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Mémoires et Rapports
sur les
Matières grasses
À-Af
EXPOSITION COI_ONIAL.E DE M A R S E I L. U E
ooisra-i^Ês ooLOiTi^^xTiK
Président Générai : M. Adrien ARTAUD
Député des Bouches-du-Rhone, Commissaire Général de l'Exposition
Congrès de la Production Coloniale
26-30 Juin 1922
Président : M. F. BOHN
Président de l'Institut Colonial
et de la Compagnie Française de l'Afrique Occidentale
Secrétaire Général : M. Emile BAILLAUD
Secrétaire Général de l'Institut Colonial
SECTION DES MATIÈRES GRASSES
Président : M. F. de ROUX
Industriel à Marseille, Membre du Conseil Supérieur des Colonies
Rapporteur Général : M. A. STIELTJES
Directeur des Services Techniques de l'Institut Colonial
Mémoires et Rapports
sur les
Matières grasses
EXPOSITION COI-ONIAL.E DE M A R S E I l- l_ E
Président Général : M. Adrien ARTAUD
Député des Bouchos-du-Rhône, ("omniissaire Général de l'Exposition
Congrès de la Production Coloniale
26-30 Juin 1922
Président : M. F. BOHN
Président de l'Institut Colonial
et de la Compagnie Française de l'Africfue Occidentale
Secrétaire Général : M. Emile BAILLAUD
Secrétaire Général de l'Institut Colonial
SECTION DES MATIÈRES GRASSES
Président : M F. de ROUX
Industriel à Marseille, Membre du Conseil Supérieur des Colonies
Rapporteur Générai : M. A. STIELTJES
Directeur des Services Techniques de l'Institut Colonial
INSTITUT COLONIAL DE MARSEILLE
CONGRÈS DE LA PRODUCTION COLONIALE
de
L EXPOSITION COLONIALE de MARSEILLE
mil
Mémoires et Rapports
sur les
Matières Grasses
g s>.
OM
La Production des Colonies françaises en Oléagineux
L'Olivier - Le Lin - Le Cocotier - L'Arachide - Le Sésame
Le Ricin - Le Soja - Produits et Graines diverses
Bibliographie des Matières Grasses
MARSEILLB
iisrsTi'rxjT cor.o2;Ti.A.i-.
5 rue Noailies, 5
1S22
INSTITUT COLONIAL DE MARSEILLE
CONGRES DE LA PRODUCTION COLONIALE
de
L'EXPOSITION COLONIALE <lo MARSEILLE
Mémoires et Rapports
sur les
Matières Grasses
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OM
La Production des Colonies françaises en Oléagineux
L^Olivier - Le Lin - Le Cocotier - L'Arachide - Le Sésame
Le Ricin - Le Soja - Produits et Graines diverses
Bibliographie des Matières Grasses
MARSEILLE
XISrSTITXJT COLOI-Tiy^L,
5 rue Noailles, 5
1922
TP
470
t.i.
M. A. Artaud, Commissaire Général de V Exposition Coloniale de Mar-
seille, Député des Bouches-du-Rhàne, a bien voidu confier à l'Institut Colo-
nial de Marseille le soin de préparer et d'organiser le Congrès de la Produc-
tion Coloniale, wi des quatre Congrès Officiels que l'Exposition Coloniale,
a consacré à Vétude de l'œuvre coloniale de la France.
Il nous a paru intéressant de réunir, à cette occasion, en une même
pubicalion les rapports et études sur les matières grasses présentée au
Congrès par les négociants, colons, industriels, planteurs et techniciens' q^ii
ont bien voulu tj prendre part et les principaux travaux que l'Institut Colo-
nial a fait paraître précédemment dans son Bulletin des Matières Grasses
sur la jyroduction des matières premières oléagineuses d'origine coloniale.
Un des deux volumes que nous publions ainsi est entièrement consacré
au Palmier à Huile en raison de l'importance de la documentation que noïis
avons réîtnie sur ce sujet.
Marseille, le l" septembre 1922.
Emile BAILLAUD
Secrétaire Général de l'institiit Colonial
et du Congrès de la Production Coloniale.
Rapports Généraux
RAPPORT
A LA
SECTION DES MATIÈRES GRASSES
DU CONSEIL SUPÉRIEUR
DES COLONIES
Sm/' les mesures à prendre en vue de l' amélioration de la production
des Matières Grasses et plus pai'ticuliàrement sur la création
de stations expérimentales consacrées à l'arachide et au palmier à huile
Par M. Emile BAILLAUD
Secrétaire Général de l'Institut Colonial de Marseille
Membre du Conseil Supérieur des Colonies
Messieurs,
M. le Ministre des Colonies Albert Sarraut, en vous priant de cons-
tituer la Section des Matières Grasses du Conseil Supérieur des Colonies,
vous a demandé de faire porter plus particulièrement vos investigations
sur les conditions actuelles de la production des oléagineux dans nos Colo-
nies et de lui donner votre avis sur les mesures à prendre pour la déve-
lopper le plus rapidement possible.
Vous avez bien voulu me confier la tâche ardue de vous présenter, en
un rapport le plus succinct possible, l'état de la question et, en m'inspirant
des directives que vous avez exprimées dans votre première séance, de
dresser le programme des mesures dont vous examinerez l'application
dans votre prochaine session afin de déterminer celles que vous recomman-
derez finalement à l'attention de M. le Ministre des Colonies.
J'ai tout d'abord pensé que pour répondre utilement et pleinement
à votre désir, je devais commencer par établir un tableau ti'ès détaillé
de la production des matières grasses dans le monde, rechercher la part
que prennent nos colonies dans cette production et enfin passer en revue
dans le détail la situation de chacune de nos colonies à cet égard.
M. le Ministre Sarraut, qui a bien voulu me permettre de prendre
son avis à ce sujet, m'a fait très justement remarquer que ce n'était pas
une œuvre didactique qu'il demandait au Conseil Supérieur des Colonies
d'accomplir.
Les travaux de cette Assemblée doivent {X'rmetire d'arriver peu à peu
à une connaissance très exacte et très détaillée de la production coloniale,
des conditions dans lesquelles elle évolue et des possibilités d'amélioration
progressive mais l'essentiel est de commencer par déterminer le plus rapi-
dement possible les points sur lesquels les efforts doivent être concentrés
pour arriver à une augment<ition sensible de cette production.
En outre, le Conseil Supérieur des Colonies a pour premier objet de
guider l'Administration dçins la détermination des mesures qu'elle doit en-
visager et dans les décisions qu'elle doit prendre.
C'est en m'inspirant de cette idée directive qu'à bien voulu me donner
M. le Ministre Sarraut et de son désir nettoment exprimé que j'ai pensé
devoir donner à ce premier rapport que j'ai l'honneur de vous soumettre
un sujet très précis limité aux deux soui-ces de matières grasses qui repré-
sentent la presque totalité de la production en oléagineux de nos colonies,
les arachides et le palmier à huile.
Mais en même temps il m'est appam que cet examen devait avoir
IX)ur base les projets mêmes établis par rAdmiuistration pour augmenter
celte production.
Afin de jwuvoir nous rendre compte de la place prise par les colonies
françaises dans la production nationale des matières grasses et dans
l'approvisionnement de la Métropole, nous avons dressé les tableaux ci-
après dans lesquels nous avons réuni et résumé- les chiffres se rapportant
à l'année qui a précédé la guerre, la situation n'étant pas encore redeve-
nuo normale.
Pour pouvoir comparer ces chiffres les uns avec les autres nous avons
calculé la teneur en huile des diverses graines oléagineuses et avons donné
ainsi l'équivalent en huile des quantités produites ou importées. Le pre-
mier tableau se rapjwrte à la production et aux importations des matières
grasses dans les principaux pays producteurs ou consommateurs. Le se-
cond tableau nous montre que la France importait normalement avant
la guerre une quantité totale de matières grasses correspondant à
470.000 tonnes d'huiles ou de graisses.
Le troisième tableau indique que les quantités totales exportées des
colonies françaises sont d'environ 140.000 tonnes sur lesquelles 100.000 ton-
nes vont dans la Métropole.
Si l'on considère que sur la quantité totale de matières grasses calcu-
lée en équivalent en huile il n'y a guère plus de 50 à 70.000 tonnes qui
soient réexportées sous forme d'huiles, de savons, de bougies, (et il y a
lieu de tenir compte du fait que la majeure partie est absorbée par l'Algé-
rie et la Tunisie) on s'aperçoit que nos colonies ne peuvent nous donner
guère plus du tiers des matières grasses qui sont nécessaires aux besoins
de la France.
D'autre part, si nous ne considérons que les colonies proprement dites
et ne tenons pas compte par conséquent de la production des oliviers de
l'Afrique du Nord, nous voyons que la quantité des matières grasses colo-
niales autres que celles qui proviennent de l'arachide et du palmier à huile
sont pour le moment insignifiantes. Le cocotier est en effet surtout cultivé
en Océanie, en ce qui concerne nos colonies et le fret de ces pays est trop
onéreux pour qu'on puisse considérer ces colonies océaniennes comme ali-
mentant normalement la France. L'Indochine est intéressante et il se peut
que dans quelques années la production en coprah de ce pays puisse
atteindre un chiffre important mais dans le rapport que j'ai l'honneur de
vous soumettre nous ne considérons pas que nous devons nous préoccuper
immédiatement des mesures à prendre pour augmenter cette production
car il est peu probable que ces mesures puissent dépendre en quelque ma-
nière des décisions prises par votre Ck)nseil.
De même, l'exploitation des autres plantes oléagineuses, qui comme le
karité, contribuent faiblement à l'exportation coloniale, est liée au dévelop-
pement général de la mise en valeur de nos colonies et en particulier du
réseau ferré et nous devons attendre encore quelque temps pour que quel-
que chose puisse être fait utilement à cet égard.
Ainsi que nous vous l'avons indiqué, nous sommes donc amenés à
nous en tenir dans ce premier rapport à l'arachide et au palmier à huile.
D'autre part, puisque votre section a pour mission principale d'émet-
tre des avis sur les mesures que doit prendre l'Administration coloniale,
pour développer la production des matières grasses, nous consacrerons ce
premier rapiwrt à l'examen des projets mêmes, établis par le gouverne-
ment général de l'Afrique Occidentale dont la production représente la
presque totalité des arachides et des amandes et de l'huile de palme
qu'exportent nos colonies.
Cet examen s'impose d'autant plus à notre attention que, M. le Gouver-
neur Général Merlin compte placer les institutions, dont il propose de
doter son groupe de colonies sous la surveillance, et le contrôle des entre-
prises commerciales et industrielles qui traitent et qui utilisent ces pro-
duits, entreprises que vous avez justement pour mission de représenter
auprès du Gouvernement.
M. le Gouverneur Général Merlin a, en effet, exposé dans les termes
suivants son projet au cours des discours qu'il a prononcés à Dakar le
19 décembre 1921, à l'occasion de l'ouverture de la Session du Conseil du
Gouvernement de l'A. 0. F. :
« Assurer, dans les circonstances difficiles actuelles, la contimt-alion
des travaux publics en cours, préparer l'exécution de ceux qui sont en pro-
)et pour le 77ioment où la colonie disposera des moyens financiers utiles
n'est pas toute la tâche du Gouverneur Général. Si la mise en valeur des
pays neufs est surtout uji problème de circulation, c'est aussi un problème,
de production. Il importe de procurer ati-x instruments de transport nou-
veaux qu'on organise, le maximum de produits à écouler. .Aussi bien dans
nos possessioris d'outre-mer qu'en France, labourage et pâturage sont,
pour reprendre un vieux mot, les mamelles d'où découle la richesse du
pays. Trop longtemps dans l'.Afrique Occidentale, on s'est attardé à la for-
mule que j'appelle du comptoir; trop longtemps on s'est borné à acheter
aux indigènes le produit de leur cueillette ou de leurs cultures rudimen-
taires. Il faut aujourd'hui modifier ces méthodes. Il faut dans un pays à
population clairsemée, arriver à faire rendre au sol plus à l'hectare avec
un travail vioindre. On n'y parvieyidra qu'à l'aide de procédés de culture
plus scientifiques et par la substitution des moyens mécaniques au tra-
vail humain dans la plus large mesure possible.
« Imbu de ces idées, je me suis attaché à réorganiser les services d'agri-
culture d'après des règles très différentes de celles adoptées dans le passé.
J'estime ([ue notre effort doit surtout se porter, dans chaque colonie, sur
les produits à grand rendement : arachides au Sénégal, palmistes à la Côte
d'Ivoire et au DaIiomey> coton au Soudan. A cet effet, trois stations ont
été créées, Vune à Niénébalé, sur les bords du Niger, dans la région qu'à
étudiée M. l'ingéniexir Bélime et qui s'occupera de la culture du coton,
une autre s'organise sur la Mé, dans la Côte d'Ivoire, une troisième à Pobr
au Daliomey; ces deux dernières, chargées de poursuivre la création de
grandes plantations de palmiers à huile dans les deux colonies. Enfin, un
établissement, consacré exclusivement à l'arachide, est installé à Bam-
bcy, au Sénégal.
« Grâce à mie Jicureuse circonstance ces stations ont pu être dotées, tout
de suite, d'un capital de premier établissement important prélevé sur les
bénéfices réalisés pendant la guerre, d'une part, par le consortit/m du co-
ton, d'autre part, par le consortium des oléagineux. 3.500.000 francs sont
attribués à la station cotonnière du Niger, ,1 millions de francs à la station
du palmier à huile de la Côte d'Ivoire, 3 millions de francs à celle de l'ara-
— 7 —
chide du Sénégal, 2.500.000 francs sont demandés pour la slaiion des pal-
miers à huile au Dahomey. Par ailleurs, il a déjà été précu au budget gé-
néral, en faveur de ces stations, des sommes importantes; pour la station
de Ménebalé, 35.000 francs en 1921 et 150.000 francs en 192-2; pour celle
de la Mé, 106.000 francs en 1921 et 150.000 francs en 1922; pour celle de
Pobé, 53.000 francs en 1921 et 256.000 francs en 1V22 enfin, pour celle de
Bambey, 6. 835 francs en 192 1 et 150.000 francs en 1922.
« Par une innovation heureuse et destinée, je présume à avoir les meil-
leurs effets, ces établissements jouiront d'une pleine autonomie. Ils auront
leur budget propre dont sera ordonnateur et responsable le directeur
même de la station. Bien qu'ayant un objet scientifique, qui est Uaviéliora-
tion rationnelle de la cuiture d'un produit spécial, ils seront gérés commer-
cialement, afin, qu'à tout moment, le directeur pirisse se rendre compte du
prix de revient des produits et des bénéfices que l'exploitation de celui-ci
permet de réaliser. Afin d'éviter ([ue ces établissements ne s'enferment
dans les formules administratives, toujours un peu spéculatives, ils seront
placés sous le contrôle d'un comité de perfectionnement, fonctionnant en
France et où siégeront, à côté des éléments administratifs et techniques,
des éléments industriels et commerçants s'intéressant au produit. Chaque
année, le plan de campagne, le programme des travaux, les résultats obte-
nus l'année précédente, seront soitmis à l'examen de ce comité dont les
suggestions, les observations et les critiques seront infiniment précieuses
au directeur. Par le rnoycn de ce co7inté, j'espère en outre arriver à inté-
resser, d'une façon plus effective et même pécuniaire, au produit dont ils
vivent) les industriels et les commerçants français qui ont, jusqu'à présent,
vraiment trop négligé de faire œuvre créatrice dans nos possessions d'ou-
tre-mer.
« Débarrassés de ces œuvres d'études, mes services locaux d'agricul-
ture devront s'attacher plus diligemment qiûils ne Vont fait par le passé,
à l'atnélioration de la culture indig'ene. J'ai prévu la création d'agents ré-
gionaux qui, dans une aire déterminée qu'ils ne cesseront de parcourir,
s'attacheront à guider colons et indigènes dans les cultures qu'ils entre-
prennent. A procéder de la sorte, l'expérience locale de ces agents s'enri-
chira rapidement de ce qu'ils sont appelés à voir et à discuter avec les uns
et les autres : leur action s'affirmera avec les années auprès des indigènes
qu'ils connaîtront mieux et dont ils seront mieux connus. Il est à présumer
qu'ils arriveront ainsi à faire pénétrer chez les populations indigènes des
procédés de culture améliorés et l'usage des moyens mécaniques employés
par nos propres paysans de France ».
La création des stations d'études de l'arachide et du palmier à huile
qu'annonce ainsi M. le Gouverneur Général Merlin a été dirigée par
M. l'Inspecteur général d'Agriculture de l'Afrique Occidentale, Y. Henry
qui a précisé les caractères que devaient avoir ces stations et le plan sui-
vant lequel elles devaient être établies.
La station de l'arachide a été étudiée par M. Denis. M. Houard, dont
on connaît la compétence toute particulière au point de vue du palmier à
huile a, de son côté, déterminé l'emplacement des deux stations à consa-
crer à cet arbre, l'une à la Côte d'Ivoire, l'autre au Dahomey.
Ces études ont fait l'objet d'une série de rapports que M. le Gouver-
neur Général Merlin a bien voulu nous communiquer. Ce sont ces docu-
ments que nous soumettons à votre examen et à vos conclusions.
Nous devons cependant indiquer immédiatement qu'en dehors de la
— 8 —
production même des oléagineux il serait fort utile, pour améliorer la pan
de la France dans leur réception, en améliorant simultanément le rende-
ment effectif des produits à l'origine, de rendre meilleures et plus économi-
ques les conditions de réception des graines oléagineuses dans les ports
français et particulièrement de celui d'entre eux qui s'en est fait une spé-
cialité.
De même, il serait nécessaire que l'ensemble de l'œuvre entreprise
dispose du concours de laboratoires métropolitains destinés à guider la
production coloniale vers les types et les méthodes les plus convenables
pour l'industrie métropolitaine, pour lui permettre d'absorber à des prix
de plus en plus rémunérateurs pour les colonies, la production de celles-ci
en oléagineux.
Par un heureux coup de fortune ce programme d'ensemble est rendu
possible par la liquidation du Consortium de l'Huilerie, dont les créateurs,
sous l'active et éclairée présidence de M. E. Rocca, avaient d'ailleurs prévu
ces divers emplois et inséré des prévisions à leur sujet dans la convention
qu'ils ont passée avec l'Etat.
Nous vous rappelons que les propositions d'utilisation des fonds dis-
ponibles sur lesquelles les divers groupements intéressés se sont mis
d'accord, sont les suivantes :
9/16 à l'amélioration des conditions de réception dans les ports fran-
çais;
2/16 à l'amélioration d'une organisation technique à la Métropole
à la disposition des Colonies, de l'industrie et du commerce des Matières
Grasses;
5/16 à l'amélioration do la production des oléagineux aux colonies.
En ce qui concerne le premier de ces emplois nous ne sommes pas
particulièrement qualifiés pour entrer dans les détails. Nous nous bornons
à faire remarquer qu'il s'agit en somme, là aussi, d'une utilisation colo-
niale. Chaque économie sur la réception des graines devant se transformer
par le jeu normal de la concurrence et du commerce à l'origine et se trans-
former en prime à la production. Nous reviendrons sur ce point dans nos
conclusions.
Sur la seconde de ces affectations nous ne ferons qu'insister en pas-
sant pour demander que cette attribution ne soit pas employée à des cons-
tructions ou des créations nouvelles qui absorberaient inutilement des fonds
et des efforts, mais qu'elle soit employée à renforcer l'organisation des ins-
titutions qui existent déjà et qui devront bien entendu en contre-partie et
d'après une charte précise, être à la disposition non seulement de l'ensem-
ble du commerce et de l'industrie des Matières Grasses, mais plus particu-
lièrement de l'organisme d'encouragement à la culture des oléagineux dont
nous parlons plus loin.
Le troisième point est plus particulièrement celui que nous allons
étudier.
Le montant sur lequel nous pouvons tabler de ce chef est, selon les
renseignements qui nous sont fournis, de 5 millions. Il pourrait être éven-
tuellement augmenté si certaines éventualités viennent augmenter le total
des sommes disponibles et, par conséquent, la somme correspondant aux
5/16 qui ont été prévus à cet effet dans la convention constitutive du Consor-
tium.
IMPORTATION DES MATIERES GRASSES EN FRANCE
iCOMMERCE SPECIAL EN 1913)
PRODIITS
POIDS
do graiafs
T.\UX
d vqairalcnce
en huile
POIDS
en équivalent
en huile
Graines et fruits oléagineux :
235.513
237.734
1.869
17 670
251.020
20 586
32.821
8.948
820
112.640
2 986
119
61.173
>
9
»
.30
40
. 40
18
30
30
33
40
30
63
43
43
30
„
c
76.714
93 102
748
3 181
75.309
6.176
18 487
3 579
246
73 216
1.344
34
18.332
17.153
3.a56
227
2.303
3.130
4.122
33
19
13
27
198
7
46
9
15.741
66
63
1 923
16 308
3.322
3 374
34
412
23
5.627
283
1 309
1 749
3 373
1
463 687
» sésame
moutarde (y compris le colza des Indes).
.■\mandes de palme
Graines de touloucouma, mowra, illipé
.'autres graines
Huiles, graisses et cires :
Huile de palme
» coco, touloucouma, illipé et palmiste.
» ricin, pulghère
lin
coton (savonnerie et graisses alimen-
sésaine (savonnerie et graisses alimen-
• arachides (savonnerie)
» colza
» soja (savonnerie)
» mais (savonnerie)
Huile d'olive ..
.autres huiles
Graisses végétales al'mentaires
Graisses , saindoux
Margarine, etc
Cire brute
Cire blanche
Beurre salé
Huile de morue
.\utres huiles de poisscns
TOTAL
— 10
Exportation des matières grasses d'origine végétale et animale des Colonies Françaises -1913
QUANTITÉS
exportées
Ql A>TnTiï
totales
TAIX
aV-quivale-c
en Iniilc
EXPOBI«TI0«S
totale»
réJuito. e„
huile
Huile d'olive.
Grnincs de lin
Autres graines
Huile d'olive
Huile de grlgnons d'olives
Autres huiles, cire, graisses etc.
Graines de lin.
TUNISIE
1.736 I 1.771
SENEGAL
Arachides en coques..... 1 IGj.973 | 229 962 1
.\rnandes de palme "3 760
Autres graines I 'M I iJ9 I
HAUT-SENEGAL-NIGER
Arachides en coques.
Karité
Autres graines
Cire
Arachides en coques
.\mandes de palme
Sésame
Huiles de palme et de coco.
.\mandes de palme.
Huile de palme
Cire
8.o7
3.374
40
646
Amandes de palme.
Coprah
Graines de coton
Huile de palme
Beurre de karité
COTE DM
1 l.Mlo
2 iy7
2;î6
139
8.577
475
62
I 3.541
5,172
762
VOIRE
I 6.040
26.371
2.36
280
.^mandes de palme.
Huile de palme
GABON
MADAGASCAR
Suif
.Saindoux
Cire
Coprah
Sésame
Autres graines
Graisse de poisson
Huile de ricin et de pulghère.
Autres huiles et graisses
Cire
INDOCHINE
5.595
61
240
5 . 645
1 246
1.164
NOUVELLE-CALEDONIE
Coprali I 2.730 I 2.«'.o| 65
OCEANIE
Coprah | 2 OO.". | 8 ,si2 | 6.'i
SAINT-PIERRE ET MIQUELON
Graisse de poisson | " | "I "
Total des matières grasses exportiies des Colonies françaises
521
1
7.123
1.S27
37
13 067
2 504
173
40.792
08 989
33
342
18
18
2.573
2.. 573
100
190
19
19
4
4
1 012
1.062
18
2 327
194
229
3
167
817
3.127
5.638
6.014
2
2
971
Il 867
153
1.53
2,'i
50
6.103
7 971
92
170
20
259
44
119
277
303
1.105
2 006
loi;
502
3 fi;i7
3.669
18
374
74
349
3.364
3.432
17
610
o
348
2
9
1.924
5.747
69
L'ARACHIDE
I. — Progr.wime de la station de M'Bambey.
L'inspection Générale de l'Agriculture de l'A. 0. F. a pensé que le plus
simple serait de consacrer à l'étude de l'arachide la station agricole de
M'Bambey qui avait déjà été établie au Sénégal dans ce but.
Cette station a été confiée à M. Denis qui a fait au préalable une prospec-
tion des terrains cultivés en arachide au Sénégal, à la suite d'une mission
aux Etats-Unis, dont l'a chargé l'Union des Fabricants d'Huile, en compa-
gnie de M. Amman, en vue de l'étude de la culture de l'arachide dans
ce pays.
M. Denis a fait des prélèvements de terre dans les différents terrains
caractéristiques et ces terres doivent être analysées par les soins de l'Ins-
pection générale de l'Agriculture qui a envoyé en France un de ses chi-
mistes (M. Lavergne).
Cette analyse permettra de comparer les résultats obtenus à M'Bam-
bey avec les cultures faites dans les autres régions du Sénégal.
Le programme tracé par M. Denis comprend deux stades : la sélection
des semences et la propagation des semences sélectionnées. Il s'exprime
ainsi à ce sujet :
« Les travaux devront porter en premier Heu sur l'étude des types d'ara-
chides existants, puis sur la recherche de lignées qui conduiront au main-
tien de quelques formes pures d'où partira la sélection.
« On étudiera ensuite leur adaptation aux divers sols et modes de cul-
ture. L'influence des fumures, des amendements, des engrais, de la végéta-
tion forestière, des assolements. Enfin on recherchera les maladies et les
insectes qui attaquent la plante et les moyens de les combattre.
« Ces études demandent l'installation d'une section de génétique et
l'aménagement d'un terrain d'expérimentation. La surface à réserver pour
ces expériences doit comprendre au moins les deux grandes variétés de sols
propres à la culture de l'arachide, c'est-à-dire des terres sablonneuses et
des terres silico-argileuses. Sur la partie ouest de la station actuelle, qui
est déjà en partie aménagée on réser\'era 100 hectares (50 hectares de terres
sablonneuses et 50 hectares de terres silico-argileuses) pour l'établissement
de ces champs d'essais.
« C'est seulement lorsqu'une expérimentation sérieuse aura déterminée
les conditions favorables de culture qu'il s'agira de produire de grandes
quantités de semences à un prix marchand.
« Les quelques expériences déjà faites ont montré que l'arachide est trè^
sensible à la sélection, on peut donc espérer que dans un délai de 4 à 5 ans.
— 12 ~
on aura obtenu des résultats suffisants pour passer à la phase d'exploita-
tion. Du reste l'expérimentation poursuivant ses travaux indiquera sans
cesse des perfectionnements.
« Arrivée à son dévelopement, il faut que la station produise une assez
grande quantité de semences pour en pourvoir largement les indigènes pro-
ducteurs de semences ».
M. Denis prévoit, pour la multiplication des semences sélectionnées,
la culture d'une superficie de 400 hectares.
Cette culture se ferait à l'aide de machines mues à la fois par des ani-
maux de trait et par des tracteurs.
L'alimentation de ces animaux exigera la création d'environ 500 hec-
tares de prairie, mais M. Denis ne paraît pas prévoir de dépenses spécia-
les dans ce but.
Il estime que la mise en état des 500 hectares consacrés à l'arachide
(100 H. pour la sélection. 400 H. pour la reproduction) exigera le -défriche-
ment de 370 H., (le reste du terrain étant déjà aménagé) au prix de
1.000 francs par hectare soit une dépense de 360.000 francs.
Le matériel de culture comprendrait :
6 tracteurs ou 2 locomobiles 180.000 frs.
6 charrues polysocs ou une charrue balance 28.000 »
3 charrues à siège à traction animale 4.500 »
6 cultivateurs ■ ■ 13.800 »
6 herses 8.400 »
6 pulvérisateurs . . • • 14.400 »
10 semoirs • • 3.500 »
10 weders • • 2.800 » .
10 houes 6.000 »
2 arracheurs 8.000 »
4 faucheuses 8.000 »
4 râteaux à cheval 4.000 »
1 batteuse et son moteur 25.000 >-
1 (lécortiqueur à bras 10.000 »
10 charrettes 20.000 »
10 tomberemix 20.000 »
1 camion automobile 40.000 »
ToTAi 396.400 »
A ce chiffre, il faut ajouter une sonmie d'environ 300.000 francs pour
l'acquisition du harnachement (150.000 francs), de l'outillage des ateliers
de réparations (50.000), du petit matériel de ferme et des instruments pour
les essais de culture indigène améliorée (100.000),
Soit au total pour l'outillage 700.000 francs (ces prix sont ceux des ins-
truments rendus à la colonie).
Le nombre et le choix des appareils pourra ôtre profondément modi-
fié par la suite; elle n'a été établie que pour fixer le montant approximatif
des dépenses à engager pour l'outillage.
De plus beaucoup de ces instruments n'existent qu'aux Etats-Unis et
les prix sont donnés en dollars. Les cours du change peuvent donc modifier
ces prévisions.
— 13 —
Les animaux à entretenir sur la station seraient de deux sortes : ani-
maux de trait, animaux destinés à produire du fumier et à assurer en
même t«mps l'alimentation du personnel.
M. Denis les énumère ainsi :
« Les animaux réservés pour les travaux d'entretien devront être en
nombre assez grand car les façons à donner sont nombreuses et le temps
limité. Comme d'autre part il parait intéressant de créer un mulet qui,
plus résistant que le cheval, plus fort que l'àne et plus rapide que le bœuf,
rendrait très certainement des services, on peut estimer que la présence
de 30 chevaux et juments serait nécessaire : dix chevaux pour les besoins
intérieurs de la ferme et 20 juments mulassières. Ces dernières seraient
utilisées pour les travaux pendant les périodes de gestation.
« Prix d'achat : 500 francs l'un; total : 15.000 francs.
« En attendant qu'un effectif suffisant de mulets (soit environ 40 d'après
l'énumération des instruments) puisse assurer le travail, on pourra em-
ployer des bœufs.
« Pour utiliser les ressources fourragères et produire le fumier néces-
saire aux cultures la constitution d'un cheptel important est à prévoir.
« La production du porc paraît être une opération fructueuse; cet ani-
mal se développe bien dans le pays et peut être entretenu à peu de frais,
pendant quelques mois, avec les rebuts provenant du triage des arachides
et en lâchant les animaux dans les champs après la récolte.
« On pourrait avoir recours au bétail existant sur l'exploitation ac-
tuelle de M'Bambey. Le troupeau se développera parallèlement à la sta-
tion et arrivé à son maximum il comprendra 100 bœufs et vaches et 120
porcs.
« Ce chiffre de 100 bœufs et vaches peut paraître très faible étant
donné la surface de l'exploitation mais les épizooties très fréquentes dans
le pays font de tels ravages parmi ces animaux qu'il paraît préférable de
ne pas les multiplier sur la station. Si l'expérience montre l'utilité du mu-
let il sera plus intéressant de se livrer à cette production.
« Les races indigènes bien adaptées au milieu restent rustiques et leur
amélioration est très possible. La sélection seule tout en demandant beau-
coup de temps n'arriverait pas au résultat cherché et l'introduction de re-
producteurs mâles pris dans nos races m.étropolitaines doit retenir l'atten-
tion. Le troupeau de M'Bambey est estimé environ 18.000 francs. Un crédit
de 50.000 francs permettrait de réaliser les améliorations indiquées, soit au
total environ 80.000 ».
Le personnel comprendrait :
Un directeur;
Un directeur adjoint chargé de la partie expérimentale de la station
et de la section de génétique! Il remplacera le directeur pendant les congés;
Deux chefs de culture chargés de l'exécution des travaux de culture
proprement dits : labours, ensemencements, entretien, récolte, de la sur-
veillance et de l'entretien du bétail ;
Des conducteurs de tracteurs ou de locomobiles, des ouvriers spécia-
listes, forgerons et menuisiers pour assurer les réparations.
Un mécanicien qui assurera l'entretien de tous les moteurs, trac-
tei.rs, du matériel de travail et de transports et dirigera les ateliers de
réparations.
Comme personnel indigène :
— 14 —
Des ouvriers agricoles, autant que possible groupés par équipes sous
la conduit-e d'un contre-maître.
Un minimum de dix ouvriers par 100 hectares semble nécessaire.
Les bâtiments édifiés seraient les suivants :
Logement du personnel européen 440.000
— — indigène 80.000
Logement des animaux 380.000
— des instruments et des récoltes 275.000
Ecole 350.000
i. 525.000
auxquels doit être ajouté un pénitencier agricole 40.000 frs.
L'aménagement des eaux (puits canalisation entraîne-
rait une dépense de 150.000
Bien que la station de M'Bambey doive avoir comme but essentiel la
sélection, M. Denis prévoit aussi la création d'une section de génétique qui
entraînera des frais : achat d'intruments, constructions et installation d'un
laboratoire spécial, l'envoi d'un agent en France ou en Belgique pour y
accomplir un stage. Pour ces dépenses, il demande un crédit de 200.000 fr.
En résumé le devis approximatif d'établissement de la station expéri-
mentale de l'arachide se traduit de la façon suivante :
Aménagement des terres 370.000
Achat d'animaux 80.000
Matériel de culture et outillage 700.000
Bâtiments 1.525.000
Aménagement des eaux 150.000
Pénitencier agricole 40.000
Section de génétique 200.000
Sous estimation. ■ — Imprévu 435.000
3.500.000
M. Denis résume ainsi le programme de mise en exploitation de toute
la station :
« On a vu que l'exploitation ne serait en mesure de fonctionner que
lorsque l'expérimentation lui aurait indiqué ses voies. D'un autre côté
l'aménagement des terres demandera sensiblement le même laps de temps.
C'est donc sur une période de cinq années qu'il faut compter pour réaliser
le programme. Cependant au fur et à mesure de l'aménagement du sol il
<audra qu'il soit mis en culture, tout au moins travaillé, pour entretenir
les animaux et pour ne pas revenir à l'état primitif.
« Les premières installations à réaliser sont celles qui permettront la
mise sur pied de la partie expérimentale. C'est l'aménagement do la sur-
face réservée aux expériences. (Ceci entraîne le déplacement du péniten-
cier), l'achat du petit matériel de culture nécessaire à la préparation et
à l'entretien des champs d'essais, l'achat des animaux de trait et la mise
en culture d'une surfac-e suffisante pour les entretenir. Au début le chep-
tel existant à M'Bambey et les locaux l'abritant seraient suffisants.
« L'aménagement des terres poursuivant progressivement, la surface
cultivable sera trop grande pour être entièrement travaillée par les ani-
maux, l'achat du matériel de traction mécanique s'imposera (les locomo-
— 15 —
biles rendraient de plus de grands services pour le désouchage) ainsi que
celui des instruments qui l'accompagne.
« Cela entraîne l'édification des hangars pour abriter ce matériel et
l'installation de l'atelier de réparations. Au cours de la troisième année
les ressources en fourrages seront déjà grandes et il sera possible d'aug-
menter le bétail; on achètera quelques animaux reproducteurs et on cons-
truira les bâtiments pour loger le cheptel et les fourrages. Enfin pendant
les 4° et 5° années, l'aménagement des terres, le matériel seront complé-
tés ainsi que les logements du personnel européen et indigène.
« L'aménagement des eaux se fera par échelons pendant les trois pre-
mières années.
« De la sorte la station à la fin de la cinquième année sera poui-vue de
son installation complète et prête, avec un personnel déjà exercé et un ma-
tériel connu, à entrer dans la production intensive des semences sélection-
nées.
« Ultérieurement l'édification de l'école achèvera la réalisation du pro-
greimme ».
Devis d'exploitation de la Station de M'Bambey
1" MIÉE
2- «IIÉE
3- tHÉE
4- IIIEE
5- im^E
TOTIUX
75.000
30.000
100.000
50.000
200.000
50.000
40 000
200.000
100 000
75.000
300.000
50.000
120.000
40.000
110.000
50.000
100.000
75.000
25.000
50.000
380.000
165.000
50.000
100.000
75,000
25.000
50.000
120.000
70.000
70.000
50.000
50.000
40.000
»
65.000
370.000
Animaux
Petit matériel de culture...
Matériel agricole et outillage fhar-
80.000
100.000
150.000
Matériel de culture lourd
petit outillage de réception
t Logement pour européens.
Ë \ Logements pour indigènes,
g 1 Logements pour animaux.
400.000
50.000
440.000
80.000
380.000
275 000
Aménagement des eaux
150.000
40 000
200 000
435 000
Totaux
845.000
845.000
845.000
340.000
275.000
3.150.000
350 000
3.600.000
Nous ferons remarquer que M. Denis ne prévoit dans cette somme au-
cune dépense pour le personnel européen, et ne prévoit de crédits pour la
main-d'œuvre indigène que pour l'aménagement des terrains et non pour
la culture.
L'énumération du personnel européen qu'il donne correspond à une
somme de 100.000 francs par an. celle des ouvriers d'art de 50.000 francs
et celle des ouvriers agricoles d'au moins 50.000 francs soit 200.000 francs
par an qu'il faut ajouter à c« devis, soit i million de francs pour les cinq
ans.'
— 16 —
Parallèlement à l'action exercée par la station de M'Bambey, M. De-
nis prévoit un plan de campagne pour le triage de semences à faire exé-
cuter par les sociétés de prévoyance et par des champs de multiplication
de semences sélectionnées qui dépendront des mêmes organismes, mais il
n'entre pas dans le détail et nous devons en conclure que c'est là une œu-
vre qui dans son esprit dépendra des budgets locaux et fonctionnera en
dehors du programme de la station.
II. — Observations suggérées par ce pkogra.\ime.
Le programme que nous venons de résumer ne correspond point à une
initiative nouvelle du gouvernement général de l'Afrique Occidentale.
Voici de longues années qu'une étude approfondie a été faite de la situation
de la culture de l'arachide au Sénégal, des causes qui en limitent le ren-
dement et des mesures à prendre pour remédier à une situation de plus en
plus grave.
Quelques années avant la guerre, le commerce africain et l'industrie
métropolitaine ont été gravement émus par la dégénérescence des ai'achi-
des de l'Afrique Occidentale et par la diminution de leur rendement en
huile.
L'Institut Colonial de Marseille, après une enquête préliminaire, dont
les résultats ont été publiés dans son Bulletin « l'Expansion Coloniale », a
insisté auprès du Gouvernement Général de l'A. 0. F. pour que cette ques-
tion soit examinée par des spécialistes particulièrement compétents.
M. A. Chevalier, chef de la mission permanente d'agriculture coloniale
consacra à cet examen un de ses voyages et sur sa demande M. E. Roubaud,
chef de service à l'Institut Pasteur, reçut la mission d'examiner les mesu-
res à prendre pour lutter contre les insectes attaquant les arachides.
Les rapports de ces deux savants ne furent publiés par l'Administra-
tion, que longtemps après leur rédaction et jusqu'ici aucune suite n'a en-
core été donnée à leurs conclusions.
On ne saurait trop déplorer de ne trouver aucune allusion à ces remar-
quables travaux dans le nouveau programmé que viennent de rédiger les
services de l'agriculture de l'A. 0. F. alors qu'en réalité ce programme n'est
conçu qu'en exécution de leurs conclusions.
MM. A. Chevalier et E. Roubaud ont posé d'une manière remarqua-
ble les données du problème, l'un en le considérant au point de vue agro-
nomique générale, l'autre, en recherchant comment il est possible de lutter
contre les maladies et les insectes, lutte qui constitue malheureuement une
part de plus en plus importante de l'agriculture moderne.
Et cependant que penser devant la simple énumération suivante des
travaux consacrés à l'arachide par les services agricoles d'une colonie dont
cette plante constitue la seule richesse : « des tentatives sérieuses de cul-
ture à la charrue furent entreprises pendant les deux années 1808 et 1899.
La fièvre jaune de 1900 les arrêta. En 1905 et 1906, des essais d'ensemence-
ment d'arachides exotiques provenant d'Egypte, de Mozambique et de Java
— 17 —
furent tentés. Ayant été faits dans des conditions défecteuses, ils ont donné
des résultats plus que médiocres desquels on ne peut tirer aucune conclu-
sion. Dès 1907, ces recherches furent interrompues (1) ».
A la suite de l'insistance des maisons de commerce africaines, pour
que ces travaux fussent repris en exécution des conclusions des missions
Koubaud et Chevalier, la station de M'Bambey fut affectée vers 1912 à cette
étude, mais les services de l'agriculture de l'A. 0. F. s'expriment eux-mê-
mes à ce sujet de la manière suivante :
« On a perdu complètement de vue à M'Bambey le rùle de la station.
La superficie cultivée en arachides portée rapidement à 30 hectares et qui
devait être accrue est tombée à 6, 7 hectares. Les sélections n'y répondent
plus à rien ou ont été abandonnées. Il est nécessaire de reprendre ce qui
peut être repris du travail primitif et d'avoir le contrôle de la station » (2).
M. Chevalier avait résumé ainsi dans son rapport de mission le pro-
gramme dont il recommandait l'application.
« L'arachide, comme toutes les plantes cultivées, présente un grand
nombre de variétés. On cherchera à se procurer un nombre aussi grand
que possible de variétés locales et de variétés exotiques. Les variétés intro-
duites, tant qu'elles n'auront pas été longtemps éprouvées, seront conser-
vées exclusivement à la station et pour aucun motif les semences ne de-
vront être mises à la disposition des indigènes, car elles pourraient ame-
ner la dégénérescence des variétés locales. Toutes ces dejnières seront
éprouvées avec celles que l'on introduit, et dans les conditions les plus
diverses.
« Chaque variété introduite sera étudiée pendant une assez longue sé-
rie d'années : 1° en renouvelant chaque année la semence dans le pays
d'origine; 2° en suivant la descendance de la variété à partir de l'introduc-
tion; 3" en hybridant cette variété avec les variétés locales meilleures, de
manière à chercher à obtenir des races nouvelles améliorées suivant l'ap-
plication de la loi de Mendel. Pour les variétés exotiques, il ne serait pas
inutile d'introduire des sacs de terre provenant des sols oii elles sont cul-
tivées depuis longtemps, on sait, en effet, que les racines des légumineuses
vivent en symbiose avec des microbes parfois différents pour chaque race.
« Pour chaque variété, on étudiera l'influence des divers sols de la
colonie (il faut pour cela que la station soit installée dans une région où
existent des terrains variés), l'action des divers engrais; on fera des semis
échelonnés pour déterminer l'époque de culture la plus favorable pour cha-
que variété. On déterminera les espacements à adopter entre chaque plant
et la profondeur à laquelle il faut enterrer les graines. On recherchera s'il
y a intérêt à placer une graine par poquet ou plusieurs. On étudiera les
façons culturales qui conviennent le mieux en essayant comparativement
les outils indigènes et les machines perfectionnées et en faisant des labours
à des profondeurs variables. On recherchera s'il a intérêt à faire des cul-
tures intercalaires. On cherchera aussi si les pratiques du dryfarming sont
applicables à l'arachide : labours à la fin de la saison des pluies en enfouis-
(I) A. Chevalier. — Rapport de mission.
(3) Rapport Y. Henry.
— 18 —
sanl les herbes des jachères comme le font déjà certains indigènes Sérères,
jachères cultivées, sarclages répétés et binages après les pluies avec les
outils du pays et avec des outils d'Europe.
« On étudiera le rôle des assolements. On recherchera des machines pra-
tiques pour faire l'arrachage et le buttage des plants; on déterniinera le
temps pendant lequel on peut laisser les grames en terre après maturité
sans qu'elles s'avarient et sans qu'elles soient attaquées par les insectes. En-
fin, on étudiera tous les animaux et les plantes, qui attaquent l'arachide
en cherchant à les combattre et on essaiera de sélectionner des variétés plus
résistantes.
« On étudiera aussi les conditions économiques de la production, prix
de revient de l'hectare depuis le défrichement et le semis jusqu'à la récolte.
Rendement de la récolte en fruits et en paille. Teneur en huile et valeur
de graines des diverses variétés. Valeur fourragère de la paille.
« En résumé, on fera une étude rigoureuse de tout ce qui peut être amé-
lioré : semence, instruments, méthodes de culture. »
De son coté M. Roubaud après avoir étudié sur place d'un manière
approfondie les causes de dégénérescence des arachides a considéré ce per-
fectionnement des méthodes culturales et de la sélection comme le meil-
leur moyen de lutter contre les insectes et les maladies.
L'éminent collaborateur de l'Institut Pasteur a déterminé avec le plus
grand soin la nature des parasites attaquant l'arachide au Sénégal" et con-
tribuant à sa dégénérescence ainsi qu'à la diminution des rendements.
Ce sont les mêmes perfectionnements culturaux que ceux envisagés
par M. A. Chevalier, qu'il a préconisés comme meilleur moyen de lutter
contre ces parasites.
Cette techique nouvelle doit avoir pour but principal selon lui d'atté-
nuer les effets de la sécheresse qui depuis de nombreuses années devient de
plus en plus intense en Afrique Occidentale et qui favorise la multiplica-
tion de ces parasites, notamment des termites.
« Puisque, dit-il, les dégâts du termite sont en proportion de la séche-
resse, il est rationnel de chercher à les limiter en conservant, jusqu'à la
fin de la période de végétation, la plus grande quantité d'humidité possi-
ble. Cela revient, en somme, à faire bénéficier la culture indigène des ara-
chides du principe bien connu de l'ameublissement superficiel, principe
qui constitue la base essentielle de la méthode de culture en terre sèche
modernisée et rendue célèbre sous le nom de dry-farming par les améri-
cains du nord ».
La sélection constitue également un puissant moyen de lutte. M. Rou-
baud conseille de développer le plus possible, dans les régions les plus
arides du Sénégal, la culture des arachides précoces. Les arachides de ces
pays se différencient, en effet, en plusieurs races distinctes. Bien que les
arachides commerciales courantes, cataloguées sous le nom de graines du
Gayor-Rufisque, puissent être considérées déjà comme des variétés à végé-
tation rapide, puisqu'elles pai-viennent à maturité complète en trois mois,
il existe des variétés locales à développement plus bref encore. Parmi ces
variétés, la petite graine désignée par les Ouolofs, sous le nom d'arachide
Volète, mérite un intérêt tout particulier.
« Jusqu'ici, la médiocre apparence et la faible productivité de l'ara-
chide Font fait écarter du marché européen; elle ne sert guère qu'à l'ali-
mentation des indigènes. Mais il est vraisemblable que, en culture ration-
nelle, son rendement en huile plus élevé compenserait les désavantages
~ 19 —
cités plus haut. On peut espérer aussi que les hybridations avec les varié-
lés courantes donneraient des plans très heureusement avantagés à tous
égards, à la fois au point de vue de la rapidité cullurale et do la densité
des graines en huile. Il serait à souhaiter très vivement à ce sujet que des
expériences soigneusement conduites et de longues haleine, fussent insti-
tuées dans les stations expérimentales de la colonie, en vue de la sélection
des semences et du choix des races locales les mieux appropriées aux dif-
férentes conditions de climat et du sol ».
Le programme primitif qui avait été adopté par les services de l'agri-
culture do l'Afrique Occidentale pour la station de M'Bambey n'a pas paru
à M. Koubaud correspondre au but à atteindre.
11 s'exprime ainsi à ce sujet : « Le service d'agriculture local s'est
préoccupé, depuis longtemps déjà, d'une amélioration des procédés cultu-
raux indigènes par l'emploi d'instruments attelés et d'engrais. Une série
d'expériences poursuivies dans les différentes stations de la colonie et en
particulier dcuis la station expérimentale de M'Bambey, qui est consacrée
presque entièrement à l'étude de l'arachide, ont fait ressortir les avanta-
ges réels, au point de vue du rendement des cultures, que présenterait
l'adoption des méthodes d'agriculture européenne.) Mais il n'échappera
à personne que, conçue de cette manière, la question n'est susceptible que
d'une solution bien lointaine. Il ne faut pas oublier que les conditions de
vie et les habitudes actuelles des cultivateurs du Sénégal ne leur permet-
tent que des procédés de culture extrêmement simples. Les cultures à
forme européenne sont inacceptables actuellement pour la très grande ma-
jorité des noirs, qui n'ont ni les moyens matériels ni l'éducation nécessaire
pour en tirer parti.
« L'adoption des animaux tracteurs, indispensables dans les cultures
de celte forme, pourrait d'ailleurs susciter de graves mécomptes dans les
régions si nombreuses où existent les mouches tsétsés, vectrices de mala-
dies à trypanosomes. Ces maladies, même si elles épargnent les troupeaux
inactifs, ne permettent pas le travail du bétail.
« Aussi bien n'est-ce pas de ce côté, croyons-nous, que pour le moment
doivent porter les efforts. Bornons-nous à souhaiter, sous le rapport du
perfectionnement des procédés culturaux, l'adoption progressive par les
noirs du principe de l'ameublissement superficiel dans les limites et dans
les formes où nous l'avons défini plus haut.
« Pour résumer les notions essentielles de cette étude, nous dirons que
si l'arachide constitue pour notre colonie sénégalaise une fortune inappré-
ciable et dont l'avenir ne nous apparaît pas comme sérieusement menacé,
il importe cependant d'étudier tous les moyens capables d'accroître encore
cette production.
« L'adoption par les indigènes de pratiques culturales en rapport avec
la nécessité de conserver au sol la plus grande partie des faibles quantites
d'eau qu'il reçoit, l'intensification de la culture dans les nombreuses ré-
gions où elle n'a point encore donné un rendement suffisant, et le choix des
meilleures variétés locales, doivent tout d'abord retenir l'attention. Ce sont
là les facteurs d'avenir sur lesquels il y a lieu de fonder le plus sérieux
espoir. En même temps, la lutte dirigée rationnellement contre les insec-
tes dévastateurs permettra, à brève échéance, d'éviter au commerce des
perles sensibles, dont la charç-e ne pevit que peser dans l'avenir d'un poids
de plus en plus lourd. Elle contribuera également pour une forte part au
relèvement de la qualité de l'huile. Il est tout à fait à souhaiter pour la
— 20 —
prospérité de cet important trafic, que cultivateurs, commerçants et in-
dustriels intéressés soient instruits des perfectionnements possibles de leurs
méthodes et s'organisent en conséquence. Pour terminer, nous émettrons
le vœu qu'une station expérimentale soit consacrée exclusivement à l'étude
de toutes les questions biologiques qui concerne l'arachide et que les re-
cherches y soient poursuivies, avec continuité et méthode, dans une direc-
tion à la fois vraiment scientifique et vraiment pratique ».
Le projet actuel de l'Inspection Générale de l'Agriculture de l'A. 0.
F. a pour but de répondre, avec un retard de 10 ans à ces sages conseils.
Nous craignons fort cependant que ce soit moins sa réalisation ration-
nelle qui soit en réalité envisagée que l'édification de quelque gros orga-
nisme dont les frais de mise en œuvre absorberaient à la fois toutes les
ressources qui y seraient affectées et toute l'activité de ceux qui en auraient
la direction.
La principale critique que nous faisons, en effet, au programme établi
pour la station de M'Bambey c'est que les préoccupations d'ordre scienti-
fiques et agronomiques semblent être placées au second plan, l'édification
de nombreux bâtiments et la mise en culture de grandes étendues par les
procédés mécaniques les plus perfectionnés paraissant surtout envisagées
par ses auteurs.
LE PALMIER A HUILE
Projet de création de stations a la Cote d'Ivoire et au Dahomey
I.
Projet de la Mé [Côte d'Ivoire)
L'Inspection générale de l'agriculture de l'A. 0. F. a chargé M. Houard
le très distingué agronome qui a dirigé depuis de longues années les ser-
vices de l'agriculture au Dahomey, de procéder à la prospection du Bas-
Dahomey, du Bas-Congo et de la zone forestière de la Côte d'Ivoire en vue
de déterminer l'emplacement des points d'expérimentation des palmiers
à huile et d'établir un avant projet pour la création et le fonctionnement
des stations qui doivent être affectées spécialement à cette étude.
M. Houard a arrêté son choix sur deux emplacements : l'un à la Côte
d'Ivoire sur la lacune Aguien près de l'embouchure de la Mé dans une ré-
gion de grande forêt à 27 kilomètres d'Abidjean et à 5 kilomètres de Bin-
gerville de l'autre côté de la lagune.
Au Dahomey M. Houard a retenu un terrain à Pobé, dans la zone
d'extension de cultures de Porto-Novo et le long de la voie ferrée.
Le choix de l'emplacement de la Mé s'est heurté à l'opposition de
M. Antonetti, Lieutenant-Gouverneur de la Côt« d'Ivoire qui aurait préféré
voir la station établie à Bingerville, de m.anière à pouvoir utiliser les lo-
caux occupés actuellement par les palais du Gouvernement destinés à être
déplacés. Cette station aurait utilisé la sUition actuelle de Bingerville, mais
M. Houard a pensé que cette station de Binger\-ille était d'une étendue
beaucoup trop restreinte pour l'établissement de la plantation dont vous
préconisez la création.
M. l'Inspecteur Général Y. Henry a indiqué en ces termes, dans son
rapport du 2't juillet 1921, dans lequel il a recommandé à l'approbation de
M. le Gouverneur Général les projets de M. Houard, quel serait le rôle
de ces deux stations :
« Nous sommes coriduits pour les deux colonies intéressées Côte
d'Ivoire et Dahomey-Togo, à un programme en deux parties : une partie
expérimentale et une partie d'application qui sont étroitement liées, mais
qui seront réalisées par des organes différents.
« La partie d'application comportera : à la Côte d'Ivoire, l'aménage-
ment des palmeraies exploitées ou visitées par leurs propriétaires ou usa-
gers S021S la surveillance d'agents techniques; l'introduction de la machine
dans le traitement des fruits sous les deux formes indiquées; la prospection
forestière en vue de la création de plantations européennes; la viobilisation
progressive de palmeraies inexploitées.
— 22 —
« Au Dahomey, ses objets seront : industrialisation du. traitement des
fruits; vulgarisation des forrnes sélectionnées, mobilisation des palmeraies
inexploitées, etc., dans une certaine mesure aménagement des palmeraies.
« Son exécution est subordonnée dans les deux colonies à une refonte
du service de l'agriculture orienté vers des objets déterminés et pourvu du
personnel adéquat à la création de régions agricoles et à la dotation de cré-
dits correspo72dants ».
Le projet de l'Inspection Générale de l'Agriculture de l'Afrique Occi-
dentale Française correspond, en fait, non point à la création de stations
d'études mais à la constitution de véritables plantations constituées à l'aide
d'une première mise de fonds et devant, au bout de quelques années, vivre
par leurs propres moyens.
M. Houard prévoit, en ce qui concerne la station de la Côte d'Ivoire
que celle-ci devra envisager deux stades de sélection. Le premier, sélection
primaire, portera sur les sujets provenant du peuplement naturel de la co-
lonie ou des colonies voisines, le second, sélection secondaire, ne débutera
qu'une dizaine d'années après le premier et portera sur les sujets obtenus
dans la plantation par sélection primaire.
Pour chacun de ces stades M. Houard prévoit qu'une cinquantaine
d'hectares seront nécessaires.
En outre il admet qu'il faut prévoir 400 hectares pour la création d'une
plantation de palmiers provenant de la première pépiniçre de sélection et
un second lot de 400 hectares pour les palmiers de la sélection secondaire,
en d'autres termes il entrevoit la plantation périodique de 400 hectares tous
les 12 ans environ.
Une superficie de 400 hectares lui paraît nécessaire en outre pour les
cultures vivrières destinées à l'alimentation des manœuvres et enfin 50 hec-
tares devront ser\nr aux cultures pures de cacaoyers, caféiers.
Les palmiers mis en place devront être tous le résultat de sélection
primaire ou secondaire. M. Houard, prévoit la nécessité pour éviter les hy-
bridations naturelles qui viendraient fausser les observations et d'entourer
les peuplements provenant de chaque type d'un abri forestier important
formant écran imperméable. On devra par conséquent défricher la forêt
en damier de façon à constituer une série de cases protégées qui seront
plantées au fur et à mesure de la sélection.
Des plantations intercalaires temporaires de cacaos et de cafés seront
en outre effectuées et 50 hectares seront également consacrés aux pépiniè-
res nécessaires pour ces arbres.
La plantation s'établirait donc de la manière suivante :
1° Stade de sélection, primaire.
Palmiers de sélection 400 h .
Abris forestiers 300 h .
Cultures vivrières pour les manœuvres 400 h.
1.100 h.
2° Stade de sélection secondaire.
Palmiers de sélection secondaire 400 h.
Abris forestiers 200 h .
Palmiers d'introduction 50 h .
Cultures pures de cacaoyers, caféiers 50 h.
700 h.
— 23 —
La main-d'œuvre nécessaire paraît devoir atteindre pendant la période
la plus active d'installation 400 hommes environ fournis principalement
par des Mossis.
Le programme d'exploitation est établi de la manière suivante :
La mise on valeur de la station pour aboutir à la plantation de 400 hec-
tares de palmiers sélectionnés sera progressive et directement dépendante
de la rapidité de la sélection du peuplement naturel. Cependant le défri-
chement peut être poursuivi régulièrement ainsi que l'amorce des cultu-
res intercalaires de cacoyers et de caféiers en attendant la mise en plac€ des
Elaeis qui est appelée à s'échelonner sur plusieurs années.
Dans les conditions les plus favorables on peut admettre l'utilisation
suivante des 400 hectares de terrain à mettre en valeur :
ai(Es
SUPERFICIE DU DÉFRICHEKEIIT
PUNTITIOIIS ET «SE DE CES PLtHTtTIDKS
1922
50 hectares
1923
1924
150 hectares
200 hectares
50 hectares de cacaoyers de l'année
50 — — de 1 an
150 — — de l'année
150 hectares d'Elaeis —
50 hectares de cacaoyers de 2 ans
Période
\
150 — — de I an
de la
iqaS
(
200 — — de l'année
100 hectares d'Elaeis de i an
création
[
250 — — de l'année
1922-1926
50 hectares de cacaoyers de 3 ans
(
150 — — de 2 ans
1926
\
■
200 — — de 1 an
150 hectares d'Elaeis de 2 ans
250 — — de I an
A ce moment les remplacements des manquants ayant été efïectués
toute la superficie est couverte par les plantations régulières, mais aucune
d'elles n'est encore en rapport. C'est la fin de période de création propre-
ment dite.
Les années 1927 et 1928 seront des années de simple entretien.
A partir de 1929 les différents lots, étages d'âge vont entrer successive-
ment en production et donner de recettes croissantes jusqu'au jour oîi il
faudra procéder à l'enlèvement des cacaoyers dont la présence pourrait en-
traver le développement des Elaeis. On peut prévoir que cet éclaircisse-
ment du peuplement devra être pratiqué quand les cacaoyers auront atteint
leur dixième année. De 1929 à 1935 les plantations mixtes traverseront
donc une période de rapport croissant.
A partir de 1923 on commencera l'enlèvement des cacaoyers pour per-
mettre le libre développement des Elaeis auxquels ils sont associés .
En 1935, les derniers cacaoyers sont enlevés et seuls les palmiers à
huile constituent la plantation.
Une seconde période commence et 'de nouvelles plantations sont entre-
prises en suivant la marche de la première série, mais en utilisant les sé-
lections secondaires et en alimentant les dépenses à l'aide des recettes fai-
tes par l'exploitation des 400 premiers hectares.
— 24 —
Les frais de cultures de cette première plantation de 400 hectares s'éta-
bliraient de la manière suivante :
1° Défrichement.
Les frais de défrichement se rapportant à la main-d'œuvre humaine
peuvent être calculés sur la base de 1.700 francs à l'hectare car il s'agit de
grandes forêts compactes et homogènes.
Soit une dépense de 400 hectares de 400x1.700 = 680.000 francs.
2° Plantations.
La plantation complète Elaeis et cacaoyers ou caféiers reviendra à en-
viron 300 francs l'hectare.
Soit une dépense pour 400 hectares de 400x300 = 120.000 francs.
3° Entretien des plantations.
L'entretien des plantations sera assumé, en dehors des façons expéri-
mentales données mécaniquement par des bineuses et des pulvérisateurs,
par des ouvriers à la tâche. Mr. Brevet obtient à Bingerville dans sa pal-
meraie de bons résultats en confiant l'entretien continu de 7 à 8 hectares
à un homme, soit 7 ha. 5 en moyenne pour un salaire annuel de 750 frs.
correspondant à 100 francs de frais à l'hectare.
Le devis d'entretien des plantations s'établit donc ainsi :
1923 50 ha. à 100 frs. = 5.000 frs.
1924 200 ha. à 100 frs. = 20.000 >.
1925 400 ha. à 100 frs. = 40.000 »
1926 400 ha. à 100 frs. = 40.000 »
105.000 frs.
Soit une dépense globale d'entretien des plantations pendant la période
de création de 105.000 francs.
Les frais de culture atteindront donc au total pendant la période de
création : 680.000x105.000 = 905.000 francs.
En 1927 toutes les plantations sont créées il n'y a plus qu'à pourvoir
à leur entretien et à prévoir les dépenses annuelles de fonctionnement
normal de la station.
Pendant cette période les frais de la main-d'œuvre nécessaires à l'entre-
tien de la plantation et des pépinières seraient de 45.000 francs par an.
A côté des frais de main-d'œuvre indigène, M. Houard établit le
compte du personnel européen de direction et du personnel indigène de
surveillance ou ouvriers d'arts.
Nous devons donner ces chiffres dans tous leurs détails parce qu'ils
montrent le mode suivant lequel ces stations sont conçues.
1° Personnel européen.
Le personnel européen strictement nécessaire pour assurer le fonction-
nement normal de la station de la Mé comprendra :
1° Un directeur chargé de la direction générale de la station de la Côto
d'Ivoire et de la station du Dahomey,
2° Un sous-directeur chargé de la direction effective de la station de
laMé.
3° Un chef de culture,
4° Un comptable,
.5° Un directeur de laboratoire,
— 25 —
6° Un mécanicien,
7° Un fonctionnaire de relève,
8° Dans quelques années un directeur de l'huilerie.
Les soldes et indemnités de ce personnel peuvent être prévues appro-
ximativement à :
1/2 solde et indemnité de directeur 18.000 frs.
Solde et indemnité de sous-directeur 25.000 "
— — de chef de culture 20.000 »
— — de comptable 18.000 »
— — du Directeur de laboratoire 20.000 »
— — du mécanicien 18.000 »
— — du fonctionnaire de relève 12.000 »
131.000 ..
Frais et indemnités de déplacement environ 9.000 »
140.000 »
Le personnel européen ne pourra être constitué que progressivement
pendant les permières années, on peut prévoir une diminution de 10 %
sur le total des 5 années de la période de création. Il entraînera donc pen-
dant cett« période une dépense de :
140.000 X 5 = 700.000 frs.
10 % = 70.000 >.
630.000 ..
2° Personnel indigène.
a) Surveillance de travaux.
La surveillance des travaux nécessite la présence de 5 surveillants à
la solde mensuelle moyenne de 200 francs soit une dépense pour la période
de création de :
2.400 X 5 = 12.000 X 5 = 60.000 francs.
b] Ouvriers spéciaux.
1 dactylographe à la solde 2.400 frs.
4 chauffeurs à 2.400 9.600 frs.
2 charpentiers 2.400 4.800 frs.
1 forgeron 1.200 frs.
8 piroguiers à 2.50 par jour 6.000 frs.
6 hamacaires à 800 l'an 4.800 frs.
1 infirmier 2.000 frs.
Annuellement environ 31.000 frs.
Soit une dépense totale pour la période de création de :
31.000 X 5 = 155.000 francs.
c] Personnel indigène du laboratoii-e.
1 garçon de laboratoire à la solde de 2.400 frs.
2 manœuvres à 2.50 par jour 1.500 frs.
Annuellement environ 4.000 frs.
Soit pour la période de création tout entière :
4.000 X 5 = 20.000 frs.
— 26 —
Le personnel européen et indigène qui devra plus tard assurer le fonc-
tionnement de l'huilerie ne figure pas ici; il est prévu dans le devis des
frais de fabrication pour le traitement d'une tonne de fruits.
Soit au total une dépense totale de personnel pour la période de créa-
tion de i922 à 1926 inclus do :
Personnel européen 630.000
Personnel indigène :
surveillants 60.000
ouvriers spéciaux 155.000
Personnel du laboratoire 20.000
235.000 235.000
865.000
Ce qui donne une dépense annuelle de 216.000 francs pour le seul per-
sonnel de surveillance et de direction.
Les habitations et autres bâtiments représenteraient les déi^enses sui-
vantes :
Une maison en bois provisoire en attendant les bâti-
ments définitifs 60.000 frs.
Une maison pour le logement de la direction 250.000 »
Une maison pour les bureaux 200.000 »
Une maison pour les archives et réserves de maté-
riel avec au premier étage un logement du sous-directeur 150.000 »
La bâtisse du laboratoire servant de logement pour
le directeur du laboratoire 200.000 »
Cases pour les surveillants indigènes 40.000 »
Atelier technologique 60.000 »
Salle de fermentation et séchoir pour le café et le
cacao 40.000 »
Soit au total 1.000.000 qui en prévoyant la baisse sur les matériaux
pouvant se produire pendant la période de construction peut être ramené
à 846.000 francs.
Le matériel d'exploitation comprendra des tracés de routes, des voies
Decauville et des appontemonts pour un total de 112.000 francs.
Une chaloupe à vapeur 60.000 frs.
Un tracteur 45.000 »
Des scies tronçonneuses 30.000 «
Des mineuses 35.000 •>
Camionnette automobile 25.000 »
TOTAI 195.000 ..
Petits outillages 70.000 frs.
Matériel de laboratoire et technologique 150.000 »
Matériel do bureaux 25.000 »
Frais d'entretien du matériel pendant quatre ans .... 144.000 »
Dépenses totales du matériel 584.000 >-
— 27 —
A partir de 1927 les dépenses annuelles s'établissent de la maiiicro
suivante ;
Personnel européen 140.000 frs.
— indigène 47.000 »
187.000 » 187.000 frs.
Entretien des plantations 40.000 »
— des pépinières 5.000 »
45.000 » 45.000 ..
Entretien de la machinerie 30.000 »
— de l'outillage 7.000 »
37.000 » 37.000 »
Entretien des bâtiments 3.000 »
— des routes 3.000 »
6.000 » 6.000 »
Entretien du laboratoire 15.000 »
— de l'atelier technologique... 30.000 »
45.000 >• 45.000 »
Frais de bureau et bibliothèque 4.000 » 4.000 »
Entretien des moyens de transports 2.000 »
325.000 frs.
Cette somme de 325.000 francs peut être maintenue comme prévisions
pendant la période d'exploitation, les frais de récolte venant en diminution
des recettes.
Finalement le devis d'exploitation s'établit de la manière suivante :
DEVIS d'établissement et situation économique de la Station de la Mé (Côte d'Ivoire)
PÉRIODES
DÉPEUES
hrutcs
KCETTES
brûles
Dépei
Recello»
Période
de création
1022 à 1926
Délimitation-Immatriculation
b) Personnel
c) Habitations et bâtiments
(il Voies, Decauv., routes appontements..
e) .Matériel d'exploitation
y) Frais de culture
g) Installation d'une huilerie
h) Installation provisoire du laboratoire
9.000
865.000
846.000
112.000
584.000
905.000
300.000
100.000
9.000
865.000
846.000
112.000
5S4.000
905-000
300.000
100.000
A reporter 3.721.000
— 28 —
A reporter.
Période
d'entretien
«927
1928
325.000
325.000
38.000
325.000
287.000
1927 ■ 1928
612.000
1929
325.000
177 000
147,400
iq3o
325.000
393.400
68.400
Période
1931
325.000
461.450
136.450
de rapports
1932
325.000
573,650
248.650
croissants
1933
325.000
702 100
377.100
1929 à tgSS
1934
325 000
811.300
486.300
1935
325.000
096.500
371.500
1.688.400
Période de
rapport fixe
iq:<6
et suivantes
1936
Idem, pour les annnées suivantes
325.000
iJ.
476.000
id
151.000
id.
4.480.400
STATION DE poBE Dahoiiiey)
Le programme de la station de Pobé est tracé suivant les mêmes prin-
cipes que celui de la station de la Mé.
La première série des plantations occupera les superficies suivantes :
Palmiers de sélection , 400 ha.
Abris iOO lia.
Terrains de cultures vivrières 200 ha.
700 ha.
Nous remarquons qu'aucune pépinière n'est prévue.
Une superficie équivalente sera nécessaire pour la crép.tion de la plan-
tation provenant des sélections secondaires.
M. Houard s'exprime ainsi au sujet de la marche de l'exploitation.
« La mise en valeur de la station pour aboutir à la plantation de
400 hectares de palmiers sélectionnés sera plus rapide que sur la station de
Mé car les travaux de défrichement sont beaucoup moindres. Elle dépen-
dra cependant aussi des résultats obtenus par la sélection du peuplement
naturel qui doit jouer dès que possible mais qui est suceptible de donner
en peu de temps les semences nécessaires en raison de la proximité de la
meilleure palmeraie du Dahomey et de la connaissance parfaite que les
indigènes ont de leurs Elaeis.
« Dans les conditions les plus favorables ont peut admettre l'utilisation
suivante des 400 hectares de terrain h mettre en valeur ».
— 29 —
mia
SUPERFICIE DU OtFUCHEIIEir
i
PLlITtriOIS ET «GE DE C':S PUIflIIOIS
jy:!L'
luO liectaros
1923
1924
200 hectares
100 hectares !
100 hectares de cacaoyers
100 hectares de cacaoyers de 1 an
200 hectares de cacaoyers de l'annie
200 hectares d'Elaeis de Tannée
Période
de
/
100 hectares de cacoyers de 2 ans 1
création
200 hectares de cacaoyers de 1 an '
lyliS
100 hectares de cacaoyers de l'année
200 hectares d'Elaeis de 1 an
200 hectares d'Elaeis de l'année
En 1926, les manquants sont remplacés et on a ensuite deux ans d'en-
tretien (1927-1928).
A partir de 19'29 les différents lots, étages d'âge, vont entrer successi-
vement en production et donner des recettes croissantes jusqu'au jour où
l'enlèvement des cacaoyers deviendra nécessaire c'est-à-dire quand ils au-
ront atteint leur 10^ année. Cette période de rapports croissants donnera les
recettes suivantes :
PUITAriOIS ET IGE DES PLIITITIOIS
RAPPORT «IIIIIIEL
di chacuns
dss Plantations
REOEITES TOTJIES
annuelles
1929
100 hectares de cacaoyers de 6 ans
200 - - 5 -
100 — — 4 —
200 hectares d'Elaeis de 5 ans
200 - - 4 -
76.200
152.400
33.600
202.200
262.200
1930
100 hectares de cacaoyers de 7 ans
200 — — 6 —
98.000
152.400
100 — — 5 —
76.200
Période
200 hectares d'Elaeis de 6 ans
47.600
200 — — 5 —
33.600
407.800
de
407.800
rapports
1931
100 hectares de cacaoyers de 8 ans
98.000
200 — — 7 —
196.000
croissants
100 — — • 6 —
76 200
200 hectares d'Elaeis de Vans
71.400
1929-1932
200 — — 6 —
47.600
489.200
489.200
1932
100 hectares de cacaoyers de 9 ans
200 — — 8 —
100 — — 7 —
200 hectares d'Elaeis de 8 ans
140.000
196.000
98.000
95.200
200 — — 7 —
71.400
600.600
600.600
30
PLHHTIOIS ET IBE DE CES PUlUtlOIS
iq33 100 hectares de cacaoyers de 10 ans
200 — — 9 — .
100 — — 8 — .
200 hectares d'Elaeis de 9 ans .
200 — — 8 — .
RIPP08I IIIUEI
dt chacuna
dii Plantatioiii
140.000
280 000
98.000
U2.800
95.200
756.000
RECETTES TOTIIES
annuillts
Les premiers cacoyers plantés sur 100 hectares ont atteint
leur dixième année, ils sont arrachés pour permettre le libre
développement des elaeis auxquels ils sont associés.
1934
200 hectares de cacaoyers de 10 ans.
100 - - 9 - ■
200 hectares d'Elaeis de 10 ans .
200 — — 9 — •
280.000
140.000
On procédera après la récolte à l'enlèvement des cacaoyers
sur une superficie de 200 hectares.
Période
de-
rapports
croissants
I9:<3-1935
1935 100 hectares de cacaoyers de 10 ans
200 hectares d'Elaeis de 11 ans
200 -- — 10 — .
140.000
238.000
190.000
568.400
Les derniers cacaoyers sont enlevés après récolte.
C'est la fin de la période des rapports croissants.
La palmeraie entière est pure et son rendement restera
désormais sensiblement uniforme.
1936 200 hectares d'Elaeis de
12 ans
11 —
238.000
238.000
S-"
Période
de rapport
fixe iq36
années
ivantes
A partir de 1936 le rendement de la palmeraie, constitué par des pieds
tous adultes, deviendra uniforme jusque vers la 25 à la 35" année. La sta-
tion peut donc compter sur une recette annuelle globale régulière de
476.000 francs, dépassant très notablement le montant des dépenses.
FRAIS d'exploitation
1° Personnel exiropéen.
Les soldes et indemnités de ce personnel peuvent être évalués approxi-
mativement de la manière suivante :
1/2 solde et indemnité du directeur 18.000 frs.
Solde et indemnité du Sous-Directeur 25.000 »
43.000 frs.
1
— 31 —
Report 'i:i .000 frs.
_ _ chef de culture 20.000 »
— — directeur de laboratoire .... 20.000 «
_ — du compUble 18.000 »
Frais et indemnité de déplacement 9.000 »
110.000 frs.
Il n'est pas prévu de fonctionnaire de relève, les moniteurs agricoles
du Dahomey qui seront pris à la station ayant une valeur suffisante pour
remplacer temporairement le chef de cultures; en l'absence du directeur
du laboratoire les travaux de cet établissement pourront être jwursuivis
par le sous-directeur.
Le personnel européen ne pourra cependant être constitué que progres-
sivement pendant les premières années et on peut en conséquence prévoir
une diminution de 10 % sur le total des cinq années de création. Il entraî-
nera donc pendant celte période une dépense de :
110.000 X 5 = 550.000 frs.
10 % = 55.000 ..
495.000 frs.
2° Personnel indigène :
a) Surveillants de travaux.
La surveillance des travaux sera assurée par :
2 moniteurs pris au service de l'agriculture du Dahomey dont la solde
s'élèvera à 8.600 frs.
3 contre-maîtres à 1.800 frs. l'an 5.400 frs.
soit en 5 ans : 14.000 x 5 .■ 70.000 frs.
b) Ouvriers spéciaux.
1 dactylographe 2 . 400 frs.
1 Infirmier 2.400 »
6 Hamacaires à 3 = 900 5.400 »
2 Chauffeurs à 1.800 3.600 »
2 Charpentiers 2.000 4.000 frs.
17.800 frs.
Soit une dépense totale pour les 5 ans de création de
17.800x5 = 89.000 francs.
c) Personnel indigène du laboratoire.
1 garçon de laboratoire 2 . 400 frs.
1 manœuvre 800 »
3.200 frs.
Soit en 5 ans 16.000
Le personnel européen indigène qui devra plus tard assurer le fonc-
tionnement de l'huilerie ne figure pas ici; il est prévu dans le devis des
frais de fabrication pour le traitement d'une tonne de fruits.
— 32 —
Soit au total, une dépense globale de personnel pour la période de
création 1922-1926 inclus de :
495.000 + 70.000 + 89.000+16.000 = 670.000 frs.
c) Habitations et bâtiments.
Les habitations et bâtiments doivent comporter :
1" La direction consistant en une habitation à un étage comportant
5 pièces au rez-de-chaussée à destination de bureaux, archives et salles de
collection et 3 pièces au premier étage pour le logement du directeur et des
visiteurs de passage à la station.
On peut évaluer à 500 francs, le prix de revient du mètre carré d'une
maison à un étage dans le genre de celles qu'on construit d'ordinaire à la
colonie.
La maison ayant 31 m. sur 12 m. soit 372 mètres carrés représente donc
une dépense de 186.000 francs, soit avec les dépendances 200.000 francs.
2° Une maison à un étage comportant 4 pièces au rez-de-chaussée pour
les bureaux et magasins du chef de culture et du comptable. Le premier
étage sera aménagé en 2 logements de 3 pièces pour ces fonctionnaires.
Elle aura 26 m. sur 12 soit 312 mètres carrés représentant donc une dé-
pense de 156.000 francs, soit avec les dépendances 170.000 francs.
3° Le laboratoire comportant 4 pièces au rez-de-chaussée pour les sal-
les d'opération et le bureau. Le premier étage sera aménagé en 2 logements
de 3 pièces pour le sous-directeur et le directeur du laboratoire.
Il aura 26 m. sur 12 m. soit 312 mètres carrés repré-
sentant une dépense de 156.000 francs, soit avec les dé-
pendances 170.000 frs.
4° Les magasins de remise et les cases des moniteurs
peuvent être évaluées à 30 . 000 frs.
5° La construction d'une salle de fermentation et de
séchoirs pour le cacao ou le café exigera une dépense
d'environ 30.000 frs.
6° L'entretien de ces bâtiments pendant la période de
création peut être évalué à 2.000 francs pendant 2 années
soit 4.000 frs.
L'ensemble des bâtiments à édifier pendant la période de création
(1922-1926) répondrait donc à une dépense globale de :
200.000+170.000 + 170.000 + 30.000 + 30.000 + 4.000^604.000 franco.
d) Voies Decauville. — Routes.
La station devra à son début disposer d'au moins 6 k. 500 de voie de-
cauville et aura à procéder à l'établissement de quelques chemins d'exploi-
tation. Une dépense de 30.000 francs doit être prévue dans ce but ainsi que
2.000 francs d'entretien aimuél pendant 4 ans.
Soit une dépense globale de 38.000 frs.
e) Matériel d'exploitation.
a) Gros matériel agricole et de transport :
1° Un tracteur pour l'établissement des routes, le nivellement du sol
et l'abattage des arbres : environ 35.000 frs.
2' Une tronçonneuse pour débiter les arbres abattus 15.000 »
50.000
— 33 —
Report 50.000 frs.
3° 2 bineuses ou pulvériseurs pour les travaux super-
ficiels 32.000 ..
4° Une camionnette et remorque 25.000 »
5» Puits, moulins à vent et pompes 30.000 »
Soit 140.000 »
b) Outillage agricole.
1° Petit outillage agricole proprement dit 20.000 îvs.
2° Mobilier des maisons et des bureaux 20.000 »
3« Outillage de forge 3.000 »
4" Outillage de menuiserie 5.000 »
48.000 frs.
c) Matériel de laboratoire :
Les frais de premier établissement en matériel et en produits du labo-
ratoire s'élèveront à 50.000 frs.
d) Matériel de bureaux :
Matériel courant, fourniture de bureaux, abonne-
ment et bibliothèque 20.000 frs.
Soit dans l'ensemble une dépense globale de création de :
140.000-»- 48.000 -(-50.000+20.000 = 258.000 francs.
A laquelle il faut ajouter les frais d'entretien du laboratoire, des mo-
teurs, du matériel agricole et des travaux pendant 4 ans :
Moteurs 20.000 frs.
Matériel 6.000 »
Laboratoire 14 . 000 »
40.000 frs. par an.
Soit en 4 ans 160.000 frs.
La dépense totale imputable au matériel pendant la période de créa-
tion s'élève donc à :
258.000 -H60.000 = 418.000 francs.
/) Frais de culture.
1° Défrichement : Les frais de défrichement seront très réduits par
rapport à ceux de la Mé une grande partie de la superficie ayant déjà été
mise en culture par les indigènes. On peut compter sur une dépense
moyenne de 800 francs à l'hectare.
Soit 400x800 = 320.00 francs.
2° Plantation : l'évaluation est la même que pour la Mé soit 300 francs
l'hectare correspondant à une dépense totale de :
400x300=120.000 francs.
3° Entretien des plantations : Le taux de 100 francs à l'hectare adopté
pour la Mé peut être maintenu pour Pobé pendant la première période il
sera abaissé à 80 francs pour les périodes suivantes. Le devis d'entretien est
donc :
— 34 —
1923 100 ha. à 100 frs. = 10.000
1924 300 ha. à 100 frs. = 30.000
1925 400 ha. à 100 frs. = 40.000
1926 400 ha. à 100 frs. = 40.000
120.000 »
Les frais de culture atteindront donc au total pendant la période de
création :
320.000+120.000+120.000 = 560.000 francs.
g) Installation d'une huilerie.
Bien que l'huilerie ne doive commencer à travailler qu'en 1929 il y a
lieu de prévoir à l'avance son installation et à la comprendre dans le devis
de la période de création.
Elle aura la même capacité de traitement que celle de la M'^ soit en
moyenne 10 tonnes de fruits par jour, et coûtera vraisemblablement
300.000 francs.
2° Période d'entretien.
En 1927 toutes les plantations sont créées. :1 n'y a plus qu'à pourvoir
à leur entretien et à prévoir les dépenses de fonctionnement normal Je la
station.
DÉPENSES ANNUELLES DE LA STATION
Personnel européen 110.000 frs.
— indigène 35.000 »
145.000 » 145.000 frs.
Entretien des plantations 32.000 »
— des pépinières 5.000 »
37.000 » 37.000 »
Entretien de la machinerie 20.000
— de l'outillage 6.000
— du laboratoire 14.000
40.000 » 40.000
Entretien des bâtiments 2.000 »
— des roues 1 . 000 »
3.000 » 3.000
Frais de bureau et bibliothèque 3.000
Entretien des moyens de transport 2.000
230.000 ..
Soit les dépenses suivantes :
En 1927 : 230.000 francs;
En 1928 : 230.000 francs — 76.000 francs de recettes apportées par la
première production des cacaoyers = 154.000 francs.
ik
— as-
soit une dépense globale pour la période d'entretien (1927-1928) de :
384.000 francs.
3° Période de rapports croissants.
Les frais de fonctionnement de la station peuvent être considérés
comme constants et égaux à ceux de la période précédente. Il n'y a pas
lieu en effet de faire figurer les frais de récolte et d'usinage dont il a été
déjà tenu compte dans l'établissement des recettes par hectare de planta-
tion d'Elaeis et de cacaoyers.
La balance des différentes années de cette période s'établit ainsi :
Receltes
AouiVi globales
1929 262.200 frs.
1930 407.800 ..
1931 489.200 »
1932 600.600 »
1933 756.000 »
1934 753.200 »
1935 568.400 »
néant 2.227.400 »
A partir de 1929 la station peut donc marcher par ses propres moyens
et réaliser des bénéfices qui lui permettront une extension rapide. Elle
pourra au cours de cette période renouveler progressivement son matériel,
faire de nouveaux défrichements et les plantations de sélection secondaire,
employer des engrais dont l'époque d'essais sera arrivée, organiser un ré-
seau complet de Décauville et cela dans des conditions très favorables car
les nouveaux peuplements ne seront pas grevés des lourdes charges d'éta
blissement qui ont pesé sur la première installation, mais il faudra pré'
voir l'extention superficielle de la station par de nouvelles emprises de
terrain.
4° Période de rapport fixe.
A partir de 1936 les plantations intercalaires ont disparu et n'appor-
tent plus l'appoint de leurs produits. La station ne reçoit plus que les recet-
tes des cultures pures d'Eloeis et son bilan annuel s'établit ainsi :
Recettes globales 476.000 frs.
Dépenses 230.000
globales
Bilan
en dépenses
annuel
en recettes
230.000
frs.
„
32.200 frs.
230.000
»
.,
177.800 »
230.000
»
259.200 ..
230.000
»
370.600 ..
230.000
»
526.000 ..
230.000
»
523.200 ..
230.000
»
338.400 »
246.000 »
C'est donc annuellement 246.00 francs nets qui viendront contribuer à
l'extension de la station et à la création d'annexés dans les points intéres-
sants du Dahomey ou du Togo pour l'étude plus particulière de certaines
régions.
36 —
DEVIS d'établissement et situation économique de la Station de Pobé (Dahome))
Le devis d'établissement et la situation économique de la station de
Pobé peuvent donc se résumer dans le tableau suivant :
PÉRIODES
OÉPEISES
brûles
RECETTES
Lrulcs
D.VLANCE
Dépenses Hecettea
nettes nettes
a] Indemnités pour les terres immatric.
*) Personnel
40.000
670 000
604.000
38 000
413.000
bOO.OOO
300.000
2,630.000
1922- 1926
2.630.000
Période
d'entretien
1927-1928
1927
1928
230.000
230.000
76.000
230.000
154.000
Période
de rapports
croissants
1929- 1935
1929
1930
1931
1932
1933
1934
1935
230.000
230.000
230.000
230.000
230.000
230.000
230.000
262.200
407 800
489.200
600.600
756.000
753.200
568.400
32.000
177 800
259.200
370.600
526.000
523 200
338.400
Période de
rapports fixes
iq36
et suivantes
1936
230.000
id.
476.000
id.
246.000
id.
Total des frais d'établisseme
nt
3.014.000
II
POSITION DU PnODLEME A RESOUDRE
Pas plus que pour l'arachide, votre rapporteur n'a à indiquer aux
membres de la section des matières grasses du Conseil Supérieur des Co-
lonies quelles sont les conditions actuelle d'exportation du palmier à huile,
quelle sont les raisons qui limitent à des chiffres qui n'ont presque pas
augmenté depuis quinze ans des quantités d'amandes et d'huile de palme
exportées et quelles sont les données du problème à résoudre pour amélio-
rer cette production.
Nous nous permettrons du reste de citer à cet égard la série d'études
qui ont été publiées dans le Bulletin des Matières Grasses de l'Institut Co-
lonial de Marseille.
Nous rappellerons cependant que ce problème a deux aspects : l'exploi-
tation par les noirs, l'exploitation par les blancs et l'on a perdu un temps
— 37 —
précieux jusqu'ici et de gros capitaux parce que l'on a cru que les entre-
prises européennes pouvaient intervenir utilement en appliquant pour la
plus grande partie les procédés des indigènes.
Jusqu'à aujourd'hui, toute la production des amandes et huile de
palme retirées de l'Elaeis, exploité uniquement en Afrique Occidentale et
Equatoriale, a dépendu entièrement de l'initiative des indigènes qui ne
sont incités à exploiter les palmiers que par les offres d'achat que leur
font les négociants et sans être guidés en quoi que ce soit pour la culture
ou la préparation des fruits par les blancs dont quelques rares plantations
ne donnent encore que des quantités absolument insignifiantes.
Cet état de choses a pour conséquence que la production des amandes
de palme est limitée à la faculté de production des indigènes et, qu'en ce
qui concerne l'huile, elle n'est guère exportée que sous la forme d'un pro-
duit inférieur et de qualité très ir,égale.
M. Auguste Chevalier, l'éminent naturaliste à qui on doit la première
détermination qui ait été faite des diverses variétés du palmier à huile, a
calculé qu'un indigène travaillant 300 jours par an n'arrive à produire an-
nuellement que 390 kilos d'amandes et un autre, traitant la pulpe, n'obtient
pendant le même temps que 657 kilos d'huile, la production journalière
d'amandes concassées ne dépassant pas un kilo 300 en moyenne et celle de
l'huile 2 k. 190.
Le temps ainsi absorbé par la préparation du fruit limite celui que les
indigènes peuvent consacrer aux soins à donner aux palmiers; or, les ar-
bres non nettoyés produisent fort peu et, dans certaines régions, il reste
une quantité considérable de fruits qui ne sont pas traités faute de temps.
Il est résulté de tout c«ci que les moyens mécaniques n'ont pas, jus-
qu'à présent, donné de meilleurs résultats pour les européens que pour les
indigènes partout où l'on a cru qu'il suffirait d'acheter des fruits aux noirs
sans intervenir davantage en ce qui concerne les palmiers.
De quelle manière doit-on donc agir dans ce sens ?
On a d'abord cru que le plus simple était de partir de la forêt de pal-
miers, en organisant peu à peu son exploitation rationnelle par aménage-
ments.
L'Institut Colonial de Marseille a prié un de ses collaborateurs particu-
lièrement au courant de la technique des cultures tropicales dans les ré-
gions du monde où elles ont atteint le plus haut degré de perfectionnement,
M. Van Pelt d'examiner quelles étaient, à son avis, les mesures à prendre
pour améliorer la production du palmier à huile en Afrique Occidentale.
Nous avons publié dans notre bulletin des Matières Grasses le résultat
de l'enquête qu'il a effectuée en Afrique Occidentale et nous rappellerons
qu'il a, en particulier, examiné avec soin ce que l'on peut attendre du sim-
ple aménagement et qu'il a conclu d'une manière très catégorique que cet
aménagement serait finalement plus coûteux que la plantation pour arri-
ver finalement à des conditions d'exploitation difficile et très onéreuse.
On a cru d'une manière générale que le moyen d'augmenter la produc-
tion des amandes et d'améliorer la qualité de l'huile consisterait simple-
ment à introduire des procédés mécaniques qui suppléeraient à l'imperfec-
tion du travail des indigènes.
Cela est exact en principe, mais l'erreur a été de croire que les entre-
prises européennes pourraient avec avantage inter\'enir pour installer des
usines au milieu des peuplements de palmiers à huile et que la cueillette
des fruits faite par les indigènes suffirait pour alimenter ces usines.
— 38 —
De nombreux essais qui ont été faits dans ce sens et sur lesquels nous
n'avons pas à revenir ici se sont heurtés à la même difficulté : celle d'avoir
une quantité de fruits assez importante, et cela régulièrement, pour ali-
menter l'usine centrale.
Le problème en effet n'est pas aussi simple qu'il paraît à première vue.
Si l'usine n'est pas placée au centre d'une plantation elle ne peut se
procurer les fruits qu'elle désire traiter que de deux manières :
Soit en les faisant cueillir dans les peuplements naturels de palmiers
par des travailleurs payés par elle pour effectuer celte récolte;
Soit en achetant les fruits aux indigènes.
Les peuplements d'Elaeis suffisamment denses pour donner sans soins
spéciaux d'abondantes récoltes paraissent bien être un de ces mythes dont
la poursuite aura donné le plus de déboires en Afrique Occidentale et Equa-
toriale, et les usines qui se sont créées à la Côte d'Ivoire, au Togo ou au
Congo se sont vite aperçues que les palmiers qui se trouvaient sur leurs
possessions étaient insuffisants à alimenter leur usines.
Il faut donc s'adresser aux palmiers possédés par les indigènes de la
région, si toutefois on se trouve dans un pays suffisamment peuplé.
Mais on s'aperçoit alors que les indigènes ne sont guère attirés par le
fait qu'on leur achète les fruits entiers.
S'ils n'ont pas à les dépulper et à concasser les noyaux, ils ont à trans-
porter une grande quantité de matières sans valeur; pour cent kilos de ré-
gime, il y a en moyenne soixante kilos de fruits contenant seulement en-
viron douze kilos d'huile de palme et dix kilos d'amandes.
Il est vrai que le traitement industriel permet d'obtenir presque toute
l'huile de palme, tandis que les indigènes en laissent une notable quan-
tité dans les fibres qui contiennent la pulpe.
Les indigènes peuvent donc espérer obtenir une plus-value mais c'est ;
aussi sur ce supplément que compte l'usine pour payer ses frais et réaliser ;
ses bénéfices, de sorte qu'il n'y a pas trop lieu d'en tenir compte pour les |
indigènes.
Si les fruits sont séparés du régime, il y a moins de matières inutiles '■
à transporter, mais ces fruits s'abîment et il devient impossible d'obtenir \
une huile de palme à faible acidité qui est un des objets que doivent J
s'efforcer d'atteindre les usines centrales.
Nous en arrivons donc à cette conclusion que l'aménagement ne doit
être envisagé que comme procédé tout à fait exceptionnel pour les entrepri-
ses européennes et que la sagesse est de commencer dès le début par la cons-
titution de plantations régulières.
Nous devons ajouter, cependant, que cet avis n'est pas partagé d'une
manière absolument générale et que des personnes connaissant très bien
les régions où pousse l'Elaeis continuent à préconiser la méthode d'exploi-
tation directe.
C'est en particulier l'opinion de M. le Gouverneur de la Côte d'Ivoire
Antonetti (1).
Il est incontestable du reste qu'il y a une question machine et que
l'on n'est pas arrivé encore à une solution définitive de ce côté.
Voir Bulletin des Matières Grasses de l'Institut Colonial 1921, n" :< et 4.
— 39 —
Il est possible que du côté des indigènes eux-mêmes, une amélioration
sensible puisse être réalisée par l'introduction du traitement mécanique.
11 semble bien à ce point de vue, cependant, qu'il faille une certaine
intervention européenne.
Dans l'état actuel de leur civilisation, les noirs de l'Afrique Occiden-
tale et Equatoriale sont incapables d'entretenir des machines, aussi sim-
ples soienl-elles, et à la moindre avarie celles-ci sont hors d'usage. Il faut
donc, si l'on veut qu'ils puissent les utiliser, organiser leur entretien.
D'autre part à moins de réaliser des outils extrêmement simples, il
leur est difficile, sinon impossible, de les payer.
Puisque les blancs doivent intervenir, ne devront-ils pas le faire de
la manière la plus complète, en dotant il'appareils à moteurs les villages
exploitant les palmeraies ?
L'introduction des automobiles en Afrique Occidentale a montré qu'il
n'y avait rien d'impossible. Les grandes maisons de commerce qui, à la
Gold Coast ont organisé les transports par camions n'ont pas un européen
sur chaque voiture et cependant celles-ci rendent les senàces les plus uti-
les.
Le système de surveillance et de répartition employé là ne pourait-il
pas être appliqué pour les machines confiées aiix indigènes ?
Il restera à trouver la formule de paiement et de rémunération.
Il est possible que dans le début il soit plus difficile pour les entre-
prises qui se consacreront à ces opérations, d'exploiter elles-mêmes ces
petites installations que de chercher à les fournir aux communautés indi-
gènes.
L'expérience seule indiquera le meilleur système à appliquer.
Pour commencer, il nous paraît que l'on devra se préoccuper d'abord
du concassage des amandes.
L'extraction de l'huile et le dépulpage, sont des opérations plus com-
pliquées et peut être à ce point de vue, le plus simple serait-il de perfec-
tionner tout d'abord simplement les méthodes des indigènes en fournis-
sant à ceux-ci, par exemple, les récipients dans lesquels ils font bouillir
ou décanter l'huile.
En ce qui concerne les usines centrales exploitées directement par les
blancs, il nous paraît qu'il y a encore un essai à faire avant de conclure
qu'elles ne peuvent fonctionner qu'au centre des plantations.
Jusqu'ici, en effet, les diverses tentatives qui ont été faites ne l'ont
point été dans les régions où l'exploitation du palmier à huile par les
indigènes est la plus intense et où leurs palmeraies sont desservies par des
cours d'eau ou des chemins de fer.
Il paraît difficile de penser qu'une usine installé au Dahomey sur le
Mono, par exemple, ou sur le chemin de fer de Sakété ne trouverait pas
suffisamment de fruits pour s'alimenter.
En somme, au point de vue du traitement mécanique des fruits du
palmier à huile on en est encore dans la phase expérimentale.
Nous en conclurons que dans le plan d'études que nous envisageons,
une ou plusieurs stations doivent être consacrées aux essais de divers
appareils inventés et à leur mise au point.
Seulement, il ne faut pas recommencer l'erreur faite à plusieurs repri-
ses, et il est évident que l'on devrait placer une telle station là où l'exploi-
tation des palmeraies par les indigènes est la plus intense, c'est-à-dire dans
'■es régions du Dahomey dont nous venons de parler
— 40 —
Les investigations qui devront être faites dans un atelier de ce genre
ne devront pas porter seulement sur des procédés d'extraction mécanique,
mais encore ils devront rechercher ce que l'on peut attendre des procédés
d'extraction par dissolvant qui jusqu'ici n'ont pas encore été expérimentés
à la Côte d'Afrique en raison des difficultés spéciales de récupération et
de transport des dissolvants.
Parallèlement aux recherches qui devront être faites au point de vue
du traitement mécanique du fruit du palmier à huile, des efforts spéciaux
devront être consacrés à l'étude des questions relatives à l'amélioration
de l'huile de palme telle qu'elle est préparée actuellement par les indigè-
nes.
Les essais qui ont été faits par tous ceux qui se sont préoccupés en
Afrique Occidentale du palmier à huile ont démontré déjà avant la guerre
que la haute teneur en acides gras de l'huile de palme acquise par les
maisons de commerce provenait de ce qu'elle était produite avec des fruits
cueillis depuis longtemps avant leur traitement et souvent fermentes.
Quelques heures suffisent pour le développement des « enzymes » qui
occasionnent la rancidité.
D'autre part, les conditions dans lesquelles sont transportées et con-
servées les huiles de palme sont déplorable et ne peuvent qu'augmenter
cette acidité.
Comme il est démontré que l'huile de palme neutre constitue une des
matières premières les plus avantageuses pour fa préparation des beurres
végétaux et pour la margarinerie, on doit tendre évidemment à obtenir
cette huile avec le plus faible degré d'acidité.
Nous en sommes amenés à nous demander s'il n'y aurait pas lieu de
rechercher s'il ne serait pas avantageux de procéder en Afrique même à la
neutralisation des huiles de palme apportées aux maisons de commerce par
les indigènes.
Cela permettrait d'éviter le développement de la rancidité de ces hui-
les et un prix plus élevé pourrait, peut-être, être obtenu en exportant à
part les acides gras et l'huile neutre.
Cette étude de l'introduction des procédés mécaniques dans l'exploita-
tion de l'Elaeis doit être cependant considérée seulement comme un des
côtés de la question.
Peut-être, permettra-t-elle d'augmenter sensiblement la production de
l'indigène. Elle est nécessaire également pour les entreprises européennes,
mais en même temps doit être poursuivie l'expérimentation agricole.
Ceci montre que nous approuvons entièrement M. Houard d'avoir posé
en principe que cette expérimentation devait avoir lieu par voie cullurale
et non point être basée sur l'aménagement des palmeraies existant-es.
Nous regrettons toutefois de ne pouvoir vous recommander pure-
ment et simplement l'adoption de la formule préconisée par ce très distin-
gué agronome, suivant le plan tracé par l'Inspection générale de l'Agricul-
ture de l'A. 0. P.
III
EXAMEN DES PROJETS DE L'aDMINISTR.\TION
Nous devons constater d'abord que les projets que nous venons de résu-
mer correspondent non à la création d'un centre d'études, mais d'une véri-
table plantation établie comme si toutes les données du problème que ce
centre a justement pour but de déterminer étaient déjà connues.
— 41 —
Le projet de l'Inspection Générale de l'Agriculture de l'A. 0. F.,
tend bien à la détermination des conditions suivant lesquelles les planta-
tions de palmiers à huile devraient être constituées dans la pratique et son
exécution permettrait de se rendre compte des possibilités culturales au
point de vue de la main-d'œuvre et des machines, mais nous sommes en
droit de nous demander s'il est nécessaire de concevoir un si vaste pro-
gramme dans ce but et si la mise en valeur immédiate de 400 hectares
est nécessaire.
En outre, et c'est le plus grave, ce programme admet que le mode sui-
vant lequel devra être effectué la sélection est dès m-aintenant déterminé,
or, à notre sens, cette détermination devait être l'objet principal de cette
station.
Pour le palmier à huile, une question primordiale se pose, indépen-
damment de la productivité en fruits : doit-on chercher à produire des
fruits à petite amande à grasse pulpe ou au contraire, doit-on tendre à
un gros noyau et peu de pulpe.
Dans lequel de ces deux cas le rendement total en huile sera-t-il le
meilleur, le traitement du fruit plus aisé et, au point de vue industriel, que
vaut^il mieux avoir finalement des amandes de palme ou de l'huile de
palme ?
Personne ne nous contredira si nous affirmons que l'on ne possède
pas de données suffisantes pour savoir dès maintenant dans quel sens on
doit à cet égard diriger la sélection. Le traitement mécanique du fruit
pour séparation du noyau et extraction de la pulpe n'est pas d'autre oart
encore assez perfectionné pour que l'on puisse actuellement dire quel i:erre
de fruit il vaudrait )e mi°ux avoir pour pouvoir précéder économiquemoii»
à cette séparation.
Enfin, au point de vue cultural, sait-on d'une manière certaine com-
ment cette sélection doit être conduite pour pouvoir le plus sûrement con-
server purs les types obtenus ? Seront-ce les fruits à gros noyau et faible
pulpe ou ceux à petit noyau et pulpe développée qui se maintiendront
fixes, sans que l'on ait à craindre de dégénérescence ?
Si l'on s'engage dans une voie qui n'est pas la bonne quelle conduite
devra-t-on tenir devant une plantation dont la création aura absorbé tou-
tes les ressources disponibles et qui ne donnera pas les rendements sur
lesquels on avait compté pour l'entretenir et l'exploiter ?
On n'aura pas, d'autre part, réalisé le programme qui aurait dû être
celui d'une telle station, car dans les conditions difficiles actuelles de l'agri-
culture en Afrique tropicale, les agronomes qui auront la lourde charge de
créer une telle plantation et de l'entretenir ne pourront pas en même temps
effectuer ces recherches qui devraient être leur unique préoccupation.
Nous rappellerons comment notre collaborateur Van Pelt, après avoir
examiné l'état de l'agriculture en Afrique Occidentale, a conclu à la néces-
sité d'introduire dans ce pays les méthodes expérimentales scientifiques sur
lesquelles repose l'agriculture si perfectionnée des Indes Néerlandaises.
Ce qui presse le plus selon lui, pour le palmier à huile, c'est de com-
mencer par créer de véritables jardins de sélection établis dans des condi-
tions telles qu'il soit possible d'obtenir, par des éliminations successives,
des porte-graines réunissant le maximum de qualités nécessaires à l'ex-
ploitation la plus économique possible.
Mais une étude préliminaire s'impose dans ce but.
— 42 —
« Il n'est pas permis, écrit M. Van Pelt, de prévoir que dans ce tra-
vail de sélection nous isolerons et fixerons une variété cataloguée d'Elaeis,
puisque actuellement encore on ne sait pas si les caractères d'une variété
donnée sont permanents, c'est-à-dire s'ils se transmettent intégralement
par hérédité.
« L'importance capitale de ce problème n'a pu échapper à personne
et, depuis bientôt quinze ans, les botanistes attirent l'attention sur les va-
riations constatées dans la composition des fruits des différentes variétés et
sur l'intérêt qu'il y aurait à fixer un ou plusieurs types à grand rendement.
« Ne faut-il pas avouer franchement qu'il est regrettable de constater
qu'en quinze ans, on ne soit pas parvenu à constituer en Afrique, pays
d'origine de l'élaeis, un vaste champ d'expérience oîi on aurait pu entre-
prendre l'étude systématique de chacune des variétés ou formes de pal-
mier à huile?
« C'est un travail de longue haleine évidemment, mais <'Onmîe l'ont
piouvé les premiers essais de cultures aux Indes un palmier mis dans de
bonnes conditions peut do.nn^r une première fructification dans sa troi-
sième année.
« En ne prenant même pour les expériences que les fruits de la cin-
quième année, quinze ans auraient pu permettre des observations sur trois
générations et sans aucun doute nous aurions pu en tirer actuellement des
conclusions des plus utiles.
« La question de permanence de caractères aurait été déjà en partie
vérifiée.
« Pourrons-nous par le simple examen du poids relatif de pulpe,
coque et amande, et du rendement en huile des fruits d'un palmier donné,
conclure à sa plus ou moins grande valeur industrielle ? Non; bien d'au-
tres facteurs restent à considérer et c'est précisément l'étude complète de
tous ces fadeurs qui composera le problème à résoudre.
« Les déterminations du rendement des fruits des nombreuses variétés
de palmier ont été effectuées par plusieurs savants. Ces déterminations
nous ont appris dans quelles limites ces rendement peuvent varier d'après
les variétés.
« La comparaison des pourcentages d'huiles par rapport aux poids des
fruits est, certes, une donnée intéressante à connaître, mais au point de vue
économique, la meilleure variété sera celle qui. pour une surface de plan-
tation déterminée, donnera un maximum d'huile de la meilleure qualité
et à un prix de revient minimum.
« Ainsi, comparons, par exemple, deux variétés, la première à pulpo
épaisse, riche en huile, donnant dix régimes par an; la .seconde à pulpe
mince, pauvre en huile, mais donnant quinze régimes d'un poids moyen
égal à celui des régimes de la premère variété. Si la quantité totale annuelle
d'huile fournie par les deux variétés peut être sensiblement la mémo grâce
à la quantité supérieure de fruits fournie par la deuxième variété, il y aura
cependant un avantage marqué à exploiter la première. Le prix de revient
de l'huile sera, en effet, d'autant plus bas que le nombre de fruits à mani-
puler pour obtenir une quantité donnée d'huile sera moindre ».
En s'inspirant de ces considérations, M. Van Pelt a posé les bases sur
lesquelles devrait à son avis être établi ce travail de sélection et avec le con-
cours éclairé de MM. Teissonnier, Directeur de l'agriculture de la Côte
d'Ivoire et M. Arioli, Directeur de la station d'essai de Bingerville; il a com-
— 43 —
inencé l'organisation d'une pépinière établie sur ces principes, aux envi-
rons de Bingerville.
Nous lui avions, en effet, donné comme instructions do faire son pos-
sible pendant son séjour à la Côto d'Ivoire pour préparer la tâche des plan-
teurs, qui au moment de la fin de la guerre paraissaient devoir s'établir
nombreux dans ce pays.
M. Van Pelt a indiqué dans son rapport de mission les principes qu'il
a appliqués pour cette sélection. Nous nous bornons à renvoyer à cet égard
à ce document.
Il admet que ce travail devra être réparti sur un très grand nombre
d'années.
Il s'exprime dans son rapport à ce sujet de la manière suivante :
« Dans le but de pouvoir procéder ultérieurement à une élimination
méthodique des individus accusant la réapparition de caractères ances-
traux non désirables et de pouvoir observer isolément la descendance de
chaque porte-graine numéroté, voici comment seront disposés les jardins
de sélection projetés : dans la forêt, on défrichera de petites superficies
(un hectare par exemple) isolées les unes des autres par des bandes de la
végétation primitive qu'on laissera en place. Ces parties défrichées seront
également isolées de la plantation proprement dite par une bande de forêt.
Chacune des surfaces ainsi isolées recevra de jeunes plants, issus des grai-
nes d'un palmier donné (identifié et numéroté à Bingerville). La féconda-
tion se faisant dans l'élaeis, uniquement ou surtout par l'intermédiaire
d'insectes, nous nous mettons, en disposant les jardins comme nous venons
de l'exposer, dans des conditions favorables pour que seuls les individus
nés d'une même plante-mère se fécondent entre eux.
« Toutes les observations qui seront faites sur chacune des surfaces
seront rigoureusement comparables entre elles, les conditions de terrain et
de climat étant identiques pour toutes.
« A la première fructification, chaque palmier sera examiné et on mar-
quera ceux dont les fruits ont reproduit intégralement les caractères des
fruits ayant servi de semences.
« Afin de réunir sur le rendement de chaque jardin des données aussi
complètes que possibles, on procédera aux deux séries d'observations pa-
rallèles suivantes :
« Série A. — 1° On examinera individuellement la proportion de
pulpe, coque, amande et la quantité d'huile de palme d'un certain nombre
de palmiers de chaque jardin en ayant soin d'introduire dans le nombre
des palmiers examinés des exemplaires ayant reproduit les caractères de
la semence initiale et d'autres qui ne les ont pas reproduits;
« 2° Pour chaque palmier, on notera le nombre de régimes et le poids
total des fruits. Cette première série nous donner^ des renseignements sur
chaque palmier individuellement.
<< Série B. — Cette série a pour but de nous renseigner sur le rende-
ment total de chaque jardin. La récolte de chacun d'eux sera traitée indus-
triellement et on notera :
i° Le nombre et le poids total des régimes traités;
2° Le poids total des fruits traités;
3° Le poids de pulpe obtenu;
4° Le poids des graines;
5° Le poids des amandes et par différence celui des coques;
6° La quantité d'huile de palme.
— 44 —
« Ce travail de simple observation sera en mesure de nous faire con-
naître à la cinquième année, époque à laquelle nous commencerons la sé-
lection proprement dite, si les individus donnant des fruits différents de
ceux de la plante-mère, sont toujours les mêmes et si réellement leur
rendement est inférieur. Dans ce cas, ces palmiers démontrés de valeur in-
dustrielle moindre, seront éliminés des jardins de sélection, de sorte que,
dans la première pollinisation suivante, ils ne puissent plus intervenir. Les
graines provenant de la fructification successive à cette élimination,
provenant par conséquent, des individus reconnus meilleurs pro-
ducteurs, seront, à leur tour, semées dans des jardins identiques aux pre-
miers.
« Je sais qu'on me fera ici une objection; il est de règle de ne prélever
pour la reproduction d'une plante que des semences sur des individus
adultes. Les fruits d'un Elaeis de cinq ans donneront-ils naissance à des in-
dividus robustes. L'expérience n'en a jamais été faite pour l'Elaeis à ma
connaisance, mais je n'hésiterai pas à l'entreprendre étant donné surtout
que les soins culturaux et les apports d'engrais appropriés prévus pour les
jardins de sélection auront fait des palmiers de ces jardins des individus
particulièrement robustes et précoces.
« Les travaux que nous aurons pu exécuter pendant les cinq premières
années ne seront évidemment pas suffisants pour produire une réelle fixa-
tion de variétés ou une amélioration définitive. Cependant, grâce à la petite
Euperficie des jardins de sélection, nous possédons sur les individus qui y
sont soumis à une observation méticuleuse des données beaucoup plus
exactes et complète que sur les palmiers de la plantation proprement dite
ou de toute autre plantation ou palmeraie étrangère.
« A chaque fructification suivante des palmiers des jardins de sélection,
des graines choisies seront semées en vue de la continuation du travail
d'amélioration. Ceci nous permettra en même temps de comparer entre
eux les individus nés de graines provenant d'arbres d'âges croissants.
« En prenant la cinquième année comme époque du premier prélève-
ment de graines, nous aurons :
« La cinquième année un semis donnant lui-même des graines de la
10° année.
« La sixième année un semis donnant lui-même des graines la
11° année.
« La septième année un semis donnant lui-même des graines la 12° an-
née et ainsi de suite.
« La cinquième année, il nous serait par conséquent possible de réunir
des observations portant sur trois générations, issues d'un même palmier.
« Je ne veux pas entrer dans tous les détails des essais qui, à côté des
recherches sur le rendement quantitatif, seront faits au laboratoire de la
plantation pour étudier comparativement la qualité de huiles fournies par
les différentes variétés.
« Il y a là cependant une question d'un très grand intérêt. Nous sa-
vons, en effet, que les indigènes d'Afrique emploient de préférence, pour la
préparation de leur huile alimentaire, les fruits de certaines variétés
d'Elaeis. Il sera d'une grande utilité de rechercher de quelles propriétés
spéciales du fruit dépendent les qualités excepiionnclles qu'on attribue h
l'huile qui peut en être extraite, et si ces propriétés sont réellement parti-
culières c\ une variété donnée.
— 45 —
« Toutes les données quantitatives et qualitatives réunies pourront
mettre en évidence l'existence de certains caractères avantageux plus spé-
cialement développés dans certaines variétés ou certains types. Dès lors, on
parviendra peut être, par des travaux de fécondation artificielle, à grou-
per dans un même individu un maximum de qualités utiles ».
On le voit, M. Van Pelt établit sa sélection en prenant les mêmes pré-
cautions que M. Houard au point de vue des hybridations. C'est-à-dire en
établissant les pépinières de chaque variété ou type dans de petits îlots sé-
parés les uns des autres par la forêt primitive mais il- ne fait porter ses
effoi-ts que sur des -superficies bien moindre.
Nous en revenons ainsi toujours à la môme conclusion.
L'Inspection Générale de l'Agriculture de l'A. 0. F. considère que le
but à atteindre en créant des stations uniquement consacrées à l'arachide
ou au palmier à huile est de constituer de véritables plantations destinées
en peu d'années à se suffire paa* elles-mêmes au point de vue budgétaire.
Nous prétendons que la tâche à remplir est autre et que la poursuite
des recherches nécessaires pour guider les plantations suffit très largement
à l'activité de ces stations.
Le programme tracé plus pai'ticulièrement pour la station de la Côte
d'Ivoire nous paraît appeler une autre critique.
MM. Henry et Houard disent :
a L'essentiel c'est de réaliser et la meilleure démonstration que l'on
puisse donner de l'intérêt que présente la culture du palmier à huile c'est
de créer une belle plantation qui rapporte en sept ans de beaux bénéfi-
ces ».
Et pour cela faire ils prennent un coin de grande forêt et en entrepren-
nent le défrichement.
Or il se peut très bien que les prévisions qu'ils ont faites pour les frais
de défrichement soient très largement dépassées dans les circonstances ac-
tuelles étant données les hauts prix de la main-d'œuvre.
S'il en est ainsi la démonstration cherchée sera arrêtée" et l'on aura
sacrifié au désir d'aller vite la détermination des données scientifiques in-
dispensables à la fois pour la création des plantations envisagée rationnel-
les et à l'amélioration des cultures indigènes.
On n'aura point examiné d'autre part si des plantations faites en
terr' in moins coûteux à mettre en valeur n'auraient pu être entreprises
avec chance de succès. Nous voulons parler de la culture des terrains sur
lesquels la grande forêt a disparue.
Nous nous excusons d'avoir à rappeler de nouveau l'intervention de
l'Institut Colonial de Marseille, mais il nous est permis de penser que les
efforts faits par cet organisme depuis plusieurs années ont permis d'obte-
nir certaines précisions dont il y a lieu de tenir compte.
Nous avons indiqué comment notre collaborateur M. G. Van Pelt, a
prêté son concours à M. Teissonnier pour créer à Bingerville,.à côté de la
station d'essai, une pépinière qui devait servir, à notre avis, à faciliter la
création des plantations dont les projets étaient à l'étude.
Il nous a paru cependant qu'une enquête supplémentaire s'imposait
avant de pouvoir recommander la création de ces plantations.
MM. Teissonnier et Van Pelt ont en effet pensé qu'il y avait lieu de
se demander s'il ne serait pas possible d'utiliser certaines parties de la
Côte d'Ivoire qui sont actuellement dépouillées de la grande forêt : en par-
ticulier la partie connue sous le nom de plaine de Dabou.
— 46 —
On éviterait ainsi des frais de défriciiement considérables.
Dans ce but, et en vue de poursuivre l'étude des nombreuses questions
que pose l'exploitation du pdmier à hiiilâ, i ous avons eu la satisfaction de
grouper les entreprises suivantes qui ont bien voulu nous apporter leur
concours pécuniaire en vue d'effectuer ce supplément d'enquête :
Compagnie Française de l'Afrique Occidentale, Société Commerciale
de l'Ouest Africain, Compagnie Générale des Colonies, Société des Huile-
ries Africaines, Société Commerciale et Industrielle des Palmeraies Africai-
nes, Société Forestière Sangha-Oubangui, Compagnie Française de Kong,
Stéarinerie L.-F. Fournier et Cie, Société Commerciale et Industrielle de
la Côte d'Afrique, MM. Rocca, Tassy et de Roux.
M. le Gouverneur Général Merlin et M. Antonetti, lieutenant-gou-
verneur de la Côte d'Ivoire, ont biién voulu, sur notre demande, autoriser
M. Teissonnier à nous prêter son concours à cet égard.
Nous avons publié dans notre Bulletin des Matières Grasses 1921,
n°' 9 et 10 le compte rendu que nous a adressé M. Teissonnier sur l'examen
auquel il a procédé ainsi. Ses conclusions et l'analyse que nous avons
faite dans nos laboratoires des échantillons de terre qu'il nous a adressés
montrent qu'il n'y a pas de raisons décisives de penser que la plaine dç
Dabou ne pourrait être, pour la plus grande partie, transformée en palme-
raies.
Dans ces conditions, ne serait-il pas prématuré d'engager de très gran-
des dépenses en pleine forêt suivant le plan proposé pour la Mé ?
J
Il[
SOLUTION PROPOSÉE
COORDLNATIOiN NECESSAIRE DE L INITUTIVE PRIVEE ET DE
L'L\ITIATI\'E ADMINISTRATIVE
Après avoir examiné les projets de stations que l'Inspection Générale
de l'Agriculture de l'A. 0. F. ent«nd consacrer à l'arachide et au palmier
à huile, nous avons formulé les objections que ces projets nous suggèrent.
Il nous reste maintenant à vous soumettre nos vues sur le contrôle
grâce auquel M. le Gouverneur Général Merlin pense pouvoir assurer
à ces stations la permanence indispensable en même temps, que la bonne
exécution du programme envisagé.
Nous ne saurions trop féliciter l'esprit profondément averti des néces-
sités coloniales qu'est M. le Gouverneur Général Merlin d'avoir voulu con-
fier cette direction à un organisme qui serait indépendant de l'Administra-
tion et qui serait constitué par la réunion des personnalités commerciales,
industrielles et savantes les plus désignées pour donner à ces œuvres le
véritable caractère qu'elles doivent avoir.
Nous nous permettrons cependant, de lui faire très respectueusement
remarquer que la mise en exécution du programme conçu par son Inspec-
tion Générale de l'Agriculture ne laisserait que peu de place à cette direc-
tion, puisque c'est le principe même de ce programme qu'il est nécessaire
de poser tout d'abord, et nous avons vu combien il nous est difficile de
l'approuver même dans ces grandes lignes.
Nous dirons plus :
Puisque M. le Gouverneur Général de l'A. 0. F. désire très justement
adopter une formule nouvelle pour sortir du piétinement qui maintient
depuis plus de vingt ans l'expérimentation scientifique dans ce grand pays
à l'écart de toutes réalisations sérieuses, nous avons toutes raisons de pen-
ser qu'il ne nous désapprouvera pas, si nous disons qu'il faut trouver cette
formule dans l'indépendance véritable de cette direction qu'il envisage jus-
tement d'organiser.
M. Merlin prévoit bien qu'un Conseil indépendant de l'Administra-
tion assumera la direction générale de ces études, mais une formule doit
être t'ouvé pour que cette direction soit elïective et pour cela il faut aller
plus loin qu'un simple Conseil. Celui-ci, en effet, risquerait d'être en con-
flit continuel avec l'Inspection Générale de l'Agriculture de l'A. 0. F. qui,
de son côté, entendrait diriger ses agents.
— 48 —
Du reste, il n'y a pas de raison pour que cette expérimentation et ces
études soient, en principe, organisées de telle manière, qu'elles soient ré-
servées à l'Afrique Occidentale.
Tout ceci se rattache d'ailleurs à la situation dans laquelle se débat
l'expérimentation agricole coloniale depuis plus de 25 ans et si nous ne
voulons pas continuer à nous heurter aux mêmes causes qui ont jusqu'ici
annihilé tant d'efforts, il faut innover.
Nous ne referons pas le procès de l'organisation scientifique de l'agri-
culture dans nos colonies. 11 a été souvent plaidé et il est inutile de revenir
sur ce qui a été dit avec tant de justesse depuis bien des années à ce sujet :
Ces critiques rappelées, nous devons faire une constatation :
L'Administration a été seule jusqu'ici à s'occuper dans nos colonies
d'expérimentations agricoles.
Les rares planteurs qui se sont consacrés à la culture du sol à côté des
indigènes, sont restés isolés les uns des autres et n'ont point cherché,
ainsi que l'on fait leurs collègues hollandais, anglais et américains, à se
grouper pour étudier en commun un problème déterminé.
Bien plus, il n'ont jamais insisté auprès de l'Administration pour
qu'elle modifie le caractère de ces stations d'essais ou qu'elle leur prête
un concours scientifique qui puisse leur servir de guide pour la conduite
de leurs plantations et la recherche des méthodes à appliquer pour am.élio-
rer leurs cultures, utiliser les engrais et lutter contre les maladies.
L'histoire de nos anciennes colonies est particulièrement lamentable
à ce point de vue. II est bien certain que l'Administration ne peut être
seule rendue responsable de la stagnation lamentable dans laquelle est
restée la culture sucrière dans nos Antilles et à la Réunion puisque toutes
les fois qu'elle a proposé de créer des stations d'études bien organisées, elle
s'est heurtée à l'opposition des Conseils Généraux qui estiment que le bud-
get de l'agriculture n'a d'autre but que d'alimenter des primes qui sont en
réalité de simples subsides électoraux.
En Indochine, nos planteurs de caoutchoucs ont bien formé un Syndi-
cat très agissant, mais seulement au point de vue commercial et fiscal. Il
n'a pas su jusqu'ici suivre l'exemple des groupements analogues hollan-
dais ou anglais pour l'étude en commun des questions agricoles et techni-
ques. Il n'a pas su non plus intervenir d'une manière efficace pour que ces
études soient faites d'une manière méthodique par un des organismes scien-
tifiques de l'Indochine et nous voyons l'Institut Scientifique de Saïgon,
l'Institut Pasteur et les services proprement dits de l'agriculture s'en occu-
per, sans disposer aucun des crédits suffisants, parce que les planteurs, à
quelques rares exceptions, s'en désintéressent en réalité.
A Madagascar, nous nous trouvons également devant l'absence d'orga-
nisations communes scientifiques des planteurs.
En Afrique Occidentale, la question ne s'est pas posée, les plantations
européennes n'existant pas.
En Afrique Equatoriale les quelques belles plantations qui se sont
créées au prix d'efforts surhumains ont été tellement livrées à elles-mêmes
par l'Administration qu'il leur a été réellement bien difficile de faire plus
que leur propre expérimentation. On sait quelle a été la politique pure-
ment commerciale des grandes Sociétés concessionnaires et que penser d'une
Administration qui dans ces dix dernières années n'a eu comme personnel
agricole qu'un seul technicien, M. Bories, qui s'épuise à la tâche 7
— 49 —
En Afrique du Nord même, où les services agricoles officiels ont fait de
si bonne besogne, que peut-on citer comme efforts collectifs scientifiques
des colons ?
Il n'est donc pas étonnant que, n'étant pas guidé par les besoins de la
réalisation immédiate qui seule mtéresse les agriculteurs, les services
officiels se soient attachés avant tout à une sorte d'inventaire des pays dont
1 avenir leur incombait et n'aient pas dirigé leurs efïorts d'une manière
obstinée vers des améliorations d'ordre pratique.
Du reste, le fait que la culture perfectionnée ne peut que jouer un rôle
infime dans ces pays de population indigène (en dehors de l'Afrique du
Nord) s'ajouta à l'opinion généralement acquise qu'il est pratiquement im-
possible d'obtenir de ces indigènes qu'ils modifient leurs méthodes et de-
vait aboutir fatalement à ce caractère tout théorique qui a caractérisé
jusqu'ici l'action des services agricoles dans nos colonies.
Nous en arrivons donc à la même conclusion que celle à laquelle ont
abouti tous ceux qui ont recherché par quel moyen on pouvait sortir de la
situation qui a maintenue nos colonies au niveau des pays les moins avan-
cés au point de vue de la technique agricole une coordination très intime
doit être établie entre les travaux des planteurs et les recherches des servi-
ces scientifiques officiels.
CRÉATION d'un GROUPEMENT D'INTÉRÊT GÉNÉR.\L A FORME DE SOaÉTÉ PRIVÉE EN
VUE DE L'AMÉUORATION DE LA PRODUCTION DES MATIÈRES GRASSES
DANS LES POSSESSIONS FRANÇAISES
Si nous admettons, ainsi que nous venons de l'exposer, que l'œuvre à
accomplir doit être réalisée par la combinaison des efforts privés et admi-
nistratifs, nous arriverons assez facilement à la conception d'un système
mlxt« dont la réalisation peut être envisagée de la manière suivante :
L'intervention privée serait assurée par l'action de l'Association dont
l'Union des Fabricants d'huile a proposé la création et qui serait constituée
sous la forme d'une Association déclarée régie par la loi de 1901 et pour
laquelle on demanderait la reconnaissance d'utilité publique pour lui assu-
rer son caractère d'intérêt général et la placer sous la surveillance du gou-
vernement.
Elle aurait pour membres les diverses entreprises ou groupements in-
téressés à la production, au commerce, au transport et au traitement des
matières grasses et de leurs dérivés.
Elle serait gérée par un conseil composé des représentants des groupes
intéressés et il y aurait lieu de prévoir que l'Administration coloniale y
aurait sa place puisqu'elle fournirait une partie des ressources composant
son budget annuel.
Cette Association, que pour simplifier nous pourrions désigner par
exemple sous le nom d'Association pour l'Encouragement de la Production
des Matières Grasses dans les Colonies Françaises, devrait être dotée statu-
tairement d'un capital important.
— 50 —
Ceci est indispensable pour ne pas laisser l'existence de cet organismo
à la merci de l'irrégularité forcée de ressources annuelles proA^enanl soit
de subventions administratives, soit de contributions volontaires privées.
En outre, on prête volontiers aux riches et ces subventions ou contri-
butions seront plus faciles à obtenir si les donateurs savent que la marchr
de l'entreprise est assurée et que leur participation ne sera pas absorbée
uniquement en frais généraux.
Nous n'avons pas à entrer ici dans de longs détails pour indiquer com-
ment la répartition des fonds de liquidation du Consortium de l'Huilerie
est toute indiquée pour fournir ce capital.
Les membres de ce Consortium ont manifesté eux-mêmes cet avis et
l'opinion exprimée par M. le Gouverneur Général Merlin que ces fonds
devraient servir au fonctionnement des stations d'essais dont il envi.sage
la création n'est pas incompatible avec cette affectation.
La détermination du capital à affecter à cette société et des sommes qui
lui seront nécessaires annuellement pour son fonctionnement dépend de
la nature du programme qu'elle aura à remplir.
Nous avons vu que les projets de l'Inspection Générale de l'Agriculture
de l'A. 0. F. consistent à réaliser de véritables plantations dont la création
absorbera un capital se montant de 10 à 12 millions sans compter les som-
mes qui seront prises annuellement sur les budgets locaux de chacune
des colonies du groupe. Une fois les plantations créées, ce qui aura
absorbé le capital, les stations fonctionneront à l'aide du revenu de ces
plantations.
Nous avons dit que ceci nous paraissait sortir du cadre des institutions
à réaliser. La création des stations expérimentales et d'études qui s'impose
tout d'abord doit exiger des dépenses de premier établissement beaucoup
moindre.
Le capital de 5 millions environ provenant du Consortium doit suffire
si l'on y ajoute les ressources annuelles provenant d'autres sources.
L'action du groupement dont nous préconisons la création doit avoir
en effet, pour premier résultat d'augmenter la production des oléagineux
dans les colonies et par conséquent la richesse de celles-ci. Cette augmen-
tation se traduira par un accroissement correspondant des recettes bud-
gétaires des colonies qui sont en fonction directe du chiffre des exporta-
lions.
Il est donc normal de prévoir qu'une part du budget annuel de l'Asso-
ciation sera alimenté par un versement des colonies principalement inté-
ressées.
Les entreprises privées qui reposent d'une manière fondamentale sur
la production, le commerce ou le traitement industriel des matières grasses
doivent être appelées également à y participer.
Enfin il serait naturel de prévoir que les dépenses qui seront occasion-
nées par Fétude de l'emploi de machines agricoles ou des engrais par
exemple seront compensées, en partie, par des versements des construc-
teurs ou fabricants ou de leurs groupements.
Nous ajouterons cependant qu'il sera impossible dans ces conditions
de réaliser le programme de construction de bâtiments qu'envisage l'Ins-
pection Générale de r.\griculture.
Ce programnîe est tellement important que l'on nous assure qu'il a
paru que l'Inspection Générale des Travaux Publics du Ministère des Colo-
— 51 —
nies devait être appelée à donner son avis sur l'établissement du pro-
gramme des stations d'études des matières grasses dont la création est en-
visagée, ce dont on peut s'étonner au premier abord.
Les chiffres que nous avons reproduits montrent que sur un engage-
ment total de dépenses de 3.500.000 francs consacrés à la création d'une
station sur l'étude de l'arachide, l'Inspecteur Général de l'Agriculture pré-
voit en bâtiments une dépense de près de 2 millions, tandis que pour les
stations du palmier à huile sur un chiffre total d'environ 7.500.000 francs
il y a près de 2 millions de bâtiments.
Nous sommes en droit de penser que si des sommes de cette importance
sont dépensées dans un but d'intérêt général, elles contribueront à aug-
menter le capital immobilier de l'Afrique Occidentale et il est naturel dans
ce cas de prévoir que ces dépenses seront faites au compte du Budget Géné-
ral, soit ordinaire, soit extraordinaire.
Vouloir d'ailleurs faire supporter par le budget de stations d'essais,
des dépenses de cette importemce et de cette natiire conduit à subordonner
le choix d'un emplacement purement agricole à des considérations de bâti-
ments existants tels que ceux de Bingerville.
En résumé, nous pensons qu'il faut dabord bien préciser le pro-
gramme à remplir et l'on ven-a ensuite de quelle manière on peut y satis-
faire.
Nous craignons que l'Inspection Générale de l'Agriculture de l'A. 0.
F. n'ait procédé d'une manière inverse et ait pris comme point de départ le
désir de trouver un emploi immédiat à une très grosse somme prélevée sur
le fonds de liquidation du Consortium de l'Huilerie.
Ceci posé, voyons comment l'on peut entrevoir le programme qu'il y
aura lieu de tracer à l'organisme dont nous nous proposons la constitution.
III
PROGRAMME D'ÉTUDES PROPOSÉ
Il nous semble que l'intei-vention de la Société dont nous préconisons
la création pourrait être envisagée de la manière suivante :
Elle devra avant tout s'efforcer d'effectuer cette coordination que les
ser\'ices officiels sont impuissants à récdiser.
Ses études et ses travaux seront effectués :
1° Dans des stations dépendant uniquement d'elle;
2° Dans des stations du gouvernement placées sous sa surveillance
directe;
Et 3° dans les plantations ou stations dépendant d'entreprises pai'ti-
culières ou d'autres organismes similaires qui s'occupent d'oléagineux ou
d'autres cultures.
En pratique ses efforts répondront à des ordres d'idées différents :
1° L'amélioration de la culture de l'arachide et du palmier à huile
qui constitue la base du programme envisagé par le Gouvernement Géné-
ral de l'Afrique Occidentale;
2° Le développement de ces cultures dans d'autres colonies et l'aug-
mentation de la production des autres plantes oléagineuses.
Voyons donc tout d'abord ce qu'il y aurait lieu d'envisager pour fara-
chide et le palmier à huile.
— 52
I. — Arachides
Il nous paraît, sauf plus ample informé, que la station de M'Bam-
bey peut très probablement être choisie comme siège de la station expé-
rimentale de l'arachide sur de toutes autres bases que celles approuvées
par l'Inspection Générale de TAgriculture de l'A. O. F.
Ce pi'ogramme, ainsi que nous l'avons vu ne s'attache pas suffisam-
ment aux questions scientifiques, il s'encombre de toute une partie cultu-
rale qui doit à notre sens être envisagée ailleurs.
L'exécution du programme de sélection et d'amélioration envisagée par
MM. Chevalier et Roubaud nous paraît pouvoir être réalisé avec des frais
d'installation, de matériel et de personnel beaucoup plus modeste que ceux
demandés par l'Inspection Générale.
Un spécialiste de la sélection auquel serait adjoint un agent de culture
paraît très suffisant dans les premières années pour faire d'excellente be-
sogne et l'ensemble de bâtisses prévues leur serait inutile.
Au point de vue du matériel, il faut surtout leur donner la main-d'œu-
vre indigène en quantité suffisante.
Un matériel simple de motoculture complétera cette main-d'œuvre et
il ne sera pas nécessaire de s'encombrer de la question des animaux de
trait.
Tandis que ces recherches qui porteront avant tout sur la sélection
et l'aménagement du sol, s'effectueront, la société examinera ce qu'il con-
vient de faire au point de vue de la motoculture et de l'emploi des instru-
ments mus par des animaux.
Si les entreprises privées qui s'adonnent dès maintenant au Sénégal
et au Soudan à la culture de l'arachide et des plantes textiles (coton, aga-
ves, etc.), continuent leurs travaux, la société pourra s'entendre avec elles
pour que leur expérience puisse profiter à tous. Elle leur prêtera son con-
cours et son intervention continuera à assurer la continuité de ces tentati-
ves privées si intéressantes.
Il y aura lieu ensuite de rechercher comment la multiplication des se-
mences améliorées qui auront été obtenues par la station pourra être assu-
rée et comment les indigènes pourront être amenés à appliquer les nouvel-
les méthodes culturales. La Société d'Encouragement agira dans ce but d'ac-
cord avec les services agricoles officiels et avec les entreprises privées.
La création de plantations de multiplication des semences améliorées
pourra alors être faite en toute connaissance de cause et les dépenses d'ou-
tillage de motoculture ne seront engagées que pour des résultats certains
et non d'après un procédé qui consiste à acheter du premier coup toutes
sortes d'appareils très coûteux sans savoir s'ils pourront être utilisés.
Du reste un calcul très simple montre que ces stations de multiplica-
tion ne pourront servir qu'à alimenter les cultures faites dans le même but
par des indigènes choisis. Si l'on admet qu'un hectare rapporte en
moyenne une tonne d'arachides en coque ot si l'on compte 50 kilos par hec-
tare pour la semence, ce qui est peu en raison des remplacements qui s'im-
posent par suite des dégtâts des oiseaux et des rodants on constate que pour
obtenir une récolte de 300.000 tonnes il faudrait 15.000 tonnes de semences
c'est-à-dire consacrer 15.000 hectares à leur production.
— 53 —
Les graines sélectionnées ne pourront donc servir qu'à améliorer peu à
peu les cultures indigènes.
L'introduction de semences étrangères devra être également un des su-
jets de préoccupation de la société d'encouragement mais cette introduc-
tion devra être faite avec le plus grand soin au point de vue Qe la prophy-
laxie et seulement après expérimentation par les stations d'essais.
IL — Palmier a huile
Si le champ d'investigation qui s'offre aux études scientifiques agrico-
les aux colonies n'était si vaste et si l'on ne devait perdre de vue la néces-
sité de répartir les crédits et surtout le personnel compétent disponible en-
tre les diverses stations à créer ou à développer, on pourrait approuver la
création de deux nouvelles stations consacrées au palmier à huile l'une à
la Côte d'Ivoire, l'autre au Dahomey qu'envisage l'Inspection Générale de
l'Agriculture de l'A. 0. F.
Il nous semble cependant qu'il y aurait lieu de répartir tout différem-
ment cette expérimentation :
Est-il absolument nécessaire d'avoir, dans le début tout au moins deux
stations, en somme assez voisines et situées dans des climats analogues
pour résoudre ce problème primordial de la culture du palmier à huile :
la sélection ?
Il ne faut pas oublier, en effet, qu'en dehors de ces* stations centrales
qui font l'objet du programme actuel du Gouvernement Général de l'A.
0. F. il y a les stations des services locaux dont il n'y a pas lieu de décider
la suppression et les plantations privées créées ou qui doivent se créer
sous peu dont il y a à tenir compte.
Si nous distinguons, ainsi que cela nous paraît essentiel, les études
qui ont un caractère nettement scientifique (sélection, engrais, lutte contre
les maladies, et celles qui se rattachent à la création de plantation, il nous
semble que l'on pourrait préconiser l'organisation suivante :
Une station centrale serait consacrée aux recherches d'ordre scientifi-
que : c'est à celte station que serait rattaché le personnel supérieur ou plus
particulièrement spécialisé.
Il nous semble qu'elle serait placée avec avantage au Dahomey plutôt
qu'à la Côte d'Ivoire étant donné l'état plus avancé de la culture du pal-
mier à huile dans cette dernière colonie et l'influence plus rapide qu'elle
pourra exercer sur la production indigène.
A cette station serait rattaché également le centre d'études du traite-
ment mécanique des fruits.
Les stations locales de la Guinée et de la Côte d'Ivoire dépendant des
Services agricoles locaux participeraient au programme de recherches et
aux sélections.
Il y a lieu d'autre part de tenir compte de ce qui existe déjà au Togo,
au Cameroun et au Gabon.
Dans les deux anciennes colonies allemandes ont été créés depuis long-
temps d'importantes plantations d'Elaeis qui malgré l'abandon oiî elles ont
été laissées pendant la guerre constituent des éléments précieux d'études.
Le Gabon est la seule des colonies de l'.Afrique Occidentale et Equa-
toriale où des efforts très sérieux aient été faits pour la création de planta-
tions de palmiers à huile par des entreprises privées.
— 54 —
Les résultats obtenus sont des plus intéressants sinon dès maintenant
au point de vue pécuniaire, du moins au point de vue des enseignements
à en tirer.
Au lieu d'engager des sommes considérables d'une manière adminis-
trative pour créer de grandes plantations à la Côte d'Ivoire et au Dahomey
ne serait-il pas plus rationnel de prendre les mesures nécessaires pour rat-
tacher tout au moins une de ces plantations du Gabon à l'ensemble expé-
rimental d'études du palmier à huile ?
La remise en culture des plantations du Togo et du Cameroun appor-
terait également sa part au programme à réaliser.
Enfin nous mettrons presque en première ligne la nécessité de pour-
suivre ces recherches en liaison avec les travaux effectués à l'étranger, tant
aux Indes Anglaises et Néerlandaises qu'en Afrique Occidentale anglaise
et au Congo Belge.
IV
CONSIDÉRATIONS D'ORDRE
GÉNÉRAL
Dans les pages qui précèdent, nous nous sommes appliqués à recher-
cher de quelle manière devait être enfin organisée rexpérimentation agri-
cole scientifique qui doit permettre d'obtenir la production indigène la
plus grande possible en proportion de la situation générale de la mise en
valeur de nos colonies et linterA-ention d'entreprises dirigées par des blancs.
Il nous paraît que ce n'est pas sortir du cadre précis que nous avons
cru devoir donner à ce premier rapport, que de dire quelques mots des
mesures complémentaires qui s'imposent dans la métropole pour que cel-
les-ci puissent bénéficier directement de cet effort fait dans ces colonies en
vue d'augmenter leur production en matières grasses.
Tout d'abord, nous rappellerons la nécessité dont tous les membres de
la Section des Matières Grasses du Conseil Supérieur des Colonies sont en-
tièrement convaincus, d'organiser la réception de cette matière première
dans les conditions les plus économiques possibles.
Dans les circonstances normales, l'industrie des matières grasses,
comme toutes les industries dans lesquelles la matière première subit peu
de manipulation, est une industrie qui ne peut lutter contre la concurrence
étrangère que sur une marge de bénéfices très limités.
L'enquête à laquelle a procédé pendant la guerre en Angleterre un co-
mité composé des personnes les plus compétentes et dont l'Institut Colonial
de Marseille a dépouillé les travaux, a montré combien était faible la
marge qui avait permis aux Allemands de monopoliser en quelque sorte
l'industrie des amandes de palme.
M. C. C. Knoues, un des Administrateurs de Lever Br. a déclai'é au
Comité qu'à son avis cet avantage était seulement de .o à 10 sh. par tonne.
M. J. Watson, le grand fabricant d'huile a été du même avis et a dé-
claré : « Il nous est impossible de concurrencer les Allemands pour les
amandes de palme s'il y a 5 sh. contre nous. Nous serions heureux de tra-
vailler avec une marge de 5 s. en temps normal, mais si ce sont les Alle-
mands qui ont cette marge, nous ne pouvons nous en occuper en aucune
manière ».
Cet écart était expliqué pour une partie par l'avantage qu'offre aux
importateurs un marché bien organisé et sur lequel ils peuvent trouver à
écouler sans difficultés les quantités qu'ils importent. Pour une autre part
les frais de port étaient moins élevés à Hambourg qu'à Liverpool d'environ
2 s. 6 d. par tonne. Les frais de transport par chalands du port aux usines
de la région ne dépassaient pas 6 à 9 d. en Allemagne, tandis que de Hull à
Selby oii sont les usines à huile ils atteignaient 1 s. 3 d. Le fait de pouvoir
— 56 —
être débarqué dans un port outillé pour manutentionner des graines en
vrac représente une économie de 1 s. par tonne par rapport à l'obligation
de mettre en sacs les graines pour pouvoir les décharger et les transporter
aux usines.
Ces chiffes paraissent peu importants et cependant additionnés, ils re-
présenteraient l'écart grâce auquel les Allemands s'étaient assurés le mono-
pole.
On sait combien nos ports sont actuellement dans une situation infé-
rieure tant au point de vue de cet outillage nécessaire, que de la situation
des usines qu'ils desservent.
Si donc, l'on veut que nos industriels puissent offrir aux producteurs
coloniaux un prix avantageux par rapport à leurs concurrents étrangers, il
faut remédier à cette situation.
Des travaux importants doivent être effectués dans ce but et nous rap-
pellerons simplement à cet égard que l'affectation d'une partie des fonds
laissés disponibles par le Consortium de l'Huilerie à ces travaux a été pré-
vue dans la convention constitutive de ce consortium.
Le perfectionement de l'industrie est également une cause qui influe
directement sur les prix de revient des produits fabriqués et par consé-
quent sur les possibilités des prix d'achat de la matière première.
L'enquête anglaise à laquelle nous venons de faire allusion a estimé
aux chiffres de 5 à 10 s. par tonne d'amandes de palme le prix supplé-
mentaire que pouvaient payer les Allemands du fait de la supériorité de
leur outillage et de leur technique.
Là encore des dépenses d'intérêt général doivent permettre l'améliora-
tion de notre industrie, notamment grâce à l'organisation des centres d'étu-
des, d'enseignements spéciaux et de recherches.
Une somme a été prévue également dans ce but sur la liquidation des
fonds du Consortium de l'Huilerie.
La solution que nous préconisons doit permettre de satisfaire à ces di-
verses préoccupations, les sommes à prélever sur les soldes du Consortium
de l'Huilerie pour les études à faire aux colonies devant laisser disponible
les sommes nécessaires pour les dépenses à faire en France.
CONCLUSIONS
Nous pourons résumer en peu de mots ce long rapport.
Il n'est pas exact de dire que les Colonies Françaises peuvent fournir
très facilement à la métropole les matières grasses dont elle a besoin.
L'augm.entation de production qu'il est nécessaire de réaliser, sera
évidemment proportionnelle au développement des moyens ùe transport
et à l'augmentation de la population, mais c'est là une proposition qu'il
suffit d'énoncer et la Section des Matières Grasses du Conseil Supérieur
(les Colonies ne pourra qu'approuver les conclusions auxquelles parvien-
dront les sections de ce Conseil de qui ces questions relèvent plus particu-
lièrement. Elle doit cependant signaler la nécessité impérieuse de terminer
le chemin de fer qui relie les ports du Sénégal au Niger et de doter ce ré-
seau du matériel nécessadre.
Votre Section doit plus particulièrement se préoccuper de la réalisation
îa plus rapide possible du projet qu'a si magistralement établi M. le Gou-
verneur Général Merlin en faveur de la réorganisation des études scien-
tifiques relatives à la culture de l'arachide et du palmier à huile.
Le projet tracé dans ce but par son Inspection Générale de l'Agricul-
ture ne correspondant pas cependant au but qu'il convient réellement d'at-
teindre, en ce sens que les très grosses dépenses sur lequel il est établi
n'ont pas pour objet principal de permettre d'effectuer des recherches et
des études, mais bien de créer de grandes plantations dont l'exécution,
pour être couronnée de succès, suppose connu justement tout ce qu'il est
nécessaire d'étudier.
Pour l'arachide, le budget delà station est presque entièrement absorbé
par des dépenses de bâtiments et de matériel de culture qui atteignent une
somme considérable. C'est une station d'essais de machines qui est ainsi
conçue et non l'amélioration culturale.
Pour le palmier à huile, le budget est également absorbé par la cons-
truction d'importants bâtiments et par des frais de défrichements de su-
perficies considérables.
Notre avis est qu'il faut établir ces stations sur des bases autres et
s'en tenir dans les débuts tout au moins, à des études scientifiques diffé-
rentes de la conduite ordinaire d'une plantation.
M. le Gouverneur Général Merlin, en même temps qu'il décidait la
création de ces centres d'études que ces services ont transformé en centres
de plantations, a très sagement pensé que pour éviter que ces stations
n'aient le sort de la plupart des tentatives qui ont été faites jusqu'ici pour
doter nos colonies des institutions scientifiques qui leur sont nécessaires
pour le développement de leur agriculture, il convenait de les placer sous
la tutelle d'un ConseiLqui assurerait leur direction.
— 58 —
Nous nous permettons de penser que pour que le but cherché par
M. Merlin soit atteint, il faut préciser le caractère que devra avoir ce con-
seil et le rendre, dans la plus large mesure possible, indépendant des vicis-
situdes administratives qu'il a pour but de neutraliser.
Cette direction doit pouvoir être assurée, semble-t-il, le plus sûrement
par un organisme d'intérêt général à forme de groupement privé qui dis-
poserait des ressources nécessaires et qui assurerait le programme à réa-
liser.
Cette société serait composée des représentants des commerçants et
des industriels intéressés, ainsi que de l'Administration.
Son capital lui serait fourni à l'aide d'un prélèvement fait pur le solde
laissé disponible par la liquidation du Cimsortium de l'Huilerie Française et •
il semble bien qu'une somme de 5 milliims serait suffisante si elle est com-
plétée annuellement par des subventions des budgets des colonies et prove-
nant également des groupemens privés intéressés.
Une fois cette société créée, elle déciderait la mesure dans laquelle ello
agirait par ses propres moyens ou ferait appel au concours des stations
créées ou à créer dans les diverses colonies. Elle utiliserait en même temps
certaines des plantations existantes, par exemple au Oabon, au Togo ou au
Cameroun.
Enfin, elle se tiendrait en liaison avec les statio?is scientifiques étran-
gères et assurerait à nos colonie le bénéfice des découvertes faites à l'étran-
ger.
La formule que nous proposons nous paraît avoir en outre l'avantage d^
permettre d'étendre ces investigations et cette action à l'ensemble des di-
verses contrées formant l'empire colonial français et non point seulement
à une seule d'entre elles.
En même temps, des mesures devront être pri.^es pour améliorer les
conditions de débarquement et de manutention de marchandises dans nos
ports, ainsi que pour perfectionner la technique industrielle du traitement
des matières grasses.
Ce sont ces conclusions que nous nous permett')ns de soumettre à l'at-
tion de la Section des Matières Grasses du Conseil Supérieur des Colonies :
Nous aurons réalisé ainsi une œuvre d'autant plus belle qu'elle porte
en elle tous les gages de réussite et de survie; la ccord'nation des efforts ot
des résultats, l'augmentation simultanée de la technique de la production,
des moyens de transport et de la technique de l'utilisati'jn, et je crois pou-
voir dire que, sur l'ensemble du programme ainsi réalisé pour l'emploi
des fonds de liquidation du Consortium de l'Huilerie, l'ensemble des grou-
pements intéressés se déclare d'accord, donnant ainsi fl la répartition que
j'ai rappelé plus haut l'autorité qui vient de l'avis commun de compétences
aussi variées qu'indiscutables.
Marseille, le 10 avril 1922.
J
LA CULTURE DES OLEAGINEUX
AU MAROC
Rapport de
M. ETESSE
Chef du service de VAgncullure et des Améliorations agricoles du Maroc
Olivier
Le Maroc comme tous les pays musulmans est un grand consomma-
teur de matières grasses présentement. Pour faire face à ses besoins il est
dans la nécessité de recourir à l'importation, alors que l'olivier, essence
oléagineuse par excellence, trouve dans la méseta et dans les contreforts
du Grand et Moyen Atlas d'excellentes conditions de réussite, ainsi qu'en
attestent les bouquets d'oliviers existant dans ces diverses régions. Cepen-
dant, et bien que la multiplication et l'exploitation des oliviers soient con-
nues des indigènes depuis les époques les plus reculées; qu'ils extraient
l'huile d'olive et la consomment; qu'ils se servent pour leur nourriture
d'une partie des fruits de cet arbre, les surfaces plantées semblent s'être
peu développées.
Importance de l'importation d'hicile. — Les huiles d'olives importées
au Maroc, proviennent, pour la majeure partie d'Espagne, la France vient
au second rang. Les importations totales de 1915 à 1919 sont les suiva.ntes :
1915 688.369 kilos
1916 276.645 —
1917 1.273.876 —
1918 175.089 —
1919 ; 1.189.381 —
En 1917 et en 1919 sur le chiffre total indiqué, l'importation d'ori-
gine espagnole représentait :
1917 1 . 103.879 kilos
1919 1.163.200 —
Tandis que la part de la France à cette même époque était :
1917 162.298 kilos
1919 26.149 —
Ces chiffres sont éloquents et montrent que la culture de l'olivier peut
être très étendue au Maroc, avant de faire face à ses propres besoins.
— 60 —
Régions de culture et superficies complantées. — Bien qu'il existe
quelques arbres dans la zone côlière, les plantations d'oliviers sont plus
importantes à l'intérieur et, pour la zone française, les régions les plus
favorisées à ce point de vue sont celles de Fez, Marrakech et Meknès. Des
statistiques assez précises sur le nombre de pieds d'oliviers en rapport
existant dans ces contrées, sont fournies par le Tertib, qui est un impôt
frappant chaque arbre en production. Les chiffres donnés sont les suivants
pour l'année 1921 :
Maroc oriental 29.690
Taza 182.567
Fez 897.812
Ouezzan 4 . 491
Gharb 9.316
Rabat . . . .' 347
Chaouia i-218
Doukkala 852
Abda 3.978
Haha Chiadma 159.573
Marrakech 579.831
Tadla 34.509
Meknès 262.953
Ces arbres se répartissent entre les colons européens et les indigènes,
mais les premiers ne les possèdent pour la presque totalité, que par voie
d'acquisition, peu d'arbres plantés par ceux-là étant déjà en rapport, s'il y
en a. Cette répartition se fait ainsi :
Nombre de pieds d'oliviers
Maroc oriental 14.695 14.995
Taza 78 182.489
Meknès 19.293 878.519
Fez 39.204 223.749
Ouezzan » 4.991
Gharb 260 > 9.056
Rabat ; . 310 37
Casablanca 153 1 .065
Doukkala » 852
Abda 201 3.777
Haha Chiadma 35 159.538
Marrakech 101.773 478.058
Tadla 94 34.415
Le nombre total d'arbres recensés atteint 2.167.637.
On remarquera que dans ces chiffres ne figure pas la région située
au fond de l'Ailas, notamment le Sous qui possède également d'impor-
tants peuplements qui viendront grossir les chiffres précédents quand la
région sera complètement pacifiée.
Mesures prises pour la conservation et Verlension des plantations. — A
une certaine éqoque, les indigènes tenaient peu compte des plant^itions
d'oliviers dont ils trouvaient la production pou rémunératrice. Ils les abat-
— 61 —
talent même, pour se livrer à des cultures qu'ils estimaient plus profita-
bles. Une réglementation mit fin à ces abus et même pour encourager la
plantation, il fut décidé qu'aucun impôt ne serait payé pendant les 20 pre-
mières années de la plantation. Les conditions- économiques s'étant trans-
formées, la valeur des produits de l'olivier a toujours été en croissant et
l discrédit a complètement dispétru.
L'importance qu'il y a à favoriser l'extension des plantations d'oliviers
a conduit l'Administration du Protectorat à stimuler l'initiative des agri-
culteurs dans cette voie. Elle a eu le souci d'aider au développement de
cette richesse nationale et considérant que même dans des conditions de
milieu et de réussite les plus favorables les plantations de cette essence
comportaient l'investissement de capitaux dont la rémunération, subor-
donnée à la mise à fniit normale des arbres ne saurait être envisagée avant
la 12° ou la 15' année, elle a jugé utile, profitant en cela de l'expérience
acquise en Algérie, d'accorder des primes à la plantation et au greffage de
cet arbre.
Un arrêté tout récent, accorde après la reprise, une prime de 3 francs
par olivier planté ou greffé, à raison de 50 arbres à l'hectare et pour cha-
que particulier, un maximum annuel de plantation de 10 hectares. Cette
mesure qui a été appliquée au début de l'année en cours semble devoir
donner de très heureux résultats. Il a été, en effet, déclaré dans les trois
mois d'hiver 36.875 arbres nouvellement plantés, se répartissant comme
il suit :
ilégions Surfaces Arbres plantés
Oudjda 60
Fez 148 ha. 15 17.643
Meknès 65 ha. 4. 153
Kenitra 76 ha. 49 3.509
ftabat 32 ha. 1 .318
Casablanca 754
Mazagan 450
Safl 1 ha. 50 70
Marrakech 106 ha. 8.918
36.875
Il faut remarquer que, notamment dans la région de Fez, toutes ces
plantations sont effectuées par des indigènes et qu'il y a là un indicé tout
à fait encourageant.
Rendement et état actuel des cultures. — Il faut, au point de vue du
rendement des oliviers, distinguer entre les plantations du Maroc, en
général, et celles de Marrakech. Ces dernières sont, en effet, effectuées en
terrains irrigués et les arbres fournissent, dans ces conditions, un rende-
ment plus élevé. On estime, d'une façon générale que, dans les régions
non irriguées, le rendement d'un olivier en bonne production est, en
moyenne de 12 kilos à 15 kilos d'olives dans les régions du nord. Dans la
région de Marrakech, la moyenne est d'environ 20 kilos. D'après les indi-
gènes, un bon arbre moyen rapporterait 20 kilos de fruits et en grosse
production 40 kilos dans cette dernière région.
— 62 —
L'état actuel des cultures est loin de permettre aux arbres de donner
tous les fruits qu'ils seraient susceptibles de produire.
La majeure partie des plantations, sont faites sans méthode; en géné-
ral, les pieds sont beaucoup trop près les uns des autres (3 m. 50 au lieu
de ' 10 qui seraient nécessaires), à tel point que, parfois, les ramures
se touchent et qu'il est impossible à la lumière et à l'air de pénétrer entre
les feuillages. Cette disposition permet à la fumagine de se développer
à son aise'et de compromettre gravement récolte et plantation.
La taille est également à peu près ignorée des indigènes. Les arbres
se développent normalement en hauteur, si bien que la cueillette ne peut
se faire ni à la main, ni au peigne dalmate. On est obligé d'avoir recours
au gaulage.
Ce procédé a le grave inconvénient de briser une grande quantité de
rameaux qui pourraient donner des fruits l'année suivante. En même
temps l'arbre s'épuise à réparer les cicatrices produites.
Les indigènes défendent leur système en prétendant que le gaulage
nettoie les arbres et les débarrassant des branches sèches, oe qui évite
de recourir à la taille qui s'imposerait autrement tous les 3 ans.
La vérité est que les arbres restent cependant trop touffus, pleins de
brindilles et de branches inutiles, et qu'une taille raisonnée est indispen-
sable pour obtenir un meilleur rendement.
L'irrigation laisse aussi quelque peu à désirer. Dans les régions où
elle est facile, elle est assez suivie : 2 ou 3 irrigations en hiver, 4 et 5 en
été, en dehors de la période de floraison et des deux mois qui suivent.
Mais, parfois, il en est fait abus, d'où il résulte un trop grand développe-
ment du bois et une suralx)ndance d'eau de végétation dans les fruits.
Dans les contrées où l'eau est assez rare, il faut se contenter de creuser
autour de l'arbre et sur la demi conférence seulement de celui-ci, une
cuvette qui recueille les eaux de ruissellement.
Les indigèns emploient peu la fumure. Celle-ci est cependant assez
aisée à se procurer, puisqu'en général les marocains éleveurs la donnent
gratuitement à qui veut se charger de l'enlever.
La régénération est faite, soit par bouturage, soit par marcottage,
mais toujours de façon trop peu soignée pour donner de bons résultats.
Enfin, trop souvent le sol occupé par les oliveraies est laissé en friche,
alors que là où des pieds sont suffisamment loin les uns des autres, la cul-
ture intercalaire d'orge, de fèves et la culture maraîchère pourraient don-
ner des produits dont la vente serait rémunératrice et paierait, au moins
une partie des frais de la culture des olives.
La Direction générale de l'Agriculture, du Commerce et de la Colo-
nisation s'efforce d'amener les indigènes marocains à adopter nos procé-
dés culturaux. A cette fin, elle se livre à des- démonstrations prouvant la
supériorité de nos méthodes. Des moniteurs sont dressés à la taille, qui
auront pour mission d'exécuter les divers soins culturaux envisagés, en
opérant, par groupes, sous la surveillance de l'Inspecteur régional d'Agri-
culture.
Les indigènes ont attendu les résultats de nos façons de procéder sur
les oliviers des biens maghzen ou habous, pour entreprendre la taille do
leurs arbres. En 1921, un premier résultat a été obtenu h c«t égard dans la
région de Meknès où l'Inspecteur d'Agriculture a été sollicité par les popu-
lations du Zerhoun pour effectuer la taille sur les oliviers appartenant
— 63 -
aux indigènes de cette région. C'est que les travaux de régénération déjà
effectués depuis plusieurs années sur des oliviers appartenant à l'Ktat ont
fait ressortir des résultats probants, la récolte des oliviers taillés a été
doublée dès la troisième année qui suivit la taille.
Régime de la propriété (1). — Il est à signaler que fréquemment les
arbres d'une même oliveraie sont à plusieurs propriétaires et même le
propriétaire des oliviers n'est pas toujours le même que celui du sol. Une
grande partie des oliveraies est propriété habous et propriété Maghzen.
Récolte des olives, réglementation. — La récolte des olives s'effectue
vers le mois de novembre. D'une façon générale, les indigènes retardent
la récolte pour attendre que les olives soient bien mûres et se détachent
facilement par le gaulage. C'est ce procédé qui est, en effet, employé pour
effectuer la récolte. Cette façon de procéder a l'inconvénient de briser une
certaine quantité de jeunes rameaux et de diminuer ainsi la productivité
de l'arbre pour les années suivantes.
Il existe, suivant les régions, une réglementation concernant la récolte
des olives.
Dans la région de Fez, en vue de faciliter la surveillance efficace des
olivettes et d'empêcher le vol d'olives, des arrêtés émanant des autorités
régionales ou des autorités locales indigènes, interdisent la cueillette ou le
colpoilage des olives avant une date fixée à chaque époque. Il y a le ban
des olives. Dans le cercle de Fez-Banlieue, l'arrêté est pris par l'autorité
régionale, à Sefrou, c'est un arrêté du pacha, dans les autres cercles de
cette région, la date de la cueillette est fixée par les caïds et portée à la
connaissance de la |X)pulat.ion par des annexes verbales sur les princi-
paux souks des tribus.
Dans certaines tribus du nord où il existe plusieurs variétés d'oliviers
les indigènes jwussent la minutie jusqu'à établir les dates de cueillette
différente pour chaque variété suivant sa précocité relative.
LfOrque des pluies ou des bourrasques ont provoqué la chute des olives
avant la date de cueillette, les autorités locales en autorisent le rammas-
sage, mais les indigènes doivent les conserver, ils ne peuvent les entrer en
ville ni les vendre sur les souks.
Dans la région de Meknès, personne ne peut ramasser avant que
les Habous, qui sont gros propriétaires d'olivetfes n'aient commencé leur
vente. La cueillette se fait par zone et au même moment le transport est
interdit des autres zones sur les marchés.
Dans la région de Marrakech, aucune mesure n'est prise pour empê-
cher le vol des fruits au moment de la récolte et il n'existe pas de régle-
mentation en vigueur pour le colportage. Chaque propriétaire de planta-
tion défend son bien par ses propres moyens. Pour limiter le délit de
maraudage, très souvent pratiqué, les cultures sont gardées par des indi-
gènes armés. La clôture des olivettes par des murs en pisé rend la sur-
veillance plus facile.
(I) Monographie du sen-ice du commerce.
— 64 —
Variétés cultivées. — Les principales variétés d'olives cultivées au
Maroc sont les suivantes :
La grosse olive de Tlemcen,
L'olive de Séville,
L'olive Verdale,
L'olive Meslala,
L'olive Berri.
Mode d'achat des olives, — Le plus souvent, la récolte d'olive est
achetée pendante par les fabricants d'huile; mais aussi par des revendeurs.
Ceux-ci connaissent, en général, la valeur des olivettes, leur rendement,
les espèces d'olives produites, et ils peuvent passer des marchés en cou-
rant le minimum de risques.
Cette opération sur les récoltes pendantes est de nature très spécula-
tive, car non seulement il est difficile d'évaluer exactement la quantité
d'olives à récolter, mais aussi la teneur en huile des olives.
Plus rarement les olives sont vendues par unité de mesure après la
récolte.
Les achats d'olives pendantes se font, en général, vers le mois d'août,
pour livraison à l'olivette à l'époque de la récolte. Mais le prix d'achat
est versé immédiatement au vendeur. Ce prix est établi par des courtiers
suivant le système d'enchères privées.
Unités des mesures. — L'unité de mesure des olives est le moud, qui,
suivant les régions, vaut, pour les olives, 16 à 20 kilos. Le multiple du
moud est le kédib (pour Meknès) qui vaut 36 mouds et la kharouba (pour
Marrakech) qui contient, en moyenne, 175 kilos l'olives. La kharouba est
une unité de volume correspondant à 254 litres.
Prix des olives. — Le prix de l'olive varie considérablement d'une
année à l'autre, et même durant une campagne, suivant la qualité et la
provenance. Les olives gaulées en fin de campagne, contenant plus d'huile
que celles gaulées en octobre se vendent beaucoup plus cher.
Teneur en huile des olives. — La contenance en huile des olives est
extrêmement variable suivant les espèces, l'époque de la cueillette, l'irri-
gation subie par les oliviers et la durée de la conservation en silo.
En ce qui concerne ce dernier facteur, l'observation a appris aux indi-
gènes que des olives conservées en silo pendant 6 mois perdraient 1/:^
de leur eau de végétation et, par conséquent, le poids de l'huile obtenue
était plus élevé par rapport au poids d'olives.
A titre d'indication, le pourcentage d'huile fourni par certaines olives
de la région de Marrakech, pressées dans les moulins arabes, varie do
12 à 22 % suivant la provenance. A Fez, ce rendement oscille entre 9 et
20 %. Mais il faut noter qu'un meilleur parti peut être tiré des olives, par
l'utilisation d'un outillage moins rudimentaire.
Prix des olivettes. — Le prix des olivettes se calcule par arbre et sui-
vant le rendement. En raison du régime de propriété indiqué plus haut,
il est bon de conseiller à une personne désirant acheter une plantation,
de prendre des précautions sérieuses en vue de faire établir les titres de
propriété définitifs.
i
— 65 —
Prix des terrains à planter. — Ces prix sont extrêmement variables
suivant la région el la nature du sol. Un voyage d'études peut seul don-
ner à ce sujet des renseignements précis.
HUILERIES INDIGÈNES
De tout temps, il y a eu au Maroc une grande quantité d'huileries
indigènes. Depuis un certain temps, quelques huileries européennes sont
venues s'installer, apportant avec leur outillage moderne la possibilité de
tirer un meilleur parti des fruits récoltés, mais n'épuisant pas toutefois,
les ressources entières du pays.
Nombre et régime des huileries indigènes. — Les industries indigènes
sont excessivement nombreuses. Marrakech en compte 17, dans ses murs;
Meknès et sa région en possèdent 75 (dont 23 à Moulay Idriss); Fez en a une
vingtaine environ; dans le Maroc Oriental, on estime à 30 le nombre d hui-
leries installées dans le cercle de Debdou.
Il y a, en outre, dans la plupart des olivettes, des moulins a olives
et des presses, installés en plein vent, ne travaillant qu'en hiver, sur des
olives fraîches.
Les installations industrielles sont ou publiques ou particulières.
Les mstallations particulières sont rarement la propriété d'une seule
personne. Mais les propriétaires indivis d'un moulin ne peuvent s'opposer
à la location du pressoir, nul ne peut les contraindre, non plus, à sortir de
l'indivision.
Epoque de travail. — Les moulins indigènes travaillent à plein de
novembre à mars, dans la région de Marrakech, de mars à juillet dans la
région de Meknès, en dehors de cette période, le travail est irrégulier et
suit la demande.
Frais de fabrication. — Le prix de la location à Marrakech d'une hui-
lerie comprenant deux pressoirs pouvant traiter en un mois 20.000 kilos
d'olives, varie aux environs de 300 francs par mois, suivant l'état du
matériel et" suivant la demande.
Les frais mensuels peuvent être calculés comme suit :
Gages des ouvriers 175 à 200 frs.
Nourriture de l'animal moteur 100 frs.
Redevance au propriétaire 10 frs.
A Meknès, les différents frais sont calculés par rapport à la quantité
d'olives que l'on peut presser pendant deux jours : 75 mouds de 25 kilos;
pour ce travail, les 4 ouvriers employés par huilerie reçoivent, à eux
quatre, 17 fr. 50 plus 1/4 de kolla d'huile (kolla do 18 litres).
Le propriétaire de l'huilerie, qui fournit également l'animal moteur,
reçoit, par 75 mouds pressés, 10 francs pour l'animal et 10 francs pour
l'huilerie.
A Fez, la location d'une huilerie pouvant traiter 126 mouds d'olives
par pressoir, en 10 jours (1 moud : 10 kgs), se paie :
Peur 2 pressoirs 3.500 frs.
— 3 — 5.000 —
La location dure deux ans.
— C6
Gage des ouvriers. — 20 francs par jour 3 ouvriers, nourriture de
l'animal moteur : 2 fr. 50; redevance au propriétaire : 120 francs pour
125 mouds, plus 2 kollas (kolla 10 litres) d'huile.
Un système très fréquemment employé consiste à payer le proprié-
taire par pressées de 12 kharoubas par exemple. Dans ce cas, la rémuné-
ration se fait partie en huile. Les ouvriers sont également payés en nature.
L'animal moteur étant fourni par le propriétaire et locataire donne une
charge de paille et 1/4 de kharouba de fèves (Marrakech).
Pour 900 kilos d'olives pressées, fournissant 224 litres d'huile, le
propriétaire de l'huile abandonne au propriétaire du pressoir : 7 litres, au
propriétaire de l'animal : 7 litres, aux aides : 7 litres.
Caractéristiques des huiles indigènes.
leries indigènes sont les suivantes :
Les caractéristiques des hui-
MARRAKECH
Indice de saponification
Acides libres %
Densité à 15°
Indice de \ huiles
Réfaction } acides gras fluides....
Indice î huiles
d'iode ^ acides gras fluides
, (fluides
Glycendes {
( concrets
Oléaréfractomètre \ Amagat et Jean
0.9177.5
3.94
190.4
1.4608
1 4GII0
87.20
97 53
93.7
G. 3
6.4
0.91.")8
3.97
190.00
1.4670
1.459.5
84.74
93.05
95.1
4.9
1.5
0.9149
4 . 38
189.7
I .4620
1.4398
83.80
91.39
96.0
4
1.2
Coutumes du commerce indigène. — En principe, toutes les transac-
tions effectuées en huile, doivent se passer au marché de l'huile, qui est
contrôlé par un Amin. Toute l'huile vendue est mesurée par des mesu-
reurs officiels dépendant de l'Amin. Un titre authentique est alors établi
et constate l'importance de chaque transaction. Le mesurage donne lieu
à la perception d'une taxe, qui, à Fez et Marrakech est de 0 fr. 50 par
kolla de 10 litres et, à Meknès, de 0 fr. 10 par kolla de 18 litres.
En pratique, il n'y a guère que l'huile venue de l'extérieur de la \ille
qui passe au marché des huiles. Lorsque la livraison a lieu au moulin,
l'Amin envoie un mesureur qui perçoit les 0 fr. 06 par kolla livrée. Ces
frais sont à la charge du vendeur.
Moyens financiers des indigènes. — Les acheteurs de récoltes possè-
dent rarement les capitaux suffisants pour tirer tout le profit qui résulte-
rait de la fabrication et de la mise en stock de l'huile, jusqu'au moment
opportun pour la vendre à la consommation. Il s'est donc créé un système
d'opérations qui, tout en mettant à la disposition des industriels les
moyens financiers dont ils ont besoin, entraîne un partage de bénéfice avec
les capitalistes ou commerçants qui prêtent le concours de leurs fonds.
— 67 —
C'est quelquefois à partir de juillet quand la spéculation est active,
mais surtout vers le mois de septembre-octobre que se traitent ces affaires;
alors qu'il est devenu jwssible de se rendre compte des promesses de là
récolte pendante. -
Comme la fabrication durera longtemps, il ne peut convenir aux ache-
teurs d'olives d'attendre des mois pour vendre leur huile. Ils la vendent,
donc contre paiement immétliat, mais pour livraison future, de février à
mai par exemple.
Gela permet aux fabricants de se procurer les fonds dont ils ont
besoin pour leur industrie et notamment pour payer les olives.
Le capitaliste ou commerçant achète donc l'huile sur l'éloigné, mais à
un prix inférieur au cours du marché au jour du contrat, puisque le
débours est immédiat et que l'acheteur endosse les aléas de variations de
cours.
INDUSTRIES EUROPÉENNES
Industries existantes. — Les industries européennes sont encore peu
nombreuses au Maroc.
On compte : Dans la région de Meknès, à Moulay-Idriss, l'huileriq
moderne du Zerhoun, appartenant à la Société des Scieries de l'Alas traite
à peu près la totalité des olives de la région.
A Meknès, une petite huilerie moderne fournit 400 à 500 hectolitres
d'huile par an.
A Fez, l'huilerie Nataf et Compagnie (2 presses hydrauliques,
i broyeur) traite 1 à 2 tonnes d'olives par jour et voit toute sa production
d'huile absorbée par la ville.
La Société industrielle de l'Oranie, au Maroc, a commencé à la Ville
nouvelle sa fabrication d'huiles. Elle produit mensuellement 450 quintaux
d'huile surfine et 150 quintaux d'huile de deuxième qualité.
.4 Marrakech. — La Société des huileries et savonneries chérifîennes
peut presser 9.000 kilos d'olives et produire 1.500 kilos d'huile par 24 heu-
res. Mais elle est actuellement très gênée par des difficultés d'approvi-
sionnement en olives.
L'huilerie de l'Atlas peut presser 3.000 kilos d'olives par 24 heures.
Cette usine possède, en outre, le matériel nécessaire à la fabrication du
savon dur dit « de Marseille ».
La Société lyonnaise de Commerce et d'Industrie (huilerie de Tames-
laouet) peut presser 9 à 10.000 kilos d'olives par jour.
Enfin la firme allemande Mannesmann, avait importé \xu petit maté-
riel et procédait à des essais au moment de la guerre. Le séquestre des
biens allemands a loué ce matériel au pacha de Marrakech. Cette huilerie
n'aurait pas encore fonctionné.
LES GRIGNONS
Contenance en huile. — Les grignons de la fabrication indigène con-
tiennent de 11 à 15 % d'huile. Ceux sortant des presses européennes ne
contiennent que 7 à 9 % de matières grasses.
— 68 —
Emploi des grignons. — Ces résidus de l'industrie des huiles, ne sont
pas traités au Maroc. Ils sont vendus par le propriétaire des olives aux
boulangers, aux hammam, aux fabricants de briques, qui les utilisent
comme combustibles dans leurs fours.
Il y a une grande demande pour ces grignons, demande devenant
beaucoup plus forte en hiver, quand le ravitaillement en bois est particu-
lièrement difficile et diminuant un peu en été.
Prix. — La rareté des autres combustibles a donc fait atteindre aux
grignons des prix élevés qui s'élèveront encore si la demande devient plus
forte. Les cours varient entre 25 à 80 francs la tonne, pris au moulin.
Industrie des grignons. — Aucune industrie d'extraction de l'huile des
grignons ne fonctionnant, actuellement, il est difficile de donner des rensei-
gnements à ce sujet. Toutefois, il semble peu probable qu'une usine trai-
tant uniquement les grignons puisse avoir des chances de réussite. Nulle
part, il ne se trouve de matière première en assez grande quantité ix>ur
assurer un fonctionnement continu avantageux de cette industrie.
La nécessité d'avoir beaucoup d'eau, ne permettrait d'envisager une
telle installation qu'à Fez. Or, cette ville a l'inconvénient d'être distante
de 218 km. du port de Kénitra qui la dessert.
D'autre part, les boulangers n'ayant pas d'autre combustible pour ali-
menter leur four, disputeront les résidus de la fabrication des huiles a prix
d'or. L'élévation du prix diminuera l'intérêt qu'il y a à traiter les gri-
gnons.
Le Lin
Parmi les plantes oléagineuses autres que l'olivier, le lin est celle dont
la culture est la plus répandue au Maroc. Les hauts prix atteints par
cette graine, dans ces dernières années, avaient poussé au développement
de la culture de cette plante.
Quoiqu'on la rencontre dans presque tout le Maroc Occidental, c'est
surtout dans les Doukkala et les Chaouia que cette culture est importante
ainsi que l'indique le tableau suivant :
1918 1919 1920 1921
Chaouia : 12.116 hect. 17.866 23.523 9.540
Doukkala : 3.226 hect. 9.375 13.625 6.040
La teneur en huile des graines de lin au Maroc est de 32 à 38 %,
c'est-à-dire qu'elles sont aussi riches que les graines de Russie, sauf dans
la région d'Odessa.
L'exportation en fut interdite, pendant une certaine période, au
moment de la guerre. Depuis qu'elle a été permise, les chiffres ont été les
suivants :
Tonnage Valeur
1919 16.591.123 k. 21 .044.162 frs.
1920 17.911.773 k. 24.944.227 frs.
I
— 69 —
La France vient au premier rang pour ces exportations suivie par
l'Angleterre et l'Espagne. Les quantités exportées, en 1920, à destination
de ces diverses puissances sont les suivantes :
France 9.621.789
Angleterre 5.781.928
Espagne 2 . 282 . 743
La valeur moyenne du quintal était de 140 francs, en 1920. La chute
du prix entraîna, en 1921, une régression des surfaces ensemencées, la
valeur actuelle du quintd est de 97 francs et les transactions sont ralenties.
Les semis do lin se font dans le courant de l'automne et jusque dans
les premiers joure de février. Les lins à courte végétation donnent moins
de graines.
La presque totalité des surfaces ensemencées en lin, au Maroc, vise
à la production de la graine.
La quantité de semences employée est d'environ 70 litres par hectare.
Le rendement très variable suivant les localités et les années était, en
moyenne, de 6 quintaux à l'hectare.
L'utilisation des tiges de lin à graine n'a pas été entreprise, au Maroc,
bien que des industriels se fussent proposés à la fin de la guerre de traiter
ces tiges par un procédé spécial pour en fabriquer une étoupe hydrophile.
Ces tiges pourraient être employées, le cas échéant, ix>ur la fabrication
de la pâle à papier.
Amandes et Noix
Les amandes et les noix font l'objet d'un commerce assez important
dans les ports du sud. Il était exporté du Maroc en 1920 :
Amandes 2. 192.357 k.
Noix 9.543 k.
La destination de la plus grande partie de ces denrées est l'Angleterre
qui, sur le tonnage précédent, absorbait :
Amandes 1.675 k.
Noix 1.764 k.
Viennent ensuite : la France, pour les amandes, avec 437.191 kilos et,
pour les noix, le Portugal avec 7.150 kilos.
La culture du noyer ne prendra de l'importance que lorsque des ver-
gers s'installeront sur les pentes de l'Atlas, celle de l'amandier est suscep-
tible de prendre, au Maroc, un grand développement.
Arganier
Le produit de l'arganier est utilisé pour la consommation locale. Les
peuplements sont limités et ne présentent qu'une ressource peu impor-
tante.
— 70 —
Ricin
Le ricin existe presque dans toutes les régions du Maroc à l'état siX)n-
tané. Il n'est cultivé nulle part en vue de la production de la graine.
Cependant, le commerce signale de petites exportations en 1918-19 et
20. Elles étaient les suivantes :
1918 3.957 kilos
1919 35.708 —
1920 7.447 —
Sur les dunes de Mogador, une plantation très sérieuse fut faite en
vue de la fixation des sables; 1.250 hectares sont actuellement recouverts
de ricin. Les peuplements de belle venue peuvent fournir 10 quintaux do
graines par hectare et par an. Sur les peuplements mal venus, le rende-
ment est, en moyenne, de 1 à 3 quintaux.
Deux adjudications de graines de ricin ont eu lieu à Mogador, l'une,
en 1920, portant sur 200 quintaux, l'autre, en 1921, sur 682 quintaux. Une
troisième aura lieu cette année et portera sur 800 à 1.000 quintaux.
Les résultats de ces essais font ressortir que les rendements du ricin
dans les dunes sont très variables et que les résultats financiers de cette
culture sont beaucoup trop incertains pour qu'elle puisse être indus-
trialisée.
Rabat, le 23 mai 1922.
LA REGRESSION
DES
OLÉAGINEUX A MADAGASCAR
Rapport de
M. Paul DESLOY,
Ingénieur agronome, jilanleur à Mahebo (Amb/lobé), Madagascar
En l'état de déséquilibre général oii se trouvent en fait depuis 1914
les rapports entre la production et la consommation, il pourrait sembler
téméraire de faire autre chose, dans un examen de la situation, qu'un
exposé d'ensemble des fluctuations par lesquelles sont passés ces rapiwrts,
en ce qui concerne les matières grasses coloniales.
Des pronostics sur l'avenir des entreprises agricoles ou industrielles
qui en dépendent, voire même de simples prévisions semblent impossi-
bles. On ne peut guère, en effet, se baser que sur des apparences ou des
états de fait momentanés extrêmement sensibles à des causes que l'on
pourrait croire lointaines et qui, pourtant, les influencent irrésistiblement.
Dans ces conditions, l'évolution des grandes cultures coloniales,
depuis le début de la guerre mondiale, est une chose difficile à suivre,
parce que la valeur des produits qu'elles répandent dans le monde et qui
est la mesure de leur extension a été soumise à des variations qu'il n'était
donné à personne de prévoir.
Dans toutes les régions coloniales où l'agriculture ne s'est pas, de
longue date, nettement pécialisée, on peut noter ou on pourrait noter une
certaine indécision et comme un flottement en ce qui concerne la voie à
suivre de façon définitive : nul doute, par exemple, que la côte nord-ouest
de Madagascar ne fut devenue un pays riche en plantations de cocotiers
si, aux difficultés nées de la guerre, n'étaient venues s'ajouter les varia-
tions désordonnées des cours du coprah, rendant sans attrait toute entre-
prise spéculative à longue échéance. Il sera facile d'arguer de certains
échecs l'éloignement actuel des planteurs pour cette culture, il n'en reste
pas moins que l'intérêt bien compris des sociétés qui se consacrent
actuellement aux cultures vivrières, leur conseillait de se constituer des
réserves sous forme de coooteraies dans la zone immédiatement voisine des
palétuviers, peu utilisable pour d'autres cultures : deux canaux servant à la
fois au drainage et à l'irrigation, comme cela se fait en Cochinchine,
auraient, sans grands frais, assuré le succès de telles plantations.
C'est, par conséquent, un signe irréfutable de voir aussi bien les
colons travaillant individuellement que les sociétés à moyens d'action plus
— 72 —
puissants laisser nettement de côté ce qui fut, naguère, fobjet de tant
d'enthousiasme, ce cocotier, dont les plantations méritèrent des auteurs
anglais le nom de « Consolides de l'Orient » et suscitèrent des booms finan-
ciers analogues à ceux du Para!
Qui donc, en effet, aujourd'hui accepterait de faire les longs sacrifices
que demande une telle culture pour n'en tirer qu'un revenu dont la
valeur nette atteint à peine celle d'avant-guerre et dont l'avenir est d'une
incertitude à laquelle on n'eut jamais pu songer avant 1914 ? A cette épo-
que, déjà si lointaine, les esprits avertis signalaient l'effort qui se dessi-
nait vers l'élaeis, les plantations faites de ce palmier, mais n'imaginaient
pas comme possible qu'une surproduction des matières grasses coloniales
fut jamais à craindre et la guerre elle-même consonmmatrice de tous les
stocks semblait une cause pour laquelle l'extension des cultures devenait
souhaitable.
Le mouvement qui avait provoqué la création des palmeraies d'élaeis
s'était étendu d'ailleurs à mainte autre matière grasse. L'arachide, notam-
ment avait vu ses produits être l'objet d'une demande telle que son airse
d'expansion s'était notablement étendue, cependant, pour une culture
annuelle de ce genre, il est difficile de déceler si la grande baisse de
valeur qui a frappé ses produits doit amener pour elle une défaveur aussi
nette de la part des agriculteurs, car ici intervient soit la question d'assole-
ment, soit la question de culture exclusivement spécialisée en sols sableux.
De plus, il s'agit là, comme on peut aussi le noter pour le sésame, de cul-
ture pratiquée surtout par les indigènes, lesquels subissent plus passive-
ment les variations de prix.
Quoiqu'il en soit, il est permis de penser que, sauf dans les régions
absolument spécialisées, l'effort a une tendance a être moindre en ce qui
concerne les nouvelles plantations ayant pour but les matières grasses colo-
niales, non pas qu'une diminution sensible de production puisse être
d'ores et déjà à redouter, mais une désaffection certaine de toutes les
entreprises vis-à-vis de ce genre de culture peut être observée dès mainte-
nant. Ces fluctuations d'engouement, cette mode, pourrait-on dire, pour
tel ou tel genre de plantation sont extrêmement faciles à observer pour les
plantes à production suffisamment rapide, c'est ainsi que l'extension des
vanilleries suit un rythme bien marqué et nettement observable.
Il en est autrement pour les grandes cultures à longue échéance, de
sorte qu'il serait peut-être imprudent d'affirmer que les surfaces destinées
dans le moment présent à de nouvellles plantations de cototiers ou d'élaeis
sont moindres que naguère, mais c'est une probabilité qui touche à la cer-
titude. En tout cas, pour les régions de Madagascar oîi, il y a peu de temps,
le cocotier se trouvait en si grande faveur, il est tout à fait visible qu'il est
actuellement en voie de régression, non pas du fait de la disparition de
plantations âgées ou mal situées, mais uniquement pour des raisons éco-
nomiques rendant peu attrayante une telle spéculation, plus particulière-
ment quand il s'agit de la mise en valeur de riches alluvions de plaine,
dont le rendement en produits alimentaires est singulièrement plus élevé
et plus certain.
Il est remarquable que les efforts de Gnlliéni, il y a 20 ans, en vue de
faire de Madagascar un pays grand exportateur de coprah, n'ont abouti
qu'à des résultats tout à fait isolés, non pas que les éléments matériels
eussent manqué pour une réussite, mais parce que, dès le début, il fut
— 73 —
constaté que les terrains de choix ont un revenu plus avantagreux par
d'autres cultures, et que, pour ce qui est des terrains de qualité moindre,
nul ne s'est, à ce jour, soucié d'y faire grande mise de fonds ix)ur un
revenu lointain, et qui, pour le cocotier, semble devenir désormais insuf-
fisamment rémunérateur.
Les conditions ayant changé au point de vue économique, le problème
se pose bien différemment et sa solution n'est plus aussi intéressante. Voàlà
le fait brutal. Quant à penser qu'un renouve<au de plantation puisse se
produire si le coprah venait à reprendre une place normale dans les
« Index Numbers » ce serait sans doute une erreur, en ce sens, que la
marche en avant des autres cultures ne laissera bientôt plus au cocotiers
assez de place pour être autre chose qu'un accessoire. Il en serait de même
des autres cultures de matières grasses, s'il en existait à Madagascar,
comme cela eut été possible, nul pays n'étant plus favorable à cette pro-
duction que la Grande Ile. Mais n'avons-nous pas vu les essais plus ou
moins administratifs de ricin aboutir à un résultat végétatif remarqua-
ble et... à un fiasco économique, des surfaces plantées en sésame arriver à
promettre de beaux résultats, mais non poursuivis et tôt abandonnés, voire
des étendues alignées de pignons d'Inde dont la résistance à tout aléa sem-
blait assurer une réussite complète, mais dont l'initiateur ne fit même pas
la récolte ?
Nul doute que dans des pays tropicaux à moyens plus puissants ou à
population plus dense, de tels essais eussent été couronnés d'un plein suc-
cès. Pour Madagascar, au contraire, ils sont restés bien souvent presque
au point de départ pour la raison que les directives économiques générales
de la colonie ont changé plusieurs fois de but en un court laps de temps,
ce qui est dû aux possibilités si nombreuses qu'elle présente et qui l'empê-
cheront au doute de jamais se spécialiser largement dans telle ou telle
branche de production.
Pour ce qui est de matières grasses, on avait escompté que Madagascar
deviendrait assez rapidement grande exportatrice de coprah, alors qu'il
ne semble pas qu'elle doive parvenir à en fournir beaucoup plus de mille
tonnes, chiffre infime, en égard aux besoins de la Métropole.
On pourrait commenter avec un peu de tristesse ironique les illusions
d'une administration bien intentionnée distribuant, jadis, dans toute une
région de l'île des noix de semences à de nombreux villages indigènes avec
l'idée que ces premiers encouragements seraient la base de peuple-
ments étendus de cocotiers; l'idée eut été bonne si elle n'eut été à rencontre
de la mentalité indisrène, mais l'échec complet qu'elle a subi n'implique
nullement que, certain jour, l'essai ne soit pas renouvelé sur nouveaux
frais et avec les mêmes résultats, puisque l'on est témoin de l'encourage-
ment, encore actuellement donné à la plantation de groupes épars de quel-
ques cocotiers par les indigènes, groupes, qui, mal entretenus sont des
foyers de tous parasites et maladies.
Pour ce qui est des autres matières grasses végétales, l'avenir de la
production de Madagascar semble en être également très limité, non seu-
lement parce que l'efïort de la colonisation européenne ne semble pas de
longtemps devoir y être attirée par des bénéfices culturaux intéressants
mais aussi, parce que nulle part l'indigène ne s'est, dans telle ou telle
région de l'île, spécialisé dans la plantation d'oléagineux, comme cela se
voit, par exemple au Sénégal, pour l'arachide.
— 74 —
Celte dernière, le sésame, le ricin et nombre d'autres graines à huile
font partie de ces possibilités dont nous pourrions dire qu'ti Madagascar
leur trop grand nombre est peut être un obstacle à une vision précise d'un
clair avenir. Une entreprise qui y consacrerait, dans des conditions bien
choisies — et elles abondent — efforts intelligents et capitaux suffisants
serait assurée d'y réussir brillamment, sans que cela n'implique nullement
qu'il n'y aurait pas pour elle un plus grand avenir dans d'autres spécula-
tions. De celles-ci, les unes ont déjà fait leurs preuves et donné un remar-
quable essor à certaines régions, les autres, favorisées par les besoins mon-
diaux actuels, méritent vivement de retenir toute l'attention de coloniaux,
en admettant même de courir certains risques d'essais et de demi-échecs
préliminaires et précurseurs d'un succès dont le retentissement serait con-
sidérable .
C'est un fait d'évidence que manioc et canne à sucre ont, d'ores et
déjà, fait la preuve que, dans d'immenses plaines de Madagascar leur cul-
ture était, en ce pays neuf à main-d'œuvre momentanément encore assez
facile, une des entreprises les plus rémunératrices.
Il est, d'autre part, fort probable que les besoins mondiaux actuels
vont faire reprendre vers le coton des tentatives autrefois ébauchées et dont
la conclusion ne fut pas nette, ou fut trop hâtivement interprétée comme
négative.
Sans préjuger de l'avenir cotonnier de notre colonie, on doit souhaiter
qu'il devienne brillant pour fournir à la Métropole, non seulement la fîhro
dont elle a un si impérieux besoin, mais aussi le produit accessoire oléa-
gineux de la graine dont l'exportation, étant donné les surfaces considéra-
bles convenant à la culture cotonnière dans le nord de l'île, pourrait deve-
nir des plus im]X)rtantes et compenser le déficit probable que marqueront
les autres oléagineux de la colonie.
LES OLÉAGINEUX
EN AFRIQUE ÉQUATORIALE
I
Rapport de
M. THOMANN,
Lieutenant-Gouverneur du Moyen-Congo
« Le peu de temps qui m'est laissé pour l'établissement de ce rapport ne
m'a pas permis, comme cela a été fait en 1918, d'ouvrir une enquête dans les
circonscriptions, enquête qui eût servi à mettre au point l'étude de cette
question. La présente lettre ne contient donc que les renseignements déjà
réunis au chef-lieu, lesquels ne peuvent d'ailleurs qu'être peu nombreux,
après le compte-rendu complet qui a été fait voici quatre ans pour le Con-
grès d'Agriculture Coloniale organisé pour l'Union Coloniale.
« Les principaux produits oléagineux exploités dans la colonie sont
toujours c«ux du palmier à huile : amandes de palme et huile de palme.
« L'exploitation de certains autres produits, tel que le pentachletra
macrophyllia (graines d'owala) et le ricin, a été également tentée, mais,
comme nous le veri-ons par la suite, ces tentatives ont été à peu près infruc-
tueuses.
PALMIER A HUILE
« Jusqu'en 1917, les firmes européennes installées dans la colonie
avaient négligé les oléagineux pour le commerce de l'ivoire et du caout-
chouc qui, malgré des fluctuations diverses, leur assurait d'importants
bénéfices.
« En 1917, le Gouvernement français ayant fait connaître qu'il se ren-
dait acquéreur de la totalité de la production de l'A. E. F. sans limitation
de quantités, en payant 600 francs la tonne d'amandes, 1.100 francs la
tonne d'huile franco Brazzaville et en prenant à sa charge le fret, l'assu-
rance et les déchets, les transactions sur les palmistes et l'huile de palme
prirent brusquement un développement considérable.
« Dès que les prix ci-dessus furent connus dans le pays, les indigènes
et les colons, secondés par les Administrateurs rivalisèrent d'activité pour
intensifier la production.
— 76 —
« Cette activité exceptionnelle dura toute l'année 1918. Elle commença
à tomber dans les premiers mois de 1919 lorsque la guerre étant terminée,
l'on apprit que le contrat passé par l'-Etat n'était pas renouvelé. Depuis
cette épque, les exportations n'ont fait que diminuer.
« Le commerce des palmistes et de l'huile de palme fut, en effet, par
la suite, loin d'être aussi rémunérateur que durant les hostilités.
« Ne pouvant plus vendre leurs produits à Brazzaville, les exporta-
teurs durent d'abord tenir compte du manque de régularité existant dans
les services maritimes désorganisés par la guerre.
« Par ailleurs, la production du Congo étant entièrement évacuée par
le chemin de fer belge Kinshasa-Matadi, cette vie se trouvait et se trouve
encore souvent encombrée. De ce fait, les commerçants devaient, naturel-
lement, être amenés à expédier de préférence les produits dont l'écoule-
ment était le plus avantageux, ce qui excluait les palmistes et l'huile de
palme comme nous le verrons plus loin.
« D'autre part, les prix de transport ne cessaient d'augmenter ainsi
que le démontre le tableau ci-dessous :
Compagnie des Messageries fluviales du Congo Oitesso-Brazzaville
1916 Frs. 100 la tonne
1918 100 >>
1919 100 »
1920 150 »
Chemin de fer Kinshasa-Matadi
1914 Fhs 17,55 la tonne
1917 33,54 »
1918 50,70 »
1920 78,20 ..
Fret Matadi-Bordeaux (Compagnie des Chargeurs Réunis)
1915 Frs. 78 la tonne
1916 97 ..
1919 140 >.
1920 330 ..
« Enfin, tandis que les prix de transport marquaient cette ascension,
la valeur marchande sur les marchés d'Europe était constamment réduite.
Sur la baisse des cours des oléngineux, l'Institut Colonial do Marseille
est mieux que quiconque, en mesure de fournir une documentation com-
plète. Il me suffira donc de dire ici que, par suite de cette baisse, le prix
du kilogramme de palmistes qui, dans certaines régions souveraines du
Congo s'était élevé jusqu'à 0 fr. .55 en 1918, n'atteignait pas 0 fr. 15 en 1921.
Aussi la diminution des exportations signaéo plus haut n'a-t-elle rien qui
puisse surprendre. Ci-dessous, les chiffres expriment l'évolution qui s'est
produite à cet égard depuis 1913.
— 77 —
Exportations
Amandes de palme Huile de palme
kgs. kgs.
1906 " 9.546
1907 •' 14.258
1908 » 13.G80
1909 » 14.900
1910 5.530 18.787
1911 6.119 22.892
1912 » 26.310
1913 20 21.290
1914 148.032 6.030
1915 543.350 43.446
1916 2.068.573 61.821
1917 5.352.00C 200.000
1918 15.926.000 359.000
1919 7.605.900 216.000
1920 4.623.996 231.708
1921 3.757.476 250.000
« Le rapport établi en 1918 et auquel il a déjà été fait allusion, indi-
quait les mesures prises jusqu'alors par l'Administration pour assurer le
développement du commerce des palmistes et de l'huile de palme. Ces
mesures avaient consisté, notamment, à faire créer des plantations d'élaeis
par les indigènes et à aménager les peuplements existants.
« Par suite des difficultés rencontrées dans l'écoulement des produits,
il n'a pas été possible de demander aux autochtones de continuer le même
effort dans les deux sens.
« Cependant, l'autorité locale ayant foi dans l'avenir du commerce
des oléagineux, a encore fait créer quelques nouvelles plantations et déve-
lopper celles existantes. A l'heure actuelle même, des milliers de pieds
sont mis en terre chaque mois, dans les régions les plus favorables à la
culture de l'élaeis.
« Une société concessionnaire, la Compagnie française du Haut Congo,
continue aussi à planter le palmier à huile et à aménager les palmeraies
existant sur son territoire.
« Ajoutons, en ce qui concerne spécialement le commerce de l'huile
de palme, que les firmes européennes n'ayant pas toujours les récipients
nécessaires, l'Administration a fait fabriquer, pour en assurer le logement
et, par suite, en faciliter le transpart, des tonnelets creusés dans le tronc
des arbres et fermés à leur extrémité libre par une peau d'antilope ou un
couvercle en bois. Quant aux produits du palmier raphia, au sujet des-
quels je n'ai rien à ajouter aux renseignements fournis en 1918, ils ont
subi les mêmes vicissitudes que ceux du palmier à huile.
Pentachletra macrophylla (Graines d'Owala)
« C'est en 1916 qu'ont eu lieu les premières exportations de pentach-
letra. Elles ont été de 117 tonnes : 50 tonnes pour la France, 67 pour l'étran-
— 78 —
ger. De celles-ci une partie aurait été utilisée en Espagne à remplacer le
chocolat de qualité secondaire.
« 1918, les exportations s'élevèrent à 187 tonnes. Cette augmentation fut
causée par les achats du Ministère du Ravitaillement, mais ces achats
ayant cessé au commencement de 1918, le commerce de ce produit fut
complètement délaissé.
« La valeur marchande, dans la colonie, n'a jamais dépassé 15 centi-
mes le kilogramme.
« Des échantillons de graines d'Ov^ala ont été envoyés à l'Institut Colo-
nial de Marseille et à l'Office Colonial à Paris qui devaient en faire l'ana-
lyse.
*
« Le ricin existe, au Moyen Congo, à l'état spontané. La culture en fut
entreprise en 1918 à la suite de la réquisition des oléagineux par le Gou-
vernement.
« Les graines furent distribuées aux indigènes dans plusieurs régions.
« D'avril à mai 1918, des plantations d'essai ont été établies et en ont
fourni deux tonnes, dont 1.500 kilog. ont servi à créer des plantations nou-
velles.
« Les superficies ensemencées comprenaient, globalement, un millier
d'hectares au commencement de 1919.
« C'est alors qu'on constata les difficultés auxquelles se heurtait la
vente de ce produit dont l'écoulement avait paru primitivement assuré.
Une ou deux firmes consentirent, cependant, à acheter la production à un
prix qui ne dépassa jamais 0 fr. 20 le kilog. Or, le seul décorticage d'un
kilogramme demandant une journée de travail à un indigène, on voit com-
bien l'exploitation de ce produit est peu rémunératrice.
« L'Administration n'a pu, il va sans dire, continuer à pousst^' les
autochtones à l'extension de^cette culture.
« Cependant, celle-ci n'a pas été entièrement abandonnée et de petites
plantations sont encore entretenues autour des villages.
« Il ressort de cet exposé que la population indigène, dirigée par
l'Administration, a fait des efforts très appréciables pour répondre aux
demandes du commerce en oléagineux. Mais, trop souvent, il lui est arrivé
de se voir refuser ses produits après que, suivant les indications qui lui
avaient été données, elle avait longtemps travaillé à en accroître les quan-
tités exportables. Inutile d'ajouter que ces refus, provoqués par la baisse
des cours qu'elle ne comprend pas, ont produit chez elle une très pénible
impression.
'« Quoiqu'il en soit, la colonie reste toujours riche en oléagineux, mais
ce commerce ne pourra prendre la place à laquelle il aura droit, que lors-
que les cours seront sensiblement relevés en Europe et que les frais
de transport auront notablement diminué. La construction du chemin de
fer Brazzaville-Océan contribuera à aplanir les difficultés que fait surgir la
question des transjwrts. Quant à l'élévation des prix d'achat, elle est sulx>r-
donnée aux besoins mondiaux et aux mesures qui seront prises dans la
Métropole.
« Brazzavile, le 27 mai 1922 ».
— 79 —
II
Rapport de
M. LAMBLIN,
Lieutenant-GouLcrneur de l'Oubangui-Chari
Seule, sera traitée dans ce rapport la question des matières grasses
d'origine végétale. Il n'existe pas, en effet, dans la colonie, de matières
grasses d'origine animale, et la question de l'utilisation des sous-produits
oléagineux ne se pose pas dans l'Oubangui-Chari où n'existe ni l'élevage
du gros bétail ni culture intensive capables d'utiliser ces sous-produits
pour la nourriture du bétail ou pour l'engrais.
Les oléagineux produits dans l'Oubangui-Chari sont la noix palmiste,
l'arachide, le sésame, le karicé, le ricin.
NOIX PALMISTE
La noix palmiste n'est récoltée que dans la zone fluviale bordant
l'Oubangui, du seuil de Zinga au confluent M'Bomou-Ouellé. Les peuple-
ments d'Eleis Guinéensis qui la fournissent existent principalement dans
la région Mobaye-Ouanga et dans la région immédiatement en aval de
Bangui. Ailleurs, on ne les rencontre guère qu'en bosquets isolés sur le
cours inférieur des rivières qui affluent à l'Oubangui. Ils disparaissent à
peu près complètement au nord du 5° degrés 30'.
Ces palmeraies naturelles ont été, de tout temps, exploitées par les
indigènes pour l'obtention de l'huile et du vin de palme. Avant 1915, le
commerce local ne s'était jamais occupé des noix palmistes, non plus que
d'aucun autre oléagineux; les cours pratiqués en Europe étaient, en effet,
insuffisants pour permettre à ces produits de supporter les frais de trans-
poiis. En 1915 et surtout en 1918-1919, se développa, en raison des hauts
prLx offerts pour les matières grasses de toute nature, un actif commerce
de noix palmistes (achetées 600 francs la tonne par le Ministère du Ravi-
taillement aux exportateurs; la baisse sensible, survenue ensuite, amena
un ralentissement notable de la production : l'indigène comprenait mal
qu'un produit qui lui avait été payé jusqu'à 0 fr. 50 le kilog. pût tomber
a un cours voisin de 0 fr. 10. Actuellement, les prix se sont relevés et
atteignent au minimum 0 fr. 15 dans la région Mobaye-Ouango qui fournit
a elle seule les 2/3 de la production totale de la colonie kquelle peut
atteindre 800 à 900 tonnes dans les circonstances les plus favorables.
L'augmentation de cette production au delà de ce chiffre ne peut guère
être prochainement escomptée : les conditions de sol et de climat ne per-
mettent pas l'extension des palmeraies au nord du 5° degré 30', et, dans la
zone même où prospère cet arbre, la population, dont les besoins sont
extrêmement limités et dont l'effort a besoin pour s'exercer de la perspec-
tive d un profit immédiat, ne se préoccupe pas d'étendre ses palmeraies
ou mem.. d'aménager celles existantes pour en obtenir un rendement
meilleur. Pour arriver à ces deux résultats l'inten^enlion administrative est
nécessaire et des instructions dans ce sens ont été données dès 1917 aux
— 80 —
administrateurs de la zone fluviale. La lenteur de la croissance du paJ-
mier à huile ne permet pas de se rendre compte, dès à présent, des effets
que ces mesures auront sur la production.
Aucune plantation européenne de palmiers n'existe dans la colonie, la
rareté l'instabilité et la mauvaise qualité de la main-d'œuvre indigène,
indépendamment d'autres considérations (longue immobilisation du capi-
tal, possibilités de baisse des palmistes en Europe), ne permettent d'ailleurs
pas d'envisager ce mode d'exploitation.
L'exploitation indigène du palmier à huile sera, au contraire, toujours
à encourager, en raison du commerce, d'ailleurs tout local, auquel donne
lieu Vhuile de palme, très recherchée des consommateurs indigènes. Le
commerce européen ne s'y est pas encore intéressé, il est peu probable qu'il
le fasse en raison du coût de la production (faite par l'indigène sans ouUl-
lage d'aucune sorte) et des pertes à craindre au cours du transport qui
nécessite de nombreuses manutentions (trajets Mobaye-Bangui et Bangui-
Kinshassa, par voie fluviale, Kinshassa-Matadi, par voie ferrée, embar-
quement à Matadi).
Toutes les probabilités sont donc pour que, seules, les noix palmistes
continuent à faire l'objet d'une exportation; leur expédition se fait en
paniers confectionnés avec la fibre du palmier-bambou; cet emballage ne
donnant pas toute satisfaction, il serait aisé de le remplacer par des sacs
extrêmement solides fabriqués dans le pays avec la fibre de l'agave et
d'autres textiles indigènes.
L'arachide peut prospérer dans toute l'étendue de la colonie, mais
jusqu'en 1920, elle n'a guère été cultivée par les indigènes que pour leurs
besoins personnels et avec un travail très sommaire (débroussement d'un
sol léger, semis serrés, sarclage rudimentaire, arrachage des tiges ;ni bout
de cinq mois environ et récolte des fruits qu'on déterre à la houe). En
quelques régions, à l'instigation de l'Administration, l'exploitation est
devenue un peu plus rationnelle : semis sur billons, poquets espacés, etc...
Mais, nulle part, il ne peut être encore question, pour les indigènes, de
labours à la charrue, de hersage ou d'arrachage mécanique, faute d'ani-
maux de trait; seule, une entreprise européenne pourrait introduire ces
perfectionnements; malheureusement, le commerce local, soucieux avant
tout de gros profits immédiats, ne s'intéresse guère qu'aux achats et non
aux conditions do production. D'autre part, la colonie, ne possédant pas
de services agricoles, n'est pas en mesure de former à des méthodes nou-
velles les cultivateurs indigènes : les améliorations réalisées dans quelques
régions sont dues, surtout, aux efforts personnels de fonctionnaires et
d'agents joignant à leur connaissance du pays quelque compétence dans
les choses agricoles.
Quoiqu'il en soit, la production d'arachides est, depuis 1920, achetée,
dans la circonscription de la Onaka, par une Société commerciale, la
Compagnie du Kouango français, qui a installé au poste de Kouango sur
rOubangui, une petite huilerie destinée à alimenter la consommation
— dl
locale. Los prix payes aux indigènes oscillent autour de 170 francs la
tonne pour les ai-acmues décortiquées; les producteurs ne s'en estiment pas
très sausiails, car ils detont aiseiaunt, au détail, de leur reculie à U Ir. 20
le kiiog.; il y a lieu, cependant, d'indiquer que l'extension de cette culture
ayant ete ordonnée dans les régions voisines de la Ouaka, la production
aeviondra bientôt telle que le prtx s'abaissera et que le chiflre de 170 francs
sera accepté sans difficultés.
La variété d'ai-achides généralement cultivée appartient au type « afri-
cain ..a fruits moyens, à deux ou trois giames par gousse; le rendement
normal est de 12 à 13 graines pour une de semence. On signale égale-
ment 1 introduction récente d autres variétés, l'une dite « arachide de
Ngaoundere « importée du Cameroun, plus hative et donnant deux récoltes
par an, 1 autre dite « arachide rouge « dont les cosses contiennent 3 à
4 graines et peuvent donner jusqua trois récoltes. 11 a été recommandé
de propager œs deux variétés.
Les sous-produiis de l'arachide (foin et tourteaux] sont totalement
négliges par les indigènes qui ne loossedent que ûu petit bétail (caevres et
œmplèl '°'''' "'"''''■' '^''^''"^'' ^'"''' '°"^''^"'' "' ^ ""^ insouciance
Ln résumé, larachide na, actuellement dans la colonie, dautre utili-
sation (en dehors de la consommation du fruit bouilli ou grillé par l'indi-
g ne) que la fabrication de l'huile. Pour qu'il en soit auti-emen"^ (élevage
dara Sder.w'^r f '"'""^^ '' ^'' *""^^^^"-^' ^^'^"-"^ ^u beurre
d arachide , il faudrait que aes entreprises européennes de colonisation et
aeja citée, en a manifestée 1 intention.
hTm ï L rnT n'^^T- ^^"^^ ^^ •'^^^^^ °^^^^^ (circonscriptions de rOu-
0 fT %t kao^T-A^'-'^ï !' ;'''"'■ '^ ^" °^^'"^ ^" ^^^ de 0 fr. 10 à
u tr. 1 le kilog. L Administration cherche à répandre l'usa-e nour la
dSr t ?""'''' ''""^ P"^" '"^^'^"^ P™P- à ^^- empfeyée'par I :
qutn°trracttT™'''' ^' ''"^^''^ ""' '''''^' '''' J^^^^''^'^ tout local;
quant a lâchât des graines, en vue de l'exportation, il pourrait intéresser
de maisons de commerce qui posséderaient un moyen de transpor Ta
dS hé s'oS V-^^'T ""1 '^"^""^ ^" ^'^^^-^^«" ^' 1^ «>'onie; si ce
-s:^^n •S;i:.:;^ïïi^errt:::i^^™^ --'^' -- -
RICIN
mdi.téitutiHlft"'"'''""'' ^""' ''''''''''' P^^*^« du pays, mais les
asseffo e ^t ïésSn'l""!'"" ^"'- " ^' ^^P^^^ant. été produit en
quantité, dans le. dernières années de la guerre j^our réi3ondre
— 82 —
aux demandes du Ravitaillement. Sa culture en grand a à peu près cessé
aux ^^"l^f ,^",,i^^^,hés S'il s'en ouvrait à nouveau, nul doute quelle
depuis, faute de deboucnes. ^ production se tient dans les
Z^Z^eS:::^^^^^- S-ice Automobile de la cl.
nS qui utut ce lubrifiant, acheté k raison de 200 francs la tonne de
^'''nT'ics tourteaux de sésame ni ceux de ricin ne sor>t employés par les
indigènes comme aliment du bétail ou comme engrais.
KARITE
Le karité ne se rencontre, dune façon fréquente que dans les territoires
situés au r^Trd du 7" degré. Les indigènes n'utilisent guère sa graisse que
comme Uniment ou pommade. Comme cet arbre est surtout abondan dans
enôTd ouest du pays, son exploiUition I-"-/\ ^^^^^^rtr^nTa Uons
sésame Son produit n'ayant fait, jusqu'ici, 1 objet que de transactions
entrïïncUgèncs, sous forme de beurre, il n'est pas possible de dire, quant a
préseùria valeur commerciale des graines achetées en gros en vue de
'"Cex'ste pas. dai.s l'Oubangui-Chari, d'oléagineux d'origine ^Jét^e
utilisables autres que ceux que nous venons de passer en revue Le gra -
nés du palmier-raphia, du pentchletra macrophylla, de valeur extierne
ment faible, ne pourraient, en eiïet, vu le coût des transp^Hs, faire o^e
d'un commerce d'exportation et, d'autre part, elles ne sont pa. utilisées
par l'indigène. En résumé, seule la noix palmiste est, des mamtenanl^ un
élément appréciable de trafic; l'arachide commence à alimenter une pet.!^
ndustrie^i^ale, le sésame, le ricin et accessoirement, le kanté i^uv nt
du jour où le commerce s'y intéressera, fournir d'assez notables quantité,
de produits, soit à traiter sur place, soit à exporter vers 1 Europe.
Bangui, le 22 mai 1922.
laW
LE COMMERCE ET L'INDUSTRIE
DES MATIÈRES GRASSES
Rapport
préieuté au nom de
la Société pour la Défense du Comnierce et de l Industrie de Marseille
par
M. Emile REGIS,
Fabricant d'huile
A\ant d aborder cette étude, nous tenons à préciser que, pour ne pas
1 allonger exagérément, nous avons volontairement laissé de côté beaucouD
de questions fort intéressantes, mais l'abondance du sujet exigerai un
volume pour qu^d soit entièrement traité. Nous avons tenu à ne p' s abuser
de a patience de nos auditeurs et avons préféré extraire d un sujet tr s
vaste les parties capitales, plutôt que d'en aborder tous les alentours
EXPORTATIONS MONDIALES DES OLÉAGINEUX
1913 1918 1919
Quintaux Quintaux Quintaux
Graines de coton 11.250.000 ~ ~~
Graines de lin 24 . 039. 150
Graines de chanvre 302'900
Graines de colza 4.8G-4.9/i8
Graines de navette 62.073
Graines de moutarde 123.428
Graines de pavot ou ctillette 782 053
Graines de soya 6.393.63f3
Arachides n, goe 701
Graines de sésame 2 584 705
Graines de ricin 1.503.'741
Noix de coco ....
?p''^h :;:;■; 5.955.899
Amandes de palme 3.601.062
Grames et fruils oléagineux
non spécifiés 1 ns^, no^ -o ^a-
i-uao.U'Jo <2.G07 C3.487
5.962.000
7.377.121
6.930.300
12.571.300
2.745
24.589
1.226.905
1.786.293
4.137
56.181
33.838
97.247
25.411
81.755
5.348.817
10.022.232
3.042.4H-J
5.393.832
191.632
2.315.672
890.004
333.613
2.717.026
5.279.885
3.305.215
1.604.596
— 8-i —
l<ji3 19i« i9i9
Quintaux Quintaux Quintaux
Huile de coton i-^^j^-^O^
Huile de im 'l^-^
Huile de colza i^O-093
Huile de navette ^^-^^
Huile de pavot ou OilHette . . . D.yJ<i
Huile darachides ^'^l'Zl
Huile de maïs f-^^
Huile de sésame io.'±i-'j
Huile de soya ^f-^JS
Huile de ncm 24d.50/
Huile d'olive 912.914
Huile de coco 99J-J26
Huile de palme 2.014.^^4
Huiles végétales n. spécif 403.582
676.566
1.220. 859
170.342
1.107.368
136.449
77.454
32.844
192.121
17
42
422.377
856.682
866
35.346
21.914
60.741
1.434.732
1.712.136
172.045
69.691
500.327
1.516.684
2.309.976
3.392.644
1.160.330
717.395
138.179
202.718
La comparaison dea divers chUïres ci-dessus montre une dma,iulion
,e.i;l air. mo........ ..onu^ai Uc.ponauou <^oleay.neu.. Ceci est
Z^^ou et au ld.t que iuiuusu-ie naissante a conlnuue a ueveiupper dans
:::;:Ïs1 Pr^dulou une .ar^e con.ouunaUon ue »aueres gi.sse. ^n
ettet i indi Jne iaunquau auueiois par des moyens priinil 1. de lamle.
ouantit^s dîuUe uont la quaiiie était uuatease, alors que 1 industrie uisial-
iTe su piao - permet ae trouver en abondai.ce de bonnes qualités d hu^
tVd s'pnx av^itageux. Nous citerons plus P-^'-^-^-" f ruTdust^
leVindes iNeerlandai^es où au cours des dix dernières amiees, 1 ndustne
u i luLl es consideraulement développée. Les maisons hollandaises
:,; laliÏÏes dans la construction du matériel d hudene ont P". - -^ /^
L dernières amiees. alimenter leur fabrication en majeure V^^H^J^
" éat.ou a nuueries a Java et a Sumatra. Les timides essais qui ont ete l^te
s^grand succès, au benegai par rindu.trie française ne -- P-m^t en^
pas de nous faire une idée du degré de perfectionnement appoite dans la
- construction et fe matériel des huileries des Indes Néerlaïada-ses. Mais ce
rveîopprent a été peut-être trop hàtif et U faut constater que la situation
de certaines de ces alîaires est actuellement peu brillante.
La Chine et surtout les Indes, qui produisent aussi des quantités con-
sidérables de graines oléagineuses, conservent maintenant aussi pour leur
nouvelle naustne locale une partie des grames qui étaient autrefois expor-
tes sur le marché mondial. Les fabricants français constatent, depuis un
certain nombr^o d'années, combien les offres de sésames des nJ<^^ ^m
avaient TutTefois un marché très abondant sur notre place, se sont raréfiées.
" 1 esttrtain q-ue, depuis un temps, le développement des huileries en
Angleterre et en Alle.oiagne a contribué à diminuer 1 importance des olTre
de graines des Indes anglaises sur le marché de Marseille, mais on cons a o
ati^Ique malgré raugme..talion certaine de la production do graines oka-
g n^ùses dans les Indel il y a^ néanmoins un ralentissement dans les expor-
SSons des Indes, ralentissement qui doit être attribué au développement
de l'industrie et de la consomm.v'tion locales.
— 85 —
Nous remarquons aussi l'extension du marché des soi/as. Les graines
de soya, dont l'exportation, en 1918, était de 534.800 tonnes atteignent, en
1919, un million de tonnes, chiffre très largement dépassé depuis. L'expor-
tation des huiles de soya a suivi la même gradation, passant de 44.800 ton-
nes, en 1918, h 170.000 tonnes, en 1919, et il est pénible de constater que
l'industrie française est totalement étrangère à ce marché, en raison sur-
tout, du droit de douane de 2 fr. 50 qui frappe ces graines à leur entrée
en France. Il y aurait pourtant un intérêt général très grand à ce aue
l'industrie française pût prendre sa part comme r.\neleterre au dévelop-
pement du marché des soyas. En effet, l'huilerie française a, au cours d°
ces dernières années, augmenté d'une façon très sensible le nombre de ses
presses. D'autre riart, le marché étrauEr^r ferme d'' plu? "n nlus ses port^»'
à l'accès de nos huiles, et il faut envisager aussi rru" l'bvUorîa appelé'^
peut-être bientôt, à moderniser son outillaee de presses rr'ars'^i!li'=p"^ rï^qv^
de se trouver pourvue d'un matériel très supérieur à son débit. Or, un
remède, partiel mais efficace, à ce mal serait la possibilité pour l'huilerie
française de s'ntéresser aux graines de soya qui, produisant seulement 15 à
17 °A d'huile, alimenteraient les usines sans encombrer le marché des
huiles.
Par contre l'agriculture ne pourrait accueillir que d'une façon très
favorable l'accès en France d'une sraine oléagineuse qui lui donnerait
73 °o environ de son produit en excellent tourteau.
Telles sont, sans entrer dans le détail, les considérations principales
qui découlent de l'examen du marché s'énéral des oléasrineux et nous pas-
sons maintenant à la seconde partie : Quelle est la part prisp par l^s Colo-
nies françaises dans l'exportation des srraines oléae-ineuses ef de<ï huilas ?
Nous présentons ci-dessous les tableaux par catégorie de marchandises,
par année et par colonie, des exportations de produits oléagineux de nos
colonies.
EXPORT.\TIO\ DES OLÉAGINEUX DE NOS COLONIES
(en quintaux métriques)
Arachides ':
1913 1919 1920
Afrique du Nord (en coques) 1 . 171 190.
Afrique Occidentale fen coquesl 2.420.798 1.735.75'? 2.388.720
Afrique Occidentale (décortiquées)... 39 754.129 575.070
Afrique Orientale (Madag.) (en coques) 1.349 2.924 32
Asie (Indochine) (en coques) 6.429
Sésame .-
Afrique Occidentale 8.317 4.831 4.440
Asie (Indochine) 12.463
Lin :
Afrique du Nord 41.090 15.441 9.089
Afrique Occidentale 4.630 5.360
— Orientale (Madagascar) 3.740 7.091 89
Asie 1.380
— 86 —
1913 1919 1020
Graines et fruits oléagineux non
spécifiés :
Afrique du Nord 78 1.049 60
Ricin :
— Occidentale 4
— Equatoriale 192
— Orientale 2.085
Asie 3.826
Colon :
Afrique Occidentale 2.799 6.350 3.900
Asie 20
Océanio 2.885
Coprah :
Afrique Occidentale 2.380 990 1.030
— Orientale 12.355 6.798
Asie 56.453
'Noix de coco :
Antilles françaises 43
Afrique Orientale 1,21 89,90
Asie 18.000
Océanie 1.112.930
Antilles françaises 106
Amendes de palme :
Afrique Occidentale 475.337 1.112.765 491.600
— Equatoriale 5.751
Huile de ricin :
Afrique Occidentale 2.432
Asie (Indochine) 0. 100
Antiles françaises 2
Ilnile de palme :
Afrique Occid(?htHle 153.210 347.609 203.940
— Equatoriale 1.399
Huile de coco :
Asie (Indochine) 1 . 175
Huile d'olive :
Afrique du Nord 147.070 223. 07G 5.271(1)
Asie (Indochine) 41
fil Interdiction Signalons qu'en tc;2i, lixporiation des huiles d'olives de l'Afrljue du
Nord s'est élevée û 333.184 q. m.
— 87 —
Il résulte des chiffres qui précèdent que les colonies qui produisent
principalement des graines oléagineuses sont l'Afrique Occidentale pour
l'arachide, l'huile de palme et les graines de palmistes, et l'Afrique du Nord
pour l'huile d'olive. L'Afrique Occidentale a exporté, en 1920, un tonnage
approximatif de 420.000 tonnes, dont 17/20 sont constitués par des oléagi-
neux, 2,20 par des bois, et 1/20 par des produits divers.
L'arachide est cultivé particulièrement au Sénégal, pays de 14 millions
d'hectares. La Guinée et le Soudan commencent aussi à exporter cette
graine, mais la grande colonie productrice restera le Sénégal, tant que de
plus grandes facilités d'évacuation de produits ne seront pas données au
Soudan pour le développement de sa production d'arachides.
Nous sortirions du cadre de notre rapport en abordant oans le fond
l'étude des moyens de développer la production de nos colonies, mais nous
ne saurions passer entièrement sous silence cette question car, au cours des
travaux présentés à l'occasion de ce Congrès, il faut, malheureusement,
constater que, pour toutes les catégories de matières premières d'importa-
tion, il est signalé que nos colonies sont insuffisamment exploitées. Or,
parmi les divers moyens préconisés pour développer l'essor de nos colonies,
il y a lieu de remarquer, pour ce qui concerne particulièrement le Sénégal,
que l'éducation de l'indigène en vue du perfectionnement des méthodes de
culture et surtout le développement des réseaux ferrés, suffiraient à eux
seuls à augmenter considérablement la production des graines d'arachides.
C'est le chemin de fer qui est le seul moyen de pénétration susceptible
d'assurer à un prix de revient bon marché la sortie des graines du Sénégal.
Les sommes employées au développement du réseau ferré seraient vite et
largement compensées par l'exploitation des richesses que nous pouvons
tirer de cette belle colonie africaine qui fournit à la Métropole son princi-
pal aliment en huile comestible. Quand la première locomotive apparut en
Nigeria, en 1912, l'exportation des graines d'arachides passa, l'année sui-
vante, de 2.500 tonnes à 20.000 tonnes. On peut juger par ces chiffres de
Hntérêt que présenterait l'achèvement du chemin de fer Thiès-Kayes sur
les 200 kilomètres environ qui séparent les deux tronçons de la ligne. Cette
voie ferrée permettrait d'évacuer facilement et en toute saison la récolte
du Haut-Sénégal.
Si l'arachide a fait la richesse du Sénégal et peut devenir, pour cette
colonie et la région du Soudan, une source de revenus plus importants
encore, le palmier à huile remplit ce même rôle pour les colonies du sud,
Dahomey et Côte d'Ivoire. On le rencontre également en Casamance, en Gui-
née Française et en Afrique Equatoriale.
On sait que le q^lmier à huile produit un fruit dont la pulpe fournit
une huile rouge extraite sur place par les indigènes, par pétrissage après
immersion dans l'eau bouillante et dont le noj-au, ou palmiste, contient
une amande productrice d'huile blanche. La savonnerie et la stéarinerie
utilisent surtout Vhitile de palme après décoloration, tandis que l'huile de
palmiste, tirée de l'amande, est utilisée par la savonnerie et surtout par les
fabricants de beurres végétaux.
Avant la guerre, c'est à Harnbourg que fonctionnait le principal mar-
ché des palmistes. On peut en juger par les chiffres suivants : l'Europe
importait environ 300.000 tonnes de palmistes, sur lesquelles l'Allemagne
absorbait de 225 à 250.000 tonnes, le reste se divisant notamment entre
l'Angleterre et la France. Depuis la guerre, l'Angleterre a nettement pris
— 88 —
la place de l'Allemagne; en effet, l'Angleterre a importé 36.000 tonnes de
palmistes en 1913, 76.000 tonnes en 1914, 237.000 tonnes en 1915 Oo tire
actuejlement toutes ses quantités de ses colonies et des anciennes colonies
allemandes de l'Afrique Occidentale.
Devant l'effort réalisé par l'étranger, nous devons nous efforcer, nous
aussi, de développer les ressources de nos colonies en huile de palme et
amandes de palme. Ces efforts sont de deux ordres : le premier dans le
domaine technique, a été réalisé par l'importante stéarinerie Foumier de
notre place qui a fait breveter une presse dont le fonctionnement est très
simple et fort ingénieux et dont l'introduction dans nos colonies permettrait
d'augmenter d'une façon considérable l'exportation des huiles de palme. Si
l'indigène se familiarisait avec cette presse, il apprécierait rapidement les
avantages d'un travail plus facile et donnant un meilleur rendement. Mais,
un autre effort doit être réalisé par l'Administration et c'est encore et tou-
jours celui du développement de nos réseaux ferrés. Les rapports de la
colonie déclarent qu'en forêt et sans entretien les palmiers à huile ne finic-
tifient pas; que, mal entretenus ils donnent à peine 1 ou 2 régimes par an,
tandis qu'on peut porter leur production annuelle à 10 ou 12 régimes avec
des soins appropriés dont dépend, en outre, la grosseur des fruits. Cette
mise en exploitation ne peut être utilement réalisée qu'à proximité d'une
voie d'évacuation et, sauf que les cours d'eau ne soient utilisables, seule la
voie ferrée est susceptible d'augmenter considérablement le rendement de
nos colonies.
Enfin, pour parler d'un autre fruit oléagineux dont l'huilerie française
consomme de grandes quantités, et est pour cela surtout tributaire de
l'étranger, nous devons citer le coprah. Notre source d'approvisionnement
dans nos colonies est très limitée, environ 18.000 hectares, dont 12.000 en
Océanie et 4.000 en Indochine. Et encore, en raison de la rareté des com-
munications avec la Métropole, la plus grande partie de la production de
nos colonies d'Océanie est dirigée vers les Etats-Unis. Pourtant, le cocotier
existe dans toutes nos colonies et sa culture pourrait être développée en
Dahomey, sur la Côte d'Ivoire et particulièrement en Cochinchine ofi la
culture y serait très favorable et où les surfaces disponibles présentent de
grandes possibilités d'expansion.
L'Algérie, le Maroc et la Tunisie sont des pavs producteurs (Vlnnle
d'olire. En Alqêrie l'olive est spécialement cultivée dans la région du litto-
ral et dans quelques régions un peu plus élevées. Des usines sont organi-
sées, notamment dans la grande Kabylie, et la moyenne des quantités
exportées par l'Algérie avant la guerre était de 5.600 tonnes: mais, depuis
laîruerre, la con.=!ommation d'huile sur place a augmenté; l'.Algérie nb'sorbe
maintenant presoue toute sa production et importe, en outre de la Métro-
pole, de l'huile d'arachide.
Au Maroc, la culture de l'olivier pout se pratiouer sur toute l'étendue
du territoire,' à l'exception des hautes altitudes du Grand Atlas, mais toute
la production d'huile est utilisée sur place, et le Maroc importe aussi
d'assez grandes quantités d'huile.
I.a Tviusic est donc seule en étal d'exporter une partie des huiles
qr'elle produit. Des 18.000 tonnes d'huile d'olive importées par la Métro-
pole en 1921, la principale quantité provient de la Tunisie. On compte
nctuellement, en Tunisie, 12 millions d'oliviers, dont 7.500.000 en plein rap-
port et 3.500.000 de jeunes plants, le reste étant constittié par les olivier»
— 89 —
sauvages. D'autre part, un rapport de la Clianibre (rAgrieuKuro de Sousso
précise que d'ici peu de temjjs, les oliveraies du Sahcl prendront un grand
développement : 300.000 hectares sont plantés dans cette région et un mil-
lion d'hectares pourront être employés à cette culture.
En Algérie, on estime à 320.000 hectares les forêts et broussailles qui
pourraient être plantées en oliviers, d'autant plus aisément que la végéta-
tion arbustive dominante de ces surfaces est constituée par l'olivier sauvage.
On peut juger, d'après ces chiffres, des résultats obtenus dans notre beau
domaine de l'Afrique du Nord et du vaste champ de développement qui est
ouvert à une culture plus abondante encore de l'olivier.
Parallèlement au développement de la culture il y a lieu de souhaiter
lo perfectionnement de l'industrie locale pour la fabrication des huiles
d'olive. En 1910, le nombre des moulins s'élevait en Algérie à 4.229 dont
308 moulins européens. On a déjà signalé maintes fois que l'Administration
ferait œuvre utile en fournissant à l'indigène l'idée et les moyens de perfec-
tionner son outillage par des installations plus modernes, afin d'éviter les
déchets et de tirer de la matière première le maximum de rendement.
IMPORTATION FR.\NÇAISE DES OLEAGINEUX
Nous constatons, d'après les statistiques, que la somme annuelle d'im-
portation de graines oléagineuses dans la Métropole est représentée par les
chiffres suivants :
1913 1.019.000 tonnes
1918 198.000 —
1919 544.800 —
1920 652.000 —
1921 511.000 —
Dans l'industrie des matières grasses, comme dans toutes autres indus-
tries, la fabrication est encore loin d'atteindre les chiffres d'avant-guerre.
Outre le marasme général des affaires, situation à laquelle n'échappe pas
notre industrie de matières grasses, il faut signaler divers autres facteurs
qui concourent au ralentissement de nos industries :
1° Marseille était autrefois le principal centre de fabrication des matiè-
res grasses. Actuellement, tous les pays ont organisé et développé d'impor-
tantes huileries et savonneries et ont dressé des barrières douanières qui
limitent considérablement le rayon de nos exportations. Sauf pour quel-
ques produits de marque, les exportations de l'huilerie française sont pres-
que nulles et son champ d'action est à peu près limité à la Métropole et à
l'Algérie;
2° Depuis la guerre, Vagricvllvre n svffisamvrent pesé siir les décisions
du Gouverveynent pour arriver à svvvrimeT mi limiter Ve.rportation des
tourteaKx. Cette situation met l'huilerie française en considérable état d'infé-
riorité sur l'étranger. En effet, comme l'Union des Fabricants d'huile l'a
fait ressortir en maintes occasions, il existe un marché mondial de srraines
oléagineuses. Nous ne les achetons ni plus cher ni meilleur marché que
nos confrères étrangers, mais nous sommes en état d'infériorité sur nos
— 90 —
confrères du Nord de l'Europe qui, habitant des pays plus froids dont la
production agricole est insufTisanto par rapport à leur élevage intensif, trou-
vent sur place un marché de tourteaux alimentaires meilleur qu'en France.
C'est ainsi que le cours des tourteaux de Rufisqueen Angleterre est fréquem-
ment de 15 à 20 francs par cent kilos plus élevé qu'en France et que ce
même cours dans les pays Scandinaves nous permettrait de supporter des
frais de manutention et de fret pour expédier et vendre nos propres tour-
teaux en Suède et en Norvège. Cet état de choses favorable aux pays du
Nord leur permet de se porter acquéreurs dans de meilleures conditions
que nous dans nos propres colonies. Nous le rappelons plus loin à l'occasion
des palmistes, mais nous pouvons citer aussi qu'en 1913, tandis que la
France importait du Sénégal 166.000 tonnes de graines d'arachides, les pays
du Nord de l'Europe en importaient 64.000 tonnes. L'étranger puisait donc
dans nos colonies du Sénégal plus d'un tiers des quantités que nous impor-
tions nous-mêmes dans la Méropole. Cette situation d'infériorité daas
laquelle se trouve la France est encore aggravée par la réglementation du
marché des tourteaux que nous subissons en France. Nous n'avons même
pas la possibilité de compenser cette différence de prix surles tourteaux par
une élévation du prix de l'huile, car les faibles droits de douane qui frap-
pent les huiles étrangères à leur entrée en France seraient très largement
dépassés, si les fabricants d'huile français essayaient de retrouver sur le
prix de l'huile le handicap qu'ils éprouvent dans le placement de leurs
tourteaux.
Ne pourrait-on supprimer le droit de douane qui frappe les graines de
soya et, de ce fait, comme nous l'indiquions précédemment, la fabrication
des tourteaux en France serait suffisamment augmentée par l'apport sur le
marché français d'une graine qui rend 73 % de tourteau. Ce résultat serait
susceptible de donner apaisement à la majorité agricole de notre pays qui
oppresse en toute occasion l'industrie et le commerce français;
3° Nous indiquions précédemment e/neUe part rédvi/c ont nos colonies
dans l'importation en France des coprahs. Celte situation serait extrême-
ment dangereuse pour notre industrie de graisses végétales qui a pris une
si remarquable extension, si les Etats-Unis, l'.Xngleterre et la Hollande
résen'aient h leurs usines la priorité des matières premières de leurs colo-
nies. Or, cette crainte, qui a été déjà exprimée, était très justement fondée
S! l'on en juge par la situation des palmistes, graines dont le produit se
rapproche beaucoup de celui du coprah. Nous avons fait ressortir dans le
chapitre précédent la place prépondérante qu'avait su prendre r,\ngleterre
sur le marché des palmistes. Gr^co à une association d'efforts auxquels
nous devons rendre hommage et grîlce aussi au concours de professeurs
d'agriculture, l'Angleterre a réussi fi développer rapidement et considéra-
blement la trituration des graines oéagineuses en développant la vente de
l'huile de palmiste dans l'industrie de la savonnerie, en même temps que
dans la marganerie. La margarine qui, on effet, était importée en quantités
considérables en Angleterre, des pays du Nord de l'Europe, et notamment
de la Hollande, se développe maintenant sur une large bas* en Angleterre
et devient une industrie nationale. Jusque là, nous ne pouvons qu'admirer
les résultats que l'Angleterre a obtenus dans cette voie et nous efforcer d'en
faire autant chez nous. Nous devons, du reste, reconnaître les efforts qui ont
été faits en Frnnc-e dans le même but; nous devons rendre hommage h l'Ins-
titut Colonial do Marseille pour sa campagne relative au développement do
la consommation des tourteaux et aussi à un certain nombre de professeur
— 91 —
d'agriculture,. particulièrement à M. Dechanibre, professeur à l'Ecole vété-
rinaire d'Alfort. Nous avons la satisfaction de voir M. Dechambre présider
une section du Congrès de la production, celle relative à l'alimentation des
animaux et nous savons que M. Dechambre a bien voulu accepter de conti-
nuer à s'intéresser d'une façon toute spéciale à la vulgarisation des tour-
teaux de graines oléagineuses. Mais, où la situation devient dangereuse
pour le marché français, c'est quand VAngleterre établit îin droit d'exporta-
tion sur toutes les amandes de palme parlant de ses colonies africaines sauf,
bien entendu, pour les quantités importées dans le Royaume-Uni. Si l'on
ajoute à cela que l'industrie anglaise est favorisée par le prix des tourteaux
qui est plus élevé en Angleterre qu'en France, et que, par contre, l'industrie
française ne peut même pas exporter librement ses tourteaux, nous en arri-
vons à cette conclusion que, non seulement l'Angleterre reçoit la totalité do
ses propres amandes de palme coloniales, mais encore, qu'elle nous enlève
la plus grande partie de la production de nos colonies d'Afrique, notam-
ment du Dahomey. Nous espérons que les Pouvoirs publics sauront obtenir
de l'Angleterre la suppression de cette taxe à l'exportation des graines de
ses colonies, sinon nous serions obligés de réclamer une mesure de réci-
procité (1);
4° Nous devons en France moderniser nos méthodes et notre outillage.
Le Français est, par nature, plutôt commerçant qu'industriel. Un visiteur
étranger, qui connaît l'importance de Marseille dans le domaine des corps
gras, est toujours très défavorablement impressionné lorsqu'il visite nos
industries, pour la plupart mal placées, loin des gares et des quais; leur
outillage est vieux et le laboratoire n'y joue qu'un rôle de troisième plan.
A l'étranger, oîi les industries de l'huilerie et de la savonnerie sont
moins anciennes qu'à Marseille, les progrès sont plus rapides et, sans entrer
dans les détails de fabrication, il faut constater en cette matière que nos
voisins font de l'industrie d'une façon plus scientifique que nous.
Des questions, même d'intérêt général de l'huilerie, demeurent sans
solution. Au début de la guerre, îine convention passée entre TEtat et le
Consortium des Fabricants d'Hidle avait fixé quel emploi serait fait des
réserves que réaliserait ce Consortium. Or, depuis trois ans et demi, cett«
solution, qui était pourtant arrêtée d'avance n'est encore pas réalisée. Une
partie de ces fonds devait être attribuée à l'amélioration des conditions de
réception des graines oléagineuses dans les ports français. Or, ceux qui
veulent bien venir sur les quais du port de Marseille se rendre compte des
moyens de débarquement et de réception des graines d'arachides en coques
du Sénégal peuvent se croire ramenés à une époque très reculée de l'His-
toire. Des essais de méthodes plus modernes ont été entrepris par certains
fabricants qui y trouvent un avantage très important, environ 8 francs par
tonne et c'est pourtant encore loin d'être parfait. Une partie des fonds du
Consortium trouverait im emploi qui devient absolument indispensable
dans l'installation de magasins à proximité des quais où la graine serait
criblée, pesée et livrée en sacs ou en vrac au camiormage.
Toutes ces tentatives pour améliorer et perfectionner nos méthodes
peuvent être adoptées sans crainte car, malgré tout, Marseille conserve
encore une grande place s^ir le marché mondial des corps gras et une place
(I) Cette taxe a été supprimée le lo juillet 1022.
— 92 —
prépondérante sur le marrhé français, si l'on en juge par les chiffres
suivants :
L'huilerie marseillaise triture le 72 % des graines oléagineuses impor-
tées en France. Elle est représentée par 49 usines occupant environ
7.000 ouvriers. Elle triturait avant-guerre 600.000 tonnes de graines. Les
chiffres des trois dernières années sont les suivants :
1919 430.000 tonnes
1920 376.000 —
1921 423.000 —
Son chiffre d'affaires a été, en 1922, de 600.000.000 de francs environ.
Les capitaux investis dans l'huilerie marseillaise, comprenant la valeur
des usines et les fonds de roulement indispensables, sont de 240 millions
environ.
A côté d'elle, l'industrie de la savonnerie à Marseille est représentée par
50 usines, occupant environ 3.000 ouvriers. Elle fabriquait, avant-guerre,
180.000 tonnes de savon. Le chiffre des trois dernières années est le suivant :
1919 et 1920, environ 122.000 tonnes pour chacune des deux années;
1921 — 140.000 tonnes représentant pour 1921 un chiffre d'affaires de
275 millions de francs. Le chiffre des capitaux investis dans la savonnerie
marseillaise, comprenant la valeur des usines et les fonds de roulement
indispensables, peut être évalué à 100 millions environ.
A ces deux industries, nous devons ajouter la stéarinerie, la margari-
nerie et le nombre très important de petites industries qui vivent de l'hui-
lerie, la savonnerie et la stéarinerie, sulfuration, traitement des sous-pro-
duits, fabrication des scourtins, tissus filtrants, etc..
On peut juger par là de l'intérêt qu'a l'Industrie marseillaise des corps
gras à s'unir aux vœux que nous présentons pour le développement de
notre production coloniale de graines et fruits oléagineux, car ce sont les
fruits de nos colonies que nous sommes certains de pouvoir importer de la
façon la plus libre et la plus profitable aux intérêts de notre pays.
Notre production coloniale doit être augmentée dans toute la mesure
du possible en graines et fruits oléagineux.
La Métropole doit être a même de recevoir la plus grande partie pos-
sible des graines oléagineuses produites par les colonies françaises, et
notamment les graines d'arachides et de palmistes de nos possessions de
l'Ouest .Africain, à la fois dans l'intérêt de nos colonies, de notre industrie
métropolitaine et de l'alimentation du pays en matières grasses et en tour-
teaux alimentaires, indispensables à la reconstitution de notre cheptel
national.
Le développement considérable de l'industrie anglaise, développement
puissamment soutenu et protégé par le Gouvernement angais, exige qu'un
effort parallèle snit fait en France afin que, étant donnée notre impossibilité
actuelle d'exporter des huiles, nous ne soyons pas envahis sur le marché
français par les produits fabriqués à l'étranger.
Nous préconisons dans ce but les cinq vœux suivants :
VrnmpT x^crii. — 0"e, devant l'effort réalisé par les autres pavs. notam-
ment par l'Ancrleterre, en faveur de leur industrie et de leus colonies, nos
Pouvoirs publics observent les nouvelles rédementations et projets doua-
niers de l'étranspr. afin do rétablir autant aue posible, dans une situation
d'égalité avec l'étranser, notre industrie nationale aduellement menacée;
— 93 —
Deuxième vœu. — Que la liberté complète soit rendue sans délai au
commerce et à l'exportation dos tourteaux. La situation actuelle est rui-
neuse pour l'industrie francjaise de l'huilerie et, par réciprocité, est à
rencontre de l'intérêt de nos producteurs coloniaux qui doivent trouver sur
la Métropole un facile écoulement de leurs produits;
Troisième vœu. — Que soient développés, dans toute la mesure du pos-
sible, les réseaux ferrés de nos colonies, le chemin de fer étant, avec les
rivières, le seul moyen d'évacuation à bon marché des produits agricoles
de nos colonies;
Quatrième vœu. — Que soit supprimé le droit de douane sur les graines
de soya, afin de permettre à la France do prendre sa place sur le marché
mondial de cette graine, et afin de donner à l'agriculture l'aliment d'un
excellent tourteau qui représenterait le 73 % environ de la graine importée;
Cinquième vœu. — Que les fonds du consortium de l'huilerie soient
employés, dans le plus bref délai possible, conformément aux accords
pris avec le Gouvernement à l'occasion de la création dudit consortium et
que Marseille soit dotée, pour le débarquement des graines oléagineuses et
particulièrement des arachides en coques du Sénégal, d'une organisation
digne du tonnage considérable qu'elle importe, cette mesure pouvant lui
permettre, par une diminution notable des frais généraux, d'importer une
plus grande quantité de graines oléagineuses de ses colonies.
LES GRAINES OLÉAGINEUSES
DANS LA MÉDITERRANÉE
Rapport de
M. H. GIRAUD,
{des Fils de Giraud Frères)
Négociant-I?nportateur
Marseille, Reine de l'Huilerie, devrait être le débouché naturel des
graines oléagineuses qui se récoltent dans les pays baignés par la Méditer-
ranée et autrefois c'était elle, en effet, qui recevait la majeure partie de ces
oléagineux; mais, depuis une vingtaine d'années, ce courant d'importations
s'est peu à peu détourné de notre place et actuellement insignifiantes sont
devenues les quantités que nous fournissent les pays du Levant, qui, par
notre influence séculaire, font un peu partie de notre domaine colonial,
comme demeurent insignifiants les apports de l'Algérie, de la Tunisie et du
Maroc.
Cependant, il peut être intéressant pour notre industrie locale de ne pas
perdre contact avec ces petits clients d'autrefois. Si leurs envois manquaient
d'intérêt lorsque l'acheteur était le maître et qu'affluaient les offres en grai-
nes de tous les pays du monde, qui sait s'ils ne pourront pas rendre encore
des services à notre huilerie lorsque son développement continu l'obligera
à trouver des matières premières en rapport avec ses capacités nouvelles
d absorption, tandis que s'accentuera la tendance actuelle qui pousse d'une
part les producteurs à utiliser sur place les fruits de leur récolte et d'autre
part les consommateurs étrangers à fabriquer eux-mêmes les huiles dont
ils ont besoin.
A ce moment, nous serons peut-être heureux de retrouver nos anciens
fournisseurs du proche-Orient et qui sait si les noms presque oubliés de
sésames de Jaffa ou de pavots de Smyrne ne sonneront pas de n^juveau
agréablement à nos oreilles ?
A l'heure présente, il est vrai que le tonnage que ces régions peuvent
nous offrir, ne compte guère en présence de nos besoins; mais ce sont tous
des pays en voie de développement, dont la production doit forcément
augmenter d'une façon très sensible à mesure que la sécurité régnera là où
- 95 —
elle fait encore défaut, que des méthodes nouvelles de culture seront appli-
quées et que la terre y retrouvera, par le retour aux irrigations, sa grande
fertilité do jadis.
Il n'est donc peut ôtro pas inutile do passer rapidement en revue ce
que nous pouvons aujourd'hui demander à ces vendeurs si proches do
nous et quelles sont les espérances que l'on peut fonder sur leur capacité
de production dans un avenir plus ou moins lointain.
Au Maroc, la graine de lin, cultivée de tout temps, n'est semée en
vue de l'exportation que depuis quelques années et paraît y donner de bons
résultats. Ou estime sa recule a lO.UOO tonnes et son exportation totale a
été de 1.740 tonnes en 1913. Sur ce chiffre, Marseille reçoit environ 1.000 ton-
nes dont la moitié seulement va à l'huilerie, le reste étant utilisé par la
droguerie, qui apprécie ces graines grosses et claires.
L'Algérie a exporté, en iU13, environ 5.000 tonnes et la Tunisie 1.700
tonnes sur lesquelles notre place ne doit guère avoir plus de 1.000 tonnes
qui sont allées surtout à la droguerie. La qualité est à peu près la même que
celle du Maroc^
Passons à l'Egypte, pays du colon; il y a là abondance de graines —
200 mille tonnes peut-être — et l'huilerie Darier de Roufio en écrasait à
elle seule jusqu'à 20 mille tonnes par an. Aujourd'hui, on ne fait plus
l'huile de coton chez nous à cause du faible rendement de cette graine et
de l'avantage qu'ont sur nous les grands pays consommateui's de tourteaux;
mais le Nil n'en continuera pas moins à fertiliser 1«, vieille terre des Pha-
raons et nos fabricants pourront aller puiser dans ce grenier d'abondance,
le jour où des conditions diflérenles leur permettront à eux aussi de ne
pas travailler que pour l'huile.
Le Soudan, prolongement de l'Egypte, produit encore des sésames et
des arachides, dont la qualité et le rendement ne donnent pas toute satis-
faction et que l'on traite ici d'une façon irrégulière et sans grand enthou-
siasme. Il n'est pas interdit d'espérer avec le temps une amélioration à ces
deux points de vue et il faut entretenir avec ce pays nouveau un courant de
transaction qui sauvegarde l'avenir.
Les doyens de nos commissionnaires se souviennent encore du temps
oîi les sésames de Jaffa-Caifîa et de Caramanie venaient régulièrement ici
et fournissaient en moyenne de 20 à 25 mille tonnes par an d'excellente
graine. L'Anatolie avait à peu près la même exportation et de ces 40 à
5C' mille tonnes, nous ne voyons plus venir un seul sac depuis plusieurs
années. Même avant la guerre ces affaires s'étaient détournées de Marseille.
Les autres pays d'Orient, grands amateurs d'huile de sésames au goût
d'amande, se sont mis peu à peu à accaparer ces graines pour leur con-
sommation. Elles servent aussi à la fabrication de certaines confiseries,
entre autres le « halwa », dont nous avons à Marseille même une fabrique,
celle de M .Léon Gabriel, qui utilise pour cette douceur environ 50 tonnes
de sésames par an. Les sésames du Levant sont aussi achetés par la Grèce,
l'Italie et avant la guerre la Russie en prenait des quantités importantes.
La Syrie produit aussi les graines de pavots, de lins, de ricins en quan-
tités réduites; mais la Cilicie, dont la récolte pourrait être décuplée, exporte
— 9G —
45 à 50 mille tonnes de graines de coton auxquelles il y a lieu d'ajouter
celles de la province de baiyrne. Alalneureusement, comme pour les cotons
d Egypte, toutes ces graines vont en Angleterre.
Un peut prévoir, pour un avenir peut-être un peu lointain, une pro-
duction importante de cette même graine en Mésopotamie, car le jour où
ces immenses terrains pourront être irrigués, comme ils l'étaient du temps
de Babylone, c'est une nouvelle Egypte qui entrera en scène et qui devien-
dra un des grands fournisseui-s de coton.
Mentionnons encore pour mémoire, les graines de pavots de Macédoine
et d'Asie Mineure, pays producteur d'opium.
Si nous sortions de la Méditerranée, nous pourrions parler des colzas,
des navettes et des moutardes du Danube et de toutes les graines qu'expor-
tait autrefois la malheureuse Russie; mais cela n'entre pas dans le cadre
de ce rapide exposé qui n'a pour but que de rappeler à nos fabricants qu'il
existe près d'eux de petits pays producteurs de graines qui n'ont connu
que Marseille autrefois, qui l'ignorent presque mainteneuit et dont ils inj
doivent pas se désintéresser entièrement.
Ils n'ont actuellement que peu de choses à leur offrir; mais, ils sont
susceptibles d'un développement régulier et ils pourront peut-être redeve-
nir plus tard les greniers d'abondance qu'ils ont été dans l'antiquité. Il con-
viendrait donc de les maintenir dans le cadre de notre clientèle et de leur
faciliter les affaires sur notre place.
Il faudrait donc aider à l'importation de ces graines par la fréquence et
le bon marché des frets, par la modération des frais de ptace. Il faudrait
surtout tâcher de ne pas éloigner ces affaires par des lois fiscales qui, mal
conçues et plus mal appliquées encore, créent de continuelles surprises,
hérissent notre barrière douanière de difficultés que nos concurrents exagè-
rent à plaisir et dont ils se font une arme contre nous.
Il faudrait aussi que nos huiliers se montrent plus conciliants à l'égard
de cette petite clientèle et tiennent compte des conditions peu favorables
dans lesquelles le morcellement des affaires et l'irrégularité des qualités
l'obligent à travailler.
Ce sont évidemment les cours plus ou moins avantageux qui attirent
les marchandises sur un marché ou qui les en éloignent et, à ce point de
vue, vendeurs et acheteurs ne peuvent envisager que leurs prix de revient.
Mais, à côté de la question chiffre, qui n'a pas été favorable, depuis un
certain temps à nos importations du Levant, il y a la question forme qui
joue un rôle dans la vie des peuples et qui a son importance même dans les
relations d'affaires.
Notre Huilerie, riche, puissante, ayant de tout temps fait la loi dans U
monde des graioes oléagineuses, a raison de défendre ses droits et d'impo-
ser ses conditions quand elle le peut; mais sa fière attitude vis-à-vis de ses
grands fournisseurs étrangers, doit se vêtir de bienveillance quand il s'agit
des faibles, de cette petite clientcMe qui n'est pas en état de lutter avec elle
à armes égales. Et c'est ici le cas. Les expéditeurs du Levant ne sont pas en
mesure de livrer des quantités importantes, de fournir des qualités iden-
tiques et régulières; ils ne sont pas toujours bien au courant des usages do
— 97 —
Marseille et se trouvent, de ce fait, exposés à des surprises parfois coû-
teuses.
Il faut donc leur faciliter les affaires avec la bienveillance que l'on doit
à d'anciens clients, accepter de petits lots quand ils ne peuvent pas offrir
des quantités importantes, ne pas Ctre trop stricts avec eux sur les condi-
tions des contrats et môme ne pas aller jusqu'au bout de ses tiroits lorsque
l'équité le demande.
N'oublions pas que la Méditerranée doit être un lac français et que tous
ceux qui commercent sur ses bords heureux devraient être les clients de
Marseille. Si les circonstances les détournent de leur débouché naturel, n'en
prenons pas trop facilement notre parti, défendons énergiquement notre
patrimoine et faisons le possible pour maintenir sur ces terres amies, non
seulement notre influence politique et intellectuelle, mais aussi notre pré-
pondérance commerciale et industrielle.
L'Olivier
LA CULTURE DE L'OLIVIER
ET LA
FABRICATION D'HUILE D'OLIVE
Rapport de
M. J. BONNET
Directeur de la Chaire Régionale d'OléiculluTe
CULTURE, EXPLOITATION, TRAITEMENT DES MALADIES
Je remercie le Comité d'organisation des Congrès Coloniaux et
-Monsieur de Roux, Président de la Section des Matières Grasses d'avoir
bien voulu que l'olivier ne soit pas oublié dans une question qui intéresse
au plus haut point le bassin méditerranéen et, leur initiative est un encou-
ragement pour tous ceux qui ont pris la défense de cette production.
Les états oléicoles qui entourent le premier marché du monde qu'est le
, bassin de la Méditerranée, n'auraient pas compris que dans un Congrès
! Colonial, il ne soit par parlé de l'olivier, car cet arbre est un végétal colo-
I nisateur et mieux que cela, il a sa place marquée dans les étapes de la civi-
I lisation.
I A mesure que le génie civilisateur des peuples européens et de la
j France en particulier se développe en Afrique, c'est l'olivier qui suit les
étapes de nos grands soldats, c'est lui qui a eu la faveur de nos colons, en
Tunisie, c'est lui qui, bientôt au Maroc, couvrira de vastes surfaces encore
incultes.
Mais notre rôle ici, n'est pas de rechercher l'influence morale d'une
production. Après la guerre que nous avons dii subir, nous ne devons plus
nous contenter de chanter l'arbre de la paix, nous devons, à l'exemple de
certains peuples moins gens de sentiments que nous, être plus pratiques et
seul, le côté économique de toute question, doit être examiné.
j Notre devoir, en ce qui concerne l'olivier, est d'examiner ce qu'à été cette
I culture, ce qu'elle est, ce qu'elle devrait ?tre.
Notre rôle est de mentionner nos essais, nos résultats et donner des
conclusions précises.
Lorsque l'on parcourt les oliveraies, l'on peut s'étonner à la vue de
véritables travaux de géants; ce que firent nos pères, il a quelques centai-
nes d'années, dépasse comme labeur tout ce que l'on peut imaginer.
— 102 —
Sur dos lorrains incrrats, rocheux, en pente, ils transformèrent des
coteaux en terrasses; des murs de soutènement, d'une solidité dont les
années n ont pas détruit la valeur, permirent, sur des surfaces souvent res-
treintes, de planter un ou plusieurs arbres et, doués d'une patience et dune
prévoyance dont l'importance ne peut être appréciée aujourd'tiui à une
juste valeur, ils attendaient en cultivant sous ces oliviers leurs productions
de première nécessité, que l'arbre justement vénéré vint récompenser leurs
efforts.
Ils auraient, certes, préféré avoir à leur disposition des terres en plai-
nes, mais, celles-ci n'étaient pas à eux (n'oublions pas que cela se passait
avant la Révolution) elles appartenaient aux seigneurs et les paysans
n'avaient que les sols de valeur secondaire.
Ils étaient nés dans ces milieux, ils devaient y vivre, car le progrès et
les facilités de locomotion n'avaient pas encore fait développer l'exode
rural et l'exploitation des maigre? terrains leur appartenant était une néces-
sité vitale pour eux.
A ce moment, l'arbre étant jeune et possédant une rusticité sans égale,
donnait des récoltes régulières.
Ce n'était pas que les soins fussent plus rationnels qu'aujourd'hui, mais
ils étaient plus nombreux, ils étaienti constants; la terre ét.ait remuée, le
sol était fumé, l'arbre était soigné et, bon an mal an, il donnait toujours
des récoltes; celles-ci assuraient la vie des ruraux.
Mais vint, ensuite, la crise phylloxérique et les meilleures terres en oli-
viers, servirent à remplacer les vignobles, souffreteux; les vergers sacrifiés
furent perdus pour Toléiculture et, de 1860 à 1020, 30.000 hectares d'olive-
raies ont disparu.
La viticulture modifia la situation oléicole à un point td, qu'à un
moment donné, la production d'huile fut déficitaire par rapport aux
besoins et, comme tous les faits sont solidaires les uns des autres, la pénu-
rie d'huile d'olive permit à l'industrie de l'huile de graines de prendre de
l'extension.
En môme temps que cette transformation se produisait dans le Midi,
le Nord changeait, lui aussi, son mode de rotation de cultures; les céréales,
la betterave à sucre, les cultures fourragères prirent la place du colza, de
J.i navette, etc., etc., et ce marché qui aurait pu être ouvert aux huiles
d'olives, devint celui des oléagineux étrangers.
Mais, si le Nord ne souffrit pas de cette transformation, toute avanta-
geuse pour lui, il n'en fut pas de même pour le Midi car contrairement aux
prévisions d'alors, l'industrie dos huiles de graines prit une extension con-
sidérable et absorba le marché.
Si, .'i ce moment, l'industrie rurale de l'huile d'olive avait été a^ qu'elle
devient aujourd'hui, elle aurait obtenu des débouchés; malheureusement
ollf était à l'état primitif, on ne savait pas conserver les olives on faisait
m.'d les huiles, leur degré d'acidité souvent trop élevé était un obstacle h.
leur consoinmj.lion dans le Nord et une industrie profita de cette circons-
tance pour faire et vendre des huiles d'olive neutralisées; elle dut même
faire appel, pour Eatisfairo sa clientèle, aux huiks d'olive étrangères plus
ou moins bien fabriquées : l'oiéicullure française avait alors, désormais,
contre elle deux concurrents radoutabl\s.
Commfi conclusion h en qui pré.'èdc et en vue d'aidor l'Oléiculture fran-
çaise, uno règle dfi conduite doit ôtrc adoptée et elle peut ôtre précisée
ainsi : la rulturo do l'olivier doit être intensifiée afin que l'augmentation
— 103 —
de production diminue le prix de revient de l'huile; il faut que de toutes
nos forces nous combattions Tabatage des oliviers en vue de la création de
nouveaux vignobles afin de retarder l'avilissement des prix des vins; il faut
viser à l'obtention d'huile d'olive supérieure par une fabrication plus
rationnelle afin qu'au-dessus de toutes les huiles c«lle provenant de l'oli-
vier, soit « l'huile do cru », qu'elle soit aux huiles de graines ce que le
Champagne est aux vins ordinaires.
Il faut que le commerçant collabore étroitement avec le producteur qui
fabrique bien, qu'il soit le premier ;\ classer plus haut, au-dessus de toutes
les huiles, celle provenant do l'olivier car il ne doit jamais perdre de vue
que l'olivier est le pavillon qui couvre son titre de « négociant en huiles ».
Les résultats obtenus dans nos essais culturaux, depuis de nombreuses
années, la réorganisation rationnelle de nombreux moulins à huile, nous
permettent d'espérer que le cultivateur ne restera pas en arrière pour la
sauvegarde de ses intérêts.
I. — STATISTIQUE OLÉICOLE
La surface cultivée en oliviers s'élève, en France, à 120.000 hectares;
140.000 familles sont intéressées à cette exploitation.
Elle est de 1.600.000 hectares, en Espagne; 2.100.000 hectares, en Italie;
150.000 hectares, en Algérie. En Tunisie, 12.000.000 d'oliviers sont greffés
et en état de culture; au Maroc, 2.000.000 de pieds.
Les superficies en oliviers sont partout en progression, sauf en France.
La production d'huile d'olive dans le monde est assez variable.
Récolte 1920
(année de bonne
production^
Espagne 325.000 tonnes
Italie 210.000 »
Grèce 50.000
Portugal 35.000 »
Tunisie 70.000
Algérie 15.000
Maroc 12.000 »
France 10.000
Autres pays 80.000
La production a dcnc varié, entre ces 2 cnnésa, de 3 à 1.
En France, la production nqrmale se rapproche de 80.000 tonnes; çUe
représente une valeur de 103. 000. 000 de francs.
La consommation nalioimle pouvant êtrg évalués à i£00QO tonnes
(4 litres par habitant et par an), il y a don: un déficit considérable; celui-ci
est comblé par les huiles d'olive d'iîPportaticn (Tunisie, Espagne, etc., çtc],
environ 2Q.0QQ tonnes, puis par les huiles de graines, goit 120,000 tonnçs,
L'huIlQ d'oUv© produite en Fr&nçe est, en grande partie, conscmméç
sur les lieu^ç de produoticn; un quart environ de colle-ei cet utilisé ps? iç?
oléiculteurs..
Récolte 1921
(tnnie de mauvaise rCcolte,
sauf en France)
250.000 tonnes
110.000
n
20.000
n
20.000
a
50.000
II
10.000
>•
6.000
11
20.000
1)
24.000
II
— 104 —
Causes de Vahamlon de l'olivier en France
En plus des causes citées plus haut : concurrence des produits oléagi-
neux, extension des cultures à grands revenus sur les terrains des olive-
raies (vignes, plantes à parfums, etc.), le rural a été aussi, par sa routine et
son imprévoyance, un peu la cause de l'abandon de l'olivier.
Il a délaissé celui-ci parce que ses récoltes diminuaient, sans songer
qu'il était l'auteur de cette dégénérescence.
Alors qu'il remplace ses vignes et ses arbres fruitiers lorsqu'ils faiblis-
sent, alors qu'il change ses semences, qu'il se procure de meilleurs repro-
ducteurs lorsque ses animaux vieillissent, il n'a rien fait de pareil pour ses
oliviers.
Pour le seul arbre capable de se régénérer hiimême, sa7is avoir besoin
de le remplacer, le niral n'a rien fait et Von ne peut comprendre pourquoi
on n'a pas mieux montré, dans le passé, aux oléiculteurs, qu'il fallait, dès
qu'un arbre faiblit, le rajeunir, en utilisant la prodigieuse facilité qu'ont
ses racines d'émettre des rejetons toujours vigoureux.
Nos oliveraies ne devraient être composées que d'arbres jeunes et adul-
tes, productifs, alors susceptibles, par leur rendement régulier, de dimi-
nuer le coût du prix de revient de l'huile. Si, au fur et à mesure que les
oliviers faiblissent on les avait rajeunis, toutes nos oliveraies seraient pro-
ductives et jamais on ne les aurait abandonnées.
II. — MISE EN ÉTAT DE NOS OLIVERAIES
Régénération des oliviers
Les oliveraies présentent deux sortes d'arbres : ceux qui ont leur tronc
et leurs tiges saines, ceux chez lesquels la carie du bois a détruit, en partie
ou en totalité, les tissus ligneux; dans ce dernier cas, l'arbre ne vit que par
son écorce; il doit être transformé sans retard. Si une branche est seulement
atteinte, sa suppression s'impose et la charpente de l'arbre sera reprise sur
une pousse nouvelle; si c'est le tronc qui est contaminé, l'on doit favoriser
l'émission des rejetons autour de la souche et arriver, par la sélection, en 2
ou trois ans, à posséder une tige ou 2 de remplacement; la vieille tige sera
supprimée lorsque celles de remplacement auront pris figure d'arbre.
Si la vétusté de l'arbre est complète, il faut, sans hésit<ition, le rabattre
au niveau du sol, sans crainte même de supprimer la partie de la souche
atteinte de pourriture; on laissera pousser tous les rejetons qui se montre-
ront, car tous seront nécessaires pour donner une issue à la sève.
Les meilleurs rejetons sont ceux qui se forment sur les grosses racines,
à 20, 25 cent, de l'ancienne souche et la vigueur de ces rameaux montrera
toujours que la vitalité de l'olivier n'a rien perdu avec l'âge; on les sélec-
tionne petit i\ petit de façon h n'en conserver que 1, 2 ou 3 au bout de 2 ans.
Ces nouveaux oliviers donneront des fruits identiques ;\ ceux que pro-
duisait le pied-mère si celui-ci était franc do pied, mais leur greffage
s'imposerait si l'on tenait à multiplier une variété d'olive spéciale.
Nous avons eu beaucoup de peine h faire adopter cotte méthode, ma'S
l'on y vient petit h petit; on y vient cependant trop lentement h notre avis,
car, sans exagérer, nous pouvons dire que le quart de nos plantations aurait
i
— 105 —
besoin d'être régénéré. Si les oléiculteurs voulaient y procéder par éche-
lons, ils ne s'apercevraient pas de la diminution de leurs productions et,
ils auraient l'espoir d'obtenir, dans un avenir plus ou moins éloigné,
des oliveraies ayant la valeur des jeunes plantations.
SOINS A DONNER AUX OLIVERAIES
Toutes les plantes ont besoin d'air, d'humidité et de maiières alimen-
taires, mais l'olivier semble moins exigeant que les autres végétaux, car
l'habitude de le voir vivre sur des sols ingrats fait supposer qu'il s'accom-
mode des plus mauvaises situations.
La culture de Volivier doit être iiitensive ou ne pas être, et c'est pour
cette raison que nous avons multiplié les essais démonstratifs dans tout le
Midi et en Corse, afin de montrer que la voie suivie par de nombreux oléi-
culteurs était fausse, que l'oiivier sait tirer parti de tous les soins qu'on lui
donne, et qu'il récompense généreusement ceux qui s'occupent de lui.
Cultures sons les oliviers. — Nous condamnons cette fâcheuse coutume;
Elle indique une infériorité culturale, car l'obtention de plusieurs récoltes
sur un même terrain ne compense pas les pertes que l'on fait sul5ir à la
production principale.
Si les oliviers étaient plantés à une grande distance, l'inconvénient
d'associer à ces arbres des vignes, des cultures de primeurs, etc., serait
secondaire à condition toutefois que ces cultures dérobées reçoivent les
engrais nécessaires à leur existence; mais, ce qui est déplorable c'est que
dans les vergers à densité normale, là où les vides ne permettent pas de dire
que le sol est libre, on fasse des céréales.
Ces plantes sont un obstacle pendant l'hiver à l'aération du sol, elles
l'assèchent et empêchent les façons culturales qui s'opposeraient à l'évapo-
ration de l'humidité de la terre pendant l'été.
L'olivier souffre alors de la soif; ses brindilles restent rachitiques, ses
fruits ne produisent pas un rendement rémunérateur.
Cette pratique est mauvaise et il serait préférable, si l'on désire récolter
un peu de blé ou d'avoine et si l'on ne possède pas suffisamment de terre,
d'abattre quelques oliviers afin que chaque culture jouisse en propre d'une
parcelle de terrain.
Les labours. — Si on labourait seulement les terrains pour détruire les
herbes nuisibles, beaucoup d'oliveraies pourraient se passer de façons cul-
turales car les sols sur lesquels se trouvent placées ces cultures arbustives
ne permettent pas aux mauvaises herbes, comme dans les terres laboura-
bles, de prendre une végétation luxuriante: mais le sol a besoin d'être aéré.
II doit être divisé, pour permettre à l'eau des pluies d'hiver de pénétrer au
niveau des couches profondes du sous-sol, il doit recevoir au cours de
l'été des façons culturales légères, afin d'empêcher l'évaporation de l'eau.
L'aération du sol est nécessaire pour faciliter la respiration des raci-
nes, pour permettre aux éléments nutritifs du sol de subir les transforma-
tions qui les rendront assimilables: il est donc indispensable de donner un
bon labour avant l'hiver, car en m.ême temps que nous détruirons les plan-
tes adventives, nous aérerons le terrain, nous l'ouvrirons jusqu'au sous-sol,
ce qui permettra la pénétration des eaux de pluies.
— 106 —
L'olivier, c'est entendu, a un système radicuUaire très puissant qui lui
permet d'aller chercher dans les couches profondes du sol la fraîcheur qui
s'y trouve, mais, que l'on n'oublie pas cependant que le sol des oliveraies
est toujours perméable, siliceux ou calcaire, souvent en pente et qu'après
quelques semaines de grosses chaleurs, le sol perd rapidement son humi-
dité si l'on ne fait rien pour la retenir.
Que font à cet effet les oléiculteurs ? Le plus grand nombre, rien; quel-
ques-uns seulement, un labour de printemps.
Dix années d'expériences nous ont montré que la méthode en usage des
bons oléiculteurs, de ceux qui font 2 labours devait être modifiée, car il y
a possibilité de mieux faire. A la suite des grandes chaleurs, il se forme
sur le sol une croiite, remplie d'une infinité de petits vides, qui sont les
aboutissants de véritables canaux par où s'échappe, lorsque la surface du
sol est échauffée par les rayons du soleil, toute l'humidité.
Par phénomène de capillarité, l'eau monte à la partie superficielle et
elle s'évapore; l'appel d'humidité s'opère tant que l'on brise pas cette croûte.
Il faut donc pratiquer les façons culturales afin d'emmagasiner l'eau
l'hiver, et empêcher l'été son évaporation.
Nous conseillons un bon labour d'hiver à 0 m. 20 de profondeur avant
la saison des pluies et durant l'été 2 à 3 opérations superficielles avec la
herse ou le canadien; ces façons d'été ne prendront pas plus de temps qu'un
labour et elles auront une influence bien plus considérable.
Fumure des oliviers. — L'olivier profite autant que toute autre culture
des engrais que l'on veut bien lui donner et, toujours il paie largement les
dépenses nécessitées par les fumures.
Principes généraux des fumures. — La fumure d'un végétal est basée
sur les principes suivants : 1" exigence de la plante; 2° la nature des
engrais; 3" constitution du sol.
Il est certain que si nous connaissions d'une façon précise les besoins
des oliviers, nous aurions une grande facilité pour établir des fumures
rationnelles; mais si tout le monde est d'accord pour reconnaître l'heureuse
influence des engrais sur la production, personne ne connaît exactement
quelle est la quantité d'éléments nutritifs que les récoltes enlèvent au sol.
II faut avouer que ce serait difficile de connaître d'une façon certaine ces
renseignements, car trop de circonstances culturales ont ici une influence;
le nombre d'arbres à l'hectare intor\'ient, la périodicité des failles, la nature
du sol et surtout sa profondeur, etc., etc..
Le problème est donc complexe, plus compliqué que pour toute autre
culture, et c'est justement pour cotte raison que nous avons multiplié un
peu partout nos essais afin de rechercher quels étaient les meilleurs engrais
et les meilleures doses d'engrais l\ employer p?.r arbre et par hectare.
Tous les cultivateurs ou presque tous connaissont, aujourd'hui, les
matières qui sont nécessaires aux plantes; ils sont familiarisés avec les
expressions : azote, potasse, acide phosphorique. Lorsque nous parlons
orgrais, nous n'envisageons que l'incorporrition au sol dos matières qui
contiennent ces éléments ot, soit le fumier, soit les engrais minéraux, n'ont
de la valeur que par leur richesse en ces principes.
On estime qvi'une récolte moyenne (12 à 15 kilog. d'olives par arbre],
enlève au .sol, par hectare : 22 à 25 kilog.'d'azote, autant do potasse et 12 il
15 kilog. d'acide phosphoiique. Il faut donc que nos engrais inoorporenl
— 107 —
au sol au moins l'intégralité de ces matières. Dans les régions où la densité
des arbres à l'hectare est considérable ou lorsqu'il s'agit d'oliviers à grande
envergure, la dose d'éléments nutritifs absorbés est plus considérable.
nési/!fats des centres d'expérimentations oléicoles
Essais avec engrais complets sur des parcelles de 20 ares. Récoltes par
arbre en 1921-1922.
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ENGRAIS FIMIKR
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LaFare(B.-ili-R.)..
1 k. 100
Ik 460 4 k.
3 k. 650
6 k. 220
5 k. 120
Ledenon (Gard). .
15 k. 200
20 k. 500 27 k. 500 24 k. 60o|30 k. 660
15 k. 460
Le Luc(Var)
21 k. 960 39 k. 500 '36 k. 7C0 32 k. |38 k.
16 k. 040
A'O/a. — Tous les essais ont commencé en janvier 1920.
Essais de Villeneuve : Oliveraie négligée pendant la guerre; première
récolte en 1921.
Essais de La Fare : Arbres taillés en janvier 1921; ils ont donné cette
année de bonnes pousses.
Essais de Ledenon : Oliveraie mise en état après deux ans de soins.
Essais (le Le Luc : Sol frais sur lequel les engrais verts ont donné une
forte végétation. Dans tous les cas, l'augmentation de récolte due aux
engrais, a donné un bénéfice important.
III.
RÉSrLT.\TS DES CE.NTRES D'EXPÉRIMENTATIONS OLÉICOLES
Essais avec engrais simples sur des parcelles de 20 ares. Récoltes par
arbre en 1921-1922.
CENTRES
SULFATE
imiKi
SLT-F.VTE
d'atnmonia-
iTue et
SLLFATE
d'à m mon ia-
qiic et
SUPlRfBOSPim
et sulfate
ENGRAIS
TÉJIOtSS
d'jtio!l»f:i
tuperpho£- sulfate do ! ^^ ^^^^^ .
phate poUs:,e |
complet
I Villeneuve . .
17 k. b80
17 k. jSO 17 k. aSO 17 k. 330 14 k. 700 ' 18 k. 100 j 11 k. 700
La Fare —
î !.. 303
3k.200' 3 k. 200 3 k. 330 3k.40ûj 4 k. 4Cû Ik.OaO
Ledenon
k 630
7 k. 500 10 k. 600 12 k. 480 3 k 340 23 k. 430 4 k. 370
Le Luc
13 k 589
13 k. 410 13 k. 230 13 k. 0;i0 14 k. 230 16 k. 170 12 k 700
— 108 —
Augmentations de récoltes entre les parcelles avec engrais complets et
celles témoins :
Villeneuve G k. 400 La Fare 2 k. 810
Ledénon 19 k. 060 Le Luc 3 k. 470
Remarques : Essai de Villeneuve : Oliveraie négligée pendant la
guerre.
— La Fare : Oliviers taillés en janvier 1921.
— Ledenon : Oliviers ayant reçu une demi taille (éla-
gage annuel.
— Le Luc : Oliviers ayant reçu une demi taille (élagage
annuel.
Fumure des oliveraies. — i" Le fumier, quoique peu abondant, ne fait
pas défaut; son transport est possible sur le terrain :
Par arbre et tous les 2 ans : 50 à 80 kilog. de fumier; 0 k. 800 de sulfate
d'ammoniaque, 1 kilog. de superphosphate ou de scories, 0 k. 400 de sul-
fate de potasse ou de chlorure de potassium.
2° Le fumier est rare ou son emploi est assez difficile. — Première
année et par arbre : 50 à 80 kilog. de fumier, 0 k. 800 de sulfate d'ammo-
niaque, i kilog. de superphosphate ou de scories, 0 k. 400 de sulfate de
potasse ou de chlorure de potassium;
Deuxième année : aucun engrais;
Troisième année : engrais vert avec 400 kilog. de superphosphate ou de
scories et 150 kilog. de sulfate ou de chlorure de potassium par hectare;
Quatrième année : aucun engrais;
Cinquième année : recommencer la fumure comme la première année.
3* Le fumier ne peut être transporté économiquement sur la propriété
mais la pratique des engrais verts est possible. — Première année : engrais
vert avec 400 kilog. do superphosphate ou de scories et 150 kilog. de sul-
fate de potasse ou de chlorure de potassium, par hectare;
Deuxième année : aucun engrais;
Troisième année : par arbre, 0 k. 800 de sulfate d'ammoniaque, 1 kilog.
de superphosphate, 0 k. 400 de sulfate de potasse ou de chlorure de potas-
sium;
Quatrième année : engrais vert comme la première année et ainsi de
suite.
4° La culture des enqrais verts n^est pas possible dans la propriété, le
fumier fait défaut. — Tous les 2 ans et par arbre, 6 kilog. de tourteaux con-
tenant 5 à 7 % d'azote, 2 kilog. de superjDhosphate, 0 k. 800 de sulfate de
potasse ou de chlorure de potassium.
Toutes ces fumures incorporent au sol, environ : 28 à 30 kilog. d'azote,
15 à 20 kilog. d'acide phasphorique, 30 h 40 kilog. de potasse.
Toutes ces formules d'engrais sont compri.^s pour des plantations
d'oliviers comprenant 150 h 180 arbres k l'hcciare, mais si les plantations
étaient moins denses ou si l'envergure dos arbres était très grande, les doses
d'engrais devraient être augmentées en raison inverse de la densité de la
plantation.
Ml
— 109 —
Lu taille de i'uUvicr. — La question la plus disculpe, en oléicuilure, est
cei"taniement la taille, et toutes les lois que nous nous rendons dans une
commune pour donner des leçons pratiques à ce sujet, nous voyons bien
que celle question passionne les praticiens.
La végélalion de lulioier. — Ha fructificaUon est-elle /orcémenl bisan-
nuelle t — L olivier est un arbre qui irucuiie sur le Dois ue 2 ans; les
rameaux qui oui irucLnie ne doiinenl jamais plus de Iruils; les rameaux de
remplacement se lormem naïuieiiemenl et il est toujours possible alors, de
rdccourcir xes Uriiiuuies qui ont iruciiue et qui s aiioiigeiu trop, au-uessus
U une uriiiuale nouvelle.
Ce mode de vegelaiion a pu faire croii-e dans un temps, et l'idée a fait
son cnemin, que i arure ne uoxuiaiil des fruits que sur le bois de 2 ans, la
produoiiou était lorcemeut bisannuelle.
G est la une erreur, car on uevrait admellit que l'arbre ne produit pas
de fruits lorsqu il uunne du bois et vice versa; en théorie, c est laux; Uans la
pratique raisonnee, cest encore faux; mais, dans la pratique coiu'ante, c'est
presque vrai, lit pourquoi ? Parce que, jusqua ce jour, lolivier a été si
mal couuuii, si néglige, si peu fume que, lorsque i aiore prouuit des fruits,
il est SI épuisé qu il ne donne pas de bois d'où retard d une année. Ge bois
se formera l'année suivante, celte année, la récolte sera nulle car le végé-
tal ne porte pas de brindilles de deux ans.
La méthode que nous conseillons et qui nous est indiquée par les bons
effets qu'elle nous donne, là où nous la faisons pratiquer, est la suivante ;
élagages annuels légers, tailles plus sévères tous les 5 à 6 ans; on ne se pri-
vera ainsi volontairement de récolte que tous les 5 à 6 ans.
On dira que dans certaines régions, dans le Var, les Alpes-Maritimes,
on fait un peu cela car, tous les 5, 6 ou 7 ans, on taille les oliviers pour ne
plus y revenir que longtemps après; mais ici, ce n'est plus une taille que
l'on fait, c'est un massacre de tous les rameaux. On ne taille donc plus :
on déshabille à fond l'olivier, on ne lui laisse que quelques rares brindilles,
des « lire-sève » si l'on veut, c'est la taille de la faim, semblerait-il pour
éviter l'emploi du fumier.
L'air et la lumière sont indispensables à l'olivier. — L'olivier est
l'arbre des pays ensoleillés, il exige de l'air et de la lumière à profusion et
sa végétation croît en proportion de la somme de chaleur et de lumière
qu'il peut recevoir.
Si ces éléments font défaut, l'arbre s'anémie, il devient alors la proie
des parasites, le noir ou fumagine s'acharne après lui, et l'olivier ne pou-
vant pas se défendre ne végète plus et devient improductif.
Dans la taille nous envisageons 2 cas : 1° la taille de restauration pour
les arbres négligés ou qui n'ont pas subi cette opération depuis plusieurs
années; cette opération doitrètre établie sur les bases suivantes :
1° Equilibrer la sève dans toutes les parties de l'arbre, rabattre les
branches trop longues, au niveau de celles de force moj-enne; laisser toute
leur longueur aux branches moins fortes;
2" Laisser, sur toutes les branches de charpente, les rameaux fructi-
fères bien placés;
3° Rendre l'arbre clair de branches et de feuillage;
4» Laisser des ramifications pour garnir les vides existants entre
les branches charpentières;
— 110 —
5" Supprimer les rameaux épuisés, cariés, attaqués par les parasites
divers, etc.;
C Evider l'arbre à la partie intérieure et lui donner la furnic d'une
rloche renversée; ainsi traités, les oliviers seront formés de deux surfaces
concentriques, une extérieure, mie intérieure; le soleil et l'air ix>urn>nt
ainsi pénétrer dans toutes les parties du végétal;
7" Tenir compte de la variété et du climat pour ai'rèter la hauteur des
branches principales; approximativement, les coupes doivent être faites à
une hauteur- du sol égale à celle du plus grand diamètre de l'arbre;
a," Les grosses plaies devront être très nettes, jamais horizontales, mais
toujours en pente très prononcée.
Dans les régions où les arbres atteignent une grande dimension, où
des élagages annuels sont alors impossibles et oîi la taille, ne peut être
pratiquée qu'à des intervalles plus ou moins éloignés, les principes énumé-
rés ci-dessus ne doivent jamais être perdus de vue. Une fois que l'arbre
aura été taillé une première fois, il faudra lui éviter dans l'avenir, les
grosses plaies, les amputations inutiles, mais avoir soin, dès qu'une branche
charpentière s'emporte ou qu'une ramification tend à prendre une position
qui deviendrait une gêne dans l'avenir, de supprimer les rameaux inutiles
avant qu'ils aient atteint un gros diamètre.
2° Taille de production. — Ici, notre but sera de ramener, sur une
ramification de remplacement, les brindilles épuisées, celles qui so sont
trop allongées; cet élagage sera presque nul après les années de petites pro-
ductions, il sera plus énergique après les grosses récoltes. Cet élagage
annuel est pratiquement possible dans toutes les oliveraies de la France,
exception peut être faite pour les oliviers des Alpes-Maritimes et de la
Corse.
Partout où nous avons fait mettre en pratique cette méthode et que
.nous avons combiné les élagages annuels avec des fumures copieuses, les
récoltes sont devenues annuelles. L'olivier peut donc, si on le nourrit et si
on ne lui laisse que les rameaux nécessaires, former tous les ans et comme
Its autres végétaux, des fruits et des rameaux.
IV. — CRÉATION DES OLIVERAIES, PLjVNTATION, VARIÉTÉS
Le rural ne doit pas envisager l'obtention dos sujets nécessaires ix)ur
ses plantations nouvelles, il a la possibilité, c'est entendu, s'il s'agit de
rcmplacor un manquant, de prendre un pied en surnombre dans un verger
car l'olivier, même si les sujets sont déjà âgés et ix>ssèdent un diamètre de
10 à 15 cent., reprend très bien possession du terrain lors de la replanta-
tion, mais s'il s'agit de la création d'un verger, il y a intérêt à prendre des
sujets jeunes, issus de semis, lx)uturage ou marcottage.
Sans entrer dans des considérations Iroj) complexes qui, pourtant, ne
seraient pas superflues, il est utile de dire que les plants issus de semis
sont, k notre avis, les meilleurs.
La multiplication de l'olivier par semis est certainement un procédé
très lent et le début d'une pépinière pourrait décourager les plus patients;
il faut attendre 4 à 5 ans avant de voir des tigelles prendre figure de
rameaux; à partir de cette époque on ne regretterait plus l'adenle subie.
— ill —
car, li'un seul coup en aura ubluiiu un iioiiibrc do sujets considérable. Lo
succès du semis i^ut èUc assuré si l'on prend des olives saines, bien mûres,
à gros noyaux, que l'on dépulpera et que l'on fera sécher au soloii d'abord,
puis, dans un four dont la température aura été portée à ôù-GU" pendant
une heure. 50 kilog. d'olives peuvent donner 12.UU0 à 18.000 noyaux; la
levée en pleine terre pourra s'élever à 15 %.
On emploie parfois encore pour multiplier l'olivier, les souquets ou
protubérances, portant des yeux que l'on peut prélever sur les souches; ici
encore, la mise en pépinière de ces boutures s'impose, car les oliviers no
doivent être mis en place définitive que lorsque les tiges ont acquis un cer-
tain diamètre.
C'est en pépinière que les arbres doivent être grelTés, nous donnons la
préférence à la grehe en écussoa pratiquée en mai à la base de la tige.
Nous recommandons la multiplication des oUves de confiserie et nous
engageons les oléiculteurs dans cette voie, car la production des olives ver-
tes est très rémunératrice, plus rémunératrice que la vente des huiles; leurs
propriétaires auront d'ailleurs la faculté de les vendre vertes ou de les poi'-
ter aux moulins lors de leur maturité.
Nous allons même plus loin et nous conseillons la transformation par
lu greffage, en vaiûétés de confiserie, des arbres de qualité inférieure; ici,
c'est le greffage en écusson par placage sur les branches à écorce lisse du
deuxième ou troisième étage, qu'il faudra effectuer. Parmi les variétés
d'olives de conserve, nous plaçons on ligne de mérite, la lucque, la piohe-
line, l'amellaou, la verdale; la Drùine fournit l'olive noire ou tanche de
Nyons. Les variétés d'olive d'huilerie qui existent en Provence proviennent
d'une sélection datant de plusieurs siècles, les principales sont les suivair-
tés ; l'aglandaou, la salonenque, 1© cayon, le cailletier, etc., etc.
Lors des nouvelles plantations, les ai'bres doivent être placés à un écar-
tement calculé, de façon que lorsque ils seront adultes, la distance qui
les séparera soit égale à environ le double de leur diamètre; à cette distance,
il n'arriveront jamais à mélanger leurs feuillages et ils ne souffriront
jamais du manque d'air et de lumière.
V. — LES MALADIES DE L'OLIVŒR
Ces maladies seront examinées au simple point de vue pratique, car
ce qui intéresse le producteur, c'est surtout la connaissance des moyens
susceptibles d'enrayer le dépérissement de l'olivier ou la destruction des
récoltes qu'il porte.
Comme tous les êtres vivants, l'olivier est sujet à de nombreuses mala-
dies et il peut être attaqué par de nombreux parasites, mais disons tout de
suite, que lorsque sa vigueur est normale et qu'il reçoit quelques soins, il
se défend mieux que la plupart des autres végétaux cultivés.
Pour simplifier l'étude de cette question, au cours de laquelle ne seront
mentionnées que les maladies principales, nous établirons la classification
suivante :
1° Maladies accidentelles : gelées, coulure;
Maladies dues à des champignons : Pourridié des racines, carie de la
fige, tumeurs bactériennes, cycloconium des feuilles.
— 112 —
3° Insectes nuisibles : calégoric a). — Parasites pouvant être assez faci-
lement combattus : la cochenille (lumagine), le phlœolribus (neiroun),
l'hy lésine, le trips ou barban, l'otiorliynque ou chaplun;
Calégoric b). — Parasites contre lesquels nous sommes presque désar-
més : mouche de l'olive (dacus ou keiroun), chenille mineuse, psyile (blan-
quet). Cette classification est loin d'être scientifique, mais elle est rurale et
c'est la seule qui convienne, à notre avis, dans un congrès de production.
MALADIES ACCIDENTELLES
Gelées. — Les fleurs ne soutirent jamais des gelées car elles se mon-
trent tai'divement, mais à une température de 5° à 8° au-dessous de zéro
si le temps est humide, et sûrement à 12" ou 13° au-dessous du zéro, les
rameaux peuvent plus ou moins souffrir du froid; on ne peut éviter cet
accident et il faut, lorsqu'il se produit, rabattre l'arbre sur les parties sai-
nes; si la gelée a intéressé le tronc, la régénération de l'arbre s'imposera.
Coulure. — La coulure que nous constatons presque toutes les années
est souvent d'ordre physiologique; les oliviers ne nouent pas leurs fleurs,
car ils manquent de vigueur; les fumures, les soins annuels porteraient
sûrement remède à cet accident et si l'on facilitait l'aération de l'arbre par
une taille bien comprise, la fécondation des fleurs serait plus régulière.
Ces fleurs sont cependant très délicates et le moindre brouillard a raison
d'elles.
Tous les produits essayés pour favoriser la floraison, poussière des rou-
tes, soufre, chaux, etc., ne nous ont jamais donné de résultats et, si lea
arbres poussiéreux situés le long des chemins ou isolés au milieu de cul-
tures diverses sont toujours plus fructifères que les autres, c'est qu'ils sont
mieux aérés. Une taille rationnelle, favorise donc la floraison.
MALADIES DUES A DES CHAMPIGNONS
1" Pourridié OU blanc des racines. — Ce champignon s'attaque aux raci-
nes et les détruit rapidement, mais son action ne s'exerce que si le terrain
est marneux, froid, humide, imperméable et nous constatons cette maladie,
que dans les régions où la création de nouveaux canaux d'irrigation donne
une humidité constante aux terrains; les racines se couvrent d'un duvet
blanchâtre, bientôt les radicelles sont détruites et le végétal dépérit rapi-
dement.
L'assainissement du sol s'impose toutes les fois que l'humidité peut
faire craindre ce parasite, si l'on recule devant celte opération, les cultu-
res herbacées doivent remplacer les oliviers. Le procédé est radical, mais
i! est rationnel.
2° Carie de la tige. — Pourriture du bois. — Maladie rare dans les
oliveraies bien tenues, mais elle est fréquente là où l'on fait de grosses
plaies aux arbres et surtout, lorsque ces plaies ont une surface horizontale,
au lieu de présenter une pente prononcée.
Les eaux de pluies pénétrant dans le bois le décomposent petit à petit
et favorisent le (lévcliipijoiiiont d'un cli,unpi,i;non (pnlyporus); la carie gapno
— 113 —
la tige et produit do largos brèchos qui se dénudent d ecorce; lorsque la
carie attaque la souche l'arbre doit être régénéré.
En évitant les grosses plaies de taille, on donnant à celles-ci, lorsqu'elles
ne peuvent être évitées, une pente prononcée afin de favoriser l'écoule-
ment des eaux, en ayant soin de goudronner les plaies, la carie des tissus
ligneux serait très rare.
3° Tumeurs bactériennes. — Ne se produisent que sur les arbres affai-
blis. Ces tumeurs sont irrégulières, ligneuses, crevassées et peuvent attein-
dre la grosseur d'une noix. Elles occasionnent la destruction des rameaux.
On doit supprimer tous les rameaux atteints et avoir soin de les brûler
immédiatement.
4° Cyclùconiuin ou œil de paon. — Ce champignon forme sur les feuil-
les adultes des tâches rondes, brunes, jaunâtres ou noires, de coloration
différente de la périphérie au centre; elles présentent une dimension do
5 à 10 ■"/" et sont en nombre variable sur toutes les parties de la feuille.
On rencontre le cyciononmm sur le pédoncule des feuilles, plus rare-
ment sur le fruit, jamais sur les jeunes feuilles. II peut, dans certains cas,
occasionner un effeuillage inquiétant et il y a lieu alors, dans les régions
où cette maladie sévit avec intensité de traiter préventivement les oliviers.
On emploie ici les sels de cuivre, la bouillie bordelaise à 2 % pulvérisée
courant mai et courant juillet; si l'année est très pluvieuse un troisième
traitement en septembre n'est pas inutile. Ordinairement, deux traitements
sont suffisants. Cette pratique est faite couramment dans certaines régions
(Drôme).
VI. — INSECTES NUISIBLES A L'OLIVIER
Parasites pouvant être facilement combattvs
1° Cochenille. — Se reconnaît à des galles de coloration brun noirâtre,
rugueuses, que l'on rencontre sur les jeunes rameaux et sur les feuilles.
Ces galles présentent une saillie dorsale et deux transversales; elles
proviennent de la carapace desséchée des cochenilles adultes qui meurent
de suite après la ponte; elles recouvrent les œufs du parasite.
En mai l'éclosion commence et si l'on souève une galle, on aperçoit
une infinité de petits insectes gris, parfois bruns, qui viendront s'implanter
sur les rameaux, sur les feuilles, suceront la sève, grossiront rapidement et
donneront naissance à de nouvelles galles et à de nouveaux parasites; on a
observé ainsi des éclosions de mai en août.
Ces cochenilles sécrètent un liquide sucré et celui-ci permet le déve-
loppement d'un champignon qui produit la fumagine; ce développement
est d'autant plus rapide que les arbres sont touffus et peu aérés. Par consé-
quent, si on combat la cochenille on évite la fumagine ou noir. Les jeunes
insectes sont sensibles aux traitements, à condition toutefois, de bien choi-
sir le moment des éclosions.
Le traitement de cette maladie doit se faire ainsi : 1° taille énergique
et destruction par le feu de tous les rameaux; 2° en mai, avant la floraison,
autant que possible lorsque l'on commence à ai^ercevoir sur les rameaux de
tous petits insectes ou lorsque l'on constate sous les galles l'éclosion des
œufs, faire une pulvérisation avec une solution composée de 4 kilog. de
- 114 —
pa„.. . Kilo., de rTz:^:,::'^.:^^^:';:^^'^'^
"" ";f"° ':ZJ:^CZ^: ■'- Cissout .-abord le savon dans »n peu
r '^';, „uS .u.t 0 1 y ajoul« le péfolc en ayanl soin dagller ,>6ou.
r„«", "i'u.ir.;'sul.au. ie cuiv. d,s..us dans qn^l^ues Ulres deau,
on complète le volume à iOO litres.
..o Je, ronacurs du bois : phlœotnbus ou neiroun. - Petit coléoptère
Tr^nfP^ In'. Dartie^ de l'arbre attaquées doivent cire taillées et brûlées
2S£i^Xdr^^:^^2:^-^:rr^=
on Deut aussi se débarrasser de ces insectes en opérant ainsi : laisser
On pt.ut auss su ub .r. . ,. jours afin d'y attirer les parasites
de taille et de les brûler après un séjour de 3 a 4 semaine, sur le tenam.
■^o uvlésine - Ce parasite occasionne les mêmes dégâts, mais avec
moins de gravité que le précédent; on le combat de la même façon.
40 Pklœotrips ou tnps [oer noir ou harlan). _ ^fl^^'l^^^l.^^
aux jeunes ix)usse3 de l'année, les cnble de piqûres et les fait périr.
Dans certaines régions, en Italie par exemple, ^^^^^^'^.
rtP ETt-ands dé-âts- on l'a combattu avec succès en opérant dcb tailles sève
r:sf en détrSstl les rameaux de taille et en Pulvér.ant sur le tronc des
oliviers une solution de chaux, ou mieux, de sulfate de fer.
'" 5- Otiorhynche ou chaplun. - Charançon de 7 à 8 ^", de couleur
si r vers les 9 à 10 heures, et sous les oliviers un drap ^l'^<^'''^^']^' ' .^'^'
opémiion serait faite avec précaution et. au moindre choc produit sur
l'arbre on recueillerait beaucoup de parasites.
Sa larve s'attaque aux racines, on peut en avoir raison P^r 'nFcbon
dans le sol, de sulfure de carbone à la dose de 25 grammes par melre
carré •
il:
Inseclcs contre lesquels iiuus suiniucs presque dcsanaés
1" Mvuc/ic de l'ulive \^daeus ou keiroun). — C'est ici le terrible parasite
celui qui occasionne des perles nicalculables et contre lequel, en France
tout au moins, nous sonnnes impuissants. La mouche passe l'hiver, suit
à l'état parfait, soit à l'état de puli>e dans le tronc des arbres, dans le sol,
elle se rencontre en quantité dans les moulins, les tas de grignons abandon-
nés, et à juste raison on a pu comparer les moulins à de véritables couveu-
ges à dacus.
Ce parasite a en France 3 génératioiis el chaque fois les fethelles pon-
dent 5U à 300 œufs, la progression mininmm s'établit alors ainsi par indi-
vidu : U), 2.500.125.000.
Chaque fruit peut recevoir 2 à 3 œufs, les lirves qui eh provieimcnt
rongent la pulpe et, si l'olive ne tombe pas, celles recueillies donnent une
huile détestable.
Un procédé de défense existe et son efhcacilé est certaine, il est dû aux
travaux de divers agronomes qui mirent à profil l'avidité du dacus pour
les substances sucrées.
M. le D' de Gillis et M. le Professeur Berlèse perfectionnèrent le pro-
cédé et conseillèrent l'emploi de la mélasse arsenicale.
La mouche vivant de 12 à 14 jours, depuis sa naissance au moment de
sa ponte et se nourrissant de matières sucrées, ces savants firent pulvériser
sur les oliviers une solution nommée dachicide, composée de ifiélasse, de
glycérine, de miel et d'arsénite de soude. Les résultats furent des plus
intéressants.
Des essais opérés en France, par nos prédécesseurs aii Service de l'Oléi-
culture, MM. Chapelle et Ruby, donnèrent aussi les meilleurs résultats.
D'année en année, la composition de la solution fut modifiée et la der-
nière formule établie par le Professeur Berlèse, de Florence est la suivante :
ëâu i litre, mélasse 100 grammes, arsénite de soude 2 grammes. Cette solu-
tion à la dose de 2 pour 1.000 d'arsénite de .soude n'a pas trompé l'attente
des expérimentateurs; elle peut être employée presque sans danger et ne
laisse jamais de trace d'arsenic darts les huiles.
Une preinière pulvérisation doit être faite commehceilieht juillet, une
deuxième un mois après, une troisième, dans les ré^iohs à révolte tardive,
VEf-s le 15 septembre; le succès ne peut être assuré que si l'on opèfe sur de
graniles surfaces.
Dans un pays de petites propriétés comme en France, c'est là un
sérieux inconvénient, et puis il en existe un deuxième autrement grave :
« l'emploi des solutions arsenicales ri'esl pas libre en France. Nous n'avons
pas à discuter ici pourquoi et, c'est pour cette raison que nous avons essayé
«SOhtre ce parasite, tous les insecticides connus, déjà employés ou non, en
solutions très diverses mais sans le moindre résultat. Les essais se conti-
fiuent dans toutes nos oliveraies d'expériences.
Tant que l'emploi des sels arsenicaux ne sera pas libre, nous conseil-
lons, les années où les traces de dacus sont nombreuses sur les olives, de
faire des récoltes hâtives, mais surtout nous demandons que l'on arrive le
plus rapidement possible à un meilleur entretien des moulins à huile.
Si ces usines étaient mieux tenues, si, en fin de campagne on laVait le
Èol, les récipient?, les greniers à olives avec un lessif bouillant, si on brûlait
tous les débris, tous les grignons non utilisés, si oh désinfectait avec une
— 116
r:;:i:LV:rAr;u u"aut a., ava.. de songer aux puivénsaUon.
2° Chenille viinease ou leigne. - Quoique moins apparents, les dega s
r^^plnarasite sont presque aussi considérables que ceux produits
''""?.' d^us maï omn on ainbue à des causes diverses (vents, seche-
'e" e da" s eS ceux causes par ce petit papillon, on ne le considère pas
La te^^^e l'olive a 3 générations par an. Les larves d'automne vivent
dans 1 intSur des feuUies? elles y creusent des galeries et les leuUles pré-
..P.iipnt des taches transpai-entes très caractéristiques.
Au Drmtemps les arves sortent, elles s'attaquent aux jeunes bour-
geonfet'co^uent Lrs dégâts jusqu'à l'époque de leur transformation en
^^^ Ceïe-ci co-incide avec la floraison et les femelles viennent déposerleurs
œufs sur 1 s boulons fl,,aux. Les larves détruisent des centaines de fleurs
Ton rïïontaït bfen ces organes détruits à leur fora^^J^^^^^
rs;^r^s;;:s::::siars--s^^^^^
Les pap nons de la deuxième génération apparaissent fin juin et dépo-
sent ir^rf^uf s sur les jeunes fruits ou -rlj^JeuiUes^les larve, péne^ent
dans le fruit arrivent dans le noyau et vivent de 1 amande.
Les olwes attaquées tombent en août et septembre et on reconnaît bien
que tSe rute es?due à la teigne, à un petit trou qui se trouve au niveau
'^ ^L'mjroi deM' i^lasse arsémcale, quelques jours avant la floraison a
-ré^n^strr^^^
terrible parasite.
30 Psulle ou blanquet .- Contrairement à la teigne, ce parasite est
bien apparent, n se reconnaît à un duvet blanchâtre, cotonneux, gluant qui
pntnnr*^ la fleur et qui, bien entendu, la fait avorter.
" L dégït cfuispar ce parasite sont secondaires P-.-PP^^^^^^^
occasionnés par les insectes précédents, mais, dans certains miheux, ils
""\r^n^i:tt ;iï1rtrS;ment pratique contre ce parasite si c. n'est
remploi des solutions arsenicales avant la floraison.
CONCLUSIONS
Les cultivateurs ne doivent jamais perdre de vue que l'olivier peut seul
utiliser les teiies ingrates, les terrains en pente où les autres producUona
ne inn raitrque des déceptions; Us doivent songer que le -mp^-ejnen
do l'Olivier par la vigne peut faire naître une crise sans exemple et que
rabandon des oliveraies ur lesquelles les autres productions ne peuv nt
pîospérer augmenterait la surface des terres incultes et contribuerait à
f appauvrissement de toute une région. Mais toute culture doit être rému-
nératrice et l'olivier peut, si on le veut, donner des bénéfices.
t régénération des veux arbres s'impose et celte transformation, fa.te
petit à petit n'occasionnerait aucune diminution notable de rendement; K.
— 117 —
arbres jeunes, ceux plus âgés mais sains, fumés, taillés et cultivés ration-
nellement donneraient sûrement des récoltes.
On les obtient partout où l'on cultive bien et nous ne voyons pas alors
pourquoi, on continuerait à diHaisscr les oliveraies alors que l'intensifica-
tion de la production selon les procédés dont les résultats sont mis en évi-
dence dans des centres d'expérimentations, permet de réaliser de sérieux
bénéfices.
II
LA FABRICATION RATIONNELLE DES HUILES
1° Récolte des olives
La qualité des huiles ne dépend pas seulement des méthodes de fabri-
cation mises en usage, mais aussi de la qualité des fruits et de leur degré
de maturité; il nous faut donc examiner les deux points suivants : l'A
quel moment faut-il cueillir les olives ? 2° quelles sont les précautions à
prendre pour faire une bonne cueillette ?
Il est difficile de préciser le moment de la récolte, car il faudrait envi-
sager les variétés les unes après les autres et ne pas oublier encore que
cette pratique est un peu commandée par la stature des arbres, car s'il
est possible, lorsque la cueillette se fait à la main, de récolter les olives
lorsqu'on le veut, il faut forcément attendre que les fruits soient mûrs,
si l'on se voit obligé de les faire tomber par le gaulage.
Lorsque la pulpe prend une teinte violacée, vineuse, qu'elle se détache
plus facilement du noyau, le moment de la récolte est venu car c'est à cette
époque que l'huile formée dans le fruit semble avoir atteint son maximum;
il n'en est rien cependant et les olives peuvent au.srmenter leur richesse en
matières grasses, alors que la pulpe a chansré complètement de couleur.
Mais, en supposant que la formation de l'huile ne soit pas complète,
il n'y a pas intérêt à retarder l'époque de la récolte, les années de grande
abondance surtout, car les olives mûres cueillies avant leur complète matu-
rité achèveront facilement de mûrir si on les conserve quelques jours dans
de bonnes conditions.
Des expériences nous ont montré, que des olives cueillies avant leur
maturité, mais conservées dans un milieu sain avaient achevé normale-
ment leur maturité et contenaient, 5 à 8 jours plus tard, autant d'huile que
les olives témoins laissées sur les mêmes rameaux où avaient été cueillis
les premiers fruits.
Au début de la récolte, les olives laisseront plus difficilement échapner
l'huile qu'elles contiennent, celle-ci sera plus fruitée et plus verte, à la fin
au contraire, et alors que les olives seront plus mûres, la fabrication sera
plus facile, les huiles seront plus neutres et plus jaunes, mais dans les deux
cas il ne faut pas d'exas-ération, il ne faut pas récoller les olives nresque
vertes car on obtiendrait des huiles acres, fortes et en petites quantités, ni
ée» ffBÎtâ trop m^r^ gav c,n îw çsgr.sraii paa ck q,y,-r'niHi .li ©n iisréïôii «>
— 118 —
qualité, il faut un ju?lc milieu et c'est au praticien à choisir le lion moment.
Il ne faudra pas oublier que les grands froids du mois de janvier peu-
vent porter atteinte à la production et qu'alors et pour peu que la récolte
est importante, il y a intérêt h faire la cueillette dès que la maturité c^es
fruits commence à se dessiner.
Les fruits récoltés sont ordinairement logés en sacs, mais nous préfé-
rerions les voir placer dans des caisses ou des corbeilles, car on éviterait
ainsi les meurtrissures qui sont toujours la cause de mauvaises fermen-
tations.
Si les olives sont cueillies à la main, le lavage n'est pas nécessaire,
mais il deviendrait une nécessité si les fruits avaient été ramassés sur le
sol.
2° f.e grenier 4 Qlives. ed la çai]^erv(itiop. (^es alivçs dçstivées, à Vhuilerie
En étudiant la question « Conservation des olives », nous nous voyons
obligés de commencer à parler de l'organisation du moulin moderne car
c'est ici, que les olives sont qrdinairemeqt conservées; c'est, en etïet tou-
jours ou presque toujours au-dessus du moulin, de la salle de fabrication
plutôt, que se trouve le local où seront reçus nos fruits.
La surface de cette salle est ordinairement égale à celle occupée par la
macliinerie et la salle de conservation des huiles, ni^is il ne s'en suit pas
pour autant que cotte surface soit toujours suffisante ou insviffisanlc-
Le premier point qui doit nous préoccuper et le suivant : il faut qi^p
la surface de la salle de réception des fruits soit suffisante pour contenlri
dans les meilleures conditions, les olives recueillies durant 5 à Ç jours,
car nous estimons que les olives ne doivent pas attendre plus longtemps
leur passage sous les broyeurs.
Si nous envisageons un moulin pouvant traiter 4-500 kilog. d'olives
par jour, le grenier devra pouvoir recevoir 25.000 à 80.000 kilog. de récolta
environ et si nous admettons, avant d'aller plus loin, que l'épaisseur des
tas de fruits ne doit pas excéder 25 à 30 centimètres, nous trouverons
qu'une surface de 130 à 140 métros carrés environ est nécessaire, soit 12 m.
sur il m. Ces dimensions corresjxtndent à peu près à celles de nos usines
modernes.
La salle de conservation des fruits doit toujours être saine et aérée; le
sol sera cimenté, les pavages en Iiois ou en carreaux seront toujours pros-
crits car il faut éviter toutes les fentes, tous les vides où les parasites des
fruits leurraient se réfugier. Il faut d'autant plus éviter ces abris qup,
durant leur conservation, les olives fermentent et que, sous l'influence (le
la chaleur, les vers quittent les olives pour se réfugier dans toutes tes cavi-
tés qui se trouvent à leur portée.
Si les olives étaient soumises au liroyage le lendemain de la cueillette,
fa fabrication de l'huile serait difficile, très difficile même lorsque les
fruits ne sont pas encore assez mûrs, lorsqu'ils ont été cueillis par un
temps très froid ou lorsqu'ils appartiennent à des variétés qui présentent
une résistaiice très , ;i!inde au broyage; il faut ici faire :iubir aux fruits une
certaine fermentation qui aura pour but de ramollir lc3 parois des cellulos
qui renferment la matièro grasse.
En 2 ou 3 jours, les olives mûivs, on las, sont prêtes à être broyées, 5 à
C jour.? sort nécessaire? peur les fr-uifs cueillis par le froid ou pour cer-
taiF.os variétés; on jur-e, en général, que le broyage des fruits peut ûtro
opéré lorsque io tas commence « à suer », c'est-à-dire que les olives, sous
— 110 —
l'influence d'un commencement de fermentation, perdent leur eau de végé-
tation, mais il faut s'élever contre la méthode qui consiste à laisser les oli-
ves en tas pendant plusieurs semaines.
3» Considérations générales sur la disposition du 7noiilin moderne
Le moulin doit pouvoir contenir facilement tout le matériel indispen-
sable à la fabrication des huiles; ses dimensions doivent toujours être
envisagées de façon qu'il soit possible d'aujrmcntor dans l'avenir, si cela
devient nécessaire, l'importance des appareils utilisés. Il doit être adossé et
construit, si cela se peut, contre un talus, de façon que le grenier à olives
se trouve au niveau du sol; mais que l'usine soit placée contre un talus ou
sur un terrain quelconque, c«lui-ci devra présenter une pente naturelle
pour permettre l'évacuation des eaux de lavage ou de végétation.
La construction sera solide, les murs suffisamment épais pour empê-
cher les grandes variations de température, car il ne faut pas oublier que
si les températures élevées sont nuisibles, en ce sens qu'elles font dévelop-
per les mauvaises fermentations, une température froide est contraire à la
fabrication rationnelle et rapide des huiles; même pendant les plus grands
froids la température du moulin ne doit pas être inférieure à 15".
Les ouvertures devront être grandes, garnies de vitrages, de contre-
vents que l'on fermera la nuit et de grillages fins pour empêcher la sortie
des parasites; il faut que tous les insectes qui ont pu prendre domicile dans
le moulin ne puissent en sortir et soient détruits par le nettoyage rigou-
reux qu'il ne faudra pas manquer de faire en fin de campagne.
Le parquet sera cimenté et légèrement en pente pour permettre aux
rigoles d'évacuer facilement les eaux de lavage, les murs seront blanchis à
la chaux, enfin, tous les angles seront arrondis, ce qui rendra le nettoyage
plus facile.
Si la salle de fabrication doit être aménagée de façon que tous les appa-
reils aient toute la place qui leur est nécessaire, nous sommes opposés aux
installations qui laissent trop de vides entre les presses et surtout entre là
broyeur st les presses; il ne faut pas perdre de vue que tout déplacement
inutile est du temps perdu.
Dans cette salle les appareils suivants seront utilisés : un concasseur,
un ou plusieurs broyeurs à meules, des presses préparatoires, finisseuses
ef d'épuisement et une turbine pour la décantation des huiles.
Concasseur. — Il n'y a pas bien longtemps que l'on utilise pour le tra-
vail des olives les concasseurs; avant on se contentait des broyeurs à meu-
les et sans dire que le broyage était mal fait, il était trop lent.
Nous sommes persuadés que le concassage des olives ne peut pas rem-
placer le broyage au moyen de meules, car le travail spécial de ces derniers
appareils permet, mieux que fout autre, la déchirure des parois des cellu-
les qui emprisonnent la matière grasse, niais nous estirnons que pour faci-
liter et activer le travail des broyeurs à meules, il est de toute nécessité
d'associer un conçgsseur au broyeijr.
Un broyeur à meules exige environ 30 à 40 minutes pour traiter 120
à 150 kilog. d'olives, avec un concasseur on réduit considérablement ce
temp; et, dans nos moulins coopératifs, tous les quarts d'he^ire, toutes les
10 minutes même, nos brqyeurs à meules transfornipnt ^i une pâte par-
fait<5, les olives gui ont d'abord passé. par le concasseur; on définitif, i] es{
po^ible en associant un concasseur au broyeur, de f^ire 3 à 4 fois plus dg
travail.
— 120 —
Les concasseurs sont des appareils composés de 2 à plusieurs séries de
2 cylindres cannelés entre lesquels devront passer les olives; ils sont sur-
montés d'une trémie qui trouve sa place dans le grenier à olives; un cou-
loir en bois conduit les olives concassées dans le broyeur à meules.
Les broyeurs. — Le broyage des olives. — Ces meules doivent être cons-
tituées par un bloc plein, en granit ou pierre volcanique, rugueuse, sans
fissure; elles seront toujours cylindriques et non tronconiques, cette
forme les obligera à un mouvement qui ne sera pas seulement circulaire,
mais aussi angulaire; .'es meules seront obligées de « riper » sur la meule
gisante et elles déchireront ainsi les parois des cellules qui contiennent
l'huile. La quantité d'olives à disposer sous les meules à chaque opération
ne doit pas êtrô quelconque, elle doit être çn rapport avec la dimension
du broyeur et la nature des presses. On est trop souvent porté de mettre
trop de fruits dans le broyeur et c'est là une errewr, car les meules ne peu-
vent pas les réduire facilement en une pâte homogène; celle-ci contiendra
toujours des fragments de pulpe qui ne seront pas suffisamment triturés,
de plus, l'effort demandé à l'appareil sera parfois disproportionné à la puis-
sance du moteur et des arrêts ennuyeux pourront se produire. Mais, si au
contraire, on diminuait au delà de toute mesure la quantité d'olives, les
meules tourneraient à vide, elles iraient trop vite, la pâte s'échaufferait, elle
serait rendue en une masse trop fluide, difficile à pressurer.
Il faut mettre une épaisseur de 8 à 10 cent d'olives dans la conque,
soit 120 à 130 kilog. (10 à 11 doubles décalitres) sous un broyeur de 2 meu-
les de 1 m. 20 sur 0 m. 30; nous précisons et nous ajoutons que cette
quantité d'olives doit être celle qui sera nécessaire }K)ur une presse pré-
paratoire; nous expliquerons pourquoi lorsque nous étudierons le travail
du moulin. La vitesse des meules doit varier de 8 à 10 tours à la minute.
Les scourtins. — Il est certain que si l'on trouvait un procédé quel-
conque pour extraire l'huile des olives sans avoir besoin de presses, on se
passerait de scourtins ou cabas, mais jusqu'à présent, l'usage des presses
est le seul procédé qui permette de traiter rationnellement nos olives et
l'emploi des scourtins est alors indispensable.
Jusqu'à ces dernières années, les scourtins affectaient la forme d'un
béret et étaient fabriqués au moyen de denrées très diverses : alfa, coco,
chanvre, crin, aloès, etc., etc. Les fibres de chanvre sont très solides mais
s'imprègnent rapidement de matières grasses et peuvent communiquer à
l'huile un mauvais goût; l'aloès et le crin ijennettent d'obtenir dos scourtins
très résistants, mais le coût de ceux-ci est trop élevé, dans la pluiiart de nos
moulins, pour ne pas dire dans tous, on utilise seulement les cabas en alfa
ou en coco. Les fibres de coco sont plus résistantes que colles do l'alfa, mais
elles laissent circuler l'huile ])lus difficilement. Los fibres d'alfa présentent
quelques qualités de premier ordre. En dehors de leur prix modique, elles
ne communiquent pas, si l'on ]ircnd quelques soins élémentaires, de mau-
vais goût aux huiles, leur surface étant vernissée,, elles retiennent peu de
matières grasses, enfin, la texture do ces tiges forme les meilleurs drains
que l'on puisse obtenir pour l'évacuation des liquides sortant des olives.
On reproche à l'alfa son pou do résistance aux fortes pressions, mais ce
qui était vrai hier, s'est bien amélioré aujourd'hui, et les scourtins en alfa
tressé à disque à mailles doubles, avec trames on cordages résistants : chan-
vre, coco, crin, etc., nous donnent toute satisfaction dans nos usines coopé-
ratives.
SMl
— 121 —
Les presses et le pressurage Je la pâte. — Le concassage et le broyage
ne suffisent pas pour séparer les liquides des pulpes, il faut faire subir à
toute la niasse, une pression à travers un crible élastique et résistant; c'est
pour cette raison que la pâte est placée dans des scourtins que l'on dispose
sur les plateaux des presses.
Les presses utilisées sont de modèles très différents; ce sont les presses
hydrauliques qui, seules, doivent être utilisées; elles occupent peu de place
et produisent, avec un minimum de personnel, un maximum de rende-
ment.
Nous envisageons trois séries de presses : 1° les presses préparatoires,
2° les presses dites finisseuses, 3° les presses d'épuisement.
Les premières auront pour but de faire évacuer le liquide qui coule
presque naturellement et aussi de réduire rapidement le volume de la
masse; les presses finisseuses débarrasseront les grîgnons de tous les liqui-
des qui peuvent en sortir sans surpression; ces 2 presses fourniront l'huile
vierge; le pourcentage atteindra 16 à 28 % (2 à 3 litres 5, par double décali-
tre); les presses d'épuisement traiteront les grignons provenant des presses
finisseuses ou ayant subi un traitement spécial.
Le pressurage de la pâte d'olive. — La quantité d'olives (120 kilog.) pla-
cée dans le broyeur étant suffisamment préparée, on ouvre la coulisse du
broyeur et la pâte tombe sur la table de remplissage; 2 hommes la répartis-
sent ensuite sur les scourtins à raison de 4 à 5 kilog. par chacun d'eux et dis-
posent ceux-ci sur la presse préparatoire; c'est l'affaire de 10 minutes,
pendant lesquelles le concasseur et le broyeur auront eu le temps de pré-
parer une nouvelle charge d'olives.
La pâte doit être répartie très uniformément sur les scourtins et ceux-ci
sont placés avec précaution sur le plateau (ou sur l'un des plateaux si nous
utilisons une presse jumelle) de la presse préparatoire; au cours de ces
travaux les ouvriers doivent éviter toute néclisence; ils doivent viser à éta-
blir une colonne ou pile de scourtins aussi verticale que possible et bien
faire attention à ce que tous les cabas se recouvrent aussi exactement que
possible.
Tous les 8 à 10 scourtins, on placera sur la pile un plateau de tôle de
même diamètre que les scourtins; ces plaques s'emboîtent exactement con-
tre les colonnes des presses; ces appareils maintiendront la position verti-
cale de la pile; ils réçrulariseront la pression en faisant obstacle à l'élas-
ticité de la masse; il n'y aura aucun inconvénient à augmenter, si on le
désire, le nombre de plateaux euides.
La charee d'olives de 120 k'Iosr. tiendra dans 23 à 25 scourtins qui for-
meront une colonne de 1 mètre environ; si l'on utilise une presse jumelle
à un seul piston, on montera les 2 piles à la fois, soit 240 kilog. de pâte.
La pression doit être lente, régulière et continue, elle oblige au début
tous les liquides à évacuer la masse; cette évacuation est très abondante,
mais elle se raréfie au fur et à mesure que les plateaux se rapprochent; au
bout de 20 à 25 minutes, la presse a donné toute sa puissance, le déclan-
chement s'opère après quelques instants de pression maximum. Le travail
des presses préparatoires doit être exécuté sans addition d'eau chaude à la
pâte. Si, à ce moment, on prélève des échantillons de grignons, on voit
que ceux-ci contiennent encore 15 à 20 % de leur matière sèche en huile.
Les scourtins de 2 presses préparatoires ou presse jumelle prendront place
— 122 —
ensuite sur une presse de plus forte puissance ou presse finisseuse; après le
travail de ces appareils, qui sera toujours exécuté sans emploi d'eau
chaude, la richesse des grignons sera tombée à 10, 12 % d'huile.
Toute riiuile extraite jusqu'à ce moment, 16 à 28 %, sera l'huile vierge.
Epuisement des grignons. — Nous avons commencé à faire des essais
sur l'épuisement des grignons voici quelques années déjà et, dans tous nos
essais nous sommes arrivés à faire descendre cette richesse à 6,.^ à 7 %,
c'est-à-dire que nous avons pu extraire des résidus d'olive encore 4 à 5 %
d'huile comestible.
Cet épuisement peut se faire de 2 façons : 1° si la récolte est abondante,
s'il faut aller vite, ou si le prix de la main-d'œuvre oblige à simplifier les
travaux; passer les scourtins des presses finisseuses sur les grosses pres-
ses d'épuisement; on peut retirer ainsi, par cette troisième pression, 2 à
3 % d'huile jusqu'à 4 % dans des essais cette année; 2" si la récolte est
secondaire et si le temps ne fait pas défaut : placer dans le broyeur 120 à
150 kilog. de grignons avec un peu d'eau bouillante et refaire une pâte que
l'on soumettra à l'action des presses d'épuisement nous arriverons à retirer
ainsi de nos grignons facilement 5 à 6 % d'huile. Il est entendu que ce pour-
centage diminue d'autant plus que les presses finisseuses sont puissantes.
Si régulièrement elles donnaient une pression se rapprochant da
180.000 kilo?, l'épuisement des grignons ne serait pas intéressant au point
de vue économique, car il y a lieu de tenir compte ici de l'usure rapide des
scourtins. Si les grignons doivent passer sur le broyeur, il faut les traiter
de suite, au plus tard, la nuit suivant leur passage sur les presses finis-
seuses.
La décantation des Intiles. — Séparation des huiles de margines. — Le
produit qui sort des presses est formé par un mélange de doux liquides
de densité différente; les eaux de végétation ou margines et les huiles.
Après quelques instants de repos, les deux liquides se séparent naturel-
lement et, avec une casserole ou une plaque de fer blanc, on enlève la
matière grasse.
La montée de l'huile est d'autant plus rapide que la température cht
élevée, au-dessous de 15° elle devient difficile, elle s'opère au contraire rapi-
dement si le milieu est chaud, 16° à 20°) et, au bout de 2 heures de repos
dans ce cas, la décantation peut être entreprise.
Dans les anciens moulins elle s'opère, soit dans des récipients en
maçonnerie revêtus de carreaux vernissés, soit dans des cuviers en bois;
elle est ce que l'ouvrier qui en est chargé veut qu'elle soit et, pour un même
produit, provenant d'une fabrication identique, la production peut varier
largement.
Dans tous les ateliers où se pratique cette opération, il faut de nom-
breux récipients pour recevoir les produits sortant des presses, les liquides
à décanter, ceux en cours de décantation, c'est dire alors que l'oncombrc-
ment est do règle dans les moulins et que les soinj do nettoyage exigent
une main-d'œuvre considérable.
D'autre part, les huiles obtenue? par cette méthode perdent leur valeur
car leur contact avec les margines est souvent prolongé; enfin, l'usage de
l'eau chaude, ordinairement utilisée pour favoriser la montée de l'iiuije,
enlève de la finesse aux produits.
On utilise encore des riécanleurs nulomatiques do divers syslèipes,
m^is aucun de pes appareils ne répond à ce qu'on leur demancje.
— i23 —
C'est pour toutes ces raisons que nous avons préconisé et vulgarisé,
après étude complète, la décantation des produits sortant des presses par
la force centrifuge.
La séparation des huiles des margines par la force centrifuge. — Le
produit qui sort des presses est formé par un mélange, avons-nous dit, de
(Jeux liquides, les margines dont la densité varie de 1.060 à 1.065 et les
huiles, d'une densité de 0,915 environ. Si on imprime à ce mélange un
mouvement de rotation très rapide, les liquides se séparent nettement en
deux parties : contre les parois du récipient, les liquides plus denses, c'est-
à-dire les margines, à la partie intérieure les liquides moins denses, les
huiles; c'est sur ce principe que se trouvent établis les filtres centrifuges.
La décantation est instantanée et complète, elle donne des huiles débar-
rassées de toutes sortes d'impuretés, de conservation plus sûre, par con-
séquent.
Le contact des huiles avec les eaux do végétation étant réduit à uq
minimum de ternps, l'usage de l'eau bouillante n'étant plus nécessaire, les
huiles gardent leur finesse.
Si, au point de vue de la qualité des produits obtenus, il y a tout
avantage à utiliser dans les moulins la force centrifuge, les avantages ne
sont pas moindres pour la proportion de produits obtenus et l'économie de
la main-d'œuvre.
Les turbines dispensent de bassins de décantation, de bassins pour les
enfers, d'une infinité de récipients dont le coût est très élevé; n'occupant
qu'une place restreinte, elles laissent un emplacement plus considérable
pour les autres pièces du moulin.
Le matériel nécessaire dans un moulin moderne. — Toutes les fois qu'il
s'agit de la construction ou de l'aménagement d'un moulin moderne, la
question suivante se pose : quel est le matériel qui sera nécessaire ?
Si la question peut être spontanément résolue, en ce qui concerne les
instruments secondaires, il n'en est plus ainsi pour le choix des machines
indiquées précédemment.
Elle doit être examinée sérieusement car, de la décision qui sera prise,
dépendra l'avenir de l'installation en perspective; il faudra, d'autre part,
ne pas oublier que la production peut varier dans un milieu donné du sim-
ple au triple.
Pour résoudre le problème, deux données sont nécessaires :
1° Connaître la quantité d'olives qui peut être confiée au moulin en
année normale;
2° Sayoir quelle est la durée de la récolte.
Ces renseignements sont toujours très facilement ponnus.
Nous avons dit, lors de l'élude des presses, qu'une presse finisseuse
devait recevoir les produits de deux presses préparatoires, soit 240 à
250 hilog. de pâte (de laquelle il faut déduire l'huile sortie lors du passage
sur le? presses préparatoires), qu'elle opérait son travail en 45 minutes; mais
avec les pertes de temps il faut compter une heure, ce qui porte le travail
d'une presse finisseuse à 2.000 kilog. de fruits en 10 heures.
C'est, en se basant sur le travail de cet appareil, que l'installatioTi des
moulins doit être envisagée.
124 —
Tableau pour servir de base d'étude povr r organisation d'un moulin à huile
PhODUCTION
« traiter
DinÉE
OLIVES
à traiter
0L1\TS
à traiter
PRESSES
préparatoire.
PRESSES
en année, moyenne»
du travail
par jour
par heure
à : plateaux
Cnisicuse.
100.000 k.
50 jours
2.000k.
250 k.
1
1
200.000 k.
idem.
4.000k.
500 k.
1
2
300.000 k
idem
G. 000k.
750k.
1
3
400.000 k.
idem.
8.000k.
1.000 k.
2
4
500.000 k.
idem.
10.000 k.
1.250 k.
2
5
600.000 k.
idem.
12.000 k.
1.500 k.
2
6
PRODICTION
à traiter
g
<
g
es '
s "s
S 1
o
• TURBINE
YOLIME
du la^ln
de réception des
liquides
Ql.\NTITÉ
de grîgnon.
obtenus par jour
PRESSES
d'épuisement
100.000 k.
1
1
Une
1.500 lit.
800 k.
1
200.000 k.
1
idem.
2.200 lit.
1.600 k.
1
300. OUO k.
1
idem.
3.500 lit
2.400 k.
2
400.000 k.
2
idem.
4.500 lit.
3.200 k.
2
500.000 k.
2
idem.
6.00(1 lit.
4.000 k.
3
COO.OOO k.
2
idem.
G. 500 lit.
4.800k.
3
Force approximative absorbée en chevaux-vapeur [H. P.)
par la machinerie d'un moulin rnoderne
Concasseur 1 HP 1/2
Broyeur à 2 meules 2 HP 1/2
Presses. — La force nécessaire n'est pas établie par presse, mais par
corps de la pompe de compression. Une pom>pc. a un corps e.xige 2 HP; une
pompe à deux corps, 4 HP, etc., etc.
Turbine au démarrapre 2 à 3 HP; turbine en marche 1 HP 1/2 à 2 HP.
En résumé, un moulin possédant un concasseur, un broyeur à 2 meu-
les, 4 presses activées par une pompe à 2 corps, une turbine, exigerait une
force de 10 à 12 HP.
— 125 —
Soins à du/iner aux /noulins après chaque campagne. — Nous sunimcs
obligés de reconnaître que, même dans les huileries modernes, les soins
de propreté kussenl à désirer et souvent la négligence des maitres de mou-
lins est la cause la plus directe de la mauvaise qualité des huiles; la mal-
propreté des moulins favorise aussi la multiplication de la moucho de
l'olive.
Ils devraient comprendre que beaucoup de larves contenues dans les
fruits échappent au broyage; elles ont évacuées les fruits avant le passage
de ceux-ci sous les meules et, sous forme de pulpes ou d'insectes parfaits,
elles hivernent dans les moulins.
Faute d'olives, l'année suivante, beaucoup d'insectes peuvent périr,
mais un certain nombre se reproduisent en opérant leurs pontes sur les
débris de l'olive, sur les grignons, dans les bassins, rigoles où ont séjourné
les produits et résidus de la fabrication et grâce à leur prodigieuse multi-
plication, ces parasites forment, dans les greniers à olives, dans la salle
de fabrication et aux abords de l'usine de véritables lieux d'infection.
Les soins à donner aux moulins présentent alors un véritable intérêt
et ils doivent viser : 1° à l'entretien du matériel; 2° à éviter les mauvaises
odeurs et la fermentation des résidus; 3° la destruction de tous les para-
sites qui peuvent séjourner dans l'usine.
Le matériel coûte assez cher pour qu'on le nettoie à fond après la fabri-
cation; les machines seront démontées, nettoyées et graissées; les meules,
les broyeurs, les bassins, les rigoles seront nettoyés et lavés avec un lessif
bouillant de soude; on les blanchira ensuite à la chaux.
Le parquet, les murs seront débarrassés de tous les débris de la fabri-
cation ; on passera ensuite un lessif bouillant sur les parquets de toutes
les pièces du moulin.
Tous les débris seront brûlés et, si l'on ajoute à ces soins la désinfection
des rigoles, on détruira une quantité considérable de parasites de l'olive.
Notre conclusion à ce rapport technique est la suivante : pour faire
revivre l'olivier en France, il faut 1° faire de la bonne huile, 2" épuiser
autant que possible les olives. On arrivera à ces résultats par la propreté du
milieu, la conservation rationnelle des olives, leur travail sans eau chaude,
leur traitement par des moyens puissants et la séparation aussi rapide que
possible des huiles des margines.
III
SOINS A DONNER AUX HUILES D OLIVE
Les résultats des essais indiqués ci-dessous montreront bien quels sont
les soins que réclame l'huile.
1° Essai sur le logement des huiles d'olive
De l'huile fut placée le, 4 mars 1918, dans 2 bidons en fer blanc d'une
contenance de 3 litres, 2 bidons en fer blanc d'une contenance de 1 litre,
2 pots en grès vernissé de 1 litre, 2 bocaux en verre de 1 litre.
Un récipient de chaque catégorie fut rempli et bouché hermétique-
ment, les autres ne furent remplis qu'à moitié et recouverts seulement par
— 126 —
2 bandes de tuile séparées par une mince couche de coton. A ce moment,
celte huile dosait 0 gr. 65 d'acidité seulement.
Les récipients furent déposés sur une étagère placée en plein soleil et
durant 10 mois, ils furent soumis à toutes les variations de température.
Au 31 décembre 1918, le dosage de l'acidité donna les résultats sui-
vants :
_ , . . , Récipients
V, , . .... Récipients
Nature des récipients , . en
' pleins • , .
^ vidante
Bidons en fer blanc de 3 litres O.TO 1,20
^ — — 1— 0,70 0,95
Pots en grès 1 — 0,65 0,70
Bocaux en verre ordinaire 1 — 0,70 0,75
L'augmentation de l'acidité indiquant une diminution de la qualité de
l'huile, les conclusions de ce premier essai sont les suivantes :
1° Il faut préférer à tous les récipients ceux qui isolent le mieux les
huiles des agents atmosphériques; dans nos essais ce sont les jarres en grès
qui ont donné à l'huile le plus de stabilité.
2° Lorsque les huiles sont réunies en plus grande quantité dans un
même récipient, elles sont plus sensibles aux variations de température et
à l'action de l'air;
3° Que même sous un petit volume les huiles ne doivent pas être con-
servées dans des récipients en fer blanc, lorsque le local où sont placés les
récipients, est trop sujet aux variations de température;
4° Les récipients en verre sont préférables k ceux en fer blanc lorsque
les liquides doivent rester un certain temps en vidange;
5° Les meilleurs récipients sont encore ceux qui offrent une surface au
contact de l'air aussi faible que possible.
2° Inftaence de Vacralion de l'huile
Deux bocaux de 2 litres, l'un droit présentant un diamètre de 0 m. 12,
l'autre genre bouteille à col très effilé ayant une ouverture de 0 m. 02 furent
utilisés. Les deux récipients furent remplis d'huile et recouverts par deux
toiles séparées par une mince couche de coton. Les essais furent faits à
deux reprises : 1° sur des produits de bonne qualité (récolte 1917), 2° sur
des produits de mauvaise- qualité (récolte 1920).
Les résultats furent les suivants :
Epoques des dosages Bocal à large Bocal à petite
de l'acidité ouverture ouverture
^ Le 4 mars 1918 0,65 0,65
( Le 31 décembre 1918 0,90 0,70
Le 20 janvier 1921 3,5 3,5
Le 31 mai 1921 4,5 4,00
Conclusion : Les récipients qui renferment les huiles doivent toujours
être à col rétréci afin de soustraire l'huile au contact de l'uir.
127 —
3° Essais sur les soins à dunncr aux /tuiles
L'ii lût do 12 lilros d'huile de la récolte \.\)^M fut logé dans 7 bocaux on
verre d'une contenance de 2 litres, à raison de un litre et demi environ par
récipient; ceux-ci furent placés sur une étagère, dans une salle très aéréo
et très éclairée; l'huile de tous ces bocaux fut traitée de la façon suivante :
L'huile du bocal n" 1 ne reçut aucun soin,
— — — 2 fut soutirée le 10 février,
— — — 3 fut soutirée le 10 février cl commencement octo-
bre,
— — — 4 fut soutirée le 10 février fin juillet et commence-
ment octobre,
— — — 5 fut lavée à l'eau froidi ; les soutirages furent opé-
rés le 10 février et commencement octobre,
— — — 6 fut filtrée en même temps que fut opéré le rem-
plissage des bocaux; les soutirages furent opérés
le 10 février et commencement octobre,
— — — 7 fut lavée, filtrée ensuite avant le remplissage
des bocaux, les soutirages furent oj^érés le
iO février et commencement octobre.
Tous les bocaux furent remplis avec de l'huile sortant des presses et
n'ayant subi aucun repos, le 25 janvier.
Résultats des essais
DOCVl \
ACIDITÉ
des huiles
lor» de ia mise
en Ixicaux
Aprco le premîbr
soulirage
A.prcs le deuxième
soutirage
commencement
septembre
Après le troisième
soutirage
le 3i dcceujbrc
Au
I" avril irj2l
N^ 1
3,8
4,0
5,1
0, t
5,9
2
3,8
4,-2
■5,2
4,6
4,8
3
3,8
4, -2
4,2
4,3
4,6
4
3,8
4,1
4,1
4,1
4,3
5
3,8
3,8
3.'J
4
4
(i
3,8
3,8
3,8
3,9
3,9
7
3,8
3.8
3,8
3,9
3,9
Ces essais nous montrent la grande valeur des soutirages; ils indiquent
encore que l'influence des lavages de l'huile à l'eau froide et la filtration,
surtout lorsque la qualité des huiles laisse à désirer, donnent d'excellents
résultats.
S'ola. — Le premier soutirage de l'huile devrait toujours être fait au
cours de la fabrication. Cette opération permettrait de récupérer dans les
boues et les dépôts, que l'on mélangerait à des grignons frais et que l'on
soumettrait à l'action des presses, toute l'huile qui s'y trouve.
Les meilleurs récipients pour loger de grandes quantités d'huile sont
ceux en ciment armé, à col rétréci, revêtus de carieaux en verre ou de car-
reaux vernissés ne contenant pas de traces de plomb.
— 128 —
IV
TR.\1TEMENT DES CHIGNONS DANS LES MOULINS
La fabrication de l'huile laisse un résidu dont l'importance n'est pas
à dédaigner et, jusqu'à ces dernières années, les maîtres de moulins pou-
vaient espérer payer avec les grignons tous les frais de leur fabrication.
Mais la guerre, en faisant renchérir le coût de la main-d'œuvre et celui
des transport, a réduit à zéro le bénéfice que l'on retirait de ces sous-pro-
duits.
Ce fait avait été prévu et, dès le lendemain de la guerre, nous avions
songé à faire épuiser ces résidus aux lieux mêmes de la production.
Les olives laissant 3S à 4U % de leur poids sous forme de grignons, les
moulins traitant en moyenne 5.000 kilog. d'olives par jour, notre but était
le suivant :
1° Traiter les grignons dès leur sortie des presses, obtenir ainsi des
huiles peu acides de qualité sui^érieure alors pour l'industrie des corps
gras;
2° Livrer à celle-ci l'huile au lieu des grignons et faire bénéficier le
rural du transport élevé qui grève cette matière encombrante;
3° Utiliser les grignons déshuilés comme combustible; essayer de pro-
duire toute la force motrice du moulin et la vapeur nécessaire à l'épuise-
ment, par l'utilisation des grignons;
4° Laisser dans les centres oléicoles où seulement les grignons seraient
utilisés pour la production de vapeur nécessaire à l'épuisement, une quan-
tité notable de grignons engrais (environ 50 % de la masse),
5° Contribuer à une lutte réellement efficace contre le dacus, par le
passage à la vapeur de tous les résidus de la fabrication.
Pour arriver à ces résultats, les questions suivantes devaient être réso-
lues :
1° Etablir un dispositif peu coûteux, nécessitant 1 ou 2 ouvriers seule-
ment et pouvant facilement prendre place dans les moulins;
2° Utiliser un dissolvant puissant mais sans danger. Après de mul-
tiples essais notre choix s'est porté sur le trichlorurc d'éthylènc ou triélinei
Jusqu'à ces derniers temps, c'était le dissolvant qui avait été le prin-
cipal obstacle à l'œuvre entreprise, car, si l'on utilisait le sulfure de car-
bone, la benzine, etc., etc., ou le tétrachlorure de carbone, la sécurité du
milieu ou des appareils était loin d'être parfaite; d'autre part, le trichlo-
rurc d'éthylène était, il y a 5 à 6 mois à peine, encore un produit de labo-
ratoire et son prix le rendait inabordable même pour les petites installa-
tions.
Heureusement, et nos essais de Nîmes y sont pour quelque chose, ce
dissolvant a vu son prix baisser de 50 % et, aujourd'hui, les plus grands
constructeurs, même ceux opposés à nos projets il y a quelques années,
arrivent aux pelites installations.
Ils en voient l'importance, car ils savent que de ces appareils et de leur
multiplication dépend, non seulement l'épuisement des grignons, mais de
tous les sous-produits contenant de l'huile. Ici, nous plaçons en première
ligne les pépins de raisins.
— 129 —
Les pépins de raisins, mémo lavos ou distillés, à condition qu'ils no
soient pas atteints par les moisissures, peuvent fournir 10 à 14 % d'huile
dont l'emploi pour diverses industries (savonnerie, industrie des ver-
nis, etc., etc.), est déjà indiqué.
Les coopératives viticoles, les distillateurs peuvent retirer de l'épui-
sement des pépins de raisins des bénéfices très importants.
Caractères du tricJdorure d'étliylène. — Ce liquide a une densité de
1,48 à la température de 15", c'est-à-dire qu'un litre pèse environ un kilog.
ei demi; il se vaporise à 85".
Son odeur est assez forte, mais celle-ci ne st rencontre plus dans les
nulles et les tourteaux, si l'on fait agir sur ces productions la vapeur
d'eau. '
bon pouvoir dissolvant est à peu près le même que celui des autres
liquides employés à cet ettet (sulfure de carbone, tétrachlorure, etc., etc.),
mais li agit un peu plus vite; il peut laisser, dans les tourteaux et les
graines soumis à son action, un demi pour cent d'huile. Ce pouvoir dissol-
vant augmente avec la température.
La triéline épuise tous les corps gras, même humides, mais son action
étant plus rapide si ces matières sont privées de leur eau de constitution,
un séchoir à vapeur doit être prévu dans toutes les installations.
Son action vis-à-vis des métaux est secondaire; elle n'est pas supé-
rieure à celle des acides gras des huiles; son emploi ne souffre donc, de ce
fait, aucun inconvénient appréciable. Les pertes de dissolvant que l'on
éprouve au cours des opérations d'épuisement sont peu importantes, 0,5 à
0,8 pour 100 kilog. de matière traitée.
Ce dissolvant est ininflammable, incombustible, inexplosible; son
emploi n'offre donc aucun danger; c'est bien le produit désiré pour des usi-
nes rurales.
Principe du procédé. — En présence d'une matière contenant de
l'huile alors que cette matière ne possède presque plus d'humidité et, dans
un milieu oii la température est assez élevée, la triéline absorbe toute
l'huile que le produit contient.
Un contact de 2 à 3 heures environ est nécessaire pour épuiser la
masse de grignons ou de pépins placée dans le ou les extracteurs.
Lorsque ce contact est jugé suffisant, le mélange d'huile et de triéline
est envoyé dans un appareil appelé « distillateur », dans lequel on fait
arriver de la vapeur d'eau, sèche et surchauffée.
Sous l'influence d'une température élevée, la trichlorure d'éthylène qui
se vaporise à 85° distille, et après un passage dans un réfrigérant, revient
dans le récipient qui lui est propre et qui se trouve à côté du disix)sitif.
Lorsque l'huile est débarrassée de toute trace de solvant, ce que l'on cons-
tate à l'o^îeur, on la recueille au moyen d'un robinet de vidange.
A mesure que l'extracteur (ou les) est débarrassé du dissolvant, on fait
agir sur la matière épuisée qu'il contient, un jet de vapeur; celle-ci entraîne
1h triéline qui imprègne encore la masse de grignons ou de pépins dans le
réfrigérant, ce qui permet de récupérer intégralement cette matière.
L'eau de la vaiDeur arrive en même temps dans le bac à dissolvant,
mais elle monte à la partie supérieure et, lorsque son volume devient trop
considérable, elle est évacuée par un tube de vidange aboutissant à un
caniveau.
130 —
RÉSULTATS DES ESS.\IS
1» Richesse des différents produits en vue d'essais divers.
Grignons d'olives 10,6 11,4 12 13,1 14 %
Pépins de raisins de diverses provenances. .. 10,2 10,4 11 11,5 12 %
Pulpes de ressence 21,4 23,6 25,1
RÉSULTATS DES ESSAIS INDUSTRIELS
Pépins de raisins
1° Provenance : coopérative de distillation de Perpignan.
Récolte 1.921 kilog.; richesse en huile, à l'analyse, 11,5 k. %; quantité de
pépins traités 1.964 kilog.; huile obtenue 219 kilog.; .soit, pour 100 kilog. de
pépins, 11 kilog.
2° Provenance : Salins du Midi à Aigucs-Mortes (Gard).
Récolte 1918. Pépins abandonnés par le Service du Ravitaillement en
1918 et se trouvant en tas depuis 4 ans.
Richesse 'en huile, à l'analyse, 10,3 %; quantité de pépins traités
4.000 kilog.; rendement en huile 380 kilog., soit, pour 100 kilog. de pépins
9,6.
Grignons d'olives
1° Provenance : Région de Nîmes.
Récolte d'olives 1921-1922 ayant subi 3 pressions à 60.000, 100.000 et
200.000 kilog. sur des presses hydrauliques.
Richesse en huile, selon les différents lots, 9,5 à 10 %; qu.uiiité de gri-
gnons traités, 95.935 kilog. provenant de 257.119 kilog. d'olives; quantité
d'huile obtenue, 8.801 kilog., soit en moyenne 9,3 %.
2° Provenance : Draguignan.
Récolte 1921-1922.
Quantité traitée, 2.155 kilog.; richesse en huile, à l'analyse, 9,2 à 9,3 %;
rendement en huile, 197 kilog., soit 8,7 %
3° Grignons de la récolte 1918. Ces grignons avaient été abandonnés
durant 3 ans.
Quantité de grignons traités, 902 kilog.; richesse en huile, à l'analyse,
10,3 %; quantité d'huile obtenue, 88 k. 900; soit, pour 100 kilog., 9,7.
4° Pulpes de ressence RécoKe 1922.
Quantité traitée, 520 kilog.; richesse en huile, à l'analyse, 20,6 %; huile
obtenue, 104 kilog.; soit, pour 100 kilog., 20 kilog.
L'épuisement de tous les corps gras se produit avec une perte seule-
ment de un demi pour ccnl d'huile environ; c'est donc une perte insi-
gnifiante.
Les grignons cl les pépins ne perdent pas leur huile en vieilli-ssant, .\
condition toutefois, pour les pépins, que les moisissures ne les attaquent
- I3i -
pas, mais les matières à épuiser doivent toujours être traitées à l'état frais
lies grignons dès leurs sortie des scourtinsj, car l'on obtient ainsi des huiles
peu acides qui seront toujours 1res recherchées par l'industrie des corps
gras.
La quantité de dissolvant utilisé à Niines s'est rapproché de l.OOU kilog.
pour 130.000 de matières grasses traitées, soit 0,7 à 0,6 %.
En marche normale et avec des ouvriers bien au courant des opéra-
tions, les pertes de dissolvant n'excéderaient pas 0 k. 600 par 100 k. de
matières traitées.
Les constructeurs doivent fabriquer des appareils pouvant traiter
3.500 à 4.000 kilog. de matières par jour, ce qui représente un traitement
journalier de 10.000 kilog. d'olives. Si l'appareil est plus grand, le coût do
la fabrication diminue, il augmente dans le cas contraire.
Avec un appareil trait-ant 4.00Û kilog. de matières par jour et en suppo-
sant avoir des grignons provenant d'un moulin moderne on peut espérer
recueillir 400 kilog. d'huile en 24 heures; les dépenses journalières (main-
d'œuvre, pertes de dissolvant, amortissement du coût de l'installation, inté-
rêts du capital engagé, etc.), n'excéderaient pas 200 à 220 francs.
Si l'on traitait des grignons de moulins où l'on utilise encore des pres-
ses de puissance secondaire le rendement en huile et le bénéfice seraient
plus considérables. L'épuisement des grignons par dissolvant pouvant être
entrepris économiquement dans tous les moulins, nous ne conseillerons
plus, dans l'avenir, l'épuisement mécanique des grignons par les presses
dites d'épuisement, car nous estimons que les bénéfices réalisés par les
maîtres de moulins et les coopératives seront plus élevés, s'ils agissent sim-
plement ainsi : passage des olives sur les presses préparatoires, puis sur
des presses finisseuses puissantes (force 180.000 kilog. environ), enfin, épui-
sement par les dissolvants.
Les grignons déshuilés serviront de combustible, mais la partie non
utilisée, 50 % environ, devra servir d'engrais (par 1.000 kilog. les grignons
contiennent 8 kiiogs d'azote, autant de potasse, 1 kilog. d'acide phospho-
rique).
Dans un milieu où un appareil traitant 3.500 à 4.000 kilog. de grignons
ou de pépins pourrait fonctionner régulièrement plusieurs années consé-
cutives, 2 mois et demi à 3 mois par- an, les dépenses seraient amorties
en 3 ou 4 ans.
CONCLUSIONS
Partout dans le monde, mais particulièrement dans l'Afrique du Nord,
l'oléiculture prendre de l'importance; en France, le capital oléicole encore
existant doit C-tre dirigé vers une culture intensive.
L'augmentation de production, de revenus par conséquent, mis en évi-
dence dans tous nos essais, l'augmentation des rendements, en quantités et
qualités, dans nos moulins modernes doivent faire renaître une culture
délaissée.
Aucun producteur ne doit oublier que l'huile d'olive a enrichi jadis
le midi de la France, qu'elle pourra, peut-être un jour qui n'est pas éloigné'
lui procurer son plus sûr bénéfice et, si comme professeur d'agriculture.
— 132 —
c'est le but vers lequel tend notre action, comme responsable moral d'un
«rvice, nous demandons enfin le concours des commerçants.
Nous leur demandons de porter le renom de l'huile d'olive vraie, de
l'huile d'olive pure jusqu'aux foyers de ceux qui, par ignorance, l'ont cri-
tiquée.
Je demande à tous, d'associer nos efforts, car de notre Union, peut sortir
la renaissance de l'Oléiculture française.
Marseille, mai 1<J22.
L'OLIVIER DANS L'AFRIQUE DU NORD
Rapport do
M. Alfred CORCELLE
Docteur ès-sciences,
Directenr de la Société Industrielle de l'Afrique du Nord
L'olivier est cultivé dans toute l'Afrique du Nord Française, mais il ne
se trouve en quantité notable aue sur une bande de terrain de 80 kilomè-
tres environ de profondeur et qui longe la côte, depuis la Syrte jusqu'au
sud du Maroc.
Même dans cette zone de 80 kilomètres de profondeur, l'olivier est,
en général, disséminé et il n'y a que quelques régions, en général monta-
gneuses où on le rencontre en agglomérations d'une certaine importance.
C'est ainsi qu'en Tunisie les oliviers constituent de véritables forêts autour
de Sfax, de Sousse et de Monastir, qu'en Algérie ils sont groupés en Kaby-
lie, aux environs de Saint-Denis-du-Sieg, et aux environs de Tlemcen et,
qu'au Maroc, les régions oléicoles par excellence sont Taza et Meknès.
L'olivier est cultivé dans la région qui nous occupe, depuis la plus
haute antiquité et il est même certain que l'olivier sauvage, encore si
répandu dans les montagnes de l'Afrique du Nord, y est indigène.
Au cours de l'antiquité, aussi bien que des temps plus récents, les habi-
tants ont cherché à améliorer le rendement en huile des fruits de l'olivier,
ils ont donc cultivé cet arbre et il est résulté de leurs efforts la création
d'une foule de variétés, qu'il est bien difficile d'énumérer.
Cette énumération est d'autant plus difficile que, souvent, les variétés
obtenues portent des noms locaux et que la même espèce porte des noms
différents dans les diverses localités.
eieiub uttus les aiverses locames.
A Tlemcen, les variétés les plus importantes sont :
1° L'olive sauvage (Zeboudj);
2° L'olive petite (Beksi);
3° L'olive moyenne (Teltsi);
4° L'olive grosse (Limi).
En Kabylie :
1* L'olive sauvage (Zeboudj);
2° La Bel Khodja;
3» La Adjeraz;
4° La Chembal;
5° La Azebli;
8" La Tchamclal,
— 134 —
Il n'y a pas lieu de continuer une telle énumération dont le plus grand
défaut est de n'être point botanique. Pour être fixé sur cette question il
faudrait demander une étude à des botanistes très compétents.
Les soins donnés à la culture de l'olivier varient selon les régions :
on peut dire, qu'en général, l'indigène y met plus de soin, j'allais dire plus
d'amour que le colon européen, ce qui provient du fait que l'attention de
Cf dernier est tout entière portée sur d'autres cultures plus rémunératrices
telles que celles de la vigne et des céréales.
Tout d'abord, il faut insister sur le fait qu'il existe dans toute l'Afri-
que du Nord, des quantités d'oliviers sauvages, soit disséminés en pays
de montagnes, soit groupés en forêts. Ces oliviers, qui poussent en géné-
ral dans des terrains qui ne se prêteraient à aucune autre culture, n'atten-
dent que d'être greffés pour devenir une véritable richesse.
En Kabylie, depuis des siècles déjà, les indigènes ont pratiqué la greffe
de l'olivier et il est presque certain que la plupart des arbres en produc-
tion dans cette contrée, sont d'anciens sujets sauvages greffés.
Les indigènes des autres régions ne savent pas pratiquer la greffe, il
nous paraît qu'il serait intéressant de voir nos professeurs d'agriculture
départementaux la leur enseigner.
Des essais de greffage, de sauvageons poussés en montagne, ont été
faits au Domaine Dollfus à Tlemcen et ont donné de bons résultats.
Presque partout, actuellement, la dissémination de l'olivier se fait par
boutures, ce qui est un procédé bien lent.
Il faut, toutefois, signaler que l'on a, ces dernières années, t^nté le
rajeunissement des plantations par rejets récépés au ras du sol, et par
dissémination des grosses racines des vieux oliviers que l'on arrache. Les
résultats ont, parait-il, été magnifiques, les arbres ainsi rajeunis produi-
sent des grosses branches et des fruits en trois ou quatre ans.
iT.KT ACTUEL DES OLI\'ERAIES
En certains endroits (Tlemcen, Bougie, Kabylie) on a conser\-è des
oliviers plusieurs fois centenaires, très décoratifs, certainement, mais qui
sont dévorés par la fumagine et produisent peu de fruits.
En d'autres endroits, les oliviers sont plus jeunes, ont été plantés
à des distances convenables les uns des autres, ils sont judicieusement taillés
en gobelets, leur pied est labouré et on les abreuve d'irrigations logiques.
Dans les oliveraies modernes, la récolte est abondante et c'est seulement
dans ces endroits que la production de l'olive va en augmentant chaque
année.
Enfin, en a coutume, dans mainte région, de planter des oliv"- f dfins
les vignes, soit en bordures, soit en lignes espacées (Tlemcen, Bel Abbès,
la Milidja); certainement, les arbres profitent dans une certaine mesure
dei laliOLirs et des fumvires que l'on octroie aux vignes, mais notre expé-
rience nous force à dire, que les olives provenant do ces arbres, tout en
étant assez grosses, sont pou liches en huile. Elles conviendraient plutôt
à la préparation des conserves qu'à la fabrication de l'huile.
Les soins donnés à l'olivier se bornent à la taille, souvent faite d'une
façon quelconque, un déchaussage et des irrigations modérées.
Un dicton arabe dit que pour cultiver avec fruit l'olivier, il faut un
— 135 —
fou à la tôte et un sage au pied. On comprend que cela signifie qu'il faut
beaucoup tailler, mais arroser judicieusement.
Comme engrais on n'utilise guère que du fumier.
PRODUCTION
Presque toujours, en Afrique du Nord, la récolte d'olive n'est abon-
dante que tous les deux ans, l'année intercalaire est marquée par une pro-
duction nulle ou presque.
Certains prétendent qu'une des causes de ces récoltes irrégulières est
la coutume que l'on a d'abattre les olives à la gaule. Par ce procédé on casse
beaucoup de jeune bois qui serait porteur de fruits l'année suivante. Et, de
ce fait, il faut constater que les récoltes sont plus régulières dans les
endroits où l'on cueille les olives à la main.
La production actuelle de l'Afrique du Nord doit être :
Pour la Tunisie 500.000 quintaux d'huile
Pour l'Algérie 400.000 — —
Dont 260.000 qtiintaux pour le département de Constantine
100.000 — — — d'Alger
40.000 — — — d'Oran
Les données manquent qui permettraient de donner un chiffre sérieux
pour le Maroc, mais le chiffre ne doit pas être très élevé, ce pays étant
importateur d'huile et non exportateur.
La production des oliveraies est en augmentation, en Tunisie, en Kaby-
lie et au Sig et plutôt en régression ailleurs; parce que dans la région de
la Mitidja, de Bel Abbès et de Tlemcen, par exemple, la culture de l'olivier
est détrônée par celle plus rémunératrice de la vigne et, notamment, par
celle de la vigne américaine qui, exigeant des défoncements, a amené les
colons à arracher leurs oliviers.
FABRICATION DE L'HUILE
a) Cueillette. — La récolte des olives a lieu de novembre à fin janvier.
Il est à noter que les arabes, pour s'éviter des frais de garde, ont une ten-
dance à récolter les olives dès qu'elles changent de couleur. Il en résulte un
défaut de rendement en huile pouvant aller de 2 à 4 %.
Il nous paraît intéressant, pour éviter ce gaspillage, de voir les pou-
voirs publics réglementer l'époque de la récolte, à l'exception des années
oij le sirocco fait tomber prématurément les olives.
Nous avons déjà dit que la récolte se fait presque partout par l'abomi-
nable procédé de gaulage.
Nulle part nous n'avons vu utiliser les peignes de bois qui sont en
usage en Italie.
b) Emmagasinage des olives. — Les indigènes croient qu'en mettant
les olives en tas pendant quelque temps en les laissant s'échauffer, il3
(tbtiennent un meilleur rendement en huile. Plusieurs d'entre eux préten-
dent même avoir vérifié cette croissance en pesant et pressurant des olives
fraîches, d'une part, et des olives échauffées de l'autre; ils oublient simple-
ment de tenir compte du poids des « margines » qui ont coulé de leur tas
d'olives i>endant la période d'échauffement.
— 136 —
En tout cas le résultat le plus net de cet emmagasinage est de produire
des huiles rancis, dont l'acidité oléique dépasse souvent 7 à 8%. Mais, cela
n'a aucune importance pour le consommateur arabe qui préfère les huiles
fortes aux huiles vierges. Aussi, dans les pays qui consomment l'huile pro-
duite sur place, la pratique de l'emmagasinage est constante.
Il n'y a que dans les régions à exportations que l'on cherche à fabri-
quer des huiles fines : Tunisie et Kabylie, Sig.
c) Rendement des olives. — On trouve dans les livres des choses fan-
tastiques au sujet du rendement des olives d'Algérie. Certains auteurs par-
lent de 25 à 30 %. Il en faut rabattre.
Pour mon compte personnel, le meilleur rendement industriel que j'ai
vue pour des olives cueillies en janvier et à peau déjà plissée, a été de 22 %.
Mais, ce n'est point là la moyenne, qu'il faut situer autour de 16 %.
En général, les olives cultivées en coteaux sont plus riches que celles
des plaines et les plus pauvres olives sont celles récoltées dans les vignes
qui, souvent, ne rendent que 11 % sous la presse hydraulique.
Enfin, les olives sauvages, Zeboudj sont les olives les plus pauvres :
5 % d'huile.
d) Usines. — Les anciens moulins indigènes, si semblables à ceux
des Romains, ont presque complètement disparu. Il n'en reste quelques uns
que dans les villages montagnards éloignés des centres et au Maroc. Partout
c'est le triomphe du matériel hydraulique.
Les moulins se sont multipliés, à tel point, dans les centres oléicoles,
qu'ils manquent actuellement d'olives en quantité suffisante pour s'alimen-
ter tous, les usiniers en arrivent à se faire une concurrence acharnée
qui rend tout bénéfice aléatoire.
e) Utilisation des grignons. — Il y a quelques années beaucoup de g»"!-
gnons étaient jetés ou brûlés. Actuellement, tous sont vendus dans des ron-
d'ticns avantageuses à des usines d'extraction
Ainsi- ces trois dernières années- les prix qui ont été pratiqués en Algé-
rie pour les grignons ont été ceux de la place de Marseille.
Les usines d'extraction sont naturellement situées dans les centres les
plus importants : Sfax, Monastir, Sousse, Bougie, Mirabeau, Roghim,
Oran, Tlemcen.
IjC Maroc n'a pas d'usine d'extraction, parce ([ue les grignons s'y ven-
dent comme combustible à un prix plus élevé que celui que pourrait payer
les usines d'extraction.
f) Raffinage.. — Il existe à Rougic et à Oran des usines do raffinage
d'huile qui s'approvisionnent assez difficilement en lampantes.
g) Autres sources d'huile que rolivier — Il n'y a pas, en Algérie,
d'autres plantes oléagineuses que l'olivier, exception faite, toutefois, pour
le coton, cultivé à Orléansville et dont les graines sont utilisées dans une
huilerie d'Oran. Au Maroc, par contre, près de Marakech, se trouve, dit-
on, une immense forêt d'arganiers.
Le fruit de cet arbre ix)ssède une amande très oléagineuse, dont lea
indigènes extraient l'huile par la même méthode primitive qui est utilisée
par les nègres de Guinée i^iur l'extraction de l'huile de palme.
Oran, le 18 mai 1922-
L'Oléiculture en Algérie
Rapport de M. DUBOULOZ
Vice-Président de la Section Oléicole au Congrès des Colons
L'oléiculture algérienne a été jusqu'à présent presque entièrement pra-
tiquée par les indigènes de race berbère. L'Européen ne s'y adonne que
depuis une vingtaine d'années. Il l'a fait avec intelligence et succès.
L'olivier a pour pays d'élection le Tell et surtout les collines du litto-
ral, les montagnes kabyles et quelques îlots de terres accidentées du sud
du territoire. Cet arbre craint, en effet, les grandes plaines humides et à
terres fortes, le froid et le vent. Néanmoins, les Romains l'avaient accli-
maté sur les Hauts-Plateaux et nous en trouvons la preuve dans le nombre
considérable des pierres de pressoirs éparses dans les ruines d'exploitations
agricoles de régions où l'on ne trouve plus actuellement que de rares sou-
ches d'oliviers sauvages.
Cette culture, qui comme la vigne, peut se- contenter de terres légères,
pierreuses, médiocres et sèches, paraît donc pouvoir être étendue, sans
prendre la place d'aucune autre. Elle ne procure jamais la richesse à celui
qui s'y adonne, mais elle apporte l'aisance, elle attache au sol le petit
agriculteur et c'est d'elle surtout que nous devons attendre, en Algérie, la
constitution d'une classe moyenne qui, dans tous les temps et dans tous
les pays, a été la réserve des forces de la Patrie, la continuatrice des tra-
ditions nationales et, dans les périodes critiques, comme celle que nous
venons de traverser, le foyer de la résistance à l'étranger.
L'olivier demande une main-d'œuvre abondante, familiale, qui emploie
tout le m.onde, même les plus faibles enfants; c'est ce qui fait que sa cul-
ture restera toujours l'apanage de la petite propriété; la taille et la cueil-
lette sont des opérations qu'on ne peut faire qu'à la main et le gros prc^-
priétaire d'un trop grand nombre d'oliviers est exposé, ce que nous voyons
déjà, à perdre sa récolte, faute de ramasseurs, ou bien à partager ses fruits
avec eux.
C'est donc par l'olivier que le colon algérien deviendra réellement un
paysan, créera une race à jamais fixée dans le soi, dure, robuste, laborieuse,
tenace comme les racines de ses arbres; par lui, elle adhérera au sol; c'est
par lui que s'est maintenue la race berbère, c'est par lui qu'elle a pu tenir
tête à ses conquérants, les absorber, comme hélas ! elle nous vaincra et
nous absorbera si nous ne nous fixons pas à la terre. Et c'est aussi par lui
que les Kabyles sont devenus sédentaires, que leurs démocraties sont plus
près de nous que les pasteurs arabes, et que la perspective de l'union des
races par la communauté des intérêts n'est pas un rêve chimérique.
— 138 —
Il convient d'examiner la question oléicole sous deux faces : 1" conser-
vation et amélioration des cultures actuelles; 2° extension des surfaces
plantées.
Je vais d'abord indiquer, sommairement, les moyens propres au déve-
loppement de la production de l'huile d'olive, de plus en plus demandée
par l'alimentation, la machinerie et l'industrie modernes.
Les oléiculteurs souffrent, comme tous les agriculteurs, de la main-
d'œuvre, mais ils en souffriront toujours et sans remèdes pratiques : les
propriétaires français ont greffé, surtout depuis vingt ans, de très grandes
quantités d'oliviers sauvages; les indigènes, qui possédaient déjà de grands
espaces peuplés d'oliviers, ont étendu leurs olivettes, chaque Kabyle en a
maintenant quelques pieds au moins. Au moment de la récolte, les ouvriers
travaillent d'abord chez eux, puis, surtout si le fruit est abondant, ne
consentent plus à faire la cueillette qu'à des prix exagérés.
Ceci vient à l'appui de ce que j'ai dit plus haut que la culture de l'oli-
vier est profitable surtout aux familles nombreuses, possédant de faibles
superficies complantées. Il faut se garder d'acquérir de trop grandes olivet-
tes, sous peine de ne pouvoir ramasser à temps et complètement sa
récolte.
Cependant, il faut signaler que le régime des allocations a causé de
véritables désastres : e^les allaient surtout aux parents âgés, aux femmes,
aux grosses familles pauvres. Ce sont elles qui, en temps normal, assurent
la cueillette et lorsqu'on faisait appel aux ouvriers et ouvrières qui, depuis
des années étaient heureux de prêter leur concours, ils répondaient avec
un sourire moqueur : « Non, cette année je suis riche sans rien faire ! »
C'est par centaines de mille francs que peuvent se chiffrer les pertes des
années de guerre — 1917 et 1918 surtout — dans la seule vallée de la Soum-
mam. >
Il eût été plus équitable de décider que toute personne capable de faire
le travail rémunérateur qu'on lui offrait soit privée d'allocation en cas de
refus. Les secours de l'Etat ont été une prime à la fainéantise : il eut mieux
valu doubler le revenu des vieillards et des infirmes que de transformer
des gens bien portants en rentiers de l'Etat. Lorsqu'on leur offrait le quart
et même le tiers de la récolte, part qui leur permettait de gagner jusqu'à
vingt francs par jour et par couple, ils se contentaient de ricaner.
Espérons que ceci n'est qu'un mal passager.
Les oléiculteurs réclament surtout une protection efficace des pouvoirs
publics contre le pâturage illicite dans les olivettes. En quelques heures,
un petit troupeau de chèvres peut anéantir des centaines de jeunes gref-
fes qui dépérissent dès qu'elles sont lésées. Le Syndicat agricole de Maillot
propose que l'arrêté en vigueur dans la commune mixte de Deni-Mançour
sur la circulation des chèvres soit appliqué dans toutes les communes ou
douars-communes où existent des oliviers greffés ou susceptibles de l'être.
Cet arrêté, d'abord très attaqué, a fait la prospérité de Maillot, région
jadis deshéritée, en permettant l'extension et la consen-ation des jeunes
olivettes. En substance, il interdit, sauf les jours de marché, et sur toutes
les voies de communication, la circulation des chèvres non muselées
ou tenues en laisse ou en bricole.
On a objecté que la chèvre était la vache du pauvre et que sa suppres-
sion priverait de lait les familles peu aisées. On doit pourtant comprendre
que le pauvre n'a jamais de troupeau; il a une ou deux chèvres et
— 130 —
n'éprouve aucune difficulté h les conduiro en laisse au pâturage ou à lc3
mettre en bricole. En revanclie, le possesseur de ces troupeaux de cen-
taines do clièvrcs, vivant sur le commun et qui l'enrichissait de la ruino
publique, a dû renoncer à sa spéculation. On ne peut museler cinq ou six
cents chèvres deu.\ fois par jour. Les troupeaux des riches, derrière les-
quels, comme derrière Attila ou Guillaume II, l'herbe ne repoussait plus,
ont dû disparaître. La vallée, jadis pelée et rousse, est maintenant couverte
de milliei-s d'oliviers dont les branches plient sous le poids de leurs fruits
innombrables. Le pauvre, celui dont on défendait la chèvre, est devenu aisé
par un travail plus facile, mieux payé et qui lui a permis d'économiser et
d'acquérir; et le riche même est devenu plus riche, parce qu'au lieu d'ali-
menter un troupeau ravageur, il a pu greffer ses arbres en sécurité.
Nous désirerions que nos olives, qui souvent ne peuvent être traitées sur
place, soient considérées par les Compagnies.de chemin de fer, comme
fruits frais, essentiellement périssables, et donù l'expédition ne doit pas
être différée. Il est de la plus grande importance pour la qualité de l'huile
que le fruit soit traité rapidement; en permettant à nos olives d'arriver
promptement sous les presses, on améliorerait grandement la qualité des
huiles algériennes. On ne pourrait plus leur objecter leur goût dit de fruit,
mais qui est surtout un goût de rance et qui trop souvent les fait rejeter
par le consommateur français.
Nous demandons à l'Etat de vouloir bien provoquer et aider financiè-
rement, par des avances remboursables et des subventions, la création
d'huileries syndicales ou coopératives. Les Banques, les Sociétés de pré-
voyance indigènes devraient être incitées par de larges avances à petits
intérêts, même aux particuliers. Le producteur, surtout l'indigène, peu
économe et peu prévoyant, ne serait plus à la merci absolue, comme
aujourd'hui, des ententes d'usiniers, associés aux gros spéculateurs. Le
prix de l'huile diminuerait et celui des olives serait plus rémunérateur
pour le producteur, puisqu'il n'aurait plus besoin de passer par les four-
ches caudines du fabricant.
Nous protestons, comme nous, avons toujours protesté, sans être
entendu, contre l'arrêté gouvernemental du 20 août 1904 et autres sembla-
bles mesures draconiennes, apportant d'illégales restrictions à nos droits
de propriétaires. Nous ne pouvons plus tailler nos arbres, transporter les
produits de ce travail, même chez nous, pour entretenir notre feu; il faut,
au préalable, adresser une demande sur papier timbré à l'Administration
communale, subir les enquêtes forestières, obtenir un permis particulier.
Les contraventions sont réprimées par l'arsenal terrifiant de pénalités dont
dispose le service forestier.
Il est vrai qu'on répond à nos plaintes que l'autorisation de taille ne
peut être refusée. A quoi bon, dans c« cas, l'interdire et obliger un cultiva-
teur à des démarches oiseuses ? Qu'est-ce qu'une restriction que l'on recon-
naît ne pouvoir appliquer ?
Nous demandons donc qu'il soit inséré dans l'arrêté du 20 août 1904 la
Btipulation suivante : <c La taille des arbres fruitiers greffés, de toute na-
ture, oliviers, figuiers, abricotiers, caroubiers, etc., est libre; le colportage
des produits de la taille également ».
11 est peut être utile de surveiller les e?:porlalions délictueuses en forêt;
mais il est facile de distinguer la branche d'un arbre de verger d'avec celle
d'essence non cultivée. Il est à désirer que les agents forestiers qui ont, il
— 140 —
faut le reconnaître, toujours montré la plus grande tolérance dans l'appli-
cation des prescriptions de l'arrêté incriminé, se contentent de s'assurer,
lorsqu'ils rencontrent une charge de bois de taille, qu'elle provient de
l'exploitation d© vergers et non de forêts domaniales.
Nous demandons que l'Administration prenne au sérieux la lutte con-
tre les parasites et les maladies des oliviers, qu'elle étudie les moyens à
préconiser. Il faudrait, en particulier, la déclaration obligatoire de la ma-
ladie, mal connue, dite tuberculose ou chancre des oliviers; que les pro-
priétaires de l'arbre atteint soient contraints del'ététer à fond, de brûler sur
place le bois et les moindres brindilles, de désinfecter ses instruments. On
évitera ainsi le dépérissement et la mort des plus beaux sujets, comme
cela est arrivé à Maillot, car la maladie attaque de préférence les arbres
puissants et bien cultivés.
Il est nécessaire que la fumagine soit combattue par les mêmes
moyens et qu'enfin une surveillance pratique soit établie pour prévenir les
attaques de la mouche de l'olivier, le terrible Daciis oleœ, qui a anéanti
des récoltes entières en Italie pendant un certain temps. En cas d'invasion,
que les mesures de destruction, qui consistent en l'emploi de pièges
amorcés avec une bouillie sucrée arsenicale, soient rendues générales et
obligatoires. Rien ne servirait à un seul propriétaire de se défendre si son
voisin ne fait rien.
Nous désirons que le ramassage des fruits par le procédé du gaulage
soit interdit — réellement et formellement — dans les communaux. Les
cahiers des charges le proscrivent, mais le locataire ferme les yeux sur le
vandalisme de ses ouvriers et la municipalité se bouche les siens pour ne
rien voir. Il en résulte que les ramasseurs des particuliers imposent aux
propriétaires le gaulage obligatoire. Avant de s'engager avec lui et sous
menace de grève, ils stipulent qu'ils travailleront « Kif commune », sui-
vant le néologisme créé pour le procédé. Cette pratique est désastreuse :
non seulement elle compromet l'avenir en battant les brindilles à fruits de
l'année suivante, mais elle est une cause, par les meurtrissures qu'elle
inflige aux branches, de la tuberculose ou chancre de l'olivier.
Nous réclamons enfin de l'Administration la protection de nos produits
contre la concurrence étrangère par des droits d'entrée sur les huiles et les
olives salées; l'insertion de clauses dans les nouveaux traités actuellement
en gestation, qui les défendront sur les marchés étrangers en imposant
aux pays non producteurs — l'Allemagne par exemple — d'accepter nos
huiles sans prohibition réelle ou déguisée; et aussi, et surtout, la répression
énergique de la fraude par mélange avec les huiles de graines, moins sai-
nes et moins nourrissantes. Il est nécessaire de prévoir des pénalités plus
sérieuses que celles qui permettent aux négociants de faire fortune aux
dépens du public pauvre, quitte à payer 25 francs d'amende.
En ce qui concerne l'extension des olivettes en Algérie, il convient :
1" de demander le maintien de !a prime aux plantations en stipulant que
le tarif de 0 fr. 50 par arbre planté sera payé jusqu'à un maximum annuel
de cinq cents pieds psr propriétaire, au lieu de trois cents comme jusqu'à
G© jour;
2° De généraliser et d'appliquer dans tous les pays oléicoles ou en
passe de le devenir, l'arrêté communal en vigueur dans la région de Mail-
lot. Il faut se décider là où la culture de l'olivier est possible, à choisir
entre l'arbre et la chèvre;
— 141 —
3° D'exempter d'impùts de toute nature les olivettes plantées pendant
vingt-cinq ans, les olivettes greffées pendant quinze uns. Ce n'est qu'à ces
âges que l'olivier commence à payer la main-d'œuvre d'entretien et d'amor-
tir le coût de la plantation. Il produit plus tôt, mais seulement quelques
poignées d'olives que l'ouvrier se refuse à ramasser. Que l'on favorise par
tous les moyens le planteur d'oliviers; il ne travaille pas pour lui, ni pour
ses enfants, à peine pour ses petits-enfants. Il faut que l'arbre soit cente-
naire pour êti'e en pleine jeunesse de production ! Le planteur d'olivier
travaille pour la race, pour l'avenir, je puis presque dire pour l'éternité.
On voit des murs romains appuyés sur les monstrueuses souches d'oliviers
dont ils épousent la forme. Ces arbres, bi-millénaires, donnent de nouveau
leurs fruits aux Latins qui ont succédé à Rome dans la domination de
l'Afrique du Nord. Qu'ils soient multipliés et restent sacrés I
4° Edicter que tout travailleur peut, après entente avec le propriétaire,
greffer ou planter des oliviers sur les terrains communaux ou domaniaux
reconnus propices à cette culture. Ces terrains seraient choisis et désignés à
l'avance par une Commission composée par moitié do fonctionnaires inté-
ressés et d'oléiculteurs. Les lots devront être de très petite surface, demeu-
rer incessibles hors de la descendance directe du planteur et n'être remis
qu'à des prolétaires ou à des propriétaires de moins d'un hectare de terre.
Voilà un moyen de combattre le paupérisme, de faire du prolétaire un
possédant et de fixer une famille au sol !
Après une période à fixer, les terres ainsi vivifiées, au bout de vingt
ans par exemple, à condition qu'elles soient en parfait état de production,
seraient partagées entre le propriétaire du sol et celui que j'appeierai ie
jière des arbres. Les parcelles revenant à l'Etat ou aux communes seraient
louées de préférence au planteur. C'est par millions que l'Etat pourrait
ainsi augmenter ses revenus forestiers, sans bourse délier, et attacher à la
cause de l'ordre une population de prolétaires et de pauvres, faciles à en-
traîner vers les utopies du communisme et du partage des terres. Toutes
les circulaires gouvernementales prescrivant de faire greffer les oléastres
domaniaux sont restées à peu près lettre morte, ou bien les arbres, après
greffage, abandonnés sans soin par les agents chargés de les surveiller,
sont revenus à l'état sauvage.
Seul, le petit cultivateur peut mener à bien cette entreprise pour
laquelle il faut la connaissance de l'olivier, l'amour de l'arbre, de la persé-
vérance et un labeur ininterrompu. On objecte, il est vrai, que l'adoption
de cette proposition amènerait le déboisement des pentes et augmenterait
les dangers d'incendie. Mais le greffeur ne serait-il pas intéressé à multi-
plier les arbres et un olivier peut maintenir la terre aussi bien au moins
qu'un stérile lentisque. Rien n'empêche, au surplus, de ne pas allotir les
pentes trop déclives, et pourtant qui n'a vu, en Kabylie, les arbres pendre
sur les ravines entourés de murettes de pierres sèches, remblayés pénible-
ment avec les terres qui glissent. Quelle administration pourrait prendre
pareils soins de ses biens et de ses œuvres? Quant au danger d'incendie
créé par le passage quotidien des travailleurs, qui sera plus intéressé à le
prévenir et à le combattre que celui qui aurait employé son temps et sa
peine à planter les arbres menacés ?
Et, somme toute, au lieu d'arracher des hectares d'oliviers sauvages
pour y planter des pins d'alep, comme par exemple dans la forêt de Muley
- 142 -
Isrnaël, ne vaudrailil pas mieux arracher le pin d'alep pour y greffar ou
planter l'olivier ?
5" Que l'Etal ou les conununes importent d'Europe des espèces meil-
leures et nouvelles d'oliviers et en créent des pépmièrus, c'est une œuvre da
longue haleine qu'un particolier ne peut que difficilement tenter de réus-
sir : il faut du temps, do l'argent, sans compensation immédiate. Nous
nous contenions de multiplier les e&pèces locales, bien acclimatées, robus-
tes; mais d'autres peuvent les égaler dans leur rusticité et produire plus et
meilleur. Les espèces de conserve sont rares et de qualité généralement
médiocre; il y aurait intérêt à en obtenir de semblables à celles qui ont
fait la fortune de Lucques, de Bari et de Gênes. Les essais faits sur quel-
ques points sont encourageants.
L'Etat devrait, même à grands frais, importer de Franco et d'ItoJie,
planter sur ses routes, aux abords des maisons cantonnières, des arbres de
belles qualités qui seraient un exemple vivant pour les oléiculteurs. Ceux-
ci, voyant la beauté des fruits, ne manqueraient pas de venir dérober des
greffons pour multiplier les espèces nouvelles. Nous verrions ainsi se re-
nouveler le geste de Parmentier laissant voler ses pommes de terre et arri-
vant ainsi à répandre une plante que l'on méprisait et calomniait.
6° Que la taille des oliviers, pratique que les Kabyles ignorent ou em-
ploient sans discernement, soit enseignée aux instituteurs et par eux aux
enfants des écoles en pays oléicoles : que les municipalités fondent des prix
pour les meilleurs élèves. La taille sévère, proportionnée à la vigueur de
l'arbre et à la nature du sol est importante, plus nécessaire que le labour
et la fumure : la pratiquer c'est doubler son revenu;
7° Que la formule de beaucoup de Kanouns kabyles soit préconisée et
môme consacrée par une loi : celui qui abattra un olivier capable de pro-
duction sera tenu d'en planter deux;
8° Si l'on veut planter des oliviers, là où n'existent pas de sauvageons
et étendre ainsi la culture, il est nécessaire, pour obtenir un résultat sûr,
une mise en production rapide, de disposer d'eaux d'irrigation. Bien
mieux, dans les vallées extra-chaudes, comme celle de la Soummam, l'oli-
vier n'est véritablement une culture rémunératrice que si l'arbre a, l'hiver,
les pieds dans l'eau et reçoit une ou deux irrigations d'été. 11 faut, disent
les Kabyles, que l'olivier sente ses pieds gelés au printemps pour produire
en hiver. Une olive d'arbre irrigué est trois fois plus grosse et plus lourde
qu'une olive récoltée sur un pied sec. On peut se rendre compte de la
prospérité du pays qui pourrait avoir l'eau qui s'écoule sans profit vers la
mer.
Depuis des années, les populations de la vallée de la Soummam de
mandent la construction d'un modeste barrage de dérivation qui permet-
trait, au moins l'hiver, l'arrosage de leur plaine, d'El Adjiba à Akbou. Les
colons de Maillot, depuis trente-cinq ans, réclament la dérivation de
l'Oued el Beurd dans le même but. Jamais l'Administration, qui a fait dos
études de la question, à plusieurs reprises, n'a pu les fixer sur les dépenses
à engager, le coût des travaux, la pai-ticipation de l'Etal. Et encore aujour-
d'hui où, lassés des promesses qu'on leur fait en période électorale, ils se
déclarent prêts à prendre le projet à leur compte, à faire les avances néces-
saires à l'Etat auquel il ne serait demandé qu'une subvention restreinte t-t
amortissable, il leur est répondu : qu'il n'y a pa^ de projet. A quoi donc
— i43 -
ont servi neiite-eiiui années do pétitions, de transports dus cunipélcnces,
de jaugeages et de promesses-?
A l'exposé de tous ces desiderata, j'ajouterai que les oléiculteurs souf-
frent des maux communs aux agriculteurs. Ils souffrent do la centralisa-
tion et de la réglementation à outrance, de rindiiïérence ou de l'inutililé
de beaucoup de fonctionnaires, de l'art que ces salariés ont de se dérober
sans cesse aux responsabilités ou pour so rejeter les uns sur les autres. Ils
réclament une complète autonomie financière pourrAlgcrie*la réforme des
Délégations financières qui se peuplent de plus en plus de salariés ou
d'obligés du Gouvernement dont ils ont le contrôle; que nul ne puisse
être délégué colon s'il n'est pas propriétaire résidant et exploitant et non
un citadin qui se dit colon parce qu'il fait un placement sur des terres.
Ils réclament encore l'autonomie administrative, puisqu'il ne peut plus
leur être fait l'insulte d'être des séparatistes. Ils tournent leurs regards vers
leur More, vers la France, et la supplient de se défendre et de les garder
contre l'application des théories collectivistes, contre les communismes de
toute nature, l'étatisation des forces productives, l'unification des salaires
et la guerre de classes. Petits propriétaires, souvent ouvriers qui ont con-
quis leur grade de « bourgeois » par le travail et l'économie, ils veulent
rester maîtres de leur lopin; ils savent que lorsque la terre sera à tout le
monde, elle sera stérile et mourra, car elle ne sera plus à personne; c'est
une mère qui ne donne ses fruits qu'à ceux qui la possèdent avec amour;
ils savent aussi que si la terre meurt, la Patrie mourra avec elle.
Ils désirent l'amélioration du sort des ouvriers et de tous les prolé-
taires; ils voudraient leur donner le pain moins cher, leur faire la vie plus
douce, réparer les injustices du passé. Mais pour cela qu'on nous laisse
à notre labeur quotidien, à notre amour du sol et de la prospérité.
C'est pourquoi nous serons avec vous, peu nombreux, peu riches, mais
pleins de bonne volonté, dans tout ce que vous entreprendrez pour donner
à tous, ouvriers ou paysans de France ou d'Algérie, la liberté par le travail,
la paix et l'union des classes dans la possession familiale du sol, récom-
pense suprême de nos efforts.
L'OLIVIER
DANS LA RÉGION DE FEZ
Note de
M. le Président de la Chambre de Commerce
■ d'Agriculture et d'Industrie de Fez
A côté de la culture des céréales et de l'élevage, Folivier est une des
principales richesses agricoles de la région de Fez.
D'après les dernières statistiques du tertib, le nombre des oliviers,
dans la région, serait de 870.000 sur un total d'environ deux millions d'oli-
viers que compterait l'ensemble du Maroc français occupé.
Les oliviers se répartissent de la façon suivante entre les différents
cercles de la Région :
Cercles
1
Nombre d'oliviers
Fez Banlieue
Cheraga
265.000
248.000
139.000
160.000
58*000
TOT.\L 870.000
Hayaina
Ouergha
Se'frt>u
A l'exception de quelques belles oliveraies, aux environs de Sefrou et
de Bahlil, c'est surtout dans le Nord de la région que l'olivier présente une
importance considérable (Lcmts au nord du Zalsgh, Cercles de l'Ouergha,
des Hayaina, Annexe des Choraga).
La culture de l'olivier est pratiquée depuis des siècles par les indigè-
nes, mais dans des conditions presque toujours défectueuses, qui expli-
quent l'état de dégénérescence des variétés d'oliviers cultivées.
— 145 —
Beaucoup d'arbres très âgés, à tronc creux, sont dans un état d'énuiso
ment accentue. Les plantation-; faiio^ ■■■■-.i,.,,!;- \ . , epuiso-
serrées. Aucune taille de onn on ' ,"^° ""^''"*^"^ f "f. ^'^ nénéral. trop
La plupar des oliviers adultes portent beaucoup de b.^nches miSJ
et forment un fuu.lhs où l'air et le soleil pénètrent difficilement Les ma a
ïr ^^iisssr^'^"^ ^ '-'''''- '---^ ^' - cbamp t's t j;::;;;:
Les indigènes réservent en général Dourl'dlivipr i^~(.
vigne. Cette dernière ainsi plantée, n a qu'une durée de 12 à 15 anr n.H
vier commence donc à produire au moment où l. vigne disparau"
La pépinière est inconnue des indigènes. Toutes leurs plantations nro
viennent de boutures de dimensions très variables mises rectmnt en
place dans des trous de 50 x 50 environ aireciement en
Les soins culturaux sont des pfus réduits. Lorsque cela est oossible
des arrosages sont donnés pendant les premières années qui u^venf là
plantation. Par suite, des ados en fer à cheval sont aménagés au Ted des
arbres pour retenir les eaux de pluie. ° ^ ^^
bléo°u'or'fceTcû?tn;"''"'' '^''T'^^-'^^ dans les oliveraies surtout
dtp^rvrL'i^^nTtîo?" "^ ""^ ^^"^'^ ^""^^^^' -"*P^"'^^ -« --e
Les maladies cryptogamiques constatées dans la région de Fez ^ont •
a fumagine, très répandue; la tuberculose bactérienne, le pou id et
rLtqurdVfTirdigar""'"""^^- ^- ^--^ ^---- -^^^^-m
t.,vn^''/"r''/'' ^'' P^"' dangereux sont la cochenille très abondante et la
teigne de 1 olivier (Breys Oléae). Ce microlopidoptère semble causer d s
degats importants, dans certaines localités, par la quantité d'olives au'?
fait tomber avant maturité. La mouche de l'olivier n'a pas Picore Lsijn:
hrP ^l h'^'"'^!^ ,'^*^ "'^''^^ commence la dernière semaine de novem-
bre. La date de la cueillette est fixée tous les ans, pour chaque cerclpTr
un arrête pris par les autorités locales qui divisent la totalisé derot'etïs
pou'r b 1' f T f '^"^"'^ '^ ''''''''' ^'«'^'•^"*-' Ces dispositions on
pour but de faciliter la surveillance des olivettes et d'empêcher les vol.
bleà la7nw?r'''r"^'^^''? ^^' "" ^^^"'"°^ ^^^^^^^ «ï^^ ''^ très préjudicia-
oie a la fructification de lannée suivante
annit °J'''^'°" P'""'^'" '^^ TAgriculture a fait procéder, il y a quelques
années, dans certaines olivettes domaniales des environs de Fez à des
tTXtZLT' '''f' "'^°""^'^ ^°"^ ^^^ ^"^^^^^"- onf pu^i:t;^e"
dÏnonsfrJfion ^' P'' '' ''^''"'' abondantes des années suivantes. Ces
1 S^oSnce ,1' demanderaient à être répétées fréquemment pour vaincre
Hgnorance, les préjuges et la routine des indigènes.
rimemair7«rH' "^'/^^'''f^'^ (inspection de l'agriculture, ferme expé-
rimentale, jardms d essais et pépinières) dirigent leurs eiïorts dans ce sens.
lacu^SreTel'Sivie'r "''"" '' ''""^ ''°"^" ''''' "'^^' ^^^^^''^"--^ ^-
apparte^.'nr ^ f '"= ^l"?""!^"^ à huile indigènes et une huilerie moderne
appartenant a la Société Industrielle de l'Oranie au Maroc. Les moulins
— 146 —
indigènes, très primitifs, traitent les olives conservées très longtemps (sou-
vent plus d'une année) à l'aide d'une simple addition de sel, dans des caves
ou de petits réduits attenant aux huileries.
L'huile obtenue, de couleur brunâtre, et à goût très prononcé (que sem-
blent apprécier d'ailleurs les consommateurs indigènes) est très impropre
a la consommation européenne.
L'huilerie française se ravitaille surtout par des achats d'olives sur
les souks locaux et plus rarement par des achats d'olives sur pied. L'usine
comporte notamment un broyeur à trois meules et huit presses hydrauli-
ques.
Ces produits sont d'excellente qualité.
Le grignon est vendu au prix moyen de 10 francs le quintal aux bou-
langers et aux chauffourniers de la ville. Ce produit renferme encore 14 à
15 % de matière grasse totale qui est brûlée dans les fours. Il n'existe pas
encore à Fez d'usine d'épuisement.
Le rendement actuel des oliviers est très variable selon les localités, la
nature du terrain, l'âge des plantations, les soins donnés et aussi selon
les années. On peut donner, comme moyenne très approximative, le chiffre
de 20 à 25 kilgr. d'olives, par arbre.
Des analyses d'olives de la région de Fez ont révélé une teneur en
matière grasse de 24 à 25 %. La teneur en eau de végétation variant de 40
à 55 %. Le rendement industriel d'olives peut être évalué en moyenne à
15 litres d'huile par 100 kilogr. d'olives fraîches. Ce rendement pourrait
être augmenté par l'emploi d'un matériel perfectionné.
Le Lîn
La Culture du Lin dans TAfrique du Nord
par L. DUCELLIER
Professeur à l'école d'Agriculture de Maison-Carrée
M. L. Ducellier, le très dislingtté et si actif agronome algérien, a consa-
cré à la culture du lin un des volumes de la Bibliothèque du Colon du
Nord de r Afrique qu'il publie avec quelques-uns de ses collègues et qui est
appelée à rendre les plus grands services à nos agriculteurs africains,
Au moment où l'on ne saurait trop encouragera celte culture, tant pour\
tobtention de la graine qu'au point de vue textile, cette étude, dont nous
sotimes heureîiJC de pouvoir reproduire ici la partie principale, est des plus
opportune et contribuera à donner à nos colons, un nouvel éléinent d'asso-
lement pour leurs terres, dont M. Ducellier montre toute la nécessité.
Nous faisons suivre cette étude du texte d'une conférence de propa-
gande faite par la Société Tunisienne des Lineries Feuillette qui a entre-
pris l'exploitation d'icn procédé des plus intéressants de son invention pour
la préparation de la filasse de lin.
Dans le Nord de l'Afrique on ne cultive guère qu'une seule variété de
lin ordinaire plus ou moins pure, semblable au /m d'Italie. Elle se distin-
gue par ses tiges courtes et surtout par ses graines grosses, mesurant 6 ■"/■'
sur 3 en moyenne. Les tiges de cette variété sont grosses et renferment une
filasse abondante mais plus grossière que celle produite par le lin de Riga.
Cette variété ne dégénère pas en Algérie.
Le lin de Riga se distingue principalement par ses tiges longues, fines,
peu ramifiées, fournissant la meilleure filasse. Cette variété, comme son
nom l'indique est très cultivée en Russie, oii elle donne lieu à un commero»
de semences important avec le Nord de la France. Les lins que l'on obtient
sur les semences provenant de Riga, dits lins après tonne, sont excellents
mais les graines obtenues ensuite dégénèrent en France et ne sont plus em-
ployées. On est donc obligé pour maintenir la qualité de la fMasse de chan-
ger les semences de lin et d'avoir recours à nouveau aux graines produites
en Russie sur des lins cultivés spécialement pour la graine.
Les essais de culture de lin de Riga effectués à différentes époquos en
Algérie semblent indiquer que cette variété peut être cultivée avec profit,
elle y mûrirait même plus tôt que les autres variétés.
Dans un rapport sur les produits de l'Algérie (mai 1859; il est dit que
le Im de Riga cultivé en Algérie consente sans altération ses précieuses
dualités^
- 150 -
Dans VEnquête de 1868, d'après la déclaration de M. Plaetevoit « les
produits filasses des lins d'Algérie sont classés parmi la première catégorie
des filasses d'Europe, c'est-à-dire avec des lins de Belgique, ils se vendent
sur la place do Lille, 25 francs les 100 kilogs après rouissage bien réussi ».
Dans l'Elat de iAgnculiure algérienne en 1878 nous relevons le pas-
sage suivant se rapportant à des essais de culture de variétés de lin :
« Les colons ont introduit, en Algérie, le lin de Sicile à fleurs blanches
et le /m de lUya à fleurs bleues; le premier est cultivé pour la graine et le
second pour la filasse textile. La filasse du lin de Riga est de qualité excep-
tionnelle, et cette variété réussit aussi bien dans la circonscription de Phi-
lippeville que dans celle de Bone. La difficulté d'application des procédés
de rouissage et le prix élevé de la main-d'œuvre ont paralysé jusqu'à ce
jour les efforts faits par l'industrie, en vue de transformer sur place la
paille de lin en filasse. Des manufactures établies dans ce but, ont dû fer-
mer leurs portes, faute de capitaux d'exploitation suffisants pour parer à
de fâcheuses éventualités ». Ces éventualités ne paraissent plus exister
aujourd'hui, en ce qui concerne les capitaux.
11 y a d'autres variétés, telles que : le lin de Zélande, le Un de Pskoff,
le lin à fleurs blanches (Amérique du Nord), le lin à graines jaunes, le lin
vivace (Sibérie, Suède), etc. Nous avons cultivé la plupart de ces lins dans
le champ d'expériences de l'Ecole d'Agriculture de Maison-Carrée; ils se
sont moins bien comportés que le lin de Riga, d'Italie ou d'Algérie. ,
La sélection pedigree sur place de la variété de lin cultivée dans lo
Nord de l'Afrique pourra être suivie de bons résultats, notamment pour la
production de la graine car cette variété est formée de plusieurs sortes pré-
sentant les caractères que nous avons indiqués ci-dessus. Ilya Tau de
remarquer que le lin d'Algérie est une variété qui présente l'avantage im-
portant d'être adaptée au climat nwJ-Gfricain.
Cette méthode de sélection appliquée au lin de Riga est à notre avis,
très recommandable et ne peut que contribuer à la réussite de la culture
du lin en vue de la production de la filas.=e dans le Nord de l'Afrique.
J'imagine toutefois pour les lins textiles que l'examen microscopique
do la couche de fibres ne sera pas inutile; il permettra sans doute de trou-
ver des caractères corrélatifs (inflorescence, capsules, tiges, feuilles, etc.)
qui seront d'un utile secours pour la recherche dans les champs de lin des
individus présentant le plus de fibres. Il semble, en effet, y avoir des diffé-
rences assez grandes dans la continuité et l'épaisseur de la couche de fibres
entourant la tige, d'après les quelques coupes de tiges de lin que nous avons
pu examiner.
L'examen pratique industriel devra, bien entendu, confirmer cet exa-
men anatomique.
Le lin demande, quoiqu'il ne paraisse pas très exigeant sur la qualité
du sol, des lorrcs*franches de moyenne consistance lorsque l'on veut o'ole-
nir un© fîlasse fîuo et longue ou une bonne récolte de gVaines.
Il est reconnu que dans les terres argileuses, froides ou calcHirc?
sèches, le lin donne des produits pou abondanfs, manquant de ténacité en
général, ainsi que dans les champs o.mbrngés.
Mous donnons h litre de renseigncmcrts q'îclquci analyse: pIiy?i.~i'C.s
- 151 -
de terres où la culture du lin a été particulièrement avantageuse, d'après
Kane :
Sil>l« Argilo Baau
Terres de Heertest (Ckjurtrai) 75,08 14,92 3,12
— d'Escanafles ( — ) 84,06 9,28 2.36
— d'IIamme zog (Anvers) 80,79 5,76 4,20
— de la Hollande ( — ) 60,91 17,08 5,84
— de Crowle (Lincolnshire) 80,70 17,08 5,32
On réservera donc au lin pour graine ou filasse les sols silicoargileux,
frais et profonds. Dans k Nord de l'Afrique le lin se comporte bien en géné-
ral dans les terres silicieuses, profondes, des plaines du littoral : Mitidja,
ïiùne, f.îcdjerda, Chaouïa, où le blé tendre se développe également bien.
En raison de sa végétation assez rapide et de son système radiculaire
peu fourni, le lin exige des principes fertilisants immédiatement assimila-
bles.
D'après A. Miintz et .A. Ch. Girard, la composition moyenne du lin est
la suivante :
Acîdo Arid.
Atotfl pliosph. Potslie Chaax Magnésie tulfar.
Graines 3,2 1,3 1,04 0,27 0,42 0,04
Tiges 0,48 0,43 1,00 0,83 0,23 0,20
Ces auteurs admettent pour une production moyenne de 4.000 kilos
de récolte sèche à l'hectare, qui se décomposerait, d'après de Gasparin en :
Tiges 3.480 kilogr.
Graines 520 kilogr.
une exportation des principes fertilisants suivants :
Tigei Griinei Total
Azote 16,7 16,6 33,3
Acide phosphorique 15,00 6,8 21,8
Potasse 34,8 5,4 40,2
Chaux 28,9 1,4 30,2
Magnésie 8 2,2 10,2
Il n'est pas tenu compte dans ces chiffres de la composition chimique
des débris de capsules qui ne contiennent d'ailleurs que très peu de princi-
pes fertilisants.
Ces chiffres paraissent très variables; Garola donne pour une récolte de
e.o30 kilos l'exportation suivante :
Azote 180 kilogr.
Acide phosphorique 103 —
Potasse 128 —
Chaux 153 —
Damseaux, pour 6.000 kilog. de paille et de graines indique seulement :
Azote 30 kilogr.
Acide phosphorique 45 —
Potasse 67 —
Chaux. . . 30 —
Magnésie 18 —
chifîi'C3 bien inférieurs aux précédents.
— 1Ô-2 -
Des observations très intéressantes ont été faites par Garola sur l'ab-
sorption des principes fertilisants au cours de la végétation du lin. Cette
pjante absorbe au début surtout de l'azote (23, 3G % du total) et de la potasse
(19,12 % du total); puis un mois après, jusqu'à la floraison, cet auteur a
observé une forte absorption de chaux (82,64 %). Pendant cette période le
lin prend l'azote et la potasse qui lui sont nécessaires, 76,64 % pour la pre-
mière et 68,46 "/u'pouT la seconde. Ensuite de la floraison jusqu'à la maturité
c'est l'acide phosphorique qui est absorbé (27,43 %) alors qu'il l'avait été
assez lentement pendant les deux premières périodes.
Ces observations indiquent neltement les exigences du lin en « vieille
force » à laquelle on pourra suppléer dans certains cas, par l'apport d'en-
grais riches en principes immédiatement assimilables.
Le lin passe pour être une plante très exigeante, cependant il ne semble
l'être guère plus que les céréales. Mûntz et Girard (1) écrivent que, dans
aucun cas, le lin ne doit être regardé comme une plante très épuisante.
Nous reproduisons, à ce sujet, le passage suivant d'une étude sur le lin
publiée par William Saunders (2) qui pose la question suivante :
Le lin est-il une culture parliculièTe7nent épuisante ?
« On répond en général à cette question par l'affirmative, mais cette
opinion ne paraît pas être justifiée par les analyses chimiques qui ont été
faites de cette plante et qui font connaiire les principaux éléments de ferti-
lité enlevés au sol pendant la période de végétation du lin. On peut résumer
comme suit les résultats obtenus par l'examen chimique, lesquels repré-
sentent approximativement les quantités d'aliments des plantes enlevés au
sol par le lin, le blé et l'avoine. »
« Un acre de lin produisant 15 boisseaux de graines et 2.000 livres de
tiges enlève au sol :
Graine, 840 Ib 26 14,80 9,28
Paille, 2.000 1b 20 9,00 28,00
Totaux 46 23,86 37,28
« Voici maintenant pour comparaison les quantités des mêmes élé-
ments enlevés au sol dans un acre de blé produisant 25 boisseaux de grain
cl 2.000 livres de tiges :
KcM»
Arote ph>^s|>hor- Po'asat
Bli Ib. Il>. Ib
Grain, 1.500 1b 28,50 12,68 8,54
Paille, 2.200 Ib 12,03 4,96 20,57
Totaux 40,53 17,64 29,11
« De même un acre d'avoine produisant 50 boisseaux de grain et
2.200 livres de tige tire du sol les quantités suivantes des mêmes consti-
tuants :
(1) Muntz et Girard, Les KnoraU, Parla.
(2) Le Lin, sa culture pour traîne et n>ur filasse. Ottuwa, 1903.
- i:)3 —
Acide
A>ol« |p|,a>nhsr. FulaiK
A»oln. lu. Ib. Ib.
Graine, 1.700 1b 32,13 10,48 8,05
Paille, 2.200 1b 13,'JO 4,74 24,83
Totau.x 46,03 15,22 32,88
« Dans le Nord-Ouest on brûle en général la plus grande partie de la
paille de toutes ces récoltes et restitue ainsi au sol, sous forme de cendres,
les ingrédients minéraux qui lui avaient été enlevés. Dans l'Est, où l'on uti-
lise principalement la paille pour la litière des animaux, les constituants
minéraux enlevés au sol lui sont restitués dans le premier, de sorte çu'il y
a à considérer seulement la graine.
« On verra que dans le cas du blé, le grain prend un peu plus d'azoto
et un peu moins d'acide phosphorique et de potcsse que ne le fait la graine
de lin : tandis que le grain de l'avoine prend une grande quantité d'azote,
presque un tiers de moins d'acide phosphorique et environ un huitième de
moins de potasse. La différence dans l'effet épuisant de ces diverses récoltes
dans un sol riche serait néanmoins à peine sensible et ne confirmerait pas
l'opinion que le lin est une récolte très épuisante. Dans quelques expérien-
ces faites en 1895 à la ferme expérimentale de Brandon (Manitoba) en
semant du blé, de l'avoine et de l'orge après du lin, les résultats obtenus
conduisent à la même conclusion ».
De Gasparin dans son Cours d'Agriculhire, p. 342, vol. IV, écrit égale-
ment que le lin consomme peu d'engrais.
L'expérienc« a démontré néanmoins que ce sont les terres les mieux
fumées qui produisent les meilleurs rendements en lin, cela tient sans
doute en grande partie au système radiculaire peu fourni de cette plante.
Il est donc de coutume, dans les pays liniers, de fumer abondamment
la sole du lin ou la sole précédente. On emploie, à cet effet, les engrais les
plus div^s.
Fumier de ferme, 30 à 40.000 kilogr. dans le Nord avec purin et tour-
teaux dans certains cas ou nitrate de soude en proportion variable.
Goémons en Bretagne, 10 à 20.000 kilogr. complétés parfois par des
engrais phosphatés.
Tourteaux dans les Flandres à la dose de 1.000 à 1.400 kilogr.
Engrais flamant, 2 à 3.000 kilogr.
Superphosphates, 3 à 500 kilOgr. sont employés dans le Nord et en Nor-
mandie, après trèfle, blé, avoine.
Scories de déphosphoration, 500 kilogr.
Nitrate de soude, 100 à 300 kilogr. Ce dernier engrais doit être employé
autant que possible avec l'engrais suivant et avec prudence.
Sulfate d'ammoniaque à dose variable si on l'emploie ou non avec
nitrate de soude.
Sulfate de potasse 150 à 200 kilogr.
Les engrais à base de potasse et de magnésie ont également donné de
bons résultats en ce qui concerne la qualité de la filasse.
Malpeaux (1) cite un engrais emnloyé dans le Pas-de-Calais, en sol de
limon des plateaux, à la dose de 1.000 kilogr. à l'hectare dosant 4 à 5 "i
U) ti culture du lin. La Vie Aoricole et Rurale, vol 1, 1912, Pari».
- 154
d'azole nitrique, 7 à 8 % d'acide phosphoriquc soluble au citrate d'ammo-
niaque et 5 à G % de potasse, comme réussissant bien.
Les expériences faites par M. Tribondeau, professeur d'agriculture du
Pas-de-Calais, font ressortir, pour cette région, l'importance de certains
engrais apliqués à la culture du lin. Voici les résultats très intéressants de
ces expériences que nous donnons à titre d'indication :
Quantités d'engrais
Hauteur
DES
Rendement
à l'hectare
Produit arg
ent
BéniGce
tiges
Tiges
Graines
Ttges
Graines
TOTAL
Témoin sans engrais. . .
0.85
6 om^
8hl
720
136
856
»
Nitrate seul 100 kil., Iiect.
0.9Ô
G.:i:io
10.30
823
175
998
115
Nitrate 100 —
Superphos-
0.95
6.500
11.00
910
177
1.087
179
phate ... 500 —
Nitrate.... 100 —
>1.03
\
Superphos-
phate . . . 500 —
G. 010
12.00
991
204
1.195
259
KaïDite.... 400 —
Nitrate.... 100 —
1.03
Superphos-
phate ... 500 —
6.775
12.75
1.013
226
1.229
277
Sulfate po-
tasse.... 200 —
L'emploi des engrais concentrés doit être fait avec prudence, après
essais préalables, car ils agissent très activement parfois sur la végétation
du lin, qui devient alors trop abondante. Cela nuit à la qualité de la filasse,
à sa finesse notamment; c'est le cas des engrais azotés en excès.
Quels que soient les engrais employés, il ne faut pas oublier que les
terres pourvues de vieille force donnent les produits les pl'^s abondants et
les meilleurs. Les engrais doivent donc être répandus assez longtemps à
l'avance pour qu'ils soient mélangés le plus intimement possible avec la
terre.
Lorsqu'on emploiera le fumier de ferme directement sur la sole du lin,
il devra donc être très décomposé ou, dans le cas contraire, répandu sur la
sole précédente. On peut craindre, d'autre part, en fumant directement le
lin, le développement exagéré des mauvaises herbes qui sont, comme on le
sait, fort gênantes dans le lin en raison des difficultés que l'on éprouve
pour l'en débarrasser notamment dans les jeunes semis qui sont très déli-
cats.
On admet en général pour le lin que les engrais n'augmentent pas la
proportion de filasse par rapport au poids brut de la récolte; que les engrais
phosphatés et potassiques favorisent la production de la filasse qui est,
d'autre part, meilleure et plus une.
Les engrais dans le Nord de l'Afrique n'ont pas toujours donné des ré-
sultats satisfaisants et d'une interprétation facile par suite de la sécheresse
de l'action des parasites ou des mauvaises herbes, dont la résultante sur les
rendements est d'une évaluation compliquée. En année sèche, par exemple
^'- superphosphates agissent très peu ou pas, il est ensuite difficile d'esti-
mer sur les récoltes subséquentes l'action de ces engrais.
Dans la région de Bel-Abbès, les colons se U'ouvent bien, en général, de
l'emploi des superphosphates pour leurs cultures de céréales. Certains co-
lons disent même que l'usage des engrais est devenu indispensable pour
maintenir les rendements de ces dernières.
Quoique les expériences concernant l'emploi des engrais ne soient pas
encore bien nombreuses, il n'y a pas lieu, à notre avis, d'en négliger
l'usage. Par une sage pratique on arrivera à trouver des formules de fu-
mure et un mode d'emploi appropriés, permettant d'augmenter le rende-
ment dans une notable proportion. L'utilisation des engrais doit donc se
généraliser dans le Nord de l'Afrique, du littoral vers les Hauts-Plateaux.
PnÉPARATIO.N DU SOL. — ASSOLEMENT
La préparation du sol en vue de la culture du lin doit être particulière-
ment soignée surtout en ce qui concerne la destruction des mauvaises her-
bes qui sont éminemment préjudiciables à cet'e culture.
Cett« préparation dépend, pour la plus grande part, de la culture pré-
cédant celle du lin, cette dernière peut être entreprise sans inconvénient
après celle de diverses plantas, telles que : céréales, plante-sarclées, four-
rages. Mais, en général, le lin réussit le mieux après les légumineuses, le
trèfle notamment ou encore après une céréale suivant ime plante sarclée
qui a été fumée fortement à l'exception de l'orge (1). Après les défriche-
ments de vieilles prairies le lin donne de très belles récoltes.
Dans le Nord de l'Afrique, sa place paraît indiquée à la suite du Trèfle
d'Alexandrie dont la culture, en raison de l'excellent fourrage que l'on peut
er retirer, doit être généralisée partout où il sera possible de le cultiver; les
Fèves, les Betteraves fourragères ou autres et probablement après les Ges-
ses, les Pois cliiches bien fumés, constituent aussi de bonnes cultures pour
la préparation des terres destinées au lin. "
On a remarqué, depuis longtemps, que le lin ne peut revenir que tous
les 6 à 7 ans (2) pour des causes encore mal connues, sur certaines terres,
notamment le lin ramé, qui est comme on le sait un lin obtenu sur semis
très épais, 350 kilogs à l'hectare et même plus. M. Hitier, dans YEncyclo-
fcdie agricole « Plantes industrielles », citait en 1905, un exemple remar-
quable se rapportant à la fatigue des terres oîi l'on cultivait le lin :
« Par suite de la réduction des emblavures en betteraves, des hauts
prix des lins d'autre part, les cultivateurs, des régions industrielles du
Nord de la France ont été amenés à semer du lin en assez grande queintité
et cela dans des localités oîi cette culture avait à peu près complètement
disparu. Or, malgré les engrais, les façons aratoires appropriées, certaines
terres réputées fatiguées de porter du lin (il y a 20 ou 25 ans, alors que l'on
en cultivait beaucoup) ont encore donné après ce laps de temps des récoltes
inférieures lorsqu'on a voulu y semer à nouveau cette plante ».
Les travaux de préparation du sol doivent être effectués à temps en vue
d'un ameublissement complet et de la conservation de l'humidité particu-
lièrement nécessaire au lin dans le Nord de l'Afrique. Les principes du
Dry Farming apf)ropriés à cette culture auraient comme résultats, une aug-
mentation des rendements.
(1) H. Rousse. — De la culture du Lin, 'Annales de la colonisation atgértenne,
tome XIV, Paris, 1858.
(2) O. Lecleic Tliouin. — Du Lin et sa culture. Maison Rustique du xix» siècle.
Paris, 1841.
— 156 -
De forts labours d'hiver, on n'oubliera pas que la racine du lin est
pivotante, peu chevelue, assez courte, de moins d'un mètre de longueur en
général, suivis des façons de prmtemps et d'été, scarifiages, hersages,
nécessaires pour ob'enir un bon et profond ameublissement ininterrompu,
sont de rigueur si l'on veut tirer le maximum de résultats de cette culture.
Nous conseillons donc de faire les labours en hiver plutôt que dans le cou-
rant du printemps, d'entretenir toujours rompue la surface du sol qui sera
maintenue de fa sorte, nette de mauvaises herbes.
Dans le Midi de la France, oii l'on semait le lin sur jachère ou après
des fourrages verts de préférence, on donnait jusqu'à trois ou quatre façons
avant le semis qui s'y effectuait généralement à l'automne.
En Tunisie (1) M. Minangoin recommande de faire succéder le lin à
une culture de fèves copieusement fumée ou à défaut après une céréale
faite sur labour de printemps avec également une forte fumure, la sole du
lin recevrait les façons culturales nécessaires pour obtenir un ameublisse-
ment parfait du sol et une destruction complète des mauvaises herbes. Les
engrais pulvérulents, superphosphates ou scories seraient répandus à l'épo-
que du labour de semailles.
Il faut, quand l'automne arrive, que le terrain soit pulvérisé convena-
blement à la surface — le passage du rouleau peut être nécessaire pour
arriver à ce résultat — et suffisamment tassé en profondeur de manière à
rendre aussi régulière que possible la répartition des graines; l'on obtien-
dra dans ces conditions une rapide germination et un bon enracinement des
plantules de lin.
MULTIPLICATION
CHOIX DES SEME.NCES
Le lin ordinaire se multiplie seulement par ses graines.
Le choix des semences de lin présente une grande importance, en parti-
culier au point de vue de la production de la filasse.
Les bonnes graines de lin se reconnaissent à leur couleur uniforme (les
graines incomplètement mûres sont moins teintées ou même jaunâtres) lui-
santes, sans aucune odeur, très glissantes lorsqu'on les manipule, renflées
et riches en huile. Les vieilles graines sont plus ternes et souvent poussié-
reuses à moins qu'elles aient été maquillées pour les faire paraître de ré-
colle plus récente.
Indépendamment de ces qualités, le liniculteur devra apporter certai-
nes précautions dans l'achat de ses semences. Il devra exiger, comme pour
toutes les semences d'ailleurs, des garanties sur facture concernant la pro-
venance, la variété, la pureté, la faculté germinative et l'absence de Cus-
cute, dans les graines de lin, bien récoltées, ne conservent une bonne fa-
culté germinative que pendant deux ou trois ans.
Une bonne graine de lin marchande doit réunir les conditions ci après :
Purelé 98 %
Faculté germinative 85 %
Valeur culturale 83 %
(11 La Culture du Lin en Tunisie, licvuc Agricole de l'Afrique du Sord. \l-
BCr, 1919.
— i:.7 —
Voici à titre de renseignements les chiffres que nous avons obtenus en
analysant quelques échantillons de graines de lin
Analyses de semenc-os de lin :
N"
des
échantil-
lons
Semences
pures
•/.
(Pureté)
IMPU
ln»tière>
inertes
KETÉ
graine.
<trin-
Nombre d«
Im germ,„
•prC. lO
jour. •/.
(F.cullé ger-
miu.tive)
Cr.lne.
eopabla. de
germer •/,
(Vtleur cul-
turale)
OBSERV.'VTIONS
1
Lin de
Riga
2
98.55
0.75
0.70
94
92.03
Les graines étrangè-
res sont piineipalenient
conslituétîs par les espè-
ces ci-après : Henouée et
Ivraie du lin.
Lin d'Al-
gérie
3
94.50
■2.95
2.55
92
8G.94
Graines étrangères :
Bajilh-re [B. prutiactum),
Ray grass {l.oiiwm mitlti-
llnmtm), Alpiste (Ph.
biachystachys et para-
doia).
Linde
Naples
4
93.85
2.75
3.40
82
76.95
Graines étrangères :
Hélilot, Haygrass, Vesce,
Lentilton.
Lin de
Sicile
92.95
3.05
4.00
98
91.09
Graines étrangères :
Ray grass et Sutne.
0
Lin du
Maroc
(Cnaouiaj
6
96
2.10
1.90
96
92.10
Graines étrangères :
(Ph. cannriensis , Ray-
grass (L. multijloTtim),
Krubera (A', lepiuphilla),
Buplèvre [Dup. proirac-
tuTti], Muscari [M. como-
sum).
Lin du
Maroc
(Abda)
194.50
3.00
2.50
97
91. GC
Graines étrangères :
Alpiste, Toritis, T. no-
dosa). Gaillet, Chrysan-
thème, Mauve, etc.
Comme on peut s'en rendre compte facilement par l'examen des chif-
fres ci-dessus, la valeur culturale des semences de lin est loin d'être régu-
lière, elle tombe même au-dessous (analyse n° 3) du chiffre exigible d'une
bonne semence marchande. Nous avons remarqué que les graines faisant
l'objet de l'analyse n" 3 avaient été obtenues à la suite d'un battage trop
énergique, quelques-unes présentaient en effet de petites fissures, des traces
de chocs qui avaient fait éclater légèrement l'enveloppe des graines. La
même observation a été faite pour certains échantillons récoltés en Algérie.
On remarquera aussi la forte proportion d'impuretés existant dans les
graines 2, 3, 4 et 6 et la nature des mauvaises herbes que l'on peut semer
dans ce cas en même temps que la semence de lin. Presque toutes ces mau-
— I5â —
vaises herbes (Graminées, Ombellifères), sont d'une destruction peu facile,
sinon impossible, en raison de leur exiguïté lorsqu'on exécute le premier
sarclage du lin. Cela peut donc entraîner à faire plusieurs sarclages qui
augmentent, dans une large mesure parfois, le prix de revient de la récolte.
11 semble qu'il y ait, d'autre part, grand intérêt dans certains cas, lors-
qu'on l'on a des doutes sur la valeur de la graine elle-même, à faire procé-
der à son analyse avant de l'employer : graines vieilles, maquillées, par
exemple (1). 11 faudra dans tous les cas faire, avant de procéder aux semail-
les, un essai de germination sur papier buvard ou sur un linge entretenus
humides.
C'est une bonne précaution qui permettra d'éviter les inconvénients
résultant d'une levée irrégulière; les semis trop clairsemés ne sont ni favo-
rables à la production de la filasse ni à celle de la graine.
Il est bon de cribler les graines de lin quand elles contiennent de la
terre, de petits débris de la plante ou des petites semences étrangères qui
peuvent être éliminées en proportions assez fortes; M. Gouston indique un
déchet au crible de 10 % pour les graines de Riga.
Au Maroc les graines sont généralement tararées, préparées dans les
ports avant d'être expédiées; celles du lin laissent un déchet allant jusqu'à
5-6 % par quintal. On tolère actuellement 4 % d'impuretés pour les graines
marchandes.
Dans les pays producteurs de filasse, il s'est établi depuis longtemps
une préférence pour les graines provenant de Riga principalement, c'est
un fait d'observation courante que les semences de lin de Riga récoltées en
Belgique et dans le nord de la France, presque toujours avant maturité
complète, dégénèrent et l'on est obligé de recourir à nouveau aux graines
importées directement do Riga. On a essayé maintes fois, dans les régions
précitées, de produire des graines en semant clair et laissant miîrir complè-
tement, mais sans obtenir des résultats aussi bons qu'avec la graine d'ori-
gino. Peut-être sera-t-on obligé dans le Nord de l'Afrique à procéder ainsi,
quoique les essais effectués paraissent indiquer que la variété de Riga se
maintient sans dégénérescences apparentes les premières années quand on
laisse mûrir complètement la graine.
En Europe on sème le lin au printemps, de mars à mai. Dans certaines
régions, midi et ouest de la France, de l'Italie, de la Grèce, on sème à la
fin de l'été et en automne.
Dans le nord de l'Afrique, les semis se font dans le courant de l'au-
tomne et parfois en hiver jusque dans les premiers jours de février, les
semis tardifs réussissant moins bien en général. On a observé, d'autre part,
que les lins dont la végétation était de courte durée, donnaient moins de
filasse et moins do graines. Il est donc préférable de faire les semis de lin
de bonne heure. M. Perrotlet a obtenu, à Ghebli (Mitidja), de bons rende-
ments en semant en décembre, toutefois des semis effectués dans les pre-
miers jours do février lui ont parfois donné des résultats satisfaisants.
Dans les terres légères, se desséchant vite il est indisoensable de semer
(1) Ces analyses peuvent être effectuées au laboratoire d'essais de semences de
l'Ecole d'Agriculture de Maison-Carrée. Les échantillons ù analyser doivent Être
adressés au Directeur de cet établissement.
— 159 —
tôt, de façon à ce que le lin soit très développé quand arrivent les premières
chaleurs ou les premiers sirocos qui so manifestent parfois dès avril, en
Algérie.
La quantité de semence à employer varie selon le but poursuivi, pro-
duction de la filasse ou production de la graine.
Dans le nord de l'Afrique, en vue de la production do la graine, on
sème do 50 à 70 kilogr. à l'hectare suivant la qualité de la graine et Icpo-
que du semis; en Russie 50 à 57 kilogr., en Argentine 30 à 36 kilogr. Dans
certaines régions, ces quantités sont dépassées, en Tunisie on indique do
45 à 120 kilogr. Au Maroc, la quantité de semences employée varie de 30 à
75 kilogr. dans la Chaouïa où nous avons vu certaines cultures bien clair-
semées.
Millot indique, dans son Traité ■pratique d Agriculture Algérienne les
quantités de semences ci-après :
Production de la filasse 100 à 110 kilogr.
Production de la graine et filasse 150 —
Ces quantités ne paraissent plus usitées en particulier pour ce qui con-
cerne les semis en vue de la graine qui se font toujours plus clairs que les
semis effectués dans le but d'obtenir de la filasse. Le premier chiffre devrait
plutôt se rapporter à la production de la graine quoiqu'il apparaisse un pyu
trop élevé en égard de la quantité moyenne employée actuellement, 60 à
65 kilogr.
Nous avons constaté, à différentes reprises et encore cette année, que
certains semis de lin étaient trop clairsemés, ce qui prédispose les mau-
vaises herbes à se multiplier au détriment du lin qui semble se défendre
très mal et, dans ces conditions, produit à peine deux ou trois fois la se-
mence employée. Une densité de semis trois fois plus grande aurait été
nécessaire pour que la surface du champ soit occupée convenablement par
les plantes en vue d'obtenir le rendement maximum.
La quantité de semences employée en vue de la production des fibres
est plus considérable; on sème selon la nature des terres, l'époque du semis
et la finesse de la filasse que l'on veut obtenir, de 140 à 350 kilogr. de grai-
nes à l'hectare. En Russie, quand on veut obtenir des graines et de la filasse
les semis de lin sont faits à la dose de 70 à 130 kilogr.
La Société des Lineries Feuillette qui installe une usine pour le rouis-
sage du lin à Tindja (Tunisie) préconise de semer 200 kilogr de graines à
l'hectare.
Dans les expériences faites en 1897 par le Comice Agricole de Bône, les
semis exécutés à raison de 100 kilogr. à l'hectare avaient produit 3.500 kilos,
de tiges, mais M. Corcelet propriétaire à Randon indique au sujet de ces
essais, que la quantité de semences employée est trop faible, que l'on pour-
rait arriver à produire 5.000 kilos de tiges de lin en augmentant la quan-
tité de semences a l'hectare.
Une expérience entre autres a été faite au Canada (voir rapports dans
« Fermes expérimentales ») sur des quantités de semences variables à
l'acre; les résultats, fort intéressants, sont résumés dans le tableau ci-des-
sous que nous donnons à titre de renseignements car d'autres expériences
faites en employant les mêmes quantités de semences sont moins proban-
tes :
IGO
Quantité
de semences
à
l'acre
Date
du
SemiS
Date Oc la
recolle
(coupe.
Durée
de la
végéialion
(jours»
Longueur
de la
paille
(pouces)
Poids de
la paille
par acre
(Ib.)
Rend.
par
acre ibois-
.seaux)
4u Ib. 14 mai 7 sciilcnibre
«U
40 21 mai 7 seplembre
80
40 28 mai 7 s(,'i)lembre
80
Parcelle
extra 00 Ib. 1!) mai G septembre
La livre anglaise équivaul
117
117
nu
1 lu
l(i;î
103
111
1
24 4.50
24 G70
24 1.340
2G 1.450
2G 1.3.50
24 1.G50
2i l.GÎ)0
0 k. 4,53 gr
0 ha. 40 5
8 1
13
11
10
15
22
19
!
j
Le
u
il. 35
m. 025
0
Les quantités de semences employées seraient donc à peu près de 45 kil.
et de 90 kil à l'hectare. Dans tous les cas les semis à 90 kil. ont produit da-
vantage, le rendement est supérieur de 5 à 7 boisseaux par acre, cette
différence rapportée à l'hectare est loin d'être négligeable. Nous ne voulons
pas dire par là qu'il faille semer partout 90 kilogr. à l'hectare, mais il y
aura lieu dans certains cas, d'augmenter la quantité de semences.
Des essais dans ce sens sont encore à faire dans la plupart des régions
du nord de l'Afrique, pour différentes cultures. Il apparaît cependant en
constatant la densité des cultures actuelles de lin pour graines en Algérie
que les quantités à semer pour la filasse doivent être doublées ou triplées
suivant la fertilité du sol, aussi suivant l'état d'humidité du terrain au
printemps, sa fraîcheur autrement dit.
Lorsque les semis sont clairs, les plantes se développent beaucoup et
les tiges se ramifiant trop donnent une filasse plus grossière. Dans le cas
de semis trop drus la filasse peut manquer de force par suite de l'étiolement
des tiges privées d'air et de lumière principalement à leur base.
Dans un semis convenablement effectué en vue de la filasse, les plantes
ne sont pas ramifiées et ne portent pas plus de 2 ou 3 capsules à la maturité.
Le lin ne se sème guère qu'à la volée, c'est une opération délicate en
raison de la largeur et de la légèreté dos graines qui sont très glissantes h
la main. Elles subissent donc facilement la poussée du vent ce qui peut
rendre le semis très irrégulier quand le vent souffle d'une manière înter-
mittonte. On choisira donc autant que possible pour exécuter le semis un
temps calme et on opérera soit à jets croisés, soit en croisant les voies de
manière à obtenir une régularité aussi parfaite que possible, surtout si
l'on veut arriver à obtenir une filasse très homogène.
Heuzé recommande de semer le soir et de ne recouvrir les graines que
le lendemain matin lorsqu'elles sont humectées par la rosée.
La graine de lin produisant quand elle se trouve au contact de l'eau
une sorte de gelée, cotte dernière agglutine facilement les particules terreu-
ses, ceci fait que la graine se trouve, après le hersage, tout à fait imprcignée
de terre mieux qu'une graine lisse, sèche. Ces conditions doivent vraisem-
blablement favoriser la levée.
— IGl —
Pour obvier aux difficultés dos semis on se sert, dans les grandes ex-
ploitations, de semoirs dont les extrémités des tubes sont munies de plan-
chettes sur lesquelles tombent les graines qui s'éparpillent sur le sol très
régulièrement. On peut encore employer le semoir à la volée qui permet
d'effectuer très rapidement les semailles, comme cela se pratique en Argen-
tine où l'on arrive à semer 10 hectares par jour (Hitler).
On pourrait semer le lin en lignes espacées de 25 à 30 cent., ce qui faci-
literait grandement les sarclages, d'une exécution si difficile dans les
semis effectués à la volée. Le lin produit tout autant sinon plus, à la con-
dition que le sol soit entretenu net do mauvaises herbes.
La graine est recouverte ensuite légèrement, d'environ 2-3 centimètres
do terre par deux liersages croisés suivis d'un léger plombage, le lendemain
ou quelques jours après le semis, si le temps se maintient au beau et si
l'on craint la formation d'une croûte dure gênan; la sortie des plantules.
La levée s'effectue en 8 à 15 jours, suivant la température du sol; il
importe pour l'homogénéité de la filasse que les graines lèvent en même
temps et régulièrement.
ENTRETIEN DES CULTURES DE LIN
Dès que les jeunes plantes atteignent quelques centimètres de hauteur,
5 à 8 centimètres en général, on procède au premier sarclage qui s'effectue
à la main par beau temps, quand la terre est bien ressuyée, afin de ne pas
la tasser. Les sarcleurs ou sarcleuses, munis d'une petite binette pour
briser la croûte qui s'est formée depuis le semis, en particulier après
ceux qui ont été suivis d'un léger plombage, opèrent nu-pieds et contre le
vent, qui aide au redressement des tiges courbées pendant le travail.
Ordinairement, un sarclage bien fait suffit pour débarrasser la sole de
lin des mauvaises herbes, mais si cela devient nécessaire, malgré les dif-
ficultés et le prix de ce travail on procédera à un deuxième sarclage. Les
mauvaises herbes, en effet, si elles sont préjudiciables au dévelopisement
normal du lin, à la production de la filasse ou de la graine en définitive,
elles font également baisser la valeur marchande des tiges auxquelles elles
sont mêlées si l'on n'a pas pu en débarrasser ces dernières lors de l'arra-
chage. Ce dernier travail est retardé par le triage deâ mauvaises herbes et
son prix augmente en conséquence.
Le sarclage du lin exige beaucoup de personnel, car il doit être conduit
rapidement. Il se fait heureusement dans le Nord de l'Afrique à une épo-
que où la main-d'œuvre est assez abondante.
Si l'humidité du sol devient trop grande en hiver, il y a lieu d'amé-
nager des rigoles d'écoulement pour faire disparaître l'excès d'eau qui
retarde ou arrête le développement du lin.
Dans le cas où des taches de « Cuscute » apparaîtraient il y aurait lieu
d'arracher, dès la constatation, très soigneusement, toutes les plantes des
parties envahies, de les incinérer sur place avec de la paille et arroser avec
une solution de siilfale de fer à 5 ou 10 %.
Il ne faudra pas s'en tenir exactement au pourtour de la tache car les
tiges filamenteuses de la cuscute sont peu visibles, surtout lorsqu'elles ne
sont pas porteuses des glomérules floraux. L'arrachage devra porter immé-
diatement en dehors de la tache sur une zone concentrique d'au moins un
mètre de largeur. Eviter de laisser fleurir la cuscute.
— i62 —
Le lin est attaqué dans le Nord do l'Afrique par deux cuscutes : Cuscata
planifLora assez rarement et par C. epUinwn. La deuxième signalée au
Maroc occiaental (Pitard) est bien plus redoutable par les ravages rapides
qu'elle occasionne dans les cultures do lin (1).
Nous avons examiné au Maroc, dans les ports de Saffl et de Casa-
blanca, pendant la campagne d'achat 1917, des échantillons de graines de
lin ne contenant pas de Cuscute quoi qu'assez fortemenfchargés en semen-
ces étrangères de faibles dimensions. Des échantillons qui nous furent sou-
mis comme devant contenir des graines de Cuscute, n'en présentaient au-
cune trace, mais on remarquait dans ces échantillons des semences d'un
Gaillet, assez nombreuses, pouvant donner lieu à confusion par leur aspect
chagriné et leur petite taille.
La Cuscute du lin n'est donc pas très répandue au Maroc, néanmoins,
les colons qui se livrent à cette culture devront être sévères sur la qualité
de leurs semences de manière à ne pas introduire ce parasite dans leurs
fermes.
En raison des dommages que pourrait occasionner la cuscute du lin
si elle se propageait davantage dans le nord de l'Afrique, il est absolument
indispensable dCexiger des semences garanlies sans ciiscide, comme nous
l'avons déjà fait remarquer à propos de l'achat des graines.
Le lin est encore attaqué par les Vers blancs, VAltise, la Brûlure, difB-
ciles à combattre ou à prévenir.
Le lin n'exige pas d'autres soins d'entretien en dehors des sarclages,
pendant sa végétation; on l'arrose quelquefois (Chélif).
RÉCOLTES DES TIGES ET DES GRAINES
La maturité du lin s'annonce par le jaunissement des tiges, la chute
des feuilles inférieures. Les graines prennent de la consistance et commen-
cent à se colorer.
Pour l'obtention d'une bonne filasse on n'attend pas que ces caractères
s'accentuent, on récolte dès que les graines sont entièrement développées
dans les premières capsules, lorsqu'elles commencent à changer de cou-
leur. Dans certaines régions on arrache les plantes dès que la floraison est
terminée et le plus tôt possible.
Dans le Nord de l'Afrique, la maturité et la récolte se font pendant le
printemps, en mai, juin, quelquefois en avril, suivant l'époque du semis.
La récolte doit être effectuée rapidement car les capsules s'entr'ouvrant
plus ou moins, pourraient laisser échapper une partie de leurs graines pen-
dant l'arrachage. D'autre part, les fourmis moissonneuses (2) sont très
friandes des graines die lin, ces fourmis déploient une activité remarquable
dans les champs de lin, où elles ont tôt fait de ronger les capsules pour
en extraire les graines, de couper les pédicelleset même emporter des fruits
entiers dans leucs terriers.
La récolte s'opère de différentes manières, selon la destination donnée
au lin. On arrache les tiges à la main ou on les coupe lorsqu'il s'agit de
la production de la graine ou de la paille pour la fabrication da papisr.
(1) Vfaftafion de la Chnouîa. E.xplorntion scicntiflnue du Maroc. Paris. 1913.
(i) Les foiimiis moissoanéuBes en Algérie, Bévue des Colons de lAtnqu» ac(
Nord. Alger, 1912.
— 103
Dans ce dernier cas, on doit couper les tiges, les usines fabriquant la
pâte à pap.er refusait les pailles munies de leurs racines. Litres ^iî
^nT Sécher "' "' '""'^'^"""^ ^" ^^''^^ "^^"'°- ('^'^--) ^-n"e"es
Quand le lin est cultivé pour ses fibres, on doit prendre davanta-e de
précautions; l'arrachage se fait également à la main «avantage de
Les poignées constituées après triage aes mauvaises herbes et des li<^es
brisées contenant une filasse inférieure, sont secouées pour a e t^mtr
la terre adhérant aux racines et étendues sur le sol ou iSées, avec dTxou
trois tiges de Un, en petits bottillons ou javelles peu se-rés Ces Tis.lZ
après un fanage de 12 à 24 heures, sont rLnies en'lign^ ou chaînes d 2
ou 3 mètres de longueur. Il convient de prendre la précaution décarLr
T1:]:TJJ: nlt^T^'^'^r' ^^^ '^'^ P--^irculerfacnemS
aans la chaîne. Il est indispensable que la dessication se fasse sans fer
menlation; dans ce but, U est parfois nécessaire de retourner TesTavel L
grange les bottes, en ayant soin de ne pas les placer graines sur%raine.
de manière a ne pas emmêler les ramifications' Les meules doivent ê"re
1 acttn"'^'' T % ""'T ^'^'"' ^'" '' ^^<=«-ertes de paillassons ^urvl?
actaon des brouillards et des plu.es qui délériorent les ti.es. Cerdern è es
Se^nuân^"' ' '"" '"^^^^ ' ''''' ''' '^^'^ '-^^"•^"- "'-t pas la
L'égrenage se fait de différentes façons : tantôt on se sert de bâtons de
a baL T """' ^ '•'''''• ""' '^*'^"^- ^"'^^ - ^"^P'oie d s machines
a battre ordinaires munies d'un batteur approprié. On dépique aussi au
p.ed des animaux. Cette opération s'effectue Sans certa n s ré'ion en
deux fois : les capsules sont détachées à l'aide d'égrugeo s sor s d" ne,
et ecar ees de 15 a 2o millimètres. Les poignées de lin. dont on écartP Ipc;
ZZiuT^^lr' ^"^^"'^ " ^"^ ''^"'^^ '^^ -p-'- "Lt dét^ hé "
oï de batte On H^" ensuite sur une toile au moyen de fléaux lé.ers
leaux 1 n;.?" "^'''''.'"^'■' ^^^ ^^'•^"«'■'•^ mécaniques formés de rou-
eaux tournant en sens inverse ou composés seulement a'un cylindre rou-
Iar>t sur une table à claire-voie sur laquelle le lin est étendu (Jgrenoîr Le-
le d^/r^^Sr^r ;j:i;:,r ^-'^'^-^ '^ '-'''''' ^^ ^-— •
.Voici Je poids spécifique de quelques variétés donné par Heuzé :
^'"^^T^"" 60à72kilogr.
-^^i^'Sa 64à66 _
— a fleurs blanches 70 à 72 —
— à graines jaunes 70 à 72 —
— vivace de Sibéria .'.'.'' 59 à 61 —
^^ Le lin du Nord de l'Afrique pèse en moyenne de 65 à 68 kilogr. l'hectoli.
^ La graine da lin est d'une conservation délicate, Il importe de la faire
— 164 —
sécher complètement pour qu'elle ne germe pas ou ne moisisse pas. Elle
devra être placée dans un local sec, à l'abri des rongeurs, où elle sera sou-
mise aux pelletages nécessaires avant deire ensachée.
Les tiges séparées de leurs capsules sont mises, le cas échéant, en bal-
les pour être livrées aux usines fabriquant de la pâte à papier (Algérie-
Tunisie) ou préparées pour le rouissage qui se fait aussiîôl (à l'état vert)
ou plus tard (à l'état sec). Les pailles de lin ne sont pas toujours utilisées
industriellement, elles peuvent servir à faire la litière des animaux ou
bien on les brûle (Canada, Argentine, Etats-Unis).
ROUISSAGE
Le rouissage est une opération bien connue qui a pour but de rendre
libres les fibres qui entourent la tige du lin. Cette opération s'exécute de
différentes façons :
A la rosée ou sereinage, dans certaines parties de la Belgique, de l'Au-
triche, de l'Allemagne et de la France. Cette méthode consiste à exposer le
lin en couches minces uniformes, sur un terrain couvert d'un gazon court
de préférence, à l'influence des agents atmosphériques jusqu'à ce que les
fibres se séparent bien de la tige.
A l'eau stagnante ou dormante. Ce procédé est pratiqué dans des bas-
sins de rouissage aménagés à cet effet ou dans des mares dont l'eau est
limpide. Nous n'insistons pas sur la qualité de l'eau dont l'importance, en
celte matière, est unanimement reconnue.
l Veau coitrante. Cette façon de rouir est pratiquée dans les rivières ou
rui-seaux. On n'ignore pp.s la renommée dont jouissent, pour lo rouissage,
les eaux de la Lys, de la Loire.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur ces procédés qui ne peu-
vent être envisagés dans l'Afrique du Nord que dans certaines régions pri-
vilégiées.
Le rouissage par procédés industriels, semble pouvoir être appliqué
depuis ces dernières années, en raison des perfectionnements dont ils ont
été l'objet. Les systèmes Feuillette, Peufaillit ont donné, dans la Métro-
pole, d'intéressants résultais. Des usines de rouissage, appliquant ces pro-
cédés, fonctionnent actuellement en France dans les centres liniers.
La Société des Lineries Feuillette (1) va installer des usines pour le
rouissage du lin dans le Nord de l'Afrique.
Le rouissage est suivi d'une série d'opérations dont le but est de sépa-
rer la filasse de la tige et de l'apprêter en partie avant de la livrer à la fila-
ture, tels que :
Séchage.
Broyage.
Teillage.
Affinage.
Ces opérations, d'une exécution facile, sont bien connues et décrites
en détail dans la plupart des ouvrages se rapportant aux cultures de plan-
tes industrielles.
(1) Bulletin Agricole de VAlgcricTiinisirMaroc, L'Industrie du Un en Tunisie,
n* 7, juillet 1919. Alger.
— 105 —
RENDEMENTS. — FRAIS DE CULTURE
Les rendements du lin en graines et filasse sont très variables. Nous
donnons, à titre de renseignements, les chiffres indiqués pour la France :
Produit minimum 2.000 à 3.000 kilogr.
— moyen 4.000 à 5.000 kilogr.
— maximum 6.000 à 8.000 kilogr.
La filasse produite à l'hectare oscillerait entre 200 et 900 kilogr. et la
quantité de graines entre 200 à 700 kilogr. Celte dernière peut arriver à
1.500 kilogr., dans le cas de lui cultivé pour sa graine seulement.
D'après M. Damseaux, les produits tirés d'un hectare de bon lin,
6.000 kilogr. seraient les suivants :
Lin brut 4.500 kilogr. 73%
Graines 600 — 10 —
Capsules et menues pailles 700 — 12 —
Déchets divers 200 — 5 —
En résumé, 100 kilogr. de lin brut donnent (Heuzé) :
Lin roui 72 kilogr.
Semences 12 —
Menue paille 13 —
Perte 3 —
et 100 kilogr. de lin roui donnent :
Filasse teillée 18 à 20 kilogr.
Etoupe de brisage 5 —
Etoupe de spatulage 10 —
Chènevotte et perle 60 65 —
Dans le Nord die l'Afrique, la production du lin est également sujette à
des variations sensibles. Dans la Mitidja, dans les cultures bien conduites,
en terres silico-argileuses, on a obtenu de 13 à 24 quintaux de graines. La
statistique indique, pour les années 1913 à 1917 les chiffres respectifs de
6-7, 5-6, 4-5, 2-3 quintaux à l'hectare.
En Tunisie, on espère, d'après les expériences faites en vue de la cul-
ture du lin pour filasse, arriver à des rendements aussi considérables que
dans le Nord de la France, soit au maximum 7 à 8.000 kilogr. de produits
bruts à l'hectare. Ces rendements ne pourront évidemment être obtenus
que dans les très Ixjnnes terres bien cultivées et fumées.
Millot donne les chiffres ci-après, intéressants par les quantités de ti-
ges qui peuvent être produites en Algérie.
Lin d'Italie pour graines :
Graines 12 qx à 25 fr. le quintal 300 fr.
Tiges 20 — à 5 — — 200 fr.
Total 400 fr.
Le produit brut atteignant 3.200 kilogr., constitue une récolte moyenna
pour le Nord de l'Afrique.
Lin d'Italie, culture pour graines et tiges :
— 1G6 —
Graines 9 qx à 25 fr. le quintal 225 fr.
Tipes 30 — à 5 — — 150 —
Total 375 fr.
La culture pour graines seulement paraît dans ce cas plus avantageuse
quoique le rendement brut soit plus élevé.
Lin de Riga, pour graines :
Graines 10 qx à 28 fr. le quintal 2S0 fr.
Tiges 30 — à 10 — — 300 —
Total 580 fr.
Culture mixte :
Graines 7 qx à 28 fr. le quintal 196 —
Tiges 40 — à 10 — — 400 —
Total 596 fr.
Ces deux exemples constituent de bonnes récolles, qui laisseraient au-
jourd'hui des bénéfices importants.
Les frais de culture étaient approximativement, à cette époque (1891),
les suivants par hectare :
1" labour 35 à 40 fr.
2^ labour 20 à 25 —
1 hersage 4à 5 —
1 binage 50 à 60 —
1 sarclage 5à 6 —
Frais de récolte, battage 35 à 40 —
Fumure, fumier de ferme 15.000 kil.
ou tourteaux 800 kil 96 à 96 -^
Semences (1) 28 à 42 —
Loyer du sol 25 à 30 —
La dépense variait de 298 à 344 francs.
Depuis cette époque, les frais de culture ont augmenté dans de gran-
des proportions; cette augmentation a été peu sensible jusqu'en 1914, mais
par suite du manque de main-d'œuvre cl dte raréfaction subséquente des
matières premières, les prix de tout travail, de touies choses ont augmenté
dans des proportions considérables, il faut ajouter que la spéculation, de-
venue à la mode pendant la guerre, n'y est pas étrangère aans bien des
cas. Ces frais de culture ont haussé pour ceriaines parties dans des propor-
tions allant du double au quintuple. Les semences de lin, par exemple,
estimées par Millot, en 1891, à 25-28 francs les 100 kilogr. ont valu, au
cours des années précédant la guerre, une moyenne de 30 à 45 francs, elles
valent aujourd'hui 150 francs le quintal.
Les engrais ont subi également une hausse extraordinaire, ils étaient
livrés :
(1} En se basant sur les quantités de semences indiquées par MUIot.
— 167 —
JqÎd I9U Août ISI9 AugmeaUtioa
Nitrate de soude, 15 % 30 fr. 85 à 90 (r. 3 fois
Sulfate d'ammon., 21 % az 37 à 38 fr. 110 à 113 fr. 3 —
Superphosphate 16/18 6 à 7 fr. 2:> à 23 fr. 3 —
Soories Thomas, l'unité 0 fr. ÎO 1 fr. 35 à 1 fr. 40 3 1/2
Sulfate de potasse 27 fr. 93 à 95 fr. 3 1/2
Ces chiffres se passent de commentaires.
Il est bien difficile, dans de telles conditions : incessantes fluctuations
des prix de la main-d'œuvre, des engrais, des animaux domestiques, d'éta-
blir, avec quelque exactitude, le montant des frais de culture du lin; néan-
moins, aux prix que l'on paie actuellement le quintal de graines, 140 à
150 francs, la culture du lin oans le Nord de l'Afrique laisse des bénéfices
appréciables.
En ne produisant seulement que 7 à 8 quintaux de graines à l'hectare,
on arrive à une valeur brute de 1.050 à 1.200 francs dont il faudrait (îéduire
en moyenne 700 à 900 francs de frais pour une culture faite convenable-
ment, en employant les engrais (1).
La Société des Lineries Feuillette évalue les frais de culture en Tuni-
sie à un taux moins élevé. Cette Société oblige les colons qui voudraient
produire de la filasse à faire la culture du lin dans certaines conditions
qui se résument ainsi : les semis devront être effectués sur labour de prin-
temps suivi de jachère d'été à raison de 200 kilogr. de graine à l'hectare.
Le lin sera arraché avant la maturation de la graine à époque convenable
pour la filasse.
La société s'engage à faire l'avance du superphosphate, des semences
et à acheter la récolte rendue à l'usine de Tindja au prix de 25 francs les
100 kil. de tiges et graines comprises.
On compte assurer aux agriculteurs, d'après les expériences faites dans
les conditions de culture prescrites, pour des r jcoltes de 70 à 80 quintaux à
l'hectare, 1.750 à 2.000 francs brut. La société garantit un minimum d'en-
viron 700 francs à l'hectare, ce qui laisserait, déduction faite, des frais
d'achat d'engrais, de semences, de culture et transport, un revenu de 380 à
l'hectare.
La culture du lin paraît, en définitive, plus avantageuse, dans le Nord
de l'Afrique, que celle des céréales surtout dans les régions où il sera pos-
sible de produire régulièrement une bonne filasse.
CONCLUSIO.NS
La culture du lin sera d'autant plus rémunératrice qu'elle sera faite
avec plus de soins, en raison de rendements élevés que le lin est suscep-
tible de donner.
(1) Ces frais se répartiraient, en .Algérie, de la manière suivante :
1" labour 80 à 90 francs.
2" labour 40 45 —
2 hersages, roulage 20 25 —
1 binage; sarclage 90 100 —
Récolte, battage. 7.^ 80 —
Fumure, fumier ou engrais 180 200 —
Semences. 100 zm —
Loyer du sol 75 90 —
6C0 à 930 francs.
auTfinels I! faudrait ajouter le prix des transports.
— 168 —
Nous attirons l'attention du cultivateur, principalement sur le choix
de la variété et des semences, ainsi que sur la préparation du terrain des-
tiné au lin.
L'exploitation du lin est, d'autre part, facilitée au possible par le per-
fectionnement du rouissage industriel.
Le colon livrant les tiges battues à l'usine de rouissage, n'aura pas à
effectuer les différentes opérations concernant la préparation de la filasse
qui sont longues et dispendieuses dans une ferme.
Cette culture, ainsi débarrassée du rouissage, présente, dans ces con-
ditions, beaucoup d'analogie avec celle des céréales.
Il faut retenir, en définitive, pour le lin, qu'une culture bien comprise
permettra aux colons de parer aux fluctuations des cours.
En raison des débouchés que trouvent sur le marché les produits tirés
du lin : filasse, huile, tourteaux, pâtes à papier, qui sont actuellement illi-
mités, la culture de cette plante textile doit être, pour les colons du Nord
de l'Afrique, dont les terres conviennent au lin, une source importante de
revenus.
Les chances de succès paraissent d'autant plus certaines que les débou-
chés seront illimités encore pendant longtemps.
Maison-Carrée, 5 septembre 1919.
La Culture du Lîn en Tunisie
par le Commandant TRIOL
Agent général de culture de la Société Tunisienne des Lineries Feuillette (1)
Messieurs,
Vous n'êtes pas, dès maintenant, sans connaître le but que nous pour
suivons et que vous me permettrez de vous rappeler.
Nous avons créé une Société pour traiter industriellement par les pro-
cédés et machines brevetées Feuillette, le lin textile dont la culture est pos-
sible comme l'ont montré les résultats dès maintenant acquis en Tunisie et
au Maroc.
Dans ce but, en 1919, nous avons cherché à nous assurer la production
nécessaire à la marche d'une usine et nous avons obtenu le concours des
agriculteurs pour une superficie de 500 hectares.
Le côté industriel ne nous donnait aucune inquiétude, restait le côté
cultural.
Nous avons alors présenté aux colons des prix qui, sur la base du
cours du blé à l'époque, répondaient à une rémunération supérieure à celle
d'une bonne récolte de blé pour un rendement à l'hectare lin basé sur nos
expériences antérieures.
Ces prix n'ont pas répondu à la hausse du blé qui est survenue depuis,
mais ils constituaient une expérience rémunératrice qui devait permettre
aux agriculteurs de voir si les résultats culturaux obtenus pouvaient faire
espérer que cette culture deviendrait intéressante pour la Tunisie.
Je vous exposerai plus loin les résultats obtenus et les espérances pos-
sibles.
Mais, dès maintenant, je dois vous dire que le but de cette conférence
est de venir vous exposer les améliorations que nous sommes décidés à ap-
porter à nos prix en faveur des agriculteurs et en tenant compte, tant des
résultats obtenus, que la hausse des produits du sol.
Je diviserai donc mon exposé en paragraphes :
1° Résultats de cette année telle qu'elle s'est présentée défavorablement
par suite de la sécheresse de l'hiver 1919-1920.
2" Espérances possibles eu égard à certains résultais obtenus cette
année-ci.
3° Bases générales de nos anciens contrats.
(11 Conférence faite en juillet dernier dans les centres agricoles de Materu, Med-
jez-el-Bab, Béja, Souk-el-Kemis.
— 170 —
■4° Modifications apportées h nos contrats nouveaux et prix futurs amé-
liorés dès maintenant.
5° Indications sur la culture linièro telle qu'elle résulte des observa-
tion? faites cette annic-ci sur 500 hectares.
RÉCOITE 1920. — RÉSULT.\TS
Sur les 500 hectares ensemencés par nos contractants, les résultats ont
été loin d'être identiques partout.
Quelles que soient les raisons ils ont varié de 12 quintaux à l'hectare à
70 quintaux pour d'autres.
Même en faisant entrer dans le calcul de notre moyenne tous les résul-
tats notoirement dérisoires, nous obtenons une moyenne de 40 quintaux à
l'hectare.
Nous laissons à votre appréciation le soin de conclure, étant donnée
l'année, nettement défavorable cette année-ci pour toutes les cultures.
Nous laissons de même à votre appréciation le soin de conclure sur les
résultats possibles, étant donnés ceux obtenus variant de 50 à 70 quintaux à
l'hectare sur de nombreux points dans cette année scche.
Toutefois, dès maintenant, nous tenons à vous dire que dans la fixation
des prix futurs nous ne tiendrons compte que de notre moyenne inférieure
de cette année, soit 40 quintaux à l'hectare, de telle sorte que l'agriculteur
peut être certain sur cette base d'une rémunération intéressante ainsi que
vous l'apprécierez plus loin.
En ce qui concerne la longueur, qui est intéressante pour nous au point
de vue industriel, elle ressort à 50 cm. minimum.
Or partout, sauf de très rares exceptions dues à des conditions toutes
particulières, le lin livré a eu au moins 65 à 70 cm. de longueur et plusieurs
sont allés jusqu'à l^OO et l^SO pour des surfaces assez importantes.
Des ensemencements plus précoces que ceux que les circonstances nous
avaient imposés amélioreront encore ces longueurs et nous sommes con-
vaincus que les longueurs de 1™00 seront la règle pour des années normales
et pour des ensemencements précoces.
BASES GÉNÉRALES DE NOS ANCIENS CONTRATS
Elles étaient :
1° Faire aux agriculteurs les avances de graines et supers que nous es-
timons nécessaires sur renseignements déjà éprouvés tant pour le rende-
ment que pour la qualité à obtenir.
2" Donner aux agriculteurs un prix tel que le rendement de leur cul-
ture de lin soit toujours supérieurs à celle du blé comme rendement pécu-
niaire.
3° Dégager les agriculteurs de tous soins de livraison en prenant nous-
mêmes le lin à la ferme.
Faisons remarquer en passant que la récolte du lin, telle que nous la
désirons arrive à un moment oîi elle ne s'enchevêtre pas avec traulros cul-
tures de la ferme et les précède. Cela est vrai en général à quelques excep-
tions près.
La rémunération que l'on pouvait espérer avec nos prix fixés on 1919 et
avec les rendements possibles découlant des expériences des années précé-
— 171 —
dentés était telle au moment de la passation de nos permiers contrats que
personne n'y trouvait à redire.
Nous insistons à nouveau sur l'année très défavorable que nous avons
tous subie; mais nous passerons sur les fautes de culture inhérentes à une
njuveauté.
ARRACHAGE
Nous avons constaté que, ainsi que nous le disions, l'arrachage a per-
mis aux agriculteurs de récupérer un cinquième de matière qu'ils auraient
laissée sur le sol par le fauchage.
Tout milite en faveur de l'arrachage et si nous avons constaté les diffi-
cultés de main-d'œuvre et par suite le mauvais arrachage qui a pu être fait
sur certains points, nous avons de suite fait étudier l'introduction en Tuni-
sie de l'arracheuse brevetée Feuillette et avons même fait dresser les pro-
jets d'une arracheuse toute particulière qui, toutes deux, pourront proba-
blement diminuer et résoudre totalement ce côté délicat et coûteux de notre
culture.
AMÉLIORATION DES PRIX
Ainsi que nous l'avons expliqué plus haut, nos premiers prix avaient
été basés sur le cours du blé au moment de la passation de nos premiers
contrats.
C'est toujours ce cours du blé (la grande culture concurrente) qui nous
servira de base pour l'établissement de nos prix futurs.
Mais quel doit être le cours envisagé ?
Sera-ce celui du jour où nous passons nos contrats ou bien celui du
jour où la récolte est faite et livrée ?
Dans le premier cas, l'agriculteur et nous-mêmes, nous nous expose-
rions comme cette année-ci à des surprises désagréables selon la hausse ou
la baisse du cours du blé au moment de la récolte 1921.
Au cas d'un cours supérieur à celui de cette année-ci, l'agriculteur
constaterait qu'il aurait été préférable pour lui de cultiver du blé au lieu
de lin.
Dans le cas d'un cours inférieur à celui de cette année-ci, nous nous
exposerions à un préjudice considérable qui pourrait influencer l'avenir in-
dustriel de l'affaire.
Après avoir pris auprès de nombreux agriculteurs leur avis, et d'après
la grande majorité de ces avis, nous avons décidé que nous baserions nos
prix futurs sur le prix du blé à la récolte correspondante du lin.
Mais ce cours est inconnu au moment de la passation des contrats, il
est donc nécessaire d'établir à l'avance une formule qui établisse ce prin-
cipe d'une façon formelle.
Telle est la formule que nous allons vous exposer. Nos améliorations
fortement majorées nous ont obligés à prendre cependant certaines garan-
ties en vue d'une bonne culture répondant à ce que nous recherchons.
C'est donc sous la forme de prime que nos bonifications de prix sont
accordées,
tf) Les lins de moins de 0,50 sont inutilisables pour nous.
— 172 —
b) A partir de 0.60 ils deviennent intéressants au point de vue indus-
"triel.
Par suit« :
1° Nous nous engageons à ne prendre que les lins ayant au moins 0.50
de longueur comptée à partir du collet de la racine pour les lins arrachés
ou de la coupe pour les lins fauchés.
2° Les lins ayant au moins la longueur de 0,50 comptée comme ci-des-
sus seront pris au prix forfaitaire de 25 francs le quintal rendus sur vagons
ou de 23 fr. 50 pris par nous à la propriété à moins de 10 kilomètres de la
gare.
3° A partir de 0,60 de longueur nous donnerons aux lins livrés, une
prime calculée d'après la formule :
P 20 : 40 soit 25 francs.
P étant le prix du blé à Tunis au 30 août 1921.
20 un coefficient correspondant au nombre de quintaux d'une très
bonne récolte de blé en Tunisie.
4° Le nombre de quintaux de lin récoltés en moyenne en 1920, année
très sèche, sur des terres bien préparées.
Ces prix s'entendent pour marchandise propre livrée à l'Usine.
Exemple :
Le prix du blé étant fixé en août 1921 à 80 francs le quintal on aurait :
80x20 : 40 — 25 francs soit 15 francs.
C'est-à-dire que chaque quintal ayant droit à la prime par ses qualités
sera payé 25 plus 15 soit 40 francs pour un cours du blé à 80 francs le quin-
tal et augmentera avec ce cours.
Or les résultats de cette année-ci très sèche ressortissant en moyenne à
40 quintaux à l'hectare (en ayant fait entrer dans cette moyenne les gros dé-
ficits de certains points), les agriculteurs sont assurés d'obtenir en culture
normale cette production.
En outre il serait injuste qu'une mauvaise culture obtienne les niftmes
avantages qu'une bonne et sur ce point notre obligation de fournir des lins
ayant au moins 0,60 pour obtenir la prime ne met pas sur le même pied
bonne et mauvaise culture comme prix.
Tous les lins de cette année-ci cultivés par nos contractants en graines
de Riga, et selon nos procédés ont, sauf de très petites exceptions, atteint
0,65 à 0,70, par suite toute culture moyennement normale donnera cette
longueur minima de 0,60 que nous exigeons pour l'obtention de la prime.
Nous devons ôtre reconnaissants à nos premiers adhérents de nous
avoir apporté l'aide du début et nous laissons subsister pour eux toutes nos
obligations vis-à-vis d'eux tout en améliorant nos prix selon les indications
données ci-dessus; c'est-à-dire que nous leur accordons les mêmes bonifica-
tions au-dessus de 0.60 de longueur.
INDICATIONS CULTUR.\LES
Avant d'aborder ce côté de la question, nous devons vous indiquer qu'il
est très important que la superficie pour laquelle vous prévoyez des ense-
mencements en lin nous soit indiquée exactement pour livrer la quantité
exact* (le supers ot graines de semences nécessaires et proportionnées à ces
purfaces,
Il serait, en effet, très nuisible (ainsi que cela est arrivé par endroits
— 173 —
cette année-ci) que les semences ou supers soient répartis sur une superficie
supérieure à celle prévue.
Il est au contraire préférable, surtout pour les graines, que les ense-
mencements soient au-dessus de la densité prévue plutôt qu'au-dessous, en
vue des résultats à obtenir, tant comme qualité que comme rendement.
Nous comprenons que quel que soit le contrat passé, l'agriculteur ne
peut doser au millimètre sa surface engagée, mais l'écart qui peut exister
ne doit pas être trop grand et doit se trouver plutôt en dessous qu'en dessus
des graines et supers prévus.
Les cultures de lin de 1920 ont montré par les résultats divers obtenus
sur les 500 hectares cultivés, les points principaux sur lesquels il convient
d'attirer l'attention des cultivateurs tunisiens.
ÉPOQUE DES SEMAnXES
Il avait été conseillé de semer dès que les pluies le permettraient, soit
dès le mois d'octobre; plusieurs agriculteurs ont cru bien faire en attendant
jusqu'à fin décembre, sous prétexte de détruire les mauvaises herbes qui
auraient pu lever en octobre et novembre.
L'expérience montre qu'il y a tout intérêt à semer le lin sur des terres
déjà en bon état de culture et à le semer le plus tôt possible.
La variété de Riga est plus frileuse que le lin de pays; semée tardive-
ment elle reste faible tout l'hiver et ne se développe qu'autant que la cha-
leur arrive.
Mais si son développement a été ralenti par le froid, elle ne dépasse
guère 0,30 à 0,40, tandis que semée de bonne heure elle dépasse 0,70 et a
même atteint dans plusieurs propriétés 1 mètre et 1 mètre 20.
Les engrais phosphatés doivent être répandus de bonne heure, le ter-
rain hersé de façon à ce qu'il n'y ait plus de mottes et plombé une première
fois avant le semis, soit avec le rouleau à disques, le croskill ou la herse à
étoiles (à étoiles tournantes).
Le semis étant effectué aussi régulier que possible de préférence au se-
moir à la volée, il faut donner un léger coup de herse et rouler une
deuxième fois au rouleau plombeur ou à la planche, pour tasser le sol et
faire disparaître toutes mottes.
L'ensemble de ces façons a pour but d'empêcher l'enterrement trop
profond de la graine et de faire remonter l'humidité qui favorise la germi-
nation.
La graine de lin doit être enterrée à un ou deux centimètres; cette der-
nière profondeur étant un maximum.
La poussée exceptionnelle de mauvaises herbes, notamment de sanves
et autres crucifères en 1920, surtout sur des terres phosphatées, montre que
pendant longtemps encore dans les terres réputées propres il sera néces-
saire de sarcler quelques parties envahies par les ma\ivaises herbes.
— 174 —
Ces sarclages doivenl être faits avant que le lin n'ait atteint 0,10 cm au
maximum.
L'arrachage est la procédé qui assure la plus forte récolte à l'agricul-
leur, il doit donc se préoccuper d'avoir la main-d'œuvre suffisante pour les
étendues qu'il a semées, et pour pouvoir pratiquer l'arrachage dans un dé-
lai d'une quinzaine environ.
Cette opération devant être suivie de fanage et du liage il faut égale-
ment un supplément de main-d'œuvre.
Pour répondre aux demandes déjà adressées, la Société se préoccupe
de faire venir pour la prochaine récolte des arracheuses Feuillette.
F.WAGE ET BOTTELAGE
Le fanage doit être complet avant la mise en bottes; les tiges réunies
parallèlement entre elles sont couchées sur le sol en faible épaisseur, il est
bon de les retourner une fois ou deux suivant le temps, pluie ou rosée,
pour éviter les fermentations et faciliter le fanage.
Dès que celui-ci est complet dans toute l'épaisseur des bandes on peut
procéder à la mise en bottes.
Le meilleur lien est constitué par les ficelles de moissonneuses lieuses;
les bottes doivent être moins grosses que les gerbes de blé.
Une fois attachées, il est conseillé de les mettre en meulons, les tètes à
l'intérieur du tas pour éviter la dessication trop rapide et la déprédation
des graines.
La Culture du Lin en Australie
Le gouvernemenl fédéral australien fait les plus grands efforts pour lo
développement des cultures textiles et l'installation de tissages et filatures
en Australie.
Des enquêtes sur les chances de succès de ces dernières ont été deman-
dées au « Bureau du commerce et de l'industrie » de Melbourne, ainsi
qu'aux experts du mmistèro de l'agriculture de Victoria. L'étude ci-jointe
communiquée par le Consul suppléant de France à Melbourne, a été faite
d'après la documentation fournie par les deux organisations précitées, no-
tamment d'après le « Journal du Ministère de l'Agriculture de Victoria »,
du 15 mai 1920.
Les premiers essais de culture du lin en Australie datent d'un peu plus
de vingt ans. Produit tout d'abord en Victoria, ce textile a été cultivé
dans quelques-uns des autres états sans grand succès, en raison du prix
de vente insuffisamment rémunérateur de la fibre.
Afin de stimuler la production, le gouvernement fédéral, par l'acte dit
des primes de 1907, décida d'accorder aux producteurs une bonification
de 10 % sur le prbc de ventô de la tonne de fibre ou de graine, rendue au
marché. Il ne semble pas que cette mesure ait donné des résultats appré-
ciables, car les dispositions de l'acte cessèrent d'être appliquées en 1917,
époque à laquelle la surface réservée à la culture du lin ne dépassait pas
400 acres en Victoria. (L'acre ou arpent anglais égale 40 ares 4671).
Les profondes modifications économiques apportées par la guerre dans
le monde entier ont eu pour conséquence d'attirer à nouveau l'attention
du Commonwealth sur la reprise d'une culture surtout étendue en Russie.
Le gouvernement australien, en vue d'aider la Grande-Bretagne, à court
d'un produit remarquable par les multiples applications auxquelles il donne
lieu pour les besoins de paix ou de guerre, résolut de revenir à l'acte de 1907
et de garantir, en 1918, aux fermiers, une prime de £ 5 par tonne de lin
livrée sur le marché. L'ensemencement passa aussitôt de 400 à 1.400 acres
anglaises. La prime fut portée à £ 6 pour la saison de 1919, tandis que la
surface cultivée atteignait cette même année 2.200 acres. La manipulation
de la fibre postérieure à la récolte de 1918 était à peu près achevée au
15 mai 1920. Les producteurs viennent de toucher une gratification provi-
soire de £ 2 additionnelle aux £ 5 qu'ils ont déjà reçues. Des primes sup-
plémentaires seront distribuées dès que le bilan de la récolte générale sera
arrêté.
Le gouvernement fédéral a compris que le moment était propice de déci-
der les fermiers à se mettre définitivement à la culture du lin. Il a, en
(1) Feuille d'information du Ministère de IWgriculture, 17 août 1020,
— 176 —
bloc, garanti le prix de la récolte des trois prochaines années. Mesure qui
aura pour conséquence d'augmenter les surfaces d'ensemencement et peut-
être de développer, — ce qui sera moins aisé, — le nombre des manufactu-
res et filatures locales. Quant à la prime, elle sera encore de £ 6 par tonne
pour 1020 et de £ 5 pour les deux campagnes suivantes.
L'Australie importe chaque année pour £ 1.800.000 de produits manu-
facturés du lin; or, ce textile paitît s'acclimater dans presque tous les en-
droits cultivables du continent australien, c'est pourquoi le ministère de
l'agriculture de Victoria s'est mis à la tête de la propagande de la nouvelle
culture.
Jusqu'à présent, les districts qui paraissent le mieux s'accommoder
d'une culture en lin sont en majorité en Victoria. C'est le Gippsland, aux
environs de Brouin, Waragul, Traralgon et Morwell. Ce sont les terres fer-
tiles et légères de Sale, Koo-Wcerup, Landefield où le printemps est frais
et humide; Romsey, Kyneton, Ballarat, Colac, oîi le sol est à la fois pro-
fond et peu consistant, sol de terre noire et sous-sol d'argile.
L'époque d'ensemencement, en Victoria, s'étend de la mi-avril à la mi-
mai. Pour la culture fibre, la graine est semée à raison de 60-70 livres
(anglaises de 453 grammes) par acre, tantôt au semoir mécanique, tantôt
à la main. Les sillons sont peu profonds.
La graine généralement semée est la « fleur bleue de Riga », qui provient
d'une consignations importée il y a quelques années. La culture est géné-
ralement spécialisée, c'est-à-dire pour la fibre ou pour la graine. Dans le
Gippsland, des essais de culture pour fibre et pour graine ont réussi. A
cet effet, on commence à récolter, dès la floraison de la plante, lorsque la
graine est juste au-dessous de son point de maturité, c'est-à-dire quand
elle vient de passer du vert au brun. Les tiges sont, à ce moment, jaune
d'or et la partie inférieure du feuillage pendante.
Une conception fausse et qui a retardé le développement de la culture
était que certains fermiers s'imaginaient qu'elle épuisait le sol. L'analyse
chimique a démontré le contraire, ainsi que les expérionces des cultiva-
teurs de la région de Drouin qui ont pu, en rotation, faire du lin pendant
quinze ans avec d'autres cultures, et ce, sans effet nocif pour la fertilité
du sol. De récentes analyses par les laboratoires officiels d'agriculture aux
Etats-Unis et aux Canada ont également montré qu'une tenure en lin ab-
sorbe moins de substansces nutritives diu sol qu'une en blé ou en avoine.
Un mode de rotation assez fréquemment pratiqué en Victoria est le sui-
vant : lin, avoine ou pommes de terre, colza.
En Europe, on ne coupe pas le lin, on le déracine à la main. Cette mé-
thode permet d'obtenir la plus grande longueur de la fibre, évite toute
moisissure lors do la mise en gerlîe et facilite la macération dans l'eau. La
rareté et le prix élevé de la main-d'œuvre en Australie rend le déracinage
peu pratique. Le lin est coupé à la moissonneuse, bottelé à la lieuse.
Les chiffres suivants représentent le prix de revient moyen d'un acre
de culture, tels qu'ils ont été établis dans la région de Drouin :
Main-d'œuvre pour labourage, hersage, etc. . £ 10 0
Graines pour ensemencement 1 00
Engrais 10 0
Coupage, liage, mise en gerbe 15 0
Transport de la récolle 5 0
Fermage de£ là 1 50
Total de £ 4 10 0 à 4 15 0
— 177 —
Dans cette région de Drouin, une récolle do deux tonnes n'est pas rare,
la moyenne est une tonne trois quarts à l'acre, ce qui, au prix de vente
garanti de £ 6 par tonne, donne un bénéfice brut de £ 10. 10.0 à l'acre et
net de JC b.ib.O à £ 6, à l'exclusion de toutes bonifications, de liquidation
après bilan de la récolle générale. Ces bonifications, si l'on on juge i^ar
le taux élevé des prix, sont loin d'être négligeables, à l'heure actuelle.
D'autres conditions que les nécessités naturelles d'ensemencement et
de la récolte règlent le développement de la culture du lin. La manipula-
lion de la fibre, après la récolle, fut d'alx)rd pratiquée inuividuellement
par les producteurs australiens, chacun traitant dans sa ferme le produit
de sa récolte. Méthode peu économique en raison : 1" du prix des appa-
reils nécessaires aux divers stades du traitement : peignage (breakage),
rouissage (retting), leillage ou séparation des fibres d'avec la tige (scur-
ching), et 2° des connaissances techniques que toute c«tte manipulation as-
sez délicate exige.
Un meilleur traitement est 1« traitement industriel. Il n'existe que deux
grandes fabriques en Australie, l'une à Dalmare, l'autre à Buln-Buln. Le
gouvernement fédéral, par l'intermédiaire du Comité fédéral du lin, a
proposé d'avancer toutes sommes, et à un faible taux d'intérêt, à tous fer-
miers désireux d'installer par régions des usines coopératives. La législa-
tion de l'état de Victoria a pris des dispositions identiques et a tout récem-
ment contribué à l'établissement do plusieurs petites fabriques à Brouin.
Longwarry South et Sale. Il faut de 300 à 500 acres de terres à lin pour
justifier la création d'une usine dont les frais d'installation ne dépasse-
raient pas 700 £.
Lo mode de rouissage employé en Australie est le rouissage dit « à la
rosée » « dew-retting ». Il consiste à étendre en longues rangées sur le sol
la fibre bien battue et dépouillée de sa graine sur un terrain généralement
de gazon ou de chaume; la fermentation s'opère sous la triple influence de
la rosée, de la pluie et du soleil. La fibre reste ainsi exposée de cinq à six
semaines. On la retourne une ou deux fois. Dès qu'elle est rouie, elle est
ramassée et bottelée.
Certains producteurs, principalement dans la région de ^ale, — se
sont récemment mis à la méthode du rouissage à l'eau courante. C'est le
procédé du nord de la France et de la région d'Ypres.
Pour le teillage, les Australiens emploient des machines. La fibre ob-
tenue est ensuite pressée, mise en balles à la presse, prête à livrer aux
manufactures.
La majeure partie de la fibre australienne est exiwrtée en Grande-Bre-
tagne. Il n'existe pas de filatures et de tissages dans toute l'étendue du
Commonweallh. Le gouvernement fédéral a demandé au bureau du com-
merce et de l'industrie de lui fournir un rapport sur le meilleur moyen de
développer l'industrie textile, capable de fournir sur place les toiles gou-
dronnées, les bâches, les toiles d'aéroplane, etc., etc., dont il a un besoin
pressant pour la réorganisation de son équipement militaire.
Les experts du*bureau du commerce et de l'industrie de Melbourne
ont montré que le fonctionnement normal d'une filature exige 1.000 ton-
nes de fibres par an, nécessitant elles-mêmes la mise en culture de 12.000
acres.
L'état actuel de l'ensemencement est loin d'un pareil compte. Le mi-
nistère de l'as-riculture de Victoria constate avec regret que la culture
— 178 —
du lin en recul en Europe, étant donné que certaines nations en bordure
du Pacifique se livrent en grand à la culture du précieux textile depuis la
guerre, et que la majorité de la toile importée en Australie provient mainte-
nant du Japon.
Les fermiers australiens ne se sont pour ainsi dire jusqu'à présent
consacrés qu'à la culture du lin pour sa fibre. Ils considèrent la graine
comme un sous-produit d'intérêt secondaire. Ils sont à ce point de vue lar-
gement dislancés par les Etats-Unis où une surface d'ensemencement de
près do 200.000 acres est consacrée à la culture de la graine, dont les pro-
priétés siccatives sont si largement utilisées dans toutes les industries des
couleurs, vernis, etc. La culture de la graine est également très poussée au
Canada, en Italie, en Argentine. L'Australie importe annuellement près de
£ 500.000 do graines de lin alors que sa production reste pour ainsi dire
nulle. La graine vaut sur le marché de Melbourne 23 shillings 6 pence le
boisseau. Rien n'indique une baisse prochaine et il est peu vraisemblable
qu'avant la fin de l'année le prix du boisseau descende à 15 shillings.
Comme une récolte de S à 10 boisseaux par acre est normale, il semble que
la culture-graine devi'ait être une tentative séduisante en Australie.
Le lin n'est guère cultivé en Nouvelle-Galles du Sud. Les conditions
géologiques et climatériques n'y sont pas aussi favorables qu'en Victoria. Il
faut attendre que la plante ait trois ans avant de la couper. Dans les condi-
tions les plus favorables, l'acre produit de 800 à 1,200 livres de fibre.
Il existe en Nouvelle-Zélande une qualité inférieure de lin qui pousse
librement et dont la fibre grossière est litilisée pour la confection des lias-
ses à gerber et de gros cordages. Il ne saurait être quesiion d'acclimater
cette plante sur les bonnes terres agricoles de Victoria; elle donnerait un
profit commercial insuffisant.
Le Cocotier
UN ESSAI DE CULTURE DU COCOTIER
EN COCHINCHINE
Rapport de
M. MEZIN-CUETAN
Administrateur Délégué de la Société Ayricole du Thi-Doi à Cantho,
Cochinchine
Notre Société étant la seule à avoir fait des essais dans la région de
rOilest Cochinchinois, et mes moyens d'investigation ne m'ayant pas per-
mis d'étudier de près les autres plantations entreprises dans les régions
du centre et de l'est, j'essaierai seulement, d'esquisser un résumé des
dépenses que nous avons engagées pour cette culture ainsi que les résul-
tats obtenus.
En 1916, notre Société fit l'acquisition d'un terrain de 1.900 hectares,
situé dans la province de Rachgia, limité à l'ouest par le fleuve Cailon, à
l'est par un de ses affluents appelé Nuoctrong et dont la superficie, totale-
ment en friche, était recouverte de forêts réparties en deux zones bien
distinctes : la première, partant des berges du fleuves à une profondeur de
4 à 500 mètres peuplée de palétuviers et l)ois non classés, le tout enchevêtré
de lianes rendant l'accès presque impossible au delà; la deuxième peuplée
de bois classés, dits tram, mais d'une valeur minime et ne pouvant être
utilisés que pour pieux et bois de chauffage.
En octobre de la même année, j'eus la visite de M. Tanti, venu en mis-
sion en Cochinchine pour étudier la culture des cocotiers et les moyens
nécessaires pour la création de grandes plantations. Nous parcourûmes
ensemble les deux rives du fleuve Cailon et fîmes des prélèvements de terre
pour les faire analyser à Saïgon, lesquels ont donné les résultats ci-des-
sous :
ANALYSES
Composition de 1.000 parties de terre brute séchée à 100"
Analyse physique 1 2 3
Gravier siliceux Néant Néant Néant
Sable 330,60 528,40 251,20
Argile 635,27 455,94 731,21
Carbonate de chaux 0,33 1,66 0,99
Débris organiques 28,00 13,40 13,20
Humus , 5,80 0,60 3,40
1000,00 1000,00 1000,00
1,323
1,543
1,041,
0,235
2,373
1,797
0,932
0,756
0,761
0,102
— 182 —
Analyse chimique 1
Azote 2,029
Acide phosphorique 0,543
Potasse 3,401
Chaux 0,185
Magnésie 0,048
(I) Terre de surface du Cailon. Terre argilo-siliceuse, riche en azote et en potasse
manquant d'acide phusphoriciue et de cliaux.
(31 Terre prise ù 2 m. 5o de profondeur, rég:ion du canal de Caitram-Ouest : Terre,
franche bien pourvue en azote, en acide phosphorique et en potasse, mais manquant de
chaux.
{'^) Hchantillon sans désignation spéciale. Terre arpilo-siliceuse iiien pourvue d'azote
et de potasse, mais manquant '/acide phosphorique et de chaux.
Saïgon, le 18 novembre lOlfi.
Le chimiste principal
du Laboratoire,
signé : Bussy.
Vu : Le Directeur.des Services Agricoles et Commerciaux de la Cocliin-
chine, signé : Morange.
C'est ainsi que, persuadé de voir apporter des capitaux français en
Cochinchine et après avoir constaté que les éléments contenus dans ce sol
étaient propices à la culture du cocotier, je décidai alors de commencer
la création d'une cocoteraie, espérant trouver en France les capitaux néces-
saires pour mener à bien celte entreprise. Mais, quelque temps après, la
piastre ayant atteint un taux d'achat impossible, cet espoir ne put se réa-
liser et nous fûmes réduits à nos propres ressources tout ;\ fait insuffisantes
pour une grande plantation.
PRÉPARATION DU SOL
Dès le début de l'année 1917, nous fîmes procéder au premier tra-
vail de pénétration consistant h faire une tranchée et à creuser au centre
de la forêt un petit canal de 5 mètres de largeur sut 5 kilomètres de lon-
gueur. Le canal, une fois terminé, des coolies avec leur famille furent ins-
tallés de distance en distance afin de faciliter le travail individuel. Fin de
1917, 150 hectares de forêts étaient abattus et les bois agglomérés en tas,
prêts à être incendiés pendant la période do la saison sèche.
Au cours du premier semestre de 1918, une fois le sol nettoyé, 8 kilo-
mètres de fossés d'irrigation furent creusés sur 2 mètres de largeur et un
mètre de profondeur et les déblais employés à la confection de plates-ban-
des mesurant 4 mètres de largeur, de sorte que les rangées de cocotiers
placées au milieu de ces plates-bandes, aient, entre elles, 8 mètres de dis-
lance, dont un fossé d'irrigation avec prise d'eau, d'une part, sur le canal
central et, d'autre part, sur le fleuve Cailon, de façon à permettre le
renouvellement de l'eau h chaque marée.
An début de 1918, une première pépinière de deux mille plants avait
été créée avec des noix do choix appelées « Dualua » (traduisez : coco cou-
leur de feu), variété supposée être une des meilleures en Cochinchine pour
le rendement en coprah.
— 183 —
PLANTATION
La miso on place des deux mille premiers plants fut faite en septembre
de la même année et accuse exactement 4 ans 3 mois, y compris le délai
de germination en pépinière.
Par la suite, n'ayant pas les moyens pécuniaires suffisants, je n'ai pu
faire planter que 2.000 pieds en 1910, 2.000 en 1920 et 4.000 en 1921.
Cet état de choses est bien regrettable, car nos 10.000 arbres plantés on
1918, 1910, 1920, 1921 sont très florissants et permettent tous les espoirs.
Ceux ayant atteint la quatrième année ont une hauteur de tronc variant
de 0 m. 40 à 0 m. 80 sur une circonférence de 1 m. 60 à 2 m. Les plus beaux
ayant produit une centaine de fruits, cette année, il est permis d'espérer un
rendement moyen de 50 noix à la sixième année et 100 à la huitième, épo-
que à laquelle ces arbres auront atteint la période de plein rendement.
ÉTAT DES DÉPENSES FAITES POUR LA PLANT.\TION
DESIGNATIONS DES TRAVAIX DEPENSES NOMBRE PRIX
totales pour d'hectares tra- àe revient à
l'ensemble de vaiiii^s Tnectare
l'exploitation ^^lucs ^^ cocoteraie
Achat de terrain 20.000 1980 10,101
En participation pour les loge-
ments de coolies 3.383.50 1000 3.383
En participation pour le creuse-
ment des canaux 5.062,20 1000 5,062
En participation pour l'abatage de
la forêt - 2.598 1000 2,598
En participation pour l'impôt fonc. 6.637,18 1980 3,336
Nettoyage du sol, déchaussage,
creusement des fossés et con-
fection des plates-bandes 11.752,29 64 183,629
Frais généraux 5.222,59 1000 5.222
TOT.\L 54.655,75 213,331
Le tableau des dépenses ci-dessus est absolument conforme à nos
comptabilités.
Toutefois, comme les travaux ont été menés parallèlement à ceux
nécessités par la mise en culture des rizières pour le surplus du terrain
défriché, il en résulte que le pourcentage des frais généraux a pu être
réduit assez sensiblement, de sorte que pour la création des grandes
plantations, il sera prudent de prévoir une augmentation sur ces prix et
tabler sur environ 250 par hectare.
CONDITIONS GÉNÉRALES
Pour ce qui est de possibilité de créer de grandes plantations en
Cochinchine, je vous prie de reporter à mon rapport de 1918. La situation,
au point de vue acquisition de terrains dans les provinces de Caclieu et
Hachgia restent los mêmes. Les chefs d'Administration de ces provinces se
sont contentés de classer purement et simplement les demandes de conoes-
-^ IS'i —
sions et c'est ainsi que plus de (i.OOO demandes attendent poui- être étudiées,
qu'on veuille bien les retirer de leur oubliette. La plupart des dei^andeurs
n'osent entreprendre les travaux de culture sur des terrains qu'ils ne sont
pas certains de pouvoir obtenir, d'où il résulte que plus du tiers de la
superficie de ces provinces est encore en friche.
Sur tout le littoral du Siam, la nature du sol et les facilités d'irrigation
sont, à quelque chose près, les mêmes que ix>ur le terrain ayant servi à
nos essais et je puis confirmer, en toute certitude, que plus de 100.000 hec-
tares de terre situés dans l'Ouest Cochinchinois sont encore accessibles pour
la culture des cocotiers.
Dans ces conditions, il ne manque que quelques hommes d'action et
des capitaux pour transformer en cuUvu-e de cocotiers toute une vaste
région encore en friche.
C'est vers les capitalistes que doivent se ix)rter tous les efforts du
Congrès pour arriver à. les convaincre et les amener à faire leurs place-
ments en Cochinchine.
Cantho, le 10 mai 1923.
à
LE COCOTIER EN INDOCHINE
Rapport de
M. TANTI,
De la Maiso/i Rocca, Tassy et de Rovx
La production coloniale a du modifier ses procédés et passer du régime
de la cueillette des produits spontanés à celui de la grande culture métho-
dique, afin de répondre à l'appel de plus en plus actif de la consommation.
Pour certaines matières premières, destinées à des fins purement
industrielles, l'évolution a été extrêmement rapide et, sans étape intermé-
diaire, la grande plantation a imposé ses produits sur le marché; c'est,
notamment, le cas du caoutchouc.
Pour d'autres productions coloniales de grande consommation, l'exploi-
tation moderne est devenue la règle, laissant à peine, dans certaines
régions, subsister à côté de la grande plantation, la petite culture indigène.
Cette transformation marque un véritable progrès, car elle seule a per-
mis l'amélioration de la qualité des produits, l'abaissement des revients
et la régularisation des marchés. C'est donc fatalement vers cette transfor-
mation que tendra de plus en plus, dans l'avenir, la production coloniale.
L'évolution si nette, si accentuée avec le caoutchouc, le coton, la canne
à sucre, le café est loin d'apparaître aussi sensible en ce qui concerne le
plus important peut-être des produits coloniaux : les oléagineux qui en sont
encore au stade de la production spontanée ou semi six)ntanée (elaeis), ou
à celui de la plantation indigène (cocotier) lequel, cependant, au cours de
ces dernières années, a suscité quelques grandes entreprises en colonies
étrangères.
Du fait que le cocotier n'ait par tenté les capitaux au même degré que
l'hévéa ou la canne à sucre, faut-il conclure que son rendement ne corres-
lX)nd pas à l'importance du capital à investir et qu'il faut, par suite, le
classer parmi les cultures réservées à l'indigène. ?
Il faudrait véritablement isnorer tout du cocotier, du revient de sa cul-
ture comme de sa productivité, pour s'arrêter à une pareille conclusion.
Cet état de chose tire son origine du rendement à longue échéance du
c'~cotier, ce qui intimide les capitaux, mais, peut-être plus encore, d'une
estimation inexacte du revient réel du coprah.
La durée d'attente de la production, qui a été le plus souvent fort exa-
géré, ne dépasse que de peu, dans les conditions normales, celle de l'hévéa.
Si étrange que puisse apparaître la seconde raison, elle repose sur le
fait que le consommateur n'ayant jamais pris contact personnel avec lea
— 186 —
pays producteurs, est tenté de faire une analogie entre les méthodes com-
merciales qu'il suit par ses propres ventes et celles qui régissent le marché
du coprah à l'origine.
Il sait combien il est tenu par la concurrence de serrer ses revients et
de limiter ses bénéfices et, dès lors, surtout pour un produit comme le
coprah dont le mouvement d'affaires porte annuellement sur 700.000 ton-
nes, il est amené à croire que le prix auquel il l'achète représente bien le
revient approximatif et un bénéfice raisonnable. Ce raisonnement le con-
duit nécessairement à amplifier les frais de plantation et d'exploitation et
à réduire à peu de choses la rémunération du capital, d'où son peu d'em-
pressement à s'intéresser à l'exploitation du cocotier.
Or, entre le prix du coprah, à son arrivée sur le marché européen et sa
valeur chez le producteur indigène, il y a un écart qui représenterait avant
guerre trois fois sa valeur primitive.
En 1896, le coprah des Indes Néerlandaises, des Straits et des Philip-
pines cotait en Europe 300 francs la tonne et, à ce prix, laissait encore un
bénéfice à l'agriculteur et à l'intermédiaire chinois. En 1913, ce même
coprah valait 800 à 850 francs sans que le coiit de la production m les frets
aienf augmenté d'un cent.
Cette marge s'explique par le fait que dans les pays asiatiques, grands
producteurs de coprah, toutes les tractations dont ce produit est l'objet sont
basées sur le troc et le crédit à long terme et à gros intérêts.
On peut imaginer quelle charge peut être pour la marchandise le cré-
dit en Extrême-Orient quand on sait que les lois respectent les contrais qui
fixent l'intérêt à 36 pour cent.
D'autre part, en raison de la dispersion et de la grande division des
cocoteraies indigènes, il n'est pas possible à l'Européen d'atteindre l'agri-
culteur sans le concours du chinois.
Aussi les grandes maisons d'exportation qui sont également, par la
force des choses, importatrices, livrent-elles à terme au Chinois, des mar-
chandises d'Europe qui constituent, entre les mains de ce dernier, la contre
valeur du coprah qu'il achète.
L'intérêt évident de l'intermédiaire est de surpayer le coprah, sans
s'inquiéter de sa qualité, pour réaliser le bénéfice maximum sur les mar-
chandises qu'il échange, puisqu'aussi bien, il est assuré du placement du
coprah chez le commerçant européen, celui-ci ne peut que l'accepter et
c'est son seul moyen de se couvrir des avances faites et de lutter contre la
concurrence.
Il est facile, dès lors, de se rendre compte à quel point de semblables
procédés peuvent influencer le prix et quelle marge bénéficiaire peut lais-
ser la plantation moderne, tout en assurant un produit de qualité très supé-
rieure, permettant une économie sensible dans le rafl'inage des huiles.
Quelques industriels étrangers, ayant pu se convaincre de l'intérêt
qu'ils avaient à s'affranchir de ce marché, ont créé des plantations, s'assu-
rant amsi un produit de qualité cf la marge des bénéfices prélevée par
l'intermédiaire chinois. Ces exploitations ont été établies par les colonies
étrangères d'Extrême-Orient.
Quand ces plantations seront en plein rapport et sufflsammpnt éten
dues pour couvrir les besoins des usines dont elles dépendent, notre indus-
trie aura fi faire face h une concurrence redoulnbk\ qui aura pour elle >m
produit do qualiW U revient bien inférieur aux cours du marché
— 187 —
Comme conséquence, on peut dire que l'avenir do l'industrie française
des graisses alimentaires est lié h l'établissement des plantations, le ren-
dant indépendant. Cet avenir d'ailleurs se confond avec l'intérêt naturel
qui commande de maintenir prospère une industrie qui est née et s'est
développée en France.
Cet intérêt est d'autant plus marqué que Tcxploitation rationnelle du
cocotier pourrait se faire dans nos colonies et laisser dans des mains fran-
çaises les millions que nous versons cà l'étranger pour payer les 120 à
150.000 tonnes de coprah que nos usines doivent utiliser annuellement.
Presque toutes nos colonies se trouvant situées dans l'aire do disper-
sion du cocotier, offrent des conditions favorables h son développement.
Si, au point de vue de la situation géographique et du climat, la plu-
part de nos colonies peuvent être placées sur le même rang que la Cochin-
chine, celle-ci partage seulement avec les îles du Pacifique où le cocotier
prospère sans soins, l'avantage d'avoir des terres basses, sans aucun pli de
terrain barrant l'horizon.
Il faut attribuer à cette disposition un intérêt de premier ordre, car
il n'est probablement pas d'arbre qui marque autant que le cocotier un
héliotropisme aussi accentué et un liesoin aussi interne d'aération. On peut
affirmer, sans crainte d'être contredit par les faits, que l'action solaire et la
circulation d'air constituent deux des éléments les plus importants de la
vitalité productive de l'arbre.
Des observations multipliées ont prouvé que, même en terrains
riches, le cocotier se développe lentement et fructifie mal quand l'air et la
lumière lui font défaut.
Dans les vallées encaissées de Ceylan- oij l'on a planté le cocotier pour
lui assurer des terres plus profondes et plus riches, la production ne
dépasse guère la moyenne de trente noix à l'arbre et de ce faible rendement
on doit incriminer l'écran de montagnes qui limite la durée de l'action
solaire et s'oppose à l'aération.
Pour se convaincre de l'importance de l'aération, il suffit d'observer
sur les plages avoisinant Colomlx), l'inclinaison des fûts de cocotier vers
la mer dans la direction de l'ouest, alors qu'ils sont parfaitement droits du
côté de la terre et que de l'ouest viennent précisément les vents violents
de la mousson.
En Cochinchine, l'arbre est baigné de lumière du lever au coucher du
soleil et l'air ne rencontre aucuns barrière qui l'empêche de circuler et
'"'est à cette situation qu'il faut, en partie, attribuer la grande productivité
du cocotier dans notre colonie.
Une autre cause importante de cette productivité réside dans la consti-
tution des terres de la Basse-Cochinchine.
On sait que la presque totalité des cocotiers dans le monde se rencon-
tre le long des voies d'eau et aux embouchures des fleuves parce qu'ils
trouvent dans ces terres alluvionnaires, une heureuse proportion de sable
et d'argile qui en font des sols à la fois humides et perméables.
Or, la Basse-Cochinchine est toute entière de formation delta'ique, par-
courue par les bras du Mékong et par de nombreux arroyos, soumis à des
crues périodiques.
I/humus et les débris organiques entrent, pour une part de 2 à 14 %,
dans la constitution de ces terres, les classant dans la catégorie des terres
riches, sans que cette proportion soit nulle part exagérée comme dans
— 188 —
les Etals Malais où la masse humifère esl si puissante qu'elle a formé de
véritables tourbières, impropres à la culture, qu'il faut probablement
assainir à grands frais par des chaulages abondants et répétés.
Enfin, on peut noter que l'on ne rencontre ni gravier, ni cailloux qui,
si souvent, constituent une gêne pour le développement radiculaire du coco-
tier.
La crue périodique des cours d'eau en Cochinchinc ajoute un avantage
appréciable parce qu'elle agit à la fois sur le développement végétatif de
l'arbre, sur son rendement et sur le revient d'établissement et d'entretien.
C'est un fait incontesté que partout on reconnaît la nécessité d'appli-
quer aux cultures rationnellement conduites des engrais complémentaires,
particulièrement la chaux et la potasse qui, d'une manière générale, accu-
sent un très faible pourcentage dans les terres tropicales ou équatoriales.
Or cette adjonction, dans notre colonie, est réalisée, en grande partie,
sinon en totalité, par l'apport considérable de matières fertilisantes quo
chaque année la crue des fleuves dépose sur les berges.
Cette adjonction est automatique d'où réduction importante du revient'
si on applique, dès la constitution de la cocoteraie, une méthode de plan-
tation bien particulière à la Cochinchine.
C'est la méthode du talus. Dans ces terres alluvionnaires, faciles à
travailler, les noix germées sont placées sur des cônes de terre bien alignés
et suffisamment surélevés pour que le collet de l'arbre, quand celui-ci aura
atteint son plein développement, dépasse toujours le niveau des eaux aux
plus hautes crues.
Par le rechargement périodique du pied, à l'aide des dépôts limoneux
abandonnés par les rivières, on augmente graduellement le cube de terre
qui enveloppe les racines. Ainsi, parallèlement à la croissance des planta-
tions, il y a accroissement des masses de terres jusqu'au moment où les
cônes primitifs se rejoignent pour former des plates-bandes régulières,
laissant entre elles des canaux de longueur suffisante dont le curage pério^
dique permet l'apport continuel des matières nutritives.
Cette disposition permet, en outre, l'irrigation automatique grâce à
l'installation des vannes au débouché des canaux collecteurs sur les riviè-
res, et cela sans frais, comme on s'en rendra compte plus loin.
Un vieux proverbe indou qui fait dire au cocotier : « Arrose-moi pen-
dant ma jeunesse et j'étencherai ta soif toute ma vie », i>eut indiquer les
résultats d'une observation millénaire et, par ailleurs, l'étude scientifique
de la végétation du cocotier confirme ses exigences considérables sous le
rapport de l'humidité.
On a évalué à 136 litres par jour l'eau évaporée par le cocotier et ainsi
la légende et la science sont d'accord pour affirmer les bienfaits d'une irri-
gation puissante ?i défaut do laquelle l'arbre se défend en suspendant sa
production.
La méthode adoptée en Cochinchinc et les conditions de tViilieu, consti-
tuent une véritable assurance contre ce risque.
Mais si l'arrosage h l'eau douce favorise la végétation du cocotier et
intensifie sa production, l'eau saumâtre lui plaît bien davantasre et, de plus,
If prémunit contre les maladies des racines, inconnue? dans la Rasse-
Cochinchine.
Ijcs indigènes de notre colonie, comme ceux des Indes, ont parfaite-
ment reconnu ce goût du cocotier puisque, dans Tintérieur des terres, ils
— 189 —
ont l'habituile donrouir dans le liou qui va icccvuir le jeune plant, lienlu
à trente-cinq litres de sel.
D'ailleurs la valeur de l'apport de sel est bien marquée par les ana-
lyses répétées qui ont démontré que la récolte de cent cocotiers enlevait à
la terre plus de 81 kilog. de chlorure de sodium, tandis qu'elle n'exportait,
dans le même temps, que 31 kilog. d'azote, 9 kilog. d'acide plîosphorique et
8 kilog. de chaux.
Cette irrigation à l'eau saumàti-e est, d'ailleurs, la seule praticable dans
le delta de Gochinchine où par le fait de la pente nulle des cours d'eau,
l'action de la marée, fait senta- à plus de cent kilomètres à l'intérieur. La
mer mêle son flot aux eaux des fleuves et, par mtumescence, élève le niveau
des eaux deux fois par jour dans des proportions variables suivant la proxi-
mité plus ou moins grande de l'océan.
Par la disposition de vannes automatiques au débouché des canaux
dt» plantation, un arrosage bi-quotfùien est aussi donné, sans autre dépense
que celle de l'achat et de la mise en place des vannes.
En dehors des conditions physiques appropriées qui viennent d'être
exposées, il est d'autres éléments qui concourent au succès d'une entre-
prise comme la création de coooteraies.
Mcùs, avant d'examiner dans quelle mesure la Gochinchine peut ajou-
ter à ses avantages physiques, il paraît utile de signaler qu'il y existe 250
à 300.000 hectares de terres disponibles, admirablement adaptées à la cul-
ture du cocotier et permettant l'établissement de plantations de grande
envergure d'un seul tenant, en surface nivelée, ce qui est d'une rare impor-
tance au point de vue de l'économie agricole.
C'est dire ainsi que la Cochinchine pouvant assurer la plantation de
30 millions de cocotiers, pourrait servir l'intérêt national en même temps
qu'elle s'enrichirait de la mise en valeur des terres presque exclusivement
exploitables par le cocotier.
11 reste à considérer parmi les facteurs de la prospérité d'une entre-
prise agricole en général, mais plus particulièrement d'une cocoteraie, en
raison de son étendue, de la manutention de ses lourdes récoltes, de la
nécessité de les acheminer d'abord sur l'usine locale de préparation, puis,
après séchage, sur les usines de traitement en Europe, il reste à considérer
les disponibilités de main-d'œuvre qu'offre le pays, les facilités de commu-
nication dans la zone d'exploitation et la régularité des relations avec les
pays consommateurs du produit.
Dans le delta de Cochinchine, d'une manière générale, la main-d'œuvre
est abondante et sur place, évitant ainsi aux entreprises le recrutement de
travailleurs utiles.
Ce recrutement pèse dans d'autres pays, sur le revient à cause des frais
de transport qu'il occasionne, des primes d'engagement qu'il impose, des
dépenses d'installation des coolies pour qui des villages doivent être créés,
sans compter que cette main-d'œuvre déracinée est d'un rendement le plus
souvent médiocre.
De plus, pour l'Annamite, la culture du cocotier est une culture pour
ainsi dire familiale, qu'il aime, à laquelle il travaille avec plaisir, et de ce
fait, on peut prévoir de sa part un rendement optimum.
La disposition des terrains exposée plus haut montre combien elle faci-
lite la communication dans la zone de plantation, grâce aux canaux qui
peuvent être orientés pour utiliser le jeu des marées et assurer par le seul
mouvement des eaux le transjwrt des noix à l'usine de séchage.
— l'JU —
Le nivelleraenl de la plantation diminue les dépenses en facilitant
l'exploitation, les dénivellations de sol obligeant à la construction des rou-
les et à dos charrois qui entraînent des charges fort onéreuses.
Au point de vue des relations extérieures, tout le monde sait que la
Cochinchine est dotée d'un admirable réseau de voies fluviales et de canaux
à grandes ouvertures qui convergent vers le port d'embarquement, Saigon,
bien desservi par les lignes de navigation qui les mettent en relations régu-
lières avec l'Europe.
Ce tableau des avantages que présente la Ck)chinchine, au point de vue
de la culture du cocotier, serait encore incomplet sans une indication con-
cernant la durée d'attente de la production et le rendement moyen des
arbres.
Le temps nécessaire au cocotier pour donner des récoltes a été géné-
ralement évalué à dix ans et celte échéance éloignée n'a pas peu influencé
les capitaux qui auraient été portés vers cette nature d'entreprises.
Il y a là un véritable préjugé qui tire son origine de constatations fai-
tes à Ceylan, mais en cultures indigènes où les rendements s'échelonnent
de la septième à la dixième année, 10 % des arbres donnant des fruits la
septième année environ, 40 % la huitième, 50 % la neuvième et la totalité
au cours de la dixième année.
Ces observations ont été faites sur des plantations indigènes et, par
suite, on peut i^enser que cet échelonnement de l'entrée en production peut-
être attribué à des causes auxquelles on peut porter remède. On a vu plus
haut combien le manque d'aération et de soleil peuvent nuire au cocotier
et c'est souvent le cas à Ceylan.
En Cochinchine, même en plantation indigène, à 4 et 5 mètres d'écar-
tement la première production apparaît à la sixième année et le plein ren-
dement à la dixième. Dans le Straits, le Directeur de FAgriculture estime
qu'on i>eut être assuré de la première récolte à la sixième année.
Et l'Administration elle-même consacre cette estimation puisqu'on
Cochinchine les concessions plantées en cocoteraies ne paient aucun impôt
pendant les six premières années de l'exploitation.
Au ïxjint de vue du rendement de noix, les renseignements indigènes
s'accordent pour le fixer, suivant les soins accordés à l'arbre, entre 80 et
200 noix par an.
Dans un rappoit de 1918, M. I\/lorange, Directeur des terres agricoles
estimait le rendement en coprah d'un hectare, en Cochinchine, à 2.500 kilos
rendement qu'il estimait pouvoir être porté à 2.000 kilos en bonne culture.
Ce qui revient à fixer la production de noix, par arbre, entre 90 et 120 noix.
Comme confirmation on peut citer le rapport d'un Gouverneur en
Cocliinchine, en 1860, indiquant qu'une culture indigène : « Un hectare con-
tenant 667 cocotiers produit annuellement 80 fruits par arbre » et dans ce
cas les arbies étaient à quatre mètres.
Enfin, il a lieu de mentionner en faveur de notre colonie d'Asie, d'après
les analyses faites par des spécialistes français et allemands, le poids très
supérieur du coco de Cochinchine, la différence portant surtout sur
l'ainande, 496 grammes au lieu de 396 à Ceylan, et sur le poids du coir
IcMiucl peut donner lieu à une industrie accessoire.
Il faut signaler également que l'arbre reste en pleine frudillcalion jus-
(pi'à la soixante-dixième année.
Il semble (ju'il y ait dans les multiples factures de succès qu'offre la
— 191
Gochinchine aux entreprises ayant jjour but la constitutiua de cocoteraies
matière à intéresser les capitaux en permettant à l'industrie française dé
I.itter contre Imdustno étr^gère avec avantage, car en aucune autre
région il n est possible de rencontrer un ensemble de conditions aussi par-
faites de production. '
LE COCOTIER AU DAHOMEY
SA SITUATION ACTUELLE - SON AVENIR
Rapport de
M. HOUARD
Inspecteur de V Agriculture
en Afrique Occidenlale Française
Le cocotier est un arbre d'introduction au Dahomey; il fut vraisembla-
blement apporté il y a fort longtemps par les Portugais. A son début il joua
surtout Le rôle d'arbre fruitier et se répandit peu, restant localisé dans les
villages de la zone littorale oîz il trouve les conditions les plus favorables
à sa végétation et à sa fructification. Placés à proximité des cases et bénéfi-
ciant ainsi de la fumure ménagère, les premiers palmiers prirent im rapide
essor et les indigènes commencèrent à constituer quelques petits groupe-
ments irréguliers aux abords des villages mais, dans l'ensemble, les peu-
plements demeurèrent peu importants, et leur production servit simple-
ment à la consommation ou à la vente sur place des noix vertes. Des noix
furent emportées dans presque tous les villages du Bas-Dahomey oii on
rencontre quelques beaux exemplaires près des cases, dans des endroits
passants d'oîi les termites sont éloignées.
Ce n'est que depuis dix à quinze ans que l'expansion du cocotier en
plantations régulières s'est manifestée, d'abord faiblement et dans de mau-
vaises conditions culturales, puis plus rapidement et selon des règles préci-
ses (lès que l'intervention administrative a fait ressentir son effet. La vul-
garisation du cocotiier au Dahomey est maintenant assurée, mais cepen-
dant elle est appelée à se faire assez lentement, car les terrains propices
sont peu étendus et doivent, en partie, être conservés pour les cultures
vivrières, parce que la main-d'œuvre devient de plus en plus rare et de
plus en plus irrégulière et aussi parce que la création d'une cocoteraie
demande des avances de fonds assez élevées, auxquelles le planteur ne fera
aisément face que lorsque ces plantations plus âgées enti-eront en rapport.
PEUPLE.MENÏ .\CTrEr.
Le cocotier est répandu dans toute la zone littorale du Dahomey, dans
les Cercles de Porl^-Novo, Cotonou, OuidaJi et Grand-Popo, oi'i on le ren-
— 193 —
contre par sujets isolés âgés dans presque tous les villages et en peuple-
nienLs réguliùrement constitués. Il diminue en quantité quand on s'élève
vtrs lo Nord et ne se trouve plus qu'en petits bouquets dans les villages.
Dans tout le Bas-Dahunioy, il manifeste une belle vigueur, mais toutes les
tentatives de création de peuplement, faites en particulier dans le Cercle
d'AUada, ont échoué devant les attaques des termites qui délruisont les jeu-
nes plants. On pourrait cependant entrevoir, dans l'avenir, l'utilisation des
terrains les plus légers de la région Tchanou-Athiémé, oîi se trouvent de
superbes exemplaires et les sols sablonneux des rives du lac Ahémé. Au
nord de la Lama et dans tout le Moyen-Dahomey, le cocotier végète, mais
beaucoup moins vigoureusement et ne mérite plus d'être considéré que
comme une plante destinée à une légère consommation locale.
La seule zone intéressante au point de vue de l'avenir du cocotier est
donc la zone littorale où il existe déjà un peuplement notable. Elle est, dans
son ensemble, constituée par un sol sablonneux, sain, souvent très humi-
fère, grâce à la présence d'une brousse rampante et arbustive très dense.
Depuis plusieurs années, l'Administration s'est très vivement préoc-
cupée de diriger les planteurs indigènes vers l'expansion du cocotier en
attribuant des concessions, en distribuant des noix de semence et des pri-
mes en argent et en donnant tous les rc/nseignements techniques utiles pour
réaliser les améliorations indispensables & une meilleure pratique culturalc
que celle qui avait été suivie dans les anciennes plantations.
Le service de l'Agriculture s'est soucié, au cours de ces tournées de
propagande, de suivre pas à pas l'extension des cocoteraies et de faire le
dénombrement aussi exact que possible des palmiers de plantation récente
en exceptant les groupements épars dans les villages, déjà âgés et en pro-
duction dont on peut approximativement juger de l'importance par la
valeur d'exportation du coprah.
La répartition du peuplement jeune actuel dont la production est
encore très minime, mais qui participera progressivement et régulièrement
à l'exportation est la suivante :
Cercle de Grand-Popo
Le cercle de Grand-Popo est actuellement le gros centre de plantation
du cocotier. La bande sablonneuse comprise entre l'Océan et la lagune était
autrefois entièrement couverte de petite brousse arbustive demi-rampante
qui a fortement enrichi le sol en humus; cette région est, de tout le Bas-
Dahomey, la plus propice au cocotier. Toutes les plantations sont très voi-
sines de la mer et sont généralement à cheval sur la route de Grand-Popo
à Petit-Popo, mais elles sont encore distantes de la lagune et laissent une
superficie notable, surtout dans la région de Nikouécondji, où elles pour-
ront s'étendre en se substituant progressivement aux cultures vivrières,
qui peuvent, sans inconvénient, être reportées plus au nord. ' ]
C est surtout la région d'Agoué et en particulier toute la partie com-
prise entre Agoué et l'ancienne frontière qui se montre prospère et se cou-
vre avec la plus grande rapidité; les cocoteraies y sont régulièrement cons-
tituées, bien entretenues et minutieusement visitées; la croissance est
rapide, les pertes sont insignifiantes. Le dernier recensement, fait en
février 1919, accuse les quantités suivantes pour les plantations récentes :
— 194 —
Cocolicrs Açés (7 à 12 ans) 16.-100
— de 1914 5.900
— —1915 16.800
— — lyiG 9.200
— —1917 12.800
_ —1918 12.900
74.000
L'accroissement eût été plus régulier et plus grand si les difficultés pro-
voquées par l'état de guerre n'r.vaient rendu les travaux plus lents et plus
onéreux, par suite de la raréfaction de la main-d'œuvre.
Cercle de Ouidah
La progression est moins rapide dans le Cercle de Ouidah, car les ter-
rains propices sont moins groupés et se trouvent distants des principaux
lieux d'habitation.
Sur le plateau de Zomaï, en terre forte, les cocoteraies ne se sont
guère accrues, les terrains libres ayant été attribués en concessions. Du
reste, la végétation se montre moins rapide que dans les sols sablonneux
voisins du rivage, l'entretien est beaucoup plus considérable par suite de
l'abondance de 1' « Imperata excelsa » qui, non seulement nuit au bon déve-
loppement du cocotier mais peut causer des dégâts importants, surtout aux
jeunes plantations, si elle brûle en saison sèche.
Le mouvement d'extension se porte sur le littoral, plus favorable à
tous points de vue, et pou à peu, en gagnant de proche en proche, les coco-
teraies de Ouidali rejoindront celles qui s'amorcent vers Cotonou. Les plan-
teurs de Ouidah, qui apportent un soin tout particulier à l'entretien de
leurs peuplements, dont ils connaissent toute la valeur, attendent qu'ils
aient acquis tout leur développement et retardent, ou tout au moins res-
treignent leurs nouvelles créations, craignant de se trouver dans l'obliga-
tion de négliger de trop grandes étendues; ils sont, d'ailleurs, limités par
la rareté de la main-d'œuvre.
Dans les villages de pêcheurs, la progression est lente; il n'existe pas,
à proprement parler, de plantations régulières sur une langue de terre
beaucoup trop étroite.
Le dernier recensement de février 1919 donne :
Ck)Cotiers âgés '. 7.300
— de 1914 3.750
— — 19J5 4.000
— —1916 4.450
— —1917 4.600
— —1918 9.100
33.200
Cercle de Cotonou
Les cocoteraies commencent à se répandre on bordure immédiate du
littoral. Une concession de 100 hectares accordée en 1918, dans les envi-
rons mêmes de CoLonuu, a déjà été mise partiellement en valeur.
— 195 —
Les plantations des principales rues de Cotonou représentent une jolie
cocoteraic en plein rapport.
On compte actuellement :
Cocotiers ûgés 800
— de 101-4 500
— —1915 1.000
— —1916 l.SOO
— —1917 1.000
— — 1918 4.000
9.100
Cercle de Porto-Novo
La progression est lente d'ans le Cercle de Porto-Novo. Les villages do
l'Atlantique, c'est-à-dire toute la région comprise entre l'Océan, la lagune
et le lac Nokoué, qui comportent tous un peuplement de cocotiers adultes,
situé soit dans le village, soit aux alwrds immédiats, se refusent à faire
de nouveaux peuplements réguliers et se contentent, de temps à autre, de
mettre en terre quelques jeunes cocotiers, sans ordre auprès des cases ou
le long des chemins d accès.
La partie Nord-Est de l'Atlantique dont le sol saljlonneux est mélangé
d'une petite quantité de latérite et qui porte une brousse assez dense n'est
pas favorable en raison de l'abondance des termites. Une plantation d'essai,
qui avait été tentée à Tohoué, a échoué et a dû être abandonnée. Deux plan-
tations régulières a'assez belle venue existent à Apapa et à Semé.
En laissant de côté les cocotiers adultes très nombreux dans le Cercle,
l'évaluation des jeunes sujets donne :
Cocotiers âgés 4.000
— de 1914 1.000
— —1915 2.000
— —1916 1.500
— —1917 2.000
— -1918 3.000
13.500
Cercle d'Allada
Les plantations sont très rares, une seule située sur la route de Tori à
Savi a résisté dans son jeune âge aux attaques des termites. Dans la valléa
de l'Ava, un essai a complètement échoué; à Abomey-Calavi, une planta-
tion récente ne compte plus que quelques centaines de pieds. Les bordu-
res fraîches des lagunes conviendraient seules, mais elles sont réservées
aux colatiers. Les rives du lac Ahémé dépendant du Cercle d'Allada ne sont
pas propices de Coffonou à Décamé; par contre, il existe un joli bouquet à
Ouedjilo.
Le peuplement jeune compte :
Cocotiers âgés 500
— de 1915 1.500
— de 1916 600
2.500
— 196 —
Cercle de Mono
de la rive immédiate du lac généralement peu ekiiUue. , , ^^ .
J ^lev^ général des plantations de œœliers ayant moms de dou^ à
Quinz! a^s s'établit donc, approximativement, de la manière suivante .
Cercle Asès_ _19U ^91^ ^1916_ _19n_ J^ Tota^
0^\'^"^ ^800 800 1.000 1.800 1.000 4.000 9.100
^oriïovo.-;; 4.rO 1.1 .000 1.500 .000 3.000 13.500
Allada 50^ _j._ ^^00 ^ _J> >'_ ^
^^œ 11.150 25.300 17.450 20.400 29.000 132.300
Dans ce total no sont pas comptés les cocotiers adultes et en produc-
tion qu^n rencontre dans presque k>us les villages et qui assu^*^"* ac^^^^^
ÎZenUa consommation locale en noix vertes et en huile et 1 exportaUon
^"^ "ïestcoliers portés comme âgés dans le tableau précédent sont ceux
• • !:^t Zi\ i- a^is la majorité ne sont donc pas encore en production
?riL I^ Malactî^l qii doit s élever à environ 150.000 plants en
^mS les jeunes plantations qui ont échappé au recensement, epré-
Stnc de œcotiers qui vont successivement fournir à rex,x,rt^tion
^uirque la consommation locale est déjà assurée et s'étendra peu.
RÉGIONS PROPICES A L'EXTENSION DE LA CULTURE DU COCOTIER
I^ sols les plus propices à la culture du cocotier sont les terrains
sablo^ne'x du cSrdon'litloral supportant delà brousse arbustivedemi-
ramnant^ dense qui se trouvent enrichis en humus en surface par le. feuU-
LsT^profondeur par les radicelles profondes et nombreuses dans ces
terre^ sèches^ que les cocotiers établis sur des terrains semblables
au point de vue physUiue mais i^couverts -f'^-^Z''\%TZl^T^r-
rî^nniicnt des palmiers à croissance lento et à productivité nulle ou près
^e nine C esflà une constatation dont l'explication ne peut être ournie
nté' ra^.en par la moindre proportion d'humus, mais dont le planteur
t ra^t ir le plus grand compte; et, de ce ^-t. -taines r^^^^^^^^^^
nés a=.scz importantes, comme on en trouve près de Lotonou, d Abomej
Calavi et dans l'Atlantique doivent être exclues. ,.. ,,„,p^. ,„ ...
Au nord dos lagunes qui limitent plus ou moins régulièrement le cor-
don littoral le sol «institué par un mélange de sable et de terre de barre
passe raptlcmentà la terre de barre pure. Le cocotier s'accommoderait
ïsémen/ de ces deux terrains, mais il échoue généralement, d^me açon
presque certaine, en plantation régulière, par suite des atUques des 1er-
— 19Î —
mites, dès la premi(>re année de mise en place. On pourrait, il est vrai,
n'employer, lors de la création de la coc-oteraie, que des plants ûgés de
doux ans et séparés die leur noix, mais les difficultés de manipulation sont
grandes, la reprise moins assurée et la garantie reste insuffisante. Ci-lte
méthode reste trop aléatoire pour que le planteur ne donne pas la préfé-
rence au palmier à huile, plus rustique, dont la réussite est plus certaine.
Les termites sont donc la véritable cause de la localisation des coco-
tiers auxquels elles ne permettent que les terrains sablonneux où elles sont
rares ou toujours peu abondantes.
Les terrains qui restent libres pour l'extension de la culture du coco-
tier, quoique réduits pour la cause qui vient d'être indiquée, intéressent
tous les cercles du littoral.
1° Cercle de Porto-Novo. — Toute la région dénommée Atlantique est
constituée par un peuplement die petite brousse contenant de très nom-
breuses clairières de savane herbeuse et des îlots de palmier à huile. Le sol
est généralement sablonneux pur, cei>endant vers le Nord-Est il est légère-
ment mélangé de terre de barre et donne asile à des termites assez nom-
breuses. On pourrait donc trouver quelques emplacements favorables dans
le centre et l'ouest de l'Atlantique, surtout le long du littoral, en appro-
chant de Cotonou, mais ils ne peuvent être qu'irréguliers et de superficies
restreintes en raison de l'abondance des dépressions laguneuses et maréca-
geuses, dont le réseau s'étend sur toute cette région. La population indigène
se désintéresse de l'extension de la culture du cocotier, se contentant de
récolter ceux qui existent en groupements dans les villages, se livrant, pour
satisfaire ses besoins, à la pêche, à la récolte du palmier à huile, à la vente
du bois de chauffage, à la production du maïs précoce dans les lagunes
ditisséchées et à la culture du manioc.
2» Cercles de Colonou et de Ouidah. — Toute la bordure sablonneuse
comprise entre l'Océan et les lagunes est propice à la culture du cocotier
et porte déjà quelques plantations régulières de bonne venue. De part et
d'autre de la voie ferrée de Ouidah à Segboroné, et plus particulièrement au
nord, le sol sablonneux, peu latéritique, peut convenir, sans crainte de
dégâts appréciables par les termites. Il faudra éviter les zones à roniers
qui correspondent à d'anciennes savanes herbeuses.
Les rives du lac Ahémé sont favorables, tous les villages de pêcheurs
possèdent quelques cocotiers, mais il faut renoncer à la partie Nord-Est du
lac de Décamé à Coffonou et l'embouchure du Couffo, où le sous-sol est
souvent tourbeux et où les inondations en années de grosses crues seraient
à redouter. Sur la rive Est du lac, les emplacements sont trop restreints en
raison de l'élévation brusque du terrain pour ne pouvoir envisager que de
petits groupements appartenant aux indigènes. La région lagunaire des
rives de la rivière Aho est de nature trop tourbeuse ou trop marécageuse
pour être utilisée.
3» Cercle de Grand-Popo. — Le long de la lagune de Grand-Popo, entre
la rivière Aho et Grand-Popo, tout le cordon littoral convient bien au coco-
tier, mais il est de trop faible épaisseur et est déjà occupé par de nom-
breux petits villages de pêcheurs. La rive Nord de la lagune est tourbeuse
et inutilisable, tout au moins à proximité.
— 198 —
La région intéressante du Cercle de Grand-Poi>o est celle qui est com-
prise entre Grand-Popo et l'ancienne fi-ontiore du Togro et entre l'Océan et
la lagune qui relie Grand-Popo à Anecho. Los plantations actuelles de
Grand-Popo à Agoué sont toutes placées près de l'Océan, à cheval sur la
rout-e de Grand-Popo à Anécho, et couvrent environ la moitié de la super-
ficie totale. Mais il reste disponible toute la zone comprise entre ces peuple-
ments et la lagune d' Anécho, actuellement réservée aux cultures vivrières
de la région.
D'Agoué à la frontière le sol, presque en entier, est recouvert d'une coco-
teraie ininterrompue.
On peut estimer que la cocoteraie actuelle de Grand-Popo- Agoué pourra
«ncore s'accroître de ^00.000 cocotiers, mais uniquement par petites parcel-
les, en raison de la disposition des plantations existantes et à la condition
que les villages puissent reporter ailleurs leurs cultures vivrières.
En résumé, on peut admettre comme disponibles dans l'avenir pour
les plantations de cocotiers les superficies suivantes :
1° Dans la bande littorale de l'Atlantique du Cercle de Porto-Novo et
dans les îlots d'Ablankantan et de Djeva une surface d'environ 15 kilomè-
tres carrés;
2° Dans les cercles de Cotonou et Ouidah, de Cotonou h l'embouchure
de la rivière Aho, une bande littorale d'environ 20 kilomètres carrés;
3° Dans le Cercle de Grand-Popo une bande de terrain s'étendant de
Grand-Popo à Agoué et à l'ancienne frontière du Togo, d'environ 20 kilo-
mètres carrés, dont il y a lieu de déduire 5 kilomètres carrés déjà plantés,
soit un reliquat de 15 kilomètres carrés.
Ce qui représente un total de :
15 -t- 20 -1-15 = 50 kilomètres carrés.
dont il y a lieu de déduire i/5 pour les savanes herlK>uses, soit une super-
ficie totale de 40 kilomètres carrés, représentant 640.000 cocotiers en plan-
tation régulière à 8 m. en tout sens, venant s'ajouter au peuplement ac-
tuel.
Le peuplement théorique total possible dans l'avenir au Dahomey com-
porte donc :
1° Environ 150.000 cocotiers âgés, en pleine produclion, fournissant
actuellement à la consommation locale et à l'exporlalion.
2" 150.000 cocotiers jeunes entrant successivement en rapport;
3° 640.000 cocotiers à implanter sur les emplacements libres favora-
bles.
Soit un total environ 1.000.000 do cocotiers.
Mais il est de la plus haute importance de considérer que les planta-
tions nouvelles ne peuvent être faites, dans la grande majorité des cas,
quo par les naturels du pays et que l'effort annuel ne paraît pas pouvoir
diépasser celui qui a été fourni dans ces dernières années. Dans ces condi-
tions, on ne peut, en pratique, compter, par an, que sur un accroissement
des cocoteraies existantes de 20 i\ 30.000 plants. Si donc aucune interrup-
tion no.se produit dans l'expansion du cocotier, c'est une période de 30 ans
qui est nécessaire pour porter lo peuplement de cocotiers du Dahomey à
son maximum.
— 199
CULTURE DU COCOTIER
Culture ancienne. — La culture du cocotier laissait autrefois fortement
à désirer et certaines cocoteraies âgées se ressentent de la défectuosité de
leur établissement.
Le semis en place était encore pratiqué, il y a quelques années, par
certains planteurs, malgré les insuccès successifs qu'ils ont enregistrés. Le
terrain n'était, du reste, pas toujours préparé, il subissait uniquement un
nettoiement de quelques mètres carrés fait au coupe-coupe à l'emplace-
ment de chaque pied. Les cocotiere étaient très rarement alignés et leur
espacement ridiculement faible tombait parfois à 2 m. 50, 3 m. C'étaient
là des conditions culturales déplorables qui ont abouti à l'obtention de
cocotiers malingres, peu productifs et peu résistants.
D'autres planteurs, plus actifs et plus éclairés, apportaient des soins
suffisants à la création de leur cocotcraie, mais ne pouvaient se résoudre
à observer un espacement convenable, 5 m. d'alignement leur paraissait
une distance suffisante, or, elle est notoirement inférieure dans une région
oîi le cocotier se développe vigoureusement.
Cette ignorance ou cette incertitude des conditions essentielles de créa-
tion d'une plantation ont certainement arrêté, pendant longtemps, certains
indigènes désireux de constituer de petites cocoteraies.
Culture actuelle. — Le service de l'agriculture s'est attaché à faire
l'éducation du planteur en lui signalant les défauts des peuplements an-
ciens, en l'aidant par la distribution de bonnes semences et en l'encoura-
geant par l'attribution do primes en argent. Les observations faites ont porté
fruit avec une rapidité remarquable; à part de très rares exceptions, toutes
les nouvelles cocoteraies sont fort bien établies et entretenues, aussi accu-
sent-elles, dans l'ensemble, une vitalité de bonne augure.
Le terrain destiné à être planté en cocotiers est mis en culture deux
ans auparavant en manioc très serré, non pas tant pour chercher à obtenir
un maximum de récolte que pour faire disparaître les mauvaises herbes
et en particulier 1' « Imperata ». D'autres fois, le manioc est remplacé par
une cucurbitacée dont les graines servent à la préparation de l'huile de
« goussi ».
Sur le sol propre, le piquetage de la plantation est fait en observant
un espacement de 7 à 8 m. en tout sens, toutes les cocoteraies récentes sont
généralement très bien tracées.
Le semis en place est abandonné, chaque planteur entrotient une pépi-
nière suffisante pour les besoins de l'année et pour les remplacements de
l'année précédente. Les meilleures noix sont réservées pour la constitution
des pépinières.
La mise en place est faite au début de la saison des pluies faisant suite
à la tronaison, au cours de laquelle la terre de surfac-e a été amenée en
profondeur.
La culture intercalaire la plus fréquemment faite dans le jeune âge est
celle des haricots rampants.
Les soins cuUuraux pratiqués visent le m.aintien du sol en bon état de
propreté et l'ablation des feuilles de base du jeune cocotier au fur et à
— 200 —
mesure qu'elles se flétrissent ainsi que la chasse aux Oryctes rhinocéros que
l'on extirpe de leur galerie au moyen d'un fil de fer. .
Certains planteurs de la région d'Agoué ont pu utiliser de vieilles grai-
nes dio coton, qui leur ont été cédées par l'usine d'égrenage de Kpéiné\
comme engrais, en les enfouissant dans une rigole circulaire tracée à
1 m. 50 environ du cocotier.
On peut donc conclure que la culture du cocotier est actuellement au
point; il ne restera plus qu'à envisager les fumures périodiques aux engrais
chimiques, qui deviendront nécessaires pour maintenir une fructification
abondante et régulière.
FRUCTIFICATION. — RENDEMENT. — PRODUCTION DU COPRAH
L'origine de la variété de cocotier cultivée au Dahomey, car il n'y a
^uère qu'une seule variété, est inconnue, tous les peuplements provien-
nent du premier lot apporté par les Portugais qui s'est répandu dans toute
la colonie. La noix est belle, de forme arrondie ou peu allongée, donnant
une quantité de coprah généralement supérieure à 150 grammes.
La fructification commence vers la huitième année, mais elle est très
faible, car les avortements sont nombreux; elle croît ensuite régulièrement
pour atteindre sa pleine production vers 12 à 15 ans. Un palmier sain et
vigoureux peut donner, en moyenne, 60 à 80 noix par an. On compte dans
la pratique que 7 noix produisent 1 kilog de coprah séché au soleil.
La préparation du coprah est défectueuse dans tout le Dahomey et son
amélioration sera difficile à obtenir du cultivateur. La récolte des noix
est toujours prématurée, surtout aux abords des villages oii les vols sont
à craindre; elles sont abattues un peu avant maturité et ouvertes de suite
en deux valves qui sont posées à terre au soleil. Cette façon d'opérer est
diéplorable, la cueillette trop hâtive provoque une perte sensible de coprali,
la dossication à terre est insuffisante, d'autant plus que les rosées nocturnes
viennent constamment retarder l'action solaire, alors qu'elles favorisent le
développement des moisissures; en outre, le coprah se charge inévitable-
ment de sable qui le déprécie. Il faudrait, tout au moins, en attendant que
les exploitations soient suffisantes pour construire des séchoirs cimentés,
effectuer la dessication sur des claies h mailles claires surélevées d'environ
i mètre, pour permettre l'aération et pour profiter à la fois de l'action
directe du soleil et de la réverbération; le soir, le coprah devrait être soi-
gneusement couvert ou rentré dans un magasin pour éviter les condensa-
tions d'humidité pendant la nuit. On pourrait, par ce procédé, obtenir un
coprah de meilleure qualité, mais il semble qu'il soit encore nécessaire
de terminer l'opération de la dessication par un passage rapide à l'étuve,
précédant immédiatement l'emballage pour éviter, dans la plus grandte
mesure, les alleintcs si rapides de la moisissure. Il faudrait donc im outil-
lage qui, pour le moment, n'est pas à la portée de la plupart des planteurs.
Toutes les recommandations faites dans la région do Porto-Nnvo n'ont
pas abouti, par contre, des améliorations sensibles ont été réalisées par
certains propriétaires d'Agoaié. l'it cependant la question est d'importance,
le déchet pour manque de siceité peut varier, en cours de route, de 3 à 20 %,
c'est donc dire tout l'intérêt que présente ht réalisation d'une préparation
parfaite, tant pour le commerçant exportateur que pour le producteur.
— 201 —
Les quantités de coprah enregistrées à l'exportation par le service des
douanes sont les suivantes :
En 19US 248.889 kilog.
— 1909 377.259 —
_ 1910 466.765 —
— 1911. 550.273 —
— :912 300.752 —
— 1913 236.071 —
— 1914 199.237 —
— 1915 213.728 —
— 1916 225.128 —
— 1917
— 1918 123.105 —
— 1919
De 1908 à 1912, le service des Douanes a enregistré à la sortie, par 1«
port de Cotonou, la production de l'importante plantation de Topo, appar-
tenant à la Mission catholique française, qui est située dans la région lagu-
naire de la Nigeria, à proximité de la frontière. Les diminutions constatées
durant ces dernières années sont imputables à cette cause et aux difficultés
d'embarquement créées par l'état de guerre qui ont réduit, dans une mesure
notable, la fabrication du coprah, matière non stockable sous le climat du
Dahomey.
Les exportations normales oscillent donc actuellement entre 200 à 300 ton-
nes. Avant 10 ans, la venue progressive en production des jeunes planta-
tions nouvellement créées portera la disponibilité annuelle à 1.200 à
1.400 tonnes. Avant la guerre, le coprah était acheté sur place à l'indigène
par le commerce local à des prix variant entre 350 à 500 francs la tonne,
valeur dépendant surtout du degré de siccité et de la propreté. Un séchage
supplémentaire sur des tôles ou sur des aires cimentées précédait la mise
en sacs et l'expédition était faite le plus rapidement possible, de façon à
réduire au minimum la dépréciation pendant la traversée.
La consommation locale des noix vertes est importante et absorbe une
grande quantité de la production, la fabrication de l'huile de coco est très
faible II n'est pas à prévoir que ces utilisations s'accroissent notablement,
elles n'influeront donc pas sur le rendement des jeunes plantations qui sera
entièrement acquis à l'exportation.
Les sous-produits : coir et fibres de coco ne sont jamais extraits; les
coques sont brûlées. Les exploitations actuelles sont trop restreintes pour
faire l'achat de la machinerie nécessaire pour la préparation de ces sous-
jjroduits dont la valeur est inconnue des indigènes.
COMMENT DOIT-O.N ENVISAGER L'EXTENSION DE LA CULTURE DU COCOTIER
L'expansion du cocotier au Dahomey ne peut être l'œuvre que de petits
planteurs et surtout de planteurs indigènes.
La répartition des zones propices à la culture du cocotier, qui a été
exposée précédemment, donne l'indication très nette de l'impossibilité de
trouver une superficie suffisante pour l'installation d'une grosse exploita-
— 202 —
tion européenne. Celle-ci ne peut, consentir, en effet, à morceler démesuré-
ment la surface qui lui est nécessaire, sous peine d'une augmentation dis-
proportionnée des frais de premier établissement, de surveillance et de
récolte. Du reste, il faut remarquer que les indigènes ont des droits de pro-
priété ou d'usage sur le^ terrains disponibles et qu'on ne saurait les en
déposséder, car la plupart d'entre eux les destinent, dans un avenir peut-
être éloigné, il est vrai, à la culture du cocotier. Il faut tenir compte, en
outre, des doléances des planteurs qui n'arrivent que difticilement à se pro-
curer la main-d'œuvre nécessaire à l'entretien de leurs cocoteraies, malgré
les relations que leur confère leur qualité de naturels du pays; les zones
à cocotiers sont des zones do pêcheurs où il est impossible de recruter non
seulement de la main-d'œuvre permanente, mais encore de simples manœu-
vres temporaires. Il faudrait donc courir l'aléa de la main-d'œuvre importés
du Nordï, problème difficile à solutionner pour une grande exploitation qui
exigerait un personnel nombreux.
La petite exploitation de 50 à 100 hectares serait plus viable; elle ren-
contrerait cependant, elle aussi, des difficultés pour l'obtention du terrain
et de la main-d'œuvre.
Aussi la véritable expansion du cocotier ne peut être envisagée que par
les naturels du pays, propriétaires ou usagers du sol, dont certains ont des
capitaux suffisants pour agrandir lentement mais régulièrement leurs pre-
mières cocoteraies. Ils n'ont pas à craindre la pénurie de la main-d'œuvre,
ils pâtissent seulement de sa rareté ou de son irrégularité. Les relevés
annuels des jeunes plantations faites depuis quelques années montrent
que la culture du cocotier faite par la population locale est en Lionne voie.
Il y aurait intérêt, cependant, à voir intervenir l'influence européenne
dans la préparation des produits et des sous-produits. Peut-être pourrait-
on envisager une Société d'exploitation pourvue du matériel et de
l'outillage nécessaires pour l'obtention d:U coprah, du coir et des fibres de
cocos, groupant les planteurs volontaires qui n'auraient plus que le souci
de livrer leurs noix à maturité. La société d'exploitation ou bien achète-
rait airectement les noix au producteur, ou bien lui ouvrirait un oompl«
annuel de fourniture qu'elle lui réglerait lors de ses répartitions. Le trans-
port des noix à l'usine entraînerait une dépense qui n'existe pas dans le
mode actuel d'exploitation, mais il faut remarquer que le« cocoteraies sont
toutes ou voisinage de lagunes ou die routes et que la plus-value due à la
bonification du coprah et à l'extraction des fibres et du coïr laisserait un
bénéfice appréciable.
Le centre d'.Agoué où se trouve déjà le groupement le plus important
pourrait, lo premier, entrer dans cette voie par la simple association des
planteurs dès que la production généralisée du peuplement commencera.
De toute façon, que l'initiative de cette société ou de cette association
soit le fait d'Européen? ou dé naturels du pays, il en résulterait une amé-
lioration sensible d)u marché du coprah du Dahomey, correspondant à une
meilleure qualité et la récupération de produits de vente courante jusqu'ici
abandonnés faute de machinerie.
Paris, août 1920.
L. HOUARD,
Chef du Service de l'Agriculture du Dahomey.
203
Une Plantation de Cocotiers
au Mozambique
par H. VALLENTIN
Ancien Élève de l'Enseignement colonial de la Chambre de Commerce de Lyon
Toutes les notes qui vont suivre ont été recueillies dans une planta-
tion se trouvant dans le district de Quélimane, province de Mozambique.
Cette plantation de 40.000 palmiers s'étend sur la côte sur une profondeur
de 1 kilomètre.
Terraln. — La plantation est faite sur une dune assez accidentée, dont
l'altitude moyenne est comprise entre 2 et 5 mètres, avec la partie la plus
basse à 0 m. 50 au-dessus du niveau des grandes marée*. Le terrain est
riche en matières minérales d'origine marine et pauvre en matières orga-
niques, principalement dans les parties élevées, qui sont complètement dé-
lavées par les pluies et très desséchées durant la saison hivernale.
Les parties en contre-bas sont plus riches, l'humidité persistante per-
mettant à différentes plantes de s'y développer, qui enrichiront le sol en
humus. Le terrain est composé, dans les parties élevées, de sable à peu
près pur et, par suite, très pauvre; dans les parties en contre-bas, il est
recouvert d'alluvions.
L'épaisseur du sol est très variable, car le sous-sol est constitué d'argile
noire qui conserve à peu près partout le même niveau.
Cette dune a été formée par les vents marins, et elle commence à être
désagrégée par les grandes marées dans les endroits où les palétuviers ont
été déjà arrachés par les vagues. Sur le littoral marin, elle est, en grande
partie, protégée par une bande de terrain constituée par des affleurements
du sous-sol argileux sur lesquels poussent différentes espèces de palétu-
viers.
Les dunes sont séparées, entre elles par des parties basses et argileuses
de même aspect que vers la côte. Dans ces dépressions existe presque tou-
jours une petite rivière, qui se remplit et déborde à marée montante et se
vide à marée basse.
Climat. — Par suit« de la proximité de la mer, le climat est assez
régulier et plus frais en été que dans l'intérieur, la brise soufflant à peu
près continuellement. Il est très rare d'avoir des brouillards, si mauvais
pour la santé des Européens. Les anophèles n'existent pas; on ne trouve
— 204 —
qu'une espèce de moustique qui est sans danger pour les blancs. La tempé-
rature varie entre 21° et 42% moyenne 27° à 28°.
L'importance et la répartition des pluies sont très variables durant le
cours de l'année. Cependant, il existe deux saisons, une pluvieuse de dé-
cembre à juin, et l'autre sèche de juin à décembre, durant laquelle il ne
pleut pas ou presque pas, à part la pluie du « cajir » en octobre. Cette
année, néanmoins, cette saison a été très pluvieuse.
La chute d'eau annuelle varie entre 1 m. 80 et 2 m. 15. Ces conditions
sont favorables pour la réussite du cocotier.
Travaux d'exploitatio.\. — Défrichement. — La plantation ayant été
faite sur l'emplacement de propriétés indigènes était, de ce fait, plus ou
moins défrichée. Il m'est impossible d'établir un prix de revient très juste
sur le travail de défrichement. Le peu que j'ai eu l'occasion de faire exécu-
ter, soit dans des parties négligées par les noirs, soit pour agrandir l'ex-
ploitation, donne à peu près les moyennes suivantes :
Pour le dé'ooisement, 73 journées à l'hectare coûtant 6 escudos pour le
paiement des hommes et 6 escudos pour la nourriture;
Pour le piochage, avec extraction des racines, un homme ne fait guère
que 25 mq. par jour, ce qui fait 400 journées par hectare, coûtant 33 escu-
dos 5 pour le paiement et 33 escudos 5, valeur représentant la nourriture.
Ce travail, comme tous les autres, ne s'exécute que manuellement', ce
qui fait que son prix de revient est élevé. Les noirs ne travaillent que 7 à
8 heures par jour; ils commencent à 5 heures du matin et partent entre 12
et 13 heures. Leur paiement est de 0 escudo 50 et 6 litres de farine par
semaine.
Parfois, lo manque de main-d'œuvre nécessite le recours à des volon-
taires payés à un taux un peu plus élevé; ceux-ci reçoivent 700 reis et
10 litres de farine par semaine plus une gratification après 2 ou 3 semaines
de service.
L'emploi des machines est presque inconnu dans toute la région, sauf
dans certaines plantations où se trouvent toujours quelques araires.
Jusqu'à présent, la main-d'œuvre a toujours été très abondante et bon
marché. Il y a deux ou trois ans les salaires étaient les suivants : un
homme ne recevait par semaine que 300 reis et sa nourriture ne coûtait
que 20 reis le litre de farine au lieu de 90 comme aujourd'hui : une femme
200 reis par semaine au lieu de 300 et les jeunes gens, ne payant pas en-
core l'imnôt, 120 reis par semaine au lieu de 250; leur ration étant toujours
de 1/2 litre do farine par jour. Le surenchérissement de la main-d'œuvre
a amené les directeurs des grandes entreprises à étudier la question des
tracteurs, et je crois que, d'ici peu, nous allons en voir apparaître quel-
ques-uns. Ceux de la Société où je travaille seront des tanks Renault, petit
modèle, transformés en tracteurs, faisant corps avec la charrue.
Drain.\ge. — Cette 'opération est très importante et réclame beaucoup
do soine dans son exécution, car si le cocotier demande à avoir ses racines
en rapport avec la nappe aquifère, il redoute énormément les inondations;
et si l'eau reste stagnante plus d'une semaine au pied d'un palmier, il y a
beaucoup de probabilités pour que celui-ci meure et, dans tous les cas,
qu'il s'en ressente beaucoup dans son développement, sa production deve-
nant presque nulle.
— 205 —
Les drains, qui sont ici à ciel ouvert, duivcnt ôtre de dimensions telles
qu'ils éliminent tout lexcédent d'eau dans le minimum de temps. Ici, ils
ont tous 1 m. 20 de large sur 0 m. 80 de profondeur, excepté le grand col-
lecteur qui a des dimensions doubles.
Les drains ne se font que lorsque l'emplacement des lignes de coco-
tiers est marqué par des piquets, afin d'éviter que le canal passe sur l'em-
placement d'un cocotier, sauf nécessité due à la configuration du terrain.
Une fois l'emplacement des drains marqués, les ouvriers sont mis à
l'ouvrage; ils doivent tirer et niveler sur les bords, aussi loin que possible,
9 m. cubes de terre, ce qui représente une longueur de drain de 125 par
personne.
Le marquage de l'emplacement des drains est une opération assez déli-
cate, par suite de la faible différence de niveau entre la plantation et la
pleine marée. Dans certains cas, on est obligé de creuser en dessous de ce
niveau; de cette façon, les drains se vident ou se- remplissent suivant l'état
de la marée. Ceci ne présente aucun inconvénient, au contraire, l'eau de
mer amenant avec elle des sels minéraux que le palmier utilise à son pro-
fit. J'ai pu observer moi-même que des palmiers, dans ces conditions, sont
beaucoup plus développés que les autres du même âge placés plus loin
du canal.
Néanmoins, les drains ne doivent pas déboucher directement à la
plage, car la force de la marée les transformerait vite en rivière de plus en
plus envahissantes; c'est pour cette raison que cette pratique est interdite
par la police maritime.
Les drains débouchent soit dans une rivière déjà existante, soit dans
les palétuviers qui bordent une certaine partie de la côte sur une assez
grande largeur.
PÉPINIÈRE. — Pour l'établissement de la pépinière l'on choisit un ter-
rain suffisamment bas et qui conserve une certaine humidité toute l'an-
née. On l'établit dans la plantation même, les grands cocotiers fournissant
une ombre légère nécessaire à la bonne venue des jeunes palmiers. L'on
défonce à 50 centimètres de profondeur et le terrain est nivelé autant que
possible. Ensuite, l'on trace des lignes distantes de 50 centimètres et l'on
place les cocos sur ces lignes à 40 centimètres les uns des autres. Les noix
ne sont pas enterrées, l'ouvrier se contente de faire une petite excavation
avec la houe, juste de la dimension de la noix, et celle-ci affleure le sol.
Les cocos sont placés à peu près horizontalement, le côté du pédoncule
légèrement relevé, afin de faciliter la sortie de l'embryon.
Les cocos destinés à être mis en pépinière sont cueillis et triés soigneu-
sement sur des arbres de 25 à 30 ans, de bonne fructification et présentant
le type recherché.
Comme notre exploitation ne traite que le coprah, on choisit des cocos
ayant l'albumen très développé, chose dont on se rend compte en en
ouvrant quelques-uns. La fibre étant délaissée, l'on ne prend que des cocos
h « casque » ou enveloppe fibreuse mince. De plus, la plus grande partie
des principes fertilisants puisés dans le sol par l'arbre se trouve concen-
trée dans cette enveloppe, de sorte que plus celle-ci sera mince, moins le
terrain sera épuisé.
La sortie des tigelles a lieu entre 4 et 6 mois; les cocos qui, après cette
— 206 —
date n'auraient pas encore germé doivent être rejetés, car les palmiers qui
en naîtront ne donneront pas de bons résultats par la suite.
Une plantation de cocotiers étant une exploitation de longue haleine,
l'on doit donc éviter toute cause pouvant retarder l'époque des premiers
rendements.
Par suite de la disposition de la pépinière, les jeunes cocotiers ne sont
pas replantes dans une autre pépinière d'attente. Ils restent à la môme
place jusqu'à l'époque de la plantation définitive, qui a lieu à l'âge de
12 à 15 mois, quelquefois plus, selon les besoins.
D'ailleurs, jusqu'à l'âge de 3 ou 4 ans, le cocotier se transplante très
bien et reprend avec facilité. Il n'y a que la question de transport qui est
plus longue et revient plus cher.
La transplantation des cocotiers est parfois nécessaire pour substituer
des palmiers d'un certain âge et conserver l'aspect régulier de la planta-
tion.
Pl.\ntation, mise en place des jeunes COCOTIERS; — La plantation se
fait en carré, les arbres espacés de 9 m. en tous sens, distance assurant
l'aération nécessaire sans perte de terrain, et fournissant l'espace utile au
bon développement des racines.
La plantation est divisée en « taillons » de 4.50 m. de longueur, afin
de faciliter les travaux et la surveillance.
Les jeunes palmiers à transplanter sont choisis parmi les plus vigou-
reux, de belle couleur verte, tout sujet présentant des symptômes de
chlorose ou de faiblesse étant éliminé.
Ces jeunes palmiers sont âgés de 12 à 15 mois; leur transfert est
facile et la reprise est assurée. Ce travail a lieu en février et mars, épo-
que où les pluies sont plus abondantes. Dans de bonnes conditions, la
reprise est complète au bout d'un an.
Les jeunes cocotiers sont extraits de la pépinière au coucher du soleil;
ils sont mis en place le lendemain de bonne heure, avant 8 heures, à moins
que le temps soit couvert, ou encore mieux avec la pluie; dans ce dernier
cas, l'on peut mettre en place toute la journée.
Dans la plantation définitive, les trous ont été creusés quelques mois
avant. La mise en place s'opère de la façon suivante :
Une équipe transporte les jeunes cocotiers le plus délicatement possi-
ble aux trous où ils devront être replantés; on coupe les racines au ras de
l'enveloppe fibreuse, l'on remplit le trou à moitié avec de la terre de sur-
face, le sujet est ensuite placé bien droit et dans l'alignement; ensuite l'on
jette de la terre dans le trou en la lassant fortement contre la noix. Les
trous ne sont pas complètement bouchés, on laisse à la surface une petite
cuvette pour retenir les eaux de pluie.
Les trous ont 80 centim. de diamètre sur 60 de profondeur, un homme
en fait 25 dans sa journée; dans le môme temps, un homme met en place
25 cocotiers.
Le paiement est le même que pour les travaux ci-dossus indiqués.
Chaque « taillon » est .séparé par une allée, constituée par un interligne,
et utilisée pour le service. De même, dans le sens de la longueur d© la
plantation, il y a une allée, à laquelle les autres aboutissent et qui contiant
les numéros des « taillons ».
— 2U7 —
Par suite de la pauvreté relative du terrain, les cocotiers ne coininen-
ccnt guère à fruclinor avant l'ûge de 10 à 15 ans.
Soins d'entretien. — Une plantation de cocotiers, comme toute autre
culture, demande à être nettoyée pour fournir de bons rendements. Les
façons culturales consistent en binages et piochages exécutés à la houe à
main.
A moins que ce soit pour l'extirpation du chiendent, le cocotier pré-
fère des façons superficielles aux piochages profonds. A propos du chien-
dent, je ferais remarquer que c'est un des plus terribles ennemis du coco-
tier qui, dans un sol envahi par cette graminée, fructifie très mal.
De plus, le noir piochant à 25 ou 30 cm. de profondeur ne fait guère
que 27 mq. par jour s'il y a du chiendent et 50 à 60 mq. s'il n'y en a
pas.
En façon superficielle, à 10 à 15 cm., le noir fait de 100 à 110 mq. par
jour et peut facilement sarcler 300 mq. dans le même temps.
Cultures interc.\l.mres. — Durant les premières années de la plan-
tation, les racines des jeunes cocotiers ne couvrent pas toute la surface
mise à leur disposition, aussi en profite-t-on pour établir des cultures in-
tercalaires qui, nécessitant des façons culturales, entretiennent le terrain
en bon état de propreté. De plus, elles fournissent la nourriture des noirs
tout en diminuant les frais d'entretien. Les plantes utilisées pour les cultu-
res intercalaires sont : les haricots indigènes, le maïs, le sorgho, le
« moha n, suivant la nature et l'humidité du terrain.
Ces travaux sont exécutés par des enfants.
Cueillette des cocos. — Ici, l'on fait quatre cueillettes par an. Ce
sont des jeunes gens qui sont employés à ce service. Ils grimpent en s'ai-
dant des mains et des pieds, ceux-ci étant maintenus à l'aide d'une corde;
ils montent avec rapidité et font tomber les cocos arrivés à maturité.
Ceux-ci sont transportés dans les allées et entassés par 500 pour en facili-
ter le comptage.
La maturité des cocos se reconnaît facilement, soit par le changement
de couleur de la « casque », soit par le bruit fait par le liquide interne en
secouant le fruit, soit encore à l'aspect fibreux de la casque entaillée avec
un couteau.
Chaque noir doit cueillir et transporter dans l'allée 250 cocos par jour
qui sont payés à raison de 240 reis le mille, ils reçoivent en outre person-
nellement un 1/2 litre de farine chacun.
Insectes et Maladies. — Les insectes nuisibles au cocotier sont peu
nombreux et le plus terrible est 1' « Orycte rhinocéros » qui perfore le bour-
geon terminal de l'arbre et occasionne souvent la mort «iu cocotier. Des
bambins sont affectés à la chasse de cet insecte et reçoivent 20 reis par
5 oryctes présentés vivants.
Parmi les maladies, il y a le « pourridié » des racines qui est conta-
gieux; le meilleur et unique remède consiste à arracher complètement les
sujets malades et à les brûler.
Fabrication du Copuah. — Deux semaines après la cueillette, les cocos
— 208 —
sont « décasqués >> dans la plantation, ce qui diminue les frais de trans-
port et restitue au sol une notable partie des éléments puisés par les raci-
nes et qui sont concentrés particulièrement dans cette partie du fruit. Cha-
que homme en décasque 1.000 par jour qui sont payés 100 reis et 1 litre
de farine. Les cocos décasqués sont ensuite transportés à dos d'âne au
séchoir. Là, les cocos sont partagés et l'amande est retirée de la coquille
et expédiée au séchoir.
La production moyenne d'un cocotier est de 30 noix par an, 6 noix
donnant un kilo de coprah.
Le séchage de l'amande a lieu à l'air chaud.
Le séchoir est ainsi construit : une bâtisse en briques contenant sur
un des côtés un foyer, des tuyaux de fonte allant de l'extérieur à l'inté-
rieur de la bâtisse traversent le foyer. La cheminée du foyer située sur
r'autre côté fait appel d'air avec le tuyau et celui-ci est chauffé à leur
contact. L'amande est disposée sur des claies mobiles placées les une' m-
dessus des autres sur des wagonnets eux-mêmes mobiles et se déplaçant
sur rails, ce qui permet de les sortir du séchoir pour y placer l'amande et
en retirer le coprah. La température doit se maintenir régulière entre 60"
et 65°. Le séchage est complet en 24 heures.
SuRRA ou ToDDY. — Ce produit, sans avoir la valeur commerciale du
coprah, est l'objet d'un important commerce local.
La « surra » ou « toddy » est l'équivalent du vin de palme de la côte
occidentale d'Afrique.
Pour l'obtenir, les noirs s'y prennent de la façon suivante : l'inflores-
cence devant produire la surra est emmaillotée, avant que les fleurs nouent.
Ensuite, tous les jours, matin et soir, pendant une semaine, le noir la fla-
gelle vigoureusement avec un bâton gros et court. Au bout do ce temps, il
coupe une tranche mince à l'extrémité de l'inflorescence et il s'en écoule un
liquide douçâfre qui ne tarde pas à fermenter. Le liquide est recueilli dans
des coquilles de cocos. Matin et soir, l'indigène récolte le prodvnt écoulé
et en même temps rafraîchit l'incision. On traite simultanément deux ou
trois inflorescences par arbre; lorsque celles-ci sont épuisées on en prend
d'autres, car il se forme à peine une inflorescence par mois. Cette exploita-
tion dure du V novembre au 15 août.
Cette production qui paraît fournir de beaux bénéfices est, au con-
traire, une opération désastreuse pour une plantation. Le cocotier s'épuise
très vite et, mis au repos, il reste près de deux ans sans donner de cocos.
Il faut aussi signaler les vols de cocos que pratiquent les noirs chargés de
ce travail, une armée de gardes ne suffisant pas pour les surveiller.
Tous les cocotiers ne peuvent pas produire ce liquide, aussi les coco-
tiers à surra sont-ils très disséminés, ce qui en rend la surveillance diffi-
cile.
Chaque homme possède 10 arbres et paie de 1.600 reis à 2.800 reis par
semaine suivant l'époque.
C'est une exploitation à interdire, car les noirs s'abrutissent complè-
tement avec cette boisson et sont alors incapables de tout travail sérieux.
Toutes les parties du cocotier sont utilisées.
Le tronc est très bon pour faire des pilotis dans les rivières à eau salée.
Avec l'épiderme de la face interne de la feuille, l'on fait des cordes très
résistantes; avec les coquilles de noix l'on fait différents objets d'utilité
— 209 —
ou de luxe. Le bourgeon terminal constitue un excellent « pickle ».
L'écorcc de la base du tronc est susceptible d'un beau poli et utilisée en
marquetterie. Les feuilles sont employées pour faire des paniers, etc., etc.
Comme autres utilisations, signalons : la pommo de coco, l'eau de
coco, etc., etc.
Arrivons enfin au bilan de l'exploitation. Quels revenus peut-on tirer
d'une plantation de cocotiers?
Le tableau ci-dessous va vous le montrer.
LiGOGO : 40.000 palmiers; 14.63G en production; 9.844 moyens; 15.520 pe-
tits.
Moyenne journalière : 25 hommes, 30 femmes, 30 enfants.
PASSIF
FRAIS DURA.NT L'aNNÉE 1918
Compte en escudos
Nettoyage 1.819 39
Drainage 435 89
Gardes 583 14
Plantation 225 20
Manipulation coprah 598 37
Cultures diverses 780 72
Bétail 39 15
Construction 39 90
Personnel 430 81
Station personnel 493 69
Divers 490 80
Pépinière 49 40
Total 5.986 52
ACTIF
Coprah : 56.085 k. à 330 reis le k 18.508 "
Haricots : 15.622 k. à 100 reis le k 1.562 20
Maïs : 5.611 k 561 16
Surra 3.157 »
TOTAt 23.788 36
De cela, il faut retrancher les frais généraux, impôts, appointements
de l'employé. Cependant, comme l'on peut se rendre compte, le bénéfice
est des plus intéressants.
Et c'est sur l'impression si convaincante de ce tableau que je termine
cette étude sur le cocotier au Mozambique, en faisant remarquer que le bé-
néfice ci-dessus pourrait être doublé avec une bonne organisation et un
outillage moderne.
(Extrait du Lyon Colonial).
Le Cocotier Nain
dans les Etats Fédérés Malais '^
par WiU P. HANDOVER
L'augmentation des prix du coprah ayant donné un nouvel intérêt à la
plantation des cocotiers en Malaisie, il est utile de fournir quelques rensei-
gnements concernant la variété naine (Dwarf coconut).
Le cocotier nain, connu dans le pays sous le nom vernaculaire de
« nyiur gading » e?t remarquable par sa fructification précoce; c'est un
palmier de 3 m. de haut portant en abondance des fruits qui viennent tou-
cher le sol. Le jeune palmier croissant dans de bonnes conditions com-
mence à fleurir dès la troisième année. Les fruits mûrissent environ neuf
mois après l'apparition des fleurs. Les premiers régimes de fleurs sont
formés uniquement de fleurs mâles, mais de nouvelles inflorescences appa-
raissent rapidement, plus grandes et renfermant un nombre toujours crois-
sant de fleurs femelles. Un régime produit par un arbre âgé de 6 ans,
contient 200 fleurs femelles et donne jusqu'à 55 noix de coco miires.
Le cocotier nain est généralement d'une couleur jaune et Winsted,
dans le Malayan Folk Lorc parle du « nyiur gading » comme le cocotier
doré que l'on ne trouve que dans les jardins des princes.
Il y a, en outre, une variété rouge brique et une autre verte avec toute
une série de variétés intermédiaires. On peut ranger les variétés comme
suit : jaune ivoire, jaune d'or, orange, rouge brique, vert bronzé et vert
sombre. Les inflorescences et les feuilles correspondent comme coloration
au fruit, en donnant à l'arbre entier un bel aspect. II y a, correspondant à
ces différentes couleurs, des arbres demi-hauts dont la production est plus
tardive, la noix légèrement plus grosse et qui sont moins prolifiques que
la vraie forme naine.
La variété naine jaune est la plus prolifique et la meilleure de toutes
ces variétés, qui sont évidemment des produits de croisement ou des mu-
tants.
Les différentes variétés sont distinguées par les noms noalais et java-
nais suivants : « nyiur (klapa) gading », « k. merah » (ou rajah), « k. ka-
pak », k. pisang «^ k. puyok >>, k. hahi », k. sepang » et « k. nipah ».
Une feuille parfaitement développée de « nyiur gading » mesure seule-
ment 3 m. 60 do longueur; la noix mesure, en moyenne, 56 x 60 cm. de cir-
conférence et le tronc 60 cm. de tour; la noix a u<w quantité moyenne de
fibres, une coque mince, et, par rapport aux grosses noix, une bonne
(1) AgrUuUural BuUetin of the Fe^craUd Ualau States, vol. VU. u* 5.
— 211 —
épaisseur de coprah. Ce coprah est, paraît-il, plus riche en huile et d'un
goût plus sucré que celui des grosses noix des grands cocotiers et il est trèe
apprécié pour cela des Malais pour leurs usages domestiques.
Malgré de diligentes recherches, je n'ai pu établir l'origine exacte du
cocotier nain, mais il semble être le résultat d'une mutation qui a eu lieu
probablement à Java.' Des arbres âgés de 30 ans environ existent en diver-
ses parties de la Péninsule Malaise et beaucoup d'entre eux produisent
encore abondamment.
En 1912, 200 ha furent plantés en cocotiers nains dans l'exploitation
de Sungei Mipah, sur la côte, entre Porl-Dikson et Sepang-Point, et c'est
probablement la seule plantation de cocotiers nains qui existe jusqu'ici
dans le monde. Les graines-noix de ces cocotiers avaient été prises sur des
arbres d'une douzaine d'années plantés par le& Malais sur les « bendangs »,
dans le district du riz de Krian; on raconte que ces graines originales au-
raient été obtenues au prix de un dollar chaque, des navires qui arrivaient
de Penang, probablement de Java.
Par des rapports di ;nes de foi reçus de l'Inde, il ressort que la forme
naine est pratiquement inconnue dans le Malabar, la Présidence de Ma-
dras ou à Ceylan, bien que l'on trouve, sans dout«, des groupes isolés
comme les cocotiers royaux (king coconuts) du Mont Lavinia.
On trouve bien également des arbres disséminés à travers Java et Su-
matra, mais pas en grande quantité, les graines-noi.x pour planter ayant
été envoyées dans tous les endroits indiqués, ainsi qu'à Manille et dans les
Etats du nord et de l'est de la Péninsule Malaise.
Comme tous les cocotiers, cette forme naine est excessivement robuste
et croît bien, tant dans les argiles blanches que dans les terres tourbeuses;
en fait, elle semble prospérer dans tous les lieux oiî l'eau est abondante,
à condition toutefois que cette eau ne soit pas stagnante. Il est évident
pourtant que ce sont les terrains d'alluvions drainés qui lui conviennent le
mieux. Dans un tel sol, des cocotiers de 6 ans ont produit 234 noix et le
rendement moyen des arbres est 80 noix.
Les seuls chiffres connus sont ceux de Sunghei Nipah où, malheureu-
sement les jeunes palmiers âgés de trois ans ont été étouffés par le lallang
que l'on avait négligé d'enlever les premiers jours de la guerre et bien
que leur développement soit devenu magnifique depuis qu'ils sont entrete-
nus avec plus de soin, cette négligence, à une période aussi critique, aura
sans doute une répercussion sur la vie de ces arbres. Les iMalais disent :
« Nyiu gadang suka perkawan » et les palmiers près des habitations mon-
trent rapidement qu'ils sont tout prêts à rendre les bienfaits d'un bon
entretien.
La première année de production à Sungei Nipah, la récolte sur 90 ha
fut de 102.000 noix; la deuxième année, elle fut de 574.000 noix et pour la
troisième année, j'en prévois environ i million. Je considère que les coco-
tiers nains pourront donner les rendements normaux suivants :
A la fin de la 4" année =1'" année de récolte = 10 noix par arbre
— — 5' — =2» — — = 30 — —
= 100
= 120
en pleine production.
— 212 —
Ces chiffres paraissent modestes en comparaison des rendements indi-
viduels de certains arbres, mais beaucoup de facteurs doivent être consi-
dérés quand on évalue des rendements moyens et je ne doute pas que,
dans de parfaites conditions, une bien plus haute moyenne pourrait être
obtenue.
Les noix données par un jeune palmier sont plus petites que celles qui
sont produites ensuite et leur noyau également est plus petit; d'autre part,
évidemment, les noix fournies par un cocotier en plein rendement sont un
peu inférieures à la moyenne comme grandeur, mais 500 noix pour 1 picul
de coprah (833 pour 1 quintal) sont une moyenne générale que l'on peut
admettre.
Etant donné la longueur de 3 m. 60 des palmes, on a considéré comme
convenable la plantation sur 24 feet x 20 f6et= 7 m. 20 x 6 m. 09, qui donne
90 arbres par acre, c'est-à-dire 225 par ha, nombre presque double de c-elui
des grands cocotiers.
Il est donc évident qu'avec ce système de plantations on pourra obte-
nir, la cinquième année après la plantation 30x225 = 6.750 noix par ha,
c'est-à-dire 13 piculs=810 kg de coprah par ha; la 9° année, on pourra
obtenir 120x225=27.000 noix par ha, c'est-à-dire 54 piculs = 3.420 kg. de
coprah par ha.
En comparant ces résultats avec ceux fournis par les grands cocotiers,
qui ne produisent qu'après la 5" année et qui peuvent être estimés comme
fournissant, la 9° année, 40 noix par arbre pour 45 arbres par acre= 1.800
noix par acre = 4.500 noix par ha, c'est-à-dire 20 piculs = 1.200 âg. de
coprah par ha (étant donné que 220 noix de grands cocotiers donnent
1 picul de coprah), on voit que les cocotiers nains ont un rendement inté-
ressant.
D'autre part, avec la forme naine, on a le grand avantage de pouvoir
faire la récolte aisément et vite, et de pouvoir effectuer facilement les ins-
pections sanitaires de la plantation au point de vue des ennemis et des
maladies, bien que, d'un autre côté, évidemment, on ait à manipuler pour
une même quantité de coprah, un nombre de noix presque 2 fois 1/2 plus
grand que dans les cas des noix des grands cocotiers; mais ceci n'est pas
d'une grande importance et l'on emploie les méthodes et la machinerie
nouvelle à grands rendements.
Le bénéfice par ha fourni par les cocotiers nains de cinq ans peut
actuellement soutenir la comparaison avec celui qui est rapporté par le
caoutchouc, et celui qui plante aujourd'hui doit considérer, pour la prévi-
sion de ses bénéfices, qu'il y a une première période de 5 ans où la planta-
tion ne rapporte pas et que son gain se bcisera sur l'état des marchés dans
cinq ans et au delà.
Le Syslème des Racines du Cocotier
(1)
H.-C. SAMPSON
'Directeur délégué de f Agriculture ^txsore_
Le cocotier étant une monocotyledone n'a pas de racine pivotante et
les racines qui partent du tronc sont toutes à peu près du même diamètre.
Il se forme constamment de nouvelles racines à mesure que l'arbre gran-
dit et pour remplacer les vieilles racines mortes. Ces racines changent de
couleur en vieillissant, mais jusqu'à quel point cette couleur peut être
prise comme indication de Fâge exact de l'arbre, c'est une question qui
doit encore être étudiée. La toute jeune racine est d'un blanc crème, qui
devient tout d'abord orange pâle, puis, avec le temps, d'une couleur plus
foncée, jusqu'à un brun rougeâtre et, finalement, devient presque noire.
Si l'on considère une racine individuelle, les changements de couleur
peuvent être observés depuis l'extrémité de la racine en remontant jusqu'au
tronc, quoique les racines de ce genre soient trop jeunes pour offrir les
teintes les plus foncées.
Dans les terrains rouge foncé formés de terre glaise et de sable qui
constituent le sol des jardins créés pour la culture, la pratique locale est
de planter les jeunes plants au fond de fosses de trois à quatre pieds de
profondeur et même davantage. Ces fosses sont remplies lorsque l'arbre
s'est formé. En examinant ces jeunes arbres, on s'aperçoit que les troncs
se développent au-dessus du niveau auquel le petit plant primitif avait
été planté. Mais ceci n'est pas général. Par exemple, dans les endroits où
les jeunes plants sont plantés sur un terrain surélevé comme c'est le cas
dans la région des lagunes, il est probable que le tronc se développe
d'abord de haut en bas afin d'acquérir une assise solide par les racines. En
tous cas, il est intéressant de remarquer que sur deux arbres qui ont été
examinés, on ne constata aucune racine sur un espace d'un pied à partir
de la surface dans l'un des cas, et sur un espace d'un pied et demi à partir
de la surface dans l'autre cas. Cela veut donc dire que la tige de l'arbre
est enterrée à cette profondeur dans les deux cas.
Cependant, dans les arbres plantés près de la surface, dans les terrains
humides des lagunes, les racines naissent généralement au-dessus du ri-
veau du sol.' Ce fait nous permet de conclure qu'il y a une surface détermi-
née à la base du tronc, capable normalement d'émettre" des racines. Cette
portion du tronc dans les deux arbres examinés mesurait deux pieds et
trois pouces et deux pieds et six pouces dans les deux cas, c'cst-à dire à par-
di {Journal of Mysore Agric. and Expt. Union, vol. I, n* 2).
— 214 —
tir du point oii les racines commençaient à naître au-dessous du sol jus-
qu'au point extrême sur le tronc. Les racines émises par le tronc partout
où elles arrivent près de la surface du sol, se ramifient en nombreuses
radicelles qui forment une masse compacte sur une épaisseur d'un pied du
sol. Ces petites racines se ramifient en un nombre infini de racines secon-
daires qui absorbent l'eau du sol. Ces petites racines n'ont pas de région
pilifère et l'absorption se fait non pas par les poils mais par la surface
tendre de ces racines. Au-dessous d'un pied de profondeur, il est rare
qu'on trouve des radicelles de ce genre, quoique les racines plus profond.^s
se ramifient aussi dans certains cas, par exemple lorsqu'il arrive un acci-
dent aux radicelles; il peut alors se former, derrière l'endroit qui a été
endommagé, un nouveau point d'où partent des racines, et l'on a constaté
deux points d'émission de racines secondaires sur la même racine, ce qui,
dans ce cas, donne deux racines secondaires. L'opinion générale des culti-
vateurs sur la côte' occidentale est que les petites ramifications des racines
qui se trouvent près de la surface du sol ne sont d'aucune utilité à la
plante et, d'après cette présomption, des cultivateurs expérimentés ou-
vrent le sol autour de la bas© de l'arbre, avant le commencement de la sai-
son des pluies, sur un rayon d'environ 4 pieds et souvent même enlèvent
ce sol complètement jusqu'à une profondeur de 6 à 9 pouces; ils ne remet-
tent la terre qu'après la mousson du Sud-Ouest. Ce qu'ils font est appa-
remment dans le but d'élaguer les racines et, par cela même, favoriser le
développement des nouvelles radicelles. Pendant la saison des pluies, ces
nouvelles racines peuvent se développer dans de bonnes conditions et à la
fin de la saison on les recouvre de terre. De cette manière, les racines sont
protégées contre la chaleur du soleil et la sécheresse de la surface du sol
par une épaisse litière de bonne terre. Le but des cultivateurs de cocotiers
est apparemment de vouloir protéger ces petites racines servante la nutri-
tion de la plante en les tenant loin de la surface du sol.
On n'a pas étudié encore assez sérieusement la question de savoir jus-
qu'à quelle distance do l'arbre les racines peuvent s'étendre à travers le
sol. Il est évident cependant, d'après les observations recueillies jusqu'ici,
qu'elles s'étendent à des distances considérables. La plus grande partie des
racines qui naissent du tronc ont une tendance à se diriger de haut en bas
et un grand nombre d'entre elles s'enfoncent même presque verticale-
ment. Mais de nombreux exemples montrent cei>endant que quelques-
unes de ces racines, sinon toutes, remontent plus tard vers la surface, où
elles commencent à se ramifier parfois à de grandes distances de l'arbre
auquel elles appartiennent. La fonction des racines principales serait donc
apparemment de transmcllre la nourriture liquide de la plante depuis les
dernières ramifications jusqu'à l'arbre même. Les extrémités tendres des
racines peuvent également absorber l'eau, sinon ou pourrait difficilement
expliquer comment, pendant la longue période de sécheresse qui s'étend
entre les mois de novembre et de mai et pendant laquelle le plus grand
nombre des noix arrivent à maturité, les arbres peuvent vivre et prospé-
rer. , «
RAPPORT SUR UN VOYAGE
DANS LES RÉGIONS A COCOTIERS
DE L'ÉTAT DE TRAVANCORE
en Décembre 1918^^'*
par H. C. Sampson, B. S. G.
Sous-Directeur d'Agriculture
Je suis arrivé à Alleppey le 5 au soir et le 6 j'ai passé la journée dans
la plantation de M. Baker à Kumarakum. C'est une cocoteraie située sur
les rives du lac de Vembanaad. Les oiJérations d'aménagement consistent
à défricher le palétuvier et toute la végétation sauvage en bordure de l'eau,
à creuser dans la vase des fossés de drainage et à disposer entre eux la
terre ainsi enlevée. Ces fossés sont tous reliés ensemble de telle façon que
l'eau du sol puisse s'écouler. La largeur des fossés et l'intervalle qui les
sépare varient dans les différentes parties de la plantation. Dans les planta-
tions les plus vieilles, les fossés sont très rapprochés les uns des autres; les
arbres plantés au milieu de la bande de terre sont à environ 22 à 24 pieds
de ceux de la bande voisine. Dans les cocoteraies plus jeunes les
fossés et les bandes de terre sont beaucoup plus larges et une
double rangée d'arbres a été plantée sur chaque bande, plus ou moins
en triangles. Ce dernier système semble bien préférable, car la navigation
dans les fossés est facilitée (toute la récolte est faite en bateau), la culture
du sol est plus aisée et il est plus facile de garder les fossés ouverts ce qui
permet un meilleur écoulement de l'eau. Les opérations de culture et de
fumure consistent principalement à entretenir le sol en bon état d'ameu-
blissement et à enrichir la couche dans laquelle les racines de cocotier se
développent.
En saison chaude, l'eau est pompée hors des fossés qui sont curés et ap-
profondis. La boue ainsi retirée est utilisée pour recharger «les bandes de
terre qui naturellement sont ravinées par les fortes pluies de la mousson.
On applique aussi de la chaux vive afin de combattre l'acidité de ces
(1) Madras AoTicultural Department, Year Book, 1919.
— 21G —
sols qui sont naturellement mal drainés et très riches en matières organi-
ques. La surface du sol est retournée aussi chaque année, mais les effets de
cette opération ne sont pas très apparents, car l'herbe se développe très
rapidement sous ces climats humides des Tropiques.
L'expérience de M. B.akcr dans la lutte contre les insectes nuisibles est
intéressante et mériterait une attention spéciale. Comme préservatif contre
le scarabée rhinocéros, M. Baker me fit connaître qu'en plaçant un petit
morceau de tourteau de « Marothi » ou « Maruwathi » à l'aiselle des jeunes
feuilles on empêchait ce scarabée de visiter le cocotier. La fourmi rou^e
dont j'ai déjà parlé dans mon rapport d'octobre est très sérieusement nui-
sible à Travancore; non seulement elle élève les « Mealy bugs >> mais elle
s'attaque à l'homme qui récolte les noix. M. B.\ker emploie de l'eau à
blanchir (white wash) pour les jeunes arbres. Comme il asperge le som-
met de l'arbre, je conclus que le « mealy bug » ne se développe pas aux
endroits touchés et que les fourmis rouges cherchent à établir ailleurs les
colonies de ce parasite.
Le 7, j'ai passé la matinée avec M. Davey, de la Maison Darragh, Smail
et C° qui s'occupe d'une façon fout à fait spéciale de la culture du cocotier.
J'ai visité quelques-uns de ses jardins, situés au sud d'Alleppey, sur un ter-
rain qui semble du sable blanc, stérile, très analogue aux sols sableux
blancs que l'on voit sur la Côte de Malabar et qui visiblement manque aussi
de drainage. Je n'ai pas besoin de décrire davantage l'état de ces jardins et
leurs arbres, puisque cela a déjà été fait par MM. Anstead et M. Rae dans
le YearBook de l'année dernière (i). L'effet remarquable du drainage sur la
santé et la productivité des arbres sautait aux yeux. Il est étonnant de voir
comment ces arbres ont bien poussé, alors que dans certains endroits ils
n'ont pas pu étendre leurs racines à plus de 2 pieds de profondeur. Bien
que peu de différence ait été notée entre le développement végétatif de tels
arbres et celui des cocotiers d'autres parties du domaine où les conditions
de drainage sont meilleures, l'insuffisance de développement des organes
reproducteurs était très marquée et je ne vois pas comment, avec un
volume de terre s.i limité cet état de choses pourrait être amélioré, à moins
que le niveau de l'eau puisse être abaissé de façon permanente. Une ques-
tion qui s'est présentée d'elle-même à moi est celle-ci : le cocotier lui-même
ue tend-il pas par le développement des racines superficielles à rendre le
sol acide ? Le cultivateur indigène enlève ces racines chaque année. Les jar-
dins sont bêchés profondément et la terre laissée en petits tas pendant un
mois ou deux, après quoi le sol est de nouveau nivelé. Souvent ces racines
superficielles sont rassemblées et brûlées sur le terrain. Certainement de
telles racines ne peuvent être d'une grande utilité pour l'arbre une fois la
saison pluvieuse passée, or, c'est pendant les mois secs que la fructifica-
tion a lieu. Un autre point qui se présente de lui-même à l'esprit est le
système de fumure. Jusqu'à quel point le jeune arbre diffère-t-il dans ses
besoins en engrais de l'arbre en pleine production ?
Dans l'après-midi, j'ai visité la cocoteraie du Gouvernement au nord
d'.Mleppoy avec le D' Kunjan Pillai, Directeur d'.\gricult>ire. C'est une
collection des variétés réputées de cocotier de toutes les parties du Travar-
core, comprenant aussi quelques variétés de Ceylan ou d'ailleurs. L'appa-
U) Voir Vullclin des Matières Grasses. 1019. N' 3.
— 217 —
rence du soi est ici très analogue à celle décrite au sujet do ma visite aux
jardins de M. Davey, mais sans couche imperméable maintenant le niveau
de l'eau. La pratique agricole adoptée ici est basée beaucoup plus sur les
méthodes indigènes, bien que celles-ci aient été considérablement perfec-
tionnées; certainement on ne pourrait souhaiter de voir un meilleur déve-
loppement dans une jeune plantation que celui que présentaient ces arbres.
Il est impossible de comparer leur croissance avec celle observée dans les
jardins de M. Davey, les conditions de drainage et de sol étant trop diffé-
rentes. Le niveau de l'eau est ici aussi élevé, mais l'absence de couche im-
perméable facilite le drainage. La principale différence entre la façon dont
est cultivé ce jardin et la pratique indigène réside dans la méthode de
fumure. L'engrais est appliqué dans un large rayon de quelques 6 à 8
pieds au lieu d'être mis juste au pied du tronc. On est heureux d'observer
comme cette amélioration a été largement adoptée dans les jardins avoisi-
nants et aussi quelle grande attention on accorde maintenant à la question
de l'engrais. De là, nous allâmes visiter quelques jardins privés plus au
jiord de la ville, oîi les propriétaires ont adopté les méthodes de culture
^t de fumure du Département, avec des résultats des plus satisfaisants.
Le Département joua le rôle de novateur en plantant ces sols sableux,
et maintenant l'on peut voir de très grandes surfaces de jardins récents très
bien cultivés. Une faute fut commise cependant : ce fut d'espacer les arbres
de 24 pieds seulement. Au moment de la plantation on n'aurait jamais
espéré qu'un développement aussi splendide fut possible sur ces sols sa-
bleux. Je ne fais pas mention de cela dans un esprit de critique puisque le
D' Kunjan Pillai lui-même reconnut son erreur, mais je le note parce que
trop de planteurs de cocotiers sur la Côte occidentale trouvent cette dis-
tance suffisante. Elle l'est peut-être pour des jardins négligés et non fu-
més, mais jamais pour des propriétés soignées et bien fumées : qui j'es-
père, cesseront d'être l'exception.
Dans la même soirée, je partis pour Quilon accompagné de M. Anan-
tarama Ayyar, un des Assistants du Département, et le lendemain, j'allai
voir un jardin qui m'était signalé près de Paravur. J'y allai parce que je
désirai voir la culture du paramba, qui a une si grande importance à Ma-
labar, mais je fus très désappointé car le jardin avait été abandonné et
était en très mauvais état. Ma visite fut instructive cependant, en me mon-
trant combien des soins appropriés et la surveillance sont essentiels si l'on
veut cultiver les cocotiers avec profit.
Retournant vers le Nord en quittant Quilon, je m'arrêtai le même soir
à Kayankulam pour visiter quelques jardins à Pallikal. Les noix d'ici sont
connues dans tout le Travancore. M. Thomas, un des principaux résidents
de l'endroit, qui a créé un commerce de pépiniériste en expédiant des
cocotiers et des noix de semence, accorde une grande attention à la sélec-
tion des graines. Quelques-uns des arbres donnent de très grosses noix et
il a obtenu jusqu'à 1 Ib. de copra par noix. Si l'on se rappelle qu'il faut
1.700 à 1.800 bonnes noix pour un candi de 622 Ib., on peut avoir quelque
idée de la taille de" ces noix. M. Thomas a imaginé une jauge très simple
pour mesurer l'épaisseur de l'enveloppe quand il choisit ses graines de
semence, et il m'en a montré quelques-unes qui mesuraient 36 a 37 pouces
de circonférence et moins d'un pouce d'épaisseur de coque.
De là je retournai à Kayankulam. Autour du bungalow 40 % des
cocotiers souffraient de maladies. On m'a dit que c'était la maladie que
— 218 —
Butler a décrite, il y a quelques années, mais M. Me Rae déclare, d'après
ma description, qu'il s'agissait probablement de la maladie de la feuille
mentionnée dans son article du dernier « Year book ». A Kayankulam, j'ai
remarqué deux choses intéressantes. La première est la charrue locale
pour terres humides, qui est munie d'une pièce démontable en bambou
très analogue à la pointe d'aune charrue anglaise. J'ai aussi pu observer
le cultivateur des terres humides se servant de son « mammotie ». Cet ins-
trument a un long manche de 5 à 6 pieds de long et une lame courte et
forte faisant avec lui un angle de 60^ environ. Plusieurs hommes se tien-
nent sur une même ligne et tous entrent simultanément le mammotie
dans le sol en s'élançant en avant. La terre détachée est rejetée en arrière
à 3 pieds environ. Après qu'un© bande de terre a été ainsi remuée sur
3 pieds, ils se mettent sur une ligne perpendiculaire à leur premier travail
et reviennent sur le même terrain. Cela ressemble beaucoup plus à une
danse de cérémonie qu'à un travail véritable, mais le travail effectué est
très efficace.
De là je retournai à Alleppey et passai une soirée à visiter quelques
jardins de la côte avec le D"" Kunjan Pillai. Je fus surpris de voir comment
même ici où les débris de poisson étaient, l'on aurait pu le croire, suffisam-
ment abondants pour rendre la fumure inutile, les arbres étaient soigneu-
sement fumés avec, soit des cendres, soit des débris de crevette ou de la
jardine.
Je quittai Alleppey le 11 au soir pour retourner à la direction, regret-
tant de ne pouvoir rester plus longtemps, car j'aurais désiré voir encore de
nombreuses choses et avais encore beaucoup à apprendre. Je dois beaucoup
de reconnaissance au Darbar de Travancore et au D' Kunjan Pillai pour
l'aide qu'ils m'ont accordée. Un trait spécial de la culture du cocotier ici
est que toute la plantation est faite à plat au lieu d'être effectuée dans des
trous comme dans de nombreux endroits de Malabar. La seule fois que je
vis pratiquer la plantation par trous — et encore ceux-ci étaient peu pro-
fonds — c'était dans la zone plus sèche au sud de Quilon.
L'Arachide
L'Amélioration de la Culture
de l'Arachide au Sénégal
Nous ne pouvons mieux compléter les travaux du Congrès de la Pro-
duction Coloniale sur l'Arachide qu'en reproduisant ici les études de
M. Auguste Chevauer, Chef de la Missioji Permanente d'Agriculture Colo-
niale et de M. E. Roubaud, Chef de Service à Vlnslitut Pasteur de Paris
rédigées à la suite de leurs missions au Sénégal, en i9i2.
Nous y joignons une note intéressante de M. Vuillet, Inspecteur de
l'Agriculture en A. O. F. sur la sélection des arachides.
Rapport de Mission
de M. Auguste CHEVALIER
Chef de la Mission Permanente d'Agriculture Coloniale
L'arachide constitue, avec le caoutchouc, la plus grande richesse de
l'Afrique Occidentale qui exporte pour environ 50 millions de francs de
graines en coques chaque année. La paille qui est un excellent fourrage,
donne lieu aussi à un commerce intérieur très important.
— 222 —
Le commerce de cette légumineuse fait vivre presque toute la colonie
du Sénégal, qui exporte chaque année de 151.000 tonnes (1907) à 164.008 ton-
nes (1911) d'arachides en coques. La culture s'étend beaucoup chaque année
spécialement le long de la voie ferrée de Thiès à Kayes. Cependant, l'ex-
portation ne s'accroît pas dans les mêmes proportions.
Jusqu'à ces derniers temps, chaque fois qu'une année était déficitaire,
on en attribuait la cause aux conditions climatériques défavorables. Cepen-
dant, dans un rapport daté du 16 mars 1910, nous signalions que « quel-
ques insectes et plusieurs champignons et même des parasites végétaux
plus élevés s'attaquent à l'arachide. Jusqu'à ce jour, ajoutions-nous, la
plante n'a pas eu beaucoup à souffrir de ces maladies, mais on sait, par
d'autres exemples, que les plantes cultivées peuvent brusquement être
dévastées par des organismes qui paraissent tout d'abord inofîensifs. Il
sera donc utile de veiller à ce que les maladies actuellement connues ne se
propagent pas ».
Dès l'année suivante, le commerce se plaignait de la qualité des ara-
chides du Sénégal qui allait en se dépréciant et les indigènes, de leur
côté, assuraient que les rendements diminuaient.
Les Chambres de Commerce du Sénégal en informèrent l'Institut colo-
nial de Marseille, qui voulut bien appeler notre attention sur l'intérêt qu'il
y aurait à entreprendre des études suivies sur ce sujet. Au mois d'avril 1912,
la Chambre de Commerce de Rufisque revenait sur cette question en signa-
lant que, spécialement dans le Cayor, une notable proporlion des arachi-
des avaient leurs amandes rongées par un ver. En outre, elle exprimait
le désir que le Gouvernement local du Sénégal profitât de la présence au
Sénégal du chef de la Mission permanente d'études des cultures et des
jardins d'essais coloniaux pour lui demander de chercher un remède aux
dégâts ainsi causés. Le Service d'agriculture du Sénégal était lui-même
saisi de la question et nous communiquait les renseignements qu'il avait
recueillis. D'après M. Adam, directeur de ce service, le rendement des
arachides dans les régions du Cayor cultivées depuis très longtemps dimi-
nue considérablement, non seulement par suite des dégâts causés par les
insectes, mais aussi pour les causes suivantes :
1° Epuisement du sol; 2° diminution des pluies, conséquence du déboi-
sement; 3° envahissement des sables mobiles dans les régions Nord. — La
région de Louga ne donne plus que des récoltes très médiocres; les graines
sont de petite taille et ne remplissent pas les coques.
Le vent du Nord-Est apporte aussi des sables mobiles qui finissent par
recouvrir le sol et dans lequel les plantes ne peuvent plus pousser ou sont
enterrées.
M. Adam pense que la culture des arachides telle que la pratiquent les
indigènes entraîne la stérilité progressive du Sénégal : 1° parce qu'ils
suppriment les arbres; 2° parce qu'ils appauvrissent le sol sans rien lui
restituer comme engrais ou amendements.
Cependant, aucune culture ne convient mieux au Sénégal dont le cli-
mat sec, aride et très chaud pendant plus de sept mois do l'année, ne se
prête qu'aux cultures annuelles à évolution très rapide. La saison des
pluies, qui dure environ quatre mois et pendant laquelle il tombe, dans les
régions à arachides, de 25 centimètres à 75 centimètres d'eau par an, suffit
au développement de l'arachide. En outre, le sol sablonneux ou argilo-
eablonneux, très fertile, convient admirablement à la plante en question.
— 223 —
Comme cotte légumincuse est surtout exploiléo au Sénégal, dans des
régions très éloignées tl© tout cours d'eau et qui ne pourront jamais ôtre
irriguées, il serait difficile, sinon impossible, de trouver une grande cul-
ture de rapport pouvant lui être substituée.
L'arachide constitue donc un trésor pour le Sénégal, trésor qu'il faut
surveiller et qu'on doit chercher à accroître, ce qui est très possible, puis-
qu'il existe, dans cette colonie, dans les terrains à arachides, des millions
d'hectares encore incultes, et une partie de ces terrains sont traversés ou
vont l'être prochainement par le raihvay de Thiès à Kaycs.
Il est donc de toute nécessité qu'on s'applique à l'étude de cette plante
et qu'on reprenne les expériences commencées jadis et qu'une cause for-
tuite obligea à suspendre.
Des tentatives sérieuses de culture à la charrue furent entreprises
pendant les deux années 1898 et 1899. La fièvre jaune de 1900 les arrêta. En
1905 et en 1906, des essais d'ensemenc-ement d'arachides exotiques prove-
nant d'Egypte, de Mozambique et de Java furent tentés. Ayant été faits
dans des conditions défectueuses, ils ont donné des résultats plus que
médiocres desquels on ne peut tirer aucune conclusion.
Dès WOl, ces recherches étaient interrompues et, depuis, on ne s'est
pour ainsi dire plus occupé d'essais agricoles sur l'arachide.
Nous devons, pour développer cette culture, suivre l'exemple des
principales colonies de la Malaisie qui consacrent à l'étude des végétaux
(Constituant leur richesse des stations expérimentales spécialisées pour
l'étude d'une seule plante (canne à sucre, tabac, thé, hevea, etc.). L'ara-
chide a assez d'importance en Afrique Occidentale française pour que
nous lui consacrions au Sénégal une station analogue.
M. le Gouverneur Général a approuvé le principe de cette création :
des crédits ont été prévus par le Gouvernement local du Sénégal pour son
aménagement et son entretien. Il ne reste plus qu'à l'organiser.
Il me paraît nécessaire d'entrer dans quelques détails sur la manière
dont l'établissement projeté doit être constitué et sur les problèmes que la
nation devra chercher à résoudre.
Le programme de la station expérimentale de l'arachide doit s'éten-
dre à trois branches principales de recherches :
I. — Etude scientifiq'ue de l'arachide au point de vue général ''
a) L'arachide, comme foutes les plantes cultivées, présente un grand
nombre de variétés. On cherchera à se procurer un nombre aussi grand
que possible de variétés locales et de variétés exotiques. Les variétés intro-
duites, tant qu'elles n'auront pas été longtemps éprouvées, seront conser-
vées exclusivement à la station et pour aucun motif les semences ne
devront être mises à la disposition des indigènes, car elles pourraient ame-
ner la dégénérescence des variétés locales. Toutes ces dernièi'es seront
éprouvées avec celles que l'on introduit, et dans les conditions les plus
diverses. *
Chaque variété introduite sera étudiée pendant une assez longue série
d'années : 1° en renouvelant chaque année la semence dans le pays d'ori-
gine; 2° en suivant la descendance de la variété à partir de l'introduction}
3» en hybridant cette variété avec les variétés locales meilleures, de ma-
nière à chercher à obtenir des races nouvelles améliorées suivant l'appli'^
— 224 —
cation de la lui de Mendel. Pour les variétés exotiques, il ne serait pas inu-
tile d'introduire des sacs de terre provenant des sols oii elles sont cultivées
depuis longtemps; on sait, en effet, que les racines des légumineuses
vivent en symbiose avec des microbes parfois différents pour chaque race.
Pour chaque variété, on étudiera l'influence des divers sols de la colo-
nie (il faut pour*ceIa que la station soit installée dans une'région où exis-
tent des terrains variés), l'action des divers engrais; on fera des semis
échelonnés pour déterminer l'époque de culture la plus favorable pour
chaque variété. On déterminera les espacements à adopter entre chaque
plant et la profondeur à laquelle il faut enterrer les graines. On recher-
chera s'il y a intérêt à placer une graine par poquet ou plusieurs. On étu-
diera les façons culturales qui conviennent le mieux en essayant compara-
tivement les outils indigènes et les machines perfectionnées et en faisant
des labours à des profondeurs variables. On recherchera s'il y a intérêt
à faire des cultures intercalaires. On cherchera aussi si les pratiques du
dry-farming sont applicables à l'arachide : labours à la fin de la saison
des pluies en enfouissant les herbes des jachères comme le font déjà cer-
tains indigènes Sérères, jachères cultivées, sarclage répétés et binages
après les pluies avec les outils du pays et avec des outils d'Europe.
On étudiera le rôle des assolements. On recherchera des machines pra-
tiques pour faire l'arrachage et le buttage des plants; on déterminera le
temps pendant lequel on peut laisser les graines en terre après maturité
sans qu'elles s'avarient et sans qu'elles soient attaquées par les insectes.
Enfin, on étudiera tous les animaux et les plantes, qui attaquent l'arachide
en cherchant à les combattre et on essaiera de sélectionner des variétés
plus résistantes.
On étudiera aussi les conditions économiques de la production : prix
de revient de l'hectare depuis le défrichement et le semis jusqu'à la récolte.
Rendement de la récolte en fruits et en paille. Teneur en huile et valeur
de graines des diverses variétés. Valeur fourragère de la paille.
En résumé, on fera une étude rigoureuse de tout ce qui peut être amé-
lioré : semences, instruments, méthodes de culture.
II. — Elude spéciale de l'arachide au point de vue
de la culture indigène
On sait que la production de l'arachide en Afrique est due entière-
ment à la culture indigène et il y a, par conséquent, un intérêt considéra-
ble à l'améliorer. Il faut faire une étude rigoureuse de tout ce qui peut
être amélioré par les indigènes.
a) Ainélioration des semences. — Nous avons vu précédemment com-
ment les semences pouvaient être améliorées par la sélection des races
indigènes ou exotiques. Il serait très utile de pouvoir mettre à la disposi-
tion du cultivateur mdigène ces semences supérieures. En outre des expé-
riences scientifiques, la station devrait donc faire aussi drs plantations
étendues des bonnes variétés pour produire des semences. Ce serait, si l'on
veut, une sorte de grande ferme opérant d'abord sur quelques dizaines
d'hectares, puis étendant progressivement ses cultures, de manière à pou-
voir fournir, à la longue, quelques centaines de tonnes de semence chaque
année, en s'cfforçant naturellement de produire ces arachides dans les
conditions les plus économiques.
— 225 —
On objectera naturellement qu'une telle station, quels que «oient ks
moyens puissants dont elle dispose, n'arrivera à produire qu'une quantité
minime de la semence nécessaire dans loule la colonie. Cela n'est pas dou-
teux. Aussi nous estimons que ces arachides améliorées de première géné-
ration ne seraient pas livrées à tous les producteurs, mais seulement dan.s
chaque région aux cultivateurs indigènes les plus intelligents.' Les récoltes
de ces cultivateurs permettraient d'approvisionner de semences tous les
greniers de prévoyance. On suivrait ainsi une méthode comparable à celle
qui a été adoptée par le Syndicat des brasseiu-s français imposant des
semences qu'il fournit aux cultivateurs pourvoyeurs d'orges de brasserie.
Les champs d'arachides de cultivateurs approvisionnant les greniers de
réscr\'es, seraient fréquemment inspectés par des agents du Service de
l'Agriculture au courant des méthodes dégagées par la station expérimen-
tale.
Enfin, comme les plantes améliorées dégénèrent vite, la station devrait
fournir constamment aux cultivateurs grainetiers de nouvelles semences. Il
est nécessaire, du reste, que les graines destinées aux greniers coopératifs,
soient toujours achetées aussitôt la récolte faite, et après examen d'une
Commission dans laquelle entreraient les cultivateurs du pays les plus
expérimentés.
Les magasins coopératifs fournisseurs de semences sont un des plus
puissants moyens d'amélioration de l'arachide, à condition que ces maga-
sins ne livrent que des semences de très bonne qualité, appropriées à la
région. Il existe déjà un assez grand nombre de Sociétés de prévoyance
ayant ces greniers. Il faut les multiplier et si le prêt de semences est rem-
boursé en nature après la récolte, on vendra au commerce d'exportation
tous les lots ainsi livrés qui ne seront pas de qualité supérieure. Le maga-
sin coopératif sera tenu d'acheter pour la semence les récoltes des cultiva-
teurs grainetiers dont nous avons parlé plus haut.
b) Amélioration des instTumenls de culture. — La houe indigène nom-
mée « hilaire n est le seul instrument agricole employé par les indigè-
nes. C'est un outil bien primitif, mais il est remarquablement approprié
au pays. Il serait toutefois absurde de prétendre qu'on ne pourra pas lui
substituer progressivement des instruments produisant plus de travail. Il
faudra agir pour ces transformations avec une extrême prudence et s'ins-
pirer de ces sages conseils du docteur Willis, directeur des Jardins Bota-
niques de Ceylan : « L'outil local devra être étudié soigneusement et com-
paré à d'autres outils analogues; puis, quand le principe fondamental sur
lequel la forme et l'usage de ces outils reposent aura été clairement
reconnu, on procédera à une modification légère de l'outil local dans le
sens désirable. Cette modification devra être de telle nature qu'elle ne
heurte pas le préjugé des indigènes et qu'il ne s'y rencontre rien qui les
empêche de comprendre le nouvel instrument et de le réparer quand besoin
est. D'autre part, il ne faudra, à aucun prix, que le coût eu soit augmenté,
de façon à gêner le cultivateur. Toute nouvelle transformation de l'outil
devra être essayée en comparaison avec l'ancien outil avant qu'on cherche
à l'introduire ou à le recommander auprès du public ».
M. Adam, directeur de l'agriculture au Sénégal, cherche depuis plu-
sieurs années à fabriquer une sorte de déchaumeuse formée de plusieurs
fers d'hilaire, montés sur un bâti en bois. Cet instrument serait traîné par
un bœuf muni d'un joug de garrot. Il y a le plus grand intérêt à ce que cet
— 226 —
Outil soit expérimenté le plus tôt possible et introduit dans la pratique
s'il y a lieu.
On ne peut espérer que IfS outils nouveaux reconnus pratiques seront
adoptés de suite par tous les cutivateurs. On cherchera tout d'abord à faire
adopter ces méthodes aux cultivateurs aisés constituant l'élite de la société
indigène, c'est-à-dire aux chefs de village et aux notables. Seuls, ils dis-
posent ordinairement de ressources et de troupeaux assez nombreux et
sont en mesure d'étendre leurs moyens d'action.
Quelques-uns pourraient même se procurer des charrues légères recon-
nues appropriées au pays. M. Perrucliot a signalé, en i'j'JO, comme don-
nant de bons résultats au Sénégal, la petite charrue Oliver et l'araire Fon-
deur, dans les sols ayant une certaine cohésioii, enfin les scarificateurs
pourvus de lames vibratrices seraient excellents pour les sols meubles. Il
y a urgence à ce que ces essais soient repris et poursuivis avec méthode et
esprit de suite. Si les résultats sont vraiment satisfaisants, il est certain
qu'il sera aisé de faire adopter les instruments en question à l'élite indigène
du pays et ce serait déjà un résultat appréciable dont on devrait se conten-
ter.
N'oublions pas qu'en France même, les améliorations agricoles décou-
vertes par la science au dix-neuvième siècle sont loin d'avoir été adoptées
par la masse des cultivateurs. Seuls les plus instruits ou les plus fortunés
ont pu en faire l'application immédiate et c'est progressivement que ces
méthodes se sont répandues à travers le pays. Aux colonies, les progrès
iront encore avec plus de lenteur, mais ce n'est nullement une raison pour
ne point agir.
c) Amélioration des procédés de cvUure. — On admet généralement
que l'arachide produit au Sénégal en moyenne 1.000 kilogr. à l'hectare, et
dans les terres les mieux cultivées, 1.200 à 1.500 kilogr. au maximum.
Nous sommes très loin des rendements obtenus par les peuples de raco
blanche dans d'autres pays.
A Java et en Floride, par exemple, on aurait obtenu jusqu'à 3.000 à
4.000 kilogr. à l'hectare.
Il n'est point douteux que les procédés de culture indigène peuvent
être l'objet d'améliorations innombrables, mais ces améliorations exigent
aussi des études rigoureuses. L'expérience de nombreuses générations a
déjà appris à l'indigène des procédés dont l'utilité peut nous échapper,
mais qui ont leur raison d'être. Ce n'est qu'après avoir pratiqué pendant
plusieurs années à la station et non chez l'indigène des essais scrupuleux
et obtenu des résultats décisifs qu'on pourra demander aux indigènes
d'effectuer des modifications dans leurs procédés de culture. Les questions
relatives aux labours profonds ou superficiels, aux jachères, à l'éco' uage,
aux fumures, aux rotations de cultures, aux sarclages et aux binages,
devront être l'objet de recherches incessantes.
A ce propos, il convient de faire remarquer qu'il serait fâcheux que la
station s'occupât exclusivement de l'arachide. Elle devra acce.«soi rement
faire des expériences pour toutes les cultures appropriées au climat et au
sol du Sénégal et qui peuvent être combinées avec celle de l'arachide, soit
en culture rotative, soit en culture intercalaire (plantes à fibre, sésame,
tabac, sorgho).
Elle devra rechercher l'intérêt qu'il y a à maintenir et même à planter
quelques arbres à trav.?rs les champs d'arachides, ainsi que le pratiquent
— 527 —
les noirs. Elle devra rcchorch.-r aussi l'écarlement qu'il faut donner à ces
arbres et les essences qui sunl les plus utiles et les plus appropriées au
pays.
Avant de vouloir faire pénétrer chez rindigenc des arbres exotique?,
on cherchera à conserver et à multiplier des arbres répandus dans le pays
et élevés par lc3 noirs à l'état de têtards à travers les champs, soit à cause
du parti qu'en tire l'indigène pour lui (baobab, rônier,. tamarinier, arbres
fruiliers, tels que le Bcrr, arbres à fibres tels que le Dondol à kapok) soit
surtout comme producteurs de brindilles fourragères, utilisables en saison
sèche (divers acacias et ficus et une quinzaine d'autres essences dont l'énu-
niération serait trop longue). Il faudra rechercher aussi les végétaux qui
peuvent être utilisés co.mme brise-vents ou employés pour faire des haies
vives délimitant les champs d'arachides et ks autres cultures. Enfin, la
station devra s'occuper d'élevage pour avoir des animaux de trait et 'des
producteurs d'engrais, et le troupeau entraînera nécessairement l'étude
expérimentale de la question si importante des fourrages.
Il faudra que toutes les cultures dont nous venons de parler s'enchaî-
nent et se subordonnent en quelque sorte à la culture de l'arachide. On ne
perdra jamais de vue que le but essentiel que l'on poursuit est l'améliora-
tion de cette légumineuse et l'extension de sa culture, aucune autre plante
tropicale ne paraissant plus apte pour le moment à former la base de l'agri-
culture indigène au Sénégal.
Tant que des méthodes plus perfectionnées et plus rémunératrices que
celles employées par les indigènes n'auront pas été dégagées pour une cul-
ture que tous les Sénégalais connaissent déjà parfaitement, il n'y a pas lieu
de créer près de la station une école professionnelle. Cette création pourra
toutefois être envisagée plus tard lorsque des résultats décisifs auront été
obtenus.
Cependant, dès son début, la station effectuant des cultures sur une
grande échelle devra employer de nombreux manœuvres qui seront recrutés
dans les diverses parties de la colonie. Ces travailleurs indigènes seront
initiés à la connaissance pratique des procédés de culture introduits par
l'Européen (et notanxnent aux procédés qui permettent de lutter contre la
6échere£se)et au maniement des instruments agricoles, à l'élevage et à
lulilisalion des animaux domestiques, à l'emploi des fumures, aux moyens
de lutte contre les maladies et les animaux nuisibles.
Les meilleurs ouvriers indigènes pourront devenir de bons contremaî-
tres et certains pourront être envoyés dans les cercles ou même dans d'au-
tres colonies françaises comme moniteurs pour la culture de l'arachide.
Les chefs et les notables des villages où se pratique la culture de l'ara-
chide en grand pourront être invités à venir visiter à certaines périodes les
travaux de la station. Il en sera de même pour les élèves des écoles primai-
res de la colonie.
d) Améliorations d'ordre administratif. — Nous signalons sous ce
titre un certain nombre d'améliorations propres à développer la produc-
tion de l'arachide, mais qui ne sont pas du ressort de la future station.
Ces améliorations sont les suivantes :
1) Création de la petite propriété indigène inaliénable dans la mesure
où cela est possible actuellement.
2) Creusement de puits dans les régions non encore culti^éc3 et établis-
—^28 —
semenl des pistes permettant l'accès de ces régions aux gares les plus pro-
ches.
3) Encouragements aux émigrants indigènes provenant des régions sur-
peuplées de l'Afrique Occidentale française comme le Mossi et le Fouta-
Djalon et venant se fixer dans les régions du Sénégal non encore peuplées.
4) Assurer des débouchés aux produits autres que l'arachide suscepti-
bles d'être fournis par les mêmes régions (sorgho, kapok, i^roduits de l'éle-
vage).
5) Extension des magasins coopératifs de semences. Création de socié-
tés indigènes de créait coopératif ou de sociétés pour l'achat en commun
d animaux de trait, de chars pour le transport des récoltes, d'outils agrico-
les, etc.
G) Etablir un système de récompenses pour les cultures indigènes les
mieux tenues, en veillant que les récompenses aillent aux véritables bons
cultivateurs et non aux chefs et notables influents. Les jurys compien-
draient une majorité de notables primés les années précédentes.
7) On a voulu, dans ces dernièr-e>s années, obliger les indigènes à faire
la récolte des arachides à une cato fixée par l'administration. Une telle
mélhode n'est pas applicable au pays, en raison de l'instabilité des pluies.
L'indigène est obligé de faire, souvent dans le même champ, des
semis échelonnés qui mûrissent à des dates qui peuvent s'échelonner aussi
sur une durée d'un mois au moins (du 15 octobre au 15 novembre dans le
Sirie-Salouni). Ce genre de semis est nécessaire pendant les années sèches
pour obtenir une récolte moyenne.
III. — Etude spéciale de l'arachide au point de vue
de la culture par les Européens
Les essais poursuivis à Dar-Salam, près Kayes, par la Société agricole
et industrielle des textiles africains, qui possède une plantation de 300 hec-
tares de sisal et qui ensemence tous les ans depuis plusieurs années des ara-
chides entre les rangs de sisal comme culture intercalaire, semblent
démontrer que l'arachide cultivée rationnellement par des Européens expé-
rimentés, employant la charrue et suivant des méthodes inspirées plus ou
moins par le dry-farviing, peut donner des rendements rémunérateurs. Le
directeur de la plantation couvre, en effet, tous les frais d'entretien et a'ex-
tension de la plantation de sisal par la récolte des arachides.
J'ai pu me rendre compte moi-même sur place, en septembre 1910 et
en juin 1912, des résultats remarquables obtenus à Dar-Salam.
Ce qu'un particulier fait, l'Administration a le devoir de l'expérimenter
pour approfondir cette question de la culture de l'arachide par l'Européen
employant des méthodes scientifiques.
Il existe, dians l'arrière pays du Sénégal, dos millions d'hectares de
terrains vierges favorables à la culture de l'arachide, mais, pour en tirer
profit, il est nécessaire que l'Européen emploie des méthodes plus perfec-
tionnées que l'indigène. Il faut, par exemple, qu'il supplée à la pauvreté
et à la cherté de la main-d'ccuvre par le labourage avec des animaux ou
môme peut-être par des charrues à moteur. Le binage, l'arrachage et le bat-
tage devraient aussi être faits mécaniquement. On sait que de toiles mé-
thodes sont déjà employées avec succès pour la culture des arachides dans
certaines régions des Etats-Unis. Il e.st important de rechercher si d^ îels
— 229 —
procédés peuvent être employés au Sénégal; dans l'affirmative, il pourrait
en résulter un grand accroissement de la production. D'autre part, les
entreprises européennes, en incitant l'indigène à ijerfectionner lui-môme
ses méthodes, ..raient un puissant moyen de progrès pour l'agriculture
locale.
Mais, avant d'engager les colons dans cette voie, il est essentiel que la
station expérimentale se livre à des essais en grand et les poursuive avec
méthode, pendant plusieurs années successives, en employant les machines
agricoles et les outils qui paraîtront se prêter le mieux au pays cA économi-
ser le plus de main-d'œuvre. Ce qu'il importe surtout de connaître, c'est lo
prix de revient des arachides obtenues par ces procédés. Tous les efforts
du directeur de la station devront tendre à abaisser le prix de revient des
produits tout en augmentant les rendements. Cette question est d'une
imjwrtance primordiale au point de vue de la colonisation. Il faudra donc
^tenir une comptabilité détaillée de toutes les dépenses et recettes pour les
essais de culture européenne. Celte comptabilité serait portée à la connais-
sance du public. Il en serait de même des méthodes de culture. Les colons
seraient ainsi mis en possession de documents d'une exactiiude indiscuta-
ble; ils seraieni, s,utorisés, du reste, à suivre comme stagiaires les travaux
de la station.
Cette culture en grand par des procédés mécaniques économisant beau-
coup de main-d'œuvre aurait une autre utilité. Elle produirait chaque
année une quantité élevée de semences pures aussi améliorées que possi-
ble, semences qui seraient cédées aux cultivateurs fournisseurs des greniers
coopératifs dont nous avons parlé plus haut.
Pour montrer l'intérêt pratique que présentent de telles recherches, il
est bon de dire que, dans les régions les plus favorisées du Sénégal, le cul-
tivateur noir obtient les bonnes années i.OOO à 1.500 kilogr. d'arachides à
l'hectare, alors qu'aux Etats-Unis, par la culture intensive, la même plante
peut rendre 3.500 à 4.500 kilogr. de gousses dans la môme surface.
IV. — Les maladies et les ennemis de tarachide
Il y a peu de temps encore, l'arachide était considérée comme une
plante e.xempte de maladies. Dans ces dernières années, on a constaté
l'existence de plusieurs parasites végétaux et celle d'insectes attaquant les
diverses parties de la plante. Les dégâts qui en résultent au Sénégal s'élè-
vent à plusieurs millions de francs par an.
Au Fouta-Djalon, j'ai constaté l'envahissement d'un champ d'arachides
par une scrophulariée à fleurs jawnes, l'Alectra arachidis A. Chev., qui n'est
probablement qu'une variété de l'A. Senegalensis et vit à l'état parasite sur
les racines. La plante-support est atrophiée et produit peu de graines.
Une autre scrophulariée, striga orobranchoïdes, que nous avons ren-
contrée dans la vallée du Moyen-Nieer sur le dolique de Chine qu'elle
épuise, pourrait se rencontrer aussi sur l'arachide, bien que nous ne l'y
ayons pas observée.
Au Sénégal, les feuilles de l'arachide sont souvent parasitées par un
champignon qui forme des taches noires sur les folioles qu'il finit par faire
tomber. 11 semble devenir plus abondant les années pluvieuses et c'est alors
seulement que la plante souffre. Cette maladie n'a pas encore été l'objet
d'études.
— 230 —
En Afrique Occidunlale Française l'arachide a surtout à souffrir d»3
insectes.
En 1011, ils ont causé des ravages allant jusqu'à 22 % de la récolte du
Cayor. II est donc urgent de déterminer d'une manière précise les cause.i
de ces ravages et de rechercher les moyens de les arrêter. En avril et en
novembre 1912, nous avons examiné cette question sur place; le Service
d'agriculture du Sénégal s'en est occupé de son côté et nous consignons ci-
après les résultats de ses investigations.
a) Insectes attaquant les arachides récoltée?. — Après leur récolte, les
arachides sont conservées en tas, soit à l'air libre, soit en magasin. Ce
n'est qu'au moment de leur expédition en Europe qu'elles sont emballées
dans des sacs.
Durant les quelques mois qui s'écoulent entre la récolte et l'embarque-
ment plusieurs insectes commettent des déprédations plus ou moins gran-
des. En quelques centres du Sénégal, à Saint-Louis principalement, les ma-
gasins à arachides sont env.ahis par une espèce de Lépisme connu sous le
nom vulgaire de ravet. Cet insecte ne se nourrit habituellement que de cel-
lulose. Il est donc douteux qu'il attaque la graine, mais son abondance en
certaines vieilles maisons est telle qu'il peut envahir les magasins et les
bureaux, s'attaquant aux papiers, aux tissus, et causant ainsi de très sé-
rieux préjudices.
Avec les arachides séchées, on trouve aussi généralement deux petits
coléoptères dont nous avons confié la détermination à M. Lesne, assistant
du Laboratoire d'entomologie du Muséum. L'un est un Ténébrionide, le
Trilobium confusum Desv.; l'autre, un Cucujide, le Silvanus merc.ator
Fauv. Tous les deux sont des insectes cosmopolites vivant dans les matiè-
res végétales sèches des régions tropicales. Ils n'occasionnent pas de dégâts
appréciables.
D'autre part, le Service d'Agriculture du Sénégal a attiré l'attention STir
\\n microlépidoptère, le Plodia interpunctetla (déterminé par M. A. Vu'î-
let, de la Station entomologique du Ministère de l'agriculture, à Paris). La
chenille vit à l'intérieur des gousses dont elle dévore les graines. On pense
qu'elle ne se rencontre que dans des gousses préalablement endommagées
ou perforées par les termites. La même espèce a été signalée aux Etats-Unis.
Nous avons enfin recueilli, dans la région de Kaolack (Sénégal), une
punaise actuellement à l'étude qui, au dire des indigènes, cause de grands
dégâts; aussitôt après la récolle, elle envahit les tas d'arachides et avec sa
trompe elle aspirerait l'huile contenue dans l'amande. M. Roubaud, chef
de service à l'Institut Pasteur, chargé de mission en Afrique Occidentale
française, qui s'est occupé de la question, rattache cette punaise au genre
Dysdercus.
Pour mettre les arachides à l'abri des ravages de ces insocles, im pro-
cédé efficace consiste à conserver les graines, en attendant leur euibarque-
n;enl, dans des locaux que l'on soumettrait périodiquement h une désin-
fection, soit par le gaz Clayton, soit par d'autres gaz toxiques, tels que le
sulfure de carbone ou les vapeurs d'acide cyanhydrique.
Il serait nécessaire de faire des expériences préalables pour délerminer
si ces gaz n'altèrent pas la qualité des arachides.
Un autre procédé consiste à rechercher et i\ répandre les insectes para-
sites qui introduisent leurs neufs dans le corps des insectes n\iisible^ et
dont les larves vivent à l'intérieur de l'insecte contaminé et le détruisent,
— 231 —
Parmi les insectes que nous avions trouvés en 1012 dans l'in'^rieur des
coques d'arachides avariés, M. Lesne a précisément reconnu un hyménop-
tcre cntomophage actuellement à l'élude.
Nous ignorons encore si cet hyménoptère est parasite de la chenille de
Plodia ou dun autre ennemi de l'arachide. C'est un point qui sera intéres-
sant à élucider.
b) Insectes atlaqvant les arachides au cours de leur régétalion. — C'est
pendant que les arachides sont encore en végétation qu'elles sont surtout
attaquées par des insectes causant alors de très grands dégâts. Nous' avons
examiné, en avril 1912, des arachides de la récolte 1911 qui avaient 20 à
22 % de leurs gousses perforées et en grande partie vides. A Kaolack, en
novembre 1912, des gousses fraîchement récoltées avaient 10 % de leurs
gousses avariées.
Il n'a pas encore été possible d'établir, d'une manière certaine, la cause
initiale de c-ette déprédation. Deux espèces de termites se rencontrent géné-
ralement à l'intérieur des gousses ainsi attaquées et y causent de très sé-
rieux préjudices, remplissant la gousse de terre et fréquemment détrui-
sant complètement l'amande. Mais nous ignorons si ces termites s'attaquent
aux plantes saines ou s'ils envahissent seulement les gousses dont d'autres
insectes ont déjà commencé l'attaque. Quelques cultivateurs indigènes du
Sine-Saloum nous ont assuré que cette dernière hypothèse seule répondait
à la réalité.
Dans un champ d'arachides situé près du poste de Kaolack, ils nous
ont fait recueillir au lever du jour {car dans la journée ces insectes dispa-
raissent en s'enfouissant dans le sol) de petits coléoptères au corps roux
de deux à trois millimètres de long à peine. M. A. Vuillet les a reconnus
comme appartenant au genre Scydmaenus. Nous avons rencontré ces insec-
tes adultes à l'intérieur de jeunes coques fraîches perforées depuis peu de
temps; nous en avons observé aussi à la surface d'une gousse non encore
perforée mais superficiellement attaquée dans un point; deux de ces insec-
tes vivants étaient fixés sur la gouttelette de sève qui exsudait de la blessure.
Dès qu'on déterre les arachides sur lesquelles ils vivent, les Scydmaenus
s'enfuient avec une grande rapidité à travers le sol sablonneux. Les indi-
gènes affirment que ce petit insecte vit dans le sol et ne cause pas de dégâts
lorsque la terre est humide, mais, dès que sun'ienl une longue période de
sécheresse, il s'enfonce profondément dans le sol, et sous l'action de la fraî-
cheur de la nuit, il remonte près de la surface et s'attaque aux jeunes ara-
chides pour en faire exhiber une gouttelette d'eau. La blessure qu'il fait
est très petite et par elle-même n'est pas nuisible aux arachides, mais, —
toujours aux dires des indigènes, — les termites qui pullulent habituelle-
ment dans le sol inten-iennent alors et, à l'endroit précis où est la blessure,
ils creusent un trou de 2 milimètres de diamètre par lequel ils pénètrent à
l'intérieur de la gousse.
Le rapport du Service de l'Agriculture du Sénégal, auquel nous avons
fait allusion plus haut, s'exprim.e d'une façon précise sur l'aspect des
dégâts :
« Le trou est presque constamment situé dans la dépression que sur-
monte le bec de la gousse. La plupart des gousses atteintes ont acquis
leur dimension définitive. Cependant quelques-iines sont encore en pleine
période de croissance et, dans c€ cas, la prolification cellulaire détermine
autour de la perforation la formation d'un bourrelet ».
— 232 —
A rintérieur de la gousse, la graine sous-jacente à la perforation est
parfois creusée d'un commencement de galerie, parfois presque entièrement
dévorée et remplacée par un large alvéole; parfois enfin les graines encore
petites ne sont pas entamée?; c'est la pulpe remplissant la plus grande par-
tie dj9 la cavité qui a sevde disparu.
A l'intérieur de la plupart des gousses attaquées et perforées on trouve,
surtout pendant la nuit, des termites vivants environnés de terre humide
que ces insectes ont introduit en dedans du fruit et qui remplit toute la
cavité. Parfois, les termites se remarquent seulement à l'extérieur, la per-
foration de la coque n'étant pas complète.
De ces observations, M. Azemard, auteur du rapport cité, conclut que
les perforations sont l'œuvre exclusive des termites.
Des constatations que nous avons faites à Kaolack ne nous permettent
pas d'être aussi affirmatifs. Que les termites soient les auteurs des dégâts,
il n'y a aucun doute à cet égard. Que les perforations des arachides atta-
quées aient été faites de dehors en dedans, cela est également certain. Mais
il me paraît très probable que les termites n'interviennent que lorsqu'une
lésion, pWis ou moins légère, a déjà endommagé la surface extérieure de la
geusse. Le Scydmaenus est-il la cause et la cause exclusive de ces lésions
qui attirent les ternaitcs ? Des recherches attentives permettront seules
d'élucider ce problème.
Quant aux termites attaquant les arachides, nous avons constaté, à
Kaolack qu'il en existait deux espèces.
La plus commune est nommée « Makh » ou « Thiorokh » en wolof.
C'est l'espèce si fréquente dans le sol de toute l'Afrique Occidentale et s'at-
taquant à la plupart des plantes présentant des lésions ou en état de moin-
dre résistance. Les indigènes assurent qu'il y a des sols qui en sont cons-
tamment indemnes; dans les autres les termites font surtout des dégâts
pendant les années pluvieuses. Une seconde espèce de termites obsers'ée à
Kaolack a le corps roussâtre, beaucoup plus grêle; elle causerait les dégâts
les plus élevés et s'attaquerait spécialement à l'arachide.
Dans certaines gousses d'arachides fraîchement perforées, nous avons
trouvé une petite fourmi noire mais nous ignorons si elle commet des
dégâts. Par la perforation que nous avons signalée il s'établit un va-et-
vient des fourmis et des termites vers l'intérieur eie la racine dont le péri-
carpe continue souvent à s'accroître, les graines demeurant rudimenfairesou
étant en partie dévorées. On observe parfois des cochenilles sur la face in-
terne de la gousse apportées probablement par les fourmis, le jilus souvent,
la cavité de la gousse est remplie de si 1 île introduit sûrement par les ter-
mites; enfin, fréquen)ment, on observe sur la paroi interne du péricarpe un
fin feutrage velouté qui paraît n'être autre chose que le mycélium de cham-
pignon qui tapisse l'intérieur des galeries des (ermites.
Les cas que nous venons de citer montrent que l'arachide devient par-
fois nue plante mynnécophile, mais c'est une mvrmécophyle spéciale,
puisqu'elle entraîne la stérilité des fruits atteints. I^es itLsectes sont seuls
à profiter de celte association.
IjCs fruits de l'arachide no sont pas les seules parties de la plante qui
ont à subir les ravages des termites. Dans un champ, il Kaolack, nous avons
constaté (;ue un pour cent des plants parvenus au dernier stade do leur
croissance, mais à graines non encore mûres, se desséchaient brusouement
Bur place. En les examinant, nous avons constaté que les racines principales
— 233 —
et parfois aussi les bases des tijjes élaionl complùttMiieiit évidéos et remplies
à l'intérieur de terre et de termites.
Dans ce cas encore on peut se demander si les termites ont été la cause
initiale des dégâts ou si, plutôt, ils ne sont survenus qu'après l'intervention
d'autres organismes.
On voit combien de problèmes complexes soulève la question des mala-
dies de l'aracbide. Un entomologiste seul peut les résoudre par de minu-
tieuses recherches sur place. La détermination spécifique des espèces cau-
sant des dommages a peu d'importance.
Il est, au contraire, essentiel d'étudier la biologie de ces animaux de
manière à découvrir le moyen de les combattre.
Conclusions
De l'exposé que nous venons de faire des méthodes qui pouri-aient
être employées pour développer et étendre la culture de l'arachide, il ré-
sulte :
1» La nécessité de créer au plus vite sur un emplacement dont le choix
aura été déterminé par une prospection minutieuse préalable, une station
expérimentale de l'arachide qui ne devra, pour aucun motif, par la suite,
ni être abandonnée, ni être déplacée.
Elle étudiera tous les problèmes soulevés, fera ses expériences sur une
grande échelle et tout à fait en dehors des plantations des indigènes, ces
derniers ne devant être renseignés que quand nous aurons obtenu des résul-
tats pratiques.
Le crédit annuel de 30.000 francs prévu au budget du Sénégal pour
1913 devra être étendu par la suite, si l'on veut produire en grand les
semences améliorées. On ne devra pas perdre de vue que l'étude de l'ara-
chide sera le but essentiel de la station.
Un agent du cadre du Service de l'Agriculture du Sénégal a déjà été
chargé de s'occuper exclusivement de l'arachide en 1913. Deux agents au
moins devront être attachés à cette question, de manière à pouvoir se sup-
pléer. Il est très désirable qu'ils se spécialisent sur l'arachide et que, pen-
dant toute leur carrière, ils restent attachés à la même station, y obtienant
de l'avancement d'après les résultats auxquels ils seront arrivés.
Un rapport annuel renseignera le département sur les résultats obte-
nus pendant l'année précédente, de manière que les expériences puissent
être coordonnées. Une publicité aussi étendue que possible sera donnée aux
résultats pratiques et l'administration locale s'attachera, d'après les rensei-
gnements fournis par la station, à obtenir des indigènes les améliorations
reconnues réalisables.
2° Une mission technique temporaire doit être constituée le plus vite
possible pour aller étudier les maladies de l'arachide et chercher les moyens
d'arrêter leur extension.
Pour cette mission, un crédit de 6.000 francs a été prévu, croyons-
nous, au budget de 1913 du Gouvernement général de l'Afrique Occidentale
française.
Cette mission serait confiée à un spécialiste qualifié de l'entomologie
coloniale et, comme les cadres de l'agriculture coloniale, ne comprennent
pas encore de spécialistes des épiphyties, il serait indispensable de faire
appel à la compétence d'un savant de la métropole.
— 234 —
L'un d'eux, chef de service à l'Institut Pasteur a déjj été pressenti
et il est nécessaire que la mission à lui confier soit constituée dans le plus
bref délai, afin qu'il soit sur place pendant les mois d'août, septembre et
octobre 1913, seule époque favorable pour ces recherches. Sinon, ces étu-
des seraient reculées d'une année et plus on attendra pour entreprendre
cette enquête,' plus le mal peut faire des progrès. Un rapport préliminaire
sera remis au Gouverneur général de l'Afrique Occidentale française dès
que les travaux sur place auront pris fin. Un second rapport plus étendu
sera rédigé après retour de ce spécialiste en France et envoyé au Gouver-
neur Général de l'Afrique Occidentale française avant la période d'ense-
jncncement 191-i. Les duplicatas de ces rapports seront remis à la Mission
permanente d'agriculture coloniale.
Paris, le 29 mars 1913.
Le Cltef de la Mission permanente,
A. Chevalier.
La Lutte
Contre les Insectes attaquant les Arachides '*'
par Emile RQ-U-BA-UT)
Chargé de CMissioii
Chef (Je Service â l'Institut Pasteur
L — Les cultures. — Actions des insectes et de la sécheresse
L'arachide est cultivée comme plante vivrière dans la majeure partie
du Sénégal, mais la véritable zone des cultures d'arachides s'étend princi-
palement dans la région côtière, de la Gambie à l'embouchure du fleuve,
sur une largeur moyenne d'une centaine de kilomètres. Le parcours de la
voie ferrée de Dakar à Saint-Louis jalonne les régions de grande produc-
tion, le Cayor et le Uiambour. Vers l'Est, l'éloignement de la voie ferrée et
l'existence de la zone subdésertique du Ferlo ont limité son extension.
Le long du Sénégal, de I3;Uiel à Dagana, la culture n'existe encore qu'en
îlots dans les cercles de Bakol et de Malam. Dans le Sud, devenue très flo-
rissante dans les provinces du Baol, du Sine et du Saloum, sous l'impul-
sion donnée par la création de la voie du Thiès-Kayes, elle est restée jus-
qu'ici stationnaire dans les provinces plus éloignées qui confinent au cours
de la Gambie. On la retrouve enfin sous un aspect très favorable en Casa-
mance, où elle est en voie de progrès continu, particulièrement dans l'ar-
rièro-pays. Les graines de cette provenance, quoique moins estimées que
celles du Cayor et de Rufisque, sont cependant d'un rendement satisfaisant.
(1) E.\tralt dos Annales de Giooraphtc, tome XXVIl 1913.
— 235
Les terrains do culhiro des arachides sont, en iiuijoure partie de
nature sablonneuse dans la zone de grande production, qui s'étend du Sine
et du Baol au Gandiolé. Dans les provinces du Sud, au contraire Targile
domu.e. Les façons aratoires données par l'indigène, fout en restant natu-
rellement toujours des plus simples, sont appropriées à la nature du ter-
ram. Dans le sable pur du Cayor, du Diambour, etc., l'instrument de cul-
ture fondamental (hilaire) est une sorte do ràtissoire en fer à cheval avec
lecjuol le cultivateur ameublit légèrement la surface du sol. Dans les terres
argileuses, une sorte de pioche (daba, doukoto) sert à préparer le terrain,
à le façonner parfois en sillons ou en buttes, comme dans les cultures eu-
ropéennes.
Mais c'est le plus souvent après un travail rudimentaire du sol que la
graine est mise en terre dès les premières chutes d'eau, au début de juil-
let. Pour la majorité des zones de culture, la durée de l'hivernage n'excède
pas trois mois (1), de juillet à octobre, au cours desquels il tombe de "5
a 50 centim. d'eau en moyenne. Cette quantité doit suffire h la plante pour
accomplir intégralement le cycle de sa végétation. Au bout d'une trentaine
de jours, le^ fleurs apparaissent, mais la fructification a lieu dans le sol
ovaire se recourbant et pénétrant dans la terre après la fécondation. Dans
les terrains sablonneux des cultures du Nord, déjà en fin d'octobre les
gousses sont mûres et prêtes à la récolte. Les indigènes procèdent alors à
1 arrachage des plants, qui sont agencés en meules pour être soumis à la
d?s=iccation. Puis, par le battage, les gousses sont séparées de la tige et
livrées au commerce, tandis que la paille sert à Talimentation du bétail.
Pendant sa courte végétation, dans le sable surchauffé où la tempéra-
ture en surface dépas?e 50° C, la plante siibit les atteintes d'insectes rava-
geurs variés. Mais sa vigueur naturelle, si les conditions climatiques res-
tent favorables, lui permet de résister aux dommages et de compenser le.<?
degats produits. Les graines sénégalaises sont, en effet, des graines rusti-
ques, douées d'une résistence extrême et merveilleusement adaptées au
climat et aux conditions de culture du pays (2).
Parmi les ravageurs d'arachides, il en est un, cependant, dont les dépré-
dations, à vrai dire peu importantes par elles-mêmes au début, peuvent
avoir toutefois des conséquences redoutables pour la conservation des ?rai-
nes, au cours de l'emmasrasinage. Il s'agit d'un petit termite, ÏEvtermes
Varvvlm, Sjost., qui est très répandu dans tous les terrains de culture
sablonneux de l'Afrique Occidentele. Ce termite vit en profondeur, sans
édifier de termitières apparentes; mais il pousse ses colonnes en surface
pour faire disparaître les débris végétaux, racines ou tiges pourries, dont
il se nourrit.
La présence des termites passe à peu près inaperçue dans les lougans
jusqua ce que les fruits des arachides arrivent à l'époque de leur matu-
rité. A ce moment, mais avant cependant que la coque des gousses ne se
soit complètement durcie et desséchée, le parasite la perfore d'un petit
orifice ovalaire, de 1-- à peine. Par cet orifice, constamment situé à un
rieure^àTroi^ mofs!"^"" " "'"'''* ^" ^'"^^^"^^ e* la durée de rhivemage est supé-
/iltl*i"i'^ cherché, dans ces dernières années, à importer au Sénégal des eralnes
en géS' n'oift7r»"nMp''r '''^""^'•' (Birmanie; ChinI, Inde "ta)." m^alscls" sais
eu gênerai, n ont fait que faire ressortir la précieuse qualité des graines ladigènes.
— 236 —
point de moindres résistance, au bec de la gousse, le termite atteint l'amande
et en détermine le flétrissement.
Les graines ainsi perforées sont loin d'avoir perdu toute valeur com-
merciale au début; mais la piqiire est redoutable, non seulement en raison
de la dépréciation qu'elle imprime aux gousses atteintes, mais surtout
parce qu'elle ouvre les voies à nombre de ravageurs étrangers. En effet, la
perforation produite par le termite est une porte ouverte qui permet l'accès
de toute une série de parasites pendant le temps parfois fort long où les
stocks restent entreposés dans les magasins. Les dégâts produits par le ter-
mite perceur de gousses peuvent, dans certaines cultures, affecter jusqu'à
CO à 80 % des gousses. On peut constater leur présence à peu près dans tou-
tes les terres sablonneuses productrices d'arachides, au Sénégal; mais ce
sont surtout les cercles du nord de la voie ferrée (région de Louga princi-
palement) qui ont le plus à souffrir du parasite.
Or, des observations que j'ai pu faire il résulte que le termite atta-
que les graines exclusivement pour se procurer à leurs dépens l'eau qui
lui est nécessaire; les dégâts qu'il commet, en effet, sont d'autant plus accu-
sés que la sécheresse an sol est plus grande. Bien qu'il soit répandu dans la
plupart des terrains de culture du Sénégal, l'insecte, en faits n'exerce de
déprédations appréciables que dans les régions exposées à une sécheresse
précoce, où le manque d'eau commence à se faire sentir vers la fin de
septembre. Lorsque les graines parviennent à maturité complète, dans un
sol qui renferme encore à la fin d'octobre une certaine humidité, le termite
ne les attaque pas, ou bien les dégâts produits restent insignifiants.
La maladie provoquée par les termites n'est certainement pas nouvelle
au Sénégal. Dans certaines réglons très anciennement cultivées (N'Guick,
Gandiolé, etc.), les indigènes sont depuis longtemps fixés sur les causes des
déprédations constatées. Mais, d'autre part, tout semble indiquer que les
graines du Sénégal subissent, depuis une dizaine d'années, une diminution
de rendement continue, qui marche parallèlement avec une baisse progres-
sive des quantités d'eau tombées pendant le cours de l'hivernage. Ainsi, les
graines du Cayor-Rufisque qui, en 1908, fournissaient un rendement moyen
de 31 à 32 %, ne donnent plus, en 1910, respectivement que 28,5 à 30,5 % et
en 1912, 26,9 à 30,1 %, soit une diminution d'un dixième à quatre ans d'in-
tervalle.
D'autre part, en ce qui concerne les quantités d'eau tombées pendant le
même temps, les statistiques font ressortir également une baisse continue
depuis 1909. En prenant la moyenne des chiffres fournis pour l'ensemble
des deux localités de Dakar et de Saint-Louis, on obtient, en effet, les don-
nées suivantes :
1909 SGS-^^.S
1910 395-"'",3
1911 311"'"',3
1912 552°"",9
1913 229°'"',2
Ainsi, sauf pour 19J2, où des précipitations atmosphériques exception-
nelles dans le Nord ont ramené l'équilibre, la diminution paraît bien cons-
tnnto (I).
(l) D'après R CinorAi', 6 années d'observations pour Saint-Louis, entre 1848 et 1859,
ont donné 519 "; 10 années (1861-1870), 391 ""; 21 années (1892-1913). 3G1 ". La diminu-
— 237 —
Le phéiioniOne, d'ailleurs, semble être d'onlre général, car il s'observe
pour d'autres régions du Sénégal. Sans qu'il soit possible d'en apprécier
exactement les causes, il est manifeste que la sécheresse a été progressive
dans tout le pays durant les dernières années, à l'exception de l'année 1912.
On peut admettre comme relativement fondée, au moins pour ce cycle
d'années récentes,- l'opinion courante qui voit dans le Sénégal un pays en
voie d'assèchement temporaire.
Les dégâts commis par VEuiermes parvulus, qui coïncident avec la
sécheresse et se surajoutent à ses effets défavorables, sont probablement
une des principales causes de la moins-value des graines au cours de ces
dernières années. Jusqu'à présent, l'extension des ravages du termite no
parait pas inquiétante pour les régions de culture situées au Sutl du paral-
lèle de Dakar, qui sont favorisées par des pluies suffisantes. Mais il n'en est
pas de même pour les grandes régions de proùuction situées au Nord de ce
parallèle. Les dégâts produits, ainsi qu'il ressort de mes observations, ne
deviennent appréciables que lorsque les quantités d'eau reçues sont infé-
rieures à 40 centim. annuellement. Il y a donc lieu de redouter une exten-
sion progressive de ces déprédatiofis, marchant de pair avec la sécheresse,
dans les provinces les plus anciennement cultivées et les plus productives
du Sénégal (Cayor, Diambour, etc.), que dessert la voie ferrée de Saint-
Louis.
Fait digne de considération, dans certaines parties de l'Inde anglaise,
comme le nord du district de Gujrat, la culture de l'arachide a dû être
abandonnée pour les mêmes raisons qui menacent actuellement le Séné-
gal. Déjà, d'ailleurs, depuis la création de la voie ferrée du Thiès-Kayes,
nombre d'indigènes du Diambour, du N'Guick et du Cayor septentrional
renoncent à leurs cultures locales pour aller exploiter les terres plus fer-
tiles et plus neuves du Baol et de la Gambie. C'est là un symptôme nette-
ment défavorable, et l'on peut légitimement concevoir des inquiétudes au
sujet de la productivité des plus anciens terrains d'arachides du Sénégal.
Est-il possible de lutter contre le fléau et peut-on espérer parvenir à en
enrayer les effets ? C'est ce que nous allons envisager. Rappelons avant tout
que dans les conditions actuelles des choses, et c'est là surtout ce qui com-
plique le problème, on ne peut songer qu'à des méthodes essentiellement
simples, à la portée immédiate des travailleurs indigènes, qui ne disposent
que de moyens d'action rudimentaires.
Il est tout d'abord possible d'entraver la pullulation excessive des ter-
mites par l'arrachage systématique des débris végétaux épars à la surface
du sol. Ce sont particulièrement les tiges de mil desséchées qu'il convient
d'avoir en vue à ce sujet. Il est en effet, de règle, chez les indigènes du
Sénégal, de faire succéder la culture du sorgho ou grand mil à celle des
arachides, par une rotation régulière. Après la récolte, les chaumes de mil
sont abandonnés sur place et constituent le principal engrais que reçoit le
sol, avant l'entrée en ligne des arachides; et ce sont précisément les termi-
tioii est des plus marquées, mais, il est probable qu'il s'agit d'un cycle, et que le
phénomène n'offre rien d'absolu. (R. Chideai-, Lr climat de l'MriQiie occidentale et
équaloriale, dans Annales de Gcogrphic, XXV, 1916, p. 455 et suiv). — Voir a"SRi :
Henry Hubert, Progression du desséckc.ment dans les régions sénégalaises ,.bid.,
XXVI, 15 septembre 1917, p. 333 et suiv.).
(1) Voir à ce sujet : V. SAXE, The Ground-nvt in Gujrat fAgric. Joiirn. of India, MU,
Part 3, 1913, p. 178-184).
— 238 —
tes, en majeure partie, qui se chargent de faire disparaître d'une année à
l'autre les restes de la précédente culture. Il sera donc indiqué d'amener
l'indigène à pratiquer le sarclage soigneux des tiges de mil après la récolte,
et de débarrasser les terrains destinés l'année suivante aux arachides de
tous les débris végétaux susceptibles d'alimenter les termites.
Mais, selon' nous, la meilleure solution du problème, la plus logique
et la plus effective dans la lutte qui nous occupe, consisterait dans l'adop-
tion d'une méthode de culture qui permît de prévenir la dessiccation exa-
gérée du sol. Puiçque les dégâts du termite sont en proportion de la séche-
resse, il est rationnel de chercher à les limiior en conservant, jusqu'à la fin
de la période de végétation, la plus grande quantité d'humidité possible.
Cela revient, en somme, à faire bénéficier la cidture indigène ('es arachides
du principe bien connu de l'ameublissement superficiel, principe qui cons-
titue la base essentielle de la méthode de culture en terre sèche modernisée
et rendue célèbre, sous le nom de dry-farniing, par les Américains du
Nord (1).
On sait que celte méthode met à profit la conservation de l'eau dans le
sol par un ameublissement rationnel de la surface, lequel a pour effet
d'entraver une évaporation trop rapide. Dès qu'une terre devient compacte
en surface, l'eau des couches profondes est attirée par capillarilé à la par-
tie supérieure de la croûte formée et, sous l'influence de la chaleur solaire,
se trouve très activement vaporisée. De nouvelles -quantités d'eau rempla-
çant constamment celles qui s'évaporent dans l'atmosphère, il se produit
ainsi un épuisement accéléré des ressources du sol en eau. Mais, si l'on a
soin, au contraire, d'ameublir la croûte superficielle, le phénomène, qui
est tout à fait comparable à la montée du pétrole dans la mèche d'une
lampe, ne peut plus se produire : les interstices entre les particules de
sable ne sont plus assez ténus pour permettre l'ascension du liquide par
capillarité. Dans un sol ameubli superficiellement, l'eau des couches pro-
fondes se trouve ainsi isolée de la surface et protégée contre l'évaporation.
Les bons effets de l'ameublissement superficiel du terrain ne sont pas
absolument méconnus par les cultivateurs indigènes du Sénégal. Ils prati-
quent même empiriquement, dans leurs terrains de culture, des sarclages
accompagnés d'un travail rudimontaire du sol, sortes de binages qu'ils
répètent plusieurs fois au début de la culture. Mais cette opération n'est
pas poursuivie rationnellement pondant toute la durée de la végétation;
elle a surtout pour objet de rendre le sol plus perméable aux racines et
aux fruits de la plante, et d'élaguer les mauvaises herbes.
Pour avoir leur plein effet favorable, dans le sens que nous avons indi-
qué, ces binages devraient être poursuivis jusqu'à la fin de la végétation
des arachides, et particidièrement après chaque pluie isolée. Dans le Nord
du Rénétral, en effet, les pluies d'bivernace sont souvent séparées par dos
intervalles d'une semaine et plus. Or, le principal effet d'une pluie solitaire,
survenant après une période de sécheresse, ponsisfc plutôt en un tassement
des cnuches superficielles du sol, qui a pour résultat immédiat d'accroître
la tendance au defséchemont du terrain. De telles pluies, qui sont presque
la règle, surtout vers la fin de l'hivernage, ont, par suite, un effet nuisible
(1) ^■^'i^ : AiGUSTIN BtnNARD, T.e « (tni-farminn » et sns nvpllcalto}-!s dans VAIrIquc.
'Jn \'nrd (Anvitla: rlr Crnitropliie. \X, m\. p 411-'t30V — ri VA'//" DilliogruvMe géo-
graphique lois, n* 214.
— 239 —
très manifeste, puisque le bénéfice des nouvelles quantités d'eau reçues est
largement compensé par l'activation de l'évaporatlon. Il n'en serait pas
ainsi, si, après chacune de ces pluies, le terrain était sommairement tra-
vaillé en surface, de façon à conserver le maximum d'humidité. Ce travail
pourrait être facilement effectué a l'aide d'une sorte de rdtcau court,
actionné entre les plants espacés à inten-alle suffisant, et de préférence
tenus en ligne.
L'adoption, par les cultivateurs sénégalais, des pratiques d'anieublisse-
ment superficiel du sol, pendant toute la durée de la végétation, aurait un
double effet utile, en raison de ce que nous avons dit plus haut. En con-
servant aux cultures les quantités d'eau considérables, normalement per-
dues par une évaporation trop rapide, elle leur permettrait, d'une part,
d'augmenter les rendements de leurs plants et, d'autre part, de les protéger
efficacement contre les atteintes des termites perforants. Il n'est pas exa-
géré de penser que si l'indigène protégeait rationnellement ses cultures
contre l'évaporation, il pourrait prolonger d'un mois au moins la période
de végétation si courte des arachides, même dans les sols particulièrement
ingrats du Cayor et du Diambour, et accroître ainsi singulièrem.ent la
qualité et la quantité de ses récoltes. En même temps, un autre résultat
non moins important serait de permettre aux gousses d'acquérir leur ma-
turité définitive avant la disparition totale de l'humidité du sol et, par
suite, de prévenir ou de diminuer notablement les atteintes des termites.
Enfin, il existe un troisième moyen d'envisager la question de la lutt«
contre les termites. Ce moyen consisterait à développer le plus possible,
dans les régions les plus arides du Sénégal, la culture des arachides pré-
coc-es. Les arachides de ces pays se différencient, en effet, en plusieurs
races distinctes. Bien que les arachides commerciales courantes, catalo-
guées sous le nom de graines du Cayor-Rufisque, puissent être considérées
déjà comme des variétés à végétation rapide, puisqu'elles parviennent à
maturité complète en trois mois, il existe des variétés locales à développe-
ment plus bref encore. Parmi ces variétés, la petite graine désignée par les
Ouolofs, sous le nom d'arachide Volète, mérite un intérêt tout particulier.
Cette variété, peu répandue, apparaît sur le marché de Saint-Louis
plus d'un mois avant les autres : elle peut mûrir ses gousses en deux mois.
Dans la région de la Pelite-Cùte, qui comprend le littoral au sud du Cap
Vert jusqu'au Saloum, les indigènes obtiennent jusqu'à deux récoltes de
cette variété pendant le même hivernage. Cette plante nous paraît des
mieux qualifiées pour échapper aux atteintes des termites perceurs de gous-
ses.
Jusqu'ici, la médiocre apparence et la faible productivité de l'ara-
chide Volète l'ont fait écarter du marché européen; elle ne sert guère qu'à
l'alimentation des indigènes. Mais il est vraisembable que, en culture ra-
tionnelle, son rendement en huile plus élevé compenserait les désavantages
cités plus haut. On peut espérer aussi que des hybridations avec les variétés
courante,^ donneraient des plants très heureusement avantagés à tous
égards, à la fois au point de vue de la rapidité culturale et de la densité des
graines en huile. Il serait à souhaiter très vivement à ce sujet que des
expériences soigneusement conduites et de longue haleine, fussent insti-
tuées dans des stations expérimentales de la colonie, en vue de la sélection
des semences et du choix des races locales les mieux appropriées aux diffé-
rentes conditions de climat et de sol. La Station expérimentale de M'Bam-
— 240 —
bey, instituée récemment, n'a pas encore vu ses efforts orientés dune façon
scientifique dans cotte importante direction.
II. — Les ar.aciiides après la culture. — Dommages produits
PAR LES INSECTES
Nous avons vu que, après la récolte, les arachides en coques achetées
par les traitants sont accumulées dans des enclos sommaires à l'air libre
(seccos) et conservées ainsi plus ou moins longtemps.
Contrairement ù ce qu'on pourrait croire, pendant ce stationnement
qui dure souvent plusieurs mois en plein air, les graines, protégées par
leur coque, ne subissent pas habituellement d'altérations considérables.
Cependant, une sorte de punaise connue des Ouolols sous le nom de ouang
[Aphanus sordidus) couvre parfois de ses piqilres les gousses superficielles
et, atteignant l'amande à travers la coque, en diminue la teneur en huiie.
Mais les principaux dommages s'accomplissent à l'intérieur des immen-
ses magasins clos, cubant des milliers de mètres cubes, où séjournent ha-
bituellement les graines dans les grands centres d'exportation. Ces maga-
sins servent, en effet, d'abris permanents à toute une faune d'insectes rava-
geurs qui rongent et détruisent toute graine dont la coque est altérée (1).
D'une année à l'autre, les stocks peuvent perdre, du fait de ces parasites,
le tiers de leur poids en moyenne : les dommages varient d'importance sui-
vant la durée du séjour dans les magasins, mais on peut estimer à 5 ou
6 million* en moyenne les valeurs ainsi soustraites, durant ces dernières
années, au chiffre courant de la traite. De plus, la présence des insectes
communique aux graines une odeur désagréable, qui déprécie l'huile pro-
duite et en provoque le rancissement.
Il n'a jamais été pour ainsi dire rien tenté contre ces ravageurs, sauf
peut-être les mesures de fortune prises contre la pullulation des ravets.
On désigne sous ce nom, au Sénégal, un Thysanoure qui se développe en
quantités énormes dans les magasins de dépôt d'arachides. Cet insecte
[Thermobia domestica Pack.), originaire de la région méditerranéenne, est
également très répandu en Hollande, oii il infeste les boulangeries. Il y a
quelque raison de supposer que ce parasite a été importé à la côte du Séné-
gal au temps des relations entre la Hollande et Corée, que les Hollandais
occupèrent les premiers dès 1588. Il s'est multiplié avec une intensité
extrême et se rencontre actuellement par milliards dans tous les magasins
d'arachides.
Le ravet ne fait pas aux graines un tort considérable; il se nourrit
surtout de matières cellulosiques. Mais sa pullulation extraordinaire cons-
titue pour les maisons du voisinage, dans lesquelles il se répand la nuit,
un fléau permanent, contre lequel des mesures spéciales ont été envisagées.
Ain.si, un arrêté municipal, en date du 16 décembre 1903, met à la disposi-
(1) L'un de ces parasites la Bruche des Arachides (Pachumœrus araciœh paraît ftre
do multiplication toute récente dans les m ';^asins d'arachides. Incomiu en 1912 et 1913.
Jors do mes premières investigations sur ce sujet, ce païasile s'est développé actuelle-
ment en abondanre : 11 se rencontre couramment dans les mapasius de Saint-Louis
el (U- U.ik.ir. 11 mérite une attention toute .spéciale, non sculetnent p^ir l'iinporlance
des 0 ■ ts nu'jl commet, mais aussi par la faculté rju'il possède. ;i l'^NclusIon de tous
les Qii .s, de perforer les uoiiues saines pour iiarvenir .'i l'amande. Sans doute fnudra-
t-ll compter prooluilncmont d'une façon toute particulière avec ce nouveau parasite,
puisque (es gminee en coque ne sont pas protégées contre lui.
— 2'.1 —
tion des maisons de commerce, pour combattre l'envahissement croissant
des ravets dans la ville de Ilutisque, « la pompe à incendie de la ville et
tout son personnel ». Obligation est également faite, d'après le môme
arrêté, à tous les propriétaires de magasins d'arachides, de les entt)urer
de rigoles d'au moins vingt centimètres, en métal ou en maçonnerie. Ces
rigoles seront tenues constamment propres et pourvues d'une eau qui sera
renouvelée au moins deux fois par jour en temps ordinaire.
Le but de ces rigoles est de s'opposer aux migrations des ravets, qui
s'échappent souvent par milliers des magasins d'arachides. Malheureuse-
ment, ces rigoles nécessitent une surveillance constante : il faut éviter,
d'une part, que des corps étrangers ne les obstruent, livrant ensuite pas-
sage aux ravets; il faut aussi qu'elles ne constituent pas un lieu de déve-
loppement pour les moustiques transmetteurs de la fièvre jaune (Stcgo-
myia), fléau toujours à redouter au Sénégal.
Les mesures prises par la ville de Rufisque contre les ravets, ayant été
généralisées à tous les grands centres d'exportation d'arachides, il en
résulte que les magasins oii sont conservées ces graines constituent, dans
une certaine mesure, un danger public permanent. Pour cette raison, et
aussi dans l'intérêt immédiat de la conservation des stocks, il serait infi-
niment plus rationnel de détruire périodiquement les parasites par des
désinfections massives des magasins, ce qui permettrait de combattre le
mal à sa source même. Des sulfurations au gaz Clayton effectuées en temps
opportun, c'est-à-dire avant le commencement de la traite, auraient pour
résultat de débarrasser les locaux où seront accumulées les graines d'une
infinité d'insectes destructeurs. Le simple nettoyage de ces locaux, l'enlè-
vement et l'incinération des coques vides et des débris de toute nature
qu'on y rencontre agiraient aussi, mais plus imparfaitement, dans le
même sens. Ces mesures de désinsectisation deviendront particulièrement
nécessaires si les considérations de fret actuelles amènent, comme il est
probable, le commerce sénégalais à pratiquer le décorticage des arachides.
Jusqu'à présent, en effet, les graines de la côte occidentale d'Afrique ont
été exportées en Europe à l'état brut, en coques, ce qui nécessite un ton-
nage considérable. Le décorticage permettrait d'augmenter notablement la
densité du produit transporté, et d'éliminer un très grand nombre d'im-
puretés (terres, coques vides, corps étrangers, etc., glissées dans les stocks
et qui se chiffrent, à chaque chargement de navire, par plusieurs milliers
de kilos.
Cette pratique, qui est évidemment à conseiller dans l'intérêt du fret,
serait à condamner complètement si des mesures sérieuses ne sont prises
contre les atteintes des insectes ravageurs. Les graines dont la coque est
intacte sont, en effet, nous l'avons dit, habituellement protégées contre ces
derniers, à l'exception toutefois de la Bruche des arachides. Mais toute
altération de la coque, en facilitant l'accès de l'amande aux parasites, est
contraire à la bonne conservation des graines. Sans doute, le décorticage
est pratiqué couramment pour les arachides de l'Inde et de la côte orien-
tale d'Afriquet mais on constate aussi, pour les graines de cette provenance,
une baisse regrettable en quantité et en qualité, qui pourrait être réduite
au minimum, grâce à des mesures de désinsectisation efficaces. Pour les
graines du Sénégal, sous l'heureuse impulsion de l'Institut Colonial de
Marseille, cette question vient récemment d'être mise à l'étude, et nul
^ 242 —
doute qu'il n'en résulte, à brève échéance, une êanélioration notoire des
conditions d'exportation et de conservation des arachides de ce pays.
III. — L'intensification de la culture des arachides au Sénégal
Indépendamment des mesures diverses que nous venons d'envisager,
mesures qui visent surtout à éviter les pertes et, par suite, à intensifier les
rendements, on peut légitimement fonder espoir sur l'accroissement direct
de la production sénégalaise en arachides.
Le Service d'Agriculture local s'est préoccupé, depuis ongtemps déjà,
d'une amélioration des procédés culturaux indigènes par l'emploi d'ins-
truments attelés et d'engrais. Une série d'expériences poursuivies dans les
différentes Stations de la colonie, et en particulier dans la Station expé-
rimentale de M'Bambey, qui est consacrée presque entièrement à l'étude
de l'arachide, ont fait ressortir les avantages réels, au point de vue du
rendement des cultures, que présenterait l'adoption des méthodes d'agri-
culture européennes (1). Mais il n'échappera à personne que, conçue de
cette manière, la question n'est susceptible que d'une solution bien loin-
taine. Il ne faut pas oublier que les conditions de vie et les habitudes ac-
tuelles des cultivateurs du Sénégal ne leur permettent que des procédés
dre culture extrêmement simples. Les cultures à forme européenne sont
inacceptables actuellentienl pour la très grande majorité des noirs, qui
n'ont ni les moyens matériels ni l'éducation nécessaires pour en tirer parti.
L'adoption des animaux tracteurs, indispensables dans des cultures
de cette forme, pourrait d'ailleurs susciter de graves mécomptes dans les
régions si nombreuses où existent les mouches tsétsés, vectriees de mala-
dies à trypanosomes. Ces maladies, même si elles épargnent les troupeaux
inactifs, ne permettent pas le travail du bétail.
Aussi bien n'est-ce pas de ce côté, croyons-nous, que pour le moment
doivent porter les efforts. Bornons-nous à souhaiter, sous le rapport du
perfectionnement des procédés culturaux, l'adoption progressive par les
noirs du principe de l'ameublissement superficiel dans les limites et dans
les formes où nous l'avons défini plus haut.
Il paraît également possible de réaliser de? à présent l'extension nota-
ble de cette culture. Dans la moitié peut-être des récions cultivées du
Sénégal, la production de l'arachide n'est encore restée que d'importance
secondaire et n'intervient guère que pour l'alimentation directe des indi-
gènes. Il en est ainsi notamment pour les régions limitrophes de la Gam-
bie, nouvellement offertes au trafic du Thiès-Kayes, pour celles de la
Haute-Casamance, de la Falémé, du fleuve Sénégal de Bakel à Da-
gana, ef« , dont la production en arachides pourrait être largement éten-
due. L'intensification de la culture est ici fonction des efforts dirigeants de
l'Administration et du perfectionnement des voies et moyens de transport.
Elle devra être accompagnée d'un choix judicieux des variétés de graines
les mieux adaptées aux conditions géographiques.
Dans la plupart des cercles se sont organisés, sous la haute direction
(t) YVES Henry, Contribution a l'Elude de l'Araehide en Afrique Occidentale Fran-
eaUe. (Extrait cio L'Aoronomle Coloniale, Juillet-octobre 1914). Paris. Emile Larose,
19U. Iu-8, 20 p.; 1 fr. 50.
administrative, des caisses de prévoyance, des magasins coopératifs do
semences, etc., destinés à parer le plus possible à l'imprévoyance des indi-
gènes et à la disette. Le développement de ces heureuses institutions aidera
puissamment à stabiliser la production, puis à l'intensifier, en fournissant
sur place à bon compte au cultivateur noir les semences qui lui sont néces-
saires.
Mais il ne faudrait pas, d'autre part, que cotte production intensive,
qui doit être le mot d'ordre en Afrique Occidentale Française, allât au
détriment des intérêts bien compris du pays. L'extension irraisonnée des
cultures entraînera la réduction des pâturages, inconvénient grave pour
l'élevage. Elle s'accompagnera aussi de déboisements regrettables s'ils ne
sont pas judicieusement effectués. La première phase de la préparation des
terrains de culture par les noirs est, en effet, i'abatage des arbres et des
arbustes; toutes les fois qu'il le peut, l'indigène installe ses lougans aux
dépens des zones boisées où la terre est plus fertile. Il y a là un danger réel
pour un pays qui, comme le Sénégal, est déjà peu favorisé par le régime
des pluies. Une sage réglementation devra parer à ce double danger.
La création de la petite propriété indigène serait, sans doute, le re-
mède le plus direct. Dans les conditions actuelles des choses, en effet, libre
de défricher et d'entreprendre ses cultures où il lui plaît, le noir ne cher-
che pas à développer les rendements du terrain. Lorsque l'épuisement du
sol en entrave par trop la production, il préfère cultiver en un autre en-
droit. On conçoit les inconvénients de telles pratiques culturales, pour la
mise en valeur réelle du pays.
Pour résumer les notions essentielles de cette étude, nous dirons que
si l'arachide constitue pour noire colonie sénégalaise une fortune inap-
préciable et dont l'avenir ne nous apparaît pas comme sérieusement me-
nacé, il importe cependant d'étudier tous les moyens capables d'accroître
encore cette production.
L'adoption par les indigènes de pratiques culturales en rapport avec la
nécessité de conserver au sol la plus grande partie des faibles quantités
d'eau qu'il reçoit, l'intensification de la culture dans les nombreuses ré-
gions où elle n'a point encore donné un rendement suffisant, et le choix des
meilleures variétés locales, doivent tout d'abord retenir l'attention. Ce
sont là les facteurs d'avenir sur lesquels il y a lieu de fonder le plus sérieux
espoir. En même temps, la lutte dirigée rationnellement contre les insectes
dévastateurs permettra, à brève échéance, d'éviter au commerce des pertes
sensibles, dont la charge ne peut que peser dans l'avenir d'un poids
de plus en plus lourd. Elle contribuera également pour une forte part au
relèvement de la qualité de l'huile. Il est tout à fait à souhaiter, pour la
prospérité de cet important trafic, que cultivateurs, commerçants et indus-
triels intéressés soient instruits des perfectionnements possibles de leurs
méthodes, et s'organisent en conséquence. Pour terminer, nous émettrons
le vœu qu'une Station expérimentale soit consacrée exclusivement à l'étude
de toutes les questions biologiques qui concernent l'arachide et que les
recherches y soient poursuivies, avec continuité et méthode, dans une
direction à la fois vraiment scientifique et vraiment pratique.
Note sur la Sélection des Arachides
Même si nous ne considérons que le Haut-Sénégal-Niger, nous croyons
qu'il ne serait pas judicieux de centraliser en un seul point la pro-
duction des graines de semence : en effet, une variété d'arachides doit
être bien adaptée au climat et au sol de la région où elle est cultivée, et les
variétés soudanaises diffèrent notablement les unes des autres par leurs
caractères botaniques, agricoles et industriels, comme je me propose de
l'établir prochainement. Une variété précoce, qui conviendra pour un pays
à courte saison des pluies, donnera dans une zone pluvieuse une récolte
moins abondante qu'une variété tardive, et présentera une plus forte pro-
portion des graines avariées. Un type à port étalé donnera un meilleur ren-
dement dans une terre sablonneuse, mais ne vaudra rien dans un sol com-
pact ou caillouteux, où la récolte des gousses offrirait certaines difficul-
tés. Enfin, telles variétés poussent vigoureusement dans un sol humide où
telles autres dépérissent.
J'ai pu constater, d'autre part, que, comme pour beaucoup d'autres
plantes cultivées, le degré de productivité n'est pas un caractère des varié-
lés, mais bien des lignées.
En conséquence, les travaux préalables à poursuivre sont de deux or-
dres :
1° Détermination des types culturaux les mieux adaptés aux condi-
tions suivantes :
A. Chute de pluie inférieure à 60 cm. ( sol bien drainé ( sol meuble
B. Chute de pluie comprise entre 60 et 90 cm. < , , . , s sol compact
^ ^, , , . , . , .^« /sol humide f , ... .
C. Chute de pluie supérieure à 90 cm. (, ( sol caïUouteui
2° Pour chaque type particulièrement bien adapté à des conditions de
cultures naturelles, déterminées, sélection de lignées pures à haut rende-
ment, répondant bien aux exigences de l'industrie.
Pratiquement, on pourra sérier les efforts, par exemple, en n'envisa-
geant d'abord que l'amélioration du produit dans les zones où la chute
d'eau annuelle est normalement comprise entre 60 et 90 ccntim. (notam-
ment régions de Kayes et de Ségou pour le Haut-Sénégal-Niger) et pour les
sols bien drainés. Mais l'on courra à un échec certain si l'on veut, par la
suite, propager dans la vallée du Niger entre Kouroussa et Siguiré les types
sélectionnés pour la région de Kayes.
Lorsque l'on possédera une lignée à haut rendement bien adaptée aux
conditions de cultures d'une grande région naturelle déterminée, il sera
possible d'amener les cultivateurs d'un centre à la cultiver exclusivement.
La valeur de la lignée sera maintenue en sélectionnant les gousses par den-
sité et les graines par grosseur, le centre choisi n'employant que des semen-
ces triées selon ce double procédé, et l'ensemble de la production de ce
centre étant mise en réserve et cédée vers l'époque des semailles, au prix de
revient aux cultivateurs des cantons voisins.
Koulouba, le 15 octobre 1918.
VULLET.
Directeur des Services de F Agriculture
du Haut-Sénégal-Niger.
ESSAIS DE CULTURE MÉGANIQUE
DE L'ARACHIDE AU SÉNÉGAL
Effectués par la Compagnie Française de l'Afrique Occidentale
Note de
M. R. MAUNOURY
Chef de Cultvre
1™ planche (I.OOO mètres x 30 mètres)
29 mai 1921. — Fait les enrayures de chaque côté de la planche en
premières vitesse pour s'assurer qu'il n'y a pas d'obstacles (racines, sou-
ches), se rendre compte de l'état du terrain, régler la charrue et la carbu-
ration du moteur du tracteur, voir comment se comporte le tracteur.
Terrain très sec, labour à 0 m. 10, la charrue s'enterre bien et les raies
sont bien retournées, terrain absolument nu, le tracteur ne patine pas.
31 mai. — Continuation du labour, plusieurs arrêts dus à mauvais
allumage, bornes des bobines desserrées, environ un hectare de labour fait.
2 juin. — Difficulté à mettre le moteur en route, tuyau à essence
bouché; après démontage et nettoyage le moteur est bien parti; peu de
temps pour le travail, la paye des manoeuvres étant à faire ce jour.
4 juin. — Employé uniquement deuxième vitesse.
6 juin. — Fini labour de la première planche.
27 juin. — Hersage du terrain, 6 herses donnent trop de tirage pour
être traînées par un tracteur conduit par un indigène ne comprenant pas
la carburation à donner en conséquence. Supprimé deux sections, avec
quatre cela va bien en deuxième vitesse, allure avantageuse.
— 246 —
29 juin. — Semis d'arachides avec les 4 semoirs à 1 rang accrochés h
des intervalles de 0 m. 60 sur palonnier que nous avons confectionné avec
des tirants de herses et une barre de bois. Quantité de semence 15 kilogr. à
l'hectare. Graines triées à la main de coques à tout venant, prises aux
seccos de la Compagnie à Kaolack.
6 juillet.— La levée des graines commence.
13 juillet. — 1" binage; peu d'herbe, le terrain battu par les premières
pluies forme croûte à la surface.
21 juillet. — Beaucoup de semences détruites par les chacals, tourte-
relles, caUos, merles.
Les chacals déterrent les graines.
Les oiseau.x s'attaquent aux cotylédons et aux germes.
21 juillet. — Semis à la main de graines de remplacement. Il a été semé
8 à 10 kilogr. pour la 1'* planche.
30 juillet. — Une partie des graines de remplacement ont été détrui-
tes par les chacals.
15 août. — Beaucoup d'arachides sont en fleurs.
23 août. — La 2° floraison commence. Commencé 2° binage.
26 août. — Fin du binage retardé par les pluies.
19 octobre. — Commencé l'arrachage.
2" planche (surface 1.000 m. x 30 m.).
7 juin. — De la pluie est tombée dans la nuit du 6 au 7. La terre est
fraîche, le labour est parfait, l'air étant propre, pas de poussières.
La carburation se fait bien, le tracteur marche à merveille.
Labouré 1 hectare en 4 heures. Profondeur 0 m. 10.
8 juin. — La fraîcheur de la terre a disparu, aussi c'est dans un nuage
de poussière que tracteur et charrue évoluent. Labouré 80 ares.
9 juin. — Fini labour 2" planche et fait enrayures de la 3* planche.
27 juin. — Hersage du terrain.
30 juin. — Semis d'arachides 15 k. de graines par hectare. Théori-
quement, la quantité de semence est suffisante, les distributeurs des
semoirs déposant une graine tous les 0 m. 45. Craignant un semis trop
clair, nous augmenterons la quantité, à partir de la 2° planche.
La i" planche semée ne peut guère nous fixer .11 y a eu trop de grai-
nes détruites par les bêtes de brousse.
Graines écossées à la main de coques prises à tout venant aux seccos
de la Compagnie à Kaolack.
6 juillet. — Les graines commencent à sortir.
14 juillet. — Binage à la main, les lignes n'étant pas parallèles pour
utiliser la bineuse.
21 juillet. — Beaucoup de graines ont été détruites et sont à remplacer.
Semé ce jour graines de remplacement.
30 juillet. — Une partie des graines de remplacement ont été détrui-
tes par les chacals et les oiseaux.
15 août. — Les arachides sont en fleurs.
27 août. — Ijfl deuxième floraison commence. La première floraison &
lieu lorsque les rameaux partant du pied se forment. Nous avons remar^
— 247 —
que qu'elle avait de îi â 9 Heurs en moyenne, a la deuxième noraison ce
sont les rameaux qui portent des fleurs en quantité plus ou moins consi-
dérable.
30 août. — Fin du binage.
Nota. — Ce sont les deux premières planches qui portaient les pieds
ayant atteint le plus grand développement et comptant le plus de coques
par pieds, ce qui semble indiquer qu'il y aurait avantage à faire le semis
relativement clair. La distance de 0 m. 40 à 0 m. 45 sur la ligne, pour des
lignes espacées de 0 m. 60 paraît la meilleure. Le semis plus serré n'est
pas à recommander, les plantes se gênant dans leur développement, le
nombre de coques n'est pas proportionnel. De trois pieds pris dans la
première planche, l'un portait 308 coques, le deuxième 312, et le troisième
342 coques. Ces dernières accusaient un poids de 0 k. 420 grammes.
19 octobre. — Nous avons constaté que plusieurs coques ayant bel
aspect sont vides ou ont les grains flétris et petits. Nous attribuons cette
malformation aux pluies de la dernière saison qtsi ont été très peu abon-
dantes à l'époque de la formation de ces coques.
3° planche (surface 1.000 m. x 30 m.).
10 juin. — Commencé labour. Fait 1 hectare 50. Profondeur 0 m. 10.
11 juin. — Fini labour.
1" juillet. — Hersage du terrain.
2 juillet. — Semis des arachides. Quantité employée 30 kilog. à 1 hect.
Graines écossées à la main de coques choisies.
9 juillet. — Les arachides lèvent très régulièrement, la semence était
belle.
15 juillet. — l'' binage.
22 juillet. — Semis des graines de remplacement quelques vides seu-
lement du côté de l'est, le bout de la planche a été saccagé par les singes.
15 août. — La végétation est magnifique sur cette planche où quel-
ques fleurs apparaissent.
26 août. — Sur quelques pieds, la 2° floraison commence. La végéta-
tion est toujours très belle.
31 août. — Commencé 2" binage.
3 septembre. — Fin du binage-.
4° planche (surface 1.000 m. x 30 m.).
13 juin. — Commencé labour. (Pannes de bobines, bornes desserrées).
Profondeur 0 m. 10.
14 juin. — Continuation du labour.
15 juin. — Fini labour, fait suivre par un conducteur arrivé hier pour
qu'il apprenne le maniement de la charrue et le réglage du tracteur.
4 juillet. — Semis des arachides. Grafoes écossées à la rriain de coques
choisies à trois graines pour la plus grande partie et de belles coques à 2
graines. Le hersage précède directement le semis.
Les graines sont fortes et très belles.
— 248 —
Quantité de semence 15 kilogr.
10 juillet. — Levée des graines.
11 juillet. — La levée continue très régulière.
16 juillet. — i°' binage.
22 juillet. — Semé graines de remplacement.
30 juillet. — Le binage a fait beaucoup de bien, la végétation eet
belle.
25 août. — La végétation est forte et vigoureuse.
3 septembre. — Commencé 2* binage.
5 septembre. — Fini binage. Le temps ayant été beau, le travail a
bien marché.
5* planche (surface 1.000 m. x 30 m.).
IG juin. — Commencé labour (profondeur : 0 m. 12) avec 2 tracteurs,
le 2° tracteur conduit par le conducteur arrivé dernièrement. 11 a vu des
tracteurs mais ne connaît rien au réglage et peu à la conduite il faut
mettre sa machine en route et ne cesser de le sun-eiller.
17 juin. ^ Fini labour.
4 juillet. — Hersage du terrain.
5 juillet. — Semis d'arachides de graines choisies de coques à tout
venant prises aux seccos écossées à la main.
Quantité employée : 97 kilos.
12 juillet. — Levée des graines favorisée par une averse tombée dans
la nuit du 11 au 12.
18 juillet. — Binage, peu de graines manquantes et la levée a été bien
régulière.
22 juillet. — Remplacement des graines manquantes.
30 juillet. — La végétation est belle. Remarqué sur celte planche plus
de pieds atteints par une sorte de pourriture, que sur les autres planches.
25 août. — La pourriture des pieds remarquée n'a pas fait trop de
dégâts. Les pieds atteints ne paraissent pas propager le champignon.
5 septembre. — Commencé 2" binage.
8 septembre. — Fini binage.
6* planche (surface 1.000 m. x 30 m.).
17 juin. — Commencé labour (profondeur 0 m. 12). Dû employer de
l'essence, le pétrole manquait.
21 juin. — Continué labour avec 2 tracteurs. Le conducteur indigène
est toujours en panne.
25 juin. — Fini labour.
5 juillet. — Hersage.
0 juillet. — Semis des graines écossées à la main de coques à tout
venant. Quantité employée 102 kilos.
13 juillet. — Les graines d'arachides lèvent.
10 juillet. — Binage.
22 juillet. — Remplacement des graines manquantes.
30 juillet. — Quelques pieds déjà forts sont atteints par le champignon
sicnalé qui fait pourrir les pieds au dessous du collet.
— 249 —
25 août. — La végétation des 18 premiers hectares semés qui compren-
nent les 6 planches déentes jusqu'alors, est satisfaisante, si les pluies tom-
bent régulièrement, il y aura une belle récolle à espérer.
8 septembre. — Commencé 2'' binage.
10 septembre. — Fini binage.
7° planche (surface 1.000 m. x 30 m.).
7 juillet. — Commencé labour (profondeur 0 m. 12).
Terrain herbeux. L'herbe a déjà 0 m. 06 de hauteur moyenne La
terre est fraîche, le labour très bon.
8 juillet. — Continuation du labour.
9 juillet. — Fin du labour. Le labour a été exécuté par un conducteur
mdigène (non sans peine). La conduite au pétrole exige une grosse atten-
tion.
14 juillet. — Semis d'arachides. Graines décortiquées à l'aide de l'ap-
pareil Gaudart. Beaucoup de graines brisées, malgré le tri à la main qui a
été fait.
Quantité de semence 90 kilos. Semoir à 4 ranus John-Deere. Distri-
bution par disques n° 12865 B. Le hersage a précédé directement le semis.
21 juillet. — Levée irrégulière des graines, beaucoup de places vides.
16 août. — 1" binage. Le binage a été donné longtemps après la levée
parce qu'il n'était pas pressant, la terre étant propre et tenue en bon état
de fraîcheur par les pluies tombées. Remplacement de graines.
17 août. — Continuation du binage. Les graines de remplacement ont
été en grande partie, détruites par les chacals.
18 août. — Fini binage dans la matinée.
25 août. — Les effets du binage se font sentir, la végétation est plus
active.
12 septembre. — Commencé 2» binage à la main, les arachides étant
trop fortes pour y passer la bineuse qui en arracherait beaucoup.
8» planche (surface 1.000 x 30 m.).
7 juillet. — Commencé labour (profondeur 0 m. 15).
8 juillet. — Continué labour.
_ 9 juillet. — Fin du labour. Le labour a été exécuté par un conducteur
mdigène. (Plusieurs arrêts causés par des racines, pannes de bobines, bor-
nes desserrées).
Terrain herbeux. L'herbe a 0 m. OG, terre fraîche, labour très bon.
15 juillet. — Hersage du terrain.
15 juillet. — Semis d'arachides d'un hectare en bordure de la 7*
planche, de graines décortiquées à l'aide de l'appareil Gaudart et triées à
la main, beaucoup de graines ont l'enveloppe déahirée. Q-antité : 50 kilos.
_ 16 juillet. — Semis des 2 hectares restant avec des graines écossées
a la main de coques tout venant. Quantité : 60 kilos.
22 juillet. — Les graines décortiquées à la main lèvent assez réguliè-
rement .
_ 22 juillet. — La levée des graines décortiquées à la machine est très
«rregulière, malgré la forte quantité de semence employée. Le semis a été
— 250 —
exécuté à l'aide du semoir John-Deere à 4 rangs avec les disques n" 2865 B
pour le 1°' hectare. Les deux autres hectares ont été ensemencés avec le3
disques n" Y 2946.
Dans le premier hectare, la chaîne de commande a été placée sur le
pignon gauche porté par un essieu et sur le pignon gauche de l'arbre de
commande dos disques de distribution n" Y 2865 b. Dans les 2 hectares
semés ensuite, la chaîne de commande a été placée sur les pignons de
droite de chaque arbre. Disques n° Y 2946. Essieu et arbre de commande
des disques des trémies.
18 août. — 1°' binage.
19 août. — Binage.
20 août. — Fini binage, quelques herbes sur les lignes.
6 septembre. — Commencé 2* binage.
9' planche (surface 1.000 m. x 30 m.).
12 juillet. — Commencé labour (profondeur 0 m. 10).
13 juillet. — Terminé labour à midi; 2 tracteurs ont travaillé sur le
terrain et ont eu peu de pannes.
Terrain herbeux. L'herbe a 0 m. 07 à 0 m. 08 de hauteur moyenne, la
terre est fraîche, le labour bon. Pannes par bougies sales et par carbura-
teur qu'un conducteur a touché sans rien dire et qu'il a abîmé. Nous avons
pH, heureusement, réparer sur place et remettre en route.
15 juillet. — Hersage du terrain.
16 juillet. — Semis à l'aide du semoir à 4 rangs John-Deere, distri-
bution par disques n" Y 2940, la chaîne de commande placée sur les pi-
gnons de droite de chaque arbre. Semences venant de coques à tout ve-
nant écossées à la main. Quantité employée 95 kilos.
22 juillet. — La levée des graines commence.
29 juillet. — Semis des graines dans les vides sur les planches 7, 8, 9, 10.
20 août. — Binage des arachides.
22 août — Continuation du binage. Peu d'herbes gênantes, sauf sur
les lignes où elles se développent rapidement depuis quelques jours.
23 août. — Une forte averse est tombée dans la nuit du 22 et ne
pourra que faire du bien aux arachides dont le binage a été terminé C9
matin. La pluie ayant empêché de le terminer hier dans la soirée.
9 septembre. — Commencé 2* binage.
10» planche (surface 1.000 m. x 30 m.).
19 juillet. — Commencé labour (profondeur 0 ra. 12). La partie ayanl
été couverte de brousse très dense, et pour éviter les nombreux afrfiti
causés par accrochage dans les racines, ramené la profondeur du laboar à
0 m. 10.
20 juillet. — Terminé le labour. Terrain herbeux, l'herbe a 0 m. 10
à 0 m. 12.
21 juillet. — Hersage du terrain.
21 juillet. — Semis d'arachides venant de graines écossées k la main
de coques tout venant.
— 251 —
Quantité employée 104 kilos. Semis par semoir à 4 rangs John-Deere.
Mômes disques et mêmes dispositifs que pour la 9" planche.
26 juillet. — Les graines lèvent péniblement à travers la croûte for-
mée en surface par les pluies.
4 août. — Commencé le binage ce qui va faciliter la pousse des plan-
tes.
25 août. — Les arachides ont rattrapé leur retard subi à la levée. Elles
sont, à cette date en belle végétation.
14 septembre. — Commencé 2" binage.
Parcelle (surface 100 m. x 200 m.).
13 juillet. — Commencé labour dans Ta soirée (profondeur 0 m. 12).
14 juillet. — Fini le labour dans la matinée, l'herbe a 0 m. 12 à 0 m. 15
de haut.
15 juillet. — Hersage du terrain en travers des raies.
16 juillet. — Commencé le semis.
18 juillet. — Terminé le semis. Semis fait par semoir John-Deere.
Mêmes disques et mêmes dispositifs que pour les 9° et 10* planches. Quan-
tité de semence employée 80 kilos. Graines de coques, écossées à la main.
Très belle semence.
24 juillet. — Quelques graines commencent à lever.
2 août. — Commencé le binage. Remplacement des graines dans les
vides. Les graines ont surtout été détruites par les tourterelles et les cha-
cals.
3 août. — Les chacals ont très exactement détruit les graines semées
hier en remplacement. Fini le binage.
5 août. ^ Remplacement de graines pour la 2° fois. Ayant trouvé un
fusil, ai passé une partie de la nuit à l'affût, quoique ne voyant pas les
chacals à cause de l'obscurité. Ai lùré quelques coups de fusil, ce qui a
effrayé les bêtes. Quelques graines cependant ont été touchées.
6 août. — Passé encore une partie de la nuit à l'affût.
7 août. — Fait 2 rondes la nuit et tiré coups de fusil, pas de graines
touchées.
15 août. — La végétation est très belle, terrain presque exempt d'her-
bes.
25 août. — Dans quelques jours on ne verra plus les lignes, les plan-
tes sont réunies.
12 septembre. — 2' binage.
Cour : surface environ 79 ares.
Afin de ne pas perdre de terrain, nous avons fait ensemencer ta sur-
face comprise à l'intérieur de la tapade-haie (qui forme clôture autour des
bâtiments, habitations, hangars), en laissant toutefois l'espace suffisant
pour circuler librement, autour des bâtiments.
Vu l'exiguité, nous avons fait préparer le terrain à la mode indigène.
9 juillet. — Semis direct sur le terrain, en poquets espacés d'environ
0, 50 sans labour ni grattage, il a été utilisé 25 k. de semence, 2 graines
par poquets.
— 252 —
18 juillet. — 1" binage.
i6 août. — 2° binage. Quelques herbes traînantes seulement. Les
arachides sont belles et la plus grande partie en fleurs. Les coques récol-
tées sont aussi belles que celles des planches nous le devons sans doute
aux binages exécutés à temps. Nous sommes persuadés que, si les indigè-
nes donnaient à leurs arachides des binages fréquents pour maintenir leurs
cultures propres au lieu de ne les nettoyer que lorsque les herbes envahis-
sent tout, ils auraient de plus belles récoltes, et un plus fort rendement.
Il faudrait aussi qu'ils changent leurs semences.
Nous pensons que la grosseur des coques récoltées est due :
1° Au choix des graines,
2° Parce que ces graines venaient de terrains plus compacts des envi-
rons de Kougueul, Sinthiou et Koussanar. Ayant été semées dans une terre
légère, elles s'y sont bien développées, aidées par les labours.
Maunoury.
LETTRE DE M. MALINOURY A L'iNSTITUÏ COLONIAL
« Late-Mengué, le 19 février 1922.
« Messieurs,
« Lorsque je suis arrivé à Kaolack, en janvier 1921, j'avais peu de
renseignements sur le pays, point sur la mentalité indigène, car pour la
bien connaître ce n'est pas dans les centres qu'il faut l'étudier, c'est à son
contact, isolé comme je suis. De vieux coloniaux du Sénégal m'avaient pré-
dit que si j'arrivais à pouvoir mettre en valeur 10 à 12 hectares ce serait
beaucoup. J'ai réussi à en faire dessoucher et semer 32 hect-ares, ce n'est
pas sans peine car, en plus, il me fallait rassembler les matériaux pour la
construction d'une habitation, de hangars, faire creuser un puits, réunir
et monter les machines, les régler, etc.
« Les Serrères, qui composent la majorité de la population des villages,
ne sont point les cultivateurs étonnants que certains ont vantés; ce sont, en
général, des paresseux, abrutis par l'alcool, leurs villages sont mal tenus
et crasseux; les gens sont, comme ceux des autres races noires, partisans du
moindre effort et les travaux exécutés pour leurs cultures ne sont pas
compliqués et ne leur demandent pas une grosse peine.
« Dès le début de mon installation parmi eux j'ai entrepris de les ame-
ner à se mefire au travail, de façon à pouvoir les employer de préférence
si un besoin do main-d'œuvre pressé se fai.sait sentir. En ce moment, je
profite de ma ténacité h les convaincre. Ce sont, la plupart, des hommes
des villages qui débrousserit, ils n'ont probablement jamais autant travaillé,
ni ù des travaux aussi rudes, de façon à ce que leur effort soit soutenu; ils
travaillent h la tâche et il m'a fallu dix mois do conversation pour qu'ils s*
— 253 —
décident. J'ai commencé à iiller les voir le diniaiiclie, soigné avec succès
de légers bobos, les ai engagé à ne pas boire d'alcool, à être propres, se
laver; aux femmes ;\ laver leurs enfants et à se laver elles-mêmes. Je donne
quelques morceaux de sucre et de kolas. A la saison des cultures, j'ai visité
leurs champs pour les engager à mieux désherber et faire davantage de
binages et à semer des graines choisies parmi les plus belles, ce qu'ils ne
font pas. Les chefs de village n'ont aucune autorité. C'est regrettable, car
C€ pourraient être de précieux intermédiaires si l'Administration les soute-
nait; les villages seraient moins délabrés et mieux tenus, l'hygiène y gagne-
rait.
« La politique et le cinéma. Pour ceux qui se mêlent de la première,
c'était bien le dernier article à importer; orgfmiser sérieusement le travail
et même les y contraindre eiit été bien plus utile. Quant au cinéma, loin
d'être l'éducateur précieux qu'il pourrait être avec des films judicieusement
choisis, il n'a guère pour résultat que d'augmenter le nombre des voleurs,
cambrioleurs et probablement même, dans quelques années, le nombre
des assassins. Le prestige européen ne gagne rien à tout cela, bien au con-
traire. Je n'en finirais pas si je vous disais toutes les remarques que j'ai
pu faire et qui, malheureusement, paraissent échapper à l'Administra-
tion, qui laisse faire.
« Revenons un peu aux arachides.
« Les labours, semis ont été exécutés à l'aide des tracteurs remorquant
charrues et semoirs. Les binages ont été faits à la main; la récolte aussi,
ainsi que le battage. Quoique le tarare qui existe ici et avait été demandé en
vue de nettoyer du mil ne soit pas agencé pour nettoyer les arachides, je
les ai néanmoins fait passer dans cette machine, cela a permis d'éliminer
une notable quantité de paille et débris légers. Le pesage a été fait ensuite,
le rendement des 32 hectares a donné 48.449 kilos de graines.
« Les tracteurs Fordson employés fonctionnent bien, mais pour les indi-
gènes c'est bien compliqué à cause du départ à l'essence et ensuite la marche
au pétrole. Ils n'y comprennent rien et je puis vous assurer que j'ai eu bien
de l'embarras pour faire exécuter un peu de labour et de hersage par des
conducteurs indigènes.
« J'ai moi-même labouré 16 hectares pour avancer le travail, sans quoi
les labours n'auraient pas été faits en temps utile, c'est fatigant pour l'Eu-
ropéen, à cause de la chaleur du soleil à laquelle s'ajoute celle du moteur.
J'ai eu une chance insensée de n'avoir pas été malade, mais je sens que
cette année je ne pourrai pas recommencer. Les charrues Oliver à deux
socs ont également donné satisfaction. Un jour, labourant moi-même dans
une zone bien dessouchée, je suis arrivé à faire un hectare en quatre heures.
« Les herses en zig-zag utilisées donnent de bons résultats et brisent
bien les mottes, l'ennui est que les conducteurs indigènes ne peuvent arriver
à en faire remorquer six; avec quatre lis .s'en tirent à peu près.
« Les semoirs Avery marque MissDixie fonctionnent bien. Le semoir
à quatre rangs John Deere a un système de distribution différent qui n'est
pas aussi bien que celui des Avery, à un rang. La bineuse John Deere peut
être utilisée pour biner les interlignes du semoir à quatre rangs au premier
binage, mais*- lorsque les plantes s'élendent, son emploi est difficile. Je
pense qu'avec des arachides à tiges dressées, tous les binages pourraient
être faits par cette machine. Sur les interlignes des semoirs à un rang, on
ne peut songer à utiliser la bineuse, les indigènes ne pouvant arriver à
guider leurs semoirs parallèlement les uns aux autres.
— 254 —
« L'arrachage a été aussi une cause de soucis, les manœuvres travail-
lant à la journée ne rendent que très peu de travail, les gens dos villages
étaient occupés dans leurs champs. L'idée de faire exécuter le travail à la
lâche m'est alors venue, cela a permis d'arriver à se tirer d'embarras.
« Le battage a été aussi fait à la tâche.
« Mais il est de toute nécessité de pouvoir arriver à faire tous les tra-
vaux mécaniquement, car depuis la récolte c'est une manutention insensée
pour arriver à ramasser les grains.
« Pour arriver à faire de grandes surfaces d'arachiàjs, il faudrait que
le décorlicage et tri des graines, les façons de culture et d'entretien, la
récolte, battage et mise en sacs fussent faits mécaniquement. Tant qu'il
faudra compter sur une nombreuse main-d'œuvre pour faire un seul de
ces travaux, ce sera peu intéressant, la main-d'œuvre est par trop défec-
tueuse; c'est grand dommage, car on pourrait faire du beau travail dans ce
pays; il y a une grosse éducation à faire pour tirer les gens de leur torpeur
et leur inculquer l'amour du travail.
« Excusez-moi, je vous prie, de ne pas vous donner plus de détails,
mais j'espère bien pouvoir le faire une autre fois.
« Veuillez agréer, etc...
« Robert Maunoury,
« Cie F. A. 0., Kaolack, Sénégal. »
La
Culture des Arachides
aux Etats-Unis
par
A. ST-IEU.XJES
Directeur des Services Techniques de Vlnstitul Cvlunial de Marseille.
GÉNÉRALITÉS
L'arachide est cultivée, depuis fort longtemps, dans tous les Etats du
Sud-Est des Etats-Unis, mais, en fait, cette culture était assez restreinte ei
ne servait guère qu'à deux fins : les variétés à grosses graines étant em-
ployées pour la consommation directe, les autres ne servant guère qu'à
l'alimentation des porcs. Pour ces dernières, le fermier américain ne se
donnait généralement même pas la peine de faire la récolte, se bornant à
laisser les animaux dans les champs. Pour les premières, la vente se fai-
sait dans toutes les villes par l'intermédiaire de petits marchands ambu-
lants, débitant sur la voie publique les arachides grillées. Jusqu'en 1915, il
n'a jamais été fabriqué d'huile d'arachides aux Etats-Unis.
La guerre européenne a bien été une des causes qui ont favorisé le
développement extraordinaire de la culture de l'arachide aux Etats-Unis
en augmentant les besoins mondiaux en matières grasses, mais l'essor
prodigieux de la nouvelle culture est dû surtout aux ravages causés par le
— 256 —
charançon du coton. Cet insecte a causé de tels ravages dans certaines ré-
gions que les cultivateurs ont cherché une plante à rendement phis sûr,
pendant que le? fabricants d'huile de coton, ne trouvant plus dans les
régions infectées des matières premières, ont dii chercher à travailler d'au-
tres graines.
L'arachide a donné aux agriculteurs des résultats tellement favorables
qu'ils lui ont consacré des superficies considérables et l'industrie de l'hui-
lerie a eu ainsi à sa disposition une matière première très avantageuse,
laissant, en outre, les deux sous-produits de grande valeur que sont la
paille et le tourteau.
Pendant ce temps, la consommation humaine de l'arachide, déjà con-
sidérable aux Etats-Unis, s'est également développée et a donné naissance
à d'autres industries, notamment la préparation des arachides salées et du
beurre d'arachides. Ce dernier produit est devenu un article de consom-
mation tout à fait courante que l'on trouve dans toutes les épiceries des
Etats-Unis. Ces usages divers, ainsi que les variétés de sols et de climats
ont conduit à la culture de variétés différentes.
Pour montrer le développement de la culture de l'arachide aux Etais-
Unis, nous indiquerons les superficies cultivées en 1909 et en 1917 :
Virginie 145.000 158.000
Caroline du Nord 195.000 192.000
Géorgie 160.000 560.000
Floride 126.000 375.000
Alabama 100.000 980.000
Texas. 64.000 760.000
Autres Etats 80.000 131.000
TOTAI 870.000 3.156.000
La récolte totale pour 1917 a été de 65.553.000 boisseaux, soit environ
780.000 tonnes, en prenant le boisseau (35 litres) équivalant à 12 kilos d'ara-
chides. Indiquons comme comparaison que les exportations annuelles
d'arachides du Sénégal oscillent entre 150.000 et 200.000 tonnes.
Le rendement moyen a donc été, en 1917, de 26,7 boisseaux à l'acre,
en tenant compte des superficies qui n'ont pas été récoltées, mais laissées
en pâture aux porcs. On admet que le rendement moyen normal est
de 35 boisseaux à l'acre.
En 1918, la récolte n'a été que de 33.294.000 boisseaux par suite des
circonstances climatériques très défavorables. En 1919, on a récolté envi-
ron 45 à 50 millions de boisseaux.
VARIÉTÉS CULTIVÉES
On trouve aux Etats-Unis les deux variétés d'arachides connues,
VArac/iis Asiatica à tiges dressées et VArachis Africana à tiges ram-
pantes.
Dans le premier type, les variétés que l'on différencie aux Etals-
Unis sont les suivantes :
M'Jiile Spanish. — Cotte variété est hàtivo, à feuillage abondant. Les
gousses poussent en grappes au bas des tiges auxquelles elles adhèrent
fortement. La couleur de l'amande varie du rose clair au crème. Elle
donne environ 75 % d'amandes et 25 % de coques. La graine (en coque),
renferme environ 35,1 % d'huile.
Red Spanish. — Cette variété pousse presque de la même façon que
la précédente. Les gousses sont un peu plus grandes. Elle donne 72 %
d'amandes de couleur rouge clair et 28 % de coques. La teneur en huile est
d'environ 34,6 %.
Valencia. — Les gousses poussent très près des racines et offrent peu
de résistance à l'arrachage. Les amandes, petites et de couleur rouge, for-
ment environ 60 % du poids de la gousse. Il y a donc 40 % de coque. La
teneur en huile est de 28,6 %.
Virginia Bunch. — C'est une variété intermédiaire entre les sortes
rampantes et les sortes érectes. Les gousses sont groupées au bas des tiges,
elles sont brillantes et presque lisses. Les amandes, de couleur rose pâle,
ne forment que 46 % de la gousse. La teneur en huile est de 21,2 %.
Tennessee Red. — Cette variété ressemble aux variétés « Spanish ».
Elle est de précocité moyenne, les gousses adhérant fortement aux tiges.
Les amandes sont rouges. Les gousses donnent 56 % d'amandes et 44 % de
coques. La teneur en huile est de 26,4 %.
Parmi les arachides à tiges rampantes, on différencie les deux varié-
tés suivantes :
NoTth Carolina. — Les gousses sont -petites et se détachent facilement
des tiges. C'est une variété assez tardive qui donne de petites amandes
rougeâtres. Le pourcentage des amandes est de 66 % et la teneur en huile
de 26,2 %.
Virginia Runner. — Cette variété ressemble à la North Carolina, mais
avec des graines plus grosses. Les gousses et les amandes sont tout à fait
semblables aux gousses et amandes de la variété Virginia Bunch. Le pour-
centage d'amandes est de 53,1 % et la teneur en huile de 24,7 %.
Outre ces variétés de grande culture, on cultive aussi aux Etats-Unis
les arachides dites Jumbo, qui sont des sélections des variétés Virginia
Bunch et Virginia Runner; elles se distinguent par leur taille particulière-
ment grande, puisqu'il n'en faut que 276 pour faire une livre. Elle ne
renferment que 41 % d'amandes et 18 % d'huile.
Ce sont des graines de luxe, exclusivement cultivées en vue de la
consommation à la main.
On cultive de préférence aux Etats-Unis les variétés à tiges dressées
à cause des plus grandes facilités qu'elles donnent pour les soins cultu-
raux et la récolte, les graines étant rassemblées autour du collet de la
plante. Les variétés Spanish sont de beaucoup les plus répandues, car ce
sont elles qui onf la plus forte teneur en huile et donnent les plus hauts
rendements; on apprécie également leur résistance à la sécheresse. Elles
mûrissent parfois en 90 jours, mais on compte, en moyenne, 110 jours.
Pour la consommation humaine, on cultive surtout les deux variétés
jVirginia.
— 258 —
PRÉPARATION DU SOL - ENGRAIS
On considère généralement, aux Etats-Unis, que rarachide demande
un sol léger et sablonneux. Les sols de couleur foncée contenant une assez
forte proportion d'argile peuvent donner de bonnes récoltes, mais ils né-
cessitent une préparation plus complète et des labours-plus profonds; en
outre, ils donnent des graines de couleur foncée, ce qui réduit leur valeur
marchande.
Tous les essais ont montré que l'arachide ne prospère pas dans les
sols humides ou acides et que l'élément essentiel est le calcaire. Le cal-
caire est tellement nécessaire à l'arachide que même les sols marneux bé-
néficient souvent de l'application de chaux.
Le mieux est d'appliquer deux à trois tonnes de calcaire broyé par acre
à l'automne. Si les conditions de culture ne le permettent pas, l'Université
de Floride recommande d'employer 800 livres de chaux éteinte juste avcint
les semis. La chaux doit être répandue à la volée et soigneusement enter-
rée par un hersage.
La seconde « dominante » de l'arachide est l'acide phosphorique; on
estime suffisante une application de 2 à 300 livres de superphosphate à
16 % par acre. Dans les sols sablmmeux on fait une légère application (30
à 40 livres) de nitrate de soude pour assurer un bon départ. L'arachide
étant une légumineuse trouvera ensuite dans l'atmosphère la plus grande
partie de l'azote qui lui est nécessaire.
Au sujet du fumier de fi^rme, les expériences ont montré qu'il n'y a
pas d'avantages à l'appliquer directement à l'arachide parce qu'il a ten-
dance à produire trop de tiges et un grand pourcentage de gousses vides.
En outre, il contient généralement beaucoup de mauvaises graines, ce qui
occasionne ensuite plus de travail pour le sarclage.
Pour la préparation du sol, les points essentiels sont les suivants :
Labour assez profond (20 à 22 cent.).
Amcublissement parfait avec rouleau brise-mottes, herse, cultiva-
teur, etc.
Enlèvement de toutes pierres, racines, etc.
En terrain argileux, le labour doit être fait à l'automne et plus profon-
dément que quand le terrain est sablonneux. Dans les sols légers, la
préparation du sol peut ne commencer qu'au printemps.
Il vaut mieux cultiver à plat, si le sol est suffisamment perméable et
bien drainé, sinon on devra cultiver en billons.
On peut semer à partir du milieu de mars pour les graines en coques;
au début d'avril pour les graines décortiquées, mais on peut retarder les
semis jusque vers le milieu de juin. Les arachides de variété hâtive comme
les Spanish plantées décortiquées au début d'avril arrivent h maturité vers
le milieu de juillet, permettant ainsi la production d'une seconde récolte.
Pour cette môme variété, la quantité de semence nécessaire est de 2 bois-
seaux de graines en coques ou un demi-boisseau de graines décortiquées
pour planter un acre.
Sur un bon terrain on recommande de rapprocher les lignes autant que
possible, tout en permettant les façons culturalcs. L'espacement peut être
de 75 à 90 r«nlimùlros pour les variétés à tige droite, de 90 à 110 pour les
variétés à lige rampante.
L'espacement dans les raies varie de 15 à 30 cent., selon les variétés,
— 2o9 —
lc5 variétés à grosses graines demandant naturellement lecarloment lo
plus grand.
La graine doit être semée a une profondeur de 3 à 5 cent, et bien recou-
verte par un hersage.
M. Short, professeur d'agronomie au Collège du Tc.xa?, après plu-
sieurs années d'observations, recommande de planter d'autant plus serré
que la chute annuelle de pluie est plus grande. Les meilleurs résultats cor-
respondent aux écartements suivants :
Ckatea uiaueHes d« pluït
EcartemsDt des lignes
Distxnco Ats graines <!aoi 1
. I^gn,
(iDches)
llnchM)
(Inches)
20
36
30
15
18
20 à 30
36
30
12
14
30 à 40
36
30
10
12
40 à 50
36
30
8
10
50
36
30
6
8
Pour les superficies importantes, on plante au semoir. Nous donnons
en fin d'article les noms de constructeurs spéciaux de semoirs et de culti-
vateurs à arachides.
Pendant toute la durée de la végétation, on donne avec le cultivateur
toutes les façons nécessaires pour maintenir un bon ameublissement du
sol et en passant aussi près que possible des plantes. Si cela est nécessaire,
on fait également un ou deux sarclages.
Tous ces soins culturaux ne nécessitent qu'une main-d'œuvre assez
restreinte. Ainsi, avec un cultivateur à siège, un enfant peut travailler fa-
cilement 5 à 6 acres par jour.
Nous donnerons deux exemples caractéristiques de cultures d'arachi-
des dans des conditions complètement différentes citées par le Peamtt
Promoler,
M. Rich. Lucas, de Mountain View (Montana) cultive de grandes
quantités d'arachides. Le terrain est suffisamment riche en calcaire, mais
très pauvre en azote et en humus. On fait, dès le début du printemps, un
labour relativement profond, puis on laisse reposer jusqu'à l'époque de la
plantation. A ce moment, on applique 200 livres de superphosphate à
16 % par acre, puis on herse soigneusement avec une herse à disques.
Après plusieurs essais, M. Lucas a adopté un écartement de 90 cent, entre
les lignes et une distance de 30 cent, sur les lignes. Dès que les plantes
sont sorties de terre, il donne une façon profonde aussi près que possible
des plantes et applique un peu de nitrate de soude, jusqu'à 100 livres par
acre, pour assurer un bon départ.
Pendant la durée de la végétation, il donne deux ou trois façon? super-
ficielles pour détruire les mauvaises herbes et entretenir le sol dans un
bon état d'ameublissement. Quand les bourgeons commencent à se former,
il applique encore 50 livres de nitrate.
Sur ce terrain très pauvre et en saison assez peu favorable, M. Lucas
— 260 —
a obtenu un rendement moyen de 31,9 boisseaux à l'acre, tandis qu'une
parcelle témoin n'ayant reçu aucun engrais donnait 16,7 boisseaux par
acre.
Pour l'huile, M. Lucas préfère la variété Spanish; pour les autres usa-
ges, il plante uniquement la variété Valencia qui lui a toujours donné d'ex-
cellents résultats, quoique plus tardive que la Spanish.
M. H. -P. Pellon, de Gitronelle (Alabama) est partisan des semis tardifs
(entre le 20 mai et le 10 juin). Ses terres sont riches et il n'emploie pas
d'engrais. Il laboure au printemps et seulement à 12 centimètres, puis il
herse soigneusement. L'écartement entre les lignes est seulement de 75 cent.
Première façon immédiatement après le semis, deuxième aussitôt que les
plantes sortent de terre, troisième quand les plantes ont environ 10 cent.
de hauteur; deux ou trois semaines plus tard, un binage. Récolte mini-
mum 35 à 40 boisseaux, maximum 75 à 80. Paille 3/4 à 1 1/2 tonne par
acre. La récolte en paille peut être largement accrue en appliquant 100 livres
de nitrate de soude au moment de la dernière façon.
Les cultures de M. Pelton sont un exemple intéressant de culture inten-
sive sans engrais et avec une main-d'œuvre réduite. Le rendement de
80 boisseaux à l'acre en saison favorable, qui équivaut à 2.400 kilos à l'hec-
tare, paraît tout à fait satisfaisant.
RÉCOLTE
La récolte est le point délicat de la culture de l'arachide dans les pays
où le prix de la main-d'œuvre est élevé.
Les graines mûrissant en terre, il faut arracher la plante entière, la
laisser sécher en meules, puis séparer les graines des tiges, soit à la main,
soit au moyen de machines spéciales.
En Virginie où la culture de l'arachide est la plus ancienne, on se sert
encore d'une charrue ordinaire derrière laquelle marchent trois ou quatre
hommes. Ceux-ci secouent la terre adhérant à la plante et font de petites
meules autour de piquets plantés en terre tous les 20 ou 30 mètres. On
reproche surtout à cette méthode que la charrue arrache complètement
les racines, enlevant ainsi au sol une quantité d'azote dont la valeur ferti-
lisante est estimée de 3 à 8 dollars par acre.
La maison William Mill Mfg. C° de Texarkanat (Texas) fabrique une
machine de récolte dont la partie antérieure est analogue à la charrue
employée pour planter les pommes de terre. Le versoir, de forme basse et
allongée, est suivi d'un grille et d'une fourche pour le nettoyage des tiges.
La grille, perpendiculaire à la direction de marche, est inclinée d'environ
45° sur l'horizontale.
On se sert parfois d'arracheuses de pommes de terre du type rotatif,
mais elles doivent détacher des tiges une proportion élevée de gousses.
Enfin, on obtient d'excellents résultats avec une machine très simple qui
peut Être construite par les forgerons de village. Elle consiste en une sorte
de charrue ayant une lame tranchant* en U. Celle-ci passe' au -dessous des
plantes et découpe à une profondeur uniforme, laissant ainsi en terte la
plupart des racines.
La Maison W.-F. Covinglon Mfg. C° de Montgomery (Alabama) fabri-
que une machino de ce genre qui coûte seulement 12 dollars, dite « Tom
Woods Peanut Digger ».
— 261 —
Dans toutes ces machines, il faut toujours trois ou quatre hommes
pour ra!i)a~si.'r U's [.'lanl.es, les îc-j^uior et le? cietlre en meules, mais c'est
un Uvivail qui se fait, en somme, sm^Gz rapidement.
Il existe des machines spéciales qui arrachent les plantes, les nettoient
et les mettent en tas. Elles possèdent en général un dispositif de réglage
en profondeur jiermettant de ne couper les parties que juste au-dessous des
gousses. Ces nuichinôs paraissent n'ôtre pas tout à fait au point, mais il
est certain qu'avant peu il en sera mis sur le marché donnant toute satis-
faction.
Les tiges et gousses restent pendant quelque temps sur les champs en
petites meules. Quand elles sont suffisamment sèches, ce qui demande qua-
tre à cinq semaines, il faut séparer les graines des tiges. Cette séparation a
lieu sur le champ. Elle est faite à la main pour les récoltes peu importan-
tes ainsi que pour les variétés de choix destinées à la consommation
directe. Pour les quantités importantes, on se sert, soit de batteuses
ordinaires a céréales avec dispositif spécial pour les arachides, soit de
machines spéciales dites « Peanut Pickers >>. Les batteuses sont employées
principalement dans les régions où l'on cultive les variétés Spanish. On leur
reproche surtout de briser ou d'endommager un pourcentage élevé de
graines. Pourtant, en ne donnant au cylindre qu'un mouvement assez lent,
par exemple 400 tours à la minute et en alimentant la machine très réguliè-
rement, on n'a qu'un très faible pourcentage de coques brisées et de grains
avariés.
Le « Peanut Picker » fonctionne d'après un principe totalement dif-
férent. La séparation a lieu par frottement des tiges contre une toile métal-
lique horizontale; en même temps, des brosses agissent à la partie infé-
rieure de la toile métallique pour détacher les graines. Ces machines ont
une capacité de 250 à 500 boisseaux par jour et ne demandent qu'une force
assez faible, de 4 à 5 chevaux. Elles ont, en outre, un dispositif d© net-
^yage et un autre pour enlever les petits bouts de tiges qui adhèrent en-
core aux gousses.
Nous donnons ci-après les photographies et descriptions de deux ty-
pes de Peanut Picker, ainsi que d'une batteuse disposée pour traiter les
arachides et un plantoir spécial.
Le battage des arachides est souvent effectué par des entrepreneurs.
En Géorgie, ils ont formé une association qui a fixé le prix du battage à
17 cents par boisseau.
ROTATION DE CULTURES - CULTURES INTERCALAIRES
L'arachide est parfois plantée avec cultures intercalaires de tomates.
Lorsque celles-ci sont enlevées, on donne deux ou trois façons au cultiva-
teur et à la houe.
Une autre méthode consiste à planter une ou deux rangées d'arachides
entre deux rangées de maïs, mais ces méthodes ne sont guère employées
qu'en petite culture.
Dans les terres notablement argileuses, on recommande de planter
l'arachide après le maiis en appliquant à ce dernier tous les engrais orga-
niques disponibles à la ferme. On obtient ainsi une bonne récolte de maïs
et l'arachide bénéficie largement de la présence d'humus dans la terre. On
a vu, d'autre part, que l'application directe du fumier à l'arachide n'est
202
pas à recommander. Le maïs mûrissant en août ou au début de septembre,
(on peut parfois avoir avant l'hiver une culture dérobée. En tous cas, dans
ce terrain, le sol doit être labouré, pour l'arachide, avant l'hiver.
En terrains légers, le labour pouvant n'être effectué que peu de temps
avant les semis, l'arachide peut être plantée après l'avoine, les pommes de
terre hâtives et les tomates hâtives.
RENDEMENTS
Les rendements moyens de l'arachide aux Etats-Unis ne paraissent pas
très encourageants au premier abord, puisqu'ils sont estimés entre 30 et
35 boisseaux à l'acre (900 à 1.000 kilos à l'hectare), mais il ne faut pas
oublier que la culture est souvent faite avec peu de soin et sur des terrains
pauvres. En tous cas, les agriculteurs américains apprécient beaucoup le
fait que la culture de l'arachide nécessite une mise de fonds très faible par
rapport à celle que demande le coton. Pour ce dernier, elle est si considé-
rable que les ravages du charançon (boll weevil) ont occasionné de vérita-
bles ruines.
Au contraire, pour l'arachide, on estime que la paille, à elle seule, peut
couvrir les frais de culture, étant donnée sa valeur nutritive qui la rap-
proche du foin de luzerne.
Si le rendement moyen n'est que de 30 à 35 boisseaux à l'acre, on es-
time qu'une culture à peu près réussie doit donner de 40 à GO boisseaux.
En culture très soignée, les rendements de 75 à 100 boisseaux ne sont pas
rares et l'on en cite atteignant 200 boisseaux à l'acre (5 à 6.000 kilos à l'hec-
tare).
Voici, par exemple, comment s'établissait le compte cultural par acre
pour un terrain de 54 acres dans la Louisiane du Nord, en 1915 :
Intérêts du capital 8.00
Labour, préparation du sol, graine, ensemencement.. 5.35
Culture 2.35
Moisson et bottelago 2.50
Battage et transport 4.80
Coupage et transport des piquets 1 . 37
Sacs et ficelle 1 . 03
Total 25.42 25.42
recettes
60 boisseaux de graines à 1 dollar 60.00
1 tonne de paille à 12 dollars 12.00
Total 7?. 00 72.00
Bénéfice net par acre 4G.53
(fja valeur do la paille a été estimée à un prix extrômemenl bas).
263 —
USAGES
Une partie des récoltes échappe aux statistiques, c'est celle qui est con-
sommée par les porcs lâchés dans les champs d'arachides dès que l'on es-
time les gousses suffisamment mûres. En employant un système do barriè-
res mobiles, on estime que l'on peut faire ainsi 400 livres de viande par
acre. Malgré l'éèonomie de main-d'œuvre, il y a tendance à" abandonner de
plus en plus cette méthode, le lard ainsi produit manquant de fermeté à
cause de la richesse excessive des arachides en huile. On s'est aperçu qu'il
y avait plus d'intérêt à vendre les graines aux huileries et à nourrir les
porcs avec les tourteaux.
Comme nous l'avons dit plus haut, une portion très importante de la
récolte est employée dans l'alimentation humaine : consommation directe,
cuisine (soupe d'arachides, etc.), pâtisserie (biscuits d'arachides, etc.),
beurre d'arachides. Pour ces usages, la teneur en huile n'entrant pas en
ligne de compte, on emploie les variétés à grosses gousses comme la Virgi-
nia et la Valencia et aussi les variétés géantes dites Jumbo. Pour l'huilerie,
on emploie presque exclusivement les variétés Spanish qui ont la plus forte
teneur en huile et donnent les plus hauts rendements, tout en résistsjit
bien à la sécheresse. Ces variétés Spanish sont d'ailleurs de beaucoup les
plus répandues, surtout dans les territoires du Sud.
La paille d'arachide est employée comme aliment du bétail. Quand elle
a été récollée dans de bonnes conditions elle a une autre valeur nutritive
équivalente à celle des foins de trèfle et de luzerne.
Les coques servent également, après broyage, à l'alimentation du
bétail. On a proposé de les employer à la fabrication du papier. Le Forest
Products Laboratory a fait des essais dans ce sens, mais les résultats n'ont
pas été favorables et les coques d'arachides ne pourraient guère entrer que
dans la fabrication d'un carton de qualité inférieure. En revanche, elles
pourraient servir comme poudre isolante analogue à la poudre de liège,
mais leur pouvoir isolant est de 30 % inférieur à celui du liège.
SITUATION ÉCONOMIQUE
Jusqu'en 1915, l'arachide a été, aux Etats-Unis, surtout une culture de
luxe dont la récolte se vendait un prix élevé pour la consommation hu-
maine. Depuis la crise provoquée par les ravages du charançon du coton,
l'arachide est devenue de plus en plus une grande culture dont le seul aléa
est justement la récolte cotonnière. Quand celte dernière est bonne, elle
fait baisser les prix offerts par l'huilerie pour les arachides.
Aussi, les Américains ont-ils fait de grands efforts pour développer la
consommation humaine. Us ont réussi à provoquer une demande très
importante et à créer une industrie nouvelle pour la préparation de pro-
duits spéciaux. Grâce à cela, les prix se maintiennent très élevés malgré la
concurrence des graines importées d'Orient.
CONCLUSIONS
Au point de vue français, nous devons surtout retenir ce fait que, mal-
gré les prix élevés de la main-d'œuvre agricole aux Etats-Unis, l'arachide
est devenue dans ce pays une culture à gros bénéfices, grâce à l'emploi
— 264 —
d'une machinerie bien appropriée qui permet de faire des cultures soi-
gnées avec un minimum de main-d'œuvre.
L'introduction de ces machines dans nos colonies françaises permettrait
de consacrer à l'arachide des superficies considérables et de fournir à nos
industries métropolitaines des matières premières qu'elles sont malheureu-
sement obligées d'importer en grande partie de l'étranger.
MACHINES POUR LA CULTURE DE L'ARACHIDE
Les maisons suivantes fabriquent des semoirs spéciaux pour arachi-
des :
Avery Company of Texas-Dallas (Texas), Cole Manufacturing G° Box
230, Charlotte (N.-C), Emerson Brantigham Implements C°, Dallas (Texas),
Parlin et Orndorff Implements C", Dallas (Texas), B. F. Avery and Sons,
Louisville (Kentucky).
La figure I représente le semoir de cette dernière maison, semoir qui
offre des particularités très intéressantes.
'Voici les points principaux qu'indiquent les constructeurs :
1° L'appareil plante les arachides décortiquées à la distance que l'on
désire et les manipule si délicatement que les facultés germinatives ne sont
point détériorées le moins du monde;
2° Pour planter les arachides en coques « Spanish » on adapte à l'ap-
pareil une trémie à extension qui fait le travail à la perfection.
3° On peut planter dans la même ligne du mais et des haricots « Vel-
vet » ou des « Cow peas », dans toute proportion désirée. Les haricots ou
pois peuvent être disposés en poquels avec les grains de maïs ou bien en
alternant, et cela à la distance que l'on veut.
4° On peut planter une ou plusieurs raies de maïs et ensuite une raie
de haricots sans avoir à changer les semences dans la trémie.
Le Duplex Hopper plante de deux côtés à la fois, de sorte que l'on peut
laisser tomber d'un côté les graines d'une espèce et de l'autre les graines de
l'autre espèce.
Les alvéoles qui saisissent la graine sont à la partie extérieure de la
barre à bascule et sont attachées à des plateaux circulaires. Lorsque le
semoir avance, ces plateux tournent et les alvéoles saisissent la graine, la
portent au sommet do la trémie et la laissent tomber dans l'ouverture au-
dessus du canal conducteur. La graine ne passe sous aucun angle vif, de
sorte qu'il n'y a aucune chance d'écrasement ou de détérioration. L'ouvrier
aperçoit la graine lorsqu'elle entre dans le tuyau de distribution et égale-
ment lorsqu'elle en sort pour tomber à terre.
Supposons qu'on veuille planter deux rangées de maïs, puis une rangée
de haricots. On place du maïs dans un des côtés de la trémie, des haricots
dans l'autre. On ferme l'orifice à pivots du côté des haricots et l'on avance,
plantant ainsi les deux rangées de mais. Ensuite, on dégage l'ouverture du
côté des haricots et on la ferme du côté du maïs. Il y a là un simple mou-
vement de bascule à effectuer et absolument rien à dévisser.
Chacun des plateaux tournants possède un nombre de trous suffî.sants
pour attacher un nombre quelconque, do 1 à 12, do bras pourvus d'alvéo-
— 265 —
les. Si l'on n'en met qu'un, les semences sont déposées à 144 inches do dis-
tance (3 m. 60), avec deux à 72 inches, avec quatre à 36 inches, etc. Par
exemple, en plantant du maïs et des haricots dans la même ligne, si l'on
place alternativement de chaque côté 4 bras, on obtiendra des poquets de
maïs et de haricots alternant à 18 inches de distance.
Les arbres porteurs d'alvéoles à graines se meuvent lentement, don-
nant toute sécurité pour que la graine tombe bien à terre, les parois de la
trémie sont suffisamment dressées pour que l'on puisse planter jusqu'à la
dernière graine. L'équipement régulier fourni pour le Duplex Hopper com-
prend 12 bras à alvéoles pour planter le maïs et 24 pour planter les ara-
chides décortiquées, les haricots et les pois.
Pour le maïs, les arbres ont des alvéoles des deux côtés. On les inverse
en adaptant ces arbres de la partie gauche de la trémie à la partie droite
et inversement. Un des côtés plante les grains de maïs gros ou moyens,
l'autre côté le maïs à petit grain. On peut fournir les dispositifs pour le
sorgho et d'autres graines.
Pour planter les arachides Spanish en coques, on emploie des alvéoles
spéciales particulièrement grandes et une trémie supplémentaire que l'on
adapte au-dessus de l'autre au moyen d'écrous.
CULTIVATEURS POUR ARACHIDES
Les maisons suivantes offrent des cultivateurs spéciaux pour arachi-
des :
Avery Company of Texas, Dallas (Texas); Ferguson Mfg C, Suffolk
(Virginie); Lyman R. Bros C°, Suffolk (Virginie).
On emploie, en outre, pour les soins culturaux, de petites machines à
moteurs analogues aux bineuses automobiles dont un constructeur français
offre des modèles bien étudiés.
MACHINES DE RÉCOLTE
Les maisons suivantes offrent des machines pour l'arrachage et le net-
toyage :
The William Mill Mfg C, Texarkanat (Texas); The W. F. Covington
Mfg C°, Montgomery (Alabama).
En outre, la Maison Lyman R. Brothers, 809, Washington Street, Suf-
folk (Virginie), nous signale qu'elle étudie une nouvelle machine pour
arracher et nettoyer les arachides. Cet appareil, qui doit comporter des
perfectionnements notables, sera mis bientôt sur le marché.
MACHINES POUR LE BATTAGE
L Batteuses. — Les maisons suivantes fabriquent des batteuses avec
dispo.-iitifs spéciaux pour le battage des arachides :
The Texas Harvester C°, Dallas (Texas); Emerson Brantigham Imple-
ments C", Dallas (Texas), W.-H. Stople, Dallas (Texas); William Mill
Mfg. G", Texarkanat (Texas): Parlin & Orendorff Implements C\ Dallas
(Texas); Koger Pea & Bean Thresher C, Morristown (Tenu).
Notre figure 2 représente une batteuse (Thresher) ordinaire de la mai-
son Koger, pourvue d'un dispositif spécial pour traiter les arachides. Nous
— 266 —
n'avons pas de ren=eigncments particuliers sur cette machine qui nécessita
un personnel de 5 hommes, dont deux pour l'alimentation. Elle produirait
environ 30 boisseaux à l'heure.
II. Peanut Pickers, — Ces appareils servent, comme les batteuses,
à séparer les graines d'arachides de la paille, mais ils travaillent d'après
un principe entièrement différent, ainsi que nous l'avons expliqué page 55.
Parmi les maisons construisant ces appareils, nous citerons les suivantes :
Salem Iron Works, Winston-Salem (Caroline du Nord); Benthall Ma-
chine G", Suffolk (Virginie); National Machine Corporation, Suffolk (Vir-
ginie); Ferguson Mfg. C°, Suffolk (Virginie).
Nous donnerons la description des deux premières d'aprèg les rensei-
gnements fournis par les constructeurs
La figure 3 représente le Hustler Peanut Picker construit par les
Salem Iron Works. L'alimentation se fait comme dans les batteuses, au
moyen d'un tambour muni de barres d'acier et mis en mouvement par une
chaîne sans fin. La paille traverse la machine sur un treillage métallique et
est soumise à une série de ressorts qui séparent les graines de la paille sans
endommager la coque. I^es graines traversent la toile métallique et sont
transportées à un « Vibrating Separator », où elle est également soumise
à un violent courant d'air qui enlève les débris de branches, etc., pendant
que les graines tombent dans le « stemmer », où elles sont soumises à l'ac-
tion de petites scies qui enlèvent les débris de racines et les petits mor-
ceaux de tiges adhérant à la graine.
Les graines passent alors à travers un tamis et sortent de la machine
prêtes à être ensachées, pendant que les débris de racines ou de tiges sor-
tent au côté opposé de la machine. Pendant ce temps, la paille a été entraî-
née à l'extrémité de la machine et soumise à une forte ventilation.
Ces machines peuvent être aisément mises en marche par un moteur
do 6 chevaux. La poulie de commande doit faire liO/150 tours par minute;
elle est munie d'un manchon d'embrayage qui permet le départ sans aucun
choc qui risquerait de briser les chaînes. La machine peut être pourvue, si
on le désire, d'un ensacheur et d'un élévateur de paille. Son rendement est
de 400 à 600 boisseaux d'arachides Spanish par journée de iO heures. Sa
longueur est de 5 mètres environ.
La figure 4 représente le Peanut Picker de la Benthall Machine G».
Cette machine travaille d'une façon tout à fait semblable à la précédente.
Elle est construite principalement pour les arachides des variétés Virginia,
mais elle peut traiter également les arachides d'autres variétés ainsi que les
« Cow Peas », etc. La Maison construit trois types de machines dont un
pour être actionné avec un cheval. La poulie de commande doit faire
150/160 tours par minute. Elle est pourvue d'un embrayage à friction. Le
poids de la machine est de 12 à 1.300 kilos.
L* Arachide aux Etats-Unis
Extrait d'un rapport de Mission de
MM. AMMAN.
Ingénieur- Agronome ,
Chargé de Missions Permanentes de Recherches Industrielles en A. 0. F.
et DENIS,
Ingénieur-Agronome.
(Mission subventionnée par l'Lnion des Fabricants d'Huile de France)
D'après tous les renseignements recueillis et de l'avis des spécialistes,
les sols les plus convenables pour la culture de l'arachide sont les terrains
argilo-siliceux, contenant en même temps une assez grande proportion de
chaux, avec un sous-sol argileux bien drainé. Une terre lourde contenant
une assez forte proportion d'argile donnera peut-être une rendement plus
élevé, mais une pareille terre est beaucoup plus difficile à travailler et si
la proportion d'argile arrive à être telle que le sol puisse devenir compact
au moment de la floraison, les fleurs ne pourront plus percer la surface et
la fructification ne se fera pas.
Il est à remarquer, d'autre part, que devant la progression de la cul-
ture du cotonnier, l'arachide se trouve reléguée vers les terres les moins
riches, les terrée les plus légères.
Larachide demande, pour pouvoir pousser, une longue saison sans
gelées, une température élevée, une insolation abondante et une chute d'eau
moyenne.
Tandis qu'au Sénégal la culture de l'arachide est réglée d'après l'épo-
que des pluies et que la question de la chaleur n'intervient pas, aux Etats-
Unis, au contraire, c'est la question de la température qui domine. L'ara-
chide étant sensible aux gelées, on ne petit la semer, même dans les Etats
— 268 —
du Sud, que lorsque tout crainte de gelée a complètement disparu. On peut,
d'après cette remarque, semer l'arachide dans toutes les régions où l'été
est suffisamment long pour permettre le développement de la plante : il
faut semer les grosses variétés (Virginie) plus longues à mûrir, le plus rapi-
dement {30ssible lorsque le sol s'est bien réchauffé; mais les variétés espa-
gnoles, dont l'évolution est très rapide, peuvent être semées assez tard en sai-
son, pourvu qu'il y ait depuis le moment du semis jusqu'à la récolte (c'est-
à-dire les premières gelées) une période de iOO à 120 jours et 90 jours au
minimum, dans les meilleures conditions.
L'arachide ayant besoin d'une quantité d'eau relativement légère pour
sa croissance, la question des pluies n'a pas une grande importance aux
Etats-Unis où l'on estime que la quantité d'eau est toujours suffisante, mais
lorsque les semis se font tard en saison, on préfère semer au moment d'une
pluie, de façon à obtenir une germination rapide.
PREPARATION DU SOL
La terre destinée à la culture de l'arachide n'est pas préparée de façon
uniforme; le labour n'est pas une opération aussi régulière que dans notre
pays et bien souvent on se contente d'une simple pulvérisation du sol à
l'aide d'un appareil à disques.
Dans la préparation du terrain fa'îe de la façon la plus complète, or.
commence par un labour et l'époque de ce labour dépend de la culture
précédente. Si l'arachide doit suivre un maïs dans lequel il y avait une
culture améliorante, le labour doit être fait en hiver, mais il faut avoir
soin, auparavant, de couper en morceaux les chaumes de maïs de façon que
ceux-ci et l'engrais soient parfaitement enfouis : tout débris traînant sur le
sol serait, en effet, très gênant pour la croissance de l'arachide. Le labour
d'hiver a pour but de donner un temps suffisamment long aux plantes et
chaumes enfouis pour pourrir avant le semis de la graine. Si la terre était
en jachère, le labour peut n'être exécuté que quelque temps avant les semail-
les. La profondeur du labour est naturellement en rapport direct avec
l'épaisseur de la couche arable et seules les. conditions de lieu peuvent
fixer la profondeur du labour, en moyenne de 12 à 20 centimètres.
Quelques jours avant le semis, la terre doit être hersée. De nouveau, un
coup de herse quelques heures avant le semis peut empêcher la perle
d'humidité du sol. Quand le sol, après le labour, se prend en mottes,
l'emploi du pulvérisateur à disques est d'un usage courant pour rendre le
sol pulvériilent.
Les labours se font à plat; sauf dans les terres un peu humides ou
dans les régions oîi de fortes chutes d'eau sont à craindre. Il est bon alors
do faire de petits billons sur le sommet desquels on sème les arachides.
En général, il nous a semblé que les hersages qui suivent les labours
sont tout à fait insuffisants, l'abondance des mauvaises herbes le démontre
clairement et il faudroit pour nettoyer les terres des façons superficielles
nombreuses qui détruiraient ces mauvaises herbes avant leur fructification.
Lorsque l'arachide vient en deuxième récolte (culture dérobée), aprè-S
une avoine, par exemple, on se contente le plus souvent, d'une simple pul-
vérisation du sol, préparation fout à fait insuffisante.
liOrsquo 1© moment du semis arrive, presque toujours le sol est trac-é
— 269 —
à l'aide d'un martiueur quelconque, faisant généralement trois rangs. Co
marqueur, constitué simplement par une pièce de bois sur laquelle on peut
déplacer des petits socs de charrue que l'on fixe aux intervalles désirés,
détermine par avances les rigoles dans lesquelles seront déposées les grai-
nes d'arachide.
CHAULAGE ET ENGUAIS
Les engrais chimiques et la chaux no sont pas, en général, comme dans
nos campagnes, répandus sur le sol puis enfouis par le labour : ils sont
déposés dans la rigole tracée par le marqueur et justement à l'endroit où
les graines d'arachide seront semées. Lorsque le sol a été marqué, on fait
passer le distributeur d'engrais constitué d'une simple caisse munie à
l'arrière d'un volet qui peut se soulever plus ou moins pour assurer la dis-
tribution de l'engrais. La caisse est montée sur deux roues dont l'axo
engrène un hérisson qui, en tournant à l'intérieur de la caisse, force
l'engrais à sortir. Ui; système d'attelage complète l'appareil qui est extrê-
mement simple et léger.
Les cultivateurb que nous avons vus utilisent généralement les engrais
commerciaux, dont une formule communément employée est la suivante :
90 kilos de tourteau de coton,
90 kilos de phosphate de chaux,
170 kilos de kainite .
Cet engrais est appliqué à la dose de 550 kilos à l'hectare. Son prix
était cette année de 60 dollars la tonne.
Il est à remarquer que ce produit renferme une quantité assez impor-
tante d'azote qui, dans la plupart des cas, est inutile et même souvent nui-
sible en favorisant le développement exagéré du feuillage et des mauvaises
herbes. C'est pour cette raison qu'on recommande de façon très vive de ne
jamais employer de fumier de ferme sur les cultures d'arachide. Aussi, les
spécialistes conseillent-ils sutout l'emploi de l'acide phosphorique, de pré-
férence sous la forme de superphosphate.
FAÇONS CULTURALES
Certains cultivateurs et spécialistes dans la culture de l'arachide con-
seillent, pendant les dernières cultures de rejeter un peu de terre vers le
collet des plantes, de façon que les jeunes fleurs d'arachide trouvent plus
facilement l'endroit oîi former les gousses; mais cette pratique est, au con-
traire, condamnée par d'autres praticiens. M. Rambo dit : « N'entassez pas
la poussière autour des plantes car vous ne le ferez qu'aux dépens de la
récolte; les plantes commencent à fleurir au ras du sol et un amas de terre
autour d'elles est cause de la flétrissure de ces fleurs et c'est la perle de la
récolte inférieure. Nous perdîmes notre première récolte en entassant de la
poussière autour des plantes et en essayant B'épargner un coup de houe.
Evitez cette erreur par tous les moyens ».
Les arachides ne doivent plus être dérangées dès qu'elles commencent
à former leurs gousses. Aussi est-il essentiel d'avoir bien nettoyé le sol
auparavant, car c'est un travail extrêmement pénible que de récolter des
arachides envahies par les mauvaises herbes.
27U —
INSTRUMENTS
La culture de larachide se fait toujours gn ligne et les instruments déjà
utilisés pour la culture du maïs et du coton peuvent aussi être employés.
Cependant, pour les premières cultures, un instrument spécial appelé
« weeder » a été imaginé. Cet appareil, comme silhouette générale, rappelle
un râteau à cheval, mais les dents, au lieu d'être disposées sur une seule
rangée, sont fixées en chicane sur 3 madriers parallèles de bois ou 3 fers a
cornières et de telle façon que les dents arrière passent dans l'intervalle des
dents précédentes quand l'instrument est en travail.
La dent est constituée par une lame de fer, courbe dans sa partie
supérieure, et aplatie pour se fixer plus facilement au bâti; la partie infé-
rieure est cylindrique. Lorsque l'appareil est attelé, en position de marche,
l'extrémité inférieure de la dent se trouve verticale et de façon à ne péné-
trer que de quelques centimètres dans le sol.
Les dents (disposées en chicane) tracent sur le sol des raies distantes
d'environ 5 cm. Sur chaque banc il y a 12 dents. La largeur du travail est de
1 m. 80.
Deux timons légers permettent l'attelage d'un mulet et deux manche-
rons à l'arrière servent à la direction : l'appareil est extrêmement léger et
sa conduite très facile.
Le coût de l'instrument est de 17 à 20 dollars et il est construit par
de nombreuses maisons. Celui qui nous a été recommandé comme le meil-
leur à la Station Expérimentale de Florence, est le Hallock weeder fabri-
qué par Avery et Sons, à LouisviUe, Indiana.
Avant que les plantes d'arachides ne percent le sol ou lorsqu'ils sont
encore très jeunes, l'instrument est passé une première fois diagonalement,
par rapport aux lignes d'arachides, dans le champ; les dents grattent et
arrachent les mauvaises herbes à racines superficielles qui tiennent moins
au sol que les arachides à racines pivotantes; 5 ou C jours après, on fait do
nouveau passer l'appareil dans une direction perpendiculaire à la pre-
mière. Les arachides ne souffrent aucunement de ces façons culturales don-
nées à la terre.
Le « weeder » permet non seulement de lutter contre les mauvaises
herbes qui semblent être une plaie des cultures aux Etals-Unis, mais il
permet aussi de maintenir toute la surface du champ pulvérulen et de con-
server dans le sol toute l'humidité : c'est toujours, en somme, la formule
du « dry farming » et, à ce titre, ce cultivateur mérite absolument d'être
introduit au Sénégal où il nous semble appelé à rendre de grands services.
Il faut noter, d'autre part, que c'est un instrument très simple et facile à
confectionner sur place. Cet instrument fait un travail excellent, mais qu'il
serait bon de compléter en ramassant les mauvaises herbes ainsi arrachées
à l'aide d'un râteau à dents usées, ainsi que le conseille M. Rambo.
Le nettoyage et la pulvérisation du sol se continuant aussi longtemps
que les arachides ne couvrent pas le sol par des cviUures faites en suivant
les espaces compris entre les rangées : tout instrument analogue à nos
houes peut être employé dans ce but. Très généralement en Amérique, on
utilise l'instrument dénommé sweep et constitué par un fer en forme de
lance très large monté sur un nge en liois, tiré par un animal et guidé à
l'aide de mancherons.
5 à 6 cultures sont quelquefois nécessaires.
— 2ri —
Enfin, quelques cultivateurs font passer sur les plantes, avant la der-
nière culture, un léger rouleau qui, en les couchant, aurait pour But de
faciliter la formation des fruits en rapprochant les fleurs du sol, mais rien
ne justifie ce procédé qui, au contraire, favorise le dévLlopi)oinent des gous-
ses vides.
Le semis est l'opération la plus importante do la culture; do bonnes
graines plantées en temps opportun et dans de bonnes conditions culturales
sont seules capables d'assurer une bonne récolte.
Les façons culturales qui seront données au cours de la végétation de
U plante, pourront certainement influer sur le rendement; mais ces façons
culturales auraient une action beaucoup plus restreinte si déjà un bon
semis n'avait jiermis d'obtenir dans le champ, des plantes saines et vigou-
reuses, dans les meilleures conditions favorables à leur développement.
Le premier point important est de s'assurer une bonne semence dont
on connaisse, autant que possible, l'origine. Les Américains ont, du reste,
fort bien compris Yinipvrtance que peut avoir le choix de la semence et
dans toutes leurs cultures, la sélection des graines joue un rôle primordial;
que ce soit pour le blé, le tabac, le mais, le coton, ils sélectionnent avec
le plus grand soin et de façon continue. Notamment, pour ces deux derniè-
res plantes des résultats extrêmement intéressants ont été obtenus (coton
donnant 3 balles à l'acre, 1.678 kilos à l'hectare); des fermes entières sont
attachées à la sélection des graines et vivent du produit de la vente des
graines.
Les méthodes utilisées par les Américains pour la production de leurs
graines ont été appliquées à la production des graines d'arachide et leurs
stations expérimentales travaillent en orientant leurs études exclusivement
du côté pratique. A la Station de Pee Dee près de Florence, par exemple,
on cherche à obtenir des plantes produisant un plus grand nombre de
gousses par pied et touTes les gousses ayant un même nombre de graines.
Des gousses égales sont, en effet, très importantes au point de vue du cali-
brage des machines.
M. Miller, Directeur de cette Station, a constaté que les meilleurs ren-
dements pour la variété espagnole sont obtenus avec les arachides à deux
pois, et que ce caractère est le plus constant, les gousses à une et trois grai-
nes ne se reproduisent pas très régulièrement.
Nous n'avons pas eu connaissance de fermes se livrant, à la sélection
de l'arachide et le produit des stations expérimentales est, d'autre part, tout
à fait insuffisant par rapport à l'importance des cultures. Ce sont les usi-
nes de nettoyage et d'écossage ou encore les huileries (celle de Charleston,
par exemple), qui assurent l'approvisionnement en graines des cultiva-
teurs. Les arachides de semences sont tirées des meilleurs lots de graines,
soigneusement écossées et triées, comme nous le verrons plus loin, les usi-
nes se créent ainsi un revenu important, car ces graines sont vendues à un
prix élevé, 20 cents la livre (pound); mais, par contre, le cultivateur est
certain d'avoir un produit de bonne qualité.
Il faut que les arachides destinées à être ensemencées soient décos-
sées peu de temps avant la plantation. Cel est nettement démontré par les
expériences effectuées à la Station de Pee Dee par M: Miller qui ense-
— 272 —
mença sur des planches voisines de dimensions égales, le même jour, des
arachides écossées :
La veille de la plantation;
2 jours avant la plantation;
8 jours avant la plantation;
15 jours avant la plantation;
1 mois avant la pUmtation;
90 jours avant la plantation;
Les premières germèrent parfailement, celles écossées depuis 8 et
15 jours donnèrent déjà beaucoup de manquants, celles écossées depuis un
mois en donnèrent un très grand nombre; et pour les arachides écossées
depuis trois mois, la germination fut à peu près nulle.
D'autre part, les expériences eflectuées à Pee Dee par M. Miller,
ont prouvé que l'arachide est très sensible à la sélection et que l'on peut,
par cette opération, augmenter la production. Les graines doivent être
sélectionnées de plantes mûres produisant le plus grand nombre de gousses
bien mûres et toutes de mêmes dimensions.
Pendant longtemps, on ne planta que des graines écossées et ce n'est
que depuis quelques aimées et seulement dans quelques régions, que l'on
sème des graines en coques. Les graines de semence devraient être écos-
sées à la main, car la gommule peut être abimée par les machines, et c'est
ainsi que l'on fait encore en Virginie pour les variétés Jumbo; mais, pour
les variétés à huile (courantes et espagnoles) l'écossage est fait partout à
la machine.
Le semis de la graine nue présente les avantages suivants :
1" On est plus certain de la qualité des graines;
2° La germination est un peu plus hâtive;
3° On évite d'avoir deux ou trois plantes au même point;
4° Les semoirs existant actuellement sont seulement disposés pour les
graines sans coques.
Mais l'écossage est un travail long et coûteux qui augmente beaucoup
le prix de la graine. Cependant si l'on a soin de prendre des gousses bien
conformées, il y a toute chance pour que la graine qui se trouve à l'inté-
rieur de c€s gousses soit de bonne qualité.
Mais, d'un autre cùté, si par suite de sécheresse, la germination ne se
fait pas; la graine nue s'abime vite dans le sol et il peut être nécessaire de
recommencer le semis, alors que la graine en coque se conserve très long-
temps. Quelques constructeurs offrent, maintenant, des semoirs capables
de semer les arachides en coques. Aussi, chaque fois qu'il n'y a pas d'incon-
vénient à avoir deux ou trois plantes se développant au même point, et
c'est le cas pour la variété espagnole, certains cultivateurs américains esti-
ment qu'il peut y avoir une sérieuse économie à utiliser les graines en
coques; on évite aussi, quand on n'est pas certain de la provenance des grai-
nes, le risque de semer des arachides depuis longtemps écossées et qui
ont perdu une partie de leur faculté germinative.
Beaucoup de cultivateurs, semant la variété espagnole, font tremper
la graine non écossée, pendant quelques heures. Ce trempage hâte la ger-
mination, mais si, pour une raison quelconque, le semis est différé, la
graine trempée est perdue et cette pratique n'est à conseiller que dans les
cas extrêmes. .
— ra -
Le semis se tait, aux Etals-Unis, au prialenips, dès que le sol est
assez chaud pour assurer une germination rapide : c'est là une condition
que les Américains considèrent comme indispensable.
Dans le nord (Virginie et Claroline du Nord), où l'on cultive les variétés
à grosses gousses qui demandent environ -i mois pour fructiiier et mûrir et
où les froids précoces sont à craindre, il n'y a qu'une époque de semis, vers
le début du mois de mai.
Dans le sud, où les gelées précoces ne sont pas à redouter, le semis
peut être échelonné sur une plus grande période. On peut semer dès que lo
sol est assez chaud pour que la germination soit rapide, de faivon que la
graine ne perde pas son pouvoir germinatif et puisse prendi-e possession
du sol avant les mauvaises herbes dont le développement dans ces régions
est absolument extraordinaire.
Ces conditions de chaleur et d'humidité sont réunies dans les Etats du
sud, Floride et sud de la Géorgie, environ à partir du 15 avril, un peu
plus tard dans les Etats situés plus au nord. Les semis commencent alors à
cette date et vont jusqu'au 1"' juillet, mais les arachides semées vers cette
dernière date et qui, théoriquement, pourraient encore donner de belles
récoltes, nous ont paru donner des rendements bien inférieurs à ceux obte-
nus d'arachides semées au commencement de la saison.
La profondeur d'enfouissement de la graine dépend de la nature du soi
et de son état d'humidité. Dans les sols lourds, les graines seront déposées
presqu'en surface de 3/4 à 1 1/2 pouce de profondeur; dans les sols légers,
il faudra les recouvrir de deux pouces de terre.
De même, dans un sol gardant son humidité, il faudra planter moins
profond, car la graine enfouie serait sujette à pourrir.
La quantité de semence nécessaire pour un hectare varie naturelle-
ment avec les distances adoptées pour le semis. Pour une bonne terre et
pour la variété espagnole, on compte 30 pounds de noix écossées à l'acre,
soit 1/3 de quintal à l'hectare.
La graine valait cette année, 20 cents le pound, ce qui porte la dépense
à 15 dollars par hectare.
Les arachides sont toujours semées en ligne; très souvent, le sol est
d'abord marqué avec un traceur qui couvre le champ de sillons également
espacés à la distance voulue, puis, dans les sillons ainsi creusés, on dépose
l'engrais et l'on fait ensuite passer le semoir à graines.
Les semoirs employés sont toujours de petites dimensions. Ils ne
sèment qu'une ligne à la fois, rarement deux, et se rapportent tous à peu
près à un même modèle qui se compose :
D'une caisse en bois dans laquelle on met la graine. Les graines sont
puisées dans cette caisse, soit par un plateau perforé, soit par une chaîne à
godets qui verse la semence dans un tube. Ce tube déverse les graines dans
une petite rigole ouverte, dans le sillon creusé par le marqueur, par une
lame en fer de lance située à la partie inférieure avant de l'appareil; à
l'arrière, une roue en fonte ramène la terre sur la graine et opère un léger
tassement. Deux mancherons facilitent la conduite de l'appareil.
Ce semoir de dimensions réduites, est très léger et très facile à con-
duire et -un animal même faible, peut le tirer très facilement.
Il faut prendre soin de ne pas avoir un semoir mal équilibré et ayant
des tendances à balancer; pour cela, il ne faut pas agir sur les mancherons
soit en les soulevant, soit en les appuyant vers le sol, car alors la profon-
— 274 —
deur d'enfouissement des graines varie et la germination est très irrégu-
lière. De même, si le sol a été labouré en billons, il faut semer sur le som-
met des billons, sinon on s'expose à enterrer des graines trop profondé-
ment.
A l'aide d'un tel semoir, il est possible de semer environ un hectare et
demi par jour.
Le semoir qui nous a été recommandé comme le meilleur est l'Appo-
matox Perfect Peanut Planter, construit à Pétersburg (Virginie). Le prix
de ces appareils est d'environ 25 dollars.
ARR.\CH.\GE
Les arachides arrivées à maturité doivent être retirées du sol. L'arra-
chage est une opération assez délicate, car il faut tout d'abord déterminer
l'époque la plus favorable, celle où la plus grande partie des gousses est
mûre, puis assurer l'exécution qui demande une main-d'œuvre considéra-
ble par suite de l'insuffisance des machines de récolte employées jusqu'à
ce jour.
L'époque de récolte ne peut être déterminée d'une façon précise et uni-
forme par suite des différences de climat, des différences de sol, et des
diverses variétés cultivées aux Etats-Unis.
Lorsqu'on a une surface assez importante d'arachides à récolter, il faut
commencer le travail assez tôt pour que toute la récolte soit terminée avant
que le mauvais temps n'arrive ou que les gousses ne soient trop mûres et
commencent à germer.
Beaucoup de débutants dans la culture ont une tendance à arracher
trop tôt. Toutefois, cette année, dans la Caroline du Sud, l'arrachage a dû
être exécuté de bonne heure, avant même que la maturation ne fut arrivée
à son degré maximum, à cause de l'envahissement des mauvaises herbes
qui, par place, menaçaient d'anéantir les récoltes.
Quand les arachides approchent de leur maturité, le feuillage prend
une coloration jaunâtre qui s'accentue de plus en plus, puis les feuilles
commencent à tomber. Quand on secoue les gousses mûres, on entend la
graine remuer et l'intérieur du fruit a une teinte noirâtre, tandis que la
gousse non mûre contient une matière blanche qui recouvre les parois
internes et empêche la graine de remuer.
Quand les gousses sont récoltées avant maturité, celte matière blanche
se dessèche et la graine insuffisamment mûre se ratatine et la perte en
poids est assez forte.
Dans chaque cas, le cultivateur est donc seul juge pour apprécier le
moment où les conditions de maturation sont les meilleures et où la récolte
peut être arrachée.
Une méthode un ixni particulière d'arrachage, intéressante à noter, a
été employée par un fermier des environs de Charleslon. A l'aide d'une fau-
cheuse, il a coupé la partie supérieure des plantes, puis a traité ce fourrage
comme on traite une luzerne ordinaire. Après cette opération, à l'aide d'une
charrue, il a arraché la partie inférieure des plantes restées en terre avec
les gousses adhérentes; les racines et les gousses furent laissées quelques
heures au soleil pour sécher, puis rassemlilées avec un râteau à cheval et
mises directement en grange. Il apparaît très nettement que cette méthode
est la plus expédilivo ol la moins dispendieuse et celle dcnmndanl le moins
do main-d'œuvre; mais il faudrait savoir ce que vaudront les noix; le fer-
mier ne compte imtlrc que l'année prochaine si les prix de vente de l'ara-
chide se relèvent. Dana le cas contraire, gousses et racines serviront de
fourrage pour les animaux.
« CUBC<G »
Par ce ternie de « curing », il faut entendre l'opération que l'on fait,
subir aux arachides en les nietlaut eu petites meules aussitôt après l'arra-
chage, pendant au moins 2 ou 4 semaines.
Certains agriculteurs prétendent que cette opération a pour but de per-
mettre la maturation de tous les fruits qui n'étaient pas complètement
mûrs au moment de l'arrachage et qui continuent à mûrir aux dépens de
la plante qui se dessèche lentement. La seule raison vraiment apparente
du « curing » est que les noix se dessèchent lentement sans se rider et sans
que les gousses perdent leur couleur. Mais il ne semble pas que ce procédé
ait une influence sur la valeur et la quantité de l'huile.
La mise en meules est un travail long et coûteux. On plante dans le
champ, à l'aide d'une barre spéciale en fer ou simplement avec une barre
de mine, des pieux d'environ 2 mètres de long et d'une dizaine de centi-
mètres de diamètre. Ces pieux sont enfouis de 30 à 40 centimètres dans le
sol qui est fortement tassé contre les pieus. Au pied de ces poteaux et à
environ 20 cm. au-dessus du sol, on cloue horizontalement et à angle droit
deux lattes de bois de 40 cm. de long.
Les plantes, après l'arrachage, sont laissées quelques heures sur le sol,
environ 3 ou 4, le temps de leur permettre de se débarrasser de l'humidité
ou de la rosée. Généralement, les plantes arrachées le matin, sont mises
en meules l'après-midi.
Sur les lattes disposées au pied du poteau, on pose quelques plantes qui
forment le plancher de la meule; au-dessus, on arrange par couches les
pieds d'arachides en ayant soin de mettre les noix à l'intérieur, près du
pied central. Lorsque la meule a atteint la hauteur voulue (hauteur a'un
homme) on la termine en pointe et on la couvre de foin sec : il faut éviter
de mettre une couverture trop lourde ou imperméable (telle qu'une bâche)
ou des herbes humides, ce qui amènerait, par manque de circulation d'air,
la fermentation de la meule et sa pourriture.
Des expériences suivies, qui, du reste, sont en cours à la Station Expé-
rimentale de Pee Dee, sont nécessaires pour déterminer exactement les con-
ditions d'emploi du « curing » et les résultats qu'il fournit.
Ces r&ultats seront d'autant plus intéressants à connaître que le
« curing » demande une mise de fonds considérable tant pour les pieux
que pour la main-d'œuvre nécessaire à la mise en meules et il est tout à fait
intéressant de savoir si les bénéfices réalisés sont en rapport avec les
dépense.- occasionnées par l'emploi de cette pratique. Du reste, dans plu-
sieurs fermes que nous avons visitées le « curing » n'est pas employé.
Depuis une dizaine d'années, des machines spéciales pour le battage
des arachides ont été imaginées. L'une d'elles, la Lilliston, fabriquée par la
— 216 —
National Machine Corporation de Suffolk, Va., pai'aîl être la meilleure.
Elle nous a été recommandée de façon unanime comme étant préférable à
toute autre.
Elle a, en effet, sur les autres machines similaires, les avantages sui-
vants :
1" Elle ne comporte pas de plans secoueurs, par conséquent, la
machine est moins sujette à la dislocation causée par de violentes secousses;
2° Le ventilateur se décharge à l'arrière de la machine, tandis que le
foin sort en avant et les arachides au centre. De cette façon, les deux pro-
duits importants, foin et arachides, ne sont pas souillés par les poussières
provenant du battage.
3° L'appareil de nettoyage des arachides et l'appareil qui enlève les
petites tiges restant fixées aux gousses, font partie intégrante de la machine
tandis que dans les autres systèmes, c'est un mécanisme séparé.
La machine se compose :
1° D'une table d'alimentation, T, sur laquelle les plants d'arachides
sont jetés à la fourche, un homme les étend et les égrène dans la machine;
2° D'un hérisson, A, fixe, formé d'une trentaine de pièces de bois por-
tant chacune une douzaine de dents dont la partie supérieure est roulée en
spire pour faire ressort;
3° D'une chaîne sans fin, B, portant des barres métalliques munies de
dents pouvant passer entre celles du hérisson. Ces barres sont disposées sur
la chaîne sans fin, tous les 50 cm. En tournant, la chaîne sans fin entraîne
les dents qui forcent les plantes d'arachides à passer dans le peigne formé
par le hérisson. Les gousses sont arrachées et tombent sur le grillage, C, à
larges mailles, tandis que le foin est entraîné vers l'extrémité de l'appareil
où un homme muni d'une fourche l'évacué. On jDeut le faire passer immé-
diatement à la presse;
4" Du grillage métallique, C, qui laisser passer les noix;
5° D'une toile sans fin montée sur les rouleaux, 0, qui se déroule en
sens inverse de la chaîne sans fin, B, entraîne les gousses et les déverse
enE;
6° Les gousses tombent sur une autre toile, E, qui les emmène au ven-
tilateur, F. Sous l'action du courant d'air, les feuilles, les poussières et les
tiges sont expulsées;
7° Les arachides suivant leur course, tombent dans le tambour métalli-
que, G, tournant de gauche à droite sur un axe légèrement incliné sur
l'horizontale; ce tambour est muni de petites fenêtres rectangulaires qui
laissent tomber les poussières et les cailloux qui' ont échappé à ''action du
ventilateur;
8° Dans le tambour en tôle, K, tournant de droite à gauche, les gousses
munies de tiges sont soumises à l'action d'une série de scies circulaires. S,
tournant en sens inverse du tambour et qui sectionnent les tiges encore
adhérentes au gousses. Los débris de tiges tomlient à travers les ouvertures
verticales. A la sortie du tambour, les arachides sont reçues dans des sacs.
Les arachides provenant de cette machine sont relativement propres
et peuvent être mises ainsi sur le marché.
Le travail est convenablement exécuté, le pourcentage de noix cassées
est faible; le seul reproche qu'on puisse faire est que beaucoup de feuilles
sont arrachées et que, par suite, le foin perd de sa valeur.
— 277 —
Pour actionner la batteuse, un moteur de 6 à 7 HP est nécessaire
(La Maison vend avec la machine un moteur de 4 HP, mais il est insuf-
fisant).
Pour la conduite de cette machine, il faut 5 hommes :
1 au moteur;
1 pour charjrer les arachides sur lo tablier;
1 pour alimenter;
i pour enlever le foin;
1 pour récolter les arachides.
Le rendement est, pour une journée de dix heures de travail, d'environ
200 boisseaux (72 hectolitres).
Son prix est actviellement de 550 dollars.
Tous les cultivateurs ne possèdent pas cette machine dont le prix est
élevé, et bien souvent, font leur battage en louant un appareil. Le prix de
la location varie avec le coût de la main-d'œuvre dans la région. Dans la
Caroline du Sud, il était compris entre 10 et 14 dollars pour la machine
seule.
Après le battage, le travail à la ferme est terminé et le produit est
vendu directement par le fermier, soit aux huileries, soit à des usines qui
donnent un nettoyage complémentaire ou qui écossent les arachides.
Quelle que soit leur destination ultérieure, presque toujours les ara-
chides subissent une manipulation qui consiste dans un nettoyage complé-
mentaire et quelquefois, un écossage. H semble que l'on veuille tenir secrè-
tes les pratiques du nettoyage et de l'écossage; aucune brochure, en effet, ne
donne de détails sur les appareils employés et il est extrêmement difficile
de pénétrer dans les usines.
Voici, cependant, le dispositif dont nous avons pu voir les lignes géné-
rales à l'usine de Charleston :
Les arachides destinées au nettoyage sont vidées sur le plancher de
l'usine près d'un trou, 0. Un ouvrier armé d'une pelle, les verse dans l'ori-
fice où elles sont happées par un courant d'air violent qui les entraîna à
travers la conduite A, et déversées dans le trémie B. Cette trémie alimente
un appareil formé d'un cylindre fixe en bois d'environ 1 m. 50 de long et
deOm. 80 de diamètre, à l'intérieur duquel tourne un cylindre formé d'une
toile métallique et munie de petites lames ou de brosses suivant les géné-
ratrices. La terre restant adhérente aux gousses est ainsi enlevée ainsi que
les débris de tiges qui peuvent encore subsister. A la sortie du cylindre, les
arachides passent dans une grande chambre E, de 6 mètres de long et de
2 mètres de côté, munie de poches, F et G, dans lesquelles se déposent les
saletés (terre, poussière, cailloux, débris de tiges).
De là, les gousses passent sur un appareil secoueur H, de 5 à 6 mètres
de long et de i mètre de large, formé d'un crible métallique au travers
duquel peuvent passer les débris de tiges. Un ouvrier surveille le travail et
élimine les corps étrangers de même grosseur que les gousses ainsi que les
noix défectueuses.
Arrivées en I, les arachides destinées à la vente en coque sont mises
en savjs. Quelquefois, elles sont passées dans un autre tambour avec de la
poussière de marbre pour les polir.
278 —
PRIX DE REVIENT DE LA CULTURE DE L'ARACHIDE
Le prix de revient de la culture de l'arachide aux Etals-Unis, semble
extrtMnement variable d'une région à l'autre et, dans une même région, on
constate des différences très sensibles entre les divers cultivateurs.
Il est à remarquer, du reste, que relativement peu de fermiers ont une
nolion nette des travaux et des fumures qui sont nécessaires à leurs terres
ou propres à la culture entreprise; d'une année à l'autre, le prix de revient
d'une même récolte peut être fortement influencé par l'emploi de procédés
de culture différents résultant de la réclame faite en faveur de tel ou tel
nouveau produit ou de telle nouvelle méthode.
En prenant toutefois comme type une culture d'arachide dont le semis
a été effectué au printemps (par conséquent, culture principale), les frais
peuvent s'établir de la façon suivante :
1° Prix de la terre. — Dans les divers Etats du Sud, le prix de location
est en moyenne de 10 à 12 dollars l'acre, certaines terres, de toute première
qualité, situées près d'une localité, peuvent être louées à des prix bien supé-
rieurs, jusqu'à 20 dollars. Mais, dans ces fermes, on ne fait pas alors d'ara-
chides mais, généralement, de la culture maraîchère. Le prix de 10 à 12 dol-
lors s'entend pour la terre et les dépendances de la ferme, mais la maison
d'habitation n'est jamais comprise dans ce loyer. Ceci tient à ce que cer-
taines fermes n'ont pas de maison d'habitation, le fermier n'habitent pas
sur sa propriété et laissant la direction de la culture à un contre-maître noir.
S'il existe une maison d'habitation, elle fera l'objet d'une location s}>éciale;
2° Travaux de préparation de la terre : labour et hersage. — Ces tra-
vaux effectués ainsi que nous l'avons indiqué, doivent être estimés à envi-
ron 5 dollars l'acre;
3° Engrais. — De tous les renseignements recueillis, il résulte que la
dépense moyenne pour l'acre est de 12 dollars, le chiffre est lui aussi très
variable puisqu'il dépend de la quantité d'engrais et de la qualité de celui-
ci; les doses employées sont très différentes suivant les régions et les fer-
mes, allant du simple au double (l'engrais ét<ant même parfois complète-
ment supprimé) : d'autre part, si on effectue un chantage, la différence est
encore plus grande, puisque les applications de calcaire sont de l.OOO à
2.000 pounds à l'acre;
4° Semences. — - Il faut 30 pounds de graine à 20 cents le pound, soit
6 dollars;
B" Travaux d'entretien. — En comptant 2 passages du a weeder » et
4 passages de la houe, la dépense est de 4 dollars;
G" Récolte. — Si nous prenons l'exemple de l'arrachige à la main, vu
dans la ferme de MM. King et King, le prix de l'arrachage est environ de
1? dollars, mais ce chiffre peut être sensiblement baissé lorsque l'emploi
de la charrue est possible cl l'on peut estimer alors que l'arrachage d'un
acre est de 8 dollars;
7° nattage. — Il coûte 5 dollars (chiffre résultant du prix de location
de la machine à battre);
8° Sacs et ficelles. — 3 dollars;
— 279 —
9° Transports. — a) des meules à la machine à battre; b) des arachides
aux usines : environ 2 dollars. Soit :
1» Loyer $ 10
2' Préparation do la terre 5
3° Engrais 12
4" Semences 6
5" Culture 4
6" Récolte 8
7" Battage 5
8° Sacs et ficelles 5
9° Transports 2
Total $ 57
Ce chifïre de S 57 est établi en prenant les moyennes de divers ren-
seignements recueillis; quelques chiffres s'éloignent un peu de cette
moyenne ainsi :
Mr Hancock fixe la dépense à $ 50 par acre
Mr Varilla — — $ 40 sans la récolte
Mr King _ _ $ 50
Mr Miller — — $ 46,75.
Si on compare ces prix de revient à ceux donnés par les publications
datant d'avant-guerre, on constate une augmentation considérable : c'est
que l'Amérique agricole souffre beaucoup de la crise de la main-d'œuvre et
que les salaires des ouvriers ont du être sans cesse augmentés : il y a quel-
ques années, un ouvrier agricole gagnait de 50 à 75 cents; aujourd'hui, ce
même ouvrier réclame S 2 et S 2,25; et malgré ces prix élevés, le recrufe-
ment de la main-d'œuvre est de plus en plus difficile, l'émigration vers les
villes est incessante car, là aussi, le manque de main-d'œuvre est très sen»
sible.
SOINS A DONNER AUX ARACHIDES APRES LE BATTAGE
Il est à remarquer que presque toujours au moment de la récolte, les
prix ont tendance à baisser et cette baisse est d'autant plus forte que la
quantité de marchandise offerte sur le marché est plus grande; la sauve-
garde du fermier se trouve donc dans son habileté à garder au moins une
partie de sa récolte pendant plusieurs mois pour attendre le moment où
les cours se relèvent. Il faut, d'autre part, toujours garder les arachides de
semence pendant un temps assez long. Pour être gardées dans un endroit
clos, mais parfaitement aéré et surélevé au-dessus du sol pour éviter
l'humidité. Toutes les ouvertures doivent être munies de grillage pour
empêcher l'entrée des rongeurs.
Les arachides peuvent être gardées en vrac ou en sacs; mais dans ce
dernier cas, les piles de sacs ne doivent pas être trop hautes pour éviter
l'écrasement des noix inférieures.
L'arachide dont la coque reste intacte craint peu les attaques des insec-
tes, mais il n'en est plus de même pour l'arachide dont la coque est fen-
due eu pour l'arachide décortiquée-; et il est bon alors de pouvoir faire des
fumigations au gaz sulfureux pour détruire les charançons.
— 280 —
l'RIX DE VENTE DES ARACHIDES
La concurrence cliinoise est une grosse menace pour les arachides amé-
ricaines. Les Asiatiques exportent, en effet, à des prix très bas et ils peuvent
livrer leurs arachides, rendues en Amérique à 5 cents le pound au maxi-
mum, soit $ 100 la tonne. Or, il semble que, pour que le fermier américain
puisse être rémunéré de son travail, il faut qu'il vende la tonne d'arachides
de 140 à 150 dollars. Aussi des groupements de cultivateurs d'arachides,
dans plusieurs réunions tenues C€tte année à Norfolk et dans l'Alabama,
ont étudié les moyens de lutter contre l'importation chinoise, et demandent
au gouvernement un droit protecteur de 2 cents par pound, soit 40 dollars
la tonne, ce qui amènerait alors le prix des arachides étrangères à un
taux auquel l'arachide américaine pourrait subsister et même prospérer.
.MALADIES DE l'ARACIUDE
Jusqu'à présent, on n'a pas constaté aux Etats-Unis de dégâts sérieux
causés par des maladies dans les cultures d'arachides.
En 1915, une flétrissure des plants d'arachide était découverte à la Sta-
tion Expérimentale de Plantes maraîchères, à Norfolk (Virginie).
L'organisme, cause de la maladie, avait été probablement introduit
dans les planches d'expérience, en 1913, par un apport frais de graines de
Valencia, importées dans l'année. La maladie apparut sur les plantes âgées
de 1 à 2 mois et continua à se développer pendant toute la saison. La flé-
trissure était due à un champignon s'attaquant aux plantes près du collet et
tuant les tissus envahis. Un mycélium blanc et des sclérotes brunâtres se
trouvaient sur les plants flétris, ainsi qu'à l'extérieur et à l'intérieur des
gousses des plantes malades. Le champignon cause de la maladie est le
sclerolium rolfsii.
Les plantes attaquées dans leur jeune âge, ne donnèrent pas de graines;
les plantes attaquées un peu plus tard, ne purent mûrir leurs fruits. Les
expériences de rotations de cultures prouvèrent que le champignon se con-
serve plus de trois années dans le sol, car le nombre de pieds malades était
le même dans une planche soumise à un assolement triennal et dans une
planche cultivée continuellement en arachides. Des expériences démontrè-
rent aussi que la variété Valencia est très peu résistante au sclerotium
rolfsii, que l'Espagnole, le Tennessee rouge et la Virginie dressée sont res-
pectivement résistantes dans l'ordre où elles sont cités, que la Virginie
courante. L'Africaine ot le Hog Goober (Worendzia Subterranca) sont résis-
tantes.
AMÉLIORATION DES PROCÉDÉS DE CULTURE AU SÉNÉGAL
La culture de l'arachide qui occupe de si grande? surfaces au Sénégal,
est faite par les indigènes par des procédés des plus primitifs. L'indigène
avec ses bras et son hilaire, cultive ses champs comme par le passé. Or, il
<:st évident que l'indigène, avec l'hilaire comme unique instrument de cul-
ture, est mal outillé pour donner au sol les nombreuses façons culturales
(pie réclnme l'arnchide.
— 281 —
Comme les animaux de trait, bœufs, chevaux, ânes, sont nombreux
dans la plupart des régions du Sénégal, on peut penser à utiliser des ins-
truments attelés pour la préparation du sol ou les sarclages. Dans les terres
très meubles, un simple scarificiitcur; dans les terres plus argileuses, une
charrue légère, iiermettraicnt d'obtenir un sol suffisamment ameubli et faci-
lement pénélrable par l'eau de pluie. Les animaux de trait permettront
aussi de donner de nombreux binages, de passer sur les champs d'arachi-
des le « weeder », que nous considérons comme devant rendre de très
grands services au Sénégal : ainsi toute végétation étrangère sera suppri-
mée, et le sol maintenu constamment meuble à la surface : c'est l'applica-
tion de la méthode du « dry farming » qui permettra de réserver aux seules
plantes d'arachides l'humidité emmagasinée dans le sol.
Pour rendre faciles et rapides les binages, il faudra planter les arachi-
des en lignes, à l'aide du petit semoir utilisé aux Etats-Unis. Cet appareil,
très léger, sera facilement traîné par un âne.
Mais l'amélioration la plus simple et la plus facile à réaliser est incon-
testablement la sélection des graines destinées à servir de semences : c'est
l'amélioratrion qui permettrait d'augmenter rapidement la qualité et la
quantité d'arachides produites à l'hectare. Les services d'agriculture du
Sénégal s'efforcent, du reste, à réaliser cette amélioration.
Enfin, la recherche de cultures pouvant entrer en rotation avec l'ara-
chide et l'étude des conditions dans lesquelles l'utilisation des engrais serait
utile et profitable, sont les questions générales qu'il y aurait lieu d'étudier
en xue de l'amélioration de la culture de l'arachide au Sénégal.
Mail il resterait encore à déterminer les conditions dans lesquelles la
culture par les Européens pourrait remplacer la culture indisrène.
ÉTUDE SUR L'ARACHIDE
Rapport de
M. KOPP,
Préparateur au Laboratoire d'Agronomie Coloniale
de l'Ecole des Hautes Etudes
Note intrôductive de
M. AUGUSTE CHEVALIER
Directeur du Laboratoire d'Agriculture Coloniale
L'étude d'une plante cultivée en vue de son amélioration comporte
trois genres de travaux : la documentation, la recherche, l'expérimenta-
tion. Le biologiste qui travaille à l'amélioration des espèces végétales n'est
véritablement en possession de son sujet que s'il s'est réellement appliqué à
connaître la plante, objet de ses investigations, en recourant tour à tour
aux trois procédés de travail que nous venons d'indiquer.
1° Par « documentation », nous entendons l'étude des documents
essentiels publiés sur le sujet auquel on s'intéresse. C'est un examen biblio-
graphique de tous les textes connus, ceux-ci étant passés au crible de la
critique. Aucun auteur n'est infaillible et, en agriculture plus que partout
ailleurs, un grand nombre d'erreurs sont répandues et reproduites presque
indéfiniment parce que bien des hommes ont publié hâtivement, pour ainsi
dire, sur chaque culture, des observations incomplètes ou erronées que l'on
ne prend pas ensuite la peine de vérifier. De là la nécessité absolue de faire
une sélection dans les travaux que l'on dépouille et de soumettre à la cri-
tique les faits que l'on analyse en s'efforçant toujours de les estimer k leur
juvte valeur. D'où l'obligation de se faire une opinion sur chaque « docu-
ment » passé en revue en reprenant au besoin les recherches et les expé-
riences faites par les observateurs qui nous ont précédés;
2° La deuxième phase do l'étude est relative aux « recherches ■>. Nous
désignons sous cette appellation toutes les obsei-vations que le biologiste
peut faire sur le ten-ain ou dans le laboratoire, à l'aide, dans ce cas, des
documents recueillis dans la nature. C'est au domaine des recherches
qu'appartient l'étude do toutes les variétés connues d'arachides, soit qu'on
les observe dans les terrains de culture, soit qu'on les étudie au laboratoire
avec des matériaux d'herbiers. L'examen du sol, des facteurs biologiques et
météorologiques, l'étude des insectes et cryptogames nuisibles, les nnalyiîos
chimiques relèvent également du domaine des recherches;
— 283 —
3° Enfin « l'expérimentation » est un moyen d'études d'une grande por-
tée pour l'amélioration des plantes. On cultivera celles-ci en faisant varitr
les conditions qui relèvent du sol (édaphisme), celles qui relèvent l'ixi cli-
mat, enfin les différents facteurs biologiques. On cultivera des lif^n^e.?
d'élite, choisies parmi les différentes variétés de la plante et on cherchera à
çn obtenir de nouvelles par les fécondations artificielles. En dernier lieu,
on fera varier les procédés de travail du sol, les amendements et les fun>u-
res afin de déterminer les conditions de culture optima qui conviennent à
la plante en expérience pour ime région déterminée.
En se spécialisant dans l'étude d'un groupe de plantes cultivées et en
recourant alternativement à la documentation, à la recherche et à l'expéri-
mentation, il n'est pas douteux qu'on arrivera à dégager des méthodes de
culture donnant des rendements plus élevés et à obtenir des sortes produi-
sant davantage ou plus résistantes aux maladies. Si le biologiste ne perd
jamais de vue le but qu'il poursuit, but qui se résume en ces quelques
mots : obtenir avec le minimum, de travail et de dépense la récolte maxi-
mum, il est certain que sans atteindre la perfection qui n'est jamais réalisée
en agriculture, il pourra, néanmoins, espérer toujours des résultats intéres-
sants, s'il suit simultanément les trois voies que nous venons d'indiquer.
C'est à l'une seulement de ces voies, la documentation, que M. Kopp a
en recours dans l'étude qu'il vient de faire sur l'arachide. Il a estimé avec
raison qu'avant d'entreprendre des recherches et des expériences sur une
plante qui a déjà été l'objet de tant d'investigations dans différentes régions
du globe, il fallait préalablement passer au crible de la critique les prin-
cipales obsen'ations faites par ses prédécesseurs.
L'étude que je suis heureux de présenter au public est à ma connais-
sance le premier travail d'ensemble sur l'arachide qui soit accompagné de
sérieuses références bibliographiques. Par le nombre des numéros qui com-
posent l'index de5 travaux cités, on peut juger avec quel souci de la vérité
M. Kopp s'est appliqué à dépouiller les documents qu'il avait à sa disposi-
tion. Son titre d'ancien élève de l'Institut agronomique et le stage qu'il
accomplit comme préparateur au laboratoire d'Agronomie coloniale de
l'Ecole des HautesrEtudes l'ont particulièrement bien préparé pour les
travaux qu'il entreprend sur l'agriculture tropicale.
(Paris, mai 1922),
A. Chevalier.
284 —
SOMMAIRE
I. — ÉTUDE DE l'arachide
a) Elude botanique de l'espèce.
b) Description des principales variétés.
c) Biologie sommaire de la plante.
II. — l'arachide dans ses rapports avec le milieu
a) Exigeantes climatériques et pédologiques.
b) Assolements,
t) Engrais.
III. — culture de l'arachide
a) Façons préparatoires.
b) Semis.
c) Façons culturales, dry farming.
d) "Récolte.
e) Curing.
/) Battage.
g) Emmagasinage.
h) Objections faites à la culture mécanique.
IV. — maladies de l'arachide et insectes î«:isibles
a) Maladies physiologiques, bactériennes et cryptogamiques.
b) Phanérogames.
c) Insectes nuisibles.
d) Animaux supérieurs déprédateurs.
V. — SÉLECTION DE L'aRACHIDE
VI. — COMMERCE DE L'aRACHIDE.
VII. — UTILISATION DE L'ARACHIDE
a) Fruits à l'état naturel.
b) Huile.
c) Beurre d'arachide.
d) Tourteau pour la nourriture du bétail.
— dans l'alimentation humaine.
e) Nourriture des porcs par les fruits.
/) Foin.
VIII. — STATISTIQUES
IX. — RÉSUMÉ
X. — BIBLIOGRAPHIE
— 28D —
Parmi les oléagineux exotiques, la graine iraracliide a prss aujourd'hui
une place de première importance. Mais alors qu'elle est beaucoup plus
anciennement connue sur les marchés métropolitains que la noix de coco
ou le fruit de l'élaéis, sa culture est restée beaucoup plus traditionnelle. Ce
fait est peut-ôtre du à ce que, jusqu'à ces dernières années, l'Européen
s'est contenté d'achet<?r la récolte de l'indigène sans se livrer lui-même à la
culture. Le besoin croissant en oléagineux a appelé l'attention sur cette
plante juste au moment où les industriels se plaignaient de aa qualités
sans cesse décroissante. Depuis 20 ans, on cherche une solution à cette
question. Les notes qui suivent essayent de résumer l'état actuel de la, ou
plus exactement, des questions de l'arachide.
CHAPITRE I
ETUUE DE L'.\RACIIIDE
Uaraclùde au jioinl de vue bulaniqrie
Le genre arachis dont Linné ne connaissait qu'une espèce, en renferme
aujourd'hui dix qui sont ; .-1. glabrata Benth., .-1. -prostratha Benth.,
A. margi nata Gardn., A. pusilla Benth., -4. iuberosa Benth., .4 villosa
Benth., A. hypogea L.XXX (= A. ajricana Lour.^ A. américana Tenore,
.1 asiatica Lour.), A. hagenbeckii Harms, .-1. guaranilica Chod., A. para-
guariensis Chod., toutes originaires de l'Amérique tropicale. /•
Les caractères de Varacliis hypogea L. sont les suivants d'après Ben-
tham et Hooker : tube du calice filiforme, à lobes membraneux, les 4 supé-
rieurs réunis, l'inférieur étroit et distinct. Les pétales et les étamines insé-
rés au sommet du tube. L'étendard est suborbiculé, les ailes oblongues,
libres, la carène incurvée, en forme de bec. Les étamines sont soudées en
tube fermé, une seule libre; les anthères tantôt allongées et fLxées à la base,
tantôt courtes et mobiles. L'ovaire est sessile à la base du tube du calice,
à 2 ou 3 ovules. Après la défloraison, la partie qui reste est allongée et
recourbée en forme de colonne tronquée, terminée en pointe après que le
style est tombé, style longuement filiforme, stigmates petits et terminaux.
Le fruit, souterrain à maturité est oblong, épais, réticulé, indéhiscent, non
articulé et continu à l'intérieur. 1 à 2 graines irrégulièrement ovoïdes, coty-
lédons épais, charnus, radicule très courte et droite. Herbes souvent cou-
chées, petites, feuilles brusquement pennées à 2 folioles simples ou plus
rarement 3. Stipules naissant à la base du pétiole, fleurs en épis épais,
axial, sessile, rapproché de l'axe des feuilles, bractées sessiles, avec deux
pointes très courtes (hastiformes), petites bractées ' néaires au calice.
C. J. de Cordemoy (199) a ajouté les modifications et corrections suivantes à
cette description :
L'inflorescence est un cyme unipare, à deux fleurs fertiles; la préflorai-
son du calice est quinquonciale, la lèvre antérieure est à 3 sépales dont
l'antérieur superposé à la bractée axillante. Dans la corolle, le tube est
soudé à celui du calice sur une certaine longueur de sorte que la corolle
semble insérée sur la gorge du calice, la préfloraison est carénale. L'andro-
cée est en 2 verlicilles, l'intérieur superposé au calice et l'autre à la corolle,
puis soudées en un faisceau; l'étamine, superposée à la bractée axillante, est
stérile. Les anthères qui sont à 2 loges sont orbiculaires pour le verticille
— 266 —
externe, allongées pour l'autre, l'insertion est adnée, la déhiscence se fait
par deux fentes. L'ovaire naît d'une feuille carpellaire insérée au-dessus du
vurticille de l'androcée, à la partie postérieure de la fleur, il est supère,
lagénifornie, se prolongeant en un style très long se terminant ne pointe
pubescente au milieu des étamines, le stigmate est nul. La placentation est
pariétale, postérieure à 3 ou 4 ovules vert foncé, semi anatropes descen-
dants, le raphé touchant le placentaire, le micropyle inférieur, le hile supé-
rieur. L'épanouissement a lieu au début du matin, la fleur se flétrit dans la
journée. La graine renferme un albumen qui disparaît à maturité; la gem-
mule présente plusieurs bourgeons feuilles; la préfolialion est très nette.
Certains auteurs (Loureiro) ont cru que les deux types que l'on ren-
contre dans l'A. hypogea constituaient deux espèces différentes. Dubard (47)
ptnse que l'un est une forme améliorée de l'autre. L'un des types originaire
du Brésil se serait répandu dans les pays entourant l'Océan Atlantique, ce
type voisin de la plante originelle serait l'A. africana Lour., l'autre, pro-
venant du Pérou, se serait répemdu le long des cotes de FOcéan Pacifique et
de l'Océan Indien, ce serait l'A. asiatica Lour. ,
L'.4. africana est à port rampant, à rameaux plutôt glabres, fructifi-
cation disséminée le long des rameaux; le fruit est presque toujours à deux
graines, avec une symétrie bilatérale peu accentuée, les grames sont sépa-
rées par un fort étranglement; la gousse est droite, sans bec opposé au
pédoncule dont l'insertion se fait presque sur l'axe de l'akène. La gousse
est friable et se brise sous la pression des doigts, le tégument des graines
est rouge pâle.
L'A. asiatica est dressée avec des rameaux et des feuilles dont le des-
sous est plutôt pubescent. La fructification est groupée près de la racine
principale. La gousse est nettement convexe et mai'quée de trois bosses cor-
respondant aux graines, 2 sont du côté convexe et 1 du côté concave; la
surface est très réticulée avec des côtes saillantes, le tégument est rouge
foncé.
Toutes les variétés connues se rapprochent plus ou moins de ces deux
types, mais beaucoup ont des caractères des deux groujx's mélangés. 11
arrive souvent que la forme de la gousse les ferait ranger dans un type
alors que le port, la sillosité les rattachent à l'autre type.
En Afrique Occidentale, la plupart des variétés, qui sont très nom-
breuses et qui ne présentent pas toujours tous les caractères des sous-espè-
ces, appartiennent au type africana, bien que les gousses ne soient pas tou-
jours à 2 graines et qu'on en rencontre aussi à 1 seule ou à 3 graines
(Monsabo). En Casaniance, il existe une variété où les gousses sont moins
étranglées et d'un tiers plus grosses que dans la variété normale, mais res-
tent à 2 graines (saina tiga) (52). Dans le Gandiolais, il signale (51-121) la
variété Voli-le à tige dressée, fructification groupée, plus précoce d'un mois
que les autres, mais peu productive; l'étranglement médian est moins
accusé que dans les autres variétés et l'épiderme est de couleur chair.
Dumas (46) signale au Niger les variétés suivantes : loliga ou loséna, à
rameaux nombreux, dressées, gousses rassemblées au centre; tigadia,
rameaux peu nombreux, rampants, plaqués, pousses peu nombreuses au
centre, disséminées le long des rameaux, port très étalé. Ces deux variétés
se rencontrent mélangées dan.s les cliamps; sngobaliga, grosses gousses de
3 c\ 4 cm. par 2 ou 3 à l'aisselle des feuilles; bcutiga ba, gousses volumi-
neuses, souvent vides; diongossi ou fila tiga, variété productive à gousses
très petites. En Basse-Guinée, Pobeguin (42) signale en outre des variétés
— 287 —
précédentes, deux sonso kaitsi ranipaiile et li hansi dressée. On cultive aussi,
au Sénégal, V arachide éyyptieiine qui se rattache au type Sénégal. Aux
Etals-Unis, un certain nombre de variétés, telles que dUie grand (58), tar-
dive et de valeur quelconque, mal adaptée aux clunats tempérés, clarmac
yambec, originaire de la Floride, à coque épaisse, gousse courte, plus lisso
et brillante que dans la Virginia, pellicule de l'amande jaune paille (56) ont
à peu près disparu devant d'autres variétés mieux adaptées et plus pro-
ductives. Aujourd'hui, on signale d'abord un grand groupe dit Spanish,
très apprécié, mais ayant le défaut de germer beaucoup trop vite lorsque la
maturité est atteuite. Souvent, certaines gousses d'un pied germent avant
que les autres n'aient achevé leur maturité (Spencer et Brow) (123). Elles
ont de commun un port dressé, la fructification groupée à la base, un feuil-
lage assez dense, des graines assez riches en huile, elles sont résistantes à
la sécheresse. Ce groupe comprend les variétés Médium Sjmnish à gousses
petites, adhérant bien aux tiges, deux amandes brun très clair, riches en
huile, Littlc Spanish (Espagnole petite) dont les fruits qui mûrissent en
f20 jours sont d'un tiers plus petits que dans la variété normale, les gous-
ses sont à deux graines, parfois une seule, brun très clair, Improved Spa-
nish (Espagnole améliorée) qui serait un groupe d'hybrides (Beattie) (178)
et dont les fruits sont d'un tiers plus gros que dans la variété normale, les
rameaux plus épais, plus longs et la plante moins dressée (123), While
Spanish (Espagnole blanche) à feuillage abondant, gousses adhérant bien
aux tiges, amandes rose clair ou crème, hâtive, Red Spanish (Espagnole
rouge) également appelée Georgia red, à grosses gousses contenant 3 ou
4 graines rouge clair appréciées pour l'élevage des porcs. D'après le Stan-
dart, les variétés Spanish doivent peser 26 à 30 livres au boisseau.
Parmi les variétés dressées, il existe encore Tennessee red et Tennessee
xvhite différant par leur couleur, contenant de 3 à 7 graines serrées, varié-
tés appréciées parce qu'elles peuvent rester, après maturation, longtemps
dans le sol sans germer, la variété Tennessee red, rouge terne, plus cultivée
est moins érigée, moins productive, mais plus précoce. On a introduit
d'Espagne la Yalencia à fructification groupée, amandes rose chair à haute
teneur en huile d'excellente qualité, excellente pour Ihuilerie et la fauri- '
cation du beurre d'arachide, mais susceptible aux maladies et à tiges gros-
sières, fournissant un mauvais foin. Elle est vigoureuse et évolue en
120 jours en Floride. D'après le Standard, elle doit peser 25 livres au
boisseau.
On cultive sous le nom de jumbo deux variétés distinctes à très grosses
graines peu oléifères, consommées comme friandise, après une légère torré-
faction en coque. Ce sont Virginia bunch, semi érigée, plutôt basse, feuil-
lage léger, fruits gros et groupés, gousses nettes et luisantes à deux aman-
des jaune ou brun clair et Virginia runner très vigoureuse, rampante,
s'arrachant mal, à feuillage épais, fruits très gros à deux amandes, variété
cultivée dans le nord de la zone à arachides oii elle évolue en 120 jours (178).
Le Standart impose 22 livres au boisseau pour ces variétés. On cultive deux
autres variétés rampantes : 1° North Carolina connu également sous les
noms de W/lniington, Florida runner (123), rampante, à gousses de taille
moyenne se détachant facilement, disséminées, amandes petites et rougeâ-
tres, tiges fines donnant un excellent foin; variété pouvant rester plusieurs
mois en terre après maturité sans germer. On cultive aussi une variété
African que Handy (5) réunit à la précédente et que Béattie (178) en détache.
— 288 —
Elle est à évolution lente, très oléifère et à grand rendemeal. Le Standari
impose 25 ii 28 livres au boisseau.
Aux Indes, selon Watt (52), on cultive beaucoup de variétés locales,
généralement très bien adaptées. Elles sont à végétation lente, mettant près
de six mois pour atteindre leur maturité, exigeantes en eau et peu produc-
tives. Depuis ces dernières années, la Mauntius ou Mozambique a tendu à
les supplaiiler (98), elle est à végétation rampante, grosses gousses de 4 a
5 cm. de long, à 3 ou 4 graines plus rougeàtres que dans les variétés sénéga-
laises. Le bec opposé au pédoncule est très saillant et les nervures très mar-
quées. Depuis un certain nombre d'années, on recherche des variétés inté-
ressantes dont quelques-unes ont donné d'assez bons résultats : Tanjore,
Dliarvar, Sogatur, Pondichcry, Tunibu, S mail japanese, Poona, llaibur,
cette dernière résistante aux maladies cryplogamiques.
A Java, on connaît i^lusieurs variétés dont il nexisle pas de descrip-
tion bien précise. Une est analogue à la Volète, mais à gousse moins
étranglée, elle appartient également au type dressé, mûrit en 90 à 100 jours,
elle est à épidémie rose chair. Il existe également une autre variété du type
péruvien à o ou 4 graines de coloration plus foncée (16«). On signale
encore les variétés Kaichuiig tjina et Sœœk holla ou s. Waspada (135) dont
la première, très tardive, mettrait dix mois pour arriver à maturité et la
deuxième, beaucoup plus précoce, mûrirait en trois mois. On la sèmerait
en rizières après la moisson de juillet-août. On a encore signalé (168) une
variété à une graine, mûrissant en 3 ou 4 mois, peu exigeante sur le sol et
les façons, poussant même en terres argileuses compactes et la variété
Sœœk bencr à 2, 3, 4 graines mettant 6 à 7 mois pour mûrir.
Aux Antilles, il existe une variété dite Barbados qui a donné aux Indes
des résultats remarquables avec des écartements à 2 pieds. En Annam, on
cultive une variété locale mettant près de 9 mois pour arriver à maturité.
Au Costa Rica, on connaît (5) une variété à longues gousses n'ayant pas
d'étranglements et à 4 ou 5 graines. En République Argentine, il existe une
variété à grand développement dont l'épiderme est rouge orangé (5). Au
Brésil, Zedneck et Gayer (162) ont étudié, en outre des dVux variétés Gaye-
rovo et Rasteiro ordinairement cultivées, une variété provenant des indi-
gènes riverains du Matto Grosso, à graines quatre fois plus grosses que
dans les types habituels. Ce fait est susceptible d'apporter des éléments
nouveaux dans la question de l'origine des deux types, africain et asiatique.
M. Dubard (47), en effet, faisait de l'arachide péruvienne ou asiatique, une
variété dérivée du type brésilien à deux graines, plus petites, donc plus
près de la plante originelle.
Aux Philippines, on distingue plusieurs variétés d'origine espagnol©
et américaine : Kinorale, Biy japan, American, Montalbaii, Native lemery,
Clarmac t/aiiibcc (146).
Au Transvaal, il existe une variété dite Kaffir, à petites gousses cl à
petites amandes, fragiles, se récoltant mal (58).
A Formose, il existe deux variétés dont 1 à 2 graines do taille normale
et l'autre à gousses très minces et allongées avec de fortes réliculatures, à
2 ou 3 graines. Elle est très cultivée dans les terres légères du bord de la
mer (58).
Au Japon, il existe une variété à gousses très grandes avec réticulatures
très faibles à 2 graines. Il est à remarquer qu'on n'a jamais cherché k étu-
dier les variétés pouvant exister dans les régions d'où l'arachide est origi-
naire, c'csl-àdire l'Amérique tropicale.
— 289 —
blOLOGIE DE L AUAClllUK
L'arachide âoinéc décortiquée yornie ordinairement au bout d'environ
6 jours, gagnant doux ou trois jours sur celle semée en coque. Dans ce
dernier cas, une des amandes germe d'abord et pousse sa radicelle à travers
la coque, la tigelle, en poussant en l'air, entraîne en l'air l'autre amande
qui germe à son tour. La croissance de la plante est continue. Les fleurs sté-
riles, les plus visibles, apparaissent au bout d'un mois. Elles sont jaunes,
parfois striées de rouge et durent jusqu'à iU jours, les fleurs fertiles,
cachées dans la masse foliaire sont jaunes et toutes petites et se succèdent
pendant toute la végétation. Les feuilles ont des mouvements nyctitropiqucs
et les folioles s'appliquent l'une contre l'autre si la chaleur devient trop
forte.
Andouard (4) a étudié à In Saleh (Egypte) les transformations subies
par les divers composés ternaires et quaternaires pendant la végétation.
Dans la tige et la racine on trouve une proirortion de plus en plus forte de
matières protéiques à mesure que l'on se rapproche d'une certaine date voi-
sine du 62* jour dans l'expérience, il y a ensuite décroissance, puis nouvel
accroissement. Dans les feuilles, ces phénomènes se produisent plus tôt.
D&ns la graine, l'enrichissement est continu. Les matières azotées non pro-
téiques, se comportent d'une manière contraire, lorsque les unes disparais-
sent, les autres apparaissent. La richesse en matières grasses va sans cesse
en augmentant à mesure qu'on se rapproche de l'arrachage. Pour les
hydrates de carbone, on ne trouve pas trace de sucres réducteurs ni do
glycirrhizine. L'amidon est diversement disséminé, très fin, régulièrement
orbiculaire. Le hile central primitif est écJaté jusqu'à la périphérie du
granule ce qui donne un aspect rayonné au grain. C'est vers la floraison
qu'on en trouve les quantités maxima. La cellulose disparaît de la graine
pour les 8/9 en approchant de la maturité, la vasculose et la gomme de
paille ont été trouvées qualitativement. Pour les éléments minéraux, l'acide
phosphorique passe progressivement des organes de la végétation à ceux de
la reproduction. La potasse se trouve restituée au sel en fin de végétation.
CHAPITRE II
l'arachide dans ses rapports avec le milieu
a) Climat. — : L'arachide est cultivée principalement dans la zone inter-
tropicale, mais elle s'avance par endroits dans la zone î.ublempérée; c'est
ainsi qu'on la rencontre dans plusieurs états du sud-est des Etats-Unis, en
Egypte, en Espagne, en Italie, dans l'Afrique du Sud.
Au Sénégal, on considère que les conditions optima pour la culture
sont atteintes lorsque l'on a 50 cm. de pluies bien réparties pendant les
3 mois et demi qui précédent la maturation. On obtient encore des résultats
appréciables quand la pluviosité n'atteint que 25 à 30 cm. d'eau. Dans ce
pays, l'arachide accomplit toute sa croissance pendant la saison des pluies
et termine sa maturation au début de la saison sèche (51).
Aux Indes, dans la province de Bombay, l'arachide est une culture de
la saison des pluies, mais on la cultive aussi en saison sèche sous irriga-
tions (62).
Aux Etats-Unis, on considère qu'il lui fait 5 mois sans gelée, mais qu'il
— 290 —
p":r»ps pSrs^ud'ët Xu... .^^<^m .0..*, pas ^ «tou. ^
^^ Q 1 I 'irachide est un yeu moins accomodanle sous le rapport \
^ ^ " tlni ZcU mal 11 lui faut des terres suffisamment meu- ••
du sol que sous ^^"^^^ ^^^^^^^^ s^^ et pourvues d'une certame
vigoureusement grâce à cette richesse en chaux. Les sols siUco-calcaires
cmler.nt Tffi Jnment d'humus sont aussi d'excellents sols pour lara-
cl^e? cl^sts sX alluvionnau-es eue pousse vigoureusement mais donne
fi.^« nrnduits de oualité inférieure (51).
Z ndes dans la province de Madras, elle est cultivée dans les sds
rou4 en limons sablonneux et dans les sols légers, riches en chaux. Dan.
L D^can on la cultive quelquefois sur les terres noires, le plus souvent
sur Ss sols sabîeux et les limons sableux; elle s'accomode bien des sols â
l'indigo, mais les sols salés ne lui conviennent pas (o2).
Aux Etats-Unis, on recommande les limons sableux m trop secs m trop
sableux, mais légers et poreux, les tems argileuses donnent de moins bons
résultats. ,
6) Engrais. - Engrais organiques. Les engrais organiques azotes sont
à employer avec certaines précautions, car les nodosités des racines permet,
tent l'assimilation directe de l'azote atmosphérique. Si l'on dépasse une
certaine dose, la plante se trouve poussée à la végétation herbacée jusqu à
un déséquilibre qui amène des accidents de fructification, gousses vides, ck.
Le fumier de ferme est peu conseillé, au moins pour être directement apph-
qué à l'arachide, parce qu'il contient toujours des graines de mauvaises
herbes II faut employer du fumier bien décomposé et par petites quanti-
tés à la fois parce que le fumier trop frais serait trop brutal et par sa tex-
lure pailleuse gênerait l'enterrement des gousses (123). Il serait préférable
d'employer des engrais à décomposition plus lente : tourteaux ou farine de
coton, sang séché, etc. Handy (5) conseille 300 à 185 livres à l'acre de ces
deux produits. Aux Philippines, on met parfois jusqu'à 70 kilog. de nilraw
soude (57), en Espagne, également on emploie cet engrais ainsi que plus
rarement le sulfate d'ammoniaque, mais ils ont parfois donné les mécomp-
tes qu'on était en droit de craindre (142). On a remarqué (146), aux Philip-
pines, que le mélange fumier de ferme et cendre de bois augmentait a
teneur en huile. Aux Indes, on attribue une grande valeur aux boues de
curage des canaux qui sont souvent riches en calcaire (52).
Engrais minéraux. — La chaux joue un rôle capital dans la culture
de l'arachide qui donne des résultats insignifiants d^ms les terres qui en
sont dépourvues. Aux Etals-Unis, les terres qui paraissent manquer ae
chaux en reçoivent une application de 400 à 800 livres par acre. La chaux
— 2'Jl —
doit être mise 10 juurs avaiil les autres engrais et en suiface, puis enterrée
par un hersage. Si>enger et Brow (1:23) conseillent d'aller juscju'à l.OUU à
1.200 livres et la nieilleuro date serait lautoinne. Dans les suis pauvres en
chaux, on en mettra tous les ans. Le sulfate de chaux à raison de 300 ou
400 livres à la floraison donne les mûmes bons résultats; les expériences
faites à Ranchi (Indes) (130) ont confirmé cette action du plâtre. Si on
emploie de la marne, Handy conseille de lui mélanger 1/3 à 1/5 de chaux.
Acide phosphorique. — Comme engrais phosphaté, on conseille plutôt
les scories de déphosphoration qui apportent de la chaux que les super-
phosphates. Handy (ô) conseille de 50 à 100 livres de superphosphates par
acre, Spencer et Brow de 30U à 400 livres et Bcaltie environ 200 livres do
superphosphate à 16 %. La potasse est donnée plutôt sous forme de kai-
nite à raison de 65 à 240 livres par acre. A Cuba, les phosphates de Floride
ont donné de meilleurs résultats que le guano de chauve-souris. Enfin,
R. G. Oses (57), indique qu'aux Philippines, on emploie 100 kilog. de sul-
fate de fer à l'acre. D'après H.\.\dy, les besoins du sol, après une récolte de
60 boisseaux à l'hectare, sont : 84,71 kilog. d'azote, 14,80 d'acide phospho-
rique, 32,30 de potasse et 46,30 de chaux.
d) Assolements. — La place de l'arachide en assolements est indiquée
par les deux faits que c'est une plante fixatrice d'azote et cultivée en cul-
ture sarclée.
Elle est encore cultivée en culture continue dans un certain nombre de
régions, mais cette pratique est rendue responsable, en beaucoup d'endroitsi
de la dimniution de rendements constatée.
En Afrique Occidentale, bien que la culture ininterrompue soit très
fréquente, Adam (51) signale les assolements suivants : dans les terres
humifères ou silico-argileuses, assolement quadriennal :
1" et 2° année, mil,
3" année, arachide,
4* année, jachère.
Et, dans les teres sablonneuses, moins fertiles :
i" année, arachide,
2" année, mil,
3' année, jachère.
Il serait préférable, pour les bonnes terres nioyennes du Soudan,
d'adopter l'assolement quinquennal suivant :
1" année, arachide,
2' année, mil,
3' année, arachide,
4« année, mil,
5° année, manioc.
Dans les cercles plus éloignés des voies d'accès, la rotation :
1'° année, sésame,
2^ année, gros ou petit mil,
3" année, arachide ou manioc.
Aux Indes, Walt (52), d'après Sabba Rao (3) rapporte que si, dans les
bonnes terres on cultive parfois l'arachide de façon ininterrompue pendant
4 ou 5 ans sans repos, on fait souvent des rotations avec Paspahim suborbi-
culalum, F'ennisctuni lijphoïdeutn et Sorghos. En culture irriguée elle vient
bien, en mélange avec Penniselwn spicalum, Eleusine coracana, Selaria
— 292 —
italica, Phaseolus mungo, Panicum miliaceum. Enfin, elle vient bien après
indigo, mais l'inverse n'est pas exact. Barber (8) indique que dans les meil-
leurs sols elle est cultivée en rotation avec la canne à sucre et les piments
(chillies), elle est souvent aussi cultivée en culture potagère avec les pom-
mes de terre et les aubergines.
Aux Etats-Unis, Spenger et Brow (123) recommandent pour la Floride
l'assolement suivant :
1 coton et covercrop d'hiver,
2 mais et velvet bean [Slizolobium),
3 arachide,
4 avoine et cowpea.
ou :
i" année, arachide,
2* année, coton et covercrop,
3° année, maïs, et 'Velvet bean, puis Avoine d'hiver,
ou encore :
Arachide,
Mais et Velvet bean,
Ma'is et Cowpea, puis Avoine ou Seigle d'hiver.
Il est à signaler que l'arachide entre dans ces rotations autant comme
fourrage résistant à la chaleur que pour la vente des gousses. Il arrive
souvent que l'arachide n'est pas récoltée. On se contente alors de faucher ou
de faire pâturer par les bovins les parties aériennes de la plante puis, de
mettre les porcs dans les champs afin qu'ils cherchent les gousses. L*
fumier produit restitue au champ la plupart des éléments minéraux et
azotés qui seraient exportés par une récolte complète et les racines garnies
de nodosités restent dans le sol.
A Java, l'arachide entre en rotation avec le riz et surtout la canne à
sucre dans un assolement triennal (168).
En Egypte, Andouard (4) signale les plantes suivantes comme entrant
en rotation avec l'arachide. Hiver : orge et fenugrec; été : arachide et maïs.
L'arachide peut être semée seule ou en mélange. Au Sénégal, elle est
souvent semée en mélange avec le mil, aux Etats-Unis avec le maïs (128 et
178). Enfin, signalons que l'arachide peut être cultivée en culture interca-
laire au milieu des cacaoyers (35), de cocoteraies (77), ou d'orangeraies (142),
de cotonniers (178), etc.
CHAPITRE III
CULTURE DE L'.\RACHIDE
La culture de l'arachide est dominée par les deux nécessités suivantes :
éviter les mauvaises herbes qui empocheraient les fleurs de s'ent«rrer et
conserver au sol une humidité suffisante pendant la saison sèche. Il en
résulte une grande uniformité dans les méthodes en usage dans les divers
pays oij cette plante est cultivée.
Les opérations qui se retrouvent dans toutes les régions sont : des
façons préparatoires aux semis, ayant pour but d'aérer le sol et lui permet
tre d'emmagasiner une humidité suffisante lors des pluies; puis, après»la
levée, des façons suix>rficielles du sol destinées à ameublir la croûte for-
mée pour diminuer l'évaporation et supprimer la végétation parasite.
— 293 —
a) Façons préparatoires. — On préfère, en général, les labours à plat
aux labours en billons; toutefois, ceux-ci sont plus recommandés quan '. les
terrains sont humides ou mal drainés. Les cultivateurs du Sénégal ne p:
vent faire de labours étant donnés leurs instruments primitifs; ils se con-
tentent, après avoir débroussé et déchaumé tant bien que mal, de gratter
la terre sur environ 5 cm. à l'aide de l'hilaire ou de la daba. Aux Etats-
Unis, on fait un labour de 12, 20 cm. sur déchaumage et au moins 6 semai-
nes avant le semis. Il est suivi de hersages fréquents pour retenir l'humi-
dité (123). On trace le chemin du semoir à l'aide d'une barre garnie de
pointes qui est trainée derrière la herse (178). En Espagne (142), on donne
au plus en mars, pour semer en avril-mai, un labour profond qui sert en
même temps à l'enfouissement du fumier. Ce labour est suivi d'un travail
au cultivateur à disques; enfin, quelques jours avant le semis, on fait
encore un labour superficiel. A Java, on fait 3 labours et on attache une
grande importance à l'état des drains si on cultive en terre argileuse (168).
On n'est pas bien d'accord sur l'influence des labours profonds. Aux
Etats-Unis, ils sont la règle. Quin (188) les recommande aussi en Afrique du
Sud. A M'Bambey, en 1914 (102), on a trouvé que le rendement est fonction
de la profondeur du sol. Le rapport entre la paille et le fruit varie égale-
ment entre 2 et 30 cm., le rendement en paille ne s'accroît que de 50 %, alors
que celui des fruits triple. Les variétés rampantes tendent à prendre un
port plus dressé et, par suite, un certain nombre de fruits peuvent ne pas
s'enterrer. La plante se développe plus vite et la durée de végétation, sur-
tout celle de maturation s'allonge. Les fruits sont plus gros. A Palur, au
contraire, on n'a pas constaté (160) que «les labours apportent une amélio-
ration de la production.
Le matériel employé dans les pays de culture scientifique n'est pas
spécial à l'arachide, on se sert à cet effet des mêmes charrues, cultivateurs,
pulvérisateurs que pour les autres cultures.
b) Semis. — Le semis se fait avec des arachides en coque ou décorti-
quées. Ce dernier mode présente l'avantage d'économiser beaucoup de
semence, d'avoir une levée plus précoce d'environ deux jours, plus ré.?ulière
et de n'avoir qu'un seul pied par touffe. Il permet, en outre, d'employer les
semoirs ordinaires. On lui reproche de laisser les graines sans défense
contre les insectes et de les exposer aux attaques des pourritures de toute
sorte si la levée est différée pour une rai?on quelconque. De plus, l'écossage
ne pouvant se faire qu'à la main pour les eraines de semence, exia-e une
main-d'oeuvre qui réduit le bénéfice di\ h l'économie de semence. En beau-
coup d'endroits, on se contente de briser en deux la srousse et de la faire
tremner quelques heures dans l'eau. Le trempage qui peut être indiqué
pour les arachides en coque, bien qu'il les expose à la pourriture si la levée
est refardée, est absolument déconseillé ouand il s'agit de graines nues
dont les fésruments éclateraient sous l'action de l'eau.
•Aux Indes (136). on attache une certaine importance h la distance dé
plantation, les semis trop serrés tendant k accroître le caractère érieé de
la végétation (.58), et d'après les essais de Palur. le rendement étant très
influence par l'espacement des pieds (160). En Afrique Occidentale, l'indi-
pène sème à la mais après avoir arrossièrement sélectionné ses eraines de
semence. La mise en terre se fait en petits poauefs de 3 à 5 cnj. de profon-
*ur, espacés de 0 m. 40 à 0 m. 70 et quand le sol est détrempé par deux
ou trois pluies successives. En Espasrne (123), on sème soit les pousses
entières, soit la graine nue. Si les fruits sont entiers, on les brise en deux la
— 294 —
veille du semis et on les fait plonger dans l'eau à deux ou trois reprises,
pendant quelques instants seulement, on laisse ensuite les graines bien se
ressuyer. Dans la région de Valence, on sème à la main, grain à main der-
rière une petite charrue. En Amêi-ique, on sème d'autant plus tôt que la
variété est à plus gros fruit et à végétation plus longue. Malgré tout, on
attend le réchauffement du sol et dans les Etats les plus septentrionaux,
que tout danger de gelées tardives soit écarté. On sème d'autant plus pro-
fondément que le sol est sec et perméable, et d'autant plus serré que le sol
est pauvre et la variété érigée. Les semoirs employés sont à un rang, à
godets et souvent sèment l'engrais en même temps que la graine. Il existe
des semoirs semant également l'arachide en coque. Il serait souhaitable
d'employer des semoirs à avant-train et munis d'une roulette en fonte tas-
sant la terre sur la graine (178). Les arachides de semence font l'objet dé
beaucoup de soin, elles sont récoltées à pfM'faite maturité, restent longtemps
en meules, sont écossées et nettoyées à la main une quinzaine de jours
avant les semailles. On a au moins soin de les briser en deux et de les lais-
ser tremper 12 à 24 heures. On conseille un traitement à la créosote pour
éloigner les rats (178). Le semis se fait après marquage, en lignes espacées
de 0 m. 80 à 1 m. 05 et à 12 à 30 cm. sur la ligne, à une profondeur de
2 à 5 cm. (5-123-178).
c) Façons cnltnrales : Dry farming. — Partout où l'arachide est culti-
vée, on fait des sarclages, soit à la main, soit à l'aide d'instruments. En
Afi'ique, les indigènes font 2, 3, 4 binages à la main; le premier a lieu
15 joUt*s après le semis. L'indigène se règle sur l'apparition des plantes
adventices pour effectuer ses sarclages, il les continue encore avec précau-
tion lors de l'enterrasre des gousses.
Aux Indes, le cultivateur fait 2 ou 3 binages dont le premier im mois
apfès le semis, puis deux pendant la période des Irrigations. Dans la pro-
vince de Bombay, les champs sont sarclés deux fois au moins, on arrête
quand la plante couvre le sol (52). Aux Etats-Unis, on recommande de faire
passer les appareils dès la levée de l'arachide et en diagonale à travers les
champs; l'arachide résiste et les mauvaises berlues sont arrachées. Dans
les binages ultérieurs, on fait passer les appareils dans le sens des lignes.
On fait enpore un binaee quand les touffes s'élargissent et on arrête
tout travail dès que les gousses s'enterrent parce que les appareils employés
sont trop brutaux pour circuler dans les champs h. cette époque. On estime
qu'il est bon de faire nu moins cina façons superficielles pendant le cours
de la végétation. A Florence (Deattie) (178), on considère qu'avec un pas-
sage du cultivateur par semaine, on peut éviter les sarclages à la main.
îinttaqp et rovlaqc — Aux Etats-Unis, Reattie (178) déconseille le but-
tage comme abîmant le foin, mais il conseille un lé£rer roulasre des variétés
très dressées. En E=;pngnp, au contrnirc, on butte quand la plante atteint
20 cm. de hauteur (142). A Cuba, l'écimafre n'a apporté aucune améliora-
tion (201).
Outils. — Aux Etats-Unis, on emploie aux sarclages deux sortes
d'outils en plus des houes diverses. L'un appelé woeder est semblable à
un cultivateur à 3 rangées de 12 dents, très longues, verticales, de section
cylindrique. Muni de brancards assez bas, sa largeur de travail atteint
1 m. 80 avec 5 cm. d'écart entre les traces. Il sert aux désherbagcs et aujfc
façons superficielles. Le sweep est une sorte de houe avec un fer très large,
monté sur un âge guidé par des mancherons. On lui préfère parfois les cul-
— 295 —
tivatours h. 5 lames de 2 1/2 à 3 pouces de large. Aux premières façons, on
emploie des lames de 1 pouce 1/4; pour les dernières, on ajuste les dénis
de telle façon qu'elles ne pénètrent pas à plus de 5 cm. (178).
Irrigation. — On signale trois pays où l'arachide est cultivée en cul-
ture irriguée : les Indes, l'Egypte et l'Espagne. Aux Indes (52), dans la
région de Madras, les irrigations se font deux fois par semaine pendant les
deux derniers mois; dans la province de Madras, on donne de 2 à 4 irriga-
tions pendant les deux derniers mois. En Egypte (31), on arrose aussitôt
après que l'arachide commence à lever; ensuite, on laisse la plante pousser
ses racines en profondeur pour chercher l'eau et on bine. Les arrosages
Bont donnés ensuite tous les dix jours, tant que la plante ne couvre pas le
sol puis, tous les quinze jours jusqu'à la matu'-ation; le dernier arrosage
se fait le jour de la récolte ou la veille afin de faciliter l'arrachage. Si la
récolte se fait tard, on ne fait pas d'arrosage au moment de l'arrachage de
peur de faire germer les gousses. Le nombre total des irrigations est de
12 à 24, voire même de 26. Elles se font par submersion en de petits
bassins (31).
d) Récolte. — Les fruits de l'arachide mûrissant successivement, on
récolte quand la proportion des gousses non mûres n'est plus que de 5 à
15 %; si on récolte trop tôt, les amandes se ratatinent et se flétrissent; si on
récolte trop tard, on court le risque de voir des germinations intempestives
se produire à la suite de la moindre pluie. En général, on se base sur la
couleur du feuillage pour apprécier l'époque de la récolte.
Au Sénéeal, on attend que les fanes se dessèchent; à cette époque, lé
sol est encore meuble et les gousses adhérent Inen aux tiges; sinon il vaut
mieux arracher plus tard, un jour suffisamment sec, pour que les gousses
puissent bien se ressuyer. L'opération se fait à la main, en passant un
outil sous les touffes et en tirant (5). A Java, dans certains districts, on
attend que les feuilles se dessèchent; dans d'autres, on arrache dès que les
fruits ont atteint leur grosseur normale, sans attendre leur maturité com-
plète flfiSl. En Espagne (142), on juge la maturité suffisante quand le feuil-
lage présente une couleur tabac. Aux Etats-Unis où le foin d'arachide est
très apprécié, il faut opérer avant l'arrivée des premiers froids et assez
à temps pour que les gousses ne germent pas (5). D'autre part, on attache
ime grosse importance au bel aspect des fruits et il est important' qu'ils
ne se déprécient pas par une maturation imparfaite. Dans les Etats du
Sud (139), on attend que le feuillage jaunisse et que les nervures de l'inté-
rieur des gousses se colorent (178). Enfin, aux Indes, on a signalé un pro-
cédé assez curieux employé dans les districts irrigués (58). On fauche les
parties aériennes de la plante, puis on retourne le sol avec une charrue: on
rétablit ensuite l'eau, les gousses viennent flotter à la surface et il est alors
aisé de les K'rouper à l'aide d'un râteau.
Dans la plupart des pays, l'arrachage se fait à la main, sur la touffe
entière, dans d'autres endroits, on fauche d'abord les parties aériennes
afin dp garder le foin, on retourne ensuite le sol à l'aide d'une charrue.
Outils. — Aux Etats-Unis, on emploie à cet effet les arracheurs à"
pomme de terre. L'un d'eux, qui a donné de bons résultats dans le cas de
vastes surfaces à travailler, se compose d'un très large soc triangulaire
suivi d'un treillaee métallique sans fin tournant sur deux tamlx)urs per-
pendiculaires à la direction de l'avancem.ent. Cet appareil, as.sez coûteux,
ne convenant qu'aux grandes exploitations, permet d'éviter les équipes de
— 296 —
femmes qui passent derrière les charrues pour secouer les pieds arrachés.
Il existe aussi des appareils plus simples dont l'un se compose d'une forte
lame horizontale perpendiculaire à la direction de l'avancement et fixée
par deux solides montants à un âge. Cette lame coupe les racines dans
le sol et facilite le travail de l'arrachage. Ces appareils sont assez difficiles à
régler, car il faui que les socs travaillent juste au-dessous du plan de fructi-
fication. Ils ont l'avantage de laisser dans le sol les racines avec leurs nodo-
sités. On emploie plus souvent une simple charrue dont le versoir est réduit
à quelques éléments alîn de verser tous les pieds sur le même côté (178).
e) Curing. — En Amérique, la récolte est terminée par une opération
à laquelle on attache une grande importance et qui consiste à faire sécher
l'arachide en meules pendant plusieurs semaines afin que les fruits termi-
nent leur maturité lentement, sans se flétrir, sans danger de germinations
intempestives. On croit que le foin obtenu est plus délicat mais il ne semble
pas que les qualités oléifères soient modifiées, soit pour la qualité, soit pour
la teneur en huile.
Le séchage s'opère sur des exsiceateurs analogues à ceux qui ont été
recommandés en France pour la luzerne. Ce sont des poteaux de 2 mètres
de haut sur 10 centimètres de diamètre qui portent, cloués perpendiculaire-
ment, des barreaux de 45 centimètres de long, dont les plus bas sont à
20 cm. du sol environ, afin d'assurer im passage 3'air continu. Les meules
sont construites en disposant les pieds avec les gousses à l'extérieur. La
pente ne doit pas dépasser 30 cm. du centre vers la périphérie et il n*est
pas avantageux de dépasser 90 cm. à 1 m. de diamètre. Les variétés dres-
sées sont évidemment plus faciles à mettre en meules que les variétés ram-
pantes. On recommande d'entourer les meules ave des liens et de
ne couvrir qu'avec des matériaux susceptibles de laisser la circulation de
l'air se faire. Il faut compter 40 meules environ à l'hectare. Afin de ne pas
être obligé de démolir les meules pour les transjDorter aux batteuses, on se
sert de chariots bas à 2 ou 4 roues portant une chèvre qui saisit les exsic-
cateurs par un crochet au sommet ou par des leviers à la base.
Les arachides restent en meules environ 2 <\ 4 semaines quand elles
sont destinées à la consommation animale, 6 semaines quand elles sont
destinées à la consommation humaine et 2 mois quand elles sont destinées
h. sei-vir de semence (178).
f) Battaqe. — Le battage de l'arachide ou plus exactement sa cueillette
se fait en beaucoup d'endroits à la main. C'est un procédé loncr, sale et
fastidieux, mais qui laisse le foin absolument intact. Beaucoup de cultiva-
teurs le pratiquent pour utiliser la main-d'œuvre quand le travail aux
champs est impossible, sinon ils portent l'arachide sur des aires et la bal-
lont avec des fléaux. C'est le procédé employé au Sénégal, aux Indes, en
Espagne, etc. Il n'y a qu'aux Etals-Unis qii'on emploie des machines pour
faire ce travail. On peut employer les batteuses à céréales poun-u que le
batteur et le contre-batteur soient convenablement réglés et que la vitesse
ne dépasse pas 400 tours à la minute. Malgré tout, ce procédé brise beau-
coup de gousses et abime le foin, le vanage se fait mal et il reste des frag-
ments de tiges adhérents. Il existe une machine spécialement conçue pour
la cueillette des nrachides. Elle se comjwse d'une toile métallique sans
fin, mobile, sur laquelle sont étendus les pieds dont les gousses pa.ssenl au
travers des mailles. En dessous do la toile, frotte une brosse rotative en
caoulchouc qui détache les fruits au passage. L'appareil est complété par
— 297 —
un vibrateur séparateur où se fait le vannage et un « slemmer » où sont
rognées le petites portions de pétioles restant après les gousses. Cette
machine qui nécessite un moteur de G chevaux peut cu^llir 400 à 600 bois-
seaux par jour {139 et 178).
g) Emmagasinage. — L'arachide battue est mise en sacs qui sont enfer-
més dans des greniers ou des locaux où elle est tenu à l'abri des rongeurs
et des insectes. Au Sénégal, en attendant l'embarquement, on en forme de
grands tas appelés « seccos ». Aux Etats-lhiis, il existe des « elevators »
analogues à ceux qui ont été conçus pour les céréales (139).
La décortication de l'arachide avant son transport est une opération
assez discutée (136). Il est certain que les graines décortiquées voyagent
avec moins de sécurité à l'égard des ennemis at toutes sortes. L'arachide
de Coromandel est tenue, par les frets considérables dont elle est grevée,
à voyager nue. Pour l'Afrique Occidentale, on a été conduit à envisager
cette mesure par suite de la rareté du matériel roulant sur les chemins
dé fer du Sénégal et de l'élévation du fret. Il ne semble pas qu'il y ait lieu
de pratiquer systématiquement cette opération.
Il existe trois sortes de décortiqueurs. Les uns agissent entre un cylin-
dre et un sabot (150), d'autres, comportent un cylindre fixe, creux, perforé,
décortiqueur Martin (30) qui comporte deux plateaux verticaux tournant
à l'intérieur duquel tourne un arbre à palettes (150). Le troisième est le
en sens inverse l'un en face de l'autre et entre lesquels se fait la décor-
tication. Le vannage se fait par sédimentation au sein d'un courant d'air.
h) Objections faites à la culture mêcnniqrie. — La culture mécanique
de l'arachide se heurte à un certain nombre de difficultés qui existent, du
reste, pour les autres cultures coloniales, mais qui interviennent plus parti-
culièrement dans ce cas particulier.
1° L'achat du matériel nécessaire représente une mise de fonds impor-
tante, difficile pour le cultivateur indigène;
2° Le matériel demande à être conduit par un personnel expérimenté
qu'il faut payer plus cher;
I:° Si sinip!-? que soit ce m'.tériel, il exijo '^t ? réparations que les
artisans locaux ne sont pas toujours à même de faire;
4° Il faut que ces engins soient adaptés aux mœurs agricoles et aux
procédés de culture de la région. C'est ainsi qu'au Sénégal, par exemple,
il serait imprudent de vouloir généraliser l'emploi des labours profonds
vu la faible épaisseur de la terre végétale; le des.=«uchage imparfait .lu sol
gênerait considérablement le passade des appareils et l'emploi de l'un d'eux
est souvent subordonné à l'emploi des autres. C'est ainsi qu'il est unpos-
sible de se servir de cultivateurs i les semis n'ont pas et' fi-its avec des
H-moirs en ligne ayant la même voie et que l'usage de ceu :-C' n'^X possi-
ble qu'avec un nivelage parfait du sol;
5° Une autre difficulté vient de la traction. On sait que la traction ani-
niale est presque impossible dans certaines régions par suite des épizooties.
Aux Etats-Unis, ainsi qu'en Espagne, on emploie beaucoup de mules;
ailleurs, on a surtout recours aux buffles. L'emploi de tracteurs aux colo-
nies sort du cadre de cette étude, mais signalons, à côté des objections qui
lui sont générales quant à l'alimentation, aux réparations, etc., que pour
beaucoup de pays où l'arachide souffre surtout du manque d'engrais, il
tend à accentuer cette déficience.
— 298 —
CHAPITRE IV
MALADIES DE L'ARACHIDE ET INSECTES NUISIBES
Jusqu'à CCS dernières années on s'était assez peu préoccupé des enne-
mis de l'arachide. La diminution des rendements, constatée un peu partout,
ayant attiré l'attention sur ce qu'on a appelé la dégénérescence de cette
plante, a pu être attribuée dans beaucoup de cas à l'influence de parasites
divers jusque là insoupçonnés. Les attaques subies par les cultures d'ara-
chide dans les pays producteurs n'ont pas encore eu de gravité semblable à
celle qui ont dévasté les cultures de cotonnier [Bail V/eeivill), de pomme
de terre {P/iylophtora), de vigne [Phylloxéra). Cette demi-clémence est peut-
être due à l'échelle restreinte sur laquelle ont été faites les acclimatations
jusqu'à ce jour.
Quatre sortes d'ennemis sont à craindre : des bactéries, des cryptoga-
mes, des phanérogames et des insectes.
MALADIE BACTÉRIENNE DE L'aRACIIIDE
Nous verrons plus loin que l'attaque par le Sclerothim Rolfsii est sou-
vent associée à la présence d'une bactérie. Il existe également (195) une
maladie bactérienne proprement dite, signalée dès 1905 à Cheribon (Indes
Orientales) par Breda de Han, aux Etats-Unis et surtout dans l'Archipel
malais. Cette maladie connue sous le nom de Slime disease, SlijmziPkte,
est une fanaison. Dans les attaques violentes, la fanaison est parfois si
rapide que les feuilles gardent une coulevir vert sombre en se desséchant.
Dans les attaques plus faibles, dont la plante peut triompher, la fanaison
n'atteint qu'un quartier du pied. Un grand nombre de racines meurent et
les plus anciennement attaquées prennent une couleur sombre. Une partie
des fruits restent petits et l'épiderme est parfois veiné ou brun par suite
de la présence de la bactérie dans l'appareil vasculaire. Les plantes atta-
quées la contiennent toujours ainsi que beaucoup de pieds paraissant sains.
Des fruits paraissant indemnes la recèlent parfois dans le funicule, même
dans les téguments, mais jamais dans l'embryon. R. T. Palm l'identifie
avec Bacterium solana ceariim qui Sévit également sur le tabac, la tomate,
la betterave, le Clienopodium amhrosoïdes, V Hibiscus sahdariffa (Roselle),
le lin, la carotte, le tournesol, etc., plantes susceptibles d'entrer en rotation
avec l'arachide. On ne sait rien de certains sur l'influence du sol : on a seu-
lement remarqué qu'elle était plus fréquente dans les sols argileux, lourds,
restant humides. On n'a pas remarqué de différence dans les cas où l'ara-
chide succède au riz de montagne plutôt qu'au riz d'inondation. Il est évi-
dent que la culture ininterrompue développe cette maladie. On recom-
mande de planter à espacements réduits, d'arracher et de brûler les pieds
malades; il faudra également ne pas laisser en tas sur le champ les fruits
qui, même d'apparence saine, sont suspects; enfin, on fera de l'arachide
une culture de saison sèche. On peut espérer trouver, sinon une race com-
plètement indemne, du moins des races suflisamment ré.sistantes. Des essais
ont élé entrepris pour une telle sélection plusieurs années avant la guerre,
à Java.
— 299 —
Mosaïque de Varachide. — Nous signalerons pour mémoire, que
M. Clintock a trouvé en 1915 un pied paraissant atteint d'une maladie ana-
logue à la Mosaïque (152). Aucun essai d'inoculation n'a réussi à propager
cette anomalie qui ne s'est pas non plus montrée héréditaire.
CRYPTOGA.MES
Les cryptogames qui ont été signalés jusqu'ici comme nuisibles
à l'arachide sont : Clielodiploala arachidis Maublanc, Cercospora
arachidis Henn, Cercospora personata (Burk. et Curt.) Ellis, Colleiotri-
chium nigntm, Corticium vagrrni B. et C, Piœcinia arachidis Spg., Sclero-
tium Rolfsii Sacc, Rhizoctonia destruens, Rhhoctonia Soldii Septoglâevm
arachidis Racib., Thielavia basicolia Zopf., Vredo arachidis Lagh. Un cer-
tain nombre d'entre eux sont peut-être rigoureusement spécifiques de cet
hôte; la presque totalité est polyphage; plusieurs ont été signalés très rare-
ment, quelques-uns ont pris ces dernières années une grande extension.
Jusqu'ici, par bonheur, nos colonies en ont été indemnes, mais leur
présence aux Etats-Unis doit rendre très circonspect au sujet des acclima-
matations hâtives de variétés américaines.
Colleto/richium niqrum est une espèce assez banale qui a été signalée
sur arachide en Guinée anglaise, en Birmanie et aux Indes. Elle a été
étudiée sur Capsicvm anmim dont elle cause ime anthracnose.
Vromyces arachidis Henn. a été signalé à Surinam (Hedwigia, 1896)
sur les feuilles de l'arachide. Elle cause des taches jaunes ou noires sur le
dessus des feuilles.
Chetodiplodia arachidis Maublanc, signalée en Amérique Centrale, se
rencontre sur les tiges. On a constaté dans les expériences de laboratoire,
que seuls les rameaux morts à la fin de la végétation portaient des fructi-
fications et l'on n'est pas certain du parasitisme vrai de cette espèce.
Ces deux dernières maladies ont ét-é très rarament signalées.
On sait que le genre Rhizoctonia vit sur une grande quantité de plantes.
/?. destriiens a été signalé aux Indes (116) par Ajrekar (L. S.) et Shaw
(F. J. P.). Il parasite aussi plusieurs autres plantes parmi lesquelles la
luzerne, la pomme de terre et Piper Réelle. C'est au collet qu'apparaissent
les premières plaques de mycélium, l'appareil radical est ensuite nécrosé.
Les sclérot^s sphéroïraux sont bruns extérieurement et blancs à l'intérieur.
R. solda, signalé par les mêmes auteurs attaque aussi le papayer, la
citrouille, le jut-e, les dnliques. le chan^Te, le coton, la luzerne, la tomate,
le mûrier, le tabac, le haricot de .lava, le sésame, la pomme de terre, le pois
Munpo, Viqna Catjang, CrotaJaria jvncea, etc.
Corficinm r^aqxim B. et C. crui a été trouvé sur l'arachide, la pomme de
t^erre Vigna Catjang. et^., touiours d'nprès les mêmes auteurs, serait la
forme parfaite des deux champignons précédents.
Le grand nombre de plantes susceptibles d'être attaquées par ces para-
sites montre que dans ce cas on ne pourra éviter la maladie par des asso-
lements judicieux et qu'il y aura lieu de soupçonner souvent la culpabilité
de cultures associées lors de l'apparition d'un foyer de maladie.
Vredo arachidis Lagh a été signalé au Surinam (Guyane hollandaise),
à Cuba (201), aux Indes Occidentales (82-70). Toutes les variétés ne sont
pas attaquées avec la même intensité et les stations où est apparu ce para-
— 300 —
site ont été inégalement éprouvées. La bouillie bordelaise s'est montré peu
efficace. D'après Arthur qui a examiné des échantillons venant des Antil-
les, on serait plutôt en présence d'un Puccinia :
Pucciiiia arachidis Spg. Les urédospores seraient seuls connus. La
maladie se manifeste par la présence d'une poudre jaune sur les feuilles. Ce
cryptogame ayant été signalé en Argentine, à Surinam (Weigeht), aux
Antilles, à la Guadeloupe (Durs), à Porto Riso (Arthur) (176 et 181) ainsi
qu'autrefois au Paraguay oîi l'arachide est à peu près spontanée, il serait
intéressant de rechercher s'il n'existe pas dans ce pays des races indemnes
ou tout au moins peu éprouvées. Il serait également très important de con-
naître la plante sur laquelle se forme le cycle de ce Puccinia.
Ces deux espèces que plusieurs auteurs (100-144-145), pensent être iden-
tiques, appartiennent à des genres dont les espèces ne sont pas polyphages
bien qu'elles évoluent sur des végétaux successifs. Il est donc po'ssible
d'éviter le retour de ces maladies par une rotation convenable, d'autant
plus que le sol n'est pas infesté comme dans le cas des parasites suivants :
Thielavia basicolia Zopf, signalé depuis 1850, s'attaque surtout aux
légumineuses, mais aussi à d'autres plantes parmi lesquelles : le tabac, le
cotonnier, etc. Les expériences de J. Jonhson (127) à la Station agrono-
mique du Wisconsin et à Arlington (Virginie) montrent que ce parasite, jus-
qu'ici non signalé comme dangereux pour l'arachide est susceptible de
prendre beaucoup de gravité en raison de sa polyphagie étendue. On sait
que ce parasite s'attaque aux racines, il est en particulier l'agent du Root
rot des violettes.
Le point d'attaque et le caractère de la sporulation varie avec les hôtes
«•e qui a fait longtemps douter du parasitisme vrai et général de ce cham-
pignon. Les essais d'inoculation ont montré que c'est un parasite intracel-
lulaire.
Cercospora personala (Burk et Curt.) Ellis a été signalé sur l'arachide
A Canton (Chine), aux Indes et aux Philippines par Yatès, Henry (144),
South (70), l'a également signalé à la Barbade et à la Dominique, et M. Cal-
vino à Cuba (201).Enfin, A. Chevalier a signalé (93 et 100), on Afrique Occi-
dentale, une maladie analogue. D'après T. A. Wolf qui l'a étudiée aux
Etats-Unis, en Alabama (106 et 124), les grands agents de transmission sont
les insectes. Parmi ceux-ci, les coléoptères Megilfa mnc7ilata, Epirmta vit-
rata, Cfim/liof/notus, la larve d'Heliotis obsoleta et un seul hémiptère ont
été trouvés porteurs de spores. Los sauterelles semblent se novtrrir de pré-
férence des parties saines des pieds qu'elles attaquent, mais les spores peu-
vent traverser leur tube digestif sans être altérées. Les genres n'ont du
reste pas besoin de la plante hôto pour vivre et se développer, le sol peut
leur sufïire an début. Les conidies sont nombreuses sur les feuilles ayant
passé l'hiver dehors, on en a même trouvé dans l'eau de lavage des gous-
ses. Il y en a toujours dans l'air après la pluie. On recommande, bien que
ces mesures ne soient pas toujours efficaces, de désinfecter les srraines de
semence au sulfate do cuivre ou, tout au moins, de les écosser. L'établis-
sement de rotations cnnvenabres peut aussi aider à la lutte contre cette
maladie qui réduit parfois do 35 % la surface foliaire et de 5 à 20 «V, les
rendements. D'après A. Chevalier (93), ce champignon serait identinue à
Cflrcospnra arachidis et Scp/oz/larinn arac/iidis Racib qui a été étudié par
Kelkar (71) aux Indes fDokkan et Madras) où elle est connue sous le
nom de maladie du Tikka, on Afrique du Sud par Van her Rmj (196),
existe aussi dans tout l'Est africain anglais et allemand, à Java. <à Céylan
— 301 —
et aux Pliilippines et aux Indes Occidentales. A Chevalier l'a signalé en
Afrique (d'à) et il croit que c'est le inèiiie champignon que Cercoapura pcr-
soiuua et Ccrcospura aracliidis. Vateser Henry partage cette opinion.
Elle se caractérise par des taches noires, circulaires, ressortant
comme des verrues, irrégulièrement disposées sur les feuilles et la tige.
Les folioles malades se recroquevillent sur la nei-vure médiane et tombent.
Le mycélium se raanifie entre les cellules et y émet des suçoirs. Les fruc-
tifications de la grosseur d'une tête d'épingle, plus ou moins concentri-
ques, sont constituées par des bouquets de ramifications. On les rencontre
surtout sur les feuilles. Le seul remède consiste à brûler la récolte ou a
l'enfouir profondément.
Sclerotium Rolfsii Sacc, sévit surtout dans le Sud des Etats-Unis.
L'agent assez polyphage, s'attaque également à la tomate, au chou, au
coton, etc., dans les terres basses et mal drainées (126).
La période d'incubation est de 2 à 4 jours. Le mycélium qui paraît
difficilement infecter les plantes à plus de 5 pouces de profondeur dans
le sol ne s'attaque pas aux cellules gorgées d'amidon (166). L'infection
débute à demi à un pouce au-dessous du sol; il faut qu'il y ait eu lésion
pour que le parasite puisse s'établir (166). Au début, on remarque une
légère flétrissure analogue à celle produite par la sécheresse, puis les
lésions sont couvertes d'un mycélium blanc disposé en rayons, l'épiderme
et le cambium sont mous ou très humides avec tendance au suintement
et émission d'une odeur désagréable. Ils sont séparés des zones saines par
une ligne. Le champignon envahit de plus en plus la tige principale en
descendant vers la racine et les radicelles qui sont couvertes d'un tissu
blanc et sont d'autant plus atteintes qu'elles sont proches de la surface
(166). Les sclérotes sont presque sphériques, de la taille d'un grain de
moutarde, blancs au début, puis bruns, tournant au noir avec une surface
dure et brillante. Les tissus attaqués finissent par se désorganiser par
destruction de la lame médiane des cellules; dans les régions attaquées,
on trouve une bactérie susceptible de reproduire les symptômes internes
et qui agit peut-être comme une levure décomposant les tissus (Harter)
(126). Les essais d'infection n'ont réussi qu'en présence d'une humidité
suffisante. Les variétés sont inégalement résistantes et l'ordre d'immunité
est à peu près le suivant : Virginia Runner, African (indemnes), Spanish,
Tennessee Red, Virginia Bunch (moyennement attaquées), Valenda (très
attaquée) (166).
En dehors de ces maladies dont les agents sont bien connus, il en
existe un certain nombre dont les causes sont mal ou non connues. En
Egypte, M. Huri a signalé vers 1901 une affection caractérisée par un jau-
nissement des feuilles suivi de leur épaississement. Elles deviennent en
même temps gluantes, puis se dessèchent et meurent. Cette maladie était
rare (14).
En Afrique Occidentale, Perruchot a signalé une maladie se tradui-
sant fréquemment par des gousses noires, Dumas et Adam ont parlé d'une
sorte de Pourridié; Adam a signalé une maladie des feuilles. Elles sont
attaquées quand elles sont jeunes, plus tard, elles se couvrent de taches
noires conidiennes. Les gousses atteintes ont des taches détrimées et noires
bourrées de mycélium. Le point de départ serait peut-être un insecte.
CooK a décrit (200) une maladie des racines existant aux Antilles. Les
racines sont entourées d'un mycélium en toile d'araignée qui les tue, la
maladie gagne ensuite les parties aériennes. On ne connaît pas des formes
— 302 —
de reproduction, sauf par sclérotes bruns d'un mm. de diamètre. La mala-
die attaque aussi la luzerne, les agrumes, les tanatcs, etc. On recommande
d'arracher les pieds malades, les brûler et chauler ensuite le terrain.
P1I.4NER0GAMES
Les plianérogauies peuvent nuire de deux façons à l'arachide : comme
parasites directs ou comme mauvaises herbes.
Parmi les premiers, on peut citer deux scrofulariacées signalées par
A Chevalier (93 et 100) en Afrique Occidentale, ce sont :
AlecLra arachidis A. Chevalier, variété de r.4. sénégalensis qui para-
site les racines. Les fleurs sont jaunes. L'arachide s'atrophie et la produc-
tivité est abaissée. Se rencontre surtout au Fouta Djalon.
Stiiga Orobranchuldes qui n'a pas été signalée sur arachide, mais
sur dolique de Chine. On la rencontre au Moyen-Niger.
Parmi les seconds, on peut citer deux plantes signalées aux Etats-
Unis (178) comme particulièrement difficiles à extirper des champs. Ce sont
Syniherisma Ischàemum, Digitaria huniifusa, Pers, Panicum glabritm
gand, S. suinguinal, S. fi/i/ormis L. Nash., connus dans ce pays sous le
nom de « crab grass » et Medicagi hispida ou « Bur clover ». A Cuba, les
lianes de Vlpomea triloba sont aussi très préjudiciables quand elles enva-
hissent les cultures (201).
En Afrique Occidentale, l'arachide a surtout à souffrir des attaques
d'insectes divers. Roubaud (121) signale les espèces suivantes :
a) Insectes nuisibles aux parties aériennes de la plante.
Toutes les espèces Jjanales d'orthoptères s'attaquent à l'arachide. On
remarque toutefois que chaque espèce ne commence ses dégâts qu'à l'épo-
que ou le mimétisme est le plus complet. Il se produit, par suite, un vrai
cycle d'espèces se succédant sur la plante. Les criquets l'épargnent un peu,
ils sont d'ailleurs très sensibles au virus d'Herelle. Parmi ces orthoptères
successifs, on citera Conipodia calcarala Sauss, le Phomes, les Trujcales,
les Locustes. Parmi les coléoptères, Anomurus fuscus 01. de grande taille,
gris, se tenant dans la journée au pied des plants, immobile; paraît se
nourrir des parties vertes et ne pas s'attaquer aux graines. On ne volt
jamais plus do deux individus par pied.
b) Insectes s'attaquant aux racines.
La chenille d'une noctuelle, ver gris de 4 à 5 cm. de long, gris rosé,
avec trois paires de taches noires arrondies aux premiers segments est un
ennemi dangereux des racines. Sa croissance dure 2 à 3 mois pendant les-
quels elle peut sectionner complètement la racine principale, surtout
atteinte. Vers fin septembre, elle s'enfonce dans le sable, s'y filo une coque
et so transforme en une chrysalide rougeâtre dont la durée d'évolution est
inconnue. L'image n'est pas connu. Il continue sans doute son évolution
sur d'autres plantes sauvages, puisqu'on ne lui connaît pas d'autre hôte
cultivé. Il est possible qu'il ait deux cycles annuels dont un seul dépend
de ruraclii(ic (Hivernage). Contre cet insecte qui sévit surtout le long de
— 303 —
la ligne Dakar-Saint-Louis, la lutte par pièges lumineux pourrait être
envisagée; le sulfure de carbone donnerait sans doute de bous résultats
dans ces sols sablonneux. Oii a signale aussi des larves de coléoptères éla-
térides (Taupins) et celle apode et dodue d'un curculionide. Viennent
ensuite des coléoptères qui attaquent la racine principale du côté du collet
sans la sectionner complètement; si la plante est vigoureuse et si le terrain
n'est pas encore trop sec, la plante pousse des racines adventives et triom-
phe, sinon elle meurt. Dans le Cayor, on peut accuser 6luzvnyclia ajricana
Lap. du Cast., Anomala plcbcja Curt, Adorcsius umbrosus Fabr., Crator
cuniculus Burm. Piinelia angulosus et P. senegaienais Oliv. On incrimine
des mêmes dégâts deux larves de diptères non identitiées et parmi les
névroptères Euterines parvulus Sjost dont nous aurons l'occasion de repar-
ler et qui ne peut guère être rendu responsable que de la disparition de
quelques pieds souffreteux. Un myriapode Iule : Peridontopyge perplicata
Silo (Diaial en Ouolof) se chai'ge parfois du même résultat.
c) Insectes s'attaquant aux fruits dans le sol.
Parmi les névroptères viennent en premier lieu les termites. Les ter-
mites bâtisseurs dé grande taille paraissent se borner à ronger extérieu-
rement les coques en respectant les nervures qui devierment ainsi saillan-
tes. Cependant Odantoiermes vulgaris Her. qui nidifie dans les sols argi-
leux et latéritiques peut attaquer les gousses; ses dégâts sont de plus
grandes proportions que ceux des espèces plus petites, mais son impor-
tance économique est faible parce qu'il vit dans des terrains où Tarachide
est peu cultivée.
Les termites de petite taille sont beaucoup plus redoutables par suite
de leur pullulement; ils ne sont pas parasites de l'arachide par essence,
mais s'attaquent à elle dans certaines circonstances. Le plus commun est
Euterines paroulus Sjost qui infeste toutes les régions sablonneuses, en
particulier dans les cercles de Thiès, de Saint-Louis, dans le Diambour,
le N'GandioIe, le N'Guick, mais il est plus rare dans le sud. Il est l'hôte
des vieux chaumes de mil et des vieilles souches pourries qu'il fait dispa-
raître. Petit insecte de 2 à 2,5 °'/'° de long, nidifiant à 1 m. de profondeur
environ, on le rencontre de bonne heure le matin et jamais pendant la
grosse chaleur du jour où il descend dans le sol. Il ne s'attaque aux gous-
ses qu'à partir d'octobre et sans doute parce qu'à partir de cette époque,
le sol commence à être sec et que cet insecte qui craint particulièrement
la sécheresse trouve dans ces graines une source d'humidité. Il attaque les
fruits toujours dans la dépression coiffée du bec crochu opposé au pédon-
cule; l'orifice qui n'a pas plus de i "/■" 5 de diamètre est légèrement évasé
vers l'extérieur avec des bords comme usés et amincis à la lime, la coque
est légèrement corrodée intérieurement et la pellicule blanche qui la
tapisse est dévorée. Peut-être l'insecte recherche-t-il la pulpe aqueuse et
sucrée qui remplit à ce moment les fruits, car l'attaque se borne là et c'est
à peine si les graines sont légèrement rongées en encoche à l'aplomb du
trou.
On a parfois pensé, et dans certaines régions l'opinion des indigè-
nes appuie cette manière de voir, que VEïtterme serait incapable de venir
à bout des gousses si un autre insecte ne lui ouvrait la voie et l'on a accusé
(93 et 100) le Scydmâenus Cheialieri Vuillet (92), petit coléoptère très
agile, de 2 à 3 "■/■". Mais sa présence n'a pas toujours été signalée comme
concordant avec les dégâjis d'Eutermes (103). Ce Scydmâenus, agirait,
sous l'empire des mêmes besoins que YEutermes. Bien que presque négli-
— 304 —
geable par elle-même, la blessure faite par VEulermes ouvre la porte à
une légion d'ennemis et amène le flélrissement de la graine touchée. La
lutte contre c«s insectes se résume en une lutte contre le dessèchement du
sol. Les méthodes de Dry Farming, le dessouchement des champs, l'adop-
tion de variétés précoces, mettant en présence des insectes des fruits
beaucoup plus évolués et durs, permettrait certainement de réduire les
dégâts de ces insectes {Roubaud (121).
Des Hyménoptères s'attaquent aussi aux arachides. Les fourmis ont
été signalées dans les gousses déjà fracturées par d autres ennemis surtout
les Termites. On a trouvé notamment Monomoriuiu bicolor, Dorylus fui-
vus, Rhoginus /usapennis Em. (93) et Euponnera seiinaureims, espèce
carnassière, remarquable parce qu'elle pratique une sorte de transhu-
mance des cochenilles quelle élève, les ramenant dans leur nid a la fin
de la végétation. Cette espèce n'est d'ailleurs que peu nuisible (123).
d) Insectes attaquant l'arachide récoltée.
L'arachide récoltée peut être attaquée lorsqu'elle est en seccos ou en
magasins. Il existe des insectes qui ne s'attaquent qu'aux gousses déjà bri-
sées, d'autres qui s'attaquent aux fruits intacts. La plupart d'entre eux
sont, en temps ordinaire, des hôtes de la flore spontanée.
Parmi ceux qui sont nuisibles aux seccos on signale des coléoptères :
Pimelia anguLosa Oliv., P. sénegalensis Oliv., Homala polita, Zophosis
elineata Cl. Ces insectes qui s'attaquent aux gousses déjà brisées sont
moins dangereux que AphanU'S sordidus Fabrz. (Wang des Oualofs). Cet
hémiptère Lygéide est une grande punaise d'un gris noirâtre, ailée, de
un centimètre de long, très agile. La larve est aptère et de couleur plus
claire ainsi que la nymphe. Elle pullule surtout en avril-inaf. Elle per-
fore les gousses à l'aide de sa trompe qui est très fine et absorbe l'huile;
mais l'huile absorbée ne lui suffit pas et il lui faut chercher de l'eau sur
les herbes, dans les cellules turgescentes. Elle pond dans le sable, très peu
d'œufs à la fois. Ils sont rougeâtres et volumineux. La durée de dévelop-
pement est de deux mois environ. Pendant l'hivernage, les punaises se dis-
persent. Le dégât de chaque punaise est minime au point de vue de la
quantité d'huile dérobée, mais l'amande se flétrit. On peut signaler à côté
d'elle Aphanus apicalis Dali. (93) qui s'en distingue par deux taches blan-
ches aux ailes. Le genre Vysdercus comprend un certain nombre de repré-
sentants nuisibles à l'arachide, en particulier D. superstiosus, grande
punaise fauve marquée de noir, hôte des Eriodendron et des Bombai.
A. Chevalier a trouvé également à Kaolock Dieuches patniclès Stal. (93).
Dans les hangars, deux Lépidoptères et des Thysanoures s'ajoutent
aux autres ordres de parasites. On ne connaît qu'un seul insecte qui soU
susceptible do s'attaquer aux gousses intactes : c'est un coléoptère Laride,
Pachrjmâerus acaciâe Gill, grand charançon brun grisâtre de 6 '"/"' de long
avec pattes postérieures à fémurs très développés et renflés. Sa larve,
en sortant de l'œuf ovalaire blanchâtre, transparent, de I "/■" de long,
pondu à la surface de la gousse, la perce à l'aplomb de l'œuf et ronge les
amandes. Sa présence est difficile à déceler parce que le trou d'entrée est
très petit. Au bout de deux mois environ, elle découpe un orifice de 3 ■/■
de diamètre, paraissant fait à rcmporlo-piècc et tisse un cocon en dedans
do la gousse ou au dehors. Au bout de 3 ou 4 mois, le développement est
terminé; la femelle pond 48 heures après son édosion. Les dégâts de c«t
insecte sont très progressifs et seule la lenteur de son évolution l'empêche,
— 305 —
tMi perniotlaiil qu'il soil einpoilé avec les arachides, do devenir iiu lléaii.
l'aniii les autres coléoptères, il y a lieu de noter un clavicorne :
Tcnebriuidcs mauntanicus ou TroyrosUa /naurilunica, noir brillant
de 1 '°,'" de long, venant sans doute d'Europe et qui ne s'est jamais très
répandu. Les larves vermifornies, blanc sale ou grises, à trois paires de
pattes, deux taches noires post-céphaliques et deux cornes mousses à la
partie terminale de leur corps dévorent les amandes. Parmi les Cucujides
on trouve SOvanus Mercator, espèce voisine do 5. suTinaniensis. Pour cette
espèce encore, ce sont les larves qui commettent les dégâts. Le cycle évo-
lutif est court et l'insecte paraît pouvoir le passer sur l'arachide seule.
Parmi les Tenebrionides, on trouvera deux Alphilobius : A. diaperinus
Panz et .4.. piceiis 01. (iont les larves sont nuisibles et les insectes parfaits
inoffensifs. On signale aussi deux Tribolium : T. confusum Duval (93 et
121) et r. ferrugiiieuin F. dont les insectes parfaits sont également nuisi-
bles. Certains orthoptères sont aussi susceptibles de s'ajouter à ces hôtes,
mais ils ne présentent pas de spécificité marquée et d'ailleurs, ne s'atta-
quent qu'aux gousses déjà brisées. Parmi les Microlépidoptères, on peut
en citer quatre voisins d'espèces de nos pays, Plodia interpunctella, égale-
ment signalé aux Indes et aux Etats-Unis (76), Epliestia caulella Walk.,
vcisin û'Ephestia Kuhnella des moulins de nos pays et qui s'eu distingue
par ses palpes recourbées vers le haut, Epheslra clutella qui attaque les
tourteaux (99); enfin, Corcyra cephalonica Staint dont les palpes sont
recourbées vers le bas. Cette dernière espèce est la plus abondante et la
plus banale. Le pavillon gris est de un centimètre de long au repos. Il peut
s'accoupler et pondre dès le lendemain de l'.éclosion et meurt au bout de
quatre jours. S'il ne s'accouple pas dès les premières journées, il peut
vivre plusieurs semaines. La ponte se fait par petites plaques sur les gous-
ses, l'éclosion au bout de 4 ou 5 jours. Les chenilles sont petites, pares-
seuses, blanches avec la tête noire et quelques poils raides. Elles entrent
dans les gousses fracturées, y grossissent et s'y entourent d'un feutrage de
plus en plus épais. L'évolution larvaire se termine en un mois et demi, si
la température ne descend pas au-dessous de 25°. Elle s'arrête dès que la
température s'abaisse. Il est probable que, sans ce fait, l'Europe serait
infestée de ce papillon. La durée d'évolution est à peu près la même pour
VEphestia, mais la ponte se fait dès le lendemain de l'éclosion. Un Thy-
sanoure, d'ailleurs très banal, originaire d'Euroi>e, infeste les magasins où
il constitue un fléau par son pullulement : c'est le Therrnobia domestica
ou Ravet. Il est bien établi qu'il peut s'attaquer aux graines quoiqu'il se
nourrisse surtout de matières cellulosiques. 11 paraît très difficile de s'en
débarrasser car il infeste aussi bien les maisons d'habitation que les docks
et magasins. Le pullulement de tous ces insectes est tel que les mesures do
lutte doivent prendre un caractère de généralité et de simultanéité très
rigoureux sous peine d'être vouées à un échec complet.
Il existe quelques insectes entomophages pour attaquer tous ces para-
sites, mais leur évolution est en général trop lente pour enrayer utilement
les dégâts. On peut citer parmi eux un coléoptère ténébrionide : Tenebrioï-
des mauritaniens qui s'attaque parfois aux larves de ses complices les
Triboinnn. Un hymenoptère bracomide : Hadrobracon hebetor Say., para-
site probablement E. Kuhnella et serait peut-être susceptible de s'attaquer
à E. Kaulella. Enfin, un hemiptère cumicide, un Piezosthelus, analogue à
P. flaviceps^ petite punaise brune de 1 "/"' de long, parasite, les Silvamcs
et les Tribolium.
— au(i —
Il est possible que dans l'étude des hyperparasites en régions tro-
picales ou à saisons assez heurtées, la notion de durée du cycle évolutif ait,
une importance très grande et que tel insecte adapté à vivre aux dépens
d'un autre dans un pays tempéré soit inapte à parasiter en Afrique une
espèce voisine de son hôte habituel, mais a cycle biologique abrégé.
En général, les divers désinfectants employés ont donné des résultats
assez voisins. Le gaz Clayton s'est montré sans effet nocif sur l'albumen
oléagineux de l'arachide. On peut craindre que le décorticage généralisé
de l'arachide aux points de production n'amène un pullulement d'ennemis
dont l'expansion est limitée actuellement par ce fait qu'ils sont incapables
do nuire aux gousses entières.
Soit que la question ait été moins étudiée, soit qu'il existe réellement
moins d'ennemis, on a peu signalé, dans le reste du monde, d'insectes
nuisibles à l'arachide.
En Egypte, Prodenla lltiura, parasite du cotonnier s'attaque aussi â
l'arachide.
En Nigeria, Metisia sierricolo ivhiie qui mange les feuilles et Cero-
nema africana Me. Fie existent abondamment sur un certain nombre de
pieds (104).
Aux Indes, on a signalé un certain nombre d'insectes nuisibles. 'Watt
(52) rapporte que les founnis rouges qui n'attaquent pas l'arachide, ameu-
blissent le sol à l'endroit où les gousses doivent s'enfoncer. La maladie
dite Surul Puclii paraît devoir être attribuée à Anacampsis Neriena (58).
Ce lépidoptère, de mœurs nocturnes pond à la surface des feuilles quel-
ques œufs jaunâtres d'oii sortent de petites chenilles mineuses de la
feuille. Quand celle-ci est flétrie et recroquevillée, l'insecte en rapproche
les bords par une toile gris sale où il se chrysalide. Le papillon serait gris
foncé avec des maculatures blanches au bout des ailes. Le cycle évolutif
dure environ un mois. Cet insecte sévit surtout en temps de sécheresse et
sur les pieds affaiblis. Aloa laclinea, autre lépidoptère nocturne à chenille
velue et imago aux ailes blanches et corps rayé de rouge, sévit dans les
mêmes cas et est responsable de la maladie du Kambli Puchi (159). On a
également signalé des attaques de Mealyburg sur Spanish (60).
Aux Etats-Unis, on a trouvé en outre d'un Aphis, Diacrisia virgi-
nica (161), lépidoptère nuisible au cotonnier, au mais, à la luzerne et sus-
ceptible de passer sur l'arachide. Il a pour gîte habituel les mauvaises
herbes et ce n'est que lorsqu'il n'y trouve plus son existence qu'il passe
sur les plantes cultivées. Il est parasite par Eremotylus acctiae. Des pulvé-
risations au vert de Paris et à la chaux se sont montrées efficaces.
Aux Philippines, on a trouvé Peudococcus virgalus qui est aussi un
hôte d'Anona squaniosa, Coffca arabica, Spojidias, etc. (135).
Au Quecnsland (165), on trouve aussi un Peudococcus voisin de P. tri-
julii Forbes signalé dans l'Amérique du Sud où il attaque surtout le trèfle
des prés; les insectes se rencontrent sur les racines et surtout les fruits
qu'ils couvrent par milliers au point de les cacher complètement parfois;
30 % de la récolte peuvent être détruits par cet insecte. Un acridien, Cyrta-
canthris sp. et Atractomorp/ia crenaticeps Blanch., un coléoptère, Isodon
pnnclicolla dont des adultes furent signalés en 1015, à Sandgatc, attaquant
les tiges un peu au-dessous du sol, ont été trouvés sur l'arachide. Panni
les lépidoptères, on rencontre Glyphodes sp., dont les chenilles réunissent
les feuilles pour se nourrir des jeunes bourgeons et des feuilles non
déployées, Lâclia sp. dont les chenilles dévorent le feuillage, Chloridea
— 307 —
assulta Gn. [Helilis assulta), noctuelle s'altaquant aux jeunes feuilles et
r.ux parties tendres des tiges, C. obsoleta [B. armigera) dont que'q'jes che-
Ti'lles oit été trouvf;. "^ sur de jeunes feuilles. Dais les iiiay.isms on a
donnant pour se chrysalidcr au sein d'un cocon soyeux; Tribolium ferruyi-
jteum et F. confusum déjà signalés en Afrique et en Amérique, ont été
aussi rencontrés en Australie. Dans des fruits, on a trouvé Carpophilus sp.
Enfin, les animaux supérieurs s'attaquent aussi aux chanqis d'ara-
chide : les singes, les chacals, les rats; et parmi les oiseaux, les cailles ont
été signalées comme déprédateurs.
CHAPITRE V
SÉLECTION DE L'.^RACHIDE
Il n'a pas été fait de travaux systématiques de longue haleine sur la
sélection de l'arachide; on s'est surtout contenté d'essais d'acclimatation et.
de culture.
En Afrique Occidentale, il a été créé, jadis à M'Bambey, une station de
l'arachide, qui n'a donné jusqu'ici aucun résultat.
Le gouvernement anglais a créé aux Indes, à Palur, une station desti-
née à lutter contre la diminution des rendements dans cette culture. En
d'autres endroits de l'Inde, à Poona, Surat, Dharwar, Ranchi, à Peradenya,
les stations expérimentales se sont occupées, à certains moments, d'accli-
matations et d'essais d'engrais, mais, nulle part, ces essais n'ont été pour-
suivis plusieurs années de suite. De même, des expériences ont été faites
aux Antilles, à Tortola, à Montserrat. Les résultats obtenus en tous ces
lieux ont été assez contradictoires, les expériences ayant été faites dans des
conditions très différentes.
Dans la plupart des régions, les fermiers ont instinctivement conservé
pour la semence les gousses les plus régulières. Aux Etats-Unis, les fer-
miers achètent souvent leur semence aux usines de décortication qui gar-
dent pour cet usage les plus belles amandes.
Il n'y a guère qu'à Java, que des essais rriéthodiques d'amélioration de
l'arachide, en se basant sur les méthodes modernes de la Génétique, ont
été entrepris.
Il faut se souvenir que les expériences de Génétique sont longues, que
les différences d'interprétation des expériences y sont fréquentes et licites
et qu'il est indispensabe de s'en tenir à une méthode invariable fut-elle
imparfaite. Pour entreprendre un tel travail, il faut du temps, une grande
continuité de méthode, un personnel stable, des capitaux, et ne pas se mon-
trer avide de publier trop tôt des résultats insuffisamment contrôlés.
Quelle que soit la méthode employée, le rendement d'une plante est
lié :
1° A sa « race »;
2° A ses rapports avec le milieu oii elle vit.
a) Personnalité botanique des individus.
Il semble que l'homme soit impuissant à modifier lui-même un être
vivant Les caractères d'un individu peuvent être masqués momentané-
ment par les conditions de vie, mais sitôt effacée la cause qui les a sl«»-
— 3US —
pendus, ils léappaiaissenl. S il y a modification liéndilaire. il y a appari-
tion a un indiviuu nouveau. Un sait aujourd'hui que ces individus nou-
veaux peuvent apparaître de deux manières : par juxtaposition et soudure
d'éléments étrangers, c'est-à-dire, par hybridation lel par dissociation
interne des éléments constitutifs, c'est-à-dire, par mutation.
L'étude des lois de Meiiuel a enseigné que tout descendant hybride,
même paraissant stable, est susceptible de se révéler hétérozygote et de
faire retour au type original. La sélection et l'étude des variétés apparues
par hybridation ueniandera des surveillances très longues et le danger de
réapparition d hétérozygotes dans la descendance ne sera jamais complète-
ment écarté.
La mutation donne des résultats que l'on peut considérer au bout de
quelques générations comme définitifs, malheureusement, on est réduit à
assister à son travail, ne sachant ni la faire naître ni la diriger. On tend
aujourd'hui à la considérer comme en relation avec le milieu. On n'y voit
plus une sorte de « prédestination végétale » janséniste mais une « nouvelle
position d'équilibre » correspondant à une modification de la nature intime
du sujet.
La mutation comme l'hybridation, pour être contrôlées, doivent porter
sur des êtres purs et constants. Les races pures présentent des caractères
très constants et il est toujours utile de ne cultiver que des individus rigou-
reusement semblables à eux-mêmes, au moins dans le temps.
Avant tout travail de modification des races existantes, il faudra isoler
un matériel présentant des garanties de fixité.
Quant on aura isolé les races pures primordiales, on pourra les com-
biner rationnellement entre elles. Souvent les races se révèlent suffisam-
ment intéressantes pour qu'il y ait intérêt, au contraire, à les conserver
intactes. Une race i>eut avoir des caractères remarquables et les abandon-
ner complètement quand elle entre en combinaison.
Pour avoir une idée d'ensemble sur cette question, il sera nécessaire
de constituer des collections de toutes les formes connues de la plante, de
les rapprocher, de tirer de leurs caractères les corrélations qui peuvent
exister entre divers caractères. Cette étude d'ensemble est d'autant plus
importante pour l'arachide qu'il n'a pas été fait d'étude des variétés con-
nues et qu'il existe certainement une grande similitude entre ces différentes
« variétés ». 11 sera utile dans les essais d'acclimatation d'apporter, en
semant la graine, un peu de terre du pays d'origine, afin d'être sûr d'appor-
ter des bactéries bien spécifiques de l'arachide que l'on importe (100 et
121).
b) Rapports avec le milieu.
L'homme ne peut rien sur le climat, très peu de chose sur le sol, et
n'a guère que des moyens répressifs contre les épiphyties. Comme il ne
peut rien sur la plante elle-même, il lui faut se contenter de choisir l'espèce
vivant le plus facilement dans les conditions locales.
L'être qui vit avec le minimum d'efforts en un lieu donné sera celui
qui profitera le plus des améliorations. Si la variétés choisie ne possède
pas un rendement très avantageux, il sera généralement facile de l'aug- 1
mentor en perfectionnant la culture. Cette élude constituera la surveillance |
agronomique de la sélection. Vuillel pense qu'il y aurait intérêt à classer
les variétés d'après leur résistance à la sécheresse, en considérant 1'
variétés convenables pour les climats à 60 à 90 cm. de hauteur de pluies <
ceux à jikis de 90 cm. (172). Il y aurait aussi intérêt à étudier la résistanco
— 309 —
aux maladies. Les hauts rendements en huile sont d'après certains auteurs
une question de climat; suivant d'autres, une question de fumure; suivant
d'autres une tendance individuelle. Vuillet (172) y voit un caractère de rac-
et non de variété. Il est probable que tous ces éléments interviennent
ensemble et sont peut-être subordonnés à l'acclimatation de l'individu à
l'endroit où il végèt«.
c) Vulgarisation des résultats obtenus.
Cette partie des essais n'est plus du ressort des stations de Génétique,
mais de celui des stations agronomiques. Elle comporte des essais agro-
nomiques, c'est-à-dire l'étude locale de la meilleure culture à employer,
tant au point de vue des engrais, que des façons culturales, etc. Ces sta-
tions seules pourront toucher les praticiens et devront tenir au courant de
leurs observations les stations de Génétique. Celles-ci resteront les plus
qualifiées pour donner les idées directives des essais. Ce n'est qu'à ce stade
des essais qu'on pourra juger de la valeur économique des variétés
adoptées.
Aug. Chevalier (100) indique quatre étapes dans l'amélioration de
cette culture en Afrique Occidentale. Il ne faut donner à cultiver que des
variétés bien connues et se rései'ver d'étudier les autres avant de les répan-
dre. Cette étude se fera :
1° En renouvelant chaque année les semences introduites, en les fai-
sant venir de leur pays d'origine avec quelques sacs de terre pris dans les
champs d'où elles sont tirées;
2° Suivre atttentivement la descendance des pieds semés au point de
vue de la stabilité et de la conservation des qualités;
3° Hybrider les meilleures variétés isolées;
4" Etudier pour chaque variété l'influence de toutes les conditions cul-
turales : sols, assoléhients, engrais, etc.
Ces données sont générales à toutes les expériences de Génétique et à
tous les pays. L'arachide, cultivée depuis des temps très reculés et dans
toute la zone intrpropicale, présente fatalement une multiplicité de formes
dont la synonymie sera lonsue a connaître. Il y a donc lieu de souhaiter
que dans tous les pays où l'arachide est cultivée, il soit créé des collections
de variétés, afin de faciliter l'étude comparative des races qui est à la base
de l'investigation botanique.
CHAPITRE VI
COMMERCE DE L'.\RACHIDE
L'arachide d'Afrique est cotée suivant sa provenance. Les industriels
et les chambres de commerce se plaignent depuis longtemps de l'irrégula-
rité des lots et de leur manque d'homogénéité, mais les mesures proposées
ont été jusqu'ici inefficaces (67-68-69).
Il a été établi aux Etats-Unis, un Standard pour les arachides destinées
à l'huilerie. Il comporte quatre catégories : White Spanish, Bunch, Runner,
Mixed, pour chacune desquelles il existe trois qualités dont les deux extrê-
mes diffèrent de 7,5 % en valeur du type moyen. Les qualités sont basées
sur le pourcentage de gousses saines et mûres. La qualité supérieure ne
8 % d'endommagées, la qualité moyenne doit avoir 65 à 70 % de gouis«S
— ÔIO —
saines et mûres et pas plus de 3 % d'endommagées, la qualité inférieure
doit avoir au moins 60 à 65 % de gousses saines et moins de 3 % d'endom-
magées. Un lot est disqualifié et classé comme mixed s'il contient plus de
7 % d'humidité, plus de 5 % de gousses noires ou humides, moins de
61) % de saines et mûres, plus de 3 % d'endommagées, une quantité quel-
conque de gousses rouges, plus de 2 % de variétés étrangères, plus de 2 %
de gousses écossées. Une pénalité est encourue pour les lots contenant plus
de 1 % de matières étrangères et plus de 7 % d'humidité On appelle gous-
ses saines, celles qui sont claires; mûres et marchandes; endommagées,
celles qui ne sont pas fraîches comme odeur ou molles, aigres, rances ou
partiellement décomposées.
Les arachides vendues pour la consommation humaine ou la beurrerie,
sont classées en trois catégories, la première contenant les amandes par-
faites, non brisés; la seconde, les gousses brisées ou fendues et la troisième,
les gousses très brisées ou les petites graines flétries (178 et 179).
CHAPITRE VII
UTILISATION DE L'ARACHIDE
D'après Thompson et Bailey (122), la composition moyenne des fruits
d'arachide est la suivante pour les variétés Spanish et Virginia :
Humidité
Huile
Cendres
Protéines
Fibres
Virginia
'i>l %
43,3 %
2,7 %
29,5 %
2,30 %
Spanish
3,9 %
52,5 %
2,4 %
32 %
2,75 %
Les matières protéiques comportent deux globiilines : l'arachide et la
conarachine, plus riches en protéines que les graines habituellement con-
sommées (143-151).
En Angleterre et aux Etats-Unis, on consomme de grandes quantités
d'arachides torréfiées dans leur coque. Cette torréfaction se fait aux envi-
rons de 200, 225° c. pendant 30 à 35 minutes (140). On emploie surtout, pour
cet usage, les variétés Virginia (Jumix)). On consomme également les ara-
chides grillées, après décortication, dépelliculage et salage. Dans ces pays,
on les utilise en pâtisserie, en substitution des noisettes pour faire des pra-
lines, nougats, confiseries diverses. En Espagne, elle sert à la fabrication
d'un chocolat qui, paraît-il, serait excellent pour les nourrices (57).
La plus grande partie des arachides importées en Europe sert à faire
de l'huile. Aux Etats-Unis, on emploie surtout à cet usage les variétés Spa-
nish. Les tourteaux qui, en France ne contiennent guère plus de 6 % d'huile,
en renferment 8 à 9 % aux Etats-Unis quand l'huile est extraite à l'aide
des presses continues ou « expellers » oîi les fruits sont pressés en coque.
Une tonne de Spanish fournit environ 750 livres de tourteau (122). D'après
Jumelle (190), l'huile confient de l'oléine, linoléine, palmitine, stéarine et
arachidine. Gossman et Shem ont signalé, en 185'», le glycéride de l'acide
hypogéique qui n'existe peut-être que dans certaines variétés. L'huile est
peu colorée, inodore, avec un léger goût de haricots. Ses données sont,
d'après Jumelle : poids spécifique à 15», 0,017 à 0,925; jxjint de solidification
0 à 3°; essai de Maumené 49 h 58; indice de saponification 185 à 197; indice
— 311 —
d'iode 84 à 105; indice de Hehner 95,5; insaponifiable 0,54 à 0,94; indice de
Reichert Meissel 0,00 à 1,60; fusion des acides gras 29 à 35, solidification de
ces acides 29 à 22; déviation ;\ roléoréfractomètre 3,5 à 7; indice thermi-
que de Fortelli 60; acide arachidique 4,31 à 5,20; poids moléculaire moyen
281,8. On peut extraire 7 à 8 % de glycérine. L'huile est surtout employée
comme huile de table où elle remplace l'huile d'olive grâce à son rancis-
sement lent, elle est employée dans la fabrication des conserves de sardi-
nes, dans la fabrication des fromages de Hollande, dans la préparation de
la margarine. En industrie, elle peut servir comme lubrifiant, comme com-
bustible dans les moteurs Diesel (169). En industrie drapière, elle sert à
l'ensimage des draps. Mais son principal usage industriel est la savonnerie
où elle entre dans la fabrication des savons durs, rarement employée à
froid.
Beurre d'arachides. — En Amérique, on prépare aujourd'hui de gros-
ses quantités de ce produit dont il a été vendu 6 millions de livres, en 1919.
D'après Thompson (179), sa composition serait : eau 2,1 %, protéines 29,3 %,
graisses 46,5 %, hydrates de carbone 17,1 %, cendres 5 %, valeur calorifi-
que 2.825 calories par livre.
On emploie pour cette industrie, principalement les variétés Virginia,
seules ou en mélange avec les Spanish. Les manufactures sont installées de
préférence dans de grands bâtiments à quatre étages. Au rez-de-chaussée,
se trouvent les torréfacteurs où les arachides subissent une température de
160° c. pendant 40 minutes en moyenne. Le chauffage est moins intense que
pour les arachides destinées à êti'e consommées grillées. Il est important de
se maintenir à la bonne température parce qu'un excès de torréfaction
donne une couleur brune qui enlève une partie de sa valeur au beurre et
qu'un manque de grillage ne développe pas l'arôme spécial ni la couleur
blonde désirée. Les arachides sont plus lentes à rôtir au début de la saison.
Après qu'elles sont sorties des forréfacteurs, elles sont mises h refroidir sur
des toiles métalliques placées dans un courant d'air froid. On enlève
ensuite la pelliculle qui donnerait un goût amer et le germe qui ferait ran-
cir. Cette opération se fait sur une tôle ondulée où frottent des brosses
en caoutchouc, elle est accompagnée d'un nettoyage et triage à la main.
Avant de passer au broyeur, les pierres sont enlevées par sédimentation au
sein d'un courant d'air. Les broyeurs sont refroidis artificiellement parce
que leur température s'élève beaucoup pendant l'opération. Si le broyage
est trop poussé, l'huile surnage: s'il e?t insuffisant, le beurre a une texture
granuleuse qui lui enlève de sa valeur. Dans les grandes manufactures, on
emploie des broyeurs actionnés par des moteurs de 30 HP. et susceptibles
de fournir 20 livres de beurre h la minute. On sale en même temps à raison
de 1,5 à 3 °/; en poids. On déconseille les gros récipients car l'huile tend à
surnager au bout de quelque temps.
Tourteau. — Le toiirteau d'arachide est surtout employé en alimen-
tetion du bétail. Dechambre (171) donne pour composition du tourteau
décortiqué les chiffres moyens suivants : eau 9 à 12 %: matières azotées 46
à 48 %; matières grasses 6,2 à 7,2 ^:: matières non azotées 20 à 25 %, cellu-
lose 1,8 % (cette faible teneur explique sa grande digestibilité); cendres
4 à 5 %. C'est le tourteau le plus riche en matières albuminoïdes; se teneur
moyenne en unités nutritives est de 80. D'après Dunstan (108), il représente
en équivalents d'amidon 75 à 77 % (coprah 76 %), se classant ainsi entre •
celui de coton 72 % et celui de palmiste 78,8 %. Dechambre conseille les
rations suivantes pour l'alimentation du bétail : ration de croissance, peaux
— 312 —
d'élevage : 0 k 500 à 1 kilog. par jour cl par kilogramme de poids vif;
animaux d'engrais, bœuf : 2 à 2,5 kilog. par 500 à 600 kilog., mouton :
250 à 500 grammes; animaux de travail, bœuf : 1,5 kilog. à 2 kilog. plus
deux kilog. de paille. On considère que 10 kilog. de foin peuvent être rem-
placés par 8 kilog. de paille et 2 kilog. de tourteau, pour les chevaux :
I kilog. de tourteau peut remplacer 1 k. 350 davoine. Les vaches laitières
peuvent en recevoir 500 grammes à 2 k. 500, cet aliment ne donnant aucun
mauvais goiit au lait et constituant un excellent adjuvant des rations de
navets. D'après Dunstan, la valeur en « unités laitières » de Hamson
(Suède) est de 87,2 soit 7 % de plus que celle du tourteau de coton et de
coprah et 12 % de plus que celui de palmiste et la pomme de terre séchée.
Le tourteau peut être donné aux animaux, soit à l'état concassé et brut,
soit mélangé à d'autres aliments ou en pâtées, soupes, barbotages,
buvées, etc., mais c'est un aliment fade et il est bon, pour le faire accepter
par les animaux, de lui ajouter du sel (171).
Farine. — Le tourteau réduit en farine peut servir d'aliment humain.
II constitue ce qu'on appelle la farine d'arachide. Cette farine mélangée à
celle du froment augmente la teneur en matières grasses et en album inoT-
des du pain, mais diminue celle en hydrates de carbone : l'équivalent calo-
rifique augmente et le pain est plus digestible. Mackenzie Wallis a trouvé
que cette farine contenait beaucoup de protéines, l'acides aminés, de sels
minéraux et de graisses, mais il faut l'additionner de farine de céréales.
A Madras, on a fait avec de la farine d'arachide, du lait en poudre et du
bicarbonate de soude, en biscuit de soldat possédant des propriétés antis-
corbitique considérable (170). Aux Philippines, on en fait un pain en la
mélangeant avec de la farine de cassave (57). A Java, on en fait un produit
appelé « Ontjom » (168). Il se prépare en faisant tremper la farine dans
l'eau, puis en la lavant et la faisant cuire à la vapeur. La masse obtenue
est moulée, puis découpée en pains cubiques qu'on ensemence d'une sorte
de moisissure. Le fromage est ensuite porté à l'obscurité quoique l'exposi-
tion à la lumière ne soit pas nuisible. Au bout de deux jours l'ensemence-
ment est complet et la masse se présente sous la forme d'une pâte fermen-
tée et traversée de trous. Le produit se consomme lx)uilli, cuit au four, frit,
voire cru.
Par suite de sa grande valeur nutritive, le tourteau est rarement
employé comme engrais. Cependant à Java et au Indes on l'emploie comme
engrais dans les plantations de taliac et de canne à sucre (98-169).
Jusqu'à ces dernières années, l'arachide n'était cultivée dans le sud des
Etats-Unis que pour la nourriture et l'engraissement des porcs. On peut
considérer qu'un hectare en arachides peut donner -450 kilog. de viande
de porc, mais on reproche à cette nourriture, de donner une chair huileuse
et molle. Le fait certain est que la viande de jwrc engraissé à l'arachido
perd plus de poids à la conservation et demande des procédés de salage
ou fumage légèrement modifiés, bien que les qualités de table soient con-
servées. Il sera bon de nourrir les porcs avec im mélange de maïs et d'ara-
chide et de passer progressivement d'une nourriture à l'aufre. Quand l'ara-
chide est cultivée exclusivement pour les jwrcs, il est avantageux de ne pas
récoller les gousses et de faucher seulement les tiges jxjur laisser les porcs
dans les champs où ils s'oc<'npent à fouiller le sol en y cherchant les
gousses (5-123-178).
Foin. — Le foin d'arachide est très aprécié aux Etats-Unis. D'après
ïlandy (5) il contient en moyenne, fauché à maturité, 31 à 32 % d'eau, 12 %
— 313
de cendres, 10 % de protéines, 32 % de fibre, 40 % d'hydrates de carbone,
5 % de graisses et 1,70 Vo d'azote, ce qui le place à côté du foin de luzerne.
On recommande de ne pas le donner mouillé ni gelé, car il occasionnerait
des coliques et de les placer dans des râteliers à claire-voie afin que les
poussières et la terre puissent 'tomber.
Enfin, signalons que les négresses d'.Afriquc attribuent aux plantules
d'arachide des vertus aphrodisiaques.
CH.APITRE VIII
ST.\TISTIQUES
L'arachide entre dans les statistiques pour environ 2 millions de ton-
nes (Chine non comprises) par an.
Le Sénégal qui en exportait 174.000 tonnes, en 1910, en a exporta
305.000, en 1920, toutefois ces chiffres sont incertains car il est à peu près
impossible de chiffrer la consommation indigène très importante. Le Sou-
dan français a exporté 10.000 tonnes, en 1920. Dans ces régions, le chiffre
des rendements varie beaucoup avec les auteurs. Perruchot (13) parle de
1.500 à 1.800 kilog. d'arachides en coque à l'hectare dans les bonnes terres,
Adam (51), réduit ce chiffre à 1.000 kilog., Fleury (9), indique 3.000 à
4.500 kilog. dans le Baol et jusqu'à 11.000 dans certaines terres!
Aux Indes, (191), la production de 1919-20 a été de 898.200 tonnes sur
635.000 hectares. La province de Madras cultive à elle seule les trois quarts
des surfaces consacrées à l'arachide, la Birmanie et la province de Bom-
bay, cultivent le reste. Les rendements moyens dans la province de Madras
sont de 75 hectolitres à l'hectare, en culture irriguée, ils sont de plus de
double, mais le rendement en huile n'augmente pas par l'irrigation et le
poids de la coque augmente par rapport à celui de l'amande (98). Dans la
province de Bombay, le rendement moyen reste de 3.400 à 3.700 kilog. à
l'hectare. A Java, d'après Wijs (1(38), on récolte 1.500 à i.'iOO kilog. à
l'hectare, en Egypte (31), 2.100 kilog. à l'hectare.
Aux Etats-Unis, la production a été de 386.097 tonnes sur 494.000 hec-
tares, en 1920, ce chiffre est h peu près celui de 1916. Le maximum de pro-
duction a été atteint en 1917 par 523.847 tonnes sur 745.601 hectares. Les
rendements sont en moyenne, pour la Caroline du Nord, Texas, Floride,
Géorsrie, Virginie, 700 à 1.000 kiloe-. à l'hectare, Caroline du Sud 1.200 kilog.
I>es autres état? : Tennessee, Alabama, Mississippi, n'atteienent que 750 à
900 kilog. à l'hectare. Les états qui consacrent la plus grande surface à cette
culture sont dans l'ordre d'importance : Alabama, Texas, Géors-ie, Virginie,
Caroline du Nord et Floridp. Dans plusieurs de ces états, l'arachide est
cultivée sur de? terres assez médiocres, les bonnes terres étant réservées
au coton.
Ajoutons qu'en .Afrique, la Gambie anglaise, dont le commerce se fait
avec la France, en exporta 71 .397 tonnes en 1919 et la Nigeria 58.477 tonnes.
Nos colonies d'.Afrique Occidentale, par leurs terres admirablement
uésiffnées pour cette culture et leur proximité du marché des oléaeineux,
sont appelées à prendre une importance chaque jour plus grande. C'est par
«ne organisation méthodique des richesses naturelles que, dans la lutte
actuelle pour la conquête des marchés, la place préiwndéranfe qu'eHes ont
prises pourra être conservée.
— 314
CHAPITRE IX
RÉSUMÉ
La production de l'arachide est susceplible encore de nombreuses amé-
liorations qui peuvent ix>rter principalement sur les points suivants : meil-
leur choix des variétés employées et amélioration des procédés de culture.
Enfin, une meilleure organisation du marché aura toujours une heureuse
répercussion sur la qualité de la production.
Trop souvent on cultive des variétés quelconques, mal connues, peu
stables et dont les produits, de valeur peu constante, sont dépréciés sur les
marchés. Il importe de ne cultiver que des variétés parfaitement connues
dont les produits sont bien réguliers et répondent à un besoin du marché.
Cette recherche des meilleures variétés peut se faire de quatre manières
différentes : 1° par acclimatation de variétés étrangères, mais il n'est
jamais certain qu'une variété introduite conservera ses qualités et l'on ris-
que, en outre, l'introduction de parasites jusque-là inconnus; 2° par recher-
che des races pures. Les races pures présentent généralement des caractè-
res bien définis et qu'elles ne risquent point de perdre. Mais cette recher-
che est longue, demande un personnel de techniciens délicat à former et il
est diflScile de préserver les races obtenus de l'abâtardissement par fécon-
dations intempestives provenant des champs voisins; 3° par hybridation. II
est tentant, en parlant de races pures, présentant des caractères bien défi-
nis, de vouloir juxtaposer ces divers caractères par hybridation. Malheu-
reusement on n'est jamais sûr que les individus obtenus sont homozygotes
et ce n'est qu'au bout de très longues périodes de 5ur\'eillance qu'on peut
être suffisamment certain de la stabilité des races obtenues; 4° par muta-
tion. Ce procédé donne des races immédiatement stables, malheureuse-
ment, l'homme ne peut rien sur l'apparition et la conduite de ces phéno-
mènes. Il n'en a du reste pas signalé pour l'arachide.
L'étude et la recherche des variétés convenables est longue, elle doit
s'exercer en plusieurs phases. Lorsque l'on aura obtenu la race la mieux
adaptée à la culture en un lieu, il faudra ensuite la faire adopter par les
cultivateurs du pays. Cette chose est parfois assez délicate à obtenir. La
nouvelle variété peut modifier les procédés traditionnels de la culture, être
en apparence moins productive. Le seul fait que c'est une innovation peut
faire retarder son adoption de plusieurs campagnes.
La réforme des méthodes culturales varie avec les pavs. Il ne faut pas
condamner ime méthode indieène traditionnelle avant d'ôtre sûr d'en avoir
parfaitement compris les mobiles. Dans chaque pavs. il y aura lieu d'étu-
dier l'influence des labours profonds, sur le rendement brut et la propor-
tion des coques aux amandes; 2° l'influence de l'espacement des semis sur
le port de la plante et les modifications que le rendement en subit; 3° étu-
dier l'influence des enerais sur les rendements, la proportion des différents
éléments : cellulose, matières gras.ses, albuminoïdes, matières minérales,
étudier les modifications apportées h la bioloeie des sujets; 4° il faudra
étudier l'influence du climat : température, durée d'insolation, humidité
de l'air et du sol, etc., sur la teneur en huile. Il y aura lieu d'étudier
l'influence du huilage, du roulage, de l'écimage, etc. Mais tous ces essais
— 315 —
n'auront une valeur scientifique que s'ils sont faits sur un matériel impec-
cable quant à la stabilité et parfaitement bien défini.
Le matériel de culture peut être aussi bien amélioré. Les machines
construites spécialement en .Amérique sont coûteuses et encore assez peu
au point. Il faudrait des appareils qui ne soient pas uniquement applica-
bles à l'arachide mais aussi au.x plantes avec lesquelles l'arachide est sus-
ceptible d'entrer en rotation. Ces appareils devraient être très simples à
conduire et faciles à réparer.
L'emmagrasinage des arachides peut aussi être amélioré. Il existe aux
Etats-Unis des élévateurs analogues à ceux qui sont employés pour les céréa-
les. De tels établissements où les récoltes sont nettoyées, vannées, triées
classés, estimées peuvent améliorer grandement la culture d'un produit
parce que les récoltes sont expertisées en vue des prêts sur warrant ce qui
renseigne le cultivateur sur la vraie valeur de ses produits. De plus, le
cultivateur souvent pressé d'argent au moment de la récolte n'est plus la
proie des intermédiaires et n'est plus tenté de récolter trop tôt un produit
mal soigné.
Enfin, les procédés de vente peuvent aussi être perfectionnés. Nous
avons vu que les arachides destinées à l'huilerie aux Etats-Unis se ven-
daient à l'abri d'un standard. Cette méthode qui protège à la fois l'indus-
triel et le cultivateur est en tous points excellente. Elle oblige les culti-
vateurs à fournir des produits uniformes et sincères en même temps qu'elle
l'assure de recevoir le plus juste prix de sa récolte. Les transactions en
prennent un caractère inflexible qui rassure et maintient les partis dans la
sincérité.
Un cultivateur produira des produits de bonne qualité qui lui deman-
deront un effort complémentaire à produire quand il sera certain d'en
être récompensé, sinon il se décourage et cherche à produire une marchan-
dise acceptable avec un minimum d'efforts.
Ce sont là, croyons-nous, les grandes lignes de l'œuvre qui se présente
au seuil du problème de l'arachide. Il n'est plus impossible à résoudre que
ne l'était celui du blé ou du coton. Il suffit pour en venir à bout de conti-
nuité dans l'effort, de ténacité et de patience.
CHAPITRE X
BIBLIOGR.\PIIIE SOM.MAIRE DE L'.\R.\CHIDE
Les abréviations suivantes ont été adoptées : j. d'A. T. = Journal
d'Agriculture tropicale. J. A. P. P. C. = Journal d'Agriculture pratique
des pays chauds. J. of Agr. Res. = Journal of Agricultural Research (Etats-
Unis). B. R. = Bulletin des renseignements agricoles et des Maladies des
plantes de l'Institut International d'Agriculture de Rome.
La bibliographie étant classée par années, il n'a pas été indiqué les
années de parution. Les renvois au B. R. sont faits pour les numéros des
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ÉTUDE DU DÉPÉRISSEMENT
DES ARACHIDES
DANS LE DOUAR BRAPTIA,
Rapport de
M. J. LEMMET
Chef dii Service Agricole des Territoires du Sud de l'Algérie
Conformément aux instructions qui m'avaient été données par M. le
Directeur des Territoires du Sud, à la demande de M. Barris du Penher,
délégué financier, je me suis rendu à la Galle entre les 23 et 29 mai der-
nier, en compagnie de M. Stotz, inspecteur de la Défense des cultures, en
vue d'étudier en collaboration avec ce technicien, les causes du dépérisse-
ment des arachides du douar Rraptia et par la môme occasion, de faire
l'essai des arachides variété Sénégal, au moyen d'un lot de graines choi-
sies (50 kilogr.) fournies gracieusement par M. François de Roux, 46, rue
Breleuil à Marseille.
En conséquence, étant accompagnés d'autre part, de MM. Grech,
administrateur à la Galle et de M. Escoffier, expert principal de la Défense
des cultures, j'ai examiné sur place avec M. Stotz les conditions particu-
lières dans lesquelles la maladie a enrayer prenait naissance : nature du
sol, caractéristiques climatériques <le la région; mode de culture suivi, cir-
constance fâcheuses diverses incriminables; ennemis (insectes ou autres
parasites), susceptibles de ravager ou entraver les cultures.
Les observations faites ont conduit à la découverte sur la racine prin-
cipale, un peu au-dessous du collet des plantes, de véritables meurtrissu-
res aussi bien sur des plantes étrangères (maïs et plantes légumières telles
que haricots) que sur les plants d'arachides eux-mêmes. Ges meurtrissu-
— 327 ^
res semblent dues aux déprédations d'insectes ravageurs, comme les cour-
tillères dont il a été reconnu l'existence en grand nombre, à l'état adulte
ou lan-aire, dans le champ de culture inspecté à l'abri des palissades for-
mant l'entourage d'une paillette établie au voisinage d'un ancien tas de
fumier.
Les fouilles faites de côté et d'autre ont mis, en outre, nettement en
lumière, qu'on se trouve en présence dun sol essentiellement siliceux, par-
ticulièrement pauvre en éléments fertilisants, voire même en humus, et
il semble bien qu'on ait là un cas assez typique de « terre fatiguée » pour
employer l'expression consacrée, c'est-à-dire, d'un sol qui se refuse à pro-
duire, soit parce qu'il n'en a plus les moyens essentiels, soit parce qu'il
est entravé dans son œuvre créatrice comme si des toxines ou des microor-
ganismes étrangers nuisibles (protozoaires, bactéries dénitrifiantes ou sté-
rilisantes) rendaient directement ou indirectement le milieu impropre au
développement normal régulier et vigoureux des racines, organes par excel-
lence de l'alimentation du végétal. En particulier, les racines d'arachides,
encore jeunes, il est vrai, n'offraient pour ainsi dire pas de nodosités ce
qui fait songer immédiatement à une alimentation azotée insuffisante.
Un plan fut alors arrêté qui comportait toute une série d'expériences
comparatives avec témoins dont l'exécution fut confiée à M. EscofRer, déjà
cité, et dont la réalisation fut mise presque aussitôt (soit deux jours après)
en train.
Ces divers essais avaient pour but essentiel de nous fixer sur l'influence
et l'utilité des agents désinfectants (sulfure de carbone); de divers amende-
ments et engrais (chaux, cendres de bois, superphosphates), comme aussi
sur l'intérêt de l'acclimatation d'une variété nouvelle d'arachides très
riche en huile (variété sénégalaise).
En outre, des échantillons de terre correspondant aux divers carrés
d'expériences ont été prélevés en même temps par M. EscofRer, et envoyés
à l'Institut Pasteur d'Alger, de façon à être renseigné autant que possible
sur la flore biologique initiale et ultérieure du sol mis en culture dans les
conditions diverses envisagées. Les données relatives à cet ordre d'idées
ne pourront être que très utiles pour déterminer la véritable voie à suivre.
Nous n'avons pu, M. Stotz et moi, comme il eut été désirable, nous
rendre à nouveau en temps voulu, sur les lieux et revoir les jardins du
douar Braptia, comme aussi ceux des autres douars encore indemmes, au
cours de la période végétative la plus intéressante : floraison et commen-
cement de la fructification.
Toutefois, M. Escofïier, a pu faire à la suite des essais culturaux en
question, des observations fondamentales qui permettent de tirer, d'ores
et déjà, quelques conclusions d'intérêt pratique et constituant une indica-
tion précieuse pour l'orientation des nouveaux essais à entreprendre.
Nous les résumons ci-dessous :
Siir les deux carrés ensemencés en arachides suivant le mode cultural
courant du pays (semis en coques) mais en faisant varier les autres condi-
tions, sauf pour le carré témoin proprement dit (n° 3), deux seulement,
savoir : n° 1 et 1 bis, désinfection du .sol par le sulfure de carbone avec
variété du pays et variété du Sénégal, ont présenté une végétation normale
depuis la levée (20-25 juin) jusqu'au 5 juillet, date des dernières observa-
tions reçues à ce jour.
— 328 —
Dans les autres carrés la germination et la levée ont été régulières
(20-25 juin) mais le 1" juillet tous les plants d'arachides avaient disparu.
Ainsi donc, seul le traitement au sulfure de carbone a donné un résul-
tat appréciable, bien qu'incomplet, puisque M. Escoffier, au moment où il
rédige son rapport précité (13 juillet), se montrait très sceptique sur l'ave-
nir et le résultat final, (récolte).
Aussi il semblerait que la meilleure mesure économique à préconiser
pour le moment soit celle-là même proposée par M. Escoffier dans son rap-
port, savoir : remplacer jusqu'à nouvel ordre la culture de l'arachide par
celle du tabac qui est susceptible de donner de bons résultats et dont les
produits seraient aisément écoulés sur place à des prix rémunérateurs.
Cela ne doit point nous empêcher, toutefois, de procéder au printemps
prochain sur quelques carrés nouveaux à de nouvelles expériences com-
plémentaires visant la restauration future de l'arachide là où elle a cessé
d'être rémunératrice, et son maintien partxjut où cette plante continue à
évoluer normalement et donne encore une récolte satisfaisante.
Les essais à envisager pour l'année prochaine seront arrêtés d"ac«ord
avec M. Slotz une fois que tous éléments utiles d'appréciation auront été
réunis (résultats de l'étude biologique du sol et appréciations concernant
la récolte des carrés 1 et 1 bis).
Bien que la variété sénégalaise se soit montrée nettement tardive par
rapport à la variété locale, elle sera cultivée à nouveau parallèlement avec
cette dernière, afin d'être bien fixé sur sa valeur culturale et économique
et sur l'intérêt de son acclimatation.
Alger, le 20 octobre 1921.
Sésame — Rîcîn — Soja
LA
CULTURE DU SÉSAME
DANS
LINDE ET EN BIRMANIE'^
Note de M. E. CHINNASWAMI PILLAI, Instructeur agricole,
Northern Province, Jaiïna
La culture du sésame est peu importante à Ceylan, et les quantités
de graines nécessaires à la Colonie, sont principalement importées des
Indes.
Principaux types cultivés. — Bien qu'il y ait de nombreux types decette
plante, ils peuvent tous être classés en trois catégories : à graine noire,
blanche et brune. Chez quelques-uns, les fleurs sont blanches, les feuilles
grandes et irrégulièrement lobées. Chez d'autres, les fleurs sont roses ou
rouge foncé, les feuilles longues, étroites et presque entières. Quelques-uns
mettent 3 mois à mûrir, tandis que d'autres en mettent 4 et même plus
(quelquefois 8 mois).
Variété à graine blanche. — Feuilles plus larges, d'une couleur plus
claire, et fleurs plus pâles que dans la variété noire. La graine est blanc
pur ou d'une teinte cendrée. La durée de croissance est très courte. Elle
produit une huile d'un goût douceâtre, pas aussi douce que celle de la
variété noire et, par suite, est considérée comme intermédiaire. Cette va-
riété est invariablement semée en juin et récoltée en septembre.
Variété à graine noire. — Vient plus haut que la blanche et est cultivée
en de plus nombreux endroits. Elle fournit une huile de qualité supérieure,
très estimée en médecine et employée pour les parfums indiens. Cette
variété est semée en mars ou avril. Elle donne le pourcentage d'huile le
plus élevé.
Variété à graine brune. — Celle-ci est considérée comme inférieure à
tous égards.
Plus de 200 types de cette plante furent cultivées à Tatkong, en Bir-
manie, par le Département d'Agriculture, et une sélecFion de 24 types a
été faite pour essai sur une plus grande échelle et analyse de l'huile pro-
duite.
Dans les Provinces centrales, aux Indes, une variété de « til » sélection-
née il y a quelques années, est semée maintenant sur 500.000 acres, et a
(1) Extraits de Rapports annuels du Service de l'Agriculture de rinde.
uraduction de rinstitut Colonial de Marseille).
— 332 —
pratiquement remplacé toutes les autres sur l'ensemble de la surface con-
sacrée à cette plante dans l'Hosangabad. Elle fournit un pourcentage élevé
d'huile de qualité supérieure.
Le sésame est cultivé sur 5 millions d'acres aux Indes, et la production
est un peu inférieure à 5 lakhs de tonnes (500.000).
En iiirmanie, on peut évaluer assez exactement la surface ensemencée
à la moitié de celle cultivée aux Indes. A Ceylan le sésame récolté n'est pas
suffisant pour les besoins locaux et il en est importé des Indes des quanti-
tés importantes pour combler le déficit.
Le sésame est exporté des Indes sur une vaste échelle, vers la France
et le Royaume-Uni. Pour obtenir ce produit à Ceylan, aux Indes et en
Birmanie, on peut s'adresser à quelques-unes des plus importantes maisons
de Colombo, Bombay, Tuticorin, Karikal, Pondichéry, Nagapatam, Ma-
dras, Cocanada, Calcutta et Rangoon.
Sol et saison. — Le sésame est cultivé sur trois types de terre : terres
fraîches, terres sèches et terres de jardin. Lorsqu'il est semé en terre fraî-
che, l'humidité laissée par la culture précédente, surtout si celle-ci était
une culture de riz, est généralement suffisante pour semer, en février ou
mars, dès l'enlèvement de la récolte. Les légères pluies d'avril et mai assu-
rent la maturation. Dans les terres sèches, il est cultivé à deux saisons; il
est semé en avril et mai ou en juillet, pour être récolté en novembre. Dans
les jardins, il est semé sous irrigation en janvier et en avril-mai.
Le sésame est une culture très délicate. L'été est la meilleure saison
pour la récolte. Les fortes pluies, surtout au moment de la floraison, sont
très nuisibles. Les semis doivent donc être exécutés à un moment qui per-
mette de procéder à la récolte en saison sèche. Pour éviter les risques
d'échec total, il est préférable de semer le sésame en mélange avec une
légumineuse, telle qu'un haricot, le grcen-gram ou le harse-gram, ou avec
une céréale, telle que le sorgho, ou une culture industrielle, comme l'in-
digo.
L'huile est largement employée pour la cuisine, la confection de pom-
mades, la médecine, la parfumerie indienne, la préparation des cuirs et
peaux, la teinturerie et l'éclairage. Elle est parfois utilisée comme vernis
pour donner au bois une teinte noirâtre.
Le tourteau est un aliment précieux pour les vaches laitières et les
bêtes de somme. Les graines sont employées dans les cérémonies religieu-
ses. Elles sont aussi consommées frites, mélangées à du sucre ou du sirop,
et cette friandise est très appréciée pour ses propriétés nutritives et médici-
nales.
Note de M. RAMANATHAN, instructeur agricole, Marmar
Deux variétés de .S. indiciim, la noire et la blanche, sont cultivées à
Jaffna. Seule, la variété noire est cultivée dans les terres basses, après la
récolte de riz. C'est une culture de quatre mois.
Sol. — Des alluvions argileuses et des sols sableux sont utilisés pour
cette culture.
Saison. — Il est important que la saison choisie soit peu pluvieuse, 1&
moilleure est celle qui va de mars-avril à juin-juillet.
Culture. — La terre reçoit doux labours croisés après la récolte du riz.
— 333 —
Aucun engrais n'est appliqué, cette culture suivant immédiatement celle
du riz. La graine ost semée à la volée, à raison de deux mesures environ
par acre, et recouverte par un labour. Le sol ne doit pas être trop humide
au moment des semailles. Les graines germeront une semaine plus tard.
Il est bon qu'une averse survienne quand les plantes ont un mois. Il est
aussi utile qu'une ou deux pluies tombent une fois que les capsules sont
formées. Pour bien faire, il ne devrait pas y avoir de pluie au moment
des semailles, de la floraison et de la récolte.
Récolte. — Les plantes sont coupées quand les capsules du sommet
semblent prêtes à éclater, et mises en tas. On les laisse couvertes pendant
six jours. Le septième elles sont étalées sur des nattes et sont laissées ainsi
au soleil pendant deux ou trois jours. Quand elles sont sèches, elles sont
égrenées par battage avec une baguette et les graines sont séparées par
vannage.
Extraction de r futile. — Il y a deux méthodes d'extraction de l'huile :
par les presses « Chckku » et par les presses à main confectionnées sur
place.
Traitement de la graine destinée aux huileries. — Les graines nettoyées
sont mises dans un grand seau plein d'eau et on les y laisse tremper pen-
dant deux heures environ. L'eau est enlevée quand elle devient de couleur
foncée et est changée aussi souvent que cela paraît nécessaire. Puis les
graines sont écrasées dans le seau au moyen d'un pilon de bois, pour
détacher les enveloppes. Les enveloppes, qui flottent sur l'eau, sont enle-
vées avec elle.
Les graines sont ensuite étalées sur des paillassons et mises sécher
au soleil. Après avoir séché pendant trois jours environ, elles sont prêtes
pour l'huilerie. Un bushel de graines donne environ 1 gallon 1/2 d'huile.
Presse à main faite sur place. — Deux poutres de bois demi-arrondies
do dix pouces sur 7 pieds environ, sont accouplées à une extrémité avec
une corde lâche. Cette extrémité est attachée, en laissant du jeu, à un po-
teau, et l'autre bout de l'une des poutres est fixé étroitement à un autre
poteau. L'huile est exprimée de la manière suivante : les graines décorti-
quées sont écrasées dans un mortier de bois, avec de l'eau bouillante, jus-
qu'à ce qu'elles soient réduites à l'état de pulpe; celle-ci est alors versée dans
un panier, confectionné spécialement pour cet usage, qui est placé entre les
deux poutres de bois, et en appuyant sur le bras libre on extrait l'huile. On
considère que l'huile ainsi exprimée est plus abondante et de meilleure
qualité que celle obtenue en pressant au Chekku. Cette méthode d'extrac-
tion est employée seulement quand on a à extraire l'huile d'une petite
quantité de graines.
Extrait d'un rapport du Département d'Agriculture, Birmanie
L'importance du sésame, en Haute-Birmanie, est rarement bien com-
prise. C'est l'huile comestible qui convient le mieux au goût birman, et
1 million 1/4 d'acres environ sont cultivés en sésame. La collection de va-
riétés a de nouveau été mise en observation et 73 ont été retenues. Une note
sur la classification a été lue devant VIndian Science Congrcss et publiée
pATY.4siatic Society du Bengale. Des essais entrepris pour déterminer les
— 334 —
rendements des variétés qui promettaient les meilleures récolles donnè-
rent des résultats indiquant qu'une variété très productive en saison nor-
male peut, si les pluies sont peu abondantes, se montrer nettement infé-
rieure à une race sur laquelle on comptait moins. Les essais sont poursui-
vis pour obtenir des données supplémentaires sur les mérites respectifs
de 8 sortes.
Les semis en lignes et à la volée ayant été essayés, comparativement,
les résultats indiquèrent que la première méthode de culture est préférable.
La terre est conservée plus propre, probablement à moins de frais et les
expériences de l'année dernière indiquèrent une augmentation de plus do
20 % dans la récolte. Le rendement moyen d'un champ ensemencé à la
volée fut de 219 Ib. par acre et avec semis en lignes, de 267 Ib. Ces expé-
riences furent poursuivies avec la variété rameuse, — dont les capsules se
forment seulement à l'extrémité des rameaux, à moins qu'elle n'ait beau-
coup de place pour s'étendre. Les plantes, qui non seulement avaient été
semées en lignes,, mais encore étaient à un pied d'intervalle, se montrèrent
néanmoins productives.
A cause des pluies torrentielles, il sera nécessaire de semer sur lo
billon, et non dans le sillon; si on sème dans le sillon, la graine est lavée,
noyée et une faible germination s'ensuit, s'il survient un orage soudain.
Le projet de construction d'un semoir approprié au sésame est examiné
avec l'Ingénieur Agricole.
L'adoption de cette méthode de culture aura, en Birmanie, un résultat
aussi important que celui qu'a eu, en Angleterre, au commencement du
siècle dernier, la substitution pour les raves, du semis en lignes au semis
à la volée.
LA CULTURE DU RICIN
EN MALAISIE '"
par E. Mathieu
Jusqu'ici le ricin semble avoir peu attiré l'attention en Malaisie, ei
cependant sa culture paraît offrir d'assez bonnes perspectives pour le petit
planteur, tandis que l'expression mécanique de l'huile permettrait l'établis-
sement d'huileries modernes.
Il donne des résultats rapides et sa production, en graine, en huile bu
en tourteau, est de plus en plus demandée par la métropole, à des prix
qui s'élèvent constamment.
D'après le « Chemist and Druggisi » du 28 février 1920, les prix côtés par
les huileries à Hull étaient 114 £ la tonne pour l'huile pharmaceutique,
111 £ pour celle de première pression et 109 £ pour celle de deuxième
pression. Pour l'huile française employée en médecine le prix était de
120/ par cvt en caisses.
Le prix actuel (1" mai 1920) de l'huile de ricin à Singapore, obligeam-
ment communiqué par les Secrétaires de la Chambre de Commerce est 50 £
par caisse de 74 à 75 catties emballées en quatre boîtes de fer blanc ou
0.66 per catty.
Le Livre Bleu fait connaître que 861.927 gallons d'huile valant
1.036.943 $ furent importés dans les Etats malais en 1918.
Nous ne pouvons évaluer pour quelle quantité l'huile de ricin entre
dansée total, mais nous savons qu'elle occupe une grande place parmi les
lubrifiants pour machines, surtout pour machines à mouvement rapide.
L'auteur n'a pas sous la main les chifïres relatifs à l'huile de ricin
médicinale, mais ici aussi nous savons que la consommation doit être
importante.
Le ricin, dont il existe de petits carrés dans les Jardins Economiques,
réussit très bien dans les alluvions légères, riches en matière organique.
Venus de graines semées dans de tels sols, le 5 novembre 1919, plusieurs
arbustes à l'heure où j'écris (1" mai 1920), présentent des grappes de fruits
bien formésîUne grappe provenant d'un de ces arbustes a déjà donné 120
graines mûres et le restant devra être récollé dans quelques jours. Ces
arbustes ont de 4 à 5 pieds de haut.
(1) Tht Gardens Bulletin-Straits Settlements, vol. II, 28 juin 1920, n* 8.
(Traduction de l'institut Colonial de Marseille).
— 336 —
A côté de ce carré en est un autre ensemence le 10 janvier, soit depuis
110 jours exactement, à l'heure où j'écris, d'une variété plus petite, dont
les plants ont atteint une hauteur de 3 pieds et fleurissent déjà abondam-
ment. Un arbuste porte cinq grappes à différents stados de développe-
ment.
Dans les terrains' sableux ou légèrement argileux, la croissance de la
plante est lente et sa production peu élevée. Cependant, aux Indes, on dit
qu'elle réussit sur les sols de latérite rouge, au pied des collines, à condi-
tion qu'ils ne soient pas trop compacts et qu'ils conservent bien l'humi-
dité, mais s'ils sont pauvres en matière organique ils doivent recevoir une
application de fumier de vache, bien incorporé à la terre avant le semis.
La plante s'enracine profondément et le sol a besoin d'être bêché jus-
qu'à huit pouces de profondeur au moins.
Il existe de nombreuses variétés de Ricinus rommunis qui se distin-
guent par des caractères variés, tels que la couleur de la tige, qui peut
être presque blanche, d'un vert glauque ou rougeâtre, avec ou sans cérosie
sur les tiges et les branches. Il y a aussi, d'une variété à l'autre, des diffé-
rences marquées dans la forme et la couleur des graines. Quelques graines
de forme plate, à taches gris terne, de 5/8 de pouce de longueur me furent
montrées et données comme provenant de l'Est-Africain. D'autres récoltées
sur un arbre poussant à l'état sauvage dans les « Economie Gardens »
n'ont pas tout à fait 1 pouce de long, sont de forme ovale, de contour
arrondi et de couleur brun-rougeâtre clair, avec des veines jaunâtres bien
marquées, tandis que d'autres, également trouvées à l'état sauvage dans
le pays, ont juste 1/4 de pouce de longueur et sont d'un brun pourpre avec
des marques pâles.
A Madras, les graines sont classées en deux types principaux :
1* Les « Coast ant Warangel », qui sont petites;
2* Les « Salems », qui sont grosses.
La graine « Coast of Cocanada » est dite la meilleure pour l'huilerie.
Quelques variétés sont annuelles, d'autres sont cultivées en planta-
tions pérennantes. Mukerji mentionne une var-c'""^ du Deccan à petite
graine qui continue à produire pendant 5 ans de suite et donne une huile
de qualité supérieure (Handbook of Indian Agriculture).
Les graines des petites variétés annuelles sont sem.ées à 3 pieds d'inter-
valle, ou mieux encore (si on fait une culture intercalaire d'arachides), à
2 pieds sur des lignes à 4 pieds d'intervalle. En semant une graine par
trou, 3 ou 4 Ib. de graines suffiraient pour un acre, mais il convient de
s'assurer contre les mauvaises levées en plantant 2 ou 3 graines à 4 pouces
d'intervalle à chaque trou et en éclaircissant un mois après la germination :
en opérant ainsi 7 Ibs. sont nécessaires pour un acre.
Ijes races de ricin se conservent bien, les cas de fertilisation croisée
étant très rares.
Les graines de variétés pérennantes sont, généralement, semées à 6
pieds dans chaque sens, mais dans le cas do plantes grandes et rameuses,
il est à conseiller peut-être d'espacer davantage. On a rappelé que dans de
telles conditions des'pl'iites vigoureuses avaient produit jusqu'à 20 Ihs. de
graines. Un écartoment de 10 pieds en tout sens conviendrait, sans doute,
donnant 400 plants à l'hectare, el no demanderait que 2 lb"s. de graines.
Le ricin supporte mal la transplantation, les graines sont, par consé-
quent, toujours plantées dircclemont dans les champs. Mais l'auteur a
constaté que, pour une cause qui n'a ]ias oncnro été défcrininéo (probable-
J
— 337 —
ment la présence d'anguillules dans le sol) une proportion s'élevant jus-
qu'à 10 % des plantes mourut le second mois. Dos sols ainsi injectés ne
doivent pas être plantés en ricin, mais pour le cas où ils le seraient re-
connus trop tard, il est à conseiller d'avoir un certain nombre do semis
dans des paniers de bambou pour combler les vides après avoir créosote
la terre.
Bien que les graines de ricin conservent très longtemps leur pouvoir
germinatif, si elles sont protégées contre les attaques des insectes, 1-im-
mersion dans l'eau pendant quelques heures n'est pas une précaution inutile
car elle amollit les téguments eu facilite la germination. Un court trem-
page préliminaire dans une solution insecticide telle qu'une solution de
sulfate de cuivre juste assez forte pour que l'eau ait une légère teinte
bleuâtre, ou dans une macération de racines de« tuba », peut aussi être très
utile.
Les graines fraîches de plantes saines, soigneusement triées, n'ont
pas besoin d'un tel traitement :' elles germent très rapidement, à condition
que le sol soit maintenu humide par les pluies, ou, si le temps est sec, par
2 ou 3 arrosages donnés aprèt les semailles.
Après la germination aucun arrosage n'est plus nécessaire, sauf dans
le cas de sécheresse véritable. Aucun soin ultérieur n'est requis, sauf l'en-
lèvement des mauvaises herbes et un contrôle sérieux des chenilles qui,
si elles ne sont pas supprimées, soit à la main, soit par des pulvérisations
insecticides (émuision de savon et de pétrole), causeront très probablement
de grands dommages aux feuilles et, dans le cas du Dichocrocis pundife-
ralis, aux inflorescences.
Le ricin peut être cultivé avantageusement avec d'autres cultures
annuelles. Parmi toutes ces cultures, l'auteur donnerait la préférence à
l'arachide (Arachis hypogea), qui non seulement est une culture très rému-
nératrice, mais a aussi l'avantage de rendre au sol un peu de l'azote que
le ricin, plante épuisante, lui enlève.
Le ricin vivace atteint souvent une hauteur de 15 pieds, mais une
telle dimension est un grand inconvénient et augmente beaucoup le coût
de la récolte, qui peut se prolonger deux mois en cueillettes hebdomadaires,
les graines ne mûrissant que successivement.
Pour enrayer la croissance en hauteur, les arbres doivent être étêtés
et maintenus à une hauteur de 6 à 7 pieds. Cette taille entraîne la forma-
lion de branches latérales qui, plus tard, émettront des infloresc-ences.
Il est, généralement, admis que le ricin est une plante épuisante et
qu'il ne doit revenir sur le même terrain que tous les deux ans. Quand on
cultive des variétés annuelles, il est par conséquent nécessaire de tD-.'ver
un assolement comportant une série de cultures à croissance rapide pour
occuper l'intervalle entre deux cultures de ricin.
Un tel assolement doit comprendre des cultures adaptées aux mêmes
conditions de sol mais appartenant à des espèces différentes, de façon à
mettre obstacle au développement des parasites et à l'extension des mala-
dies cryptogamiques.
Le ricin, l'arachide, le sésame, la patate ofïrent cet assolement. LTno
culture intercalaire d'arachides a déjà été suggérée ci-dessus. Dans te pays,
c'est une culture de quatre mois, qui s'accommode bien du genre de sol
convenant au ricin, et qui, dans les conditions moyennes, spécialement si
la terre est chaulée, donnerait de 2.000 à 2.500 Ibs. de gousses par acre.
Ceci équivaut, en comptant 65 % de leur poids en amandes, à 1.300-1625 Ibs.
22
— 338 —
d'amandes décortiquées, et, avec un rendement en huile de 30 à 40 %, soit
35 %, à un rendement fm;J de 450 à 560 Ibs. d'huile par acre. On obtient
en outre un tourteau de valeur, ([ui peut être employé, soit pour nourrir le
bétail, soit comme engrais, puisqu'il contient jusqu'à 8 % d'azote.
Bien qu'il soit sonùralement d'une mauvaise agriculture de cultiver la
même plante d^^ux fuis de suite sur le même terrain, cette méthode peut
être — et est maintenant — largement suivie aux Indes,*' sans dommage
dans le cas de l'arachide, à condition que la terre reçoive entre les deux
récoltes une légère application de chaux et de cendres. Il est, par consé-
quent, très possible d'obtenir deux récolles dans le cours d'une année, ce
qui donne une production de 2.600 à 3.250 Ibs. d'amandes par acre, ou 900
à 1.120 Ibs. d'huile et 1.200 à 1.450 Ibs. de tourteau sec.
La culture d'arachide étant suivie d'une culture de sésame, qui réussit
extrêmement bien après elle, on obtiendra une récolte supplémentaire de
graines oléagineuses, qui pourra être traitée avec les appareils d'extraction
employés pour l'huile de ricin.
En dernier lieu, une culture de patates peut être faite, car en arrachant
les tubercules, on réalisera un ameublissement du sol qui facilitera la
préparation du champ pour une nouvelle culture du ricin.
A ce moment, une fumure sera nécessaire. Les engrais sont rares et
chers, mais dans notre cas, ils n'occasionneront pas d'autres frais que ceux
d'épandage, car la réserve de tourteau de sésame et d'arachide suffira
amplement aux besoins de la terre en azote; le déficit en potasse et en acide
phosphorique (dont le tourteau d'arachide contient 1.20 %) étant comblé
par une addition de cendres fournies par les tiges de ricin elles-mêmes,
ainsi que par d'autres déchets (enveloppes et coques) et, si c'est nécessaire,
un peu de poudre d'os.
On ne doit pas non plus perdre de vue le tourteau de ricin conservé
depuis la récolte précédente. Le tourteau de ricin, qui contient 5 i/2 à 6 %'
d'azote, étant un des meilleurs engrais végétaux connus.
En février 19"I8 le prix du tourteau à Londres était 37 £ par tonne, soit
près de 6 d. par Ib. Si l'on considère que, à cause du principe toxique qu'il
contient, le tourteau de ricin ne peut pas êt>re donné au bétail, ce prix
donne une idée de sa haute valeur comme engrais.
RÉCOLTE ET RENDEMENT
La plantation ayant été faite en novembre, la cueillette commencera
vers avril pour les variétés précoces et en mai-juin pour les tardives. Ce
n'est pas im travail pénible, et il peut être fait par des femmes et des
enfants allant aux champs une fois par semaine pour cueillir les capsules
quand elles passent du vert au brun et que les enveloppes jaunes devien-
nent visibles. Il peut falloir plus de deux mois pour la terminer, mais
elle se prolonge moins si un temps sec et chaud active la maturation. La
récolte est faite en coupant les grappes, mais, quand les capsules mûres
sont irrégulièrement distribuées, on peut avoir recours, au début de la
cueillette, à la main pour éviter la perte de graines, les grappes étant cou-
pées plus tard quand les capsules présentent un degré de maturité plus
uniforme. Une' méthode moins recommandable, mais que le manque de
main-d'œuvre peut excuser, est de laisser les capsules mûrir sur le pied et
les graines tomber sur le sol, ofi elles sont ramassées quand on en a le
temps. On ne peut, évidemment, opérer ainsi que là oh le ricin est isolé-
ment et oh le sol est débarrassé de mauvaises herbes.
33'J
Les capsules son portées au magasin et jetées en tas sur une airo
propre. Le tas est entouré de planches dressées ou de tôles jusqu'à une
hPuteur de 3 pieds, pour empocher la dispersion des Trafne quand "s
capsules s'ouvrent. Il est recouvert avec des sacs de juteVndanTro. ou
quatre jours, et quand un commencement de fermentation avn e "110»
les capsules se sont quelque peu amollies, celles-ci sont étalées au sole 1 et
remuées. Au bout.'de cinq ou six jours, la plupart des graines seronUonf
bées des enveloppes. Des femmes sont alors employées à trier à a maiiTs
morceaux brises de coques, qui sont portés au tas de compost ou réservés
pour le chauffage. Les capsules restées fermées sont baitues iusou'à ce
qu'elles soient toutes ouvertes. Les petits débris d'enveloppes rSrnêl
aux grames après que les plus gros morceaux ont été retirés ■SntenTevé
avec le ..rn,. plnteau triangulaire fait de lanières de bambou ou au
moyen d'une machine à main. ua^uuu, ou au
Les graines, si elles sont pressées à la ferme, doivent être débarrassées
de leurs enveloppes propres ou coques. A cette fin, après les avo r expo éj
au soled pendan deux ou trois heures, ce qui reni les coque p'us cas!
santés, on les fait passer entre deux rouleaux horizontaux p ce à uno
distance juste suffisante pour casser les coques par une léire priion
ans écraser les amandes. On assurera un concassage supplémentSe en
faisant passer les graines entre les rouleaux un peu plus rapprochés ElS
pourront, ensuite être passées à la machine à vanner ou au T necru ,
Quelques morceaux de coques peuvent encore adhérer aux amandes, mais
ceci na pas d'importance pour les opérations ultérieures. On peu men-
tionner ICI que les coques ne communiquent ni couleur, ni ^oût à l'huile
pa^mTL^gr^ait;"^'^ '' ""^'^^ "'^^^ '^' ^^-^^^' P- '-^ P^^--!
En fait, les huileries modernes ayant des presses bien éouipées, traitent
ill5J'"f ''"' ^J"'"^'' ^^ P^'"^ de les décortiquer, mais comme avec les
près es de peu de puissance, telles que celles employées sur les petites
fnnrfl f' ''''^"'' retiendraient une proportion indue d'huile dans le
tourteau, les graines dans notre cas doivent être décortiquées
d.n, irt^^r '^^S^'.^i^'^""^ "'est pas colorée par les coques, leur présence
dans le tourteau lui donne une couleur foncée, et lui enlève de sa valeur
comme engrais, du fait que les coques ne contiennent pas d'azote
r,« . A?^' les conditions moyennes, une récolte de 800 à 1.200 Ibs. de -raines
peut être obtenue sur un acre en une campagne. D'après les „ Industrial
Arts «de Spon 1.400 Ibs. de .^raines de Calcutta donnent 980 Ibs. d'aman-
des, dont on obtint les quantités d'huile suivantes :
1" qualité ( 324 (
2» qualité ] 87 1 /2 ) 4SS Ibs. d'huile
3» qualité ( 76 1/2 I
».o ?^ '^"i y^^'^"' ^' '^'^^ ^"^^ '^^ amandes décortiquées donnent presque
TZ^fT 1.'"°"'''' ^^ '^'^'' P"'^' d'^""« et que 100 Ibs. de graines don-
nent 70 Ibs. d amandes, qui, à leur tour, donnent
huile 35 Ibs.
tourteau 35 Ibs. le poids des enveloppes s'élevant
à 30 Ibs.
100 Ibs.
— 3-iO —
Ces chiffres varient siuvant la pression exercée. Une série puissante et
presses peut donner 5 à 10 % d'huile de plus que des presses plus faibles.
D'autre part, quelques variétés fournissant plus d'huile que d'autres,
et, enfui, certaines ont un poids de coques supérieur aux autres.
L'auteur a trouvé que 2G8 graines pèsent 1 once 1/2, et, après les avoir
décortiquées, que,
268 amandes pèsent 1 once
268 coques pèsent 1/2 once.
Ces graines étaient d'une petite variété dans laquelle la proportion de la
coque à l'amande devait être vraisemblablement plus élevée que dans les
variétés plus grosses.
Le Bulletin de Vlmperial Institule indique un rendement en huile de
55.41 % du poids des amandes, correspondant à 41.76 % du poids des
graines entières consistant en
amandes 75.37 %
coques 24.63 %
EXTRACTION DE L'HUILE
Quelques constructeurs de machinerie pour huileries construisent
maintenant des huileries à main qui répondent aux besoins des produc-
teurs ne disposant pas de force motrice.
La maison Rose, Downs et Thompson Ltd, de Hull et Shangaï fournit
une machinerie de ce genre, cataloguée sous le nom de « The Manual Oil-
Mill n° 359 » pour broyer 56 Ibs. de graines oléagineuses à l'heure, en n'em-
ployant que deux hommes.
« L'huilerie comprend : un jeu de rouleaux anglo-américains de trois
pieds de haut, 6 pouces de diamètre et 6 pouces de large, conduit à la
main à l'aide d'un lourd volant; un chaudron de fer forgé pouvant être
placé sur un foyer en briques et manœuvré à la main; un jeu de pompes
hydrauliques doubles, manœuvrées à la main, la grande pompe étant dis-
posée pour exercer la première pression rapidement et la petite pour four-
nir la pression finale sans un redoublement d'efforts de la part de l'ouvrier;
une presse hydraulique pour faire cinq petits tourteaux de 13 pouces sur 6
n sur 5 » avec des plaques de métal portant la marque désirée; la tuyaute-
rie, un approvisionnement de sacs de laine pour la presse, du fil à raccom-
moder et autres fournitures nécessaires.
Mais môme une installation aussi simple peut être, par ces temps de
vie chère, au-dessus des moyens du planteur, et) dans ce cas, il de\Ta
retomber sur les pis-aller qu'il trouvera à sa portée.
Nous pouvons maintenant calculer le produit d'un acre de ricin por-
tant intercalairement 2 cultures successives d'arachides la même année.
On considère qu'une récolte moyenne de ricin fournit de 800 à 1.200 Ibs.
de graines, soit une moyenne de 1.000 Ibs., qui donneront 350 Ibs. d'huile
et 350 Ibs. de tourteau, produisant un revenu brut de :
350 Ibs. d'huile à 45 = 157.50 ( „ , „„
î $ 175.00
350 Ibs. de tourteau à 5 = 17.50 (
Le produit de deux recolles d'arachides a été donné plus haut comme
oscillant entre 2.G00 et 3.250 Ibs., mettons 2.000 Ibs. d'amandes décorti-
quées, produit facile à vendre au taux actuel de $ 25 par picul, qui laissera
M
— 341 —
au planteur une marge suffisante pour couvrir, non seulement les frais de
culture et d'entretien, mais aussi la fumure des champs pour la culture
suivante de l'assolement.
Etant donné une terre propre, pouvant être préparée pour la culture
au prix de 20 $ par acre, par exemple, les dépenses d'une première campa-
gne de ricin (en ne comptant pas les constructions et l'outillage général de
la ferme, les charrues, les herses, les pulvérisateurs et les instruments pour
exprimer l'huile), s'élèveraient à environ 100 $ par acre, comprenant :
Nettoyage, drainage et culture $ 50
Semence, plantation, sarclage, récolte, insecticides $ 30
Extraction de l'huile et récipients $ 20
Les deux cultures intercalaires d'arachides coûteront par acre :
100 Ibs. de semence (2 semis) à 25 cts $ 25
2 semis $ 10
2 récoltes et 2 décorticages $ 25
Ensachage et transport au marché $ 25
Arachides. Coût des deux cultures $ 85
Au total, les frais pour une campagne de ricin et deux cultures d'ara-
chides s'élèveront à $ 185.
Comme il a déjà été dit, le revenu brut est de $ 175 par acre de ricin.
D'après les chiffres, obligeamment fournis par le Directeur des Singa-
pore Oil-Mills, les prix actuels de l'arachide, dont le marché est excellent,
sont les suivants :
Qualité 1 en coques $ 700 le koyan de 40 piculs
— 2 — S 650 — —
— 3 — $ 600 — —
Amandes décortiquées $ 25 le picul
Tourteau $ 8.50 à 9 le picul
Le rendement total des deux cultures d'arachides, soit 2.900 Ibs.
(= 2.170 catties) d'amandes décortiquées à 25 cts. le catty, représente une
recette brute de $ 542.50.
Ce qui fait une recette totale brute de $ 717.50
Moins les frais $ 185.00
Laissant un profit net par acre de $ 532.50
Si cependant, tenant compte des caprices des saisons, des possibilités
de multiplication excessive des parasites et aussi du fait que l'arachide
dans notre cas n'est qu'une culture intercalaire, nous diminuons le rende-
ment de cette culture d'un quart et ramenons le montant des deux récoltes
à 1627.50 catties de noix décortiquées, le produit de la vente des arachides
tombera à 1627.50 x 0.25 = $ 406.85, ce qui, ajouté au produit de l'huile
de ricin 175.00, donnera une recette brute de $ 581.85 et après déduction
de toutes les dépenses $ 185.00, nous aurons un bénéfice net de $ 396.85 par
acre.
EMPLOIS DE L'HUn.E DE RICIN'
Comme on îe sait, l'huile de ricin est employée de préférence aux au-
tres huiles pour préparer les peaux et cuirs, le maroquin, et, en général.
— 342 —
tous les genres d'objets en cuir, ceintures, bottes, harnais, etc., parce qu'elle
rend le cuir doux et souple.
Elle remplit particulièrement bien le rôle de lubrifiant, car, étant
épaisse et très visqueuse, elle forme une pellicule entre les parties mobiles
des machines et les préserve des frottements. Pour cette raison, elle est
employée de préférence aux autres huiles dans les entreprises — planta-
tions ou mines — où des machines à combustion interne sont utilisées.
Mélansée à une lessive de soude, l'huile de ricin a la propriété de don-
ner de la transparence au savon, et elle est employée dans ce but.
Elle entre dans la composition d'onguents et de pommades en parfu-
merie, aussi bien en Europe qu'aux Indes. En Italie, la « Ulio di Ricini a
ringlese » bien connue est, ou était, d'un emploi courant.
Parmi les usages moins connus de l'huile de ricin est celui de liaison
pour certains composés isolant entrant dans la composition de 1' « Enamel
Wire », très employé pour les câbles. La Western Electric Company de
New-York importe pour ses propres travaux seulement 30.000 gallons
d'huile de ricin consommés en grande partie pour cet unique usage.
L'huile de ricin donne de la solidité et du brillant aux teintures utilisées
pour les étoffes de laine et de coton. Elle fournit le « Turkey-Red oil » après
traitement par l'acide sulfurique concentré. Elle est préférée par les teintu-
riers comme agent fixateur des couleurs d'alizarine.
L'huile de ricin est très demandée comme lubrifiant pour les moteurs
d'aéroplanes, à cause du fait qu'elle n'est pas altérée par de grands écarts
de température.
Des cas furent constatés pendant la guerre oii, au cours de voyages à
de hautes altitudes, l'huile gelait et ne coulait plus dans les tourillons des
machines, qui devenaient alors rouges, et des accidents funestes lurent at-
tribués à cette cause, mais il semblerait, d'après le « Chemist and Druggist »
du 20 février 1920, que des procédés ont été imaginés depuis pour empê-
cher l'huile de ricin de geler tout en lui conservant ses propriétés lubrifian-
tes.
De la même source, nous apprenons que de la caséine combinée à
l'huile de ricin est maintenant manufacturée en flocons, qui, mélangés
à l'eau, produisent une émulsion parfaite, ayant le goût du lait.
La valeur du tourteau de ricin comme engrais est très élevée et il
existe un débouché pour toute la production.
En dernier ressort, le tourteau de ricin peut être employé comme les
autres tourteaux d'oléagineux pour fournir du gaz pour éclairer ou pour
actionner les machines. Cette conversion du tourteau en gaz est pratiquée
dans plusieurs villes de l'Inde et Dudgeon nous donne dans « Agricultural
and Forcsl Products of West Africa » un exemple de tourteau de coton em-
ployé au même usage dans une huilerie d'Ibadan (Nigeria du Sud), oîi l'on
constata que 6 hundreddiveight de tourteau sont suffisants pour fournir du
gaz pour faire marcher une machine de 30 HP. pendant 9 heures i/2.
Avant de terminer cet article, l'auteur fera remarquer que le ricin n'est
pas une plante pour culture extensive. Une des raisons en est qu'il ne
produit des récoltes normales que dans des conditions qui lui sont absolu-
ment spéciales, et une de ces conditions est qu'il soit ombragé pendant au
moins une partie du jour, par de grands arbres plantés à l'Est ou à l'Ouest
du champ.
Un planteur ayant une très grande expérience écrit, dans une lettre
adressée à l'auteur : « Le ricin est une plante particulière. Je l'ai cultivée en
i
— 343 —
A nque A 1 état sauvage, elle produit bien, en plantaUons c'est à peine si
elle produit, de plus l'huile est de densité inconstante et irrégulière
Le même fait s'obscr%'e jusqu'à un certain point dans les « Economie
Gardens », pour les plantes poussant en plein soleil; leur croissance est tar-
dive, leur floraison pauvre, tandis que les arbres qui reçoivent, soit le ma-
tin, soit 1 après-midi, l'ombre de grands ai-bres voisins, portent de très
bonnes répoUfl»; ^
LA CULTURE DU SOJA
par M. L. Rouest
Directeur des Fermes Expérimentales de Néoculiure de France
M. Rouest, gui s'est consacré à une œuvre des plus remarquables d'ex-
périmentalion agricole dans le Midi de la France, vient de publier, sur le
soja, l'ouvrage, à notre connaissance, le plus complet qui aii paru jusqu'ici.
Ce volume n'est point une simple comjyilation, comme l'on serait tenté de le
croire, ausujet d' une plante considérée jusqu'ici comme exotique. M. Rouest
a étudié de la manière la plus approfondie, non seulement S07i acclimata-
tion en France, et les Tnéthodes culturales qv.i lui conviennent, mais encore
les divers problèmes si curieux que pose son utilisation industrielle.
Grâce aux efforts de ce très distingué praticien, l'introduction du soja
en Europe a fait un progrès considérable cl on peut, dès maintenant, trou-
ver dxins ses cultures une trentaine de variétés acclimatées.
Nous sommes heureux de pouvoir extraire de son important ouvrage
quelques pages consacrées à ses conclusions culturales, mais nous ne sau-
rions trop recommander la lecture du livre tout entier (1).
VARIÉTÉS DE SOJA ESSAYÉES EN FRANCE
En France, on ne cultive jusqu'à présent, et cela à titre de curiosité,
que quelques variétés parmi les plus précoces.
1° Soja ordinaire à grains jaunes (nom étranger, américain et anglais :
Yellow Soy, ou Soja do Chine) : Soja Buhne (Allemand).
Plante franchement naine, compacte, formant de petites touffes do
0 m. 30 à 0 m. 50 de hauteur, suivant la fertilité du sol et le climat. Feuil-
(I) te So]a et son lait véoèlal. par L. Rouest. Directeur dos Fermes Expérimen-
tales de Ni^ocultiire de Fi'ance, 1 vol., 15G p. En vente chez l'auteur, h Carcassonne
(Aude), f'rix : 10 francs. Sonim.iirc : Introduction. Qu'est-ce que le Soja ? — Chn|ii-
tre 1 : Ilistoriiiue de la proriapation du Soja. — Cliapitro II : Culture du Soja. —
Ctiapitre III : Composition de la Plante de ;?oja. — Chapitre IV : I.e Snja fourrage.
— Chapitre V : Ilécolte du Grain de Soja. — Chapitre \'I : Le Soja plante oK'agineuse.
— Chnpilre VII : Le Laii de Soja. — Chapitre VIII ; Le Soja dans l'industrie. -- Cha-
pitre IX : Le Soja dans l'Alimentalioii humaine. — Chapitre .\ : Utilisation du Soja
ou Extrême-Orient. — Chapitre XI ; Opinions de <|uoliiues auteurs sur le Soja. —
Conclusions, — Appendice. — Conseils aux expriin ,^luat(Mlrs iiour l'acclimatation du
Soja en France. — Bibliographie sur le Soja.
— 34C
lage assez ample, vert jaunâtre, fuliolcs très grandes, de 0 m. 13 à 0 m 16
de ongueur, avec 0 m. 10 à 0 m. 12 do large. Fleurs très petites, verdâtres.
sou^ent rosées, gousses velues de 0 m. 4 à 0 m. 5 do longueur et 0 m. 012
de largeur, un peu aplaties et légèrement recourbées, contenant 2 à 3 grai-
nes ovales sphériques. de 0 m. 006. de couleur jaune pâle, anneau brun
autour de lomb.hc. Ce Soja a la grosseur d'un haricot riz; 10 grammes
contiennent environ 80 grains. Le litre pèse 700 grammes
Cette race est un peu tardive pour le Nord et l'Est, où elle n'arrive à fleu-
rir que fin septembre. Cette variété réussit très bien dans le Nord de TAfri-
que. «^in
La sélection sur cette variété devra porter sur la précocité. Comme la
plupart des plantes tardives, il faudra la cultiver progressivement du Midi
dans le Contre. Le repiquage systématique, 1 ebourgeonnement, le choix
des gousses les premières mûres à l'exclusion des autres, son hybridation
enfin ave. des variétés telles que l'Early médium green. le Mandchu. le
boja brun très hûtif amènera cette variété à la précocité voulue.
2° Soja d'Elampes (américain : Etampes Soy).
Race vigoureuse et très productive, touffes compactes assez élevées de
0 m. 60 a 0 m 70, cosses réunies par deux ou trois, à l'aisselle de presque
toutes les feuilles et contenant de 1 à 3 grains jaunes, ovoïdes, un peu
oblongs, de 0 m. 007 à 0 m. 009 de longueur. Dix grammes en contiennent
55. Le litre pesé environ 850 grammes.
l« .i^""'? ^j'^mi-tardiye, n'arrivant à mûrir qu'une pariie de ses cosses sous
la F™nœ "'" '"'''""^'' ^°"' ^^ ^'"'''^' '' ^""^'^^^ ^* Sud-Ouest de
Dans les relations faites par la Société Nationale d'Acclimatation on
peut remarquer que cette variété, la première obtenue par M. Blavet depuis
vingt-c.nq ans, n'a plus été cultivée. Mêmes conseils à donner que pour le
Soja ordinaire. ^ i- ui io
^'Soja ordinaire à grains noirs (anglais et américain Black Soy).
vi.nnrî ''^"'^' ^^ '"''''' P'"' ^^^'''^ ^"^ ^^ ^ellow Soy. C'est une race
vgoureu^e assez élevée, convenant au Midi de la France. Variété fourra-
Folioles longues de 0 m. 08 à 0 m. 10, avec 0 m. 06 à G m. 07 de large
Cosses légèrement aplaties, de 0 m. 05 de longueur contenant 2 à 3 grains
Oblongs, méplats, d'un noir luisant, avec ombilic grisâtre.
4° Soja à grain noir très hâtif.
Variété assez. précoce, tirée par sélection du Soja Black Soy II mûrit
es grains en 100 à 110 jours. Il supporte bien la sécheresse; semé après le
LZ?ïnT ''°''"^ ^', TF'' "^'^ J^'^'^*- ^^"'"^ "°''-^ ^'^^ P<^tits, plats,
pesant 800 grammes le litre. Dix grammes en renferment 120 environ.
Mûrira dans le Centre de la France.
5° Soja Wi/son Five, grain noir amélioré
Il m^rf !!'"",""''''? sélectionnée à la Ferme Expérimentale des Barthes.
SorM ",'^"'^'7^"' ^" septembre. Plusieurs croisements opérés avec le
la?sLnt'p",n^' ? °^'' ^^''^ "'^'^""^ ^^^^"' ^' S°J^ Virginia, donnent et
laissent espérer des races plus hâtives.
cité ^r^'"^"" particulière : au fur et à mesure de leur sélection en préco-
v.riVL f ^"'^ ? °" deviennent ronds et augmentent de volume. Cette
v.j.e.e fournit des variations à grain jaune vert, ombilic noir, ou ventre
— 346 —
6° Soja erlra hâtif de PodoUe. — Variété de provenance russe, elle est
plus précoce que le Soja d'Etampes. Hauteur 0 m. 70 à 0 m. 80, vigoureuse,
dressée, feuilles moyennes vert foncé. Cosses très nombreuses, faiblement
recourbées, contenant 2 ou 3 grains un peu plus gros que ceux du Soja
d'Etampes.
Résiste très bien à la chaleur. C'est une variété à cultiver pour four-
rage, son grain noir le faisant rejeter pour la consommation humaine. Son
grain réduit en farine est excellent pour les animaux.
Cette variété n'existe plus dans le commerce quoiqu'elle ait été annon-
cée sur les catalogues des marchands grainiers en 1913.
1' Soja brun très hâtif. — C'est la race la plus précoce, capable de
mûrir son grain dans la région de Paris. Son grain est de la même gros-
seur que celui d'Etampes, forme arrondie, légèrement méplat et de couleur
brune. Dans les champs d'expériences de Carignan (Ardennes), c'est le seul
qui soit arrivé à un degré de maturité suffisant pour pouvoir être récolta
en soc.
Un Soja brun très hâtif provenant d'un grain trouvé dans un lot de
Soja de Chine a été sélectionné par M. Caries de Carbonnière et expéri-
menté aux Barthes en 1920. C'est un Soja n'atteignant que 0 m. 40 à 0 m. 50
de hauteur, ses gousses sont ramassées au pied, ce qui est un inconvénient
pour le fauchage, il est à améliorer en hauteur. Sa production est énorme.
11 a mûri le 10-16 août 1920. Etant de petite taille on peut le planter très
serré sur la ligne à 0 m. 30.
Ce Soja brun très hâtif a donné deux variations intéressantes. N* 1 :
grain jaune, hile brun, amande jaune. N» 2 : grain jaune veort, amande
jaune.
En France, on ignore ce qu'est le Soja. Cependant, écrit le D' Jean Le
Goff, dans la Gazette des Hôpitaux des 18 et 20 novembre 1919, j'ai relevé
dans le A'ew York Herald, mai 1916, le nom de cette graine parmi les subs-
tances que les Allemands ont octroyé à nos malheureux prisonniers. Ce
Soja venait de France
Voici, en effet, ce qu'on lit dans le Journal de Genève du jeudi
10 août, page 6, 1" édition :
« Exportation des fèves de Soja. — On mande de Berne :
« La Nouvelle Gazette de Zurich, dans son n» 1.238, a publié la note
suivante : « M. G. Liechti, à Zurich, que nous avons dit être l'importateur
« de France de 2.000 wagons de fèves de Soja (qui furent dans la suite
« réexportés en Allemagne) nous a soumis le dossier de ce cas dont la
« presse s'est tant occupée... »
LE SOJA DANS LES FERMES EXPÉRIMENTALES DE NÉOCULTUWt
Tous les Sojas de provenance américaine cultivés dans les Fermes
Enjjérimentales, ont vu leur grain amélioré comme grosseur, certains ont
doublé de volume et leur précocité a été augmentée de façon très sensible.
La première année d'introduction, la récolte n'a pu se faire qu'à fin octo-
bre et encore on a été obligé de la faire sécher on gousses et de ne la battre
qu'en janvier. En 1920, les premiers Sojas arrivés à maturité ont été récol-
tés vers le 15 août et les derniers en octobre. A l'arrachage, noua avons
isolé un nombre assez considérable de variations.
Le Soja Mandchu à grain jaune a donné naissance à <Jc OQUvellos varifi
— 347 —
tés : rouge brun; grain noir mat; grain jaune taches brunes; grain jaune
taches noires.
Le Soja VVilson Five à grain noir et plat a donné naissance à des grains
ronds et de bonne grosseur, à un type à grain jaune vert à ombilic noir et
ventre noir.
Le Soja Haberlandt à grain jaune a donné naissance h : Haberlandt
grain vert, Haberlandt brun, Haberlandt ombilic brun rouge.
Le Soja Tokio à grain vert a donné naissance à : Tokio brun, Tokio
jaune hile brun pâle.
Le Soja Virginia grain brun a donné naissance à : Virginia rouge brun,
Virginia jaune ombilic noir (3 sous-variétés jauns), Virginia noir et jaune,
Virginia jaune, Virginia vert.
Le Soja Hato à grain vert a donné naissance à : Hato noir grain rond,
Hato noir et Hato brun grain plat, Hato jaune grain rond ombilic noir,
Hato rouge brun.
Le Soja Early Médium Green à grain vert a donné naissance à : Early
Médium blanc, amande blanche.
Cette dernière variété donne les plus belles espérances. Elle a mûri
vers le iô août et donné un gros rendement, quelques centaines de graines
nous ayant rapporté 34 kilos, quoique le carré d'essai ait été en partie
dévasté par les lapins, qui peuplent la propriété.
On s'étonnera peut-être de la mutabilité des premiers Sojas cultivés en
grand en France. Cela n'a rien d'étonnant lorsque l'on sait que le change-
ment brusque de climat en est la cause. C'est un peu après l'adaptation des
plantes à un nouveau milieu qu'on a le plus de chance de découvrir des
types nouveaux, lorsque la lignée a été ébranlée.
Je n'ai fait qu'appliquer en cette circonstance, les principes des géné-
tistes : Hugo de Vries, Blaringhem, Bateson, etc., qui écrivent :
/.liJ ^-'liybridation, de fréquentes introductions dans des pays étrangers sous des
S!i,»iv.^l-,A ^'^"P'^w'*^* fl ébranler les lisnées les plus stables et d'en déterminer la
mutabilité. Pour aboutir à un résultat pratique, il n'est pis du tout néce^â"re de
l^nneVu suffit' anl 1^"U'.'- 'r^'i';?! ""■■en' «n '"'^ril irZé^ïl poufle s lel^
V° "/<./;<> . •^'^' 2"® ,'?* individus diffèrent par des anomalies, par des modes de
même Ugnée.'t P^^'^^^'^^rs et inattendus, de l'ensemble des autres individîis de il
Comme on peut s'en rendra compte par cette nomenclature, les variétés
de Soja sont très nombreuses, et il est du rôle des Stations Agronomiques,
des Ecoles d'agriculture, des Fermes Expérimentales et même des Stations
d essais de Soja à créer en viie de la propagation de cette plante, de recher-
cher les variétés s'adaptant aux différentes régions.
SEMIS Dt; soi\ , '
Les semences de Soja acclimatées en France se sont montrées supérieu-
res en poids, en volume et en densité à celles d'origine. Je n'explique pas
ie fait, je le constate. Des facteurs très complexes peuvent être invoqués,
mais cela indique que la plante s'adapte parfaitement et qu'elle est, dès
lors, susceptible d'amélioration dans le sens qu'on voudra lui donner.
D'après M. Lechartier, le Soja d'Etampes pèse 72 kilos l'hectolitre et il
rentre 7.400 grains au kilo, pour le Soja jaune 72 k. 500 et 8.500 grains,
Soja ncir 73 k. 5 et 12.200 grains. Soja noir hâtif de Podolie, 74 k. 5 et
7.400 grains (M. HosieJ, pour les Sojas de Mandchourie : poids de l'hecto-
— 348 —
litre 50 à 62 k. 5 (Brenier), jaune du Japon 75 kilos, jaune du Tonkin, 72 S
75 kilos.
La faculté germinative des graines récoltées de l'année est de 99 %
et ce sont celles-ci qu'on doit semer. Cependant les graines de 2 ou 3 ans
germent encore lorsqu'elles ont été bien récoltées et surtout bien conser-
vées, mais comme pour toutes les graines oléagineuses, il est prudent de ne
pas semer de"" vieilles graines. En général, le trempage des semences n'est
pas à recommander, la peau se ride très vivement, se détache et les coty-
lédons n'étant plus retonus risquent de se briser au moment de semis.
Les semences les plus grosses et les plus lourdes sont les meilleures, et
autant que possible, si ce n'est pour se mettre en race, il ne faut semer que
celles qui ont été triées avec soin. L'expérience faite à la Station du Massa-
chussett le démontre : semis le 15 septembre de 5 graines pesant ensemble
1 gr. 010, de 5 graines pesant ensemble 0 gr. 410. Récolte le 16 décembre,
le premier lot a donné une récolte de 86 gr. 10, le deuxième lot n'a donné
que 50 grammes de produits.
Il faut semer le Soja quelques jours avant les haricots et les maïs,
mais pas avant que tout danger de forte gelée ne soit écarté, comme le
haricot le Soja ne résiste pas à — 2° c. Dans certaines localités privilégiées
on a remarqué des germinations de Soja au printemps, de graines ayant
passé l'hiver en terre. J'ai relevé pareil fait pour les haricots dans le jardin
potager de l'Ecole d'agriculture de Saintes, en 1917.
Quelques auteurs préconisent les semis tardifs parce qu'ils facilitent
la préparation des terres et empêchent la croissance nés mauvaises herbes,
mais les semis tardifs diminuent le rendement tout en retardant la matu-
rité, car l'élévation de la température fait pousser la tige au détriment des
ramifications. Celles-ci se mettent à fleurir plus tard et le rendement est
diminué :
Diminution
Variété Mammoth Yellow 17 juin 24,75 de rendement
28— 23,16 — 6,4%
15 juillet 17,59 — 29 %
Il ne faut jamais semer le Soja dans une terre froide et mouillée, il
vaut mieux attendre quelques jours et retarder la semaillc, car la trop
grande humidité fait pourrir la graine. La date cxaclo du semis est assez
difficile à indiquer. Pour la région de Paris, on devra choisir des terrains
légers et ne semer que vers le 15 mai. Sur des terres un peu argileuses, on
pourra retarder jusqu'au 30, mais pas plus tard. Dans l'est, fin mai. Dans
le centre et dans l'ouest, suivant les endroits, on sèmera dans les premiers
jours de mai. Dans le Midi de la France, on sèmera du 15 avril au 15 mai.
En tous cas, comme pour le maïs, il faut attendre que la température ait
atteint 12° au minimum. Lorsqu'on possédera très peu de graines, ou de
grains rares, et que c'est la première fois qu'on cultive le Soja dans une
région, je conseille de semer sous châssis vers le 15 mars et de faire deux
transplantations. La première sous un châssis froid reco\ivort d'un paillas-
son pour la nuit, la deuxième en pleine terre vers le 15 mai-La transplan-
tation devra se faire en motte pour la pleine terre. Les Sojas repiqués deux
fois, toutes choses égales d'ailleurs, produisent moins de feuilles et fructi-
fient plus vite et plus abondaumient que ceux qui sont semés en pots ou en
pleine terre. C'est un excellent moyen de premier acclimatement. Ce qu'il
faut obtenir, c'est une floraison qui permette au grain de mûrir au moment
4
— 349 —
où la température est la plus élevée. Dès que le grain commence â se for-
mer dans sa gousse, c est à ce moment que la plante s'adapte à son nouveau
,^,'i'!";-r ''"' ^''^.'•^^■*î'•'^^^'^ ^-^'^^^^"^'^ se développent et se transmettent
aux générations suivantes. En flonculturo, c'est ainsi que beaucoup de plan-
leur^ graines sous notre climat. On peut procéder de même, à l'aide de
En Italie, on sème de mars à avril, car les gelées sont moins à crain-
deTgdées "' '' '°" "^'^'^ ^■"^'î"'^" ^^■^''-^'- P-^ ^--t«
En Algérie, on sème en mars, au début du printemps. D'après M Tra-
but, on peut faire des cultures dérobées.
En Amérique suivant les régions, de mai à juin
En Cochinchine, on sème en octobre-novembre
Dans l'Inde, de juin à septembre.
Dans la Nouvelle-Galle du Sud, en octobre.
DEGRÉ THERXUQUE DE LA GERMLV.\TION DU SOJA
I •«hi;!?^^^"Tf ,""^ température plus basse que le haricot commun
k 3 maison li' ^«?^^^'^*'- --'ante : semis de Sojas vert, jaunes
la radicu P dnTn ?f"'' f'"'"' ^ '^^' ^^ ^^^"'^«^^ "^'"s- ^e 10 mai
Lnnflfr^ J ?* '^'J^ ^°"°"' ^'"" demi-centimètre, le haricot es
gonfle, mais sa radicule n'est pas encore sortie.
En d'autres termes, le Soja a végété et le haricot n'a pas végété Cela «,
comprend. Le haricot ne végète franchement que par plSs Too'c en^^o^
Or, du 4 mai au 10 inclus, la température périodique n'a été oue T" ^s"
eriaTest aue' tt -^^"^ 'r^'' ^" ^'^''^^'^^ '^ ^^i- ^a conclujS
oe^œ fait est que le Soja végète a une température plus basse que le hari-
Or donc, à quelle thermique végète le haricot Soja, quel est l'initial
r7$ ù X ,. -"^ • ^""^ '"'^'^^ "^"' ^^"^^^^ ^^ rapprocher de l'initial végéta-
tif du blé. Voici pourquoi, le haricot gèle à 0», c'est-à-dire a l'âme absolu-
ment tropicale. Le Soja, au contraire, résiste à un certain degré de gel
cest-à-dire a une âme tempérée, comme le blé. Il suit de ce qui précède
TJwy?r "> u^"' ^^ "^*"''' ^' '°" â"^^' d^"s so" animaUon, aucune
possibilité métaphysique pour devenir une plante du Septentrion c'est-à-
tZi^T, '■"'^r'''' 'considérablement son cycle végétatif. Or, quoique
Ivrlp?/ ,T. thermique beaucoup plus élevée que le Soja, le haricot & un
a snhnf ^ ^'^""T^' P^"s '^«"rt que le Soja. Cela prouve que le haricot
a subi le changement quune génétique plus ou moins inconsciente, mais
en tous cas fort intelligente, lui a fait subir, tandis que le Soja est une
Plante quon peut considérer sans trop d'erreur comme vierge de génétisa-
ti.u^l*;'^ K,^'^" ^^ '•accourcissement du temps de la végétation que le géné-
la Ïon.;l ;•' '' r^' 1' P^"^ rapidement possible chez le Soja parce que
cultnrfr'"^ '^ ' ^* justement l'inconvénient principal empêchant la
Na^P rn ^^-^' "°" seulement aux hautes altitudes comme l'altitude de
de7ra;^r T'^^f ''''' '""'''^'' moyemies, mais encore aux basses altitu-
de So^p^'^PT' ^^st^aise, M. Caries de Carbonnières, un cultivateur
oe boja emente, se heurte souvent à une longueur de végétation ou de cycle
— 350 —
qui va jusqu'à empêcher la maturité de beaucoup de variétés essayées. Ce
qui arrive parfois à M. Caries de Carbonnièrcs nous est arrivé encore plu3
radicalement à Nages. Il y a environ dix ans, nous reçûmes de Tchang-
tin-fou, dans le Pétchili, en Chine, une douzaine de variétés de Soja de
toutes couleurs. Semées côte à côte avec nos premières variétés de haricots
obtenus à l'Institut de Génétique de Nages, ces variétés d'importation
directe fleurirent au mois d'octobre seulement, alors que les haricots étaient
mûrs depuis longtemps. Cela nous dégoûta de continuer nos études pour
obtenir le Soja à 800 mètres d'altitude. Et nous envoyâmes le Soja en com-
pagnie du mais du Cuzco dans des climats plus fortunés en centignides.
Cependant, cet échec ne nous découragea pas. Nous avons déjà fait mûrir
des Sojas à Nages. Et nous sommes sûrs que les pédigrages de M. Caries
de Carbonnières nous donneront les têtes de ligne pour créer le Soja du
Septentrion. Encore une fois, M. Caries a bien mérité de la Génétique. Que
sa modestie veuille nous pardonner ces remerciements publics.
Le 18 mai, levée de deux pieds de Soja, la levée ayant été retardée par
la sécheresse du sol, lequel, depuis le 10, n'a reçu que 5 mm. 5/10 de pluie,
la levée a donc demandé 16 jours pleins et 158° C. 53.
Les 2 millimètres de pluie du 18 au soir ont suffi pour déclancher la
levée du Soja. De-ci, de-là, un certain nombre de pieds montrent leur tête
encapuchonnée de deux cotylédons, chaque pédigrage sur le cotylédon la
couleur de la peau du grain.
Etant donné que le Soja végète de 5° à 10° C, il peut et doit être semé
dès que le média se tient au-dessus de 5°, c'est-à-dire dès la première quin-
zaine d'avril. Nous disons peut, parce que le Soja résistant à la gelée sera
insensible aux dernières morsures du froid expirant. Nous disons doit,
parce que le Soja ayant une bonne végétation, il faut, dès que cela est pos-
sible, confier la graine au sol, afin de ne pas perdre un temps non seule-
ment précieux, mais même nécessaire. Le semis précoce est donc le vrai
moyen pour faire mûrir le Soja à 800 mètres d'altitude.
IMPORTANCE DE L'ESPACEMENT DES PLANTS
La question de l'espacement des plants de Soja est de la plus haute
importance, car sa méconnaissance a été la cause prmcipale des échecs,
lors de son introduction en France. Au début, ne connaissant pas du toul
la végétation de la plante on a semé des Sojas, qui étaient déjà trop tardifs
de par leur origine, comme le haricot, quelquefois même plus serrés en-
core. De plus, fallait-il semer le Soja grain par grain ou semer en poquet
comme on le fait pour les haricots ? Pour résoudre la question, il faut savoir
que le Soja est d'autant plus vigoureux qu'il habite une terre riche et hu-
mide, on doit donc le planter à un écartement raisonnable pour qu'il puisse
fructifier et mûrir.
Il fallait connaître également la variété et son origine : un Soja d0
Mandchourie planté le même jour qu'un Soja du Japon mûrira alors que
le deuxième no*mûrira pas, c'est donc là une question de variété. Mais si
l'on prend des Sojas de Mandchourie, et qu'on les plante'^trop serrés, ils
ne mûrissent pas non plus. Il faut se rappeler également que le Soja a un
défaut, celui d'avoir une végétation trop soutenue, on exagère ce défaut ea
plantant trop serré. Un pied isolé mûrira plus vite que plusieurs grains en
poquet. J'ai eu un voisin qui expérimenta les mômes Sojas que moi et
- 351 -
qui m'apporta, en novembre, des liges do Soja Mandchu mesurant doux
mètres de hauteur garnies de cosses. C'était un beau fourrage. Il avait
commis trois fautes : semé dans une terre de jardin trop riche, semé à
1 ombre des grands arbres et avait mis 4 à 5 graines par poquet. 11 n'en na
pas fallu plus pour 1 entendre dire : « Chez moi, le Soja ne mûrit pas, il est
donc mu lie d insister ... Cet accident est arrivé à la plupart des expérimen-
tateurs, Il n en a pas fallu plus pour qu'on abandonne la culture du Soja
Lorsqu'on introduit un Soja quelconque dans une région, après avoir
pris les précautions relatives à la nature de la terre, à la quantité de lu-
mière, on ne le sèmera que grain par grain, deux grains au maximum pour
la première année. Lorsqu'on connaîtra la variété et qu'on aura récolté des
graines on sera à peu près fixé. L'espacement doit donc varier avec •
1» La récolte qu'on veut obtenir : l'écartemeat sera plus grand pour
les cultures de graines que pour les cultures fourragères, car les plants ser-
rés mûrissent leurs graines plus tardivement ou ne mûrissent pas du tout
2 Le chmat : l'écartement doit diminuer au fur et à mesure que le
climat devient plus rigoureux. Ainsi dans le Midi de la France on pourra
adopter 0 m. 7,5 en tous sens et dans la région de Paris 0 m. 50 à 0 m GO
en tous sens seulement.
3° Le terrain : l'écartement sera augmenté dans les terres fortes et dimi-
nué dans les terres légères. Il sera plus grand dans les sols riches que dans
les sols pauvres.
mJ' t'^ ''"?//' • ^? ^^''''^' *^'^'^^' ''^"^ toujours à grand développe-
ment, les variétés ordinaires à feuillage comme le Soja Early médium
green devront avoir un écartement plus grand que le Soja brun très hâtif
qui a le feuillage très petit.
Il faudra rechercher, pour chaque exploitation, l'écartement optimum.
En tout cas il vaut mieux exagérer l'écartement, chose qui sera facile à cor-
ngerl année suivante. Il est vrai que ce qui peut réussir une année peut
très bien ne pas réussir une autre. Au Canada et aux Etats-Unis des expé-
riences faites à ce sujet ont donné les résultats suivants :
Espacement
1899 1900 1901
Province maritime 0,70 0 53
Colombie anglaise 0,88 0 71 0 71
?*awa 0,71 0,71
^^^"''oba 0,88 0,53
Territoires du N.-0 0,88 0,79
Les différences de rendement ont été peu sensibles.
Aux Etats-Unis : Kansas, 0,75 x 0,65; Caroline du Nord, 0,90 x 0 65-
Indiana, 0,91 x 0,65.
Pour les autres pays on indique les espacements suivants :
Nouvelles-Galles du Sud, 0,90 x 0,15; Indes anglaises, 0,25 x 0,25:
France midi, 0,55 x 0,30; Bretagne, 0,40 x 0,15; Paris, 0,75 x 0,25; Autri-
che-Hongrie, 0 m. 48.
On ne peut discuter la valeur de ces données, car l'écartement des
lignes sera subordonné aux binages, or, un binage pour le Soja ne peut se
laire à 1 aide d'un cheval si les lignes ne sont pas écartées de 0 m. 60 au
minimum Suivant la richesse du terrain, il faut adopter 0 m. 70. C'est
a ailleurs la distance que j'ai adoptée pour faciliter le travail. J'adopte
— 35-2 -
l'espacement de 0 m. 70 x 0 m. 30 à 0,40 suivant la variété et je m'en
trouve bien, le Soja en interligne est également à recommander.
En Kxtrômc-Orient, on cultive le Soja en interligne du maïs. Les cul-
tures intorcalaircsdu Soja dans le maïs m'ont donné d'excellents résultats,
tant dans les lignes que sur les lignes; les maïs sont semés d'abord en lignes
à 1 m. 20 de distance, puis les Sojas sont semés également à 1 m. 20. Entre
chaque pied de maïs semé sur la ligne on peut mettre un pied de Soja (maïs
à 0 m. 50 sur la ligne). Le maïs ne gêne pas le Soja, la lumière et la cha-
leur nécessaires à ces deux plantes arrivent de tous côtés. Par sa végétation
le Soja étouffe les mauvaises herbes qui pourraient se développer et il suffit
de légers binages, surtout lorsqu'on a planté le K;aïs au fond d'un sillon,
méthode que je décrirai dans un autre travail.
Maïs Soja Maïs Soja Maïs
° * ° 2 o
1 O.CO * 0,G0 i 0,60 t 0,60 1
Maïs 1,20
Soja 1,20
On peut remplacer le maïs par du sorgho à balai ou du tournesol.
La graine de Soja doit être enterrée à 3 à 4 centimètres pour les varié-
tés à grains ronds (Mandchu, Tukio, Haberlandt, etc.), à 5 centimètres au
maximum pour les Sojas plats et de grosse taille, comme le Soja Hato. Les
Sojas fourragers à grains plats tels que VVilson et Virginia do 2 à 4 centi-
mètres, suivant la fraîcheur de la terre.
QUANTITÉ DE SEMENCE NÉCESSAIRE PAR HECTARE
La quantité de semence sera déterminée par la faculté germinative,
par l'usage que l'on fera de la récolte et par le mode de semis. Je n'insiste-
rai pas sur la faculté germinative, on devra employer de bonnes graines.
D'après les expériences faites en Amérique^, il faudrait répandre :
Au semoir en lignes pour l'obtention du grain, de 20 à ^ litres.
Au semoir en lignes, pour le fourrage, de 44 à 65 litres.
Dans l'indiana, on sème au semoir en lignes, pour grains 35 litres, à la
volée pour fourrage, 130 litres.
En France, on conseille de semer : en lignes, pour grains 35 kilos, à la
volée pour fourrage, 200 kilos.
En Algérie, M. Trabut con.seille pour fourrage de 40 à 60 kilos.
Lorsqu'on ne dispose pas de beaucoup de semence et qu'on est encore
à la période d'acclimatiemcnt et d'essai, je conseille de semer dans des sil-
lons ouverts préalablement, grain par grain. Si le semis a été fait dans de
bonnes conditions et avec soin il ne manque pas beaucouif de plants.
On peut m'^tlro2 à 3 graines par poquot, mais c'est un maximum. Par
ce procédé, 20 kilos à l'hectare sont suffisants, et il reste encore de la graine
si le semis venait à manquer. Dans celle culture comme dans beaucoup
d'autres, il faudra en arriver à créer des semoirs à cuillers réglables pour,
ne mettre que les 2 ou 3 graines nécessaires par poquet.
— 353 —
LE SOJA l'KNPANT SA X'ÉCÉTATION
La germination du Soja se fait très vite lorsque les conditions de cha-
eur et d humid. ton ét^ favorables et que la couche de terre de la surface
n été bien ameubhe. Une terre battante, croùteuse, retarde la levée Sn ne
peut remed.er a^cet état de chose en hersant comme on lo fait pour beûu
coup d autres plantas, les cotylédons, à leur sortie de terre, étant top fra-
giles pour supporter cette opération. En circonstances favorables, laLrtîe
de^t^erre a heu en 7 a 8 jours. En terre sèche, la sortie est parfois irSgû
La plante se développe d'abord lentement, surtout en terre pauvre en
azote, les bactéries ne sont pas encore entrées en fonction et la plante est
ob l.gee de se suffire a elle-même. Une petite dose de nitrate de soude (sS k
les) mélangée a des scories ou avec de la terre préparée avec des cultures
nucrob.ennes de Rhiszobium Beyerincku donne toujours un bon rïsu tat
Lente au début, la végétation se fait ensuite très vite. Dans quelques S ons
à d.mat très favorable on fait deux récoltes par an (certaines provin e d^
a Ch.ne, de la Carohn^u Nord). En Tunisie, dans les endroits où on peu?
irriguer on peut faire succéder le Soja à une autre récolte
La durée de la végétation est très variable, elle est fonction du climat
de époque du semis, de l'emploi des engrais, mais surtout des va S'
îtl ^V"f ''''''"'• ^"''' ^^"* P^'-^^'- t°"^ ^os eiïorts, sousTe ine
d échec, ou de retard dans la propagation de la culture du Sc^ja La créa
Uon de variétés de plus en plus précoces est à la base de toute tentaUve
d acclimatation du Soja. C'est là une question de génétique et ait lat
ention des savants et des génétistes sur ce point. Lorsque les hybddeurs
es sélectionneurs auront travaillé cette question comme pour les piis S
C'est°a^nîi^^f%^'^^"''^^^^"'■^' ™°^'""' P^"* ^^'' déduite de moitié.
troT, r ^, l^ '" °" '^'°'**^ '" ^°j^ ^'^"^ "^«is après le semis, en Chine
IX rclutl^enfr m'oi'.^^"^ '''^'''' '^'''' "^«*^- ^" ^-"-' '^ ^-»
semeïcTsTe iV^l"'^' '' "'* t *'"*' "^'^^^^^^ ^^ sélectionner toutes nos
semences de Soja pour arriver à une maturité en 4 à 5 mois
de prS'^' '"""*'''"'' '^""^^^"* ^" ^'"é'-i^"^ ^'^^^ s»it (par ordi^
Yellfwt so'ffïï'";''''' ^l '■' ^■'"'■'' ''" ^'"^ ^^ '' ' ^29 jours; Médium
Ea Iv V.iin ^^;^■'°"'•^; ^^^y^' 110 jours; N» 12.399 en 130 jours; Médium
en 162 joirs ^°"''' '''"^"^°^' ''^"^^' ''' ^ *«« J^^^^i Michigan green
ViCÉTAnON COMPARÉE DU SOJA ET DU HARICOT AUX HAUTES ALTITUDES
(StaU^tfqut I^si'uTma"" " ^^"^P^^'^" '^ ««^^ «' '^ haricot, écrit
somme=ctnvaiic,r/^"'i''""7'"* ^''" ^'''' '^ '-^^'^^ rapidement. Nous
iwme espoir que ceite campagne nous fournira les têtes de ligne de
— 354 —
Vari!,Lo3 de fcjoja qui pcruicllronl de cuUivcr celle nouvelle et précieuse légU-
mincusc à 800 mètres d'altitude.
2° Nous avons une sécheresse persistante car il n'a pas plu sérieuse-
ment depuis le 10. Et cependant le Soja, non seulement a résisté à la séche-
resse, mais a même continué à végéter, dans un sol qui n'a pas do corps
parce que dépourvu d'argile. Effectivement, le Soja a été semé dans un
sable granitique. Aussi, au 31 mai, la première feuille postcotylédonaire est
fabriquée et va s'étaler, tandis que le haricot semé au même moment à côté
de lui ne végète guère et n'a pas encore sa feuille postcotylédonaire. Donc,
le Soja, tout en résistant à la gelée et en végétant à une plus basse thermi-
que, résiste mieux que le haricot à la sécheresse, c'est un point important
en sa faveur. Car nous avons juin, juillet, août et septembre pour opérer
cette maturité ».
nOi:i.ACE DES SEMIS ET F.\Ç0.\3 D'ENTRETIEN
Dès que le semis est terminé, on roule aussitôt. Cette opération est très
importante parce qu'elle provocjue la capillarité qui a été rompue par le
passage des socs du tube du semoir et qu'elle tasse la terre contre la graine.
Le roulage favorise donc une germination qui peut s'échelonner, ce qu'il
faut éviter à tout prix. Sur une plantation non roulée, j'ai remarqué une
levée très échelonnée, les grains les premiers levés avaient une avanc-e de
huit à dix jours sur les derniers. Or, à la maturité, ce sont les premières
graines levées qui mûrissent les premières, celles qui n'avaient pas levé en
'même temps étaient plus tardives. Il fallait arracher en deux fois. Ces
mêmes pieds avaient une tendance marquée à continuer leur végétation.
Cette observation peut paraître puérile, mais je lui attache une grande
importance. En Chine, on roule après le semis et on donne trois binages,
le premier a lieu une quinzaine de jours après la levée, le deuxième un
moi» après le premier, le troisième un mois après le second. Dans les semis
aux semoirs en lignes il faut opérer le démariage, c'est-à-diro la mise en
place sur la ligne, avant que de donner le premier binage dans les lignes.
liOrsquc les terres sont très sales, un excellent moyen d'empêcher l'en-
vahissement des lignes par les mauvaises herbes, c'est d'opérer le binage à
l'aveugle. Pour cela, on mélange au Soja une petite quantité de moutarde
blanche, do millet, d'alpiste, de colza ou tout autre graine à germination
rapide. Quelques jours après le semis on distingue facilement les lignes.
Aussitôt on donne un binage en ne donnant pas trop de largeur à la houe,
cela pour ne pas rejeter la terre sur les Sojas. Dès qu'ils ont bien levé, on
opère le démnriage. Ce binage au début de la végétation a une influence
heureuse sur toute la durée végétative, elle raccourcit le temps que met le
Soja à fournir ses branches charpentières. Celles-ci lorsqu'elles sont nées
de bonne heure émettent aussitôt une quantité de fleurs qui ne tardent pas
à nouer. Les deux autres binages se donnent jusqu'après la floraison. J'ai
fait quelques expériences pour savoir quel était l'influence d'un binage dès
que les gousses se forment, j'ai remarqué que les Sojas binés à ce moment
avaient leurs gousses mieux remplies et que la maturité définitive étair
avancée de quelques jours.
Ce qui est à craindre dans celte culture, c'est que les pluies arrivent
au moment où les feuilles jaunissent et les gousses commencent à noircir
ou brunir, signe de maturité définitive. Un second ou troisième binage
— 355 ~
donné quand les fcuus.cs sont plein., et ci.coro varies et au moa.cnt où la
chaleur est très gra.,de me paraît favorable. Ces expériences seront à re
?S tnS!"' ''""""^ ""'^^" '""^ ^"'- i^"-''^ -*S- ce binage en
En Indo-Chine on bntte les pieds avec une sorte de houe La ouestion
du buttage sera.t également à expérimenter d'une manlv^prir u'"
; é rs^;x^ 'n^^'^ t, ''''' ^^"^ p^"--^ - ^on:j:^zj:z
prêt s bn tout cas, U s agirait de savoir à quelle période végétative il fau
cira^^le donner. Je crois qu'il faut le donner au iSoment oùlef got^'es t
L'irrigation est, d'après M. Trabut, très favorable à la production
nue di7f?ctT; T "^'T^' ^^^^ ^^'--^ ^- ^^ maturation "deve-
u?qu r^t d^; r^atrt?o:""'^^^ ''''' '' ^°™^^'°" ^- ^--' -
CROrSSA\CE DU SOJA. ACCLIMATEMENT
En général il faut compler 60 à 70 jours entre la Iwée cl la fioraiw,,,
.solecs. , arnve q„e certains pieds n'arriïenl pas l plus d L 30 eUu'u
pfri°d.t":^;,i:.„iir,:"i!ite:ru"sj:i'!r;rces"i?-
npnf r T '^ ? '" "^^^^'^^ °^ ^^ "^«t""'é commence.
seur d^nitive r ° ''' **" ^^^' '°"* "''"^^^^^ rapidement à leur gros-
n^enfefseotmhre r^'f \^''. ""'''''' "'^"""^«^ '^"^ ^'û -"-r définitive-
d-alt tude ifdoc ur Va'lettV'f- ""■"' '' "^-tagne^Noire (Aude), à 600 m.
les a réeoùfes fin septembre' '" ^ " ''"'' '^^ ^^""^^ '^^ '"^'^ '■^'^"^^'^"'
rait mùr'r que dans L;"' '' "^Tr ^"'' '' P°'"' ^^ ^"'^' ^'^ ^oja ne pour-
latitude No?d et n ï TT " '?""'''' '' ''■ "^-""' ^* ^" "^«ï^- ^ ^0° de
iNord et 13° 55 de température, mais certaines variétés on races de
— 356 —
Soja sont microlhcnTics, c'est attire quLiles nrùris-int à un degré calori-
fique moindre, ce qui rend la culture possible à des altitudes ou des lati-
tudes plus froides.
L'observation attentive permet de reconnaître des pitis isolés dont on
choisit les graines qui ont une hérédité de pieds précoces, à évolution con-
tractée et rapide et résistant au froid. Par ce procédé et par bien d'autres,
on nrrive à créer des races pedigrees qui sont moins exigeantes au point de
vue calorifique. La culture du Soja pourra s'étendre au delà de la zone
habituelle de la plante considérée.
Quelques plantes déjà cultivées en France présentent ces caractères :
intégrales de température
Minima Ma^!ma
Chanvre 2.600 2.900
Tournesol 2.600 2.850
Soja 2.500 3.000
Sorgho 2.500 3.000
Mais 2.370 3.000
Betterave porte-graines 3.900 4.500
Haricot 2.400 3.000
Betterave 2.400 2.700
'* Tabac 3.000 3.600
Le chanvre mûrit dans la Mayenne ainsi que dans le Piémont, et pré-
sente un minimum supérieur à celui de la plupart des végétaux usuels,
même du Soja. Le tournesol mûrit dans les environs de Paris et il exige
cependant 2.600°. La betterave porte-graines demande 3.900 à 4.500°; cette
culture est cependant pratiquée dans certaines régions relativement froi-
des. Enfin, pourquoi l'aire géographique du haricot est-elle si considérable?
Ne voyons-nous pas des départements tels que le Pas-de-Calais ensemencer
1.285 hectares de haricots et produire 23 quintaux à l'hectare, le départe-
ment du Nord en ensemencer 3. 118 et récoller 56 quintaux à l'hectare. Les
Basses-Pyrénées cultivent 35.000 hectares de haricots et les variétés culti-
vées dérivent cependant toutes du haricot Soissons nain, du sabre nain, etc.
Ces mêmes variétés sont cultivées dans le centre de la France, les environs
de Paris et jusque dans le Nord. Il s'est fait une adaptation lente qui se fera
certainement pour le Soja. Dans les vignes du Bordelais on cultive princi-
palement le haricot flageolet jaune, etc. Toutes les variétés de haricot n'ont
pas été importées d'Amérique, celles que nous cultivons actuellement se
sont créées au fur et à mesure de leur propagation. Il n'y a pas de raisons
plausibles pour qu'il n'en soit pas de même pour le Soja et ses nombreuses
variétés.
Le Soja se féconde directement sans l'aide des insectes. Jamais je n'ai
vu de mouches, d'insectes voltigeant autour des fleurs de Soja et les buti-
nant. Cela tient sans dout« à leur disposition, à leur couleur et surtout à
leur petitesse : les fleurs de Soja n'attirent pas les insectcsr II faut donc que
la fécondation s'opère en elle-même. Chez les Sojas il y a ordinairement
autofécondation, celle-ci ayant lieu avant que les fleurs ne soient complète-
ment épanouies, toutefois les croisements spontanés sont assez nombreux,
les agents de la pollinisation étant plutôt le vent que les insect^js. J'ai pu
remarquer, dans notre école de Sojas, l'influence incontestable d'une va-
— 357 —
riété des plus distinctes et des plus rnnnues : le Soja noir Wilson. Il en est
de même du Soja Virginia, et peut-être en existe-t-il d'autres encore. Ce qui
est certain, c'est que la présence de Sojas à couleur foncée dans des Sojas
à couleur claire donne presque toujours des variations. Le Soja est comme
le haricot très sujet à varier. Dans le lot le plus pur, il est toujours possible
de rencontrer une proportion plus ou moins grande de vagabonds, c'est-à-
dire d'individus différant d'une façon plus ou moins accentuée du type.
J'ai même remarqué assez souvent qu'il n'y a pas uniformité de cosses ou
de grains sur le même individu, et il m'a été donné d'observer sur le même
pied et parfois dans la même gousse des grains de forme ou de couleur bien
différente. C'est ainsi que j'ai pu isoler des Mandchu noirs, des Virginia
blancs, des Hato noirs ou bruns, des Tokio noirs ou jaunes, etc.
Cependant, les diverses races de Sojas ne sont pas toutes aussi sujettes
à varier les unes que les autres. Il en existe qui sont beaucoup plus stables,
qui varient peu et présentent des caractères assez constants quoique non
absolus. Ce sont les variétés tardives qui varient le moins souvent.
Le Soja est une légumineuse à gousses déhiscentes, mais elles ne le
sont heureusement pas toutes au même degré : la gousse s'ouvre sous les
alternatives de froid et de chaleur, elle se tord et laisse échapper la graine.
Certaines variétés nuires sont presque indéhiscentes, d'autres, le Guelph, la
variété brunâtre de Podolie, laissent échapper facilement les graines. Il faut
donc faire la récolte de ces variétés avant que leurs gousses ne soient com-
plètement sèches. Une des variétés les moins déhiscentes est la variété Hato.
Les Sojas à grains ronds sont plus déhiscents que les Sojas à grains plats.
Quelques variétés telles que le Médium Early Yellow ne mûrissent
qu'après de fortes gelées, mais sans que les graines soient altérées. D'ail-
leurs, il suffît d'ouvrir une gousse de Soja pour remarquer qu'une espèce
de gomme existe sur toute sa surface et forme un abri protecteur très effi-
cace. De plus, l'extérieur de la gousse est couvert de poils très serrés et cela
protège la plante contre la trop grande chaleur et contre le froid.
LES ENNEMIS DU SOJA
Si le Soja est exempt jusqu'à présent de maladies cryptogamiques, il
n'échappe malheureusement pas aux attaques de quelques insectes, fort
rares heureusement. Parmi les insectes il faut citer le ver fil de fer (Agrio-
tes Segetes), la chenille de la Vanessa Cardui (Belle Dame) dévore quelque-
fois les jeunes feuilles. D'autres insectes : cétoine dorée, perce-oreille, taupe
grillon, ciron tisserand, ver blanc du hanneton, s'attaquent au Soja, mais
assez rarement.
En 1920, les plantations de Soja, de dolique lablab, de Vigna Sinensis
(pois à vache), de haricots communs, ont été dévastées très sérieusement
par des larves vertes d'un centimètre do long, par des larves un peu plus
petites, vertes, violettes et des larves blanches très petites. Les gousses por-
taient un ou plusieurs trous de la grosseur d'une tête d'épingle et dans les
gousses on trouvait le grain rongé jusqu'au cœur.
Les lièvres, les lapins attaquent le feuillage des plantations de Soja.
A la récolte, on trouve des grains rongés à la surface du sol; ce sonl
des mulots. Le Hamster, rare dans nos contrées du Midi, ronge et emporte
les grains de Soja.
Produits Oléagineux
Divers
Bi
<
LES RÉSIDUS DU TRAITEMENT
DU RIZ ET L'HUILE DE RIZ
par
M. A. STIELTJES.
Directeur des Services Techniques de l'Institut Colonial de Marseille
Le traitement industriel du riz donne lieu à un certain nombre de sous-
produits qui peuvent différer dans de grandes proportions selon la façon
dont les opérations sont conduites.
A côté de produits de peu de valeur, comme les balles provenant de
la décortication du riz, on obtient différents produits résultant du polissage
nt du blanchiment, produits qui présentent un réel intérêt. Ces sous-pro-
duits sont généralement mélangés et se trouvent dans le commerce sous
le nom de son ou farine basse de riz.
Les quantités disponibles annuellement sont très importantes puisque
08 déchet représente environ 13 % du paddy traité, soit 16 % du riz décor-
tiqué et que l'Inde anglaise par exemple produit environ 34 millions de
tonnes de riz par an (dont 2 millions 1/2 sont exportés) et l'Indochine
3 millions 1/2 à 4 millions dont un million 1/2 sont exportés.
COMPOSITION CHIMIQUE
La composition chimique des sons de riz varie entre des limites assez
étendues, ses variations provenant de la qualité du riz et du mode de
traitement.
La proportion de cellulose est une indication de la quantité de balles
présentes. Celles-ci influencent également Ta proportion de matières azo-
tées et grasses, car plus il y a de balles, moins est élevée la proportion de
protéines et de graisses.
Le son de riz contient également une certaine quantité de brisures ou
de farine de riz qui peut atteindre 10 à 15 %. Ces matières ont pour effet
ie diminuer la proportion de protéines, de graisses et de matières miné-
rales, mais n'accroissent pas le taux de la cellulose.
— 362 —
Exemples de compositions chimiqnes de sons de riz
Américains Italiens Indochinois
% % %
Eau 9.78 11.15 10.8
Matières azotées 13.63 14.87 11.4
— grasses 14.78 12.71 15.4
— amylacées 40.14 41.41 50.2
Cellulose 11.69 ? 4.8
Matières minérales 9.98 7.9
Le son de riz est employé généralement à l'alimentation du bétail et
■•a composition chimique montre qu'il possède une valeur nutritive très
<^levée. Envisagé comme engrais, c'est une matière pauvre qui n'a que peu
d'intérêt.
Les sons de riz italiens ne sont guère consommés dans le pays d'ori-
<ine mais sont exportés principalement en Suisse et en Allemagne où ils
sont vendus d'après leur « titre » (matières grasses + matières azotées). Les
meilleures qualités ont un titre de 24-26 %, les qualités inférieures 15 à 16.
La conservation du son de riz est toujours difficile. C'est une mar-
chandise encombrante, poreuse, qui présente une grande surface à l'action
de l'air et en conséquence fermente facilement et a de grandes tendances à
rancir sous l'action des quantités relativement importantes des matières
grasses qu'elle contient.
Cette teneur élevée en matières grasses présente un autre inconvénient
d'empêcher de donner cet aliment au bétail par grandes quantités. On est
obligé de ne l'introduire que très graduellement dans les rations et en
mélange avec d'autres matières pauvres en matières grasses (paille, foin
de trèfle, etc.).
DESIITJILAGE DU SON DE RIZ
\
Si l'on vient à enlever tout ou partie des matières grasses qu'il con-
tient, le son de riz constituera un aliment plus favorable malgré la dimi-
nution de sa valeur alimentaire car il sera devenu plus sain, de meilleure
conservation et de transport facile.
Une question intéressante à étudier serait de voir s'il est plus intéres-
fiant d'enlever toute l'huile ou si l'on pourrait se contenter de n'en extraire
qu'une partie.
Dans le second cas, on pourrait se servir de presses hydrauliques et des
essais ont été tentés en Italie dans cette voie. Avec les sons d'une teneur
moyenne de 15 % de matières grasses, on a obtenu environ G 1/2 % d'huile
au moyen de presses travaillant à trois cents atmosphères. On laisse donc
8 à 9 % d'huile dans le tourteau résiduel. Ce dernier présentait la com-
position suivant* :
Eau 14,60 %
Protéine brute 17,06 %
Matières grasses 8,68 %
Ce tourteau de compression constitue donc encore un aliment <li
valeur nutritive suffîs;uitc. Etant donnée sa teneur moindre en matièri
grasses, il a moins de tentiance à rancir que la farine primitive, mais
~ 363 —
urlout par suae de la compression U a acquis une compacité qui en rend
a conservation b.en mo.lleure et facilite beaucoup le iransport pour Tes
ransac ions commerciales. Sa valeur vénale a plutôt augmenté dans
trSment "' ''' °' '''""^ ^^^^^""^ '^^'^"^ largemeni^s "lirais 1
Un autre moyen d'améliorer la conservation du son de riz consiste a
enlever toute, ou a peu près, l'huile qu'il contient; pour cela on est ôbl gé
d opérer par extraction au moyen de dissolvants. Deux cas peuven 2
présenter. S. 'on adopte le dissolvant qui, en France est cle beaToup e
meilleur marché, c'est-à-dire le sulfure de carbone, les frais de traitenLnt
r"où;tl au'il n"'"""' ""^ '' "" ''^^"^'^ -- P- une'deuT:
un goût tel. qu U ne sera pas accepté comme aliment et ne pourra servir
que comme engrais. Le sulfure de carbone ne pourra donc ê r aSe
comme moyen d'extraction que si le prix des huiles est élevé et en même
temps les aliments pour le bétail sont abondants et bon marché
Dans la majorité des cas. il y aura avantage à consen^er pour l'alimen
atjon des animaux ce produit en somme très intéressan.t et dan c ca^"
.1 faudra avoir recours, pour l'e.xtraction, à des dissolvants autres lete
^Ifure de carbone, par exemple la benzine ou le trich oréthy è^ La
^nzine est en France, d'un prix plus élevé que le sufure .t p sen " pour
les msfallalions, comme le sulfure de carbone d'ailleurs de <^raves Ll"'
ci incendie. Il faut donc compter que de fortes primée daïurScevfeT
nent grever le coût de son emploi. «i^-urdnce vien-
rlp Hn" '^"--î"*^"^' 1^ P"^ de la benzine est, par suite d'absence de droits
dilsolvant^d^^^^^^^ ^"' f P^'^"^ ^'^"^P'°i ^ peu près exclusif de
d ssohan dans es usines anglaises d'extraction d'huile.
l'huile de riz
L'huile de riz est généralement très acide car elle contient un enzyme
^^^rs xsz^r.::^^^;- -- 5^- rs
Huile de riz fextraite immédiatement après mouture)... fi 9 %
Hm e de son frais (6 heures après mouture). ... 12 5 -z
iïu, e de son vieux (un mois après mouture). Jo ^
Huiie son vieux fl mois après mont, mais chauffée à tno°) 24*0 %
mois^'Sn'n' i\T «■^"^'■^'«'"^"t e.xtraite de sons travaillés depuis plusieurs
'•izeries cnZll- T ^™"' ''"'^'^ '"" ^^°"s d'Indochine fournis par les
&n d'aciditM^r r "°"' '™"^ ^^"^^"'•^ «^^^"" d^^ huiles titrant 70 à
/-. a acidité (extraction au trichloréthvlène)
f oe stéarine ». L huile acide présente toujours une forte colora-
— 364 —
tion allant du vert sale au brun foncé. Au contraire, l'huile extraite de
son frais est jaune verdâtre et liquide.
Voici les caractéristiques d'une huile extraite de son très frais. Nous
empruntons ces chiffres à un article publié par M. F. Garelli, dans la
Revue « Il Giornale di Risicollura •>, 30 septembre 1919 :
Acidité (acide oléique) 7 %
Densité 0.918 %
Indice de saponification 179,4
Indice de Hehner 94,3
Glycérine 9,03 %
Insaponifiables 0,7 %
Au contraire, une huile extraite d'tin son plus ancien a donné lea
caractéristiques suivants :
Densité 0,913
Acidité (acide oléique) 51,4 %
Indice de saponification 189,7
Indice de Hehner 95,00
Glycérine 4,82 %
Insaponifiables 0,9 %
L'huile obtenue industriellement aux Etats-Unis et en Angleterre ne
trouve un emploi qu'en savonnerie étant donnée sa forte acidité. Toutefois,
il j aurait lieu d'étudier si, en traitant des sons frais sur les lieux de pro-
duction, l'on ne pourrait pas obtenir une huile alimentaire. Les huiles
ordinaires, outre leur grande acidité présentent une odeur particulière de
moisi, forte et difficile à enlever.
EXTRACTION PAR DISSOLVANTS
Nous avons installé dans nos laboratoires de l'Institut Colonial do
Marseille, avec le concours de la Société française des Carbures, un appa-
reil d'extraction par le trichloréthylène (système René Fabre). Cet appareil
semi-industriel nous permet de traiter 500 kilog. à la fois.
Nos essais sur les sons de riz ont porté sur plusieurs tonnes et nous
avons obtenu une extraction satisfaisante puisque nous avons laissé moins
de 1 % de matières grasses dans le résidu.
Dans l'extraction par dissolvants on se heurte à deux difficultés prin-
cipales :
1° La manière à traiter étant très pulvérulente, le dissolvant forme
avec elle un gâteau compact qui rend très difficile l'enlèvement par la
vapeur des dernières traces du dissolvant d'où perte de dissolvant (et par
conséquent prix do traitement prohibitif) ou bien consommation considé-
rable de vapeur et durée très longue de l'opération;
2° Le son de riz contient environ 50 % de matière amylacée qui est
soumise à une véritable cuisson par le contact avec la vapeur.
Pour éliminer la première difficulté, nous avons été oblisés de mélan-
ger les sons traités avec différents diviseurs. Nous avons obtenu des résul-
tats à peu près satisfaisants avec des sons de riz cargo, autre sous-produit
du travail du riz, ces sons riz cargo contiennent à peu près 5 % d'huile et
une proportion relativement élevée de cellulose. Malheureusement, en
— 365 —
mélangoanl la matière à traiter avec un diviseur moins riche o» huile, on
augmente la quantité de dissolvant perdu par kilog. d'huile extraite.
Il est probable que l'on arriverait à îles résultats convenables sans
adjonction d'un diviseur dans un appareil pourvu d'agitation mécanique.
En ce qui concerne la deuxième difficulté, il faudrait, pour éviter de
cuire les matières amylacées, distiller le dissolvant à une température plus
basse, c'est-à-dire dans le vide. L'opération peut se faire aisément dans
l'industrie, mais notre appareil n'a pas permis de faire des essais dans ce
sens.
UTIUS.\TION DU SON DE RIZ APBÈS L'EXTRACTION DE L'HUILE
L'extraction de l'huile par pression laissant une proportion élevée de
matières grasses dans le tourteau ne se fera que dans le but d'employer ce
dernier dans l'alimentation des animaux. On peut se demander s'il y a
avanlas^e, économiquement iKuiauL, a traiter parles presses une matière qui
ne contient que 15 % d'huile. Pourtant, nous avons l'exemple du soja qui
ne contient pas une proportion d'huile beaucoup plus forte. De plus,
l'extraction d'une partie de l'huile aura, comme nous l'avons déjà dit, pour
résultat d'augmenter plutôt la valeur du résidu en le rendant plus sain et
de meilleure conservation.
L'extraction de l'huile par les dissolvants laisse une matière à peu
près complètement déshuilée, c'est-à-dire de conservation excellente. Cette
meilleure conservation compensera dans de grandes proportions la dimi-
nution de la valeur alimentaire du sous-produit.
On peut également envisager l'utilisation de ce dernier pour la fabri-
cation de l'alcool, sa teneur en amidon étant de 50 à 55 %, le rendement
en alcool serait d'environ 20 litres par cent kilogs, mais après ce traitement
le résidu n'aurait pas grande valeur alimentaire.
En résumé, le son de riz est une marchandise qui peut donner lieu à
des transactions commerciales fort importantes à condition d'en améliorer
la conservation. L'extraction de l'huile par pression pourra rendre des
services dans les pays producteurs pas trop éloignés des centres importants
d'utilisation du tourteau, c'est-à-dire l'Italie, l'Espagne et les Etats-Unis.
Partout ailleurs, il y aura intérêt à déshuiler à peu près complète-
ment. En nous plaçant au point de vue plus particulier de l'Indochine,
examinons rapidement s'il y a avantage à extraire l'huile sur place ou
bien s'il vaut mieux expédier le son tel quel en Europe pour y être traité.
Le prix du dissolvant à la colonie est grevé des frais de transport aux-
quels il faut ajouter des primes d'assurance très élevées, lorsqu'il s'agit
de dissolvants combustibles (sulfure de carbone, benzine, etc.). Par con-
tre, on aurait l'avantage de frais de main-d'œuvre bien moindre et du
combustible gratuit que constituent les balles de riz. Cette dernière cir-
constance permet d'affirmer à coup sûr qu'il y aura intérêt à traiter le son
^ la colonie s'il y a sur place un débouché pour l'huile (dont les frais
d'emballage pour l'Europe seraient prohibitifs )et si l'on veut fabriquer de
1 alcool avec le résidu. L'avantage existerait encore, mais à un degré moin-
dre, si le son déshuilé doit être embarqué pour l'Europe pour y être
employé à la nourriture des animaux.
S'il n'y a pas de débouché pour l'huile à la colonie, l'avantage sera
probablement d'expédier le son en Europe malgré la perte qui pourra
résulter des fermentations en cours de route.
— 366 —
Actuellement, le plus gros client pour les sons de riz Indochinois, est
constitué par une grande fabrique d'huile anglaise de Hull. Là, il est
déshuilé et le résidu entre dans la composition de tourteaux composés
constitués par l'amalgamation de différents produits alimentaires.
Une industrie semblable pourrait facilement s'établir en France à
condition d'arriver à persuader aux éleveurs que la farine de riz déshuilé
est un bon aliment dont la valeur est à peine inférieure à celle du son de
blé avec, sur ce dernier, l'avantage d'une consen^ation presque indéfinie.
Les sons de riz déshuilés constituent une matière première très inté-
ressante pour la fabrication des aliments mélasses pour le bétail, aliments
qui sont actuellement très appréciés à juste titre.
LES GRAINES DE CUCURBITACÉES
OLÉAGINEUSES
Rapport de
M. A. BAUDOxN,
Administrateur des Colonies
On a demandé bien souvent, et certains demandent encore, qu'il soit
procédé à un inventaire complet des ressources de nos Colonies afin d'en
tirer le maximum de produits; or, on peut dire qu'à l'heure actuelle le
travail est fait au point de vue pratique, sinon à celui scientifique, car
à peu près tout ce qui présente un intérêt quelconque a été examiné et
essayé. Il ne s'ensuit pas que des produits actuellement sans intérêt ne
trouveront pas un débouché dans un avenir plus ou moins éloigné, mais
cela sera dû uniquement à des conditions d'exploitation meilleures et au
développement des moyens de transport. La guerre aura eu, au point de
vue utilisation des produits coloniaux en Europe et sur place, le plus
heureux effet. Rationnés par suite des difficultés du ravitaillement, on a
du partout tirer parti de ce qui existait sur place et on s'est rendu compte
ainsi qu'on achetait au prix fort ce qu'on aurait pu avoir sur place et à
bon compte en les produisant soi-même. Dans la Métropole, on a pu se
convaincre que nos colonies avaient des richesses nombreuses et variées
de nature à nous affranchir, dans une large mesure, du tribut que nous
payons à l'étranger. Mais, parmi les produits nombreux et variés que l'on
trouve dans les différents pays placés sous notre pavillon, il en est dont
l'exploitation n'est pas possible à l'état brut, parce qu'ils ne peuvent sup-
porter des frais de transport élevés. Il faut pour eux renoncer à nos erre-
ments anciens qui n'admettaient pas qu'on les travaille sur place. Il est
nécessaire, indispensable même, au contraire de développer l'industrie
coloniale qui disposant d'une main-d'œuvre bon marché, peut seule nous
permettre d'utiliser, dans de bonnes conditions des matières premières qui,
sans cela, ne pourraient l'être. Pour d'autres qu'il faut momentanément
peut-être renoncer à introduire sur nos marchés, on doit s'efforcer de les
utiliser sur place, en remplacement de produits similaires importés à
gros frais. Ce préliminaire était nécessaire avant de parler des graines de
certaines cucurbitacées africaines qui donnent une excellente huile dp
table, peu connues malgré l'intérêt qu'elles présentent.
— 308 —
Les indigènes des régions ijiacéoi en dehors de la graine forêt équato-
riale, là où les graminées, mil, sorgho, eleusine et mamtenant de plus en
plus le maniuc, remplacent lu hanaiie, les cultures compurteni presque
partout comme complément celle de cucurbilacées destmées à fournir une
matière grasse alnnentaire.
i^n enel, lorsqu on quuie la zone humide de la grande forêt, les élaéis
deviennent ae pius en plus rares, le karité qui le remplace plus au nord
est encore rare, aussi les populations ne disposent-elles que de quantités
minimes d'oléagineux et aoiveni-elles avoir recours à tout pour s'en pro-
curer. C'est dans ces régions où Ion utilise i huile ae ricin, la graisse
de termites, IhuUe de Dipterocarpus dans ralimentation. Aussi lorsqu'ils
font leurs semis, ont-ils 1 habitude de mettre en terra entre les rangées de
plantes cultivées, des graines de cucurbitacés qui croissent en rampant
dans les intervalles, utilisant au mieux le terrain, tout en empecnaiu
le développement des mauvaises herbes, bans soins spéciaux, sans enorts,
ils arrivent a recoller ainsi ues fruits qui, mis à macérer dans 1 eau, puis
triturés pour se débarrasser de la pulpe, laissent des graines qui sont
plus ou moins oléagineuses suivant les espèces. Les espèces les plus culti-
vées sont diverses variétés de Citrullus vulgans Schrad. — Cucumeropsia
Mannii Naud. — Cladoscyios edulis Hook. — Ces deux dernières espèces
réunies en une seule par certains botanistes, bien que différentes. Elles
sont trop connues pour qu'il soit nécessaire de les décrire. La durée de
végétation de ces plantes est de 120 à 140 jours. Le rendement qui n'a
jamais été déterminé d'une façon précise, puisque jusqu'à ce jour elles
n'ont pas été cultivées isolément, doit être d'environ mille kilogs par
hectare.
Lorsque les plantes ont arrivées à maturité, la tige se dessèche et les
fruits de 10 à 15 cm. de diamètre pour Citrullus, de 4 à 5 pour les autres
restent sur le sol jusqu'à ce que les indigènes se décident à les récolter.
Ils sont alors placés dans une mare ou un petit ruisseau dans lequel ils
restent à macérer jusqu'à désagrégation complète de la pulpe; à ce
moment les femmes les triturent dans un panier pour recueillir les graines
qui sont ensuite mises au soleil pour sécher. Pour s'en servir, les graines
sont grillés légèrement dans une marmite en terre sur un feu vif, puis elles
sont pilées au mortier pour les réduire en une farine dont l'huile est
extraite par pression à la main. Bien souvent, les femmes pilent les grai-
nes au fur et à mesure de leurs besoins et utilisent directement la farine
au lieu d'en extraire l'huile.
D'après Pieracrts de Bruxelles qui a étudié les huiles de Citrullus du
Congo Belge, 100 graines pèseraient 12 grammes et elles se composeraient
de 78 % du poids d'amandes et 22 % de coque. Le rendement en huile
serait de 37,5 % du poids de la graine et de 50,46 % de l'amande décor-
tiquée.
Ces huiles, lorsqu'elles sont préparées convenablement par les indi-
gènes, ont une belle couleur jaune d'or, sont s^ms odeur, d'une saveur
douce et agréable, elles ne rancissent pas, aussi sont-elles considérées par
les Européens qui ont eu l'occasion de les utiliser, comme d'excellente
qualité. Elles pourraient servir en savonnerie, seraient intéressantes lunir
la production de la glycérine mais sans emploi en stéarinerie, à caus*^" de
leur faible teneur on acides gras solides.
Actuellement, les graines de cucurbilacées sont sans intérêt pour notre
industrie des matières grasses, mais il )ioul ne pas en être de même dans
— 369 —
nos culomes d A nque qui sont obligées de faire venir d'Europe les liuiks
a.mesl.bles quelles consonunent. C'est une hérésie ou plutùi c'était uno
heres.e, car les choses sont en voie de changement, de voir l'Afrique Occi-
dentale, le grand pays producteur des arachides, faire venir de Marseille
Bordeaux ou ailleurs, les huiles d'araclndes servant à la consommation'.
Pour des régions éloignées comme l'Afrique Equatoriale, il y aurait un
réel intérêt a traiter sur place, pour l'exportation ou la consommation, les
T"^lTr TT fT'''' ^"' "«^ peuvent supporter à l'état brut les
frais de transport dont elles seraient grevées, cela pour le plus grand bien
de tous II pourrait en résulter une réduction sur les importations d'huile
Z^„•f r T'" ? !'r''* ^^^'"P*^"^ée par une augmentation sur un autre
produit^ Cest par 1 utilisation maximum sur place des ressources, que
nous développerons notre commerce car là plus facilement qu'ailieurs
nous poumons éliminer la concurrence.
L'extractian de la cire de Carnauba est une branche importante de l'ac-
tivité industrielle des Etats de Céara, Rio Grande do Norte et Piauhy, el
d'autres étals, tels que Rio de Janeiro Pernambuco et Para contribuent
aussi à la production totale de la cire au Brésil.
Les intéressants renseignements suivants au sujet de cette industrie
ont été fournis à « IWLmanach Covunercial Brazileiro », par Sir Dyonisio
Torres, de Forteléza.
« La cire de Carnauba « est extraite, soit des vieilles feuilles vertes,
soit des jeunes feuilles jaunes; les deux qualités appelées respectivement
« Palha » et « Olho », ne sont jamais mélangées, à cause de leur différence
de valeur.
« La cire Palha » peut être « sableuse » (sandy) ou « grasse » (fatty), la
cire « sandy » étant semblable au produit « fatty » mais contenant de 12 à
14 % d'eau. On ne peut expliquer pourquoi la cire « sandy » est évaluée, à
la fois au Brésil et ailleurs, à un prix parfois supérieur de 2/ par arroba (2),
à celui de la qualité « fatty », surtout si l'on considère que la cire « sandy »
est plus cassante que le produit « fatty ». A ce sujet, on peut dire que le»
usines de cirages américaines donnent une préférence absolue à la cire
« fatty » parce qu'elles perdraient évidemment les 14 % d'eau déjà mention-
nés en employant le produit « sandy » et accroîtraient d'autant leurs frais.
La cire « sandy » est plus claire que la cire « fatty » et semble, par consé-
quent, plus pure. 11 est possible que la dépréciation de la cire « fatty » soit
une conséquence de la production plus importante de celle-ci. Dans l'Etat
de Péanky et la zone s'étendant au nord du Céara, la production consiste
exclusivement en cire « fatty » et entraîne une baisse sur le marché par
suite des offres excessives.
« La cire Olho » est divisée en trois types ou qualités : moyenne, meil-
leure, fleur. La plus grande partie de la qualité « meilleure » est produite
dans l'Etat de Céara. Il n'est produit, dans aucun autre district de cire
jaune de plus grande valeur.
Les méthodes actuelles d'extraction sont très surannées en même
temps que les propriétaires ne prennent que peu de soin des arbres.
La cire de Carnauba est un des produits primitifs du Brésil et aucun
nutre pays n'a encore pu la remplacer malgré des recherches et des études
constantes. Des essais furent faits pour cultiver l'arbre à Carnauba (3) aux
(1) Brislish Chambcr nf Commerce of Sao-Paulo and Southern Brazil, Report Où
Braztl's 'l'rade et Industrie.
(2) ArroLia. 15 kilos.
Palmier à cire du Brésil {Copcrnicia cerifera Mart).
^\
— 371 —
Indes et au Japon, de même que dans d'caUros districts du Brésil nnis ils
n ont pas reusai. uilmi, mais ils
Pour cette raison, la production annuelle du Carnauba utilisé dans
un erand nombre d'industries, est rapidement vendue, au d^hu " dans
les districts industriels du Brésil "«-nuit, l-i aans
«é lersu?vS:"°™ "'■ '"■' "' <^"°""'"' '>™^'"" «^ ""-'- .""«s on.
1913. .
1914 3.8G7 £ 440.000
1915 "^-^'G ii 343.000
1916 ^•**^''^~ ■£ 493.000
1917 '''•l(j"' X 304.000
1913 3. 660 £ 441.000
'^-215 JS 1.098.000
En 1918 la moyenne du prix do la cire fut plus que doublée comme on
peut le voir dans le tableau ci-dessous.
1915
1916.
1917.
1918.
£ 83. 11.0
£ 94. 9.0
£ 120. 3.0
£ 260. 11.0
Los exportations de 1918 furent ainsi réparties entre les différents pays.
^^'^;Unis ^.s^rsoo "ilssrS
Grande-Bretagne 800.046 3.?04 ! 264
f,^"^^ 504.063 2.027 • 522
?P^^;!^ 25.977 133; 37!
t'^^'^l' 12.313 79:07
n^nr; •.:.::: . -- --33
Ports bntanmques à ordre 6.006 30 ■ 030
Norvège n r^r . '
TT ° 2.5a4 15 : 324
S"'.';-.:.; '•^» f-^.
300 1 : 150
Total 4.214.523
20.432 : 956
L'ARGANIER ET SES PRODUITS
Rapport de
M. J. MAURIN
Industriel à Mogador
L'arganier est dénommé olivetier-arganier par le Comité technique
des douanes françaises; son huile, « huile de glans ». Il classe son bois dans
celui d'ébénisterie.
L'appellation d'olivetier-arganier est tout aussi impropre que celle de
l'huile extraite des amandes des noyaux de son fruit..
Il n'y a rien dans l'arbre ni dans le fruit qui rappelle l'olivier; le noyau,
que le Comité de Paris a dû avoir seul en mains, a une petite ressemblance
de forme avec le gland du chène-tauzin, mais ce noyau n'est qu'ime partie
d'un fruit alors que le gland du chéne-tauzin est un fruit complet. De
plus, la nature des composants de ces fruits est très différente.
Des publications ont appelé Targanier « faux olivier », fort probable-
ment sans avoir vu ce dernier. C'est encore une appellation impropre,
car le « faux olivier » qui pousse dans la même aire est bien différent de
l'arganier. Lui alors rappelle l'olivier comme port, feuillage et fi'uit; ce
dernier comme l'olive, contient de l'huile, mais elle est amère; il est peu
charnu.
Comme on le verra plus loin, « l'arganier n'est pas une plante oléi-
fère », contrairement aux idées admises; c'est même l'une des plus pauvres
en huile parmi celles dont on peut en extraire.
Une grande quantité de graines, noyaux et pépins de diverses sortes
contenant 5,6 et 10 fois plus d'huile ne sont pas utilisées en Europe.
Ils y sont abandonnés aux oiseaux, aux animaux ou à la destruction.
L'arganier est une plante épineuse qui pousse en buisson ou en ar-
buste dans les lieux qui ne lui plaisent pas et en arbre seulement dans
son aire de prédilection.
Il atteint la taille du chêne-rouvre et a un aspect très tourmenté.
Sa croissance est extrêmement lente : il n'y a pas d'indications préci-
ses sur le temps qui s'écoule depuis la mise en terr© du noyau jusqu'à la
première fructification de l'arbre; pas plus que sur l'âge où il donne I
son plein rendement.
L'arganier affectionne particulièrement les terrains à calcaire tendn
Sa phis grande qualité est irriccoiilor les pontes abruptes, infertiles, t-l K-
— 373 —
rochers; toute fissure, faille ou olivage sert de support à sa graine. Une
racine principale prolongeant le tronc descend verticalement en tire-bou-
chon ;\ de grandes profondeurs, souvent au-dessous du calcaire.
Les fissures, failles ou olivages de la roche s'agrandissent progressi-
vement par le grossissement de la racine et du tronc; la partie dure se
trouve lentement soulevée et écarté en occasionnant ainsi d'autres cas-
sures.
Dans toutes ces cassures la dépouille annuelle de l'arbre, en s'y décom-
posant, y crée de la terre végétale à laquelle vient s'ajouter celle qui est
entraînée des parties plus élevées par le ruissellement des eaux.
C'est donc un agent géologique utile aux hommes.
On trouve l'arganier depuis la rive gauche de l'Oued Tensift jusqu'aux
approches de la rive droite de l'Oued Noum, qu'il n'atteint pas. On ne le
trouve pas, dit-on, sur le dernier versant de l'.Atlas qui fait face au Sahara
On ne le trouve pas sur le plateau de M'Touga, pas plus qu'à moins de
8 à 10 kilomètres de Mogador. Ici, c'est peut-être les besoins de la ville
en charbon qui l'ont éloigné. On pourrait croire qu'il ne vient que dans les
terrains calcaires de la zone maritime, si on n'en trouvait pas des peuple-
ments importants dans le Haut-Sous, au Ras et Oued.
Son bois, très dur, a une densité de 1000 à 1050 (mort et sec). Il n'est
donc pas flottable. Sa couleur est un peu jaunâtre, avec tendance au rouge
dans les marbrures et veiné. Il est donc marbré et veiné. Il peut se polii'.
En agissant sur les résines interposées entre les fibres on peut lui don-
ner de belles teintes, par des réactifs dont -quelques-uns prolongeraient
sa durée et le mettraient aussi à l'abri de certaines larves.
C'est donc un très beau bois d'ébénislerie.
Pour le moment, on n'en obtient qu'un très lx)n charbon : brillant
comme de la houille, sonore et lourd, de 0,575 à 0,580 de densité.
Dans les conditions actuelles d'existence des Chleuhs il constitue pour
eux une plante des plus utiles, non seulement parce qu'il accepte les par-
ties stériles et inutilisables, mais aussi par les produits qu'ils en tirent : le
chameau s'accommode de ses brindilles, la chèvre de ses feuilles et de son
fruit, le mouton de son fruit et la vache est très friande de son fruit séché,
amsi que du tourteau provenant de l'extraction de l'huile des amandes;
elle accepta la feuille comme fourrage quand le chaume et la paille font
défaut.
L'écorce de l'arganier ainsi que le fruit contiennent des quantités Im-
portantes d'acides gallique, gallo-tannique et homologues accompagnés de
diverses résines et gommes.
Son fruit est indihiscent et sans pédoncule; mûr, il a une légère odeur
ne fruit; il est jaune et ressemble un peu à la nèfle du Japon.
Il se compose d'une enveloppe mince, contenant du jus, dans laquelle
se trouvent des fibres qui la relient à une deuxième qui enveloppe le noyau;
ces fibres forment faisceaux en face des sutures qui divisent le noyau en
2 ou 3 .parties. Dans les 3 '4 des fruits environ, il n'y a que deux parties,
IP reste en a trois. Ces noyaux contiennent, en général, deux amandes
minuscules. Ceux à trois parties n'en ont qu'une tout aussi petite. Cepen-
dant, on en trouve quelquefois qui en ont deux, comme ceriains noyaux
a deux parties n'ont quelquefois qu'une seule amande.
La drupe juteuse du fruit mûr a un goût sucré, fortement astringent
et amer, avec un arrière-goût un peu écœurant et nauséabond.
— 374 —
L'amande est amère.
De la drupe on peut €n extraire, par pression lente et énergique, envi-
ron 56 % du poids total du fruit d'un jus jaune très sucré pesant 14", avec
quantité appréciable d'amylodextrines non saccharifiées.
Ce jus contient des quantités importantes d'acides galliques, gallo-
tanniques et homologues; remis avec une partie de sa pulpe il fermente
dès 2'i heures à une température moyenne.
Sous l'action des alcalis ce jus passe au rouge foncé; certains sels de
fer le virent au violet noir; l'acide chlorydrique le décolore. Même avec du
jus fortement dilué, un sel de soude caustique fait à ce moment prendre
^'ensemble en gélatine ou empois sans consistance, mais cela en présence
de sels de fer. Il n'y a pas d'amidon.
Le résidu de la première pression divisé et malaxé dans l'eau tiède
donne encore par pression lente et forte, après 12 heures de macération,
la même quantité d'un jus jaune pesant 4° 1/2.
Ce nouveau résidu remalaxé, broyé, donne encore une quantité sem-
blable de jus à un degré après 12 heures de macération.
Le résidu, à ce moment, n'est plus que 8,8 % du poids total des fruits
et 11,58 % du poids total de la drupe employée.
L'odeur écœurante et nauséabonde s'accentue dans le résidu dès la
première pression.
En soumettant ce résidu épuisé par l'eau à l'action des lessives causti-
ques, potassiques froides, on trouve qu'il abandonne 15 % de son poids de
résines. Le liquide qui en provient par pression lente et forte est rouge
intense et opaque.
Il n'y a plus d'odeur nauséabonde dans le résidu non dissous.
Les acides minéraux forts décolorent la solution noire en décomposant
les savons de résines formés, puisque la lessive avait baissé de titre d'une
quantité équivalente au poids dissous; il y avait eu saponification.
La solution acidifiée jusqu'à décoloration se dédouble; des résines
flottent en grumeaux, d'autres se déposicnt sous la même forme.
Le résidu de celte opération traité à chaud jusqu'à l'ébullition dans la
lessive potassique forte abandonne encore 47 % de son poids.
Le liquide exprimé par pression est fortement coloré en rouge noir.
Le résidu divisé et malaxé dans la même lessive dédoublée au 1/3
de son titre, maintenu à l'ébullition jusqu'à évaporation des 2/3 du liquide,
est abandonné 12 heures au repos.
Passé ce temps, on retire par pression un liquide très foncé qui a
absorbé 25 % du résidu traité.
A chaque extraction la quantité d'acide nécessaire à la décoloratoin a
augmenté; la seconde en demande le double de la première et la troisième
le quadruple.
Dès la première opération par les lessives potassiques la matière agglu-
tinante et poisseuse qui se trouve immédiatement sous la jieau du fruit et
dans la drvipe apparaît sur les bords du gâteau on quantités appréciables,
8 à 10 % du poids primitif soumis. Elle est, à ce moment, incolore, trans-
parente, non agglutinante, filante. Elle peut s'étirer en fils très ténus et
très longs sans se rompre. Elle est fluide. On peut la solidifier en une masse
l)lanchâtro d'une élasticité semblable au caoutchouc, au moyen de réactions
appropriées.
— 375 —
Toutes les extractions qui précèdent contiennent divers acides galli-
ques et homologues que tos sels de fer révèlent.
Après cette extraction, le résidu représente 20 "„ du poids primitif,
finement divisé, mis dans du benzène, fortement agité et macéré à froid
pendant 12 heures, il abandonne 75 à 80 % de son poids de gomme qui colo-
rent le liquide en jaune de chrome. La lessive potassique fait passer ce
jaune au rouge.
En évaporant le benzène on obtient : d'un côté une poix rouge foncé
fortement agglutinante, résistante aux savons et aux alcalis; de l'autre,
20 à 25 % de résidu cotonneux et poussiéreux, un peu coloré par des tra-
ces de la matière colorante.
La solution benzénique jaune soumise aux acides minéraux ne change
pas de couleur. L'acide chlorydrique lui-même n'a plus d'action.
Le résidu débarrassé du benzène soumis à l'action d'une lessive potas-
sique la colore en rouge intense que les acides forts (azotique fumant et
sulfurique) ne peuvent ramener qu'au jaune de chrome.
L'acide chlorydrique lui-même qui décolorait la plupart des solu-
tions précédentes n'a plus d'action sur celte liqueur.
Les sels de fer la rendent seulement opaque sans lui faire perdre la
couleur jaune.
Seuls les sels de plomb décolorent la liqueur alcaline étendue d'eau.
Ils donnent un précipité abondant.
Repris encore par de la lessive potassique, le résidu qui ne repré-
sente plus que 10 % de son poids primitif la colore encore en rouge in-
tense.
De tout cela il résulte que les fruits de l'arganier, mûrs mais non
sèches, contiennent dans leur drupe :
1° Des composés tanniques en grande quantité engagés dans de com-
plexes combinaisons avec des glucoses, des résines, etc.;
2° Des composés colorants résistant aux alcalis;
3° Des composés colorants résistant aux alcalis et aux acfdes;
4" Une poix transformable en matière élastique;
5° Des quantités fort importantes de glucoses et autres sucres, capa-
bles de fermenter et de donner de l'alcool.
Les expériences suivantes faites sur la drupe des fruits séchés ont aussi
donné des indications intéressantes.
D'abord la drupe du fruit séché représente à peu près 16 1/2 % du
poids des fruits complets à maturité. Elle est rouge foncé et presque trans-
parente dans ceux de maturité complète; elle a un goût sucré, mais plus
astringent et amer que celui des fruits mûrs verts; de plus, la pellicule
qu'on ne peut détacher des noyaux des fruits mûrs suit la drupe au dé-
noyautage des fruits séchés.
Les épreuves ci-dessous ont porté sur une quantité de drupe de fruits
Bêchés à peu près équivalente à celle que donneraient les fruits non séchés
soumis aux expériences précédentes.
Cette quantité de drupe sèche divisée en petits fragments dans de l'eau
tiède a été abandonnée au repos pendant 12 heures; l'eau ajoutée représen-
tant à peu près celle que les fruits avaient perdu au séchage.
Au premier malaxage, l'ensemble prend une odeur agréable de pom-
mes cuites, de goût toujours astringent et amer, mais pas nauséalwnd.
Passé 12 heures, en soumettant le mélange à une pression lente, mais
— 376 —
énergique, on en extrait 116 % de jus rouge foncé titrant 11° 3; la drupe
perd 1/3 de son poids et l'odeur nauséabonde réapparaît dans le résidu
tout aussi écœurante que dans celui des drupes vertes.
Le résidu représentant les 2 3 finement divisé mis dans 3 fois son ix)id3
d'eau chauffée jusqu'à l'ébullitiion lui abandonne, après malaxage et douze
heures de macération, 22 1/2% de son poids. L'ensemble, soumis à une
pression lente et énergique donne un jus coloré et pesant 1° 1 '2.
L'odeur nauséalx>nde persiste dans le résidu et la matière filante appa-
raît sur les lx)rds du gâteau où elle a été poussée par la pression.
Ce gâteau, émietté et mis à macérer à froid donne dans 5 fois son
pids de lessive pptassique forte, lui abandonne, après malaxage et 12 heu-
res de repos, environ 15 % de résines.
La solution exprimée par pression lente et forte est rouge-noir très
foncé.
Le nouveau résiidu finement divisé est chauffé jusqu'à l'ébullition dans
6 fois son poids de lessive semblable. Après malaxage et repos de douze
heures, il abandonne 53 % de résines; le liquide obtenu par pression lente
et forte est très foncé en couleur, comme le précédent.
Ce dernier résidu bien divisé est jeté dans une lessive dédoublée au
1/3. Après malaxage, en soumettant le tout à l'ébullition jusqu'au retour
de la lessive au titre primitif, ce résidu abandonne, par pression, encore
33 % de résines.
La solution exprimée est très foncée. De même que dans les expérien-
ces sur la drupe des fruits non séchés, l'odeur nauséalionde a disparu à la
première action des lessives.
Les acides forts, en décolorant également les solutions par précipita-
tion des résines. Mais il convient de faire remarquer que les liqueurs
provenant de la drupe des fruits séchés en exigent le double de la qiiantité
nécessaire à la décoloration des liqueurs semblables provenant de fruits
non séchés. Il y a donc eu résinification pendant la dessication et diminu-
tion des glucoses et matières sucrées.
Le dernier résidu finement divisé et agité à froid dans 7 fois son poids
de benzène le colore en un beau jaune de chrome en lui abandonnant
70 % de son poids.
Cette solution benzénique jaune chrome ne se décolore pas par l'action
des acides minéraux mixtes qui atteignent le Iwnzène, pas plus que par
l'acide chlorydrique.
La lessive potassique ramène la couleur au rouge; les sels de fer ren-
dent opaque la solution. Seuls les sels de plomb agissent.
La poix rouge foncé qui reste après expulsion du benzène agglutine
fortement; à un feu modéré, eile se lx)ursoufle et se décomjjoso en donnant
d'abondantes fumées blanches lourdes.
Le résidu non dissous représente 2 1/2 %.
Il est cotonneux et poussiéreux avec traces de la pellicule du noyau;
l'évaporation du benzène éclaircit la teinte.
Ce résidu cotonneux repris avec de la lessive caustique de ix)tasse la
colore encore en rouge. Mais aucun dos acides forts précédents ne peut
produire sa couleur au delà du jaune de chrome. Cette solution est insen-
sible aux sels de fer, mais est décolorée par ceux de plomb.
On se trouve donc, dans tx>utes ces expériences, en présence des dérivés
boiizéniques dépassant les phénols et homologues.
— 377 —
Le jus sucré extrait par l'eau de la drupe séchée, mis à macérer avec
une partie a commencé à fermenter en 24 heures à une température con-
venable.
Ces expériences comparatives démontrent que la teneur en sucro du
fruit a diminué pendant le séchage malgré la saccharification, qui s'est
opérée pendant ce temps, des traces d'amylo-dextrines.
On n'en retrouve pas, en effet, dans le jus extrait des fruits séchés.
La teneur en acides tanniques, gallo-tanniques et homologues a aug-
menté, de même que celles des résines et des principes colorants qui en
dérivent. Seule, la gomme agglutinante n'a pas varié.
Passant maintenant aux amandes minuscules que contiennent les
noyaux des fruits, on constate qu'elles sont composées de diverses albumi-
nes d'un goût très amer et astringent. Ce goût persiste dans le tourteau
après extraction de l'huile de ces amandes.
Il s'atténue par lavages dans le résidu qui se dissout dans l'eau qu'il
émultionne en lui donnant une apparence laiteuse.
Il en absorbe des quantités importantes que des pressions énergiques
ne peuvent lui faire rendre. Son émulsion fortement diluée est décompo-
sée par la lumière qui occasionne une précipitation des molécules d'albu-
mines en colorant les surfaces en rouge, même à l'abri de l'air. Le centre
restant blanc.
Les molécules blanches étendues à l'air se colorent en rouge clair à la
lumière diffuse de la nuit; la lumière du jour les fait passer au rou"-e
noir. °
Il y a donc un composé henzénique dans les albumines complexes de
l'amande du noyau de l'arganier.
L'arganier, en peuplements sous forme de bosquets, ne donne guère
plus de 50 à 60 kilogr. de fruits mûrs par pied, dont on ne peut extraire
guère plus de 1/2 à 6 10 de kilogr. d'huile des amandes du novau. Ce n'est
donc pas du tout une plante oléifère.
L'arganier isolé donne évidemment une fructification un peu pilus
abondante.
La production est bisannuelle, mais concorde généralement avec les
années sans pluies, de grandes sécheresses. Les terribles famines qui ac-
compagnaient encore dernièrement ces mauvaise années sont peut être la
cause initiale de l'utilisation de l'amande du noyau pour l'extraction de
l'huile. Il permet aux hommes et aux ruminanfs, pendant ces périodes,
de ne pas périr d'inanition.
Cent kilogrammes de fruits mûrs donnent de 46 à 46 14 % de fruits
secs, 16 à 16 12% de drupe sèche, 24 1/2 à 24 3 4 % de noyaux, 2,70 à
2 3/4% d'amandes.
Les femmes chleuhs extraient en huile 1,04 à 1,10% du poids non
séché; soit 2 1 4 à 2 1/2 % du jwids en sec; 4,18 à 4 1/2 % du poids des
noyaux et amandes.
Elles laissent dans le tourteau 1 à 1 1;2 % du poids des amandes traitées
en huile, soit 1 5000 (un cinq millième) du poids en noyaux. On ne fait pas
mieux industriellement.
Le tourteau représente 7 1/4 à 7 1/2 % du poids vert, v compris le ?•
de son poids d'eau qu'il a absorbé.
Il se réduit ainsi réellement à 6 14, 6 1/2 %.
Le dépulpage de 100 kilogr. de fruits secs, le concassage des noyaux
— 378 —
qui en proviennent ainsi que le triage des amandes exigent de 14 à 16 heu-
res, malgré la dextérité de la femme chleuh. Le broyage des amandes,
l'extraction de l'huile et la formation du tourteau en demandent encore
6 ou 7.
Cette extraction est faite par des méthodes empiriques qui sont fort
rationnelles puisqu'elles se basent sur des réactions que les expériences
confirment.
La femme chleuh extrait l'huile sans presse et la plus forte pression
ne peut en retirer du tourteau quelle abandonne.
Ces expériences ont été faites sur des fruits tout venant des arganiera
des environs de Mogador. Mais d'autres faites antérieurement sur des
fruits provenant des Ida ou Guelloul avaient indiqué 1,50 à 1,60 % du
poids vert comme teneur en huile. INlais il devait s'agir là de fruits choisis
et triés par l'indigène qui les avait apportés.
Cette huile d'argan ne plaît guère qu'aux chleuhs; ils la préfèrent à
l'huile d'olive de leur fabrication.
Il est vrai qu'ils la préparent très mal. Le goût des Européens ne s'en
accommode pas plus, du reste, que de son huile d'argan à cause de son
odeur acre et empyreumatique.
Cette odeur provient d'un principe volatil qui s'évapore avec le temps.
Mais, à ce moment, l'huile est rance. Du reste, elle rancit très vite si on
ne prend pas certaines précautions.
La désodorisation de l'huile d'argan est très facile; elle est alors comes-
tible, presque sans autre goût que celui de graisse si on a trop chauffé.
Mais ainsi traitée à chaud, elle rancit encore plus vite; on ne doit
donc la désodoriser par ce procédé qu'au moment de l'emploi.
Elle est saponifiable. Les expériences qui précèdent explique pourquoi
la belle couleur rouge persiste dans le savon ix)tassique.
Les fruits séchés peuvent se conserver longtemps dans un endroit sec.
Avec le tourteau, ils constituent une nourriture excellente pour les rumi-
nants qu'ils font engraisser très vite.
Ce qui s'explique par le fait que les sucs pancréatiques des animaux
ont la même action que les enzymes sur les composants de la drupe et du
tourteau. Pourtant, certain composé benzénique qui se trouve dans ces
aliments doit résister et s'évacuer par les voies anales.
Les contrées qui produisent de l'huile d'argan en quantité excédant
leurs besoins sont : en venant du Sud, les Aïtdba Amiran, les Ait Ouadrin,
les Ait Baha, Illeln, les Mentaga dans le Ras el Oued (Haut Sous), les
Messguina, les Ida ou Zemzem, les Ida ou Zelten, les Kenafa, Ida ou
Issarn et l'Héroula; le Drâ, El Hanchen et El Hadj en vendent un peu,
l'olivier complétant leur besoin en huile.
Comme les ruminants absorbent les fruits même verts, et transportent
de ce fait une grande quantité de noyaux à la ferme ou au douar, des
règles fort précises régissent la fructification de l'arganier et sa récolle; au
commencement d'avril les caïds donnent l'ordre aux particuliers d'enclore
les bosquets d'arganier qui leur appartiennent. Ceux-ci effectuent ce travail
en utilisant les branches de l'arbre qui sont fort épineuses.
Ces enclos sont appelés « .Agoudels » par les Chleubs; le propriétaire,
seul, a le droit d'y parquer ses bestiaux.
Les Ixisqucis d'arganiers des biens collectifs de la tribu ou de U
fraction restent ouverts au parcours. « Moucha » est leur nom cheulh
i
— 379 —
L'ouverture des « A"t>iiHpIc „ m, i;i,„,
/caïds que couvan\vu}MT Parcours n'est autorisée par les
s'approvisionne à ce ks au ?nr ^t ' '" ''* "'"= ^^ ^"""^^ ''heulh
.^^ et aus:.rrs:;x: rpe^:x;:t^"^ - '-^^ -- ^
champ """"'' *"^* ^^^"^ ^^ ^'•^"^'-'•t ^^ l'éP-da,e du crottin au
rP.fp^nl ^'^'f"^ "^^ prévoyance de la femme chleuh. Elle n'est nas ^âtée
vemfnr """■'" "' '""""" " " *'™"' ' "^'"^ inlassablement ces nxou-
150.000 kilogr., non compris les quantités qui sont livrées vers Te lud
pourrrcT^^Llntl^vr ''''' V''''' ^^^^^^ -^-^""^ -'^is
charlj. ^ *'''"''' """ '"^'"^"^^ utilisation que la fabrication du
SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE
DE DEUX GRAINES DE PALMIERS
DE MADAGASCAR
par M. G. Glot (1).
Les deux palmiers dont nous avons analysé les graines appartiennent
à l'Ouest de Madagascar.
L'un, le Stranamira, est VHyphaene Shatan, qui se trouve dans tout le
bassin sédimentaire, ne disparaissant que vers l'extrême Sud. L'autre, le
Dimaka, est le Borassus madagascariensis, commun surtout dans les plai-
nes alluvionnaires et fertiles des bords des rivières.
L'échantillon de Diniaka que nous avons étudié se présentait sous
forme de fragments de graines à cassure blanche et à arêtes vives. La
dureté de l'albumen rappelle celle du corozo.
Les graines de satranamira, de dimensions plus petites que celles de
dimaka, joignent à la dureté de l'ivoire végétal une élasticité très grande,
qui leur permet de subir l'action d'un choc violent sans se briser.
Il était intéressant, dans l'analyse de ces graines à albumen corné, de
déterminer la teneur en matières grasses, et, d'autre part, d'étudier les
produits d'hydrolyse des « celluloses ».
Au sujet de ces « celluloses », rappelons que MM. Bourquelot et Hb-
nissEY ont démontré que les hydrates de carbone de réscrs'o des graines à
albumen corné n'ont généralement pas la constitution de la cellulose, mais
sont plutôt des produits de condensation, avec perte d'eau, du mannose OU
du galactose.
Toutefois, alors que, pour certaines graines à albumen corné, il est
passible d'extraire la « cellulose » et de la purifier avant hydrolyse, ou bien
encore d'hydrolyser quantitativement la « cellulose » brute obtenue à
partir de la graine, il n'a pas été do même dans le cas actuel, où l'insolu-
bilité des hydrates de carbone dans les réactifs empêchait leur purification,
U) iUciie Aoricole cl Vclrrinaiic de Mndr.oasrar et Dôpfndancrs.
— 381 —
on même temps quo leur Irùs grande résistance h l'action des acides ne
perniellail pas un<3 solubilisatian complète. Nous avons donc été amenés à
opérer par un moyen détourné. "'"«-ueb a
Dans une preinière série d'expériences, nous avons soumis les ccllu-
oses brutes a 1 hydrolyse dans des conditions diverses, en cherchant à dé-
termmer le mode opératoire le meilleur pour obtenir une transformation
ropéraïon '^"' '"""^°" ''''^"'' "^^ '^'^"''"'^ ^'' P''"^"''' '"'^^""^"^ ^^
Dans une deuxième série, nous avons soumis un poids déterminé de
cellulose a 1 hydrolyse, en recueillant et analysant la liqueur des sucres
On recommence o traitement sur le résidu de la première opération, et si
ion trouve dans la liqueur les mêmes corps dans le même rapport, on pkit
en conclure que la cellulose étudiée est homogène. Le rapport des produits
contenus dans les solutions représente bien alors celui des constituants
Lest ainsi que l'on constate que la cellulose de borassus donne' du
mannose et du glucose dans le rapport de 1 molécule de mannose pour
0,2o molécule de glucose, et celle d^/r>,pkœne les mêmes corps dans un rap-
port différent de 1 molécule de mannose pour 0.39 molécule de glucose
Voici maintenant l'exposé et les résultats de nos expériences.
Préparaiion des échantillons. - Seule, l'action de la râpe, qui trans-
forme les albumens en longues frisures translucides et élastiques, de 1 à
. mm. d épaisseur, permet d'obtenir un échantillon propre à l'analyse.
Analyse. - Le dosage des matières grasses s'effectue par traitement à
lé^er dune forte prise d'essai, ceci aussi bien pour obtenir une précision
suffisante que pour se procurer assez d'huile à analyser. Le résidu de l'eac-
traction séché dans l'étuve à vide représente la prise primitive, moins l'hu-
niidite et l'huile. On obtient ainsi l'humidité par différence sans avoir à
chauffer longuement la graine, ce qui, dans certains cas, peut modifier la
composition du produit. Par évaporation, l'éther abandonne l'huile
Sur le résidu dégraissé sec, on détermine par calcination les cendres
solubles et insolubles dans l'eau.
t.- ,^f ,!"''^'^''^^ ^°*^^^ ^°"* déterminées par dosage de l'azote (méthode
Kjeldhal) contenu dans l'échantillon primitif et multipliant par 6 25
Nous nous sommes assuré d'autre part qu'un dosage d'azote effectué
sur a portion dégraissée sèche donnait les mêmes résultats, c'est-à-dire
que 1 huile ne contenait pas de matières azotées et n'était pas souillée par
des albuminoïdes.
L'échantillon ne contenant pas de principe solubles à l'eau, la difïé-
lence a 100 est considérée comme cellulose.
Nous avons ainsi obtenu pour nos deux graines, pour 100 •
Borassus Hypheene
Humidité 10,25
Matières grasses o,5i
Matières azotées 4^84
Cendres solubles i ,20
Cendres insolubles 0,54
Cellulose 82,66
Total 100,00
12,10
8,08
5,95
1,01
1,38
71,48
100,00
— 382 —
UuUcs. — Oii remarqueru iuiméciiatement la grande dificreiico que-
présentent les deux graines au point de vue de leur teneur en huilu. La
faible quantité do' matières grasses (0,514 %) abandoiuiée par l'extrait
éthéré du Uorasaus se présente suus forme d'une pellicule élastique colorée
en rouge et d'aspect homogène.
L'extrait à:hyijka:iie, au contraire, laisse une huilef.plus abondante
(S,0'/51 /o), jaune pâle, qui est tout d'abord liquide, mais, après quelque
temps à 20" ne tarde pas à se solidifier en partie pour donner un mélange
de consistance butyreuse dont l'odeur rappelle celle de l'huile de palme.
Cette huile a pour indice d'iode 21,9 et pour indice de saponification
245,3. Ces valeurs se rapprochent aiîsez, pour l'indice d'iode, des huiles de
palmiste (13 à 14 et davantage) et de coco (8 à 9).
Pour l'indice de saponification, la concordance est encore plus grande :
palmiste 242 à 250 et coco 246 à 260.
Celluloses. — Nous avons cherché à déterminer quels sont les sucres
que ces produits donnent par l'hydrolyse. Nos expériences ont porte sur
la poudre de graines dégraissée à l'éther et séchée.
Dans toutes les opérations, un poids déterminé de poudre est traité à
l'autoclave pendant un temps connu, avec un volume de solution d'acide
suifunque dilué. Après refroidissement, le mélange traité est filtré pour
séparer la cellulose qui n'a pas réagi, puis, on neutralise l'acide sulfurique
par du carbonate de calcium à l'ébuUition, on décolore au noir animal et
on filtre la liqueur. On lave à l'eau chaude le précipité de sulfate de chaux
avec l'excès de calcaire et le noir, et on ajoute l'eau de lavage à la liqueur
filtrée. Les filtrats rassemblés sont conctMitrés au bain-marie, puis traités
par l'alcool, qui précipite une petite quantité de sulfate de chaux; on filtre,
on évapore l'alcool et on porte à un volume déterminé.
Il ne reste' plus qu'à analyser cette liqueur.
Dans une première série d'expériences dont nous ne retenons que les
conclusions, nous avons hydrolyse la cellulose de borassus par l'acide sul-
furique dilué, en faisant varier la concentration et le volume de l'acide, la
durée et la température de chauffage. Les conditions les meilleures sont
celles pour lesquelles la solution présente le moins de coloration et de car-
bonisation : acide normal ou double normal, chauffage pendant une à deux
heures à liO ou 120°.
Pour des concentrations plus grandes ou une température plus élevée,
on trouve dans la solution des sucres une assez grande quantité de matières
organiques ne titrant pas comme glucose.
Pour l'analyse des solutions de sucre, après avoir constaté la présence
du mannose (d'après la mannosehydrazone), celle du glucose par transfor-
mation en acide saccharique, et l'absence de lévulose ou de galactose, nous
avons essayé d'une séparation par la méthode de Tanret.
Celle-ci, dans les conditions présentes, ne donne pas de résultats cer-
tains : il est difficile de séparer les hydrazones solubles "de la masse de
mannosehydrazone précipitée; et la solution de glucose que l'on obtient
donne fortement la réaction de Scliwanoff, caractéristique de la présence
du lévulose. Il y a donc eu, ainsi que l'avait déjà remarqué Tanret, isomé-
risation d'une certaine quantité de sucre sous l'action de la phenylhy-
drazine.
Le précipité do mannosehydrazone donne par chauffage prolongé un
383
précipité de phenylglucosazono caraclérisé par sa forme cristalline et son
point de fusion au bloc (224° au lieu de 230°).
La liqueur filtrée de mannosehydrazone recristallisé dans l'eau bouil-
lante donne comme point de fusion 198° — 199°.
D'autre part, les solutions sucrées ont une coloration telle que, vu leur
faible concentration, la détermination du pouvoir rotatoire ne donne pas
de résultats acceptables.
Nous avons seulement dosé les sucres totaux par la méthode G. Ber-
trand, et le mannose, par précipitation du mannose hydrazone en liqueur
acétique, le précipité étant recueilli sur creuset de Gooch.
Le glucose est déterminé par différence.
Nous avons ainsi trouvé :
Pour la « cellulose » de graine de Dorassus :
Poids de la prise 30 gr.
Sucres totaux 13,550
Mannose 10,91
Glucose 2,64
Mannose
Rapport 4,13
Glucose
Pour la « cellulose » de graine d'Hyphasne
Poids de la prise 10 gr.
Sucres totaux 3,435
Mannose 2,470
Glucose 0,965
Mannose „ „
Rapport 2,56
Glucose
Résidu
Résidu
3,14
2,355
2,539
1,832
0,601
0,523
4,20
Résidu
2,450
1,762
0,688
2.58
3,50
Quant à la teneur en matières azotées des graines de ces deux espèces,
elle est nécessairement faible, comme le montrent, en efïet, les analyses
reproduites plus haut, étant donné l'énorme proportion des hydrates de
carbone. Et elle est sensiblement la même dans les albumens de Borassibs
et â'Hyphœne, qui, en définitive, diffèrent surtout par la-plus grande ri-
chesse de la graine d'Hyphsene Shatan en substance grasse, et, en ce qui
concerne la « cellulose «, par une plus forte prédominance des prodyils de
condensation du mannose sur ceux du glucose dans la graine de Borassujs
madagascariensis.
L.E 'COCORICO"
Par J. PIERAERTS
conservateur du Musée du Congo belge, à Tervueren (Delgique)
Sous le nom de « Cocorico », on désigne, au Congo belge une
variété (ou peut-être même des variétés distinctes) de Cilrullus vulgaris,
autrement dit pastèque ou melon d'eau.
Plusieurs cucurbitacées à graines grasses sont abondamment répan-
dues en diverses régions du Congo belge. L'extension qu'y prend d'année
en année leur culture est attribuable non seulement au peu d'exigence de
ces plantes sous le rapport de la qualité du sol, mais, en outre et surtout
(car l'indigène est chaud partisan de la théorie du moindre effort !) parce
que leur culture ne réclame pas de travaux d'entretien. La végétation de
ces plantes est, en effet, tellement rapide et vigoureuse qu'elle empêche les
mauvaises herbes de l'envahir.
En son intéressant mémoire sur l'agriculture indigène dans la pro-
vince orientale du Congo belge, M. Tharin (1) relate qu'en octobre 1914 on
comptait plus de 200 hectares de cucurbitacées à graines oléagineuses
parmi les seules plantations situées le long de la route de Lokandu-Schuka.
Il importe de faire remarquer qu'au Congo belge le terme « Cocorico »
ne possède pas une signification botanique des plus précises. C'est ainsi
que dans le Haut-Ituri (2) on réserve le nom de « Cocorico » aux graines
d'une variété de courge ou melon appelée « maboke » ou encore « N'du »
en langue Kilendu, alors que dans la province orientale (3) on désigne
sous le nom de « Cocorico » une variété distincte du « Maboke », plus lente
à mûrir et moins oléagineuse que celle-ci.
L'huile sur laquelle ont porté nos investigations fut préparée, le
25 avril 1914, à Yangambi (district de Stanleyville) au moyen de la mé-
thode dite arabisée, qui n'est, somme toute, qu'une variante du procédé
indigène décrit, à propos de l'huile de « Sele » (4). La seule différence à
mentionner chez les deux modus operandi, c'est que, dans la méthode
arabisée (du moins d'après l'exposé que nous en reçilmes), la torréfaction
suit la décortication.
Tout comme l'huile de « Sele », au moment de son arrivée au labora-
toire (février 1916),' l'huile de Cocorico était très trouble et accusait un
(1) BulIfiHn agricole du Congo belge, t. VI, 1915, p. 147.
(21 De c.rpfif. L'agriculture inriiKèni' dans la TL^gion du Haut-Iturl. dans le Bulle-
tin, miriiiile (lu Congo belge, t. Vil, 1916, p. 3.
(3) Loc. cit.
W Voir UiiH., février 1919.
— 385 —
abondant dépôt. Après un séjour de six jours, dans un local dont la tempé-
rature resta voisine de 10», la quasi-totalité du magma solide repassa en
dissolution; l'insoluble restant fut alors séparé par filtration. L'huile filtréo
présentait une couleur d'un jaune d'or d'une teinte moins accentuée toute-
fois que celle de l'huile d'olive vierge. Sa saveur était douce et agréable
quoique à arrière-goût de brûlé. L'odeur sut generis, très peu marquée'
rappelait celle que donne l'herbe fraîche, quand on la froisse
Voici le résumé de nos opérations :
A. — Huile.
1° Constantes physiques :
Poids spécifique ISVlô" ..„,,
Œ^^'i^f^^lr f ^l;?--"- clansi^aùiooi-aKsolu-U) ^V^V
1.4710
2* Constantes chimiques :
Indice d'acide (soit en acide oléiiiue 1,50 %) , nn
Indice de saponiflcatiou. ... ,,i-V"
Indice d'iode '■'"•■^
Indice Reictiert-Meissl. . .....'. ^'•^•■^
Glycérine i'3
Acides gras insolubles+insaVoiVifiabiè.'.'.' ^/'/tof
Insaponifiable ^■*;** %
Indice de saponincation de i'iiuiiè' acétyiéè". '.'.'. Vmf
Indice réel d'acétyle (selon Lewkowitsch) :..::::.:::::;::;; 13'5
3° Essais qualitatifs :
Essai de l'élaïdine ,,
Masse butyreuse
d'un jaune orangé,
Essai de rtiexabroniure légèrement brunâtre.
Réaction de Baudouiv, •" Négatif.
Réaction d'Halphen. . Négative.
Réaction de Milliau-Beech'i ta ^'^egative.
Légère réduction,
coloratioa
i' Essai de siccativité : '^'"" '^''"" noirâtre.
Ni augmentation de poids, ni changement de consistance ou d'aspect
après un mois d exposition à l'air, en couche mince, sur lame de verre.
B. — ACÏDtS GRAS INSOLUBLES MÉLANGÉS.
Point de fusion o-»- ,„>
Point de .solidiflcatiou (li ^^ ^ (2) a 3G"7 (3)
Réaction de Baudoin ■ 33'2
Réaction d'Kalphen Négative.
Réaction de Milliau-Becciii ,^ Négative.
Légère réduction,
coloration
Essai de l'hexabromure '^'"" '"'"" noirâtre.
Indice de neutralisation. Négatif.
Imîtl "î^'écul-^ire moyen correspondant.' ■.■■■.':; B'^
indice de saponification ^^'"
ZtXaT''^'':' "^oyen-corréspoiiàani.-:':;:::::::::::::: ^^
ProMorHon aPPro-^imaVive 'd'acides' 'l'i'q'ui'dës: ':••.:.':■: Vl'à
InZ/riJ" /PProj'^ative d'acides solides f ^ ^
ina ce de saponification des acides arptv:^^ *" *
Indice réel d'acétyle (Lewifowusci!) .....:.':.':;:::.';::: ^i^'i
C. — Acides gras liquides.
Indice de réfraction à 20'.
Indice d'iodé . 1.4663
125,8
scellé' ^"' ^ ^°'"'"*= '^''^"^'^ ^' 2 volumes d'alcool absolu; opération faite en tube
(3 TpmS^^'^î"'''^ 5^ r-'^'^" commençante,
i r^niperature de fusion complète.
W ha tube capillaire; je ne dis donc pas « titre •
— 386 —
En appliquant aux acides liquides de l'huile de « Cocorico » les procé-
dés de caractérisation détaillés lors de l'étude de l'huile de « Sele », nous
avons constaté que le mélange de ces acides liquides se résumait aux seuls
acides oléique et linoléiquo qui existent en des proportions sensiblement
les mêmes que celles indiquées pour l'huile de « Sele ».
D. — Acides cius solides.
Les sels insolubles fournis par la méthode « plomb-élher », décomposés
par l'acido chlorhydrique laissèrent des acides qui furent cristallisés par
deux fois dans de l'alcool à 95°. Ils affectaient une masse blanche, cristal-
line, formée d'aiguilles enchevêtrées.
Leurs constantes étaient les suivantes :
Point de fusion (tube capillaii-e) 58'7 à 59*
Point de solidification (tube capillaire) 57*4 à 57'1
Indice d'Iode 2.06
Indice de saponification 230.4
Faute de matière première, il ne nous fut point possible de pousser
plus loin la caractérisation des acides solides contenus dans l'huile de « Co-
corico ». Les résultats acquis font supposer que ces acides sont les mêmes
que ceux décelés dans l'huile de « Sele ». Nous reviendrons d'ailleurs sur
cette question dès que l'occasion s'en présentera.
Il ressort à l'évidence de l'étude que nous venons de détailler que l'huile
de « Cocorico » constitue une denrée de valeur, qui jouit de toutes les pré-
cieuses qualités de l'huile décrite en la précédente communication.
Nous avons examiné également les graines de « Cocorico » provenant
du môme lot que celles d'où fut extraite l'huile, dont la composition a été
décrite dans les pages précédentes.
.,„„,■ , . ( 7S % d'amaude
100 gr. de gramcs comportent \ ZZ % de coque (spermoderme).
Poids de 100 graines saines 12 gr. 20
Poids minimum d'une praine saine 0 pr. 0H9
Poids iiHixiinum d'une graine saine 0 gr. 1854
Poids (l'un spécimen exceptionnel (1) 0 gr. 2274
Longueur (2) ininima d'une graine 12 millimètres.
Longueur inaximu d'une graine 17,5 millimètres.
Largeur (3) ininima 7.0 millimètres.
Largeur maxlma d'une graine 9,5 millimètres.
La graine de « Cocorico » contient 37,50 % de matière grasse, qui, rap-
portée à l'amande, s'élève à un taux de 50,46 % sur matière sèche.
L'huile extraite à l'éther anhydre présentait les caractères suivants :
Indice de rétraction à 20" 1,4738
Température critique de dissolution dans l'alcool absolu 80*6
Indice d'acidité (soit en acide oléique 0,70 %) 1,40
Indice de saponification 194.2
Indice d'iode 111,7
Qlycérine 10,32%
Acides gras in.solubles-Hnsaponiflable 95,00%
Insaponiflable 0,87%
Essai de l'iiexabromure Négatif.
Héactlon d'Halphen Négative.
Réaction de Baudouin Négative,
Réaction de Milliau-Becchi Douteuse.
(1) Unique spécimen d'un lot de 300 graines.
(2) Longueur : dimension sulviint le grand axe.
(3) Largeur : diamètre perpendiculaire à la précédente, prise au point d6 son
plus grand développement.
[ Point de
\ Indice (Je
) iiKl.ce de
— 387
fusion .,,., . „
ueulralisaij.i . . '■ "*■*,". •j''' 6
ISS^ --^^oir-^"-^- ■ • • ■■■■■■■■■■■■ %'^
mélangés . I pr^poriion d'acidos solides.- ' .' ,n <« '"'■ '
V Proportion d'acides liquide.^ t\S ^"viron.
'U % environ.
Il résulte de ces chiffres que l'huile d'extraction à l'élher représente la
môme composition que l'huile préparée par la méthode arabisée.
Le tourteau de l'amande laissé par l'extraction nous donna :
Humidité (à 100')
Matières sèciies '•• i.'2 %
95,28 %
Matières minérales ^v<< c.,,. nm i^
Azote total . . ■^•^■J sui 103 de matière sèche.
Pâuiosanes '__['_' °'t^ ~ — — —
Matière aniyiacée. . . v'- irT" — —
Alcalinité en K'COs eu p. iw'cie's cuiciiCs!!!!;!;.;;.. "'" ^ ™^'''^''^ '^^"^'l^-
Ce tourteau est donc riche en azote; il constituerait évidemment un
excellent engrais azoté. Sous réserve d'existence de substances nuisibles ou
oxiques (ce qui est peu probable), le tourteau d'amande de « Cocorico »
formerait également une bonne denrée alimentaire pour le bétail et la vo-
laille, spécialement si on y incorporait des matières riches en matière
amylacée ou en sucres. La coque (spermoderme) de la graine de Cocorico
contient une dose d'azote appréciable; convenablement traitée, elle pourrait
concourir a la préparation d'excellents composés.
100 parties de matière sèche de ladite coque renferment notamment :
Matières minérales " , ._
Azote total i.**'
Pentosaues. . . l'''''
La teneur en humidité (à ïoj'/ était 'de. ■.'.■.■.■.;. ■.■.■.'.■.■. ■.".".■.■.■.■.■.■.■.;.■. ■;;;;;. 1,69%
Malgré son incontestable valeur, à titre de matière oléagineuse rien
actuellement ne fait prévoir que le Cocorico soit susceptible d'un sérieux
commerce d'exportation, et cela quand bien même le procédé d'extraction
serait modernise et fournirait un rendement plus élevé en substance utile.
Le faible rendement du « Cocorico » à l'hectare (1) et la décortication
lente et pénible de sa graine rendent impossible, à mon avis, semblable
commerce.
En revanche, il y aurait opportunité à stimuler et à favoriser au
Longo belge le commerce intérieur, local ou interrégional de l'huile de
« Loconco .. et d'autres cucurbitacées similaires, spécialement au voisinage
nlfl^i f ^*f^! ='-,^"ds postes où les colons européens, qui d'ores et déjà
préfèrent cette huile a toutes celles importées, lui assureraient une vente
certaine et très rémunératrice.
La première initiative à prendre dans cette voie consisterait à faire
nrp r r, *'-^''?""3"^ ^^ l'indigène et à le familiariser avec l'emploi de la
inn^f . u t^P""^'^'^^ modernes de filtration. L'industrie fournit de nos
nnrt if" fait d appareils de l'espèce, des modèles réduits, aisément trans-
rpvli '■' . ';'^^'-eant aucune fondation. L'indigène, "malgré qu'on le dit
recaicitran et revêche à tout progrès, ne bouderait pas longtemps un outil-
lage dont 11 apprécierait bien vite (car il est très fin observateur) l'indénia-
mes'de^gwfnel\^ rhectiy°"''°*^ ^ ^"'"" ^'■''*'" donnent à peine SÙO kilogram-
— 388 —
blo utilité, surtout si on lui en laissait, au début, le libre usage, sous la
surveillance d'un agent blanc.
Après que le mode de préparation prôné aura été mis résolument en
pratique, il serait sage de procéder, sans trop tarder, à un essai d'extrac-
tion d'huile « par pression » sur graine entière, non décortiquée, mais
préalablement broyée ou moulue. 11 resterait enfin à vérifier si, obtenue
de la sorte, l'huile de « Cocorico » aurait- conservé ses précieuses qualités.
{Revue d'Histoire 'Naturelle appliquée, publiée par la Société Nationale
d'Acclimatation de France, février 1920).
LES HUILES DE BALEINE
AU GABON
Rapport de
M. A. BAUDON
AdministralniT des Colonies
En cette période de crise économique aiguë dont les causes sont si
complexes, tous ceux qui s'intéressent au relèvement de la France recher-
chent les moyens d'améliorer cette situation dont la gravité n'échappe à
personne. Pour arriver à ce but, nous devons viser à l'exploitation ration-
nelle de nos ressources coloniales et au développement de notre production
qui, en nous permettant de nous suffire, auraient comme conséquence
d'influer heureusement sur le change si défavorable du franc, déprécié
tout autant par nos achats à l'extérieur que par la spéculation. Nos colo-
nies, on l'a dit et répété bien souvent, peuvent, à l'heure actuelle, nous
rendre les plus grands services en fournissant au commerce et à l'indus-
tris tout ce dont ils ont besoin; nous avons donc le devoir impérieux d'en
retirer tout ce qu'elles peuvent nous donner.
Il n'est pas sans intérêt, par suite, de faire connaître une industrie
relativement nouvelle qui s'est organisée au Gabon, industrie qui pourra
nous fournir une matière première que jusqu'à ce jour nous achetions à
l'étranger, c'est celle de la pêche à la baleine. C'est dans les régions polai-
res qu'on a toujours chassé ces énormes cétacés qui produisent l'huile, les
fanons, le spermaeeti et ce sont des Basques qui, les premiers, au XIV" et
XV« siècle, armèrent des bateaux dans ce but. Malgré les risques et les
difficultés que présente cette chasse, les bénéfices qu'elle donne incitèrent
tous les peuples du Nord à s'y livrer, et Anglais, Hollandais, Norvégiens
et Américains armèrent des bateaux en grand nombre. La conséquence
de cette activité fut qu'au début du xx" siècle, baleines et baleinoptères
devinrent tellement rares que bien souvent les campagnes de pêche se ter-
minèrent par des pertes sérieuses. Les Français qui avaient été les pre-
miers à poursuivre les baleines au large de leurs côtes, s'en désintéressè-
rent à peu près complètement et à l'heure actuelle, nous ne sommes pour
ainsi dire plus à même d'armer des bateaux chasseurs, faute de spécia-
listes.
— 390 —
La présence de cétacés sur les côtes d'Afrique était connue depuis
longtemps et on savait qu'à certaines époques de l'année, ils remontaient
et passaient à proximité des terres. En 1910-1911, à la suite du voyage
d'études de M .le Professeur Gruwel, l'attention fut attirée à nouveau
sur ce fait et, comme conséquence, des Sociétés Norvégiennes qui étaient
outillées pour cette chasse et qui n'obtenaient que des résultats médiocres
dans les mers polaires vinrent travailler sur les côtes du Galion. Les pre-
miers résultats ayant été satisfaisants, en 1914, six Sociétés, chacune avec
bateaux, usine et chasseurs, opéraient déjà dans la région de Port Gentil
(Cap Lopez). A cette époque, en présence des hécatombes qui avaient été
faites, on se préoccupa de réglementer la chasse, mais avant que la régle-
mentation ne fut appliquée, la guerre survint qui eut pour résultat son
arrêt complet, les sociétés intéressées n'ayant plus pu armer leurs bateaux.
Durant cette période, de plus de quatre années, pendant laquelle belligé-
rants et neutres furent éprouvés, une partie des bateaux qui étaient uti-
lisés antérieurement furent ou transformés, ou coulés, de telle sorte qu'en
ÎÔ19, il fallut se préoccuper de réorganiser tout. Une campagne fructueuse
dans les régions polaires, puis des grèves, empêchèrent les Norvégiens de
revenir au Gabon et ce n'est que cette année, pour la première fois que
deux Sociétés Franco-Norvégiennes opèrent à nouveau sur les côtes de
notre Afrique Equatoriale. La réglementation qui a été élaborée tenant
compte de ce qu'on ne pouvait éliminer dans les sociétés de pêche les élé-
ments étrangers puisque nous manquons de personnel et aussi de capi-
taux, leur a donné une pari qui, dans l'avenir, pourra être réduite puisque
le privilège qui leur est accordé a ime durée limitée. Alors qu'autrefois
2.000.000 de couronnes suffisaient pour armer une expédition de pêche, il
en faut, à l'heure actuelle, 15 à 20 et cela a contribué à la réduction du
nombre des armements sur la côle d'Afrique. Le décret, dans un but
essentiellement pratique et conserva l'eur, oblige les concessionnaires à uti-
liser entièrement les animaux capturés, cela aura comme conséquence d^
réduire le nombre de ceux qui y sont tués chaque année. Sans entrer dan?
de longs détails sur l'organisation de ces sociétés, nous indiquerons simple
ment les données générales se rapportant à chacune d'elles. La Société
Franco-Norvégienne « Congo « dont le siège est à la Raie du Prinoe, au
Gabon, à proximité de Fort Gentil, à l'embouchure de l'Ougoué, a comme
matériel d'exploitation un bateau usine à vapeur « Le Professeur Gruvel »
do 4.R00 tonnes de portée en lourd, d'une capacité de 3.21fi tonnes brut et
2.040 net, lequel peut prendi-e 19.000 fûts d'huile dont 1.5.000 en réservoir
(fûts pétroliens de 170 kilogs net), deux bateaux chasseurs de 105 et 115 ton-
nes sont attachés à cette usine et doivent l'alimenter. La Société compte
aussi s'oecTiper de la pêche des poissons ordinaires. La deuxième Société
qui est placée sous le contrôle des mômes capitalistes est la « Société Franco-
Norvégiennne Gabon ». Elle a, comme l'autre, son siège h la Raie du
Prince où se trouve toute son installation : chaudières, bom'lloires, séchoirs
moulins, etc., qui sont nécessaires à l'extraction de l'huile de baleine et h la
fabrication du guano. Deux bateaux chasseurs de 105 tonnes de jauge
brute sont attachés au service de cette usine qui doit, en outre, s'occuper
de pêche et de conserve do poissons ymur assurer le ravitnillenient des tra-
vaillem-s du chemin de fer et des colo'ns de la résrion.
L'ençprnble do ces installations doit permettre aux Sociétés de pro-
duire de 20 à 25.000 fûts d'huile, autant de sacs de 100 kilogs de guano et
no. 000 liilops âc' fanons do baleines, sans parler du poisson ordinnirc.
— 391 —
Comme on le voit, il s'agit d'une production d'une valeur considérable si
,.n t.ent compte du prix do ces produits. II n'est pas sans intérêt do dire
que la dernière campagne mondiale de ctiasso à la baleine a donne
50.000 tonnes d'huile dont seulement 7.000 tonnes ne sont pas vendues et
que le tau.x actuel de celles de bonne qualité est de 32 à 34 livres la tonne
Si, par suite, on table pour le Gabon sur une production de 20 000 fûts
d'huile de 170 kilogs pour la campagne en cours, laquelle d'après nos ren-
seignements personnels, s'annonce très bonne, ce qui s'explique par l'arrôt
de la chasse pendant plusieurs années. Cela représente 3.400 tonnes qui au
prix moyen de 3.000 francs, ont une valeur de 10.000.000 de francs en
chiffres ronds. On peut juger par ce chiffre de l'importance que présente
ce genre d'entreprise qui rendra au bas mot 50.000.000 par an.
Il est inutile de rentrer ici dans des détails sur les conditions dans les-
quelles se fait la chasse, nous nous bornerons à dire que chasseurs et usi-
nes sont installées d'après les procédés modernes. Le canon lance harpon
a remplace la main humaine de telle sorte que tout animal atteint peut être
considéré comme capturé, cela avec le minimum de risques. De même rien
n'est perdu dans l'immense masse d'un poids atteignant 50 tonnes, consti-
tué par une baleine telle que celle qu'on rencontre couramment' l'huile
est extraite en totalité, la chair, les muscles, les os sont transformés en
guano, lequel contribuera à assurer la prospérité des plantations de nos
colonies de l'Ouest Africain.
Nous nous bornerons à énumérer brièvement d'après, M. le Profes-
seur Gruvel, les différentes espèces de cétacés qu'on rencontre le plus
communément et qui longent la côte du cap de Bonne Espérance aux Cana-
ries, ce sont :
Balaena Australis Desm. Baleine franche du Sud, elle peut atteindre
^j mètres de long et donne un rendement considérable, aussi est-elle très
recherchée.
Megaptera longimani Rud. qui se rencontre en bandes nombreuses et
se laisse facilement approcher. Leur taille arrivant à 15 mètres, ils sont
recherchés.
Dalaenoptera musculus L. qui se rencontre avec les Mésapfères- cette
espèce atteint 20 à 25 mètres pour un poids de 70 à 75.00o" kilogrammes.
Balaena borealis Lesson, moins commune que la précédente et n'attei-
gnant que 12 à 15 mètres.
Globicephalus Mêlas Teraill, de 4 à 5 mètres seulement de longueur
très cosmopolite, n'offre qu'un intérêt secondaire.
Plus au nord, sur la côte occidentale, se trouve encore Phvseter Macro-
cephalus L. qui atteint 18 à 20 mètres et fournit le Spermace'ti.
La période la plus favorable pour la pêche, va de mai-juin à novembre-
décembre.
Les animaux capturés sont remorqués par les bateaux chasseurs, soit
au bateau usine, soit à l'usine de terre où il? sont dépecés, opération rela-
tivement longue et malodorante qui se fait sans arrêt de jour et de nuit.
Ure baleine de faille moyenne donne 35 à 40 fûts de 170 kilogs net
d'huile, laquelle est classée en quatre catégories se répartissant au point de
vue qualité de la façon suivante :
55 à 60 % d'huile n" 1
10 % n» 2
20 à 15 % n" 3
5 a 10 % n" 4
— 392 —
L'huile la plus pure, celle n° 1, ainsi que nous l'avons dit précédem-
ment, vaut de 32 à 34 livres la tonne, celle n" 4, de qualité tout à fait infé-
rieure, ne valant qu'une dizaine de livres. Elles sont surtout utilisées en
Angleterre, en Allemagne, Autriche, par les stéarineries, savonneries, tan-
neries. Elles sont susceptibles d'être employées au même titre que les hui-
les lourdes pour les moteurs type Diesel, enfin, par des procédés d'hydro-
génation spéciaux, on arrive à en extraire une graisse alimentaire, ce qui
contribuera à maintenir ces huiles à un prix élevé.
La viande de baleine fraîche, convenablement traitée, peut fournir une
poudre de viande pour l'alimentation du bétail. Dans le cas contraire, elle
sert à la fabrication de guano, les os eux, donnant de la poudre d'os et le
mélange de ces produits constituant un excellent engrais riche en azote
et en acide phoshporique. Le rendement d'une baleine moyenne est de
4.000 kilos de ce guano. Enfin, les baleines donnent encore, suivant les espè.
ces, de 150 à 400 kilogs de fanons, d'un prix très élevé.
L'armement pour la pêche à la baleine est onéreux, moins pourtant
lorsqu'il s'agit d'une campagne sur la côte d'Afrique que pour les mers
polaires, mais le rendement est avantageux puisque les sociétés qui s'y
livrent arrivent à distribuer, suivant les années, des dividendes de 25 à 100
pour cent et même davantage.
Ces données sommaires sur une industrie nouvelle pour nos colonies
montrent tout l'intérêt que nous avons à nous y intéresser. Il s'agit, en
effet, de millions que gagnent des étrangers à notre détriment, car nous
sommes tributaires des pays du nord tant pour les huiles, que pour les
fanons et nous payons, par suite du change défavorable, un prix élevé des
matières premières qu'en réalité nous devrions avoir à bon compte. Il doit
être possible d'arriver à faire diriger sur un de nos ports métropolitains,
Marseille, par exemple, ces importantes quantités d'huile que nos indus-
triels utiliseront certainement le jour où leur prix de vente sera abordable.
Il y a là un effort à faire, espérons que cette communication suscitera des
initiatives qui aboutiront certainement à de bons résultats.
Juin. 1922.
Les Possibilités de Production
de Glycérine
dans FAfrique du Sud
par M. J. A. CAMPBELL
Chimisu en Chef de la 'Britis/t Soutii AJncan Explosives C-
et L. PRYCE
Ingénieur de Li City -Tieep C
_ Les besoins croissants des Alliés en olycérine pendant la guerre ont
tncité le Gouvernement de l'Afrique du Sud à étudier tous les moyens sus-
ceptibles d aaymealer rapidement la prùduclion de glycérine dans les Etats
de l U7Uon Sud- Africaine. Dans ce but, le Ministère des Mines et Indus-
tries a chargé, en novembre i9i7, MM. Campbell et Pryce de faire une
enquête sur ce sujet.
Ces distingués spécialistes ont publié, en janvier 1918, un rapport des
plus intéressants dont nous donnons ici la traduction. La fin heureuse de
la guerre enlève à ce rapport son intérêt d-actualité, mais il n'en donne pas-
m^ins des indications précieuses sur les possibilités de l'Afrique du Sud
en ce qui concerne les industries de l'Huilerie, de la Savonnerie et de là
fabrication des explosifs.
Un rapport préliminaire a montré qu'un important accroissement de
la production de glycérine ne peut pas être obtenu en fabriquant et emma-
gasmant le savon. Il reste à considérer l'autre méthode possible le dédou-
blement des graisses et des huiles et le magasinage des acides gras qu'on ne
peut utiliser ou exporter immédiatement. Cependant, comme le détail des
machines et du matériel dépend de la variété d'huile à traiter il est préfé-
rable d aborder la question de la matière première avant de donner aucune
estimation du matériel nécessaire.
i" Matières premières utilisables. - Si possible, les matières choisies
doivent remplir les conditions suivantes :
1. Le pourcentage de glycérine qu'elles contiennent doit être élevé
2. Leur prix doit être bas.
3. On doit pouvoir se les procurer en grandes quantités à proximité de
J union Sud-Africaine.
4. Elles doivent être bien connues des fabricants de savon, de ma-
mere â ce que les acides gras produits soient utilisables après la guerre.
n. ""■, ^. ^^'^"^^ ^'■^^ doivent être solides aux températures ordinaires
pour faciliter le magasinage.
(Traduction de rinstiliit Col onial de Marseille).
— 394 —
6. Tout tourteau produit doit être vendable dans les pays de l'Union et
susceptible d'être emmagasiné sans se détériorer.
Les matières premières qu'on trouve dans les pays de l'Union ou à
proximité sont :
Les graines de coton, Les amandes de palme,
Les graisses animales, L'huile de palme,
L'huile de baleine, Les graines d'arachides,
Le coprah, Les noix de mafourère.
2° Graines de coton. — Sur la récolte de 1918, on pourra se procurer
de petites quantités, environ 1.000 tonnes, mais actuellement il n'y a pas
de matériel pour en enlever la bourre et permettre ainsi de les traiter.
3° Graisses animales. — La quantité de suit qu'on trouve dans l'Union
n'est pas suffisante pour faire face aux demandes des fabricants de savon;
elle a été complétée par des importations d'Australie.
4° Huile de baleine. — Les fabricants de savon emploieraient de gran-
des quantités de cette huile si on la trouvait à des prix raisonnables. Le
rendement en glycérine de la bonne huile (qualités n° 0 et n" 1) est d'en-
viron 8 %. L'huile de baleine ne se prête pas aussi bien que certaines hui-
les végétales à la séparation des acides gras et à leur magasinage. Si les
savonniers utilisaient c€tte huile cela libérerait une quantité équivalente
d'huiles végétales dont on pourrait plus facilement eTnmagasiner les aci-
des gras.
5° Coprah. — Le coprah est une matière première très appréciable vu
son fort rendement en huile et le rendement en glycérine de cette huile.
Le coprah donne facilement 60 % d'huile lorsqu'il est traité avec une
presse moderne, et l'huile 10 % de glycérine. Son usage est restreint par le
fait qu'une partie de son coût initial, relativement élevé, doit être rattrapé
par la vente du tourteau pour le bétail, vente qui est peu développée sur
le marché de l'Afrique du Sud. Il est probable que le climat de l'Afrique
du Sud ne permettrait pas, sans risque, d'emmagasiner le tourteau pour
une période de longue durée.
Pour l'instant, il est impossible d'installer des presses supplémentai-
res et il est peu probable qu'un matériel d'extraction par dissolvants
adapté aux graines oléagineuses donnerait des résultats entièrement satis-
faisants avec le coprah de la côte orientale.
6° Amandes de palme. — Les amandes de palme donnent à l'extrac-
tion environ 45 % d'huile, et l'huile devrait donner de 8 à 9 % de glycé-
rine. La côte d'Afrique Occidentale fournit ces amandes en grandes quan-
tités. En 1916, on en a importé du Congo belge 25.000 tonnes métriques.
Leur prix à Bonia, indiqués par le Directeur des travaux publics (Congo
belge) était d'environ £, 4,3 s. la « shert ton ». Le point de fusion des acides
gras des amandes de palme est assez bas. Cette matière première est géné-
ralement traitée par les presses, elle donne un tourteau comestible, mais
elle est aussi susceptible d'être traitée par extraction. Si on la traite par
extraction, la farine qui reste contient environ 3 % d'azote.
7» Huile de palme. — La côte occidentale de l'Afrique Centrale produit
cette huile en grande quantité. En 1916, on en a exporta de Bonia 4.200 ton-
nes métriques. L'huile de palme doit donner environ 8 % de glycérine. Son
— 305 —
prix à nonia était, en 1916, d'environ £ 8, 6 s. la « short ton » On peut
aisémrnt emmagasiner les acides gras de cette huile et ceux-ci trouvent un
débouché facile chez les savonniers. Actuellement, les acheteurs auraient
probablement à fournir eux-mêmes des fûts ou des tonneaux.
S* Graines daracfndes. — L'huile d'arachides a un rendement en frlv-
cénne qui varie entre 7 et S %. Quand les graines sont traitées par extrac-
tion, elles ont un rendement de 45 % d'huile. Le prix en'est comparative-
ment bas et l'on peut s'en procurer de grandes quantités en Afrique orien-
taie portugaise. On est en train de faire une évaluation de la récolte an-
nuelle qui sera indiquée plus tard. En réalité, la récolte se fait toute l'an-
née les graines mûrissant à différentes époques dans les différentes ré-ions
La farine qui reste après l'extraction est riche en azote (elle en contient
environ 8 %) et peut être utilisée aussi bien comme aliment pour les bes-
tiaux que comme engrais. Le seul défaut de cette matière première est que
ses acides gras sont mous et un peu plus difficiles à conserver que ceux
des graisses plus dures.
9° MafouTère [Trichilis Melica). — L'huile de mafourère donoe 7 à
8 % de glycérine. Les graines nettoyées contiennent 47 à 48 % d'huile et
cette huile peut pratiquem.ent être entièrement récupérée avec un matériel
d'extraction. On en trouve de grandes quantités à l'état sauvage dans l'Afri-
que portugaise (surtout dans la région de Zavalla, Afrique Orientale por-
tugaise). Le principal port exportateur est Inhambane, mais Chai-Chai en
expédie aussi une certaine quajitité. La saison prochaine, ces deux ports
en fourniront au moins 20.000 tonnes. De toutes les graines, celles-ci appa-
raissent comme étant les meilleur marché puisqu'elles ne demandent pas
à être cultivées, mais simplement à être récoltées. Leur valeur d'avant-
guerre, communiquée par le Gouvernement portugais, était de £ 2 19 s la
« short ton ., rendue à la côte. Les acides gras qu'elles donnent s'ont .«soli-
des et utilisables pour la fabrication du savon. On a examiné des échantil-
lons de savon fabriqués avec des huiles qui contenaient 97 % d'huile de
mafourère. La farine, résidu de l'extraction, est légèrement toxique et ne
peut être employée à cause de cela que comme engrais; elle est, de ce fait
meilleur marché que les tourteaux com.estibles.
D'après le compte rendu précédent, on voit donc qu'une grande quan-
tité de matières premières contenant de l'huile se trouve à proximité des
ports de l'Union. La matière première la plus appropriée semble être les
graines de mafourère, mais si plus de 20.000 tonnes étaient nécessaires par
an, il faudrait se procurer d'autres matières. Ce sont les arachides qui
apparaissent comme devant être la matière auxiliaire la plus facile à se
procurer. Il faut se souvenir que pour le m.afourère les graines mûrissent
en janvier et février et que ce dont on a besoin doit être ramassé avant
que la graine n'ait séjourné trop longtemps sur le sol. On peut aussi avoir
recours aux amandes de palme et à l'huile de pslme deUa côte occiden-
tale; l'huile de palme ayant l'avantage de pouvoir être traitée immédiate-
ment sans aucune extraction préliminaire et le désavantage de demander
des fûts ou des tonneaux pour le transport.
Les renseignements sur les matière? premières provenant do Madagas-
car et susceptibles d'être utilisées pour la fabrication dû l'huile, ne sont "pas
arrivés à temps pour être publiés dans ce rapport, mais il est probable
— 396 —
qu'on doit y trouver des quantités importantes de graines telles que le pi-
gnon d'Inde, qu'on exportait autrefois à Marseille.
Mais on ne poun'a rien faire, même des ports portugais, si l'on n'établit
pas de moyens de transports convenables. Un vapeur d'environ 1.000 ton-
nes de charge utile serait suffisant pour le transport des quantités néces-
saires.
10° Descriplion du matériel d'extraction et de déglycérinalion. — Le
seul matériel qu'il soit possible d'installer pour qu'il soit prêt en temps
voulu est le type de matériel traitant les huiles par extraction au moyen
de dissolvants tels que la benzine ou le sulfure de carbone. La perte de dis-
solvant n'est que de 0,5 à 1 % du dissolvant employé. Dans la catégorie
de matériel en vue, cinq broyeurs écraseront suffisamment les graines
qui seront alors chargées dans des cuves d'extraction cylindriques dune
capacité de 15 tonnes. Ces cuves communiquent avec des réservoirs d'éva-
poration pour le dissolvant, et des condenseurs pour faire de nouveau pas-
ser le dissolvant à travers la matière broyée, ou encore pour envoyer le
dissolvant dans un réservoir spécial. A la fin de l'opération, on fait passer
de la vapeur à travers la masse traitée, la débarrassant ainsi de dissol-
vant et le dissolvant récupéré est séparé de la vapeur condensée. La
graisse, après s'être reposée, est envoyée dans des réservoirs de magasi-
nage ou dans des cuves Twitchell pour la séparation de la glycérine. Les
cuves Twitchell sont des citernes carrées d'acier doublé de plomb (ou de
bois, dans l'intérieur desquelles on peut envoyer de la vapeur par des
tuyaux de cuivre (ou de plomb). On ajoute du réactif Twitchell à raison de
0,5% de la graisse, en même temps que de l'eau pure et on poursuit le
chauffage et l'agitation du mélange jusqu'à ce que la décomposition soit à
peu près complète. Généralement, un traitement avec une petite quantité
d'acide sulfurique dilué est aussi nécessaire. L'eau glycérinée est alors neu-
tralisée et évaporée dans une cuve d'acier ouverte oij sont disposés des ser-
pentins de vapeur et les acides gras sont envoyés dans les réservoirs d'em-
magasinage.
11° Estimation du coût d'un matériel pour extraire l'huile des grai-
nes, la déglycériner, récupérer la glycérine brute et magasiner les acides
gras. — Quantités basées sur 100 tonnes (2.000 Ibs) : glyeérire brute à 80 %
par mois, sur un rendem.ent d'extraction d'huile égal à 45 % do la graisse
traitée et sur une récupération de glycérine brute égale à 9 % do l'huile'.
Graines 2.470 tonnes par mois.
Huile 1.111 — — —
Acides gras 1.000 — — —
Tourteau 741 — — —
Coût du matériel.
Matériel de broyage et hangars de magasinage £ 5.000
Matériel pour l'extraction de l'huile i'fjO.OOO
Matériel Twitchell et bacs ouverts pour concentrer
la glycérine £ îO.OOO
£95.000
N. B. — Ces chiffres ne sont qu'approximatifs et sont estimés d'après
des devis récents pour de petites unités, en tenant compte de l'économie
J
- 397 —
qui résulterait de l'installation d'unités plus importantes dans io cas envi-
sa.sre.
12° Conservation des acides gras. — Le poids spécifique étant de 0,9, le
volume à emmagasiner est de 35.700 pieds cubes par mois, ce qui nécessi-
terait un réservoir de 54 pieds x 54x12 de profondeur, donnant lieu à des
frais de terrassement do £ 100.
Les parois du réservoir ayant une inclinaison de 60 degrés, la super-
ficie des murs et du fond serait de 592, disons 600 sq. yds. et la surface
d'une cloison de fermeture qui pourrait être nécessaire serait de 400 sq. yds.
13° Coût estimé du réservoir.
Réservoir doublé de 4 pouces de béton avec toiture inclinée
en tôle galvanisée £ q~q
Réservoir doublé de 4 1/2 pouces de brique avec cou-
verture en toile £ 330
14° Emplois des différents •produits. — La farine de mafourère ne
peut être utilisée que comme engrais. La moyenne de l'analyse montre
qu'elle contient :
Azote 2,86 %
Acide phosphorique (P?0-') 0,7'8%
Potasse (K-0) 2 55 %
Cependant, ces analyses ont été faites sur du tourteau de la « Mozam-
bique Soap and Oil C° Ltd » qui contenait environ 11 % d'huile. La farine
d'extraction serait légèrement plus riche en matières fertilisantes et ne
contiendrait pas d'huile, c'est la présence de l'huile qui restreint actuelle-
ment la vente de ce tourteau. Le Directeur de la Société dont nous venons
de parler a reçu une offre de £ 6 par tonne pour du tourteau de mafou-
rère, pourvu que ce tourteau puisse être fourni débarrassé d'huile.
En ce moment, le tourteau d'arachides est mis sur le marché comme
aliment pour le bétail. La farine d'extraction par dissolvants n'aura pas la
même valeur pour cet emploi, bien que la teneur exceptionnellement éle-
vée en protéine de la farine d'arachides puisse attirer quelques acheteurs.
Le tourteau de qualité mférieure était autrefois utilisé en France
comme engrais et la grande quantité d'azote (environ 8 %) que contient la
farine d'extraction par dissolvants la rend très précieuse comme engrais.
Les amandes de palme, lorsqu'elles sont pressées, donnent un tour-
teau comestible, mais on ne peut espérer vendre leur farine d'extraction
par dissolvants en Afrique du Sud.
Les tourteaux de pression actuellement sur le marché contiennent une
quantité moyenne dhuile et suffiront probablement à la demande de ma-
tières alimentaires, ne laissant ouvert aux farines d'extraction que le mar-
ché des engrais. Il est toujours loisible de mélanger de l'huile ou des
amandes de palme non traitées à la farine d'extraction, si le marché jus-
tifie un tel procédé; mais il est probable que la farine n'atteindrait guère
que le même prix que la farine de mafourère utilisée en tant qu'engrais. La
quantité d'azote qu'elle contient est environ la même que celle de la farine
de mafourère.
Le procédé Twitchell donne des acides gras de couleur jaune au del?i
d'une proportion de 15 % sans les décolorer. Lorsqu'on les redistille on les
décolore; n'importe quelle proportion d'acides gras de mafourère peut être
— 308 —
employée jusqu'à 97 %. On peut aussi se servir de grandes quantités d'huile
de palme.
Les acides plus mous des huiles d'arachides et d'amandes de palmu
ne peuvent être employés que jusqu'à 50 %, mélangés avec des matières
plus dures. Les savons pour textiles en demanderaient d'importantes quan-
tités, mais il n'y a "pas de demande locale pour ce genre de savons. Ac-
tuellement, les acides gras atteignent des prix élevés à Marseille (environ
£ au la tonne métrique). Il semble très probable que ces acides se ven-
dront bien après la guerre. Le fret de la baie de Delagoa à Marseille est
actuellement de £ 35 environ la tonne. Pour les fabricants de stéarine
pour l'industrie des bougies, les acides gras durs sont seuls utilisables. Le
procédé habituel consiste à distiller dans des appareils en cuivre, à re-
cueillir les différentes fractions séparément et à séparer par cri.stallisatioii
les acides les plus durs. On en retire ensuite par pressage la portion liquide,
composée surtout d'acide oléique. Tandis qu'une partie de la production
pourrait être utilisée de cette façon en se servant du matériel de distilla-
tion de l'usine Jacob, il ne serait cependant pas judicieux de pousser ce
procédé jusqu'au moment oià les résidus seraient moins appropriés à l'in-
dustrie du savon.
Toute la production de glycérine équivalant à 500 tonnes de glycé-
rine à dynamite par mois peut être facilement raffinée à la fabrique d'ex-
plosifs du « Cap Explosives Works » de Somerset West. Actuellement,
le matériel est loin de marcher à plein.
Les directeurs et fonctionnaires des diverses usines visitées ont gran-
dement aidé à nos recherches par les informations qu'ils ont bien voulu
fournir sur les matières premières et le matériel.
Comparaisun des diverses 7)iatières premières utilisables
Prix des graisses rendues à
l'usine, (20,000 Ibs)
Huile extraite
lloudement deglycériuc à 80"/o
])rovenant de l'huile
Point de solidificatiou des aci-
des gras
Quantités nécessuiies pour 100
tonnes do glycérine 80 %. . . .
Coût
Dépenses [jour le traileimut. .
Produits :
Glycérine 80 %
Acides gras
Farine
Perte sur les graines .
MAFOURÈRE
£ 7.10/
45»/°
40-45 degrés
2.470
£ 18.325
£ 300
£ 19.023
100
1.111
741
25"/»
£ 13.10/
43 "/o
9Vo
28.1-32 deg,
2.470
£ 33.345
£ 3U0
£ 33 8i3
100
1,111
1.035
12,1/2°/.
AMANDES
DE PALME
£ 12
45 »/<,
10 ", o
20-25.5 de».
2.222
£26 0C4
£ 426
£27 090
iOlT
1)00
945
12,1/2 "/o
HUILE
DE PALME
£ 23
10»/.
35.8-45.5Jeg.C,
1.000 Um
£ 2:.1.000
£ 250
£ 23.250
100 touues
900 )>
— 399 —
Prix des produits selon la inalière première utilisée
MAFOURÈRE
Frais de fabrication £ 19 023
A ajouter pour linlérêt du capital, coul du iiialé-
riel, elc ^-q
A^-^ • , ^ , , - • ~ £19,193
A déduire valeur de la glycérine à f 60 la tonne i 6,000
A déduire valeur de la farine, 741 tonnes à £ 2 1^482
7,482
Prix de 1.111 tonnes d'acides gras (équivalant à £ 10 11 s 0 d
la tonne) ' £11,713
ARACHIDES
Frais de fabrication £ 33 3^5
A ajouter comme ci-dessus '170
,,,_,. , £34 015
A déduire valeur de la glycérine £ 6,000
A déduire valeur de la farine, 1.055 tonnes à £ 5. . . . 5,275
11,275
Prix de 1.111 tonnes d'acides gras (correspondant à £ 20, 9 s. 0 d.
la tonne) £22,740
AMANDES DE PALME
Frais de fabrication £ 27 090
A ajouter comme ci-dessus ' 170
jg 27 260
A déduire valeur de la glycérine 6,000
A déduire valeur de la farine (945 tonnes à £ 2) 1*850
7,8.50
Pfix de 900 tonnes d'acides gras (correspondant à £ 21, 11 s 0 d
la tonne) £19,410
HUILE DE PALME
Frais de fabrication £ 25 270
A ajouter comme ci-dessus 170
A ^.. ■ — ^ 25,440
A déduire, valeur de la glycérine 6,000
Prix de 900 tonnes d'acides gras (correspondant à £ 21, 11 s. 0 d.
la tonne) £19,440
LES SGOURTÏNS
Rapport présenté
Au nom de la Société poïir la Défense du Commerce el de l'Industrie
de Marseille,
par M. Henri GUITTON.
Adjuimstrateur Déléfjué des Stéarineries F. Fournier et Cie
L'importance de 1 industrie des corps gras (Huileries, Stéarineries,
Graisses alimentaires), a, dès longtemps, fait de Marseille le siège d'une
fabrication considérable de « scourtins », ces sortes de sacs où l'on place
les graines et les matières grasses destinées à être pressées.
Ce mot « scourtins » n'a sans doute pas eu encore les honneurs de
l'Académie et n'est probablement qu'une forme provençale de « scouffin »
qu'on trouve dans quelques dictionnaires. Certains même, peut-être à
cause de son air méridional, ne l'emploient pas et lui préfèrent le vocable
plus français de « serviette »; à chacun son goût!
Quoi qu'il en soit, on fabrique beaucoup de scourtins à Marseille et
cette branche de l'industrie textile dans notre ville mérite, croyons-nous,
quelques lignes dans l'étude générale de la production coloniale, nos colo-
nies fournissant une certaine quantité des matières qu'elle emploie.
C'est, du reste, dans notre ville, que se trouve le plus grand établisse-
ment de ce genre qui existe en France, la maison M. Massias et Cie.
D'autres fabriques existent aussi dans la Gironde et dans le Nord, et nous
connaissons, en outre, une très importante Société qui fabrique elle-même
ses scourtins.
Suivant l'usage auquel ils sont destinés, les scourtins sont faits de
matières premières diverses : cheveux, poils de chèvre, crin de cheval
aloès, laine.
Si nous nous en rapportons aux renseignements que nous avons pu
nous procurer à des sources autorisées, les cheveux entrent pour la plus
grande part dans la fabrication des scourtins. On n'exagérerait sans doute
pas en évaluant à un million de kilogs le poids dés cheveux employés dnns
cette industrie en France et, sur ce chiffre, environ 80 % viendraient de
Chine et 20 % du Tonkin. Une petite quantité vient également d'Italie.
Au point de vue de la production coloniale française, il y aurait donc
peut-être lieu d'intensifier ce genre de commerce avec notre colonie d'Indo-
chine.
— 401 —
Les poils de chèvres occupent le second plan comnio importance dans
la fabrication des scourtins. On en emploie environ 500.000 kilos, dont les
4,5° de belle qualité, ciselés sur les bètes vivantes, proviennent particuliè-
rement de la Corse, de l'Algérie et de Constantinoplc; le reste, tombé a
la chaux et par conséquent de qualité secondaire, est fourni surtout par la
Tunisie et le Maroc. Celte dernière catégorie, en réalité, sert moins à la
fabrication des scourtins proprement dits, qu'à celle des isolants très
appréciés pour les tuyaux de vapeur.
Gomme on vient de le voir, nos colonies ou pays de protectorats suffi-
sent à peu près exclusivement à nous fournir ce genre de matières pre-
mières.
On emploie aussi, en mélange, du crin de cheval qui provient de la
République Argentine. Mais lutilisation de ce crin tend de plus en plus à
disparaître, à cause des accidents dont il est quelquefois l'occasion, sa
rigidité provoquant des piqûres douloureuses et non sans danger' au
moment de l'enlèvement du tourteau resté dans le scourtin après la pres-
sion.
La fibre d'aloès est également employée comme trame dans la fabrica-
tion des scourtins, particulièrement des scourtins destinés à la pression des
graines dont les tourteaux sei-\-ent a l'alimentation du bétail. L'utilisation de
la fibre d'aloès évite l'entraînement dans les tourteaux des cheveux et des
poils qui peuvent être préjudiciables à la santé des animaux.
La seule maison Massias à Marseille, emploie annuellement 300 tonnes
de fibres d'aloès qu'elle tire de la Réunion et de l'Ile Maurice. La pre-
mière provenance fournit des fibres d'une qualité supérieure à celle de
la seconde.
Enfin, pour certains usages plus délicats, par exemple la fabru-ati 'n
des beurres, des graisses alimentaires, on utilise des scourtins de laine pour
le tissage desquels on emploie des laines peignées d'Angleterre et du Nord
de la France. Les quantités employées s'élèvent à une cinquantaine de
mille kilogs.
Si nous récapitulons les divers chiffres énoncés dans les quelques
lignes qui précèdent, nous trouvons que la totalité des matières textiles
employées en France à la fabrication des scourtins doit être évaluée à envi-
ron 2 millions de kilogs. dont 1 million de kilogs. de cheveux. Il n'entre
pas dans notre rôle de rechercher combien cela peut faire de têtes rasées
ou simplement soulagées. Nous savons du moins que notre colonie d'Indo-
chine entre dans ce chiffre pour environ 20 % et, par conséquent, au cours
actuel des cheveux pour près de 2 millions de francs.
Les poils de chèvres viennent surtout de Corse, d'Algérie, de Tunisie
et du Maroc; l'aloès nous est fourni particulièrement par la Réunion.
La production coloniale française participe donc largement à l'indus-
trie de la fabrication des scourtins et il était juste de le signaler dans un
rapport établi à propos de l'Exposition Coloniale de Marseille.
On dit bien que cette industrie est menacée par la mise en œuvre
prochaine de plaques spéciales de presses qui supprimeraient le scour-
tin. Tous les perfectionnements sont désirables et nous faisons des vœux
pour que les justes espoirs entrevus se réalisent; mais une pareille nou-
velle a couru déjà bien des fois et le scourtin est encore là, continuant son
œuvre utile!
Essai d'une
Bibliographie récente de la Production
des Matières grasses
d'après la Documentation de l'Institut Colonial de Marseille
par
Mlle D. MONTEL
Bibliothécaire de VInstitut Colonial de Marseille
Liste des principales Abréviations
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Kuala Lumpur.
Agr. Gaz. N. South Wales : Agricultural Gazette of New South Wales,
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de Saïgon. Saigon.
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Roure-Bertrand Fils, de Grasse.
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Vie Tech. Ind. : Vie -Technique et Industrielle, Paris.
West Ind. Gids : West Indisch Gids.
Zeitsc. Vniers Nahrvngs ii. Gpnusm. : Zeitschrift fur Untersurhung der
Nahrungs u. d. Genusmittel sowie der Gebrauchsgegenstande, Muns-
ter i. w.
Dans la Bibliographie les titres d'ouvrages en i^olumes sont en caractères
romains, les titres de périodiques en caractères italiques^
Arachide
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L'arachide — M. Dumas — 1907, chez Challamel, Paris.
L'arachide dans : « Les grands produits végétaux des colonies françaises »
— J. Adam, chez Larose, Paris, 1915.
L'arachide — Th. Fleury — Bordeaux, 1908.
Développement de la culture de l'arachide — Brocard — Observations
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Note sur l'arachide — J. Paillard et Ron.\net — Chavanel-Reguault. Con-
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L'arachide du Haut-Sénégal-Niger — J. Vuillet — Congrès d'Agriculture
Coloniale, Paris, 1918. Tome II, p. 200-212.
Développement et amélioration de la production de l'arachide au Sénégal
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Mesures à prendre en vue de la préservation de la culture et du commerce
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Composition des graines de kapok des Indes Anglaises — OUen en Vetlen,
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Les graines de kapok de Zanzibar — B. Imp. Inst., n" 3-1914, p. 347.
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Huile de perilla et de chamaecyparis (cèdre du Japon) — (Nishizawa) —
Chem. Absl., 1921, p. 1376.
Utilisation des erraines de perilla dans le commerce — B. Imp. InsL, n° 4-
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Caractéristiques essentielles de l'huile pignon d'Inde (huile de pulghère)
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Principes toxiques de l'huile de pignon d'Inde — B. Imp. Inst., n° 3-1919,
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Intérêt industriel et économique de l'huile de pulghere fournie par le3
graines de pignon d'Inde — Bul. Rens. Agr. Rome, sept. 1917, p. 1378.
Les graines de pignon d'Inde à Zanzibar — B. Imp. Inst., n° 3-1914, p. 347.
Huile de térébenthine et résine du Boswellia Serrata de l'Inde — B. Imp.
Inst., n" 3-1915, p. 351.
Observations sur le choix des résines employées pour les savons — Cliem.
Abst., 20 avril 1921, p. 1229.
L'huile de riz et les procédés d'extraction — Bul. Mal. Gras., n° 5-1919,
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Utilisation des déchets de riz — Mat. Gras., 1920, p. 5312.
Extraction des matières grasses contenues dans les déchets du décorticage
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Huile de riz — (Takahashi) — Chem. Umschau, 1919, p. 188.
L'huile de riz — (Jumelle) — Mat. Gras., 1920, p. 5312-5313.
SAFLORE (CARTHAMUS TINCTORIUS)
Caractéristiques essentielles de l'huile de saflore — (de Keghel) — Reo.
Chim. Ind., mars 1921, p. 81.
L'huile de saflore — Etude botanique de la plante. Etude chimique de
l'huile. Possibilités commerciales de la graine — Bul. 124 .\gric. Re-
sear. Inst. Pusa.
L'huile siccative de saflore — 7. Soc. C/irm. Ind., 1919, p. 36-38.
Graisses contenues dans les sons — Olicn en Vetten, vol. IV, 1910, p. 1-2
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Les arbres à suif de l'Indochine — (Grevo&t) — Bul. Ecun. hidoc/iine,
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Les arbres à suif du Cambodge — (Pallier) — Bul. Econ. Indochine, 1900.
Les arbres à suif — (Lemarié) — Bul. Econ. Indochine, 1903.
Analyse des graines des arbres à suif — Bul. Econ. Indochine, 1903.
Le suif végétal de l'Irvingia Oliveri — (Crevosi) — Bul. Econ. Indochine,
1908.
Suif végétal de Chine (Stillingia sebifera) — Mat. Gras., 1919, p. 5291.
Le suif végétal vert de Chine et du Japon — (Blin) — Mal. Gras., 1921,
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Industrie des déchets de fabriques de conserves de tomates — Bul. Mat.
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Utilisation possible de la graine de tomate et des pépins de raisin comme
sources d'huile — B. Im-p. Inst., n° 1-1920, p. 132.
Graine de ucuhuba — Chem. .ibst., 20 septembre 1921, p. 3217.
Graines oléagineuses peu connues
Huile d'abricot. Substitut possible de l'huile d'amande — South Afric. J.
Ind., nov. 1920, p. 1052.
Graines d'okra (Abelmoschus csculentus) — J . Americ. Chem. Soc, 1920,
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Une nouvelle cire de palmier de la Colombie — U. liiip. InsL, n° 2-1917,
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Examen d'émulsions d'huile de foie de morue — (Grlmme) — Pharm.
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L'huile de phoque de l'Antartique — B. Imp. Inst., 2-1918, p. 141.
L'huile de phoque tacheté de l'Antartique — B. Imp. Inst., 2-1918, p. 140..
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Caractéristiques essentielles de l'huile de sardine -— (de Keghel) — Rev.
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Caractéristiques essentielles de l'huile de saumon — (de Keghel) — Rev.
Chi7n. Ind., juillet 1921, p. 213.
Graisse de tortue de mer — (Pieraerts) — Mal. Gras., 1921, p. 5733.
Quelques huiles de poisson dans la Présidence de Madras — .1. Soc. Chem.
Ind., 1920, p. 93 R.
Les produits industriels dérivés des poissons et animaux marins — Rev.
Chim. Ind., mars 1921, p. 84.
Nouvelle méthode pour séparer les acides gras non saturés des séries éle-
vées de ces huiles de poisson — Chem. .A^bst., 15, 8, p. 1227, p. 194.
Une réaction colorée spécifique des huiles de poisson et de baleines et de
leurs produits d'hydratation — (Tortelli & Jaffe) — Z. f. Unters
N. G., 1920, p. 385.
Marseille, le 1" juin 1922.
Table des Matières
Table des Matières
RAPPORTS GENERAUX
Rapport à la Section des Matières Grasses du Conseil Supérieur dss Colonies,
sur les mesures à prendre en vue de l'amélioration de la production des
Matières Grasses et plus particulièrement sur la création de Stations expéri.
mentales consacrées à l'arachide et au palmier à huile
Par M. Emile Baillald, Secrétaire général de l'Institut Colonial de Mar-
seille, nieinbre du Conseil Supérieur des Coloinies.
I. — L'Arachide. — 1° Programme de la Station de M'Bambey. — 2° Ob-
servations suggérées par ce programme.
II. — LE PALMIER A HUILE. — 1» Projet de création de Stations à la
cote d'Ivoire et au Dahomey. — a) Projet de la Mé (Côte d'Ivoire).
— b) Station de Pobé. — 2" Position du problème à résoudre.
— 3» Examen des projets de l'Administration.
III. — Solution proposée. — 1° Coordination nécessaire de l'initiative
privée et de l'initiative administrative. — 2° Création d'un groupe-
ment d'intérêt général à forme de Société privée en vtie de l'amé-
lioration de la production des Matières grasses dans les posses-
sions françaises. — 3" Programme d'études proposées. — a) Ara-
chides; b) Palmier à huile.
IV. — CONSIDÉR.MIONS D'OHDRE GÉNÉRAL.
V. — Conclusions.
La culture des oléagineux au Maroc
Par M. Etesse, Chef du Service de l'Agriculture et des .Améliorations
agricoles du Maroc.
I. _ Olivier. — 1° Rendement et état actuel des cultures. — 2° Récolte
des olives, réglementation. — 3° Huileries indigènes. — i" Indsutries
européennes. — 5° Les grignons.
II. — Lin.
III. — Amandes et noix.
IV. — Arg.inier.
V. — Ricin.
La Régression des Oléagineux à Madagascar
Rapport de M. Paul Dr.èLov, Ingénieur agronome, planteur à Mahebo
(Amliilobé), Madagascar.
Les Oléagineux en Afrique Equatoriale
I. — Rapport, de M. Thomann, Lieutenant-Gouverneur du Moyen-Congo. —
1» Palmier à huile. — Pentachletra Macrophylla (Graines d'Owala). —
3" Ricin.
II. -- Rapport de M. Lamblin, Lieutenant-Gouverneur de l'OubaJigul-Chari.
— 1" Amandes de palme. — 2» Arachide. — 3" Sésame. — 4 Ricin. —
5° Karité.
— 472 —
Le Commerce et l'Industrie des Matières Grasses
Rappciit par M. Emile Riicis, Fabricant d'iiuile.
Exportations mondiales des oléagineux. — Expoilation des oléagineux de
nos colonies. — Importation française des oléagijieux
Les Graines oléagineuses dans la Méditerranée
Rapport par .M. H. GiRun, Négnoiant-Iniportateiir.
La Culture de l'Olivier et la Fabrication de l'Huile d'Olive
Par M. J. Bonnet, Directeur de l'Oléiciiltuie.
LA ri'MiRE nr. l'olivier
I. — Statistique oléicole. — Causes de l'abandon de l'olivier en France.
II. — Mise en état des oliveraies. — a) Régénération des oliviers: b) Soins
à donner aux oliveraies; c) Culture sons les oliviers; â) Les labours;
€) Fumure des oliviers; f) Principes généraux des fumures; g) Résultats
des centres d'expérimentations oléicoles.
m. — 1° Fumure des Oliveraies. — 2° La taille de l'Olivier. — 3» La
végétation de l'Olivier.
IV. — Création des oliveraies-plantation-variétés.
y. — Les Maladies de l'Olivier. — 1" Maladies accidentelles. — 2° Maladies
dues à des champignons.
VI. — Insectes nuisibles a l'olivier. — 1» Parasites pouvant être faci-
lement coml)attus. — 2° Insectes contre lesquels nous sommes presque
désarmés.
LA fabrication RATIONNELLE DES HTILES
I. — 1° RÉCOLTE DES Olives.
II. — Le Grenier a Olives ct la Conservation des Olives destinées a l'Hui-
lerie.
m. — Considérations oénérales st-r la disposition di' moulin moderne. —
a) Concasseur; b) Les Broyeurs; c) Les Soourtins; d) Les Presses et le
Pressurage de la pâte; el Le pressurage de la pâte d'Olive; f) Epuise-
ment des Grignons; g) La Dérautotion des Huiles. — Séivaration des
liiiiles de luargines; b) La séparation des huiles des huiles de inar-
gines par la force centrifuge; i) Soins à donner aux moulins après
chaque campagne.
IV. — Soins a donner aux Huiles d'Olive. — 1» Le logement des huiles
d'Olive. — t" Influence de l'aération de l'Huile. — S" Soins à donner
aux Huiles.
V. — Traitement DES Grignons dans les Moulins. — l» Caractère du trichlo-
rure d'élliylène. — 2° Principe du procédé.
L'Olivier dr-.ns ^.^fr rirn du Nord • 133
Par M. A. Corcei.le, Docteur es sciences, Directeur de la Société Industrielle
de l'Afrique du NonL
I. — Etat actuei. des Oliveraies.
IL — Production.
III. — Fabrication ni; l'Huile. — 1" Cueillette. — 2° Emmagasinage des
Olives. — 3» Rendement ilrs Olives. — 4» Usines. — 5° Utilisation des
Grignons. — 6° Raffinage. — 7» Autres sources d'huile que l'Olivier,
— 473 —
L'OléicutOure en Algérie ^ j37
Par M, niBOiLdz, Vice Pitsiileni .le la Section Oléicole au Congrès des
Colons.
L'Olivier dians la région de Fez l;j.j
Note lie M \o Président de la Cliamhre de Commerce d'Agriculture et d'Indus-
trie de Fez.
LE LIN
La Culture du Lin dnns l'Afrique du Nord 149
Par L. DicuMER, Professeur à l'Ecole d'.\griculture de Malson-Oarrée (.\lger).
l» Sol. Fumure. — S» Préparation du Sol. Assolement. — 3° Multiplica-
tion. — 4" Entretien des Cultures de Lin. — 5» Récolte des Tiges et
Graines. — 6* Rouissage. — 7" Conclusions.
La Culture du Lin en Tunisie 1G9
Par le Commandant Tbiol. .Agent général de Culture de la Société tuni-
sienne des Lineries Feuillette.
1" Récolte 1920. Résultats. — 2o Bases générales de nos anciens con-
trats. — 3° .Arrachage. — 4" .Amélioration des prix. — 5» Indications
culturales. — 6° Epoques des Semailles. — 7° Semis. — 8" Sarclage. —
9» Récolte. — 10" Fanage et hottelage.
La Culture du Lin en Australie 175
Note du Ministère de l'.Agriculture.
LE COCOTIER
Un Essai de Culture du Cocotier en Cochinchine 181
Par M. MÉziN-ClETAN, Administrateur Délégué de la Société agricole du Thi-
Foi à Cauilio, Cochincliine.
I. — A\Al.YSE.S.
II. — Prép.araiion du sol.
III. — Plant.ation. — Etat des dépenses fait'ïp poir i.a puntatton.
IV. — Conditions génér.ales.
Le Cocotier en Indochine 185
Par M. Tanti de lai Maison Rocca. Tassi et de Roux.
Le Cocotier au Dahomey. — Sa Situation actuelle. — Son avenir 192
Par M. HouARD, Chef du Service de l'.Agriculture an Dahomey.
Peuplement actuel. — Régions propices à l'extension de la culture du
Cocotier. — Culture du Cocotier. — Fructification, Rendement, Pro-
duction du Coprah. — Comment doit-on envisager l'exiension de la
culture du Cocotier.
Une Plantation de Cocotiers au Mozambique C03
Par H. Vallentin. Ancien Elève de l'Enseignement Colonial de la Cham-
bre de Commerce de Lyon.
1° Terrain. — 2° Climat. — 3° Travaux d'exploitation. — Défrichement
— 4° Drainage. — Pépinière. — 6" Plantation. Mise en place des jeu-
nes cocotiers. — 7° Soins d'entretien. — 8" Cultures intercalaires. —
9° Cueillette des Cocos. — 10° Insectes et maladies. — 11» Fabrication
du coprah. — 12"> Surra ou Toddy.
— 474 —
Le Cocotier nain dans les Etats Fédérés Malais.
Par WiLL. P. Handover.
Le Système des Racines du Cocotier 213
Par H-C. Sampson. Directeur Délégué de l'Agriculture de Mysore.
fiapport sur un voyage dans les réglons à Cocotiers de l'état de Travancore — 215
Par H.-C. Sampson B. S. G. Sous-Directeur" de l'Agriculture à Madras.
L'ARACHIDE
L'Amélioration de la Culture de l'Arachide au Sénégal 221
I. — Rapport de mission de M. A. Chevalier,
Chef de la Mission permanente d'Agriculture Coloniale,
lo Etude scientifique de l'Arachide au point de vue général. — 2" Etude
spéciale de l'.\rachide au point de vue de la culture indigène. —
3° Etude spéciale de l'Arachide au point de vue de la culture par les
Européens. — 4" Les maladies et les ennemis de l'.Vrachide. —
5° Conclusions.
II. — La lutte contre les insectes att^qi'ant les Arachides.
Par E. Roubaud, Chef du Service à l'Institut Pasteur.
1° Les Cultures. — Actions des insectes et de la sécheresse. — 2"> Les
.arachides après la CnltTire. — Dommages produits par les insectes. —
3° L'intensification de la Culture des .Arachides au Sénégal.
III. — Note sur la Sélection des Arachides.
Par M. Vuillet, Directeur des Services de l'Agriculture du Haut-Sénégal-
Niger.
Essais de Culture mécanique de l'Arachide au Sénégal ■ ■ 245
Effect\)és par la Compagnie Française de l'.Vfrique Occidentale. — Notes
de M. Matinoury, Chef de Culture.
La Culture des Arachides aux Etats-Unis 255
Par A. Stieltjes, Chef du Service des Etudes Industrielles de l'Institut Colonial
I. — Généralités.
IL — Variétés cultivées.
III. — Préparation du sol. Engrais.
IV. — Récolte.
V. — Rendements.
VI. — Usages.
VII. — Situation Economique.
VIII. — Conclusions.
IX. — Machines poitr la Culture de l'Arachide. — a) Semoirs; h) Culti-
vateurs pour Arachides; c) Machines de Récolte; d) Machines pour le
Battage.
L'Arachide aux Etats-Unis ► 267
Extrait d'un Rapport de Mission de MM. Amman, Ingénieur Agronome.
Chargé de Missions Permanentes de Recherches industrielles en Afrique
Occidentale Française et Denis, Ingénieur Agronome.
I. — Sols. M
II. — Climat.
III. — Préparation nu sol. — 1° Chaulage et engrais. — 2° Façons
culturales.
IV. — Instruments.
V. — Semis. — Arrachage. — . Curing ». — Battage. — Nettoyage.
VI. — Prix de revient de la Culture de i.Ar,\chide.
VU. — Soins a donner aux Araciiiih^s après le Battage,
VIII. — Prix de vente des .Ar.vchides.
IX. — Maladies de l'Arachiue. — Am<Mioration des Procédés de Cul-
ture au Sénégal.
— 475 —
Etudes sur l'Arachide.
""S'e VmZs EtX"*"" "^ '^'""^^"^^ d-Agronon,ie CCon.ale de
Introduction de M. A. Chevalier. Chef de la Mission Permanente d'Ainl.
culture Coloniale.
I. - Etude sur l'Arachide. - a) Etude botanique de l'espèce-
b) pe.scription des princiixiles variétés. - c) Biologie sommaire
de la plante.
II. — L'Ar.achide dans ses rapports avec le milieu. — a) Exigeances
climaténtjues et pôdologiques; b) Assolements; c) Engrais.
III. — Culture de l'Ar.-vchide. — a) Façons préparatoires; b) Semis-
c) Façons cnlturales, dry farmlng; d) Récolte; ei Cnring- f) Bat-
tage; g) Emmagasinage; h) Objections faites h la culture méca-
nique.
IV. — Maladies de l'Ar.^chide et Insectes Nuisibles, — a) Maladies
physiologiques, bactériejines et cryptogamiques; b) Phanéro-
games; c) Insectes nuisibles; d) Animaux supérieurs dépréda-
teurs.
V. — Sélection de l'Arachide.
yi. — Co.mmerce de l'Arachide.
VU. — Utilisation de l'Ar.\chide. — a) Fruits A l'état naturel-
b) Huile: c) Beurre d'Anachide; d) Tourteau pour la nourriture
du bétail. — Tourteau dans l'alimentation humaine; e) Nourri-
ture des porcs par les fruits; f) Foin.
VIII. — Statistiques.
IX. — Résumé.
X. — Bibliographie de l'Arachide.
Etude du dépérissement des Arachides dans le Douar Braptia
Par M. .7. Lemmet, Chef du Service Agricole des Territoires du
l'.\lgérie.
RICIN. — SOJA
La Culture du Sésame dans l'Inde M en Birmanie
Note de M. E. Chinnaswami Pillai, Instructeur agricole, Northern Province,
Jaffna.
Note de M. Raman.athan, Instructeur agricole, Marmar, Extrait d'un rapport
du Département d'Agriculture. Birmanie.
La Culture du Ricin en Malaisie
Par M. E. Mathieu, des Services Agricoles des Straits Settlements.
Récolte et rendement. — Extraction de l'huile. — Emplois de l'huile de
Ricin.
La Culture du Soja
Par M. L. Rouest, Directeur des Fermes Expérimentales de NéocuHure de
France.
Variétés de Soja essayées en France. — le Soja dans les fermes expé
rimentales de Néoculture. — Semis du Soja. — Degré thermique de
la germination du Soja. — Impoi-tance de l'espacement des plants. —
Quantité de semence nécessaire par hectare. — Végétations comparées
du Soja et du Haricot aux hautes altitudes. — Roulage des semis et
façons d'entretien. — Croissance du Soja. — Acclimatement. — Les
ennemis du Soja.
— 476
PRODUITS OLEAGINEUX DIVERS
Les Résidus du Traitement du Riz et l'Huile de Riz 361
Par M. A. Stieltjes, Directeur des Services tecliiuques de l'Institut Colonial
de Marseille.
I. — Composition chimique. — E.xemples de compositions chimiques des
SONS DE RIZ.
II. — Déshuilage du son de riz.
III. — L'Huile de Riz.
rV. — E.XTRACTION PAR DISSOLVANTS.
V. — Utilis.ation du Son de Riz après l'Extr.^ction de l'Huile.
Les Graines de Cucurbitacées oléagineuses 367
Par M. A. Baudon. Administrateur ries Colonies.
La Cire de Carnauba 370
L'Arganier et ses Produits 372
Par M. J. Maurin. Imlustriel n Mogadnr.
Sur la Composition chimique de deux Graines de Palmiers de Madagascar 380
Par M. Clôt-
I. — PRÉPARATION DES ECHANTILLONS.
II. — .An.alyse.
Le « Cocorico » 384
Par J. PiERAERTS, Conservateur du Musôc du Congo Belge à Tervue-
ren (Belgique).
ues Huiles de Baleine au Gabon 389
Par M. A. Baudom, Administrateur des Colonies.
Les Possibilités de Production de Glycérine dans l'Afrique du Sud 393
Par M. J.-A. C.A.MPBELL, Cliiiniste en Clief de la Rritish South African Explo-
sives C° et L. Pryce, Ingénieur de la City Deep C.
1° Matières premières utilisaljles. — 2° Graines de coton. — 3° Graisses
animales. — i" Huile de Baleine. — 5° Coprah. — 6° Amandes de
Palme. — 7° Huile de Palme. — 8° Graines d'.\rachides. — 9° Mafou-
rère. — 10° Description du matériel d'e.xtraction et de déglycérlnation.
— 11» Estimation du coilt d'un matériel pour extraire l'huile des grrai-
nes, la déglycériner, récupérer la glycérine brute et magasiner les
acides gras. — 12 Conservation des acides gras. — 13» Goût estimé
du réservoir. — 14° Emploi des différents produits.
Les Soourtins 400
Par M. Henri Guitton, Administrateur Délégué des Stéarineries F. Four-
nier et Oie.
Essai d'une Bibli3graphie récente de la Production des Matières Grasses d'après
la Documentation de l'Institut Colonial de Marseille 403
Par Mlle D. Montel, Bibliothécaire de rin.stitui Colonial de Marseille.
CE^TIlK. 3^. ALÎ.IB JBA^-JAUnà8.
À
M. A. Artaud, Commissaire Général de V Exposition Coloniale de Mar-
seille, Député des Bouches-du-Rliône, a bieii vovlu confier à l'Institut Colo-
nial de Marseille le soin de préparer et d'organiser le Congrès de la Produc-
tion Coloniale, un des quatre Congrès Officiels que l'Exposition Coloniale,
a consacré à l'étude de l'œuvre coloniale de la France.
Il noïis a paru intéressant de réunir, à cette occasion, en une même
jntbication les rajjports et études sur les niatières grasses présentés) au
Congrès par les négociants, colons, industriels, planteurs et techniciens qui
ont bien voulu y prendre part et les principaux travaux que l'Institut Colo-
nial a fait paraître précédemment dans son Bulletin des Matières Grasses
sur la production des matières premières oléagineuses d'origine coloniale.
Un des deux volumes que nous publions ainsi est entièrement consacré
au Palmier à Huile en raison de l'importance de la documentation que nous
avons réunie sur ce sujet.
Marseille, le 1" septembre 1922.
Emile BAILLAUD
Secrétaire Général de l'Institut Colonial
et du Congrès de la Production Coloniale.
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
TP
670
157
1922
t.l
Mémoires et rapports sur les
matières grasses
Engin,