqu'on soulève et tourne en dehors l’écaille V. A 
droite et à gauche ce sillon est en dessus bordé de deux raies 
d’un jaune päle, et différant de la couleur des autres parties 
extérieures de l’animal. La fig. 21 représente séparément, plus 
en détail et plus en grand, l’écaille V, fig. 2. Vue aussi en 
dehors, on n’y aperçoit dans cette situation aucune ouver- 
ture. La fig. 19 en offre aplomb le côté qui borde le sillon 
E,H, fig. 2. J’y ai cru apercevoir en V une ouverture très- 
petite et proportionnée au pénis du mäle; aussi est-ce par là 
que je l'ai vu s’accoupler en d’autres espèces. La fig. 16 est 
la même pièce écailleuse, présentée du côté opposé ou inté- 
rieur. Ses contours y paroissent différens de ceux qu’elle a 
fig. 21,ce qui vient de deux branches écailleuses circonflexes 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 407 
Q,R et S,T qui bordent en dessous cette écaille, et s'élèvent 
en arcade vers leur milieu, ce qu’on n’a pu bien exprimer 
dans la fig. 16. 

Cet insecte est hérissé de deux sortes d’épines, les unes 
longuettes et lisses, ou peu barbues comme fig. 7, les autres 
très-courtes, fines et à grandes barbes. Ces barbes sont très- 
longues au bas de l'épine, et diminuent en longueur à mesure 
qu’elles approchent de sa pointe. Le nombre de ces barbes 
varie beaucoup. La fig. 6 représente une de celles qui en 
avoient le plus. 

La fig. 11 montre aplomb l’extrémité postérieure du corps 

de cétte araignée, et beaucoup plus en grand qu’on ne la voit 
F,G,G;F, fig. 2. J’y ai soulevé et écarté les quatre mamelons 
ou filières, et les deux queues GG. fig. 2, ou Y,Z, fig. 11, afin 
de faire remarquer comment ces parties se trouvent placées 
sur une membrane blanchätre elliptique, qui ne paroit point 
quand elles sont dans leur état de repos. Toutes sont rases et 
blanchâtres aussi loin qu’elles ne se montrent pas alors: le reste 
en est épineux et d’une couleur plus foncée. FF, fig. 11, sont 
les mamelons extérieurs, ceux qui sont toujours en vue. Au 
dessous de ces mamelons on en découvre deux autres plus 
petits, qui sont ordinairement cachés par les précédens. 
Comme la structure de ces deux paires de mamelons a déjà 
été détaillée ci-dessus par rapport à une autre araignée, on se 
dispensera ici de s'étendre là-dessus davantage. 

On voit en À, fig. 11, deux traits courbés en arc, qui ren- 
ferment un espace étroit et oblong. Je soupçonne que c’est 
l'anus; mais j'ai négligé de m’en assurer. 

Lorsqu'on ouvre le corps de cette araignée, on trouve que 


408 ANATOMIE 


ses entrailles sont entièrement couvertes d’une enveloppe 
très-épaisse, composée de substance graisseuse ou huileuse, 
rassemblée par grumeaux de forme très-variée, et qui laissent 
entre eux de fort profonds sillons. Au microscope on aperçoit 
que tous ces grumeaux sont enveloppés de vaisseaux blanes, 
fort déliés, et tous à peu près de même capacité, qui commu- 
niquent les uns avec les autres, et forment à l’entour de ces 
grumeaux , en dessous et en dessus, un tissu réticulaire assez 
curieux; et lorsqu'on essaie d’enlever les grameaux anfrac- 
tueux, dont cette enveloppe est composée, on voit que ce 
même tissu s’y insinue et communique par ses ramifications 
avec le tissu opposé. Aussi, quand avec un pinceau lon bat 
légèrement pendant quelque temps un morceau de cette 
enveloppe dans une goutte d’eau, et qu’on a ainsi dégagé le 
tissu réticulaire de la substance graisseuse qui lenvironne, on 
est surpris du grand nombre de vaisseaux dont on voit alors 
qu'il est composé; mais ce qui m’a encore surpris davantage, 
c’est que ces vaisseaux ne me parurent point des bronches, 
quoique leur grand nombre et leur couleur sembloient devoir 
le faire penser; car les ayant examinés avec un très-fort mi- 
croscope, je les trouvai remplis en plusieurs endroits, et non 
vides, comme le sont les bronches, et je ne leur aperçus point 
ce fil roide tourné en ressort à boudin, qui caractérise les 
bronches des insectes. Aussi n’ai-je trouvé dans cette arai- 
gnée aucun vaisseau de cet ordre, chose remarquable, si ef- 
fectivement elles n’en avoient point, ou que leurs bronches 
fussent autrement faites, ou bien que la finesse de leur fil le 
fût au point de le rendre imperceptible aux meilleurs mi- 
croscopes. 


DE DIFFÉRENTES DEPÈCES D INSECTES. hog 

Dans cette incertitude, je cherchäai avec attention si je ne 
découvrirois point à cette araignée quelques stigmates, et je 
trouvai sur les côtés de son ventre, au bord du sillon E,H, fig. 2, 
deux élévations paraboliques, écailleuses, fig. 8, extrêmement 
grossies, fig. 10. Leur grand diamètre avoit 'énviron le tiers de 
l’étendue d’un crochet de paturon de cet animal. Ces éléva- 
tions écailleuses étoient criblées d’un très-grand nombre de 
tous ronds, extrêmement petits, ce qui pouvoit rendre cette 
partie propre à faire les fonctions d’un stigmate. Je trouvai 
bien encore sur la peau du corps de cet inseëte des élévations 
écailleuses, de figure pareille, mais si petites que leur grand 
diamètre ne faisoit que le tiers du court diamètre des précé- 
dens. Aussi n’ai-je pu m’apercevoir s'ils étoient pareillement 
criblés de trous, et je n'ai pas fait assez attention aux endroits 
du corps où je les ai vus, ni si des bronches s’abouchoîent 
intérieurement aux unes et aux autres; de sorte que ne pou- 
vant décider si ces élévations ovalaires sont des stigmates ou 
non, ce point reste encore à éclaircir. 

Lorsqu'après avoir ouvert le ventre de l’araignée le long de 
sa ligne inférieure, depuis ses queues G,G, fig. 2, jusqu’au sil- 
lon E,H, on sépare le corps graisseux en deux masses et qu’on 
lescouche àdroiteet àgauche,comme on l’a faitenA,H,D,B,LE, 
fig. 15, avec les tégumens qui l'ont couvert, on met en vue les 
parties représentées fig. 13, où l’on aperçoit d’abord après l’é- 
caille C qui caractérise la femelle, l'ovaire, A,D,B,E. Il s’éténd 
depuis le sillon E,H, fig. 2, jusqu’à une petite distance des 
mamelons F,F, et occupe une grande partie du vénñtre. Cet 
ovaire est blanc; on y entrevoit distinctement les œufs au 
travers des membranes qui les enveloppent : on aperçoit de 


Mém. du Muséum. t. 18. 53 


410 ANATOMIE 

plus, dans la fig. 13, qu'il est partagé en deux lobes qui se 
touchent, et que, du côté de l’écaille C, un appendice encore 
plus blanc, terminé en pointe émoussée, et de la largeur envi- 
ron de cette écaille, occupant à peu près le tiers de la longueur 
de l'ovaire, en couvre une partie. C’est un lacis d’un très-grand 
nombre de vaisseaux blancs, extréèmement déliés, qui sem- 
blent pareils à ceux qui forment un tissu réticulaire autour 
du corps graisseux. 

Quand on tire l'ovaire du corps de l’araignée, on trouve 
qu'il est composé de deux lobes séparés, dont chacun est un 
sac membraneux très-transparent, fig. 14, sur le dehors duquel 
tous les œufs sont séparément logés; que ce sac se termine 
antérieurement par un canal court et assez large, A, qui d’a- 
bord se partage en deux branches, C et B, dont l’une, C, 
aboutit et tient à l'écaille C, fig. 13, et l’autre, B, monte vers 
le corselet. C’est apparemment par la première de ces branches 
que les œufs, moyennant le coït, recoivent leur fécondité, et 
que par l’autre ils tirent leur nourriture, et reçoivent leur 
accroissement. 

Le lobe, fig. 14, de l'ovaire a été représenté en sens opposé 
à celui où il s'offre fig. 13, où les œufs paroissent tous à peu 
près également gros et formés, pendant qu'ils se montrent 
plus petits fig. 14, à mesure qu’ils approchent de la ligne 
supérieure : aussi n’occupoient-ils pas tout ce côté du sac de 
l'ovaire; mais ils en laissoient un espace assez grand, dégarni 
comme on le voit dans cette fig. 14, où les grands œufs qu’on 
entrevoit dans cet espace sont ceux du côté opposé, que la 
transparence de la membrane qui constitue le sac de l'ovaire 
permet d’apercevoir. 


LA 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D’INSECTES. A1 


Ayant examiné comment les œufs tiennent à ce sac, j'ai 
trouvé que chaque œuf étoit renfermé dans un sachet parti- 
culier, qui avoit un cou, par lequel il communiquoit et s’ou- 
vroit dans le grand sac commun. Je n'ai pu compter au juste 
le nombre des œufs de chacun des deux lobes, ou sacs com- 
muns; mais il m'a paru qu'il alloit bien à trois cents pour le 
moins. La fig. 12 peut donner une idée de la manière dont les 
œufs , renfermés chacun dans son sachet particulier, commu- 
niquent avec le sac commun de l'ovaire. On y voit six œufs, 
fort grossis, qui, renfermés chacun dans un tel sachet, tiennent 
par lui à une membrane A,e, qui est un morceau du sac 
commun, où l’on voit encore en B un de ces sachets par- 
ticuliers dechiré dont on a tiré l'œuf. 

Entre l'extrémité de l'ovaire et celle du corps, aux en- 
virons des mamelons, on trouve quantité de vaisseaux blancs, 
formant un lacis confus assez considérable, D,F,G,E, fig. 13 
Ce sont les vaisseaux soyeux où se filtre et se prepare la 
substance glutineuse de deux sortes, qui, se moulant dans 
les ouvertures des filières, prennent consistance à l'air, et 
forment deux sortes de fils assez forts pour porter le poids 
de laraignée, et dont les uns restent toujours gluans, et les 
autres cessent de l’être presque aussitôt qu’ils sont attachés 
quelque part. Je n’ai pas developpé le lacis impliqué qué 
forment ces vaisseaux, quisemblent se séparer en trois masses. 
Tout ce que jy ai aperçu, c’est .qu'ils.sont fort nombreux; 
qu'ils ne sont pas de même grandeur; que chacun'd’eux est 
CHMPO de deux tuyaux .Nebférmés lun dans l'autre, dont 
l'extérieur à beaucoup, plus de. calibre que, ne at que 
l’espace entre les deux est en grande partie rempli d’une 


412 ANATOMIE 


substance blanche et opaque, et que le tuyau intérieur ren- 
ferme une liqueur transparente, qui vraisemblablement est 
la matière soyeuse toute filtrée, et propre à être mise en 
œuvre, Chacun de ces vaisseaux tient à une espèce de pédi- 
cule membraneux, qui n’est qu'une continuation des tuyaux 
intérieur et extérieur, qui se rétrécissent à cet endroit. On 
voit, fig. 9, un paquet de quatre de ces vaisseaux, avec leurs 
pédicules fort grossis au microscope. 

Ayant borné ici mes recherches sur les araignées, je laisse 
encore un vaste champ, à ceux qui voudront s’y exercer après 
moi, et je passe à d’autres espèces d'insectes. 


SCARABÉES. 
Grand Scarabée olivâtre aquhtique, I 17. 


On sait que les scarabées, à prendre ce mot dans son sens le 
plus étendu; qti est celui que je continuerai d'employer, 
constituent une des trois classes d'insectes qui changent tota- 
lement de forme, et que leur caractère distinctif est d’avoir, 
quand ‘ils ne volent pas, les ailes:(r) repliées sous des étuis, 


(x) Il y'a des insectés qüi ontlen gros la forme de scarabées , mais dont l'étui, ou 
les étuis, ,ne ouvrent point d'ailes, Il.me Semble; qu'on pourroit les appeler de 
faux scarabées ; ainsi qu’on a donné le nom de fausses chenilles à des larves d’in- 
sectes qui ont AL rapport avec les chenilles , mais en différent entre autres pe le 
nombre (dés jambes ; et qui se changent nalurellernent en mouches, let jamais en 
papillons: comme, en pourroit appeler demi-scarabées deux dont les étuis sont si 
courts, qu ie laissent une bonne partie du SPPS à découvert; :comine le perce- 
oreille, qui renferme ses ailes dans de si petits étuis qu'on ne soupçonneroit pas 
qu'ilpüt volér, et Île scarabée fossoyear, Bon pi? ie lai parviennent guère 
go’ärdemi<éonps; oucut-peu au-delà: o ff 95 29 1 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 415 


qui les garantissent, tandis que les mouches et les papillons 
qui constituent les deux autres classes, les portent à décou- 
vert. Ces scarabées peuvent être distingués, et l'ont effec- 
tivement été en bien de genres, dont nous ne tracerons point 
ici les caractères : notre dessein n’étant simplement que de 
donner une esquisse historique de quelques uns de ceux que 
le hasard nous ayant fait tomber entre les mains, ont attiré 
par quelque endroit notre attention. Le scarabée aquatique, 
dont le male est représenté en dessus de grandeur naturelle, 
pl. zr, fig. 6, et la femelle en dessus et en dessous, fig. 7 et 8, 
est de cet ordre. 

Il tire son origine d’un œuf blane, oblong, un peu courbe, 
d’où naît un hexapode, ou ver à six pates, qui vit dans l’eau. 
Dès sa naissance, il a en petit la même forme qu’on lui voit 
fig. 1 et 2, où il est représenté parvenu à toute sa grandeur. 
Quoique privé de bouche et de dents, il ne laisse pas d’être 
trés-hardi et carnassier. Au lieu de ces armes la nature lui a 
donné, à chaque côté du devant de la tête, un crochet mobile, 
creux et percé, À, fig. r et 2, dont il blesse et tue les ani- 
maux, du suc desquels il se nourrit en le suçant au travers 
de ses deux crochets. Il est si intrépide, malgré des armes si 
foibles en apparence, qu’il ose attaquer jusqu’à des petites 
grenouilles, qui ont beau se débattre et l'emporter bien loin 
à la nage, ne le font point lächer prise, et ce n’est qu'après 
les avoir tuées et s'être rempli de leur substance, qu’il quitte 
le reste de sa proie. Il s’accommode aussi fort bien de tétards, 
de chevrettes d’eau douce, et de cloportes aquatiques. 

Le fond de sa couleur est d’un brun tirant sur le feuille- 
morte. Une raie plus claire, bordée d’un brun foncé, lui 


414 | ANATOMIE 


couvre les lignes supérieures et latérales. Il a six petits yeux 
ovales à chaque côté de la tête : leur petitesse ne les fait pa- 
roître dans les fig. 1 et 2 que comme un point. A la loupe on 
les trouve rangés comme le six d’un dé. Ce ver respire l'air 
par l'extrémité postérieure. Il se tient ordinairement suspendu 
pour cet effet à la surface de l’eau , dans l'attitude où il a été 
représenté fig. 1, au moyen de deux filets barbus B, fig. 1 
et 2. Il a onze anneaux, dont les deux derniers C et B, fig. », 
sont barbus sur les côtés. Ses jambes, qui, pour lui servir en 
même temps de nageoires le sont pareillement, mais d’un poil 
extrèmement fin, sont, comme d'ordinaire, au nombre de six. 

Cet insecte a mué deux fois chez moi, laissant à chaque 
reprise une dépouille complète de toutes ses parties exté- 
rieures. J'ignore combien de fois cela leur arrive, parce que 
je n’en ai pu élever depuis l'œuf jusqu’à leur dernière trans- 
formation; mais à en juger par les différentes grandeurs où 
ils parviennent d’une mue à l’autre, il y a apparence qu'ils 
le font au moins quatre fois. Les miens laissèrent environ 
l'intervalle de dix jours entre chaque mue, et dix jours 
après la dernière ils sortirent de l’eau pour aller se changer en 
nymphes; ce que le premier des miens fit le huitième de 
juillet. Je fus surpris de lui trouver déjà alors des stigmates. 
Ils étoient noirs, et placés sur le bord supérieur de la raie 
large et blanchâtre, qui couvre ses lignes latérales. Chaque 
anneau en avoit un de part et d’autre, excepté les trois pre- 
miers et le dernier, où je n’en ai point aperçu. 

Comme ces stigmates ne lui sauroient guère servir lors 
qu'il vit encore dans l’eau, puisqu'il y respire alors par la 
queue, sans qu’on s'aperçoive d'aucune expiration par ces 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 415 
organes, il est à présumer qu'ils ne commencent proprement 
à lui servir que lors qu’il a quitté l’eau pour aller se changer 
en nymphe. C’est ce qu'une expérience m'a paru prouver : 
car ayant remis dans l’eau un de ces insectes qui s’en étoit 
retiré depuis quelques heures, je vis, ce qui ne m’étoit point 
arrivé auparavant, sortir des bulles d’air de chacun de ses 
stigmates. 

Le 19 juillet, le même animal, et encore un autre pareil, 
sortirent de l’eau. Ils se creusèrent chacun un trou en terre, 
le premier rond, l’autre moins régulier , ouvert par le haut, 
où, couchés sur le ventre, le dos renversé en demi-cercle, la 
tête et la queue elévée de niveau, ils se disposérent à se chan- 
ger en nymphe ; mais l’un mourut avant ce changement, l’autre 
le commença le 1er août. Sa peau se fendit pour cet effet de- 
puis la tête jusqu’au cinquième anneau, mais il ne put s’en 
dégager; sa nymphe resta défectueuse, et mourut pareïlle- 
ment sans changer de forme. 

L'année suivante , j'en obtins de mieux conditionnées, et 
telles qu’on en voit une, fig. 3, couchée surle dos, fig. 4, sur le 
côté, et fig. », sur de ventre. Elles étoient blanchâtres. Leurs 
ailes, A, fig. 3, ramenées en raccourci sur le devant du corps, 
étoient placées entre la seconde paire de jambes B, et la 
troisième C : D en est la première paire. Leurs yeux, E, 
étoient noirâtres. Elles avoient à la partie postérieure deux 
petits corps longuets, cylindriques, F, bruns à leur extrémité, 
et hérissés de très-petits poils, dont son dos étoit pareille- 
ment garni, mais plus légèrement. 

J’ai négligé de remarquer combien de jours il leur faut 


416 ANATOMIE 


pour parvenir à leur dernière forme, qui, comme on l'a déjà 
dit, est représentée fig. 6, 7 et 8. Le dessus de leur corps est 
d’un olivâtre foncé, rehaussé, tout autour du corselet et du 
côté extérieur des étuis des ailes, d’une assez large raie feuille- 
morte. Leurs jambes et le dessous du corselet et du ventre 
tiennent de cette dermière couleur. Les mâles, fig. 6, ont le 
dessus des étuis A,A, du corselet CC, et de la tête, D, lisse, 
si ce n’est que les étuis en sont longitudinalement traversés 
de deux ou trois sillons très-fins, et presque imperceptibles, 
dont on en distingue deux sur la partie éclairée d’un des étuis 
de la fig. 6. 

Les femelles, fig. 7, ont la partie antérieure des étuis, jus- 
ques environ les deux tiers de leur longueur, cannelé de dix 
profonds sillons très-distinets. Les mâles seuls ont à chacune 
de leurs deux pates antérieures, vers le haut du pied, une 
plaque ou palette, fig. 6, B,B, bordée d’une rangée de cro- 
chets très-fins, et munie en dessous de deux suçoirs, s’il m’est 
permis de nommer ainsi deux cavités dont l'animal peut se 
servir, en les appliquant immédiatement contre le corselet de 
la femelle, et en augmentant leur creux, pour s’attacher et 
se tenir mieux à la femelle dans l’accouplement, qu'il n’auroit 
pu le faire par les seuls crochets de ses deux palettes. Aussi 
les voit-on souvent, alors ainsi unis, nager long-temps en- 
semble sans lâcher prise. 

Le temps de l’accouplement de ces scarabées dure pendant 
tout l’hiver et une partie du printemps; et les femelles ont 
alors le dedans de l’ouverture de l'extrémité postérieure de 
leur corps tout blanc. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 417 

I m'a paru qu’elles pondent au printemps plus d’une fois, et 
qu'elles mettent bas à chaque ponte de quarante à cinquante 
œufs. Mes scarabées n’ont eu aucun soin de les pondre dans 
des nids, ou de les réunir et placer ensemble à quelque en- 
droit, mais ils les ont laissé tomber au hasard dans le réser- 
voir où je les nourrissois, et le temps de leur ponte a duré 
chaque fois pendant quelques jours. Plusieurs années de 
suite aucun de ces œufs n’est éclos dans mon petit vivier. 
J’en ai mis dans des verres pleins d’eau, j'en ai mis à sec, j'en ai 
mis dans des lieux humides, j'en ai couvert de terre, j'en ai 
posé dessus, toujours inutilement. Enfin, de plusieurs que 
j'avais peu profondément submergés dans un plat, il m'en est 
éclos un seul, vers la fin de juin, il mua le 10 de juillet pour 
la première fois, et le 21 pour la seconde, et mourut quelque 
temps après, sans être parvenu à sa grandeur naturelle. 

J'ai expérimenté au reste par les scarabées qui naissent de 
ce ver, et que j'ai nourris, qu'ils peuvent vivre quelques an- 
nées, mais je n’en saurois déterminer le nombre. 

Pour occuper l’espace vide qui me reste dans cette planche, 
je l'emploierai à y tracer et faire connoître deux petits sca- 
rabées terrestres, dont l’un ne fait aucun mal, que je sache; 
mais dont l’autre est très-nuisible aux oiseaux empaillés, et 
qu'il est bon de connoître, pour tacher de s’en garantir. Le 


premier nait d’un 
V’er Scarabée hexapode, dont l'hiver est la saison. PI. 11. 


Il est réprésenté étendu dans toute sa grandeur, fig. 17, et 
un peu contracté, fig. 18. On le trouve tout l'hiver au pied 
Mém. du Muséum. +. 18. 54 


418 ANATOMIE 


des chènes, sous leurs feuilles mortes, dont il se nourrit : sa 
couleur est d’un brun de café brülé. Son dos est garni de 
lames écailleuses, et il est hérissé de poils très-courts, de la 
mème couleur, outre lesquels il en porte une forte houppe 
aux lignes latérales de chaque anneau. 

Pour peu qu'on linquiète, toute sa défense se reduit à se 
rouler en pelote, comme on l’a réprésenté fig. r9. Ses jambes 
sont un peu velues, et articulées de la façon que le montre: 
la fig. 0. Ce ver a des antennes, chose aussi rare dans l'état 
rampant aux insectes destinés à changer totalement de forme, 
qu'il leur est ordinaire quand ils sont devenus ailés. Elles 
sont réprésentées en leur place naturelle en A;A, fig. 22, et 
on en voit une séparée, et éncore plus grossie fig. 21. Un 
poil très-fin les garnit. On leur voit trois articulations, dont 
la première, À, celle qui part immédiatement de la tête, est 
blanche, courte , très-grosse, et a de la transparence; la se- 
conde , B, qui est plus courte, et beaucoup moins grosse, est 
garnie d’un cercle brun; la troisième, encore plus mince à 
son origine que les deux précédentes, y est aussi transpa- 
rente; le reste en est brun; sa tige, qui est assez longue, et 
qui s’épaissit insensiblement, se termine à son extrémité par 
un mamelon plus mince, et aussi transparent. 

La fig. 22 représente par devant, et en plein raccourci, 
la tête du ver dont il s’agit, mais fort en grand, pour faire 
voir surtout l’arrangement des parties qui composent sa 
bouche. L est sa lèvre supérieure; D,D marquent ses deux 
mächoires : elles sont fortes et épaisses; B et b sont deux 
paires de barbillons qui environnent le dessous de sa bouche. 
La fig. 23 est celle d’une de ces mâchoires plus grossie, et 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 439 


vue par son côté, qui fait face au dedans de la bouche, On 
remarque en À qu’elle est creuse; en B, que son bord est 
garni de cinq ou six dents, ou plutôt apophyses inégales, et 
en C, que son extrémité antérieure, celle qui s’avance le 
plus vers le devant de la bouche, est fourchue, La fig. 24 
offre en grand un des deux barbillons B, fig. 22. Il paroit 
avoir trois articulations. Son côté intérieur porte une lame 
écailleuse L, hérissée de filets roides, qui concourent vrai- 
semblablement à la mastication. La fig. 25 trace fort en grand, 
et à part, la lèvre inférieure. On voit comme elle est formée 
d’un assemblage écailleux, assez régulièrement faconné de 
plusieurs pièces réunies. La fig. 26 montre en grand le dessus 
de la lèvre supérieure. Elle est écailleuse en dedans et en 
dehors. La fig. 27 met en vue l’espace creux qu'il y a entre 
ses faces intérieures et extérieures, de même que quatre 
pointes écailleuses, qui ont vraisemblablement concouru à 
Vattacher à l’écaille de la tête, avec laquelle elle a été réunie. 

Le troisième juillet un de ces insectes se changea chez moi 
en nymphe, sans s'être fait aucune coque. Je remarquai 
seulement qu'il s'étoit tenu quelques jours de suite dans 
l'attitude de la fig. 19, et ensuite je trouvai au même en- 
droit la nymphe couchée auprès de sa dépouille, qui avoit 
conservé la mème forme et courbure qu'auparavant; seule- 
ment elle avoit une fente au cräne et au-dessus du dos, par 
où la nymphe étoit sortie. La fig. 28 fait voir cette nymphe 
dans sa grandeur naturelle, du côté du ventre, et la fig. 29, 
couchée sur le côté. 

La fig. 30 la représente en grand du côté du ventre, et 
dans sa courbure naturelle, Elle est blanche, et hérissée de 


420 ANATOMIE 


poils roux. Ce qu’elle a de plus remarquable, c’est qu’on 
lui aperçoit à chaque côté huit excroissances assez longues et 
grosses, pareillement garnies de poils, et dont les trois der- 
nières, qui sont les moins grandes, ne sont guère visibles 
dans la figure, à cause que l'extrémité postérieure de son 
corps, par sa courbure, y paroit trop en raccourci pour pou- 
voir les y distinguer. 

Cette nymphe m'a produit, le même été, un scarabée à an- 
tennes filiformes, à petite tête, corselet resserré, étuis alon- 
gés, jaunâtres, un peu velus à la loupe; tout le reste en 
étoit noir. Il est représenté de grandeur naturelle, fig. 31. 


Ver pareil, destructeur d'oiseaux empaillés. 


Les collections d'oiseaux secs, si l’on n’en a bien soin, 
sont exposées à la voracité de trois sortes d'insectes qui les 
ont bientôt détruits, surtout quand ils y travaillent chacun 
de leur côté. Les plus communs sont les mites, qui d’abord y 
font peu de dégât, mais qui, quand on les laisse trop se multi- 
plier, leur deviennent toujours plus redoutables. Les seconds 
sont une sorte de chenilles teignes qui mangent les barbes 
des plumes de ces oiseaux, et n’en laissent que les tuyaux ; 
et les troisièmes sont les vers de scarabée, représentés dans 
toute leur grandeur de côté, pl. 11, fig. 9; par le dos, fig. 10, 
et du côté du ventre, fig. 11. 

Ces vers se nourrissent volontiers de chairs desséchées, 
et surtout de celles d'oiseaux, ce qui les rend redoutables 
aux collections qu’on en conserve dans les cabinets. Les oi- 
seaux même, dont on a vidé toutes les chairs et rempli la 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 4at 


peau avec du tabac à fumer, ne sont point mis à couvert 
par là de leurs ravages : ils attaquent encore ces peaux, quoi- 
que infectées, et surtout alors ils n’épargnent point la tête ni 
les ailes de ces oiseaux, et parviennent ainsi à les défigurer, 
et même à les détruire. 

Les endroits cependant pénétrés de térébenthine ne sont 
pas fort de leur goût; mais il est bien difficile d’en pénétrer 
des oiseaux tout entiers, et surtout des grands, sans les gâter ; 
et quand on se contente de n’en mouiller que le dedans de 
la peau, cela ne la garantit pas d’être rongée par dehors, sur- 
tout aux endroits où les plumes ont été implantées. On se 
tromperoit aussi si l’on croyoit faire mourir ces vers en les 
trempant quelques momens avec l’oiseau dans de l’esprit-de- 
vin. Ils résistent même à cet esprit rectifié. J’en ai noyé 
dans cette liqueur, et quelque temps après les en ayant 
rétirés comme morts, le lendemain je les ai trouvés pleins de 
vie. Ils ne résistent pas de même à la térébenthine : elle les 
tue quand ils y ont un peu trempé; et je ne doute pas que 
l'huile ne fit sur eux le mème effet, quoique je ne l’aie point 
essayé; mais l'huile gâte les plumes. 

Ce ver, au reste, quand il est parvenu à toute sa grandeur, 
est brun en dessus, et pourvu d’écailles. Le dessus de sa tête 
a quelque rapport avec celui des chenilles. Le premier an- 
neau de son corps est le plus large. F’insecte a le dos hérissé 
de poils de différentes grandeurs qui, vus au travers d’un bon 
microscope, paroissent barbus, de la manière qu'un bout en 
a été représenté fig. 12. L’extrémité postérieure de l’animal 
est garnie de deux petites queues écailleuses, Son corps est 
blanc par dessous, et les écailles de son dos couvrent, vers 


422 ANATOMIE 


la queue, une partie de son ventrè, comme on le voit fig. g 
et 11. 

Il change diverses fois de peau, et immédiatement après il 
est tout blanc; mais ensuite il devient brun en dessus. Quand 
il doit se transformer en nympbhe, il court se cacher à quelque 
endroit à l'écart où, sans se faire de coque; il reste jusqu’à 
ce qu'il se soit dépouillé, après quoi il paroït sous la forme 
d’une nymphe blanche ordinaire, et telle qu’elle a été repré- 
sentée fig. 13, du côté du ventre, et fig. 14 à l’opposite, 
ayant conservé à la partie postérieure les deux petites queues 
brunes et écailleuses qu’elle avoit dans son état de ver, et 
étant de nouveau couverte de quelques lames écaillenses 
sur le dessus du dos. s 
: Cette nymphe, après s'être comme d'ordinaire déponillée 
pour la dernière fois, paroît sous la figure d’un scarabée assez 
joli, représenté de grandeur naturelle fig. 15, en dessus, et 
fig. 16 de côté. Sa tête, son corselet, et la moitié postérieure 
des étuis de ses ailes sont noirs. L'autre moitié est d’un 
feuille-morte grisätre, et chacun porte trois petites taches 
noires, placées en triangle, dout la base est du côté de la 
tête de l'animal, | 

H ne meurt pas non plus fort aisément dans l’esprit-de-vin 
rectifié. J'y en ai tenu un, pendant un quart-d'heure, qui en 
ayant été retiré comme mort, s’est trouvé une demie-heure 
après de nouveau plein de vie. 


Scarabée voltigeur. PI. 12. 


Ce scarabée , dont le ver vit de chardons, et qui n’est long 
que d'environ trois lignes, mérite quelque attention, tant 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 425 
pour sa dextérité que pour la singularité de sa forme dans 
ses trois états. Dans l’état de ver, pl. 12, fig. 1 et 2, son con- 
tour tient de celui du cloporte, mais il est bordé à chaque 
côté d’une douzaine de grosses épines; sa couleur est d’un 
vert sale. À une petite distance de la ligne supérieure, il a 
sur le bas du dos deux épines qui lui sont perpendiculaires, 
plus grandes et plus fortes que celles qui bordent ses côtés; et 
de plus un rang de très-petites épines ou points noirs, dont il 
y en a deux beaucoup plus grands que les autres, à la hauteur 
environ de sa troisième paire de pates, parcourent des deux 
côtés de la ligne supérieure toute la longueur de son dos. 
Ses six pates sont fort courtes, ce qui fait qu'il marche très- 
lentement, et que, couché à la renverse, il n’en sauroit tou- 


L 


cher la terre, à droite ni à gauche, pour se relever; difficulté 
qui est encore considérablement augmentée par les deux files 
de grandes épines roïdes qui bordent ses côtés; de sorte que 
cette position semble être pour lui un état des plus critiques. 
L/y ayant mis à dessein , je ne concevois pas comment il s’en 
pourroit tirer; mais il me montra qu’il avoit des ressources, 
auxquelles je ne me seroïs pas attendu, contre une si fâcheuse 
position, ressources qui, tenant de l’art de voltiger, m'ont 
paru devoir lui mériter le nom de voltigeur que je lui ai 
donné. Il se courba à la renverse, tellement qu’il ne toucha 
plus à terre que par sa tête et les deux grosses épines au bas 
de son dos, et après avoir continué ainsi à se courber jusqu’à 
ce qu'il püût atteindre de ses deux pates antérieures à terre, 
il les y accrocha, et tirant son corps en avant, il lui fit faire 
ainsi la culbute par dessus sa tête; ce qui le remit le ventre 
contre terre, et en état de pouvoir marcher, 


424 ANATOMIE 


Pour changer d'état, ce qui arriva chez moi aux mois de 
juin et de juillet , ils n’y font d'autre façon que de s'attacher 
par la queue à une feuille, et après y être ainsi restés pendant 
quelques jours, leur peau se fend, ils en sortent par devant, 
et la passant par dessus leur corps, où elle se rassemble en 
pelote vers la queue, ils y restent suspendus par cet endroit. 
C’est ainsi qu'ils se montrent sous la forme de nymphe, qui 
diffère non-seulement du commun des nymphes, en ce qu’au 
lieu d’être conique, elle est large et ronde par en bas, mais 
qu'encore sa tête et son corselet sont couverts en dessus 
d’une large écaille qui les déborde de beaucoup; comme le 
montrent les fig. 3 et 4, où cette nymphe se trouve repré- 
sentée fig. 3, vue en dessus, et fig. 4, en dessous. Du reste 
elle est couleur marron, et ses côtés sont bordés d’épines 
blanchätres. 

Quelques jours après leur transformation, ces nymphes 
produisent de petits scarabées, tels qu'on en voit un repré- 
senté en dessus, fig. 5, et en dessous, fig. G. Il est noir, mais 
couvert par dessus de trois écailles vertes, un peu transpa- 
rentes, dont deux servent d’étuis à ses ailes, et l’antérieure 
couvre son corselet et sa tête. Ces écailles, chose singulière 
parmi les scarabées, débordent tellement de tous côtés les 
autres parties de l'animal, que quand on le tracasse il y re- 
tire entièrement ces parties, et les met ainsi, autant qu'il 
peut, à l'abri de toute insulte. s 

L’excédent en tous sens de ces écailles est cause que, 
quand on couche ce petit scarabée à la renverse, il ne lui doit 
guère être moins diflicile de se redresser, quoiqu'il ait les 
pates plus longues qu'il ne les avoit dans son état de ver, 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 425 


d'autant que la roideur de ses écailles lui ôte la faculté de 
se plier et de culbuter à la renverse, comme il le pouvait 
dans son état de ver; mais il me fit voir qu’il savoit voltiger 
de plus d’une façon, en culbutant alors dans le sens opposé 
par dessus sa tête, ce qui le remit également sur ses pieds. 


Scarabée très-semblable au précédent. PI. 12. 


Cet insecte ressemble dans tout ses états tellement au pré- 
cédent, que je n’oserois décider s'il n’est simplement que 
d’un autre sexe, ou bien sil est d’une autre espèce. Dans 
son état de ver, fig. 7 et 8, sa couleur est d’un vert naissant, 
plus foncé sur le milieu du ventre, jaunâtre à l’opposite, et 
marqué de petites taches brunes, le brun étant aussi la cou- 
leur de sa tête. Ce ver, quand il a mué, porte toujours sa 
dépouille sur le dos, attachée aux épines qu'il y a vers l’extré- 
mité postérieure ; ce qui le déguise tellement, qu’il ressemble 
plus a un petit tas de saletés qu’à un insecte. Renversé sur 
le dos, il se relève par les mêmes procédés que l’insecte 
précédent. En juin, il se change en nymphe, fig. 9 et ro. Eile 
est encore de figure très-approchante de la nymphe fig. 3 et 
et 4, mais sa couleur est d’un vert naissant; et, ce qui est 
peu commun, cette nymphe est un peu plus grande que le 
ver qui l'a produite. Sa couleur est d’une nuance plus claire 
sur le milieu du dos qu'ailleurs. On lui aperçoit au ventre la 
forme des membres du scarabée qui en doit naître, mais peu 
distinctement. Cette nymphe, après avoir paru environ 
quinze jours sous cette forme, devient un scarabée, fig. 11 
et 12, très-semblable au précédent, mais pourtant distingué, 


Mein. du Muséum. t. 18. 55 


426 ANATOMIE 


en ce qu'il a le dessus de ses étuis figuré de taches noires, 
et que par la suite du temps il change de couleur et devient 
rouge; ce que je n'ai point vu que d'autre fit. 


Scarabée à trompe, dont le ver nuit à la fertilité des 
poiriers. PI. 12 


Lorsque les fleurs des poiriers commencent à se nouer, on 
eu trouve souvent dont le dessus reste, après avoir fleuri, 
couvert d'une petite convexité brune et arrondie; c’est l’ou- 
vrage d’un ver sans jambes, représenté fig. 14 de grandeur 
naturelle, qui a trouvé moyen de rassembler ainsi les feuilles 
de la fleur prêtes à tomber, de les appliquer proprement les 
unes sur les autres, et de s’en construire une voûte, un abri 
fermé de toutes parts au-dessus du calice au fond duquel il a 
pris naissance, et dont il üre sa nourriture, garanti des vents, 
de la pluie et de sesennemis. Ce ver se voit à la loupe, fig. 15. 
Sa tête est brune etécailleuse. Deux petites plaques de mème 
couleur et de mème substance se trouvent sur le dessus du 
premier de ses douze anneaux, Son corps est d’un blanc jau- 
nâtre. Son quatrième anneau, et Jes huit suivans, sont pour- 
vus, le long du dos, d’excroissances qui se terminent en pointe 
dirigées obliquement vers la queue; excroissances qui, quoique 
sur le dos, lui tiennent pourtant lieu de pates qu'il n’a pas, 
et lui servent à s’avancer en rond dans le fond du calice, où 
il reste renfermé jusqu'à son dernier changement; et il sait 
se pousser en avant, au moyen de ces excroissances pointues, 
avec une vivacité si grande, qu'il paroit fort capable d’ef- 
frayer et mettre en fuite l'insecte qui oseroit l'assaillir, 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 427 


Lorsque les fleurs tombent du poirier, ce ver se change en 
nymphe, sans se faire de coque; sa demeure, couverte de 
tous côtés, lui en tient lieu. Sa nymphe, représentée de 
grandeur naturelle et de côté fig. 16, et par devant à la 
loupe, fig. 17, est d’un blanc plus jaunâtre que celui du ver. 
Elle a quelque lustre, ce qui fait qu’on y distingue difiicile- 
ment les membres du scarabée qui en doit naître; on y aper- 
çcoit cependant encore assez la tête, avec sa trompe, qui lui 
descend au-delà du corselet, et ses ailes. Cette nymphe, 
heurtée par quelque corps étranger, agite sa partie posté- 
rieure avec une extrème célérité. Lorsque son temps de 
changer approche, on voit d’abord ses deux yeux se marquer 
de deux points noirs; ensuite sa trompe prend cette même 
couleur; après cela les étuis de ses ailes commencent à se 
teindre de brun; enfin elle quitte la membrane qui l'enve- 
loppe, et devient un scarabée à trompe alongée, fig. 18, re- 
présenté, fig. 19, à la loupe. 

À proportion de sa taille, il a une très-petite tête, un petit 
corselet, un grand corps alongé, et une très-longue trompe, 
qui, à peu de distance de son extrémité antérieure, est pourvue 
de deux antennes mobiles, coudées, qui portent chacune à 
leur bout une masse. I'insecte a la faculté d'en fléchir telle- 
ment les deux articulations, qu'il peut les coucher à plat 
contre sa trompe. Quant à ses pates, les antérieures en sont 
les plus grandes, et les cuisses en sont épaisses, et pourvues, 
un peu au-delà de leur milieu, d’une large pointe tournée 
du côté de la jambe, qui se trouve aussi, mais plus petite, à 
la cuisse des pates de la seconde paire. Les étuis de ses ailes 
paroïissent un peu cannelées, ce qui est l'effet de nombre de 


428 ANATOMIE 


fossettes alignées qu’on n’aperçoit qu’à la loupe. La couleur 
de ces étuis est d’un bronze sombre, nuancé de brun. 

Il n'y a guère moyen de sauver le fruit dont le ver de ce 
petit scarabée a attaqué le germe, et encore moins de garantir 
ce germe de ses attaques : le meilleur remède peut-être qu'il 
y à, et qui n’est encore que médiocrement eflicace, c’est 
d’écraser de ses doigts les boutons, qui après avoir fleuri, se 
trouvent en-dessus couverts de la petite voûte brune dont il 
a été parlé plus haut : comme le fruit où loge cet insecte est 
toujours perdu, on ne risque rien du tout à l'écraser, et l'on 
empèche qu'il ne produise l’année suivante une autre couvée 
nuisible; mais ce remède n’est guère praticable qu'aux es- 
paliers et sur les arbres nains. 


Scarabée à trompe, dont le ver se construit une espèce de 
cage pour s’y changer en nymphe. PI. 12. 


Le ver, fig. 20 et 21, de ce scarabée vit de parelle. Il est 
long de trois lignes et demie. En gros, il a la forme d’une 
fausse chenille. Avec quelque soin pourtant que je l’aie exa- 
miné, même à la loupe, je n’ai pu découvrir qu'il eût les six 
jambes aiguës antérieures qu’on découvre à presque tous les 
insectes changeant de forme, qui en ont; mais il m'a plutôt 
paru avoir vingt-deux jambes obtuses, si courtes, que je n'o- 
serois décider si elles en sont en effet, ou non, quoiqu'elles en 
aient bien l'apparence, et qu’on voie assez distinctement, 
quand il paroït marcher, qu’il se forme des ondulations sous 
son corps, causé, ou par le mouvement successif de ses 
jambes, ou par quelque autre chose qui lui en tient lieu. 


\ 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. 429 


Tout son dos est brun, picoté de points jaune; le dessus 
de sa ligne latérale est tracé de brun; son corps, depuis cette 
ligne, en bas, est jaune, excepté ses trois premiers anneaux, 
qui sont bruns. Sa tête est noire. 

Il s’est disposé à se changer en nymphe vers la mi-juin, et 
il le fit, comme quelques autres sortes de vers de scarabées, 
en se construisant une espèce de cage sphérique, fig. 29°, qui 
paroït comme un ouvrage de filigrane, à fils couleur d’o- 
range, si roides, qu'ils résistoient à une médiocre pression 
sans ceder. L’insecte colle cet ouvrage sur le dessus de la 
feuille dont il vit, et d’où il est aisé de le détacher sans le 
rompre. On y aperçoit l'animal couché un peu en rond, qui, 
après quelques jours quittant sa peau, devient la nymphe d’un 
scarabée à trompe. Cette nymphe, représentée de grandeur 
naturelle par le côté, fig. 23, sur le dos fig. 24, et par le ventre 
fig. 25, est noire. Sept ou huit jours après sa transformation, 
elle se change en un petit scarabée d’un brun-grisätre, marbré 
sur le dessus du corps de brun plus foncé, dont la marbrure 
varie tellement, qu'il y en a qui sont tout d’une couleur. 
Leur tête se termine en trompe un peu recourbée, qui porte 
près de son extrémité, comme le scarabée précédent, deux 
antennes en masse, coudées et fort mobiles. 


Le Putois grêle. PI. 12. 


Le ver de ce scarabée, représenté de côté, fig. 29, et vu sur 
le dos, fig. 30, vit des feuilles d’un petit saule à feuilles rondes, 
qui est très-commun dans nos dunes. Ce ver est blanchâtre; 
le dessus de son corps tire sur le brun; ses côtés sont garnis 


430 ANATOMIE 


chacun d'une rangée de tubercules ou de mamelons ouverts 
par la pointe, qui sont de part et d’autre au nombre de neuf, 
dont les deux antérieurs sont beaucoup plus gros que les 
suivans. Quand on tracasse cet insecte, il fait monter et pa- 
roitre au haut de chacun de ses mamelons ou tubercule une 
goutte laiteuse, qu'il y fait rentrer peu après, et qui a une 
odeur très-forte de feuilles de buis froissées; odeur qui ac- 
compagne bien aussi toujours l’insecte mème, mais à un degré 
moins incommode. 

Outre ces tubercules, l'animal a encore le corps garni de 
diverses files de petites taches noires, dont il en a deux rangs 
sur le dessus du dos, deux à chaque côté, et cinq sous le 
ventre; mais je n’en ai point vu sortir de pareille liqueur. 

Le 14 de juillet, un des miens se changea en nymphe, ce 
qu'il fit en s'attachant du bout de la queue à quelque endroit, 
où, après y être ainsi resté trois ou quatre jours, sa peau, 
se fendant à la tête, lui glissa vers la partie postérieure, et 
la nympbhe, après s’en être ainsi dégagée, y’ demeura suspen- 
due par sa queue, qui est renflée apparemment pour cet 
usage. Changé en nymphe, cet insecte conserve non-seule- 
ment la même odeur qu'avoit son ver, mais elle se trouve 
augmentée à un point presque insupportable, et fort propre 
à écarter tout oiseau ou insecte pourvu d'odorat qui en vou- 
droit faire sa curée, et c’est probablement à quoi cette odeur 
doit servir à la nymphe, placée ordinairement à découvert, 
comme elle l’est, sur une feuille. Cette nymphe est noire, 
excepté qu’elle a sur le dos quelque peu de brun foncé, et 
que la partie renflée de sa queue, par où elle reste accrochée 
à la peau dont elle s’est dépouillée, est brune aussi. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 43 

Le 20 juillet et les jours suivans, j’en eus des scarabées, à 
forme dehannetons et à étuis fauves, qui étoient d’abord tout 
blancs, excepté une tache noire qu'ils avoient sur le dessus 
du corselet. On les voit représentés en deux sens, fig. 34 et 35. 


Le gros Putois. PI. 12. 


Cet insecte, fig. 36 et 37, vit sur le même arbrisseau que 
le précédent; et quoiqu’au moins deux fois plus gros, lui 
ressemble tellement dans ses trois états, qu’on pourroit le 
considérer comme simplement une sorte différente de la 
même espèce, ainsi qu’on en trouve parmi les oiseaux et les 
quadrupèdes. On le voit dans son état de ver à six pates, 
fig. 36, vu sur le dos, et fig. 37, vu de côté, Son corps est 
blanc; sa tête, ses pates, ses tubercules, et les taches dont 
plusieurs rangs lui parcourent longitudinalement le corps, 
sont noirs. Ses trois premiers anneaux ont beaucoup plus de 
largeur que les autres. Les tubercules, dont il en a neuf à 
chaque côté, et dont les trois paires antérieures sont les plus 
grosses, se terminent en pointe ouverte par le bout. 

Ge ver, comme le précédent, dès qu’on le touche, fait pa- 
roitre au bout de chacune de ses pointes une goutte de li- 
queur d’un blanc de lait, qu'il fait rentrer dans son corps 
peu après; et comme ses tubercules antérieurs sont les plus 
gros, la goutte qu'il en fait sortir a aussi plus de volume. Sou- 
vent même il ne fait paroître cette liqueur que simplement 
au bout de ses deux premières paires de tubercules, et non 
aux autres. Son odeur et surtout celle de sa liqueur laiteuse, 


432 ANATOMIE 


est, comme celle du ver précédent, très-forte, et semblable à 
l'odeur des feuilles de buis froissées. 

Le 12 juillet, quatre de ceux que je nourrissois se dispo- 
sèrent à se changer en nymphes, en s’attachant par la partie 
postérieure au verre où je les tenois. Trois ou quatre jours 
après, ils se dégagèrent de leur peau, etparurent sous la forme 
de nymphes, telles qu’on en voit une représentée par le côté, 
fig. 38, par le dos, fig. 30, et par le ventre, fig. 40. Elles de- 
meurèrent suspendues par la partie postérieure, renflée vers 
le bout probablement pour cet effet, à la peau, dont elles s'é- 
toient défaites, et qu’elles avoient poussé en tas vers la queue, 
comme on le voit fig. 39. 

Le dos de la nymphe aun grand rapport avec celui du ver: 
il est patéillement blanc, et marqué de petites taches noires; 
mais la partie de la nymphe qui demeure cachée sous la peau 
du ver retirée et amassée vers la queue, de mème que le 
dessous de son corps, sont couleur d’ambre. Ses ailes et ses 
jambes ont des taches noires; sa tête et ses antennes son en- 
tièrement de cette couleur. Les 20, 21 et 22 du même mois, 
il m’en naquit des scarabées à figure de hannetons, dont la tête, 
le corselet et le corps étoient noirs, les jambes bariolées de 
cette couleur, et les étuis des ailes fauves. On les voit repré- 
sentés en deux sens et de grandeur naturelle fig. 41 et 42. 

Les nymphes de cesinsectes ont la même odeur queleurver, 
mais plus forte que celle de la nymphe de l'insecte précédent, 
et si insupportable, que je fus obligé d'ouvrir mes fenêtres 
pour pouvoir les dessiner. Il est à présumer, comme je l'ai dit, 
que cette odeur plus forte n’a été donnée à la nymphe, que 
parce que n'étant absolument point en état de se mettre à 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 433 


l'abri des oiseaux ou des insectes, qui pourroient vouloir en 
faire leur curée, et plus en vue par sa grandeur, il leur falloit 
ce degré constant d’odeur exaltée pour s’en garantir, odeur 
que le ver pouvoit bien à volonté se procurer, en faisant 
paroître sur ses tubercules la liqueur infecte, mais que la 
nymphe apparement ne pouvoit pas, vu son état naturel de 
foiblesse, ou bien de changement d’organisation. 


Petit Scarabée aquatique. PI. 12. 


Le 2 juin, je trouvai à la campagne, parmi de Y'algue d’eau 
douce, le petit scarabée représenté, fig. 43, vu sur le dos, 
fig. 44, du côté du ventre, portant une ponte d'œufs, et 
fig. 45, dans le sens de fig. 43, mais fort grossi à la loupe. Les 
œufs. oblongs qui composoient cette ponte étoient pro- 
prement et longitudinalement collés ensemble, environ au 
nombre de trente. Il les portoit partout avec lui sousle ventre, 
comme font certaines sortes d'araignées. Je le mis dans une 
fiole, où nageoïent déjà nombre d’autres petits insectes; et 
quoique je l’eusse ainsi porté en poche ‘plus de trois heures 
avant d’arriver chez moi, et malgré toutes les secousses qu’il 
avoit essuyées par là, iln'abandonna pas son précieux fardeau ; 
mais arrivé à la maison, je le vis encore nager avec lui, pendant 
plus deux heures. Comme il me paroissoit chercher à sortir 
de la fiole, je: le mis seul dans ün verre où il y avoit de l’eau, 
mais où je dressai une petite branche, qui en sortoit'en‘partie: 
Il y monta, et s'éleva au-dessus de l’eau d’environ un travers 
de main, puis 1l s'arrêta, etje le vis travailler de ses pates pos- 
térieures à détacher de son corps la masse de ses œufs. Après 


Mém. du Muséum. t. 18. 56 


434 ANATOMIE: : | 


quelques efforts, il en vint à bout, et tint alors cette masse sus- 
pendue pendant quelques momens aux crochets de ses pieds 
de derrière; ce qui me fit craindre qu'il ne la laissàt tomber; 
mais il n'eut garde, et l’ayant appliquée de ses pates comme 
on le voit fig. 46, contre la branche qu'il avoit apparem- 
ment enduite de quelque glu en cet endroit, il lacha prise, 
et les œufs y restèrent attachés au-dessus ‘de Peau, de manière 
à permettre aux petits de pouvoir y tomber dès qu’ils sor- 
tiroient de l'œuf, et il se disposa ensuite à s'envoler, mais 
je le pris, et le remis dans l’eau, pour le dessiner. 

La couleur de ce scarabée m'a paru d’un gris verdâtre, et 
sa tête d'une couleur plus foncée que le reste du corps; ses 
pates étoient feuille-morte; les cuisses étoient hérissées de 
petites pointes ; ses pieds étoient armés chacun de deux ero- 
chets. Il avoit les barbillons très-longs, etlesantennes courtes : 
elles ne paroissoient pas quand il nageoïit, mais il les étendoit 
quand il étoit hors de l'eau. Le dessus des étuis de ses ailes 
étoit sillonné de raies, marquées par des points bruns. 

Quoique quelque accident n'ait fait perdre l’occasion de 
suivre cet insecte dans ses changemens; son attention à ras- 
sembler ses œuls, et les porter partout sous lui sans qu’an+ 
cun malaise les lui ait fait abandonner jusqu’à ce qu’il ait 
trouvé un endroit eonvenable pour les placer, pour faciliter 
aux petits, qui en devoient naître dans Fair, occasion aisée de 
se précipiter dans Feau où ils devoient ensuite vivre, m'a 
paru mériter que j'en fisse ici mention. :: 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 435 


| PR 
( 


Scarabée aquatique; ont la femelle file. Pl..10. 


Cet insecte, quoique aquatique, est du nombre de ceux 
dont l'œuf, comme:celui du scarabée précédent, paroit devoir 
éclore dans l'air; mais l'animal, qui le pond le conduit à ce 
but par un autre chemin. Il ne porte pas ses œufs réunis en 
faisceau sous son ventre, jusqu’à ce qu'il ait trouvé un en- 
droit où, suspendus à découvert au-dessus de l’eau, ils n'aient 
pour y tomber qu'a sortir de leur coque. Le scarabée dont 
il s’agit est, comme les araignées, pourvu, pour cet effet, de 
la faculté de filer. Il se file, d’une soie très-blarche, une jolie 
coque flottante, d’un des côtés de laquelle s'éleve une sorte 
de petit mât pointu. Cette coque est couverte en dessus 
d’une feuille peu large de quelque plante, feuille qui proba- 
blement lui a servi pour ourdir son ouvrage. Il pond et ren- 
ferme dans cette coque environ une cinquantaine d'œufs 
oblongs, dont les petits, après qu'ils sont éclos, la percent, et 
se précipitent dans l’eau sur laquelle elle flottoit. Si alors au 
bout de trois ou quatre jours on ne leur donne pas à manger, 
ils se dévorent les uns les autres, ce qui fait qu'on a de la 
peine à en élever plusieurs ensemble. Ils ne sont pas fuyards 
de leur naturel, mais se défendent courageusement quand 
on les harcelle. Ils vivent de diverses sortes de petits insectes 
aquatiques, et on peut même les nourrir de vers de terre. 
Ils sont d’un bleu sale et noirätre. Leur dos est picoté de 
quelques points noirs. Leurs côtés sont de part et d'autre 
pourvus à chaque anneau, depuis le quatrième jusqu’au 
dixième, tous deux iaclusivement, d’une longue épine bar- 


436 ANATOMIE: A4 1 

bue, comme on la voit fig. 47, où l’on a représenté, du côté 
du dos, un de ces vers parvenu à sa grandeur naturelle. Au 
lieu de ces épines, il porte, au second et au troisième anneau, 
de part et d'autre, une petite touffe de poils. Swtète, qui est 
d’une structure élégante singulière, et fort composée en de- 
hors, est couleur marron : on l’a représentée très-grossie, 
fig. 50. Elle est, comme on voit, pourvue de deux pinces 
fort longues, dents ou màchoires, H, un peu recourbées 
l'une vers l’autre, pourvues dans cette courbure chacune de 
deux crochets, dont l’antérieur, B, est d’un volume assez 
considérable. 

L’insecte porte sur son front deux antennes CC, qui ont 
chacune trois articulations ou pièces, dont la première, qui 
tientau front par untubercule, est beaucoup plus longue que ne 
le sont ensemble les deux autres. Du de$sous de son museau 
partent deux barbillons, divisés chacun en cinq articulations; 
dont le bout marqué DD dépasse un peules mächoires, comme 
on le voit dans la figure. Entre ces deux barbillons et les 
mächoires H, avance un corps grisätre large, plat, denté, 
et découpé très-régulièrement EE, du bout duquel sort un 
pistil F, dont l'extrémité porte trois filets mobiles, L’insecte, 
quandil mange, tient ordinairement la tête élevée, et la porte 
mème au-dessus de l’eau, en sé tenant contre ses bords : sa 
proie pèse ainsi aplomb sur son museau, où elle est soutenue 
et arrêtée entre le corps grisätre EE; et les deux barbillons 
DD, qui l'appuient ensemble contre les mächoires, afin 
qu’elles puissent plus aisément ia mettreen pièces. 

Ses yeux, LE, n'ont paru angulaires. J’en ai compté six à 
chaque côté de la tête. Ils sont noirs et disposés en étoile. 


DE Dire Net ESPÈCES D'INSECTES. 437 
Son crâne; examiné en tous sens, paroit extrêmement ou- 
vragé, et composé de nombre de pièces écailleuses, dont 
la réunion en forme le contour. Le dessus en est marqué 
depuis l’occiput jusqu’au devant du museau, d’une large 
raie plus brune que le reste, qui s’élargit vers le milieu par 
deux renflemens latéraux de même couleur. Aux deux côtés 
de cette raie se voient plusieurs sutures symétriques, dont 
les écailles sont picotées de brun. J'ai été empéché en son 
temps de dessiner en grand le dessus de cette tête, dont 
je ne puis par conséquent donner la description. 

Ayant trouvé en mai une coque flottante filée par un sca- 
rabée de cette espèce, il m'en naquit le 17 du même mois 
quarante-quatre vers à six pates, qui se répandirent dans 
l’eau où je les tenois. Le 2 juin, ils commencèrent à muer, 
et plus de la moitié mourut avant ce temps : quelques-uns, 
pour avoir été tués par leurs semblables, et la plapart pour 
n'avoir pu quitter leur dépouille, ce qui est un temps de 
crise pour nombre d'insectes. De sept qui muèrent, deux 
m'échappèrent, et les autres muèrent pour la seconde fois 
les 10 et 11 juin. Deux moururent ensuite, et les 17,18 et 19 
du même mois, trois qui me restèrent, ayant acquis toute 
leur grandeur, telle qu'on la voit fig. 47, cessèrent de man- 
ger, et leurs efforts pour sortir de l’eau m'ayant fait con- 
jecturer que c’étoit sous terre qu'ils devoient se changer en 
nymphes, je les tirai de l’eau, et les renfermai dans une 
grande boîte de plomb, à moitié remplie de terre; mais ils 
n’y entrèrent point, peut-être parce qu'elle n’étoit pas assez 
humide. Un des deux périt, l’autre se dépouilla, et parut, le 
30 juin, sous la forme de la nymphe représentée fig, 48. Elle 


438 ANATOMIE 


étoit d’un blanc verdàtre; son dos et ses côtés se montrèrent 
hérissés de petites pointes blanches. Elle avoit sur le devant 
du corselet de part et d'autre cinq ou six épines longuettes, 
AA, plus grosses que ces pointes, et deux recourbées B, à 
l’extrémité postérieure, encore plus grandes que celles-ci. Sa 
forme étoit du reste très-semblable à celle du commun des 
nymphes de scarabées, comme le fait voir la figure 48, qui 
en représente une vue du côté du ventre. Cette nymphe 
périt, et je n’en aurois pas connu le scarabée si je n’en avois 
pas encore élevé deux autres vers, qui se disposèrent à 
changer, l’un huit jours avant l’autre. Je les mis pareille- 
ment dans une boite de plomb, où il y avoit de la terre. Le 
premier y entra, et produisit quelques jours après le sca- 
rabée noir et poli représenté de grandeur naturelle fig. 49, 
mais dans lequel une interruption dans mon ouvrage m'ayant 
empèché de dessiner les jambes d’après nature, j'ai été obligé 
de les tracer par cœur, d’après les notions qui m'en étoient 
restées, et dont je ne puis garantir l'exactitude. L'autre ver 
de ce scarabée ne voulut point entrer en terre, et se changea 
bien en nymphe, mais mourut dans cet état. 


Grand Scarabée aquatique, dont la femelle file aussi. 
Pl 4 


Cet insecte, planche 13, fig. 1 et 2, qui avoit bien trois 
pouces de longueur, fut trouvé vers la mi-août dans l'herbe, 
au pied d’un arbre. Son corps, couleur de suie, étoit plus 
large qu'épais, et diminuant successivement depuis la moitié 

. de sa longueur, ou un peu au-delà, il se termuinoit en pointe 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 439 


émoussée. Sa tête large, aplatie, et plus noire que le corps, 
brilloit d’un poli Juisant. Les trois premiers de ses douze 
anneaux, À,B et C, fig. 1, étoient assez unis; mais les autres 
se partageoient transversalement en dessus, chacun comme 
en trois demi-cercles, par des rides ou plis bien marqués. 
L’extrémité de son corps étoit pourvue de deux filets cro- 
chus D, dont j'ignore l’usage, à moins qu'il ne fût de servir 
d’étuis aux deux filets écailleux dont la nymphe se trouve 
pourvue au même endroit. Les lignes latérales de cet insecte 
se faisoient remarquer par un rebord saillant, ondoyant et 
charnu, au milieu duquel il y avoit de part et d’autre à 
chaque anneau une épine courte et forte, dirigée oblique- 
ment en arrière, EEE, fig. 1. Ses pates F,F,F, au nombre 
de trois paires, partoient, comme ordinairement, des trois 
premiers anneaux, Elles étoient courtes, et ne paroissoient 
guère fortes, ni propres à courir ou à nager avec célérité. Sa 
tête, armée de deux fortes mächoires, sembloit bien indiquer 
qu'il pouvoit être carnassier; mais la lenteur de ses mouve- 
mens paroissoit détruire cette idée. 

Je lui offris des insectes et des herbes, mais il n’y toucha 
point; ce qui me fit conclure, à cause aussi de sa grandeur 
peu commune parmi nos insectes, que son temps de changer 
de forme étoit venu. Je le mis donc sur de la terre fraîche, 
où je répandis du gramen. Il s’y pratiqua une cavité, qu’il 
tapissa de cette herbe, et s’y tint pendant plusieurs jours 
dans une attitude courbée, à la renverse; et quand alors on 
le touchoit, il se démenoit avec une vivacité singulière, et 
reprenoit ensuite sa première attitude. 

Le 2 de septembre, après avoir successivement beaucoup 


44o ANATOMIE 


diminué de volume, sa peau parut mouillée en divers en- 
droits : elle se fendit enfin sur le dos, vers la tête, et il en 
sortit, après des efforts d'environ un quart d'heure, une 
nymphe très-blanche, mais qui se trouva blessée au côté 
droit, d’où suintoit une limphe brune; et cette blessure, dont 
j'ignore la cause (à moins qu’elle n'ait été l'effet des efforts 
que je lui avois fait faire en la touchant à plusieurs reprises), 
fut apparemment aussi celle de la mort de l'animal, qui périt 
quelques semaines après, sans changer de forme. 

Parmi nos naturalistes tranchans, qui débitent leurs rêves 
pour des vérités démontrées, il y en a qui, sur un tel exposé, 
ne manqueroient pas de décider, comme incontestable, que 
le reptile dont il s’agit est non-seulement terrestre, puisqu'il 
a été trouvé sur la terre, mais aussi qu’il vit de plantes, puis- 
qu'il rampoit parmi l'herbe, et que, lourd comme il est, il 
ne sauroit grimper pour manger des feuilles d'arbre, ni at- 
teindre un insecte à la course. Des preuves même de moindre 
poids passent pour des démonstrations aux yeux de ces mes- 
sieurs, qui regardent comme au-dessous d’eux de se défier 
de leurs lumières , et de s’appesantir sur des expériences, et 
qui croient qu'il est plus du grand homme-de décider sur le” 
premier coup d'œil, que de douter et suspendre son juge- 
ment, jusqu’à ce qu'on ait bien éclairci le fait qu'on veut 
établir. 

Mais dans dans ce cas-ci, comme en mille autres, ils ne 
se tromperoient pas moins que Frisch (1), Lesser (2), et de 


——————— ]—————…—————…—…—…—…——— 


(x) Part. 2, n°. 7, p. 37. 
(2) Part.i2, p.54. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. U4x 


plus habiles se sont trompés à l'égard de ce mème insecte, 
lorsque , sur des apparences non moins séduisantes, ils ont 
décidé que, contre l’ordre ordinaire de la nature, cet animal 
portoit ses jambes sur le dos, puisque je vais faire voir que 
l’insecte en question, malgré tous les indices du contraire, 
n’est pas terrestre, mais aquatique; qu'il ne vit pas d'herbes, 
mais d'insectes, et qu'il n’a pas les jambes sur le dos, mais 
à l’opposite, comme tout autre hexapode connu. 

Ayant, au commencement de juillet, vu flotter dans nos 
fossés une espèce de coques que je ne connoissois pas, elles 
attirèérent mon attention. Ces coques étoient blanchâtres, 
de la grosseur du bout du doigt; leur figure tenoit d’un 
sphéroïde un peu oblong et aplati; leur superficie, qui pa- 
roissoit composée de filasse, n’étoit pas fort unie. L'un de 
leurs deux bouts paroissoit comme tronqué, et refermé à plat, 
laissant un rebord tout autour de cette apparence de section. 
De dessous le haut de ce rebord s’élevoit un peu en avant 
une sorte de petit mât, de la longueur environ de la coque, 
assez épais vers son origine, et qui, après s'être redressé, et 
avoir diminué insensiblement d'épaisseur, se terminoit en 
pointe. Une de ces coques se voit représentée de grandeur 
naturelle pl. 13, fig. 3, par devant, et fig. 4, de côté; A est 
cette sorte de petit mât qui s'élève dessus. 

J'en ouvris quelques unes, dans chacune desquelles je 
trouvai environ une cinquantaine d'œufs. [ls étoient blanes et 
oblongs, comme on en voit un fig. 5. Ces œufs s’y trouvoient 
tout régulièrement rangés les uns contre les autres, la pointe 
en haut; et quoique pourvus chacun d’une double coque, 
elles étaient si transparentes, qu'un ou deux jours avant 


Mém. du Museum. 1. 158. 57 


442 ANATOMIE 


d’éclore, on y apercevoit l'animal qui, posé la tête en haut, 
mais ramenée comme celle des nymphes sur l’estomac, rem- 
plissoit toute la capacité de l'œuf, et sembloit plutôt être 
la substance de l'œuf même, toute coagulée en reptile, 
qu'un germe qui, comme dans les œufs d'oiseaux, y auroit 
crû par intus-susception. 
Ces insectes, après être éclos, restèrent encore un jour 
ensemble dans leur bâtiment flottant avant d'y faire une 
ouverture pour en sortir. Peut-être faut-il ce temps à leurs 
mâchoïres pour acquérir la consistance nécessaire à cette 
opération. Quoi qu'il en soît, un jour après leur naissance, ils 
firent à l'endroitaplati, B, fig. 3, de leur loge flottante, une 
ouverture ovalaire, par laquelle ils se précipitèrent dans l’eau. 
Un phénomène assez remarquable suit de près leur nais- 
sance : c'est qu'avant qu'ils aient encore pris aucune nour- 
riture , ils ont acquis bien trois ou quatre fois plus de volume 
que n’en avoît l'œuf même dont ils sont sortis; car ils pa- 
roissent alors déjà tels qu’on en a représenté un fig. 7 : sin- 
gularité dont on ne sauroit guère rendre raison, qu’en 
supposant que l'air qui s’est répandu dans leur corps, prin- 
cipalement par l'inspiration, et l’eau dont ils se sont remplis, 
ont effectué cette dilatation en tous sens. La couleur au 
reste de l’animal est alors gris de souris, et toute sa partie 
postérieure est transparente, excepté vers les côtés. 
Je pris environ une trentaine de vers de cette nichée, le 
8 juillet, et je les nourris de très-petits limaçons aquatiques, 
qu'ils mangèrent de la mème façon que le font les grands ; 
-c'ésta-dire qu'après avoir saisi l’escargot avec leurs dents, ils 
‘se courbèrent à la renverse, et l’appuyant ainsi contre leur 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 143 


dos, qui leur servoit de table, ils Py mangèrent, sans que 
leurs pates leur y fussent d'aucun usage pour tenir l'animal. 
Au défaut de ces petits limacons, ils s’accommodent aussi 
fort bien de grands, découpés en parcelles, et de tétards 
de grenouilles; mais si l’on néglige de leur donner à manger, 
ils se dévorent les ‘uns les autres, quoique hors de cette 
extrémité ils vivent paisiblement ensemble, de façon que je 
les ai vus manger de compagnie des tétards sans se les disputer; 
ils paroissent mêmie se plaire en société, Je les ai souvent 
trouvés trois ou quatre cramponnés les uns aux autres, qui 
nageoient ainsi long-temps de compagnie sans se séparer ni se 
mordre. 

Ils ne demeurent que peu à fond. Fair leur est de temps 
en temps nécessaire; ils le respirent par la queue, ce qu’ils 
font en l’élevant jusqu’à la surface de l’eau. Quand ils n’ont 
respiré de quelque temps, on les voit remonter avec empres- 
sement pour le faire, et alors ils haltent comme essoufilés; 
et si on les empèche par quelque obstacle de porter leur 
queue à l'air, on les voit avec grande agitation le chercher 
de leur extrémité postérieure, ça et là, et marquer leur mal: 
aise par leur empressement à s’en délivrer. 

Ils muent trois fois après être sortis de leur coque flottante, 
et se délivrent à chaque fois d’une dépouille complète. Is le 
font la première fois parvenus à la grandeur représentée 
fig. 8, qui fait voir l'animal aussitôt après cette mue; la se- 
conde ayant acquis la taille-de la fig: 9; qui offre l’insecte dès 
sa seconde dépouille; et latroisième après être parvenus à leur 
grandeur complète, fig. 1, par l'animal vu sur le dos, et 
fig. 2, vu de côté, dans l'attitude qu'il prend quand il com- 


444 ANATOMIE 


mence à se plier à la renverse, pour porter un limaçon sur 
son dos, afin de l'y manger. 

C’est un fait connu, que lorsqu'un insecte se dispose à 
muer, ilreste quelque temps dans l’inaction, et privé de toute 
nourriture; qu'alors il se forme sous son vieux crâne, dans 
son cou, et dans les enveloppes écailleuses de ses pates, de 
nouvelles écailles qui doivent remplacer celles dont l’in- 
secte va se dépouiller. Ces nouvelles écailles, avant d’avoir 
paru au jour, sont assez souvent tendres et mollasses. Aussi- 
tôt qu’elles se trouvent dégagées des anciennes, elles, et les 
parties qu’elles renferment, se dilatent considérablement, et 
l'animal est encore obligé de rester souvent deux ou trois 
jours sans manger, ni agir, parce que nombre de ses muscles 
devant être attachés à des parties écailleuses, n’ont point en- 
core, avant qu’elles se soient durcies, de point assez fixe et 
solide pour pouvoir soutenir quelque effort. En attendant, 
les parties intérieures des pates et de la tête, trop resserrées 
dans leurs vieilles écailles, se dilatent ; les nouvelles écailles, 
aussi long-temps qu’elles n’ont point encore pris de consis- 
tance, s’y prêtent, jusqu'à ce qu’elles aient acquis toute 
leur solidité, après quoi les pates et la tête cessent de croître, 
jusqu’à une nouvelle mue; l’animal recommence à manger, 
et à son tour son corps augmente de volume. 

Immédiatement après que cet insecte a quitté sa dé- 
pouille, sa tête et ses trois premiers anneaux sont en partie 
très-blances, et l’on aperçoit alors distinctement, à chaque 
côté de la tête, six petits points noirs près les uns des autres, 
qui sont apparemment ses yeux. Son cràäne, ensuite, à me- 
sure qu'il se durcit, devient noir; et tout formé, il l’est telle- 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 445 


ment, qu'il seroit bien diflicile, sans microscope, de découvrir 
qu'il eût des yeux. Sa tête alors, jusqu’à une autre mue, con- 
serve son beau noir; mais le noir de son corps, à mesure qu’il 
croit, perd de sa teinte, et devient insensiblement d’un noir 
de suie. 

J'ai eu quelque peine à obtenir des nymphes bien for- 
mées de ce reptile. Un des miens sortit de l’eau le rer juillet. 
Il courut par ma chambre. Je le remis auprès de ceux de son 
espèce, dans leur petit vivier. Quelques heures après, un 
autre en sortit, que je mis dans un bac, où il y avoit de la 
terre et du gramen. Il n’y vécut que deux jours, et tel fut en- 
core le sort de deux autres. Le 20 juillet, je donnai de la terre 
à deux nouvellement sortis de l’eau, dont l’un étoit bien du 
quart plus grand que son pareil. Après s'être fourrés sous 
terre, et y être restés sept ou huit jours, le plus petit en 
sortit, et s’y enfonçant de nouveau, au moins de trois pouces, 
il s’y pratiqua une loge, où il se tint, pendant deux ou trois 
jours, le corps à la renverse; mais, ou mes trop fréquentes 
visites, ou quelque autre raison, lui fit détruire son ouvrage, 
et il périt aussi. Le second, qui avoit commencé à se faire 
un nid, à peu près en mème temps, le détruisit encore, ap- 
paremment pour la même raison, et, se cachant ailleurs sous 
terre, sy pratiqua une loge, avec une sortie par le côté. 
J'ôtai, le 24 août, la terre qui la couvroit par dessus, et jy 
trouvai l'insecte changé en nymphe blanche; mais il ne s’é- 
toit pu dégager de sa peau. J’essayai si j'en pouvois venir à 
boat. Il me fut aisé de le débarrasser des morceaux de vieille 
peau qui étoient restés collés à son corps; mais trouvant de la 
résistance aux pates, je n'osai d’abord essayer de les dégager, 


446 ANATOMIE 

de peur de les rompre. Sa tête étoit encore toute renfermée 
dans le vieux crâne, dont, à cause de sa dureté, j'eus de la 
peine à la dégager. J'y réussis pourtant, sans blesser la 
nymphe; mais comme sa tête, trop resserrée dans ce vieux 
crâne, y avoit déjà pris une forme différente de celle qu'elle 
devoit avoir, et qu’au lieu d’être ramenée sur l'estomac, elle 
étoit relevée; que d’ailleurs ses pates, dont j'avois rompu 
ensuite quelques extrémités, en voulant une seconde fois les 
tirer de l'enveloppe écailleuse des pates du reptile, n'avoient 
pris ni la forme, ni la disposition qu'il convenoit à la nympbhe, 
cet insecte ne se changea point en scarabée; mais il me fit 
découvrir très-cértainement, par la situation des pates de la 
nymphe, engagées dans celles du reptile, que MM. Frisch, 
Lesser, et d’autres, comme je l’ai déjà dit, se sont trompés, 
lorsqu'ils ont cru que cet insecte , dans son état de ver, por- 
toit ses pates sur le dos. 

Les difficultés que j'avois rencontrées jusqu'ici à me pro- 
eurer une nymphe. bien conditionnée m'ayant fait soup- 
çonner que la cause en pouvoit avoir été que je ne leur 
avois pas donné de la terre suflisamment humectée, et que 
peut-être la pean et les écailles du ver demandoient d'être 
tant soit peu mouillées pour que les membres de la nymphe 
pussent s’en dégager comme il faut, je pris un de ces vers, 
qui avoit bien rôdé quinze jours çà eu là sur de la terre, sans 
avoir voulu y entrer; je le plaçai dans une grande boite de 
plomb, sur de li terre beaucoup plus humide, et alors l'in- 
secte y entra, et sy changea quelques jours après en une 
nymphe blanche, bien conditionnée, et telle qu'on la voit 
représentée, fig. 10, du côté du dos, fig. 14, du côté du 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 447 


ventre, et fig. 11* dans le même sens, mais par de simples 
contours. À , est la tête courbée sur l'estomac; B, son cor- 
selet, dont on ne voit que le bord; C, sont ses yeux ; D, ses 
antennes, logées dans la cavité qu'il y a entre le corselet et 
la tête; E, deux dents, ou plutôt mâchoires; G, deux barbil- 
lous placés aux deux côtés de la bouche; H, la lèvre supé- 
rieure; Î, pates de la première paire, dont les pieds sont 
fléchis parallèlement aux barbillons; K et N, pates inter- 
médiaires et postérieures qui desceident sur le devant du 
corps , sans y être appliquées par leurs bouts; L, étuis des 
ailes, ramenées sur l'estomac; M, bout des ailes mêmes, qui 
y Sont aussi ramenées, et en grande partie couvertes par 
leurs étuis; O, grands éperons, dont l'extrémité de la jambe 
des pates postérieures est armée, et dont on n’aperçoit ici 
que le bout; P,P,P,P, anneaux du corps; F,F, fig. get ro, trois 
filets bruns, écailleux et solides, que la nymphe porte à 
chaque côté de la tête; et Q, deux autres pareils, qui dé- 
passent l’extrémité postérieure de son corps, et qui, vu leur 
solidité, ne renferment aucune partie de l’animal. 

Si cela est, que ces filets ne fassent point partie de l’animail, 
me dira peut-être ici quelqu'un qui s'affiche pour philosophe, 
quoiqu'il ne le soit peut-être qu’à contre-sens, apprenez-moi, 
vous qui croyez bonnement que tout a son but, et que rien 
n’aété fait au hasard, quel usage vous assignerez à ces filets 
écailleux ? Je ne conçois pas qu'ils puissent en avoir aucun, 
et il faudra bien que vous conveniez que ces filets, donnés 
pour quelques jours à une nymphe cachée dans la terre, 
et qu'elle y va laisser, ne sont que des hors-d’œuvres, de 
pures inutilités dont la nature auroit dû s’épargner les frais. 


448 ANATOMIE 


Mais, en ce cas, il me permettra de lui répondre que cette 
façon de raisonner ne sauroit être concluante que dans la 
bouche de celui qui auroit une connoissance intime et par- 
faite de tout ce qui constitue le mécanisme de cet animal, 
et de tout ce qui a quelque rapport à sa nature; et comme 
nous n'avons, ni lui, ni moi, cet avantage, il me paroît qu’au 
lieu de prendre le ton censeur qui sied mal à notre ignorance, 
nous ferions mieux de nous dire : Chaque fois que nos foibles 
lumières, par un heureux hasard, ou à force de recherches, 
nous ont permis de découvrir quelqu’une des fins que l’au- 
teur de la nature s’est proposées dans ses ouvrages, nous y 
avons trouvé tant de caractères d’une sagesse supérieure à 
toutes nos idées, que ce seroit en nous un excès de témérité 
et d’arrogance que de condamner comme inutile ce dont 
nos connoissances bornées ne nous ont pas permis de péné- 
trer le but; et ainsi, quoique nous ne puissions concevoir à 
quoi tendent ces filets écailleux qu’une nymphe enterrée a 
pris et qu’elle laissera en terre lorsqu'elle aura revêtu la 
forme de scarabée, nous n’en devons pas moins être certains 
qu'ils ont un usage très-décidé. Mais cette facon de raisonner 
est hors de mode. Un philosophe à contre-sens ou du bon 
ton, un grand homme éphémère, aime mieux taxer la nature, 
que de se reconnoitre en défaut, et croit qu'il est plus de son 
honneur de décider que, puisqu'il ne conçoit pas l’usage 
de telle ou telle chose, elle doit avoir été formée mal 
à propos, que d’avouer son ignorance. Accoutumé à vous 
attaquer par des difficultés que notre esprit borné nous fait 
trouver mème dans les choses les plus évidentes, et qui n’en 
sauroient affoiblir la certitude, il exige que vous les réfutiez 


DE DIFFÉRENTES ÆSPÈCES D'INSECTES. 449 


par des preuves directes, faute de quoi il -éroit pouvoir 
chanter: victoire. 

Hé bien! l'homme aux difficultés, puisqu'il n’y-a d'autre 
moyen de vous (faire sentir, vos tortsret vous fairé entendre 
raison qu’en détruisant vos vaines difficultés par des preuves 
directes, je vais essayer de vous satisfaire, ne füt-ce que pour 
vous faire sentir combien votre façon de raisonner est dé- 
placée; et vous allez voir que ces filets écailleux, que vous 
soutenez ne pouvoir être absolument d'aucun usage à la 
nymphe, parce que vous ne lui en concevez aucun, lui sont 
si nécessaires, qu’elle courroit risque de périr si elle en étoit 
privée. 

Vous avez déjà vu que cet insecte, quoique aquatique, a 
besoin d’air, ét que, pour le respirer, il porte de temps en 
temps sa queue à la surface de l’eau. Changé en nymphe, il 
n’en à plus la faculté, parce que, dans cet état, il n’a pas 
l'usage de ses membres. C’est .ce qui apparemment l’oblige 
à sortir de l’eau pour subir cette transformation. Il se traine 
donc sur le bord de l'étang ou du fossé dans lequel il a vécu, 
et là, en quelque endroit peu éloigné, ettoujours humide, il 
se creuse une cavité voûtée, dont il affermit les paroïs en les 
battant, :et probablement aussi en les enduisant d’une sub- 
stance glutineuse, dont il est intérieurement pourvu,.et qu'il 
jette par la partie postérieure lorsqu'on le tracasse, et dans 
cette cavité il se tient tranquille. Cependant son corps 
s’enfle et se raccourcit. Les parties qui doivent constituer la 
nymphe se forment sous la peau du ver, laquelle enfin se 
fend, et la nymphe, à force de mouvement, s’en dégage; ce 
qui se fait aisément, lorsque cette peau est restée humide; 


Mém. du Muséum. 1. 18. 58 


45o ANATOMIE 


mais très-diflicilement, comme on a vu, lorsqu’en se séchant, 
elle se contracte, et reste collée à la nymphe. C'est ce dé- 
faut de terre assez humide qui, comme il a été remarqué, a 
fait que plusieurs de mes vers n’ont pas voulu y entrer, après 
avoir quitté l'eau, pour aller changer de forme; que d’autres, 
après y être entrés, en sont sortis; et qu’enfin d’autres; qui y 
sont restés, n’ont pu se dégager de leur dépouille, et ont tous 
péri, jusqu’à ce que je me sois enfin avisé de leur fournir de la 
terre suflisamment trempée, sous laquelle ils m'ont seulement 
alors procuré des nymphes auxquelles il ne manquait rien. 

C’est dans cette terre mouillée que les filets écailleux en 
question vont être à la nymphe d’un usage inattendu pour 
nous, mais pour elle d’une grande nécessité. Sa peau, très- 
délicate, manque de la consistance qu'ont la plupart des 
nymphes d’autres espèces. Couchée sur une terre aussi hu- 
mide elle ne pourroit qu’en souffrir, et, cédant à son propre 
poids, prendre une forme contrefaite. La nymphe, qui a 
niturellement le dos courbé en arc, se garantit de ce danger, 
contre l'ordinaire du commun des nymphes, en se tournant, 
aussitôt qu’elle a revêtu cette forme, le ventre vers le plan 
de position, et elle se trouve ainsi montée, et uniquement 
appuyée sur les filets écailleux F,F et Q, fig. 10 et 11, placés 
en triangle, les deux premiers, F,F, aux côtés de la tête, et 
les derniers, Q, à la queue, comme sur un trépied, qui la 
soutient en l'air, sans que son corps, quoique environné de 
toutes parts de terre mouillée, y touche par aucun endroit, 
et c’est dans cette attitude extraordinaire parmi les nym- 
phes, que celle-ci se tient, jusqu’à ce qu’elle prenne la forme 
de scarabée. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 451 


Ainsi, vous voyez que ces filets écailleux, si inutiles en 
apparence à l’insecte, lui sont très-nécessaires; et que de 
vouloir décider, comme vous faites, que telle ou telle chose 
est superflue dans la nature, parce que nous n’en saurions 
deviner l'utilité, est une témérité très-ridicule à des êtres 
aussi bornés que nous sommes. 

Cette nymphe, au reste, est pourvue de stigmates le long 
de sa ligne latérale; mais on ne les aperçoit point dans les 
fig. 10 et 11, et l’on a négligé de la représenter par le côté, 
comme il auroit fallu, pour les mettre en vue. La position de 
ses stigmates donne lieu de penser que les hexapodes, larves, 
ou vers de cesscarabées, en se changeant en nymphes, chan- 
gent aussi de mode de respirer, et qu'après l’avoir fait dans 
l’eau par la queue, ils le font, ou du moins leurs scarabées, 
par les côtés, comme nombre d’autres sortes d'insectes. 

Quand le temps approche où la nymphe va revêtir sa der- 
nière forme, ses yeux se teignent de noir, ensuite la pointe 
de ses mächoires, puis les ongles de ses pieds; après cela, sa 
tête et son corselet prennent une couleur brune; l'extrémité 
de son corselet commence à paroître noire, ses pates bru- 
nissent ; alors aussi la membrane ou l'enveloppe dont toutes 
ses parties extérieures sont revêtues s’affaisse, se déchire, 
l'insecte s’en dégage, et il paroit enfin sous la forme du sca- 
rabé noir, aquatique, représenté, fig. 12, de grandeur na- 
turelle. A,A sont ses deux barbillons; B,B, ses antennes; C,;C, 
les cornées de ses yeux; D,D, ses pates antérieures, dont il 
peut beaucoup renverser le pied, comme on la fait voir dans 
la figure; E,E, palettes qui ne sont propres qu'aux pieds.an- 
térieurs du mâle, de même que les forts crochets F,F, qui lui 


452 ANATOMIE 


servent, avec les palettes) pour se cramponner: à la femelle 
dans l’accouplement. Du reste, tous les pieds du mâle et.de 
la femelle ne sont pourvus, à leur extrémité, chacun que: de 
deux très-petits ongles et d'un ergot, qui ne peuvent guère 
se distinguer qu’à la loupe. A la réserve des pieds antérieurs 
du mäle, leurs pieds, dans touteleur longueur, sont pourvus 
d’un rang de barbes écailleuses, qui les rendent propres à 
faire la fonction de: rames. 

La gravité spécifique de ce scarabée est moindre que celle 
de l’eau, ce qui l’oblige de s’élancer pour aller à fond. Sa 
manière de nager n’est pas fort propre à le faire aller vite, car 
il ne bat pas l’eau des deux côtés d’un miouvement égal par 
la même paire de pates, comme s'il ramoit, mais il relève 
par exemple la pate droite de la seconde paire, et la gauche 
de la troisième, tandis qu’il abaisse la gauche de la seconde 
et la droite de la troisième, et lorsqu'il élève les deux qu'on 
vient de nommer, il abaisse les deux autres , sans que je me 
sois aperçu qu'il fit beaucoup usage de ses pates de devant 
que pour diriger sa route en différens sens. 

Mes scarabées de cette espèce moururent tous vers l’ap- 
proche de l'hiver. J'en conservai deux jusqu’au commence- 
ment de la gelée; mais la glace n’eut pas plutôt paru dans 
leur bassin, qu’ils allèrent à fond et y moururent. 

L'un des deux, qui étoit ur mäle, commença quelque 
temps après à fermenter, et l’enflure de son: ventre: fit sortir 
de son extrémité postérieure les parties singulières que j'ai 
représentées, avec le bout postérieur du corps , fig. 13en des- 
sus, 14 de côté, et 15.en dessous; c'étoient trois pièces mem- 
braneuses, renfermées les unes dans: les autres, B,F et N, 


DE DIFFÉRENTRS/ESPÈCES D'INSECTES. 453 
fo. 14, de formés différentes , et munies: de, plaques noires 
écailleuses, diversement ouvragées, On: voyoit sur le dessus 
dela seconde pièce une.ouverture, F, fig: 13 et 14, de même 
qu'une:autre, vérs l'extrérnité inférieure de son bout en Q, 
représentée plus en grand,avec les pièces qui l’accompagnent, 
fig.1et.19: L'ouverture F, fig.13 et 14, étoit la plus grande, 
et elle:m}a paru ètre l'anus! 

Pour: mieux. découvrir l'eñsemble de ces diverses parties, 
je les tirai par l'extrémité ;;et.je trouvai que la seconde pièce 
tenoit à la troisièmé: par un-assez long tuyau membraneux , 
qui avoit été caché et replié sun lui-même, dans cette troi-, 
sième pièce: Je:continuai de:tirer, pour voir si la seconde 
pièce tiendroit; pareillemént-ainsi à la première, et se déboi- 
teroit comme l’autre; mais lorsque. la partie écailleuse H, 
fig 25.et16, fut à peu près, à moitié sortie, la pièce se rome 
pit.en T, fig.16,.et j’en tirai un. vaisseau membraneux , long 
de: plus d’un pouce et demi, plein de matière verdâtre, que 
je crois avoir été des exeréméns ainsi renfermés dans le rec- 
tum. J’observai aussi que de la partie écailleuse IK., fig. 16, 
sortoit en I, de part et d’autre un fil écailleux qui entouroit. 
ce rectum, apparemment pour empêcher la trop grande di- 
latation de Lanus, par la pression ‘de la, matière fécale. Les 
pièces O0 et: PP, représentées de grandeur naturelle fig. 16, 
l'ont été à laloupe fig, 17; 8 et 19. On voit qu’elles sont un: 
assemblage de quatre lames courbes écailleuses, OO:et PP, 
dont celles O0 paraissent séparément fig. 18, et plus en! 
plein. Q, fig. 17 et 10, offre! en grand l'extrémité creuse et, 
ouvérte.de-la partie qui caractérise le mâle. . 


45% MIT ERNATOMEE ! 17 

*Ce que je souhaitois le plus d'apprendre c'est comment les 
femelles s’y prenñent pour construiré sur l’eau le petit bâti- 
ment flottant fig. 3 et 4, qui renferme leurs œufs. Je mis 
pour cet éffet, avec des lentilles de nos fossés, quelques uns 
de ces insectés dans un grand bassin de plomb, suffisamment 
rempli d’eau. Le dernier de-mai et le premier de juin, je 
m’apercus qu'une de mes femelles, contre sa coutume, ne 
cesssoit de nager et de fureter de tous côtés. Je soupçonnai 
que c’étoit parce qu’elle ne trouvoit pas les matériaux propres 
à commencerison ouvrage; et comme! j'avois vu assez sou 
vent de l’algue’en filasse attachée à leurs coques, je m’avisai 
de leur en donner. Je la fis flotter à fleur d’eau sur quelques 
petits copeaux de bois, et le lendemain matin, 3 juin, jy 
trouvai un commencement de coque; mais lelscarabée avoit 
abandonné son ouvrage, apparemment parce qu’il y'avoit été 
troublé par plusieurs autres sortes d'insectes aquatiques, qui 
avoient fouillé dans cette algue. Je’ies ôtai donc du bassin, 
et aussitôt j'eus le plaisir de voir que ma femelle se remit au 
travail sous mes yeux. Elle me fit voir, ce qui me surprit, 
que, comme les araignées, elle avoit sa filière à l'extrémité 
postérieure du corps, dont elle alongea tant soit peu les der- 
niers anneaux, en ouvrit le postérieur, et dans cette ouver- 
ture, Qui étoit circulaire on à peu près, j'aperçus un disque 
blanchätre, A, fig: 20, qui portoit deux petits tubercules 
bruns, placés à côté l’un de l’autre, perpendiculairement aux 
lignes latérales. De chacun de ces tubercules sortoit un tuyau 
conique délié, d'environ une ligne de longueur, d’un brun 
noirâtre, roide vers la racine , souple et élastiquevers l’ex- 


DE DIFFÉRENTES. ESPÈCES D'INSECTES. 455 
trémité. Ces deux tuÿaux étoient des: filières, qui fournis- 
soient chacune un fil séparé, et qui agissoiént toutes deux à 
la fois par un mouvement toujours parallèle. ;:,,,: ::;: 

L’insecte, pour construire son petit bâtiment, ou sa coque 
flottante ;1s y prit de cette façon: d'abord , couché à la ren- 
verservers la surface de d'eau; il, fourra la: partie postérieure 
de son corps et ses deux dernières paires: dé! pates sous un 
peu d’algue , laissant sa première paire au-dessus, libre et à 
découvert, pour:s’en servir à étendreret mouler en, quelque 
sorte icette algue sur son:vertre, dans l'attitude représentée 
fig. 1,et aussitôt il se mit à filer contre.le dessous!de.cette 
algue une soie! blanche, que je:vis peu: après paroitre tout 
au travers. À ‘mesure qu'il filoit, il avoit soin de temps en 
temps de presser et d’aplatir de ses pates antérieures sur son 
corps son ouvrage, et de lui donner ainsi une convexité de 
cintre surbaïssé, dont. son ventre étoit le moule. Après que 
cette première couche, qui devoit faire le dessus de sa coque, 
fatrachevée, ce qui s’exécuta en moins d’une, demi-heure, 
le scarabée se tourna le ventre en bas, dans l'attitude répré- 
sentée fig. 2, et fila une autre couche, opposée à, la pre- 
mière, pour servir de dessous à la coque commencée en 
dessus, et il en réunit par les côtés les deux cintres, au moy en 
de:sa filasse; la convexité de son ventre ayant encore servi 
de moule à ce dernier cintre comme au premier. Tout le 
fond de la coque se:trouvant ainsi achevé, dans l’espace en- 
viron de cinq quarts d'heure; le scarabée parut pendant deux 
heures ou environ se tenir assez coï, le dos en haut, D'abord 
ilavoit le corps enfoncé dans la coque jusqu’aucorselet, gt 
on s’apercevoit qu'il l'en retiroit presque imperceptible- 


456 14 éMNATOMIÉT 7 17111 


ment. C’est pendant) ces déux: Mémo ilies il 
y pondit’ses œufs; non au hasard, mais en les:dressant, et 
pagennt proprement, les HER ve: autres ; ba mepaé en 
Bai? 5210 , td sit , SU HALOD. MOT, 980 
Cette besogne. ainsi finie, et le corps'tout retiré de Vo 
vrage, ilse mit, dans l'attitude fig: 23, xfilérenrond, contre 
les bords de l’orifice de ‘sa coque;ericore tout ouverte de 
ce côté, et en rendit ainsi l'ouverture de plus en plus étroite, 
jusqu'à ce qu'il fût parvenwaa pointoù la coque parut tron- 
quée par devant, coimme fig.:8,ce qui lui donna l'air d'un 
sphéroïde plat, dont on auroit retranché un segment ; et 
alors il cessa de filer en haut, maïs le fit de bas en haut, et 
de haut en bas; ce qui rendit la coque aplatie en cet-endroit. 
ne se contenta pas de l'avoir aïnsi férmée; il y construisit 
ensuite un petit mât, À, fig: 3et 4 ; en filant continuellement 
vers la sommité de cèt endroit, de haut en bas,let enisens 
contraire. D'abord on ne vit s’yléleyer qu'une petite pointe, 
B, fig. ro, que l'animal, à force de travail, et de ‘coller fil 
sut fil, en‘haüssant de plus'en plus sa partiepostérieure hors 
de l’éau, oùson devant restoit toujours plongé , il s'éleva 
jusqu'à la bauteurqu'on lui voit fig. 3 et:4. 
 J'ignore quel est l'usage de cette sorteide petit mât; peut- 
être ne sért:il que pour fournir à l’insecte le moyen de :se 
délivrer du surabondant de mütière soyeuse, qui lui reste 
après son ouvrage achevé, ietiiqui pourrait contracter ,des 
qualités nuisibles encroupissant trop longtemps inutilement 
dans son corps!'Qudi qu'ibenisoit, tout le travail.qu'omvient 
de décrire fut achevé environ encinq heures, après-quoi l'in- 
secte abandonnasa coque qui resta flottante par sa légèreté. 


Zom.1®. 


| 


Gchibeliusr Jaulp 
Î 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 457 


Le 15 juillet suivant je lui remarquai une ouverture en B, 
fig. 3, et des pellicules blanches, qui étoient ou des coques 
d'œufs ou des enveloppes de vers éclos, qui y flottoient tout 
à l’entour. Le lendemain je vis sortir du trou B un petit, et 
le jour suivant une cinquantaine &’autres, dont on a déjà vu 
l’histoire ci-dessus; et ainsi je borneraï ici mes recherches sur 
cet insecte, qui aura j'espère fourni plus d’un objet intéres- 
sant et nouveau au lecteur. 


EXPLICATION DES PLANCHES, 


PAR M. W. DE HAAN. 


Prancme VIII. 


FiG: 1. Ta quatrieme et la cinquieme articulation des palpes maxillaires d’un 
mâle. | 
D,E, le quatrième article. — E,G, le cinquieme. 
A,F, ouverture par laquelle sort le dard masculin. 
L, la pointe du dard. —1,H, écaille terminant cet organe, dans lequel 
le dard estrenfermé. 
Fc. 2. L’Aranea domestica , grandeur naturelle. 
Fic. 3. Le dard masculin. —L, fig. 1, séparé. —B, conduit membraneux du 
dard. ne 
Fic. 4. Un palpe maxillaire divisé en cinq articles, A,C,B,D,6G, dont le premier 
et le troisième sont les plus courts et le second le plus long. 
F,E, deux épines dont la quatrième articulation est armée. —I,H, dard 
à peine sorti de son ouverture. 
Fic. 5. L’extrémité d’une des filières supérieures, vue de côté. 
Fic. 6, L’extrémité d’une des filicres inférieures , terminée par diverses rangées 
concentriques de petits tuyaux. 


Mém. du Muséum. t. 18. 59 


Fic. 
Fc. 


Fic. 


Fic. 
Er. 


Fig. 


Fic. 


Fic.. 


ANATOMIE 
7. L’extrémité du ventre. Les deuxfilières supérieures cachent les inférieures 
dans l’état de repos. 
8. Le palpe maxillaire droit. Joyez ifedplication de la fig. 1. Met 
9. Le corps de l’araignée, avec les pieds tronqués. C2 
H,H,H,H,H,H, les pieds. —K,K, les filières. —L,L, les appendices ven- 
traux. —F, la lèvre inférieure. rE Ë, les mâchoires. — M,D,M,D, les 
palpes maxillaires. — E,A,B, E, À,C, les es avec leurs crochets. 
— G, le thorax. 10 agi 
. 10. Un palpe maxillaire droit, avec le dard à peine sorti. ee raies 
tion des fig. 1 et 8. 
11. Les filières, dont les deux supérieures BB ont été relevées pour fre entre. N 
voir les deux inférieures C.— A,A, les appendices ventraux. 
12. Trois des filières de la fig. 6, plus grossies. = 
13. La tête de l’araignée. mn” 
B,A, les yeux. — C,C, les mandibalés. US 
14. Crochet des mandibules A,C, fig. 9, à bout percé}, muni intérieurement 
d’une rainure longitudinale A,F,B. 
15. Mandibule entiere. 
A,C, le crochet. — C,H, bord sur lequel le crochet'se replie. —C,H,D, 
base des mandibules. 
16. L’extrémité d’une filière superieure grossie. Le milieu est rehaussé et 
garni de poils à la circonférence. Toute sa surface est criblée de trous. 
Prancue IX. 
1—4. Continuation de l'anatomie précédente. 
1. Le palpe maxillaire dans sa position naturelle, vu. de côte. 
A,F, le conducteur du dard. —C, épine. 
2. Les deux dernières articulations du même organe, vues aplomb. 
P,B,A,E, le dard tiré un peu de sa position naturelle. — À,F,C, comme 
dans la figure précédente. 
3. La même partie, vue de côté. F 
P,N,A,E, le dard tiré de sa place. — A FC les mêmes parties. 
4, La même, vue par devant. 
5—18. L’anatomiedel’Æranea civilis, Walekenaer, Faun. Paris, Il, page 216, 


Fic. 
Fic. 
Fi. 


5. 
6. 


L’araignée de grandeur naturelle. 


Palpe maxillaire d’une autre araignée quir n ‘a pas encore snbi sa dernière 
. métamorphose. Le dard n ne paroit pas à l'extérieur: il est encore couvert 


- par la peau. te 


Zom.1®. 
Tr 
2272 Z. 


F6. 7. 
Fic. 8 

FIG. o 

Frc. 10 
Fic. 1 

Fic. 12 
Fic. 13 
Fic. 14 
Fic. 15 
Fic. 16. 
Fic. 17. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 459 


La même, vue de côté. 
À, la peau qui couvroit le:dard ffig. 6. — B, la derniere articulation. — 
P,E,N, le dard. — C, l’épine. — F,G, le conducteur. 
La même, dont la peau À a été prise, vue aplomb : 
C,D.E, le dard. — F,G, le conducteur. I 
Le conducteur F,G, fig. 7 et8, plus grossi , garni sur ses côtés d’un rebord 
avec des rainures transversales. 


. Le dard P,E,N, fig. 7, plus grossi. 


À, renflement qui se trouve près de la base, — B, ouverture termifiäte. 


1. La partie antérieure de la tête avec les yeux, tous pointes différemment. 


. Un des yeux grossi cent vingt-cinq mille fois, 


C,A,D, le côté extérieur. — C,B,D, le côté intérieur. — B, bourrelet 


par lequel passe le nerf optique. 


. La dernière articulation du pied d’une araignéeÿqui n’a pas encore subi 


sa”dernière métamorphose. 
B, les deux crochets courbés qui terminent le pied. — À, épine. — 
C,D, les deux crochets qui doivent remplacer B après la métamorphose. 


. Un des crochets. — B, fig. 13, grossi. 
. Cette figure montre comment l’araignée peut maîtriser le fil qui sort de 


sa filière, lorsqu'elle y est suspendue avec tout le poids de son corps. 

M, une filière, — B,C,D,E,A, le fil qui en sort.+- A, le corps sur le- 
quel le fil est attaché. — E et D , la place où les crochets tiennent le fil. 
C, la place où l’épine tient le fil. — B, le point où un autre pied soutient 
le fil. 

Quand le pied B soulève le fil sur le crochet C, alors le mamelon 
M ne soutiendra pas seul tout le poids du corps, mais celui-ci sera porté 
en partie par le crochet C. 

La glande du venin qui a son issue dans les palpes maxillaires. 

A,B, la glande, couverte d’une tunique, composée de fibres en double 
spirale. — A,D,E, le canal de la glande, qui parcourt le palpe maxillaire, 
et se termine à la pointe du crochet. 

Portion de la tunique, qui couvre le réservoir du venin, toute composée 
de fibrés en double spirale qu’on voit dissolues en dessus et en dessous. 


Fic. 18. Une des fibres qui composent la tunique précédente; faisant voir la double 


spirale qui s’entortille l’une de l'autre , et qui reçoit dans son milieu 


une fibre musculaire. 


Fic. r: 
Fic. 2. 


Fic. 3. 


Fic. 4. 


Fic..5! 


Fic. 6. 


Fic: 7420 


Fic. 8 
Fic. 9. 


Fic. 10. 
Fic. 11. 


Fic. 12. 
Fic. 13. 


Fic. 14. 


Fic. 15, 


ANATOMIE 


Prancue X. 
me. ET 

L'araignée de grandeur naturelle.  ! » "th 
Le corps grandi avec les pieds tronqp 

A,A, les palpes maxillaires. — B;B, lof mandibules avec leurs crois 
D,D.— C,C,C,C, les pieds tronqués près de leur base. — K, l’étrangle- 
ment qui sépare le corselet du corps. — F,F, les deux filières Fe 
rieures.— G,G, les deux appendices ventraux. 
Un palpe maxillaire grossi. 

AetB, la première et la troisième PAT qui sc plus courtes 
que les autres. + 


La langue pe 
A;,F,B,G, 1 .—C, D, l’œsophage. Se lame cornée N, fig. 27. 


— A;C, la gouttière de la langue, garnie de chaque côté d’une aile, qui 


+ s’élargil également vers l'intérieur, en forme Fe trüelle ne à Ces 
ailes sont traversées par des fibres dentées. 


Coupe transversale de la langue A;C, fig4.. Là 
A,C, la gouttiere de la Eye : 
Poil barbu du corps. . + 
il à barbes très-court 74 corps. + à 
igmate du ventre pla é au bord du sillon E,H , fig. 2, de chaque côte. 
Portions des vaisseaux soyeux D,E,F,G;E, fig. 13. Leurs extrémités sont 
élargies en glandes : dans leur milieu on remarque un tube intérieur , 
qui contient une liqueur transparente : l'espace entre ce tube et les 
parois extérieures est remplie d’une: matière blanche ét opaque. 
Le stigmate, fig. 8, plus grossi, percé de petits trous, di 
L’extrémité du ventre , EF,GG, fig. 2. LH: 
F,F, les deux paires de filières. — Y,2, les appendices v aux _ 
A, l'anus. Ki 
Une partie de l ovid ds d'œufs dans leurs tuniques. 
Le ventre coupe sue et fr vb, û 
C, écaille propreà la melle. Voyez fig. 2.— A,H,D,B,L,E,.le corps 
graisseux. — À,D,B Æs l'ovaire. — F,D,E,G, les vai eux. — 
F,G, les appendices v aux. 
La moitié de l'ovaire, D,B,E, fig. 13, dans laquelle or 


œufs sont plus gros au milieu qu’à la circonférence. : 
17, 18. Le cartilage, sie D, ete 4, dessiné épée en trois 


. ! He 


Len 
2 


iv À } 


Zom .16. 


Zom..16. 


Figid 5. 


PES 
ANG: 14. 
. 


+ É e s À Fig: 29. | 
ù ns eg: 2 | 
Res LD - D 14 


t éeluts Ja 
Pl.u. ; Jébelius C7 


Fic. 


Fic. 


Fic. 


Fig. 


Fc. 


Fic. 


Fic. 


Fic. 


Frc. 


. 3, 4, 5. La nympbe, vue en dessous, de côté, et en dessus. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D INSECTES. . 46: 


sens divers. Il est composé de deux lames inclinées l’une contre l’autre, 
et placé au sommet de l’estomac. 

16, 19, 21. Représentent la lame, voyez fig. 2, du côté intérieur, aplomb, et 
du côté extérieur. 

22. Le système nerveux du thorax commençant par.deux ganglions, A etB, 
fig. 22: De ces deux ganglions, qui sont adossés l’un contre l’autre, 
part un cercle nerveux qui donne quatre paires de nerfs, C,D,E;F, 
G,H, I,K, aux quatre paires de pièdés et le nerf L, qui forme la 
moelle epié du ventre. 

M, l’écaille, N, fig. 27. 3 | 

23, 25. L'ouverture de l’œsophage avec les deux Athoïrks S,S , fig. 24, vue 
aplomb. 

M, la levre inférieure. a 

24. La langue L, avec les deux mâchoires S,Srrepliée, en bas : les deux man- 
dibules repliées en haut pour montrer la membrane C,A;A,C, qui se 
trouve entre deux. 

AA, l’origine des palpes maxillaires. EG 

26. Le sternum placé sous le système nerveux et l'estomac, ait la lame N, 
fig. 27, se trouve sur A. En dessus il.a plusieurs points imprimés qui 
servent d’attaches aux faisceaux des muscles dont les inférieurs le 
fixent, et dont les latéraux se rendent dans les pieds. 

27. La langue A,X avec l’œsophage X,N et l'estomac N,P. Au sommet de 
l'estomac est placée la lamelle N. Zoyez DE, fig. 4, fig. 15, 19, 18. 


Prancue XI 


+ 18. Histoire du Dytiscus marginatus. 
. 1,2. La larve, vue de côté et en dessus. 


À, les mächoires. — B, les branchies. 


E, les yeux. — D,B,C, les ci des trois pieds. —,A, le fourreau 
des ailes, | | 

6. Le mâle. 
AA, le ventre. — CC, le thorax.— BB, palettes des tarses des Pieds 
antérieurs ; elles sont munies en dessous de deux suçoirs, et sur les bords 
de petits crochets. 

7, 8. La femelle en dessus et en dessous. 

9—16. Métamorphoses du Dermestes lardarius. 


ê / 


2 # 


4Gz © ANATOMIE 


Fire. 9, ro, 17. La larve, vue de côté, en dessus et en dessous. 
Fic. 12. Poil du corps d’une larve. 
Fic. 137114: Larnymphe , vue-en dessus et'en dessous. : | TA 
FiG. 15, 16. L’insecte parfait, vu en dessus et sur lecôté. ” 
Fico 1730; Les métamorphoses de la Lagria hirta. 
Frcis15, 18,019. La larve dans toute sa grandeur, un Led contractée et roulée en 
boule après être inquiétée. 
Fica0: Le pied d’une larve. 
Fic. ar. Une antenne de la larve. É À 
œ A,B,C, les trois articles. Te iii 
Fic. 22 La tête de la larve! © | ; 4 
A, A, les antennes.— D,D, les mandibules. — B , une des mâchoires. 
— b, la lèvre inférieure. — L, la lèvre supérieure. 
F16::23: Une mandibule; DB fig: 23, grossie. 
Ù * À, latbasé creuse! = B,C, le bord denté. à», 
FiG. 24. Une mâchoire. B, fig. 22, grossie. ju 
L, une palette, garnie de poils sur le bord. 


.Fici25. «La levre inférieure, B, fig. 22. 


Fic, 26, 27. La leyre supérieure. L, fig. 22, vue en dessus et en dessous. 

Fi6.:28, 29, 80. La nymphe; vue de grandeur naturelle en dessous, de côté, 
UR « grossie de la face inférieure. ui 

Fic: 31: L'iñsecte parfait: 9 

Praxcue XII. (A 

FiG. 1—6. Métamorphoses de la Cassida viridis. 

Fic. 1,2. La larve en dessus et en dessous. 

Fic. 3,4. La nymphe en dessus et én dessous. 

Fic. 5,6. L'insecte parfait en dessus et en déssous. 

Fic. 7—12. Métamorphoses de la Cassida murs æa. Gylen bal. 

Fic. ÿ—18. La larve en dessus et en des . 

Fic. 9, 10. La nymphe en dessus et en lessous. | H 

Fic. 11, 12. L’insecte parfait en dessus dessous. 

Fil 13—19. Métamorphoses du Curéllip Pyri. ‘Gyllénhal. 

Fié2 13. Un bourgeon dé poiriér, bruni, attaqué par une larvé de Ednsecte. 


Fi. 14, 15. La larve, vue de grandeur naturelle et grossie. Les “épines courbes 


di qu’elle a sur le dos lui servent au mouvement. 
Fig. 16, 17. La nymphe de grandeur naturelle, vue de côté ét grossie én dessous. 
4 ui | hs LUS 
" À UPS | 


Zom .18. 


Plae. 


Zom..16. 
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ANrqg:T]. 
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F keliis Fee. 


Fic. 


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Fic. 
Fic. 


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Fig. 
Fic. 
Fig. 
Fic. 


Fic. 


Fic. 


Fic. 


Fi. 
Fic. 
Fic. 


Fic. 


Fic. 
Fic. 
Fic. 


Fic. 


Fic. 
Fic. 
Fic, 


Fic. 


Fic. 3 


Fic. 


Fic. 


DE DIFFÉRENTES ESPÈCES D'INSECTES. 463 


18, 19. L'insecte parfait de grandeur naturelle et grossi, 4 
20—28. Métamorphose du Curculio...…..? 

20, 21. Lalarve , vue de côte et en dessus: 

22. Boule composée de fils, dans laquelle loge la larve, try to 
23, 24, 25. La nymphe, vue de côté, en dessus et en dessous. 

26, 27, 28: L’insecte parfait, vu en troissens, 

29—35., Métamorphoses de la Chrysomela dorsalis. 

29, 30. La larve. 
31,32, 33. La nymphe. 


" 


34,35. L’insecte parfait. 


36—42. Métamorphoses de Ceres populr. Fabr. 
36, 37. La larve. 
38, 39, 40. La nymphe. 
41, 42. L’insecte parfait. 
43—46. L'histoire de l'Elaphrus striatus. Fabr. 
43, 44. L’insecte parfait. 
45. Le même grossi. 1 
46. Les œufs attachés à un brin d'herbe, | l 
47—5o. Métamorphose de l'Hydrophilus eo Eabr. 
47+ La larve; p nes 
48. Lanymphe.  :: a Et 
49. L’insecte parfait. 
So. La tête de la larve. 
LI, les yeux: C,C, les pr A; les Adibules — D,D , les 
palpes maxillaires.— E,E, la lèvre inférieure. — F, la trompe. 


Prancne XIII. 


1,2. Larve parvenue à son dernier terme d’accroissement. A,B,C, les trois 
anneaux du thorax, — D, deux épines à l’extrétnité du corps. — 
E,E,E,E,E;E, articulations du Yéhtre!, garnies d’une épiné latérale. — 
F,F,F, lestrois'paires de pieds. = G,G, les déux mrandibules. 

4 Un cocon rempli d'œufs, composé de fils, se terminant en devant par 
une pointé recourbée en haut, Le cocon est tronqué en devant. 

5,6. Un œuf. Ils sont placés perpendiculairement dans le cocon. Dans la 
* la fig. 6, on remarque la jeune larve qui s’y trouve déjà toute formée, 

7. Grandeur naturelle de la larve peu après sa ñaissance; sans avoir pris 


464 


ANATOMIE 


quelque nourriture, les larves acquierent trois à quatre fois plus de 
volume qu’elles n’en avoient dans l'œuf. 


Fic. 8,9. Grandeur de la larve après la premiere et la seconde mue. 


Fic. 10, 11. La nymphe en dessus et en dessous, 


Fic. 


Fic. 


Fic.. 


Fi. 


Fic. 


Frc. 


11Y*, La même en contour: 


12. 


A, la tête.—B, le thorax. —C, les yeux.—D, les antennes. — E, les 
mandibules. —F,F, trois trachées prolongées placées de chaque côté de la 
tête. —G, les mâchoires avec leurs palpes. —H, la lèvre supérieure. 
—IL,K,N, les étuis des trois paires de pieds. —L,M, les étuis des deux 
ailes. — P,P,P,P,P, lesarticulations du ventré.— Q, deux filières à l’extré- 
mité du corps. — O, les épines des jambes, des pieds postérieurs. 
L'insecte parfait. 

A, Ales palpesmaxillaires.—B,B, les antennes. —C,C;lesyeux.—D,E;F, 
les tarses, palettes et crochets des tarses. 

14, 15. Trois articulations membraneuses qui s’engaînent lesunes dans les 
autres, placées à l'extrémité postérieure du mâle, vuesen dessus, de côté 
et en dessous. 

B,A,N, les trdis articulations. —F, l'ouverture du second article. —Q, 
l’ouverture du troisieme article. 

Les mêmes parties. La seconde a été détachée de la première. Le rectum 
se terminant à celle-là y est resté attaché, et se trouve entre deux. 

OO, le second; PP, le troisième ; HK, le premier article. — I, anneau 
cartilagineux qui embrasse le rectum. 


17,18,19. Les valves qui composent les deux derniers articles de la gaine 


grossie. 
O,0, les valves du second article. —P,P, ceux du troisième. — Q, 


l'anus. 


20—23. Représentent les différentes manœuvres que l’insecte emploie pour 


filer sa coque. Sa première position est celle de la fig. 21, ayant le 
ventre eu dedans et les pieds antérieurs en dessus pour mouler la face in- 
térieure et extérieure. Quand elle est ayancée jusqu’à la place que doit 
accuper le couvercle qu’on voit fig. 3, elle se retourne et se dispose à y 
pondre ses œufs. Voy. fig. 22. Toute remplie, elle la ferme par des fils 
circulaires qui forment ensemble le côté plat qu’on voit fig. 3, dans la po- 
sition de fig. 23; ces fils circulaires aboutissent à l'extrémité du petit mat, 
augmentant en longueur à mesure qu’ils se terminent, 


TABLE 


DES MÉMOIRES, ET\NOTICES, 


\S a ,\ 


Contenus dans ce.dix-huitième Volume. 


US! à 


M. LE B*. CUVIER. 
Eloge historique de M. Bosc. Sgh FRE | 6g—92 


M. CAMBESSEDES. 


Mémoire sur la famille des Sapindacées. ‘ ‘ 1—bo 
Note sur les Elatinées, nouvelle Jamulle de plantes. 

255—231 

Description d'un genre nouveau de la famille des Géra- 

niacées. 369—376 

M. KUHN. 
Description d'un nouveau genre de l’ordre des Douves et 
de deux espèces de Strongles. .357—368 
M. LYONET. 

Anatomie de différentes espèces d'insectes. (1er. article. ) 

| 233—312 

Anatomre, etc. (2e. article.) 377—457 


Mém. du Muséum. 1. 18. Go 


466. TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. 


M. MARCEL DE SERRES. 


Observations générales sur les circonstances qui paroïssent 
avoir accompagné le dépôt des terrains tertiaires. 

213—224 

Lettre adressée à M! Geoffroy Saint-Hilaire, sur les 

races distinctes que paroissent présenter certaines espèces 

considérées jusqu'à présent comme fossiles. 149—159 


MM. Manrcez pe SERRES, DUBRUEIL er B. JEAN-JEAN. 


Recherches sur les Ossemens fossiles des cavernes de 
Lunel-Vieil (Hérault). (2e. article.) 93—147 
Recherches, etc. (3e, article.) 313—356 


M. HERCULE STRAUSS-DURCKEIM.. 


Mémoire sur les Hiella, nouveau genre de Crustacés am- 
” phipodes. 51—68 
iv M. TURPIN. 


Organographie microscopique, élémentaire et comparée 
de végétaux. Observations sur l’origine ou la formation 
primihive du tissu cellulaire; sur chacune des vésicules 
composantes de ce tissu, considérées comme autant 
d’individualités distinctes, ayant leur centre vital parti- 
culier de végétation et de propagation, et destinées à 
Jormer, par agglomération, l'individualité composée de 
tous les végétaux dont l’organisation de la masse com- 
porte plus d'une vésicule. 161—212 


= 


INDICATION! DES PLANCHES DU XVIIIe. VOLUME. 


PI. I. Détails de deux Cardiospermum, du Prostea ;: 


du Thouinia, ef du Koœlreuteria. 
IL. Moulinsia cuspanioïdes. 
II. Cupania Lessertiana. 
IV. Anatomie de la Hiella Orbigni. 
V. Bichatia vesiculinosa. 
VI. Théorie servant à expliquer le développe- 


Pages, 


5o 


Ibra. 
Ibid. 


67 


212 


ment des masses tissulaires des végétaux. Ibid: 


VIT. Zndiwidu vésiculaire , etc. 

VIIL. Théorie sur la formation des trois princi- 
pales modifications du tissu cellulaire. 

EX XX TS NUIT RH, XIV XV: Anatomie de 
Le espèces d'insectes. 

XVI, XVII .Ossemens fossiles. 

XVIE Pis”, Octostoma alosæ, Octostoma scombri, 
elc. 

XVII. Cæsarea albiflora. 

XIX, XX, XXI, XXII, XXII, XXIV. Ana- 
tomie de différentes espèces d'insectes. 


354 Cette-planche se trouve au deuxième cahier de la dixième ‘année. 


Ibid : 
Ibid. 


312 


356 


368 
374 


464 


TABLE ALPHABÉTIQUE. 


DES ARTICLES. 


Alectrion. Voÿ :Sapiñdactes. "1 
Anatomie comparée. Voyez ‘nséctési, 
Hiella, Octostoma, Strongle. 

Aphania. Voy. Sapindacées. 
Araïgnées (différentes espèces d’). Voy. 
trou id 
Bergia. Genre de plantes de la famille 
des Elatinées, 229. Voy. Elati- 
nées. " x ‘ 


1 Insectes. 


Bibio Marci, Meigen: Voy Mouche \de.. 


Saint-Marc. : 

Bichatia. Genre de végétaux microsco- 
piques élémentaires, 175 Voy. Or- 

.ganographie microscopique: 
Bosc. Eloge historique de ce savant, 
69 et suiv. — Liste de tous les 
‘articles qu’il a insérés’ dans les 
annales de l’agriculture française, 
89. 

Brèches osseuses. Voy. Ossemens fos- 
siles. 

GCæsarea. Nouveau geure de la famille 
des Géraniacées : ses’ caracteres, 
avec la description de trois espèces; 
le tout précédé de quelques ob- 
servations sur la famille des Géra- 
niacées, 369 et suiv. 

Cardiospermum. Noy. Sapindacées. 

Cavernes de Lunel-Vieil. Voyez Osse- 
mens fossiles. 

Cossignia. Voy. Sapindacées. 

Crustacés. Voy. Hiella. 


Cipania) Description du genre, 28;— 
» de huit espèces, {r'et suiv. Voyez 
1 Sapindacées. | s 

Dodonæa , 35. 

Dodonéacées. Tribu de la famille des 
! Sapindacées ; description des gen- 
res qui la composent, 33 et suiv. 
Voyez Sapindacées. 

Elatine. Genre de plantes séparé des 

: Caryophyllées, pour faire le type 
d’une nouvelle famille ; ses carac- 
tères, 229. Voyez Elatinées. 

Elatinées. Etablissement de cette fa- 
mille de plantes, composée des 
genres Elatine, ‘Bergia, Meri- 
mea, 225. — Caractères des trois 
genres , 229. 

Enourea. Voyez Sapindacees. 

Entozoaires. V. Octostoma et Strongle. 

Erioglossum. Voyez Sapindacées. 

Globuline. La Globuliae solitaire forme 
par aggrégation tous les végétaux, 
164 et suiv. — Chaque grain de 
Globuline a son principe de vie et 
de propagation , et sert de conceç- 
tacle aux vésicules futures où corps 
propagateurs de lespèce, 167 et 
suiv. — Comment la vésicule mère 
se multiplie par la nouvelle Globu- 
line qui se forme dans ses parois 
intérieures , 181.— Description et 
figure de la Globuline et de toutes 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES/ARTICLES. 469 


ses modifications dans l'explication 
détaillée des figures, 194 et 'suiv. 
Voyez Tissu cellulaire. 


Géologie. Noyez Ossemens, fossiles, 


Terrains tertiaires. 


Hiella. Description de ce genre de Crus- 


tacés amphipodes, qui forme le 
lien de cet ordre avec celui des 
Crustacés isopodes, 5x et suiv. — 
Remarques sur l’exception que la 
disposition dés ganglions de la 
moelle épinière semble! présenter 
aux lois de relation du système ner- 
veux des animaux articulés, 62.— 
Les Hiella doivent être placés en 
tête de l’ordre des Amphipodes, à 
la suite de celui des Isopodes, 64. 
— Caractères distinctifs du genre 


Hiella, 65. 


Hypelate. Noy. Sapindacées. 
Insectes. Anatomie de différentes es- 


pèces. d’Insectes.…. 1°. Le pou de 
moulon , 233. — 2°. Les poux d’oi- 
seaux : moyens de s’en procurer et 
de les observer au microscope, 259. 
— Division de ces poux en deux 
classes et en genres, 261. — Ana- 
tomie du pou d’aigle, 262; — de 
celui du héron, 265; — de celui 
du corbeau , 266, 270, 274; — du 
coq de bruyere, 267 et suiv.; — de 
celui du milan brun, 268; — de 
celui de la hupe , 269; — d’une 
espèce de tierceiet, 270; — du 
geai, 271 ; — de la bécasse de mer, 
272; — de la tourterelle , 273; — 
de la pivoine , 295 ; — d’une sorte 
d’émerilion, 256. — Pou. de la 
chenille du: bois de saule, 297; — 


du Jiniaçon des jardins, 280. — 
Anatomie de trois espèces de mites, 
282; — de la tique, 285; — de la 
mouche de Saint-Marc, avec des 
observations sur son origine et sa 
propagation; etsur le dégât qu’elle 
fait aux bourgéons des arbres, 290 
el suiv.; — de l’araignée , avec des 


:obsenvations sur-leurs organes gé- 


nérateurs etsurleür accouplement, 


«4 387; — d’une autre espece d’arai- 


gnée mâle, 389; — de plusieurs 
parties d’une troisième espèce d’a- 
raignée mâle, 391; — d’une arai- 
gnée femelle du même genre, 397 
ets,; — du grand scarabée olivâtre 
aquatique , 412. — Esquisse histo— 
rique de quelques scarabées, ibid. 
et suiv. — Anatomie du ver scara- 
bée hexapode, dont l'hiver est la 
saison ; {17 et suiv.; — du ver sca- 
rabée destructeur d'oiseaux em- 
paillés, 421; — du scarabée volti= 
geur, 422 et Suiv.; — d’un scara= 
bée semblable au précédent, 425 ; 
du scarabée à trompe, 426 et suiv. 
— d’une autre espèce de scarabée 
à trompe, 428; — du putois grêle, 
429 et Suiv; — du gros putois, 
431 et suiv.; — du petit scarabée 
aquatique ; 433-et suiv. ; — d’une 
autre espèce du petit scarabée aqua- 
tique dont la femelle file , et expé- 
riences faites sur cette espèce, 435 
et suiv.; — du grand scarabée 
aquatique dont la femelle file, 438 
et suiv. — Observations et expé- 
riences sur cette espèce , ibid, 


Irina. Noyez Sapindacees. 


470 TABLE 


Lepisanthes. Voyez Sapindacées. 

Llagunda. Noyez Sapindacées. 

Magonia. Voyez, Sapindacées. 

Maiayba. Voyez Sapindacées. 

Melicocca. Noyez\Sapindacées. 

Merimea. Nouveau geure de plantes de 
la famille des Elatinées , 230. Voy. 
Elatinées. 

Micromètre. Description d’un instru 
‘ment qu'employoit Eyonet pour 
déterminer les dimensions des plus 
petits objets: vus au microscope, 
259. 

Mite. Anatomie de la Mite du fromage 
et de deux’autres espèces, 282. 
Mouche de Saint-Marc. Histoire ét ana- 
tomié de cetinsecte ; avec des ob- 
servations sur son origine, Sur sa 
propagation, et sur le tort qu’il 

fait aux arbres, 190 et suiv. 

Moulinsia cupanoïdes. Description du 
genre et de l'espèce, 40. Voyez Sa- 
pindacées. 

Nephelium. N.. Sapindacées. 

Octostoma. Nouveau genre d’'Entozoai- 
res ; de l’ordre des Douves : sa des- 
cription’et celle de deux espèces, 
357 et suiv. 

Organographie microscopique des végé- 
taux , 161 et suiv. — Formation du 
tissu cellulaire, par la réunion des 
vésiculesquiontchacuneleurcentre 
de vie particulier: formes que ces 
vésicules, d’abord sphériques, pren- 
nent par leur position mutuelle, et 
comment elles se propagent, 169. 
_— Examen des amas de vésicules 
qu'on trouve sur les vitres des serres 

chaudes, qui ne reposent point sur 


ALPHABÉTIQUE 


sur une membrane , et auxquels 
l’auteur donne le nomvde Bichatia, 
175 et suiv.—Des méats oucanaux 
intercellulaires, qu'on a pris à tort 
pour des vaisseaux, 180. — De la 
globuline, 181:— Les prétendus 
porés ou stomates destinés à l'in- 
troduction des fluides ‘sont une il- 
lusion : ce que c'est que Ja’ cuticule 
générale des végétaux , r84:— Ré- 
futation des opinions reçues sur la 
circulation dela sève, 187. — De 
la fécondation des végétaux, 188. 
— Résumé des observations , 190. 
Explication des figures qui repré- 
sentent lesorganes élémentaires des 
végétaux, leurréunion, leur pro- 
pagatiôn ; et dont le résultat est 
d'offrir une théorie de la végéta- 
tion, 194et suiv. 

Ossemens fossiles. Continuation des re- 
cherches sur les osséemens fossiles 
des cavernes de Lunel-Vieil ; 93 et 
suiv., 313-et suiv.— Rapport qui 
existe entre les limons à ossemens 
des caverneset les: breches-osseu— 
ses, 93: — Brèches osseuses de 
France , comparées à celles situées 
hors de France; sous le rapport des 
ossemens qu’elles renferment, 94 
et suiv. — Aperçu général sur les 
cavernes à ossemens et sur les es- 


pèces qu'on y trouve, 104. — Il, 


paroît que les brèches osseuses et 
# . 
les cavernes à ossemens sont bien 
plüscommunes qu’on nelavoit cru, 
et que leur formation est due à une 
même cause, 110. = Examen des 
diverses opinions à ce sujet, et des 


DES ARTICLES. 


faits qui doivent fixer les incerti- 
tudes, 110 et sûiv. — De la prodi- 
gieuse quantité d’ossemens de car- 
nassiers, de ruminans, de: ron- 
geurs, etc., qu’on trouve dans les 
cavernes et les breches osseuses, et 
du nombre relatif des espèces, 125 
etsuiy. — Des débris de poissons 
et de coquilles de mer qu’on trouve 
quelquefois au-dessous, 129. — 
Nombre relatif des différentes pie 
ces osseuses, des squelettes des es 
pèces fossiles, 131. —.Cette énu- 
mération prouve:que les diverses 
parties, du squelette n’ont pas été 
également conservées, 135.—Age 
relatif des diverses. espèces fossiles 
des mêmes cayernes, 138 et suiv. 
— Du rapport des, espèces fossiles 
avec les espèces vivantes, 143 et s. 
— Il n’y a que deux espèces per- 
dues sur dix-neuf herbivores; il y 
en a quatre sur quatorze carnas— 
siers,, 145. — L'époque des dernie- 
res catastrophes géologiques n’est 
pas aussi éloignée qu’on l’asupposé, 
147. — Description des divers os- 
semens fossiles, des cavernes de 
Lunel-Vieil, et détermination des 
genres auxquels ils appartiennent . 
313. — Ossemens d’ours, 313 et s. 
—.Os de la tête de l'ours à front 
bombé, 315. — De l'ours, à front 
aplati, 324. — Tableau comparatif 
de quelques parties des têtes d’ours 
fossiles , avec les mêmes parties des 
ours vivans, 328, — Os fossiles du 
blaireau d’'Europe,, 330. — D'une 
loutre, 334. —Ossemens fossiles du 


#73 


genre chien, 339. — Du. renard, 
350. — Preuves que les. derniers 
dépôts d’ossemens fossiles sont pos- 
térieurs à l'apparition de l’homme 
sur la terre, 149 et suiv. — On ne 
trouve en Amérique aucun osse- 
ment des espèces aujourd’hui do- 
mestiques, tandis qu’on trouve en 
Europe les mêmes ossemens d’ani- 
. maux perdus, 151. — Réflexions 
sur la- diversité des races dans les 
derniers dépôts, 155 et suiv. 

Pou de la chenille du bois de saule , et 
pou du limaçon des jardins. Leur 
anatomie, 253 et suiv. Voyez In- 
sectes. 

Pou du mauton.Anatomie decetinsecte, 
277 elsuiv. Voyez Insectes. | 

Poux des oiseaux. Observationssur leur 
division en classes et en genres, sur 
les moyens de se les procurer et de 
les observer, avec l'anatomie de 
seize espèces, 259 et suiv. Voyez 
Insectes. 

Prostea. Caractères du genre, 25. — 
Description d’une espèce, 39. 
Sapindacées. Mémoire sur cette famille 
de plantes, 1 etsuiv.—Exposition 
des travaux dont elle a été l’objet 
depuis Linné jusqu’à présent, ibid. 
Caractères dela famille, 4. — Re- 
vue des genres dont elle;se com- 
pose, avec des observations sur les 
rapports qui les unissent et les ca- 
ractères qui les distinguent, 8. — 
Division de la famille en deux tri- 
bus, les Sapindées et les Dodonéa- 
cées , 13.—Aflinités de la famille, 
14. — Tableau analytique des Sa- 


472 
pindacées, 17. — Description des 
genres de la première tribu, celle 
des Sapindées, avec la nomencla- 
ture des'espèces, 18.— Ces genres 
sont Urvillea Xunth} 19. — Serja- 
nia Plum., 20. —Toulicia Aubl., 
Ponæa Scherb., 21. — Paullinia 
Schum.,ag:—Schmidelia Kunth, 
23. — Jrina Plum., 24. — Prostea 
Nob., 25. — Lepisanthes Plum., 
ibid. —Sapindus Lin., 26. —Erio- 
glossam Plum., 27: — Moulinsia 
Nob. , 27. — Cupania Plum. , 28 
— Talisia Aubl. , 29. — Nephe- 
lium Zin., 30. — Thouinia DC., 
ibid. — Hypelate Brown, 31. — 
Melicocca Lin., 32. — Les genres 
des Dodonéacées sont Kælreuteria, 
Laxm., 33. — Cossignia Juss., 
ibid. — Llagunoa Ruiz et Pav., 
34. — Dodonæa Lin., 35.—Genus 
anomalum.MagoniaA.S.-Hil.,35. 
—Generamihi non satis nota.Enou- 
rea Aubl., 36. — Matayba Aubl., 
ibid. Aphania Plum., 37. —Alec- 
tryon Gært., ibid. — Description 
des espèces nouvelles ou peu con- 
nues ; 38 et suiv.—Ces espèces sont 
Schmidelia bojeriana Nob., ibid. 
— Prostea pinnata Nob., 39. — 
Moulinsia cupanioïdes Nob., 4o. 
Huit espèces de Cupania, {1 et suiv. 
— Talisia mollis, 48. 

Sapindées. Division de la famille des 
Sapindacées. Voyez Sapindacées. 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES. 


Scarabées (différentes em) de). Voy. 
Insèctes. 

Schrridelia. Voy. Sapindäcéés. Schmi- 
‘délia bojeriana. Sa description , 38. 


: Sève. Ce que c’est que le mouvement de 


la sève, 187. — Voy. Organogra- 
pluie. 

Stomates ou pores des végétaux. Ne sont 
qu’une illusion, 184. — Voy. Or- 
ganographie végétale. 

Strongle (Strongylus ). Description de 
deux nonvelles espèces de cet en- 
tozoaire trouvées dans le corps d’un 
marsouin , 363. 

Talisia mollis. Sa description, 48. — 
Voyez Sapindacées. 

Terrains tertiaires. Observations sur les 
circonstances qui paroissent avoir 
accompagné le dépôt de ces ter- 
rains, comparaison de divers bas- 
sins de terrains tertiaires, 213 et 
suiv. 

T'houinia. Voyez Sapindacves. 

T'ique. Anatomie de cet insecte, 285 et 
suiv. 

Tissu cellulaire des végétaux. Obser- 
vations sur son origine et sa forma- 
tion, sur les vésicules qui le com 
posent, qui sont autant d'individus 
distincts, ayant chacun leur centre 
vital particulier, et dont la réunion 
forme l'individualité composée de 
tous les végétaux, 161 et suiv. — 
Voyez Globuline, FA ro he 

vérétale. 


FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE. 


HAE 


a